.-■^ X Vy k 'V '4ï- è\ piittû.' '*i HARVARD UNIYERSITY. L, I B R A R Y MUSEÏÏM or OOMPAEATIVE ZOOLOGY. dÛ-M GIFT OF ALEX. AGASSIZ. S.- 15 ~.n^%- r> o in^" y- Eu ô i'' COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. PARIS. — IMPRIMERIE GAUTHIEK-VILLARS ET FILS, OUAI DES GRANDS-AUGUSTINS, 55. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES PUBLIÉS, CONFORMÉMENT A UNE DÉCISION DE L'ACADÉMIE oi* 3at6 Du. iS SuivUt <835, PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. TOME CENT VINGT-SIXIEME. JANVIER - JUIN 1898. PARIS, GAUTHIER-VILLARS ET FILS. IMPRIMEURS-LIBRAIRES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. Quai des Grands-Augustins, 55. ^■"1898 FEB a 1898 |gg^ '^^ PREMIER SE3IESTRE. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES PAR nn. liES SECRÉTAIRES PERPÉTUEIiS. TOME CXXVI. N^ 1 (3 Janvier 1898). PARIS, GAUTHIER-VILLARS ET FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES Quai des Grands-Augustias, 55. '"• 1898 RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875. Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie se composent des exlraits des travaux de .;es Membres et de l'analy'se des Mémoires ou Notes présentés par des gavants étrangers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. 26 numéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. Article 1"'. — Impressions des travaux de l'Académie. Les extraits des Mémoires présentés par un Membre ou parunAssociéétranger de l'Académie comprennent au plus 6 pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o pages par année. Les communications verbales ne sont mentionnées dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction écrite par leur auteur a été remise, séance tenante, aux Secrétaires. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les Rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. , Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par les Correspondants de l'Académie comprennent au plus 4 pages par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de 32 pages par année. Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi- vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les' séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion. Les Programmes des prix proposés par l'Académie sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap- ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autant que l'Académie l'aura décidé. Les Notices ou Discours prononcés en séance pu- blique ne font pas jjartie des Comptes rendus. Articles. — Impression des travaux des Savants étrangers à l'Académie. Les Mémoires lus ou présentés par des personnes qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca- démie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré- sumé qui ne dépasse pas 3 pages. Les Membres qui présentent ces Mémoires sont tenus de les 1 éduire au nombre de pages requis. Le Membre qui fait la présentation est toujours nommé; mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le font pour les articles ordinanes de la correspondance offi- cielle de l'Académie. Article 3. Le Ijon à tirer de chaque Membre doit être remis à l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, le jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à temps, le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compte rendu actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui- vant et mis à la fin du cahier. Article 4. — Planches et tirage à part. Les Comptes rendus n'ont pas de planches. Le tirage à part des articles est aux frais des au- teurs; il n'v a d'exception que pour les Rapports et les Instructions demandés par le Gouvernement. Article 5. Tous les six mois, la Commission administrative fait un Rapport sur la situation des Comptes rendus après l'impression de chaque volume. Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré- sent Règlement. i Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, a-vant 5\ Autrement la présentation sera remise à la séance suivante. •1 ETAT DE L'ACADEMIE DES miMU Ali 1 ' JANVIER 1898. SCIENCES MATHÉMATIQUES. Section I'". — Géométrie. Messieurs : Hermite (Charles) (g. o. « ). Jordan (Marie-Ennemond-Camille) (o. *). Darboux (Jean-Gaston) (o. «;). POINCARÉ (Jules-Henri) (o. «). Picard (Charles-Emile) *. Appell (Paul-ÉmiIe)(o. *). Section II. — Mécanique. LÉVY (Maurice) (o. s). BOUSSINESQ (Valentin-Joseph) *. Deprez (Marcel) (o. *). Sarrau (Jacques-Rose-Ferdinand-Émile) (c. *). LÉAUTÉ (Henry) (o. *). SEBERT(Hippolyte) (c. *). Section III. — Astronomie. Faye (Hervé- Augnste-Étienne-Albans) (g. C. *). Janssen (Pierre-Jules-César) (c. «). Lœwy (Maurice) (c. *). WOLF (Charles-Joseph-Étienne) (o.*). Callandreau (Pierre- Jean-Octave) ^. Radau (Jean-Charles-Rodolphe). Section IY. -- Géographie et Nangation, Bouquet de la Grye (Jean-Jacques-Anatole) (c. *). Grandidier (Alfred) (o. *). Bussy (Marie-Anne-Louis de) (g. o. *). Bassot (Jean-Léon-Antonin) (o. *). GUYOU (Emile) (o. *). Hatt (Philippe-Eugène) (o. ■■»). ETAT DE L ACADEMIE DES SCIENCES. Sectiox V. — Physique générale. Messieurs : Cornu (Marie- Alfred) (o. s). Mascart (Éleuthère-Élie-Nicolas) (c. *). LiPPMANN (Gabriel) (o. «). « Becquerel (Antoine-Ilenri) *. Potier (Alfred) (o. «). ViOLLE (Lucien-Jules-Gabriel) (o. *). lEIVCES PHYSIQUES. Section VI. — Chimie, Friedel (Charles) (o. ft). TîîOOST (Louis-Joseph) (o. *). Gautier (Émile-Justin-Armand) (o. *). MOISSAN (Henri) (o. «). Grimaux (Louis-Edouard) (o. «). Ditte (Alfred) *. Section VII. — Minéralogie. FOUQUÉ (Ferdinand-André) (o. *). Gaudry (Jean-Albert) (o. ft). Hautefeuille (Paul-G;ibriel) *. Bertrand (Marcel) *. LÉVY (Michel) (o. *). LAPPARENT (Albert-Auguste DE) *. Section VIII. — Botanique. Naudin (Charles-Victor) *. Chatin (Gaspard-Adolphe) (o. ft). Van Tiegiiem (Philippe-Édouard-Léon) (o. *), BORNET (Jean-Baptiste-Edouard) *. GUIGNARD (Jean-I^ouis-I^éon) *. BONNIER (Gaston-Eugène-Marie) «. ETAT DE L ACADEMIE DES SCIENCES. Section IX. — Économie rurale. Messieurs : SCHLŒSING (Jean-Jacques-ïhéophile) (c. *■). Chauveau (Jean-Baptiste-Augaste) (c. *). DehÉRAIN (Pierre-Paul) (o. ft). DUCLAUX (Pierre-Emile) (c. ft). Girard (Aimé) (o. *). MUNTZ (Charles-Camille) (o. *). Section X. — Analomie et Zoologie. Blanchard (Charles-Emile) (o. *). Lacaze-Duthiers (Félix-Joseph-Henri DE) (c. 9i). Edwards (Alphonse Milne-) (o. «). Ranvier (Louis-Antoine) *•. Perrier (Jean-Octave-Edmond) (o. *). FiLHOL (Antonin-Pierre-Henri) *. Section XI. — Médecine et Chirurgie. Marey (Étienne-Jules) (c. «). Bouchard (Charles-Jacques) (c. «). GUYON (Jean-Casimir- Félix) (o. *). POTAIN (Pierre-Carl-Édoaard) (c. ^). Arsonval (Arsène^D')l(o. *). Lannelongue (Odilon-Marc) (o. ■^■). SECRETAIRES PERPÉTUELS. Bertrand (Joseph-Louis-François) (g. o. *), pour les Sciences mathématiques. Berthelot (Marcelin-Pierre-Eugène) (g. c. «), pour les Sciences physiques. ETAT DE L ACADEMIE DES SCIENCES. ACADÉMICIENS LIBRES. Messieurs : Damour (Augustin-Alexis) (o. *). Freycinet (Charles-Louis de Saulses de) (o. *). Hatonde la Goupillière (Julien-Napoléon) (c. ^). JONQUIÈRES (Vice-Amiral Jean-Philippe-Ernest DE Fauque de) (g. o. *). ■ Cailletet (Louis-Paul) (o. s). BiSCHOFFSHElM (Raphaël-Loiiis) s. Brouardel (Paul-Camille-Hippolyte) (c. «). Laussedat (Aimé) (c. *). Carnot (Marie-Adolphe) (o. »). ROUCHÉ (Eugène) (o. s). ASSOCIÉS ÉTRANGERS. Kelvin (Sir William Thomson, lord) à Glasgow (g. o. *). Bunsen (Robert-Wilhelm-Eberhard) (o. *), à Heidelberg. Lister (Sir John), à Londres. Nordenskiôld (Nils-Adolf-Érik, baron) (c. «). Frankland (Edward), à Londres. Newcomb (Simon) (o. ft), à Washington. ViRCHOW (Rudolph-Lndvig-Car) (c *). N CORRESPONDANTS. Nota. — Le règlement du 6 juin 1808 donne à chaque Section le nombre de Correspondants suivant. SCIENCES MATHEMATIQUES. Section F". — Géométrie (6). Salmon (George), à Dublin. SOPHUS Lie », à Leipzig. FuCHS (Immanuel-Lazarus), à Berlin. SCHWARTZ (Ilermann-Amandns), à Griinewahl, près Berlin. Klein (Félix), à Gœtlingue. IV ÉTAT DE l'académie DES SCIENCES. 9 Section' II. — Mécanique (6). Messieurs : Beltrami (Eugène), à Rome. Sire (Georges-Etienne) *, à Besançon. Considère (Armand-Gabriel) ;», à Quimper. Amsler (Jacob), à Schaffhouse. Vallier (Frédéric-Màrie-Emmanuel),», à Lorient. RiGGENBACH (Nicolas), *, à Olten (Suisse). Section III. — Astronomie (16). Struve (Otlo-Wilhelm) (c. *), à Pouikova. LOCKYER (Joseph-Norman), à Londres. HUGGINS (William), à Londres. Stephan (Jean-Marie-Édouard), (o. *), à Marseille. Hall (Asaph) *, à Washington. LANGLEY (Samuel), k Washington. Auwers (Arthur), à Berlin. Kayet (Georges- Antoine-Pons) (o. *), à Bordeaux. Perrotin (Henri-Joseph-Anastase) *, à Nice. Backlund (Oscar), à Pouikova. GiLL (David), au Cap de Bonne-Espérance. Van DE Sande Bakhuyzen (o. *), à Leyde. Christie (William-Henry), à Greenwich (Angleterre). SOUILLART (Cyrille-Joseph), à Lille. N " Section IV. — Géographie et Navigation (8). Richards (le Vice-Amiral George-Henry), à Londres. David (Abbé Armand) *, missionnaire en Chine. TeffÉ (le baron DE), à Rio-de-Janeiro. Serpa PiNTO (Alexandre-Albert DA ROCHA de), *, à Lisbonne. Grimaldi (Albert-Honoré-Charles) (G. C. *), prince souverain de Monaco, à Monaco. TiLLO (Alexis de) (c. *), à Saint-Pétersbourg. Nansen (Fridt-Jof), à Bergen (Norvège). N c. a., 1898, 1" semestre. (T. CXXVI, N» 1.) '-^ lO ETAT DE L ACADEMIE DES SCIENCES. Section Y. — Physique générale (9). Messieurs : Stores (George-Gabriel), à Cambridge. Crova (André-Prosper-Paul) *, à Montpellier. Rayleigh (John-William, Baron) (o. *), àEssex. Amagat (Émile-Hilaire) *, à Bourg. Raoult (François-lMarie) (o. s), à Grenoble. ROWLAND (Henry-AiigListin) (o. «), à Baltimore. WlEDEMANN (Gustave-Henri) (o. *), à Leipzig. BiCHAT (Ernest-Adolphe) », à Nancy. Blondlot (René-Prosper) *, à Nancy. SCIENCES PHYSIQUES. Sectios YÏ. — Chimie (9). WiLLIAMSON (Alexander-Williams), à Londres. Lecoq de RoisbaudrAN (Paul-Émile dit François) *, à Cognac. Reboul (Pierre-Edmond) (o. *), à Marseille. Baeyer (Adolf de), à Munich. Haller (Albin) *, à Nancy. ROSCOÉ (Sir Henry-Enfield) (o. ft), à Londres. CANNIZZARO (Stanislas) (o. «1), à Rome. Ramsay (William) (o. a), à Londres. N Section Yll. — Mine'ralogie (S). Hall (James) *, à'-Albany. Gosselet (Jules-Auguste-Alexandre) *, à Lille. SUESS (Edouard), à Vienne. Pomel (Nicolas-Auguste) », à Alger. Geikie (Archibald), à Londres. RiCHTHOFEN (Ferdinand-Freihew VOn), à Berlin. Matheron (Pierre-Philippe-Émile), à Marseille. N = . . . ÉTAT DE l'académie DES SCIENCES. II Section YIII. — Botanique (lo). Messieurs : HOOKER (Sir Jos. Dalton), à Ivew, près Londres. Clos (Dominique) *, à Toulouse. SiRODOT (Simon) (o. «), à Rennes. Grand'Eury (François-Cyrille) •^, à Saint-Etienne. Agardh (Jacob-Georg), à Lund. MiLLARDET (Alexis) *, à Bordeaux. Masters (Maxwel-Tylden), à Londres. Treub (Melcliior) *, à Buitenzorg, près Batavia (Java). COHN (Ferdinand), à Breslau. N Section ÏX. — Economie rurale (lo). Mares (Henri-Pierre-Louis) *, à Montpellier. Lawes (Sir John-Bennet), à Rothamsted, Saint-Albans station (Herfortshire). Demontzey (Gabriel-Louis-Prosper) (o. *), à Aix. Gilbert (Joseph-Henry), à Rothamsted, Saint-Albans station (Herfortshire). Lechartier (Georges-Vital), à Rennes. HOUZEAU (Auguste) (o. *), à Rouen. Arloing (Saturnin) (o. *), à Lyon. Pagnoul (Aimé), à Arras. Gayon (Edouard-Ulysse), à Bordeaux. N ' Section X. — Anatomie et Zoologie (lo). Agassiz (Alexandre) (o. «), à Cambridge (États-Unis). Fabre (Jean-Henri) *, à Sérignan (Vauckise). Marion (Antoine-Fortuné) *, à Marseille. KOWALEWSKI (Alexandre), à Saint-Pétersbourg. Flower (Sir William-Henry), à Londres. Sabatier (Armand) =*, à Montpellier. Retzius (Gustave), à Stockholm. Bergh (I^udwig-Rudolph-Sophus), à Copenhague. N "... N I 2 ETAT DE L ACADEMIE DES SCIENCES. Section XI. — Médecine el Chirurgie (8). Messieurs : Ollier (Louis-Xavier-Édouard-Léopold) (c. *), à Lyon. Paget (Sir James), à Londres. LÉPINE (Jacques-Raphaël) (o. *), à Lyon. Herrgott (François-Joseph) (o. *), à Nancy. Laveran (Louis-Charles-Alphonse) *, à Nantes. Engelmann (Ïhéodor-Willhem), à Utrecht. N N COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 3 JANVIER 1898, PRÉSIDENCE DE M. WOLF. RENOUVELLEMENT ANNUEL DU BUREAU ET DE LA COMMISSION ADMINISTRATIVE. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Vice-Président, qui doit être choisi, cette année, parmi les Membres de l'une des Sections des Sciences physiques. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 56, M. Van Tieghem obtient.. ... 4i suffrages, M. Friedel 12 » M. A. Milne-Edwards 2 Il y a un bulletin blanc. ^ M. Van Tieghem, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est pro- clamé Vice-Président pour l'année 1898. ( i4 ) L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de deux de ses Membres, qui devront faire partie de la Commission centrale adminis- trative pendant l'année i8g8. MM. Darboux et Bobnet réunissent la majorité des sufTrages. M. Ad. Chatin, Président sortant, fait connaître à l'Académie l'état où se trouve l'impression des Recueils qu'elle publie, et les changements sur- venus parmi les Membres et les Correspondants pendant le cours de l'année i^QJ- État de l'impression des Recueils de l'académie au \^' janvier i 898. Volumes publiés. Comptes rendus des séances de V Académie. — Le Tome CXXII (i*'' se- mestre 1896) et le Tome CXXIII (2'' semestre i8g6) ont paru avec leurs Tables et leur régularité habituelle. Mémoire présenté. — Un Mémoire de M. Jâderin, intitulé : « Méthode pour la mensuration des bases géodésiques au moyen des fds métal- liques » {Savants étrangers, t. XXXH, n" 7). Changements survenus parmi les Membres depuis le i'^'' janvier 1897. Membres décédés. Section de Géographie et Navigation : M. d'Abbadie, décédé le iq mars. Section de Chimie: M. Schutzenbekger, décédé le 26 juin. Section de Minét^alogie : RI. des Gloizeaux, décédé le 6 mai. Associé étran°'er décédé. M. Weiebstbass, décédé le 28 février. ( ,5 ) Membres élus. Section de Mécanique : M. Sebebt, !c 8 février, en remplacement de M. Resal, décédé. Section d' Astronomie : M. Radau, le 5 avril, en remplacement de M. Tis- serand, décédé. Section de Géographie et Na^'igation : M. Hatt, le 21 juin, en remplace- ment de M. d'Abbadie, décédé. Section de Physique générale : M. Violle, le 22 février, en remplacement de M. Fizeau, décédé. Section de Chimie : M. Ditte, le 29 novembre, en remplacement de M. Schûtzenberger, décédé. Section de Minéralogie : M. de Lapparext, le 28 juin, en remplacement de M. des Cloizeaux, décédé. Associés étrangers. M. ViRciiow, le 5 juillet, en remplacement de M. Tchebichef, décédé. Cliangemeiits sun'enus pamni les Correspondants depuis le i^'' janvier 1897. Correspondants décédés. Section de Géométrie : M. Sylvester, à Oxford, décédé le i5 mars; M. Briosciu, à Milan, décédé le i3 décembre. Section d' Asiionomie : M. SciiiAPAnELU, à Turin, décédé le 19 février. Section de Géographie et Navigation : M. Maxen, à Fleury (S.-et-O.), décédé en mai. Section d' Anatomie et Zoologie : M. Steenstrup, à Copenhague, décédé le 20 juin. Section de Médecine et Chirurgie : M. Tholozan, à Téhéran, décédé le 3i juillet. Correspondants élus. Section de Géométrie: M. Klein (Félix), à Gœttingue, le 17 mai, en rem- placement de M. Sylvester, décédé. ( -6) Section d'Astronomie : M. Souillart, à Lille, le lo mai, en remplace- ment de M. Gyldén, décédé. Section cl' Économie rurale : M. (Jayo.v, à Bordeaux, le 12 juillet, en rem- placement de M. Hellriegel, décédé. Correspondants à remplacer. Section de Géométrie : M. Brioscih, à Milan, décédé. Section d' Astronomie : M. Sciiiaparelli, à Turin, décédé; M. Gocld, à Cambridge, décédé. Section de Géographie et Navigation : M. Manen, à Fleury (S.-et-O.), décédé. Section de Chimie: M. Kékulé, à Bonn, décédé. Section de Minéralogie : M. Prestwicii, à Shoreham, Kent, décédé. Section de Botanique : M. le baron de Mueller, à Melbourne, décédé. Section d' Économie rurale : M. le marquis de ^Senarkea, à Rome, décédé. Section d'Anatomie et Zoologie : M. Lovén, à Stockholm, décédé ; M. Steenstrup, à Copenhague, décédé. Section de Médecine et Chirurgie : M. Virchow, à Berlin, élu Associé étranger; M. Tuolozan, à Téhéran, décédé. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. ASTRONOMIE. — Méthode générale pour la détermination des étoiles fondamentales et de la latitude. Note de M. Lœwv. (( Le mode de détermination exposé dans les Comptes rendus du 27 dé- cembre 1897 peut être rendu encore plus pratique et plus précis. Choi- sissons, en effet, un groupe d'astres de déclinaisons peu différentes et placés symétriquement autour du pôle, 6 par exemple; leur distance en ascension droite sera ainsi de 4'' environ. Admettons maintenant que le couple (1.2) se trouve, à l'époque initiale, dans la situation nécessaire pour fournir, à l'aide des mesures effectuées symétriquement par rapport au cercle horaire ( '7) de 6^, les valeurs de X et de (p., — />,); un autre couple, le couple (4-5), se trouvera nécessairement dans une même situation favorable relative- ment au cercle horaire de 18'' et servira à déterminera et (p^ — /?^). Dans le courant d'une année, naturellement chacun des couples (1.2), (2.3), (3.4), (4-5), (5.6), (6.1) se présentera successivement dans les mêmes conditions indiquées devant le cercle horaire de G*" et les couples (4.5), (5.6). (6.1), (1.2), (2.3), (3.4) devant le cercle horaire de iS*". » Par conséquent, une quelconque des différences entre deux étoiles voisines {p^ — p,), (Ps—p^)' •••< résultera de deux séries distinctes de mesures, et toute autte différence (p,„ — p„) entre deux astres quelconques du groupe pourra être conclue avec une grande exactitude, indirectement par quatre rattachements divers. Disposant ainsi de ces constantes (p^ — /?„), on pourra choisir, pour l'évaluation de 1, deux astres séparés d'un grand intervalle en JR, circonstance qui augmente notablement l'exactitude de 1, et l'on aura en outre l'avantage de faire les deux séries de mesures presque simultanément. Il est évident que ces six astres peuvent également servir à la détermination de « ; on obtiendra cette inconnue en effectuant, d'une manière analogue, des observations symé- triquement par rapport au méridien de o*" et à celui de 12''. » Voici les positions de deux groupes d'astres, tirés du Tableau final, qui pourront être consacrés à cette recherche : Groupe I. Ascension Distance Ascension Distance droite polaire droite polaire Étoiles. Gr. 1899,0. h m s 1899,0. Étoiles. Gr. 1899,0. Il m s 1899,0. 2 7>9 0.15.55, 85 I .6.52, I 10 9.9 2.48.52, i4 0°. 33'. 49". 8 19 9.8 4.42.48,36 I .5. i5,3 25 9.2 6.36.25,o3 0 . 3 I . 49 , 3 37 9.3 S. 18. 5,96 1 .5. 22 ,4 42 9.9 10. i5. 16,70 0.32.41 ,4 55 8,8 i2.5i .46,o3 1,5.32,8 60 9.4 i3.52.44. I' 0.80.49,1 63 9.4 i5. 5. 0,60 I .6.23,4 79 9.3 18.42.57,40 0.89.40,0 84 9.9 19.50.21 ,85 1.6. 2,0 96 8,6 23. I I . 19,68 0.44-48,6 Groupe II. » Dans le groupe I, les distances polaires sont très concordantes mais trop notables pour que les étoiles puissent être vues dans l'étendue du champ au moment de leur passage aux cercles horaires de 6'' et de iS*". Dans ce cas, afin d'évaluer les différences (/>„^., — p,„), on aura recours au méridien ou à un cercle horaire voisin. Dans le groupe II, les différences iP'n — Pn) sont quelquefois notables et, afin de pouvoir les utiliser sans inconvénient, il est nécessaire que les coordonnées approchées de />,, C. R., 1898, 1" Semestre. (T. CXXVI, N" 1.) 3 ( i8 ) p^, . .. dont on a besoin, ne soient pas entachées de trop fortes erreurs. » Nous allons exposer maintenant la solution la plus générale de ces divers problèmes, qui nous sfemble être avantageuse à tous égards. La méthode qui y conduit permet de déterminer à la fois, dans une même soirée, les deux inconnues \ et n. Afin d'acquérir, ce qui est nécessaire, un égal degré d'exactitude dans les coordonnées, il faut, comme cela ressort facilement des expressions (lo) et (ii), satisfaire dans la pratique aux conditions contenues dans l'une ou l'autre des égalités ci-après : .fj _l_ X, + < = 90°, T3 — T( = 90°; on aura, par suite, respectivement (a S>- = Sn (à) 2 sin- - sin(T3^ X, ) 2sin- - 2 w L'interprétation de ces deux formules est la même; afin d'obtenir une égale précision pour 1 et n, les deux positions successivement occupées par l'une des polaires doivent avoir, par rapport au méridien, la même symétrie que celles de la seconde, relativement aux cercles horaires de 6'' et de iS**. Cette précision dépend des deux variables (t, — t,) et i; elle sera maximum eu ce qui concerne (tj — t, ) si l'on choisit deux astres dont les ascensions droites diffèrent de six heures ou, d'une manière plus générale, si l'on effectue les observations à deux époques où -, — t, = 6'', cas auquel correspond la formule (6) pour le calcul de Sx et Sn. » En adoptant, pour la seconde variable i, l'intervalle de six heures, on arrive à la méthode générale qui détermine 1 el n avec une très grande précision. La formule (ô), en effet, assigne à ^1 et tn la faible valeur de —=. y 2 » Il convient de répéter qu'il est désirable d'observer un nombre égal de couples relativement aux cercles horaires de o"^, 12'' et de 6'', iS"", afin d'amoindrir à la fois l'influence de l'inclinaison I et l'erreur accidentelle du résultat cherché. Pour atteindre ce but, on est amené à choisir quatre étoiles placées symétriquement autour du pôle; l'erreur probable de la moyenne sur deux déterminations ainsi obtenues sera Sx = Sra = -• Mais on peut, sans s'exposer à une fatigue excessive, exécuter dans une soirée seize observations en P et en A. » En effectuant par conséquent, pour un seul groupe, l'ensemble de ( 19 ) ces opérations, une seconde fois, ou pour deux groupes différents de . I • , „ „„ sti "^^ £ La précision de >. et de « devient quatre polaires, on aura oà = on = — p- r alors équivalente à celle résultant de quatre circompolaires observées à leurs passages supérieur et inférieur. » Ce procédé repose donc sur l'observation d'un ou de deux groupes de quaire étoiles distantes les unes des autres d'environ six heures d'^, et que l'on mesure à deux époques séparées d'un intervalle de six heures. )) Cet intervalle, exigé entre les deux séries conjuguées, n'est nullement gênant dans la pratique. En effet, aucune obligation n'existe ici pour l'époque des premières observations. Toutes les heures sont également propices. On commencera à exécuter les premières opérations au début de la soirée et, tout en déterminant à la fois les coordonnées équatoriales absolues, la latitude et sa variation, il ne sera pas nécessaire de consacrer au travail les heures avancées de la nuit. » On pourra se rendre compte maintenant de la valeur du nouveau pro- cédé. Avec l'ancienne manière de faire, on se trouve, le plus souvent, dans l'impossibilité absolue de déterminer ces divers éléments dans une même journée. On est obligé d'observer l'astre aux époques de ses passages supérieur et inférieur au méiidien, condition qui fait naître des difficultés quelquefois insurmontables. En effet, à certaines périodes de l'année, l'un des passages, même pour la plus brillante des polaires, oc Petite Ourse, de- vient inobservable en raison de l'éclat du jour. » Mais la nouvelle méthode est encore susceptible de recevoir une sim- plification considérable qui abrège de moitié le travail et réduit sa durée à deux heures environ. Pour atteindre ce but, ou emploiera le procédé que nous avons indiqué plus haut, en utilisant les différences p,„ — Pa- Après un certain nombre d'expériences complètes, on aura bientôt déterminé avec précision ces petites quantités angulaires, et il ne sera pas nécessaire d'effectuer la seconde série d'opérations. » Les quatre circompolaires, choisies conformément aux règles précé- dentes, constituent donc des étoiles-guides toujours utilisables dans les belles soirées, et forment de véritables repères dans l'espace, permettant de vérifier, avec la plus grande exactitude, non seulement la position du méridien et du pôle instrumental, mais aussi celle de l'axe du monde. A l'aide de la nouvelle méthode, on possède désormais la faculté de recher- cher directement, avec la plus haute précision, dans toutes les nuits de l'année : les coordonnées absolues des astres, la latitude et sa variation. ( 20) Dans le Tableau suivant, on indique plusieurs groupes de circompolaires très appropriés à ce genre d'études. Groupe I. Groupe II. Ascension Distance Ascension Distance droite polaire droite polaire Étoile. Gr. 1899,0. h m s 1899,0. Étoile. Gr. I 899 , 0 . h m s 1899,0. 2 7'9 0. i5.55,85 I .6.52, 1 16 9,1 A. 7. 3,10 o'.^y. 8", 5 24 9.9 6.22. 2,43 1.7.18,9 47 9,2 10.59.53,87 0.41 -53, I 55 8,8 i2.5i .46,o3 1.5.32,8 65 8,6 16.11. 0,28 0.46.19,9 72 10, 1 18. 3.47,78 Groupe III. 1.6.24,6 96 8,6 23.11. 19,68 Groupe IV. 0.44.48,6 i5 9>9 3. 10.22,25 1.7.14,9 1 10,1 0. 8. 8,57 0.53.40, 5 37 9.3 8.18. 5,96 I .5. 22,4 28 9,4 6.47.40,43 0.55. 0,7 63 9,4 i5. 5. 0,60 1.6.23,4 52 9,8 12. 2. I I ,92 0.48.27,5 91 10,2 21 .37.34,42 I .5.5o,2 70 9,5 17.37.35,94 0.49.51,6 » Il nous reste à indiquer .le "degré de précision que l'on peut obtenir par les éléments (yOo — p^) qui jouent un rôle si important dans l'étude qui vient d'être exposée. Ces grandeurs peuvent être déduites aussi par d'autres procédés que celui que nous a vous considéré et qui consiste dans la comparaison des coordonnées rectilignes aux époques successives où l'angle horaire des deux astres devient identique. Ayant, par l'une quel- conque des méthodes exposées, déterminé \ et n, on peut en conclure p^ — p,. La relation suivante indique l'erreur probable qui en résulte pour cette dernière quantité. (i5) S(/?2— /?,) I — C0S(T3 — Ti ) COSi 2sin2 — cos' 2 i} s V tane" tans^ - 2 » C'CS dernières relations (i 5) sont aussi générales que les équations (10) et (11) (') qui s'appliquent à tous les cas de la pratique. A l'aide de ces trois systèmes de formules (10), (11) et (r5), on peut donc évaluer le degré d'exactitude de \, n et (p, — jo, ), quel que soit le mode d'opération choisi pour le déterminer. Toutes les conditions du travail s'y trouvent caractérisées: t, et t, désignent les angles horaires à la première époque T3 + i et T, 4- i sont relatifs à la seconde époque des observations. (') Comptes rendus du 20 décembre 1897. ( 21 ) Coordonnées équatoriales de 72 étoiles tiès voisines du pôle. Ascension Distance droile Précession Variation polaire Précession Variation Étoile. Gr. 1899,0. annuelle. séculaire. 1899,0. annuelle. séculaire. 1 10, I h m s 0. 8. 8,57 -+- 6,112 + s 5,692 0.53.40,5 — 20, o3 + o>4 a 7.9 0. i5.55,85 + 7,843 + 6,286 I. 6.52,1 — 20,00 + 0,09 3 9.7 0.32.50,73 ■+- 74,658 + 527,538 0. 9- 9,9 -'9,84 + 1,56 6(') 2,0 1.22. 6,72 -H 24,876 + 19,761 i.i3.5i,8 -.8,77 + 1,28 1 9>5 1.44.24,44 -t- 46,727 + 58,549 0.46. 17,6 — 1 8 , 00 + 3,00 8 7,4 2. i3.36,25 + 35,409 + 24,147 1.18.11,3 -'6,73 + 2,85 9 9>4 2.30.36,73 4- 54,817 + 5., 948 0.54.13,6 — 15,87 + 4,89 10 9.9 2.48.52, i4 + 94,3io + I 35, 644 0.33.49,8 -•4,84 + 9,24 1 1 9>9 2.58. 4i ,27 + 134,952 + 258,796 0.24.29,3 -l4,25 + i3,84 i4 9>6 2.58.45,42 + 70,401 H- 68,i46 0.47.58,7 — l4,25 + 7,22 i5 9,9 3. 10.22,25 + 53,5o3 + 34,795 I. 7.14,9 — i3,52 + 5,76 i3 8,3 3. I 5. 46, 25 + 185,092 + 423 , 193 0. 19. 1 ,8 -.3,17 + 20,35 16 9,' 4. 7. 3,10 + 88,9i5 + 58,55i 0.47. 8,5 - 9,48 + 11,42 17 9,3 4. 8.33,67 + 52,419 + 19,284 I .22. 17,0 — 9,37 + 6,76 18 8,7 4.26.28,89 + 74,927 + 33, i3o 0.58.40,5 - 7,95 + 1 0 , o3 19 9,8 4.42.48,36 + 69,504 + 22,969 I . 5. i5,3 — 6,62 + 9,56 20 8,9 4. 50.43, 36 + 85,189 + 3i , 122 0. 53. 24,0 — 5,97 + 11,86 22 8,2 5.45.58,01 + 63,3o5 + 3,294 1.16. 6,6 — I , 33 + 9,21 24 9,9 6.22. 2,43 -t- 70,989 — 6,645 I. 7.18,9 + 1,93 + 10, 3o , 25 9,2 6. 36.25,o3 + 145,606 — - 47,9'9 0 . 3 I . 49 , 3 + 3, ,7 + 30,95 27 9,5 6.40.47,92 + 67,835 — 11,262 I. 9.48,0 + 3, 55 + 9,73 38 9,4 6.47 .40, 43 + 84,769 — 20,907 0.55. 0,7 H- 4,i4 + 12,09 29 9,6 6.57.41,05 -i- 79,498 — 32,3l5 0. 58. 12,4 + 4,99 + 11 ,22 3o 9,6 7 . 22.32,49 + 60,964 — 18,866 . .14.14,8 + 7,06 + 8,3i Si 9,9 7.5o.5o,23 + 53,778 — 20,255 I .20. I I ,4 + 9,32 + 6,94 32 (^) 6,5 7.56.50,98 -1- 65,859 — 33,o48 I . 3.5i, I + 9,78 + 8,29 33 9,6 8. 5.19,88 + 63,i33 — 32,781 I . 5.19,3 + 10,42 + 7,86 35 9,4 8. 6.47,90 + 52,622 — 22,757 i.i8.5i,8 + 10,53 + 6,52 37 9,3 8.i8. 5,96 + 60,958 — 34,437 I . 5.22,4 + 11,36 + 7,32 36 9,3 8.28.16,91 + i36,o54 — 196,610 0.27.33,7 + 12, 08 + 15,82 38 9,9 8.28. 8,86 + 48,419 — 23,349 I .20.5o,9 + 1 2 , 07 + 5,63 39 9,8 9. 4-4i,7o + 41,389 — 23, i53 I . 23. 0,1 +'4,46 + 4,17 40 9,8 9 . 20 . 3o , 02 + 42,245 — 27,805 I . i5. 10, I + i5,38 + 3,94 41 9,9 9.52.42,51 + 3o,5o6 — 18,637 1.28.16,3 + 17, o3 + 2,34 43 9,8 10. 9.39,32 + 27,851 — 18,161 I .25.49,8 + '7,77 + 1,87 42 9,9 10. i5. 16,70 + 65, 068 — 116,546 0.32.41 ,4 + 17,99 + 4,18 47 9,2 10.59.53,87 + 3i ,5o3 — 46,175 o.4i.53,i + 19,36 + 1,18 49 9,8 1 1 .28.53,67 + 18,122 — 26,589 0.41.17,9 + 19,86 + 0,35 (') Mouvement propre en A = -1- o^, o65. ( ^ ) Mouvement propre en jR = — 0=, 348 ; en DP ( 22 ) Ascension Distance droite Précession Variation polaire Précession Variation Étoile. Gr. 1899,0. annuelle. - séculaire. 1899,0. annuelle. séculaire. 5o 9.8 Il m s I 1 .34 .39,56 3 H- 19,635 — s 39,279 0 , „ o.3o.36, I + 19,92 + o,3i 52 9,8 12. 2. II ,92 -H 2,i63 — 0,862 0.48.27,5 -1-20, o4 — 0,01 53 8,9 12.42.26,48 ^ 15,287 4- 23,987 0.46. 4,2 -+-19.70 4- 0,4o 55 8,8 12. 5i .46,o3 — 16,686 -\- 16,091 I. 5.32,8 -+-19.53 4- 0,54 57 9.6 12.54.27,49 — 07,268 -h 2i3,io3 0. 17.55,2 4-19,48 + 1,96 56 9.9 12.57,28,05 — 24,424 H- 40,543 0.41.27,2 4-19,42 4- 0,88 6o 9.4 i3.52.44, II — 67,326 + i3i ,612 0.30.49, 1 + 17,67 + 4,63 6i 9.8 14.18.17,47 - 56,985 4- 74,198 0.43.24,1 4- 16, 5o + 4,71 63 9.4 i5. 5. 0,60 — 46,906 4- 33,728 1. 6.23,4 -i-i3,86 + 4,93 64 9.6 i5. 16. 56, 20 — i 59, 202 4- 327, 143 0.21 .26,4 + i3,o9 + 17,57 74 9,9 i5. 38. 43, 99 — 535,219 H-î '977.454 0. 6.57,8 4-11,59 4-63,65 66 9.8 16. 0. 9,94 —289,066 -1- 711,781 0. 13.37,4 4-10,01 -t-36,5o 65 8,6 i6. 1 1 . 0,28 — 85, 068 -H 57 , 2 1 5 0.46.19,9 + 9.18 4-11 ,02 67 9.9 16.53. 4,57 —203,737 + 185,691 0.21.16,3 + 5,77 4-28,44 70 9.5 17.37.35,94 - 88,614 -1- 11,828 0.49.51,6 + 1.96 4-12,85 75 9.6 17.59.59,99 — 154,792 4- 0,069 0.29. 5,9 0,00 4-22,56 7'' 10, 1 18, 3.47,78 — 66,064 — 1,095 I . 6.20,6 — 0,33 + 9,63 73 9.9 18. 7.23,34 — 71.045 — 2,490 I. 1.56,4 - 0,65 4-10,35 77 9.9 18.27.50,70 — 102,711 — 19,536 0.43. 6,2 - 2,43 4-14,86 79 9.3 18.42.57,40 — 110,702 — 35, 175 0.39.40,0 - 3,73 4-i5,86 83 9.6 19. 12.22,07 —214,078 — 222,371 0.20. 6,5 — 6,22 4-29,66 8o(') 6,3 19.23.38,19 - 67,447 — 27 ,095 1 . o.5o,7 — 7.i5 + 9.21 82 7.9 19.44.11,34 — 49. '44 — 18,788 1.19. 1,5 — 8,80 + 6,44 84 9.9 19.50.21 ,85 — 58,575 ~ 28,i38 1 . 6. 2,0 - 9.28 + 7.57 86 7.9 19.59.52,31 — 53,281 — 25,880 I .10,36,5 — 10,01 + 6,73 88 8,4 21 . 0.42,03 — 59,752 — 56,3i4 o.5i .32,5 — l4,22 + 6,i5 89 9,4 21. 8.48,70 - 37,858 — 25,309 1 . 16. i4,3 — 14,71 + 3,76 91 10,2 21 .37 .34,42 — 37,547 — 32,223 I. 5.5o,2 — i6,3o + 3,19 92 8,3 22. 12.37,45 — 3o,o63 — 30,073 I. 2.35,8 -17,88 + 1.99 93 9.9 22. 3i .12,68 — 19,653 — 17,152 1 . 16.21,4 — 18, 56 + 1.09 95 8,9 22.54.41,58 — 15,169 — 15,119 1.10.47,1 — 19.24 4-0,63 96 8,6 23. 11 . 19,68 - 18,535 — 29,244 0.44-48,6 -'9,59 4- o,58 100 9.8 23.48.43,00 — 0,624 — 2-', 353 I- I- 9,7 —20,02 4- 0,01 101 9.9 23.52.39,49 -H 0,877 — o,654 I. 7. 1,1 — 20,03 0,00 ( ' ) Mouvement propre en jÎ\ = — o»,o48 ; en DP=: — o",02. ( 23) ANATOMIE GÉNÉRALE. — Influence histo génétique d'une forme antérieure, à propos de la régénération de la membrane de Descemet, Note de M. L. Ranvier. K Nous connaissons l'influence d'un premier cristal sur la cristallisation. Peut-on observer des phénomènes analogues dans la formation des tissus organiques? Quelques expériences sur la régénération de la membrane de Descemet permettent de répondre à cette question par l'affirmative. » La membrane de Descemet occupe, comme on le sait, la face posté- rieure de la cornée. Elle paraît amorphe, vitrée; mais, en réalité, elle est formée, ainsi que Henle l'a établi, d'un nombre considérable de lamelles extrêmement minces, superposées comme les feuillets d'un livre. Elle adhère, en avant, aux lames de la cornée. En arrière, elle est séparée de l'humeur aqueuse par une couche de cellules endothéliales. C'est l'endo- thélium de Descemet. » On peut employer deux procédés pour atteindre, diviser ou détruire partiellement la membrane de Descemet et son endothélium. I^e premier consiste à faire, au moyen d'un instrument tranchant, une plaie pénétrante de la cornée ; le second à introduire une aiguille à cataracte dans la chambre antérieure de l'œil, à amener sa pointe au contact de la face postérieure de la cornée et à la faire agir de manière à inciser la membrane de Descemet et les lames cornéennes les plus profondes. Celte petite opération a déjà été pratiquée par le professeur His et par le professeur Panas. Elle est suivie d'un résultat constant. Il se forme, au niveau de la solution de con- tinuité, un épaississement considérable et un trouble plus ou moins pro- noncé de la cornée. » Du sixième au septième jour, la tuméfaction disparaît et la cornée redevient transparente. » A quoi tiennent le gonflement de la cornée et l'opacité de la partie tuméfiée? Pourquoi ces lésions disparaissent-elles du sixième au septième jour? Ce sont là des questions auxquelles mes recherches antérieures sur l'histologie de la cornée me permettent de répondre. Les fibrilles qui constituent les lames cornéennes sont très hygrométriques. Dès que la membrane de Descemet et son endothélium sont supprimés en un point, l'humeur aqueuse pénètre et les fibrilles se gonflent. Lorsqu'elles sont ( 24 ) gonflées par l'introduction d'un liquide moins réfringent qu'elles-mêmes, leur indice de réfraction diminue. Les cellules fixes de la cornée ne se laissent point imbiber et conservent, par conséquent, leur indice de ré- fraction. Dès lors le milieu cornéen, n'étant plus homogène, perd de sa transparence. » Le gonflement et l'opacité sont donc deux phénomènes connexes. » Si l'on sacrifie l'animal (ces expériences ont été failes chez le lapin) au moment ou peu après le retour de la transparence, c'est-à-dire le septième jour, et que l'on examine la cornée opérée sur des préparations faites comme il convient (voir mes Notes antérieures), on constate que la membrane de Descemel a été coupée ou détruite dans une région plus ou moins étendue et que toute la solution de continuité est maintenant recou- verte d'une nouvelle couche endothéliale. A la limite de l'incision, la membrane vitrée, généralement coupée ou cassée d'une manière nette, est légèrement repliée en avant. L'endothéliurn l'accompagne dans cette in- flexion, puis il se continue au delà sur toute la surface de la petite plaie. » Si les lames cornéennes ont été attaquées par le tranchant de l'ai- guille, cette surface est irrégulière; souvent même des lames cornéennes, sous l'influence de la pression exercée par l'aiguille, après avoir été divi- sées, sont écartées légèrement. I/endothélium, en pleine végétation, a pénétré partout où un chemin lui a été ouvert. En bien des points, au lieu de former une simple couche cellulaire, ce qui est sa condition normale, il se montre sous la forme de petits amas dans lesquels on voit plusieurs rangées de cellules. La définition des endothéliums perd ainsi un de ses termes les plus importants. » Il n'y a pas encore trace de la régénération de la membrane vitrée elle-même. Cependant le gonflement a disparu. L'humeur aqueuse a cessé de pénétrer les lames cornéennes. Donc, pour atteindre ce but, l'endo- théliurn suffit ; la vitrée n'est point nécessaire. » J'arrive maintenant au fait essentiel, celui qui m'a fourni le sujet de cette Note, je veux dire la régénération de la membrane de Descemet. » Cette membrane est de formation endothéliale. Chez de jeunes em- bryons de Mammifère, elle n'existe pas encore, alors que l'endothéliurn est déjà constitué. Elle apparaît, par exemple, chez l'embryon de mouton de o™,o8, sous la forme d'une lamelle à peine perceptible, au-dessous des cellules endothéliales. Elle n'est pas plus épaisse alors que la plaque endo- théliale qui limite ces cellules à leur face postérieure et qui conservera la ( 25 ) même épaisseur pendant l'existence entière. Puis peu à peu, à mesure que l'embryon se développe, la membrane vitrée s'épaissit, pour atteindre chez l'adulte lo"^. » Dans la régénération consécutive aux incisions ou aux destructions partielles, la membrane de Descemet se développe d'une façon un peu différente. Elle apparaît bien d'abord au-dessous de l'endothélium pré- formé, comme chez l'embryon, mais non partout en même temps. Elle commence à se montrer au voisinage immédiat, ou plutôt au contact de l'ancienne membrane, et de là sa formation gagne peu à peu le centre de la plaie. )) J'ai des préparations dans lesquelles la périphérie de la plaie est munie d'une membrane vitrée de nouvelle formation, tandis que son centre en est encore dépourvu. La nouvelle membrane est d'une grande minceur, elle s'insère sur l'ancienne et, fait fort important, non point sur sa surface de section, mais sur le dos de la convexité qu'elle forme en s'incurvant en avant, comme je l'ai dit plus haut. Cela est important, en effet, parce que l'on est ainsi conduit à admettre que ce ne sont pas les lamelles de l'ancienne membrane vitrée qui se poursuivent dans la nou- velle, mais que les lamelles de cette dernière sont nouvellement formées. L'influence de la vieille membrane vitrée sur l'édification de la jeune est donc toute de contact. Il y a là quelque chose d'analogue à l'accroissement d'un cristal dans une solution saturée du même sel; seulement il inter- vient dans la régénération de la membrane une autre condition qu'il ne faut pas oublier, et cette condition est primordiale : V activité formalrice des cellules endothéliales. C'est seulement à la face antérieure des cellules endo- théliales que les lamelles de la membrane de Descemet peuvent être éla- borées. Ce sont ces cellules qui sécrètent les lamelles en question et chez l'embryon, il ne faut pas l'oublier, il ne leur manque rien pour accomplir cette fonction. Dans la régénération, au contraire, elles y sont sollicitées par la présence ou plutôt le contact d'un organe ayant une structure définie, celle-là même que va prendre la nouvelle membrane. » Je dois quelques renseignements techniques à ceux qui voudront ré- péter mes expériences. » Les coupes de cornée durcie par le liquide de MûUer, ou par le liquide osmochromo-acétique de Flemming, colorées par le picrocarminate d'am- moniaque, puis traitées par la glycérine additionnée de -^ d'acide for- mique, montrent la membrane de Descemet, l'ancienne et la nouvelle, rouge foncé. Si, après l'action du liquide de Flemming, on colore par la G. R., 189S, 1" Semestre. (T. CXXVI, N° 1.) 4 ( 26 ) thionine, on oblient le plus souvent, mais non d'une manière constante, des préparations dans lesquelles les cellules de l'épithélium antérieur sont violettes, tandis que le ciment qui les sépare est vert bleuâtre; les lames cornéennes sont teintées de violet faible grisâtre ; les cellules fixes sont violettes; la membrane de Descemet, verte; les cellules eiulothéliales, violettes. » NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la formation d'une liste de deux candidats qui doivent être présentés à M. le Ministre de l'Instruc- tion publique, pour la chaire de Chimie minérale, vacante au Collège de France. Au premier tour de scrutin, destiné à la désignation du premier can- didat, le nombre des votants étant 44» M. Le Chatelier obtient. . . .... [\i suffrages Il y a 2 bulletins blancs. Au second tour de scrutin, destiné à la désignation du second candidat, le nombre des votants étant 48, M. Joannis obtient 45 suffrages Il y a 3 bulletins blancs. En conséquence, la liste présentée à M. le Ministre, par l'Académie, comprentlra : En première ligne M. Le Chatelier, En seconde ligne M. Joannis. MEMOIRES PRESENTES. M. Tii.-L. Mattei adresse une « Démonstration du postulatura d'Eu- clide ». (Commissaires : MM. Poincarc, Appel!, Rouché.) (27 ) M. S. Leroux adresse, d' Aléser, un Mémoire « Sur l'influence de la hau- teur d'une colonne de liquide sucré, pendant sa fermentation ». (Renvoi à la Section d'Économie rurale. ) M. L. Pesce prie l'Académie de renvoyer son Ouvrage sur la « Naviga- tion sous-marine » à l'examen de l'une des Commissions de prix. (Renvoi aux concours de l'année 1898.) CORRESPONDAIVCE. ASTRONOMIE. — Sur la détermination des premiers termes de flexion d'un instrument méridien. Application au cercle du jardin de l'Observatoire de Paris. Note de MM. W. Ebert et J. J'erchot, présentée par M. Lœwy. « Les instruments méridiens se déforment sous l'influence de la pesan- teur. Il en résulte, en particulier, une correction pour les mesures de dis- tances polaires; la flexion proprement dite est une fonction périodique de la distance zénithale, elle est développable en série de Fourier. » Soient, pour une position déterminée de l'instrument, ?„ la lecture en distance polaire, P^ la lecture corrigée de la flexion, z la distance zénithale comptée dans le même sens que les distances polaires. On a P„ = P„ -t- a sin s + è cos z -i- a' smiz -^ b' cos iz -Y-. . .. 0 » On peut déterminer les coefficients a, b, b' avec des observations d'étoiles directes et réfléchies ; mais ce procédé présente de grandes diffi- cultés techniques. On s'est donc préoccupé d'obtenir ces quantités par des procédés physiques. M. Lœwy, directeur de l'Observatoire, a donné une méthode qui permet de trouver les flexions des deux parties du tube de la lunette. Nous nous proposons d'en faire ultérieurement une application complète. » Dans la présente Note, nous donnons quelques indications sur la dé- termination de a et nous vérifions les valeurs trouvées en mesurant, pour les deux positions de la lunette, l'angle des mires ; nous obtenons b en employant le miroir zénithal et le bain de mercure ordinaire ; nous déter- minons directement la chute du micromètre et nous la séparons des autres parties de la flexion. (a8 ) » Le procédé le plus ancien el aussi le plus souvent utilisé pour obtenir a consiste à mesurer les distances polaires de deux faisceaux de rayons parallèles, de directions opposées et sensiblement horizontales. Au nord et au sud de la lunette, on place deux collimateurs N et S. Ce sont, en général, deux télescopes de Newton, munis d'un micromètre. On établit aussi bien que possible l'horizontalité de leurs fils. Un des faisceaux (le rayons est produit directement par le fil d'un des collimateurs, soit S ; on place la lunette dans la position verticale et l'on ouvre le cube central ; les rayons le traversent et forment, dans le plan focal de l'autre collima- teur N, une image du fil du micromètre de S. On établit la coïncidence de cette image et du fil de N. On dirige successivement la lunette vers chacun des collimateurs et l'on pointe leurs fils. » Soient S„ et No les distances polaires ainsi obtenues. On a » Nous avons réglé, avec beaucoup de soins, l'éclairage et la mise au fover du collimateur, afin d'obtenir dans la lunette de bonnes images des fils de son micromètre ; nous avons remplacé le collimateur S par la mire sud, qui est plus stable ; nous avons procédé comme il suit : )) 1° Distance polaire de la mire sud. » 2" Coïncidence du fil du collimateur avec l'image de la mire sud, en évitant, autant que possible, toute espèce de pression. Immédiatement après, distance polaire de cette coïncidence. )) 3" Répétition des deux mesures précédentes. » 4° Distance polaire de la mire sud. » Avec cinq ou six groupes de ce genre, nous avons obtenu, pour les po- sitions directe et inverse de la lunette, les valeurs suivantes, a,, et ^,, de a : op— — 0,69; — o,o5; — o,3o; — o,o5; — o,64; — o,55; — o,35; — o,38 ) ^ las, = — o",38 a, = — 0,82; —0,71; —i,io; —0,71; —0,74; —0,78; —0,82 i ^" { ai = — o",8\ )) La concordance de ces résultats, obtenus en variant les conditions de l'observation, et la vérification que nous en donnons plus loin nous per- mettent de recommander la disposition que nous avons adoptée. » On n'avait pas, jusqu'à présent, déterminé d'une façon satisfaisante le coefficient b par des procédés physiques. On le déduisait des observations d'étoiles réfléchies. Les résultats que nous avons eu l'honneur de présenter à l'Académie, dans la séance du i3 décembre dernier, montrent que l'on peut, avec cet instrument, déterminer/» aussi facilement que a, avec les ( ^9) collimateurs horizontaux. Le principe est d'ailleurs le même; le miroir zénithal et le bain de mercure jouent le même rôle que les collimateurs. En désignant par No et Zj les lectures au nadir et au zénith, on a No-Z„ 90 » Avec les valeurs de No et Zo données dans la Note citée plus haut, on trouve, pour la position directe et la position inverse de la lunette, les va- leurs suivantes, ^[, et è,, de b : ^D=+o"'04) 6, = — o",o4. » Pour nous assurer que nous n'avions pas commis d'erreurs systéma- tiques dans la détermination de a, nous avons vérifié les résultats avec l'angle des mires. En désignant par N,;, N,, S,;, S,, les distances polaires des mires nord et sud, dans les positions directe et inverse, on a N,,-N,- Srf- S, «h - «> = 1 1 » Nous avons alterné les mesures en positions directe et inverse, et nous avons trouvé : «D— «, = -Ho",39; -+-o",49; H-o",62; -1-0", 6i; -t-o",i6; -4-0", 70. Moyenne : «d — (7i=: + o",5o. » Ce résultat concorde bien avec la valeur -f-o",45 obtenue avec les collimateurs. » En faisant abstraction des termes dont les arguments sont des mul- tiples de z, nous avons donc pour notre instrument : Position directe P^:r= P„— o",38 sins 4- o",o4cos3, Position inverse P„=iP„ -o",8i sin;; — o",o4 coss. » Ces formules correspondent à la correction totale des différents effets de flexion. » On peut en dégager la partie qui provient du déplacement du micro- mètre par rapport au corps de la lunette. En établissant la coïncidence du fil mobile du micromètre avec un fil fixe on trouve des valeurs différentes, selon que la tête de vis est en haut ou en bas. La lunette étant dans la di- rection horizontale, nous désignons par C^ et Cj les valeurs respectives de ces coïncidences, rapportées au zéro du micromètre. Nous avons trouvé, comme moyenne de vingt-quatre déterminations, C,-C,= +i",48. ( 3o ) » Nous nous proposons de déduire, de ce qui précède, la partie de la flexion horizontale qui est indépendante de la chute du micromètre. Nous la désignons par a". » Imaginons, à cet effet, qu'on ait observé la mire et le collimateur avec le fd fixe. Soient L^ et L„ les lectures correspondantes du cercle. Dans la position directe, on a , No = ■ !•'« + Q> S(, = L, + C,; )Ù l al = «D 4- o", 74 = ^-o" ,37. » On trouve de même, pour la position inverse, a;^=-o",o 8. » En faisant de même les coïncidences aux différentes hauteurs, on peut tenir compte directement de la chute du micromètre et représenter par une série de Fourier le reste de la correction de flexion. » GÉOMÉTRIE. — Sur la représentation conforme d'une surface sur une autre. Note de M. G. Souslow, présentée par M. Darboux. (( Si deux surfaces avec les éléments linéaires dselds^ sont représentées conformément l'une sur l'autre avec le module de similitude X, il y a une relation entre les courbures totales R et R, des surfaces aux points cor- respondants et cette quantité 1. » Pour démontrer cette relation, rapportons les surfaces aux coor- données symétriques '(, 71; "C,, y), ds- = iY d\ d-f], ds] = 2F, rfE, d■r^^. )) Alors les quantités F, F, et X satisfont à l'équation F, = FX^?(E)H-o). où les fonctions

. ^ o^',^), et = 10 • (■) Comptes rendus, t. CXXllI, p. 802, et Annales de Chimie et de Physique, décembre 1897. ( 35 ) on pourra séparer deux raies dont la distance ne sera que j^ de l'inter- valle des raies du sodium. » Il faut, pour réaliser de semblables applications, que les franges fournies par chaque radiation restent parfaitement nettes jusqu'à un ordre très élevé. Or rappelons que, si e est l'épaisseur de la lame d'air qui pro- duit l'interférence, la différence de marche des ondes qui l'ont traversée sous l'incidence ?'est aecos?. Tant que l'épaisseur eest faible, l'observation est très facile; il suffit d'éclairer l'appareil par un faisceau grossièrement parallèle et normal à la lame, et l'on peut admettre cosî = i ; la différence de marche est 2e, et l'on obtient, localisées dans la lame mince, des franges qui dessinent les courbes d'égale épaisseur. Mais il n'en est plus de même si l'épaisseur est grande : il faut éclairer la lame par un faisceau rigoureu- sement parallèle, sans quoi les ondes diversement inclinées donnent des systèmes de franges diversement placés, et le phénomène se brouille; il est nécessaire d'opérer différemment. )) Nous limitons la lame d'air par deux faces planes de verre argenté, et par un réglage convenable nous les rendons exactement parallèles; la lu- mière est légèrement convergente, et l'on observe à l'infmi. Alors, e étant constant, la différence de marche qui correspond à la direction / étant 2ecosî, on obtient un système d'anneaux centrés sur la normale à la lame, qui présente l'aspect ordinaire des franges de lames argentées. Ils sont comparables à ceux que l'on peut observer avec toute lame isotrope à faces parallèles (voir Mascart, Traité cV Optique, t. I, p. 445), et analogues aussi à ceux que M. Michelson a utilisés. Le réglage du parallélisme des lames se fait très facilement en observant à travers le système une petite ouver- ture éclairée, placée au foyer d'une lentille; le moindre défaut de parallé- lisme se traduit parla production d'une série d'images dues aux réflexions multiples sur les faces argentées. » En résumé, notre spectroscope interférentiel se compose de deux lames de verre planes dont les faces argentées sont en regard ; leur dis- tance et leur orientation peuvent être réglées au moyen d'appareils que nous décrirons plus fard. On observe à l'infini les anneaux produits en éclairant le système par un faisceau légèrement convergent provenant de la source à étudier. » Avec cet appareil, nous avons vérifié que, ainsi que M. Michelson l'avait annoncé, la raie verte du thallium est double. Les lames étant placées à 3'°" d'intervalle, les anneaux sont dédoublés, l'intensité des deux sys- ( 36 ) tèmes n'étant d'ailleurs pas la même. La source employée était un tube de M. Hamy, contenant du chlorure de thallium ('). )) On voit que notre méthode repose, comme celle de M. Michelson, sur l'observation de franges d'ordre très élevé; cependant, les deux mé- thodes présentent quelques différences qu'il est nécessaire de faire res- sortir. Supposons, pour fixer les idées, que l'on étudie une source lumi- neuse composée de deux radiations simples d'éclats différents, dont la distance soit seulement ^^ de celle des deux raies du sodium. Dans la mé- thode de M. Michelson, celte complexité de la source se traduira par une diminution progressive de la visibilité des franges à mesure que l'on élèvera leur numéro d'ordre ; cette visibilité ira en diminuant jusqu'au nu- méro d'ordre 5oooo, et jusque-là il sera sans doute impossible de dire si cette diminution de visibilité est due à une double raie ou similement à une raie élargie ; plus loin, la visibilité augmentera de nouveau, et l'on sera ainsi averti que la raie est réellement double. Dans notre méthode, dès la vingt-millième frange, il y aura dédoublement, et l'on saura que la raie est double (-), non par une série d'aspects successifs, mais par un seul aspect du phénomène ; on voit séparément chaque radiation, comme avec un spectroscope. » PHYSIQUE. — Sur le mécanisme de la décharge des conducteurs frappés par les rayons X (^). Note de M. G. Sagnac, présentée par M. Lippmann. « Le rôle du métal dans la décharge par les rayons X a été signalé par MM. Benoistet Hurmuzescu (*). Son étude a été faite par M. J. l'errin (^); (') Comptes rendus, t. CXXIV, p. 7^9; 1897- (^) Des remarques analogues seraient applicables à l'ingénieux appareil de M. Hamy {^Comptes rendus, 20 décembre 1897), qui doit d'ailleurs fournir, comme celui de M. Michelson, des anneaux localisés dans le plan focal de la lentille et dont il observe le centre. Inversement, l'appareil de M. Michelson pourrait servir à résoudre le pro- blème que s'est posé M. Hamy, en projetant une image réelle des anneaux et utilisant seulement la partie centrale. {") Travail fait au laboratoire de M. Bouly, à la Sorbonne. Note déposée dans la séance du 37 décembre 1897. (*) Benoist et HuK.viuzESCU, Comptes rendus du 3o mars 1896, t. (]XXII, p. 779. (^) J. Ferrin, Comptes rendus du i"^'' mnrs 1897, t. CXXIV, p. 455. Thèse de doc- toral, p. 47-57. ( 37 ) la méthode de M. J. Perrin consiste essentiellement à déduire de l'effet total l'effet dû au gaz traversé par les rayons X, effet gaz antérieurement isoli.'-, par lui ('). M. J. Perrin pense pouvoir conclure de ses expériences que : » En tous les poiiils qu'alleignent les rayons de Rôntgen dans la surface de sépara- lion d'un gaz el d'un métal, se forment des quantités égales d'électricités positive et négative ou, d'une manière abrégée, une ionisation superficielle se produit en ces points. S'il existe un champ électrique, les charges d'un certain signe sont aussitôt absorbées par le métal et les charges de signe contraire s'éloignent de ce métal en décrivant les lignes de force aux extrémités desquelles elles se trouvaient d'abord. » Cette théorie s'accorde suffisaminent avec les expériences de M. J. Perrin dans lesquelles l'action du métal n'est manifeste qu'au voisinage de la surface du métal. » Les phénomènes que j'ai découverts échappent à cette théorie : » I. La surface d'un métal M, frappée par les rayons X, émet de nou- veaux rayons que j'ai ajipelés rayons secondaires du métal M et que carac- térise surtout une absorption par les différents corps bien plus grande que celle des rayons X. » La fig. I montre comment on peut constater l'action des rayons secondaires S sur un écran fluorescent ee. » EE est un écran de plomb- protégeant ee contre les rayons X. Si l'objet O est la main de l'opérateur, les os n'apparaissent pas, car les rayons secondaires S du métal ne traversent pas les chairs. Fig. Fig. 2. » La fig. 1 montre comment on peut constater directement l'action des (') J. Perrin, Comptes rendus du lo août 1S96, l. CXXIII, p. 35i. Thèse de doc- torat, p. 28-'(7. ( '^fi ) rayons secondaires S sur la feuille d'or / d'un électroscope dont l'en- trée aa est protégée électrostatiquement par une très mince feuille d'alu- minium battu ('). )) L'illumination de l'écran au platinocyanure et l'action photographique se manifestent en même temps que l'action sur l' électroscope, et récipro- quement. L'action électrique est assez énergique pour faire disparaître en quelques secondes une grande divergence de la feuille d'or/. Cependant le champ électrique de f, entièrement renfermé dans la cage de l'électro- scope ne comprend pas le conducteur M. On ne peut donc pas expliquer celte action à distance du conducteur M par une ionisation spéciale à la surface de M. C'est une action due aux rayons secondaires de M qui se comportent à la manière des rayons X (-). » J'ai vérifié le fait suivant que j'avais prévu déjà (') : les rayons se- condaires peuvent décharger une surface métallique sans rencontrer ni cette surface, ni les surfaces avec lesqelles la première échange des lignes de force ; ils agissent surtout en rendant l'air conducteur de l'électricité (''). » IL L'action des rayons secondaires d'un métal M sur une plaque pho- tographique pp {fig- 3) recevant les rayons X par sa face verre peut être Fis. 3. XI M' M égale à l'action des rayons X incidents quand le métal M est près de toucher la couche sensible; mais une simple feuille de papier noir, inter- posée entre pp et MM, affaiblit un peu l'action dans le cas du cuivre, da- vantage dans le cas du zinc et surtout de l'étain ou du plomb. )> L'action des rayons secondaires s'affaiblit dès que le métal est éloigné en M'M' de quelques millimètres (^). (') Voir G. Sagnac, Comptes rendus du 6 décembre, t. CXXV, p. 944- (2) Toutefois, la déperdition de réiectricilé négative est un peu plus rapide que celle de l'électricité positive. (') G. Sagnac, Comptes rendus du 26 juillet 1897, t. CXXV, p. 282. (') Celte propriété des rayons secondaires est précisément celle que M. J. Perrin a découverte pour les rayons X. (J. Perrin, loc. cil.) (5) Pour étudier, avec précision, Tabsorption par difl'éreules épaisseurs du gaz à partir du métal M, il suffit de répéter, pour le phénomène de la décharge, l'expérience (39) » On conçoit maintenant que l'action du métal puisse paraître approxi- mativement.superficielle, surtout si l'on emploie pour exciter le métal un pinceau de rayons X d'une largeur médiocre. » Dans l'expérience que M. J. Perrin décrit, p. 5i de sa Thèse, le déplacement d'un pinceau de rayons \, de c en c' (flèches de la Jig. 4), fait disparaître l'action propre du métal de l'armature MM. Cela tient à ce que le centre c d'émission des rayons Kig. 4. c d, c di d: secondaires de MM se trouve transporté en c' : la zone d'action héniicylindrique d^d^ des rayons secondaires sur le gaz ambiant est transportée en d^ d\ à l'extérieur de la région utile apf/iM; elle ne compte plus. La zone comprise entre d^d^ et d,>_c' s'est transportée encc/!;; elle n'intervient plus que par la région ombrée dont l'étendue est inférieure à | de la zone entière et pour laquelle l'émission est oblique. Les zones suivantes ont encore leur étendue utile et leur action notablement ailaiblies pour les mêmes raisons ; l'absorption par l'air rend d'autre part les zones d'autant moins impor- tantes qu'elles sont de rang plus élevé. On s'explique ainsi que, pour deux arma- tures AA, MM, distantes de 2"^™, un déplacement du pinceau d'au moins cinq milli- mètres de c en c' fasse disparaître la majeure partie de l'eft'et dû au métal. » La propriété des rayons secondaires d'être absoibés complètement, par le métal M qui les émet, dans une épaisseur e environ cent fois plus faible que la couche e nécessaire pour arrêter les rayons X, explique enfin de la fig. 3 où pp est une feuille d'aluminium battu formant avec MM ou M'M' un condensateur plan. On peut ainsi constater, surtout dans un gaz raréfié ou peu absor- bant, que l'action des rayons secondaires du métal AI augmente avec l'épaisseur de gaz qui sépare MM de pp. Mais il faut s'inquiéter de VeU'et tertiaire que peut pro- duire l'aluminium jo/? en transformant les rayons secondaires de MM. ( 4o ) que M. J. Perrin ait trouvé V effet métal par unité de surface indépendant de l' inclinaison sur le rayon ('). Ce i-csiiltat, vérifié pour l'incidence de 45", devient moins exact quand l'incidence i des rayons X est assez grande pour que la longueur t = — ^-.> parcourue par les rajons dans la couche active s, cesse d'être négligeable vis-à-vis de l'épaisseur e. )) En résumé, l'action du métal dans la décharge, approximativement localisée au voisinage de la surface du métal dans les expériences de M. J. Perrin, s'exerce aussi à distance. On ne peut donc jias l'expliquer par une ionisation superficielle. Au contraire, les faits relatifs à la décharge se groupent bien autour de l'explication suivante : » Dans chaque élément de volume dv, la masse gazeuse adjacente au conducteur métallique C {fig. 5) est rendue conductrice de l'électricité à Fie. 5. la fois par l'action des rayons X incidents (^effet primaire') et par les rayons secondaires S que le métal émet sous rinOuence des rayons X (yeffet secon- daire). C'est l'effet secondaire qui correspond au rôle du conducteur mé- tallique dans le phénomène de la décharge par les rayons X. » PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Sur un procédé simple de transformation directe en clichés photographiques des clichés typographiques et autres objets de faible relief plan. Note de M. Adkiek Guëbhard, présentée par M. Lippmann. (1 Au cours des recherches expérimentales par lesquelles j'ai démon- tré (-) que l'apposition d'objets à peu prés quelconques sur la gélatine (') J. Perrln, Comptes rendus, l. CXXIV, p. 455. (-) Société française de Pliysicjuc, iSjuin et iG juillet 1897. ( 4t ) d'une plaque sensible légèrement voilée, clans un bain révélateur aban- donné au repos sous faible épaisseur, peut donner naissance à presque toutes les apparences que certains observateurs avaient prises, autour de l'empreinte du doigt humain, pour des photographies iVe£liives de Jluide iHtal, j'avais été frappé accessoirement de ce fait, qu'une pièce de mon- naie, dans ces conditions, donnait une image parfaitement modelée de son relief. » L'explication semblait, de prime abord, très simple. Le révélateur, immobilisé dans un espace confiné, devait, en si faible couche, agir pro- portionnellement à son épaisseur sur les molécules sous-jacentes de gélatino-bromure d'argent, préalablement mises en état d'être, par lui, réduites ('). El c'est bien, en effet, ce qui se passe avec les gravures en creux, dont tous les traits se reproduisent avec une intensité proportion- nelle à leur profondeur et donnent, sur la plaque, un positif noir, très exact, se détachant sur le fond blanc des plages qui ont été, par le contact des surfaces planes du métal, préservées de l'action du révélateur. )) L'inverse se passe dans un cliché typographique en relief, qu'il suffit d'appliquer sur la gélatine (-) pour en obtenir un négatif très net, qui, à son tour, fournira des épreuves photographiques positives du dessin (^). » Mais, au cours de cette opération, l'on ne peut faire autrement que d'être frappé des inégalités qui se maniiestent dans le noircissement du gélatino-bromure sous les grands creux du bloc typographique. Cela n'a, pratiquement, pas d'inconvénient sérieux; car le contraste entre les noirs et les parties totalement préservées de l'action réductrice est toujours assez grand (*) pour que, au tirage de l'épreuve positive, aucune inégalité ne se manifeste dans les blancs. Mais si, théoriquement, on reconnaît, dans ces (*) C'est dans ce but que la plaque doit être munie (si elle ne le possède à l'étal latent, comme les instantanées) du minimum de voile nécessaire à un commencement de noircissement dans le révélateur employé. (^) Soigneusement nettoyé, bien entendu, et brossé, en dernier lieu, dans la solu- tion même du révélateur. (') Épreuves retournées, il est vrai, mais qu'on peut toujours redresser, s'il y a intérêt, en opérant sur pellicule, ou peiliculant le cliché de verre. {'*) On peut, d'ailleurs, toujours augmenter ce contraste, ainsi que, d'une manière plus générale, l'intensité de reproduction des creux, en éclairant la plaque par- dessous pendant le développement, soit dans une cuvette de verre, soit à l'air libre, lorsque les creux, de l'objet à reproduire gardent, en dehors du bain, la quantité de révélateur nécessaire. C. K., 1898, I- -emesire. (T. CXXVI, N 1.) ^ ( 42 ) inégalités, les tachetnges riibanés très caractéristiques que produisent tou- jours, libres ou confinées, les couches peu épaisses de révélateur aban- donné au repos, on est ramené à penser que des actions très diverses ne laissent pas de compliquer la simplicité de la formule d'abord imaginée, que semblait pourtant justifier la régularité du dégradé qui, toujours, sépare le fond noirci de la plaque du point de contact d'une calotte sphé- rique posée sur la gélatine. » La capillarité est certainement au premier rang des causes modifica- trices, à juger par la régularité des sélections d'activité réductrice qui sont opérées, par elle, à l'intérieur de tout ménisque, et qui se traduisent, sur le cliché, à l'instar d'ondes condensantes ou dilatantes, par des zones con- juguées, alternativement luminoïdes et obscuroïdes ('). De là des complica- tions particulières lorsqu'on cherche à reproduire non plus seulement de simples traits gravés ou saillants, mais un modelé, soit en relief, soit en creux, comme celui d'une médaille ou d'un sceau. La reproduction, en ce cas, n'est jamais qu'approximative et flou, quoique toujours intéressante, à cause de sa facilité d'obtention comparée à tous les autres procédés. » Encore le résultat dépend-il de la forme du pourtom' des objets. Un rebord de saillie proportionnée au relief (comme dans les monnaies mo- dernes) est favorable en ce qu'il localise l'action du liquide. Mais, s'il pré- sente la moindre brèche capillaire, on voit se produire par là, du dehors au dedans, malgré la compression exercée par la pièce sur la gélatine, un appel très curieux, non pas de tout le révélateur indistinctement, mais spé- cialement de sa partie active, qui dessine, sur le cliché, la trajectoire de ses molécules, en petites aigrettes luminoïdes extrêmement intenses de traits aigus et fins, toujours bien rectilignes, s'ils n'ont été détournés par quelque obstacle voisin. M J'avais déjà observé ces mêmes houppettes (-), mais souvent dirigées en sens inverse, en posant sur la gélatine la section légèrement écaillée de larges tubes de verre. Or, dans ce cas, aucune dissymétrie chimique n'existe entre les deux parties séparées du liquide. A quoi donc attribuer, alors, cette sorte à'osmose interne ("), sinon aux dissymétries capillaires produites (') J'emprunte à !M. J.-C. Chaigneau ces expressions qui ont l'avantage très appré- ciable d'être débarrassées de toute ambiguïté quant au sens et de tout préjugé quant à l'interprétation causale. (-) Revue scientifique, 4" série, t. Vlil, p. 626; i3 novembre 1897. (^) Ij'osmose ordinaire paraît elle-même jouer son rôle lorsqu'on essaie de repro- (43) soit par les parois du trajet infinitésimal, soit par les deux courbures, con- cave et convexe, du solide immergé? )) En tout cas, la lumière, ici, pas plus que dans fous les phénomènes de même ordre que j'ai précédemment étudiés, ne joue aucun rôle, et le géla- tino-bromure uniquement celui d'enregistreur. Tout vient du liquide ('), et peut-être n'est-il pas inutile d'insister là-dessus en présence des interpré- tations singulières auxquelles ont prêté déjà des apparences du même genre, parfaitement huninoïdes, il est vrai, mais nidlemenl lumineuses. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les èihers isocyaniqiies cl la chaleur de formation de l'acide cyanique liquide. Note de M. Paul Lemoult. « J'ai obtenu les isocyanates alcooliques (carbimides alcooliques) par l'action des éthers méthyl et éthylsulfurique sur le cyanate de potassium; conformément aux indications de Wurtz, il paraît indispensable d'employer du cyanate récemment préparé et de ne s'adresser qu'à des matières pre- mières absolument exemptes d'eau. Même dans ces conditions, les plus avantageuses, le rendement est toujours faible; voici le meilleur que j'aie pu obtenir : loo^'' de CAzOR, chauffés avec 20oS'' d'éthylsulfate de Na, donnent i\^ (théorie 87^1) Je produits volatils à la température de réac- tion. Ce liquide, rectifié quelques heures plus tard, donne seulement 12^"^ d'isocyanate d'éthyle pur; le reste est le produit de polymérisation. Le rendement est donc de i5 pour 100 au plus. » Les isocyanates, obtenus comme je viens de le dire, sont rectifiés jus- qu'à ébuUition à température constante, puis analysés : \ k% y est dosé par la méthode à la chaux sodée. Ces corps brûlent très bien dans la bombe calorimétrique; néanmoins la détermination de leur chaleur de com- bustion a été assez laborieuse, à cause de la nécessité absolue d'éviter une vaporisation partielle des liquides employés; celle-ci fausse complètement les résultats par suite du changement d'état, et, par suite, de la réaction des duire des feuilles fraîches en les appliquant, au moyen d'une glace, contre la gélatine, dans le bain. On voit se dessiner, en effet, non seulement toutes les nervures, mais en- core les inégalités du parenchvme, comme la tache axiale de Lamiuin inaculatuni L. (') L'instabilité du liquide est encore attestée par le fait qu'il suffit d'abandonner, dans le bain servi de diamidophénol, certains objets de métal (des pièces d'or, un sceau de cuivre) pour les voir se recouvrir, à la longue, d'une couche blanche adhérente d'argent. (44 ) vapeurs sur l'eau de la bombe. Il faut employer des ampoules de coton- poudre très épaisses, à fond de platine, et éviter avec le plus grand soin le contact du coton-poudre avec les liquides qui le dissolvent; on est d'ail- leurs averti de la moindre fuite par l'odeur insupportable des étbers cya- niques employés. » Isocyaiiale de mélhyle O = C = Az — ClI^ — Liquide incolore, bouillant à Lfi" et se polyniérisant avec une extrême facilité; le liquide contient d'abord quelques aiguilles soyeuses qui .augmentent peu à peu et qui, au bout d'une journée, l'envahis- sent complètement. La polymérisation se fait aussi bien par l'inlermédiaire des va- peurs, et j'ai observé, sur les bouchons de mes flacons à cyanate de mélhyle, une sublimation de fines aiguilles soyeuses. Pour éviter toute cause d'erreur provenant d'une dissolution possible du ryanurate formé, dans le cyanate générateur, j'ai fait précéder toutes mes déterminations calorimétriques d'une première rectification immédiate et jo me suis assuré (ju'il n'y avait pas eu polymérisation dans l'intervalle. Le produit dont je me suis servi contenait 24,72 et 24,6 pour 100 d'Az (théorie 24,56). Voici le résultat des expériences calorimétriques : Chaleur de combustion de iS'' 4718*^"', ' ; 4732™', 3; 47o5''''',4 Moyenne : 47i8'^^'''>6. » On déduit de la moyenne précédente, les résultats suivants : Cil a leur de combustion de formalion. moléculaire. moléculaire. A volume constant 268*^"', 9 A pression constante 269*^^', 3 +22'^'''',8 » Isocyanate d'éthyle O =: C 1= Az — C-H». — Liquide incolore, bouillant à 60°; ce corps est beaucoup plus stable que le précédent : un échantillon rectifié une pre- mière fois, il y a en\iroD trois mois, a, depuis lors, été rectifié cinq ou six fois sans jamais laisser de résidu solide et ne manifeste aucune trace de polymérisation. Dosages d'Az '9)5 et 19,75 pour 100 Théorie: 19,71 pour 100. » Voici les résultats obtenus par la combustion dans la bombe calorimétrique : 5980'^''', 92 5975™',23 5970"', 8 Moyenne : 5975"', 6 pour IK^ On a donc Clialcur de combuslion de formalion moléculaire. moléculaire. A volume constant 424''''>2 » A pression constante 424*^°'>4 -)-3i^"' ( 45 ) 1) On doit tirer de ces résultats quelques conclusions importantes : » 1° Les deux isocyanates considérés sont bien des homologues régu- liers, puisque leur chaleur de combustion présente la différence iSS^"' relative à ces sortes de composés. » 2° Si nous comparons la chaleur de formation de i molécule d'iso- cyanate de méthyle (22^='', 8) à celle de i de molécule du produit polymé- risé (57*^"', 5), la différence entre ces nombres, 34^"', 7, représente le dégagement de chaleur qui accompagne la polymérisation d'une molécule de composé cyanique, le produit initial et le produit final étant pris dans leur état actuel. Le nombre correspondant, dans la série des composés éthyliques (G5*^^\9 — 3i^''''), 34*^"', 9, accuse d'une façon remarquable le parallélisme absolu des corps de ces séries. Nous pouvons, par une extra- polation suffisamment justifiée, admettre que la moyenne 34^"', 8 repré- sente le dégagement de chaleur accompagnant le phénomène qui fait passer l'acide cyanique liquide à l'état d'acide cyanurique solide, et, par consé- quent, en déduire, pour la chaleur de formation de l'acide cyanique liquide, le nombre (55C''i,4f)' - 34^^', 8), c'est-à-dire 2oC»i,65. » Il est du même ordre de grandeur que celui que j'ai déduit de la con- sidération des chlorures cyanique et cyanurique, 26*^^' {Comptes rendus du 1 1 janvier 1897), et présente avec lui un accord suffisant, eu égard aux considérations très différentes qui ont servi à établir ces deux nombres. » 3" On admet généralement que l'acide cyanique est un carbimide et que son H est lié îi l'Az; s'il en est ainsi, la chaleur de combustion de l'acide cyanique doit différer de celle de l'isocyanate de méthyle de iGi^''',3 {Comités rendus du 2g novembre 1897); elle est donc de 269C=",3 -iGiC--'i,3 = io8C''', d'où l'on déduirait la chaleur de formation de l'acide cyanique liquide + 20^"', 8. » On aurait pu admettre le nombre établi plus haut (20^"', 65) et en déduire, par un raisonnement inverse, la formule de constitution de l'acide cyanique. On peut donc regarder ces considérations comme donnant à la fois la formule de constitution et la chaleur de formation probable de l'acide cyanique. » (46) CHIMIE ORGANIQUE. — Sur une nouvelle cétone cyclique, la méthylcyclo- hexénone TI. Note de M. A. Béhal, présentée par M. Friedel. « J'ai donné, dans une Communication précédente (^Comptes rendus, t. CXXV, p. io36), la marche suivie pour isoler à l'état de pureté les diffé- rentes cétones que l'on peut extraire de l'huile de bois. Je me propose, dans cette Note, d'établir la constitution de l'une d'elles. )) Le dérivé benzoylé fusible à 167° donne, par traitement au moyen des alcalis, une oxime fusible à 121°, 5 qui, hydratée par l'acide chlorhy- drique, fournit une cétone bouillant à 192° et fondant à + 12". » Celte cétone répond, d'après son analyse et la détermination de son poids moléculaire, à la formule C'H"'0. Elle ne se combine pas au bisul- fite de sodium et ne donne pas d'iodoforme au contact de l'iode et des alcalis. Dissoute dans le sulfure de carbone et additionnée d'un léger excès de brome en solution dans le même solvant, elle donne, sans dégagement d'acide bromhydrique, un dérivé dibromé, incolore, bien cristallisé, très soluble à chaud dans l'alcool à 90°, d'où il se dépose par refroidissement, et très soluble également dans léther de pétrole. Il possède une odeur agréable de camphre. Stable à sec ou en solution dans l'éther de pétrole, il s'altère au contact de l'air humide ou de l'alcool. » I^a cétone réagit sur le perchlorure de phosphore avec un grand dé- gagement de chaleur. Il se forme un liquide d'un bleu vert intense, soluble dans l'alcool avec la même coloration. La solution brunit par l'eau et par les alcalis, et le liquide, entraîné par la vapeur d'eau, fournit une très petite quantité d'un dérivé chloré, plus lourd que l'eau, qui possède une odeur rappelant celle de l'essence de térébenthine, une trace d'un dérivé solide, et surtout de la cétone qui est régénérée. » L'oxydation, réalisée au moyen du permanganate en solution à 4 pour 100, est extrêmement nette. Il ne se forme que de l'acide acétique et de l'acide lévulique. » Voici les détails de l'oxydation. On emploie pour 10»'" de cétone 40^"^ de permanganate. L'action de l'agent d'oxydation est immédiate à froid, mais s'arrête quand on en a ajouté le quart. Cela nous indique qu'il se forme un glycol que nous étudierons ultérieurement. Puis, pour continuer l'oxydation, on est obligé de chauffer au bain-marie et finalement à l'ébul- lition. Dès que le permanganate est décoloré, on neutralise la liqueur par ( 47 ) l'acide carbonique, on filtre et l'on évapore dans le vide. Le résidu est délayé dans l'alcool absolu et soumis à l'actioa d'un courant d'acide chlor- hydrique jusqu'à refus. On distille et l'ou trouve alors un léger excès d'al- cool, de l'acétate d'élhyle et du lévulate d'cthyle. On caractérise ce dernier par son point d'cbuUilion (2o5°-207°), son analyse et par la propriété que possède l'acide qu'où en régénère par saponification, de donner avec l'iode ou le brome, en présence des alcalis, de l'iodoforme ou du bromo- forme, en même temps qu'on obtient de l'acide succinique. » Ces données nous suffisent pour établir la constitution de la cétone. » La fixation de deux atomes de brome seulement nous oblige à admettre l'existence d'une chaîne cyclique. » Il ne se forme dans l'oxydation que deux acides, dont la somme des atomes de carbone est égale à celle des atomes de carbone de la cétone. Nous ne pouvons concevoir leur formation qu'en admettant que la rupture de la chaîne cyclique s'est faite aux endroits qui, dans les composés formés par oxydation, renferment de l'oxygène. M Si nous mettons en regard les chaînes carbonées des deux acides, nous ne pouvons arriver à construire ainsi que trois schémas : CO'H CHS I. II. III. Mclhylcyclopenténone. Kthylone ryclopentène. Mélhylcyclohexénone. » En faisant les coupures indiquées par les lignes pointillées, nous obtien- drons, dans les trois cas, les mêmes produits d'oxydation, à savoir les acides acétique et lévulique. » Ces trois formules mettent également en évidence les fonctions éthy- lénique et cétonique de la molécule. » En examinant la formule II nous voyons que, suivant toute vraisem- blance, un corps de cette constitution devrait se combiner au bisulfite de sodium et, en tout cas, donner de l'iodoforme au contact des alcalis et de l'iode. C'est ce qui n'a pas lieu et ce qui nous porte à rejeter cette formule. » La formule I représente une penténone, la formule III une hexénone, et nous savons par expérience qu'entre deux corps possédant la même ( 48 ) teneur en carbone, cehii-là boiit le plus haut dont la chaîne cyclique est la plus carbonée. Or le point d'ébuUition (192") conduit plutôt à admettre l'existence d'une chaîne hexagonale; c'est ainsi que la méthylcyclopenté- none 3 bout à 142° et la cyclohexanone à iSS". » L'action du perchlorure de phosphore permet aussi de tirer une indi- cation relative à la constitution. En eïfet,W, Maqaenne (Comptes rendus, t. CXY, p. 1066) a trouvé que le carbure obtenu par l'action de l'acide iodhydrique sur la perséite est identique au raéthylcyclohexène i isolé par M. Renard des produits de la distillation de l'essence de résine (Annales de Chimie et de Physique, ô*^ série, t. XIX, p. 26) et il considère comme caracté- ristique des tétrahydrures benzéniques, la formation de matières colorantes vertes par l'action successive du brome, du chlorure d'aluminium et de l'alcool. Il a de plus trouvé que le métiiylcyclohexène, traité par l'acide chlorhydrique et le zinc, en présence de l'alcool, se colore en \evt (Comptes rendus, lac. cit.). Or la célone dont il s'agit, qui serait en somme la cétone correspondant à l'heptine de la perséite, se colore en vert sous l'influence de l'acide chlorhydrique et de l'alcool en présence du zinc ; mais la liqueur se décolore par l'hydrogénation ultérieure. Les formules de l'iiepline et celle de la cétone montrent leurs analogies de constitution : c Heptine de la perséite (méthylcyclohexène). Cétone (méthylcyclohexénone) M Cependant, il y a une distinction profonde entre ces deux corps; tandis que le méthylcvclohexèue, traité par l'acide sulfurique à froid, donne du mélhylcyclohexane avec dégagement d'acide sulfureux, la cé- tone, au contraire, chauffée avec de l'acide sulfurique concentré à i5o°. n'est pas attaquée. » Je me suis demandé si cette cétone existait bien dans l'huile loiuxle, ou si elle n'avait pas été créée par l'action des réactifs. On ne peut pas ré- pondre d'une façon absolue de son existence dans le mélange primitif, mais ce que l'on peut affirmer, c'est qu'une fois créée elle conserve ses caractères primordiaux. En effet, la cétone, combinée à l'hydroxylamine, ( 49 ) régénère la même oxime fusible à 121", 5 qui fournit le dérivé benzoylé primitif fusible à 167°. )) Dans une prochaine Note, je me propose d'indiquer le résultat de mes recherches sur la constitution de la cétone, dont l'oxime fond à 102°. » ZOOLOGIE. — Préliminaire sur l'origine des capsules surrénales des Poissons lophobranclies. Note de ?.!. Hiot, présentée par M. Edmond Perrier. « Les auteurs qui ont étudié le développement des capsules surrénales font dériver ces organes de l'épithélium du cœlome. Les ganglions sympa- thiques prendraient part aussi, dans certains cas, à leur constitution. L'étude du développement des capsules surrénales chez les Poissons lophobranches m'a conduit à une conclusion toute différente. » Chez de très jeunes embryons tie Sjngnalus Durnenlii, les deux canaux de Wolff, un peu avant de déboucher dans la vessie urinaire, présentent chacun un bourgeonnement, une évagination du côté externe. Chacun de ces bourgeons creux sera plus tard une capsule surrénale et communique, à ce moment, avec un canal de Wolff. A ce stade, les capsules surrénales ressemblent à des glandes pourvues d'un conduit excréteur. » A un stade plus avancé, mais encore très voisin du précédent, la com- munication des bourgeons avec les canaux de Wolff n'existe plus et l'on trouve, à la place des deux glandes surrénales, deux vésicules closes, formées par une seule assise de cellules et entourées complètement par une fme membrane conjonctive. » Ces vésicules se subdivisent dans la suite et formeront chacune un amas plus ou moins compliqué de vésicules secondaires, qui, chez l'adulte, sera une capsule surrénale. Les capsules surrénales peuvent garder, chez l'adulte, leur place primitive (Syngnatus Dumerilii, S. ruhcns, Nerophis) et, chez d'autres, s'enfoncer dans le tissu rénal et s'éloigner ainsi de leur lieu d'origine {Hippocampus guttulalus). » Notre étude a eu pour objet un groupe très restreint de Téléostéens. Il serait donc imprudent d'étendre nos conclusions aux autres groupes de Vertébrés. Écartant l'idée d'une généralisation trop hâtive, nous pouvons cependant croire que le mode d'origine des capsules surrénales chez les Lophobranches n'est pas un fait isolé et pourra être observé dans d'autres groupes de Poissons. » En résumé, les capsules surrénales des Poissons lophobranches pro- C. R., 1R118, i" Semestre. (T. CXXVI, N» 1.) 7 ( 5o) viennent de deux diverticules creux dont chacun est un bourgeonnement de la partie postérieure d'un canal de Wolff. » ANATOMIE ANIMALE. — Sur l'origine des bulbes sétigères et des nèphridies chez les Annélides {'). Noie de M. Aug. Michel, présentée par M. E. Perrier. K A la question si importante, en elle-même et pour l'embryogénie géné- rale, mais si controversée, de l'origine des bulbes sétigères et des nèphri- dies, je puis apporter quelque contribution par les résultats de mes re- cherches sur la régénération chez les Annélides (-). » 1. Bulbe ET SAC SÉTIGÈRES. — 1° i'AV/) /; et C". Athènes Beck. Barcelone Verdaguer. [ Asher et C*v OarLies. Friediander el lils. Mayer et Muller. Berne Schmid et Francke. Bologne Zanichelli. ' Lamcrtiii. Bruxelles May"lczcl.\udiarle. ' [..ebègue el C'". 1 Solrheck el C°. / Muller ( CaruI). Budapest Kilian. Cambridge Deighlon, BellciC". Christiania Cammeririeyer. Conslantinople. ■ Ûllo Keil. Copenhague Hôst et lils. Florence Seeber. Gand Hoste. Gènes Beuf. Cherbiiliez. Genève ' Georg. Slapelinohr. Bel in fa nie frères. Benda. / Payol. , Barlh. \ Brockhaus. Leipzig ' Lorenlz Londres . La Haye. Lausanne. \ j Max Rube. ' Twielmeyer Liège. 1 Desoer. ( Gnusé. chez Afessieurs : I Dulau. ■ ■ ■ • , Hachette et C'*. 'Nuit. Luxembourg.... V. Bûck. iLibr. Gutenberg. Romo y Fusse!. Gonzalès e hijos F. Fé. .Wilan ! ^"'^''^ '■'•*'■"■ ■ ' Hœpli. Moscou Tastmiii. L Prass. !^'a/'les Marghieri di Gius. ( Pellerano. , Dyrsen et Pfeiffer. .■»■«.«■- rork Stechert. ' LenickeetBuechncr Odessa Rousseau. Oxford Parker el C* Falerme Clausen. Porto Magalhaès el Moiiiz. Prague Rivnac. Bio-Janeiro- Garnier. „ ( Bocca frères. Bonie , ( Loescherel C". Rotterdam Kramers et fils. Stockholm Samson et Wallin. ^ Zinserling. ( Wolff. I Bocca frères. Brero. S'-Petersbourg. ■ Turin . i Clausen. Rosenberi bergetSellier. Varsovie Gebelbner et WoKl. Vérone Drucker. ( Frick. ( Gerold el C". Zurich Meyer et Zeller. Vienne. TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES : Tomes 1« 31. — (3 Août i835 à 3i Décembre i85o.) Volume 10-4°; i853. Prix 15 fr. Tomes 32 à 61.— (1" Janvier i85i à 3i Décembre i865.) Volume in-4°; 1870- Prix 15 fr. Tomes 62 à 91.— (1" Janvier 1866 à 3i Décembre 1880.) Volume in-4°;i889. Prix 15 fr. SDPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES : Tome I : Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par MM. A. DEBBEsel A.-J.-J. Solier. — Mémoire sur le Calcul des Perturbation» qu'éprouvent les "■ ""'SS) par M.Hansem. — Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dan.s les pliénoinénes digestifs, particulièrement dans la digestion des matières grasses, par M. Claode Bernard. Volume in-4°, avec 32 planches ; i856 15 fr «ome II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Benedbs. — Essai d'une réponse à la question de Prix proposée en i85o par l'Académie des Science pour le concours de i853, et puis remise pour celui de i85fi, savoir : « Étudier les lois de la distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédi- mcDtaires, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. — Rechercher la naturL- les rapports qui existent entre l'étatacluel du règne organique el ses états antérieurs », par M. le Professeur Brosn. In-4°, avec 27 planches; 1861.. . 15 fi. i la même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences. N° 1. TABLE DES ARTICLES. (Séance du 5 janvier 1898.) Kliit (\c l'AcariiMnif; au ['^janvier i8()N, Pages. REÎVOUVELLEMEÎVT A^NUEL DU BUr.KAU KT DK LA. COMMISSION ADMINISÏRATIVI' . Pages. M. Van Tikgiiem csl élu Vice-l'résident pour l'année 1898 l'i MM. Dariîoux n BoRNETSonl élus membres de la Commission centrale aihninislralive pour l'année 1S98 1 '1 M. Vn. CiiATiN, Président sortant, fait con- naître à l'Académie l'état où se trouve l'impression des Recueils qu'elle publie, et les changements survenus parmi les Membres et Correspondants pendant le cours de l'année iSy^ MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DKP MEMHItRS ET DES CORHESPONnANTS DE L'ACADÉMIE. M. LUiWY. — Méthode générale pour la dé- termination des étoiles fondamentales et de la latitude .6 i M. L. Ranvier. — Iniluenee histogénétique d'une forme antérieure, à propos de la ré- génération de la membrane de Descemet. NOMINATIONS. Liste de candiilals présentés par l'Académie pour la chaire de Chimie minérale, va- cante au Collège de France Cliatelier, a° M. Joannis 1° M. Le iMEMOIRES PRESENTES. M. Th.-L. Mattei adresse une " Démonstra- tion du postulatum d'Euclide 1 VL S. Leroux adresse un Mémoire « Sur l'iniluence de la hauteur d'une colonne de liquide sucré, pendant sa fermentation >'. M. L. Pesce prie l'Académie de renvoyer son Ouvrage sur la « Navigation sous-ma- rine » à l'examen de l'une des Commissions de prix CORRESPONDANCE. MRL \V. EBERxetJ. Percuot. - Sur la déter- mination des premiers termes de flexion d'un instrument méridien. .\ppUcation au cercle du jardin de l'Observatoire île Paris. M. G. SousLow. — Sur la représentation conforme d'une surface sur une autre.... M. P. Vieille. — Sur la vitesse de propaga- tion d'un mouvement dans un milieu en repos M. A. Pr.ROT et Cii. KAtiRY. Sur une nou- \clli' mélhode de spcclroscopie interféren- tielle M. G. Sagnac. — Sur le mécanisme de la décharge des conducteurs frappés par les rayons X M. Adrien Guf.bhaud. - Sur un procédé simple de transformation directe en clichés photographiques des clichés lypographi- ques et autres objets de faible relief plan. Errata 3i ,'|0 M. Paul Lemoult. Sur les élhers isocya- niques et la chaleur de formation de l'acide cyanique liquide M. A. BÉiiAL. • — Sur une nouvelle cétone cyclique, la méthylcyclohexénone II M. HuoT. — Préliminaire sur l'origine des capsules surrénales des Poissons lopho- branches M. Auguste Miguel. — Sur l'origine des bulbes séti gères cl des néphridies chez les Annélides M- H. Tarry adresse une série de Cartes re- latives à la tempête du mois de décembre dernier, en Europe M. Mariiem adresse une Note relative ù un système d'éclairage électrique latéral, en vue de prévenir les accidents sur les voies ferrées ',6 5o PARIS — IMPRIMERIE GAUTHIER-VILLARS ET FILS, Quai des Grands-Augustins, 5â. l'f Gérant : G*utH[ER-Vi 1898 FEB 2 1098 PREMIER SEMESTRE. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES PAR inin:. CiBS SBCaÉTAIRES PERPÉTIJEIiS. TOME CXXVI. N°2 (10 Janvier 1898). PARIS, GAUTHIER-VILLARS ET FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES Quai des Grands-Augustins, 55. ""1898 RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS ADOPTÉ DANS LES SÉANCES DES 23 JUIN 1862 ET 2^ MAI 1876. Les Comptes rendus /ubdomadaires des séances de l'Académie se composent des extraits des travaux de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes présentés par des savants étrangers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. 26 numéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. Article 1^'. — Impressions des travaux de l'Académie. I^es extraits des Mémoires présentés par un Membre ouoarunAssociéétranger de l'Académie comprennent au plus 6 pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o pages par année. Les communications verbales ne sont mentionnées dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction écrite par leur auteur a été remise, séance tenante, aux Secrétaires. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont p;is com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les Rapports et Instructions demandés par le Gou- ^ernement sont imprimés en entier. Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par les Correspondants de l'Académie comprennent au plus 4 pages par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de 32 pages par année. Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les «liscussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi- vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion. ■ Les Programmes des prix proposés par l'Acadt sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les» ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'ai^ que l'Académie l'aura décidé. T Les Notices ou Discours prononcés en séancej blique ne font pas partie des Comptes rendus. Article 2. — Impression des travaux des Sava) étrangers à l'Académie. Les Mémoires lus ou présentés par des perso qui ne sont pas Membres ou Correspondants de 1' demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'u sumé qui ne dépasse pas 3 pages. Les Membres qui présentent ces Mémoires tenus de les réduire au nombre de pages requis Membre qui fait la présentation est toujours nom mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Es aulanl qu'ils le jugent convenable, comme ils le pour les articles ordinaires de la correspondance ^ cielle de l'Académie. Article 3. Le bon à tirer de chaque Membre doit être re_ l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tar_ jeudi à 10 heures du matin; faute d'être remis à tem] le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compte re actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu vaut et mis à la fin du cahier. ( Article 4. Planches et tirage à part. Les Comptes rendus n'ont pas de planches. Le tirage à part des articles est aux frais des leurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports t les Instructions demandés par le Gouvernement Article 5. Tous les six mois, la Commission administrative fail un Rapport sur la situation l'impression de chaque volui Les Secrétaires sont charg sent Règlement. I dépose? r?eiÏSL'«l'l"t«Îr,! r '^"""* ''"' P^^*"*^'' ^^"^ ""'"■"■"^ ^^^ ^^- '«^ sécrétâmes perpem^.. .... ,u« uc * déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, aïant5^ Autrement la présentation sera remise à 1. séance suivant.. COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SEANCE PUBLIQUE ANNUELLE DU LUNDI 10 JANVIER 1898, PRÉSIDÉE PAR .M. A. CIÎATIN. M. A. CiiATiiv prononce l'allociTtion suivante : u Messieurs, « La e;radation ou perfection des espèces végétales, donnée par la va- riété et la localisation des organes, par la non-multiplicité des parties homologues, et aussi par l'hermaphrodisme, tel est le sujet que je vais esquisser. » La racine établit une dis! i action très nette entre les deux grands embranchements des Phanérogames. » Bien localisée dans les Dicotylédones (Chou, OEillet, Rosier, Poirier), où elle se compose d'un seul corps centr.d, duquel partent des ramifica- tions, qui vont, s'éloignant de la souche, comme les branches s'éloignent du tronc de l'arbre, de telle sorte que le svstème radiculaire forme comme un arbre souterrain, parallèle à l'arbre aérien. » Au contraire, dans les Monocotylédones (Blé, Tulipe, Palmier), pas de localisation en une souche unique, mais de multiples radicelles homo- logues. G. I!., 1B9.S, I" St-'iisi/zv. . ( ■ .'. ;, N» 2.1 *■' ( 54 ) » La tige est à considérei' eu morphologie el en anatomie. » En morphologie, elle se présente ramifiée chez les Dicotylédones (Chêne, Cerisier); mais ses ramifications, véritable répétition de l'axe pri- mitif, n'impliquent pas manque de localisation. » Quant aux Monocotylédones (Palmier, Dracéna), si elles ont souvent la tige simple, ce n'est aucunement par fait de localisation, mais par arrêt de développement, comme le prouvent les petits bourgeons existant à l'aisselle de leurs feuilles, bourgeons latents, qui parfois se développent en branches quand la tête est abattue, ce qui est d'observation commune chez les Dra- cénas et se voit parfois chez les Dattiers. C'est ainsi qu'il existe encore à Sidi-Ferruch, dans la cour du bel établissement agricole des Religieux, toute une cépée qui a remplacé un Dattier coupé par les boulets dans la décisive bataille qui donna Alger à la France. » Du reste, dans bon nombre de Monocotylédones herbacées (Blé, Pàturin), les tiges sont multiples et homologues. » Donc, ici abaissement morphologique, soit par arrêt de développe- ment, soit par multiplication des organes. » L'anatomie de la tige, plus encore que sa morphologie, élève les Dicotylédones. La localisation y est complète : corps fibro-vasculaire com- posé d'un nombre limité de faisceaux disposés symétriquement en cercle, systèmes cortical et médullaire distincts. » Chez les Monocotylédones, au contraire, faisceaux multiples, pas de symétrie, nulle localisation. » La feuille, troisième et important organe de l'appareil de nutrition, est à considérer surtout dans son pétiole, qui recèle de remarquables faits de localisation. » Trois états sont à considérer : » Tantôt les faisceaux libéroligneux, vraie charpente de la feuille, sont très nombreux : c'est le cas de la plupart des Monocotylédones. » Tantôt, comme dans beaucoup de Dicotylédones (Fraisier, Tilleul), et quelques Monocotylédones (^Tamus, Smilax), les faisceaux existent en nombre limité, 3, 5, 7, g. » Ailleurs enfin, les faisceaux se conjuguent en un seul. Attribut géné- ral des CoroUiflores (Jasmin, Laurier-rose), cet état se retrouve partielle- ment chez les autres classes de Dicotylédones, jamais parmi les Monocoty- lédones. » La forme des feuilles est le plus souvent subordonnée à la disposition des faisceaux dans leur pétiole. ( 55 ) » Au faisceau unique correspond toujours la nervation dite pennée (Oli- vier, Frêne). » Aux faisceaux très nombreux, In nervation parallèle des feuilles de Monocotylédones, la partition de celles des Ombellifères. » Enfin, à des faisceaux en nombre limité, la nervation palmée (Érable, Vigne, Platane). » Or le signe de relèvement que j'attribue, en Botanique, à la variété, à la localisation et à la limitation de nombre des parties homologues se re- trouve en Zoologie. » Que l'on compare entre elles diverses classes, comme les Myriapodes et les Insectes hexapodes, ou le même animal aux divers stades de sa vie, la larve aux nombreux anneaux homologues, aux papillons à trois paires de pattes, au corselet et à l'abdomen localisés, en môme temps que le système nerA^eux s'est concentré, et l'on reconnaîtra que, sur les ques- tions ici visées, les deux règnes, appuyés l'un sur l'aulre, sont en plein accord. » Généralement étagées en spirales qui semblent ne devoir finir qu'avec l'élongation même des rameaux, les feuilles, à un moment et sur des points donnés, cessent tout à coup de se produire. n C'est qu'un appareil nouveau, d'ordre supérieur, l'appareil de lare- production, apparaît. » Des verticilles ou cercles, attribut de la fleur, se substituent aux spires des feuilles. )) La symétrie foliaire fait place à la symétrie florale. » Mais, encore ici, la nature ne fait pas de sauts, et la Rose, reine des fleurs, est la première à le proclamer, dans un distique, attribué (on ne prête qu'aux riches) à Castel : » Son calyce, qui n'a pas rompu toutes attaches avec les feuilles dont il garde la couleur verte, en même temps que ses cinq sépales apparaissent eu cinq fois, formant comme une courte spire en quinconce dont les folioles portent, dans le bouton, sur leurs bords recouvrants des barbules qui manquent aux bords recouverts, ce qu'exprime le distique, mis dans la bouche de l'un des cinq sépales, recouvrant d'un côté, recouvert d'autre côté, et le troisième né : Quinqae siinius fratres, anus barbatus et aller : Imberbes alii : Siim seniiberbis ego. » Avec la corolle, formant le second verticille floral, avec les étamines ( 56 ) et les pistils, qui viennent ensuite, complétant l'appareil de reproduction, s'affirme, par la naissance simultanée, de toutes les parties, quel qu'en soit le nombre, tie chaque cercle, le type floral. » Mais l'apparition en une seule fois des parties d'un verticille corollin, staminal ou pistillaire reste, toutefois, subordonnée à ce fait que, quel que soit d'ailleurs leur nombre sur chaque cercle, le nombre des cercles sera, pour chaque sorte d'organes, limité à un, à deux au plus. » Aîais si, ce qui n est pas rare pour les étamines et les pistils, leurs paities viennent à se multiplier, comme cela a lieu pour les Magnolias et les Renoncules, il y a rétrogradation vers le type foliaire spirale; cette rétrogradation est inconnue dans les Corolliflores. 1) Par la réunion, dans une même fleur, des appareils mâle et femelle, étamines et pistils, ce qui constitue l'hermaphrodisme, le règne végétal i-ompt, vis-à-vis du règne animal, la solidarité qui l'unissait à lui par les organes de nutrition (aux points de ^ ne de la localisation, de la variété et de la limitation du nombre de ces organes). » C'est qu'un nouveau facteur, propre aux animaux, l'appareil nerveux, qui préside à la volonté, à la locomotilité, et généralement à tonte la vie de relation, estapjîaiu : comme conséquence l'animal pouvant librement i-echercher sa compagne sera dioïque. )) Quelques attaches, du reste, resteront encore ici par leurs représen- tants Jes plus dégradés, hermaphrodites chez quelques animaux privés de locomotilité (huîtres, etc.), nnisexués en d'assez nombreuses plantes. » C'est dans les Dicotvlédones supérieures, les Corolliflores surtout, que régne sans partage l'hermaphrodisme. » Là, les pétales sont unis en une envelopi)e continue (Bruyère, Liseron, Nicotiane), comme pour mieux assurer la fcconilation autonome et empê- cher que le léger pollen ne s'échappe pour aller, chez les fleurs du voisi- nage, se livrer à ces fécondations adultères dites, par quelques-uns, né- cessaires pour assurer la perpétuité de l'espèce : assertion beaucoup trop absolue contre laquelle protestent les faits et qui déjà a rejoint l'hypothèse des plantes carnivores, attribuant un rôle de carnassiers à nos bien inno- cents Rossolis (Drosera), qui cmaillent, de leurs frêles épis blancs, les mousses qui tapissent les près luniiides ou sont flottantes sur les maré- cages. » Que si, en effet, le Rossolis emprisonne, en rapprochant sur lui les bords de sa feuille et l'entourant de nombreux cils qui la recouvrent, l'in- secte gourmand venu boire le nectar qu'elle produit, il ne fait pas autre- ( ^7 ) ment |)oiir la sèche bûchette ou le petit caillou accidentellement projetés sur elle. » Le Rossolis ne dévore pas plus l'insecte que le caillou : » L'occlusion de la feuille du Rossolis a d'iùlleurs pour cause la faculté d'irritabililé, irritabilité bien connue et si brusquement mise en jeu dans la Sensilive dès qu'on la touche, ou simplement par le pass;ige d'un nuage agitant l'air, irritabilité qui, par phénomène spontané ou que provoque une faible pi(|ùri', fait que les éiamines, sortant vivement du capuchon où elles s'abritaient dans le Ralmia, l'Épine-Vinette, la Pariétaire et l'Ortie, la Rue, les Mahonias, etc., viennent se jeter sur le pistil, qu'elles recouvrent du pollen fécondateur. » Dans le Sparmannia, les éiamines redressées autour du pistil, succes- sivement jetleiit sur lui leur poussière fécondante, puis retombent inertes. » Dans les Passiflores, Nigelles et Onagres, ce sont les stigmates qui vont au-devant des étamines. » Certaines fleurs de Larniurn, de Viola et à'Oxalis, toujours closes, ont cependant des graines fertiles. » Ces fleurs, dites clandestines, se retrouvent dans trente familles. )i II en est de môme des fleurs dites à huis clos (Campanulées, Riz, etc.). )) Pourquoi, se demandera-t-on encore, ces intéressants phénomènes, s'il ne doit, s'il ne peut y avoir de fécondation autonome? » L'hermaphrodisme, forme de localisation appropriée à la vie de la plante, est, lui aussi, comme la variété des organes, etc., un signe de per- fection du végétal, mais il est des exceptions. » Ici se présentent toute une série de faits trop instructifs pour que quelques-uns d'entre eux ne soient pas rappelés. » Chez les plantes monoïques (Noyer, Châtaignier), les fleurs mâles sont en général assez nombreuses et rapprochées des Heurs femelles sur le même pied. n Souvent même les fleurs mâles, placées au-dessus des fleurs femelles, n'ont qu'à s'ouvrir pour que le pollen tombe sur les stigmates. )) Dans les plantes dioïques (Dattier, Pistachier, Epinard), les individus mâles sont fréquemment entremêlés aux pieds femelles; mais les sexes peuvent, \y,\v circonstances diverses, être fort distants l'un tie l'autre; c'est ainsi qu'il n'existe en France que des pieds femelles du Saule pleureur et des mâles de Stratiotes. » En cette classe de végétaux, le pollen toujours sec et très fin, jamais gros comme en bon nombre d'espèces hermaphrodites, peut être porté par ( 58 ) les vents à de grandes distances : les prétendues pluies de soufre ne sont autre chose que des pluies de pollen venant de lointaines forêts de Pins. » Il est cependant quelques exemples historiques de plantes dioïques, restées stériles pur suile de l'éloignement de tout pied mâle. » Un Palmier femelle (Chamœrops) vécut stérile à Berlin, jusqu'au jour où le savant Gleditsh, imitant une pratique des Babyloniens et des Arabes pour féconder le Daltier, secoua sur ses fleurs du pollen rapporté de Carlsruhe, où il y avait un Chamœrops mâle. » C'est aussi à Berlin qu'un pied femelle du Rhodiola, jolie Crassulacée de nos Alpes cultivée au Jardin botanique depuis 1802, ne fructifia qu'en i85o, époque où une plante mâle fut mise près de la femelle. » Sur le golfe de Venise, à Otrante, végétait un Dattier femelle, qui ne devenait fécond que les rares années où des vents favorables lui appor- taient le pollen d'un Dattier mâle placé à trente milles de là, à Brindisi. » Étant donné que le pollen perd toute qualité prolifique au contact dé l'eau, la fécondation des plantes vivant submergées semblait devoir ètie impossible, même pour les espèces hermaphrodites; mais il nen est rien, grâce à des conditions providentielles. » Ou, comme dans les Potamots et l'Utriculaire, qui vivent entre deux eaux, le moment fixé pour la fécondation étant arrivé, les pédicelles, se redressant, élèveront les fleurs au-dessus de l'eau. » Ou, comme pour YAlisma natans, la Callitriche d'automne, partie des fleurs de VEiuyale et certaines Renoncules aquatiques, les fleurs, restant submergées, garderont bien closes leurs corolles, sous lesquelles, à la faveur d'une bulle d'air retenue captive, le pollen pourra arriver, sans altération, aux stigmates. M Ou encore, l'Aldrovanda, hôte des eaux dormantes du midi de la France, sous lesquelles elle reste attachée au sol jusqu'au jour où, le moment de l'anthèse approchant, elle s'élèvera, légère, à la surface de l'eau, portée par mille bulles d'air qui ont rempli les lobules de ses feuilles, cliangés en autant de petites vésicules. » Plus merveilleux encore sont les phénomènes qui assurent la fécon- dation de la Vallisnérie, espèce dioïque qui vit fixée au fond du Rhône et des canaux du Midi, où elle semblait condamnée à une stérilité éternelle à laquelle elle n'échappera que par une série d'actes qui, signalés pour la première fois par Micheli il y a près de deux cents ans, sont tou- jours sujet d'étonnement et d'admiration. » Portées chacune sur un pédicelle indéfiniment extensible, les fleurs ( 59) femelles s'élèvent, par l'allongement de celui-ci, jusqu'à la surface des eaux, où elles resteront longtemps, attendant la visite des fleurs mâles, qui, surmontant tous les obstacles, ne manqueront pas au rendez-vous. )) Réunies en grand nombre sur de courts pédicelles inextensibles, les fleurs mâles, au moment voulu, briseront leurs attaches et, allégées par ime bulle d'air renfermée sous leur calyce,, s'élèveront comme autant de petits ballons, à la surface de l'eau, où elles se mêleront aux fleurs femelles. » Alors leurs calyces (' ) s'ouvrent, et le pollen se porte librement sur les pistils. » Après ce temps, le long pédicelle de la fleur femelle s'enroule en une courte spirale et la raniène au fond des eaux (-). » On comprend que cet ensemble harmonique de phénomènes ait inspiré les poètes, au premier rang desquels Caste! et l'abbé Delille. » Castel les expose ainsi dans son poème. Les Plantes: Le Rhône impétueux ('), dans son onde écumanle, Pendant neuf mois entiers nous dérobe une plante, Dont la tige s'allonge en la saison d'amour, Monte au-dessus des flots et brille aux yeux du jour. Les mâles, jusqu'alors dans le fond immobiles, De leurs liens trop courts brisent les nœuds débiles, Voguent vers leur amante et, libres dans leurs feux. Lui forment sur le fleuve un cortège amoureux. On dirait d'une fête où le dieu d'IIyménée Promène sur les flots sa troupe fortunée. Mais les temps de Vénus une fois accomplis, La lige se retire en rapprochant ses plis Et va mûrir sous l'eau sa semence féconde. » ,Te rappelle que j'ai donné (')ime raison anatomique de l'enroule- ment du pédicelle de la Vallisnérie, où un petit cordon libérien asymé- trique qui manque aux pédicelles mâles et aux tiges, remplit, par rapport à un faisceau central, le rôle du métal le moins dilatable dans le thermomètre de Bréguet; explication qui, sans rien ôter au merveilleux du phénomène, (') La corolle avorte. (^) Contrairement à la croyance ancienne, l'enroulement et le retrait sont fatals, même pour les fleurs non fécondées. (^) A noter que la Vallisnérie se trouve vers les bords du fleuve, où l'eau est le moins agitée. (') A. Ceiati.\, Mémoire sur le Vallisneria spiralis, avec cinq planches, in-4°. Paris, Mallet-Bachelier ; i855. ( ^o ) montre qu'il est voulu, rien n'étant laissé au hasard dans la [irovidentiellc. ordonnance des corps organisés, pas plus que dans l'harmonie générale des mondes qui circulent, sans jamais se heurter, dans les espaces célestes. » D'Abbadie (Antoine-Thompson), né en 1810 à Dublin, est mort à Paris le 20 mars 1897. Sa famille, originaire des Basses-Pvrénées, v avait de grands domaines, ancienne seigneurie, dans lesquels elle vint se réin- staller en 1820. » D'humeur aventureuse et d'une intrépidité bien béarnaises, d'Abbadie, que poussaient d'ailleurs des aspirations vers les choses de la Science, A'oulut servir celle-ci dans de lointains voyages, où au travers de popula- tions toujours défiantes, parfois hostiles, il sut honorer et faire aimer le nom de la France. » Après avoir rempli au Brésil une mission que lui avait confiée notre Académie, d'Abbadie partit avec son jeune frère Armand, pour explorer l'Ethiopie où il séjourna de 1837 à i845, s'avançant jusqu'aux sources du Nil Blanc et se livrant à de savantes études d'Astronomie, de Géodésie, de Physique, de Géographie, d'Histoire, de Numismatique et d'Ethnographie. » De sérieuses notions de Médecine qu'il avait acquises en prévision de ses futurs voyages, où elles pouvaient lui servir de passeport, le firent consulter souvent par les indigènes; ses succès lui Aalurent même le nom de grand médecin français, honneur qui, m'a-t-il dit, le rendit plus d'une fois perplexe, car il fallait toujours guérir, sous peine, peut-être, de mort. )) En 1882, malgré son âge déjà avancé, A. d'Abbadie accepta de l'Aca- démie des Sciences une troisième mission et j^artit pour observer le pas- sage de Vénus à Saint-Domingue. » Il fut le seul, je crois, à qui sa visite à la brillante déesse ne rapportât rien, ni places, ni honneurs. Le gentilhomme béarnais ne recherchait que la pure gloire, en servant la Science et son pavs. » M. d'Abbadie a beaucoup observé et beaucoup écrit. » Ses principales publications sont les suivantes : » Observations relatives à la Physique du globe, faites au Brésil et en Ethiopie, 1873. » Géodésie d'une partie de la Haute Ethiopie, Ouvrage revu par M. Radau, 1875. » Dictionnaire (le la langue. Ama'rin.i, i8oi. ( 6. ) » Qiio!([iie temps après son retour d'Elhioiiie, où il avait servi çjranrle- menl la France, en pré|)arant, auprès du Négus, de bonnes et amicales relations entre les deux pays, A. d'Abbadie était nommé chevalier de la Légion d'honneur, en même temps que son frère Armand. M On peut croire que notre digne Confrère était, à sa mort, le plus an- cien chevalier de France — et de Navarre. » D'autres honneurs lui étaient réservés. » D'Abbadie, qui en 1892 avait été élu Président de l'Académie des Sciences, recevait de celle-ci, en 1896, la médaille Arago, haute et rare récompense attribuée aux auteurs d'importants services rendus à l'Astro- nomie. » Comme le duc d'Aumale, d'Abbadie a voulu que son œuvre lui sur- vécût en donnant généreusement à l'Académie des Sciences, pour qu'elle Y assurât la continuation de cette œuvre, son bel observatoire d'Abbadia, avec le château, ses dépendances territoriales et revenus. Ainsi que l'en assura, dans une éloquente allocution, notre éminent Confrère le Président Cornu, en lui remettant solennellement la médaille Arago dans la séance du 26 janvier 1896, l'Académie veillera jalousement à ce que les recherches commencées à l'observatoire d'Abbadia y soient continuées à la fois dans linlérèt de la Science et pour l'honneur de la mémoire du généreux dona- teur, à qui chacun de ses Confrères garde un souvenir reconnaissant. » Des Cloizeaux (Legrand-Allred-Louis-Ollivier) naquit à Beauvais le 17 octobre 1817; il est mort le G mai 1897. » Ses études classiques terminées, Des Cloizeaux ne tarda pas, dans un but d'études minéralogiques et géologiques, à entreprendre de longs voyages en Allemagne, en Russie, dans la Scandinavie et l'Islande, où il eut, raconte-t-il, le rare bonheur d'assister à une éruption de l'Hécla, au cours de l'année i845. M Bientôt après, il marquait par d'intéressantes recherches sa place au |)remier rang des minéralogistes cristallographes. » Sa carrière scientifique, désormais assurée, marchera à grands pas. » Répétiteur à l'Ecole Norniale en i858. Membre de l'Académie des Scii'uces où il occupa, en 1869, le fauteuil de l'inlortuné Vicomte d'Archiac, il était nommé, l'année suivante, professeru' au Muséum. » L'Université de Leyde lui décernait, en 1895, un diplôme d'hoiuieur de Philosophie. C. K., iXqS, I" Semestre. (T. CWVI, ^" 2.) 9 ( *'2 ) » En même temps qu'il se livrait ;i de brillanles recherches originales, M. Des Cloizeaux écrivait des Ouvrages de vulgarisation, parmi lesquels : » De l' emploi des propriétés optiques biréfringentes en Minéralogie, in-4", 1857. » Leçons de Cristallographie. \n-[\°, 18G1. » Manuel de Minéralogie, 1 scA. 'm-?>°, 1862- !874. » Sur les propriétés, optiques et cristallo graphiques des minéraux, in-8", 1875. » M. Des Cloizeaux, qu'une longue et doidoureuse maladie tenait depuis plusieurs années éloigné de son laboratoire et de nos séances, a tracé dans la Science, par ses belles études de Cristallographie optique, un fécond sillon. » Nous garderons à l'éminent et bon Confrère, qui fut d'un commerce agréable et sur, un durable souvenir. » Fils de Frédéric Schiilzenberger, professeur à l'Ecole de Droit et maire de Strasbourg, Paul Schùlzenberger, notre éminent et très regretté Con- frère, naquit en cette ville le 23 décembre 182g; nous l'avons perdu le 26 juin dernier : enlevé par une courte, mais implacable maladie qui le ter- rassa comme il mettait la dernière main à ses belles recherches sur les corps de la complexe série des albuminoïdes. » L'un de ses oncles, Charles Schùtzenberger, professeur à la Faculté de Médecine, frappé de ses heureuses dispositions, forma le projet de l'avoir pour successeur. C'est dans cette vue qu'il obtintde lui, non sans quelques difficultés, de suivre les cours de la Faculté. » Mais, bien avant d'arriver au doctorat, le jeune Paul se donnait tout entier à la Chimie vers laquelle il était invinciblement attiré. » Admis, dès 1849, dans le laboratoire du vénérable Caillot (père do l'un de nos plus brillants généraux de corps d'armée), il y remplaça Ad. Wurtz, cet élève de Caillot à qui il devait, plus tard après la triste guerre de 1870, donner l'hospitalité, à Paris, dans son propre laboratoire. M En 18.53, le savant Persoz, rude aux siens comme à lui-même, le pre- nait au titre de j)réparateur de son Cours de Teinture et d' Impressions au Conservatoire des Arts et Métiers. » Mais un an à peine s'était écoulé qu'il acceptait successivement, fie la ville de Mulhouse, la direction de ses Ecoles, Professionnelle et Supérieure de Y Ensei finement des Sciences. (63 ) » C'est là que vint le chercher le sagace et prévoyant Balard, pour qu'il le secondât dans cet enseignement du Collège de France, qui devait plus tard lui échoir, par droit de conquête. » Les travaux de Schiitzrnberger, publiés dans plus de cent Mémoires au milieu desquels émergent, comme des phares, ses longues et brillantes recherches sur les matières colorantes et sur les composés albuminoïdes, au milieu desquelles une mort prématurée est venue l'arrêter dans ses dé- couvertes. » Schiitzenberger mena de front, avec les recherches originales, la pu- blication d'importants Ouvrages de vulgarisation, parmi lesquels nous citerons les suivants : » Chimie appliquée à la Physiologie animale et au diagnostic médical, 1 864 ■ » Des matières colorantes, 1866. » Les Fermentations, 1875. » Traité de Chimie générale, comprenant les applications de la Chimie aux Sciences biologiques et aux Arts industriels, six volumes in-S", 1879- 1890. » Ses remarquables et incessants travaux avaient porté Schutzenberger au i^remier rang des chimistes du temps présent; aussi voyons-nous tous les Corps savants s'empresser de l'appeler à eux : » En 1876, il succède, au Collège de France, à Balard. )> En 1877, il remplace Gobley au Conseil d'h)giène, où il fait, durant vingt ans, d'importants rapports sur des sujets de Chimie industrielle (acétylène, etc.). » En 1882, la ville de Paris, cjui vient de créer une École de Physique et de Chimie, lui en confie la direction. » En 1884, il remplace J.-B. Dumas à l'Académie de Médecine. » En 1888, il vient occuper, à l'Académie des Sciences, comme par acclamation, le fauteuil du savant Debray. » Entre temps, Ch. Sainte-Claire Deville s'était déchargé, sur notre infatigable Confrère, de la Direction de l'Ecole pratique des Hautes Etudes à la Sorbonne. M Ardent au travail et heureux dans ses recherches comme son compa- triote et ami Ad. Wùrlz, Schiitzenberger aimait encore, comme Wùrlz, à se distraire parfois de l'assiduité au laboratoire par le plaisir de la ciiasse. » Retiré pendant les vacances dans son charmant cottage de Salnetle Saint-Briac, non loin de Saint-Malo, où, depuis que sa chère Alsace est dé- (64 ) tenue par un État étranger, il avait renoncé, bien qu'à regret, à la revoir, il se reportail, en poursuivant la bécasse et la perdrix dans les jaunes Ajoncs et les grandes Rruvères roses d'Ille-et-Vilaine, aux chasses que, en des temps plus heureux, il avait faites au grantl coq de bruyère, au déli- cieux alpin et à la silencieuse gelinotte, au milieu des Myrtilles noires et des rouges Airelles qui mûrissent leurs baies savoureuses à la demi-ombre des Pins à crochet et des Boideaux des Hautes- Vosges. ■'s^ » Mais travaux en plein coiu's, loisirs champêtres au milieu desquels se préparaient, comme de futures moissons sur une terre en jachère, de nou- velles découvertes, douces joies de la famille, elles aussi toujours mêlées au travail de la ]iensée, amitiés auxquelles il fut toujours fidèle, tout a été brisé par l'atteinte mortelle qui nous a brusquement enlevé l'éminent, bon et aimé Confrère dont chacun de nous gardera pieusement la mémoire. » Ou le voit, nos jierles ont été cruelles. Trois de nos Confrères des plus aimés ont pavé la dette que chacun de nous contracte en naissant. » Mais l'Académie, rajeunie par la mort même, a déjà rempli ses vides. » A d'Abbadie, à Des Cloizeaux, à Schûtzenberger, éminents et regrettés Confrères, ont succédé MM. Hatt, de Lapparent et Ditte qui seront, comme leurs devanciers, l'honneur de notre Compagnie. » (65 ) PRIX DÉCERNÉS ANNÉE 1897. GEOMETRIE. l'RIXFRÂNCOEUR. (Commissaires: MM. Herniite, J. Bertrand, Poincaré, Picard; Darboiix, rapjjorteur.) A l'unanimité, la Commission décerne le prix à M. G. Robin, pour l'en- semble de ses Travaux mathématiques. PRIX PONCELET. (Commissaires : MM. Hermite, J. Bertrand, Darboux, Sarrau; Poincaré, rapporteur.) I.a Commission, à l'unanimité, propose de décerner ce prix à M. R. Liou- viLLF. pour l'ensemble de ses travaux mathématiques et mécaniques. (66) MECANIQUE. PRIX EXTRAORDINAIRE DE SIX MILLE FRANCS. (Commissaires : MM. de Biissy, Guyou, de Jonquières, Sarrau, Bouquet de la Grye.) Rapport sur les travaux de MM. Gossot et Liouville; par M. Sarrau. Les formules usuelles du freLtaj^e des bouches à feu sont fondées sur les conditions de l'équilibre élastique d'un tube cylindrique. On suppose, pour établir ces conditions, qu'une pression constante et uniforme s'exerce sur chaque surface cylindrique limite et que des tractions, égales et opposées, constantes et uniformes, s'exercent sur les sections planes extrêmes. En fait, dans le cas des canons, le problème se présente autrement : l pression intérieure et la traction sur la tranche de culasse sont des fonc-a tions du temps; la traction sur la tranche de la bouche se réduit à zéro. Rien ne permet donc de supposer a priori (jue les déformations ainsi pro- duites aient quelque analogie avec les déformations d'équilibre. Le général Virgile a déjà signalé cette difficidlé : « Si la pression des gaz, dit-il, se développait assez lentement pour qu'il y ait, à chaque instant, équi- libre entre cette pression et les résistances élastiques de toutes les tranches de métal, le travail moteur des gaz serait, également à chaque instant, dé- truit par le travail résistant de l'élasticité et les choses se passeraient comme dans le cas d'un équilibre statique ('). » Si, au contraire, la pression attei2;nait instantanément son maximum et s'y maintenait un certain temps, la déformation serait tout autre et, de l'analyse approchée du phénomène, le (') Études sur la résistance des tubes nictallùjues simples ou composés, avec application à la construction des bouches à feu {Mémorial de l' Artillerie de la Marine, l. I}. (67 ) général avait conclu qne « l'expansion de l'àme de la bouche à teu », pour la même pression maximum, était rioiible de celle qui se produit dans le cas précédent. En pratique, la pression des gaz est rapide, mais elle n'est pas instan- tanée et la déformation doit se placer entre celles qui correspondent à ces deux cas extrêmes. L'emploi des poudres lentes s'étant aujourd'hui généralisé, il se peut que le développement de la pression soit assez ralenti pour que la déformation statique se produise sensiblement, de manière à rendre suffisamment exactes les formules de freltage. Telle est la question que MM. Gossot et Liouville étudient dans leur Mémoire sur les vibrations élastiques et la résistance des canons. Ils considè- rent un tube simple soumis, ainsi qu'il a été dit plus haut, à des efforts superficiels fonctions du temps et ils déterminent par une analyse ri- goureuse, suivant la théorie de l'élasticité, les déformations qui en ré- sultent. Pour faire le calcul il faut d'abord connaître les fonctions qui expri- ment la pression et la traction sur les surlaces limites; les auteurs y par- viennent en admettant, d'après de nombreuses expériences, que la pression développée en un point de l'âme par les gaz de la poudre peut être repré- sentée d'une façon très approchée, jusqu'au maximum et même un peu au delà, par l'expression A(i — cosa/), A et oc étant des constantes. La pre- mière, A, est la moitié de la pres-^ion maximum; la seconde, a, caractérise la vivacité de la poudre. La solution se développe ensuite suivant les méthodes ordinaires de la Physique mathématique. Le déplacement d'un point quelconque de la masse élastique se compose d'un déplacement radial t et d'un déplacement longitudinal w; les quantités (s, w) sont des fonctions de trois variables (/•, z, t) désignant la distance de ce point à l'axe du tube, sa distance à la tranche de culasse et le temps. Ces fonctions satisfont à deux équations aux dérivées partielles, aux équations à la surface et aux conditions im- posées par l'état initial du tube qui est le repos, avec des vitesses nulles de tous ses points; elles sont ainsi complètement déterminées. Les auteurs évaluent successivement s et w, et les méthodes qu'ils em- ploient pour ces deux déplacements sont fort différentes, ces différences se justifiant par la nature même des questions traitées. De plus, pour sim- plifier les calculs, qui restent encore fort complexes, ils se sont limités à ( ^« ) l'étude ries phénomènes qui se passent sur les surfaces limites. Les résultais qu'ils obtiennent ainsi sont les suivants : En chacune des sections normales extrêmes, le déplacement £ peut être regardé comme résultant de plusieurs autres. Le premier est indépendant du temps; c'est un déplacement statique, celui qui corresponth-ait aune pression intérieure égale à A et à deux tractions opposées, constantes et uniformes, agissant aux extrémités du tube, ces tractions se réduisant à zéro sur la section qui e.st du côté de la bouche. A ce déplacement il faut ensuite superposer un mouvement périodique, de période — et d'amplitude connue, que les Auteurs appellent mouvement principal; enfin une infinité de mouvements périodiques qui sont les vibrations propres du canon. Pour avoir les périodes de ces derniers, on est conduit à calculer les racines d'une équation transcendante dépendant des fonctions de Bessel d'indice zéro et de leurs premières déi'ivées. Leurs amplitudes sont les coefficients du développement d'une fonction simple ar'' -\- b suivant les produits de r par des fonctions de Bessel portant sur certains multiples de la variable r. Les valeurs numériques de ces éléments dépendent d'une variable carac- téristique — ; To désignant le temps que le son met à parcourir ré[)aisseur du tube et t désignant le temps que la pression intérieure met à atteindre son maximum. La valeur de cette variable est telle, dans les conditions normales des bouches à feu, que l'amplitude des vibrations est absolument négligeable; il ne reste donc que le déplacement statique et le mouvement piincipal dont l'élongation maxim;i est à très peu près égale à ce déplace- ment. Il en résulte comme conclusion que le maximum du déplacement radiiil équivaut, sauf une différence inappréciable, au déplacement qui assurerait l'équilibre sous une pression constante égale à 2 A, c'est-à-dire la pression maximum. Quant au déplacement longitudinal w, il satisfait à une équation aux dérivées partielles dont on a immédiatement l'intégrale générale avec deux fonctions arbitraires explicites, et c'est dans la recherche de la solution satisfaisant aux conditions aux limites, que se trouvent les seules diffi- cultés du problème. La solution définitive est donnée, non par une expres- sion unique, fonction analytique de :; et de /, mais par une série d'exprès- (69 ) sioiis de cette espèce qui se succèdent et se raccordent les unes aux autres. Le mouvement qu'elle représente peut être rei^ardé comme formé par une série d'ondes se propageant dans le tube et se réfléchissant à ses extrémités. IvC calcul montre que, dans les conditions ordinaires de la construction et du chargement des bouciies à feu, c'est à l'une d'es extrémités du tube, celle qui est du côté de la culasse, que se produit le maximum de la défoi - mation et, de plus, que cette déformation ne diffère pas sensiblement de celle que réaliserait Téquilibrc sous une pression constante égale au maximum de la pression effectivement appliquée et deux tractions oppo- sées, constantes aussi, et égales au maximum de la traction effective. En résumé, pour le déplacement longitudinal comm;» pour le déplace- ment radial, le tube constitue un système élastique résistant aux efforts qu'on lui fait subir suivant un mode dont les différences avec le fonction- nement statique sont numériquement négligeables, en sorte que le résultat définitif de ces recherches implique la justification des calculs de résistance tels qu'ils sont fails aujourd'hui par l'Artillerie de la Marine. Ce résultat est d'une haute importance et, pour l'obtenir, les Auteurs ont déployé un grand talent d'analystes et une extrême habilelé dans les calculs pénibles et compliqués que les vérifications rendaient nécessaires ; la Commission propose de leur décerner un prix sur les fonds mis à la disposition de l'Académie par le Département de la Marine. Rapport sur les travaux de M. Décante, par M. Guyou. La détermination de l'azimut d'un astre est le problème astronomique que les marins ont le plus fréquemment à résoudre à la mer. Cet élément est, en effet, nécessaire soit pour vérifier les compas, soit pour tracer les droites de hauteur. Les marins, qui connaissent toujours leur latitude avec une approxi- m;ition suffisante pour ce proljlème, peuvent obtenir l'azimut d'un astre dont la déclinaison est connue soit en mesurant sa hauteur, soit en utili- sant l'angle horaire déduit du temps local et de l'ascension droite. La première méthode est peu en usage, elle exige une observation au sextant; elle n'est pas toujours applicable, la nuit par exemple ou par temps de brume. Par la seconde, au contraire, l'Officier de Marine peut, à l'aide d'une C. R., 1898, j' Semestre. (T. GXXVI, N- 2.) lO ( 70 ) montre et de la Connaissance des Temps, déterminer à toute heure, de sa chambre, l'azimut cherché. Aussi cette dernière méthode est-elle presque exclusivement adoptée. Divers systèmes de Tables ont été publiés pour faciliter aux marins la recherche de l'azimut. Les plus répandues sont celles de M. Labrosse, qui donnent le résultat à vue pour les lieux situés par des latitudes inférieures à ar M. J.-B. Ghiaud. L'Ouvrage de M. Brillé comjjreud deux Mémoires manuscrits sur la ( 73) vaporisation de l'eau dans les chaudières, et sur la circulation dans les chaudières miillitubulaires. L'Ouvrage de M. J.-B. Gibard est un Wilume d'environ 600 pages, inti- tulé Traité pratique des chaudières marines. Ces deux Ouvrages pourront être consultés avec fruit : le premier parles Ingénieurs, le second par les Mécaniciens. Cependant, la Commission ne pense pas qu'il y ait Heu de leur décerner le prix. Elle propose d'attribuer à chacun des deux auteurs un encouragement. PRIX FOURNEYRON. (Commissaires: MM. Sarrau, Boussinesq, Léauté, général Sebert; Maurice Lévy, rapporteur. ) Le sujet du prix Fourneyron pour 1897 était celui-ci : Donner la théorie du mouvement et discuter plus particulièrement les condi- tions de stabilité des appareils réiocipédiqius {bicycles, bicyclettes, etc.) en mouvement rectiligne ou curviligne sur un plan, soit horizontal, soit incliné. Dix Mémoires ont été présentés, les uns d'ordre purement théorique, les autres s'étendant plus |jarticulièreinent sur le domaine de la pratique. Plusieurs présentent un sérieux intérêt; mais diverses vérifications étant nécessaires pour pouvoir les apprécier et les classer, la Commission a l'houneur de proposer de proroger le concours d'une année. ASTRONOMIE. PRIX LALANDE. (Commissaires : MM. Faye, Wolf, Lœwy, Callandreau: Tanssen, rapporteur.) Rapport sur les travaux de M. Perrine. M. Perkixe, de l'observatoire du Mont-Hamilton, s'estsignalé par la dé- couverte de cinq comètes, dont une est périodique et présente dans so;i oibite des particularités intéressantes. ( 74 ) La première comète découverte par M. Perrine est l'avant-dernière de iSgS. Elle fut découverte dans la matinée du 17 novembre. Sa distance périhélie n'était que le cinquième de la moyenne de la Terre au Soleil, Elle fut très brillante au périhélie. La deuxième comète découverte par M. Perrine fut la première de 1896, découverte le i4 février 1896. Elle est parabolique. La troisième comète fut découverte le 1 novembre 1896. Elle est égale- ment parabolique. La quatrième a été découverte le 8 décembre 1896. C'est la dernière de l'année 1896. Elle est elliptique et elle se meut dans l'orbite de la comète de Biela, ce qui a fait supposer qu'elle pouvait provenir d'une explosion qui l'aurait très anciennement détachée de celle-ci. Mais les calculs aux- quels on s'est livré à cet égard n'ont conduit à aucune conclusion certaine. Cette circonstance n'en est pas moins remarquable. La cinquième comète, dont la découverte est due à M. Perrine, l'a été tout récemment. Elle n'est pas elliptique. M. Perrine a retrouvé la comète périodique de d'Arrest, le 28 juin i89'7, quatre-vingts jours avant son passage au périhélie. Elle était très difficilement visible et il y a un véritable mérite à avoir fait cette impor- tante observation dans ces conditions. En raison de ces intéressantes découvertes réalisées en deux années et des circonstances qui ont démontré une grande habileté d'observation, votre Commission attribue le prix Lalande pour 1897 à M. Periuxe. PRIX DAMOISEAU. (Commissaires: MM. Callandreau, Paye, Wolf, Radau ; Loew^y, rapporteur.) Aucun Mémoire n'ayant été adressé à l'Académie relativement à la Théorie de la comète de Hallev, sujet du Concours de 1897, la Commission a été unanime à attribuer ce prix à l'auteur d'un ensemble de travaux d'une haute valeur accomplis dans ces dernières années. M. Hermanx Struve marche dignement sur les traces de son grand-père et de son père. Depuis vingt ans, il poursuit avec persévérance et bonheur un double but: déterminer, à l'aide de méthodes perfectionnées, les coor- données (les satellites de Saturne, de Neptune et de Mars, et concliu-e en- suite de ces données la meilleure théorie de ces astres. A Poulkovo, dispo- ( 75 ) saut d'abord de l'instrument avec lequel Otto Struve fit ses classiques recherches sur les étoiles doubles et utilisant le grand équatorial de 76*^*", M. Hermann Struve est parvenu à effectuer de précieuses séries d'obser- vations qui lui ont déjà fourni le sujet de nombreux et importants Mé- moires publiés dans les Annales de l'observatoire de Poulkovo et dans le Bulletin de l'Académie des Sciences de Saint-Pétersbourg. Les principales études qu'il a publiées pendant dix années jusqu'en 1895 sont les suivantes : 1° détermination des éléments et des inégalités les plus sensibles de l'anneau de Saturne et de ses satellites; 2" calcul des éléments et des principales inégalités du satellite de Neptune; 3° calcul des éléments des principales inégalités des satellites de Mars et les constantes qui fixent le plan de l'équateur de ce corps céleste. Depuis lors M. H. Struve a continué, comme nous avons pu le constater, avec le plus grand succès ses études dans cette branche importante de l'Astronomie planétaire; il a eu, en effet, l'obligeance de mettre à notre dis- position, afin de nous permettre d'en tirer profit pour la Connaissance des Temps de 1899, les Mémoires inédits sur les deux compagnons de Mars et sur les satellites de Saturne. Tout récemment encore il vient de nous adresser, pour nos éphémérides de 1900, en manuscrit, le résultat de ses recherches sur Hypérion, recherches d'un grand mérite, car la théorie de ce corps céleste renfermait des difficultés toutes particulières à cause des perturbations considérables que lui fait éprouver son voisin Titan. M. H. Struve a ainsi résolu en partie la question difficile mise au Concours pour l'année 1898 : la Théorie d'Hypérion. L'ensemble de ces travaux, aussi délicats au point de vue de l'observation qu'élevés dans le domaine de la théorie, constitue un progrès très impor- tant pour la Science astronomique. La Commission propose, pour rendre hommage au mérite de ces brillantes recherches, de décerner à M. H. Struve le prix Damoiseau. PRIX VALZ. (Commissaires : MM. Lœwy, Faye, Wolf, Janssen ; Callandreau, rapporteur.) La Ccmimission propose de décerner le prix Valz à M. Louis Fabry, Astronome adjoint à l'observatoire de Marseille. On doit à M. Fabry la découverte d'une comète intéressante, de nom- breuses observations et plusieurs travaux qui témoignent d'un esprit in- ( 7^) ventif. Une élude Sur la probabilité des comèles lyperboliques et sur l'origine des comèles a surtout ^i\é l'attention de la Commission. Pour Newton les comèles appartenaient au système solaire. Je me trompe beaucoup, dit-il à la fin de la proposition XXXIK du Livre III, si les comètes ne sont pas des corps du même genre que les planètes. Cette manière de voir fut rejetée par Laplace parce qu' « on aperçoit une séparation bien marquée entre les planètes et les comètes (') ». Plus tard, à la suite de la publication d'un Mémoire de W. Herschel, dans les Transacdons philoso- phiques àe 1812, sur la comète 181 1 I, où il était dit que le passage des comètes près d'autres soleils que le nôtre paraissait probable parce que toutes les orbites à l'exception d'une seule étaient paraboliques, et qu'il n'y avait rien d'impossible à attribuer une origine commune aux comètes et aux nébuleuses, Laplace esquissa les idées que; V Exposition du Système du monde a rendues familières aux astronomes (^). Depuis lors cependant les découvertes de nombreuses petites planètes et d'un assez grand nombre de comètes, le zèle déployé par les observateurs pour suivre les astres le plus loin possible et parlant l'étude plus précise des orbites, nous ont mis en possession de documents nouveaux qui ne justifient ni une distinction absolue enti e les comètes et les planètes fondée sur la dissemblance des orbites, comme l'admettait Laplaco, ni peiU-ètre les idées de Herschel. Enfin, un élément qui joue un rôle essentiel dans la question, le mouve- ment de translation du système solaire, incertain au temps de Laplace, est mieux connu aujourd'hui. Il paraît donc que malgré les travaux de Laplace, de Gauss, de M.Schia- parelli et d'autres savants, la question de l'origine des comètes ne pouvait être regardée comme épuisée. M. Fabry se demande d'abord quelles doivent être les lois régissant les divers éléments des orbites des comètes si ces astres viennent des espaces interstellaires. Il trouve en particulier que, dans cette hypothèse, toutes les comètes devraient être hyperboliques, ce qui est contraire au\' faits observés : l'hypothèse admise est donc à rejetei". L'étude des éléments autres que le grand axe nous entraînerait trop loin. Mais nous devons signaler la dernière partie du Iravad, con acrée à la sla- (') OE livres complètes, t. VIII, p. 279. C) Voir aussi l'arlicle Sur les comètes, daus la Connaissance des Temps pour 1816. ( 77 ) tistique des comètes, dans laquelle l'auteur discute les relations entre les époques des découvertes et les saisons de l'année; entre la longitude du périhélie et l'époque du passage; la condensation apparente des périhélies vers les solstices En résiuné, dans la disposition des éléments des comètes que nous connaissons il ne se manifeste aucune influence du mou- vement de translation du Soleil. Cette conclusion vient à l'appui des pre- miers chapitres du travail. Nous devons donc regarderies comètes comme faisant partie du système solaire. PHYSIQUE. PRIX LA GAZE (PHYSIQUE). (Commissaires: MM. Cornu, Eippmann, Becquerel, Potier, VioUe, Ber- trand, Berthelot, Cailletet; Mascart, rapporteur.) En 1889, l'Académie des Sciences décernait le prix; La Gaze (Physique) à M. H. Hertz, dont les expériences désormais célèhres ont été malheureu- sement interrompues par un deuil prématuré. C'est aussi dans le labora- toire de Hertz et sous son inspiration qu'a pris naissance une autre décou- verte, qui reste encore une énigme au point de vue théorique et qui s'est montrée féconde en applications de toute nature. L'Académie est heureuse de pouvoir consacrer à ces travaux une double récompense, attribuée à deux savants dont les mérites sont inséparables. I^a Commission de Phy- sique décerne le prix La Caze à M. Pu. Lénard. Les propriétés que présente l'étincelle électrique dans les gaz raréfiés ont déjà une longue histoire; nous avons surtout à rappeler les belles et patientes recherches de Sir William Crookes. Aux très faibles pressions, l'électrode négative, ou cathode, paraît être le siège d'un rayonnement parti- culier, par lui-même invisible, mais capable de provoquer l'illumination ou la phosphorescence des obstacles qu'il rencontre. Suivant les vues de l'au- teur, ces rayons cathodiques seraient formés par un ensemble de projec- tiles, une averse de molécules emportant des charges électriques et dont C. R., 1898, I"' Semestre. (T. CXXVI, rv« 2.) " ( 78 ) les trajectoires sont modifiées par les aimants, à la manière des courants transmis par les conducteurs. Une curieuse expérience de Hertz a montré que de minces lames métal- liques n'interceptent pas complètement l'action de ces rayons et laissent produire la phosphorescence dans leur ombre : observation importante qui soulève bien quelques difficultés sur riiypothèse du transport des molé- cules. M. Lénard a cherché si cette propriété des lames métalliques ne permet- trait pas de faire sortir les rayons cathodiques des ampoules de verre où ils semblent prisonniers. La moisson fut beaucoup plus riche qu'il ne pou- vait l'espérer. En munissant le tube à décharges d'une fenêtre fermée par une feuille d'aluminium, dans la paroi opposée à la cathode, il put en effet retrouver les propriétés des rayons cathodiques derrière la fenêtre, soit dans un gaz raréfié, soit dans l'air à la pression ordinaire. En même temps, cette fenêtre métallique devenait la source d'une autre espèce de rayons, insen- sibles aux forces magnétiques, mais capables à leur tour d'exciter les corps phosphorents, d'illuminer les gaz, de traverser à des degrés différents les corps opaques à la lumière, tandis qu'ils sont mieux arrêtés par des mi- lieux transparents, tels que l'eau, le verre et le quartz; d'agir rapidement sur les plaques photographiques; de décharger les corps électrisés, etc. Le verre lui-même n'était pas un obstacle absolu à leur propagation et l'on pouvait remplacer la fenêtre d'aluminium par une lamelle de verre, c'est-à-dire utiliser la paroi même de l'ampoule. Ce beau travail ne fut pas apprécié d'abord comme il le méritait. Sans doute, la distinction n'était peut-être pas complète entre les rayons pro- prement cathodiques et ceux que M. Rontgen a désignés sous le nom de rayons X, et il restait encore beaucoup à faire pour dégager les propriétés spéciales du rayonnement nouveau; mais les titres de M. Lénard sont de premier ordre dans le grand événement scientifique qui a excité l'admira- tion générale et produit tant de merveilleux résultats; ces litres justifient pleinement la haute distinction que leur attribue aujourd'hui la Commis- sion de Physique. ( 79 ) STATISTIQUE. PRIX MONTYON. (Commissaires : MM. HaLon de la Goupillière, de Jonquières, J. Bertrand, de Freycinet, Rouché, Brouardel.) L'Académie a reçu, eu 1^97, six travaux destinés au concours ouvert pour le prix Montyon de Statistique. Deux d'entre eux sont arrivés sous le couvert de l'anonyme. Ils ont d'ailleurs été écartés après lecture, comme ne rentrant pas dans les conditions posées par le programme du prix. Les quatre autres Mémoires ont été jugés dignes des récompenses énoncées ci-après. Le prix a été partagé entre les deux travaux suivants : î" Le coût de la vie à Paiis à diverses époques, par M. Gustave Bienaymé; 2" Statistique médicale de la flotte, par MM. les D'' Vincent et Burot. La Commission exprime, à l'adresse de MM. les D" Vincent et Burot, le désir que l'étude très utile dont ils ont ])ris l'initiative soit continuée dans l'avenir, de manière à rejioser sur des bases, de plus en plus larges, d'observations. Une mention très honorable est accordée à M. le D' Lepage pour son Ouvrage en sept fascicules qui a pour titre : Fonctionnement de ta maison d' accouchements Baudelocque, 1890-1896. Un rappel de mention honorable est décerné à M. le D*' Baudkax potu- son nouveau travail intitulé : De l'habitation dans le département de l'Oise. Les Rapports suivants font connaître les titres qui ont motivé, pour ces auteurs, ces diverses distinctions. ( «o ) Rapport de M. E. Roitché sur le Mémoire de M. Guslave Bienayraé intitulé : (c Le coût de la vie à Paris à duerses époques. » Les premières recherches vraiment scientifiques sur ce sujet remontent à Lavoisier qui, dans un travail remarquable, extrait d'un grand Ouvrage inachevé et intitidé : Richesse territoriale du royaume de France, a donné, sous forme de Tableau, l'inilication des prix du pain, de la viande et de divers autres objets, à l'appui de calculs sur la dépense moyenne de l'habitant de Paris en 1788. Les travaux de Lavoisier ont été continués, dans la première partie de ce siècle par Benoiston de Chàteauneuf et Millot, et dans la seconde partie par Husson, dont l'Ouvrage a eu deux éditions, l'une en i854, l'autre en iS^S, et constitue sans contredit le meilleur ensemble d'éléments pour le coût de la \'\e à Paris en ce qui concerne la nourriture. Avant d'exposer ses travaux personnels, M. Bienaymê analyse som- mairement les recherches de ses devanciers et les résume en deux Tableaux graphiques où la dépense moyenne annuelle du Parisien jusqu'en 1878 est indiquée clairement pour chacun des objets de consommation usuelle. Mais, comme l'observe judicieusement M. Bienaymê, ces divers travaux n'ont fait, en réalité, que jalonner la route à suivre; il faudrait les contrô- ler, combler de nombreuses lacunes et, enfin, les poursuivre jusqu'à l'époque actuelle. Une pareille lâche présenterait des difficultés insurmon- tables, attendu que la plupart des sources oii ont puisé les savants statisti- ciens dont nous venons de parler sont restées inconnues ou ont disparu au moins en partie. Il a donc fallu chercher d'autres éléments d'appré- ciation, tels que ceux que récèlent les comptes conservés dans les dé- pôts publics d'archives, ou les registres de dépense d'établissements sco- laires ou hospitaliers. C'est ce qu'a fait M. Bienaymê en examinant et rapprochant les prix de l'Hôlel-Dieu et ceux de l'établissement scolaire qui porte aujourd'hui le nom de Lycée Louis-le-Grand. Pour l'Hôtel-Dieu, on possède une série de prix, à peu près continue, de 1782 à i8o3; pour Louis-le-Grand, les livres de dépense remontent jusqu'à 1688. En s'arrê- tant à i8g3, dernière année dont les documents soient en état d'être con- sultés, on a donc des renseignements précis pour deux siècles sur les prin- cipaux objets de consommation (nourriture, chauffage, éclairage, etc.) Nous ne saurions suivre M. Bienaymê dans l'examen comparatif de tous ces documents et dans les discussions et les calculs qui s'y réfèrent. Nous (8i ) signalerons particulièrement les Tableaux graphiques si bien ordonnés où les prix; des divers objets sont marqués d'année en année par des points dont la succession permet de saisir aisément les variations de prix subies, depuis deux siècles, pour le pain, la viande et l'huile, et bien plus ancien- nement pour les œufs, le beurre, le vin, le bois, etc. Ces courbes indivi- duelles, c'est-à-dire relatives aux denrées de diverses sortes, sont complétées par une courbe relative à l'ensemble et qui révèle les fluctuations du coût de la vie à Paris. Un coup d'œil jeté sur cette courbe montre que du com- mencement à la fin du xix" siècle les cotes ont presque doublé, que leurs maxima ont eu lieu en i855 et en 1880, et enfin que dans les quinze der- nières années une baisse s'est produite qui parait devoir continuer. Le maxi- mum de i855 s'explique par la production des raines d'or de la Californie et de l'Australie; celui de 1880 coïncide avec un mouvement général de reprise dans les affaires à la suite de la crise de 18^3; enfin, la baisse qui se manifeste depuis une quinzaine d'années parait résulter des facilités de transport et du nombre toujours croissant des importations. Outre le Mémoire que nous venons d'analyser brièvement, M. Bienaymé a envoyé à l'Académie, pour le concours de Statistique (prix Montyon), plusieurs brochures publiées antérieurement. La première est intitulée : Prix des principaux objets de consommalioii à Paris depuis deux siècles; c'est l'ensemble des pièces justificatives du Mémoire de 1897. Les autres ont pour titres : La fiscalité alimentaire el gastronomique à Paris; La fiscalité sur le combustible; La fiscalité sur L^ éclairage ; ^Wes, se rattachent pleinement au sujet, l'imposition des denrées constituant sans contredit un élément essentiel pour l'estimation de leur valeur. On serait peut-être, à première vue, tenté de regretter que les études de M. Bienaymé concernent exclusivement la ville de Paris. Mais, si le champ de ces recherches eût été moins restreint, les résultats obtenus seraient-ils aussi précis? Il est au moins permis d'en douter. Toujours est-il que nous sommes en présence d'un travail considérable. Ces tableaux graphiques si clairs, et qu'on aurait peut-être rendus plus expressifs encore si l'on etit adopté une échelle des hauteurs plus grande que celle des largeurs, sont fort estimés par les statisticiens de profession; on les consultera souvent avec fruit. ( 82 ) Rapport de M. de Joxqcières surl'Ou^^rage inlilidé : « Statistique médicale de la Flotte », par les B" Vidceut, médecin en chef de la Marine, eL Burot, mé- decin principal de la Marine. Pour répondre à un vœu souvent exprimé à l'Académie de Médecine et devant le Conseil supérieur de Statistique, MM. Vixcext et Burot, ainsi qu'ils le disent au début de leur Mémoire, « ont cherché à connaître exac- tement les pertes qui frappent, chaque année, les marins liés au service de l'État ». Un travail analogue de statistique a déjà été dressé pour l'armée de terre. Celui qui concerne le personnel naval, plus mouvant et disséminé sur tous les points du globe, n'a point encore été liùt, sans doute parce qu'il présente de bien plus grandes difficultés dans les recherches. Néan- moins, en puisant dans les archives des Dépôts pour les « engagés volon- taires », et dans les matricules des questions maritimes pour les « inscrits », nos deux officiers supérieurs du Corps médical delà Marine sont parvenus à se procurer des résultats aussi précis que ceux fournis par la statistique médicale de l'armée. Ces résultats sont exposés dans une brochure de 24 pages, présentée par les auteurs à l'Académie des Sciences, pour concourir au prix Montyon de Statistique de l'année 1897. Ils se rapportent aux cinq années 1891 à 1896, et signalent : Pour les engagés volontaires, dont le nombre s'est élevé à 55 000 durant cette période, une moyenne annuelle de 10, 3 pour 1000, dans les décès; Pour les inscrits marilimes, dont le nombre a été de i433i6 pendant le même temps, une moyenne annuelle de 11,72. Deux Tableaux (p. 4 et 9) établissent la répartition, par dépôts et zones de provenance, de la mortalité dans ces deux catégories respectives. Nos auteurs font suivre ces chiffres d'une comparaison entre les marines française, anglaise, italienne et allemande. Les proportions des décès causés, dans la marine française, par les dif- férentes maladies, sont établies dans les pages 11 à i5. Le chiffre le plus élevé, 258 pour looo, est dû à la tuberculose ; puis, dans l'ordre décrois- sant : aux endémies des pays chauds, à la fièvre typhoïde, aux noyades et disparitions à la mer, aux accidents et morts violentes, aux suicides; enfm ( 83 ) l'ensemble des autres maladies, internes et externes, fournit un contingent de 25i pour looo décès. Un Tableau (p. i5) fait connaître, par groupes généraux, les lieux oi'i les décès sont survenus, et un autre Tableau (p. i6 et 17) la répartition de ceux-ci scion les âges. On y voit notamment que la mortalité la plus forte pour les marins a lieu de 9,0 à 22 ans; c'est ce qui se présente aussi dans l'armée de terre. Classés par professions (p. 18), les décès fournissent les intéressantes indications qui suivent : les hommes sans spécialité, apprentis marins et hommes de pont, en comptent plus que les autres. Parmi ceux pourvus d'une spécialité, les plus éprouvés, surtout par la tuberculose, sont les mé- caniciens. Les fusiliers, les canonniers et les gabiers le sont moins, et à peu près également entre eux. Les fourriers, les agents des vivres (qui vont plus souvent à terre), les chauffeurs et les infirmiers payent à la mer un tribu plus élevé que les fusiliers, les canonniers et les gabiers. Les décès n'ont pas occupé exclusivement les recherches des auteurs du Mémoire. Les causes des réformes font l'objet d'un paragraphe (p. 19 et 20). Enfin des Tables (p. 21 à 24) font connaître quelle est la mortalité parmi les officiers des divers corps de la Marine. Si l'on ne considère que la moyenne générale, elle est de 1 1 pour 1000, c'est-à-dire à peu près la même que celle des équipages proprement dits (matelots, quartier-maîtres et sous-officiers); si l'on entre dans le détail, cette moyenne est comparati- vement plus forte dans le corps des médecins et des pharmaciens, sans doute à cause du séjour qu'ils font parfois, à terre, dans les colonies. Comme on le voit par ce rapide exposé, l'étude consciencieuse et très laborieuse de MM. Vincent et Burot embrasse tous les points qui inté- ressent la statistique des décès et de leurs causes dans l'armée navale, et si le travail qu'ils présentent à l'Académie se trouve condensé dans un assez petit nombre de pages, c'est parce qu'ils n'y ont consigné que des résultats, à l'exclusion des pièces justificatives, extrêmement nombreuses, qui eussent rempli des volumes, sans en accroître le profit. La Commission, pénétrée de l'importance de ces recherches, souvent difficiles, et de l'utilité des renseignements qu'elles fournissent pour les progrès de l'hygiène navale, souhaitant d'ailleurs qu'elles soient continuées dans le même esprit et avec une méthoiJe aussi sûre, décerne à ses auteurs : MM. "Vincent, médecin en chef de la Marine, et Burot, médecin principal de la Marine, un prix Montyon de Statistique pour l'année 1897. ( 84 ) Rapport de M. Brodardel sur le travail de M. le C Lepage, intitulé: « Fonctionnement de la maison d' accouchements Baudelocque ». M. le D'' Lepage a soumis à l'Académie sept fascicules présentant l'histoire du fonctionnement de la m'^iison d'accouchements Baudelocque (^Clinique de la Faculté), dirigée par M. le Professeur Adolphe Pinard (années 1889-1890, 1891, 1892, 1893, 1894, 1895, i8g6). Chacun de ces sept comptes rendus analytiques et synthétiques forme un Volume de cent pages environ. Il comprend le résumé de toutes les ob- servations de l'année : les plus importantes sont rapportées in extenso. Voici comment sont cataloguées les différentes observations: Première partie. — Femmes qui ont avorté. Deuxième partie. — Femmes qui ont accouché spontanément d'enfants se présentant par le sommet, avec la subdivision en : a. Femmes ayant le bassin normal. h. Femmes ayant le bassin rétréci. Troisième partie. — Elle comprend les femmes chez lesquelles le fœtus s'est présenté autrement que par le sommet, c'est-à-dire les présentations du siège, de la face et de l'épaule. Quatrième partie. — Elle contient toutes les opérations, c'est-à-dire forceps, A'ersions, accouchements provoqués, symphyséotomies, basiotrip- sies, délivrances artificielles, etc. A la fin de cette partie un Tableau réca- pitulatif fait connaître le nombre et la nature de toutes les opérations qui ont été pratiquées dans l'année. Cinquième partie. — Dans la cinquième partie se trouvent résumées les observations : 1° Des femmes ayant une grossesse gémellaire ; 2° Des femmes dont les fœtus sont morts pendant la grossesse ; 3" De celles dont les fn>tiis présentent des malformations plus ou moins marquées. Sixième partie. — Dans cette partie sont réunies les observations des femmes ayant eu des accès éclamptiques ou ayant présenté des hémorra- gies liées à l'insertion du placenta sur le segment inférieur de l'utérus. Septième partie.- - Toutes les observations des femmes ayant succombé dans l'année y sont relatées in extenso avec le tracé thermométrique et les résultats de l'autopsie. Il est ainsi facile an lecteur de contrùicr la manière (85) dont sont interprétées ces observations au point de vue de la statistique de mortalité maternelle. A la fin de chaque fascicule se trouvent deux Tableaux récapitulatifs : l'un pour les femmes, sur lequel on peut constater la mortalité intégrale et la morbidité; l'autre pour les fœtus, dans lequel sont indiqués le nombre d'enfants nés et sortis vivants, le nombre d'enfants morts pendant la gros- sesse, le nombre d'enfants morts pendant le travail ou après la naissance. Cette statistique détaillée porte sur un total de ii i3i accouchements observés dans le service de M. le Professeur Pinard, à la Clinique Baude- locque. Il est facile de comprendre qu'une statistique ainsi détaillée, reposant sur des faits aussi nombreux, observés dans les mômes conditions par une même personne, fournit une base d'appréciation solide pour la plupart des questions qui intéressent l'accoucheur. Ce travail comble une lacune de la littérature obstétricale. Les statis- tiques antérieures, faites en additionnant les résultats consignés par des observateurs divers, réunissaient des faits dis|)arates, les conclusions en étaient donc très contestables. Rapport de M. de Freyci.\et sur le travail de M. le D' Baudran, intitulé : « De l'habitation dans le département de l'Oise ». M. Baudran, à qui l'Académie a déjà accordé, l'année dernière, une Mention honorable à raison de son travail sur l'assainissement dans le dé- partement de l'Oise, a adressé, cette année, pour le concours du prix Montyou (Statistique), un nouveau Mémoire qui mérite également de re- tenir l'attention de l'Académie. Ce nouveau Mémoire a pour objet essentiel l'étude de l'influence que l'habitation exerce sur la santé. M. Baudran s'est attaché à décrire avec une grande précision, pour un certain nombre de cantons du département, les conditions dans lesquelles sont établies les habitations de la population ru- rale. Tl fait ressortir ce que ces conditions ont trop souvent de contraire aux règles d'une hygiène bien entendue. On peut regretter qu'il n'en déduise pas des conclusions plus générales et que ses observations restent contenues dans un cadre un peu étroit. On est également conduit à formuler quelques réserves sur sa manière de grouper les faits et sur le sens donné par lui à certaines définitions. Néanmoins le travail de M. Iîaudran con- C. K., 189S, 1" Semestre. (T. CXXVI, N° 2) 12 ( 86 ) serve une réelle valeur et dénote chez son auteur un goût de recherches qui mérite d'être encouragé. A ce litre nous croyons devoir proposera l'Académie un rappel de la Mention honorable déjà accordée. CHIMIE. PRIX LA GAZE. (Commissaires: MM. Friedel, Troost, Gautier, Grimaux, Berthelot, Schlœsing, Hautefeuille; Moissan, rapporteur.) M. Paul Sabatier, professeur à l'Université de Toulouse, a publié en Chimie minérale d'intéressantes recherches. Dans une étude d'ensemble sur les sulfures alcalins et alcalino-terreux, il a su joindre, à d'élégantes méthodes de préparation, l'élude thermo- chimique des composés qu'il avait préparés. Il a étendu ensuite ses re- cherches aux sulfures de bore et de silicium. A côté du sulfure silicique de Fremy, il a constaté la formation, à haute température, d'un sous-sulfure jaune qui se détruit à une température plus basse, en produisant un trans- port de silicium cristallisé comparable à celui qui a été obtenu par nos Confrères, MM. Troost et Hautefeuille, dans leurs recherches sur les chlo- rures de silicium. A ce groupe de travaux se rattache l'étude d'un persulfure d'hydrogène, que M. Sabalier a obtenu par distillation sous pression ré- duite. La composition de ce liquide se rapproche de celle du bisulfure qui n'a pas été isolé jusqu'ici. Enfin, ces travaux ont été complétés par l'étude de la préparation des séléniures de bore et de silicium. Dans un autre ordre d'idées, poursuivant les recherches de M. Berthelot puis celles de M. Ditte sur les chlorhydrates de chlorures, M. Sabatier a défini la loi thermique qui régit la stabilité relative des hydrates de chlo- rures métalliques. Il a isolé le chlorhydrate ferrique et un chlorhy-drate cuprique rouge, bien cristallisé. Le bromure cuprique affecte, selon les conditions de sa dissolution, dés colorations différentes qui varient du bleu au vert, puis au brun, et peuvent atteindre une couleur pourpre quand ( 87 ) la liqueur contient rie l'acide bromhyrlrique. Par l'observation comparée de spectres d'absorption M. Sabatier a pu établir l'existence d'un bromhy- drate pourpre dont il a étudié la préparation. En étendant ces recherches, M. Sabatier a repris l'étude de l'acide nitro- sodisulfonique bleu; il a établi que cet acide pouvait être préparé en solu- tion sulfurique ainsi que son sel cuprique bleu et son sel ferrique rose. C'est ce dernier composé qui se produit dans la réaction, bien connue, par laquelle on caractérise les nitrates au moyen du sulfate ferreux en solution sulfurique. Nous ne rappellerons que pour mémoire les recherches de M. Sabatier sur les solutions d'acide métaphosphorique. Dans cette étude, il a pu dé- montrer que la vitesse de réaction est, à chaque instant, proportionnelle à la dose de matières transformables; qu'elle est fonction exponentielle de la température et qu'elle varie proportionnellement à la concentration. Nous ne dirons qu'un mot aussi de ses recherches sur l'action de l'acétylène sur l'oxyde de nickel, qui l'on conduit à une ingénieuse préparation de l'éthane. Nous tenons cependant à citer encore l'étude physique des spectres d'absorption des chromâtes alcalins, qui ont conduit M. Subatier à établir la loi du partage d'une base entre deux acides, dans le cas particulier de la seconde basicité de l'acide chromique, ainsi que ses recherches impor- tantes sur l'étude générale de l'action des oxydes insolubles sur les disso- lutions salines. Mais nous croyons devoir nous arrêter plus longuement sur les recherches de M. Sabatier (publiées en collaboration avec M. Senderens) sur les mé- taux nitrés. Les combinaisons oxygénées de l'azote, telles que l'oxyde azoteux, l'oxyde azotique et le peroxyde d'azote, ont été l'objet de nom- breuses recherches de la part de ces deux savants. Ils ont établi quelle était l'action de ces différents corps gazeux sur les oxydes et sur les métaux. Ils ont montré que la réduction lente par le fer et le zinc humides, bien connue pour l'acide azotique, s'exerce aussi surl'oxydeazoteux. Le peroxyde d'azote en particulier leur a donné des résultats très intéressants ; le cuivre, le nickel et le cobalt récemment réduits peuvent fixer la vapeur nitreuse pour produire de nouveaux et curieux composés d'addition, décomposables par l'eau, auxquels ils ont donné le nom de métaux niirés. Ces recherches ont été publiées dans l'espace de dix-sept années et d'une façon ininterrompue; elles présentent une importance telle que votre Commission a été heureuse de les récompenser, en accordant à M. Paul Sabatier le prix La Caze (Chimie) pour l'année 1897. (88 ) PRIX JECKER. (Commissaires : MM. Friedel, Troost, Gautier, Moissan, Dilte; Grimaux, rapporteur.) La Section de Chimie a décerné, à l'unanimité et sans discussion, le prix Jecker à M. Haller, Professeur à la Faculté des Sciences de Nancy. Ce savant, qui depuis plus de vingt années s'est fait connaître par des recherches aussi remarquables par la précision que par l'originalité, est justement apprécie de l'Académie; il y a six ans en effet qu'elle a décerné à M. Haller le titre de Correspondant; aussi votre Rapporteur n'aura-l-il qu'à rappeler brièvement l'œuvre de notre Confrère. M. Haller a commencé par porter son attention sur un sujet difficile, qui avait occupé déjà un grand nombre de chimistes, et dans lequel il a apporté des lumières nouvelles : l'étude du camphre et de ses dérivés. Il a d'abord fait voir, dans un travail considérable, que les camphres de diverses origines, naturels ou artificiels, sont identiques au point de vue chimique, et ne diffèrent que par leur pouvoir rotatoire, le nombre des isomères optiques correspondant au nombre prévu par les conceptions de la théorie stéréochimique de MM. Le Bel et Vau t' Hoff ; la même consta- tation a été faite pour les bornéols. M. Haller a abordé ensuite l'étude de la constitution du camphre, qui n'est pas encore établie d'une façon certaine, et, dans cette série d'expé- riences, a décrit un grand nombre d'espèces chimiques nouvelles. Entre autres dérivés, il a fait connaître le camphre iodé et le camphre cyané; il a montré l'importance de ce dernier, qui lui a fourni de nombreux dérivés, comme l'acide homocamphorique, dont le sel de plomb peut se dédoubler par la chaleur en régénérant le camphre kii-niême. Un examen attentif des dédoublements de cet acide a amené ^L Haller à établir la constitution de l'acide camphorique, à en faire connaître des transformations nouvelles, qui permeltent de le ramener à l'état du camphre, d'où il provient par oxydation. De cet ensemble de recherches, il ressort que l'acide camphorique est un acide dicarboxylé, que, dans sa production, le noyau caractéristique du camphre n'est pas modifié, et enfin que la synthèse de celui-ci est ramenée à la synthèse de l'acide camphorique lui-même. Tout cet ensemble de recherches sur le camphre est considérable, et ce que j'en viens de dire ( 89 ) ne peut donner qu'une foible idée du labeur et de l'ingéniosité qu'il a exiarés. Une autre série importante d'expériences a trait à l'étude des dérivés cyanés de la série grasse. M. Haller a montré, d'une façon indid^itable, que, par l'accumulation des radicaux négatifs dans le groupe méthane, la molécule prend les caractères d'un véritable acide, décomposant les car- bonates, et donnant des dérivés métalliques, bien qu'elle ne renferme pas le groupe carboxyle, regardé jusqu'alors comme caractéristique des acides. Non seulement M. Haller a préparé toute une série de corps d'une fonction nouvelle, se dédoublant en acide carbonique et acétones cyanées, mais encore, et dans son laboratoire sous sa direction, ses élèves ont étendu cet ordre de recherches. M. Haller s'est aussi occupé des matières colorantes du goudron de houille, qui sont l'objet d'industries importantes et dont la base se trouve dans les données de la Science pure; il a jugé, avec raison, que l'étude de ces corps était trop négligée en France, où les hommes de Science pure avaient -dédaigné ces questions parce qu'elles touchaient à l'industrie; c'est justement dans les pays étrangers que les savants, depuis Hofmann, ont uni leurs efforts à ceux des industriels, et il en est résulté que la fiibri- cation des couleurs d'aniline y a pris un développement immense aux dépens des intérêts de notre pays. Dans cet ordre d'idées, M. Haller s'est occupé des corps du groupe des phtaléines, des dérivés colorés du chlorure de phtalyle; ces recherches sont encore en cours d'exécution. Bien d'autres travaux importants sont dus à M. Haller, entre autres la découverte des anhydrides-éthers, corps de fonctions nouvelles, obtenus dans l'action des acides carboxylés sur l'isocyanate de phényle, la synthèse de l'acide citrique, le procédé de purification de la benzine par le chlorure d'aluminium, etc. En dehors des découvertes de laboratoire, M. Haller a rendu à la Science chimique des services de premier ordre, par ses efforts heureux pour en développer l'enseignement en France; c'est à lui qu'appartient la création de l'Institut de Chimie de Nancy, Institut qui compte aujourd'hui plus de soixante-dix élèves se destinant à l'industrie, et dont l'instruction technique permettra de maintenir notre situation industrielle à la hauteur de celle de l'étranger, par qui notre pays était eu voie d'être distancé. En attirant en même temps l'attention de nos fabricants sur les progrès réalisés dans d'autres pays, il leur a indiqué les moyens de mettre noire fabrication en (90 ) état de lutter avec avantage avec la production étrangère. C'est là une œuvre de patriotisme digne de toutes les sympathies, et que M. Haller poursuit avec persévérance en s'efforçant de doter l'Institut de Nancy d'un laboratoire d'Electrochimie, science dont l'enseignement n'existe pas chez nous, et d'un laboratoire de teinture et d'impression. M. Haller est un maître qui a formé des élèves; il a donné à l'Université de Nancy une personnalité au point de vue chimique et a montré comment la décentralisation scientifique peut être féconde. Tant de titres sont plus que suffisants pour expliquer le vote de la Sec- tion de Chimie. MINERALOGIE ET GEOLOGIE. GRAND PRIX DES SCIENCES PHYSIQUES. (Commissaires : MM. de Lacaze-Duthiers, Mil ne-Edwards, Fouqué, Gaudry ; Gaston Bonnier, rapporteur.) M. Joseph Yallot a entrepris depuis i885 plusieurs séries de recherches sur la météorologie et la géologie des plus hauts sommets des Alpes et des Pyrénées, ainsi que sur les conditions de la vie animale et végétale dans les hautes altitudes. En 1890, M. J. Vallot a construit, à ses frais, un observatoire près du sommet du mont Blanc; de nombreuses expériences et observations y ont été faites par lui et par divers savants. Dans une première série d'observations, M. J. Vallot s'occupe de la mé- téorologie des montagnes. Signalons parmi ces travaux : Une étude comparée du baromètre de Fortin et des baromètres métal- liques, d'où il résulte qu'on peut exécuter avec ces derniers instruments les corrections nécessaires pour obtenir des observations utiles; Des recherches sur la variation de la température, de la pression et de la vapeur d'eau, montrant que l'oscillation diurne de température diminue à mesure qu'on s'élève, que le maximum et le minimum de l'état hygromé- trique de l'air se produisent d'autant plus tôt qu'on est à une plus grande ( 91 ) ailitude, enfin qu'au mont Blanc il n'y a plus qu'un maximum et un mini- mum de pression barométrique par jour, au lieu de deux ; Une étude des tempêtes au mont Blanc, où l'auteur fait voir que les courbes barométriques aux grandes altitudes ne présentent pas les crochets d'orages bien connus, mais des séries d'oscillations verticales ; Enfin diverses expériences d'actinométrie qui ont permis de déterminer avec plus d'exactitude la constante solaire. Une autre série des recherches de M. J. Vallot est relative à l'étude des glaciers. Plusieurs de ces recherches ont trait aux variations d'étendue qu'ont présentées les glaciers des Pyrénées depuis un siècle, à d'ancietmcs forêts envahies par les glaciers, aux causes de la catastrophe de Saint- Gervais, mais les résultats les plus importants acquis par M. J. Vallot se rapportent à la marche des glaciers. L'auteur montre qu'aux grandes alti- tudes l'accroissement du grain du glacier ne peut s'effectuer que par pres- sion mécanique et sans fusion de la neige. Des études expérimentales faites méthodiquement par l'auteur depuis 1891, sur le mouvement de la Mer de Glace, il résulte que la vitesse du glacier n'est pas d'autant plus rapide qu'on s'approche de l'extrémité inférieure, comme l'avait cru Tyndall; cette vitesse n'est pas plus rapide en été qu'en hiver. L'auteur conclut de ses observations que la théorie de la progression des glaciers par regel n'est pas exacte; la marche des glaciers est causée par la pesanteur et non par les influences calorifiques. Tout en poursuivant les études précédentes l'auteur a entrepris l'explo- ration géologique complète du massif du mont Blanc. Le travail a exigé un très grand nombre d'excursions pénibles et dangereuses. Ces excursions ne pouvaient être exécutées que par un alpiniste consommé comme M. J. Vallot qui est allé observer les roches et récolter des échantillons sur les points les plus différents de la chaîne, même en bien des endroits qui étaient en apparence inabordables. Le résultat de ces courses alpines a une importance considérable. En effet, par ses études précises et méthodique- ment conduites, M. J. Vallot a démontré que le système en éventail n'existe pas. Le mont Blanc est constitué par une série de plis parallèles dont les synclinaux sont formés de schistes et les antichnaux de proto- gme. En terminant ce Rapport il est impossible de passer sous silence les pu- blications de l'auteur sur les végétaux des hauts sommets et surtout ses expériences relatives à la physiologie de l'homme dans les hautes altitudes. Il résulte de ces dernières études que la température du corps ne subit ( 9^ ) aucun abaissement, même au sommet du mont lîlanc, que les poumons s'adaptent à la raréfaction de l'air et que les battements du cœiu" ne dimi- nuent pas d'intensité. L'ensemble des belles recherches de M. Joseph A^iLLOT, avant donné des résultats de premier ordre dans diverses branches de la Science, constitue une œuvre à laquelle la Commission décerne à l'unanimité le grand prix des Sciences physiques. PRIX BORDIN. (Commissaires: MM. Grandidier, Van Tieghem, Fouqué, Cornu; Mi Ine-Edwards, ra pporte u r . ) Le prix Bordin est donné à M. G. Prcvot, professeur à la Faculté des Sciences de Grenoble et sous-directeur du laboratoire Arago, pour ses tra- vaux sur les fonds et la faune du golfe du Lion et de l'entrée de la Manche. Depuis plusieurs années M. Pruvot a été chargé, par notre savant Con- frère M. de Lacaze-Duthiers, d'explorer méthodiquement les eaux qui s'étendent au large de Banyuls; de déterminer les principales stations ani- males, les profondeurs qu'elles atteignent et les conditions d'existence des espèces qui y vivent. Deux campagnes, d'août à octobre iSgS et de mars à avril 1894, ont été consacrées à ce travail; elles ont permi d'établir la carte des fonds, qui fut publiée dans \es, Annales hydrographiques du Ministère de la Marine; de faire connaître l'origine, la succession et la nature des dépôts qui ont constitué la portion occidentale du golfe du Lion et du golfe de Rosas en Espagne, et de relever les stations biologiques les mieux caractérisées, avec l'énumération des formes animales les plus abondantes et les plus remarquables qui s'y rencontrent. Enfin, en dehors des recherches de Zoologie pure, M. Pruvot s'est préoc- cupé de l'étude des agents physiques: température, densité, transparence des eaux, courants, et de leur action sur la vie marine. Son but n'est pas seulement de réunir des observations éparses plus ou moins nombreuses maisdes séries d'observations régulières et continues, en des points toujours les mêmes, poursuivies pendant un temps assez long pour établir les va- riations périodiques, saisonnières ou autres, et pour en dégager les conclu- sions générales. On comprend qu'il faut pour cela un matériel spécial et coûteux d'in- struments de précision qui n'a pu encore être installé au complet au labo- ( 9'^ ) ratoire; M. Pruvot a cependant commencé à prendre des séries de lempéra- tures depuis la surface jusqu'au fond, d'une part dans les points le plus spé- cialement fréquentés pour les dragages, et d'autre part journellement à l'entrée de la baie de Banyuls; mais elles ne portent pas encore sur une durée assez longue et elles seront ultérieurement publiées. Ces recherches, commencées il y a plus de quatre ans, ont été poursui- vies avec une grande persévérance, et elles ont déjà donné des résultats considérables. Aussi la Commission n'a-t-elle pas hésité à attribuer le prix Bordin à M. Pruvot. PRIX DELESSE. (Commissaires : MM. Fouqué, Gaudrv, Hautefeuille, Michel Lévy; Marcel Bertrand, rapporteur.). M. Œhlert est en France le meilleur connaisseur de nos faunes paléo- zoïques. Ses Mémoires paléontologiques ont rendu classique le Dévonien de la Mayenne. Ses recherches stratigraphiques, toujours longuement mûries et soumises à une critique sévère, ont fixé d'une manière définitive la solution de la plupart des questions abordées; il suffit de rappeler ses Notes sur les failles de Montsurs, sur la série des Coëvrons, sur l'âge du calcaire d'Erbrav, et sur l'histoire des mouvements delà mer dans le bassin de Laval. Ces travaux, quoique presque exclusivement consacrés au dépar- tement de la Mayenne, dépassent la portée d'une étude locale; ils forment, avec ceux de M. Barrois, la base la plus solide de nos connaissances sur le massif armoricain. La Commission propose de décerner le prix Delesse à M. OEllLERT. BOTANIQUE. PRIX DESMAZIÈRES. (Commissaires: MM. Chatin, Van Tieghem, Bornet, Guignard; Gaston Bonnier, rapporteur.) M. Jacob Eriksson, Professeur de Botanique à l'Académie royale d'Agri culture de Suède, déjà connu dans la Science par ses beaux travaux d'Anato C. R., 1898, I" Semestre. (T. CXXVI, N° 2.) ï3 ( 9^ ) mie, a envoyé à l'Académie une série de Mémoires importants sur la rouille des Céréales. M. Eriksson a réussi à cultiver les diverses espèces de Céréales à l'abri de toute contamination extérieure, depuis la germination jusqu'à la maturité des grains, et a perfectionné, d'autre part, les procédés d'inocu- lation. Il a institué dans ce but des expériences méthodiques, établies dans un laboratoire spécial et où toutes les garanties ont été prises pour assurer l'exactitude des résultats. D'autre part, le savant suédois a fait une étutle approfondie des différentes espèces et variétés de rouille. Avant ses recherches on n'avait décrit que trois espèces attaquant les Céréales; M. Eriksson est arrivé à distinguer dix formes différentes de rouille pou- vant se développer sur ces plantes, sans compter vingt autres formes qui attaquent les Graminées fourragères ou sauvages. Les formes distinguées par l'auteur sont déterminées par le nombre limité de Graminées sur les- quelles elles peuvent être inoculées expérimentalement. Ce sont, pour ainsi dire, des formes biologiques, peu différentes les unes des autres par la morphologie, mais très importantes k considérer au point de vue pra- tique. Ces diverses variétés de rouille passent rarement d'une sorte de Céréale à une autre, même par l'intermédiaire de l'écidiospore, et par des expériences nombreuses et bien conduites M. Eriksson s'est assuré que la propagation de la rouille d'une plante à l'autre, soit entre la plante à éci- diospore et celle à urédospore, soit même entre les Graminées qui peuvent porter la même forme spéciale de rouille, est très peu importante. Dans une autre série de recherches, M. Eriksson fait voir que la faculté germinative des urédospores et des écidiospores est souvent très faible, au moins très variable. Il a démontré qu'en beaucoup de cas cette faculté germinative était comme réveillée par le froid, après un séjour prolongé dans de la glace. Ea faculté germinative des téleutospores dure pendant un temps relativement court ; elle ne subsiste que jusqu'au printemps suivant. Il en résulte que les pailles qui ont plus d'un an n'ont aucun effet dans la propagation de la maladie. Enfin, M. Eriksson aborde, dans d'autres IMémoires, une question d'un e;rand intérêt: c'est celle qui est relative à la persistance de la maladie par l'intermédiaire des grains des Céréales eux-mêmes. Certaines observations ayant fait soupçonner à l'auteur que les grains des Céréales pouvaient con- tenir le germe primordial de la maladie, il a établi des cultures stérilisées, complètes depuis la germination jusqu'à la production de nouveaux grains mûrs. M. Eriksson a ainsi constaté, par des expériences précises et maintes fois répétées, que la rouille peut se transmettre et se propager par les (95 ) grains des Céréales. Ces expériences permettent de comprendre la perma- nence de la rouille dans des régions où la forme écidiale est inconnue. Quant à l'hypothèse proposée par l'auteur pour expliquer cette trans- mission, et relative à un état plasmodique du Champignon dans les grains, il y a lieu de faire quelques réserves puisque l'auteur en a démontré l'exis- tence sans en déceler la forme; mais il faut dire que, uiême si cette hypo- thèse n'était pas fondée, cela n'infirmerait en rien les expériences démons- tratives et très probantes du savant suédois. En somme, l'ensemble des travaux de M. Eriksson met en évidence des faits de la plus haute importance, relatifs au mode dévie et à la propagation des nombreuses formes de rouille qui attaquent les Graminées cultivées, ainsi qu'aux applications pratiques qu'on peut en déduire pour l'Agricul- ture. En conséquence, la Commission décide à l'unanimité d'accorder le prix Desmazières à M. Jacob Eriksson. PRIX MONTAGNE. (Commissaires : MM. Van Tieghem, Bornet, Chatin, Bonnier; Guignard, rapporteur.) M. BouRQUELOT, Professeur à l'Ecole supérieure de Pharmacie de Paris, a publié dans ces dernières années une longue série de travaux sur la physiologie des Champignons. Il s'est attaché d'abord à faire connaître les principes sucres contenus dans ces végétaux et en a recherché la nature, l'origine, le siège et les traiisformations; il a fait ensuite une étude spé- ciale des ferments solubles ou diastases qu'on y rencontre. I. Les sucres isolés et caractérisés par M. Bourquelot sont le Iréhalose, la mannite, la volémite et le glucose. Avant ses observations, on pensait généralement que le tréhalose, découvert par M. Berthelot dans le Iréhala, et trouvé plus tard par M. Mûntz dans les Champignons, n'existait qu'exceptionnellement chez ces végétaux. L'analyse de 212 espèces de Champignons, appartenant à 5j genres ou sous-genres différents, compris pour la plupart dans le groupe des Basidiomycètes, a permis à M. Bourquelot d'en démontrer l'existence dans 142 espèces, parmi lesquelles plusieurs avaient été aupa- ravant l'objet de recherches infructueuses. (1)6 ) Ce résultat est dû en partie au perfectionnement des méthodes d'ana- lyse, mais siu'tout aux remarques suivantes de l'iiuteur : 1° Le Irélialose disparaît rapidement dans les Champignons récoltés, qu'on les examine à l'état frais ou qu'on les dessèche préalablement à basse température; il est remplacé par de la mannite ou du glucose. 2" Il n'apparaît qu'au moment où les Champignons commencent à for- mer leurs spores et il disparaît peu à peu pendant la maturation de ces dernières. 3° Il se forme et s'accumule, chez les grands Champignons, dans le tissu plus spécialement végétatif du pied et non dans l'hyménophore. Au cours de ses recherches, M. Bourquelot a découvert dans l'une des espèces qu'il étudiait, le Lactarius volemus, un sucre nouveau, la volémite, qui est un homologue supérieur de la mannite et que M. Em. Fischer a classé parmi les heptites. On ne connaissait jusqu'alors qu'une seule hep- tile naturelle, la perséite; la volémite se trouve être la seconde. II. L'étude des transformations des principes sucrés a conduit M. Bour- quelot à découvrir chez les Champignons des ferments solubles ou diastases dont on n'avait pas auparavant soupçonné la présence dans ces végétaux. Telles sont d'abord la tréhalase, encore inconnue, qui dédouble le Iréhalose en deux molécules de dextrose; puis la maltase, qui dédouble le maltose également en deux molécules de dextrose; Vcmulsine, capable d'hydrolyser un grand nombre de glucosides; Vinulase, sécrétée par certaines moisissures et susceptible d'hydrolyser l'inuline et d'en faire un aliment assimilable. Remarquons, à ce propos, qu'en recherchant si certaines plantes phané- rogames, en apparence dépourvues de chlorophylle, telles que le Mono- tropa Hypopitys, ne renfermeraient pas aussi quelques-uns des principes immédiats observés chez les Champignons, jM. Bourquelot a trouvé dans celte plante un autre ferment spécial, la gauhhcrase, qui dédouble le glu- coside de l'éther méthylsalicylique en mettant cet élher en liberté. Portant ensuite ses investigations sur les matières oxydantes des Cham- pignons, matières dont quelques-unes peuvent être, en raison de leur mode d'action, considérées comme des ferments solubles, il a montré, soit seul, soit en collaboration, que toutes les colorations spontanées qu'on observe quand on brise certains Champignons sont dues à l'action de ces matières en présence de l'air. Avec M. Bertrand, il a pu retirer, du Russuta nigricans, un chromogène cristallisé, que ce chimiste a ultérieurement iden- tifié avec la lyrosine. Phis tard, avec M. Harlay, il a montré que le chro- ( 97 ) mogène noircissunt du Russula adusla, des Bolclus scaber, versipeltis elauran- tiacus, est aussi de la tyrosine. Enfin, il a établi que les ferments oxydants des Champignons sont capables de déterminer l'oxydation d'un grand nombre de composés phénoliques : phénols, éthers de phénols, aminés aromatiques. Quelques observations curieuses semblent également montrer que les colorations si diverses du chapeau des Champignons sont dues à Taction de ces mêmes ferments sur des chromogènes particuliers. Tels sont les résultais les plus saillants obtenus par M. Bourquelot dans ses belles recherches. On pourrait signaler encore, dans les nombreux Mémoires qu'il a publiés depuis bientôt dix ans sur les Champignons, beau- coup d'autres faits d'un haut intérêt, non seulement pour la physiologie de ces végétaux, mais aussi pour la Biologie générale. Parla nature de ses travaux antérieurs, par ses connaissances en Chimie analytique et en My- cologie, il était bien préparé pour aborder ces questions délicates; on peut dire qu'il les a traitées avec une remarquable habileté. Aussi la Section de Botanique est-elle unanime à décerner à M. Bouii- QUELOT le prix Montagne pour i 897. PRIX THORE. (Commissaires : MM. Van Tieghera, Chatin, Guignard; Blanchard et Bornet, rapporteurs.) La Commission du prix Thore partage le prix entre M. Louis Bordas et M. SAPPix-TnouFFv. M. Bordas, auquel on doit de nombreuses recherches sur l'anatomie des Insectes, s'est occupé en ces derniers temps des glandes à venin des In- sectes hyménoptères. Dans un travail fort intéressant: Description anato- mique et étude histologique des glandes à venin des Insectes hyménoptères, il a constaté que ces organes existent, avec des variations morphologiques plus ou moins accentuées, dans toutes les familles de cet ordre. Une étude histologique a été faite avec soin au sujet de chacune de ces glandes. M. Bordas a aussi décrit l'aiguillon venimeux chez quatre espèces d'Hyménoptères et il a montré que cet appareil, malgré certaines modifi- cations apparentes, peut se ramener à un type unique. Il a également vé- rifié, à l'aide d'expériences chimiques fort bien faites, que le venindes Hy- ménoptères est un composé de deux liquides, l'un acide, l'autre alcalin, ( 9« ) sécrélés par deux glandes différentes, et qu'il est d'autant plus venimeux que la glande alcaline est moins développée. Il résulte de l'étude de M. Bor- das que tous les Hyménoptères(Porte-aiguillon et Térébrants) sontpourvus d'un ap[)areil venimeux, plus ou moins dé\'eloppé, mais comprenant toujours deux et quelquefois trois sortes de glandes : la glande acide, la glande alca- line ou de Dufour et parfois une glande venimeuse accessoire. Au |5oint de vue histologique, les glandes à venin comprennent: i° une membrane externe, très mince; i" un épithélium glandulaire formé par une ou plusieurs assises de cellules; 3" une membrane chilineuse interne généralement plissée. M. Bordas consacre une partie de son Mémoire à l'étude et à la descrip- tion de l'aiguillon chez quatre espèces d'Hyménoptères (Abeille, Guêpe, Poliste et Psammophile). Cet organe, très compliqué, est formé de quatre pièces principales : le gorgeret, les stylets, le fourreau et une lamelle chi- lineuse disposée latéralement. En accordant, en 1894, à M. Sappin-Trouffy un encouragement pour son Mémoire manuscrit sur le développement des Urédinces, la Commission du prix Desmazières avait exprimé le regret que l'auteur n'eût pas donné, sur un point particulièrement délicat et d'observation difficile, les ren- seignements qui, d'après des recherches toutes récentes, semblaient propres à distinguer, d'une manière nette et décisive, la fusion des noyaux reproducteurs et la fusion des noyaux végétatifs. Cette lacune n'existe plus dans le travail définitif imprimé, soumis cette année au jugement de l'Académie. M. Sappin-ïrouffy a repris ses observations, les a poursuivies pemlant deux ans et a réussi à déterminer, d'une manière complète, le rôle du noyau dans le développement des Urédinées. De môme que dans les noyaux sexuels des animaux et des végétaux, il se produit chez ces plantes une réduction du nombre et de la masse des chromosomes, avec cette différence toutefois que le phénomène ne pré- cède pas la fécondation, mais la suit. En effet, le gros noyau formé dans les cellules de la téleutospore, à la fin de la végétation par la fusion des deux noyaux copulateurs, et qui répond, pour l'auteur, au noyau fécondé de Vœuï, renferme une masse de sub- stance chromatique représentant quatre chromosomes. Quand, à la germi- nation, il passe dans le promycélium et s'y divise, la division n'amène pas quatre chromosomes, comme le ferait une division ordinaire, mais seule- (99 ) ment deux, ayant chacun un volume deux fois plus grand que les chro- mosomes des noyaux végétatifs. Une seconde hi-partition suivant immédia- tement la première, les nouveaux chromosomes n'ont plus cpie la moitié du volume des chromosomes de la première génération. Ce sont ces noyaux ainsi réduits et redevenus semblables aux novaux ordinaires de la plante qui passent dans les sporidies. On voit par ce court exposé que M. Bordas et M. Sappin-Trouffy sont vraiment dignes de recevoir un prix de l'Académie ; en conséquence, la Commission décerne à chacun des auteurs la moitié du prix Thore. AIVATOMIE ET ZOOLOGIE. PRIX SAVIGNY. La Commission du prix Savigny a décidé de ne pas décerner le prix celte année. PRIX DA GAMA MACHADO. (Commissaires : MM. Milne-Edwards, Blanchard, Ranvier, de Lacaze- Duthiers; Edmond Perrier, rapporteur.) La généalogie des espèces de Papillons est-elle inscrite sur leurs ailes? Tel est l'intéressant problème que s'est posé M"" la comtesse de Lindkn. Comment un pareil problème a-t-il pu surgir; par quelle voie peut-on espérer en obtenir la solution? C'est ce qu'il nous faut d'abord expliquer pour justifier la décision que la Commission du prix da Gama Machado soumet à la ratifi- cation de l'Académie. Lorsqu'on se place sur le terrain de l'hypothèse de la descendance, trois ordres de phénomènes semblent, dans l'état actuel de nos connaissances, embrasser l'embryogénie tout entière : i° les phénomènes âe patrogome ou de répétition des formes ancestrales dans leur ordre de succession gé- ( 'oo ) néalogique; 2° les phénomènes de tachygonie, ou d'accélération dans le mode déformation des blastomères, des feuillets, des mérides, des organes et des systèmes organiques de l'embryon; 3" les phénomènes A'armozogo- nie ('), ou d'adaptation de l'embryon à des conditions de développement qui lui sont propres, qui sont, par cela même, essentiellement transitoires et différentes des conditions définitives auxquelles sera liée l'existence de l'adulte. Les premiers sont des phénomènes a hérédité pure et simple; les seconds sont dominés par cette faculté, que possède la substance vivante, de reproduire de plus en plus rapidement, quand les conditions sont favo- rables, les modifications qu'elle a subies, faculté que nous avons désignée sous le nom de tachy genèse ( - ) ; les troisièmes représentent la part de varia- bilité personnelle dont les embryons sont susceptibles au cours de leur développement, sans modifier le résultat définitif de leur évolution, varia- bilité qui est due en partie aux façons différentes dont l'embryon use de ses organes et qui rentre, par conséquent, pour cette partie, dans la ciné- togenèse de Cope. Tout travail com|)let d'embryogénie doit tenir compte de ces trois ordres de phénomènes et les mettre respectivement en évi- dence. Mais il est nécessaire pour cela de s'adresser à un grand nombre de types et de les comparer entre eux ; de nombreuses discussions se sont élevées entre les embryogénistes arrivés, sur le même sujet, à des résultats en apparence contradictoires pour n'avoir pas compris que ces résultats n'étaient que des termes plus ou moins éloignés d'une même série et que, loin de se contredire, ils fournissaient les moyens d'établir les lois de trans- formations des phénomènes embryogcniques. Une contradiction de ce genre paraît justement avoir été le point de départ du travail de M'"* de liinden. Contrairement à une opinion très répandue, les êtres vivants n'ont pas évolué en bloc; pas plus que, dans l'espèce humaine, la formation des na- tions policées n'a fait disparaître les formes sociales les plus ruclimentaires la formation d'espèces nouvelles sur divers points du Globe n'a fait dispa- raître les espèces-souches de ces dernières. Il est donc permis, dans un ordre d'Insectes tel que celui des Lépidoptères, où les espèces d'un même genre et souvent d'une même famille présentent manifestement un même type d'ornementation et de coloration, de se demander quelles formes sont les plus voisines des formes originelles, et quelles sont, au contraire, (') Rapport •sur le pri.r Serres [Comptes rendus, 21 déceraljre 1896). {■") Ihid. ( lOI ) les formes les plus récentes et les plus modifiées. Il est clair, d'autre part, que si les phénomènes de patrogonie ont élé conservés, on devra voir, sur l'aile des jeunes papillons encore enfermés dansl'élui de la chrysalide, les dessins et les couleurs des formes ancesLrales apparaître tout d'abord et se modifier ensuite, de manière à reproduire chronologiquement les aspects présentés par les espèces appartenant à la même série généalo- gique. César Schieffer et Van Bemmelen obtinrent en effet, par l'étude du développement du dessin des ailes des Vanesses petite-tortue (V. urticœ) et belle-dame (F. cardui), quelques résultats encourageants; le premier pensait toutefois que les modifications de dessin survenues au cours de la période de chrysalide ne portaient que sur des détails, tandis que le second considérait que le type même du dessin pouvait se modifier. Erich Haase a obtenu, pour les Papilio, des résultats analogues à ceux de Van Bemmelen. PourUrech, au contraire, le dessin apparaîtrait toujours d'emblée, mais les couleurs ne se montreraient que successivement dans l'ordre suivant : blanc, jaune, rouge, brun et noir. La couleur bleue, simplement due à la superposition d'écaillés incolores à un fond noir devait, par cela même, apparaître la dernière. Urech altribue ce développement de ces couleurs à un réchauffement graduel du climat, il a dressé une généalogie des Va- nesses, qui est à peu près l'inverse de celle à laquelle se sont arrêtés les précédents auteurs. Il résulterait de cette manière de voir que les influences extérieures et, avant tout, les influences calorifiques ne seraient pas sans action sur le mode de coloration des ailes des Lépidoptères. En outre, il n'y aurait pas de développement patrogonique du dessin; celui-ci serait essentiellement tachygonique, et le développement patrogonique des couleurs serait lui-même susceptible d'être modifié par les conditions extérieures. On peut s'attendre d'ailleurs à ce que, par tachygénèse, dessin et couleurs prennent d'emblée leurs dispositions définitives. M™* de Linden a courageusement entrepris de démêler ce qu'il y avait de vrai dans ces propositions contradictoires. Elle a étudié, au point de vue spé- cial qui nous occupe, les Papilio podalirius (Flambé) et Machaon, la Thaïs polyxena, les Vanessa levana (Carte géographique) et urticœ. Ses observa- tions donnent raison à Van Bemmelen et à Schœffer contre Urech, en ce qui concerne le développement progressif du dessin des ailes des espèces primitives; mais des phénomènes de tachygonie interviennent chez les C. R., 1898, I" Semestre. (T. CXXVI, N° 2.) l4 ( I02 ) espèces les plus modifiées, et le dessin peut alors apparaître d'emblée comme l'a vu Urech. En ce qui concerne les Papilio, M""^ de Linden se rallie complètement aux propositions énoncées par Eimer (') : 1° La couleur du fond de l'aile et le dessin se développent successive- ment; ce dernier peut masquer presque totalement la coideur du fond ( V. articœ). 2° Le dessin de l'aile postérieure devance généralement celui de l'aile antérieure; le dessin du dessus des ailes, celui du dessous. 3° Les modifications du dessin progressent du bord interne au bord externe (écailles noires des Thaïs et des Vanessa, coloration tardive du bord externe chez les Papilio). 4° Les bandes apparaissent généralement au point de ramification des nervures ou s'étendent le long de leur bord; leur position change avec la forme de l'aile. 5° Les Papilio alehion et glycerion représentent une forme primitive d'où le P. podalirius serait dérivé par la multiplication du nombre des écailles noires, la réunion de plusieurs bandes et la réduction de la bande de parade. Chez le P . podalirius , les bandes situées dans la cellule discoidale devancent toutes les autres; chez le P. Machaon, les bandes sont réunies dès le commencement, réduites à des taches longitudinales et forment finale- ment, quand les nervures portent des écailles noires, un dessin transversal. 6° Le dessin de la Vanessa levana est plus primitif que celui des V. urticœ et yoo/ycA/oro^ (grande tortue). Les bandes de la V. urticœ sont plus courtes et le dessin primitif fait défaut. Si intéressants que soient ces résultats, ils ne reposent encore que sur l'étude d'un bien petit nombre d'espèces; l'auteur n'indique pas pourquoi son choix s'est porté sur les genres qu'il a étudiés plutôt que sur d'autres. Même en se bornant, comme l'a fait M*"* de Linden, aux Papillons de jour, il eiit été nécessaire d'établir entre leurs genres, en se basant sur l'ensemble de leurs caractères, un ordre probable de succession généalo- gique; il était dès lors indiqué de commencer ces études parles genres les plus anciens et les plus simplement colorés, de chercher à déterminer, parmi les genres et parmi les espèces de chaque genre, les formes où la (') Eimer, Die Artbildung und Veniandscliaft der Schmetterlingen, léna, 1896 el 1896. ( io3 ) patrogonie domine dans l'évolution du dessin et de la couleur, de suivre pas à pas dans les autres les effets de la tachygénèse et de préciser ainsi l'ordre de succession des espèces. On pouvait se demander ensuite quelles causes externes ou internes avaient pu amener les modifications chrono- logiquement établies du dessin et de la couleur et aborder ainsi le problème de l'origine de l'ornementation des ailes des Lépidoptères; tout au moins par cette mélhode les données du problème auraient été scientifiquement établies et la solution, par cela même, préparée. Il est vraisemblable que les résultats obtenus dans cette direction sur les Hesperinœ, les Picrinœ, les Apaturinœ, les Melitœa, les Argynnis, etc., n'auraient pas été sans inté- rêt et les Papillons hétérocènes soulèvent des questions autrement variées. La Commission du prix da Gama Machado a donc pensé qu'il convenait de mentionner honorablement les recherches de M™* la comtesse de Lin- DEx, et de l'encourager à les poursuivre en espérant qu'il serait possible de leur accorder prochainement l'une des récompenses dont l'Académie dis- pose. MEDECINE ET CHIRURGIE. PRIX MONTYON. (Commissaires : MM. Marey, Bouchard, Guyon, Chauveau, Brouardel, Lannelongue, d'Arsonval, Duclaux; Potain, rapporteur.) M. le D' Gaucher a présenté, pour concourir à ce prix, deux Ouvrages également importants. Le premier est nn Travail sur la pathogénie des néphrites. Il y démontre expérimentalement l'origine toxiquedes néphrites épithéliales par l'injection sous-cutanée, à des animaux, dematiéresextractives, telles que la leucine, la tvrosine, la créatine, la créatinine, la xanthine, l'hypoxanthine. Il en dé- duit Tinfluence pathogène que les matériaux de désassimilation exercent sur le rein, dans toutes les maladies aiguës ou chroniques où la désassimilation s'exagère, et il met en lumière, mieux que cela n'avait jamais été fait, l'im- portance considérable que l'alimentation peut avoir dans le traitement des ( io4 ) maladies des reins, suivant qu'elle introduit dans l'économie ces extractifsde la viande dont l'influence sur ces organes peut être nuisible, ou que, au contraire, elle les en exclue tout à fait. Le second des Ouvrages de M. Gaucher est un Traité des maladies de la peau, résumé des leçons professées par l'Auteur à la Faculté de Médecine. Dans ce I^ivre l'étude des affections cutanées est soigneusement et très étroitement rattachée aux notions, tous les jours plus précises, que la Pa- thologie générale fournit à la Pathogénie. L'Auteur ne s'est pas contenté de marcher résolument à cet égard sur les traces de l'illustre Bazin : il a apporté dans cette étude un contingent ti es important de faits basés sur des recherches personnelles. Il a montré que, comme les reins, la peau subit l'influence nocive des accumulations de matières extractives et que, notam- ment dans l'ai thritisme, ces accumulations peuvent devenir un des élé- ments essentiels de l'action spéciale et pathogène que cette diathèse exerce sur les téguments. Il a montré les rapports de certaines formes des maladies de la peau avec la tuberculose et décrit, sous le nom de tuberculose pustulo-ulcéreuse, une variété nouvelle de cette affection. Il a fait voir surtout comment la communauté d'origine n'implique en aucune façon l'égalité de virulence et un degré semblable de gravité; par où il a été conduit à des considéra- tions très importantes relativement au pronostic et au traitement, comme à la prophylaxie de ces maladies. Un second Volume du même Ouvrage contient des faits absolument nouveaux relatifs, par exemple, à la chroinhydrose, à la pathogénie de l'éléphanliasis des Arabes, à l'hérédité et à la transmission de la lèpre, au clou de Bii-kra et à une affection tuberculo-ulcéreuse qu'il a observée à Pendja, dans la Russie méridionale. En raison de ces titres, qui sont d'une haute valeur, votre Commission propose à l'Académie de décerner l'un des prix Montyon àM. le D'' Gaucher. Un prix est décerné à M. Zambaco pour l'ensemble de ses travaux sur la lèpre, à l'occasion de son nouveau Livre intitulé : Les lépreux ambulants de Constanlinople. L'œuvre de M. Zambaco est des plus importantes et des plus méritantes. Il a fait de la lèpre, dans ses diverses modalités, une description où bien des traits nouveaux s'ajoutent au tableau ancien; et la sùrtté de ses descriptions cliniques l'autorisent à affirmer le diagnostic d'après les signes objectifs, même si l'examen bactériologique semble devoir être négatif. De ( io5 ) même que le lupus bien déterminé cliniquement peut être avec certitude déclaré tuberculeux même si le bacille de Koch ne se laisse pas découvrir, de même M. Zambaco se sent en droit, et avec raison, de déclarer lépreux certains érythèmes, certains cas de morpliée, de sclérodermie, d'ainham, de syringomyélie, alors que le bacille de Hansen n'y aurait pas été mis en évidence. Il a découvert la lèpre infantile. 11 a apporté des arguments décisifs en faveur de l'hérédité de celle maladie. Comparant les signes d'une maladie mutilante observée en Bretagne avec ce qu'il voyait chez les lépreux de Constantinople, il conclut à l'iden- tité de la lèpre et de la maladie de Morvan et, guidé par cette certitude déduite de la clinique, il vient chez nous et découvre en Bretagne une endémie lépreuse. Ce sont là des titres qui placent l'œuvre de M. Zambaco à un rang très éminent parmi les travaux qui, dans ce dernier quart de siècle, ont le plus fait progresser la Médecine clinique. MM. Rémy et CoNTREMouLiNS présentent deux Atlas de Radiophoto- graphie. Ce Travail très important, très soigné, montre que les Auteurs ont été les véritables initiateurs pour un grand nombre d'applications de la Radio- graphie aux Sciences médicales. Si, depuis leurs travaux, des perfection- nements ont été réalisés sur certains points, c'est à eux qu'a|)partient l'honneur des premières applications. On peut s'en convaincre par la date de leurs diverses publications : 1° Radiographies stéréoscopiques (27 juillet 1896); 2" Recherches des projectiles dans le crâne (27 juillet 1896); 3° Première démonstralion sur le vivant du siège d'un projectile (4 août 1896); 4° Injections cadavériques rendant les vaisseaux visibles dans les radio- grammes (2 novembre 1896); 5" Étude de l'évolution des dents (2 novembre 1896); 6° Applications à la Paléontologie, avec M. Lemoine (Communications diverses à l'Académie des Sciences) ; 7° Localisation précise de la position des projectiles dans le crâne et la tête (Académie de Médecine, G avril 1897). L'album présenté jiar les Auteurs montre qu'ils ont soigneusement étudié et figuré les divers états physiques des tubes de Colardeau-Chabeaud et le degré de rapidité et de netteté des images correspondant à ces divers états. ( io6 ) La suite du Travail montre de nombreuses et très intéressantes appli- cations de la Radiographie à la Pathologie chirurgicale, à la Médecine légale, à l'Embryogénie, à la Zoologie comparée, à la Botanique. MM. Marie et Ribalt adressent également au concours une fort belle série d'épreuves radiographiques. Ce sont surtout les injections vasculaires qui sont représentées avec une admirable perfection sous forme d'épreuves stéréoscopiques. Les auteurs ont créé, pour la prise de ces images, un in- génieux dispositif qui assure l'exactitude du relief. Votre Commission a pensé que ces Travaux d'une très grande valeur mé- ritaient un prix Montvon, et elle a associé ces divers auteurs au partage de ce prix. Des mentions sont attribuées à M. Fabre-Domergce, à MM. Bosc et Vedel, et une troisième mention à M. Lapique. PRIX BARBIER. (Commissaires : MM. Chatin, Guyon, Lannelongue, Potain, Bouchard.) Le prix est décerné à M. de Rochebrune, pour son Ouvrage intitulé : Toxicologie africaine; une mention est attribuée à M. Lucet, pour son Ouvrage intitulé : De /'Aspergillus fumigatus chez les animaux domestiques et dans les œufs en incubation. PRIX BRÉANT. (Commissaires : MM. Marev, Bouchard, Guvon, Chauveau, Brouardel, Lannelongue, d'Arsonval, Duclaux; Potain, rapporteur.) MM. RuROT et Legband. médecins de la Marine, ont présenté à l'Aca- démie deux Ouvrages : l'un imprimé et traitant des Maladies des marins et des Épidémies nautiques, l'autre manuscrit et relatif à la Mortalité dans l'armée coloniale. Ces deux Ouvrages contiennent un très grand nombre de documents très soigneusement collectés, très attentivement analysés et sagement utilisés. Ils ont, le dernier surtout, une portée pratique très con- sidérable et seront d'une haute utilité pour la Médecine coloniale. En con- séquence, la Commi.ssion propose à l'Académie d'attribuer le prix à MM. RuROT et Legraxd. { 107 ) M. Emile Legrain a envoyé à l'Académie un Livre Sur la pathologie saharienne, accompagné de nombreuses photographies, pour lequel la Commission propose une récompense. PRIX GODARD. (Commissaires: MM. Bouchard, Potain, Lannelongue, d'Arsonval; Guyon, rapporteur.) La Commission attribue le prix à MM. Beauregard et Boulart pour leurs Recherches sur les organes génito-urinaires des Cétacés. Ces organes n'avaient jusqu'à ce jour été l'objet que de descriptions suc- cinctes, en raison même des difficultés que l'on éprouve à se procurer des pièces anatomiques propres à leur étude. Les auteurs ont pu réunir un nombre relativement grand d'organes génito-urinaires de Cétacés, à la fois chez les Baleinides et parmi les Cétodontes, ce qui leur a permis de donner une description assez complète de l'organisation de l'appareil génito-uri- naire chez ces mammifères. Ils ont étudié, dans un premier Mémoire, les organes génito-urinaires des Baleinides mâles et femelles. Ils ont démontré, chez ces dernières, l'exis- tence de plexus vasculaires, non encore décrits, dans les ligaments larges et donné des descriptions, nouvelles pour la plupart, des organes internes dans les deux sexes. Chez les Baleinoptéres mâles, MM. Beauregard et Boulart ont fait con- naître l'existence d'un réseau veineux excessivement riche à la. surface du rein, réseau communiquant avec les veines de la partie postérieure du corps et avec la veine rénale, constituant ainsi une sorte de veine porte d'un très riche développement. D'autres recherches les ont conduits à étudier la structure des membranes fœtales et à signaler l'existence de corps hippomanes sur le cordon, carac- tères anatomiques qui paraissent indiquer une certaine relation de parenté entre les Cétacés et les Equidés. Ayant eu l'occasion d'étudier les organes génitaux d'un Baleinoptère {B. musculus) mâle, MM. Beauregard et Boulart ontdémontré la présence d'un />TOto/72e;ra (utérus mâle) et indiqué la curieuse particularité offerte par les canaux déférents qui sont pourvus, dans cette espèce, d'une val- vule spirale qui s'étend à toute leur longueur et rappelle celle de l'in- testin des Squales. ( io8 ) Les auteurs de cet intéressant ensemble de recherches donnent enfin une description complète des organes mâles du Cachalot. Cette description est la première qui ait été f;iite, elle comprend : une étude de la verge du mâle et, chez le fœtus de i'°,3o, celle des muscles de la région ainsi que des organes internes et externes. PRIX PARRIN. (Commissaires : MM. Bouchard, Potain, Guyon, d'Arsonval, Duclaux; Marey, rapporteur.) Le prix Parkin est décerné à M. Augustcs Waller, pour ses études rela- tives à l'action de l'acide carbonique et de certains gaz et vapeurs sur la variation négative des nerfs excités. PRIX BELLION. (Commissaires : MM. Bouchard, Potain, Brouardel, Lannelongue; Guyon, rapporteur.) La Commission a partagé le prix entre MM. Auguste Pettit, pour ses Recherches sur les capsules surrénales, et Péron, pour ses Recherches anato- miques et expérimentales sur les tuberculoses de la plèvre. Une somme de mille francs est attribuée à M. Auguste Pettit et quatre cents Jrancs à M. Péron. M. Auguste Pettit a fait de nombreuses recherches sur les capsules sur- rénales et les a poursuivies pendant plusieurs années. Il s'est attaché à démontrer que ces organes sont bien réellement des glandes en les étudiant dans toute la série des Vertébrés et en en faisant l'Histologie physiologique. Après avoir reconnu que leur forme et leur position sont sujettes à de nombreuses variations et qu'un seid caractère semble constant, à savoir le voisinage des capsules surrénales avec les gros troncs vasculaires de l'ab- domen, ainsi que leur très riche vascularisation, l'aufeur choisit, pour ses études d'Histologie physiologique, la capsule surrénale des Téléostéens. Chez l'Anguille, en particulier, il établit que leur structure est glandulaire, et fait mieux encore, car il nous montre le mécanisme de leur sécrétion, ce que personne n'avait pu faire jusqu'ici. Un grand nombre de dessins et des ( I09 ) expériences physiologiques viennent appuyer ses démonstrations, et l'en- semble de ses recherches permettent à l'autenr de conclure : 1° Que la capsule surrénale est une glande au sens propre du mot; 2" Qu'elle est le siège de phénomènes sécrétoires se traduisant par des processus histologiques; 3" Qu'elle doit prendre place dans la série des glandes closes à côté du corps thyroïde. Recherches anatomiques et expérimentales sur les tuberculoses de la plèvre; par M. Pérox. De ces recherches l'auteur conclut que le bacille tuberculeux peut, dans la plèvre, réaliser toutes les formes de pleurésie, en particulier la pleurésie séro-fjbrineuse à allure de j>leurésie franche aiguë. Il a pu notamment reprotluire, chez le chien, les différentes formes de l^leurésie avec des cultures pures de tuberculose humaine, et sans inter- vention d'agents étrangers, en faisant varier les doses et la virulence. PRIX MEGE. (Commissaires: MM. Bouchard, Potain, Guyon, Brouardel, Lannelongue; Marey, rapporteur. ) La fatigue et l' entraînement physique, par M. le D*^ Ph. Tissié (à Bordeaux). Sous ce titre, M. ïissié a présenté au concours un très important travail sur l'éducation physique, sur les défauts de l'enseignement tel qu'on le donne aujourd'hui et sur la direction meilleure qu'on pourrait lui impri- mer si l'on s'inspirait davantage des notions de la physiologie et de l'hv- giène. Tout en faisant certaines réserves sur quelques-unes des théories physiologiques de l'auteur, votre Commission a été frappée de la riche accu- mulation de faits et d'observations personnelles apportée par l'auteur à l'appui de ses idées. Elle désire attirer sur cet Ouvrage l'attention des hommes chargés de l'éducation de la jeunesse et décerne à M. le D'TissiÊ le prix Mège pour 1897. C. R., iSçjS, 1" Semestre. (T. CXXVI, N' 2.) i5 ( iio) PRIX LALLEMAND. (Commissaires : MM. Marey, Ranvier, Potain, Milne-Edwards; Bouchard, rapporteur.) La Commission partage le prix entre M. Henri Meunier pour son étude sur le « Rôle du système nerveux dans l'infection de l'appareil pulmonaire » et M. Gustave Durante pour son étude sur les « Dégénérescences secon- daires du système nerveux ». L'appareil respiratoire est largement ouvert aux agents capables de pro- duire une infection par les microbes vulgaires ou par les microbes virulents. Ces agents, ceux-là même dont l'expérimentation fait reconnaître l'active virulence, vivent et prospèrent dans les cavités voisines, dans la bouche, dans le pharynx, même dans les bronches; et cependant l'infection toujours imminente ne se produit pas. Certaines conditions suspendent l'action pro- tectrice qui, dans l'état habituel, empêche la réalisation de cette infection. C'est tout un ordre de ces actions protectrices que M. Meunier a étudié, et son travail, à la fois expérimental, anatomo-pathologique et clinique, montre comment certaines perturbations nerveuses engendrent les infec- tions pulmonaires. Que la défense soit produite par un réflexe provocateur de toux, ou par les mouvements des cils vibratiles, ou par les changements vasculaires qui rendront plus active la diapédèse, ou enfin par des changements de la nutri- tion d'où naissent les matières bactéricides, on conçoit la multiplicité des moyens par lesquels le système nerveux protège le poumon contre l'infec- tion et la multiplicité des perturbations ou des lésions qui rendront pos- sible ou qui provoqueront cette infection. L'auteur en a donné la preuve expérimentale en éclairant par l'étude bactériologique la question déjà traitée de la pneumonie par lésion du vague et en montrant que l'infection se limite aux régions énervées. Chez l'homme il montre que si la lésion nerveuse e-^t périphérique la lé- sion pulmonaire est unilatérale et limitée au même côté où le nerf est lésé; que si la lésion nerveuse est centrale, l'infection pulmonaire est croisée. Il s'attache plus particulièrement à l'étude des névrites primitives, toxiques ou infectieuses tlu nerf vague, et aux nevnles secondaires^causées par les tumeurs du médiastin. A ne considérer que celles qui compliquent l'aclénopathie trachéo-bronchiqueil apporte quatorze observations person- ( m ) nelles oii l'infection pulmonaire surajoutée s'est trouvée limitée aux parties énervées du poumon. Dans son étude sur les dégénérations secondaires du système nerveux, M. Durante s'est attaché à établir, à côté de la dégénération wallésienne, la réalité d'une dégénération rétrograde dans les nerfs périphériques sensi- tifs et moteurs et dans les centres nerveux. Aux faits déjà connus il a ajouté des observations personnelles qui mettent hors de doute la réalité de la dégénération descendante dans les cordons postérieurs de la moelle épi- nière. On doit à M. Durante une étude très soignée des lésions histolo- giques de cette dégénération rétrograde qui ne saurait être confondue avec celle dont Waller nous a fait connaître l'existence. Des mentions honorables sont accordées à M. Voisin, pour son Tra- vail Sur l'épilepsie; à MM. Onuf et Collins, pour leur Ouvrage portant pour épigraphe : Impariamo ancora; à M. A. Mercier, auteur d'une bro- chure Sur la diminution du poids du cerveau dans la paralysie générale, et d'un autre Travail intitulé : Les coupes du système nerveux central. PRIX DU BARON LARREY. (Commissaires : MM. Guyon, Bouchard, Potain, Marey; M. Lannelongue, rapporteur.) La Commission chargée d'examiner le mérite des travaux envoyés à l'Académie vous propose de décerner le prix du Baron Larrev à M. le D"" AuFFRET, Directeur du Service de Santé de la Marine à Brest. L'œuvre de M. Auffret est intéressante, utile à divers titres et originale en même temps. Elle comprend une série de six monographies relatives aux secours à donner aux blessés et aux naufragés des guerres maritimes. Les unes exposent l'historique de la question; elles montrent avec clarté que, jusqu'aux doctrines humanitaires de la fin du siècle dernier, on ne paraissait guère prendre grand souci du sort des malheureux blessés. On ne trouve aucune mention des soins qu'on pouvait leur donner dans les escadres de Duguay-Trouin, de Duquesne et de Jean-Bart. Mais il suffit de quelques années, durant les guerres navales de la seconde moitié du siècle dernier, de la République et du premier Empire, pour voir naître et grandir, de manière qu'ils s'élevassent vite à la hauteur de leurs fonctions, une série d'hommes vaillants et dévoués qui eurent la charge de secourir les victimes de ces guerres. ( 112 ) Ce ne fut cependant nîTiine première et courte étape. Dans la seconde, comprenant les temps rapprochés de nous, le problème s'élargit beauconp. L'organisation des secours maritimes s'est inspirée des niovens de secours des guerres continentales ; après une longue période de tâtonnement les derniers présentent actuellement une chaîne ininterrompue dont les anneaux se tiennent de la manière la plus serrée. M. le D"" AuFFRET a droit à une part du mérite de cette organisation en ce qui concerne la Marine, et je ne parle pas de l'invention faite par lui d'appareils ingénieux, d'une grande utilité, adoptés sans conteste par le Conseil de Santé. Pour parvenir à donner les soins nécessaires aux blessés des guerres maritimes, près des côtes ou en haute mer, il fallait commencer par orga- niser un service spécial dans les ports militaires et de commerce, dans certains points du littoral; il convenait ensuite d'établir des communica- tions de ces divers points avec les escadres engagées. De là la nécessité de créer des navires dits de secours, véritables unités techniques au même titre que les navires de combat. C'est à l'État que doit revenir le soin et le souci de ces bâtiments bô[)itaux, qui doivent avoir le bénéfice absolu de la naturalisation et qui doivent oflrir des qualités de marche et d'exercice leur permettant de suivre et d'accompagner les escadres. Ils devront être construits et aménagés de manière à présenter les conditions qui permettent de répondre à toutes les exigences que com- portent aujourd'hui les malades ou les blessés des guerres. PHYSIOLOGIE. PRIX MONTYON (PHYSIOLOGIE EXPERIMENTALE). (Commissaires : MM. Marey, Bouchard, Duclaux, Potain ; Chauveau, rapporteur.) Le prix est décerné, par la Commission, à M. Delzenxe pour ses travaux sur la coagulation du sang. L'ensemble des recherches de M. Delzenne, sur la coagulation du sang chez les Vertébrés, lui a permis de formuler cette conclusion : le sang des ( ii3 ) Oiseaux, des Reptiles, des Batraciens et des Poissons offre une remarquable résisLance à la coagulation spontanée. Quand ce sang est recueilli en observant rigoureusement les règles que nécessite l'étude méthodique d'une coagulation spontanée, il reste généra- lement liquide pendant plusieurs jours. M. Delzenne a montré que les propriétés coagulantes des tissus, déjà signalées par Wooidrige, d'une part, Schmidt et ses élèves d'autre part, suffisent à expliquer la rapidité avec laquelle se coagule le même sang lorsqu'il est recueilli au niveau d'une plaie. Rien de plus net que les expé- riences à l'aide desquelles l'auteur démontre l'influence de ces propriétés. La démonstration est surtout saisissante quand on opère sur le sang d'oiseau, qui a toujours passé pour le plus rapidement coagulable de tous les sangs et qui, soustrait au contact direct des plaies vasculaires par les- quelles il s'écoule, conserve pendant plusieurs jours toute sa fluidité, dans les récipients propres et stérilisés où on le recueille. Le sang se coagule au contraire presque instantanément, si ces récipients contiennent la plus faible parcelle d'un tissu quelconque. L'étude de la coagulation du sang chez les Mammifères, soumise à l'ob- servation rigoureuse des mêmes règles, permet de s'assurer que le sang de ces derniers, quelles que soient les précautions employées pour le recueillir à l'abri du contact des tissus, coagule toujours dans un délai qui n'excède guère quinze à vingt minutes. Il v a donc lieu d'établir une distinction absolue entre la coagulabilité du sang chez les Mammifères et chez les autres Vertébrés. Quelles sont les causes de ces différences? Pour le moment, on ne peut guère répondre à la question qu'en signalant le rapport très étroit qui existe entre la struc- ture hislologique des globules rouges et la coagulabilité du sang dans les différentes classes des Vertébrés. Il est, en effet, frappant que la prise en caillot est très rapide chez les Mammifères, animaux dont les globules rouges sont dépourvus de noyau, tandis qu'elle se fait, au contrau'e, avec une extrême lenteur chez tous les Vertébrés à globules nucléés. L'influence de la présence du noyau ne saurait être contestée, car chez les embryons de Mammifères au stade du développement qui correspond à l'existence exclusive d'hématies nucléées dans le sang, la coagulation s'effectue suivant le même processus que chez ceux des Vertébrés adultes dont les globules rouges sont pourvus de noyau d'une manière perma- nente. Une mention honorable est accordée à M. Gourfeix. ( «i4 ) PRIX LA GAZE (PHYSIOLOGIE). (Commissaires : MM. Marey, Bouchard, Guyon, Potain, Lannelongue, Chauveau, Duclaux, Ranvier; d'Arsonval, rapporteur.) Par les belles recherches que récompense aujourd'hui même l'Académie, M. Lénard avait pensé établir que les phénomènes qu'il avait le premier observés hors de l'ampoule à vide et les phénomènes lumineux dont l'inté- rieur de l'ampoule est le siège sont inexplicables dans la théorie de Crookes. Malgré la grande perspicacité dont M. Lénard a fait preuve dans cette étude, il ne songea pas qu'il pouvait y avoir clans l'ampoule, et hors de l'ampoule, deux actions distinctes, dont l'une était la conséquence de l'autre. Il était réservé à M. Rontgen de réaliser l'expérience établissant la dis- tinction entre les deux phénomènes. M. Rôntgen, en observant les phénomènes découverts par Lénard, se plaça dans des conditions telles qu'il lui était impossible d'admettre que les actions qu'il constatait fussent dues au rayon même échappé de la ca- thode et ayant traversé la paroi de l'ampoule. Il reconnut, par des expériences aujourd'hui classiques, que la source des nouveaux rayons était le point même de la paroi de l'ampoule frappé par les rayons cathodiques, et n'hésita pas à attribuer les phénomènes qu'il observait à une nouvelle espèce de rayons. Dans une étude rapidement conduite il établit les principales propriétés des nouveaux rayons, reconnut qu'ils se propagent en ligne droite ou tout au moins que leur réfraction et que leur absorption dans les corps est très différente de celle que subit la lumière. Il trouva, en particulier, ce fait capital qu'un grand nombre de corps, et notamment certains tissus vivants, opaques à toutes les lumières connues, sont traversés même sous de grandes épaisseurs par les nouveaux rayons. Il réalisa entre autres cette expérience merveilleuse qui permet d'explorer et de voir toutes les parties du squelette à travers les tissus qui le recou- vrent. En présence d'une découverte qui apporte un agent nouveau à la Théra- peutique, qui permet à l'exploration médicale de créer une méthode nou- velle rendant accessible à la vue ce qui n'avait encore pu être exploré que par l'ouïe ou par une palpation lointaine; en présence enfin des modifica- ( ii5) lions étran£;es que les nouveaux rayons font subir à la nutrition et aux ac- tions élémentaires des tissus, la Commission du prix La Gaze (Physiologie) a pensé être l'interprète de la gratitude et de l'admiration des physiologistes et des médecins en s'associant à la Commission du prix La Caze (Physique), pour qu'une égale récompense soit décernée aux deux principaux auteurs de cette brillante découverte. En conséquence, votre Commission vous propose d'attribuer le prix La Caze (Physiologie), pour l'année 1897, à M. RoNTGEN. PRIX POURAT. (Commissaires : MM. Bouchard, Marey, d'Arsonval, Guyon; Chauveau, rapporteur.) La question posée était ainsi libellée : Produire des expériences nouvelles sur la détermination de la part qui revient aux oxydations dans l'énergie mise en jeu par les phénomènes physiologiques, chez les animaux. M. Kaufmann a traité cette question dans l'exposé de plusieurs séries de recherches expérimentales originales, auxquelles la Commission a dé- cerné le prix. Voici le résumé de cet exposé ; L'auLeur a cherché à déterminer les relations qui existent entre l'énergie émise sous forme de chaleur sensible par l'animal en repos et les processus chimiques intra-organiques. Ces processus chimiques amènent une simpli- fication graduelle des molécules des principes immédiats qui entrent dans la constitution de l'organisme et des aliments, pour aboutir à la formation de l'urée et de l'acide carbonique éliminés par les animaux. La comparaison de la quantité de chaleur émise dans les diverses condi- tions biologiques et des quantités d'oxygène absorbé, d'acide carbonique el d'urée ou mieux d'azole urinaire éliminés, permet d'arriver à la détermi- nation de la part qui revient aux oxydations dans la mobilisation de l'éner- gie mise en jeu par les phénomènes physiologiques. Il est bien évident que, si, dans les diverses conditions de l'animal, il existe toujours une relation constante entre la chaleur émise et l'oxygène absorbé, on est en droit de con- clure que l'énergie représentée par cette chaleur a pour origine certaine les processus d'oxydation et non les processus anaérobies. La recherche de cette relation a été faite à l'aide d'un dispositif expéri- mental analogue à ceux qui ont déjà été utilisés pour d'autres études du ( ii6 ) même ordre. Grâce à ce dispositif et à la méthode employée pour l'exploiter, il a été permis de mesurer avec rigueur et simultanément, sur le même sujet, l'oxygène absorbé, l'acide carbonique éliminé, l'azote urinaire expulsé et la chaleur sensible dégagée. Ces déterminations ont été faites sur des chiens placés dans l'une des cinq conditions biologiques suivantes : 1° Pendant l'abstinence; 2" Pendant l'abstinence et la fièvre; 3° Pendant la digestion d'aliments sucrés; 4° Pendant la digestion d'aliments gras; 5° Pendant la digestion d'aliments albuminoïdes. Dans toutes ces conditions, on a constaté qu'il existe une relation étroite entre l'émission de chaleur et l'absorption d'oxygène. Pour mettre en évi- dence cette relation, il est nécessaire de tenir compte de la destination immédiate et du mode d'utilisation de l'oxygène consommé dans les diverses conditions. On sait, en effet, que l'unité de poids ou de volume d'oxygène produit une quantité de chaleur variable suivant que ce gaz sert à oxyder des matières hydrocarbonées, des corps gras ou des substances albuminoïdes. La destination immédiate de l'oxygène consommé et l'origine immédiate de l'acide carbonique produit pouvant être déterminées avec certitude, d'après la valeur du quotient respiratoire et les quantités d'azote urinaire excrété et de chaleur éliminée. De l'ensemble de ses recherches l'auteur dégage nettement le résultat suivant : Les phénomènes chimiques de dédoublement purement anaérobie ne prennent qu'une part insignifiante et par conséquent négligeable dans la manifestation de l'énergie mise en jeu parles divers travaux physiologiques; cette énergie est évidemment empruntée pour ainsi dire en totalité aux pro- cessus d'oxydation. Ce résultat, conforme à ceux obtenus par M. A. Chauveau dans des ex- périences d'un autre ordre et à la doctrine qu'il en a déduite, sur le rôle énergétique des combustions intra-organiques, est démontré dans les expé- riences de l'auteur par les deux faits fondamentaux suivants : 1° Si l'on tient compte de la destination et du mode d'utilisation de l'oxygène, en s'inspirant des données théoriques de M. A. Ch>iuveau, on constate que, dans tous les cas, il existe un parallélisme parlait entre la production de chaleur et l'absorption ou la consommation d'oxygène. ( "7 ) 2° Le dédoublement purement anaérobie de l'albumine, tel que l'admet M. A. Gautier, est sensiblement neutre au point de vue Ihermique. Donc ce mode de dédoublement ne peut pas contribuer notablement à la mise en jeu de l'énergie d'où procèdent les travaux physiologiques de l'orga- nisme animal. Cette conclusion s'accorde parfaitement avec celle que M. Laulanié a tirée de ses expériences propres. Elle repose sur des expériences nombreuses, fort bien instituées et non moins bien exécutées. Il y a certainement à reprendre dans cet excellent travail de M. Raufmann au sujet de l'utilisation attribuée à l'oxygène ab- sorbé dans les diverses conditions physiologiques étudiées par l'auteur. Mais ceci n'enlève rien à la valeur de sa conclusion essentielle qui n'aurait nullement à souffrir de l'introduction d'éléments nouveaux dans une dis- cussion consacrée à l'interprétation des faits expérimentaux si nettement mis en lumière par M. Kaufmann. PRIX MARTIN DAMOURETTE. (Commissaires: MM. Bouchard, Guyon, Marey, Potain, d'Arsonval ; A. Chauveau, rapporteur.) Le prix est décerné par la Commission ii M. L. Guinard, pour l'ensemble de ses travaux sur les points suivants: 1° Étude physiologique de quelques-uns des alcaloïdes de l'opium; 2° Recherches expérimentales sur certains accidents de l'anesthésie ; 3° Résistance de la peau saine à la pénétration des médicaments et des poisons. A. L'apocodéine est un des alcaloïdes de l'opium qui ont fait l'objet des recherches expérimentales de M. L. Guinard. Dans un Mémoire très docu- menté, où se trouvent exposées avec le plus grand soin les modifications organiques et fonctionnelles produites par l'apocodéine dans l'économie animale l'auteur démontre que cet alcaloïde, contrairement à ce qui était admis, rîesl pas an vomilif, mais qu'd exerce sur le système nerveux des actions qui en font un calmant précieux, supérieur à la codéine. B. C'est la morphine qui a été surtout étudiée par M. L. Guinard. Il a publié sur ce sujet six Notes ou Mémoires. Il complète les notions déjà acquises et surtout en apporte de nouvelles sur la résistance de certaines espèces animales à l'action hypnotisante de C. R., 1898, 1" Semestre. (T. CXXVI, N° 2. ) ID ( i'8 ) la morphine. Les recherches très précises de M. L. Guinard établissent définitivement que, pour le cheval, le bœuf, le chat, le mouton, le porc, la chèvre, la morphine n'est pas un hypnotique. Chez ce dernier animal, la morphine joue plutôt le rôle d'un excitant énergique. Il en peut absorber, du reste, des doses énormes sans en être incommodé et présente ainsi une Résistance vraiment exceptionnelle à l'intoxication morphinique. Les autres jjoints étudiés par l'auteur sont relatifs à l'action excito- sécrétoire, aux influences nauséeuses et aux vomissements qui suivent l'ad- ministration de la morphine. I^es expériences de M. L. Guinard rattachent définitivement ces divers effets à des actions nerveuses centrales directes. M. L. Guinard s'est occupé aussi des effets cardio-vasculaires de la mor- phine. C'est lui qui, pour la première fois, les a étudiés sur les espèces animales rebelles à l'action narcotisante de la morphine. JJaction toni- cardiaque générale de ce médicament est démontrée par les résultats des ex- périences faites sur les sujets appartenant à ces espèces, aussi bien que sur ceux que la morphine endort. Mais une différence fondamentale sépare, au point de vue circulatoire, les espèces narcotisables de celh\s qui ne le sont pas: avec les premières on enregistre toujours l'hypotension artérielle; avec les secondes, c'eslV hypertension qui domine en atteignant parfois une valeur très élevée. Il n'y a pas à douter de l'exactitude de ces résultats, qui ont été obtenus à l'aide des explorateurs graphiques perfectionnés que M. L. Guinard avait à sa disposition pour l'étude du cœur, du pouls, de la pression et de la vitesse du sang dans les artères. C. Les travaux qui viennent d'être analysés sommairement suffisent à justifier amplement le jugement de la Commission. Aussi, en ce qui con- cerne les autres travaux présentés par M. L. Guinard, nous nous bornerons à de très brèves indications: 1° Aux faits cliniques connus démontrant qu'il est dangereux de sou- mettre à l'aneslhésie générale des sujets porteurs de lésions graves des vis- cères abdominaux, quand ces sujets sont fortement déprimés et plus ou moins en état de collapsus, M. L. Guinard ajoute des faits expérimentaux confirmatif de cette notion et propres à donner la théorie des accidents. Il démontre, en effet, que toute irritation de l'intestin peut devenir dange- reuse, en provoquant l'arrêt réflexe de la respiration. a" M. L. Guinard a apporté une bonne contribution à l'étude de la ré- sistance de la peau saine à la pénétration des médicaments et des poisons. Cette étude consiste dans des recherches de laboratoire très conscien- cieuses qui l'onL induit à proposer de laisser de côté ce que l'on persiste à ( "9 ) appeler l'absorption cutanée. Il pense qu'on doit s'intéresser seulement à « la résistance de la peau saine à la pénétration des médicaments et des poi- sons et aux circonstances dans lesquelles celle résistance peut être diminuée ou vaincue » . PRIX PHILIPEAUX. (Commissaires: MM. d'Arsonval, Bouchard, Chauveau, Ranvier; Marey, rapporteur.) MM. CouRTADE et GcTON Ont adressé à l'Académie un travail qu'ils ont fait en commun sur l'innervation de la vessie et de l'intestin. Le fait extrê- mement important qui se dégage de leurs expériences, c'est que, dans la vessie comme dans l'intestin, les fibres circulaires sont animées par le système nerveux grand sympathique, les fibres longitudinales par des branches d'origine spinale. Pour arriver à cette détermination, il fallait, d'une part, faire des recherches anatomiques très délicates sur la détermi- nation des deux sortes de nerfs et, d'autre part, créer pour les expériences physiologiques un dispositif capable de déceler séparément les contractions des deux ordres de fibres musculaires. MM. Courtade et Guvox ont fort habilement surmonté toutes ces difficultés; les courbes par lesquelles ils traduisent les diverses réactions de la vessie et de l'intestin sous l'influence de l'excitation des deux sortes de nerfs sont nettement démonstratives. C'est pourquoi la Commission a décerné à ces auteurs le prix Philipeaux de Physiologie expérimentale. GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. PRIX GAY. (Commissaires : MM. "Van Tieghem, Bonnier, Guignard, Chatin; Bornet, rapporteur.) La distribution des végétaux à la surface de la Terre est connue dans ses grands traits et il ne semble pas que la Géographie botanique appliquée à la ( I20 ) totalité du globe soit susceptible de faire des progrès beaucoup plus consi- dérables, en raison des données insuffisamment précises dont les natura- listes doivent se contenter trop souvent. Aussi, le moment paraît-il venu d'étudier de préférence des régions relativement restreintes, dont la con- stitution physique, le climat et la flore soient connus d'une manière plus complète et qui puissent être visitées par un même observateur. Des mo- nographies régionales dont tous les détails seraient vérifiés, toutes les singu- larités discutées, conduiraient plus sûrement que les études d'un vaste en- semble à la détermination des causes qui occasionnent la répartition des espèces actuelles. C'est dans cette pensée que l'Académie a proposé, comme sujet de concours pour le prix Gay à décerner en 1897, la question suivante : Etudier la région méditerranéenne française au point de ime de la distribu- tion géographique des végétaux. Examiner les relations qui existent entre la flore, le climat, la topographie et la géologie, V influence directe et indirecte de l'homme sur la constitution de cette flore. Étudier l'origine variée des végé- taux qui peuplent la région, leur migration, leurs adaptations. En réponse à cette question l'Académie a reçu de M. Charles Flauault, professeur à l'Université de Montpellier, un Mémoire manuscrit de igo pages, accompagné de plusieurs Cartes coloriées illustrant quelques- unes des parties les plus intéressantes de la région. Nul n'était mieux préparé à traiter un tel sujet. Dès le début de sa carrière scientifique, il s'est attaché aux études de Géographie botanique. Il a visité une partie de la Scandinavie, de l'Algérie, s'est familiarisé avec la flore de France et, depuis seize ans, il poursuit l'exploration méthodique du Roussillon, du Langue- doc et de la Provence. Déjà huit feuilles d'une Carte botanique et forestière de la France au 200000*, teintées à la main, sont achevées. Une des plus difficiles, celle de Perpignan, est publiée. Et quoique sur son territoire accidenté, comprenant des plaines chaudes et des montagnes élevées, les variations de la végétation soient considérables sur de faibles étendues, la représentation de cette distribution compliquée est parfaitement claire. T^es encouragements de l'Académie hâteront sans doute la publication des Cartes suivantes. Quiconque, venant du nord de la France, parcourt les départements qui bordent la Méditerranée n'a pu manquer d'être frappé de l'aspect tout dif- férent de la végétation. Partout il voit des Chênes à feuilles persistantes, ( '21 ) (les Pins, une foule d'arbustes toujours verts dont plusieurs appartiennent à des familles non représentées dans la région tempérée ou qui ne le sont que par des espèces herbacées. Les plantes aromatiques et les plantes an- nuelles abondent. Quelques centaines d'espèces, répandues à profusion, donnent au pays celte physionomie particulière. Sous leur forme actuelle, les Flores ne mettent pas suffisamment ce caractère en relief. Elles énu- mèrent l'une après l'autre, à peine signalées à l'attention par les signes conventionnels indiquant leur degré de fréquence, et les espèces caracté- ristiques, et la masse bien plus considérable formée par les plantes ubi- quistes, les plantes communes dans d'autres régions, ou qui sont localisées dans des stations limitées, telles que le bord des cours d'eau, les terrains salés, les cultures, ou même qui sont insignifiantes, comme les plantes adventices, et qui ne jouent, malgré leur nombre, qu'un rôle tout à fait subordonné dans le faciès de la végétation spontanée du bassin fran- çais de la Méditerranée. Dans le Travail synthétique qu'il envoie à l'Aca- démie, M. Flahault élimine toutes ces espèces, dont la plupart appartien- nent à des circonscriptions florales plus étendues que celle dont il trace le tableau. Sur les4ooo espèces signalées dans les limites de sa flore, il en conserve seulement un millier, si bien appropriées aux conditions physico- chimiques de la région qu'elles y acquièrent leur maximum de dévelop- pement, ne montrent pas ailleurs la même force d'expansion et méritent seules la qualification de plantes rnèditeiranéennes . Si uniformes que puissent être les conditions générales auxquelles est soumise la végétation d'une contrée, elles ne laissent pas de présenter des modifications secondaires, à chacune desquelles certaines espèces sont plus particulièrement adaptées. De là résultent des groupements d'espèces, des associations, dont il suffit de connaître quelques éléments pour que l'idée de l'ensemble se dégage avec netteté. Une des espèces, le plus sou- vent un arbre, sert à désigner l'association; mais celle-ci subsiste et n'est pas moins caractéristique lorsque la plante par laquelle on la désigne n'y est pas représentée, comme il arrive dans quelques circonstances. Grâce à celte notion de l'association, il est souvent possible de reconstituer la vé- gétation primitive d'un pays dont les éléments les plus apparents ont dis- paru et telle que, parfois, on la retrouve, intacte, dans quelque coin abrité oii elle n'a pas été troublée depuis longtemps. Ces points établis, ftl. Flahault précise les limites de la région méditer- ranéenne française. Comprise entre la bande littorale des terrains salés et les crêtes montagneuses dont les eaux s'écoulent vers la Méditerranée, ( 122 ) elle n'alteint nulle part la limite supérieure des vallées. Son climat est ca- ractérisé par des étés ch;uuls et secs de longue durée, par des hivers courts et tempérés. Les pluies sont abondantes à l'automne et au printemps, peu fréquentes en hiver, rares durant l'été. La température moyenne est de iS^à i5" C. La flore correspondant rigoureusement au climat, elle cesse d'être méditerranéenne dès que le climat cesse d'être méditerranéen. Si, par exemple, elle n'atteint pas les limites orographiques du bassin, c'est que la température moyenne s'abaisse au-dessous de i3°, les autres condi- tions restant les mêmes. Il est classique de citer l'Olivier comme caractéristique de la flore médi- terranéenne française. L'auteur, qui a donné une bonne Carie de la dis- tribution de cet arbre en France, adresse au choix qu'on en a fait une double critique. L'Olivier est d'origine étrangère; il est cultivé et limité, par conséquent, aux lieux assez fertiles pour qu'il fournisse un produit. Le Chêne vert lui paraîtde beaucoup préférable. On le rencontre dans tous les sols, à toute hauteur, associé à des végétaux qui ne manquent jamais là où règne le climat méditerranéen. Sans doute il croit et prospère en dehors de la région méditerranéenne, mais, dès qu'il en sort, il cesse d'être accom- pagné des plantes qui vivent avec lui dans cette région. M. Flahault passe ensuite en revue les essences forestières, peu nom- breuses, de la région en indiquant, pour chacune d'elles, les conditions dans lesquelles elles se plaisent le mieux et les espèces qui leur sont asso- ciées. Il décrit les conditions physico-chimiques dont le concours déter- mine la répartition des associations; il ne saurait préciser la part de cha- cune d'elles, parce qu'on ne possède pas de données météorologiques utilisables. Un Chapitre est consacré à l'étude des zones de distribution suivant l'altitude, à l'examen des stations diverses, des adapLations variées que la sécheresse prolongée du climat a provoquées chez les végétaux de la région, à l'influence que l'homme a exercée sur la constitution de la flore. Un autre Chapitre enfin montre que la région méditerranéenne française se subdivise en trois secteurs. Si l'on considère, en effet, la répartition des espèces propres à la zone in- férieure, la plus chaude, on remarque des différences notables entre la partie centrale, qui s'étend du cours de l'Aude au golfe de Marseille, elles extrémités orientale et occidentale. I^e secteur moyen est le moins riche en espèces méditerranéennes: 85 espèces du secteur oriental, 5 i du secteur occidental n'y pénètrent pas. On constate d'autre part que, sur 264 espèces qui ne sortent pas de la zone inférieure, io3 seulement sont communes à la ( 123 ) Provence et au Roussillon, tandis que i5i sont partagées entre ces deux provinces et que, dans les deux cas, la plupart des espèces ont des affinités étroites d'un côté avec les espèces italiennes, de l'autre avec les espèces espagnoles. Cet aperçu, quoique déjà long, ne donne qu'une idée bien imparfaite de l'abondance de faits intéressants, souvent de grande importance au point de vue de la Sylviculture et de l'Agronomie, que renferme le Mémoire de M. Flahault. L'autour a su renouveler un sujet déjà souvent traité en y in- troduisant, avec un esprit de sage critique, une précision dans les moindres détails que l'élude prolongée et minutieuse de la nature permettait seule d'atteindre. La Commission est unanime à décerner le prix Gay à M. Chari.es Flahault pour son remarquable Travail. PRIX GENERAUX. PRIX MOmYON (ARTS INSALUBRES). (Commissaires : MM. Troost, Schlœsing, Moissan ; Arm. Gautier président, rapporteur.) La Commission du prix Montyon (Arts insalubres) a décidé de ne pas accorder de prix cette année, les Mémoires et Ouvrages envoyés ne rem- plissant pas entièrement, quel que soit leur réel mérite, les conditions du prix à décerner. M. F. Masure emploie fort utilement les loisirs que lui crée sa position d'inspecteur honoraire d'Académie à étudier et définir les caractères des bons vins naturels. L'Ouvrage qu'il envoie au Concours a pour titre : Recherches sur les bons inns naturels, leurs qualités hygiéniques et leurs falsi- fications. Ce Livre a pour but de préciser, d'après les recherches et observations de l'auteur, aussi bien qu'en se basant sur les données fournies par les ( 124 ) hygiénistes, chimistes et connaisseurs les plus autorisés, les caractères des bons vins, les limites dans lesquelles ils oscillent et les méthodes qui permettent de reconnaître et de classer les vins en vins naturels bons et hygiéniques, vins médiocres ou mauvais, et vins artificiels on falsifiés. Les caractères qui définissent les bons vins naturels sont, d'après l'auteur, , ,/.\ alcool < i4 1 , alcool >3 , . le rapporte ') — rr- ^ ; le rapport — ; — r- ^ . . pour les vins routes 1^ ^ ^ acide >ii '' extrait ^4j3 ' *' et <^ 6 pour les blancs; la règle (-) somme alcool -\- acide ^^ ; le rap- cendres >o,o8 , ,i ■ cendres solubles >o,2 port ■\. avec ses deux corollaires ^ — -^ ' et " extrait o,3 „ , • i • - -ii ■ ii p ; ; — ^ . • Tous les vms bien équilibres, dit 1 auteur, outre cendres totales 44) crés à la fondation à perpétuité d'un prix annuel de quatre mille francs, qui portera le nom de Prix Wilde. Ce prix sera décerné chaque année, à partir de 1898, par l'Académie des Sciences, sans distinction de nationalité, à la personne dont la découverte ou l'Ouvrage sur V Astronomie, la Physique, la Chimie, la Minéralogie, la Géologie ou la Mécanique expérimentale aura été jugé par l'Académie le plus digne de récompense, que cette découverte ou cet Ouvrage ait été fait dans l'année même, soit qu'ils remontent à une autre année antérieure ou postérieure à la donation. Les Mémoires, manuscrits ou imprimés, devront être déposés au Secré- tariat de l'Institut avant le 1^' juin 1898. PRIX L. LA GAZE. Voir page \[\\. MINERALOGIE ET GEOLOGIE. GRAND PRIX DES SCIENCES PHYSIQUES. (I^rix du Budget.) (Question proposée pour l'année 1899.) Étudier la biologie des Nématodes libres d'eau douce et humicoles et plus particulièrement les formes et conditions de leur reproduction. Le prix est de trois mille francs. Les Mémoires, manuscrits ou imprimés devront être déposés au Secré- tariat de l'Institut avant le i" juin 1899. ( i45) PRIX BORDIN. (Question proposée pour l'année 1899.) Études des modifications des organes des sens chez les animaux cavernicoles. TjB prix est de trois mille francs. Les Mémoires manuscrits destinés à ce concours seront reçus au Secré- tariat de l'Institut jusqu'au i*"" juin 1899; ils devront être accompagnés d'un pli cacheté renfermant le nom et l'adresse de l'auteur. Ce pli ne sera ouvert que si le Mémoire auquel il appartient est couronné. PRIX VAILLANT. (Question proposée pour l'année 1898.) L'Académie a décidé que le prix fondé par M. le Maréchal Vaillant serait décerné tous les deux ans. Elle rappelle qu'elle a mis au concours, pour l'année 1898, la question suivante : Faire connaître et discuter les indications que fournit l'étude microscopique des roches sédimentaires (^particulièrement des roches secondaires ou tertiaires) au point de vue de leur genèse et des modifications qu elles ont subies depuis leur dépôt, dans leur structure et leur composition (^les corps organisés com- pris). Le prix est de quatre mille francs. Les Mémoires seront reçus au Secrétariat de l'Institut jusqu'au i*'' juin de l'année 1898. La Commission du prix Vaillant propose pour l'année 1900 : La détermination rigoureuse d'un ou de plusieurs poids atomiques, ou L'Etude des alliages. ( ï46 ) PRIX DELESSE. jyjme V"" Delesse a fait don à l'Académie d'une somme de vingt mille francs, destinée par elle à la fondation d'un pi'ix qui sera décerné tous les deux ans, s'il y a lieu, à l'auteur, français ou étranger, d'un travail concernant les Sciences géologiques, ou, à défaut, d'un travail concernant les Sciences minéralogiques. Le prix Delesse, dont la valeur est de quatorze cents francs, sera décerné dans la séance publique de l'année 1899. Les Ouvrages devront être déposés au Secrétariat de l'Institut avant le 1 " juin de l'année 1 899. PRIX FONTANNES. Ce prix sera décerné, tous les trois ans, à l'auteur de la meilleure publica- tion paléontologique . L'Académie décernera le prix Fontannes en 1899. Le prix est de deux mille francs. Les Ouvrages devront être déposés au Secrétariat de l'Institut avant le i^'juin 189g. BOTANIQUE, PRIX BARBIER. Ce prix annuel, d'une valeur de deux mille francs, est destiné à récom- penser « celui qui fera une découverte précieuse dans les Sciences chirur- » gicale, médicale, pharmaceutique, et dans la Botanique avant rapport à rtd art de suerir ». ( i47 ) L'Académie décernera ce prix, s'il y a lieu, dans sa prochaine séance publique. Voir page i5o. PRIX DESMAZIÈRES. Ce prix annuel, d'une valeur de seize cents francs, sera décerné « à » l'auteur, français ou étranger, du meilleur ou du plus utile écrit, publié » dans le courant de l'année précédente, sur tout ou partie de la Crypto- » garnie » . Conformément aux stipulations ci-dessus, l'Académie annonce qu'elle décernera le prix Desmazières dans sa prochaine séance publique. PRIX MONTAGNE. Par testament en date du ii octobre 1862, M. Jean-François-Camille Montagne, Membre de l'Institut, a légué à l'Académie des Sciences la tota- lité de ses biens, à charge par elle de distribuer chaque année un ou deux prix, au choix de la Section de Botanique. L'Académie décernera, s'il y a lieu, dans sa séance publique de 1898, les prix Montagne, qui seront ou pourront être, l'un de mille francs, l'autre de cinq cents francs, aux auteurs de travaux importants ayant pour objet l'anatomie, la physiologie, le développement ou la description des Crypto- games inférieures (Thallophytes et Muscinées). Les Mémoires, manuscrits ou imprimés, devront être déposés au Secré- tariat de l'Institut avant le l'^'juin; les concurrents devront être Français ou naturalisés Français. PRIX DE LA FONS MELICOCQ. Ce prix sera décerné « tous les trois ans au meilleur Ouvrage de Botanique » sur le nord de la France, c'est-à-dire sur les départements du Nord, du » Pas-de-Calais, des Ardennes, de la Somme, de l'Oise et de l'Aisne ». Ce prix, dont la valeur est de neuf cents francs , sera décerné, s'il y a lieu ( i48 ) flans la séance annuelle de 1898, au meilleur Ouvrage, manuscrit ou imprimé, remplissant les conditions stipulées par le testateur. PRIX THORE. Ce prix annuel, d'une valeur de deux cents francs, sera décerné « à !» l'auteur du meilleur Mémoire sur les Cryptogames cellulaires d'Europe » (Algues fluviatiles ou marines. Mousses, Lichens ou Champignons), ou sur » les mœurs ou l'anatomie d'une espèce d'Insectes d'Europe ». Ce prix est attribué alternativement aux travaux sur les Cryptogames cellulaires d'Europe et aux recherches sur les mœurs ou l'anatomie d'un Insecte. (Voir ci-dessous.) ANATOMIE ET ZOOLOGIE. PRIX THORE. Voir ci-dessus. PRIX SAVIGNY, FONDÉ PAR M"« LETELLIER. « Voulant, dit la testatrice, perpétuer, autant qu'il est en mon pouvoir de le faire, le souvenir d'un martyr de la science et de l'honneur, je lègue à l'Institut de France, Académie des Sciences, Section de Zoologie, vingt mille francs, au nom de Marie-Jules-César Le Lorgne de Savigny, ancien Membre de l'Institut d'Egypte et de l'Institut de France, pour » l'intérêt de cette somme de vingt mille francs être employé a aider les » jeunes zoologistes voyageurs qui ne recevront pas de subvention du » Gouvernement et qui s'occuperont plus spécialement des animaux sans » vertèbres de l'Egypte et de la Syrie. » Le prix est de neuf cent soixante-quinze francs. Les Mémoires, manuscrits ou imprimés, devront être envoyés au Secré- tariat de l'Institut avant le i" juin 1898. ( i49 ) PRIX DA GAMA MACHADO. L'Académie décernera, tous les trois ans, le prix da Gama Machado aux meilleurs Mémoires qu'elle aura reçus sur les parties colorées du système tégumentaire des animaux ou sur la matière fécondante des êtres animés. Le prix est de douze cents francs. Il sera décerné, s'il y a lieu, en 1900. MÉDECINE ET CHIRURGIE. PRIX MONTYON. Conformément au testament de M. Auget de Montyon il sera décerné un ou plusieurs prix aux auteurs des Ouvrages ou des découvertes qui se- ront jugés les plus utiles à Vart de guérir. L'Académie juge nécessaire de faire remarquer que les prix dont il s'agit ont expressément pour objet des découvertes et inventions propres à perfectionner la Médecine ou la Chirurgie. Les pièces admises au Concours n'auront droit au prix qu'autant qu'elles contiendront une découverte parfaitement déterminée. Si la pièce a été produite par l'auteur, il devra indiquer la partie de son travail où cette découverte se trouve exprimée; dans tous les cas, la Com- mission chargée de l'examen du concours fera connaître que c'est à la dé- couverte dont il s'agit que le prix est donné. Conformément à l'Ordonnance du 23 août 1829, outre les prix annoncés ci-dessus, il sera aussi décerné, s'il y a lieu, des prix aux meilleurs résultats des recherches entreprises sur des questions proposées par l'Académie, conformément aux vues du fondateur. C. R., 1898, I" Semestre. (T. CXXVI, N= 2.) -20 ( i5o ) Les Ouvrages ou Mémoires présentés au concours doivent être envoyés au Secrétariat de l'Institut avant le i*' juin de chaque année. PRIX BARBIER. Ce prix, d'une valeur de deux mille francs, sera décerné à « celui qui » fera une découverte précieuse dans les Sciences chirurgicale, médicale, » pharmaceutique, et dans la Botanique ayant rapport à l'art de guérir ». L'Académie décernera ce prix, s'il y a lieu, dans sa séance publique de 1898. Voir page i fG. PRIX BRÉANT. M. Bréant a légué à l'Académie des Sciences une somme de cent mille francs pour la fondation d'un prix à décerner « à celui qui aura trouvé « le moyen de guérir du choléra asiatique ou qui aura découvert les causes » de ce terrible fléau ». Prévoyant que le prix iXe, cent m,ille francs ne sera pas décerné tout de suite, le fondateur a voulu, jusqu'à ce que ce prix soit gagné, que l'intérêt du capital fût donné à la personne qui aura fait avancer la Science sur la question du choléra ou de toute autre maladie épidémique, ou enfin que ce prix pût être gagné par celui qui indiquera le moyen de guérir radicale- ment les dartres ou ce qui les occasionne. Les concurrents devront satisfaire aux conditions suivantes : 1° Pour remporter le prix de cent mille francs, il faudra : « Trouver une » médication qui guérisse le choléra asiatique dans r immense majorité des cas » ; Ou : a Indiquer d' une manière incontestableles causes ducholéra asiatique, de » façon qu en amenant la suppression de ces causes on fasse cesser l' épidémie » ; Ou enfin : « Découvrir une prophylaxie certaine, et aussi évidente que l'est, » par exemple, celle de la vaccine pour la variole » . 2° Pour obtenir le prix annuel représenté par l'intérêt du capital, il faudra, par des procédés rigoureux, avoir démontré dans l'atmosphère ( i5. ) l'existence de matières pouvant jouer un rôle dans la production ou la propagation des maladies épidcmiques. Dans le cas où les conditions précédentes n'auraient pas été remplies, le prix annuel ^onvra, aux termes du testament, être accordé à celui qui aura trouvé le moyeu de guérir radicalement les dartres, ou qui aura éclairé leur étiologie. PRIX GODARD. M. le D' Godard a légué à l'Académie des Sciences « le capital d'une rente de mille francs, trois pour cent. Ce prix annuel, d'une valeur de mille francs, sera donné au meilleur Mémoire sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie des organes génito-urinaires. Aucun sujet de prix ne sera proposé. « Dans le cas où, une année, le prix ne serait pas donné, il serait » ajouté au prix de l'année suivante. » PRIX SERRES. Ce prix triennal « sur l'Embryologie générale appliquée autant que possible » (lia Physiologie et à la Médecine n, sera décerné en 1899 ^" meilleur Ouvrage qu'elle aura reçu sur cette importante question. he prix est de sept mille cinq cents francs. Les Mémoires devront être déposés au Secrétariat de l'Institut avant le i*''juin 1899. PRIX CHAUSSIER. Ce prix sera décerné tous les quatre ans au meilleur Livre ou Mémoire qui aura paru pendant ce temps, et fait avancer la Médecine, soit sur la Médecine légale, soit sur la Médecine pratique. Ij'Académie décernera ce prix, de la valeur de dix mille francs, dans la séance annuelle de 1899, au meilleur Ouvrage paru dans les quatre an- nées qui auront précédé son jugement. Les Ouvrages ou Mémoires devront être déposés au Secrétariat de ITnstitut avant le i*''juin 1899. ( '52 ) PRIX PARRIN. Ce prix Lriennal est destiné à récompenser des recherches sur les sujets suivants : « 1° Sur les effets curatifs du carbone sous ses diverses formes et plus » particulièrement sous la forme gazeuse ou gaz acide carbonique, dans M le choléra, les différentes formes de fièvre et autres maladies; » 2° Sur les effets de l'action volcanique dans la production de maladies » épidémiques dans le monde animal et le monde végétal, et dans celle des » ouragans et des perturbations atmosphériques anormales. « Le testateur stipule : « 1° Que les recherches devront être écrites eu français, en allemand » ou en italien ; » 2° Que l'auteur du meilleur travail publiera ses recherches à ses pro- )) près frais et en présentera un exemplaire à l'Académie dans les trois » mois qui suivront l'attribution du prix; » 3° Chaque troisième et sixième année le prix sera décerné à un tra- » vail relatif au premier desdits sujets, et chaque neuvième année à un » travail sur le dernier desdits sujets. » T/Académie ayant décerné pour la première fois ce prix dans sa séance publique de 1897, en continuera l'attribution, pour se conformer au vœu du testateur, en l'année 1900. Le prix est de trois mille quatre cents francs. Les Mémoires devront être déposés au Secrétariat de l'Institut avant le i*'^ juin 1900. PRIX BELLION, FONDE PAR M"* FOEHR. Ce prix annuel sera décerné aux savants « qui auront écrit des Ouvrages » ou fait des découvertes surtout profitables à la santé de l'homme ou à l'amé- » lioration de r espèce humaine. » Le prix est de quatorze cents francs. ( i53 ) Les Ouvrages devront être déposés au Secrétariat de l'Institut avani le i*"*^ juin de chaque année. PRIX MÈGE. Le D' Jean-Baptiste Mège a légué à l'Académie « dix mille francs à donner » en prix à railleur qui aura continué et complété son essai sur les causes qui » ont retardé ou favorisé les progrés de la Médecine, depuis la plus haute anti- » quité jusquà nos jours. » L'Académie des Sciences pourra disposer en encouragement des inté- » rets de cette somme jusqu'à ce qu'elle pense devoir décerner le prix. » L'Académie des Sciences décernera le prix Mège, s'il y a lieu, dans sa séance publique annuelle de 1898. Les Ouvrages devront être déposés au Secrétariat de l'Institut avant le 1*'" juin. PRIX DUSGATE. Ce prix sera décerné, s'il y a lieu, en 1900, à l'auteur du meilleur Ouvrage sur les signes diagnostiques de la mort et sur les moyens de pré- venir les inhumations précipitées. PRIX LALLEMAND. Ce prix annuel, d'une valeur de dix-huit cents francs, est destiné à « ré- compenser ou encourager les travaux relatifs au système nerveux, dans la plus large acception des mots ». Les travaux destinés au concours devront être envoyés au Secrétariat de l'Institut avant le i" juin de chaque année. PRIX DU BARON LARREY. Ce prix sera décerné annuellement à un médecin ou à un chirurgien des armées de terre ou de mer pour le meilleur Ouvrage présenté à l'Aca- ( i54 ) demie et traitant un sujet de Médecine, de Chirurgie ou d'Hygiène mili- taire. Le prix est de mille francs. Les Ouvrages devront être déposés au Secrétariat de l'Institut avant le i" juin de chaque année. PHYSIOLOGIE. PRIX MONTYON. L'Académie décernera annuellement un prix de la valeur de sept cent cinquante francs à l'Ouvrage, imprimé ou manuscrit, qui lui paraîtra ré- |)ondre le mieux aux vues du fondateur. PRIX L. LA GAZE. Voir page i4i. PRIX POURAT. Question proposée pour l'année 1898.) L'Académie rappelle qu'elle a mis au concours, pour l'année 1898, la question suivante : Innervation motrice de l'estomac. Le prix est de quatorze cents francs. Les Mémoires seront reçus au Secrétariat de l'Institut jusqu'au i" juin 1898. ( i55 ) PRIX POURAT. (Question proposée pour l'année 1899.) La question mise au concours pour le prix Pourat, en 189g, est la sui- vante : Des caractères spécifiques de la contraction des différents muscles. PRIX MARTIN-DAMOURETTE. Ce prix biennal, dont la valeur est de quatorze cents francs , sera décerné, s'il y a lieu, dans la séance publique annuelle de 1900. Les Ouvrages ou Mémoires seront reçus au Secrétariat de l'Institut jus- qu'au i" juin 1900. PRIX PHILIPEAUX. Ce prix annuel de Physiologie expérimentale, de la valeur de huit cent quatre-vingt-dix francs, sera décerné dans la prochaine séance publique. GEOGRAPHIE PHYSIQUE. PRIX GAY. (Question proposée pour l'année 1898.) Par un testament, en date du 3 novembre 1873, M. Claude Gay, Membre de l'Institut, a légué à l'Académie des Sciences ime rente perpé- tuelle de deux mille cinq cents francs, pour un prix annuel de Géographie ( t56 ) physique, conformément au programme donné par une Commission nom- mée à cet effet. L'Académie rappelle qu'elle a proposé pour sujet du prix, qu'elle doit décerner dans sa séance publique de l'année 1898, la question suivante : Comparer la flore marine du golfe de Gascogne avec les flores des régions voisines et avec elle de la Méditerranée. — Examiner si la flore et la faune conduisent à des résultats semblables. Ce prix est de deux mille cinq cents francs. Les Mémoires seront reçus au Secrétariat de l'Institut jusqu'au i"juin 1898. PRIX GAY. (Question proposée pour Tannée 1899.) La Commission chargée de proposer une question pour le prix Gay à décerner en 1899 a résolu de mettre au concours la suivante : Étude des Mollusques nus de la Méditerranée ; les comparer à ceux des côtes océaniques françaises. Les Mémoires seront reçus au Secrétariat de l'Institut jusqu'au i*' juin 1899. PRIX GENERAUX. MÉDAILLE ARAGO. L'Académie, dans sa séance du i4 novembre 1887, a décidé la fondation d'une médaille d'or à l'effigie d'Arago. Cette médaille sera décernée par l'Académie chaque fois qu'une décou- verte, un travail ou un service rendu à la Science lui paraîtront dia^nes de ce témoignage de haute estime. ( i57 ) PRIX MONTYON (ARTS INSALUBRES). Il sera décerné un ou plusieurs prix aux auteurs qui auront trouvé les moyens de rendre un art ou un métier moins insalubre. Ij' Académie juge nécessaire de faire remarquer que les prix dont il s'agit ont expressément pour objet des découvertes et inventions qui dimi- nueraient les dangers des diverses professions ou arts mécaniques. Les pièces admises au Concours n'auront droit au prix qu'autant qu'elles contiendront une découverte parfaitement déterminée. Si la pièce a été produite par l'auteur, il devra indiquer la partie de son travail où cette découverte se trouve exprimée; dans tous les cas, la Com- mission chargée de l'examen du concours fera connaître que c'est à la dé- couverte dont il s'agit que le prix est donné. Les Ouvrages ou Mémoires présentés au concours doivent être envoyés au Secrétariat de l'Institut avant le i*'' juin de chaque année. PRIX CUVIER. Ce prix est décerné tous les trois ans à l'Ouvrage le plus remarquable, soit sur le règne animal, soit sur la Géologie. L'Académie annonce qu'elle décernera, s'il y a lieu, le prix Cuvier, dans sa séance publique annuelle de [900, à l'Ouvrage qui remplira les condi- tions du concours, et qui aura paru depuis le i*' janvier 1891 jusqu'au 1" juin 1900. Le prix est de quinze cents francs. PRIX TREMONT. Ce prix, d'une valeur annuelle de onze cents francs, est destiné « à aider dans ses travaux tout savant, ingénieur, artiste ou mécanicien, auquel une assistance sera nécessaire pour atteindre un but utile et glorieux pour la France » . C. R., 1898, 1" Semestre. (T. CXXVI, N» 2.) 21 i58 ) L'Académie, dans sa séance publique annuelle, accordera la somme provenant du legs Trémont, à titre d'encouragement, à tout savant, ingé- nieur, artiste ou mécanicien qui, se trouvant dans les conditions indiquées, aura présenté, dans le courant de l'année, une découverte ou un perfec- tionnement paraissant répondre le mieux aux intentions du fondateur. PRIX GEGNER. Ce prix annuel de quatre mille francs est destiné « à soutenir un savant qui se sera signalé par des travaux sérieux, et qui dès lors pourra continuer plus fructueusement ses recherches en faveur des progrès des Sciences positives ». PRIX DELALANDE-GUÉRINEAU. Ce prix biennal, d'une valeur de mille francs, sera décerné en 1898 « au » voyageur français ou au savant qui, l'un ou l'autre, aura rendu le plus de » services à la France ou à la Science » . Les pièces de concours devront être déposées au Secrétariat de l'Institut avant le i^' juin 1898. PRIX JEAN REYNALD. jy[me Yeuve Jean Reynaud, « voulant honorer la mémoire de son mari et perpétuer son zèle pour tout ce qui touche aux gloires de la France », a fait donation à l'Institut de France d'une rente sur l'Etat français, de la somme de dix mille francs, destinée à fonder un prix annuel qui sera suc- cessivement décerné par les cinq Académies « au travail le plus méritant, relevant de chaque classe de l'Institut, qui se sera produit pendant une période de cinq ans ». « Le prix J. Reynaud, dit la fondatrice, ira toujours à une œuvre origi- » nale, élevée et ayant un caractère d'invention et de nouveauté. » Les Membres de l'Institut ne seront pas écartés du concours. » Le prix sera toujours décerné intégralement; dans le cas où aucun " Ouvrage ne semblerait digne de le mériter entièrement, sa valeur sera >» délivrée à quelque grande infortune scientifique, littéraire ou artistique. » ( i59 ) L'Académie des Sciences décernera le prix Jean Reynaud dans sa séance publique de l'année 1901. PRIX JEROME PONTI. Ce prix biennal, de la valeur de trois mille cinq cents francs, sera accordé à l'auteur d'un travail scientifique dont la continuation ou le développement seront jugés importants pour la Science. L'Académie décernera ce prix, s'il y a lieu, dans sa séance publique de 1898. Les Mémoires seront reçus au Secrétariat de l'Institut jusqu'au î*^"^ juin .898. PRIX PETIT D'ORMOY. L'Académie a décidé que, sur les fonds produits par le legs Petit d'Or- moy, elle décernera tous les deux ans un prix de dix mille francs pour les Sciences mathématiques pures ou appliquées, et un prix de dix mille francs pour les Sciences naturelles. Les reliquats disponibles de la fondation pourront être employés par l'Académie en prix ou récompenses, suivant les décisions qui seront prises à ce sujet. L'Académie décernera le prix Petit d'Ormoy, s'il y a lieu, dans sa séance publique annuelle de 1899. PRIX LECONTE. Ce prix, d'une valeur de cinquante mille francs, doit être donné, en un seul prix, tous les trois ans, sans préférence de nationalité : i" Aux auteurs de découvertes nouvelles et capitales en Mathématiques, Physique, Chimie, Histoire naturelle, Sciences médicales; 1° Aux auteurs d'applications nouvelles de ces sciences, applications qui devront donner des résultats dr beaucoup supérieurs à ceux obtenus jusque-là. ( i6o ) L'Académie décernera le prix Leconte, s'il y a lieu, dans sa séance annuelle de 1898. PRIX TCHIATCHEFF. M. Pierre de Tchiatcheff a légué à l'Académie des Sciences la somme de cent mille francs. Dans son testament, M. de Tchiatcheff stipule ce qui suit : « Les intérêts de cette somme sont destinés à offrir annuellement aux » naturalistes de toute nationalité qui se seront le plus distingués dans l'ex- » ploration du continent asiatique (ou îles limitrophes), notamment des )) régions les moins connues et, en conséquence, à l'exclusion des con- » trées suivantes : Indes britanniques, Sibérie proprement dite, Asie Mi- » neure et Syrie, contrées déjà plus ou moins explorées. » Les explorations devront avoir pour objet une branche quelconque » des Sciences naturelles, physiques ou mathématiques. » Seront exclus les travaux ayant rapport aux autres sciences, telles » que : Archéologie, Histoire, Ethnographie, Philologie, etc. M Lorsque l'Académie ne croira pas être dans le cas d'accorder une ré- » compense ou un encouragement, soit partiellement, soit intégralement » le montant ou le restant des intérêts annuels de la susdite somme seront )) ajoutés à ceux de l'année ou des années subséquentes jusqu'à l'époque » où l'Académie jugera convenable de disposer de ces intérêts, soit à titre » de récompense pour des travaux accomplis, soit pour en faciliter l'entre- » prise ou la continuation. )> Il est bien entendu que les travaux récompensés ou encouragés » devront être le fruit d'observations faites sur les lieux mêmes et non des M œuvres de simple érudition. " L'Académie décernera le prix Tchiatcheff, s'il y a lieu, dans la séance publique de l'année 1898. Le prix est de trois mille francs. Les Ouvrages devront être déposés au Secrétariat de l'Institut avant le 1" juin de l'année 1898. ( '6i ) PRIX GASTON PLANTE. Ce prix biennal sera attribué, d'après le jugement de l'Académie, à l'auteur français d'une découverte, d'une inv^ention ou d'un travail im- portant dans le domaine de l'électricité. L'Académie décernera, s'il y a lieu, le prix Gaston Planté dans sa séance annuelle de 1899. Le prix est de trois mille Jrancs. Les Mémoires devront être déposés au Secrétariat de l'Institut avant le ["juin 1899. PRIX HOULLEVIGUE. M. Stanislas Houllevigue a légué <à l'Institut cinq mille francs de rentes 3 pour 100, à l'effet de fonder un prix annuel qui portera son nom et sera décerné à tour de rôle par l'Académie des Sciences et par l'Académie des Beaux-Arts. L'Académie des Sciences décernera le prix. Houllevigue dans la séance publique annuelle de 1898. PRIX C AH OURS. M. Auguste Cahours a légué à l'Académie des Sciences la somme de cent m.ille francs . Conformément aux vœux du testateur, les intérêts de cette somme se- ront distribués chaque année, à titre d'encouragement, à des jeunes gens qui se seront déjà fait connaître par quelques travaux intéressants et plus particulièrement par des recherches sur la Chimie. Le prix est de trois mille francs. L'Académie des Sciences décernera le prix Cahours, s'il y a lieu, dans sa séance publique annuelle de 1898. ( i62 ) PRIX SAINTOUR. L'Académie décernera ce prix, de la valeur de trois mille francs, dans sa séance annuelle de 1898. PRIX RASTNER-BOURSAULT. Le prix, d'une valeur de deux mille francs, sera décerné, s'il y a lieu, en 1898, à l'auteur du meilleur travail sur les applications diverses de l'Électricité dans les Arts, l'Industrie et le Commerce. PRIX ESTRADE-DELCROS. M. Estrade-Delcros, par son testament en date du 8 février 1876, a légué toute sa fortune à l'Institut. Le montant de ce legs devra être par- tagé, par portions égales, entre les cinq classes de l'Institut, pour servir à décerner, tous les cinq ans, un prix sur le sujet que choisira chaque Académie. Ce prix, de la valeur de huit mille francs, sera décerné par l'Académie des Sciences, pour la première fois, dans sa séance publique de 1898. PRIX JE AN- JACQUES BERGER. Le prix Jean- Jacques Berger, de la valeur de douze mille francs, à décerner successivement par les cinq Académies à l'OEuvre la plus méritante con- cernant la Ville de Paris, sera attribué, par l'Académie des Sciences, pour la première fois, en 1899. PRIX FONDE PAR M"' la Marquise DE LAPLACE. Ce prix, qui consiste dans la collection complète des Ouvrages de Laplace, est décerné, chaque année, au premier élève sortant de l'École Polytechnique. ( r63 ) PRIX FONDE PAR M. FELIX RIVOT. Ce prix, qui est annuel et dont la valeur est de deux mille cinq cents francs, sera partagé entre les quatre élèves sortant chaque année de l'Ecole Polytechnique avec les n"* 1 et 2 dans les corps des Mines et des Ponts et Chaussées. ( i64 ) CONDITIONS COMMUNES A TOUS LES CONCOURS. Les concurrents sont prévenus que l'Académie ne rendra aucun des Ouvrages envoyés aux concours; les auteurs auront la liberté d'en faire prendre des copies au Secrétariat de l'Institut. Par une mesure générale prise en i865, l'Académie a décidé que la clôture des concours pour les prix qu'elle propose aurait lieu à la même époque de l'année, et le terme a été fixé au premier juix. Les concurrents doivent indiquer, par une analvse succincte, la partie de leur travail où se trouve exprimée la découverte sur laquelle ils appellent le jugement de l'Académie. Nul n'est autorisé à prendre le titre de Lauréat de l'Académie, s'il n'a été jugé digne de recevoir un Prix. Les personnes qui ont obtenu des ré- compenses, des encouragements ou des mentions, n'ont pas droit à ce titre. LECTURES. M. J. Bertrand, Secrétaire perpétuel, lit une Notice historique sur Augustin-Louis Cauchy, Membre de l'Institut. M. C. Brocardel, Membre de l'Académie, lit : Le logement insalubre. J. B. et M. B. ( i65 ) TABLEAUX DES PRIX DÉCERNÉS ET DES PRIX PROPOSÉS DANS LA SÉANCE DU LUNDI 10 JANVIER 1898. TABLEAU DES PRIX DECERNES. ANNÉE 1897. GÉOMÉTRIE. Prix Francœur. — Le prix est décerné à M. G, Robin 65 Prix Poncelet. — Le prix est décerné à M. B. Liouville 65 MÉCANIQUE. Prix extraordinaire de six mille francs. — Un prix de trois mille cinq cents francs est décerné à MM. Gossot et Liouville. Un prix de quinze cents francs à M. Cliéron. Un prix de mille francs k M. Décante... C6 Prix Montyon. —Le prix est partagé entre ^\^\. Bourguin, Pavie cl Pigache 71 Prix Plumey. — Des encouragements sont attribués à MM. Brillé et J.-B. Girard.. 72 Prix Fourneyron. — Le prix est renvoyé à l'année prochaine 73 ASTRONOMIE. Prix Lalande. — Le prix est décerné à M. Perrine 7^^ Prix Damoiseau. — Le prix est décerné à M. Hermann Struve 74 Prix Valz. — Le prix est décerné à M. Louis Fabry 7^ PHYSIQUE. Prix L. La Gaze. — Le prix est décerné à M. Lénard 77 r.. R., 1S98, I" Semestre. (T. C.XXVI, STATISTIQUE. Prix Montyon. — Le prix est partagé entre MM. Gustave Bicnaymé el les D" Vincent elBurot; une mention très honorable est attribuée à M. le D' Lepage; rappel de merilioa honorable à M. le D' Baudran. 79 CHIMIE. Prix L. La Gaze. — Le prix est décerné à M. Paul Sabatier 86 Prix Jecker. — Le prix est décerné à M. Haller 88 MINÉRALOGIE ET GÉOLOGIE. Grand Prix des Sciences physiques. — Le prix est décerné à M. Joseph Vallot 91 Prix Bordin. — Le prix est décerné à iM. G. Pruvot 92 Prix Delesse. — Le prix est décerné à M. CEhlert g3 BOTANIQUE. Prix Desmazières. — Le prix est décernée M . Jacob Eriksson 93 Prix Montagne. — Le prix est décerné à M. Bourquelot 95 Prix Thore. — Le prix est partagé entre MM. Louis Bordas et Sappin-Trouffy.. . 97 N° 2.) 22 ( »ti^ ) io3 io6 ANATOMIE ET ZOOLOGIE. Prix Savigny. — La Commission a décidé qu'il n'y avait pas lieu cette année de dé- cerner le prix 99 Prix Da Gama Maohado. — i'ne mention honorable est attribuée à M"° la comtesse de Linden 99 MÉDECINE ET CHIRURGIE. Prix .Momyon. — Un prix est décerné à M. Gaucher. Un prix à "SX.'Zambaco. Un autre prix est partagé entre MM. Rémy et Contiemoulins, MM. Marie et Rihaul. Des mentions sont attribuées à MM. Fabre- Domergue et à MM. Bosc et Vedel. Une troisième mention est attribuée à M. La- pique Prix Barbier. — Le prix est décerné à M. de Rochebrune. Une mention est attri- buée à M. Lucet Prix Bré.int. — Un prix est décerné à MM. Burot et Legrand. Une récompense est attribuée à M. Emile Legrain 106 Prix Godard. — Le prix est décerné à MM. Beauregard et Boulart 107 Prix P.vrkix. — Le prix est décerné 'a .M. Augustus Waller 108 Prix Belliox. — Le prix est partagé entre M.M. Peron et Auguste Petlil 108 Prix Mège. — Le prix est décerné à M. le D' Tissié 109 Prix Lallemand.— Le prix est partagé entre MM. Henri Meunier et Gustave Durante. Des mentions honorables sont attribuées à MM. Voisin. Onuf et Cnllins et Mer- cier ' 1 " Prix du baron Larrey. — Le prix est dé- cerné à M. le D' Auffret 1 1 1 PHYSIOLOGIE. Prix .Montyon ( Physiologie expérimentale). — Le prix est décerné à M. Delzenne. Une mention est attribuée à M. Gourfin 112 Prix La Gaze. — Le prix est décerné à M. Rontgen 1 1 4 Prix Pourat. — Le prix est décerné à M. Kaufmann i'5 Prix Sl^rtin-Damourette. — Le prix est décerné à M. Guinard 117 Prix Philipeaux (Physiologie expérimen- tale). — Le prix est décerné à MM. Cour- tade et Guy on 119 j GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. Prix G.ay. — Le prix est décerné àM. Charles Flahault 119 PRIX GÉISÉRAUX. Prix MoNTyox(.A^rts insalubres). — La Com- mission ne décerne pas de prix cette année. Une mention de mille francs est attribuée à M. Masure. Une menlion de cini/ cents francs à M. le D' Arnaud. Une mention de cinq cents francs à feu M. le D' Ma- gitot 123 Prix Cuvier. — Le prix est décerné au pro- fesseur Marsh 126 Prix Tremoxt. — Le prix est décerné à M . Frémont 129 Prix Gegner. — Le prix est décerné à M. Paul Serret 129 Prix Petit d'Ormoy (Sciences mathéma- tiques). — Le prix est décerné à feu Tis- serand, pour l'ensemble de ses travaux. . 129 Prix Petit d'Ormoy (Sciences naturelles). — Le prix est décerné à M. Gosselet 129 Prix Tchiatcheff. — Le prix est décerné à M. Obrutschew i3i Prix Gaston Plante. — Le prix est décerné à M. André Blondel i33 Prix Cahours. — Le prix est partagé entre MM. Lebeau, Hébert, Tassilly, Thomas. i35 Prix Saintour. — Le prix est décerné à M. G. André i35 Prix Laplace. — Le prix est décerné à M. Crussard i35 Prix Rivot. — Le prix est décerné à M.M. Crussard, Gour g uechon, Bertrand, Bru- neau '^^ ( '67, ) PRIX PROPOSES pour les années 1898, 1899, 1900 et 1901, géométrie. 1898. Grand prix des Sciences mathém.\- TIQUES. — Chercher à étendre le rôle que peuvent jouer en Analyse les séries diver- gentes i36 1898. Prix Bordin. — Etudier les questions relatives à la détermination, aux propriétés et aux applications des systèmes de coor- données curvilignes orthogonales à n va- riables ; indiquer en particulier, d'une ma- nière aussi précise que possible, le degré de généralité de ces systèmes i37 1898. Prix Francœur iS^ 1898. Prix Poncelet i38 mecanique. 1898. Prix extraordinaire de six mille FRANCS. — Destiné à récompenser tout pro- grès de nature à accroître l'efficacité de nos forces navales i38 1898. Prix Montyon iSg 1898. Prix Plu.mey 109 1898. Prix Fourneyron. — Question de 1897 remise au concours de 1S98. — Donner la théorie du mouvement et discuter plus particulièrement les conditions de stabi- lité des appareils vélocipédiques (bi- cycles, bicyclettes, etc.) en mouvement rectiligne ou curviligne sur un plan soit horizontal, soit incliné 1^9 1899. Prix Fourneyron.— Perfectionner en quelque point la théorie des trompes. Con- firmer les résultats obtenus par l'expé- rience 1.19 ASTRONOMIE. 1898. Prix Lalande >4" 1898. Prix Damoiseau. — Exposer la théorie des perturbations d'Hypérion, le satellite de Saturne, découvert simultanément par Bond et Lassell, en tenant compte princi- palement des actions de Titan. Comparer les observations avec la théorie et en dé- duire la valeur de la masse de Titan i4o 1898. Prix Vai.z i^i 1898. Prix Janssen. — Médaille d'or des- tinée à récompenser la découverte ou le Travail faisant faire un progrés important à l'Astronomie physique i^i PHYSIQUE. 1899. Prix L. La Gaze i^i statistique. 1898. Prix Montyon 1^3 CHIMIE. 1898. Prix Jecker i43 1898. Prix H. Wilde i43 1898. Prix L. La Gaze i44 minéralogie et géologie. 1899. Grand prix des Sciences physiques. — Etudier la biologie des Nématodes libres d'eau douce et humicoles et plus particu- lièrement les formes et conditions de leurs reproductions sexuelle et asexuelle i44 1899. Prix Bordin. — Les modifications des organes des sens chez les animaux caver- nicoles i4^ 1898. Prix Vaillant. — Faire counaiire et discuter les indications que fournit l'étude microscopique des roches sédimentaires (particulièrement des roches secondaires ou tertiaires) au point de vue de leur ge- nèse et des modifications qu'elles ont su- bies, depuis leur dépùt, dans leur struc- ture et leur composition ( les corps organisés compris) ■4''' 1899. Prix Delesse i46 1899. Prix Fontannes i4fi BOTANIQUE. 1898. Prix Barbier i4'' 1898. Prix Desmazuîres i47 1898. Prix Montagne i47 1898. Prix de la Fons Mélicocu i47 1898. Prix Thore i48 ( '68 ) ANATOMIE ET ZOOLOGIE. 1898. Prix Thore i48 1898. Prix Savigny i48 1900. Pnix DA Gama Machado i49 MEDECINE ET CHIRUtlGIE. 1898. Prix Montyoîj i49 1898. Prix Barbier i5o 1898. Prix Breant i5o 1898. Prix Godard i5i 1899. Prix Serres i5i 1899. Prix Ch.\ussier i5i 1900. Prix Parkin ibi 1898. Prix Belliox 132 1898. Prix MÈGE i53 1899. Prix DU.SGATE.. i53 1898. Prix Lallemanu i53 1898. Prix du baron Larrey 1 53 PHYSIOLOGIE. 1898. Prix iMontyon i54 1899. Prix L. La Gaze iSf, 1898. Prix Pourat. — Innervation motrice de l'estomac i54 et i55 1899. Prix Martin-Damoubette i55 1898. Prix Philipeaux i55 GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. 1898. Prix Gay. — Comparer la flore marine du golfe de Gascogne avec les flores des régions voisines et avec celle de la Médi- terranée. Examiner si la flore et la faune conduisent à des résultats semblables.... 1899. Prix Gay. — Étude des Mollusques nus dans la Méditerranée ; les comparer à ceux des côtes océaniques françaises. PRIX GÉNÉRAUX. i56 MÉDAILLE AWAGO l56 1898. Prix Montyon, Arts insalubres 167 1900. Prix Cuvier lS^ 1898. Prix Themont 167 1898. Prix Gegner i58 1898. Prix Delalande-Guérineau i58 1901. Prix Jean Reynaud i58 1898. Prix Jérôme Ponti iSg 1899. Prix Petit d'Ormoy iSg 1898. Prix Leconte iSg 1898. Prix Tohiiiatchef 160 1899. Prix Gaston Plante 161 1898. Prix Houllevigue 161 1898. Prix Cahours 161 1898. Prix Saintour 162 1898. Prix Kastner-Boursault 162 1898. Prix Estrade-Delcros 162 1899. Prix Jean-Jacques Berger 162 1898. Prix Laplace 162 1898. Prix Rivot i63 Conditions communes à tous les concours i64 Avis relatif au titre de Lauréat de l'Académie j64 ( 1% ) TABLEAU PAR ANNÉE DES PRIX PROPOSÉS POUR 1898, 1899, 1900 ET 1901. 1898 Grand prix des Sciences mathématiques. — Chercher à étendre le rùle que peuvent jouer en Analyse les séries divergentes. Prix Bordin. — Étudier les questions relatives à la détermination aux propriétés et aux appli- cations des systèmes de coordonnées curvilignes orthogonales à n variables. Indiquer, en particu- lier, d'une manière aussi précise que possible, le degré de généralité de ces systèmes. Prix Francœur. — Découvertes ou travaux utiles au progrès des Sciences mathématiques pures et appliquées. Prix Poncelet. — Décerné à l'auteur de l'Ou- vrage le plus utile au progrès des Sciences ma- thématiques pures ou appliquées. Prix extraordinaire de six mille francs. — Progrés de nature à accroître l'efficacité de nos forces navales. Prix Montyon. — Mécanique. Prix Plumey. — Décerné à l'auteur du per- fectionnement des machines à vapeur ou de toute autre invention qui aura le plus contribué aux progrès de la navigation à vapeur. Prix Fourneyron.— Question de 1807 remise à 1898. — Donner la théorie du mouvement et discuter plus particulièrement les conditions de stabilité des appareils vélocipédiques (bicycles, bicyclettes, etc.) en mouvement rectiligne ou curviligne sur un plan soit horizontal, soit incliné. Prix Fourneyron. — Perfectionner en quelque point la théorie des trompes. Confirmer les ré- sultats obtenus par l'expérience. Prix Lalande. — Astronomie. Prix Damoiseau. — Exposer la théorie des perturbations d'Hypérion, le Siitellite de Saturne découvert simullanément en 1848 par Bond et Lassell, en tenant compte principalement de l'action de Titan. Comparer les observations avec la théorie et en déduire la valeur de la masse de Titan. Prix Valz. — Astronomie. Prix Montyon. — Statistique. Prix Jecker. — Chimie organique. Prix H. Wilde. Prix Delesse. — Décerné à l'auteur, français ou étranger, d'un travail concernant les Sciences géologiques ou, à défaut, d'un travail concernant les Sciences minéralogiques. Prix Vaillant. — Faire connaître et discuter les indications que fournit l'étude microscopique des roches sédimentaires (particulièrement des roches secondaires ou tertiaires), au point de vue de leur genèse et des modifications qu'elles ont subies, depuis leur dépôt, dans leur struc- ture et leur composition (les corps organisés compris). Prix Desmazières. — Décerné à l'auteur de l'Ouvrage le plus utile sur tout ou partie de la Cryptogamie. Prix Montagne. — Décerné aux auteurs de travaux importants ayant pour objet l'Anatomie, la Physiologie, le développement ou la descrip- tion des Cryptogames inférieures. Prix de la Fons Mélicocq. — Décerné au meil- leur Ouvrage de Botanique sur le nord de la France, c'est-à-dire sur les départements du Nord, du Pas-de-Calais, des Ardennes, de la Somme, de l'Oise et de l'Aisne. Prix Thore. — Décerné alternativement aux travaux sur les Cryptogames cellulaires d'Eu- rope et aux recherches sur les mœurs ou l'ana- tomie d'une espèce d'Insectes d'Europe. Prix Savigny, fondé par M"' Letellier. — Dé- cerné à de jeunes zoologistes voyageurs. Prix Da Gama Machado. — Décerné aux meil- leurs Mémoires sur les parties colorées du sys- tème tégumentaire des animaux ou sur la matière fécondante des êtres animés. Prix Montyon. — Médecine et Chirurgie. Prix Bréant. — Décerné à celui qui aura trouvé le moyen de guérir le choléra asiatique. Prix Godard. — Sur l'anatomie, la physio- logie et la pathologie des organes génito-uri- naires. Prix Barbier. — Décerné à celui qui fera une découverte précieuse dans les Sciences chirurgi- cale, médicale, pharmaceutique, et dans la Bo- tanique ayant rapport à l'art de guérir. Prix Lallemand. — Destiné à récompenser ou ( 170 ) encourager les travaux relatifs au système ner- veux, dans la plus large acception des mots. Prix du baron Larrey. — Sera décerné à un médecin ou à un chirurgien des armées de terre ou de mer pour le meilleur Ouvrage présenté à l'Académie et traitant un sujet de Médecine, de Chirurgie ou d'Hygiène militaire. Prix Bellion, fondé par M"' Foehr. — Dé- cerné à celui qui aura écrit des Ouvrages ou fait des découvertes surtout profitables à la santé de l'homme ou à l'amélioration de l'espèce hu- maine. Prix iVIège. — Décerné à celui qui aura con- tinué et complété l'essai du D' Mège sur les causes qui ont retardé ou favorisé les progrès de la Médecine. Prix Montyon. — Physiologie expérimentale. Prix Pourat. — Innervation motrice de l'es- tomac. Prix Philipeaux. — Physiologie expérimen- tale. Prix Gay. — Comparer la flore marine du golfe de Gascogne avec les flores des régions voisines et avec celle de la Méditerranée. Examiner si la flore et la faune conduisent à des résultats sem- blables. Médaille .iVrago. — Cette médaille sera dé- cernée par l'Académie chaque fois qu'une décou- verte, un travail ou un service rendu à la Science lui paraîtront dignes de ce témoignage de haute estime. Prix Montyon. — Arts insalubres. Prix Trêmont. — Destiné à tout savant, artiste ou mécanicien auquel une assistance sera néces- saire pour atteindre un but utile et glorieux pour la France. PrixGegner. — Destiné à soutenir un savant qui se sera distingué par des travaux sérieux pour- suivis en faveur du progrès des Sciences positives. Prix Delalande-Guérineau. — Décerné au voyageurfrançais ou au savant qui, l'un ou l'autre, aura rendu le plus de services à la France ou à la Science. Prix Jérôme Ponti. — Décerné à l'auteur d'un travail scientifique dont la continuation ou le dé- veloppement seront jugés importants pour la Science. Prix Leoonte. — Décerné : 1° aux auteurs de découvertes nouvelles et capitales en Mathéma- tiques, Physique, Chimie, Histoire naturelle, Sciences médicales ; 2° aux auteurs d'applications nouvelles de ces sciences, applications qui devront donner des résultats de beaucoup supérieurs à ceux obtenus jusque-là. Prix Tciiiatcheff. — Destiné aux naturalistes de toute nationalité qui auront fait, sur le conti- nent asiatique (ou iles limitrophes), des explo- rations ayant pour objet une branche quelconque des Sciences naturelles, physiques ou mathéma- tiques. Prix Houllevigue. Prix Caiiours. — Décerné, à titre d'encourage- ment, à des jeunes gens qui se seront déjà fait connaître par quelques travaux intéressants et plos particulièrement par des recherches sur la Chimie. Prix Saintour. Prix Kastner-Boursault. — Décerné à l'au- teur du meilleur travail sur les applications diverses de l'Électricité dans les Arts, l'Industrie et le Commerce. Prix Estrade-Delcros. — Ce prix sera dé- cerné pour la première fois par l'Académie des Sciences dans sa séance publique de 1898. Prix Laplace. — Décerné au premier élève sortant de l'Ecole Polytechnique. Prix Rivot. — Partagé entre les quatre élèves sortant chaque année de l'École Polytechnique avec les n°' 1 et 2 dans les corps des Mines et des Ponts et Chaussées. 1899 Grand prix des Sciences physiques. — Etu- dier la biologie desNématodes libres d'eau douce et humicoles et plus particulièrement les formes et conditions de leur reproduction sexuelle et asexuelle. Prix Bordin (Sciences physiques). — Etudes des modifications des organes des sens chez les animaux cavernicoles. Prix Fourneybon. — Perfectionner en quelque point important la théorie des trompes. Con- firmer les résultats obtenus par l'expérience. Prix D.\moiseau. — Faire la théorie d'une comète périodique dont plusieurs retours ont été observés. Prix Fontannes. — Décerné à l'auteur de la meilleure publication paléontologique. Prix Serres. — Sur l'Embryologie générale appliquée autant que possible à la Physiologie et à la Médecine. Prix Chaussier. — Décerné au meilleur Livre ou Mémoire, qui aura paru pendant ce temps et fait avancer la Médecine, soit sur la Médecine légale, soit sur la Médecine pratique. Prix Pourat. Prix Gay. — Etude des Mollusques nus dans la Méditerranée; les comparer à ceux des côtes océaniques françaises. Prix Jean-Jacoues Berger. — Décerné succes- sivement par les cinq .\cadémies à l'œuvre la plus méritante concernant la Ville de Paris; sera attribué par l'Académie des Sciences pour la pre- mière fois en i8ij(). ( '7' ) 1900 Prix Jansskn. Hiiix Da Gama iMachado. — Décerné aux meil- leurs Mémoires sur les parties colorées du sys- tème tégumentaire des animaux ou sur la matière fécondante des êtres animés. Prix Parkin. — Destiné à récompenser des re- cherches sur les sujets suivants : i° sur les effets curatifs du carbone sous ses diverses formes et plus particulièrement sous la forme gazeuse ou gaz acide carbonique dans le choléra, les diffé- rentes formes de fièvre et autres maladies; 2" sur les effets de l'action volcanique dans la produc- tion de maladies épidémiques dans le monde animal et le monde végétal et dans celle des ouragans et des perturbations atmosphériques anormales. Prix Dusgate. — Décerné à l'auteur du meil- leur Ouvrage sur les signes diagnostiques de la mort et sur les moyens de prévenir les inhuma- tions précipitées. Prix Cuvier. — Destiné à l'Ouvrage le plus remarquable soit sur le régne animal, soit sur la Géologie. 1901 Prix Jean Reynaud. — Décerné à l'auteur du travail le plus méritant qui se sera produit pen- dant une période de cinq ans. ( 172 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. OuVRAGltS REÇUS DANS LA SÉANCE DU 3 JANVIER 1898. Annales de Chimie et de Physique, par MM. Berthelot, Friedel, Mascart, MoissAN. Septième série. Janvier 1898. T. XIII. Paris, Masson et C'*, 1898; I fasc. in-8". Le Jardin des Apothicaires de Paris, par G. Planchon, Directeur de l'École supérieure de Pharmacie, Membre de l'Académie de Médecine. Paris, Mar- pon et Flammarion ; in-8°. Les Apothicaires dans les cérémonies de parade, par G. Planchon. Paris, Marpon et Flammarion; 1 brocli. in-8°. L'enseignement de l'Histoire naturelle des médicaments au jardin des Apo- thicaires et à r École de Pharmacie de Paris, par G. Pla>'chon. Paris, Ernest Flammarion, 1896; i broch. in-8'' et une série de 12 brochures du même auteur. (Présentées par M. Chatin.) Ministère de l'Agriculture. Direction de l' Agriculture. Bulletin. Seizième année. N" 6. Paris, Imprimerie nationale, décembre 1897; i vol. in-8°. Sur une nouvelle Diploxylée , par MM. Bernard Renault et A. Roche. Autun, Dejussieu père et fd s, 1897; 1 broch. in-8°. Bulletin de l' Académie de Médecine, publié par MM. J. Bergeron, Secré- taire perpétuel. Cadet de Gassicourt, Secrétaire annuel. Paris, Masson et C'^; I fosc. in-8". Société de Géographie. Comptes rendus des séances. 1897. N"^ 16 et 17. Paris, 1897; I fasc. in-8°. Annales de la Société scientifique de Bruxelles. Bruxelles, F. Hayez, 20 vol. in-8°. I On souscrit à Paris, chez GAUTHIER -VILLA RS ET FILS, Quai des Grands-Augusiins, n" 55. epuis 1835 les COHPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Ils forment, à la fin de l'année, deux Yolumes in-4*. Deux Tables, l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel ; part du i" janvier. Le prix de ^abonnement est fixé ainsi qii'it suit : Paris : 20 fr. — Départements : 30 fr. — Union postale : 34 fr. — Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus. On souscrit, dans les Départements, chez Messieurs : Agen Forri'ii frères. iChaix. Jourdan. RuIT. Amiens Courtin-Hecquet. ( Germain etGrassin. * i Lachèse. Bayonne ... Jérôme. Besançon Jacquard. I Feret. Bordeaux 1 Laurens. ' Muller (G.). Bourges Renaud. IUerrieii. F. Robert. J. Robert. Uzel frùres. Caen Jouaii. Chambery Perrin. -, . ( Henry. Cherbourg .. ( Marguerie. Juliot. Ribou-Collay. ILamarche. Rate). Rey. „ 1 Lauverjat. Dùuai ' i Degez. Lorient. Lyon. chez Messieurs : Baumal. M"' Texier. Bernoux et Cumin. Georg. Côte. S:ny. Ville. Marseille Ruai. Montpellier . Moulins . . .. I Calas. } Coulet. Nantes Clermonl-Ferr. ( Drevet. ) Gratier et C" Grenoble La Hochelle Foucher. Le Havre j Bourdignon. I Dombre. Lille.. ( Thorez. ( Quarré. Martial Place. / Jacques. Nancy ! Grosjean-Maupin. ( Sidol frères. I Loiseau. ( Veloppé. i Barma. ( Visconti et C'*. Nimes Thibaud. Orléans Luzeray. 1 Blanchier. Poitiers ,, , I Marche. Bennes Plihon et Hervé. Boche/orl Girard ( M"" )■ ^ Langlois. j Leslringant. S' -Etienne Chevalier. ( Bastide. ) Rumébe. f Gimet. i Privai. I Boisselier. Tours I Pérical. ( Suppligeon. ( Giard. ( Lemaitre. Rouen. S'-Étie Toulon . . ■ Toulouse.. Tours Valenciennes. On souscrit, à l'Étranger, Amsterdam. Berlin. chez Messieurs : [ Feikema Caarelsen ! et C''. Athènes Beck. Barcelone Verdaguer. Aslier et C". Dames. Friediander et fils. I Mayer et Muller. Berne Schmid et Francke. Bologne Zauichelli. iLainertin. MayolezelAudiarle. Lebègue et C'*. j Sotcheck et C°. / Millier ( Cai-ol). Budapest Kilian. Cambridge Deighlon, Bell elC". Christiania Cainmeriiieyer. Constantinople. ■ Otto Keil. Copenhague Hôst et fils. Florence Seeber. Gand Hosle. Gênes T Beuf. ; Cherbuliez. Genève ! Georg. ( Slapelmohr. La Haye Belinfante frères. ^ Benda. ( Payot. Barlh. Brockhaus. Leipzig / Lorenlz. Max Riibe. Twietmeyer. J Desoer. I Gnusé. Lausanne. Liège. I chez Messieurs : iDulau. Hachette et C". Nutt. Luxembourg . ... V. Buck. !Libr. Gulenberg. Romo y Fussel. Gonzalès e hijos. F. Fé. Milan 't^°'"'^ f''""- I Hœpli. Moscou Tastcwii. j Prass. A'aples Marghieri di Gius. ! Pellerano. ■ Dyrsen et Pfeiffer. Ne>v- York Slechert. ' LemckeelBuechner Odessa Rousseau. Oxford Parker et C" Palerme Clausen. Porto Magalhaés et Moniz. Prague Rivnac. Rio-Janeiro Garnier. I Bocca frères. ( Loescheret C". Rotterdam Kraniers et fils. Stockholm Samson et Wallin ^ Zinserling. I Wolir. I Bocca frères. Brero. Clausen. Rosenberg et Sellier- Varsovie Gebethner et Wolll. Vérone Drucker. * l Frick. Vienne ! „ , , . „, ( Gerold et C". Zurich Meyer et.ZelIer. Rome . S'-Petersbourg. . Turin. TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES : Tomes 1" 31. — (3 Août i835 à 3i Décembre i85o. ) Volume in-4°; i8i3. Prix 15 fr. Tomes 32 à 61.— (i" Janvier i85i à 3i Décembre i865.) Volume in-4''; i870_- Prix '. . . 15 fr. Tomes 62 à 91.— (i" Janvier i866 à 3i Décembre i88o.) Volume in-4°; 1889. Prix 15 fr. SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES : Tome I: Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Al' es, par MM. A. DERBÉset A.-J.-J. Souiee.— Mémoire sur le Calcul des Perturbation» qu'éprouvenl le? Comètes, par M.Hansen.— Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des matière^ grasses, par M. Claude Bernard. Volume in-4'', avec 82 planches ; 1806 15 fr. Tome II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Beneden. — Essai d'une réponse à la question de Prix proposée en i85o par l'Académie des Sciences pour le concours de i853, et puis remise pour celui de i856, savoir ; « Étudier les lois delà distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédi- • mentaires, suivanl l'ordre de leur superposition. — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée.— Rechercher la nature • des rapports qui existent entre l'état actuel du règne organique et ses états antérieurs », par M. le Professeur Bronn. In-4'', avec 27 planches; 1861.. . 15 fr. À la même Librairie les Hémolres de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Saranlt à l'Académie des Sciences. r 2. TABLE DES ARTICLES. (Séance puljlique annuelle du lo janvier 1898.) Pages. .Allocution dr .M. Cll.\Tlx io Prix décernés (ij Prix proposés i3(j Tableau des prix décernés l'jô Tableau des prix proposés 167 Tableau par année dos prix proposés 1O9 Bulletin BioLiocRAPncQiE 172 PARIS.- IMPRIMERIE G AUTHIER-VILLARS ET FILS, Quai des Grands-.Augustins, 55. I>r Gérant .* Gauthier-Vill*rs. fEB23l893 |ggg 3oZQ premier semestre. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES PAR nfl. I^BS SECRÉTAIRES PERPÉTUEIiS. TOaiE CXXVI. N^3 (4 7 Janvier 1898). PARIS, GAUTHIER-VILLARS ET FILS, IMPRIMEURStlBRAIRES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMI Quai des Grands-Auguslins, 55. 1898 DES SCIENCES RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875. »«)IK>« Les Comntes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie se composent des extraits des travaux de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes présentés par des savants étrangers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. 26 numéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. Article 1*' . — Impressions des travaux de V Académie. Les extraits des Mémoires présentés par un Membre ou oar unAssociéétranger de l'Académie comprennent au plus 6 pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o pages par année. Les communications verbales ne sont mentionnées dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction écrite par leur auteur a été remise, séance tenante, aux Secrétaires. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les Rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par les Correspondants de l'Académie comprennent au plus 4 pages par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de 32 pages par année. Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les discussions verbales qui s'élèvent lans le sein de l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont pris part désirent qu'il en soit fait nention, ils doi- vent rédiger, séance tenante, des INotes sommaires, dont ils donnent lecture à l'Acadénsie avant de les remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, d>s Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion Les Programmes des prix proposés par l'Académie sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap- ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autant que l'Académie l'aura décidé. Les Notices ou Discours prononcés en séance pu- blique ne font pas partie des Comptes rendus. Article 2. — Impression des travaux des Savants étrangers à l'Académie. Les Mémoires lus ou présentés par des personnes qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca- démie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré- sumé qui ne dépasse pas 3 pages. Les Membres qui présentent ces Mémoires sont tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le Membre qui fait la présentation est toujours nommé; mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le font pour les articles ordinaires de la correspondance offi- cielle de l'Académie. Article 3. Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis à l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, le jeudi à I o heures du matin ; faute d'être remis à temps, le titre seul du Mémoire estinséré dans le Cowp/e rendu actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui- vant et mis à la fin du cahier. Article 4. — Planches et tirage à part. Les Comptes rendus n'ont pas de planches. Le tirage à part des articles est aux frais des au- teurs; il n'v a d'exception que pour les Rapports et les Instructions demandes par le GouAcrnement. Article 5. Tous les six mois, la Commission administrative fait un Rapport sur la situation des Comptes rendus après l'impression de chaque volume. Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré- sent Règlement. Les Savants étrangers à l'Académie qui déirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les déposer au Secrétariat au plus tard le Sameâ qui précède la séance, avant 5*'. Autrement la présentation sera remise à la séance suivante. i FEB 3,3 1^ i^-^ COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 17 JANVIER 1898. PRÉSIDENCE DE M. WOLF. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. Notice sur la l'ie et les travaux de M. d'Abbadie; par M. Hatt. « Antoine Thomson d'Abbadie est né à Dublin, le 3 janvier i8io, d'un père français basque et d'une mère irlandaise. Il devait à cette dernière origine une vive sensibilité, une originalité peu commune et des croyances religieuses qui n'ont jamais été entamées par ses études scientifiques. De la race basque il tenait la vigueur physique et l'énergique volonté qui a été le trait saillant de son caractère. )) Il fit toutes ses études en France où sa famille était revenue s'établir en i8i3. Au sortir du collège, en 1829, d'Abbadie forma le projet d'une exploration dans l'intérieur de l'Afrique et consacra les six années sui- vantes à la préparation de son voyage. Il était sur le point de partir pour l'Ethiopie, sur laquelle son choix s'était définitivement fixé, quand, à C. R. 1898, I" Senipstre. (T. CXXVI, N» 3.) 2,3 ( 174 ) l'instigation d'Arago, il fut chargé par l'Académie d'une mission scienti- fique au Brésil. )) La mission acceptée par le jeune savant et accomplie à ses frais, avec la collaboration intermittente de M. Lefèvre, rentrait dans le cadre de ses éludes préparatoires; il s'agissait de décider, par l'observation, du sens du mouvement diurne de l'aiguille aimantée dans la région que l'on supposait devoir présenter un régime intermédiaire entre celui de l'hémi- sphère boréal, où l'aiguille tourne tous les matins dans le sens inverse, et celui de l'hémisphère austral, où se produit le mouvement direct. 1) On s'embarqua en novembre i836 sur la (rés,ale l' Andromède, en com- pagnie d'un illustre exilé que la France envoyait alors à Rio de Janeiro. C'est de celte époque que datent les relations de M. d'Abbadie avec le prince qui devait, vingt ans plus tard, présider aux destinées de notre Pays. » Un mauvais bateau conduisit la mission de Rio à Olinda, près de Per- nambuco, où les observations poursuivies pendant un mois et demi mon- trèrent que l'aiguille obéit au régime de l'hémisphère austral ou de l'hémi- sphère boréal, suivant que le Soleil culmine dans le nord ou dans le sud. )) Après être revenu du Brésil et avoir remis à l'Académie le manuscrit de ses observations magnétiques et météorologiques, Antoine d'Abbadie, donnant suite à ses premiers projets d'exploration, alla, vers la fin de iSSy, rejoindre au Caire son frère Arnault qui devait être son compagnon de voyage. » Remontant le Nil jusqu'à Reneh, ils gagnèrent le port de' Kosséir, sur la mer Rouge, et s'embarquèrent pour Djeddah d'où un autre navire les amena, le i 7 février i838, à Massaoua. De ce port, qui est situé à la pointe nord-est de l'Abyssinie, les deux frères parvinrent, après de nombreuses difficultés, jusqu'à Gondar, la capitale du pays. » Cette première reconnaissance fut effectuée, suivant la méthode tradi- tionnelle du cheminement, par Antoine qui était seul à s'occuper de Géogra- phie physique; il put se convaincre de l'insuffisance des procédés de levé du terrain adoptés avant lui et préparer une méthode nouvelle, la Géodésie expédilive, qui aura la rare bonne fortune d'atteindre tout de suite la per- fection. » A d'autres points de vue ce voyage servit d'épreuve; les enseigne- ments qu'il apportait seront développés avec une extrême finesse dans le remarquable exposé fait devant le Congrès international de Géographie de Venise, en 1881, et publié sous le titre de : Credo d'un voyageur. On peut ( 175 ) en résumer l'esprit par quelques préceptes qu'il contient : « Voyager seul » et sans armes, vivre sobrement et à la manière du pays, en respectant » ses coutumes; s'armer de patience et ne pas perdre de vue le but à » atteindre. » Désormais, Antoine d'Abbadie se séparera de son frère Ar- nault, afin de ne pas entraver les investigations d'ordre politique de ce dernier et de conserver pour soi-même la liberté de donner tous ses soins à la détermination des positions géographiques. » Mais il est mal outillé pour exécuter ce travail suivant la conception nouvelle des levés d'exploration, et il a le courage presque surhumain de tout reprendre à nouveaux frais et d'interrompre son voyage pour retour- ner en France se munir des instruments de précision indispensables. Nous le retrouvons au commencement de 1839 à Paris où il séjourne jusqu'à la fin de septembre. » Le voyage de retour fut très contrarié ; la petite expédition, y compris son chef, paya son tribut à la maladie et perdit phis de deux mois en Egypte. Ce ne fut qu'à la fin de janvier i84o que d'Abbadie put débarquer à Massaoua où l'attendait son frère. Rîais il n'était pas au bout de ses con- trariétés. L'hostilité d'un gouverneur de province empêchait l'expédition de pénétrer à l'intérieur; en travaillant aux environs de Massaoua d'Abba- die est blessé à l'œil et bientôt après atteint d'ophtalmie; il se voit con- traint d'aller chercher des secours médicaux à Aden, et l'accueil du gouver- neur anglais n'étant guère plus engageant que celai du chef éthiopien, il est contraint de se réfugier à Berbera sur la côte d'Afrique. Son frère vient l'y rejoindre et projette avec lui de tourner l'Abyssinie par le sud pour atteindre Kaffa par une route nouvelle; l'hostilité des chefs indigènes, acharnés contre les explorateurs français, vient déjouer cette tentative ainsi qu'une deuxième entreprise ayant pour objectif Tadjourah, auprès de notre colonie actuelle d'Obock. Après trois mois d'efforts inutiles, l'ex- pédition dut, pour la troisième (ois, retourner à Massaoua où l'autocrate indigène consentit enfin à la laisser passer. » Dès ce moment commence, pour d'Abbadie, la réalisation du pro- gramme qu'il s'est tracé. Ce que fut ce programme et comment il fut exécuté, notre Confrère M. Radau l'a exposé dans un éloquent chapitre de la Revue des deux Mondes, paru il y a un peu plus de trente ans et dont le souvenir m'est resté bien présent à l'esprit pour l'enseignement retiré de sa lecture. I) Les opérations de d'Abbadie constituent, suivant l'heureuse expression ( 176 ) de M. Radaii, une triangulation naturelle, en ce sens que l'on prend pour signaux tous les points naturellement remarquables et suffisamment défi- nis, tels que sommets de montagnes, rochers, bouquets d'arbres, etc. On pourrait ajouter que c'est une triangulation astronomique, car en chaque station il est fait une observation d'azimut qui oriente toutes les visées d'une manière absolue dans l'espace. La position d'une station d'où l'on a relevé deux points connus sera donc entièrement déterminée, tandis qu'avec des directions relatives trois relèvements seraient nécessaires et ne pourraient suffire en outre que si la station est en dehors de la circon- férence passant par les points visés. » C'est aussi par les observations astronomiques que sera mesurée la base du réseau; il suffira, pour cela, de connaître les latitudes de deux points orientés l'un par rapport à l'autre dans une direction voisine du méridien, ou les longitudes quand la direction est perpendiculaire. )) Le travail de d'Abbadie embrasse une étendue grande comme la France ; il comporte la détermination des positions géographiques de près de neuf cents points remarquables, distribués sur toute la région explorée. Avec une persévérance sans précédents cette œuvre a été poursuivie pen- dant dix ans au milieu de fatigues et de dangers de toutes sortes, parallè- lement aux études ethnographiques et linguistiques dont d'Abbadie était enthousiaste. )) On est frappé d'étonnernent devant cette abnégation de soi-même, cette énergie de volonté qui condamne, par amour pour la Science, un homme à mener, pendant ses plus belles années, l'existence la plus primi- tive et la plus austère; car d'Abbadie était d'une sévérité de mœurs telle qu'd passait pour un moine aux yeux des Éthiopiens, qui n'ont accueilli qu'avec incrédulité la nouvelle de son mariage en Europe. » C'est en 1849 seulement qu'il quitta définitivement l'Egypte, empor- tant avec lui une quantité considérable de matériaux touchant toutes les branches des connaissances humaines. Dans le nombre se trouvait une collection de deux cent trente-quatre manuscrits éthiopiens, la plus riche qui existât en Europe; un vocabulaire de la langue Amarinna comprenant plus de quinze mille mots. » Malgré la lassitude amenée par ces longs voyages, oii les privations étaient de règle, il se met résolument à l'œuvre pour la rédaction de ses tra- vaux de Géographie physique et la coordination des documents linguis- tiques et ethnographiques. Dans la liste des Mémoires et Ouvrages, au ( '77 ) nombre de vingt environ, déjà publiés à la date de 1861, nous pouvons relever : » Mémoire sur le tonnerre en Ethiopie, publié dans le Tome XVI des Mémoires des Savants étrangers ; 1) Catalogue raisonné des Manuscrits éthiopiens, imprimé à l'Imprimerie impériale avec les caractères dont les poinçons ont été gravés sous la direction de d'Abbadie ; » Résumé géodésique des positions déterminées en Ethiopie, tant en alti- tude quen latitude et longitude; publié en iSSp à Leipzig et utilisé pour la Connaissance des Temps âe 1862; » Premier fascicule de la Géodésie de la Haute-Ethiopie, reçue et corrigée par li. Radau; » Note sur le qobar ou brouillard sec ; » Observation d'un simoun ou vent sec et malsain; » Sur V usage' du café en Arabie; » Etc., etc. » Entre temps, d'Abbadie fît deux nouveaux voyages scientifiques ayant pour but l'observation d'éclipsés totales de Soleil : à Frederiksvaern (Nor- vège), en juillet i85i ; à Brievisca (en Espagne), pour l'éclipsé du 18 juillet 1860. » Parmi les sujets d'étude qui s'imposèrent à son attention, dans les dix années suivant son retour d'Ethiopie, il faut placer les perfectionne- ments des instruments de précision et, en particulier, du petit théodolite. Après avoir modifié les dispositions adoptées antérieurement et proposé un type amélioré dont on s'écarte à peine aujourd'hui, d'Abbadie imagina un modèle tout nouveau où la lunette est maintenue horizontalement, les visées en hauteur résultant du mouvement d'un prisme à réflexion totale placé devant l'objectif. Cet instrument, très pratique et dont les disposi- tions de détail ont été minutieusement étudiées, a déjà rendu et est appelé, encore, à rendre de grands services aux voyageurs. » C'est en 1867 que l'Académie des Sciences ouvrit ses portes à d'Ab- badie en le nommant à l'une des places nouvellement créées dans la Section de Géographie et Navigation. Dans la pensée du chef de l'État, cette aug- mentation de cadre permettait à l'Académie de récompenser, à l'occasion, l'un des vaillants explorateurs qui sont l'honneur d'une nation et dont les patients efforts lui apportent souvent gloire et prospérité. Nul plus que d'Abbadie n'était digne d'être désigné pour ce poste au double titre de savant éminent et d'explorateur incomparable. ( 178 ) » Ce fut un nouveau stimulant pour son activité; il termina, avec la col- laboration dévouée de M. Radau, la publication définitive de son grand Ouvrage sur la Géodésie de l'Ethiopie qui restera le monument impéris- sable de sa production scientifique. » Poslérieuremenl à son élection, nous voyons paraître encore une série d'Etudes et d'Ouvrages : » IJ Abyssinie et le roi Théodore, article publié en 1868 dans le Corres- pondant, où sont racontés et commentés les événements qui amenèrent l'expédition anglaise de Magdala; on retrouve dans cet article une série de souvenirs personnels de d'Abbadie d'autant plus précieux que malheureu- sement il n'a jamais songé à écrire une relation anecdotique complète de son voyage ; » Monnaies d'Ethiopie, article publié en 1868 dans la Revue numisma- tique; » Notice sur les langues de Kam; publiée en 1872 par la Société philo- logique; » Observations relatives à ta Physique du globe, Ouvrage de 200 pages in-4'', où ont été réunies, avec la collaboration de M. Radau, les observa- lions magnétiques faites au Brésil et en Ethiopie. » Un phénomène qui a été l'objet de sa constante sollicitude est le dé- placement absolu ou relatif de la verticale, soit qu'il s'agisse d'une modifi- cation de la gravité ou des mouvements de l'écorce terrestre. Après avoir tenté de faire celte étude au moyen de niveaux à bulle d'air très sensibles, il proposa, dès l'année 1832, de recourir au bain de mercure en observant les déplacements de l'image d'un objet fixe suffisamment éloigné. L'ap- pareil fut réalisé dans la propriété d'Arragori (plus lard Abbadja), près Hendaye, où l'on creusa dans le rocher un puits profond de 10'" pour y des- cendre un bain de mercure, l'objel fixe étant placé verticalement au-dessus. Mais des infiltrations continuelles d'eau de |?luie vinrent contrarier l'expé- rience et un nouveau dispositif dut être adopté. On bâtit un énorme massif en béton, s'élevant à 8" au-dessus du terrain environnant; cylindrique à l'intérieur, il présentait au dehors une paroi légèrement conique. Un esca- lier, creusé dans le rocher, menait à 2"' au-dessous du sol, dans une cave soustraite aux infiltrations d'eau, et permettait d'arriver sous le cylindre pour visiter le bain de mercure. » Les observations avaient lieu au sommet du cylindre où était fixé le repère consistant en une double croisée de fils métalliques. Afin de per- mettre à la maçonnerie de se tasser complètement, on attendit cinq ans ( 179 ) avant de commencer une suite d'observations. Celles-ci, qui consistaient essentiellement dans la mesure du déplacement de l'image du repère par rapport au repère lui-même, furent entreprises en 1867 et continuées jus- qu'en 1872. On les interrompit pour surélever le massif de 2™ ; reprises en 1879, elles ont été prolongées jusqu'à ce jour. )» Une assez curieuse particularité est ressortie de ces observations. Au milieu de déplacements accidentels très variables et souvent très brusques, il a été possible de constater, en moyenne, un mouvement de la verticale périodique, comme celui de la marée, bien supérieur cependant en ampli- •tude à l'oscillation théorique résultant de l'attraction des astres, oscilla- tion trop faible, comme l'on sait, pour être accessible à nos mesures les plus délicates. Ce pouvait donc être l'arrivée du flot lui-même qui provo- quait la déviation, par suite de l'attraction directe de la masse liquide soulevée au-dessus du niveau moven le lonçr de la côte voisine de l'ob- servatoire. Mais l'effet calculé théoriquement dans ces conditions s'est trouvé inférieur de moitié à ce que fournissait l'observation. C'est un sa- vant anglais bien connu, M. G. Darwin, qui a donné l'explication de cette apparente anomalie, en attribuant la déviation constatée, par moitiés égales, à l'attraction de la masse liquide et à la flexion du sol provoquée par son arrivée. M. Darwin, dont les relations amicales avec M. d'Abbadie ont été très suivies depuis cette vérification, considère qu'elle vient heu- reusement confirmer ses études relativement à l'élasticité de la croûte ter- restre. » En 1878, d'Abbadie fut nommé du Bureau des Longitudes, à la place vacante de Géographe. » Il fit paraître, en 1880, le Dictionnaire de la langue Amarinna, Vo- lume de 65o pages, publié sous les auspices de la Société philologique, dont il était le président. » Nous lui devons d'avoir pu employer la Photographie pour l'obser- vation du passage de Vénus, en 1882, car, après l'initiative qu'il prit de faire construire deux appareils héliophotographiques, la Commission du Passage se décida à entrer dans la même voie. Il dirigea personnellement l'une des missions de l'Académie des Sciences, celle de Port-au-Prince, dont les dépenses furent en partie acquittées par lui. » Après son retour de Saint-Domingue, il entreprit, à l'âge de 75 ans, un nouveau voyage scientifique pour aller observer les éléments magné- tiques terrestres en divers points du globe. Les étapes de cette expédition, dont il fit tous les frais, furent Athènes, Alexandrie, le Caire, Suez. Djeddah, ( '8o ) Massaoua, Hodeidah, Âclen, Berbéra, Soiiakim, Assoiian, Loiiqsor, Assiout, la grande Pyramide, Jérusalem, Constantinople, le Pirée, Naj>les et Rome. )) Malgré son grand âge d'Abbadie conservait tonte son activité et trou- vait le temps, an milieu des travaux scientifiques de l'observatoire de Hendaye, de publier en 1890, sous le titre : Géographie de l'Ethiopie, ce que j'ai entendu faisant suite à ce que j' ai vu, un Volume de 45o pages in-8° contenant le journal de ses observations détachées, les renseignements qu'il a recueillis pendant son voyage et ceux qu'il a pu obtenir de divers côtés, postérieurement à son retour. Un répertoire par ordre alphabétique facilite les recherches dans cet Ouvrage. » L'Académie le nommait vice-président en 1891 , et il occupa le fauteuil de la présidence l'année suivante. » Sur l'initiative que prit d'Abbadie en i8i)5, le professeur Jiiderin, de Stockholm, apporta en France l'appareil dont il est l'inventeur, pour mesurer, avec le colonel Bassot, la section méridionale de la base de Paris, d'une longueur de 3ooo" environ. L'opération fut exécutée, aller et retour, en moins de deux jours devant les représentants des Services publics, convoqués pour la circonstance. » A la tin de cette même année, d'Abbadie fit don à l' Académie des Sciences de la nue propriété de son domaine de Hendaye et d'une fraction importante de sa fortune. Le château d'Abbadia occupe une position dominante entre les Pyrénées etl'Océan. Tl abrite un observatoire complet dont fait partie la nadirane précédemment mentionnée; certains détails d'architecture et la disposition des pelouses environnantes sont subor- donnés au travail astronomique, mais la Science n'a rien de rébarbatif dans ce merveilleux site. On sait que d'Abbadie était un partisan convaincu des mesures décimales; il a résolu d'une manière originale dans son observatoire le problème souvent agité de la division du temps en faisant battre aux deux pendules qui s'y trouvent la quatre-vingt-millième partie du jour sidéral, c'est-à-dire un peu plus que la seconde. Chaque oscillation valant une demi-division du cadran partagé en cent parties, une demi- minute de grade en d'autres termes, il y a identité entre la division du jour et celle du cercle. » D'Abbadie séjournait ordinairement six mois de l'année à son obser- vatoire pour diriger les travaux dont il a demandé à l'Académie d'assurer, après lui, l'exécution. Il s'y trouvait encore au commencement de janvier 1896, quand l'Académie reçut l'annonce officielle de sa donation, et il y fut honoré de la visite du Bureau, venu pour lui présenter les remerci- ( 'Si ) ments de la Compagnie. Dans la séance du 27 janvier 1896, le Président rendit compte de sa mission et remit à d'Abbadie, de retour parmi ses Confrères, la médaille Arago, l'une des plus hautes récompenses de l'Académie. » Sa santé déclina visiblement dans le courant de l'hiver; il se plaignait surtout d'une extinction de voix irréductible parles remèdes ordinaires. Tl partit pour Abbadia dans le courant de juin, espérant retrouver sur le bord de la mer un milieu plus favorable. Cet espoir, que sa robuste consti- tution permettait de concevoir, fut malheureusement déçu. Il était plus malade et presque aphone à son retour à Paris, en janvier 1897. Rien cependant ne paraissait changé dans ses habitudes, et il assistait encore à la séance de l'Académie du i5 mars et à celle du Bureau des Longitudes du 17. C'est dans la nuit du ig au 20 mars que la mort est venue le sur- prendre. » Par sa volonté expresse, ses restes furent transportés à Abbadia, sans qu'aucune cérémonie permit aux nombreux amis et admirateurs qu'il comptait de se réunir autour de son cercueil. )) Son œuvre scientifique lui survivra et, ce qui vaut mieux encore, il laissera le souvenir d'un homme foncièrement bon. D'une rare modestie, il n'a brigué dans sa vie qu'un seul honneur, celui d'appartenir à l'Acadé- mie. Ceux qui l'ont élu ont déclaré n'avoir jamais vu candidat plus réservé. Mais, s'il ne savait rien demander pour lui-même, il était très dévoué à faire rendre justice aux autres et ne s'épargnait pas pour ceux qu'il jugeait dignes de son attention. )) Le désir qu'il a exprimé relativement au travail astronomique d'Ab- badia est satisfait, car les observations sont poursuivies aujourd'hui par un prêtre oratorien aussi dévoué qu'intelligent, qu'il a pu encore former à son école dans la dernière année de sa vie. » OPTIQUE. — Sur quelques résultats nouveaux relatifs au phénomène découvert par M. le Yy Zeeman. Note de M. A. Cornu. « Des perfectionnements successifs apportés à l'observation du phéno- mène découvert par M. le D"' Zeeman m'ont conduit à quelques résultats en désaccord avec les observations primitives et susceptibles de modifier les idées émises sur le mécanisme de ce phénomène. )) La disposition générale de l'expérience est celle que j'ai décrite pré- C. R., 189S, 1" Semestre. (T. CXXVI, N" 3.) 24 ( I«2 ) cédemment : la source Inmineuse (flamme oxhydrique chargée de vapeurs salines, étincelle d'induction, etc.) est placée entre les deux pôles d'un fort électro-aimant et l'image de cette sonrce est projetée sur la fente d'un appareil spectral à grande dispersion muni des dispositifs biréfrin- eents nécessaires. )j 1. Observation dans le sens des lignes de forces. — Les conclusions primitives relatives au dédoublement du faisceau de lumière naturelle en deux faisceaux circulaires subsistent entièrement ('). )> Mais les mesures micrométriques ont montré que l'amplitude de ce dédoublement ne dépend pas exclusivement de la longueur d'onde de la radiation observée : on j^eut résumer ainsi l'ensemble des observations. » L'action du champ magnétique sur la période vibratoire des radiations d'une source lumineuse paraît dépendre non seulement de la nature chimique de la source, mais aussi de la nature du groupe de raies spectrales auquel appartient chaque radiation et du rôle qu elle joue dans ce groupe. » Il reste donc peu d'espoir d'exprimer la- grandeur du dédoublement magnétique des raies d'un même spectre par une simple fonction de la lon- gueur d'onde, ainsi qu'on avait pu l'espérer au début (-), )) C'est d'ailleurs ce point de vue de l'existence de différences essen- tielles existant parmi les raies d'un même spectre, différences reconnues déjà dans diverses circonstances (raies spontanément renversables ('), groupes hydrogéniques (^), etc.) qui m'a engagé à poursuivre l'étude minutieuse du phénomène de Zeeman comme offrant une voie nouvelle susceptible de mettre en évidence ces familles de raies que les apparences optiques font déjà soupçonner. )) Effectivement l'observation de groupes bien connus par leur succession géométrique régulière révèle, sous l'action du magnétisme, des anomalies analogues à leur inégale facilité de renversement spontané. » Ainsi le groupe b du magnésium observe par vision directe, le groupe des trois raies bleues du zinc enregistré par clichés photographiques montrent que le dédoublement magnétique de leurs composantes va en diminuant suivant une loi rapide avec la réfrangibilité, bien que la longueur d'onde varie d'une quantité insignifiante de l'une à l'autre. (') A. Cornu, Comptes rendus, t. CXXV, p. 555. (-) II. Becqlerel, loc. cit., p. 679. (') A. CoRKU, Comptes rendus, t. LXXIII, p. 332. (') A. Cornu, Comptes rendus, t. C. p. 1181. ( i83 ) » Contrairement à ce que les expériences de MM. EgorofF et Geor- giewski pouvaient faire présumer, c'est la raie la plus facilement renversable qui donne ici le moindre dédoublement. » 2. Observations dans la direction normale aux lignes de force. — Le résultat principal, obtenu dans ce cas, modifie profondément sur un point important les conclusions primitives de MM. Zeeman et Lorentz. » 1° Sous l'influence du champ magnétique dans la direction normale aux lignes de force, une raie spectrale unique devient quadruple (et non triple comme ou l'avait anîioncé primitivement). Les deux raies extrêmes sont polarisées parallèlement aux lignes de force, les deux raies intermédiaires per- pendiculairement à cette direction. M 2° Le quadruplet ainsi formé est symétrique par rapport à la raie pri- mitive et l'écart des deux raies de même polarisation est sensiblement propor- tionnel à l'intensité du champ magnétique ( ' ). » C'est le perlectionnementde l'appareil optique, bien plutôtque l'accrois- sement du champ magnétique, qui m'a permis d'effectuer le dédoublement de la raie médiane du triplet de Zeeman : ce dédoublement a dû déjà être aperçu par divers observateurs ; mais l'imperfection des images l'aura fait confondre avec un simple renversement. » D'ailleurs, il est le plus souvent très petit et en tout cas très inégal suivant les radiations choisies, même dans des groupes très serrés. » L'exemple le plus frappant et le plus facile à observer est celui que fournit le groupe D, D^ du sodium. )) La raie D, {fig. i) la plus fine et la moins réfrangible des deux, se Fis. >. LJ transforme en un quadruplet bien visible, car les deux raies médianes offrent un écartement moitié de celui des deux exti'êmes. La raie Do, plus large, (•) J'ai constaté également que, ponr les champs magnétiques égaux, la distance des deux raies polarisées parallèlement aux lignes de force est sensiblement égale à la distance des raies polarisées circulairement ; mais la précision des mesures optiques ou magnétiques est encore trop imparfaite pour pouvoir démontrer cette égalité avec certitude. C 18/4 ) plus facilement renversable, devient un triplet, parce que la raie médiane reste simple; cette composante médiane laisse, il est vrai, supposer l'exis- tence d'une légère ligne noire au -milieu de sa largeur; mais, comme les deux autres composantes, de polarisation inverse, offrent la même appa- rence, le dédoublement reste indécis. Ainsi la différence essentielle de na- ture entre D, et Do, décelée depuis longtemps par leur inégale facilité de renversement spontané, est accusée ici par un caractère singulièrement net, à savoir l'inégale séparation des seules composantes médianes : cette sépa- ration est très grande dans D,, très faible dans D^; au contraire, la distance des composantes extérieures est sensiblement la même dans les deux. N'est- on pas en droit de penser que l'action du champ magnétique atteint ime particularité des plus intimes du mécanisme de la genèse des radiations? » Le groupe b du magnésium, composé de trois raies t,, b^, b,, ('), est également instructif : on s'attendait à voir la raie la plus fine se trans- former en quadruplet; il n'en est rien, elle devient un simple triplet; l'in- termédiaire b.,, au contraire, se divise nettement en quatre : la première b, , la plus facilement renversable, se sépare également en un quadruplet, mais elle est trop diffuse pour que le phénomène soit aussi net. » La raie verte du thallium est aussi trop large pour bien montrer le dédoublement de la raie médiane. )) La raie verte (n° 4) du cadmium se divise également en quatre, mais il faut un champ magnétique intense pour bien voir cette subdivision. » Si l'on pouvait douter, d'après les seules observations effectuées dans la direction des lignes de force de l'action spécifique du champ magné- tique sur les radiations émises, les résultats précités obtenus dans la direc- tion normale à ces lignes lèvent tous les doutes. Il n'y a d'ailleurs à craindre aucune erreur provenant d'un imparfait réglage du dispositif optique; en effet, dans la direction normale aux lignes de force on n'utilise, comme appareil séparateur, qu'un simple rhomboïde de spath d'Islande. Quant au champ magnétique dont l'uniformité n'est jamais parfaite, je me suis assuré (en donnant aux pièces polaires les formes les plus diverses) que, si l'in- tensité moyenne du champ varie suivant la configuration de ces pièces, la distance relative des composantes du quadruplet reste inaltérée; le phé- nomène ne dépend donc pas d'une disposition particulière des surfaces équipolentielles du champ (-). (') Dans le groupe b du spectre solaire la raie ^3 apparlienl au nickel. (^) A cette occasion j'ai trouvé une méthode très curieuse pour rendre visibles les ( i85 ) » On pourrait enfin objecter, non sans quelque raison, que la faiblesse des déviations obtenues jusqu'ici rend très incertaine l'interprétation des images. Mais, dans mes expériences, cette objection n'est pas applicable; grâce à diverses précautions résultant d'essais successifs, j'obtiens des images extrêmement lumineuses et fines séparées par des intervalles obscurs bien délimités ('). » J'arrive à ce résultat par l'emploi de l'excellent réseau plan qui m'a servi aux études de Spectroscopie solaire (^) et que je dois à l'amabi- lité de M. le Professeur Rowland; j'ai pu constituer un spectroscope à grande dispersion (') où le spectre du troisième ordre est particulière- ment brillant, de sorte que les déviations atteignent une amplitude relati- vement considérable. Voici les nombres obtenus dans une observation faite avec un champ magnétique d'environ i3ooo unités C.G.S. surfaces équipolentielles magnétiques au voisinage des pièces polaires dans les champs très intenses; je ne sais si elle est connue, elle est en tout cas fort commode. Elle consiste à faire éclater dans le champ à explorer l'étincelle (non condensée) d'une forle bobine d'induction entre deux électrodes métalliques assez écartées; le trait de feu n'est pas dévié, mais l'auréole violette est soufflée; elle s'épanouit d'un côté seule- ment, suivant une nappe lumineuse striée en courbes concentriques, qui épouse sen- siblement la forme de la surface équipotentielle passant par le point où se fait la décharge, et elle oITre une aire d'autant plus grande que l'intensité du champ y est plus grande. Cette nappe change de côté lorsqu'on inverse le sens du courant inducteur ou celui des lignes de force. Avec des électrodes facilement volatllisables (tliallium, sodium métallique, etc.) le phénomène est particulièrement brillant. Si l'on rapproche beaucoup les électrodes, une seconde nappe, symétrique mais plus étroite, apparaît de l'autre côté, l'ensemble formant un papillon à ailes inégales; elle est due évidemment à la décharge du courant induit direct, à basse tension. (') En particulier les raies D, D^ de la soude s'obtiennent en réglant la proportion et la pression des gaz oxhydriques sur un globule de verre à la soude : avec un peu d'ha- bitude on arrive à obtenir à volonté toutes les apparences spectrales connues, raies pâles et difl'uses, raies brillantes et nettes, avec ou sans renversement. Dans l'étincelle d'induction jaillissant entre deux pôles de sodium métallique, le métal ne s'enflamme pas, même avec une forte décharge condensée; mais les raies sont larges et renversées et l'on peut voir le quadruplet sombre sur fond brillant. (-) Ann. de Chimie et de Physique, &" série, t. Vil, p. 5. (^) Journal de Physique, 2= série, t. II, p. 53. Le spectroscope décrit dans cet ar- ticle donnait déjà de très bons résultats; mais en remplaçant le prisme de llinl par le réseau la netteté s'est considérablement accrue. ( i86) Distances des raies extérieures du quadruplet D, 0,04 du micromètre oculaire Distances des raies intérieures du quadruplet D, 0,26 Distances des raies D,, D2 à l'état naturel 3, 61 » Le pas de la vis du micromètre est d'un demi-millimètre. » La plus grande distance des composantes séparées par l'action magné- tique atteint donc presque ^ de la distance des raies D, D,. » Remarque. — Ce quadruplenient inattendu de la période vibratoire d'une source monochromatique, normalement aux lignes de force, contrarie au premier abord la simplicité de l'interprétalion cinématique si élégante de la formation du Iriplet, qui conduisait à conclure que l'amplitude vibratoire des radiations n'était pas modifiée dans le sens des lignes de force. Mais, à la réflexion, je me suis convaincu que la nouvelle donnée expérimentale, devant laquelle il faut s'incliner, s'accorde néanmoins parfaitement avec l'idée qu'on doit se faire d'une ligne de force magné- tique, laquelle est définie par un vecteur ou quantité dirigée; les propriétés du sys- tème complexe qu'elle représente dépendent donc du sens dans lequel elle est portée. Or, l'amplitude vibratoire est aussi une quantité dirigée : il est donc naturel que l'in- fluence réciproque de deux éléments parallèles, caractérisés tous deux par des vec- teurs, puisse être de deux sortes suivant que les vecteurs en jeu sont de même signe ou de signe contraire. C'est évidemment un argument un peu abstrait, mais qui n'en impose pas moins une condition nécessaire. L'effet résultant peut être nul ; c'est ce qui résultait des observations imparfaites du début ; mais, n'étant pas nul, il a néces- sairement deux valeurs égales et de signe contraire; c'est justement ce que consta- tent les nouvelles observations, à savoir une variation de période symétrique de part et d'autre de la période primitive. » Si l'interprétation cinématique du phénomène devient un peu plus complexe, elle acquiert une symétrie très suggestive relativement à la constitution du champ magné- tique : » Comme les composantes vibratoires normales aux lignes de force, la compo- sante parallèle à cette direction est dédoublée : les périodes des deux parties sont altérées de quantités respectivement égales, de lignes contraires et proportion- nelles à l'intensité du champ. » En résumé, on voit combien de questions importantes, au point de vue des relations de l'électricité avec la lumière, soulèvent ces nouvelles expériences. Bien que les observations soient très délicates et encore fort incomplètes, j'ai cru devoir les faire connaître, lue réservant de les pour- suivre lorsque les moyens d'action dont j'espère disposer me permet- tront d'accroître encore la grandeur des effets et, par stiite, la précision des mesures. » ( i87 ) Observations de M. Hexri Becquerel, relatives à la Communication précédente. « A la suite de la Communication de M. Cornu, M. Henri Becquerel fait observer que s'il existe, comme il le pense, une relation entre la gran- deur du phénomène de Zeeman et la longueur d'onde de la lumière, cette fonction doit être recherchée en étudiant des radiations ayant nne relation conunune d'origine; telles sont, par exemple, les lignes qui, dans divers spectres métalliques, suivent la loi de répartition des lignes de l'hydrogène. Une relation de la nature de celle qu'il a indiquée (') est vraisemblable- ment affectée d'un coefficient spécifique pour chaque corps, et même pour chaque système de raies lumineuses répondant à des modes particuliers de vibration de la source. » Les inégalités que M. Cornu signale aujourd'hui dans le triplet du magnésium pourraient être attribuées à une influence du champ magné- tique sur le mouvement moléculaire avant que celui-ci fût transmis à l'élher ambiant. Mais les expériences dont M. Cornu vient de rendre compte ne paraissent pas jusqu'ici contraires aux tentatives d'interpréta- tion cinématique rappelées |)lus haut. » CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur la séparation et le dosage de l'iode, du brome et du chlore. Note de M. Ad. Carnot. « On a déjà proposé bien des méthodes pour le dosage de ces trois corps dans un mélange de sels haloïdes. Si je me décide à en présenter encore une nouvelle, c'est parce qu'elle me semble réunir des qualités de simplicité, de rapidité et d'exactitude, que l'on ne trouve pas ensemble dans les méthodes antérieures. » J'ai d'aillem's utilisé les excellentes indications données par Fré- sénius (-) pour le dosage de l'iode, et j'ai misa profit quelques observa- tions de M. Dechan (') et de M. Baubigny (''), relativement au brome. (') Comptes rendus, t. CXXV, p. 679. (-) Frésénius, Tr. cCanal. chim. quanlil., 6= édit. française, p. 4o6. (») Chernic. Soc, t. XLIX, p. 682; Bull, de la Soc. chim., t. II, p. 33i; 1887. (*) Comptes rendus. 2 nov. 1897, t. CXXV, p. 654- ( i88) » La méthode est fondée sur les réactions suivantes : dans un mélange de chlorures, de bromures et d'iodnres en dissolution, l'acide sulfurique chargé de vapeurs nitreuses peut déplacer entièrement l'iode à froid, sans agir en aucune manière sur les acides chlorhydrique et bromhydrique; l'iode peut être alors entièrement dissous et enlevé par le sulfure de car- bone. En ajoutant de l'acide sulfurique et de l'acide chromique, on n'isole le brome que très partiellement à froid, mais on peut réussir à l'isoler entièrement en chauffant au voisinage de ioo° pendant une demi-heure à une heure, puis laissant refroidir et dissolvant par le sulfure de carbone. Il n'y a mise en liberté, dans l'un ni l'autre cas, d'aucune trace de chlore ; le dosage de ce corps peut être fait ensuite par l'azotate d'argent. » Quant à l'iode, il est dosé volumétriquement par l'hyposulfite de so- dium ajouté dans le sulfure de carbone jusqu'à décoloration exacte; pour le brome, on opère de même, en ajoutant d'abord de l'iodure de potas- sium, puis faisant disparaître exactement la coloration violette donnée par l'iode libre au moyen de l'hyposulfite en solution titrée. » Une série d'expériences faites sur les proportions les plus variées de chlorure, de bromure et d'iodure ont montré la précision des résultats, moyennant l'observation des précautions qui vont être indiquées. » i" [ode. — La solution neutre des sels, étendue à un volume de loo'^^ environ, est introduite dans un entonnoir à boule de 35o™ à 4oo'''' de ca- pacité, bien fermé, à la partie supérieure, par un bouchon à l'émeri et, à la partie inférieure, par un robinet de verre, à parois assez peu épaisses pour ne pas risquer de se fendre lorsqu'on les chauffe au bain-marie. » On fait tomber dans la solution froide une dizaine de gouttes d'acide sulfurique saturé de vapeurs nitreuses (produites par la réaction de l'acide azotique concentré sur l'amidon), puis on verse de lo™ à i5'^'= de sulfure de carbone pur. » On fixe le bouchon de verre et l'on agite vigoureusement et à plusieurs reprises; on laisse alors le sulfure de carbone se réunir, on agite un peu pour faire tomber au travers du liquide les petites gouttelettes de sulfure qui sont restées attachées aux parois de la boule. Le sulfure de carbone est coloré en violet foncé, s'il y a une quantité notable d'iode, en violet clair ou en rose, s'il y en a très peu ; il se distingue très aisément de la solution aqueuse, et remplit la partie inférieure de la boule et le tube fin jusqu'au robinet de verre. On ouvre doucement le robinet et l'on fait écouler lesul- fin-e coloré sur un filtre de papier préalablement mouillé d'eau, on ferme le robinet au moment où la solution aqueuse s'y présente. On ajoute ( .89 ) de nouveau lo"' environ de sulfure de carbone et l'on agile comme pré- cédemment; le réactif n'est, en général, coloré cjue très faiblement par l'iode ; on fait tomber encore trois ou quatre gouttes d'acide sulhirique ni- treux et, après nouvelle agitation, qui ne doit produire aucun changement de teinte, si la première opération a été bien conduite, on laisse rassembler et l'on fait écouler le sulfure de carbone sur le même filtre, qu'on préserve " de l'évaporation par une plaque de verre. » L'introduction de 2*='' ou 3''" de sulfure de carbone et d'une ou deux gouttes d'acide sulfurique nitreux permet de recueillir les fines goutte- lettes de sulfure qui peuvent être restées à la surface du liquide, de s'assu- rer que le déplacement de l'iode est complet et de balayer la petite quan- tité de sulfure faiblement coloré, contenue dans la voie du robinet de verre. » Le sulfure de carbone, réuni sur le filtre mouillé, est bien lavé à l'eau froide. Les premières eaux seules sont recueillies et ajoutées au liquide aqueux de la boule de verre pour la suite de l'analyse. En perçant le filtre, on fait passer le sulfure de carbone dans une petite fiole, ferméeà l'émeri, avec 3o''<' environ d'une solution à i pour loo de bicarbonate de sodium. On verse alors, au moyen d'une burette graduée, une solution d'hyposul- fite de sodium titrée (décinormale ou centinormale) jusqu'à décoloration complète du sulfure de carbone. On agite vigoureusement après chaque addition du réducteur. Le phénomène est très net et l'exactitude des ré- sultats est aussi complète que possible, non seulement en présence des chlorures, ainsi que l'avait observé Frésénius, mais aussi en présence des bromures. » 2° Brome. — Pour doser le brome, on verse dans la boule de verre à robinet quelques centimètres cubes d'acide chromique à lopour loo et 3 à 4'''' d'acide sulfurique étendu de son volume d'eau; on met aussitôt le bouchon à l'émeri et l'on ferme solidement la boule, qu'on place et qu'on laisse flotter dans un bain-marie à loo" pendant une demi-heure à une heure. On la sort alors et on la laisse refroidir entièrement, puis on intro- duit du sulfure de carbone et l'on procède, comme je l'ai expliqué pour l'iode, par trois épuisements successifs. Le sulfure de carbone est reçu sur un filtre mouillé, puis lavé à l'eau froide, jusqu'à ce que celle-ci ne pré- sente plus d'acidité. » On f.iit alors tomber le sulfure dans un flacon à l'émeri, où l'on ajoute un peu d'iodure de potassium en dissolution et 'io''" de bicarbonate de C. R., 1898, I" Semestre. (T. CXXVI, N» 3.) 23 ( I90 ) sodium. On agite vigoureusement à plusieurs reprises. Le brome déplace une proportion équivalente d'iode qui, devenu libre, donne au dissolvant une coloration violette beaucoup plus visible que ne l'était la teinte jaune brun produite par le brome. La détermination de l'iode se fait, comme précédemment, par l'hyposulfite de sodium titré et l'on n'a plus, pour connaître le poids correspondant du brome, qu'à multiplier le poids de l'iode par le coefficient ^. » 3° C/iloie. — La solution acide, dont on a enlevé l'iode et le brome et à laquelle on a réuni les premières eaux de lavage, est versée dans un vase à précipitation, étendue d'eau à Sco*^" environ, additionnée d'azotate d'ar- gent, puis chauffée de façon à rassembler le chlorure. Le précipité se trouve coloré par un peu de chromate d'argent; pour le purifier, on dé- cante la liqueur après refroidissement et on la remplace par un peu d'eau chaude légèrement azotique; on laisse encore refroidir et on lave par décantation. Le chlorure d'argent, devenu complètement blanc, est reçu sur un filtre taré, puis séché et pesé avec les précautions habituelles. » Le dosage du chlore est, des trois, celui auquel on attache le moins d'inqîortance dans la plupart des cas. Au lieu d'opérer comme je viens de le dire, on pourra presque toujours se contenter d'un dosage par diffé- rence, qu'un procédé volumélrique permet d'obtenir rapidement de la façon suivante : » On peut opérer sur la solution privée d'iode, provenant de la première opération, et en faire deux portions : l'une e§t traitée en vue du dosage du brome, comme il vient d'être dit; l'autre est précipitée par une quantité mesurée d'azotate d'argent titré, on détermine ensuite l'excès d'argent en se servant de sulfocyanure comme solution titrée et d'alun de fer comme indicateur; d'après le dosage du brome, on sait la quantité d'azotate d'ar- gent qu'd a consommée et, par différence, on calcule aisément le chlore. » On peut aussi, surtout si les chlorures sont en proportion beaucoup plus grande que les iodures et bromures, ne prendre que -^ ou ~ de la so- lution neutre primitive, y ajouter du chromate de potassium comme indi- cateur et verser, avec la burette graduée, de l'azotate d'argent titré jusqu'à apparition de la teinte rouge du chromate. Retranchant alors de l'azotate d'argent employé celui qui correspond à l'iode et celui qui correspond au brome, on a celui qui a été précipité par le chlore. )) Le chlore se trouve donc facilement dosé par l'un de ces procédés. » Le Tableau suivant, montrant les résultats d'une série d'essais faits sur ( 191 ) des proportions importantes ou, au contraire, très faibles de chacun des trois corps, permettra d'apprécier la précision à laquelle on arrive cou- ramment par cette méthode. Ilypc ISU Ifito Propor lions mises en expérience. cmplo lo. yé pour lir. Pesé A g Cl. Élém lo. eut rctro Br. uvé. odiire. Bromure. Chlorure. lo. Br. Cl. Cl. 200 lOO nigr 20O mgr i53,o 67,2 9.5 , 2 ut" 22,3 ce l5,2 mgr 38o iner i52,5 UILT 65,3 mgr 94,0 lOO lOO lOO 76,5 67,2 47-6 11,2 1.5,4 » 76,6 66,2 )> lOO 200 lOO 76,5 '34,4 47>G II, a 3i ,0 192 76,6 i33,3 47,5 20 4o 200 i5 ,3 26,9 95,2 2,2 6,3 )) i5,o 27,1 )) 5 5o 200 3,8 33,6 95,2 0,6 7>8 » 4,1 33,5 » I 100 6oo 0,8 67,2 280,6 0,1 i5,3 » 0,7 65,8 )) » 20 5oo )) i3,4 238, 0 )) 3,1 » » i3,3 » » lO 20O » 6.7 9.5,2 » 1,5 U » 6,4 )) » 5 200 » 3,4 9.5,2 » 0.7 )) )) 3,0 J) )) I 200 1) 0,7 95,2 )) o,i » » 0,4 » lOO 100 20 76,5 67,2 9>5 II ,2 i5,5 39 76,6 66,6 9,6 100 lOO 5 76,5 67.2 2.4 11,2 i5,6 10 76,6 67,1 2,5 )) Pour une simple recherche qualitative de faibles quantités d'iodure et de bromure, en présence d'un grand excès de chlorure alcalin, on peut recommander la marche suivante : » 1° Séparer l'iode dans un peu de la solution neutre par l'acide sulfu- rique nitreux et le rassembler dans quelques gouttes de sulfure de carbone. La coloration violette ou rose est extrêmement sensible. )> 2° I.'iode avant été éliminé, ajouter à la liqueur, placée dans un petit ballon, un peu d acide chromique et d'acide sulfurique, ]:)uis chauffer jusqu'à ébuUilion, en plaçant à l'ouverture un papier jaune à la fluo- resccine, dont M. Baubigny a fait connaître la préparation et la sensibilité pour des traces de brome. Les plus faibles quantités de brome seront ré- vélées par la teinte rose caractéristique. » ( 192 ) MEMOIRES PRESENTES. ASTRONOMIE. — Sur le Sy sterne de l' heure décimale , les divisions du jour et du cercle, et la Table géographique. Mémoire de M. IIexri de Sarrauto.v, présenté par M. Ad. Curnot. (Extrait par l'auteur.) (Renvoi à la Section d'Astronomie.) « La révolution de la Terre autour de son axe, exprimée en temps, est un jour; exprimée en degrés, une circonférence. Dès lors, il est rationnel de donner une même mesure au jour et à la circonlérence. » La division du jour en 24 heures, consacrée par un usage immémo- rial, étant en même temps la meilleure possible au point de vue mathéma- tique, doit servir de norme à la division du cercle. » Le cercle doit donc être divisé en 24 heures ou 240 degrés. Cette divi- sion est la seule capable de faire disparaître la dualité regrettable des divisions en 36o" et en 400^. » Dans le svstème de l'Heure décimale, a|)pellation que justifie cet exposé, le jour et le cercle, complètement assimilés, sont divisés en 24 heures, désignées par la lettre h. L'heure est divisée en 10 degrés, désignés par la lettre d. Le degré est divisé en 10 minutes, désignées par la lettre m. Les sous-multiples décimaux de la minute se désignent par le rang qu'Us occupent après la virgule. Ainsi, o"",! est une prime; o"',oi est une seconde; o'",ooi est une tierce, et ainsi de suite. » l^orsque, par exception, ces unités secondaires sont employées comme unités principales, on les désigne par un nombre de points correspondant à leur numéro d'ordre. Ainsi, i""' représente une sixte, millionième partie de la minute, dix-millionième partie du degré et cent-millionième partie de l'heure. » Les chiffres situés après la virgule doivent être toujours en nombre pair; pour qu'il en soit ainsi, on ajoute un zéro s'il est nécessaire. On les réunit deux par deux dans renonciation. Ainsi, 3*", •x'ô[\o s'énonce : 3 heures, 25 minutes, 40 secondes. De même, 6'', 1472 s'énonce: 6 degrés, j4pnmes, y 2 tierces. » Il résulte de ces conventions que, les heures et les minutes étant gé- néralement les unités employées pour mesurer le temps, tandis que le ( 193 ) degré est l'unilé généralement employée pour mesurer les angles, généra- lement aussi, les nombres horaires se distmgueront des nombres angu- laires. Les sous-multiples de rang pair (minutes, secondes) appartiennent aux premiers, tandis que les sous-multiples de rang impair (degrés, primes, tierces) appartiennent aux seconds, sans que, cependant, le prin- cipe de l'assimilation du jour et du cercle soit infirmé en rien. » Il en résulte aussi que cette anomalie, qui fait actuellement désigner par les mêmes termes, minute, seconde, des quantités d'ordre différent, disparaît de la Science. » J'ai appliqué ce système au calcul d'une Table géographique, dans laquelle on trouvera, pour chaque degré de latitude, la longueur de l'arc de méridien compte à partir de l'équateur et la longueur de l'arc de paral- lèle correspondant à lo''. )) Les latitudes sont comptées de o à 60*^ de l'équateur au pôle, les latitudes positives appartenant à l'hémisphère boréal et les latitudes néga- tives à l'hémisphère austral. » Les longitudes sont comptées de o à 240'', de l'est à l'ouest, dans le sens du mouvement apparent du Soleil et à partir d'un premier méridien, que je détermine en plaçant le 1 40* degré exactement au point remarquable le plus occidental de l'ancien continent, c'est-à-dire au phare des Almadies, dans la presqu'île du cap Vert. » La longitude de l'Observatoire de Paris devient alors 126*^,7563; celle de l'observatoire de Greenwich, I28'*,3i45; celle du cap du Prince de Galles, dans le détroit de Bering, approximativement o**, 32, angle qui, à la latitude de Bering, représente environ 22""". » Les azimuts ou relèvement sont comptés de o à 240'' à partir du sud en passant par l'ouest (notation du Service géographique de l'armée). » On peut aus^i les compter de o à 60'', à partir de la ligne nord-sud, en affectant du signe -+- les azimuts situés dans le premier et le troisième quadran et du signe — les azimuts situés dans le deuxième et le quatrième. Les quadrans sont comptés à partir du nord en allant vers l'est (sens des aiguilles d'une montre). » Dans celte dernière notation, en appelant G le plus grand azimut (en valeur relative), M l'azimut de valeur moyenne, P le plus petit azimut, les trois angles d'un triangle plan, dans lequel ou connaît les azimuts des côtés, sont donnés par les formules : [G-iMj, [M-P], [.80 4-P-G]. ( '9^1 ) » La Table géographique, établie d'après les principes et les conventions que je viens d'exposer, permet de résoudre rapidement, et par les formules les plus simples de la Trigonométrie rectiligne, des problèmes qui, sans son secours, seraient tiès ardus et dont quelques-uns nécessiteraient l'emploi de la Trigonométrie sphérique et même du Calcul intégral. M En employant les nombres tout calculés qu'elle fournit, on tracera aisément les méridiens et les parallèles d'une Carte à une échelle quel- conque, on calculera la distance de deux points donnés par leurs coor- données géographiques, les azimuts des divers éléments de celte ligne, etc. » La Table est fondée sur ce principe, que deux éléments de l'ellipsoïde terrestre, la grande normale (N) et le développement du degré sur le mé- ridien (Dm), croissent d'une manière sensiblement proportionnelle à la latitude (L) entre des repères espacés de degré en degré. » Le Mémoire, que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie, renferme, avec la Table géographique, des exemples d'applications au calcul de la loxodromie et de l'orthodromie entre deux points de la surface terrestre. » On ne s'étonnera pas que l'heure décimale, qui n'a pas encore trois ans d'existence, ne possède pas son outillage scientifique complet. La montre décimale, le chronographe décimal sont déjà, il est vrai, de construc- tion courante. Mais il n'existe pas encore de Tables de logarithmes de la nouvelle division. Cette lacune sera bientôt comblée: M. Lebègue, émi- nent mathématicien de Bruxelles, et son collaborateur, M. Maurice Méry, calculent actuellement des Tables des fonctions circulaires de la division en 240**. Mais, en attendant que ces Tables soient publiées, on doit se servir des Tables existantes, et, par conséquent, convertir les degrés nouveaux, soit en degrés sexagésimaux, soit en grades. Pour faciliter cette conversion, je joins à la Table géographique une petite Table qui permet de transfonner aisément les d décimaux en degrés sexagésimaux et réciproquement. En ce qui concerne la conversion eu grades, une Table n'est pas nécessaire. On convertit les d en grades en multipliant par | et les grades en d eu multipliant par \. » M. E. Pain adresse une Note relative à un instrument géodésique, « L'opérateur rapide » , pour levés de plans , nivellements , tracés d'épurés, etc. (Renvoi à la Section de Géométrie.) ( 195 ) M. A. Baudouin adresse une Note « Sur la cause du mouvement obtenu dans le radiomèlre exposé à la lumière ». (Commissaires : MM. Lippmann, Violle.) M. C.vssEDF.BAT adrcssc une Note « Sur un corps simple gazeux, sécrété j)ar le Dacteriuni coli commune ». (Renvoi à la Section de Chimie.) M. Ch. Sibillot adresse une Note relative à la faculté d'orientation chez les pigeons voyageurs. (Commissaires : MM. Milne-Edwards, Marey.) M. Chantrox adresse un complément à sa Communication « Sur le vol des oiseaux d. (Commissaires : MM. Marev, Violle.) M. Soun-HAGON adresse diverses Communications relatives à la Naviga- tion aérienne. (Renvoi à la Commission des Aérostats.) CORRESPONDANCE. M. J. Bertrand informe l'Académie que M. Schiaparelli, Correspondant de la Section d'Astronomie, dont la mort avait été annoncée, vient de lui écrire pour démentir lui-même celte nouvelle. M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance, un Volume de M. Orlof, écrit en langue russe, et relatif aux améliorations apportées à la fabrication des papiers d'État. MM. André, Beauregard et Boulard, Blondel, D" Bosc et Yedel, Brillié, Contremoulins, Delezenxe, J. Eriksson, Fabre-Domergue, Fabry, Flahault, D"" Gaucher, Gosselet, Guinard, Haller, Lebeau, ( 196) Léxaut, Liocvii-LE, I^Iarie et RiiiACr, OEnLEnr, Pettit. Pkivot, D*" RbxTGEX, Pacl Sabatieu, Sappix-Tiîoiffv, V. Thomas, D' Tissié, J. Vali.ot adressent des remerciments à l'Académie pour les distinctions accordées à leurs travaux. ASTRONOMIE. — Occultation des Pléiades par la Lune, le 3 janvier i8g8, ob- servée à réquatorial de la tour de V ouest de l' Observatoire de Paris, par M. G. BicoiTRDAx. Communiqué par M. M. Lrewv. « Les immersions ont eu lieu au bord obscur de la Lune, bord qui était totalement invisible; les émersions ont eu lieu au bord brillant. Toutefois, pour 20 Taureau, immersion et émersion ont eu lieu au bord brillant (voir les Remarques). » Le ciel, d'abord très brumeux, ne laissait plus grand espoir, quand il s'est découvert presque subitement quelques minutes avant la première immersion. Dans la suite, il a été souvent assez brumeux pour empêcher d'observer quelques étoiles plus faibles que la grandeur G, 5, et dont l'ob- servation avait été préparée; mais on a constamment vu les étoiles dont la Connaissance des Temps donne les heures d'occultation. » L'ouverture libre de la lunette est de o",3o5 et l'oculaire emplové grossit iSq fois. M La pendule équatoriale retardait de l'o sur la pendule méridienne ; et pour cette dernière on a adopté la correction provisoire Gr = — 22% n. l>emaic(ues. L'observalion paraît très bonne. L'étoile a été aperçue en contact avec le bord de la Lune. / L'étoile, aperçue au premier instant de • sa réapparition, n'a point paru se pro- ' jeter sur le bord de la Lune. Heure, temps siJoral Étoiles. Phénomcnes. de Paris. 17 Taureau. Immersion. h m s 2 . I 3 . I 5 , 2 ± 0, I I Bessel. Immersion. 2 .29. i3,6 ± O; ,i5 . 16 Taureau. Immersion. 2.46.32,2 ± 0, I à 0,2 9 Bessel. Immersion. 3.47-42,5 ± 0, ,2 23 Taureau. Immersion. 3.12.21,8 ± 0, ,i5 16 Taureau. Émersion. 3. 12 .07,3 II Bessel. Immersion. 3.18.43,3 ± 0, 4 env. 10 Bessel. Immersion. 3.20.43,3 ±i 0; ,2 env. 17 Taureau. Emersion. 3.35. 1 r ,3 ( 197 ) Étoiles. 20 Taureau, ao Taureau. 7) Taureau. 24 Bessel. 23 Taureau. 28 Taureau. Y] Taureau. 27 Taureau. 27 Taureau. 28 Taureau. Phénomènes. Immersion. Émersion. Immersion. Immersion. Emersion. Immersion. Emersion. Immersion. Emersion. Emersion. Heure, temps sidéral de Paris. 3.41.33,3 3.41.48,5 3.53.24,5 4. o. 9,6 4. 10.59,3 5. 5.18,6 5. i4- 4,1 zïz 0,1 it 0,2 ± 0,1 ~t 0,2 5 . 16.26, I ±: 0,1 6 . o . 3,7 T-'z o , 3 6. 16. 5o Remarques. Cette étoile a rasé le bord éclairé de la Lune pendant plusieurs minutes, mais sans se projeter dessus. La disparition a eu lieu derrière une proéminence du bord de la Lune. L'observation paraît très bonne. L'étoile est afifaiblie par la brume. L'observation paraît très bonne. Id. La disparition de cette étoile n'a pas été absolument instantanée. La réappari- tion a eu lieu derrière une éminence du bord lunaire. L'étoile avait reparu depuis trois ou quatre secondes. ASTRONOMIE. — .Occultation du groupe des Pléiades, le 3 janvier i8q8, à Lyon. Note de M. Cn. Andbé, présentée par M. Lœwy. « La préparation de celte occultation a été faite par M. Lagrula et les observations par M. Le Cadet (GLC) à l'équatorial coudé et M. (Juillaume (JG) à l'équatorial Brunner; les immersions avaient lieu sur le bord obscur, alors invisible, et les émersions sur le bord éclairé. » Les conditions d'observation ont été assez favorables et la défiaition généralement bonne; mais il y avait dans le Ciel d'assez fréquents passages de cirrus, assez épais pour rendre invisibles les étoiles de S^-q" grandeur. Cat. Immersions Émersions Wolf. Désignation. Gr. Observ. T. M. Paris, b m s T. M. Paris. h m g 66 17 b Taureau. . . . 4,5 GLC 7.17.37,5 8.44.56,7 (') JG 17.37,5 57>7(^) 62 16 ff Taureau. . . . 6,0 GLG JG 38. 9,1 9>4 72 9.0 GLC 4i 27,50 (') L'étoile apparaît complètement projetée sur le limbe lunaire. (^) L'étoile reste collée sur le bord plus de l'.T). (') Etoile très faible; légers cirrus. G. n., iSçjS. I" Semesirc. (T. C\\VI, N- 3.) 26 ( '98 } Cat. Immersions Émersions Wolf. Désignation. Gr. Observ. T. M. Paris. Il m s T. M. Paris. 120 8,2 GLC 8.56.51, I I20 8,2 JG 5i,4 io5 An. 4 7.5 GLC .JG 8. 9.09,5 59.1 n i4i 8,0 GLC i3. 10,0 143 8,2 GLC JG 14.21,7 21,5 h m s ii5 20 c Taureau ... 4,5 GLC JG 22.49,8 5o,o 9.16. 5,1 (n 7.6 ( = ) i5i 7.8 GLC JG 25.41,9 4i,5 •47 23 û? Taureau . 5,5 LC JG 35.59,7 39.9 209 8,2 GLC 58.i3,o n 212 7.0 GLC JG 9. 0.34,8 35,0 10.17.47 : C) 226 7.5 JG 7.18,5 10.34. 5: (GLC) 227 T) Taureau 3,0 GLC JG 7.33,1 32,7 10. 20.41, 3(8) 4o,7(') 280 8,8 GLC JG 37.32,5 32,7 3oo 7.5 GLC JG 49.50,8 5i ,0 353 5,8 GLC 10.23.20,7 II. 23. 21 : / 21: r ^ JG 20,4 369 7.5 GLC JG 24.52,3 52,7 4.8 8,5 GLC JG 45.20,4 20,5 lin: ') Affaiblissement brusque une seconde avant la disparition. ^) Etoile extrêmement faible. Cirrus épais. ') Etoile bissectée par le bord du limbe lunaire. *) Etoile vue en contact avec le bord du limbe. ^) Etoile extrêmement faible; légère incertitude. 8) Etoile bissectée par le bord, peut-être visible quelques dixièmes plus tôt sur le be. ') L'étoile réapparaît sur le limbe. ') Retard probable d'une seconde. ( '99 ) ASTRONOMIE. — Sur les quatre grosses planètes. Note de M. Emile Anceaux. (Extrait.) « Les quatre grosses planètes, Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune, possèdent ensemble plus des -^^ de la masse planétaire connue et, parmi elles, Jupiter et Saturne seuls ont une masse totale supérieure aux -— de cette masse planétaire. Il semble donc naturel de considérer le système de ces quatre planètes comme un monde à part, indépendant des autres planètes, relativement petites, dont il est séparé par une ceinture de planètes télescopiques, plus petites encore. )) J'ai recherché si, en raison de leur importance, les masses des quatre grosses planètes n'auraient pas quelque influence sur la répartition de ces astres, quant à leurs distances au Soleil. » Le calcul m'a conduit aux énoncés suivants : » Les masses de Jupiter et de Saturne sont inversement proportion- nelles aux carrés des grands axes de leurs orbites ; » Ija masse de Jupiter est à la somme des masses d'Uranus et de Neptune comme l'inverse du carré du grand axe de Jupiter est à la somme des inverses des carrés des grands axes d'Uranus et de Neptune ; » La masse de Jupiter est à la somme des masses des quatre planètes comme l'inverse du carré du grand axe de Jupiter est à la somme des inverses des grands axes des quatre planètes. » Comme conséquences mécaniques, j'en déduis que : » Les moments d'inertie moyens de Jupiter et de Saturne, rapportés au Soleil, sont égaux entre eux; » Les accélérations produites sur les mouvements angulaires de Jupiter et de Saturne par l'attraction réciproque des deux planètes sont égales et de signe contraire, lorsque ces planètes sont à leur moyenne distance du Soleil; » Les produits des masses de Jupiter et de Saturne jiar les aires décrites sont dans le même rapport que les moyens mouvements de ces planètes ; )) Les accélérations moyennes de l'attraction solaire sur Jupiter et sur Saturne sont proportionnelles aux masses attirées (' ) ; (') Cette règle semble paradoxale, au piemier abord, parce que l'on est habitué à considérer ces accélérations comme proportionnelles à la masse attirante et indépen- ( 20U ) » L'accélération moyenne de l'aUraclion solaire sur Jupiter est à la somme des accélérations moyennes produites sur Uranns et Neptune comme la m;isse de Jupiter est à la somme des masses d'Uranus et de Neptune. » Conclusions. — L'ensemble des relations que j'ai signalées entre les masses des quatre grosses planètes et les grands axes de leurs orbites révèle une harmonie manifeste, à laquelle le groupe des deux planètes principales prend une part dominante. Bien que ces résultats soient, à la vérité, simplement empiriques, ils subissent, sans le secours d'aucune hypothèse nouvelle, les épreuves de la vérification numérique, avec assez de précision pour fpi'il soit bien difficile de croire à des coïncidences acci- dentelles et à un pur effet du hasard. La loi des masses de Jupiter et de Saturne, récipioques aux carrés des grantls axes, mériterait surtout, par la simplicité de sa forme, par la rigueur de sa vérification et par l'intérêt de ses conséquences mécaniques, de fixer sérieusement l'attention et de rece- voir la consécration de hi ihéorie. « La raison d'être de cette harmonie pourrait se rechercher, soit dans les conditions de stabilité du système, soit dans les circonstances qui ont présidé à la lormation des planètes. S'il était possible de la rattachera cette dernière cause, celte étude ne manquerait pas sans doute d'apporter quelque lumière dans la Cosmogonie du monde solaire. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la représentation des fonctio/is analytiques iinifornies. Note de K. Paul 1*ainlevé, présentée par M. Picard. « Soit F(c) une fonction analytique, uniforme dans tout son domaine d'existence D. Est-il possible de la repi-osenler à l'aide d'une série unique qui converge en tout jjoint z où F(::) est holomorphe? Le théorème aujourd'hui classique de M. Miltag-Leffler résout complètement cette question si la fonction F(r-) n'a dans le phnii que des points singuliers isolés (') ou i)lus généralement si les points singuliers de F forment un en- semble énumérable. danles des masses auirées; mais, dans le cas présent, les masses n'iiilervienneul ([ue pour représenter l'influence des distances. (') J'appelle point singulier isolé z =: « tout point tel qu'un cercle de centre a et de rajon suffisamnienl petit ne renferme à son intérieui- d'autre point singulier que le point (/. ( 20 1 ) » Mais on sait que l'ensemble E des poinls sin^fuliers de F (g) n'est pas nécessairement énumérable. Cet ensemble jieut comprench-e des aires (espaces lacunaires), des lignes, on enfin des ensembles parfaits, non con- linns. de points. Par exemple, les fonctions fuchsiennes de la troisième famille sont des fonctions uniformes, définies dans tout le plan, sans lignes singulières, admettant des points singuliers dont aucun n'est isolé; l'en- semble de ces points singuliers est un ensemble parfait discontinu. Il n'existe jusqu'ici, à ma connaissance, aucun mode généi'al de représen- tation de telles fonctions. Cl'est ce cpii donne ])eut-être quelque intérêt au théorème suivant : » ÏHÉoRicME A. — Toute fonction ¥ (^z-J, uni/orme dans un do/nai/ie na- turel d'existence, est représentable par une se/ ie de fractions rationnelles (i) F(-^)=2R,,(=). • la série convergeant absolument et uniformément dans toute portion du plan où F(=) est ho'omorphe. )> Il n'est nullement indispensable, poin- que le théorème subsiste, de se limiter an domaine nfl/;eut conduire ad libitum le développement (i), de façon qu'il diverge dans ces espaces la- cunaires ou qu'il représente dans chacun de ces espaces une fonction uni- forme arbitrairement choisie. » Au théorème A on peut adjoindre un théorème sur la décomposition en produit : » Théorème B. — Toute expression analytique uniforme F(r-') est reprè- sentable par un produit infini (2) F(.)=n ^n{z) I!„(s) . les L„ , M„ sont des polynômes en z dont les zéros sont des zéros, des pôles ou dis points singuliers de F, et les R„(^)» des fractions rationnelles dont les pôles sont des singularités (non polaires) de F. De plus, chaque zéro et chaque pôle de F ne figurent que dans un terme du produit . » On peut, d'ailleurs, donner aux développements (i) et (li) des formes différentes qui se rapprochent davantage de celles de M. Mittag-Leffler. Pour nous borner au cas le plus simple, représentons par j(^(m) une série entière en u convergeant dans tout le plan et nulle pour u = o, par a, un des points singuliers isolésà& F. La fonction F(::) se laisse développer sous la forme 11=0 la série convergeant dans tout le domaine ]), et les fractions rationnelles R„(s) n'ayant pour pôles que des points singuliers non isolés de F. Le dé- veloppement en produit comporte une lorme analogue. » ( 2o3 ) ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la corn>ergence des séries représentant les intégrales des équations différentielles. Note de M. Paul Staeckel, pré- sentée par M. E. Picard. « Dans son Traité d' Analyse (t. II, p. 3o4, et t. III, p. 90), M. Picard a fait une intéressante comparaison des résultats fournis par les deux théo- rèmes suivants de Cauchy, relatifs à l'existence des intégrales des équa- tions différentielles : » I. Soit /(x, y) une fonction réelle des deux variables réelles x et y, con- tinue dans le voisinage d^ un certain système de valeurs a;„, j„, correspondant à (i) \x — x^\<^a, |7-Jo|<^. Soit A une quantité positive satisfaisant aux inégalités ko. ^ = ^0). et alors G est la plus grande des {p^ H- i -(y» + i) + i quantités S et \dxi' ôyi J.J aP b'i W = 0, I qj » Donc, on a (B) •lql\\()x''dy''L^,y, Gn-i'b-'', ( 2o5 ) M Au moyen des inégalités (B) on trouve le rayon de con\'ergence » Considérons un exemple assez instructif. Soit dy I da- (,_.C)(,_J) et a7u=o, )'u = o. Les conditions du théorème I sont remplies pour a = è=e, o<;^£<^i. On trouve M= , ' ,.,. A = £(!-£)=. (I — ô)- ^ ^ ') La valeur maxima de A, obtenue pour e = \, est A„.,= o,i48 » Les conditions du théorème II sont encore a ^ b ^ i. On trouve M=^y^^, ^ = t[i-e' ";/ \ (f^Y I <^i «2 \dr /, fe, b, \ IHj)==^ + («0+ :^ + ^;^ +. ..)^. + (^'0+ j + ;^ +.. .jj= o, dont les coefficients sont des séries convergentes pour \jc\ suffisamment grand, est satisfaite formellement par les séries normales de M. Thomé \ " .r .r- qui sont, en général, divergentes. )> Je suppose les racines a,, a^ de l'équation a.^ -h a^v. -h b^^= o réelles (ce qui ne restreint pas la généralité) et a, > a,. )) Les fonctions satisfont à l'équation D.(:7)a--S+P,g-HQ,7 = o. » Posons D(J) = I^.(J)-D,(J). On a D,(ç),) = f^-'-^P.-=/(;f.) (i=l,2). » Soit //(, une intégrale de D|(y) — o, par exemple ?/„ = ?!• Les équa- tions de M. Fuohs D,(//,„) = I),(//,„-,) (m = 1,2, 3,...) donnent u,„=j,,,fy.ou-y0^d.. { 207 ) où l'on a posé » Le chemin d'intégration part de l'infini avec un argument compris entre - et — ^ et évite les points singuliers. En modifiant convenablement la démonstration de M. Fuchs, on voit que la série ■^1 = "o + "i + "^ +■ • •• converge pour tout point ce non singulier et représente une intégrale de D(j') = o. Pour notre but, il importe de savoir qu'elle est absolument et uniformément convergente pour |a;| > /', — - + 8 <; avgx <^ — '- — S, S dé- signant une quantité positive arbitrairement petite et r une quantité suffi- samment grande. » La remarque suivante sert à étudier les termes de celte série : En inté- grant par parties, on trouve (oc étant réel et positif) l'équation formelle I =£f'-^' (.„ + 5 + J + . . .) ,/^r = .--rP (Co -^ ^ -H ^ -^ . avec ce sens : l'intégrale I est représentée asymptotiquement par la série du second membre, c'est-à-dire, lorsque l'on pose £„ tend vers zéro, x allant à l'infini avec un argument entre — - et Il " ° 2 2 suffit pour cela que la fonction à intégrer soit représentée asymptotiquement, dans le même domaine, par la série „ax-,j.p c, \ qui peut être divergente. » D'abord on a une expression de la forme M, = e^.-'-o^P. r x-^-f, (~\ dx 4- e;v'^a-P= f é^r^:>^x^-^--\/\ {^^\ dx ( 2o8 ) qui est représentée asymptoliquement par la série \ X x^ x^ » De la même manière on trouve l'équation asymptotique *■ m m ,7"'' pour m quelconque. En posant Av = A,^ + A.v + . . . + Avv. on en déduit l'équation r,. = e«r^^P. f I + ^ + . . . + :^ + ^ V \ .r x" x" ) £„ tend vers zéro, x allant à l'infini avec un argument compris entre ^ 5 ~ et^-^- Avec M. Poincaré, nous dirons que l'intégrale vi, est représentée asymptotiquement par la série normale S, = e='>^-a;P.fi + ^ + ^ +. \ X X- l'argument de x variant de — - à — • ^ 2 2 » D'une manière analogue, on trouve une intégrale Oo de D(j) ^ o qui qui est représentée asymptotiquement par la série S^, l'argument de x va- riant de ;^ à^- La recherche se continuera de la même manière que dans mon Mémoire récemment paru dans les Malli. Ann., t. XLIX, où j'ai traité le cas spécial de l'équation à coefficients linéaires. » On voit que rien ne s'oppose à l'extension de la méthode employée à une équation linéaire d'ordre n qui est satisfaite par des séries normales de rang quelconque. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur l'existence des intégrales d'un système partiel, déterminées par certaines conditions initiales , Note de M. Riquier, présentée par M. Appell. « A chacune des variables indépendantes et à chacune des fonctions inconnues d'un système différentiel S, faisons correspondre /; entiers ( 309 ) positifs, nuls ou négatifs, que nous nommerons respectivement cale pre- mière, cote seconde, ..., cote p'^"'^ de cette quantité, et supposons essentielle- ment que les cotes premières de toutes les variables indépendantes aient été choisies égales à un même entier positif. Considérons ensuite une dé- rivée quelconque de l'une des fonctions inconnues, et nommons cote g'^""{q = 1 , 2, ...,/>) de la dérivée en question l'entier obtenu en ajoutant à la cote ^'''™^ de la fonction inconnue les cotes ^''J'™" de toutes les variables de différentiation, distinctes ou non. Désignons, enfin, par S, S' deux quantités appartenant l'une et l'autre au groupe que forment les fonc- tions inconnues et leurs dérivées de tous ordres, par C| , Oo , • • • , p^ ^, ) c.,, • • • 1 c^, les cotes respectives de ces quanti'tés, et convenons de dire que la seconde, S', est 7-égulière ou irrégulière par rapport à la première, S, suivant que les différences c ^ ^ C j , C^ ^._> , • - • 5 Cp c satisfont ou non à la double condition : i" que ces différences ne soient pas toutes nulles; 2° que la première d'entre elles non égale à zéro soit positive. » Supposons, d'autre part, que les circonstances suivantes se trouvent simultanément réalisées dans le système S : i" Ce système, impliquant g fonctions inconnues et composé de g équations, est résolu par rapport à g dérivées appartenant respectivement aux g fonctions inconnues, et ces g dérivées, non plus que leurs propres dérivées, ne figurent dans aucun des seconds membres; 2° toute fonction inconnue, ou dérivée de fonction inconnue figurant effectivement dans le second membre d'une équation du svstème, possède une cote première au plus égale à celle du premier membre correspondant. » Finalement, dressons, pour chaque équation du système S, la liste des diverses quantités (fonctions inconnues ou dérivées de fonctions in- connues) qui, figurant effectivement dans le second membre, se trouvent être irrégulières vis-à-vis du premier; égalons à zéro les dérivées premières de chaque second membre, prises par rapport aux quantités irrégulières correspondantes, et désignons par (A) le groupe des équations ainsi obtenues. » Cela étant : » I. Si le groupe des équations (A) n'existe pas, ou, en d'autres termes, ( 2IO ) si aucun des seconds membres du système S ne contient de quantité qui soit irrégulière vis-à-vis du premier membre correspondant, le système S rentre, comme cas particulier, dans une calégorie de systèmes diffé- rentiels que j'ai examinée récemment ('); on peut alors savoir, par la simple connaissance des premiers membres de S, quelles fonctions ou constantes arbitraires il convient de se donner d'avance pour pouvoir construire a priori les développements d'intégrales hypothétiques du système, et l'on prouve que ces développements, dans la construction desquels on ne rencontre aucune incompatibilité, sont nécessairement convergents, ce qui assure l'existence effective des intégrales. » If. Le groupe des équations (A) élant supposé exister, si l'on impose à des intégrâtes hypothétiques du système S un ensemble de conditions initiales présentant la même économie que dans le cas précédent, et arbitrairement choi- sies sous la seule restriction que les équations (A) ^e trouvent numériquement vérifiées par les valeurs initiales des quantités qui y figurent, les développements de ces intégrales par la formule de Taylor, à partir des valeurs initiales choisies pour les variables, peuvent encore être construits a priori sans incompatibilité, et sont encore nécessairement convergents. » En supposant, dans ce dernier énoncé, le nombre des fonctions inconnues égal à i, celui des variables indépendantes égal à 2, et attril)uant à celles-ci des cotes secondes distinctes, on retrouve un résultat récemment exposé par M. Goursat(^). « GÉOMÉTRIE. — Sur les systèmes de surfaces triplement orthogonales où les sur- faces d'une même famille admettent la même représentation sphérique de leurs lignes de courbure. Note de M. Maurice Fouché, présentée par M. Darboux. « Le système sera défini si l'on met l'élément linéaire de l'espace sous la forme ds- = A- du- H- B- dv- + C" dw"". » Désignons par p, q, r, p^, o,, r^,p^, q.,, r^ les rotations du trièdre des trois normales autour de chacune de ses trois arêtes, relativement à chaque (') Voir les Comptes rendus du 27 décembre 1897. l^ans le résullat que j"ai formulé à cette date, j'ai supposé égales à i les cotes premières de toutes les variables indépen- dantes; mais le résultat dont il s'agit ne cesse pas d'être exact quand on les suppose toutes égales à un même entier positif. {^) \oir les Comptes rendus du 2 novembre 1897. ( 2ri ) variable. On reconnaît d'abord, par le théorème de Dupin, que les trois rotations p, q^, r., sont nulles. Les six autres sont les quantités désignées par p dans les notations de M. Darboux ('). Si l'on veut que la position du trièdre ne dépende que de deux paramètres au lieu de trois, on reconnaîtra , par des considérations analogues à celles que j'ai expliquées dans une Note du aS novembre 1895, que la condition est que le déterminant des neuf rotations soit nul, condition qui se réduit ici à (0 p,q2r-^p2qr,-^o. » Si l'une des rotations est nulle, on trouve des surfaces parallèles avec leurs normalies développables, ou les surfaces engendrées par un réseau rectangulaire plan, lorsque le plan roule sur une développable (surfaces moulures généralisées). » Si aucune des rotations n'est nulle, l'analyse de la question, faite au moyen des équations bien connues qui relient les rotations, conduit à ce que les six rotations sont des fonctions des différences u — i', u — w des variables u, c, w. De là résulte que toutes les surfaces obtenues en donnant à w, par exemple, diverses valeurs particulières, ont toutes la même repré- sentation sphérique de leurs lignes de courbure, et le théorème : » Dans un système de surfaces triplement orthogonales, si les surfaces d'une même famille ont la m,ême représentation sphérique de leurs lignes de courbure, il en sera de même de celles des deux autres familles. » Si je désigne par p„, p[,, ..., les rayons des courbures des sections normales faites dans les surfaces langentiellement aux courbes obtenues en faisant varier u, v ou (v seule, on aura : B C P2 A C A ?u = - 7' B » On remarquera, du reste, que les centres de courbure correspondant à ces rayons sont aussi les centres de courbure géodésique des lignes cor- respondantes considérées comme tracées respectivement sur la surface dont le plan tangent contient à la fois la tangente à la courbe correspon- dante et le rayon de courbure correspondant. (' ) Darboux, Leçons sur les systèmes orthogonaux et les coordonnées curvilignes, p. 188. ( 212 ) » L'équation (i) exprime alors une relation remarquable entre les six rayons de courbure, savoir : )) Sur les arêtes du trièdre des trois normales au point M se trouvent répartis les six centres de courbure principaux que nous désignerons par Xp, X„,; X',„ X^; X^^, X'^, les indices et les accents correspondant à ceux des valeurs de p. » La droite X^,X", située dans le plan tangent à la surface u = const. est l'axe de courbure de la courbe obtenue en faisant varier u seule, c'est- à-dire l'axe de courbure de la trajectoire orthogonale des surfaces /< = const. » La droite X^^X^, située dans le même plan tangent est celle qui joint les centres de courbure géodésique des deux lignes de courbure de la sur- face M = const. » Supposons qu'on laisse X° et X,^, fixes, et qu'on déplace les points X'„ et X^ de manière que le produit MX|,.MX|; reste invariable; menons du point X'^ une perpendiculaire à X|,X", jusqu'à sa rencontre Y avec la droite X^^X^. On reconnaîtra que le point Y, intersection des rayons conjugués de deux faisceaux homographiques, décrit une conique qui passe par M et dont X",X|^, est un diamètre. Donc les directions des droites X|',Yet X^Y sont conjuguées. Les axes de cette conique sont parallèles aux deux droites rectangulaires MX",, MX'„,, et on aura leur rapport en écrivant que le produit des coefficients angulaires des deux droites conjuguées X-^;XJ, et X",Y est égal a :;• » On trouve ainsi, en tenant compte de l'équation (2), que cette conique est l'indicatrice de la surface, d'où ce théorème : » Dans tout système de surfaces triplement orthogonales où les surfaces d' une même famille admettent la même représentation sphérique des lignes de courbure, l'axe de courbure de la trajectoire orthogonale des surfaces de l'une des familles correspondant au point M et la perpendiculaire à la droite qui joint les centres de courbure géodésique des deux lignes de courbure de la sur- face de cette famille qui passe au point M sont deux directions conjuguées par rapport à cette surface. » On déduit de là inie démonstration fort simple du théorème établi par M. Petot (^Comptes rendus, 22 juin 1891) au sujet des systèmes où l'une des familles est composée de surfaces homothétiques, systèmes qui sont un cas particulier des précédents. ( 2i3 ) » Soil, en effet, M un point de la surface (S), M' le point infiniment voisin (le la trajectoire orthogonale (T), O le centre d'honiothétie et M" le point (le (S) homologue de M'. Le plau tangent en M" est par hypothèse parallèle au plan tangent en M' à la surface voij-ine de (S), c'est-cà-dire au plan normal à la trajectoire orthogonale. Donc l'axe de courbure de (T) est parallèle à l'intersection des deux plans tangents en M et M", et sa di- rection est conjuguée de la ligne MM". Donc, d'après le théorème précé- dent, MM" est perpendiculaire à la droite qui joint les centres de courbure géodésii|ue des deux lignes de courbure de S. fJonc, enfin, le plan OMM' cpii contient la normale est perpendiculaire à la droite (T), ce qui est le théorème de M. Petot. » L'analyse précédente y ajoute cependant quol([ue chose. Si l'on appelle projeclion d'une trajectoire orthogonale sur la surface (S) l'intersection de cette surface avec le cône passant par la trajectoire orthogonale et ayant son sommet au centre d'honiothétie, on reconnaît que : » La projeclion d'une trajectoire orthogonale des surfaces (S) sur l'une de ces surfaces est, en chaque point, conjuguée par rapport à la surface (^S) de la direction de l'axe de courbure de cette trajectoire correspondant cm point pro- jeté, et elle est en chaque point perpendiculaire à la droite qui joint les centres de courbure géodésique des deux lignes de courbure au point considéré. » Un théorème analogue s'ajiplique évidemment au cas où les surfaces d'une même famille sontengendrées par la translation de l'une d'entreelles. » Je me propose de développer ces considérations dans un travail détaillé, actuellement en préparation. » GÉOMÉTRIE. — Sur le fondement de la Géométrie proj active. Note de M. H -G. Zeuthen, présentée parM. Darboux. « Après mes Communications des 2 et 29 novembre 1897, j'ai achevé un fondement de la Géométrie projeclive complet et différent de celui de von Staudt. Cej)endant je n'y parviens qu'en empruntant à l'intuition un pos- tulat qui a égard, de même que celui que demande l'achèvement de la démonstration de von Staudt, à la continuité géométrique, mais qui en diffère pourtant essentiellement. Tandis que celui de von Staudt fait la base de l'introduction des mesures projectives, le mien a un caractère plus graphique. )) Ce que je demande, c'est l'existence des surfaces gauches, et je regarde G. K., iScjS, i« Semestre. (T. C> \VI, N» 3.) 28 l' 2 ! 4 comme évidente la propriété suivante de ces surfaces : la courbe d'inter- section avec un plan y passant par une génératrice C non singulière se com- pose de C et d'une courbe résidue rencontrant C en un point c qui se mou- vra sur cette génératrice fixe en même temps que le plan y tourne autour d'elle. La courbe résidue étant le lieu des traces des autres génératrices de la surface, la tangente en c à cette courbe sera la position limite de la droite du plan y qui rencontre à la fois C et deux autres génératrices ten- dant à coïncider avec elle. Par un choix convenable de la surface gauche on peut obtenir que cette tangente passe par un point donné du pliin y. )) Cela admis, pour parvenir à la génération double du lieu des droites rencontrant trois directrices fixes, on n'aura besoin que des deux lemmes suivants : » Dans l'énoncé du premier, je regarde comme correspondants les som- mets d'un quadrigone complet et les triangles formés par les côtés d'un quadri- latère complet, ce qui amène la correspondance analogue des triangles formés par les sommets du quadrigone avec les côtés du quadrilatère. Alors, le côté qui joint entre eux deux sommets du quadrigone sera homo- logue au sommet commun aux deux triangles qui y correspondent dans le quadrilatère. » I. Si cinq sommets d'un quadrilatère complet se trouvent sur les côtés homologues d'un quadrigone complet, le sixième sommet du quadrilatère se trouvera aussi sur le sixième côté du quadrigone. » On le voit en regardant le cjuadrigone comme projection d'un tétraèdre; alors le quadrilatère sera la projection d'une secLion plane. » Dans ce qui suit, je désignerai par a, h, c trois sommets du quadri- latère qui forment un triangle, par d, e, /les trois sommets opposés. » II. Si les cinq sommets a, h, c, d, e d'un quadrilatère complet se trouvent respectivement sur cinq droites données A, B, C, D, E qui ne se rencontrent pas, le lieu du sixième sommet / sera une droite F. « Si l'on projette (comme dans ma Communication du 2 novembre) la figure du point d'intersection d'une droite rencontrant A, B, C avec une droite rencontrant C, D, E, ce lemme sera une conséquence du précédent. » Prenons maintenant pour droites C, D, E trois génératrices consécu- tives d'une surface gauche. Alors le plan y du quadrilatère passera par la droite fixe C; ses sommets c, d, e se confondront en un point de cette droite, et la droite de/ sera tangente à la courbe résidue du plan y. La droite aZj/ rencontrera les trois droites données. A, B, C, et encore son pointyparcourra une droite F. Or, on peut obtenir, par un choix couve- ( 2l5 ) nable de la surface gauche, que/devienne un point quelconque d'une posi- tion donnée de ab. On peut donc faire passer par tous ses points des droites rencontrant toutes les droites qui rencontrent A, B, C. T.a double généra- tion du lieu de ces dernières droites est donc démontrée. » On obtiendrait la même chose en prenant pour droites B, C, D trois génératrices consécutives d'une surface gauche. » PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sur le problème de refroidissement d'une barre hétérogène. Note de M. W. Stekloff, présentée par M. Poincaré. « 1. Ce problème peut être ramené à l'intégration de l'équation jointe aux conditions \ —. « V — o pour a? := a, [ —j- -\- HV ^ o pour X = b. p el q sont des fonctions positives, ^, A et H sont des constantes positives. On sait qu'il existe une infinité des nombres positifs ks(s =: i, 2, . . . ) et des fonctions correspondantes Ui(.<' =1,2,...), satisfaisant aux conditions (r) et (2). La solution du problème se représentera sous la forme où ©(a?^ est une fonction donnée. )) En considérant ce problème dans son Cours d' Analyse, M. Jordan dit : « Si cette série est convergente (pour t ^= o) et a bien pour somme » , \ d.p * dx '■ est une fonction méromorphe de k qui n'admet que des pôles simples A = A^(s =1,2,.. . ). On peut démontrer ensuite le lemme suivant : » Si/ satisfait à la condition j /\Jsdx = o, le point k = k^ est un point simple de la fonction V. » Cela posé, reprenons la fonction m(n-i)\ (5) |U,|'sique (Enseignement) à la Sorbonne. (^) Il résulte des expériences de Regnault et des miennes que, si cet énonct' était exact, Berthollet aurait dû constater une augmentation de pression de i""",i. J'ad- mellrais volontiers que cette augmentation eût pu échapper à Berthollet; mais il con- viendrait alors de donner cet énoncé malgré et non «7 cause de cette expérience. ( '-^19 } constantes critiques et même masse moléculaire, et d'ailleurs la même alomicilé. » Ou ne prévoit pas que la dilïusion mutuelle de ces molécules, qui pa- raissent physiquement identiques, puisse donner lieu à une variation de pression, tandis que la loi énoncée plus haut fait prévoir une augmenta- tion de pression de 2"'", G. L'expérience nous montrera tout à l'heure que cette augmentation n'existe pas. >'. Je propose donc de remplacer cette loi, qui est toujours en défaut, par la suivante, qui est rigoureuse dans certains cas et très approchée en général : » Le volume occupé par un mélange de gaz esl égal à la somme des volumes qu'occuperaient les gaz qui le composent sous la pression et à la température du mélange . H J'étais arrivé, il y a longtemps déjà, par l'étude de la composition de l'air, à un énoncé équivalent : » Bans un mélange, chaque gaz doit être considéré comme subissant la pression totale, et non celle qu'il prendrait s'il occupait seul le réci- pient. » 1. Air atmosphérique. — C'est ainsi que, si l'on recherche la proporlion {x en vol.) de l'oxygène contenu clans l'air privé de vapeur d'eau, de gaz carbo- nique, etc., en s'appuyant sur les densités de l'oxygène et de l'azote atmosphérique, on doit écrire ,f : ; 1 , loSaS h- ( i — x) 0,97203 --^ 1 , qui donne a;=ro,2i sensiblement, et la proportion en poids 0,23-21 que j'ai trouvée directement. » Si, au contraire, on appelle y la fraction de la pression totale due à l'oxygène, on devrait écrire, d'après la loi classique : y ;< i , 10457 -:- (i —y) x 0,97193 -- i, d'où / =; j,2i 12 et la proporlion en poids : 0,2333. » Ces derniers résultats présentent avec mes expériences, ainsi que d'ailleurs avec celles de M. Schlœsing fils, des écarts inadmissibles. « Bien que cette seule raison suffise à faire rejeter la loi dont ils dérivent, j'ai tenu à soumettre à l'expérience plusieurs autres cas particuliers. » 2. Protoxyde d'azote et gaz carbonique. — Dans mon ballon à densités j'intro- duis d'abord du protoxyde d'azote à 0°, à la pression P, voisine de 33"™, et je le tare. Puis j'acliève de le remplir avec du gaz carbonique pur, à la pression Pj voisine de 66'''", et je détermine l'augmentation de poids/). » Soit V le volume du ballon. Connaissant la compressibilité des deux gaz et la ( 220 ) densité normale du deuxième, je calcule le volume V auquel se réduirait Az"-0 sous la pression Pj, puis le poids /?' de CO^ qui remplirait (V — V) à la pression P,. » La difTérence trouvée {p — p'= i^si^jS) est imputable aux diverses erreurs accu- mulées; elle correspondrait à une diminalioii de pression de o"'™,2, tandis que la loi classique exigerait une augmentation de 2"", 3. » Anhydrides carbonique et sulfureux. — Mêmes opérations et mêmes calculs. J'ai trouvé dans une expérience /j = 3s'', o4 1 1 et /?'=: 35'',o52o. » Si la loi que je propose n'était pas troublée par des phénomènes secondaires, il serait donc eiilré dans mon ballon io"^s'',c) de ^'az sulfureux en plus. » Je traduis ce fait en disant que le mélange a été accompagné d'une augmentation de pression de i™"',?..?. La loi classique exigerait une augmentation quatre fois plus forte. I) On peut attribuer celte augmentation de pression à ce que les gaz mélangés ont des poids moléculaires très différents et sont loin de se trouver dans des états corres- pondants. Quoi qu'il en soit, elle ne peut faire aucun doute ('). » Application. — J'ai calculé antérieurement (-) la densité de l'argon en admettant ma loi des volumes, préalablement justifiée dans le cas de l'air, et en admettant mes densités de l'azote chimique et de l'azote atmo- sphérique, ainsi que la proportion de l'argon dans ce dernier, d'après M. Schlœsing. J'ai trouvé 19,80 au lieu de 19,94. observé par Lord Ravleigh et M. Ramsay. » L'écart tient, selon toute probabilité, à ce que le mélange de l'azote et de l'argon a lieu avec augmentation de pression (ou de volume) comme celui de SO^ et CO- : 10 000 volimies d'azote atmosphérique seraient con- stitués par 9880 volumes d'azote et 1 19 d'argon. Les molécules de l'argon diffèrent en effet de celles de l'azote non seulement par leur niasse, mais aussi par leur atomicité. ■•) CHIMIE APPLIQUÉE. — Dclenninalion de la densité des gaz sur de très petits volumes. Note de jNL Th. Schlœsing fds, présentée par M. Duclaux. « Dans des expériences sur la végétation et sur diverses fermentations, j'ai en à vérifier la nature de gaz dont je ne possédais ou dont il importait (') M. Sacerdote, qui m'a très obligeamment aidé à réaliser ces expériences, a bien voulu se charger de répéter avec beaucoup de soin l'expérience de Berlhollet, qui a l'avantage d'être directe. Ses résultais feront l'objet d'une prochaine Communication. C) Comptes rendus, t. CXXill, p. 8o5 ; 1896. ( 22 1 ) de ne consommer que de très faibles quantités. J'ai cherché, pour m'éclairer, à en mesurer la densité. Je n'attendais, delà méthode que j'ai étudiée à cette occasion, qu'une approximation assez grossière; il se trouve, au con- traire, qu'elle peut conduire à des résultats d'une précision à utiliser en plus d'un cas. » Qu'on suppose, au fond d'un système de deux tubes verticaux communiquant par leur partie inférieure, un certain liquide et, au-dessus, un liquide A d'un côté, un li- quide B de l'autre, les liquides A et B étant plus légers que le premier et ne se mêlant pas avec lui. Tout le monde voit que si l'on mesure verticalement, à partir d'un même plan horizontal, les colonnes liquides qui se font équilibre dans les deuv tubes, on sera en état, connaissant les densités de deux, des liquides, de calculer celle du troisième. » On peut fonder sur un principe analogue la détermination des densités des gaz. Seulement, il faut parvenir d'abord à disposer trois gaz comme il convient dans le système des deux tubes et à les mettre en équilibre et ensuite à mesurer des colonnes superposées de ces gaz. La suite de cette Note montrera, d'une façon sommaire il est vrai, comment, avec un appareil et des manipulations simples, on résout la première question. Quant à la mesure de colonnes gazeuses, la difficulté est qu'on ne les voit pas. Mais, deux gaz étant placés l'un au-dessus de l'autre dans un tube sans se mêler sen- siblement, on peut déterminer la position de leur surface de contact en faisant dispa- raître l'un des deux par un réactif absorbant. Au moyen de mercure qui arrive par la partie inférieure du tube, on envoie les deux gaz dans un absorbeur, puis on ramène l'unique gaz restant dans le même tube, aux mêmes pression et température qu'avant l'absorption. Si le gaz absorbé est celui qui occupait primitivement le bas du tube, le mercure prendra exactement sa place; le niveau de ce dernier, bien visible, indiquera le niveau, précédemment invisible, jusqu'où s'élevait le gaz absorbé. 1) I^our que les choses puissent se passer comme nous le supposons, pour que des gaz restent quelque temps superposés sans qu'il s'en mêle des proportions importantes, il est manifeste que la longueur des colonnes gazeuses doit être extrêmement consi- dérable par rapport à leur diamètre, c'est-à-dire que pratiquement il faut opérer dans des tubes très étroits. Et c'est ici que s'impose comme nécessaire une condition qui, loin d'être une gêne, entraîne le principal avantage de la méthode : les tubes devant être très étroits, les volumes gazeux employés seront très petits. En fait, j'ai obtenu d'excellentes déterminations de densité sur 6™ ou lo™ de saz. o » Le dessin ci-contre représente les parties principales de l'appareil dont je me sers. Cet appareil comprend essentiellement deux tubes, A et B, de 2'"'" à 2™"", 5 de diamètre intérieur, de i'",io à i'", 6o de long, suivant les cas. Les extrémités infé- rieures de ces tubes aboutissent à un même robinet à trois voies F, permettant, soit de faire communiquer entre elles les deux branches A et B, soit d'isoler chacune d'elles, soit de la mettre en relation avec un réservoir à mercure R, qu'on déplace verticalement selon les besoins. A leur extrémité supérieure, les deux tubes se recourbent à angle droit. Sur presque toute leur longueur, ils sont noyés dans un cou- rant d'eau qui les maintient à température constante. « Une expérience s'exécute de la façon suivante. Supposons, pour préciser, que le G. R., ibgS, i" Séquestre. (T. C.\XVI, IN° 3.) -iÇ) ( 222 ) gaz G, dont on cherche la densité, soit plus léger que l'acide carbonique, snr lequel il n'exerce d'ailleurs point d'action chimique, et qu'il ne se dissolve pas sensiblement dans la potasse concentrée. On remplira entièrement la branche B du gaz G et la brandie A de gaz carbonique ('), sans laisser de communication entre les deux branches. Puis on établira cette communication, en laissant ouverts à l'air les orifices a et b, et l'on attendra un certain temps. La colonne de gaz carbonique étant plus lourde que la colonne de gaz G, il se produira un mouvement du premier gaz, de la branche A vers la branche B, à travers le robinet F. De l'air entrera par n à la suite du gaz car- bonique descendant dans A; une partie du gaz G sortira, au contraire, par b et sera rejetée dans l'atmosphère. A un moment, uu certain équilibre sera atteint et le mou- vement cessera. Soient alors a et p les surfaces idéales suivant lesquelles les trois gaz, air, acide carbonique et gaz G, se toucheraient deux à deux, s'ils ne se mêlaient aucu- nement ; soient respectivement /( et h' les distances verticales de oc et fi au centre de l'orifice b; soient d, d' et 3 les densités, à l'état sec, de l'air, du gaz G et du gaz carbonique, à la température et à la pression de l'expérience. Le poids de gaz compris dans les branches A et B entre deux plans horizontaux passant, l'un par (') A cet effet, on remplit d'abord chaque branche de mercure en élevant R; on la relie, sans qu'il s'introduise une trace d'air, avec la source du gaz voulu, et l'on abaisse R jusqu'au niveau de F. ( 223 ) le centre de b et l'autre par p, est le même de part et d'autre, pour l'unité de sur- face, quand l'équilibre est réalisé ; on a donc : h' d' ^ hd -[-{h' — h)o, car si l'on a luimecté d'eau, avant l'expérience, la paroi intérieure de A de B, les trois gaz sont saturés, et l'on peut négliger la vapeur d'eau, qui pèse également de chaque côté. Or, d, d' et 0 ne difTèrent que par un même facteur des densités d^, d'^^ et o,, à l'état sec, sous la pression de 760""" et à la température de 0°. Dès lors, on a : h' d', = hd„ + {/,'- /,)?.„ relation où l'on connaît o^o et 2, (dans notre hypothèse, df,z=i et 00 = 1,529, si l'on veut les densités par rapport à l'air) et qui donnera lia densité cherchée d'^ , si l'on parvient à déterminer /i et //. » Pour avoir h et /(', dès que l'équilibre dont il a été parlé est établi, on isole les deux branches l'une de l'autre par le robinet F et, le gaz qui occupe le bas de l'appa- reil étant ici de l'acide carbonique, on adapte à chacun des orifices a et b, avec un raccord particulier, un absorbeur, L ou L', renfermant de la potasse concentrée; on fait passer successivement le contenu de chaque branche dans l'absorbeur correspon- dant et, après l'absorption de l'acide carbonique, on ramène dans cette branche le gaz restant, de manière qu'il s"}- trouve rigoureusement à la pression atmosphérique (les absorbeurs remplissent la fonction de manomètres très précis). Les points où s'arrête alors le niveau du mercure dans \ et B représentent les points cherchés a et |3, les- quels déterminent h et /;'. » Si l'on opérait sur des liquides, il suffirait d'un instant pour que l'équilibre s'éta- blît dans les deux branches. Mais, avec les gaz, plusieurs minutes (de quatre à huit suivant les appareils) sont nécessaires. Par suite, la diffusion entre en jeu sensible- ment. Elle mélange les gaz, sur une certaine longueur, au voisinage de a et de P; ce qui est sans inconvénient dans un tube suffisamment cylindrique. Elle permet, de plus, la pénétration de l'air extérieur par b, air qui, se mêlant au gaz étudié, en modi- fierait la densité. Mais on évite cette dernière cause d'erreur en adaptant en b un tube <, long de o°',3o à o™,5o, qui forme le prolongement de B et qui est exactement placé dans un plan horizontal. Au commencement de la période d'établissement d'équi- libre, t est plein du gaz étudié; durant cette période, le peu d'air qui y entre n'arrive pas jusqu'en b et, demeurant dans une partie horizontale, est sans influence sur l'équi- libre final. On voit que l'intervention de la diffusion impose une limite supérieure pour la durée de l'expérience, si l'on ne veut que l'équilibre obtenu soit troublé. Dans les conditions où j'ai opéré, il était préférable de réaliser cet équilibre en moins de dix minutes. » Je donnerai, s'il m'est permis, clans une seconde Note, d'autres détails et des résultats numériques. J'ajouterai seulement aujourd'hui que la mé- thode proposée permet, en très peu de temps, de déterminer la densité d'un gaz (tous ne s'y prêtent pas également) avec une approximation qui, étant donné qu'on opère sur 6'"'^ ou 10'^'^, est assez remarquable, et cela sans lire le baromètre, sans une pesée et, pour ainsi dire, sans calcul. » ( 224 ) PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Sur an appareil dil \eTseur hermélique. Note (le M. R. Peksoxxe de Sexxevoy, présentée par M. Tj'ppmann. « Cet appareil résout ]e problème suivant : )) Etant donné un récipient liermétiqueinent clos, rempli de liquide, en extraire une portion quelconque de ce liquide sans laisser rentrer aucun fluide extérieur, notamment sans qu'il y ait rentrée d'air. Le liquide sort du récipient hermétiquement clos en laissant derrière lui le vide. ■n L'appareil se compose d'un récipient clos, tel qu'un flacon de verre, et d'un tube de métal qui plonge jusqu'au fond (Jig. i). Ce tube constitue un corps de pompe; dans son intérieur se meut un piston plongeur, formé par un second lube muni d'une garniture et de soupapes. l>e corps de pompe est fermé à sa ]>arlie inférieure par une soupape d'admission S, qui est une masse splicrique plus dense que le Hquide et appuvant par son poids. Le piston est rendu étanche par deux garnitures annulaires en fibre qui em- prisonnent entre elles une colonne annulaire de liquide. Enfin le piston porte deux soupapes d'émission constituées par des languettes de par- chemin. » A chaque coup de piston il sort du liquide, que l'on peut à volonté faire monter dans un réservoir oii il se comprime, ou faire simplement sortir par on ajutage. Le vide se forme, et l'on peut avoir le phénomène de l'ébuUition à froid. » I^e verseur hermétique peut servir à conserver à l'abri de l'air des liquides altérables ou volatils, éther, chloroforme, chlorure de mélhyle, etc. On peut adapter la pompe, qui en forme l'organe essentiel, à un grand réservoir métallique hermétiquement clos {fig. 2) et rendre ainsi sans danger la manipulation des liquides tels que l'essence de pétrole. )) Si le réservoir est une bouteille, je pense qu'il est facile d'en faire une bouteille « inviolable ». En effet, le tube-pompe est fixé sur le goulot de la bouteille par un rebord garni de caoutchouc, et il y adhère en vertu de la pression'atmosphérique. Une capsule protectrice en métal, à vis, entoura cette partie de l'appareil et empêche que l'on y ait accès : il suffit donc d'apposer des timbres de garantie sur le bouchon à vis ; on ne peut dévisser celui-ci sans rompre les cachets de garantie. » ( 22G ) CHIMIE PHYSIQUE. — Sur le potentiel thermodynamique. Note de M. A. PoNsoT, présentée par M. Lippmann. « I. Dans un vase A, une solution aqueuse, sous une pression P, émet à travers une paroi spéciale de la vapeur d'eau avec une force élastique F, et un volume spécifique v. Dans un vase B une autre solution aqueuse, sous une pression P', émet de la vapeur d'eau avec une force élastique ,f, et un volume spécifique <'. L'addition de l'unité de masse d'eau à chaque solution, .f et F restant constants, accroît son volume de K^ et Kj". » On peut faire parcourir à l'unité de masse d'eau un cycle isotherme fermé; les travaux des forces extérieures sont : )) 1° Passage irréversible de A en B : PR, — P'Kj; » 2" Passage réversible de B en A : P'K,- — a'V — l sdv 4- Fv — PR,,. » I,a somme algébrique de ces travaux est / \ds : elle est toujours •■ri positive : F > J. » Cette expression est simple : elle ne contient pas les pressions exercées sur les solutions, elle ne comprend que les pressions et volumes spéci- fiques se rapportant à l'étal sous lequel leau peut passer d'une manière réversible d'un vase à l'autre (on aurait pu supposer aussi l'eau à l'état liquide); elle est indépendante des substances mélangées à l'eau dans les deux vases. )) Si les deux vases A et B contiennent un corps commun quelconque, libre de toute combinaison, ou existant dans une combinaison dissociable par la pression, on peut supposer qu'il passera d'un vase à l'autre à travers des parois spéciales et un milieu intermédiaire, ot!i il aura une pression osmotique ■:: sous un volume spécifique v. Le travail dans un cycle sem- blable au précédent sera / vd-. » On l'appelle trmail non compensé 5; à chaque température il ne dépend que de § et F ou de tt^^ et -„. On peut supposer § ou -y^ con- stant = o, quelle que soit la température : / F /F = (I.(F,T), '-'0 ( 227 ) (F, T) sera, par définition, la valeur du potentiel thermodynamique de l'unité de masse du corps sortant de A avec une force élastique F. .. Cette valeur égale [Fv - (TS -V)]l, car f F dv = (TS - U );;". » Deux mélanges émettant un corps avec la même force élastique F sont en équilibre osmotique relativement à ce corps; on peut dire aussi que l'unité de masse a le même potentiel thermodynamique dans les deux mélanges, et que ce potentiel ne change pas dans le passage réversible de ce corps de l'un à l'autre, F restant constant. » Si le corps sort de chaque mélange avec des valeurs de F différentes, il n'y a pas équilibre osmotique; le passage immédiat du corps de l'un à l'autre est irréversible. Le sens de ce passage est fixé a priori : il corres- pond à une chute de pression, par suite à une diminution du potentiel thermodynamique de ce corps. » Dans cette chute l'unité de masse subit une variation d'énergie inté- rieure, la même que dans une opératioij réversible; mais, dans ce dernier cas, elle effectuerait un excès de travail extérieur égal précisément à la chute de potentiel. » Voici une représentation physique de ce travail : » Si, dans un tube vertical, se trouve delà vapeur d'eau à une température uniforme et soumise à l'action de la pesanteur; si les deux vases A et B précédents sont placés au même niveau où, dans le tube, la force élastique de la vapeur est F, on peut faire passer par voie osmotique irréversible l'unité de masse d'eau de A dans B. Si, au contraire, le vase B était à un niveau où la force élastique est rf, ce même passage pourrait être effectué réversibleraent, mais il faudrait fournir au système, dans ce cas, une quantité de chaleur plus grande; l'eKcès étant équivalent au travail que peut res- tituer l'unité de masse tombant de la deuxième position de B à la première. » II. Considérons maintenant un système homogène ou hétérogène en équilibre osmotique avec ses composants dans des systèmes annexes. On peut toujours dissocier la matière du système principal en ses composants, sans changement de pression : soit m la masse d'un corps dans le système principal, m, dans le système annexe, sous une pression gazeuse ou osmo- tiqueF.-i (m -h m,) / vf/F ou l(m -+- /«,) [Fi-^ — (TS — U)], formé avec tous les corps, est une quantité qui ne dépend que de l'état actuel du sys- tème principal. On peut donc considérer cette expression comme repré- sentant le potentiel thermodynamique de l'ensemble des systèmes; il y a toujours un potentiel thermodynamique . ( 228 ) » 2m [Ft' — (TS — U)] rejîrésente le potentiel thermodynamique du système principal, F pression d'un composant dans un système annexe. M Dans une transformation réversible isothermique et élémentaire de l'ensemble des systèmes, en prenant pour variables indépendantes les pressions F des systèmes annexes, la différentielle partielle du potentiel thermodynamique est Z{m-i-m,)i'dF=^Imi'dF -hlm,^'dF = lYdF, V volume de chaque système où la pression est uniformément F (y com- pris le système principal). Cette différentielle n'est pas nulle. » Dans une transformation isothermique élémentaire du système prin- cipal (Fo, Vo), considéré seul, la variation de son potentiel thermodyna- mique est "ImvdF = Y^dF^. » Elle n'est nulle que si ^F^ = o, mais cela ne peut arriver que si le système est hétérogène et si une partie de ce système s'accroît aux dépens d'autres, sans changement de composition. » On ne forme pas habituellement le potentiel thermodynamique d'un mélange comme je viens de l'indiquer, aussi on arrive à des conclusions ne concordant pas rigoureusement avec celles de cette Note. » ÉLECTRICITÉ. — Sur le spectre des rayons cathodiques. Note de M. BiRKELA\D, présentée par M. Poincaré. u. Dans une Note du 28 septembre 1896, j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie quelques résultats expérimentaux obtenus en déviant conve- nablement un faisceau très étroit de rayons cathodiques par des forces ma- gnétiques, de façon à laisser les rayons déviés se manifester par phospho- rescence sur une surface de verre se trouvant en dehors d'autres lumino- sités qui pourraient troubler les phénomènes. » En eflTet, on reconnaît par ce procédé une certaine dispersion des rayons déviés montrant qu'ils se constituent en groupes différents. » Dernièrement M. J.-J. Thonison (Phil. Mag., ocl. 1897) ^ trouvé que l'appa- rence de ce spectre est toujours la même pour des décharges à travers des gaz diffé- rents, pourvu que les dilïérences moyennes de potentiel entre l'anode et la cathode soient aussi les mêmes. » De plus, il a trouvé que le même spectre peut être produit en déviant les rayons cathodiques par des forces électrostatiques au lieu de les faire dévier par des forces magnétiques. » Ces résultats se comprennent facilement par les recherches suivantes que je viens ( 229 ) de faire après avoir aperçu que l'apparence du spectre varie, quelquefois même consi- dérablement, avec des cathodes différentes successivement introduites dans un même tube. Il paraît que c'est moins la matière différente des cathodes qui en est la cause que les détails de leur construction mécanique. » Cependant en prenant certaines précautions on réussit à obtenir des résultats ré- guliers et correspondants d'un tube de décharge à l'autre. » Je vais en décrire quelques-uns obtenus avec un tube à cathode ordinaire d'alu- minium, dont le contact métallique entre les différentes parties et dont le contact avec le fil conducteur reliant la cathode au pôle négatif de la grande bobine employée étaient aussi parfaits que possible. En outre, le tube et les électrodes étaient, avant les expériences, débarrassés soigneusement même de gaz occlus; après quoi le tube fut rempli d'assez peu d'hydrogène, pur pour que la différence du potentiel entre l'anode et la cathode au moment où la décharge éclate ne descende pas au-dessous de loooo volts. Pendant les décharges les rayons cathodiques doivent sortir régulièrement au milieu de la cathode. » En tenant compte dés remarques ci-dessus j'ai trouvé dans un spectre spécial quatre bandes jaunes séparées par des baodes obscures. Dans chaque bande lumineuse j'ai souvent distingué des lignes d'une luminosité plus intense, et ces lignes paraissaient quelquefois bien nombreuses. » Pour étudier de près ces phénomènes, j'ai introduit devant la cathode et communiquant avec elle par un court fil fin de cuivre une résistance d'eau variable facile à régler. » Par ce procédé, on obtient une seule bande jaune, restant tranquille d'une décharge à l'autre, et qui peut facilement avoir une largeur de plu- sieurs centimètres, la résistance étant convenablement choisie. La largeur de la bande s'augmente du reste avec le courant primaire de la bobine employée et possède en outre un maximum très marqué, la résistance d'eau étant variable. )) En regardant attentivement cette bande d'une luminosité, au premier coup d'œil, homogène, on aperçoit partout les traces d'un nombre énorme de lignes. » Si pourtant le fil de cuivre reliant la résistance d'eau à la cathode est mis en communication avec une boule métallique isolée (j'ai employé des boules de o", lo et de o™, 3o de diamètre), la bande jaune se contracte et se résout en raies fines changeant maintenant un peu de position d'une dé- charge à l'autre. Ces lignes sont, on le voit facilement sans pouvoir les compter, beaucoup plus nombreuses pour la boule de o™, lo que pour la boule de o'",3o, toutes choses égales d'ailleurs. » On pourra diminuer le nombre des lignes à son gré en introduisant des capacités en conséquence. J'ai employé trois bouteilles de Leyde de C. R., 1898, I" Semestre. (T. CXXVl, N° 3.) 3o ( 23o ) 120'='=, '^So''* et 1200" de volume. Avec la première, j'estime avoir vu une trentaine de lignes, avec la seconde j'en ai compté cinq, avec la troisième j'en ai rarement vu plus d'une seule. Il faut remarquer pourtant qu'avec ces capacités le nombre des lignes augmente avec le courant primaire et qu'il diminue quand la résistance d'eau augmente. » Il y a une manière de séparer les lignes de ces spectres l'une de l'autre à la distance voulue. » En effet, si par tâtonnements on arrive à fermer le courant des aimants déviant les rayons au moment où une décharge éclate, on voit le spectre s'étendre largement, et j'ai souvent réussi avec la plus petite bou- teille de Leyde à produire une image phosphorescente d'une beauté par- faite sur le verre et presque identique aux images des décharges intermit- tentes, reproduites dans un Mémoire célèbre de Feddersen (Po^^. /In/i., io3; i858; Taf. I, fig. 18, 19). La variation rapide du système magnétique employé joue le même rôle ici que le miroir tournant de Feddersen dans ses expériences. )) Avec un arrangement automatique, j'ai fait varier le champ magnétique synchroniquement aux éclats de décharges. De cette manière, j'ai observé que la distance des lignes du spectre augmente avec la capacité et la résis- tance d'eau, intercalées devant la cathode. » Si, au contraire, on intercale la capacité et la résistance d'eau devant l'anode, nous n'aurons pas les phénomènes décrits plus haut, mais d'autres résultats moins marqués et de nature à conhrmer la théorie. » Si la plaque cathode est mal fixée sur la tige qui la supporte, les résul- tats sont tout autres. Le spectre consiste dans ce cas en des bandes larges qui ne sont presque pas affectées d'une capacité ou d'une résistance d'eau intercalée. » Si les rayons cathodiques sortent de points différents et irrégulière- ment répandus sur une plaque cathode, les résultats ne sont plus nets. » Les phénomènes que je viens d'exposer jettent une grande lumière sur la découverte des surfaces d'interférence des rayons cathodiques faite par M. Jaumann. » Il me paraît aussi que cette différenciation indiquée de la décharge partant de la cathode nous promet plus de clarté sur la question de strati- fication de la colonne positive. » D'après une expérience bien connue de J.-J. Thomson, il est certain que les strates apparaissent d'abord près de l'anode et plus tard dans le voisinage de la cathode. Mais s'ensuit-il que les décharges élémentaires ( 23l ) qui se manifestent par ces strades sont émises par l'anode? Les strates n'existent pas dans le voisinage de la cathode; on admet pourtant que les décharges élémentaires se propagent aussi à travers cet espace. Or, nous savons que la distance des strates de la cathode dépend beaucoup de la répartition de la force électrique dans le tube, et cette répartition est tout autre au moment de naissance d'une décharge que plus tard. D'autre part, M. Goldstein a montré, il y a seize ans (Wied. Ann., t. XII, p. 271), que la position et les propriétés des simples strates bien définies dépendent com- plètement de la position et du caractère de la cathode mais pas du tout des conditions de l'anode. M Je viens de démontrer que la distance des simples strates ne varie pas, si l'on intercale des capacités devant les électrodes; même de petites capa- cités, liées le plus intimement possible à la cathode ou à l'anode, n'influent pas. » Le nombre, dans l'unité de temps des chocs intermittents, se mani- festant par des strates, est donc probablement réglé par le gaz seul, ou par les propriétés des chaînes de Grotthus qui s'y forment. » D'après ce que je viens d'exposer, je pense qu'il serait plus naturel de supposer que la cathode émet : 1° des chocs de décharge intermittents, dont les propriétés sont surtout réglées par des conditions extérieures du tube de décharge viz : la différence du potentiel entre l'anode et la cathode, les capacités et l'état de conductibilité dans le voisinage de la cathode; ces chocs se manifestent par les rayons cathodiques; 2° des chocs dont les propriétés sont surtout réglées par les conditions du gaz inclus dans le tube; ces chocs se manifestent par des strates. » SPECTROSCOPIE. — Sur le spectre du cadmium dans un tube à vide. Note de M. Maurice Hamy, présentée par M. Lœwy. « La lampe à cadmium que j'ai décrite dans une Communication anté- rieure (') émet, dans le spectre visible, une vingtaine de radiations, lorsque le tube à vide est chauffé à 295° environ. » Plusieurs radiations, d'une extrême simplicité, peuvent produire des franges d'interférence à grandes différences de marche. De ce nombre est la radiation rouge {\, 644) dont la longueur d'onde absolue a été déter- (') Comptes rendus, i'"' semestre 1897. ( 232 ) minée, avec une haute précision, au Bureau international des Poids et Me- sures, avec l'appareil de M. Michelson. Prenant pour point de départ le nombre obtenu dans ces mémorables expériences, je me suis proposé de mesurer les longueurs d'ondes des autres radiations simples. )) Le principe de la méthode suivie est dû à M. Michelson. On déter- mine expérimentalement, pour chacune des radiations, avec un compen- sateur approprié, la partie fractionnaire du nombre de franges contenues dans des distances connues à quelques millièmes de millimètre près et allant en doublant. Un calcul facile fournit ensuite les nombres entiers de franges contenues dans ces distances et l'on en déduit les rapports des lon- gueurs d'ondes de toutes les radiations à la longueur d'onde de l'une d'elles. ■» L'appareil interférentiel utilisé dans mes recherches est fondé sur l'emploi des anneaux de Newton réfléchis. La lumière y pénètre à travers une ouverture demi-circulaire, de o™™,5 de rayon, placée au foyer et centrée sur l'axe d'une lentille collimatrice dont une des faces, de grand rayon, disposée en regard d'un miroir plan, sert à produire les anneaux. La vision s'effectue à travers une seconde ouA'erture semblable à la première et com- posant avec elle un cercle entier. En appelant R le rayon du cercle, ^ le foyer de la lentille, e l'épaisseur de la lame mince au centre des anneaux, la visi- bilité des franges produites avec une lumière monochromalique de longueur . lie R- d'onde 1 est ^f-. Ce rapport était très voisin de i dans mes expériences, même pour des différences de marche de i4""". Aussi l'influence de l'é- tendue de la source lumineuse sur la netteté des franges (') ne se faisait- elle pas sentir. Les rapports de longueurs d'ondes déterminés avec l'appa- reil sont d'ailleurs indépendants de celte étendue. » Le Tableau suivant résume les résultats obtenus. La première colonne contient des numéros d'ordre; la deuxième une indication approximative de l'éclat de chacune des radiations estimée à l'œil; la troisième fournit les logarithmes des rapports des longueurs d'ondes des différentes raies à celle de la raie rouge principale; la dernière colonne contient les longueurs d'ondes calculées en partant de la longueur d'onde de la radiation rouge \^ 0,6438472. Les longueurs d'ondes, affectées de lettres, sont celles (') Celte influence a été signalée par M. Mascarl, puis étudiée notamment par M. Benoit, M. Michelson et surtout par M. Cli. Fabry dans sa Thèse de doctorat. ( 233 ) qui ont déjà été mesurées au Bureau international des Poids et Mesures. Log. Longucui's Numéros. Grandeurs. Rapports. d'ondes. 1 I 0,0000000 0,6438472 R 2 4 0,0077112 o,6325i6i 3 3 0,0781517 0,5378128 4. 3 o, 0814468 0,5337477 5 2 0,096.5832 o, 5 1 54655 6 I 0,1024208 o,5o85832 V 7 I 0,1275489 0,47999196 8 2 0,1387084 0,46781531 9 4 0,1401784 0,4662345 10 5 o, 1637830 0,4415702 (•) » Toutes les radiations, à l'exception de celles dont les longueurs d'ondes sont suivies des lettres V, B, T, sont d'une simplicité remarquable. La net- teté des anneaux demeure absolument constante lorsque l'on fait varier graduellement la différence de marche de 0°"" à i4""'° (limite que l'appareil ne permettait pas de dépasser). Leurs longueurs d'ondes sont bien déter- minées parce que la mesure des excédents fractionnaires a pu se faire avec une grande précision. Les erreurs sur ces nombres ne dépassent pas 2 a 3 unités de la dernière décimale et la répétition des observations permettra de les faire disparaître. « La radiation marquée I est aussi très simple, mais à un degré inférieur aux précédentes. Sa longueur d'onde, déterminée au pavillon de Breteuil, avec une différence de marche de 100™'", ne diffère du nombre contenu dans le Tableau que d'une unité de la dernière décimale. M Les radiations 6 et 7 sont complexes. Les anneaux se troublent beaucoup lorsque la différence de marche des faisceaux interférents est de i4°"°- Aussi les nombres obtenus pour ces radiations n'ont-ils pas la précision des autres. Ils dépassent de huit unités de la dernière décimale ceux qui ont été déter- minés avec la lampe de M. Miclielson. Ces radiations, surtout la radiation verte, se simplifient lorsque le tube à vide renferme des traces d'air, ce qui ne modifie pas, d'après les expériences de M. Michelson, la longueur d'onde de la raie rouge. C'est dans ces conditions que leurs longueurs d'ondes ont été obtenues au Bureau des Poids et Mesures. Les tubes ainsi (') Il y a encore une raie visible, plus éloignée dans le violet, qui est extrêmement simple; mais l'œil ne discerne pas assez bien les anneaux pour permettre de mesurer sa longueur d'onde. ( 234 ) construits ne se conservent pas. L'air disparaît après un fonctionnement de quelques heures. Ce fait a été constaté par M. Chappuis, qui a bien voulu faire l'expérience sur ma demande. L'addition de l'air dans les tubes a l'in- convénient de faire disparaître plusieurs radiations, notamment les trois raies vertes 3, 4, 5; c'est probablement une des raisons qui ont fait que M. Michelson a signalé quatre raies simples seulement dans le spectre du cadmium. » Je compte poursuivre mes recherches dans l' ultra-violet, me proposant aussi de reprendre les déterminations présentes avec un appareil permettant de donner aux faisceaux interférents des différences de marche supérieures à i4""". L'appareil décrit dans une Communication récente (') sera employé pour séparer les composantes des raies doubles 6 et 7. Le spectro- scope interférenliel de MM. Perot et Fabry (-) permettrait d'arriver au même résultat. » PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur la valeur absolue des éléments magnétiques au i" janvier 1898. Note de M. Th. Moureaux, présentée par M. Mascart. )) Parc Saint-Maur. — L'enregistrement des variations des éléments magnétiques n'a subi aucune modification au cours de l'année 1897; les courbes diurnes sont dépouillées pour chaque heure, et les repères sont fréquemment vérifiés par des mesures absolues. » L'état magnétique n'ayant pas paru suffisamment calme dans les der- niers jours de décembre, les valeurs des divers éléments au i" janvier 1898 sont déduites de la moyenne de toutes les valeurs horaires du 28 dé- cembre 1897 et du 4 janvier 1898, rapportées à des mesures absolues faites à ces deux dates. La variation séculaire résulte de la comparaison entre les valeurs actuelles et celles qui ont été données pour le i" janvier 1897 ('). Valeurs absolues Variation au séculaire I" janvier 1898 (*). en 1S97. Déclinaison , i4°56',o — 5', 5 Inclinaison 64°58',9 — 1',9 (') IIamy, Comptes rendus, second semestre 1897, p. 1092. (-) Perot et Fabiiy, Comptes rendus, !"=■' semestre 1898, p. 34. (^) Comptes rendus, t. CXXIV, p. 77; 1897. (') Nous introduisons ici, pour la première fois, dans le calcul de la composante ( 235 ) Valeurs absolues Variation au séculaire I" janvier 1898. en 1897. Composante horizontale 0,19660 H-o,ooo34 Composante verticale o, 4^125 -l-o,oooi3 Force totale 0,46^87 +0,00027 » L'observatoire du Parc Saint-Maur est situé par o^g'aS" de longitude est de Paris, et 48°48'34" de latitude nord. » Perpignan. — Les observations magnétiques sont faites à Perpignan avec des instruments semblables à ceux du Parc Saint-Maur, et d'après les mêmes méthodes. Les courbes, relevées et réduites sous la direction de M. le D'' Fines, sont également dépouillées heure par heure. Les valeurs au 1'''' janvier 1898 résultent de la moyenne des valeurs horaires du 28 dé- cembre 1897 6t Nice. — Les instruments magnétiques de l'observatoire de Nice sont identiques à ceux du Parc Saint-Maur et de Perpignan. Les valeurs des éléments au i*"' janvier 1898 résultent du dépouillement horaire des courbes de variations relevées pendant les journées du 3i décembre 1897 horizontale, la correction — 0,00020 due à l'induction par la Terre et, de plus, une correction instrumentale de — 0,00047- D'après cela, toutes les valeurs relatives à l'intensité publiées antérieurement doivent subir les corrections ci-après : composante horizontale, — 0,00067; composante verticale, — o,ooi44; force totale, — 0,00159. (' ) La valeur de la composante horizontale a subi une correction de — o, 00022 due à l'induction par la Terre, et une correction instrumentale de — 0,00066. Les correc- tions suivantes doivent être appliquées aux valeurs de l'intensité publiées antérieure- ment : composante horizontale, — 0,00088; composante verticale, — o,ooi53; force totale, — 0,00177. ( 236 ) et du i^"" janvier 1898, et des mesures absolues faites par M. Auvergnon les 27, 29 et 3 1 décembre : Valeurs absolues Variation au séculaire 1" janvier 1S98. en 1897. Déclinaison 12° 10', 3 — 5', i Inclinaison 6o°i4', 3 — 2', 2 Composante horizontale o,iiZZ'i +0,00028 Composante verticale o,3go54 — 0,00010 Force totale 0,44988 -t-o, 00006 » L'observatoire de Nice est situé par 4°57'48" de longitude est, et 44''43'i7" de latitude nord. » PHYSIQUE. — Contribution à l'étude des fours électriques. Note de MM. Gi\ et Lelecx, présentée par M. Mascart. « D'après M. Blondel ('), l'arc électrique peut être assimilé à une résis- tance ordinaire, sur la nature de laquelle ses expériences ne jettent aucun jour. Nous nous sommes efforcés d'établir la nature de cette résistance, en étudiant l'arc dans des milieux divers; nous présentons les déductions suggérées par ces expériences, non comme des faits définitivement acquis, mais comme des hypothèses vraisemblables. M La chute de potentiel caractéristique d'un arc jaillissant au sein d'un milieu donné est due simplement à la résistance de la masse gazeuse interposée entre les électrodes et résultant de la vaporisation des électrodes ou des matières soumises à l'action de l'arc. » Considérons comme un conducteur ordinaire le cylindre gazeux qui réunit les électrodes. )> Soient / et ^ sa longueur et sa section (supposée égale à celle des élec- trodes); p sa résistivité et c sa chaleur spécifique par unité de volume : i> L'énergie transformée en chaleur dans l'unité de temps est RI", la quantité de chaleur correspondante p/5. A V^, » Si l'enceinte était limitée par des parois formant écran calorifique (') Comptes rendus, 19 juillet 1897. ( 237 ) parfait (échauffement adiabatique), on aurait : fls = clst, t^'^[^j I /I\= , , . .1 /I\'- ? » La température de Varc croîtrait comme le carré de la densité du courant et le rapport de la résistivité à la chaleur spécifique par unité de volume de l'atmosphère de l'arc (ces deux dernières quantités elles-mêmes variables avec t). » Les conditions d'un échauffement adiabatique sont irréalisables, mais on peut s'en rapprocher en faisant jaillir l'arc dans un milieu de conducti- bilité calorifique extrêmement faible, par exemple dans le mélange pulvé- rulent qui sert à la fabrication du carbure de calcium. » Dans un tel milieu, immobile par rapport aux électrodes, l'arc creuse autour de lui une poche présentant à son pôle supérieur un petit cratère, par lequel s'échappent de l'oxyde de carbone et des vapeurs de chaux, de calcium et de carbone. n Le volume de cette cavité augmente jusqu'à une certaine limite, puis un état stationnaire s'établit, pour lequel les volatilisations et les actions chimiques ayant cessé, les quantités de chaleur dégagées par l'arc sont équilibrées par les émissions vers les milieux environnants. » Après refroidissement, on observe que les parois de la poche sont stra- tifiées en couches concentriques se succédant comme suit de l'intérieiu- à l'extérieur : » 1° Une couche de graphite brillant, à texture caverneuse et d'aspect bouillonné ; )) 2° Une couche de carbure de calcium cristallisé ; )) 3"^ La matière initiale inaltérée. » On en déduit que la température interne a été assez élevée pour que la tension de dissociation des vapeurs de calcium et de carbone s'oppose à la combinaison des deux corps, laquelle n'a pu se produire qu'au delà de la surface de niveau limitant la région des températures inférieures à celle de dissociation. » Si l'on ne voulait admettre la dissociation du carbure de calcium, on pourrait expliquer l'existence de la couche de graphite par ce fait que la température très élevée de l'enceinte aurait provoqué une volatilisation si rapide de la chaux qu'une partie de celle-ci eût échappé à la réduction et à la carburation subséquentes en laissant un excès de carbone comme résidu. Il nous semble probable que les deux phénomènes sont simultanés. C. R., 1898, i" Semestre. (T. CXXVI, N" 3 ) 3l ( 238 ) )i La tension de l'arc varie avec la nature de son atmosphère. Dans le mélange pour carbure de calcium, la température stationnaire étant atteinte, nous avons obtenu des arcs à la tension de i8 à 20 volts, pour un écartement de 10'''" environ ( * = loo"', [= 1000, - = 10 ). Dans les mêmes conditions, au sein d'un mélange de charbon et d'oxyde de manganèse, il se produit des vapeurs abondantes de manganèse métallique et la tension des arcs peut descendre jusqu'à 10 volts, la poche formée étant notablement plus volumineuse. Cette dernière observation concorde avec l'accroisse- ment de t avec - • c » Si l'on reprend la première expérience et si, l'état stationnaire étant atteint, on introduit, par le cratère d'évacuation des gaz, du carbure de calcium granulé, il fond rapidement et disparait même si la densité du cou- rant est assez élevée. Les gaz qui se dégagent ne produisent pas d'acé- tylène. Il semble donc que le carbure introduit a été dissocié et non simple- ment vaporisé. w On retrouve dans la poche un dépôt de coke, véritable squelette de l'être chimique qui a cessé d'exister. Si l'on repousse l'hypothèse de la dissociation du carbure, il faut admettre que le dépôt graphitique préexistait et que le carbure introduit a simplement filtré après fusion à travers la couche poreuse du carbone. » Si la dissociation intervient, il semble que la température à laquelle elle se produit est inférieure à celle de volatilisation du carbone et que le carbure de calcium ne peut être vaporisé à l'état combiné dans les condi- tions expérimentées. » PHYSIQUE. — Nouvelle méthode pour la mesure de V intensité des champs magnétiques. Note de M. E. Eouty, présentée par M. Lippmann. « Le phénomène auquel j'ai recours est l'induction réciproque de l'action électromagnétique employée par M. Lippmann dans son galvano- mètre à mercure. Un liquide conducteur, qui pourra être simplement de l'eau de rivière, s'écoule normalement aux lignes de force du champ à mesurer. On détermine, à l'aide de l'électromètre capillaire, la force électromotrice constante induite entre la face supérieure et la face infé- rieure de la veine. Connaissant le débit, on en déduira l'intensité du cham p . M Supposons, pour simplifier, la vitesse c d'écoulement uniforme sur ( 239) toute la section d'une veine rectangulaire d'épaisseur e dans le sens des lignes de force, de hauteur /dans la direction normale à la fois aux lignes de force et à la vitesse d'écoulement. La force électromotrice induite est constante et a pour valeur (i) E = Hc/. » Le débit est (2) V) = veh on tire de là (3) H=^. Telle est la formule très simple que l'on aura à appliquer, » D'après la formule (i) la force électromotrice induite est indépen- dante de la nature du liquide conducteur. J'ai employé d'abord des solu- tions de sulfate de cuivre, saturées ou très étendues, s'écoulant par un aju- tage ou cuvette rectangulaire en ébonite; deux électrodes de cuivre, de o™,oi de long et de largeur égale à l'épaisseur e de la cuvette, arasent exactement, à l'intérieur, la face supérieure et la face inférieure de la veine. On constate que la force électromotrice mesurée est parfaitement indépendante de la concentration, si bien que, sans rien changer à la dis- position de l'expérience, j'ai pu substituer au sulfate de cuivre l'eau des conduites de la ville : la facilité des mesures est demeurée la même. La polarisation des électrodes n'introduit aucune perturbation. » L'usage de l'eau comme liquide conducteur permet d'employer de grandes vitesses d'écoulement et d'accroître pour ainsi dire indéfiniment la sensibilité de la méthode ('). J'ai fait varier la vitesse de o™,5o à i'^" par seconde, vérifié la proportionnalité rigoureuse de la force électromotrice à la vitesse, prévue par la formule (i), et mis en évidence des champs constants de l'ordre de grandeur de o,5 C.G.S. Rien ne paraît s'opposer à ce que l'on aille encore plus loin. » Si l'on veut se borner à des mesures relatives, il sera inutile de déter- miner l'épaisseur de la cuvette et le débit, supposé constant. On pourra (*) Elle n'est guère limitée pratiquement que par le débit maximum dont on dispose. ( 24o ) même donner à la cuvette une forme quelconque. La seule précaution né- cessaire est l'isolement rigoureux des électrodes. » Pour faire des mesures absolues, on devra d'abord se procurer une cuvette étalon d'épaisseur e assez grande pour que la vitesse v paisse être considérée comme très sensiblement uniforme, ainsi que nous l'avons supposé. » Les électrodes de cuivre, de largeur égale à l'épaisseur e de la cuvette, devront être assez éloignées du tuyau d'amenée (') pour que le régime d'écoulement soit bien uniformisé. Enfin, il faut introduire un facteur de correction, d'ailleurs assez voisin de l'unité, pour tenir compte de la dimi- nution de vitesse au voisinage immédiat des parois latérales. Pour des cuvettes de i""" à 6""° d'épaisseur, j'ai trouvé qu'il suffit de substituer, dans la formule (3), à l'épaisseur e mesurée, une épaisseur fictive e + o°"",i3. » J^a proportionnalité des forces électroraotrices, mesurées avec diverses cuvettes, se maintenant rigoureuse quand on fait varier arbitrairement le champ et la vitesse, il suffit de déterminer, par comparaison avec la cuvette étalon, l'épaisseur fictive à attribuer à une cuvette quelconque, que rien n'empêche de prendre très mince. Celle-ci pourra servir désor- mais d'étalon secondaire. » Pour des applications où la sensibilité de la méthode électrométrique paraîtrait exagérée, on pourra employer une grande capacité, par exemple deux ou trois microfarads, la charger à l'aide de la force électromotricc induite et la décharger sur un bon galvanomètre balistique. Des champs de 5o C. G. S., par exemple, pourraient encore être mis en évidence assez aisément. » .T'ai déjà employé ma méthode à l'étude de la courbe de saturation et du magnétisme rémanent d'électro-aimanls. Je me propose d'en faire diverses autres applications. » ÉLECTRICITÉ. — Sur r ampèremètre thermique à mercure. Note de M. Cii. Camiciiel, présentée par M. Violle. « J'ai montré, l'année dernière (Comptes rendus du 5 et du 12 juillet 1897), que la méthode calorimétrique peut servir à déterminer les inten- ( ') 5''™ au moins pour nue ciiveUe de 5'""' d'épaisseur. ( 24. ) silés des courants et j'ai décrit un ampèremètre à mercure dont les indi- cations sont constantes ou du moins ne subissent que des variations ana- logues à. celles d'un thermomètre à mercure, faciles, par conséquent, à éliminer par l'emploi de verres durs. » J'ai l'honneur de présenter aujourd'hui à l'Académie un nouveau modèle de mon ampèremètre thermique, destiné à la mesure des courants compris entre i à 2 ampères, avec une approximation du 200*. Cet appareil se distingue du premier par sa sensibilité plus grande et son mode de con- struction qui le rend plus portatif. Le courant à mesurer pénètre dans le mercure par des fils de fer ou de platine, plongeant dans deux godets con- tenant du mercure pur et sec, et communiquant à leur partie inférieure par un tube de verre mince et étroit ayant une section faible, par exemple un cinquième de millimètre carré. Tout autour de ce tube mince se trouve le réservoir thermométrique qui a la forme annulaire. Le courant traversant la mince colonne de mercure, la chaleur produite est communiquée an mer- cure du réservoir thermométrique et accusée par une élévation de tempéra- ture de Ô degrés, dans une minute. » Dans cet appareil, l'élévation de température 0 est reliée à l'intensité i du courant par la relation si le refroidissement et la variation de résistance de l'appareil sont négli- geables. Ces deux influences ne sont pas négligeables, mais dans l'appareil que j'ai étudié elles se compensent rigoureusement pour les intensités à mesurer. D'ailleurs, la disposition de l'appareil atténue beaucoup le refroi- dissement, qui est très considérable dans le premier modèle, pour lequel la formule (1) doit être remplacée par une formule plus compliquée 6 = — a -^ bi -h ci'- » La nouvelle disposition est donc plus h l'abri des influences extérieures que la première. » Voici quelques constantes de l'appareil : » Le tube intérieur traversé par le courant a une forme ondulée que M. A. Héraot a adoptée pour augmenter la sensibilité de l'instrument et l'élasticité du tube (afin d'éviter les ruptures qui pourraient se produire avec la forme rectiligne). La résis- tance du mercure entre les godets est i°''",34. » Pendant la durée d'une expérience (une minute) cette résistance varie de o"'"",oii environ pour les intensités les plus grandes que l'appareil doit mesurer normalement. ( 242 ) On rend facilement cette variation de résistance négligeable en mettant en série avec l'ampèremètre des résistances convenables, par exemple 8 ohms, ne chauffant pas pen- dant une minute sous l'influence de r à 2 ampères. La tige du tliermomètre porte des divisions en millimètres, le degré centigrade vaut 2™", 4- Les godets ont 1'="' de dia- mètre, 3'="' de hauteur, la distance de leurs axes est 7™'. La hauteur de l'appareil est 17'""'. Cet appareil peut être placé dans un écrin ayant comme dimensions en centi- mètres 2 X I3X 20; il est donc très portatif. Dans toutes les expériences la mesure du temps est faite à dessein avec une bonne montre à secondes, pour montrer que la méthode ne nécessite pas d'appareils chronomélriques spéciaux. » Les indications de l'appareil sont très constantes et ne dépendent pas des condi- tions extérieures. » Enfin, la courbe de graduation qui a toute la régularité désirable est une para- bole 6 z= 33, 26 «S / étant exprimé en ampères et 6 en millimètres de la tige. » Je donnerai, ailleurs, une description complète de l'instrument et des expériences qui ont été faites; je me contente d'indiquer quelques nombres : Valeurs relatives de la différence. __ _i_ 190 — 1 2»6 1 4S0 . , 1 '•2 0 1_ 3SS ^^ 960 -I--'- ^^ 135 » J'indiquerai, clans une prochaine Note, les divers usages de cet appa- reil, et son emploi avec une résistance de i ohm pour constituer un voit étalon thermique (^*). » 0 observé. i observé. î calculé. Différence. aoip amp 118,8 I ,900 1,890 — 0,010 172,9 i,85o 1,8425 — 0,0075 107,3 1,800 1^796 — 0 , oo4 96,8 1,702 1,706 -H o,oo4 86,5 1,617 I ,6125 — 0,0045 80,5 1 ,55o 1,556 -H 0 , 006 69, 1 1 ,440 i,44i5 4- o,ooi5 60,6 1,340 i,35o -l-o,oi (') Je tiens à remercier M. Hémot, qui a très habilement construit mon appareil et l'a réussi du premier coup, et mon préparateur, M. L. David, ingénieur civil^ qui m'a aidé dans mes expériences. Ce travail a été fait à l'Institut de Physique industrielle de l'Université do Lille. ( 24;^ ) PHYSIQUE. — Décharge par les rayons de Rôntgen. Effet secondaire. Note de M. Jeax Pekrin, présentée par M. J. VioUe. « J'ai montré que les l'ayons de Rontgen peuvent, sans les rencontrer, décharger des corps électrisés situés dans un gaz au repos, et j'ai trouvé quelques lois simples relatives à ce phénomène (' ). » J'ai aussi fait quelques recherches, beaucoup moins étendues, dans le cas plus complexe oîi les rayons rencontrent les corps chargés. J'ai en par- ticulier constaté que, pour l'air à la pression atmosphérique, il existe une couche mince adhérente aux régions atteintes, où l'ionisation devient beaucoup plus intense qu'elle ne serait sous la seule influence des rayons incidents. En première approximation, le rôle du métal frappé ne semblait pas s'étendre au delà de cette couche, dont l'épaisseur, pour les métaux étudiés, ne pouvait être supérieure à 2""". » D'autre part, M. Sagnac a montré que les rayons secondaires, émis à partir des points où les rayons de Rontgen rencontrent des obstacles ma- tériels, sont électriquement actifs sur un parcours de plusieurs centi- mètres (-). » La contradiction n'est qu'apparente et disparaît si l'on tient compte de l'ordre de grandeur des phénomènes. Je préciserai en résumant de nou- velles expériences que j'ai faites avec un condensateur plan. » Un pinceau de rayons de Rôntgen, perpendiculaire à ce condensateur, y pénètre au travers d'une feuille d'aluminium battu, entourée d'un anneau de garde, qui forme la première armature. Puis il vient s'écraser contre la deuxième armature, faite d'une lame épaisse en zinc ou en plomb et fixée à une vis micrométrique permettant de faire varier à volonté l'épaisseur du condensateur. Une méthode de zéro, analogue à celles que j'ai déjà décrites, permet de voir si l'eiret secondaire dû au métal varie lorsque cette épaisseur varie. » Pour le zinc, j'ai vérifié que l'effet secondaire croît d'environ -^ quand l'épaisseur croît de i™" à 10™". D'une manière plus précise, l'épaisseur étant de 10™", 100 unités d'électricité neutre seront ionisées par effet gaz direct en même temps que 5o unités seront ionisées par effet secondaire dans la couche de i™" attenant au zinc et que 5 unités seront ionisées par effet secondaire dans les neuf autres millimètres. Dans le cas du plomb, la variation d'eflet secondaire est moins rapide encore. (') Eclairage électrique, 20 juin 1897; Comptes rendus, 10 août, et Thèse de doctorat. (^) Comptes rendus, 3 janvier 1898. ( 244 ) )) En résumé, les résultats expérimentaux que j'avais indiqués subsistent, mais l'hypothèse provisoire d'un phénomène absolument superficiel perd de sa vraisemblance. Au contraire, on rendra compte de tous les phéno- mènes en admettant qu'une grande part des rayons secondaires étudiés par M. Sagnac, très fortement absorbés par les premières couches d'air qu'ils rencontrent, y produisent ime ionisation énergique suivant des lois analogues à celles que j'ai trouvées pour les rayons directs (' ). » ÉLECTRICITÉ. — Sur la résistance éleclrique du silicium cristallisé. Note de M. Fkrnaxd Le Roy, présentée par M. Troost. « Le chauffage par l'électricité est obtenu jusqu'à ce jour par l'intro- duction de résistances métalliques, qui, intercalées dans un circuit, sont portées par le passage du courant à une température plus ou moins élevée. )) Par suite de la grande conductibilité des métaux, ces résistances devaient être de très petit diamètre et de très grande longueur. M II m'a semblé qu'il y aurait intérêt à remplacer les métaux ou alliages emplovés par d'autres corps ou composés, présentant les propriétés sui- vantes : » 1° Très faible conductibilité, de façon à ce que l'on puisse construire des résistances d'assez grande section et de faible longueur pour en rendre l'usage plus commode et pratique; » 2" Chaleur spécifique élevée et grand pouvoir émissif. » De tous les corps simples ou composés que j'ai successivement étudiés, le silicium cristallisé ou graphitoïde, obtenu pour la première fois par H. Sainte-Claire Deville, m'a semblé devoir donner les meilleurs résultats. C'est ce que j'ai vérifié au laboratoire de M. Troost, à la Sorbonne. J'y ai préparé de très grandes quantités de silicium cristallisé (-^ et j'y ai mesuré les résistances que présentait ce corps dans des conditions très différentes. » Je n'ai pu encore déterminer rigoureusement quel pourrait être le coefficient de résistance spécifique du silicium. Néanmoins, il résulte de mes expériences, poursuivies depuis près de trois ans, que ce coefficient varie dans de très grandes proportions avec les trois facteurs : pulvérisation, (') Fait au laboratoire de Pliysique de l'École Normale supérieure. ('^) Le procédé de préparation était celui indiqué par Wœhler et complété par M. Vigoureux {Thèse, Faculté des Sciences de Paris, 1896). ( 245 ) compression, cuisson. En ce qui concerne les deux premiers facteurs, les recherches de M. Branly sur la résistance des poudres donnent à cet égard toutes indications. » Quoi qu'il en soit, il est facile d'obtenir des bâtons de silicium agglo- méré pur ayant 4o™°"ï de section, une longueur de lo"™ et présentant une résistance totale de 20 à 200 ohms suivant que l'on fait varier dans des proportions déterminées l'un ou l'autre des trois facteurs précédents. )) Si nous cherchons à comparer quelles seraient les résistances de trois bâtons ayant tous 4o™™i de section et 10"™ de long et de composition différente, l'un en sili- cium, l'autre en charbon à lumière, l'autre en maillechort, nous trouvons : Silicium.... » 200 ohms soit 200000000 de microhms Charbon.... c =: o°''°"^'",oo6 o,i5 » iSoooo » Maillechort. c = o°''"'"",oooo34 o,ooo85 » 85o » » Il s'ensuit que, pour cet exemple donné, le coefficient de résistivité du silicium cristallisé serait i333 fois plus fort que celui du charbon à lumière, 235294 fois plus fort que celui du maillechort. » En reprenant au point de vue électrique le problème sous une autre face, il s'en- suit que, pour construire avec les trois matières précédentes une résistance identique de 200 ohms, il faudrait donner à chacune les dimensions suivantes : moiq mm cqi gi- Silicium.... » S := 4o » L=iio P::=io Charbon.... c? 1=1,95 S= o,o3 D =1:0,19 L=io P= 0,0057 Maillechort.. fi?=:8,62 S == 0,007854 D=o,i L= 4; 62 P=: 0,3127 » Dans ce Tableau, nous avons comparé les résistances à froid des di- A'ers corps employés. Mais la résistance à chaud varie avec la nature même de ces corps et avec les températin-es auxquels ils sont portés. )) Pour les métaux, par exemple, nous voyons que la résistance aug- mente avec la température d'après la formule empirique de Matlhiessen R = r„(i-H«0 + iî0'). » Pom* les crayons en charbon nous n'avons aucune donnée certaine, nous croyons toutefois que pour un filament de lampe incandescente porté à une température de 1800° la résistance à chaud est d'environ o,5o à 0,60 moindre de ce qu'elle était à froid. » De nos expériences il résulte que la résistance du silicium à chaud décroît ainsi que celle du charbon. C. R., 1898, 1" Semestre. (T, CXXVI, N° 3.) ^^ ( 24G ) » Pour la température de 800° à laquelle sont portés nos crayons, nous trouvons : R à froid 200 olims Kj^d z= — = — -- :=i25 soit 0,625 1 0,0 » 1 80 » = -^-= =118 » o , 655 0,0 » 37 » Tzz —i-^ — ^ 23,75 » o,64i 2 o 46 .-, /• 1 M 3o » = — -p =10 » 0,010 2 ,5 1) 11 en résulte que pour une température de 800" la résistance diminue d'environ 4o pour loo('). » CHIMIE MINÉRALE. — Sur de nouveaux composés des métaux de la cérite (-). Note de M. André Job, présentée par M. Troosl. « Les oxalales des métaux de la cérite sont solubles à chaud dans l'acide chlorhydrique concentré. Si on laisse la dissolution revenir lentement à la température ordinaire, on voit se déposer des cristaux assez gros et très nets. Ils diffèrent complètement, par leur composition, de l'oxalate primitif. En effet, si on les calcine au rouge et qu'on dissolve le résidu de la calcina- tion dans l'acide nitrique, on perçoit l'odeur du chlore. » Ces observations étant faites, j'ai voulu étudier de plus près le com- posé qui se forme, et j'ai pris pour premier sujet d'analyse le sel de lan- thane. D'après mes expériences, la composition constante des cristaux d'oxalochlorure est donnée par la formule qui suit : (^C=0'')=Cl-La-+5H-0. » On voit que c'est un oxalate où une molécule d'acide oxalique a été déplacée par deux molécules d'acide chlorhydrique. I/eau bouillante décompose cet oxalochlorure en oxalate insoluble et en chlorure soluble : 3 [(C- O' )■-■ Cl- La= ] = 12 [(C- O '• f La-' ] + La= Cl» . » Les cristaux, obtenus comme précédemment, ont été maintenus pendant quelques (' j Travail fait au laboratoire de Chimie générale de la Sorbonne. (') Travail fait au laboratoire de Chimie de l'Ecole Normale supérieure. ( 247 ) heures à 120° sans subir de décomposition. A 280°, ils perdent leur eau d'hydratation. On note la perte de poids. Dissous à froid dans l'acide nitrique, on précipite leur solution par le nitrate d'argent, et l'on dose ainsi le chlore. Je me suis assuré qu'à l'ébullition l'acide nitrique concentré chasse tout le chlore, et qu'en évaporant et cal- cinant on obtient un résidu d'oxyde; j'ai ainsi dosé le lanthane. Enfin j'ai dosé l'acide oxalique à froid, en liqueur nitrique, et malgré la présence de l'acide chlorhydrique, au moyen d'une liqueur oxydante de cérium; je décrirai prochainement en détail cette nouvelle méthode d'analyse. » L'analyse de ce composé n'exige pas qu'on ail du lanthane absolument pur de cérium et de didyme. Pourtant j'ai purifié avec soin le sulfate pris pour point de dé- part. Le spectroscope n'y révélait plus de didyme. J'ai vérifié aussi l'absence du cé- rium pour lequel j'ai trouvé un réactif nouveau et extrêmement sensible : les sels des métaux de la cérite sont presque tous très solubles dans une solution concentrée de carbonate neutre de potassium. Une goutte d'eau oxygénée }' révèle le cérium par une coloration d'un rouge intense s'il est en quantité notable, et d'un jaune encore très net si la solution est diluée à yïoWôH- » Après avoir analysé l'oxalochlorure de lanthane, j'ai préparé les com- posés analogues pour le cérium et le didyme. .T'en fais actuellement l'ana- lyse. Je me suis assuré aussi qu'il existe des oxalobromures et des oxaloio- dures. « Les oxalochlorures des métaux de la cérite présentent une propriété intéressante : l'oxalochlorure de lanthane calciné au rouge n'a pas perdu de chlore, et la composition du résidu est justement celle de l'oxychlorure Ija-O'CP. On a donc par là un procédé commode pour préparer sans pré- cautions les oxychlorures de ces métaux. M II y aura lieu d'étudier, au point de vue des équilibres chimiques, la formation de l'oxalochlorure en solution chlorhydrique diluée. J'ai reconnu que les oxalates précipités d'une liqueur chlorhydrique, même étendue, retiennent encore des quantités notables d'oxalochlorure. Et l'on s'explique ainsi que les chimistes, en calcinant les oxalates et les sulfates, aient con- stamment trouvé des poids atomiques différents. Il reste à examiner si, en prenant pour point de départ l'oxalochlorure lui-même, ou n'arrive pas à établir la concordance des résultats. Je rappellerai ici que Clèvea préparé un oxalonitrate de didyme et que MM. Wyrouboff et Verneuil ont signalé la présence de l'oxalonitrate de cérium dans l'oxalate cristallisé en liqueur nitrique concentrée. » J'ajouterai enfin que Souchay et Leusenn ont préparé un oxalochlo- rure de calcium. Le calcium présente justement, avec les métaux de la cérite, ce caractère coiumun que son oxalate est insoluble dans les acides étendus. Pour les métaux dontles oxalates sont solubles, je poursuis l'étude ( 248 ) de composés analogues. J'en ferai l'objet d'une prochaine Communica- tion. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur V aldèhy date d' ammoniaque. Note de M. DE FoRCRAXD. « L'intéressante découverte faite, il y a un mois, par M. Marcel Delé- pine, au sujet de la constitution de l'aldéhydate d'ammoniaque, m'engage à faire connaître certains résultats que j'ai obtenus, il y a près de dix ans, en étudiant les transformations de ce composé en dissolution dans l'eau. » J'avais cherché, dans deux séries d'expériences, à mesurer la chaleur dégagée par le déplacement de l'aldéhyde au moyen d'acide sulfurique dissous. » Première série d'expériences. — Point de dépari : mélange d'aldéhyde et d'am- moniaque dissous. » L'aldéhyde pure et préparée récemment donne, en se dissolvant dans l'eau (2''') : +4'^''',4i vers +12° ('). Sa neutralisation par AzH' (i^s"' dans 2"') fournit -\-Z^''\b^ après une minute, puis la température continue à s'élever pendant quinze minutes, assez vite au début, plus lentement à la fin. Après ces quinze minutes, on obtient encore -hS^^^'iÔo, soit au total : -1-7'^''', 19 ("). B J'ai préparé une assez grande quantité de ce liquide (A), que j'ai divisé en frac- tions de 3oo", et conservé dans des ballons de verre complètement pleins et scellés à Ja lampe, me réservant de les ouvrir à des époques différentes pour faire agir l'acide sulfurique dissous (SO*H^:= 4''') emploj'é en quantité équivalente. Voici les résultats obtenus : Cal Cal Addition d'acide faite immédiatement. . -1-7,58 d'abord, puis -1-6,36 au bout de 3 à ( ' ) M. Berthelol avait trouvé (.4rt«. de Cliim. et de Pliys., 4" série, t. XXIX, p. 3i5 ) le nombre -1-3,6, mais en opérant dans des conditions de température assez diffé- rentes, vers 24°. (') M. Berthelol avait obtenu pour la réaction : Aldéhyde (i"°i=: 7''') -+- soude (i™°'= 2'^'), d'abord -1-2,56, puis -|-4 i32 au total, au bout de quatre à cinq minutes. Les faits sont donc du même genre; cependant, il est anormal que l'ammoniaque dégage plus de chaleur que la soude. après 4 heures . . +6,69 après 8 jours. . . . +6,27 » 13 » ... • +7. '7 )i 21 » ... . -H7,52 » 5o II ... . -t-8,65 -h6,36 au 1 ûout de ; i à 4 ( minutes -1-5,64 )) » » +5,17 » » » -1-6,23 » » » -t-6,64 » » ï) +8,44 » » )) ( 249 ) » Dans tous les cas, le thermomètre a baissé pendant trois ou quatre minutes, puis s'est fixé après ce temps. » Les expériences de M. Delépine ayant montré que l'aldéhydate d'ann- moniaque est à l'état solide un hydrate d'éthylidène-imine plus ou moins polymérisé, qu'il existe comme tel dans ses solutions aqueuses, et que celles-ci se dépolymérisent avec le temps, on peut expliquer les résultats singuliers qui précèdent de la manière suivante : M 1° Le nombre + 3,59 est sans doute voisin de celui qui correspon- drait à l'état dissous du véritable aldéhydate C='H'(AzH^)0; mais bien- tôt (et peut-être déjà avant la première lecture), ce sel se change partiel- lement dans la liqueur en élhylidène-imine, base qui se trouve elle-même à peu près Irimérisée (d'après les expériences de M. Delépine) pour celte concentration. La transformation est rapide au début, puis plus lente, et, après quinze minutes, elle cesse d'être appréciable au thermomètre. C'est alors que l'on trouve + 7,19 comme mesure de la neutralisation pour un état voisin de l'état stable, mais qui se transforme encore très lentement. » 2" Si l'on fait agir immédiatement sur cette liqueiu' (A) l'acide sulfu- rique, on obtient -\- 6,3g après trois ou quatre minutes (température nettement stationnaire). Ce nombre mesure en partie la neutralisation par l'acide de Timine polymérisée dissoute, et en partie le déplacement de l'aldéhyde par l'acide dans ce qui reste du sel ammoniacal. » 3° Si l'on attend quelques heures ou quelques jours avant d'employer la liqueur (A), elle se transforme de plus en plus complètement en une dissolution d'imine. Mais en même temps la base, d'abord trimérisée, se dissocie peu à peu et se réduit à l'état d'imine simple. On arrive à ce résultat au bout de cinquante jours environ (+ 8,44)- Dans l'intervalle, la compensation entre les deux phénomènes est de telle nature que l'on passe par un minimum -h 5, 17 pour la liqueur examinée après huit jours. » Deuxième série d'expériences. — Point de départ : dissolution d'aldéhydate d'am- moniaque solide. » L'aldéhydate d'ammoniaque solide C-H'AzO, parfaitement pur, a une chaleur de dissolution presque nulle : + o*^"', 10 pour une molécule dissoute dans 4"' d'eau vers -+- 12°. » J'ai encore préparé une assez grande quantité de cette dissolution (B), divisée en fractions de 3oo'^'= et conservée comme il est dit plus haut. Voici les résultats obtenus en y ajoutant l'acide : Addition d'acide faite immédiatement.. -t-3,g3 d'abord, puis +2,83 après 7 minutes » après 8 jours. . . +6,61 » » -+-5,68 » i4 » ( 25o ) Addition d'acide faite après i5 jours... 4-7,42 d'abord, puis H-6,5o aprèsiS minutes » » 21 » ... -f-7,51 » » +6,93 » i5 1) » » 5o » ... +8,82, nombre constant pendant 20 » Les nombres de la seconde colonne correspondent encore à l'élat stationnaire du thermomètre. » Il me paraît naturel d'admettre que cette liqueur (B) ne contient que de l'éthylidène-imine plus ou moins polymérisée et ne renferme pas de sel ammoniacal; cela paraît résulter d'ailleurs de certaines expériences de M. Delépine. Les nombres 2,83, 5,68, 6,5o, 6,93 et 8,82, rontinuelle- ment croissants, correspondent donc uniquement à la neutralisation par l'acide sulfurique de cette base de moins en moins polymérisée, les diffé- rences constatées venant simplement de la dépolymérisation de l'imine. » On voit, en outre, que les deux derniers nombres des deux Tableaux +8,44 et +8,82 sont sensiblement identiques. Ils donnent la mesure de la neutralisation par l'acide de l'imine simple en dissolution aqueuse. Et, si l'on admet que l'état final est le même pour toutes les liqueurs de la seconde série d'expériences, la différence 8,82 — 2,83, soit 6 calories environ ('), exprime la chaleur dégagée dans la trimérisation de l'imine dissoute, phénomène qui, d'après ces faits, serait fortement exother- mique. )) Dans tous les cas, on voit que l'on arrive, au bout de deux inois envi- ron, à un état stable identique : imine simple dissoute, et cela quel que soit le point de départ : mélange des dissolutions équivalentes d'aldéhyde et d'ammoniaque, ou bien dissolution de l'aldéhydate d'ammoniaque. » Indépendamment de ces faits, il en est un autre, que montrent les deux séries d'expériences : le thermomètre ne se fixe pas après la première minute; il baisse encore pendant trois ou quatre minutes dans le premier cas, pendant sept à quinze minutes dans le second, sauf dans la dernière expérience de chaque série, où il devient stationnaire immédiatement (-). » Ce résultat me paraît dû à ce qu'il se forme partiellement, au début, un sulfate d'imine polymérisée, lequel n'est pas stable et se transforme peu à peu, pour la dilution employée, en sulfate d'iinine simple, avec ab- sorption de chaleur. Cette absor|)tion est, en effet, de plus en plus faible à mesure que la molécule de la base se simplifie, pour devenir nulle, (') Rapportée à une molécule simple. ("-) J'ai d'ailleurs vérifié que l'acide sulfurique dissous est sans action sensible sur l'aldéhyde dissoute et qu'il en est de même du sulfate d'ammoniaque dissous. ( 25i ) lorsqu'elle est réduite à l'état de molécule simple, c'est-à-dire après cin- quante jours. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur V acctylbutyrate (V èthyle ^-isopropylc et les acides diisopropylhexènediuïques stèréoisomères. Note de MM. Pu. Barbier et V. Grignard, présentée par M. Friedel. « Dans le but de nous procurer l'isopropyliétraliydrorésorciiie, nous avons condensé l'isobutylidèneacétylacétale d'éthyle avec le malonate d'éthvle en présence de l'éthylate de potassium, conformément à la mé- thode suivie parKnœvenagel, pour la préparation de la méthyltélrahydro- résorcine. Nos prévisions, fondées sur les résultats obtenus par ce savant, ne se sont pas réalisées, mais les résultats imprévus auxquels nous sommes arrivés nous ont paru dignes d'attirer l'attention des chimistes. » L'élher isobulylidèneacétylacétique pur et bouillant à io4°-ioô" sous 12"™ a été ajouté peu à peu, et en i-efroidissant, au malonate d'éthyle potassé dissous dans l'alcool ; après un repos de vingt-quatre heures, le mélange s'est pris en une masse cristalline. M En traitant par l'eau le produit de cette réaction, nous avons vu se séparer un li- quide à odeur éthérée, insoluble dans l'eau, que nous avons recueilli, lavé, séché et soumis à la distillation fractionnée, à la pression ordinaire, pour commencer, et sous pression réduite à la fin de l'opération. » Nous avons obtenu ainsi : » 1° Un liquide incolore, mobile, à odeur éthérée légèrement butyrique; c'est l'acétylbutyrate d'éthyle ^-isopropylè, bouillant à 170° sans décomposition. » Cet éther, qui répond à la formule CH3 — CO — CH'- - CH - CH^ - CO^ C^ W, CH< ' ,/GH3 \GH' forme le produit principal de la réaction. >) 2° Une portion liquide, bouillant à i89°-i9i° sous 10""", de formule C''H^'0'. » Ce corps constitue le produit immédiat de la condensation de l'isobulylidènacétyl- acétate d'éthyle et du malonate d'éthyle sous l'influence de l'éthylate de potassium, suivant l'équation CO^C^H» CH^^ PH r» r m rm.. rH'/CO^C'H^ _ CH'x /CH-CO^C^H\ ç.^,yLn-LH = L-LO-Lti +<-H-\CO^C=H»-CH=/^"~^"\CH-CO.CH^ ' CO^C^H» bo^c^H» ( 252 ) c'est lui qui dans la réaclion même perd deux carboxéthyles et engendre l'acétylbu- tyrate d'éthyle P-isopropylé bouillant à 170° et décrit : CH'- CO - CH CH CH< ^X^r^^ua + sH^O = CH^CO - GH2— CH - CH^— CO^C^H^-i- 2C2H«OH + 2CO-. ' /CH' ^"\CH^ >) Merling ayant obtenu la tétrahydrorésorcine par l'action de l'éthylate de sodium sur l'acélylbutyrate d'éthyle, nous avons soumis au même trai- tement l'acétylbulyrale d'éthyle (i-isopropylé, et, au lieu de l'isopropyltétra- hvdrorésorcine que nous espérions voir se produire, nous avons recueilli un composé éthéré bouillant à i56° sous 10'"°' et répondant à la for- mule C'H-^O''. » C'est l'éther éthylique de l'acide hexènedioïque diisopropylé qui a pris naissance par la soudure de deux molécules de p-isopropylacétylbutyrate d'éthyle avec élimination de deux molécules de diméthylcétone : H=C CH' H'C CH' CH CH CH'- CO - CH^- CH - CH^- CO^'C^H'^ C - CH''- CO^'C^H^ = Il +2CH'COCH'. CH' - CO - CH= - CH - CH^'- CO^C-H^ C - CH'' - CO^ C= H^ I I CH CH H'C CH' H'C CH' » La saponification du diisopropylhexènedioate d'éthyle fournit un mé- lange de deux acides isomériques que nous avons pu séparer et qui répon- dent à la formule ^"3 )CH - G - CH^ - CO=H CH' \ Z, )CH - C - CH- - CO^H » 1° L'acide diisopropylhexènedioïque cristallisé en fines aiguilles fu- sibles à 1 56°- 158°; ( 2,53 ) » 2° L'acide diisopropylhexènedioïque cristallisé en tables incolores fusibles à Ii7''-ii9''; Trouvé. Théorie. C 63,09 63, 16 n 8,87 8,-7- » Ces deux acides sont stéréoïsomères, ainsi que l'indique la formule de constitution; nous n'avons pas jusqu'ici déterminé quel est celui d'entre eux qui a ses carboxyles en position cis ou cis-trans. » • CHIMIE AGRICOLE. — Sur l' oxydation des ammoniaques comoosées par les ferments du sol. Note de M. E. De.moijssy, présentée par M. P. -P. Dehérain. « L'étude de la nitrification dans la terre arable conduit à admettre que la matière humique passe à l'état d'ammoniaque avant de pouvoir être nitrifiée, et que c'est la résistance qu'elle offre aux agents de décomposi- tion qui est la cause de la lenteur de la formation des nitrates dans les terres. D'après MM. Miintz et Coudon, la fermentation ammoniacale du sol doit être attribuée à des ferments figurés d'espèces diverses. Nous pou- vons nous faire une idée du mode d'action de ces organismes en nous rap- pelant les travaux de MM. Berthelot et André, qui ont fait voir que la matière organique de la terre présente des propriétés la rapprochant des amides : d'oii l'on peut déduire que l'ammoniaque prend naissance par la fixation de l'eau sur cette matière organique du sol. On sait d'ailleurs que des agents d'hydrolyse existent dans le sol : en ensemençant avec de la terre des solutions d'urée ou d'albumine, qui renferme des noyaux amidés, on observe, après quelques jours, la formation d'ammoniaque. » Mais il est vraisemblable que la matière azotée de la terre, semblable en cela à l'asparagine, doit rentermer, outre la fonction amide, la fonction aminé. Or, si nous voyons facilement comment l'azote des amides |)asse à l'état d'ammoniaque, nous ne concevons plus aussi Inen la transformation des aminés; l'hydratation, en effet, ne peut plus expliquer la formation d'ammoniaque, et il est même permis de se demander si ces corps ne sont pas nitrifiés directement. » J'ai pensé qu'il était intéressant de rechercher comment se compor- tent les aminés lorsqu'elles sont mises en présence des ferments de la terre arable. Je me suis adressé d'abord à la plus simple d'entre elles, à la mo- nométhylamine. » Des ballons de culture, renfermant 100" d'eau, i6'' de carbonate de chaux, os'',ot C. R., 1898, I" Semestre. (T. CXXVI, N» 3.) ~^3 ( 254 ) de phosphate de potasse et un poids de sulfate de méthylamine représentant of, oio d'azote, ont été stérilisés, ensemencés avec quelques parcelles d'une terre de jardin et placés à l'étuve à So". » Après quatre jours les liquides donnaient a-\ ec le réactif de Nessler un précipité brun rougeàtre (la monométhylamine donne un précipité jaune citron tout à fait différent); vraisemblablement de l'ammoniaque avait pris naissance. » Mais pour l'affirmer il était indispensable de s'appuyer sur un fait qui ne laissât pas de doutes sur la transformation de la méthylamine en ammo- niaque. Sur les conseils de M. Dehérain j'ai eu recours à une analyse eu- diométrique qualitative : en extrayant à l'état gazeux la base azotée, con- tenue dans les liquides de culture, et en la faisant brûler dans l'eudiométre i! était facile de voir si c'était une aminé ou de l'ammoniaque; la présence ou l'absenced'acide carbonique tranchait la question. » Par suite de l'extrême solubilité de l'ammoniaque et de la méthylamine dans leau, la distillation avec de la magnésie de solutions étendues de ces corps ne permet pas d'en recueillir une trace sur la cuve à mercure : tout (!St condensé en chemin en même temps que la vapeur d'eau entraînée. On s'est alors arrêté au procédé suivant: » Le liquide à analyser est filtré, additionné d'une goutte d'acide sulfurique et évaporé à sec en présence d'un peu de pierre ponce pulvérisée pour servir de support. Le résidu est mélangé rapidement avec de la chaux sodée^ puis introduit dans un tube dont l'extrémité est fermée à la lampe. Dans ces conditions il suffit de cliauder légèrement pour obtenir un mélange d'air et de base azotée. » En opérant ainsi sur une solution de sulfate de méthylamine non soumise à l'ac- tion des ferments, on obtient un gaz qui fournit de l'acide carbonique par combus- tion dans l'eudiométre; la chaux sodée ne transforme pas les aminés en ammoniaque. » La combustion d'un gaz provenant d'une culture âgée d'une huitaine de jours n'a pas donné d'acide carbonique; d'un tel liquide on n'a pu extraire que de l'ammo- niaque. Il était donc bien démontré que la monométhylamine s'était intégralement transformée en ammoniaque. Cette transformation n'a pas lieu dans des liquides sté- riles; elle ne se fait pas non plus en l'absence de carbonate de chaux. » En continuant à observer les cultures où l'ammoniaque avait pris nais- sance, on yH les nitrites apparaître le sixième jour, puis disparaître après deux semaines, étant remplacés par les nitrates; il n'y avait plus d'ammo- niaque depuis treize join-s. » Ainsi la monométhylamine soumise à l'action des ferments du sol se transforme d'abord en ammoniaque ; c'estseulementensuite qu'apparaissent les acides nitreux et nitrique. » Comment se fait cette transformation? Si l'on considère la formule de la monométhylamine, AzH-CIi', on est conduit à penser que c'est par oxy- dation que disparaissent le carbone et l'excès d'hydrogène; c'est ce que j'ai ( -^55 ) jHi vérifier. En effet, d'une part, les ferments du sol n'agissent pas sur lamine lorsque les cultures sont maintenues dans le vide ; d'autre part, en atmosphère confinée, il y a formation d'un peu d'ammoniaque avec absorp- tion d'oxygène el dégagement d'acide carbonique. » Ces faits étant établis pour l'aminé la plus simple, on a cherché com- ment se comporte un composé un peu plus complexe, la triméthylamine. Ce n'est que treize jours après l'ensemencement que le liquide renferme des traces d'ammoniaque indiquées par le réactif de Nessler, qui ne donne qu'un louche insignifiant avec la triméthylamine. Le dix-huitième jour une analyse eudiométrique, conduite comme précédemment, montrait que la matière carbonée n'était pas encore complètement transformée; mais quelques jours plus tard on a pu obtenir un gaz ne renfermant que de l'ammoniaque. » Des cultures dans le vide ont prouvé que l'oxygène est nécessaire pour que l'ammoniaque puisse apparaître. » L'oxydation de la triméthylamine est beaucoup plus lente que celle delà monométhylamine; la plus grande complexité de la molécule suffit pour expliquer cette résistance; mais on peut aussi attribuer le retard ob- servé à une action nuisible de la triméthylamine sur les ferments du sol; j'ai constaté, en effet, qu'une faible quantité de sulfate de cette base, intro- ikiite dans des solutions de sulfate d'ammoniaque ensemencées d'un peu de terre, retardait l'apparition des nilrites. « On n'a jamais observé la formation de monométhylamine pendant l'oxydation de l'aminé tertiaire; les trois groupes méthyl sont donc attaqués simultanément; on sait qu'il n'en est pas de même lorsqu'on oxyde la tri- méthylamine par des réactifs chimiques : il se fait un peu d'aminé primaire. » On a encore fait agir les microrganisraes du sol sur des bases encore plus complexes, sur l'aniline, la pyridine et la quinoléine. Prévoyant que ces corps devaient être peu favorables au développement des ferments, on a préparé deux séries de solutions : dans la première, le poids d'aminé introduit représentait lo'^s'' d'azote pour loo"^ de liquide; cette quantité était réduite à S'^s'' dans la seconde série. » L'oxydation a été très lente; ce n'est qu'après dix-huit jours que des traces d'ammoniaque se sont montrées dans les solutions d'aniline les plus étendues, et après un mois seulement que sa présence a été hors de doute. Pour les solutions plus concentrées la réaction de l'ammoniaque n'a été bien visible qu'après deux mois. » La pyridine est encore plus résistante : il a fallu attendre deux mois pour voir apparaître l'ammoniaque dans les solutions étendues, et plus de ( -'ifi ) trois mois quand les solutions présentaient une concentration double. Dans ces conditions il devient d'ailleurs difficile d'observer l'ammoniaque par suite de sa nilrification, retardée, il est vrai, par l'action toxique de l'aminé non transformée. » La quinoléine enfin n'a donné naissance à des traces d'ammoniaque qu'après plus de quatre mois. » En résumé, sous l'influence des ferments de la terre, les aminés sont simplifiées et, par oxydation, deviennent de l'ammoniaque qui seule peut passer directement à l'état d'acides azoteux et azotique. La transformation est d'autant plus pénible que la molécule de l'aminé est plus complexe; on conçoit donc que l'ammonisation, puis la nitrification de la matière azotée du sol, extrêmement condensée, se fassent avec une très grande lenteur. » PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Bacilles du bèribeii. 'Nole de M. Gustave Nepveu, présentée par m. Bouchard. « Les caractères purement morphologiques des bacdles dans le béribéri sont tout à fait spéciaux. Aussi, malgré l'absence de cultures et de preuves expérimentales, genre de recherches qu'on ne peut faire qu'avec des liquides frais, dans les pays d'origine, sous les tropiques, je me crois autorisé à dire que c'est bien au bacille spécifique du béribéri que j'ai eu affaire. M Les pièces anatomiques qui m'ont servi pour cette étude A'iennent toutes du Sénégal; elles ont été recueillies dans les meilleures conditions. )) Les bacilles dans le béribéri se présentent sous trois formes : le grand, le moyen, le petit bacille. » Le grand bacille se trouve raremenl dans les vaisseaux, à côté des formes sui- vantes. C'est dans le rein qu'il est le plus développé. On l'y observe soit isolé, soit en bouquets dans la cavité des glomérules, dans celle des canalicules contournés ou dans l'anse de Henle, plus rarement dans les canaux droits; leur longueur est de 6|j., 7 |x, 8;ji, g|x, iO[x; leur largeur est de oV-,?> à o!^,4; leur direction est droite ou légèrement courbe; leurs extrémités sont ovoïdes et toujours sombres ; des espaces clairs ou som- bres, c'est-à-dire colorés, alternent entre eux au nombre de 5, 6, 8, etc. sur les plus longs bacilles. Une très mince ligne de bordure limite le pourtour du bacille. » Le meilleur procédé pour découvrir le grand bacille est de mordancer des coupes du rein de 3 [A |)ar un bain d'alun d'ammoniaque et de sesquiox^-de de fer au î^-^, de le surcolorer au bleu^de Roux et de les décolorer assez fortement; le bleu se fixe sur les espaces sombres et un léger rose colore très élégamment les lignes de bordure et le reste. ( ^57 ) V Dans la deuxième forme, les bacilles sont beaucoup moins longs, 3|j. à ^r"- f" maximum ; leur largeur de 01^,3 environ. C'est, comme le précédent, un bacille à espaces alternativement clairs et obscurs. Ce bacille se trouve en quantité considérable dans certains vaisseaux, veinules, capillaires, arlérioles du rein, à tel point qu'il y forme une véritable purée. Par son abondance même, il serait fort difficile à décrire, si l'on ne parvenait à établir ses caractères par une coloration forte et successive avec la fuchsine et le bleu de méthylène; on peut ainsi reconnaître les éléments de ce feutrage si épais. » Dans la troisième forme, les microbes sont extrêmement petits, en quantité con- sidérable dans le sang; ils ont à peine la largeur des bacilles tuberculeux, mais leur longueur est à peine du double de leur largeur ; leur aspect général est celui d'un petit rectangle. On peut les voir avec l'objectif i ,40 et l'oculaire n° 12 de Zeiss; ils donnent aux globules rouges, sur le pourtour desquels ils sont disséminés, comme sur leurs faces, un aspect crénelé. » Ces Irois formes bacillaires sont-elles distinctes? Les grands et moyens bacilles me jjaraissent être de même nature et fort analogues aux bacilles du choléra des poules et de la septicémie du lapin. Je n'oserais affirmer, vu l'extrême petitesse du petit bacille, que les premiers dérivent ou se rapprochent du dernier, ce qui me paraît probable. Les deux dernières formes s'observent dans le sang de tous les organes : rate, reins, foie, moelle épinière, etc. « ZOOLOGIE. — Sur la structure du cirrophore chez les Polynoïdiens ('). Note de M. G. Darboux fils, présentée par M. Edmond Perrier. « Au cours de recherches que je poursuis sur les Aphroditiens, j'ai été amené à constater sur le cirre dorsal, dans la région que (suivant en cela la nomenclature établie par Pruvot et Racovilza) je désignerai sous le nom de cirrophore, une structure spéciale dont aucun exemple n'a encore été cité, à ma connaissance, et que je me propose de décrire dans la présente Note. » Mes observations ont porté sur les espèces suivantes, recueillies à Cette (Hérault) ou à Wimereux (Pas-de-Calais) : Ealosydna clava Mart., Lepidonotus squamatus L., Lagisca extenuala Gr., Lagisca rarispina Mgr., Evarne impar Johnst., Acholoe aslericola Dalle Chiaje, et sur des Harmothoe areolata Clpd., qui m'ont été adressées de la Station zoologique de Naples. (') Travail de la Station zoologique de Cette. ( 258 ) » Je me crois autorisé, dans une certaine mesure, en raison de la par- faite uniformité des résultats obtenus, à les généraliser et à les étendre au moins a toute la tribu des Polynoïdiens, dont les principaux types sont représentés dans la liste qui précède. » Les faits observés étant toujours les mêmes, quelle que soit l'espèce considérée, je me bornerai à décrire ce que j'ai pu observer, par exemple chez la Lagisca rarispina Mgr. ; les résultats ont été obtenus par l'étude de coupes en série dirigées soit parallèlement à l'axe du cirrophore, soit per- pendiculairement à cet axe, et ont pu être contrôlés complètement par l'observation, à l'étatvivant, sur laL. rarispina, qui, grâce à sa transparence, constitue un sujet d'étude des plus précieux. » Typiquement, le cirrophore est défini comme une production saillante formée par l'évaginalion de toute l'enveloppe musculo-cutanée. Cette portion basilaire du cirre contient un diverlicule de la cavité générale du corps et, lorsque divers auteurs parlent de la cavité centrale du cirrophore, c'est à ce diverticule qu'ils font allusion. » Mais, chez les Polynoïdiens, il y aura lieu d'établir une distinction nouvelle. Dans le cirre dorsal de la Lagisca rarispina par exemple, on distingue facilement tout d'abord le cirrostyle et le cirrophore. Ce dernier contient, comme d'ordinaire, une évagina- tion de la cavité générale du corps, limitée par l'enveloppe musculo-cutanée. Mais, ici, la partie profonde, non épiderraique, de cette enveloppe musculo-cutanée se creuse d'une cavité nouvelle, complètement indépendante de la cavité générale, cavité qui a la forme d'une outre, dont l'axe est confondu avec celui du cirrophore et dont l'ouverture serait dirigée vers le cirrostyle de façon que, si le cirrostyle vient à dispa- raître, le contenu de la cavité peut s'épancher au dehors par l'ouverture ainsi formée à l'extrémité du cirrophore. Par suite de l'existence de cette poche, le cirrophore et le cirrostj'le ne sont plus reliés l'un à l'autre que par une mince membrane annulaire, de nature épidermique. D'ailleurs, dans toute la région du cirrophore, l'épiderme a pris un développement considérable et présente un caractère glandulaire des plus accentués. On y trouve de grandes cellules gorgées de mucus et bordées de toutes parts de fort petites cellules de soutien. L'ensemble constitue de la façon la plus nette un type tout à fait remarquable de la structure désignée par Soulier sous le nom de structure aU'éolaire. Le mucus sécrété par les cellules glandulaires peut être déversé dans la poche du cirrophore, où l'on en retrouve parfois d'assez grandes quantités. >) Un certain nombre de muscles, circulant dans les parois du cirrophore, viennent tous s'insérer sur le pourtour de son extrémité distale, au point où il se raccorde avec le cirrostyle, et constituent l'appareil moteur de ce cirrostyle. Quant au nerf du cirre, il a, comme d'habitude, une position latérale dans le cirrophore. Mais, après avoir cheminé le long des parois de la poche intratégumentaire, il s'infléchit brusquement et traverse obliquement la cavité de cette poche pour aller dans le cirrostyle, où il jjrend, comme d'ordinaire, une position axiale. )) Telle est, sommairement décrite, la disposition anatomique dont le ( 259 ) premier exemple est, je crois, fourni par les Polynoïdiens. On peut tirer des faits qui précédent quelques conclusions que je vais maintenant in- diquer : » a. Et d'abord, bien que la surface d'insertion du cirrostyle sur le cirrophore paraisse, à première vue, assez considérable, on voit que, par suite de la structure du cirrophore, les deux parties du cirre ne sont en réalité reliées l'une à l'autre que par une mince membrane annulaire, in- sérée sur tout le pourtour delà poche intratégumentaire. Ceci suffirait déjà à expliquer la caducité des cirrostyles. )) h. Mais, en outre, en raison de l'énorme développement des celhdes muqueuses sur toute sa périphérie, on conçoit que celte poche puisse, lorsaue l'animal est irrité, être remplie par le mucus qui, en la distendant, fait éclater ses parois suivant la ligne de moindre résistance, c'est-à-dire précisément au niveau de l'insertion du cirrostyle sur le cirrophore. » Nous avons donc là une double explication de la fragilité des cirro- styles, si fréquemment signalée par tous ceux qui ont étudié les Polynoï- diens. » c. Je n'ai jamais retrouvé, dans l'élytrophore, de poche intratégu- mentaire analogue à celle que je viens de décrire dans le cirrophore. » Je note, en terminant, que la structure décrite plus haut pour le cirro- phore se retrouve encore, chez les Polynoïdiens : i° dans les cirres anaux, qui ne sont d'ailleurs que des cirres dorsaux modifiés; 2° dans les cirres tentaculaires et enfin 3" dans les trois cératophores (antenne médiane et antennes latérales). « ZOOLOGIE. — Sur les allongements de la partie antérieure du corps des Proso- branches et leur influence sur la région correspondante du tube digestif. Note de M. Alex. Amaudrut, présentée par M. Edmond Perrier. « Ija partie antérieure du corps des Mollusques primitifs a été modifiée par des croissances ultérieures produites à des niveaux différents, dont les trois principaux ont intéressé les régions suivantes : i" la partie libre du mufle située en avant des tentacules (allongement terminal); 2° la partie li!)ro du mufle située en arrière des tentacules (allongement intercalaire post-tentaculaire); 3° la région du dos située en arrière du mufle (allonge- ment intercalaire dorsal). Ces allongements peuvent se présenter isolés ou réunis. ( 26o ) » a. L'allongement terminal se présente seul chez Cyprcea, Natica, Murex, Pur- pura, Buccinum, etc., et donne une trompe normale akrembolique ou pleurembolique. » b. Les allongements terminal et intercalaire post-tentaculaire se présentent déjà chez Cassidaria tliyrrena, Cassis saburon, Pyrula ficus, Dolium olearium, et attei- gnent leur maximum chez les Conus et les Terebra. Le premier a produit une trompe normale ; le second, de formation plus récente, a donné un tube protecteur (trocart) dans lequel se meut la trompe. Le développement du trocart est la conséquence du besoin de protection de la trompe qui, à l'état de rétraction, ne peut rentrer dans la cavité antérieure du corps, en raison du développement exagéré de l'appareil glandulaire. » c. L'allongement intercalaire post-tentaculaire se présente chez Xenophora, où il produit un mufle spécial, très long, à l'extrémité duquel se trouvent les tentacules, ce qui donne à ce dernier l'apparence d'un Irocart de Cône. B d. Les allongements terminal et intercalaire dorsal se rencontrent chez les Strombus, les Roslellaria, etc. Le premier a donné une trompe normale; le second a reporté les tentacules, la trompe et le pied plus ou moins loin en avant du bord du manteau. » Ces allongements ont eu pour conséquences des modifications pro- fondes dans l'arrangement, la forme et la sLructure des organes de la cavité antérieure des Mollusques primitifs. » Bulbe. — Deux cas sont à distinguer dans l'allongement terminal : 1° il s'est produit sur une section sensiblement constante et a donné une trompe cylindrique (cas ordinaire); 2° la section de la région de croissance s'est rétrécie de plus en plus, ce qui a produit une trompe conique (Conus Terebra). Dans le premier cas, le bulbe a suivi l'allongement, sans cesser de fonctionner; dans le second, le bulbe est reslé à la base de la trompe. Cette position rendant son fonctionnement difficile d'abord et impossible ensuite, son atrophie s'est produite de plus en plus (^Conus et Terebra). Le tube contenu dans la trompe de ces derniers n'est pas l'homologue du contenu de la trompe des premiers; il n'appartient pas à l'œsophage, mais à la cavité buccale. Je le désigne sous le nom de tube buccal. » L'allongement terminal qui a donné la trompe cylindrique s'étant tou- jours produit selon une section plus faible que celle du mufle primitif, le bulbe, pour suivre le sommet de la trompe, a subi un véritable passage à la filière, qui a eu pour conséquences de lui faire prendre une forme cylin- drique allongée, de rapprocher les cartilages multiples des formes primi- tives, d'amener leur fusion en une plaque unique à bords antérieurs rele- vés, de faire disparaître la plupart des muscles intercartilagineux, etc., en un mot de simplifier la structure du bulbe, tout en consolidant l'appareil de soutien. » Poches œsophagiennes. — Chez les Diotocardes elles sont placées à la ( 26i ) naissance de l'œsophage, immédiatement en arrière du bulbe. Elles prc- sentent dans leur intérieur des bourrelets longitudinaux tordus de 180°; sur elles passent transversalement, en avant, la branche sus-intestinale de la chiastotieurie et, en arrière, l'aorte antérieure. » L'allongement terminal étant postérieur à la torsion, et le bulbe ayant suivi l'allongement (trompes cylindriques), les poches œsophagiennes se sont divisées en deux parties : l'une, postérieure, est restée en place pour constituer le jabot (A'atica, Cyprœa, Cassis, etc.), l'autre, antérieure, s'est allongée pour donner la portion d'œsophage comprise entre le bulbe et le jabot. Cetle dernière ne présente pas trace de torsion, mais le jabot montre toujours dans son intérieur les bourrelets tordus, et ses relations avec l'aorte et le nerf sont les mêmes que chez les Diotocardes, ce qui permet de consitlérer le jabot, qui appartient topographiquement à la face supé- rieure de l'œsophage, comme appartenant morphologiquement à sa face inlérieuie, ramenée en haut par la torsion. » Le jabot constitue encore une glande intrinsèque, mais chez les Pro- sobranches supérieurs il s'est séparé de l'œsophage pour donnei' une glande extrinsèque. Chez les uns la séparation s'est faite d'avant en arrière pour donner la glande de Leiblein et l'on peut suivre les intermédiaires des C\- préesaux Rhachiglosses supérieurs. Chez les autres, au contraire, la sépa- ration s'est produite d'arrière en avant pour aboutir à la glande à venin des Cônes et des ( Vis Terebra). » La séparation du jabot d'avant en arrière ne se rencontrant que chez les formes à trompe normale et la sé|)aralion d'arrière en avant étant spé- ciale aux formes pourvues d'un trocart, on peut rattacher l'évolution de ces formations glandulaires au développement et au fonctionnement de la trompe. » Chez les Prosobranches à trompe de Buccin, la protection de la trompe est assurée par une invagination de sa base qui envahit la cavité antérieure du corps et qui déjà chez les animaux à trompe courte, vient buter contre la partie antérieure du jabot. A mesure que la trompe s'allonge, la rétrac- tion la ramène aussi d'autant plus loin en arrière; elle presse de plus en plus sur le jabot et tend par suite à séparer de plus en plus celui-ci de l'œsophage. » Chez les formes pourvues d'un tube prolecteur, la trompe à l'état d'in- vagination envahit peu ou pas la cavité antérieure, grâce à un plissement il convexité antérieure de sa gaine, et la séparation du jabot d'arrière en G. K., 189S, 1" Semestre. (T. CXXVI, N° 3.) ^4 ( 262 ) avant est probablement due à une poussée des organes situés en arrière : dans le Dolium olearium la partie détachée de l'œsophage est pressée par la portion antérieure des puissantes glandes salivaires. » Chez les formes à allongement dorsal (Strombe, Rostellaire), l'allonge- ment ayant intéressé la région primitivement tordue, la partie postérieure des poches œsophagiennes est représentée par un jabot allongé, peu diffé- rencié extérieurement de l'œsophage, mais présentant toujours, dans son intérieur, les bourrelets tordus et, à sa surface, les relations constantes avec le nerf et l'aorte. » ZOOLOGIE. — • Sur une Grèganne cœlomique présentant, dans son cycle évo- lutif, une phase de multiplication a<:porulée. Note de MM. Maurice Caul- LERY et Félix Mesnil, présentée par M, Edmond Perrier. « Les Grégarines cœloniiques, ou Monocystidées proprement dites, actuellement connues sont peu nombreuses. Nous avons eu l'occasion d'en étudier une espèce nouvelle, parasite dans la cavité générale du Dode- caceria concharum OErst. (Annélide de la famille des Cirratuliens) et inté- ressante à divers titres. Nous l'appellerons Gonospora longissima. n 1. Les Gonospora sont géiiéralemenl assez courtes et claviformes. C'est le cas de l'espèce que nous étudions, quand elle est jeune. Mais elle atteint une taille extrême- ment considérable et forme des filaments qui peuvent avoir i'="',5 ou même a'''" de longueur. L'endoplasme est constitué par de très fins granules qui sont sans cesse en mouvement par suite de contractions péristalliques très actives et se propageant d'un bout à l'autre de la Grégarine; la forme de celle-ci est, par suite, très irréguliére. Le noyau ellipticjue présente un ou plusieurs nucléoles; il est entraîné par les contrac- tions. » Il se forme des chaînes ou associations de deux ou plusieurs individus. L'extré- mité de l'un s'enfonce alors parfois dans celle de l'autre en l'invaginant en doigt de gant, phénomène observé antérieurement chez les Didymophyes de Slein. Mais ici nous avons vu, dans certains cas, avec une entière certitude, que la cloison de sépa- ration entre deux individus associés était détruite; les mouvements des granules et le déplacement des noyaux ne laissent aucun doute relativement à ce fait. » Les kystes sont sphériques et de taille variable (o""°,3 à o™™,4 de diamètre); ils semblent pouvoir se former aux dépens d'un ou de deux individus. Les spores sont piriformes comme chez les autres Gonospora ; le pôle mince est en pointe mousse comme chez la G. Terebellie Sclin.; le grand axe mesure lo |x à 12 (jl, le diamètre transversal maximum â-6 |ji. Il j- a huit sporozoïtes et un reliquat sphérique noircis- sant par l'acide osmique. ( 263 ) » II. La Grégarine ou ses kystes se rencontrent constamment cliez les individus épiloqiies de Dodecaceria ('). Elle pénètre, avant la métamorphose , dans la période où la cavité générale est bourrée de cellules à granulations de réserve éosinophiles. \J évolution de la Grégarine suit une marche parallèle à celle de l'Annélide. Les spores sont formées à la maturité sexuelle du Dodecaceria, deviennent libres dans la cavité du corps et sont expulsées avec les ovules ou les spermatozoïdes par les organes seginentaires; leur dissémination est ainsi assurée. Chez l'Annélide avec produits génitaux, les cellules mobiles de la cavité générale perdent leurs substances de réserve. Elles constituent alors des phagocytes très actifs englobant les spores libres et % attaquant aussi aux Grégarines à l'état végétatif, qu'elles peuvent arriver à détruire; ce dernier fait est une exception à l'opinion généralement admise. » Les kystes sont toujours entourés de phagocytes. » III. Les phases initiales du cycle évolutif des Grégarines cœlomiques sont encore purement hypothétiques. On n'a pas vu l'état intracellulaire comme pour les Gréga- rines intestinales. On admet généralement que les sporozoïtes, mis en liberté dans le tube digestif de l'hôte, passent rapidement dans le cœlome, et l'on se fonde, pour cela, sur le seul fait que les plus jeunes stades libres dans la cavité générale ne sont guère plus gros que ces sporozoïtes et ont la même forme. Nos observations sur la Gono- spora longissima comblent cette lacune et mettent en lumière un fait nouveau et très important pour la morphologie générale des Grégarines. » Si l'on étudie sur des coupes en série l'épithélium intestinal àe% Dodecaceria con- charum, avant la métamorphose, on trouve, dans la portion antérieure de la région glandulaire, inclus dans les cellules épithéliales, entre le noyau et le plateau, des para- sites qui ont l'aspect suivant : i" de petits corps mesurant de 31^ à lol^ de diamètre, composés d'un noyau d'abord arqué (^), puis sphérique, fortement colorable, et d'une couche périphérique de protoplasme ; 2° des masses analogues aux plus gros de ces corps, mais avec deux ou quatre noyaux groupés vers un des pôles ; 3° des barillets formés par 6-8 croissants disposés comme des fuseaux de même pôle sur la surface d'un ellipsoïde ; ces croissants ont 81^ à gl^ de long ; ils présentent, vers une extrémité, lin noyau à peu près sphérique, de 2!^ à 31^ de diamètre ; 4° des croissants isolés en des points divers des cellules épithéliales. » Ces diverses productions appartiennent incontestableinent à un même organisme parasite. On ne peut les interpréter qtie comme les diverses phases intra-cellulaires de l'évolution d'un Sporozoaire ; nous les avons ènumérées en suivant l'ordre de leur formation. La ressemblance avec les formes eimériennes, endogènes des Coccidies, s'impose. D'autre part, sur (') Mesnil et Caullery, Sur l'existence de formes épitoques chez les Annélides de la famille des Cirratuliens (Comptes rendus, 28 septembre 1896). (^) Les noyaux de cette forme ressemljlent beaucoup à ceux des sporozoïtes des spores de la Gonospora, souvent nombreuses dans la lumière de cette région du tube digestif. ( 264 ) les très nombreux Bodecaceria examinés, nous n'avons jamais trouvé aucun autre stade de Coccidie. Nous ne pouvons donc les rapporter qu'à la Grégarine décrite ci-dessus. Nous concluons donc que les s|iorozoïles des spores de Gonospora, mis en liberté dans le tube digestif de l'Annélide, pénètrent da is une cellule épithéliale de l'intestin et s'y transforment par croissance et divisions cellulaires en un ensemble de nouveaux sporozoïtes, groupés en barillet. Ces processus constituent une phase de multiplication asporulèe ou endogène étendant l'infection d ins l'intérieur d'un même hôte. Ce sont les nouveaux sporozoïtes qui passent dans la cavité générale ; mais nous n'avons pu, jusqu'ici, suivre en détail ce phénomène, naturellement très fugace. » Ces observations sont d'accord avec les données antérieures. On s'ex- plique en particulier la présence, dans le cœlome, de Grégarines à peine plus grandes que les sporozoïtes initiaux, seule base des hypothèses des au- teurs qui nous ont précédés. Mais surtout elles offrent un intérêt considé- rable pour la conception des rapports entre les Grégarines et les Coccidies. En effet, l'existence d'une multiplication asporulèe chez les Coccidies, affirmée d'abord par R. Pfeiffer en 1892 et rigoureusement démontrée, par voie expérimentale, en 1897, par Simond, est aujourd'hui une donnée cer- taine et générale. Les formes eimériennes propagent la coccidiose par auto-infection dans les tissus de l'hôte ('). T^es formes en barillet décrites par nous, dans l'évolution de la Gonospora, sont l'équivalent et l'homo- logue des formes eimériennes des Coccidies. Elles constituent, chez les Grégarines, un premier exemple de multiplication endogène ou asporulèe. )) Nous penchons à croire qu'un pareil processus n'est pas particulier à l'espèce étu liée ; des recherches ultérieures détermineront le degré de sa généralité. » PHYSIOLOGIE. — Sexe et dissymèlrie moléculaire. Note de M. Félix Le i>ANTEC, présentée par M. Edmond Perrier. « Les découvertes récentes tendent à généraliser de plus en plus la notion de sexualité et à l'étendre à presque toutes les espèces connues, (') Des observations récentes, surtout celles de Schaudinn et Siedlecki {Ver/i. d. deutsc/i. zool. GeselL, 189- ) ont mis, en outre, en évidence, des phénomènes de sexua- lité qui précèdent la formation des kvstes des Coccidies. ( 26.^; ) sauf peut-être quelques-unes très inférieures. I^es Coccidies elles-mêmes ne feraient pas exception à cette loi générale et présenteraient, dans leur cvcle évolutif, des (ihénomènes de fécondation. La publication annoncée par le professeur Schenk, de Vienne, d'un procédé de procréation artifi- cielle d'enfants mâles ou femelles à volonté, par le mode d'alimentation de la mère, m'engage à faire connaître une hypothèse sur la nature et l'origine du sexe, hypothèse à laquelle j'ai été conduit par des déductions logiques de faits biologiques connus et dont je poursuis, depuis quelque temps, la vérification expérimentale. » J'ai été amené, au cours d'une étude systématique de l'hérédité ('), à considérer l'espèce comme définie, chez les plastides, par la qiialàè chi- mique de leurs substances vivantes ou plastiques, la variété, la race, l'étant au contraire, par les proportions quantitatives de ces substances, indé- pendamment de toute question de parenté. Or, dans chaque race, dans chaque variété, il y a deux types différents : le type mâle et le type fe- melle. A quelle particularité peut donc tenir l'existence de ces deux tvpes, caractérisés l'un et l'autre par les mêmes proportions de substances plas- tiques de même qualité? Le raisonnement, présenté ainsi, conduit à une réponse immédiate : il faut que chaque qualité de substance plastique ait elle-même deux types différents, quoique de même composition chimique, et l'on est immédiatement amené à chercher ces deux types dans la dissymé- trie moléculaire, hypothèse d'autant plus vraisemblable que les proto- plasmas sont connus pour être des corps dissymétriques. » Il suffit que quelques-unes des substances plastiques des plastides aient un type dissymétrique droit et un type dissymétrique gauche; la prépon- dérance de l'un ou l'autre type déterminerait le sexe du plastide, et cette prépondérance serait naturellement plus accusée dans les éléments sexuels mâles et femelles, dans lesquels l'un de ces types pourrait même exister à l'état de pureté. . .. » La vérification expérimentale de l'hypothèse précédente est beaucoup plus difficile qu'elle ne le paraît au premier abord. Les éléments sexuels sont très petits ou bien sont encombrés d'une quantité considérable de vitellus nutritif qui gêne les observations en lumière polarisée. Beaucoup de substances nutritives sont elles-mêmes douées de pouvoir rolatoire et (') Évolution industrielle et hérédité. Théorie de la variation quantitative, Paris ; Alcan, 1898. ( 266 ) les combinaisons de substances actives les unes avec les autres donnent des produits dont l'étude optique est bien complexe. Il faudra étudier, au point de vue de la dissvmétrie moléculaire, les aliments qu'utilisent les deux sexes; mais une nouvelle difficulté s'introduira dans cette étude, aussi bien que dans celle des produits excrémentiliels mâles et femelles, parce que, sauf peut-être dans les éléments sexuels, il y aura dans tous les plastides du corps un mélange de substances droites et gauches. En effet, même si l'on suppose que l'un des types de substance existe à l'état de pureté dans les éléments sexuels mâles et l'autre type dans les éléments femelles, l'œuf fécondé et, par suite, tous les tissus qui en dérivent, contiendra forcément, en vertu du phénomène même de la fécondation, un mélange de substances des deux types; ce sera donc seulement la pré- pondeiance de l'un ou l'autre type dans les tissus d'un être qui déterminera son sexe, et les substances alimentaires et excrémentitielles ne différeront, pour les deux sexes, que quantitativement. )) La question de la nutrition est très importante, et c'est peut-être son étude qui donnera la solution du problème. On sait, en effet, que tel corps dissymétrique, susceptible de se combiner avec le type droit d'un autre corps également dissymétrique, peut être incapable de se combiner avec le type gauche du même corps. M. Pasteur a trouvé une Mucédinée qui, dans une solution de paratartrate d'ammoniaque, se nourrissait unique- ment du tartrate droit sans toucher au tartrate gauche; on connaît aujour- d'hui d'autres espèces vivantes jouissant d'une propriété analogue et aussi des bactéries qui donnent, comme produit excrémentitiel, une substance droite ou gauche à l'exclusion du type opposé. Or ceci se produit chez des êtres dans lesquels on n'a jamais ini de fécondation, ce qui serait déjà un argument en faveur de l'hvpothèse d'une relation entre le sexe et la dissy- métrie moléculaire. Il y aurait là un exemple de sexe absolu, sans sexualité, telle espèce ne contenant peut-être que le type droit d'une ou plusieurs substances plastiques, à l'exclusion du tvpe gauche. » La maturation de l'ovule par expulsion des globules polaires serait une épuration donnant un plastide absolument femelle (présence exclusive d'un tvpe dissymétrique donné) chez un être dont les autres tissus présen- taient seulement la prépondérance du type femelle; ce serait le contraire pour la maturation du spermatozoïde chez le mâle. )) A la fécondation, le sexe de l'œuf serait déterminé par la prépondé- rance des substances droites ou gauches apportées par l'ovule et le sper- ( 267 ) matozoïde et serait donc mâle ou femelle suivant que le spermatozoïde serait plus frais que l'ovule ou réciproquement (•), puisque, depuis leur maturation jusqu'à la fécondation, les éléments sexuels, plastides incom- plets, sont à l'état de destruction plastique lente. » Mais le sexe de l'œuf, ou du moins de l'être qui en résulte par dé- veloppement embryologique, pourrait être ensuite modifié par l'alimenta- tion suivant la nature droite ou gauche des aliments, telle substance plastique droite se multipliant plus vite que sa congénère gauche dans un milieu où dominerait un type donné d'aliments dissymétriques, ce qui ferait succéder la prépondérance du type droit à la prépondérance initiale du type gauche. C'est par des phénomènes de cette nature qu'on pourra expliquer, il me semble, les expériences de détermination du sexe par l'alimentation, comme celles de Molliard sur le chanvre et celles qu'an- nonce en ce moment le professeur Schenk. » I/hypothèse que je viens d'exposer se vérifie a posteriori par la facilité avec laquelle elle permet d'expliquer des phénomènes très génénux et très bien connus, comme l'attraction du spermatozoïde par l'ovule, le ra- jeunissement karyogamique des ciliés, la stérilité de certains hybrides, le retour à la forme ancestrale des produits de croisement, la ressemblance tantôt croisée, tantôt directe, du père avec la fille et de la mère avec le fils, etc Il importe cependant de mettre en évidence expérimentaU- ment la relation entre le sexe et la dissymétrie moléculaire des substances plastiques; je m'en occupe pour ma part, et je voudrais que cette notion nouvelle intéressât quelques savants mieux armés que moi pour les re- cherches d'Optique physique. » M. Edmond Perrier présente, au sujet de la Note de M. Le Dantec, les observations suivantes : « Les nombreuses recherches dont l'origine des éléments génitaux et de leurs caractères distinctifs a été l'objet, aussi bien dans le règne animal que dans le règne végétal, ont donné, dans les deux règnes, des résultats con- cordants de nature à légitimer les recherches expérimentales dans les- (') Si l'on suppose, nalurellemeiit, que, chez l'ovule frais, la quantité des sub- stances d'un type dissymétrique est à peu près équivalente à la quantité des substances du type opposé dans le spermatozoïde /raw. Gela n'a pas toujours lieu et l'on connaît bien des exemples d'unions dans lesquelles le sexe d'un des conjoints est prépondérant. ( 268 ) quelles M. Le Daiitecest engagé, et qui auraient, si l'on en croit certains bruits, abouti, dans le laboratoire du professeur Schenk, à des résultats effectifs. Il V a déjà dans, le règne animal, des exemples de détermination du sexe : les plus remarquables sont relatifs aux Abeilles (Dzierzon) et aux Rotifères (Maupas); dans les deux cas, les œufs non fécondés évo- luent de manière à donner naissance à des mâles, tantlis que les œufs fécondés donnent régulièrement naissance à des femelles. Il semble, au premier abord, que ces phénomènes de détermination du sexe se présen- tent avec un caractère tout à fait exceptionnel, puisque la règle, aussi bien dans le règne végétal que dans le règne animal, est que les œufs non fécondés ne se dévelo|jpent j)as. Toutefois, si l'on considère que les Insectes et les Rotifères sont des animaux très éloignés; que si le mode de reproduction des Abeilles, malgré l'identité dans la cause de la détermi- nation du sexe, est très différent de celui des Rotifères, il y a d'autres Arthropodes où les choses se passent à très peu près comme chez ces der- niers ( Branchipus, Apus, Cladocères, divers Ostracodes, Cynipidœ, Puce- rons, Cochenilles) ; il fauf bien reconnaître qu'il y a là quelque chose de général. Chez tous ces animaux, en effet, des individus, issus d'œufs nor- malement fécondés, produisent des œufs qui, sans fécondation, donnent naissance à des individus semblables à celui d'où ils proviennent, et jouis- sent de la même faculté de se reproduire sans fécondation, faculté dite de parthénogenèse ; la série de ces reproductions parthénogénétiques est close par l'apparition de mâles et de femelles qui s'accouplent. Les femelles pondent des œufs diflerant par des caractères très nets des œufs parthé- nogénétiques; en particulier, leur développement présente toujours un temps d'arrêt, tandis que le développement des œufs parthénogénétiques est immédiat. » Les recherches de M. Maupas ont éclairé le phénomène de la pro- duction des individus sexués chiz les Rotifères, et il est vraisemblable que des résultats analogues pourraient être obtenus dans tous les groupes où l'on observe la même succession de phénomènes. Lorsqu'un individu pro- ducteur d'œufs parthénogénétiques est soumis à une température supé- rieure à 20°, avant qu'il ait pondu ou même que ses œufs aient atteint un certain degré de développement, les œufs qu'il pondra donneront naissance à des individus différant assez souvent de leur progéniture par certains caractères extérieurs, en différant toujours par les dimensions plus petites de leurs œufs. Les producteurs de ces petits œufs sont les véritables fe- melles. Seules, en effet, elles sont aptes à être fécondées, à l'exclusion des ( 269 ) individus producteurs de gros œufs ; ces individus ne peuvent donc pas être considérés comme sexués. L'élévation de la température a eu pour effet de faire apparaître non pas le sexe, mais la sexualité, c'est-à-dire l'aptitude à produire des individus d'un sexe déterminé. Effectivement, si ces femelles ne sont pas fécondées, de leurs œufs qui se développent immédiatement ne sortent que des mâles. Si l'un de ces mâles vient à s'accoupler avec une femelle, l'œuf de celle-ci change de caractère, se rapetisse encore, se revêt d'une coque opaque diversement ornementée et son contenu, après avoir atteint un degré plus ou moins avancé de développement, passe à l'état de vie ralentie; ces œufs sont de véritables kystes permettant à l'embryon de traverser les périodes critiques de l'année. » Malgré les apparences, la température n'ayant rien à faire avec la dif- férenciation des sexes chez les Rotifères, cette différenciation chez ces der- niers est ramenée au cas bien connu des Abeilles, et l'on doit se demander comment il se fait que la sexualité puisse être distincte de la différenciation sexuelle. Toutes les recherches récentes sur les éléments sexuels ont montré que ces éléments présentaient un caractère commun par lequel ils diffèrent des éléments constitutifs de l'organisme qui les produit. Au cours de leur multiplication on reconnaît dans le noyau de ces derniers la pré- sence de corpuscules spéciaux en forme de U ou de Y, fortement colorables par le carmin; ce sont les chromosomes. Ces corpuscules sont en nombre constant pour chaque organisme: soit 2n, ce nombre; il est réduit de moitié dans les éléments sexuels et égal à n, aussi bien chez les végétaux que chez les animaux. De nombreuses observations, portant sur divers types, rendent très vraisemblable que l'absence de sexualité chez les œufs parthé- nogénétiques des Rotifères tient à ce qu'ils n'ont pas subi cette réduction du nombre des chromosomes; l'élévation de la température la détermine; elle permet dès lors la formation des éléments mâles et des œufs véritables. » La question se pose maintenant de déterminer la cause de la réduc- tion du nombre des chromosomes qui caractérise les éléments sexuels. Un point qui semble de plus en plus fermement établi, c'est que les deux sortes d'éléments sexuels sont dérivées d'un élément reproducteur commun, primitivement asexué; cet élément, apte d'abord à se développer directe- ment, a perdu ensuite cette faculté, comme s'il était devenu incomplet; le développement n'est demeuré possible que par suite de l'union de deux éléments d'abord semblables (^conjugaison), mais qui, par la suite, sont devenus très dissemblables; et comme, dans cette union, un des éléments C R.. i?9S, I" Semestre (T. CXXVI. N' 30 ^^ ( 270 ) le plus gros, dit clémenl femelle, paraissait absorber l'autre, il a semblé qu'il était l'élément principal et que l'union des deux éléments avait pour but sa fécondation. Du fait que les éléments sexuels ont été primitivement semblables il résulte que l'explication de leurs caractères communs, en par- ticulier de la réduction du nombre de leurs chromosomes, doit s'appliquer à l'un comme à l'autre. Cette explication pour la phase où les deux éléments sont encore semblables et pour l'élément femelle se déduit clairement des faits déjà connus. L'élément femelle est caractérisé par l'abondance du proto- plasme qui entoure son noyau, par la richesse de ce protoplasme en sub- stances nourricières. Or il résulte des recherches de M. Maupas sur les Infusoires que la production du protoplasme et des matériaux de réserve, est sous la dépendance de la substance des chromosomes, et qu'à ce travail cette substance s'use au point que son renouvellement devient, au bout d'un certain temps, nécessaire (^rajeunissement karyogamique). Le noyau des éléments reproducteurs n'échappe pas à cette loi : il s'use et c'est au cours de l'expulsion de ces parties usées que s'effectue, par l'expul- sion des ^/o6w/e5 /Jo/a?re5 ou corpuscules de rebut, la réduction du nombre des chromosomes de l'œuf. Un élément reproducteur riche en matériaux nutritifs n'ayant plus qu'un noyau usé ou réduit est incapable d'évoluer; de là la nécessité de la conjugaison ou de la fécondation qui restaure le noyau. » L'anthérozoïde des plantes et le spermatozoïde des animaux sont dans de tout autres conditions. Ce dernier surtout est caractérisé par l'absence de toute substance de réserve dans son protoplasme et par la réduction de ce dernier à ce qui est strictement nécessaire pour assurer sa locomo- tion, soit à l'aide de mouvements amiboïdes (Xe'matodes), soit à l'aide de mouvements vibratiles. Son noyau ne s'est donc pas usé; il est cependant réduit et nous nous trouvons, ainsi que nous l'avons fait remarquer tout à l'heiu-e, dans la nécessité paradoxale d'expliquer sa réduction par l'usure qui a déterminé cette réduction dans l'élément femelle. » On échappe à cette contradiction par l'application d'une des lois de l'hérédité qui intervient constamment, souvent dès la segmentation de l'œuf, dans les phénomènes embryogéniques, qui permet de les comparer et de les coordonner rigoureusement, mais à laquelle les embryogénistes se bornent d'ordinaire à faire allusion en termes inexacts ou dénués de précision, sans essayer d'en mesurer les effets. C'est la loi de la tachygènèse ou de V accélération embryogénique dont j'avais déjà signalé l'importance en ( 271 ) i88i ('). Elle exprime ce fait que V hérédité, en se substituant aux causes extérieures qui ont produit une succession donnée de caractères, tend à pro- duire cette succession de plus en plus rapidement et arrive à le faire d'une manière tout à fait indépendante des causes qui l'ont déterminée. En consé- quence, il est tout à fait normal que les réductions du nombre des chro- mosomes, qui était primitivement un phénomène d'épuration du noyau, consécutif du travail et de l'usure de celui-ci, ait pu, dans certains cas, se produire, par hérédité, indépendamment de tout travail et de toute usure du noyau, d'une manière de plus en plus précoce. Il est évident qu'un noyau ainsi réduit sera peu capable de produire des matières alibiles et du protoplasme. L'application de la loi de la tachygénèse permet donc de prévoir la formation et les caractères d'éléments n'ayant que la moitié du nombre normal de chromosomes, n'ayant pas de réserves et peu de protoplasme, incapables d'évoluer par eux-mêmes, mais capables d'apporter aux éléments qui n'ont pas été affectés par la tachygénèse justement ce qui leur manque pour évoluer. Le jour où ces éléments se sont régulière- ment produits, les éléments mâles ont été réalisés. » Cette explication de l'origine des éléments mâles fondée sur la tachygénèse permet de comprendre pourquoi chez les animaux herma- phrodites le sexe mâle se développe généralement le premier (^protandrie); pourquoi, dans les formes bourgeonnantes fortement affectées de tachy- génèse, un certain nombre de générations exclusivement mâles précèdent les générations femelles ou hermaphrodites (Botryllid.î:, Pyrosomid.e); pourquoi les formes fixées ou parasites à développement rapide sont sou- vent des mâles rudimentaires (beaucoup de Cirripèdes, Bopyridœ, Roti- fères, etc.), et même pourquoi la fécondation est susceptible de transfor- mer des œufs qui, sans elle, ne produiraient que des mâles en des œufs qui produisent des femelles et dont le sexe semble, par conséquent, interverti. » C'est donc une différence dans la rapidité de la réduction des chromo- somes, entraînant une différence fondamentale dans le mode de nutrition de l'éléraent, suivant qu'elle se produit plus tard ou plus tôt, qui distingue les éléments mâles des éléments femelles. Il n'est pas impossible de rattacher cette différence aux causes indiquées par M. LeDantec; mais ces causes de- vront nécessairement se raccorder avec celles que nous venons d'indiquer (') Les Colonies animales et la formation des organismes, i'" édition, p. 726. La loi est ici designée sous le nom de Principe de l'accélération mélagénésiqiie. ( 272 ) ou les englober. Il n'y a rien d'invraisemblable, d'autre part, à ce qu'une différence dans le mode de nutrition des organismes producteurs des élé- ments sexués influe sur la façon dont s'accomplit, chez leurs descendants, la réduction karyogamique et provoque par conséquent l'apparition de tel ou tel sexe. » ANATOMIE ANIMALE. — Sur le prétendu chloragogène de la cai'ité générale des Ophélies. Note de MM. J. Kunstler et A. Gruvel, présentée par M. A. Milne-Edwards. « Le liquide de la cavité générale de l'Ophélie commune contient des éléments particuliers d'une constitution fort remarquable et qui sont sur- tout caractérisés par la présence d'un axe médian, interne, plus ou moins vivement coloré. » En 189/1, il a élé soutenu que ces éléments n'étaient autre chose que des aniibo- cyles ordinaires dans la substance desquels se creusaient des vacuoles, où se dépo- saient des granulations de nature excrétrice. La fusion, suivie d'une soudure complète, de ces corpuscules serait l'origine de l'axe. » La nature chimique de l'axe est assez particulière. Toutes les réactions microchi- miques concourent à démontrer que c'est là non pas de la chitine ordinaire, mais une variété spéciale de cette substance, ne contenant aucune trace d'un corps quel- conque de la série xanthique. » Comment concilier cet état chimique avecle point de vue auquel se place Schceppi, après Eisig, et considérer ce produit de la sécrétion du pholoplasme, si répandu, comme un résultat de la fonction désassimilatrice de la substance vivante, sorte de chloragogène spécial aux cellules lymphatiques des Ophélies? » Nulle part, jusqu'ici, on n'a observé un rejet continu de chitine pure, dans des conditions telles que l'on puisse comparer le phénomène à une excrétion avec ses caractères ordinaires. s Du reste, la manière dont se développe l'axe en question et la structure même de cet axe sont en contradiction formelle avec les assertions mentionnées plus haut. » Jamais l'axe ne se constitue aux dépens de sphérules de chitine pré- existantes. En effet, il en est de toutes les diiuensions et de tous les dia- mètres, depuis ceux d'un simple bacille, jusqu'à la taille normale. C'est indubitabletuent un accroissement progressif qui donne lieu aux parties adultes. Dans toute cette évolution, on ne saurait constater, nulle part, la moindre trace de fusion de globules. Mieux encore, la constitution de l'axe oppose un obstacle absolu à cette conception. » Ainsi, après décoloration à la potasse bouillante, et même quelquefois à ( ^73 ) l'observation directe, l'axe chitineux présente une structure des plus nettes et bien en rapport avec son mode de formation véritable. » Sa substance laisse voir des stries d'accroissement, parallèles, con- tinues, s'élendant à l'ensemble du bâtonnet avec une régularité et une symétrie parfaites, telles, du reste, que le montre la substance chitineuse typique. » Dans la région axiale du bâtonnet, toute trace de couches régulières fait défaut; l'on y perçoit une substance granuleuse qui paraît remplir tout l'intérieur, à l'exception, peut-être, de certains points qui semblent con- stituer parfois de véritables cavités. » Du reste, ces axes chitineux arrivent si régulièrement à des dimensions à peu près analogues et à des aspects plus ou moins identiques, qu'une évolution à ce point régulière ne saurait qu'éveiller l'idée de formations bien définies. » Il a élé avancé qu'entre les amibocytes véritables et les éléments particuliers qui nous occupent ici il existait tous les passages. » Cette affirmation est en contradiction formelle avec diverses observations. Tout d'iibord, les formes les plus petites de nos éléments spéciaux sont de dimensions plus minimes même que les amibocytes les plus petits, quoiqu'elles contiennent déjà un petit axe bien formé présentant les particularités caractéristiques ordinaires. » D'un autre côté, la constitution du protoplasma des amibocjtes et de ces jeunes éléments est bien difTéiente; elle suffirait amplement à établir une distinction nette. » Il en est de même des différences que l'on peut rencontrer entre les pseudopodes et les éléments nucléaires de ces deux sortes de corps. » Ainsi, quelles que soient les dimensions de nos éléments, on y trouve toujours un axe, dont l'origine paraît être double. Et c'est l'accroissement progressif de cet axe qui constituera le bâtonnet si apparent des éléments adultes, en même temps que le protoplasma prend une constitution caractéristique. » Le mode de reproduction le plus ordinaire de ces éléments consiste en une multiplication nucléaire accompagnée de proliférations plus ou moins abondantes de Taxe, » Le noyau, quand il est seul, se trouve placé, le plus souvent, dans une courbure qui existe généralement au milieu de l'axe; mais il peut aussi être situé tout autre part. Quand il en existe plusieurs, ils sont répartis de façons les plus diverses, dans toute la masse du corps. » La multiplication du noyau se fait toujours, par un processus de divi- sion simple, dite directe. » Après la séparation des noyaux de nouvelle formation, il semble se produire, au sein de la masse protoplasmique, un groupement énergidique ( 274 ) qui est le point de départ d'un ou plusieurs jeunes individus. Chacun de ces groupements comprend un novau et un ou plusieurs bourgeons axiaux, le tout enveloppé d'une couche variable de protoplasma. » Il est donc à remarquer que cet axe diffère profondément de toutes les formations chitineuses ordinaires par une activité vitale inconnue dans ce genre de tissu. )i Pendant toute la période de la vie de ces éléments, que l'on peut qua- lifier d'adulte, ce bâtonnet montre une tendance à se couvrir de gibbosités qui s'accentuent de façon à devenir de véritables bourgeons. » Le résultat ultime de ce processus est la formation d'un nombre variable, souvent énorme, de bourgeons, qui finissent par se détacher pour devenir libres. Il arrive même, vers la fin de la période de la vie indivi- duelle, que ce phénomène de prolifération prend une telle extension que la totalité du bâtonnet se transforme en un amas de corpuscules. Ce phé- nomène peut être poussé encore plus loin, de façon que l'on puisse le comparer à une véritable pulvérisation. » L'axe diffère encore de la chitine par des propriétés chromophilcs d'une grande intensité; il se colore vivement par tous les réactifs nu- cléaires, beaucouj) plus même que le véritable noyau. Toutefois, il diffère de la nucléine en ce qu'il est insoluble dans les alcalis étendus ou concen- trés bouillants, dans l'acide chlorhydrique concentré et fumant, dans l'acide azotique, etc. » On rencontre quelquefois dans le liquide cavitaire de véritables amas d'axes, de tous âges, de toutes formes et de toutes dimensions; ces amas, constitués quelcjuefois par un très petit nombre de bâtonnets et d'autres fois par une quantité considérable, sont contenus dans des masses proto- plasmiques généralement plus ou moins ovalaires, qui paraissent corres- pondre à des sortes de plasmodes, dus à la réunion d'un nombre variable d'individus. » En terminant, nous citerons encore quelques faits susceptibles de jeter une certaine lumière sur la valeur morphologique à attribuer aux éléments à bâtonnets. » RemarqLions d'abord qu'il est des Ophclics qui, sans aucun doute, sont absolument dépourvues de ces éléments. Le fait est rare, mais hors de doute. Chez d'autres individus, il peut y en avoir très peu ou bien une quantité relativement énorme. D'un autre côté, les différentes Ophèlies observées montrent souvent des collections d'éléments à aspects concor- dants. » ( 275 ) ZOOLOGIE. — Svr L'existence d'une faune malacologique polybathyque dans les grands fonds de V Atlantique et de la Méditerranée. NoLe de M. AnxouLi) Ijocaud, présentée par M. A. Milne-Edwards. « Lorsqu'on examine la répartition balhy métrique des Mollusques marins vivant au voisinage de nos côtes, aussi bien dans l'Atlantique que dans la Méditerranée, on constate que cette répartition s'effectue dans d'é- troites limites, très exactement définies. Dans notre Conchvliologie fran- çaise, par exemple, nous avons été conduit à répartir cette faune suivant trois zones parfaitement limitées et dont l'extension varie à peine de quelques mètres : une première zone, ou zone littorale, correspond au ni- veau superficiel du balancement des marées; une seconde zone, ou zone herbacée, correspond aux vastes prairies sous-marines des Zostères, desPo- sidonies, des Laminaires, ne dépassant jamais de 27"" à 28"' de profondeur, aussi bien dans rAtlanticpie que dans la Méditerranée; enfin, entre ces 27" à 28"", et jusqu'à 72'" ou 75", s'étend la zone corallienne, caractérisée par la présence d'algues incrustantes, Corallines et Nullipores, particuliè- rement abondantes à ces niveaux. Chacune de ces trois faunules est ainsi très nettement définie et, si quelques espèces passent de l'une à l'autre, il en est, par contre, un grand nombre qui demeurent exclusivement can- tonnées dans ces étroites limites. )) Au delà de cette dernière zone, l'extension bathyraétrique de nos Mol- lusques se fait sur une échelle beaucoup plus étendue. L'étude de la faune malacologique, si riche et si variée, provenant des campagnes de dra- gage du Travailleur et du Talisman, entreprises sous la direction de M. A. Milne-Edwards, nous a permis de constater l'existence de toute une faune vivant indifféremment dans l'Atlantique et dans la Méditerranée, et dont l'extension bathymétrique se présente dans des conditions inconnues jus- qu'à ce jour. Cette faune, que nous désignerons sous le nom de polyba- thyque, par opposition à la petite faune dite cosmopolite ou ubiquiste, déjà signalée par Gwyn Jeffreys et P. Fischer, est constituée par une série nom- breuse et très variée de Mollusques susceptibles de vivre impunément à des niveaux variant de plus de 2000" de profondeur, et compris depuis le ni- veau du balancement des marées jusqu'aux plus grands fonds explorés. » Si des 832 espèces de Mollusques testacés rapportés par ces dra- gages nous éliminons une quarantaine de formes exclusivement littorales ( 276) ou pélagiques, comme les Ptéropodes, Janlhines, Litiopies, Littorines, Patelles, etc., nous signalerons un total de 201 espèces bien définies, faisant partie de notre faunuie polybathyque. Toutes les classes de Mol- lusques lestacés y figurent, mais dans des proportions intéressantes à relever. En effet, sur 5 19 Gastropodes rapportés par la mission, nous ne comptons que 45 espèces polybathyques, tandis que, pour 34 Scaphopodes, il y en a 17 espèces et, pour 269 Lamellibranches, nous relevons 45 espèces polybathyques. La proportion des Scaphopodes et des Lamellibranches polybathyques est donc notablement plus grande que celle des Gastropodes. )) De telles différences peuvent se justifier, lorsque l'on considère le plus ou moins de robusticité de nos différents Mollusques. On sait en eflét que les Lamellibranches et les Scaphopodes sont, pour la plupart, plus robustes, plus résistants, qu'ils ont en somme un organisme moins com- plexe et pourtant plus apte à se plier aux variations du modiis vivendi que les Gastropodes. Ce sont eux, comme on le sait, qui se sont le moins dé- veloppés dans leur évolution durant les derniers âges des périodes géolo- giques, eux encore dont la dispersion géologique est le plus considérable sous des milieux plus différents. Ils sont donc en réalité beaucoup plus susceptibles que les autres Mollusques de se prêter ou de s'adapter aux conditions.biologiques des milieux que nous venons de signaler. » La limite supérieure à laquelle la faune polybathyque commence à apparaître est extrêmement variable. Quelques espèces vivant norma- lement dans la zone littorale peuvent descendre à des profondeurs de 3ooo™ et même SSoo"; ce sont presque exclusivement des Lamellibranches. Les Gastropodes polybathyques ne commencent à se manifester que dans la zone corallienne. Il est à remarquer qu'au delà de 4ooo™ à 45oo™ la faune abys- sale est plus particulièrement autochtone; elle remonte rarement dans des niveaux supérieurs; mais en revanche, son area de dispersion géo- graphique est parfois considérable; bon nombre des espèces que l'on y rencontre sont communes aux grands fonds de l'ancien et du nouveau continent. » Il existe une intime corrélation entre les espèces malacologiques ubi- quistes et polybathyques. Toutes les formes susceptibles d'une dispersion exceptionnelle en surface peuvent également se retrouver dans des milieux bathymétriques très différents. Pareille conclusion était du reste à prévoir, puisqu'elle est surtout basée sur la robusticité et la facilité d'adaptation des êtres dans des milieux différents. » En résumé, outre les formules malacologiques marines bien définies ( ^77 ) (les zones lilLorale, herbacée et corallienne, dont les limites sont particu- lièrement restreintes, il existe dans rAtlanticjue comme dans la Méditer- ranée une faune dite polyhalhyque capable de vivre et de se développer à des niveaux dont l'extension balhymétrique varie de plus de 2000™. Cette faune, déjà riche en Gastropodes, renferme, contrairement à la faune de surface, un plus grand nombre de Scaphopodes et de Lamellibranches. » ANATOMlE VÉGÉTALE. — Sur l'origine de la double coiffe de la racine chez les Tropœolées. Note de M. Camille Bucnotte, présentée par M. L. Gui- gnard. « La graine de la Capucine (r/o/;a'o/wm majus L.) contient, sous ses téguments, une amande formée par deux cotylédons charnus, au milieu desquels se trouve la gemmule. La radicule est assez volumineuse et son extrémité est dirigée vers le micropyle. » Lorsqu'on étudie l'embryon développé et qu'on examine le sommet de la racine primaire jeune, avant la germination, on constate que cette racine, déjà nettement différenciée dans la graine mure, possède, outre son cylindre central, son parenchyme cortical et sa coiffe normale, une gaine radiculaire terminale qui forme comme un capuchon assez épais à l'ex- trémité de la radicule. » M. Flahaut ('), en signalant ce fait, s'exprimait ainsi : » Il y a autour de la radicule du Tropœolum une véritable gaine radiculaire, qui ne diffère de celle du Maïs que parce que, dans le Tropceolum, elle ne forme pas la coiffe. La présence de cette gaine radiculaire est un fait rare chez les Dicotylédones; les Graminées, les Commeljnées, les Palmiers, etc. ont aussi leurs radicules entourées d'une gaine qui démontre l'origine profonde de ces organes {^). L'origine profonde, ajoute M. Flaliault, est depuis longtemps mise hors de doute pour les racines adven- tives et les radicules; on ne peut pas nier non plus que la radicule soit endogène dans le cas où elle est recouverte d'une gaine radiculaire, mais je crois qu'on a trop géné- ralisé et qu'on a étendu à tort, à toutes les racines, les caractères qu'on avait reconnus chez beaucoup d'entre elles (^). » D'où vient cette gaine radiculaire? Aux dépens de quel tissu est-elle (') Flahaiilt, Recherches sur l'accroissement terminal de la racine chez les Phanérogames. Thèse, Paris; 1878. (^) Loc. cit. (*) Loc. cit. C. H., i8g8, I" Semestre. (T. CX.\VI. N" 3.) 36 ( ^7« ) formée? C'est là une question qui devait être posée et qui jusqu'ici n'a pas été résolue. A priori, deux explications paraissent pouvoir être données à 08 sujet : i" ou bien la racine primaire est née par voie endogène, comme on l'admettait jusqu'ici, aux dépens d'un tissu profond apparte- nant à l'axe hypocotylé ou à la tigelle; en se développant, cette racine aurait poussé devant elle le tissu de cet axe qui aurait plus tard constitué la gaine radiculaire externe; 2° ou bien la racine princij)ale de la Capu- cine (se comportant comme celle que j'ai signalée dans une espèce d'une famille voisine, Y Impatiens noli-tangere L.) (') aurait complètement avorté et aurait été remplacée par une racine latérale. Celle-ci, éiant née dans le voisinage du sommet de la vraie racine primaire, aurait pu, en se dévelop- pant, prendre la place de cette dernière. La présence d'une gaine radicu- laire au sommet de cette racine latérale serait alors un fait normal facile à expliquer. » Mais CCS deux hypothèses sont absolument gratuites et aucun fait précis ne vient jusqu'ici à l'appui de l'une ou l'autre de ces théories. ]j'anatomie des organes âgés ne pouvant fournir suffisamment de rensei- gnements à ce sujet, l'Embryologie seule pouvait résoudre la question et l'étude du développement de la racine devait être faite complètement. » Dans le sac embrvoniiaire du Tropœulani, alors que Tœuf est déjà cloisonné, on constate la présence, au sommet d'un suspenseur assez long, d'une masse pluricellu- laire à peu près sjihérique et qui représente le jeune embryon. Les cellules qui le constituent se multiplient rapidement et cet embryon ne larde pas à difTérencier à son sommet deux petits bourrelets qui deviendront plus tard les cotylédons. Au milieu de ceux-ci apparaît une petite proéminence qui représente le sommet végétatif de la tige primaire, à l'opposé de laquelle, vers le suspenseur, se différencie le sommet végétatif de la radicule. » L'accroissement de chacune des portions de l'embryon se continue rapidement. Les lobes colylédonaires ne. tardent pas à se colorer en vert et deviennent bilobés à leur base. Les deux lobes de chaque cotylédon se développent autour du suspenseur, dont ils paraissent entourer l'extrémité. Pendant ce temps, le suspenseur s'est lui- même accru ; tandis que ses cellules supérieures, voisines du rnicropyle, ne s'accroissent qu'en longueur, ses cellules inférieures, voisines de l'embryon, se divisent dans tous les sens. La gemmule apparaît entre les deu\ cotylédons lobés. La tigelle porte de jjetites proéminences, rudiments des jeunes feuilles, et la radicule est entourée par les cellules du suspenseur qui se sont groupées autour d'elle. » A l'aide de préparations fraîches obtenues par dissection et rendues un peu Iransjjarentes par divers procédés, j'ai pu sui\re le développement de cet embrvon (') C Biu'N-OTTE, Co/iip/cs leniliis. avj-li 189G. ( 279 ) jusqiraii niomeiil où npparalssenl les piemières diUéreiicialions des tissus de la racine. A ce moment, la radicule paraît enfoncée profondément dans une sorte d'entonnoir dont les parois, formées par les cellules de rextrcmiié du suspenseur, se prolongent à la surface de l'embryon, dans la région radiculaire. » Des coupes faites dans le sens longitudinal et passant par le grand axe de l'em- brvon et le plan méridien des cotylédons montrent l'organisation suivante : la racine primaire offre à son sommet les trois groupes d'initiales normales du cylindre central, du parench3me cortical et de l'épiderme qui constitue la vraie coiffe. Au sommet de cette radicule, la vraie coiffe est constituée par quelques rangées de cellules qui s'étendent sur les flancs de la racine et vont en diminuant d'épaisseur, ainsi que M. Flaliault l'a parfaitement décrit dans son Mémoire. » Puis, recouvrant le tout, et cela sur toute la longueur de la racine, se trouve un tissu formé de cellules plus grandes que celles de la vraie coilTe, formant parfois au sommet de dix à quinze rangées cellulaires constituant le tissu de la gaine. Celle-ci s'amincit sur les flancs de la racine et l'on peut facilement observer sur les prépara- tions la région occupée par ce tissu et le point exact où il cesse à la surface de l'organe. Ce tissu est en continuité avec les cellules du suspenseur et est formé, sans aucun doute, par les cellules inférieures de cet organe qui, pendant que l'embryon continuait à se développer, a été le siège d'une prolifération destinée à former la gaine radiculaire qui persiste au sommet de la racine. )) Celle proliféra! ioii du suspenseur, dans s;i région terminale, ne doit jKis étonner outre mesure, dans le cas des Tropœoliim, si l'on se rappelle les premières phases du développement de l'œuf, décrites par Schacht ('), dont j'ai vérifié, en partie, les observations. » Le suspenseur portant l'embryon à son extrémité est seul logé dans le sac embryonnaire, mais il est en relation avec detix prolongements qui, au lieu de rester dans ce sac, en percent la paroi et vont chercher leur nourriture dans les tissus avoisiuants. Ces deux appendices, extérieurs au sac embryonnaire qui, avec le suspenseur vrai, forment le corps à trois branches décrit par Schacht et figuré dans l'Ouvrage d'Engler et PrantI (*). constituent do ATais appendices nourriciers. Avant la maturité de la graine, ils fournissent au suspenseur resté dans le sac les éléments nu- tritifs nécessaires à la formation des cellules qui constituent le tissu de renforcement du sommet de la racine primaire, laquelle est ainsi pourvue, dès son jeune âge, d'une gaine radiculaire suv numéraire formée par la pro- lifèralion des cellules du suspenseur vrai ( ^ ) . » (*) Schacht, EnUiickelungs Gescliichte des PJlanzen-Emhryon, Amsterdam. Analyse dans les Annales des Sciences naturelles, 4" série, t. IV. (-) ExGLER et Pr,v>tl, Die naliirlichen PJlanzen familien, 47° livraison; iSgo. (') Laboratoire de r>otaniqiie de l'Ecole supérieure de Pharmacie de l'Université de Nancv. ( ^8» ) CHIMIE VÉGliTALE. — Sur la préparation du gc.ntianose. Note de MM. Ém. Bourquelot et L. ]\AnDi\, présentée par M. L. GuigiiarJ. « Le aenlianose, sucre analoiTLie au sucre de canne, a été découvert, en 1881, dans la racine de gentiane (Gentiana lulea L.), par Arthur Mcyer ('). Bien que la gentiane soit une plante très commune, au moins dans certaines contrées montagneuses de l'Europe, et que Meyer avoue, dans son Mémoire, n'avoir pu élucider certains points de ses recherches parce qu'il a manqué de produit, il ne semhle pas qu'on ait tenté, depuis cette époque, soit de vérifier les observations de ce chimiste, soit de com- pléter son travail. » Il nous a paru que cela pouvait tenir à ce qu'une bonne méthode de pré[:»aration tlu gentianose faisait défaut. En réfléchissant aux conlitions biologiques dans lesquelles se trouvent, en général, les polvglucoses au sein des tissus, nous avons été amenés à imaginer le procédé suivant, auquel on ne peut avoir recours que si l'on a à sa disposition tic la racine de gentiane fraîche et récoltée depuis quelques heures (^). B Dans un ballon placé sur un bain-niarie, on chaufTe de l'alcool à gS" jusqu'à l'ébullition. On découpe la racine fraîche en tranches minces qu'on fail loniber au fur et à mesure dans l'alcool bouillant. Après quoi, on relie le ballon à un réfrigérant ascendant et l'on maintient l'ébullition pendant vingt à vingt-cinq minutes. » En opérant ainsi, et en supposant que la racine de gentiane renferme un ferment soluble capable d'hydrolyser le gentianose, on est assuré de détruire ce ferment, de telle sorte que le gentianose ne pourra être dédoublé. » Après refroidissement, on exprime, on filtre et Ton distille. Comme le liquide restant dans la cornue est acide, on ajoute, pour neutraliser, une petite quantité de carbonate de chaux précipité, et l'on filtre de nouveau. Enfin, on évapore au bain- marie en consistance d'extrait mou. » Si l'on abandonne cet extrait à lui-même, on voit, au bout d'un temps assez long (trois semaines à un mois), la masse se remplir de crislaux. Sans tenir compte de la présence de ces cristaux, d'ailleurs difficilement séparables, on dissout, au bain-marie, l'extrait dans la plus petite quantité d'eau possible (i partie d'eau pour 2 parties d'extrait); puis on ajoute, toujours à chaud, 4,5 parties d"alcool à gS". L'opération se fait dans un liallon. On laisse reposer à la température du laboratoire pendant une (') Vebcr gentianose [Zcilschr. f. pliysiol. Clicmic, t. VI, p. t35). (-) La racine que nous avons employée a été récoltée aux environs de Belforl. Hécollée le malin, elle a été traitée l'après-midi. ( ^8, ) quinzaine d'iieuies, puis on décante le liquide dans un autre ballon, pour le sépaier d'un enduit visqueux qui s'est déposé sur les parois du |)remier. » La cristallisation commence aussitôt après; ell Pour que la germination ail lieu il faut que la spore ait été extraite de son asque puis déposée sur le limbe des feuilles de certains arbres. « L"asi(ue est détruit par pourriture ou par les mandibules des insectes lubérivores el de leurs larves; le transport s'opère sur les pattes, le corps et les ailes de ces mêmes insectes. I^e tout a lieu dans des conditions que je ne puis examiner ici. » La spore déposée par l'insecte ne tarde pas à germer lorsqu'elle se trouve sur feuille de chêne, de noisetier, de conifères (épicéas, pins, genévriers, etc.) et, sans doute, de plusieurs autres arbres. Retenue par ses piquants, elle s'attache au limbe; sur conifères, les exsudations de la surface paraissent aider à l'adhésion. I^a nervure Fis. 2. centrale et son voisinage sont le meilleur centre de germination ( fii^. germant sur épicéa, pin à cinq feuilles et genévrier de Virginie). et 2, spores ( 283 ) » C'est du i5 novembre à janvier que germination et fécondation se produisent avec le plus d'intensité et, surtout, de la façon la plus visible, et l'on observe ces phé- nomènes non seulement sur feuilles fraîches et pleines de sève, mais encore sur feuilles anciennes et desséchées. Je les ai vus se développer avec grande énergie sur feuilles de chêne pubescent cueillies depuis un an et conservées tout ce temps dans un tiroir. Leur marche, toujours la même, est la suivante : 1) Peu de temps après a\oir été déposées sur le limbe, hors de leurs asques, les spores mâles germent et émettent un filament épais, transparent, terminé par une pseudo-spore, grosse, lisse, légèrement transparente, brun clair ou ambrée. I^irmi ces germes, les uns percent l'épiderme au sortir de la spore et émergent ensuite à petite distance, les autres courent à la surface et présentent la môme pseudo-spore termi- nale en laissant bien voir le filament gros et transparent ((ui les relie à la spore d'où ils sortent. )) Dans sa marche superficielle ou sous-épidermique, la pseudo-spore mâle se dirige vers une spore femelle voisine; elle l'atteint quelquefois {fig- 3, n"'' 1 et 4); d'autres fois, elle ne l'alleint pas du premier coup; souvent alors, de la pseudo-spore arrêtée l-i^'. 3. f§ w- part un nouveau jet qui arrive à la spore femelle {Jig- 3, n" 3) et applique sa pointe à côté ou en-dessous. Quand c'est nécessaire, un troisième et un quatrième jet peuvent succéder aux premiers; parfois, plusieurs jets sortent de la pseudo-spore à la l'echerche tl'une fécondation à accomplir. >) La fig. 3 représente difl'érents types de fécondation; le n" 7 montre une spore mâle germant sur un Jïoil ; car les spores, rarement il est vrai, germent sur les poils comme sur l'épiderme. » Dans certains cas rares, si la spore mâle se trou\e tout près de la femelle, l'évo- ( ^84 ) lution suit la marclie indiquée fig. 4, c'est-à-dire que le germe mâle prend la forme d'un pelil ver dont l'extrémité fine féconde directement ou par filament et dont la fiy Fig. k. BM tête reste parfois coiffée du morceau d'épiderme rugueux qu'elle a arraché à la spore » Que font les spores femelles pendant ce temps? Restent-elles immobiles? En aucune façon. Si elles ont été fécondées, elles germeront pour de bon. Si le germe mâle ne les atteint pas, elles émettent un filament terminé par une pseudo-spore qui va au-devant ou à la recherche du germe mâle et se fait féconder {Jî§^. 3, n°^ 5, 6, 8 et Jig'. 5). ha.Jtff. 5 montre une double fécondation par spore mâle : l'une directement, l'autre par jet secondaire. » Les pseudo-spores femelles sont généralement plus petites que les mâles, noires, rugueuses, pointues. Elles cheminent sous l'épidernie, très rarement à la surface Fis- e. *>;;-.- @l- {fig. 6, production de pseudo-spore femelle; Jig. 7, n"' 1, 2, 3 et 4-, pseudo-spores mâles; 0, 6, 7 et 8, pseudo-spores femelles). » En prenant les délais les plus courts la fécondation peut commencer sept jours après l'ensemencement, durer en apparence un jour ou deux. La spore ou pseudo- spore fécondée produira vers le douzième jour des téleutospores. ( ^«5 ) » La fécondation accomplie, la pseudo-spore mâle brunit, devient granuleuse, se flétril et tombe ou bien s'elTrite en laissant sur la feuille une tache noire {fg. 3, n"^) ; /» souvent la pseudo-spore qui a émis un jet secondaire se dessèche et prend l'aspect d'un tube évidé, d'une peau de serpent {Jig. 7, n°' 9 et 10). » Les délais minimum donnés ci-dessus sont fréquents en hiver; mais, même en cette saison, ils peuvent se prolonger, si bien que, parfois, plu- sieurs semaines après l'ensemencement on voit encore sur le limbe des feuilles des pseudo-spores fraîches et des accouplements. » A mesure que janvier s'avance, la végétation des spores diminue ; seules quelques rares germinations mâles persistent. Il en va ainsi jusqu'en juillet, époque à laquelle germination et fécondation recotnmencent dans des con- ditions un peu dillérentes. » I^a germination et la fécondation de la Truffe du Piémont se font comme pour la Truffe du Périgord, mais l'observation est difficile à cause de la transparence des spores. » GÉOLOGIE. — Sur les gisements de minerais de fer oolithiqites du nouveau bassin de Briey {Meurthe-et-Moselle). Note de M. Geouges Rolland, pré- sentée par M. Michel Lévy. « Un événement de première importance pour l'avenir de la métallurgie française est la décotiverte de l'extension imprévue des gisements de mi- nerais de fer oolithiques qui affleurent et sont depuis longteinps exploités sur une grande échelle dans l'ancien département de la Moselle, gisements dont le prolongement souterrain dans l'arrondissement de Briey et jusque dans la Meuse vient d'être constaté par de nombreux sondages d'explora- tion. Actuellement on ne compte pas moins de ii5 de ces sondages, et d'autres suivront sans doute. Une première série fut exécutée de 1882 à C. n , 189S, I" Semestre. (T. CXXVI, N" 3.) ^1 ( 286 ) i886 sur les conseils de M. Genreaii, alors Ingénieur en chef des Mines à Nancy; la seconde série principale va de 1892 à ce jour. » Chargé, pour le Service de la Carte géologique détaillée de France, des feuilles de^Longwy et de Metz, j'ai dressé une Carte de la topographie sou- terraine de la formation ferrugineuse du nouveau bassin de Briey, et j'en ai fait une étude spéciale, tant au point de vue géologique qu'en prévision des exploitations projetées dans cette région. A cet effet, j'ai coordonné les indications que me fournissaient, d'une part, les terrains de la surface et, d'autre part, les coupes des sondages de recherche, au sujet desquels de nombreux renseignements m'ont été obligeamment fournis par M. Cousin, récemment encore Ingénieur des Mines â Nancy, et par M. Croisille, Contrôleur des Mines à Longwy, ainsi que par les industriels. » J'ai l'honneur aujourd'hui de présenter à l'Académie une réduction de ladite Carte, accompagnée de deux profds. » On sait que la formation ferrugineuse de la Lorraine se place en haut du Lias supérieur, au-dessous de l'étage des calcaires du Bajocien, dont elle est séparée par un"petit massif de Marnes dites micacées, et au-dessus des Grès et Marnes supraliasiques avec pyrites. » Elle affleure à la surface suivant une large zone, qui s'étend d'abord de l'ouest à l'est au travers de toute la région de Longwy, ainsi que sur la bordure limitrophe de la Belgique et dans le Luxembourg, puis qui, tour- nant à angle droit et se dirigeant du nord au sud, règne en Lorraine annexée le long de la frontière, jusqu'au delà de Metz, et se retrouve plus loin dans la région de Nancy. Les couches de minerai y sont exploitées, soit au moyen de galeries ouvertes à flanc de coteau, soit à ciel ouvert. La formation offre une allin-e lenticulaire; elle varie, tant comme puissance totale que comme nombre de couches et composition. Sa plus grande puis- sance se rencontre entre Hussigny, Villerupt, Ottange et Esch; à la Côte Rouge, elle atteint 27"", et l'on peut y voir cinq couches, toutes exploitées, représentant ensemble 16™ de minerai. A l'autre extrémité du bassin de Longwy, près de Gorcy, elle n'a plus que 4") 65 avec une seule couche. Les minerais sont siliceux dans l'ouest de ce bassin et calcarifères dans l'est. » La formation ferrugineuse, dont les affleurements forment ainsi une demi-ceinture dans le nord et à l'est de l'arrondissement de Briey, plonge vers l'intérieur avec un pendage général à l'ouest-sud-ouest et s'enfonce, en augmentant de puissance, à des profondeurs croissantes sous le Bajocien et le Bathonien. Les épaisseurs de terrains superposés approchent de 300"* Topoèrapliie souterraine des Sisements déminerais clo fer oolithiques DE LARROKDISSEÎŒWT DE BRIEY par MT Georges Rolland Légende j^^j ^ytair^ments de îa^fèfTna^^ • Sondage, de r&JtereaK/ t^la mer. •&i^i Minute d ea-phiitahiUtê de. iay r ^Tviiattan^ferrugineuse 4iers f<é/^' a Bolivie déjciraciiart de muterais. Puits d'&etractÙ37L de/minerais , Plats deœiraciwn/profeA^ %h(iVaies. nSages. Otemùvd^er. JEchelle de ^/3oo.ooo &^aK.tJiex i. Tf^tÂTtr. ( 288 ) vers l'ouest, où la formation pénètre dans la Meuse. De proche en proche, les sondages ont déjà démontré son extension souterraine sur près de 40"^"° du nord au sud et sur y""" à 24''" de l'est à l'ouest. La superficie totale sous laquelle les gisements ont été jusqu'ici reconnus exploitables peut être évaluée à 5/4000''^. J'ai tracé approximativement sa limite à l'ouest ('). Elle figure en grand trois promontoires allongés vers l'ouest et le sud-ouest. Au nord, c'est l'ancien bassin de Longwy, où existe un premier groupe de concessions, dont une grande partie des minerais a déjà été extraite, et qui, s.o.-s. -TTOiJi transversal v.JJ a" hauteurs v 12000. r— ^ couc?i£ dc^^mne. ffrùsa-. lîx.-iy. ^Sp'?: ^ito ôeo__ en y adjoignant quelques concessions récentes au sud-est, représente 10622'"'. Au centre et au sud, c'est le nouveau bassin de Briey, où l'on peut distinguer deux régions. La région méridionale, de Briey, Conflans, Batilly, est dite parfois bassin de VOrne; elle possède un second groupe de conces- sions, accordées à la suite des sondages de 1882 a 1886, et comprenant 16 147''*; on y trouve déjà deux sièges d'exiraction par puits, à Jœuf et près d'Homécourt, et trois autres en préparation, à Auboué, Homécourt et Moutiers. La région centrale enfin, d'Avril et Audun-Ie-Roman à Baron- court, que j'appellerai bassin d' entre-Moselle-et-Meusc, entièrement nouvelle et découverte depuis 1892, ne présente pas moins de 22000''^ exjjloitables et concessibles (sans parler de ce qui reste disponible au nord et au sud, ni des extensions probables et encore ignorées du gisement). )) Sous le bassin de Briey, la formation présente jusqu'à six couches (') J'ai classé comme exploitable toule région qui possède au moins une couche de )", 75 d'épaisseur avec 3o pour 100 de fer (une plus faible teneur pouvant même être admise si la proportion de chaux est suffisante). ( 289 ) distinctes de minerai, savoir, de haut en bas : deux couches ailes rouges, la jaune, la grise, la noire el la verte. Mais habituellement il n'y a qu'une couche rouge; \a Jaune peut manquer, et souvent la inerte ou la noire. Il ne faut donc compter que sur quatre couches ou même trois, dont une ou deux exploitables. La couche grise est la plus régulière; normalement c'est la plus épaisse, la plus riche, la meilleure comme qualité, avec gangue calcarifère (sauf vers le nord). » La puissance totale de la formation, y compris le toit (en sables ou calcaires ferrugineux) et les stériles entre les couches de mine, varie de 19™ à 53™. Quant à la couche grise, elle a i'", 80 à 8", 80 (épaisseur maxima vers Landres); elle renferme généralement de 3o à 4o pour 100 de fer, sur 2"° à 4™ (avec 3 à i4 pour 100 de chaux); on y rencontre parfois des niveaux plus riches, mais ce sont des exceptions. » Le mur Je la couche grise étant le niveau le mieux déterminé dans les sondages, c'est lui que j'ai choisi pour figurer la tojiographie du gise- ment. La Carte ci-jointe indique ses altitudes avec courbes de niveau équi- distantes de 20". A son inspection et avec les deux profils complémentaires, on peut juger de l'allure de la formation. Non seulement celle-ci est lenti- culaire, mais, loin d'être plane, elle offre des alternances fort intéressantes de ploiements synclinaux et anticlinaux à faible courbure. » De distance en distance, le bassin de Briey est traversé par des failles importantes, qui se poursuivent en Lorraine annexée. Leur direction oscille du N 29° E au N 02° E. Je citerai les failles de Crusnes et d'Avril; entre elles, la faille de Fontoy, en Lorraine, meurt à la frontière, mais sur son prolongement on remarque un fond de bateau, passant par Tucque- gnieux. Les failles principales sont accompagnées d'un système parallèle de failles secondaires et de lignes de cassures. Les terrains sont traversés, en outre, par un second système de cassures sensiblement perpendiculaires. Le bassin de Briey se trouve ainsi divisé en compartiments plus ou moins grands; certaines parties sont littéralement hachées. » Les sondages ont rencontré l'eau à des profondeurs très variables sous la surface (o^.ôo à 70™). Le plus souvent son niveau est resté station- naire. Parfois il a baissé. Plus souvent il a monté, par suite de la rencontre de nappes ascendantes (principalement dans la formation). A signaler enfin huit sondages et un puits jaillissants, situés soit vers l'aval-pendage de la formation, soit à proximité de failles. » La question de l'épuisement des eaux ne laisse pas que de préoccuper vivement pour les futures exploitations du bassin de Briey. Règle générale, C290 ) le gisement ierrugineux est perméable et plus ou moins aquifère. Toute- fois, quand on pourra choisir des massifs de terrain non disloqués, on aura chance de ne rencontrer que peu d'eau dans les travaux; mais des mesures devront être prises pour faire face à^des venues d'eau brusques et abondantes, toujours à craindre dans des terrains aussi fissurés. » HYDROLOGIE. — Sur les avens de Sauve (^Gard) et la forme des réservoirs des sources en terrains calcaires. Note de MM. E. A. Martel et A. V^irê, présentée par M. Albert Gaudry. « L'un de nous a déjà démontré matériellement, par ses explorations souterraines, que, dans les terrains calcaires fissurés, les réservoirs natu- rels des sources revêtent la forme non pas de nappes d'eau étendues en tous sens, mais de galeries et de poches où la longueur, la hauleur et l'étroi- tesse l'emportent toujours de beaucoup sur la largeur (^Mxrtel, Comptes /endus, 25 novembre 1889; Les Abîmes, p. 534, ^^j, etc.; Annales des Mines, juil- let 1896, p. 54, etc.). La méconnaissance de ce. fait a souvent produit des mécomptes dans les travaux de forage des puits. Et, bien qu'il ait été pres- senti par Arago dès i835 {Notice sur les puits artésiens), il ne paraît pas encore suffisamment établi, puisque certains géologues belges croient toujours à la continuité des nappes d'eau dans les terrains calcaires (voir publications de la Société belge de Géologie et d'Hydrologie, 1887 à 1896 passim) et que M. Keller, dans une toute récente et remarquable étude sur la saturation hygrométrique de l'écorce du globe (Annales des Mines, juil- let 1897, p. 32-87), vi^^t d'énoncer que « les grottes vides en contact avec » la partie supérieure d'une nappe aquifère se remplissent d'eau et se » vident alternativement, suivant que la nappe elle-même se gonfle ou se » dégonfle. )) Il est donc intéressant de multiplier sur cette question les constata- tions de fait. Or, nous en avons effectué une des plus probantes, les 26 et 27 septembre 1897, dans les trois avens de Sauve (Gard) (voir la coupe ci- contre et les Comptes rendus, 29 novembre 1897). » Les deux premiers, la Sœur (puits d'érosion) et, le Frère {^o\i(Çve d'efTondrement), à 1/40" d'altîlude et à i4oo™ ouest de Sauve, ont 33" de profondeur; ils nous ont con- duits à des galeries remplies d'eau, que nous avons pu suivre sur jSo"" environ d'étendue, et bornées soit par des siphons, soit par des rapprochements de parois. La profondeur de l'eau y varie de 7" à i5™. ( 291 ) » A un kilomètre au sud-sud-est de ces deux trous et à i loo™ au sud-ouest de Sauve, ]e Trou de V Aven (effondrement) a une ouverture d'environ 80" sur 4o™;^(aItit. : i45'") et 43™ de profondeur. Dans une série de galeries (environ 25o"' de développement), qui servent de trop-pleins aux crues souterraines, nous avons, en trois points, ren- AVENS DU FREPE ET DE LA SŒUR A SAUVE (CARDJ E.A.MARTEL.A VIRÉ. L ARMAND, 26 Septembre 1897 .A Coupe transv suivant AB Plan Aven de ;a-Sœur ,;, - ( Aven diiTrére Coupe Lransver}' de la Sœur ■2ajlirés, Coupe longitudinale Uvende Aven Echelle mM/r '-"'r-^m (■ U- PwMÎJ' -StraX. tous dioiti ïtitrvts contré l'eau, toujours dans des salles éLroites et hautes : un seul de ces bassins a pu être sondé. De toutes parts il était clos, siphonnant et en forme de cloche (diamètre environ : 10™); l'eau y atteignait l'énorme profondeur de 29", la plus considérable jusqu'ici trouvée dans une caverne. » L'altitude de tous ces bassins et galeries (io3™ à 102™), l'uniformité de la tempé- rature (14° C), le pendage des couches de terrain et une expérience à la fluorescéine prouvent qu'ils font bien partie du réservoir d'alimentation de la source de Sauve (altit. : loo™; temp. : i4°C.). Comme disposition générale, ce réservoir se compose d'une succession de bassins formés par érosion, corrosion et pression hydrostatique, réunis par de hautes et longues diaclases ou séparés par des siphons, par des strates plongeant dans l'eau et qui n'ont pas encore cédé aux efforts hydrauliques souter- rains. » Les avens de Sauve confirment les suppositions que nous avait déjà suggérées la rivière souterraine de Padirac (Lot), sur la forme probable ( 292 ) des réservoirs des sources en terrains calcaires (Martel, Les Abîmes, p. 282, 559) : ici, en effet, nous avions trouvé une sorte de chapelet de grandes galeries et d'expansions circulaires (petits lacs), et nous avions mesuré les hauteurs de voûtes les plus variées (de i'", 5o à 90™). TROU DE L'AVEN PRÈS SAUVEjGARDj E AMARTEL. AVIRÉ.PFAUCHETR.L ARMAND. 2G Septembre .1897 Trou \ Aven Nord Coupe longitudinale. Trou de 1 "Av-en "|^ 5trtîr tons drojts réservés — — /a, 7?Tanàf ^^ __ K Les grandes profondeurs d'eau et la file de six bassins reconnue à Sauve dénoncent clairement qu'il existe là aussi un aqueduc principal (sinon unique), presque entièrement rempli par l'eau ; les siphons de Sauve sont les voûtes les plus basses, qui mouillent encore : les six cloches et ga- leries, où nous avons pu accéder, sont au contraire les voûtes les plus hautes, actuellement seules émergées, au moins à l'étiage; car, après les orages, les eaux s'y élèvent à un niveau supérieur à celui que nous y avons rencontré. Il en résulte que Padirac est un ancien réservoir presque vidé, tandis que celui de Sauve continue à fonctionner. La topographie explique ( ^9^ ) cette (lissemblrn-'p, puisque la source de Sauve et la vallée d'.i Vidourle ne sont que de 2'' à 8"' en conlre-bas des surfaces d'caii tles trois avens de Sauve, tandis qne la vallée de la Dordogne est maintenant creusée jusqu'à i2o'"-i5o"' aii-dessoiis du niveau des eaux de Padirac, qu'elle a drainées. » T.orsqnc le Vidonrleconlera 3o™ pins bas. les pnches-rcservoirsdeSauve qui, actuellement, descendent au-dessous de son nu'eau, trouveront une issue vers son thalweg approfondi et prendront le même aspect que Padirac, avec des voûtes allant jusqu'à 5o™ de hauteur. » C'est donc bien une citerne allongée, plus ou moins dilatée par les eaux, siirlout dans le sens de la hauteur, c[ui alimente la source de Sauve, aux lieu et jilace de la nappe souterraine qu'on pourrait y supposer. » A la difTérence de Padir.ic, où l'on ne peut pénétrer que par un unique effondrement de voûte, il v a, sur le conduit souterrain de Sauve, au moins quatre regards (avens) actuellement connus (voir la coiqie) ; cela tient au peu d'épaisseur du terrain (33"" à 5o"') snrincombant, et cela confirme celle autre opinion, que la fréquence des effondrements et !a communica- tion directe des avens avec les rivières souterraines sont en raison inverse fie l'éjiaisseur du terrain interposé ( Martkl, Comptes rendus, i\ octobre 1889, etc.). )) Enfin, l'aqueduc naturel de Sauve passe sous le lit même (presque toute l'année à sec) du Rieumassel ; ce bizarre entrecroisement de la cir- cidation extérieure et de la circidalion intérieure a déjà été observé en di- vers endroits, notamment, par M. G. Gaupillat (1892), à la Goule de la Baume de Sauvas (Ardèche) {Les Abîmes, p. 129). » PHYSIQUE DU GLOiîE. — Considérations sur la circulation océanique dans le golfe de Gascogne. L^ote de M. I. Thoui.et. « La constitution lithologique d'un fond marin dépend d'un certain nombre de variables dont les plus importantes, particulièrement s'il s'agit de fonds terrigènes, sont : la profondeur, la tlistance à la côte et surtout les courants superficiels ou profonds, qui entraînent les matériaux solides pro- venant des continents et les laissent ensuite se déposer le !-■> ( 294 ) densité supérieure à 2,7 et qui sont en quantité relativement faible, car ni le qna?'tz, ni le silex, ni le carbonate de chaux, ni les feldspaths, ni l'ar- gile, qui représentent la masse principale d'un dépôt, n'en font partie. Ces éléments se dosent avec une extrême précision ; le microscope permet, en outre, de reconnaître la nature de chaque grain sableux. » Parmi ces derniers, la magnétile offre un intérêt spécial, à cause de son poids, de son opacité, de sa couleur noire à reflets bleuâtres, de son inal- térabilité, de sa facilité à être attirée parle barreau aimanté, qui la laissent reconnaître aisément, enfin, à cause de son gisement le plus ordinaire, les roches cristallines basiques, qui, dans bien des circonstances, permet de soupçonner sa localité d'origine. » J'ai exécuté l'analvse complète de 21 échantillons de fonds du golfe de Gascogne, recueillis pour la plupart par moi-même pendant la campagne océanographique (\i\ Caudan en i8ç)5, à différentes distances de terre et à des profondeurs variant entre o'" et 2200'". Parmi les minéraux lourds re- tirés de chacun d'eux, j'ai isolé lu magnétite et j'en ai évalué la proportion. Les résultats obtenus m'ont conduit à faire certaines suppositions relatives aux lois de la distribution de ces fonds. » Dans le but d'en vérifier l'exactitude, et comme il m'a été impossible d'établir une formule empirique en même temps fonction de la profondeur, de la distance à la terre et de la direction du courant, j'ai eu recours à une sorte de synthèse graphique des phénomènes. » J'ai rangé en abscisses les diverses stations, d'après l'ordre qui me pa- raissait le meilleur pour mettre en lumière l'hvpothèse particulière que je désirais vérifier; au-dessous de chacune d'elles, en ordonnées et à une échelle convenable, j'ai pointé les résultats fournis par l'analyse, pour les minéraux lourds, la magnétite et la vase amorphe; j'ai examiné si la marche des courbes était conforme à l'hypothèse qui avait servi de base au schéma et, dans les cas d'anomalies manifestées graphiquement, j'ai re- cherché si celles-ci infirmaient la loi supposée ou si elles étaient suscep- tibles d'une explication. » J'ai dressé ainsi trois schémas, se rapportant respectivement à la pro- fondeur, à la distance à la terre et au courant. Je suis arrivé ainsi aux con- clusions suivantes, qui précisent celles que j'avais énoncées à la suite de mes observations exécutées pendant 1;\ campagne ( ' ) : » Jja dislribiition de la magnétite, confirmée par la distribution des (') Comptes rendus, t. CXXIV, p. 882; i5 février 1897. ( =95 ) minéraux lourds et des vases, rend très probable l'existence d'nn counint sous-marin qui longe d'abord de l'ouest à l'est lacôtecantabrique espagnole et qui, parvenu au point le plus reculé du golfe de Gascogne, remonte la côte française en s'infléchissant ensuite vers le nord-ouest ou l'ouest-nord- ouest. Ce courant est, par conséquent, de direction opposée au courant de surface dont toutes les observations ont établi l'existence. » Due considération étant accordée au voisinage de la terre et à l'effet du courant précédent, la quantité de magnétite d'un fond est inversement proportionnelle à la profondeur, et il en est de même de l'ensemble des minéraux lourds. » Jusqu'à 1 20 milles de la côte, la proportion de magnétite et celle des minéraux lourds sont directement proportionnelles à la distance à la terre. )) Au delà de lao"" de profondeur et de 20 milles des côtes environ, la vase est distribuée à peu près uniformément sur le fond. )) La masse totale des minéraux lourds ayant une origine beaucoup moins locale que la magnétite, sa distribution est plus uniforme. Il y a donc avantage à s'adresser, pour se renseigner, non pas à cette somme des minéraux lourds, mais à des minéraux particuliers compris parmi ces der- niers. Aucun n'est plus avantageux que la magnétite. » MÉTÉOROLOGIE. — Observation d'un bolide double, à Vannes, le "i janvier 1 898. Note de M. Georget, présentée par M. O. Callandreau. « r,e 3 janvier dernier, rentrant chez moi vers 8''4o™ du soir, j'ai vu, en me retournant, dans la direction du nord-est, à une hauteur de So" à l\o°, un météore lumineux assez brillant, de la couleur de la planète Mars, et parcourant le ciel assez lentement. Il s'est éloigné dans la direction du nord et a disparu à l'horizon sur le prolongement des étoiles (^ et vi Grande Ourse, derrière les collines situées au nord de Vannes, à 8'"'" ou 10''™, et dominant la ville de iio™. » il a parcouru une trajectoire d'une étendue de 45" en cinq ou six mi- nutes, pendant lesquelles il a constamment diminué d'éclat, comme un corps lumineux qui s'éloigne. Vers la disparition, on a cru voir un éclat jaune rougeàtre. » J'ai pu examiner ce météore pendant quelques minutes à l'aide d'une petite lunette de So™"" (lunette terrestre à stadia de Goulier). Il paraissait ( 29G ) formé dp deux corps liimineii-x; A et B situés à peu près à même hauteur, le plus brillant A en avant. Particularité remarquable : lo mouvement de B était soumis à des oscillations briisrpies; elles duraient nro demi-seconde environ; on en a compté 4 ou 5 par minute. » On eût dit deux ballons lumineux reliés l'un à l'autre. » M. Cai,i.axdrkau ajoute la remarque suivante : K L'observation faite par le commandant Georget est fort importante. Elle est à rapprocher d'une observation, jusqu'ici peut-être uï''q;ie(Ians son genre, (hieà Schmi^lt. Cet astronome vir, le (9 octobre i8G3. un bolide marchant avec une lenteur exceptionnelle. [I put l'examiner avec un chei - cheur de comètes et constata qu'il était double. » M. TÎAM.A.vD adresse de nouvelles observations « .Sur les essais d'ab - minium ». La séance est levée à ^ heures. , M P>. K 3. TABLE DES ARTICLES. (Séance du 17 janvier 1898 MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBUHS ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. Pages. M. Hatt. — Notice sur la vie et les travaux de M. il'AblTadk' 17.:! M. A. Cornu. - Sur quelques résultats nou- veaux relatifs au phénomène découvert par M. le D' Zeernan iSi Pages. M. IIexui Becquerel. — (observations rela- tives à la Communication de M. Cornu.. iX- M. Ad. Carnot. — Sur la séparation et le dasage de l'iode, du brome et du clilorc. iS- MEMOIRES PRESENTES. M. Henri de Sarrauton. - Sur le Sjstèmc de l'heure décimale, les divisions du jour et du cercle, et la Table géographique.. 193 M. E. Pain adresse nne Note relative à un instrument géodésique « L'opérateur ra- pide ", pour levés de plans, nivellements, tracés d'épurés, ctc iq4 M. A. Baudouin adresse une Note " .Sur la cause du mouvement obtenu dans le radin- mètre exposé à la lumière >• nj'i ^L Casseiif.bat adresse une Note « Sur un corps simple gazeux, sécrété parleB«c^<'- rium coli commune >i M. Cii. SiBiLLOT adresse une Note relative à la faculté d'orientation chez les pigebns voyageurs RL ChAntron adresse un complément à sa Communication « Sur le \ol des oiseaux ■>. M. SouiLHAGON adresse diverses Communi- I .liions relatives à la Navigation aérienne. 19,1 .9.) CORRESPONDANCE. M. J. Bertrand informe l'Académie que M. Schiaparelli, Correspondant de la Sec- tion d'Astronomie, dont la mort avait été annoncée, vient de lui écrire pour dé- mentir lui-même cette nouvelle 19') .AL le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance, un Volume de .AL Orlof ig.î .\IM..Vndré, BeacreutARd et Boularu, Blon- del, D" Bosc et Vedel, Biîillié, Contre- .MOULINS, Delezknne, Euikssun. Eabre- Domergue, Faery, Flaiiault, D' Gaucher, Gosselet, Guinard, Halleu, Leeeau, Lé- nart, LniuviLLE, Marie et Ridaut, OEii- LERT, PeTTIT, PrUVOT, D' RiJNTGEN, PaUL Sabatier, Sappin-Trouffy, V. Tiio.mas. D'TissiÉ, J. V.ALLoT adressent des remerci- ments à l'-Vcadémie pour les distinctions accordées à leurs travaux 19.') M. G. BiGOURDAN. — Occultation des Pléiades par la Lune, le .1 janvier i!Sg8, observée à l'équatorial de la tour de l'ouest de l'Ob- servatoire de Paris 19G M. Ch. André. — Occultation du groupe des Pléiades, le 3 janvier 1S9S, à Lyon... 197 -M. Emile Ance.vux. — Sur les quatre grosses planètes 199 -M. Paul I'ainleve. — Sur la représentation des fonctions analytiques uniformes 300 AL Paul St.veckel. — Sur la convergence des séries représentant les intégi'ales des équations dilTérentielles ^o.l AL .L HoiiN. — Sur les intégrales irrégu- lières des équations dillérentiellcs li- néaires 20.T AL RiQUiER. — Sur l'existence des intégrales d'un système partiel, déterniim'-ev j.ar cer- taines conditions initiales 208 .Al. Maurice Louche. - Sur les systèmes de surfaces triplement orthogonales, où les surfaces d'une même famille admettent la même reprr'seutatiou sphérique de leurs lignes de courbure mo AL Zeuthen. — Sur le fondenieiit de la Géo- métrie projeclive n .i M. W. Stekloff. — Sur le problème du refroidissement d'une barre hétérogène .. !i5 M. A. Leduc — Sur le mélange des gaz... .uS AL Th. SciiLŒSiNG. -- Détermination de la densité tles gaz sur de très petits volumes. *\o M. K. Personne de Sennevoy. — Sur un a[)pareil dit verseur herinctiijue '.i'x AL ,\. PoNSOT. — Sur le potentiel thermo- dyuami(|ue .* J'.î'i AL liiRKELAND. — Sur le spectre des rayons cathodiques m>^ AL AlAURiCE Hamy. — Sur le spectre du cadmium dans un tube à vide i.li Al. Tu. Moureaux. — Sur la valeur absolue des éléments magnétiques au i" jan- \ icr 1898 --'.if\ M.AI. Gin et Leleux. — Contribution à l'étude des fours électriques aoti AL E. BouTV. — Nouvelle méthode pour la mesure de l'inleusité des champs magné-- tiques 238 Al. Ch. Camichel. — Sur l'aiTipéremélre thermique à mercure 'W M. Jean Perrin. — Décdiarge par les rayons de Rdntgen. Effet secondaire 24^ AI. Fernand Le Boy. — Sur la résistance l'hclrique du silicium cristallisé -'Y\ M. André Job. — Sur de nouveaux compo- sés des métaux de la cérite 'ili AI. DE FoRCRAND. — Sur l'aldéliwlate d'am- moniaque ■ 1'^ W 3. SUITE DE LA TABLE DES ARTICLES. Pages. MM. l'H. B.\RBIER el \ . GUIGNAUD. .Sur l'acrtjlbulyrale d'cthyle .'i-isopiopylé iH li>s arides fliisopropylliexèncdioïques stc- réoisomères -îSr M. E. Demoussy. — Sur l'oxydation des ammoniaques composées par les ferments (lu sol , a53 xM. Gustave Mepveu. — Bacilles du béri- béri 206 M. G. Darboux fils. — Sur la structure du ciri-ophore chez les Polynuidiens 287 M. Alex. Amaudrut. — Sur les allongements de la partie antérieure du corps des Proso- branches et leur influence sur la région correspondante du Lube digestif 2.59 MM. Maurice Caullery et Kelix Mesnil. — Sur une Grégarinc cœlomique présentanl, dans son cycle évolutif, une phase do niul- tipli''nIion asporuice 362 M. Kei.ix Le Lianteo. — Sexe et dissymétric moléculaire 264 M. Edmond Perrier. — Remarques au sujet de la Communication de M. Le Dantec. 267 MM. J. KuNSTi.ER et A. Gruvel. — Sur le prétendu chloragogénede la cavité géné- rale des ( Iphélies 272 !M. Arnould Locard. — Sur l'existence d'une Pages. faune malacologique polybathyque dans les grands fonds de l'Atlantique et de la Médi- terranée 27.) M. Camille Brunotte. — Sur l'origine de la double coiffe de la racine chez les Tropœo- lées f 277 M. Ém. Bourquelot et L. NaVdin. — Sur la préparation du gentianose 2cSo M. A. DE Gr.amont de Lesparre. — .Sur la germination et la fécondation hivernales de la Truffe 2S1 M. George.s Rolland. — Sur les gisements de minerais de fer oolithiqucs du nouveau bassin de Briey (Meurthe-et-Moselle).... 28Ô MM. E.-A. Martel et A. Viré. — Sur les a\ens de Sauve (Gard) et la forme des réservoirs des sources en terrains cal- caires 29(1 M. I. Thoulet. — Considérations sur la cir- culation océanique dans le golfe de Gas- cogne 29S M. Georget. — Observation d'un bolide double, à Vannes, le 3 janvier 1898 aqj M. Callandreau. ~ Remarque au sujet de la Communication précédente 296 M. Balland adresse de nouvelles observations « Sur les essais d'aluminium >■ 296 PARIS.— IMPRIMERIE GAUTHIER-VILLARS ET FILS, Quai des Grands-Augustins, 55. /ht Cer-ant .• r.*uTHiEB-ViLL*Ha. 1898 fEB 23 1898 PRE3IIER SEMESTRE. 1 COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES p%K nu. fiKS sEcnÉTAïKËS perpétueeiS. TOME CXXVI. IV^4(24 Janvier 1898). PARIS, GAUTHIER-VILLARS ET FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES DES COMPTES RENDUS DKS SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES Quai des Grands-Auguslins, 55. 1898 RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 2^ mai .1.875.., Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de l Académie se composent des extraits des travaux de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes présentés par des savants étrangers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a l\% pages ou 6 feuilles en moyenne. 26 numéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. Article 1*". — Impressions des travaux de l'Académie. Les extraits des Mémoires présentés par un Membre ou parunAssociéétranger de l'Académie comprennent ail plus 6 pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o pages par année. Les communications \erbales ne sont mentionnées dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction écrite par leur auteur a été remise, séance tenante, aux Secrétaires. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- [)ris dans les 5o pagts accordées à chaque Membre. Les Bapporls et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par les Correspondants de l'Académie comprennent au plus 4 pages par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de 32 pages par année. Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi- vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les remettre au Bureau. L'imj)ression de ces Notes ne préjudicie 'en rien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion. Les Programmes des prix proposés par l'Académie sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap-- ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autant que l'Académie l'aura décidé. Les Notices ou Discours prononcés en séance pu- blique ne font pas partie des Comptes rendus. Articles. — Impression des travaux des Savants étrangers à l' Académie. Les Mémoires lus ou présentés par des personnes qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca- démie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré- sumé qui ne dépasse pas 3 pages. Les Membres qui présentent ces Mémoires sont tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le Membre qui fait la présentation est toujours iiommé; mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le font pour les articles ordinaires de la correspondance offi- i cielle de l'Académie. j Article 3. Le bon à tirerai chaque Membre doit être remis à l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, le jeudià I o heures du matin ; faute d'être 1 émis à temps, le titre seul du Mémoire estinséré dans le Compte rendu actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui- vant et mis à la fin du cahier. Article 4. — Planches et tirage à part. J.es Comptes tendus n'ont pas de planches. Le tirage à part des articles est aux frais des au- ; leurs; il n'v a d'exception que pour les Rapports et les Instructions demandés par le Gouvernement. Article 5. Tous les six mois, la Commission administrative fait un Rapport sur la situation des Comptes rendus après l'impression de chaque volume. Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré- sent Règlement. Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5^ Autrement la présentation sera remise à la séance suivante. COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 24 JANVIER 1898, TRÉSIDENCE DE M. WOLF. MEMOIRES ET COMMUNICATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la rêduclion des intégrales doubles et sur un nouvel invariant dans la théorie des surfaces algébriques . Note de M. Emile Picard. « 1. J'ai défini, dans une Communication récente {Comptes rendus, 6 décembre 1897), ce qu'on devait entendre par intégrale double de se- conde espèce relative à une surface algébrique. La considération des inté- grales doubles de seconde espèce conduit à un nombre invariant; j'ai en effet énoncé que, étant donnée la surface f{x, y, z) = o, il existe un certain nombre p d'intégrales J de seconde espèce / / R {x, y, z) dxdy C. R., 189S, 1" Semestre. K'^. CXXVI, N» 4 ) Sq ( 298 ) (R étant rationnelle en a:, y, z) dont aucune combinaison linéaire n'est de la forme (■) //(S-f)"-'- (P et Q étant rationnelles en x, j et z), et telles que toute autre intégrale de seconde espèce est une combinaison linéaire des intégrales J, à un terme additif près de la forme (i). Le nombre p est l'invariant dont je viens de parler; sans vouloir entrer pour le moment dans le détail du calcul de ce nombie, je voudrais faire voir au moins comment on peut établir son existence. » Je montre d'abord que toutes les intégrales de seconde espèce rela- tives à la surfacey peuvent, par la soustraction d'un terme convenable de la forme (i), être ramenées à la forme (.) fP^^^^clrdy, M désignant un polynôme en x-, y et z. Le problème qui se pose alors est de chercher à réduire autant que possible les intégrales de la forme (2), sans se préoccuper d'ailleurs, dans cette première réduction, de l'espèce de l'intégrale. J'entrerai dans quelques détails sur cette réduction, en sup- posant que la surfacey soit une surface générale de degré m. » Désignons par/? le degré du polynôme M; j'envisage l'expression U et V étant des polynômes de degré/? -f- i en x, y et :;. Nous allons cher- cher à déterminer ces polynômes de manière que l'expression (3) soit de la forme et que, dans le polynôme N de degré p, les termes de degré p soient les mêmes que dans M. Soient M, les termes homogènes de degré/? dans M; nous posons U = a;M, + H, V=:rM, + R, H et K étant des polynômes de degré />. Nous satisferons aux conditions indiquées si l'expression M.(^/>v/;)+n/:.+K/' ( 299 ) s'annule pour les points de la courbe donnée par les deux équations / = o, fl = o. » En appliquant les formules relatives aux conditions imposées à une surface qui doit passer par une courbe, on voit que l'on pourra déterminer H et K de la manière voulue, si le nombre^ satisfait à l'inégalité (p-h i)(/?+2)(/?+3) _ {p — m-+-2)(p — m-h^){p — in + [i) 3 6 -^ / , \ r \ ')t{m — \.){m — 3 ) >(/> -f- w — \)m{tn — \) ^ ^^ '-. Or, il se trouve que cette inégalité est très facile à résoudre; elle est vé- rifiée pour/» = 2 7?z — 3 et les nombres supérieurs, et elle ne l'est pas pour p = am — 4- E)6 là se tire une conséquence importante : Toutes les inté- grales de la /orme (2) peuvent, par la soustraction d'une intégrale convenable de la forme (i), être ramenées à une intégrale <« // A(x, r, z) d.v dv où A est un polynôme de degré au plus égal à 2m — 4- » Je n'insiste pas sur la réduction ultérieure qui reste encore à faire sur les expressions (4), et il faut en plus écrire, dans notre problème, que l'intégrale est de seconde espèce. Tout cela ne présente pas de diffi- cultés, au moins dans le cas général, mais cependant dans certains cas par- ticuliers la discussion peut être assez délicate. Le seul point qui nous intéresse ici est la démonstration de ce fait que le nombre des intégrales distinctes de seconde espèce est limité ; c'est ce qui résulte immédiatement de l'analyse qui vient d'être développée. » 2. Je profite de l'occasion pour compléter l'étude de la réduction élémentaire des intégrales abéliennes relative à une courbe algébrique, sous la forme que je lui ai donnée dans mon Traité d'Analyse (t. I, p. 5o-65), et ma Théorie des fonctions algébriques de deux variables (p. 1)9). Soit /(.r, 7) = o l'équation d'une courbe algébrique, n'ayant comme points singuliers que des points doubles, de degré m et de genre p. Par des soustractions de fonctions rationnelles de x et y on ramène facilement toutes les intégrales ( 3oo ) abéliennes relatives à la courbe y aux deux types f^^cl. et f^^^^d., J /y J (^ — a)fy P et Q étant des polynômes, et le polvnome P(x,y) étant au plus de degré am — 4- Si l'on se borne à considérer les intégrales de seconde espèce, elles se ramèneront toutes à la première forme par une soustraction con- venable d'une fonction rationnelle de x et y. Des réductions ultérieures sont encore possibles, et nous avons ramené ( Fonctions algébriques, p. i63) le polvnome I'(x,y) à ne plus contenir que ip -+- cl constantes arbitraires, d désignant le nombre des points doubles de f. Cette rédaction suffisait pour notre objet, mais on peut encore aller plus loin. Par la soustraction d'une expression convenable de la forme M.r, j) (j: — (ti) ... {x — aa) où \ est un polynôme et où «,, a.,, ..., aj désignent les abscisses des d points doubles, on obtient l'intégrale / J y dans laquelle le polvnome P de degré im — 4 contient seulement ip arbi- traires, et qui donnent 2/? intégrales distinctes de seconde espèce, de telle sorte que la réduction est complète pour les intégrales de seconde espèce. » OPTIQUE. — Addition à jna Note précédente sur le phénomène de Zeeman; par M. A. Corxu. « Par inadvertance j'ai écrit (p. 182, avant-dernière ligne) le mot dimi- nuant au lieu de augmentant ; de sorte qu'il faut lire : » . . .le dédoublement magnétique de leurs composantes va en augmentant suivant une loi rapide avec la réfrangibilité, bien que la longueur d'onde varie d'une quantité insisrnifiante de Tune à l'autre. ( 3o, ) » Voici d'ailleurs qnelqnes-iines des séries de mesures micrométriques de ce dédoublement qui m'ont conduit à cette conclusion : GROUPE bib-ib; BU MAGNÉSIUM. Observations parallèlement aux lignes de force. *,(>. = 5iS,3n). 6,(>, = 517,20). /^, (>, = 5iG,G7). r,. . , • 1 • 7 1 I- ( 26,5 36,2 3ù,Q Dislance des raies decloublees \ „ „ „„' ^'^ I 30,8 35,1 37,1 Observations perpendiculairement aux lignes de force. 27, I 3i,4 3i,5 24,7 34,6 4o,5 GROUPE DES RAIES BLEUES DU ZINC. Observations parallèlement aux lignes de force. i> Les mesures relatives aux trois raies bleues du zinc ont été effectuées sur des clichés photographiques : (>> = 48o,97). (>> = 473,.4). (>, = 4(57,95). i5,3 19,6 28,4 » L'intensité du champ magnétique, dans ces observations (i""' décembre 1897), était d'environ 7 000 à 8000 unités C.G.S. )> Ainsi la grandeur du dédoublement (exprimée en centièmes de tour du micromètre déjà décrit) augmente bien avec la réfrangibilité (' ). » (') Je ne saisis pas bien l'opportunité des remarques que M. H. Becquerel a ajoutées à la suite de ma Communication. La loi qu'il avait annoncée, sans aucune restriction, sur la nature des radiations soumises au magnétisme (au moins pour une même sub- stance), est contredite par l'expérience. Aussi ne vois-je pas pourquoi notre Confrère cherche à justifier ses vues en empruntant à mes études des distinctions dont il n'était nullement question dans la Note à laquelle il renvoie et qui en modifient complète- ment la portée. ( 3o2 ) CHIMIE MINÉRALE. — Sut les conditions de formation des carbures alcalins, des carbures alicalno-lerreux et du carbure de magnésium. Note de M. He.vui Moissa.v. « Nous avons pu préparer au four électrique un grand nombre de car- bures définis et cristallisés ('), en réduisant les oxydes ou les carbonates métalliques par le charbon. Certains, tels que les carbures alcalins, ne peuvent pas s'obtenir par ce procédé. Il nous a semblé intéressant de rechercher pourquoi ces méthodes de préparation ne s'appliquaient pas à cette série de composés. » Dans son Mémoire sur une nouvelle classe de radicaux métalliques M. Bcrthelot (-) a signalé l'existence des composés C^HNa et C^Na^, qui s'obtiennent par l'action d'une chaleur plus ou moins élevée sur du sodium maintenu dans une atmosphère d'acétylène. Le corps C^Na^ ainsi formé est le carbure de sodium, analogue par l'ensemble de ses propriétés au carbure de calcium que j'ai préparé avec facilité au four électrique et qui a été le point de départ de l'industrie de l'acétylène. » Il est bien vraisemblable que les métaux alcalino-terreux chauffés dans une atmosphère d'acétylène fourniraient de même les carbures alcalino-terreux. L'impossibilité d'avoir ces métaux à l'état de pureté nous a empêché de réaliser cette expérience. » Carbure de potassium. — M. Berthelot a préparé ce composé par l'ac- tion de l'acétylène au rouge sombre sur le métal alcalin. » Lorsque l'on chauffe au four électrique un mélange de carbonate de potassium et de charbon (CO' R^ -I- 2C) avec un courant de 900 ampères et 45 volts, on obtient comme résidu une substance noire, pulvérulente, constituée par du carbone à peu près pur, ne renfermant que des traces de métal alcalin et ne produisant pas de dégagement gazeux au contact de l'eau. Avec un courant aussi intense, il ne se forme pas de carbure de potassium. » Dans une deuxième expérience, nous avons chauffé au four électrique. (') H. MoissAN, Le four électrique, p. 284. (^) BERiniaOT, Sur une nouvelle classe de radicaux métalliques composés ( Annales ,ie Ch. et de Ph., 4" série, t. IX, p. 385 ; 1886). ( 3o3 ) dans nn lube de charbon fermé à l'une de ses extrémités, le mélange de flux noir et île charbon qui est employé pour la préparation du potassium. La durée de la chauffe a été de huit minutes, et le courant, plus faible que précédemment, était de 45 volts et 35o ampères. Après refroidisse- ment, le produit retiré du tube était en poudre grossière. Quelques par- celles présentaient même l'aspect fondu et la masse, jetée dans l'eau, produisait de suite un dégagement gazeux. Si cette matière noire est sira- pleuient humectée d'eau, elle devient incandescente et fournit un gaz brû- lant avec une flamme rouge violacée. Quelques fragments produisent même une faible explosion. )) Traitée par l'eau dans un tube rempli de mercure, elle donne lieu h un fiiible dégagement gazeux. Le résidu noir est formé de charbon et l'eau fdtrée a pris une teinte jaunâtre. Cette solution est très alcaline et ren- ferme une petite quantité de carbonate et de cyanure. )) Le gaz dégagé est formé d'un peu d'azote, d'hydrogène et d'acétylène. Deux analyses de ce mélange gazeux nous ont donné les chiffres de 70 eî 66,6 pour 100 d'acétylène. Le dégagement gazeux est très faible et la quantité de carbure de potassium produite dans ces conditions est très petite. Ces premières expériences nous démontrent que la température du four électrique est beaucoup trop élevée pour qu'il soit possible d'y préparer le carbure de potassium. » D'autre part, nous avons remarqué que le potassium métallique était attaqué lentement à froid et à la pression ordinaire par le gaz acétylène. Si l'expérience est assez prolongée, l'attaque peut même se faire d'une façon complète. Dans une expérience nous avons placé un fragment de potassium dans le haut d'un tube de o'", 5o de long et fermé à son extré- mité supérieure. Ce tube avait été rempli de gaz acétylène et disposé sur la cuve à mercure. Dès le deuxième jour, on a constaté que le niveau du mercure s'élevait d'une façon sensible. L'absorption s'est continuée lente- ment et nous avons mis fin à l'expérience quarante-neuf jours plus tard. » L'appareil renfermait, au début, 17'''' de gaz acétylène à o" et 760'""'. Après l'expérience, le volume restant était de 8™, 35 contenant 4"", 4^ d'hy- drogène (le tout ramené à o" et à 760"""). Le volume d'acétylène absorbé était de 8™, 65. Il est sensiblement le double de celui de l'hydrogène pro- duit, ce qui découle de l'équation suivante ^4-K = C^HK+-^. 2V' I t' ( 3o4 ) » On obtient ainsi à froid un produit blanc (*), peu adhérent au tube, et qui se décompose de suite au contact de l'eau froide en fournissant de l'acétylène pur. Le volume de gaz recueilli dans ces conditions a été de 7*^'", ce qui est un peu inférieur à la quantité théorique. Cette légère différence est due à la polymérisation d'une petite quantité d'acétylène. )) Ainsi à froid, par l'action du potassium sur l'acétylène, on obtient le composé C-JIR ou acétylène potassé, déjà indiqué par M. Berthelot, com- posé intermédiaire entre l'acétylène C° H- et le carbure de potassium C-K". » Carbure de sodium. — La réduction du carbonate de sodium par le charbon sous l'action d'un courant intense (1000 ampères 70 volts) n'a pas donné de carbure. Au contraire, en chauffant dans un creuset fermé, disposé dans un tube de charbon, un mélange de soude et de charbon de sucre avec un courant plus faible (35o ampères, 45 volts), on a obtenu une poudre noire fournissant au contact de l'eau froide un faible dégagement d'acétylène. » L'absorption du gaz acétylène par le sodium à froid est beaucoup plus lente qu'avec le potassium. Elle est presque nulle (■). » A cause de cette faible absorption, nous avons modifié l'expérience de la façon suivante : on fait un tube scellé avec du sodium et de l'acéty- lène liquide bien sec, puis on l'abandonne à la température du laboratoire. Au début, l'action est assez lente; mais, après plusieurs jours, le sodium se ternit et se recouvre d'une couche d'un blanc jaunâtre, dont l'épaisseur augmente sans cesse. Enfin la transformation du métal se fait totalement. Le tube, fortement refroidi, a été ensuite ouvert, et les gaz ont été recueillis au moyen de la trompe à mercure. Au milieu de l'acétylène en excès, il nous a été facile de séparer de l'hydrogène libre. Le produit, d'un blanc (') Le composé Iransparent, qui seprotluil par la réaction du potassium sur l'acély- lène à froid, possède tout d'abord, lorsqu'on le regarde à la loupe, une couleur bleue dans les portions qui se trouvent au contact du métal. Celte teinte disparaît au fur et à mesure que la transformation du potassium se produit. On doit rapprocher ce phénomène de la coloration bleue que prend le chlorure de potassium au rouge en présence de la vapeur de potassium, coloration mentionnée par M. Le Houx {Comptes rendus, t. LXVII, p. 1022; 1868) et qui semble résulter d'une diffusion du métal. (-) La formation plus facile de l'acétylène potassé explique pourquoi M. Berthelot a rencontré des traces d'acétylène dans l'hydrogène produit par la décomposition de l'eau au contact du potassium, tandis qu'il n'en a pas trouvé dans l'hydrogène obtenu au moyen du sodium. ( 3o5 ) jaunâtre, qui remplace le sodium a été analysé de la façon suivante : un poids donné de ce composé est détruit par l'eau, et l'acétvlène recueilli est mesuré, puis analysé pour être bien certain de sa pureté. Le sodium est dosé par un titrage alcalimétrique de la soude formée. Le dérivé ainsi obtenu à froid répond à la formule C^HNa. C'est donc encore le composé intermédiaire entre l'acétylène et le carbure, l'acétylène sodé, qui se pro- duit tout d'abord. » Il n'est pas indispensable d'employer dans cette préparation l'acéty- lène liquide, la même réaction peut être faite à la température ordinaire avec le gaz acétylène comprimé. La vitesse de la réaction paraît être fonc- tion de la pression . » Ainsi que nous le faisions remarquer plus haut, la combinaison du sodium et de l'acétylène ne se produit que difficilement à la pression or- dinaire et elle exige plusieurs mois pour être sensible. Sous une pression d'une atmosphère, la combinaison est plus rapide et, si l'on chauffe légè- rement même sous pression réduite, l'attaque se fait avec plus de rapi- dité. Vers 5o°, elle est déjà très nette et nous avons pu transformer com- plètement un petit fragment de sodium en composé C'HNa en le mainte- nant au contact de l'acétylène pendant quinze jours à la température de -h 70°. » Dissociation du composé C^R^a. — Le corps blanc de formule C^HNa, obtenu par l'action de l'acétylène à froid sur le sodium, a été placé dans un tube de verre de Bohême, fermé à l'une de ses extrémités et relié à une trompe à mercure. Si l'on chauffe lentement ce composé CHlNa dans le vide, on le voit brunir et il se dégage tout d'abord du gaz acétylène pur. » En continuant à chauffer, la teinte du produit devient plus foncée et, en même temps que l'acétylène se dégage, il se condense, dans la partie froide du tube, une petite quantité de carbures d'hydrogène liquides. En arrêtant alors l'expérience, avant toute déformation du tube de verre, le produit solide qui reste comme résidu donne au contact de l'eau froide un dégagement d'acétylène pur. C'est le carbure de sodium de M. Berthelot, de formule C-Na^. Si, au lieu de décomposer ce produit par l'eau, on continue à le chauffer dans le vide jusqu'au rouge, il ne se produit plus de dégagement gazeux; il reste du carbone noir au fond du tube ('), et (') Nous avons constaté, après l'expérience, que cette poudre était formée de car- bone pur. Elle ne fournissait plus de dégagement gazeux au contact de l'eau. C. R. 189S, I" Semestre. (T. CWVI, N° 4.) 4^* ( 3o6 ) l'on voit un anneau brillant de sotlium métallique venir se condenser au- dessus de la partie cliauffée. » Par une élévation de température, qui atteint à peine le point de ramol- lissement du verre de Bohème, le carbure de sodium, dans le vide, est donc décomposé en charbon et en sodium. Ce fait nous explique l'insuccès de nos expériences sur la réduction de la soude ou du carbonate de sodium par le charbon. La température du four électrique est beaucoup trop élevée pour que le carbure de sodium puisse exister dans ces conditions. » Les expériences précédentes peuvent être représentées par les deux équations suivantes : aC=NaH = CMF+C=Nr, C=Na== C- -}-Na-. » Carbure de lithium. — Pxous avons déjà fait remarquer, à propos de la préparation du carbure de lithium, que, même avec un courant de 35o am- pères et 5o volts, il ne fallait pas chauffer plus de dix minutes, sans quoi il ne restait que du graphite au fond du tube de charbon dans lequel se fait l'expérience. La température de cette préparation présente une grande importance au point de vue du rendement en carbure. Le composé du lithium se dissocie, en effet, plus facilement par la chaleur que le carbure de calcium. La température de décomposition du carbure de lithium est intermédiaire entre celle du carbure de sodium et celle des carbures alcalino-terreux. » Carbure de calcium. — Un certain nombre d'expériences nous ont dé- montré que, dans le four électrique, le carbure de calcium peut être décom- posé lorsque l'on emploie des courants d'une grande intensité : » i" Lorsque nous avons préparé de petites quantités de carbure de calcium avec des courants de 1200 ampères et Go volts, il nous est arrivé, si l'expérience dure dix minutes, d'obtenir un résidu formé de graphite pul- vérulent, ne contenant plus que des traces de carbure de calcium. » Il n'y a pas eu volatilisation du composé, car le carbone en poudre est resté dans le creuset. Il est plus vraisemblable dépenser que l'on se trouve en présence d'une dissociation du carbure, le calcium distillant avec facilité et le carbone pulvérulent restant comme résidu. « 2° Dans des expériences faites au moyen du tube froid deDeville, et qui avaient pour but d'étudier la condensation de la vapeur de carbone, nous n'avons jamais obtenu de condensation de carbure de calcium. Si l'on cbaulfe en effet, dans le four électrique, du carbure de calcium fondu, on ( 3o7 ) ne retrouve sur le tube de cuivre, traversé par un courant d'eau fioide, que de la |iou.ssière de graphite, de la chaux pulvérulente et du calcium; ce dernier, au contact de l'eau, dégage de l'hydrogène dont la pureté a é(é vérifiée par une analyse eudiométriqne. » Comme les carbures de sodium et de lithium, mais à une température beaucoup plus élevée, le carbure de calcium peut donc se décomposer en métal et en carbone. » Carbure de magnésium. — En chauffant avec précaution de la poudre de magnésium dans un courant de gaz acétvlène (réaction indiquée par M. Berthelot), on obtient un carbure de magnésium impur, mélangé de charbon, mais fournissant nettement, au contact de l'eau froide, du gaz acétylène. )> Ce caibure de magnésium a été disposé dans un double creuset de graphite pur et chauffé dans un tube de charbon fermé à Tune de ses extrémités (600 ampères, 60 volts). Durée de l'expérience, six minutes. Après refroidissement, la matière noire retirée du creuset ne donnait aucun df'g.igement gazeux au contact de l'eau. Le carbure de magné- sium avait été totalement décomposé sous l'action de cette température élevée. Celte expérience nous explique pourquoi nous avons pu fondre la magnésie et l'amener à l'étal liquide dans des creusets de charbon sans qu'il y ait réduction de cet oxyde. A la température de fusion de la ma- gnésie, le carbure de magnésium ne peut plus exister. » Conclusions. — En résumé, par l'action du gaz acétylène froid ou par l'action de l'acétylène liquide, avec ou sans pression, on peut obtenir les composés intermédiaires ou acétylènes sodés et potassés à l'état de pureté C-KIIetC^NalI. M Par une élévation de température, ces corps peuvent se décomposer : ils produisent un dégagement d'acétylène et ils laissent, comme résidus, les carbures C^R' et C=Na=. » Par une élévation plus grande de température, ces carbures sont dis- sociés en métal et en carbone. Le phénomène est identique, bien qu'il se produise à une température plus élevée pour les carbures alcalino-terreux. Il en est de même pour le carbure de magnésium. » La stabilité de ces carbures, pour des variations de plus eu plus grandes de température, ira donc en croissant des métaux alcalins aux métaux alcalino-terreux. » Ces expériences établissent que les carbures de potassium, de sodium ( 3u8 ) et de magnésium ne peuvent pas être produits à la température du four électrique. » ANATOMIE GÉNÉRALE. — Mécanisme hislologique de la cicatrisation; de la réunion immédiate vraie; par M. L. Ranvier. « La réunion immédiate ordinaire, celle qui se produit par l'inter- médiaire des fibres synaptiques, n'est pas la plus simple. Il faut distinguer une réunion immédiate synaptique et une réunion immédiate vraie. Cela ressort des expériences que je vais exposer aujourd'hui. M On pratique sur la cornée d'un lapin vivant, au moven d'un couteau à cataracte, une série d'incisions parallèles, les unes superficielles, les autres profondes. Ces incisions doivent être voisines les unes des autres. Il con- vient qu'aucune ne soit pénétrante. La cornée reste transparente. Presque toutes les plaies consécutives aux incisions se remplissent de cellules épithéliales provenant du glissement et de l'éboulemenl de l'épilhélium circonvoisin. Les cellules épithéliales qui s'avancent en masse sur chacune des lèvres de la plaie arrivent au contact et se soudent. Au bout de vingt- quatre heures, quelle que soit la profondeur de la plaie, celle-ci possède un revêtement épilht'lial continu, dans lequel il est impossible de dis- tinguer les lieux de la soudure. Toutes les cellules sont séparées et unies par le même ciment, le ciment intercellulaire physiologique, qui, comme je l'ai dit dans une Communication récente, se colore en bleu verdàtre par la tbionine. » Ce phénomène de soudure épithéliale parait correspondre à la réunion immédiate la plus simple qui se puisse voir. Il n'y est pas employé d'autres matériaux que ceux du tissu lui-même. On ne doit y faire intervenir ni Ivmplie plastique, ni prolifération. » Peut-on observer, dans la partie conjonctive de la cornée, des phéno- mènes du même ordre ou plus simples encore? Tant que j'ai fait dans cette membrane une ou deux incisions seulement, comprenant le tiers ou la moitié de son épaisseur, il m'a été impossible de le savoir, parce que tou- jours les lèvres de la plaie étaient écartées l'une de l'autre par la masse épithéliale éboulée. Dans ces conditions, la réunion immédiate vraie ne saurait se produire. » Il paraissait difficile d'éviter la pénétration des cellules épithéliales entre les lèvres de la plaie. Enlever l'épithélium par raclage sur une partie ( 3o9 ) de la surface de la cornée et faire ensuite une incision dans la partie dé- nudée semblait fort logique. J'ai tenté l'expérience. Probablement à cause de la violence du traumatisme ou de l'action du liquide lacrymal, la réu- nion immédiate vraie ne s'est pas produite. L'épithélium s'est avancé à partir des régions où il avait été ménagé, il est arrivé à la plaie et l'a remplie. » J'ai des préparations dans lesquelles on voit qu'une des lèvres de la plaie a acquis un revêtement épithélial, tandis que l'autre en esi encore dépourvue. Si l'on avait attendu quelques heures de plus, l'épithélium au- rait, sans doute, envahi la plaie tout entière. Après être descendu sur l'une de ses lèvres, il aurait remonté l'autre pour s'étendre ensuite sur toute la surface dénudée. » Cette expérience n'ayant pas réussi, il a fallu en imaginer une autre. Il m'a semblé que si l'on pratiquait un grand nombre d'incisions paral- lèles, les unes profondes, les autres superficielles, comme il est dit plus haut, il faudrait, pour les remplir toutes, une si grande quantité de cellules que le revêtement épithélial deviendrait impuissant à les fournir et que quelques-unes des incisions superficielles pourraient ainsi échapper à l'in- vasion. » L'expérience a confirmé celte hypothèse. Parmi les petites incisions, surtout celles qui sont entre deux incisions un peu profondes, comprenant par exemple le tiers de l'épaisseur de la cornée, il y en a dont les deux lèvres sont en contact; il ne s'y est pas insinué de cellules épithéliales. A leur niveau, l'épithélium de revêtement a été divisé par l'instrument tranchant et cependant on n'y voit plus rien de la solution de continuité. Il s'est réparé suivant le mécanisme de la réunion immédiate vraie, que j'ai indiqué précédemment. >) Tout cela peut être constaté, au bout de vingt-quatre heures, par l'examen de coupes faites, perpendiculairement à la plaie, sur la cornée convenablement fixée et colorée. Mais c'est seulement vingt-quatre heures plus tard, c'est-à-dire dans des plaies de quarante-huit heures, que l'on peut bien observer les détails de la réunion. » J'ai déjà montré qu'à ce moment, dans les plaies comblées d'épithé- lium, les prolongements sectionnés des cellules conjonctives bourgeonnent, végètent, s'anastomosent les uns avec les autres et forment ainsi, au-dessous de l'épithélium, une membrane protoplasmique fenêtrée. Il semble évident que si ces prolongements ne s'étendent pas plus loin c'est que l'épithélium les en empêche, et l'on conçoit aisément que ceux qui occupent une des ( 3io) lèvres de la plaie s'anaslomoseraienl avec ceux de l'autre lèvre, si elles étaient en contact. » Tel est, en effet, le mécanisme de la réunion immédiate vraie du tissu conjonctif de la cornée dans la plaie de quarante-huit heures, où l'épithé- lium n'a pas pénétré et dont les lèvres se touchent; on peut voir les cel- lules conjonctives hypertrophiées émettre des prolongements qui s'insi- nuent dans la solution de continuité, s'anastomosent et forment ainsi une cicatrice protoplasmique résistante. » Là pas de ciment, comme dans la cicatrice épilhéliale, mais seulement accroissement du protoplasma cellulaire et fusion des prolongements pro- toplasmiques. On pourrait se laisser entrahier à voir dans ce dernier pro- cessus un mécanisme plus compliqué parce qu'il est d'observation moins facile; mais si l'on va au fond des choses, il est plus simple. Il est dans la nature des cellules du tissu conjonctif de s'unir les unes aux autres par leurs prolongements. Si donc ces cellules déterminent la formation d'une cicatrice en s'anastomosant entre elles, elles ne font qu'obéir à une de leurs propriétés fondamentales. » H peut se faire que quelques cellules épithéliales seulement aient pé- nétré entre les lèvres de la plaie. Elles forment alors un lobule, une sorte de globe, complètement isolé au sein du tissu conjonctif. On dirait un lobe d'épithéliome lobule. Au-dessus et au-dessous de ce lobe, la plaie est fermée par une cicatrice protoplasmique. Ces préparations sont fort dé- monstratives. Elles permettent de bien juger de la direction et de la forme de la cicatrice, et de voir comment les prolongements des cellules con- jonclives se sont agencés pour l'établir. Certains prolongements cellulaires semblent la traverser simplement. Les deux lèvres de la plaie sont alors unies, à ce niveau, par un simple pont protoplasmique. » Quelques expériences que j'ai déjà faites sur la cicatrisation de divers tissus m'autorisent à penser que les laits exposés dans cette Note ont une signification très générale. « PHYSIOLOGIE. — L'ampliation de l'oreilletle droite du cœur pendant l'inspi- ration, démontrée par la radioscopie. Note de M. Cii. Bouchard. « En examinant, par le dos, le thorax d'une jeune fille atteinte d'infdtra- tion tuberculeuse légère du sommet du poumon droit, j'ai remarqué une saillie convexe qui, à certains moments, élargissait à droite l'ombre por- ( 3ii ) lée par la colonne clans une partie correspondant à celle où l'ombre du cœur se montrait à gauche de la colonne. » En suivant les mouvements de saillie el de retrait de cette onde noire qui n'élait pas due aux mouvements propres du cœur, et en les compa- rant avec les mouvements alternatifs d'abaissement et d'élévation du foie, j'ai constaté et fait constater que l'ombre faisait saillie à droite du sternum quand le foie s'abaissait et que le retrait vers le bord du sternum s'effec- tuait quand le foie remontait. '> En faisant pivoter légèrement le corps sur lui-même, de manière à porter l'épaule gauche un peu en arrière, je vis plus distinctement la masse des oreillettes et arrivai à y reconnaître, ce qu'il n'est pas rare de constater, les battements propres des oredlettes. Je rendis aussi plus évident le gon- flement de la masse auriculaire pendant l'abaissement du foie, c'est-à-dire pendant l'inspiration. M Chez deux autres malades, affectées, l'une d'infiltration légère du sommet droit, l'autre d'induration étendue du sommet gauche, je ne pus pas réussir à faire la même détermination. Je procédai alors à l'examen de deux femmes atteintes d'asthme : chez l'une des deux seulement, je pus faire la démonstration de l'amplialion que provoque, dans l'oreillette droite, la légère diminution de pression qui se produit dans le thorax pendant l'in- spiration et qui fait un appel à la fois sur le sang et sur l'air. J'ai fait la même constatation chez une troisième femme qui n'était affectée d'aucune maladie des organes de la circulation ou de la respiration. » PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur la quatrième campagne de la Princesse-Alice; par S. A. S. Albert ï'^'', Prince de Monaco. « La Princesse-Alice a quitté Monaco cette année, le 2 juin, dans les con- ditions habituelles : MM. le capitaine Carr, le D'' Jides Richard et M. Neu- ville secondant mes recherches scientifiques; M. Boutetdc Monvel, artiste peintre, pour prendre les notes de couleur nécessaires au laboratoire. » Sauf quelques opérations devant Monaco, le travail s'est effectué sur la côte occidentale du Maroc, autour de Madère, aux Açores jusqu'à 4oo nulles dans le sud de ces îles et dans l'ouest du Portugal. M Océanographie. — L'Océanographie proprement dite comprend : 5o sondages jusqu'à 553o™ sans compter ceux qui ont été exécutés pour l'hydrographie d'un banc; 21 prises de températures du fond et autant de ( 3l2 ) la surface; 20 prises d'échantillons d'eau depuis 599" jusqu'à 544o" et autant à la surface. )) J'ai continué l'élude du banc Princesse-Alice, que j'avais découvert l'an passé; une surface importante doit lui être ajoutée dans le sud et le sud-ouest. (Voir la Carte qui accompagne cette Note.) Jà. iani/itudt^ Occui^nlaifL du^ mÀrLdum^ cU PoJ-vs ALBERT F" PRINCE DE MONACO YACHT PRINCESSE ALICE I896-I897 / ^ : ,» •n'^jé iKÎ liS'^îW £>9 V2 «3 ja „«" 2ÎU 3Sa 350 '* 3,« S ; S2 2io 3Si 373 iâS --'-' Ban c i56 ' 75S vs m 2^1' 3se 3Co S7» Prin cesse M ice iSC k 0 s S-p LetS sangles jortt exorùn££S en- iThctrej 3oa Didinalson,: 2U° NO. MW Msô^ » Les éléments qui suivent permettent d'entrevoir l'intensité de la vie animale sur ce banc. Trois goélettes, montées chacune par une douzaine d'hommes, y ont pris cet été, durant un total général de trente-neuf jours de pèche, 22 5 1 5''^ de poisson; ces pêcheurs essayaient presque au hasard ( 3i3 ) le fond qu'ils connaissaient à peine et ils n'employaient que des lignes à la main. )) Zoologie. — la Zoologie comprend i6 coups de chalut entre 98"" et 5/|4o'°, » i4 poses de nasse entre aoo" et 53io™, » 3 coups de chalut de surface, » 5 descentes de barre à fauberts entre Sgg"" et i425™, » 3 poses de palancre entre 1169™ et 5310"", )> 4 poses de trémall entre i23o™ et i638'°, » 6 pêches de surface à la lumière électrique. >) Dans la Méditerranée, deux Cétacés (Globicephalus mêlas) de 4™, 10 et de 3™, 86, ont été capturés. C'étaient deux femelles dont l'une portait un fœtus de o",i2. Sur la côte du Maroc, un Dauphin a été harponné. Aux Açores, on a pris un autre Gétacé : Grampiis griseus mâle, de 2"', 70. » Entre le Portugal, les Açores et la côte de Bretagne, 7 Germons de 2''^ à i']^^ ont été pris et étudiés pour leurs parasites et pour le contenu de leur estomac. » Aux Açores, 19 Tortues (7'. caretta) ont été prises. L'une d'elles, qui pesait seulement 68oS'', est la plus petile que j'aie jamais rencontrée dans cette région, et la présence d'un animal évidemment tout jeune paraît compliquer davantage la question de provenance des Tortues aux Açores; car, suivant ce que j'ai déjà exposé, elles n'ont pas le moyen de se repro- duire dans cet archipel, en observant leurs habitudes connues. » Le travail des chaluts a rapporté, notamment de 436o'" et en outre des récolles habituelles, un Poisson, Cyema atrum (?), et un petit Céphalo- pode bathypélagique très intéressants. » Les nasses ont présenté deux faits remarquables. L'une d'elles, posée dans la profondeur de 1260™, aux Açores, et laissée vingt-quatre heures, a rapporté juste 1200 animaux dont 1198 Poissons (1176 Simenc/ielys et 22 Synaphobranchus). Une autre, descendue à la profondeur de SaSo"", a ramené un Amphijjode géaut de i4'''", nouveau comme espèce et comme genre, de la famille des Lysianassidés; plusieurs Amphipodes plus petits, qui sont également nouveaux comme genre et comme espèce, et un Poisson du genre Sireinbo. Une dernière nasse descendue à 5Hio™ a rap- porté également deux Amphipodes. )) Une barre à fauberts, traînée près de Madère et par 1420'°, a donné, parmi (]esSca/pellum, des Stellérides et des Hydraires, un Pentacrinus Wy- ville Thomsoni vert bleuâtre. 0. R., 1898, I" Semestre. (T. CXXVI, N° 4.) 4' ( '^14 ) » Un trémail descendu par 1260" entre Pico et Sào-Jorge, a pris des Éponges siliceuses, une Holothurie, des Stellérides, des Bryozoaires et un Centrophorus (?). Ces fdets ont aussi ramené un grand nombre de cer- taines boules vaseuses grosses comme des prunes, réticulées et tellement fragiles que leur sortie de l'eau suffisait pour les faire fondre en un nuage. Ces objets, qui semblent avoir une origine organique, ne nous avaient encore jamais été fournis par aucun autre appareil et, grâce à des précau- tions spéciales, plusieurs ont pu être conservés intacts dans de la gélatine. » Un palancre a pris, dans le sud de Madère, à une profondeur inter- médiaire de iioS" environ, un Poisson voisin de V Alepisaurus ferox . » Des Céphalopodes nouveaux ou très rares ont été recueillis à la sur- face : notamment, près de Madère, un spécimen cV HisUoteulhis et un autre de Cucioteuthis, genre dont on ne connaissait que les bras, et dont le Cachalot, visité par la Princesse- Alice en iSgS, renfermait une couronne : on connaît maintenant l'animal complet; puis, vers 3o° de latitude nord, un rao/ii«5 /?«to(?), extrêmement rare, et deux autres tout petits du genre Chranchia, dragués avec un filet de surface; enfin, aux Açores, pendant une chasse très serrée faite à une troupe de Cétacés, plusieurs débris iV Alloposus mollis, probablement rejetés par ces animaux. » M. Edmond Perrier, en présentant à l'Académie la deuxième édition de son Livre : Les colonies animales et la fonnation des organismes, s'exprime de la façon suivante : > « Malgré les difficultés qu'il a rencontrées au début, l'Ouvrage dont j'ai l'honneur de présenter la seconde édition à l'Académie est aujourd'hui devenu classique; il a été souvent cité non seulement par les biologistes, mais aussi par les philosophes et les sociologistes. Je rappellerai donc sim- plement qu'il a pour but d'expliquer le mode de constitution des ani- maux, en prenant pour point de départ l'exercice d'une faculté commune à tous les organismes inférieurs ; d'étendre, par conséquent, aux êtres vivants les méthodes d'explication des physiciens. » L'observation démontre effectivement que les organismes inférieurs ne sont susceptibles de grandir, en demeurant géométriquement sem- blables à eux-mêmes, que jusqu'à une taille très restreinte; cette taille une fois atteinte la croissance se localise, et donne naissance à des bourgeons qui, chez les organismes fixés, s'orientent sous n'importe quel angle, par rapport à l'organisme initial; qui, chez les organismes libres, se disposent ( 3i5; en série linéaire. De là deux formes fondamentales d'organismes : les organismes ramifiés, dont les formes rayonnées ne sont qu'une modification, et les organismes segmentés tels que les Arthropodes, les Vers annelés et les Vertébrés. » Les bourgeons tendent toujours à revêtir la même organisation que l'organisme d'où ils proviennent. Ils sont susceptibles de se détacher et de mener une existence indépendante (scissiparité, génération alternante) ou bien ils demeurent unis et présentent alors des adaptations réciproques dont il suffit de suivre les diverses étapes pour relier entre eux, par des relations de cause à effet, les phénomènes essentiels de la Morphologie et de l'Embryogénie. Cette dernière est ramenée à l'étude des divers modes de formation, de grou[)ement et d'adaptation des éléments anatomiques et des bourgeons nés les uns des autres, et comme cela a été indiqué dans de récentes publications ('), tous ces phénomènes se rangent sous trois chapitres principaux : les phénomènes de patrogonie, de tachygonie et à'armozogonie. » Dans cette nouvelle édition, l'auteur a refondu le chapitre relatif aux formes originelles des animaux segmentés; il adonné au chapitre relatif à l'individualité et aux rapports de la Biologie et de la Sociologie des con- clusions plus précises. Il a surtout mis en lête de l'Ouvrage une préface où il s'est efforcé de rechercher quels agents ont déterminé l'évolution du Règne animal et quelle part revient à chacun d'eux dans les complications ou les dégradations des organismes. De plus en plus, la façon dont les ani- maux font usage de leurs organes, les attitudes qu'ils prennent pour en user le plus avantageusement possible, les déchéances qui résultent du défaut d'usage apparaissent comme ayant joué un rôle de première importance, non seulement dans l'évolution paléontologique des organismes, mais aussi dans leur évolution embryogénique. C'était là le fondement même de la doctrine de Lamarck. A un moment où, sous l'influence de Cope, le la- marckisme ressuscite en Amérique, où la Biomécanique provoque en Alle- magne d'intéressants travaux, il était important d'établir à quel point est féconde la doctrine, trop négligée en France, du fondateur véritable du transformisme, et de montrer que les progrès de la Biologie n'ont fait que mettre en les mains des naturalistes actuels des bases d'induction et des moyens de démonstration qui manquaient à leur illustre précurseur. » (') Rapport sur le prix Serres {Comptes rendus, t. CXXIII, p. n55; 1896) el Rapport sur le prix da Gama Machado {Ibid., t. CXXVl, p. 9; 1898). (3i6 ) MEMOIRES PRESENTES. M. A. Demanet adresse une Note « Sur une nouvelle méthode de réso- lution des équations algébriques et transcendantes ». (Commissaires : MM. Darboux, Appel!.) M. Deiss adresse, de Bàle, une Note relative à mie mesure directe de la parallaxe du Soleil. (Renvoi à la Section d'Astronomie.) CORRESPONDANCE. M. Gaston Bonnier fait hommage à l'Académie des neuf premiers Vo- lumes de la Revue générale de Botanique, Recueil qui a été fondé par lui en 1889. La Revue générale de Botanique renferme des Mémoires et des Articles scientifiques dus à des Botanistes français, et en particulier à la plupart des Membres de la Section de Botanique. En outre, elle rend compte méthodi- quement des travaux publiés en France et à l'Etranger. M. Bonnier fera parvenir tous les mois à l'Académie les fascicules sui- vants de cette Revue. M. Faye, en présentant à l'Académie un Volume imprimé en langue russe et intitulé : « Cours de Géodésie pratique, professé à l'Académie d'Etat- Major de Saint-Pétersbourg par M. le colonel Witkowslcy », s'exprime comme il suit : « Cet Ouvrage m'est parvenu par les soins intelligents de M. VénukofF, qui a bien voulu m'en expliquer le texte en langue russe. » L'auteur a passé d'abord en revue les théories de la haute Géodésie, d'après les Ouvrages classiques de M. le général Puissant, du colonel Clarke, de M. Helmert, etc. Il donne comme types plus de cent modèles de calcul, tirés des Rapports publiés par les géodésiens de France, ( 3i7 ) d'Angleterre, d'Allemagne, de Russie, elc. Il passe ensuite aux appli- cations et aux instruments relatifs aux bases de la Topographie, du Nivel- lement, de la construction des réseaux cartographiques et des Cartes elles- mêmes, et, comme il a beaucoup voyagé en Europe et en Amérique pour étudier sur place les méthodes et la marche des travaux, son Livre est une œuvre essentiellement pratique. Elle donne une haute idée de l'instruction fortement donnée, à l'Académie d'Etat-Major de Saint-Pétersbourg, aux géodésiens actuels de l'Empire russe. » Voici, pour en donner une idée, la Table des matières contenues dans cet Ouvrage de 800 pages : » Vue et dimensions de la Terre. — Sphéroïde terrestre. — Triangulations. — Recon- naissances. — Signaux trigonométriques. — Mesure des bases. — Mesure des angles. — Réduction au niveau de la mer. — Calcul d'une triangulation. — Calcul des coor- données géographiques. — Détermination des hauteurs. — Tra\aux exécutés avec un théodolite niveileur. — Nivellement géométrique. — Planchettes pour les levés topo- graphiques. — Projections cartographiques. — Dessin des Cartes. — Publication des Cartes. — • Tableaux divers et conclusions. » MM. G. BoUDRAu, J. Chébox, Courtade et Gdyo\, F. Gossot, A. Hébert adressent des remercîments à l'Académie pour les distinctions accordées à leurs travaux. MÉTÉOROLOGIE. — Etoiles filantes des tnois de novembre et décembre 1897, observées à Basse-Terre (Guadeloupe) ; par M. Ch. Dcprat. « Observations du i3-i4 novembre 1897. — La nuit du i3-i4 novembre 1897 a été assez belle à la Guadeloupe, et j'ai eu le regret de constater que le passage des Léonides a été à peu près nul. A part quelques petits météores sans importance, aucun essaim n'a été visible, bien que mes observations se soient prolongées assez avant dans la nuit. L'espoir exprimé par M. Lœwy, dans la séance de l'Académie du i5 novembre dernier, que les observateurs américains seraient peut-être plus favorisés que ceux de la métropole, n'a pas été réalisé. » Brillant essaim d' étoiles filantes du 12 décembre 1897. — Dans la soirée du 12 décembre 1897, à Basse-Terre (Guadeloupe), j'ai observé de 7'' à 9''3o™ (11'' 16"" à i3'ViG'" de Paris) uu brillant essaim d'étoiles filantes. ( 3i8 ) dont le point d'émanation paraissait situé dans la région de la Girafe et du Lynx. » Les météores, dont quelques-uns fort beaux, apparaissaient soit isolé- ment, soit par groupes; on en comptait 8 ou lo par minute au moment du maximum, ce qui, pendant deux heures et demie d'observation, pei^met d'estimer leur nombre à looo ou 1200. Leurs trajectoires sillonnaient le ciel, (lu nord vers l'ouest, entre l'horizon et 45° de hauteur environ. » A g'^So"", des brumes opaques envahirent l'atmosphère, rendant toute observation impossible. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur le développemenl des fonctions uniformes ou holomorphes dans un do/naine quelconque. Note de M. Paul Painlevé, présentée par M. Picard. « Je voudrais indiquer brièvement, dans cette Note, quelques modes de développement remarquables d'une fonction analytique, holomorphe (ou uniforme) dans un domaine quelconque. » Ou peut établir d'abord les théorèmes suivants : » Théorème L — Soit D un domaine fini du plan des z, limité par un con- tour simple C. Toute fonction F (z) holomorplie dans (T)) est développable dans D en série de polynômes : (■) Y{z) = -\>,fz), la série convergeant absolument et uniformément dans toute aire intérieure àD('). » Les coefficients des P„ se calculent à l'aide d'intégrales définies. Le dé- veloppement est possible d'adleurs d'une infinité de façons. » Théorème IL — Toute fonction F (s), holomorphe dans D, est dévelop- pable en un produit infini : (2) F(=) = n(.-^y".''"-, C) Dans ma thèse, Sur les lignes singulières des fonctions analytiques, p. 88-90 {Annales de la Faculté des Sciences de Toulouse, i888), j'ai déjà démontré ce théorème lorsque D est com'exe. Lorsque D est quelconque, yélahVissais seulement que F(^) est représentable par une série de fractions rationnelles dont les pôles sont certains points fixes a,, . . ., a^. du plan (en nombre //«('). Dans un Mémoire vécenl(I\achric/i- len ... zu Gôtlingen ; 1897), M. Ililbert a démontré le théorème I par une méthode qui diflere d'ailleurs de celle que j'emploie. ( 3i9 } où (]„ est un entier positif et P„(') "" polynôme. Toute fonction F(-) méro- jnorphe dans D est le quotient de deux développements (2). » Théorème III. — Toute fonction analytique F (s), uniforme dans D et ny possédant que des points singuliers isolés, est représentable par une série In désignant une série entière en ^j— — et P„(-) un polynôme. )) Le théorème I peut recevoir une forme plus générale. Soit Y ( z) une fonction (ou une expression) analytique, uniforme et Iiolomorphe pour toute valeur de s, sauf pour des valeurs exceptionnelles formant, dans le plan des :;, un ensemble quelconque E. » Supposons que cet ensemble E soit parfaitement continu : j'entends par là qu'entre deux points quelconques z,, z^ de E, il existe un ensemble parfait et bien enchaîné de points z appartenant à E. Soit enfin a un point arbitrairement choisi de E. » La fonction F (;) est développable dans tout le domaine D en une série de polynômes en ^ _ (D désigne l'ensemble des points du plan distincts du point E). Si, notamment, le point z = vd fait partie de E, F(:;) est dévelop- pable dans D en une série de polynômes 2 P„(s). » Par exemple, si F (^) admet comme coupure (essentielle ou artificielle) une droite L du plan, F est développable en une série ll',^(z) qui con- verge dans tout le plan, sauf sur L. » Les théorèmes II et III comportent une généralisation analogue. » Si l'ensemble E se décompose en un nombre fini q d'ensembles conti- nus E, , . . ., Ey (ensembles qui peuvent se réduire à lin seul point), choisis- sons arbitrairement un pointa,, . . ., k^ de chaque ensemble E,, . . ., E^. Toute fonction F (a) holomorphe dans D, se laisse mettre sous la forme les P„(w) désignant des polynômes en u. » Théorème général. — Admettons enfin que l'ensemble E soit quel- conque. Si cet ensemble renferme des ensembles continus, remplaçons chacun de ces ensembles par un de ses points arbitrairement choisi : soit C l'ensemble ainsi obtenu, ensemble qui est contenu dans E et qui peut ( 320 ) renfermer des ensembles par faits, mais non plus continus . La fonction F(:) est représenlahle dans tout le domaine D par une série oii P„ désigne un polynôme, q„ un entier positif, a,, et Z»,, deux points de C. » Dans une Note antérieure, j'ai indiqué un autre mode de développe- ment de F(z), soit F(-) = 1^„(z), où les fractions rationnelles p„(z) ont pour pôles des points quelconques de E, ces pôles et leurs points limites dé- finissant TOUTES les singularités de F. Ici les pôles a„, h^ des R„ et leurs points limites définissent seulement l'ensemble f . Si donc E renferme des ensembles continus, la fonction F(:;) présente des singularités en dehors des pôles a,„ b„ des R„ et de leurs points limites. » Cas où te domaine D est convexe. — Plaçons-nous dans le cas où la fonc- tion F(:;) est liolomorphe à l'intérieur d'un domaine convexe D : j'entends par là que les points de D situés sur une même droite forment un segment unique. Soient z^ un point de D, et F„, F,',, F^, ... les valeurs en ce point de F et de ses dérivées successives. On peut alors former explicitement un développement (r) où les P„ sont composés linéairement avec F,,, F^, .... FJ," . D'une façon précise connaissant D et z^, on sait calculer une suite de polynômes (5) n„,„(^), n„,,(::), .... n„,„(i;) (a^.-z 1,2,3. ...). telle que toute fonction F(^), holomorphe dansÇD), soit développable dans(D) sous la forme (6) F(z) = ^[F,n,,,{z)+F:n„,(z)+...+ r:'Q„,,fz)]^y^V,fz). 1 = 1 » De même, on peut mettre F sous la forme (2), oîi les P„ sont com- posés à l'aide des valeurs Fo. F^, . . ., exactement comme dans le cas où F est holomorphe dans tout le plan. » Il existe, d'ailleurs, une infinité de suites telles que (5). Mais astreignons D à la condition supplémentaire d'être limité par une courbe qui admette en chaque point une tangente continue (sauf en un nombre fini de points anguleux) et une courbure finie. Parmi les suites (5), il en existe alors une plus simple que toutes les autres, parfaitement déterminée quand on se donne D et ^„ : soit S cette suite. Inversement, toute suite de la nature S définit un domaine convexe D et un point z^ tels que toute ( 321 ) fond ion ¥{:■), holomor|)he thins D, soit cIévelopp:i!)Ie dans D sous la forme (G). Par exemple, si D est un cercle et Zg son centre, les polynômes II » Toutefois, pour calculer exactement la suite S attachée à D, il faut connaître une des fonctions Z =: o(-) qui effectuent la représentation uni- forme de D sur un cercle ('). » Extension aux fonctions de plusieurs imriahles. — Certaines des propo- sitions précédentes peuvent être étendues aux fonctions de plusieurs variables. Soit notamment F(2,»^) une fonction analytique, holomorphe quand :; et w varient respectivement dans des aires finies D, A (à contour simple) des plans z el w. La fonction Y peut être développée, dans le domaine D, A, en séries de polynômes IV n(z , tv). Si les aires D, A sont convexes, soit Zg un point de D, »•„ un point de A : quand on connaît, pour z = -„, w = w^, les valeurs de F et de ses dérivées partielles d'ordre quelconque, on sait calculer linéairement les P„ (de la môme manière que les coefficients d'une série de Taylor). » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les types de croissance el sur les fondions entières. Note de M. Emile Borel, présentée par M. Picard. « La théorie des zéros des fonctions entières, dans laquelle d'impor- tants résultais avaient été ohSenus par Laguerre et par ]M. Poincaré, a été renouvelée par le Mémoire de M. Hadamard, que l'Académie a couronné en i8q2. Enm'appuvant sur les résultats de ce Mémoire et sur un théorème fondamental, donné par M. Picard dès 1880, j'ai obtenu une proposition très c;cnérale, que j'ai eu l'honneur de communiquer à l'Académie le 12 octobre 1896. Il semble que (si l'on se borne à considérer les modules des zéros, sans s'inquiéter de leurs arguments), cette théorie se trouve miiintenant ébauchée dans ses traits essentiels : on doit donc s'occuper d'en perfeclionner les détails. C'est dans l'espoir d'y arriver sur quelques points que j'ai entrepris les recherches i'é.sumées dans cette Note. » Jj'une des plus grandes dilficultés que l'on rencontre dans l'étude des (') J'ai déjà introduit celle suite S dans ma tlièse {loc. cit., p. 91-112). G. K., 189S, i" Semestre. (T. CXXVI, N° 4.) 4- ( 32-. ) fonctions entières provient de l'infinie multiplicité des types de croissance possibles : les raisonnements applicables à tous ces types sont à la fois ardus et difficiles à étendre ('). D'ailleurs, ces difficultés ne se présentent pas seulement lorsqu'on considère des fonctions qui croissent extrêmement vite; à cause d'un princijje analogue à celui de V homogénéité du continu. il y a exactement les mêmes difficultés à faire une étude complète des fonc- tions qui croissent plus vite que e^ et moins vite que e-", par exemple, qu'à faire l'étude de toutes les fonctions croissantes. Aussi, en nous bor- nant, dans ce qui suit, aux fonctions entières de genre fini, nous ne restrei- gnons pas la généralité autant qu'on ]jOuirait le croire. D'ailleurs, on verra aisément que plusieurs des remarques qui suivent s'étendent sans peine au cas gênerai » On peut associer à toute fonction entière une fonction positive crois- sante M(/'), égale au maximum du module de la fonction entière pour I = I = r. L'hypothèse que la fonction est de genre fini s'exprime par le fait qu'il existe un nombre positif p' tel que l'on ait, à partir d'une certaine va- leur de /■, M (r) •< e' . Il y a évidemment alors une infinité de tels nombres p'; si p désigne leur limite inférieure (qui n'est pas nécessairement atteinte), on dit que la fonction est d'ordre apparent p. Si, d'autre part, on désigne paiv/„ le module du «"'"''zéro de la fonction, la limite inférieure p des nombres p', tels que la série la~^"' soit convergente, est dite l'orû^re réel de la fonction. Le théorème fondamental qui, pour les fonctions de genre fini, résume les recherches citées plus haut, est le suivant : sauf le cas d'excep- tion unique de M. Picard, l'ordre réel est égal à l'ordre apparent. D'ailleurs, ce cas d'exception ne peut se présenter que si l'ordre apparent p est un nombre entier. Nous nous proposons de préciser, dans certains cas, ce ré- sultat, ou, plus exactement, de préciser les conséquences que l'on peut en tirer relativement à la croissance des a„; nous poserons a„= 0(/O- » Nous dirons qu'une fonction croissante ©(z") appartient au type expo- nentiel s'il existe un nombre positif p, tel que, quel que soit le nombre po- sitif s, les inégalités e'^ <^ (p(/)<^ e"^' soient vérifiées à partir d'une certaine valeur de /•; de plus, s'il en est ainsi, nous conviendrons de tlire aussi que logcp(r) et e'"''' appartiennent au type exponentiel. » Avec ces définitions, la première proposition que nous avons à énoncer est la suivante : Si la fonction iM(^) appartient au type exponentiel, il en est (^'j J"ai donné un c\ciii]ili; d'un toi lulsonnemenl dans ma -Note du ii mai i8y6. ( 323 ) de même de la fonction 6(/?), et réciproquement (à moins que Ton ne se trouve clans le cas de M. Picard). On voit que cette proposition permet de préciser beaucoup les résultats obtenus sur les rt„; en effet, si l'on connaît seulement V ordre apparent p, sans rien savoir dn type de croissance de 0(/?), les circonstances les plus diverses peuvent se présenter; car une série peut être convergente, tout en ayant une infinité de termes supérieurs aux termes correspondants d'une série divergente. Au contraire, si, l'ordre a|)- parent étant p, on sait de plus que la fonction 0(n) appartient au t}'pe ex- I _- 1 - ponentiel, on peut affirmer que les inégalités n^ Dans le cas où iitie fonclion croissante ?(0 n'appartient pas an type exponentiel, il peut arriver qu'il existe des nombres p" et p', tels que les inégalités e'' <^ o {r') <^ e''' soient vérifiées à partir d'une certaine valeur de r; mais la limite supérieure p, des diverses valeurs de p" ne coïncide pas avec la limite inférieure p des diverses A'aleurs de p'. On peut alors, en étendant une manière de ])arler introduite, mais insuffisamment définie, par Paul du Buis-Reymond, dire (|ue la fonction a des enveloppes d'indéter- mination exponentielles. En introduisant ces nombres p et p, , on peut obtenir, sur les zéros, des résultats assurément moins précis que dans le cas du type exponentiel, mais plus précis que dans le cas généi'al. Observons aussi que, même dans le cas du type exponentiel, les théorèmes qui précèdent, comme je l'ai déjà remarque ailleurs, n'épuisent pas la question. )) Enfin, en terminant, indiquons que les observations ici présentées sur les types de croissance et en particulier sur le rôle prépondérant du tvpe exponentiel, ne sont pas restreintes aux fonctions entières. Des obser- vations analogues s'appliqueraient à l'étude d'une série de Taylor quel- conque; la distribution des zéros d'une telle fonction à l'intérieur de son cercle de convergence suit des lois générales analogues à celles qu'on vient de rappeler, mais un peu moins simples ('). » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur des systèmes d'équations aux dérivées partielles analogues aux équations du premier ordre. Note de M. Jdles Beudon, présentée par M. Darboux. « Je considère les systèmes d'équations aux dérivées partielles définis- sant une fonction Z de a; variables a;,, . . ., x„ et dont la solution générale dépend d'une fonction arbitraire de « — i arguments; le cas le plus simple est l'équation du premier ordre. (') Renseignements bibliographiques principaux relatifs à celte Note : E. PiCA'.tu, Mémoire sur tes fondions entières {Annales de l'Ecole A'orniale; 1880) ; LAnuiiRUE, Comptes rendus, 1882-1884; OEinres, t. 1; If. Poincaké, Sa/- les Jonctions cniières {Bulletin de la Société mathématique, i883); J. Hadamakq, Sur les propriétés etc. {Journal de RIaLhémntiques, iSgS); E. Borel, Sur les zéros des Jonctions en- tières {Acla mathematica, t. XX); Du Bois-Reymond, Théorie générale des Jonc- lions, p. 209 et 210 de la traduction française. ( 3-25 ) » Si un tel système est donné d'ordre /), on peut toujours le rendre linéaire, s'il ne l'est déjà, en formant les équations d'ordre /j + i ; le degré de généralité n'est pas changé, à des constantes arbitraires en nombre fini près; je supposerai donc le système linéaire. J'ai démontré qu'il avait alors la forme ^1 '^a, <-l...a„ "^ '^li^at, «; + l...a,, ''" • ■ • ~l~ ^« ■^a, ... a„-i-I ^^^ ■'^ot, ...c(„ ' a I -h . . . H- a„ = /; — I . » Ce système possède des caractéristiques à une dimension définies par les équations suivantes : j f/.ri dx.^ d.r„ ^ZJ"' j,^^ ^i *^i '^'■n "■ a, ... a„ . X,-!-l. ..),., -t- «2^)., >.; + !. ..).„ -i- . . . H- «„/■),,..■.)„, M- 1 » Si l'on se donne une multiplicité ponctuelle à « — i dimensions, on obtient, par des équations différentielles ordinaires, l'orientation des élé- ments d'ordre p — i des différentes surfaces intégrales qui contiennent cette multiplicité, et l'on engendre ensuite chacune de ces surfaces par les caractéristiques, à la façon habituelle. )) J'espère revenir prochainement sur cette question, en indiquant des systèmes analogues aux systèmes d'équations du premier ordre. » PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sur la géométrie des champs magnétiques et le m,ouvement à deux degrés de liberté dans le plan ou sur la sphère. Note de M. René de Saussure. « Une figure plane peut prendre une triple infinité de positions diffé- rentes dans son plan. Tout déplacement à un degré de liberté de la figure contient une simple infinité de ces positions, formant une série continue; on choisit comme type du déplacement à un degré de liberté la rotation ou déplacement circulaire, parce qu'il y a toujours une rotation et une seule qui passe par deux positions données de la figure, de sorte qu'on peut consi- dérer tout déplacement dans un plan comme une succession de rotations infiniment petites. Une double infinité de positions de la figure définit un déplacement à deux degr^^^s de Uberté, pourvu que ces positions forment une série continue; il doit donc exister iuissi un déplacement à deux degrés ( 326 ) (le liberté pouvant servir rie tvpe à tous les antres; ce déplacement type devra être de telle sorte qu'il soit déterminé par trois positions de la figure; il devra, en outre, ôlre tel que, si l'on prend deux positions quel- conques delà figure faisant partie de ce mouvement, la rotation déterminée par ces deux positions fasse tout entière partie du mouvement. L'existence d'un tel mouvement n'est pas évidente, et, pour l'établir, réduisons la figure plane à sa plus simple expression, c'est-à-dire à un point M et à une droite I) passant par ce point : un mouvement plan à deux degrés de liberlé est alors un mouvement dans lequel le point M peut occuper n'importe quelle position dans le plan, mais la direction de la droite D dépend à chaque instant de la position. du point M. Ainsi, par exemple, une aiguille aimantée placée dans un champ magnétique plan définit un mouvement à deux degrés de liberté, parce que, si l'on déplace cette aiguille dans le champ, son axe D prend une direction déterminée à chaque instant par la position de son centre M. Or, pour déterminer un champ magnétique, il suffit de tracer les lignes de force du champ et, en général, on peut dire que toute famille de courbes définit un mouvement plan à deux degrés de liberté ou une double infinité de positions de la figure MD, puisque, en chaque point M du plan, passe une courbe du système dont la tangente détermine la direction de la droite D en ce point. » Nous allons démontrer que le mouvement tvpe à deux degrés de liberté dans un plan est celui qui est défini par le système de tous les cercles tan- gents à une même droite Ox en nn même point O; on dira que ces cercles forment un système circulaire, dont le point O sera le cenfre et la droite O.r Vaxp. Il est facile devoir d'abord que, si l'on déplace la figure MD dans un système circulaire, de telle sorte que le point JM décrive un ravou OM du système, la tangente D au cej-cle correspondant reste parallèle à elle-même ; et lorsque le point M décrit un cercle concentrique au système, la tan- gente D tourne autour du point M deux fois aussi vite que le ravon OM tourne autour du centre O. Cela posé, soient MD et MD' deux positions de la figure appartenant au système circulaire; les trois points M, M' et O déterminent un cercle; si I est le centre de ce cercle, l'angle MIM' est le double de l'angle inscrit MOM'; mais, d'après ce qu'on vient de voir, l'angle des tangentes D et D' est aussi le double du même ande MOM' formé par les rayons correspondants; le point I est donc le centre de la rotation déterminée par les deux positions MD et M'D' de la figure; ce centre de rotation est donc le même tant que les points M et M' restent sur le cercle OMM', c'est-à-dire que, si l'on fait tourner la figure MD rigidement ( :^27 ) autour du point I (à partir de la position initiale MD ou M'D'), toutes les positions que prendra cette figure pendant la rotation appartiendront aussi au syslème circulaire. Un système circulaire définit donc bien un mouve- ment plan à deux degrés de liberté tel que, si Von considère deux positions quelconques de la figure appartenant au mouvement, la rotation dèteiininée par ces deux positions appartient tout entière au mouvement , et l'on peut ajouter que, dans cette rotation, le point M passe toujours par le centre du système circulaire. » Les propriétés les plus remarquables des systèmes circulaires sont les suivantes : » i" L'intersection de deux systèmes circulaires, c'est-à-dire le lieu des positions de la figure MD communes aux deux systèmes, est toujours une rotation passant par le centre de chaque système. )) 2" Toutes les rotations que la figure MD peut effectuer dans un sys- tème ciiculaire, à partir d'une position donnée, ont leur centre en ligne droite, car toutes ces rotations passent par le point fixe M et |)ar le centre O du système. )) 'i° Trois positions de la figure MD suffisent pour déterminer comjDlé- tement un système circulaire, car, en construisant les centres de rotation correspondant aux trois positions données, prises deux à deux, on obtient trois rotations qui aj)parliennentau système et qui, par conséquent, doivent se couper toutes les trois au centre O du système cherche; d'ailleurs, l'axe du système sera la droite Ox qui fait avec OM le même angle que OM fait avec la droite D. Les trois rotations, déterminées par trois positions quel- conques de la figure, sont telles que l'une d'elles est la résultante des deux autres ; on voit donc tjue la résultante de deux rotations finies est une rota- tion qui appartient au système circulaire déterminé par les deux rotations composantes, et comme les trois cercles décrits par M pendant ces rota- tions passent au même point O, on obtient une construction géométrique simple pour trouver la résultante de deux rotations. » Etant donné un champ magnétique quelconque, trois positions infini- ment voisines de l'aiguille aimantée détermineront le système circulaire langent au champ magnétique en ce point, c'est-à-dire que dans les envi- rons de ce point, les cercles du système circulaire tangent coïncideront avec les ligues de force du champ magnétique. De plus, en tournant le système circulaire d'un angle droit autour de son centre, on obtient un second sys- tème de cercles orthogonal au [)remier et qui coïncide avec les lignes équi- poteutielles du champ magnétique dans les environs du même point. ( 328) » On peut ainsi, au moyen de trois observations d'une aiguille aimantée, déterminer par des cercles toutes les lignes de force du champ magnétique dans la région avoisinante, et ce procédé s'applique évidemment à un sys- tème quelconque de courbes dans un plan, par exemple aux lignes de plus grande pente et aux lignes de niveau d'une surface topographique. Le sys- tème type est toujours le système circulaire, mais ce svstème a une signifi- cation différente suivant le phénomène que l'on étudie. Ainsi, s'il s'agit d'un champ magnétique, le système circulaire représentera le champ ma- gnétique type; en effet, ce système représente précisément le champ ma- gnétique que produir.iit un aimant infiniment court, placé au centre du système dans la direction de sou axe. S'il s'agit d'une surface topogra- phique, le svstème circulaire représentera la surface topographique type; s'il s'agit d'une carte donnant la direction du vent qui règne à un moment donné aux différents points d'un pavs, le svstème circulaire représentera la distribution type du vent, c'est-à-dire un cyclone type, et le centre du système coïncidera avec le centre du cyclone, cisr en ce point la direction du vent est indéterminée. » Les systèmes circulaires serviront aussi à l'étude des mouvements à un degré de liberté dans un plan, car trois positions consécutives d'une figure en mouvement détermineront un système circulaire osculaleur ày\ mouve- ment, système qu'il peut être utile de considérer. La même théorie s'étend sans modification au mouvement à deux degrés de liberté sin* une sphère, c'est-à-dire autour d'un point fixe. Des théories analogues s'appliqueront au mouvement dans l'espace; le mouvement tvpe à un degré de liberté est le mouvement hélicoïdal, et il doit exister aussi des mouvements tvpes à deux, trois, quatre et cinq degrés de liberté. Ces mouvements serviront à l'étude des autres mouvements, lorsqu'on a'ra établi leurs propriétés. « MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Loi des déformations des métaux industriels. Note de M. 3Iarcel BniLi-oriN, présentée par M. Maurice Lévv. « Les métaux industriels ne sont pas des substances chimiques pures, ni des mélanges homogènes; ce sont des conglomérats constitués pnr un très grand nombre de petits cristaux du métal, ou d'une combinaison définie de ce métal, empalés dans quelques millièmes au moins d'un ciment formé aux dépens du fondant employé dans le traitement métallurgique. Tel est le type le plus simple que révèle l'analyse micrographique. » Toute théorie ries déformations d'un métal industriel qui fait abstrac- tion de cette structure erossière est sans valeur; au contraire, il suffit de tenir compte de cette structure, pour retrouver tous les faits connus et en annoncer beaucoup d'autres. » Prenons comme type extrême un corps formé de petits cristaux élas- tiques, sans viscosité, séparés les uns des autres, et noyés dans un ciment très visqueux, sans aucune élasticité, formant un réseau continu, et faisons la théorie de ce système en admettant des lois d'élasticité et de viscosité linéaires. Les forces que subissent les cristaux élastiques leur sont entière- ment transmises par le réseau viscpieux; la déformation visible est la somme des déformations élastique et visqueuse produites par les mêmes forces |)rincipales. )) Dans la traction simple, que je prendrai pour exemple, la somme des longueurs L, des cristaux augmente de SL, ^ ^-L, X, en appelant X la force par unité de section droite et k l'inverse du module d'Young; la somme des épaisseurs L, ^^'es joints transversaux formés par la pâte visqueuse augmente aux dépens des épaisseurs, des joints longitudinaux. Comme les déformations sont très lentes, l'inertie n'intervient pas sensiblement; mais on peut admettre que, comme (hms les fluides visqueux, la vitesse fie dé- formation de la pâte varie en raison directe de la force qui la produit. On a donc dt \ n en appelant n le nombre des joints sur la longueur L = L, -)- L^ de la tige et / une fonction qu'on peut facilement calculer pour divers types simples de réseaux. Cette ilernière équation peut être intégrée, puis ré- solue par rapport à L^ ; elle devient L.. — n* h / A est une constante d'intégration qui nous permet de laisser bbre l'origine du temps, ^P est une fonction qui se déduit de la fonction / pour l'inté- gration. La variable / Kdt est ce cpi'on appelle en Mécanique l'impui- sion; u. est le coefficient de viscosité. » Réunissons les deux effets, élastique et visqueux; il vient A rxdt\ ,;■ — A SL = X: L , X + « . / A r\dt . , — A , C. R., 189S, I" Semestre. (T. CXWl, N" 4.) \-'> ( 33o ) » Cette loi résume tous les faits connus de déformations permanentes. Je n'en signalerai ici qu'un très petit nombre, renvoyant pour tous les dé- tails au Mémoire qui paraîtra dans peu de mois aux Annales de Chimie et de Physique. » 1° Influence du temps. — Toiile technique qui ne définit pas fXdt en même temps que X est vicieuse. Les variations d'allure dans les essais industriels donnent des points anguleux dans la courbe des allongements iJL en fonction de la force X. » 2° Influence des chocs. — Avantage de la décliarge sur la charge pour la mesure de A'; la perle instantanée de longueur par décharge mesure Télasticité seule du métal. » 3° La fonction * ne dépend que du réseau visqueux; elle ne change pas par le recuit mais seulement par le mode de fabrication métallurgique, et probablement bien peu. La constante A définit le recuit ou l'écrouissage suivant son signe. L'écrouissage varie constamment pendant l'expérience. Toute augmentation de l'impulsion écrouit, et inversement, à température constante. On recuit à température constante en dimi- nuant l'impulsion, soit par l'action prolongée d'une charge opposée à celle qui a écroui, soit par mise en oscillations amorties convenables, etc. » 4° Les cycles se fixent d'eux-mêmes, parce qu'ils écrouissent le fil et que la fonc- tion * tend très lentement vers une valeur limite pour de grandes valeurs de fXdt; mais on peut obtenir l'inverse. » 5° Les cycles présentent des somipets anguleux quand il y a un temps d'arrêt aux extrémités. » L'angle croît avec la durée de l'arrêt et tend vers une limite déterminée quand l'arrêt est très long; cette limite est précisément celle que M. Bouasse a découverte expérimentalement. Ce point anguleux disparaît et fait place à un sommet arrondi dans les cycles décrits sans arrêt, dans les oscillations spontanées par exemple (expé- riences inédites de M. Bouasse). » Le point anguleux des cycles n'indique rien d'analogue à un frottement solide. » J'arrête ici ces indications, que chacun peut compléter facilement. Elles suffisent à montrer la fécondité de cette loi très simple, qui paraît comprendre tous les phénomènes connus, y compris les variations de la limite de rupture par la répétition des cycles. » Les déforrriations non homogènes, torsion, flexion, etc., donnent lieu à des migrations de la m;itière visqueuse des régions où les forces sont grandes vers celles où les forces sont petites, qui expliquent tous les faits connus de superposition de torsions inverses, etc. » Des considérations analogues sont applicables aux phénomènes électriques et magnétiques qui manifestent des résidus. » ( 33i ) OPTIQUE. - Sur un spectroscope inlerférenliel. Note de IMM. Ch. Fabry et A. Perot, présentée par M. A. Cornu. stcnu; de radiations. ( :m ) » Nous avons utilisé notre spectroscopeinterférentiel pour l'étude d'un certain nombre de radiations déjà examinées par M. Michelson. I>es ré- sultats de cette étude feront l'objet d'une prochaine Communication. » OPTIQUE. — Du rôle de la diffraction dans les effets obtenus avec les réseaux ou trames photographi(jues . Note de M. Cii. Féry, présentée par M. A. Cornu. " l. Dans une Note déjà ancienne (') fai donné rex[)lication de l'éta- lement des points des cb'chés tramés avec l'intensilé de la lumière. » Quoique la théorie élémentaire des ombres et des pénombres ainsi que le phénomène connu sous le nom d'irradiation suffisent parfaitement à expliquer tous les effets observés, certains auteurs veulent n'y voir que la seule action de la diffraction. Une simj)Ie application des formules con- nues de la diffraction montre ce]jemlant que les franges doivent passer inaperçues dans les conditions où est obtenu le cliché. » Dans le cas d'une chambre noire ayant un tirage de Soo™" et munie d'une trame j)lacée à 3'"'" de la glace sensible ces franges auraient -^ de millimètre environ. Or, tous les praticiens savent que des lignes de cette finesse entourant les points disparaîtraient complètement après les traite- ments énergiques de baissage suivi de renfoicement que doit subir le cliché avant d'être li\ré au tirage. )) Ajoutons que le calcul suppose une source lumineuse de dimensions infiniment petites, et que tout phénomène de diffraction disparaît déjà pour un diaphragme de 3'"'" de diamètre dans l'exemple numérique donné précédemment. » En effet, dans les conditions d'un diaphragme ayant des dimensions appréciables, chacun des points de l'ouverture agit comme s'il était seul, et les différents svslèmes de franges ainsi produits chevauchent les uns sur les autres en ne donnant que la sensation d' une pénombre uniformément dégradée et reliant les ombres aux lumières. )) 2. Si évidentes que paraissent les considérations précédentes, j'ai tenu à faire une série systématique de clichés, de manière à contrôler par l'expé- rience ces résultats théoriques. » Avant fait dessiner au lavis un cvlindi-e, je l'ai l'eproduit sur gl;ice sèclie spéciale (') Comptes rendus, r''a\iil 1895. ( 334 ) pour ces sortes de travaux, en interposant entre la glace sensible et l'objectif une trame de Max-Lév)' servant couramment pour des reproductions en simili. » Au contact avec la glace sèche à la partie supérieure du châssis, la trame en était écartée de 9™" à la partie inférieure par des cales de verre. » Je réalisais ainsi, pour chaque diaphragme employé et sur un même cliché, toute la série des eflets obtenus pour des dislances comprises entre 2™™ et 11"'™ (en tenant cotnpte de l'épaisseur du verre de la trame) et pour des intensités lumineuses variant du blanc pur du papier au noir intense de lombre. » Résultats. — Sur cinq clichés faits avec des diaphragmes variant entre 50™°' et o™'",5, il a été impossible de voir la moindre trace de diffraction. » Pour les grands diaphragmes, on observe les phénomènes de coïnci- dence que j'ai signalés dans ma Note précédente : quand la distance aug- mente, la netteté du point décroît peu à peu; bientôt toute imnge de la trame disparaît pour se rejjroduire à nouveau pour un écart plus grand. » Les petits diaphragmes (3™'" et o'""', 0) m'ont donné une netteté à peu près uniforme dans toute l'étendue du cliché, les cônes d'ombre et de lumière formés étant trop aigus pour se couper dans le champ de la plaque. » 3. J'ai voulu néanmoins me placer dans des conditions propres à donner lieu à la croix noire de diffraction (_//g- i) signalée par certains auteurs. i"ig. I. ♦ <^ <^-'^ <►•<$►.:>$► ♦-■♦ » Pour cela, hi trame a été disposée à une distance de i5'"'" de la glace sensible, et la pose a été faite avec le petit diaphragme de o'""",;) qui n'avait rien donné précédemment. Cet écart de iS'""" est calculé de façon que la première frange obscure, due à chaque bord du trait opaque de la maille, vienne se produire au milieu de l'ouverture carrée du réseau. On obtient bien ainsi la croix noire, mais, on le voit, dans des conditions très éloignées de celles réalisées dans la pratique. » 4. Conclusion. — Ces résultats confirment pleinement les conclusions de ma Note précédente et montrent que la diffraction ne peut jouer aucun rôle dans l'étalement du point dans les lumières. » On comprend, d'autre part, que l'apparition de la croix de diffraction ( S^'i ) ne peut pas indiquer d'une façon absolue la bonne distance de la trame comme certains auteurs l'ont avancé. » On a, en effet, entre les divers éléments du problème, quand la croix est au maximum d'intensité : a- . e'X en appelant a la largeur d'une maille claire, e la distance entre les deux glaces, F le tirage de la chambre noire et 1 la longueur d'onde ; ou, sensi- blement, Y '-- ^^> étant donné la petitesse du second terme. )) Ce qui donne e = rj, distance indépendante du tirage de la chambre et du diamètre du diaphragme, conditions qui cependant influent considé- rablement sur l'étalement du point. » L'application d'une formule basée sur la marche géométrique des rayons pourra, au contraire, donner des indications utiles, ainsi que je l'ai démontré dans ma précédente NoU' {'). » CHIMIE PHYSIQUE. — Étude des équilibres physiques et chimiques par la méthode osmotique. Note de M. A. Ponsot, présentée par M. Lipp- mann. • (t Soit un mélange de corps, placé dans un vase où la température est uniforme, et constituant un système homogène ou hétérogène en équi- libre. On se propose : i" de trouver les corps qui existent réellement dans le mélange; 2° de faire subir au système des variations de pression, de température et de composition, et de trouver des relations correspondant à ces variations; 3° d'établir les conditions d'équihbre du système. )) On peut utiliser pour cela différentes méthodes dont les principes sont bien différents et dont les résultats se complètent mutuellement. La méthode osmotique, imaginée par Vaut Hoff, est une de celles permettant de faire une étude rigoureuse du système donné. Je l'ai déjà employée dans des Notes récentes (^Comptes rendus, 19 et 26 octobre 1896) ; elle peut être généralisée comme il suit : M Au système donné on adjoindra un certain nombre de systèmes aussi (') Travail fait à TÉcole municipale de Physique et de Chimie. ( 33«-. ) simples que possible : on aflmettra que, au moyen de parois ne laissant passer que des substances déterminées, on |)onrra séparer, les unes des autres, toutes les substances com|)osant le système : ces substances noyant entre elles aucune liaison chimique on bwn formant des combinaisons en partie dissociées ou dissociables par la pression. » Chacune rie ces substances sera recueillie dans nn vase où elle pourra exister seule, sous une pression convenable, ou bien disséminée dans un milieu, sons une certaine pression osmotique. Par un jeu convenable de pistons, on comprend qu'on pourra réaHser toutes les variations possibles dans le vase principal. » Excepté dans des cas très simples, la nature des corps pouvant sortir du mélange n'est pas nettement établie; on sera donc obligé de faire des hypothèses à ce sujet, [.es relations établies, soumises au contrôle de l'expérience, confirmeront ou infirmeront ces hypothèses. » L'emploi de parois avant la propriété de ne laisser passer qu'une substance est légitime; on connaît de telles parois naturelles et artificielles. On peut donc appliquer aux transformations réversibles de l'ensemble des systèmes les principes de la Tliermodynamique. » 1° Transformations isothermiques. — On considérera un cvcle fermé d'opérations réversibles, ou bien une transformation élémentaire. On ap- pliquera les relations connues sur la chaleur totale, l'énergie interne et le travail extérieur. En particulier, F étant la pression établie dans un système de volume V, dans une transformation élémentaire on exprimera que iF(^/V ou la différentielle du travail est une différentielle exacte. » 2FV ayant une valeur ne dépendant que de l'état actuel du système, cU ( Comptes rendus, 1 9 cl 26 octobre 1 89G ) . » Si l'on fait entrer clans le système principal, dont le volume est inva- riable, un corps contenu dans le système annexe où la pression croît Aads, on a » 2" Transformations avec variations de température. — On prendra comme variables indépendantes la température et d'autres variables cor- respondant à une transformation isothermique; on écrira que la différen- tielle de l'entropie et de l'énergie intérieure sont des différentielles exactes. Les relations obtenues dépendront du choix des variables et de conditions données a priori. » Exemple : La chaleur L absorbée dans le passage de l'unité de masse d'un corps, du système principal oîi la pression demeure invariablement P, à un système annexe où cette unité de masse occupe un volunii; v^ sous une pression jr?e est „, — Av^ -J^- 1) Cette formule, modification de celle de Clapeyron, sert à établir plu- sieurs propriétés d'un système relatives au maximum de solubilité sous pression constante, au point de congélation; à retrouver la loi de Van't Hoff relative au déplacement de l'équilibre, par élévation de température, entre deux systèmes pouvant échanger osmofiquement un de leurs com- posants, etc. » 3° Dans toutes les transformations, on écrira que le volume total des systèmes, ou seulement celui de l'un d'eux, est une fonction déterminée des variables indépendantes. » Jetant un coup d'œil sur les relations obtenues, on remarquera qu'elles ne renferment que des quantités ayant une signification physique précise. Mais il semble, toutefois, qu'on ait compliqué le problème qu'on s'était proposé de résoudre : les relations différentielles trouvées étant éta- blies entre le système principal et d'autres qu'on a ajoutés; ces relations, d'ailleurs, ne pouvant être soumises au contrôle de l'expérience que dans les cas où l'on peut réaliser les liaisons qu'on a supposées entre les sys- tèmes. » Dans tous les autres cas, pour l'application de ces relations, on sera donc obligé de poser, aprioii, des relations approchées entre différentes C. R., 1898, I" Semestre. (T. CXWI, K» 4.) 44 ( 338 ) grandeurs. On admettra, par exemple, pour les systèmes gazeux, que chaque gaz constituant a, dans un mélange, la même pression, la même densité que dans le système annexe où il est seul; pour les systèmes li- quides on admettra la relation de Van't Hoff sur la pression osmotique, avec un coefficient i convenable. » Grâce à ces données nouvelles, qu'on peut considérer comme les ré- sultats approchés d'expériences non exécutées, on pourra résoudre le problème qu'on s'était posé. » Dans la méthode employée on aura nettement sépai'é la partie théo- rique précise et rigoureuse de la partie expérimentale avec ses résultats plus ou moins approchés. » PHYSIQUE. — Sur la loi du mélange des gaz. Note de M. Paul Sacerdote ( ' ), présentée par M. Lippmann. « Dans une récente Communication ( '") M. Leduc a montré que la loi du mélange des gaz, appliquée en tenant compte des coefficients d'écart à la loi de Mariotte que nous avions mesurés précédemment (^ ), conduisait au résultat suivant: » Deux gaz ont une même pression : par suite de leur mélange, la pres- sion augmentera ; pour CO^ et SO" primitivement à la pression de y6*^™ de mercure, l'accroissement de pression devrait être de plus de o*^™, 5 de mercure. Il a vérifié, par une méthode indirecte fondée sur la mesure des densités, qu'il n'en est pas ainsi et en a conclu la nécessité d'un nouvel énoncé pour la loi du mélange des gaz. )) Ces expériences de mesure des densités sont susceptibles d'une très grande précision, mais exigent des conditions multiples, entre autres une pureté presque absolue des gaz; en outre, elles ont l'inconvénient de faire dépendre la vérification cherchée des valeurs d'un certain nombre de constantes numériques relatives aux gaz. » Des expériences directes semblaient donc nécessaires pour trancher la question ; avec l'aide des bienveillants conseils de M. Leduc, je me suis proposé de répéter l'expérience de BerlhoUel, mais en lui donnant toute la précision dont sont susceptibles nos méthodes actuelles de mesures. (') Laboratoire d'Enseignement physique à la Sorbonne. ('-) Comptes rendus du 17 janvier 1898. (■') Comptes rendus du 2 août 1897. ( 339 ) » Appareil. — Deux ballons de verre épais de ^So'" sont réunis par un robinet à trois voies de 6"" de diamètre pour permettre une rapide diffusion des gaz; les cols se raccordent à angle droit pour qu'on puisse, après le remplissage de l'un des ballons, l'isoler complètement; on a parfaitement desséché l'appareil en le cliaufTant pendant plusieurs heures, tandis qu'on y faisait alternativement le vide et rentrer du gaz car- bonique sec. » Expériences. — Pour remplir l'un des ballons, on le maintient vide, pendant une heure au moins, dans la glace râpée fondante et l'on y laisse rentrer bulle à bulle le gaz desséché par son passage sur l'anhydride phosphorique ; on établit pendant quelques minutes la communication du ballon avec l'atmosphère, puis on l'isole et au même instant on détermine la pression atmosphérique au j\ô ^^ millimètre, avec un bon baromètre Regnault-Leduc; immédiatement après, on procède de même pour l'autre; les deux remplissages étant ainsi effectués à quelques heures à peine d'inter- valles, les pressions des deux gaz sont égales à i ou 2 dixièmes de millimètre, et comme les volumes des ballons sont eux-mêmes presque égaux, on peut prendre comme pres- sion du remplissage la moyenne des deux hauteurs barométriques observées (toutes cor- rections faites). On laisse la diffusion s'effectuer pendant plusieurs jours, on l'active par des variations de température; on détermine enfin la pression du mélange, en reliant le ballon à un manomètre de Regnault. » On a pris le soin d'établir a priori, entre les deux branches de ce manomètre, une dénivellation du mercure correspondant à la différence des hauteurs baromé- triques le jour du remplissage et celui de la mesure, et aussi à la variation de pression produite par le mélange des deux gaz, variation connue approximativement par une expérience préliminaire, en ouvrant le robinet du biballon on n'observe donc qu'un mouvement très faible du mercure : la correction à effectuer sur la pression lue est petite, ce qui est très avantageux, cette correction étant forcément un peu incertaine, puisqu'elle exige la connaissance du volume des tubes de communication. » Résultats. — 1° Az^O e< CO^ : Pression de remplissage 759™"", /40 Pression du mélange 759"", 48 l'augmentation de pression très faible (o'"",o8) peut être attribuée aux erreurs d'ex- périences. » Note. — Dans cette expérience, la diffusion n'ayant duré que deux jours, je me suis assuré, en analysant les mélanges gazeux des deux ballons, que néanmoins elle était à peu près achevée. » 2° S0°- et C0= : Pression de 002=765,64 ) „^'"" ^ . , „ ^„ ^K r, ( moyenne 760,60 Pression de 50^=765,73 ^ ^ / ' y Après quatre jours : pression du mélange 766,90 Après sept jours : pression du mélange 767,05 dans ce cas, on observe bien une augmentation de pression par le mélange, mais sa valeur (i"",36) est bien inférieure à ce qu'elle devrait être d'après l'ancien énoncé de la loi du mélange des gaz; la différence des résultats obtenus dans les deux cas étudiés ( 34o > peut être attribuée à ce que CO' et Az-0 ont même masse moléculaire et sont dans des états correspondants, à o" et sous la pression atmosphérique, tandis qu'il n'en est plus de même pour CO- et SO'-. » En résumé, ces résultais confirment ceux qui ont été obtenus par la mesure des densités ('); comme eux, ils indiquent que l'on doit rejeter l'énoncé de la loi du mélange des gaz où interviennent les pressions, pour y substituer celui qui fait intervenir les volumes. » CHIMIE MINÉRALE. — Sur la séparation du thorium et des terres de la cérite. Note de MM. G. Wyrouboff et A. Yerneuil, présentée par M. H. Moissan. « Après avoir donné un procédé de séparation du cérium avec le lan- thane et le didyme et l'ensemble des terres du groupe de l'yttria, nous avons cherché un moyen plus commode et plus sûr que ceux qui existent pour le débarrasser de la thorine. Dans toutes les réactions qu'on met en jeu pour séparer entre elles les terres de la cérite, la thorine reste, en effet, en totalité ou en partie avec le cérium. C'est ce qui se produit en particu- lier dans le procédé de séparation que nous avons indiqué. S'il n'en existe que quelques centièmes, elle se précipite complètement en même temps que le nitrate céroso-cérif|ue. » Si l'on se propose simplement d'obtenir du cérium pur, on dissout le précipité dans de l'acide chlorhydrique en quantité suffisante pour réduire le cérium à l'état de protoxyde, on ajoute à la solution chaude un peu d'acide phosphorique, et l'on évapore jusqu'à consistance pâteuse. On reprend par l'eau et l'on filtre. Toute la thorine reste à l'état insoluble entraînant avec elle quelques centièmes de cérium. La liqueur filtrée con- tient du protochlorure de cérium rigoureusement exempt de thorine. » JjC problème inverse, la préparation d'une thorine parfaitement exempte de cérium, est beaucoup plus difficile et l'on n'y arrive, comme on sait, que par une longue série d'opérations, sans qu'on ait aucun caractère précis, autre que l'absence d'incandescence, pour reconnaître la pureté du produit obtenu. » M. Clève a signalé depuis longtemps (^) une curieuse réaction qui, (') M. Leduc a trouvé, parles densités, que le mélange de SO^ et GO^ est accompagné d'une augmentation de pression de i™"",25; mais la pression du mélange n'était que de 66="" au lieu de 77""". (•-) Bull. Soc. ch., t. XLIII, p. 57; i885. ( 34 1 ) parmi les terres rares, n'ajipartient qu'à la thorine; en ajoutant à une so- lution de sulfate de thorium de l'eau oxygénée, on obtient un précipité gélatineux qui a pour formule Th''0', SO^ (Th = i i6). En étudiant de plus près cette réaction, nous avons reconnu qu'en employant le nitrate aussi exempt que possible d'acide libre, en ajoutant un excès de II- O" et en chauffant vers 60°, on précipite la totalité de la thorine existant dans la solution. La réaction est tellement sensible qu'on [leut non seulement reconnaître facilement j^ de thorine mélangé, soit avec du cérinm seul, soit avec l'ensemble des terres de la cérite et de la gadobnite, mais encore le recueillir et le doser. Il est vrai que la thorine ainsi précipitée renferme encore du cérium, surtout si ce dernier était en très grand excès. Mais en redissolvant cette thorine encore impure dans l'acide nitrique, évaporant à sec et précipitant encore une fois par H^O'^ on obtient un produit qui ne renferme plus que moins de 0,1 pour 100 d'impuretés. Une troisième pré- cipitation enlève ces dernières traces de cérium et, après une quatrième précipitation, la Uqueur filtrée ne donne plus le moindre précipité par l'ammoniaque. Pratiquement, et si l'on opère sur quelques centaines de grammes de matière, il vaut mieux commencer par traiter les mélanges des nitrates par un excès de carbonate d'ammoniaque à 10 pour 100, an- quel on a ajouté un peu d'ammoniaque caustique. Toute la thorine passe ainsi en solution, n'entraînant que quelques centièmes des autres terres. Une seule précipitation à l'eau oxygénée suffit alors pour avoir une tho- rine presque rigoureusement pure et ne donnant plus que des traces d'in- candescence. » Il nous restait à appliquer cette méthode si simple et si rapide à la détermination quantitative de la thorine en présence des autres terres rares. Mais ici on rencontre des difficultés tout à fait inattendues. Le nitrate de peroxyde Th''0'N-0' ne peut pas être calciné; en perdant son oxygène, il décrépite, se réduit en une poudre d'une extrême ténuité qui est projetée hors du creuset et amène des pertes qui peuvent s'élever à 10 pour 100. D'autre part, il n'est pas possible de le dissoudre sur le filtre dans l'acide nitrique ou chlorhydrique, pour le transformer en hydroxyde dont la calci- nation est facile; en effet, il se produit un vif dégagement d'oxygène et, quelque précaution qu'on prenne, une certaine quantité de la solution est entraînée à l'état d'imperceptibles gouttelettes. Après un grand nombre de tâtonnements, voici le mode opératoire auquel nous nous sommes arrêtés et qui donne, comme on le verra plus loin, des résultats très suffisamment exacts. ( 34^ ) » La solution des nitrates, qui ne doit pas contenir plus de o, 5 d'oxydes, est évaporée à sec, additionnée de loo" d'eau et de lo" d'eau oxygénée (à lo volumes) ('); on chauffe pendant quelques minutes en remuant. Le précipité extrêmement volumineux est jeté sur le filtre et lavé jusqu'à ce que l'eau de lavage ne précipite plus par l'am- moniaque. On détache avec une baguette le précipité du filtre, opération qui se fait très aisément grâce à la consistance gélatineuse du peroxyde, et on le dissout à chaud dans quelques centimètres cubes d'eau à laquelle on ajoute 2?'' de lAzH' et 2'^'= de Cl H concentré; la réduction est instantanée. On fait passer la solution chaude à travers le filtre pour dissoudre les parties du précipité qui y adhèrent encore et on lave. La so- lution est précipitée par l'ammoniaque; l'hydroxyde, qu'on n'a pas besoin de laver, est jeté sur le même filtre et calciné. Dans la liqueur filtrée du peroxyde, on précipite par l'ammoniaque toutes les autres terres qui accompagnaient la thorine. » Le précipité obtenu par l'eau oxygénée doit être parfaitement blanc. Si tel n'était pas le cas, ce qui arrive chaque fois que la quantité de cérium est un peu considérable, il faudrait redissoudre l'hydroxyde dans l'acide nitrique, évaporer et répéter l'opéra- tion. D'une façon générale, si l'on tient à des résultats très exacts, cette double préci- pitation doit être conseillée aussi bien pour le peroxyde de thorium qui a entraîné un peu de cérium que pour les autres terres qui ont pu entraîner quelques millièmes de thorine. I. II. m. Pris. Trouvé. Pris. Trouvé. Pris. Trouvé. ThO 0,3670 0,3655 0,3645 o,364o o,o5o8 o,o475 Ce'O' o,023i 0,0229 o,o2i4 ) „ 0,9485 0,9615 LaODiO » » o,oi4o ( ' » » » Nous donnons l'analyse III pour montrer les résultats qu'on obtient par une seule précipitation. » M. Dennis (Zeisch. fur Ann. Ch., t. XIII, p. 412; 1897) a proposé tout récemment le sel potassique de l'acide azothydrique pour la séparation de la thorine des autres terres rares. » Cette curieuse réaction permet, en effet, de précipiter la totalité de la thorine existant dans un mélange. Malheureusement elle présente deux inconvénients : celui d'exiger l'emploi d'un réactif peu commode à manier en quantité un peu notable, et celui bien plus grave d'entraîner avec la thorine quelques centièmes de cérium qu'une seconde précipitation n'éli- mine pas. Dans un mélange synthétique renfermant 0,0952 de ThO et 0,0927 deCeO, nous n'avons trouvé, après la précipitation de la thorine par Az'R, que 0,0896 de CeO. La thorine précipitée avait donc entraîné (') L'eau oxygénée du commerce renfermant de notables quantités de substances fixes ne peut être employée. Il faut la purifier par distillation, ce qui ne présente d'ailleurs aucune difficulté depuis le Travail de M. Hanriot. ( 343 ) 3,34 pour loodeCeO. Elle a été dissoute dans NO" H et précipitée parH*0-; la liqueur filtrée a donné o, 0028 de CeO. Cette expérience montre claire- ment que le procédé que nous proposons est non seulement plus pratique, mais encore beaucoup plus précis que le procédé, très intéressant du reste, décrit par M. Dennis ('). » THERMOCHIMIE. — Hydiamides et bases isomères {glyoxalidines). Note de M. Marcel Delépine. « Je me propose d'étudier ici les combinaisons ammoniacales des aldé- hydes anisique et pyromucique, afin d'étendre les recherches publiées relativement à l'hydrobenzamide et à l'amarine. J'ai été naturellement amené à déterminer la chaleur de formation de l'aldéhyde anisique, non encore étudié sous ce rapport. » Aldéhyde anisique : C''H*(CHO), (OCH')j. — Très récemment distillé, bouillant à 248°-249°, parfaitement neutre, ce produit a donné pour chaleur de combustion par gramme : 7096"', o; 7ii7"',2; 71 lo'^''',] ; en mojenne 7107"', 8. » Soit, pour une molécule =r i368'', Chaleur de combustion à volume constant g66'^''',7 » pression constante 967'^''', 3 » D'où, pour la chaleur de formation, C»+lP+02=G«H»0Miq 4-63C'",i » Anishydramide : (C'H'O)'Az''. — Préparé d'après les indications de Cahours, le corps que j'ai utilisé fondait à i2^°-ii']''. Sa combustion a donné par gramme : 7810"', 7; 7S5i"',4; 7849"',!; en moyenne 7837"',!. » D'où l'on déduit : A volume A pression constant. constante- Chaleur de combustion moléculaire 3040*^*', 8 3o42'^'',8 Chaleur de formation moléculaire " 48*^"', 4 » Anisine : C-*H-*Az^O^. — Préparée suivant les indications de Bertagnini, c'est- à-dire par chauffage du corps précédent à 160°, purifiée ensuite et finalement cristal- lisée dans l'alcool aqueux, l'anisine contient une molécule d'eau et fond à 101°. Cette molécule d'eau part à io5°-iio°, exactement; mais l'anisine anhydre ne cristallise pas (') Laboratoire de M. Arnaud, au Muséum. ( 344 ) par le refroidissement, comme l'amarine; elle se présente alors en masses vitreuses, incolores, solubles dans le benzène et s'en sépare par évaporalion du solvant, en petits cristaux fondant vers 109°. La combustion calorimétrique a été eflTectuée sur le produit vitreux; elle a fourni par gramme : -8oi'-"',9 et 7788"', 8; moyenne 7795"', 35. » D"où A volume A pression constant. constante. Chaleur de combustion moléculaire 3024*^"', 6 3026*^^', 6 Chaleur de formation moléculaire » 64''°', 6 )> Furfuramide : (C'IPO)^Âz^ — C'est le produit que Ton obtient par l'action à froid de l'ammoniaque dissoute surl'aldéhjde pjromucique ou furfurol. La combustion a donné par gramme : 6S2i"',4 et 6819"', 4; moyenne 6820='»',4. » Soit, pour une molécule :^ 268s'' : A volume A pression constant. constante. Chaleur de combustion 1827'^»', 87 1828'^='', i5 Chaleur de formation » -+- of"', 35 » Furf urine : C'^H'- Az'-O'. — Bertagnini a montré qu'en maintenant la furfura- mide à iio°-i20° pendant une demi-heure, on la transformait en base isomère ou furfurine. En suivant de près la marche de l'opération, j'ai pu saisir sur le fait le dé- gagement de chaleur produit par l'isomérisation : i5s''-208'' de l'hydraniide sont chaudes dans un ballon placé au milieu d'un bain d'huile porté à iio"; dès que la fusion de la furfuramide est totale, la réaction s'annonce par im grésillement, dû sans doute à l'expulsion de traces d'eau, et se manifeste ensuite par une élévation de tem- pérature de la masse en transformation pouvant atteindre 5o°-6o", laquelle persiste pendant quatre à cinq minutes ; après ce temps, la réaction est achevée, le thermomètre descend. Pendant la transformation, la température du bain ne varie que de quelques degrés. Purifiée par passage à l'état de bioxalate, la furfurine s'obtient finalement en cristau.\ fusibles à 1 16°, anhydres. Sa combustion dégage, par gramme : 6755<^^',4; 6763'"'''i,8; 6745^', 5; en moyenne 6754™', 9. » Soit, pour une molécule : Chaleur de combustion . 1 à volume constant i8io'^''',32 j à pression constante i8io'^''',6 Chaleur de formation 17'-^', 9 » ChlorhydraLc de furf urine : G'°H'^ Az-O^.IICI. — La furfurine forme des sels Uîsez solubles; notamment le chlorhydrate. J'ai profité de cette circonstance pour eu faire la thermochimie, très dilficile avec les sels d'amarine ou danisine presque inso- ( 345 ) lubies, afin de justifier plus complélement quelques considérations que j'expose plus loin. J'ai trouvé les résultats suivants : I. Chaleur de diss. de C'H'^ Az^O^HCl dans 5'" et lo"' d'eau ^4<^='',74 et — ^cm -g II. C'=H>^Az=0'HCIdiss.+ KOHdiss.r=C'5H'2Az20'crist.-j-KCldiss.(i3'"\ -i-f'^i III. G"H' = Az20' crist. H-HCl diss. =:C'»H'2Az=0MICl diss. (i4'i') +6C''',55 » Les 'j'^"', I de l'opération II ne se dégagent pas d'un seul coup : la furfurine se pré- cipite d'abord amorphe, ce qui produit environ 7*^"'; sa transformation en cristaux dégage ensuite quelques dixièmes de Calorie. La somme 6'^''',55 -i- 7*^"', i =^ iS'-^'jGS est très voisine de i3'^'''',7 chaleur de saturation de H Cl diss. par KOH diss , ce qui con- firme les nombres trouvés. On en déduit, pour la formation du sel solide : C'^H'^Az^O^ crist. -HCl gaz -Cqi'^Az^O'.HCl crist +28c^i,7 » Conclusions. — On lire des nombres ci-dessus, pour la formation des hydramides étudiés et leur isomérisation en glyoxalidines, les résultats suivants : I. SC^H'O^liq. 4-2AzH'diss. — (C«IPO)=Az2so]. :-3H2011q.... +2 x i2C=i,o5 Anishydramide sol. =r Anisine sol M-i6"^^',2 II. SC^mOMiq. + 2AzH3diss. =z (C»H*0)' Az= sol. -H 3IP0 liq.. . . +2x8':=i, 1 Furfuramide sol. ^^ Furfurine sol +17*^=', 55 » On avait trouvé un dégageinent de 2 >; ii^''' pour la formation de l'hydrobenzamide suivant le même mode et iS'^^'.g pour sa transformation en amarine; les nouveaux nombres sont essentiellement comparables, et susceptibles des déductions développées dans la Note sur l'hydrobenza- mine et l'amarine. » Je ne rappellerai que l'équation suivante : 3 Aldéhyde liq. + a.AzH' diss. = Glyoxalidine sol. 4- 3H-0 liq. -h 2 >: x. Pour l'amarine on avait x- i'7^''',gj; pour l'anisine et la furfurine, on trouve respectivement 20'^''', i et iG^^',7, tous nombres plus grands que la chaleur de saturation de AzH' diss. par un acide dissous, d'où résulte l'impossibilité de retourner aux générateurs par l'action des acides dissous sur les bases isomères des hydramides. Je puis ajouter qu'un acide con- centré n'agira pas davantage, parce qu'il faut tenir compte de ce fait expé- rimental qu'une moitié s'unira d'abord à la base pour donner un sel, tandis que l'autre moitié perdra une partie de son énergie en s'unissant aux 3H-0 nécessaires à la réaction. C'est ainsi que le calcul fait avec la furfurine, où x est le plus faible et dans les conditions les plus favorables à l'action décomposante, montre qu'il y aurait une absorption de 8^"', 5, G. R., 1898, I" Semestre. (T. CXXVI, N° 4.) 45 ( 346 ) pour réaliser l'équation suivante : C'MV^Az-0\ H Cl sol. ;-HCldiss. dans3H=0 .:3C'H^0=li(|. -:-2AzH^Clsol. I.e raisonnement peut évidemment s'étendre aux autres sels; mais il était nécessaire de l'appuyer sur une donnée réelle. ■: CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches sur l'ouabaïne. Note de M. Ar.vacd, présentée par jM. Friedel. « Dans un Mémoire précédent ('), j'ai établi l'identité de l'ouabaïne et de la strophantine du Strophantns glaber. Mes dernières recherches sur ce corps m'ont permis de préparer un certain nombre de combinaisons ou de dérivés qui, je l'espère, pourront aider à définir, au point de vue chi- mique, ce glucoside dont l'action physiologique présente un si grand in- térêt. » L'ouabaïne peut former, par cristallisation ou évaporation de ses so- lutions aqueuses, au moins trois hydrates cristallisés différents, prenant naissance respectivement à la température ordinaire (entre io° eî 20°), vers 3o°, vers 60''. » Le premier de ces hydrates correspond à 9 molécules d'eau, si l'on adopte la formule que j'ai déjà proposée pour l'ouabaïne (^), C"'li*''0'^. Il contient, d'après les dosages eftectués, de 20, 70 à 21, 35 pour 100 d'eau, suivant que la dessiccation est plus ou moins prolongée; celle-ci ne devant pas excéder douze heures à I25°, car l'ouabaïne s'altère alors en brunis- sant à la surface. Pour 9 molécules d'eau, le calcul indique 21, 3 1 pour 100. Quand on laisse cet hydrate sousle dessiccateur en pi'ésence de l'acide sul- furique, il perd 2 molécules d'eau et ne contient alors plus que 17,5 pour 100 d'eau. C'est cet hydrate que j'ai décrit précédemment. .) M. Wyrouboff, notre éminent cristallographe, a bien voulu en déter- miner la forme cristalline, et voici les principaux éléments de cette déter- mination : !> L'ouabaïne crislallisée à basse température est quadratique. J'y ai observé les (') Comptes leiultis. t. CMI, p- ii6i. (-) Comjites rendus, t. CVII, |). 101 r. ( 3',7 ) ! lonnes /?(ooi ), «' ( loi) el «' (3oi ). Les cristaux sont toujours aplatis suivant la base, a'.c-r-. i; I .Goo'î. Angles. Ciilriilé-i. Observés. p rt' (OO I loi' » *I23 p a^ (oo i 3oi) I o 1 , 4'J » «^rt'(3oi loi'i 159,46 109,34 «'«'{loooii 106,19 106,16 }) Uniaxe, négatif avec faillie hiréfrinsence. » L'hydrate qui se forme vers 3o° contient environ r i , 2 pour 100 d'eau ; celui qui prend naissance à 60°, environ 9 pour 100. Ces hydrates corres- pondent, sans doute, soit à quatre, soit à trois molécules d'eau de cristalli- sation. ; Le pouvoir rotatoire de l'ouabaïne en solution aqueuse à i pour 100 est : [a.]j,'- — 3o°,6. » Quelques essais ont été faits sur sa solubilité dans l'eau et ont conduit aux résultats suivants : A 3o°, 100°'^ d'eau contiennent . A 14°, 5 » A 8° » iB', 5^ ouabaïne anhydre . oê",93 oiS'',66 i> » Des essais cryoscopiques ont été faits pour confirmer le poids moléculaire attribué à l'ouabaïne, soit en solution aqueuse, soit en solution dans l'acide acétique cristalli- sable. Les résultats obtenus sont peu précis, en raison même du poids moléculaire élevé de ce corps, de sa faible solubilité, ce qui conduit à des variations excessivement faibles dans les points de congélation des liquides employés. Les nombres trouvés varient de 545, pour l'eau, à 64o pour l'acide acétique. >) L'hydrolyse de l'ouabaïne fournit des renseignements importants (' ) ; elle se produit facilement par l'action des acides chlorhydrique ou sulfu- rique étendus à 100° ou 1 10°. Il se forme du rhamnose et une résine rouge qui est certainement un produit de polymérisation du second produit de (') Bull. Soc. chini.. t. Ll, p. 10. (348 ) dédoublement, comme cela se passe du reste dans le cas de l'hvdrolyse de la salicine. Jusqu'à présent je n'ai pu obtenir le produit non polyniérisé, quelles que soient les variations des conditions de l'hydrolyse. Les ferments solubles, émulsine, diastase, etc. n'agissent pas sur l'ouabaïne, mais j'ai quelque raison de croire que certains organismes microbiens peuvent la dédoubler en donnant, à côté du rhamnose, un produit cristallisé. » Les quantités de rhamnose hydraté fournies par l'hydrolyse varient de 29,7 à 3o,6, ce qui conduit à admettre l'équation suivante de dédou- blement : » La résine obtenue n'a pas encore été étudiée et vraisemblablement doit présenter des variations de composition, suivant ses conditions de formation, comme dans le cas de la salirétine. » Inaction de différents réactifs sur l'ouabaïne peut donner des produits cristallisés qui ont été étudiés et analysés; nous allons résumer ici briève- ment les résultats obtenus : » L'acide nitrique concenlré produit des dérivés nilrés amorphes, insolubles dans l'eau, et, par cliaufTage, de grandes quantités d'acide oxalique; étendu et froid, on obtient des dérivés nitrés cristallisés, mais encore en petite proportion par rapport au produit amorphe. L'un de ces dérivés cristallisés est presque insoluble dans l'alcool, même bouillant, également dans l'acétone; l'autre, au contraire, peu soluble dans l'alcool, se dissout bien dans l'acétone chaude, qui l'abandonne en longues aiguilles jaunes par refroidissement. Ces corps sont solubles dans la soude étendue, de laquelle ils sont précipites par les acides. Ces combinaisons nitrées se rapportent au second produit de dédoublement, car l'action de l'acide azotique commence certainement par hydrolyser l'ouabaïne; il y a même toujours un dégagement de CO''' qui persiste pen- dant toute la réaction, soit à froid^ soit à chaud. » Le brome réagit avec dégagement de chaleur sur l'ouabaïne anhydre, en donnant un dérivé brome amorphe, qui contient près de 63 pour 100 de brome, et de grandes quantités de HBr. » Les alcalis donnent des combinaisons, probablement d'addition, avec l'ouabaïne, excessivement solubles dans l'eau, et incristallisables ; on obtient cependant des dérivés sodés et potassés en micro-cristaux, en faisant réagir une molécule de Na ou de K, dissoute dans l'alcool, sur une molécule d'ouabaïne dans le même dissolvant. Ces composés, d'après l'analyse, paraissent correspondre à la formule suivante : C-"'H"MO'= ou C^"li'"0' = ,HO (M. (') Ou plutôt le polymère (C^'H^O' — H-Oj-^. (-) Analogue aux combinaisons des saccharoses. ( :^^9 ) >) Avec un excès de sodium ou de polassiiim, ou même de soude ou de potasse alcooliques, on obtient des mélanges de comJjiaaisons renfermant davantage de métal. » L'anhydride acétique fournit surtout des acétines amorphes quand on opère à froid et sans excès d'anhydride, ou quand on dépasse la température de 80°, même en présence d'un excès de réactif. Mais quand on opère entre 3o° et 70° et en présence d'une grande quantité d'anhydride, on obtient, entre autres, uneacéline parfaitement cristallisée en belles lamelles micacées, fondant à i']o°-2'jô° en se décomposant. La quantité d'acide acétique donnée par la saponification conduit à admettre que ce corps est une heptacétine : C^''H"(C-H^ 0 )'0'- ; ce qui indique la présence d'au moins sept oxhydrvles dans le groupement de l'ouabaïne. Cette acétine est insoluble dans leau, très sohible dans l'alcool chaud, très soluble également dans l'acide acétique. )) La formule admise C"'H*"0'-, dont le poids moléculaire est de 098, s'accorde bien avec toutes ces observations, que j'ai l'intention de publier en détail dès que j'aurai terminé mes recherches à ce sujet. » CHIMIE ORGANIQUE. — Synthèse de l'acide térébique. Note de M. E.-E. Blaise, présentée par M. Friedel. « Etant données les difficultés qui entourent la préparation de l'acide térébique, tant à partir de la métaéthylheptanonolide que du pinène, j'ai pensé qu'on pourrait obtenir plus facilement cet acide par synthèse. » M. Réformatsky a indiqué une méthode de condensation des aldéhydes avec les éthers halogènes reposant sur l'action du zinc sur le mélange de ces corps. Il semblait donc possible d'obtenir l'acide térébique en appliquant ce procédé à l'acétone et à l'éther bromosuccinique : CH\ CH^— GO'-DH^ CH\ ;CO+i -f-Zn= )C CH— CO^CH'. GH'/ CHBr-C0^G2H^ GPP/ 1 1 OZnBrCH^-CO^G^H^ La décomposition par l'eau du dérivé bromozincique obtenu devait con- duire au diatérébate d'éthyle, dont la saponification aurait fourni l'acide térébique. M Si l'on essaie de réaliser cette réaciion, on constate qu'au bout d'un mois le métal n'a pas encore réagi sur le mélange d'acétone et d'éther bromosuccinique. Je suis arrivé cependant à effectuer cette condensation en remplaçant le zinc par le couple zinc-cuivre. Celui-ci a été préparé avec la limaille de zinc et par voie sèche, suivant les indications de MM. Glad- stone et Tribe. ( 350 ) » On opère de la manière suivante : » On fait un mélange équinioléculaire d'acétone et de broniosuccinate d'élhyle, et l'on y ajoute un poids de zinc-cuivre égal à celui de l'éther bronn-. La réaction n'est pas immédiate, et l'on abandonne le mélangea lui-même pendant douze heures envi- ron. Au bout de ce temps, on agite avec précaution, et il se produit bientôt un déga- gement considérable de chaleur qu'on modère par refroidissement. On abandonne à nouveau le produit de la réaction pendant douze heures en agitant de temps en temps. On obtient ainsi une masse pâteuse sur laquelle ou verse un excès d'acide sulfurique étendu au dixième; on agite vivement et on laisse la décomposition s'eiïectuer pendant vingt-quatre heures environ. On épuise alors à l'éther, on lave la solution éthérée à l'acide sulfurique étendu, et l'on distille l'éther. Le résidu est saponifié par la potasse aqueuse au bain-marie. On chasse l'alcool, on sature l'alcali par la quantité équiva- lente d'acide chlorhydrique et l'on évapore le tout à sec, La poudre obtenue est soumise à un épuisement continu et prolongé au moyen de l'éther. Le résidu, obtenu par distillation du solvant, constitue un mélange d'acides d'où l'acide térébique est isolé par le procédé suivant : » On dissout le mélange des acides dans l'eau, on porte à une douce ébullition et l'on ajoute de l'eau de baryte saturée à l'ébullition jusqu'à ce que la liqueur ait acquis une réaction fortement alcaline et persistante. Celte manipulation a pour but de transformer l'acide térébique en diatérébate de baryum facilement soluble. On fdtre la liqueur bouillante, on précipite l'excès d'alcali par l'acide carbonique, on filtre et l'on évapore. Le liquide refroidi est acidifié par l'acide chlorhydrique et épuisé cinq fois à l'éther. La distillation de ce solvant fournit l'acide térébique qu'on purifie par cris- tallisation dans le double de son poids d'eau. Si l'on veut obtenir de beaux cristaux, la cristallisation doit être efifectuée dans l'alcool à 60". La condensation ne doit pas être opérée sur plus de looS"' d'éther brome. « L'acide ainsi oblcnu fond à 174°- i' tiomie à l'analvse des chiffres qui concordent avec la composition de l'acide térébique. Enfin, l'identificaliou a été complétée par la transformation en méthyl-2-pentanolide CO-M ^„, c-CH cnr co= - ^„ c CH= CH^ O CO O- GO Cette transformation peut être effectuée par deux distillations successives et lentes. On obtient ainsi un mélange d'olide et d'acide pyrotérébique qu'on chauffe pendant quelques minutes avec un mélange d'acide sulfu- rique (2 p.) et d'eau (i p.). L'acide pyrotérébique est ainsi transformé en olide isomère avec lui, et il ne reste qu'à neutraliser par le carbonate de sodium et à épuiser à l'éther pour obtenir l'olide qui bout à 206°- 20^°. ( 35' ) )- On peut encore faire bouillirdireclement pendant douze heures l'acide térébique avec le mélange sulfurique. 1) La condensation que j'ai indiquée Fournit environ de i o^'' à I2S'' d'acide télébique pour loo'^*' d'éther bromosuccinique. Le rendement est donc assez faible, mais bien supérieur cependant à celui que donne l'oxydation du pinène (20^'' d'acide pour 1200^'' de pinéne et 12"*^ d'acide azotique). La manipulation est, en outre, très aisée, tandis qu'elle est fort ])énible dans ce dernier cas. » Je me propose d'étendre ce procédé de condensation à la syiithèse d'un certain nombre d'acides paraconiques et de l'appliquer, en outre, aux dérivés qui renferment la fonction cétonique et la fonction halogénée dans la même molécule. » CUIMIE ORGkmQVE. — Fabi-ication de l'huile d'acétone, et en particulier de la rnéthYlèthylcétone, au moyen des eaux de désuintage des laines. Note de MM. A. et P. BuisiNE, présentée par M. Friedel. u La fabrication de l'acétone, par distillation sèche de l'acétate de chaux brut, laisse, après séparation de l'acétone pure, un résidu huileux, renfer- mant de la méthyléthylcétone, de la méthylpropylcétone et autres acé- tones supérieures, qu'on désigne sous le nom à'huile d'acétone. ■) On peut encore obtenir l'huile d'acétone par oxydation des fusels, au moyen d'un mélange de bichromate de potasse et d'acide sulfurique, sépa- ration des acides gras formés et distillation sèche de leurs sels de chaux, 1 En réalité, l'huile d'acétone s'obtient par distillation sèche d'un mé- lange d'acétate de chaux, de propionate de chaux, de butyrate de chaux et autres sels de calcium d'acides gras supérieurs. 1 Étant donné que les eaux de désuintage des laines peuvent, comme nous l'avons montré dans une précédente Communication (' ), fournir abondamment les acides gras volatils qui concourent à la formation de l'huile d'acétone, nous avons pensé que ces eaux constitueraient une excellente matière première pour la fabrication de ce produit. C'est pour- quoi nous avons entrepris quelques expériences à ce sujet, expériences qui ont confirmé notre opinion. -' Pour obtenir l'huile d'acétone au moyen des eaux de désuintage des (') Comptes rendus, l. CXXV, \>. 777; i5 ijovecnlire 1897. ( 3^2 ) laines, on prend les acides gras volatils, isolés de ces eaux comme nous l'avons indiqué; on les sature par la chaux et l'on évapore la solution à siccité. Les sels de chaux parfaitement secs sont ensuite soumis à la distil- lation sèche. » Le matériel à employer pour séclier et distiller les sels de chaux est tout à fait analogue à celui qui est usité dans la fabrication de l'acétone. 1' On obtient ainsi de 45 à 5o pour loo du poids des sels de chaux d'un liquide légè- rement coloré, ayant une odeur particulière pénétrante et très persistante, une saveur acre et brûlante. » Sa densité est o,838. 11 est soluble en grande partie dans l'eau, qui en dissout 8o pour 100 environ. 11 est soluble en toutes proportions dans l'alcool et l'éther. » Une première rectification de ce liquide nous a fourni les résultats suivants : De 56° à 75°, il passe 18 pour 100. » 75° à 85° » 59 » » 85° à 100° li 5 » » 100° à 100° » 8 » » 1 5o° à 200° )' 5 j) Au-dessus de 200" » 5 » 100 » Par des rectifications répétées, nous avons pu séparer du mélange plus de 60 pour 100 de métliyléthylcétone. La proportion élevée de méthjdéthylcétone, contenue dans cette huile d'acétone, tient à ce que le mélange des acides gras volatils des eaux de désuintage des laines est riche en acide propionique. » Cette source d'huile d'acétone, et en particulier de mélhyléthylcé- tone, est extrêmement abondante et son exploitation serait très écono- mique. Le rendement en huile d'acétone est de 1 5'" environ par mètre cube d'eau de désuintage à 11° Baume. On pourrait obtenir, par le traite- ment de la totalité des eaux de désuintage produites actuellement dans les villes de Roubaix et de Tourcoing, environ ioooo''s d'huile d'acétone par jour. )) L'huile d'acétone, jusqu'ici sans application, commence maintenant à être utilisée, notamment pour la dénaturation de l'alcool. En Suisse, c'est actuellement le dénaturant employé. L'huile d'acétone est d'ailleurs un dénaturant très efficace : ajoutée à l'alcool, même en très petite quantité, I à 2 pour 100, elle lui communique une odeur et une saveur acres très prononcées. Comme elle renferme en outre, entre autres acétones, la méthylcthylcétonc, qui bout à une température très voisine de celle de l'alcool, la régénération de l'alcool est rendue extrèmementdifficile. ( 353 ) » Ce produit était rare et difficile à obtenir. La fabrication de l'acétone ne donne, en effet, qu'un faible rendement en huile d'acétone, lo pour loo de l'acétone brute, dit-on, et le procédé d'obtention par l'oxydation des fuscls, qui fourniraient de 20 à aS pour 100 d'huile d'acétone, est extrê- mement laborieux. Par suite, l'emploi de ce produit n'a pas pu se généra- liser. » C'est pourquoi nous croyons devoir attirer l'attention sur les eaux de désuintage des laines qui peuvent devenir une source abondante et facile à exploiter d'huile d'acétone particulièrement riche en méthyléthylcétone, le produit le plus efficace pour la dénaturation de l'alcoo!. » CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur le dosage du suc gastrique. Note de M. L. CoRDiKE, présentée par M. Henri Moissan. « Nous avons eu récemment l'occasion de faire, dans le service de M. le D'' OEtlinger à l'hôpital Broussais, de nombreuses analyses de suc gastrique. » La méthode la plus couramment employée en France, dans les labo- ratoires, est celle d'Hayem et Winler. On dose l'acidité totale A, le chlore total T, le chlore combiné C et l'acide chlorhydrique libre H; ce dosage comporte trois incinérations successives et nécessite, pour l'obtention de résultats rigoureusement comparables, un apprentissage assez long. Chaque dosage exige de plus un temps très appréciable, une dizaine d'heures en- viron. » La méthode que nous proposons est basée sur l'observation suivante : )) Un mélange de chlorure de sodium et de chlorure de hthium, traité par un mélange à parties égales d'alcool absolu et d'élher anhydre, cède complètement à ce véhicule le chlorure de lithium ; le chlorure de sodium reste indissous et peut être ensuite enlevé par de l'eau distillée chaude. » Pour faire le dosage, on prélève 5"" de suc gastrique que l'on additionne dans une petite capsule d'une solution saturée de carbonate de lithine pur jusqu'à réaction alca- line au tournesol. On évapore à siccilé à l'étuve à 100° ou mieux au bain-marie à l'air libre. L'acide chlorhydrique libre et l'acide chlorhydrique combiné se transforment en chlorure de lithium ; les chlorures fixes ne subissent aucune modification ; les acides organiques et les sels acides sont neutralisés. » Après dessiccation, on incinère au rouge sombre en remuant continuellement avec une baguette de verre et en évitant toute élévation de température, l'incinération devant être juste suffisante pour obtenir ultérieurement une liqueur incolore ou à peine colorée. Après refroidissement, on épuise le charbon obtenu par le mélange à C. P.., 1898, I" Semestre. (T. CXXVI, ^•■ 4.) 'i^ ( 354 ) jiarties égales d'alcool absolu et d'élher, ajouté par fractions successives. Nous nous sommes assurés que 60'''' suffisaient à un épuisement complet; en ojiérant avec la liqueur cliaude, au bain-marie par exemple, 4o" seulement sont nécessaires pour l'en- lévement total de tout le chlorure de litliiiim. » On sépare ainsi, au moyen d'un petit (illre Berzélius : d'une part, une solution élhéro-alcoolique; d'autre part, un charbon résidu. » 1. Dosage de HCl ZiTre + HCl co/ni;^/^(? =r (H + C). — La solution éthéro- alcoolique contient ainsi à l'état de chlorure de lithium tout le chlore de l'acide chlor- hydrique libre et le chlore des chlorures combinés. Cette solution est rigoureusement neutre au tournesol, complètement incolore et peut servir directement au dosage du chlore par la méthode volumétrique au nitrate d'argent. » Il suffit pour cela de la diluer de son volume d'eau, d'ajouter quelques gouttes de chromate de potasse dissous et de procéder au titrage au moyen de la solution déci- normale d'azotate d'argent; le résultat e\])rimé en IICI et rapporté à loo'" de suc gastrique, fait connaître la valeur de ( Il + C). » 2. Dosage du chlore fixe ¥ .' — On reprend, par de l'eau chaude, le cliarbon résidu qui reste dans la capsule, on acidulé par trois à quatre gouttes d'acide azotique pur, ce qui désagrège le charbon, on porte à l'ébullilion pour chasser l'acide carbo- nique, puis on jette sur le filtre même qui a servi à séparer la liqueur éthéro-alcoo- lique. On épuise par une quantité suffisante d'eau chaude, et les liqueurs réunies (50*=' environ) sont ramenées, au moyen de quelques gouttes d'une solution de carbonate de soude pur au dixième, à une très légère alcalinité. » On procède ensuite au titrage du chlore comme précédemment, et le résultat, rapporté à 100" de suc gastrique et exprimé en HCl, fait connaître les chlorures fixes F. » 3. Dosage du chlore total T. — On l'obtient en faisant la somme H + C + F— T. » (^ette méthode présente plusieurs avantages : » a. Elle n'exige qu'une seule incinération et partant est assez rapide. » b. L'évaporalion ayant lieu en milieu alcalin, on n'a pas à craindre de perte d'acide chlorhydrique, par suite de l'action des acides organiques ou des sels acides (phosphates aciiles) sur les chlorures du suc gastrique. » c. Elle permet d'effectuer un dosage très complet avec une petite cpiantilé de licjuide; elle pourra, de ce fait, être avantageusement employée dans l'examen du liquiile relire à jeun de l'eslomac, le volume fillrc du li- quide extrait à la sonde, dans ces conditions, vai'iant entre I2'-"'^ et i5'^'^. )) Toutefois cette méthode ne fait pas connaître la quantité de HCl libre, mais seulement la valeur de (H + C). » Pour déterminer l'acide chlorhydrique libre, lorsque les réactifs de Boas et de Gungsbourgen indiquent une quantité notable, nous procéilons à un dosage acidimétrique, au moyen de la solution déci-normale de soude. ( 355 ) ea déterminant la fin de la réaction au moyen du réactif phloroglucine- A'anilline. » Nous avons examiné comparativement de nombreux sucs gastriques, en employant concurremment la méthode d'Hayemet Winter et la méthode au carbonate de lithlne. » Voici quelques-uns des résultats obtenus; les chiffres sont rapportés à loo*^*^ de suc gastrique et exprimés en H Cl. Suc gastrique a. Méthorle d'Hayem et Winter. Volume filtré = i4o°", Âcidilé A ^ 0,274, 0,211 Acide chlorliydiique libre H =o,o36 Acide chlorliydiique combiué. . 0=:: 0,176 Chlore fixe F = o, 197 Chlore total T r= o,4o8 » Absence d'acides lactique, acétique et butyrique. Suc gastrique |3. Méthode d'Havem et ^^ inter. Volume filtrée: 100°°, Acidité A =: 0,427, Acide chlorhydrique libre H ;= 0,167 Acide chlorhydrique combiné.. C = o, 1 84 Chlore fixe F =0, 160 Chlore total T r= o , 5 1 1 » Absence d'acides organiques. o,o.>i Méthode au carbonate de lilhine. H (_, := 0,207 F = 0,21 I T= 0,418 Méthode au carbonate de lithine H + C = o,346 F = 0,167 T = o,5o3 Suc gastrique ~[. Méthode d'Hayem et Winter. Volume filtré = 176'='^, Acidité A = 0,820, 11 = 0,073 Acide chlorhydrique libre. . . Acide clilorliydrique combiné.. C=:o,234 Chlore fixe F = o,i38 Chlore total T=:o,445 0,507 Méthode au carbonate de lithine. H + C = 0,299 F = 0,147 T = 0,44e » Absence d'acides organiques. ( 356 ) Suc ff as trique A. Mtthode d'IIayem cl ^Vinler. Méthode an carbonate de lilhine. Volume filtré = 170", Acidité A =r o, 180, Acide chloihydrique libre Il = o,o45 ) „ ,, , p ^ ,^„ , . /-, o ' O, IÎ52 11 + L. =: o, log Acide chlorhydnque comhine.. L = o.ii'] ) Chlore fixe F=:o,i3i F=:o,i97 Chlore total Trrro,3i3 T = o,3o6 » Présence d'une quantité notable d'acide lactique. » Ces résultais sont sensiblement concordants, sauf pour le dernier; on peut toutefois supposer, étant donnée la présence d'une assez grande quan- tité d'acide lactique, que pendant l'évaporation, sans addition de carbonate de soude, dans la méthode de Winler, il y a eu mise en liberté d'une cer- taine quantité d'acide chlorhydrique des chlorures du suc gastrique, ce qui modifie les résultats. » En résumé, cette méthode permet d'obtenir assez rapidement, et avec une approximation très suffisante pour les besoins de la clinique, des données rigoureusement comparables. » PHYSIOLOGIE. — Expériences er go graphiques pour mesurer la puissance maximum d'un muscle en régime régulier. ? Charles Richet, jjrésentée par M. Marey. maximum d'un muscle en régime régulier. Note de MM. Anorë Broca et « Nous avons essayé de préciser, par des expériences faites sur nous- mêmes, dans quelles conditions un muscle donné peut effectuer, sans fa- tigue notable, un travail contitui, régulier et maximum. » Nos muscles peuvent travailler de deux manières différentes : ou bien ils donnent un effort considérable, qui les épuise en un temps très court; ou bien ils donnent un effort moindre, mais qui peut se maintenir en régime régulier pendant plusieurs heures. Le premier mode de travail, effort considérable suivi de fatigue, a été admirablement étudié par A. Mossoet ses élèves, Maggiora. Warren, Lombard et autres; et des courbes graphiques très instructives ont été prises, qui permettent de suivre les conditions de la loi de décroissance des secousses, autrement dit les conditions de la fatigue. ( 357 ) » Mais, en régime régulier, les secousses musculaires n'éprouvent que (le faibles variations, et les graphiques ne peuvent donner que des résul- tats imparfaits. Il faut alors, pour mieux préciser le travail effectua, employer un collecteur de travail, dont on lit les indications à des époques équidistantes déterminées au moyen d'un compte-secondes. Nous avons fait construire par M. Pellin un ergomètre, plus ou moins analogue au collecteur de travail de Fick. » Un axe tournant en pointe entre deux, vis portées par un bâti est muni à une de ses extrémités d'un rochet qui en est solidaire. Un doigt fixé au bâti ne permet à l'axe qu'un seul sens de rotation. Le poids est soulevé par une corde passant sur une poulie. Celle-ci est folle sur l'axe. Un doigt portant sur le rochet rend la poulie solidaire de l'axe pendant le soulèvement du poids. Un vélocimètre mû par des engrenages fait dix tours pour un de l'axe. » Soit alors P le poids, /■ le rayon de la poulie, n le nombre de tours de l'axe, n' le nombre lu sur le vélocimètre, T le travail produit. Nous avons T = Px27i/-«, « = o, I n' , d'où T = o,2Ti/'rt'x P. » Nous n'insistons pas sur divers détails de construction ; mais il importe d'indiquer exactement comment nous avons opéré. » Nous avons étudié le travail produit par la flexion de l'index (de la main droite). La main est gantée, et la cordelette qui va actionner la poulie est fixée en un point bien déterminé au niveau de l'interligne articulaire de là plialangine et de la piialan- getle. Il est en effet de la plus haute importance que le point d'application de la force soit toujours au même endroit bien déterminé du levier osseux que va mouvoir le muscle (Chauveau). Pour limiter le travail aux fléchisseurs de l'index, le poignet est fixé, comme dans l'appareil de Mosso, ainsi que l'avant-bras. » Deux mors maintiennent la main immobile en appuyant l'un sur la face dorsale, l'autre sur la face palmaire. Les doigts sont libres. » Pour définir complètement les conditions du travail, il faut connaître la fréquence avec laquelle le muscle se contracte. Un métronome règle la fréquence des contrac- tions. L'emploi de ces trois appareils, ergomètre, gant et métronome, nous a permis d'étudier le travail musculaire dans les conditions les plus variées en régime per- manent. » Ces expériences comportent une précision plus grande qu'on ne serait tenté tout d'abord de croire. En voici, entre autres, un exemple (poids de ySoB''). Puissance Puissance en kilogrammètres en kilogrammètres Minutes. par seconde. Minutes. par seconde. Première o,io5 Septième o,o43 Deuxième o,o36 Huitième o,o4i Troisième o,o43 Neuvième o,o44 Quatrième o,o48 Dixième o,o4i5 Cinquième.... o,o45 Onzième o,o4o5 Sixième o,o42 Douzième o,o4i5 ( 358 ) )) On peut considérer de telles expériences comme satisfaisantes et autorisant nne moyenne. » Au dibut du travail, même en opérant avec des poids modérés (de Soo^'' à 1200^'), il se |iroduit une crampe, ou conlraclure, qui rend d'abord le travail très pénible, et tend à le diminuer beaucoup. Mais, au bout d'un temps plus ou moins long suivant les expériences, comme s'il se faisait dans le muscle, par suite de la vaso-dilatation qui accom- pagne le travail (Chauveau), une restauration plus active, le travail rede- vient possible, et l'on peut travailler d'une manière régulière pendant une ou deux heures, voire même trois heures consécutives. La régulation s'ob- tient par le malaise lui-même et la fatigue. Nous nous efforcions de tra- vailler en restant toujours à la limite qui sépare la fatigue avec im|)uissance de la fatigue avec conservation du travail. Cet état est assurément très pénible à soutenir, mais il est parfaitement défini : nous avons fait ainsi de très nombreuses expériences concordantes. » Dans la présente Note nous insistons seulement sur trois phénomènes constamment observés : )) 1° Dans la première minute le travail est beaucoup plus considérable que dans les minutes suivantes, et les chiffres maxima sont obtenus; )) i" Après ce maximum on obtient, dans la minute ou les trois ou quatre minutes qui suivent, des chiffres minima, dus à la crampe ou con- tracture, qui compensent, et au delà, ce maximum de la première minute; » 3° Un régime régulier s'établit généralement, à partir do la cinquième, ou (le la sixième, ou de la septième minute. Mais ce régime régulier est caractérisé par une augmentation graduelle et lente, due sans doute à l'en- traînement, ou à une circulation plus active. » Nous croyons devoir donner l'exemple suivant, qui montre bien ces trois phénomènes (le poids étant de Goo^""). Minutes. Puissance. Minutes. Puissance. Première o,o66o Vingl-cinquième 0,0890 Deuxième. . . . o,o3o3 Vingl-sixième 0,0076 Troisième.... 0,0208 Vingt-septième o,o4oo Quatrième... o,0263 Vingl-huitième 0,0400 Cinquième... o,0255 Vingt-neuvième o,o384 Sixième o,o3io Trentième o,o4i5 Moy. Septième o,o343 Huitième o,o343 Quatre-vingt-sixième 0,0480 -, . , o r, 1 .» nr,^ Quatre-vingt-septième.... o,o4~o , ., Neuvième 0,0828 Mov. : o,o336 ^ .",'.., ' ,' \ Mov. :o,o48 „. ., „o/. " Quatre-vingl-luutieme . . . . o,o48o ' Dixième o,o3o6 \ J. ... ,„ ^ .. „,„ 1 Uuatre-vingt-neuvieme . .. o,o4oi Onzième o,o343 ] x o ( 359 ) » Dans une prochaine Note, nous nous proposons trétiulier l'influence de la fréquence et des poids sur la puissance musculaire. » Nous conclurons pour aujourd'hui : i° que le travail, s'il n'est pas exagéré, rend le muscle plus apte à un travail ultérieur; 2° que le muscle n'acquiert sa puissance maxima utilisable en régime régulier que par un entraûiement immédiat. » .BOTANIQUE. — Le Champignon des Altises (Sporotrichum globuliferum). Note de M. Thabut, présentée par M. L. Guignard. « En i8<)2, j'adressais à M. Oulin, Uirecleur de la Banque de l'Algérie à Tlemcen, des tubes contenant des cultures de Sporotrichum globuliferum, Cette Mucédinée provenait du laboratoire de M. le professeur Forbes, qui l'emploie avec succès, dans l'iUinois, pour combattre le Chinch-bug ou Punaise des blés d'Amérique. M. le professeur Giard m'avait fait l'envoi de ce parasite, en même temps qu'il m'adressait différents Isaria. Je me proposais d'utiliser ce Champignon à la destruction de nos vers blancs, car en Amérique on détruit avec son aide divers Lachnostema qui sontproclies parents de nos Rhizotrogues. » D'après M. Oulin et aussi d'après M. Havard, à qui j'avais également remis des Sporotrichum, le résultat était évident; les vers blancs avaient disparu des champs traités en 1893. L'année dernière, M. Havard m'infor- mait que les Altises étaient détruites en grand chez lui et chez M. Soipteur, par un Champignon qui les atteignait dans les refuges pendant l'hiver. Des échantillons envoyés me permirent de reconnaître le Sporotrichum. M. Giard confirma ma détermination. Il devenait évident que ce Champignon s'était installé dans le pays et avait envahi les Altises. » Il y a un an, je fis, à l'Institut Pasteur d'Alger, des cultures plus en grand et AI. Stotz voulut bien se charger d'expérimenter, à Tipaza, en plaçant des fragments de cultures dans les abris de ses vignes; aucun résultat apparent ne fut obtenu. Cependant M. Scotz, eu abandonnant des Altises sous cloche avec leur ennemi, réussit à les faire périr par l'enva- hissement du parasite. Ce résultat était médiocre. » Cette année, M. Stotz vient de trouver, dans une vigne en contrebas de la sienne, une grande quantité d'Altises mortes dans les abris, et recou- vertes d'un duvet blanc caractéristique. Il me lut très facile de reconnaître le Sporotrichum, qui paraît, aussi à Tipaza, avoir pris position pour la des- truction des Altises. ( "360 ) )> La question des Allises ne nie semble pas encore résolue pour cela, mais cette constatation m'encourage à continuer des essais en grand, cette aniiée. 1) Des cultures sont en train et une distribution importante pourra être faite sous peu, par l'Institut Pasteur d'Alger. Il ne faut pas compter combattre les Altises de 1898 par le Sporotrichum ; mais on peut espérer que, placés dans les environs des vignes, les germes de ce Champignon se conserveront pour l'hiver prochain et contamineront les individus qui devront hiverner en 1898-99. » MINÉRALOGIE. — Sur le sulfate anhydre de calcium produit par la déshy- dratation complète du gypse. Note de M. A. Lacroix, présentée par M. Michel Lévy. « Cette Note préliminaire a pour but de montrer que, par la déshy- dratation complète du gypse, il se forme un sulfate de calcium cristallisé, différent de Yanhydrite. » Quand on chauffe un cristal de gypse à une température supérieure à 8o''C., on le voit devenir rapidement opaque, dès que la déshydratation commence. Si l'expérience est faite sur une lame de clivage très mince, il suffit d'immerger celle-ci dans de la benzine pour lui rendre sa transpa- rence et constater la production d'une substance cristallisée, géométrique- ment orientée sur le cristal primitif. Il est préférable de ne pas entre- prendre l'étude de ce produit sur des lames ainsi préparées qui ne peuvent être déshydratées que trop rapidement et dans lesquelles le minéral nou- veau ne peut se développer que dans un plan. J'ai employé de préférence le procédé suivant : de gros cristaux ou fragments de cristaux de gypse (de l'argile plastique d'iVuteuil ou des marnes Indiennes de JMonlmartre), un peu épais, ont été placés dans une étuve à huile et chaulfés très lente- ment, de iiS°C à \fiS°C; on s'est assuré que la déshydratation était complète, et des fragments ont été, en outre, chauffés jusqu'au rouge sombre, sans que le produit formé ait été détruit. » Les cristaux ainsi traités peuvent être taillés aussi facilement que s'ils étaient intacts. L'examen en lumière polarisée parallèle a été fait sur des lames taillées suivant^' (010), A' (100) et perpendiculairement à l'axe ver- tical des cristaux de gypse. » Sections g\ — La plus grande partie des plages est constituée par de longues et ( -<^> ) minces bandelettes, rappelant les macles polysyutliétiques des plagioclases : leur allon- gement est parallèle à l'axé vertical du gvpse, le signe de cet allongement est positif, l'ex- tinction notablement oblique, la réfringence et la biréfringence un peu supérieures à celles du gypse. Ces bandelettes se forment d'abord sur la périphérie des lames et le long des clivages /;' (i oo) et e' (on), qui s'ouvrent largement dès que le gypse est cliaulTé. En même temps que ces lames maclées, il se produit souvent (et parfois même exclusive- ment) des groupements en rosette à contours octogonaux irréguliers. Si l'on place ces rosettes entre les niçois croisés, de telle sorte que les sections principales de ceux-ci soient parallèles ou perpendiculaires à l'axe vertical du gjpse, on voit apparaître quatre secteurs de 90", réunis autour du centre ; les deux secteurs A ont pour bissectrice le clivage /)' du gypse, la bissectrice des secteurs B est perpendiculaire à ce même cli- vage. Une rotation de quelques degrés décompose en deux chacun de ces secteurs, ceux qui sont opposés par le sommet ayant la même orientation optique. Les secteurs A sont constitués par des lames hémitropes, dans lesquelles il est facile de reconnaître les bandelettes indépendantes décrites plus haut ; les secteurs B sont constitués par des fibres moins rectilignes et généralement enchevêtrées; leur allongement est également positif et leur biréfringence égale ou à peine supérieure à celle des précédentes. » L'examen en lumière convergente ne donne aucune image convenable dans ces diverses catégories de bandelettes. » Sections /i'(ioo). — Les bandelettes indépendantes des sections précédentes sont vues en coupe longitudinale; elles montrent une macle parallèle à ^'(01 o) : l'angle d'extinction, symétrique par rapport à la trace de ^', atteint 20°; les sections des ro- settes ont la forme de parallélogrammes très aigus, dont la grande diagonale coïncide avec l'axe vertical du gypse; les secteurs A offrent les mêmes propriétés que les ban- delettes indépendantes; les secteurs B, coupés perpendiculairement à l'allongement de leurs fibres, sont presque entièrement monoréfringents, mais parsemés de fibrilles bi- réfringentes. En lumière convergente, on constate une croix noire plus ou moins oblique au plan de la lame avec dislocation le plus généralement faible et signe positif. » Sections perpendiculaires à l'axe vertical. — Ces sections montrent les coupes transversales des secteurs A et les sections longitudinales des secteurs B : la macle .§''(010) est visible dans ces dernières, avec extinction oblique de ses bandelettes; on peut constater en outre que la macle vue dans g-^ (010) n'a pas A' ( i 00) pour face d'accolement. » De ce premier aperçu, qui sera complété prochainement, il résulte cette conclusion : la déshydratation du gypse donne naissance à un sulfate de calcium, dimorphe de Vanhydrile : il est probablement triclinique avec groupements intimes conduisant à un édifice de symétrie supérieure : sa réfringence, sa biréfringence sont très inférieures à celles de l'anhvdrite. )) Je ne me suis préoccupé jusqu'ici que du produit de la déshydratation complète du gypse : j'ai observé, dans quelques expériences effectuées à partir d'une température inférieure à i2,5° et arrêtées avant la déshydra- tation totale du cristal éttidié, de longues aiguilles, allongées suivant l'axe vertical du gypse et présentant des extinctions rigoureusement longitu- C. 11., 189S, I" Semestre. (T. CXXVI, iN« 4.) 47 ( 3(32 ) ilinales ; leur section est hexagonale, leur axe d'allongement correspond à un axe optique unique positif on à une bissectrice avec axes optiques presque réiuiis. Ces cristaux sont-ils anhydres et constituent-ils une troi- sième forme de sulfate de calcium ou bien sont-ils constitués par l'hvdrate CaSO^, o,5H-0 obtenu par voie humide par ]M. Le Chatelier? J'espère arrivera produire ce minéral seul et résoudre ainsi cette question : c'est surtout ce dernier produit qui se forme aux dépens du i,'yp-^e pendant la préparation des lames minces destinées à rélude microscopique du gypse normal. « GÉOLOGIE. — Sur le Callovien de la Woëvre. Note de M. RiixÉ Nicrlès, présentée par M. Michel f^évy. « Le Callovien de la Woëvre, de Tout au département des Ardennes, a été jusqu'à présent l'objet d'études peu nombreuses par suite de l'aspect ingrat des alfleurements, presque horizontaux, recouverts de limons re- maniés, et ne présentant presque jamais ni tranchées ni excavations per- mettant d'en reconnaître la structure; par suite aussi de sa nature argi- leuse qui le rend inaccessible dans les périodes d'humidité. » Les explorations, faites pour le Service de la Carte géologique de France sur la partie française de la feuille de Metz, m'ont conduit à recon- naître qu'il peut se diviser en plusieurs zones. Ce sont, de bas en haut : » i" La zone à Cosmoceias gowerianum Sow., qu'il est facile d'observer presque à la base, à Brainville-en-Woëvre. Avec cette forme si caractéris- tique on recueille aussi Tngonia elongatu Sow. ('), Trigonia scarburgensis Lyc, ces deux formes en très grande abondance et en [larfait éîat de con- servation. C. gowerianum se trouve particulièrement dans un lit mince fer- rugineux accompagné presque toujours de gvpse, qui témoigne ainsi de l'origine pyriteuse de ce dépôt d'oxyde de fer. On trouve même parfois, à Dombras par exemple, des nodules pyriteux incomplètement oxydés, trans- formés à la surface seulement en oxyde de fer associé à du sulfate de chaux cristallisé. Ce niveau d'oxyde de fer, assez important par places, surtout vers le nord de la feuille, a été l'objet d'une exploitation assez acti\e aux environs de Mangiennes-les-Mines. Son épaisseur est uéaiunoins toujours faible, eu égard à celle de l'argile qui l'englobe. » Cette première zone présente, en effet, une épaisseur considérable (') VVolilgeinull) cile Trigonia elongala à Woël et Amm. macroceplialus à M;m- gifiines-l es-Mi nés. ( 3Cy3 ) d'argiles, avec intercalalion, vers le sommet (entre Biizy et Ilennemont), de quelques bancs calcaires et ferrugineux renfermant, avec les mêmes Trigonies, Cadoceras modiolare Luid. et P/eurotornaria MunsteriRœm.Toiile cette zone est caractérisée par la constance des Trigonies qu'on y recueille en abondance. » 2" La deuxième zone, exclusivement argileuse, paraît débuter à Ilen- nemont par des argiles à Serpala vertehralis Sow., considérées jusqu'à pré- sent comme oxfordiennes en Lorraine et que l'on retrouve un peu plus haut associées à Slephanoceras coronaium Brug., Hecticoceras lanula Ziet., Cos- rnoceras Jason Ziet., variété à grosses côtes. » Cette seconde zone est facile à observer dans la tuilerie du haut et à la grande tuilerie de Braquis; on la voit aussi très nettement à la tuilerie de Pierreville (près Gincrey). Ces marnes renferment fréquemment de petits nodules calcaires faiblement phosphatés qui ont moulé les fossiles. » 3° Au-dessus se développent des argiles correspondant probablement à la zone à Cardioceras mais où les fossiles semblent faire défaut; elles sont recouvertes par des couches de même nature avec (iryphea dilalata Sow., variété de petite taille. Ce dernier niveau parait donc appartenir à l'Oxfor- dien, bien que la seule espèce fossile qui y ait été renconlrée(G.f/(7«/a/a)ne soit pas absolument caractéristique de rOxfordien qu'on ne reconnaît net- tement qu'un peu plus haut (couches à C. cordalum) . Il règne donc encore un peu d'incertitude au sujet delà limite supérieure à assigner au Callovien, par suite de l'extrême rareté des fossiles dans ses niveaux supérieurs. Malgré cette limite douteuse, le Callovien paraît dans la Woëvre formé des divisions classiques reconnues dans un grand nombre de régions. » Il n'est pas sans intérêt de remarquer le développement considérable des faciès argileux du Callovien dans cette région, et la réduction extraor- dinaire des bancs calcaires beaucoup plus développés aux environs de Poix (Ardennes) et de Neufchàteau (Vosges). Dans un très intéressant travail ('), M. de Lapparenta fait remarquer que l'importance des calcaires à oolilhes ferrugineuses du Callovien était en corrélation avec le voisinags des r;'gions émergées : il semble que dans le développement des argiles calloviennes, dans la région comprise entre Toul et les Ardennes, on puisse voir un argument de plus en faveur de l'hypothèse de M. de Lapparent. La région à laquelle il est fait allusion correspond, en effet, au maximum d'éloignement entre les affleurements du Callovien et les régions émergées. (') BuU. Soc. Gcol. F, .. 1896. ( 3G4 ) La partie centrale olfre un maximum de développement argileux, alors que les bancs calcaires, qui y sont aussi réduits que possible, prennent de plus en plus d'importance, à mesure qu'on se rapproche des massifs émergés, l'Ardenne au nord et les Vosges au sud-est. » Les mêmes conclusions semblent également pouvoir être appliquées au Bathonien supérieur qui, entièrement marneux dans la région de Con- fions, devient de plus en plus calcaire quand on se dirige soit au nord, soit au sud. » PHYSIQUE DU GLOBE. • — Sur la Iroisiéme ascension inlernaùonale des ballons- sondes. Note de M. Ed. Ptelmsg, de l'observatoire de Saint-Pétersbourg, présentée par M. Bouquet de la Grye. (Extrait.) « A Saint-Pétersbourg, le parc aéronautique du Ministère de la Guerre a lancé, le 12 et le i3 mai iSf)^, deux ballons : le Kobtschik, ne portant que des enregistreurs, et le Général-Wa/inowkij , monté par les lieutenants Jablotschkow et Boreskow ('). » Le premier de ces ballons a traversé si rapidement les couches infé- rieures de l'atmosphère, que les courbes données parles instruments enre- gistreurs ne peuvent fournir que des valeurs approchées; mais ces résultats sont contrôlés par ceux qu'on a obtenus à bord du Géncral-Wannoivkij , dont l'ascension a été lente et régulière. » A l'aide des chiffres donnés directement |>ar les ofticiers qui étaient à bord de ce dernier ballon on a pu former le Tableau suivant : Viirialioiis des liiimitlités liuinidilcs relatives .\ltiUHlcs. Icnipéralurcs. al)Solues. pour luo. De 0 à 600'" .... -HO, 52 — 0,23 -3,7 De 600 à 1 100'". -0,86 — 0, it) + 1,4 Denoo à 1600"'. — I ,02 — 0 , 04 -h4,o De 1600 à 2100"'. — 0,80 — o,38 -f-0,8 De 2 100 à 2600'". — 0,80 — 0,34 — 2,0 )) En présence de ces variations, il est utile de noter les circonstances au milieu desquelles elles ont été produites. (') M. Jablolschkow est le fils du célèbie élecliicien russe; le général, jjère de M. Boieskow, a été Attaché tnilitaiie en France. ( 365 ) » Dans la matinée du i3 mai, jour de l'ascension du Général-Wan- nowkij^ Saint-Pétersbourg se trouvait dans une zone de surpression baro- métrique, tandis qu'une dépression s'avançait venant de l'ouest. » Le ballon, dans une partie de son ascension, s'est trouvé sous l'in- fluence du cyclone de l'ouest, puis il a subi celle de l'anticyclone. » Son pouvoir ascensionnel propre l'a porté tout d'abord à une hauteur de loo"', puis jusqu'à 2800"' ; il ne s'est élevé que par suite d'un jet de lest. Le départ ayant eu lieu à 5*'3o'" du matin, on avait compté sur la clialeur du Soleil pour favoriser l'ascen- sion, mais un gros nuage l'a masqué jusqu'au moment de la descente où il s'est montré, et a maintenu l'aérostat pendant une demi-heure à une altitude de 280". » La descente a eu lieu à 6''45", P'"ès de Zeillaks (gouvernement de Viborg). » La vitesse moyenne avait été de 47*^™ pa'' heure et la direction suivie du nord-nord- ouest. » Eu ce qui concerne le ballon-sonde Kobtschik, on a pu, eu corrigeant, au moyen des formules usuelles, les lectures faites sur les instruments en- registreurs, former le Tableau suivant : 12 mai. Hauteur Température Température V'ariation Heures. Pression. en mètres. observée. corrigée. pour 100", Il \u lu m 0 u 1 1 . 5 soir 763 0 i5,o i5,o » II. 6 725 434 i5,7 16,5 +0,27 / 690 856 17,2 17,3 — o,i4 II. 8 64. i483 16,0 i5,o — 0,52 II. 9 600 2040 i3, 1 11,2 —0,74 II . 10 568 2485 9,6 7,5 -0,71 1 1 . 1 1 533 3oi7 6,1 4,3 -o,56 11.12 49 -i 3665 2,7 0,9 — 0,62 II. i3 462 4169 - 0,8 - 2,8 — o,65 ...i4 43i 4717 - 4,2 — 5>9 -0,55 ii.i5 396 5378 - 7>7 — 9>4 — o,58 1 1 . 20 275 8109 -34,3 —27,0 —0,73 11.25 •91 io63i -43,3 -48, 0 —0,93 1 1 .26 178 1 1092 — 5o,o -52,8 —0,98 1 1 .3o 149 12544 ? •) )> 1 1 . 35 l32 i3o23 7 t » » A partir de la pression de 142"™, le style du thermomètre est sorti des limites du papier. » On voit, dans ce Tableau, que la température est descendue avec une grande rapidité, à partir de 8000™, s'écartant ainsi des chiffres donnés par M. Mendeleef dans les Comptes rendus, t. LXXXI, p. 1094 et i 182. ( 366 ) » Comme conclusion, on doit souhriiter que l'étude des conditions des hautes régions de l'almosphère soit faite au moyen de plusieurs ballons, dont l'un aurait pour but de s'élever aussi haut que possible, tandis qu'un second devrait s'arrêter à une hauteur comprise entre 6000™ et loooo'"; un troisième ballon monté ou un cerf-volant servirait à fournir des docu- ments certains pour la partie de la couche d'air plus rapprochée du sol. « On aurait ainsi tous les éléments nécessaires pour corriger les erreurs instrumentales provenant de la rapidité des ascensions. » A 4 heures un quart, l'Académie se forme en Comité secret. La séance est levée à 4 heures trois quarts. J. B. BULI.KTIX BIBMOCitAPIIIQUK. OuVRAGrS REÇrS DANS LA SÉANCH DU I7 JA>VIER 1898. Bulletin de la Société d' Encouragement pour l' Industrie nationale, pidilié sous la direction des Secrétaires de la Société: MM. Collignon et Aimé Girard. Paris. Décembre «897. IN" 12; i vol. in 4"- Bei'ue de Mécanique. M. Haton de la Goupillière, Membre de l'Institut, Inspecteur général des Mines, Président du Comité de rédaction. Tome I. N" 12. Décembre "897. Paris, Vicq-Dimod et C'^, i fasc. in-4''. La Mathématique. Philosophie. Enseignement, par C.-A. Laisant, Répé- titeur à l'Ecole Polytechnique. Paris, G. Carré et C. Naud, 1898; 1 vol. in-8°. La goutte. Essai d'une nouvelle Psycho-Pathologie des épithcliums, p.ir Eugène Piaggio, Docteur en Médecine. Paris, H. Jouve, 1897; i vol. in-S". Revue maritime. Couronnée par l'Académie des Sciences le 28 décembre 1874. Décembre 1897. Paris, L. Baudoin; i vol. in-8". Actamathemotica. Journal rédigé par G. Mittag-Leffler, 20 : 3 et 4> 21. Paris, A. Ilermann, 189-; 2 vol. in-4''. (Offerts par M. Hermite.) Bulletin international quotidien du Bureau central météorologique de France. Directeur : M. Mascart. 1897. N''" .329 à .348, in-4°. ( 367 ) nullelin de l' Académie de Médecine, publié par MM. J. Bergekon, Secré- taire perpétuel, E. Vai.lin. Séances des 4 et ir janvier i8f)8. N"' 1 et 2. Paris, Masson etC'*; 2 fasc. in-S". Bidlelin de la Société astronomique de France et Revue mensuelle d'Astro- nomie, de Météorologie et de Physique du globe. Janvier i8r)8. Paris, i fasc. in-8''. La Nature. Revue des Sciences et de leurs applications aux Arts et à l'Industrie. Directeur : Henri de Paryille. 8 janvier 1898. Paris, Masson etC'*: i fasc. in-8°. Annales de l'École Polytechnique de Delft. Tome VIII; 1897. 3" et 4° livraison. Leider, 1897; i fasc. in-4°. Annuaire géologique et minéralogique de la Russie. Rédigé par N. Kriciit.vfovitcii. Vol. II. livr. G-7. Varsovie, 1897; i fasc. in-4°. The Cape photographie durchmusterung for the equinox 1875, by David GiLL and I.-C. Capoteyn; i vol. in^"- The collected nialheniatical papers of Arthur Cayley, S. D., F. R. S. Vol. XIII. Cambridge, 1897; 1 vol. in-4°. Ouvrages reçus dans la séance du 24 janvier 1898. Bulletin des Sciences mathématiques, rédigé par MM. Gaston Darboux et Jules ïannery. Deuxième série. Tome XXI, novembre et décembre 1897. Paris, Gauthier-Villars et fils, 1897; 2 fasc. in-8°. Les colonies animales et la formation des organismes, par Edmond Perrier, Membre de l'Institut, Professeur, Administrateur au Muséum d'Histoire naturelle. Deuxième édition. Paris, Masson et G'*; i vol. gr .iu-8". (Pré- senté par l'Auteur.) Revue générale de Botanique, dirigée par M. Gaston Bonnier, Membre de l'Institut. Paris, Paul Klincksieck, 1889-1897; 9 vol. gr. in-8°. (Présentés par l'Auteur.) Periplus, an essay on the early history of charts, afld sailing-directions by A.-E. Nordenskiuld. Stockholm, 1897; i vol. in-8". (Hommage de l'Auteur.) La mélancolie, par I. Roubinovitcii, Chef de Clinique à la Faculté de Paris, et Edouard Toulouse, Médecin de l'Asile de Villejuif. Paris, Masson elC'^; I vol. in-8°. (Présenté par M. Bouchard.) Le gypse de Paris et les minéraux qui l' accompagnent (^première contri- bution à la minéralogie du bassin de Paris), par A. Lacroix. (Extrait des ( 358 ) Nouvelles Archives du Muséum, t. IX). Paris, Massoii et C'^, i^^'j; i vol. in-4°. (Présenté par M. Michel Lévy.) Bulletin de la Société internationale des Electriciens. Tome XIV, décembre 1897. Paris, Gaiithier-Villars et fils, 1897; i fasc. in-8°. Bibliographie générale de r Astronomie, par J.-C. Houzeau et A. La.ncas- TEn. Tome premier. Ouvrages imprimés et manuscrits: seconde Partie. Bruxelles, F. Hayez; 1889. Annales de l' Observatoire royal de Bruxelles. Annales météorologiques. Tomes III et IV. Bruxelles, F. Havez, iHqj; 2 vol. in-Zj". ERRATA. (Séance du 17 janvier 1898.^ Note de M. .4. Cornu, Quelques résultats nouveaux, etc. : Page 182, avant-dernière ligne, au lieu de diminuant, lisez augmentant. On souscrit à Paris, chez GAUTHIER - VILLA RS ET ¥ÏÏS, Quai des Grands-Augusiins, n" 55. Depuis 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Ils forment, à la fin d« l'Hunée, deux volumes in-4*. Oeui Tables, l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel et part du i" janvier. Le prix r/p Cubiinneiiifnl est fixé tmisi i/ii'il suit : Paris : 20 tr. — Départements : 30 fr. — Union postale : 34 fr. — Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus. On souscrit, dans les Départements, chez Messieurs : Agen FeiT;'n frèros. !Chaix. Jourdan. Ru(T. Amiens Courtio-Hecquet. j Germain etGrassin. ° I Lachèse. Bayonne Jérôme. Hesançon Jacquard. !Feret. Laurens. Muller (G.). Hourges Renaud. / Derrien. Brest. V. Robert. J. Robert. I Uzel frères. Caen Joitau. Chambery Perrin. Henry. lUarguerie. Juliot. Ribou-Collay. I Laniarche. Dijon Ralel. \ Lauverjal. ( Degez. Grenoble „ ( Gratier et C". La Hochelte Koucher. , „ i Bourdignon. Le Havre " ( Dombre. Cherbourg Cterniont-Ferr. Douai. Liltt. I Thorez. Quarré. chez Messieurs ; ( Baumal. Lorient , I M°" lexier. Lyon. Marseille. . Montpellier . Bernoux et Cumin. Georg. Cûte. .Savy. Vitle. Ruai. I Calas. I Coulet. Mantes . Moulins Martial Place. [ Jacques. Nancy Grosjean-Maupin. ' Sidot frères. \ Loiseau. ' ■ ■ ( Veloppé. I Barnia. I Visconli et C". A imes Thibaud. Orléans Luzeray. „ . . l Blanchier. Poitiers ,, , 1 Marclie. Bennes Plihon et Hervé. Bochefort Girard ( M"" ). Bouen S'-Élienne Toulon. . . ^ Langlois. \ I.eslringant. Chevalier. ( Bastide. / Ruinèbe. „ , \ Ginicl. Toulouse I r. f Privât. \ , Buisselicr. Tours j Pérical. ' Suppligeon. \ Giard. ( Leniaitre. Valenciennes. On souscrit, à l'Étranger, chez Messieurs : chez Messieurs : ( Feikcma Caarelsen i Dulau. Amsterdam . . . ■ \ et C". Athènes Beck. 'Nuit. Barcelone . Verdaguer. Luxembourg . . . . V. Buck. ; Libr. Gutenberg. ) Romo y Fussel. Asher et C". Darnes. Madrid Berlin 1 Gonzalès e hijos. ' F. Fé. . Friediander et fils. Berne 1 Mayer et Muller. . Sclimid et Francke. Milan ( Bocca frères. ' Hœpli. Bologne . Zauichclli. Moscou ( Lanierlin. i Prass. Bruxelles. . MayolezclAudiarte. n'a/iles . , Marghieri di Gius. 1 Lebègue et C". 1 Pellerano. s Sotcheck et G". ^ Dyrsen et Pfeiffer. Bucharest ' Mviîler ( Carol ). /Vett'-rork . J Siechert. Budapest . Kilian. ' LemckeetBuechner Cambridge- Deighlon, BeiielC». Odessa Rousseau. Christiania Cainniei'rnever. Oxford Parker et C" Constantinople. Otlo Keil. Palerme Clausen. Copenhague... . . Hôst et lils. Porto Magalhaés et Moniz. Florence . Seeber. Prague Rivnac. Gand . Hosle. Bio-Janeiro .... Garnier. Gênes Beuf. , Cherbuliez. ) Bocca frères. ( Loescheret C". Bolterdam Krainers et fils. Genève ■ Georg. ( Stapelinolir. Stockholm Sainson et Wallin La Haye. . Bel in fa nie frèies. S'-Pelersbourg. ^ Zinserling. / WolflF. Lausanne ( Benda. > Payol. Bocca frères. Brero. Barlh. l Brockhaus. Turin j Clausen. f [ RosenbergelSellitr. Leipzig Lorenlz. Gebethner et Wollf J Max Rube. Vérone Drucker. Twielmeyer. Vienne ( Frick. 1, Desoer. i Gerold et C". Liège ( Gnusé. Ziirich Meyer et Zeller. TABLES GËNÉRÂLES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES D£ L'ACADÉMIE DES SCIENCES : Tomes 1" 31. — (3 Août i835 à Si Décembre i85o. ) Volume in-4°; i853. Prix 15 fr. Tomes 32 à 61.— (i" Janvier i85i à 3i Décembre i865.) Volume in-4°; 1870- Prix 15 fr. Tomes 62 à 91.— (1" Janvier 1866 à 3i Décembre 1880.) Volume in-4°; 1889. Prix 15 fr. SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES : Tome I: Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, parMM. A. DerbescI A.-J.-J. Solieb. — Mémoire sur le Calcul des Perturbalions qu'éprouvenllc) Comètes, par M.Ha«>en. — Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digeslion des matières grasses, par M. Claude Bernard. Volume in-4°, avec 32 planches; i856 15 fr. Tome II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Beneden. — Essai d'une réponse à la queslion de Prix proposée en i85o par l'Académie des Sciences pour le concours de i853, et puis remise pour celui de i856, savoir : « lUudier les lois de la distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédi- • menlaires, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la queslion de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. — Rechercher la natuic • des rapports qui existent entre l'étal actuel du régne organique et ses états antérieurs -, par M. le Professeur Boonn. In-4°, avec 27 planches; 1861.. . 15 fr. IV la même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences. W 4 TABLE DES ARTICLES. (Séance H,. 24 janvier 1898. MEYIOIRES ET COMMUIVICATIOIVS DES MKMHUBS ET DBS GORRBSPONDANTS DE L'ACADÉMIE. P.-, SOS M. Emile Picard. — Sur la i-ccUiction d» - intégrales doubles et sur un nouvel inv.i riaril dans la llicoTie des surfaces algé- briques M. A. Cornu. — Addition à ma Note précé- dente sur le pliénoinène de Zeeuian IM. Henri Moissan. — Sur les conditions de formation des carbures alcalins, des car- bures alcalino-tcrreux et du carlmre de magnésium . . M. L. lÎANVlER. Mécanisme liislologiijuc .^00 <\c la cicatrisation: ({(-■ la réunion imrné- ' diate vraie 3i>8 M. Cn. lîoufMiARD. — L'amplialiou de- l'oreil lette droite du cœur pendant l'inspiration, démontrée par la radioscopie -Un S. A. S. Alrkrt I", Prince de Monaco. — Sur la quatrième campagne de la Prin- cesse-Alice ! 1 1 .M. Edmond Perhier présente la deuxième édition de son Livre : « Les colonies ani- males et la formation des organismes ".. -U] MEMOIRES PRESENTES. M. A. Demanet adresse une Note « .Sur une nouvelle méthode de résolution des équa- lious algébri(|ucs et Irausceudantes )>.,.. 3 ni M. Deiss adresse une Note relative à une mesure directe do la paciillaxc du Soleil. CORRESPONDANCE . M. Gaston 1!onmi:r fail lioniniage à l'Aca- démie des neuf premiers Volumes de la a Revue générale de |}olaui(]ue « i\I. Faye présente le « Cours de Géodésie pratique >> de i\L le colonel fl^itkoivs/iy. . MM. G. BOUDHAU, J. CUÉRON, COL-RTADE et GuYON, V. GossoT, A. HÉBERT adressent des rcmérciments à l'Académie pour les- distinctions accordées à leurs liavaux .^L Cn. Dui'RAT. — Etoiles lilantes des moi* de novembre et décembre 181)7, observées à Basse-Terre (Guadeloupe) M. Paul Painleve. — Sur le développement des fonctions uniformes ou holomorphes dans un domaine (|uêlconque M. Emile Borel. — Sur les types de crois- sance et sur les fonctions entières M. Jules Beudon. — Sur des systèmes d'équations aux dérivées partielles ana- logues aux équations du premier ordre... M. Reni; de Saussure. — Sur la géométrie des champs magnétiques et le mouvement à deux, degrés de liberté dans le plan on sur la sphère M. Marcel Bkillouin. — Loi des déforma- tions des nu'laux industriels MAL Ch. Fabry et A. Perot. - Sur un spectroscope inlerférentiel M. Cn. Kery. — llu riMc de la dillraclion dans les eflcls obtenus avec les réseaux ou trames photogra|)hit|ues M. A. PoNsoT. — lOtude lies équilibres pliy- BULI.KTIN BIIII.IOGRAPIIIQIE , Erhata 3i6 3if; 317 3iS 3>i 3.5 3-.,S 33 1 333 siques et chimiques parla nuHIcodc osmo- tique M. Paul Sacerdote. — Sur la loi du mé- lange des gaz MM. G. Wyrouboff et A. Verneuil. — Sur la séparation du Ihorinm et des terres d(^ la céritc M. Marcel Delépine. - Hydramides et bases isomères M. Arnaud. — Recherches sur l'ouabaïne.. M. E.-E. Blaise. — Synthèse de l'acide téré- bique M^L A-. et P. BuiSINE. -- Kabricalion de l'huile d'acétone, et en particulier de la mèthylèlhylcétone, au moyen des eaux de désuintage des laines M. L. CoiuilER. — Sur le dosage du suc gastrique MM. André Broca et Charles Ricuet. — Expériences ergographiiiues pour mesurer la puissance maximum d'un muscle en régime régulier M. Trabut. — Le Champignon des Allises (Sporotrichum globulifenim ) M. A. Lacroix. — Sur le sulfate anhydre de calcium produit par la déshydratation complèle du gypse M. Bene Nicklés. — Sur le Callovieu de la Woëvre y M. Ed. Stellixo. — Sur la troisième ascen- sion internaliouale des ballons-sondes... 33s 343 3',li 353 3:)ii v't» Sliti 3('.8 PARIS.— IMPRIMERIE G,\UTHIER-VILI,ARS ET EILS, Ouai des Grauds-Aui;ustins, .ôô. /-r (it^i-tiit .- (z) i^o et i2, sont des polynômes de même forme que £î, mais où les entiers m et m' sont remplacés par a et c pour U„, par b et d pour ii, . )> On peut former une {onction <î>(:;) analogue relative aux coefficients B et au développement suivant les anomalies excentriques; on trouve encore une intégrale de même forme, mais où Q doit être remplacé par une constante; £2„ et iî, par zéro, de sorte que les exponentielles disparaissent. » L'étude analytique de cette fonction 'î>(-) peut, en conséquence, pré- senter un certain intérêt; voici les résultats auxquels je suis paivenu : » Supjjosons d'abord les excentricités nidles; ou bien encore supposons qu'il s'agisse du développement suivant ies anomalies exceiitrujues. Dans ces deux cas l'intégrale qui représente **>(:) ne contient pas d'exponen- tielle. » On trouve alors que $(^) satisfait à une équation différentielle linéaire ( 372 ) à second membre A(^) deviendra J J a-t)^/F, » L'intégrale doit être prise le long des deux circonférences ç = I . el il s'agit d'étudier le développement de suivant les puissances négatives de t. » Les lettres O, et F, désignent deux polvnomes entiers en E et -r,. L'équation l''.(;.-'3) = o, considérée comme équation eu r,, admettra un certain nombre de racines Ces racines se repartiront en deux catégories : la première catégorie com- prendra (elles cpii, quand on fait varier ^ d'une manière continue, de façon (373) que la valeur fiiuile de ç ait pour module i, ont leur valeur finiile de mo- dule plus petit que i. » Les points singuliers seront les valeurs de E pour lesquelles l'équation F, ^ o a deux racines égales. » Le point singulier est admissible si son module est plus petit que i et si les deux racines de l'équation F, = o qui deviennent égales appar- tiennent à deux catégories différentes. » Soit a celui des points singuliers admissibles dont le module est le plus grand. » Alors le développement de $ suivant les puissances négatives de t sera convergent à l'extérieur d'une circonférence de rayon \a\. En d'autres termes, la valeur approchée de A,„,„' sera du même ordre de grandeur que a". » La discussion se trouve ainsi simplifiée. » Des procédés analogues sont applicables au cas général où les expo- nentielles ne disparaissent pas. » MÉTÉOROLOGIE. — Sur les observatoires météorologiques de V océan Atlan- tique. Note de S. A. S. Albert \", Prince de Monaco. « En 1892 (' ) je communiquais à l'Académie mon intention de provo- quer l'établissement d'observatoires météorologiques sur divers points de l'océan Atlantique, pour faciliter la prévision des phénomènes qui inté- ressent l'Europe et pour augmenter le domaine scientifique. » Voici les premiers résultats de mes efforts : » Un savant portugais, le capitaine Chaves, chargé depuis trois années, par son gouvernement, de poursuivre la réalisation de mon plan en ce qui concerne les Açores, a déjà créé deux centres d'observations dans l'ar- chipel : un dans l'est, sur l'île San Miguel, et un autre sur l'île Flores, dans l'ouest, à cent lieues plus loin. » Celui de San Miguel, relié depuis iSgS avec l'Europe par un câble télégraphique, est en communication régulière avec certains observatoires du continent, et le nombre de ses instruments croît chaque année. » Celui de Florès, établi seulement depuis six mois, est placé à quatre cents lieues du continent européen : c'est le poste avancé de la Météoro- (') Comptes rendus, 18 juillet 1892. (374) logie sur l'Atlantique et je lui attribue un rôle plus important qu'à l'obser- vatoire de San Miguel. Mais il n'est point encore relié directement avec le monde extérieur, bien que la pose d'un câble entre Florès et l'Amérique paraisse imminente; et les communications avec d'autres îles de l'archipel n'ont lieu que tous les quinze jours, quand le temps est beau, car Florès ne possède aucun port. » Le point choisi par le capitaine Chaves pour y établir l'observatoire est sur le cap do Albernaz, vers le nord-nord-oueslde l'île, où la construc- tion d'un phare est également décidée. Son altitude est de I23'", et il est ouvert à tous les vents : aucune montagne capable de changer leur direc- tion véritable ne se trouvant à moins de i5oo™. » Provisoirement le capitaine Chaves a installé un anémomètre sur une maison située à l'est de l'île, à 182'" d'altitude ; un barographe, des thermo- mètres et quelques autres instruments, dans une deuxième maison non loin de là, puis il a nommé directeur de cette nouvelle station météoro- logique M. Fernando de Mendouça. » Sans aucun doute les observations combinées de Florès et de San Miguel [jermeltront d'annoncer aux ports européens, avec une avance de cinquante heures, les dépressions menaçantes. Déjà la comparaison des courbes de quelques déplacements de centres cycloniques, calculées au Bureau météorologique de Washin^,ton, avec celles qui résultent des obser- vations combinées de San Miguel et de Florès a permis au capitaine Chaves de rectifier dans une certaine mesure les premières. » D'autre part les observatoires des Açores fourniront, quand ils possé- deront tous les instruments nécessaires, des renseignements précieux sui- le magnétisme terrestre, les mouvements sismiques et les poussières atmosphériques. » Les tremblements de terre qui ont désolé en 1887 le Midi de l'Espagne avaient donné un premier avertissement aux Açores. « M. Mascart fait remarquer, au sujet de cette Communication, que, depuis de longues années, les Commissions météorologiques iutecnatio- nales ont exprimé le vœu que des observatoires météorologiques perma- nents fussent installés sur différenls points de la surface du globe : en particulier, les Açores et les Bermudes. La station des Açores présente le plus haut intérêt, parce que cette région est, pour ainsi dire, la clef des phénomènes observés en Europe, et que des données précises obtenues ( 375- ) presque au milieu de l'Atlantique permettront de dresser les Cartes avec plus d'exactitude qu'on ne le peut faire avec les observations recueillies un peu au hasard sur les navires. La Science est donc très reconnaissante à M^'' le Prince de Monaco d'avoir pris l'initiative de l'observatoire météoro- logique des Açores et d'avoir apporté à cette institution son concours efficace. M. Mascart ajoute que, pour les études du Magnétisme terrestre, reve- nues en faveur, l'établissement d'un enregistreur de variations aux Açores fournirait aux observateurs les éléments nécessaires pour apporter, aux résultats obtenus dans des stations temporaires, les corrections qui corres- pondent aux perturbations accidentelles. Avec les enregistreurs d'Europe, des Açores, de Washington et de Toronto, l'Atlantique serait ainsi, pour ainsi dire, entouré par des instruments de contrôle et les observations isolées y gagneraient une valeur exceptionnelle. Malheureusement, de même qu'à Washington, les tramwavs électriques passent à 700 pieds de l'observatoire, et l'établissement devrait être trans- porté à deux milles de distance pour que les troubles devinssent sans importance. Les savants des Etats-Unis gémissent de voir que les cou- rants électriques industriels ont presque annulé les deux seuls enre- gistreurs magnétiques de l'Amérique du Nord; il est profondément regret- table que nous soyons exposés au même danger à l'observatoire du parc Saint-Maur, alors qu'une simple modification dans le mode d'exploitation des lignes de tramways suffirait pour protéger nos instruments d'une ma- nière efficace. IVOMINATïOIVS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Cor- respondant pour la Section de Géométrie, en remplacement de feu Brioschi. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 53, M. Cremona obtient 45 suffrages, M. Mittag-LefOer 8 M. Cremona, ayant obtenu la majorité absolue des suffrages, est pro- clamé élu. (376) aiEMOIRES LUS. PHYSIOLOGIE ANIMALE. — Fonction marliale du foie chez les Vertébrés et les Invertébrés. Note de M. Dastre (' ). « L'élude (faite en commun avec M. Floresco) dont je résume ici les résultats établit que le foie des animaux remplit une fonction spéciale rela- tivement au fer de l'organisme. C'est ce que j'appelle la fonction martiale du foie. Elle est universelle, c'est-à-dire qu'elle existe aussi bien chez les Vertébrés que chez les Invertébrés, partout où se rencontre un organe (cœcums hépatiques, hépato-pancréas) pouvant être assimilé au foie. » I. Invertébrés. — Si l'on veut bien comprendre la signification des faits, c'est par les Invertébrés qu'il faut commencer. Nous avons analysé, M. Floresco et moi, le foie et les différents organes d'un grand nombre de mollusques et de crustacés, au point de vue du fer qu'ils contiennent. Des analyses de ce genre n'avaient jamais été faites, et j'ajoute qu'elles n'étaient pas possibles avant que M. L. Lapicque, actuellement attaché à mon laboratoire de la Sorbonne, en eût donné les moyens. Ce savant a fait connaître un procédé fondé sur la colorimétrie du sulfocyanale ferrique, procédé très bien adapté aux recherches biologiques à cause de sa rapidité, de sa commodité et surtout à cause des faibles quantités de matière qu'il exige et dont ne s'accommoderaient pas les méthodes par pesée ou les mé- thodes A'olumétriques ordinaires. La précision et l'exactitude des détermi- nations ne laisse rien à désirer si l'on observe les précautions convenables. » A. Le premier résultat, c'est que le foie fixe des quantités de fer con- sidérables par rapport à toutes les autres parties de l'organisme. Il est l'organe ferrugineux par excellence. Chez les Crustacés et les Mollusques que nous avons examinés, l'organe hépatique contient des quantités de fer de 4 à 25 fois plus considérables que le reste du corps. » i" Chez les Crustacés (homard, langouste, écrevisse) le foie est riche en fer et il est le seul organe dans cette condition. » Par exemple, chez un lioniard, le foie contenait o"'S, 12 pour li' de tissu sec. Le sang ( liénioljniplie) n'en présentait pas sensiblement ; l'ovaire, pas davantage. Le tissu le plus riche après le foie est le muscle; il contient o™s,o3 de fer par gramme de tissu sec, c'est-à-dire encore 4 fois moins que le tissu hépatique. (') Celte ISote avait été lue dans la séance du 24 janvier. ( 377 ) )» 2^" Chez les Mollusques céphalopodes (poulpe vulgaire, seiche, cal- mar) l'organe hépatique (hépato-pancréas) est riche en fer. Il contient ■2.5 fois plus de fer, à poids égal, que le resle du corps. » Par exemple, chez des poulpes d'origines diverses (Paimpoi, Arcaclion ) nous avons trouvé o'"s,52 de fer pour i»'"' de tissu sec ou o'"k, 12 pour is'' de tissu frais; pour l'en- semble des autres tissus on trouve o°'S,02 par gramme de poids sec. » 3° Chez les Lamellibranches (huîtres, coquilles Saint-Jacques, moules), l'étal de choses est analogue. le foie contient constamment du fer. Chez les huîtres il en contient cinq à sis fois plus à poids égal et à l'état sec que le resle du corps; quatre à cinq fois plus chez les pectens; cinq fois chez les moules. » Par exemple, chez les huîtres portugaises, on trouve : teneur en fer pour is^ de foie sec, o, 1 10; avec les tissus secs, 0,018. » 4° Chez les Gastéropodes (escargots, buccins, etc.), pas d'autre organe réellement riche en fer que le foie, f^a quantité de fer du foie est environ cinq à six fois plus considérable que celle du corps à poids égal. )) B. Seconde conclusion. — Celte faculté de fixation élective que le foie possède pour le fer est spéciale à ce métal. Il ne la possède pas pour le cuivre. Le sang de beaucoup d'Invertébrés, Mollusques et Crustacés, est riche en enivre (hémocyanine); le tissu hépatique n'en contient pas sensi- blement. » Ainsi, le foie se dislingue des antres organes au point de vue du fer, et le fer se distingue des autres inétaux au point de vue du foie. Le métal du foie est indépendant du j)igment métallique du sang. » C. La troisième conclusion générale de notre étude, c'est que la quantité de fer du foie varie entre des limites peu étendues, pour une même espèce dans les mêmes conditions physiologiques; beaucoup moins, en tous cas, que chez les Vertébrés. » Celle provision de fer, sensibleiTient constante, n'est pourtant pas immobile. Elle se dépense et se renouvelle. Le fer hépatique passe dans la sécrétion du foie. Nous avons recueilli facilement chez l'escargot en hiber- nation, la sécrétion hépatique pure et nous l'avons analysée. Elle contient une forte proportion de fer. » Nous avons trouvé en moyenne o"?, 45 de fer pour iS'- de sécrétion à l'état sec; la poudre de foie à l'état sec contenait o™Sji5, c'est-à-dire trois fois moins. » Ajoutons que la proportion de fer du foie ne suit pas les varia- 1 K.. iJ^gS, I" Semestre. (T. CXXVI, N- 5., 4q ( 3^8 ) lions de la richesse en fer fin milieu ambiant, ou de l'alimentation. An contraire, elle paraît dépendre des condilions physiologiques, telles que les périodes d'activité vitale et d'accroissement. » La conséquence la plus générale de ces faits, c'est de juslifier l'existence d'vine /onction physiologique du fer hépatique, puisque la pré- sence et l'abondance de ce métal dans le foie ne résultent pas de son exis- tence banale dans le milieu extérieur ou dans le milieu alimentaire, et que le fer, an lieu d'être un élément fixé accidentellement dans le foie, y est au contraire un élément sélectionné, mobile et mesuré. « II. Vertébrés. — Chez les Mammifères, la question du fer a donné lieu à un nombre considérable de recherches. » Il n'y a plus ici, comme tout à l'heure, un seul organe ferrugineux, le foie. Il y en a trois, le sang, la rate, le foie. Le sang est de beaucoup le plus riche (o™8,5 pour iS'" de sang frais chez le chien); la rate, chez l'adulte, vient en seconde ligne (chiffre variable, o'"s,3o en moyenne); le foie n'arrive qu'au troisième rang (o™^, i5 pour iS"" de poids frais). » Aussi, le fer du foie a-t-il été subordonné, dans l'opinion commune, au fer du sang. La doctrine régnante est que le fer existe chez les Vertébrés pour le sang et par le sang. On enseigne, en particulier, qu'il se produit dans le foie une destruction des globules (hématolyse), ou mieux encore une destruction de leur matière rouge (hémoglobine), dont le fer se dépose sur place, tandis que le reste de la matière colorante passe dans la bile et lui donne sa couleur. Le dépôt de fer hépatique est d'ailleurs une réserve où l'organisme semble puiser pour constituer le fer circulant ou le re- constituer. Les faits connus ne permettent guère de douter que le fer hépa- tique ne soit lié à l'évolution du sang, c'est-à-dire au fer sanguin, ou en d'autres termes que le foie n'ait une fonction hématique, ou encore que le fer hépatique ne soit du fer hématique, au moins en partie. » Les faits précédents, ni aucun autre, ne signifient pas que tout le fer du foie vienne du fer du pigment sanguin. L'exemple des Invertébrés nous enseigne manifestement le contraire, puisque, chez eux, le fer hépatique existe sans qu'il y ait de fer sanguin pigmentaire. En principe, l'universalité du fer hépatique lui assigne une raison d'être universelle, la même cer- tainement chez les Vertébrés que chez les Invertébrés. En fait, l'analyse attentive du petit nombre de résultats connus manifeste les traits com- muns aux deux divisions du règne animal ; même indépendance, quant au fer, des contingences extérieures et des hasards de l'alimentation; même subordination aux conditions physiologiques, croissance, périodes d'ac- ( 379 ) tivité; les résultats nouveaux que nous communiquerons prochainement sur les pigments du foie et leurs analogies chez les Vertébrés et les Inver- tébrés achèvent de découvrir, sous la fonclion hématique du foie spéciale aux Vertébrés, la fonction martiale commune à tous les animaux. Nous sommes donc autorisés à conclure à l'existence générale de cette fonction : il nous restera à faire connaître l'idée que l'on doit s'en former. » MEMOIRES PRESENTES. M. Messager adresse, par l'entremise de M. Cornu, une Note intitulée « Déformation des métaux; essai d'une théorie ». (Commissaires : MM. Cornu, Maurice Lévy, Sarrau.) M. F.-J. PiLi.ET soumet au jugement de l'Académie un Mémoire accom- pagné de figures et intitulé : « Etude de lu vision pour la sensation de la forme, du relief, du mouvement, de la couleur. Ses conséquences pour l'Art de l'ingénieur >. (Commissaires : MM. Cornu, Mascart, Michel Lévy. ; M. Ad. Cii.4lle adresse un projet destiné à éviter les abordages en mer, par temps brumeux. CORRESPONDANCE. M. le Secrétaike perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance, le Tome II des « Leçons sur l'intégration des équations aux dérivées partielles du second ordre, à deux variables indépendantes; par M. E. Goursal », (Présenté par M. G. Darboux.) ( 38o ) ASTRONOMIE. — Observations de la comète périodique de d'Arrest, faites à l'observatoire de Rio de Janeiro avec l'équatorialde o", 20 ; par M. Li. Crui-s, présentées par M. Lœwy. Comète. — Étoile. Etoiles 1 ~ Nombre Dates de Ascension de 1897. comparaison. G: nndeuf. droite. Déclinaison. compar. Juillet I . . . a Paris, 2781 8 m s -t-0.25,75 -1-10.43,4 10: 10 3.... ô Weisse,, 1/49 8| + 2.28,80 -MI.4l,3 4: 4 9... c Paris, 32o5 7 -H I .28,08 -hro. i3,8 6: 6 Posilions des étoiles de comparaison. Asc. droite Réduction DéclinaisoE 1 Réduction Dates. moyenne au moyenne au 1897. * 1897,0. jour. 1897,0. jour. Autorités. Juillet I . . a h m ? 2. 9. 7,22 s -\- 1,90 -1- 6. 10. Il , ,8 + i4',4 Cal. Paris. 3.. . b 2. 12.60,98 -\- 1,96 -1- 6.18.43, 9 + •4,7 Gat. Weisse, 9.. c 2.80.25,75 -t- 2, 10 -^ 6.28.89. ,6 -ri-,! Cat. Paris. Positions apparentes de la comète. Dates. Temps moyen Ascension droite Log. fact. Déclinaison Log. fact. 1897. de Rio. apparente. parallaxe. apparente. parallaxe. Il m s h Di s o . .. Juillet I. ... 16.22.48 2. 9.84,87 9,og6„ -1-6. 21. 9,6 o,6o4„ 8 16.43.12 2. i5. 16,74 9,55o„ -1-6.25.39,9 o,6i2„ 9 16. 38. 20 2.81.50,93 9,545„ -1-6.34.10,5 o,6i4n Remarques. — Juillet i :1a comète apparaît comme une nébulosité de forme circu- laire de 3' de diamètre, sans noyau bien défini. Juillet 8 : faible éclat, observation difficile. Juillet 9 : même apparence. Noyau central 11° grandeur. Visiliilité difficile. ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Sur quelques photographies de nébuleuses obtenues à l'observatoire de Meudon. Noie de M. A. R.tBouRDiN, présentée par M. J. Janssen. « M. Janssen ayant bien voulu nous autoriser à faire usage du grand télescope de Meudon dès le mois de mai 1897, j'ai l'honneur de présenter ( 38i ) à l'Acadéinie un certain nombre de photographies de nébuleuses, obtenues avec cet instrument. » Ces quelques clichés : nébuleuse annulaire de la Lyre, nébuleuse en spirale des Chiens de Chasse, nébuleuse planétaire du Verseau, nébuleuse Dumb-bell du Petit Renard, grande nébuleuse d'Andromède, nébuleuse du Triangle et région des Pléiades, démontrent d'abord la perfection de ce télescope à court foyer (' ) ot le grand avantage qu'il présente en permettant d'avoir des documents photographiques absolument nouveaux, tout en res- tant bien en deçà des temps de pose exigés jusqu'à présent par les instru- ments employés à ces sortes de recherches » Bien que le mauvais temps persistant de l'année 1897 m'ait considé- rablement gêné, j ai pu faire quelques remarques nouvelles. » Pour la nébuleuse de la l-.yre, par exemple, je présente à l'Académie trois photo- graphies (agrandies vingt-cinq fois), avec vingt minutes, trente-cinq minutes et cin- quante-trois minutes de pose (-). » La première (de vingt minutes) donne une image d'intensité égale à celle que j'avais obtenue au mois d'août 1890 à l'observatoire d'Alger, avec six heures de pose ('). La dernière (de cinquante-trois minutes) est supérieure à celle que vient d'exécuter l'observatoire de Tachkent avec vingt-quatre heures de pose ('). )) Ces trois clichés diflérents montrent avec évidence que, pour cette nébuleuse an- nulaire, l'intensité de la nébulosité croît à l'intérieur avec le temps de pose, tandis que le diamètre total eu augmente fort peu. 11 en résulte, en fin de compte, une nébu- leuse elliptique et non annulaire, comme le ferait croire la première épreuve. Ces clichés font voir, de plus, une étoile très marquée au centre, visible d'ailleurs à l'œil dans le télescope, mais que ni le dessin d'Plerschel, en i833, ni celui de Lord Rosse, en 1844; pas plus que celui de Trouvelot, en 1878, n'indiquaient. Cette remarque tîndrait à faire admettre l'hypothèse d'un changement assez récent. » On peut encore constater un maximum de condensation à la périphérie dans le piolongement du petit axe de l'ellipse, tandis qu'il se trouve un maximum aux extré- mités du grand axe. » Je pense qu'une plus longue durée d'exposition n'apprendrait plus rien ici. » Si nous prenons, maintenant, les trois épreuves de la nébuleuse du Petit Renard, Dumb-bell (agrandissement dix fois; pose : une heure, une heure douze minutes et (' ; Le miroir taillé par MM. Henry frères a i™ de diamètre et seulement 3" de dis- tance focale. (^j La dernière de ces épreuves devait avoir une pose d'une heure, mais elle a dû être interrompue, le ciel s'étant couvert. Il en est de même de plusieurs autres, qui ont été faites en profitant d'une courte éclaircie. (') Instrument de la Carte du Ciel. (') Instrument de la Carie du Ciel. ( 382 ) deux lieures), on voil que cette nébuleuse, de forme si bizarre lorsqu'on la regarde dans un instrument, se révèle ici comme une nébuleuse elliptique. Elle possède aussi une étoile au centre, comme la nébuleuse de la Lyre, mais invisible sur ces épreuves. Là ne se borne pas d'ailleurs la ressemblance entre ces deux objets, Dumb-bell a de même uq maximum de condensation aux deux extrémités du petit axe de l'ellipse, et de même encore un minimum sur le prolongement du grand axe. Ce qui fait que ces deux nébuleuses, si dissemblables lorsqu'on les regarde même dans un puissant téles- cope, présentent au contraire de très curieuses analogies. Cela permet, quant à la forme du moins, de les classer dans une même catégorie. )> La nébuleuse planétaire du Verseau (pose cinquante minutes, agrandie dix fois) est très intéressante à cause de ses deux protubérances diamétralement opposées et qui ont fait supposer que le globe central est entouré d'une sorte de renflement, ana- logue à l'anneau de Saturue- Mais on n'obtient ici aucun détail intérieur ('). » Comme nébuleuses en spirales, nous avons : » La nébuleuse des Chiens de Chasse (pose une heure, agrandissement dix fois), qui ne nous apjirend rien de nouveau, mais nous renseigne cependant sur ce qu'on peut obtenir en si peu de temps avec un instrument aussi puissant. » La nébuleuse d'Andromède (pose une heure, agrandissement deux. fois). C'est une véritable nébuleuse en spirale : cela se voit bien mieux sur l'épreuve originale. La petite nébuleuse qui est au centre a été cataloguée a part; elle ne fait cependant qu'un tout avec la grande et la complète comme une condensation de l'une des spires, au même litre que celles que l'on voit dans la nébuleuse des Chiens de Chasse. Cette né- buleuse est très étendue; il est malheureusement impossible d'avoir la région complète sur une seule de nos plaques. » En comparant ces deux derniers clichés avec ceux, très remarquables d'ailleurs, qu'en a donnés M. Isaac Roberts, on constate que les mêmes résultats ont été obtenus, mais avec des durées d'exposition de quatre heures, soit quatre fois plus de temps qu'à Meudon. Cela fait espérer des renseignements beaucoup plus complets, quand on pourra reprendre ces nébuleuses avec une durée de pose de deux heures. » La nébuleuse du Triangle (pose deux heures, agrandissement deux fois) est une très belle nébuleuse en spirale; malheureusenienl le papier est loin de rendre tous les détails du premier négatif. Lord Rosse l'avait vue en spirale, mais n'en avait pas fait de dessin, croyons-nous. Du reste, elle est difficile à voir et très mal définie à l'œil. » Enfin, voici une partie de la région des Pléiades, avec Alcyone au centre (une heure de pose, agrandissement deux fois). La Photographie, qui avait permis à MM. Henry de découvrir ici des nébuleuses absolument invisibles dans le télescope, vient encore enrichir cette contrée céleste de deux autres nouvelles nébuleuses qui entourent Atlas et Pléione. (') D'après d'autres essais, que j'ai faits sur des nébuleuses planétaires^ il semble que, en raison de la grande intensité lumineuse de ces objets, il vaudrait mieux les laisser aux instruments à long foyer et même employer un oculaire d'agrandissement. 11 serait peut-être possible alois de trouver des détails intérieurs que je n'ai pu avoir avec un télescope à court foyer. ( 383 ) » Mais ce qui est digne de remnrque, dans ce cliché, ce sont de longues traînées de matière nébuleuse qui relient en li<îne droite certaines étoiles entre elles en passant par leur centre. Huelques-unes de ces lignes étaient déjà bien définies sur la Carte des Pléiades, publiée dans les Annales de V Ohsersatoire de Paris et due aux belles recherches de IMM. Henry; entre autres, celle qui passe au-dessus d'Alcyone et s'éloigne de Maïa vers la gauche. On trouve maintenant qu'il en existe une deuxième, à peu près parallèle et un peu plus au-dessus. Puis, dans la région comprise entre Alcvone, Mérope et Maïa, c'est un enchevêtrement de longues aiguilles qui viennent se fondre par leurs extrémités dans les masses plus importantes de matière nébuleuse qui entourent les principales étoiles. )) En résumé, si l'on considère les résultats obtenus avec la Lyre, Dumb- bell et les Pléiades, on peut supposer, dès à présent, que, dans la majorité des cas, une durée d'exposition de deux heures sera plus que suffisante pour enregistrer avec succès les dernières traces qui font partie de la con- stitution des nébuleuses. Ces durées d'exposition ne donneront plus, en effet, que de grandes taches blanches, sans détails intérieurs, mais inté- ressantes cependant, parce qu'elles indiqueront l'étendue et la forme exté- rieure. Du moment que la tache ne s'étendra plus davantage en augmen- tant la durée d'exposition, on sera en droit de se croire en possession de l'aspect complet de la nébuleuse. C'est ce résultat qui, très vraisemblable- ment, pourra être atteint avec des poses voisines de deux heures. « Il me resterait encore à parler d'une série de clichés d'amas d'étoiles, faits concurremment avec les nébuleuses. Le temps m'ayant manqué pour en exécuter tous les agrandissements, ces documents feront l'objet d'une autre Communication. » Remarques sur la précédente Communication el sur la méthode propre à donner des Nébuleuses des images comparables ; par M. J. Jansse\. « Le succès obtenu en 1871 avec un télescope à très court foyer, qui m'avait permis de reconnaître la véritable nature de la couronne, comme enveloppe gazeuse entourant le globe solaire, me fit penser à en faire con- struire un du même genre et plus puissant pour l'observatoire de Meudon. Ce sont MM, Henry frères et Gautier qui le construisirent. » Ce télescope ai™ d'ouverture et 3™ de distance focale. En raison de faon foyer si court, la construction du miroir présentait de très grandes difficultés, que MM. Henry ont très habilement surmontées. ( 38/i ) » Ce télescope est précieux pour l'élude oculaire ou photographique des ohjels célestes très peu lumineux, spécialement pour les nébuleuses. » Aussi quand M. Rabourdin, anciennement attaché à l'observatoire d'Alger, est venu me demander de faire de la photographie à Meudon. l'ai-je vivement engagé à aborder la ])hotographie des nébuleuses avec cet instrument. On voit de quel succès les efforts, très habiles, du reste, de M. Rabourdin ont été couronnés. » Les temps de pose, relativement si courts, qui ont suffi pour obtenir avec ce télescope des photogi^apliies de nébuleuses qui ont exigé avant nous des poses de quatre à dix fois plus considérables ont montré sa grande puissance lumineuse, circonstance bien précieuse quand il s'agit de très faibles nébuleuses. » La découverte de deux nébuleuses dans les Pléiades, que signale M. Rabourdin, est très intéressante et montre tout le parti qu'on pourra tirer de l'instrument. M Je viens maintenant à la méthode que j'ai proposée en 1881 ('). » On voit, par les épreuves photographiques que je viens de pré- senter à l'Académie, combien le temps de pose influe sur l'aspect et la constitution de ces images. On comprend que s'il s'agit d'images obtenues avec des instruments différents, à des intervalles très éloignés, etc., les différences pourront être encore plus considérables. Il est donc indispen- sable dès maintenant, si nous voulons léguer à l'avenir des documents comparables, de faire ces photographies dans des conditions définies et qui permettront ces comparaisons. » A cet effet, j'ai proposé l'emploi des cercles stellaires, c'est-à-dire le cercle qu'on obtient avec une étoile lorsque la plaque photographique est placée hors du foyer de l'instrument. )) Il faut bien remarquer que, comme le degré d'opacité de ces cercles stellaires est influencé, non seulement par le temps de l'action de la lumière, mais par toutes les autres circonstances de sensibilité des plaques de transparence photographique de l'atmosphère, etc., ils peu- vent être considérés comme une résultante de tous ces facteurs et con- stituent le témoin que nous cherchons. Si donc une photographie de nébuleuse est accompagnée de deux ou trois de ces cercles, obtenus avec des étoiles voisines et dans les mêmes conditions de pose qu'elle, ils per- (') Cojnples rendus, séance du 7 février 1881. ( 385 ) mettront aux observateurs de l'avenir de se |)lacer dans des conditions, non pas semblables pour chacune d'elles, mais équivalentes dans leur ré- sultat final, ce qui est le but cherché. » Dans cette méthode, l'observateur qui voudrait obtenir une photogra- phie d'un objet céle.-te susceptible d'être comparée, commencerait d'abord par cherchera déterminer le temps qui a servi à obtenir les cercles dont le temps de pose a été le même que celui de la photographie; ce tem|)s obtenu serait précisément celui qui devrait être donné à l'image de l'objet céleste en question. » Je ne fais ici que rappeler le principe de la méthode, sur laquelle il y aura à revenir au moment des applications que nous comptons en faire dès que cela sera possible. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur le développement des fonctions analytiques pour les valeurs réelles des variables. Note de M. Pai.vlevé, présentée par M. Picard. « Soit F(.r) une fonction analytique de la variable réelle x, fonction que je suppose holomorphe pour toutes les valeurs de x comprises entre a et h (a <^ b), a pouvant être égal à — co et Z» à + co. D'après un théorème de M. Weierstrass, une telle fonction peut toujours être représentée entre a et b par une série convergente de polynômes. Mais la question que je me pose ici est la suivante : » Soit x^ une valeur de x comprise entre a et b, et F^, F^, F|^, ... les valeurs (pour a; = a?,,) de F et de ses dérivées successives. Connaissant F„, F|,, Yl, . . ., peut-on former une série de polynômes lV,,(x) qui : i° converge absolument et soit égale à F(a;) dans l'intervalle (') ab, et 2° converge nni- forménient dans tout intervalle oop compris entre a et b, ainsi que toutes les séries ^V\fœ), iP°(a:), .... obtenues en dérivant la première terme à terme? » Quand les conditions précédentes sont remplies, les séries iP',^(j;), 'L^'lfx), . . . convergent (entre a et b) vers F'(,r), V"(x), Je conviens de. dire, dans ce qui suit, qu'une série telle que la précédente I,l\fx) con- verge uniformément vers F(.r) entremet b et est dérivable uidéfiniment terme à terme. » La réponse à la question posée est affirmative. D'une façon précise, (') Les extrémités a, b sont naturellement exceptées. G. R., 1898, i«' Semestre. (T. CXXVI, N" 5.) 5o ( 386 ) soient :; la variable complexe et x une valeur réelle quelconque de z, com- prise entre a et Z». On peuf, de œ comme centre, décrire un cercle y de rayon p(a-) assez petit pour que la fonction F(z) soit liolomorphe à l'intérieur et sur la circonférence de y; | Fj reste alors inférieur dans y à une certaine quantité positive M (a*). Observons que p(j^) et j-r- — r peuvent tendre vers zéro quand x tend Aers a ou b. Le théorème que je démontre s'énonce ainsi : » Théorème. — Connaissant a, h, t„ {a <^ ,r„ <^ h) et les quantités p (x), M (.t) (pour X compris entre a et h), on peut calculer une suite de polynômes Ki^)' n;;'(^) ";:"(>) (« = 1,2,3,..,) tels que la série (0 i; [F„n,»(x) + F„n;(^) + ... +F:"n;;"(a-)jE^2 ^""^^") n— I converge absolument et uniformément vers F (a;) entre a et b, et soit dérivahle terme à terme indéfiniment : F(-) désigne une fonction quelconque, liolo- morphe et de module inférieur à M(a") dans chaque cercle y de centre ar et de rayon p («■). » De plus, étant donné un segment quelconque aS^ entre a et b, et une quantité positive £ aussi petite qu'on veut, on sait connaissant p {x) et .. former explicitement une quantité v (a, [ï, £ ), telle que, pour n ^ v, on ail |R„(a-)|')' où/^est une fonction analytique de x, y, holomorphe et réelle pour .r, y réels, et telle que - reste inférieur à une quantité fixe [j.. On montre que toute intégrale y (ot) de (3) est holomorphe pour j; réel, et si l'on se donne pour X = Xii la valeur j' ^^Vo dejK, on sait calculer explicitement les quan- tités appelées plus haut ^(x) et M(x), et par suite effectuer le développe- ment (i) à l'aide de simples différentiations. » Fonctions de m variables. — Les propositions précédentes s'étendent aux fonctions de m variables : soit F(jr,, . . . ,x,„) une fonction analytique, en série de polynômes. En 187g, M. Picard a indiqué pour l'aire d'une ellipse un autre mode de développement très élégant en série de polynômes. Mais ces deux développements exigent qu'on connaisse les valeurs de F (z) (ou au moins de sa partie réelle) sur la périphérie de l'ellipse. Le développement (2) suppose, au contraire, qu'on connaît, pour z ^ Zq, les valeurs F„, F[ (') On peut substituer aux aires elliptiques d'autres aires convexes, par exemple substituer à E^ l'aire A^ intérieure à deux cercles de grand rayon. La remarque faite plus haut sur le développement (2) s'applique à l'aire A^ : toute fonction F (z) holo- morphe dans A,^ est évidemment, d'après un théorème de M. Appell, dévelopjjable en série de polynômes dans A^, mais le développement de M. Appell exige qu'on con- naisse les valeurs de F (0) sur le contour de A,,. ( 3S8 ) holomorjihe pour a',, . . ., a-„, réels el compris entre les limiles (D) a,<.i-,<6 o,„'Cx„,.„ P V n'i f/(+ 1 ~i àx,, ( 389 ) )) Si l'oM se donne une niullijilicité à o dimensions, on peut déterminer par des équations réductibles aux équations différentielles ordinaires l'orientation des éléments d'ordre p — i des surfaces intégrales qui y pas- sent et engendrer ensuite celles-ci par des caractéristiques. M Voici un exemple qui éciaircira ce cjui précède. » Si l'on pose d'-z dxiOxi, ~~ l^'"' un système linéaire du second ordre dont la solution générale dépend d'une fonction arbitraire de deux arguments peut êlre mis sous la forme p.,^ = 11!,, + -xp,., -+- 'Pp...,, /jj, = D, — a-A, — />iiSi, -!- ap^ ., -f- bp.^ = D, — aA, — fiB. -f- x/?,3 -H ["i/'2:i- » Les caractéristiques sont alors déterminées par les équations zr^ = — ^' ë=-'' dxi dx, — ^' dx, _ „ dx.. - '" dp, _ . ■ 1 — Ai, dx,-^>' àP-^ - 1,., d/>3 ,^ dp,, ,, . „p dPi dx, = D, — «-A, — éxi!,,, dx, -"-" ( 390) GÉOMÉTRIE. — Sur les relations entre les éléments infinité si maux de deux figures homographiques oucorrélatives. Note de M. A. Demoulin, présentée par M. Darboux. « I. Une transformation homographique quelconque étant donnée, soient (K) la conique de la première figure qui correspond au cercle de l'infini considéré comme appartenant à la seconde figure, et (P) le plan de cette conique. » Prenons, dans la première figure, une courbe quelconque (C), et sur cette courbe un point arbitraire M. Le pointM', correspondant du pointM, se trouvera sur la courbe (C) transformée de la courbe (C). » Soit, dans le plan (P), O, O0O3 un triangle conjugué par rapport à la conique (R) et appelons : nr , , rjo, w, les distances des points O, , O^, O3 au plan osculateur de la courbe (C) en M; m^, m.,, m^ les moments de la tangente en M par rapport aux droites Oo O,, 0,0,, 0,0s; A la distance du point M au plan (P). )) Désignons enfin par p et t les rayons de courbure et de torsion de la courbe (C) au point M, et par p' et -' les éléments analogues de la courbe (C')enM'. >> Cela posé, on a (B) '-- » Les coefficients A,, A^, A^, 13,, Bo, B3 ne dépendent que de la trans- formation et sont susceptibles de l'interprétation géométrique suivante : L'équation A I cj'i 4- A^ cj;; + A 3 T3|j := o représente, en coordonnées tangentielles (cr,, ra,, n.,), la conique (R) dé- A, raj -+- AjTn ■'2 + A3 ni j (B ml -h B^ ml ( 391 ) finie plus haut. L'équation B, m'i + a. ml -f- 1).,;»!; = o est celle du complexe des droites qui rencontrent cette conique. » Lorsque la courbe (K) est à l'infini, les formules précédentes ne sont plus applicables, mais on peut leur en substituer d'autres présentant le même caractère de simplicité. » IL Considérons la corrélation la plus générale et soit (C) le cône de la première figure auquel correspond, dans la seconde figure, le cercle de l'infini. » Soient (C) une courbe quelconque appartenant à la première figure et (C) l'arête de rebroussement de la développable qui lui correspond. On peut dire que la courbe (C) est la transformée do la courbe (C) si l'on envisage la corrélation comme une transformation de l'espace réglé. Soient, sur les courbes (C) et (C), M et M' deux points correspondants. Désignons para;, y, z les coordonnées du point M par rapport à trois axes Ox, Oy, Oz, diamètres conjugués du cône (r), et par ci la distance du sommet O de ce cône au plan osculateur de la courbe (C) en M. Si l'on appelle t et t' les rayons de torsion aux points M et M', on aura (C) T. = ^ » Dans cette formule, A.:r2-i-By- + C=- = o est l'équation du cône (F). » Lorsque ce cône se réduit à un cylindre, que nous définirons par l'équation A.r- + Bj--t-C = o, la formule ci-dessus doit être remplacée par la suivante (D) TT = - cos^O 6 étant l'angle de la binormale de la courbe (C) et de l'axe de ce cylindre. » Cette circonstance se présente dans une réciprocité polaire par rap- port à un paraboloïde ou par rapport à un complexe binaire. Dans ce der- nier cas, la formule (D) conduit à la relation ' \ I , I- (E) -'=(^-+ïj(/'-+T ( 392 ) dans laquelle on désigne par k le paramètre du complexe et par r et /' les distances des points M et M' à l'axe central de ce complexe. » L'application du théorème d'Enneper permet de déduire des for- mules (A), (C), (D) des relations entre les courbures totales de deux surfaces homographiques ou corrélatives. M Pour établir les résultats énoncés dans cette Note, nous avons fait usage des formules suivantes qui donnent la courbure et la torsion en coordonnées cartésiennes homogènes (X,Y,Z,T), et la torsion en coor- données tangentielles homogènes (Ij, M, N, P) : l[W(X,T)]2+[W(Y,T)P+[W(Z,T)]^i^ P = T = j[W(X, Y, T)P+ [W(Y, Z, T)]■=-^ [W(Z, X, T)]^pT' W(X,Y, Z,T)T' [W(X, Y, T)]^+ [W(Y, Z, T)]^+ [W(Z, X, T)]^' W ( L, M,N,P)(L^+M^+N'-) W(L,M,N) » Dans ces formules, nous désignerons, d'une manière générale, par ■W( J'i , Vi, . . . , jn) le Wronskieii de n fonctions y^ , r^i • ■ • , v», c'est-à-dire le déterminant formé avec ces n fonctions et leurs dérivées des n — i pre- miers ordres. » GÉOMÉTRIE. — Sur les surfaces applicables sur une surface de révolution. Note de M. A. Pellet. « La courbure totale de l'expression T^du- -{- 2Ydudi' -+- Gdv'- est un invariant, quelles que soient les fonctions E, F, G ; si on la multi[)lie par une fonction y"('^, iL), cp et ij/ étant des fonctions de u et de v, et qu'on prenne la courbure totale de la nouvelle expression, les coefficients des diverses puissances de /et de ses dérivées par rapport à cp et à li seront des invariants. On obtient ainsi les invariants de M. Beltrami. Lorsque Ec^u^ + 2Fdud{' -\- Gdv- convient à une surface de révolution, en prenant pour /"une fonction de la courbure totale de cet élément {g), la courbure totale dey(^)(E^«'- + 2Fr/«rA' + Gf/(^-) est une fonction de^ et récipro- quement. » Ainsi, pour que l'expression A'-^du"- -{- g^ di'-) soit le carré de l'élé- ment linéaire dune surface de révolution, A et la courbure totale étant des ( 393 ) fonctions de g, il faut et il siifât que les trois équations { l\ tr ~ _-L_ o— or ~ *> P V-/ O"- ./t>' w ©>/■■? soient satisfaites ; F, /, /, désignent des fonctions de g. En dérivant l'équa- tion (i) on obtient deux équations entre les dérivées secondes de g, qui, pour être compatibles avec les équations (2) et (3), exigent qu'on ait !) Celte équation détermine g[^, et g est une fonction de pu -+- qv (p et q constants) à moins que 2F =/. g= ^/g\ F' =/, g + 2/5- ; alors » Les équations (i). (2), (3), (4) admettent deux systèmes de solu- tions ; . n / o o «" cos- 1 m u -+- p) J ' ./ I ' o „j2 COS-(«(' + 17) ' / — O, J,— — n-, S' — — cos-2 (nr + q)' m, n, p, q étant des constantes. » Pour que les lignes u, c soient lignes de courbure, auquel cas la sur- face est isothermique, il faut que les équations suivantes soient compa- tibles î Kg iib ' A X' A' /''^'\' X\fo = m-'g + :tm-g- -^ + g{n^ H- 7t7^g-) (^-^j r= L. » On voit d'abord, en tenant compte de l'équation (4), que An, ifl) sont fonctions de g; par suite, les rayons de courbure sont fonctions l'un de l'autre. On a ensuite -r, / A'\ „ A' , A«v » a;"-" va; ^ "• \A„. 'o .' A' d'où une équation du troisième ordre en ^• C. R., 1898, I" Semestre. (T. GXXVI, N" 5.) 31 ( 394 ) » Pour que A-(c/ir + dç-) soit le carré de l'élément linéaire d'une sur- face de révolution, la courbure de la surface étant fonction de A, il faut que A soit une fonction âepu -f- qv, p cl q étant des constantes. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la décomposUion des fondions Q en facteurs. Note de M. G. Humbert, présentée par M. Poincaré. « k^T^c\on?, fonction thêta d'ordre m une fonction entière de deux va- riables qui vérifie les relations 0(«+ r, (^) = 0(h, (' -f- i) = 0(h, v), e{u -;- a. i' -!- b) = e--'"'^'"^"' 9,{u, v), Q{u -\-h,V'T- c) = e-=""='"+P'0(//, v), a' et P' étant des constantes. Il est clair que le produit de deux fonctions 0 d'ordres m et n est une fonction 0 d'ordre m -h n : inversement, si une fonction 0 se décompose en deux facteurs entiers, ces facteurs sont-ils nécessairement des fonctions thêta, à des facteurs exponentiels près? » La question doit être résolue par l'affirmative si les périodes a, b, c sont choisies au hasard ; une exception ne peut se présenter que si les pé- riodes sont liées par une relation de la forme (i) ka -r- B/> ^- Ce + D(ac - b-) -;- E = o, A, B, C, D, E étant des entiers. » Supposons qu'il existe une pareille relation; on établit que, si la quantité A = B-— 4AC - 4DE est un carré parfait, A — n-, les fonctions thêta considérées se réduisent aux fonctions thêta elliptiques. » Pour étudier plus commodément le cas général, on ramène, par une transformation du premier ordre, l'équation (i) à une forme plus simple. » On établit d'abord que l'on peut faire disparaître les coefficients D et E ; il reste (2) A<-?. + B/> 4- Ce z= o. » On peut remplacer cette équation par une équation de même forme k'u -i-B'è -r-C'c^o, Cl) ( 395 ) A', B', C étant tels que la forme A'.x-' — B'xy -1- C'y- soit équivalente à la forme Ax'- — Bxy -+■ Cy^. Enfin, on peut faire en sorte que A divise C. En appliquant successivement ces transformations, on arrive à mettre l'équa- tion (2) sous la forme simple (3) a -^pb + ■■€ = o, P étant égal à o ou i , selon que A est de la forme ^ih ou ^h -i- 1; on a, de plus, la quantité A est un invariant pour toutes les transformations du premier ordre. » Cela posé, désignons les périodes, afin de simplifier les écritures, par ( 2.7:1 o a b, I o 2-/ i a, la relation (3) ayant lieu entre a, b, c. On démontre qu'il existe des fonc- tions entières, !p(w, v), qui ne sont pas le produit d'une exponentielle par une fonction thêta aux périodes (4), vérifiant les relntions I ©(« + 2.T.i, f) = (p(w, ',' -f- 27:1) = cp(w,<^), (5) 9(;/ --;- a, v ■+- b) = e'"^'''''' o{ii, i>), { ), /et X; étant deux entiers quelconques. Toutefois certaines inégalités doivent être satisfaites. » D'abord, pour qu'il existe des fonctions thêta aux périodes (4), il faut et il suffit que a'c' — è'^^ o, en appelant a', b', c' les parties réelles de a, b, c; on en conclut, en tenant compte de (3), c'est-à-dire A ^ o. » Supposons a' (et par suite c') positif; on démontre que les fonctions définies par (5) ne peuvent exister que si /- — pX:/ T- yX."" ^ o. De plus, si k ^ o, il faut que 2/— [3X:>/C-v'Â; si k — k\/A. ( 396 ) >) Enfin, le cas de X: ^ o donne, d'après (5), des fonctions 0 ordinaires, et />o. )i Les fonctions cp, définies par (5), sont des fonctions linéaires et homogènes de (/'— pA7+ y/i;-) d'entre elles; deux fonctions cp et ç', corres- pondant aux entiers / et k, l et k' , ont un nombre de zéros communs égal à 2ll' -<^{kl' + k'l) +yM'. » Tous ces résultats s'interprètent géométriquement sur les surfaces hyperelliptiques ou sur la surface de Rummer : ces surfaces, lorsqu'on suppose vérifiée la relation (3), admettent des courbes algébriques qui n'existent pas dans le cas général. » La forme /- — ^kl+ yk^ peut être égale à + i pour d'autres systèmes de valeurs que k = o, l— i : soit /,, k, un de ces systèmes; la transfor- mation U ^ /, « -r 'Myt', Y = — k,u-h(l, — k,[6y' fait correspondre à un point (u, c) de la surface de Kummer un, et un seul, point (U,V) delà même surface, et réciproquement : de là des transfor- mations birationnelles de la surface en elle-même, qui n'ont pas lieu dans le cas général. L'étude de ces transformations revient ainsi à la résolution en nombres entiers de l'équation (6) /2_ j3X-/_,_y^2^ I^ qui se ramène immédiatement à l'équation de Peli; elle a donc une infinité de solutions. » L'étude des courbes unicursales particulières qu'on peut tracer sur les surfaces de Kummer dérivées de périodes vérifiant (3) permet de former la lelation correspondante entre les modules des intégrales hyper- elliptiques correspondantes. « C'est ainsi que, dans le cas le plus simple (non elliptique), celui de A = 5, ou trouve qu'il existe sur la surface une cubique gauche passant par six points doubles connus, et réciproquement. En exprimant cette condition, on trouve que le radical \Jx(^i — ^')(i — 'kx){i — }j.x){\ — vx) conduit à des périodes vérifiant la relation a -h 6 — c — o (A = j), si l'on a v/([^. ->^)(). — v)([;.— i)-h v'p(A- i)(v- ,; + Xv/(,x- i)(v - ij: ( 397 ) » Ce sujet se rattache à ce qu'on pourrait appeler la multiplication com- plexe des fonctions abéliennes, bien que les multiplicateurs auxquels on est conduit soient réels. » NOMOGRAPHIE. — Sur la méthode nomographique la plus générale résultant de la position relative de deux plans superposés. Note de M. Maurice d'Ocagne. « 1. Un point appartenant à un certain ensemble d'éléments géomé- triques pris sur un plan est dit5a«5 cote, à une cote ou à deux cotes, suivant qu'il ne fait pas partie d'un système, qu'il appartient à un système simple- ment infini (points cotés distribués sur une courbe), ou qu'il appartient à un système doublement infini (points d'un réseau définis par les cotes des deux courbes qui s'y croisent). » Une courbe est dite de même sans cote, à une cote ou à deux cotes, suivant qu'elle ne fait pas partie d'un système, ou qu'elle appartient à un système simplement infini ordinaire, ou qu'elle appartient à un système simplement infini tracé sur un réseau, dit réseau de cotes, les deux cotes de chaque courbe pouvant être celles de l'un quelconque des points du réseau situés sur cette courbe. » Lorsque nous parlerons d'un élément sans cote, à une cote ou à deux cotes, il sera entendu que cet élément pourra être, suivant le cas, un point ou une courbe. )) Pour spécifier que l'élément E est sans cote, à une cote ou à deux cotes, nous emploierons la notation Eo, Ei, Ea. S'il s'agit spécialement d'un point ou d'une courbe, nous remplacerons la lettre E par la lettre P ou C. Un point à l'infini dans une direction déterminée sera désigné par P„. )) Si les courbes C,, Cj,... sont des cercles concentriques, nous les repré- senterons par r,, To,... ; si ce sont des dvoiles parallèles, par A,, A^ )) Deux éléments E et E' sont dits en contact s'ils sont tangents lorsqu'il s'agit de deux courbes, si l'un est situé sur l'autre lorsqu'il s'agit d'un point et d'une courbe. Remarquons que la coïncidence de deux points équivaut à deux contacts, deux des courbes passant par l'un de ces points devant être en contact avec l'autre point. » Nous exprimerons le contact des éléments E et E' par la notation Ek.E'. M 2. Grâce à ces définitions la méthode nomographique la plus générale ( 39» ) résultant de la position relative de deux plans superposés (dont, en pra- tique, un opaque et un transparent) peut être réduite au principe suivant : » La position relative des plans superposés n et Ji' portant respectivement les éléments Ej et E'. est complètement définie par trois contacts tels que E^<~tE\, Eji-iE!,, E,»-iE'^. » Si dans cette position relative se produit en outre le contact E^i-hE, , les cotes de ces huit éléments satisfont à une certaine équation dont on a ainsi la représentation. » Si donc on suppose, pour la plus complète généralité, que chacun des huit éléments est à deux cotes, on voit que l'abaque le plus général résultant de l'application de ce principe peut être représenté schématique- ment par la notation (i) E,2>--iE.,2, E3 2i-iE'^2, E,^i>-*E^,i. » Chaque contact s'exprime par une équation entre les quatre cotes cor- respondantes et les trois paramètres servant à définir la position relative des deux plans. L'élimination de ces trois paramètres entre les quatre équations ainsi obtenues fournit, entre les seize cotes, l'équation dont on a la représentation. Une simple lecture fournit alors la valeur résultant de cette équation pour l'une d'elles, lorsqu'on se donne les valeurs des quinze autres. » A titre de variante, on peut remarquer que, si l'on réalise la position respective des deux plans au moyen des trois premiers contacts, le réseau de cotes de l'élémeut E',, peut être pris sur le plan P. Dans ce cas, nous emjiloierons la notation E'^(2). » Si les éléments E' sont des cercles concentriques r', comprenant comme cas particulier des droites parallèles A', et pouvant d'ailleurs venir en coïncidence, la position relative des deux plans n'est déterminée qu'à une rotation ou à une ti-anslation près. Il sufiit dès lors de deux contacts pour la définir. Pour l'uniformité, nous représenterons alors l'abaque par la notation E,2t- 9° Règle à calcul : P,i->D',o, P^owD'jO, P, ihD;o, PjIwD;!. Pi et P2 sont les points lus sur l'éclielle de la réglette fixe, P„ le point de cette réglette à l'infini sur une perpendiculaire à la direction de cette échelle, D', la perpendiculaire au bord de la réglette mobile menée par son origine, D', le bord de celte réglette qui glisse le long de la réglette fixe, D3 la perpendiculaire à ce bord menée par le point lu sur l'échelle de la réirlelte mobile. (') Comptes rendus, t. CXIX, p, ngS (24 décembre 1894). ( ) Ibid.. t. CXVII, p. 216 et 277 (24 et 3i juillet 1898). ( ') Ibid., t. Cil, p. 816 (5 avril 1886). (■') Annales des Ponts et Chaussées (novembre i884), p. 53i ; Génie civil, t. XVll, p. 343 (1890); Comptes rendus, t. CXII, p. 421 (28 février 1891). (■') Génie civil (24 décembre 1892). {■"') Communication faite tout récemment à la Société scientifique de Bruxelles. (") Annales des Ponts et Chaussées, i"' sem. 1881, p. 98. (*) Annales des Ponts et C/iaussées. 2" semestre 1880, p. 808. ( 4oo ) » Nous nous bornerons à ces quelques exemples, nous réservant de dé- velopper ailleurs le sujet. » MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Sur les dèjormalions permanentes et la rupture (les métauœ. (') Note de M. G. -A. Faurie, présentée par M. Sebert. « Lorsqu'on essaie à la traction une éprouvetle d'un métal malléable, outre les faits généralement observés et souvent décrits qui précèdent le maximum de la charge, il se produit parfois un phénomène spécial qui fait paraître le mécanisme intime de la déformation, et qui montre, a priori, que la loi fondamentale de l'écrouissage doit être une fonction, non pas de la simple longueur (L), mais d'une fraction constante ( - j de cette lon- gueur. On constate en effet, dans certaines conditions, la production tout le long de l'éprouvette de nœuds et de ventres équidistants, assez peu dis- tincts d'ordinaire, mais ])arfois aussi très fortement accentués. Ces noda- lités se produisent dans les fds, tiges ou lamelles lorsque la longueur est d'environ 5o à 60 fois la plus petite dimension transversale. Elles sont cer- tainement dues à l'interférence de l'action de la charge qui agit à l'extré- mité inférieure, avec la réaction qui agit à l'autre extrémité. )) Ce phénomène n'est donc qu'une traduction nouvelle de la façon dont l'énergie se répartit entre les points d'altache, et par suite offre avec le phénomène des vibrations des tiges encastrées des points de compa- raison qu'il sera sans doute possible de mettre en lumière. )) Lorsqu'on opère sur des éprouvettes de trop faible section, il est dif- ficile de se mettre suffisamment à l'abri des causes d'erreur tenant à l'irré- gularité des recuits, irrégularités qui prennent dans ce cas une très grande importance, à cause de l'influence exagérée des actions superficielles dues à l'oxydation. Avec des précautions normales, des éprouvettes en laiton de j8™™'i de section et de 200™'" de longueur utile entre les repères donnent de bons résultats; on obtient également des nodalités très nettes en opé- rant avec soin sur des fils de cuivre de 3°"" de diamètre et de 200™'" de lon- gueur utile entre les repères. On se placerait dans les conditions les plus favorables en employant une tige en laiton de i5o™"''et de i™ de longueur. (■) Voir mes différentes Communications antérieures, Comptes rendus, t. CXIII, CXX, CXXI, CXXIV. ( 4oi ) Dans ce cas la traction doit être donnée au banc d'étirage, et l'évaluation des charges de déformation peut être faite en interposant des éprouvettes préalablement tarées entre la barre en expérience et les mordaches du banc. » Le phénomène des nodalités se produit encore normalement lorsque, après avoir écroui des éprouvettes et les avoir recuites une première fois, on leur fait subir à nouveau plusieurs passes de traction et plusieurs chaudes. Dans ce cas particulier l'expérience présente diverses circonstances mté- ressantes. Supposons, pour préciser les idées, que l'essai soit effectué sur un barreau en cuivre pur. Le barreau, ayant subi un recuit complet et in- tégral, commence à se déformer sous une charge de S'^s par millimètre carré. On continue à l'allonger en augmentant la charge jusqu'à ce qu'elle atteigne une valeur légèrement inférieure à 22'*°. Alors on arrête l'essai et l'on donne un recuit complet et intégral par une chaude appropriée. La température de la chaude doit s'élever jusqu'à 5oo° pour produire sur l'écrouissage un effet pouvant subsister après le retour du barreau à la température ambiante. » Après le recuit, on donne un nouvel écrouissage de traction. De nouveau la déformation commence à la charge de 5''^ par millimètre carré, continue au fur et à mesure que la charge augmente, et atteint comme précédemment la limite des allongements proportionnels pour une charge légèrement inférieure à 22'""^. L'écrouissage acquis nécessite une deuxième chaude que l'on donne comme il vient d'être dit. On procède ainsi par tractions et recuits successifs, et chaque fois les charges varient de 5''^ à 2i''s, 5 ou 2i''s, 7 jiar millimètre carré. Chaque fois l'allongement est de 3o à 33 pour 100 de la longueur de l'éprouvelte recuite. Le nombre d'o- pérations possibles n'a pour limite que l'importance des malfaçons dues à l'inexpérience des ouvriers ou au manque d'homogénéité du métal. Le phénomène des nodalités se présente dans ces conditions dès la deuxième passe ou la troisième au plus tard : l'éprouvelte se creuse en un certain nombre de collets équidistants séparés par des renflements également équidistants. Aux passes suivantes la déformation commence généralement à la même dépression et s'étend, au fur et à mesure que l'allongement se produit, aux dépressions voisines. » Je dois remarquer dès maintenant que, ni dans la déformation de laminage, ni dans la déformation de torsion, on ne peut constater rien d'analogue au phénomène que je viens de décrire ; on doit en conclure que ce phénomène est bien dû, comme je l'ai dit, à une action d'interférence. » C. R., i(<98, 1" Semestre. (T. CXXVI, N' 5.) '^2 ( /lO-2 ) MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Sur Inflexion des pièces épaisses. Note de M. RiBiÈRE, présentée par M. Sarrau. « Soit une poutre rectangulaire de longueur 2a, de hauteur 2/2, encas- trée à ses deux extrémilcs et que je suppose, pour réduire le problème à deux dimensions, de largeur indéfinie. » Je désigne par N, et Nj les efforts normaux sur les éléments perpen- diculaires à OX, axe longitudinal, et OY, axe transversal, et par T l'effort tangentiel. M Dans un précédent travail ( ' ), j'ai démontré que, pour une poutre de ce genre supportant des charges normales à sa longueur, les équations générales de l'élasticité étaient satisfaites par les séries N, =^1-mcosmx[(2a, - 3a,)e"'> - {2h, — 3b.)e-"'' - ima,ye"'^ - 'îmb,je-"'y], No = i mcosmxl{2a,-^ a. ,)e"'^' -h (2 !/,-+- b.^)e~"'' — 2ma2ye'"^ — 2mb.,ye '"■'], T ^1-rn sinma^[(2a, - a,)e"'^ -+- (2b, - b,)e-'"'' - 2ma,Ye"'-'+ 2mb.,ye-"''\, en donnant à m les valeurs —, i étant égal aux nombres entiers suc- cessifs. » On détermine a^,a.,, h^,b., de façon que la valeur de N2 soit identique, pour j = + /i et 7 = — h, aux séries de Fourier représentant, l'une la charge sur la face supérieure, l'autre la réaction des appuis sur la face inférieure, calculée en supposant que la longueur de chacun de ces appuis soit éeale à a' s » En faisant les calculs pour une chnrge uniforme et une charge cen- trale, j'ai démontré que, pour une hauteur de poutre égale ou inférieure au — de la longueur, les résultats différaient très peu de ceux donnés par la théorie ordinaire de la résistance des matériaux, dans laquelle on admet que les efforts N, sont répartis dans une section verticale, suivant la loi dite du trapèze. )) Il n'en est plus ainsi pour les poutres de grande hauteur. Considérons, par exemple, le cas d'une charge uniforme;;. On trouve alors pour la face supérieure y = + /i, en désignant par E et .L' les fonctions dites cosinus et (') Thèse de doctorat : Sur divers cas de la flexion des prismes rectangles ; 1889. ( 4o3 ) sinus hyperboliques, ibsp smni a quand h croît, tous les termes de cette série tendent rapidement vers zéro ; en faisant le calcul, on reconnaît qu'à partir de A = a ils sont prati- quement négligeables, et que N, se réduit alors à ^• » Pour la face inférieure JK = — h on a s 1 N, = ^ — 2 coswa? ^ — -. ô — ~- » Le lacteur ^.^^^^^ _ g„,2/;2_, se rapproche de i très rapidement, quand h croît, et n'en diffère pas pratiquement à partir de h = a. N, tend donc rapidement vers la valeur v — ! 2sp sin w a /' V ■'•■ ^7 — 2, cosmx , :> a m série qui représente, de a; = o à a; = a — ^-> une valeur constante égale à — ^; et, dea7 = rt à a, une valeur constante égaleà/?.v — ^> soit, pour s = lo, à 9,33/?. » On reconnaît ainsi que, à partir de h = a, les valeurs de N, varient, de la face supérieure à la face inférieure, au milieu de la poutre du simple au double, à l'encastrement de i à 9, 33 pour 5 = 10. » D'autre part, à partir d'une certaine valeur de h, les efforts devien- nent indépendants de la hauteur et l'on n'augmente pas la résistance de la poutre en augmentant sa hauteur. )) 'Lafig. i représente les courbes des valeurs de N, dans la section ver- Charge iiniforniej x = o. ticale médiane successivement pour h =^ -■: h = , /i = a. ( 4o4 ) » l^^fig- 2 représente les mêmes courbes pour la section d'encastrement. » Dans le cas d'une charge centrale on arrive à des résultats analogues. Fie. 2. Charge uniforme, x = a. représentés par la fig. 3, qui s'applique indistinctement au milieu ou à l'extrémité de la poutre. Fis. 3. Cliarge centrale, x = o. » Il résulte de là que, dans les cas considérés, la loi dite du trapèze est en désaccord, à partir d'une certaine hauteur de poutre, avec la théorie mathématique de l'Élasticité. » PHOTOMÉTRIE. — Étude expérimentale de l'éclat des projecteurs de htmicre. Note de MM. A. Blondel et J. Rey, présentée par M. A. Cornu. « Dans un précédent Mémoire ('), l'un de nous a indiqué, pour l'étude des appareils optiques industriels, une méthode générale qui la ramène à la détermination de l'éclat apparent en chaque point de la surface optique par laquelle sortent les rayons. Cette surface est considérée comme une véritable source secondaire de lumière dont l'éclat apparent, c'est-à-dire l'intensité lumineuse par unité de surface mesurée généralement dans la direction de l'axe optique, est une fonction des coordonnées qu'on peut (>) Théorie des projecteurs, par A. Blondel; Paris, 1894 (Lahure); voir pages 27 et suivantes. ( 4o5 ) écrire sous la forme E = kui, en appelant i l'éclat de la source de lumière, ^- et u deux coefficients, l'un de transmission, Vaalre d'effet optique, qu'on peut calculer pour chaque appareil. » Ces calculs ont montré que, pour les projecteurs dioptriques (lentilles de Fresnel), les coefficients ^ et m diminuent du centre au bord de l'appa- reil et que, par suite, l'éclat apparent va en s'abaissant assez rapidement, tandis que pour les projecteurs à réflexion (réflecteurs métalliques, miroirs paraboliques en verre mince, anneaux catadioptriques) cet éclat est con- stant sur toute la surface. Les projecteurs Mangin se prêtent moins facile- mentau calcul; mais nous avons pu montrercependantque leurs coefficients /c et u varient en sens inverse et assez faiblement pour que l'éclat apparent dans la direction de l'axe optique puisse être considéré comme sensiblement uniforme sur toute la surface en dehors de la zone centrale occultée par le charbon négatif. » Nous nous sommes proposé de vérifier cette conclusion expérimen- talement par les méthodes photométriques dont nous avions indiqué le principe ('). Celles-ci consistaient, soit dans la photographie des appareils <à grande distance, soit dans l'emploi du microphotomètre de M. Cornu, ou de photomètres analogues, soit dans la mesure de l'éclairement produit sur un écran par un petit élément de surface, isolé au point considéré, le reste de l'appareil étant masqué. » Cette dernière méthode s'est montrée la plus simple en pratique; mais tandis que, pour les appareils dioptriques, il suffisait d'appliquer sur la surface d'émission un écran opaque percé de petits trous, il a fallu pour les miroirs, par suite de la position de la lampe en avant de la surface, modifier cette disposition en plaçant, comme M. Rey en a eu l'idée, l'écran à une certaine distance en avant du projecteur, à la place de la porte vitrée qui ferme ordinairement l'appareil. Cet écran G (Jig. i) est formé d'un disque en tôle percé de trous de 5"""" de diamètre en mince paroi, répartis régulièrement le long d'un ou plusieurs rayons. » Chaque U-ou T, lorsqu'on le débouclie, produit sur un écran d'observation D, placé à une certaine distance et perpendiculaire à l'axe OX, une image M de la source lumineuse O (ici le cratère de l'arc électrique, dont la forme varie naturellement sui- vant la position du trou ). Nous avons l'honneur de mettre sous les yeux de l'Académie une photographie qui montre l'aspect des taches ainsi produites par des trous disposés suivant deux ravons horizontaux et un vertical, dans le cas d'un projecteur parabo- (') Loc. cit., p. 17. ( 4o6 ) lique de i™ de diamètre éclairé par une lampe de 75 ampères à charbons horizon- taux. » Si, au centre optique m de la tache M produite par un trou quelconque T, on remplace l'écran d'observation par l'écran même d'un photomètre, on obtient une Fig. I. t- If" I mesure de l'éclairement E produit par le trou correspondant, et l'on peut en déduire l'éclat apparent i du miroir sur la plage M' découjjée sur la surface du miroir par le cône ayant pour sommet jn et pour base le trou T; on a, en effet, immédiatement la relation l étant la distance du photomètre au trou, s la surface de celui-ci. Il est facile de pla- cer l'écran du photomètre à une distance suffisamment grande relativement à la di- mension du trou pour que l'éclat, ainsi mesuré, ne diffère pas sensiblement de celui qu'on obtiendrait si le trou était sur la surface optique elle-même. » Il n'en est pas de même des divergences des pinceaux lumineux issus de trous lesquelles diffèrent complètement des divergences vraies mesurées à la surface de l'appareil; par exemple, en appelant . -h A>. les valeurs très voisines des deux longueurs d'onde. A l'une des radiations correspond la frange d'ordre/» et, à l'autre, la frange d'ordre y -+- ^- On a donc d'où À 2p 4 S » Dans ce qui va suivre, nous exprimerons toujours l'intervalle entre deux raies par la valeur relative de leur différence de longueui's d'onde -y-- Rappelons, comme point de comparaison, qu'entre les deux raies jaunes du sodium la différence relative est d'à peu près -^ = = looo x lo"". r ' A lOOO » Thallium. ■ — (Chlorure dans un tube de M. Michelson ou de M. Ilamj.) La seule radiation visible est la radiation verte (X ^ ol^, 5349) ; l'emploi du prisme est inutile. » La raie se dédouble avec la plus grande facilité. Dès l'épaisseur ji^^jS (numéro d'ordre 56oo), ou peut apercevoir à l'intérieur de chaque anneau brillant un second anneau plus faible, ce qui indique l'existence d'une seconde radiation de longueur d'onde un peu plus grande. Le dédoublement est complet pour l'épaisseur 6°"", 35 (numéro d'ordre 24000). La distance des deux, composantes est donc, en valeur relative, aX I X 48000 =: 21 X 10" )) La composante principale est elle-même double; pour une distance de 18°"° les anneaux correspondant à la radiation principale commencent à se dédoubler, la radiation la plus faible étant à l'intérieur, et par suite de longueur d'onde un peu plus grande. L'intervalle de ces deux composantes est — ^ 3 x lo-'^. » En résumé, la raie du thallium est composée d'une radiation principale et de deux radiations plus faibles jDlacées toutes deux du côté du rouge; les éclats de ces deux radiations supplémentaires nous ont paru approximativement égaux, et leurs distances à la raie principale sont respectivement 3 et 21 io~''. » Mercure. — (Vapeur métallique dans un tube de M. Michelson.) Nous n'avons ( 4o9 ) examiné que la raie verte (X =^oV-, 5/i6i), qui est la plus brillante. Celte raie est aussi triple, mais à composantes plus rapprochées que celle du thallium ; elle se compose d'une radiation principale et d'une radiation très faible, de longueur d'onde un peu plus grande ( -^ =r 17 x 10^'^ )• La composante principale est elle-même double, avec la radiation la plus faible du côté du rouge. La distance de ces deux composantes est extrêmement petite, et elles sont difficiles à séparer parce que leur distance excède à peine leur largeur. Leur distance peut être évaluée à ^ = i,5x io~° (à peu près Ywo '^'^ l'intervalle qui sépare les deux raies du sodium). » Cadmium. — (Vapeur métallique dans un tube de M. Michelson.) La raie verte ( X =r ol'-, 5o86 ) est accompagnée d'une faible radiation située du côté du violet — ——5 X 10-'' » La raie (X = ot", 4800) est triple. Pour une épaisseur de 4""" on voit apparaître deux raies très faibles, l'une à l'intérieur, l'autre à l'extérieur de chaque anneau brillant. Ces deux radiations paraissent égales en intensité et équidistantes de la ra- diation principale. Pour une épaisseur de 7"™, 2 les anneaux correspondant aux deux petites composantes viennent se confondre au milieu de l'intervalle qui sépare les anneaux principaux. La raie bleue est donc composée d'une raie centrale, accompagnée de deux radiations beaucoup plus faibles, égales et équidistantes de la radiation prin- cipale. La distance de cette dernière à chacune des petites raies est t- =17 X io~^. » Quelques-uns des résultats qui précèdent diffèrent sensiblement de ceux que M. Michelson a donnés comme résultais de ses belles recherches sur la visibilité des franges. Mais il ne faut pas oublier que la connais- sance exacte de la courbe de visibilité ne suffit pas pour déterminer com- plètement la répartition de la lumière clans une raie spectrale ('}. Étant donnée une courbe de visibilité, on peut faire une infinité d'hypo- thèses sur la constitution de la luinière employée; en particulier, si l'on suppose l'existence de deux raies inégales, il est im[)ossib!e de dire laquelle est située du côté du rouge. La même indétermination subsisterait avec tous les appareils qui ne font intervenir que deux ondes interlérente; . Au contraire, dans notre appareil, chaque radiation est directement visible, et l'on peut juger de son éclat et assigner sa place dans le spectre. La constitution des raies que nous venons d'indiquer conduirait à des courbes de visibilité sensiblement identiques à celles qui résultent des ob- (') Voir LouD RAYtEiGU, On the inlerfercnce bands hf approximately homoge- neous lighl {Pliilosophical Magazine, 6° série, t. XXXIV, p. 407; 1892). C. r;., 1898, I" Semestre. {T. CaXVI, N 5.; 3J ( 4io) servations de M. Michelson; nos expériences, loin d'être en désaccord avec elles, les confirment pleinement. » Rappelons enfin que notre méthode présente de grands avantages pour la comparaison des longueurs d'onde, soit très voisines, soit diffé- rentes, par l'observation des coïncidences des franges correspondant aux deux radiations, et que l'observation de ces coïncidences nous a été utile pour retrouver le numéro d'ordre de certaines franges et, par suite, mesurer rapidement des épaisseurs ('). » PHYSIQUE. — Sur la mesure des hautes températures par la méthode inler- férentieUe. Note de M. Daniel Bebtuelot, présentée par M. H. Bec- querel. i La méthode interférentielle est exempte de ces causes d'erreur. En premier lieu, elle est directe : les points de fusion sont déterminés dans l'appareil même au moment de la mesure. En second lieu, elle est indépendante de toutes les propriétés de l'enve- loppe thermométrique : elle ne nécessite que l'uniformité de température de la co- lonne gazeuse traversée par le rayon lumineux et la connaissance exacte de sa lon- gueur. » Dans mes expériences antérieures, j'ai réalisé ces deux conditions : la première par l'emploi de liquides bouillant sous la pression atmosphérique; la seconde en éli- minant par une méthode dilTérentielle les régions à température variable situées à l'extrémilé des tubes chauffés. )- Dans mes nouvelles expériences, j'ai réalisé la première condition par le mode de chauffage électrique, qui consiste à porter au rouge un tube réfractaire par une spi- rale de platine ou de nickel traversée par un courant. Le platine permet d'atteindre pratiquement i5oo° et le nickel 1200°. Ce procédé a déjà été emplo3é avec succès par M. Ledeboer dans ses recherches sur l'aimantation du fer {Comptes rendus, t. CVI, p. 129; 1888), par M. Curie dans ses expériences sur les propriétés magnétiques des corps (Comptes rendus, t. CXV, p. 8o5; 1892), par M. Charpy dans ses études sur les transformations du fer (Comptes rendus, t. CXVIII, p. 4i9; i894)- 1) Autour d'un tube de porcelaine ou de terre réfractaire, de So"^™ de long et de 27""" de diamètre intérieur, sont enroulées deux hélices indépendantes en fil de platine, de o"",6 de diamètre. L'écartement des spires est de 7»"". Ce système est protégé contre le refroidissement par plusieurs couches de fil d'amiante, de corde d'amiante et de kaolin enfermées dans un cylindre en laiton de ii"^"" de diamètre. » Pour avoir un courant constant, on se sert d'accumulateurs. Un courant de 4 am- pères maintient la température de 1000°. Un couple thermo-électrique permet d'ex- plorer le champ calorifique. Il est facile, en agissant au besoin sur un rhéostat, de maintenir la température d'un point constante, à o°2 près, pendant plusieurs heures. Le mode de chauffage étant symétrique par rapport à l'axe, tous les points situés dans un plan perpendiculaire à cet axe sont à la même température et les franges observées sont rigoureusement horizontales. C'est ce qui n'a pas lieu avec les fours à gaz géné- ralement employés jusqu'ici : les tubes et les mouffles y sont chauffés inégalement en haut et en bas et la courbure des franges trahit les différences de densité des couches d'air. » La température augmente des extrémités vers le milieu; mais on constate que, l'appareil étant complété, comme il sera ditplus loin, par l'adjonction de tubes à circu- lation d'eau, la température de la région centrale ne varie pas de i" sur une longueur de i4"". )) Ce four, qui ne dégage pas de gaz, qui ne produit pas de rayonnement intense, peut s'installer dans n'importe quelle pièce d'un laboratoire. Il permet d'obtenir n"im- V 4l2 ) porte quelle température donnée, de la retrouver sans tâtonnements, de la maintenir constante presque indéfiniment, de Faugmenter ou de la diminuer à volonté. Il permet aussi de faire varier la vitesse de refroissement par inlercalation d'une résistance crois- sante sur le courant. En un mot, il introduit dans la production des températures toute la précision des mesures électriques. » Ainsi est réalisée la première condition exigée par ma méthode : la constance de la température. Voici comment on réalise la seconde. » A l'une des extrémités du tube en terre réfractaire et selon son axe pénètre jus- qu'à une distance fixe de 7"^" un tube en laiton de 17"^™ de longueur et de 7™" de diamètre intérieur, entouré lui-même d'un système de deux tubes concentriques de i5""",4 et de 21°"" de diamètres intérieurs où circule un courant d'eau rapide. Les épaisseurs des tubes sont de o"", 5, sauf celle du tube extérieur qui est de 1"'". » A l'autre extrémité du grand tube en terre se trouve un système de trois tubes de laiton concentriques à circulation d'eau semblable au précédent et de S^*^"" de longueur. Ce second système est mobile dans une coulisse qui permet de le déplacer suivant son axe. On évalue ce déplacement sur une règle graduée fixée au tube et qui se meut sous le réticule d'un microscope. La distance exacte des traits a été mesurée au Bureau des Poids et Mesures avec le concours obligeant de MM. Benoît et Guillaume. )) Pour avoir des franges aussi nettes à chaud qu'à froid, il faut ménager au rayon lumineux un régime de transition entre les tubes en laiton froids et le tube en terre porté au rouge : on y arrive en prolongeant les premiers par de petits tubes de platine de 7™" de diamètre extérieur et de 4™ de longueur. » Le tube chaud étant porté à la température qu'il s'agit de mesurer et qui est con- trôlée par une pince thermo-électrique platiue-platine iridié, on amène les franges au zéro en raréfiant l'air dans le tube froid parallèle au tube chaud, où passe la seconde partie du faisceau lumineux. On lit au cathélomètre la pression correspondante; on tire alors le tube mobile de 5"=™, G"""' ou 10'^"', ce qui allonge d'autant la longueur de la région à température constante. On vérifie que l'indication de la pince n'a pas varié. On ramène les franges au zéro par diminution de pression dans le tube froid. On fait une seconde lecture du manomètre. On revient ensuite à la position primitive, on ramène les franges et l'on s'assure que l'on retrouve la pression primitive. » Si l'on a noté avec une pince thermo-électrique fer-cuivre les températures des divers tubes refroidis par des courants d'eau, on possède toutes les données néces- saires au calcul.. » On obtient un éclairage intense du collimateur, suffisant pour remplacer en bien des cas, dans les spectroscopes, goniomètres, etc., l'arc électrique, en projetant sur la fente l'image d'un bec papillon à acétylène vu par la tranche. » Je donnerai prochainement les résultats des expériences faites avec cet appareil sur les points de fusion et d'ébullition de divers corps simples ('). » ( ') Travail fait au laboratoire d'Enseignement physique à la Sorbonne. ( 4i3 ) PHYSIQUE. Sur la composition de l'air en divers lieux et la densité des gaz. Note de M. A. Leduc, présentée par M. Lippmann. « Bien que je n'aie envisagé l'étude de l'atmosphère qu'au point de vue assez restreint de la proportion (en poids) de l'oxygène dans l'air dépouillé d'acide carbonique, de vapeur d'eau, etc., je crois utile de comparer mes résultats à ceux des principales expériences antérieures, et, en particulier, de celles de M. B. Lewy. » Anciennes expériences. — i° Méthode de Dumas. — A côté de Terreur systéma- tique que j'ai mise en évidence (*), la méthode de Dumas en comporte un certain nombre d'autres plus ou moins personnelles qui empêchent de comparer utilement les résultats des divers expérimentateurs. C'est l'impression qui se dégage particuliè- rement des deux séries d'expériences de M. Lewy relatives à l'air capté sur la mer du Nord, à l'aller du Havre à Copenhague et au retour ("). Les proportions d'oxygène trouvées ont été : Aller (juin) (analyses faites au laboratoire d'OErstedt, à Copenhague) o,2258 à 0,2262 Retour (mai) (analyses faites au laboratoire de Dumas, et sous ses yeux) o,23o4 à 0,2823 qu'il convient de comparer à celles-ci : Air de Copenhague et d'Elseneur 0,2808 Air de Paris, d'après Dumas 0,2800 » On admettra difficilement que ces écarts contraires correspondent bien à la réa- lité des faits. » 2° Méthode de Regnaiilt. — La méthode eudiométrique de Regnault et Reiset comporte moins d'incertitude et permet de suivre les variations de la proportion de l'oxygène avec une sensibilité voisine de 0,0001, pourvu que la mesure des pressions et le repérage des volumes soient soigneusement exécutés au cathétomètre (') et que la température du manchon, ou plutôt du gaz, soit repérée à o°,oi près. » Mais cette méthode comporte plusieurs erreurs systématiques, dont l'une mérite d'être signalée. Lorsqu'on mesure la pression avant l'explosion, l'équilibre de tempé- rature peut être atteint, et la pression de la vapeur d'eau est, comme l'a montré Regnault, notablement inférieure à sa pression maxima. Après l'explosion, il faudrait O À. Leduc, Comptes rendus, t. CXIII, p. i3o; 1891. (2) Lewy, Annales de Chimie et de Physique; i8/i3. (3) Il sera nécessaire de tenir compte de mes observations sur le niveau moyen {Comptes rendus, t. CXXIII, p. 744)- ( 4i4 ,) attendre longtemps pour qu'il en fût de même; autrement, la diminution de pression observée est trop faible, et la proportion de l'oxygène est estimée trop bas (i à3 dix- millièmes). » Une autre erreur systématique importante entache les résultats de M. Lewy (') : on admettait alors que l'hydrogène et l'oxygène se combinent exactement dans le rapport de 2 à i. Il résulte de mes expériences que l'erreur relative commise en pins sur l'oxygène est 0,0012 et, par suite, celle sur le poids total o,ooo3. » Voici les résultats de M. Lewj-, traduits en poids au moyen de mes densités, et diminués de o,ooo4 pour les rendre comparables aux miens. La proportion de l'oxy- gène (en dix-millièmes) a été trouvée, pour de l'air pris : A Paris 2820 Au Havre 23o5 En mer, la nuit aSiS Id. le jour aSaS A Bogota, saison des pluies aSiT ) Il 1 II • o f moyenne 2820 Id. belle saison 2822 l ■' moj'enne générale. . . 2821 » A part les exjjériences du Havre, que je confirmerai tout à l'heure, il semblerait résulter de là que l'altitude et le voisinage de la mer n'exercent aucune influence systématique. )) Mes expériences . — Or j'ai trouvé, par la méthode en poids dont j'ai déjà discuté la précision, la fidélité et l'exactitude {■), les nombres sui- vants : Moyennes. Paris 2818 à 2828 2820 Nice, Nîmes, Alger, en été, vent sud-ouest 2821 à 2824 2828 Plage voisine de Dieppe, brise nord en juillet 2816 » » le !='■ avril. . . . 2807 Frontière belge, vent nord-est, en été 2817 » » en hiver 2809 Alpes (2060"), 7 octobre, vent violent descendant. . 2806 » 8 octobre, brise ascendante 2828 Puy de Dôme, 29 novembre, temps calme 2817 » 22 novembre, vent sud-ouest fort. . . 2828 » On peut reconnaître dans ces nombres l'influence de la saison, de l'altitude, du voisinage delà mer et peut-être aussi tie la latitude. « Il m'avait semblé, par exemple (ceci remonte à 1894), que l'air de 2811 3818 ( ' ) Lewt, Annales de Chimie et de Physique (i832). (-) Comptes rendus, t. CXVII, p. 1072; 1898. J'adresse ici mes remercîments à MM. Hurion, colonel Renard, Biunlies, Limb, Chairy, Chauveau, Bertrand, Labois, qui ont bien voulu se charger d'exécuter pour moi un certain nombre de prises d'air. ( 4i5 ) Londres devait être moins riche en oxygène que celui de Paris; j'en trouve la preuve dans une récente Communication de Lord Rayleigh à la Société Royale (') sur les densités des gaz par rapport à l'air. En effet, tous les nombres de ce savant, relatifs aux gaz difficiles à liquéfier, sont supérieurs aux miens d'un peu plus de HjW' tandis que nos densités de ces mêmes gaz par rapport à l'oxygène concordent aussi rigoureusement que possible. On peut en conclure que l'air moyen de Londres ne contient que 23i mil- lièmes d'oxvgène. » Densités des gaz par rapport à l'oxygène. — Ce qui précède confirme la nécessité sur laquelle j'ai déjà insisté (") de rapporter les densités à un gaz bien défini. J'avais choisi comme terme de comparaison l'azote. Mais l'azote atmosphérique semble devoir être mis hors de cause, parce que c'est un mélange, et l'azote chimique me paraît trop difficile à obtenir à l'état de pureté. » Je propose donc de rapporter désormais les densités à V oxygène. Pour préciser complètement les données numériques il me suffit d'ajouter que la masse du litre d'oxygène à o", sous la pression d'une barye, est iS'',4ioo. Par rapport à l'air d'après Par rapport à l'oxygène Gaz. L'' Rayleigh. A. Leduc. L"* Rayleigh. A. Leduc. Oxygène i , io535 i , io523 i i Azote atmosphérique 0,97209 0,97208 0,879^4 0,87948 Azote 0,96787 0,96717 0,87507 0,87508 Ox^'de de carbone 0,96716 0,96702 0,87498 0,87495 Anhydride carbonique 1,52909 1,52874 i,8838 1,8882 » Remarque. — Les densités, par rapport à l'air, de ce Tableau résultent des moyennes expérimentales directes. Mais, avant de passer aux densités par rapport à l'oxygène, j'ai fait subir deux légères corrections aux nombres de Lord Rayleigh : l'une, sur l'acide carbonique, parce que sa densité a été prise à une pression un peu supérieure à la normale; l'autre, un peu plus importante, sur l'azote chimique, pour le motif suivant : » Le nombre adopté par l'auteur est la moyenne de cinq séries de résultats corres- pondant à cinq préparations différentes. Or l'une de ces séries (décomposition du bioxyde d'azote) surpasse de ï-ôfjir la moyenne des quatre autres, qui sont beaucoup plus concordantes. » L'écart est troj) grand pour n'être point systématique : il convient donc de rejeter cette série comme entachée d'erreur. » Pour mon compte, j'ai déjà dit que mon nombre 0,96717 me paraissait approché (') A'ait^/'e, janvier 1898. (^) Comptes rendus, t. GXVII, p. 1074; 1898. (■ /,iG ) par excès et, considérant qu'on ne peut prétendre à une précision supérieure à 2oôoo> j'ai adopté, pour densités par rapport à Tnir, les nombres 1,1 oSa, 0,9720, 0,9671, 0,9670, 1,5287. » PHYSIQUE. — Nouvelles recherches relatives à l'influence des rayons X sur la dislance explosive de l'étincelle électrique. Note de M. S. Guggeniieimer, présentée par M. Lippmann. « 1. Dans une Communication antérieure ('), j'avais surtout étudié le phénomène en fonction de l'intensité des rayons Rôntgen . J'ai constaté que. si l'on fait éclater l'étincelle entre des pièces de zinc, de cuivre ou de laiton , l'action des rayons X sur la distance explosive est à peu près la même, tandis qu'elle est assfz irrégulière avec des boules de fer. J'ai étudié ensuite l'influence de la forme des électrodes sur la sensibilité de l'étin- celle. Dans ce but j'ai fait éclater l'étincelle entre deux pointes, entre un disque et une pointe, et entre deux boules. Ces électrodes étaient en laiton. » Voici les chiffres obtenus : 1. Étincelle entre deux pointes. Étincelle sans rayons X. avec rayons X. Augmentation. 0"™,i3 o™™,28 0™", l5 O™", 17 0™",20 o™™,o3 » Comme on le voit, l'action des rayons X sur une étincelle éclatant entre deux pointes est très irrégulière. 2. Étincelle entre un disque et une pointe. a. Le disque forme le pôle négatif. Étincelle sans rayons X. avec rayons X. Augmentation. uim mm mm 0,43 o,5o 0,07 o,3o o,4i 0, I I 0,20 0,36 0, 16 0,42 o,58 0, 16 (') Comptes rendus du i5 février 1897. sans rayons \, avec rayons X. 0,43 mm 0,925 0,35 o,(i5 0,35 o,64 ( 417 ) b. Le dis/jue forme le pôle positif . ÉUncello Augmentation. m lu 0,495 o,3o 0,29 3. Étincelle entre des boules de laiton. Etincelle sans rayons \. avec rayons X. Augmentation. 0™">,l5 o""",27 o'"",l3 0"",I4 G""", 26 o""", 12 » Bien entendu, dans toutes ces expériences, l'intensité des rayons Rôntgen ren- contrant le micromètre restait la même. » Il ressort immédiatement de ces chiffres que l'augmentation de la distance explosive estmaxima, si l'étincelle passive passe entre un disque et une pointe, dans le cas oii c'est la pointe qui forme le pôle négatif du mi- cromètre. » Si l'ionisation du gaz intervenait seule pour expliquer l'accroissement de distance explosive, le maximum d'action aurait lieu quand le disque est négatif. On peut donc supposer qu'il intervient un autre facteur, la den- sité électrique au pôle négatif du micromètre. » 2. On connaît les belles expériences de MM. Winkelmann et Slrau- bel, relatives à la transformation des rayons X par la fluorine, et les effets photographiques intenses qu'ils ont obtenus avec ces rayons transformés. » Pour étudier l'action de ces rayons transformés, dans ce qui nous concerne, j'ai placé, à i""™ au-dessus des boules du micromètre, une plaque de quartz d'une épaisseur de o'""',5 environ, recouverte de fluorine en poudre grossière, sur une épaisseur de o^'^jS. La face saupoudrée de fluorine était tournée vers le tube de Crookes. La distance entre ce dernier et le micromètre était de o™,io. Voici les résultats : A. Sans interpusilion de la fluorine. Étincelle sans rayons X. avec rayons X. Augmentation. \ {a) o'"-",3o o"'™,/i2 o""",i2 Il (a) o™'°,20 o™"',28 o'^^jOS C. R., 1S98, i*' Semestre. (T. CWVI, N" 5.) ^4 ( 4iH ) B. Ai'ec i/Ucrposilion dr la Jhiorine. Etincelle sans rayons X. avec rayons X. Augmentation, l(^) o"">',28 C'-^jAG o">"", i8 II (t) o""°,20 o'""',34 O"", l4 » On voit donc que la transformation que les rayons Rontgen ont subie, ])enclant leur passage à travers la fluorine, a considérablement augmenté rinlensilé de leur action. « ELECTKiciTt:. — Sur le lésonateur de Uerlz. Note de M. Albert Tukpaix, présentée par M. Mascart. « Un résonateur circulaire de Herlz présentant une coupure fonctionne aussi facilement qu'un résonateur complet comme procédé d'mvestigation du champ hertzien (' ). w 1. Méthodes. — En dehors de la méthode du micromètre employée en déplaçant, soit directement le résonateur, soit un pont (moyen préconisé j)ar ]\1. Blondlot), j'ai fait servir la facile résonance d'un résonateur coupé, que j'ai signalée en i8g5 ('), à l'établissement de méthodes plus précises. » i" Il suffit d'introduire dans la coupure le circuit d'une pile contenant un téléphone : dès que le résonateur vibre, l'étincelle du micromètre ferme le circuit de la pile dans le téléphone qui fonctionne alors. » 2" Pour prévoir l'objection relative à l'entretien d'un courant auxi- liaire dans le circuit du résonateur, je supprime la pile : on se contente alors de fermer le résonateur coupé par un bon téléphone. » 3° Toute critique relative à la complexité de l'appareil investigateur tombe si l'on rend le téléphone indépendant du résonateur. Il suffit de le faire servir à l'cndre perceptibles à l'ouïe les décharges cjui se produisent au micromètre, ce à quoi l'on parvient en en recueillant le bruit à l'aide (') Ces expériences ont été faites à la Station centrale d'électricité de Bordeaux-les- Charlrons, dirigée par M. Renous, qui a bien voulu mettre à ma disposition les ressources de son usine, complétant ainsi celles que pouvait me fournir le laboratoire de Physique théorique de la Faculté des Sciences de Bordeaux. (^) Sur les expériences de Hertz {Procès-verbauju de la Soc. des Sc.phys. et nal. de Bordeaujc, p. 53; avril iSgo). ( 4i9 ) de Itès sensibles microphones. Le lélcphone attelé au microphone fait alors entendre les oscillations électriques. » Outre leur commodité, ces dispositifs constituent des modes très délicats d'observation; l'oreille, pour peu qu'elle soit édiiquée, apprécie la gamme des intensités avec une distinction des nuances autrement déli- cate que n'arrive à le faire l'œil. Ils sont donc susceptibles de donner aux mesures une grande précision. De plus, l'étude comparative d'un champ par ces trois méthodes téléphoniques et par celle du micromètre en démontre la complète équivalence. )) On peut remplacer le téléphone, dans le dispositif i", soit par une lampe à incandescence qui s'allume périodiquement (le procédé manque toutefois de sensibilité), soit j)ar un galvanomètre apériodique sensible. On dispose alors d'un moyen d'observation très précis. )) H. Analyse du champ. — Prenant l'axe des jc parallèle à la ligne des centres de l'excitateur et l'axe des y dans la direction des fds qui con- centrent le champ, j'ai recherché comment se comporte un résonateur circulaire dont le plan est situé dans les trois positions principales : Position I (plan des xoz), Position II (plan des xoj), Position lit (plan des joc). » L'expérience indique l'existence de régions ventrales et nodales pour ces trois positions. » I" Les longueurs d'onde relatives aux positions 1, II et III sont égales. » 2° Les ventres et les nœuds des positions II et III coïncident. » Les ventres et nœuds delà position I clievauchenl sur ceux des positions II et III. » 3° Les ventres de la position I sont aux nœuds des positions II et III et inverse- ment. » IIL Fonctionnement DU RÉSONATEUR. — k. Résonateur complet. » 1° Le fonctionnement du résonateur est indépendant de la direction suivant laquelle éclate l'étincelle au micromètre. » Dans chaque position principale, on a placé successivement la coupure du micromètre dans toutes les situations possibles dans chatjue plan : I Direction positive de l'axe des c (a =: o") Direction négative des 3 (ï = i8o°) Position j Direction positive de l'axe des .r (a = 90°) Direction négative des j; (a = 270°) j Direction négative de l'axe des y (a ^ 0°) Direction positive des r (a =: 180°) Position ■ j-)j,,gpj;Q^ positive de l'axe des x (2 = 90°) Direction négative des x (a = 270°) \ Direction positive de l'axe des - (a = 0°) Direction négative des ;; (ot = 180°) Position I Direction positive de l'axe des y (a = 90") Direction négative des y (a — 270") I) 2" Il existe des azimuts d'extinction pour les positions I et III. » 3° Il n'existe pas d'azimut d'extinction pour la position II. ( 420 ) » Pour les positions I et III, aux ventres comme aux nœuds, le micro- mètf-e placé soit à a ^ 90", soit à a = 270" ne donne aucune étincelle. )) Pour la position II, aux ventres le micromètre donne des étincelles de même ordre de grandeur dans tous les azimuts. » li" C'est la position du micromètre qui règle, dans ce cas (II, a -zr 0°, Df=i8o°), la position du ventre. » B. Résonateur à coupure. — La coupure est symétrique par rapport au diamètre passant par le micromètre, ou bien dissymétrique. » 1° Un résonateur à coupure symétrique présente les mêmes azimuts d'extinction qu'un résonateur complet. » 2° L'azimut d'extinction ou de minimum d'effet d'un résonateur à coupure dissy- métrique est tel que l'azimut d'extinction du résonateur complet passe par le milieu de la coupure. » 3° Les lectures des sections notables relatives à un résonateur coupé doivent être rapportées à la coupure. » On peut résumer ces énoncés ainsi : » Dans un résonateur coupé, la coupure joue le rôle que jouait le micromètre dans le résonateur complet. » 4° La difTérence entre la demi-longueur d'onde d'un résonateur complet et la demi-longueur d'onde d'un résonateur à coupure de mêmes rayons est sensiblement égale à la longueur de la coujjure \ — /.(.= ic. >■> La difTérence entre les demi-longueurs d'onde relatives à deux résonateurs est égale à la difTérence de leurs longueurs '/.— /,'=:2(L — L'). » CHIMIE MINÉRALE. — Sur la décomposition de l'hyposulfite et du sulfite de strontium par la chaleur et la production du sulfure stroncique phospho- rescent. Note (le M. J.-ii. Moukelo. « A une date déjà assez éloignée, M. Forster a obtenu un sulfure de strontium, assez impur, doué d'une phosphorescence jaune verdàtre, en décomposant, par la chaleur, l'hyposulfite de strontium ; puis, un autre sulfure, à phosphorescence bleu vert, en réduisant, à la température du rouge, le sulfite de strontium (^Poggendorff Annalen, t. CXXXIII, p. 94). ( 421 ) Désirant étudier les particularités de cette méthode, j'ai effectué quelques expériences, dont voici les résultats : » Quand riiyposulfite de strontium est décomposé par la clialeur, il en résulte toujours un mélange de sulfate de strontium, sulfure de strontium et soufre, dont [les quantités relatives dépendent de la température et du temps pendant lequel elle agit. Au rouge, la décomposition commence; si le rouge vif est soutenu plus de trois heures, pour 200S'" d'hyposulfite, le produit obtenu est formé presque entièrement du sulfate de strontium. Quand il a été exposé pendant une heure aux ravons directs du soleil, il présente une très faible phosphorescence, de couleur indéfinissable, et de très peu de durée. Si l'on régularise l'action de la chaleur, il n'est pas difficile d'oblenir la dé- composition complète, conformément à ce que la théorie indique, et l'on a alors 4S''0''Sr = SSr -H 4s + 3 (SO'Sr). Ce résidu obtenu, le produit de la décomposition de l'hyposulfite de strontium contient : Sulfure de strontium i5,02 Soufre 16,12 Sulfate de strontium 68,45 » Et il présente, dans ce cas, l'intensité maxima de sa phosphorescence vert jaunâtre. Il s'agit, en somme, d'arrêter l'oxydation dans un point déterminé. » Si l'on fait chaulTer le sulfite de strontium, dans les mêmes conditions, et si l'action de la chaleur est très prolongée, le sulfite se transforme entièrement en sul- fate, et alors il n'est pas phosphorescent; mais, en régularisant la température et le temps, on obtient des produits composés de sulfure et de sulfate de strontium phos- phorescents, et l'intensité de la phosphorescence dépend de la quantité de sulfure de strontium que ce mélange contient. La décomposition théorique est celle-ci : 4S0'' Sr = 3( SO*Sr) -f- SSr. Dans la pratique, on obtient le maximum de phospho- rescence quand le produit contient : Sulfure de strontium i4,o5 Sulfate de strontium 85,94 » Comme on voit, il ne s'agit pas, en réalité, de sulfures de strontium présentant de petites quantités de matières étrangères, auxquelles, en quelque sorte, la phosphores- cence est due; mais de quantités, relativement petites, de sulfure de strontium, dissoutes dans une grande masse de sulfate, corps qui n'est pas phosphorescent, au moins dans les conditions ordinaires. I^eut-être joue-t-il ici le même rcMe que les sub- stances inertes dans les expériences de M. Lecoq de Boisbaudran. » Quelques expériences ont été faites dans le but de savoir si les mé- langes résultant de la décomposition de l'hyposulfite et du sulfite de stron- tium sont phosphorescents, quand ils sont répandus dans la masse de corps qui ne le sont pas. » En mélangeant des solutions saturées de chlorure de strontium et d'h3-posulfite sodique, et v ajoutant de l'alcool, on a obtenu l'hyposulfite de strontium sous la forme de ( 422 ) précipité blanc cristallin. Ramassé dans un filtre, soumis à un léger lavage alcoolique, puis séché, ce précipité contenait : Hyposulfite de strontium 7^107 Chlorure de sodium 26,92 11 Soumis à l'action de la chaleur au rouge vif, pendant trois heures, ce mélange a donné, comme résidu, une masse fondue, d'une nuance grise, laquelle, concassée en petits fragments et exposée, pendant cinq minutes, à la lumière directe du jour, a présenté une phosphorescence d'un vert jaunâtre, aussi intense que celle qui caracté- rise les produits de la décomposition de l'hyposulfite de strontium, sans chlorure de sodium. Quelque chose de celui-ci avait été volatilisé dans l'expérience, et le mélange phosphorescent contenait : Sulfure de strontium 12,96 Soufre 1 1 176 Sulfate de strontium 49176 Chlorure de sodium 2.5,72 » La composition de ce mélange est très variable à cause de la tendance qu'a le sulfure de strontium à s'oxyder au contact de l'air. )) En traitant une solution aqueuse de chloiure de strontium par une autre, éga- lement aqueuse et saturée, de sulfite de sodium, et y ajoutant ensuite de l'alcool, on a obtenu un précipité de sulfite de strontium, lequel, lavé légèrement avec de l'alcool et séché, contenait : Sulfite de strontium 8/4,22 Chlorure de sodium '■^,78 » Ce corps, cliauft'é au rouge vif pendant trois heures, a donné une masse fondue, blanc grisâtre, dure, douée d'une phosphorescence vert bleu assez intense, par une exposition de deux minutes à la lumière directe sans insolation. Cette masse, pulvé- risée et rendue homogène, se composait de : Sulfure de strontium 12,90 Sulfate de strontium 73,08 Chlorure de sodium i4,o5 )i De même que dans le cas précédent, ce produit est oxydable à l'air et, à la longue, tout le sulfure de strontium qu'il contient peut se transformer en sulfate ; il perd tout à fait, dans ce cas, la propriété pliosphorescente. » Si l'on mélange intimement loos'" d'hyposulfile de strontium impur, contenant à peu près aS pour 100 de chlorure de sodium, avec loo?'' de sulfite de strontium dont l'impureté consiste en 16 pour 100 de chlorure de sodium, et si l'on fait chaufi'er ce mélange au rouge vif pendant quatre heures, on obtient une masse fondue, de couleur blanc grisâtre, donnant une phosphorescence vert jaune de moyenne intensité. C'est une substance assez homogène, de structure compacte, formée par du chlorui'e ( 423 ) de sodium el du sulfate de strontium, dans laquelle le sulfure de strontium s'est répandu, en la rendant phosphorescente ('). » ÉCONOMIE RURALE. — Contribution à V éliule de ioxydase des raisins. Son. utilité dans la iiinification. Noie de M. A. Bouffard et L. Semicuo.v, pré- senlée par M. Aimé Girard. « Il est établi cpie les propriétés de Ioxydase des raisins, décrites par M. Martinand (-), sont semblables à celles de l'oxydase des vins cassants étudiées par divers chimistes et notamment par l'un de nous (*). )) Pasteur (^), le premier, a montré l'action de l'air sur les moûts. M. Martinand, cherchant à préciser cette action, a indiqué (°) la possibilité de faire des vins blancs avec des raisins rouges, de la façon suivante : i" extraire le moijt sans se préoccuper de la couleur; 2" refroidir à 10° ou i5° pour empêcher la fermentation; 3" aérer pour précipiter la cou- leur; 4° filtrer pour séparer le dépôt ; j" fermenter. Dans un ti-avail pré- cédent, l'un de nous (®) a rendu ce procédé plus pratique en supprimant le refroidissement et la filtration. L'étude de certaines propriétés de l'oxydase nous ayant permis de définir son rôle, cette Note a pour but d'exposer la tiiéorie et la pratique non seulement de la préparation des vins blancs avec les raisins rouges, mais aussi de celle de divers types de vins : vins rouges, rosés, gris ou paillets, etc. » Préparation des vins blancs de raisins rouges. — Dans la préparation ordinaire de ces vins, le foulage des raisins donne un moiit rosé que Ion décolore avant ou après fermentation par une quantité sensible d'acide sulfureux, qui donne souvent au vin un goût de soufre désagréable. De plus, la couleur, masquée mais non détruite, revient à mesure que les soutirages favorisent le départ et l'oxydation du gaz sulfureux. La vinifica- tion par aération évite ces graves inconvénients. (') Travail fait au laboratoire de Chimie de l'Ecole Centrale des Arts et Métiers, à Madrid. (^) V. Maktia'and, Comptes rendus, 7 octobre iSgS. (') A. Bouffard, ibicl., 9 avril 1894 et 29 mars .'897. (*) Pasteur, Étude sur les vins, p. 98. (') V. Martinam), Comptes rendus, 24 juin iSgS. (*) L. SejIKihon, Rei.'ue de Viticulture, 27 mars 1897. ( 424 ) » Ce procédé comprend trois opérations : i" extraction du moût; 2° décoloration par l'air; 3° fermentation. )) 1° Les modes d'extraction du moût doivent être envisagés au point de vue de la quantité d'oxydase qu'ils font entrer en solution. Cet agent étant localisé dans le tissu vasciilaire du raisin, un foulage léger donne un moût qui, pauvre en oxvdase, se décolore péniblement; un foulage plus énergique déchire les fibres, donne un moût riche et d'une décoloration facile. Quel que soit le foulage, un moût, tenant en suspension les parties ligneuses de la pulpe, apporte assez de principe oxydant pour se décolorer. » 2° Par l'action combinée de l'air et de l'oxydase la matière colorante devenue insoluble se précipite. Dans ce phénomène la division du liquide et la durée du contact ont plus d'influence que la quantité d'air. Cela ré- sulte d'expériences faites sur un moût franchement rose, dans lequel nous avons fait varier tour à tour ces trois facteurs. L'action décolorante était mesurée au moyen d'une solution titrée d'acide sulfureux (i'" := o''''',o9i); nous avons admis, après expérience, que la différence entre les volumes de liqueur titrée nécessaires pour la décoloration complète, avant et après action de l'air, était sensiblement proportionnelle à la quantité de couleur disparue. Ainsi un volume d'air égal au ^ du volume du moût est suffisant pour la décoloration après un quart d'heure d'agitation; un excès d'air ne diminue pas la durée du phénomène. Pour une proportion donnée d'air et de moût la décoloration est sensiblement proportionnelle au temps. Ce moût, renfermé dans des flacons de Go*^*^, se décolore d'autant plus vite que l'agitation multiplie davantage les contacts avec l'air confiné. » Une aération prolongée ou trop énergique fait passer la couleur au jaune, puis au brun, nuances commercialement mauvaises. Bien que l'air et la fermentation concourent à détruire l'activité de l'oxydase, il arrive parfois qu'il en reste assez dans les vins faits pour les exposer au brunis- sement. Il y a donc intérêt en pratique à limiter l'aération et à empêcher toute action ultérieure de l'oxydase. » On suivra la marche et les effets de l'aération en filtrant quelques cen- timètres cubes de moût; celui-ci doit passer, en fin d'opération, sans teinte sensible de rose ou de jaune. Pour éviter, après décoloration, le brunis- sement, semblable quant à sa cause à la casse diastasique des vins rouges, on se servira de faibles doses d'acide sulfureux (a*»'' à 5^'' par hectolitre). Cet agent, décolorant indispensable dans la préparation ordinaire des vins blancs, devient ici, en détruisant l'oxydase, un ennemi de la fabrication ( 4^5 ) par aération. On se gardera de l'employer avant décoloration complète par l'air. » A la suite d'importantes opérations faites aux vignobles nous résume- rons la pratique du procédé. w U extraction du jus se fera à l'aide d'appareils donnant un foulage modéré, sans briser les parties vertes des grappes; lorsque cette extraction aura fourni 5o à 60 pour 100 de jus, le vin rouge obtenu par le cuvage des résidus sera plus fin et moins âpre. » Uaération s'effectuera par un barbotage d'air très divisé dans un volume de moût de i5'''à 20'''. L'action du courant d'air produit par un soufflet ou par une pompe sera facilement surveillée et arrêtée au point voulu après dix à trente minutes environ. » Le moût décoloré, prêt à fermenter, sera additionné d'acide sulfureux sous forme de bisulfite de potasse. Le retard apporté à la fermentation permettra un débourbage, s'il est avantageux. » ^JA fermentation, favorisée par l'aération, sera conduite comme à l'or- dinaire. Les flocons de matière colorante oxydée et insoluble se déposeront avec les lies sans qu'il soit nécessaire de filtrer. » Les vins blancs obtenus ainsi ont sur les vins décolorés au soufre les avantages signalés plus liaut; leur composition analytique n'est pas modi- fiée. Ils sont en tous points comparables aux vins de raisins blancs. » Dans \n préparation des vins rouges, un foulage trop énergique, accom- pagné d'une aération exagérée, est la cause de la perte d'une partie de la couleur. Il est avantageux d'ajouter à la sortie du fouloir un peu d'acide sulfureux (a^'à 5^"' par hectolitre) qui, supprimant cet inconvénient, agira préventivement contre la casse. » Les vins rosés ont une teinte rose vif, sans mélange de jaune; mais souvent ces vins, contenant de l'oxydase, passent à la nuance saumon des vins paillets. On rend leur couleur stable en additionnant le moût, avant ou après fermentation, des mêmes doses d'acide sulfureux. La couleur, atténuée par ce tait, reprend, par aération, son intensité et sa fixité qu'au- cune oxydation ne peut altérer. » Les vins paillets ont une teinte saumon, intermédiaire entre le rose et le jaune. C'est encore l'oxydase qui jaunit la couleur rose originelle du movit. Il suffit de quelques traces d'acide sulfureux, quand la nuance est atteinte, pour la conserver. » Pour les vins blancs de raisins blancs, qui, pour la même cause, bru- C. R., 1898, I" Semestre. (T. CXXVl, N» 5.) ' 55 ( 426 ) nissent au contact de l'air, oa constate encore le vô\e conservateur de l'acide siilFiireiix. M INous conclurons que l'oxydase des raisins est à la fois un ennemi et un auxiliaire de la vinification, dont on peut utiliser ou empêcher les effets. » CHIMIE VÉGÉTALE. — Acide phyllocyanique et les phyllocyanates. Note de M. A. Guillemark, présentée par M. Arm. Gautier. (Extrait.) « Les recherches que j'expose ici ont été commencées déjà à l'époque où M. Fremy faisait ses recherches sur la chlorophylle (1877); ®^'^^ O"'^ pour objet de constater qu'il est possible et même relativement facile, en partant directement des végétaux : 1° de transformer leur chlorophylle en acide phyllocyanique; 2° d'isoler cet acide à l'état de pureté; 3" de partir de cet acide pour obtenir les phyllocyanates des bases salifiables minérales ou organiques. » 23 kilogrammes de feuillages divers, tels qu'cpinards et orties, ont été Iraités, à la température moyenne dego", par G'"' d'une lessive de soude caustique ayant pour densité i,o56 (8" Baume). » Nous avons reconnu que la liqueur ainsi obtenue (14'") n'est pas une simple dissolution de chlorophylle dans la soude; sa remarquable couleur d'un très beau vert est due au phyllocyanate de soude, plus ou moins impur mais pouvant servir à obtenir de l'acide phyllocyanique pur et en quantité indéfinie. » A cet effet, on sépare d'abord de son sel sodique l'acide phyllocya- nique impur à l'aide de l'acide chlorhydrique ordinaire étendu de cent fois son volume d'eau. » L'expérience réussit parfaitement si l'on a eu le soin, avant de chercher à précipiter l'acide phyllocyanique, de saturer d'acide carbonique le phyl- locyanate impur de soude, et de l'isoler de l'atmosphère à l'aide de ce même gaz, et à condition aussi de prendre les précautions nécessaires pour éviter toute élévation de température qui ferait passer, pendant l'opération, du vert au brun l'acide phyllocyanique et le décomposerait. » L'acide phyllocyanique, précipité avec les précautions indiquées, est réuni, centrifugé s'il est nécessaire, puis lavé sur un filtre. Il est instan- tanément et entièrement soluble, à froid, sans altération aucune, dans des ( 427 ) liqueurs à i pour loo de potasse et de soude caustique, ou môme d'am- moniaque. » Mais, pour le purifier, il convient de remplacer les alcalis caustiques par leurs carbonates étendus et employés en quantité insuffisante pour dis- soudre la totalité de l'acide phyllocyanique. On empêche ainsi la redisso- lution des acides divers, gras, résineux, albuminoïdes et autres qui restent insolubles. » En répétant l'opération, on isole à chaque fois sur les filtres, ou bien l'on entraîne dans les eaux de lavage, les corps étrangers solublesou inso- lubles, y compris les substances diverses que contiennent les feuilles des ])lantes employées. 1) Les mêmes résultats peuvent être obtenus, mais moins facilement, en substituant, au début, à la lessive de soude, une lessive de potasse de même densité. )) On précipite ensuite définitivement l'acide phyllocyanique de l'un de ces phyllocyanates alcalins, au moyen d'un courant d'acide carbonique entraînant des vapeurs d'acide chlorhydrique. Après lavage ii l'eau, on le sèche à l'abri de la lumière dans le vide sec. )) Qu'il soit plus ou moins pur, les caractères de ce corps sont ceux de l'acide ^-ipelé phyllocyanique pai- M. Fremy (') dans son beau travail sur le phyllocyanate de potasse, dont il admettait la préexistence dans les feuilles des végétaux terrestres. » Chacun des phyllocyanates alcalins permet d'obtenir à l'état de pureté, par voie de double décomposition, autant de phyllocyanates différents qu'il existe de bases salifiables minérales ou organiques. » Ont été préparés dans le laboratoire à l'état de pureté, et, par consé- quent analysables, conformément aux règles qui précèdent : les phyllo- cyanates solubles de potassium, sodium, ammoniiun; les phyllocyanates insolubles ou peu solubles de calcium, magnésium, baryum; ceux de fer, aluminium, zinc, cadmium, cuivre, strontium, plomb, mercure, argent, quinine et cinchonine. » Plusieurs de ces derniers présentent de l'intérêt au point de vue industriel ainsi qu'en pharmacologie. » Cinq de ces phyllocyanates ont été analysés. Mais la fixation du poids moléculaire de l'acide présente quelques difficultés, peut-être à cause de l'oxydation et des altérations qu'entraîne une dessiccation complète, peut- (') Comptes rendus, t. LXWIV, p. gSS et suiv.; 1877. ( 4^8 ) être aussi grâce à une dissociation par l'eau de quelques-uns de ces sels. » Ces déterminations pourront être l'objet d'une nouvelle Communica- tion à l'Académie, aussi bien que la question de savoir si la phyloxantine préexiste dans les végétaux ou si sa formation n'est pis postérieure à celle du lîhvUocyanate alcalin dont elle dériverait. » PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — De l' action destructive d' un sérum sanguin sur les globules rouges d'une autre espèce animale. Immunisation contre celte action. Note de MM. L. Camus et E. Gi.ey, présentée par M. Bouchard. « Des expériences déjà anciennes de A. Mosso(') ont montré que le sérum du sang d'anguille est extrêmement toxique j)onr un grand nombre d'animaux. » Au cours de recherches sur la toxicilé de ce sérum ('-), nous avons observé un phénomène nouveau : quand on injecte dans une veine d'un lapin de iScoS"" environ deux ou trois dixièmes de centimètre cube de ce liquide ou deux ou trois centièmes de centimètre cube dans une veine d'un cobaye de 4oo»''' environ, il se produit très rapidement de l'injection irienne, une hémorragie nasale et de l'hémoglobinurie; on trouve dans l'urine de ces animaux des cylindres granuleux en quantité; si l'on re- cueille du sang artériel et qu'on le soumette à l'action delà force centrifuge, le sérum présente une coloration rouge des plus intenses, due à la grande quantité d'hémoglo- bine dissoute. » Le sérum d'anguille détruit donc (« l'/io les globules rouges ('). Pour déterminer l'intensité de cette action globulicide, nous avons employé la méthode d'Hamburger (variation de la résistance des globules rouges dans des solutions de sel marin à des titres divers; on apprécie celle résistance par ce fait que les globules laissent diffuser leur matière colorante plus ou moins facilement), en nous servant du procédé de A. Mosso(^). » Soit une série de lapins de la même race et de la même portée, \ivanl dans les mêmes conditions; on leur prend un peu de sang artériel dont on fait tomber une goulle dans des quantilés égales d'une solution de sel marin à des titres divers, depuis o»'',48 pour Hio jusqu'à o»'', 66; à partir de la solution à oS"', 52, il n'y a plus de diffu- (') A. Mosso, Arclt. ital. de Biol., t. X, p. i4i. (-) L. Camus et E. Gley, Soc. de Biol., 29 janvier 1898. (^) On sait depuis longtemps déjà que le sérum du sang d'une espèce animale dé- truit les globules du sang d'une autre espèce; on a quelquefois qualifié celte action de glotiullcide. ^*) Voir A. Mosso, Rendiconti dell'Accademia dci Lincci, 1887, et G. ^'IOLA, Gazz.degli Ospilali, 1894, n" 12. ( ^2<) ) siOD fie l'hémoglobine; c'était donc là pour ces animaux la solution isotonique (' ) au plasma sanguin, selon l'expression usitée; et c'est là en tout cas un moyen simple et commode d'apprécier la résistance globulaire. Or, nous avons vu que, si, dans ces so- lutions de chlorure de sodium, on introduit, avant d'y faire tomber la goutte de sang, une goutte de sérum d'anguille dilué de telle sorte que, dans les solutions employées de sel marin, cette dilution soit à des titres variant de j^ de centimètre cube à isôoo <^® centimètre cube, la résistance des globules diminue à un tel point que l'hémoglobine difTuse encore dans des solutions hyperisotonique^ (0,70 de NaCl pour 100). L'action globulicide du sérum d'anguille est donc d'une intensité telle qu'il n'en a jamais été, croyons-nous, constaté de semblable (^). » Il n'en va pas ainsi chez tous les animaux. Nous avons éprouvé par la même mélhode la résistance des globules de plusieurs hérissons; nor- malement, cette résistance variait entre o,Go et 0,66: elle était donc nota- blement plus faible que celle des lapins dont il a été question ci-dessus; mais, par contre, elle est très grande vis-à-vis du sérum d'anguille : dans une solution de sel marin à 0,68 pour 100 et à ~ de centimètre cube de sérum d'anguille, celui-ci n'amène pas de diffusion de l'hémoglobine. C'est là un phénomène spécifique, d'autant plus remarquable que la résistance normale des globules du hérisson est relativement faible, et qu'il convient de rapprocher d'un autre fait, que nous avons également découvert, à savoir que le sérum d'anguille est beaucoup moins toxique pour le hérisson que poin* le cobaye, ou le lapin, ou le chien ('). )) Il importait de savoir si cette résistance des globules du hérisson tient à une propriété des globules eux-mêmes ou à quelque substance du plasma sanguin qui agirait comme antagoniste du sérum d'anguille. Pour juger cette question, nous avons ajouté, dans tous nos tubes contenant des dilu- tions de ce sérum, une goutte de sérum sanguin de hérisson; puis nous avons lait tomber la goutte de sang de lapin; la résistance de ce sang s'est trouvée diminuée comme d'habitude. Mais il faut remarquer que, dans des tubes témoins (c'est-à-dire ne contenant que du sérum de hérisson), il y a sortie de l'hémoglobine des globules dans des solutions hyperisotoniques. C'est naturellement que, comme tout sérum étranger, celui de hérisson (') Ces animaux, avaient donc une résistance globulaire élevée; celle-ci correspond en général chez le lapin à des solutions de chlorure à os'', SB-OB'", 60. (-) Nous cherchons actuellement s'il est possible de séparer cette action globuli- cide de l'action toxique générale du sérum d'anguille. (^) L. Camus et E. Gley, Soc. de BioL, 29 janvier i8g8. ( 43o ) est globulicide pour le sang de lapin, dette expérience ne pouvait donc trancher la question ('). » Nous croyons avoir résolu le problème par une autre expérience. « Nous avons immunisé des Japins contre le sérum d'anguille par des injections intra-veineuses de petites doses de ce liquide, à deux ou trois jours d'intervalle, pen- dant une période de huit jours environ. Or, les globules du sang de ces animaux se sont comportés comme ceux du sang de hérisson vis-à-vis du sérum d'anguille; ils avaient donc acquis une résistance spécifique extraordinaire. Et ainsi la question se posait de nouveau : le phénomène tient-il à une propriété des globules ou du plasma? La question est tranchée par l'expérience suivante : dans nos tubes nous mélangeons une goutte de sérum d'anguille à une dilution très efficace et une goutte de sérum de lapin immunisé; l'action globulicide du sérum d'anguille ne se manifeste plus. Par une série de tubes témoins, on constate en même temps que le sérum d'animal immunisé augmente légèrement la résistance normale des globules. » Le sérum des animaux immunisés a donc acquis, parle tait de l'immu- nisation, une propriété qu'il ne possédait pas. Et ainsi cette expérience très simple fournit la preuve directe, in vitro, de la présence d'une anti- toxine dans le sang d'animaux immunisés (-). » Ces expériences montrent aussi, croyons-nous, qu'à côté des données purement physiques que met en jeu la méthode de Hamburger et des notions qu'on a pu tirer de son application, il importe d'accorder une très grande part aux actions d'ordre chimique dont l'importance même apparaît grâce à l'emploi de cette méthode. Dans nos expériences, en effet, ce sont des quantités évidemment infinitésimales de matière, et en elles-mêmes et par rapport au volume des solutions isotoniques, qui suffisent à modifier très profondément le globule, et des quantités aussi faibles d'une autre ma- tière qui suffisent à empêcher la première de produire cette altération (^). (') Il est possible pourtant 'que le sérum normal de hérisson possède une action antagoniste de l'action globulicide du sérum d'anguille, mais on ne peut le constater par de telles expériences. (2) Les expériences de C. Phisalix et G. Bertrand {Arc/i. de Physiol., 5" série, t. VI, p. 6ii; 1894) et de J. Héricourt et Ch. Richet {Soc. de BioL, a3 janvier 1897, p. 74) ont montré que le sérum du sang d'un animal immunisé contre le venin de vipère ou contre le sérum d'anguille, injecté à un autre animal, protège celui-ci contre l'action de ces substances toxiques. (') A moins qu'il ne s'agisse ici simplement d'une neutralisation chimique du sérum toxique par l'antitoxine. ( 43i ) » Un certain nombre de faits rapprochant l'action du sérum d'anguille de celle des venins et des toxines microbiennes, nous avons été naturel- lement amenés à entreprendre avec quelques-unes de ces substances des recherches analogues à celles qui viennent d'être rapportées. Cette étude est en voie d'exécution. » PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — La lyrosïne, vaccin chimique du venin de vipère. Note de M. C. Puisaux, présentée par M. Ghauveau. « Dans une récente Communication (') j'ai montré que la cholestérine extraite des calculs biliaires exerce, vis-à-vis du venin de vipère, une action immunisante bien marquée. J'ai répété mes expériences avec deux nou- veaux échantillons de cholestérine qui m'ont été obligeamment fournis par M. le professeur Arnaud, auquel j'adresse tous mes remercîments. L'un d'eux était de la cholestérine végétale, qu'il a découverte dans la carotte et fondant à 136"; l'autre, de la cholestérine extraite des calculs biliaires et fondant à 146°. Avec ces deux substances, d'origine différente, on peut conférer aux animaux l'immunité contre le venin. La fusion à 146" n'enlève pas à la cholestérine ses propriétés. » L'explication de ces faits soulève de nombreux problèmes. Mais, avant de les aborder, j'ai cherché s'il n'existerait pas d'autres vaccins chimiques dans les composés organiques définis extraits des végétaux et des animaux. Parmi ceux-ci il en est un qui joue un rôle capital dans la constitution des matières albuminoïdes dont il constitue le noyau : c'est la lyrosine. Ce corps existe en grande abondance dans certains végétaux, particulièrement dans les tubercules de Dahlia et un champignon, la Russule noircissante. C'est de ces végétaux que M. G. Bertrand l'a retiré à l'état de pureté par- faite (^). Il a bien voulu m'en donner la quantité nécessaire pour l'étude dont je vais exposer les principaux résultats. I) La substance blanclie, entièrement formée de cristaux, de tyrosine, est très peu soluble dans l'eau, mais elle s'y divise en particules si ténues qu'elle reste en suspen- sion dans le liquide auquel elle donne un aspect laiteux. Un tel mélange, dans la pro- portion de I pour 100, peut être inoculé facilement et sans danger sous la peau d'un cobaye à la dose de 2=" à 3'^^'^. Il se produit un léger gontlemenl au point d'inoculation, (') Comptes rendus, i3 décembre 1897. ('^) Soc. chiiii. de Paris. 1896. ( 432 ) mais il ne survient aucun accident général. L'injerlion intra-péritonéale est moins inofiensive : elle détermine un abaissement de température de quelques degrés; mais ce malaise est de courte durée et l'animal revient à l'état normal. » Les animaux qui ont reçu cette émulsion de tvrosine peuvent être éprouvés au bout de vingt-quatre ou quarante-huit heures avec une dose de venin mortelle en cinq ou six heures pour les témoins : ils n'éprouvent pas de symptômes généraux d'envenimation, leur température ne s'abaisse pas; toutefois, quelques accidents lo- caux peuvent se manifester. » Il suffit de b'"i de tvrosine pour vacciner un cobaye, mais on comprend que l'immunité est plus ou moins forte et durable suivant la dose. En général, avec lo""? à 20™s l'immunité est déjà très prononcée au bout de vingt-quatre heures; elle peut durer encore après vingt-cinq jours; quelquefois cependant elle a disparu vers le quinzième jour. » Injectée en même temps que le venin, mais dans un point différent du corps, la tyrosine peut retarder la mort de plusieurs heures, mais elle n'est pas capable de l'empêcher : elle n'est donc pas antitoxique. Elle n'est pas non plus un antitode chi- mique ; mélangée au venin, elle ne le détruit pas et le mélange est aussi toxique que le venin seul. » La tyrosine qui a servi à ces expériences peut être considérée, d'après la méthode de préparation employée ('), comme débarrassée de toute substance étrangère. D'autre part, la tjrosine animale, dans la préparation de laquelle toutes les substances albunii- noïdes sont détruites, possède aussi les mêmes propriétés antivenimeuses que la tyrosine végétale. Ajoutons, dans le même ordre d'idées, que la tyrosine chauffée à 120° pendant vingt minutes ne perd pas ses propriétés immunisantes. » De tous ces faits il ressort clairement que la tyrosine peut être consi- dérée comme un nouveau vaccin chimique du venin de vipère, » En ce qui concerne la tyrosine des tubercules de Dahlia, il était na- turel de penser que le suc des tubercules où elle est en dissolution devait aussi se comporter comme un vaccin. » C'est, en effet, ce qui a lieu. Il suffit de i" à 2" de ce suc fraîchement exprimé, pour vacciner un cobaye contre une dose mortelle de venin. Or, si la tyrosine seule agissait, il faudrait 10'^'^ environ de ce suc, puisque, d'après M. Bertrand, la tyrosine s'y trouve dissoute dans la proportion de o^"', 5 par litre et qu'il en faut S^^"" pour produire l'état vaccinal. Il est donc probable que d'autres substances confèrent au suc de Dahlia ses pro- priétés aritivenimeuses. La composition de ce suc est, du reste, très com- plexe, et son étude physiologique exige de nouvelles recherches. En attendant, il était intéressant de signaler ce fait comme le premier exemple (') Voir G. Hektuam), loc. cil. ( 4:^:^ ) connu d'un végétal dont le suc cellulaire est doué de propriétés immunisantes contre un venin. ANATOMIE. — La névroglie de l'encéphale chez les Poissons. Note de M. Catois, présentée par M. Edmond Perrier. « Les éléments de soutènement (slûtzzelen) dans l'encéphale chez les Poissons sont surtout représentés par les cellules épendymaires (epithel- zellen, ependymzellen) ; ces cellules ont été parfaitement étudiées, dé- crites par les auteurs et sont bien connues; nous ne faisons donc que les mentionner ici, en insistant seulement sur les deux points suivants : » 1° Chez les jeunes sujets ces cellules épithéiiales constituent, seules, toute la névroglie; elles s'insèrent sur les parois des cavités ventriculaires parleur extrémité interne ou centrale, se dirigent en sens radiaire vers la surface extérieure du névraxe et se terminent sous la pie-mère par leur extrémité périphérique ou externe au moyen d'un petit renflement co- nique. » 2° Cette disposition embryonnaire, persistante chez les adultes dans les cellules épendymaires qui vont des parois antérieure et postérieure du canal central pour s'insérer au fond du sillon médian antérieur ou posté- rieur de la moelle épinière (coins épendymaires de Retzius), se retrouve également au niveau des parois supérieure et inférieure (partie médiane) des troisième, quatrième ventricules cérébraux et de l'aqueduc de Sylvius, cavités modifiées du canal neural primitif. » Devons-nous admettre maintenant que, dans l'encéphale des Poissons, toutes les cellules épendymaires conservent, même chez l'adulte, leur dis- position primitive et qu'il n'existe pas chez ces Vertébrés inférieurs d'autre névroglie que celle qui est constituée par les expansions périphériques de l'épithèlium épendy maire? » Rappelons à ce sujet les travaux de Fritjof Nansen (' ) et de G. Ret- zius (-) sur les éléments de soutènement dans la moelle épinière des Cyclo- (') Fr. Nansen, Slructur and combinalion of the histological éléments of the central nervous System. Bergen's muséums Aarsberetning for i886. (Bergen, 1S87.) (-) G. hETZivs, Zur Kenitlnis des centralen A'en'ensjstems von Myxine glulinosa {Biolog. Untersuchungen, N. F., II, Stockholm; 1891). G. U., 1898, I" Semestre. (T. CXXVI, N« 5.) ^6 ( 43A ) stomes; M. v. I.enhossék (') mentionne la présence de véritables cellules névrogliqnes (astrocyten) dans la moelle épinière des Sélaciens. Nous avons pu, nous-même, réussir l'imprégnation de ces cellules dans la moelle d'un fœtus d'Acanthias de o*^™, i5 de longueur et nos préparations histolo- giques récentes reproduisent absolument le dessin (^fig- ^2) de M. v. Lenhossék (/oc. cit., p. a/jo). » D'autre part, M. Athias(- ), dans son excellent travail sur la structiu'c histologique de la moelle éjnnière du Tèfard de la Grenouille, partage l'opinion de Cl. Snla C) et, considérant les ceUnfcs en araignce observées et dessinées jjar Lavdowsky (^), chez la Grenouille, comme le résultat d'im- prégnations défectueuses, se refuse à admettre l'existence de véritables cellules en araignée ou astrocyten chez les Batraciens (animaux jilacés plus haut, dans la série animale, que les Poissons). La question est donc en litige. » Les recherches que nous poursuivons depuis plusieurs années sur l'encéphale des Poissons nous ont permis de faire les constatations sui- vantes : » 1° Les cellules épendyraaires peuvent, chez l'adulte, émigrer de leur emplacement ordinaire (cavités ventriculaires) et ces éléments déplacés conservent encore leur expansion soit périphérique, soit centrale, plus ou moins modifiée ou atrophiée. » 2° La migration et la transformation des éléments épiihéliaux peuvent même s'étendre plus loin; c'est ainsi que nous avons, plusieurs fois, con- staté la présence de véritables cellules en araignée dans la substance blanche de l'encéphale, chez les Poissons. » Nous nous réservons, dans un travail prochain, de décrire ces élé- ments névrogliques en indiquant leur situation anatomique exacte dans le cerveau; nous nous bornerons aujourd'hui à signaler leur présence dans le télencéphale, le diencéphale, le mésencéphale et le méteucéphale de Raia clavala, Raia bâtis et Raia punclala ()armi les Élasmobranches; dans (') M.-V. Lenhossék, Der feinere Bau des Nervensystems im lichte neuesler Forschangen (2. Auflage, iSgS). (-) M. Atiiias, Structure histologujue de la moelle épinière du Têtard de la Gre- nouille {Bibliographie anatomique, n° 1, p. 87, janvier-février; 1897). (^) Sala y Pons (Cl.), La neuroglia de los Vertebrados {Tesis del Doctorado, Madrid; 1894). {'') Lavdosky, Vom Aufbau des litickenniarks {Arch. fur mikr. Anat., Bd. XXXVIII; 1891). (435 ) le diencéphale, le mésencéphale el le myélencéphale de Platessa vulgaris, Gadus luscii-., Scomber scomber parmi les Téléostéens. » Ces éléments névrogliques nous ont paru être surtout plus abondants dans les parties de l'encéphale où des contacts inutiles doivent être évités entre les éléments nerveux (rôle isolateur); sur certains points de nos pré- parations, nous avons aussi nettement constaté les rapports de ces cellules névrogliques avec les vaisseaux capillaires. » I^es faits que nous venons d'exposer sommairement résultent d'obser- vations multiples et répétées, effectuées au moyen des méthodes rapides d'imprégnations (Golgi-Cajal), méthodes simple ou double ('). Pour réussir à mettre en évidence les osfrocyten dans l'encéphale des Poissons, il nous a semblé qu'une des premières conditions était la suivante : la durée du premier bain (mélange osmio-bichromatique) ne doit pas dépas- ser dix-huit à vingt heures. » Si les cellules et les fibres nerveuses ne sont ainsi que peu ou pas imprégnées, les éléments névrogliques apparaissent néanmoins avec net- teté. Lorsque la durée de ce premier bain dépasse vingt-quatre heures, les cellules et les fdjres sont imprégnées, mais alors les cellules en araignée ne le sont plus. ÇEiïel probable dvi surdurcissement de ces éléments pendant le premier bain et de la non-diffusion du chromate d'argent dans ces mêmes éléments pendant le second bain.) » Ces remarques, d'ordre purement technique, paraissent confirmer, d'ailleurs, les observations de Oyarziim (-) et les indications de Lenhos- sék (') relatives à l'imprégnation de la névroglie. » ZOOLOGIE. — Sur les limites morphologiques des anneaux du tégument et sur la situation des membranes articulaires chez les Hyménoptères arrivés à Vétat d'imago. Note de M. Ciiaui.es Janet, présentée par M. Emile Blanchard. « La limite de deux anneaux successifs du tégument est bien nette sur la surface extérieure du corps de la larve d'un Hyménoptère, mais il n'en (') Travaux faits aux laboratoires maritimes de Tatihou, de Luc-sur-Mer et au la- boratoire d'Histologie de l'École de Médecine de Caen. (2) OïARZUM, Veber den fenieren Bail des Vorderhirns der Arnphibien {Arc/i. fur mik. Anat., Bd XXXV; 1890). (^) M. V. LEsnossÉK, toc. cit., p. 11. ( 436 ) est plus de même chez l'imago. Je me propose, ici, de préciser la situation de cette limite, et je prendrai comme exemple la Fourmi. I.a fig. i donne l'ensemble d'une coupe sagittale des téguments d'une Myrmica rubra, avec l'indication des anneaux postcéphaliques. hajig. 2, reproduction très am- Fig. i. Fig. 2. 'Bourr nym La.m.nym -Cui.nym tim.n.5.6 Fig. I. — Myrmica iiibra, ouvrière. Coupe sagittale du tégument. Se i « 5e i3, les i3 anneaux postcéphaliques; Jp. i à Ap. 3, apodémes du corselet; /. m, /. m. i, /. m. 3, lamelles médianes ven- trales; m. a. I, m. a. 2, membranes articulaires thoraciques; m. «. 4 à m. a.-], membranes articulaires post-thoraciques; De, hypoderme; Ck, chitine; L6r, labre; Bch, bouche; Cav, cavité supralabiale; Lbi, labium; Gl. Ibi, glande labiale; Vag, vagin; Sty, stylet; Gor, gorgeret; Gl- i'. i, glande de Du- four; Gl. v. 1, glande à venin; An, anus; Amp. r, ampoule rectale. Fig. 2. — Myrmica peu avant l'éclosion. Coupe sagittale de la région d'union des 5' et 6° arceaux dorsaux. 1° Exuvies nymphales : Cut. nym, cuticule nymphale; Lim. n. 5. 6, limite des 5* et G* an- neaux de la nymphe; Lam. nym, lamelle annulaire; Bourr. nym, bourrelet marginal. 2° Imago : m. b. d, membrane basale; De, hypoderme; Ch. b, chitine blanche; C/i. j, chitine jaune durcie Memb. art. 5, membrane articulaire de 5e 5. plifiée d'une partie de la figure précédente, représente la région d'union des cinquième et sixième arceaux dorsaux chez une nymphe prête à éclore. Sur la cuticule nymphale (ft A 4 heures et demie, l'Académie se forme en Comité secret. La séance est levée à 5 heures. M. B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Ouvrages reçus dans la séance du 3i janvier 1898. Notice sur l' œiwre scientifique de M. H. Fizeau; par M. A. Cornu. Paris, Gaulhier-Villars et fils, in-8°. (Offert par l'Auteur.) Leçons sur V intégration des équations aux dérivées partielles du second ordre à deux variables indépendantes, par E. Golrsat, Professeur de Calcul diffé- rentiel et intégral à rUiiiversité de Paris. Tome II. Paris, A. Hermann, 1898; I vol. ia-B". (Présenté par M. Darboux.) Sébastien Cabot, navigateur rénitien (^l'^g-j-iS^'j). Paris, Ch. Delagrave, 1893; 1 broch. in-8°. (Présenté par M. Bouquet de la Grye.) Sébastien Cabot, pilote-major d'Espagne, considéré comme cartographe, par Henry Barrisse. Paris, Ch. Delagrave, 1897; i broch. in-B''. (Pré- senté par M. Bouquet de la Grye.) Sébastien Cahot, pilote-major d'Espagne, considéré comme navigateur, par Henry Harrisse. Paris, Ch. Delagrave, 1897 ; i broch. in-8°. (Présenté par M. Bouquet de la Grye.) L'atterrage de Jean Cabot au Continent américain en i497» P^^' Henry Harrisse. Gœttingue, Ktestner, 1897 ; 1 broch. in-8''. (Présenté par M. Bouquet de la Grye. ) (45i) Etude sur V origine et la formation des sables de la Loire, par M. Edouard Bureau, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle de Paris. Nantes, 1H97; I broch. Sfrand in-8°. (Présenté par M. Michel Lévy.) Géodésie pratique, par V. Vitkovski. Saint-Pétersbourg, 1898; i vol. in-8°. (Présenté par M. Faye,) Notice sur le halage funiculaire des bateaux dans le souterrain du Mont-de- Billy, sur le canal de l'Aisne à la Marne, par M. Bourguin, Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées. (Extrait des Annales des Ponts et Chaussées, 1" tri- mestre 1897. ) Paris, P. Vicq-Dunod et C'®, in-8*'. (Présenté par M. Maurice Lévy.) La grotte des Spélugues à Monte-Carlo, par Emile Rivière, Sous-Directeur adjoint du Laboratoire au Collège de France. Monaco, 1897; in-/i'\ (Pré- senté par S. A. le Prince de Monaco.) Le mécanisme du lit Jhivial, par V. Lokhtine, Ingénieur des Voies de com- munication. Saint-Pétersbourg, 1896; i vol. grand in-8°. Abhandlungen herausgegeben von der senckenbergischen naturforschenden Gesellschaft. Einundzwanzigster Band : erstes Heft. Frankfurt, 1897; 1 fasc. in-Zj". (Présenté par M. Alfred Grandidier.) Memorias de la real Academia de ciencias exaclas, fisicas y naturales de Madrid. Tomo XVlî. Madrid, 1S97; i vol. in-4''. (Hommage de l'auteur. ) ERRATA. (Séance du 24 janvier 1898.) Note de M. Arnaud, Recherches sur l'ouabaïne : Page 348, ligne 10, au lieu de C^^H'^O'-, elc, lisez C3»H"0'-, etc. Même page, dernière ligne, au lieu de G^^H-'MO'- ou G^Tr'^O'^UO, lis'ez C^ni^MO'^ on C^''H"^0'MVIHO. Note de M. Ed. Stelling, de Saint-Pétersbourg : Page 364, ligne 10, au lieu de Ed. Ptelling, lisez Ed. Sïeli.ing. W 5. TABLE DES ARTICLES. (Séance du 51 janvier l»Oa.) MEMOIRES ET COMMUIVICATIOIXN DBS MKMBUHS KT DES CORRESPONDANTS DR L'ACADÉMIE. Pages. ! Pages. M. A. CiiitNU. -- Noie acr(im|jagnant la pré- S. A. S. AliseutiI", Prime de Mnnacci. — senlation de «sa Motiee « Sur l'œuvic scien- Sur les observatoires niéléorologii[ues de lilique de H. l'izeau i'.lii) l'océan Allanlique .'I7 ; M. II. PoiNCAHÉ. — Sur le développenieia M. Mascaiît. — Remarques au sujel de la approeh*' île la ('onctii)n perl urlialrice. . . .*'.-u ('.(nomuniraticui du Prince de Moriacn... 3-'| NOMItVATIOÎVS. M. Ckeaiona esl élu (ioi'ri-s|M.iulitnl pour la Section tic < iromél lie. en rcinphircnicnl de feu /i/ioschi 3-5 MEMOIRES LUS. M. UASTiti:. — Sur la l'oncliori martiale du l'oie clie/, les Vertébrés et les Invertélirés. MEMOIRES PRESEIVTES. M. MiisNAUEi! adresse une [Note intilulc'e : « Défornialion des métaux: essai d'une l liéorie " M. F.-J. PiLLET adresse un iMémoii'c accom- pagné de ligures et intitulé : « lilude de la vision pour la sen-atiun de la forme. S(i M. A. Rabourdix. — Sur quelques photo- graphies de nébuleusi's, obtenues à l'obser- vatoire de Meudon -iSo M. J. .Ianssen. - Remarques sur la t'.omniu- nication de M. liabourdin, et sur la mé- thode propre à donner des nébuleuses des images comparables 38!! M. Painlevé. — Sur le développement des fonctions analytiques pour les valeurs réelles des variables 'JS.) M. Jules Beudon. — Sur les systèmes d'équations aux dérivées partielles ana- logues aux systèmes d'équations du pre- mier ordre ;~r)-i VI. G. HuMBEKT. — Sur la décomposition des f(Mictions H en facteurs lii'i M. Mai RICK u'Ocagxe. — Sur la mélhodc- nomograpliique la plus générale résultant de la position relative de deux plans su- perposés 097 M. G. -A. Faurie. - Sur les déformations permanentes et la rupture des métaux... ^oo M. RLBijiRE. — Sur la flexion des pièces épaisses \ir.> VIM. A. Heoxdel et J. Iîey. — Etude ex|)é- rimentale de l'éclat des projecteurs de lumière '{o'i MVI. A. Perot et Ch. Kabhy. - lUude de ([uelques radiations par la spectroscopie interférentiellc '|o- M. Daniel Iîertheloï. — Sur la mesure des hautes températures par la méthode iiilerférentielle 4 10 K 5. Sfl/TE DR LA TABLE DES ARTICLES. Pages. \l. \. LEnui:. — Sur l;i i:i)m|)i)silion dv. Tair m divers lirux et la densiU: tii:s sa/-. 4'-* M. S. GiKiGi: MiHiMER. — Noilvcllcs recherches relatives ;i l'inihicnce des rayons \ sur ht distance exphisive fie rét in celle éh-i't ri que. /(i6 Al. Vlfred Tui!P.\in. — Sur le rcsonaleur de Herlz 'liS M. .lo.sÊ RoDHiGui;z MouiiKi.o. — Sur la dé- composition ai;cs. mique du \cnin de vipère '. . 'l'i M. " i'" PARIS.— IMPRIMERIE GAUTHIER- VILLARS ET FILS, Quai des Grands-Augustins, 55. /.r (ifrant .* (>AUTHIEn-V|LL&R6. 1898 PREMIER SEMESTRE. FEB 25 1898 ^'l COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DE^ SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES PAiR mifl. EiES SKCHÉTAIRE9 PEKPÉTlJEIiS. TOME CXXVI. 1V^6(7 Février 1898). PARIS, GAUÏHIER-VILLARS ET FLLS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES Quai des Grands-Augustins, 55. 1898 RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875. Les. Comptes rendus hebdomadaires des séances de 1 Les Programmes des prix proposés par l'Acadérnie l'Académie se composent des extraits des travaux de ! sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap- ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes présentés par des savants étrangers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. 26 numéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. Article 1"'. — Impressions des travaux de l'Académie. Les extraits des Mémoires présentés par un Membre ou. par un Associé étranger de l'Académie comprennent au plus 6 pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o pages par année. Les communications verbales ne sont mentionnées dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction j écrite par leur auteur a été remise, séance tenante, i aux Secrétaires. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les Rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par les Correspondants de l'Académie comprennent au plus 4 pages par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de 32 pages par année. Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont pris part désirent cju'il en soit fait mention, ils doi- vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion. ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autant que l'Académie l'aura décidé. Les Notices ou Discours prononcés en séance pu- blique ne font pas partie des Comptes rendus. Article 2. — Impression des travaux des Savants étrangers à l' Académie. I Les Mémoires lus ou présentés par des personnes qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca-. demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré- sumé qui ne dépasse pas 3 pages. Les Membres qui présentent ces Mémoires sont tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le ]\Iembre qui fait la présentation est toujours nommé; mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le font pour les articles ordinaires de la correspondance 0I6- cielle de l'Académie. Article 3. • Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis à l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, le jeudi à 10 heures du matin; faute d'être remis à temps,, le litre seul du Mémoire estinsérédans le Compte rend» actuel, et l'txtrail est renvoyé au Compte rendu sui-' vaut et mis à la fin du cahier. Article 4. — Planches et tirage à part. Les Comptes rendus n'ont pas de planches. Le tirage à part des articles est aux frais des au- teurs; il n'v.a d'exception que pour les Rapports et les Instructions demandés par le Gouvernement. Article 5. Tous les six mois, la Commission administrative fait ,11 n Rapport sur la situation des Comptes rendus après l'impression de chaque volume. ],es Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré- sent Règlement. Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mtnioires psr MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les déposer au Secrétariat au plus tard le Eaniedi qui précède la séance, avant 6''. Autrement la présentation sera remise à la séance suivante. {r£c S5 1890 COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 1 1 I a ij a SÉANCE DU LUNDI 7 FÉVRIER 1898, PRÉSIDENCE DE M. WOLF. MEMOIRES ET COMMUIVICATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le Président annonce à l'Académie la mort de M. Jean- Albert Gaulhier- Villars et propose de consigner au procès-verbal de la séance l'expression des regrets que cause à l'assemblée la perte de ce collaborateur dévoué, qui a rendu à l'Académie et à la Science tant de signalés services. L'un après l'autre, M. le Président, M. J. Bertrand, Secrétaire perpé- tuel, et M. G. Darhoux rappellent les titres de M. Gauthier-Villars à la reconnaissance du monde savant. « Depuis i835, l'imprimerie qu'il dirigeait, après Bachelier et Mallet- Bachelier, n'a pas une seule fois manqué à faire paraître les Comptes rendus à l'heure voulue, malgré les difficultés de toute nature que suscitaient l'abondance des matières, les exigences des auteurs et les embarras d'une C. R., 1S98, I" Semestre. (T. CXWI, N° 6.) Sg ( 454 ) grande entrejjrise industrielle. Pendant de longues années, nous avons vu M. Gauthier-Viilars venir, à chacune des séances de l'Académie, apporter à tous le bienveillant et désintéressé concours de sa grande expérience, et, quand la maladie lui eut interdit ces visites hebdomadaires, ce fut son fils, formé à son école, qui vint le remplacer. L'Académie est assurée de trouver en lui le continuateur de l'œuvre paternelle. » Les publications du Bureau des Ijongitudes, celles de l'Observatoire et du Bureau Central météorologique, grâce au concours habile et désin- téressé de M. Gauthier-Viilars, ont été, depuis trente ans, des modèles que l'on n'a pu qu'imiter. Grâce à lui, le Gouvernement et l'Académie ont pu éditer les OEuvres complètes de Lagrange, de Fermât, de Fourier et de Cauchy; il a fallu tout son désintéressement pour mener à bien ces coûteuses publications. Le nom de Gauthier-Viilars sera associé, par la reconnaissance des savants, à ces grandes entreprises scientifiques. » Il n'est pas de Membre de l'Académie qui ne veuille joindre à ce sen- timent général le témoignage particulier de sa reconnaissance pour le pré- cieux concours cjue chacun de nous trouvait toujours dans sa grande expé- rience et son généreux désintéressement. » ANATOMIE GÉNÉRALE. — Mécanisme hislologique de la cicatrisation ; réunion immédiate synaptique. Note de M. L. Ranvier. « Si l'on fait à la cornée du lapin deux incisions parallèles, l'une simple, comprenant le tiers ou la moitié de l'épaisseur de la membrane, l'autre pénétrante, c'est-à-dire allant jusqu'à la chambre antérieure, la plaie pénétrante guérit plus vite que la plaie simple. Pour observer aisément ce phénomène paradoxal, il convient que les deux incisions soient à peu près de la même longueur et qu'elles soient faites au centre de la cornée, à i™™ l'une de l'autre environ. Les cicatrices étant voisines, on pourra les voir toutes deux dans le champ du microscope, à un faible grossissement, sur des coupes convenablement orientées, et faire ainsi une observation com- parative. » S'il n'est survenu aucune complication, vers le quinzième jour, la cica- trice de la plaie pénétrante est achevée tandis que celle de la plaie simple est encore en voie de formation. » Dans la plaie simple, l'épithélium, qui remplissait à l'origine la solution de continuité, a bien été refoulé par une néoformation conjonctive qui ( i- ) occupe la région profonde de la plaie; mais il ne l'a été que partiellement et il en reste encore une quantité assez considérable pour figurer, au sein de la portion conjonctive de la cornée, un golfe très accusé. » Dans la plaie pénétrante, au contraire, la cicatrice est linéaire pour ainsi dire et l'épithélium a été refoulé de telle sorte qu'il a presque repris son niveau normal. » Tels sont les phénomènes que l'on observe habituellement dans les deux plaies. Comme ils ne sont pas semblables, il est à supposer que le mécanisme de la cicatrisation y est différent. Il l'est en effet. VonWyss (') a déjà constaté que dans les plaies pénétrantes il se forme de la fibrine, tandis que dans les plaies simples il n'y en a pas. )) Mes observations sur les modifications inflammatoires des mem- branes séreuses et l'hypothèse qu'elles m'avaient suggérée m'autorisaient à faire jouer à la fibrine un rôle important dans la cicatrisation. Pour con- trôler cette hypothèse, il fallait suivre jour par jour l'évolution des plaies pénétrantes de la cornée jusqu'à l'édification de la cicatrice définitive. » Si l'on examine la plaie quarante-huit heures après l'incision, les phénomènes ne paraissent pas toujours identiques; mais leur variation permet d'en mieux saisir la loi générale. » La région antérieure de la plaie est occupée par une masse épithéliale résultant du glissement et de l'éboulement de l'épithélium circonvoisin, exactement comme dans les plaies simples, tandis que dans sa région pos- térieure se trouve un réticulum fibrineux. Les mailles de ceréticulum sont remplies d'un liquide séreux contenant des cellules lymphatiques en nombre très restreint. M La masse épithéliale engagée entre les lèvres de la plaie y descend à une profondeur variable et ses rapports avec le réticulum fibrineux ne sont pas exactement les mêmes dans tous les cas. Il peut se faire que leur limite soit bien définie. Au-dessous du bouchon épithélial, se trouve alors une couche formée de filaments de fibrine, rapprochés les uns des autres, comme tassés et disposés à la manière d'un hamac. » L'observation attentive de bonnes préparations conduit, le plus sou- vent, à reconnaître que les rapports de ia fibrine et de l'épithélium ne sont pas toujours aussi simples. Au sein de la masse épithéliale elle-même, entre les cellules qui la composent, on voit des travées fibrineuses. Ces travées sont plus ou moins nombreuses, plus ou moins grosses et forment (') Arc/i. de Virchow, t. LXIX, p. 24; 1877. ( 456 ) un réseau pins ou moins compliqué, dont les mailles sont occupées par les cellules épithcliales. Je n'aijamiis vu le réseau fibrineux atteindre la surface même de l'épithélium; mais quelquefois il n'en est pas loin. Voici, sans doute, comment les choses se sont passées : la fibrine s'est formée d'abord et son réseau s'est étendu dans la solution de continuité, puis les cellules épithéliales sont descendues dans la plaie et se sont réparties dans tous les espaces qu'elles ont trouvés devant elles ('). Elles n'ont été arrêtées dans leur migration que par la résistance que leur ont offerte, à un moment donné, les filaments fibrineux qu'elles ont refoulés devant elles. C'est ainsi que se forme, sans doute, cette sorte de hamac dont j'ai parlé plus haut. » Les faits les plus intéressants et les plus significatifs peuvent être observés dans les plaies pénétrantes de quatre jours. A ce moment, les cellules fixes qui avoisinent la plaie se sont hypertrophiées et présentent les signes de la multiplication par division indirecte. Elles ont émis des prolongements simples ou ramifiés qui s'étendent sur les travées du réticu- lum fibrineux. C'est une propriété bien curieuse des cellules conjonctives, quelles qu'elles soient, propriété qu'elles possèdent aussi bien que leurs sœurs les cellules endothéliales, de s'accoler aux surfaces. Il semble qu'elles aient besoin d'un support. Cette propriété a été inise en évidence par mes premiers travaux sur le tissu conjonctif : tous les histologistes le savent; mais il semble que, dans les plaies pénétrantes de la cornée, il y ait plus qu'un simple accolement. » En effet, sous l'influence des prolongements des cellules conjonctives, les travées de fibrine se modifient. Elles se colorent plus vivement par le carmin, s'épaississent et se rétractent. Elles deviennent des fibres synap- (') Peu de temps après l'apparilion de la Note que j'ai communiquée à l'Académie l'année dernière, sur le glissement et l'éboulement de l'épitliélium dans les plaies simples de la cornée, le professeur Nussbaum, de Bonn, qui, comme on le sait, est un des plus distingués parmi les histologistes allemands, m'écrivit qu'un de ses élèves, le D'' Pelers, avait fait, sous sa direction, une thèse dans laquelle il avait montré que, après qu'on avait enlevé partiellement, par raclage, l'épithélium de la cornée de la grenouille, on le voyait se former à nouveau, non parla multiplication des cellules épi- théliales du voisinage restées en place, mais par l'extension de ces cellules, qui se dé- placeraient en vertu de mouvements araiboïdes (Albert Pkters, Régénération des Epithels der Cornea; Bonn, i885). Il n'est point nécessaire d'insister sur les analo- gies et les diflTérences des recherches du D'' l'eters et des miennes. Chacun pourra faire lui-même la comparaison. ( 457 ) tiques. En certaines régions de la plaie, dans sa partie moyenne notam- ment, leur rétraction peut être, déjà au bout de quatre jours, assez consi- dérable pour amener au contact les deux lèvres de la solution de continuité. » C'est aussi à cette période de la cicatrisation que des cellules conjonc- tives, par le fait de la prolifération et de leurs mouvements propres, s'insinuent entre les lèvres de la plaie. On en obserA^e à la surface même des fibres synaptiqnes. » Que devient le réseau flbrineux inclus dans la masse épithéliale, réseau dont il a été question plus haut? Sur les travées de ce réseau, aussi bien que sur les travées fibrineuses libres, comprises dans le fond de la plaie, les cellules conjonctives hypertrophiées envoient quelques-uns de leurs prolongements protoplasmiques. Elles s'y transportent aussi, après avoir proliféré, et transforment le réseau fibrineux en réseau synaptique. )) Les fibres synaptiques, en se rétractant, déterminent une segmentation (le la masse épithéliale. Les conséquences de ce processus sont singulières et méritent d'attirer l'attention. Les parties de l'épithélium séparées par la segmentation forment des lobules arrondis, semblables à ceux de l'épi- thélium lobule. Par la suite, ces lobules sont emprisonnés dans le tissu conjonctif. L'évolution épithéliale s'y poursuivant, il se forme à leur centre des globes épithéliaux, tout comme dans les cancroïdes. A la longue, ils disparaissent entièrement par régression. » Les fibres synaj)tiques qui se sont formées au sein de la masse épithé- liale et qui en ont déterminé la segmentation, deviennent le point de départ d'une vraie formation conjonctive. Comme elles se sont rétractées et que, à leur niveau, les deux lèvres de la plaie se sont rapprochées, l'édification du tissu cicatriciel définitif est facile, et finalement il ne forme plus entre elles qu'une couche très mince. Ce tissu cicatriciel, dont les éléments sont ceux du tissu conjonctif, se constitue de la même façon dans toute l'étendue de la plaie. Partout ces éléments conjonctifs qui le forment sont précédés de travées fibrineuses qui, sous l'influence des prolongements protoplasmiques des cellules conjonctives, paraissent se transformer progressivement. » Vers le sixième jour, il n'y a plus de travées fibrineuses, ni de fibres synaptiques. A leur place on observe des cellules et des fibres conjonctives. Ces dernières s'insèrent sur les lames cornéennes sectionnées; mais elles n'affectent pas la même direction. Elles s'entrecroisent dans la cicatrice elle-même et v forment comme une couture dont les fils auraient été passés ( 4^8 ) d'une manière très irrégulière. Les cellules conjonctives de nouvelle forma- tion, qui leur sont interposées, sont munies de prolongements protoplas- miques, au moyen desquels elles sont vraisemblablement anastomosées entre elles. Leur orientation est irrégulière comme celle des fibres au milieu desquelles elles sont comprises. » On observe les mêmes cellules et les mêmes fibres dans les plaies simples, au-dessous de la cicatrice épithéliale ; mais elles n'y sont pas précé- dées de fdaments de fibrine, ni par conséquent de véritables fibres synap- tiques. C'est pour cela, sans doute, que la réparation y est si lente, alors que dans les plaies pénétrantes le rapprochement des lèvres de la plaie se produit au moins aussi rapidement que dans les plaies de la même étendue et de la même profondeur d'un point quelconque du tégument externe. » La connaissance des fibres synaptiques permet ainsi de se rendre compte de ce paradoxe que j'exposais au début de cette Communication : à savoir que les plaies pénétrantes de la cornée guérissent plus vite que les plaies simples de cette membrane. » CORRESPONDANCE. M. Marsh, M. Arnaud adressent des remercîments à l'Académie pour les distinctions accordées à leurs travaux. M. J. Di<; SiioKALSKY, Heutenaut-colonel de la Marine impériale russe, adresse, par l'entremise de M. Vénukoff, des Cartes de l'Océan boréal depuis les côtes de Laponie jusqu'à l'embouchure du Yénissey, et une brochure intitulée : « Les recherches des Russes de la route maritime de » Sibérie ». La construction du chemin de fer transsibérien a amené le développe- ment considérable de la navigation maritime entre les ports de l'Europe et les embouchures de l'Obi et du Yénissey. Pour satisfaire aux besoins de cette navigation naissante, le Ministère de la Marine russe vient de publier une série de Cartes maritimes : ce sont ces Cartes qu'adresse à l'Académie M. de Shokalsky, avec l'explication qui les accompagne. ( 459 ) ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur le développement des fonctions réelles non analytiques. Note de M. P. Painlevê, présentée par M. Picard. « Quand une fonction /(r) est continue dans un intervalle ah, elle est développable dans cet intervalle en une série de polynômes i P„(.r), et un théorème analogue s'applique aux fonctions continues de plusieurs variables. Ces développements ont été introduits par Weierstrass. Je vou- drais en indiquer ici quelques propriétés que je crois nouvelles. » J'insisterai d'abord sur les fonctions/(a7), ou /(a?,, ..., x,„), qui sont continues dans un certain domaine et admettent des dérivées partielles de tous les ordres. Dans le cas de m -= i (qui comprend celui de m = i), M. Borel a établi ce théorème : » Si dans le domaine (D) o5£C=E['^(-^.r) + .-t'(-r)]=2(--'f=-t)-- » Par exemple, si/(::)est holomorphe dans tout le plan complexe, sauf en un ensemble /7a//aii discontinu de points essentiels, /(g) peut se mettre sous la forme (3); niais les expressions P„ (^,7) + iQ«(^,7) ne sont pas (et ne sauraient être) fonctions analytiques de = (c'est-à-dire ici des polynômes en s) ( ' ). (') Je saisis celle occasion pour réparer une omission involontaire : les résultats ( 46i ) » Soit de même/(^, w) une fonction analytique uniforme des deux va- riables complexes s = a^ + iy, «■ = m + w, et soit D l'ensemble des points (a-, 7, u, {>) de l'espace Occyin', où/ estholomorphe; la fonction/(:;, (v) est développable, dans D, en une sér\el[P„(x, y, u, v)-\- iQn(x,y,u, v)], où les P„, Q„ sont des polynômes réels, série qui jouit des propriétés énoncées plus haut, relatives à la convergence, la dérivation, etc. » Considérons maintenant une fonction /(x, y, s) continue dans un certain domaine et admettant des dérivées partielles continues jusqu'à l'ordre p inclusivement (p pouvant être nul) : j'appelle point régulier (.X-, j, :;) de / tout point qui répond aux conditions énoncées plus haut, dans lesquelles (au lieu d'introduire toutes les dérivées) on n'introduit que les dérivées d'ordre i, 2, . . ., /j. Dans le domaine D où /est régulière, elle est représentable par une série (2) dérivable terme à terme jusqu'à l'ordre/?. » On peut compléter ce qui précède par des remarques curieuses dont je cite les plus simples. Soit/(a;) une fonction de x continue entre a et b, sauf pour un ensemble énumérable de valeurs a?, de x, ensemble qui n'est condensé nulle part. Celte fonction est développable en une série de polynômes 5;P„(a;) qui i" converge uniformément vers /(a;) dans tout intervalle compris entre a et ft et ne renfermant pas de points x^, et 2° pour les valeurs x = x^ converge vers des valeurs / choisies arbitrai- rement (qui peuvent être l'infini). )) Soit encore F(ic) une fonction définie pour une suite énumérable de valeurs de x (par exemple, pour les valeurs commensurables de x com- prises entre a el h); cette fonction (continue ou non) peut être représentée (pour ces valeurs de x) par une série de polynômes. Si, par exemple, F est le dénominateur de chaque nombre rationnel a; = -. (irréductible), cette quantité ^ {oc) (') est développable en série lV„(x) qui converge pour toutes les valeurs commensurables de x. » que j'ai indiqués dans deux. Notes des 17 et 24 janvier coïncident en partie avec des théorèmes démontrés par M. Range dans un Mémoire Sur les Fonctions analytiques uni/ormes {Acta niathematica, t. VI). M. Runge a établi notamment qu'une fonc- tion uniforme dans son domaine d'existence y est représentable par une série de fractions rationnelles. (') F(a?) est une fonction discontinue de la variable rationnelle x^-.: pour des valeurs a;=-.> j:i=:-t aussi voisines qu'on veut, la difTérence F(jr, ) ^ F(.i;) peut J '■ dépasser toute limite. C. R., 1898, 1" Semestre. ^T. CXWI, N" 6) 6° ( '|62 ) PHYSIQUE. — Transparence du bismuth dans un champ magnétique. Note de W. H. ïîuissox, présentée par M. J. Violle ('). « Dans la théorie électromagnétique de la lumière, la transparence des corps est liée à leur résistance électrique. En première approximation, le coefficient d'absorption est proportionnel à la racine carrée de la conduc- tibilité. Des expériences faites pour vérifier cette relation sur différents métaux ont montré qu'ils sont plus transparents que ne le voudrait la théorie. M 11 était intéressant de voir, sur un même métal, si en faisant varier la conductibilité on modifiait la transparence dans le sens prévu. » On aurait pu employer les variations de température; j'ai préféré me servir de l'augmentation de résistance qu'éprouve le bismuth dans un cliamp magnétique : on a ainsi l'avantage d'une modification très rapide. » J'ai obtenu des lames transparentes de bismuth en éleclrolysant une dissolution concentrée de citrate ammoniacal de ce métal, l'électrode étant une lame très mince d'argent, déposé cliimiquement sur verre. L'ensemble obtenu est bien transparent dans certaines lames; dans d'antres, il est assez opaque pour nécessiter l'emploi d'une source lumineuse intense. » La lame est placée entre les pôles d'un électro-aimant, normalement aux lignes de force. L'intensité du champ est d'environ iSooo unités C.G.S. Cette intensité est mesurée par la rotation du plan de polarisation d'un faisceau lumineux, qui traverse une lame de verre d'épaisseur et de pouvoir rotatoire connus. » On vise, à travers la lame, et suivant l'axe de l'aimant, une fenêtre vivement éclairée par une source lumineuse placée en arrière. » Avec les lames les plus minces, qui laissent passer assez de lumière, on pent juxta- poser, à l'image de cette fenêtre, celle d'une seconde fenêtre placée latéralement et dont on peut faire varier facilement l'intensité, à l'aide de deux niçois, pour obtenir l'égalité d'éclairement des deux plages lumineuses. )> Quand on excite le champ, cette égalité n'est aucunement modifiée. » Pour les lames plus épaisses, elles laissent passer si peu de lumière qu'il est inu- tile de se servir de ce procédé de comparaison : l'éclairement très faible de la plage lumineuse ne varie absolument pas quand on crée le champ et quand on le supprime. » Dans les conditions où j'opérais, la résistance de la lame a augmenté d'au moins ^-. En supposant que l'absorption dépende de la conductibilité suivant la relation citée plus haut, on calcule aisément que l'intensité de la lumière transmise se serait accrue d'un tiers dans le cas de la lame la ])lus (') Travail fait au laboratoire de Plijsique de l'Ecole Noimale supérieure. ( 4(3^ ) mince, et se serait triplée pour une autre lame. Enfin pour les lames plus opaques on aurait eu des variations encore plus considérables. Or, je n'ai constaté aucune variation de l'intensité de la lumière transmise. )) Four être certain que la lumière que je recevais n'avait pas passé à travers quelques trous inévitables dans des lames aussi minces, quoique en très petit nombre, comme je m'en suis assuré au microscope, j'ai pris une lame d'argent tout à fait opaque et j'y ai fait plusieurs petits trous de façon à laisser passer une quantité de lumière de même ordre que celle qui tra- versait les lames de bismuth. )) Mais alors la diffraction étale complètement l'image de la fenêtre éclairée, qui, avec le bismuth, était parfaitement nette. La lumière avait donc bien traversé le métal. M On doit conclure de ce résultat négatif que la résistance mesurée pour des courants continus n'est pas le terme principal du coefficient d'absorption. )) Lénard, puis Sadovsky, ont montré que le bismuth n'avait pas la même résistance pour un courant continu et pour un courant oscillant, que chacune d'elles varie d'une façon différente dans un champ magné- tique et particulièrement que, pour un (il perpendiculaire aux lignes de force, la résistance au courant oscillant croît avec le champ pkis vite que la résistance au courant continu, de façon à la dépasser à partir d'un champ de Gooo unités C.(i.S. De plus, elle dépend de la fréquence. Si donc on veut faire intervenir cette résistance dans les phénomènes lumi- neux, il faut supposer qu'elle varie avec la fréquence suivant une loi inconnue jusqu'à être sensiblement indépendante du champ quand la fré- quence atteint celle de la limiière. » Il est plus vraisemblable d'admettre que la conductibilité qui inter- vient dans les phénomènes lumineux est d'un autre ordre que celle que l'on mesure ordinairement. » PHYSIQUE. — Des cycles de torsion magnétique et de la torsion résiduelle du fer doux. Note de M. G. Moueau, présentée par M. J. Violle. « J'ai montré, dans une Note (') qui sera détaillée dans un Mémoire prochain, qu'un fil de fer, placé suivant l'axe d'un solénoïde, se tordait (') Comptes rendus, mai 1896. ( 464 ) sous l'action du champ, s'il avait été tordu primitivement. La torsion ma- gnétique varie tout le long du fil et change de sens de part et d'autre du champ a^ec un maximum au voisinage de chaque bord. En un point P et pour un champ donné, la torsion magnétique croît d'abord linéairement avec la torsion du fil et ensuite plus lentement, jusqu'à une limite qu'elle conserve pour des torsions élevées. » Si l'on fait décrire au fil un cycle de torsion (+ T, — T), la torsion magnétique t,„ en P décrit aussi un cycle. » Voici un cycle observé avec un fil AB de iSG''™ de long. o"™,04 de diamètre, fixé en A et tordu en B. Il est orienté normalement au méridien magnétique, suivant l'axe d'un solénoïde MM' de 3o'^'" de long. La torsion magnétique en P est observée avec un miroir de 50="" de foyer et une échelle divisée en millimètres. Le courant est de 8 am- pères dans la bobine qui donne 70 unités C. G. S. par ampère. AM= lar™, AP= iir", T... . H-l4i^ -I-I2TÏ + IO'n +81T H-Gtt +4^^ 0 ■l4'!t t,„ . . • +39-1,5 +34'' -t-aô"! -h 12"' -o^S -li-» -33,ot; o'^'",075; o''™, ii; o'™,i6. Voici à titre d'exemple les observations relatives au fil de o"'",o75. Les torsions T et T,- sont rapportées à 1"" de longueur et exprimées en circonférences. Elles sont exactes à deux dix-millièmes. ( 465 ) T. T,. c O,OI0 c 0,0001 c 0,0(46 c o,o33 o,oi3 0,0007 o,o5o 0,037 o,oi5 0,002 0,060 0,0475 0,020 0,007 0,064 o,o5i 0,026 0,012 0,080 0,067 o,o3o o,oi65 0, 100 o,o865 o,o4o 0,027 0, 120 0,107 » La courbe de variation de T,. construite avec les nombres précédents otTre deux parties : la première, courte, très peu développée, se raccorde tangentiellement avec l'axe des T au voisinage du point <„=: 0*^,009; l'autre est rectiligne et son coefficient an- gulaire est l'unité. Elle coupe l'axe des T au point To = 0*^,013. Comme la i)remière partie est très peu développée, on peut regarder la variation de T,. comme caractérisée par une droite. )) Avec les autres fils, j'ai aussi olîtenu des droites qui sont parallèles. Dans le Tableau suivant je donne les valeurs <„ el To des cinq fils étudiés et les produits des torsions par les diamètres : «„ = <„x d. T„ = T„xrf. cm o,o4 0,018 0,00072 0,0245 0 , 000980 0,07 » » o,oi4 0,000980 0,075 0,009 0,000675 o,oi3 0,000975 0,11 0,006 0 , 00066 0,0088 0,000968 0, 16 o,oo4 0,00064 0 , 006 I 0,000976 » Les produits sont sensiblement constants et les moyennes sont ^jf/^ 0,00067, To('/ = 0,000976. Le produit "Y^d est plus exact que le premier, car les torsions T,, sont plus facilement mesurées que les tf,. » On déduit de là : » I. Pour un fil donné, la torsion résiduelle apparaît pour une torsion qui est en raison inverse du diamètre. Pour un fdde fer de i*^" de diamètre et de longueur, cette torsion est ,„°^(,^ de circonférence. » II. L'équation de la droite de torsion résiduelle est pour un fil de i"" de long et de diamètre (/exprimé en centimètres 0,000976 (') T,= T » Les résultats précédents provoquent les remarques suivantes : » L La manière la plus simple d'expliquer la torsion résiduelle d'un fil homogène est d'admettre que, après une torsion suffisante, les généra- ( 466 ) Irices du fil se sonl assez dilatées pour que les molécules qui les constituent ne reviennent pas à leurs positions initiales quand le couple de torsion a disparu, les fibres étant partiellement brisées par la torsion. Pour un fil de diamètre «/l'allongement de i'^" pour une torsion T exprimée en circon- férences est Tr-d-T'- » Pour T = /,, et T = T,, on a A = -^ (67 X IO-')-= 0l'-,022, V= ~(976xIo-'')^=o^o47; donc les fibres du ter doux seront partiellement brisées quand l'allongement de i'™ dépassera 0^^,022 ou tout au moins quand il dépassei-a 01^,047. » 11. La formule (i) montre que T — T^ est constant pour un fil donné. Donc dans l'intervalle T — T^ la torsion magnétique variera de la même façon quelle que soit T. Les cycles montrent en effet dans le voisinage de B et B' une allure rectiligne identique à celle de la courbe obtenue au début de la torsion, la limite de la torsion magnétique obtenue dans ce cas étant expliquée par ce fait qu'elle ne doit plus augmenter quand apparaît la torsion résiduelle. « PHYSIQUE. — Sur un mode de comparaison des courbes de torsion. Note de M. H. Bouasse, présentée par M. Mascart. « Une des principales difficultés de l'étude des phénomènes de torsion est la définition précise de la mollesse du fil. Supposons que l'on possède au début de l'expérience un fil homogène et isotrope. Soient pris pour coor- données dans un plan l'angle de torsion a et le couple correspondant C : les expériences sont alors figurées par un système de courbes que nous représentons symboliquement par la forme C = o(x); elle n'est déterminée que si nous y joignons la loi de variation des azimuts dans le temps x =/(i). » Si l'on change la mollesse du fil au début de l'expérience, comment est modifié le système C = ç( a)? L'expérience conduit à poser la loi d'ho- molhétie suivante : Soit a un paramètre compris entre i et ce, qui mesure par définition la mollesse du fil. L'expression générale du système des ( 467 ; courbes de torsion estaC = o(rta), pourvu que l'on prenne a%=^f(t) pour nouvelle loi de variation des azimuts dans le temps, ou plus généra- lement, car il ne faut pas exclure les phénomènes à azimut constant, que les axes correspondants des courbes homothétiqnes soient parcourus dans des temps égaux. Ainsi, pour des fils de même diamètre, il suffit de prendre des unités a fois plus petites, pour obtenir avec un fil de /nol- lesse a le système numérique pour les arcs et les angles qui convient au fil parfaitement énoncé de mollesse i, les conditions de durée étant réalisées. » La loi peut se généraliser si les diamètres des fils sont inégaux : les systèmes des courbes de torsion sont superposables par projection et homothétie : il faut pour la superposition deux réductions comprises dans l'expression ôC = puis les rayons S' de MM en plaçant la même feuille en A' A' après MM. Dans le second cas, l'émission des rayons secondaires est beau- coup plus affaiblie que dans le premier cas; or, s'il n'y avait pas transfor- mation des rayons X, il serait indifférent de les filtrer avant ou après leur diffusion par MM. Par exemple, le système (aluminium, zinc) diffuse par transmission beaucoup plus que le même système retourné (zinc, alumi- nium). » De là, il résulte que le coefficient de transmission des rayons X, mesuré par l'affaiblissement de l'impression photographique, de la luminescence d'un écran, ou de la vitesse de décharge d'un corps électrisé, quand on in- terpose une feuille MM sur leur trajet, dépend à la fois de Vabsorption C. K. 1898, I" Semestre. (T. CXXVI, N" 6.) 6l K 470 ) réelle (') des rayons X et de leur transformation en rayons secondaires. L'influence propre des rayons S' est très notable quand la feuille M n'est pas trop épaisse et que le récepteur (plaque photographique, écran fluorescent ou gaz soumis à l'influence électrostatique) n'est pas trop éloigné de M; elles'affaiblit avec la distance de M au récepteur, à cause surtout de l'ab- sorption des rayons secondaires par le gaz dans lequel ils cheminent. » Dans le cas de deux ou plusieurs feuilles minces superposées, la transparence apparente du système dépend de Y ordre dans lequel les feudles sont disposées, parce que les systèmes AM et MA produisent des actions secondaires inégales. J'ai déjà indiqué de telles anomalies {Comptes rendus du 26 juillet 1897). » PHOTOGRAPHIE. — Influence de la diffusion des éléments du révélateur dans le développement photographique. Note de M. R. Colson, présentée par M. A. Cornu. « Les résultats suivants ont pour point de départ une étude détaillée (-) que j'ai faite au sujet de l'action de la main sur la plaque au gélatinobro- mure. En disposant sur le verre d'une plaque retournée sur le bain révé- lateur soit les doigts, soit des corps métalliques chauffés par la main ou (1) C'est l'absorplion réelle qui produit réchauffement du corps dans les récentes expériences de M. Dorn {Wiedemann's Annalen, 1 1 décembre 1897, p. 160). Il résulte de mes expériences que la transformation des rayons X en énergie calorifique est pré- cédée par la transformation des rayons X en rayons secondaires plus absorbables eux- mêmes que les rayons X dont ils proviennent. Il est à désirer que les belles expériences de M. Dorn conduisent à reprendre l'élude de l'absorption des rayons X par une métliode bolométrique. En effet, la meilleure méthode actuelle, fondée sur l'action de décharge des rayons, enregistre seulement la petite fraction de l'énergie rayonnante que le gaz placé dans le champ électrique absorbe sous une forme d'ailleurs mal connue; or, certains rayons X (rayons des tubes durs) sont absorbés, par la substance étudiée, ou par le gaz placé dans le champ élec- trique, considérablement moins que d'autres rayons X (rayons des tubes doux), et, surtout, que les rayons secondaires ou tertiaires; l'action électrique directe d'un faisceau de rayons et l'action électrique observée après l'interposition d'un corps absorbant peuvent être dans un rapport très différent de celui des énergies réellement rayonnées directement puis à travers le corps. (2) Communication faite à la Société française de Photographie le 3 décembre 1897 {Bullelc/i du I"' janvier 1898). (47Ï ) par une autre source calorifique, j'ai montré que la chaleur produit l'im- pression en accélérant l'oxydation du révélateur et la réduction du bro- mure d'argent; j'ai montré aussi que l'appauvrissement qui en résulte dans le révélateur en contact avec les parties impressionnées détermine un appel des substances actives qui se trouvent encore en dissolution dans les parties voisines, d'où régions plus claires et apparences semblables à des effluves. Ce phénomène de diffusion est intimement lié au développement et doit se retrouver dans d'autres modes d'impression lorsque les condi- tions sont analogues, en particulier avec un révélateur en repos. La différence avec la lumière consistera en ce que, pour la chaleur, le pas- sage d'une région chaude à une région froide se fait sur un large espace, tandis que, pour la lumière, le passage d'une région éclairée à une région obscure peut avoir lieu brusquement et sans transition. » Supposons qu'on développe une plaque sur laquelle se trouvent deux impressions lumineuses voisines, d'intensités notablement différentes; et considérons dans l'impression la plus forte une petite surface; la portion du révélateur qui est en contact avec cette surface s'appauvrit en éléments du révélateur par le développement, d'où appel tendant à puiser ces élé- ments par diffusion tout autour dans un certain rayon. Si la petite surface est loin du bord, les actions latérales sont symétriques; mais si, tout en restant à l'intérieur de l'impression forte, elle vient près de la région moins impressionnée, dans laquelle les éléments du révélateur sont moins consommés, ceux-ci répondent à l'appel en plus grande quantité. Il en résulte que, le long de la limite commune, la teinte foncée est bordée intérieurement d'un trait encore plus foncé, et la teinte claire d'un trait encore plus clair. Ce phénomène est favorisé par le repos du révélateur. On en voit des exemples très nets sur des clichés développés dans ces conditions et provenant d'impressions par la lumière ou par les rayons Rontgen. » Un révélateur maintenu en mouvement peut aussi produire cet effet de silhouettage s'il agit très rapidement, comme le métol : l'attaque immé- diate de la surface bouche par le dépôt d'argent les pores superficiels, ce qui oblige l'appel à s'exercer latéralement dans l'intérieur de la gélatine. » Pour étudier l'influence de l'épaisseur du bain sur la diffusion, j'ai fait l'expérience suivante. » Deux plaques, l'une A impressionnée sous un cliché, l'autre B modérément voilée, sont inclinées l'une sur l'autre dans le révélateur, depuis le contact jusqu'à un écarte- ment de 3™", les gélatines en regard; le révélateur au inélol, très dilué, est laissé en ( 472 ) repos. Au bout d'une heure, la plaque A monlre une image qui, pour des épaisseurs de bain supérieures à i""", est voilée et couverte des stries bien connues qui prennent naissance dans le développement tranquille; puis l'image diminue d'intensité avec l'épaisseur, en restant encore très visible jusqu'au contact et très pure pour une épaisseur de o""",5 et au-dessous. Le silhouettage se manifeste nettement, surtout lorsque l'épaisseur devient inférieure à i""". Si l'on examine maintenant la plaque B, on voit que l'intensité de la teinte y diminue en même temps que l'épaisseur du bain et devient nulle près du contact des deux plaques. De plus, pour une épaisseur infé- rieure à 1™™, elle montre un négatif de l'image de A; c'est-à-dire que, en face des parties où le révélateur a été plus ou moins épuisé par la plaque A, le développement du voile de la plaque B est plus ou moins supprimé. Ce résultat met bien en évidence l'influence de la difTusion dans un rayon de l'ordre du millimètre et confirme l'expli- cation du silhouettage. » J'ai repris cette expérience avec M. Cousin, au laboratoire de la Société française de Photographie. » Après avoir vérifié que le négatif se fait d'autant mieux sur la plaque B que les deux plaques sont plus rapprochées, sans être jamais net, même au contact, à cause du rayon de difTusion, nous avons constaté qu'en réduisant au minimum l'épaisseur d'un révélateur énergique (l'orlol), c'est-à-dire en posant une lame de verre dans le bain sur la plaque à développer, les oppositions sont ménagées dans une très forte mesure, comme si l'on tijoutail du bromure de potassium. M Nous avons été ainsi amenés à penser que les effets produits dans ces espaces restreints sont dus non pas seulement à l'épuisement des substances actives du révélateur, mais aussi à la formation des produits d'oxydation et de réduction, parmi lesquels figure le bromure alcalin retardateur que l'on sait produit par la réduction du bromure d'argent. De là aussi une application que j'appellerai dà'eloppement confiné : il consiste à plonger la plaque dans l'eau pendant environ une minute, puis à la mettre dans un révélateur énergique et à la recouvrir presque aussitôt d'une lame de verre; ce moyen très simple, qui peut être réglé à volonté, équivaut à des va- riations très étendues dans la composition du bain sans qu'il soit nécessaire de modifier celui-ci. )) Au point de vue photographique, le silhouettage tend à affermir et à durcir les contours; il est avantageux dans les reproductions au trait et ne présente d'inconvénient dans les demi-teintes que s'il est trop accentué et s'il s'applique aux lointains. )) En Physique, il est de nature à fausser l'interprétation de certaines expériences, par exemple dans le domaine des rayons Rontgen, en don- nant des apparences qui peuvent être attribuées à la marche des rayons, ( ^.73 ) tandis qu'elles proviennenl des circonstances du développement : bain tranquille, surtout en faible épaisseur, ou révélateur trop rapide. » PHYSIQUE. — Sur les points de fusion de l'argent et de l'or. Note de M. Daniel Bertuelot ( ' ), présentée par M. H. Becquerel. « La détermination des points de fusion de l'argent et de l'or présente pour la pvrométrie un intérêt spécial. Ce sont, en effet, les plus élevés des points de fusion que l'on ait mesurés par comparaison directe avec le ther- momètre à air, et, comme on les utilise couramment pour la graduation des pyromètres, de leur exactitude dépend celle des points de transforma- tion des métaux, des jjoints critiques des alliages, etc. » Les divers nombres donnés pour ces deux constantes n'étant pas très concordants, plusieurs physiciens ont signalé l'intérêt qu'il v aurait à en reprendre la mesure en valeur absolue (-). C'est ce qui m'a engagé à y appliquer la méthode interférentielle décrite dans une Note précédente et qui a sur les méthodes antérieures l'avantage d'être directe. » Dans la partie centrale, à température constante, de l'appareil, on place côte à côte la soudure d'une pince thermo-électrique platine-platine iridié à lo pour loo et un fd d'argent de quelques millimètres de longueur qui ferme le circuit formé par deux fils de platine et en amène la rupture en fondant. On fait varier très lentement la température au voisinage du point de fusion de l'argent. A l'instant de la fusion, on note la force élec- tromotrice de la pince, et l'on règle le courant qui chauffe le four de ma- nière que cette force électromotrice ne varie pas pendant les mesures. » Six séries d'expériences (') ont donné les valeurs suivantes pour le point de fusion de l'argent : 959°,4, 961°, 8, 966°, 2, 960", o, 959°, 2, 961", o; cinq séries d'observations ont donné pour l'or : 1064", 6, io64°,o, io62'',i, io63°,6, 1066°, 7; soit en moyenne : 962'^ pour le point de fusion de l'ar- gent, 1064" pour le point de fusion de l'or. » Il est intéressant de rapprocher ces nombres des résultats antérieurs. (') Travail fait au laboratoire d'Enseignement physique à la Sorbonne. (-) Le CiiATELiER, Comptes rendus, t. CXXI, p. 828; iSgS. — Holman, Pliilosophi- cal Magazine, 5= série, t. XLI, p. 487; 1896. — Ra.usay, ibicL, t. XLI, p. 36i; 1896. (') M. Férent, directeur du laboratoire du comptoir Lyon-Alemand, a eu l'obli- geance de me remettre des échantillons d'argent et d'or parfaitement purs. ( 474 ) » La première mesure précise du point de fusion de l'argent est celle de Pouillet ( ' ) qui, avec un thermomètre à air, à réservoir de platine, trouva looo". » En 1862, E. Becquerel (-) inaugura le procédé repris par les plus récents obser- vateurs; il détermina les points de fusion à l'aide d'un couple platine-palladium éta- lonné avec un thermomètre à air. Le réservoir de ce dernier était en platine épais; on le plaçait à côté de la pince, vers le milieu d'un tube en terre qui traversait un fourneau à dôme, chauffé au charbon de terre ou des cornues. En réglant les registres on obtenait des températures stationnaires pendant vingt minutes, et on lisait les indi- cations des deux instruments. Dans une autre série d'observations, on notait l'indica- tion de la pince au moment de la fusion d'un fil d'argent ou d'un (il d'or. E. Becquerel fixa ainsi le point de fusion de l'argent à 960° et celui de l'or à 1092°. )> Mais II. Sainte-Claire Deville, ayant obtenu des nombres plus élevés en employant la dilatation de la vapeur d'iode, dont on ignorait l'anomalie, critiqua l'emploi du pla- tine qui deviendrait perméable aux gaz à la température du rouge. E. Becquerel fit alors une seconde série d'expériences en substituant au réservoir de platine un réser- voir de porcelaine (^). 11 trouva ainsi des nombres de !\o° plus bas que les précédents. La cause de cette divergence réside dans la mauvaise conductibilité de la porcelaine qui empêche l'équilibre de température de s'établir, en sorte que l'air contenu dans le réservoir reste toujours à une température plus basse que la pince placée au dehors. » De 1877 à 1879, M. Violle ('), dans une série de recherches devenues classiques, mesura la chaleur spécifique du plaliue au moyen du thermomètre à air et s'en servit pour déterminer les points de fusion des métaux réfractaires. Il trouva q5\" pour celui de l'argent et io35° pour celui de l'or. » En 1879, MM. Erhard et Schertel C), en chauffant dans un moufle deux réser- voirs en porcelaine dont l'un servait de thermomètre à air et dont l'autre contenait le métal étudié, trouvèrent gb^° pour la fusion de l'argent, 1075° pour celle de l'or. » En 1889, M. Barus C) étalonna plusieurs couples platine-platine iridié à 20 pour 100 au moyen de divers thermomètres à air. 11 se servit d'un four à gaz ro- tatif pour uniformiser les températures. Reprenant un dispositif déjà emplojé incidem- ment par Becquerel {Comptes rendus, t. LVIl, p. gSo; i863), il fit construire des réser- voirs en porcelaine avec cavité rentrante en forme de doigt de gant pour y loger le couple afin que la soudure, bien qu'extérieure au thermomètre, prît la température de la masse d'air intérieure; mais cette précaution est insuffisante; comme dans la seconde série de Becquerel, la paroi de porcelaine empêche l'égalisation des tempéra- tures. Or, le réservoir du thermomètre est presque entièrement enveloppé par un (') Comptes rendus, t. III, p. 182; i836. (') Annales de Chimie et de Physique, 3" série, t. LW'III; i863. {') Annales du Conservatoire, t. IV, p. 597; i863. (^) Comptes rendus, t. LXXXV, p. 543; 1877; t. LXXXVII, p. 981; 1878; t. LXXXIX, p. 702 ; 1879. — Journal de Physique, t. \ 11, p. 69; 1878. (°) Jahrbuch fur das Berg und Hutlenwesen in Sachsen; 1879. (^) Bulletin of the United States geolagical Survej, n° 5i; 1889. American journal 0/ Science, t. XLVII, p. 366; 1894, et t. XL\'1II, p. 332; 1894. ( 175 ) moufle; la pince, au contraire, ne louche pas les parois de l'appareil et est située au fond d'une sorte de tube creux, assez court, en communication avec l'air extérieur. Le thermomètre est donc à une température supérieure à celle de la pince, et les nombres de M. Barus (986" pour la fusion de l'argent, 1091° pour la fusion de l'or) sont trop élevés. » En 1892, MM. Holborn et Wien (') graduèrent, avec le thermomètre à air, une pince Le Chatelier platine-platine rhodié à 10 pour 100. Pour assurer l'égalité de température entre la soudure du couple et la masse d'air thermométrique, ils empruntèrent à M. Callendar le dispositif très heureux qui consiste à placer les fils du couple à l'intérieur du réservoir en porcelaine. Le mode de chauffage adopté (four à gaz chaufié par le bas avec sortie des gaz par le haut) prête, par contre, à critique. Les températures qu'il fournit ne sont ni stalionnaires, ni même uniformes. Le bas du réservoir est chaufiTé plus fortement que le haut, et la soudure du couple donne une indication complexe qui dépend du rayonnement des diverses parois à inégale tempé- rature. Il est difficile de juger de la précision obtenue, les auteurs ne donnant le détail d'aucune mesure et ne faisant pas connaître les dimensions de leurs appareils. Les points de fusion ont été trouvés par la méthode de rupture des fils : 968° pour l'argent (971° dans un travail postérieur), et 1072° pour l'or. » Le Tableau suivant résume ces résultats : Point Erhard Holborn de E. Becquerel. Viollc. et Scliertel. Barus. et Wien. D. Bertlielot fusion. 18G3. 1879. 1879. 1891. 1895. 1898. Argent. . . 960° 954° 954° 986" 971° 962" Or 1092° 1035° 1075° 1091° 1072° 1064° » Sauf la série de M. Barus, qui paraît, comme il a été dit, entachée d'une erreur systématique, les mesures du point de fusion de l'argent sont assez concordantes, les divers nombres tombant entre 954° et 971°. Les résultats obtenus pour le point de fusion de l'or sont plus discordants; mais il suffit de connaître l'un de ces deux points pour fixer l'autre d'une manière très approchée par les méthodes électriques, qui sont susceptibles d'une grande précision et dont l'emploi, d'une légitimité douteuse pour une extrapolation étendue, ne peut conduire qu'à de faibles erreurs pour une interpolation ou pour une extrapolation peu étendue. Abstraction faite des valeurs absolues, l'écart entre les points de fusion de l'argent et de l'or a été trouvé de io5° à 108° par M. Barus (couple platine-platine iridié à 20 pour 100), de 101° à io4° par MM. Holborn et Wien (couple platine-platine rhodié à 10 pour 100), de 100° à io5° par M. Le Chatelier (^) (même couple), de 102° par MM. Holman, Lawrence et Barr (^) (même couple), de 101° par MM. Heycock et Neville (') (variation de résistance d'un fil de platine). » Il résulte de là que l'écart entre les points de fusion de l'argent et de (') Wiedemann's Annalen (II), t. XLVII, p. 107; 1892, et t. LVI, p. 36i; 1890. (^) Comptes rendus, t. CXXI, p. 828; 1895. (') Philosophical Magazine, 5" série, t. XLII, p. 87; 1896. (') Journal of the cheniical Society, t. LXVIl, p. 160; 1890. ( 476) l'or est un peu supérieur à ioo°. Or la différence entre les deux nombres 962° et 1064°, déterminés indépendamment l'un de l'autre par la méthode interférentielle, est de 102°. Cette concordance est une confirmation de l'exactitude de ces nombres. » CHIMIE APPLIQUÉE. — Détermination de la densité des gaz sur de très petits volumes. Note de M. Tii. Schlœsing fds, présentée par M. Duclaux. « La méthode que j'ai indiquée dernièrement {Comptes rendus, 17 jan- vier 1898) pour la détermination de la densité des gaz sur de très petits volumes, se résume ainsi : Dans un système de deux tubes verticaux, A et B, de faible diamètre, pouvant communiquer par leur partie inférieure, on dispose trois gaz, superposés deux à deux dans chaque tube; quand ils se sont mis en équilibre, on détermine la position des surfaces idéales a et p suivant lesquelles les gaz se touchent, en faisant disparaître l'un des gaz de chacun des tubes par un absorbant convenable ou, plus générale- ment, en analysant le contenu de A et de B ; des distances, h et h', de 7. et ^ au haut des tubes, on déduit la densité cherchée d'un des trois gaz, celles des deux autres étant connues. M J'ai étudié soigneusement cette méthode dans le cas où l'un des gaz auxiliaires est de l'anhydride carbonique et où les extrémités supérieures de A et de B, munies des prolongements horizontaux ilont j'ai parlé, étant ouvertes dans l'atmosphère, le second gaz auxiliaire, celui qui s'introduit à la suite de la colonne initialement la plus lourde, est de l'air ordinaire. Dans ce cas, on a da^== i el^^,^ i, 529, et la relation h'd\ = lul, + {h'--h)l, donne pour la densité cherchée l'expression très simple <=! + -7;^--0'529- » Je vais rendre compte de déterminations faites sur des gaz moins lourds que l'anhydride carbonique; elles montreront le degré de précision de la méthode. » L'équilibre dont ou doit attendre l'établissement complet avant de mesurer ' est, je l'ai dit, loin de s'obtenir instantanément; une étude méthodicpie était utile pour fixer les idées sur le temps qu il met, dans ( 477 ) chaque cas, à se produire. Je l'ai faite d'abord en opérant sur l'air comme sur un gaz dont on cherche la densité : la branche A est remplie d'anhy- dride carbonique et la branche B d'air; on ouvre la communication entre A et B pendant une, deux, trois, . . . minutes, et l'on voit, par la détermi- nation des positions de a et de (î, quel a été le déplacement des gaz après chaque durée; à partir du moment où l'on trouve oc et p dans un même plan horizontal (A' = /i), l'équilibre est établi. » Voici un exemple. (T est le temps durant lequel on laisse l'équilibre se produire, c'est-à-dire le temps qui s'écoule entre le moment où l'on ouvre la communication des deux, branches A et B et celui où on l'intercepte.) Densité T, en minutes (t. 1 . 2. 3. 4. 6. 8. réelle. /(' — h (ou distance verti- cale de a et [3), en millim. ii45 2i6,2 3i,g 1,9 — o,2 — 1,4 — 2,3 /i', en millimètres n45 638,7 544 > 2 532,2 534,) 529,2 528,7 Densités » » » » 1,000 0,999 o>998 1,000 » Ici, au bout de quatre minutes, la distance a^ était sensiblement nulle; l'équilibre était réalisé. On remarquera que cet équilibre s'est ensuite troublé très légèrement. C'est là une conséquence d'effets complexes de la diffusion entre les gaz qui se pénètrent, effets croissant à mesure que celle-ci se poursuit. Il y a donc intérêt à ne pas prolonger inutilement une expérience. Quand on est bien certain, d'après une étude préalable de l'appareil, que l'équilibre est établi, il convient d'isoler, sans attendre, les deux branches A et B et de déterminer /* et h' . » Azote chimique. — Azole pur, sans argon, tiré de l'azotate d'ammo- nium. Densité réelle : 0,967. Densité T, en minutes 2. 4. G. 8. 10. 12. réelle. /;'—/«, en millimètres. . .. 9,5 32,8 32,5 32,6 33,7 3o,3 /i', en millimètres 528 539,5 5i5,4 5i6,7 52i,2 469,5 Densités trouvées 0,990 0,968 0,967 0,967 0,966 0,966 0,967 » A partir de six minutes, et sans doute de cinq seulement, l'équilibre était réalisé; entre six et huit minutes, la densité a été obtenue à moins de fooo près. )) Oxygène. — Préparé par le chlorate de potassium pur; coriservé plusieurs mois sur le mercure. Densité réelle : i, ro52. C. It., 1898, I" Semestre. (T. CXWI, N° 6.) 62 ( 47» ) Densité T, en minules 2. i. 6. 8. 10. \1. réelle. h' — h, en niillimèlres. . . . 208 116 121 117, 3 ii5 116 A', en millimèlres 629,8 675,6 608,1 591,8 687 Sgi,^ Densités trouvées i)i76 1,107 i , io5 1,1 o5 1,1 o4 i , io4 1,1 o5 » Même conclusion que pour l'azote. » Argon. — Échantillon provenant de dosages de argon dans l'air et obtenu par absorption de l'azote sur le magnésium et purification au moyen de l'étincelle en présence de potasse et d'oxygène. Densité réelle : 1 ,780 (Leduc) o c f — TTip^ — -1,3764. Densité T, en minutes 2. 4. 6. 8. 10. 12. réelle. h' — /i,enm\llim.... 1176 967,2 927,2 998 961,4 921,7 » /i', en millimètres.. . i54i 1824,6 i3o9,4 i4o3 i363,7 i3i3 » Densités trouvées. . . i,4o3 i,386 i,375 1,874 1,378 1,371 » Densités trouvées avec un autre appa- reil plus précis .. . " » 1,3764 1,8766 » » 1,876 » Les quatrièmes décimales sont assurément tout à fait incertaines. » Méthane. — Préparé par le mercure diméthyle et l'acide sulfurique. L'analyse a montré que le gaz contenait i.5 pour loo d'air, en sorte que sa densité, au lien d'égaler celle du méthane pur o, 558, devait être de o,565. Densité T, en minutes 5. 5. 10. réelle. ^' — /(, en millimètres 8oo,3 296,8 297,2 « A', en millimètres 866 861,2 860,6 » Densités trouvées o,566 o,566 o,564 » Densités corrigées de l'erreur due à l'air .. . OjSSg 0,569 0,667 o,558 » Hydrogène. — Ce gaz et l'anhydride carbonique se diffusent avec une extrême rapidité l'un dans l'autre. Vers la fin de la période nécessaire à l'établissement d'un équilibre, l'anhydride carbonique arrive déjà, par dif- fusion, au haut du tube B et commence à s'engager dans le prolongement horizontal de ce tube. Dès lors, tout équilibre qui se produirait serait immédiatement troublé; en un mot, il ne se produit pas d'équilibre de quelque durée. La méthode ne s'appliquerait, me semble-t-il, qu'avec un appareil d'une hauteur un peu exagérée ou des complications de manipu- lation. ( 479 ) » En résumé, l'équilibre qu'exige, pour être utilisable, la méthode que j'ai exposée, se produit réellement, hormis le cas exceptionnel de l'hydro- gène; il se maintient pendant un temps largement sutfisant. Avec les divers appareils dont j'ai fait usage (les tubes A et B ont varié de i"", i5 à i™,G5 de longueur et de i^'^.G à 2°"", 7 de diamètre intérieur), les den- sités, prises après six et huit minutes, ont été généralement déterminées avec précision. Le volume de gaz employé à chaque essai a été de 5^*^ à 7"*^. » La méthode ne prétend certes pas valoir celles qu'on peut faire reposer sur des pesées de haute précision, quand on possède des volumes gazeux suffisants; mais, dans les cas assez fréquents où l'on ne dispose que de volumes extrêmement réduits, elle est capable de donner des résultats très satisfaisants. Elle se recommande aussi par sa simplicité et sa rapidité pour des applications industrielles. » CHIMIE. — Sur la corrélation entre la réduction par l'hydrogène naissant, l'électrolyse et la photolyse de l'acide carbonique. Note de M. A. Bach. « On sait que l'électrolyse de l'acide carbonique donne lieu à la forma- tion d'acide formique. En envisageant cette réduction à la lumière des théories modernes de l'électrolyse, je suis arrivé à la conclusion qu'elle ne peut être due qu'à l'action secondaire de l'hydrogène naissant sur l'acide carbonique. » Théoriquement, l'acide carbonique CO (OH) - doit, comme les autres acides carboxylés, fournir un aldéhyde par la substitution d'un atome d'hydrogène au groupe oxhydryle, mais il diffère des autres acides car- boxylés en ce qu'il renferme, unis au carbonyle, deux groupes oxhydryles. Il doit donc pouvoir fournir deux aldéhydes. En substituant un atome d'hy- drogène à l'un des oxhydryles de l'acide carbonique, on obtient un premier aldéhyde HCOOH, qui est l'acide formique. Par la substitution d'un atome d'hydrogène à l'autre groupe OH, il doit se former un second aldéhyde, H-CO, l'aldéhyde formique. » En étudiant l'action de l'hydrogène naissant, résultant de la décom- position de l'eau par différents amalgames, sur l'acide carbonique, M. Lie- ben (') a montré : i° qu'en solution acide la réduction ne s'effectue que très difficilement; 2° qu'en solution alcaline la réduction est presque quan- (') Wiener Moiiatsliefteftir Cheinie, p. 211 ; iSgS. ( :18o ) titative, et 3" que l'acide formic/ue est le seul produit de réduction de l'acide carbonique. Ce dernier résultat semble être en désaccord avec les notions établies, vu que, une fois formé, l'acide formique devrait se réduire ulté- rieurement en aldéhyde formique sous l'action de l'hydrogène naissant en excès. Mais il s'explique, au moins en ce qui concerne les principales ex- périences de M. Lieben (réduction en solution alcaline), par le fait que l'acide formique, aussitôt produit, était neutralisé par l'alcali etse trouvait ainsi soustrait à la réduction ultérieure. )) Pour éviter cet inconvénient, j'ai pris, comme source d'hydrogène naissant, l'Iiy- drure de palladium, los"' de mousse de palladium et une lame de même métal pesant 2S'', 85 ont été chargés d'hydrogène soit électrolytiquemenl, soil par l'action d'un cou- rant d'hydrogène à 120°. L'hydrure formé a été introduit dans une éprouvelte à pied contenant 20"='^ d'eau bouillie et refroidie dans un courant de gaz carbonique. L'éprou- velte était reliée, d'une part, à un appareil à gaz carbonique et, d'autre part, à un tube deux fois recourbé et contenant du mercure. Tous les trois jours, on faisait passer dans l'oprouvette un courant de gaz carbonique jusqu'à saturation complète de l'eau. Au bout de trente jours, le liquide a été filtré et traité par de l'eau d'aniline. Il s'est formé un faible dépôt blanc, qui a été lavé et dissous dans l'éther. En s'évapo- rant, la solution a laissé déposer de fines aiguilles incolores qui, par leur point de fu- sion et leur aspect, étaient identiques à la métliylène-aniline H-C =: AzCTI' qui se forme par l'action de l'aldéhyde formique sur l'aniline (Tollens). Dans une autre ex- périence, le liquide filtré a été traité par de l'ammoniaque en excès; évaporé à siccité, le résidu a été redissous dans une petite quantité d'eau et additionné d'eau de brome. Il s'est formé un précipité jaune, que M. Lieben considère comme absolument caracté- ristique de l'hexamélhylènelétramine. » Il résulte de ces expériences que la réduction de l'acide carbonique par l'hydrogène naissant donne effectivetnent lieu à la formation d'aldé- hvde formique. Appliquons ce résultat à l'élcctrolyse de l'acide carbo- nique. n D'après la règle générale, les phases dominantes de l'électrolyse de l'acide carbonique sont les suivantes : H=CO':= H--i-CO^ et CO' I H=0 = H='CO'+ O. » Comme réactions accessoires, nous aurons : H2COM-H==HCOOH+H20 et HCOOII H- H- = CH=0 H-H-0 ('). (') M. Bekelow, qui a étudié l'électrolyse de l'acide carbonique, n'a obtenu que de l'acide formique. Mais, comme M. Lieben, il a opéré en solution alcaline. ( 4«< ) » Pour réduire électrolytiquemcnt une molécule d'acide carbonique en aldéhyde formique, il faut que deux autres molécules de cet acide soient décomposées en leurs ions. L'ensemble des réactions peut donc être représenté par les équations suivantes : 3H=CO'= 2C0'+2H=0 -!-CH^O==2H=CO'+0* + CH'0. » En parlant d'un ordre d'idées absolument différent, j'ai montré, dans un Travail pidilié en 1893 ('), que, sous l'action de la radiation solaire, l'acide carbonique se décompose suivant l'équation 3IFC0'.. 2H-C0^ + CfPO . 2ÏPC0'-i- O- ^ CH-0. » Le composé H'CO^ n'est évidemment autre chose que le groupe CO^ + H^O (hydrate de peroxyde de carbonylc, acide percarbonique) de l'éleclrolyse et, comme lui, il doit se décomposer, aussitôt formé, en oxy- gène et acide carbonique. Chose très curieuse, le percarbonate de potasse découvert par MM. Constans et Hausen se comporte avec l'eau exactement comme le groupe CO" + H-0 ou U-CO\ » Ainsi, en admettant que, dansTéieclrolyse, l'acide carbonique soit ré- duit par l'hydrogène mis en liberté, l'éleclrolyse et la photolyse de cet acide suivent exactement la même marche. Il y a complète identité entre ces deux phénomènes, soit que la radiation solaire agisse exactement comme l'électricité, soit qu'elle se transforme en électricité. » CHIMIE ORGANIQUE. -• Sur les wéthanes aromatiques de la conicine. Note de MM. P. Cazeneuve et ftioisEAU, présentée par M. Friedel. « L'action énergique de la pipéridine, qui donne instantanément des uréthanes par réaction sur les carbonates phénoliques, permettait de sup- poser que la conicine ou propylpipéridine se comporterait d'une façon analogue. » L'action delà conicine est cependant moins énergique : mélangée aux éthers carboniques aromatiques, elle ne dégage pas de chaleur. Il faut faire intervenir l'ébuUition pour déterminer la réaction. Au bout d'une heure la combinaison est terminée. Nous avons obtenu ainsi, en chauffant 2 mo- lécules de conicine et i molécule d'étlier carbonique, des uréthanes li- (') Comptes rendus, l. CXV I, p. i i/p; Moniteur scientifique, p. 669 à 683; iSgS. ( 4«2 ) quides, incristallisables, d'une viscosité croissant avec le poids molécu- laire, stables, distillant, presque sans altération, à la pression normale et correspondant à la formule R étant un radical aromatique. » Tous ces corps sont saponifiables par la potasse alcoolique h iSo" et décomposables par SO'fP avec dégagement de C0-. » 1° Uréthane phénylique de la conicine. — On chaude à l'ébullilion, soit vers i6o°, pendant une heure, i molécule de carbonate de phényle et a molécules de coni- cine, soit iiS"", 5o d'éther pour i2S'', ^o de base. On laisse refroidir. » On traite le liquide visqueux obtenu, successivement par l'eau acidulée par l'acide chlorhydrique, puis par l'eau alcaline, pour enlever l'excès de conicine et le phénol formé. On agite avec l'élher, qui s'empare de l'uréthane et l'abandonne par évapora - tion à une douce chaleur. » On a ainsi un corps liquide incristallisable, distillant à 325°, qui a donné à l'analyse : Az = 5,79 pour 100. /AzC'H'^ » La formule CO-. ^ exige 5,66 pour 100. » Ce corps est insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool, l'éther, le chloroforme, le benzène. » Il est dextrogyre comme la conicine naturelle, mais son pouvoir rotatoire est bien moins élevé. Nous avons trouvé en solution alcoolique : [a]y=H-3°,66. » 2° Uréthane gaïacoUque de la conicine. — Une molécule de carbonate de gaïacol est chauffée à l'ébullition pendant une heure avec 2 molécules de conicine (iSsi'iyo pour 126'', 70). Comme précédemment, on lave à l'eau chlorliydrique, puis à l'eau alcaline. Par agitation, on fait passer le corps dans l'éther à 65°. Ce dernier, évaporé à douce température, abandonne un liquide légèrement coloré, plus visqueux que l'uréthane phénylique, distillant à 277° en se colorant un peu sans trop se décomposer. Il présente les mêmes caractères de solubilité que le dérivé phénylique. A l'analyse, il a donné : Az=i5,2i pour 100. » La formule C0v^Q^^jj^Q^^j3 exige 5, o5. » 3° Uréthanes naphtoliques a cl ^ de la conicine. — L'opération a été conduite successivement avec les deux carbonates de naphtol a et p comme précédemment. Deux molécules de conicine, soit 128'', 70, ont été chauffées pendant une heure à l'ébul- lition avec une molécule de carbonate de naphtol, soit iSs"', 70. Après lavage à l'eau ( 483 ) acide, puis à l'eau alcaline, on fait passer le corps dans l'éther qui l'abandonne par évaporation. » On obtient ainsi des liquides colorés très visqueux distillant au-dessus de 3oo° en se colorant un peu et donnant à l'analyse des chilTres exacts, indice que, même sous la pression normale, ils s'altèrent peu en distillant. » L'analyse a donné (corps p) : Az = 4>527 pour loo. » La formule CQ/ Q^,„jj, exige 4,71. » Ces uréthanes naphtoliques de la conicine sont insolubles dans l'eau, mais so- lubles dans l'alcool, l'étlier, le chloroforme et le benzène. » Ces dérivés gaïacoliques et naphtoliques ont, sans aucun doute, un pouvoir rotatoire. Faute de liquides en quantité suffisante et suffisamment incolores, nous n'avons pas encore pu prendre ces mesures. » CHIMIE ORGANIQUE. — Réaction colorée nouvelle de la phénylhydrazine. Note de M. Loms Simon ('), présentée par M. Friedel. « I. Au cours d'essais destinés à m'assurer de la spécificité du réactif de l'aldéhyde ordinaire que j'ai indiqué récemment, j'ai reconnu que dans des conditions analogues, mais sans que l'on ait à craindre d'ambiguïté, ce réactif peut servir à déceler des traces de phénylhydrazine libre ou sous forme de sels. Voici comment il convient d'opérer : » On chauffe pendant quelques instants la solution de phénylhydrazine avec quelques gouttes de triméthylamine aqueuse; on ajoute quelques gouttes d'une solution aqueuse de nitroprussiate de soude, puis de la potasse en solution concentrée. Dès l'addition de nitroprussiate, il se manifeste une coloration bleu franc, parfois verdàtre s'il y a un excès de nitroprussiate ; cette coloration se fonce notablement par addition de potasse. L'addition d'une petite quantité d'acide acétique, avant ou après celle de potasse, mo- difie la coloration bleue en la poussant vers le bleu céleste sans paraître l'atténuer sensiblement. Ce réactif permet de déceler jusqu'à ^aloa ^^ phénylhydrazine. La colo- ration est très foncée pour la dilution 70V0! ®"^ ^^^ fugace, c'est-à-dire qu'elle dis- paraît en un quart d'heure environ pour cette dernière dilution. » II. Caractères de la réaction. — La présence des solvants organiques, tels que l'alcool et l'éther, ne semble pas gêner la réaction; au contraire le chloroforme et le benzène ont une action fâcheuse, l'acétone donne sa réaction colorée propre (coloration rouge de Légal). (') Travail fait au laboratoire des Hautes Etudes de l'Ecole Normale supérieure. ( /|84 ) » T>a présence des acides minéraux ou organiques retarde l'apparilion de la coloration jusqu'à l'addition de potasse. » L'acide acétique, ajouté après l'apparition de la coloration, la modifie comme il est dit plus haut; lorsque l'on en ajoute un excès, il la fait dispa- raître après un nouveau virage vers le rouge. » L'addition d'acide chlorhydrique au liquide bleu produit un virage vers le rouge puis la décoloration. » La présence d'ammoniaque ne gêne pas la réaction, soit qu'elle pré- existe dans la phénylhydrazine ou dans la triméthylamine, soit qu'on l'ajoute après l'apparition de la coloration. » Action de la chaleur. — La coloration bleue dont il vient d'être question se pro- duit par le mélange à froid de phénylhydrazine, triméthylamine et nitroprussiate, mais plus lentement et progressivement. » Si, la coloration une fois produite, on chauffe sans précaution, elle disparaît et est finalement remplacée par une coloration fixe, rouge franc (en présence de potasse), jaune clair (si l'on n'avait pas ajouté de potasse). » Si, le mélange étant fait, mais la coloration bleue encore faible, on chauffe, celte coloration apparaît plus rapidement, mais disparaît ensuite si l'on ne s'arrête pas et qu'on continue à chaufler, exactement comme dans l'essai précédent. H Cela explique pourquoi il convient de chauffer préalablement la phé- nylhydrazine et la triméthylamine seules avant d'ajouter le nitroprussiate et la potasse. » J^a coloration rouge produite par la chauffe constitue d'ailletirs un excellent caractère d'identité pour la réaction ; un excès d'acide acétique fait virer cette couleur du rouge au bleu. » in. Je me suis préoccupé de reconnaître la généralité de cette réac- tion colorée : » i" Les hydrazones, par exemple la pliénylhydrazone pyruvique C°H"— AzH — Az = C(^ p^2ii ' "® ^'^ donnent pas. » 2° La formylphénylhydrazine CH*— AzH - AzH - CO. H et la benzoylhydrazine CH' — AzH — AzH — CO .C° H^ ne la donnent pas davantage. CH^v » 3° La méthylphénylhytlrazine dissymétrique )Az — AzH- ne t-jXl. / donne rien de semblable. » Ces réactions négatives montrent que l'existence intégrale du groupe ( 485 ) — AzH — AzH^ dans la molécule est une condition nécessaire à la réac- tion ; elle n'est pas suffisante, car on n'a rien observé d'analogue avec : » 4° Jj'hydrate d'hydrazine AzH^ — AzH-.H'O ni avec : » 5° La semicarbazide AzH^ — CO — AzH.AzH^. M La réaction paraît donc appartenir exclusivement aux dérivés de la phé- nylhydrazine, substitués dans le noyau aromatique. » 6° L'orthocrésylhydrazine CH' — CMV — AzH^ donne en effet la colo- ration bleue. » La yo-bromophénylhydrazine CH'Br — AzH — AzH^ se comporte à tous les points de vue (sensibilité et autres caractères de la réaction) exac- tement comme la phénylliydrazine. » IV. Cette coloration bleue ne peut être confondue avec celle que donne l'aldéhyde élhyiic[ue avec le même réactif; la persistance de la colo- ration bleue actuelle en présence de potasse, d'ammoniaque et d'acide acétique, ne laisse place à aucune ambiguïté. )) A un autre point de vue, il n'est peut-être pas inutile de rappeler que U. Denigès {Bull. Soc. chim., t. XV, p. io58) a indiqué que la phénylhy- drazine présente la réaction de Légal (coloration rouge orangé avec le nitroprussiate et la potasse, virant au rouge violacé par addition d'acide acétique). J'ai constaté que cette réaction, caractéristique des cétones et aldéhydes, est très sensible avec la phénylhydrazine et permet d'en carac- tériser des traces. Elle me paraît cependant moins sensible que celle que je viens d'indiquer; elle est également beaucoup moins spécifique, car sans franchir les limites du groupe de composés dont il s'agit ici, elle s'applique aussi bien à la méthylphénylhydrazine et aux formyl- et benzoylphénylliy- drazine qu'à la parabromophénylhydrazine et aux autres phénylhydrazines substituées dans le noyau aromatique, ainsi que j'ai pris le soin de le vérifier. » PilYSlOLOGlE. — De r influence de la fréquence des mouvements et du poids soulevé sur la puissance maximum du muscle en régime régulier. Note de MM. André Broca et Charles Richet, présentée par M. Marey. « Dans une Note précédente {Comptes rendus, janvier 1898), nous avons montré que l'on peut maintenir, pendant une heure ou deux, un travail régulier des muscles, en puissance maximum, si l'oa se règle d'après la fatigue suj^portable, C. K., 1898, I" Semestre. (T. CXXVI, N° 6.) 63 ( '.86 ) » Il existe, bien entendu, de nombreuses causes de variations, dues aux conditions différentes de l'expérimentation. En faisant beaucoup d'expé- riences croisées , et en prenant des moyennes générales , on élimine ces variations accidentelles et l'on obtient des chiffres qui sont concor- dants, même à plusieurs semaines de distance. On peut voir ainsi quelles sont les influences de deux fiicteurs essentiels, la fréquence et le poids, sur la puissance maximum. » Or, pour la fréquence, nous avons pu prouver deux faits importants : ') i" La puissance du muscle àu£^men/e avec là fréquence des contractions ; i> 2° Cette augmentation, dans le cas de fréquences moyennes, est très faible, et la puissance, dans ces limites, est à peu près constante. » Les deux Tableaux suivants, représentant les moyennes d'environ quarante heures de travail, mettent le fait en pleine lumière : Tableau 1. (Exp. ni; A. B.) Fréquence Granimèlres par seconde. (les contractions -■'^ .— ^ par minute. sjo^'. 5oos'. joo^'. locof. 12006'. 100 i,a 2,7 3,0 3,6 4>i /, o ', 4,c IJO 2,0 3,5 4,1 4)2 200 2,3 3,6 4)3 4)5 5,2 25o 1,7 3,7 4)9 5,1 5,6 280 1,2 3,5 4)5 5,9 7,1 Tableau II. (Exp. de Ch. R.) 25o8'. 0006'. 75oe'. jiSoB'. 100 1,4 2,0 3,0 3,4 i5o 1,7 2,2 2,7 4,1 aôo 1,7 3,0 3,2 4)1 )) 1° H est à remarquer que, pour les poids faibles, cet accroissement de la puissance du muscle, à partir de la fréquence de 200, n'existe pas; mais à cette grande fréquence les poids faibles ne peuvent plus retomber avec assez de rapidité, et les oscillations du poids ne suivent pas les mou- vements qu'on fait avec l'index. C'est une cause d'erreur qui n'existe ni pour les grands poids, ni pour les fréquences modérées, de sorte que la décroissance avec la fréquence (à partir de 200 par minute pour des poids de 25oS'' et de SooS"") n'infirme nullement la loi énoncée. C'est une cause d'erreur systématique due à l'ergomètre lui-même. >) 2° Pour les poids très forts et les fréquences grandes, la puissance ( 487 ) semble être maximum. Mais ce maximum est presque illusoire, en ce sens qu'on est alors très voisin de l'épuisement total du muscle. Par exemple si, à certains jours, B a pu faire, avec un poids de laSo^'', un travail de 7, 1 grammètres par seconde avec une fréquence de 280 |)ar minute, à Courbes donnant la puissance en grammclres par seconde pour les diverses fréquences de contraction. — A la ligne des x sont indiqués les poids soulevés en grammes. — A la ligne des y, les puissances en grammètres. 50 40 O C- tn co 20 10 B.Fréquence 200 — B.Fréquence 150 R. Fréquence 2E07 R.Fréquence ISO- RFréquence 100 B.Fréquence ICO 200 400 600 800 1000 1200 Courbes obtenues par Ch. Riohet. Courbes obtenues par André Broca. d'autres jours ce travail a été impossible; et d'ailleurs ce n'est qu'après entraînement qu'on arrive à ce niveau élevé de travail. Si, dès le début de l'expérience, ou s'était mis à ce régime, en une ou deux minutes le muscle ci!it été totalement ruiné. ( 488 ) » Cette croissance de la puissance musculaire avec la fréquence est la confirmation de la loi établie par Heidenhain, puis Nawalichin, et si bien modifiée par M. Cliauveau {Le Travail musculaire, p. 1 54- 162). Mais elle se présente ici sous une forme un peu ddférente. Heidenhain et Nawali- chin avaient vu que Ténergie consommée croît en même temps que les différentes phases delà contraction; autrement dit, que les petites contrac- tions dégagent moins de travail chimique que les grandes, à travail égal; et M. Chauveau a vu que réchauffement musculaire est d'autant plus petit, pour un raccourcissement donné, que le muscle est plus près de son maxi- mum d'allongement normal. » Nos expériences fournissent la conséquence presque nécessaire de ces observations, à savoir qu'il vaut mieux, à égalité de travail, faire de petites contractions, nombreuses, qu'en faire de grandes, peu fréquentes. Cette conclusion était implicitement contenue dans les faits éclairés par Heiden- hain, Nawalichin et Chauveau; mais il n'en est pas moins intéressant de l'avoir démontrée par une expérimentation directe. D'autant plus qu'on aurait pu, à la rigueur, concevoir que la courbe de fatigue ne fût pas exac- tement parallèle à l'intensité croissante des actions chimiques, prouvée par Nawalichin, ou des actions thermiques, prouvée par M. Chauveau. » Quant à ce qui concerne les poids» on verra que la puissance croît avec eux. La courbe du phénomène est facile à voir sur le graphique ci-joint. )) Il est clair que le travail ne croît pas indéfiniment et que l'on doit observer, avec la croissance du poids, une chute de la courbe du travail. Mais cette chute est extrêmement brusque, et, de même qu'avec les grandes fréquences, avec les grands poids on observe très vite l'épuisement com- plet du muscle. )) En définitive, nous pensons avoir établi que (pour le muscle fléchis- seur de l'index) la puissance musculaire croît avec la fréquence et le poids, de sorte que les conditions les plus favorables de travail pour ce muscle en régime régidier et prolongé auront lieu avec un poids de '^.to^'' à loooË' et une fréquence de 200 à 2^0 par minute. » ( 489 ) PHYSIOLOGIE. — Bu développement de la fibrille conionctive . Note de M. P. -A. Zachariadès, présentée par M. L. Ranvier('). « La question du développement de la fibrille conjonctive a été posée par Schwann, en 1889 ; aujourd'hui elle est encore un sujet de controverse parmi les histologistes. Deux théories principales ont été émises: )) i" Le faisceau conjonclif provient directement des cellules conjonctives. C'est la théorie de Schwann; un certain nombre de cellules, contenues dans le tissu conjonctif embryonnaire, s'allongent et se transforment à leurs extrémités en un pinceau de fibrilles; une cellule formerait ainsi un fais- ceau de fibrilles. Plusieurs histologistes ont admis, avec certaines modifi- cations, cette manière de voir; je citerai, par exemple, Valentin, Max Schultze, F. Boll, etc. » 2° Le faisceau conjonctif se développe, indépendamment des cellules, par formation extra-celluiaire. C'est la théorie de Henle qu'ont admise, en la modifiant plus ou moins, Reichert, Donders, Vircliow, etc. » Les observations suivantes permettent déjuger la question : » On sacrifie une grenouille rousse et, par incision de la peau, on dé- couvre la région du genou. La grenouille n'a pas de rotule et le tendon du triceps fémoral en s'aplatissant forme une aponévrose, qui recouvre la face antérieure de celte région; cette aponévrose a près de i*^'" de largeur, elle est brillante et nacrée. On la détache; il suffit pour cela de sectionner le muscle vers son tiers inférieur, de saisir avec des pinces son segment péri- phérique et de couper, au moyen de ciseaux, les attaches latérales et infé- rieures de l'aponévrose, en ayant soin de ménager sa face postérieure. C'est sur cette face surtout que siège le tissu dont il sera ici question et qui constitue un nouvel et excellent objet d'étude pour le développement du tissu conjonctif en général. La face postérieure de cette aponévrose, en effet, est recouverte d'une substance gélatineuse et transparente. Si l'on prend de petits fragments de ce tissu, que l'on pose sur une lame et que l'on recouvre d'une lamelle, il s'étale, comme le ferait une boule d'œdème artificiel, de tissu conjonctif; c'est, pourrait-on dire, une boule d'œdème physiologique. » Pour étudier avec fruit ce tissu il faut commencer par le fixer au moyen d'une (') Travail du Laboratoire d'Histologie du Collège de France. ( 490 ) solution d'acide osmique à i pour i oo, soit en laissant tomber quelques gouttes de cette solution sur la face postérieure de l'aponévrosCj une fois mise à découvert, soit en la plongeant dans l'acide osmique, soit encore en y injectant au moyen d'une seringue une petite quantité de cette même solution. La fixation obtenue, ce qui arrive au bout de dix minutes en moyenne, on doit laver à fond pour enlever l'excès d'acide osmique; il est bon même de laisser jusqu'au lendemain le tissu ainsi préparé dans de l'eau filtrée ('). On colore ensuite en masse par une solution faible de violet 5 B ; cette colo- ration doit se faire lentement, pendant vingt-quatre heures par exemple. On porte alors un petit fragment de ce tissu sur une lame de verre avec une goutte d'eau et on l'étalé en comprimant légèrement la lamelle. » Voici ce que l'on voit dans les points les plus favorables à l'observation : des cellules volumineuses à protoplasma fortement granuleux, à gros noyau, rond, ovoïde ou réniforme, contenant un ou plusieurs nucléoles; des pro- longements protoplasmiqiies en nombre prodigieux partant de ces cellules, d'uu de leurs pôles seulement, ou de deux pôles à la fois, ou bien encore de plusieurs points différents de leur surface; ces prolongements, de vo- lume moyen, se divisent, se subdivisent et s'anastomosent soit entre eux, soit avec les jjrolongements des cellules voisines; ils peuvent avoir tous la même direction, ou bien des directions variées; leur longueur est extrême, on ne peut préciser leurs limites (-). Parfois deux ou trois cellules s'em- boîtent et envoient toutes des prolongements dans un seul et iTième sens, celui de leur concavité. )) Voici maintenant le fait intéressant : à une certaine distance de la cellule ces prolongements se groupent, prennent une direction rectiligne, changent de réfringence, ne se colorent plus que par places et, si on les suit plus loin encore, on voit que les parties incolores augmentent d'éten- due, tandis que les parties colorées, de plus en plus réduites, ne sont re- présentées que par de simples grains intercalés dans le filament incolore et finissent par ne plus être visibles; cependant on trouve souvent quel- ques-uns de ces grains isolés à une très grande distance de la cellule. C'est ainsi que les prolongements protoplasmiques se transforment en fibrilles qui conservent désormais leur calibre, ne s'anastomosent plus, ne se co- lorent plus par le violet 5 B, ont le même aspect et la même réfringence (') Au lieu d'employer l'acide osmique comme fixateur immédiat, on peut, avec avantage, mettre d'abord le tissu pendant vingt-quatre heures dans de l'alcool au tiers, ce qui facilite la dissociation des fibrilles. (^) M. Ranvier depuis quelques années déjà avait décrit dans son Cours et nous avait montré des préparations dans lesquelles les cellules conjonctives avaient acquis des dimensions considérables, sous l'influence de l'irritation. ( /"lOi ) que les fibrilles du tissu conjoiictif; ce sont évidemment des fibrilles con- jonctives. Ces fibrilles s'accolent bientôt pour former des faisceaux ; cepen- dant on en trouve qui restent complètement isolées et, après un assez long trajet, vont renforcer un faisceau conjonctif éloigné. Souvent un prolon- gement protoplasmique donne naissance, le long de son trajet, à d'autres prolongements parallèles, qui ont une direction perpendiculaire à celle du premier; c'est ce qui expliquerait la disposition croisée que présentent habituellement les faisceaux conjonctifs, les lames homogènes et striées de l'os, de la cornée, etc. Dans certains points on voit plusieurs cellules voisines, qui sont réunies entre elles par un très grand nombre de prolon- gements fins, très rapprochés; elles forment ainsi un réseau protoplas- mique très élégant, un très beau tissu conjonctif réticulé; dans ce cas, c'est de ce réseau commun que partent les branches terminales qui vont consti- tuer les fibrilles conjonctives. » Il est probable, bien que je n'aie pas pu le constater encore, que ce mode de développement peut s'appliquer aux fibrilles du tissu conjonctif en général. Toutes les cellules conjonctives sont-elles capables de donner naissance à des fibrilles? Je ne saurais le dire; en tous cas et pour éviter toute confusion je proposerais de désigner celles que je viens de décrire sous le nom de cellules inoplastiqnes. » PALÉONTOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur la constitution des Cannels ('). Note de M. B. Renault, présentée par M. Van Tieghem. « Les Cannels offrent, au point de vue de leur constitution, une variété plus grande que les Bogheads; en effet, tandis que ces derniers combus- tibles sont formés d'Algues microscopiques, accompagnées d'une propor- tion relativement minime de spores et de grains de pollen, le tout dis|)osé en lits stratifiés au milieu de la matière fondamentale, les Cannels, au contraire, au sein de cette même matière, montrent : » 1° Tantôt de nombreux corps jaunes, la plupart organisés, parmi (') Les charbons connus sous le nom de Caniieh se trouvent en couclies parallèles au sein même de la houille. Ils sont employés de préférence aux Bogheads à cause de la meilleure qualité de leur coke, pour enriciiir les iiouilles pauvres en gaz. La houille de Bessèges, par exemple, ne donne par tonne que 2J5™'^ de gaz, les Cannels ont un rendement de Soo"'' à 33o"'. Les mélanges de la Compagnie parisienne du gaz four- nissent 290""' environ. ( ^19^ ) lesquels prédominent, non plus des Algues, mais des microspores et des macrospores; les Algues, les menus débris végétaux ne s'y rencontrent qu'en petite quantité. » Comme exemple de ce premier type, nous pouvons citer les Cannels anglais de Lesmahagow, Bryant, Burghlée; celui de Cannelton (Nouvelle- Virginie), de Ceberga (Espagne); le Splint-Coal de Rive-de-Gier, celui-ci sans Algues; etc. )) 2" Tantôt des corps organisés, surtout représentés par des grains de pollen, quelques spores et macrospores, mélangés à des fragments de plantes diverses (Canncl de Commentry). » 3" Tantôt enfin des éléments organiques complètement dissociés et devenus méconnaissables (Cannels de Buena-Vista, Kentucky). » Dans cette Note, nous examinerons seulement un Cannel du premier type, le Cannel Bryant, en mettant sous les yeux de l'Académie plusieurs photographies à l'appui, et dont l'amplification a dû être poussée jusqu'à I 200 diamètres. » Sur une coupe verticale, on distingue, au milieu de la matière fonda- mentale de couleur foncée, les éléments organisés de couleur jaune clair, disposés en couches stratifiées. Tous les Canneis que nous avons examinés présentent cette stratification, qui indique leur dépôt au milieu des eaux. » Parmi les nombreux corps jaunes qui forment près du tiers de la masse (lu Cannel, nous ne citerons que les suivants : » 1° Des macrospores sphériques, mesurant 34o,u., dont les trois lignes de déhiscence caractéiistiques sont limitées par une sorte de bourrelet circulaire. La surface est rugueuse, sillonnée de dépressions irrégulières, dues au travail de Microcoques visibles avec un grossissement suffisant. » 2° Des macrospores de taille plus faible; les unes atteignent à peine 41 H, P''é- sentenl une surface accusée de nombreuses petites cavités circulaires larges de il^,3 se détachant par leur couleur foncée sur l'enveloppe triradiée et garnies de Microcoques dont le diamètre est à peine ol^, 5 ; d'autres un peu plus grosses, 48 fx, oflrcnl au con- traire de nombreuses petites aspérités en forme de piquants. )) 3° Quelques-unes ont une surface nettement réticulée; les mailles hexagonales mesurent 5 1-1. à 6 |x de côté; le diamètre des microspores est de 44 1-^; elles rappellent par leur taille et leur réseau certaines macrospores de SplienophylUun silicifiées de Rive- de-Gier. » 4° D'autres fois, les macrospores affectent une forme sublriangulaire ; l'espace qui porte les trois lignes radiantes est circonscrit par un bourrelet très net, leur diamètre n'atteint que 33ijl; quand elles sont ouvertes, l'ouverture est bordée par une couronne de Microcoques; cette macrospore est très rare (')• (') Elle est très commune, au contraire, dans les Cannels-Bogheads russes. ( ^"^ ) » 5° Mais les organismes les plus communs et caracléristiques du premier type de Cannai sont des niicrospores, la plupart du temps isolées; elles constituent à elles seules près des 4 des corps jaunes, leur contour est triangulaire et présente deux faces planes, la troisième est convexe, leur grande longueur atteint 46]^ et la petite 33]-i; réunies en tétrade elles constituent une sphère dont le diamètre est de 64 [J- » Les macrospores décrites en premier lieu et les microspores dont il vient d'être question diflèrent 25eu par la taille des macrospores et microspores de certaines Lyco- podiacées arborescentes, Lépidodendrées entre autres; il ne serait pas impossible qu'elles en provinssent. » 6° On rencontre également, mais en petite quantité, des Algues, sans doute au- trefois sphériques, maintenant plus ou moins aplaties, creuses, larges de ^5V- et hautes de aSf-; ce sont de jeunes Pilas, peut-être des Pi/a scotica: elles sont remfilies de Microcoques. i> 7° Les différents organismes que nous venons d'énumérer sont envahis souvent par des mycéliums de Champignons filamenteux existant dans la matière fondamentale ; c'est principalement dans l'épaisseur des enveloppes plus ou moins altérées des macrospores que nous avons pu les étudier. Le mycélium est formé de filaments rec- tilignes ou sinueux, souvent bifurques; les branches émettent des ramules très courts, terminés par une conidie sphérique; les filaments sont formés d'articles eux-mêmes reclilignes ou arqués, longs de 2S^,9 et larges de o!-',85. » On peut suivre le développement du parasite. A peine entré, le filament mycélien émet un rameau qui lui-même produit deux ramules dichotomes très courts, ter- minés chacun par une conidie sphérique mesurant o!^',8 à i!^; la longueur des ramules ne dépasse pas 2!^ et leur largeur o!^, 8; le filament émet encore un ou deux rameaux qui se conduisent comme Je premier. 11 en résulte une plantule haute de 51^ à &^, présentant le port d'un Botrilis carnea extrêmement réduit. Les conidies, en germant à l'inté- rieur des fragments nourriciers, finissent par le remplir d'un mycélium très dense. Nous donnerons à ce Champignon microscopique le nom d' Anthrocomyces cannel- lensis; il se rencontre également dans les Gannels-Bogheads du Bassin de Moscou, le Boghead Armadole, etc. » En résumé, en niellant à pari les cliarbons russes, qui touchent atix Bogheads à cause d'une assez forte proportion d'Algues, il résulte de ce qui précède que : » 1° Les Cannels présentent plusieurs types; nous en signalons trois aujourd'hui. » 2" L'un des types sur lesquels nous avons insisté est caractérisé par la présence, dans la matière fondamentale, d'une grande quantité de micro- spores et de macrospores, d'une moins grande proportion de Pilas et de mycéliums de Champignons, le tout en couches stratifiées. )) 3° Les éléments organiques ont été envahis par des Bactériacées et par des Champignons qui ont vécu à leurs dépens. » C. R., 1898, I" Semestre. (T. CXXVI, N° 6.) 6/1 ( %4 ) MINÉRALOGIE. — Sur le polymorphisme de la fluorine. Note de M. Fréd. Walleraxt, présentée par ]\î. Fonqué. « En étudiant des cristaux de fluorine d'origines diverses et s'étant formés dans des conditions différentes, j'ai pu distinguer, aussi bien au point de vue optique qu'au point de vue cristallographique, trois variétés de fluorine se distinguant par leur structure et leurs éléments de symétrie. L'une, bien connue, est cubique holoédrique, la seconde est ternaire avec un axe ternaire et trois plans de symétrie à 120° l'un de l'autre, et passant par l'axe; la troisième est binaire avec un phn de symétrie. La première est donc isotrope, la seconde uniaxe et la troisième biaxe. Ces trois va- riétés peuvent d'ailleurs se mélanger en toutes proportions, pour former des plages plus ou moins étendues d'un même cristal, et l'on peut constater ainsi qu'elles ont les mêmes plans de clivage, les mêmes faces et qu'en outre leurs éléments de symétrie respectifs occupent la même position rela- tivement aux faces communes, aux plans de clivage. De là résulte la con- clusion importante qu'elles ont le même système réticulaire, c'est-à-dire un système réticulaire cubique; la variété ternaire et la variété binaire sont donc des formes mériédriques du système cubique. La première ne pos- sède qu'un axe ternaire de son système réticulaire et les plans de symétrie non principaux passant par cet axe. Dans la seconde, le plan de symétrie unique est un des plans de symétrie principaux du système réticulaire. Dans cette dernière, le plan des axes optiques est perpendiculaire sur le plan de symétrie et la bissectrice aiguë /?„ des axes optiques coïncide avec l'un des axes quaternaires contenu dans ce plan. » Au lieu de se mélanger irrégulièrement, les cristaux ternaires et les cristaux binaires peuvent se macler, chacun de leur coté, conformément aux lois établies par Mallard pour les formes mériédriques, c'est-à-dire de façon que les éléments de symétrie du système réticulaire, déficients dans les cristaux, se retrouvent dans la macle. C'est ainsi que les cristaux bi- naires peuvent se grouper par quatre, par huit, par seize, pour constiti;er des macles ayant un axe quaternaire et les quatre plans de symétrie pas- sant par cet axe; ou bien par vingt-quatre, pour constituer une macle ayant tous les éléments de symétrie du cube. ') De mùai -, les cristaux ternaires s'associent par huit pour former une macle ayant tous les éléments de symétrie de leur sysLème réticulaire. (495 ) » Dans ces associations, les diirérents individus ont peu d'adhérence entre eux, et i! m"a été facile de les isoler. » L'explication de ce polymorphisme n'offre d'ailleurs aucuiie difficulté mais demande de trop longs développements pour être exposée ici. » 'M. Darget adresse, de Vouziers, une réclamation de priorité au sujet d'épreuves photographiques obtenues sans lumière. Cette Note sera soumise, avec les épreuves qui l'accompagnent, à l'examen de M. Lippmann. M. René de Saussuiie adresse une Note « Sur le mouvement le plus gé- néral des fluides » . M. Ch.-Y. Zenger adresse une Note intitulée : « Observations météo- rologiques du mois de novembre 1897; '^^ minima de pression atmosphé- rique ». M. Callandreau annonce que le météore lumineux signalé comme un bolide, dans la séance du 17 janvier (ce Volume, p. 295), doit être attri- bué, suivant les renseignements recueillis, à une montgolfière. A 4 heures, l'Académie se forme en Comité secret. COMITE SECRET. Sur la proposition de M. Brouardel, l'Académie décide qu'une Com- mission spéciale sera chargée de l'examen des questions se rapportant aux effets et à la propagation de la tuberculose. Cette Commission comprendra les six Rîenibres de la Section de Méde- cine et Chirurgie, les deux Secrétaires perpétuels de l'Académie et MM. Brouardel, ue Freycsxet, ue Jonquières, Chauveau, Duclaux, Arsî. Gautier. I.a séance -.'St levée à 4 heures un quart. J. B. ( 49<' ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Ouvrages reçus bans la séance du 7 février 1898. Annales de Chimie et de Physique, par MM. Berthelot, Friedel, Mascaut et MoissAN. Septième série. Février 1898. Tome XIII. Paris, Gaulhier- Villars et fils, 1898; i fasc. in-S". Bulletin des Sciences malhéinaliques, rédigé par MM. Gaston Darboux et Jl'les Tannehy. Deuxième série. Tome XXII. Janvier 1898. Paris, Gauthier-Villars et fils, 1898; i fasc. in-8°. Revue générale de Botanique, dirigée par M. Gaston Bonnier, Membre de l'Institut, Professeur de Botanique à la Sorbonne. Tome dixième. Livraison du i5 janvier 1898. N° 109. Paris, P. Dupont, 1898; i fasc. in-8". Bulletin mensuel du Bureau central météorologique de France, publié j)ar E. Mascart, Directeur du Bureau central météorologique. Année 1897. N° 11. Novembre 1897. Paris, Gauthier-Villars et fils, 1897; i fasc. in-4". Bulletin de la Société d' encouragement pour i Industrie nationale, publié sous la direction des Secrétaires de la Société, MM. Collignon et Aimé Girard. Paris, 1898; i fasc. in-4°. Bulletin astronomique, fondé en 1884 par E. Mouchez et F. Tisserand, publié par l'Observatoire de Paris. Commission de rédaction : H. Poincaré, Président; G. Bigourdan, O. Callandreau, H. Deslandres et R. Radau. Tome XV. Février 1898. Paris, Gauthier-Villars et fils, 1898; i fasc. in-8". Revue générale des Sciences pures et appliquées. Directeur : Louis Olivier. 9* année. N° 2. 3o janvier 1898. Paris, Carré et Naud; i fasc. grand in-8". Journal d' Hygiène, fondé par le D*" Prospeh de Pietra Santa. aS^ volume. Jeudi 3 février 1898. Paris, Chaix; i broch. iu-4°. Océanographie et les Océans, par J. de Shokalsky. i broch. in-S". (Hommage de l'Auteur.) Anales de la oficina meteorologica Argentina, por su Director Gualterio G. Davis. Tome XL Buenos-Aires, 1897; i vol. in-4°. Or. souscrit à Paris, chez GAUTHIEH - VILLA RS ET FILS, Quai des Grands-Augustins, n" 55. Depuis 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Ils formant, à la fin de l'année, deux Tolumes in-4'. Deui Tables, l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Anleurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel e part du i" janvier. Le prix lie t'ubonnenient est fixé ainsi (/u'il suit : Paris : 20 fr. — Départements : 30 fr. — Union postale : 34 fr. — Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus. On souscrit, dans les Départements, Angers. chez Messieurs : Agen Ferr:in frères. I Chaix. Alger I Jourdan. ( Ruiï. Amiens Courtin-Hecquet. ( Germain etGrassin. \ Lachèse. Baronne Jérôme. Besançon Jacquard. / Feret. Bordeaux Laurens. I Muller (G.). Bourges Renaud. / Derrien. F. Robert. J. Robert. ' Uzel frères Caen Joiian, Chamhery Perrin. ( Henry. ) Marguerie. 1 Juliot. i RIbou-Collay. , Laniarche. U ]on Ratel. ( Rcy. chez Messieurs : ( Baumal. / M"" Texier.i Bernoux et Cumin. Georg. C(He. Siivy. Vitte. Marseille Ruât. Lorient. Lyon. Montpellier . Moulins.. .. \ Calas. } Coulet. Brest. Cherbourg Clermonl-Ferr. Dcuat. \ Lauverjat. ' Deeez. I Drevet. ! Gratier et C" Grenoble. . . . La flochelle Fouclier. , „ i BourdigDon. Le Havre * ( Uombre. Martial Place. ; Jacques. Nancy ] Grosjean-Maupin. ( Sidot frères. 1 Loiseau. I Veloppé. ) Bariiia. I Visconti et C'v, Mmes Thibaud. Orléans Luzeray. ) lilanchler. ( Marche. Hennés Plihon et Hervé. ftockefori Girard (M»"). f Lan^lois. Nantes n ice. Poiiiers. Rouen S' -Etienne Toulon Lille. \ Thorez. ( Quarré. I Lestringanl. Chevalier. \ Bastide. ( liumcbe. ( Gimct. ! Privât. j Boisselier. Tours J Péricat. ' Suppligeon. \ Giard. ( Lemaitre. Toulouse. Valenciennes. Berne . . . Bologne . On souscrit, à l'Etranger, Amsterdam . Athènes. . . Barcelone. Berlin. Bruxelles. Bucharest . Budapest Cambridge Christiania Conslantinople. Copenhague... . Florence Gand Gènes chez Messieurs : I Feikema Caarelsen ) et C". Becl<. Verdaguer. [ Asher et C". 1 Dames. , Friediander et (ils. ' Mayer et Muller. Schmid et Francke. Zauichelli. I Lamerliti. Mayolezet Audiarte. I Lebègue et G". j Sotcheck et G". I Maller ( Cai-ol). Killan. Deighton, BellelC". Canimerineyer. I chez Messieurs : I Dulau. l-ondres Hachette et C". ' Nuit. Luxembourg ... . V. Buck. / Libr. Gutenberg. Madrid Romoy Fussel. ÎGonzah F. Fé.- es e hijos. Genève.. .. La Haye . , . Lausanne.. . Leipzig, Liège., Otto Keil. Host et lils. Seebei'. Hoste. Beuf. Cherbuliez. Georg. Stapeiiiiohr. Bel in fa II le frères. Benda. Payot. Barlh. Brockhaus. I^orentz. Mav RUbe. Twietnieyer. Desoer. Gnusé. Milan j ^'""^'' f^^""- ' Hœpli. .IIOSCOU l'^lstfïili. I l'rass. l^'a/'les Marghieri di Gius. ' Pellerano. . Dyrsen et Pfeiffer. I\'eM M. le PnÉsiDEN'T, M. ,1. liiiiiTiiA.ND, .Secré- taire perpétuel, el M. <;. Oauboux rappel- lent 1rs lilres de M. C.anlliiei-Villars à la reconnais^anre du monde savant \I. L. Hanvikh. — Mécanisme liislologiquc (le la cicalrisatiiin ; réunion immédiate syn- aptique Pascs. ■ • 'l'' '■ CORRESPONDANCE. M. Mausii, m. Arnauu adressent des reincr- cimenlsà l'Ai-adéniie pour les distinctions accordées à leurs travaux 43*< ,\I. J. DE SnOKAL.sKY adresse des Cartes de la partie de l'Océan boréal depuis les C(')tes de Laponie jnsiiu'à l'euiljouchure du Yé- nissey, et une brochure intitulée : « Les recherches des Musses M. G. Sagnac. -' Transformalion des rayons \ par transmission I*)? M. R. CoLSON, Iniluence de la dilfusion des éléments du révélateur dans le déve- loppement photographique 170 I\I. Damel liKiiTiiELOT. — Sur les points de fusion de l'argent et de l'or '1 ;■! M. Th. Schlœsing fils. — Détermination de la densité des gaz sur de très petits vo- lumes '17'' M. A. lUcH. — Sur la conélation entre la réduction par riivdrogéne naissant, l'élec- (rolyse cl la photolyse de l'acide carbo- nique Î71) M. P./Cazeneuve et Moiseau. — Sur les uré- thanes aromatiques de la conicinc '|Si M. Louis Simon. - - Réaction colorée nou- velle de la phénylhydrazine '|S^i MM. André Bhoca et Charles Richet. - De l'inlluence de la fréquence des mouve- ments et du poids soulevé sur la puissance maximum du muscle en régime l'égulier. 'i^fi .M. P. -A. ZACHARiADiiS. — Du développement de la fibrille conjonctive '1S9 M. B. liEXAtîI.T. - Sur la constitution des Cannels '|i)i M. PRED. \\allerant. Sur le polymor- phisme de la fluorine '|i)'i M. Daroet adresse une réclamation de prio- rité au sujet d'épreuves photographiques obtenues sans lumière 'ni ' M. Kene nE Saussure adresse une Note « Sur le mouvement le plus général des fluides ■>. 'm > .M. Cii.-V. Zenger adresse une Note inti- tulée : « Observations météorologiques du mois de novembre j!^y7 ; les minima de pression atmosphérique « 'iq > M. Cali.andreau annonce que le météore lu- mineux signalé comme un bolide, dans la séance du 17 janvier, doit être attribué à une montgolfière. 'i;)'i COMITE SECRET. Commission chargée de l'examen des ques- tions concernant les effets et la propaga- tion de la tuberculos(^ : les six Membres (le la St'Ction de Médecine et (Ihirnrgie, Bulletin bibliographique les deux Secrétaires perpétuels de l'Aca- démie et MM. rsrouardel, de Freycinet, dejonguières, C lia u veau, Duclaux,Arm. Gautier \\\'> iyt' PARIS. — IMPRIMERIE GAUTHIER-VILLARS ET FILS, Quai des Grands-Augustins, 55. l'C Gérant .* (ÎAumiBn-ViLLARk. 1898 MAR li 1898 PREMIER SEMESTRE. Soi' COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES PAR min. maK» secrétaires pbbpétvgkiS. TOME CXXVI. N^ 7 (14 Février 1898). PARIS, GAUTHIER-VILLARS ET FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES Quai des Grands-Augustins, 55. " 1898 RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS ADOPTÉ DANS LES SÉANCES DES 2.3 JUIN 1862 ET 24 MAI 1875. Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de r Académie se composent des extraits des travaux de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes présentés par des savants étrangers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. 26 numéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. Article 1*'. — Impressions des travaux de l'Académie. Les extraits des Mémoires présentés par un Membre ou^parunAssociéétranger de l'Académie comprennent au plus 6 pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o pages par année. Les communications verbales ne sont mentionnées dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction écrite par leur auteur a été remise, séance tenante, aux Secrétaires. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les Rapports et Instructions demandés ])ar le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par les Correspondants de l'Académie comprennent au plus 4 pages par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de 32 pages par année. Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont pris jiart désirent qu'il en soit fait mention, ils doi- vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion. Les Programmes des prix proposés par l'Académie sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap- ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autant que l'Académie l'aura décidé. Les Notices ou Discours prononcés en séance pu- blique ne font pas partie des Comptes rendus. Article 2. — Impression des travaux des Savants étrangers à l' Académie. Les Mémoires lus ou présentés ^ r des personnes qui ne sont pas Membres ou Corresp< ^ ' nts de l'Aca- démie peuvent être l'objet d'une ana 3 ou d'un ré- sumé qui ne dépasse pas 3 pages. Les Membres qui présentent ces Mémoires sont tenus de les réduire au nombre de pages recpu's. Le Membre qui fait la présentation est toujours nommé; mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le font pour les articles ordinaires de la correspondance offi- cielle de l'Académie. 1 Article 3. Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, le jeudi à 10 heures du malin ; faute d'être remis à temps, le titre seulduMémoireestinsérédansle Compte rendu actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui- vant et mis à la fin du cahier. Article 4. — Planches et tirage àpart. Les Comptes rendus n'ont pas de planches. Le tirage à j)art des articles est aux frais des au- teurs; il ii'v a d'exception que pour les Rapports et les Instructions demandés par le Gouvernement Article 0. Tous les six mois, la Commission administrative fait un Rapport sur la situation des Comptes rendus après l'impression de chaque volume. Les Secrétaires sent chargés de l'exécution du pré- sent Règlement. Les Savants étrangers à l'Acadcicie qui désiieut laire piéseiiter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5''. Autrement la présentation sera remise à la séance suivante. COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES- V,') SÉANCE DU LUNDI 14 FÉVRIER 1898. PRÉSIDENCE DE M. WOLF. MEMOIRES ET C031MUi\ICATI0IVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur certains exemples singuliers d'approxima- tions successives. Note de M. Emile Picard. « 1. J'ai indiqué autrefois un exemple curieux d'approximations suc- cessives diver£^entes {Journal de Mathématiques, 1890, &\. Traité d' Analyse, t. III, p. 145). Soit l'équation oi^i l'on suppose la fonction/(a?, y) toujours positive et croissante en même temps que y. Il existe une intégrale et une seule de cette équation, pre- nant pour a; = a et pour x =^b des valeurs données; on peut, d'ailleurs, évidemment supposer que ces valeurs sont nulles. Si l'on cherche à obtenir C. R., iFgl?, i" Semestre. (T. CXXVI, K° 7.) 6.') (498 ) cette intégrale par approximations successives, on a, en partant de jo = o, tous les j' s'annulant pour a; = « et pour x ^b. On voit immédiatement que les y à indices impairs forment une suite croissante, et que les y à indices pairs forment une suite décroissante; d'antre part, tout terme de la première suite est inférieur à un terme quelconque de la seconde. Les y à indices impairs auront donc une limite u, et il en sera de même des j à indices pairs qui auront une limite c. Il peut très bien arriver que ces limites soient différentes ( ' ). J'ai ajouté que, si les y d'indices pairs et les y d'indices impairs tendent unifonnément dans l'intervalle (a, h^ vers leurs limites c et u, celles-ci sont des fonctions de x satisfaisant aux deux équations simul- tanées et s'annulent toutes deux pour x^^ a et pour x = b. On a donc ici des approximations successives divergentes qui conduisent à d'autres fonctions que l'intégrale cherchée de l'équation (i). » Je me propose de montrer que l'hypothèse soulignée plus haut sur la convergence uniforme est bien effectivement réalisée, ce qui complétera le résultat précédent. Prenons à cet effet l'équation très simple o\\f(^x) désigne une fonction continue de x et positive dans l'intervalle (a, b), et considérons l'intégrale j de cette équation s'annulant pour x = a el X =^ b. Au lieu de lui donner la forme élémentaire classique, écrivons-la avec M. Burkhardt (^wZ/e/m de la Société tnathémalique, 1894), sous la (') J'en ai donné un exemple {Comptes rendus, avril 1894) et Traité d'Analyse, t. m, p. 147. ( 499 ) forme OÙ la fonction G,, sorte de fonction de Green relative à l'intervalle (a, 6), est définie par les égalités Q,,{x,\)=^ -^^^ '- pour; j?. » On voit facilement que si a désigne un nombre fixe entre a et h, on peut trouver un nombre positif y. dépendant uniquement de a, i et a, tel que l'on ait G,(a;, E)<[^-G,(,a, ï) quels que soient a; et ^ dans l'intervalle (a, Z*). Il en résulte que l'on a |r(.r)|<|^|j(a)!. » De cette remarque va résulter la démonstration de la proposition que nous avons en vue; on a, en effet, et, par conséquent, on conclut de la remarque précédente I yn{x) - j„_.(a;) ] < <,. I y„ (oc) — J„_2(='-) |, ce qui[montre clairement que, pour une même parité de n, la fonction j„ (a?) tend uniformément dans l'intervalle (a, è) vers sa limite. Les deux limites u et V sont des fonctions de x satisfaisant aux équations (2). Comme je l'ai rappelé, u peut être différent de r; la fonction/ de a-, s'annulant pour a; = a et _/ ^ 6, et satisfaisant à l'équation S =/(-■>■). est intermédiaire entre u et v, c'est-à-dire que l'on a r>v>». » Ainsi, pour prendre un exemple, l'équation ( 5oo ) admet une inlégrale unique s'annulant pour .r = a et a; = />; si l'intervalle (a, b) est assez grand, cette intrgrale ne coïncide pas avec les fonctions ;/ et v, données par les approximations successives, et celles-ci satisfont aux équations dx^ ' (Lv- » 2. Dans beaucoup d'autres cas, l'emploi des approximations succes- sives pour obtenir certaines intégrales d'une équation différentielle peut conduire à des résultats curieux; il y aurait là, ce semble, un sujet de recherches qui présenterait quelque intérêt. Pour indiquer encore une classe très simple d'équations, envisageons l'équation en faisant survies mêmes hypothèses que plus haut. Il pourra arriver ici qu'il y ait dans un intervalle (a, b) plusieurs intégrales (continues, bien entendu, ainsi que leurs dérivées) s'annulant en a et b, ou qu'il n'y eu ait pas. Que donnent alor.^ les approximations successives? Il est possible qu'elles ne convergent vers aucune limite, ou bien qu'elles tendent vers une solution ou une autre, suivant la fonction y^^ que l' on prend comme première approximation. Ainsi l'équation "l'y , y tta;'- admettra dans l'intervalle {a, b) deux solutions s'annulant aux extrémités de l'intervalle, si celui-ci n'est pas trop étendu, et n'en admettra pas dans le cas contraire. En faisant des approximations successives, on obtient des résultats différents suivant la nature de la fonction initiale j^^- " MEMOIRES PRESENTES. MM. R. SoREL et A. Soret adressent, du Havre, par l'entremise de M. Mascart, une « Note sur un cas d'éléphantiasis avec troubles nerveux, guéri après applications de rayons X m. (Renvoi à la Section de Médecine et Chirurgie.) ( Soi ) CORRESPOND AIVCE . M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance, un Mémoire de M. Frederico Arnodeo, de Naples, intitulé: « Curve ^-gonali di 5"'°'' specie ». (Présenté par M. Haton île la Goupil- lière.) ASTRONOMIE. — Sur les masses des planètes. Note de M. E. Roger, présentée par M. Jordan. X Des trois lois récemment communiquées à l'Académie par M. Anceaux, la première est seule rigoiu'eusement exacte; la seconde n'est qu'appro- chée, et la troisième est une conséquence des deux autres. M Attribuons aux planètes Neptune, Uranus, Saturne et Jupiter les indices o, i, 2, 3. Désignons par M,,, M,, M.,, i leurs masses respectives, par -^,, ',, z.,, I l'unité divisée par les carrés des demi-grands axes de leurs orbites; les trois lois dont il s'agit se traduiront par les équations M„=z., M„ -+- M, = :;„-(-:;,, ftl,, -+- M, + M, H- i = ;„ -t- -, + :^, H- i. La troisième équation est, comme on voit, la somme des deux autres. M M. Anceaux estime que la raison d'être de V harmonie qu'il a signalée pourrait être recherchée soit dans les conditions de stabilité du système, soit dans les circonstances qui ont présidé à la formation des planètes; il ajoute que, s'il était possible de la rattacher à cette dernière cause, cette étude ne manquerait pas sans doute d'apporter quelque lumière dans la Cosmogonie du monde solaire. » La théorie que j'ai exposée dans mes Recherches sur le système du monde, et dont j'ai communiqué à l'Académie les éléments essentiels, fournit presque intuitivement une explication des lois énoncées par M. An- ceaux, en même temps qu'elle suggère une loi plus générale. J'indiquerai brièvement les principes sur les(juels se fonde cette explication. » Les potentiels qui déterminent, à des époques périodiques, la forma- tion des planètes et celle des satellites varient à la fois dans leur énergie propre et dans la durée de leur action. Les variations de la première espèce ont introduit, dans l'expression des distances des planètes au Soleil, ( 5o2 ) certaines inégalités périodiques; de plus, elles ont influé sur la masse de chaque planète. Les variations de la seconde espèce ont exercé aussi une action sur ces masses. Par suite de cette double influence, les masses des planètes doivent dépendre de deux exponentielles f'" et c - ^ plus exac- tement, c^etc"^), et l'on peut, en admettant que l'état physique du Soleil ne soit pas sensiblement modiâé dans l'intervalle de temps que l'on considère, écrire m M = a-c"' -\~yc -, équations où z et y sont des fonctions de «2 qu'il est permis, entre cer- taines limites d'approximation, de remplacer par des constantes. » Cela posé, deux cas essentiellement différents se présentent, selon que l'un ou l'autre des rapports i; ^ est nul ou tout au moins négligeable. Dans le premier cas : )) Les logarithmes hyperboliques des masses forment une progression arith- métique, dont la raison est l'unité. » Dans le second cas : » Les logarithmes hyperboliques des masses forment une progression arith- metique, dont la raison est — -• H La première de ces lois se vérifie pour les grosses planètes. Toutefois il existe, en ce qui concerne Uranus, une anomalie analogue à celle que présente, en un point voisin du centre de l'anneau, la distribution des planètes du groupe de Cérès. Ces anomalies s'expliquent l'une et l'autre par les mêmes considérations, le potentiel qui donne naissance à une planète influant à la fois sur la distance à laquelle se consolide le noyau de celte planète et sur sa masse, de telle sorte qu'à un accroissement de cette dis- tance correspond une diminution de la masse, la compensation s'établis- sant conformément au principe de l'invariabilité du travail réalisé. La distance d'Uranus au Soleil dépasse d'un douzième celle que lui assigne- rait la formule empirique L 4- ^^ o,3 cos-^-^ = const. ('). ^ ■*■ '2 7Z t} J )) La seconde loi se vérifie pour les petites planètes, en admettant une (') Comptes rendus, l. CXIV, p. 945. ( 5o3 ) lacune entre Vénus et Mercure, circonstance qui confirme l'existence de cette lacune, à la place marquée par l'indice 8. » Le Tableau suivant permet de juger du degré d'approximation de ces deux lois. Le passage de l'une à l'autre s'effectue dans la région qui s'étend entre Mars et Jupiter. M. log M. log Ihéoriquc. 0. Neptune '6,47 2,80 3,65 1. Uraniis i3,52 2,60 3,65 2. Saturne 91,92 4>52 4i65 3. Jupiter 809,82 5,74 5,65 k. » » » " 5. Mars o,io5 — 2,25 . » 6. La Terre i o o 7. Vénus 0,787 — 1,63 — i,5o 8. » » >' 9. Mercure 0,061 — 4 ,18 — 4»5o ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Résumé des observations solaires faites à l'obser- vatoire royal du Collège romain pendant le deuxième semestre 1897; par M. P. Tacciuni. « Rome, 3o janvier i8y8. » Voici les résultats, pour les taches et les facules : Fréquence relative Grandeur relative Nombre de jours des des jours des des de taches 1897. d'observation. taches. sans taches. taches, facules. par jour. Juillet 3i 8,16 0,00 3 1,3 66, v 2,0 Août 28 6,42 0,00 3i,i 73,8 1,6 Septembre... 28 19, 43 0,00 43,9 65,4 4,7 Octobre 27 8,82 0,22 5,6 28,1 1,8 Novembre... 32 2,o5 o,.5o 4,i 73, i o,5 Décembre.... 21 8,71 o,o5 42,7 73,0 2,1 » Le phénomène des taches solaires a continué à diminuer, surtout quant à l'extension, et l'on doit remarquer le fait d'un minimum aussi fort, en octobre et novembre, après le maj;w2M//î de septembre; une fluctuation semblable se trouve dans la série précédente, pour les mois d'avril, mai et juin. ( 5o4 ) » Pour les protubérances, nous avons obtenu les résultats suivants Nombre de jours ProUibcrances Nombre Hauteur Ex tension d'observation. moyen. moyenne. moyenne. 3o 2,57 29 "9 l",I 27 3.96 36,1 1 ,5 26 5,23 37,2 1,3 20 4,90 37>7 1,3 18 4,95 39>2 •'7 '7 3 ,00 33 ,0 1,3 1897. Jiiillel Aoîit Septembre .... Octobre Novembre .... Décembre » En comparant ces nombres avec les résultats obtenus pour le premier semestre de l'année, on peut conclure que le phénomène des protubé- rances s'est conservé presque stalionnaire. » Quant à la disti'ibution en latitude des différents phénomènes, voici les résultats par trimestre et par zones : Prolubér ances. Latitudes. 3' trimestre. q" trimestre, 90 + 8Û o,oo3 1 0,008 1 80-1- 70 0,006 0,004 70 + 60 0,000 0,020 60 4- 5o o,oS6 0,096 5o + 4o 0,089 , 0,390 0,076 ^0,4 4o + 3o 0,027 0,044 ■3o + 20 0,068 0,080 20 + 10 0,007 0,072 10 . 0 o,o54 1 o,o48 , 0 — 10 0,l40 ; o,io4 -■ i 10 — 20 0, 128 0,120 20 — 3o 0, 1 16 0,100 3o- 40 o,o3o 0,032 f 4o- 5o 0,097 ' 0,610 0,044 '1 0,5. 5o — 60 o,o83 0,1 3:3 60- 70 0,012 0,016 70 — 80 0,006 o,oo4 80- 90 o,oo3 1 0,000 ; ( 5o.5 ) facules. 4' trii Latitudes. 3' trimestre. nestre. 5Ô + ^Ô 0,007 j o,oo4 ) 4o -+- 3o o,o36 / 0,017 j 3o -1- 20 0.080 } 0,396 o,o54 0,480 20+ 10 o,i35 0,161 ' 10 . 0 o,i38 ' 0,21 5 ' 0,244 1 0 — 10 0,219 •, 10 — 20 0,236 1 0,128 i 20 — 3o 0,109 ' o,6o4 0,095 l 0,520 3o — 4o 0,029 0,004 1 40 — 5o o,oi5 ' Ta cil es. o,oo4 Latitudes. 3* trimestre. 4° trimestre. 20 -!- 10 10 . 0 0,1 o4 0,167 1 0,271 j 0,729 0, 162 0,5 1 4 j 0,676 0 — II) 1 0 — 20 0,375 1 0,354 ' 0,243 0,081 j 0,324 )> Les protubérances ont continué à se manifester dans presque toutes les zones, avec un maximum de fréquence entre l'équateuret le parallèle de — 20"; mais on doit faire remarquer que deux m;ixima secondaires •se trouvent à la même distance de l'équateur, c'est-à-dire dans les zones (dr/io''±6o°). Les taches ont été confinées de l'équateur à ±20°, comme dans le deuxième trimestre. » Dans ce semestre, on n'a pas observé d'éruptions solaires, exceplé le jour du 2'3 novembre, au bord ouest, à la latitude -f-S", 2; on vit appa- raître soudainement un jet assez vif, qui arriva à une hauteur de 168" et qui disj)arut au bout de vingt minutes. » GÉOMÉTRIE. — Sur l'extension du syslême décimal au jour et au cercle en- tiers : avantages et procédés pratiques. Note de M. J. de Rey-Pailiiade, présentée par j\L A. Cornu. (c II y a un siècle, les immortels créateurs du Système métrique décimal divisèrent d'iuie part le jour entier en fractions décimales et d'autre part le quart de cercle en 100 grades. Le peu de temps accordé par la Conven- C. l\., i8yS, I" Semestre. (T. C.WVl, N" 7.) 66 ( loô ) lion à l'établissement de celte réforme et son abandon par les gouvernants qui suivirent firent échouer cette heureuse tentative. Cependant le grade a subsisté et son usage se répand de j^lus en j>lus. » Actuellement la Science et la Navigation ont pris des dévelojipements si considérables que les propositions de la première Commission du Mètre deviennent insuffisantes : il est indispensable que les mesures du temps concordent exactement avec les mesures angulaires. » Dans ces conditions, et au point de vue scientifique surtout, une so- lution paraît s'imposer, comme seule logique et rationnelle. Le jour étant l'unité naturelle de temps, il faut prendre pour unité pratique une fraction décimale de ce jour. J'ai proposé, dès iSgS, le centième, que j'appelle ce par abréviation, qui vaut i/i"24% c'est-à-dire presque notre quart d'heure actuel. Il en résulte que l'unité pratique de grandeur angulaire est le cen- tième de cercle, que j'appelle cir, valant 3° 36' ou 4 grades. Ces unités pratiques, ce et cir, sont subdivisées décimalement en décicés, centicés, mil- licès et dimiccs, pour le temps, et en décicirs, cenlicirs, niillirirs et dimicirs pour les angles. Dans les calculs, l'unité de temps est indiquée par ce et les subdivisions centicés et dimicés par les signes! et!!. L'unité d'angle, le cir, est représenté par la lettre /., qui rappelle la première lettre du mot grec /.'jxT^o;, et les subdivisions centicirs et dimicirs par j et ; j. » Les avantages d'un pareil système sont immenses. D'abord les nou- velles unités se rapprochent beaucoup des mesures actuellement en usage. Le ce vaut presque le quart d'heure, soit i4'"24% ce qui permet de trouver mentalement et avec rapidité la concordance en ces d'un temps exprimé en heures et inversement. Le décicé vauti™24%4 soit i"'t, environ; enfin le millicé est égal ào%86'i. Le millicé, ou cent-millième de jour, deviendra la nouvelle unité physique de temps et, comme elle diffère peu de la seconde, les coefficients dans lesquels le temps intervient seront peu modifiés. Dans l'ordre des angles, le cir est égal à 4 grades, ce qui est très précieux ; toutes les nombreuses et belles Tables déjà calculées par le Service géogra- phique de l'armée franc aise serviront par une simple multiplication par 4- Le centicir vaut 29", 6 et le dimicir est égal à i",'i()Ç>. )) Le système des ces et des cirs est celui qui, à nombre égal de chiffres, donne le maximum d'approximation. Ainsi i8'',9543 indique le temps à moins de '^^^^ de jour, taudis que i8"%9543 le donne à moins de ^^^^^ de jour. » Il en est de même pour les angles. L'angle 198°, 9927 est indiqué à de cercle, tandis que l'angle correspondant 5S^, i-jS'j'3 le donne à moins de ;i6o 0,000005 ( 5o7 ) )) Ce système est le seul permettant d'inscrire, par un seul et même nombre décimal, le temps et la date. Ainsi : novembre 2565^'", 3 veut dire le 25 novembre à 65'^''% 3. Cette manière, en usage dans la Connaissance des Temps pour l'indication de la longitude des principaux observatoires, a été employée déjà plusieurs fois, notamment par le regretté Tisserand {Comptes rendus, t. CXXII, p. 647) et par MM. Aitken et Scha^berle, astro- nomes à l'observatoire Lick {Bull. Soc. astronomique de France, année 1897, p. 45). Les astronomes, les navigateurs, les mécaniciens et les com- merçants, qui font des calculs embrassant plusieurs jours ou plusieurs circonférences, trouveront d'autant plus d'avantages dans cette notation que les Cartes célestes et géographiques donneront les longitudes en ces ou en cirs sans faire même un changement de place de virgule. M J'ai l'honneur de présenter à l'Académie diverses Tables et un Recueil de formules pratiques pour l'Astronomie, la Géographie, la Mécanique et la Physique, qui forment un ensemble permettant d'employer immédiate- ment ce système. On y trouvera une grande Table pour transformer rapi- dement les heures et les degrés, jusqu'au dixième de seconde, au moyen d'une addition de deux nombres; une Table de réfraction moyenne; des Tables de conversion du temps sidéral décimal en temps moyen décimal ; des Tables pour passer de la variation horaire sexagésimale à la variation décimale pour i ce; une Table des levers et des couchers du Soleil à Paris, en temps décimal, etc., etc. » L'adoption du cent-millième de jour ou millicé, pour unité physique de temps, changera peu les coefficients dans lesquels le temps intervient. IjCS coefficients principaux ont déjà été calculés et figurent dans ce Mé- moire. On doit à M. de Mendizabal-Tamborrel une belle Table des loga- rithmes des fonctions circulaires dans le système décimal du cercle entier à sept et huit décimales, de dimicir en dimicir, soit de i",2g6 en i", 29G. Les nombreuses Cartes graduées en grades donneront à vue les longitudes et les latitudes en cirs, par une division par 4; en tous cas, il suffira d'in- scrire les cirs sur la marge pour avoir des Cartes pouvant servir aux parti- sans de l'un et de l'autre système. Enfin, l'industrie horlogère fabrique couramment des montres à double graduation, à double cadran, des chro- nomètres décimaux battant deux fois par millicé. Les constructeurs de cercles divisés graduent leurs appareils en cirs aussi facilement qu'en grades. » ( f.oS ) GÉOMÉTRIE. — Sur les fonctions ahéliennes singulières. Note de M. G. HcMBERT, présentée par M. Jordan. « y appeWe fonctions ahé/iennes singulières les fonctions quadruplement périodiques de deux variables dont les périodes I () a h o 1 h c sont liées par une relation de la forme (i) Aa + R/> + Ce -1- DC^^'- - ac) -4- E = o, à coefficients entiers. J'ai énoncé, dans une Note précédente, cette pro- position fondamentale que la quantité (toujours positive) A = Pr-4AC-4DE est un invariant pour toutes les transformations du premier ordre, et aussi que si A est un carré parfait, A = n-, la courbe de genre deux liée aux fonctions considérées a deux intégrales de j)reniière espèce réductibles aux intégrales elliptiques : je complète ce dernier résultat en ajoutant que n est l'ordre de la transformation correspondante. » Le déterminant A étant positif et égal à 4^ ou à 4/* + i. ses valeurs les plus simples sont i, 4. 5, 8 et 9; le cas de A = i correspond à des fonc- tions abéliennes dégénérées; A == 4 et A = 9 donnent deux cas elliptiques bien connus, dont le premier répond à la surface de Kuramer dite tctraé- droïde. Voici comment on peut former l'équation aux modules relative aux deux autres cas. » Soit d'abord A = 5. En faisant usage de résultats énoncés dans ma dernière Note, j'établis que la surface de Kummer correspondante admet une cubique gauche, passant par six points doubles, r/,, . . ., (/„. M Soient P,, Pj, ..., P^ les traces sur un plan P quelconque des six plans singuliers de la surface qui passent par f/, : en projetant la cubique sur P, à partir de ce point, on obtient une conique, tangente à la droite P^ et circonscrite au pentagone PiPoPsP^Ps. Si l'on transforme ce résultat ( 5o9 ) jiar polaires réciproques, on établit que la condition nécessaire et suffisante jîour que la relation (i) ait lieu, avec A == 5, est la suivante : » Les six points doubles situes sur une même conique de la surface de Kununer répondant « A := 5 sont tels qu'il existe une conique passant par l'un d'eux et inscrite au pentagone formé par les cinq autres. » Il est aisé de la traduire analytiquement. On trouve ainsi que le radi- cal \/(x — «,)(^ — a.,)(^x — a3)(^x — ai)(x — «5) conduit à des fonctions abéliennes singulières correspondant au cas de A = 5, si l'on a V(a, — a3){a.j. — a^){a., — a^){a^ — «s) + sl{a, — a.,)(a, - a,)(a, — a^){a., — a,) -+- \/(a, — a^)(a3 — a2)(a, —ai)(a^ — a.,) = o. » On a supposé, pour former celte relation, que les sommets du penta- gone se suivent dans l'ordre afa.^n.^aj,a.^, et que le sixième point double est celui qui correspond à a; := ce. )) De là se déduit ce théorème élémentaiie, qu'il est intéressant de rat- tacher aux fonctions abéliennes : » Soient a, ^, y, S, e, ?[ six points d'une conique : s'il existe une conique passant par ( et inscrite au pentagone dont les sommets successifs sont a^y Se , il existera une autre conique passant par oc et inscrite au pentagone dont les sommets successifs sont Cy ?:^- » Soit maintenant A = 8. On établit qu'il y a, sur la surface de Rummer correspondante, une quartique unicursale, ayant pour point double un point double de la surface, et passant par quatre autres points doubles. En projetant à partir du premier, on arrive, comme plus haut, à ce ré- sultat : » Les six points doubles situés sur une m'me conique de la surface de Kummer répondant « A ^ 8 sont tels qu'il existe une conique passant par deux d'entre eux et inscrite au quadrilatère formé par les quatre autres. » Analytiquement, on eu conclut que le radical \Jx(^x — a, )(>'}: — a.,){x — a.^) (^x — a.,) conduit à des fonctions abéliennes singulières correspondant au cas de A = 8, si l'on a 4a,a.rt3«4[(rt, -+- a.j){a2 + a,,) — 2rt,«3 — aa.a,,]- — (ao — a.y-(af — a3f[a^a^ + a..a^y = o. (5io) » On a supposé que les deux points doubles par lesquels passe la co- nique correspondent a x ^ o et œ = y:, et que les sommets du quadrilatère se suivent dans l'ordre rt, «.«3 n^. » Je rapprocherai de ces résultats une proposition que j'ai établie anté- rieurement : » Pour qu une surjace de Kummer corresponde au cas (elliptique) de A =9. iljaul et il suffît que les six points doubles situés sur une même conique soient tels qu'il existe une conique passant par trois d'entre eux et inscrite au triangle formé par les trois autres. » Les cas de A = 5 et A = 8 présentent cette particularité que les formes quadratiques correspondantes, introduites dans ma dernière Note, /2 _.//{• _ k^ et /- - iJr peuvent représenter le nombre — i . » Il en résulte, pour les surfaces de Kummer, des transformations bira- tionnelles qui n'ont pas lieu dans le cas général de la relation (i). » Ainsi, dans le cas de A ^ 5, c'est-à-dire si a -\- h — c ^ o, on a la transformation (2) U = <^, Y = u-\-v de déterminant — i, tandis que les transformations ordinaires sont (à cause d'une propriété de l'équation de Pell) des puissances de la transformation U =« + (', \=^u-^i\' de déterminant -f- i . D'ailleurs le carré de la première donnant la seconde, toutes les transformations birationnelles sont encore des puissances d'une même transformation (2). Ou a un résultat analogue pour A = 8. )) Si les périodes vérifient deux relations telles que (i), la surface admettra un groupe de transformations dépendant de deux entiers, et elle ne sera pas nécessairement elliptique; mais s'il existe trois relations (i), elle sera elliptique et les modules des deux intégrales elliptiques corres- pondantes seront des modules de multiplication complexe. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur quelques algorithmes généraux et sur l'itération. Note de M. Lémeray. « Dans un Mémoire paru dans les Annales de l'Ecole Normale en i885, M. Rœnigs montre que, x étant un point-limite de la substitution;;, r^z. ( 5II ) où (ps est supposée holomorphe au voisinage de x et telle que o' x ait un module plus petit que i, la fonction ■ x Bz = hTa-rn — =r-y pour n infini ['i .rj'' ' ' est solution de l'équation de M. Schroder Soc ^^ aHz et que la fonction /.= = log,B.^ est solution de l'équation d'Abel bac- =^. I -hl: où E est la fonction inconnue; on sait que la résolution de cette équation répond au problème de l'itération. )) Je me place au point de vue qui consiste à considérer les itératives de :; que l'on peut appeler son itérée. Considérons le cas de deux variables a et s, et soit la fonction ([) j==cD(a, =;_y„); z est la lettre sur laquelle s'opèrent les substitutions. » Pour désigner certains algorithmes j'emploierai des termes usuels en y adjoignant une lettre spéciale, le même terme pouvant servir à désigner deux fonctions générales distinctes. Appelons " Y la puissance P z"'""' de a, « la racine R s'^™* de y, r. le logarithme L de y dans le système de base a ; l'initial y„ est toujours supposé avoir une valeur déterminée. » Posons l'initial étant supposé égal à i. Appelons produit M de ii par r l'expression (i), oùj^ est remplacé par 4)(a, s, ) ; puissance/? m'""'^ de u, le produit M de m termes égaux à a et que je noterai w; ( 5l2 ) racine r m"^"'^ de ir, la quantité u; logarithme /de a- dans le système de base ii la quantité m. » Or, on a le théorème d'addition a.[y., (-+-,)] =<ï>(a., =; n): on en tire des théorèmes de multiplication, de division de l'argument; et l'on arrive aux propositions suivantes. » <ï>(a, 7?iz) est la puissance^ TW'^™" de (i>(x. :■); » («, z); c'est la signification de l'in- dice d'itération fractionnaire. » Le logarithme L d'un produit M est la somme des logarithmes L des deux termes; théorème duquel on tire des propriétés dont celles du loga- rithme ordinaire sont des cas particuliers ; on arrive par exemple à celle-ci : la base des puissances P étant toujours a, on peut passer d'un système de logarithmes /à un autre svstème de logarithmes /en multipliant ceux du premier système par le rapport des deux logarithmes T^ des bases du premier et du second système. » Les propriétés réunies des deux fonctions Ti et / correspondent à celles du logarithme ordinaire. )) Le logarithme L a encore une propriété qui découle facilement de sa définition, et qui est la suivante : la fonction h de M. Kœnigs est la diffé- rence de deux logarithmes L. » GÉOMÉTRIE. — Sur ks surfaces qui admettent un grcupe infira discontinu de iransfoi malions biralionnelles. Note de M. P. Painliîvé, présentée par M. Picard. « Les transformations birationnelles d'une surfice algébrique en elle- même formant toujours un groupe. Pour les courbes, ce groupe est ou discontinu et fini, ou continu. En est-il de même pour les surfaces? Autre- ment dit, cxiste-t-il des surfaces algébriques qui admettent une infinité discon- tinue de transformationshirationrielles en elles-mêmes, sans admettre de trans- formations continues? » Cette question vient d'être résolue de la façon la plus élégante par M. Humbert {Comptes renJus, 3o janvier i8<-i7), qui i montré incidemment ( 5i3 ) que certaines surfaces de Rummer non dégénérées admettent, comme groupe de transformations birationnelles, un groupe infini discontinu. Je voudrais former directement ici un exemple plus simple encore qui jouit de la même propriété. » Il suffit de considérer la surface (S) ^,^l,.r^-g..x-g,^ OÙ go, ^3 sont des constantes numériques. Les coordonnées x, y, z d'un point M de cette surface se laissent mettre sous la forme » A un point M de S correspondent deux systèmes (non congruents) de valeurs de (u, v), à savoir les systèmes (m, v) et (— u, — i>). La trans- formation u, := u -h v, i\ = v définit évidemment une transformation bira- tionnelle de S, de même que la transformation iin = u, 1!., = ^ -h u; la surface S admet donc le groupe infini discontinu de transformations bira- tionnelles défini par les égalités (T) u , = 771U -h m\ v,^^m'u-hn'v (mn' — m' n ^^ dz i) , m, n, m', n' étant des entiers (' ). Elle renferme, de plus, une infinité discon- tinue de courbes unicursalesTl (transformées d'une d'entre elles, soil II = (', par les transformations (T)] : le degré de ces courbes dépasse toute limite. )) D'autre part, ( S) n'admet pas de transformations birationnelles t dé- pendant d'une constante arbitraire. En effet, S est de genre /> = i, car elle possède l'intégrale double de première espèce / j dudi>; S ne saurait donc contenir une infinité continue d'unicursales ; par suite, s'il existait une (' ) La surface S, si j0^2, j°3 sont quelconques, admet en outre les transformations birationnelles fio rrzo, w,, W2, 10 U.— U-\-w, l'i=(' + W [_(o ir; o, (Oi, (O2, oj qui, combinées avec T, épuisent toutes les transformations de S. Si g^z^o, il faut ajouter aux transformations précédentes les transformations 11^ ZZZ ZU, l'i = Tj (• [v-!]' et, si ^3 = 0, les transformations u 3=± 111^, l'i =-t «V. C. R., 1898, 1" Semestre. (T. CWVl, N° 7.) '^l ( •5'4 ) transformation t, cette transformation conserverait chaque unicursale T ; mais les courbes que conserve t sont de degré limité. D'où contradiction. » Le groupe des transformations biralionnelles de la surface S en elle-même est donc infini et discontinu. » L'exemple S est le plus simple qu'on puisse former. On obtient des types analogues en posant où les fonctions jD, ,p, ont un parallélogramme commun de période (non primitif). « Les surfaces précédentes correspondent birationnellement à une sur- face de Kummer dégénérée. Voici des exemples d'un autre type. Considé- rons les trois surfaces : ( -3 — '-^'! (S,) J ou p{^-) (S.) ou sn u (S3) x=^cnu^nu, y=:cn('dnç', z—- — (X- = — il; ou {g-,-=o,g,=--i). » A chaque point x, y, z de S, correspondent les trois couples (u, ç), (eu, iv), (i-u, i^v), où £ est racine cubique de l'unité. A chaque point de Sa correspondent les quatre couples (u,v), {iu,iv). (—«,—<') et (— iw, — jV). Enfin à chaque point de S3 correspondent les six couples (u, c), {lu, se). (t^u, i'^v), (— u, — «'). (- iu, — iv), (— £*«, - sV). Ces surfaces admet- ( 5i5) tent le groupe infini discontinu de transformations birationnelles définies par (T), sans admettre de transformation continue. » On est amené ainsi à se poser la question suivante : i" déterminer toutes les surfaces dont les coordonnées sont des fonctions hyperelliptiques de deux paramètres (u, c) telles qu'à un point de la surface correspondent plusieurs couples («, i>) non congruents (ces couples se déduisant d'un d'entre eux par une transformation linéaire); 2" parmi ces surfaces, déter- miner celles qui admettent un groupe infini discontinu de transformations birationnelles. » Si le nombre des couples (u, ç) est égal à 2, la surface est une trans- formée birationnelle d'une surface de Rummer ('). S'il est supérieur à 1, les fonctions hyperelliptiques dégénèrent nécessairement en/onc ©s = 0 ^" (02 = I5 S'a = o)» ®'- les surfaces sont des transformées birationnelles des surfaces S,, Sn, S^ ou de surfaces analogues, faciles à énumérer. » MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Déformation des métaux (essai d'une théorie). Note de M. Mesnager, présentée par M. A. Cornu. « Lorsque les métaux ferreux subissent une déformation permanente, à la surface apparaissent des rides qui ont été quelquefois désignées sous le nom de lignes de Luders. En 189/1, M. le chef d'escadron Hartmann constata que le phénomène se produisait avec tous les métaux et établit les lois suivantes : » i'' Au moment où la limite d'élasticité est dépassée, il se produit géné- ralement à la surface deux systèmes de courbes. Les lignes du premier système font avec celles du second des angles constants, différents d'un droit, indépendants de la température, mais variables avec la nature du corps. Il peut se produire également un troisième système de lignes, dirigé suivant la bissectrice de l'angle des deux premiers. » 2° A u-dessous comme au-dessus de la limite d'élasticité quand un corps est soumis h des efforts, une attaque par un acide étendu fait apparaître des lignes semblablement disposées et présentant les mêmes angles. Si les efforts cessent, l'attaque par l'acide redevient uniforme. » 3° Les lignes des deux premiers systèmes sont, dans les cas où il a été (') Ce résultat a déjà été obtenu par M. G. Humbert. (5i6) possible de le vérifier, bissectées par la direction delà plus grande tension principale et cette loi semble générale ('). 1) L'examen des pièces déformées nous a montré que la formation de ces lignes est accompagnée d'un glissement sur des éléments normaux aux surfaces extérieures. Donc, tant au-dessous qu'au-dessus de la limite d'élasticité, la teudance à la déformation par glissement est maxima dans des directions non perpendiculaires . » La résistance tangentielle n'a donc pas la même valeur limite dans tontes les directions à partir d'un point. Car l'effort tangentiel résultant des efforts extérieurs est maximum dans des plans passant par l'axe de l'ellip- soïde des forces (d'élasticité de Lamé) correspondant à l'effort principal moyen et également inclinés sur les axes correspondant au plus grand et au plus petit effort. 1) D'autre part, la coïncidence constante des directions d'attaque maxima par l'acide avec celles des glissements prouve que celte attaque est maxima là où la différence entre la limite des efforts tangentiels résistants et la résultante tangentielle des efforts extérieurs présentent la plus petite différence. » Soit l'ellipsoïde de Lamé réduit à une droite représentant une tension positive V., ç l'angle de la normale à l'élément considéré avec la direction de cette force; on a pour effort tangentiel sur l'élément t = v^^sincp coscp et pour effort normal v — v^cos-cp. Je puis exprimer la résistance tangentielle en fonction de cet effort normal. La condition d'équilibre sera (i) ij;(vj. cos"'^) — Vjjsincp cos<ûi!o, ({/ étant une fonction inconnue à déterminer. En égalant à zéro la dérivée dans laquelle on a substitué à 9 la valeur 9' du minimum fixe, il vient identiquement il cos^ © ( V, cos" 9 ) = — Vj cot 2 9' ; ce qui exige i|;(v cos^9) = — V2COS-9 cot2 9'+ C. Posant col29' = / et C = -/, l'équation (i) devient (7: — v)/— t^o. T. est, selon toute probabilité, la résultante des attractions internes qui applique les deux portions du solide l'une sur l'autre et s'opposent à leur séparation. C'est la résistance à la rupture. C) Comptes vendus, 5 mars 189^, et brochure. Berger-Levraiilt et C'"; 1896. ( 5i7 ) » Dans le cas de compression on trouve même valeur absolue de/. » D'après ces formules, dans le cas d'une tension uniforme, les normales aux plans de rupture par glissement devraient former autour de la direc- tion de la tension un cône de révolution d'anele au sommet >o' ; dans le cas d'une compression d'angle au sommet - — o'. Les glissements se produisent seulement dans les plans qui en même temps satisfont aux conditions de stabilité minima dans la couche sui^erficielle et à l'intérieur. 1) On peut conclure de ces expériences que la limite des efforts tangen- tiels résistants a, dans les métaux, la même forme que le frottement de glissement extérieur. On peut donc assimiler la résistance au glissement interne à nn frottement. » Ces résultats se généralisent facilement pour un ellipsoïde d'élasticité de forme quelconque en le considérant comme formé par la superposition de deux ellipsoïdes réduits à des droites et une sphère. Les glissements doivent se produire dans les plans passant par l'axe correspondant à l'effort moyen et faisant, avec l'axe correspondant à la plus petite tension, l'angle cp'. » En outre : i°La rupture par glissement précède toujours la rupture par arrachement, car avec v-> v^ > v^ on trouve au moment du glissement - = -— 1 —- / toujours < V, ; » 2° La limite d'élasticité à la compression est à la limite d'élasticité à l'extension dans le rapport ^ '^■— ^--^ : 'I 3° La grandeur de l'axe moyen de l'ellipsoïde d'élasticité est sans influence sur la linsite des déformations permanentes; » 4° On s'explique que le coefficient de contraction latérale, conformé- ment aux déterminations expérimentales, peut dans les solides s'approcher deo,5, puisqu'il provient en partie de glissements élastiques (les glisse- ments donnent o, 5 puisque le volume ne change pas). Dans la déformation permanente, fréquemment le volume ne change pas. » Les valeurs du coefficient de frottement interne sont pour les métaux, d'après les expériences de M. Hartmann : pour le ferro-nickel, le zinc, le maillechort, 0,84; pour le platine, l'étain, 0,78; pour l'acier à ressort trempé, 0,78; pour le cuivre rouge, 0,67 ; pour l'argent, 0,62; pour l'acier à ressort recuit, 0,49; pour le plomb, o, 29. » ( 5.8 ) PHYSIQUE. — Mesure directe de la période des oscdlations hertziennes. Note de M. L. Décombe ('), présentée par M. Lippmann. (( A cause de son extrême petitesse, la période d'un excitateur électrique a été jusqu'ici regardée comme n'étant pas susceptible de mesure directe. On la déterminait par le calcul au moyen de la formule T= 2-v/ÎX qui résulte de la théorie de Thomson; on remplaçait C dans cette formule soit par la valeur théorique de la capacité {excitateur de Hertz), soit par sa valeur expérimentale déterminée par l'une des méthodes connues, celle de MaxAvell par exemple {excitateur de M. Blondlot); quant à la self-induc- tion, on la déduisait de la formule de Neumann Tcoss dsds' » Il était cependant utile de chercher à obtenir une valeur purement expérimentale de la période. » Déjà, en i863, Feddersen (-) avait réussi, en dilatant par la rotation d'un miroir concave l'image de l'étincelle explosive d'une bouteille de Leyde, à mettre en évidence le caractère oscillatoire de la décharge. Les bords de l'image dilatée présentaient des alternances lumineuses très nettes qui correspondaient ai^x oscillations du courant. » Le phénomène pouvait être fixé sur une plaque sensible. De l'étendue d'une alternance lumineuse mesurée avec soin on pouvait alors déduire la période de l'oscillation, une fois connues la vitesse de rotation du mi- roir et sa distance y à la plaque sensible. » Les oscillations étudiées par Feddersen avaient des périodes com- prises entre T^p^ et ^^^ de seconde ('). Je me suis proposé d'appliquer la même méthode aux très rapides oscillations découvertes par Hertz en 1887. » J priori, cette application de la méthode du miroir tournant à de si courtes oscillations pouvait paraître présenter de sérieuses difficultés; (') Ce Travail a élé fait dans la galerie de 60" du laboratoire des Recherches physiques. (2) Feddersen, Ann. de Chim. et de Phys.. 3'= série, t. LXXIX, p. 178; i863. (^) Sauf deux, qui avaient respectivement pour valeurs o% 00000240 et o%oooooi 82. ( 5i9 ; celles-ci, cependant, ne semblaient pas insurmontables, étant donnés les progrés réalisés depuis Feddersen par la Science photographique. La découverte du gélatinobromure d'argent a permis, en effet, d'obtenir des émulsions d'une sensibilité presque illimitée. » Ces prévisions ont été confirmées par l'expérience. » J'ai pu fixer sur la plaque au gélatinobromure des oscillations dont la durée est inférieure à ^dJo^p de seconde (' ). » L'objet de la présente Note est de décrire sommairement les conditions d'expérience qui ont permis ce résultat. » Principe. — Pour que le phénomène oscillatoire puisse être analysé par la rota- tion du miroir, il faut que l'image de l'étincelle se déplace sur la plaque d'une quan- tité au moins égale à sa propre largeur 8' pendant la durée d'une demi-oscillation. » La réalisation de celte condition dépend à la fois de la vitesse angulaire u du mi- ''' roir et du rapport — - 3' « . » Pour de très courtes oscillations, il faudra prendre lo très grand et -j très petit. » On ne peut pas augmenter indéfiniment la vitesse du miroir; la plus grande valeur qu'elle puisse atteindre est déterminée parla résistance mécanique à la rupture des pièces tournantes. Pratiquement, et par mesure de précaution, on donnera à a> une valeur (1), sensiblement inférieure à cette valeur critique. â' » Pour réduire -; j'ai employé le dispositif suivant : » L'étincelle explosive est située dans le plan focal d'une lentille collimatrice de foyer F. Les rayons parallèles qui émanent de cette lentille tombent sur le miroir tournant (qui est concave) et viennent former leur image dans le plan focal de celui-ci. » Si nous désignons par 3 la largeur du trait de feu qui constitue l'étincelle explo- sive, nous avons 8' 8 (0 j = p' (') C'est en 189^ que j'ai soumis l'idée de ces expériences à M. le professeur Lipp- mann; diverses circonstances indépendantes de ma volonté ne m'ont pas permis de les réaliser aussitôt. Je suis donc obligé de signaler deux Travaux parus depuis cette époque et relatifs au même sujet. Le premier, publié en iSgS {Phil. Mag., 5" série, vol. XL, n° 243), a été exécuté au laboratoire de Physique de JefTerson (Cambridge, U. S.) par MM. John Trowbridge et William Duane, qui ont pu photographier des oscillations du même ordre de grandeur ( ^ )• Le deuxième, effectué par M. Cla- ° \o X 10''/ rence Saunders, au laboratoire de l'Université de Clark, ne comporte que l'étude d'oscillations environ vingt ois moinsrapides {Physical Review, sept.-oct. 1896). ( 520 ) » On peut toujours prendre F assez grand pour que -r soit aussi petit que l'on veut, et cela, sans affaiblir l'i/Ue/isitc lumineuse de l'image, car si, d'un côté, la quantité de rayons qui contribuent à former celte image est proportionnelle à =^> d'un autre côté, sa surface varie proportionnellement au carré de 3', c'est-à-dire à ^^j puisque l'on a, à cause de (i), » L'éclairement de l'image par unité de surface est donc indépendant de F. » On vérifie aussi aisément la proposition suivante : » On peut, sans altérer le rapport —, rendre l'éclairement de l'image aussi grand qu'on le désire en diminuant suffisamment la distance focale du miroir. » Ces considérations permettent de fixer les conditions de l'expérience : on prendra une lentille collimatrice d'assez long foyer pour que la dissociation soit possible; en même temps on donnera au miroir une distance focale assez faible pour que l'image de l'étincelle soit capable d'impressionner une plaque sensible. » Appareil {'^). — L'appareil tournant dont je me suis servi a été construit par Froment. » 11 est essentiellement formé d'une monture d'acier ]iortée par un axe vertical de même métal. (') Cet appareil a été très obligeamment mis à ma disposition par M. Benoist, pro- fesseur de Physique au lycée Henri I\ . ( -^2. ) » Le miroir est en verre épais de 3™'" environ ('). Il est mainlenii dans la monture par deux bagues formant écrou. Sa face concave est argentée; l'autre face est plane et recouverte d'un vernis noir. Une petite poulie de laiton, chaussée sur l'axe, transmet à celui-ci la rotation qu'elle reçoit. » La vitesse du miroir, que l'on déduit de la hauteur du son d'axe, peut atteindre des valeurs considérables. Elle était généralement comprise entre 4oo et 5oo tours par seconde. » Le mouvement était produit par un moteur électrique Limb, à induit denté, d'une puissance nominale de 44o watts et excité en dérivation (^). » Résultats. — • Lorsque l'épreuve est bonne et que la période n'est pas trop petite, on peut distinguer très nettement les oscillations à la simple vue. Leur mesure se fait à la machine à diviser. » Le nombre d'oscillations que présente une seule étincelle dépend, pour une période donnée, de la capacité de l'excitateur. On a pu en compter jusqu'à quatorze dans la même décharge. » Ces expériences confirment évidemment la théorie de MM. Poincaré et Bjerknes, d'après laquelle l'excitateur n'émet que des radiations d'une seule longueur d'onde. » PHYSIQUE. — Émission de rayons secondaires par l' air sous l' influence des rayons X. Note de M. G. Sagnac (^), présentée par M. Lippmann ( '). « I^es rayons secondaires que j'ai obtenus en transformant les rayons X par l'action de divers corps solides se produisent à la fois dans une couche de matière adjacente à la surface d'entrée des rayons X et dans une seconde couche adjacente à la surface de sortie (^Comptes rendus du 7 février). » L'épaisseur de chaque couche active augmente avec la transparence du corps pour les rayons X et pour les rayons secondaires. Restreinte à un demi-micron quand les rayons X sont transformés par l'or, l'épaisseur de chaque couche active est de plus de i™'", soit au moins deux mille fois plus grande, dans le cas de l'aluminium. » Enfin, les deux couches actives se prolongent et se recouvrent dans la (') II est dû à l'habileté bien connue de M. Werlein. ("-) Ce moteur m'a été gracieusement prêté par MM. Gindre frères et C'", construc- teurs à Lyon, (') Voir les Comptes rendus du 19 juillet, du 26 juillet et du 6 décembre 1897, du 3 janvier et du 7 février 1898. ('•) Travail fait au laboratoire de M. Bouty, à la Sorbonne. C. B., 1898, i" Semestre. (T. CXXVI, ^'' 7.) tîS ( .522 ) masse entière du corps actif, si celui-ci est d'une très grande transparence. C'est le cas de l'air atmosphérique. » Dans mes expériences antérieures sur la transformation des rayons X par transmission (^loc. cit.), le platinocyanure de baryum, le gélatinobro- mure d'argent ou l'électroscope décèlent encore une dissémination appré- ciable des rayons X lorsqu'on éloigne tous les corps (' ) qui disséminaient des rayons derrière l'écran de plomb. Celte action résiduelle est due à l'air. » En limitant les rayons X par un tube métallique T et en canalisant les rayons disséminés par un second tube opaque T' {fig. i), on constate que la région M de l'atmosphère, vue à la fois de la source de rayons X et de l'intérieur de l'électroscope, est une véritable source qui rayonne en tous sens, par exemple à angle droit des rayons X incidents. On supprime naturellement le phénomène en fermant l'entrée du tube T par un écran susceptible d'arrêter les rayons. » L'expérience précédente est complètement analogue aux expériences que j'ai antérieurement décrites au sujet des rayons secondaires émis par différents corps solides. Il devient alors extrêmement probable, comme je l'avais annoncé (^Comptes rendus du 19 juillet 1897), que les différents gaz, et, en particulier, l'air atmosphérique, transforment les rayons X en rayons secondaires d'une nature différente, aussi bien que le font les divers corps solides. La transformation paraît bien moins profonde avec l'air qu'avec le zinc, par exemple. Mais j'ai cependant constaté qu'une même feuille d'aluminium, disposée en AA puis en A' A' de manière à filtrer les rayons X ( ' ) Au sujet des deux premiers modes d'action des rayons disséminés par l'air, voir : W.-C. KôNTGEN, Siztungsbericlite der Berl. Ak., mai 1897; G. SAG^AC, Comptes rendus, t. CXXV, p. 168; P. Villard, Comptes rendus, t. CXXY, p. 282. ( 523 ) puis les rayons secondaires de l'air, affaiblit davantage la rapidité de dé- charge de l'électroscope dans le second cas ( ' ) ; autrement dit, les rayons secondaires de l'air sont moins pénétrants que les rayons X, dont ils sont la transformation. » Le phénomène d'émission secondaire de l'air n'est pas analogue à la diffraction de la lumière par la fumée de tabac; mais il est, dans une cer- taine mesure, comparable à l'émission en tous sens qui prend naissance sur tout le trajet d'un faisceau lumineux dans un liquide qui renferme une petite quantité de fluorescéine ou de toute autre matière luminescente. » ÉLECTRICITÉ. — Sur un nouvel interrupteur pour les bobines d'induction. Note de M. V. Crémievt, présentée par M. Lippmann. « Par suite du fonctionnement des interrupteurs usités dans les bobines de Ruhmkorff, les forces électromotrices induites, de sens inverse, ne sont pas égales en valeur absolue; on peut les représenter par la courbe (^/fg. i) Y 0 pf Fis n\ dans laquelle ^/-désigne la force électromotrice induite à la rupture du circuit primaire, ç/" celle qui est induite à la fermeture. Cette différence, qui est considérable, présente de nombreux inconvénients pour les usages des bobines d'induction. » En envoyant dans l'induit un courant alternatif, on peut, pour de très (') La figure fait concevoir comment l'incidence moyenne des rayons secondaires sur A' A' est rendue voisine de l'incidence moyenne des rayons X sur AA. Les rayons secondaires émis par AA ne pouvaient pénétrer dans l'électroscope; comme leur action électrique directe est insignifiante vis-à-vis de celle des rayons X, il est invraisem- blable qu'ils aient pu se diffuser dans l'air M en quantité appréciable. ( 524 ) faibles voltages, obvier à cet inconvénient; mais ce moyen ne peut plus servir lorsqu'on veut obtenir des étincelles de plusieurs centimètres de longueur. » J'ai résolu la question au moyen du petit appareil décrit ci-après : » Un éleclro-aimant EE' est excité par un courant alternatif {fig. 2). Entre ses deux pôles peut osciller l'extrémité d'une tige TT', mobile en O autour d'un axe perpendi- culaire au plan de la figure. La partie OT est en fer doux, la partie OT' en ébonite ou Fig. 2, toute autre substance isolante. Sur la partie OT se trouve enroulée une petite bobine V parcourue par un courant continu. 11 en résulte en T un pôle magnétique déterminé. Quand le courant alternatif parcourt EE', la tige T prend, par suite, un mouvement oscillatoire dont la période est égale à celle du courant alternatif. Sur la partie OT'de la tige oscillante, on a fixé deux lames de platine DD' en relation, à l'aide de deux fils flexibles, avec les bornes CC. » Pendant le mouvement, les deux lames DD' viennent successivement au contact des bornes a^ puis a' p'; celles-ci sont reliées deux à deux avec les bornes BB' d'arrivée du courant inducteur; la disposition de l'appareil montre de suite que si, par exemple, le pôle -h du courant est en B, le pôle — en 15', le courant qui circule entre C et C, par suite des fermetures successives dues au niou\eineiil de la lige, ira alternativement ( 5-.5 ) de C en C et de C en C; le sens du courant eiilie ces deux bornes se trouvera inversé entre deux ruptures successives. On voit, par suite, que les forces éleclroinotrices iiiduites, de sens inverses {fig. 3), vont être, à chaque instant, la somme de deux Y er O ef Fie. 3. h u quantités toujours les mêmes, et de même signe. Elles seront donc égales en valeur absolue. » L'appareil marche très bien. Pour un courant inducteur intense, on plongera les contacts aa', pp' et la partie OT' de la tige dans un liquide approprié. » Le seul inconvénient, d'ailleurs facile à prévoir, est une perte d'énergie assez grande; il faut, pour obtenir une même longueur d'étin- celles, envoyer dans cet interrupteur un courant de force électromotrice double de celle qui est nécessaire avec un foucault. » L'appareil est en outre réversible, c'est-à-dire que, si l'on relie les bornes CC avec les deux pôles du courant alternatif dont une dérivation excite l'aimant EE', on recueille entre les bornes BB' un courant alternatif redressé. Si le courant arrivant en CC est représenté par la courbe(y?o'. 4). celui recueilli entre BB' sera représenté par la courbe {fig. 5). » Mais il faut éviter que les ruptures successives se produisent au inoment où la force électromotrice périodique a sa valeur maximum, ou même une fraction notable de cette valeur. ( 526 ) » Un dispositif très simple permet de produire les ruptures au moment où celte force électromotrice est nulle : les vis des bornes de contact aot', pp' sont percées, Fig. 5. suivant leur axe, d'une cavité cylindrique {fig. 6). Au fond de cette cavité, on engage un ressort à boudin R, très doux, et une pièce en platine TP cylindrique, ayant la Fig. 6. forme d'un piston dont la tige T glisserait au centre d'un chapeau taraudé en laiton, C, qui vient se visser à Textrémilé de la vis. « La lige TT' étant au repos {fig. 2), on règle les quatre vis de façon qu'elles viennent toucher sans pression les contacts DD', l'extrémité T se trouvant à égale distance des deux pôles de l'aimant EE'. » Dès que la tige TT' oscille, les contacts DD' se portent à droite et à gauche, repoussant alternativement les pislons ap en quittant a'P', puis repoussant a'P' en quittant a^. » Si l'on remarque d'ailleurs que la tige TT' passe par sa position d'accélération nulle juste au moment où la force électromolrice du courant alternatif qui excite EE' est nulle aussi, et que les ruptures se font à cet instant précis, on voit qu'il n'y aura pas d'étincelle de rupture en ax'jB^'. » En pratique, il se produit des étincelles extrêmement faibles. La perte d'énergie ne dépasse pas le quart de l'énergie primitive. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur un hydrure de dicamphène cristallisé . Note de MM. A. Étard et G. Meker, présentée par M. Henri Moissan. « On connaît de nombreux principes naturels non saturés, peu on point oxygénés et appartenant à des séries organiques élevées. Quelques-unes ( 527 ) de ces matières sont, an point de vue fonctionnel, des carbures, d'autres des alcools, des glycols, etc. M II est bien rarement possible de connaître le noyau interne de ces composés. Pour la cholestérine C^"H"0, qui a été l'objet de nombreux travaux, on reste sans renseignements, bien qu'on l'ait regardée pendant un certain temps comme étant de nature terpénique. La carottine C'^H^*, générateur probable des cholestéroïdes végétaux, n'est pas davantage rat- tachée aux séries connues. Seuls, à notre connaissance, les amyri- lènes C'^H*^ sont cristallisés, rotatoires et nettement assimilés à des tri- terpènes. )) En vue d'obtenir des matériaux solides d'origine terpénique démon- trée, pouvant conduire à des cholestéroïdes analogues à ceux de la nature, l'un de nous s'est efforcé, il y a quelques années, de purifier le colo- phène C-°H'-, afin d'obtenir ce carbure même, ou son dérivé par le chlorure de chromyle, sous forme cristallisée. Mais ce diterpène paraît incristallisable en toute circonstance. Plus récemment, la question a été reprise en partant d'une autre source. M. de Montgolfier, par l'action du sodium sur le chlorhydrate de térébenthène (^Annales de Chimie et de Phy- sique, 5* série, t. XIX, p. i/jS), a isolé un hydrure de dicamphène vis- queux, mais se rattachant au camphène, qui représente l'état solide parmi les terpènes. Nous sommes parvenus à séparer de ce milieu un carbure cristallisé qui n'a pas encore été décrit. » Les carbures terpéniques cristallisés sont fort rares. Avec le cam- phène, l'hydrure de camphène de M. de Montgolfier et le nouveau com- posé solide que nous décrivons dans cette Note, on arrive à former la série de matériaux suivants : Camphène. Hydrure de camphène. Hydrure de dicamphène. » Préparation. — La préparation qui conduit à Thydrure de dicamphène liquide, par l'action du sodium sur le chlorhydrate de térébenthène, a été exécutée de bien des façons avant qu'il fiit possible d'obtenir des résultats constants. Voici dans quelles conditions on obtient de bons rendements : » Dans 100 parties de chlorhydrate de térébenthène sec, chauffé seulement à la tem- pérature nécessaire pour le fondre, on introduit i5 parties de sodium en une fois et l'on agite fréquemment de façon à granuler le sodium fondu et le mettre ainsi en con- tact avec le chlorhydrate maintenu liquide. 11 importe de conduire cette réaction assez lentement pour éviter toute élévation de température favorable aux polymérisations excessives. En cette observation de la température consiste la meilleure chance de ( 5--i8 ) succès el de rendement. L'action du sodium étant épuisée, au lieu de distiller en pré- sence de sel et d'un peu de sodium, on ajoute de la benzine pour dissoudre les car- bures. La solution benzénique est lavée à l'eau, puis distillée. » Après départ de la benzine, on sépare par le fractionnement environ 45 parties de liquide bouillant entre i5o° el 160° el 3o parties passant de 820° à 33o°. » La fraction légère, rendue liquide avec un peu de benzine, est agitée avec de l'acide sulfurique (Montgolfier). 11 convient que cet acide soit très riche en anhydride. De la sorte, on détruit mieux les carbures étrangers et l'hvdrure de camphène résiste seul. On le lave à la trompe sur coton de verre avec de l'acide sulfurique fumant, puis de l'acide sulfurique jusqu'à décoloration aussi complète que possible, puis enfin on le lave à l'eau. » On distille el l'on obtient de i5 à 20 pour 100 d'une magnifique substance cris- tallisée qu'on est surpris de ne pas voir déjà étudiée à propos des diverses questions terpéniques qui se posent. » Le carbure liquide passant de 320° à SSo" a fait le principal objet de noire étude. Après un fractionnement convenable, on arrive à l'avoir sous la forme d'un liquide incolore, non fluorescent, visqueux, passant à 337" (non corr.) : D,5 = o,g63 ; a = 46°2o' sur o'", 20. Pouvoir rotatoire : [aj„=24<'3'; selon Montgolfier : 21° 1 8'. Un tel écart peut tenir au degré de pureté ou à un mélange d'isomères dépendant des conditions de formation. » Notre préparation liquide a été abandonnée quelque temps au froid et nous avons pu obtenir des cristaux. Ceux-ci, que nous gardons comme germes, permettent de transformer rapidement le carbure refroidi dans du chlorure de méthyle jusqu'à concurrence de moitié environ. Les cristaux, essorés à la trompe, sont mis à cristallisera nouveau dans l'alcool qui les dissout peu à froid et les dépose sous la forme d'octaèdres bien réguliers. » L'hydrure de dicamphène solide que nous avons découvert cristallise dans le système cubique. Il n'y a pas extinction de lumière polarisée : D,5 = 1,001 . Ébullition : 326"-327°, très fixe (non corr.). Le liquide con- densé se prend iminédiatement en une masse cireuse fusible à ^S". Le pouvoir rotatoire, mesuré par deux observateurs différents, en solution benzénique, donne les résultats suivants : P = 3e--,5oo, a=H-5°25', /=o°',2o, [(x]t, — -+-i5°2-j'; P — 2S'-,070, a^+S^lS', / = 0">,20, [ajo =-4- l5°56'. » Analyse : C=^ 8-], 3, il ^= 12,5. » Le carbure a donc bien pour formule C^'H'^ ( 52<) ) » Dans les corps élevés et non saturés on ne saurait trop rechercher la véritable série génératrice. En effet, C^"ÎP'' se représente par la formule générale C"!!-""". C'est donc à première vue un homologue de la benzine. Ce n'est que par voie de dérivation expérimentale que nous arrivons sûre- ment à savoir qu'il s'agit d'un terpcne, C"Ii-"-''. Comme il est hydrogéné et polymérisé, sa situation purement numérique parmi les carbures est comprise entre C"H="-- et C"H-" '. » C'est ainsi que bien des principes naturels paraissent être profondé- ment désaturcs, alors qu'ils se rapportent en fait à des séries assez simples, et notamment aux terpènes. » CHIMIE ORGANIQUE. — Action de la cyanamide sur le hromanile en présence de la potasse. Noie de M. II. Imbert, présentée par M. Friedel. « La cyanamide en solution alcoolique ou aqueuse ne réagit pas sur le hromanile, même à la température de l'ébuUition; mais si dans une solu- tion aqueuse et bouillante de cyanamide, tenant en suspension du hroma- nile pulvérisé, on ajoute quelques fragments de [)otasse, le liquide prend une belle coloration verte à reflets jaunes. L'addition d'un acide tel que l'acide chlorhydrique fait virer la coloration au bleu puis au violet. « On peut isoler, avec la plus grande facililé, le produit vert, delà façon suivante : » A 24s'', 6 (une molécule) de tétiabromoquinone, finement pulvérisée, on ajoute 8s'', 4 (deu>L molécules) de cyanamide dissoute dans 100™ d'eau distillée. On porte à l'ébuUition et l'on additionne de petits fragments de potasse en ayant soin qu'il reste toujours un excès de hromanile. Le liquide fdtré bouillant se prend par refroidisse- ment en une masse cristalline. Deux, ou trois cristallisations dans l'eau distillée bouil- lante suffisent pour la purification. En opérant avec une quantité d'eau inférieure à celle qui est indiquée, l'addition d'alcali détermine la prise de la substance en une masse cristalline. » Les cristaux examinés au microscope offrent l'aspect de longues aiguilles sem- blables entre elles ; mais les unes paraissent vertes, les autres brun jaunâtre, probable- ment par suite d'un phénomène de polychroïsme. Examiné à l'œil nu et en masse, le produit est brun verdàtre à reflets mordorés. Séché dans le vide ou à 100°, il se redissout dans l'eau froide et plus facilement dans l'eau bouillante avec coloration verte. La dessiccation ne paraît donc pas l'altérer. La solution, traitée par une quan- tité suffisante d'acide chlorhydrique, se colore en violet et, agitée avec de l'éther acétique, comnuinique à celui-ci une belle coloration rouge rubis. L'addition ménagée d'ammoniaque ou d'un alcali fait reparaître la couleur verte dans la couche aqueuse sous-jacanle. C. K., iSyS, I" Semestre. (T. CXXVI, N° 7.) ^9 ( 53o ) )) La liqueur aqueuse, virée au violet pni- mu acide, se décoloi-e sous l'influence de l'acide sulfureux. » Si l'on admet qu'il s'est formé durant l'opération l'un des corps Rr OIv lîr OK I ; = ^ CAz'^C^'Ji^ "^C^Az^C ou CAz2rrzC(^ )C=:Az=C, Br OK OK Br la théorie indique qu'il doit contenir C.... 22,74, Br.... 37,91, Az . . . . 18,27, K.... 18, 48 pour 100. » Or j'ai trouvé C 22, 3o, Br 87,40, Az '8,91, K 18,10. » De plus, en admettant que le corps CAz- = C''Br^(OK)- = Az-C cristallise avec deux molécules d'eau, la chaleur doit lui faire perdre 7,8 pour 100 de son poids. J'ai trouvé expérimentalement 7,5. » Le produit cristallisé répond donc à la formule d'une dicyaniminodi- bromodioxyquinone dipolassique cristallisée avec deux molécules d'eau CAz= = C''Br=(OK)- = AZ-C.2H-O. )) Traitée en solution aqueuse par un acide, elle donne un produit vio- let qui, sous l'influence de l'acide sulfureux, c'est-à-dire d'un réducteur, se transforme en un leuco-dérivé, réaction analogue à celles que four- nissent les auramines. » Le sel dipotassique fait la double décomposition avec l'azotate d'ar- gent et le chlorure de baryum, donnant un sel d'argent insoluble et un sel de baryum peu soluble. » Le chloranile m'a donné des résultats analogues. » D'ailleurs les quinones non substituées se combinent à la cyanamide en solution alcoolique bouillante, et la benzocjuinone fournit un jiroduit insoluble dans l'eau, très soluble dans l'alcool, qui paraît correspondre à la formule d'une dicyaniminobenzoquinone CAz-= CH' =^ Az-C » ( 53i ) CHIMIE MINÉRALE. — Recherches sur le phosphore organique. Note de M. L. Jolly, présentée par M. Henri Moissan. « En démontrant, au moyen du réactif molybdique ('), l'union intense des phosphates minéraux avec les éléments histologiques animaux, union qui n'est pas complètement détruite par leur désorganisation, témoin les expériences d'Henninger sur les peptones, celles de Wnrtzsnr l'albumine, nous nous sommes demandé si l'existence admise encore du phosphore mélalloïdique dans une molécule organique, malgré la découverte de l'acide phosphoglycérique dans les lécithines nerveuses, ne serait pas due à cette impossibilité d'éliminer toute trace des phosphates minéraux des substances étudiées. » Nous avons pensé que le procédé suivant nous permettrait de vérifier s'il existe du phosphore métalloïdique intégré dans une molécule organique des tissus animaux ou des matières albuniinoïdes végétales. » La substance à étudier étant bien homogène de composition, nous la divisons en deux parties égales : la |)remière est desséchée, puis incinérée progressivement sans aller jusqu'à la disparition complète du charbon. Celui-ci, pulvérisé, est épuisé par l'acide chlorhydrique dilué bouillant; l'acide phosphorique est précipité à l'état de phosphate ammoniaco- magnésien. Séparé par fillration, ce précipité est redissous et l'acide phos- phorique est dosé par la solution uranique. » La seconde partie est oxydée à chaud par un grand excès d'acide ni- trique pur jusqu'à décoloration complète de la masse. Vers la fin, on ajoute quelques grammes de nitrate de potasse pur, afin que l'oxydation soit par- faite. La masse, desséchée, puis calcinée, est traitée comme nous venons de le dire. » La différence entre les deux quantités d'acide phosphorique trouvées à l'analyse permettra de déterminer le phosphore organique. )) Sachant que lesphosphalesminéraux calcinés en présence du charbon perdent une partie de leur acide phosphorique qui, d'abord transformé en phosphure métallique, disparaît ensuite à l'état de phosphure d'hydrogène, quand la masse calcinée est traitée par l'acide chlorhydrique pour séparer les phosphates, nous avons fait les expériences suivantes : (') Coiup/es rendus, ii octobre 1897. ( 532 ) » 1" 205'' de légumine sèclie ont été calcinés sans aucune addilion; nous avons relire : Acide phosphorique. 0,090 » 2° 208"' de même substance ont été additionnés de 2?"' de bicarbonate de soude pur dissous. La masse est gonllée, sans trace de dissolution après vingl-quatre heures de contact. Sécliée, puis calcinée, elle a donné : Acide phosphorique 0,1 35 » 3" Une autre quantité égale de légumine a été additionnée de 4°' de soude caus- tique pure dissoute. Après vingl-quatre heures, la masse est devenue pilleuse, gluante, comme dissoute. Desséchée, puis calcinée, nous trouvons : Acide phosphorique 0,280 » Ces résultats nous indiquent que les substances à étudier doivent être calcinées en présence d'un excès d'alcali caustique. » 4° 20S'' de légumine sont traités à chaud par un grand excès d'acide nitrique pur jusqu'à décoloration. Vers la fin de Tévaporalion effectuée lentement, la masse est additionnée de 4°'' de soude caustique, puis desséchée avec grande précaution et enfin calcinée lentement afin d'éviter une déflagration vive avec projection de matière. Le résultat a été : Acide phosphorique 0,280 » Le gluten soumis à deux traitements identiques a fourni les résultats suivants : 1° 208'' non oxydés renferment : acide phosphorique o,o3o 2° 208'' oxydés donnent : acide phosphorique o,o3o » Les substances animales qui ont servi à nos analyses on t été empruntées au mouton : cerveau et chair musculaire (gigot). B Une cervelle de mouton du poids do iioS' a été réduite en pulpe homogène et divisée en deux parties de 5o8'' chacune. » La première, additionnée de 4°'' de soude caustique, évaporée, puis calcinée, a donné : Acide phosphorique 0,220 » La seconde, traitée par l'acide nilriijue et la soude caustique, comme il est dit plus haut, a donné : Acide phosphorique 0,220 » Un fragment de chair musculaire de mouton a été haché finement, afin que la masse soit aussi homogène que possible, et divisé en deux parties de 5oB'' chacune. La première, calcinée en présence de la soude, donne : acide phosphorique. . . o, i /jo La deuxième, oxydée puis calcinée avec soude, donne ; » ... 0,140 ( ,533 ) » Nous ferons remarquer, en passant, que le cerveau de mouton est presque deux fois plus riche en acide phosphorique que son tissu muscu- laire. » Nos analyses ne confirment donc pas l'existence du phosphore métal- loïdique non oxydé intégré dans une molécule organique. » Nous considérons ces recherches comme le corollaire utile de notre précédent travail. Elles nous faciliteront, en outre, la démonstration pro- chaine que les expériences de MM. Lépine et Aubert, insérées aux Comptes rendus en 1884, ne permettent pas d'affirmer qu'il y a élimination par la voie uriaaire de phosphore incomplètement oxydé. « PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — F^es inhalations de chloroforme dèter- imnent-elles la production d'oxyde de carbone dans le sang? Note de M. L. DE Saint-Martin. « Dans une Note récente ('), MM. Degrez et Nicloux ont annoncé que le sang de chiens longtemps maintenus sous le chloroforme, traité par l'acide acétique, dégage de l'oxyde de carbone (environ ^"'^ par litre). Ils ont conclu à l'existence de ce gaz dans le sang des sujets aneslhésiés, et attribué sa formation à la décomposition du chloroforme par les liquides alcalins de l'organisme. )) Je laisse de côté la question de Chimie pure; mais cette conclusion, au point de vue physiologique, m'a paru mériter confirmation. Car, si elle était reconnue exacte, on pourrait justement l'invoquer comme contre- indiquant l'emploi du plus précieux et du plus usité des agents aoesthé- siques. » J'ai donc cru devoir reprendre les essais de ces expérimentateurs, mais en substituant, à la méthode indirecte du grisoumètre, l'emploi du spectroscope et le dosage direct de l'oxyde de carbone au moyen du chlorure cuivreux. A cet effet, j'ai combiné les deux procédés que j'ai fait précédemment connaître (-) pour la recherche, dans le sang, de traces de gaz rares ou anormaux (oxyde de carbone, hydrogène protocarboné), et (') Degrez et Nicloux, Comptes rendus, 6 décembre 1897. ('■') L. DE Saint-Mautin, Recherches expérimentales sur la respiration, p. 270 (Paris, 1890), et Comptes rendus, t. CXIX, p. 83. ( 534 ) j'ai fait porter mes expériences non seulement sur le sang d'animaux anes- thésiés, mais aussi sur le sang normal. » Voici la marche suivie dans chacune des expériences ci-dessous relatées : H 000'^'^ de sang sont introduits dans le l^allon-récipient d'une pompe à mercure avec io''= d'iiuile, et épuisés, à la température de ^ô", des gaz que le vide employé seul peut enlever, d'abord à l'aide de la trompe à eau et finalement en manœuvrant la pompe. Ces gaz ne sont pas recueillis. Quand la pompe ne ramène plus que des traces d'acide carbonique entièrement absorbable par la potasse, on ajoute au sang la moitié de son volume, soit 25o", d'une solution saturée d'acide tartrique récemment bouillie et bien exempte d'acide sulfurique libre. Puis, au moyen de quelques coups de pompe, on extrait les gaz dégagés par l'action de l'acide sur le sang, et on les rassemble dans une éprouvelte pleine de mercure. Pour terminer, on fait passer dans le récipient 5" d'une solution de carbonate de soude sec à i pour ico; les io'=<^ d'acide carbonique qu'ils renferment sont immédiatement mis en liberté, et on les réunit, par un dernier épui- sement, aux gaz déjà recueillis. » On obtient de la sorte dans l'éprouvette So'^'' à 4o'''= de gaz, qu'on soumet successive- ment à l'action de la potasse qui en absorbe environ les neuf dixièmes, puis de l'hydro- sulfite de soude pour éliminer l'oxygène, s'il en existe. Le résidu, composé d'oxjde de carbone, d'azote et peul-ètre de traces d'hydrogène et d'hydrogène protocarboné, est d'abord agité avec une dilution de sang de chien à ^- de centimètre cube, qu'on a pris soin de priver de gaz tout en réduisant l'hémoglobine, en la maintenant longtemps à 4o" et en la soumettant alternativement, à plusieurs reprises, à l'action du vide et d'un courant d'hydrogène. » Ces 2'-'' de sang étendu peuvent absorber au maNimum o'^'',o5 d'oxyde de carbone, et en absorbent en réalité moins de la moitié dans les conditions de l'expérience, l'oxyde de carbone n'existant dans le mélange gazeux qu'en proportion d'un tiers au plus. On sépare la dilution sanguine du résidu gazeux, et on la soumet à l'examen speclroscopique, après addition d'une goutte de sulfhydrate d'ammoniaque, dans une petite cuve close exactement remplie et bien bouchée. L'oxyde de carbone est ensuite dosé dans le mélange gazeux, par absorption au moyen du chlorure cuivreux en solution chlorhydrique. » Voici les résultats obtenus par celte méthode, chaque expérience ayant toujours porté sur 5oo'''= de sang : » Expérience I. — Chien de 3o''b, trocliéotoniisé, canule dans la irachie, anesthésié avec un mélange titré à los"' de chloroforme par hectolitre d'air, maintenu ensuite endormi pendant deux heures avec un mélange à Ss'" par hectolitre, et sacrifié par hémorragie. Le sang a été recueilli sur de l'oxalate de potasse (is>') pour empêcher sa coagulation (' ). (I) Qu'il me soit permis d'adresser ici mes remercîments à M. le professeur Dastre, ( 535 ) » La tliliition sanguine, agilée avec le résida gazeux, présentait à vin haut degré la réaction spectroscopique de l'oxyde de carbone : les déterminations spectrophotomé- triques y accusaient jS pour loo de riiémoglobine à l'état oxycarboné. » Oxyde de carbone dans le gaz restant : o^^igi, soit /"^"jSa par litre. » Expérience II. — Sang de bœuf normal, recueilli à l'abattoir, défibrlné par bat- tage en l'absence de tonte fumée de tabac. ') Réaction spectroscopiqne très nette de l'oxyde de carbone. » Oxyde de carbone : o™,4, soit o",8 par litre. » Expérience III. — Fort chien, soumis aux inhalations de chloroforme comme dans l'expérience I. )) L'essai spectroscopique n'a pas été pratiqué. » Le résidu gazeux a fourni i™,2 d'oxjde de carbone, soit 2'^'', 4 par litre de sang. » Expérience IV. — Sang normal d'un chien de grande taille, exclusivement nourri au lait pendant six jours, quelque peu anémié. (Hémoglobinepar litre de sang : iSi»''.) Sacrifié par hémorragie. » La dilution sanguine présente très nettement les caractères spectroscopiques de l'hémoglobine oxycarbonée. » Oxyde de carbone : o'''',6, soit i"' , 2 par litre de sang. » Expérience V. — On fait pénétrer, dans le récipient vidé d'air de la pompe à mercure, 25o'''^ de la solution d'acide tartrique employée pour les expériences précé- dentes, 10'"'' d'huile, l'i' d'oxalate neutre de potasse et 20" de la solution de carbonate de soude à i pour 100, et l'on procède à l'épuisement à chaud. » Les gaz recueillis, traités comme ci-dessus, ne renferment pas trace d'oxyde de carbone. » Les petites quantités de ce gaz, dosées dans les expériences 1 à IV, viennent donc bien des échantillons de sang et non des réactifs employés. » Je passe sous silence quelques autres essais, qui confirment purement et simplement ces résultats. » En résumé, on voit que le sang normal, de même que le sang des animaiiK soumis aux inhalations de chloroforme, dégage, lorsqu'on le traite dans le vide à 4o°, par un acide organique, de petites cjuantités d'oxyde de carbone, comprises entre 0,08 et 0,2 pour 100. Ce gaz pré- existe-t-il dans le sang? Je ne le pense pas et je crois plutôt qu'il prend naissance par l'action de l'acide sur une substance contenue dans le sang, et cela par un mécanisme analogue à celui qui produit des traces d'oxyde de carbone lors du dosage de l'oxygène au moyen des pyrogallates al- calins. dans le laboratoire duquel ont été efTectuées les vivisections nécessaires à ces expé- riences. ( 536 ) » Si donc l'expérience de MM. DegrezetNicloux est parfaitement exacte en elle-même, il ne me paraît pas qu'on puisse accepter la conclusion qu'ils en tirent, et attribuer au chloroforme la sino;ulière propriété de donner naissance, dans le sang, à de l'oxyde de carbone. » Il reste à trouver, pour remplacer les acides organiques, un réactif capable de dégager l'oxyde de carbone fixé sur l'hémoglobine, mais n'en produisant pas trace quand on le mélange avec le sang normal. J'essaie, dans ce but, la solution concentrée de sulfate ferreux saturée de bioxyde d'azote. » CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Sur L'oxydase du Botrytis cinerea. Note de M. J. Labokde, présentée par M. Duclaux. « Le Botrytis cinerea, vivant en parasite sur le raisin, sécrète, comme je l'ai établi précédemment ( ' ), une oxydase que l'on trouve dans le moiit de raisin et dans le vin après fermentation de ce moût; c'est elle qui pro- voque ensuite essentiellement, dans le vin exposé à l'air, l'altération con- nue sous le nom de casse brune. » Pour étudier ces questions, il fallait d'abord rechercher une méthode de dosage de l'oxydase. Celle que j'ai trouvée est basée sur la coloration bleue que l'on obtient avec la teinture de gaïac, et sur sa comparaison (au colorimètre Dubosc) avec la même couleur que donne, avec la môme teinture, o™s'',.5 d'iode pour 20"' du mélange; l'intensité de celle-ci étant prise pour unité. A l'aide de cette méthode de dosage, j'ai pu obtenir les résultats qui vont être indiqués. » Le Botrytis cinerea pur, ensemencé sur des raisins blancs stérilisés, envahit d'abord leur pellicule qui brunit complètement au bout de trois à quatre jours, en donnant naissance à quelques fructifications aériennes. La quantité d'oxydase sécrétée est alors de trois unités environ. » Au bout d'une semaine, lorsque les raisins sont couverts de fructifi- cations abondantes, la proportion d'oxydase sélève à cinq ou six unités; si l'on prolonge l'action de la moisissure, elle peut atteindre trente unités au moins. )) Dans une Note précédente (-), j'ai indiqué que les solutions d'oxy- 0) Comptes rendus, décembre 1896. ('■') Comptes rendus, inWltl 1897. ( 537 ) dase perdent graduellement tonte activité après absorption d'oxygène de l'air. Cette perte progressive est mise en évidence par les chiffres suivants, obtenus avec un liquide diastasifère exposé à l'air pendant un certain temps et contenant au début 5,5 unités d'oxydase : Durée • Oxydasc l'aération. restante. perdue. 2 jours 3,5 2,o 4 jours 2,8 2,7 6 jours 2,4 3,1 ] 2 jours 0,8 4>7 » On voit que la destruction de l'oxydase est assez lente; elle est phis grande dans les jiremiers temps de l'aération que (hms les derniers. M La chaleur, comme on sait, détruit aussi l'oxydase. Un liquide dia- stasique acide, contenant cinq unités d'oxydase, a été chauffe à des tempé- ratures croissantes, toutes choses égales d'ailleurs, et, après refroidisse- ment, les divers essais ont donné les chiffres suivants : Oxydase Températures. rcslanle. détruiLe. tic 2 , 3o 2,70 65 1 , 5o 3,00 70 0,90 4, 10 75 0,75 4)23 80 0,45 4 > 55 85 néant 5, 00 » Même après chauffage à 75" et 80°, il reste encore de l'oxydase active; cependant, l'action sur la couleur du vin rouge de cette oxydase chauffée est beaucoup moins énergique que celle d'une quantité correspondante d'oxydase fraîche. )) En étudiant les variations de l'oxydase dans la fermentation du moût de raisins moisis, j'ai trouvé que : » 1" La quantité d'oxydase qui reste, toujours plus faible que la quantité initiale, dépend de la durée de la fermentation ; elle est plus grande avec les levures plus actives qu'avec les levures moins actives. Ainsi, la fermen- tation ayant duré dix jours avec les premières et quinze jours avec les se- condes, il restait respectivement 5o et 35 pour loo de la quantité initiale d'oxydase; C. R., 189S, i" Semcilre.iT. CX.XVI, N" 7.) 70 ( 538 ) » 1° Les températures habituelles de la fermentation n'ont pas d'in- fluence; à 25° et à 36", la perle d'oxvdase a été la même; » 3° Les ferments de maladie du vin, qui peuvent se développer en même temps que les levures, ne paraissent pas agir sur l'oxydase. Les ré- sultats ont été les mêmes qu'avec les levures pures, bien que ces ferments se fussent multipliés suffisamment pour produire 2S'',5 d'acidilé volatile par litre dans un essai, et 3^'', 2 dans un autre. » Si, au lieu de se trouver dans les conditions de la fermentation, des vins blancs, comme dans les expériences ci-dessus, on se place dans celles de la fermentation des vins rouges, on observe que la proportion d'oxydase restante est plus grande ; il peut en rester, par exemple, 8o pour loo de la quantité initiale. Cela s'explique, si l'on considère que, dans ces con- ditions, l'aération du liquide est plus faible, grâce à la formation du cha- ])eau, et qu'une certaine quantité d'oxydase qui n'existait pas dans le moût au début, s'y est diffusée, pendant la fermentation des cellules de la moi- sissure portée par les raisins. » Les résultats précédents ne peuvent avoir d'intérêt pratique que si l'on connaît les effets de la quantité d'oxydase prise pour unité. En mélangeant, à un vin rouge stérilisé, un volume convenable d'une solution d'oxydase de richesse connue, et en exposant ensuite ce vin à l'air pendant un temps suffisant, on a trouvé que la quantité de matière colorante précipitée par l'unité d'oxydase est voisine de i^'' par litre. Mais l'action de l'oxydase ne se borne pas là : la couleur non précipitée est complètement jaunie, le vin peut être considéré comme perdu. » En somme, on voit combien sont dangereux les effets du Botrytis cinerea qui a envahi une récolte; si, au moment des vendanges, on a ^ de celte récolte atteint de pourriture grise, même peu développée, il peut exister dans le vin une quantité d'oxydase assez grande pour le faire casser complètement. » PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Tuberculose et pseudo-iuberculoses. Nole de MM. Bataillon et Terre, présentée par M. de Lacaze-Duthiers. « Nous avons décrit précédemment, chez l'animal à sang froid, une forme spéciale de tuberculose, évoluant dans de larges limites de tempéra- ture ('); puis nous avons indiqué que la tuberculose humaine ou aviaire. (') Bataillo>', Dl'bard et Terre, Un nouveau type de tuberculose {Comptes ren- dus de la Société de Biologie, 14 mai 1897). ( 539 ) après passage sur la grenouille ou sur la carpe, fournit des cultures ana- logues ('). Les expériences ont été multipliées jusqu'à la fin d'août, et quinze fois l'humaine et l'aviaire nous ont donné les mêmes résultats. A celte époque, les irrégularités nous ont paru explicables par des formes plus profondément modifiées, douées d'une grande puissance végétative, envahissant les milieux de la culture. » Ces formes nous semblent actuellement rentrer dans le même cycle évolutif. Et, pour nos études idtérieures, il est indispensable de donner à chacune d'elles une étiquette commode. Appelons donc A le type bacillaire de Koch et B la forme que nous avons décrite en mai, adoptée aux tempé- tures basses. » Une troisième forme fut tirée de l'humaine, le 12 août, après un pas- sage de trois jours sur la grenouille. Les cultures crémeuses sur les milieux solides évoluent très rapidement entre 12" et 48° en milieux liquides. C'est un bacille ayant la réaction Koch-Ehrlich et se distinguant nettement de notre type B par trois points : les cultures ont un aspect tout différent, elles se développent facilement aux températures élevées, elles troublent le bouillon ordinaire. Ce type, dontla plasticité est grande et sera marquée ultérieurement, occupe-t-il une place intermédiaire entre A et B? Des reports dans les sacs lymphatiques dorsaux de la grenouille nous ont donné, contrairement à notre attente, une forme nouvelle. » Les colonies sont brunâtres sur pomme de terre; sur les autres mi- lieux, elles ne diffèrent guère des précédentes, et, comme ces dernières, elles ne liquéfient pas la gélatine. Ce sont des bacilles aréoles avec des points de condensation, et s'il n'y en a qu'un à chaque extrémité, de véri- tables tonnelets rappelant le type décrit par Courmont en 1887. Les mé- thodes d'EhrIich et de (iram ne les colorent pas. Mais sur un milieu se desséchant progressivement, sur des tubes de gélatine non capuchonnés, par exemple, on constate, en douze ou quinze jours, l'apparition graduelle d'un voile opaque constitué par des bacilles typiques; même phénomène sur des milieux qui s'épuisent. Les formes primitives semblent sporuler pour fournir ces éléments spéciaux capables de multiplication dans cer- tains milieux; c'est un point que nous réservons pour aujourd'hui. En tout cas, les coupes pratiquées sur nos plaques de gélatine montrent une couche superficielle bien limitée de bacilles colorés par la méthode d'EhrIich : il n'y en a pas un seul dans la profondeur. (') Bataillon et Terre, La forme saprophytique de la luberculose humaine et de la tuberculose aviaire {Comptes rendus, i4j'jin 1897). ( 54o ) » Voilà deux types nouveaux dérivés de A. Les préparations du pre- mier, tirées de cultures jeunes, ne laissent guère place au doute. Quant au second, il fournit la marque tle son origine en développant le voile de formes typiques dont nous avons parlé. Nous appellerons dans l'ordre de description le premier a, le second {i, admettant provisoirement la conti- nuité delà série A, a, B, (3. » Mais écartons cet exposé morphologique pour passer à l'expérimenta- tion. » Nous inoculons à des cobayes la culture décrite tout à l'heure et obtenons irré- gulièrement la mort en moins de deux mois avec une magnifique tuberculose de la rate et du foie et quelques grains dans le mésentère. Impossible de mettre en éi'idence, dans ces édifications, an setd germe ayant la réaction Koch-Ehrlich. Mais on trouve en abondance un bacille plus ou moins long, difficilement colorable, avec des points de condensation. » Une seconde série de cobayes reçoit en injection à la cuisse les tubercules broyés. Les sujets meurent entre le onzième et le vingtième jour avec la rate gonflée, farcie de tubercules, le foie semé de granulations moins abondantes et moins volumineuses. Pas trace de bacille de Koch. » Une troisième série se comporte de même; la mort arrive a\ant le vingtième jour avec les mêmes édifications. Les mêmes cultures sont isolées dans tous les cas : ce sont des bacilles mobiles rappelant le type de Courmont par bien des points. Pourtant la puissance végétative s'affaiblit rapidement; et, les cultures du premier groupe donnant d'abord sur bouillon un trouble floconneux, les générations ultérieures végètent pé- niblement et ne troublent plus. Les cultures donnent les mêmes résultats que les pro- duits directs et l'édification ne deuiande pas plus de cinq jours. » Les lapins inoculés jusqu'ici sont morts plus ou moins rapidement, très amaigris mais sans tuberculisation des viscères. » Ainsi le bacille humain transporté sur le cobaye après un court pas- sage sur la grenouille nous a fourni des séries d'animaux tuberculeux ne renfermant pas le bacille de Koch, mais une forme rappelant certains germes de pseudo-tuberculose; jusqu'ici les lapins sont morts sans édifi- cation, le bacille inoculé existant en abondance dans le sang et dans les viscères. » Nous faisons ingérer à des lapins de grandes quantités de nos anciennes cultures B. L'un d'eux meurt au bout de trois mois et demi extrêmement amaigri. Le foie porte quelques granulations et, dans la veine cave dilatée, au niveau des reins, nagent de vé- ritables édifications lardacées inlravasculaires. Dans le sang, dans les tubercules, nous trouvons des myriades de bacilles rappelant à première vue ceux décrits au paragraphe précédent; pas un seul bacille de Ivoch. Le sang de ce lapin est inoculé à une série de cobaj'es : la mort arrive en moins de cinq jours sans édification avec les mêmes germes dans l'œdème local, le sang, le foie, etc. Les séries ont été multipliées et, jusqu'ici, l'évolution de la maladie n'a pas changé de caractères. Contrairement au cobaye, le ( '^'*i ; lapin se tiiberculise. L'inoculation inlravasculaire des cultures jeunes peut entraîner la mort en moins de quinze jours et déjà le foie et la rate sont farcis de tubercules. » Les cultures isolées diflerent des précédentes par une puissance végétative extra- ordinaire qui se maintient à 47°! 'e trouble du bouillon est beaucoup plus persistant. » Voilà donc un deuxième groupe de pseudo-tuberculose ayant une autre origine. C'était primitivement un bacille aussi bien et même mieux caractérisé que le précédent comme bacille de Roch. Et cette deuxième série rappelle, à s'y méprendre, le type observé par Courmont au début. Il tuberculise rapidement le lapin; les cultures récentes ne donnent pas d'édification sur le cobaye. Mais cette forme semble très instable puis- qu'avec des cultures de quatre jours» à 36°, nous avons tuberculise égale- ment les cobaves et les lapins. » Ces deux types de pseudo-tuberculose ont leur origine dans deux étapes distinctes et bien définies du cycle dont nous poursuivons l'étude. Entre les animaux qui les ont fournies, il n'y a jamais eu contact. Ajou- tons que sur l'organisme le premier type (tiré de a) est assez polymorphe; que ses éléments groupés en amas peuvent rappeler des zooglées; que certains bacilles, allongés et repliés siu" eux-iîiêmes avec leurs points de condensation, font penser aux streptocoques ou aux streptobacilles décrits par d'autres observateurs. Et nous serons conduits à nous demander si l'opinion à laquelle tendaient Malassez et Vignal, dans leur premier Mé- moire de i883, n'était pas fondée. La lacune à combler, c'est le retour à la forme typique Koch-Ehrlich, observée par ces deux auteurs. » En tout cas, un polymorphisme aussi étendu nous porte à croire qu'avant la découverte de Koch des savants, comme Toussaint et Klebs, ont pu isoler certaines formes du même germe. D'autre part, nos études expérimentales, rapprochées des observations antérieures, nous laissent la conviction que bien des cas de pseudo- tuberculose sont des tuberculoses vraies, ayant pour agent l'une des nombreuses formes du bacille de Koch. » ANATOMIE PATHOLOGIQUE. — Les parasites du cancer et du sarcome (morphologie, répartition). Note de M. F.-J. Bosc, présentée par M. Bouchard. « Des arguments d'ordre clinique, étiologique et expérimental nous permettent de penser que les tumeurs malignes de l'homme, et en parti- ( 542 ) culier le cancer (épithéliome, carcinome) el le sarcome, ont une origine infectieuse. » Existe-t-il, dans ces tumeurs, des corps qui se différencient des élé- ments propres de nos tissus et capables de jouer un rôle pathogène? Plu- sieurs auteurs ont décrit des formes qu'ils interprètent comme des parasites, mais elles sont très variables et actuellement considérées comme exclu- sives les unes des autres. » Nous avons repris cette étude sur un nombre considérable d'épithé- liomes, de carcinomes, de sarcomes, mais nous nous sommes gardé de nous baser uniquement, même |30ur la simple élude morphologique, sur l'examen de coupes histologiques plus ou moins altérées par les rénctifs et aux données desquelles on peut toujours opposer des doutes. Toute tumeur a été examinée immédiatement, à l'état frais. L'examen comportait l'étude du suc cancéreux, du raclage de la surface fraîche de section recueilli en des points divers de la tumeur présentant une particularité : points jaunâtres, vermicelles, boyaux remplis de matière cancéreuse ramollie, contenu des kystes, etc. L'examen microscopique en a été fait directement, à une lumière vive, sans coloration d'abord, puis après colo- ration légère par divers réactifs : picro-carmin, thionine, bleu de Roux, safranine, biondi, liqueur d'Erlich diluée dans la glycérine. Nous avons pu parvenir à conserver des préparations fraîches ainsi préparées à la gly- cérine avec ou sans fixation préalable par l'acide osmique. Les observations faites sur les tissus frais ont été contrôlées sur des coupes histologiques très nombreuses de fragments très minces fixés dans le formol, le Flemming ou le sublimé à saturation dans l'eau el après des colorations sur lesquelles nous reviendrons plus tard. » La synthèse des documents fournis par l'examen de très nombreuses tumeurs, et en particulier de trente-deux cas très étudiés, nous amène à cette conclusion qu'il existe dans ces tumeurs des formations anormales étrangères à nos tissus pouvant se grouper suivant cincj types morpholo- giques : n 1° Formes micrococciques ou microbiennes ; 2" granulations; 3° formes cellulaires de volume très variable, parmi lesquelles des formes pseudo- podiques; 4" ïorvcïes, enkystées ; 5*^' formes sa rcodiques. )) I" Les formes micrococciques ou microbiennes existent dans toutes les tumeurs que nous avons examinées. Elles y sont les plus abondantes et parfois en nombre tel que chaque cellule en contient une et même plusieurs, jusqu'à quatre, six. Leur volume peut ne pas dépasser celui du plus petit microcoque, ou atteindre celui d'un ( 543) gros staphylocoque. Il existe autour de chacune d'elles une petite zone hyaline très réfringente, ressemblant exactement à la capsule qui entoure certains microbes. Par- fois une même capsule peut contenir deux petits éléments, de sorte que la figure représente, à s'y tromper, un diplocoque encapsulé. Ces formes microbiennes à l'état frais se colorent facilement, sauf la capsule, qui demeure incolore. » 2° Les graiiulalions ont le même aspect que les formes microbiennes, mais leur volume est plus considérable. Elles sont formées par une petite masse ronde, homo- gène, brillante, entourée d'une zone hyaline qui peut prendre un très grand dévelop- pement. Elles sont exlrèinenienl nombreuses. » 3° Les formes cellulaires. Nous les nommons ainsi à cause de leur ressem- blance morphologique avec un élément cellulaire. Elles peuvent présenter une structure très complexe. Les plus simples sont formées par une masse homogène nucléée, entourée de sa zone hyaline. D'autres présentent une zone granuleuse au centre ou sur les ]5ords de la masse homogène précédente augmentée de volume; certaines ont un novau vésiculeux nucléole et une masse protoplasmique divisée en trois, quatre et cinq zones concentriques d'apparence et de réactions variables. On peut observer des divi- sions nucléaires dans la masse protoplasmique, des divisions de la masse elle-même en segments nucléés, des divisions en rosace, en marguerite, ou bien de véritables morulas. Les formes pseMoo?J7« Toutes les Éponges présentent à l'état larvaire deux sortes de cel- lules (') : des cellules petites, hautes, prismatiques, claires, flagellées, au moyen desquelles elles se meuvent, et des cellules grosses, arrondies, gra- nuleuses, dépourvues de flagellum. Chez les Éponges calcaires, les pre- mières s'invaginent dans les secondes et forment ces sortes d'estomacs in- térieurs que l'on appelle les corbeilles vihratiles, tandis que les autres for- ment l'épiderme : aussi avait-on considéré celles-ci comme ectodermiques, celles-là comme endodermiques. Chez les Siliceuses, au contraire, les plus nombreuses de beaucoup, on pensait que ces deux catégories de cellules, qui se retrouvent avec les mêmes caractères, se comportaient d'une ma- nière exactement inverse, formant, les premières l'épiderme, les secondes les corbeilles. )) Dans des recherches publiées de 1890 à 1892, j'ai montré que cette différence n'était pas réelle, que l'on s'était mépris en ce qui concerne les Siliceuses, que chez elles comme chez les Calcaires, les cellules flagellées s'enfoncent dans le corps pour former les corbeilles, tandis que les granu- leuses se portent vers la surface pour former l'épiderme et le revêtement des canaux. Ces faits, acceuillis d'abord avec incrédulité, ont été, l'un après (') Il existe une petite exception, celle des Oscarella où il n'y a point de cellules granuleuses. Mais ce n'est pas là un fait contradictoire : c'est un cas de non-di(Téren- ciation des feuillets de la larve, la dillérenciation se faisant plus tard sous l'influence de la situation réciproque des couches après la fixation. ( 547 ) l'autre, confirmés par les embryogénistes et, sauf des divergences de dé- tail qui n'ont point d'influence sur la question actuelle, sont aujourd'hui admis sans conteste et devenus classiques. » Je n'ai point, à l'époque où je les ai fait connaître, tiré leur conclusion naturelle, parce qu'il existait un groupe d'Epongés, les Ascetta, qui, pré- sentant un développement inverr.e, imposaient une certaine prudencedans la généralisation. Mais un zoologiste anglais, M. Minchin, a récemment entrepris leur étude et, avec une rare perfection de preuves, a montré qu'on s'était trom])é aussi au sujet des Ascetla, et que ces Éponges entrent dans la règle que j'ai établie pour les Siliceuses. » Il est permis aujourd'hui de tirer la conclusion de ces travaux. » Il n'est pas discutable que la couche des cellules flagellées ne soit l'équivalent morphologique du feuillet cctodermique de tous les autres animaux. On l'a de tout temps considéré comme ectodermique chez les Siliceuses ('). Si l'on ignorait le développement des éponges et que l'on présentât aux embryogénistes les larves de ces animaux en les priant de nommer les feuillets et de prédire leur évolution, il n'en est pas un qui ne dirait que les cellules flagellées sont l'ectoderme, que les granuleuses sont l'endoderme, et que celles-ci vont s'invaginer dans celles-là. » L'homologation des feuillets larvaires est donc incontestable et il en résuite que chez les Spongiaires, seuls parmi tous les êtres, l' invagination normale des feuillets est renversée, l'endoderme se portant à la surface pour former l'épiderme, et Vectoderme s' enfonçant à l'intérieur pour former les ca- vités digestives. » C'est là, certes, une différence assez grande pour constituer un carac- tère d'embranchement. Je propose donc d'élever les Spongiaires au rang d'embranchement, en les opposant sous le aomiV Enantioderrfia (i^jx^xioz, invei'se) aux Cœlenterata, sinon même, sous celui d'Enantiozoa, à tous les autres animaux, Protozoa, Mesozoa, Metazoa, dont les feuillets, quand ils existent, s'invaginent dans le sens normal. » Il y aurait bien des choses à ajouter pour éclaircir certains points et réfuter d'avance les objections possibles; mais ce qui précède me semble ( ') Si, chez les Calcaires, on en a jugé autrement, c'est parce que, sachant que les cellules ilagellées s'invaginent et croyant que c'était l'inverse chez les Siliceuses, on préférait, par une bien fausse appréciation des exigences scientifiques, croire que l'ectoderme s'était déguisé en endoderme et l'endoderme en ectoderme, plutôt que d'admettre un renversement dans le sens de l'invagination normale. •■ ( 548 ) suffisamment légitimer mes conclusions et je réserve ce qui reste à dire pour un travail ultérieur. » PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — De l'influence des rayons X sur la germination . Note de MM. Maldiney et Thocvenin ('}, présentée par M. Gaston Bonnier. « Nous avons soumis aux rayons X un certain nombre de graines, appar- tenant aux espèces suivantes : Convok'ulus arvensis, Lepidium sativum et Panicum miliaceurn. » Dans chaque expérience, les graines étaient placées sur une bande de tricot de laine, recouverte d'une légère couche de terre maintenue con- slammcnL humide; entre le tube producteur des rayons X et les graines sur lesquelles devaient agir ces rayons, était interposée, pour détruire l'in- fluence du champ électrique, une mince lame d'aluminium en communica- tion avec le sol. En outre, pour que lesgraines témoins fussent exactement dans les mêmes conditions que les autres, sauf l'action des rayons X, elles ont été placées sur le même support au-dessous de la lame d'aluminium, mais soustraites à l'influence des rayons X au moyen d'une épaisse lame de plomb qui les protégeait entièrement. Ces dernières graines se trouvaient donc placées, autant que possible, dans les conditions normales de la végétation. » Dans chacune des expériences, il y a eu trois graines soumises aux rayons X et trois graines témoins. » Toutes les expériences ont été faites avec un tube de la maison Cha- baud ; l'intensité du courant était égale, en moyenne, à 8 ampères; le tube était éloigné des graines de o™,o8. » Expérience I. — Liseron. — Les graines ont élé mises en expérience le i'^"' sep- tembre à lo'" du malin et exposées chaque jour, pendant une heure au moins, aux rayons X : le 3 septembre à S*" du matin, elles avaient germé, et le 7 seulement appa- raissaient les germes des graines témoins. » Expérience II. — Cresson alénois. — Expérience commencée le 1 1 novembre à 3'' du soir, une heure de rayons X ; le 12, trois heures ; le i3, une heure : ce jour, à 4'" (') Ce travail a été fait au laboratoire de Physique de l'Université de Besançon. Pour plus de détails, voir la Revue générale de Botanique, dirigée par M. Gaston Bonnier, t. X, 1898. ( 549 ) du soir, les graines inonlrent leurs germes, et il faut attendre jusqu'au 17 novembre pour que les graines témoins germent à leur tour. » Dans deux autres expériences commencées le 3 décembre avec des graines de Millet et de Liseron, les graines de Millet exposées aux rajons X commencent à germer, deux graines le 9 et la troisième le 10 décembre ; les graines de Liseron ont germé le ig. » Les graines témoins de Millet n'ont germé que le 2 1 décembre, et celles de Liseron le 24 n'accusaient encore qu'un très léger gonflement. » On pourrait peut-être nous objecter que les rayons X ont produit une élévation de température dans la terre soumise à leur action, et qu'alors il est tout naturel que les graines semées dans cette terre aient germé avant les graines témoins. » Mais il n'en est rien : des expériences ayant été faites au moyen d'une paire d'aiguilles thermo-électriques reliées à un galvanomètre Thomson très sensible, aucune différence apprécial>le de température n'a pu être constatée entre la terre exposée pendant deux heures aux rayons X et celle qui ne l'était pas. » Il semble donc qu'on peut conclure que les rayons X hâtent la germi- nation, tout au moins pour les graines de Liseron, Cresson alénois et Millet. » Eu outre, comme les jeunes plantules, au sortir de la graine, offraient la coloration jaune pâle habituelle, on peut en déduire que les rayons X paraissent sans influence pour hâter la formation de la chlorophylle des plantules en germination. » PATHOLOGIE VÉGÉTALE. — La mélanose des mandarines . Note de M. Trabut, présentée par M. Guignard. « Les mandarines sont souvent attaquées par la larve de la mouche Ceratilis hispanica; mais elles présentent aussi une lésion qui a pu être con- fondue avec la piqûre de cet insecte. Cette lésion est caractérisée par une tache noire à l'extérieur, tache qui forme une dépression irrégulière due à l'atrophie des glandes. » Quand on enlève la peau ainsi malade, on trouve à la face interne une tache verdâtre, qui s'étend sur le dos des tranches correspondantes; cette tache a l'apparence du Penicillum glaucum. Les tranches ainsi tachées ont un goiit très désagréable. Depuis longtemps j'avais noté cette altéiation; mais ce n'est que récemnaent que j'ai pu trouver le parasite bien ca- ractérisé. ( 55o ) » Eu dépouillant une mandarine tachée, j'ai découvert, à la loupe, des pycnides noires d'un Seploria au milieu des taches verdàtres. Ce Septoria est évidemment la cause du mal : il détermine la tache verte, pénètre dans le tissu aqueux de la tranche, y fait fermenter le sucre et l'acide citrique et produit le mauvais goût signalé, qui est uue altération du parfum spécial à ce fruit. » Ce Seploria, que je désignerai sous le nom de S. glaucescens, mérite une étude sérieuse, car il cause dans nos orangeries de vrais dégâts. » CHIMIE VÉGÉTALE. — Recherche et dosage rapides du manganèse dans les plantes et les terres végétales par une méthode colorimélrique. Note de M. P. PicHARD. (Extrait.) « Lorsque la terie renferme des quantités notables de manganèse, la fusion avec le carbonate alcalin donne une coloration verdàtre, caraclé- ristiqiie, et que confirme la couleur rosée qui se manifeste par l'addition seule d'acide nitrique. » Recherche du manganèse dans les terres végétales. — La terre, sécliée et pul- vérisée finement, est incinérée, au rouge sombre, dans une petite capsule de plaline, puis calcinée avec du carbonate de soude ou de potasse desséché et pulvérisé. On opère sur o»'', 5 ou iS'' de terre, suivant que la coloration est plus ou moins foncée après l'incinération; on mélange inlimenient a parties de carbonate alcalin. On détache la masse vitreuse ou opaque qui s'est produite, en ajoutant un peu d'eau acidulée d'acide azotique. On introduit le tout dans un tube d'essai; on ajoute oS"', 5 environ de minium ou de bioxyde puce de plomb. On verse 4'^° d'eau, puis 2'^'= d'acide azotique pur. On chauffe à l'ébullition, sur une lampe à alcool, de manière à réduire le volume liquide à moitié. On laisse déposer les matières insolubles. La liqueur qui surnage est rosée, si la terre renferme des traces de manganèse. » Recherche du manganèse dans les matières organiques. — La matière orga- nique est desséchée, puis moulue finement, incinérée, calcinée avec le carbonate alcalin et traitée comme il a été dit pour la terre végétale. L'incinération doit se faire à une température peu élevée, pour éviter la fusion des cendres qui rendrait l'opération plus longue. Quelques décigrammes de cendres suffiront pour l'essai. La calcination avec le carbonate alcalin se fera au rouge vif. » Dosage du manganèse. — Le principe consiste à transformer le manganèse en permanganate dissous dans un liquide qu'il colore en rose, et à comparer la teinle de la liqueur avec celle d'une liqueur type renfermant un poids connu de manganèse. Les liquides soiit placés dans des tubes ou éprouveltes graduées, de même calibre, et addi- tionnés d'eau distillée jusqu'à égalité de teintes. » ( 'î^^' ) GÉOLOGIE. — Sur le poudingue de V Àmône dans le val Ferret suisse. Note de MM. L. Diipauc et F. Pearciî, présentée par M. Fouqué. <( Parmi les formations sédimentaires qui, dans le val Ferret suisse, sont plaquées contre les parois abruptes de porphyres quartzifères qui flanquent la protogine, on trouve un poudingue curieux déjà vu et cité par Favre (') et Gerlach (^), et dont nous-mêmes avons fait récemment une étude dé- taillée. )) Ce conglomérat paraît être absolument sporadique. Nous ne l'avons rencontré qu'à l'Amône et à la Maya; cependant, il n'est pas impossible qu'il soit plus étendu, mais alors sup|irimé par étirement. » A la Maya, la position stratigraphicjue de ce poudingue est facile à établir par une coupe faite dans les ravins creusés dans le revêtement sédi- raentaire par les torrents qui descendent du glacier du mont Dolent. Il repose directement sur les porphyres, et il est surmonté par des schistes argileux noirs, qui ne font, généralement, pas effervescence avec l'acide chlorhydrique. Ces derniers sont an horizon très constant de la bordure sédimentaire du val Ferret; on y a, paraît-il, trouvé des Bélemnites ('); en tous cas, ils sont absolument semblables à ceux décrits par M. Ritter ('') comme étant à la base du Lias. En d'autres endroits, les mêmes schistes reposent sur des quarlzites triasiqiies. » A l'Amône, le conglomérat, de faible épaisseur, repose également sur le porphyre; on en trouve de nombreux blocs dans les éboulis. En place, on ne peut guère le voir qu'en lambeaux dans le voisinage des galeries qui desservaient jadis les anciennes mines de pyrite. A l'endroit même où on l'observe, il supporte des calcaires spathiques et pyriteux, dans lesquels Greppin a trouvé une faune bajocienne; mais il est vraisemblable que les (') Favrk, Recherches géologiques dans les parties de la Savoie, du Piémont et de la Suisse, voisines du mont Blanc, Vol. 111. (^) Gerlach, Das Sudweslliclie Wallis. Beitrâge sur geologischen Karte der Schweitz, 9" livraison. (') Graeff, Gcologische und petrograpldsche Studien in der Mont-Blanc Grappe {Berichte der Naturforsclienden Gesellschaft; Freiburg i. B. , Vol. IX). (') Ritter, La bordure sud-ouest du mont Blanc {Bulletin des Services de la Carte géologique de France, n° GO, t. IX; 1897). ( 552 ) schistes noirs de la Maya sont ici localement supprimés. En efTrt, on trouve des débris de ces mêmes schistes dans les éboulis, et ceux-ci paraissent provenir d'un point inaccessible situé jilus haut dans la paroi; ces schistes supporteraient alors les calcaires spathiques à Échinodermes. » Le conglomérat renferme en abonilance des galets parfaitement arrondis, dont la grosseur peut atteindre celle de la tête. I^es roches qui forment ces galets appartiennent aux différents types suivants : » 1° Des porphyres quarlzifères (rnicrogranulites, micropegmatites, porphyres globulaires) identiques à ceux que l'on trouve en place dans les parois qui dominent le val Ferret ; )) 1° Des protogines et des granulites, plus rares déjà, ayant tous les caractères des mêmes roches en place du versant sud-est du massif du mont Blanc; » 3° Des amphiboliles feldspath isées (pseudosyénites, pseudodiorites), parfaitement semblables à celles que l'on trouve encore aujourd'hui en place et dans les éboulis des parois de la Maya et des Six Nieirs; » 4° Des cailloux calcaires. » Le ciment, qui fait corps intime avec les cailloux, se montre, sous le microscope, formé d'une quantité de très petits galets de porphyre, de plages minuscules de granit et de grains arrondis de quartz et de feldspath ; le tout aggloméré par des grains de calcile et par des plages de fluorine. Ce dernier minéral présente parfois de jolies sections carrées à clivages octaédriques, et renferme de nombreuses inclusions. Cette fluorine a été mise en évidence par la méthode de Becke ; en utilisant des contacts favo- rables avec des grains de quartz, l'indice en a été trouvé toujours inférieur à Up du quartz. Le fluor a été d'ailleurs mis en évidence par les méthodes analytiques ordinaires. » A notre avis, ce conglomérat doit être rapporté à l'Infralias; nous ne l'avons jamais vu, il est vrai, reposer sur le Trias, mais nous savons qu'il est nettement inférieur aux schistes noirs que l'on considère comme la base du Lias. Ce poudingue nous paraît comparable aux grès singuliers du col du Bonhomme et aux conglomérats qui les accompagnent. Or, l'âge infra- liasique de ces derniers a été établi par des fossiles, comme aussi par leur position stratigraphique entre le Trias supérieur et les schistes du Lias inférieur. C'est probablement aussi à la même époque qu'il faut rattacher le conglomérat sporadique de la montagne de la Saxe, intercalé lui aussi entre le Trias et le Lias, et qui renferme également des cailloux de granit associés à des fragments de calcaires dolomitiques. ( 553 ) » Il résulterait de ces considérations qu'à l'époque de l'Infralias le relief du massif du mont Blanc était assez accusé pour permettre la formation de dépôts côtiers, qui lui ont emprunté leurs éléments. » MINÉRALOGIE. — Sur la formation d'anhydrite par calcination du gypse à haute température. Note de M. A. Lacroix, présentée par M. Michel LévY. « Dans une récente Communication (*), j'ai montré que le gypse, chauffé à une temj)érature relativement basse, se transforme, en perdantson eau, en un sulfate anhydre de calcium, différant de V anhydrite par ses propriétés cristallographiques et physiques. Dans quelques expériences, effectuées en commençTUt la déshydratation vers 80° C. et en chauffant ensuite lente- ment jusqu'à laS", j'avais obtenu en outre de petites quantités d'un |)roduit hexagonal. De nouvelles expériences, eu cours d'exécution, montrent que ce sulfate hexagonal est, lui aussi, anhydre; il se forme encore en môme temps que le sulfate Iriclinique quand on porte immédiatement le gypse à une température de aSS** C. et il est alors plus abondant que dans les expériences précédentes, mais je n'ai i)u arriver à le préparer seul et à déterminer exactement les conditions de sa formation. » J'ai cherché à transformer ces deux nouveaux sulfates en anhydrite. Au rouge naissant, ils ne se modifient pas; mais, à partir du rouge cerise, les lames de clivages du gypse déshydraté deviennent moins mates, elles se gondolent et se mettent en poudre cristalline sous la pression du doigt ou par immersion dans l'eau. L'examen d'une lame mince fait voir que le produit a subi un changement d'état : il est entièrement transformé en anhydrite; mais, à l'inverse de ce qui s'observe avec les sulfates précé- dents, cette anhydrite n'est pas orientée sur le gypse primitif : elle con- stitue une mosaïque de grains xénomorphes, sur lesquels il est facile d'étudier toutes les propriétés optiques caractéristiques de ce minéral. )) Quand le chauffage a eu lieu à l'aide d'une trompe, et que la tempéra- ture a été poussée au voisinage de la température de fusion de l'anhydriLe, sans l'atteindre toutefois, le gypse primitif conserve sa forme, les grains d'anhydrite qui le constituent sont de grande taille et riches en inclusions gazeuses; celles-ci sont d'ordinaire disposées parallèlement à l'axe vertical (') Comptes rendus, 24 janvier 1898. C. r., 1S98, I»' Semestre. {T. CàXVI, N' 7. 7^ ( 554 ) du gypse [trace du clivage A' (t o o)], quelle que soit du reste l'orientation des cristaux d'anhydrite qui les renferment. » Enfin, si la température est portée plus haut, l'anhydrite fond et recristallise en grandes lames (' , même par un rapide refroidissement. » L'anhydrite étant relativement peu soluble dans l'eau, on comprend maintenant pourquoi le plâtre cuit à température trop élevée ne fait prise qu'avec une extrême lenteur ou même ne fait |ias prise du tout. » Quand on place dans l'eau un cristal du gypse transformé en sulfate anhydre triclinique, celui-ci s'hydrate rapidement. Le gypse ainsi formé est cristallisé sous forme de petites aiguilles dont l'allongement est parfois parallèle à l'axe vertical du cristal de gypse primitif: il se présente aussi en groupements sphérolitiques. » GÉOLOGIE. — Sut l' origine des nappes de recouvrement de la région de /' Ubayc. Note de MM. W. Kilian et E. Haug, présentée par ^î. Michel Lévy. « Nous avons établi, dans une série de Notes (-), l'existence de masses de recouvrement dans une partie du bassin de la haute Durance et, en particulier, dans les montagnes qui avoisinent l'Ubaye. » L'étude de ces lambeaux, qui reposent sur un suhslralum plissé et qui forment, des environs du col de Pelouze, limitrophe des Alpes-Maritimes, à la montagne de Plolit, près de Gap {'), en passant par les Siolanes et le Morgon, une suite grandiose de massifs exotiques, nousa conduits à distin- guer, parmi eux, les témoins de plusieurs nappes charriées distinctes et de faciès différent. (') La barytine (BaSO') et la céleslile (SrSO') recrislallisent de la même façon avec grande facilité. (') Comptes rendus Soc. de Stal. de l'Isère, i4 novembre 1892. — Comptes rendus, 3i décembre 1894. ■ — Esquisse de la structure géologique des environs de Darcelonnette {Basses-Alpes) {Annales de l'Université de Grenoble, 1890). — Comptes rendus Collab. Serv. Carte géol. de France, n° 33, p, 122 (1893-94)- — Comptes rendus Collab. Serv. Carte géol. de France, n° 53, p. 170 (1896). — Notice géologique sur la vallée de Barcelonnette [in Notices sur la haute vallée de l'Ubaye (avec une Carte schématique) publiées par la Soc. botanique de France, '897]- (^) IIaug, Excursion géologique dans la haute vallée du Drac {Comptes rendus Séances Soc. géol. de France, 5 novembre 1894). ( 555 ) » Il nous a été possible de rattacher l'une d'elles, la nappe inférieure de l'Ubaye, à une bande anticlinale qui, de Jausiers au col de Famouras, représente, un peu en arrière des lambeaux de recouvrement, la racine d'une partie de ces lambeaux. » Mais les plus importantes des masses exotiques, celles de l'Olan, des Siolanes, du Morgon, par exemple, constituant la nappe supérieure de l'Ubaye et caractérisées par le faciès spécial qui affecte le Malm (cal- caires blancs récifaux, passant à des calcaires roses bréchoïdes et amygda- laires identiques au marbre de Guillestre), ainsi que le Nummulitique (cal- caires et grès à Niirnm. perforata), ne peuvent être raisonnablement considérées comme émanées des anticlinaux voisins, et, depuis longtemps déjà, nous avons reconnu leur origine plus lointaine. » Frappés, d'une part, de l'étrange et profonde dissemblance qu'offrent les terrains constituant ces masses charriées avec les couches de même âge qui forment leur soubassement, et guidés, d'autre part, par la pré- sence du faciès bréchoïde à teinte rosée dans certaines parties de ces lam- beaux de recouvrement [Siolanes, Revel (passage de la brèche rose aux calcaires blancs (' ), Chabrières], nous avons fait porter cette année nos recherches sur la région de Montdauphin-Guillestre, où les calcaires roses amygdalaires du Jurassique supérieur forment des affleurements encore in silu, bien connus et décrits par Ch. Lory. » Notre but était de retrouver dans ces parages l'origine de la nappe supérieure de recouvrement de l'Ubaye, dont les fragments de charnières, observables en plusieurs points (notamment à l'Olan), semblent indiquer qu'elle provient du nord-est. » Cette étude nous a montré que les plis de la bordure orientale du Pelvoux se continuent au sud-ouest de Ville-Vallouise par Freyssiniéres, Champcella et Réotier, en se déversant vers l'ouest-sud-ouest, au point de fournir en avant d'eux des lambeaux de recouvrement (col de Tramouil- lon) sur le front desquels le Flysch présente des contournements (la Vau- tisse 3 162'°). Ces mêmes plis, jalonnés par des bandes anticlinales de terrain houiller et de qiiartzites et déviant vers le sud-est, franchissent la Durance près du Plan-de-Phazy (noyau anticlinal granitique), toujours déversés vers l'Embrunais ; puis ils se poursuivent sous forme de minces lames anticlinales, disparaissant parfois au milieu des puissants empile- ments isoclinaux du Flysch, entre la Durance et l'Ubayette. Le faciès du (•) Voir W. KiLUN, Comptes rendus, 21 octobre 1889. ( 556 ) Jurassique supérieur, calcaires roses amygdalaires, avec noyaux de calcaire récif al, celui du Lias (brèche à rognons de silex) rappellent en maint en- droit de celte contrée le faciès des masses exotiques de l'Ubaye (Siolanc ronde); toutefois nulle part les grandes masses de calcaires récifaux du Malm et les couches à grandes Nummulites n'ont pu être observées jus- qu'à présent. Les anticlinaux de Ch^mpcella-Réotier font partie d'un faisceau de plis déversés vers l'ouest, qui comprend également les épais dépôts de Flysch, de Saint-Clément et de Chàteauroux, au milieu desquels se montre encore, près de ce dernier village, une hmie anticlinale étirée de calcaires triasiques. » Les plis est-ouest signalés sur le bord méridional du massif du Pelvoux par M. Termier jusque dans le voisinage de Dourmillouze, viennent proba- blement s'infléchir vers le sud-sud-ouest, parallèlement aux précédents (le massif du l'elvoux se terminant en amygdaloïde, ainsi que l'a indiqué notre confrère), puis se couchent, eux aussi, vers le sud-ouest. » C'est au faisceau ainsi formé, et à sa continuation vers le sud-est, que nous attribuons la nappe supérieure de charriage de l'Ubaye; l'étude de ce faisceau présente une très grande importance, car c'est à lui seul que peuvent être rapportées les grandes masses exotiques, et cela pour les rai- sons suivantes : » a. Les plis situés immédiatement à l'est (environs de Guillestre, Es- creins, Sereune, Meyronnes) sont déversés vers V Italie et n'ont pu, par con- séquent, fournir des masses charriées vers le sud et le sud-ouest, c'est- à-dire en arrière d'eux ; » h. Les masses exotiques en question ne peuvent être venues de l'ouest, du sud-ouest ou du sud, le faciès des dépôts en place étant absolument dif- férent dans ces directions à une grande dislance; » c. Il existe, il est vrai, dans les environs de Nice, des calcaires blancs jurassiques et des couches à grandes Nummulites, fort analogues à celles de nos masses exotiques, mais l'éloignement de cette région et la structure des contrées intermédiaires (') suffisent pour écarter l'hypothèse d'un rapport tectonique quelconque entre les recouvrements de l'Ubaye et les formations du littoral. » Tl est donc très probable que la nappe supérieure de recouvrement de l'Ubaye provient bien des anticlinaux appartenant au faisceau deRéotier, et actuellement laminés au milieu du Flysch qui continue cette zone vers (') Décrites récemment en détail par M. I>. I^ertraïui. ( 5,57 ) Tournoux, Larche et l'Italie. Une suite de dépôts récifaux pendant la pé riode du Malm, nn petit géosynclinal à grandes Nnmmnlites pendant l'Éo- cènc, puis de puissants dépôts de Flysch auraient caractérisé cette zone aujourd'hui fortement réduite en largeur par l'acuité des phénomènes de plissement qui lui ont donné sa structure isoclinale. Quant à l'étendue du recouvrement elle devait dépasser 3o'"". » En arrière du faisceau de Réotier, une ligne passant par S' Crépin, Guillestre, S'"^ Marie-de-Vars, S' Paul et Larche, jalonne un .synclinal de part et d'autre duquel le déversement des plis a lieu en sens inverse. Cette ligne n'est pas, ainsi que l'un de nous l'a déjà montré (' ), la continuation de l'axe de l'éventail houiller de la Savoie, qu'elle relaye, pour ainsi dire, au point de vue de la symétrie, car cet axe pas.se par le haut de la vallée de Névachc, le col de Granon, Brianoon, et laisse à l'ouest le massif de Pierre- Eyraut pour se diriger vers les massifs de Béal-Traversier et de la Purfande. c'est-à-dire bien à l'est du synclinal de Guillestre. » GKOr.OGlE. — S/ir quelques phénomènes d'érosion et de corrosion Jluviales. Note de M. Jea.v Bruniies, présentée par M. de Lapparent. « Un peu en amont de Fribourg (Suisse), au sommet d'un des nombreux méandres de la Sarine, on a construit, de 1870 à 1872, un barrage et créé une chute d'eau dont la force est aujourd'hui exploitée par une usine électrique : c'est le barrage de la Maigrange. On a creusé à la même époque, à travers le promontoire de mollasse qui formait la rive convexe du méandre, un canal de décharge, long de plus de 100'", très légèrement incliné, et qui se termine par une chute de 9™. Ce canal est relativement étroit par rapport à la surface du réservoir; les eaux y atteignent souvent la hauteur de i"; lors de la crue exceptionnelle du 3 octobre 1888, elles se sont élevées au-dessus de 4'". Enfin ce canal, dont l'ouverture est de 55"". va se rétrécissant et n'a que 28™ dans sa partie centrale; on comprend aisément qu'il s'y produise de très nombreux tourbillons. » Or la mollasse du fond, homogène et tendre, est admirablement faite pour subir toutes les actions d'érosion et de corrosion (^). Au mois (') W. I"ÛLIAN, Notes sur l'histoire et la structure des chaînes alpines de la Mau- rienne, etc. {Bull. Soc. géol. de France, 'à° série, tome XIX, p. 646; 1891-1893). ('-) En ce qui concerne les actions d'érosion et de corrosion fluviales, j'adopte la ( 558 ) de novembre 1897, une sécheresse exceptionnelle ayant mis à découvert le fond du canal durant une semaine, j'ai pu en étudier de près toutes les formes, qui ont exigé, pour leur formation, le maximum d'un quart de siècle. )) Écailles. — Dans la partie supérieure droite, j'ai constaté de grandes écailles demi-circulaires, où les feuillets des couches de la mollasse ont été relevés par l'eau de telle manière qu'ils paraissent indiquer une forte inclinaison des couches; en réalité, tandis que les strates ont en cet endroit un plongement est-ouest d'ailleurs très léger, les feuillets des rebords des écailles se trouvent soulevés indistinctement dans toutes les directions : ces formes sont en relation directe avec les courants cu'culaires que des- sinent les eaux, lorsque, dans la partie large du canal, elles vont battre contre la paroi de l'île, pour pénétrer dans la partie plus resserrée du couloir. » Jja plus grande de ces écailles est formée de deux écailles qui se font suite et qui se tiennent sur une longueur de 3'", 10; le rayon de la plus petite a i",o5; celui de la plus grande, i",3o. Entre la partie supérieure du rebord et le centre, la différence de niveau est de o™,i2 ; entre la partie supérieure du rebord et son pied, elle est de o™, 090. » Marmites. — Le fond du lit, surtout au delà du resserremeni, est semé de marmites fluviales : j'en ai vidé, mesuré, étudié et photographié un grand nombre. Je résumerai seulement ici mes remarques. » Les parois ne sont pas verticales; le bord supérieur de la cavité sur- plombe ordinairement. L'exemple le plus frappant est celui de deux mar- mites qui, en s'approfondissant, se sont rejointes, le vestige de l'ancienne cloison ne subsistant qu'à la partie supérieure sous la forme d'une langue de mollasse de o"',i5 de longueur. Rien ne met mieux en évidence le fait suivant : si l'eau est la cause de ces formations, elle n'est pas elle-même l'instrument d'érosion; elle corrode à l'aide de la mitraille de galets et de sables qu'elle transporte, et son action, si forte sur toutes les parties avec lesquelles les matériaux sont eu contact, est très lente ou insignifiante sur les bords supérieurs. » Les fonds des marmites affectent deux formes principales, reconnues et décrites par G.-R. Gilbert, dès 1873 ( Wheeler's Report, p. 73) : le fond des unes est tout simplement concave; les autres se terminent par une distinction qu'établit A. Penck {Morphologie cfer Erdoberjlàchc, t. I, p. 3ii etsiiiv.; Stuttgart, 1894)- ( 559 ) saillie de forme conique, entourée par une dépression annulaire; dans ce dernier cas, les différents points qui marquent le fond de la dépression ne sont jamais sur un même plan horizontal; la courbe est spiraliforme. Or ces deux types n'en forment qu'un seul et répondent à deux stades de la formation : » a. Lorqu'une marmite se termine par un petit cône surbaissé, elle doit être regardée comme inachevée : le tourbillon s'est arrêté en plein travail, interi'ompu qu'il a été, soit par une baisse rapide des eaux, soit par une invasion trop rapide de galets ou de sables qui l'a brusquement paralysé. Tant qu'une marmite est en formation, on reconnaît sur le fond les effets des spirales du tourbillon. » b. Lorsqu'une marmite se termine par un fond concave, c'est qu'elle est achevée ou près de l'être. Une marmite s'achève parce que, le tour- billon demeurant constant, le rayon de giration se réduit de plus en plus avec la profondeur, et parce qu'il arrive un moment où la force cen- trifuge à l'extrémité inférieure est annihilée : ce moment, d'ailleurs, est souvent hâté par l'accumulation progressive des matériaux dans la mar- mite, qui meurt ainsi de pléthore et qui ne peut rentrer dans la période d'activité que sous l'action d'un tourbillon plus vigoureux. » Cette reprise de l'activité n'est d'ailleurs pas un cas exceptionnel, et j'en ai constaté des exemples caractéristiques. Dans l'un d'eux, le premier stade avait donné une marmite qui s'était arrêtée au point où le mouvement gira- toire était contrarié par la présence d'un caillou de la mollasse ; le deuxième étage a été créé par un second tourbillon, nettement distinct du premier, et de rayon beaucoup plus court. » Ainsi, dans bien des cas, la marmite adulte paraît s'être formée non en une seule fois, mais par intermittences, en rapport avec les variations de l'activité des tourbillons. » Quelle que soit cette activité, il v a une limite d'action que les tour- billons ne dépassent pas, de même que l'action érosive des cours d'eau sur le fond a comme limite leur profil d'équilibre. » La forme-limite perd de plus en plus ces traits distinctifs du premier âge, que la mollasse de la Sarine, tendre et plastique, révèle avec une netteté exceptionnelle; la forme vieille est cylindrique comme un sac et le fond est d'une concavité qui se rapproche plus ou moins de l'horizontalité ; bref, les vestiges spiraliformes s'oblitèrent de plus en plus: c'est pourquoi dans les régions où ces phénomènes sont de très ancienne date, spéciale- ( 56o ) ment là où ils remontent à la période de la grande extension des glaciers, la forme oblitérée ou vieillie est prédominante. » De toutes les marmites du canal de décharge, la plus grande est elliptique et a les dimensions suivantes : diamètres SE-NW = o*",535 et NE-SW = o*", 742; profondeur = i™,2i. Dans une échelle à poissons voi- sine, aujourd'hui en piirlie démolie, et qui avait été achevée seulement en 1880, j'ai mesuré une marmite en forme de sac étroit, de i™ de dia- mètre et où la distance de l'oritice à la partie supérieure du remplissage de galets était de 3", 27. » La présente Communication est surtout déterminée par une double considération : i"il est rare que le lit d'un rapide, ayant des dimensions et un débit analogues à ceux du canal de décharge de la Maigrange, et d'autre part établi sur une roche aussi modelable que la mollasse marine, puisse être commodément étudié; 2" il est rare qu'on puisse attribuer à des phé- nomènes naturels de cet ordre un ài2e exact et indiscutable. » •S" M. L. Mayou adresse une Note relative à la grande pyramide d'Egypte, considérée comme ayant été, à son origine, un moaument géodésique. (Cette Note sera soumise à l'examen de M. Faye.) M. d'Ocagxe adresse une nouvelle Note intitulée : « Application aux équations à trois et à quatre variables, de la méthode nomographique la plus générale, résultant de la position relative de deux plans superposés. » M. P. Valerio adresse une Note >i Sui' Ja loi des erreurs d'observation. » La séance est levée à 4 heures. J. B. On souscrit à Paris, chez GAUTHIER -VIU.ARS ET FILS, Quai (les Grands-Augustins, n° 55. Deiuis 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Ils forment, à la fin de l'année, deux volumes in-4''. Deux Tables, l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Aulf^irs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel et part du i" janvier. ' Le prix lie C abonnement est fixé ainsi (/it'il suit : l Paris : 20 fr. — Départements : 30 fr. — Dnion postale : 34 fr. — Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus. On souscrit, dans les Départements, chez Messieurs : Âgen FeiT:'n frères. ( Chaix. Alger ' Jourdan. I RuIT. Amiens Courtin-Hecquet. ( Germain etGrassin. " I Lachèse. Hayonne Jérôme. Hesançon Jacquard. ! Feret. Bordeaux 1 Laurens. ( Muller (G.). Bourges Renaud. / Derrien. \ F. Robert. j J. Robert. ( Uzel frères. Caen Joii.m. Chamàery Perrin. ^t 1. t Henry. Cherbourg ! ., ( Marguerie. ^, , r- i ■Ju'iùt. Clermont-Ferr... ,^., „ ,, ( Ribou-Collay. I Larnarche. D'jon ( Ralel. ' Rcy. Brest. Douai. \ Lauverjat. ( Degez. „ ., l Drevet. (jrenobte \ „ ^ ( Gratier et L". La Hochelle Foucher. t Bourdignon. ( Dombre. i Tliorez. I Quarré. Le Havre. chez Messieurs : f .orient. ( Baumal. 1 ( M"" lexier. / Bernoux et Cumin ^ Georg. Lyon . . ( Cùle. J Savy. 1 Vitte, Marseille .. Ruât. Montpellier . . \ Calas. ■ ■ / Coulel. .Moulins Martial Place. / Jacques. ' Sidot frères. .\ an tes ( Loiseau. ( Veloppé. 1 Barnid. (^ ice [ Visconti et C'*. . .. Thibaud. Orléans . . . Luzeray. ^ Blanchier. 1 Marclie. Hennés . . . . Plilion et Hervé. Bocheforl . .. Girard (M»"). Rouen. Lanalois. \ Leslringant. S'-Élienne Chevalier. \ Bastide. Toulon.. Toulouse { liuriièbe. \ Gimet. Privât. . lîoisselier. Tours 1 Péricat. ' Suppligeon. \ Giard. tLejnaitre. Valenciennes. On souscrit, à l'Étranger, chez Messieurs , , ( Feikenia Caare Amsterdam \ et C'>. Athènes Beck. Barcelone Verdaguer. Asher et C" I Isen chez Messieurs Dùlau. Berlin. âmes. Friedlander et lils. f Mayer et Muller. Berne Sclimid et Francke. Bologne Zanichelli. j Lamertin. Bruxelles MayolezetAudiarte. I Lebégue et G". I Sotcheck et C". Bucharest i *f ,t / /^ i \ / Muller ( Carol). Budapest Kilian. Cambridge.. .. . Ueigliton, BelletC". Christiania Cammeriiieyer. Constantinople. . Otto Keil. Copenhague Host et lils. Florence Seeber. Gand Hoste. Gènes Beuf. . 1 Cherbuliez. Georg. ( Stapelmohr. Bel in fan te frères. ^ Benda. ( Payot. , Barth. Genève.. . La Haye. Lausanne- Leipzig Liège. Brockhaus. Lorentz. Max Riibe. Twietmeyer. I Desoer. / Gnusé. Milan . Londres Hachette et C". 'Nutt. Luxembourg. . . V. 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SUPPLEMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES : Tome I: Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par MM. A. DERBËset A.-J.-J. Solikr.— Mémoire sur le Calcul des Perturbations qu'éprouvent les Comètes, par M.Hansen.— Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des matières grasses, par M. Claude Bernard. Volume in-4°, avec 82 planches ; i856 r. 15 fr. Tome II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Vas Beneden. — Essai d'une réponse à la question de Prix proposée en i85o par l'Académie des Science» pour le concours de i853, et puis remise pourcelui de i856, savoir : « Étudier les lois delà distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sèdi- » mentaires, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. — Rechercher la natuie » des rapports qui existent entre l'état actuel du régne organique et ses étals antérieurs », par M. le Professeur Bronn. In-4'', avec 27 planches; 1861.. . 15 fr. à la même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Hémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences. W 7. TABLE DES ARTICLES. (Séance du I/i février 1898.) MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMRItRS KT DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. Pages. M. Emile Picaud. — Sur certains exemples singuliers irappro\imntions successives !597 MÉMOIRES PRÉSENTÉS. MM. R. SoRF.L et A. Soiiet uflresscnt une i< Note sur un cas d'cléphantiasis avec troubles nerveux, guéri après applications de rayons X îod CORRESPONDANCE . M. le Secrétaire i'erpetuei. signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance, un Mémoire de M. Frederico Amodeo, intitulé : Curvc A-gonali di i"-'"'» specie ». 5oi M. E. Roger. — Sur les masses des planètes. 5oi M. P. Tacchini. — Résumé des observations solaires faites à Tobservatoirc royal du Collège romain pendant le deuxième se- mestre 1897 ^'^^ M. J. DE Rey-I*aii.iiade. — Sur l'extension du système décimal au jour et au cercle entiers : avantages et procédés pratiques. 3(ij M. G. HuMBERT. — Sur les fonctions abé- liennes singulières 5o8 M. LÉMERAY. — Sur quelques algorithmes généraux et sur l'itération 5il M. P. Painlevé. — Sur les surfaces <|ui admettent un groupe inlini discontinu de transformations birationnelles Ô12 M. Mesnageiî. — Déformation des métaux (essai d'une théorie) 5i5 M. L. Décombe. — Mesure directe de la période des oscillations hertziennes 5i8 M. G. Sagnao. — Emission de rayons secon- daires par rairsousl'inlluencedesrayonsX. 'y>i M. V. Crémiku. — Sur un nouvel inter- rupteur pour les bobines d'induction.... 5j3 MM. A. Etari) et G. Meker. — Sur un hydrure de dicampliène cristallisé 2jG M. H. Imbert. — Action de la cyanamide sur le bromanile, en présence de la po- tasse 529 M. L. JOLi.Y. — Recherches sur le phosphore organique 53i M. L. DE Saint-Martin. — Les inhalations de chloroforme déterminent-elles la pro- duction d'oxyde de carbone dans le sang? J33 M. J. Laborde. — Sur l'oxydase du liotrytis cinerea 53(i MM. lîATAiLLON et Terre. — Tuberculose et pseudo-tuberculoses .^3S M. K.-J. Rose. — Les parasites du cancer et du sarcome (morphologie, répartition ). ô^i M. LÉON A AILLANT. — Remarques sur les appendices de RIoch chez les Siluroïdes du genre Aspredo J4 't M. Yves Delagk. — Sur la place des Spon- giaires dans la classification .5'|j MM. Maldiney et Thouvenin. — De l'in- fluence des rayons X sur la germination. .")'(« M. Trarut. — La mélanose des mandarines. .V'19 M. P. PicuARD. — Recherche et dosage ra- pides du manganèse dans les plantes et les terres végétales par une méthode colori- métrique "ijo MM. DuPARC et F. Pearce. — Sur le pou- dingue de l'Aninne dans le val Ferret suisse j.u M. A. Lacroix. -- Sur la formation d'anhy- dride par calcination du gypse à haute température 5.53 MM. W. Kilian el E. Hauo — Sur l'origine des nappes de recouvrement de la région de rUbaye ')54 M. Jean Rrunhes. — Sur quelques phéno- mènes d'érosion et de corrosion fluviales, j'i-/ M. L. Mayou adresse une Note relative à la grande pyramide d'Egypte, considérée comme ayant été. à son origine, un mo- nument géodésique 'iijn M. d'Ocagne adresse une nouvelle Note intitulée : Application, aux équations à trois et quatre variables, de la méthode nomographiqnc la plus générale, résultant de la position relative de deux plans super- . posés .')6n M. P. Valerio adresse une Note « Sur la loi des erreurs ddliservation « 3Gci PARIS.— IMPRIMERIE GAUTHIER-VILLARS ET FILS, Quai des GrandsAugustins, 55. /.r Gérant .* Gauthier-Villar MAR 111898 *^^^ o , ^ PREMIER SEMESTRE. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES PAR nin. I^BS SECRÉTAIRES PERPÉTUEIiS. T03IE CXXYI. r 8(21 Février 1898). PARIS, GAUTHIER-VILLARS ET FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES Quai des Grands-Augustins, 55. 1898 RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS ADOPTÉ DANS LES SÉANCES DES a'i JUIN 1862 ET 24 MAI iHyS. Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie se composent des extraits des travaux de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes présentés par des savants étrangers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a '(S pages ou 6 feuilles en moyenne. 26 numéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. Article 1*'. — Impressions des travaux de l'Académie. LesextraitsdesMémoiresprésenlés par un Membre ou par un Associé étranger de l'Académie comprennent au plus 6 pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o pages par année. Les communications verbales ne sont mentionnées dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction écrite par leur auteur a été remise, séance tenante, aux Secrétaires. IjCS Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les Rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. . Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par les Correspondants de l'Académie comprennent au plus 4 pages par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de 32 pages par année. Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi- vent rédiger, séance tenante, des Ilotes sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion. Les Programmes des prix proposés par l'Académie sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap- ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autant que l'Académie l'aura décidé. Les Notices ou Discours prononcés en séance pu blique ne font pas partie des Comptes rendus. Articles. — Impression des travaux des Savants étrangers à l' Académie. Les Mémoires lus ou présentés par des personnes qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca- démie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un rc sumé qui ne dépasse pas 3 pages. Les Membres qui présentent ces Mémoires sont tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le Membre qui fait la présentation est toujours nommé; mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le font pour les articles ordinaires de la correspondance olfi- cielle de l'Académie. ARTfCLE 3. -> \ Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis àî l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, lel jeudi à I o heures du matin ; faute d'être remis à temps, ' le titre seul du Mémoire estinséré dans le Compte rendu actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui- vant et mis à la fin du cahier. Article 4. — Planches et tirage à part. Les Co7?iptes rendus n'ont pas de planches. Le tirage à part des articles est aux frais des au- teurs; il n'v a d'exception que pour les Rapports et les Instructions demandés par le Gouvernement. Article 5. Tous les six mois, la Commission administrative fait un Rapport sur la situation des Comptes rendus après l'impression de chaque volume. Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré- sent Règlement. Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5' . Autrement la présentation sera remise à la séance suivante. COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 21 FÉVRIEU 1898. PRÉSIDENCE DE M. WOLF. MEMOIRES ET COMMUIVICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. CHIMIE GÉNÉRALE. — Actions chimiques exercées par l' effluve clpctrique. Méthodes; par M. Berthelot. « 1. J'ai fait de nouvelles expériences sur les actions chimiques de l'effluve électrique, et en particulier sur la fixation de l'azote par les com- posés organiques, questions également intéressantes au point de vue de la Chimie pure et de la Physiologie végétale. Ces expériences font suite à celles que j'ai publiées à plusieurs reprises, depuis quarante années, sur les mêmes sujets, et qui se trouvent résumées dans mon Essai de Mécanique cJiimique, t. II, p. 3G2-/|Oo : expériences qui m'ont conduit à la découverte de la synthèse totale de l'acélylène, de l'acide cyanhydrique, de l'acide persullurique et congénères, ainsi qu'à celle de la fixation incessante de l'azote libre de l'air, par l'électricité atmosphérique, sur les principes immé- diats des végétaux dans leur état naturel. C. K., 1898, . ' Sm>ieHre. (ï. CXXVI, N» 8.) 7^ ( 562 ) » Les nouvelles expériences que je vais publier ont pour objet d'appro- fondir les mécanismes généraux et les conditions spéciales d'exercice des réactions de l'effluve. Leurs applications à la Chimie proprement dite et à celle des êtres vivants constituent une méthode aussi étendue que celle des réactions pyrogénées : il v a là tout un monde de combinaisons, tout un domaine, singulièrement fertile à exploiter. » Je me suis proposé d'étudier méthodiquement la fixation électrique de l'azote, celles de l'hvdrogène, de l'oxyde de carbone et, plus généralement, les transformations des principes organiques isolés, ainsi que leurs actions réciproques. » Mes expériences sont complètes, dès à présent, sur plus de cent vingt systèmes. Elles m'ont déjà occupé depuis un temps considérable et leur poursuite exigera sans doute un temps plus long encore : je ne saurais même prétendre à épuiser un sujet aussi vaste, mais je tâche d'y définir certaines directions, en vue des recherches de l'avenir. » Ainsi j'ai étudié les principes typiques des fonctions fondamentales : carbures d'hydrogène, alcools et dérivés éthérés, aldéhydes, acides, amides, alcalis et composés azoïques; j'ai envisagé spécialement les corps isomères et homologues. » J'ai opéré, toutes les fois que la chose a été possible, sur des systèmes entièrement gazeux, ou susceptibles de prendre cet état dans le cours de l'expérience; de façon à définir, d'une manière exacte, les proportions des éléments dans les produits transformés. Je me suis attaché surtout à établir la limite des Irnnsformations , dans des conditions de temps et d'intensité bien définies. » 2. Donnons d'abord quelques brefs renseignements sur le dispositif des expériences. Elles consistent à placer les corps destinés à subir la ré- action, dans l'état isolé ou mélangés, au sein d'un espace étroit, annulaire on de toute autre forme, de façon à leur faire jouer le rôle de diélec- triques, incessamment traversés par les décharges d'un appareil à haute tension, tel qu'une bobine d'induction. M J'ai employé, dans la plupart des cas, un appareil de Ruhmkorff, muni d'une bouteille de J^eyde, jouant le rôle de condensateur extérieur, et d'un interrupteur Marcel Deprez, prodin'sant plusieurs centaines d'in- terru[)tions par seconde. Les décharges sont alternatives. L'appareil est alimenté par une batterie de 5 accumulateurs, développant une tension de 12 volts en moyenne et donnant lieu, dans les conditions de ces expé- riences, à un débit de 2 ampères environ, débit soutenu pendant vingt- ( 563 ) quatre heures consécutives. La longueur des étincelles de la bobine, munie de son condensateur extérieur, et fonctionnant avec l'interrupteur défini plus haut, était de 12""" à i5""" environ. La durée complète a été de vingt- quatre heures; mais, dans chaque expérience et à diverses reprises, j'ai examiné les produits intermédiaires. » Les substances influencées étaient placées, en général, dans l'espace annulaire qui sépare deux tubes concentriques de verre, distants de i"'"' environ : j'ai décrit et figuré plus d'une fois ces appareils ( '); certains sont entrés dans la pratique courante des laboratoires. J'ai également mis en œuvre des piles de plateaux et capsules minces de verre, cylindriques et à fond plat, superposés, lesquels renfermaient des liquides ou des solides et étaient garnis, à leur face inférieure, de feuilles métalliques, mises en communication soit avec les pôles d'une j)ile de plusieurs centaines d'élé- ments Leclanché, soit avec ceux d'une bobine d'induction : de façon à constituer des champs électriques, à charge fixe et de sens constant dans le cas de la pile, à charge incessamment variable et de sens alternatif dans le cas de la bobine. Les plateaux et capsules sont empilés au sein de grandes conserves de verre, où l'on peut, à volonté, faire le vide; ou bien faire pénétrer à demeure, ou bien encore f;iire circuler, soit un gaz, soit un mélange de gaz déterminés. » 3. Les réactions que j'ai étudiées ont été exercées entre gaz, liquides et solides. L'action réciproque des gaz est le cas type, ainsi qu'il a été dit plus haut. On y ramène le cas d'un liquide agissant sur un gaz, lorsque ce liquide possède une tension de vapeur considérable à la température ordi- naire, comme dans le cas de l'éther diéthylique agissant sur l'azote, par exemple. Pour les cas où la tension est trop faible pour permettre des mesures de volume rigoureuses de la vapeur, je pèse le liquide dans une très petite ampoule, contenant, par exemple, ao'^B'- on 60""^'' du composé, et j'écrase l'ampoule au sein du gaz, pris sous un volume connu, dans la région supérieure, entre les deux tubes concentriquesde l'appareil à effluve. » Si le liquide offre une tension de vapeur très faible ou nulle (les huiles grasses, par exemple), on peut encore réaliser des essais qualitatifs; mais il est difficile, sinon presque impossible, d'atteindre la limite des réactions. (') Ozonaleurs et appareils indépendants de la cuve à mercure: Essai de Méca- nique chimique, t. II, p. 867, SjS. — Tubes-éprouvettes, pour opérer avec des vo- lumes gazeux connus sur la cuve à mercure, Annales de Chini. el de Phys., 5' série, l. X, p. 79; 1877, eic. ( 5G', ) à cause de l'imperfection des contacts ; les liquides étant amenés à s'écouler jusqu'au bas des éprouveltes, à la surface du mercure, là où les actions diélectriques ne s'exercent plus guère. » Afarliori, en est-il de même pour les systèmes hétérogènes formés par un gaz et un solide, dont la surface seule subit les réactions. Il existe à cet égard de grandes différences entre les solides durs et compacts, tels que les sels cristallisés et certaines lésines vitreuses, les solides feuilletés et clivables aisément, et les solides plastiques, tels que le camphre et les ré- sines molles; la durée des réactions se trouvant modifiée par des condi- tions de contact piu'ement physiques, indépendamment de la vitesse du phénomène cliimique et moléculaire proprement dit. » Quant aux dissolutions aqueuses, alcooliques, ou autres, elles se prê- tent mal aux réactions d'effUive : d'une part, à cause de l'imperfection du contact entre le corps dissous et le gaz qui surmonte la tlissolution, et, d'autre part, à cause de l'intervention propre du dissolvant • par exemple, lorsque l'eau préexiste, ou prend naissance durant la réaction de l'azote sur un composé organique, cette eau est susceptible de produire, pour son propre compte, de l'azotite d'ammoniaque, conformément à une réaction que j'ai étudiée autrefois (' J : Az^-h -H^'O = AzO^ AzH' ; je l'ai observée à plusieurs reprises, comme action secondaire, dans le cours des présentes expériences. » 4. L'emploi exclusif des liquides sans gaz, comme diélectriques, dans les réactions chimiques, répond à des conditions fort différentes : je signa- lerai dans une Note spéciale quelques essais que j'ai faits sur ce sujet. Quant aux solides sans gaz, soit en couche uniforme, obtenue par fusion, soit disséminés au sein d'un espace vide, l'étude de leurs réactions sou- lève des problèuie.s divers que je n'ai pas encore abordés. 5. La succession des actions exercées sur un système donné de corps, simples ou composés, réclame une attention particulière. En effet, il est rare, surtout avec les composés organiques, que la même action chimique se développe du commencement à la lin d'une expérience. Le plus souvent les phénomènes changent de nature, et cela à [)kisieurs reprises, par suite des actions secondaires exercées sur les composés formés tout d'abord. )i La vitesse relative de chacune des actions, tant primitives que secon- (') Essai de Mécanique chimique, t. II, p. 3-6. ( 565 ) daires, joue ici un rôle essentiel, jusqu'à ce qu'on soit parvenu à l'équilibre final; lequel s'établit d'ailleurs entre les gaz qui subsistent et les produits non volatils, liquides ou solides, qui se sont condensés à la surface intérieure des tubes concentriques. » Entrons dans quelques détails, afin de préciser cette notion essentielle. Lescarbures d'hydrogène et les composés peu oxygénés, fournissent d'abord un peu d'acétylène; mais ce gaz disparaît ensuite, par l'effet de conden- sations, combinaisons et métamorphoses consécutives. Les composés très hydrogénés, tels que le formène, mis en présence de l'azote, fournissent au début du gaz ammoniac, qui disparaît plus tard. L'oxyde de carbone, l'acide carbonique, fournis d'abord par les composés très oxygénés, sont résorbés ultérieurement. De même, le formène. Par suite de ces circon- stances, il arrive fréquemment qu'un système soumis à l'action de l'effluve dégage pendant les premières heures un volume de gaz considérable; a^o- lume qui diminue ensuite, par l'effet des réactions des produits formés tout d'abord, soit entre eux, soit avec les substances primitives. Je citerai, par exemple, l'expérience que voici, exécutée avec l'aldéhyde, C'H'O liquide, mise en présence de l'azote gazeux; le volume de l'azote étant dei3"',9. » I. Après quelques heures d'effluve : analyse faite sur une fraction, mais calculée pour la totalité. )) IL Réaction continuée vingt-quatre heures sur le surplus de ces gaz (un peu plus de moitié), demeurés en présence du produit condensé. Analyse rapportée par le calcul au volume initial. )) L G4" (total). CH'=irs5('); H^=7'-<=,3; CO = i5™,2; C0==ii<=S5; vapeur :C= H' O =5'=^I (-); Az^=: i3<-«,4. ■» IL 8"\G, total (chiffre final). H- = 7,3 ; Az- =1,3. » Ainsi l'aldéhyde s'est décomposé au débat en produits gazeux, sans absorber sensiblement d'azote (o'^*', 5 seulement). Puis le formène, l'oxyde de carbone et l'acide carbonique se sont condensés, sans que l'hydrogène ait continué à varier, tandis que l'azote était absorbé. (') Traces C'^H^ (■) Tension affaiblie, en raison de l'action des produits condensés. ( 566 ) » Dans d'autres cas, tels que celui du propylène, le gaz se condense d'abord en produits polymères liquides, lesquels dégagent de l'hydrogène par une action plus prolongée. » 6. La vitesse des réactions, et même leur nature, sont fonctions de l'intensité des décharges électriques. Aussi, pour arriver à des résultats nets et comparables entre eux, est-il nécessaire d'éviter la production des étincelles intérieures, susceptibles de développer des actions pyrogénées proprement dites, et même d'éviter ces pluies de feu intenses, qui précè- dent le développement des étincelles. » 7. Dans les conditions définies plus haut, l'équilibre final est déterminé par la formation de composés à molécule condensée, solides ou résineux, mauvais conducteurs de l'électricité et peu susceptibles de mobilité relative. Quand le composé initial est Aiiblement hydrogéné, tous les gaz peuvent demeurer absorbés ; tandis que s'il est plus riche en hydrogène, une portion plus ou moins notable de ce dernier devient libre. Les choses se passent ici comme dans la réaction de l'effluve sur les hydrures minéraux : hydrogène sulfuré, sélénié, phosphore, arsénié, etc., d'après mes anciennes expé- riences (' ) : un hydrure condensé et solide demeurant fixé à la surface du verre, dans toutes ces réactions, tandis que l'excès d'hydrogène se dégage. » Ainsi, l'hydrogène étant envisagé dans les hydrures de métalloïdes : carbone, soufre, sélénium, phosphore, etc., comme jouant le rôle d'élé- ment électropositif, tend à devenir libre; tandis que l'élément antagoniste s'accumule au sein d'une molécule de plus en plus condensée. » Une accumulation semblable de l'élément électronégatif s'observe d'ailleurs lors de la formation, sous l'influence de l'effluve, des acides persullurique, perazotique (-), percarbonique ('), iodique et de l'ozone lui-même. Ce sont là des phénomènes fondamentaux, dans les actions chi- miques provoquées par l'effluve électrique. » 8. Lorsque l'elfluve agit sur des composés organiques ternaires, les eflèts sont plus complexes. Ainsi, dans le cas des composés riches en oxy- gène, il se forme d'abord de l'oxyde de carbone, de l'acide carbonique et de l'eau, composés susceptibles d'exercer certaines actions réciproques, dont j'ai fait une étude spéciale. » Quant aux composés azotés, la plupart d'entre eux absorbent l'azote, (') Essai de Mécanique cininiqae, t. II, p. 077. (-) Ann. de Chini. et de Pliys., 5" série, t. XXII, p. 432. (^) in/i. de Chiin. et de P/ijs., J"" série, t. W'II, p. 144. ( 567 ) ea formant des composés plus azotés; cependant il en est quelques-uns qui, en raison de leur richesse en azote ou de leur constitution azoïque, sont susceptibles de dégager de l'azote. » En général, l'azote fixé sous l'influence prolongée de l'effluve parait l'être à l'effet de dérivé ammoniacal, c'est-à-dire amidé ou aminé, spéciale- ment de polyamine. Je n'ai jamais observé de dérivé azoïque ou nitrosé, ou nitré, ou hydrazinique. Il n'apparaît pas davantage d'acide cyanhydrique libre, ou de cyanhvdrate d'ammoniaque ou d'autre base; ce qui contraste avec la formation de l'acide cyanhydrique par l'action de l'étincelle. » 9. Tels sont les résultats généraux que j'ai observés en étudiant les réactions de l'effluve. Ils se résument en un double mouvement : l'un de décomposition des principes mis en expérience tendant à séparer l'hydro- gène et les composés binaires les phis simples; l'antre de condensation ou polymérisation, avec formation de composés complexes de l'ordre le plus élevé. )) Il est digne de remarque que ce double mouvement se retrouve éga- lement au début des actions pyrogénées; pourvu que les produits soient soustraits, par un refroidissement brusque, aux décompositions totales qui résultent de l'action prolongée des hautes températures ( ' )• A un point de vue non moins général, peut-être est-il permis de rapprocher les actions de l'effluve des transformations chimiques accomplies dans le cours de la nutrition et de l'évolution des êtres vivants; transformations pendant les- quelles les combinaisons venues du dehors, à titre d'aliments, tendent à se résoudre d'abord en principes plus simples, qui se recombinent aussitôt pour constituer les principes immédiats, nécessaires à l'entretien de la vie. » L'action chimique de l'effluve électrique mérite, à cet égard, une attention toute particulière; surtout si l'on tient compte des phénomènes et courants électriques développés incessamment dans les tissus des animaux vivants. » CHIMIE ORGANIQUE. — Actions chimiques exercées par reffltive électrique sur les composés organiques. — Systèmes gazeux. — Carbures d'hydrogène et azote; par M. Berthelot. « J'ai étudié les carbures gazeux les plus simples, types de tous les autres, tels que le formène et l'hydruie d'éthylène, types des carbures (') Essai de Mécanique chimique, t. II, p. 38o et 38i. ( 568 ) saturés, CH-""^-; l'éthylène et le propylène, types des carbures incomplets du premier ordre, C"H'"; l'acétylène et l'aHylène, type des carbures incomplets du second ordre, C"IP"--. .T'y ai joint le triméthylène, qui pré- sente le cas d'isomérie le plus simple connu parmi les gaz. Je rappelle- rai que j'ai déjà étudié la benzine, type des carbures cycliques, c'est-à-dire à saturation relative. Je vais exposer les résultats obtenus par l'action propre de l'effluve sur ces carbures, envisagés isolément, et sur leur mé- lange avec l'azote libre. I. — FoR-ikNi;, Cil'', )' (l). Formelle pur. — Vingt-quatre heures d'effluve. Gaz initial 011^=100'"' Gaz final 14-= io5"', -j » Le formène a perdu la moitié de son hydrogène et même un peu plus, sa décomposition étant presque accomplie. » Rapports exacts des éléments condensés : C7H''''', ou C"'H"'. » Dans mes anciennes expériences (1877), le formène avait formé un carbure à odeur d'essence de térébenthine; tandis que le térébeuthène avait fixé l'hydrogène dans les rapports C'"H"' + II-'^ ('), en se poly- niérisant. » Au début, le formène produit un peu d'acétylène, qui disparaît ensuite en se condensant. M (2). Formène et azote.— Vingt-quatre heures : CH'+Az-, vol. égaux. Gaz initial : CIi*=:ioo vol. Gaz final : II- — 110,7 CIP^ 34 Az absorbé = 25,9 » Rapports des éléments condensés : C^H'Az ou C-H(AzH=)«. » On peut regarder ce produit comme une tétramine C*H'-Az', se ratta- chant au précédent carbure C^H'^ ; lequel dérive du formène, c'est-à-dire des résidus Cil et CH- de ce dernier. >i Ce produit est solide et bleuit le papier de tournesol humide. Il a la formule d'une acétylénamine polymérisée : on connaît, en effet, quelques dérivés appartenant à ce type (voir Beilstein). (') Essai de Méc. chi/u.. t. II, p. 879 et 382. ( 569) II. — Hydrure d'éthylène {éthane) : C'H'^. » (1). Hydrure d'éthylène pur : C^H". — Vingt-quatre heures. Gaz initial : C-IP=ioo vol. Gaz iinal : W ^; 107,8 CH'= 0,7 (ou C--II« = o,35) » Le carbure a perdu un tiers de son hydrogène, et même un peu plus. » Rapports exacts des éléments condensés : CH''" ou CnV-'' ou (;'"H'". Ce sont les mêmes rapports sensiblement que pour le formène; quoique le produit ne semble pas identique. L'odeur rappelle également celle de l'essence de lâcèbenthine et celle de certaines huiles dites de vin, obtenues par l'action de l'acide sulfurique sur les composés éthyliqnes. M (2). Bydiure d'éthylcne et azote. — Vingt-qualre heures : C^H" -1- Az-, vol. égaux. Gaz initial : C^H'=ioo vol. Gaz final : H- =98,2 CH*= 3,0 Az absorbé = 26, .) » Rapports exacts des éléments condensés : » Le produit est analogue au dérivé du formène. » Le carbure a perdu, comme plus haut, son excès d'hydrogène, par rapport à l'éthylène, et même un peu plus. » Ces rapports répondent à C" II''- Az' ou [C*H'^(Azir)-]", létramine dérivée du carbure C^H'' ; ou plutôt, comme ce carbure lui-même, de la soudure de résidus C^H' et C^H', dérivés de l'éthylène. » Ou remarquera que le rapport du carbone à l'azote, dans le dérivé de l'hydrure d'éthylène, est la moitié seulement du rapport observé pour le dérivé du formène; ce qui s'accorde avec l'origine de ces deux dérivés, comme avec la différence de constitution des carbures condensés généra- teurs C*'H''. III. — Éthylène : G- H*. » (1). Éthylène pur, CH'. — Le gaz pur diminue rapidement sous l'influence de l'effluve, en formant d'abord un liquide, déjà observé par 0. R., iSgS, 1-' Se'tiestre. (ï. CXXVl, N°8.) 7'* ( 57« ) P. Thenard et par moi-uiême ('). En même temps prennent naissance un peu d'acétylène et d'hydrure d'éthylène. En prolongeant l'action vingt- quatre heures : Gaz initial loo volumes. Gaz final IP =25,i5 C=H''= 4,35 » Il ne restait pas d'acétylène. » Il en résulte pour les produits condensés les rapports C-H^'\ rapports voisins de (C*H'^)"; ce sont les mêmes sensiblement que pour C-II°. Dans mes anciens essais, j'avais trouve C'"H"^^'% très voisin de CH' '. » (2). /i7/ij7ràc e/ aco/e (vingt-quatre heures) : C H* +Az^ — Volumes égaux. » Gaz initial C^H^^rioo Gaz final Il- =28,6 » CM1«= 0,4 Az absorbé ^7:8 » Ni acétylène, ni gaz ammoniac sensible. Produit condensé semblable aux précédents, alcalin et doué de même d'une odeur qui rappelle le cacao erillé et certains dérivés de la xanthine. » Rapports des éléments condensés: C "^ H '-Az'; les mêmes sensiblement que pour l'hydrure d'éthylène. » Le volume de l'azote fixé est sensiblement égal à celui de l'hydrogène éliminé. IV. — Acétylène : G-1I^ » (i). Acétylène, C'H-. — Ce gaz pur, soumis à l'action de l'effluve, se condense avec une grande rapidité, en donnant naissance à des produits d'abord liquides (°), puis solides, que j'ai examinés à diverses reprises (^). Leur décomposition par la chaleur est explosive : ce qui atteste le carac- tère endothermique de ces polymères; elle développe, entre autres, du styrolène. Ces produits absorbent rapidement l'oxygène de l'air. » Cette prom^île condensation de l'acétylène s'opère en laissant seule- ment 2 centièmes d'un gaz, constitué par 1,8 d'hydrogène; 0,8 d'éthylène eto,o8deC=H°. » (2). Acétylène et azote: C^PP-t- Az-, à volumes égaux. — Condensa- (*) Essai de Méc. ch'iin., t. II, p. 879. (') Signalés par P. Thénard. (") Ann. de Cliiin. el de Phys., 5" sér., t. X, p. 67; 18; ( 571 ) tion rapide de l'acélylène, comme s'il était libre. Mais si l'on maintient les produits en contact avec l'azote, ce gaz est absorbé en proportion sensible, loo volumes de C*H^ ont absorbé, après vingt-quatre heures, 1 1 , 4 volumes d'azote. Il ne reste pas d'hydrogène sensible, ni de carbure gazeux. » Rapports des éléments dans le produit condensé C.''H'\iz- ou Cll"''\z\ » La première formule est la même que pour le dérivé azoté de la ben- zine ('). En tout cas, ce dérivé de l'acétylène est très différent des déri- vés de l'éthylène et de son hydrure. V. — Propvi.êne : CMC » (1) Propylène, C'H" pur. Préparé avec l'iodured'allyleet le mercure. » Le carbure se condense rapidement en un liquide. Au bout de peu d'heures, la limite est atteinte. Cependant, j'ai cru devoir prolonger l'ac- tion, pour rendre les résultats comparatifs avec ceux fournis par les autres carbures. » Dans ces conditions, le volume gazeux, qui avait d'abord diminué, éprouve ensuite une augmentation sensible. En définitive, j'ai obtenu : Gaz initial loo'»' Gaz final H- =34,3 CH'= o,7 » Rapport des éléments condensés : C'H''% soit C'^H-'^ : rapports fort voisins d'un polymère de l'allyle (C'H'')" et également voisins de la com- position centésimale des carbures condensés qui dérivent du formène et de l'éthylène. » La limite pondérale de stabilité est donc à peu près la même pour les trois séries, sous l'influence de l'effluTe. » (2) Propylène cl azote: CH'-t-Az*; 2:1''; volumes égaux. — Pre- mière réaction rapide, qui répond sans doute à la condensation du car- bure, suivie de l'absorption plus lente de l'azote. A la fin, ni acétylène, ni gaz ammoniac; résine blanchâtre à réaction alcaline, de même odeur (') Ce dernier répondrait à un dérivé complexe de l'hydrure C H' et de la ben- zine C^H^ tel que C« H^ - C« H* - G« H^ ( Az H- )- {Ann, de C/iim. et de Pliys., 'j" sér., t. XI, p. 36). [ 572 ) que le dérivé éthylénique. Gaz initial C'IF=ioo' Gaz final H2rvi7,8 Azote absorbé >^9>5 » Rapports des élémenls condensés C^H''"''Az"'\ )) Le rapport du carbone à l'hydrogène est à peu près le même que pour !e propylène, sauf un excès sensdjle d'hydrogène. I^e volume de l'azole absorbé est à peu près double de celui de l'hydrogène dégagé. Ces rap- ports répondent aux suivants, en nombres entiers : 'C'^Ji^^47/ ou C'^'JI-VAzIP)''. tétramine qui se rattacherait à un carbure C'^H^' , résultant de la soudure de résidus C'H' et C^H% dérivés du propylène et de l'allylène. VI. — TlUîlÉTHYI.ÈNE : C'II». » Il existe deux carbures de la formule C^H", le propylène normal et le trimélhylène, dont l'existence a donné lieu à diverses théories : les unes le rattachent à la série cyclique, dont il n'offre, cependant, aucun des caractères chimiques ou physiques. Je préfère l'envisager comme le représentant d'une isomérie remarquable, l'isomérie dynamique, en raison de l'excès d'énergie emmagasinée lors de sa formation; excès que constate la déter- mination de sa chaleur de foi'mation ('). L'étude de l'action de l'effluve sur ces deux isomères et sur leur mélange avec l'azole offre dès lors un intérêt particulier, indépendamment même de la comparaison de la série propylique avec la série élhylique. » (1). Trimélhylène : C^H"; 24''. — ■ Réaction sensiblement plus lente qu'avec le propylène, ayec formation d'un liquide analogue : Gaz initial 100 volumes. Gaz final H- ~:^3y,o » CH*= 1,5 Il Ce sont à peu près les n)êmes chiffres que pour le propylène. » Rapport des éléments^ condensés : C'H''-'""; sensiblement le même, répondant à CH"". Il semble donc que le polymère électrique soit iden- tique ou isomérique pour le propylène et pour le triméthylène. » (2). Triméthylène et azote : CH^-l-Az^; 24''' ^ol- égaux. — Au bout de (') Thermochimie. Données el lais numth-iques, t. l, p. 'i-g et 480. ( 573 ) trois heures, le volume a diminué de moitié; sans doute par l'effet de la condensation du carbure. Puis succède une action plus lente, répondant à l'absorption de l'azote : Gaz initial. . . C' II" = loo volumes. Gaz final H- =4ii4 » CH'= 1,6 Azote absorbé. . . 38,6 » Le dégagement de l'hydrogène est le même sensiblement qu'avec le trimétliylène pur, et le volume de l'azote absorbé à peu près égal à celui de l'hvdrogéne dégagé. » Rapports exacts des éléments condensés : C'H'^ '^Az" " ; n Soit en nombres entiers : C'^H-^Az' ou C'"^H"*(AzH=)-. » Ces rapports sont les mêmes que ceux observés avec le propylène ; sauf pour l'hydrogène, la dose éliminée, cet élément étant double, comme s'il y avait un résidu C'H^ de plus, à la place de C'H% dans la constitution de la télramine. VII. — Allylène -.CUV. » (1). Allylène pur C'H' (dérivé de l'acétone chlorhydrique). — Ce gaz se condense rapidement sous l'influence de l'effluve ; il a laissé seulement 3,o centièmes d'hydrogène pur, quantité qui répond à ^H. Le produit possède une odeur empyreumatique de fumée, tenace, acre et pénétrante, tort distincte de celle du mésitylène. Il n'est guère volatil à la tempéra- ture ordinaire. Ces rapports seraient voisins de (C'^H"')-. » (2). Allvlène et Azole: CJW + Az% a/j''; à volumes égaux. — loo vo- lumes de CHl' ne laissent ni hydrogène, ni carbure, ni gaz ammoniac sen- sibles. Âz absorbé '7,8 )) Rapports des éléments dans le produit condensé, C'HWz"'* voisins deC^H^^Az^. » On remarquera que le volume de l'azote absorbé par l'allylène est moitié plus faible que pour le propylène et le trimétliylène. Il en est de même, ain^.i qu'il a été dit, du dérivé azoté de l'acétylène, comparé avec celui de l'éthylène. » En résumé, sous l'influence de l'effluve : .i 1" Les carbures acétyléniques, C"H^"~-, se changent en polymères condensés, sans perte notable d'hydrogène. ( 574 ) >) 2° Les carbures élhyléniques, CU'", se polymérisent aussi, mais eu perdant une dose d'hydrogène répondant à une fraction d'équivalent par molécule de carbure ; c'est-à-dire qu'il se forme des dérivés (C"iï-" )'" — H-, m étant égal à 4 ou 5 (ou multiple) : ce qui rapproche ces derniers de la composition centésimale des cam[)hénes. Ils représentent sans doute des carbures cycliques. » 3" Les carbures forméniques, C"!!""^-, perdent en plus i atomes d'hydrogène par molécule; en formant des dérivés qui semblent iden- tiques avec ceux des carbures éthyléniques, dont les carbures forméniques représentent les hydrures. » [\° Tous les carbures étudiés fixent de l'azote, en formant des com- posés alcalins de l'ordre des polyamines, probablement cycliques. » 5° Ces polyamines semblent : des tétramines, avec les carbures éthy- léniques et forméniques; des diamines, avec les carbures acétyléniques. » Elles dérivent de l'association de l'azote et des carbures polymérisés, d'ordinaire avec perte d'hydrogène, sous l'influence de l'effluve. En raison de cette perte d'hydrogène, les polyamines peuvent être envisagées comme des composés cycliques, résultant de l'association du groupement amide, AzH-, avec les résidus du carbure initial générateur; par exemple avec un résidu C .CH, dans le cas du formène, CH" engendrant (C.CH. AzH-)"; avec les résidus C"H% dans le cas de l'hydrure d'éthylène et de l'éthy- lène, C^H«etC-H^ engendrant |(C-H\C-IP. AzH=)-]« = C"^H^^\z-; avec le résidu C^H' , dans le cas du propylène, C^'H" engendrant (C^H')^(Az[l-')^ = C"H-^\z'' et C^H', C'H* dans le cas du triméthylène, Ç?W engendrant (C^H')^(CMd')=(AzH=)" = C'^H-°Az''. » Les polyamines formées au moyen de l'acétylène et de l'allylène se rat- tachent à des types cycliques analogues, mais dans lesquels une diminution plus forte des capacités de saturation du carbone et de l'azote aboutit à des composés où la dose relative de l'azote, comparée à la formule des générateurs, est moitié moins élevée que dans les précédents. Soit, pour ( 575 ) le cas de l'acétylène, C=FP engendre [(C^H^)'C^ AzH=]- ; pour le cas de l'allylène, C'H" engendre C'H\CMi')*(AzH-)-. » C'est ici le lieu de déclarer nettement que les formules précédentes sont purement empiriques, et destinées seulement à rendre compte des rapjiorts observés dans la condensation des éléments, les produits étant susceptibles de représenter des mélanges. IMais la constitution de ces pro- duits ne comprend ni cyanhydrates, ni dérivés azoïques ou hydrazi- niques, ainsi qu'il a été dit plus haut et qu'il est établi par l'étude spéciale des réactions des composés organiques appartenant à ces dernières caté- gories. On comprendra dès lors que je n'essaye pas de transformer de sem- blables symboles en formules dites rationnelles et systématiques, aujour- d'hui prématurées. » Quoi qu'il en soit, je le répète, il y a là toute une famille de composés nouveaux, très riches en azote, remarquables par leur origine, leur for- mation directe au moyen de l'azote libre et les mécanismes électriques de leur synthèse. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les dérivés de la cinchomne. Note de M. E. Grimaux. « MM. Kœnigs et Comstock ont fait connaître, en i885, l'existence d'un corps obtenu en traitant par le brome le produit brut de l'oxydation de la cinchonine et lui ont attribué la formule C'H'* Br^'AzO, |IPO. » En 1892 j'ai repris, avec l'aide de M. M. Gerber, l'étude de ce corps, dont la formule me paraissait douteuse, et j'en ai préparé plusieurs déri- vés qui m'ont amené à attribuer au corps do Kœnigs et Comstock la for- mule G" H'^ BrAzO-, HBr, et le point de fusion 244°- 245", Parmi ces dérivés, j'ai isolé un composé non broméC'H' ''(OH)AzO% H^O, un dérivé nitrosé, un produit d'hydrogénation que j'avais isolé à l'état de dérivé acétylé, fusible à 1 12°, 5-i i3°; ce dérivé acétylé présentait, par sa composition et ses propriétés, de grandes ressemblances avec l'acétyl-cincholeupone de M. Skraup. Je me suis, à cette époque, adressé à celui-ci, qui a eu la grande obligeance de m'envoyer un échantillon d'acétyl-cincholeupone, et j'ai pu ainsi constater que le corps que j'avais découvert en était différent. ( 576) » Voulant alors compléter ces résultats par de nouvelles analyses, j'en fus empêché par le manque de matière première et par le départ de mon collaborateur, M. Gerber. J'eus tort néanmoins de ne pas publier alors les résultats que j'avais obtenus. » Occupé d'autres travaux, j'ai repris ces recherches seulement l'an passé, et je les avais complètement terminées, quand je m'aperçus que M. Rœnigs était arrivé au même résultat dès iSo'j. Aussi n'avais-je pas l'intention de faire connaître mes rechei'ches, mais M. Friedel m'a fait re- marquer qu'il n'était pas inutile, dans cet ordre de recherches si difficiles, d'apporter une confirmation aux résultats obtenus par M. Rœnigs, d'autant plus que je suis arrivé aux mêmes conclusions que ku' par des voies toutes différentes, et que j'ai eu l'occasion d'isoler quelques espèces chimiques nouvelles. » Mais il est bien entendu que, pour élucider la nature du corps brome de MM. Rœnigs et Comstock , la priorité appartient tout entière à M. Rœnigs. » M. Rœnigs, en 1894, a isolé des produits d'oxydation delà cinchonine, le mézoquinène CH'^AzO-, et l'a transformé par l'action du brome en un dérivé C"H" BrAzO^,HBr dont il a montré l'identité avec le corps qu'il avait isolé, en i885, en collaboration avec Comstock, et représenté alors par la formule CH'^Br-AzCiU^O. » C'est par une voie toute différente que je suis arrivé à des résultats semblables. Je suis parti du corps brome et, par hydrogénation, j'ai obtenu un corps que j'ai isolé à l'état de dérivé acétylé. Les corps que j ai obte- nus sont donc des dérivés du mézoquinène ; c'est comme tels que je les décrirai. » Le point de départ de mes recherches a été le corps brome obtenu, suivant les indications de Rœnigs et Comstock, en traitant par le brome le produit d'oxydation brut de la cinchonine ou de la quinine. J'ai constaté parles analyses et les dédoublements qu'il renfermait C H'^BrAzO", HBr. Il s'obtient à l'état de pureté, en aiguilles dures et brillantes, par des cris- tallisations dans cinq parties d'eau bouillante. » Ce corps, bromhjdrate de bromo-mèzoquincne de Rœnigs, présente une réaction acide. Par l'action de l'azotate d'argent à froid, il ne perd qu'un atome de brome (' ). Trouvé. Calculé. ') Brome pour i 00 a4>'^7 24,49 24,32 24, 3i ( 577 ) » Traité par l'acide picrique ou le picrate de potasse, il remplace un seul groupe HBr par l'acide picrique, tt fournitun picrate de bromomézoqui- nè^eC»H'''B^AzO^C"H'(AzO-)'OH ( ' /. » Ce picrate s'obtient facilement en prenant 3s'',3o de bromhydrate, 2^', 5o d'acide picrique, et une quantité de potasse dissoute dans l'eau, suffisante pour saturer tout l'acide picrique. On porte à l'ébullition; par refroidissement le picrate de bromomèzoquinène se sépare en beaux cristaux jaunes, formés de lamelles peu solubles dans l'eau froide, solubles dans 80 parties d'eau bouillante, fusibles à 2o3°-2o4''. Il ne perd pas d'eau dans le vide sec; il ne précipite pas par l'azotate d'argent. )) Le bromhydrate C'-'H'^BrAzO", HBr donne aussi un dérivé nitrosé; pour préparer celui-ci, on dissout le bromhydrate dans [\o parties d'eau, on ajoute une molécule d'azotite de sodium et une molécule d'acide brom- hydrique en solution concentrée. Au bout de vingt-quatre heures, le dé- rivé nitrosé C^H'' BiAzO-, AzO se sépare en cristaux nacrés, fusibles à 87",5-88''(-). » Chauffé avec de la potasse concentrée au bain-marie, le bromhydrate de bromomèzoquinène se dissout; parle refroidissement on obtient un dépôt de cristaux en paillettes nacrées; ce corps précipite à froid par l'azotate d'argent; il n'est pas encore fondu à 23o°, et plus fortement chauffé, il se détruit; calciné sur la lame de platine, il donne un charbon volumineux, mélangé de bromure de potassium. Le dosage du brome et celui du potassium conduisent à une formule représentant une combinai- son de bromomèzoquinène et de bromure de potassium C'^H'''BrAzO=,KBr (»). (') Le dosage du brome a donné : Trouvé. — — - — ^ — — -. Calculé. Br pour 100 16, 4i 16,78 16,35 16,73 Trouvé. Calculé. (^) Brome 28,8.5 28,87 Trouvé. Calculé. (') Brome 44,37 43,58 Potassium 10.94 10,62 G. R., 1898, i" Semestre. (T. CXXVI, N- 8.) 75 ( 578 ) » Acétyl-mézoquinène. — Ce corps a été obtenu par réduction du brom- hvdrate de bromomézoquinèae. La réduction a été opérée en chauffant au bain-marie, pendant vingt-quatre heures, 5^'' de bromhydrate avec loo'''' d'eau et 2^'' de poudre de zinc; on a éhminé le zinc en solution par l'hydrogène sulfuré et l'acide bromhvdrique par l'hydrate d'argent. La so- lution évaporée dans le vide a laissé une masse gommeuse, qui a refusé de cristalliser: c'était du mézoquinène impur. Pour obtenir un corps cris- tallisé, on l'a transformé en dérivé acétylé v\\ le chauffant avec de l'anhy- dride acétique. Par un séjour prolongé dans l'air sec, on obtient des cristaux que l'on purifie en les traitant d'abord avec de l'éther, puis avec rie l'eau froide; on obtient ainsi de petits cristaux blancs, opaques, fusibles à 112°, 5; qui constituent l'acétyl-mézoquinène C°H' ' AzO-,C-H'0 ('). » C'est ce corps que j'avais cru d'abord identique avec l'acétyl-cincho- leupone de M. Skraup. » OxYmézoquinène . — J'avais obtenu ce corps en traitant le bromhydrate par un excès d'hydrate d'argent. On dissout le bromhydrate dans l'eau chaude, on porte à l'ébullition, on fdtre et, dans la liqueur fdtrée, on sépare l'argent dissous par une quantité d'acide chlorhydrique strictement néces- saire; on évapore dans le vide sec et l'on obtient, pour 5^"' du corps mis en réaction, i^'',93 d'une matière gommeuse, que l'on fait cristalliser en la dissolvant dans 5'='^ d'alcool méthylique, et ajoutant 80'='' d'éther. Après vingt-quatre heures, l'oxvmézoquinène s'est déposé, sous forme de petits cristaux blancs, ins-olubles dans l'éther et le chloroforme, très solubles dans l'eau, l'alcool et l'alcool méthylique. Leur solution a une réaction très alcaline. Ils se décomposent sans fondre par la chaleur. Ils ren- ferment : C''H' = AzO%H-0 ( -). » (' ) Analyse : Trouvé. Calculé. Carbone 61 ,6g 62,56 Hydrogène 8, 4" 8,0.") (^) Analyse : Trouvé. Carbone 53, 5i 53, 80 53, 20 Hydrogène 8,5i 8,/)7 8,87 ■Tyo ) ZOOLOGIE. — Sur la place des Eponges dans la classification ci sur la si- gnificaUon allribuée aux feuillets embryonnaires. Note de M. Edmo.v,. Perkikk. « Dans une Note publiée au dernier numéro des Comptes rendus, M. Yves Delage propose « d'élever les Spongiaires au rang d'embranchement en » les opposant, sous le nom d'Enantioderma (dvavTto?, inverse), aux Cœlen- » terata, sinon même, sous celui à'Enantiozoa, à tous les autres animaux, » Prolozoa, Mesozoa, Metazoa dont les feuillets, quand ils existent, s'inva- M ginent dans le sens normal ». Comme j'ai, dès 1881, dans la i" édition de monLivre, Les colonies animales et la formation des organismes (p. 764), réclamé une série distincte dans le règne animal pour les Éponges et que je n'ai cessé depuis de soutenir cette manière de voir ( ' ), je ne puis que me féliciter de voir, après seize ans écoulés, le laborieux |)rofesseur de la Sor- bonne se ranger à mon avis. Puisque les Éponges s'appelaient déjà de ce nom et aussi Spongiaires, Spongozoa, Porifera, Polystomata, etc., je n'avais pas, à la vérité, jugé utile d'ajouter un numéro nouveau à cette liste déjà riche. » Les caractères sur lesquels je m'étais appuyé pour constituer les Éponges en série distincte : Forme ramifiée ou irrcgulière ; absence de cavité générale; mésoderme très développé; chambres ciliées tapissées de choanocyles; absence de nématocystes et de tentacules étaient déjà connus; mais ayant pris soin de définir rigoureusement les points de départ de la nomencla- ture que j'adoptais, d'expliquer nettement ce que j'entendais par les termes série, embranchement, classe, etc. (-), ils suffisaient largement pour établir ce qu'il fallait penser des Éponges. Le caractère, en apparence nouveau, invoqué par M. Delage, ne ferait donc que justifier l'importance de ceux auxquels je m'étais arrêté, alors même qu'il ne prêterait pas à la critique et serait débarrassé des interprétations tout au moins discutables dont il a été enveloppé. (') Consulter mon Traité de Zoologie, p. 407 et 587. Huxley, en 1874, dans sa classification embrjogénique, séparait déjà les Eponges des Cœlentérés sous le nom de I^olystomata; Milne-Edwards, en i855, de Blainville, en 1822, en avaient fait autant. Mais ils les asssociaient le premier aux Infusoires, le second aux Infusoires et aux Coralllnes. (-) Colonies animales, p. 744) et Traité de Zoologie, p. [\o'i. ( 58o ) )) Pour quiconque pense que l'organisaLion des animaux est dominée par des règles générales, il est difficile d'admeltre qu'un groupe zoologique puisse être opposé à un autre et surtout à l'ensemble des autres; on pour- rait, il est vrai, ne voir là qu'une métaphore à ajouter à celles qui obscur- cissent déjà le langage zoologique, si l'auteur ne prenait soin de nous avertir que « chez les Spongiaires seuls parmi tous les êtres, l'invagination nor- male des feuillets est renverser , l'endoderme se portant à la surface pour former l'èpiderme, et l'ectoderme s' enfonçant dans l' intérieur pour former les cavités digestives. » Des causes qui auraient pu produire un aussi extraordinaire renversement, M. Delage ne nous dit rien, et cependant la Zoologie est aujourd'hui trop riche de matériaux pour qu'il soit encore possible d'ad- mettre, si l'on se place sur le terrain du transformisme, des renversements de feuillets, des transformations d'organes qui ne pourraient être ratta- chées à des causes au moins vraisemblables. M Mais pour en arriver à la conclusion que les Éponges sont l'envers des autres animaux, JM. Delage a recours à des procédés de raisonnement et à des généralisations dont il est important de préciser la valeur. » Si Ton ignorait, dit-il, le développement des Eponges, et que l'on présentât aux embryogénistes les larves de ces animaux, en les priant de nommer les feuillets et de prédire leur évolution, il n'en est pas un qui ne dirait que les cellules llagellées sont l'ectoderme, que les granuleuses sont l'endoderme et que celles-ci vont s'invaginer dans celles-là. L'homologation des feuillets larvaires n'est donc pas douteuse. » La définition des homologies est due à Geoffroy-Saint-Hilaire qui les appelait des analogies; elle est basée sui- le principe des connexions, c'est- à-dire qu'elle s'appuie S';r la position relative des organes à l'état adulte, sur l'identité de leur mode de succession durant la période embryonnaire, à l'exclusion de toute considération de fonction ou de structure. L'endo- derme étant essentiellement ce cjui est dedans, l'ectoderme ce qui est dehors, comme leur nom l'indique, il est clair qu'il y a ni endoderme, ni ectoderme dans un corps creux formé d'une seule couche de cellules tel que la larve la jjIus simple des Eponges, et que pour demeurer conforme au langage précis de l'Anatomie et de l'Embryogénie comparées, il faudra, si l'une des moitiés de ce corps s'invagine dans l'autre, appeler entoderme celle qui devient interne, exoderme celle qui demeure externe. La ju'o- posilion de M. Delage devrait donc être énoncée simplement ainsi : » La larve des Éponges est un ellipsoïde dont une calotte est formée de cellules Jlagelliféres, l'autre de cellules granuleuses ; la calotte de cellules fia gel- lifères s'invagine dans Vautre et constitue l'cntoderme. ( 58. ) » En désignant cette calotte sous le nom iVexoderme, en l'homologuant à l'exoderme des autres animaux, on va contre la définition même des homologies, car on convient implicitement que le caractère de l'exoderme est tiré non pas de sa position, mais de la forme des éléments anatomiques qui le composent. » Le caractère invoqué par M. Delage revient donc à dire que l'euto- derme des Éponges est formé d'élémenls flagellifères et leur exoderme d'éléments granuleux; c'est un caiaclcrr /n'stolo^irjue comme celui qu'on lire de la présence des choanocytes dans les chambres ciliées; il y a plus, c'est exactement le même caractère, puisque M. Delage reconnaît que les chambres ciliées dérivent de son prétendu exoderme, et la question de la position des Éponges demeure strictement au point où l'avaient laissée ses prédécesseurs. Le progrès apparent résulte simplement de !a créance encore accordée à la théorie métaphysique des feuillets embryonnaires et de leur prédestination, théorie en quelque sorte rétroactive, comme toutes celles qui prétendent appliquer aux animaux inférieurs des conce|)tions fournies par l'étude des animaux su|)érieurs souvent même des seuls Vertébrés, et basés sur des traits de structure qui sont le résultat de l'activité des formes animales primitives, ou considérées comme telles, mais ne sont pas encore réalisées chez elles. Tout animal, dit-on , commence par une gastrula formée d'un exoderme et d'un cntoderme : c'est une généralisation gratuite; l'exoderme et l'entoderme se reconnaissent à telle ou telle structure his- tologique : c'est une projiosition contraire à la définition même des homo- logies; ils sont prédestinés à jouer tel et tel rôle dans le développement : c'est de la métaphysique. » J^es choses se présentent sous un tout autre aspect et ne prêtent plus à aucune obscurité, si, suivant les faits sans leur attribuer aucune significa- tion mystérieuse, on se souvient que la forme primitive de tout embryon ( ' ) n'est pas une gastrula à deux feuillets, comme on l'admet gratuitement, mais une hlaslula plus ou moins ra])prochée de la forme ellipsoïdale et formée d'une seule assise de cellules. Celte larve est ciliée et les batte- ments des cils l'entraînent dans une direction déterminée; elle a donc un pôle antérieur et un pôle postérieur. Du moment que la locomotion s'ac- complit dans un sens déterminé, les cils de la région antérieure de la blaslula sont nécessairement ceux qui présentent le maximum d'activité; leur activité épuise les réserves alimentaires des éléments qui les portent, ^' ) Sauf dans la série des Arthropodes où les cils vibraliles font défaut. ( 582 ) tandis que les éléments de la région postérieure demeurent bourrés de ces réserves. Les éléments allégés de ces réserves sont toujours ceux dont la multiplication est la plus active. )) Ceci posé, la blastula ne peut suivre que deux voies dans son évolu- tion : ou bien elle demeure libre, ou bien elle se fixe. Si elle demeure libre, sa région antérieure locomotrice, en raison de sa croissance rapide, détermine nécessairement l'invagination de la postérieure essentiellement nourricière et c'est pourquoi l'orifice d invagination, qu'on a eu si longtemps le tort de considérer comme une bouche primitive, est très généralement postérieur dans la série des Néphridiés. Si, au contraire, la hlaslula se fixe, elle se fixe nécessairement (la règle ne présente dans le règne ani- mal que des exceptions apparentes) par sa région antérieure locomotrice. Un animal ne peut, en effet, adhérera un obstacle qu'en pressant contre lui, c'est-à-dire en appliquant contre lui la région cjue dans son mode ha- bituel de locomotion il porte en avant. C'est donc la région ciliée de la hlaslula qui sera dans ce cas recouverte par la région granuleuse, proliférera cnmultipliantses anfractuositésà l'intérieurde sonenveloppe, et constituera l'entoderme; ainsi s'explique le cas particulier des Éponges qu'il n'y a dès lors nul besoin à' opposer diU reste du règne animal; elles se détachent du rameau commun parce qu'elles se fixent à l'état de hlaslula; elles s'é- loignent, à cet égard, des Polypes puisque chez ces dernières la cavité de la hlaslula, déjà remplie d'éléments, est devenue une parenchy ruelle, au moment de la fixation; aussi ne se produit-il ici aucune invagination. H ne s'agit ici, bien entendu, dans chaque série, que des formes larvaires primitives et non de celles que la lachygénèse a modifiées. La remarque de M. Delage ne projette donc aucune lumière particulière sur le problème de la place des Éponges dans la classification, et les termes qu'il emploie, pour désigner un groupe du règne animal déjà nommé par les Grecs, pourraient induire en erreur relativeinent à la signification de ce qu'on est convenu de nommer \cs feuillets embryonnaires. » Reste à savoir si les caractères histologiques ont aussi peu de valeur qu'on semble parfois le croire. Quiconque se rappellera que le règne vé- gétal tout entier doit ses caractères essentiels à ce que les éléments de la plante s'emprisonnent dans une enveloppe de cellulose; que la faculté de la région libre des épithéliums des Arthropodes de se charger de chi- tine a supprimé chez les animaux les cils vibratiles, orienté leur organisa- lion dans une sécrétion toute particulière et justifié pour eux la création d'un embranchement, il ne paraîtra pas indiiférent que les Eponges et les ( 583 ) Polypes possèdent respectivement et chacun d'une manière exclusive par rapport à l'autre groupe, des choanocytes on des nénialolilastes. C'est aussi là une conséquence des propriétés dans leur proloplasma. » MÉMOIRES PRÉSEIVTÉS. M. J. Magne.vant soumet an jugement de l'Académie un Mémoire relatif à un « rideau hydraulique de sûreté ». (Commissaires : MM. Troost, Michel I.évy, Mascart, Brouardel.) CORRESPONDANCE. M. H. Struve adresse ses remercîments à l'Académie pour la distinc- tion accordée à ses travatix. M. Mascart présente à l'Académie différentes publications du Meteorolo- gical office de Londres : i" « Rainfall Tables of the British Islands, de 1866 à i8qo » ; 2" « Meteorological observations at the stations of the second order, pour 1894 » ; 3" « Hourly means of Ihe readings obtained from the self-recording instruments at five observatories » ; 4° « Quarterly current charts of the Pacific Océan ». M. Mascart insiste, en particulier, sur l'importance de la dernière publi- cation qui présente un intérêt spécial pour la Navigation; les résultats publiés proviennent du dépouillement des nombreuses observations recueillies par les navires de la Grande-Bretagne. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur l' itération. Note de M. C. Bocrlet, présentée par M. Appell. « La dernière Note de M. Lémeray Sur quelques algorithmes généraux et sur ritération, parue dans les Comptes rendus (tli février 1898), m'engage à faire connaître l'énoncé d'une proposition dont je possède la démonstra- tion depuis quelque temps déjà. » En juillet 1897 j'ai adressé, aux Annales de la Faculté des Sciences de ( 584 ) Toulouse, un petit Mémoire S'«r/V^e/a/f"on dans lequel j'établis la proposition suivante qui résout, théoriquement du moins, le problème de l'itération dans un cas très général. » Soient cp(^) une fonction de substitution et x un point limite tel que l'on ait, à la fois, cp'(s) étant la dérivée de cp(s ). Posons, comme de coutume, ç, (:;) = ©(s), Ojf's'i — ©[^(s)!, .. , (pj„(s) -— oj'pp_, (s)j. » La série suivante ce P = 1 est convergente, quel que soit k, dans un domaine convenablement choisi entou- rant le point limite x. La fonction \'{k, z') ainsi définie est, dans ce domaine, l'itérative de (a(z); c'est-à-dire que l'on a : » 1° Pour tout nombre entier, positif ou négatif, p » 2° Et quels que soient k et k' , ^'\k,^:-(k\z)]=^W{k + k',z). » Si l'on observe que la fonction itérative-ir(^, z) peut s'écrire, symbo- liquement, W(^k,z) [i-!- (ç - i;)j*:;, quelques-unes des remarques faites par M. Lénieray, dans la Note pré- citée, deviennent presque évidentes, puisque ^'{k,z) est une puissance symbolique d'exposant /■. M Je profite encore de cette occasion pour rappeler que j'avais déjà énoncé, sous une forme plus générale, certains des résultats indiqués par M. Lémeray dans sa Note du 27 décembre 1897, Sur les équations fonction- nelles linéaires, dans une Note qui a été insérée dans les Comptes rendus du 21 juin 1897. J'^'' d'ailleurs, l'intention de développer les indications som- maires qui en font l'objet dans un Mémoire plus étendu. ( 585 ) » Quanta l'équation de Babbage, dont parle M. Lémeray dans cette même Note, elle a été résolue complètement par M. Leau dans sa Thèse de doctorat (p. 09). Les indications que donne cet auteur sont très brèves, c'est ce qui expliqne qu'elles aient pu passer inaperçues; il serait à désirer qu'il (léveloppe sa méthode dans un Mémoire spécial et, en particulier, les grandes analogies qu'il signale entre cette équation et les équations binômes. » PHYSIQUE. — Remarque sur une Noie de M. Moreau, intitulée : « Des cycles de torsion magnétique et de la torsion résiduelle du fer doux ». Note de M. H. BouASSE, présentée |)ar M. Mascart. « Dans une Note parue le 7 février dernier, M. Moreau énonce sur la torsion résiduelle deux lois qu'il est facile de déduire des faits connus. » M. Brillouin et moi avons démontré que, très sensiblement, les courbes de torsion qui limitent un cycle de torsion fermé sont indépendantes des amplitudes du cycle ; que la partie descendante du cycle, toutes réserves faites sur les vitesses avec lesquelles le cycle est parcouru, est sensiblement recliligne et a l'inclinaison typique T relative à une torsion élastique pure. » Ceci posé, soient ± T, ± C les limites en angle et couple du cycle et T;. la torsion résiduelle; on a » Pour les grandes torsions, le couple C tend vers une valeur limite C, , d'où T = T, M ' : c'est la première loi de M. Moreau. » l.a seconde loi se déduit immédiatement de la théorie proposée en 1848 par J. Thomson. Il démontre que si/est une constante caractérisant la plasticité du fd, le couple maximum C, que peut supporter un fd est C, ■= ^^ R', R étant le rayon du fd. » Or il est généralement admis que Y — a- R'. D'où -pr = 5 5 • » D'où enfin T = T.. + tt^,, : c'est la seconde loi de M. Moreau. » C. K., 1898, i" Semeare. ('i'. CXXVi, ^•8.) 7^ ( 586 ) ÉLECTRICITÉ. — Sur une analogie d'action entre les rayons lumineux et les lignes de force magnétique. Note de M. Iîirkela.n-d, présentée par M. Poincaré. « Dans un Mémoire Sur des décharges électriques à travers des gaz, qui paraîtra plus tard dans le Bulletin de l' Académie norvégienne des Sciences, je décris un effet remarquable des forces magnétiques sur la cathode d'un tube de Crookes. » Disposons un électro-aimanl assez fort assujetti au-dessous d'un tube de décharge (ftg. i) par un mécanisme permettant de régler très exactement la distance entre le Fig. I ( à l'écliclle de yo). y ■N A\ir o^r \^) ?\»-"\" j.t\,o^^^* tube et l'aimant. Admettons que des décharges d'un grand Ruhmkord passent dans le tube et qu'il y ait production active de rayons cathodiques. » Si l'aimaut, suffisamment éloigné du tube, est mis en activité, le caractère de la décharge reste à peu près le même. Mais si, au contraire, l'aimant en est rapproché de plus en plus, il arrivera à une position critique où toutes les propriétés de la dé- charge sont subitement changées. Ainsi, la dift'érence de potentiel entre l'anode et la cathode est souvent réduite au-dessous d'un dixième de sa valeur primitive et les ( 587 ) rayons cathodiques sont remplacés par des rayons qui ne produisent aucune phos- phorescence sur le verre du tube, mais se manifestent immédiatement dans le gaz qui y est renfermé par une lueur rayonnant le long des ligues de force magnétique. » J'appelle distance critique la distance enti-e la plaque de cathode et le bout le plus rapproché de l'aimant dans sa position critique. Cette distance, qui varie avec l'intensité de l'aimant, se mesure surtout exactement pour les tubes où le gaz n'est pas trop raréfié et dont les parois et les électrodes ne sont pas trop débarrassées de gaz adhérent. )) Si l'on fait passer le courant d'une machine de Holz à travers le tube, on aura l'avantage de pouvoir mesurer avec un voltmètre électrostatique les changements de potentiel au moment où l'aimant passe le point critique. Avec un voltmètre de Kelvin indiquant jusqu'à 20000 volts, j'ai observé comment la différence de potentiel en question varie d'une façon continue quand l'aimant se rapproche du tube, pour ensuite tomber brusquement par exemple de 18800 à i 4oo volts à l'époque où la dis- tance critique se trouve atteinte. Cette position une fois dépassée, le potentiel varie de nouveau d'une façon continue, diminue d'abord un peu (dans le cas indiqué jus- qu'à I 100 volts) pour ensuite augmenter lentement lorsque l'aimant continue à se rapprocher du tube. » Cependant, quand le courant traversant le tube est continu et que l'aimant agit sans interruption, la distance critique n'est plus bien définie, mais varie quelque peu avec la durée de l'action de l'aimant. Pour préciser, j'impose la condition que les changements brusques de décharge se manifestent moins d'une seconde après que l'aimant est mis en activité. Un exemple va mettre ce p^'nt en lumière. Supposons que j'aie trouvé la distance critique =80'""'. A 75™", les changements de décharge paraissent presque immédiatement après que le courant excitant l'aimant est fermé, tandis qu'à la distance de 90""" le voltmètre indique constamment 12000 volts pen- dant une minute et dix secondes après la création de l'aimant pour tomber ensuite brusquement à 1000 volts. )> J'ai fait un grand nombre de mesures de la distance critique poin- dif- férentes intensités de l'aimant. J'en citerai un exemple. Un tube rempli d'hydrogène sous la pression de o""", 061 montrait en marche une diffé- rence de potentiel de 3 900 volts entre l'anode et la cathode. » Pour les courants d'aimantation de ii^^i'.S, 2i»"'i',7 et^i ampères j'ai trouvé, en moyenne, les distances critiques 98'"'",7, 128'"'" et i44'"'". D'autre part des mesures de la force magnétique à ces distances de l'aimant pour ces trois degrés d'excitation donnaient 99, loi et 102, c'est-à-dire une valeur sensiblement égale. Et ces résultats ont un caractère général : quand la force magnétique sur la plaque cathode atteint une certaine in- tensité, les changeinents brusques de décharge font leur apparition. )) Si donc l'action en question des forces magnétiques est localisée, cette force doit agir sur la plaque cathode ou sur son voisinage immédiat, celte plaque étant le seul endroit du tube où la force magnétique est la même pour les positions critiques de l'aimani. ( 588 ) » Les mesures de la distance critique se feront surtout nettement en employant un RuhmkorO comme source de décharge. » J'ai fait aussi des mesures pour déterminer la relation entre le poten- tiel de la cathode, c volts, l'anode étant en communication avec le sol, et Tintensité de la force magnétique I sur la plaque cathode au moment cri- tique. I étant donné dans une unité arbitraire, on aura la densité de lignes de forces en multipliant les valeurs de I par 0,6 environ. Fig. ■>. t 4- L' J.o?:^fafgfg&<:;ii^hMJ-P: » Dans le Tableau suivant /)'"'" désigne la pression du gaz dans le tube, ce eaz étant de l'air dans les dix-sept premières colonnes du Tableau et de l'hvdrogène dans les dix suivantes : 0'' .p. . . - io~-.v 4' 44 48 5o 54 59 63 68 74 82 87 92 96 102 09 ii5 126 180 168 i52 i4o 120 102 90 82 73 66 60 34 49 45 4i 37 3i 226 202 194 189 172 i54 142 i35 124 118 III 106 100 98 94 90 84 120 i44 162 ,93 2-17 238 265 284 3l2 332 180 l52 128 100 72 60 48 43 37 32 212 .96 i85 i58 .40 121 io5 100 96 94 » Ces résultais sont graphiquement représentés dans h Jig. 1. » On voit que les distances critiques sont sensiblement les mêmes pour ( 589 .) les deux gaz employés, le potentiel de la cathode étant le même. En outre, j'ai trouvé que les distances critiques sont sensiblement indépendantes de l'intensité du courant à travers le tube. Cela rappelle mon théorème {Comptes rendus, 28 septembre 1896) que la déviation magnétique des rayons cathodiques dépend uniquement de la tension entre la cathode et r anode, la force magnétique étant la même. )) Quand l'aimant agit sur la cathode de la manière mentionnée plus haut, des particules de métal s'en détachent et sont projetées violemment. Même avec une cathode d'aluminium on peut produire, en employant pen- dant une demi-heure des décharges intenses, un miroir opaque de métal déposé sur le verre. » La pression du gaz dans le tube diminue vite dans les mêmes condi- tions de décharge. Dans un tube à électrodes d'aluminium rempli d'hydro- gène à la pression initiale de o"'", 1 176, j'ai fait disparaître, en quatorze reprises de vingt secondes chacune, 2808'''' de gaz à la pression de o°"°,o382, presque assez pour remplir une douzaine de tubes de Crookes ordinaires. D'après quelques analyses que j'ai faites, elle se retrouve en partie sur la surface intérieure du tube. » La quantité de gaz disparu est proportionnelle, toutes choses égales d'ailleurs, au courant primaire de la bobine employée; mais la relation entre le gaz disparu et le courant secondaire à travers le tube est plus compliquée. » L'aimant n'agit sur l'anode du tube de décharge d'aucune des ma- nières décrites plus haut, je l'ai vérifié avec un tube de 90*^^'" de longueur et 6""" de diamètre. » PHYSIQUE. — Sur la prépondérance de V action mécanique des courants de confection, dans les enregistrements de figures d'effluves sur plaques voilées soumises à l'action de pôles thermiques dans les bains révélateurs . Note de M. A. GuÉBiiARD, présentée par M. Lippmann. « Frappé, dès les premières observations de pseudo-m(/«cfton thermique que j'ai eu l'honneur de signaler à l'Académie ('), de ce fait que l'action du liquide révélateur mis en mouvement sous l'influence de pôles ther- miques appliqués sur la face verre, seule émergente, d'une plaque supé- rieure, produisait, sur d'autres plaques parallèles, des taches [polaires se- (') Comptes rendus, t. CXXV, p. 8i4; i5 novembre iSyy. ( ^9^ ) condaires, dont la couleur, tantôt noire, tantôt blanche, était absolumenl indépendante de la température propre des molécules, et uniquement dé- pendante du sens dans lequel avait lieu l'attaque de la surface sensible par les filets de flux liquide, j'ai tenu à m'édifier par de nouvelles expériences sur le rôle, en ceci, des courants de convection, au point de vue, soit de la véhiculation de la chaleur par les molécules, soit de la véhiculation des molécules par la chaleur. » Dans une première série, faisant agir les pôles non plus de haut en bas, mais de bas en haut, soit directement sur une plaque inférieure, formant le fond d'une cuve spécialement construite, soit médiatement, en posant simplement, sur le groupe des cylindres à eau chaude ou glacée, des cuvettes de verre, de porcelaine ou de carton noir ( ' ) contenant les piles de deux à quatre glaces parallèles, espacées de 3"™ à 5"™, j'ai con- staté que, sur la plaque inférieure, ce n'était plus du tout une tache noire qui correspondait au pôle chaud et une tache blanche au pôle froid, mais absolument l'inverse; preuve évidente (comme avec la même plaque, soumise, par en haut, à distance, à l'action des mêmes pôles) que ce n'est point la température elle-même qui provoque ou retarde le noircissement du gélatinobromure, mais le sens positif ou négatif de la pression exercée sur celui-ci sous la double influence de la température et de la gravité. » Aussi n'y-a-t-il pas lieu de s'étonner de la constance avec laquelle se vérifie, pour les plaques horizontales disposées face à face, la loi des inver- sions polaires et celle de la correspondance, au contraire, pour les plaques de même sens. Afin d'éviter dans ces constatations les erreurs pouvant résulter de l'emploi de plaques adossées par la face verre, j'ai fait faire par MM. Graffe et Jougla des plaques sensibilisées sur les deux faces . En les observant avant fixage, ou pelliculant ensuite une des faces (-), on (') Notons, en passant (mais sans attacher aucun sens extraordinaire à un phéno- mène aussi facile à prévoir qu'à expliquer), qu'il s'agit ici d'une véritable action pho- tographique à trai,'e?'s corps opaques, action qui, sans l'intermédiaire d'aucune espèce de radiation, par le simple transfert de vibrations thermiques à travers l'épaisseur de la cuvette, puis de la glace et de la gélatine elle-même, va produire, sur les mouvements du liquide sus-jacent, une modification capable de reproduire à son tour, sur le gélatinobromure, la silhouette, par exemple, d'un corps, ou très conduc- teur, ou très peu, interposé entre la source de chaleur et la plaque. (^) Opération des plus faciles une fois qu'on s'est habitué à disposer une plaque sur des supports appropriés (perles de verre ou punaises à dessin la pointe en l'air) de manière que l'une des faces, seule, soit en contact avec le liquide. ( '^9^ ) trouve toujours, dos à dos, des taches inverses, correspondant évidem- ment il des conditions thermiques identiques, mais à des sens inverses de la conveclion par rapporta la gélatine. » Il devait être intéressant de rechercher ce qui se passerait pour les positions verticales ou inclinées des couples de plaques opposées. Mais, d'une part, les cuvettes verticales commerciales en verre monté se prêtent mal, à cause de leur convexité, à l'application de pôles thermiques, même si l'on remplace la fermeture rigide des récipients cylindriques par une membrane souple tendue à la manière d'un osniomètre; et, d'autre part, les cuvettes ordinaires, diversement inclinées, ne s'accommodent que d'un j)elit nombre de combinaisons des plaques, en Z, ou en V ou W couchés. Aussi ai-je recouru à la construction, au moyen d'élriers en bois, feuille de liège ou plaque de gutta avec joints de caoutchouc, et pinces de serrage, de cuves f) x i 3 à faces parallèles suivant le type imaginé par M. Lippmann pour la photographie des couleuis, et dès que j'eus renoncé au modèle de -2"", beaucoup trop épais, pour le modèle de 3"'" seulement, facile à doubler en cuve à compartiments multiples, je pus étudier facilement, pour toutes les inclinaisons possibles, de o" à 90°, l'action, par en haut ou par en bas, des pôles thermiques sur les plaques parallèles. » Il serait oiseux d'entrer dans la description de la très grande variété de figures, souvent très régulières, qu'il m'a été donné d'observer sur i63 clichés, presque tous 9 >< i3, au cours de 81 expériences enregistrées. Mais, dans toutes, et alors même qu'il n'y avait plus, à proprement parler, de taches polaires, mais de simples centres d'irradiation de lignes de flux claires et foncées, on constate toujours : » 1° Que les plages noires correspondent, indépendamment de la tem- pérature, aux places où le mouvement circulatoire du liquide tend à appli- quer les molécules contre la gélatine, et les plages blanches aux endroits oi!i le mouvement tend à les en détacher, au point que, souvent, on voit une ligne de flux noire se terminer par un dégradé effile qui, sur le cliché sec, donne l'illusion visuelle d'un relief, faisant sortir l'extrémité de la ligne de la gélatine, à l'endroit même, sans doute, où le filet liquide s'en éloignait ; » 2° Que, sur des plaques en regard, la loi d'inversion se manifeste dans toutes les positions, conformément à cette règle générale que, sur les ex- trémités opposées d'une même verticale, il y a toujours des teintes con- traires ; » 3" Que si l'on veut, dès lors, attacher des signes contraires aux ( 592 ) teintes noires ou blanches des taches polaires, leur délerminatioii dépen- dra uniquement, comme pour une plaque de métal dans un champ magné- tique, du sens du recoupement des lignes de force par la plaque. » La preuve expérimentale est donc faite : la chaleur qui, dans ces ex- périences, semblait, de prime abord, être le facteur principal, n'a pas d'autre rôle que celui de force motrice, et la pesanteur, ainsi que je l'avais tôt soupçonné, a la plus grande part aux curieux simulacres d'induction thermique que j'avais signalés. Si les figures observées, dans le cas où le mouvement est confiné entre deux plans parallèles rapprochés, sont bien conformes à celles des écoulements soit thermiques, soit électriques, cela tient à l'identité de la formule potentielle qui régit tous ces écoulements stationnaires à deux dimensions. Mais toute autre cause motrice que la clialeur, capable de créer et de maintenir en des points déterminés des différences de potentiel hydrodynamique, devra produire identiquement les mêmes effets : c'est ce que je démontrerai expérimentalement dans une prochaine Communication. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur une combinaison de l'anhydride phosphorique avec le benzène. Note de M. H. Giran. (( La production des acides sulfoniques par l'action de l'acide sulfurique fumant sur divers composés organiques m'a fait supposer que l'acide phos- phorique pourrait également donner naissance à des corps analogues à ces acides sulfoniques. » Pour vérifier celte hypollièse dans un cas particulier, j'ai chaulVé en tulie scellé, à iio^-iao", pendant quatre ou cinq heures, un mélange de deux parties d'anhydride phosphorique avec trois parties de benzène (soit environ i molécule P^0° pourS mo- lécules C^H"). Il se produit une matière solide, rouge brique, très instable, qui se dissocie rapidement à l'air libre, mais que l'on peut conser\er dans une atmosphère de benzène. Mise en présence de l'eau, elle se décompose en benzène et acide phospho- rique, mais elle se dissout dans l'alcool. Cette solution attaque lentement le carbo- nate de baryte et se transforme, au bout de quelques heures, en une masse gélatineuse. Le même résultat est obtenu si l'on lemplace le carbonate île baryte par une solu- tion alcoolique d'éthylate de baryte, jusqu'à neutralisation de la liqueur. Cette masse gélatineuse est jetée sur un filtre, lavée à l'alcool absolu et desséchée sur une plaque poreuse en présence de la potasse caustique. 1) On obtient ainsi un sel blanc, soluble dans l'eau, qui, après dessiccation à l'éluve à la température de iio°-f20°, présente à l'analyse une composition correspondant à la formule G'II^P'O-'Ba-. ( 593) « Les résultats de l'analyse sont : Trouvé. Calculé. I. II. III. IV. V. C 7)86 8,02 7>95 » » » H 0,21 o,36 0,28 » » » P 27,07 » » 27,67 26,86 » Bn 29,92 " » » » 80,57 1) L'acide de ce sel serait C^IP l^'O-" II' ; il résulterait de l'union d'une molécule de benzène avec quatre molécules d'anhydride phosphorique Sa constitulion pourrait s'expliquer par la formule développée suivante : OU I PO /\ o o \/ PO ^P0(^2^P0 - CHP - PO(f J'^PO , \0/ I \0/ \oH. PO /\ 0 o \/ PO I OH » Ce serait donc Vacide benzène-lélradirnctaphosphurique. )) Je me propose d'étudier avec plus de détails les propriétés de cet acide et de ses sels, et de chercher à isoler les diverses combinaisons, que la théorie permet de prévoir, formées par l'union de l'anhydride ou des acides phosphoriques avec le benzène ou d'autres composés organiques du même ordre. » MÉDECINE. — Influence des rayons \ sur le phénomène de l'osmose. Note de M. H. Bordier, présentée par M. d'Arsonval. t( On sait que, pendant le phénomène de l'osmose, une différence de potentiel, vraisemblablement très faible, se produit entre les deux faces du septum à travers lequel s'effectue le passage des liquides. G. F.., lîcjS, 1" Semestre. (T. CXXVI, N" 8.) 77 ( Sg'i ) » Étant données les propriétés électriques des rayons X, il était permis de se demander si les actions électrocapillaires produites par les courants d'endosmose et d'exosmose peuvent être modifiées par les radiations de Rontgen, et si, par suite, la marche du phénomène de l'osmose est in- fluencée d'une manière quelconque par ces radiations. Ce sont les résul- tats des premières expériences tentées dans ce sens que je vais faire con- naître. » Il était indispensable que la cuve renfermant l'eau et destinée à rece- voir l'osmomètre fiit transparente aux rayons X, ce qui n'est pas le cas du verre. Je me suis servi de petites caisses en bois mince, dans lesquelles on avait coulé de la paraffine pour obtenir une étanchéité parfaite. » Quant à l'osmomètre, j'ai fait usage de deux modèles : l'un formé d'un simple tube à entonnoir, l'autre construit avec un entonnoir ordinaire auquel était rajusté un tube de verre. Chacun de ces osmomètres était fermé par du parchemin animal; la surface de la membrane était, pour le premier, de 6*='i,6o et, pour le second, de 38'^'!, 46. )) Le tube de Crookes emjîloyé était un tube focus construit sur les indi- cations de M. Monell, de New-York, spécialement pour être actionné par les décharges d'une machine statique : cette dernière était une machine à grand débit (machine à deux grands cylindres en ébonite, de Bonetti). » Les décharges très fréquentes étaient obtenues à l'aide des interrup- teurs ou détonateurs de Van Houten et Ten Brœck, qui peuvent être fixés tiirectement sur les manches en ébonite des deux pôles de la machine. On a ainsi un rendement considérable, qui peut être rapproché de celui que fournit une grosse bobine de Ruhmkorff de o™, 55 d'étincelle. » Première expérience. — Osmométre 11° 1 : S =6"!, 60; diamèU-e du lube osmo- métrique : 4™"- O'i introduit dans l'appareil une solution de sucre de canne à 3o pour 100, et l'on place l'osmomètre dans la cuve pleine d'eau. Le tube de Crookes est disposé en dessous, de façon que les rayons X soient dirigés de bas en haut, per- pendiculairement à la membrane. I) L'ascension du liquide dans le tube est notée d'abord sans excitation du tube focus, pendant trente minutes : on trouve 6""". On excite alors le tube et l'on trouve qu'après trente minutes le liquide ne s'est élevé que de 3™'". » On arrête la machine et l'on note l'ascension pendant les trente minutes suivantes : elle est de 6""», i. » On met de nouveau la machine en marche et l'ascension n'est plus que de 2""™, 7, pendant trente minutes. )i Enfin, le système étant abandonné à lui-même, sans rayons X, l'ascension est de 6""°' pendant chaque demi-heure suivante. » Deuxième expérience. — Osmométre u° 2 : S = 38''i,46; diamètre du lube relié ( ^9^ ) à rentonnoir, 5""". Liquide introduit dans rosmomètre, solution concentrée de sel marin. « Ascension du liquide dans le tube après trente minutes : 27'"™. Le tube de Crookes étant excité, l'ascension, après le même temps, n'est plus que de 16™", 5. )) Troisième expérience. — Osmomètre n" 2 : S :r= 38'') L Osmomètre n° 1. — Liquide introduit, solution de sucre. » Après trente minutes, l'ascension est de 6'"", 2. » On actionne le tube de Crookes; pendant le même temps, l'ascension notée est de 3""", 5. » IL Osmomètre n° 2. — Liquide introduit, solution de sel marin. » Ascension, pendant trente minutes : 28""". » Tube de Crookes excité pendant le même temps, ascension 17" ■ mm )) Les nombres relevés dans ces expériences comparatives montrent cjue, malgré l'interposition d'une lame d'aluminium en communication aveclesol, l'osmose est ralentie lorsque l'appareil est exposé aux rayons X. On ne peut donc attribuer qu'à l'influence des rayons le ralentissement observé. Ce ralentissement est dû probablement à l'action perturbatrice des rayons X sur les phénomènes électrocapillaires dont le parchemin est le siège pendant l'osmose. » Quoi qu'il en soit, il est peut-être permis de rapprocher, de la modifi- cation apportée par les rayons X dans la marche du phénomène de l'osmose, ( 59<^ ) " certaines perturbations qu'ils produisent dans l'inlimilé des tissus vivants. Comme on le sait, un grand nombre des échanges intercellulaires se font chez l'être vivant par voie endosmotique; il ne serait pas téméraire, par suite, d'admettre que, lorsqu'un faisceau de rayons X traverse pendant un certain temps une région de l'organisme, les échanges des liquides entre les cellules ainsi rencontrées soient ralentis et que la nutrition des tissus puisse se trouver ainsi plus ou moins altérée. Il est même possible que ce soit là l'explication de quelques effets thérapeutiques des rayons X déjà ob.servés. » PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Production de substance mucinoïde par les bactéries. Note de MM. A. Charkin et A. Desgrez, présentée par M. d'Arsonval. u Certaines cultures du bacille pyocyanique prennent une consistance visqueuse et filante qui nous a fait supposer, dans ces liquides, la présence d'une substance albuminoïde analogue à la mucine. Cette substance se forme dans des bouillons préparés, suivant la technique habituelle, avec de la viande; elle fait totalement défaut ou n'existe qu'à l'état de traces, si ces bouillons ne renferment que des substances minérales, ou de la pep- tone dans la proportion de i pour loo. Il n'y a, d'ailleurs, aucun rapport entre la genèse de ce produit et la formation de pyocyanine. » Les premières, les cultures à mucus, précipitent par l'alcool, l'acide acétique, les acides minéraux, le sel marin, le sulfate de magnésie. Le piécipité iormé par l'alcool se gonfle dans l'eau, s'y dissémine tellement qu'il semble se dissoudre, et peut, à cet état, traverser les filtres. Le pré- cipité obtenu avec l'acide acétique est insoluble dans un excès de réactif, mais se redissout dans les alcalis et leurs carbonates étendus. T^es acides minéraux en excès redissolvent également le précipité auquel ils ont d'abord donné naissance. Ces caractères, fonction acide, insolubilité dans l'eau et l'acide acétique, rapprochés de la i)résence du soufre dans noire substance, sont ceux des composés mucinoïdes. Quant au dédoublement par les acides étendus avec production d'une gomme réductrice, dédou- blement caractéristi(|ue des vraies mucines, deux cultures seulement, sur trois, nous l'ont fourni. La recherche du phos|)hore dans le précipité nous ayant, de même, donné un résultat positif avec certaines cultures an- ciennes, nous supposons, dans ces cas, notre substance mucinoïde accom- ( 597 ) pagnée d'une nucléo-albumine. Weyl a signalé un composé analogue dans les cultures du bacille tuberculeux. » Les masses visqueuses existant dans les cultures qui nous ont donné les réactions précédentes ne sont, d'ailleurs, pas constituées par des amas microbiens; le microscope, en effet, n'y révèle des bactéries qu'en nombre très limité; d'autre part, les cultures minérales on peptoniques, qui ne fournissent ])as ces mêmes réactions, contiennent autant de bactéries que les premières. w Dissoute dans le carbonate de soude étendu et injectée dans la veine marginale de l'oreille d'un laj)in, à la dose de o^'', i5 par kilogramme d'animal, notre substance mucinoïde produit une série d'accidents. La température rectale s'abaisse dès la deuxième heure, la diarrhée se mani- feste et la mort peut survenir en moins de vingt-quatre heures. Avec des doses moins fortes, l'animal maigrit rapidement, perd un quart de son poids en quatre jours et succombe albuminurique, présentant à l'autopsie des traces d'entérite et d'hémorragies intramusculaires. Ces résultats éta- blissent que notre substance, ou peut-être un principe entraîné par elle, h la façon des diastases, provoque des accidents rappelant, dans quelque mesure, l'intoxication pyocyanique. La rapidité de ces troubles, l'absence d'incubation, le résultat négatif des ensemencements démontrent que l'on a affaire à un processus toxique et non bactérien. Le traitement par l'acide acétique, répété en vue de la purification du produit, suffirait, du reste, à atténuer, sinon à détruire les microbes du pus bleu. )) 11 est intéressant de voir la cellule microbienne produire une substance analogue à celles que produisent des cellules de l'organisme et toute une série d'autres cellules végétales. Il est non moins intéressant de remarquer que les inflammations des membranes muqueuses s'accompagnent fréquem- ment de la production d'éléments muqueux donnant, en paitie, les réac- tions de la mucine. Ce caractère devient parfois tellement important qu'on donne à ce processus les âénom\ni\lions(V inflammation miico-membraneuse. Or, au cours de ces affections, les bactéries se développent généralement en abondance. Il est permis de se demander si ces bactéries n'entrent pas, pour une part variable, dans la genèse de ces substances muqueuses. Cette question est d'autant plus légitime que, plus d'une fois, comme dans l'en- térite muco-membraneuse, les cellules normales de la muqueuse se désa- grègent pendant que les cellules bactériennes se multiplient de plus en plus. )) Quelques recherches, encore incomplètes, poursuivies avec le staphy- ( 5c)8 ) locoque, le bacille du colon, la virgule cholérique, nous permettent de dire que cette formation de substance mucinoïde n'est pas une propriété spéciale au bacille pyocyanique. Nous pouvons également ajouter que les diverses races de ce bacille sont capables de produire la même substance. » Nous continuons ce travail, en vue de sa généralisation et de l'étude plus complète de la composition des cultures de divers bacilles patho- gènes. » BACTÉRIOLOGIE. — Sur l' amertume des vins. Note de MM. J. Boudas, Joulin et Rackowski, présentée par M. Brouardel. « Le ferment que nous avons isolé provient d'un vin qui présentait net- tement les caractères d'un vin amer, tant par l'examen microscopique et chimique que par le goùl. )) L'ensemencement direct sur gélatine du dépôt de ce vin n'a donné aucun résultat, tandis que, sur eau de levure concentrée, alcalinisée légè- rement avec de la potasse et additionnée de glucose, nous avons obtenu une culture abondante. » Ce bacille a été purifié par plusieurs passages successifs sur le milieu ci-dessus, puis nous l'avons isolé par des cultures sur plaques. Les colonies sur plaques sont très petites, légèrement jaunâtres et ne liquéfient pas la gélatine. » Le bacille de l'amertume se présente sur eau de levure glucosée, sous forme de fdaments plus ou moins longs, contournés, simples, constitués par des bâtonnets accolés bouts à bouts. Après quelques jours, ces fda- ments se réunissent entre eux pour former de véritables faisceaux, com- posés, eux aussi, de courts bâtonnets accolés. » Sur le milieu de Laurent, modifié par l'adjonction de peptone Collas à lo pour loo, le bacille de l'amertume se développe très rapidement. Le li- quide est déjà trouble après vingt-quatre heures; au bout de huit jours, on perçoit faiblement, mais d'une façon très nette, un goût amer; il y a, en même temps, production d'un léger dégagement gazeux. » Dans ce milieu minéral, le bacille se présente sous la forme de petits bâtonnets, parfois mobiles, mesurant \ [j. de largeur sur 4p- à S[j. de lon- gueur. Ces bâtonnets offrent la particularité de se grouper de telle façon qu'on peut les croire ramifiés; cette particularité est, d'ailleurs, mise en évidence par la coloration à l'aide de la vésuvine. » Dans les milieux minéraux peptonisés contenant 3^"^ de tartre par ( 591) ) litre, même en présence de glucose et de glycérine, le développement du bacille est beaucoup plus lent. » Le ferment ainsi isolé a été ensemencé dans un vin qui avait été préa- lablement filtré à la bougie Chamberland. Examiné six mois après, le vin possédait un goût amer très prononcé. Le vin était très trouble, la ma- tière colorante précipitée en partie; le dépôt abondant, observé au mi- croscope, a indiqué la présence de fdaments caractéristiques de l'amertume. Le titre alcoolique de ce vin rendu malade n'avait pas varié, tandis que les proportions de glycérine et de glucose étaient notablement moindres. Enfin, l'acidité avait fortement augmenté : l'augmentation était surtout due à de l'acidité volatile ; nous avons constaté enfin la présence de petites quan- tités d'ammoniaque. » Le vin ensemencé avait été abandonné à la température de 20", tandis que pour les cultures dans les divers milieux artificiels la température de 3o° semble plus favorable au développement du bacille. )) Dans un vin privé d'alcool par la distillation, la maladie se développe rapidement; après quelques jours, on constate de profondes modifications dans le milieu, ainsi qu'un goût amer très prononcé. » Ce bacille a été de nouveau isolé des vins que nous avions rendus ma- lades, et nous avons pu déterminer à nouveau l'amertume dans d'autres vins. )) BOTANIQUE. — Sur l'aptitude à germer des spores de la Truffe et le rôle de l'arôme. Note de M. A. de Grajiont de Lesparre, présentée par M. Chatin. « L'aptitude des spores à germer dépend de leur état de conservation et, en second lieu, de la nature et de l'exposition des feuilles. J'examinerai d'abord le premier point, ce qui m'amènera à parler de l'arôme. » Si une Truffe mûre demeure en terre ou séjourne dans une chambre, elle subit l'une des deux transformations suivantes : ou bien elle se des- sèche et durcit; ou bien elle entre en pourriture, pour mieux dire en fer- mentation, puisque le plus souvent cette décomposition est produite par un ferment genre saccharomyces et accompagnée de dégagement ammo- niacal. n La Truffe simplement desséchée devient aussi dure que le bois, mais cet étal de dessiccation, complet eu apparence, n'est qu'un irompe-l'œil; en réalité les asques et ( 6oo ; leurs spores sont en grande partie intacts; mis en eau ils reprennent vite leur forme et leur bonne mine ^^fig. i ; n° i : pulpe de spore, n'ayant pas fermenté, vieille d'un an, humectée; n° 2 : pulpe de spore, n'ajant pas fermenté, vieille de deux ans). » Extraites de leurs asques et ensemencées un an après la maturité, les spores ger- ment très bien, quoique en moins grand nombre que si elles étaient fraîches : elles germent même après deux ans, mais les manquants sont encore plus nombreux. D'où il suit que si, dans cet état de conservation sèche, la TrufTe vient à être humectée et à se ramollir en terre, le rôle des insectes continue de façon utile, car les spores sont encore aptes à reproduire. Fis Fis » Lorsque, au contraire, la pourriture ou la fermentation ont attaqué la TrufTe avant son dessèchement, les asques sont détruits, presque tous, au bout de quinze jours; tous sans exception, si la fermentation se prolonge {fig- 2 ; n" i : pulpe ayant fermenté dix jours à l'origine; n" 2 : pulpe ayant séjourné quinze jours en terre hu- mide, en février; la pourriture a commencé; les insectes ou leurs larves ont détruit des asques et des spores). Fig. 3. Fis » Que la Truffe ou ses débris viennent alors à se dessécher, il reste des spores isolées plus ou moins intactes, plus ou moins racornies {Jtg. 3, pulpe ayant fermenté à fond, mais non encore desséchée ; y/i,'. 4, 'a même desséchée à fond). ( 6o. ) 1) Celles-ci, lorsqu'elles ont été maintenues à Tombre, à l'abri d'une forte chaleur, germent encore assez bien jusqu'en septembre; plus tard leurs facultés végétatives semblent diminuer; il en reste peu d'aptes à germer jusqu'en hiver, et plus du tout après. Encore ne s'agit-il ici que de spores qui n'ont pas été exposées au soleil ou con- servées en terre surchauffée, car, dans ce cas, la stérilité est presque absolue. » Lu Truffe qui a fermenté est donc relativement impropre à conserver l'espèce, puisqu'elle n'est guère apte à reproduire que de novembre à jan- vier, alors que la maturité même est souvent postérieure à cette date. En outre, la végétation d'été devenant très aléatoire, certains arbres, tels que le noisetier, seraient exposés à ne plus être fécondés. Au contraire, la truffe desséchée avant fermentation assure l'avenir pendant un an ou deux. » Or de tous les végétaux il n'en est peut-être pas de plus fermen- tescible que la Truffe, avec sa pulpe épaisse et profonde, de composition azotée, et la quantité d'eau (72 pour 100) qu'elle renferme. Aussi fermen- terait-elle toujours avant de sécher, si l'arôme n'agissait comme un anti- septique, un retardateur. » Un morceau de Truffe fraîche a été enfermé avec un peu d'eau, sans aucune pré- caution antiseptique, dans un tube de verre qu'il remplissait aux trois quarts. On a hermétiquement bouché. Trois mois après, la Truffe répandait encore un très fort parfum, une sorte d'arôme modifié, mais point du tout une odeur de pourriture. En fait, il n'y avait pas décomposition; les asques étaient presque tous intacts. Dans ces mêmes conditions, si l'on avait laissé l'odeur s'évaporer, tous les asques sans excep- tion auraient été détruits depuis longtemps. » L'arome a donc pour but la conservation de l'espèce, par la protection des asques. Indirectement, il révèle la Truffe aux animaux tubérivores, mais il ne serait nul besoin pour cela qu'il fût aussi intense, puisque l'odeur beaucoup plus faible que dégage la Truffe desséchée (et non fer- mentée) suffit parfaitement à les attirer de juin à novembre. Cela n'a rien d'étonnant, si l'on considère le développement extraordinaire des lacultés olfactives chez les insectes carnivores. » De ces précautions que la nature a prises pour assurer la perpétuité de l'espèce, il ne suit pas que la spore de Truffe perde facilement sa faculté de germer. Le contraire est plutôt vrai. » J'en ai vu partir qui semblaient être dans un état de dessèchement voisin de la fis. 1. Brisées, coupées en deux, elles germent encore, souvent avant leurs voisines intactes, ce qui prouverait, au moins pour les femelles, l'existence de germes multiples. J'en ai mis, après les avoir sorties de leur asque, dans de l'eau phéniquée à plus de 4 pour 100, où elles sont restées huit mois; je les ai ensemencées ensuite : plusieurs ont germé. C. R., 1898, I" Semeslre. (T. CXXVI, N° 8.) 7*^ ( 6(>'2 ) » En résumé, les Truffes fraîches ou A'ieilles d'un an, mais desséchées avant fermentation, donnent les meilleurs résultats. » Aptitude à germer d'après la nature et l' exposition de la feuille. — De mai à la fin de juin les germes mâles isolés viennent plus facilement sur noisetier que sur chêne : plus tard, l'évolution totale serait plus rapide sur feuilles de noisetier, mais l'observation y est difficile et fatigante. » Surtout à l'arrière-saison, la germination paraît êlre plus pénible sur conifères (épicéas, pins à cinq feuilles, genévriers, etc.,) que sur chênes. Le durcissement du sclérenchyme opposerait un obstacle souvent insur- montable au cheminement sous-épidermique des pseudospores, qui profi- tent alors, quelquefois, pour entrer et sortir, des pores stomatiques. Bien des spores femelles restent alors stériles. » De juillet à la fin d'octobre, toutes les feuilles donnent de beaucoup meilleurs résultats, quant à la production des pseudo-spores, non seule- ment lorsqu'elles sont protégées des forts coups de vents et des pluies fouettantes, mais encore lorsqu'elles sont bien à l'abri du soleil. Par conséquent, pour les arbres en coteaux regardant le midi, le côté nord est préférable, pourvu que la feuille ne soit pas anémiée faute d'air. Les spores ensemencées au soleil, de juillet à la mi-octobre, sont très souvent stériles et tombent desséchées. » A partir d'octobre et, en général, pour la formation des téleutospores, le soleil ne nuit pas; il faut avant tout des feuilles saines, vertes, aérées. Le froid, même assez intense, ne semble pas contrarier le développement des germes. » Des expériences pratiques ont été tentées sur ces données, dans des conditions de terrain et de climat malheureusement à demi favorables. Le résultat ne sera connu que dans un délai dont j'ignore la durée. » MINÉRALOGIE. — Sur la ktypèite, nouvelle forme de carbonate de calcium, différente de la calcite et de l'aragonite. Note de M. A. Lacroix, pré- sentée par M. Fouqué. « Le carbonate de calcium n'a été indiqué, jusqu'à présent, dans la na ture, qu'à l'état cristallisé sous forme de calcite ou d'aragonite. On sait, en effet, que même les calcaires les plus compacts, les craies les plus ter- reuses se résolvent, au microscope, en un agrégat de petits cristaux de calcite. Aussi la découverte d'une nouvelle forme de carbonate de cal- ( 6o3 ) cium semble-t-elle mériter l'attention de l'Académie, d'autant plus que ce minéral constitue exclusivement les pisolites des sources thermales de Carlsbad en Bohême et d'Hammam-Meskoutine (Constantine), pisolites bien souvent décrits comme formés par de l'aragonite. » Ces pisolites, qui peuvent atteindre plusieurs centimètres de diamètre, sont formés d'écaillés concentriques qu'il est parfois facile d'enlever suc- cessivement. Ils prennent naissance à l'émergence de sources chaudes (95° C. à Hammam-Meskoutine). Les eaux jaillissantes mettent en suspen- sion de petits fragments solides (quartz, feldspath, etc.) qui s'entourent d'une pellicule calcaire, augmentant jusqu'à ce que le pisolite ainsi formé devienne trop lourd et tombe au fond de l'eau. Il y trouve des pisolites de formation antérieure; un ciment d'aragonite plus ou moins abondant les réunit alors pour former une véritable roche. A Hammam-Meskoutine, ce ciment est très peu abondant, les pisolites s'impressionnent mutuellement à la façon des grains d'une grenade, prenant ainsi des formes polyédriques qui semblent indiquer qu'ils avaient au moment de leur formation une plasticité assez grande. Ces pisolites sont constitués par du carbonate de calcium avec quelques centièmes d'impureté y ' ). » En étudiant des lames minces taillées dans les pisolites des deux loca- lités précitées, j'ai constaté que, contrairement à l'opinion admise, ils ne sont constitués ni par de l'aragonite (- ), ni par de la calcite. En lumière naturelle, on voit qu'ils sont formés par des couches concentriques, ayant l'aspect d'un émail ne possédant pas de structure fibreuse et étant homo- gènes. En lumière polarisée parallèle, toutes les sections de ces pisolites donnent une croix noire dont les irrégularités nombreuses sont en rapport avec la forme extérieure des globules étudiés et rappellent les figures bien connues, présentées par les grains d'amidon quand on les examine dans de semblables conditions. Des plages constamment éteintes donnent en lumière convergente une croix noire avec signe positif; cette croix noire se disloque un peu dans les pisolites de Carlsbad; dans ceux d'Hammam-Meskoutine, (') Voir, notamment pour ceux d'Hammam-Meskoutine, DuPAiic, Arch. Se. phys. de Genève, t. XX, p. 537; 1888. (') Par contre, les pisolites des sources de Vichy sont constituées par de l'arago- nite fibreuse, leur aspect extérieur est tellement semblable à celui des pisolites de Carlsbad, que l'on peut se demander s'ils n'ont pas été originellement constitués par la même substance. ( 6o4 ) l'angle apparent des axes optiques peut atteindre 5o". Tandis que la calcite et l'aragonite optiquement négatives possèdent une très haute biréfrin- gence, grâce à laquelle leurs lames avant o™'",o2 d'épaisseur présentent en lumière polarisée parallèle des teintes grises des ordres supérieurs de l'échelle de Newton, le minéral étudié, au contraire, montre pour la même épaisseur, au maximum, des teintes du deuxième ordre; elles varient d'une façon insensible dans un même globule; la biréfringence atteint 0,020 environ. » Le choc ne modifie pas la structure intime de ces pisolites, mais il n'en est pas de même pour l'action de la chaleur. Aussitôt que le tube de verre, dans lequel on chauffe un pisolite intact, atteint le rouge naissant, le piso- lite décrépite, puis détone avec une extrême violence, mettant souvent en pièces le tube de verre. Il se réduit en écailles assez fines pour que celles-ci, immergées dans du baume du Canada, se montrent transparentes et en partie seulement transformées en petits grains de calcite; en pro- longeant l'action de la chaleur, on |jeut effectuer cette transformation d'une façon complète. Quand on chauffe avec précaution un île ces piso- lites, après l'avoir fêlé d'un léger coup de marteau, il ne détone pas, il se transforme en calcite sans perdre sa structure macroscopique. Taillé en lames minces, il montre une structure analogue à celle des oolites des calcaires de Mamers et de Tonnerre; les éléments cristallins de calcite y sont de petite taille, sans orientation, mais pourtant la structure concen- trique originelle reste distincte. » La densité est variable dans les divers pisolites étudiés, et ce fait parait tenir, d'une part, à des inclusions d'aragonite cry|Jtocristalline cju'il est impossible d'éliminer mécaniquement, et, d'une autre, à la porosité de la substance. Les nombres obtenus oscillent entre 2, 58 et 2, 70 et indi- quent, en tous cas, une densité inférieure à celle de la calcite (2,71). » Des faits qui précèdent, il résulte cjue la substance des pisolites est soumise à des phénomènes de tension remarquables, se manifestant no- tamment par les propriétés en lumière polarisée parallèle et par l'explo- sion des globules; celle-ci ne paraît pas due, en effet, au changement d'état du nouveau minéral, car la plupart des lames écaillées sont intactes après l'explosion et ne se transforment complètement en calcite que par la prolongation du chauffage. » Reste à savoir maintenant si celte trempe est la cause unique de la biréfringence de ce corps, qui, dans cette hypothèse, serait colloïde, ou si. ( 6o5 ) au contraire, elle ne vient que modifier les propriétés d'une substance naturellemenl biréfringente; dans cette li\pothèse la forme élémentaire des produits composant les globules serait constituée par des lamelles dont l'aplatissement, perpendiculaire à l'axe optique unique ou à la bissec- trice, coïncide en direction avec l'aplatissement des écailles. » Quelle que soit, du reste, l'hypothèse adoptée, la substance de cespi- solites constitue une nouvelle forme du carbonate de calcium, différant à la fois de la calcite et de l'aragonite; je propose de la désigner sous le nom àe klypéite (^x-'j-'m), afin de rappeler sa propriété caractéristique de déto- ner quand on la chauffe. » HYGIÈNE PUBLIQUE. — Semoules el pâtes alimentaires. Note deM. Balland. (Extrait.) « On comprend généralement sous le nom. Ae pâtes alimentaires le ver- micelle, le macaroni, les nouilles et les petites pâtes pour potages, de formes très variées (lettres, étoiles, croix, lentilles, etc.), désignées encore sous le nom àe pâtes d' Italie, bien que, depuis longtemps, nous ne soyons plus tributaires de ce pays. C'est en s'inspirant des remarquables travaux de Millon sur les blés d'Algérie (i8ji-i854) que M. Bertrand, de Lyon, à partir de i855, a utilisé exclusivement les blés durs d'Afrique à la fabrica- tion des pâles alimentaires. L'impulsion donnée par ce grand industriel ne s'est pas ralentie et les pâles fabriquées à Lyon et à Marseille, avec des semoules algériennes, rivalisent aujourd'hui en qualité et l'emportent en valeur alimentaire sur les plus belles pâtes d'Italie — » Les semoules, beaucoup moins affleurées que les farines, s'obtiennent en traitant les blés suivant un mode de mouture spécial : elles représentent principalement cette partie gruauteuse du grain qui est comprise entre les couches centrales, moins azotées, et les enveloppes extérieures si riches en matières salines, grasses et cellulosiques. Aussi, leur composition dif- fère-t-elle notablement de celle des farines ordinaires : il y a plus d'azote, mais moins d'amidon, de graisse, de cellulose et de cendres. » Les pâles, qui ne sont que de la semoule pétrie avec de l'eau bouillante, moulée puis desséchée, ont exactement la composition des semoules em- ployées à leur fabrication. Elles reprennent de l'eau, à froid et à chaud, en conservant leur forme : toutefois, si l'on eu fait des pàtons après les ( (Jo6 ) avoir broyées ou pulvérisées, on constate que le gluten, plus ou moins coagulé par l'eau bouillante, a perdu l'élasticité qu'il avait au début dans les semoules et qu'il ne se rassemble que très difficilement. » Dans les analyses de semoules et de pâtes françaises que nous pré- sentons, la qualité des denrées est généralement en rapport avec leur te- neur en matières azotées. Nous y avons ajouté, à titre de comparaison, des analyses de semoules de riz, de tapioca exotique, et de tapioca factice fabriqué en France avec de la pomme de terre. Matière Eau pOUf 100. Macaroni ( i SgS ) 1 1 , 60 Macaroni (1896 1 12,10 Macaroni (1897) 12,00 Nouilles (1897 ) '',90 Vermicelle (1896) 10,90 Vermicelle (1897) 10,00 Pâles d'Italie (1896) 12,20 Pâtes d'Italie (1897) . 10,40 Semoule (1895) 9,20 Semoule (1896) 9,20 Semoule (1896) 10, 5o Semoule (1897) 10, 5o Semoule de riz (1898) io,8o Tapioca exotique (1897) .. . 12,80 Tapioca indigène (1897) ... 16,00 azotée grasse amylacée Cellulose Ceudres TOUT 100. pour 100. pour 100. pour 100. pour lou 10,98 0,45 76,05 0,28 0,64 12, 20 o,85 74,27 0,33 0,25 10,89 0,65 75,70 0,26 o,5o 11,58 0,60 75,21 0,26 0,45 11,74 o,5o 75,74 0,38 0,74 12, 5i 0,80 75,51 0,28 0,90 12,12 0,35 74,61 0,18 0,54 12 , 5i 0,80 75,23 o,3o 0,76 i3 ,5o o,85 75,45 o,5o o,5o 10,42 0,55 78,63 0,45 0,75 12,74 1,00 74,61 0, 5o o,65 11,96 0,60 7^,79 o,5o 0,65 7,34 0, 3o 80,96 o,4o 0,20 0,00 0,20 86,88 0,08 o,o4 0,45 0, i5 82,95 0,00 0,45 M. Cii. ZuRCHER adresse une Note « Sur les apparences développées au moment de la dissolution de l'aniline dans l'eau ». M. PiRAUT adresse une Note relative à la Pisciculture. M. ]\abias adresse une Note sur l'unité de la matière. La séance est levée à 3 heures trois quarts. M. B. i. 607 BULLETIN BIBLIORRAPIIIQUE. Ouvrages reçus bans la séance du i4 février 1898. Leçons de Chimie générale, professées au Collège de France, pendant l'année 1891-96, par Paul Schutzenberger, Membre de l'Institut, Pro- fesseur au Collège de France, publiées par les soins de M. O. Boudouard, Préparateur de la Chaire de Chimie minérale au Collège de France. Paris, O. Doin, 1898; I vol in-8°. (Présenté par M. Friedel.) Association française pour l' avancement des Sciences. 26^ session. Saint- Etienne, 1897. ^îJ'is. Masson et C'", 1898; i vol. in-8°. (Présenté par M. Éd. Grimaux.) Annales de l'École nationale d'Agriculture de Montpellier. Tome IX. iBgS- 1896. Montpellier, C. Coulet, 1897; i vol. grand in-B". (Présenté par M. Aimé Girard.) Revue de Mécanique, publiée sous le patronage et la direction technique d'un Comité de rédaction. Président : M. Hvton de la Goupillière, Membre de l'Institut, etc. Tome II. N" 1. Janvier 1898. Paris, Vicq-Dunod; i fasc. in-4°. Description des machines et procédés pour lesquels des brevets d' invention ont été pris sous le régime de la loi du 5 juillet i844) publiée par les ordres de M. le Ministre du Commerce et de l'Industrie. Tome XC (F* et IP Partie). Paris, Imprimerie Nationale, 1897; 2 vol. in-4°. Revue de Physique et de Chimie et de leurs applications industrielles , fondée sous la direction scientifique de P. Schijtzenbebger. Paris; i fasc. in-B". Journal du Ciel (couronné par l'Académie des Sciences). Bulletin de la Société d' Astronomie. Notions populaires d' Astronomie pratique. Directeur: Joseph Vinot. Troisième série. Mars 1898. Paris, Tours et Mayenne, E. Soudée; i fasc. in-'i". The Smithsonian Institution (18 16-1896). The history of ils first half cen- tury. Edited by George Brown Goode. Washington, 1897; 1 vol. in-4°. Fauna silurica de Portugal. Novas observacôes acerca de Lichas (iiralichas) ribeiro por 1. F, N. Delgado. Lisboa, 1897; i fasc. in-4°. ( 6o8 ) Outrages reçus dans la séance bu at février 1898. Précis de Minéralogie, par A. de L\pp.vre^t, Membre de l'Institut, Pro- fesseur à l'École libre ries Hautes Études. Paris, Masson et C'', 1898; I vol. in-i8. (^Hommage de l'auteur. ) La Diphtérie et la Sénim thérapie, études chimiques faites au pavillon Bretonneau, par le D'' G. Variot, Médecin de l'hôpital Trousseau pour enfants malades. Paris, A. Maloine, 1898; i vol. in-8°. (Présenté par M. Marey. Renvoyé au concours Montyon.) Rainfall Tables of the British Islands, 1866-1890. London, 1897; i vol. in-8°. (Présenté par M. Mascart.) Meteorological ohsen'ations at the stations of the second order for the year 1894. London, 1897 ; i vol. in-4°. (Présenté par M. Mascart.) Hoi/rly means 0/ the readings ohtained from the self-recording instruments at the five observatories under the meteorological coitncil 1894. London, 1897; i vol. in-4''. (Présenté par M. Mascart. ) Quarlerly carrent charts for the Pacific Océan. Atlas gr. in-folio. (Présenté par M. Mascart.) Dosage de l'hémoglobine et analyse quantitative d'un mélange de deux de ses variétés au moyen du spectrophotométre, par leD'L.-G. de Saint-Martin. Paris, O. Doin, 1898; i vol. in-8°. Bulletin international du Bureau Central Météorologique de France. Année 1897. 2*= semestre; i fasc. in-4°. Archives des Sciences biologiques, publiées par l'Institut impérial de Médecine expérimentale à Saint-Pétersbourg. Tome Vî. N° 1. Saint-Péters- bourg, 1897; I fasc. in-4°. La Tribune médicale, Revue française et étrangère. Rédacteur eu chef: J.-V. Laborde, Membre de l'Académie de Médecine, Directeur des travaux physiologiques à la Faculté de Médecine de Paris. 16 février 1898. La Nature, revue des Sciences et de leurs applications aux Arts et à f Indus- trie. Directeur : Henri de Parville. 19 février 1898. Paris, Masson et C'*; I fasc. grand iu-8". Memorie délia Societa degli spettroscopisti italiani, raccolte e pubblicate per cura del Prof. P. Tacchini. Vol. XXVII. i8g8. Dispensa P. Roraa. 1898 ; i fasc. in-4''. On souscrit à Paris, chez GAUTHIEH - VITJ.ARS ET FILS, Quai des Grands-Augusiins, n° 55. Depuis 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régullèremenl le Dimnm tu-, lis forment, à la fin do l'année, deux roluraes in-i*. Deux fables, l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel et part du i" janvier. Le i>rij: île Cabonnenitnt est fixé ainsi qu'il sud : Paris : 20 fr. — Départements : 30 fr. — Dnion postale : 34 fr. — Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus. On souscrit, dans les Départements, chez Messieurs : Agen Fcrri'ii IVèrcs. ( Chaix. Alger < Jourdan. ( Ruff. Amiens Courtin-Hecquet. ( Germain etGrassin. A ngers ! , f Lachese. Bayonne Jérôme. Besançon Jacquard. j Fcret. Bordeaux Laurens. ' Muller (G.). Bourges Renaud. I Derriei). F. Robert. J. Robert. Uzel frères. SCaen Jouaii. Chambery Perrin. ^Cherbourg ■'' ï ' Marguerie. •./>i . /- I Juliot. fClermonl-Ferr.. . ' i f Ribou-Collav. . Laniarche. Uijon Ratel. ' Rey. t\ Lauverjat. cuai ' I Desez. renoble ) ( Gralier et C". [La Rochelle Foucher. Brest. .Le Havre. f Lille. \ Bourdignon. 1 Dombre. ) Tliorez. ( Quarré. Lorient. Montpellier . \ Calas. ' Goulet. Moulins Martial Place. / Jacques. Aancy ' Grosjean-Maupin. ' Sidot frères. ^ Loiseau. I Veloppé. I Barnia. ' VisconLl et C'v ,\imes Thibaud. Orléans Luzeray. I Blanchier. i Marche. Bennes Plihon et Hervé. I Bocliefort Girard ( M"" )■ \ Langlois. I Leslringant. S'-Élienne Chevalier. \ Bastide. / Runiébe. ( Gimct. ' Privât. Boisselicr. Tours Péricat. ' Suppligeun. ( Giard. / Lemaitre. Séantes l\ ice. . . l'i ime Orléa Poiriers. Bennes Boc/ief Bouen. S'-Élie Toulon . . . 7'oulnusc.. Tours Valenciennes. On souscrit, à l'Etranger, chez Messieurs : I Baumal. { M°" Texier. Bernoux et Cumin. Georg. Lyon < Cote. Savy. Vitle. Marseille Ruât. Amsterdam . chez Messieurs : Feikema Caarelsen et C'V Athènes Beck. Barcelone Verdaguer. I Asher et C''. chez i\fcssieurs : I Dulau. t-o"cires Hachette et C-. Lti.tenibourg . . . . Berlin . Bucharest. I Dames. , Friediander et lils. f Mayer et Muller. Berne Schmid et Francke. Bologne Zanichelli. ILamertin. Mayolez et Audiarte. I.ebégue et C*. \ Sotcheck et C°. • * Millier ( Carol). Budapest Kilian. Cambridge Deighton, BelleiC". Christiania Caiiimermeyer. Constantino/ile. . Otlo Keil. Copenhague Host et lils. Florence . Seeber. Gand Hoste. Gênes Beuf. , Cherbuliez. . Georg. ( Stapelmohr. Belinfante frères. Genève. La Haye . Lausanne ) Benda. ' Payot. Nutt. V. BUck. Libr. Gutenberg. Mndrid ) '^"'"° y F"ssel. i Gonzalés e hijos. ' F. Fé. Milan .... t ^"^■^'■' '■'"«'•«*• " ' Hcepli. ''^toscou Tastoviii. i Prass. ^'a/jles Marghieri di Gius. ( Pellerano. . Dyrsen et Pfeiffer. Aciv- rork > Slechert. LeinrkeelBucchner ' Odessa Rousseau. Ojcford Parker et C" l'alerme Clausen. Porto Magalhaès et Moniz. Prague Rivnac. Bio-Jaiieiro Garnier. ( Bocca frères. ( Loescheret C'*. Botterdani Kramers et fils. Stockliolm Sarason et Wallin. .. .. t 1 Zinserling. :.^l>etersbourg. . J ^^^^ I Bocca frères. ) Brero. Borne . Banh. \ Brockhaus. Leipzig Lorentz. i Max Rube. \ Twietmeyer. I Desoer. Liège , „ ° I Gnuse. Turin. \ Clausen. 1 Kosenbei bergetSellier. Varsovie Gebethner et VVollf. Vérone Drucker. i Prick. Vienne !, , , ( Gerold et C". Zurich Meyer et Zeller. TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES : Tomes !«' 31. — (3 Août i835 à 3i Décembre ib5o. ) Volume in-4°; i853. Prix 15 fr. Tomes 32 à 61.— (i" Janvier j85i à 3i Décembre i865.) Volume in-4"; 1870/ Prix 15 fr. Tomes 62 à 91.— (i" Janvier 18C6 à 3i Décembre 1880.) Volume in-4''; 1889. Prix 15 fr. SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DÉS SCIENCES : Tomel: Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par MM. A. DERBtset A.-J.-J. Solieb. — Mémoire sur le Calcul des Perturbations qu'éprouvent le» Comètes, par M. Hansen. — Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des matières grasses, par M. Cladde Bernard. Volume in-4'', avec 32 planches ; i856 15 fr. Tome II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Benedes. — Essai d'une réponse à la question de Prix proposée en i85o par l'Académie des Science^ pour le concours de i853, et puis remise pourcelui de i856, savoir : « Étudier les lois delà distribution des corps organisés fossiles dans lesdifférents terrains sédi- • mentaires, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. — Rechercher la nature • des rapports qui existent entre l'état actuel du règne organique et ses états antérieurs », par M. le Professeur Bkonn. In-4'', avec 37 planches; 1861.. . 15 fi. 4 la même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences. N" 8. TABLE DES ARTICLES. (Séance du 1/1 février 1898.^ MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DBS MKMRIiES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. Pages. M. Bkuthei.ot. \clions chimiques exer- cées pnr l'effluve électrique. Mélhodes 56i M. Berthei.ot. - Actions chimiques exer- cées par l'effluve électrique sur les com- posés organiques. Systèmes gazeux. Car- hures (l'Iiydrogéne et azote '>li-- l'u M. li. Grimaux. - Sur les dérives de la cinchonine M. Edmond Pr.r.niER. — Sur la place des Ép<)n;;es dans la classification et sur la , signification attribuée aux feuillets em- bryonnaires ME3I01RES PRESENTES. M. .1. Magnknant soumet, au jugement de l'Acailéiiiie un Mémoire relatif à un « rideau hyilr;uilii[iie tle sûreté ' CORRESPONDANCE . .■)S:; JS3 58:. M. II. Studve adresse ses remercimeuts à l'Académie pour la distinction accordée à ses travaux ... .')83 M. Mascadt présente à l'Académie diffé- renles pulilications du Meteorological office de Londres -M. G. BouRLET. — Sur l'itération M. 11. BoUASSE. — Keniarque sur une Note de M. Moreati, intitulée : « Des cycles de torsion magnétique et de la torsion rési- duelle du fer doux » M. BiRKELAND. — Sur une analogie d'action entre les rayons lumineux et les lignes de force magnétique 58U .M. A. GuÉBHARD. — Sur la prépondérance de l'action mécanique des courants de convection, dans les enregistrements de figures d'eflluves sur plaques voilées sou- mises à l'action de pôles thermiques dans les bains révélatems 5S9 M. H. GiRAN. - Sur une combinaison de l'anhydride phosphorique avec le benzène. 592 Bulletin hiiilhigraphique M. H. BoRDiER. — Influence des rayons X sur le phénomène de l'osmose iq î MM. k. Charrin et A. Desgrez. — Pro- duction de substance mucino'ide par les bactéries '»)>< MM. J. Bordas, Joulin et Rackowski - Sur l'amertume des vins '>'.)>'■ I .M. A. DE Gramont DE Lesp.arre. Sur l'aptitude à germer des spores de la Truffe et le rôle ilc l'arôme 'n^t M. A. Lacroix. — Sur la ktypéite, nouvelle forme de carbonate de calcium, différente de la calcite et de l'aragonite Om M. Balland. — Semoules et pâtes alimen- taires li"') M. Gh. Zurciiek adresse une Note « Sur les apparences développées au moment de la dissolution de l'aniline dans l'eau »... lioO M. PiRAtiT adresse une Note relative à la Pisciculture •'">(> M. Nabias adresse une Note sur l'unité de la matière lio6 (îo- PARIS. — IMPRIMERIE GAUTHIER-VILLARS ET FILS, Quai des Grands-Augustins, 5ô. /.e Gérant .* liAUTHiKH-ViLLAhS 1898 MAR 19 18S8 ' PREMIER SEMESTRE. 1 COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES t>«» n.n.. IiES SBCHÉTAIRES PBBPÉTVeiiS. TOME CXXYI. N^9 (28 Février 1898), PARIS, GAUTHIER-VILLARS ET FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES Quai des Grands-Augustins, 55. "1898 RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875. I.cs Comptes rendus hebdomadaires des séances de l Académie se composent des extraits des travaux de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes présentés par des savants étrangers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. 26 numéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. Article 1*'. — Impressions des travaux de l'Académie. Les extraits des Mémoires présentés par un Membre ou par unAssociéétranger de l'Académie comprennent ;in plus 6 pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o pages par année. Les communications verbales ne sont mentionnées dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction écrite par leur auteur a été remise, séance tenante, aux Secrétaires. IjCs Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les Rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par les Correspondants de l'Académie comprennent au plus 4 pages par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de 32 pages par année. Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi- vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion. Les l'rogranimes des prix pi'oposés par l'Académie sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap»- ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autant que l'Académie l'aura décidé. Les Notices ou Discours prononcés en séance pu- blique ne font pas partie des Comptes rendus. Article 2. — Impression des travaux des Savants étrangers à l'Académie. m Les Mémoiies lus ou présentés par des personn* qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca- démie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré- sumé qui ne dépasse pas 3 pages. Les Membres qui présentent ces Mémoires sont tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le Membre qui fait la présentation est toujours nommé mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrj autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le foi pour les articles ordinaires de la correspondance ofl cielle de l'Académie. Article 3. I Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis à l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, le jeudi à lo heures du matin ; faute d'être remis à temps, le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compte rendu actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui- vant et mis à la fin du cahier. Article 4. — Planches et tirage à part. Les Comptes tendus n'ont pas de planches. Le tirage à part des articles est aux frais des au- teurs; il n'v a d'exception que pour les Rapports et ' les Instructions demandés par le Gouvernement. Article 5. Tous les six mois, la Commission administrative fait un Rapport sur la situation des Comptes rendus après l'impression de chaque volume. Les; Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré- sent Règlement. Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de le* déposer an Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5''. Autrement la présentation sera remise à la séance suivante. ivlAR 17. ibc> COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 28 FÉVRIER 1898, PRÉSIDENCE DE M. WOLF. MEMOIRES ET COMMUNICATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.' CHIMIE ORGANIQUE. — Actions chimiques de l'effluve électrique. Oxydes de carbone et azote. Systèmes gazeux; par M. Beuthelot. « Examinons maintenant l'action de l'elflLive sur les composés carbo- nés oxygénés, mis en présence de l'azote libre, afin de les comparer avec les carbures d'hydrogène. Dans un sujet aussi vaste que celui que j'ai entrepris, il est nécessaire d'établir d'abord les grandes ligues expérimen- tales, c'est-à-dire de déterminer les limites des phénomènes et les rap- ports suivant lesquels les éléments s'unissent pour former des composés condensés. Je me propose de revenir ensuite sur l'étude individuelle des plus intéressants. Nous commencerons, duus le présent Mémoire, par les composés binaires, tels que l'oxyde de carbone et l'acide carbonique ; puis nous étudierons les composés ternaires de diverses fonctions, alcools et éthers, aldéhydes et acides. G. R.,i8yS i" Semestre (T. CXWI, N- 9 i 79 A. — OXYDES DE CARBONE. I. — Oxyde de carbone propbemem dit. » (1). Oxyde de carbone pur. — Ce corps soumis à l'influence de l'ef- fluve se transforme en un sous-oxvde, C'O', d'après les expériences de Brodie et les miennes ( ' ) : 5C0 = C*0' + C0=. Ce sous-oxyde est solide, brun, soluble dans l'eau, en formant une liqueur acide. )) (2). Oxyde de carbone el azote. — Volumes égaux; douze heures. Au bout de ce lemps, on retrouve l'azote sans aucun changement; les deux tiers environ de l'oxyde de carbone étant changés en sous-oxyde et acide carbonique, par une action indépendante. M (3). Oxyde de carbone et hydrogène. — Excès d' hydrogène : 100CO + 244H^ Vingt-quatre heures d'effluve. » Tout l'oxyde de carbone a disparu, en même temps qu'un volume très sensiblement égal d'hydrogène, sans qu'il y ait production d'acide carbo- nique. Point d'acétylène. I^e produit condensé pur répond dès lors à la formule d'un hydrate de carbone (CH^'O)" ou (^^CH^Oy-mH'O. » Ce n'est pas de l'aldéhyde méthylique (^ ), mais un polymère; ou plu- tôt un mélange de polymères, les uns insolubles dans l'eau, les autres so- lubles. On peut isoler ces derniers par une évaporation ménagée ; une tem- pérature plus élevée les carbonise, avec odeur de caramel. Ils ne réduisent pas le tartrate cupropotassique; mais ils exercent une action réductrice, peu marquée d'ailleurs, sur l'azotate d'argent. (') Annales de Chimie et de Physique, 5" série, t. X, p. 72. (^) Il est possible que cet aldéhyde se forme aux débuts, pour disjjarailre par la suite. Cf. LosANiTSCH et JoviTSCHiTSCH , Bull, de rAc. royale de Belgique, 3« série, t. XXXI V, p. 269-277, et Hemptine, même Recueil. Leurs expériences répondent à des conditions did'érentes, la limite des phénomènes n'ayant pas été recherchée par ces savants. ( ^-I ) )) (4). Oxyde de carbone et hydrogène. — Excès d'oxyde de carbone : looCO -f- 5o,6H-. Vingt-quatre heures. - Tout l'hydrogène a disparu. Il reste 23™',3 de CO. Pas d'acide carbonique. » Rapports des éléments condensés : 3CO:2H= ou C'H^O". » Ces rapports sont ceux de l'acide pyruvique. Ils répondent aussi à un hydrate de carbone, avec addition d'oxyde de carbone 2CH2O-f-C0% ou à un hydrate de carbone oxydé C»H'0*-f-0', comparable aux oxycelluloses. » Le produit offre une odeur alcoolique fugace, provenantd'une tracede matière. Sa dissolution aqueuse exerce des actions réductrices, peu pro- noncées d'ailleurs, sur le tartrate cupropotassique et sur le chlorure mer- curique neutre. Elle réduit mieux l'azotate d'argent ammoniacal. » La matière soluble, isolée par évaporation ménagée, puis calcinée, se carbonise, en développant une odeur de caramel, avec nuance butyrique. )i (5). Oxyde de carbone, hydrogène et azote (i" -+- 2" -+- i") : looCO + 216, 2 H^ H- 1 13, 2 Az'^ (^vingt-quatre heures). » Il ne reste ni acide carbonique, ni oxyde de carbone, ni hydrocar- bure, ni ammoniac H^ disparu 1 47 , ' Az^ absorbé 48 > 4 Rapport I : 3,o4 » Rapports des éléments condensés : CO:Az:H% soit CO + AzH'. M Ainsi, en présence d'un excès notable d'hydrogène, nous avons les rapports CH'AzO c'est-à-dire ceux du formamide, ou plutôt d'un amide tel que (CHO.AzH=')« ou (CHAz)'',mH-0 +(/i-/n)H^O dérivé de cet hydrate de carbone (CH-O)", qui résulte de l'action directe de l'hydrogène sur l'oxyde de carbone. .; 6i2 ) » (6). Oxyde de carbone, hydrogène et azote ( 2^ + 3^ + i^). — Les excès d'hydrogène et d'azote sont faibles ici : looCO + i58,3H^ + 62,5 Az- (vingt-quatre heures). )) Il ne reste ni acide carbonique, ni oxyde de carbone, ni gaz hydro- carboné, ni gaz ammoniac H" disparu i3i|_ . » 2 1 i ■ r \ Rapport I : 3,27 Az^ absorbe 40 ) » Rapports des éléments condensés : COlH^'" lAz»'', soit C04-o,8AzH% ou C R' kz' O + l^W O ; c'est la formule de la sarcine. » Cependant si l'on tient compte de la condensation simultanée d'un excès de CO, rendue possible par l'insuffisance de l'hydrogène, ces rap- ports pourraient répondre à la relation plus simple (CO.AzIP)", signa- lée plus haut. En réalité, il n'y a ici ni acide cyanhydrique, ni acide for- mique. Le produit estun mélange de matières solubles dans l'eau, lesquelles dégagent de l'ammoniaque par ébuUition avec un alcali, et d'une matière insoluble, décomposable par calcination, avec odeur de corne brûlée et formation d'alcalis pyrogénés, de l'ordre de la quinoléine. » D'après ces résultats, la réaction simultanée de l'oxyde de carbone et de l'hydrogène sur l'azote développe des composés azotés complexes et condensés. Mais la quantité de matière sur laquelle j'opérais était trop petite pour tenter la séparation de ces composés. En définitive, ils dérivent, par substitution amidée, des hydrates de carbone qui se forment dans l'action de l'effluve sur un mélange d'oxyde de carbone et d'hydrogène. )) Rappelons ici les alcalis exempts d'oxygène dérivés du glucose, que M. Tanret a obtenus par la réaction de l'ammoniaque. Mais les composés amidés dérivés de l'oxyde de carbone sont remarquables par lein* plus grande richesse en azote; cet élément y étant contenu à atomes égaux avec le carbone, précisément comme dans l'acide cyanhydrique et ses dérivés. » On peut en rapprocher notamment les polymères de l'acide cyanhy- drique, tels que le dérivé amidé du nitrile malonique C^H(AzH-)Az- ; ou bien encore l'acétocyanamide, C*H*Az*0, et certains corps congénères de la xanthine et de la série urique, tels que les principes de transformation de l'acide cyanhydrique signalés par M. A. Gautier. Toute cette famille se ( 6i3 ) rattache étroitement à l'acide formique et, par conséquent, à son anhy- dride, l'oxyde de carbone. [1. — Acide carbonique. 1) (1). Acide carbonique pur. — J'ai observé précédemment (') que l'acide carbonique, soumis à l'action de l'effluve, pendant douze heures, se décompose, en produisant à la fois un gaz doué de propriétés très oxy- dantes (acide percarbonique), de l'oxyde de carbone, et le sous-oxyde de carbone précédemment signalé. Ceci s'observe en l'absence du mercure, et la réaction a lieu même en présence d'un excès d'oxygène. Si l'on opère sur le mercure, l'excès d'oxygène est absorbé par ce métal; mais on continue à obtenir du sous-oxyde. J'ai répété récemment cette dernière expérience. » (2). Acide carbonique et hydrogène. — Il faut opérer avec une dose d'hydrogène double de celle employée pour l'oxyde de carbone. » Soit CO" + 2 H" (six heures J : Gaz initial C02 = ioo Gaz final CO^^ 3 » H^ =220 )> H^ = 27 » Rapports des éléments condensés : CH'O- soit (CH-0)''-f-/iH-0. » Le produit est en effet constitué par quelques gouttelettes d'un sirop aqueux, doué d'une odeur semblable à celle de l'acide acétique. Cette odeur disparaît presque aussitôt par évaporation et il reste une matière fixe et carbonisable par la chaleur, avec odeur de caramel. » Cette matière, d'ailleurs, ne contenait pas d'aldéhyde méthylique; les réactions successives de l'ammoniaque et de l'eau bromée ayant donné des résultats négatifs. C'est un hydrate de carbone, congénère des sucres, identique avec celui que fournit l'oxyde de carbone; sans doute avec une trace d'acide acétique isomérique. M (3). Acide carbonique , azote et hydrogène {i" -r- 1" -\- 3^) : Gaz initial 00';= 100 Gaz final GO-, CO nuls Az2=:i25 Az^=:46,7 ■ H2 = 3oo H2=46,7 (') Ann. de Chim. et de Phys., 5-= série, t. XVII, p. i43 et i44. ( 6i4 ) )) Le produit, traité par l'eau, forme une liqueur spontanément effer- vescente, contenant de l'azotite d'ammoniaque. )) Rapports des éléments condensés : C02H''°'Az''"; soit COAzH'+H=0 + Az"" ou 4(CHO.AzH=)h-AzO«,AzH* + 2H»0; c'est-à-dire un mélange du composé amidé que donne l'oxyde de carbone, avec l'azotite d'ammoniaque dissous dans i molécules d'eau. Peut-être s'agit-il ici d'une combinaison azoïque proprement dite, dissociable par l'eau. En tous cas, l'addition de l'eau avec le produit récemment obtenu manifeste, à froid, les réactions de l'acide azoteuK, de l'ammoniaque, ainsi que l'effervescence lente des dissolutions de l'azotite. J'ai retrouvé la même formation avec d'autres corps, notamment les acides acétique et propionique, ainsi qu'il sera dit plus loin. )) (4). Acide carbonique, azote et hydrogène ( i^H- l'-l- 2'') ; vingt-quatre heures : Gaz initial 00== 100 Gaz final GO', GO nuls H''=2oo H3=i3,5 Az2r=ii4 Az»=64,8 » Rapports des éléments condensés : CH''"AzO^ soitCH'''"0=' + AzH=' ou CH*'"(AzH=')0% formule voisine de COAzH^, H^O, ou plutôt d'un composé amidé qui déri- verait, par substitution, d'un générateur plus oxydé que l'oxyde de car- bone, tel qu'un dérivé uréique complexe. Mais je n'insiste pas, de tels produits nécessitant une étude plus spéciale. » En résumé : » 1° L'oxyde de carbone et l'acide carbonique, en réagissant sur un excès d'hydrogèae, se condensent sous l'influence de l'effluve électrique en hydrates de carbone C"WO"- mW-0. n(CO + H') 1 /i(CO-4-2H-^) j » Cette formation doit être rapprochée à la fois des réactions physiolo- ( fîl^ ) giques qui condensent l'acide carbonique et l'eau, en formant également des hydrates de carbone dans les végétaux, et des réactions pyrogénées qui ont pour point de départ la formation du résidu CH^ O, dans la distillation sèche des sels de l'acide formique : ces derniers dérivent pareillement de la réaction de l'oxyde de carbone et de l'eau. )) En effet, qu'il me soit permis de rappeler que j'avais, dès l'origine de mes recherches sur la synthèse des carbures d'hydrogène en 1860 ( '), insisté sur la genèse de ce résidu CH- O 2CHM0'= CH-0 + CO'M et sur sa métamorphose pyrogénée, d'abord en formène 2CH=0 = C0=-hCH", et consécutivement, par perte d'hydrogène, en carbures condensés C"H^". J'ai particulièrement insisté, dans mes Leçons sur les méthodes générales de synthèse en Chimie organique, professées au Collège de France en 1864 (^), sur les relations que la formation de ce groupement CH-0, dérivé pareil- lement de l'acide carbonique et de l'eau, établit entre les mécanismes de condensation moléculaire, qui règlent à la fois la synthèse physiologique des principes végétaux et la synthèse pyrogénée des carbures d'hydrogène. Les expériences actuelles montrent que les synthèses électriques pro- cèdent également du même groupement et des mêmes composés binaires. Elles sont dès lors en connexion étroite avec la première série de mes expériences de synthèse. M 1° Dans la réaction des oxydes de carbone et de l'hydrogène, sous l'influence de l'effluve, si l'hydrogène fait en partie défaut, on obtient des composés condensés plus oxydés. )> 3° Ajoutons de l'azote aux mélanges de l'hydrogène avec les oxydes de carbone; nous obtenons, si ces oxydes ne sont pas en excès, des com- posés, très riches en azote, de la formule (COH'Az/% ou (COH^\z)«-mH = 0, composés dont la formule répondrait à celle des polymères de l'acide cyan- (') Chimie organique fondée sur la synthèse, l.\\ p. i3 et a/J. Ce résidu était écrit en équivalents CHO. (-) Publiées la même année chez Gautliier-\ illars. Voir p. 181. ( <^i6 ) hydrique et de leurs hydrales, et plus spécialement des corps de la série urique, ou xanthinique. » Si les oxydes de carbone sont en excès, les composés azotés résultant de leur condensation se rattachent aux mêmes séries, ainsi qu'à la série des uréides. » 4° Dans les cas où il se forme de l'eau libre au cours de ces réactions, ce qui arrive particulièrement en partant de l'acide carbonique, on voit apparaître l'azotite d'ammoniaque, produit normal de la fixation de l'azote sur les éléments de l'eau. » Tels sont les caractères fondamentaux des réactions de l'effluve, poussées à leur limite, sur les mélanges que les oxydes du carbone consti- tuent avec l'hvdroeène et l'azote. " ^»^ CHIMIE ORGANIQUE. — Actions chimiques de l' effliwe électrique. — Alcools et dérivés éthérés, en présence de l'azote ; par M. Berthei.ot. « Je vais examiner les réactions de l'effluve électrique sur les alcools en présence de l'azote : alcools méthylique, éthylique, propylique normal et isopropylique, allylique; ces réactions étant poussées jusqu'à leur limite. J'y joindrai quelques essais qualitatifs sur les phénols de diverses valences; puis j'exposerai des expériences, toujours poussées jusqu'à la limite, avec les composés alcooliques formés par déshydratation, tels qu'un éther simple, l'éther glycolique ou pseudoxyde d'éthylène, et les éthers dialcooliques: méthylique et éthylique (éther ordinaire;. Ces expériences ont été exécutées les unes sur les éthers gazeux, lorsque leur tension de vapeur est suffisante, les autres sur un poids connu des alcools, contenu dans une pelite'ampoule, poids calculé de façon à maintenir le composé en présence d'un excès de gaz azote. Voici les résultats : I. — Alcool méthylique : CU'O. » (i). Alcool méthylique : oe',o5i5; Az =: 1 1'^'',5 (vingt-quatre heures). Gaz dégagés : H- = i8<^S5; CO = o''S9. Az- absorbé = 9^,4 (pour les mêmes A et /). )) Le volume des gaz étant connu, ainsi que les conditions de pression et de température, on trouve que les chiffres obtenus pour le produit con- densé répondent aux rapports des éléments suivants : CH*0 +iAz-H; (6i7) soit C^H'-Az=0'' ou fG='H(HO)(AzH=') + H-Oj » Ce serait la fonnule d'iui composé de l'ordre des amidines, ou de leurs hydrates, congénère du dérivé du formène (C-H.AzH^)", signalé dans une Note précédente, et offrant le même rapport atomique entre le carbone et l'amide. » (2). L'expérience suivante se rapporte aux débuts de la réaction, c'est- à-dire à un moment où l'absorption de l'azote étant à peine commencée, la réaction ne représente guère que les débuts de la décomposition propre de l'alcool méthylique. On opérait sur CH'O = oS"", 55 : Az-=i4'"^,o; gaz obtenus : Sy"' (réduits i\ h el t initiaux): co H^ i6,3 CH* 4,7 CH'O (vapeur) 2,6 CO^ o,5 CO 1,2 Az* 11,7 37,0 » Az absorbé 2", 3. » La formation des gaz observés répond à la coexistence de réactions simples, telles que (i) AtCH'0 = (CtPO)'' + «H-, réaction dominante, comme l'atteste la forte dose de l'hydrogène formé. Elle se traduit par la formation de produits condensés, faciles à constater et comparables aux dérivés polymérisés des oxydes de carbone et des car- bures d'hydrogène, (2) 2CH*0:^CH^ + C0-4- 2H- et consécutivement, CH'O 1- H- - Cil' 1- H'O ; (3) CH^0=^C0-f-2tP. » (3). Une autre expérience a eu pour objet d'examiner un degré plus avancé de la réaction, encore éloignée de sa limite : CH'O = oB',i8i; Az-= i2<'%2. C. H., 1898, I" Semestre. (T. CXXVI, N° 9.) 8o ( »^'8 ) » Après une heure trente minutes, : gaz recueillis ■ji"",^ (réduits à h et f initiaux): H'- ^^',8 CH^ ii;o CH'O(vapeur) t ,1 CO 5,4 00^= 5,0 Az» 6,1 71,5 » Az absorbé 6'=^I; soit — pour CH'O initial; l'absorption n'ayant atteint que le cinquième de sa limite. .. Pour CH'O, il s'est formé 3^ H^; ^CH^;^CO; ^CO-. » T/hydrogène a crû ainsi, un peu au delà de la moitié de sa proportion finale; le forraène a crû aussi proportionnellement à l'hydrogène, sauf à disparaître dans la dernière période de l'expérience ; de même pour l'oxyde de carbone. Ceci montre que les réactions décomposantes du début ont continué à se développer, pendant que l'azote commençait à s'absorber. II. — Alcool éthyliqce : G=H^O. » (1). Alcool éthylique,oS\o56. — Az' = iq*"^, i (vingt-quatre heures). Gaz (réduits aux mêmes A et ^) : H^ 26^8 00== 0,2 Az^ 8,2 35,2 Az' absorbé 10,9 » Tout calcul fait, on trouve : » Rapports des éléments condensés : C^H-'O- H= + Az» '^ soit C40H20Az''O= ou C'»H'»Az",,^H=0. » L'hydrogène éliminé par une molécide d'alcool éthylique est double de l'hydrogène éliminé par une molécule d'alcool méthylique. » On pourrait simplifier la formule précédente, en admettant qu'un cinquième de l'alcool se fût transformé séparément sans absorber d'azote. ( 6i9 ) le rapport atomique entre l'hydrogène éliminé et l'azote fixé étant celui de 2 : I . On aurait ainsi le rapport C^H'-Az-O- ou [C='H(HO)AzH=)]-, le même, aune double molécule d'eau près, que celui observé pour l'al- cool méthylique. » En fait, une molécule d'alcool éthylique absorbe près du double de l'azote absorbé par une molécule d'alcool méthylique. Cette relation con- traste avec celle qui existe entre les produits azotés dérivés du formène et les produits dérivés de Téthylène, moitié moins riche en azote pour une molécule. » Nous venons d'exposer la réaction limite, examinons les produits des réactions initiales. » (^2). C^H°0 -■ o8',i76. Az-=: 18'='', 6. Débuts, après une heure et demie d'effluve : ce Gaz H^=27,9 C^H'==: 2,0 C0= 3,3 G0-= 0,6 Az^= i5,2 49>o » La formation de l'hydrogène est déjà le phénomène dominant, attri- buable à une décomposition propre d'un tiers environ de l'alcool condensé sous forme de (C-WO)" -h nE- ou (C-H= + H-0)"+ nH". » La dose d'azote absorbé simultanément était seulement 3", 4, c'est-à- dire la dixième partie du chiffre répondant à la limite atteinte, dans l'expé- rience (1), pour une molécule d'alcool mise en réaction. • )> (3). C-H«0 = 06', 8 environ. Az = iG"-. Débuts : Gaz H2=4276 CîH«= 4,2 C^H^etU-acesC^H^^: 0,8 C^ H' O vapeurs 1,6 Az2z= 6,8 56,0 » Il y avait, en outre, une trace de AzH' libre. Les produits condensés possèdent une odeur irritante, qui rappelle les huiles de résine. La réaction ( 6io ) initiale offre ici le même caractère que dans l'expérience (2). Cependant, la dose d'azote absorbé est plus forle (9", 2), tout en demeurant le phé- nomène accessoire; cet excès correspondant sans doute à la proportion beaucoup plus grande de l'alcool initial. m. — Alcool propïlique normal : C'H'O. » (1). Alcool propy.'ique normal : C^WO... os^o82 Az"... ig^.ô (vingt-quatre heures). » Gaz l'estants (réduits à h et / originels^ : IP 23,4 00== 2,0 GO 0,2 ■ Az^ j^ ssTo » Az absorbé 12''% 2. En négligeant CO- et CO dont la proportion est minime, on trouve : rapports des éléments condensés C'IPO^H^ + Az. M Ainsi une molécule d'alcool propylique normal a perdu 2 atomes d'hy- drogène, comme l'alcool ordinaire, et gagné i atome d'azote, ce qui répond aux rapports C''H'^\z^O- ou CH* Az-, 2II-O, soit [CMi-(AzH-)H=0]- ou |G-'H'(HO)(AzH^)]-. » Ces rapports sont semblables aux rapports observés pour l'alcool élhylique. En effet, dans un cas comme dans l'autre, la molécule du dérivé azoté de l'alcool est plus azotée que celle du carbure correspondant : rela- tion correspondant a l'intervention de l'oxygène (ou de l'hydroxyle) dans la constitution des dérivés azotés des alcools. IV. — Alcool isopropyliqle : C'H'O. » ([). Alcool ùopropylique : C^H^O... o^%o\c)3 Az'... iS"^*^, 4 (vingt- quatre heures) : ce Gaz restants : IP 22,7 CO 0,6 Az^ 7,0 3o,3 ( f^2I ) )) AzoLe absorbé : ii™,4. 11 Rapports des éléments condensés : k C'H^O - tP+ Az' ,1 » Ce sont les mêmes rapports que pour l'alcool propylique, cl dès lors les mêmes conclusùms. V. — Alcool allyliqif. : C^H'^0. ). (1). Alcool allylique : CH^O... oS', i5o Az aS", 5 (vingt- quatre heures) : ce Gaz reslanls : 11^ 6,8 Az^ 4,3 II, I )i Az- absorbé : 19'^'', 3. Formation d'une substance à réaction forte- ment alcaline. » On remarquera combien la dose d'hydrogène dégagée est faible, com- parée à celle qui se développe aux dépens des alcools propylique et éthy- lique : relation d'autant plus nette qu'elle se retrouve dans la réaction de l'effluve sur l'allvlène. Ainsi l'effluve ne manifeste presque aucune ten- dance à séparer l'hydrogène des composés moins riches en hydrogène que ceux de la série grasse. » Rapports des éléments condensés : 3Cni''0+ Az* -fH. » Si l'on admet qu'un peu d'hydrogène a été fixé par quelque action se- condaire, de façon à en ramener la proportion éliminée dans la réaction principale à i atome, ces rapports deviennent CH'^Az-O' ou [C=H'(HO)]»(AzH=/. » La dose d'azote ainsi fixée sur i molécule d'alcool est, dans tous les cas, inférieure d'un tiers à celle que 'iwe i molécule d'alcool propylique. Elle est, au contraire, supérieure à celle qui est fixée sur i molécule d'al- lylène. C'est là une relation analogue à celle qui existe entre l'éthylène et l'alcool élhylique : ce qui montre, par un nouvel exemple, la diilércnce qui existe entre les termes hydrogénés (carbures) et les termes hydroxylés (alcools) d'une même série, au point de vue de la fixation électrique de l'azote. ( 622 ) » Voici quelques essais exécutés sur les phénols, corps congénères des alcools; essais moins complets à cause de la fixité de ces composés, mais qui présentent cependant quelques renseignements intéressants, soit au point de vue de l'azote fixé, soit au point de vue de l'hydrogène dégageable, par les corps isomères et par les corps de valence différente. VI. - Phénol : C«H«0. » Quelques décigrammes du composé ont été introduits au fond de l'é- prouvette à effluves renversée et étalés à la surface par une fusion, suivie de solification convenable : Âz^ = 2o'''',5; vingt-qualre heures. » L'absorption de l'azote a été presque complète (i8'^'',3); aucun gaz, hydrogène, oxyde de carbone, carbure, ne s'est dégagé. Le produit azoté formé était neutre au tournesol. On n'a pas recherché la limite, le fait d'une absorption considérable étant constaté. VII. — Phénols dutomiques : G^H^O-. H On a opéré sur quelques décigrammes du composé cristallisé, sans le fondre. Vingt-quatre heures : Pyrocaléchiiie Hydroquinon Résorcine (ortho). (para). (meta). Az absorbé 9,8 0,9 0,9 H- dégagé o o 0,1 CO, carbures nuls sensiblement » On observe une différence considérable entre les absorptions d'azole par ces trois composés, dans les mômes conditions de temps et d'appareils. Rien ne prouve que la limite ait été atteinte. Les produits étaient neutres au tournesol, même le dérivé de la pyrocatéchine. » Il est remarquable que l'hydroquinon, qui perd si facilement deux atomes d'hydrogène pour se changer en quinon, n'éprouve pas une sem- blable perte sous l'influence de l'effluve. VIII. — Phénol triatomique : CH^O^ » Pyrogallol. — Quelques décigrammes en poudre : ce Az absorbé 2,4 H^ dégagé 0,6 CO 0,3 Ni (JO^, ni carbures. ( 623 ) )) Ces résultats montrent une grande diversité dans la saturation des divers phénols par l'azote. Le phénol ordinaire a seul manifesté une ten- dance notable à fixer cet élément. On doit noter que les phénols ne dé- gagent, pour ainsi dire, point d'hydrogène sous l'influence de l'effluve élec- trique, de même que les dérivés benzéniques en général. DÉRIVÉS DES ALCOOLS. » Nous examinerons seulement les dérivés formés par déshydratation. IX. — Éther glycolique : C^H'O (pseudoxyde d'éthylène). » Dérivé du glyccfl, renfermant le même nombre d'atomes de carbone dans la molécule. Ce corps est gazeux à la température ordinaire. » Èlher glycolique et azote à volumes égaux (excès d'azote); vingt- quatre heures : Gaz initial C^mO—ioo Gaz final H^ = 5,5 Az^=ii5,5 (réduit aux mêmes /i et 0 C-W— o,4 Az^ = io,i i6,o NiCOS ni CO, niC=H2. Az^ absorbé i o4 , 9 H Rapports des éléments condensés, sensiblement : C^H"Az=0 ou [C^O(AzH\)=]", isomère d'un hydrate de cyanamide, mais avec une constitution différente. L'hydrogène dégagé est très faible, soit — environ ; tandis que l'azote s'est ajouté en combinaison, à volumes égaux, avec l'éther glycolique. Le composé formé répondrait au dérivé de l'alcool, mais avec une dose d'azote double pour une molécule génératrice renfermant 2 atomes de carbone: ce qui correspond au caractère bivalent du glycol générateur, comparé à l'alcool éthylique. ( 624 ) X. — Éther diméthylique ou oxyde de méthïle : (CH')'^O. » Ce corps dérive de deux molécules d'alcool mélhylique. Il est gazeux. )) (1). Ether diméthylique et azote. -- Volumes égaux (excès d'azote) ; vingt-quatre heures : Gaz initial C-lI«0;=ioo Gaz linal H- =86 >i Az''-- 127,9 » Az-=i65,6 Ni co-, ni co, ni cnw Az- absorbé. . 6a, 3 » Rapport des éléments condensés : C=H«0 — H''- T- Az''-= ou C-H'''OAz'-\ » Le rapport atomique du carbone à l'azote est fort voisin de celui observé pour le dérivé de l'alcool méthylique; tandis que le rapport du carbone à l'oxygène est moitié plus petit. Mais les rapports ci-dessus s'ap- pliquent sans doute à un mélange. En tous cas, ils sont voisins de ceux que fournit l'alcool éthylique : C-H^AzO; ce qui mérite d'autant plus attention que cet alcool est isomère avec l'élher diméthylique. XI. — Éther diéthylique (oxyde d'éthjle) : (C-H°)-0. » En raison de la grande tension de vapeur de ce corps, on a \n\ opérer sur son mélange gazeux avec l'azote. » ( l ). Ether diéthylique et azote (excès d'azote': . - Vingt-quatre heures : Gaz initial C^H^O^ioo Gaz final 11^=174,2 Az'-:= l4[ » Az^" 44,6 Az- absorbé 96,6 » Il ne reste ni CO^, ni CO, ni carbure gazeux. )) Le volume de l'azote absorbé est sensiblement égal au volume de l'éther; c'est-à-dire que le rapport atomicjue du carbone à l'azote est celui de 4 '.2 ou de 2 : 1 , précisément comme on l'a admis pour l'alcool éthvlique. » Rapports des éléments condensés : C^H'^O - H='^* r- Az--=C'H""Az-0. » Avec l'alcool, on a admis plus haut C'H'Az-0- ou C^H" Az-, H-O : c'est-à-dire le même, à une molécule d'eau près. La relation entre l'azote fixé par les éthers diméthylique et diéthylique est d'ailleurs celle du simple ( 625 ) au double pour une molécule, précisément comme pour les alcools corres- pondants; ce qui confirme l'existence d'une relation directe entre le com- posé azoté et la molécule génératrice. » En résumé, sous l'influence de l'effluve : )) 1° Tous les alcools étudiés fixent de l'azote, en formant des composés condensés de nature amidée et spécialement alcaline (amidines et corps congénères). » Examinons d'abord ce qui concerne les perles d'hydrogène accomplies simultanément. » 2" Cette fixation d'azote est accompagnée, dans le cas des alcools de la série grasse C"H""^"0, par une perte d'hvdrogène, s'élevaut à 2 atomes pour les alcools éthvlique et propylique ; à i seul atome pour l'alcool mélhylique, qui fait exception. » 3° Cette perte d'hydrogène doit être rapprochée de celle qu'éprouvent les carbures saturés CH* et C-H*, soit libres, soit en présence de l'azote; lesquels carbures perdent précisément 2 atomes de carbone sous la même influence. )) Au contraire, l'alcool allylique, type des alcools C"H-'"0, ne perd pour ainsi dire pas d'hydrogène, tandis que ses éléments s'unissent à l'azote : ceci le rapproche de l'acétylène et de l'allvlène, au point de vue des réactions de l'effluve. » 4° Les phénols fixent l'azote sous l'influence de l'effluve. » Cette fixation a lieu avec des vitesses et des proportions inégales, sui- vant leur constitution et leur valence. » 5° Les phénols ne perdent pas d'hydrogène en proportion notable pendant le cours de cette fixation, pas plus que les carbures benzéniques dont ils dérivent. » Ce fait mérite surtout d'être noté pour l'hydrotjuition, si facile à séparer de 2 atomes d'hydrogène par une multitude de réactions. » Comparons maintenant entre eux les composés azotés que les alcools forment sous l'influence de l'effluve. » 6° Une molécule des alcools de la série grasse fixe i atome d'azote pour 2 atomes d'hydrogène éliminés. Il résulte de cette relation, comparée à la conclusion 2°, que i atome d'azote est fixé pour 2 molécules d'alcool méthylique ; tandis que la même fixation répond à peu près à i seule mo- lécule des alcools éthylique et propyliques, lesquels se comportent de la C. R., 1898, I" Semestre. (T. CWVI, N° 9.) S[ ( 62G ) inème manière. Mais pour l'alcool allylique, qui ne perd presque pas d'hy- drogène, il faut 3 molécules de l'alcool pour fixer 2 atomes d'azote. » 7° Ces relations doivent être rapprochées de la fixation de l'azote par les carbures d'hydrogène générateur des alcools. » Pour le formène et l'alcool méthylique, le rapport entre le nombre d'atomes de carbone et celui de l'azote est le même. » Pour l'éthane (ou l'éthylène), ce rapport est, au contraire, à peu près la moitié de celui observé avec l'alcool éthyliqne. I^a même observation s'applique au propylène, comparé aux alcools propyliques : ce qui prouve qu'il ne s'agit pas d'une relation purement individuelle. » I molécule d'alcool allylique fixe également plus d'azote qu'une molécule d'allylène ; cette fois dans le rapport de 3:5; ce qui montre d'ailleursque la diversité de réaction par rapport à l'azote, constatée entre l'allvlène et les carbures C"!!-"^- et C"H-", se retrouve entre les alcools correspondants. » 8° Signalons les résulln's fournis par la fixation électrique de l'azote sur les corps isomères. » Cette fixation a lieu suivant les mêmes rapports sur les deux alcools propylique normal et isopropylique ; précisément comme sur le propylène et le triméthylène. » Au contraire, les trois phénols diatomiques ont présenté, à cet égard, des diversités considérables; lesquelles tiennent peut-être, en partie du moins, à la vitesse inégale de l'absorption de l'azote par des composés solubles de cohésion différente. » 9° Il existe évidemment une relation entre la perte d'hydrogène éprouvée par les carbures et les alcools saturés sous l'influence de l'effluve, et la fixation de l'azote par ces composés. A première vue, on serait tenté de rapprocher cette perte de celle qui transforme ces alcools en aldéhydes, et, par conséquent, de regarder les composés azotés comme des dé- rivés aldéhydiques proprement dits. Cette opinion, par le fait, trouve quelque appui dans la circonstance qu'une molécule d'allylène, d'acé- tylène, d'alcool allylique (et des phénols) ne fixe l'azote qu'en dose rela- tivement fort inférieure à celle qui est fixée par les alcools et les carbures éthyléniques. Cependant, on peut objecter que l'alcool allylique, l'allylène. l'acétylène et les phénols, l'hydroquinon en particulier, ne perdent point d'hydrogène en proportion bien sensible sous l'influence de l'effluve. Une telle circonstance tendrait à établir que les composés azotés, formés sous ( (327 ) l'influence de l'effluve, ont plutôt une constitution cyclique, c'esl-à-dire celle de corps relativement saturés : ce qui les rapproche des séries pyridi([ue et quinoléique, dérivées elles-mêmes, comme on sait, des aldéhydes par condensation moléculaire. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Les fonctions fuchsiennes et l'équation Au = e". Note de M. H. Poi.ncaré. « Parmi les équations de la forme (') ^=9('^.7)^'' où (p est une fonction rationnelle de deux variables x et y liées par une relation algébrique donnée (2) /(x,y)=o, parmi toutes ces équations, dis-je, qui admettent des points singuliers donnés et de telle façon que la différence des racines de chaque équation déterminante soit un entier donné, il y a toujours une équation fuchsienne, c'est-à-dire engendrant des fonctions fuchsiennes. » Nous avons donné de ce fait, M. Klein et moi, une première démon- stration fondée sur le principe de continuité. Plus tard, M. Picard a ramené la question à l'intégration de l'équation (3) AM = e" et il a démontré l'intégrabilité de cette équation par une méthode qu'il a imaginée et qui consiste àl'établir d'abord pour un domaine assez petit pour l'étendre ensuite au plan entier. » Voulant éviter ce détour, j'ai cherché une méthode nouvelle dont je vais exposer maintenant le principe. » J'introduis la surface de Klein : c'est une surface fermée; à tout point réel àe cette surface correspond un point imaginaire de la courbe (2) et inversement. Je pose d'ailleurs du Du ^ Au-r> dm où d(ji est un élément de la surface de Klein et Jii l'élément correspondant ( ^-^^ ) (lu pliin (lesfr. L'équation (3) se ramène alors à la forme (4) DU = 0e'-'l', où ô et 4> sont deux fonctions données, la première toujours positive. )) Le problème de la formation de l'équation fuchsienne se ramène à la détermination de la fonction U qui doit être partout finie. » L'analyse repose sur certaines inégalités très simples qui se déduisent d'une remarque unique : si U est maximum, DU est négatif; si U est mi- nimum, DU est positif. » Je commence par intégrer l'équation (5) Da=o. où cp est donnée; cette intégration n'est possible que si f «p dio = o , l'intégrale étant étendue à tous les éléments cko de la surface de Klein. L'équation (5) est de môme forme que l'équation bien connue de la théorie du potentiel Aa =^ o, que l'on intègre par la fonction de Green. I/équation (5) s'intègre par un procédé analogue ; la fonction qui joue le rôle de la fonction de Green est la partie réelle d'une intégrale abéiienne de troisième espèce facile à former. » J'étudie ensuite l'équation (G) D« = 'kr,ii — « — ^'J', où 'n, o, ^ sont trois fonctions données, la première toujours positive et où \ est un paramètre positif. M Je montre d'abord que l'équation est intégrable pour les petites valeurs de \ et que l'intégrale peut se développer suivant les puissances de >.. Je montre ensuite que, si elle est intégrable pour "X = 'Xj, elle le sera encore pour les petites valeurs de >> — 'Xo et que l'intégrale peut se déve- lopper suivant les puissances de \ — 'Xg. Je conclus que l'équation est inté- grable poiM' toutes les valeurs positives de \. » Il V a uu cas où cette méthode est en défaut. C'est quand le polygone fuchsien a îles sommets sur \v cercle fondamental; dans ce cas il y a des ( <^29 ) jjoints où les fonctions n et 0 deviennent infinies comme .r* log^.r » Dans ce cas d'ailleurs, la méthode de M. Picard est également en défaut. Je ne puis entrer dans le détail des artifices que j'ai dû employer pour triompher de cette difficulté. Cela a été la partie la plus longue de mon travail. » Je me bornerai à dire que l'intégrale est toujours finie, qu'elle peut se développer suivant les puissances de 1, mais que les termes du développe- ment peuvent devenir infinis. )' C'est ainsi que la fonction x^ reste finie pour x ^ o, si >. est positif; qu'elle peut se développer suivant les puissances de 1 a?^= I + A !og.r -t- --(logx)- +. . ., mais que les termes du développement deviennent infinis pour .r = o. » Cette difficulté vaincue, j'aborde l'équation (7) Dw==Oe"- o. » Cette condition est nécessaire et suffisante. Il reste à vérifier que cette condition (8) est remplie dans les applications que l'on a à faire aux fonc- tions fuchsiennes. Cette vérification est facile. » On peut entrevoir la possibilité d'une démonstration rigoureuse fondée sur le calcul des variations. Il est aisé de former une intégrale double qui doit être minimum si l'équation (4) est satisfaite. Mais ce genre de raison- ( 63o ) nement n'est pas satisfaisant parce que, cette intégrale dépendant d'une fonction arbitraire, il n'est pas certain qu'elle ait un minimum proprement dit. » Heureusement, dans le problème qui nous occupe, la fonction in- connue (p(a7, y) doit satisfaire à certaines conditions ; elle dépend seulement d'un nombre fini de constantes inconnues. La fonction u dépendra donc elle-même d'un nombre fini de constantes inconnues. Notre intégrale double, ne dépendant plus d'une fonction arbitraire, mais d'un certain nombre de paramètres arbitraires, aura certainement un minimum et la démonstration pourra devenir rigoureuse. » MEMOIRES PRESENTES. MÉCANIQUE. — Sur un cas particulier du mouvement des liquides. Mémoire de M. E. Fo.vtaneau. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires : MM. Boussinesq, Sarrau, Callandreau.) « Ce Travail est la suite d'une Communication faite à l'Académie dans sa séance du 23 novembre 1896. Par une transformation très simple des équations générales de l'Hydrodynamique, mais à laquelle me paraît cor- respondre une proposition qui a quelque analogie avec le principe des aires, j'y ai mis en évidence une fonction H définie par l'égalité L;^ + i\U/4-N;-^II, où p, q, r désignent les composantes de la vitesse du liquide et L, M, N les composantes de la rotation élémentaire, ou, suivant une expression due à Helmholtz et plus usitée, du tourbillon. » Je me suis actuellement proposé d'abord d'intégrer les équations de l'Hydrodynamique dans le cas particulier ou l'on aurait n = o, c'est-à-dire lorsque l'axe de la rotation élémentaire est, en tous les points de la masse fluide, perpendiculaire à la direction de la vitesse. J'ai dû pour cela employer le système de cooi-données curvilignes biorthogonales. Comme ce svstème n'a encore donné lieu à aucune application importante et n'est qu'impar- faitement connu, j'ai été obligé d'en exposer les principales propriétés. » La suite naturelle des idées m'a conduit à rechercher s'il était possible de donner plus d'extension au procédé dont je m'étais servi dans un cas particulier. C'est un but que j'ai atteint, grâce à une légère modification ( 63i ) (lu calcul; il en est résulté une méthode générale d'intégration des équa- tions eulériennes de l'Hydrodynamique, dont je n'ai d'ailleurs pas fait d'application. )) Pour éviter l'équivoque, je dois prévenir ici que je donne au terme ^'intégration le sens précis que lui donnait Lagrange, ainsi que les géomètres de son temps. Je ne pouvais pas me proposer d'autre objet, parce que les conditions aux limites ne sont encore qu'imparfaitement définies, comme on peut s'en assurer par une lecture attentive des leçons de Rirchhoff sur la Physique mathématique. )) Quoi qu'il en soit, l'esprit de la méthode en question consiste à sub- stituer, aux composantes de vitesse et de rotation, une fonction unique des équations de deux séries de surfaces qui servent à définir les filets liquides ; d'où il résulte qu'on est obligé, dans tous les cas, de faire usage d'un sys- tème de coordonnées curvilignes. « M. O. Jênin adresse un Mémoire relatif à l'emploi de l'hydrogène pour t des aérostats. (Commissaires : MM. Cornu, Mascart, Cailletet.) le gonflement des aérostats. M. Chantuon adresse un complément à sa théorie de l'aviation. (Renvoi à la Commission des aérostats.) M. ÎIay adresse, de Calcutta, un Mémoire sur l'histoire de l'Alchimie indienne. (Renvoi à l'examen de M. Berthelot.) CORRESPONDANCE. M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance, une brochure de M. Jules Michel intitulée : « Le cen- tenaire du mètre. Les précurseurs du Système métrique et les mesures internationales ». (Présenté par M. de Lapparent.) ( 632 ) ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur fa transformation (FEuleret la détermina- tion des points singuliers d'une fonction définie par son développement de Tavlor. Note de M. Erxst Li.vdelof, présentée par M. Picard. « Soit/(x) une fonction analytique définie au voisinage du point x = o par la série entière ( I ) a„ -h a^ .r -h a^x- -h . ■ . -h a„ .r" -f- . . . , dont nous supposons, pour simplifier, le rayon de convergence égal à l'unité. Nous appliquons à f(x) la transformation d'Euler ( n) a- = — — 1 d'où y= ~- )) La fonction transformée, /(^-|-^j = ?(7)' sera définie, dans le do- maine du point y = o, par le développement (3) c„ + c,y -h c.,y- + . . .+ c„/' + . . .. où Cj == rt„, et C„ = «„ — ( « — l)««-, H ^7^ ««-2 — • • + (-iyCa„.,+... + (-iy'-v,,. )> Or, par la transformation (2), la partie T du plan x, située à gauche de la droite x — t„ est représentée d'une manière conforme sur le cercle C du plan y ayant l'origine pour centre et le rayon égal à l'unité. Donc, si la fonction /(«) est régulière à l'intérieur de l'aire T, 9(7) sera régulière dans le cercle C et, par suite, la série ( 3) sera convergente pour [j |< 1 , en sorte que/(ir) sera représentée, pour tout point de T, par le dévelop- pement » Dans les cas où il se trouve, à l'intérieur de T, des points singuliers de la fonction /(a;), le rayon de convergence p de la série (3) sera infé- rieur à I ; mais ce rayon est au moins égal à ~, puisque au cercle | r | = ^ correspond, dans le plan de la variable x, un cercle ayant pour diamètre le serment — i h ^ de l'arc réel. On voit donc que p est égal à i ou est ( Gy^ ) plus grand que :'. siiiviint que 3' = — i est, poury(.r), un poiiil singulier ou ordinaire. » T^a transformation d'Enler est nn cas particidiei' de la suivante : X = — ■■ — ) V = où nous désignons par a une constante réelle el posilàe. Cette dernière transformation réalise la représentation conforme sur le cercle C de la région T' du plan a:, située à gauche de la droite .r = -■ Après la transfor- mation, la série (i) deviendra (4) «0+2 •^..--r.-Oa„„a"-+^"-'.^^:-^^.._.x ri-i S\ /(ce) est régulière dans ï', le ravon de convergence S de cette série est égal à ii/i ; dans les autres cas p' est inférieur à i, mais au moins égal à • On aiu'a s'>> ou o'= suivant que la fonction f(x) est ou non régulière au point ,r =: — [, 7. avant d'ailleurs une valeur positive quel- conque. » Pour rechercher si im point donné e''^, situé sur le cercle de con\er- gence de la série ( i), est un point singulier, on pourra appliquer les con- sidérations précédentes, après avoir fait la sidjstitution x = e''^~'">' z. » On comprend, dès lors, le parti ([ue l'on pourra tirer de la transfor- mation d'Euler pour déterminer les pomts singuliers situés sur le cercle de convergence ou même, dans bien des cas, en dehors de ce cercle. La question revient en somme à calculer le rayon de convergence de la série (i) ou de la série plus générale (4). où l'on aura attribué à y. une valeur convenable. )i Cette méthode permet encore d'établir rapidement plusieurs résultats antérieurs, relatifs aux conditions que doivent remplir les coefficients d'une série, pour cpie l'on puisse affirmer qu'un point donné de son cercle de convergence est un point singulier, ou que la série admet ce cercle comme coupure. En voici un exemple. Posons a,i = g,,e^»' et admettons que crts^a,^— y.j,) ^ r,^ o, pour toutes les valeurs de n et p supérieures à k. Nous nous iiroposons de démontre)' que x ^ î est un point singulier. » l'our qu'il en soit ainsi, il faut et il sutfit qu'en posant ^ {il — l){/i —9.) ^„ = ««-+- {'> - 0^'"-< -• r^, ({„-■< + ■■■ -+- n, c. R., 189S, I" Semestre. (T. CWVl, N» 9 ) 82 ( (334 ) on ait, pour une infinité de valenr de n, quelque petite que soit la quantité positive s. Or, la série (i) étant diver- gente pour |.r| > I, nous pouvons trouver une suite indéfinie de nombres entiers croissants /(,, n^ //,, . . ., tels que 5"„,Xi ^ '-)"'• ^^^ égalant à zéro les coefficients «,, a.^, ...,<-/<, ce qui n'a aucune influence sur le sujet qui nous occupe, on trouve donc que l'expression iK,J' = 5"?",+ 2(;2/^-i)5-,,,,5%„,^,cos(a,„_- a,,,,,,) +----^('".'';:-. ?",)' + ••• est supérieure à » D'autre part, l'application de la formule de Stirling au coefficient binomial montre que sa racine a/?/""^ tend vers 2 lorsque /, et par suite «,, augmente. A partir d'une certaine valeur de i, on aura donc » Le pointa- = 1 est donc bien un point singulier. c. q. f. d. )> Mais le principal avantage de la transformation d'Euler est évidem- ment de fournir un moven /^ra/Zf/MC pour calculer les valeurs d'une fonc- tion définie par une série entière aux; points situés sur le cercle de conver- gence ou dans certaines régions en dehors de ce cercle, ou encore pour augmenter la convergence de la série. C'est dans ce dernier but qu'on s'est généralement servi de cette transformation, mais il me semble qu'on ne s'est pas bien rendu compte de la raison théorique qui assure le succès de la méthode. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une exicnsion de la mélhode de quadralure de Gauss. Note de M. IIexuv 1îoi:uget, présentée par M. l'icard. « 1. Dans un Mémoire inséré au Tome IV des Anna/es de la Faculté de Toulouse, M. Appell a étendu aux intégrales doubles la mélhode de qua- drature de Gauss. M. Appell substitue, à la fonction à intégrer, un polv- nome de degré/? déterminé par la condition de prendre les mêmes valeurs que la fonction en — — points donnés par leurs coordonnées dans le contour d'intégration et choisis de manière à rendre l'approximation C <''^5 ) maximum. Ces coordonnées salistoiit, par là, à un assez gi'ancl nombre d'équations simultanées. » J'ai considéré un cas particulier de celte généralisation, et la netteté du résultat m'a semblé |)ouvoir intéresser l'Académie, (le cas vient se ranger à côlé de la généralisation bien connue de Minding, mais est moins banal que cette dernière. )) 2. Nous nous proposons (révalucr, par quadrature, l'intégrale J =^ I j /■(.(■, 1 )(/.!■ f/v, étendue à l'intérieur d'un cercle c de rayon t, avant son centre à l'origine, en supposant que la fonction à intégrer est développable en série de puis- sances à l'intérieur du cercle c. )) Prenons deux polynômes de dei;ré p P(.r. V) et (){.r.y). dont les racines soient toutes conminnes à l'intérieur du cercle c, et substi- tuons à la fonction /"(j?, r) un polvnome o(x,y), prenant les mêmes va- leurs/^i , /],, fp: que la fonction /"aux j)oints communs aux deux courbes V( .r, y) = a et 0(.r, v) = o. » Cela étant, nous frou\ons que l'intégrale J coïncide avec l'inlégrale I = / / o(.r,y),/,r//v ^ A,/, + A,/, +. . .+ A,,:/;,. jusqu'aux termes d'ordre/?— i en ,r, y inclusivement, et que les con- stantes A, ne dépendent que des points comnuius aux courbes P(,r, j') = o, Q(jc, y)= o et nullement de la fonction /'. » 3. l'eut-on cboisir les [lolvnomes P et Q, de manière à rendre. |iour un degré p, l'approximation plus grande et comparable à celle de Gaiiss? » Nous trouvons c|u'en prenant _ ()''[.r--hy-—\)" _ . O" i .!■'- -i- y'-— 1)1' _ , ^— ^^:r — t-'/M.. 'J ^ ^^1, — l 0,/,. Up„ et Li„,^, étant les polynômes extrêmes de M. Hermite, les deux inté- grales J et I concordent juscju'aux termes d'ordre 2p — i inclusivement. » D'autre part, ces polynômes satisfont aux conditions supposées; car M. Hermile a démontré que 11^, „ = o représente/? moitiés d'ellipse, données sé|iaroinenl par \ '— . ( G'66 ) ~ = X, où X csL une (juelcoii([iie des racines du ])oly- nome de Legcudre X^ et que Uo.^ = o re|)résente le môme système de courbes tournées de 90" autour de l'oriyine. Ces deux systèmes déter- minent bien /r points situés i\ l'intérieur du cercle x'- -h j- — i = o. » 4. Voici le Tableau îles coordonnées des points coinnums à U^„ = o et U|, /j = o |)our les premières valeurs dep et les valeurs des constantes A, correspondantes. Pour abréger, nous ne donnons que les points situés dans le i^remier quadrant. J-es autres s'obtiendront en j)renant les symétriques par rapport aux axes et à l'origine et en remarquant (lue deux constantes A, correspondant à des points symétricpies sont égales. a: y A X y A ■\\ Y 1 f8- 68 20 V -\-y.Z iS- -•\ 9.0 ^ 68 •'V 1 20 ) 2«.3^ 0, 0, VI 0, 11 1 3 0 10 25 0, ->4 ■.'.l(i '■' ■'l' vA -t- \/l20 32 ■ \ v/- — y' 1 30 32 ■ V 0 - — I" î - 0 IX -v/. 20 32 12 +V^120 2 3^ 32 -r ■ » a OPTIQUE. — Sur des lunetles autocollirnalrices à longue poriée eL un vérifica- leur optique des lignes el surfaces de machines. Note de M. Ch. Dévê, présentée par M. A. Cornu. « Les lunettes autocollimatrices à réticule éclairé ne donnent qu'une image très petite et vague, dès que le miroir sur lequel est dirigé l'instru- ment se trouve un peu éloigné; cet inconvénient résulte de la quantité insuf- fisante de lumière renvoyée dans la lunette et des moindres imperfections du miroir qui produisent de la dispersion. Les lunettes autocollimatrices comportant comme objet lumineux un petit trou jjercé dans un écran situé dans le plan focal tie l'objectif ne donnent plus aucune image dès que le miroir est éloigné de quelques mètres; à cette distance, en elfet, l'image, ( 637 ) pour être visible, doit se Cormer très près de l'objet; elle est alors com- plètement masquée par l'écran. » Lunettes. — Les lunettes que j'ai établies permettent d'employer comme objet lumineux un petit trou dans un écran situé dans un tube éclaireur latéral et de faire autocoUimation à une distance quelconque (pratiquement, à i5™ ou 20'" avec une lunette de o'", 4o de focale). n Une laine inclinée est interposée dans le corps de lunette en l'ace du tube éclal- icur, mais cette lame, sous peine de donner deu\ images, doit être iiifininienl mince; l''iS. I- Oculaire A f>- A E 0 > Objectif la lame réilécliissanle employée est une lame d'aii- AB d'environ o""",i comprise entre deux prismes ABC et ABDE. Les faces CB et AE sont parallèles; la face DE normale au tube éclaireur est symétrique de la face CB par rapport à la lame mince. » Grâce à ces dispositions, les ravons qui traversent le prisme et ceu\ (jui se réfléchissent sur la lame mince ne subissent aucune décoinposiliou et les images observées sont parfaitement achromatiques, si l'on a eu soin d'achromaliser le système prisme-objectif. T^'inclinaison de la lame mince a été calculée de façon à oblenir le maximum d'intensité lumineuse des images observées tout en évitant la réflexion totale { ' ). )> Cette lame n'a pas ses faces rigoureusement parallèles; elles font entre elles un angle très petit de façon à superposer les deux images dans le sens de l'axe de la lunette; cet artifice permet de donner à la lame une épaisseur assez grande pour éviter les franges d'interférences qui communiqueraient leurs colorations aux images. » Deux modèles de lunettes autocollimatrices à longue portée ont été établis. Le preiïiier comporte un réticule fixe et un oculaire positif. Le second moxlèle comporte un ocidaire négatif à grand champ sans réticule (*) La perfection des diverses faces du prisme est une condition essentielle de la netteté des images; je dois rendre hommage ici à l'habileté de M. l'ingénieur Jobin ([ui a construit les parties optiques de ces appareils. ( n.'îs ) el une ijlace plane à faces parallèles faisant corps avec la lunette et placée devant l'objectif; cette glace donne, par autocollimation, une image fixe qui remplace le réticule; un autre avantage de la glace est de produire avec le miroir sur lequel est pointée la lunette une série d'images secon- daires par réflexions multiples, comme dans le collimateur de Fizeaudans l'appareil qui a servi au tracé des prototypes internationaux. » Grâce à ce dispositif, on \oit facilement trois ou quatre images; les déplacements de la troisième image, par exemple, étant trois fois plus grands que ceux de la pre- mière, les inclinaisons du miroir sont évaluées trois fois plus exactement en se servant de la troisième image qu'en se servant de la première; la superposition des images mobiles à rima'ge réticulaire se fait aussi avec une très grande précision, puisque, toutes les images se centrant ensemble, la moindre erreur de centrage se traduit par une ovalisation apparente de riniage unique. » Toutefois, les avantages (|ue présente ce second dispositif ne sont pratiquement utilisables quepoiu'des visées sur un miroir assez rapproché; pour de plus grandes distances, le nombre des images secondaires diminue, et, d'ailleurs, la nécessité où l'on est de les enchevêtrer les unes dans les autres pour les maintenir dans un champ restreint, produit une certaine confusion. » Un autre dispositif a été établi en vue de ce cas particulier. 1) Un segment a de la glace parallèle est argenté et le miroir sur leijuel se fait d'ordinaire l'autocollimation est remplacé par un prisme droit à go" dont l'iiypoté- nuse fait face à la lunette. L'arête du dièdie droit étant placée vis-à-vis du bord h du segment argenté, la face ININ seule reçoit les rayons émis par la hiiieUe; i^es rayons l-iy. j. bont successivement réiléchis par la lace AP, le segment a, les faces iM' et JN.M el renvoyés dans la lunette. Grâce à ces réllexions successives, l'image observée se déplace avec la même amplitude que le ferait la deuxième image dans le cas des images multiples produites entre deux glaces parallèles et possède une intensité lumineuse considérable. M Un autre avantage non moins appréciable de ce système est que le prisme est insensible aux désorientements (pii peuvent se produire parallèlement à sa base; on limite ainsi les déplacements de l'image au ( <;''>9 ) sens verlical ou au scmis lioriz >iital, suivant la position que l'on douue au prisme, ce qui élimine des écarts accidentels souvent gênants. )) Miroirs jnobiles. — Un jeu de ciiariols |)orte-miroir permet, entre autres oj)érations, de contrôler la rectitude des Irons cylindriques, des règles ou des marbres de toutes dimensions, ce qu'aucun instrument n'avait permis de faire d'une façon pratique jusqu'à ce jour ( ' ). D'autres chariots portant deux miroirs en demi-cercle, solidaires de touches diamétrales, servent à vérifier les variations de diamètre des trous cylin- driques des machmes et des houches à feu, et constituent des éloilcs mobiles à indications continues permettant de localiser sur une géné- ratrice ou sur l'autre les dépressions et saillies accidentelles. » Organes mécaniques de l'appareil. — La lunette est montée sur un support comportant une translation horizontale et une translation verti- cale d'euA iroii o'",3o d'anqjlitude permettant de déplacer la lunette parallè- lement à elle-même pour l'amener en face des différentes lignes ou surfaces dont on veut vérifier le parallélisme. Ces déplacements sont obtenus d'une tacoii rigoiu'eusement |)ara!lèle par le dispositif sui\ant : LEGExnr: : M, M Ciiariols tlivors à riiiiciii K Etoile mobile. K , K Jauges de réglage. T Tringle condiuHrice. 1^ Coiivre-objeclif démonté et son rlicrclieur. a » Un chariot A coulisse liorizontaleriient en s'ajipnyanl par deux conssinets sur un arbie iHiri/.onlal O, et par une pointe nionsse sur la tranche d'une règle en acier a. (') J'ai établi un instrument basé sur le même principe qui sert à contrôler le dressage des canons de fusil {/ieriic il' Arlilleric, 1896, et Bulletin de la Sociétf- de /^hrsi(/in', 1897). ( 64o ) I>e cliariot A porte une colonne B et un pilier C contre lequel est logée une règle ver- ticale h. Un plateau D coulisse verticalement en s'appuyant sur la colonne et sur la règle verticale; une crapaudine, rapportée dans le bas du plateau, supporte tont le poids de la lunette et deux vis calantes à tambours gradués V et H mesurent les petits mouvements angulaires horizontaux et verticaux qu'il faut imprimer à la lunette pour suivre l'image quand le miroir mobile indique vin défaut de rectitude ou de parallé- lisme. Pour régler le parallélisme des déplacements verticaux, on vise dans la lunette un fil à plomb éloigné et l'on agit sur la règle h, soit en variant son inclinaison, soit par des retouches locales, jusqu'à ce que le pointé suive exactement le fil à plomb pendant toute la course que peut faire la lunette du haut en bas de la colonne. On règle le parallélisme des déplacements horizontaux en agissant de la même manière, sur la règle a, de façon qu'un niveau sensible placé sur le chariot A normalement à la règle reste horizontal pendant toute la course que peut faire le chariot de la droite à la gauche de l'appareil. ApTès les retouches, la règle a n'est plus droite, mais son profil rachète toutes les flexions produites par le poids des chariots et de la lunette dans toutes les positions possibles. » Grâce à l'exactitude de ces translations, l'appareil peut servir à vérifier le parallélisme d'éléments de droites on de jilatis cpii ne sont pas vis-à-vis et qui par suite échappent au contrôle des vérificateurs à palpeurs. » Un œilleton spécial facilite la recherche de l'iinaeje. Divers accessoires permettent d'étendre ces procédés de vérification à des plans ou lignes perpendiculaires, à des barres cylindriques ou prismatiques, dont on peut mesurer la rectitude ou la flèche indépendamment de la flexion produite par le poids môme du chariot porte-miroir, en avant soin de répéter l'opé- ration avec un deuxième chariot d'un poids double. Un autre dispositif permet encore d'appliquer les mêmes procédés aux lignes et plans qui ne sont déterminés que par leurs tracés. » PHYSIQUE. — Les lignes de forces cl les surfaces équipotentielles dans la nature. Note de M. G. -M. Stanoiévitcii, présentée par M. Lippmann. « Les lignes de forces, ainsi que les surfaces équipotentielles, résultant des actions de forces centrales, ont trouvé des applications très impor- tantes dans la Science. » Sans nous arrêtera leurs applications aux études des phénomènes de la gravitation, nous rappellerons seulement le rôle très important qu'elles jouent en électricité et en magnétisme. C'est par leurs développements, par leurs directions et leur nombre dans un champ, qu'on peut se rendre compte de toutes les particularités de ce champ. » Nous ne ferons que mentionner, en passant, que le phénomène des ( ^>4i ) anneaux colorés, ainsi que celui des lignes neutres c|iie l'on observe dans un champ optique d'un cristal à un axe, rappellent, à plusieurs points de vue, le champ électromagnétique d'un courant électrique rectiligne; de même, le champ optique d'un cristal biaxe nous (ait voir les mêmes éléments que l'on observe dans un champ formé soit par deux courants rectilignes de même sens, soit par deux pôles électriques ou magnétiques de mêmes noms. Ce qui nous semble remarquable, c'est que nous avons trouvé que les lignes de forces et les surfaces équipotentielles sont plus ou moins apparentes dans le règne végétal. » La différenciation de certains tissus végétaux nous fait voir (pie, sitôt que celte différenciation s'est produite, elle prend les mêmes formes que celles dont nous venons de parler. » Sans nous arrêter aux formes bien connues des anneaux concen- triques, indiquant les âges d'un arbre, nous signalerons, entre autres, quelques cas plus compliqués et plus intéressants. » \jdifig. i représente l'aspect d'une planche de sapin avec deux nœuds. Les lignes équipotentielles longitudinales, si elles s'étaient développées librement, seraient parallèles entre elles. Les nœuds jouent le rôle et pro- riïï Lignes éipiipoli'iiliollc's iclluliiii-o de deux [inlcs ilr iiirni ■> iiuii duisent les mêmes perturbations dans les champs où ils se trouvent qu'un pôle magnétique ou électrique, introduit dans un champ de même nature. C'est-à-dire qu'il absorbe les lignes de forces et les surfaces équipoten- tielles qui tendent à le traverser, ou il les force (jusqu'à une certaine dis- tance) à suivre le cours de ses propres lignes et forces. Notre figure, en représentant ces effets, indique en même temps cjue les deux pôles sont de mêmes noms. C. R., iSyS, I" Semestre. (T. CXXVl, N" 9.) ^> J ( 642 ) )) La//g. 2 montre que la différenciation du tissu s'est produite suivant Fig. a. Lignes de force cellulaires cle deux pôles de niènics noms el d'iiilensités dilléi-ciites. les lignes de forces. Nous avons ici, sur une section d'un radis, un champ Fis- ! l>is-' (jliarii|i c-ieelriqiic (le (leu\ pnles de niènies noms, donl les intensités sont en r;ipiioil de i:]. de deux pôles d'où émanent les lignes de forces, que ces deux pôles (ou courants) soient de mêmes noms et d'intensités différentes. ( 6/,3 ) » Dans \ai fig. 3, nous avons une section d'un bois de chêne, quelques centimètres au-dessus d'une ramification. Nous y voyons, jusqu'aux moindres détails, l'aspect d'un champ électromagnétique formé par deux Fig. -?r \ Lignes rfe force et surfaces équipotentielles cellulaires. Identité de ces c-li'nicnl~ avec ceux d'un champ électromagnétique ou optique. courants rectilignes croisés de même sens (ou par deux pôles de même nom) et sensiblement de même intensité. » On ne peut pas croire que le rapprochement de ces phénomènes si différents par leur nature soit dû au hasard. Il serait plus naturel de con^ dure qu'ils sont produits par des actions semblables, sinon identiques; que chaque plante représente un champ cellulaire, caractérisé par ses lignes de forces et ses surfaces équipotentielles (visibles ou non), et que chaque cellule se meut et se fixe détinitivoment, suivant une ligne de force ou surface équipotentielie, les forces qui régissent les accroissements étant des forces dirigées. » CHIMIE MINÉRALE. — Sur les propriétés et la cristatUsalion du sulfure de baryum anhydre. Note de M. A. Mourlot, présentée par M. H. Moissan. « Dans la suite de nos recherches stu- l'action d'une haute température et des réducteurs sur les sulfures et les sulfates, nous avons été conduit à examiner les sulfures et sulfates alcalino-terreux. ( 644 ) » Rappelons d'abord que M. Moissan a montré, dans son travail sur les carbures ('), que les sulfates alcalino-terreux donnent an lour électrique un carbure impur mélani,'é de sulfure : nous avons cherché à nous placer dans des conditions telles que la réduction du sulfate puisse fournir un sulfure j)ur. Nous avons également soumis le sulfure amorphe à l'action du four électrique et c'est ainsi que, par l'un ou l'autre de ces procédés, nous avons obtenu purs et cristallises les sulfures anhvdres de baryum, de calcium et de strontium. » Nous publierons aujourd'hui les résultats obtenus avec le sulfure de baryum. » Pour le préparer, nous avons fait deux séries d'expériences au moyen du four électrique. » a. Nous préparons d'abord le sulfure amorphe pur par l'action de l'hydrogène sulfuré sur le carbonate au rouge, dans le four à réverbère, en ayant soin de rem- placer, à la iiu de la cliauffe, l'hydrogène sulfuré par l'hydrogène, comme la indiqué M. Sabalier (■-). » Ce sulfure amorphe est j)lacé dans une nacelle de charbon, disposée à 1 intéiieur d'un lulje de même matière, et chauffé au four électrique avec le dispositif indiqué par M. JMoissan; le courant était de 900 ampères et de 5o volts. >i On peut suivre la fusion de la substance et, lorsqu'elle est complète, ou arrête la chauffe; le sulfure fondu cristallise alors par refroidissement. » La densité de ce sulfure, prise dans la benzine à i5°, est égale à 4,3o en poudre et à 3,95 la substance étant en gros fragments. » L'analvse nous a donné : Ba S Tliéorii- S. ,5 81,09 18, o3 18,91 » b. Nous avons ensuite mélangé intimement le sulfate de barvum et le chaibon d'après les proportions que prévoit la transformation complète du sulfate en sulfure. Ce mélange a été aggloméré fortement et introduit dans le four électrique à creuset. Soumis à l'action d'un courant de 900 ampères sous 5o volts pendant quatre minutes environ, nous obtenons une masse fondue présentant, dans son intérieur, des géodes de cristaux dont la composition est celle du protosulfure. >i A l'aQalvse, nous obtenons : Ba 8 1 , io 8 r , :39 8 1 , oq S 18, G.) i8,3o '8,91 » Il est essentiel (jne la diuée de la chaulle ne dépasse pas cinq minutes, que i;i (') H. Moissan, Elude des acélylurex cristallisi's de baryum et de stronliuin {Comptes rendus, t. CWllI). {'') Samatikii, Comptes rendus, t. L\.\XVIII. ( 6i5 ) masse cliaufTée soil assez grande, el l'on rloit rejeter comme coiitenanl une certaine quantité de carbure les parties fondues qui avoisinent les parois du creuset. La densité de ce sulfure, prise également dans la benzine à i5°, est sensiblement la même que celle du sulfure cristallisé provenant de la fusion du sulfure amorphe; nous avons trouvé les chiffres suivants : 4.20 et "ij^g pour la substance réduite en ])ûudre. » Propriétés. — Le sulfure de baryum cristallisé se présente en cristaux blancs, incolores sous une faible épaisseur, paraissant noirs et opaques quand on les examine sous une épaisseur assez grande, par suite de la présence d'une petite quantité de carbone. » Ces cristaux, d'assez grandes dimensions, présentent deux plans de clivage très nets, sensiblement rectangulaires, de sorte quils nous pa- raissent formés par la juxtaposition de cubes; ils sont d'ailleurs sans action sur la lumière polarisée. » Quelques-inis d'entre eux sont teintés de bleu; on les rencontre sur- tout dans le sulfure cristallisé préparé par le mélange de sulfate et de charbon; de sorte que cette coloration nous semble due au\ traces de fer qui y pouvaient exister. » La dureté ilu sulfure cristallisé n'est pas très grande; d ne raye ni le quartz, ni le verre. » L'ensemble de ses propriétés chimiques ne le différencie pas nettement du sulfure amorphe bien étudié, notamment par MM. H. Veley et Sa- batier (' ); toutefois il est beaucoup moins altérable à l'air et, en général, plus lentement attaqué par les divers réactifs. » Les cjuelques réactions suivantes nous ont paru toutefois intéressantes à signaler : » 1° Le /Iiior Fattaque à froid avec incandescence; il y a production de fluorure de soufre el de fluorure de baryum; » 2" L'action de l'oj/^èrte a été étudiée en faisant passer un courant de ce gaz sur un poids /j^os'', -35 de sulfure cristallisé placé dans une nacelle que Ton introduit dans un tube chaulfé par une grille à analyse; la réaction se fait avec incandescence, et nous obtenons un poids y3'=z 0,990 de sulfate; la transformation intégrale en sul- fate faisait prévoir is^oio; par l'analyse des gaz dégagés on peut, d'ailleurs, vérifier qu'il n'v a pas traces d'acide sulfureux; » 3" Les corps oxydants, tels que le chlorate de potassium, l'oxyde puce de plomb, réagissent avec incandescence; » 4° L'aahvdride phosphorique et l'ovychlorure de phosphore le réduisent avec incandesceuce et formation d'un composé rougeàlre oii nous avons jni caractériser le phosphore et le soufre. (') H. \elev, Chein. Soc. t. \LI\, p. 369. ( 646 ) » 5° Enfin, parmi les i-édiicteiirs, nous signalerons l'action du carbone qui a été faite au four électrique dans le four à tube; après une cliaufle de dix minutes environ sous l'action d'un courant de 900 ampères et de 5o volts, nous obtenons un produit ne renfermant jilus que des traces de soufre; il répond sensiblement à la formule C-Ra du carbure obtenu par M. Moissan dans l'action du carbone sur le carbonate de ba- rvum. » En résumé, il résulte de nos expériences : » i" Que l'on peut obtenir le sulfure de barvum cristallisé en soumet- tant à l'action du four électrique, soit le sidfuie amorphe, soit un mélange intime et aggloméré de sulfate et de charbon; » 2" Que ce sulfure de baryum cristallisé, moins altérable que le sul- fure amorphe, est susceptible de se transformer intégralement en sulfate sous l'action de l'oxygène et peut se convertir en carbure sous l'action du carbone. » CHIMIE MINÉRALE. ~ Aclion de /'oxyde de carbone sur le chlorure, palladeiix . Note de M. E. Fixk, présentée par M. Armand Gantier. « Dans un tube de bohème de i™, on place, à cinq centimètres de la partie anté- rieure, un tampon d'amiante puis, sur une longueur de 3o'''", de l'amiante saupoudrée de mousse de palladium calciné dans l'hydrogène, et enfin un tampon d'amiante. L'amiante employée doit être préalablement bien lavée, séchée et calcinée. » On fixe ce tube dans un manchon de porcelaine assez long pour qu'il dépasse un peu de chaque côté la partie du tube de veire qui contient le palladium. On place le tout sur une grille à analyse. On relie la partie antérieure du tube de verre, d'une part avec uu appareil à chlore et, de l'autre, avec un appareil producteur d'oxyde de carbone. » Pour avoir un courant régulier d'oxvde de carbone pur, j'emploie le formiate de soude. » La partie postérieure du tube de verre est rattachée à un lialldji (|iii lui-même communique avec le dehors. » Le tout ainsi disposé, ou chaude vers 35o° el l'on fait passer un courant de chlore sec jusqu'à refus, lentement et régulièrement. Dans ces conditions il ne se fait que du chlorure palladeux (PdCl-). » On peut remplacer le chlorure palladeux, ainsi préparé par voie sèche, par du chlorure palladeux préparé par \oie humide. M Le chlorure palladeux, préparé par l'un ou l'autre de ces procédés, est chauffé à 260° environ pms on v lait passer un courant d'oxyde de car- bone sec. Après quelque temps les parois intérieures de la partie froide du tube de verre se tapissent d'un produit tondu, rouge près de la grille. ( <347 ) jamip dans le reste du tube. Dans le ballon se déposent des poussières jaune brun et des flocons jaunes. » Dans ces produits bruts qui ne peuvent contenir que du palladium, du chlore et de l'oxyde de carbone, on dose : » 1° I,e palladium en pesant, à l'abri de riiumidité et dans un creuset de platine taré, un poids déterminé de la substance brute qu'on calcine dans un courant d'hydrogène après évaporation; » 2" Le chlore, soit par la chaux comme dans les matières organiques, soit en décomposant le corps par l'eau, fdtrant le palladium et précipitant dans la liqueur filtrée, additionnée d'acide azotique, par l'azotate d'argent et pesant le chlorure d'argent formé; » 3° ],e carbone, comme dans les matières organiques. » L'analvse des produits recueillis séparément dans plusieurs prépa- rations donne des nombres variables en palladium, chlore et carbone. Les points de fusion varient aussi. Les produits examinés à la loupe montrent, à côté d'aiguilles jaune brun, des aiguilles incolores. Cliauffée vers i55°, la matière brute donne un sublimé d'aiguilles incolores et un résidu rouge brun, à l'état liquide, formant des aiguilles jaunes par refroi- dissement. » De ces considérations il résulte que le produit brut est un mélange de plusieurs substances en proportions variables. » L'expérience a montré que c'est toujours le corps jaune qui prédo- mine. Ce corps étant le plus soluble dans le tétrachlorure de carbone, ce dissolvant permet de séparer ces combinaisons. Pour cela, on épuise à trois ou quatre reprises le produit brut par le tétrachlorure de carbone bouillant. Le liquide provenant du premier épuisement ne laisse déposer par refroidissement que des aiguilles d'un beau jaune. » Le deuxième et le troisième épuisement laissent déposer par refroi- dissement un mélange de produits jaune et blanc. Les derniers épuise- ments ne donnent plus que des aiguilles blanches. » Les aiguilles jaunes séchées à So*^ dans un courant d'acide carbonique fondent à 102" et leur analyse conduit à la formule c-onM^ci' ou i'ci^i'\co-co^''/^'^*^''- M L'eau décompose ce corps, comme l'indique l'équation C^O'Pd-cr'+2HH) = CO+ 2C0»+Pd-+ 'ilICl. ( '■•'.« ) » chauffé vers 268°, il perd de l'oxyde de carbone et donne un résidu liquide rouge brun, cristallisant en aiguilles jaunes rouges par refroidisse- ment, devenant jaunes par sublimation dans un courant d';icide carbo- nique. » L'analvse de ce nouveau corps conduit à la formule COPdCP ou (:o = Pdci-. » Il fond à 197°. L'eau le décompose ainsi ; COPdCl- + H-0 = Pd -t-CO-+ 2HCI. » L'analyse des aiguilles blanches provenant des derniers épuisements du produit brut par le tétrachlorure de carbone à l'ébullition conduit à la formide C^O-PdCl^ ou PdCl^(^^^^- Ce corps fond à 142" et perd de l'oxvde de carbone vers 218" en donnant C'O^Pd-CP. L'eau le décompose ainsi : c-o=pdci=+ri-o = 2HC1H-C0 + CO- + P.I. » Le corps C'O'Pd-'CP ci-dessus résulte de l'union d'une molécule du corps C^O-Pd Cl- et d'une molécule du corps COPdCl-; ce n'est pas un mélange des deux produits, COPdCl- et C-Q-PdCl-, comme le montrent bien les [)oints de fusion de ces trois corps. » Donc l'action de Towilc de caibnne sur le chlorure palladeiix doiine les trois composés : ('-OPdCl- ( ililiiiopallinlite (le carljonvle C-O-PdCl- » de dicarbonyle C'O^Pd-CI' » de ses(|uicarbonvle répondant aux composés analogues du [)latinc. » Je me propose d'étudier l'action de l'acélvlcne sur le pidiadiuni. » CHIMIE ORGAMQLE. — Sur llivilroritinamide. Note de iNL Marcki, Diii,Éi>i.\i;. « L'bjdrocinnamide ou cinnhydramide C^' IP' Az-, découverte par Lau- rent ( '), résulte de l'union de l'aldéhyde cinnamique et de l'ammoniaque ('1 /ti-i'iw scie/ili/itji/c, l. \, ]i. ii(); |S'|'.. ( 649 ) avec élimination d'eau : 3C'MPO 4- 2AzH' = C-' H='Az- + 3H=0. Son caractère dominant, parmi les autres hydramides, est d'être inatta- quable par l'acide chlorhydrique bouillant et par les solutions alcooliques de potasse. Ces faits ont été établis par Laurent; M. Peine (') a, plus tard, confirmé la remarquable stabilité de l'hydrocinnamide; H Cl fumant ne la décompose pas, même à aSo", et l'on ne peut pas la transformer jjar la chaleur. Ces faits sont très intéressants, c'est pourquoi j'ai eiilrepi-is l'étude de cette substance. » La lecture du travail de M. Peine suscite des observatioiis que j'ai cherché à éclaircir. Ce savant n'a pas trouvé, au produit iniinédiat de l'action de l'aldéhyde cin- namique sur l'ammoniaque, la formule de Laurent; ses analyses le conduisirent à la formule C^^H^'Az"" résultant de la réaction suivante : eC'H^O + 5AzH3z=C"H»' Az^^H- ÔH^O. » Voici d'ailleurs la moyenne des analyses, en centièmes : Calculé pour Trouvé. C'Hs'Az^ C^'H^Az^. C 84,33 84,27 86,17 H 7,07 6,63 6,38 A.Z 7,69 = ^(7,88 + 8,13 + 7,06) 9,10 7,45 » Ce qui frappe dans ces analyses, c'est que l'élément le plus variable quand on passe d'une formule à l'autre, c'est-à-dire l'azote, est de beaucoup inférieur au chiffre théorique 9,10. Aussi me suis-je demandé si ce corps ne serait pas un hydrate, comme l'amarine ou l'anisine. En effet, la formule C-'H-*Az^, JH^O exige, pour 100, C = 84,i5, H = 6,4g, Az = 7,27, chiffres qui s'accordent bien avec les analyses de M. Peine. » Du même coup s'explique cette particularité que le corps C°'H^'Az^, fusible à io6°-io8'', donne un chlorhydrate C-''H^*Az^, HCl d'où l'ammoniaque aqueuse pré- cipite une base fusible aussi à 106", ce qui devient évident avec la formule C"H"Az%UPO, le produit final étant alors identique avec le produit initial. Je me suis attaché à la vérification de cette formule; l'analyse élémentaire l'a confirmée. Trouvé pour 100: C^83,87, 84,20; 11^6,87, 6,g8; Az 1=7,59, 6,98. De plus, l'action des acides établit la non-exislence du corps C'^H^' Az'" ; le produit immédiat, fusible à 107°, sature 12 ,83 pour 100 de SO'hP et 9,01 de HCl; la lliéorie exige respectivement 12,78 (•) Berichle, t. XVII, p. 21 10; 1884. c. p.. 1S98, I" Simestre. (T. CWVI. N» 9.) - i^4 ( 65o ) et 9,49 pour 100 de ces deux acides pour la formule C^'H^'Az", ^H^O, tandis que le corps C°*H^'Az' devrait, en se décomposant suivant l'équalion C3iH5'Az=+ 3RH = 2C"H='Az% RH -+- RAzHS prendre une fois et demie plus d'acide. En opérant avec une quantité notable de la substance à 84, i5 pour 100 de carbone et un excès d'HCl, puis portant à l'ébullition en solution alcoolique et précipitant le chlorhydrate formé par addition d'eau (car il est sensiblement insoluble dans l'alcool dilué) el évaporant à siccité le liquide filtré, on n'obtient qu'un résidu insensible, ne donnant aucune coloration avec le réactif de Nessler. Avec les doses mises en œuvre et dans l'hj'pothèse de la formule G^'H^'Az^, on aurait dû avoir plus de oS'',5 de chlorhydrate d'ammoniaque. Enfin, le corps préci- pité par AzH', de la solution alcoolique du chlorhydrate, répond aussi à la formule C-'H^'Az-, |H^0 et non pas au corps anhydre. » Le moyen radical de trancher la question eût été de doser l'eau par dessiccation à une température convenable : malheureusement, ce procédé est impraticable parce que, même avant 100°, l'hydrate d'hydrocinnamide jaunit, s'altère, s'oxjde et peut même perdre au delà du poids théorique. Cette difficulté de la déshydratation est à rapprocher de celle de l'amarine, qui ne s'effectue que lentement à io5°; mais on peut la manifester, ainsi que les phénomènes concomittants, par l'expérience suivante : on place, au fond d'un ballon scellé plein d'air, quelques décigrammes d'hvdrocinnamide et on la maintient sur un bain-marie bouillant pendant plusieurs heures. La substance fond en partie et jaunit ; après le refroidissement, le haut du ballon est constellé de gout- telettes d'eau (non alcalines comme le voudrait une perte d'AzII^); l'analyse de l'air restant montre une absorption de i,5 pour 100 d'oxygène par rapport au poids de substance employée; de plus, cet air possède une forte odeur d'essence d'amandes amères. Ces phénomènes d'oxydation se produisent à la température ordinaire : l'hv- drocinnamide, conservée en flacons, jaunit et possède cette même odeur. La lumière paraît accélérer cette action. Le produit déshydraté, après passage dans le benzène, ne fond plus que vers i3i°. » Ces faits étant établis, il reste à expliquer la basicité de rhydrocinna- mide et sa stabilité. I/étude thermochimique résout la question, i^"^ de l'hydrate dégage en brûlant 8964"',8 et 8960"', 8; moyenne : 8962"', 8, .soit, pour une molécule C-' H" Az-, jH-0 = 385s^ --,, , , , . l à volume constant 3450^^»', 68 Clialeur de combustion ■ . . ; „ , ( a pression constante... 3403*^"', 5 d'oîi, pour chaleur de formation : C^- + H-'' + Az= -H IH^O liq. = C^'-H" Az% i H^O crist —79'=''', 4 C2- + H"-i- Az-i=C"H"Az'-sol — 8i«»i,?. si l'on prend pour chaleur d'hydratation -f- i^^'.S, trouvé pour ramarine. ( 65i ) » L'équation génératrice donne : 3 C'IPO liq.-H 2 AzH^ diss.= G" H-' Az-^sol.+ 3 IPO liq . + 2 x 24<:=',2. » Ces chifFres, supérieurs même à ceuK qui correspondent à la forma- tion de l'amarine, de l'anisine, de la furfurine, placent Phydrocinnamide dans la classe des glyoxalidines; leur grandeur permet de s'expliquer la non-formation du véritable hydramide, la réaction étant fortement exo- thermique. » En fait, riivdrocinnamide donne des sels analogues en tous points à ceux de ces bases : j'ai préparé l'azotate, le sulfate et même un lactale cristallisé. L'amarine ne donne, avec l'acide lactique, qu'un sirop dissociable à ioo°, par perte d'acide. L'hydrocinnamide serait donc une base plus forte que l'amarine, circonstance en relation avec sa plus grande chaleur de formation. » Comme dernière analogie, je citerai l'obtention d'une combinaison (C-'H^^ Az-)- AzO' Ag, très soluble dans le chloroforme, et l'action des éthers halogènes, iodure de méthyle et chlorure de benzyle, parallèles à celles de l'amarine. )) En résumé, V hydrocinnamide cristallise avec jH-0 et possède les pro- priétés fondamentales des glyoxalidines : c'est une base, donnant des sels, indécomposable par les acides, conformément aux données thermiques; le corps C'^H^'Az* n'existe pas. Le nom de cinnamine lui conviendrait plutôt. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur une oxyptomaïne. Note de M. OEschxer dk Coxinck('). « ,T'ai présenté à l'Académie, en i888, l'étude détaillée d'une plomaïne pyridique, possédant la composition d'une collidine (C'H" Az). » I^a facile oxydabilité de cette j)tomaïne m'a engagé à essayer l'action de l'eau oxygénée. Ce sont les résultats de celte étude que j'ai l'honneur de communiquer aujourd'hui à l'Académie. » J'ai employé une eau oxygénée très étendue, qui a été laissée au contact de la plomaïne pendant plusieurs semaines, dans une fiole conservée à l'abri de la lumière, (') Ces recherches ont été faites dans mon service, à l'Institut de Chimie de la Faculté des Sciences de Montpellier. ( 6)2 ) iifiii iléviler la j)iocluclion de résines qui ont plusieurs fois faussé les résultais analy- tiques. La fiole était agitée de temps à autre, puis replacée dans l'obscurité. 11 se forme peu à peu une masse jaunâtre, solide et dure, qui est dissoute dans HCl étendu. La liqueur acide est agitée avec l'éther, qui enlève quelques produits résineux et des matières colorantes. » Après décantation, la liqueur aqueuse est traitée par un léger excès de potasse en lessive, et la base est extraite au moyen du chloroforme. L'évaporation spontanée abandonne celle-ci sous forme d'une masse solide, légèrement jaunâtre et amorphe. Un second et un troisième traitement permettent d'obtenir un produit blanc, d'aspect cristallin. » Desséché à l'étuve à i io°, il a fourni à l'analyse les nombres suivants : C = 69,78 ; H =8,24; Az:=io,3o (la théorie pour la formule C*H"AzO exige : 0 = 70,07; H =rz 8,o3; Az ^ 10,22). » L'oxvplomaïne ainsi obtenue n'est pas fiéliquescenfe; un peu sokiblc dans l'eau chaude, à laquelle elle communique une réaction nettement alcaline, elle est tout à fait insoluble dans l'eau froide; elle se dissout assez bien à froid, beaucoup mieux à chaud, dans l'éther absolu et dans l'alcool absolu; son principal dissolvant est le chloroforme, qui la prend rapide- ment, même à basse température. » Elle se ramollit vers a.jo" et fond un peu au-dessus, vers 260°, en se décomposant brusquement; la masse se charbonne, en dégageant l'odeur bien connue des bases pyridiques. » Elle se dissout facilement dans les principaux acides minéraux et orga- niques. .T'ai préparé le chlorhydrate qui répond à la formule C^H' 'AzO.HCl; c'est im sel blanc, cristallisé, un peu déliquescent, très soluble dans l'eau à toute température. L'eau bouillante finit par le décomposer. Le chloro- platinate (C*!!" AzO.HCl)- -H PlCl^ a été obtenu sous la forme d'une poudre cristalline d'un jaune orangé; il fond à 210" en un liquide limjiide et subit alors une décomposition partielle. L'eau froide le dissout à peine, l'eau tiède un peu plus; l'eau bouillante le décompose complètement, comme il était facile de le prévoir d'après son action sur le chlorhydrate (voir plus haut). » Chauflfée à haute température, dans un petit appareil distillatoire, à l'abri de l'oxygène de l'air, avec un excès de poudre de zinc, la base est ré- duite, et il y a régénération de la coUidine avant servi de point de départ : CH" AzO -h- Zn = ZnO + C«H"Az. » Le mode de formation du composé nouveau décrit dans cette Note, ( 653 ) ses propriétés, ses réactions, en font nnc oxycollidine, ou collidone, C«H"'(OH)Az, homologue supérieur des oxypyrirlines antérieurement décrites. Elle paraît être la première collidone connue. » CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Action de la fleur du vin sur la sorbite. Note de M. Gabriel Bertrand ('), présentée par M. Duclaux. « On sait que le sucre connu maintenant sous le nom de sorbose avait été découvert par Pelouze dans des circonstances si obscures qu'on n'avait pu, depuis, en réaliser la préparation que très rarement et tout à fait par hasard. » En soumettant cette singulière question à une étude méthodique, j'ai reconnu que le sorbose ne préexiste pas dans le jus de sorbes, mais qu'il y prend naissance quand un microbe spécial, généralement apporté par la mouche des vinaigreries, se développe sur ce jus, laissé au contact de l'air. Le microbe fixe alors l'oxvgène sur la sorbite et la transforme en sorbose. » Si, le plus souvent, on n'obtient pas ce dernier, c'est que des crypto- games divers envahissent le jus de sorbes et l'épnisent de ses substances dissoutes. Parmi ces cryptogames, j'ai signalé le Saccharomyces vini (-), ou fleur de vin, qui se développe presque toujours après la fermentation alcoolique du jus, puis des moisissures diverses, principalcm;'nL Pénicillium glaucum (^^). C'est en éliminant tous ces parasites et en cultivant, à l'état pur, la bactérie oxydante, qu'on peut obtenir maintenant la transforma- tion régulière de la sorbite en sorbose , avec des rendements de 80 pour 100. » Depuis la publication de ces résultats, vérifiés en Allemagne par Tol- lens, M. Matrot a cru reconnaître que la transformation de la sorbite en sorbose pouvait aussi s'effectuer sous l'influence d'une mycolevure qu'il (') Travail du laboratoire de Chimie du Muséum. (-) Syn. Sacch. mycoderma Rees ; Mycoderma cerevisiœ et Mycoderma vini Desmazières. (') Comptes rendus, t. CXXII , p. 900, et Bult. Soc. chirn., S"" série, t. XV, p. 627 ; 1896. ( (^54 ) croit même plus active que les bactéries employées jusqu'ici ('). Or cette mycolevure, examinée par M. Bourquelot, ne serait autre que la fleur du vin, microrganisme que j'ai précisément placé parmi ceux qui vivent sur le jus de sorbes sans donner de sorbose. En présence d'une telle contra- diction, j'ai cru nécessaire de revenir avec quelques détails sur un fait que j'avais seulement avancé. Ce sont ces détails que j'expose aujourd'hui, après avoir répété la plupart de mes expériences primitives. » Quand on ensemence de la fleur du vin, absolument exempte (V autres microrganismes, sur un liquide nutritif contenant de la sorbite, celle-ci est détruite peu à peu, en donnant de l'eau et du gaz carbonique, mais sans qu'on puisse constater, à aucun moment, la présence de sorbose dans le liquide. )) Dans une expérience, deux matras contenant cliacun 5o'" d'une décoction de levure additionnée de sorbite (environ 4 pour loo), furent stérilisés et placés dans l'étuve à -t-So", l'un d'eux ayant été ensemencé avec une trace de Saccharomyces vini pur. En douze heures, la surface du liquide était déjà couverte par le voile. » Après trois semaines, le contenu des matras fut analysé et les résultats comparés avec ceux obtenus dans des circonstances analogues, sur la même décoction de levure, non additionnée de sorbite. Ces résultats, consignés dans le Tableau suivant, montrent qu'il n'y avait pas trace de sorbose dans la culture, mais que 88,7 pour loo de la sor- bite avaient disparu. Résidu à -I- 100°. Décoction de levure -+- sorbite (ensemencée) ... i ,33 M » (non ensemencée). 2,08 Décoction de levure seule (ensemencée) 0,19 » (non ensemencée). .. . 0,22 » Parallèlement, dans d'autres matras, pour être sur de ne pas contaminer les pré- cédents par des ouvertures trop fréquentes et ne pas changer le titre de la solution, on avait vérifié, jour par jour, l'absence totale de sorbose. » C'est là un résultat que j'ai eu, pendant plusieurs années, l'occasion de constater dans un nombre considérable d'expériences 011 les conditions étaient cependant aussi variées que possible. » Ainsi, j'ai employé de la fleur du vin de plusieurs origines; au début, je prenais celle qui se développait spontanément sur le suc de sorbier; plus tard, j'en ai recueilli sur du vin, du suc de plusieurs fruits. .]'ai varié aussi les conditions de culture, en faisant végéter le cryptogame à diverses Acidité (en acide Pouvoir acétique). réducteur. 0,023 Nul. 0,028 » o,oi3 » 0,023 » (') Comptes rendus, t. CXXV, p. 87^; 1897. ( 655 ) températures, soit en présence d'un grand excès d'oxygène, soit, au con- traire, en diminuant beaucoup l'accès de celui-ci; les résultats n'ont jamais changé quant à la production du sorbose. » Enfin, j'ai opéré avec du suc provenant de trois espèces différentes de sorbes, recueillies à des états de maturation très divers et dans plusieurs localités; j'ai utilisé aussi du suc de cerises, du vin blanc ou rouge, de la décoction de levure ou du bouillon à la peptone, additionnés de sorbite. M Dans aucun cas, la fleur du vin n'a donné trace de sorbose, tandis que la bactérie que j'ai signalée |)roduisait rapidement ce sucre. » Bien mieux, quand on opérait sur du jus de sorbes, dont le pouvoir réducteur après la fermentation alcoolique correspond encore à quelques grammes de glucose par litre ( '), on constatait toujours la disparition par- tielle de celui-ci, en même temps que d'autres substances, par l'action de la fleur du vin. » Ainsi, pour citer un exemple, un demi-litre de jus de sorbes fermenté fut addi- tionné d'un demi-volume d'eau et placé à l'étuve à -H 3o°, dans une cuvette ronde de o™,2i de diamètre. La fleur du vin, ensemencée sur le liquide, s'y développa très ra- pidement. Après dix jours, les cellules furent séparées par filtration et le liquide, ra- mené à son volume primitif, fut analjsé. On trouva : Avant la culture. Après la culture. Matières dissoutes '8)70 pour loo i4,o5 pour loo Pouvoir réducteur (en glucose)... 4j20 » i,6o » » D'après toutes ces observations, il semble bien difficile d'attribuer les résultats avancés par M. Matrot soit à une condition expérimentale encore à définir, soit à une race particulière de fleur du vin. Cet auteur déclare, en effet, s'être servi de mycoderme récolté indifféremment sur du jus de sorbes ou du vin, et avoir obtenu du sorbose dans de nombreuses expériences « quel qu'ait été le ferment employé dans l'oxydation ». On comprendrait mal que tous ces ferments appartinssent précisément à une seule race, race différente du type unique que j'ai rencontré dans toutes mes expériences. » Au contraire, si on remarque que M. Matrot recommande de faire les cultures dans de simples cuvettes, exposées par conséquent à l'air dans l'étuve, on s'étonnera moins que des bactéries oxydantes aient pu se pro- pager de cuvette en cuvette, par l'intermédiaire de mouches ou autrement. (') Ce pouvoir réflucleur ne paraît pas dû à un reste de sucre. ( 656 ) et ajouter ainsi leur action propre à celle de la fleur du vin. Celte explica- tion me paraît d'autant plus vraisemblable que j'ai rencontré moi-même assez souvent de telles associations spontanées au début de mes recherches, et je puis déclarer qu'elles ne sont pas toujours faciles à reconnaître. » CHIMIE INDUSTRIELLE. — Sur la préparation des vins blancs à l'aide des raisins rouges. Note de M. V. Martiîïand. (Extrait.) « J'ai montré que l'oxygène de l'air décolore le moût obtenu par le pressurage de la plupart des variétés de raisins rouges, et cela contraire- ment aux faits enseignés et publiés : que l'air avivait et augmentait l'inten- sité colorante du moût et du vin » Quelques faits, que j'ai pu observer, m'ont permis d'établir un procédé nouveau de préparation des vins blancs, qui consiste : i" à extraire des raisins la plus grande quantité de moût possible; 2" à arrêter la fermenta- tion du moût (et dans ce but, je conseillais le refroidissement); 3° à aérer le moût jusqu'à sa décoloration; 4° à séparer par décantation ou filtration le moût des parties solides; 5° à faire fermenter le moût. » Ce procédé s'applique à la vinification en blanc de toutes les variétés de raisins dont le moût est décolorable par l'air » Le moût en fermentation, lorsqu'il s'est formé déjà plusieurs volumes pour 100 d'alcool, ne se décolore pas par l'aération; le moiit décoloré se recolore par la fermentation, si on ne le sépare pas des pulpes et des pro- duits oxydés. » PHYSIOLOGIE. — De l'influence des intermittences de repos et de travail sur la puissance moyenne du muscle. Note de MM. André Broca et Charles RiciiET, présentée par M. Marey. « Dans deux Notes précédentes (^Comptes rendus, t. CXXVI, p. 356 et 485; 1898) nous avons étudié la puissance des muscles fléchisseurs de l'index en régime permanent continu maximum, et nous avons donné les lois qui relient cette puissance maximum au poids soulevé et à la fréquence des contractions. Nous présentons aujourd'hui les résultats obtenus avec des alternances de repos et de travail. » Nous désignerons par fréquence le nombre des contractions que le , 057 ) muscle effectuerait en une minute s'il continuait à se contracter pendant le repos. Ainsi l'expression : fréquence loo, et alternances (de repos et de travail) 6*, signifie que le muscle en travail continu ferait loo secousses par seconde, mais que toutes les six secondes il y a eu six secondes de repos. » Cela posé, étudions d'abord l'influence d'une minute de repos. Nous avons dit antérieurement que pendant la |jreuiière minute on fait toujours un travail plus fort que pendant le travail continu permanent. Il s'ensuit qu'après un certain repos on retombe sur une première minute dans la- quelle le travail est fort. Or il se trouve que l'excès de ce travail de la première minute, après repos, sur les autres minutes de travail exécuté en régime permanent compense à peu près le repos. La totalité du travail accompli n'aura donc pas subi de diminution appréciable. » Cette influence des intermittences est plus évidente encore, si l'on compare un travail régulier, continu, à un travail dans lequel se succèdent des alternatives rythmées de travail et de repos. Même si l'on ne tient pas compte du trdvail produit, on observe un phénomène remarquable et sur lequel nous appelons l'attention : c'est que la fatigue diminue et que la douleur disparaît, et que, tout en donnant, comme dans le travail continu régulier, un effort maximum, on peut poursuivre longtemps cet effort maximum qui, dans le travail continu, eût été extrêmement pénible. » Nous distinguerons trois cas : celui des poids faibles, inférieurs à 5oo°''; celui des poids moyens, de 5oo^'' à looo^'', et celui des poids forts, au- dessus de looo*"'"'. » Dans le premier cas , les intermittences sont nuisibles; dans le second cas, elles sont indifférentes ; dans le troisième cas, elles sont favorables à la produc- tion du travail. M Dans le premier cas, en effet, c'est plutôt la course possible du muscle qui limite le travail que la fatigue véritable. M Dans le second cas, de nombreuses expériences nous ont prouvé que les intermittences ne modifient pas la puissance moyenne, et que le travail continu n'est pas supérieur au travail avec intermittences (de trente secon- des et au-dessous). Même il lui est légèrement inférieur. » Nous donnons un exemple dans lequel les chiffres représentent en kilogrammètres par seconde la moyenne de six minutes de travail (fré- quence : I 5o par seconde ) : C. R., 1898, I" Semestre. (T. CXXVI, N° 9.) 85 ( 658 ) Travail. Repos. A. B. (P. degooK')- Ch. R. (P. de eoof'). Continu Nul 0,0237 0,0097 3o' 3o' 0,0253 o,Ol44 3o^ 20' 0,0241 o,oi5i 3o» i5» 0,0210 (?) - 0,0162 i5- i5^ 0,0281 0,0169 15" lO' 0,0272 0,0195 lO' lO» O,025o 0,0175 lO" 8' 0,0295 0,0182 10» 6' 0,0264 0,0195 4» 4^ o,o3o4 0,0195 4s 3% 2 0,0294 0,0208 li' 2% 4 0,0289 0,02l4 4- .%6 0,0276 0,0201 4' o%8 0,0289 0,0201 Continu Nul 0,0280 0,0182 » De là cette conclusion que, si des intermittences alternent avec le tra- vail, le travail total reste constant; fait imprévu et paradoxal, et que nous n'oserions pas énoncer s'il n'était le résultat de nombreuses expériences tout à fait concordantes. » Dans le troisième cas, poids forts, supérieurs à idooS"", l'influence salutaire des intermittences apparaît en toute évidence. On peut alors effectuer un travail qui eût été impossible en régime continu (2000^"' au lieu de laSo^' pour B.; iSooS' au lieu de iiooS"^ pour R.). Nous citerons seulement quatre expériences qui nous dispenseront d'entrer dans de plus longs développements. Dans ces expériences, les temps de repos et de travail étaient égaux (alternances). B. (P. de iibo^). B. (P. de i25os')- Alternances. Fréq. loo. Fréq. 200. Continu o,o53 Impossible o%5 o,o59 0,067 1 = o,o58 0,068 iS3 o,o58 0,066 2% 6 0,057 0,067 6% 2 o,o55 R. (P. de loSo»'). Fréq. 200. » Continu Impossible OS 3 Impossible 0S7 0,028 I' o,o3o i%6 o,o35 2%6 o,o3i ( ''59 ) )> La dernière expérience montre, pour la fréquence 200 et l'alternance de i%3, l'accroissement de la puissance avec les poids, même supérieurs à ceux qui sont compatibles avec le régime continu. Poids Poids en grammes. Puissance. en grammes. Puissance 800 o,o5o i3oo 0,080 900 o,o58 i4oo 0,084 1000 o,o65 i5oo 0,091 noo 0,070 i6oo 0,089 1200 0,076 1700 0,084 » Ainsi, au point de vue pratique, nous pensons, par l'analyse expéri- mentale (au moins pour les fléchisseurs de l'index), avoir trouvé les meil- leures conditions du travail : » i" Un poids très fort, de iSoo''' ; » 1° Une fréquence très grande, de 200 par minute; )) 3** Des intermittences de deux secondes environ de repos, alternant avec deux secondes de travail. » Quant à la conclusion théorique, c'est que, pour le travail maximum du muscle, une circulation active, avec réparation par le sang oxygéné, est nécessaire. Des contractions répétées, énergiques et continues, en épui- sant l'oxygène du sang irrigateur, mettent le muscle dans un état voisin de celui que nous avons appelé (Archives de Physiologie, 1897) de contrac- tion anaérobie. état que nous avons démontré être funeste à la vie muscu- laire. Par conséquent, plus la circulation sera active, moins il y aura à craindre la fatigue et la ruine du muscle, dues aux produits nocifs de la contraction musculaire, pendant l'état anaérobie. » Le repos du muscle, quelque court qu'il soit, est, grâce à la vaso- dilatation due au travail antérieur, une condition essentielle au dévelop- pement de la puissance maximum. » ZOOLOGIE. — Évolution et structure des éléments conjonctijs chez la Paludine. Note de M. Joannes Chatin. « Au cours d'une série de recherches dans lesquelles je me proposais d'observer les faits de mobilisation et de multiplication cellulaires, consé- cutifs à l'invasion de la ValuAme {Paludina vivipara L.) par la Cercaire ( Gî.io ) hérissée, j'ai été conliiil ;i repren.ire inlégralement l'élude du tissu con- jonclif iKilléal. Une extrême coufusioa règne encore à son sujet; elle n'est pas moins impiilable aux divergences des auteurs qu'aux néologismcs qu ils n'ont cessé de multiplier j)our appuyer leurs vues. » Tous les éléments ainsi décrits sous les noms les plus variés se ramè- nent en réalité à un seul et même type, la cellule conjonctive. C'est à elle qu'on doit rapporter les cellules rnmifièeK. cellules r->ésiculeuses. cellules plas- maliques, cellules compactes, cellules etoilees, cellules multipolaires, vésicules (le Langer, cellules de Leydig, etc. » Dès qu'on étudie, avec une technique sérieuse, l'histologie du man- teau de la Paludine, on constate que les prétendus tissus étoile, compact, vésiculeux, plasniatique, etc. se rapprochent étroitement : tous les états de passage existent entre eux; pour mettre hors de doute leur intime pureté, il suffit de suivre l'évolution de la cellule conjonctive. » A l'élat initial, durant sa période de première jeunesse, elle présente constamment les mêmes dispositions dans son protoplasma aussi bien que dans son noyau. Toujours très réduit par rapport à celui-ci, le plasma soina- tique est sensiblement homogène; son aspect est plus souvent granuleux que spumeux ou réticulé. » Mais ce qui caractérise essentiellement le noyau de la jeune cellide, c est son volume : il s'affirme au point d'envahir presque totalement l'élé- ment dont le plasma somatique se limite à une mince zone périnucléaire. .T'ai déjà eu l'occasion de signaler cette karyomégalie chez divers Mol liisques( ' ), mais je crois devoir y insister de nouveau. Cette notion n'apporte pas seulement une contribution intéressante pour l'histoire de la cellule conjonctive, elle explique, en outre, certaines erreurs. » Telle est, en |)articulier, l'origine île ces descriptions, dans lesquelles ou meulionne une couche de noyaux ovoïdes, une couche de noyaux gra- nuleux, etc. On comprend comment des observateurs, peu familiarisés avec les faits de karyomégalie, ont pu commettre cette méprise. Le tissu palléal se trouve dans un état exceptionnel tie suractivité; celle-ci ne se manifeste pas seulement sous l'influence lies causes pathologiques, à la suiled'un traumatisme ou d'une invasion parasitaire; elle estaussi évidente dans les circonstances normales : la constitution générale du manteau, ses rapports, mieux encore et surtout la circulation intensive dont il est le siège suffisent à l'expliquer amplement. H en résulte que, dans les pro- (') Comptes rendus, séance du 26 novembre 189^. fondeurs ou dans les mailles de ce tissu conjonctif, on rencontre nombre d'éléments jeunes, à gros novaux, souvent stratifiés et pouvant faire croire à l'existence de noyaux libres, de plasmodes plurinucléés, etc. » Ces caractères initiaux s'effacent d'ailleurs promptement : la cellule conjonctive tendant vers son état de complet développement, de 7iom- breuses différenciations s'opèrent et retentissent sur sa forme extérieure, comme sur sa constitution interne ; c'est à ce double point de vue qu'elle doit être maintenant examinée. » Ses caractères morpbograpliiques sont d'autant plus malaisés à ré- sumer sommairement que nulle part le polymorphisme et le métabolisme de l'élément conjonctif ne s'exagèrent autant que chez les Mollusques. Cependant, il est quelques formes qui se dégagent immédiatement. » En première ligne, se placent les cellules vésiculeuscs, de beaucoup les plus répandues. On peut en rapprocher divers types, sans cesse repré- sentés comme des espèces histiques, distinctes et autonomes : cellules de Leydig, vésicules de Langer, cellules plasmaliques ; leur coniour est ovoïde ou sphéroïdal, mais leur taille et certains détails de leur structure les distinguent des cellules vésiculenses ordinaires. La forme rameuse ou étoilée est assez fréquente; non seulement on peut l'observer sur des cel- lules tissulaires, examinées in situ dans les masses conjonctives, mais elle se rencontre dans les éléments mobilisés pour se porter à la rencontre des parasites, etc. Elle est très rare dans les cellules en voie de partition. » Corrélativement à son polymorphisme, l'élément conjonctif présente des dimensions très variables. Dans une Note aussi succincte, je ne saurais donner que quelques approximations générales : durant la période initiale, décrite plus haut, le diamètre moyen est de 6^^; aux stades suivants et selon les diverses formes, il varie de lo^^ à oo'^. Cet accroissement porte principalement sur le protoplasma, dont l'aspect se modifie : des vacuoles y apparaissent et s'étendent parfois au point de refouler le plasma vers la périphérie, destinant une sorte d'ulricule piimordiale reliée à l'intérieur par des trabécules. Les cellules dites de Leydig et de Langer montrent sur- tout cette disposition. Lorsque le protoplasma demeure plus continu, peu vacuolaire, il o'ïre généralement une structure réticulée, très diffé- rente de l'aspect granuleux du début. )> Des changements tout aussi notables s'opèrent dans l'appareil nu- cléaire : la karyomégalie originelle n'est plus qu'un souvenir; le noyau se trouve ramené, par le développement même du plasma somatique, à des dimensions plus normales. Sa structure est également mieux défime : la ( 662 ) membrane nucléaire se distingue plus aisément; la formation nucléinienne présente une double différenciation chromatique et achromatique. » Ces détails, relatifs à la constitution de l'appareil nucléaire, se pré- cisent mieux encore lorsqu'on examine la cellule, non plus à l'état quies- cent, mais durant sa période de partition. » On peut regretter que, se bornant à mentionner des faits de division dans le tissu conjonctif des Gastéropodes, les auteurs aient généralement négligé de faire connaître les divers processus de cette division. Une telle élude ne laisse pourtant pas d'être instructive, ainsi que j'espère pouvoir l'établir dans une prochaine Communication. » ZOOLOGIE. - La dissociation de l'œuf en un grand nombre d'individus distincts et le cycle évolutif chez /'Epcyrtus fuscicoUis (Hyménoptère).l^ oie de M. Paul Marchai., présentée par M. de Lacaze-Duthiers. « r.a reproduction asexuée peut se manifester chez les Insectes à diffé- rents stades de l'ontogenèse. Tantôt ce sont des larves qui reproduisent par bourgeonnement à l'intérieur de leur corps de nouvelles larves (pédo- génèse); tantôt ce sont des adultes qui donnent naissance à de nouveaux individus se développant dans les ovaires des parents (parthénogenèse des Pucerons). Nous venons de découvrir chez les Hyménoptères parasites un nouveau mode de reproduction qui complète cette série de phénomènes dont elle constitue, en quelque sorte, le premier degré; chez ÏEncyrtus fuscicoUis que nous avons observé, c'est, en effet, au début de l'ontogenèse, dans l'œuf lui-même, que se produit la dissociation du corps, et c'est aux dépens d'un œuf unique que l'on va voir se constituer un nombre d'em- bryons très grand, pouvant dépasser cent, et tous destinés à devenir des Insectes parfaits qui, en général tout au moins, seront de même sexe. » M. Ed. Bugnion (') avait déjà observé que les chenilles de l'Hypo- nomeute du Fusain pouvaient, dans le courant de juin, contenir des chaînes d'embryons parasites fort curieuses. Ces chaînes, dont on ne trouvait, en général, qu'un exemplaire par chenille parasitée, étaient formées, en moyenne, de cinquante à cent individus disposés à la suite les uns des (') Ed. Bugnion, Recherches sur le dévcloppetnenl poslembryonnaire, l'aiia- tomie et les mœurs de rEncyilus fuscicoUis {Recueil zoologique suisse, t. V, p. 435-535, 1891), ( 66'^ ) autres, englobés dans une niasse granuleuse analogue à un vitellus et réunis dans un long tube êpithélial commun qui, fermé aux deux bouts, flottail. dans la lymphe de la chenille à côté du tube digestif. Bugnion suivit le développement de ces embryons et vit que chacun d'eux donnait naissance à un Encyrtus fuscicollis. Comment et où VEncyrtus effectuait-il sa ponte? Quelles étaient surtout l'origine et la signification du tube êpithélial commun enveloppant la chaîne d'embryon? Il y avait là des questions bien faites pour exciter la curiosité du naturaliste. M. Bugnion pensait que VEncyrtus éclos en été hivernait ou présentait une seconde génération ayant pour hôte un animal inconnu; il estimait que, en tout cas, il devait, pendant le mois de mai, déposer ses œufs par paquets à l'in- térieur de la chenille de l'Hyponomeute; quant au tube êpithélial, il dé- rivait, d'après lui, des amnios des embryons séparés secondairement de ces derniers et soudés bout à bout. Ces déductions, bien que fort légitimes en apparence, ne répondent pourtant nullement à la réalité des faits. » J'ai observé la ponte de Y Encyrtus fuscicollis ; or, ce n'est pas au mois de mai qu'il dépose ses œufs, mais c'est au mois de juillet, quelques jours à peine après être éclos; de plus, ce n'est pas dans la chenille, mais dans la ponte même de l'Hyponomeute que ses œufs sont pondus. Le minuscule Chalcidien se pose sur une ponte et s'y installe pendant des heures, lardant successivement avec sa tarière tous ou presque tous les œufs qu'elle pré- sente. Je réserve les détails de cette opération, que j'ai longuement ob- servée, pour un prochain Mémoire, et je me contente de dire que le temps nécessaire à VEncyrtus pour déposer son œuf dans celui de l'Hyponomeute varie entre une demi-minute et deux minutes; presque aussitôt après, il passe à un autre œuf de la même ponte et ainsi de suite, durant des heures entières; puis, lorsqu'il a terminé, il gagne une autre ponte et recommence sa manœuvre. » Un fait capital résulte de l'observation précédente. Étant donnée la quantité d'œufs limitée contenue dans les ovaires d'un Encyrtus, il est matériellement impossible que, dans le temps si court nécessaire pour effectuer sa ponte, il dépose, dans chaque œuf de Papillon, un nombre d'œufs égal à celui des embryons composant une des chaînes dont nous avons parlé. Un seul œuf doit donc être pondu dans l'œuf de l'Hypono- meute et cet œuf unique doit se dissocier en un grand nombre d'embryons. » Cette déduction qui s'impose est prouvée par l'observation directe. J'ai assisté au commencement de l'évolution de l'œuf et j'ai constaté que son amnios est d'abord constitué comme celui des autres Chalcidiens ( 66'! ) connus; puis, ses cellules se multipliant rapidement, il s'allonge de façon à former le tube épitliélial. Quant aux cellules qui se trouvent à l'intérieur de l'amnios, au lieu de se constituer en un seul embryon, comme c'est le cas habituel, elles se dissocient de façon à donner naissance à toute une légion de petites monda, qui plus tard s'organiseront en embryons et se dis- poseront en file, à mesure que l'enveloppe amniotique, tout en grandissant, passera de la foi'me vésiculaire primitive à celle d'un long tube flexueux. Tout le produit S ) inférieure; 3" les nitrates cubiques d'une part, les aluns de l'autre, iso- tropes quand ils sont purs, deviennent anisotropes en se mélangeant; 4° les cristaux de symétrie inférieure, maclés suivant la loi d'association dans la forme la plus symétrique, quoique se pénétrant intimement, restent toujours distincts et ne donnent pas naissance à la forme la ]ilus symé- trique. » Or il est facile de faire tomber ces objections en faisant dériver les formes les moins symétriques de la forme la plus symétrique, au lieu de faire l'inverse, comme l'a proposé Mallard. Normalement, les formes les moins symétriques sont des formes mériédiiqnes de la forme la plus symé- trique; autrement dit, les jiarticules fondamentales s'orientent de façon à donner naissance à des particules symétriques possédant la totalité, ou seu- lement certains des éléments de symétrie du réseau. Quand toutes les formes sont stables à la même température, non seulement elles peuvent se macler suivant les lois établies par Mallard, mais encore, puisqu'elles ne diffèrent que par l'orientation des j)articules fondamentales, elles peuvent s'associer en particules de formes quelconques, de tailles quel- conques pour donner des ci'istaiix dont les propriétés physiques, dépendant delà structure, sont éminemment variables. » Tel est le cas de la fluorine qui présente exactement les angles d'un cristal terquaternaire, et qui tantôt est cubique, tantôt ne possède qu'un axe ternaire et trois plans de symétrie, tantôt ne possède qu'un plan de symétrie; les deux dernières formes sont mériédriques de la variété cubique et peuvent s'associer avec elle (:'n toutes jiroporlions. » De même les cristaux de boracite sont exactement cubiques au point de vue morphologique; mais ils sont composés, comme l'a montré Mallard, de douze pvramides,orlhorhombiqueshémimorphes, d'à prèsM. Baumhauer. Ces pyramides sont orientées de façon que leur axe binaire coïncide avec un axe binaire du cristal total considéré comme cubique et leurs deux plans de symétrie avec un plan de symétrie principal et un plan de symétrie non principal. La boracite anisotrope est donc encore un cristal mériédrique, mais la forme holoédrique n'est pas stable à la température ordinaire et il faut chauffer le cristal orlhorbombique pour permettre aux particules fon- damentales de tourner autour de leur centre de gravité de façon à donner naissance à une particule holoédrique. M Mais dans bien des cas, c'est l'inverse qui se produit : à la température ordinaire, les conditions d'équilibre ne sont pas rigoureusement satisfaites dans les formes les moins symétriques; elles ne le sont que grâce à une eu., iScjS, i" Semeslic. (T. CXXM, N° 9.) 8'") ( 666 ) Icsère contraction ou dilatation entraînant nn changement de densité et une faible déformation du réseau. Celui-ci ne possède pins que des axes limites et si les cristaux quasi symétriques peuvent se niacler autour de ces axes, ils restent toujours distincts et ne peuvent donner naissance à la forme la plus symétrique. Ils ne sont pas en rapport direct avec celle-ci, mais ce rapport s'établit par l'intermédiaire d'une forme instable ayant le même réseau que le cristal le plus symétrique. ') L'aragonite, par exemple, qui cristallise en prisme de ii6", présente fréquemment une macle constituée par trois cristaux orientés à 120° l'un de l'autre, mais jamais dans les parties communes on n'observe de calcite ; en outre les trois indices de réfraction de l'aragonite sont supérieurs au plus petit indice de la calcite. Celle-ci ne peut donc résulter d'un groupement de trois cristaux d'aragonite de 1 16" orientés à 120". D'ailleurs l'expérience consistant <à transformer l'aragonite en calcite par l'action de la chaleur le démontre également. Quand on chauffe l'aragonite, ses indices diminuent et l'angle se rapproche progressivement de 120° : en effet, d'après Fizeau, non seulement le coefficient de dilatation de la petite diagonale de base est plus grand que celui de la grande diagonale, mais encore il augmente avec la température trois fois plus vite que lui. Cette augmentation parait se faire brusquement lorsqu'on approche de la température de transforma- tion, puisqu'à cette tem|)érature l'aragonite éclate. Ce n'est pas, comme on le voit, une aragonitede i iG°, mais probablement une aragonite de 120°, qui se transforme en calcite. Je ferai remarquer que cette déformation, dans la théorie de Mallard, est plus complexe; certains réseaux, pour de- venir parallèles à celui d'un édifice orienté à -f- 120" du réseau originaire, doivent se déformer de — 4"; d'autres, pour devenir parallèles à celui d'un édifice orienté à — 120", doivent se déformer de + 4"- H est donc plus simple d'admettre une seule déformation, indiquée par l'expérience, consistant en une transformation des réseaux de 116° en réseaux de 120° existant dans la calcite. On n'oubliera pas d'ailleurs que l'aragonite et la calcite doi- vent être considérées comme deux formes mériédriques d'un carbonate de chaux hexagonal que nous ne connaissons pas encore. » GÉOLOGIE. — Contribulion à la géologie, du bas Sénégal. Note de M. Stanislas RIeunier. « Au milieu de l'activité déployée, par les naturalistes de toutes les spé- cialités, dans l'étude du continent africain, on est très étonné de voir ( ««7 ) l'espèce d'oubli dans lequel est resté, au point de vue géologique, le littoral sénégalais. Les collections du Muséum renferment des séries d'échantillons ramassés sur cette côle('), mais sans que les collecteurs aient été à même d'apprécier les relations mutuelles des différents terrains, et cette ignorance s'explique par le peu de relief du pays et par l'extension, à sa surface, de sables récents et de latérites qui masquent les détails de sa constitution. Il a fallu, pour que cette lacune fût enfin comblée, que des recherches industrielles, poursuivies dans l'espérance de découvrir des gisements exploitables de phosphate de chaux, aient provoqué de très nom- breux forages distribués systématiquement. Grâce au dévouement à la Science de M. Auguste DoUot, que je me fais un plaisir de remercier, j'ai été mis en possession des intéressants documents ainsi réunis : je demande à l'Académie la permission de résumer mes principaux résultats. » Du rapprochement mutuel des échantillons étudiés, il paraît d'abord résulter que l'on doit les répartir en quatre niveaux principaux, au-dessus desquels s'étend le manteau superficiel de matériaux détritiques qui vient d'être rappelé. Le plus ancien de ces terrains consiste en couches calcaires, souvent riches en fossiles, et mêmes pétries en quelques points, comme Pobenquine, de grosses turritelles et de bivalves dont nous n'avons que des moules incomplets. Quelques comparaisons, d'ailleurs trop peu nom- breuses, tendraient à faire rapprocher stratigraphiquement ces calcaires, qui sont redressés et plissés, des roches crétacées étudiées par M. von Kœnen dans le Cameroun. Au-dessus d'eux se développent, avec une épaisseur qui peut dépasser i/i™, des argiles feuilletées, blanches, très re- marquables par les concrétions siliceuses, voisines des ménilites, dont elles sont remplies, et qui, au microscope, se montrent comme constituées par d'innombrables rhomboèdres de dolomie, réunis entre eux par un ciment argilo-siliceux. On retrouve ces rhomboèdres jusque dans la pâte des silex et parfois le produit de leur épigénie. Ces roches singulières supportent des couches plus ou moins compliquées, suivant les points, et qui présentent le double intérêt d'être fossilifères et de constituer un niveau phosphaté des mieux caractérisés. Les fossiles, consistant surtout en dents de poissons, ont un faciès éocène qui permet de rapprocher les phosphates sénégalais de certains dépôts algériens et tunisiens bien connus. Quant au phosphate, (') Depuis 1820 par Grandin, jusqu'à 182/4, de Beaufort; 1829, Perrotet, Tourelle et surtout Leprieur; i836, Eugène Robert; i835, Heudelot; i85o, Raffenel. ( 668 ) il paraît s'êlre introduit dans les couches à la faveur d'une imprég;nation dont il est possible de soupçonner certaines conditions. Enfin, l'ensemble est couronné par des calcaires généralement jaunâtres, exploités conmie pierres à chaux, à Merina, près de Rufisqne, et que l'on retrouve presque sans interruption jusqu'à Joal. » Si, après cet aperçu général sur la structure du sol, nous revenons sur le niveau phosphaté, nous constaterons qu'il consiste on roches qui, manifestement, ont été modifiées profondément depuis leur dépôt. Le type le plus abondant de beaucoup se présente comme une substance dure et assez fragile, incomplètement attaquable aux acides, dans lesquels ses fragments conservent intéo;ralement leur forme. La silice forme le ciment général de la masse; en certains points, elle s est même concentrée de façon à constituer des rognons siliceux, d'ailleurs souvent mal délimités et se fondant d'ordinaire peu à peu dans la substance ambiante. Au micro- scope, on reconnaît d'habitude à la roche une structure presque oolithique, résultant de l'abondance d'ovoïdes plus ou moins gros, très réguliers et consistant surtout en phosphate de chaux. Avec eux, se présentent des rhomboèdres tout pareils à ceux de l'argile siliceuse feuilletée et dont la profusion est vraiment bien singulière; enfin, des vestiges fossiles troués comme des spicules de Spongiaires, des Foraminifères à faciès tertiaire (orlulina, Irilociihna, hitocidiria, etc.), et parfois aussi des diatomées. » Malgré la prodigieuse différence iVÀ^e et malgré l'énorme distance kilométrique, on trouve des analogies entre cette roche sénégalaise et cer- tains |)hosphates exploités maintenant si activement dans les couches dévoniennes du Tennessee. On doit croire que l'imprégnation phospha- tique a dû se produire, des deux parts, dans des conditions uniformes. Or, pour ce qui est du Sénégal, je ne puis m'empêcher de rattacher l'abondance du phosphate de chaux, dans le sol stratifié, à la proximité d'un pointement de roche éruptive excessivement riche en apatite. Il s'agit d'un rocher de basalte, situé à Diskoul, c'est-à-dire séparé de Ruiisque par une distance de 1200", et connu dans le pays sous le nom de Saïssay. En lame mince, au microscope, l'apatite s'y montre de toutes parts; l'acide chlorhydrique, où la poussière delà roche a séjourné un quart d'heure à chaud, précipite abondamment par le molybdate d'ammoniaque. Un spécimen m'a donné près de 20 pour 100 de phosphate de chaux. N'est-il pas légitime de voir, dans ce pointement, une source possible du phosphate contenu dans le sol? Et ne serait-ce pas un analogue exact des silicifications si fréquentes ( 6(19 ) des conciles an voisinage ries filons de quartz? Ija magnésie, si visible sons la forme de dolomie, pourrait, de son côté, dériver également des labo- ratoires profonds. » M. Ch.-V. Zenger adresse un relevé des dépressions barométriques du mois de décembre 1897, comparées aux perturbations solaires et aux pas- sages des essaims périodiques d'étoiles filantes. La séance est levée à 3 heures trois quarts. J. B. BULLETIN BIBUOCUAPIIJQUE. Ouvrages reçus dans la séance du 28 février 1898. Journal de Malhèmaliq lies pures et appliquées. Cinquième série, publiée par M. Camille Jordan, avec la collaboration de MM. M. Lévy, A. Mannheim, E. Picard, H. Poincaré. Tome troisième. Année 1897, fascicule n° 4. Paris, Gaulhier-Villars et fils, 1897; i vol. \v\-\°. Revue générale de Botanique, dirigée par M. Gaston Bonnier, Membre de l'Institut, Professeur de Botanique à la Sorbonne. Tome dixième. Livrai- son du i5 février 1898. Paris, Paul Dupont, 1898; i fasc. in-8''. Le Centenaire du Mètre. Les précurseurs du Système métrique et les mesures internationales, par Jules Michel, Ingénieur en chef, etc. Extrait du Correspondant. Paris, L. de Soye et fils, 1898; i fasc. in-8°. (Présenté par M. de Lapparent.) Faune de la Normandie, par Henri Gadeau de Kerville. Fascicule IV. Paris, Baillière et fils, 1897; i vol. in-8°. Physiologie du foie. Recherches expérimentales au moyen des circulations artificielles à travers le Joie et le pancréas, par le D'' Frédéric Marty. Paris, J.-B. Baillière et fils; i vol. in-8°. (Renvoyé au concours Montyon, Phy- siologie.) Bulletin de l'Académie royale de Médecine de Belgique, 4^ série. Tome XXII . N° 1. Bruxelles, Hayez, 1898; i vol. in-8°. ( ^7° ) Sur l'aire des polygones, Mémoires présentés à l'Académie royale des Sciences de Lisbonne, par Antonio Cabreira.. Lisbonne, 1897; i broch. in-S". The astrophysicalJournal, an international Review of Spectroscopy andastro- nomical Physics. January, 1898. Chicago, William Wesley and son; in-8°. ERRATA. (Séance du 21 février 1898.) Noie de M. E. Grimaux, Sur les dérivés de la cinchonine : Page 575 el suiv., au lieu de mézoquinène, lire partout méroquinène. Note de M. Edm. Perrier, Sur la place des Éponges dans la classifi- cation, etc. : Page 582, ligne 3 en remontant, au lieu de les animaux, lisez ces animaux. Même page, ligne 2 en remontant, au lieu de sécrétion, lisez direction. On souscrit à Paris, chez GAUTHIER -VILLA HS ET Fil^, Quai des Grands-Augustins, n** 55. Depuis 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Us forment, à la fin de l'année, deux volumes iQ-4''. Deux Tables, l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel et part du i" janvier. Le prix de Cabonriement est fixé ainsi tfiiUl suit : Paris : 20 fr. — Départements : 30 fr. — Union postale : Zi fr. — Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus. On souscrit, dans les Départements, chez Messieurs : Agen FciTi'n frères. iChaix. Jourdan. RuIT. Amiens Courtin-Hecquet. ( Germain elGrassin. ■ ■ ■ ( Lachèse. Hayoïtne Jérôme. Besançon , Jacquard. I Feret. Bordeaux Laiirens. ' Muller (G.). Angers. Hourges. Brest. Renaud. / Derrien. \ F. Robert. j J. Robert. 1 Uzel frùres. Caen ... Joiiaiï. Chaniàery Perrin. ( Henry. \ Marguerie. ) Juliot. Cherbourg.. . Clermont-Fe I Ribou-Collay. , Lamarche. O /on Ratel. iRey. L) uai. \ Lauverjal. ' I>c"ez. \ Drevet. j Gratier et, C'< Grenoble. . . . La fiochelle Koucher Le Havre. . . Lait. ( Bourdignon. I Dombre. ) Tliorcz. I Quarré. Lorient. I Georg. Lyon ( Cote. 'Savy. Ville. Marseille Ruai. chez Messieurs : ( Baumal. ( M"" Texier. Bernoux et Cumin. Montpellier . Moulins . . .. ^ Calas. ) Goulet. Martial Place. / Jacques. Nancy . Grosjean-Maupin. 1 Sidol frères. f Loiseau. / Veloppé. ^ Baril) a. I Visconli el C". Aimes Thibaud. Orléans Luzeray. ( Blanchier. ( Marclie. Bennes Plihon et Hervé. Bocheforl Girard (M""). I l^anglois. \ I.estringant. S'-ÉUenne Chevalier. \ Baslide. \ liumèbe. Gimet. \ Privai. Boisselier. Tours , Pérical. ' Suppligeon. ( Giard. [ Lemaitre. Naii tes Aice. . . . Aime Orlea Poitiers.. Rennes Bochef Rouen. S'-Élie Toulon . . . Toulouse.. Tours Valenciennes. \ • On souscrit, à l'Étranger, Amsterdam . Berlin. chez Messieurs : Feikema Caarelsen et C". Athènes Beck. Barcelone Verdaguer. I \sher el C'". Dames. Friedlander el (ils. f Mayer el Muller. Berne Schmid et Francke. Bologne Zauiclielli. ; Lamcrtin. Bruxelles Mayolezet\udiarle. ! Lebègue el C". \ Sotcheck el C°. Bucharest i ,i m , n w I Millier ( Carol). Budapest Kilian. Cambridge t)cighton, BellelC". Christiania Cammernieyer. Constantinople. . Otlo Keil. Copenhague Host et fils. Florence Seeber. Gand Hoste. Gênes Beuf. , Cherbuliez. Genève Georg. ( Stapeliiiohr. La Baye Belinfanle frères. I Banda. I Payot. Barlh. \ Brockhaus. Leipzig 1 Lorenlz. Max Rûbe. Twietmeyer. Desoer. Lausanne.. Liège. f Gnusé. chez Messieurs Dulau. Milan . i-ondres Hachette et O: 'nuU. Luxembourg. ... V. Biick. / Libr. Gulenberg. Madrid Ronioy Fusscl. I Gonzalès e hijos. ' F. Fé. ( Bocra frères. I Hœpli. Moscou Tastiniii. i I^rass. IVaples Marghieri di Gius. ' Pellerano. 1 Dyrsen et Pfeiffer. A'e^rork , Stechert. ' LemckcelBueclincr Odessa Rousseau. Oxford Parker et G'* Palerme Clausen. Porto . Magalhaés el Moniz. Prague Rivnac. Rio-Janeiro Garnier. ( Bocca frères. ( Loescher el C". Rotterdam Kramers et fils. Stockholm Samson et VVallin. j Zinserling. ( Wolflf. Bocca frères. Brero. Borne . S' Pelersbourg. . Turin. \ Clausen. ( RosenbergelS Sellier. Varsovie Gebelhiier el Wollf. Vérone Drucker. 1 Frick. Vienne „ , , _ / Gerold et C". Ziirich Meyer et Zeller. TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDDS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES : Tomes 1" 31. — (3 Août i835 à 3i Décembre i85o. ) Volume in-4''; i853. Prix 15 fr. Tomes 32 à 61.— ( i" Janvier i85i à 3i Décembre i865.) Volume in-4°; i87o_- Prix 15 fr. Tomes 62 à 91.— (i" Janvier i8G6 à 3i Décembre i88o.) Volume in-4''; '889. Prix 15 fr. SDPPLËMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DÉ L'ACADÉMIE DES SCIENCES : Tome I: Mémoire sur quelques poinls de la Physiologie des Algues, parMM. A. DerbéscI A.-J.-J. Solier. — Mémoire sur le Calcul des Perturbations qu'éprouveniles Comètes, par M.Hansen.— Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des matières grasses, par M. Cliode Bernard. Volume in-4'', avec 32 planches ; i856 15 fr. Tome II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Beneden. — Essai d'une réponse à la question de Prix proposée en i85o par l'Académie des Sciences pour le concours de i853, et puis remise pourcelui de i85(î, savoir : « Étudier les lois delà distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédi- » mentaires, suivant Tordre de leur superposition. — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. — Rechercher la nature » des rapports qui existent entre l'état actuel du règne organique et ses étals antérieurs •, par M. le Professeur Bromn. In-4"', avec 27 planches; 1861.. . 15 fr. 4 la même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciencs. W 9 TABLE DES ARTICLES. (Séance H,, 28 février 1898.) MEMOIRES ET COMaïUNlCATlOIVS DES MRMIUtES ET DES CORRESPONDANT? DE L'ACADÉMIE. Pases. M. lÎKiiTiIELOT. — \clions rhiniiqui'S île roflluve électrique. Oxydes de eaibone et azolc. Systèmes 1,'azeiix 'ioij M. liiiiiTHELOT. — Aelidiis eliiiuiqiies de Pages. refllu\c éleclrique. Alcools et dérivés éllicic's, en présence de l'azote 'iifi M. H. roiNCAni:. — Les fonctions fucli- sienne* et Péquation Ah = e" th.- MEMOIRES PRESENTES. Al. E. KoNTANEAi:. — Sur un cas particulier du mouvement d<'S liquides 'i-'o M. O. JÉMN adi'esse un Mémoire i-clatif à l'emploi de rii\drogéne |iour le gonlle- ment de^ ai'To^ials I)3i M. Chamron adresse un complément à sa tlié(»rie de Taviation 'i3i M. Hay adresse un Mémoire sur J'histoire de l'Alchimie indienne li'.U CORRESPONDANCE . M. le Seciiétaire l'EiirËiuEL signale, parmi les pièces imprimées de la Corrcs|iondance, une lirocluire de M. Ju/es Michel inti- tulée : « Le centenaire du mclre. Les pré- curseurs du Système métrique et les me- sures internationales » 63i M. EuNST LiNDELoF. — Sur la transforma- tion d'Euler et la détermination des points singuliers d'une fonction définie par son déveloiipenient de Taylor ').î> M. Hexui BoiKGKï. — Sur une extension de la méthode de quadrature de Gauss... iil'i M. Cit. Heve. — Sur des lunettes aulocolli- matrices à longue portée et un vérifica- teur optique des lignes et surfaces de machines <)3G M. G. -M. Stanoiévitcii. — Les lignes de forces et les surfaces équipotentielles dans la nature 6^0 M. A. MouRLOT. — Sur les propriétés et la cristallisation du sulfure de baryum anhydre (j'|3 AI. E. EiNCic. — Action de l'oxyde de car- bone (CO) sur le chlorure palladeux (PdCl' ) (j^6 M. ALiRCEL DELÉriNE. — Sur l'hydrocinna- mide .' 64s Bulletin BiBLRKiiiAi'iuytt . Errata AL CEsciiXER i>E CûNixcK. — Sur une oxy- ptouia'i'ne 6'n -AL Gabriel Bertrand. — Vclion de la fleur du vin sur la sorbite Iij3 AL V. Martinand. — Sur la préparation des vins blancs à l'aide des raisins rouges liJO AIAL André Bhoca et Charles Ricuet. — De rinHuence des intermittences de repos et de travail sur la puissance moyenne du muscle 0 ilJ AL JoANNES Chatin. — Evolution et struc- ture des éléments conjonclifs chez la Pa- ludine l' >!l M. Paul AIarciial. — La dissociation de l'œuf en un grand nombre d'individus distincts et le cycle évolutif chez VEncyr- tus fuscicollis ( Hyménoptére ) (jlii At. Fred. AAaelerant. — Sur les anomalies optiques et le polymorphisme fi'>4 AL Stanislas AIeuxieu. — Contribution à la géologie du bas Sénégal Wifi AL Ch.-V. Zexger adresse un relevé des dépressions barométriques du mois de dé- cembre 1S9-, comparées aux perturbations solaires et aux passages des essaims pério- diques d'étoiles filantes lilig 069 670 PARIS.— IMPRLMERIE GAUTHIER- VILLARS ET FILS, Quai des Grands-Augustins, 56. u <;,- m ; (lALTHlKlt-VlLLàHI. 1898 PREMIER SEMESTRE. MAR 2 G 1898 '''1 COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES PAR nin. IiBS SBCRÉTAERES PERPÉTVBIiS. TOME CXXVI. NMO (7 Mars 1898). PARIS, GAUTHIER-VILLARS ET FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIKES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES Quai des Grands-Auguslins, 55. ■ 1898 RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS Adopté dans les séances des aS juin 1862 et 24 mai 1875. Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de i' Académie se composent des extraits des travaux de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes présentés par des savants étrangers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. 26 numéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. Article 1^'. — Impressions des travauac de V Académie. Les extraits des Mémoires présentés par un Membre ou parunAssociéétranger de l'Académie comprennent au plus 6 ])ages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o pag&s par année. Les communications verbales ne sont mentionnées dans les Comptes rendus, qu'autant cju'une rédaction écrite par leur auteur a été remise, séance tenante, aux Secrétaires. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les Rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par les Correspondants de l'Académie comprennent au plus 4 pages par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de 32 pages par année. Dans Us Comptes rendus, on ne reproduit pas les discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Académie; cependant, si les Membres qui v ont pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi- vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion. Les Programmes des prix proposés par l'Académie sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap- ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autant que l'Académie l'aura décidé. Les Notices ou Discours prononcés en séance pu- blique ne font pas partie des Comptes rendus. Articles. — Impression des travaux des Savants étrangers à l'Académie. Les Mémoires lus ou présentés par des personnes qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca- démie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré- sumé qui ne dépasse pas 3 pages. Les Membres qui présentent ces Mémoires sont tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le Membre qui fait la ])rcsenlation est toujours nommé; mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le font pour les articles ordinaires de la correspondance offi- cielle de l'Académie. Article 3. Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis à l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, le jeudi à I o heures du matin ; faute d'être remis à temps, le titre seul du Mémoire estinséré dans le Compte rendu actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui- vant et mis à la fin du cahier. Article 4. - — Planches et tirage àpart. Les Comptes rendus n'ont pas de planches. Le tirage à part des articles est aux frais des au- teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports et les Instructions demandés par le Gouvernement. Article 5. Tous les six mois, la Commission administrative fait un Rapport sur ta situation des Comptes rendus après l'impression de chaque volume. LesjSecrétaires sont chargés de l'exécution du pré- sent Règlement, Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent laire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de Jes dépeser au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5'". Autrement la présentation sera remise à la séance suivante. iv'iAR 23 IBi COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 7 MARS 1898, PRÉSIDENCE DE M. WOLF. MEMOIRES ET COMMUIVICATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.J CHIMIE ORGANIQUE. — Actions chimiques exercées par Vejjluve électrique. — Les aldéhydes et l'azote ; par M. Beutiielot. (c L'action de l'effluve sur les carbures et sur l'hydrogène étant accom- pagnée, dans le cas des carbures et des alcools de la série grasse, c'est-à-dire forméniques et élhyléniques, par l'élimination d'une certaine dose d'hvdro- gène, précisément comme la formation des aldéhydes, il résulte de cette relation que la synthèse des composés azotés, dérivés des carbures et des alcools, est nécessairement connexe de celle des composés azotés qui déri- vent des aldéhydes. » De là l'intérêt présenté par l'étude de ce nouveau groupe de réactions. Mes recherches ont porté sur les aldéhydes primaires, éthylique, propy- lique, et sur l'acétone (aldéhyde isopropylique), type des aldéhydes secon- daires; j'ai procédé à la comparaison des aldéhydes primaires, homologues c. R., 1898, I" Semestre. (T. CXXVI, N° 10.) 87 ( ^r^ ) et isomères cnlre eux, à celle des aldéhydes primaires et secondaires, iso- mériques, ainsi qu'à celle des aldéhydes avec les alcools isomères. Je rat- tacherai à ces recherches certains dérivés élhérés, tels que le méthylal dimélhylique. Pour les corps précédenls, les réactions ont pu être poussées jusqu'à leur limite, en raison de l'état gazeux, ou gazéifiable, des systèmes. » Mais il m'a paru nécessaire de poursuivre l'étude comparative de la fixation de l'flzotesur les composés aldéliydiques, jusque sur les corps fixes ou peu volatils. Quoique cette étude n'ait pu être amenée, comme dans les cas précédents, jusqu'à la limite des réactions, en raison de l'état physique des corps expérimentés, elle n'en fournit pas moins des résultats intéres- sants. A ce point de vue, je citerai d'abord mes essais sur les dérivés condensés des aldéhydes, tels que l'aldol, le paraldéhyde, l'aldéhyde mé- thylique en dissolution, et le trioxyméthylène cristallisé ; ainsi que sur le furfurol, le camphre (aldéhyde campholique), l'aldéhyde benzylique (essence d'amandes amères), et la benzoïne qui en dérive par condensa- tion, l'aldéhyde cinnamique (essence de cannelle), l'aldéhyde salicylique à fonction complexe; enfin, le quinon, type des aldéhydes phénoliques. » Je rappellerai d'ailleurs que les composés azotés, formés dans ces diverses réactions, de même que les composés azotés dérivés des carbures et des alcools, sont des composés peu ou point volatils, c'est-à-dire des molécules condensées et généralement polyazotées. » Entrons dans les détails. A. ALDÉHYDES DE LA SÉRIE GRASSE. - SYSTÈMES GAZEUX. L — Aldéhyde étiiyliqie : C-H'O. » (1). C^ H' O -H Az-, à volumes gazeux sensiblement égaux (24"C-H''0 + 22<'%8 Az-); seize heures. Gaz initial C-H'O = ioo'<" Gaz final IP=25,8 Az'-=59,6 Ni C0^ ni CO, ni GH'. Az- absorbé = 35,4 » Rapports des éléments condensés : C^H^'^OAz»'". » (2). C^H''0 + i,5Az-, c'est-à-dire excès d'azote; dix-sept heures. Gaz initial C-II*0 ;= loo'»' Gaz final W=22,& Az^ absorbé = 4' jS ( 673 ; » Rapports des éléments condensés : C»H'."OAz»'' = . » La dose d'Az condensée est un peu plus forte. » Il y a séparation d'hydrogène aux dépens de la molécule aldcliydlque, sous deux formes : en partie à l'état libre, et en partie de façon à constituer, avec l'azote, les éléments de l'ammoniaque, dont dérive le composé amidé qui prend naissance. Les résidus ou radicaux constitutifs de ce composé sont, dès lors, moins hydrogénés que ceux de l'aldéhyde. » Prenons la moyenne des deux résultats précédents : soit » Cette formule peut être regardée comme la somme de celles de deux composés plus simples, dérivés, l'un de 2 molécules d'aldéhyde C^H'AzO- ou (C^H-.HO)(C='H.HO)(AzH^). hydrate de C-H.AzH-; l'autre de 3 molécules C«II"AzO' ou (C-HMIO)'(AzU-). hydrate de CH'.AzIP. » Le produit n'offre pas de réaction alcaline au tournesol. » Traité par l'acide chlorhydrique, il fournit un sel sol uble, très altérable. » (3). CH'O liquide, en excès notable, et azote (pour mémoire). En effet, c'est ici le lieu de rappeler l'expérience citée à la page 565 du présent Volume des Comptes rendus, dans laquelle figurent les produits de la dé- composition initiale de l'aldéhyde, précédant l'absorption de l'azote, tels que C=H'0 = CH^+ CO, réaction pyrogénée susceptible de se développer sous l'influence de la chaleur seule, dans des conditions nettes ('), et divers autres composés inégalement condensés. » Rappelons ici que l'éther glycolique, isomère de l'aldéhyde éthylique, pris sous le même poids, a absorbé 2 atomes d'azote, c'est-à-dire cinq fois autant que cet aldéhyde. (') Ann. de Cli. et de Phjs., 5° série, l. YI, p. 472; 1875. (674) II. — Aldéhyde propvlique primaire : C'H^O. ') (1). On a opéré avec un mélange d'azote et de vapeur d'aldéhyde propvlique, c'est-à-dire avec un grand excès d'azote (4''"' environ pour r°' de C=H«0). Gaz initial C3H"0 = ioo Gaz final H-^ = 43,6 CO' et CO 4 environ Az- absorbé 66,7 » Rapports des éléments condensés : C'H='"OAz'='% soit C»H"Az«0' ou 2lCMIMi0.(AzH^)] + [C'H.H0.(AzH-')-J. » Ces composés répondent aux dérivés de l'aldéhyde éthylique, mais avec une dose d'azote fixée presque triple pour une molécule. » Dans une autre expérience, faite avec l'aldéhyde propylique liquide, en présence d'un demi-atome d'azote seulement, tout l'azote a été absorbé : ce qui donne déjà un chiffre supérieur à l'aldéhyde éthylique. III- — ACÉTO.NE OU ALDÉHYDE PROPYLIQUE SECO^DAInE : OW'O. » (1). On a opéré avec un mélange d'azote et de vapeur d'acétone, c'est-à-dire avec un grand excès d'azote (près de ô'"' d'azote pour i ^"i C^H" O) : Gaz initial OirOr=ioo Gaz final H^-33,3 Az^ absorbé 89 » Rapports des éléments condensés : C'H^'^OAz'*, rapports voisins de (C^H-'Az-O)" ou [C'n.HO(AzH=)»]", avec perte de ~, attribuable à quelque composé secondaire. » On observe ici une dose d'azote absorbée encore supérieure, pour une molécule, à celle qu'absorbe, à poids égal, l'aldéhyde propylique primaire, et voisine de celle que doit absorber son isomère, l'élher propylglycolique (pseudoxyde de propylène); si l'on en juge d'après les analogies de l'éther du glycol. » Au contraire, l'alcool allylique, quatrième isomère de fonction diffé- rente, représenté aussi par la formule CMI'^O, absorbe seulement les deux ( (>75 ) tiers d'un atome d'azote; soit la moitié de ce que prend l'aldéhyde propv- lique normal, et le tiers environ de ce que prend l'acétone, sous le même poids moléculaire. » Ces relations méritent d'être notées; en tout cas. elles confirment les différences de constitution et de capacité de saturation existant entre ces isomères. » Donnons, comme complément, les résultats obtenus sur un dernier dérivé de la même fonction, susceptible d'être étudié à l'état gazeux comme les précédents : c'est l'éther de l'aldéhyde méthylique. IV. - Métiiylal dimêthylique: C^H'O^ — CH^O -i- 2CH*0 - ll^O. » (1). Mélhylal dimêthylique, sous forme gazeuse, avec excès d'azote (vingt-quatre heures). Gaz initial. . . C'IPO-:=ioo Gaz final (azole déduit) .. . 11'^= l^t^ Az2~3oo C02= 4,4 C0:= 2,2 Az- absorbé 128,9 » Rapport des éléments condensés (en négligeant les petites quantités dcCO-etCO): C3pi6,7Q2^^2,C o^, C»HMz%6H*0. » Ces formules brutes se rapportent aussi bien à des dérivés hydroxylés qu'à des hydrates proprement dits. » Observons que les rapports des trois premiers éléments sont voisins de l'unité; précisément comme dans les polyamines hydrogénées et hv- droxylées, dérivées du type de(CriAz)", que j'ai obtenues avec les mélanges d'oxyde de carbone, d'hydrogène et d'azote, soumis à l'action de l'effluve (ce Volume, p. 611 et6i5). On peut les représenter par un mélange en proportion inégale de deux composés de l'ordre : soit de l'hexaméthylène- tétramine (dérivée de l'aldéhyde méthvlique), C*H'-Az*; soit de la glyco- sine, CH'^Az'', etdela glyoxaline, G' H' Az", dérivées du glyoxal. Tel serait, pour préciser, le mélange suivant : 2C'IPAz^ + CH- Az". On pourrait encore admettre certaines aminés hydroxylées correspondantes. Dans tous les cas, l'un de ces corps répondrait aux deux molécules de l'alcool méthy- lique, l'autre à la molécule unique de l'aldéhyde méthylique génératrice. » Les expériences qui suivent sont moins complètes que les précédentes, ayant été exécutées sur des composés dont la tension de vapeur est trop ( (^7G) faible pour permettre d'atteindre la limile. Elles n'en conservent pas moins une valeur comparative. B. — DÉRIVÉS CONDENSÉS DES ALDÉHYDES DE LA SÉRIE GRASSE. » I. Aldol : C'IPO'. — Ce corps, employé en excès, a absorbé la totalité de l'azote mis en expérience. Les gaz dégagés étaient peu abondants; soit pour loo d'azote absorbé : H" = to; CO = 2,5; CO" =1,2. » On remarquera que la perte d'bydrogène est faible, et que tout l'oxy- gène demeure dans la matière condensée. )) II. Paraldéhyde, rectifié à point fixe : G" II" O'. — oS'", 7, c'esL-à-dire un excès (dix-huit heures). Tout l'azote a été absorbé, quoique l'absorption ait été lente. Pour 100 d'azote absorbe, on a trouvé : Gaz dégagés... W — Z-j; Cir':-ii; CO =r 5 ; CO^ ^^ i » III. Tnoxyméthylène cristallisé : C^ II" O'; en poudre. — Quelques déci- grammes. Az" absorbé : l^'^^ seulement. L'absorption se fait mal. Gaz dégagés très peu abondants. Pour 100 d'azote absorbé, on a trouvé : II- = 16; GO = 23; C0- = 3i. » IV. Dissolution de CH-0, à 60 pour 100. — o''*', 7 (dix-huit heures). Az- absorbé : 4*^^"^, 4 seulement. » Gaz dégagés, pour 100 d'azote absorbé : H== = 98; C0 = 2i; CO- = 70. C. — ALDÉHYDES APPARTENANT A DES SÉRIES MOINS HYDROGÉNÉES ET CYCLIQUES. » I. Camphre (aldéhyde campholique) : C"'H"'0; cristallisé; quelques décigrammes : i3™, i Az (dix-sept heures ). —Absorption à peu près totale, effectuée assez rapidement. Formation d'un composé alcalin. Aucun gaz dégagé en proportion sensible : ce qui est remarquable par comparaison avec les aldéhydes de la série grasse. » II. ^/c/e7!j'cZe ie«5//«'^ae (essence d'amandes amères) : G' IPO, liquide; o°%6 environ. — Absorption assez lente de i i",i d'azote. Traces d'hydro- gène dégagé (sans CO ni GO'), représentant seulement 4 pour 100 du vo- lume de l'azote absorbé. Le produit, chauffe avec de la chaux sodée, a dégagé une vapeur alcaline, exempte d'aniline. ( 677 ) » III. ^enzojne (aldéhyde benzylique condensé) : C'^ H'- O- cristallisé. — Absorption de l'azote très faible (2*^'', 3). Aucun gaz dégagé. » IV. Aldéhyde cinnamique pur : CH'O liquide; o^'', 3 environ. — Azote absorbé faible (2"=% 5). Gaz dégagés : CO-=o<='=, 5; CO = o''%i; H" =0,1. » V. Aldéhyde salicylique : C W^ O' , liquide; o^'', 65. — Azote absorbé faible (2", 8). Gaz dégagés : CO =1*'''; ni CO-, ni H sensible. » VI. Furfurol : C°H*0- pur, liquide; o^', 8. — L'absorption de l'azote se fait bien au début, puis elle se ralentit. Après vingt-quatre heures, elle s'élevait à lo"^*^, 7 seulement. » Gaz dégagés : CO = o'^'^,G; ni CO", ni H-, ni carbures. » VII. Quinon : C°}i''0'- cristallisé. — Quelques décigrammes (vingt- quatre heures), 8'"', 8Az absorbé. Gaz dégagés très faibles: H-^o*^", 5; CO = 0*^% I . » En somme, ces divers aldéhydes ou congénères, appartenant aux sé- ries cycliques, se distinguent des aldéhydes de la série grasse, parce qu'ils ne dégagent que peu ou point d'hydrogène. L'absorption de l'azote est notable avec l'aldéhyde campholique, le furfurol et le quinon. Ce sont là, d'ailleurs, des indications préliminaires. VIII. Glucose et dérivés. » (1). Le glucose, alcool-aldéhyde, C°H'-0°.H-0, a été placé, à l'état pulvérulent, dans un tube à effluve, avec de l'azote. L'absorption est lente et pénible; sans doute à cause de l'absence de tension gazeuse de ce com- posé. Cependant, quelques décigrammes ont absorbé 3""^, 4 d'azote, soit oB'', 004 environ ; en dégageant : H- = i <"', 7 ; CO = 0'^'=, 5 ; CO" = 0'''=, 9. » (2). Cellulose (papier Berzélius). — On a enroulé, sur le tube inté- rieur de l'éprouvetle à effluve, une bande pesant o^', 35G3, que l'on a légèrement humectée (huit heures). D'après le dosage de l'azote sur le produit, ce papier avait fixé oS'^,0068 d'azote. » La fixation est lente et pénible. Si l'intervalle gazeux entre les diélec- triques est plus notable, elle tombe à des chiffres excessivement faibles. Elle est accompagnée d'ailleurs par un commencement de décomposition de la matière. En effet, dans une expérience où le volume d'azote absorbé a été trouvé de i'=<=, 4, il s'est dégagé : IP = I'=^ 4 ; CO = o<=«, 2 ; C0= = i«, 4. M (3). Matière humiqae. — Obtenue par l'action de l'acide chlorhy- drique concentré sur le sucre. L'azote fixé n'a pas dépassé quelques dix- millièmes. (678 ) » (4). Même matière, oxydée et devenue jaune sous l'influence de la lumière et de l'air, prolongée pendant plusieurs années : o^"", 6 de matière, vingt-quatre heures. Azote absorbé : i"',o. Le dosage direct effetcué sur le produit (par la chaux sodée) a fourni 2 millièmes : ce qui concorde. )) Il résulte de ces expériences que la fixation de l'azote sur les hydrates de carbone et leurs dérivés condensés ne dépasserait pas certaines va- leurs. Je rappellerai ici mes anciens essais (Essai de Méc. chim., t. II, p. SSS-SqS), où des fixations du même ordre de grandeur sur les hydrates de carbone ont été réalisées : soit sous l'influence de fortes tensions élec- triques; soit sous l'influence de l'électricité atmosphérique normale; soit enfin sous l'influence de faibles tensions électriques (quelques volts), pro- longées pendant sept mois. M En résumé, sous l'influence de l'effluve électrique : M 1° Tous les aldéhydes étudiés ont fixé de l'azote, en formant des com- posés condensés, amides ou aminés, de l'ordre des dérivés ammoniacaux des aldéhydes, et spécialement des glycosines, glyoxalines et polyamines peu hydrogénées. » Cette fixation a lieu pareillement pour les aldéhydes primaires, pour les aldéhydes secondaires ou acétones, pour le quinon, aldéhyde dérivé des phénols, pour le camphre et pour le furfurol, aldéhydes d'un caractère spécial. » Elle porte généralement sur une forte dose d'azote, à l'exception peut- être des aldéhydes cinnamique et salicylique, dont la réaction est j^lus lente et, en apparence du moins, plus faible. » Les éthers aldéhydiques (méthylal diméthylique) fixent pareillement l'azote, sans doute par les résidus de leurs deux composants à la fois. )) Les polymères aldéhydiques, de fonctions diverses, fixent également l'azote : lentement et faiblement à la vérité, pour les polymères proprement dit, tels que le paraldéhyde et le trioxyméthylène ; d'une façon plus rapide et plus efficace pour l'aldol; mais non pour la benzoïne, dont la constitu- tion est pareille. Avec le glucose et ses dérivés cellulosiques, la fixation d'azote est également faible, en raison de la condensation de la molécule. » 2° La fixation de l'azote sur les aldéhydes ne provoque que des pertes d'hydrogène bien moins marquées qu'avec les carbures et les alcools correspondants. Par exemple, avec les aldéhydes éthyliques : un demi- atome environ; avec l'aldéhyde propylique primaire et secondaire : moins d'un atome; fort peu avec les polymères (aldol, paraldéhyde, etc.). Les aldéhydes des séries benzénique et campholiquc ne dégagent pas d'hydro- ( (^79 ) gène, ou des traces seulement. Avec les éLJiers aldéhydiques, la dose d'hy- drogène dégagé s'accroît, sans doute en raison de l'existence des résidus alcooliques dans la molécule. » Cette tendance à l'élimination de l'hvdrogène dans les aldéhydes, moins prononcée que dans les carbures et les alcools, s'explique si l'on observe que ces principes dérivent déjà des alcools par perte d'hydrogène, et qu'ils se rapprochent par là des carbures acétyléniques, C'U-""', et des carbures benzéniques, lesquels n'éliminent pas d'hydrogène en pro- portion sensible, sous l'influence de l'effluve. La relation à cet égard est d'autant plus directe que la déshydratation des aldéhydes de la série grasse engendre précisément les carbures C"H-"^-; l'acétone produisant l'aUylène, par exemple. » Si j'insiste sur ces relations, c'est parce qu'elles caractérisent la fixa- tion électrique de l'azote sur les diverses fonctions organiques. » 3° Les relations qui existent entre les composés isomères, au point de vue de la fixation électrique de l'azote, ont été signalées à mesure. Les aldéhydes fournissent, à cet égard, des termes de comparaison intéres- sants, tant pour les comjjosés de même fonction que pour les composés de fonction différente. » Pour la même fonction, on peut citer les deux aldéhydes propyliques, primaire et secondaire. Ils fixent des doses d'azote voisines, un peu plus fortes cependant pour l'aldéhyde secondaire : mais cette différence peut tenir à quelque formation secondaire. M Quanta l'influence de la polymérisation, elle ne peut être spécifiée au point de vue actuel, les limites n'ayant pas été atteintes. Cependant la tendance à fixer l'azole est certainement amoindrie. » La comparaison entre les aldéhydes et les composés isomères de fonction différente peut être précisée davantage. » Aldéhydes isomères avec les alcools. — Soient, par exemple, les aldé- hydes propyliques et l'alcool allylique. La fixation de l'azote sur les aldé- hydes est plus que double de celle qui a lieu sur l'alcool isomère : l'aptitude des aldéhydes à former une molécule saturée, par fixation d'hydrogène ou autrement, est ici manifeste. » Aldéhydes isomères avec les éthers des alcools diatomiques. — Te! est le cas de l'aldéhyde éthylique et de l'éther glycolique. Ici, au contraire, il y a prépondérance pour l'éther. Une molécule de ce corps fixe 2 atomes d'azole, tandis que l'aldéhyde n'en fixe qu'un tiers d'atome. Cette aptitude G. R., 1898, i" Semestre. (T. C\XVI, N- 10.) i^S ( G8o ) est liée à la tendance bien connue de l'éther glycolique à fixer presque immédiatement une molécule, soit d'eau, soit d'acide, etc. » Aldéhydes isomères avec des acides. — On pourrait citer l'aldéhyde sali- cylique, isomère avec l'acide benzoïque, CWO-. En fait, ce dernier paraît fixer l'azote plus vite. Mais l'expérience est incomplète, les limites n'ayant pas été atteintes. )) 4° Examinons maintenant les rapports spéciaux entre l'azote fixé et la formule des aldéhydes fixateurs. » Une molécule d'aldéhyde éthylicpie fixe un peu moins d'un atome d'azote; tandis qu'une molécule d'aldéhyde propylique primaire et une molécule d'aldéhyde propylique secondaire en fixent trois fois autant. » Cette moindre aptitude fixatrice d'azote, observée dans l'aldéhyde élliylique, comparée à son homologue supérieur, doit être rapprochée de l'inégalité analogue constatée entre le formène et les carbures élhyléniques ou propvliques, aussi bien qu'entre l'alcool méthylique et les alcools ho- mologues supérieurs. Elle tendrait à établir que l'aldéhyde éthylique se comporte à cet égard comme un dérivé forménique ■ peut-être parce qu'il se dédouble d'abord, au moins en partie, en formène et oxyde de carbone, avant d'absorber l'azote, ainsi que je l'ai montré précédemment (ce Vo- lume, p. 565). » Avec le dérivé alcoolique du méthylal, la fixation de l'azote tend, au contraire, à avoir lieu à atomes égaux par rapport au carbone, c'est-à-dire à dose plus forte que pour la somme des composants isolés, et à la façon de l'éther glycolique. « On voit par là combien les problèmes relatifs aux actions électriques de l'effluve se multiplient, à mesure que l'on aborde des composés suscep- tibles de transformations plus délicates et plus nombreuses. » Une autre remarque très importante ressort de la comparaison des aldéhydes avec leurs polymères et dérivés condensés : c'est que, dans cet ordre de composés, la dose d'azote fixée sur une molécule diminue à me- sure que cette molécule est plus condensée. C'est à cause de cette règle que les hydrates de carbone fixent sous un môme poids des proportions d'azote si faibles et qui diminuent encore dans leurs dérivés humiques. Il en est de même, en général, des composés à molécule très élevée. Aussi pour opérer les fixations électriques d'azole, doit-on s'adresser de prélé- rence aux corps qui dérivent des séries les plus simples. » (68i ) CHIMIE ORGANIQUE. — Actions chimiques de V effluve . Acides organiques et azote; par M. Berthelot. « Les réactions de l'effluve électrique sur les acides organiques méritent une attention particulière : d'abord en raison de la présence de l'oxygène en dose considérable, dans la constitution des acides, et de la tendance de cet élément à être éliminé sous forme d'acide carbonique, d'oxyde de car- bone; et plus spécialement en raison de la fonction de ces principes, qui tend à déterminer, aux dépens de l'azote libre, la formation des composés dérivés de l'ammoniaque et sels amides. » Il est facile de constater ces formations par le procédé suivant : après réaction, on traite le contenu des éprouvettes par une petite quantité d'eau froide, on filtre la liqueur et l'on verse le produit dans un vase à fond plat; on prend quelques grains de chaux sodée, constatée exemple de toute trace d'azote par des dosages rigoureux; on les projette dans la liqueur, en évitant toute élévation sensible de température. Cela fait, on place sur le vase une petite plaque de verre ou de bois, au centre de laquelle on a fixé et tenu suspendue une petite bande de papier de tournesol rouge, préala- blement humectée. Pour peu que la liqueur contienne des sels ammoniacaux, la bande bleuit en quelques minutes. Si la liqueur est riche en ammoniaque, il est facile d'en sentir l'odeur. Avec certains composés amidis, il faut quelques heures; tandis que les amides plus stables et les alcalamides ne développent ni odeur ni réaction sur le tournesol. Mais, en évaporant une portion de la liqueur initiale à sec, avec précau- tion, puis en calcinant le résidu tantôt seul, tantôt avec addition de chaux sodée, on développe par décomposition des alcalis p3'rogénés et de l'ammoniaque. La même calcination doit être essayée sur les matières insolubles dans l'eau, susceptibles de demeurer à la surface des tubes et éprouvettes soumis à l'action de l'effluve, et les produits pyrogénés doivent être soumis à divers essais, appropriés à la nature des alcalis pyrogénés que l'on se propose de recliercher. Ces essais sont délicats, en raison de la petite quantité de matière sur laquelle on opère. )) Voici quels sont les acides sur lesquels j'ai expérimenté : » 1° ^aV/e5 e'o/aZ^Ts, tels que les acides formique, acétique, propionique, pesés dans de petites ampoules et mis en présence de l'azote. Ce sont les seuls systèmes dont les réactions sur l'azote aient pu être poussées jusqu'à leur limite. » 1° J'ai également exaiuiné la limite de réaction de l'azote sur quelques éthers volatils, dérivés des acides précédents : éthers luéthylformique, éthylformique, méthylacétique. » Les résultats ainsi obtenus ne portant que sur un nombre trop limité ( 682 ) d'acides, j'ai dû examiner la fixation de l'azote sur les principales classes d'acides organiques, à la vérité d'une façon essentiellement qualitative, l'état physique de ces acides, pour la plupart cristallisés, ne permettant pas d'atteindre les limites. A. — ACIDES MONOBASIQUES. I. -- Acide acétique: OW'O^. » (1). C-H'0=' pur = os^o466; Az- = 20'=^ 1 5. — Vingt-qualre heures. Gaz final 1 ^^, __ ,^ , . , ,, . , ., o ; I CO^— 2'^%q; C0 = i,2; H = i,o; (mêmes /i el t, a ou le poids est tacile > . „ , , , ^ . ,., • s ( Az^ absorbé = 12=% 35. a cleduire). | » Le produit condensé, traité par l'eau, fournit une dissolution effer- vescente à froid et contenant une dose notable d'azotite d'ammoniaque. >) I! apport des éléments condensés : C^H'O^ + Az'*- â _ Çœ _ CO 12 12 20 « (2). C»H''0^=oe%o549;Az = i4'=%i. Gaz final CO==2'=%3; G0 = i,2; H-=o,2. » Rapport des éléments condensés : C^H*0=+-Az''- 11- ^_^. 00 12 24 » La moyenne de ces deux déterminations répondrait sensiblement à «[C=0(AzH=)]--l-2n(|AzO=.AzH*H-fH-0). » Le rapport atomique entre le carbone et l'azote (en mettant à part l'azotite d'ammoniaque) est sensiblement le même que pour l'alcool élhy- lique, générateur de l'acide acétique. Ce rapport répondrait à un dérivé amidé ou aminé, formé par substitution dans une molécule(C-HO)-. C'est- à-dire que le dérivé serait engendré par déshydratation au moyen de l'am- moniaque et d'un générateur oxygéué(C* FPO')", congénère du glyoxal. Il se rattacherait en outre à l'hydrate du sous-oxyde de carbone C^O^, formé sous l'influence de l'effluve au moyen de l'oxyde de carbone. Tous ces composés, de même origine, se trouvent ainsi mis en relation. ( 683 ) II. Acide propionique : C'H'O^. C'H''0'pur = o8%o545. Az=i9'=S8. Gaz final CO^=o,4; CO = o,3; H2=2,o. Réduit aux mêmes h el t. Az' absorbé i4",6 calculé en poids d'après h et t. » Rapport des éléments : C'H*'0=-t-Az''^ - 5. ■ 5 » Le produit est sensiblement neutre. Traité par l'eau, il fournit une liqueur effervescente, renfermant de l'azotite d'ammoniaque. Il répondrait à la formule 7?[C'H=0(AzH=)]2+27i(iAzO=.AzH* + ^H=0), c'est-à-dire à un composé amidé, homologue du dérivé acétique. » Le rapport atomique du carboneetde l'azote (indépendamment de l'azo- tite d'ammoniaque) est le même que pour les dérivés des deux alcools pro- pyliques. Il répondrait à un dérivé amidé par substitution d'une molécule (C'H'O)-, homologue de (C-HO)^, qui engendre le dérivé acétique. Ce corps lui-même serait engendré par déshydratation au moyen de l'ammo- niaque et d'un générateur oxygéné (CIPO''), homologue du précé- dent (CH^O*). Toutes ces relations sont régulières. III. Acide formique : CH-0^. » (1). CH'O^ pur = os^o45I; Az = I8^^5. — Vingt-quatre heures. Gaz final (mêmes A et <)• • ■ • CO^;^9«,4; C0 = 3", 2 ; H^ — i",i Az^ absorbé i"^"^, 75 » Rapports des éléments condensés : C0.',CJJ1,90O'.û<^2»'°. ). SoitCH^'O^^Az»" ouCO'"Az''^= + 2,o5H2 0, c'est-à-dire C«H^O'(AzH=')2+2H^O. ( 684 ) » Ce produit est bien plus pauvre en azote que les dérivés acétique et propionique, sans doule à cause du peu de stabilité de la molécule for- mique. En outre, il est remarquable que les réactions ne soient pas ici les mêmes que celles du syslème équivalent: CO* + H- + Az-. Ceci indique que la réaction électrique a perte, tout d'abord, sur la molécule formique elle-même. C'est ce que confirme l'expérience suivante, arrêtée après quelque temps : )) (2). CH-0- = osr,65: Az=.II<■^5. Gaz dégagés CO'- = ^^%g; CO = io'^'-,3; H2i=5'-si Az absorbé nul » Ainsi, l'absorption de l'azote s'accomplit plus lentement que la dé- composition propre de l'acide formique. Aux débuts, deux réactions simoles se développent simultanément, je veux dire : i" la décomposition propre de l'acide formique en oxyde de carbone et eau CH^0==-C0-hH2 0; décomposition prédominante à ce moment, et qui est également le premier terme de la décomposition pyrogénée de l'acide formique, opérée à la température la plus basse possible, d'après mes anciennes expé- riences ; » 2" La décomposition de l'acide formique en acide carbonique et hydro- gène CtPO= = CO'H-H% décomposition que la chaleur produit à une température plus haute ('). » Puis, l'action de l'effluve se poursuivant, l'hydrogène demeure fixé sur les corps condensés consécutivement engendrés; de préférence à l'oxy- gène, dont la moitié environ se trouve dégagée à la fin, sous forme gazeuse, unie à la moitié du carbone de l'acide formique initial; tandis que presque tout l'hydrogène reste dans le produit fixe; en grande partie, sans doute, à l'état d'eau. En raison de cette fixation, l'hydrogène des produits con- densés a perdu la faculté d'exercer des actions ultérieures sur les gaz : ce qui explique pourquoi les produits finaux ne sont pas ici les mêmes que dans le cas où l'on fait agir l'effluve sur un mélange équivalent d'acide carbonique et d'hydrogène. Ces différences tiennent à la vitesse inégale des réactions et à l'hétérogénéité des systèmes. (') Cf. Essai de Mécanujue chimique, t. II, p. 58. ( G85 ) » Sans entrer plus avant dans cette discussion, nous nous bornerons à observer que, dans la série des acides C"H-"0^, comme dans beaucoup d'autres, le premier terme se comporte d'une façon différente du suivant. » Voici maintenant des expériences faites sur les éthers des acides pré- cédents. » IV. Éther mèthylformique : C-H"0- ou CH'.CHO^ - Élhcr mélhyl- formique gazeux et 2 volumes d'azote; vingt-quatre heures : Gaz initial C-Il'0-=::; loo Gaz final IPn^ i ,5 Az^rzigG (Azote déduit). 00^=: i8,5 COz= 10,8. Az' absorbé -rz iSa » Les deux tiers du carbone de l'acide forniique combiné sont ici dé- gagés sous forme d'acide carbonique et d'oxyde de carbone, le surplus ayant été réduit par l'hydrogène : phénomène analogue à ceux que présente l'acide formique libre. Cela tend à ramener la dernière réaction à celle de l'hydrogène sur les oxydes de carbone. » L'absorption de l'azote se décompose ainsi en plusieurs actions dis- tinctes : l'une relative à la combinaison de cet élément avec le résidu mé- thylique, l'autre à sa combinaison partielle avec les résidus formiques. Le résultat total répond, on le voit, à l'absorption de 3 atomes d'azote par une molécule d'éther, dans les conditions de l'expérience. M En tout cas, ces résultats diffèrent extrêmement de ceux observés avec l'acide acétique isomère. » V. Éther méthylacélique: cm^O- on (:iP.C-R^O\— i volume d'éther gazeux -1- 4> 5 volumes d'azote : vingt-quatre heures. 100 volumes d'éther gazeux ont fourni : H^ 48,8 GO 16,3 CO^ 9,3 Az^ absoi'bé 72,1 » Rapports des éléments condensés : Q2.-5H3 0''«'Az''" ou CHP'''0'Az''". » Pour I atome d'hydrogène éliminé, il y a \ d'atome de carbone et ^ d'atome d'oxygène séparés : relations voisines de^CH'O détruit pour son propre compte. » La fixation d'azote se retrouve ici, avec la proportion considérable ( 686 ) observée pour l'acide acétique "et pour l'alcool méthylique. Mais il paraît superflu de discuter de plus près cette réaction, où doivent concourir deux ordres de dérivés, répondant : les uns à l'alcool, qui absorbe seul ^ atome d'azote; les autres à l'acide générateur, qui absorbe i atome d'azote pour son propre compte. » Il est remarquable que les rapports des éléments condensés soient presque les mêmes que pour l'acide propionique (CH'-'O-Az'*'), isomère avec l'éther méthvlacétique. Toutefois c'est là une coïncidence accidentelle; car l'acide propionique ne perd que des traces de gaz par l'action de l'effluve, tandis que l'éther isomère dégage des volumes considérables d'hy- drogène, d'acide carbonique et d'oxyde de carbone : il y a identité appro- chée entre la composition des gaz dégagés et celle du résidu. » La dose d'azote absorbé est également considérable, mais tout autre- ment distribuée; attendu qu'elle se porte sur les résidus méthylique et acé- tique, dans le cas de l'éther méthylacétique; tandis que, dans le cas de l'acide propionique, elle s'unit à la fois aux éléments de cet acide et à ceux de l'eau qui en dérive. » Arrivons aux acides peu ou point volatils, presque tous solides, sur lesquels j'ai étudié l'absorption de l'azote. J'exposerai brièvement les résul- tats obtenus. B. - ACIDES MONOBASIQUES A FONCTION SIMPLE. » I. Acide crotonique : C''H°0- cristallisé. Quelques décigrammes (vingt- quatre heures). Az = i5'"',2. — Tout l'azote a été absorbé. Il s'est dégagé seulement II" = o"^,4; CO = o'^*,!. » Réaction analogue qualitativement à celle des acides acétique et propionique. » II. Acide henzo'ique : C'H*0- cristallisé. Quelques décigrammes (vingt-quatre heures). Az = i3",7. — 4"',6 Az, soit o^'", 06 environ, ont été absorbés. Aucun gaz dégagé. C. - ACIDES BIBASIQUES A FONCTION SIMPLE. » III. Acide succinique : C^H'O' cristallisé. Quelques décigrammes (vingt-quatre heures). — io'"^,6 azote absorbe; soit oK',oi3 environ. ). Gaz dégagé : IF = 8<-<-,8; fli C0% ni CO. » Cet acide offre quelque tendance à perdre de l'hydrogène. (687 ) » IV. Acide maléique : ÇMVO'' cristallisé, dur et compact. Az = 12^,9 (vingl-quatre heures). — Az absoibé = 3'^'^,9. G;iz dégagés- H":=o,;'); C0== 1,0; CO = 7,3. » V. Acide fumarique : C*H*0^ (vingt-quatre heures). — Absorption d'azote nulle. W = 0,7 ; ni CO*, ni CO. » Les deux acides isomères C*H*0^ offrent, à l'égard de l'effluve, une différence marquée, l'acide fumarique étant à peu près inaltérable dans les conditions de ces essais. » L'inactivité de l'acide fumarique semble liée à sa constitution phy- sique, c'est-à-dire à sa cohésion toute spéciale, qui paraît résulter d'une véritable condensation polymcrique. A ce titre, il ne doit guère absorber d'azote. On sait qu'il est le type de toute une série d'acides âilsfumaroïdes. Au contraire, l'acide maléique absorbe l'azote, lentement à la vérité; mais il fournit une dose notable d'oxyde de carbone; ceci le rapproche de l'acide formique. Ni l'un ni l'autre ne dégagent d'hydrogène notable. » VI. Acide phialique (ortho) : C'irO''. — Gaz dégagés : H" = o'^%3; CO = o",'i; C0-= o'=S2. » Pas d'azote absorbé ; dégagement de gaz presque insensible. » VU. Acide camphorique : C'^H'^O^ — Az- ^ iS*^"^, 35 (vingt-quatre heures). — Pas de gaz dég.igé. Azote absorbé = 6'''^, 85. » Ceci accuse la différence de constitution avec l'acide de la série benzé- nique qui précède. D. — ACIDES ALCOOLS. » Vlll. Acide glycoUlque crislallisé : C-H'O''. Quelques décigi'ammes. Az-' = 16", 75 (vingt-quatre heures). — Gaz dégagés: H^ = o'"=,7; CO^ = 6'^<',8; C0 = 3*^*^,3. Azote absorbé = S*^*^, 25. )) La fraction décomposée répond à 2CO- + GO H — —; d'où il résulte que le composé produit est plus riche en hydrogène que l'acide glyco- lique, ce dernier n'ayant j)our ainsi dire pas perdu cet élément. Pour CO- dégagé, il s'est fixé f Az-. » IX. Acide lactique liquide : CH^O'. — Âz= = ao'^'^O. Gaz dégagés H = :zr2,3; CO = 1 , 2 ; C0'=2,i, Az2 fixé 8<'«,6; soit oS'', 01 1 environ. » L'acide lactique n'a perdu que de petites quantités d'hydrogène, comme l'acide glycoUique. L'azote fixé est notable; d'autant que la limite n'était pas atteinte. C. R., 1898, I" Semestre. (T. CWVI, N'« 10.) 89 ( 688 ) » X. Acide malique (bibasique; alcool): C'H°0* (un peu humide). Az = iG*^'=,6. Gaz dégagés H°:=j,5; CO=:o,4, Âz^ fixé 7", 5 ou oS'', 009 environ. » La fixation d'azole a élc comparable à celle de l'acide succinique. Les gaz dégagés, insignifiants. M XL Jcide tartrique (bibasique; dialcool) : C H» O' ; pulvérisé. Az-=i8«,7. Gazdégagés H'==6,3; CO=o,4; C0'-i,6, Az^ absorbé ^'^^',^■ » Observations analogues, sauf un peu plus d'hydrogène dégagé. » XIL Acides oxybenzoïques : CH^O^ »3 Ortho (salicyliquc). Para. Meta. Gazdégagé nul IP =: 2«,5 ; CO = o,3;C0'r= 2'^S2 H^rir 0,2. Pas de CO Az' absorbé 2^,9 H^— 2'^S5 H2=:o«,5 » Les gaz dégagés sont insignifiants; l'azote absorbé faible, surtout avec l'acide meta. E. — ACIDES A FONCTION COMPLEXE. » XIIL Acide pjruvique : C'IL'O' sirupeux. — Az = 12'''', 2. Gaz dégagés H^=2^So; C0- = i",9; CO = io'=s8 Az' absorbé 7"j9; soit os^oio environ » Cette absorption est notable. )) On doit remarquer le dégagement notable d'oxyde de carbone, lequel rapproche l'acide pyruvique : d'une part, de l'acide formique; d'autre part, de l'acide maléique et de l'acétone. » XIV. Acide lévuUque : C'H'O' cristallisé. — Az- = 20", i. Gazdégagés H^rC^--.^; C0=i<^%7; C02=ri",35 Az' absorbé 16", 5 » Cet acide absorbe assez énergiquement l'azote, à la façon de l'acide propionique. Les gaz dégagés, insignifiants. » XV. Acide déhydracétique : C^WO'' crï?,ia.\\'\sé. — Az- = 19'^'', 8. Gaz dégagés CO = o'', 2 ; ni CO^ ni H' Az' absorbé 5«,6 ( 6^9 ) » XVI. Acide {ou éther)élhyIacétoacéli(]ue : C'WO^ -=C'W{C'U.^O'), liquide. — Az = 14"". 9! vingt-quatre heures. » Il se dégage au début des gaz, qui se résorbent ensuite. Gaz dégagé à la fin IP = 2", 3 Az^ absorbé 9". 6 )) L'absorption de l'azote est notable. » J'ajouterai ici les résultats de quelques essais exécutés sur un mé- lange d'éthers à formule élevée, dérivés de la glycérine et des acides gras (je veux dire sur l'huile d'olive), que j'ai soumis à l'action de l'effluve, en présence de l'azote; expérience intéressante en raison de l'existence des corps gras chez les êtres vivants. » Huile d'olive. — iK'',o environ et azote; vingt-quatre heures. Gaz dé- gages : CO^ o-, I H' I", I Az fiN-é o«, 4 ; soit o?'-, ooo5 » D'après dosage direct sur l'huile recueillie au moyen de l'éther : o^^gooG. Sur le tube intérieur de l'éprouvelte à effluves, il s'est formé une matière blanche, gélatineuse, insoluble dans l'élher et dans l'alcool. Son poids s'élevait à os^oaS environ. Elle contenait une proportion d'azote sensible; mais le poids de la matière condensée était trop faible pour permettre un dosage. La formation de ce produit singulier de polymérisation électrique mérite d'être notée. )) On remarquera que la molécule de trioléine (mêlée de tripalmitine, etc.), contenue dans l'huile d'olive, ne fixe l'azote qu'en dose extrêmement faible. Ceci s'accorde avec les observations précédentes, d'après lesquelles le poids de l'azote fixé, en centièmes, diminue, se trouvant en raison inverse de la grandeur de la molécule du corps sur lequel l'azote est condensé. M En résumé : » i" Les acides organiques en général fixent de l'azote, de même que les alcools, les aldéhydes et les carbiu-es d'hydrogène. « 2" Dans le cas des acides, cette fixation s'effectue avec des pertes d'hy- drogène nulles, ou relativement très petites; la présence de l'oxygène ten- dant à maintenir ces éléments fixés soit dans la molécule, soit à l'état d'eau. CetLe tendance était déjà plus manifeste dans les aldéhydes que dans les alcools. Elle devient caractéristique pour les acides. » Au point de vue de la séparation de l'hydrogène libre, les acides orga- ( 690) niques pointaient donc être envisagés, pour la plupart, comme représentés par l'aflflilion des éléments de l'eau, tant avec des carbures pauvres en hy- drogène qu'avec le carbone lui-même C"H^"0= = C"H="-''-f-2H^O. » Cette représentation n'exprime en aucune façon une constitution pro- prement dite, mais simplement des limites d'équilibre, entre les systèmes d'éléments soumis aux réactions de l'effluve. » 3° Une molécule d'acide a fixé un atome et demi environ d'azote, dans le cas des acides acétique et propionique; la limite relative aux acides à molécules plus élevées n'ayant pas été déterminée. » Mais cette fixation s'est trouvée partao;ée en deux réactions distinctes, un seul atome d'azote paraissant fixé réellement sur le composé carboné, tandis que le surplus est uni à l'eau formée simultanément, pour constituer de l'azotite d'ammoniaque. » L'acide formique, premier terme de la série des acides organiques, se comporte différemment; attendu que ce composé peu stable éprouve d'abord, sous Puifluence de l'effluve, une décomposition propre, la fixation de l'azote ayant lieu plus lentement et comme par une action secondaire. » ]ies divers acides monobasiques et bibasiques, à fonction simple et à fonction complexe, fixent également l'azote; mais avec des vitesses inégales, dépendantes à la fois de leur constitution et de leur état physique. L'acide fumarique seul n'a donné lieu à aucune absorption sensible, dans l'espace de temps consacré à l'expérience. )> 4° En général l'oxygène demeure en totalité, ou sensiblement, fixé dans les composés solides ou liquides (parfois à l'état d'eau); c'est-à-dire qu'il ne se produit que des quantités nulles, ou presque nulles, d'oxyde de carbone et d'acide carbonique. Cependant les acides formique, maleique, et pyruvique font exception, en dégageant des doses notables d'oxyde de carbone; de même l'acide glycollique dégage de l'acide carbonique. Ces produits répondent à des constitutions spéciales, faciles d'ailleurs à définir pour le cas de l'acide formique. » 5° Les éthers formiques contrastent avec l'acide formique, par l'ab- sorption d'une dose plus considérable d'azote; ils dégagent également de l'acide carbonique et de l'oxyde de carbone. Ces résultats s'expliquent par l'existence de deux ordres de réactions simultanées, portant sur les deux générateurs de ces éthers. » De même l'élher mélhylacétique, dont il convient de rapprocher les ( 69^ ) réactions des transformations propres de l'alcool et de l'acide générateur. )) G° Soit maintenant la comparaison des corps isomères. On remar- quera la grande différence entre les acides maléique et fnmarique, C^ H*0*, comme stabilité et comme aptitude à fixer l'azote. Je ne sais si les formules actuellement en honneur rendent bien compte de ces différences. » Les trois acides oxybenzoïques se comportent aussi d'une façon sen- siblement différente. » L'aldéhyde salicylique et l'acide benzoïque se comportent également autrement. » Il est plus facile de rendre compte des différences qui existent entre les réactions des isomères de fonctions différentes, tels que l'éther méthyl- formique comparé à l'acide acétique, et les éthers éthylformique et mé- thylacétique comparés à l'acide propionique. En effet, ces différences résultent, ainsi qu'il a été dit, de l'existence de deux groupes de réactions, exercées presque indépendamment sur les deux générateurs des éthers composés. » Dans la suite des ex|3ériences présentées jusqu'ici, j'ai passé en revue les principaux groupes de composés oxygénés et leur aptitude à se com- biner avec l'azote sous l'influence de l'effluve électrique. Je vais mainte- nant examiner les réactions de ce même azote sur les composés azotés eux- mêmes, réactions qui établissent la qualité de polyamines et polyamides des dérivés électriques et par là achèvent de caractériser ce mode nouveau de combinaison et de synthèse. » CHIMIE GÉNÉRALE. — Observations relatives à l'action chimique de l'ejjluve sur les diélectriques liquides; par M. BEnriiELOT. « En poursuivant mes recherches relatives à l'action de l'effluve élec- trique sur les systèmes mixtes, formés de gaz et de liquides, j'ai été con- duit à faire quelques essais sur l'action du même agent, intervenant en pré- sence de systèmes complètement liquides. Je me suis occupé des composés organiques, lesquels à l'état pur sont de mauvais conducteurs de l'élec- tricité, et interviennent dés lors comme diélectriques, dont la résistance est comparable à celle du verre lui-même. J'ai eu soin d'ailleurs d'opérer avec des tensions insuffisantes pour produire au sein du liquide même des étincelles; l'action de celles-ci donnant lieu aux complications attribuables à un développement de hautes températures. J'ai employé le système ordi- ( 692 ) naire de mes tubes concentriques, l'électricité étant amenée à l'aide de conducteurs liquides (acide sulfurique étendu) sur les parois de verre opposées, qui limitent, de part et d'autre, l'espace annulaire ou je me pro- posais de produire un phénoinéne chimique. J'avais soin de disposer les conducteurs, de façon que la décharge ne pût traverser le mercure situé à la partie inférieure des appareils. Dans ces conditions, la dose d'électricité qui traverse réellement le liquide influencé est très faible. Pour produire des effets plus prononcés, il faudrait sans doute s'arranger pour obtenir un débit plus considérable à travers le diélectrique, sans trop accroître la tension; j'y reviendrai. Mais il me paraît utile de signaler dès à présent mes premiers essais, à cause des conséquences qui en résul- tent pour l'interprétation des réactions chimiques produites sous l'influence de l'effluve; ces réactions se développant surtout dans le cours des mou- vements rapides et étendus, provoqués dans les systèmes gazeux, par l'effet des décharges qui ont lieu entre les molécules de semblables systèmes. » Je me bornerai à citer les résultats observés avec l'alcool absolu, l'essence de térébenthine et l'huile d'olive. Ces liquides remplissaient la totalité de l'espace annulaire, sans la moindre bulle de gaz, du moins à l'origine. La clôture inférieure était constituée par le mercure de la cuve. » 1. Térébenthine. — J'ai opéré avec l'essence, desséchée avec soin par son contact avec la potasse, et rectifiée à température fixe quelques instants avant l'expérience; afin de prévenir tout commencement d'alté- ration sous l'influence de l'air. L'action de l'effluve a été mise en œuvre dans les conditions ordinaires de mes autres essais et prolongée vingt-quatre heures. Les tubes sont lumineux dans l'obscurité. Il ne s'est développé aucun gaz, l'élévation de température du liquide étant faible dans ces conditions. A la fin le liquide n'était pas coloré. Il a été extrait de l'appa- reil et rectifié aussitôt, dans une cornue de petites dimensions, en évitant autant que possible l'action de l'air. X/essence était en majeure partie inaltérée. Cependant, j'ai isolé 3 centièmes de ditérébenthèue, c'est-à-dire d'un polymère. )) Comme contrôle, j'ai cru utile de rectifier la même quantité du même échantillon de térébenthène (déjà purifié comme plus haut), dans le même appareil et dans des conditions de poids, de temps, de chauffage aussi semblables que possible. Malgré ces précautions, il s'est formé un centième environ de ditérébenthèue, par l'action de la chaleur seule. Cette proportion étant beaucoup plus faible que celle observée sur le pro- duit qui avait subi l'action de l'effluve, il est permis d'en conclure que la ( (^93 ) polymérisation du carbure, si nette en présence de 1 azote ou de l'hydro- gène gazeux, se produit même sur le carbure liquide et pur, sous l'influence prolongée de l'effluve. » 2. TJuile d'olive. — Cette huile, soumise à l'action prolongée de l'effluve électrique dans les mêmes conditions, éprouve également une altération, faible à la vérité, et qui se manifeste par la formation d'une couche de ma- tière noirâtre, sur la paroi du tube de verre intérieur. Celte matière est inso- luble dans l'éther, dans l'huile et dans tous les dissolvants; elle résulte évidemment d'une condensation polymérique. Une matière analogue, blanche et gélatineuse, se développe lorsque l'on fait réagir l'huile d'olive et l'azote dans les tubes à effluve, ainsi que je l'ai dit ailleurs. « .3. Alcool absolu. — L'alcool, soumis aux mêmes épreuves, ne donne lieu à aucun phénomène spécial pendant les premières heures. Cependant, à la longue, il s'y développe des gaz. En opérant sur lo'^'^ d'alcool liquide, j'ai obtenu, après vingt-quatre heures d'effluve, 34'^'= de gaz. D'aptes analyse et après élimination de la vapeur d'alcool, ce gaz a été trouvé formé de la façon suivante : Hydrogène H-=: 3o'^", i Elhane CZ-H" = 3",9 M Le liquide a été l'objet d'un examen spécial. Il réduisait l'azotate d'ar- gent ammoniacal (aldéhyde et corps congénères). On l'a distillé; les pre- mières gouttes contiennent en effet de l'aldéhyde. Le thermomètre est resté stationnaire presque tout le temps, au point d'ébullition de l'alcool; mais à la fin, il est resté une goutte huileuse, jaunâtre, constituée en grande partie par l'huile devin. C'était sans doute, comme d'ordinaire, un carbure moins hydrogéné qu'il ne conviendrait à la formule CH"". » La proportion en était trop faible pour permettre une étude spéciale. Ce carbure était précipité par l'eau dans le résidu de la distillation, et la portion aqueuse soluble dans l'eau exerçait quelque action réductrice, faible d'ailleurs, sur l'azotate d'argent ammoniacal : il s'agit probablement d'un dérivé polymère de l'aldéhyde, que l'on observait simultanément. L'aldéhyde et l'huile de vin sont en effet des composés moins riches en hydrogène que l'alcool primitif, et complémentaires du dégagement d'hy- drogène libre et d'éthane, signalé plus haut. » D'après le volume des gaz recueillis, un centième environ de l'alcool mis en expérience avait été décomposé. ( 694 ) 1) Ces résultats montrent que l'efflnve agit sur les liquides organiques, comme sur les gaz, en produisant des polvmcrisations et des séparations d'hydrogène. Mais l'action est bien plus lente et plus pénible, en raison du défaut de conductibilité générale et de mobilité particulière des liquides mis en présence. » CHIMIE MINÉRALE. — Action du sulfale de chaux sur quelques sels haloïdes alcalins. Note de M. A. Ditte. « D'après les anciennes lois de BerthoUet, l'addition d'un sulfate alcalin à une dissolution de chlorure de calcium doit donner lieu à la formation d'un précipité de sulfate de chaux peu soluble et d'un chlorure alcalin; c'est en effet ce qui se produit dans des liqueurs concentrées; mais si l'on en- visage les quantités de chaleur mises enjeu dans la réaction, effectuée avec des liqueurs très étendues, on s'aperçoit que celle-ci est faiblement endo- thermique [— o^^',9] et, quand il en est ainsi, c'est le sulfate de chaux qui doit décomposer le chlorure de potassium. » Pour reconnaître qu'il en est bien ainsi, examinons tout d'abord l'action que le sulfate de potasse et le chlorure de calcium exercent l'un sur l'autre en présence d'une certaine quantité de chlorure de potassium. Si la proportion de chlorure calcique reste au-dessous d'une certaine limite, on n'observe rien, même au bout de plusieurs jours, mais au delà de cette limite, on voit se déposer des aiguilles minces, fines, brillantes, dont le nombre augmente à mesure qu'on ajoute davantage de chlorure de calcium. Elles sont constituées par un sel double SO^ CaO, SO'K-0, 4H-0 que j'ai décrit autrefois (^Comptes rendus, t. LXXXIV, p. 86) comme se produisant quand on met du sulfate de chaux en contact avec une solution de sulfate de potasse mélangée d'acide sulfurique. On comprend que la chaleur de formation de ce sel joue un rôle considérable dans une réaction presque thermiquement indifférente, dont le signe thermique peut se trouver changé par l'intervention d'une quantité même très faible de chaleur. Le sulfate double donne très facilement des solutions sursaturées de sorte qu'on doit agiter fréquemment les liqueurs et attendre parfois plusieurs jours avant que le dépôt d'aiguilles soit complet et que la liqueur ait atteint sa composition définitive. )) Si, tenant compte de cette particularité, l'on détermine la compo- ( 695 ) sition de la liqueur, une fois l'équilibre atteint, avant chaque addition nou- velle de chlorure de calcium, on constate que plus il y a de chaux dissoyte, moins il reste d'acide sulfurique, et inversement. Voici, comme exemple, les résultats obtenus à 2^° avec une solution renfermant lao^"" de chlorure de potassium par litre d'eau : Chlorure Acide sulfurique de potassium total. Chaux. initial. 24,6 0,3 120 6,4 1,8 » 5,5 2,3 » 4,4 2,7 » 3,6 3,6 » 2,9. 5,1 » 2,5 7,3 » 0,0 io5 ,3 » )) Ainsi, quand on met du sulfate de potasse et du chlorure de calcium dans une dissolution de chlorure de potassium, il se forme du chlorure de potassium et du sulfate de chaux; le sulfate double SO*Ca,SO'' K-,4H-0 se produit et, entre lui et les autres sels, il s'établit à 24° un équilibre dé- fini par les nombres précédents quand on part d'une solution à 120^'" par litre de chlorure de potassium. Les proportions d'acide sulfurique et de chaux, qui se trouvent dans une liqueur en équilibre, varient en sens inverse l'une de l'autre, si bien qu'une solution très riche en chlorure calcique ne renferme plus d'acide sulfurique, tandis qu'une liqueur très chargée de sulfate de potasse ne contient plus que très peu de chaux. » Ceci établi, mettons du gypse en excès avec des solutions de chlorure de potassium de plus en plus concentrées; l'analyse des liqueurs en équi- libre permet de constater que les proportions d'acide sulfurique et de chaux que l'on y trouve augmentent avec la teneur en chlorure alcalin et, comme elles correspondent à la composition du sulfate de chaux, on pour- rait penser que ce sel se dissout simplement dans le chlorure de potas- sium, et d'autant mieux que celui-ci est plus concentré; mais bientôt les choses se modifient, la chaux continuant d'augmenter, la quantité d'acide sulfurique passe par un maximum à partir duquel elle diminue; les nombres suivants se rapportent à i'" de liqueur à 21° : C. R., 1898, 1" Semestre. (T. CXXVI, N° 10.) 9° ( Gg6 ) Chaux correspondant totale à du rouvée. sulfate de chaux. i,o i,o 1,2 1,2 1,5 1,5 1,8 1,8 ',9 1,9 2,5 2,4 2>7 2,6 3,o 2,9 3,5 3,o 5,5 2,4 10,5 1,4 io,6 0.7 Chlorure Acide de potassium. sulfurique. I o 1,5 4 ',7 12 2,2 20 2,6 24 2,7 4o 3,4 6o 3,8 8o 4,2 120 4i4 1 6o 3,4 200 2,1 36o I ,o M Si l'on porte le chlorure de polassiiim en abscisses, en prenant comme ordonnées soit l'acide sulfurique, soit la chaux, on obtient des courbes très régulières; celle de la chaux tourne d'abord sa concavité vers l'axe horizontal, puis elle s'infléchit et tourne sa convexité vers le même axe en même temps que ses ordonnées croissent plus rapidement. Celle de l'acide sulfurique passe par un maximum, quand celle de la chaux s'infléchit; les points d'niflexion et de maximum, qui se correspondent, marquent la limite à laquelle les pro])ortions d'acide sulfurique et de chaux que con- tient la liqueur ne sont plus celles qui constituent le sulfate de chaux; ci4ui-ci a donc certainement fait autre chose que se dissoudre; il a décom- posé du chlorure de potassium, et un équilibre particulier s'est établi entre les deux sulfates et les deux chlorures qui se trouvent en présence. » Du reste on n'observe rien de particulier quand on agite tlu gypse en poudre avec des solutions relativement étendues de chlorure de potas- sium, tandis que dans celles qui, après réaction, contiennent plus de chaux que la quantité correspondant au sulfate, on voit, au bout de quelques heures, le dépôt de gypse rassemblé au fond du vase s'agglomérer et se consolider; puis bientôt sur lui et sur les parois apparaissent des aiguilles fines, brillantes, très légères, qui occupent une partie de la liqueur et sont constituées précisément par le sulfate double SO''Ca, SO^K^, 4H"0, qui est peu soluble dans les solutions, surtout concentrées, de chlorure de potassium. Nous avons dit quelle importance a, dans la réaction, la cha- leur de formation de ce sel double. ( 697 ) » Ainsi donc, en général, le sulfate de potasse ne précipite pas totale- ment le chlorure de calcium, et le sulfate de chaux peut décomposer le chlorure de potassium en faisant du chlorure calcique et du sulfate alcalin. Lors donc qu'on introduit du suKate de chaux dans une solution de chlo- riu'e de potassium, celui-ci est décomposé en partie et un équilibre s'établit, dans lequel la concentration du chlorure alcalin et la formation du sulfate double de potasse et de chaux qui, entre certaines limites, peut se dis- soudre, jouent un rôle considérable. Si le sulfate de chaux est en excès, l'action ne s'arrêtera et la liqueur n'acquerra une composition définitive que lorsque l'équilibre correspondant à la température de l'expérience se sera établi entre les divers composés que renferme la liqueur. Nous allons constater que des faits analogues se produisent avec d'autres sels que le chlorure de potassium. » Sulfate de chaux et bromure de potassium. — La décomposition du bromure de calcium par le sulfate de potasse dissous, en présence d'une cjuantité d'eau suffisante pour dissoudre tout le sulfate de chaux théori- quement formé, donnerait lieu à une absorption d'environ — o^''',g ; on peut donc s'attendre à voir se produire, dans des conditions peu diffé- rentes, les deux réactions inverses l'une de l'autre. Et, en effet, si' nous faisons agir du gvpse en poudre sur des dissolutions renfermant des quan- tités croissantes de bromure de potassium, nous observons des faits tout semblables à ce qui se passe avec le chlorure de potassium ; l'analyse des liqueurs en équihbre montre encore que, dès que les proportions de chaux et d'acide sulfurique dissoutes cessent de correspondre à la composi- tion du sulfate de chaux, on voit apparaître, contre les parois des vases, les aiguilles transparentes du sulfate double SO^'Ca, SO'R-, 4H^O. Si, pour représenter graphiquement le phénomène, on porte en abscisses les poids de bromure de potassium introduits dans la liqueur, et en ordonnées ceux d'acide sulfurique ou de chaux qu'on y trouve, on obtient deux courbes semblables à celles du chlorure de potassium. Celle de la chaux s'élève, doucement d'abord, en tournant sa concavité vers l'axe horizontal, puis elle s'infléchit et se relève rapidement ensuite en tournant sa con- vexité vers cet axe ; la courbe représentative de l'acide sulfurique monte lentement, jusqu'à un maximum à partir duquel elle descend beaucoup plus vite ; le maximum de l'une, l'inflexion de l'autre sont sur une ordonnée représentant des quantités de chaux et d'acide qui se trouvent unies dans le sulfate calcique ; ils marquent la limite à partir de laquelle (698 ) la liqueur renferme autre chose que du sulfate de chaux à l'état de disso- lution. » Le sulfate de potasse ne précipite donc pas totalement le bromure de calcium pas plus que le chlorure, et le sulfate de chaux est susceptible de décomposer le bromure de potassium; une dissolution de ce dernier sel mise en présence dans un excès de gypse, donnera donc lieu à des réac- tions diverses, suivant sou degré de concentration, et d'une façon générale il s'établira, pour chaque concentration du bromure alcalin, et à chaque température, un équilibre particulier entre les bromures, les sulfates et le sulfate double qui se trouvent en présence dans la liqueur. Ici encore le sulfate double, suivant qu'il peut ou ne peut pas exister dans les dissolu- tions, intervient par sa chaleur de formation qui peut renverser le signe thermique de la réaction et joue, par suite, un rôle d'une importance considérable. )) Sulfate de chaux et lodure de potassium. — La réaction que donne le sulfate de potasse sur l'iodure de calcium ne met, elle aussi, en jeu qu'une très faible quantité de chaleur, variable avec les quantités d'eau en présence desquelles elle s'effectue, et l'on pourra observer soit la décomposition du sulfate calcique par l'iodure de potassium, soit l'action inverse; c'est en effet ce qui a lieu et, lorsqu'on fait agir du gypse en excès sur une solution plus ou moins concentrée d'iodure de potassium, les choses se passent tout comme avec le bromure et l'iodure, grâce à la formation, dans ce cas encore, des aiguilles du sulfate double de potasse et de chaux. » En définitive le sulfate de potasse, en agissant sur les dissolutions de chlorure, bromure, iodure calcique, ne donne pas lieu à des décomposi- tions complètes. Conformément aux indications fournies par les données thei miques les réactions, qui ne donnent lieu qu'à de faibles variations de chaleur, peuvent dans des conditions déterminées se produire ensemble et se limiter réciproquement; le sulfate double de chaux et de potasse, qui se produit dans ces circonstances, intervient dans la détermination de la réaction et dans l'établissement de l'équilibre; la composition de chaque liqueur définit l'équilibre qui s'est établi entre les divers sels capables de reagir. » Sulfate de chaux et d'ammonium. — La décomposition du suKate d'ammoniaque par le chlorure de calcium est endothermique dans les liqueurs très étendues, elle absorbe — i'^"',!. Il n'en est pas de même avec des solutions concentrées. Nous aurons donc deux réactions inverses ( ^99 ) possibles comme dans les cas précédents et des phénomènes du même genre. Si, en effet, l'on met du gypse en excès au contact de solutions plus ou moins concentrées de chlorure d'ammonium on trouve, à la tempéra- ture de 24° par exemple : Chaux Chlorure d'ammonium. o. . 20. 4o. 60. 80. 120. 200. 280. 333. Acide sulfuri i([ue I , ,5 3. , I 4, I 4, 7 5, .0 5, 1 2 5: ,4 5 ,4 4: .9 correspondant au trouvée. sulfate de chaux, 1,0 1,0 2,2 2,2 2,8 2,9 3,3 3,3 3,6 3,5 3>7 3,6 4,0 3,8 4,2 3,8 4,4 3,4 » Si, avec ces nombres, cpii se rapportent à i'"^ de liqueur, on construit des courbes comme on l'a fait pour les sels de potassium, elles affectent des formes peu différentes et conduisent aux mêmes remarques ; l'équilibre s'établit dans chaque liqueur, à une température déterminée, entre les deux sulfates et les deux chlorures qui s'y trouvent. Il n'y a pas à tenir compte ici de la formation d'un sulfate double d'ammonium et de calcium; j'ai montré, en effet {Comptes rendus, t. l.XXXIV, p. 86), qu'un tel sel ne peut exister que dans des solutions très concentrées de sulfate d'ammonium, il ne peut donc pas se produire dans nos liqueurs. » Sulfate de chaux et chlorure de sodium. — La chaleur mise en jeu dans l'action du sulfate de soude sur le chlorure de calcium est positive ou né- gative suivant la quantité d'eau qui sert de dissolvant; les choses se passe- ront donc comme dans le cas du chlorure de potassium. C'est ce que j'ai constaté en effet en étudiant les liqueurs qui se produisent quand on fait réagir des solutions de sel marin sur du gypse en excès; les phénomènes sont tout semblables à ceux qui ont été précédemment décrits, les courbes qui les figurent graphiquement sont analogues et les équilibres s'établis- sent de la même façon ; il n'y a pas à faire mtervenir de sulfate double de chaux et de soude, qui ne se produit pas dans ces circonstances. » Il est à remarquer que les solutions salines concentrées ne déshy- dratent pas le sulfate de chaux hydraté, à froid; d'autre part, le plâtre fait prise avec ces solutions, plus vite que dans l'eau pure avec le chlorure de ( 7"" ) potassium, peut-être en raison de la formation du sulfate double de potas- sium et de calcium, bien plus lentement avec une dissolution saturée de sel marin. » BOTANIQUE. — Du nombre et de la symétrie des faisceaux libéroligneuœ du pétiole dans la mesure de la perfection des espèces végétales; par M. A. ClIATIN. « Avec les Monochlamidées, objet de la présente étude, se complète le cycle de mes recherches dans les Dicotylédones sur les faisceaux libéro- ligneux du pétiole. » Parmi les faits acquis il en est un d'un intérêt spécial, venant étendre les rapports par lesquels la nervation pennée du limbe se rattache au type unitaire du pétiole, » Après avoir montré cette nervation commandée par le type unitaire du pétiole, j'avais signalé qu'elle coexiste souvent avec des pétioles plurifascu- laires. » Or, je montre aujourd'hui que ces écarts se rattachent généralement à la conjonction des faisceaux dans la nervure dorsale de la feuille, laquelle deviendrait à son tour unitaire : simple retard de conjonction, le plus sou- vent en rapport avec la grande multiplicité des faisceaux. DICOTYLÉDONES MONOCHLAMIDÉES. PÉTIOLE A UN SEUL FAISCEAU. » Bêtulinées. — Alnus glutinosa, Betula alba. 1) Buxinées. — Buxus balearica, B. semperviiens ('), Pachysandra procumbens el P. terminalis. i> Celtidées. — Celtis australis. » Daphnacées. — Dapline alpina ("), D. Laureola et D. Mezereum ('). » Eléagnées. — Eleagnus augustifolia et E. argentea, Hippophaë rhamnoïdes. » Laurinées. — Cinnamomum officinale ('), Laurus Camphora et L. nobilis. » Monimiées. — Gitrosma ovalifolia. » Olacinées. — Villaresia Congonha ('). » Quercinées. — Quercus Ilex (•), Q. imbricaria (-), Q. suber (-). » Salicinées. — Salix babylonica el S. Capraea ('^). » Ulmacées. — Planera crenata, Ulmus campestris. (') Trois faisceaux à la base. Chez le Villaresia, les deux latéraux, très petits, ne l'allient que dans le limbe. (') Faisceaux à réunion tardive au haut du pétiole. ( 70I ) TROIS FAISCEAUX. « Amaranlacées. — AchyranUies argentea, Bosea Yervamora. » Arlslolochiées. — Arislolocliia Pistolochia, Asarum canadense et A. europœiim. » Balsamifluées. — Liquidambar slyraciflua. » Chénopodées. — Blituni capitatum. » Euphorbiacées. — Euphorbia splendens (') et E. achenoides, Poinsetia pulcher- rima (-). » Loranlhacées. ■ — Loranthus macrosolen, Viscutn tuberculatum. H Polygonées. — Poljgonuni hydropiper. » Protéacées. — Grevillea angulata. » Sanlalacées. — Thessum humifiisum. CINQ FAISCEAUX. » Aristolochiées. — Aristolochia Clemaiilis et A. Sipho, Nepenthes dislillatoria. » Chénopodées. — Chenopodium album, C. ambrosioides (') et C. Bonus Henricus, Salsola Soda. » Euphorbiacées. — Croton hortensis ('), E. Characias, E. dulcis et E. Ksula, Mercurialis anima. )i Loranlhacées. — Buckleia dislichophylla, Viscum album. 1) Polygonées. — Fagopyrum esculentura. )) Quercinées. — Fagus silvalica (<^), Coiylus Avellana. )) Sanlalacées. — Mida Cunninghamii, Osyris alba, Pyrularia pubera, Santalum album. » Urticées. — Boehmeria niacrophylla ('), Cannabis indica, Dorstenia cerato- deutes (^) et D. maculata (^), Parietaria officinalis. SEPT FAISCEAUX. )i Amarantacées. — Irisine lalior. » Chénopodées. — Boussingaultia baselloides. )) Cvtinées. — Cytinus Hypocistus. (') (Conjonction des faisceaux, dans la nervure dorsale du limbe. [d) Parfois six faisceaux. Irrégularités assez fréquentes de nombre et de forme dans les Quercinées. Conjonction des faisceaux dans le pétiole. (^) Pas de conjonction : feuilles pal/natinen'es. (') Conjonction dans la nervure dorsale, feuilles pennineri'es. ( 702 ) » Euphorbiacées. — Dalecliumpia spalhulataet D. hibiscoides, Enphorbia Chara- cias, Jatropha Manihot ('), Sarcococea pruniformis (^). » Nyclaginées. — Nyclago Jalapa. » Pipéracêes. — Cliloranlhus inconspicuus. Piper angulatum et P. nigrum. » Polvgonées. — Polvgonum Persicaria, Rumex Acetosa et Pi. scutatus. i> Salicinées. — Populus nivea {'). » Urticées. — Broussonetia papyrifera. NEUF A ONZE FAISCEAUX. » Arisloloc.lliées. — Aristolochia sempervirenSi » Chénopodées. — Beta trigyna, Spinacia inermis. » Euphorbiacées. — Acah^pha hispida (a) et A. parvula {a), Aleurites gabonen- sis {a), Pliyllanthus Emblica et P. mimosœfolia ('). » Lorantlincêes. — ■ Nuytsia floribunda. » Pipéracêes. — Pepeomia alata, Piper incanum et P. macrophyllum. » Polygonées. — Coccoloba uvifera, Polygonum Bistorta et B. cuspidatum. » Quercinées. — Caslanea vulgaris (-), Querciis Mirbeckii C). » Saiirurées. — Houltiiynia cordata, Saururus cernuus. » Urticées, — Bœhmeria argentea C) et B. nivea {''-), Ficus elastica (-), Humuhis liipulus. NOMBREUX FAISCEAUX. M Amaranlacécs. — Amarantus caudatus. » Balanophorées. — Helosis guyanensis (e), Lophophytum brasiliense (e). » Chénopodées. — Beta vulgaris. » Euphorbiacées. — Croton pungens, Hura crepitans, Jatropha multifida («), Ricinus communis (a). » Juglandées. — Juglans regia. » Papayacées. — Carica Papaj'a (a). » Platanées. — Plalanus orientalis {a). » Polygonées. — Polygonum orientale et P. petiolatum (6), Rheum palmatum (a) et R. officinale (a), Rumex hydrolapathum (A) et R. peclinatum (6). » Urticées. — Ficus Carica {a). (') Nervation palmée, pas de conjonction. (-) Conjonction des faisceaux dans la nervure dorsale. (rt) Feuilles palmatinerves. (^) Conjonction des faisceaux dans la nervure médiane. (e) De larges écailles tiennent lieu de feuilles. (è) Très grandes feuilles pennées. ( 7o3 ) » Des observations faites sur les Monochlamidées, observations déve- loppant celles qui ont porté sur les autres classes de Dicotylédones et y ajoutant, ressortent des aperçus se classant sous les litres suivants : » 1. Plantes à pétioles n'ajanl qu'un faisceau. » 2. Feuilles composées à un seul faisceau dans le pétiole et les pétiolules. » 3. Feuilles conaposées à pétiole plurifasculaire, mais à pétiolules unitaires. » k. Feuilles à pétiole plurifasculaire, mais à nervure dorsale du limbe unitaire. I) 5. Les pétioles unitaires sont plus spécialement propres aux espèces ligneuses. » 6. Des nervures dorsales unitaires se rencontrent dans les espèces herbacées, comme dans les espèces ligneuses. » 7. En général^ les faisceaux pétiolaires ne se conjuguent en un seul dans aucun des cas suivants : écailles et feuilles engainantes, plantes volubiles, plantes parasites, (les colorées surtout) feuilles très grandes, feuilles palmatinerves. » 8. Le nombre des faisceaux dans ses rapports avec les affinités botaniques. » Reprenons ces points de vue. » Les espèces à pétiole unitaire sont en nombre moindre dans les Monochlamidées que dans les autres classes, parmi lesquelles les Corollyflores tiennent toujours le pre- mier rang. » C'est surtout chez les vraies Ghiamidées (Daphnacées, Laurinées, Eléagnées, Cel- lidées, Ulmacées) plutôt que dans les Achlamidées (Amentacées) que la conjonction des faisceaux a lieu dès la base de la feuille. » Entre Laurinées et Daphnacées est d'ailleurs cette différence que dans celles-ci les faisceaux sont plus généralement encore séparés vers l'extrême base. » Quant aux Achlamidées, c'est souvent vers le haut du pétiole, ou même seulement dans la nervure dorsale, que se conjuguent les faisceaux. » Lorsque, dans les feuilles composées, le pétiole commun présente le type unitaire, c'est fait acquis pour les pétiolules des folioles (Alùizia, Cassia, Gleditschia, Murraya, Phyllanthus mimosœfolius). » Pourront encore avoir les faisceaux conjugués en un seul les pétio- lules de feuilles composées dont les pétioles sont encore plurifasculaires (Fragaria Geum, Rubus, Sarnbucus). C'est qu'il y a ici un retard de cou- jonction analogue au cas suivant. » La conjonction des faisceaux qui donne des pétiolules unitaires, alors que les pétioles communs sont encore plurifasculaires, peut s'attarder en- core, de sorte que la conjonction ne s'opérera que dans la nervure médiane du limbe. » Ce fait, dernier terme de la conjugaison des faisceaux, que j'avais d'abord simplement entrevu, à la suite d'observations de pétioles, n'offrant C. R., 1898, I" Semestre. (T. CXXVI, N» 10.) 9' ( 7^>4 ) la réunion des faisceaux que vers leur sommet, au voisinage du limbe, est, ce qui n'est pas sans importance au point de vue de la généralisation de l'unité du faisceau dans les feuilles pennées, chose maintenant acquise. C'est même là le point capital mis en lumière par la présente étu'ie. Il est ressorti clairement de mes observations sur l'Ortie blanche (Bœhmena nù'ea), le Chenopodiiim ambrosioides et le Ficus e/(.'5/jca, Urticées ; sur les Croton hortensis eiEuphorbia splendens. Euphorbiacées; sur àisersChenopo- dium (^ambrosioides. . . , etc.), toutes plantes à nervation pennée. » C'est ainsi que cette nervation pennée, que j'avais signalée comme commandée (et elle l'est toujours) par le péliole unitaire, la disjonction faisant suite voulue à la conjonction, est encore commandée, en général, par la nervure dorsale unitaire, la nervation pennée sans conjonction préalable du faisceau du pétiole regardée d'abord comme un écart, ren- trant ainsi dans la règle « que disjonction est conséquence générale de » conjonction ». » L'exception que j'avais signalée en disant : à pétiole unitaire corres- pond toujours une nervation pennée, mais il est des nervations pennées avec pétiole plurifasculaire s'atténue beaucoup. La seule différence est que la conjonction des faisceaux est plus retardée dans un cas que dans l'autre. » Des observations plus haut rapportées, et sous toutes réserves d'obser- vations ultérieures, qui ne seraient sans doute que des exceptions, il ressort que, dans les Monochlamidées, les pétioles unitaires ne se trouvent que chez les espèces ligneuses (Laurinées, Daphnacées, Monimiées, Eléa- gnées, Ficus elastica, Buxus, Bétulinées, Ulmacées, etc.). » Quelques Monochlamidées herbacées {Bœhmeria nivea et B. macro- plivlla, Chenopodium ambrosioides) se rapprochent, dans une certaine mesure, par la jonction des faisceaux dans la nervure dorsale ; une Urticée ligneuse, mais à faisceaux du pétiole très nombreux, le Ficus elastica, n'unit ses faisceaux, comme ses congénères herbacés, que dans la nervure dorsale. » Un rapport qui se présente de lui-même, c'est que des Monochla- midées ligneuses, comme certaines Dialypétalespérigynes (Légumineuses, Polygalées, Rosacées) ont des pétioles unitaires, à l'exclusion des espèces herbacées. » Ici donc encore, les faits analomiques sont favorables à la classifica- tion de ïournefort. )) Dans beaucoup de Monochlamidées à nombre de faisceaux, on ( 7o5 ) peut dire, indéfini, il n'y a jamais réunion des faisceaux, pas plus dans la nervure dorsale que dans le pétiole. )> Cette pluralité, toujours maintenue, des faisceaux, plus commune ici que chez les autres classes de Dicotylédones, comme par un achemine- ment aux Monocotylédones est en rapport : » Soit avec l'engainance des écailles ou feuilles : Briigmansia, Lophn- phjtum, Orobanchées, Polygonées; » Soit avec la grande dimension de celles-ci : Bêla, Polygonwn orien- tale et P. Petiolatuw , Rhrum. et Ricinus divers; » Soit avec l'enroulement même des tiges : Boussingaultia, Humulus. •» IjCS rapports, déjà signalés, entre la nervation des feuilles et le nombre des faisceaux du pétiole se confirment dans les Monochlamidées quant aux feuilles palmatinerves et parallélinerves; ils se complètent pour les feuilles penninervcs, où la disjonction pennée est commandée, non plus seulement par le pétiole à un faisceau, mais aussi par la nervure dorsale rendue à son tour unitaire par la conjonction des faisceaux montant du pétiole. )) Au nombre des feuides à nervation pennée et à faisceaux ne se con- juguant ni dans le pétiole ni dans le limbe, comptent les belles et longues feuilles de Clavyja. » Des affinités entre divers groupes de plantes sont affirmées ou infir- mées par la considération du nombre de faisceaux pétiolaires. » Le rapprochement, parfois opéré, des Laurinées et des Daphnacées sous un titre commun est en plein accord avec leur pétiole unitaire, carac- tère que partage la petite famille, très voisine, des Eléagnées. » A noter que le Cussytha dans les Laurinées, le Passerina dans les Daphnées, espèces herbacées plurifasculaires, ne sont pas plus dissidentes dans leurs familles que les Rosacées et Légumineuses herbacées ne le sont par rapport aux espèces ligneuses de leurs groupes respectifs. » Au contraire, les Euphorbiacées et les Malvacées, rapprochées i)ar quelques botanistes en raison de leurs fruits à coques, etc., diffèrent beaucoup par les faisceaux, entraînant toujours dans celles-ci la nervation l^almée, laquelle n'est qu'une exception (^Acalypha, Ricinus, Jatropha Ma- nihot) dans les premières. » Notons encore qu'une importante famille de Monochlamidées à pé- tioles engainants toujours multifasculaires, les Polygonées, correspond, par ce signe d'abaissement, aux Renonculacées parmi les Dialypétales hypogynes, et aux Ombellifères chez les Dialypétales périgynes ; rien de ( 7o6 ) pareil, il est superflu d-^ le dire, ne se présente dans la classe plus élevée des Corolliflores. » Le rapport existant entre la multiplicité des faisceaux du pétiole et la grande dimension des feuilles a été constaté plus fréquemment chez les Monochiamidées que dans les autres classes de Dicotylédones. En effet, ce rapport, général pour les Rheum, Ricinus, Heta et Phytolacca, se retrouve chez les Polygonum (P. orientale, P. petiolatum) et les Rurnex (R. Hydro- lapathiim et R. pectinaturn), derniers genres où, faits qui montrent bien la réalité des rapports entre le grand nombre des faisceaux et la grande di- mension des feuilles, les faisceaux ne sont plus que de trois à sept chez les Polygonum Hydropiper et Fagopyriim, les Rumex Acetosella et R. sciUatus, toutes espèces à petites feuilles. » PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur les résultats donnés par un sismographe avertisseur (Rilian et Paulin), installé à Grenoble. Note de M. Michel Lévv. « Samedi matin, je recevais de M. Kilian, professeur de Géologie à la Faculté des Sciences de Grenoble, un télégramme m'indiquant que la veille, 4 mars, à 9*" 17™ 55' du soir (temps moyen de Paris), le sismographe avertisseur Kilian et Paulin avait donné le signal d'alarme et mis en marche le chronomètre annexé à l'appareil. Les vérifications nécessaires furent faites immédiatement et l'heure de la secousse déterminée à une seconde près. Un sismographe Angot montrait d'ailleurs la trace très nette d'ondu- lations dirigées nord-sud. » M. Kilian me demandait de signaler cette observation à l'Académie, si elle coïncidait avec un tremblement de terre, observé dans une région lointaine. » Or les journaux du soir du 5 mars ont relaté un tremblement de terre, survenu dans la vallée du Pô, dans la nuit du 4 au 5 mars; les dé- pêches, très succinctes, semblent situer la secousse sur la rive droite de ce fleuve entre Plaisance et Reggio ; son contre-coup a été observé au sud-est jusqu'à Ischia, au sud-ouest jusqu'à Chiavari, à l'est jusqu'à Padoue. On voit qu'à l'ouest l'ondulation sismique s'est propagée nettement jusqu'à Grenoble. » Plusieurs fois déjà, la station sismique de Grenoble a fidèlement enre- gistré des tremblements de terre lointains, notamment ceux du 12 juin 1897 ( 707 ) et de Laibach. Il serait à désirer que des stations aussi efficacement ou- tillées fussent installées dans plusieurs centres scientifiques en France. » PHYSIQUE . — Sur le pouvoir absorbant du noir de fumée pour la chaleui rayonnante. Note de MM. Crova et Compan. « La mesure du pouvoir absorbant du noir de fumée pour un flux d'énergie radiante est une donnée fondamentale indispensable aux déter- minations actinométriques; on admet généralement qu'il est égal à l'unité; en réalité, il varie dans des limites assez restreintes avec la nature du noir et son mode d'application. » L'un de nous ( ' ) a montré que la partie non absorbée du flux incident est en partie diffusée, en partie spéculairement réfléchie par la surface noircie, sous des incidences très obliques; il a indiqué le moyen d'obtenir une absorption plus complète, par un dépôt électroly tique de noir de pla- tine que l'on enfume légèrement. » De la Provostaye et Desains (- ) ont trouvé que le noir de fumée ne ré- fléchit pas plus de j^~ de la chaleur incidente. Christianssen (*) donne 0,911 pour la valeur du pouvoir absorbant du noir de fumée. M. Rniet Angslrom (") a montré que tous les noirs n'absoi'bent pas également; dans les meilleures conditions, il a trouvé 0,976 pour la valeur du pouvoir absorbant. M. Chwolson(") a trouvé que la correction de M. Angstrum, 2,4 pour 100, s'élève à 2,6 pour 100 pour la boule sphérique d'un thermo- mètre, en raison de la perle sous les incidences rasantes; il préconise l'emploi d'une laque noire, à la place de noir de fumée. M. Langley (") trouve le même coefficient 2,6 pour la perte par réflexion sur la boule noircie d'un thermomètre, mais en admettant que sous l'incidence normale le pouvoir absorbant est égal à l'unité. » Nous avons d'abord cherché à nous rendre compte de la constitution d'une couche de noir de fumée déposée sur une glace. (') A. Crova, Comptes rendus, t. LXXl, p. i2o5; 1870. — Annales de Chimie et de Physique, 5" série, t. XI, p. 443. (^) Com.ptes rendus, t. XXYI, p. 212. (3) Wiedemann's Annalen, t. XIX, p. 277. (*) Wiedemann's Annalen, t. XXVI, p. 276. (') Die Gegenwdrlige Zustand der Aklinometrie. p. i5. (°) Researches on solar licat, elc, p. 108. ( 7o8 ) » Au microscope, elle apjjaraît sous la forme de granules ovoïdes de il^ à ol^, 5 de dia- mètre, les plus petits sensiblement sphériques; les flammes de plus haute température (gaz de l'éclairage) nous ont donné une abondance relative de granules de o!^, 5; la couche, transparente quand elle est mince, exerce une absorption sélective sur les courtes longueurs d'onde, les plus longues étant transmises. » Si la couche est un peu plus épaisse, sa mise au point est difficile; mais son as- pect change complètement si on la lave à l'alcool absolu pour enlever les produits pyrogénés; elle apparaît alors sous l'aspect d'un tissu réticulaire très délié. L'alcool paraît agir, pendant la dessiccation, par la pression capillaire des ménisques infiniment petits, qui produisent un effet analogue à celui d'une compression. » Si l'on dépose successivement des couches de noir en lavant à l'alcool chacune d'elles, les éléments transparents du tissu diminuent au point de disparaître; la couche de noir est très adhérente, la pression capillaire des ménisques pendant la dessiccation coinçant les granules de la couche dans les interstices de la couche précédente. » Incidemment, nous avons observé les anneaux d'interférence de diamètre crois- sant avec l'obliquité, observés par M. Stark ('); ils sont très beaux, quand on examine au soleil des taches légères de noir de fumée, déposées par le sommet d'une flamme sur métal des miroirs; le lavage à l'alcool en diminue l'éclat. » Le noir de platine, préparé par la réduction par le zinc et l'acide chlorhydrique du chloroplatinate d'ammonium, est composé de granules de dimensions supérieures à celles du noir de fumée, mais de formes très irrégulières. )) Nous nous sommes bornés, pour une première étude, à chercher l'absorption exercée sur un flux calorifique émanant d'une source à ioo°. » Le pouvoir absorbant égal à l'unité ne peut être théoriquement obtenu qu'en recevant le flux sur un oinfice pratiqué dans une enceinte noircie intérieurement, dont la surface est négligeable en présence de celle de l'enceinte; le rapport -^ des pouvoirs absorbant et émissif étant constant, nous prendrons pour unité de pouvoir émissif celui d'un orifice pratiqué dans une enceinte noiixie chauffée à ioo°. La recherche du pouvoir absor- bant se réduit ainsi à celle du pouvoir émissif » Une étuve en cuivre rouge, remplie d'eau portée à loo", contient une sphère creuse en cuivre mince de 70™'" de diamètre, noircie intérieurement, et se vissant intérieure- ment sur l'une des parois, sur laquelle elle débouche par un orifice de 22"'"' de diamètre. Le flux qui émane d'une surface égale de la paroi de l'étuve adjacente à l'orifice et noircie est comparé à celui qui émane de l'orifice lui-même. Ces flux sont reçus sur une pile thermo-électrique, reliée à un galvanomètre à cadre mobile; la pile est mise à l'abri de tout rayonnement étranger par des systèmes d'écrans métalliques très minces, parallèles entre eux et percés de trous de i5""" de diamètre, en face de la (') Wiedemann's Annalen, Neue t'olge, Band 62, Heft 2, p. 353 et 358; 1897. ( 709 ) pile; celle-ci et les systèmes d'écrans qui l'entourent sont portés sur un chariot que Ton peut déplacer devant Tétuve fixe, afin de recevoir le flux de l'orifice ou celui de la face noircie. » On mesure d'abord la déviation due à l'orifice, puis celle qui est due à la face noircie, et de nouveau celle qui est due à l'orifice. Les trois observations se font en régime constant, à intervalles de temps égaux et en renversant le courant à chaque observation. » La concordance de la première et de la troisième lecture est une preuve de la constance du flux; soient d sa valeur et cV celle qui correspond à la face enfumée, d — d' , , ., , - — -j — représente la perte d absorption pour loo. » Des études préalables nous avaient assuré de l'uniformité du champ du galvano- mètre et de la proportionnalité des déviations aux intensités. Pour la surface du cuivre de l'étuve, cette perte a varié de o,52a a o,65o; pour cette même surface recouverte d'une couche de noir de bougie, de 0,068 à o, laSo. » Nous avons ensuite recouvert cette même face de plusieurs couches de noir, la- vées à l'alcool et appliquées dans des directions rectangulaires. Pour une couche lavée à l'alcool, le coefficient de perte a été 0,817; pour un nombre de couches variant de i à 10, après lavage de chaque couche, la perte a régulièrement diminué jusqu'à o,o2o3. Une couche de plus non lavée augmente la perte, qui reprend sa valeur primitive o,3o3 après le lavage. » Pour la laque enfumée de M. Chwolsou, la perte a été 0,0280. » Le noir de platine, recouvert de six légères couches de noir successivement lavées, a donné des pertes diminuant de 0,05^ à 0,020. M De ce qui précède, on peut conclure : » 1° Qu'une couche de noir, appliquée par la méthode ordinaire, peut donner des pertes d'absorption atteignant 0,1 ; » 2" Que des couches légères, lavées successivement à l'alcool, don- nent un enduit assez résistant et une absorption de plus en plus complète; la perte d'absorption ne peut s'abaisser au-dessous de 0,02; si les couches ne sont pas lavées, l'absorption est moins complète lorsque le nombre de couches augmente; si, au contraire, elles sont lavées, on ne gagne plus au delà de dix couches, le lavage à l'alcool entraînant le noir, qui reste en suspension dans le liquide; » 3° Le noir de platine, enfumé et lavé à l'alcool, permet d'arriver à la même limite avec un nombre moindre de couches; quand les poussières atmosphériques, en adhérant au noir, ont diminué son pouvoir absorbant, il suffit de frotter légèrement la couche avec une peau de daim, et de la recouvrir ensuite de quelques couches légères de noir lavées successive- ment à l'alcool, pour retrouver le même pouvoir absorbant maximum. » Le noir, appliqué sur une épaisseur de dix couches lavées, donne la ( 7IO ) même absorption maxima, mais la couche est moins solide, el, en cas d'al- tération, il faut la renouveler complètement. » Il est difficile d'évaluer la masse de cette couche, en raison de l'hy- groscopicité bien connue du noir de fumée; nous citerons seulement le résultat suivant : préparée à dix couches lavées et séchées successivement, elle contient o™^', 291 de noir par centimètre carré. » RAPPORTS. Rapport sur un Mémoire de M. Gonnessiat, intitulé : « Recherches sur la loi des variations de latitude » . (Renvoi à la Section d'Astronomie; M. Radau, rapporteur.) i( La question de la variabilité des latitudes a tenu une certaine place dans les préoccupations des astronomes depuis la publication des recherches de Peters, qui remontent à i844. ^t ci^i reposent sur des obser- vations faites au cercle vertical de Poulkovo; elles furent plus tard reprises par M. Nyrèn ; mais c'est surtout depuis dix ans que, grâce à l'intervention de l'Association géodésique internationale, les études relatives à cette question se sont multipliées. On a vu des observatoires se concerter pour entreprendre des séries de déterminations simultanées de la latitude par la méthode de Talcott. Divers astronomes se sont attachés à discuter, de ce point de vue nouveau, les matériaux d'observation, de date plus ou moins ancienne, entassés par leurs devanciers. On n'a point négligé, non plus, d'examiner les conditions théoriques du problème. Mais il faut avouer que l'on commence à peine à en entrevoir la solution, et que les astronomes sont loin de s'accorder sur l'interprétation des résultats que fournissent les mesures. Il reste évidemment beaucoup à faire. » Dans ces conditions, nous devons savoir gré à M. Gonnessiat des efforts qu'il a faits pour élucider cette difficile question. Dans un Mémoire qui a été présenté, l'année dernière, au jugement de l'Académie, il a, d'une part, soumis à une discussion approfondie les mesures de distances zéni- thales, faites pendant douze ans au cercle méridien de l'observatoire de Lyon, sous la direction de M. Ch. André, et dont la précision ne laisse rien à désirer : ces observations l'ont conduit à des résultats curieux tt inattendus, il a, d'autre part, vérifié ses formules empiriques en les ap- pliquant à l'ensemble des données qui peuvent être empruntées aux obser- ( 7'i ) valions étrangères. Des Tableaux graphiques montrent l'accorcl 1res satis- faisant du calcul avec l'observation. » Les mesures effectuées à Lyon, de mars i885 à novembre 1896, ont porté sur les étoiles fondamentales situées aux abords du pôle; elles ont servi à déterminer, en même temps que la latitude, un système de décli- naisons absolues. Il faut dire toutefois que, jusqu'au commencement de l'année 1898, il s'agit seulement de mesures qui font partie des matériaux recueillis dans le service courant, sans attention spéciale; ce n'est qu'à partir de 189.3 qu'avant constaté l'utilité de ces observations on résolut de prendre pour objet presque exclusif la détermination de la latitude. On a, dès lors, pendant quatre ans, multiplié les pointés à chacjue passage, changé fréquemment l'origine de la graduation, et associé chaque fois à la visée directe la visée par réflexion. » La discussion de ces matériaux, d'où les erreurs systématiques ont été éliminées avec soin, semble prouver que le cercle méridien, en même temps qu'il fournit les positions absolues, si nécessaires aux besoins de l'Astro- nomie de précision, peut déceler les variations de latitude avec, peut-être, autant de sûreté que la méthode différentielle deTalcott. Si le cercle méri- dien comporte, en effet, des sources d'erreur plus nombreuses (erreurs de graduation, flexion, réfraction, etc.), il ne faut pas oublier que l'emploi de la lunette zénithale a aussi ses inconvénients, parmi lesquels les plus graves sont le choix trop limité des étoiles et la nécessité du rattachement des groupes, qui entrahie tant de divergences inexplicables. On peut encore dire que les oiiservnteurs au cercle méridien qui se livrent à des détermi- nations fondamentales se résoudront difficilement à emprunter les varia- tions de latitude, dont ils ont besoin pour leurs réductions, aux mesures faites par la méthode de Talcolt, et préféreront les déduire de leurs propres mesures. Il est donc à prévoir que l'exemple donné par l'observatoire de Lyon sera suivi. » Les recherches de M. Gonnessiat, en ce qui concerne la latitude, avaient pour objet de vérifier et de compléter la loi établie par M. Chandler, d'après laquelle les variations de latitude sont composées de deux oscilla- tions, dont l'une a une période de quatorze mois, l'autre une période annuelle : la phase de ces oscillations dépend de la longitu ie du lieu d'ob- servation; elles impliquent une révolution du pôle terrestre, s'accomplis- sant de l'ouest à l'est. Les calculs de l'auteur confirment la réalité de ces deux termes, auxquels il assigne des coefficients à peu près égaux (o", i4 et o", i55); mais il ajoute à la formule de Chandler deux termes nouveaux C. !'.., 1898, 1" Semestre. (T. CXXVI, N» 10.) 9^ ( 7'2 ) à périodes plus longues : le premier aurait une période de i^jS, avec un coefficient de o",o4; le second une période de 9", 3, avec un coefficient de o", 10, et cette dernière oscillation, au contraire des autres, se propagerait de l'est à l'ouest. » L'auteur fait remarquer que celte période est celle d'une demi-révo- lution des nœuds de l'orbite lunaire, et que l'argument du terme dont la période est de i",8 vérifie une relation de commensurabililé avec les deux arguments de Chandler. Ce sont là des coïncidences curieuses qui méri- taient d'être signalées, bien que la théorie n'indique pas l'existence de termes de cette nature ; il se peut d'ailleurs que la discussion de matériaux plus complets et plus homogènes conduise plus tard à modifier les nombres en question, car la petitesse des coefficients, qui sont ici de l'ordre des erreurs d'observation, rend nécessairement la déteimination des périodes très précaire. Quoiqu'il en soit, l'inspection des Tableaux graphiques, qui montrent la courbe calculée des variations de latitude au-dessous de la chahie des écarts observés tant à Lyon que dans un grand nombre de sta- tions étrangères, fait ressortir l'accord réalisé par la formule de M. Gon- nessiat. Il y a là, assurément, une tentative de représentation empirique des écarts qui est digne d'attention. » Si nous ajoutons que ce travail renferme la détermination d'une série de déclinaisons absolues d'une haute précision, puis encore l'évaluation de deux parallaxes stellaires et une nouvelle détermination delà constante de l'aberration, on comprendra que le Mémoire qui a été soumis à l'Aca- démie contient des résultats importants, et nous pensons qu'il y a lieu d'en demander l'insertion au Recueil des Savants étran"'ers. » Les conclusions de ce Rapport sont mises aux voix et adoptées. MEMOIRES PRESENTES. ASTRONOMIE. — Suri' « Histoire céleste du xyu^ siècle » f/p Pingre. Note de M. G. BiGOURDAN, présentée par M. Bertrand. (Renvoi à la Section d'Astronomie.) « En 1756, Pingre annonça le projet de réunir et de discuter les obser- vations astronomiques faites de 1601 à 1700 ('). (') Projet d'une Histoire d'Astronomie du xvn" siècle, lySô (8 p. 10-4°); suivi ( 7i3 ) » Un pareil recueil lui paraît, dil-il, « d'une extrême importance ». Obligé de se borner, il a choisi le xvii" siècle comme l'époque « la plus in- » téressanle pour l'Astronomie », et comme celle dans laquelle il croit pouvoir réussir le mieux. Déjà il connaît les Ouvrages imprimés à consulter, et il doit avoir communication des riches manuscrits des Cassini, de Delisle, etc. » Mûri pendant trente ans, ce projet fut exécuté de 1 786 à l 'jgo. A cette dernière époque le manuscrit, présenté à l'Académie, fut l'objet d'un Rapport très favorable de Le Monnier et de Lalande (9 février 1791) : à la suite de ce Rapport, l'Assemblée Nationale accorda 3ooo livres pour la publi- cation de l'Ouvrage (24 février 1791). L'impression avança assez lente- ment; puis la mort de Pingre (i" mai 1796) la fit suspendre, alors qu'elle n'était avancée qu'aux deux tiers de l'Ouvrage entier. » A partir de cette époque, on perd de vue non seulement le manuscrit, mais aussi les feuilles déjà tirées et qui paraissent avoir été détruites. Aussi craignait-on que tout fût détinitivement perdu, quand diverses circon- stances ont fait retrouver d'abord un exemplaire complet des feuilles tirées (l'exemplaire même de Jérôme Lalande), puis la partie restée manuscrite. » L'Ouvrage a pour titre : Annales célestes du xvii® siècle. Voici ce qu'il donne, année par année, suivant l'ordre chronologique : )) Soleil. — Observations d'éclipsés. — Autres observations : passages méridiens, liaiileurs méridiennes, diamètres, taches. — Déterminations d'équinoxes. » Lune. — ■ Observations d'éclipscs. — Autres olsservations : passages méridiens, hauteurs méridiennes, distances à des planètes ou à des étoiles, occultations, mesures de diamètres. » Planètes. — Observations de conjonctions, d'oppositions; passages méridiens, hauteurs méridiennes, distances aux étoiles ou à d'autres planètes, passages sur le Soleil. » Étoiles. — Observations de l'éclat des étoiles nouvelles, des étoiles variables. » Satellites. — Observations d'éclipsés des satellites de Jupiter (à partir de i653). n Comètes. — Pingre se borne généralement à renvoyer à sa Cornéto^'raphie. » Faits {relatifs à r Astronomie). — Mention rapide des découvertes importantes de l'année, des publications d'Ouvrages a^ant exercé une grande inlluence. Mort d'astronomes célèbres, avec de courtes Notices sur leurs travaux. » La partie qui n'a jamais été imprimée forme un manuscrit d'environ d'un Rapport approbatif de Cassini de Thuiy et de Le Monnier, Commissaires nommés par l'Académie des Sciences pour l'examen de ce projet. ( 7^4 ) 200 pages, appartenant à l'Observatoire de Paris. Quant à l'exemplaire de la partie imprimée (364 pages in-4''), il est entre les mains d'un savant bibliophile, M. V. Advielle, qui se propose de le joindre aux nombreux manuscrits donnés par lui à la bibliothèque de la ville d'Arras. » L'Ouvrage étant aujourd'hui reconstitué en enlier, à l'état d'exem- plaire unique, on doit se demander s'il n'y aurait pas lieu de l'imprimer. Voici quelques raisons qui paraissent de nature à montrer l'utilité de cette publicalion : » i" L'autorité de l'auteur dans ce genre de travaux. Non seulement il a réuni les observations, mais il les a souvent calculées; cela est aujour- d'hui d'autant plus important que nous ne sommes pas familiarisés avec les méthodes d'observation du xvii*^ siècle. » 1° L'avantage de trouver classées, suivant l'ordre chronologique, des observations empruntées, les unes à de nombreux manuscrits dans lesquels on a beaucoup de peine à se reconnaître, les autres à un grand nombre d'Ouvrages, brochures, journaux, simples feuilles volantes même, qu'il serait impossible de rassembler maintenant. Piugré apporte d'ailleurs des corrections aux sources qu'il a consultées. » 3" L'Ouvrage de Pingre contient les observations généralement iné- dites de Bouillau, de Seidleau (dont l'original est peut-être perdu), de Chazelles, etc. Jusqu'à 1700 il complète, pour les observations de La Hire, V Histoire céleste publiée par Le Monnier; pour Cassini I, il compléterait les Mémoires de V Académie, etc. » [f Les éclipses de Soleil et les occultations d'étoiles observées au xvii* siècle sont encore de la plus haute importance pour l'étude du mou- vement de la Lune, comme le montrent les travaux de M. Newcomb ('). Aussi ce savant s'ett-il livré, pour réunir ces observations, à de longues rL'cherches que l'Ouvrage de Pingre aurait bien facilitées. Pour la période considérée, ces observations sont d'ailleurs plus nombreuses dans Pingre que dans le Mémoire cité de M. Newcomb. » (') Researches on llic Motion of llte Moon; Washington Observations, iSjj, App. li. ( 7'5) CORRESPOIVDANCE. M. le Présidkxt présente à l'Acaflémie une INote imprimée du P. Kruger (Nieuw Archief voor Wiskunde, Tweede Réels, Derde Deel) « Sur l'ellipsoïde de Jacobi » . '( L'anteur a récemment repris l'étude de cette question dans sa thèse de docteur à l'Université de Levde, en lui appliquant les méthodes les plus récentes de la théorie des fonctions elliptiques. Il confirme et déve- loppe d'une façon remarquable les résultats obtenus, dès 1849, P^r feu Ed. Roche, Correspondant de l'Institut, professeur à la Faculté de Mont- pellier (Mémoires de l' Académie des Sciences et Lettres de cette ville), et, dans la bibliographie très complète qu'il donne de ce problème, il fait ressortir une fois de plus combien il est regrettable de voir, faute d'une publicité suffisante, plusieurs savants consumer d'inutiles efforts pour aboutir plus ou moins exactement à des conclusions déjà acquises. C'est ainsi que la distance minimum 2,/|4 R\/- d'un satellite de densité p à sa planète de densité 0 et de rayon R, obtenue par Ed. Roche il y a près de cinquante ans, a été donnée comme nouvelle par M. Schwarzschild, dans la thèse (Munich, 1896) où il applique aux figures ellipsoïdales d'équilibre les méthodes indiquées par M. Poincaré pour généraliser le problème. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la détermination du groupe de rationalité des équations différentielles linéaires du quatrième ordre. Note de M. F. Marotte, présentée par M. Emile Picard. « On sait que M. Picard a défini, pour toute équation différentielle linéaire homogène, un groupe de transformations linéaires homogènes, qui jouit de propriétés analogues à celles du groupe de Galois d'une équation algébrique. Dans sa thèse, M. Vessiot a montré que ce groupe, que nous nommerons groupe de rationalité de l'équation linéaire, joue un rôle essen- tiel dans le proljlènie d'intégration. » La détermination effective du groupe de rationalité constitue donc un progrès important dans l'étude d'une équation linéaire. Je me propose d'in- ( 7i6 ) diqiier un procédé très simple pour faire cette détermination dans le cas des équations du deuxième, du troisième et du quatrième ordre ; j'exposerai seulement ici les résultats concernant les équations du quatrième ordre, ce qui donnera en même temps une énumération complète des cas de réduction que présentent ces équations. » La méthode employée est d'ailleurs susceptible de s'étendre aux équa- tions d'ordre supérieur. « l. Il existe un très grand nombre de groupes linéaires homogènes à quatre variables, mais nous allons les ranger dans un petit nombre de caté- gories que nous caractériserons simplement. )) Soit un groupe continu o-dont les équations sont Y, = «/7, + biV. + c^y, + d^y, {i = ^ , 2, 3,4), et supposons que j',,j'2'J'3>.>'4 soient les coordonnées homogènes d'un point de l'espace à trois dimensions. Les substitutions du groupe ^effectuent sur les points de l'espace des transformations projectives formant un groupe continu y. » M. Lie a montré que les hypothèses suivantes sont seules à envisager : A, Y est le groupe projectif général de l'espace à trois dimensions; sinon il laisse invariable l'une au moins des figures suivantes : B, un plan; C, une droite; D, un point; E, une surface du second degré non dégénérée; F, un complexe linéaire; G, une cubique gauche. » Nous partagerons les groupes continus linéaires homogènes à quatre va- riables en sept catégories A, B, C, D, E, F, G, suivant la figure géométrique que le groupe projectif correspondant '( laisse invariable. Un même groupe peut d'ailleurs appartenir à plusieurs catégories différentes. » Nous allons caractériser les groupes de chaque catégorie par un inva- riant différentiel spécial. » A. Les seuls groupes continus de cette catégorie sont les groupes linéaires homogènes général et spécial. Ils sont caractérisés par ce fait qu'ils n'admettent aucun des invariants ditférentiels appartenant aux caté- gories suivantes. M Pour les autres catégories, les invariants caractéristiques sont respec- tivement les dérivées logarithmiques des fonctions suivantes : B. u=y,, ( 717 ) j'i y-i ,7.1 j u. "'-^ y\ y'- y'. |. j'i J^ yl i E. 0 = y, + ri; + y'; -i- .v ^ , ^^- "^ et -^ = (7. V, -J0J-3)-- .KJo- j, J',)(7!;-J2.V4). M 2. Le groupe de ralionalité d'une équation linéaire <]ii qnalrièinc ordre ou tout au moins son plus grand sous-groupe continu appartient à l'une des sept catégories que nous venons d'énumérer. Les équations du cjuatricme ordre se partagent donc en sept catégories suivant la nature de leur groupe de rationalité. » Pour décider à quelle catégorie appartient une équation linéaire don- née, il faut rechercher si les invariants donnés plus haut sont rationnels ou algébriques quand on remplace y, jj'o.j'a, JK, par un système fondamen- tal d'intégrales de l'équation donnée. » Mais les quantités u, v, w, G, co, c vérifient des équations linéaires à coefficients rationnels qu'il est aisé de former et l'on sait reconnaître si ces équations ont des intégrales dont la dérivée logarithmique est rationnelle ou algébrique (voir PAl^'LEvÉ, Comptes rendus, i88y-i888). » On peut donc toujours, par un no/>ibre fini d'opérations, reconnaître à quelle catégorie appartient une équation linéaire donnée. Le problème de la détermination du groupe de rationalité est donc circonscrit et l'on en pour- suivra la résolution par des procédés analogues. » Faisons encore remarquer que les catégories que nous avons obtenues embrassent tous les cas de réduction des équations linéaires du quatrième ordre. » 3. V Al monirë (Coi7iptes rendus, novembre 1896) qu'à tout point sin- gulier d'une équation linéaire était attaché un groupe de transformations linéaires dont les invariants sont méromorphes au voisinage du point sin- gulier. » Les groupes de métomorphie des équations du quatrième ordre apjiar- tiennent à l'une des catégories établies plus haut; il y a donc sept catégories de points singuliers. » Pour décider à quelle catégorie appartient une singularité, il faut lechercher si les invariants caractéristiques que nous avons donnés sont méromorphes ou algébriques dans le domaine de la singularité. Nous avons ( 7>8 ) donc à reconnaître si les équations linéaires que vérifient les facteurs a, v, n-, 0, (0, n ont des intégrales dont la dérivée logarithmique est méromorphe on algébrique autour d'un point singidier. ). Les méthodes de ^M. II. von Koch {Acta rnathemalica, t. XVIII) permet- tent de résoudre ce problème. On est ainsi conduit aux résultats suivants : » On peut former, par des opérations arithmétiques, des fonctions transcen- dantes entières des coefficients de l'équation donnée, qui, égalées à zéro, expri- ment les conditions nécessaires et suffisantes pour quun point singulier soit d'une catégorie déterminée. )) On peut aussi trouver des relations algébriques entre les coefficients de l'équation différentielle, qui, égalées à zéro, donnent des conditions suffisantes, mais non nécessaires, pour qu'un point singulier soit d'une catégorie déterminée. » On peut enfin trouver des fonctions algébriques des coefficients de l'équalion différentielle qui permettent d'affirmer qu'nn point singulier n'est pas d'une catégorie déterminée, dans le cas où leur valeur est supé- rieure à un nombre donnés. » GÉOMÉTRIE. — Sur les congruenccs conjuguées aux réseaux C. Note de M. C. GuicHARD, présentée par M. Darboux. « Soit M un point qui décrit un réseau C, R une congruence conjuguée au réseau C, \j. un point de R qui décrit un réseau. Les plans tangents en M et en ^. se coupent suivant une droite RS qui décrit une congruence har- monique aux réseaux M et [i.. La congruence RS, étant harmonique à un réseau C, sera O, 2O ou 30; par conséquent le réseau u. sera C, 2C ou 3C, donc : » Les réseaux conjugués à une congruence R sont C, 2C om 3C. » Il 1 este à montrer comment se répartissent ces divers réseaux. Pour cela, considérons un déterminant orthogonal à cinq lignes. (Voir mon Mé- moire qui doit paraître très prochainement dans les Annales de l' École normale.^ A -= œ.^ .. x^ ï-2 ■ ■ ■ y^ '•■> L, . ■■ -r. r,.. ■''','i { V9 ) où les éléments satisfont aux relations (') du """' du --^' - si- du ~ & •' dxi , = /-1m dz, 'dv -^ ^''' àl- y dli < - I, 2, .... O, drii = mli. Or.i avec les conditions de compatibilité ! da , de „ -— — bm, -r- = fm, dv dv ■^ (-) dh an. àf _ du dm dn dv ' du du = en. dv dk =: km. 5"«. ab + ef^gk = o. » Déterminons ensuite un point M(X,, ...jXj) de l'espace à cinq di- mensions qui décrit un réseau O correspondant au déterminant A. On aura (3) avec les conditions (4) Tu - ^'^" -d^ = ^^'■ — =lm, -— = hn. dv du (j = l,2,...,5). » Si nous prenons, dans l'espace à cinq dimensions, un point N'(Y,,...,Y,) dont les coordonnées sont (5) Y,-=-X,.+ ^,Z,+j,Z, + ^,Z3. on aura, en différentiant, dYi dZ, dZ, dZj y .. dXi dT-, , ()Z, dZs / , , ^ d7 =^'W "-■>''^' ^- -'^ + ^'(^ + ^z. +/z,H- /i-z,). Si, donc, on établit entre Z,, Z^, Z, les relations I A + aZ, 4-pZo + ^Z., -: o, j / + bZ, -^f?., + /tZ, --^ o, G. R., 189S, I" Semestre. (1. CXWI, N° 10.) 9^ (6) ( 720 ) on mira (7) dY, ÔZ, dZ, dZ^ du ' du \ ou au ' ' 1 dY, ÔZ, d\i dZ, dZ.. dZ \ - ■ et, par suite, dv ' "' d (8) d\\ + d\\ H- âX\ + ^V; -t- ^V^ = dl\ + (17^ -+- dV,. » Appelons N le point de l'espace à trois dimensions qui a pour coor- données Z,, Zj, Z3. Si u et V sont fixes, le point N décrit une droite D dont les équations sont les équations (6). Cette droite D décrit donc une con- gruence (D) dont les deux plans focaux sont représentés par les équa- tions (6) à cause des conditions (8) et (4). Au point N on fait correspondre dans l'espace à cinq dimensions le |)ointN', à la droite D une droite D', à la congruence (D) une congruence (D'). Les points correspondants N et N' décrivent des surfaces applicables. D'ailleurs, de toutes les formules qui précèdent on déduit ( \ <^'Y,- _ ()'Z, ^ d^ ^_ d^Z^ ^^> dudi' ~ ''^' Oudv '^■^'' dudv ~'' ^' dudv' Donc les réseaux conjugués se correspondent sur les congruences (D) et (D'). Ces congruences (D) et (D) seront aj)pelées des congruences appli- cables. Coupons la congruence D' par le plan Y., + y/— I Y5 = const. » Le point d'intersection N' décrira un réseau; on aura ici dY- + dY: ^ dY; = dZ] + d?.'; + dZ;. Donc le point correspondant N décrit un réseau C. La congruence (D) est donc une congruence K. Je démontrerai, dans la deuxième partie de mon Mémoire, qu'inversement toute congruence K est applicable sur une con- gruence K' de l'espace à cinq dimensions. Ce qui précède met immédiate- ment en évidence les résultats suivants : » Les réseaux C d'une congruence R correspondent aux points d'intersec- tion de R' ai'ec les plans p, Y, -f- /?o Y, + . . . -+- /?s Y5 = const. , p'^ ''' P'- +• • ■ -^- PI = o. n Les réseaux 1 C correspondent aux points d' intersection de R' avec ( 721 ) le plan p,Y, + . . . -^;;5 Y5 = const. , p' ^ p; -'r- ■ ■ ■ -H Pl ? o- » Les autres réseaux sont des réseaux 3C en général. » Dans une prochaine Note, je chercherai dans quel cas une con- gruence K est en même temps une congruence O; en outre, j'étudierai les congruences K qui sont de plusieurs manières applicables sur des congruences R'. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les invariants des équations linéaires aux dérivées partielles à deux variables indépendantes. Note de M. J. Le Roux, présentée par M. Darboux. « De même que les équations du second ordre, les équations d'ordre supérieur admettent, dans certains cas, des intégrales particulières, s'ex- primant à l'aide d'une fonction arbitraire d'une variable caractéristique, et des dérivées de cette fonction en nombre limité. » Ces intégrales peuvent être déterminées par une suite de transforma- lions analogues à celle de Laplace. Mais, tandis que, pour les équations du second ordre, la transformée est également du second ordre, dans les équations d'ordre supérieur l'ordre augmente en général à chaque trans- formation. » Par exemple, si l'on part d'une équation d'ordre n pour laquelle la variable œ est caractéristique simple, on en déduira une équation d'ordre n -\- n — 2. admettant x comme variable caractéristique d'ordre n — i. Parmi les multiples transformations auxquelles on pourrait assujettir celle-ci, il y en a une qui est plus particulièrement liée à l'équation primi- tive et qui conduit à une seconde transformée d'ordre n ^- 2(« — 2 ), ad- mettant X comme caractéristique multiple d'ordre i + 2 (« — 2). » En général, l'ordre de l'équation transformée et l'ordre de multipli- cité de la caractéristique j; augmentent de « 2 à chaque opération ; mais, dans certains cas particuliers, l'augmentation peut être moindre; il peut même arriver que l'équation proposée et les transformées soient indéfini- ment du même ordre. Les principales propriétés de l'équation relative- ment à la transformation considérée se reflètent dans une suite d'inva- riants analogues à ceux qui ont été introduits par M. Darboux pour le second ordre. ( 7^2 ) » Considérons une é [nation d'ordre n admettant x comme variable ca- ractéristique simple On a A„.o = o et A;^,_, ^ o. Nous supposerons ce dernier coefficient égal à l'unité. » Le multiplicateur différentiel de -r—~^ est égal à n{£^^k„_^X Nous sommes conduits à généraliser la transformation de Laplace en po- sant )) Effectuons d'abord la transformation suivante : (3) ^e/*"-.*^-- i/. Nous obtiendrons une nouvelle équation pour laquelle la transformation de Laplace sera définie par -- = M, — s p/A,.-,''.). dy » Dans l'équation en u, les termes qui contiennent un symbole de dé- rivation par rapport à y s'expriment immédiatement à l'aide de u^ et de ses dérivées. Il ne restera d'irréductible que les termes qui contiennent u, ou ses dérivées par rapport à x. En les faisant passer dans le second membre, nous pourrons donc écrire l'équation sous la forme (4) A(M,)=^o^p:r7 -! -—^,-j^_-,-^-...^'^\n--^u, A (m,) étant une expression différentielle contenant les dérivées de w, jus- qu'à l'ordre /^ — i et dans laquelle le coefficient de _^^^/- est égal à n. Je suppose >^o y- *^ laissant de côté les cas où la cbaîne des \ serait raccourcie C 7 23 ) ou rompue. Formons les expre ssions '''O^ ^0- \ ^. V (5) h,= dy Oyi' Or ày -ày on, ày (/> = o, I, 2, ..., n -- 2). » Elles jouissent de la propriété suivante : » Quand on effectue un changement de fonction et de variables in- dépendantes z=^kz', x = (!^{x'), y=z^x', y'), qui conserve à la fois la forme linéaire de l'équation et les caractéristiques a; = const., le déterminant hp se reproduit multiplié par la puissance du determmant ronctionnel ^rrV^- 2 dx' ôy' » L'équation en ;/, sera, en général, comme nous l'avons déjà dit, d'ordre n + {n — 2). On la transformera, en posant et l'on trouvera une nouvelle suite de n — i invariants. > ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur un problème de Riemann. Note de M. LuDwiG ScHLESiNGER, présentée par M. Poincaré. (' Dans son Mémoire |)Osthume Zwei allgemeine Scitze ûber linedre Diffe- rentialgleichungen, Riemann pose un problème que l'on peut énoncer de la manière suivante : » Etant donnés, dans le plan de la variable x, les c -h 1 points a,, . . ., a„, a„+, , traçons des coupures /, , . . . , 4 joignant les points a , a^ au point a^+i ; on demande n fonctions y,, y 2 J« ^^^ x, qui se comportent réguliè- rement pour toutes les valeurs de x, excepté les points Uk, qui subissent les sub- stitutions linéaires données arbitrairement A,, A,, ..., A,, quand x franchit les coupures li, l.,, . . ., la et qui, aux points a/., ne deviennent pas infinis d'un o; dre ir fi aiment grand. ( 7M ) » Si je ne me trompe, on n'a pas encore remarqué que la résolution du problème mentionné (dont Riemann ne démontre même pas la possibilité ^ puisse être donnée à l'aide des mêmes principes qui ont permis à M. Poin- caré d'intégrer chaque équation différentielle linéaire par les fonctions C fuchsiennes, au moins dans le cas où toutes les racines des équations fondamentales relatives aux substitutions données A, , ..., A^ et à la substi- tution Aç^_, = A7' . . . A~' ont pour module l'unité. C'est ce que nous allons démontrer. » Si, pour l'une des substitutions A^, les racines de l'équation fonda- mentale correspondante sont des racines de l'unité, et si, de plus, la forme canonique de A^ ne contient que des termes diagonaux, nous désignons par g^ le nombre entier le plus petit, pour lequel toutes ces racines satis- font à l'équation w^* = i . Si, pour une substitution Aj^, ces deux conditions ne sont pas satisfaites à la fois, le nombre correspondant g^ sera pris infini. I^es A;^, pour lesquels le nombre gi, est fini, vont satisfaire à l'équa- tion A^' = i. Avec les points «,, a^, ..., a^+i et les nombres g,, g^, ..., ^^+1, on peut former une équation normale (voir Poincaré, ActaMathem., t. IV, p. 228) admettant les points O/i comme points singuliers, et les valeurs réciproques des gk comme diffé- rences des racines des équations déterminantes correspondantes. Si le type déterminé par (i) est un type fuchsien, il résulte du théorème fondamental de M. Poincaré que ce type contient toujours une équation fuchsienne. Sans avoir recours au théorème de M. Poincaré dans toute sa généralité, par exemple en s'appuyant seulement au cas spécial de ce théorème que j'ai démontré, par une voie différente de celle de M. Poincaré, au Tome 105 du Journal de Crelle, on peut dire (voir le § Il du Mémoire cité de M. Poin- caré) qu'il est possible de trouver une équation fuchsienne appartenant à un type subordonné au type (i) et admettant comme points singuliers, outre les points donnés a^, encore certains points non donnés. Soit / le groupe des substitutions homogènes et unimodulaires, qu'un sys- tème fondamental «,, it., de (2) subit, si x décrit tous les chemins fermés possibles, il est évident que le groupe 0 formé des substitutions A,, ....Aj^^., (' 7^5 ) comme substitutions fondamentales sera isomorphe au groupe t. Si le groupe fuchsien projectif, correspondant au groupe t, appartient à la deuxième ou à la sixième famille, les substitutions de 0 correspondant aux substitutions paraboliques de ce groupe fuchsien seront telles, que les racines de leurs équations fondamentales ont pour modules l'unité. » Le même subsiste pour le groupe 0 unimodulaire et isomorphe à 6. Dé- signons donc par s^ les substitutions de t et par S^ les substitutions cor- respondantes du groupe 0, les séries les (f^(u^, u.,) étant « fonctions rationnelles et homogènes du degré ( - im) de II,, u„, seront absolument convergentes (voir Poincaré, Acta Mathem., t. V, p. 23 1, 267 et suiv.) à l'intérieur du cercle fondamental, pourvu que le nombre entier positif w soit suffisamment grand. Les fonctions Z^ de X ont, pour seuls points de ramification, les a^, et elle subissent la sub- stitution Aa du groupe 9 correspondant à la substitution A^ de G si x fran- chit la coupure 4; elles ont, de plus, encore des points singuliers />, ,. .., b„ différents des a^, mais ce ne sont que de simples pôles. En multipliant donc les Z;, par une expression de la forme {X — a,)'''. . .{X — a^y^-Çx - b, V'î. ..(x — b^y? , on pourra passer à un système de fonctions y^, ■ ■ .,y„ satisfaisant au pro- blème de Riemann. » MÉCANIQUE CÉLESTE. — Sur certaines intégrales premières des équaf ions de la Dynamique à deux variables; application à un cas particulier du problème des trois corps. Note de MM. J. Perchot et W. Ebert, présentée pur M. Poincaré. (( Nous considérons les deux équations et nous supposons que X et Y sont des fonctions homogènes de degré — 2, en X et y. En posant ( 72G ) nous avons » Soit $ une intégrale première ne contt-nant pas le temps et dévelop- pable, dans un certain domaine, suivant les puissances décroissantes des vitesses j;' = -^ et y = -y^ • Désignor,s par il'„, $,, ^.,, ... les différents groupes homogènes en a*', y' qui composent 4»; «î'o étant l'ensemble des termes de })lus haut degré, p. Ou a COnSt, r= $ :;,. Og + 4', +• $2 + . . . = 2$/, d'oi!i l'identité )) Les termes de 0 qui sont de degré m en x', y' introduisent dans celte identité des termes de degrés m — i et m -i- i par rapport à ces mêmes quantités; les premiers proviennent des dérivées par rapport aux vitesses, et les seconds des dérivées par rapport aux coordonnées. Il en résulte que 4', est du degré p — 2 en x', y' et, en général, que $/ est du degré p — li. u La transformation 3 X =lXf, y =ly,, l = l^t, ne mo, supposée indécomposable, une même puissance de \. » Les , sont homogènes par rapport aux vitesses et leurs degrés dé- croissent de deux unités ; ils doivent donc être encore homogènes par rapport aux coordonnées et leurs degrés, en x, y, doivent décroître d'une unité. » En désignant par/? et q les degrés de „ par rapport aux vitesses et y' aux coordonnées, par 3- le rapport ^, nous avons .V ^i = x'P-'-'x''--'Yi{irs); les F, représentent des fonctions quelconques de s et ( 72? ) » Nous posons F,(s,Sr) = (2r-E)^-'G,(3,&). L'intégrale devient ainsi const. = x'Pxi{^ — £)î G„ (s, &) + x-P'-xi-' (S^ - s)*-' G, (s, &) + .... » Les termes de degré/? + i en x' , y', dans l'identité (2), proviennent uniquement des dérivées de $0 par rapport aux coordonnées ; il en résulte que dG„ 1F = °- Go ne contenant que 2r, l'ensemble des termes du plus haut degré, par rapport aux vitesses, dans l'intégrale considérée, est de la forme a:'P-^(.vy-yx'yG(^j,y » En égalant à zéro les termes de l'identité (2), qui sont du degré ^ — i en x',y, on trouve o=/,G„(&)?(E)^[KO-^-?0)]['^ + .^] + f^- Cette équation permet de déduire G, de G(, par une quadrature. » On a, de même, entre G, et G,vi, la relation o:..(;,-ao,(0-o,(^,o + [KO-^?(0][^^^-i-^^-^^^;^-^] rfG,-+,(&,E dl » Connaissant le premier terme d'une intégrale de la forme considérée, on peut donc, par des quadratures successives, déterminer tous les autres. En supposant que u (H-ir » En désignant par C.^(z) une fonction indéterminée de ~, on trouve, après avoir effectué les quadratures. W„£ (E-,) ;ni-, m, -h 777, ■ [m. -&(«?,+ 7«,)] logï + |^^|-—j ■/n. ■(m, -h m.,) logf 1 — » Il existe donc dans G, (2-. s) et, par suite, dans <î>, des transcendantes, qui contiennent les coordonnées et les vitesses, et l'une d'elles n'est déve- loppable, dans aucun domaine, suivant les puissances de ces quantités. Si q était nul, ces transcendantes n'existeraient pas dans G,, mais elles seraient dans G2(&, s). » On conçoit ainsi, dans un cas particulier du problème des trois corps, certaines causes de la non-existence des intégrales uniformes ou algé- briques, par rapport aux vitesses ou aux coordonnées. » OPTIQUE. — Itecherches de précision sur la dispersion infra-rouge du quartz. Note de M. E. Carvallo, présentée par M. A. Cornu. « r.a partie calorifique des spectres lumineux a fait l'objet de nombreux travaux, surtout en Allemagne, dans ces dernières années; mais les auteurs, préoccupés surtout d'obtenir des résultats, n'ont pas fait progresser les méthodes de recherche au point de vue de la précision. C'est Mouton qui a donné les premiers résultats précis (') : il utilise comme repères les franges d'un spectre cannelé de Fizeau et Foucault, obtenu en interposant une lame de quartz entre un polariseur et un analyseur. La lame est (') Comptes rendus, t. LWXVIII, p. 967, 1078, 1189; 1879. ( 729 ) taillée parallèlement à l'axe optique du cristal et sa section principale est à 45° de celles du polariseur et de l'analyseur, qui sont, ou parallèles, ou perpendiculaires entre elles. )i On fait trois déterminations expérimentales, savoir : » 1° Epaisseur de la lame de quartz (e); » 2° Indices ordinaire (n) et extraordinaire (n') de chaque repère, à l'aide d'un prisme de quartz (et d'un appareil thermoscopique dans la partie infra-rouge) ; » 3° Une simple numération des franges fait connaître la différence de phase (p établie entre les deux rayons par la lame de quartz. » Ces données permeLlent de calculer les longueurs d'onde des repères par la formule A — • 9 » Dès lors la même lame de quartz permet d'étudier la dispersion fournie par un prisme quelconque. C'est ainsi que j'ai étudié, notamment, le spath d'Islande ( ' ). » Dans mes premières recherches, je me suis contenté de prendre pour base les l'ésultals de Mouton sur la biréfringence infra-rouge du quartz; mais, une suite de perfectionnements (-) m'ayant permis de pousser la pré- cision plus loin et de donner pour les indices de réfraction cinq chiffres dé- cimaux au lieu de quatre, il devenait nécessaire de revenir sur le travail de Mouton. » Les mesures ont été faites au laboi'atoire d'Enseignement de M. Bouty, à la Sorbonne, avec le grand goniomètre construit par M. Gautier, à l'aide d'un bolomètre et d'un galvanomètre exécutés par mes soins au labora- toire. I^es résultats sont consignésjdans les colonnes \, n, n' des Table:uix I et 1[. Pour les représenter, j'ai dû modifier légèrement les deux formules de dispersion que j'ai calculées antérieurement ('); mais ces modifications n'atteignent que très légèrement la partie rouge du spectre visible et nulle- ment les autres parties du spectre visible ou ullra-violet. » La formule de dispersion est celle-ci : n = dt'' -+- M - -)- a -[- c/- -t- c' i' , (') Thèse {Annales de l'École Normale. Supplément pour tSgo). (^) Spectres calorifiques {Annales de Chimie et de Physique, 7° série, l. IV; iSgS). (') Thèse {Annales de l'École Normale. Supplément pour 1S90). avec ( 73o ) Raj'on ordinaire (/!)• Rayon extraordinaire («') d... — 0,000000164 d... — 0,000000 1253 b... . .. —0,0008222 b... — 0.0008256 a. . . + 0,424306 a. . . -T-0, 419466 c. . . -1-0,004755 c. . . +0,004945 c'... -1-0,000080 c' .. +0,000080 » Les deux colonnes O — C qui font suite aux colonnes n et n', clans les Tableaux I et II, font connaître les différences « obs. — n cale, puis n'ohs. — «'cale. La colonne «'— n représente la biréfringence observée du quartz. I^a colonne O — C qui lui fait suite donne les différences entre les valeurs observées de n' — n et les valeurs calculées en extrapolant la formule établie par M. Macé de Lépinay (') ^u moyen de ses observations sur le spectre visible et uUra-violet. La concordance remarquable entre mes observations et la formule de M. Macé est une garantie des résultats obtenus d'une façon tout à fait indépendante par ce savant et par moi- même; garantie d'autant jilus précieuse que nous nous écartons notable- ment des résultats de Mouton qui m'avaient inspiré jusqu'ici une confiance exagérée. Tableau I. — Première lame : e : = I""",I0 16. 4?. \. n. O-C. n'. 0 — C. «' — n . O-C. 67 0,59855 » » 1,55298 0 n )) 65 61567 » » [,502 3 I — 1 » » 63 63368 » B r ,55167 0 » » 61 652 86 » B [ ,55i o3 0 » )) 59 6781 ,54i 39 + f ,55o4i 0 0,00902 + 1 57 6950 ,54078 0 ,54978 0 900 + 1 55 7185 ,54017 1 ,54915 0 898 + 1 53 7435 ,53956 I ,54852 — I 896 + 2 5i 771 1 ,53895 I ,54789 0 894 + 1 49 8007 ,53834 1 ; 547 25 — I 891 0 47 832 5 ,53773 0 ,54661 — I 888 0 45 8671 ,537 12 0 ,54598 0 886 0 43 9047 ,53649 + 1 ,54533 0 883 0 41 9460 ,53583 0 ,54464 0 881 + 1 39 9914 ,535 i4 0 ,54392 0 878 0 37 1,0417 .53442 0 ,54317 0 875 0 (^) Sur la double réfraciion du quartz {Annales de la Faculté des Sciences de Marseille, l. 1, p. i; 1891). ( 73i ) 4=?. X c. 35 1,0973 1 ,53366 H-i 1,542 38 H-l 33 1,1092 I ,53283 0 I ,541 52 0 3i 1,2288 I ,53192 + 1 I ,54057 0 29 1,3070 I ,53090 0 I ,53951 0 27 1,3958 I ,52977 H-3 1,53832 -1-2 25 1,4972 I ,52842 +3 I ,53692 -H2 23 i,6i46 . ,52679 + 1 1 ,53524 -1-2 21 .,7487 ,52485 0 1 ,533x9 — 2 Tableai 11. - Deuxième lame : e — j mm 4'f ■k. it . 0-C. n'. 0-C 5i 1,3195 I ,53076 -1-2 » » 49 1,3685 I ,53oii 4-2 1 ,53869 -1-2 47 1,4219 1 ,52942 -1-3 1,53796 -H2 45 1,4792 1 ,52865 -t-2 1,53716 -f-l 43 1,5414 1 ,52781 -H 2 1 ,5363o H-2 4. 1,6087 1 ,52687 0 1 ,53529 — 1 39 1,681 5 1 ,52583 — 1 1 ,53422 — 1 37 1,7614 I ,02468 -hl 1 ,533oi 0 35 1,8487 1 ,52335 0 1 ,53i 63 — 1 33 1,9457 ' ,52184 -1-2 1 ,53oo4 — 1 3i 2,o53i 1 ,52oo5 0 1 ,52823 -h4 29 2,1719 1 ,51799 0 I ,52609 +4 872 0 869 -Hi 865 0 861 -M 855 0 85o 0 845 -+-2 834 — 1 » 858 H-i 854 0 85 1 2 849 -1-2 842 -1-1 839 -1-1 833 0 828 -t-l 820 0 818 -1-5 810 -t-5 ÉLECTRICITÉ. — Influence fia fer doux sur le carré moyen de la différence de potentiel aux extrémités d'une bobine parcourue par un courant de haute fréquence. Note de M. H. Pellat, présentée par M. Lippmann. « Un courant oscillatoire de haute fréquence est obtenu dans une bo- bine B par le procédé ordinaire, en joignant les extrémités du fil aux arma- tures extérieures de deux petites bouteilles de Leyde, dont les armatures intérieures communiquent avec les pôles d'une bobine de Ruhmkorff. Les boutons de ces bouteilles sont assez voisins pour que l'étincelle éclate entre eux à chaque oscillation du trembleur. » La fréquence du courant oscillatoire, obtenue d'après la connaissance des capacités et du coefficient de self-induction de B, étant 3ooooo, si l'on introduit dans l'axe de la bobine B une seconde bobine B' à une couche de fd fin, on obtient entre les extrémités du fil de cette bobine des étia- ( 733 ) celles de 6°"° à ■7™™: c'est la disposition de Tesla. Si l'on met ensuite la bobine B' à l'extérieur de la bobine B, de façon que les axes coïncident, la force électromotrice d'induction devient trop faible pour qu'une étin- celle éclate entre les extrémités du fd de B'. Or, en mettant à lintérieur des deux bobines un faisceau de fds de fer doux (de o'"™,25 de diamètre, recouvert de coton pour isoler les brins), assez long pour occuper toute la longueur de l'ensemble des deux bobines, l'étincelle ne se produit pas davantage. » Cette expérience négative pourrait faire croire que le fer ne s'aimante pas dans un champ magnétique alterné de haute fréquence, puisque dans la bobine B' la variation du flux d'induction est sensiblement nulle. Voici pourtant une autre expérience qui montre que le fer s'aimante dans ces conditions et que son aimantation peut avoir une influence considérable sur certains phénomènes. » La bobine B' étant supprimée, les extrémités du fd de la bobine B toujours réunies aux armatures extérieures des bouteilles de Leyde, sont mises en relation avec les deux plateaux d'un électromètre-balance très sensible ('); le déplacement du plateau mobile est observé au moyen d'un microscope à réticule. » Dès que l'appareil est en activité, le plateau mobile se déplace sous l'influence d'une force électrique proportionnelle au carré moyen U de la diflérence de potentiel entre les extrémités du fil de la bobine B U =/}■•■")■ » Or j'ai constaté que l'introduction dans la bobine B d'un faisceau de fds de fer doux, à brins isolés, identique ou analogue à celui employé ci- dessus, diminue considérablement la valeur de U. » Cet effet n'est pas dû aux courants de Foucault dans le fer, car un faisceau semblable en fils de cuivre, introduit dans la bobine, ne produit aucune diminution de U. Bien plus, des masses compactes de laiton ne donnent lieu qu'à une diminution insignifiante de U. » L'expérience a fourni le même résultat avec trois bobines différentes (') Cet appareil n'était aalve queVappareil que ^ai décvil {Comptes rendus, l. GXX, p. 778; i8y5) pour la mesure des pouvoirs inducteurs spécifiques, dont le plateau fixe inférieur avait été enlevé. ( 733 ) ayant respectivement pour coefficient de self-induction 4,604x10", 0,01244x10' et o,ooo635 X io\ qui, associées aux deux petites bouteilles de Leyde de capacité 1,00 x lo""'" et 0,82 X io~'*, donnaient respectivement, par seconde, les nombres de périodes 3 5oo, 67300 et 298000. )) Dans le cas de 298000 périodes, la valeur de U, quoique très petite, correspondait à un déplacement du plateau dont on pouvait apprécier la ~ partie; le faisceau de fer doux réduisait la valeur de U dans le rapport de 3 à I . )) L'introduction du fer donne lieu à un changement 1res net pour le bruit des étincelles qui éclatent entre les boulons des bouteilles de Leyde. » Quelques expériences ont été faites en immobilisant le trembleur de la bobine de Ruhmkorff et en lançant dans le primaire de celle-ci le courant d'un alternateur : les résultats ont été les mêmes. « Ces expériences montrent que la présence d'une quantité de fer, même petite, dans l'axe d'une bobine, ne permet plus de se servir de la formule classique pour obtenir l'intensité i du courant oscillant en considérant le coefficient de self-induction L comme une constante. )i Celte formule conduit, en effet, pour la valeur du carré moyen de la différence de potentiel U, dans le cas de L constant, à l'expression U = n — TT' dans laquelle n représente le nombre des interruptions du trembleur par seconde, V,, la différence de potentiel entre les boulons des bouteilles de Leyde au moment où l'étincelle va éclater et R la résistance de la bobine B. Or, L, considéré comme une constante, augmente par la pré- sence du fer dans la bobine, ce qui devrait, d'après la formule ci-dessus, augmenter U, tandis que l'expérience indique une diminution considérable. » Ce phénomène doit être attribué à l'hystérésis dont la relation (i) ne tient plus compte si l'on considère L comme constant : le flux d'induction dû au fer est en retard de phase sur celui dû au courant seul, et une partie de l'énergie de ce courant est transformée en énergie calorifique dans le fer doux. » ( 734 ) ÉLECTRICITÉ. — Sur la température des lampes à incandescence. Noie de M. P. Jaxet, présentée par M. Mascart. « J'ai indiqué autrefois (Comp^e^ rendus, t. CXXIII, p. 690) une mé- ihode purement électrique de mesure de la température des lampes à incandescence et, plus généralement, d'un corps rayonnant quelconque. Cette méthode consiste à étudier : 1° la variation de la résistance de la lampe en fonction de la différence de potentiel aux bornes ; 2° la variation, en fonction du temps, de la résistance d'une lampe qui se refroidit. On en déduit aisément la courbe des watts rayonnes en fonction du temps, et, par suite, le nombre total de joules ou de petites calories abandonnées par la lampe. On pèse alors le filament et, de la formule de M. VioUe Q = o,355z + o,oooo6i-, on déduit la température / (en admettant que le filament est formé de carbone pur). » Cette méthode a été appliquée, sur mes conseils, par MM. Oindre et Fréauff-Ozenne, alors élèves à l'École supérieure d'Electricité ('); 'a pre- mière partie des mesures se fait au moyen d'un ampèremètre et d'un volt- mètre et ne présente aucune difficulté; la seconde est plus délicate; voici comment elle a été exécutée : )> Un interrupteur spécial permet d'effecluer les opérations suivantes : )) 1° Au temps zéro, le courant de la lampe est rompu; » 2° Immédiatement après, la lampe est intercalée dans un circuit auxiliaire com- prenant un accumulateur et une boite de résistances; » 3° Au temps t, un contact instantané met en communication les deux bornes de la lampe avec les armatures d'un condensateur; » /j" Ce condensateur est déchargé dans un balistique. » Ces diverses opérations sont exécutées par une glissière qui se meut parallèle- ment à elle-même entre deux rainures ; les intervalles de temps se mesurent au moyen d'un diapason inscrivant ses vibrations sur un papier enfumé; il est évident, en efiet, qu'à ces hautes températures le refroidissement est très rapide et qu'il est nécessaire de pouvoir mesurer avec précision des fractions de seconde. Un calcul facile permet de trouver alors la résistance de la lampe à un instant quelconque. » Les expériences ont porté sur quatre lampes A, B, C, D de 65 volts et 10 bougies. (') Les expériences ont été faites au Laboratoire central d'Electricité. ( 7^5) Je désignerai par t la température, par Rj, la résistance de la lampe à la température ordinaire, par R, sa résistance à 1° , par /> la masse du filament exprimée en milli- grammes, par E la tension aux bornes. Voici les résultats obtenus : Lampes. E. p. K^. ^- t. A 65 6,3 175 0,53 1720 ,B 65 5,35 170 0,54 1610 C 65 5,2 170 0,52 i63o D 65 4)8 170 o>53 1620 » On voit que les résultats relatifs aux lamjDes B, C, D concordent très sensiblement; la lampe A, pour une raison quelconque, donne une tempé- rature un peu plus élevée. » Quoi qu'il en soit, les résultats précédents présentent un certain inté- rêt, étant données les divergences des différents auteurs qui ont traité cette question. H. -F. Weber, en effet, indique des températures ne dépas- sant guère i3oo°, tandis que M. Le Chatelier a donné (') 1800". On voit que nos résultats se rapprochent de ces derniers; ils s'en rapprochent même d'autant plus qu'il est permis de penser que nos lampes étaient vcioim poussées que celles de M. Le Chatelier; voici, en effet, les variations de résistances données par cet auteur : t -°- R, 0 i5 I 700 0,75 1 000 0 , 66 1 4oo o , 57 1 800 o ; 49 2100 0,44 » A la température de fonctionnement normal, le rapport |7^ était donc de o, 49 pour les lampes de M. Le Chatelier, tandis que ce même rapport atteignait la valeur o,53 dans nos expériences : or, à cette valeur o, 53 correspond précisément la température de iGoo" dans la Table de M. Le Chatelier. » La principale cause d'erreur des expériences précédentes réside dans la faiblesse du poids du filament : il serait facile d'y remédier en opérant sur des lampes à bas voltage. On démontre en effet aisément que, à pouvoir C) Journal de Physique, 2" série, t. I, p. 2o3. C. R., 189S, 1" Semestre. (T. CXXVI, N» 10.) qS ( 7^6 ) éclairant égal, le poids du filament d'une lampe varie en raison inverse de la puissance f de la^différence de potentiel aux bornes. » Des expériences précédentes on peut déduire des courbes de variation de la radiation totale en fonction de la température, mais la question est trop importante pour pouvoir être abordée ici. » PHYSIQUE . — Quelques propriétés des cathodes placées dans un champ magné- tique puissant . Note de M. André Iîroca, présentée par M. A. Cornu. « Il va deux ans, M. Birkeland, soumettant un tube à croix de Crookes à un champ magnétique puissant, vit que les rayons cathodiques émis par la croix prise comme cathode, dans un champ magnétique puissant et nor- mal au plan de cette croix, se propageaient suivant les lignes de force. Il vit dans ces conditions se produire deux images de la croix : l'une vers l'aimant, l'autre sur la paroi opposée. Les rayons deviennent alors visibles sur tout leur trajet sous forme d'une traînée rose violet. Les phénomènes sont indépendants du sens du champ magnétique. Quand le champ est assez intense, il se produit une convergence des rayons en un foyer assez puissant pour y fondre le verre. M. Birkeland attribue cette convergence à la non- uniformité du champ, et M. Poincaré a montré que, dans \a théorie de l'ionisation, cette convergence devait avoir lieu dans un champ non uni- forme. Il a montré que, dans ce cas, la molécule radiante devait se mouvoir sur un cône de révolution. Hittorff avait déjà saisi par la Photographie des faits semblables, et ses expériences viennent d'être répétées avec succès par son élève Precht. J'ai répété des expériences analogues à celles de M. Birke- land, en me plaçant dans le cas de champs variables depuis zéro jusqu'à environ i5ooo C.G.S., entre les deux pôles d'un électro-aimant de Faraday, dont le courant excitateur était réglé au moyen d'un rhéostat de Cance. M A priori, les résultats de M. Birkeland doivent être incomplets, car nous savons qu'un rayon cathodique normal à un champ magnétique uniforme suit une trajectoire courbe et située dans un plan normal au champ. Des expériences préliminaires m'ont montré que, dans les champs puissants, les rayons qui s'enroulent autour des lignes de force deviennent invisibles, parce qu'ils ne rencontrent plus de jiarois. » J'ai alors fait construire par M. Cliabaïul une ampoule spliérique de S''"^ de dia- mètre, portant une électrode spliérique centrale de 5""" de diamètre, entourée d'un ( 73? ) écran diamétral en verre; c'est celle-ci qui est toujours prise comme cathode. Deux anodes, situées, l'une dans le plan de l'écran, l'autre dans le plan normal, m'ont montré que la position de l'anode était indifférente pour ces phénomènes. » L'intensité du champ a une action prépondérante sur les phénomènes; son uni- formité est peu importante, car tout reste identique si l'on place l'ampoule dans le champ de deux larges lames de fer, ou dans celui des deux cônes arrondis bien connus. » Les expériences suivantes ont été faites avec l'écran diamétral parallèle aux lignes de force. Les parties fluorescentes sombres dues aux irrégularités de la cathode per- mettent de voir que, dès que le champ est excité, les rayons cathodiques semblent s'enrouler autour des lignes de force, dans le sens du courant excitateur. Pour une certaine valeur du champ, les parois latérales du tube cessent d'être lumineuses, toute l'illumination se reporte sur l'écran diamétral. Puis subitement (') un jet lumi- neux intense semble jaillir de la cathode et illuminer l'écran diamétral jusqu'à la paroi, où il produit une petite tache à peu près circulaire. Il a 2'°" de large environ, et est plus ou moins excentré par rapport à la cathode suivant le degré de vide, mais toujours très légèrement. De chaque côté de cette ligne lumineuse s'étend un espace obscur, ail delà duquel on voit la surface illuminée, limite du phénomène cathodique antérieur, qui a la forme dite en chapeau de gendarme. Fait très curieux, celle de ces deux dernières surfaces lumineuses qui correspond aux rayons émis par la cathode au-dessus de l'écran, si l'on suppose que le courant lui arrive par-dessous, possède une fluorescence jaune; l'autre possède une fluorescence verte. » Quand le champ augmente, les deux chapeaux de gendarme se rapprochent du centre et se raccourcissent. La traînée lumineuse axiale devient moins intense, mais la tache qu'elle produit sur la paroi du tube reste aussi forte. D'ailleurs, le gaz lui- même, grâce à la luminescence violette indiquée par M. Birkeland, permet, quand la pression n'est pas trop faible, de la suivre sous forme d'un cylindre très mince, et les irrégularités de la surface de l'écran montrent la fluorescence partout où il y a une surface inclinée sur les lignes de force. L'excentricité du faisceau parallèle au champ n'existe plus. Enfin, pour une valeur assez grande du champ, les phénomènes catho- diques disparaissent presque complètement. » Quand on incline l'écran sur le champ, on voit l'illumination qui suit la force disparaître de l'écran et la surface lumineuse, engendrée par les rayons qui tournent autour du champ, se modifier. Le canal central obscur s'efface et, pour la position nor- male au champ, l'illumination, très faible, est nettement circulaire. » Ceci ne peut rien préjuger sur la forme même de la trajecroire des rayons spiraux dans le champ magnétique. En eflet, l'écran diamétral les arrête tous aussitôt qu'ils ont accompli une demi-révolution autour de la ligne de force. Cette expérience nous prouve donc seulement que la cathode sphérique émet des rayons d'espèces difl'é- rentes, susceptibles de suivre, dans le champ magnétique, des hélices à pas différents. » Avec un tube à cathode cylindrique de 3'"™ de diamètre et 2'="' de haut, placée parallèlement aux lignes de force, les phénomènes sont aussi de la plus grande netteté. On voit, sur la paroi située dans l'axe de la cathode, une large tache présentant des (' ) M. Birkeland a indiqué, il y quinze jours, l'apparition subite de ce jet ( Comptes rendus, t. CXXVI, p. 586). ( 738 ) rayons sombres dus aux irrégularités de la cathode. Dans le champ magnétique, on voit la tache se rétrécir en même temps que les rayons se courbent, indiquant la tra- jectoire en hélice des rayons. Puis, pour une certaine valeur du champ, une ligne vio- lette mince, parallèle aux lignes de force, apparaît brusquement et donne une tache cathodique sur la paroi. Quand le champ est assez intense, les deux ordres de rayons sont visibles dans le gaz, et l'on voit nettement l'espace obscur qui les sépare. Si l'on maintient le champ quelque temps, les rayons parallèles au champ fondent la paroi. Ce tube montre d'ailleurs plusieurs propriétés curieuses des rayons cathodiques sur lesquels je n'insisterai pas. » Tous ces phénomènes se coordonnent parfaitement, si nous admettons le fait connu que la fluorescence, due aux rayons cathodiques, est d'autant plus vive que les rayons sont plus normaux à la surface qu'ils frappent. Dans cette hypothèse, nous voyons qu'une cathode placée dans un champ magnétique émet deux ordres de rayons. Les tins sont la limite des rayons ordinaires et s'enroulent autour du champ; nous les appellerons rayons de première espèce. Les autres naissent subitement pour une certaine valeur du champ, commencent par s'enrouler autour de la ligne de force suivant une hélice tracée sur un cylindre très mince et à pas très allongé; nous les appellerons rayons de seconde espèce. Quand le champ augmente, deux hypothèses sont possibles : ou bien, les rayons émis restant les iriémes, le pas de ces hélices s'allonge indéfiniinent, de manière à avoir pour limite une trajectoire rectiligne tiu rayon; ou bien l'émission de la cathode elle- même est modifiée de manière à ne plus émettre comme rayons de seconde espèce que des rayons qui suivent exactement la ligne de force. C'est à cette dernière opinion que je me rangerais le plus volontiers, ne sachant com- ment comprendre la première hypothèse. Quoi qu'il en soit, ces rayons forment un foyer très étroit et très puissant, susceptible de fondre le verre, et cela même dans un champ magnétique uniforme. » En résumé, il existe deux espèces de rayons cathodiques : ceux de première espèce, qui s'enroulent autour de la ligne de force du champ magnétique, et ceux de seconde espèce qui suivent cette ligne de force. » PHYSIQUE . — Recherches sur les aciers au nickel. Variations de volumes des alliages irréversibles. Note de M. Ch.-Éd. Guillaume, présentée par M. A. Cornu. « J'ai soumis à une étude détaillée le fait, signalé par le D"' J. Hopkinson, del'ausmentation de volume des aciers-nickel irréversibles dans leur trans- formation par le froid. ( 739) » Tous les alliages contenant de o à aS pour loo de nickel semblent soumis à cette transformation irréversible, le passage à l'un des états se produisant entre le rouge sombre et le rouge cerise, et le retour débutant à une température d'autant plus basse que l'alliage contient plus de nickel. Après le recuit, l'alliage est non magnétique et doux; après le refroidisse- ment, il est magnétique et très sec. » Pour étudier la région de passage du premier au deuxième état, je me suis servi du procédé précédemment décrit, consistant à comparer la règle d'acier-nickel à une barre de laiton qui lui est fixée par une extrémité. Les expériences les plus complètes ont été faites sur une barre contenant i5 pour loo de nickel environ. » On cIiaufTait au rouge la barre d'acier, puis, sans la laisser refroidir, on y fixait la règle de laiton. L'ensemble était alors plongé dans un bain d'huile préalablement chaulTé vers 200°. On laissait la température s'abaisser lentement et l'on faisait, de temps en temps, une mesure de la dillérence des deux règles. Après un refroidissement d'une cinquantaine de degrés, on réchaufl'ait le bain et l'on déterminait les variations de longueur de la règle à température ascendante d'abord, puis dans le refroidisse- ment qui suivait. Les mesures, très longues, ont été interrompues plusieurs fois et reprises à des jours différents. » J'ai constaté en premier lieu que la dilatation de l'alliage étudié à l'état non magnétique est presque identique à celle du laiton, comme l'avait annoncé M. A. Le Chatelier. Puis, lorsque la température de i3o° est atteinte, la barre commence à s'allonger en se refroidissant, et sa variation atteint bientôt 40*^ P^'i' degré et par mètre. Cette augmentation de lon- gueur a été suivie ainsi jusqu'à — 60°. Le refroidissement n'a pu être poussé plus loin, mais la forme de la courbe dans ses dernières parties montre que la transformation était à peu près complète. » Si, au cours de la transformation pendant laquelle la règle s'allonge en se refroidissant, on élève la température, elle s'allonge encore suivant une fonction sensiblement linéaire; elle se comporte alors comme tout autre métal ou alliage, tant que l'on ne revient pas au point où le réchauffetnent a commencé. Si l'on repasse, en descendant, par cette température, la contraction cesse brusquement et l'augmentation de volume recommence à se manifester en suivant exactement la courbe au point où on l'avait abandonnée. » Toutefois, aux températures basses, le phénomène peut se passer dif- féremment. En opérant, comme il vient d'être dit, sur une règle contenant 24 pour 100 de nickel, et dont la transformation commence au-dessous de ( 74o ) zéro, j'ai vu, après un réchauffement de quelques degrés seulement, la barre se contracter régulièrement en traversant la courbe de transforma- tion à la température oîi elle l'avait quittée. On a pu refroidir alors, dans certains cas, d'une quinzaine de degrés encore, sans que la contraction cessât de se produire; puis, subitement, la règle s'est allongée et a atteint en quelques secondes un point voisin de celui auquel elle serait arrivée si l'on avait refroidi sans interruption. » On avait pu amener ainsi l'alliage à un état d'équilibre instable ana- logue à celui qui existe dans la surfusion, puis, cet équilibre une fois rompu en un point quelconque, la règle entière s'est transformée brusque- ment. Un phénomène analogue, quoique moins accusé, a pu être observé avec la barre à i5 pour loo de nickel, à partir de — So". » D'ailleurs, la transformation n'est jamais complète dès le premier mo- ment, au moins aux températures basses. Une règle, amenée, par exemple, de 200° à 0° et abandonnée à cette température pendant plusieurs jours, donne des résultats un peu différents au réchauffement et au refroidisse- ment, et dans les mesures de dilatation ne revient pas immédiatement à l'état oi^i on l'avait reprise. » A chaque degré de la transformation correspond un coefficient de dilatation différent. Une même barre peut ainsi posséder une dilatation comprise entre 10 et 20 millionièmes environ, et qui conserve indéfiniment la même valeur. La variation à partir de la valeur maxima est sensiblement proportionnelle à la variation de longueur déjà produite par le refroidisse- ment. » Ces expériences et d'autres analogues nous montrent que les aciers au nickel irréversibles peuvent posséder, entre des limites de températures étendues, une infinité d'équilibres, qu'ils conservent presque sans modi- fications tant que l'alliage ne coupe pas, aux températures élevées ou basses, deux courbes de transformation le long desquelles toutes ses pro- propriétés changent graduellement et simultanément. » Ils possèdent, de plus, des équilibres instables qui peuvent être rompus brusquement, et auxquels une transformation presque instantanée met un terme. Au cours de ce phénomène, on voit souvent une barre de i'" de longueur s'allonger en quelques secondes de près de i'"'". » ( 74i ) PHYSIQUE. — Recherches sur les propriétés magnétiques des aciers au nickel. Note de M. Eugène Dumont, présentée par M. A. Cornu. « Au cours de son travail d'ensemble sur les aciers au nickel, M. Cli.-Éd. Gudlaume ('), a étudié celles de leurs propriétés magnétiques propres à servir de base à une classification et à une théorie de ces alliages. C'est lui le premier qui fit, d'une manière rigoureuse, la distinction entre les alliages réversibles et les irréversibles. » Préoccupé surtout de l'étude métrologique des nouveaux aciers, M, Guillaume m'engagea à en étudier en détail les propriétés magnétiques. Je tiens à le remercier sincèrement pour ses excellents conseils. » J'ai déterminé pour douze alliages, en valeur absolue, la perméabilité magnétique pour des champs compris entre i4 et 5o unités C. G. S., et pour des températures comprises entre — 78° et + 2 do". » Les divers alliages ont été étudiés sous la forme de fds d'environ o'"™,5 soigneuse- ment recuits. Ils étaient placés dans une bobine annulaire creuse, coupée en un point par une fente de 7"", permettant l'introduction des alliages. Sur la bobine étaient enroulés i356 tours de fil isolé à l'amiante, pour le passage du courant destiné à créer le champ magnétique. Dans la région diamétralement opposée à la fente, 8o5 tours de fil fermant le circuit d'un galvanomètre balistique permettaient de mesurer l'induction. Le tout était placé dans un bain d'air. » J'ai suivi la méthode décrite par M. Ewing et M""" Rlaassen (-) et j'ai fait parcourir aux divers alliages plusieurs cycles d'aimantation indéfini- ment répétés entre des valeurs de champ égales et de signes contraires. » Les huit alliages réversibles, dont j'ai fait l'étude, renfermaient l\!\, Sg,^, 35,5, 35,2, 34,6, 3o,4, 28, 26,2 pour ;oo de nickel; ils présentent des propriétés magnétiques analogues comme on peut le voir dans les diagrammes. » Le premier {fig. i), qui donne les variations de |a avec la température, pour le champ maximum, montre que tous les alliages se transforment graduellement. (I^es parties pointillées terminant les deux, dernières courbes sont extrapolées.) » Le deuxième {fig. 2) contient les courbes des variations de (ji avec le champ pour la température de 20°. (') Ch.-Ed. Guillaumb, Comptes rendus, t. CXXIV, p. i5i5; 5 avril 1897. C) Ewing, The Eleclrician, i5 mai 1891 et Lumière électrique, t. XL, p. Sig. ( 74^ ) » La perméabilité augmente insensiblement jusqu'à H = 25, puis croît très rapide- ment pour passer par un maximum correspondant au champ 36, et diminue lentement au delà. Fig. I. ISO ^ ^^ \' — -s~ 1 ^ \ \ \-^. ^ \ \ -^ ^ f \ \ \ ^f^', ^ H \ \ \ '~-.^ ^ ^ \ S ^ N 1 \ "^^ 25 1 0 ' a ï " T 3-^3 » On a porté, dans le diagramme {Jig. 3), les courbes de perméabilité en fonction de la teneur en nickel, correspondant à diverses températures. Fig. 2. » J'indiquerai, à titre d'exemple, dans le Tableau suivant, les valeurs de [/. pour l'alliage à 35,2 pour loo de nickel, aux diverses températures et pour les différents champs. ( 743 ) Températures. ;5o. Il = Mi. H = a I . 20. 3o. 5o. 70. 100. i3o. 160. 190. 220. 95 "9 96 3l,2 23 21 9^,"^ it8,5 95 3o,9 22,2 20,2 89,5 117^5 93,5 29.4 20 •9 83 n5 89 27,2 18,2 17.1 70,5 108 81 24,5 l5,2 i4,4 56 99 75,5 21 i3 I r ,3 4o,2 82,5 61 16,2 8,2 8,1 23,5 53 37 10,4 5 5 6 i5,5 9 3,6 1,5 1,3 » L'inspection du diagramme ('y/^'. i) montre que les courbes correspon- dant aux divers alliages sont sensiblement parallèles, et l'on en déduit la relation suivante d'une remarquable simplicité : M A égale distance du point de perte totale de magnétisme, tous les alliages réversibles ont même perméabilité magnétique . )) En combinant les résultats contenus dans le diagramme {fig. 3) avec Fig. 3. 150 1 ■ — \Z~^ -^ > i t y ^ ^ - — ■ X. ^ 5Sl^ '^ ^ - — 7 / ^y ;^ /^ y / / / ^ ï2 5^ y / y y A ^ .'■""'^ 1 / / y / ( Tsnetir enNickc;. les formules données par M. Guillaume, et indiquant la relation entre la teneur et la température de perte totale du magnétisme, on trouve que, à toute température : la perméabilité pour les alliages contenant l'j à l^!\pour 100 de nickel augmente avec la teneur en nickel. » Les résultats qui précèdent se rapportent, comme je l'ai dit, aux alliages recuits. Deux fils contenant respectivement 39,4 et 44 pour 100 de nickel ont donné une perméabilité constante entre 0° et aSo". Un alliage C. R., 1898, I" Semestre. (T. CXXVI, N" 10.1 9" ( 74'4 ) contenant du chrome a présenté un point de perle totale du magnétisme plus bas que les alliages de même teneur en nickel non chromé ( ' ). » CHIMIE Ml^'ÉRALE. — Préparation du glucinium par èleclrolyse. Note de M. P. Lebeau (-), présentée par M. Henri Moissan. « En i8a8, Bussy et Wohler isolèrent presque simultanément le gluci- nium en faisant réagir le potassium sur son chlorure. Depuis cette époque la préparation de ce métal a fait l'objet de nombreuses tentatives et est restée, malgré cela, une expérience de laboratoire assez délicate. Nous rappellerons en particulier les recherches de Debray sur ce sujet. Les pro- priétés physiques et chimiques dissemblables attribuées au glucinium par les différents savants qui l'ont préparé nous ont conduit à rechercher un procédé permettant de l'obtenir dans un état toujours comparable à lui- même, et d'une pureté constante. La réaction généralement employée dans celte préparation consistait à faire réagir un métal alcalin, potassium ou sodium, sur le chlorure de glucinium (Bussy, Wohler, Debray, Nilson et Peterson, Reynold, Humpidge), ou sur le fluorure double de glucinium et de potassium (Rruss et Morath) ('). )) Quelques essais en vue d'obtenir le métal par l'électrolyse ont été tentés. MM. Nilson et Peterson ('), ne purent décomposer le chlorure et reconnurent que ce corps ne se laissait jjas traverser par le courant. M. Borchers (°) dit avoir obtenu du glucinium en décomposant le chlo- rure triple de glucinium, de potassium et d'ammonium par un courant de looo ampères par mètre carré d'éleclrode et 5 volts, mais il ne décrit pas le métal obtenu. Enfin M. Warren (*) prétend fabriquer le glucinium in- (') Celte étude a été faite au lal^oraloire de Physique de l'Université de Genève. Je tiens à exprimer ici toute ma reconnaissance à MM. les professeurs C. Soret et A. Rilliet, pour les précieux conseils qu'ils n'ont cessé de me donner au cours de ce travail. {''■) Travail fait au laboratoire des Hautes Etudes de M. Moissan, à l'Ecole de Phar- macie. (^) Kruss et Morath, Liebig's Annalen der Chemie, t. CCLX, p. 187. (*) Nilson et Petekso.n, Ann. de Chim. et de Phys., 5" série, t. XI\', p. 426. (') BoRCREns, Zeits. fiir Etectrochemie, iSgS. (°) Waiiren, Chemical news, t. LXXII, p. 3 10. ( 7^5 ) dustriellement en électrolysant le bromure de ghicinium au moyeu d'un courant de 8 ampères sous i 2 volts. Le métal obtenu, ti-ansformé en objets d'art, serait actuellement en possession de l'émir d'Afghanistan. I.e bro- mure de glucinium employé par M. Warren était vraisemblablement impur, car nous avons reconnu que les sels halogènes de glucinium fondus ne conduisaient pas le courant. )) Les composés que forment le chlore, le brome et l'iode avec le gluci- nium sont assez difficiles à obtenir et leur altération rapide en présence de l'eau les rend d'un emploi peu pratique. Nous avons pensé que le fluorure de glucinium, dont les propriétés sont mal connues, pouvait présenter quelques avantages. Nous avons réussi à préparer ce compose à l'état de pureté; il fond très facilement, donne un bain d'une grande transparence; mais malheureusement ne se laisse nullement travei'ser par le courant. L'addition de fluorure de sodium ou de potassium le rend conducteur, et le glucinium peut en être séparé par éleclrolvse. » Marignac(') a étudié au point de vue cristallographique les fluorures doubles que forme le fluorure de glucinium avec les métaux alcalins, et a obtenu les composés de la forme GF-, 2MF et GF^ MF. Les sels de sodium notamment, GF, sNaF et GF, NaF, conviennent parfaitement; le premier fond vers 35o° en donnant par refroidissement une masse A'itreuse trans- parente; le second, qui fond vers le rouge sombre, fournit au contraire une masse blanche à cassure cristalline. Ce dernier sel, étant moins résistant, sera choisi de préférence lorsqu'on ne disposera que d'un courant assez faible. » On peut préparer ces sels par la méthode de Marignac, qui consiste à mélanger les solutions concentrées des fluorures et à laisser cristalliser, ou bien dissoudre dans l'acide fluorhydiiqiie de l'hydrate de glucinium et du carbonate de sodium purs en proportions exactement calculées. Le liquide est évaporé à. sec et le résidu fondu dans une capsule de pla- tine. Le sel double peut être coulé sur une lame de platine et conservé dans des flacons de verre. Lorsque la quantité de fluorui'e de gluciniiun est inférieure à celle qui correspond à la formule GF-NaF, le produit devient déliquescent. » L'électrolyse se fait très commodément dans un creuset de nickel qui sert de pôle négatif, l'électrode positive étant constituée par une lame ou (') Marignac, Annales de Chimie et de Physique, 4^ série, t. XXX, p. 45. ( 746 ) une baguette de charbon graphitique qui ne se désagrège pas sous l'in- fluence du courant. » On commence par fondre le sel au moyen d'un brûleur Bunsen, puis l'on fait passer le courant; on cesse alors de chauffer. La masse se maintient en fusion, il faut éviter une trop grande élévalion de température et ne pas dépasser le rouge naissant. » Nous avions à notre disposition le courant produit par une petite dynamo destinée à la charge des accumulateurs et donnant normalement 20 ampères sous 80 volts. Pendant l'expérience le courant était de 6 à 7 ampères sous 35 à 40 volts. Après quarante-cinq minutes de marche environ, en employant un creuset pouvant contenir une centaine de grammes du sel GF'-,2NaF, on obtient sur le creuset de nickel, surtout vers la région médiane, un dépôt métallique formé par un feutrage cristallin non adhérent que l'on isole en trailant la masse par l'eau bouillante. Après des lavages prolongés la désagrégation devient complète et l'on recueille une poudre formée uniquement de cristaux assez irréguliers, comme on en rencontre souvent dans les dépôts électroljtiques, et qui est du gluciniuni pur ne renfermant pas de nickel, ni de fer. Au microscope, il est d'un blanc métallique très brillant ; il ne contient pas trace de matière amorphe. » Nous avons pu en outre, dans ces essais, obtenir des alliages de gluci- nium, en opérant dans des creusets de charbon servant de pôle négatif et renfermant le métal à allier à l'état de fusion; c'est ainsi qu'il nous a été possible de préparer à nouveau les bronzes de gluciniimi dont nous avons antérieurement décrit la préparation au four électrique. » CHIMIE MINÉRALE. — Dosage chimique de l'oxyde de carbone contenu dans l'air, même à l'état de traces. Note de M. Maurice Nicloux ( ' ), présentée par M. Moissan. « Depuis déjà plusieurs années, sous la direction de ÎM. Gréhant, j'ai eu souvent l'occasion de doser des traces d'oxyde de carbone dans l'air en employant le procédé à la fois physiologique et chimique décrit par lui dans son Ouvrage Les gaz du sang (-), et complété par une Communica- tion faite à l'Académie, le 8 novembre 1897 (^). (') Travail fait au laboratoire de Physiologie générale du Muséum. (') Les gaz du sang, i vol. {Encyclopédie Léaulé). (') N. GiiÉUANT, Dans quelle limite l'oxyde de carbone est-il fixé par le sani d'un mammifère vivant? {Comptes rendus, 8 novembre 1897.) ( 747 ) » Je me permettrai d'en rappeler le principe : fixation de l'oxyde de carbone par le sang d'un mammifère vivant, extraction des gaz d'un vo- lume déterminé de sang, analyse de ce gaz au grisoumètre. La propor- tionnalité entre l'oxyde de carbone fixé par le sang et l'oxyde de carbone contenu dans le milieu résout le problème du dosage. » Cette méthode a fourni déjà un grand nombre de résultats intéressants au point de vue des applications de la Physiologie à l'hygiène, elle en four- nira encore; mais j'ai pensé qu'il serait avantageux d'imaginer un procédé de dosage entièrement chimique, simple, rapide, permettant de doser l'oxyde de carbone dans l'air, lorsque ce gaz y est contenu dans des pro- portions variant entre y^ et -^^^^^ » Ce procédé repose sur deux faits, connus déjà depuis fort longtemps : » 1° L'oxyde de carbone est oxydé par l'acide iodique anhydre à la température de i5o° en donnant de l'acide carbonique, et l'iode est mis en liberté en quantité correspondante ('); » 2" L'iode peut être facilement dosé : au ^ centième de milligramme près si la quantité d'iode est inférieure à o""^'-^ i ; à yi^ de milligramme près, entre o^sf, i et o^s"-, 2 d'iode ; à ^ de milligramme près si la quantité d'iode est supérieure à o"S'', 2 (entre o'^s"" et o™""-, 4), cela en employant le pro- cédé donné par Rabourdin (^) : » Mise en liberté de l'iode de l'iodure de potassium par l'acide sull'urique iiilreux ; dissolution de l'iode dans un volume connu de chloroforme et comparaison de la teinte ainsi obtenue avec celle que l'on obtient dans les mêmes conditions avec une solution titrée d'iodure de potassium. » Appareil. — On prend trois petits tubes en U à tubulures latérales, semblables à ceux qui servent à l'analyse organique. Dans le premier on introduit de la potasse en pastilles, dans le second de la ponce sulfurique, dans le troisième 258''à 4oS'' d'acide iodique anhydre. On ferme à la lampe les deux branches de ce dernier pour éviter l'introduction de matières organiques. A la suite du tube à acide iodique on place un tube de Will contenant 5" de lessive de soude pure d'une densité de i,3, que l'on additionne de 5'^'^ d'eau distillée. Enfin une aspiration, réglée à raison de iC'' par mi- nute au maximum et produite par un vase de Mariette, pourra faire circuler les gaz dans le sens du premier tube vers le tube de Will. (•) DiTTE, Propriétés de l'acide iodique {Bulletin de la Société chimique, t. 1, p. 3i8; 1870). — C. Diî LA Harpe et F. Reverdin, Recherche de l'oxyde de carbone dans l'air {Bulletin de la Société chimique, t. I, p. i63; 1889). {'^) Rabourdin, Essai de dosage de l'iode {Comptes rendus, t. XXXI, p. 784; i85o). ( 74« ) » Le tube en U conlenant l'acide iodiqueest introduit dans un verre cylindrique de Bohême rempli d'huile- » Le gaz à analyser (i''' suffira pour le dosage, si la quantité de CO est égale ou supérieure à Yôoôo), contenu dans un petit sac de caoutchouc ou un aspirateur gradué, circule dans les deux premiers tubes conlenant potasse et ponce; dans le premier, il se débarrasse de CO-, de H-S, de SO^; H^S et SO- donneraient la même réaction que l'oxyde de carbone si, étant contenus dans l'air à analyser, ils n'étaient pas retenus; dans le second, il se débarrasse de la petite quantité d'eau qu'il pourrait retenir. Le gaz arrive ensuite au contact de l'acide iodique anhydre maintenu à iSo" au moyen du bain d'huile. CO s'oxyde; la vapeur d'iode entraînée par le courant gazeux est retenue par la solution alcaline du tube de Will. Le gaz ayant entièrement circulé, on enchâssera les dernières traces de l'appareil en faisant une aspiration d'air atmosphé- rique. » Le dosage s'efTectue comme l'a indiqué Rabourdin : » La solution alcaline contenant l'iode est rendue acide par l'acide sulfurique; on ajoute quelques centigrammes de nitrite de soude, 5" de chloroforme ou mieux de sulfure de carbone, on agite fortement : l'iode mis en liberté se dissout dans l'un de ces dissolvants en leur communiquant une teinte rose que l'on compare à celle obtenue dans les mêmes conditions avec une solution titrée d'iodure de potassium à o°'5^I de Kl par centimètre cube. » Le calcul de la réaction SCO H- alO'H = 5C0^-f- H^O + V- montre que, si Kl est exprimé en milligrammes, le volume de CO en centimètres cubes, à o° et 760"°% est donné par la formule r^r-. Kl . „^. Kl CO = et pratiquement Ci_) = -7-- 2,97 ^ » Tous les détails du dosage ainsi que les résultats numériques des expé- riences de contrôle seront consignés dans un Mémoire spécial. Ces expé- riences montrent que l'erreur maximum est à peine de 10 pour 100. » Même avec cette erreur maximum qui est en somme peu considérable, le procédé est à même d'avoir quelques applications grâce à sa simplicité et à sa rapidité, les quantités de gaz à faire circuler étant relativement petites: i''* environ; 2'" à 3'" au maximum. )) Remarques. — i°ll estnécessaire de faire marcher l'appareil àblanc plu- sieurs heures, à cause des traces de matières organiques qui peuvent avoir été entraînées dans l'acide iodique au moment du montage de l'appareil et qui par leur oxydation donnent de l'iode libre. ( 749 ) » 2° Je me suis assuré que 2''' à 3"' d'air atmosphérique (') n'ont pas donné trace d'iode en les faisant circuler dans l'appareil. )) 3° Ni rhvdrogène, ni le méthane dans les même conditions ne donnent de réaction analogue. » Conclusions. — Cette méthode permet de doser, avec une précision relativement grande, l'oxyde de carbone contenu dans l'air dans des pro- portions variant de -^ à -^ji^. » On pourrait cependant objecter une réduction possible de l'acide iodique par des vapeurs organiques jiouvant être contenues dans l'air. >' Cette méthode sera alors complétée (dans le cas où la recherche de l'oxyde de carbone dans une atmosphère donnée aurait fourni un résultat positif) par la recherche de ce gaz à l'aide du procédé de M. le professeur Gréhant, procédé qui s'appuie sur la réaction très spéciale de l'oxyde de carbone sur l'hémoglobine. » CHIMIE MINÉRALE. — Sur la dissociation des carbures de baryum et de man- ganèse. Note de MM. Gin et Leleux, présentée par M. Troost. « Dans une précédente Note (-), nous avons signalé le phénomène, également observé par M. Moissan ('), de la dissociation du carbure de calcium aux températures élevées du four électrique. M Nous avons repris la même étude pour les carbures de baryum et de manganèse. )> Dans notre four électrique, nous avons introduit le carbure grossièrement pulvé- risé et nous avons fait jaillir l'arc en laissant la sole immobile, afin de réaliser l'expé- rience des poches que nous avons déjà indiquée. Il se forme ainsi autour de la région d'émanation calorifique une poche de forme régulière, dont le volume croît jusqu'à une certaine limite. « Lorsque le régime permanent est atteint, le débit calorifique de la source est égal à la dissipation totale vers les milieux environnants et la surface limite de la poche est précisément l'isotherme correspondant à la température de dissociation du carbure expérimenté. » Pour obtenir une température très élevée, la densité du courant était de 16 am- pères par centimètre carré (diamètre des électrodes ii3™";Iz= 1600A); le voltage de régime était maintenu à 35 volts. (') Air pris au Jardin des Plantes. (-) Comptes rendus, 17 janvier 1898, t. CXXVI, p. 286. (^) Comptes rendus, 24 janvier 1898, t. CXXVII, p. 3o6. ( 75o ) M Dans ces conditions, nous avons nettement constaté la dissociation des carbures de baryum et de manganèse et la volatilisation du métal avec dépôt résiduel de coke dans le fond de la poche, les parois étant également revêtues d'un enduit de graphite brillant, d'aspect bouillonné. » Avec le carbure de manganèse, on observe un dégagement caracté- ristique de fumées rousses dues à l'oxydation des vapeurs métalliques au contact de l'air. )) La comparaison du volume des poches montre qu'elles sont plus con- sidérables pour le carbure de baryum que pour le carbure de manganèse. On en déduit évidemment que la température de dissociation du premier corps est moins élevée que celle du second. » En résumé, l'observation que nous avons faite pour le carbure de calcium s'étend également aux carbures de baryum et de manganèse. Ces corps ne peuvent être volatilisés à l'état combiné ; ils sont dissociables aux températures élevées du four électrique; leur température de dissociation est inférieure à celle de la volatilisation du carbone. » ÉLECTROCHIMIE. — Recherches sur l' explosion des mélanges grisouteux par les courants électriques. Note de MM. H. Codriot et J. Meunier, présentée par M. Troost. « L'emploi de l'électricité dans les houillères prenant chaque jour une nouvelle extension, soit pour l'éclairage, soit pour le transport de la force, il devient d'un grand intérêt, tant au point de vue scientifique qu'au point de vue pratique, de connaître les effets des phénomènes électriques sur les mélanges grisouteux explosifs. Plusieurs savants se sont déjà préoc- cupés de cette question, et MM. Wiillner et Lehmann, en particulier, ont institué à Aix-la-Chapelle des expériences ])our la résoudre. Toutefois, il n'est pas possible de tirer des règles précises des résultats qu'ils ont fait publier dans le Rapport de la Commission prussienne du grisou. » Depuis deux ans, nous poursuivons des recherches sur le même sujet et, bien que notre travail ne soit pas achevé, nous sommes arrivés à des résultats positifs, que nous avons l'honneur de soumettre à l'appréciation de l'Académie des Sciences, en les exposant brièvement. » Il y a trois sortes de phénomènes électriques qui peuvent exercer une action sur les mélanges explosifs ; » i" L'incandescence d'un fd conducteur, comme celui d'une lampe électrique; ( 75i) » 2° Les étincelles électriques, et surtout l'étincelle de rupture du courant ; » 3° L'arc voltaïque jaillissant entre deux crayons de charbon. » Nous avons étudié les effets de ces trois sortes de phénomènes, mais nous laisserons provisoirement de côté ceux de l'arc voltaïque qui, on le comprendra sans peine, sont plus compliqués. » D'autre part, on peut considérer le grisou sous forme de courant gazeux ou sous forme de mélange stagnant. » Grisou en mouvement. — // nous a été impossible d'allumer un courant de grisou, contenant 80 pour 100 de méthane, en le projetant sur un fil métal- lique porté à l'Incandescence par un courant électrique, pas plus que sur l'étin- celle de rupture qui a lieu à la fusion du fil métallique. » La même expérience répétée avec le gaz d'éclairage ordinaire déter- mine l'allumage instantané. Il y a donc une différence essentielle à ce point de vue entre les deux gaz. Sous l'influence d'un corjis enflammé, il n'en est plus ainsi; les mélanges de grisou et d'air à teneur convenable s'en- flamment de la même façon que ceux du gaz d'éclairage. Le contact d'une flamme est donc nécessaire pour enflammer le grisou, et, de fait, nous avons complété l'expérience précédente par l'inflammation du jet de grisou au moyen d'une allumette. » Nous pouvons donc, d'après ces observations, laisser de côté les cou- rants gazeux, et nous borner à opérer sur des gaz sous cloche pour déter- miner les effets de l'incandescence et de l'étincelle électrique. » ExpLosEUR. — Pour faire détoner les mélanges explosifs, nous avons eu recours à une disposition bien connue : elle consiste à remplir du mé- lange une cloche de verre renversée sur la cuve à eau, et à faire rougir au moyen d'un courant électrique un fil métallique placé au sein du gaz. Le fil est maintenu dans sa position au moyen de deux conducteurs métal- liques isolés et recourbés de façon à pouvoir pénétrer dans la cloche; les extrémités seules de ces conducteurs sont découvertes pour qu'il soit pos- sible d'enrouler de chaque côté le fil qui les réunit. L'incandescence amène bientôt la fusion du fil accompagnée d'une étmcelle de rupture. » La combustion du grisou, comme celle de tous les gaz combustibles, ne peut s'effectuer que par propagation rapide d'une couche gazeuse à l'autre, avec production de flamme, ou par combustion lente sans carac- tère extérieur, ou enfin par explosion, toute la masse entrant instantané- ment en réaction. Quelle que soit la composition, jamais nous n'avons obtenu par l'électricité l'inflammation du grisou, comme on l'obtient au G. R., 1898, 1" Semsirc. (T. CXXVT, N° 10.) 97 ( 752 ) moyen dun corps enflammé; en outre, la proportion de gaz carbonique formée par la combustion lente est très faible, et même sa production reste souvent douteuse. M Les effets extérieurs de l'électricité sur les mélanges grisouteux peu- vent se résumer dans les trois principes suivants : » 1° L'électricité ne provoque, au sein d'un mélange tonnant de grisou, qu'un seul phénomène apparent : celui de l'explosion. » 2" Les fils métalliques portés à l' incandescence par un courant électrique sont impuissants à déterminer l'explosion des mélanges, même les plus explo- sifs. » Ces deux, premiers principes ont été démontrés par plusieurs centaines d'expé- riences faites dans des conditions variées. Non seulement nous avons opéré sur des mélanges de compositions dilTérentes et déterminées aussi rigoureusement que pos- sible, mais, pour prévenir les objections qui pourraient surgir sur la nature des con- ducteurs incandescents employés, nous nous sommes servis de fils de plomb, d'alumi- nium, d'argent, de cuivre, de laiton, de palladium, de fer et de platine et, grâce à la dillérence des points de fusion de ces fils, nous avons pu porter l'incandescence à des températures de plus en plus élevées ; nous avons fait croître la longueur de la partie incandescente en lui donnant diflérentes formes; nous avons varié les diamètres des fils depuis o™'",o5 jusqu'à o™'", 35, ce qui fait varier la section de i à 5o; nous avons prolongé la durée de l'incandescence pendant dix minutes, pour élever notablement la température du gaz : toutes ces tentatives sont demeurées sans résultat; tant que le fil incandescent ne s'est pas rompit, l'explosion ne s'est pas produite. )i 3° L'explosion, quand elle a lieu, ne se produit qu'à la rupture du con- ducteur incandescent, sous l' influence de l'étincelle de rupture. » L'explosion étant due uniquement à l'étincelle de rupture du courant, il est à remarquer que les étincelles qui surgissent souvent entre le fil incandescent et les conducteurs métalliques qui le supportent sont impuis- santes à la produire. Il n'est pas nécessaire que le fil rompu ait été au préalable porté à l'incandescence, car nous avons obtenu des explosions par la fusion de fds de plomb employés comme coupe-circuit, et l'on sait que ce métal fond vers 3oo°, par conséquent bien avant d'avoir atteint la températtue de l'incandescence. B il faut dire aussi ([ue la facilité avec laquelle les mélanges font explosion varie avec les moindres changements de composition : nous aurons plus lard l'occasion de le démontrer. Les mélanges les plus facilement explosifs sont ceux qui renferment 9,5 pour loo de méthane, possédant ainsi la qiianlité d'oxygène suffisante pour que le méthane soit entièrement hrn\é. La combustion est complète dans l' explosion tant i]uc ta proportion de ce gaz ne tombe pas au-dessous f/e 5,5 pour loo. On observe ( 753) encore de légères explosions jusqu'à /i ,5 pour loo; à celte teneur, la proportion du méthane brûlé dans l'explosion est du tiers environ de sa totalité; pour une dilution plus grande du grisou dans l'air, le phénomène qui accompagne l'étincelle est le même que dans l'air pur. La teneur de 12 pour 100 est la limite supérieure d'explosii'ilé; nous n'avons pas pu obtenir d'explosion dans les mélanges à 12, aS pour 100. » Nous continuerons celte étude en faisant connaître dans quelles con- ditions il faut se placer pour déteriuiner à volonté l'explosion au moyen de l'étincelle. » CHIMIE OROANIQUE. — Sur la préparation et V élhérification de l'acide dimé- thyhuccinique dissymétrique. Note de M. E.-E. Bi.aise, présentée par M. Friedel. « L'acide camphorique présente, au point de vue de l'éthérification, dos particularités remarquables qui ont été mises en évidence par M. Friedel : c'est ainsi que, par éthérification directe, en présence d'acide chlorhv- drique, on n'obtient qu'un monoélher, facilement saponifiable, tandis que, par saponification partielle du diéther, on obtient un éther acide qui résiste à la saponification. M. Haller a montré, d'autre part, qu'il existe un camphorate acide de bornyle fournissant un sel de sodium décompo- sable par l'acide carbonique. » Il y avait intérêt à rechercher si certains acides gras, bibasiques, ne présentaient pas des particularités analogues, ce qui aurait confirmé l'existence de deux carboxyles dans l'acide camphorique, alors que M. Friedel attribue à cet acide la constitution d'un acide-alcool. » Mes premières recherches ont porté sur l'éthérification de l'acide dimélhvisucci nique dissymétrique. » Cet acide a été obtenu par action de bromoisobutjrale déthyle sur le malonate d'éthjle sodé, saponification de l'éther obtenu et décomposition par la chaleur de l'acide tricarboxylé ainsi formé. On obtient ainsi, fait déjà connu, un mélange d'acide diméthvlsuccinique et d'acide oc-méthylglutarique. Cela tient non pas à la présence d'éther |3-bromé dans l'éther a-bromobutyrique, mais à ce que le malonate sodé trans- forme ce dernier en éther pp-diméthylacrylique qui, par condensation avec le malonate d'éthyle sodé, fournit un éther tricarboxylé correspondant à l'acide a-métiiyJgluta- rique. En efl'et, on améliore considérablement le rendement en dérivé succinique en opérant non plus dans l'alcool, mais dans le xylène. » L'étude de l'éthérification a été conduite de la manière suivante : » On additionne l'acide de dix fois son poids d'alcool absolu, renfermant i pour 100 ( 754 ) d'acide chlorlivdriqiie ; on cliauffe à reflux, au bain-marie, pendant des temps va- rialiles. On refroidit rapidement, on additionne d'hélianthine et de phlaléine, puis on ajoute goutte à goutte, au mo3en d'une burette graduée, une solution titrée d'élhylate de sodium. La liqueur rouge passe au jaune d'or lorsque l'acide chlorhydrique est neutralisé, et le volume d'éthvlale alcalin qu'on ajoute alors, jusqu'à apparition de la coloration rouge de la phtaiéine, mesure l'acidité organique. On distille l'alcool au bain-marie, dans le vide, en ayant soin de surmonter le ballon d'un tube à deux boules pour éviter tout enlraînement de l'éllier. Le résidu est redissous dans l'eau et épuisé cinq fois par son volume d'éther de pétrole. On évapore ce solvant après l'avoir séché sur le sulfate de sodium anhydre; le résidu, chauffé à 180° pour éliminer toute trace d'éther de pétrole, représente l'élher neutre formé dans la réaction. » Si n représente le poids de soude correspondant à l'acidité organique, P le poids d'acide employé, elp le poids de l'éther neutre, l'acide libre, x, et l'éther acide, y, sont donnés par les équations œ -— 1,8211 — 0,99? -t- o,']2p, j^2,38P— 1,72/^ — 2,1711 pour l'acide diméthylsuccinique. » Les expériences ont été effectuées comparativement sur l'acide succi- nique et sur l'acide diméthylsuccinique; elles ont fourni les résultats suivants, chaque essai portant sur 5^"' d'acide : Acide succinique Durée Elher réaction. neutre. acide. A cide libre. i m IG 6,36 1,57 » 20 6,59 0,99 }> 3o 6,86 0,54 ( 1 10 o>49 3,34 1,82 ccinique. . 20 1,27 3,68 0,98 1 3o 2,19 3,23 0,68 » Dans le cas de l'acide .succinique, on obtient pour l'acide libre des nombres légèrement négatifs ( — o,o5 à — o,i5), ce qui tient à ce que p est toujours un peu faible, léther neutre ne pouvant être séparé totale- ment, et l'on peut admettre qu'il n'existe pas d'acide libre. » Ces résultats montrent : » 1° Que, même dans le cas de l'acide succinitpie, les deux carboxyles ne sont pas éthcrifiés simultanément: il semble que les deux fonctions acides augmentent mutuellement leur propre acidité, et que, lorsque l'une • ( 755 ) d'elles est neutralisée par éthérification, l'autre devienne moins facilement éthérifiable ; )) 2° Que, lorsque la molécule est dissymétrique, les deux fonctions acides ont une valeur très différente, le carboxyle tertiaire s'éthérifiant beaucoup plus difficilement que le carboxyle primaire; » 3° Qu'on peut, en suivant cette méthode, déterminer avec facilité si la molécule d'un acide succinique substitué est symétrique ou dissymé- trique; dans le premier cas le rapport t-t '- — — - est inférieur à l'unité; ' • 'I ether neutre il lui est très supérieur dans le second ; » 4° Qu'il n'v a pas de rapport constant entre les poids de l'éther acide et de l'éther neutre formés aux divers moments de la réaction; les courbes représentatives des vitesses d'éthérification de ces deux fonctions ne sont donc pas semblables et atteignent leur maximum en des temps différents. » Si, d'autre part, l 'éthérification est effectuée à l'aide d'alcool renfer- mant 3 pour loo d'acide chlorhvdrique, et si on la prolonge pendant deux heures, on obtient, j)our l'acide succinique, 92 pour 100 d'éther neutre, et pour l'acide diméthylé 86 pour 100 de l'éther correspondant. Il n'y a donc pas une différence bien notable dans les limites d'éthérification. Enfin, il m'a été impossible de constater dans la saponificatien des éthers des par- ticularités ajialogues à celles que présente l'acide camphorique. » On voit donc apparaître des différences considérables dans les vitesses d'éthérification des deux fonctions acides de l'acide diméthylsuccinique, et l'on comprend que dans une molécule plus complexe, comme celle de l'acide camphorique, ces différences puissent s'accentuer. Mais jusqu'au jour où l'on aura obtenu un acide bibasique présentant les particularités de l'acide camphorique, la formule proposée par M. Friedel conservera toute sa valeur (';. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les isobornéols de synthèse; leur identité avec les alcools fenoïliques. Note de MM. G. Boiciiardat et J. Lafont. « Nous rappelons que l'isobornéol ou alcool fenoilique dextrogyre, dont nous avons effectué la synthèse par l'union de divers acides au térébenthène gauche, s'extrait, par de laborieuses distillations, des huiles ayant fourni le bornéol droit. L'alcool fenoilique cristallise des portions distillant de 197° à 201°. Les fractions 201 à 206 restent liquides; du bornéol gauche cris- (') Travail fait au laboratoire de Chimie organique de la Faculté des Sciences. ( 756) tallise abondamment des portions supérieures. En continuant les distilla- tions, on sépare intégralement ces huiles en ces deux produits solides. )) ]Jisobornéol ou alcool fenoïlic/iie droit, purifié par des cristallisations dans riijdrure d'amylène, fond à 4^°j bout à 201° sous la pression normale. Sa densité à H- 4o° (liquide) est de o,935; son pouvoir rolaloire en solution alcoolique au dixième est [a]n ^= -+- lo^ao'; ce pouvoir varie avec Je mode d'obtention ; nous avons, dans la préparation du térébène, obtenu des alcools fenoïliques de pouvoir rotatoire -t- 11" et -i- 5°. Il est soluble en toutes proportions dans l'alcool, l'éther, le sulfure de carbone, les carbures d'hydrogène, très soluble même dans les éthers de pétrole les plus légers, d'où il cristallise en larges tables plus épaisses que celles de bornéol. » Sous l'action des acides anhj^dres il forme des éthers. L'éther acétylfenoïlique est liquide, bout à i25°-i27'' sous une pression de o"^™ de mercure. Sa densité à o" est de 0,9817; son pouvoir rotatoire, observé sans dissolvant, est de -h SG^Sg'. L'alcool régé- néré n'a plus qu'un pouvoir rotatoire de + g^ao'. L'éther benzoïque est liquide, épais, bouillant de i83° à 188° sous 2"^" de pression; sa densité à 0° est de 1,129, son pouvoir rotatoire de + io°32'; l'alcool régénéré de cet éther n'a plus qu'un pouvoir rotatoire de -t- 8°55'. L'anhydride benzoïque n'avait pas éthérifié la totalité de l'alcool et les portions échappées à son action n'avaient non plus qu'un pouvoir rotatoire de + g". L'action de la chaleur et des acides transforme donc l'alcool actif en isomère inactif. » Le pentachlorure de phosphore transforme immédiatement, et à froid, lalcool fe- noïlique droit, en solution dans l'éther de pétrole, en un monochlorhydrate liquide, même à — 60°, distillant à io5°-iio" sous 3''"' de pression en perdant un peu d'acide chlorhydrique, de densité un peu supérieure à celle de l'eau et donnant, par l'action de la potasse alcoolique ou de la toluidine, un carbure C-''H"', bouillant à iSg" comme le caniphône, mais liquide. » Le produit d'oxydation de cet alcool fenoïlique par l'acide azotique a la composi- tion exprimée par la formule C^°H'^0'; il est liquide. Sa densité à 0° est de 0,963; sous 5"^" d'épaisseur, la déviation observée [kJd est de — 26°48'. H se prend en masse vers — 10° et commence à fondre dès cette température, mais la fusion totale n'est obtenue qu'à -f- 4°- Ce produit n'est qu'un mélange de fenchone gaitclie, fondant à -1- 8°, 5, et Ae fenchone inactive, par compensation fouilant à — 18°, comme nous l'a- vons établi ultérieurement. Nous avons utilisé cette diflTcrence dans les points de fu- sion pour isoler ces deux isomères du produit d'ox3dation de l'alcool fenoïlique de synthèse. En séparant les cristaux persistant à des températures croissantes de -\- 3° à + 7°, nous avons une acétone fenoïlique ou fenchone lévogyre, fondant à +8°, 5, bouillant à 193°; de densité, à o", comprise entre 0,961 et 0,963. La déviation polari- métrique la plus élevée, observée à -!-i5° sous o<^", est de — 3o°.5', ce qui correspond à un pouvoir rotatoire [a]|) = — 64° environ. y> La fenchone, extraite par nous de l'essence de fenouil par de simples distillations et des cristallisations, a rigoureusement la même forme cristalline, fond de -H 8° à + 9° ; la déviation observée sous 5<"" est identique, [a][)=r-t- 3o''4'> mais inverse ('). (') M. Wallach, qui a fait l'étude complète de la fenchone du fenouil, lui attribue un pouvoir plus élevé, -\- 71°; mais il a opéré sur des solutions alcooliques et non sur le corps fondu. ( 757 ) » Les portions de la préparation précédente restées liquides ont été refroidies à — 21°, solidifiées par l'amorce d'une parcelle solide de fenchone lévogyre. La masse solide, en se réchaufTant lentement vers — i5°, fond en partie. Le liquide ainsi obtenu et purifié par plusieurs opérations semblables a exactement la composition de la fenchone lévogyre. Il bout à 193°. Sa densité à 0° est de 0,961 ; il se prend à — 31°, quand on l'amorce avec un cristal de fenchone gauche, mais fond seulement aux environs de — 18° à — 16°. Il dévie encore très peu à gauche le plan de polarisation; pour une épaisseur de S""'", [ï-Jd = — 34' à — l\i' . Toutes les autres propriétés de ce corps coïncident avec celles de la fenchone gauche ou droite. C'est donc une fenchone inaclive par com- pensation, encore impure; son origine paraît due aux modifications de pouvoirs rota- toires subies par l'alcool fenoïlique ou le carbure générateur, sous l'action de la cha- leur et des acides. Le mélange à poids égaux de fenchone de synthèse et de fenchone du fenouil est inactif et fond de même de — 18° à — 16°. La fenchone de synthèse se combine à l'Iiydroxylamine ; cette union se fait plus incomplètement que pour la fen- chone du fenouil. Les deux produits sont identiques, sauf les pouvoirs rotatoires ri- goureusement égaux, mais de sens inverse. La fenoxime lévogyre est solide, fusible de + 161" à + i63°, peu soluble dans l'alcool froid, soluble dans l'éther qui par évapo- ration laisse des cristaux clinorhombiques, présentant la combinaison des faces p, m, ^', A' ; nous n'avons pas observé de modifications hémiédriques. Les angles mesurés sont identiques avec ceux observés sur la fenoxime droite et concordent avec les mesures de M. Hintz faites sur cette dernière; entre autres : Fénox. lév /. : /j' =: 76°32' (supp.) ; p : ni— .Si°3o' ; /?i : w =: io3" i4 Fénox. natur p : /t' = 76"32'; p:m = 8i''i6'; m : /« = io3° 12 » La fenoxime de synthèse a, en solution alcoolique au ^j, un pouvoir rotaloire [a]o= — -52° 20', de sens opposé et égal en grandeur à celui de la fenoxime du fenouil (Wallach 4- 52044' )• La fenoxime lévogyre de synthèse, mélangée, à poids égaux, à la fenoxime du fenouil, donne des solutions inactives qui, par évaporation de solutions élhérées, fournissent des cristaux doublement obliques, combinaisons des faces p, m, l, b, cl, s, dont aucun des angles ne concorde avec ceux observés pour les fenoximes actives. Cette fenoxime inactive, qui paraît être une variété racémique, fond à i54°-- 156". La fenchone lévogyre, traitée soit par la potasse alcoolique, soil par le sodium en solution alcoolique, régénère un alcool fenoïlique dextrogyre, mais dont le pouvoir rotatoire est moins élevé que celui du primitif. » Il nous parait résulter de cette comparaison que l'isobornéol droit de synthèse est constitué par un mélange d'alcool fenoïlique droit et d'alcool fenoïlique inactif, ce dernier dans la proportion d'un douzième environ. » ( 758 ) CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Sur M décomposition partielle du chlorojorme dans l'organisme. Note de MM. A. Desgrez et M. Nicloux, présentée par M. d'Arsoiival. « L'analyse comparative des gaz extraits du sang d'un même animal, avant et après anesthésie par le chloroforme, nous a permis de constater la production de faibles proportions d'un gaz combustible, à la suite de cette anesthésie (' ). Nous avons considéré ce gaz comme formé d'oxyde de carbone, en nous basant sur ce fait, précédemment établi par l'un de nous (-), que la décomposition du chloroforme, in vitro, en milieu alcalin aqueux, donne naissance à ce composé. Dans une Note récente (^), jM. de Saint-Martin reconnaît « la parfaite exactitude « de nos expériences, mais ajoute que nos conclusions paraissent infirmées par cette circonstance que le sans normal lui a fourni de l'oxvde de carbone aussi bien que celui re- cueilli après anesthésie. Il suppose, dans les deux cas, la méthode analy- tique justiciable de ce résultai ; l'oxyde de carbone pouvant, d'après iiu', provenir de l'action exercée par l'acide acétique sur le sang. En léponse à cette critique, nous appellerons d'abord l'attention sur les points sui- vants : » i" Si l'acide organique dégageait l'oxyde de carbone observé, par réac- tion sur le sang, la quantité de gaz produite devrait être sensiblement égale, dans les conditions comparables de nos expériences, et non varier du simple au double, ou même du simple au quadruple, ainsi que le montrent et nos premières recherches et celles que nous présentons aujourd'liui. » 2° Rien ne s'oppose, théoriquement, à ce que le gaz combustible signalé, dans le sang, pour la première fois par M. Gréhant, contienne normalement de l'oxyde de carbone. Les expériences nouvelles, que nous relatons plus bas, confirmeraient cette manière de voir tout en vérifiant les conclusions de notre première Note. Si elles montrent, en effet, que le sang normal donne de l'oxyde de carbone à l'analyse, elles établissent, en outre, que la proportion de ce gaz peut doubler, tripler et môme quadru- pler, dans le même sang, après anesthésie par le chlorotorme. (') Comptes rendus, 6 décembre 1897. (') Ibid., i5 novembre 1897. (») Ibid., i4 février 1898. ( 759 ) » 3° Les expériences mêmes de M. de Saint-Martin, quoique non com- paratives, confirment, d'ailleurs, les conclusions de nos premières re- cherches. Rappelons ses résultats : Oxyde de carbone par litre. Sang normal. Sang de chiens anesthcsiés. o",8 1"=, 82 » Nouvelles expériences. — Nous avons appliqué au contrôle de nos pre- mières recherches la méthode de dosage de faibles quantités d'oxyde de carbone, publiée par l'un de nous dans ce numéro des Comptes rendus (p. 74^)- Les expériences ont été pratiquées selon la technique générale déjà indiquée ('), avec cette différence que l'anesthésie a été obtenue tantôt à l'aide de la soupape de Muller, avec un mélange d'alcool et de chloroforme, tantôt à l'aide d'une éponge imbibée de chloroforme et placée au fond d'un bocal à large ouverture. » Première expérience. — Chien pesant 7''s,5oo. Son sang normal contient i<='=,6 d'oxyde de carbone par litre. L'anesthésie, commencée à 11'' 20™, est entretenue à l'aide du mélange d'alcool (3 parties) et de chloroforme (i partie), jusqu'à ii''4o", reprise à n''5o" jusqu'à l'iSo"", puis de i''4o"' à ai'So™. Une analyse des gaz du sang donne alors, par litre, 2<^",9 d'oxyde de carbone. Anesthésie reprise de 3'' à 4*^30™, oxyde de carbone : 2", 5; anesthésie de 5^ à 6'' 30™, oxyde de carbone : 2<^",4. On n'a pas ajouté de chloroforme pendant toute la durée de l'expérience, ce qui explique la proportion décroissante de l'oxyde de carbone. » Deuxième expérience. — Chien pesant i6'^8. Son sang normal contient, comme celui du précédent, i"^"^, 6 d'oxyde de carbone par litre. L'anesthésie est obtenue à l'aide du chloroforme pur (non mélangé d'alcool). Début à gi'aS'". A io'"4o", on trouve 4'^So d'oxyde de carbone par litre de sang; à n'^oo", •5'^'',3; à ii-So™, 6™, 4; enfin, à 2''5o", 6"=, 9. A 5"^ 00'", trois heures après la cessation du cidoroforme, une dernière analyse nous a donné 3™, 7 d'oxyde de carbone par litre de sang. L'animal a succombé le lendemain, à 7'' du soir. » Troisième expérience. — Chien pesant lo''?. Sang normal, contient i'='=,47 d'oxyde de carbone par litre. Anesthésie par le chloroforme pur, de giiao" à i l'^Sô™; le sang contient alors 4"° d'oxyde de carbone. L'anesthésie est continuée. A i''36™, 4">4; on cesse le chloroforme ; et à 3"^ 36™ (deux heures après), on trouve 2'^^'^, 96 d'oxyde de car- bone par litre de sang. (') Comptes rendus, 6 décembre 1897. C. R., 1898, i" Semestre. (T. CXXVI, N- 10.) 9^ ( 76o ) » Ces deux expériences, comparées à la première, montrent que l'anes- thésie par le chloroforme pur nous a donné plus d'oxyrle de carbone que l'anesthésie pratiquée avec le mélange d'alcool et de chloroforme. Il est juste d'ajouter que, dans la deuxième expérience, où l'oxyde de carbone atteint 6^,9 par litre de sang, l'anesthésie a été aussi intense que possible. » Ânesthèsie par Vèllier. — Sur le conseil de M. Gréhant, nous avons soumis l'anesthésie par l'éther à l'application des deux méthodes de re- cherches (grisoumètre et réduction de l'acide iodique) que nous venions d'utiliser pour le chloroforme. A l'intérêt propre de la question s'ajoutait, pour nous, le désir de savoir si un anesthésique, beaucoup plus volatil que le chloroforme, ou encore si l'anesthésie elle-même n'avaient pas une in- fluence sur la quantité des gaz combustibles du sang. » Première expérience : application du grisoumètre. — Chien pesant Son sang normal donne, au grisoumètre, une réduction de o'*''^,7. Après une heure d'aneslhésie par l'éther, réduction o'*'',5; après une heure trente minutes, o*'',6; après deux heures trente minutes, o'"'', 7. » Deuxième expérience : emploi de V acide iodique. — Chien pesant S'^s. Oxyde de carbone du sang normal : i",88 par litre. Début de l'anesthésie : a^'So™; à S'' l'ana- lyse donne i'^'",47; à 6''3o™, i", 36 d'oxyde de carbone par litre. » Ces deux expériences suffisent à montrer que, au lieu d'une augmen- tation des gaz combustibles du sang, l'éther paraît, au contraire, tendre à en provoquer une diminution. » Conclusions. — Le sang normal donne à l'analyse une faible proportion d'oxyde de carbone. Comme ce gaz augmente notablement dans le sang des animaux aneslhésiés par le chloroforme, nous ne pourrions pas, même en l'acceptant pour le sang normal, étendre l'hypothèse de M. de Saint- Martin jusqu'à expliquer ces augmentations par l'influence de l'acide acé- tique sur le sang. Ce serait supposer, en effet, que cette influence est fonction directe de l'anesthésie. » Les chiffres que nous avons tirés de la Note de M. de Saint-Martin et mis plus haut en parallèle, et, mieux encore, ceux qui résultent des nouvelles expériences que nous présentons, confirment les conclusions d'abord ob- tenues, par nous, avec le grisoumètre, à savoir que le chloroforme se dé- compose, dans l'économie, en donnant de l'oxyJe de carbone. » ( 76i ) CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Mucine vraie produite par un bacille fluorescent palhogêne.'NQte de M. Ch. Lepierre, présentée par M. Armand Gautier. « J'ai eu l'occasion de signaler, il y a deux ans, dans mes recherches sur Li fonction fluorescigcne des microbes ('), que le bacille fluorescent que j'étudiai alors produisait de grandes quantités de mucine. La Note des Annales disait simplement que la mucine se forme dans ces cultures et indiquait quelques conditions de sa formation. Aussi me permettrai-je, a|)rès lecture de l'intéressante Communication de MM. Charrin et Des- grez (-), de transcrire ici les quelques lignes que je consacrais à ce même sujet dans un article plus détaillé, publié en français dans un Recueil portugais ('^) : » Les cultures en peptones ('), fillrées, renferment, après quelque temps, de grandes quantités de mucine. Le bouillon de viande en fournit au contraire bien moins. Celte mucine a été reconnue aux caractères suivants : précipitation par l'acide acétique, insoluble dans un excès modéré de cet acide; soluble dans les alcalis dilués, solution que les acides reprécipitent. Ce précipité, purifié pai- précipitations successives et dialyse, renferme de l'azote; ces propriétés excluent l'idée d'une gélatine ou d'une gomme — Plus loin j'ajoutais que « dans les bouillons à base de peptones, la quantité » de mucine formée est petite » et que « les cultures qui se sont développées dans les » milieux minéraux (azote ammoniacal et acide organique) renferment de la mucine, » même celles où la fluorescence ne s'est pas produite : la mucine peut donc se pro- » duire indépendamment de la fluorescence. » J'indiquais également que les milieux où le microbe s'est développé sans production de fluorescence, tout en donant de la mucine, étaient à base de lactate, malonate, malate, tartronate, isosuccinate, pyrotarlrate, éthylmalonate, glycérate ou glycolate; les milieux où la fluorescence et la mucine se produisent simidtanément sont : le citrate, le succinate, l'oxy- (') Annalesde l'Institut Pasteur, iSg5 {Recherches sur la fonction Jluorescigène des microbes). (-) Comptes rendus, p. Sgô, 21 février i8g8. (") hVnstituto de Coïmbra, 1896, p. 3 {Recherches sur la fonction Jluoresciffè/ie des microbes). {'') Bouillon de peptone Chassaing à 2 pour 100, sans viande. Cette peptone con- tient, d'après mes analyses, 3o à 84 pour 100 d'alburaoses et 53 à 60 pour 100 de vraies peptones. ( 762 ) glularate, l'oxypyrotaiirate, le glularate. Les liquides à base d'asparaguie me donnèrent également de la mucine. » Depuis, j'ai continué l'étude de cette mucine : je comptais faire connaître mes résultats lors de la publication d'un travail sur lesmiicines des kystes. C'est ainsi que j'ai vérifié que la mucine du bacille fluorescent ne contient presque pas de phosphore; de plus, elle se dédouble par les acides avec production d'un sucre réducteur. Il s'agit donc d'une mucine vraie et non d'une nucléo-albumine. » Si nous comparons ces résultats à ceux obtenus par MM. Charrin et Desgrez, nous voyons que, de même que pour le bacille pyocyanique, la formation de la mucine est indépendante de la fonction chromogène. Mais tandis que le bacille pyocyanique ne donne pas de mucine dans les milieux minéraux ou peptonisés, tout en en produisant dans les bouillons de viande, le bacille fluorescent en produit dans un grand nombre de milieux essentiellement minéraux et dans les milieux peptonisés, sans en donner dans les bouillons de viande. » Nous avons également observé la formation de substances mucinoïdes dans les liquides de culture d'un bacille que nous avons décrit comme agent pathogène de la maladie du sommeil ( ' ). » Quant au rôle des bactéries mucinogènes dans les inflammations muco-membraneuses, nous partageons pleinement l'opinion de MM. Char- rin et Desgrez, d'après les résultats de nos inoculations avec les bacilles cités dans cette Note (^). » CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Action de la bactérie du sorbose sur les alcools plurivalenls. Note de M. Gabriel Bertrand, présentée par M. Duclaux. « J'ai montré que la sorbite peut être facilement transformée en sorbose sous l'influence d'un microbe particulier, désigné précisément sous le nom de bactérie du sorbose ('). Depuis, MM. Vincent et Delachanal ont, à l'aide du même microbe, obtenu du lévulose avec la mannite ('). (') Société de Biologie, p. 89; 28 janvier 1898. (^) Travail du laboratoire de Microbiologie de l'Université de Coïnibra. (') Comptes rendus, t. CXXII, p. 900; i8g6 et Bull. Soc. cliim. (S" série), t. XV, p. 627 ; 1896. (*) Comptes rendus, t. CXXV, p. 716; 1897. ( 763 ) )) Comme il est facile de le remarquer, ces deux transformations sont absolument comparables; elles correspondent à la production d'un célose par oxydation d'un groupement alcoolique secondaire du corps primitif; la même formule de réaction suffit à les représenter : CH-OH CH^OH (CH.OH)' (CH.OH)' CH.OH +0= CO +H-0, CH-OII CH^OH la sorbite et la mannite, d'une part, le sorbose et le lévulose, d'une autre, ne différant que par leur structure stéréochimique. » Cette remarque m'a engagé à faire réagir la bactérie du sorbose sur d'autres alcools plurivalenls, pour voir s'il n'y aurait pas là une méthode générale, permettant d'obtenir de nouveaux sucres à fonction cétonique. Ce sont les résultats généraux de cette étude que je résumerai aujourd'hui, me réservant de donner les détails à l'occasion de chacune des matières sucrées que j'ai pu obtenir. )) Les alcools plurivalents que j'ai essayés se divisent en deux groupes. Les uns, c'est-à-dire le glycol, la xylite et la dulcite, sont impropres au dé- veloppement de la bactérie du sorbose; ils résistent à son action oxydante et on peut les retrouver dans des cultures très anciennes. Les autres, au contraire, surtout la glycérine, la sorbite et la mannite, dont le coefficient de carbone est un multiple de trois, contribuent d'une manière très favo- rable à la végétation du microbe; ils sont, en même temps, transformés en sucres réducteurs, différant de l'alcool générateur par H^ en moins. Ce sont, avec les trois déjà nommés, l'érythrile, l'arabite, la volémite et la perséite. » Ce qu'il y a de particulièrement intéressant dans cette inégale résis- tance des alcools plurivalents à l'action de la bactérie du sorbose, c'est qu'il existe une relation étroite, d'ordre stéréochimique, entre les deux groupes dans lesquels se rangent ces alcools. La comparaison des formules déve- loppées montre, en effet, que ce sont seulement les alcools renfermant un chaînon CH.OH disposé de telle manière que, d'un même côté de la chaîne, il n'y ait pas un atome d'hydi'ogène à côté de l'oxhydrile attaquable, qui sont oxydés par la bactérie du sorbose. » Cette règle apparaît nettement en jetant les yeux sur le Tableau ci- ( 7<34 ) dessous, dans lequel les chaînons oxydables ont été indiqués par des carac- tères gras. Premier ero o' ■)iipe. CIPOH -- CII^OII Glycol. II OU II CH^OH - C - G - G - CH^OH Xylite. OH H OH H OH OH H GH^OH - G - G - G - G - GH^OH Dulcite. OH H H OH Deuxième groupe. H GH^OH - G - CH^OH Glycérine. OH ■' H H GH^OH — G — G - GH^OH Érvthrite OH OH ■' OH OH H GIPOH _ G - G- G - GH^OH Arabite. H H OH H H OH II CH'OH - G - G - G - G - GH^ OH d. Sorbite. OH OH H OH H H OH OH GH^OH _G-G — G-G- GH^OH d. Mannite. OH OH H II H H OH OH GII-'OH - G - G - G - G - GH. OH - GH^OH Perséite. OH OH II H Heplite ( ' ) de slructure inconnue Volémi te. 0 On y voit, il est vrai, que certains alcools possèdent plusieurs chaî- nons attaquables dans leur molécule; mais c'est là une circonstance qui peut seulement obscurcir la règle énoncée; elle n'atteint pas sa généra- lité. (') Le volémulose, olnenu par Tacllon de la bactérie, correspond bien, d'après la composition de son osazone (point de fusion : + 2o5"'-207'') ^ '^ formule G'H"0'. On sait que M. E. Fischer {Berichle d. c. G., t. XXVIII, p. 1978; iSgS) était arrivé à une osazone analogue en partant du produit d'oxydation de la volémite par le brome ou l'acide nitrique. ( 7S'5 ) » T^'expérience prouve, en ofTef, qu'un seul chaînon est oxydé par la bactérie. Dans le cas de la mannite, où il y a deux chaînons symétriques, cette oxydation conduit, quelque endroit où elle porte, au même lévulose; avec l'érythrite, au contraire, elle doit fournir deux érythruloses optique- ment inverses. J'espère, d'ailleurs, revenir bientôt sur ces points. » Pour le moment, je me contente de faire ressortir combien peut être précise et délicate la fonction chimique de certains microbes et l'intérêt qui s'attache à l'emploi méthodique de ceux-ci, même au seul point de vue de la Chimie pure ('). » ZOOLOGIE. — Influence du milieu et des variations chez les Protozoaires. Note de M. J. Kcnstler, présentée par M. Milne-Edwards. « La théorie évolutionniste a pour base directement constatable la varia- bilité des espèces et la genèse d'espèces nouvelles, d'où l'on a conclu à une descendance universelle. Les procédés précis par lesquels s'opère le phénomène ainsi invoqué ne sont pas encore établis avec une sécurité définie. » Pour Darwin, les variations des êtres sont accidentelles, et le moteur de la trans- formation spécifique se trouve dans la sélection naturelle par la lutte pour l'existence (dispositions offensives ou défensives, colorations sympathiques, mimétisme, etc.). Bien différente était la conception de son devancier Lamarck qui ne cro3ait qu'à l'influence du milieu comme point de départ des variations; celles-ci étaient donc pro- voquées (usage, non-usage, température, etc.). L'adaptation fonctionnelle ou l'évolu- tion régressive, fixées par l'hérédité progressive, conquièrent encore tous les jours de nouveaux partisans. Nageli ajoute à ces processus des variations, en quelque sorte autonomes, dues à des forces internes, en vertu desquelles les organismes possèdent une tendance à se transformer par une complication ascendante. » Quelle que puisse être l'importance relative de ces divers processus, il est des circonstances particulières qui ont pour effet direct d'accélérer la production des va- riations. La théorie des migrations est basée sur le fait que des milieux séparés les uns des autres par des barrières infranchissables présentent des espèces différentes. Si ces milieux étaient originairement réunis entre eux, ces espèces sont plus ou moins voisines, mais, en général, d'autant plus dissemblables que la séparation remonte à une date plus lointaine. Donc, si le séjour des espèces dans leur milieu originel ne stimule guère les variations, au contraire, la constitution d'espèces nouvelles est un résultat ordinaire de voyages ou de séparations accidentelles de groupes d'individus. (') Travail du laboratoire de Chimie du Muséum. ( 7(>6 ) Sous l'influence de conditions de milieu nouvelles, des modificalions rapides inter- viennent, qui altèrent les caractères spécifiques primitifs. Les faunes d'îles originaire- ment rattachées au continent sont un excellent exemple de ces faits. » Dans l'ensemble de ces phénomènes de migration, il est des particularités sur les- quelles l'attention des observateurs ne s'est pas suffisamment fixée. De recherches poursuivies depuis de longues années sur les Protozoaires il résulte que des individus changés artificiellement et brusquement de milieu présentent, dans la règle, une réac- tion pathologique à laquelle le plus grand nombre ne résistent pas. Les changements de milieu d'un être adulte et adapté à ses conditions primitives exercent une influence né- faste sur l'organisme, et toute transplantation est une opération délicate. Ce phéno- mène, observé autre part, a souvent été qualifié à^ acclimatation et considéré comme une simple accoutumance aux influences infectieuses ambiantes, alors que le phéno- mène est loin de paraître aussi unilatéral. L'invasion microbienne semble plutôt n'être qu'une action intercurrente et plus rapide dans un processus plus lent. » Quoi qu'il en soit, rien n'est plus difficile, en dehors des espèces banales, que de transplanter un être d'un milieu dans un autre. Avec une rigueur remarquable, tous les milieux, suivant leur composition, leur genre de putréfaction, etc., présentent leurs formes de Protozoaires bien déterminées. Toutefois, il est divers procédés par lesquels on peut arriver à changer lentement les conditions de milieu, à créer, en quelque sorte, des milieux nouveaux, de telle façon qu'il devienne possible d'en con- trôler expérimentalement l'influence réelle sur les variations des êtres. » Les bassins des jardins botaniques, creusés en terre et maçonnés, peuvent constituer un excellent champ d'expérimentation; ils sont géné- ralement riches en Protozoaires et leur eau, servant à arroser, est assez activement renouvelée. En couvrant l'un d'eux d'un vitrage, emmagasinant la chaleur solaire et le mettant à l'abri des agenis physiques, ainsi que de tonte variation brusque et considérable, la faune primitive ne tarde pas à dépérir. Il survient même une certaine période plus ou moins putride. Mais bientôt un état d'équilibre se rétablit, et alors la faune est d'une extrême pauvreté et ne paraît guère consister qu'en d'assez rares spécimens des espèces banales. M Ensemencés alors avec l'eau des bassins voisins, les êtres vivants s'y développent d'une manière bien particulière. Ainsi \ Azolla filliculoïdes, de brun rougeàtre, devient d'un vert vif; au lieu de rester en couche plate, il se dispose en une assise épaisse, à touffes saillantes. Mais ce sont les ca- ractères que prennent, après de longs laps de temps, les Protozoaires, qui nous ont le plus préoccupé. Ces organismes acquièrent des caractères d'une netteté incomparable. Plus nombreux, plus grands, leurs organes se différencient d'une façon bien plus nette que toute autre part. C'est un remarquable épanouissement des caractères spécifiques, transformant des ( 1^1 ) riuliments d'organe en parties d'un développement extraordinaire ('). » L'influence du milieu, dans la formation de ces nouvelles variétés qui diffèrent beaucoup des formes souches, est ici évidente; elle est d'autant plus remarquable qu'elle ne porte pas seulement sur un développement du corps comparable à un engraissement, mais bien sur un perfectionne- ment organique, peut-être comparable à ce qui a pu exister au début de l'évolution, où les conditions ambiantes ont pu avoir pour action de main- tenir certaines formes à leur état momentané, alors que d'autres, plus favorisées à ce point de vue, ont pu passer outre et devenir la souche de formes plus élevées. » ZOOLOGIE. — Les larves des Spongiaires et l'homologation des feuillets. Note de M. Yves Delage, présentée par M. H. de Lacaze-Duthiers. « S'il n'y avait que des réponses théoriques à faire aux objections théo- riques de M. le professeur Edmond Perrier ('), je n'aurais pas cru devoir poursuivre la discussion sur un terrain où il est bien rare que l'on arrive à s'entendre. Mais je ne puis me dispenser de faire remarquer que les faits sur lesquels s'appuie mon contradicteur sont inexacts. Il dit, en effet : » 1° Que « les cils de la région antérieure de la blastula sont nécessai- » rement ceux qui présentent le maximum d'activité »; » 1° Que les Éponges « se fixent à l'état de blastula »; » 3" Que « la blastula se fixe nécessairement (la régie ne présente dans » le règne animal que des exceptions apparentes) par la région antérieure » locomotrice m. » Or il existe deux types de larves chez les Éponges. » Les unes sont celles qui ont une vraie blastula formée d'iuie seule couche de cellules entourant une cavité centrale vide. Celles-là : » 1° N'ont pas les cils plus développés ni plus actifs en avant que dans les autres points; » 2° Se fixent au stade gastrula, après l'invagination, jamais au stade blastula ; (') J'ai étudié autre part certains processus modificateurs au point de vue de leur action intime sur les éléments du corps {Revue scientifique, 19 juin 1897). (') Voir la première Note de M. Delage dans le numéro du i4 février et la réjDonse de M. l'errier dans celui du 21. G. R., 1S98, I" Semestre. (T. CXXVI, N° 10.) 99 ( f^^> ) » 3" Se fixent par leblastopore, c'est-à-dire parmi poinl correspondant à la partie postérieure de la gaslrula et h la partie moyenne équatoriale de la hlaslida. \ » Les autres sont celles qui ont dans leur cavité intérieure un contenu cellulaire. Celles-là : » 1" Quand certains do leurs cils sont plus développés et plus actifs que les autres, ce sout ceux de la partie postérieure; l'extrémité antérieure en est même parfois tout à fait dépourvue; » 2" Se fixent à l'état de parenchymula même lorsqu'elles ont passé par un stade blasliila libre où elles auraient pu se fixer; » Se fixent très souvent par un autre point que l'extrémité antérieure et ne s'en développent pas moins bien poiu- cela. » Et ce que j'avance ici n'est pas seulement le résultat de mes propres recherches, c'est ce qui a été reconnu et est admis sans discussion par tous ceux qui ont étudié les Éponges. » Je pourrais m'en tenir là, mais je demande à user de la circonstance pour ajouter ([uelques observations. » M. le professeur Perrier fait remarquer que les arguments donnés par lui en faveur de la séparation des Spongiaires et des Cœlentérés remontent à seize années; mais les opinions sont restées partagées. » En ce qui concerne la distinction de l'endoderme et de l'ectoderme, je ferai remarquer qiie la conception des feuillets est essentiellement mor- phologique et non physiologique, et que l'on ne saurait faire reposer leur définition sur la situation qu'ils prennent, l'un par rapport à l'autre, dans l'invagination. En faisant ainsi, M. le professeur Perrier veut s'appuyer sur un caractère morphologique, les connexions de ces deux membranes. Mais une connexion n'a de valeur que quand elle est primitive, et celle des feuillets, l'un au dedans, l'autre au dehors, ne l'est pas, puisque, chez la hlastida, l'un et l'autre font également partie de la surface de l'ovoïde; leur connexion, chez la gastrula, est le résultat d'un phénomène physiologique, l'invagination. Définir les feuillets par leur situation réciproque après l'in- vagination, c'est donc, en somme, les définir par un caractère physiolo- gique; tandis qu'ils doivent être définis, comme je l'ai fait, par leurs caractères hislologiques, caractères parfaitement objectifs, qui n'ont rien de métaphysique et présentent une uniformité remarquable dans le règne animal. » En présence des différences capitales que j'ai signalées entre les Spongiaires et les autres animaux, on n'a le choix qu'entre deux alterna- ( 769 ) lives : ou dire que le sens de l'invagination est resté normal, mais que l'endoderme s'est déguisé en ectoderme, et réciproquement; ou admettre, comme je l'ai fait, que les feuillets ont gardé, chez les Éponges, les carac- tères histologiques qu'ils ont dans tout le reste du règne animal, et que le sens de l'invagination s'est renversé. Or on ne voit pas quelle pourrait être la raison d'un échange de caractères, tandis que l'on conçoit fort bien que le sens de l'invagination puisse se renverser, et cela pour des causes peut-être fort peu significatives en elles-mêmes. Ne voit-on pas les larves de Phiteiis, sous l'influence de l'addition de quelques millièmes de chlorure de lithium à l'eau où elles vivent, ou même d'une simple élévation de température de quelques degrés, modifier complètement leur invagination et même la renverser au dehors, comme l'ont montré Herbst, Driesch, Gurwitsch, etc.? )) J'ajoute, en terminant, qu'en créant les termes Enanlioderma, Enan- tiozoa, j'ai voulu seulement caractériser par un mot un fait remarquable, et non proposer un nom pour remplacer ceux qui existent déjà. Je n'ai point le goût de ces innovations et, dans le Traité de Zoologie que je publie avec la collaboration de M. Hérouard, je continue à donner aux Éponges le nom sous lequel elles sont connues de tous. » ZOOLOGIE. ~ Sur un type nouveau de Copépode gallicole. Note de M. Jules Bonnier. « Parmi les Crustacés parasites recueillis durant les campagnes de Vlli- rondelle et de la Princesse- Alice et dont le Prince de Monaco a bien voulu me confier l'examen, se trouve un Copépode dont l'étude présente un double intérêt : il est l'unique représentant d'une famille nouvelle; il dé- termine, sur son hôte, une véritable galle, comme celle que produit un Cynipide sur une feuille de chêne, ou mieux, ce que M. Giard a appelé une zoothylacie , comparable à celles que l'on rencontre chez certains Homop- lères parasités par des Hyménoptères (Proclotrypidœ). » Ce Copépode vil aux dépens d'un Oursin mou des profondeurs {Pfiormosoma ura- nus); il forme, sur le test de son hôte, des galles saillantes à l'intérieur de la cavité du corps de l'Ecliinide, et creusées de cavités parfaitement sphériques, mesurant de 7°"" à II»"" de diamètre. Cliacune de ces galles, à paroi épaisse (i"'",5 à 2"""), est mise en communication avec l'extérieur par une petite ouverture circulaire (i'°"',5 de dia- ( 770 ) mètre). Le parasite, ou plutôt le couple de parasites qui y est contenu, ne peut donc se nourrir que des produits de sécrétion ou d'excrétion de l'Oursin, ou encore de ce que les mouvements des piquants ou des pédicellaires de son hôte amènent à sa portée. » Le dimorphisme des deux, sexes est assez prononcé, surtout en ce qui concerne la taille. La femelle adulte est à peu près spliérique et mesure 2™", 7 de haut sur 3™", 4 de large : les appendices du corps ne sont plus représentés que par une paire d'anten- nules robustes de sept articles, une paire d'antennes de quatre articles, des mandibules rudimentaires, une paire de maxilles de structure compliquée et une unique paire de maxillipèdes de trois articles terminés par de fortes griffes recourbées; le rostre est constitué par la réunion de la lèvre supérieure et des paragnathes et forme une sorte d'atrium prébuccal, où pénètrent seules les extrémités des maxilles, tandis que les mandibules sont insérées au dehors et n'ont pas de rôle dans la préhension ou la mastication des aliments. Les segments thoraciques sont encore partiellement visibles; le corps se termine par une furca ramenée à la face ventrale par la courbure du corps. De chaque côté de cette furca se trouve une paire d'énormes ouvertures génitales, auxquelles s'attachent deux longs boyaux ovigères qui se recourbent en arrière sur le dos de la femelle. Le mâle est moins déformé et de taille plus réduite : il n'atteint pas jmm (]g long, et ses appendices sont identiques à ceux de l'autre sexe. » Comme ces Cymothoadiens, décrits par Herklots et Max Weber, qui se logent dans des invaginations de l'abdomen de certains Poissons des rivières de Java, ces Copépodes sont condamnés à passer leur existence entière dans leur étroite prison. La femelle, sans remplir exactement la cavité interne de la galle, est trop volumineuse pour pouvoir sortir par l'unique petite ouverture qui la met en communication avec l'extérieur; il faut briser le test de l'Oursin pour l'extraire. Quant aux mâles, ils peuvent bien, grâce à leur taille plus réduite, s'échapper de leur logetle (ils avaient même roulé pêle-mêle au fond du bocal contenant les fragments de leur hôte); mais l'absence complète d'organes locomoteurs et la transformation des maxillipèdes en organes de fixation font présumer que toute vie errante, hors de leurs cellules, leur est interdite. Seuls les embryons peuvent s'échapper pour se mettre à la recherche d'un nouvel hôte. )> A première vue ce Copépocle, que je désignerai sous le nom de Piono- desmoles phormosomœ , fait penser aux Choniostomatidœ , parasites des Arthrostracés ; mais il s'en distingue par la présence de la deuxième antenne parfaitement développée, par l'absence de ventouse prébuccale, par la paire unique de maxillipèdes qui, chez ces derniers, est représentée par une double paire d'appendices; enfin, comme chez la plupart des Copépodes, il n'y a que deux ovisacs qui restent fixés, jusqu'à l'éclosion des embryons, aux ouvertures génitales de la femelle, au lieu de ces paquets d'œufs multiples et pondus librement qui ne se rencontrent que chez les seuls Choniostomatides. Il y a donc lieu de créer, pour ce parasite des Phormosoma, une famille nouvelle qui, par l'existence d'une cavité pré- ( 771 ) buccale constituée par la lèvre supérieure et les paragnathes, rentre dans l'ensemble que Canu a désigné sous le nom à' Auliostoma et qui comprend, outre les Chonioslomaddœ et les Hersiliidœ , parasites des Crustacés, les Nereiidicolidœ et les Herpyllobiidœ, parasites des Annélides. » ÉCONOMIE RURALE. — Sur une graminée du Soudan. Note de M. Dybowski, présentée par M. Aimé Girard. « Les indigènes du Soudan ne font pas entrer, comme on le sait, dans leur alimentation, les céréales cultivées en Europe. Celles-ci sont rem- placées par d'autres produits et particulièrement par le maïs, le sorgho et le riz de montagne. A ces graminées dont l'usage est depuis longtemps connu il en faut ajouter une autre qui, bien que d'un emploi très répandu, n'avait pas encore été classée parmi les céréales alimentaires. » Il s'agit d'une herbe aux rameaux ténus, aux épis grêles et qui cepen- dant produit un grain très recherché par les indigènes du Soudan aux- quels elle fournit un appoint important dans l'alimentation courante. » Cette graminée est désignée sous les noms botaniques de Digitaria longijiora de Posoon, ou sous celui de Paspalum longijlorum Ag Retz('). Elle croît à l'état spontané dans toute la région tropicale et subtropicale de l'ancien monde où elle couvre parfois de vastes plaines. Mais nulle part elle n'a été signalée comme alimentaire en dehors du Soudan occi- dental. Le capitaine Binger, dans la relation de son remarquable voyage, dit qu'elle concourt à l'alimentation des indigènes du Soudan central. )) En Guinée française, dans le Fouta-Djalon, où elle est connue sousle nom indigène de foundounié, elle est l'objet d'une culture régulièrement pratiquée. » La plante cultivée diffère du type sauvage par ses achaines plus gros et surtout plus ovoïdes; elle offre en même temps cette particularité d'être complètement glabre alors qu'à l'état spontané elle est hispide. De plus, les glumes sont peu adhérentes et la graine se moud avec la plus grande facilité. » En Guinée française, la culture se fait en répandant la graine sur le sol, que l'on a débarrassé de la brousse par l'incendie. En trois mois, la plante se développe et porte graines. Celles-ci se séparent facilement par le (' ) Ex Hookes /!. ind., t. IV ; p. 17. ( 772 ) battage. On les moud en les triturant dans nn mortier en bois. La semoule que l'on obtient ainsi constitue un aliment d'une très haute valeur nu- tritive. » L'analyse chimique montre, en eiïel, que la composition de ces graines les rapproche beaucoup du riz; cependant elle s'en distingue par une abondance plus grande de matières grasses, qui se trouvent être en quan- tité sensiblement égale à celle que renferment les graines de millet. Composition chimique des graines du Paspalum longlflorum Betz comparée aux autres graminées. Paspalum. Millet. Blé. Seigle. Orge. Maïs Riz. Sarrasin. Eau 9j20 11,66 i3,65 i5,o6 13,7- i3,i2 i3,ii 11, 93 Protéine "] >^1 Qj^S 12, 35 11, 62 11, i4 9ï85 7,85 to,3o Matières grasses. .. . 5,34 3,5o 1,75 1,79 2,16 4162 0,88 2,81 Amidon et dexlrine. 73,33 60,95 67,91 67,81 66,93 68, 4i 76,52 55, 81 Ligneux 2,56 7)29 2,53 2,01 3,3i 2,49 o,63 16, 43 Cendres 3,90 2,35 1,81 1,81 2,69 i,5i 1,01 2,72 M Le son est relativement peu abondant. Il représente 9,75 pour loo du poids de la graine. » L'examen microscopique montre que les grains d'amidon du Paspalum longifloi'um ont une grande analogie avec ceux du maïs dont iîs se dis- tinguent cependant avec facilité par leurs dimensions plus faibles, puisqu'ils ne mesurent jamais plus de 19 millièmes de millimètre. Tous les grains sont de volume sensiblement uniforme et l'on n'en rencontre que peu mesurant moins de 12 millièmes de millimètre. La forme du liile établit également un caractère optique très net; il est, en effet, large et présente une forme anfraclueuse. » Par ses qualités nutritives et la facilité de sa culture, cette graminée mérite d'être rangée au nombre des plus utiles céréales; il peut être in- téressant d'en encourager la culture dans nos colonies. » PAl.ÉO-ETIîNOLOGlE. — Une Station préhistorique Gu mont d'Hubervitle, près Valognes. Note de M. Le Nordez, présentée par M. Ém. Blanchard. « Je prends chaque année mes vacances en Basse-Normandie, et l'habi- tation que j'y occupe est située sur une colline appelée le mont d'Huber- ( 773 ) ville. Cette colline se trouve à environ 5"^™ sud-est de Valognes, à 3^"^ nord- est de Monchany. » Lors de l'un de mes derniers séjours, visitant un cultivateur de mes voisins, j'aperçus, sur un des meubles de son logis, un silex taillé en forme de couteau à double trancliant et légèrement dentelé. Je m'enquis de l'origine de ce silex et j'appris que les enfants de cette famille l'avaient trouvé à fleur de terre, dans un champ voisin, avec un assez grand nombre d'antres pierres de même nature et de forme à peu près semblable. » Malheureusement, après les avoir recueillies, les enfants s'en étaient servis dans leurs jeux et les avaient dispersées. » Sur mon désir, toutefois, les membres de cette famille et leurs servi- teurs s'occupèrent de recueillir les silex qu'ils aperçurent depuis, et ils ont pu m'en remettre une centaine environ de formes variées. » Cette modeste collection comprend des couteaux, des grattoirs, etc. )) Je dois mentionner encore un grand nombre de pierres, de la nature dite quarlzite, je crois, que j'ai trouvées moi-même, soit à fleur de terre, soit à quelque profondeur. Toutes se font remarquer par une forme co- nique assez irrégulière, mais bien visible. Leur grosseur varie. I-ia main les tient facilement et semble s'y adapter naturellement. )) Il m'a paru que j'avais trouvé en cet endroit les restes d'un atelier ou manufacture de silex. Les débris et fragments sans forme déterminée y sont en effet particulièrement abondants. Les instruments proprement dits et taillés avec art et intention visible ne s'y trouvent qu'en minorité. » Il ne sera peut-être pas sans intérêt d'ajouter à ces détails quelques renseignements sur la topographie des lieux. I^a ferme près de laquelle se trouve le champ où l'on a découvert ces fragments porte le nom de Bru- lius. Ce nom-là vient, je pense, du nom de plusieurs champs incultes où pousse abondamment un arbre appelé Bois-Jan (ulex) qui sert au chauf- fage des fours. )) Cette ferme occupe le versant de la colline située au midi. Au bas du champ où l'on trouve le silex, coule une petite rivière; la mer se trouve à deux lieues à l'est; le rivage abonde en silex iWls pierres à feu. » Aux siècles derniers, toute la colline et les environs étaient couverts de bois. On les détruisit en grande partie à l'époque de la Révolution. » A quelques cents mètres de Brulius, on a trouvé une plaque de cein- ture romaine en or et un peu plus loin, à l'endroit appelé le camp Caiwet (Cai'eat, faites bonne garde), on a trouve un grand nombre de coins cel- tiques et quelques armes. ( 774 ) » A cinq ou six lieues du mont d'Huberville, on a, il y a une quinzaine d'années, trouvé à Bretteville une quantité considérable de silex de di- verses époques. Il y avait là une station préhistorique. Les instruments trouvés en cet endroit varient selon les couches de terrains; il semble res- sortir de cette remarque que les hommes y ont longtemps habité. » M. J. MiFFRE adresse une deuxième Note intitulée : « Nouveau système astronomique ». lia séance est levée à 4 heures un quart. M. B. ERRATA. (Séance du 28 février 1898.) Note de M. Stanislas Meunier, Contribution à la géologie du bas Sénégal Page 668, ligne 8 en remonlant, au lieu de Diskoui, lisez Diokoul. Même page, ligne 3 en remontant, au lieu de 20 pour 100, lisez 5 pour 100. r 10. TABLE DES ARTICLES. (Séance du 7 mars 1898.^ MEMOIRES ET COMMUIVICATIONS DES MEMBItKS ET DES CORRESPONQANTS DE L'ACADÉMIE. M. liKRTiiKLoï. — Acliuriscliiiiiitine^exL'ri'iies pur l'eflluvo élcclrique. Les aliléliydes cl l'azote M. lÎEitTiiKLOT. — Vclioiis chimiques île l'el- lluve. Acides organiques el azote M. ItiîRTiiKLOT. — Observations relatives à l'action cUiniique de j'effinvc sur les diélec- triques liquides M. A. UrriK. — Action dn sulfate de cliaiix sur qucliiues sels liuloïdes alcalins l'a ses. I',i M. A. Chaux. — Du nombre et de la symc- trifi des faisceaux libéroligneux du pétiole, '>7i dans la mesure de la perfection des espèces ' X êgétales fiXi j .M. MioHKL Lkvy. — Sur les résultats donnes par un sismographe avertisseur ( Kiliaii el l'aiilin), installé à Grenoble i'»)\ .\I.\L Cnov.v et Comi-an. — Sur le pouMiir I absorbant du noir de fumée pour ta chaleur liil'l I rayonnante -06 7"7 RAPPORTS. M. Hadau. -- lîiipiiorL sur un Mëmoiro de .\L Gonnessiaty intilulc : " Uechen-lies sur la |i_>i (Icb \ (U'iiit ions dr liHiludr MEMOIRES PRESENTES. M. il. lîiiioi lui.vN- - Sur " rilisloire céleste du xvir siècle ■> de l'hi"ri: CORRESPONDANCE . M. le l'ULsiDKNT présente à l'Académie une Note imprimée du P. Kriiger n Sur l'el- lipsoïde de Jacobi » 711 M. K. M.MU)TTE. — Sur la diHcrminalion du groupe de rationnalité des équations dill'é- rentielles linéaires du quatrième ordre... 71'! M. (',. GuiCHARD. Sur les congrnences ci]njugu(''es aux réseaux (', 7 iS M. .1. Lk Roux. — Sur les invariants des équations linéaires aux dérivées partielles à deux variables indépendantes 7 ■ 1 M. LuDWiG ScHLKSiNUKU. —- Sur un pro- blème de lliemaun --!■' MM..I. l'KKcuuTetW. EuERT. — Sur certaines intégrales premières des équations de la Dynamique à deux variables; application à un cas particulier dn problème des trois corps ». ... 7.^> -AI. E. Cakvai.lo. — lieclierches de précision sur la dispersion infra-rouge du quartz.. 7^8 iM. H. Pki.laT. - Influence du fer doux sur le carré moyen de la dill'ércnce de poten- tiel aux extrémités d'une bobine parcourue par un courant de haute fréquence 7^)1 M. I'. Janet. » Sur la température des lampes it incandescence 73'| .M. AxDRE Broca. --'(.(uçlques propriétés des cathodes placées dans un champ magné- tique puissant 7''' M. Ch.-Ep. Guii.lal'.me. Kecherchcs sur les aciers au nickel. Variations de volumes des alliages irréversibles 7 is M. EuuiîNE DujioNT. - Recherches sur les propriétés magnétiques des aciers au nickel. 7 j i M. P. Leueau. — Préparation dn gincininm par électrolyse 7'i'i M. Maurioe Nici.otîX. — Dosage chimique de l'oxyde de carbone contenu dans l'air, mémo à l'état de traces 7 'l'i ^ MM. Gin et Leleux. — Sur la dissociation i MM. G. BoucHAKUAT et .1. Laiont. - Sur lés isobornéols de synthèse; leur identité avec les alcools fènolli(|ues 711 MM. A. De.suuez et M. NiCLOUX. — Sur la déconqjosition partielle du cliloroforiiu^ dans l'organisme 7 ''"^ .M. Ch. Lei>ierri;. -- Mucme vraie produite par un bacille lluorcscent pathogène 7111 -M. Gabjiiel liEiiTRAXu. — .Action de la bac- térie du sorbose sur les alcools pluriva- lents ''•' W 10. SUITE DE LA TABLE DES ARTICLES. Pages. ' Pages. \l. J. KiiNsii.iMi. - InlluciiLL- il 11 milieu et dan . 771 des variations (liez les Piolozoaircs 760 M. Lk Nordez — Une station préhistorique M. Yves Dklagk. — Les hnvcs des .Sj)on- au mont d'Hubcrville, près Valognes. ... 77:! glaires cl l'homologation des feuillets.... -^- M. J. Miffiîe adresse une deuxième Note M. Jules Honnier. — Sur un type nouveau intitulée : ■ Nouveau système astrono- de Copépiide gallicole 7fj<) I mique » 77'i VI. Dybowski. .Sur une Graminéedu Siiu- Krr.\ta / /4 PARIS.— IMPRIMERIE GAUTHIER-VILLARS ET FILS, Quai des Grands-Augustins, 55. ii€ (ieranl ; V[LLAnft 1898 PREMIER SEMESTRE. APR 5 1898 COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DE^ SCIENCES PAR min KiB9 SBCRÉTAIREa l^RPÉTUEIiS. TOME CXXYI. r H (U Mars 1898). PARIS, GAUÏHIER-VILLARS ET FILS, IMPRMEURS-LIBRAIRES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'IcADÉMIE DES SCIENCES, Quai des Grands-Augustin^ 55. 1898 RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875. Um/Çomptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie se composent des extraits des travaux de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes présentés par des savants étrangers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. 26 numéros composent un volume. Il V a deux volumes par année. Article i*'. — Impressions des travaux de V Académie. Les extraits des Mémoires présentés par ur Membre ou parunAssociéétrangerde l'Académie comprennent au plus 6 pages par nmnéro. Un Membre de l'Académie ne peut doiner aux Comptes rendus plus de 5o pages par année. Les communications verbales ne sont meilionnées dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une édaction écrite par leur auteur a été remise, séance tenante, aux Secrétaires. Les Rapports ordinaires sont soumis à a même limite que les Mémoires; Inais ils ne sont jas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Menbre. Les Rapports et Instructions demandés paile Gou- vernement sont imprimés en entier. Les extraits des Mémoires lus ou communiiués par les Correspondants de l'Académie comprement au plus 4 pages par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de 32 pages par année. Dans les Comptes rendus, on ne reproduiipas les discussions verbales qui s'élèvent dans le »ein de l'Académie; cependant, si les Membres qu y ont pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi- vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les remettre au Bureau. L'impression de ces N)tes ne préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Menjrcs de lire, dans les séances suivantes, des Notes au Mé- moires sur l'objet de leur discussion. \ Les Programmes des prix proposés par l'Académie sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap- ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autant que l'Académie l'aura décidé. Les Notices ou Discours prononcés en séance pu- blique ne font pas partie des Comptes rendus. Article 2. — Impression des travaux des Savants étrangers à l'Académie. Les Mémoires lus ou présentés par des personnes qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca- démie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré- sumé qui ne dépasse pas 3 pages. Les Membres qui présentent ces Mémoires sont tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le Membre qui fait la présentation est toujours nommé; mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait ' autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le font pour les articles ordinaires de la correspondance offi- cielle de l'Académie. Article 3. Le Ion à tirer âe chaque Membre doit être remis à l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, le jeudià I o heures du matin ; faute d'être remis à temps, i le titre seulduMémoire eslinsérédansle row/7/e ^eW« ' actuel, et l'fxtrail est renvoyé au Compte rendu sui- vant et mis à la fin du cahier. Article 4. — Planches et tirage à part. Les Comptes rendus n'ont pas de planches. Le tirage à part des articles est aux frais des au- j leurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports et les Instructions demandes par le Gouvernement. Article 5. Tous les six mois, la Commission administrative fait un Rapport sur la situation des Comptes rendus si^rès l'impression de chaque volume. Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré- sent Règlement. Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire jrésenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les déposer eu Secrétariat bu plus tard le Samedi qui précéd la séance, avant B''. Autrement la présentation sera remise à la séance suivante. '' -^ p ■"■ T \''^r. COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI li MARS 1898, PRÉSIDENCE DE M. WOLF. 3IEM0IRES ET COMMUNICATIOIVS DIÎS MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE, CHIMIE ORGANIQUE. — • Actions chimiques de l'effluve électrique. Composés azotés en présence de l'azote libre; par M. Bertiielot. « Les actions exercées par l'effluve électrique sur les composés azotés méritent une attention particulière, au double point de vue des transfor- mations propres de ces composés et des combinaisons que beaucoup d'entre eux contractent avec l'azole lui-même; quelques-uns,' au contraire, lais- sent dégager une portion de cet élément. Dans le premier cas, surtout, ils manifestent de la façon la plus directe l'aptitude de l'efOuve à provoquer la formation des molécules condensées et polvazotées. J'ai expérimenté sur des principes azotés très variés et embrassant des exemples choisis dans leurs classes fondamentales, telles que : les alcalis, raonoamines et polyamines, alcalis primaires, secondaires, tertiaires, appartenant d'ail- leurs aux séries grasses, benzénique, pyridique, etc. ; C. R., 1898. I" Semestre. (T. CXXVI, N» 11.) lOO ( 776) » Les amides simples et complexes de divers groupes; » Les nitriles; les dérivés de l'hydroxylamine et de l'hydrazine, les composés nitrés, etc. » Je vais exposer brièvement les résultats observés. A. — AMINES. MONAMINES DE LA SÉRIE GRASSE. I. — Mêthylamine : CH'.AzH^ » Gaz et azote à volumes égaux. — Vingt-quatre heures. I oo™' CH= Az + I o4™', 7 Az». » Décomposition complète : Gaz initial CH°Az=:ioo Gaz final H'^i42,4 Az- dégagé i4, i Ni G-H^, ni carbure d'hydrogène; produit solide alcalin. « Rapports des éléments condensés : CH^.-s^z»''- ou G" H' -Az^ sensiblement. M Ce serait la formule de l'hexaméthylène tétramine. » Voici maintenant les expériences exécutées sur des alcalis secondaires et tertiaires. II. — DlMÊTHYLAMINE : (CH3)2AzH. » I™' gaz. -+- i^"',5 azote. — Vingt-quatre heures. Gaz initial .. . C^H'Az:;=ioo Gaz final H'=;i59,3 CH'= 3,7 Azote absorbé . . 8,7 » Rapports des éléments condensés : C=H'''^4z''-, ou plutôt, en les rapportant à un seul résidu méthylique : CH'V4.z"" X 2. » Ces rapports sont sensiblement les mêmes que pour la méthvlaniine; seulement l'azote qui demeure ainsi combiné dans le produit condensé, au lieu d'être tiré entièrement de la molécule de l'alcali primitif, a été emprunté en partie à l'azote libre. Ces rapports conduiraient àC"H"^Az'*, ( 777 ) c'est-à-dire sensiblement à l'hexaméthylène tétramine, comme pour la monométhylamine. III. — Triméthylamine : (CH')'Az. » I vol. gaz + 2,5 vol. Az. — Vingt-quatre heures. Gaz initial.. . . C'H" Az =noo'°' Gaz final H^=r 19,5,7 CH'— 8,5 Az- absorbé . . 68, i )> Rapports des éléments condensés : C^H'-Az-'', ou plutôt, en les rapportant à un seul résidu méthylique : CH'''Az«'% rapports sensiblement les mêmes que pour la méthylamine; avec cette dif- férence que la majeure partie de l'azote, qui demeure combiné dans le pro- duit condensé, a été empruntée à l'azote libre. )) Ces rapports conduisent à C''II"''^Az*'', formule qui ne diffère guère de riiexaméthylènetétramine, mélangée avec une faible dose d'un corps plus riche en azote. L'hexaméthylènetétramine serait donc, pour les trois alcalis, le composé principal qui prend naissance sous l'influence de l'effluve. Mais il emprunte; pour se constituer, tantôt ime portion seulement de l'azote combiné dans le produit initial, tantôt la totalité; tantôt il y joint la dose convenable d'azote libre. La tendance à la formation des polyamines, sous l'influence de l'effluve électrique, demeure ainsi le phénomène dominateur. IV. — ÉTHYLAMl.NE : C'itP.AzIP. » I vol. gaz -4- I vol. azote. — Vingt-quatre heures. Gaz initial.... C-irAz = ioo"" Gaz final H2=:i58,8 G-H''= 2,0 Décomposition conaplèle de l'alcali initial, sans dégage- ment, ni absorption d'azote. Pas de C^PP. » Rapports des éléments condensés : c'est-à-dire sensiblement : CH'^Az^ ( 778 ) » (]e serait une base analogue à rhexaniéthylènetétramine, mais dérivée de 4 molécules éthyliques. La formule est, en apparence, celle d'un homo- logue; mais, en réalité, la constitution du système est diflférente, 4 atomes d'azote étant saturés à la façon d'un seid par 6 molécules bivalentes de méthylène, dans le dérivé mcthylique ; tandis que le même nombre d'atomes d'azote serait saturé par 4 molécules d'étbylène seulement, dans le dérivé élhylique. Il paraît en résulter que le dernier composé est cyclique et constitué avec une perte de plusieurs unités de saturation. » En tout cas, dans la formation du dérivé élhylique, aussi bien que dans celle du dérivé méthylique, il y a perte d'un peu plus de 2 atomes d'hydrogène, éliminés aux dépens de la molécule génératrice. V. — Propylamine a'ormale : C^H'.AzII'. » I vol. de gaz + 3''°', 35 d'azote. — Vingt-quatre heures. Gaz initial CMI' Az = loo vol. Gaz final H^^ 147,9 Pas de carbure sensible. Az^ absorbé = 26, 1. » Rapports des éléments condensés : C'H'Az'-', c'est-à-dire C'H'^Az'' sensiblement. » Cette formule répondrait à celle des tétramines dérivées de la méthy- lamine et de l'éthylamine; mais elle n'est homologue qu'en apparence, ce système étant cyclique : il dérive de 3 molécules de propylène unies à 4 atomes d'azote. VI. — IsOPROPYLAMINE : C'H'.Azll-. H I vol. de gaz -t- 2 volumes d'azote. — Vingt-quatre heures. Gaz initial 100 vol. Gaz final H^=i6o CH*=:: 2,5 (0U0,8CUr) Az^ absorbé = 3o , 2 » Rapports des éléments condensés : C'H5•^4z'•■'. » Ce sont sensiblement les mêmes que pour la propylamine normale; conformément à ce qui a été observé pour les deux propylènes comparés entre eux, pour les deux alcools propyliques, et même, jusqu'à un certain point, pour les deux aldéhydes propyliques. » Dans tous les cas, la dose d'azote fixée sur les propylamines est plus ( 779 ) considérable pour chaque résidu propylique que pour chaque résidu éthy- lique dans le dérivé de l'éthylamine, plus encore que pour chaque résidu métiiylique dans le dérivé de la méthyiamine; c'est-à-dire qu'elle va crois- sant avec la condensation du carbone dans la molécule originelle. Ainsi, pour chaque atome C du résidu métiiylique, il s'est fixé |Az; pour C" du résidu éihylique, il s'est fixé Az; pour C du résidu propylique, il se fixe ^Az. » Au contraire, si l'on compare la triméthylamine avec ses isomères les propylamines, on trouve que la dose d'azote absorbée par une molécule de triméthylamine, soit Az^>'', l'emporte notablement sur la dose fixée sur les propylamines isomères, soit i,5; de même l'azote absorbé par une mo- lécule de diméthylamine, soit Az'--, surpasse l'azote fixé sur l'éthylamine isomère, soit Az''". Mais il s'agit, dans cette dernière comparaison, de plusieurs résidus méthyliques comparés à un seul résidu éthylique, ou pro- pylique. VIT. — ÂLLYLAMINE : C'Il^Az. » I vol. gaz + 5 vol. azote. — Vingt-quatre heures. Gaz initial C^lPAz^ioo Gaz final FP^Sg Az absorbé ou dégagé, nul n Le produit olFre une odeur frappante de pipéridine (ou analogue). » Rapports des éléments condensés : C'H^'«Az, c'est-à-dire C'■'H'^Az^ ou C' = H-"Az\ » Rappelons que l'allylène a fourni les rapports CH-«Az-; l'alcool allylique CH'-'Az-O'. » Ainsi, dans tous ces cas, le composé allylique condensé renferme moins d'azote que n'en condensent les composés propyliques correspon- dants. » Au contraire, le rapport du carbone à l'azote est le même dans le dérivé de l'allylamine et dans le dérivé de la propylamine ; ce dernier étant seulement plus riche en hydrogène, comme l'alcali originel. » Je vais maintenant résumer les essais exécutés sur les alcalis liquides ou solides, dont la tension de vapeur est faible ou nulle; ces essais, n'ayant pu être poussés jusqu'à la limite, sont surtout comparatifs. ( 78o ) B. - MONAMINES DE LA SÉRIE BENZÉNIQUE. VIII. — AmuNE ou PHÉNYLAMINE : C« H' Az. «Quelques décigrammes. Az employé : 17"',!. —Vingt-quatre heures. » Azote absorbé : 3'^'=, o. Pas de gaz formés. IX. — Méthylaniline : G'H'Az. » Quelques décigrammes; Az employé : 12"^'=, ao.— Vingt-quatre heures, » Azote absorbé : ç)''% 75. Pas de gaz formés. X. — Bexzylami.>e : CH'Az. » Vingt-quatre heures. » Azote absorbé : 2'%S. IP dégagé : 3"",!. X I. - ToLurDL>ES : CH-'Az. Ortho. Para (crist.). Met; Gaz dégagés : : IP. . . . 0 o",7 0 Az absorbé. . . 6-, 7 5™, 8 odeur rappelant l'indol. 4-. » Ainsi, toutes les monamines de la série benzénique offrent une ten- dance marquée à absorber l'azote libre, sous l'influence de l'effluve, c'est- à-dire à former des polyamines. Les nouveaux composés sont des alcalis plus puissants que leurs générateurs et bleuissent le papier de tournesol. Ils sont formés sans dégagement notable d'hydrogène. » Les divers isomères C'H" Az réagissent également : les trois toluidines semblablement entre elles; la benzylamine un peu plus lentement; la mé- thylaniline plus vite et d'une façon plus marquée. G. - MONAMINES DE LA SÉRIE PYRIDIQUE. XII. — Pyridine : C=tPAz. » oB', i5 environ. — Az = iS-^Sr». — Vingt-quatre heures. » Réaction non terminée. Az^ absorbé 3", 9 soit oS"-, oo5 Pas de gaz dégagés. ( 78. ) » Il résulte de cette observation que la pyridine se change en polyamine en fixant de l'azote. XIII. — PiPÉRiDiNE : C5H"Az. » o^"", i5 environ. — Az = ii'^',4- — Vingt-quatre heures. » Réaction incomplète; odeur de pyridine. — Résine hanche. Gaz dégagés H- =: Sai^', o CH' = i", o Az= absorbé •'i''°,4 soit oS"", 007 environ. » Rapport entre H dégagé (CH' compris) et Az absorbé : — 7H + Az. » Il résulte de ces nombres que la pipéridine perd de l'hydrogène sous l'influence de l'effluve et tend à reproduire la pyridine et ses dérivés polyazotés : ce qui répond bien à la constitution connue de ces deux alcalis. D. - DIAMINES. » J'ai étudié deux diamines de la série grasse, trois de la série benzé- nique, ainsi que la nicotine. XIV. — Éthylènediamine, anhydre : G-H'Az- — oS", 2 environ. Az = i5", 2. » Le volume gazeux augmente rapidement. Après deux heures, il s'est formé 54'^'' de gaz. L'analyse, exécutée sur une fraction des deux tiers de ce gaz, et calculée pour le volume total, a fourni : AzH' 3,7 Az- 16,1 (au lieu de i5'^'^,2) H- 33,6 CH» 0,6 (ou C-^H«=o,3) » Ainsi, à ce moment, il s'était produit une décomposition dégageant un peu d'ammoniaque libre, une trace d'azote (o'''^,9) et, surtout, de l'hydrogène libre ; c'est-à-dire que l'éthylènedianiine s'est transformée partiellement en une polyamine plus condensée, avec perte d'hydrogène, conformément à ce qui ariive pour l'éthylène et l'alcool éthylique. « Cependant, la réaction a été poursuivie sur la matière contenue dans le tube à effluve, en présence de la fraction de gaz réservée (i5'^^'^,6). Au (782 ) bout de vingt-quatre heures, ce dernier volume avait à peu près triplé, s'étant élevé à 45'''', 8; lesquels contenaieat : AzH» 0,7 Az' 8,6 H^ 35,5 Cir- 1,0 » Dans la dernière période, il s'était donc dégagé une nouvelle dose d'hydrogène (provenant de la matière non encore altérée), dose à peu près égale à la première. Mais, par contre, il y avait une certaine résorption de l'ammoniaque dégagée et même de l'azote libre, soit i5"', 2 — 8,6 — o,6 = 6<='",o ou oK'',oo75; absorption d'autant plus digne de remarque qu'une fraction (i^'',3) a été sou.straite sous forme d'ammoniaque, lorsqu'on a prélevé les gaz employés par la première analyse. » Cependant, en somme, la dose d'azote fixée ne représente qu'une faible fraction, un dixième environ, de l'azote demeuré combiné; elle répond nécessairement à la formation de quelque peu de poly;unines, où le rapport atomique de l'azote au carbone est devenu supérieur à celui de i : r . Toutefois, l'azote surajouté étant en très petite quantité, ce même rapport subsiste à peine altéré pour la plus grande masse. » Quoi qu'il en soit, le volume total de l'hydrogène dégagé s'élève à ô-j^^yÇ); soit o8'',oo6; c'est-à-dire à peu près le quart de l'hydrogène combiné dans la matière initiale. La formule en serait ainsi ramenée à (C-H°Az-)", le composé correspondant étant d'ailleurs de formule con- densée, comme l'indique son absence de volatilité. » Je signale ces rapports principalement à titre d'indication, la diamine n'ayant pas été pesée très rigoureusement, ni son introduction dans l'ap- pareil accomplie sans perte. Cependant tels quels, ils sont significatifs. )) Insistons encore sur ce fait que, dans la présente réaction, comme dans beaucoup d'autres provoquées par l'effluve, on observe deux périodes; aux débuts, le corps mis en expérience se décompose sans absorber d'azote; tandis qu'à la fin on retrouve dans le produit condensé tout le carbone et l'azote, ce dernier ayant même éprouvé une certaine absorption. L'hydro- gène seul demeure définitivement éliminé. (783) XV. — Propylènebiamine, anhydre : C^H'°Âz-. )) oS"", 2 environ : Az = 1 2'"'', o5. » Après trois heures, il s'était formé Si*^"^ de gaz. L'analyse, exécutée sur la moitié environ de ce gaz et rapportée par le calcul à la totalité, a fourni : AzH' 1,7 Az- i4,6 (au lieu de 12 ,o5) H^ 3:î,7 CH* 2,0 (ou C'H8 = o,7) » Ainsi il s'était produit à ce moment, comme avec le corps précédent, une décomposition dégageant beaucoup d'hydrogène, nu peu d'azote libre (2*""^, 55) et un peu d'ammoniaque libre. » On a continué l'expérience sur la matière contenue dans l'éprouvette, en présence de la fraction de gaz réservée (27", 3). Au bout de vingt- quatre heures, celle-ci avait doublé à peu près, s'étant élevée à 52*^'',6; soit : AzH2 0,5 Az^ 10,6 H- 4o!0 CH* 1,5 (ouC/H8=o,5) » Durant la dernière période il s'était dégagé de l'hydrogène, en dose supérieure à la première. En ce qui touche l'azote total, on trouve : i2,o5 — io,G — i,2 = -t-i™,i absorbé. » Comme au début il s'était dégagé 2'"^, 55 libre et 0'^'=, 85 sous forme de AzH% on voit que pendant la seconde période il y avait eu en réalité une légère absorption d'azote libre, comme avec l'éthylènediamine. » Mais cette dose est trop minime pour modifier sensiblement le rapport de l'azote au carbone dans le produit condensé. Au contraire, le volume total de l'hydrogène dégagé, tout calcul fait, s'élève à 64"", soit o^"", 006 en- viron, ou à peu près le cinquième de l'hydrogène contenu dans la matière initiale. Dès lors le systèmeadù être ramené vers les rapports (C H' Az-)", que l'on donne surtout à titre d'indication. C. R., 1898, I" Semestre. (T. CXXVI, N" 11.) lOI ( 7^4 ) XVI. — Phénvlènediamines, cristallisées : C'H*(AzH2)'. » Quelques décigramnies. — Vingt-quatre heures. Para. Mêla. H^ dégagé o i"^s6 Az= absorbé 2", 6 o",g » L'absorption d'azote est faible, quoique positive, comme dans le cas des diamines précédentes. Mais il n'y a pas de dégagement sensible d'hydro- gène, pas plus que pour les dérivés benzéniques en général. XVII. — Benzidi.ne cristallisée (diamidodii'Hényle) : C'^H'^Az^. » Quelques décigramnies. — Vingt-quatre heures. II- dégagé = r^S; Az^ absorbé = 0", 6 » Mêmes remarques que pour les diamines précédentes. XVIII. — Nicotine : C"'H"Az2. Il- dégagé = i",8; Az- absorbé = i",6. » Résultat analogue aux précédents. E. — AMIDES. I. — AcÉTAMiDE (amide sijiple) : C^H^AzO crist. » Quelques décigrammes. Az = i3'''=,i. — Vingt-quatre heures. Gaz dégagés H^^e-^SS; CH* = o'%4 Az^ absorbé := 4", 3 » Le rapport de l'azote absorbé à l'hydrogène dégagé est celui de Az : H*. Mais les deux phénomènes sont peu accusés, l'acide acétique générateur n'absorbant pas pour son propre compte plus d'un atome d'azote (p. 682) et ne dégageant guère d'hydrogène. » D'après cette expérience, un amide simple est susceptible d'absorber quelque dose d'azote sous l'influence de l'effluve, cette absorption demeu- rant en relation avec l'aptitude absorbante de l'acide générateur. ( 785 ) II. — Glycollamine (glycocolle). « Fonction complexe, acide-alcali. C-fFAzO^, cristallisé. Gaz dégagés.. . . IP=i'''-,8; CH*=r o, i5; CO = o,07; 00^=0,8 Az- absorbé .... := o"^"^, 7 » La décomposition est faible, ainsi que le volume de l'azote absorbé, ce dernier étant d'ailleurs positif. L'hydrogène n'est pas éliminé davantage qu'avec l'acide générateur (p. 687). III. — Urée sulfurée (sulfogarbamide) : CH'\z-S crist. H^ dégagé = i", 2; Az absorbé nul; ce qui s'explique par la grande richesse relative en azote du composé, le générateur exempt d'azote étant déjà saturé de cet élément dans les urées. F. — NITRILES. IV. — Nitrile acétique : C^H'Az. » qS', 3 environ. — Vingt-quatre heures. Gazdégagés U2 = 5-,8; CH' = o,6. Az- absorbé 9'''"i4 c'est-à-dire o8'',oi2. » Le volume de l'azote absorbé est sensiblement égal à 2 ^ fois celui de l'hydrogène dégagé. )) Le composé formé est polyazoté; mais sa formule ne peut être déter- minée avec certitude. V. — Nitrile benzoïque : C'H^Az. » os'',3 environ. » Pas de gaz dégagé. Tout l'azote mis en présence a été absorbé, la limite n'étant pas atteinte. Le produit ne bleuit pas le tournesol. Sa for- mule est nécessairement nC'H^\z + Az-. VI. — Nitrile toluique : G'H' Az. » Az = 12'='=, 4- — Vingt-quatre heures. — oS'',3 environ. » Pas de gaz dégagé. Az- absorbé 8", i . ( 786) VII. — Cyancre de benzyle : C'H' Az. » Az = 17'^'=, 5. — Vingt-quatre heures. — o^,3 environ. » Pas de gaz dégagé. Le produit bleuit le tournesol. Az' absorbé 6'''^, 8. » Les deux isomères se corejportent à peu près de même, la formule des produits étant /iC*H'Az-t-Az-. » En somme les trois nitriles de la série benzénique forment des com- posés polyazotés, en ajoutant purement et simplement l'azote à leurs élé- ments. G. — DÉRIVÉS DE L'HYDROXYLAMINE ET DE L'HYDRAZINE. I. — Aldoxime: C'Ml-'AzO. » o^'', 2 environ. — Vingt-quatre heures. — Az = ii'^'^, i. Gaz dégagés H==5«,4; Cil' =0, 35; ni CO, ni CO''. Az absorbé 3™,4- » 11 y a gain d'azote et perte d'hydrogène. » Rapports, sensiblement : nC-H=AzO + Az-H^ II. — Phéntlhydkazine : C^H'Az- cristallisée. » Vingt-quatre heures. — Az = ii'='^,6. Gaz dégagés H2=:o,8; Az^ = o,4. » L'hydrogène est conservé dans le composé, conformément à ce qui arrive pour les dérivés benzéniques. D'autre part, le composé n'a pas gagné d'azote; au contraire, il en a perdu une dose légère. Il est remar- quable que cette perte ne soit pas plus forte avec un corps aussi peu stable. H. — COMPOSÉS NITRÉS. » Ces principes offrent un intérêt spécial, parce qu'ils dérivent des composés o.\ygénés de l'azote; ce qui les distingue de ceux que nous avons étudiés jusqu'ici. ( 787 ) I. — NiTROMÉTHANE : CH^AzO^ liquide. » o^', 2 environ ; Az = 1 1'''^, 9. Gaz recueillis 49")6 (vapeurd'eau en plus : i'',j) H2=:5,o; 0 = 5,3; 00^=12,3; Az-^=27,o Az dégagé 27 — 1 1 ,9 ^= i5"^", i » Le mercure est attaqué par oxydation. » Rapports des éléments dans les produits gazeux : C<."H''>'»AzO^ » L'effluve a déterminé une oxydation interne de la molécule, avec formation d'acide carbonique, d'oxyde de carbone et mise en liberté d'azote en grande quantité, et d'un peu d'hydrogène. Une portion notable des éléments demeure dans le produit condensé; sans doute ramené à l'état d'amide par une réduction complémentaire du départ de l'oxygène et attestée d'ailleurs par la mise en liberté d'un peu d'hydrogène. Les rap- ports des éléments dans le produit condensé sont les suivants, sans aucune hypothèse : C«-*'''H-'"-«'''(AzO=y'-'. » En posant n = 2, on aurait (CH-)»'«'Az, 2H-O. » Cette relation, donnée comme pure indication, fournit au moins une idée générale du sens de la réaction. II. — NiTRÉTUANE : C H^ AzOMiquide. » 08'', 2 environ. Az = ii,5. — Vingt-quatre heures. » Au début, il V a une augmentation de volume, suivie d'une diminu- tion. A la fin, on a trouvé : Gaz recueillis, 8", 8, renfermant IP=::i,2; CO = o,6; CO^=T,o; vapeur d'eau = 0,2; Az^^ 5,7. Az- absorbé 5", 8. » Odeur d'éther acétique. » Cette réaction est toute différente de celle du nitrométhane, en raison dé la présence d'un plus grand nombre d'atomes de carbone dans la mo- lécule. L'oxygène n'étant plus prédominant, la réaction rentre dans la règle ( 788) générale, c'est-à-dire qu'elle est accompagnée par une absorption d'azote. Les autres éléments n'éprouvent que des variations insignifiantes. Les rapports des éléments dans le produit condensé sont dès lors nC=H»AzO- + Az-. » D'après ces faits, la décomposition du nitrométhane est exceptionnelle, comme celle de l'acide formique (p. G84) au point de vue des réactions de l'effluve. m. — NlTROBENZINE : OtPAzO'. » oe'',2 environ. Az = 12"", 65. — Vingt-quatre heures. » Aucun gaz ne se dégage. Az absorbé 2", 85 » Rapports des éléments condensés : «C*H° AzO- + Az^. » Mêmes conclusions. K. — COMPOSÉS AZOTÉS DIVERS. l. PïRROL : C*H^ Az, distillé à point fixe. Liquide. » o6',4- — Vingt-quatre heures. Pas de gaz dégagé. — Az absorbé 3=% 4 Odeur de carbjlamine. — Une grande partie du pyrrol inaltérée. II. Indol : CIPAz cristallisé. » oS'', 2 environ. — Vingt-quatre heures. Pas de gaz dégagé. — Az absorbé 6'^'^ III. Indigotine: (C'H^AzO)^ cristallisée. » Quelques décigrammes. — Vingt-quatre heures. Gaz dégagés: H- = o",3; CO = o,3; CO- = o,4. — Azote absorbé : C^seà. » Il s'agit ici d'une action complexe et d'une molécule condensée. IV. AzoBENZOL : C'^H'»Az- cristallisé. )) Quelques décigrammes. Pas de gaz dégagé. — Az absorbé 8="^, 6 ( 789) V. Albumine. » Le tube intérieur a été enduit à sa surface avec une dissolution d'al- bumine, et le tout séché à la température ordinaire. » Poids de l'albumine sèche : o^'',5'j. On opérait sur un très gros tube. On l'a introduit dans une éprouvette de grandeur correspondante. » Az : 17", 7. — Vingt-quatre heures. Gaz dégagés : CO^ = 2«,o; CO = 0,6; H- = 4,0. — Azote absorbé : 3", 8. Soit oS'',oo45; c'est-à-dire, en millièmes : 7,7. » Dans un autre essai, la distance des tubes étant plus grande et de l'air étant introduit, au lieu d'azote, on a trouvé seulement, en millièmes, azote fixé : 2,4. » Ainsi l'albumine fixe de l'azote sous l'influence de l'effluve électrique, résultat intéressant au point de vue des réactions que l'électricité atmo- sphérique exerce sur les êtres vivants. La proportion de l'azote fixé est d'ailleurs peu considérable, en raison de la grandeur du poids molécu- laire du composé (p. 680 et 689). » En résumé, l'action de l'effluve électrique sur les composés azotés a fourni les résultats suivants : » i" La plupart des composés organiques azotés mis en expérience ont fixé une nouvelle dose d'azote sous l'influence de l'effluve, quelle que soit la fonction de ces composés : alcalis, amides, nitriles, oximes, corps ni- trés, etc. On a obtenu ainsi des polyamines, polyamides et dérivés con- densés. » Cette absorption s'observe même avec un principe à molécule aussi élevée que l'albumine : résultat intéressant à cause du rôle de ce composé dans l'économie des êtres vivants. » Quelques exceptions ont été observées pour l'éthylamine, TaHylamine, la phénylhydrazine, l'urée sulfurée et les diamines éthylénique et propylé- nique, lesquelles sont demeurées à peu près station naires, au point de vue de la fixation de l'azote. » La mélhylamine et le nitrométhane ont même perdu de l'azote ; sans aucun doute parce que ces deux derniers principes sont les premiers termes des séries homologues, et qu'ils renferment seulement un atome de carbone ; le rapport atomique de l'azote au carbone dans les polyamines dérivées des composés monoazotés, sous l'influence de l'effluve, étant gé- néralement inférieur à l'unité. ( 790 ) >i Les diamines, dont la molécule est déjà riche en azote, ne fixent cet élément qu'en proportion nulle ou très faible. Au début de la réaction de l'effluve les diamines simples (étliylène et propvlènediamine) laissent même dégager quelque dose d'azote, tant à l'état libre que sous forme d'ammoniaque; dose qui se résorbe aussi lors de la constitution ultérieure des polyamines qui subsistent définitivement. » 2° Les composés qui se rattachent à la série grasse perdent de l'hydrogène, en même temps qu'ils fixent de l'azote; cette perte étant du même ordre que celle des carbures d'hydrogène et des alcools de la même série. » Elle est notablement plus forte, s'élevant à 3 atomes d'hydrogène environ pour les méthylamines, éthylamines, propylamines; à 2 atonies pour l'allylamine et pour les éthylènediamine et propylènediamine. » Il se constitue ainsi des composés de formule similaire entre eux, mais dont le caractère cyclique, développé aux dépens de la capacité de saturation de l'azote, est d'autant plus accentué que la molécule originelle renferme un plus grand nombre d'atomes de carbone. )) On observe des exceptions à cet égard pour les composés très oxygénés, tels que le nitréthane et la glycoUamine (acide amidoacétique), précisément comme pour les acides gras riches en oxygène. M Les composés de la série benzénique, le pyrrol, l'indol, ne perdent pas d'hydrogène en absorbant l'azote; pas plus que les carbures d'hydro- gène et phénols de cette même série. » La pyridine ne perd pas non plus d'hydrogène, en absorbant l'azote; tandis que la pipéridine, qui en représente l'hydrure, en fixant l'azote, dégage son excès d'hydrogène, et même, semble-t-il, un atome de plus; précisément comme l'éthylamine et analogues, comparés aux alcools et carbures générateurs. » 3" Comparons encore les polyamines formées aux dépens des prin- cipes d'une même série renfermant le même nombre d'atomes de carbone, tels que carbures, alcools, alcalis : nous observons ici des relations intéres- santes. Pour les mettre en évidence, je rapporterai toutes les formules à quatre atomes d'azote, sans prétendre écrire des formules rationnelles, mais uniquement pour préciser les rapports atomiques qui existent entre les éléments dans ces polyamines. » 1" Série- méthylique. — Aminés dérivées de : Alcalis primaire, Carbure. Alcool. secondaire, tei'tiaire. 2C*H«Az2 OU C^H'^Az*. 2(C'H8Az2, aH^O) CH'^Az*. ou Cni"AzS4II20. ( 791 ) » 1° Série éthylique. — Aminés dérivées de : Carbure. Alcool. Alcali primaire. Diamine. aC'H'^Az^ 2(C'H*Az'-,2FP0) 2C'H«Az^ C*H''-Az-. ou CH'^Az». ouC''H8AzS4H-0. ou C*H'«Az*. » 3° Série propylique . — Aminés dérivées de : Carbure. Alcool. Alcali primaire. Diamine. C'=H2«Az». O'-W^z'>,r^W0. C'H'SAz'. CH'^Az». >) 4" Série allylique. — Aminés dérivées de : Carbure. Alcool. Alcali primaire. C"H*°Az'. C'8IP»A7.*,6H20. C"H2»Az». » Ce Tableau fait apparaître les relations suivantes, très dignes d'intérêt. » Pour un même poids d'azote, la condensation du carbure, comparé à un même nombre d'atomes de carbone, va en croissant du dérivé du carbure à celui de l'alcool (sauf pour la série méthylique monocarbonée), et du dé- rivé de l'alcool à celui de l'alcali primaire (sauf pour la série éthylique); elle est double pour le dérivé de la diamine, comparé à celui de la monamine. » 4° Si nous comparons les corps isomères, nous trouvons que les deux propylamines se comportent sensiblement de même; ainsi que les deux propylènes, alcools propyliques, aldéhydes propyliques. De même le nitrile toluique et le cyanure benzylique; de même les deux phénylènediamines et les trois toluidines ortho, meta, para, alcalis primaires. Mais la benzvhi- mine, alcali primaire, absorbe plus mal l'azote que la toluidine; la méthyl- aniline, alcali secondaire, au contraire, l'absorbe mieux; comme si les deux résidus méthylique et phénylique, demeurés distincts, agissaient cumulativement. )) 5° Insistons sur ce caractère cumulatif, en tant que lié avec le nombre des molécules génératrices. Il s'accuse d'une façon plus nette encore dans la diméthylamine, alcali secondaire, comparée à l'éthylamine, alcali pri- maire, et dans la triméthylamine, alcali tertiaire, comparée aux propyla- mines, alcalis primaires. Ces alcalis, dérives de plusieurs molécules d'al- cools, fixent aussi, dans les divers cas, plus d'azote que les alcalis primaires, dérivés d'une seule molécule. M Ajoutons même que la dose d'azote fixée par les alcalis des trois ordres semble proportionnelle au nombre de molécules de l'alcool générateur; G. K., 1898, I" Semestre. (T. CXXVI, N» 11.) I02 ( 792 ) la même polyamine semblant engendrée par les trois alcalis dérivés d'un même alcool. » Cette relation cumulative se retrouve d'ailleurs sous une forme plus générale dans l'étude de la réaction de l'effluve sur les éthers dérivés, soit de deux molécules alcooliques, soit d'une molécule aldéliydique et de deux molécules alcooliques, soit d'une molécule acide et d'une molé- cule alcoolique. » Une telle relation mérite d'autant plus l'attention qu'elle est de nature à expliquer la diversité qui existe entre l'aptitude à fixer l'azote libre dans les diverses bases homologues de la série grasse. J'ai signalé plus haut cette relation entre les trois bases méthyliques. Elle s'applique également à la comparaison entre la mélhylamine, l'éthvlamine et la pro- pylamine : la première perdant de l'azote, parce qu'elle en renferme une dose plus forte que celle que comporte son dérivé condensé, l'hexamélhy- lènetétramine; tandis que l'éthylamine ne perd ni ne gagne d'azote, parce qu'elle en contient déjà la même dose que son dérivé condensé; la propylamine, au contraire, doit gagner de l'azote pour former la polyamine correspondante. » 6" Voici une relation plus générale, et applicable aux composés qui fixent de l'azote par simple addition, sans élimination d'hydrogène; quelle que soit la fonction de ces composés, carbures, alcools, aldéhydes, acides, alcalis. De tels composés, obtenus sous l'influence de l'effluve, se com- portent en général comme des aminés, ou des amides. De là résultent diverses conséquences au point de vue de la saturation des éléments, et de la constitution des composés résultants. En effet, chaque atome d'azote fixé exigeant trois atomicités pour sa saturation, la constitution d'une molé- cule formée par voie d'addition réclaraeni deux atomes d'azote, comportera six unités de saturation. Nous devrons donc retrouver cette capacité de satu- ration, satisfaite dans le composé résultant; à moins que ce composé n'ait acquis une constitution cyclique. Dans aucun cas d'ailleurs, le composé azoté ne pourra dériver du principe qui l'aura engendré, par une substitu- tion simple de AzH-, ou de AzH, ou de Az, à l'hydrogène. Ce dernier élément n'ayant subi aucune élimination dans la réaction de l'effluve, le composé azoté nouveau ne saurait dériver par substitution que d'un com- posé plus hydrogéné. Dans le cas de la série benzénique, par exemple, il ne dérivera pas de la benziue elle-même, mais de ses hydrures. De même pour les composés azotés formés par addition pure et simple au moyen des corps des séries pyridiques, indoliques, etc. ( 793 ) » Cette même relation devra exister pour les composés oxygénés qui dérivent des amides et aminés, de formation électrique, lorsque l'on voudra en séparer l'ammoniaque, en vertu de phénomènes d'hydrat;ition (hydro- lyse). De telles relations, propres à la série benzénique, contrastent avec la formation des polyamines, engendrées par les carbures et alcools de la série grasse, formations dans lesquelles on observe, en général, une perte d'hydrogène, susceptible de ramener les composés à une constitution cy- clique. De telle sorte que les corps résultants sont à la fois moins hydro- génés que ceux de la série grasse et plus hydrogénés que ceux de la série benzénique. » Ce sont là des caractéristiques essentielles du nouvel ordre de réactions électriq\ies, au point de vue de la synthèse. « ANALYSE CHIMIQUE. — Sur le dosage de l'oxyde (le carbone dilué dans de grandes quantités d'air, par M. Armaxd Gautier. « Depuis plusieurs années je suis chargé par le Conseil d'hygiène et de salubrité de la Seine et la Ville de Paris d'étudier la composition des fu- mées issues des foyers de toutes sortes qui rejettent dans l'atmosphère urbaine leurs résidus gazeux, incommodes ou délétères. J'étais en train d'écrire les résultats de ce long Travail, dont la publication va commencer cette semaine même, lorsque la Note de M. Nicloux sur le dosage de l'oxyde de carbone mélangé à de grands volumes d'air, Note parue au dernier numéro des Comptes rendus (p. 746), m'est tombée sous les yeux. » Quoique, par un détail, cette méthode diffère de la mienne, je dois dire que l'oxydation de l'oxyde de carbone par l'anhydride iodique me sert depuis sept à huit années à doser l'oxyde de carbone dilué dans l'air au 1000" et même au 20000^, que mes préparateurs et élèves s'en servent et la connaissent, et que mon collaborateur, M. H. Hélier, dans sa Thèse de doctorat es sciences (^Thèses de la Faculté des Sciences de Paris, i3 mai i8g6, p. 39), a décrit cette méthode telle que je l'avais instituée à cette époque et qu'elle lui a servi pour doser l'oxyde de carbone dans le mé- thane et différents autres gaz. » Après avoir vu, comme M. Dilte, que l'oxyde de carbone réduit l'acide iodique anhydre en mettant l'iode en liberté, j'ai constaté que cette réaction avait lieu pour ce gaz, même lorsqu'il est dilué de 20000 fois ( 794 ) son volume d'air pur, et que la réaction est totale et facile à 60° et même à 45", quoique plus lentement; j'ai observé aussi que la plupart des hydrocarbures n'agissaient pas à ces températures, à l'exception toute- fois de l'acétylène, qui commence à s'oxyder très sensiblement à 60° en mettant l'iode en liberté. Au début, je recueillais cet iode sur un rouleau peu serré de toile de cuivre réduit dans certaines conditions, pesé au dé- cimilligramme et placé dans l'une des branches d'un long tube spécial en U, chauffé dans l'eau bouillante et contenant l'anhydride iodique dans l'autre branche, celle par où arrive l'air. L'augmentation de poids du cuivre donnait celui de l'iode mis en liberté ('). Plus tard, j'ai préféré doser l'acide carbonique qui se forme et que je recueillais d'après la méthode délicate, mais très précise, donnée par M. A. Muntz pour déter- miner exactement l'acide carbonique de l'air atmosphérique (^). » Je ferai très prochainement connaître à l'Académie mes appareils et mes résultats numériques. » Mais que l'on dose l'oxyde de carbone ainsi répandu à létat de traces dans l'air respirable en mesurant l'acide carbonique qu'il forme au con- tact de l'anhydride iodique, ou en pesant l'iode déplacé dans ces condi- tions, ou en recueillant cet iode pour mesurer ensuite la coloration qu'il communique au sulfure de carbone ou au chloroforme, comme le fait M. Nicloux, la vraie difficulté, celle qui m'a longtemps arrêté, en dehors de la dilution extrême qu il fallait démontrer être presque indifférente et ne pas fausser les résultats, tient à deux autres causes : d'une part, quelques gaz hydrocarbonés s'oxvdent (surtout à i5o°) au contact de l'anhydride iodique; tels le gaz acétylène en particulier, gaz qui se forme dans nos foyers, partout où l'air est en trop faible proportion (^BerUielot, Scheurer-Kestner) et qui réduit pour son compte l'acide iodique, quoique plus difficilement que ne le fait l'oxvde de carbone, déjà vers 5o° à 60". D'autre part, certains gaz, comme l'éthylène, qui ne s'oxydent cependant que très difficilement à ces températures, jouissent de la singulière pro- priété d'empêcher l'oxydation de l'oxyde de carbone quand ils sont mé- langés à lui, même en faibles proportions. Il ne suffit donc pas pour (') Un cenlimètre cube de CO dilué en 10''' d'air met, dans ces conditions, en li- berté 2'"S'', 27 d'iode, quantité facilement pondérable et que j'ai reconnu se produire en proportion théorique. (^) Voir Annales de l'Inslilttt agronomique, p. 82; 1881. Supplément au n° 7. ( 795 ) obtenir des résultats exacts de laver l'air avant son passage sur l'acide iodique à travers des lessives alcalines qui arrêtent l'hydrogène sulfuré ou l'acide sulfureux. » J'ajoute enfin, à propos de la réduction des iodates par l'acide nitreux en présence de l'acide sulfurique étendu, que cette réaction est délicate, qu'elle ne se produit pas instantanément à froid et qu'elle est même infi- dèle avec certaines dilutions et proportions d'acide nitreux. » PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Sur l' importance du sucre considéré comme aliment. Nouvelle démonstration de la supériorité de la valeur nutritive du sucre sur celle de la graisse, eu égard à la valeur thermogène respective de ces deux aliments simples, par M. A. Chauveac. « Dans la séance du 20 décembre 1897 (^Comptes rendus, t. CXXV, p. 1070), j'exposais les résultats de quelques expériences comparatives sur la valeur nutritive que possèdent respectivement la graisse et le sucre intro- duits dans une ration de production de travail. Ces expériences se rappor- taient à l'étude d'une des plus importantes et des plus délicates questions de l'énergétique musculaire, à savoir quel est le potentiel que transforme le tissu du muscle, pour se procurer l'énergie nécessaire à son travail physiologique. Les résultats que j'ai obtenus ajoutaient une nouvelle démonstration à celles, fort nombreuses, sur lesquelles j'avais établi les deux propositions suivantes : 1° C'est la combustion du glycogéne incorporé au tissu musculaire qui met au service de ce tissu l'énergie dont il a besoin pour son travail. 2° La fonction glycogénique de Claude Bernard fournit incessam- ment les matériaux de remplacement qui alimentent les réserves de glycogéne musculaire incessamment consommées. » Ces propositions étaient de nature à heurter les habitudes d'esprit des partisans systématiques de la théorie des poids et des substitutions isody- names en Bromatologie. Ma nouvelle démonstration a aggravé ce conflit, en ce sens qu'elle fait ressortir directement la grande discordance qui existe entre ladite théorie et toute une catégorie de faits importants. » Avant de chercher une explication à cette discordance, il convenait de s'assurer qu'elle existe bien réellement. C'est à quoi va servir le récit de l'expérience suivante, lequel pourra être suivi de beaucoup d'autres. » EXPÉRIENCE. — Depuis quelques semaines, la chienne qui a fait l'objet des expériences racontées dans la séance du 20 décembre dernier se maintenait à peu près Valeur thermique. 000 Cal 479 i68 665,6 4oo )) ( 79(^ ) exaclemenl en équilibre de poids, en continuant à être soumise aux conditions de la dernière série de ces expériences, conditions qu'il est indispensable de rappeler ici. « 1° Ration alimenlaire. — Le sujet recevait le matin à 7''3o™, en alternance tous les cinq jours ou tous les trois jours, l'une des deux rations suivantes : Valeur A. thermique. B. gr Cal _ Viande dégraissée. .... 5o.o 479 Viande dégraissée ooo Saindoux iio io34 Sucre Eau 4oo 1! Eau Valeurénergétiquelotale Valeur énergétique totale de la ration i5i3 de la ration ii44i6 ... . , , , . B ii44,6 ,„ w Ainsi, au point de vue énergique, -r- r= — ^^„^ = 0,706. ^ ° ^ A 1 0 1 3 ' » Donc, le potentiel de la première ration, celle où figure la graisse, valant i, le potentiel de la seconde, celle où figure le sucre, atteignait seulement 0,706. » 2° Travail. — Le sujet étant en pleine digestion, on le soumettait, dans la roue- caisse ad hoc. à l'exercice du trop allongé, pendant deux heures exactement. Le chemin parcouru était environ 25""" à 26''™. » C'est en faisant le travail musculaire exigé par cet exercice que le sujet s'entrete- nait à peu près de même, avec les deux rations précitées, si différentes pourtant par leur valeur énergétique. » Quand je dis que le poids restait à peu près le même, je ne suis pas tout à fait exact. En réalité, la courbe des poids fléchissait toujours un peu avec la graisse. Mais je n'ai pas cru qu'il fût nécessaire de tenir compte du léger avantage resté encore au sucre dans la circonstance, malgré l'infériorité de sa valeur potentielle. » Les choses en étaient là, lorsque, par le jeu naturel des lois physiologiques, les conditions intimes du sujet furent profondément modifiées. La chienne devint en chaleur comme au mois d'avril de l'année précédente. Alors les conditions de travail et de nourriture étaient tout autres. L'exercice accompli se réduisait à 12''™-!$'^™ de parcours dans la roue, et la ration, assez pauvre, contenait le complément ternaire, sucre ou graisse, en proportions exactement isodynames (graisse : 5i6''; sucre : 1218'). De plus, la comparaison régulière de ces deux aliments de force ne fut faite que pen- dant la période dépressive du rut. Cette fois, la comparaison put avoir lieu non seule- ment pendant cette période de dépression, mais encore pendant la période de restau- ration qui suivit. Le cours de cette comparaison ne fut interrompu que deux mois et demi après l'apparition des prodromes du rut; la bête, légèrement indisposée, s'était alors refusée à tout travail. Mais, jusqu'à ce moment, rien n'avait été changé aux conditions extérieures de l'expérience : c'était toujours le même travail journa- lier, les mêmes rations alternantes qu'avant l'apparition du rut. Ces rations, dans les nouvelles conditions intimes du sujet, allaient-elles continuer à se montrer presque exactement isotrophiques'? » En tout, cette période nouvelle a duré quatre-vingt-cinq jours et l'alternance de la graisse et du sucre, dans la ration complémentaire, s'y est produite 12 fois, c'est- ( 797 ) à-dire que 12 fois le sucre a été substitué à la graisse et 12 fois la graisse au sucre. Les cinq premières séries ont eu chacune cinq jours de durée; les autres, trois jours seulement. Une des premières séries, la troisième, n'est qu'une sorte de doublement de la seconde, qui était consacrée au sucre. On a remplacé, dans cette troisième série, le sucre de la ration par son poids isodynarae d'amidon ('), soit 1575'' de la substance à l'état sec. » Sur le graphique ci-joinl, qui résume les principaux faits de l'expérience et qui a été divisé en autant de colonnes verticales qu'on a consacré de jours à cette expé- rience, les séries sont numérotées de 1 à 25 et marquées de l'initiale du nom de la substance qui formait la ration complémentaire, G, S ou A. » C'est pendant la série 3, au moment marqué d'une croix sur le graphique, que l'on constata les premiers signes du rut. Ils avaient disparu au cours de la série 11, avant le moment marqué d'un disque croisé, peut-être beaucoup plus tôt : il plane sur la date exacte de cette disparition une certaine incertitude. » Aucun accroc n'est survenu pendant l'expérience; elle a marché à souhait. Les séries se sont succédé avec la plus grande régularité, tout se passant exactement de la même manière chaque jour et la santé du sujet restant toujours parfaite. Même il arriva, dès le début, que l'excrétion fécale perdit les caractères qui, jusqu'alors, l'avaient distinguée pendant les séries-sucre : les excréments n'étaient ni plus mous ni i-endus plus fréquemment que pendant les séries-graisse. V Les moindres particularités de l'expérience ayant été soigneusement notées chaque jour, il fut facile de savoir si l'égalité des conditions expérimentales avait été complète- ment réalisée. Il n'y a pas à en douter. Vers la fin de l'expérience il y eut une diminu- tion un peu irrégulière des tours de la roue où s'accomplissait le travail, diminution tenant d'une part à un affaiblissement accidentel de la force motrice, d'autre part à la fatigue du sujet, qui était alors plus grande. Mais les irrégularités se manifestèrent également dans les séries-graisse et les séries-sucre. D'un autre côté, la ration d'eau (4ooS''), toujours intégralement bue pendant le repas avant le travail, dans les cas de ration avec sucre, a été cinq fois, sur quarante, incomplètement prise dans les cas de ration avec graisse. En tout, la différence de boisson bue en quatre-vingt-cinq jours ne s'éleva pas même tout à fait à 5oo6"". C'est absolument insignifiant. En un mot, on n'eût pu désirer, dans les conditions expérimentales, une identité plus favorable à l'étude comparative visée dans la circonstance. » Pour tirer de cette étude tout le parti possible, on fit chaque jour cinq pesées de l'animal. Cette pratique avait, du reste, précédé de beaucoup la période expérimentale actuelle. » La première pesée avait lieu le matin, après le repas (courbe A du graphique). » La deuxième, à 9'',3o, immédiatement avant le travail (courbe B). (') Je me réserve de publier à part les résultats d'une étude comparative du sucre et de l'amidon. A l'heure actuelle, mes expériences sur l'amidon sont trop peu nom- breuses pour me permettre de me prononcer d'une manière ferme. Je me crois pour- tant autorisé à penser qu'en général l'amidon se comporte exactement comme le sucre, quoiqu'il ne possède pas un pouvoir nutritif tout à fait équivalent. mkfinn AB CDD _L _ ._- _ -L- J r IS.ist ; 1 ; tl.EM s^i \ ; ' 1 < soo._ ., X 3-\- _ 9JS1 « A 5, 11,.!» I '.^S-si 7I; B. N^ ll.'3^"s ^"": t ' t I .7 1 Ulfl '> \ .' / '^^ . 1 1.!)! 5 " "" "" L.M..r='-i>^t X-— TI^'T/ 0^ T f/s.flî / 1 -^^94/--^:^j\-4---- -^ J*- H î sjâê E _ r--^-----;^" _ +^-^|: =-^*i,i t t i i z 300 \t J_ ' a.B^ff T Al .1" T^'^î' ■93IC gv 19 385..— r/ ^ / ' îBa,, , - -, _ .sa-. !- - 5>i8/ #*"-:"-"": I 19 24> / 200 - LL ._ . ::n::::::::::i ::::::: :i-:::f:i:i y^ 191 'S j "■"'*,i' / , \ è l'-î / t iicai5 "ï^^ ^ -, . 100 X ■> ^ ikio» i: \ d ■ .j « _ , 0 s.i'fig jT ^ .-rii.iss _. lijies ' V'i jffl I8CBI T iVUl~:'A~''' /"":":"t:r::::::: IS'JOOO .S9S5._ i Vitll - -i i ' r. . '' "I 1 is 9 ■'Jizt^ C-^----, T^Tll • --; 88^^ jSîiî L Iï_. . -■"■il i\:i i / 800 X. 1 ,,-Ù. 1 y L /' L r '^■^%\\ "~Vb'(B'> TB^ -'ÎÏ96 - t \ I ;^ ' te; ^^8jo i< ' 1 T _i_ 11.1:0 lilîëo'v - I - X 800 ■ i i '^ "! --- ' âsi. r ^ - - - - \ l '^^'t-i x^' j -] - i''Si 7 s ??ntr -5 -/----! ? V-J rj 13 -3 1 ' 1 ■ li. Si f 11 " 1 \' ^ ^ - 7oSr::::ï. ::::::::+: ::":::::j3^'^^^ ""::' _ T._ -7.. -^15:. - ". * a, «s Y T -(_ ^ J^ 1 \*.p \lé, no \ ; _N 86M :::::::::: :^:::::::V:::::::::5-"""" -__^:'=-.-r:.iL 1 600 ^_T___.:. .fiîîL , \ IBflt / VLJjee ^ .t.' - i /iJii. . \ If T i- « = ''t--ï:i8, - - //^S* '■• ^ \, 18.52 s _-_/ . V- + /1-44 soo ». i ' 1 \ I / / -.oaafi} 7r^ir\n c i 4- - J \~: r 1 ^4^b[ r, T/é ' ^'S. «'5> _."■'$. -_. . i -- lL, t. T.- // n -N,, - = !:>! \ ^ =:!!'=../_ ji^stii^ t 7l^'^^~t 1.00 S: 4i ^ il- / ' k' 1 "^i i '/ J 1 200 ^ ^.- , ^- '^-o'^ .. T +. 7/ Z-^- ::::::::::;:::::>::::::::::;::::? 3ï-_j.-- - L_I-7/5]i5^ -H ^ \ t i^ • |<--3S , _L 7/ ii^ïE 300 3 J 1 X - . '/ """liT it ::://"" ji^oo ''-$\ --, -Ufc;«S..-f ^- -5 _. iKt--^ JL-^L- 4- - . „ ^ S - 6,:5il___^^ _L.' __.:!î viSl 1-S„__:. //—-/- 1(^50 7 «."55 7/ ,, 200 à__ j '__. ._. 7/ . /Z ..-.aiKooo \ ,__ »ai7i / ' / 1 .éss ' "■$\ \ i 1 Tt IL L i i -- i,x.^- f 7t"4i t 100 -\- ..J /JB'Ll... , s //. - / l aoo . <3^*\ / ^ iL^^tit" , ,._-. 18 071 7/ 11,(8) ,■ 1 V 1804) Î.CJ 1 j J l 1 ii.xo JP;''?L I8IW00 - ^ . m -::"±~::::":::7/""'""| 2 s; soo jziSL. _ . _y \ , / / // 1 1, so ' 1 i.isS r . ,,„^ OAt /Èi^djf l^ZL --''S-:^5 yi!^sî/i: — 800 \-:_":; t.::::: ::.... 7 ""^/NNfis.iX 1 1 7nn - 1 -J - --.: J 5rr,- - , ' - _. i...... i; îf3< ) ^ i T nfc :""""/" l't" , Il l»^P.fe'»i\ iqkb™, i '"l_'l7,7|Bi AB CDD :::::::::::::::::::::::::::^>'" :::::::: u. '; 0 Il _LI II -LLJlJl II _Ll 1 2 3 If. 56789 10 1 G. S. A. G. S. G. 1 S G. S G S 12 13 H 15 16 7 18 19 20 21 22 23 2 4 divisible par z, si z est com- posé. » Cela posé, si l'on considère la fonction lUv-^-lî^ — 1. en supposant :; > 'i, pour z entier et composé elle se réduit à zéro ; pour z premier elle se réduit à _ e ' — t; donc — = nT(? e ' — I se réduit à zéro ou à i si s est un entier composé ou premier. Donc /( s ) désignant une fonction finie pour - ]> 4, on a n y,r,{n)/{n)=y^.s{p,)f{p,) = y^f{p,), 5 Pi^ Pi, ... désignant les nombres premiers compris entre Sein. Or, on peut exprimer lu(n)/(^n) au moyen d'une intégrale définie en le considérant comme le résidu de et cela d'une infinité de manières. » On peut encore calculer l/(pi) ou la(n)/(n) d'une autre manière en observant que l'on a, en vertu de la foriîmle de Fourier (en supposant b = a -i- m), iF(a) -H F(a + i) + . . . -h ^F(a -f- m - i) + ^F(b) remplaçons F(^) par us(E)/(^i) et supposons a entier et supérieur à l\ ; ou aura /;,, ^j, . . . désignant les nombres premiers compris entre a et Z» (supposés composés). )) La même mélhode permet do trouver ^/(p'i) en appelant/?',, p'. les nombres premiers compris dans une progression arithmétique à termes entiers, et de vérifier le théorème de Dirichlet sur les progressions arithmé- tiques. » jV. B. — Lorsque l'on fait usage du calcul des résidus pour calculer l'expression Zf{pi), on peut remplacer la fonction par la fonction ^ — X dx ( «M ) OPTIQUE GÉOMÉTRIQUE. — Les invariants intégraux et l'Optique. Note de M. Hadamard, présentée par M. Poincaré. « Le théorème de Malus, cas particulier du théorème de Thomson et Tait sur les trajectoires de la Dynamique, exprime, comme on sait, qu'une certaine équation aux différentielles totales (0 H = o est invariante pour un système de rayons lumineux dans toute réflexion ou réfraction. » Parlant de ce principe et des travaux de M. Abbe, M. Bruns (') dé- montre que, si un système optique est partout anastigmate, c'est-à-dire fait correspondre à chaque point-objet un point-image unique, la correspon- dance ainsi réalisée ne peut être qu'une similitude. » Il ajoute ( ' ) : « Ce cas est, par exemple, réalisé dans la réfraction sur une surface plane. A cause de sa simplicité, il n'est pas nécessaire d'en poursuivre plus longuement l'étude, d'au- tant moins qu'en Optique pratique, dans les formes les plus importantes, à savoir dans les objectifs du microscope, de la chambre noire et de la lunette, comme dans les oculaires, il ne s'agit en aucune façon de produire des représentations géométrique- ujent semblables des corps. » « Cette assertion ne semble pas devoir être admise sans discussion. S'il est vrai que les instruments dont nous disposons n'ont pas pour effet de grossir les figures en en conservant la forme, il est non moins certain qu'un pareil grossissement, si l'on pouvait l'obtenir, bien loin d'être un résultat sans importance, constituerait la solution la plus satisfaisante possible du problème de la Dioptrique. H y a donc lieu de se demander si le rapport de similitude de l'image et de l'objet peut être différent de i . » La réponse est négative, mais elle ne résulte pas du raisonnement de M. Bruns. Cette circonstance n'a pas, en effet, pour cause la seule inva- riance de Véqualion H = o, mais bien le caractère invariant de son premier membre; c'est ce que montre la théorie des invariants intégi-aux. » Partons, par exemple, du volume (au sens de M. I^oincaré, Acta ( ' ) Das Eikonal {Abliandlungen der Sachs. Gesellsch., t. XXI; iSgS). (-) Das Eikonal, p. ^8 {Abliandl. der Sachs. Gesellscli.. t. XXI; p. 370). ( 8,2 ) math., t. \III). Ce volume est, dans l'exemple actuel, une intégrale sex- tuple, qu'on réduit aisément (') à une intégrale quintuple, étendue d'une part aux points d'une certaine portion d'espace, d'autre part à un faisceau de rayons (à deux paramètres) issu de chacun de ces points. Cette inté- grale conserve sa valeur lorsqu'on remplace les dillérenls points-origines par les extrémités de segments portés sur les rayons correspondants et parcourus par la lumière dans un même temps. » Mais de celte même intégrale on peut ( - ) en déduire une autre qui ne change pas lorsqu'on remplace les points-origines par les extrémités de segments quelconques portés sur les rayons qui en sont issus. Celle-ci est une intégrale quadruple, qui diffère de la précédente en ce que les points- origines remplissent, non plus une portion d'espace, mais une portion de surface. De chaque point est, comme précédemment, supposé issu un faisceau de rayons remplissant un angle solide déterminé. » Cette intégrale quadruple fournit la démonstration demandée. Il suffit, à cet effet, de l'étendre, d'une part à un système de points-objets, d'autre part aux points-images correspondants. Les angles solides étant égaux de part et d'autre (en vertu des conclusions établies par M. Bruns), le rapport des deux intégrales est égal au carré du rapport de similitude cherché, lequel est, par conséquent, égal à l'unité. » Ce qui précède conduit à penser que la théorie des invariants inté- graux peut aider à la résolution d'une des questions fondamentales de l'Optique géométrique, posées par M. Bruns dans l'Ouvrage cité : » Trouver, parmi toutes les correspondances entre espaces réglés, celles qui sont susceptibles d'être obtenues par une série de réfractions. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les lois de réciprocité . Note de M. X. Stouff, présentée par M. Darboux. « Je désire ajouter quelques compléments à la Note présentée sur ce sujet en septembre 1896. Considérons un nombre premier/(a) formé avec les racines 'X'*'™" de l'unité, et le parallélépipède P dans l'espace Ex_, à 1 — i (') Voir mon Mémoire Sur certaines propriétés des trajectoires en Dynamique (Journal de M. Jordan, 5" série, t. III, p. Syg-SSo). (-) Les Méthodes nouvelles de la Mécanique céleste, t. I\, p. 177. ( 8i3 ) dimensions construit sur les grandeurs géoniélriques 1 — a I — a I — a ' il engendre le groupe F des substitutions k(x) étant un entier complexe quelconque. De là résulte la division de E)_, en polyèdres congruents à P que l'on distinguera en polyèdres de classes o, i , 2, ...,>. — i , suivant la valeur de h dans la substitution S qui transforme P dans l'un d'eux. Soit II le parallélépipède homothétique à P par rapport à l'origine des coordonnées avec le rapport d'homothétie 1 : le caractère ( 7 — r ) est éeal à V/c-')/ *= w = n, + '2n.>-i- ...-+- (X — i)rt>-|, rij désignant le nombie des points de II dont toutes les coordonnées sont divisibles par 1 et qui appartiennent à des polyèdres de j"""* classe. )) Le calcul de u paraît d'abord impraticable à cause des intersections compliquées des polyèdres congruents de P et du polyèdre H. Maison peut modifier assurément l'expression précédente d'une façon avantageuse. » Le polyèdre n engendre le groupe V des substitutions 'J^ [ 2 (' y. ) . yJ' z ( y. ) ~ k ( a ) )/( y.)\, groupe contenu dans F. Réunissons des polyèdres du réseau de P de ma- nière que l'ensemble forme un polyèdre II, générateur de T'. On pourra choisir II,, de telle sorte que ses limites, limites conjuguées deux à deux comme celles de n, puissent se réduire à celles de n par une déformation continue. Soit , la multiplicité-limite de II qui se transforme en sa conju- guée par multiplication par cl', et R, la région engendrée par , lorsqu'elle se déforme de manière à devenir une limite de H,. On doit envisager une suite continue de polyèdres formant la transition entre II et II,. » Soit [/. = -~— , et soient ?«,, m^. ..-, m^,, les nombres de points à coordonnées divisibles par \ situés dans les régions R,, Ra, . • ., Rj^.. Soit la somme analogue à w relative au polyèdre n, , et co'i = m, -}- 2m.y H- ... -H [j-niu., on a oj ^ co, + oi' , mod>.. 0>, ( «'^» ) » Par conséquent, le calcul de w esl bien simplifié, puisqu'on n'a plus à s'occuper de l'enchevêlrement des faces des polyèdres. Mais on peut aller plus loin. Si l'on construit une ligne brisée ou courbe joignant l'origine au point •' - -, et si l'on transforme cette ligne par multiplication par a, a,", .... a'~', les lignes ainsi obtenues pourront manifestement servir à construire un parallélépipède P' analogue à P, engendrant le grou|ie r, et à faces brisées ou courbes. On démontre cjue, si l'on transforme H' et H', de la manière correspondante, en même temps que P, et si l'on ajoute les quantités (o, et w', relatives à la nouvelle figure, (o ne change pas. Dès lors, on peut faire en sorte que les limites de P', II' et des régions R, se com- posent de multiplicités-limites parallèles aux plans coordonnés, en adjoi- gnant aux directions a, a", ..., a'~' des axes-coordonnées la direction auxiliaire i. L'évaluation du nombre des points à coordonnées divisibles par \ dans les divers polyèdres est alors facile. » On en conclut que, si les coeflicients dedeux nombres premiers /"(a.), o((x) sont congrus mod).\ les caractères -. — , — --\ sont é2;aux. On peut même aller plus loin. Soit 1=1 1=1 si pour deux nombres ])remiersy^(a), ç(o'-) les valeurs de .y sont congrues modT.', les coefficients a, n'étant astreints eux-mêmes qu'à être congrus mod)^'-, les deux caractères sont égaux. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la (ransfonnation des fonctions abélie.nnes . Note de M. G. Humbkrt, présentée par M. Poincaré. « Nous dirons, pour abréger, qu'une fonction abélienne de deux va- riables a pour périodes {g, h, g') si le Tableau normal des périodes est o \ g h I o h en désignant par g^, /«,, g\ les parties imaginaires de g, h, g', nous suppo- serons g, g\ — /<; > o et g, , et g\ > o. » Etant donné un systèm.e de périodes {g,/t,g'), le problème de la transformation, posé et résolu par M. Ilermite, consiste à trouver tous les ( 8'5) systèmes (G, H, G') tels qu'une fonction abélienne quelconque, F(U, V ), formée avec ces nouvelles périodes s'exprime rationnellement à l'aide des fonctions abéliennes du système primitif, /(w, v). » Il est clair d'abord que U, V doivent être linéaires en u, c : (i) U = 'X« + [J-v, V =r l'a -\- ij.'v; il faut et il suffit ensuite que, si l'on augmente u et v d'une de leurs pé- riodes, U et V augmentent aussi d'une de leurs périodes, ce qui donne, en désignant par a,, è,, c,, r/,, des entiers, les relations / 1 -- a^-h a.iG -h aAl, [j. = b^-h b,,G -\- b.,l{, ] >.' =- «, -t- rtjll 4- «.,G', u.' = 6, -f- 6.,H -j- è,G'; i Ig -\- [j.h = f/„ -H r/jG -^ (lAi, l/i -h if'g' = c^ -f- c.,G -f- c.,U, \ l'g -T- [J.'h = d, -f- fl'j H +- r/jG', 7.'A -i- ij.'g':z=c, -h c.,II 4- c.G'. J/élimination de X, ;j., V, y.', G, H, G' conduit à l'équation (/i- — gg')[(ba),^-^(^ba),,]-+-g[(ca),, + {ca),,] -^ g'[(f^(Ooi> + (bd)<2]-h mcb)„^-r (ad)„,^(cb),.,-^{ad),.,\ -h[(^c)„, + (c^6-),,]--=o [où (ba),j = b^ttj — bjU;]. » Si g, h, g' sont pris au hasard, les coefficients de /r — gg , g, g', h et le terme constant doivent être nuis : c'est l'hypothèse qu'a faite M. Hermite et dont il a déduit la théorie ordinaire de la transformation. Mais si g, h, g' et /r — gg' sont liés par une relation linéaire à coefficients entiers, il exis- tera d'autres transformations singulières que celles habituelles. » La relation supposée entre les périodes peut se ramener, comme je l'ai déjà indiqué, à la forme v~g -\- "j/i -+- y g' = o avec p- — 4 y-'{ > o, a, [i, Y étant entiers (on peut même admettre a. ^i et fi =; o ou i). Les va- leurs de G, H, G' et celles de 1, V, y., y.' sont alors données par les rela- tions (a), où les a, b, c, d sont des entiers liés uniquement par les relations (ôa)„;, -f-(èa),2 = o, (ffc),,-+-(dc),, = o, (■'>) { (ca)„.,+(ca),.,=zryj{, (bd),,-h{bd),.,=zj/c, (cb),, -+ {ad)„, + (cb),., -h (^ad),.,=-- i^Â-, k étant un entier arbitraire. G. R., 1S98, i" Semestre. (T. CXWI, N" 11.) lo;) ( 8i6 ) w Soit &(U,V) une fonction thêta du premier ordre aux périodes (G, H, G'); par l'intermédiaire de (i), c'est une fonction de u, v; v^Çu, i>). Désignons par '\i(u, t') le produit de o par une exponentielle e^, où P est un polynôme du second ordre en u, v, convenablement choisi; on trouve que i vérifie les équations !(ii, r) est une fonction thêta; récipro- quement, si une transformation change une fonction thêta en une fonction thêta, k est nul, et la transformation est ordinaire. » A un système de valeurs (U,V) correspondent/^— ^M-hk'ocy systèmes de valeurs (non congruents) de m, <■; à un système (u, c) correspond na- turellement un seul système U, Y. Le nombre positif i- — ^kl-\- X'-ay, que nous désignerons par S, sera dit l'indice de la transformation singulière considérée; pour une transformation ordinaire, l'indice est le carré de l'ordre. » Posons maintenant Su, = /a -+- X-yr, !5V,r- -kxu-h (/-/^|ï)c; G, = \{lg + k'^h), 0\ = \[-k^h + {l-k^)g'l » La fonction ^{u,v) devient une fonction ©(U,, V,), et l'on a 6(U,4-i,V,) = e([J,,V, + i) = 0(U,.V,). ©(U, + G,, V, -I- n.) ^ e--"' 5".+-°''-, f)(U, + II , , V, + g;) = e-^'^' 3v,-^euns,.. c'est-à-dire que ©(U,, V,) est une fonction thêta. D'ailleurs, on établit qu'à un système (L', , V, ) correspond un seul système (m, r), et, par suite. ( 8'7 ) un seul système (U, Y ) : la Iransformatioii qui fait passer de (U,, V,) à (U, V) est donc une transformation ordinaire. Il en résulte qu'une trans- formation singulière quelconque se ramène à une transformation ordinaire, précédée de la transformation singulière simple définie par (5), et dont l'indice est §. » Supposons S = i, c'est-à-dire admeltons que l eX k soient liés par /' — ^kl-{- k'-ixy =: 1, équation qui a une infinité de solutions, si jî^ — 4*T n'est pas un carré parfait : deux surfaces hyperelliptiques quelconques (^) et (S|), dont les périodes respectives (g;/i,g') et (G,, H,, G',) sont liées par (5), se correspondent alors point par point. » Ces deux surfaces ont-elles les mêmes modules? D'une manière plus précise, aux périodes (g, h, g') correspond une courbe de genre 2 bien dé- finie, (c~); aux périodes (G,, H,, G',) correspond une courbe de genre 2, (C,) : a-t-on le droit d'admettre que (c) et (G, ) sont identiques? « On doit répondre négativement à cette question. )i Ainsi deux surfaces de Rummer peuvent se correspondre point par point, sans être transformées homograpbiques l'une de l'autre, c'est-à-dire sans que les six points doubles situés sur une même conique aient les mêmes rapports anharmoniques dans les deux surfaces. Cela revient aussi à dire que deux courbes de genre deux peuvent se correspondre couple de points par couple de points, sans se correspondre point par point. » PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. - De l'énergie d' un système éleclrisé, considérée comme répartie dans le diélectrique. Note de MM. H. Pellat et P. Sa- cERDOTE, présentée par M. Lippmann. « L'un de nous a montré ( ' ) que l'excès d'énergie AU ^ que présente un système de conducteurs et de diélectriques enfermés dans une enceinte conductrice, quand il est électrisé à température constante, est non pas - 2_, niN , comme on l'admet habituellement, mais (') II. VvAXkt, De la variation de l'énergie dans les transformations isothermes. De l'énergie électrique {Comptes rendus, t. CXXV, p. 699; 1897. Journal de Phy- sique, o' série, t. \ II, p. 18; iSy8). ( «'H ) où la charge m (le chaque partie doit être regardée comme indépendante de la température absolue T dans la dérivation. Cette relation suppose que les forces électriques qui s'exercent dans ce système sont contreba- lancées par des forces intérieures (rigidité des supports) et, en toute rigueur, que chaque conducteur isolé est homogène. » Nous nous proposons de transformer cette relation pour montrer qu'on peut encore considérer cet excès d'énergie AUj comme ayant son siège dans le diélectrique. Nous bornerons la démonstration au cas où le diélectrique est homogène et isotrope et où les conducteurs ont même dilatation que le diélectrique, de façon que l'élévation de température ne produise ni tiraillement ni compression; c'est ce qui est réalisé, en parti- culier, dans les condensateurs où les faces du diélectrique sont métal- lisées. » Nous partirons de l'égalité bien connue : où 0 est l'intensité du champ électrique dans le volume ch' du diélectrique dont le pouvoir inducteur spécifique est K, le signe / s'étendant à tout le diélectrique. » Pour avoir le second terme de l'expression (i), il faut dériver / -^ par rapport à la température en exprimant que la charge électrique de chaque partie reste la même en passant de la température T à la tempéra- ture T -+- clT. Or, si cette condition est remplie, la direction du champ en chaque point du système, qui demeure homothétique à lui-même en se dilatant, ne varie pas; en outre nous allons montrer qu'on doit avoir >, étant le coefficient de dilatation linéaire vrai du diélectrique. » En effet, considérons d'abord une surface conductrice qui, sur un élément superficiel ds, possède une densité électrique a et, par conséquent, une charge dm = cds. En appelant ç l'intensité du champ dans le diélec- trique en un point infiniment voisin de ds, on a (/i) 4-5==l^(p, (1 ou [\-dm — K-pcZ-v. ( «r9 ; Egalons les dérivées par rapport à T des doux membres : O'ï "" dï '^ dT „ I d{ds) -V -i r . , i fp. • d{dm) , ^ » Comme -,- ■ — r^ := 2 A, a laut el. il suilit pour avoir ,„ := o, c est- (is il i ' Oi à-dire pour que la charge électrique sur l'élément, malgré sa dilalalion el la variation de K et de ç, reste la même, que la relation (3) soit satisfaite. M Considérons, en second lieu, une surface fermée S englobant une portion du diélectrique. Evaluons le flux d'induction dj i\ travers un élé- ment de surface ds de S ; on a (G) ^'^-; Ivç r/ycosso, en désignant par a l'angle que forme le champ avec la partie de la nor- male à (h menée vers l'extérieur de S. Egalons les dérivées par rapport à T des deux membres de cette relation, en nous rappelant que « est indé- pendant de T : ds r«COS(X -irr+^'fds-jr si la relation (3) est satisfaite, la quantité entre crochets sera nulle et l'on aura — ™- -= o. Par conséquent, le flux d'induction total/ à travers la surface S, malgré la dilatation de cette surface et la variation de R et de o, ne variera pas; il en sera donc de même de la quantité d'électricité m contenue à son intérieur, d'après la relation y = ^t^^- Ceci restant exact, quelque petit que soit l'espace enfermé dans S, en aucune région la charge électrique ne variera malgré la variation de température. )) Égalons, maintenant, les dérivées par rapport à T des deux membres de la relation (■^) : \ ' dT ~ dfj 8- '~ dTj ~8^ 'K («) )) Tenons compte de la relation (3) pour obtenir, après multiplication par — T, le second membre de la relatiort (i); il vient, en remarquant que I d(d<') di- OT = 31 / N T dC^mX) r/\,,, TdK\K. ( 822 ) valeurs de l'épaisseur d'argent s, les ordonnées celles de la conducli- bililé - • La figure se confond avec une droite à partir de l'épaisseur t = ;>o a environ et au-dessus. Cette droite passe au-dessous de l'origine et coupe l'axe des abscisses au point s = 26 u. environ. Pour les épaisseurs moindres que 5o y-, la courbe s'abaisse nettement au-dessous de la droite et les ordonnées sont jusqu'à trois fois plus petites que les ordonnées correspon- dantes de la droite. » Ces résultats s'interprètent facilement. La fonction-» pour les épais- seurs supérieures à 5o y., est de la forme — A 4- Be. Cela implique l'exis- tence d'une couche homogène, laquelle est comprise entre deux couches superficielles de conductibilité moindre au contact de l'air et du verre. Tant que la couche homogène intermédiaire existe, les points figuratifs se placent sur la droite précédente. Ils s'en séparent au contraire dès que l'épaisseur totale de la couche devient égale puis inférieure à la somme des épaisseurs de passage. On peut donc, d'après ces expériences, fixer à Sojji. environ la somme des épaisseurs de passage. C'est à peu prés le nombre obtenu par Quincke dans ses expériences de capillarité (' ). » IV. Une question se pose : les surfaces terminales des dépôts d'argent sont-elles comparables entre elles et, de plus, n'a-t-on pas affaire à des couches plus ou moins trouées ? » Voici ce qu'a montré l'examen au microscope. Toutes les couches, même les plus minces qui ne sont plus conductrices, sont absolument continues. En outre, sur la surface, on aperçoit une multitude de petits grains qui se détachent en sombre sur une couche sous-jacenle parfaitement homogène; les diamètres et les distances respectives de ces grains semblent être voisins de i [j. ou un peu inférieurs. L'aspect de ces grains montre qu'il vaut mieux les considérer comme des ondulations de la surface que comme des grains discrets simplement posés dessus. Ces grains apparaissent iden- tiques à toutes les épaisseurs : on les trouve dans des lames dont l'épaisseur est certainement inférieure à i4;-'- et peut-être même à 8a; ils sont seule- ment un peu plus difficiles à apercevoir à cause de leur transparence. On a ainsi une idée de la profondeur des rides qui bossuent la surface des couches car, même pour ces couches très minces, sous ces grains, il y a une couche sous-jacente homogène. Enfin j'ajoute que ces grains subsis- tent dans la transformation en iodure ; diamètres et distances restent inva- riables, l'épaisseur seule change. (') Pogi(. Ann.. lui. 137; 1869. ( 823 ) » Comment sont constituées ces couches à surface bossuée? A-t-on affaire à un véritable corps solide on à un amas pulvérulent composé de grains extrêmement fins indiscernables au microscope? Si la couche est composée d'un amas de petits grains, leurs dimensions ne dépassent sans doute pas i [j. ou -h^j.. J'ai pu en effet obtenir des dépôts sur verre à peine visibles et dont l'épaisseur était certainement inférieure à cette limite; transformés en iodure, ils donnaient une pellicule montrant par réflexion le noir du premier ordre des anneaux de Newton. Les couches sur les- quelles j'ai opéré, d'après ces remarques et la concordance des résultats que j'ai obtenus, me semblent donc d'une constitution bien définie et peuvent être considérées comme un état d'agrégation bien déterminé des particules d'argent. » V. L'équation de la droite, déduite de la moyenne des résultats, est I e — 26 P 24 , 3 )) Les expériences ont toutes été faites entre i3° et 16°; on peut tirer de l'équation la valeur qu'aurait, à 0°, la résistance spécifique d'une plaque d'argent assez épaisse pour que l'on puisse négliger l'influence des couches superficielles. On trouve i,45 environ en prenant comme unité la résis- tance spécifique de l'argent ordinaire recuit (nombre de Matthiessen). Ce résultat n'a rien de surprenant, l'argent sur lequel j'ai opéré n'ayant subi aucune des opérations mécaniques auxquelles l'autre a été soumis. » PHYSIQUE. — Quelques propriétés des décharges électriques produites dans un champ magnétique. Assimilation au phénomène de Zeemann. Note de M. André Broca, présentée par M. A.. Cornu. « Dans une précédente Note, j'ai montré que les rayons cathodiques se divisaient en deux parties, dans un champ magnétique intense : les uns, rayons de première espèce, qui s'enroulent autour des lignes de force, dans le sens du courant excitateur du champ; les autres, rayons de seconde espèce, qui suivent le champ. J'ai poursuivi des expériences de cette nature pour divers degrés de vide. J'ai employé pour cela des ampoules sphériques de S'^'" à 6*^™ de diamètre, portant deux électrodes, sphériques elles-mêmes, symétriques par rapport au centre, et à i*"" ou i'^'",5 de distance l'une de l'autre. Dans ces conditions, pour les degrés de vide peu élevés, on peut C. R., i8y8, I" Semestre. (T. GXXVl, N» 11.) ' O^ ( «M ) très facilement étudier ce qui se passe dans le lulie par l'illumination du gaz lui-même. » Une ampoule qui donne le phénomène cathodique à son début, très molle, pour employer l'expression consacrée, donne des phénomènes tout à fait analo£;ues à ceux déjà décrits. Mais un phénomène nouveau se passe à l'anode : une lame lumineuse, violacée, normale au champ, semble s'échapper du plan diamétral de l'anode normal au champ, et se perdre en s'eslompanl. » Pour un degré de vide moindre encore (pression de plusieurs millimètres), les ' phénomènes deviennent plus frappants. J'ai retrouvé la description sommaire de phé- nomènes analogues dans un Mémoire tout récent de Paalzowet Neessen ( Wied. Ann.. t. LXIII, p. 209; décembre 1897). ^^ lumière cathodique violette (') s'étale en forme de cylindre, ayant pour axe la ligne de force. La lueur ainsi formée s'éteint dans le gaz lui-même, sans arriver à la paroi, si le potentiel n'est pas assez élevé. Autour de l'anode se forme une couche plane normale au champ, de couleur chair. Celle-ci ne s'échappe maintenant que d'un seul côté de l'anode, tourne en sens inverse du courant excitateur du champ, puis s'étale dans le gaz lui-même, à une certaine distance de l'anode, en se redressant et s'épanouissant suivant les lignes de force. » Quand on emploie des potentiels plus élevés, les phénomènes se modifient. Tout d'abord le cylindre lumineux parallèle au champ vient rencontrer la paroi, sans 3^ produire aucun piiénomène remarquable; l'illumination du gaz est rose violacé. Si à ce moment l'on interpose une étincelle convenable dans le circuit, ou si l'on intro- duit deux bouteilles de Leyde formant un dispositif de Lécher, on voit, malgré la haute pression de l'ampoule, un phénomène cathodique se produire au point de la paroi rencontré par le cylindre lumineux. » Si l'on augmente l'énergie de la décharge, son aspect change. La lueur devient plus intense et tend vers le blanc. En même temps les phénomènes cathodiques dispa- raissent, qu'on emploie les hautes fréquence ou l'étincelle. )> Pour obtenir l'apparence nette que je viens de décrire, il est indispensable d'opérer avec une étincelle dans le circuit, ou en faisant les interruptions très rares, à la main par exemple. Dans le cas contraire, les deux électrodes sont le siège chacune des deux piiénomènes, le phénomène décrit ici comme cathodique étant plus faible à l'anode et inversement. » J'ai ensuite étudié ce qui se passe à la pression atmosphérique. Dans ce cas les résultats sont moins nets et moins faciles à interpréter. M. Cornu a monlré récemment que les effluves électriques se dirigeaient normale- ment aux ligues de force dans le champ magnétique. J'oi étudié ce qui s'y passe pour l'arc électrique obtenu au moyen d'une puissante bobine d'in- duction, entre deux fds métalliques. Deux formes d'arc peuvent être obte- nues : l'une comporte encore une étincelle entourée d'une flamme, l'autre ne comporte plus que la flamme; (') L'ampoule contient de l'air ( 825 ) » Etudions ce qui se passe pour l'arc parallèle aux lignes de force. » L'étincelle n'est aucunement modifiée. La flamme se contourne en une surface hélicoïdale, limitée par une double spirale conique ayant un sommet sur chaque élec- trode. D'ailleurs, pour les arcs longs, il arrive parfois que cette nappe contournée n'ait pas de sommet bien net. » Quand on rapproche davantage les électrodes, on voit se produire à un instant une modification. La surface hélicoïdale s'allonge considérablement dans le sens du champ aux deux, électrodes, les vapeurs étant dirigées à cet endroit dans le sens du champ, puis au milieu de l'arc, il se produit une surface de vis à pas très petit, réu- nissant les deux traits précédents. » Quoi qu'il en soit, nous voj'ous nettement ici encore, à la pression atmosphérique, se produire deux mouvements distincts des molécules chargées dans le champ magné- tique. Elles commencent par suivre une trajectoire nettement rectiligne, pour s'en- rouler ensuite autour du champ. » Quand l'arc devient plus petit encore, le phénomène se complique. Une large sur- face hélicoïdale se produit toujours; mais, au centre du phénomène, on voit deux traits de feu formant des hélices, l'une à droite, l'autre à gauche, et à pas très long. Parfois ces hélices semblent se réduire à une ligne rigoureusement droite. Nous ne savons d'ailleurs rien sur le sens dans lequel elles sont parcourues par les molécules matérielles. » Quand l'arc est normal aux lignes de force, il est étalé en une large nappe lumi- neuse mince, normiale aux lignes de force. » En somme de toutes les expériences décrites dans cette Note et dans ma Note précédente, il résulte que les décharges électriques dans les milieux gazeux ont deux formes de trajectoires stables quand elles traver- sent un champ magnétique, l'une dans !a direction même du champ, l'autre suivant des hélices qui s'enroulent autour de celui-ci. » J'ai été conduit aux recherches qui précèdent par l'étude du phéno- mène de Zeemann. La théorie qui en a été donnée par MM. Lorentz et Zeemann admet dans la flamme l'existence d'ions en vibration. L'existence de molécules douées de charges électriques dans la flamme est bien montrée par la propriété qu'ont les gaz qui s'en échappent de décharger les corps électrisés. La notion que ce sont des ions semble prouvée par l'expé- rience bien connue de Villari. Ce savant a montré que les gaz de la flamiîie perdent la propriété de décharger les corps électrisés en passant à travers un ozoniseur. » La théorie électromagnétique de la lumière est d'ailleurs satisfaite si les particules vibrantes des sources lumineuses sont susceptibles de pro- duire un champ électroinagnétique oscillant, c'est-à-dire sont douées de charges électriques. » Dans les idées les plus répandues sur les rayons cathodiques, ceux-ci ( 826 ) sont produits également par des ions en mouvement. J'ai alors pensé que, dans ces idées, un tube de Crookes excité par le courant n'était autre chose, au point de vue physique, qu'une source lumineuse oia les mouvements, limités par l'élasticité du milieu aux hautes pressions, étaient rem- placés par des trajectoires finies; en un mot, une source lumineuse sans réactions élastiques. Il était alors rationnel de chercher un phénomène analogue à celui de Zeemann, visible directement par le phénomène de fluorescence, c'est-à-dire la scission des rayons cathodiques en deux espèces, les uns rectilignes suivant les lignes de forces, les autres s'enrou- lant autour de celles-ci. Il était probable qu'aux pressions croissantes des phénomènes analogues se produiraient, si l'énergie employée était suffi- sante pour rendre négligeable la réaction élastique du milieu vis-à-vis de la force vive des molécules. Les phénomènes précédents peuvent être inter- prétés dans ce sens, les phénomènes produits par l'arc d'induction étant moins nets à cause de la grandeur des réactions élastiques à la pression atmo- sphérique. » En somme nous conclurons que l'hypothèse des ions, qui a permis déjà de coordonner tant de faits, se présente à nous, non pas avec le carac- tère de la nécessité, mais avec celui de la suffisance, pour coordonner les faits relatifs à l'émission lumineuse des gaz incandescents et ceux relatifs à la décharge électrique dans les milieux gazeux. » PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur la formule barométrique. Note de M. Alfred Angot, présentée par M. Mascart. « Les tentatives qui ont été faites, dans ces derniers temps, pour lancer, à de très grandes hauteurs dans l'atmosphère, des ballons non montés portant des instruments enregistreurs, ont ramené l'attention sur la for- mule barométrique due à Laplace. On a même énoncé l'intention de pro- fiter de ces ascensions pour vérifier la formule. » S'il s'agit simplement de constater que les hauteurs calculées par la formule de Laplace diffèrent, parfois notablement, des hauteurs vraies, c'est là un fait connu depuis longtemps; les observations faites dans les ballons-sondes ne sont, du reste, pas assez précises pour apporter sur ce point des renseignements réellement utiles. Au surplus, ces écarts ont des causes très complexes et ne proviennent pas exclusivement, comme on le dit quelquefois, d'une inexactitude dans l'hypothèse fondamentale. ( 827 ) » Cette hypothèse consiste à admettre que l'air est immobile, en équi- libre statique, et que les différences de pression d'une couche à l'autre sont dues seulement au poids de l'air. » Soient a le poids du mètre cube d'air à une hauteur z où la pression atmosphérique esl/j, la tension de vapeur/, la température t et l'accéléra- tion de la pesanteur g; «„ le poids du mètre cube d'air sec à o°, sous la pression de o"", 760 de mercure, et D le poids du mètre cube de mercure à 0°, ces deux quantités étant mesurées au niveau de la mer et à la lati- tude de 45°, où l'accélération de la pesanteur est G. On a alors dp ^= — adz et n P — 0,877/' ' G D X 0,760 1 + ai d'où 1— o,377{ 0,760 X D dii s- -^ X — = — :^ X l^d., «0 p G \ -\- a.t et, en intégrant entre les limites ::|, et z, r T\ ^- 1 — 0,377- 0,760 xD^^ /A, ^ f £y^ P^- «0 P J. G i + oit * ' "0 g, - el t sont des fonctions de 3; il y a donc en réalité non pas une formule barométrique, mais une infinité de formules, suivant que les fonctions g, - et t ont telle ou telle expression. La vérification de l'hypothèse fon- damentale de I-aplace exigerait la connaissance exacte de ces fonctions, condition qui ne sera sans doute jamais remplie. » La formule usuelle, généralement connue sous le nom de formule de Laplace, s'obtient en supposant que g, - et t sont constantes et ont pour valeurs, dans toute la couche d'air considérée, la moyenne arithmétique des valeurs observées aux deux stations extrêmes. Il est clair qu'il n'y a pas lieu de chercher à vérifier cette formule particulière, qui peut être commode dans la pratique, mais qui n'a plus de signification théorique. » Dans le Mémoire complet (') j'établis et je discute les expressions (') En cours d'impression dans les Annales du Bureau central météorologique ( 828 ) diverses auxquelles on parvient quand on assigne aux fonctions g, - et t quelques formes simples. La différence vraie de hauteur z — z^ peut être alors exprimée par deux termes, dont le principal est la hauteur approchée donnée par la formule usuelle et dont le second est une correction qui dé- pend des hypothèses faites sur les fonctions. Cette correction peut être souvent importante. Par exemple, dans une ascension en ballon-sonde correspondant aux données suivantes : ^^=:76o""°, /„r= + lo'', /j^^iSo'"'", i = — 70°, la formule usuelle donnerait une différence de hauteur de ii54o™; cette quantité devrait être diminuée de loS™, si l'on admet que la température de la couche d'air, au lieu d'être constante, varie suivant une fonction linéaire de l'altitude; la correction, toujours de même signe, s'élèverait à 492"", si l'on avait admis (loi de Mendéleieff) que la température varie suivant une fonction linéaire de la pression. 1) En général, dans une ascension à grande hauteur, faite avec un ballon muni d'instruments enregistreurs, on reconnaîtra que l'atmosphère est divisée en un certain nombre de couches dans l'intérieur desquelles les variations des différents éléments sont régulières, tandis qu'au passage d'une couche à l'autre il peut y avoir des changements rapides, parfois même une véritable discontinuité. Les Tableaux contenus dans le Mémoire permettraient alors de calculer séparément la hauteur de chaque couche en employant d'abord la formule usuelle, puis en lui appliquant les cor- rections nécessitées par les différentes lois de variation de la température ou de l'humidité dans chaque couche, si ces lois sont données par les observations d'une manière suffisamment exacte. C'est seulement quand ce calcul complet sera réalisable qu'il pourra être question ensuite de comparer la hauteur totale, ainsi déduite des observations barométriques, avec celle qui aurait été déterminée au même moment par une triangula- tion. Tant que ces conditions ne seront pas remplies, il sera illusoire de chercher dans les mesures de hauteur, faites au moyen du baromètre, une évaluation de l'influence que peuvent avoir les mouvements de l'atmo- sphère sur la décroissance verticale de la pression. » pour 1896, 1. 1. On trouvera également, dans ce Mémoire, des Tables nouvelles pour le calcul de la formule usuelle, plus exactes et plus étendues que les Tables anciennes. ( «29 ) MÉTÉOROLOGIE. - — Sur les caractères des saisons et des années successives. Note de M. P. Garuigou-Lagrange, présentée par M. Mascart. « Dans une Communication faite au mois d'avril de l'an dernier, j'ai exposé une méthode générale pour la solution du problème des transfor- mations atmosphériques, en exprimant l'anomalie, ou écarta la pression normale, en chaque point de l'hémisphère boréal, dans une situation donnée, en fonction des anomalies constatées aux divers points de cet hémisphère dans les situations antérieures. J'ai montré qu'on était ainsi amené à la considération de certains systèmes d'équations linéaires, dont la résolution, exacte ou approchée, donnait le sens et la grandeur pro- bables des transformations, en même temps qu'elle permettait d'établir, entre les anomalies des années et des saisons successives, quelques rela- tions générales intéressantes. )> Dans la Note relative à celte Communication, insérée aux Comptes rendus de la séance du 26 avril 1897, je disais au sujet des caractères de l'année qui vient de s'écouler : » Dans la période 1875-1892, plus particulièrement étudiée, l'anomalie de pression change de signe sur l'hémisphère boréal d'une année à l'autre, et ce changement s'opère dans le voisinage du solstice d'été. » On doit conclure de là, entre les anomalies de pression, une relation que j'énon- cerai, sous sa forme la plus générale, de la façon suivante : au point de vue de la dis- tribution des pressions sur l'hémisphère nord, les années se suivent et ne se res- semblent pas ; dans une même année, au contraire, estimée à compter du solstice d'été, les saisons se suivent et se ressemblent. » L'hiver 1896-1897 offre de cette double relation un exemple intéressant. II a été caractérisé au nord de l'hémisphère par une grande et persistante anomalie positive, dont le contre-coup a été pour Paris une anomalie négative, égale à —2™", 28. On en pourrait déduire un changement à brève échéance dans les conditions météorologiques et un renversement de l'anomalie, que les équations donnent en effet positive pour Paris et pour l'automne 1897 et l'hiver 1897-1898. » Les changements importants qui se sont produits dans la situation atmosphérique, depuis l'hiver 1896-97, me permettent aujourd'hui de trouver dans la suite des événements quelque justification de ces idées. Si l'on calcule en effet, pour Paris et pour chaque saison, l'anomalie de la pression, on obtient : ( 83o ) Écart à la pression normale de Paris. mm Hiver 1896-1897 — 2,28 Printemps 1 897 — 1,22 Été 1897 +0,08 Automne 1897 +4,o5 Hiver 1897-1898 +2,37 » Ces nombres sont empruntés aux statistiques de M. Renou, sauf celui de l'hiver 1897-1898, que j'ai calculé moi-même et qui doit être très approché. On Y retrouve toutes les transfonnalions annoncées l'an dernier : le change- ment de signe de l'anomalie au voisinage du solstice d'été et la persistance depuis lors d'une même situation à anomalie positive. » La succession des phénomènes montre donc qu'entre deux hivers fort différents et marqués chacun par des caractères très particuhers, les sai- sons se sont entresuivies en la façon que j'avais prévue; d'où je crois avoir quelque raison de conclure que la méthode générale, que j'ai proposée pour les déduire les unes des autres, semble devoirdonner, en ces questions très compliquées, d'heureux résultats. Les obscurités et les doutes qui y subsistent encore peuvent, je crois, être attribués, en grande partie, moins à la méthode elle-même qu'aux conditions défavorables où j'ai pu l'appliquer, n'ayant eu, pour établir les équations du problème, qu'un nombre fort restreint d'années d'observations, sur une trop petite partie du globe. » Comme le changement qui, suivant moi, s'opère en moyenne dans le voisinage du solstice, doit s'entendre d'un renversement dans les condi- tions de la circulation générale sur la totalité ou sur une partie considérable de l'hémisphère, on comprendra aisément que ce ne sont ni les variations observées à Paris, ni même celles de l'Europe entière, qui peuvent donner une base solide aux calculs et permettre de déterminer le sens dans lequel va se transformer la situation actuelle. Bien que les documents relatifs aux autres parties de l'hémisphère n'aient pu encore être réunis et mis en œuvre, on peut dire cependant qu'il y a probabilité poiu' que le grand mouvement commencé depuis l'an dernier se continue. Les hautes pres- sions, signalées au nord de l'Europe et de l'Atlantique dans l'hiver 1897 et qui, depuis le solstice d'été, se sont peu à peu transportées et établies sur le centre de l'Europe, tendent à poursuivre leur mouvement et à des- cendre plus au sud et au sud-ouest, amenant ainsi, dans un temps plus ou ( 83i ) moins voisin du solstice, une situation nouvelle, caractérisée par Taugmen- tation du maximum barométrique des Açores et la diminution du minimum de l'Islande. » CHIMIE. — Sur les causes du déplacement réciproque de deux acides. Note de M. Albert Colson, présentée par M. E. Grimaux. « L'attaque d'un sel pur et sec par un acide pur présente des phases variées, qu'il importe d'étudier expérimentalement pour en donner l'expli- cation rationnelle. J'ai déjà dit que certains cas de décomposition rentrent dans la catégorie des phénomènes de dissociation réversible ('); piu's j'ai montré comment des actions secondaires, en détruisant les corps antago- nistes, empêchent toute réversibilité. Je vais aujourd'hui montrer le rôle prépondérant joué par la température dans des réactions totales en désac- cord avec les lois de BerthoUet. )) Phosphate tribasicjue d'argent, PO'Ag'. — Enfermons dans une am- poule vide d'air iS"', 07 de phosphate triargentique, séché à i3o°. Intro- duisons cette ampoule dans un tube manométrique contenant 54'^'^ de gaz sulfhydrique sec à la pression et à la température normales. Brisons l'am- poule. L'absorption du gaz H^S, assez rapide au début, se ralentit, puis cesse au bout de trois jours, vers 12°. La tension du gaz restant équivaut alors à une pression mercurielle de 125°"". Cette tension finale varie d'ail- leurs avec les conditions de l'expérience; mais dès qu'elle est atteinte, l'absorption du gaz H- S n'est plus sensiblement influencée par une aug- mentation de pression de Go""™ agissant pendant dix heures. Elle n'est accentuée que par une élévation de température. » Il semblerait que le contact du sel d'argent avec le gaz H- S, imparfait à basse température, ne se produit que si la température s'élève. Cependant l'arrêt de la réaction n'est pas dû à la formation d'une couche protectrice de sulfure sur le phosphate d'argent. En eifet, donnons à l'ampoule remplie de phosphate argentique la forme d'un long cylindre, et provoquons une fêlure à l'une des extrémités de ce tube après l'avoir porté dans le gaz sulfhydrique sec. On constate une abondante formation de sulfure Ag^S noir, près de la fêlure, tandis qu'à l'extrémité opposée le phosphate con- serve sa teinte jaune primitive, même après quarante-huit heures de con- (') Comptes rendus, 1896, t. CXXIII, p. laSj; 1897, i"^'' sem., p. 81. C. R., 1^*98, 1" Semestre. (T. CXXVI, N° 11.) IO7 ( 832 ) tact. La tension du gaz H-S restant s'abaisse à 35°"" de mercure; à la tem- pérature de 8°, elle ne varie pas vingt-quatre heures après rupture totale de l'ampoule; mais à 109° la tensiou tend rapidement vers zéro, c'est- à-dire vers l'absorption totale de H-S. ■» Si l'on opère sous pression réduite (<]i2o'""'), il y a toujours, au début, absorption du gaz H-S, même au-dessous de 0°. Cela peut provenir d'une dessiccation imparfaite des corps. » PyrophospJiate d'argent. — I. L'action du gaz H^S pur sur le pyro- phosphate d'argent P-O'Ag", séché à i3o°, présente des particularités analogues à celles que je viens de signaler pour le phosphate normal. C'est ainsi qu'en opérant comme ci-dessus, à 12°, le pyrophosphate d'ar- gent noircit de proche en proche en s'échauffanl, dès qu'il arrive au con- tact de H'S; puis la réaction se ralentit et s'arrête finalement quand la tension du gaz sulfhydrique atteint 3go'"™. Cette tension diminue (c'est-à- dire que H* S est de nouveau absorbé) dès que l'on chauffe, même bru- talement, à la lampe. » H. En refaisant l'exjiérience sous un vide partiel correspondant à une pression mercurielle de 80""", et ne mettant en contact le gaz HrS et le sel d'argent qu'à basse tempéralure(— 10°), le phosphate se recouvre d'un léger voile gris, la pression diminue, mais très peu si l'appareil est propre et sec. Si l'on chauffe l'ampoule à la lampe, il y a production immé- diate de sulfure noir d'argent Ag-S, et la pression diminue ra(;idement de 68""". » HL Pour étudier plus à fond l'influence de la température, j'ai opéré, de novembre en février, dans une salle dont la température est restée constamment inférieure à 10°. Le pyrophosphate d'argent étant porté à —- 21° et le gaz sulfhydrique bien sec étant à la pression atmosphérique, j'établis le contact entre les deux corps en fêlant l'extrémité de l'ampoule à phosphate d'argent. Ce sel noircit aussitôt au voisinage de la fêlure et le mercure s'élève de 149™'" dans le tube manométrique. Au bout de douze jours, à la température de la salle (6° à 10°), l'absorption du gaz H-S cor- respond à une élévation manomélrique de 16™". Si l'on élève la tempéra- ture, on constate que, à 80", la dépression manométrique atteint 6'°" par minute. » Le 25 novembre, la tension mercurielle du gaz H-S restant était 489'"'° à 6"; elle a conservé cette valeur pendant deux mois, à une tempé- rature comprise entre 1° et 8°; dans cet intervalle il ne s'est donc fait au- cune réaction entre le sel d'argent et le gaz H-S. Dès qu'on élève la tempe- ( 833 ) rature la réaction se fait de nouveau jusqu'à absorption totale deH^S. » J'ai contrôlé ces résultats par d'autres expériences. » En résumé, quand on traite un chlorure métallique par un acide fixe, le gaz chlorhydrique se dégage; au contraire, le gaz sulfhydrique est ab- sorbé par les sels métalliques purs et secs. La première réaction est endo- thermique, la seconde est fortement exothermique; mais, dans les deux cas, une élévation de température active la réaction; un abaissement de température la retarde, l'arrête même. On peut donc affirmer que la tera- ])érature est le facteur principal des actions chimiques que nous avons étu- diées. » CHIMIE MINÉRALE. — Sur un nouveau siliciuj-e de chrome. Note de M. Ch. Zettel, présentée par M. H. Moissan. « On ne connaissait jusqu'ici que deux siliciures de chrome: le premier, répondant à la formule SiCr^, a été obtenu, au four électrique, par M. Moissan ('); l'autre, d'après une Note de M. de Chalmot (-), aurait été préparé également au four électrique et correspondrait à la formule Si-Cr. » J'ai obtenu un nouveau siliciure de chrome de formule SiCr' en chauffant fortement un mélange de cuivre, d'aluminium et de sesquioxyde de chrome dans un creuset de terre réfractaire, au four Perrot, et en uti- lisant la grande quantité de chaleur qui se produit par la réduction du sesquioxyde de chrome par l'aluminium. Le silicium était fourni par le creuset de terre réfractaire et par un agitateur de même matière, qui étaient fortement attaqués par la réaction et fondus sur une profondeur de 5™" environ. » La présence du cuivre dans le bain est indispensable; en employant un bain ne renfermant que de l'aluminium, j'ai obtenu un alliage de chrome et d'aluminium, mais jamais de siliciure. » J'ai fait plusieurs essais pour préparer le siliciure SiCr' au four élec- trique par différentes méthodes; il se formait toujours des mélanges de plusieurs siliciures de chrome qui, ayant à peu près les mêmes propriétés chimiques, ne pouvaient être séparés. (') Comptes rendus, t. CXXI, p. 624. (2) Ann. cliem. Journ., t. X[X, p. 69. — Bull. Soc. chi.'ii., 3^ série, t. XVII- XVIlI(Exlr.), p. 533. ( 834 ) » Préparation. — J'ai fondu, dans un creuset de terre réfractaire, au four Perrol, i4oS'' de cuivre et i/Jo*"' d'aluminium. Quand le bain est bien liquide, on ajoute par petites portions looi" de sesquioxyde de chrome, calciné au préalable. Après avoir mélangé le tout à l'aide d'un agitateur en terre réfractaire et l'avoir chauffé aussi for- tement que possible pendant une demi-heure, on ajoute une petite quantité de limaille d'aluminium pour déterminer la réduction, ainsi que l'a indiqué M. Moissan à propos de la préparation des alliages d'aluminium ('). Aussitôt une réaction très vive se pro- duit, toute la masse est portée au rouge blanc et fournit une lumière éblouissante. On remue au moyen de l'agitateur en terre pendant une ou deux minutes; on sort ensuite le creuset du four et l'on coule la matière fondue. On obtient un lingot métallique de chrome, de cuivre et d'aluminium dans lequel se trouve un corps bien cristallisé, composé de chrome et de silicium et répondant à la formule SiCr^. Ce composé est séparé des métaux par l'action de l'eau régale. On lave à l'eau, puis l'on sèche a l'étuve. » Propriétés. — Le siliciure de chrome, préparé dans les conditions que,je viens d'indiquer, se présente sous la forme d'une poudre cristalline, grise, formée de petits cristaux arborescents. » Sa densité est de 6,02 à -)-i8°; il raye facilement le verre, mais est sans action sur le quartz, tandis que le siliciure SiCr' de M. Moissan raye même le corindon avec la plus grande facilité. » L'acide chlorhydrique en solution aqueuse, l'acide azotique, l'eau régale sont sans action; l'acide fluorhydrique en solution aqueuse l'attaque complètement, même à froid, et la réaction ne larde pas à devenir assez vive. » Le chlore et le brome décomposent ce nouveau siliciure au rouge en produisant une légère incandescence. » Le soufre est sans action à la température du rouge sombre. » Le chlorate de potassium fondu l'attaque avec difficulté au rouge. » La potasse fondue le détruit lentement; le mélange d'azotate et de carbonate al- calins le décompose rapidement. » Analyse. — Le siliciure de chrome SiCr^ a été attaqué par un mélange de car- bonate de potassium (2 parties) et d'azotate de potassium (8 parties). Le tout était repris par l'acide chlorhydrique et, après évaporation, chauffé à l'étuve à 120° pour insolubiliser la silice. Le chrome était dosé sous forme d'oxyde en le précipitant par l'ammoniaque. » Le chrome peut également être dosé en attaquant le siliciure directement par l'acide fluorhydrique; on évapore, on traite le résidu par l'acide sulfurique, on éva- pore à nouveau, et l'on pèse le sesquioxyde de chrome après l'avoir calciné. » J'ai obtenu les chiffres suivants : Théorie I- II. III. pourSiCrJ. Si i5,4o » i5,53 i5,2l Cr 83, 81 84,68 84,98 84,79 (') II. Moissan, Sur une nouvelle méthode de préparation des alliages d'alumi- nium {Comptes rendus, t. CXXII, p. i3o2). ( 835 ) » En résumé, j'ai préparé un nouveau siliciure de chrome bien cristal- lisé de formule SiCr\ Ce composé est très stable et résiste à l'action des acides, à l'exception de l'acide fluorhydrique. » CHIMIE. — Sur une nouvelle méthode de fractionnement des terres ytlriques. Note de M. G. Urbain ('), présentée par M. Friedel. « J'ai étudié, au point de vue de la façon dont ils se comportent au frac- tionnement, un grand nombre de sels yttriques. » Les dérivés dont la cristallisation fractionnée m'a donné les meilleurs résultats sont les éthylsulfates. Ces sels, magnifiquement cristallisés en beaux prismes hexagonaux, ont été décrits par M. Alen et déterminés par M. Topsoë. Ils se préparent très aisément par double décomposition entre les sulfates yttriques et l'éthylsulfate de baryum. « Ils se comportent au fractionnement de la manière suivante : » Les cristaux qui se déposent en premier, à peine colorés, présentent une légère teinte orangée. Ils sont pauvres en terres à bandes d'absorption. Ils ont des poids atomiques plus faibles que les eaux-mères. » Si la dissolution renferme du didyme, le didyme s'y accumule à tel point qu'on ne peut plus l'apercevoir dans les autres portions du fraction- nement, quoique l'éthylsulfate de didyme soit très soluble, en l'absence de terres yttriques. » Des terres du groupe erbique que renferment les premiers cristaux, l'X de Soret apparaît avec un spectre sensiblement plus intense que celui du nouvel erbium. Tableau 1 I. — Terres ytlriques de l'yE scliynile {cristaii.v c le le te). Divisions du Longueurs 1'" cristaux micromètre. d'onde. Éléments. (tètes). ï" cristaux. 32 654 Er (Erbium) Faible. Assez forte. 34 64o X(Holmium) Faible. Assez forte. 54-56 582-572 Di (Didyme) Faible et diffuse. » 67 543 X )) Faible. 69 540 Er » Faible. 72 536 X Faible. Forte. (') Travail fait au laboratoire de M. Friedel. ( 836 ) Divisions du Longueurs !"• cristaux micromètre. d'oncle. Éléments. (têtes). 2" cristaux. 78 523 Er Faible. j Assez forte. Kstorapée à droite 79 520 Di Très faible. Faible. 100 m X Faible. Forte. 108 JMk Dy (Dysprosiura) Très faible. Faible. i25-i3o 453-45o Dy Faible. Très forte. Tableau 11. — Terres yltriqiies des sables monazités {cristaux de tête). Divisions du Longueurs Eaux-mères. micromètre. d'onde. Élément. Dissolution alcoolique. Deuxièmes cristaux. 3i 654 Er Faible. Assez forte. 34 64o X Faible. Assez forte. 54-56 082-572 Di Très faible. Faible. Estompée, 66 546 Er )) Faible. 67 543 X » Faible. 69 540 Er » Faible. 72 536 X Faible. Forte. 78 523 Er Assez forte. Assez forte. 79 520 Di Faible. Faible. 99 484 (X) Douteuse. Forte. ICI 482 Di )) Faible. 108 474 Dy Douteuse. Faible. 124-129 453-450 Dy Faible. Forte. » Ce Tableau montre que le fractionnement des éthylsulfates yttriques des sables monazités se comporte comme celui de l'iescliynite. Il montre en outre que le fractionnement dans l'alcool se comporte vis-à-vis du didyme comme le fractioimement dans l'eau, mais que l'inverse se passe pour les terres yttriques à bandes d'absorption qui s'accumulent dans les tètes du fractionnement alcoolique. » L'étude sjjectrale de ces portions a été complétée par la détermination des poids atomiques. » Je retrouve par cette méthode les résultats que nous avons obtenus, M. Budischowsky (') et moi, par le fractionnement des acétyiacétonates, et que MM. Schûtzenberger (^) et O. Boudouard ont obtentis par la fusion des nitrates et le fractionnement des sulfates. (') G. Urbain et Budischowsky, Comptes rendus, 1897. (') ScHUTZENBERGEB et BouDOUARD, Comptes rendus, 1897. ( 837 ) » La teinte orange de cet oxyde paraît y déceler la présence du lerbium. » En outre, le spectre d'absorption de cette linite, quoique très faible, y accuse la présence d'au moins quatre substances à poids atomique élevé. « Je supposerai donc, jusqu'à preuve du contraire, que cette substance est de l'yttrium impur. » Les cristaux qui se déposent ensuite dans le fractionnement des éthyl- sulfates devi'Minent de plus en plus roses. Le spectre de l'X de Soret y diminue graduellement. Le spectre du dysprosium paraît plus persistant. On obtient ensuite des cristaux dont la dissolution ne présente plus que le spectre du nouvel erbium très intense, et dans lequel les bandes du thu- lium semblent apparaître. » Le spectre des cristaux qui se déposent en dernier s'affaiblit graduel- lement, et finalement on obtient une eau-mère qui ne cristallise plus sen- siblement et qui ne présente plus de bandes d'absorption. » Cette terre a un poids atomique élevé et son oxyde est rigoureuse- ment blanc. Tableau 111. - - Spectre des derniers cristaux. {Aischynile.) Divisions du Longueurs niicromèlre. d'onde. Éléments. 24 684 Tm 1 (Thuliuni) Faible. 3i 654 Er Faible. 69 540 Er Très faible. 78 323 Ilr Forte. 99 485 (X) Forte. Il3-I20 469-453 Tm? Faible. J28 45i Er Faible. Tableau IV . — Fractions intermédiaires. {. ."Eschynitc.) DiTisions l.ongucuri du micromètre. d'onde, Élémeiils. •■ 11. m. IV. 24 684 Tm Faible . Nette. » ' „ „ 27,5 675 Er Faible que , plus forte 6S4. Très faible. Extrèm. faible. » 3i 654 Er Forte. Forte. Assez forte. ."Vsscz forte. 34 64o X Faible 684. , comme Faible. Assez forte. Assez forte. 66 546 Er Très faible. Extrèm. faible . Douteuse. )> 69 540 Er Assez forte. Assez forte. Faible. Assez faible. ^2 536 X Ass. forte, nette, Assez forte; plus Assez forte ; plus Forte. . Esloir plus faible que forte que 54o. forte que 64o. à droite. 540. 523 Er Très forte. Es- Très forte. Es- Très forte. Es- Forte. Estompée tompéejusqu'à tumpécjusqu'à tonipécà gauc. à gauche, la division So. la division 80. ( 838 ) UiTîsions Longueurs du micromètre. (l'onde. Éléments. I. 11. llf. IV 97 489 Er Faible; large. Es- tompée àgauc. Faib. ; largo. Es- tomp. à droite et à gauche. Tr. faible: large ; estompée. Extrém. faible. 99 ii85 (^) Korte, nette ; pi. forte que G.ï'|. Forte. Estompée à droite. Très forte. Estom- pée. Forle, nébuleuse io8 ^74 Dy Très faible. Très faible. Très faible. Très faible. 117 46. Tra? Douteuse. » ,, » .29 45. Dy Eorte, nette. Es- tompée à gauc. Très forte. Es- tompée à gauc. Estompée. La plus forte du spectre. Très forte. '36 444 (Di) Faible; pi. forte Faible; pi. faible Douteuse. que 489. que 489. )) En résumé, on peut déduire des mesures précédentes que les terres yttriques se séparent, dans le fractionnement des élhylsulfates, de la façon suivante : ytlrium, terbium, holniium et dysprosium, erbium, ytterbium. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur deux modes de décomposition de quelques e't/iers suif ocy uniques. Note de M. OEschner de Coxinck. « J'ai étudié l'action des hypochlorites à excès d'alcali sur quatre éthers sulfocyaniques : les sulfocyanates de méthyle, d'éthyle, d'amyle et de méthylène. » 1° Sulfocyanate de mvlhyle. — Cet élher, très pur, est mis, en cloche courbe, au contact d'une solution d'hypochlorite de calcium, préparée en épuisant i iS'- de chlorure de chaux frais par 95s'' d'eau distillée ('). A froid, la réaction est faible; mais il suffit de chauffer l'appareil avec une lampe à alcool, à une température voisine du point d'ébullition de l'éther, pour que la décomposition s'accentue. Il se dégage de l'azote, il se fait de l'acide méthjlsulfureux et de l'acide carbonique : CAzSCH^ GAzSCIP + H'O + 9O = 2Az ^- 2(S03HCH3)H- 2 CO^ » En faisant agir l'hypochlorite de sodium à excès de soude (-) sur le sulfocyanate de inélhjle, l'action à froid est peu sensible; mais, si l'on introduit l'éther dans un appareil semblable à celui qui permet de doser les gaz de l'eau, avec un grand excès du réactif, et si l'on chauffe vivement, on recueille une quantité notable d'azote; il y production d'acide méthylsulfureux et d'une j^etile quantité d'acide sulfurique. 1) 2° Sulfocyanate d'éthyle. — En cloche courbe et à froid, cet élher pur n'est pas (') Les proportions respectives étaient, en volume, 2''^ de l'éther pour 42" du réactif; il en a été de même pour les autres expériences en cloche courbe. (*) Pour la préparation de cette solution, voyez mes Notes à l'Académie, de décembre 1890 et janvier 1896. ( 839 ) décomposé par une solution d'hypochlorite de calcium (préparée comme il vient d'être dit). A chaud, il y a légère décomposition, avec mise en liberté correspondante d'azote; une partie du soufre fournit de l'acide éthylsulfureux ; une autre, plus petite, est changée en acide sulfurique. L'hypochlorite de sodium à excès de soude ne réagit pas à froid sur le sulfocyanate d'éthyle; à chaud, il réagit pour donner, non de l'azote, mais de l'éthylsulfile et du cyanure de sodium ( '). CAzSc'h' ^ 2(N«'*^) H- 40 = 2(S0'NaC-^H=) + 2(CÂzNa). » L'action oxydante de l'hypochlorite de sodium étant épuisée, le réactif agit à la longue comme réactif alcalin, et le sulfocyanate se décompose suivant l'équation de Bruning : a(CAzSG*H5) + Na^O = iCni'yS^ -+■ CAzNa + GAzONa. B D'ailleurs, dans toutes les réactions de cet ordre, les proportions respectives des éthers sulfocyaniques et des réactifs, la richesse de ceux-ci en hypochlorites ou en alcalis libres, la concentration des solutions, les températures employées, constituent autant de facteurs, dont l'influence se fait sentir par l'apparition de la réaction qui dégage de l'azote et qui oxyde le soufre, ou de celle qui produit le sulfure orga- nique, un cyanure et un cyanate. Plus d'une fois, les deux réactions ont pris naissance simultanément, ou dans deux phases à peine distinctes. » 3» Sulfocyanate d'amyle. — Les hypochlorites de calcium et de sodium al- calins n'agissent que lentement sur cet éther. Il se fait peu à peu de l'amylsulfite et du cyanure de sodium, et il y a production d'une très faible proportion d'acide sulfurique. » 4° Sulfocyanate de méthylène. — Une solution concentrée d'hypochlorite de calcium alcalin attaque vivement, à chaud, cet éther, avec dégagement d'azote et for- mation d'acides méthyléne-disulfureux et carbonique : CH^/^t^f + H^O -^ 9O = 2C0^ + 2 Az + GH^SO^ H)'. )) Ge résultat est confirmé par celui qu'a obtenu Lermontoffen oxydant le même éther, au moyen de l'acide nitrique. Ce chimiste a isolé aussi de l'acide méthyléne- disulfureux. » Les hypochlorites de calcium et de sodium alcalins peuvent, dans d'autres conditions, donner de l'acide méthyléne-disulfureux et un cyanure, dans le sens suivant : CH^/S'î"^c+2H^O-h40 = CHHSO»H)'-h2(GAz:H). \GAzS 1) Il ne se forme que des traces de cyanate, et qu'une très petite quantité d'acide sulfurique. » Isosuif ocy anale d'allrle^i.ii'^sence de moutarde) CSAz.C'H*. — J'ai traité, par (') Il y a, là aussi, genèse d'un peu d'acide sulfurique, C. R., 1898, 1" Semestre. (T. CXXVI, N° 11.) I08 ( 84o ) une solution concentrée d'hypochlorite de calcium alcalin, un certain poids de cet éther à froid, il n'y a aucune action. Il faut chauffer fortement pour qu'il y ait dégagement d'azote. Il y a, en même temps, formation d'acide sulfurique. Je me propose d'étudier d'autres isosulfocyanates. moins riches en carbone, qui seront sans doute moins stables. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur quelques éthers oxydes du ^-naphtol. Note de M. F. Bodroux ( ' ), présentée par M. E. Grimaux. « J'ai préparé quelques élhers oxydes du p-naphlol par l'action d'un iodure ou d'un bromure gras sur le naphtol [i dissous dans la potasse alcoolique. » Pour cela, je chauffe le mélange au bain-raarie pendant une heure. Aussitôt que le liquide bout, la réaction se produit, la couleur de la solution passant du vert au jaune en même temps que, sur les parois du ballon, se forme un dépôt blanc cristallin de bromure ou d'iodure de potassium. Après refroidissement, je décante et je distille au bain d'huile, de façon à chasser l'alcool. Ce qui reste alors est traité par l'eau et par un excès de potasse. L'éther phénolique se précipite, vient surnager à la surface du liquide et, quelquefois, se solidifie au contact de l'air. On peut alors le séparer facilement. » Éthyl-^-naplilol : C'fr — O.C-H°. — • Ce corps est déjà connu depuis long- temps (-). Il cristallise facilement dans l'alcool sous la forme de lames nacrées, dune odeur agréable, qui fondent entre 36° et 36°, 5. » Propyl-^-naphtol : C'H''— O — CH*— CH'— CH'. — J'ai employé : Alcool 1 5o Iodure de propyle 4o Potasse 1 8 Naphtol p 36 Résultat de l'opération : 25?"^ de produit brut. » L'éther oxyde cristallise facilement dans l'alcool sous forme d'aiguilles prisma- tiques incolores, d'une odeur pénétrante et peu agréable, fusibles entre 39°, 5 et 4o°- » L'analyse conduit à la formule C'"!!'' — O — C^H''. » En solution alcoolique, ce corps donne, avec l'acide picrique, un composé cris- tallisant par évaporation partielle de la solution sous forme de grandes aiguilles jaune orangé fusibles à 75°. (') Laboratoire de Chimie de l'Université de Poitiers. (^) Onndorff et KoRTRiGHT, Ameiicaii Chemical Journal, t. XIII, p. 162. ( 84r ) » Isopropyl-'^-naphtol : C'H' — O — CH(^^, _ Proportions employées : Alcool i5o lodure d'isopropyle ^o Potasse 1 S Naphtol p 36 » L'opération a donné environ aSs"' de produit liquide. Celui-ci a été solidifié au moyen d'un mélange réfrigérant et séché entre dès feuilles de papier buvard. Après une cristallisation nouvelle dans l'alcool, il s'est présenté sous forme de longues aiguilles incolores, d'une odeur faible, peu agréable, fusibles à ^i"- » L'analyse conduit à la formule C'^H"— G — G^H'. » Le composé picrique se présente sous la forme de longues aiguilles orangées, fusibles à 92°. » hobutyl-'^-naphtol : G-'H"- O - CH^-Ch/^JJ'. - Proportions employées :_ Alcool i5o Bromure d'isobutyle 55 Naphtol p 56 Potasse 28 » L'opération a donné 20S"' d'un produit solide qui, après cristallisation dans l'alcool, se présente sous forme de lamelles nacrées d'odeur excessivement faible, fondant à 33°. » L'analyse conduit à la formule G'"!!'— O — C'H'. » Son composé picrique se présente sous forme de grandes aiguilles jaunes fondant entre 80° et 80°,. 5. » hoamyWi-naphtol : C'»H'- O - GH-- GH^- CH(^^|j3. - Proportions em- ployées : Alcool i5o Potasse 20 lodure d'isoamyle 5o Naphtol S 36 L'opération a donné Si»'' d'un corps liquide coloré en rouge brun par des matières étrangères. » Ge corps a été rectifié plusieurs fois. Finalement il passait entre Sio" et Siô". G'était un liquide incolore à la température ordinaire. Pour le solidifier, je l'ai dissous dans l'alcool, puis refroidi par un mélange de neige carbonique et d'éther. L'isoamyl- P-naphtol s'est précipité sous forme de lamelles blanches qui, purifiées par expression, fondaient facilement à 26°, 5. » L'analvse conduit à la formule G'" H'' — O — G' H". ( 842 ) » Avec l'acide picrique, ce corps (') donne un dérivé cristallisé en longues aiguilles jaunes, fusibles à go^jS-gi". » CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Sur le produit d'oxydation de la glycérine par la bactérie du sorhose. Note de M. Gabriel Bertrand ("), présentée par M. Duclaux. « M. Grimaux(') a montré qu'en abandonnant un mélange de glycé- rine et de noir de platine au contact de l'air il se produisait un corps siru- peux, présentant les principaux caractères du glucose : notamment, ce corps réduisait la liqueur de Fehling et subissait la fermentation alcoolique sous l'influence de la levure. )) Quelque temps après, MM. Fischer et Tafel arrivèrent au même résul- tat en faisant réagir la vapeur de brome sur le glycérinate de plomb. Ils donnèrent au corps ainsi obtenu le nom de glycérose, mais reconnurent bientôt que c'était un mélange, formé vraisemblablement d'aldéhyde gly- cérique et de dioxyacétone (*). 1) C'est ce dernier corps, dont la place est si importante dans l'histoire des sucres, que M. Pilotv vient d'obtenir tout récemment à l'état de pureté parfaite, grâce à une série de transformations chimiques, d'ailleurs fort compliquées (^). C'est également lui qui prend naissance, comme je vais l'établir, dans l'action de la bactérie du sorbose sur la glycérine. » Quand on cultive ce microbe sur un liquide nutritif contenant de la glycérine, on constate que le liquide acquiert rapidement la propriété de réduire à froid la liqueur de Feliliug. » Pour déterminer plus facilement la nature du corps réducteur qui ap- paraît dans ces circonstances, sans être gêné par un trop grand excès de substances étrangères, j'ai ensemencé la bactérie du sorbose sur une dé- coction de levure ne contenant pas plus de ~ pour loo d'extrait et addi- (') M. Costa a signalé l'éther isoamyliquedu p-naphtol comme un liquide bouillant entre 828° et 026° {Gazzetta chimica ilaliana, t. XIX, p. 496). (-) Travail du laboratoire de Chimie du Muséum. (^) Bull. Soc. cliim., 2^ série, t. XLV, p. 481; 1886, et Comptes rendus, t. CIV, p. 1276; 1887. (*) Berichte der chem. Ges., t. XX, p. 2634; i {') Id., t. XXX, p. 3i6i; 1898. '/• ( 843 ) tionnée de 2 à 5 centièmes de glycérine. La culture très prospère se faisait à + 3o°, en matras stérilisés, sous une épaisseur de liquide de S""" environ. » Après une vin£;taine de jours, le pouvoir réducteur du bouillon cor- respondait à 60S'' de glucose par litre, soit, à cause de l'évaporation, à la moitié du poids de la glycérine mise en expérience. )) J'ai d'abord soumis ce bouillon réducteur à l'action de la phénylhy- drazine. 1) Pour cela, 125""= ont été, après fiUration, additionnés de iSs'' de phénylhydrazine pure et de i5e'' d'acide acétique à 5o pour 100. Le mélange, abandonné à lui-même à la température ambiante, a laissé déposer peu à peu un précipité cristallin qui, re- cueilli après quatre jours et desséché, pesait i4»''- Dissous à chaud dans le benzène, il a donné, par refroidissement, de belles lamelles cristallines jaunes, brillantes, ayant le point de fusion (142° au bloc Maquenne) et les autres propriétés de la glycérosa- zone (' ). » Son analyse élémentaire a fourni les résultais suivants : Calculé pour Trouvé. C'5H'«Az'0. C 66,95 pour 100 67 , 16 pour 100 H 6,01 » 5,97 » O 6,1 5 » 6,o5 » Az 20,89 " 20,82 » « Cette expérience prouve que le corps réducteur contenu dans le bouillon de culture est de l'aldéhyde glycérique CH" OH. CH OH. C OH ou de la dioxyacétone CH-OH-CO-CH-OH (ou bien encore un mélange des deux) ; mais elle ne permet pas de décider entre les deux substances, toutes deux engendrant la même osazone. Pour résoudre la question, j'ai dû recourir à l'emploi de l'hydroxylamine. » Un demi-litre de bouillon a été réduit à 5o™ par distillation, dans le vide, à la plus basse température possible. On a repris le résidu par 3^°' d'alcool absolu et 6"°' d'éther et, après repos et décantation, la liqueur limpide a été additionnée d'un léger excès d'hydroxvlamine en solution alcoolique, suivant la méthode indiquée par Piloty. Le produit de la réaction, desséché dans le vide, a été broyé à plusieurs reprises avec de l'acide acétique, pour dissoudre l'oxime, et la solution évaporée vers 3o°. Il est resté une masse cristalline qu'on a essorée, lavée avec de l'éther acétique, puis recris- (') Obtenue à partir de la glvcérine oxydée par le brome en présence de carbonate de sodium. ( 844 ) tallisée dans un peu d'alcool absolu. Le corps ainsi préparé, fondant à 83°-84°, était identique à roxime obtenue par Piloty à l'aide de la dioxyacétone de synthèse ('). Calculé Trouvé. (CH-OHpC.AzOH. Azote i3,43 i3,33 M Ainsi, la bactérie du sorbose a£;it sur la glycérine comme sur la sor- bite et la mannite. Conformément à la règle générale que j'ai énoncée dans une Note antérieure (^), elle lui enlève deux atomes d'hydrogène et la transforme en un véritable sucre cétonique en C% la dioxyacétone. » HYGIÈNE . — Sur la stérilisation des liquides par Jiltration . Note de M. J. Hausser, présentée par M. Friedel. « On a fait de nombreuses tentatives pour obtenir, par fdtration, la sté- rilisation des liquides. Les fdtres Chamberland et surtout ceux de Garros peuvent stériliser complètement en porcelaine d'amiante; mais les rende- ments en sont minimes et le nettoyage difficile. Dans ces filtres, ce sont des terres agglomérées par fusion partielle qui constituent la paroi stérili- sante. Cette fusion partielle, en unissant trop intimement les particules, diminue considérablement la porosité de la matière au bénéfice de la soli- dité de la paroi, d'où le faible débit de ces appareils. » J'ai songé à utiliser des terres cuites au-dessous de leur température de fusion. L'expérience m'a montré qu'un grand nombre de matières minérales, calcinées au-dessous de leur point de fusion et réduites en poudres fines, peuvent, par agglomération mécanique, former d'excel- lentes parois filtrantes et stérilisantes. Mais, de toutes celles que j'ai étu- diées, la terre d'infusoires, connue aussi sous les noms à) Berichte d. ch. Ges., t. XXX, p. i656; 1897. (2) Comptes rendus, t. GXXVI, p. 762; 1898. ( 845 ) certains liquides spéciaux, que l'expérience seule peut indiquer. La poudre, obtenue par simple calcination et pulvérisation subséquente, peut servir directement pour stériliser la plupart des liquides, notamment l'eau et la bière. Pour le vin, il est néces- saire, en raison de l'acidité de ce liquide, d'en compléter la purification par un lavage avec un acide minéral ou organique. La matière obtenue à la suite de ces traitements successifs est insoluble dans la plupart des liquides et ne leur communique aucun goiit. » Pour l'employer, on la délaie dans le liquide à filtrer et Ton verse cette dilution sur un filtre-support quelconque. Le liquide s'écoule, et la poudre, en raison de sa grande légèreté, se dépose, par entraînement, en une couche parfaitement régulière. Cette couche constitue une paroi filtrante très compacte et à pores d'une extrême finesse. Elle est capable de retenir les moindres particules et les plus petits micro-or- ganismes en suspension. Comme il n'y a pas eu de fusion, il ne saurait y avoir ici, de ce fait, aucune perte de débit. Ces parois filtrantes, toutes choses égales d'ailleurs, débitent en effet couramment de quinze à vingt fois plus que les filtres Cliamberland, par exemple. L'absence de rigidité de ces parois n'est, du reste, qu'un avantage de plus en leur faveur, car elle en permet très facilement le renouvellement et le nettoyage. Quand le pouvoir filtrant d'une pareille paroi est épuisé, il suffit, en efl'et, de l'en- traîner par un courant d'eau et de la remplacer par de la nouvelle masse. Quant à la poudre encrassée, on lui rend ses propriétés primitives en la lavant avec, un acide très étendu, la séchant et la calcinant à nouveau. » 11 va sans dire que les premières portions de liquide filtré, n'étant pas stériles, doivent être repassées sur le filtre. D'autre part il est important, si l'on tient à la sté- rilisation continue, de ne pas interrompre la filtration sans motif. » Une épaisseur de ^^ à ^ de millimètre est, sur un support rigide, suffisante pour stériliser. •) Un fait remarquable, c'est le pouvoir absorbant que la calcination sans fusion donne à la matière. Non seulement elle est devenue capable d'absorber les gaz, mais aussi de retenir jusqu'à certaines matières orga- niques en dissolution. Voici quelques faits démonstratifs à cet égard. 1) Dans loo" d'eau on a trouvé, en matière oxydable par le permanga- nate, les proportions ci-après : Seine. Bièvie. ce ce Avant filtration 4;8 36, o / Couche filtrante de o™", 4 d'épaisseur. . 4)3 29,2 Après filtration. , » o'"",8 » .. 3,65 23,2 [ » 1""",2 » .. 3,70 22,0 » Tous les liquides filtrés de ces exemples étaient stériles. Il est donc probable que la matière organique entraînée était en dissolution. Or le ( 846 ) Tableau montre qu'elle diminue considérablement avec l'augmentation de l'épaisseur de la couche filtrante (')•>' PHYSIOLOGIE PATHOLOGiQ€E. — Des différenls modes d'élimination de la chaux chez les rachitiques et des diverses périodes du rachitisme. Noie de M. J. Babead, présentée par M. Armand Gautier. (Extrait.) « Depuis deux années nous nous appliquons à l'examen du mode d'éli- mination de la chaux dans le rachitisme. Nous avons systématiquement étudié l'urine et les fèces de tous les rachitiques présentés à la consultation externe ou hospitalisés à la clinique infantile de l'Hôpital général de Mont- pellier. I.e mouvement annuel des malades est de 35oo à 4ooo malades. » La dissemblance des résultats obtenus a d'abord attiré notre atten- tion. Chez certains rachitiques, aucune excrétion (urines, fèces) ne tra- duisait de déperdition anormale de chaux. Chez d'autres, l'urine conte- nait une quantité de chaux égale à celle qui existe dans les urines d'un enfant sain de même âge et vivant dans des conditions identiques; mais les fèces révélaient une quantité de chaux supérieure à la normale. Enfin, dans d'autres cas, les urines étaient très riches en chaux, les fèces nor- males. » Nous citerons ici seulement trois cas types, pris chez des enfants ra- chitiques, comparés à des enfants normaux de même âge : 1*'' Cas. — Augment de chaux ur inaire; fèces normales. Enfants rachitiques. normaux. Urines ( Chaux. 0,288 0,062 (par litre), j Magnésie. .. . 0,270 0,112 Fèces. Chaux 8,60 pour 100 de cendres 9,0 pour 100 de cendres (') Dans une Note ultérieure, je me propose de donner des renseignements plus étendus sur les applications de celte masse filtrante. J'indiquerai, notamment, les résultats très encourageants que nous avons obtenus, M. Lozé et moi, par l'emploi d'un support imaginé par lui en vue même de l'utilisation de la masse. ( 847 ) 1' Cas. — Augmenl de chaux dans les fèces; urines normales. Enfanls rachitiques. nrirniaiix. Urines (Chaux 0,090 0,070 (par litre). / Magnésie. .. . 0,112 0,090 Fèces. Chaux 35 pour 100 de cendres 9,5 pour 100 de cendres 3" Cas. — Rachitiques plus âgés retenus à l'étal normal. gr rr Urines (Chaux o,33o 0,119 (par litre). ( Magnésie. .. . 0,116 0,112 Fèces. Chaux 16 pour 100 de cendres i5 pour 100 Je cendres » La comparaison de.s résultats numériques, obtenus par des analyses nombreuses, que nous publierons dans un autre Recueil, nous conduit à formuler les conclusions suivantes : » I. Les déformations rachitiques peuvent, dans la majorité des cas, être rapportées à deux modes d'élimination différents de la chaux : » 1" Elimination de la chaux en excès par les urines, coriespondant à une désassimilation de la chaux qui entre dans la constitution de la charpente osseuse ; 1) 2° Élimination de la chaux en excès par les fèces, correspondant à un défaut d'absorption de la chaux, la quantité de chaux éliminée par les urines pouvant, dans ces cas, être normale ou inférieure à la normale. » Ces données permettent d'expliquer les résultats, en apparence con- tradictoires, qui ont été publiés jusqu'ici, relativement à la quantité de chaux des urines rachitiques. » IL On peut, dans le rachitisme, distinguer trois pér-iodes : » Une période rachitissante, au cours de laquelle l'enfant élimine de la chaux en excès, soit par ses urines (rachitisme par désassimilation), soit par ses fèces (rachitisme par défaut d'absorption). » Cette déperdition en chaux aboutit au stade des déformations et des fractiu'es spontanées des os : c'est la période de rachitisme consliliiè ou de rachitisme proprement dit (^seconde période). )) A une troisième période, ni les fèces ni les urines ne traduisent de dé- perdition anormale de chaux ; les délormalious seules restent, coiTime G. R., 189S, i" Semestre. (T. CXXVI. !-> 11.) I09 ( 848 ) indices d'une période rachitique antérieure, chez le sujet dont la nutrition est redevenue normale. « III. Certaines déformations rachitiques reconnaissent, sans doute, un processus palhogénique particulier : celui qui aboutit aux nouures et aux malformations par augmentation de volume de l'os. Nous en recherchons actuellement la nature et la cause (' ). » ZOOLOGIE. — Embryogénie rie la lane double des Diplosomidés (Ascidies composées'). Note de M. Antoine Pizojî, présentée par M. Edmond Perrier. « J'avais commencé depuis longtemps l'étude de l'embryogénie de la larve double des Diplosomidés, afin d'établir si elle provient d'un embryon double issu de l'œuf ou si elle est le résultat du bourgeonnement précoce d'un embryon ordinaire. » Je résume ici mes observations sur cette question, à laquelle Salensky a consacré assez récemment un Mémoire très important (^). Mes résultats confirment ceux du naturaliste russe en ce qui concerne le développement de l'appareil branchio-intestinal. J'établis de plus le rôle des tubes épicar- diques et l'origine des jeunes bourgeons, qui apparaissent déjà avant l'éclo- sion sur chacun des deux individus de la larve double. » I. La segmentation de l'œuf aboutit à la formation d'une cavité entérique qui prend rapidement la forme d'un U couché sur le vitelhis et dont le milieu de l'anse est situé juste au-dessous de la vésicule nerveuse en voie de développement. » a. La branche latérale de gauche de cette cavité primitive formera l'intestin ter- minal de chacun des deux individus, elle s'isole peu à peu en même temps qu'elle s'étrangle progressivement en deux tronçons dont le plus inférieur, celui qui est situé à l'extrémité libre de la branche, deviendra l'intestin terminal de l'individu ventral, et l'autre formera l'intestin terminal de l'individu dorsal, appelé encore Voozoïde lequel porte la vésicule sensorielle, les papilles adhésives et la chorde. » p. La branche latérale droite subit une évolution beaucoup plus complexe; elle se transforme en deux sacs à peu près parallèles : l'un qui est le sac branchial primitif , l'autre le sac stomacal primitif. Le premier de ces deux sacs s'étrangle progressive- ment dans la suite pour produire le sac branchial de l'individu dorsal et celui de l'individu ventral, qui restent longtemps reliés l'un à l'autre par un canal étroit. (') Laboratoire de l'Hôpital général de Montpellier. i^) Sale.xskt, Mittlieilungen zool. Stat. Neapel, t. XI; 1894. ( 849 ) Le sac stomacal p/'imitif s^élrançi^le de son côté en deux autres qui deviennent res- pectivement, l'estomac de l'individu dorsal et celui de l'individu ventral. » Chaque individu se constitue par la soudure ultérieure de ses trois tronçons pri- mitifs, branchie, estomac et intestin terminal. Les deux, estomacs restent longtemps reliés l'un à l'autre par un canal étroit qui n'est même pas complètement disparu au moment de l'éclosion. )) Ces résultats confirment ceux de Salensky sur la formation de la ca- vité branchio-intestinale. » Il me reste à signaler, à propos de cette cavité, un diverticule qu'elle envoie dans la profondeur du vitellus jusqu'à l'origine de la chorde dorsale, sous laquelle il se ter- mine. Ce diverticule ne disparaît que très tard et forme encore un petit cordon cellu- laire étroit chez la larve prête à éclore. Son apparition est bien plus précoce que Salenkj' ne l'a dit, et il ne représente pas un diverticule secondaire du sac stomacal pri- mitif, mais bien une portion de la cavité enlérique primordiale ; il possède, par suite, une grande importance phylogénétique, et je le considère comme un reste du tube digestif de la forme ascidienne primitive, chez laquelle ce tube aurait eu une forme allongée, parallèle à la chorde, que la fixation a, dans la suite, profondément modifiée. » n. Chaque sac branchial envoie deux tubes épicardiques qui s'étendent le long de l'estomac et se comportent comme chez les Ascidiozoïdes des colonies plus âgées, pour engendrer le péricarde et le cœur; leurs deux extrémités libres se soudent et forment une sorte d'U dont la portion médiane s'isole pour donner le sac péricar- dique, lequel s'invagine pour engendrer à son tour la cavité cardiaque. » Les stades où ces processus sont visibles ont échappé à Salenskj^, d'après lequel le cœur se constituerait aux dépens d'un amas de cellules mésenchymateuses et ne présenterait jamais de relations avec les tubes épicardiques. )) III. Tandis que chez certaines Ascidies composées, telles que les Botryllidés et les Pyrosonies, l'oozoïde n'a qu'une existence éphémère ou n'arrive même pas à se constituer complètement par suite d'une extrême accélération dans le développement des bourgeons ; l'oozoïde des Diplosomidés ne fait que perdre certains organes lar- vaires (organes sensoriels et chorde) et persiste, avec l'individu qui l'accompagne, pour prendre part à la formation de la nouvelle colonie; je m'en suis assuré sur des larves que j'ai réussi à faire vivre une dizaine de jours fixées sur des lames de verre. » De plus, les rudiments d'un nouvel Ascidiozoïde s'ébauchent sur chacun des indi- vidus de la larve double bien longtemps avant l'éclosion, et par les processus ordi- naires du bourgeonnement que nous ont fait connaître Ganin, Délia Valle, Jourdain et Caullery. Ces rudiments consistent, au moment où les premières fentes branchiales apparaissent chez les Ascidiozoïdes larvaires, en deux parties, savoir : » 1° Un diverticule pyriforme, à parois épaisses, qui s'est détaché des tubes épicar- diques, soudés préalablement l'un à l'autre par leurs extrémités, et qui, au moment que nous considérons, est encore adjacent à la fente du cœur, issu de ces mêmes tubes épicardiques. » Il donnera la branchie et l'œsophage. » 2° Un autre diverticule voisin du précédent et renflé comme lui est envoyé par ( 85o ) l'œsophage du parent avec lequel il est encore en communication; il représente l'ébauche du bourgeon abdominal (estomac, intestin et glande intestinale) ('). La troisième partie du jeune Ascidiozoïde, c'est-à-dire l'ébauche du rectum, ne parait pas encore à ce moment. » Ces résultats, qui montrent que les deux individus larvaires bourgeonnent par les mêmes processus que ceux d'une colonie plus âgée, ne me permettent pas d'ac- cepter sur ce point ceux de Salensky, qui prétend que chaque nouvel Ascidiozoïde consiste seulement en un diverticule œsophagien s'élargissant en deux grands sacs aveugles et inégaux, qui représentent les rudiments de tout le nouvel appareil branchio-intestinal. » Les faiLs qui précèdent ont une grande importance pour déterminer la signification de cette singulière larve des Diplosomidés. On ne peut le faire sans tenir compte de ce que les deux individus sont également déve- loppés au moment de l'éclosion, qu'ils persistent fous les deux pour former la nouvelle colonie et qu'ils bourgeonnent tous les deux, par des processus identiques, tandis que ces deux premiers individus paraissent résulter plutôt d'une bipartition de la cavité entérique primitive. A ces éléments de discussion, il faut ajouter aussi l'origine du système nerveux de l'individu ventral, qui, d'après Salensky, serait un prolongement de celui de l'oozoïde. )) Je continue mes recherches pour étudier ce dernier point, qui est indispensable pour l'interprétation précise de la larve double. » ZOOLOGIE. — Sur le clivage de la cuticule, en tant que processus temporaire ou permanent . Note du P. Pautel, présentée par M. Edmond Perrier. « La cuticule des Arthropodes est toujours décomposable en une zone externe, constituée de strates anciennes, où l'activité physiologique décroît successivement de dedans en dehors, et une zone interne jeune, pleine- ment active, zone de transition dont les caractères passent d'un côté à ceux des formations chitineuses et de l'autre à ceux du j)roloplasme. La ])re- mière ne paraît ])oint susceptible d'un changement quelconque de direction dans l'activité dont elle est encore le siège. Par contre, la zone interne peut, à un moment donné, manifester une activité néoformatrice plus ou moins caractérisée et produire des accidents ou annexes tout différents de (') Ce sont ces ébauches que j'ai signalées dans une Communication déjà ancienne {Comptes rendus, janvier 1891) chez l'individu ventral de la larve, mais j'avais négligé d'étudier l'oozoïde lui-méniu à ce jJoint de vue. ( 85i ) ceux qui ornaient la vieille cuticule. Alors éclate entre les deux zones une rupture que nous étudions sommairement dans cette Note sous le nom de clivage de la cuticule. » I. L'existence de ce clivage, en tant que processus temporaire, pério- diquement généralisé sur le tégument tout entier aussi bien que sur le système trachéen, est mise hors de doute par le phénomène bien connu de la mue ou ecdyse. Comment se produit-il? » D'après nos observations sur la larve de Thrixion nous croyons pou- voir y distinguer deux périodes : l'une lente, préparatoire, durant laquelle il se développe, par un procédé difficile à préciser, au-dessous de la cuticule ancienne, une couche d'épaisseur uniforme, hyaline, semi-liquide, mais adhérente toutefois et probablement non dépourvue de toute struc- ture; l'autre rapide, n'intervenant qu'au moment même de la mue, pour le décollement de la dépouille. Ce qu'on peut dire, en général, de la période préparatoire, c'est qu'à un moment donné, lorsque doit s'organiser la cuticule de remplacement, le siège du travail cuticulogène se transporte plus profondément; la nouvelle couche cuticulaire ne se formant pas immé- diatement au-dessous des anciennes mais à une certaine distance, tandis que la couche protoplasmatique interposée aux deux feuillets ainsi séparés de- vient brillante, molle et homogène, comme si les trabécules du réticulum s'y résorbaient progressivement. Cette couche constitue une sorte de magma de remplissage dans lequel la cuticule nouvelle peut librement développer des tubercules ou des piquants, la cuticule ancienne étant sim- plement jetée à la manière d'un pont sur les parties saillantes. )> A l'égard de la période rapide, nous possédons des données plus caté- goriques, ayant pu la suivre en entier sur la larve au deuxième stade. u Rappelons d'abord qu'aux époques très voisines de la mue les cellules hypodermiques sont turgescentes, hautes, mais peu étalées parallèlement à la surface générale du corps, par suite de la faible extensibilité de la vieille cuticule. Les préliminaires de la mue elle-même consistent dans la production de vacuoles qui se montrent subitement çà et là dans la couche hyaline, grandissent presque à vue d'oeil, à mesure qu'elles reçoivent de l'hypoderme, à travers la cuticule jeime et encore perméable, l'excès de liquide enchylémateux dont il était gorgé, et s'étalent bientôt sous la forme d'une fissure tangentielle qui se propage jusqu'à la rencontre des fissures voisines. Le décollement se généralise avec rapidité partout où le système cuticulaire ne repose que sur les cellules hypodermiques. Au niveau des in- sertions umscuUures, l'adhérence est ['.lus grande, mais ces points d'attache ( 852 ) finissent par céder au même mécanisme et la larve n'a plus, pour se libérer, qu'à faire éclater sa dépouille. Le décollement de la vieille cuticule, pré- paré lentement, à la fin de chaque stade larvaire, par la formation d'une couche molle intercuticulaire, est donc réalisé hydrauliquement par la pression d'un liquide particulier, sécrété en temps opportun par les cellules hypodermiques. » Cette conclusion diffère de celle que Verson et Bisson(') ont adop- tée dans leurs études sur le Ver à soie. Ces observateurs attribuent comme nous le décollement à l'infdtratiou d'un liquide sécrété, mais la sécrétion est reportée par eux sur des cellules spéciales, localisées métamériquement, qu'ils appellent cellules hypostigmaùqaes. Nous deA'ons faire observer que les cellules dont il s'agit ne sont probablement que les onocyles (-); dès lors elles ne sauraient se trouA'er partout où se montrent la sécrétion et le clivage; elles n'existent pas, entre autres, dans l'organe antenniforme, où nous avons à signaler un clivage très net, ni sur les trachées, où la mue cuticulaire ne comporte pourtant pas un autre méca- nisme que sur le tégument. » II. Ce qui se produit temporairement à fin de chaque stade, pour l'en- semble du revêtement cuticulaire, se produit, durant toute la durée d'un même stade, dans l'armature chitineuse de l'organe antenniforme. » Chez une très jeune larve de Thrixion au deuxième stade, immédiate- ment après la première mue, l'organe antenniforme se montre comme un lobe obtus, coiffé d'une cupule évasée, dont la coupe optique est un rebord hyalin en forme de croissant à cornes très prolongées sur les côtés du lobe et toujours incomparablement plus épais que la cuticule générale. Ce rebord est anhiste, traversé çà et là par des bâtonnets sensoriels qui émergent du massif neuro-hypodermique sous-jacent et viennent se terminer au-dessous de petites élevures externes, très semblables à celles signalées chez d'autres larves de Brachycères. Cependant, plusieurs cir- constances nous renseignent sur la véritable nature de cette formation. » Pour diverses larves de même âge et normales, l'ourlet est tantôt très large, tantôt très étroit, et pour une même larve maintenue quelques heures en observation, sa largeur augmente ou diminue, probablement (') E. Yerson et E. Bisson, Cellule glandulari ipostigmaliche iiel Bombyx Mori, in Publicaz. d. R. Stazzione bacologica di Padova, 1891. (') \ . Graber, Ueber die embryonale Anlage der Blut-und Fettgewehes der In- sekten, in Diol. Centralblatt, 1891. ( 853 ) au gré de l'animal ; d'où il faut conclure qu'il existe là, interposée entre deux feuillets cuticulaires dont elle se distingue à peine optiquement, une couche de liquide tour à tour sécrétée ou réabsorbée par les cellules hy- podermiques et dans laquelle baignent librement les bâtonnets sensoriels destinés à recueillir les ébranlements qu'elle leur transmettra. Cette inter- prétation est confirmée par ce fait que lorsque la petite larve meurt, le plasma jaune du sang filtre à travers les cellules hypodermiques et colore le rebord hyalin, tandis que la cuticTile génér;de reste parfaitement inco- lore. Inutile d'ajouter que ce clivage spécial ne reconnaît pas, au fond, une autre cause que la mue; la seule différence réside en ce qu'il s'agit ici d'un phénomène localisé et persistant, comme il convenait à une disposi- tion sensorielle. » Au cours du deuxième stade, la forme de l'organe se modifie, et durant sa dernière période, le feuillet cuticulaire interne subit un nouveau clivage, en sorte qu'il existe à cette époque trois feuillets cuticulaires dis- tincts, séparés par deux poches à liquide : l'un externe qui sera exuvié, les deux autres internes qui formeront la nouvelle armature de l'organe et resteront jusqu'à la nymphose. Cette armature est fort différente de celle décrite au stade précédent. Le clivage s'étend sur une surface discontinue, limitée extérieurement par un contour ovalaire et intérieurement par deux cercles, correspondant aux extrémités des bulbes sensoriels, qui se touchent entre eux sans toucher ce contour, et tandis que le feuillet externe reste en place, le feuillet interne s'invagine très profondément autour des bulbes et se chitinise pour leur former une gaine protectrice individuelle. Il se constitue par là une structure asse? inattendue et compliquée, difficile à interpréter sans les données fournies par le stade précédent. Aussi pen- sons-nous qu'elle est mal traduite dans les figures qui ont été publiées de l'organe antenniforme des Brachycères. )> BOTANIQUE AGRICOLE. — Essai de cullure du Jvicholoma. nudum. Note de MM. J. CosTA\Tis et L. Matuichot, présentée par M. Gaston Bonnier. « Dans une Communication à la Société de Biologie ('), nous avons déjà fait connaître la germination des spores du Tricholoma nudum, et (') CosTANTiN et Matruchot, Sur la production du mycélium des Champignons supérieurs ( Comptes rendus des séances de la Société de Biologie, 1 1 janvier 1 896 ). ( 854 ) donné très succinctemenl les caractères du mycélium obtenu. Nous reve- nons aujourd'hui sur cette question pour compléter les notions acquises sur le développement du mycélium, et pour faire connaître le développe- ment, récemment obtenu par nous, des fructifications complètes de ce Champignon basidiomycète. » I. Mycélium. — La spore de Tricholoma nudum, germe assez rapide- ment et donne un mycélium qui, cultivé sur divers milieux, prend des ca- ractères extérieurs variant avec la nature du substratum. » Sur des substratums compacts, comme une tranche de pomme de terre stérilisée, par exemple, le développement est lent et peu abondant. Le mycélium, couché en forme de gazon aplati à la surface du milieu nutritif, présente d'ailleurs très nettement la nuance lilas pâle si caractéristique de celte espèce. » Sur des feuilles mortes de diverses sortes d'arbres (hêtre, peuplier, etc.), le my- célium pousse aussi assez lentement; mais il prend un aspect plus florissant, et forme des touffes épaisses, d'abord hémisphériques, qui, à la longue, au bout de trois mois environ à une température moyenne de i5°, ont totalement envahi les tubes de culture. » Il semble toutefois que ce soit sur les milieux de consistance terreuse que le déve- loppement du mycélium se fasse le plus régulièrement et le plus abondamment. Dans ce cas, à une température de 25° environ, il suffit de trois semaines pour que les tubes de culture soient entièrement envahis par le mycélium. » La nuance du mycélium n'est pas toujours violacée. Souvent elle est d'un blanc très pur : il en est ainsi, par exemple, dans les cordons que forme le mycélium en s'agrégeant. Ces cordons n'ont d'ailleurs ni la longueur, ni souvent la netteté de contour des cordons du Champignon de couche. » Sur ce mycélium nous avons observé des boucles d'anastomose assez rares, mais particulièrement développées, atteignant parfois en diamètre la dimension même du filament qui les porte. Ajoutons enfin que jamais nos cultures ne nous ont présenté de formes conidiennes. » II. Développement des fructifications complètes. — Jusqu'ici on n'a pu obtenir le développement normal et complet, par une méthode certaine ('), d'aucune espèce de Tricholoma. M. Brefeld (-) a fait germer les spores de (') M. Huyot, il est vrai, a récolté un certain nombre de fructifications de Tricho- loma i}uduin en transportant dans une cave le sol même sur lequel étaient attachés des filaments de celte espèce. D'ailleurs, cette pratique, qui consiste à transplanter le substratum, a déjà été employée par certains gardes forestiers pour installer des mousseronnières. M. Boudier a obtenu, en 1870, de la même façon, un développement du mycélium de Cantharellus cibarius ; mais l'expérience a été interrompue par la guerre. Ces essais isolés n'ont pas été repris, à notre connaissance, et ne nous semblent pas constituer de véritables méthodes de culture. (') Brefei.d, Untersuchungen ans dem Gesammtgebiele der Mykologie, t. VIII, p. 54. ( 85-. ) Trichotorna sordidum. mais le mycélium obtenu est toujours resté stérile. M. Voglino ('), pour le T. terreum, est allé plus loin : il a fait germer les spores, étudié le mycélium, vu se former les sclérotes et une forme coni- dienne, et enfin obtenu des chapeaux rudimentaires ; mais ceux-ci sont toujours restés à l'étal d'ébauches, atteignant à peine 2°"" de hauteur. » Pour le Tricholoma nudum, au point de vue de l'appareil basidiosporé, nous avons obtenu des résultats plus complets. )> Nous avons cultivé le mycélium en serre, soit dans des pots à Ueurs recouvert d'une cloche, soit dans des meules découvertes. Dans l'un et l'autre cas, un mycélium abondant vient s'effleurir à la surface, parfois en touffes épaisses et floconneuses, par- fois en couches denses et crustacées (-), et, un à deux mois après l'introduction des mises, se développent les chapeaux fructifères. » Dans les cultures en pots, les fructifications sont très nombreuses, leur nombre dépassant une centaine pour un seul pot de culture; mais ces fructifications restent le plus souvent à l'état d'ébauches. Nous avons obtenu dans le nombre, il est vrai, des chapeaux portant des lames et des basides, mais les plus grands ne dépassaient pas i5™™ de diamètre, avec un long pied de o"',o3 de hauteur. En somme, la plupart des fructifications obtenues dans ces conditions sont comme atro[)hiées. Elles présentent toutefois les couleurs si caractéristiques des individus de Tricholoma nudum qu'on trouve dans la nature : les unes sont entièrement lilas pâle, d'autres entièrement lilas foncé, d'autres enfin présentent deux nuances dilTérentes, le pied étant lilas et le cha- peau brun foncé. Chez toutes, le pied, d'abord renflé à la base, s'allonge en s'amincis- sant vers le haut; puis elles se flétrissent et prennent toutes une teinte uniforme ocracée. Il est à noter enfin que certaines fructifications se forment (comme c'est aussi le cas pour le Champignon de couche) hors du substralum, ici sur les parois mêmes des pots de culture. » Dans les cultures en meule, le développement des chapeaux fructifères est plus complet et plus normal. Le premier chapeau que nous venons d'obtenir dans ces con- ditions nous a paru être très comparable, comme aspect et comme dimensions, à un Tricholoma nudum naturel. Ce chapeau, charnu et brun, porte des lames bien déve- loppées, et le pied, trapu, renflé à la base, est d'une belle couleur lilas. Bien qu'encore très jeune, cet échantillon présente les dimensions suivantes : diamètre du chapeau, 4"^; diamètre du pied, à la base, 3"="", en haut, i"^",5; hauteur du pied, 3"", 5. Ce sont là, on le voit, les dimensions presque normales de l'espèce considérée. » Il résulte de ce qui précède que nous avons réussi à cultiver le Tricho- loma nudum. Ce résultat offre un certain intérêt théorique, car il ajoute (') VoGLmo, Morfologia e sMappo di un fungo agariciao {Tricholoma ter réuni Schaefter) [TVwoco Giornale bolanico italiano (Nuova série). Vol. II, p. 272; 1890]. (- ) Nous n'avons pas jusqu'ici observé de sclérotes analogues à ceux du T. terreum. C. K., iSy8, I" Semestre. (T. CWVI, N" 11.) 1 lO ( 856 ) une espèce et même un genre de plus à la très courte liste des Basidiomy- cètes qu'on sait cultiver. Il offre aussi un réel intérêt agricole, car le Cham- pignon dont il s'agit est une espèce comestible très estimée. Nous allons poursuivre nos recherches pour essayer de rendre pratique cette culture. » Il est d'ailleurs à remarquer qu'au point de vue utilitaire le Tricho- loma niidum présente sur le Champignon de couche divers avantages. En premier lieu, c'est une espèce d'aspect très caractéristique, qu'on ne saurait confoiulre avec aucune autre, et pour laquelle l'inspection de la vente, aux Halles et sur les mai'chés publics, serait des plus faciles ('). En second lieu, et c'est là un point important, ce Champignon est une espèce d'hiver, très rustique, se développant et fructifiant même au froid ( - ). Sa culture pourrait donc, sans doute, se faire en plein air, presque à toute saison de l'année, tandis que le Champignon de couche exige, comme l'on sait, des conditions de température souvent difficiles à réaliser au dehors. » PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Action des différents sels sur la structure des plantes. Note de M. Ch.vkles Dassoxville, présentée par M. Gaston Bonnier. 0 J'ai étudié l'action de divers sels minéraux sur le développement et la structure de différentes espèces végétales (Ricin, Chanvre, Maïs, Blé, Avoine, Tomate, Pomme de terre. Lupin, Fève, Courge, Ipomée, Pin, Sarrasin, etc.). » Les principaux résultats que j'ai obtenus peuvent être résumés ainsi : « Le sulfate de magnésie retarde la croissance au début de la végétation ; plus tard, il l'active et se montre indispensable aux besoins de la plante. Son effet avantageux varie avec la dose de sel employé, qui passe par un optimum. Ce sel nuit au dévelop- pement des faisceaux primaires de la racine, ce qui paraît être la cause du retard que la végétation subit au début. Plus tard, il active le développement des formations se- condaires et celui des racines adventives qui, dès lors, suppléent à l'insuffisance des vaisseaux primaires et modifient l'allure de la végétation. Il favorise aussi la différen- ciation des fibres péricycliques et des faisceaux libéro-ligneux de la tige. (') Le Tricholoma nudum est vendu, sous le nom de Petit-pied-hleu, sur divers marchés provinciaux (Poitiers, etc.). A Paris, on n'autorise la vente que de cinq espèces seulement : Champignon de couche. Chanterelle, Cèpe, Morille et Truffe. (-) Nous avons récolté des fructifications de cette espèce dans une partie légère- ment abritée d'un jardin, en plein mois de janvier. ( 8^7 ) » Le pJioxphate de potasse est en tout temps indispensable. Quand le milieu en est totalement dépourvu, les racines restent atrophiées et prennent une forme spéciale, caractéristique. Il active très fortement la différenciation : ainsi, par exemple, il sclé- rifie le péricjcle de l'axe liypocotylé du Lupin et lignifie très fortement la base de la lige du Blé. » Le silicate de potasse donne aux feuilles une couleur vert foncé ot un brillant très particulier. Son action sur la structure porte exclusivement sur le sommet de la tige et sur la feuille. Elle se traduit : dans le premier cas, par une lignification très intense des éléments de la périphérie ; dans le second, par la formation de bandes lignifiées qui relient les nervures de la feuille à l'épiderme. » Les nitrates ont une action très différente selon les espèces, suivant l'époque de la végétation et suivant les doses auxquelles ils sont employés. Quelle que soit leur base, ils donnent aux feuilles une teinte verte spéciale qu'il convient d'attribuer à l'influence de l'acide azotique. » ho. potasse favorise la croissance et augmente la quantité d'eau contenue dans la plante; mais elle retarde la différenciation des éléments de soutien. Ce relard peut nuire à la rigidité de la plante et l'exposer à se ployer sous l'influence du vent. » La soude favorise moins la croissance que la potasse; elle hâte la lignification de la base de la tige des Graminées et culinise l'épiderme. Par suite, elle augmente la rigidité de la plante. » L'ensemble de ces résultats montre que la structure des plantes rmrie beaucoup suivant la composition chimique du milieu dans lequel elles vivent. On pressent donc que l'anatomie des végétaux de la flore naturelle peut être très différente pour une même espèce, même dans des contrées très rap- prochées, puisque le sol dans lequel croissent ces végétaux peut ren- fermer beaucoup de chaux, de silice, de magnésie, de potasse, etc., ou être, au contraire, très pauvre en ces éléments. M D'une façon générale, on peut dire que les solutions minérales qui se montrent les plus favorables au développement de la plante sont aussi celles qui provoquent en elle une plus grande différenciation. » Cette conclusion pourrait paraître en contradiction avec ce que nous avons annoncé dans de précédentes Communications. Nous avons montré, en effet, que lorsque l'on compare des plantes en voie de croissance et de même âge, cultivées les unes dans l'eau distillée, les autres dans la solu- tion de Knop, on constate que la culinisalion, la sclérification, la lignifica- tion sont plus accentuées dans le premier cas que dans le second. » Cette contradiction n'est qu'apparente. Si, en effet, on poursuit l'étude du développement, on voit que, dans l'eau distillée, on a affaire à des plantes qui différencient rapidement leurs éléments dans une structure plus siinple que celle des plantes vivant dans un milieu salin. ( 858 ) » Dans la solution nutritive, au contraire, la structure ne reste pas au degré de simplicité qu'elle a dans l'eau distillée; elle se complique parce que le protoplasma utilise les matériaux de la solution saline pour s'accroître et produire de nouveaux éléments qui restent plus longtemps jeunes en conservant leurs parois minces. Ce n'est que très tard qu'ils se différen- cient; mais alors, le degré de différenciation peut être aussi grand et même plus grand que dans l'eau distillée. » Enfin, lorsque le milieu est très favorable au développement de la plante, on voit apparaître de bonne heure certaines différenciations; mais ce sont des différenciations spéciales, qui se localisent dans des tissus par- ticuliers, destinés à jouer un rôle déterminé. Ce sont, par exemple, les fibres péricycliques qui deviennent abondantes, les faisceaux libéroligneux qui prennent une grande importance. A côté de ces différenciations, l'assise génératrice conserve très longtemps la propriété de se diviser. M Par suite, dans des recherches du genre de celles dont nous nous occu- pons, il faut éviter de confondre deux faits semblables en apparence, mais fort différents en réalité : d'une part, une sclérose générale qui immobilise la j)lante dans une structure simple et constitue un véritable arrêt de dé- veloppement; d'autre part, une sclérose localisée qui augmente la diffé- renciation des tissus et qui est l'indice d'un perfectionnement organique de l'être vivant. » BOTANIQUE. — Sur un nouveau type générique des Schizomycétes, le Chatinella. Note de M. E. Roze. « Il s'agit ici d'un Champignon saprophyte qui vit dans les tissus mor- tifiés des végétaux, et dont j'ai déjà constaté la présence dans les débris de paille de fumier et de crottin, dans le parenchyme pâteux des Pommes de terre tuées par le Phytophtora et dans le tissu foliaire de Tulipes ramolli après mortification par le Pseudocommis. » Ce Sapropliyte se présente d'abord sous la forme de sphérules plasmatiques nues, dont le diamètre peut varier de iiV- à ayt', en raison du milieu nutritif plus ou moins favorable : le plasma qui les constitue est incolore, granuleux, assez rarement vacuo- laire, restant fixe et immobile. Ces sphérules nues se montrent ensuite comme ayant très légèrement augmenté de volume et présentent alors une sorte de ligne équatoriale due, non à une membrane de séparation, mais à la seule condensation rétractive du plasma, qui se divise ainsi en deux moitiés égales, lesquelles se détachent peu à peu l'une de l'autre pour former deux sphérules-fiUes. Cette propagation par scissiparité ( 859 ) est la seule que j'aie pu constater. Les spliérules nues s'entourent ensuite d'une mem- brane enveloppante (') qui n'a pas, au dùbul, il^ d'épaisseur, mais qui, plus tard, peut être épaisse d'environ 3!^. Dès lors, le plasma interne paraît se contracter légèrement et se trouve libre et séparé de la sphère à peine réfringente qui l'enveloppe. Il arrive même que le plasma interne s'entoure successivement d'autres membranes, car j'ai observé des cas où ce plasma se trouvait enfermé dans deux^ et même trois spiières concentriques. » La reprise de la période végétative s'eflectue par la dissolution de ces sphères enveloppantes, et cela m"a paru coïncider avec une bipartition du plasma interne, que j'ai vu libre alors dans l'enveloppe protectrice à demi dissoute sous la forme de deux spliérules nues. » Ces sphères enveloppantes ne m'ont pas semblé être constituées par de la cellulose, car elles résrstent à l'action du chloro-iodure de zinc qui colore seulement en brun rougeâtre le plasma interne. Elles subissent, en somme, la même réaction que des spores de Mucédinées avec lesquelles je les comparais. « Ce Champignon saprophyte n'a pas été encore signalé. Je suis heureux de pouvoir le dédier à mon vénéré Maître M. Ad. Chatin. Je le désignerai donc sous le nom ChatincUa scissipara, pour rappeler en mêine temps son mode unique et spécial de propagation, » La fixité et l'immobilité de son plasma, ainsi que l'absence de tout mycélium, mais surtout cette division par scissiparité, me portent à croire qu'il s'agit d'un type primordial, d'organisation des plus simples, auquel on peut assigner une place à part parmi les Schizomycètes. » M. Darget adresse une Note relative à diverses reproductions photo- graphiques. La séance est levée à 4 heures un quart. J. B. (') Leur plasma est généralement sphérique; mais il se présente parfois aussi sous une forme ovoïde et, dans ce cas, la membrane enveloppante a cette même forme. ( 86o ) BULLETI.V BIBLlOGRAPniQUii. Ouvrages reçus bans la séance du 7 mars 1898. Annales de Chimie et de Physique, par MM. Berthelot, Friedel, Mascart. IMoissan. Septième série. Mars 1898. Tome XIII. Paris, Masson et C'", 1898; I fasc. in-B". Bidlelin de la Société d'Encouragement pour l'Industrie nationale, publié sous la direction des secrétaires de la Société, MM. Collignon et Aimé Girard. Février 1H98. Paris, i vol. in-4". Bulletin mensuel du Bureau central météorologique de France, publié par E. Mascart, Directeur du Bureau central météorologique. Année 1897. N" 12. Décembre 1897. Pai'is, Gauthier-Villars et fils; i fasc. in-4°. Les Annélides des côtes de France (Manche et Océan^, par M. le baron DE Saint-Joseph. Paris, Masson etC'®, 1 vol. in-8°. (Présenté par M. Miinc- Edwards. ) Sur l'ellipsoïde de Jacobi, par le D'' S. Rruger, S. I. i broch. in-8". (Présentée par M. Wolf.) La Photographie et l'élude des nuages, par Jacques Boyer. Paris, Ch. Mendel, 1898; 1 vol. in- 12. Dérivation des sources de la Vigne et de Verneuil. Profil géologique de l'aqueduc, coupes géologiques de l'aqueduc, dressés par G. Ramond. Mars 1897, ^ Atlas in-4". (Hommage de l'auteur.) Lectures on Pliysiology, First séries on animal electricity, by Augustus D. Waller M. D. F. R. S. New York and Bombay, 1897; i broch. in-8^. (Hommage de l'auteur.) La Viabilidad légal y la Fisiologica, por el Doctor D. Antonio de Gordon Y de AcosTA. Habana, 1897; i broch. in-8°. OUVRAGF.S REÇUS DANS LA SÉANCE DU I/4 MARS 1898. Revue de Mécanique, publiée sous le patronage et la direction technique d'un Comité de rédaction. M. Haton de la Goupillière, Membre de l'Institut, Inspecteur général des Mines, Président. Tome II. N° 2. Fé vrier 1898. Paris, Yicq-Dunod, 1898; i fasc. in-4°. ( 86i ) V Anatomie comparée des animaux basée sur l'Embryologie, par Louis Roule, professeur à l'Université de Toulouse. Paris, Masson et C'', 1898; 2 vol. grand in-S''. (Présentés par iM. Milne-Edwards. ) G aide-manuel du Patron-pêcheur, par Georges Roche, Eugène C\nn et S. Mangon de l.v Lande. Paris, Aug. Challamel, 1898; 1 vol. in-i8, (Pré- senté par M. Milne-Edwards.) Journal de bord du Patron-pêcheur. Paris, Aug. Challamel, i broch. [n-.\'\ (Présentée par M. Milne-Edwards.) Grônland-Expedition der Gesellschaft fur Erdhunde zu Berlin, 1891-1893, unter Leitung von Erich vojs Duygalski. Berlin, W.-H. Rùlil, 1897; 2 vol. in-4". (Présentés par M. Marcel Bertrand.) L' Aérophile, revue mensuelle illustrée de l'Aéronautique et des Sciences qui s'y rattachent. Directeurs : Georges Besançon et Wilfrid deFonvielle. 1897. Paris, 1897; I vol. grand in-8". Annuaire de V Instruction publique et des Beaux- Arts pour Vannée 1898, rédigé et publié par MM. Delalain, imprimeurs de l'Université. Paris, Delalain frères; i vol. in-8°. Annales des Ponts et Chaussées, P" Pai'tie : Mémoires et documents relatifs à l'art des constructions et au service de l'ingénieur. 1897, 4^ trimestre. Paris, Vicq-Dunod et G'*; i vol. in-S". Lehrbuch der Algebra von IIeinrich Weber, Professor der Mathematik an der Universitàt Strassburg. Braunschweig, 1898; i vol. in-8°. An index to the transactions of the clinical Society of London. Vol. I-XXX, London, Longraans, Green and C°, 1898; i vol. in-8°. ( 862 ) ERRATA. (Séance du 7 mars 1898.) Note de M. A. Chatin, Du nombre et de la symétrie des faisceaux, etc. Page 700, lignes 3o et 36, au lieu de ('), lisez (-). Page 701, lignes 5, 12 et i4, au lieu de ('), lisez (^). Même page, ligne 26, au lieu de Iiisine latior, lisez Iresiiie elalior. Même page, ligne 27, au lieu de C), lisez (^). Page 702, ligne 2, au lieu de (^), lisez {a). Même page, ligne 6, au lieu de ('), lisez (^). Même page, lignes 82 et 33, supprimez les deux premiers renvois. Page 7o3, ligne 17, au lieu de CoroUjflores, lisez Corollillores. Oii souscrit à Paris, chez GAUTHIER -VILLA RS ET FILS, Quai des Grands-Augusiins, n° 55. Depuis 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Ils forment, à la fin de l'année, deux »olurae8 ia-4V Deui fables, l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel et part du i" janvier. Le prix de Pabonnement est fixé ainsi qu'il suit : Paris : 20 fr. — Départements : 30 fr. — Union postale : 34 fr. — Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus. On souscrit, à l'Étranger, chez Messieurs : 4gen Ferr;in frères. I Chaix. Alger < Jourdan. (Ruff. Amiens Courtin-Hecquet. ( Germain elGrassin. ^"f*" (Lachèse. Bayonne Jérôme. Besançon Jacquard. / Feret. Bordeaux ! Laurens. ( Muller (G.). Bourges Renaud. ' / Derrien. \ F. Robert. j J. Robert. \ Uzel frères. Caen Jouaii. Chambery Perrin. ( Henry. Brest. Cherbourg., Clermonl-Ferr D.jon.. ( Marguerie. ( Juliot. j Ribou-Collay. iLamarche. Ratel. Rey. . l Lauverjat. Ouai ' ( Degez, Drevet. Grenoble . Gralier et C'*. La Rochelle Foucher. Rourdignon. Dombre. Tliorez. Quarré. Le Havre. Lille.. Lorient. Lyon. Montpellier . Nantes A ice. Poitiers. Rouen. Toulouse.. Valenciennes.. chez Messieurs : Baumal. M"* Texier. Bernoux et Cumin. Georg. Côte. S.ivy. Ville. Marseille Ruât. Calas. Coulel. Moulins Martial Place. ! Jacques. Grosjean-Maupin. Sidol frères. Loiseau. Veloppé. Barma. Visconti et C'*. Aimes Thibaud. Orléans Luzeray. Blanchier. Marche. Rennes Plihon et Hervé. Roche/ort Girard ( M"" ). Langlois. Leslringanl. S'-Étienne Chevalier. i Bastide. Toulon i „ ., ( Rumebe. Gimcl. Privai. iBoisselier. Pérical. Suppligeon. ( Giard. \ Lemallre. Amsterdam. Berlin. l As 1 Da Bûchai est. chez Messieurs : Feikema Caarelsen et C". Athènes Beck. Barcelone Verdaguer. Asher et C'*. âmes. Friedlander et fils. ( Mayer et Muller. Berne Schmid el Francke. Bologne Zanichelli. iLamerlin. MayolezelAudiarle. Lebégue el C". Sotcheck et C°. Millier ( Carol). Budapest Kilian. Cambridge Deighlon, BellelC". Christiania Cammermeyer. Constantinople. . Otto Keil. Copenhague Host et fils. 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TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDDS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES : Tomes 1" 31. — (3 Août i835 à 3i Décembre i85o. ) Volume in-4°; i853. Prix 15 fr. Tomes 32 à 61.— (i" Janvier i85i à 3i Décembre i865.) Volume in-4°; i87o_. Prix 15 fr. Tomes 62 à 91.— (i" Janvier i866 à 3i Décembre i88o.) Volume in-4°; 1889. Prix 15 fr. * SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES : Tome I : Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par MM. A. Dereès el A.-J.-J. Solier. — Mémoire sur le Calcul des Perturbations qu'éprouvent les Coaaéles, par M.Hansen.— Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des matières S-asses, par M. Clàdde Bernard. Volume in-4'', avec 32 planches; i856 15 fr. Tome II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Beneden. — Essai d'une réponse à la question de Prix proposée en i85o par l'Académie des Sciences p)ur le concours de i853, el puis remise pourcelui de i856, savoir : « Étudier les lois de 1» distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédi» • mentaires, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. — Rechercher la nature • des rapports qui existent entre l'état actuel du règne organique et ses étals antérieurs •, par M. le Professeur Bron». In-4», avec 27 planches; 1861.. . 16 fr. 4 la même Librairie les Mèmolrei de l'Acadimiâ des Sciences, et les Mémoirei présentés par divers SaTantt à l'Académie des Soient ds. N" H. TABLE DES ARTICLES. (Séance du 14 mais 1898.) MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBIIES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. Pages. M. Berthelot. — Actions cliiniiqiies do l'effluve électrique. Composés azotés en présence de l'azote libre 77') .M. Armand CiAi'TiEn. — Sur le dosage de loxyde de carbone dilué dans de grandes quantités d'air 7f|-i M. A. Chal'VE.W. — Sur l'iniporlanoe du sucre considéré comme aliment. Nouvelle démonstration delà supériorité de la va- Pages, leur nutritive du sucre sur celle de la graisse, eu égard à la valeur thermogénc respective de ces deux aliments simples. M. liuMOND PEKRiEn. — Lcs larves des Spongiaires et Ihoniologation des feuillets. M. Maiicei. liEiiTitAND. — L'expédition au Groenland de la Société de Géographie de Berlin ^'i-' 79' S02 aiÉMOlRES PRESENTES. M. .\. Maux adresse la suite de son Mémoire Il L'éthcr, principe universel des forces «. M. JIascart présente, au nom de MM. Au- guste et Louis Lumière, une série de I photographies stéréoscopiques obtenues SoS par les procédés de reproduction des cou- ! leurs par \oie indirccle Soi) CORRESPONDANCE . M. le Secuetaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspon- dance, « L'Aérophile », publication men- >uelle illustrée de MiM. Georges Besançon et Witfrid de Fonvielle M. II. Laurent. — Sur la théorie des nombres premiers M. IIadamard. — Les invariants intégraux et l'Optique M. X. Stol'EF. — Sur les lois de récipro- cité ■M. G. HuMBERT. — Sur la transformation des fonctions abélicnnes MM. H. Pellat et P. Sacerdote. — De l'énergie d'un sjstènie électrisé, consi- dérée comme répartie dans le diélec- trique M. \i\CEXT. — Sur la conductibilité élec- trique des lames minces d'argent el l'épais- seur des couches dites de passage M. .\NDRE Broca. — Quelques propriétés des décharges électriques produites dans un champ magnétique. Assimilation au phénomène de Zecmano M. Alfred Axuot. — Sur la formule baro- métrique M. P. Garrigou-Laghange. — Sur les ca- ractères des saisons et des années succes- sives ■M. Alisert Colson. ^ Sur les causes du déplacement réciproque de deux acides.. M. Zettel. — Sur un nouveau siliriure de Bulletin bibliographique Erhat.v S09 S09 Si', S20 Sj3 83 1 chrome *..... M. G. liRDAix. — Sur une nouvelle méthode de fractionnement des terres yttriques. .. VI. OlicusNER DE CoMXCi^. — Sur deu\ modes de décomposition de quelques étliers sulfocyaniques.. M. 1''. BoDRUi'x. — Sur quelques éthers "^oxydes du ,3-naphtol M. Gabriel Bertrand. — Sur le produit d'oxydation de la glycérine par la bac- térie du sorbose M. J. Hausser. — Sur la stérilisation des liquides par liltration M. JosEPU Babeau. — Lies dillerents modes d'élimination de la chaux chez les rachi- tiqucs et des diverses périodes du rachi- tisme M. .\ntoine Pizon. — Embryogénie de la larve double des Diplosoiuidés (Ascidies composées ) Le P. Pautei.. — Sur le clivage de la cuti- cule, en tant que processus temporaire ou permanent MM. J. Costantin et L. Matricuot. — Essai de culture du Tricitolonta tniduni M. G. Dassoxv[1.le. — .\ction des dillerents sels sur la structure des plantes M. E. RozE. — Sur un nouveau type géné- rique des Sehizomycètes, le CItatinella.. M. Darqet adresse une Note relative à di- verses reproductions photographiques ... 833 s.r-, S38 Ni,, ,s',,S .S.)o 83(i S.H, SOo 86-2 PARIS.— IMPRIMERIE GAUTHIER-VILL.4.RS ET FILS, Quai des Grands-Augustins, 5j. l-c Gérant .' Cauthibr-Villaks 1898 ÂPR S 1898 PREMIER SEMESTRE. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES . DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES PAR itlITI. liES SECRÉTAIRES PEBPÉTUEIiS. TOaiE CXXVI. NM2 (21 Mars 1898). PARIS, GAUTHIER-VILLARS ET FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, Quai des Grands-Augustins, 55. " 1898 RÈGLEMENT RELA^ UX COMPTES RENDUS ADOPTE DANS LES SEAKC 5 JUIN 1862 ET 24 MAI 1875. I^es Compies rendus hebdomadaires des séa l'Académie se composent des extraits des trav ses Membres et de l'analyse des Mémoires 01 présentés par des savants étrangers à l'Acadéi Chaque cahier ou numéro des Comptes r< 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. 26 numéros composent un volume. Il V a deux volumes par année. Article i". — Impressions des travaux de l'A Les extraits des Mémoires présentés par un ou parunAssociéétranger de l'Académie com au plus 6 pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o pages par année. Les communications verbales ne sont mentionnées dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction écrite par leur auteur a été remise, séance tenante, aux Secrétaires. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les Rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par les Correspondants de l'Académie comprennent au plus 4 pages par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de 32 pages par année. Dans les Comptes rendus, on ne re])roduit pas les discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi- vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion. Les Programmes des prix proposés par l'Académie sont Imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap- ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autant que l'Académie l'aura décidé. Les Notices ou Discours prononcés en séance pu- blique ne font pas partie des Comptes rendus. Article 2. — Impression des travaux des Savants étrangers à l'Académie. Les Mémoires lus ou présentés par des personnes qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca- démie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré- sumé qui ne dépasse pas 3 pages. Les Membres qui présentent ces Mémoires sont tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le Membre qui fait la présentation est toujours nommé; mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le font pour les articles ordinaires de la correspondance offi- cielle de l'Académie. Article 3. Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis à l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, le jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à temps, le titre seul du Mémoire est inséré dans le ro7«/7/e renc?M 1 actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui- ^ vaut et mis à la fin du cahier. Article 4. — Planches et tirage à part. Les Comptes rendus n'ont pas de planches. Le tirage à part des articles est aux frais des au- teurs; il n'v a d'exception que pour les Rapports et les Instructions demandés par le Gouvernement. Article 5. Tous les six mois, la Commission administrative fait un Rapport sur la situation des Comptes rendus après l'impression de chaque volume. Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré- sent Règlement. Les Savants étrangers à l'Acadéniie qui désiient faire présetter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant B"". Autrement la présentation sera remise à la séance suivante. Ton ^ 1 o-^ ' COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 21 MARS 1898. PRÉSIDENCE DE M. WOLF. MEMOIRES ET COMMUIVICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. ARITHMÉTIQUE. — Solutions algébriques de diverses questions concernant les équations indéterminées du second degré à trois termes. Note de M. de JoNQUIÈRES. « L'emploi absolu des notations algébriques dans les questions de cette nature, lorsqu'il y est possible (ce qui est assez rare), a l'avantage de conduire à des soliUions et à des formules générales, qui dispensent de recommencer toute une série laborieuse de calculs, chaque fois que viennent à changer les données numériques d'un problème concernant l'infinité des nombres d'une même famille. J'en ai donné, il y a quelques années, un exemple s'appliquant au procédé de Lagrange pour le dévelop- pement en fraction continue de la racine carrée d'un nombre entier ('), (') Comptes rendus, séance du 26 mars i883 et suivantes. G. R., 189S, 1" Semestre. (T. CXXVI, N" 12.) • II ( 8G4 ) sujet qui, au fond, a des liens intimes avec le sujet de la présente Commu- nication. Je vais de nouveau m'en servir pour résoudre, avec la même généralité, divers problèmes concernant certaines équations indéterminées du second degré à trois termes. » Théorème I. — V équation («= — /})a;- — 4j" = i (ou — i) n'est pas résoluble en nombres entiers, sauf le cas de a =^ ^. » Les indications fournies a priori par les congruences sont insuffisantes pour trancher la question; il faut donc recourir à une autre méthode. J'ai choisi celle qui est indiquée (au point de vue numérique) dans le n° 205 des Disquisitiones. On y voit que, un nombre M étant donné (celui que Gauss désigne par N est nul dans le cas présent, où M = i), on doit s'as- surer d'abord si la forme proposée /= | (a" — 4), o, — 4| (dont le déter- minant positif est D = ^a^ — i6) est, ou n'est p:is proprement équivalente à la forme 9 = | di i, o, zp (4 a-' — i6) |; car si cette équivalence n'existe pas, ni l'une, ni l'autre des équations en x-, y^, qui s'y rapportent, n'est réso- luble. Pour décider ce point, il faut (Disq., n° 195) écrire la période de la forme/, d'après le procédé du n° 188 et dans les conditions requises par le n° 183, § 1"', et constater si l'une ou l'autre des deux formes 9 fait partie, ou non, des formes réduites contiguës dont cette période se compose. » Appliquant ce procédé au nombre indéterminé a- — 4, dont la valeur numérique dépend de celle qu'on attribuera à la lettre a, et remarquant que si l'équation proposée est résoluble, elle ne peut l'être que pour des valeurs impaires de a, on obtient aisément ces trois premiers termes de la période dey": |a=- 4,0, — 4| — 4, 2(a— t), ia — b\i.a — 5, i{a — 4), — 16|, qui conviennent à toutes les valeurs de a, sauf a = 3 et a = 5, ainsi qu'on le verra ci-après. » Arrivé à ce point, on rencontre une difficulté, née de l'apparition, dans le troisième terme de la troisième réduite, du terme numérique iG, sans aucune adjonction de l'indéterminée a. Pour lu lever, il faut avoir égard à la qualité du nombre impair a, selon qu'il est de l'une des formes 4n — I, ou 4« -+- I- Ces deux cas veulent être examinés séparément. » Premier cas : a = ^n — i. — Pour déterminer la valeur z du terme moyen de la quatrième réduite, il faut poser z -+- i{a — 4) = 16^, car, d'après la règle du n° 183, la somme de ce terme z et du terme moyen ( 865 ) i(a — 4) de la réduite précédente doit être un certain multiple t du troi- sième terme i6 de celle-ci, ce terme étant pris en valeur absolue, sans égard à son signe. Si l'on y écrit l\n. — i au lieu de a, l'équation ci-dessus devient z=. i6/-(8«- 2) + 8 et l'on satisfait aux conditions requises, savoir que :■ soit positif et compris entre \/D et \ID — 16, dès que «est plus grand que 2, en prenant / =« — i , d'où l'on tire s = 2(rt — 2) et, pour le dernier terme de cette quatrième réduite. D — 2 ( rt — 2 ) -^ — = a — 2. (6 La période se continue alors ainsi |— iG, 2(« -i),a — i\a— 1, -i^a — 'i), — 16| — 16, i(^a — ^),ia — 5] I 2a - 5, 2 (a — i), - 4 I — 4. o, a- — 4 1. M Elle commence donc à revenir sur ses pas après la quatrième réduite et se reproduit de nouveau, à la neuvième, en débutant parla forme initiale I rt- — 4' O' "Ali sans qu'aucune des deux formes | =h i, o, zp (4»' — 4) | se soit présentée. On en conclut que la représentation du nombre 4- i , ou du nombre — i, par l'une ou l'autre des deux formes i± >- — 4), o, H=4| est impossible, et que l'équation en x- ety- l'est elle-même pour les valeurs impaires de a qui ont la forme 4^* — i • » Toutefois, il y a exception pour a ^ 3; car la deuxième réduite deve- nant alors I — 4» 4. I I' la troisième est | i , o, — 20 [, où 20 est le détermi- nant D 6, puisque le terme central d'une réduite ne peut jamais être nul, ni négatif. Ainsi le cas de a =: 5 doit être considéré à part, ainsi que je l'ai an- noncé plus haut; d'ailleurs, il ne fait pas exception à la conclusion, comme le prouve la période particulière qui lui convient. » En résumé, le théorème ne comporte que l'unique exception de « = 3. c. Q. F. D. )) Théorème IL — L'équation (a" — i)x- — 4,y' = ± i (oii a ne pourrait qu'être j>air) n'est pas résoluble en nombres entiers. » Ce théorème, beaucoup plus simple que le précédent, et qui peut se démontrer par de simples considérations de congruences, mériterait à peine d'être mentionné ici, s'il ne fournissait pas, dès la deuxième réduite de la période, le sujet d'une remarque intéressante, dont le caractère est général. La période des réduites est |a'— 1, o, —41 — 4, 2(a — 1), 2(a - i)|2(a - i), 2(a - i), — 'i | I — 4, o, a- — 1 II a- — I , o, — 4 I ... . ( 867 ) » La remarque dont il s'agit consiste dans l'égalité entre le ternie moyen et le troisième terme de la deuxième réduite. La conséquence à en tirer, et qui serait la même si le terme moyen était un multiple du troisième, ou en- core si les deux termes extrêmes étaient identiques, c'est que la troisième réduite sera l'associée (' ) de la seconde, et ainsi de suite, en sorte qu'au- cune des deux réduites | zh i , o, — D | ne peut plus se présenter dans la pé- riode, et qu'ainsi l'impossibilité de l'équation proposée se manifeste dès lors, sans qu'il soit besoin de pousser le calcul au delà de la réduite où se produit l'un quelconque de ces trois incidents. » Passant à la solution de quelques équations quadratiques ayant pour second membre +i ou — i, je commencerai par rappeler les formules du n" 205 des Disquisitiones, en les accommodant au cas où l'équation pro- posée n'a pas de terme en ay. Les valeurs générales de a; et y sont alors (i) œ = 7j. — yC«, y = vt -h oi\u. La forme donnée étant | A, o, — C | et D = -f- AC, a. et y sont respective- ment le premier et le troisième des quatre coefficients de substitution a, [3, y, S qui, à l'aide des binômes x =^ a.x' -+- <^y' , y =: ya;' -i- ty' , font passer de la forme | A, o, — C | à la forme | ± i , o, — -D | ; Z et m sont les racines qui satisfont indéfiniment à l'équation t- — D«- = i, toujours résoluble ; leurs moindres valeurs t,, Uf (après / = i , « = o), d'où découlent, par des formules connues, leurs valeurs générales, sont (n° 198) égales à ;7(a«-f-S„) et ^) respectivement, a„, y„ et §„ étant fournies par le Tableau des substi- tutions du n° 188 ; l'indice n est le numéro d'ordre de la n -h i " réduite, en affectant l'indice i à la réduite f, qui suit immédiatement la forme initiale /. » Ces préliminaires étant rappelés, j'aborde les problèmes ci-après, en commençant par le plus simple de tous et réservant pour lui les explica- tions de détail, afin de moins compliquer l'écriture. » Problème L — Résoudre algébriquement l'équation (a-\- i)x-^ — ay- = i (a étant un entier positif). » 11 faut, d'après ce qui a été dit plus haut, établir (par l'algorithme du n" 188 des Disq.), le Tableau de la première période de la forme C) Gauss appelle réduites associées celles qui se composent des mêmes termes rangés dans un ordre Inverse. ( 868 ) \a-\-j,o, —a\ et, en regard, celui des coefficients de transformation a, p, y. S- Le résultat est le suivant : Coefficienls des substitutions Réduites. Valeurs de h. a. p. /=«+!, O, — ^ A — — C, a- — ' /,= I, o, —{n-+a) /i,_= " ~^" = a — i —a — i — (« + i) 'h = a + o — a = — 1 h. = (7 -h o I = a Ih. = 0 h, ^= 0 + rt 1 = a /'-, a + o a I o /3=— («'-+«), o, 1 /'3=o — ff I — (a+i) I , o + rt y^^I, fl, — rt «4^= =^ 1 2 a I 2(7-1-1 /5= — (7, O, « -h I /'5=- = — « 2a — (aa-t-i) (aa-i-i), — 2(i7-(- /5=/= (a -t- 1), o, —a /'6=o — (2a-i-i) —sa — 2((7-Hi) — (2rt-i- )) La période se compose de six termes, nombre impairement pair, et la forme (i, o, — D), qui occupe toujours le dernier rang de la pre- mière demi-période quand elle apparaît, s'y trouve au troisième rang im- pair, donc avec son signe; ce qui prouve que l'équation proposée est réso- luble. Les coefficients transforma te ui's a, y, qui occupent le même rang que cette forme, ayant ici les valeurs — i et — i, les équations (i) de- viennent, en y changeant tous les signes (ce qui est permis dans la question présente) : (3) a" = /-f-OM, y ^= t + {a -\- i)u. » Les coefficients Xg, Sg sont égaux entre eux; on a donc, pour les moindres valeurs t^ , u, des racines de l'équation t- — (a- -h a)ii-= i, les deux nombres I / * \ Yi; 2( a -*- 1) et, par suite, les moindres valeurs a,, y, de l'équation proposée sont » Problème IL — Résoudre Véquation (^ma- + i)x- — my'-=:^ i, dont le déterminant D = m- a" + tu. » En opérant de la même façon que pour le problème précédent, on ( 869 ) trouve que la forme (r, o, — D) se présente au troisième rang de la pé- riode des réduites contiguës, composée de six formes; l'équation est donc résoluble. Les valeurs de a et y, dan^ la troisième substitution, étant x = — i,Y=:— a, les formules (i) deviennent X ^ t -^ niau, y =: at-\- (ma- -+- i) u. Les coefficients a, S, y de la septième substitution donnent t, — ima- -i^ i, u,=^2.a, d'où l'on conclut que les moindres valeurs de a; et j' sont » Problème IlL — Résoudre l'équation (ma- — i)x'- — mj-=: — ^i,où D == m-a^— m. it Dans ce cas, la période des réduites contiguës est la suivante : I Ttia- — I, o, — m\, I — -ti, ni(a — i), -iam — m — i!, \iam — m — i, a ni — r, — i |, | — i, o, m^a- — m\, \(m-a^ — m), o, — i |, | — i, ma — \ , lam — m — i [, aaw — m — i, m(a — i), — 7«|, | — m., o, ma- — i et la seconde période recommence par la réduite [/n(rt^ — i), o, — m\. » Ici, ce n'est plus la réduite (i, o, — m- a- — rn) qui apparaît dans le cours de la période, mais son associée (— i, o, nra- — m), et celle-ci apparaît au quatrième rang de la période qui se compose de huit réduites, noK^vQ pairemenl pair. Il s'ensuit que la valeur du second terme de l'équa- tion proposée ne peut être + i, mais est — ^i, comme le dit l'énoncé du problème. Les calculs, conduits comme précédemment, donnent les ré- sultats suivants : t^ = 2.mà- — I , /<, = 2a, a7, = 4»za- — I, Yt=^ l^md^ — 3a, c'est-à-dire les mêmes que ci-dessus, sauf le changement de signe du second terme dans les membres qui en ont deux. » Problème IV. — Résoudre V équation (ma^ -\- 4)^^ — my^ = i (D = mra^ -+- [\m\ a et m impairs). » Dans ce cas, la période se compose de quatorze formes contiguës, et la réduite (i, o, — D) s'y présente au septième rang impair; ce qui prouve ( «7f> ) que l'équation est résoluble. Les valeurs des coefficients a,, y, de la septième substitution sont, d'après des calculs analogues aux précédents, les formules (i) deviennent X = r;f(/na- + i)t -h ma{ma} + 3)«], y = i[(z(/na'-+ 3)/ + (ma- -h i)(ma- -h 4)«J- Les coefficients a, .,, S,, sont égaux entre eux et donnent i, = ^[ma- (m- a' -+- Orna'- -+-9^ + 2], et le ternie -*^ = «, = -,iym-a^ + timà^ + 3«); d'où l'on déduit ri. " x^ = ^[m^a'' (m-a' ■+- 'jma'- -h i5) + \oma- -+- i] et j, = ',[m-a''{m-a' + gma' -+- 27a) + 3oma^ -+- ga\. Un calcul, que j'omets ici et qui n'a de pénible que sa longueur, vérifie que ces valeurs de x, et y, satisfont identiquement à la proposée. » Problïîme V. — Résoudre l'équation (rna^ — l[)x'^ — rny- — — i (m et a impairs; D =^ m'-a- — [\m). » La période se compose de seize réduites, et la forme | — i, o, D| ap- paraît au huitième rang; ce qui prouve que l'équation proposée est réso- luble, et ne le serait pas si le second membre était + i au lieu de — i. » Les valeurs de /,, m,, x,,y, sont composées des mêmes termes que celles correspondantes du problème IV, mais avec un changement de signe aux termes de rang pair, savoir : /, z=z ^,[rna'- (r?ï- a' — 6ma- + 9) — 2]. M, = ^[m-a^ — l^ma^ -h 3a], X, = z[m' a^ (m- a' — 'jma'- + i5) — loma- 4- 1], y, = r,[m-a''(m'-a'' — gma^ -+- "^"jci) — "iorna^ -\- 9a]. » Quant aux valeurs générales de x et y en fonction de t et u, elles sont X = r,[{nur — 1)1 + ma(ma- — 3)m], y = T,\^a(ma'- — 3)t -+- (ma- — i)(wa- — 4)"]- I) La période présente cette particularité digne de remarque : La qua- ( «71 ) trième réduite étant | — 4, ma — 2, m(a — i) — 1 1 et la sixième I — 4/?2, m{a — -^1), 2m{a — 2) — i|, il s'ensuit que, pour a = 3, leurs derniers termes deviennent égaux à zm — I. Le calcul numérique fait donc sauter de la quatrième réduite à la septième, et la période, qui se rapporte alors à l'équation n'est plus composée que de douze réduites au lieu de seize, sans que d'ail- leurs cette dernière équation cesse d'être résoluble. Ce cas particulier ne déroge donc pas à la conclusion générale. » CHIMIE. — Action de quelques réactifs sur l'oxyde de carbone, en vue de son dosage dans l'air des villes; par M. Arm.vnd Gautier. « Des analyses publiées par de nombreux auteurs il résulte que l'oxyde de carbone existe dans les gaz de nos foyers, industriels ou domestiques, en proportions pouvant varier de o''°',oi à 16 volumes pour 100 et plus. En général, nos cheminées d'appartement ou d'usines, à houille ou à coke, déversent dans l'atmosphère de 6 à 7 volumes d'oxyde de carbone par 100 volumes d'acide carbonique produits. Si l'on calcule qu'à Paris seulement on brûle, chaque année, sans tenir compte du chauffage au bois, 3 millions de combustible minéral, produisant tous les jours, par mètre carré de surface, iiS litres d'acide carbonique, on voit que, par chaque mètre carré du sol de la ville, il est versé dans l'atmosphère un peu plus de 8 litres d'oxyde de carbone par vingt-quatre heures. » Sans doute, ce gaz, aussi bien que l'acide carbonique qui l'accom- pagne, est bientôt diffusé dans l'air ou balayé vers les hautes régions; mais sur l'énorme superficie de Paris (8000 hectares; environ 10 kilomètres de l'est à l'ouest) par temps calmes, les légers souffles du vent ne font que déplacer lentement, d'un quartier à l'autre, l'air qui baigne la ville, et, la production de l'oxyde de carbone se renouvelant sans cesse, il semble que ce gaz doive se retrouver dans l'air que nous respirons, passer dans le sang et contribuer peut-être, au moins dans les quartiers les plus industriels, à l'anémie de la population ( ' ). (') D'après des expériences préliminaires faites dans l'hiver de 1898, j'ai trouvé dans C. R., i8y8, 1" Semestre. (T. CXXVI, N" 12.) I '2 ( 872 ) » Si l'on admettait que les 8 litres d'oxyde de carbone dégagés au mini- mum par mètre carré se diffusent ou se mélangent dans la colonne de 3oo'° de hauteur d'air qui baigne immédiatement nos maisons, cet air contien- drait encore o™', 0000267, soit ■2.']'"' de ce gaz environ par mètre cube. » Dans ces proportions sa recherche est-elle accessible à nos moyens d'investigation? Sa présence dans l'air est-elle dangereuse? » Ces questions se sont posées pour ainsi dire d'elles-mêmes depuis l'époque où l'on observa l'extrême toxicité du gaz oxyde de carbone (^Leblanc; Cl. Bernard) et dès qu'on eut reconnu les effets qu'il manifeste quand on le respire même lorsqu'il est très dilué, mais de façon continue (blanchisseuses, plâtriers, etc.). On sait qu'il en résulte de la lassitude, de l'anémie, des céphalalgies, la tendance aux vertiges, ou, si l'empoisonne- ment est plus aigu, des accidents qui, lorsqu'ils ne sont pas immédiatement mortels, laissent le patient dans un état de déchéance tel que bien sou- vent, même après des semaines, il est tout à coup frappé de paralysie et d'autres symptômes graves qui peuvent se terminer par la mort (Bourdon). L'influence de l'oxyde de carbone sur la santé des populations des grandes villes ou des cités industrielles paraît plus probable encore tiepuis que l'on sait, par les expériences de Cl. Bernard et de M. Gréhant, que l'hémo- globine du sang possède la singulière propriété de s'unir en quantité très sensible à ce gaz vénéneux, alors même qu'il n'est contenu dans l'air qu'à des doses bien inférieures au dix-millième. M Lorsque, comme dans les produits gazeux de nos cheminées, l'oxyde de carbone existe pour quelques centièmes, sa recherche et son dosage sont relativement aisés. La méthode consiste à absorber par le chlorure cuivreux acide; encore faut-il se souvenir que d'autres gaz, en particulier l'acétylène qui l'accompagne souvent dans les produits de combustion, se dissolvent dans ce réactif ou s'y combinent en proportions notables. Mais quand l'oxyde de carbone ne représente que quelques millièmes ou dix- millièmes du volume gazeux à analyser, son dosage par le chlorure cui- vreux, même avec l'excellente modification de M. de Saint-Martin ('), l'air de mon laboratoire, par une méthode que je décrirai bientôt, deo^°',ooooi à o' "',000001 d'oxjde de carbone. Je pense pouvoir démontrer que l'uir des rues et des places, à Paris, contient aussi une trace d'oxyde de carbone de l'ordre de grandeur du dernier de ces chiffres, appréciable surtout l'hiver, par temps calmes et dans les quar- tiers industriels. (') Comptes rendus, t. CXIV, p. looG. ( 873 ) devient, tout à fait insuffisant; l'acétylène en particulier s'y dissout, et avec lui d'autres hydrocarbures qui, lorsqu'on soumet à l'analyse eudiométrique les gaz qu'on extrait du réactif par le vide, sont comptés comme oxyde de carbone. » Le nitrate d'argent ammoniacal, lorsqu'il a été presque exactement neutralisé, dissous au -^ ou au :~, oxyde bien l'oxyde de carbone, même s'il est mêlé à beaucoup d'air, ainsi que l'a reconnu depuis longtemps M. Berthelot ('). Mais la réaction est lente pour les dernières parties du gaz qui s'échappent. La réaction est différente à froid et à chaud, suivant que le réactif est ou non saturé. Voici quelques nombres : Introduit dans ToSSo"" d'air 5o7'^'",3 d'oxyde de carbone (v^ environ); fait passer le mélange gazeux en cinq heures et à 20° dans un barboteur spécial très puissant (-), rempli de nitrate d'Ag ammoniacal au ~, non exactement saturé. I/air qui a circulé contenait i^G'^'^jS de CO pesant o'''"', 221. Aug- mentation du poids du barboteur o^'',oi2. Il ne se fait pas d'acide carbo- nique. — Autre expérience avec le réactif saturé : Passé 4'" d'air contenant i28'=*=,i de CO pesant oB', 157; absorbé o^^oSo. A chaud, la réaction est plus complète, mais la nécessité d'empêcher le départ de l'ammoniaque, tout en agissant sur de grands volumes d'air, rend l'opération très délicate sinon impossible. Le nitrate d'argent ammoniacal étant d'ailleurs réduit par beaucoup de gaz ne peut servir à reconnaître l'oxyde de carbone que si celui-ci n'est pas accompagné d'autres corps réducteurs. C'est ce qu'avait déjà dit M. Berthelot. » Le moyen indiqué par M. Mermet('), pour reconnaître les traces d'oxyde de carbone dans l'air, en se fondant sur l'oxydation de l'oxyde de carbone, à froid, par le permanganate de potasse en présence de sels d'argent, est assez infidèle, un grand nombre de gaz, l'acétylène et l'éthy- lène lui-même, agissant plus ou moins sur ce réactif à la façon de l'oxyde de carbone (^). (') Bull. Soc. chim., 3'= série, t. V, p. 569. (^) Il a été imaginé en vue de ces éludes. Je le décrirai séparément. (3) Bull. Soc. chim., 3" série, t. XVII, p. 467. . (*) Le permanganate de potasse acidifié ou alcalinisé suffit déjà à oxyder l'étliylène à froid et par conséquent ne permet pas la distinction avec l'oxyde de carbone. Pris 47" de C-H* mis en présence de permanganate en excès alcalinisé. Gaz disparu après quarante-huit heures 46". Pris 48'^'^ deC^H*mis en présence de permanganate acidifié parSO'H-: Acide carbonique formé après une heure et demie 22'^''. Après quarante- huit heures même résultat. ( «74 ) » J'espérais, au début, de ces études, arriver à doser l'oxyde de carbone dihié d'air, en l'oxydant d'abord à basse température grâce à un réactif bien choisi, puis recevant dans de l'eau de barvte titrée l'acide carbonique produit; la différence des litres déterminée sans aucune fillration préalable, en présence de phénolphtaléine, mesure susceptible d'une grande exacti- tude, devait me permettre de doser l'acide carbonique formé. Il est regret- table que cette méthode soit passible, pour les grandes dilutions d'oxyde de carbone et les faibles poids de CO" formé, de beaucoup d'incertitudes et de difficultés; mais, en la poursuivant, j'ai observé quelques réactions intéressantes que je crois devoir consigner ici. » Vacide chromique, en solution aqueuse concentrée, oxyde mal l'oxvde de carbone. Exemple : Rlis CrO' au quinzième (20" de solution) en pré- sence de 32"''",i de CO à aS"; après une heure il s'est fait seulement i3'^'=,5 de CO". Même en solution snlfurique, la réaction n'est pas complète. L'acide chromique à 2 pour 100 n'oxyde qu'imparfaitement, à 100°, un mélange d'air et^d'oxyde de carbone. Exemple : Fait passer dans ce réactif un volume de ce mélange au 7^^, contenant 11 2™, 5 de CO; dégagé o^'.ooig de C0° répondant à o'^'', 0019 de CO. Par les solutions à 10 et 20 pour 100 d'acide chromique et à 100°, l'oxydation est rapide, mais jamais complète. )) Le permanganate de potasse au ^^ est réduit très lentement à froid par l'oxyde de carbone avec formation d'acide carbonique. Avec le per- manganate au —, la réaction est bien plus rapide. Il se fait à froid de l'acide carbonique et des acides fixes. )) La solution d'acide iodique au ^ n'oxyde pas à froid l'oxyde de car- bone. Au ~ et à 100° la réaction devient très sensible; il se fait de l'acide carbonique et l'iode est déplacé. )) L'anhydride iodique oxyde à chaud l'oxyde de carbone qui en dégage l'iode, ainsi que M. Ditte l'avait observé ('). J'ai remarqué que la réac- tion est quantitative; qu'elle commence à 40° et même un peu avant, et qu'elle est totale et rapide à 60". J'y reviendrai. » Le chlorure d'or au ^ est un excellent réactif de l'oxyde de car- bone. Avec le gaz pur la réaction est presque immédiate, même à froid ; l'or réduit, couleur pourpre, se dépose bientôt. C'est là un très bon réactif qualitatif pour reconnaître l'oxyde de carbone mélangé à l'air, à condition (') Bull. Soc. diim., l. XIII, p. 319. ( 875 ) que celui-ci soit privé de ses poussières, qu'il soit lavé à la potasse et qu'il ne contienne pas d'autres gaz réducteurs. » L'oxyde d'argent humide absorbe lentement le gaz oxyde de carbone. Il en résulte une poudre noirâtre amorphe qui se conduit comme un car- bonate d'oxydule d'argent, formé d'après l'équation : 2Ag-0 -+-CO = Ag*CO'. L'acide acétique étendu de trois volumes d'eau ne dégage pas d'abord d'acide carbonique de cette matière amorphe, mais ce gaz se forme ensuite peu à peu, en même temps qu'il se fait de l'acétate d'argent; il reste un corps gris constitué surtout par de l'argent métallique. Traité par l'acide sulfurique étendu, le produit de la réaction de l'oxyde de carbone sur l'oxyde d'argent humide se détruit aussitôt à la façon des sels argenteux : Ag^CO^ + SO''H- = SO\\g=-^ Ag= + CO- -+- HH). » Il se fait dans la même réaction une trace d'acides formique et oxa- lique. » L'oxyde mercurique humide ainsi que l'oxyde mercureux ne pa- raissent pas absorber l'oxyde de carbone. » MEMOIRES PRESENTES. M. GiROD, d'Ahmenèges (Orne), adresse l'indication d'un procédé pour la détermination de la place des projectiles dans les tissus et luie réclama- tion de priorité à ce sujet. (Renvoi à une Commission composée de MM. Marey, Guyon, Lannelongue.) M. A. Challe soumet au jugement de l'Académie une Note intitulée : Projet ayant pour but d'éviter les abordages en mer pendant les temps bru- meux. (Commissaires : MM. de Jonquières, de Bussy, Hatt.) M. A. PoNCHEL adresse une Note relative à la construction d'un aérostat. (Renvoi à la Commission des Aérostats.) ( 876) M. Merlato adresse, pour les concours des prix Moiityon, une Note rela- tive à ses diverses inventions. (Renvoi aux Commissions des prix Montyon.) CORRESPONDANCE. ASTRONOAIIE PHYSIQUE. — Observations du Soleil faites à l'observatoire de Lyon (^èqiialorial Brunner), pendant le quatrième trimestre de 1897. Note de M. J. GciLLAUME, présentée par M. Mascart. n Les Tableaux suivants résument ces observations. Tableau I. — Taches. Dates Nomlirc Pass. Laliludes moyennes Surfaces eitréiues d'obser- au mér. ^ ^' moyennes (l'observ. valions, central. S. N. réduites. Oclobre 897. c ,19 27- 7 7 2,2 / 85 27- 8 8 3,0 -*- 9 i37 •2S- 4 3 4,2 — 9 4 29- 6 4 5,0 -Hi4 10 6- 8 3 fi, 7 - 3 1 1 lO-I I 2 8,3 — 10 4 4- 10 4 10,0 -H 2 3 i3 I 10,3 7 2 i3-r5 3 12,8 -hll 9 10-11 ■1 16,3 -+- 12 49 i3 I 17,2 + 9 7 14-20 3 19,2 -T-IO 4 20-21 2 21,6 -h 3 9 '22-25 2 22,1 — 0 I 23 I 23,4 -+- 9 2 20-25 0 24,7 -H 5 7 22-23 2 2' J- 26,0 — 6 3 — G",o H- 8°,4 Novembre 1897. 0,33 3o 1 4,4 — 12 2 3 1 5,9 -H 5 2 3-II 6 8,2 — 12 i5 9 I 8,8 — 12 2 9-1 3 3 i3,', — 2 -, / Dalps Nombre Pass. LalHudcs Dioyennes Surraces cxiréuies d'obser- a a mér. ■ ■*- — -^— !■■- -. moyennes d'obscr?. Talions, cenlral. S. K, réduilcs. Novembre i,6 -+- 7 50 27-30 3 2,0 -)- 8 67 3o 1 3,3 — 8 4 29-30 2 4,7 — 1 1 20 9 1 5,7 -1-12 i3 9-1 3 4 7,5 — 15 25 lO-l I ■_i ",9 -1- 12! 9-18 9-18 7 12,0 I o , J i3,o I 9 10-18 6 '4,2 -i-ie) i3-i8 0 0 ■4,7 -f- 5 0 1G-18 3 21,0 -T- 3 45 3i 1 28,0 — 9 47 '0 I 3o,o -4- 6 2 I2J. — 10', 7 — ( «77 ) Tableau II. — Distribution des taches en latitude. 00°. Sud 20^ Nord . 20", . 30'. 40". — 00\ Totaux mensuels. '7 Surfaces 1897. 40", 30°, 10° . 0". Somme. 7 Somme. 0" lO 10" moyennes réduites. Octobre.. . )) 1) n 1) 7 7 3 » M )) 347 Novembre. >. » » 1 3 - 4 4 n )t )) » 1 1 gs Décembre. ') 1) » 2 2 4 7 5 o. » 1) » 1 1 H93 - - - — — — . — _ _ Totaux . . ') 0 a (i 12 i8 2 1 iG 5 " W » 39 iG35 Tableau III. — Distribution des facules en latitude. 1897. 90" , 40' 30' 20" 10°, 0", Sommej Somme. 0". 10". Octobre.. . n » » 7 9 7 iG i5 9 3 Novembre. » » » 5 12 4 Décembre., 1) ]} » 4 5 9 S 6 Totau:^. . » » )> ië^ 21 3^ 27 i8 Surfaces Totaux moyennes ipnsuels. réduites. 3i 33,8 i6 14,2 17 19,5 64 67,5 » Le jîremier donne, à ciroile de l'indication du mois, le nombre propor- tionnel des joiu's sans taches; les colonnes successives renferment les dates extrêmes d'observation, le nombre d'observations de chaqtie groupe, le moment du passage an méridien central du disque solaire (en jour et en fraction de jour, temps civil de Paris), les latitudes moyennes, les surfaces moyennes des groupes de taches, exprimées en millionièmes de l'aire d'un hémisphère et réduites au centre du disque; à la fin de chaque mois, on a , indiqué le nombre de jours d'observation et la latitude moyenne de l'en- semble des groupes observés dans chaque hémisphère. » Le deuxième Tableau donne les nombres mensuels de groupes de taches contenus dans des zones consécutives de lo" de largeur et les sur- faces mensuelles des taches. » Le troisième, enfin, renferme des données analogues pour les régions d'activité du Soleil, c'est-à-dire pour les groupes de facules contenant ou non des taches; dans ce dernier Tableau, les surfaces mensuelles des fa- cules, toujours réduites an centre du disque, sont exprimées en millièmes de l'hémisphère. » Le nombre des observations faites dans ce trimestre est de 5i. » Le nombre des groupes notés est sensiblement égal à celui du précé- dent trimestre (89 au lieu de f\o), mais la surface totale a diminué de moitié : on a en effet iG35 millionièmes au lieu de 325o. » Le Soleil a été vu sans taches huit fois : quatre en octobre et quatre en ( «7« ) novembre; il n'y avait alors que des pores très fugitifs. A ce sujet, le mois de novembre a présenté quelques particularités intéressantes. Le i6, par exemple, nous n'avons pu voir ni taches ni facules; mais, grâce à la défi- nition des images qui était excellente, nous avons noté de nombreux groupes de pores disséminés entre -+- 87" et — 44° -'g latitude. Le 27, dans les mêmes conditions d'observation, nous avons noté deux groupes de taches voilées à + 10° et — 18° de latitude, et des groupes de pores jusqu'aux hautes latitudes de ± 48°- » Le mois de novembre a d'ailleurs présenté un minimum accentué et il faut remonter au premier semestre de 1890, c'est-à-dire peu de temps après un minimum du cycle des taches, pour en trouver un plus marqué. » A cette diminution de l'activité des taches a succédé une forte recru- descence temporaire, en décembre, due à un groupe très étendu dont le milieu a traversé le méridien central le i3 à la latitude de -1- 11°, et qui a été visible à l'œil nu (c'est le seul qui ait été vu de cette façon; il y en avait eu deux le précédent trimestre, tous deux dans l'hémisphère austral). » Ce groupe, le plus étendu de ceux observés en 1897, était incliné sur l'équateur solaire d'environ 16°; ses taches extrêmes étaient distantes entre elles de 34° en longitude et de 17° en latitude (ces différences au moment du passage au méridien central étaient respectivement de 28" et II", et sa plus grande largeur de 8°). On peut le rapprocher de celui de septembre 1896 avec lequel il a beaucoup d'analogie malgré un aspect un peu différent : étendue d'un peu plus de 28° en longitude sur 5° de large, diflérence de latitude des taches extrêmes 11°, latitude moyenne 12°, incli- naison sur l'équateur iS"; néanmoins, ces similitudes n'autorisent pas à voir dans ce second groupe une réapparition du premier après 4^2 jours, leur différence de longitude étant de 1 16". » Régions d'activité. — Le nombre des groupes de facules a diminué de 6 au sud et augmenté de 3 au nord (respectivement 37 et 27 au lieu de 43 et 24), et au total on a 64 groupes et une surface de 67,5 millièmes au lieu de 67 groupes et 64,3 millièmes. On voit qu'il y a peu de différence comparativement au trimestre précédent. ( 879 ) ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Nouvelle série de photographies de la chromo- sphère entière du Soleil. Note de M. H. Deslaxdues, présentée par M. Lœwy. « En février 1892 j'ai annoncé, en même temps que Haie, directeur de l'observatoire de Chicago, que les raies violettes H et K du calcium appa- raissent brillantes dans le spectre des facules du disque solaire et assurent la photographie des vapeurs de calcium correspondantes. » J'ai montré, de plus, que ces mêmes raies apparaissent encore bril- lantes, mais à un degré bien moindre, sur tous les autres points du disque, et décèlent en réalité la chromosphère entière du Soleil, dans la partie très étendue qui est projetée sur le disque et qui, jusqu'alors, avait échappé à l'observation {Comptes rendus, t. CXIII, p. 807, t. CXIV, p. 276 et $78, t. CXV, p. 222, t. CXVII, p. 716 et io53, t. CXVIII, p. 842 et i3i2). » D'autre part, j'ai organisé en 1893, à l'Observatoire de Paris, avec le sidérostat de Foucault, deux spectrographes automatiques qui enregistrent séparément les formes et les vitesses radiales des plages les plus brillantes de la chromosphère entière (' ). M Le spectrographe des formes, qu'on appelle aussi speclrohèlio graphe ou encore spectrographe à deux fentes, présente dans le plan focal de la lu- nette une seconde fente fine qui isole, dans le spectre total, la raie chro- mosphérique et ilont l'idée première a été indiquée par M. Janssen dans une Note publiée en 1872 sur l'observation oculaire des protubérances(-). » Or les règles posées, en i8g3, |)our obtenir avec ce spectrographe l'intensité exacte des vapeurs et la netteté maxima, ont été confirmées par toutes les observations ultérieures. Une faible dispersion est une des con- ditions nécessaires : un prisme de flint léger, traversé sous une épaisseur moyenne de o'",02, donne d'excellents résultats. » En fait, le spectrographe employé au début comprend un collimateur (') Le speclrogiaphe des vitesses enregistre en plus répaisseur de la chiomosplière au bord. (^) Le prenaier spectrographe des formes a été construit en 1S88 par Lohise, de Potsdam, pour la photographie des protubérances, mais n"a pas donné de résultats avec la raie rouge de l'hydrogène, qui agit trop faiblement sur les plaques piiotogra- phiques; le second a été construit par llale en 1892 et a fourni des images avec la raie violette du calcium. C. R., iSyS, .•' Semeslic. ( !. C.VWl, N" 13.) I '3 ( 88o ) (le o"", 5o avec iiii objeclif à quatre verres et à un grand champ, un seul prisme de6o°, et une lunotlede r°avec un objectif à deux verres. La fente du collimateur et lespectrograplie tout entier se meuvent devant une image fixe du Soleil fournie par un objectif de o"',i2 et de 3" de distance focale, pendant que la plaque photographique, placée derrière la seconde fente, a un mouvement relatif proportionnel. » L'image de la chromosphère a un diamètre de 5o"'"; obtenue avec une pose relativement courte, elle se distingue par sa netteté et son éclat des images similaires obtenues en Amérique et en Angleterre. Elle a montré couramment, en 1898 et 1894, de petits maxima de lumière (appelés flammes faculaires dans les Notes précédentes), non seulement dans la zone des taches, mais dans la région des pôles, qui en était privée sur les épreuves faites au même moment à l'étranger. Ces petits maxima forment sur le disque entier une sorte de réseau que j'appelle réseau chromosphé- tiqiie. » La photographie de la chromosphère a été poursuivie sans interrup- tion pendant les années suivantes, car elle se rattache à une question actuellement très importante : à l'extension des variations périodiques des taches solaires aux autres parties du Soled. » Les variations des taches sont suivies, comme on sait, avec un retard plus ou moins grand, par les facules du disque d'une part, par les protu- bérances et les rayons coronaux de l'atmosphère solaire, d'autre part. S'élendent-elles aussi, et dans quelle proportion, aux plages brillantes de la chromosphère qui sont placées entre les facules et la couronne, et n'ont pas encore été étudiées? Il convient de combler cette lacune pour le disque entier et surtout pour la région des pôles, particulièrement intéressante par les grands changements des facules et de la couronne. » Les |>remières épreuves de la chromosphère ont été faites dans les années 1893 et 1894, qui correspondent à un maximum de taches; depuis, les taches ont sensiblement diminué ainsi que les protubérances (') et les (') Je m'appuie en particulier sur les relevés de Tacchini, Mascari, Guillaume, relevés qui ne donnent que les protubérances ayant une hauteur de quelques minutes d'arc. D'ailleurs, on sait que les protubérances les plus hautes ne sont pas les plus intenses, ou même celles qui ont la partie basse la- plus intense. D'autre part, les pho- tographies de la chromosphère entière représentent en général la partie la plus basse et aussi la plus intense de la chromosphère et des protubérances ayant une hauteur de quelques secondes d'arc. Les relevés des protubérances au bord et les photogra- phies de la chromosphère sur le disque s'appliquent donc à des couches différentes de ( 88. ) facules. Même, ces dernières, d'après les relevés de Taccliinr, aiiraienl disparu en 1897 dans la région des pôles. Ces différences iront en aug- mentant jusqu'au minimum des taches, qui aura lieu vraisemblablement en iQoo; » Or, en 1893, 1896, 1897, les épreuves de la chromosphère ont mon- tré, conslamment, de môme que dans les deux années précédentes, de petits maxinia de lumière aux pôles; on a constaté seulement une légère diminution de leur intensité soil à un pôle soit à l'autre ('). Sur le disque entier, d'autre part, le réseau chromosphérique paraît avoir subi des varia- tions légères; au centre du disque, là où, en t8g4, on comptait quatorze mailles et demie, on en compte treize en 1897. Cette étude de la chromo- sphère sera poursuivie pendant une période entière. » D'ailleurs, en 1897, le spectrographe des formes a été amélioré, de manière à fournir une image plus grande de la chromosphère. T/ob- jectif astronomique de 3"" de distance focale a été remplacé par un objectif de 5™, et le collimateur de o™,5o par un collimateur de o'^.GS et d'ouver- ture plus large. L'image finale de la chromosphère a un diamètre de Sa""; c'est la plus grande image encore obtenue. » Les nouvelles épreuves présentent plus de détails que les précédentes; elles montrent parfois, entre les mailles du réseau, d'autres mailles plus fines et plus faibles, et il semble que, en employant un appareil encore plus puissant, on puisse atteindre les dernières divisions de la chromo- sphère. Comme les protubérances ont une structure filiforme, les plages brillantes de la chromosphère sont probablement divisibles en grains et, dans ce dernier cas, les grains chromosphériques correspondront-ils aux grains de la photosphère, à ces grains qui apparaissent si nettement sur les belles photographies de M. Janssen? » Sur quelques épreuves qui montrent des taches au bord solaire, la chromosphère présente une échancrureau point qui correspond à l'ombre. La partie basse et intense de la chromosphère manque donc au-dessus des la chromosphère; de là l'intérêt qui s'attache à des diiïérences dans les variations de ces couches. (') Cependant, les plages les plus brillantes de la chromosphère correspondent aux. plages brillantes et élevées de la phoLosphèie, qui sont les facules. Mais, dans la cliro- mospliére, ia différence d'intensité entre les plages les plus brillantes et les plages voisines est beaucoup plus grande que dans la photosphère. On est conduit à penser que la surface du disque offre encore de petites inégalités aux pôles, après le uiaxi- mum, malgré la disparition des facules. ( 882 ) lâches. Ce résultat est confirmé parle spectre des taches étudiées au centre du disque avec les specti'ographes des vitesses radiales. Il explique sim- plement pourquoi la radiation calorifique (') des taches, si disculée à l'heure actuelle, ne varie pas en intensité avec leur distance au centre; car celle radiation ne subit pas l'absorption par la chromosphère qui est la cause des variations calorifiques pour les points ordinaires du disque. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les transformations singulières des fondions abéliennes. Noie de M. G. Humbert, ])résentéepar M. Poincaré. « Soit {s) une surface hyperelliptique aux périodes {g, h, g'), liées par la relation unique ag -^ ^h -hyg' =^ o, à coefficients entiers; désignons par (S) une seconde surface hyperelliptique, aux périodes (G, H, G') définies par (,) G =lg-h/cy/i, Il ^ Ih -+- ky g' , G'^-k^h-+-{l — ^)g', on l e,i k sont deux entiers vérifiant la relation /=- <^kl-^k-a.y= I. » Pour préciser, je supposerai que (5) est une de ces surfaces d'ordre huit que j'ai fait connaître ailleurs, et qui sont touchées par trois plans le lone; d'une quartique de genre deux. L'équation d'une de ces quartiques (cf) est 2r(M, V, g. A, g') =; o, ^ désignant une des seize fonctions thêta du pre- mier ordre; de plus, les modules de la surface (s) sont ceux de la quar- tique {q). Je ferai la même hypothèse sur (S), et (Q) sera la quartique S(U,y,G,H,G') = o. » Cela posé, faisons correspondre à un point u, v de (5) le point U, V de (S), loi que (T) U =:/«-t-/ÎYV'. V = - Aa« -^-(7-/î-,3)^■; nous établissons ainsi entre (y) et (S) une correspondance point par |)oint; mais (5) et (S) n'ont pas nécessairement les mêmes modules, c'est- a-diie que les quartiques ((]) et (Q) ne sont pas nécessairement iden- {^ ) Liib iiidia lions luiiiiiieuses et actiniqiies resleiU aussi à peu près constantes, mais les mesures les plus précises ont été faites avec la radiation calorifique. ( 883 ) tiques. Nous allons chercher les conditions nécessaires et suffisantes pour qu'il y ait identité. )> I^a transformation (T) fait correspondre à la quartique (Q), d'équa- tion &(U, V, G, H, G') = o, tracée sur (S), une courbe i|y(«, v) = o, tracée sur (i); ij^(i/,f)est une fonction qui vérifie les relations et la courbe '|(z<, t') = o est de genre deux, avec les mêmes modules que(Q). » Si, maintenant, les courbes (q) et (Q) sont identiques, on a le droit de supposer que les surfaces (^s) et (S) le sont également; il existe donc une transformation univoque de la surface (^) en elle-même, faisant cor- respondre à la courbe ij/(w, t') = o la quartique plane (^), c'est-à-dire la courbe ^{u, v, g, h, g') = o. » Cette transformation est évidemment de la forme \}' = 'Ku -(- ij.(' -f-const., V = Vu ~\- [j.'v -h const., les X et jx étant des constantes; pour qu'elle soit univoque, il taut et il suffit qu'elle soit (à des constantes près) du type (T') U' = "A;/ + OYt'. V'= -6x«-+-(a — 6^)t', >, et ô étant des entiers liés par la relation ( 2) X' — fl6X + e- ay = ± r . M Enfin, en exprimant que le point (^u, c) décrit la courbe iJ/(m, v) = o, quand le point (U'.V) décrit la courbe 5{{J',Y', g, h, g') = o, on trouve ^ ^ / /?- = 0(2X-Ô,S). c'est-à-dire que la substitution (T) est le carré de la substitution (T'). » Or, les substitutions (T) sont des puissances d'une d'entre elles, que je désignerai par Çt), et de là résultent aisément les conséquences sui- vantes : M Si (T) est une puissance paire de (t), les équations (2) et (3) donne- ( 884 ) ront jjoiir >. et 0 des valeurs entières [en prenant -+- i au second membre de (2)], c'esl-à-dire que la surface {s) admettra une transformation uni- voque en elle-même, faisant correspondre à la quartique (q) la courbe A(«, (') = o, qui a les mêmes modules que (Q) : les courbes (q) et (Q) ont donc les mêmes modules. » Si (T) est une puissance impaire de (/), il faut que (T') soit de déter- minant — I, c'est-à-dire que la forme a-— fE9>. + 9*aY doit pouvoir repré- senter le nombre — i . On voit aisément que cette propriété dépend uni- quement du discriminant A = ^- — 4''-y- Donc : » i" Si A est tel que la forme puisse représenter — i , la substitution (T') existe, et l'on en conclut que les courbes (q) et (Q) ont encore les mêmes modules; M 2° Si A est tel que la forme ne puisse représenter — i, la substitu- tion (T') n'existe pas, et les deux surfaces (s) et (S), bien que se corres- pondant point par point, n'ont pas les mêmes modules, c'est-à-dire que les modules de Richelot formés respectivement avec les périodes g, />, g' et G, H, G' ne sont ni les mêmes, ni réductibles les uns aux autres par une transformation ordinaire du premier ordre. » Enfin, dans ce même cas, on établit que la surface (s) étant donnée, il n'y a qu'une seule classe de surfaces (S) qui lui correspondent point par point et qui aient des modules différents. » La valeur la plus petite de A donnant lieu à ce cas remarquable est A = 12, car pour A = 5 et 8 les formes correspondantes 1- — >.0 — 6^ et 1^ — 2O- peuvent représenter — i, et les cas de A = 4 et 9 sont à exclure comme elliptiques. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les fonctions discontinues développahles en séries de fonctions continues. Note de M. R. Baire , présentée par M. E. Picard. « Dans une Note, présentée à l'Académie le 8 novembre 1897, j'avais indiqué le problème suivant : On supjiose qu'une fonction de deux varia- bles réelles est continue par rapport à chacune d'elles; on considère les valeurs que prend cette fonction sur une courbe continue; cette succes- sion de valeurs est une fonction qui peut être discontinue ; quelle est ( 885 ) exactement la nature de cette fonction? Je me propose d'indiquer, dans la présente Note, un théorème qui résout complètement celte question, en même temps que d'autres questions d'ime nature un peu dilïérente ; en particulier, nous délerniinerons- toutes les fonctions discontinues susceptibles d'être représentées par des séries de fonctions continues. » 1. Je pose d'abord quelques définitions. Une fonction de t étant donnée, je prends, dans l'intervalle de A'ariation de t, un ensemble parfait E [E = E']. Soit A(^ = t„) un point de E; dans l'intervalle (/,, — oc, ?„ -l- a), si petit que soit a, se trouvent des points de E ; les valeurs de la fonction en ces points ont un maximum et un minimum qui, lorsque a tend vers o, tendent vers des limites M et m; j'appelle w = M — /« V oscillation en A de la fonction par rapport à l'ensemble parfait E. Si oi =^ o, la fonction sera dite continue en A par rapport à l'ensemble E. » Cela posé, il n'y a que trois cas possibles : » 1° On a, en tout point de E, to = o ; la fonction sera dite alors continue relativement à l'ensemble E; « 2° Dans tout intervalle oc^, contenant à son intérieur des points de E, il y a des points de E pour lesquels im =. o; la fonction sera dite ponctuelle- ment discontinue relativement à E; » 3° Il existe un intervalle ooP qui contient des points de E à son inté- rieur, mais qui n'en contient aucun pour lequel w = o; la fonction sera dite totalement discontinue relativement à E. » Ces principes étant posés, on a le théorème suivant : » Soit une fonction de x et y, continue en tout point par rapport à y, et telle que, entre deux droites parallèles à Ox, y^za., y=p(7. <^P), existe toujours une droite j)/' = y (a <^ y <;] j3) sur laquelle la fonction est continue par rapport à x. On prend une courbe continue et sur cette courbe un ensemble parfait E. La fonction, relativement à E, est ponctuellement discontinue. M Un cas particulier, oii cette proposition s'applique, est celui que j'ai rappelé plus haut, à savoir le cas où l'on suppose la continuité en tout point par rapport à chacune des variables. » Indiquons un autre cas intéressant. Soit une fonctiony (a;, y) continue par rapport à l'ensemble x,y partout, sauf sur Ox, où elle est seulement continue par rapport à y. Le théorème s'applique à la fonction discontinue . f(x,o). Plus généralement, si l'on a une fonction continue par rapport à l'ensemble (x,y) à Vintérieur d'une aire A limitée par un contour C, et si, en chaque point de C, il y a continuité suivant la normale, le théorème s'ap- plique à la fonction ainsi définie sur le contour C. ( 886 ) » Reprenons le cas où les discontinuités n'ont lieu que sur Ox, et pre- nons une suite de quantités >',, y., ..., ,v,„ . . . tendant vers o; on voit que la/onction discontinue /(.t , o) est la limite rie la suite de fonctions conti- nues /(-r, y,), f{x,Y^), . . . , f{x,y„) ou, ce qui revient au même, la somme de la série de fonctions continues convergente pour toute valeur de x. » On peut, en partant de là, établir le théorème suivant : » 5/ une série, dont les termes sont des fonctions continues de x, est conver- gente pour chaque valeur de x, elle représente une fonction qui est ponctuel- lement discontinue relativement à tout ensemble parfait. » n. Réciproquement, si une fonction f{x) est ponctuellement discon- tinue relativement à tout ensemble parfait, il existe une suite de fonctions continues /,(a7), /2(a;) f„(x),..., qui, pour chaque valeur a-,, de a;, tend vers /(ic,,). Autrement dit, la fonction est représentable par une série convergente u,(x) + u.^(x) -h . . . + u„(x) -h . . . , les u étant des fonctions continues. D'ailleurs, on peut remplacer cette série par une autre dans laquelle les termes sont tous des polynômes, de sorte que nous avons ainsi déterminé la condition nécessaire et sufïsanle pour quune fonction d'une variable réelle soit développable en série de polynômes. » III. Pour démontrer celte réciproque, j'emploie une méthode fondée sur la considération des ensembles; cette méthode fournit en outre une nouvelle forme de la condition précédente, et un moyen de décider si une fonction donnée est représentable ou non par une série de fonctions continues. J'indique brièvement ici les définitions qui me sont nécessaires. )) Soit r, un nombre positif quelconque. J'appelle P l'ensemble des points où l'oscillation de la fonction /(a;) est ^g. Je forme, s'il y a lieu, P^ {Q. est le premier nombre transfini de la troisième classe); on sait que P" est parfait. Soit P, l'ensemble des points de P*^ où l'oscillation par rapport à P^ est ^c (si P^= o, je poserai P, = o). Soit de même P^ l'en- semble des points de P^ où l'oscillation par rapport à Pf est ^ c. » On définit ainsi P,, P^, . . ., P„ Si l'opération ne se termine pas, ( «8? ) il existe des points communs à tous les ensembles P„ ; soit P„ l'ensemble de ces points. On déduira P^^^., de P„. ?„+. de P^^^.,, etc., comme on a déduit P, de P; on arrive ainsi à définir Pœ. a. étant un nombre transfini quel- conque, de première ou de deuxième classe ; on voit également ce qu'il faut entendre par Po. » Cela posé, quelle que soil la fonction doiil on est parti, il existe un nombre a de la première ou de la deuxième classe pour lequel on a : Pa = Pa^i = . . . = Pq. De plus, Pq est parfait. » Si, quel que soit c, on a Pq ^= o, la fonction est développable en série de fonctions continues. » Si, au contraire, lorsque a est suffisamment petit, on a Pq ^ o. la fonction n'est pas représentable de cette manière; on voit, en effet, qu'elle est alors totalement discontinue sur l'ensemble parfait Pq. >) IV. On peut étendre une grande partie des résultats qui précèdent au cas où l'on remplace la notion ordinaire de limite par la notion de limite généralisée, due à M. Borel. On a, en particulier, le théorème suivant : » Si une série u, (a-) -+- u.,(j!-) -I- . . . + ii„(^) -\~ . . . , dont les termes sont des fonctions continues, est sommable pour toutes les valeurs de X comprises dans un intervalle, et si la somme des n premiers termes reste limitée ('), la somme S (ce) de la série (définie par M. Borel) est une fonction ponctuellement discontinue sur tout ensemble parfait, et par suite une fonction représeniable par une série convergente de fonctions continues. » RADIOGRAPHIE. — Caractères de la transformation des rayons X par la matière. Noie de M. G. Sag.\ac, présentée par M. Lippmann (-). K J'ai montré qu'un corps quelconque exposé aux rayons X émet en tous sens, suivant un mécanisme que j'ai précisé (Comptes rendus du 7 fé- vrier), des rayons secondaires S moins pénétrants que les rayons X incidents dont ils sont la transformation. Le pouvoir de pénétration des rayons S est de plus en plus faible et la transformation des rayons X est de plus en plus (') Celte resiriclion n'est d'ailleurs pas nécessaire ; on peut se contenter de supposer, par exemple, que la somme S„(,r) des n premiers termes est, pour toute valeur de a:, inférieure à A", A élaiU un nombre fixe. (") Travail fait au laboratoire de M. Boutv, à la Sorbonne. C. K , 1898, 1" Semp.>t-e.r\ . CXXVI, ^' 12.) ' l/j ( 888 ) profonde à mesure que l'on passe de l'air, de l'eau, de raliiminium, au enivre, au zinc, au plomb. Je vais montrer comment l'emploi et la compa- raison de dilTérents réce|>teurs (plaques photographiques, électroscope, écran fluorescent au plalinocyanurede barvum) permettent de préciser les caraclèrcs de cette transformation plus ou moius profonde. » J'ai déjà montré que l'énergie des rayons secondaires n'est qu'une petite fraction de l'énergie des rayons X incidents {loc. cit.) et que cepen- dant leurs actions photographiques ou électriques (e^efi ^cco/z'/a/re^) peu- vent atteindre et dépasser les actions directes des rayons X {effets pri- maires). Cela tient à ce que la couche |)hotographique, ou l'air qui environne le conducteur électrisé, sont très transparents pour les rayons X, mais peuvent, au contraire, absorber beaucoup plus les rayons secondaires. » Le platinocyanure de baryum se comporte tout autrement que les préparations photographiques ordinaires ou que l'électroscope. Il utilise une fraction plus importante de l'énergie incidente. Il paraît intermédiaire entre les deux premiers récepteurs et le bolomètre que l'on pourrait con- stituer en mettant à profil réchauffement des métaux sous l'action des rayons X, découvert par M. Dorn. Il eu résulte que l'écran au platino- cyanure s'illumine vivement sous l'action de rayons S même assez péné- trants, tels que ceux de l'aluminium, delà paraffine, agissant seuls à l'exclu- sion des rayons X. Mais, si l'écran reçoit déjà les rayons X, sa luminosité augmente peu quand on en approche un corps quelconque qui lui envoie des rayons secondaires sous l'influence des mêmes rayons X. Au contraire, on peut augmenter beaucoup l'action photographique dans les mêmes conditions. De même, la vitesse de décharge d'un condensateur dont les armaL^u■e3 en aluminium battu très mince, ou formées de toiles métalliques, sont traversées par les rayons X, peut doubler, tripler, décupler, etc., sui- vant les dimensions du condensateur, quand on approche de l'armature du condensateur, reliée au sol, une lame de cuivre, de zinc, de plomb, etc. également au sol. » L'action des rayons X, sur l'un des trois récepteurs indiqués, diminue quand on interpose un corps sur leur trajet à cause de l'absorption des rayons X par le corps; mais elle s'augmente, d'autre part, de l'ellei dû aux l'ayons S cjue l'obstacle dissémine en tous sens à partir de la surface de soi lie dos ravuns X. La seconde action est impoitanle si elle s'exerce sur une plaque [)hoL()grapliitpit', ou sur un électroscope dont lenlréeest fermée par une loiie métallique; il arrive même que si le coips étudié est une feuille d'or l;atlu placée contre la toile métallique de l'électroscope, l'effet ( «89) secondaire compense, et au delà, l'absorption réelle des rayons X, en sorte que l'absorption appnrente est légèrement négative. D'une manière géné- rale, Vabsorption ap/)aren!e est minimum quand le corps e^t le plus près possible de la toile métallique qui ferme l'éleclroscope; elle augmente à mesure qu'il s'éloigne, jusqu'à atteindre une valeur limite, par exemple double de la première, qui caractérise Vabsorption réelle des rayons X par le corps. C'est donc en éloignant suffisamment l'électroscope du corps absorbant (à o™, i, à i*" de distance, suivant les cas) qu'il convient d'étu- dier l'absorption des ravons X par les différents corps. Les anomalies pré- cédentes se manifestent avec beaucoup moins d'intensité quand on rem- place la plaque photographique ou l'électroscope par un écran au platino- cyanure de baryum. » Si le corps interposé sur le trajet des ravons X est formé de deux ou plusieurs lames superposées de matières différentes, l'eifet des rayons secon- daires change beaucoup avec l'ordre des lames (Comptes rendus dn 7 fé- vrier). Ce phénomène, qui démontre la transformation des rayons X, se constate très facilement avec les trois récepteurs indiqués, exposés aux rayons secondaires seuls. Si le récepteur reçoit en même temps les rayons X transmis par le système des lames, on constate que la transparence appa- rente du système des lames, pour les rayons X, dépend de l'ordre de ces lames aussi bien que de leurs distances respectives au récepteur (loc. cit.). Mais le phénomène est alors délicat à observer avec l'écran fluorescent ( ' ), tandis que les plaques photographiques ordinaires le montrent très facile- ment, comme je l'ai indiqué au début de ces recherches (Comptes rendus du 27 juillet 1897). La méthode électrique permet de l'observer avec pré- cision ; par exemple, le système aluminium-zinc paraît plus transparent que le système traversé par les rayons X dans l'ordre inverse : zinc-alu- minium, dans le rapport de 1,73 à l'unilé, quand la lame d'aluminium de o'"™,55 d'épaisseur et la feuille de zinc de o™'°,o5 d'épaisseur iorment la paroi de la cage de l'électroscope; le rapport des deux coefficients de transmission apparente des deux svslèmes inverses (Al, Zn) et (Zn, Al) diminue et tend i;,ra(luellement vers l'unité, à mesure qu'on éloigne le sys- tème des deux feuilles de centimètre en centimètre à partir d'une toile métallique placée à l'entrée de l'électroscope. (') M. Roiti, qui a retrouvé le même phénomène en employant l'écran (luoiesceiU, n'a réussi à l'observer nettement et à en faire une élude suivie qu'en employant un dispositif très soigné ( Lincei, 20 février, p. 87 ). ( «9<^ ) » Enfin, l'clectroscope et les plaques photographiques ordinaires dis- tinsfuent beaucoup mieux que le platinocyanure de baryum les différents rayons secondaires, très inégalement pénétrants, émis par les différents corps : ainsi, une lame d'aluminium émet des rayons secondaires dont l'action sur un écran au platinocyanure de baryum n'est pas très infé- rieure à celle des rayons du zinc. Au contraire, l'action des rayons secon- daires de l'aluminium sur un corps électrisé est faible vis-à-vis de l'action des rayons du zinc; sur une plaque photographique ordinaire, elle peut passer inaperçue, alors que l'action du zinc est très intense. Ces différences tiennent à ce que l'écran au platinocyanure de baryum est bien plus ab- sorbant que les deux autres récepteurs et utilise bien mieux les rayons de l'aluminium. Dans cette expérience de comparaison de l'écran luminescent et de la plaque photographique, l'aluminium et le zinc se comportent, comme sources de rayons secondaires, à la manière du tube dur et du tube doux d'une expérience analogue de M. Rontgen sur les rayons X ('). L'aluminium émet des rayons secondaires beaucoup [jIus pénétrants que ceux du zinc. » On peut résumer les caractères de la transformation des rayons X par la matière en disant : Une matière M qui reçoit des rayons X issus d'un tube à vide émet de nouveaux rayons, moins pénétrants, à la manière de la lame focus d'un tube à wûe plus doux que le premier. Seulement on ne peut pas dire que ces rayons S émis par M sont simplement choisis dans le taisceau incident, comme s'il y avait simple diffusion élective; il y a trans- formation des rayons X. Si M est une matière telle que le zinc, le |jlomb, les rayons S très peu pénétrants qu'elle émet ne paraissent exister en quantité notable dans le rayonnement d'aucun des tubes à vide actuelle- ment employés. » PHOTOGRAPHIE. — Sur V irradiation photographique , applications diverses. Note de M. Cii. Féry (-), présentée par M. A. Cornu. « I. Tous ceux qui se sont occupés de Photographie savent que les détails d'un objet vivement éclairé sont grossis et empâtés sur la glace sensible. Ce même phénomène se retrouve également dans la vision ; ce (*) W.-C. l^ôNTGE.x, Silzungsbcriclite cler Berl. Ak., mai 1897. (') Travail fait à l'Ecole lumiicipale de Physique et de Chimie. ( «9ï ) n'est pas, d'ailleurs, la seule analogie que présentent l'œil et la chambre noire. » Ayant indiqué à plusieurs reprises ce phénomène comme jouant un certain rôle dans l'étalement des points qui constituent l'image dans les clichés tramés employés en Photogravure, je me suis proposé de l'étudier plus en détail. ') On peut supposer, pour explicjuer l'étalement d'un point vivement éclairé, que la couche sensible, devenant lum.ineuse en cet endroit, joue pour les régions voisines le rôle d'une véritable source secondaire. D'autre part, la glace n'étant pas infiniment sensible, il y a ime certaine intensité lumineuse minimum au-dessous de laquelle la réduction du sel d'argent ne se produira plus. » On conçoit donc que l'impression s'arrête au point où, par suite de {'absorption, cette intensité limite est atteinte. » On est donc amené à appliquer à ce phénomène la loi de décroissance d'un ravon lumineux traversant une substance absorbante. » Soient j'o l'intensité sur la région recevant les rayons directs, «l'intensité limite de réduction, k le coefficient d'absorption de la couche sensible; la distance y à laquelle s'étendra l'action lumineuse sera donnée par la relation connue i—i^k-' ou ky = logî'o — !og;. qui est l'équation d'une droite ( I ) y = x — k, . log;t„ \r,c:r , en posant — 7^ ^= x el —r- = A. » Les étalements doivent donc croître en progression arithmétique quand les intensités lumineuses ou mieux les quantités de lumière croissent en progression géométrique. » II. Afin de vérifier ces conclusions, j'ai disposé en contact absolu avec la glace photographique une trame de Alax-Lévy qui avait été décollée. » Ce système réalisait donc une série de petits écrans opaques et très étroits appliqués sur la couche de gélatine. 1) Un objectif photographique |)roduisait sur le système ainsi disposé l'image d'un diaphrngme éclairé. On pouvait de cette façon réaliser sur la même plaque un certain nombre de poses et faire varier soit l'intensité ( 892) lumineuse en diaphragmant l'objectif, soit la quantité de lumière en agis- sant sur le temps de pose. )i Le hiilo qui aurait pris naissance pour les grandes intensités était évité en recouvrant l'envers de la glace d'un vernis noir ayant le uiênie in- dice, ainsi que l'a indiqué M. Cornu. » La distance entre deux traits opaques formant écrans était de o""", 120. M Résultats. — Les temps de pose (à part le premier) ont varié suivant une progression géométrique dont la raison était trois secondes : Largrur Étalement Élaleiiient Temps de pose. de la ligne. observé. calculé. s mtii 0,5 0,114 — 0,006 — 0,006 3 0,120 0,000 — 0,001 9 0,129 -1-0,009 -1-0,009 27 o,i38 0,018 -1-0,019 81 o, 100 o,o3o 0,0029 243 o, iSg 0,039 OjoSgS » Résultats bien conformes à la théorie précédente. » Dans la pose la plus prolongée, le centre des lignes noires était plus clair que le bord ; ce fait, connu sous le nom de so!arisatwn, ne semble pas, d'après ces expériences, modifier sensiblement les propriétés physiques de la couche. » Il peut paraître étrange que la ligne soit reproduite plus petite qu'elle n'est réellement pour les très faibles temps de pose; cela n'a rien d'anor- mal cependant, car l'intensité au centre doit avoir atteint l'intensité limite nécessaire à la réduction avant les bords extrêmes. » Applications. — On pourrait peut-être appliquer ce phénomène à la mesure de l'éclat intrinsèque des sources lumineuses; il permettrait égale- ment de déterminer les conslantes d'une éraulsion donnée : sensibilité et coelficient d'absorption de la couche, w M. A. Cornu, à l'occasion de cette Communication, ajoute les remarques suivantes : « M. Ch. Féry me paraît établir avec certitude un point contesté à diverses reprises, à savoir : l'extension de l'action photographique sur le bord de l'ombre d'une plage éclairée. La couche sensible illuminée devient, dans son épaisseur, une véritable source secondaire qui a pour (893 ) effet d'augmenter le diamètre des objets lumineux enregistrés par la Pho- tographie. » Si cet effet secondaire doit être mis en ligne de compte, il ne faut pas le confondre avec l'action dts aberrations de diverses natures qui entourent l'imiige principale des objectifs, lesquelles me paraissent jouer le rôle principal. Cette remarque explique les divergences obtenues dans les observatoires sur la mesure des grandeurs stellaires d'après le diamètre photographique des étoiles. Bien qu'appuyées, dans chaque cas, par des vérifications satisfaisantes, les lois proposées varient d'un observateur à l'autre, non seulement par la valeur numérique des |)aramètres, mais encore par la forme de la fonction à employer. Cela n'a rien de surprenant si l'on songe queciiaque objectif, chaque miroir possède un système parti- culier d'aberrations, une sorte de personnalité photographique, qui ôte tout espoir de découvrir une loi générale permettant de résoudre le problème si important de la grandeur photographique des étoiles. » PHOTOGRAPHIE. — Sur an amplificateur universel destiné aux agran- dissements photographiques . Note de M. J. Carpentier, présentée par M. Mascart. « Quand on fait des agrandissements photographiques, en vue d'appli- cations scientifiques ou artistiques, une des principales difficultés que pré- sente l'opération est une bonne mise au point. La propriété des objectifs, appelée profondeur de foyer, et le caractère toujours indécis des contours de toute image sur le cliché photographique, ainsi ipie d'autres causes secon- daires, laissent à la mise au point, obtenue par observation directe de l'image sur la glace dépolie, une incertitude inévitable. En supposant que, dans un cas particulier, on soit parvenu à réaliser le maximum de netteté, les mêmes tâtonnements sont à renouveler, dès que quelque chose a été changé dans la disposition de l'appareil d'agrandissement, et le succès d'une première opération ne compte pour rien dans la réussite d'une opération subséquente. » L'amplificateur dont il est ici question est muni d'un dispositif pure- mentcincraatique qui rend la mise au point automatique et lui assure, dans tous les cas, le maximum de perfection réalisable. » Rappelons, en deux mots, que tout appareil d'agrandissement photo- graphique se compose esseiiLieliement d'un objectif, de part et d'autre duquel se meuvent deux châssis portant : l'un le cliché à agrandir, que nous ( «94 ) appellerons l'objet O, l'autre la couche sensible sur laquelle doit se tracer ^ima^e agrandie I. L'opération de la mise au point consiste, l'un des châssis étant en une certaine positior), à amener l'autre châssis dans une position telle que l'objet et l'image soient places dans deux plans conjugués par rapport à l'objectif. » Considérons donc un objectif C, dans lequel nous supposerons d'abord que les points nodaux coïncident. Si l'on désigne par ce la distance de l'objet au foyer principal de l'objectif le plus proche F, et para;' la distance de l'image au foyer principal F' (les deux foyers principaux étant respecti- vement de part et d'autre du centre optique, à une distance égale à la distance focale absolue/), on sait qu'il existe entre les valeurs absolues de X, x' et/ la relation xx' =/'. Fig. i. .a>..^ r ~ /^ » La distance totale entre l'objet et l'image a pour valeur la somme rr + 2/4- x'. » Soit une droite AB; en un de ses points C élevons une perpendicu- laire CD de longueur égale à /, et en D plaçons le sommet d'un angle droit. Fis < /• ./.-jv.ii .!•: ?"5^<. /■ 1 ! 1-J ^1 . A 0 M C M' 18 M Supposons que cet angle tourne autour de D : ses deux côtés coupe- ront AB en deux points mobiles M, M', et les deux segments CM et CM', ou X et x', satisferont, d'après un théorème connu, à la relation xx' =/^ » Considérons maintenant deux points O et I liés le premier à M, le second à M', OM et OM' restant égales à/; la distance deO à I aura pour valeur f -h x -i- x' -h /. Cette somme, abstraction faite de l'ordre des termes, est égale à celle qui servait plus haut d'expression pour la distance de deux foyers conjugués. » Ces considérations font concevoir comment est réalisé en principe et comment fonctionne le dispositif cinématique dont est muni l'amiilificaleur universel dont il s'a"it. » Cet amplificateur a la forme d'une chambre noire à deux corps et ( 895 ) à soufflets. Sa base est composée de deux longerons, formant glissières, entre lesquels se déplacent deux coulisseaux. Sous cette base est fixée l'équerre rigide, mobile autour de son sommet, qui commande le mouve- ment des deux coulisseaux; la liaison est faite par un doigt que porte chaque coulisseau, doigt qui s'engage, sans jeu appréciable, dans une rainure pra- tiquée dans le bras de l'équerre correspondant. Les centres des deux doigts se meuvent rigoureusement sur une même ligne droite et le centre de ro- tation de l'équerre est fixé à une distance de celte droite rigoureusement égale au foyer de l'objectif employé. » L'objectif étant placé sur im support de telle sorte que son centre optique soit dans le plan transversal de l'appareil qui contient l'articulation de l'équerre, les châssis porte-objet et porte-image sont fixés verticalement chacun sur un coulisseau, à une distance/ du doigt de commande, et les conditions théoriques se trouvent ainsi réalisées. » Il va sans dire que les objectifs généralement employés n'ont pas leurs points nodaux confondus, et que la distance de ces points nodaux intervient comme terme supplémentaire dans la somme qui repi'ésente la distance de l'objet à l'image. » Les deux constantes de l'objectif (distance focale absolue et écarte- ment des points nodaux) sont déterminées directement par les procédés précis de l'Optique, et tout le réglage de l'amplificateur consiste à placer l'articulation de l'équerre ainsi que les deux châssis très exactement dans les positions qu'ils doivent occuper. » Sans entrer dans le détail des dispositions qui complètent l'appareil, il est bon d'ajouter que sa manœuvre se fait en déplaçant le châssis sen- sible au moyen de boutons moletés commandant des pignons engrenés avec des crémaillères et qu'une division tracée sur la base indique le rap- port d'amplification correspondant à toute position de ce châssis. » L'appareil enfin est muni des accessoires qui permettent de faire l'opération inverse de l'agrandissement, c'est-à-dire de réduire un grand cliché en une petite image. » C. R., 1898, 1" Semestre. (T. CXWI, N° 12 ) (896 ) CHIMIE APPLIQUÉE. — Détermination de la densité des gaz sur de très petits volumes. Applications. Note de M. Th. Schî.œsixg fils, présentée parM. Du- claux. « I. Plusieurs applications peuvent être faites de la méthode et de l'ap- pareil dont j'ai déjà entretenu l'Académie, touchant la détermination de la densité des gaz sur de très petits volumes (' ). » Ces applications se rencontrent quand on a à mesurer avec précision des pressions gazeuses d'une extrême petitesse. L'appareil que j'ai indiqué est un véritable manomètre, dans lequel les liquides ordinaires sont rem- placés par des gaz. Il traduit une pression correspondant à une certaine hauteur d'eau par une différence de niveau (h' — h), qui est i 460 fois plus grande si l'on emploie comme gaz auxiliaires l'air et l'anhydride carbo- nique; ainsi une pression de o""",! d'eau, difficilement appréciable avec d'autres moyens, s'y mesure exactement par une longueur de 146™". Cette sensibilité rend l'appareil recommandable dans divers cas, par exemple dans des études sur l'écoulement des gaz, sur la répartition des pressions dans un courant gazeux, etc. » II. Au cours des recherches dont je rends compte, j'ai eu l'occasion de faire quelques mesures de l'absorption de l'anhydride carbonique dans l'acide sulfurique concentré, fait qui intéresse l'analyse organique élémen- taire. L'acide phosphorique sirupeux dissout aussi l'anhydride carbonique. J'ai trouvé : Solubilité de CO- à la pression de 760'"™. loo'"^ d'acide sulfurique, de densilé 1,845, ont dissous.. àii°3 in'''^ à3o°2 - 'jj"'' loo'^'^d'acidepliospiiorique, dedensité 1,733, ontdissous. à io''7 ^3'" à3o°2 27"' » Le gaz absorbé peut être intégralement enlevé par le vide. » m. L'appareil décrit précédemment, pour la détermination de la den- sité des gaz sur de très petits volumes, s'appliquait surtout aux gaz plus légers que l'anhydride carbonic[ue et non absorbables par la potasse. On peut le modifier de manière qu'il fournisse la solution générale du pro- blème, quelque grandes ou petites que soient les densités cherchées, que les gaz s'absorbent ou non dans la potasse ou tout autre réactif. (') Comptes rendus. 17 janvier et 7 février 1898. ( 897) » Il comprenait essentiellement deux tubes étroits, A et H, dans lesquels des colonnes gazeuses se mettaient en équilibre; de la longueur de ces colonnes on dédui- sait la densité demandée. Imaginons que le tube A soit coupé en trois tronçons A,, Aa, A3 (figure ci-contre). La communication entre A, et A2 se fait par un serpentin Sj situé dans un plan horizontal, d'un diamètre de 2™"", 5 à 3""" et d'une capacité un peu supérieure à celle du tube B. Entre les deux tronçons A, et A3 est interposé un ser- ( 898 ) pentin tout semblable S,. Le tronçon A, est séparable de S,; pour les séparer, il n'y a qu'à dégager rextrémité inférieure de A, du caoutchouc c; A, est séparable de S.,, grâce au caoutchouc ,;'■. Au contraire, S; et A, sont solidaires, et il en est de même pour S, et A3. Les trois tronçons A,, A,, A3 et le tube B sont maintenus à température constante par un courant d'eau circulant dans des manchons. » Pour exécuter une expérience, on sépare A, de S,, Aj de S, et par des manipu- lations très simples on remplit B d'air ordinaire, S, et A, du gaz étudié, S-2 et A3 de gaz. carbonique; A, est naturellement plein d'air. On raccorde Aj avec Si au moyen du caoutchouc c, A» avec S, au moyen de g, et l'on établit la communication entre la branche A1A2A3 et la branche B en ouvrant le robinet F. Aussitôt les colonnes gazeuses A,, Aj, A3, dont le poids total l'emporte sur celui de la colonne B, se mettent en mouvement vers B. Après huit ou dix minutes, l'équilibre est réalisé. Durant le déplacement des gaz, la surface idéale de contact (') de l'air venant de A, avec le gaz étudié s'avance en S, et va s'y placer quelque part, en un point qu'il est inutile de connaître; il suffit de savoir que ce point se trouve dans un certain plan horizontal limitant les colonnes verticales A] et Aj. De même, la surface idéale de contact du gaz étudié et de l'anhydride carbonique s'arrête quelque part dans S.,. Quant à la sur- face de contact entre l'anhydride carbonique et l'air de B, elle se fixe en un point p, qu'on détermine comme il a été dit, par absorption de l'anhydride carbonique dans la potasse d'un absorbeur L. M Ce qui caractérise le procédé actuel, c'est l'emploi des serpentins horizontaux. Ils font communiquer et séparent tout à la fois les colonnes A,, Ao, A3. Leur contenu, qui comprend deux gaz en proportion quel- conque, est indifférent; il n'intervient pas dans l'équilibre. Interviennent seulement les parties verticales A,, Aj, A3, qui, grâce aux serpentins, con- servent, malgré le mouvement des gaz, la composition qu'on leur a initia- lement donnée. ]>e gaz étudié, quel qu'il soit, occupe en A, une longueur invariable et connue, qu'on a déterminée une fois pour toutes. Dans chaque expérience, il n'y a à mesurer que la distance verticale b^ ou h, par une seule absorption. » Soient : m et n les longueurs des colonnes A, et A^, d^ la densité cherchée du gaz occupant Aj, ^o 'a densité du gaz occupant k^; l'équilibre établi, on aura, d'après ce qu'on a déjà vu, la densité de l'air étant prise pour unité : m X I + nJf, 4- [A — {m ■+- /?)] S„ = A x f . » Nous avons dit que, les parois internes de l'appareil étant humides, les gaz sont saturés et que le poids de la vapeur d'eau, égal dans les deux (') En réalité, cette surface n'existe pas; les deux gaz en contact se diffusent l'un dans l'autre sur une certaine longueur. ( «99 ) branches, s'élimine. Dans le cas de gaz extrêmement solubles, on peut, au lieu (le mouiller, dessécher complètement les parois pur un courant d'air et dessécher aussi les g;iz à y introduire. » Ici (5„ =:= 1,529. L'égalité précédente donne : >'',758 Oxyde obtenu iS'',6o5 (') Monalshejle filr C hernie, t. YI, p. 477- ( 9oi ) ce qui donne, pour le poids atomique du métal correspondant, le nombre 143. » L'oxyde obtenu après calcination est verdâtre; l'oxalate et le sulfate anhydre ont une couleur légèrement rosée. Le sulfate cristallisé est rose et est moins soluble dans l'eau que le sel anhydre ; cette solubilité est plus grande à froid qu'à chaud : ces propriétés relatives à la solubilité sont d'ail- leurs communes à toutes les terres rares. » Le spectre d'absorption de la solution du sulfate est caractérisé par les longueurs d'onde suivantes : '£>^ 59 1 ,5-584 ombre 584-572 très intense 523-5i9 intense 5i2-5o8 faible 480 très faible 470 très faible » J'ai pu comparer ce spectre à celui d'une solution de néodyme appar- tenant au laboratoire, et m'assurer qu'il y avait identité ; les raies très faibles (48o et 47°) sont très probablement dues à des "traces de pra- séodvme. » Il résulte de cet ensemble de faits que le néodyme donne un sulfate double de potassium plus soluble que le prascodyme, ce qui permettrait une séparation peut-être plus rapide que la méthode des cristallisations fractionnées : je me propose d'appliquer à l'étude des sels de didyme ce procédé fondé sur la solubilité relative des sulfates doubles alcalins. » ÉLECTROCHIMIE. — Sur V explosion des mélanges grisouleux par l'élincelle électrique. Principe de la dérivation du courant. Note de MM. H. Couriot et J. Meunier, présentée par M. Troost. « Nous avons montré, dans une Note précédente ('), que les mélanges de grisou et d'air ne sont pas allumés par un filament métallique incan- descent, et qu'ils font explosion sous l'influence de l'étincelle de rupture : (') tl. Couriot et J. Meunier, Comptes rendus, t. GXXVI, p. 750; 1898. Le grisou qui a servi à nos expériences provenait de la quinzième couche du bassin de Saint-Etienne (puits Beaunier). ( 902 ) il existe des conditions expérimentales où l'on peut faire éclater l'étincelle dans un mélange sans exciter l'explosion. » Après avoir reconnu que les mélanges à 9,5 pour 100 de méthane étaient les plus explosifs, il était rationnel d'opérer d'abord sur ces mé- langes, car il est certain que les conditions dans lesquelles on éviterait leur explosion seraient suffisantes pour éviter celle des autres mélanges de nature moins dangereuse. Dans nos premières expériences la tension du courant était demeurée constamment celle du secteur de la Ville de Paris réglée à 1 10 volts environ; nous avons obteiui de plus faibles vol- tages en introduisant des dérivations sur le circuit dont nous disposions. Nous avons déduit des résultats ainsi observés les principes suivants : » Principe de la dérivation. — Pour éviter l'explosion, il evi nécessaire de relier par un conducteur secondaire deux des points des conducteurs entre lesquels se produit l'étincelle. » Cette condition est nécessaire, car, en employant une dérivation, nous avons pu fondre des fils de clavecin dans des mélanges à 9,5 pour 100 de méthane sans provoquer l'explosion, tandis que, sans dérivation, elle se produisait constamment. Toutefois, la condition ne suffit pas : en effet, les conducteurs qui, dans toutes nos expériences, ont servi à amener le courant à notre laboratoire étaient eux-mêmes en dérivation sur des conducteurs principaux dépendant du secteur de la Ville; en outre, le conducteur se- condaire que nous avons intercalé dans le montage de notre appareil n'a pas toujours empêché l'explosion. Il y a donc lieu de rechercher quelles sont les autres conditions qui doivent être ajoutées à cette première. » Deux points d'un circuit électrique étant doublement reliés, les deux conducteurs qui les relient sont en dérivation l'un par rapport à l'autre; désignons sous le nom de dérivation directe la branche qui contient l'ex- ploseur, et par dérivation parallèle celle qui est opposée; soient r et r' leurs résistances respectives, i et i' les intensités que le courant principal fait naître dans chacune : on a, d'après les lois fondamentales de l'électricité, i r' - = — > et le voltaee e=: ir^ tV est le même dans les deux dérivations i r ^ qui ont leurs extrémités communes. Il s'ensuit que, pour deux conduc- teurs de résistances déterminées, le voltage est fixé par l'intensité du cou- rant principal employé et que le rapport — demeure constant, pourvu que les différentes parties des conducteurs conservent la même température. L'intensité l'étant réglée, tout sera donc réglé dans l'appareil. ( 9o3 ) » Méthode expérimentak. — Nous avons rattaché les extrémités des con- ducteurs du courant principal, de la dérivation directe, de la dérivation parallèle et d'un voltmètre, à des bornes vissées sur des pièces métalliques de résistance négligeable et formant deux séries parallèles isolées l'une de l'autre. Dans la dérivation directe, nous avons intercalé un ampèremètre donnant la valeur de l'intensité i, et permettant de calculer les valeurs der et de /■' et de suivre leurs variations dues à l'échauffement des conducteurs. )) La constance du rapport - étant assurée par celte disposition d'ap- pareil, nous faisions varier l'intensité i au moyen d'un rhéostat placé sur le courant principal. Pour une valeur déterminée du rapport, nous faisions une série d'expériences en diminuant la valeur de i jusqu'à ce que l'étin- celle de rupture ne provoquât plus l'explosion du mélange. )) Lorsque le rapport, des résistances acquiert une valeur élevée, c'est-à-dire lorsque la résistance est très grande dans la dérivation parallèle, l'étincelle de rupture détermine invariablement l'explosion. )) Nous avons réalisé ce cas en prenant comme dérivation parallèle une lampe de iio volts laissant passer un courant de i ampère environ, en sorte que la résistance r' était supérieure à i lo ohms; la dérivation directe contenant l'exploseur était formée par loo'" de fil de cuivre dont la résis- tance r était égale à 3 ohms ; nous avons fait varier la valeur de i de ■y^™]', 6 à 4^™P,5 en passant par six valeurs intermédiaires : l'explosion a toujours eu lieu, tandis que, quand nous avons introduit à côté de la lampe une deuxième dérivation parallèle formée par un fil de cuivre et sans rien changer au reste de la disposition, l'explosion a cessé de se produire. » Celte expérience peut fournir l'explication des résultats que nous avons obtenus avant d'employer dans notre appareil une dérivation spé- ciale : les conducteurs amenant le courant au laboratoire sont en dérivation sur le secteur; celui-ci joue donc le rôle d'une dérivation parallèle dont la résistance est du même ordre que celle delà lampe; l'explosion doit se produire constamment dans ces conditions. » Comme corollaire du principe de la dérivation et de ces faits, on peut déduire que l'étincelle, se produisant sur un circuit unique dont la rupture en- traîne l'extinction complète du courant, provoque nécessairement l'explosion. » Pour déterminer la limite inférieure d'intensité à laquelle ce principe est encore exact, il faut employer des courants d'intensité décroissante; mais la difficulté pratique qui se présente alors est de se procurer des fila- ments métalliques assez fins pour qu'ils soient amenés à la fusion par ces G. B., 189S, I" Semestre. (T. CXXVI, N° 12 ) 1 it) ( 9o4 ) courants de faible intensité. Avec des fils d'argent de o™™,o,5, les plus fins que l'on puisse trouver dans le commerce, et un courant de i^^P.g, nous avons eu des étincelles à peine visibles dans l'éprouvette de l'exploseur, et cependant elles suffisent pour déterminer la détonation. Nous pensons, en opérant sur des lampes, obtenir la rupture du filament avec des intensités beaucoup plus faibles. » Reprenons notre rapport — ^ -; l'explosion est d'autant plus faci- lement évitée que la valeur du rapport se rapproche de l'unité. Lorsque la va- leur décroît au-dessous de l'unité, c'est-à-dire lorsque la résistance de la dérivation parallèle devient faible par rapport à l'autre, à partir d'une cer- taine limite l'explosion se produit de nouveau. Il existe donc deux limites de ce rapport, l'une au-dessus, l'autre au-dessous de l'unité, entre les- quelles l'explosion peut être évitée, quand on ne dépasse pas une certaine intensité i. » Voici les résultats que nous avons obtenus en prenant deux dériva- tions dont les résistances étaient d'égale valeur : i est l'intensité qu'il ne faut pas dépasser avec cette résistance pour éviter l'explosion des mélanges à 9,5 pour 100 de méthane : f' olims amp I /• ^ 0,70 I r= I I ,5 /■ 3.3 5,6 4.4 4,» » Avec ces intensités les fils de clavecin que nous avons employés rou- gissent et fondent presque instantanément. » CHIMIE MINÉRALE. — SuT les propriétés du sulfure de Strontium phosphores- cent. Note de M. José Uodriguez SIourelo ('). « Ayant observé qu'une masse de chlorure de sodium, mélangée à du sulfure de strontium, était phosphorescente, j'ai tâché de voir si une cer- taine quantité de ce sulfiu'c, répandue dans un cor|)s inerte et non phos- phorescent, communiquait à celui-ci sa propriété. J'ai em|)!oyé un sulfure de strontium, doué de la phosphorescence la plus intense, et, comme (') Travail fait an laboraloire de Chimie de l'Ecole centrale des Arts et Métiers, à Madrid. ( 9o5 ) corps inertes, les sulfates de strontium, de baryum et de calcium. Quelque- fois on faisait des mélanges très homogènes; parfois on calcinait ces mé- langes au rouge vif pendant quelques heures et l'on mélangeait, avec lesdits sulfates, des corps destinés à réagir et à produire une quantité déterminée de sulfure de strontium. Dans tous les cas, on procéda en fai- sant des mélanges très intimes et en les tamisant jusqu'à ce qu'ils se ré- duisissent en poudre impalpable et d'une parfaite homogénéité. Voici les résultats obtenus : » Sulfate de slroiilium et sulfure de stronliuin. — On raélaiigea, dans un morlier en fer, SoS'' de sulfate de strontium avec 2S'",5o de sulfure de sti^onlium ; le mé- lange intime fut exposé à la lumière directe, sans insolation, pendant cinq minutes; dans robscurité toute la masse présenta une phosphorescence bleu verdàtre assez intense. Avec des quantités de sulfure inférieures à 5 pour loo, le phénomène ne se présenta pas. » Un mélange intime, fait avec 5os'' de sulfate de strontium et 2e'',5o de sulfure, chauffé au rouge vif pendant trois heures, donna une niasse qui, une fois pulvérisée et tamisée, ne présentait pas de phosphorescence, après une exposition de quinze mi- nutes à la lumière directe; mais, en y ajoutant is'' de sulfure phosphorescent et en chauffant de nouveau pendant trois heures, le produit pulvérisé devenait phosphores- cenl, en l'exposant cinq minutes à la lumière. » 5o5'' de sulfate de strontium mélangés avec 5s'' de carbonate de strontium et iS'', 5o de soufre, chauffés pendant trois heures au rouge vif, donnèrent une masse non phosphorescente, même après une longue exposition à la lumière directe. En y ajoutant iSs'' de carbonate de strontium et 5s'' de soufre, et faisant chauiïer de nouveau le mélange pendant trois heures, il donna un produit phosphorescent qui contenait lo pour 100 de sulfure de strontium. » SoS"' de sulfate de strontium furent mélangés à 5s'' de carbonate de strontium et is'', 5o de soufre en y ajoutant, en très petites quantités, du carbonate de sodium et du chlorure de sodium et une trace de sous-nitrate de bismuth; le mélange inlime, chauffé comme dans l'expérience précédente, donna un produit dépourvu de phos- phorescence. En jajoulant iSs'' de carbonate de strontium, 5?'' de soufre et du carbo- nate de sodium, du chlorure de sodium et du sous-nitrale de bismuth, après avoir fait chauffer pendant quatre heures au rouge vif, on obtint un produit qui, avec cinq minutes d'exposition à la lumière, présenta une phosphorescence assez intense. » Sulfate de baryum et suif ure de stronlium. — En mélangeant SoS'' de sulfate de baryum avec 2S'',5o de sulfure de strontium, on obtient une masse qui, avec cinq mi- nutes d'exposition à la lumière, donne une phosphorescence d'un bleu verdàtre assez intense. Le même mélange, calciné pendant trois heures au rouge vif, produit le même effet. » 5os'' de sulfate de baryum, mélangés avec 5s'' de carbonate de strontium et iS"", 5o de soufre, produisent une niasse qui, réduite en poudre impalpable, après avoir subi ( 9o6 ) la température du rouge vif pendant quatre heures, donne une phosphorescence bleu verdàtre, par cinq minutes d'exposition à la lumière. » Le mélange de 5o«' de sulfate de baryum, 5s'' de carbonate de strontium, isi'jSo de soufre et des traces de carljonate de sodium, de chlorure de sodium et de sous- nitrate de bismuth, ajant été chauffé au rouge vif pendant quatre heures, donna un produit phosphorescent. » Dans ces deux dernières expériences, la phosphorescence était faible, même après vingt minutes d'exposition a la lumière; mais l'intensité pouvait être augmentée par les moyens décrits. « Sulfate de calcium et sulfure de strontium. — Par le mélange de SoS'' de sulfate de calcium avec 2S'',5o de sulfure de strontium on obtint une masse non phospho- rescente, dans les conditions des expériences antérieures; en y ajoutant encore 2?'', 5o de sulfure on réussit à le rendre phosphorescent, par sept minutes d'exposition à la lumière directe. Le même mélange de Sob'' de sulfate de calcium et S?'' de sulfure de strontium, chaufifé au rouge vif pendant trois heures, présenta une égale phospho- rescence, sans augmentation d'intensité. » En mélangeant 5os'' de sulfate de calcium, 5f de carbonate de strontium et i6'',5o de soufre et soumettant le mélange à la température du rouge vif, pendant trois heures, on obtient une masse non phosphorescente; on peut lui donner cette qualité en la rechaufifant encore trois heures après v avoir ajouté i58'' de carbonate de stron- tium et Ss' de soufre ou bien aS'', 5o de sulfure de strontium. » SoS"' de sulfate de calcium, 5s"' de carbonate de strontium, iS'',oo de soufre et de très petites quantités de carbonate de sodium, chlorure de sodium et sous-nitrate de bismuth, après avoir été intimement mélangés et soumis pendant trois heures à la température du rouge vif, donnèrent une masse non phosphorescente. J'ajoutais loS'' de carbonate de strontium, 5b"' de soufre et des traces de carbonate de sodium, chlo- rure de sodium et sous-nitrate de bismuth; en calcinant de nouveau, il en résulta un produit phosphorescent, par sept minutes d'exposition à la lumière directe. On obtient le même effet en mélangeant simplement avec 26"', 5o de sulfure de strontium. » Dans tous les cas, quoique la masse devienne phosphorescente d'une manière uniforme, l'intensité lumineuse est plus faible, ainsi que l'excita- bilité, que lorsqu'il s'agit du seul sulfure. La nuance de la phosphorescence rappelle celle qui est propre au sulfure de strontium; toutefois, dans les cas cités, elle est presque toujours quelque peu blanchâtre. Les effets dé- pendent aussi du volume de la masse et, les autres circonstances restant les mêmes, ils sont plus intenses avec le sulfate de baryum qui, parmi les matières employées, a le plus grand poids spécifique, tandis qu'on obtient les plus faibles avec le sulfate de calcium, qui a la moindre densité. » { 907 ) CHIMIE ORGANIQUE. — Sur V oxydation de quelques composés amidés el thio-amidès . Note de M. OEciisner de Conixck ( ' ). « J'ai étudié l'action des hypochlorites alcalins, à excès d'alcali, sur quelques amides, urées et sulfo-nrées. » 1° Àcétamide. — J'ai déjà fait agir sur ce corps une solution aqueuse d'hypochlo- rite de sodium sodique. Les résultats négatifs que j'ai obtenus tenaient à ce que la solution était trop étendue. Avec des solutions plus concentrées d'hypochlorites de sodium et de potassium alcalins, l'acétamide est décomposée avec mise en liberté d'azote. Mais la réaction est surtout nette lorsqu'on traite celte amide par une so- lution concentrée et tiède d'iiypochlorite de calcium; la liqueur mousse, tant le déga- gement gazeux est abondant. On peut réaliser ainsi une belle expérience de cours. » 2° Sulfo-urce. — La sulfo-urée est moins facilement attaquée que l'urée par rhypoclilorile de sodium sodique. En même temps qu'il se dégage de l'azote, il se forme une grande quantité d'acide sulfurique el la réaction est la suivante : CS^t^ !1! + 70= CO'- + SO^ + Az2 + 2 H^ 0. \AzII- ' » 3° Phényl-tirée. — Au contact de l'hypochlorite de sodium alcalin, l'azote com- mence à se dégager. La décomposition devient plus marquée, si l'on chauffe j)ro- gressivement. » 4° Pliényl-sulfo-itrée. — Cette urée est beaucoup plus stable que la précédente, résultat qui, rapproché de celui fourni par la sulfo-urée, montre que le soufre confère de la stabilité à la molécule. Il se dégage une faible proportion d'azote, il y a produc- tion d'acide sulfurique et d'une matière colorante jaune foncé; on est donc amené à penser que, en première phase du moins, la réaction est CS^'^^^-*"'"'VnO=2C02+2SO^+H^O-+-Az--+-2(AzH^C«H^). \AzH^ y » 5° Sarcosine (méthyl-glycocolle). — Ce dérivé est assez stable, en présence de l'hypochlorite de sodium alcalin, et il faut chauffer pour obtenir le dégagement d'azote. » 6° Oxamélkane (CO — AzH-— CO.OC'-H»). — Cet éther amidé commence à se décomposer à froid, au contact du réactif. Avec l'aide de la chaleur, le dégagement d'azote devient abondant. On a CO-AzII- \ 2H2 0H-50 = Az''-t-/',CO^-hH«0=-f-2(CML',OH). » CO-OC^H^ (') Ces recherches ont été faites à l'Institut de Chimie de la Faculté des Sciences de Montpellier. ( 9o8 ) CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les dérivés chlorés du carbonate de phényle. Note de M. E. Barral, présentée par M. Friedel. « On ne connaissait aucun dérivé chloré du carbonate de phényle lorsque j'ai obtenu (') le carbonate de phényle perchloré CO(O.C''Cl')-, en faisant réagir APCP sur l'hexachlorophénol-y. CCl^O, en solution dans le sulfure de carbone. Du chlorure de carbonyle, formé dans la réaction, réagit à l'étal naissant sur le pentachlorophénate de chlorure d'aluminium produit, et le transforme en carbonate de phényle perchloré : /ri /n cT'i^ ^^\C1 + 2C«Ci\0.AFCP = <^0(^J^-J:,,^j^^ + 2 APCl». » Le carbonate de phényle perchloré ayant été obtenu par la même réaction que celle qui sert à préparer le carbonate de phényle, il est très probable que tous les dérivés intermédiaires peuvent se former par l'action de COCl- sur les dérivés chlorés du phénol. » La chloruration directe du carbonate de phényle, en présence des chlorurants énergiques, me permet de donner une autre méthode de pré- paration de ces dérivés chlorés. » Du carbonate de phényle, dissous dans le tétrachlorure de carbone, ayant été mis dans un grand flacon plein de chlore, j'ai constaté que ce gaz n'est pas absorbé (comme l'ont déjà remarqué plusieurs auteurs), même après plusieurs jours au soleil. Mais, en projetant une petite quantité d'iode dans le flacon, j'ai obtenu immédiatement une très vive réaction accom- pagnée d'une notable élévation de la température; il se dégage de l'acide chlorhydrique et l'atmosphère se décolore. Le flacon a été rempli plusieurs fois avec du chlore, jusqu'à ce que celui-ci ne fût plus absorbé. » J'ai obtenu du carbonate de phényle bichloré C0(0. C"H^ Cl)-, cris- tallisé en aiguilles soyeuses blanches, fusible à 142", insoluble dans l'eau, peu soluble à froid dans le benzène et l'alcool absolu, mais très soluble à l'ébullition. » Ce corps se décompose rapidement lorsqu'on le chauffe avec de la potasse alcoolique, à l'ébullition de l'aJcool : on obtient un précipité de (') Thèse de la Faculté des Sciences de Paris, iSgS. — Bulletin de la Société chi- mique de Paris, l. XIII, p. 345; 1895. ( 909 ) carbonate de potassium et une solution de monochlorophénate de po- tassium. » En faisant passer direclement le chlore dans du carbonate de phényle additionné (Xiode ou âe pentac/iloriire d'antimoine, j'ai réussi à fixer beau- coup plus de chlore et à obtenir des composés fusibles à des températures supérieures à 142°. » Je me propose d'étudier ultérieurement ces dérivés chlorés du carbo- nate de phényle. » CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur les cholestérines des végétaux inférieurs. Note de M. E. Gérard, présentée par M. Arm. Gautier. « Dans deux Notes précédentes {Comptes rendus, t. CXIV, p. i544 6t t. CXXI, p. 728), j'ai montré que les cholestérines retirées de certains végétaux cryptogamiques étaient bien distinctes de la cholestérine animale et de la phytostérine (cholestérine des végétaux supérieurs) et qu'elles se rapprochaient, par leurs propriétés particulières, de l'ergostérine de M. Tanret; quelques-unes même étaient complètement identiques avec cette dernière. C'est ce qui m'avait conduit à dire que les cholestérines existantdansles végétaux inférieurs appartiennent toutes à un groupe bien spécial : le groupe de l'ergostérine. )) Les végétaux cryptogamiques qui ont été étudiés faisaient partie des Basidiomycètes, des Myxomycètes, des Ascomycètes, des Oomycètes et des Lichens. Dans cette nouvelle Note, je me propose de relater mes obser- vations sur les cholestérines retirées, d'une part, d'une espèce microbienne, le Staphylocoque blanc, d'autre part, d'une Algue, le Fucus crispus. » 1. Cholestérine du Slapliylocoque blanc. — Pour pouvoir en retirer même des traces de cholestérine, on a dû faire, pendant des mois entiers, des cultures de Staphy- locoque sur bouillon de peplone, en opérant chaque fois sur i''' du milieu nutritif. Dans les cultures développées, on ajoutait 4oS'' d'acide chlorhj'drique par litre de bouillon, et l'on portait le tout à l'ébullition. » Suivant l'observation de Nencki ('), par l'action de l'acide et de la chaleur, les microbes se réunissent en gros flocons faciles à séparer par le filtre. Les masses zoogléennes ainsi obtenues sont ensuite lavées à l'eau distillée, essorées, traitées par l'alcool bouillant. Après distillation de l'alcool, le résidu est repris par de l'éther qui abandonne, par évaporation, une matière huileuse à odeur putride très prononcée, (') Journ. fiir praklische Chemie, 1' série, t. XX, p. 443. ( 9IO ) dans laquelle on a recherché la cholestérine. Pour cela, la matière grasse est sapo- nifiée par de la soude en solution alcoolique; le savon obtenu est dissous dans l'eau, et la liqueur est agitée avec de l'étlier. Le résidu de l'évaporation de la couche éthérée est dissous dans l'alcool bouillant. Par refroidissement, il se forme quelques cristaux qui, examinés au microscope, se présentent, comme la cholestérine, en petites lamelles rectangulaires. » Mais les proportions infinitésimales de ce produit que j'ai pu ainsi préparer ne m'ont pas permis de déterminer ses constantes physiques. Toutefois, je suis arrivé à effectuer sur cette substance les réactions qui permettent de la différencier de la cho- lestérine animale et de la phytostérine et qui la rapprochent de l'ergostérine de M. Tanret et des cholestérines que j'ai isolées des autres Cryptogames ('). Voici ces réactions : » t" Une parcelle du produit se dissout complètement dans l'acide sulfurique con- centré en le colorant en rouge sang, et l'agitation immédiate de cette solution avec le chloroforme laisse ce dernier incolore. » 2° La solution sulfurique étendue d'eau donne un précipité verdàtre et non blanc comme pour les cholestérines ordinaires. » 3° On ajoute, à une solution de quelques cristaux, de cette cholestérine dans le tétrachlorure de carbone, de l'acide sulfurique concentré; on obtient ainsi une colo- ration rouge sang et le tétrachlorure se sépare avec une belle coloration verte. » A-utre point important qui montre bien que la cholestérine retirée du protoplasma des microbes appartient au groupe de l'ergostérine : elle s'altère à l'air en se colorant comme les cholestérines des organismes inférieurs. » IL Cholestérine du Fucus crispus (Cholestérine à^ Algues'). — 2''3 de fucus sont épuisés par de l'alcool bouillant; la liqueur alcoolique est distillée à sec. Le résidu est repris par l'éther; après cvaporation on obtient une matière grasse de consistance butj'reuse, brun foncé, que l'on saponifie par de la potasse alcoolique. Le savon est dissous dans l'eau et la solution est agitée avec l'étlier. La liqueur éthérée, décantée et évaporée, donne quelques cristaux aiguillés nageant dans une matière huileuse très colorée; on soumet le tout à une nouvelle saponification en présence d'un grand excès de potasse, le produit est dissous dans l'eau et la solution, très alcaline, est agitée avec du chloroforme. Le résidu provenant de l'évaporation delà liqueur chloroformique est redissous dans l'alcool bouillant. Par refroidissement, il se dépose quelques lamelles cristallines présentant toutes les réactions des cholestérines des Cryptogames et bien différentes de celles que donnent, dans les mêmes conditions, la cholestérine animale ou la phytostérine. » En résumé, les cholestérines retirées soit des espèces microbiennes, soit des Algues, appartiennent par leurs réactions particulières, aussi bien que par leur facile altérabilité à l'air, au groupe de l'ergostérine comme celles des Basidiomycètes, des Myxomycètes, des Ascomycètes, des Oomy- cètes et des Lichens que j'ai étudiées dans les Notes antérieures. Dans {') Comptes rendus, t. GXXI, p. 725, (911 ) aucun cas je n'ai pu trouver un produit se rapprochant de la cholestérine animale ou des cholestérines des végétaux supérieurs. » ZOOLOGIE. — Élude sur Vanalomie et l'histologie du rectum et des glandes rectales des Orthoptères ('). Note de M. L. Bordas, présentée par M. Edmond Perrier. « Le rectum des Orthoptères affecte, dans toutes les famdles, une dispo- sition typique à peu près uniforme. C'est un organe tantôt ovoïde, tantôt rectangulaire ou fusiforme, à musculature épaisse et portant sur ses parois six bandelettes parallèles à l'axe de l'organe, allongées, très apparentes extérieurement et désignées sous le nom de glandes rectales. Ces glandes sont constantes dans toutes les familles de l'ordre des Orthoptères et pré- sentent partout une structure et une forme sensiblement identiques, sauf chez les Forficulid.e, où elles sont sphériques et placées suivant deux rangées circulaires alternant d'une rangée à l'autre. Chez les Truxalin.î:, elles sont remarquables par leur extrême longueur. Dans toutes les familles, elles sont caractérisées par l'énorme développement de l'assise épithéliale. Celle-ci est constituée par de grosses cellules rectangulaires à volumineux noyau central plurinucléolé. Ces organes ont été décrits pour la première fois, chez l'Abeille, par Swammerdam. Dans la suite, de nombreux auteurs ont étudié ces glandes chez quelques Insectes, et Gegenbaur les regarde comme des rudiments de branchies trachéennes. L'ensemble de notre travail, qui a porté sur une quarantaine d'espèces appartenant aux diverses familles des Orthoptères, nous a conduit à considérer les bourrelets du rectum [glandes rectales), de tout point semblables à ceux que nous avons étudiés chez les Hyménoptères (-), comme formés par un ensemble de glandes unicellulaires groupées, intermédiaires, par leur forme, entre les vraies glandes en tube et les surfaces glandulaires planes. » Chez les Fouficulid^, le rectum présente la forme d'une poche, tantôt ovoïde, tantôt fusiforme, dont la surface est recouverte, à sa partie supérieure et sur ses parois latérales, par de gros faisceaux musculaires servant à faire mouvoir les deux, branches de la pince qui termine le corps de l'insecte. Sur les parois de l'organe, on observe (') Travail fait au laboratoire de M. le professeur Marion, à Marseille. (^) Voir Appareil glandulaire des Hyménoptères {Annales des Sciences natu- relles : Zoologie; 1894)- C. R., 189S, I" Semestre. (T. CXXVI, N° 12.) I I7 ( 9'2 ) sue masses blancliâtres, presque sphériques, alternes, disposées suivant deux lignes circulaires et rappelant assez, bien les glandes homologues des Sphégiens et des Ichneumons. )> Parmi les PhasmiDjE le Phibalosoma pythonius (Westw.) est pourvu d'un rectum présentant, à son origine, un appareil valvulaire interne tout à fait caractéristique, comprenant si\ valves. Chacune de ces dernières, de structure musculaire, affecte la forme d'une pyramide triangulaire appliquée, par l'une de ses faces, sur les parois intestinales et présente une base légèrement excavée, tournée vers la région terminale du tube digestif. Ces six valvules, au moment de leur contracticn, ferment herméti- quement l'exlrémilé postérieure de l'intestin et ne laissent, à l'état de repos, qu'une étroite ouverture étoilée. » Le rectum des BLATTiDiE et des Mantid^ est un organe ovoïde, pourvu de six ban- delettes épithéliales, fusiformes et équidistantes, constituant les glandes rectales. » Les A.CRiDUD^ possèdent un rectum de forme ovalaire et séparé de l'intestin moyen par une valvule annulaire {Pœcilocerus, Pyrgomorpha). Ses parois sont épaisses et possèdent six larges glandes rectales, fusiformes, presque confluentes ou séparées par des sillons parallèles très étroits. Le rectum des Truxalis est ovoïde et très allongé comparativement à celui des autres espèces. » La paroi interne du rectum des GRYLUDiE est très irrégutière et présente une série de replis ou bandelettes longitudinales (^/a/i(/e? rectales), à bords plissés transversa- lement et frangés, divisant l'organe en un certain nombre de compartiments commu- niquant entre eux dans la région centrale. » Les glandes rectales du Decticus verrucimrus, vues en coupe transversale, pré- sentent une forme triangulaire et comprennent une assise de grosses cellules rectan- gulaires, à noyau central sphérique ou légèrement allongé et contenant de nombreux nucléoles très apparents. Les noyaux sont généralement entourés d'une auréole blan- châtre. Le proloplasraa présente, vers le bord externe de chaque cellule, une struc- ture réticulée et forme, en avant, une série de striations irrégulières et arborescentes. L'assise cellulaire est recouverte par une memljrane ou intima chitineuse, générale- ment mince, peu sinueuse et à faces parallèles. On compte, en moyenne, sur une sec- tion transversale, de l\0 à 5o cellules entrant dans la constitution d'une glande rectale. Dans les sillons compris entre deux bourrelets glandulaires, la hauteur des cellules diminue brusquement et ces dernières forment alors Vassise chitinogène. Dans l'espace angulaire limité, des deux côtés, par l'assise des glandes, on constate, au milieu du tissu conjonclif, un réseau très compact de filaments trachéens de différents diamètres et dont les dernières ramifications pénètrent n)ème jusqu'à la base des cellules. Enfin, l'ensemble de l'organe est enveloppé paj- une très mince couche de fibres musculaires circulaires et, à l'extérieur, par des muscles longitudinaux, localisés surtout en face des sillons interglandulaires. » Quant au rectum, il présente, en allant de l'intérieur à l'extérieur, les assises suivantes : i° une membrane ou intima chitineuse; 2° une assise cellulaire; 3° du tissu conjonctif et des faisceaux de tubes trachéens; 4° des muscles circulaires, et enfin 5" des faisceaux musculaires longitudinaux et, tout à fait à l'extérieur, une membrane ou tunique péritonéale très mince. » ( 9i3 ) PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur les matières (le réserve de la Ficaire. Noie de M. Leclerc du Sablon, présentée par M. Gaston Bonnier. « La période active de la végétation de la Ficaire (Ficaria ranunculoicles) s'étend du mois de septembre au mois de mai. Pendant tout l'été, au moins dans le Midi de la France, la plante est réduite à un certain nombre de racines renflées et rattachées à un court rhizome. Au mois de septembre, un ou plusieurs bourgeons se développent et donnent des feuilles dont le limbe vient s'étaler à la surface du sol. Dès la fin de décembre, les boutons de fleurs apparaissent et s'épanouissent successivement jusqu'au mois d'avril. Vers le mois de février, de nouvelles racines renflées se forment et se remplissent de matières nutritives, tandis que les anciennes sont peu à peu digérées et se flétrissent. Au mois de mai, les feuilles se dessèchent, les nouvelles racines ont complètement remplacé les anciennes, la vie de la plante se ralentit. » J'ai étudié les tubercules de Ficaire, à peu près de mois en mois, pen- dant toute la durée de leur développement, du mois de février d'une année au mois de février de l'année suivante; j'ai dosé séparément : les sucres réducteurs, les sucres non réducteurs, la dextrine et l'amidon. Le Tableau suivant renferme les résultats de ces dosages : 22 février i ,o34 0,028(2%) 0,008(0,77,) o,o3i(3''/„) 0,542(52»/,,) 9 mars 1,289 0,007(0,570) 0,009(0,770) o,o5i(4 7o) 0,781(6870) 9 avril i,56o o,o39(2<'/„) o,025(i7o) 0,129(8%) 0,727(4670) 24 mai 3,623 0,076(270) 0,780(2170) o,582(i67o) o,73o(2o7o) 2 juillet 3,280 o,o54(i7o) 1,271 (387o) 0,246(770) o,549(i67„) 21 août 1,458 o,o2o(i7o) o,23o(i57o) o,25o(i77o) o,436(3o7o) 2 octobre.... 1,695 o,o36(2°/o) o,24i(i4 7o) o,363 (21 "/o) o,4oo(23"/„) 9 novembre.. 1,676 o,o32(2''/o) o,244(i4°/o) o>25o (i4 %) o,334(2o7o) 18 janvier 1,902 0,173(970) 0,174(97») o,i85(9 7o) 0,217(11 7„) 23 février ... . 0,228 o,o6i(26"/o) OiOi7(7"/o) o,oii(4''/o) o,oi4(6''/o) » Les tubercules jeunes renferment presque exclusivement de l'amidon ; mais, dans le mois d'avril, une partie de cet amidon devient soluble dans l'eau et se transforme en dextrine. Au mois de mai, lorsque la végétation se ralentit, ce changement s'accuse encore plus; l'amidon diminue pendant que la dextrine augmente. Mais la transformation de la matière hydrocar- bonée ne s'arrête pas là; la dextrine provenant de l'amidon donne du sucre ( 9'4 ) non réducteur. Au mois de juillet, lorsque la vie de la plante est le moins active, le sucre non réducteur atteint un maximum et constitue beaucoup plus de la moitié de la réserve totale. A partir du mois d'août, lorsque la végétation active recommence, une transformation inverse se produit et une partie du sucre revient à l'état de dextrine et d'amidon. Puis, la plante vivant aux dépens des réserves accumulées dans ses racines, les matières amylacées, aussi bien que les sucres non réducteurs, sont transformées en glucose qui est assimilé; la proportion de ce dernier composé n'augmente néanmoins d'une façon sensible qu'à partir du mois de décembre. M Les courbes ci-joiates ne sont que la représentation graphique des . i-rs> f': i r=maVs ^juillet ^inovenihre Courbes des substances emmagasinées dans les tubercules, indiquant la variation de leur proportion relative pendant les saisons. résultats portés au Tableau précédent; l'une (i) montre les variations de la proportion des matières amylacées (dextrine et amidon), l'autre (2) la variation des sucres non réducteurs, et la troisième (3) la variation des sucres réducteurs. Les variations en sens inverse des matières amylacées (9i5) et des sucres non réducteurs montrent que ces deux sortes de substances se remplacent comme réserve suivant les ])hases du développement. Pen- dant la vie ralentie, la réserve est surtout sucrée; après et avant elle est surtout amylacée. » Dans le cours de l'évolution de la plante, l'amidon se transforme donc en dextrine puis en sucre non réducteur dans deux circonstances : i° en mai et juin lorsque la vie se ralentit; alors la transformation s arrête au sucre non réducteur qui est mis en réserve; 2° à partir du mois d'octobre lorsque les réserves sont consommées ; mais alors le sucre non réducteur provenant des ma- tières amylacées donne, à son tour, du glucose directement assimilable. » Les choses se passent à ce moment comme dans les autres plantes à réserve amylacée. Entre ces deux phases, vers le mois d'août, une transfor- mation inverse se produit et une partie du sucre repasse à l'état d'amidon. » Je reviendrai, dans un travail plus étendu, sur l'étude des réserves de la Ficaire et de quelques autres plantes; j'ai seulement voulu, dans cette Note, attirer l'attention sur les transformations de la réserve hydrocarbo- née pendant la période de vie ralentie. » GÉOLOGIE. — Tectonique de la région secondaire et montagneuse comprise entre les vallées de l'Ouzom et d'Aspe (^Basses-Pyrénées). Note de M. J. Seunes, présentée par M. Michel-Lévy. (( Entre la plaine sous-pyrénéenne et les hautes montagnes formées de terrains primaires avec lambeaux de Crétacé supérieur s'étend une large et longue région montagneuse de terrains secondaires (Crétacé inférieur. Jurassique et Trias). Dans les points où la succession est normale, le Juras- sique, traversé par des pointements d'ophite, supporte la succession sui- vante : )i i" Calcaires plus ou moins dolomitiques ou pas, bien lités : Exogyra, Pecten, Pteuromia, Nerinea, etc. » 2" Schistes plus ou moins calcaires, souvent argileux, terreux par décomposition, avec calcscliistes et bancs calcaires : Hoplites Deshayesi, Hoplites sp., Doiivilleiceras Martini, Belemiiites semicanalicukUus, Exogyra acjuila, Plicatula placunea, Janira atava, Terehratula sella, Ecliinos[mtagus Collegnoi, etc. (Faune aptienne). H 3° Calcaires souvent coralliens, formant des crêtes parfois très étendues en longueur et d'épaisseur variable. La partie inférieure est surtout caractérisée par des Toucasia, Orbilolina; en quelques points on trouve, au sommet, des Chamacés particuliers. » 4° Schistes souvent calcaires, avec calcschistes et parfois bancs de calcaires. Les (9i6 ) schistes sont parfois ardoisiers et exploités en divers points. Ils sont très peu fossili- fères : Belemnites minimiis (type), Belemnites semicanaliculatus (?), Rhynchonella sulcata, Ammonites (frag. ind.) (Faune albienne). » Ces derniers schistes présentent parfois des bancs lenticulaires de calcaire coral- lien. Au nord de la région, ils sont recouverts en concordance par le fljsch cénoma- nien. Ces deux formations présentent, à l'ouest d'Arudy, des filons et des pointements assez importants de porphyrites à amphibole. » La région montagneuse et secondaire dont nous venons d'indiquer la composition est très plissée; les plis sont parallèles et dirigés suivant l'orientation moyenne de la chaîne; leur nombre varie dans l'étendue de la région. En général, ils sont plus ou moins obliques, penchés vers le sud et plus ou moins dénudés. Plusieurs d'entre eux se transforment en plis- failles sur une partie plus ou moins importante de leur parcours et pré- sentent celte particularité que, sur le flanc nord, la succession des assises est régulière, tandis que, sur le flanc sud, la voûte jurassique dénudée se trouve en contact avec les schistes albiens ou le calcaire à Toucasia. Tel est le cas : i° de l'anticlinal le plus septentrional (Castet, Billières), dont la crête calcaire à Toucasia du flanc nord domine la plaine sous-pyrénéenne; 2" de l'anticlinal qui vient immédiatement au sud du précédent (nord de Sarrance). Ces plis disparaissent plus ou moins rapidement et quelquefois momentanément à l'ouest de la vallée de Lourdios sous le recouvrement des bandes synclinales des schistes albiens qui occupent de si grandes surfaces aux environs de Lourdios, Arette, Issor, Aramits, Lanne, Tar- dets, etc. » PALÉONTOLOGIE. — Sur la classification phylogénique des Lamellibranches. Note de M. H. Docvillk, présentée par M. Albert Gaudry. « Les classifications phylogéniques ont pour objet de ranger les êtres suivant leur ordre de succession dans le temps; ce sont les seules classifi- cations vraiment naturelles, puisqu'elles reproduisent un arrangement, qui a réellement existé, tandis que les autres classifications sont toujours plus ou moins des vues de l'esprit. Elles reposent essentiellement sur l'étude des formes fossiles et ne peuvent donc être fondées que sur des caractères qui ne disparaissent pas par la fossilisation. » De là l'importance de la classification proposée par Neumayr pour les Lamellibranches et qui est basée essentiellement sur la structure de l'appareil cardinal ; il distingue ainsi cinq ordres, Taxodontes, Dysodontes, ( 91? ) Desmodontes, Hélérodontes et Cryptodontes ; ce dernier, très incomplètement connu, pouvant être laissé provisoirement de côté. » L'étude de l'appareil cardinal a été reprise par MM. Munier-Chalmas et Bernard; ce dernier a montré en particulier que les Taxodontes et les Dysodontes présentaient un même type de charnière, tandis que, sous ce même point de vue, les Desmodontes ne différaient pas des Hétérodontes; il n'y a donc que deux types, le premier muUidenté et le second pauci- denté, dans lequel les lamelles dentaires se réduisent sur chaque valve à deux, en avant et en arrière. Du reste, les dents alternent toujours régu- lièrement sur les deux valves. En outre, on observe deux bandes crénelées sur la prodissoconque des multidentés. )) Nous avons eu précédemment l'occasion de constater, chez les Pecti- nides, l'influence considérable du mode d'habitat sur la forme de la co- quille; cette même influence se retrouve dans toute la classe des Lamelli- branches et peut fournir des caractères importants pour la classification. )) D'après les travaux des naturalistes, le type normal des Lamelli- branches correspond à des animaux qui rampent librement sur leur pied ventral à la manière des Gastropodes; dans ce cas, le Mollusque se tient en équilibre sur son pied, et il est nécessaire, pour cela, qu'il soit symé- trique par rapport au plan de jonction des valves et que les deux côtés antérieur et postérieur soient de dimensions analogues; le pied est situé à peu près au milieu de la région ventrale ; quand l'animal rampe sur un plan horizontal, l'axe anléro-poslêrieur est également horizonlal; la coquille est symétrique (orthoconque) et équivalve, subéquilatérale et homomyaire; elle n'est pas baillante puisqu'elle doit garantir complètement l'animal qu'elle recouvre, et les dents cardinales sont bien développées. Ces carac- tères se retrouvent dans les Taxodontes et dans les Hétérodontes qui re- présentent les formes normales primitives; ils offrent du reste des varia- tions plus ou moins considérables qui dépendent principalement des modifications que ces animaux éprouvent dans leur faculté locomotrice. » Ainsi, dans les Taxodontes, nous voyons que les Arcidés se fixent par un byssus sécrété par le pied; la coqudle devient alors inéquilatérale par le développement prépondérant du côté postérieur; le pied byssifère se déplace du côté antérieur et sa position est souvent indiquée par une échan- crure de la coquille; la charnière devient rectdigne et fréquemment les dents s'allongent parallèlement à la ligne cardinale, ce qui entraîne la diminution de leur nombre. L'animal vient-il à recouvrer sa motilité {Pec- tunculus), la coquille redevient équilatérale. ( 9i8 ) » Ces modifications deviennent bien plus profondes dans les Dyso- dontes; le byssus prend une importance de plus en plus grande et se dé- place progressivement vers le côté antérieur amenant l'atrophie progressive du muscle antérieur; l'animal devient essentiellement anisomyaire . Tantôt il reste symétrique comme dans les Mvtilidés, tantôt il se couche sur le côté, et toujours sur le côté droit, et, le déplacement du byssus continuant toujours, le muscle antérieur disparaît complètement; la coquille devient A' ahor A pleuroconque, ]^u\?, monomyaire . En même temps l'appareil cardi- nal diminue beaucoup d'importance et se réduit à un petit nombre de lamelles, ou même disparaît complètement. » Mais l'animal peut aussi perdre sa motilité en s'enfonçantdans la vase et en vivant dans im trou à la manière des Pholades. Dans ce cas, l'animal est encore symétrique et orthoconque, mais son axe antéro-postérieur devient i'c///ca/; la coquille, qui est moins nécessairepour protéger l'animal, devient baillante, et comme elle n'a plus besoin de s'ouvrir ni de se fermer, l'appareil cardinal s'atrophie plus ou moins; c'est le cas de la plupart des Desmodontes anciens (Pholadomyes, Pleuromyes). Mais, à une époque plus récente, certains de ces animaux recouvrent progressi- vement leur motilité et l'appareil cardinal reprend son importance; il se réduit d'abord à la partie centrale des lamelles dans les Solénidés, à la- quelle s'ajoutent ensuite les dents latérales, lorsque l'animal est redevenu libre et la coquille non baillante, comme dans les Mactres. )> Les Desmodontes forment ainsi un groupe naturel dérivé primitive- ment des Hétérodontes et s'en écartant beaucoup dans les temps anciens, mais convergeant de nouveau vers ce type aux époques plus récentes. » Les Hétérodontes, qui représentent le type normal paucidenté, paraissent presque aussi anciens que les Taxodontes; il est cependant pro- bable qu'ils en dérivent par la diminution du nombre des lamelles suivant un processus analogue à celui que l'on suit chez les Dysodontes ; quant à la disparition des bandes crénelées, on ne pourrait guère l'expliquer que par une accélération dans le développement embryonnaire. » Les Hétérodontes se fixent fréquemment d'une manière intermittente par un byssus; quand ce byssus se développe, nous retrouvons les modifi- cations signalées plus haut; dans les Byssocardium éocènes et dans les Tridacnes, la coquille présente une large échancrure byssale, le pied s'est déplacé vers le côté antérieur, amenant ainsi l'alrophie du muscle antérieur. Une modification analogue, mais plus ancienne, correspond aux Congéries, qui reproduisent exactement la forme des Mytilidés. ( 9^9 ) » Les Hétérodontes peuvent aussi se fixer aux rochers; iis deviennent nlors p/euroconques, c'est le cas des Rudistes. M En résumé, je considère les Taxodontes comme représentant la souche normale primitive de laquelle sont dérivés presque aussitôt les Hétérodontes par simphfication de la charnière et accélération du mode de développement; les Dysodontes sont des Taxodontes progressivement modifiés par leur fixation byssale, tandis que les Desmodontes sont des Hétérodontes originairement transformés par leur emprisonnement dans la cavité qu'ils se sont creusée. » PHYSIOLOGIE. — De la visibilité des rayons X par certains jeunes aveugles. Note de M. Fovead de Courmeli.es, présentée par M. Marey. « A l'Institution des jeunes aveugles, 240 élèves ont été examinés par moi, avec le concours de M. Ducretet (les diagnostics avaient été faits par M. leD-'LandoIl). » On a évité les illusions d'optique, si fréquentes chez les aveugles dont l'attention est attirée sur un point, en employant une bobine de aS*^™ d'étin- celle, avec interrupteur Ducretet à moteur sé|)aré; de sorte que, ce moteur marchant toujours et produisant un bruit uniforme, on pouvait inter- rompre à volonté la production des rayons X. On n'a retenu que les aveugles suivant bien les variations d'apparition ou de cessation des rayons X. )) On a isolé ceux-ci en enveloppant d'un épais voile noir le tube de Crookes ; ce qui a constitué une première série d'expériences d'autant plus intéressantes que l'œil physiologique normal ne perçoit pas les rayons X et que, seule, la plaque photogra])hique se voile par l'action de ces rayons obscurs. On a opéré également avec le tube de Crookes voilé, avec, en face de lui, l'écran au platinocyanurede baryum, pour étudier la visibi- lité des rayons fluorescents. Dans la troisième série de recherches, le tube de Crookes à découvert était très lumineux, grâce à sa lumière cathodique caractéristique. » Voici les résultats : sur ces 240 élèves, 36 sont presque des voyants normaux, moniteurs ou employés, et ont été éhminés. Restent 204 qui, placés dans l'obscurité en présence du tube de Crookes enveloppé d'un voile noir, ont fourni neuf sujets, cinq filles et quatre garçons, ])nrcevant les rayons X. C. R., 1898, ." Semestre. (T. CXXVI, N" 12.) J I ^ ( 920 ) » Une jeune fille de i8 ans, atteinte aux deu\ yeux, d'un grand collobome de l'iris et à l'œil gauche d'une cataracte congénitale et de l'atrophie du nerf optique, voyant un peu à l'état normal, a perçu les rayons X, les rayons cathodiques et les rayons fluorescents. » Une autre, de )4 ans et demi, un peu voyante, atteinte aux deux yeux d'atrophie du globe, voit les rayons X, cathodiques et fluorescents. » Une troisième, de 16 ans et demi, ayant à peine la sensation de la lumière, à leucome adhérent des deux yeux, voit les rayons X et cathodiques, et pas les fluores- cents. » Une quatrième, de 18 ans, absolument aveugle, atteinte à l'œil gauche d'atrophie partielle du globe, d'irideclomie, de cataracte probablement traumatique, d'iritis et, à l'œil droit, de bouphlalmos, de leucome adhérent au côté interne et inférieur, d'amau- rose, voit les rayons X, mieux les rayons cathodiques, et pas du tout les rayons fluorescents. » Une cinquième de 23 ans, de vue bonne, monitrice, voit les raj'ons X et catho- diques « rouges comme le soleil », dit-elle. » Les garçons ont été moins intéressants, quoique plus nombreux. Trois seulement ont perçu les rajons X ou accusé de la lumière : le premier, i3 ans, présente de l'arrêt de développement et voit très peu normalement (sur huit enfants de cette fa- mille à père et mère consanguins, les quatre de rang pair sont aveugles; sa sœur, éga- lement à l'Institution et qui présente de l'atrophie des globes, surtout à droite, ne voit que les rayons cathodiques et fluorescents, seulement de l'œil gauche),, il perçoit les rayons X, cathodiques et fluorescents de la façon la plus nette. » Un deuxième, du même âge, ophtalmie purulente, voit également à peine la lumière; il perçoit les rayons X, cathodiques et fluorescents. » Un troisième, i5 ans et demi, à la suite de la même affection, est également presque totalement aveugle, il perçoit les rayons X et très peu les autres rajons. » Un quatrième, atteint de cataracte congénitale, âgé de 20 ans, presque voyant, perçoit les trois groupes de rayons qui nous occupent. » Deux aveugles presque complets : un garçon de i5 ans atteint d'ophtalmie, une jeune fille de ai ans ayant à gauche de l'atrophie du globe et de la cyclite, à droite de l'iridocyclite avec cataracte calcaire, ont accusé de la douleur dans les yeux lors de la mise en marche du tube de Crookes; cette douleur a continué pendant toute la durée de l'expérience pour la jeune fille, et a cessé de suite pour le garçon. B 81 aveugles (64 garçons et 17 filles) avec atrojjhie du globe ou du nerf optique, arrêt de développement, ne perçoivent absolument rien, ni la lumière normale, ni celle des tubes de Crookes. » Pour les autres, vojant plus ou moins bien la lumière, les ravons cathodiques et les rayons fluorescents ont été perçus, mais les premiers mieux que les seconds. » Contrairement à ce qui a été affirmé par des observateurs ayant opéré sur des cas restreints (deux ou trois aveugles) et en des conditions mal définies, les aveugles complets et par lésion centrale n'ont rien perçu. Seuls, des aveugles par lésion périphérique, et ayant une très vague perception de ( 92Î ) la lumière, ont figuré dans les neuf sujets percevant les rayons X, alors que d'autres, ])lus voyants, n'en ont |)as eu la notion. » Il est d'ailleurs impossible de tirer des conclusions définitives de ce travail, malgré le grand nombre d'aveugles observés; il paraît, cependant, résulter que la rétine peut acquérir, dans certains cas de cécité, une hy- peracuité comparable à la sensibilité de la plaque photographique qu'im- pressionnent les rayons X. » ANATOMIE PATHOLOGIQUE. — Applications de la Radiographie à l' élu Je des malformations digitales. Note de MM. Albert Londe et Henry Meige, présentée par M. Marey. « Nous avons l'honneur de présenter à l'Académie un certain nombre de radiographies de malformations congénitales des doigts. La nouvelle méthode permet de noter toutes les particularités de nombre, de siège, de forme et de structure des segments osseux normaux et anormaux. » Elle donne des renseignements précis au chirurgien qui pourra déci- der, en connaissance de cause, de l'opportunité de son intervention. )) En collectionnant les documents de ce genre, on arrivera peut-être un jour à apporter un peu de lumière sur les lois qui président à l'appari- tion de ces anomalies. » Les sujets dont les observations suivent ont été radiographiés dans le laboratoire photographique de la Salpêtrière (service de M. le professeur llaymond). Planche I ('). — Polvdaotvlie. )> Homme, 3i ans, sexdigitaire complet. Auriculaire surnuméraire aux deux mains et aux deux pieds. » Aux mains, le doigt surnuméraire est situé sur le bord cubital de la main, pro- longeant la série des doigts normaux. Il est pourvu de trois phalanges; la phalangine, très courte, est soudée à la phalange. » A droite, le doigt surnuméraire est articulé sur l'extrémité inférieure du cin- quième métacarpien qui présente à cet effet une double tète articulaire. » A gauche, le doigt surnuméraire s'articule sur une tubérosité que présente le cinquième métacarpien en son milieu, sur le bord externe. (') L'observation détaillée de ce cas a été publiée in extenso : A. Lomde et Henry Meige, Radiographies [d'un sexdigitaire {Nouvelle Iconographie de la Salpê- trière, Fasc. I; janvier-février 1897). ( 9--^-^ ) » Ces deux raélacarpiens sont notablement plus gros que leurs voisins et semblent formés par la soudure de deux os accolés. » Alix pieds, le sixième doigt, à gauche comme à droite, prolonge sur le bord externe la série des orteils normaux et s'articule par une facette articulaire spéciale sur la tète du cinquième métatarsien, qui est également plus volumineux que ses con- génères. Planche II ('). — Polydactylie. » Homme, aS ans, sexdigitaire complet. Auriculaire surnuméraire aux deux mains et aux deux pieds. » La main gauche a été opérée de son sixième doigt, pendant la jeunesse. » La main droite présente un auriculaire supplémentaire, pourvu seulement de deux phalanges, et s'articulant par une tubérosité développée sur l'exlrémilé infé- rieure du cinquième métacarpien, du côté cubital; ce dernier os est de volume plus gros que dans la normale. » hepied droit est pourvu d'un cinquième orteil supplémentaire, pourvu de deux articles osseux, et s'articulant du côté externe sui- la tète du cinquième métatarsien notablement augmenté de volume. » Au pied gauche, le cinquième orteil surnuméraire s'articule sur une tubérosité développée sur le côté externe du cinquième métatarsien. En outre, tous les orteils sont déviés vers le bord externe du pied, rappelant ainsi la déformation décrite à la main sous le nom de doigts en coup de vent. . Planche III ('). — Polydactylie. » Femme, sexdigitaire. Annulaire surnuméraire aux deux mains et aux deux pieds. » Alain gauche. — Un annulaire supplémentaire est situé entre le quatrième et le cinquième doigt. Il est pourvu de trois articles osseux, grêles et d'un tissu peu com- pact; la phalangine est soudée à la phalange. » Entre le quatrième et le cinquième métacarpien on distingue la tète d'un quatrième métacarpien adventice. L'auriculaire normal est en outre pourvu, sur le côté externe, d'un rudiment de doigt charnu, pourvu d'un rudiment d'ongle, mais ne contenant aucune pièce osseuse. » Main droite. — Disposition toute différente : les deux annulaires, le normal et l'a- normal, sont soudés vers leur attache métacarpienne. Les deux phalanges s'écartent en formant un V très ouvert; les phalanges et les phalangines se rapprochent de façon à constituer une sorte de pince. » Une masse osseuse peu épaisse représente un rudiment de tète métacarpienne adventice. » Pied gauche. — Un quatrième orteil surnuméraire et un vestige de quatrième mé- tatarsien affectent une disposition analogue à celle qu'on observe sur la main gauche. (') Observation de A. Londe et Henry Meige. ( 9^3 ) Planche IV ('). — Ectrodactylie et syndactylie. )) Absence congénitale de deux doigts à chaque main {annulaire et auriculaire). — Syndactylie des doigts index et médius. — Syndactylie partielle des deuxième et troisième orteils. » Main gauche. — Les trois phalanges et les métacarpiens de l'index, et du médius sont visibles. Les deux phalangettes sont soudées. « Afain droite. — Même disposition, sauf la soudure des phalangettes. En outre, on distingue entre les derjiières une troisième phalangette et, au-dessus, deux masses osseuses mal développées, représentant le squelette d'un troisième doigt rudimen- taire. » Aux pieds. — Les phalanges des deuxième et troisième orteils sont indépen- dantes quant à leur squelette, mais relices par les parties molles. Planche V. » A. Ectrodactylie (-) réalisant la disposition dite en pinces de homard. » Absence complète des deuxième, troisième et quatrième métacarpiens et des doigts correspondants. » Rjidiment de pouce et d'auriculaire. » B. Macrodactylie (') du médius et de l'index de la main gauche. « C et D. Syndactylie (*) des doigts médius, index et annulaire à chaque main. )) Ectrodactylie partielle; absence de phalangines. » Vices de développement multiples des doigts. » PATHOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Application de la radiographie à l'étude d'un cas de myxœdème (^développement du système osseux sous Vinjluence du traitement thyroidien) ('). Note de MM. (iteouges Gasne et Albert LoNDE, présentée par M. Marey. « Les radiographies que nous avons l'honnetir de présenter à l'Acadé- mie montrent l'état du squelette dans un cas de myxœdème infantile et (') Observation de F. Raymond et P. Janet. — Malformation des mains en ix pinces de homard » chez une épileptique. (.Vowc. Iconographie de la Salpétrière, t. X; No 6; 1897). (^) Observation de A. Londe et Henry Meige. Inédite. (') Observation de R. Gestan. — In Nouv. Iconographie de la Salpétrière; N» 6; 1897. ('*) Observation de A. Londe et Henry Meige. Inédite. (^) Travail de la clinique des maladies du système nerveux, service de M. le pro- fesseur Raymond. ( 9=4 ) les modifications que le traitement thyroïdien a manifestement provoquées dans le développement du système osseux. » Entré à la Salpêtrière dans le service de M. le professeur Raymond, le 2 juin 1897, ce malade présentait au grand complet tous les signes clas- siques du myxœdème. Il faut dire que les premières manifestations de cette maladie n'ont apparu qu'à l'âge de 4 ans, que la constitution et la taille étaient normales à la naissance et que le développement a été suffisant pen- dant les trois premières années. Actuellement O... a 19 ans et n'a que i"',o3 de hauteur; ses os paraissent du reste assez bien proportionnés, malgré ses jambes cagneuses et ses pieds bots. » Nous avons radiographié le thorax et les épaules, les coudes et les avant-bras, les poignets, les mains, les genoux, les jambes et les pieds. La persistance des cartilages de conjugaison et surtout l'absence de toute trace d'ossification dans la plupart des cpiphyses permettent de rapprocher le squelette de noire malade de celui d'un enfant de 2 ans et demi. Eu pre- nant la main comme exemple on voit que, des os du carpe, seuls le pyra- midal, le grand os et l'os crochu sont visibles, qu'on devine à peine les points complémentaires de l'extrémité inférieure des métacarpiens, qu'on ne voit aucune trace de ceux des phalanges, des phalangines ou des pha- langettes, sauf aux phalangettes du médius et de l'annulaire où ils com- mencent à apparaître. » Le traitement a consisté dans l'administration de corps thyroïde de mouton en nature : du 17 juin au 27 octobre le malade a absorbé 61 lobes. Sans parler des modifications profondes des autres symptômes, nous con- statons, du côté du squelette, d'abord l'augmentation de la taille (4*="), puis des progrès considérables de l'ossification. Un petit disque osseux parfaitement net représente le point complémentaire des deux phalanges du pouce et de son métacarpien qui se comporte comme une phalange, ceux des trois phalanges de chacun des autres doigts; les quatre derniers métacarpiens sont surmontés d'un noyau globuleux de nouvelle formation; le carpe s'est développé et le trapèze ainsi que le trapézoïde se distinguent nettement. Partout, au poignet, au coude, à l'épaule, au genou où la rotule est enfin visible, au cou-de-pied, au pied, on assiste à l'apparition de noyaux nouveaux, ou au développement et parfois à la soudure des épi- physes qui avaient commencé déjà à s'ossifier avant le traitement. Cette soudure est loin d'être réalisée partout et il est certain que nous pourrons encore constater des modifications du squelette et de la taille chez ce ma- lade. » ( 925 ) PATHOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Paralysie expérimentale sous l' influence des venins. — Altérations de la moelle (^poliomyélite^ et des nerfs {névrite'). Note de MM. Gharrin et Claude, présentée par M. d'Arsonval. « On sait que des accidents nerveux variés, troubles moteurs, sensitifs, réflexes, etc., se développent parfois à la suite des piqûres ou morsures de certaines espèces de vipères ou de serpents. — Grâce à une série de re- ^ cherches, poursuivies avec la collaboration de M. Phisalix, nous avons pu, en premier lieu, observer ces accidents chez l'animal et, en second lieu, découvrir à quelles lésions correspondent ces désordres. » Le 4 novemlîre 1S97, on injecte à un lapin de l'extrait de sangsue, le produit de cinq têtes; puis, quelques jours après, on introduit sous sa peau i"»''" de venin. » Ce lapin, vacciné contre l'action coagulante de ce venin sous l'influence de l'extrait de sangsue ( ' ), résiste à ce poison. Néanmoins, cette immunisation n'étant pas absolue, on >oit survenir un amaigrissement marqué, qui cependant cesse assez promptement. L'animal paraissait aller assez bien, lorsque, vers la fin de décembre, se sont déve- loppés des accidents progressifs caractérisés par de la faiblesse, par de l'atrophie mus- culaire. — Le 22 janvier 1898, l'évolution de ces accidents permettait de constater l'existence d'une paraplégie spasmodique, avec retards dans la sensibilité, dans les réactions réflexes; il existait aussi des troubles trophiques, une parésie prononcée des membres antérieurs. — Bientôt les muscles du thorax ont cessé de fontionner; l'as- phvxie a déterminé la mort. » L'examen histologique de l'appareil nerveux a permis de déceler les causes de ces accidents. » Les nerfs, surtout ceux des membres antérieurs, sont atteints d'une névrite parenchymateuse prononcée; la myéline est segmentée, réduite en boules plus ou moins grosses. » Les coupes de la moelle, traitées au picro-carmin, à l'hématoxyline, à la méthode de Pal, révèlent une congestion intense. — La technique de Nissl, l'hématoxyline de Delafilde font découvrir des lésions cellulaires plus ou moins marquées suivant les régions, légères dans la zone cervicale, moyennes dans la partie dorsale, considérables dans le segment lombaire, plus encore au niveau de la terminaison. (') C'est M. Phisalix qui a préparé pour ainsi dire cet animal; c'est, du reste, à cet auteur qu'on doit les notions relatives aux procédés de vaccination partielle ou totale contre les venins, comme on lui doit, au sujet de ces venins, une foule d'autres notions. ( 926 ) » Dans le haut, on observe un protoplasma plus granuleux qu'à l'état normal; les cellules offrent quelques déformations. — En descendant d'étage en étage, ces granulations, aussi bien que ces déformations, aug- mentent; les noyaux deviennent indistincts; les prolongements cellulaires sont plus grêles. — Dans les territoires lombaire et sacré, les éléments chromatophiles disparaissent; des vacuoles se montrent de plus en plus nombreuses en se rapprochant de l'extrémité inférieure; on distingue dif- ficilement les masses nucléaires; les expansions sont tordues, filiformes; • la congestion est excessive; la prolifération est manifeste, surtout au niveau du groupe antéro-interne, vers la partie de la substance moyenne grise; en ce point, les cellules embryonnaires sont assez nombreuses. » L'examen des centres supérieurs, de la protubérance, du bulbe, etc., révèle aussi quelques altérations. » En somme, ou constate l'existence d'une poliomyélite lombo-sacrée associée à des névrites prédominantes dans les membres antérieurs; les lésions centrales paraissent tenir, de préférence, sous leur dépendance, les troubles morbides des pattes postérieures; les lésions périphériques sont plutôt en rapport avec les désordres moteurs de ces membres anté- rieurs. » Cette coexistence d'altérations centrales et périphériques, indépen- dantes les unes des autres, nous paraît de première importance pour la solution de certains problèmes de neuro-pathologie. — De plus, ces résultats donnent la clef des phénomènes nerveux observés. — En outre, ils montrent que les venins, comme les toxines, engendrent et ces phéno- mènes nerveux et des lésions de la moelle ou des nerfs; or l'un de nous a montré depuis longtemps que les poisons microbiens sont capables de l^ure naître des désordres relevant du névraxe. Ainsi se poursuit, à un nouveau point de vue, le parallèle établi à tant d'autres égards entre ces toxines et ces venins. » PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur les éruptions du Vésuve. Note de M. E. Semmola, présentée par M. Mascart. « Les diverses phases d'activité du Vésuve pendant la période éruptive actuelle, commencée le 3 juillet 1895 et qui continue encore, ont été étudiées dans le but de savoir s'il existe une relation quelconque entre les jours où les coulées de lave ont été en augmentation ou en diminution et les dates des phases lunaires relatives aux mêmes époques. ( 9^7 ) » Depuis juillet iSga jusqu'à juillet 1897, il y a eu 265 jours où les coulées de lave ont été en augmentation ou en diminution. Dans la même période de temps, s'accomplirent io3 phases lunaires; donc, en 162 jours, l'activité du Vésuve s'est produite sans aucune relation avec l'âge de la Lune. Les intervalles de temps entre deux variations successives dans l'activité du volcan sont excessivement variables, quelquefois de la durée de quelques heures et quelquefois de plusieurs jours, et même de plusieurs semaines, en opposition avec ce qui arrive pour les phases lunaires. » Enfin, de l'examen de l'état du volcan aux époques des phases lunaires il résulte que les jours de la nouvelle ou de la pleine Lune ont été 22 fois en augmentation, t3 fois en diminution, et 17 fois l'activité du volcan est restée slationnaire. Pour les jours de premier et de dernier quartier de la Lune, 21 fois les laves ont été en augmentation, 12 fois en diminution, et 18 fois sans variations. » Les faits observés pendant deux années ne confirment donc pas l'hypo- thèse, émise par quelques savants, que l'attraction luni-solaire doit agir sur les masses ignées fluides souterraines comme sur les eaux de la mer, auquel cas la période de la plus forte activité volcanique devrait se produire pendant les phases de nouvelle ou de pleine Lune, et la plus faible pendant les phases de premier et de dernier quartier. » M. le Directeur des Services de la Compagnie des BIessageries mari- times transmet à l'Académie un extrait d'un Rapport de M. le lieutenant de vaisseau Bourdon, commandant le Yang-Tsé. « .... La traversée de la mer Rouge fut marquée par la capture bien inattendue d'un énorme poisson qui se fit prendre par l'éti-ave du navire et qui, tenu en travers, opposait une telle résistance à la marche que la diminution de vitesse fut presque immédiatement remarquée. On travailla à le dégager et nous tentâmes de l'embarquer après l'avoir élingué; mais son poids était tellement considérable qu'à peine hors de l'eau il occa- sionna la rupture de la chaîne du treuil. Nous dûmes le suspendre à l'avant du navire au moyen d'une amarre. A Djibouti, l'animal fut remis à un médecin naturaliste qui reconnut un Lamantin de l'espèce appelée Dugong, espèce que l'on considérait comme disparue depuis un siècle. ... » C. R., 1898, I" Semestre. (T. CXXVI, N» 12.1 I IQ ( 9^8 ) M. S. Kantor adresse une réclamation de priorité à l'occasion de plu- sieurs Notes de M. Paul Serret, insérées dans les Comptes rendus, pendant le second semestre de 1897 et relatives à l'hypocycloïde à trois rebrous- semenîs : « Mon Mémoire est inséré dans les Sitzungsbericlue der Akademie der Wisseuschqflen Wien, Band 78, Jahrgang 1878, p. 2o4 à 233. Un extrait a paru en 1879 dans le Bulletin des Sciences mathématiques et astronomiques. ciences naturelles, etc. Septième série. Bruxelles et Liège, 1890-1897; f vol. in-8°. (Hommage de l'auteur.) Revue générale des Sciences pures el appliquées. N° 5. i> mars 1898. Di- recteur: IjOL'is Olivier, Docteur es Sciences. Paris, G. Carré et C. Naud; I fasc. in-4°. Musée botanique de Leide. Livr. 4-8. Leide; 8 fasc. in-4°. Il Sole e l'Universo, appunti di Astronomia e Geologia di Girolamo Mar- zoccHi. Bologna, 1898; i vol. in-8°. ( 93o ) ERRATA. (Séance du 21 mars 1898.) Noie de M. .-1. Chauveau, De l'importance du sucre considéré comme aliment, etc. : Page 801, ligne 24, au lieu de tout élément, lisez loul aliment de cette nature. Note de M. G. Vincent. Sur la conductibilité électrique des lames minces d'argent, etc. : Pages 820 et suivantes, changez partout \>. (microns) en \i.\x (millionièmes de millimètre), sauf en un seul endroit, page 822, ligne 1 1 en remontant. K 12. TABLE DES ARTICLES. (Séance du 'il mars 1898.) MÉMOIRES ET COMMUNICATIOIVS ORS MEMBKKS HT DES CORRESPONDANTS DB L'ACADÉMIE. Pages. M. Dii .loNoiiiKniis. - SiiluUoiis iilgrliriques de diverses questions cnnecrnant les équa- tions indéterminées du second degré à trois tenues ^^'■' l'ages M. Aii.MANi) (jAiiïiEK. - Action de quelques réactifs sur l'oxyde de carbone, en vue de son dosage dans l'air des villes i^; MEMOIRES PRESENTES. M. liiiioi» adresse l'indication d'un procède pour la détermination de la place des projectiles dans les tissus et une réclama- tion de priorité à l'e sujet M. \. CuALLE soumet au jugement de l'Aca- démie une Note intitulée : Projet ayant pour but d'éviter les abordages en mer pendant les temps bruMicux M. A. l'oNCiiEL adresse une Note relative à la construction d'un aérostat ^[. Mkui.ato adresse, pour les concours des prix Montyon, une Note relative à ses diverses inventions S-ii Sy.'i CORRESPONDANCE . M. .1. GuiLI.AiMK. - (lliser\atiniis du Soleil faites à robser\aloire de Lyon (équalorial Brunner), pendant le quatrième trimestre de 1897 ■"^7'' M. H. Deslandres. Nou\elle série de photographies de la chromospbére entière du Soleil >^y.) M. (J. lluMBERT. - Sur les transformations singulières des fonctions abéliennes SSi M. K. liAiiiK. — Sur les fonctions disconti- nues développables en séries de fonctions continues f'S'i M. G. Sagnac. - Caractères de la transfor- mation des rayons X par la matière !S.'!7 M. Cn. KÉRY. — Sur l'irradiation photogra- phique, applications diverses Sgo \1. A. Cornu. — Ueniarques au sujet de la Communication de M. Ch. Féry 892 W. J. Carpkntieb. — Sur un amplilicaleur universel destiné aux agrandissements photographiques 89-^ M. Th. Schlœsing lils. — Détermination de la densité des gaz sur de très petits volumes. Applications Sgti M. G. H0UI10UARD. — Sur le néodymc 900 MM. II. CouiiioT et J. Meunier. Sur l'explosion des mélanges grisouleux par l'étincelle électrique. Principe de la déri- vation du courant 901 M. José Rodkiguez Mourelo. — Sur les propriétés du sulfure de strontium phos- phorescent 90 ( M: CEcHSNER DE CoNrNCii. — Sur l'oxydation de quelques composés amidés et lliio- amidés ij"7 -M. E. Iîarrai.. — Sui- les dt'-rivés chlorés du carbonate de phénylc gox M. E. Gérard. — Sur les choleslérines vies végétaux intérieurs 909 ^L L. Bordas. — L'étude sur l'anatomie et l'histologie du rectum et des glandes rectales des Orthoptères 911 M. Lrclerc du Saulon. — Sur les matières de réserve de la Ficaire 91S M. J. Seunes. — Tectonique de la région secondaire et montagneuse comprise entre les vallées de l'Ouzom et d'.Vspe ( Basses- Pyn'Miées ) 91 5 .^L il. II0UVILI.E. — Sur^ la classification phylogénique des Lamellibranches giii M. Koveau de Cour.mei.les. — De la visibi- lité des rayons \ par certains jeunes aveugles '(ig M.M. Alrert LoNDKel IIenuyMeige. -Appli- cations de la Fiadiographie à l'étude des malformations digitales g-ji AIJL Georges Gasxe et Albert Londe. — Application de la Radiographie à l'étude d'un cas de myx(cdème (développement du système osseux sous l'inlluence du traitement thyroïdien ) gj.i MM. Charrin et Claude. — Paralysie expé- rimentale sous l'influence des venins. Altérations de la moelle (poliomyélite) et des nerfs ( névrite ) 923 M. E. Sem.mola. ~ Sur les éruptions du Vésuve g'^ti M. le Directeur des Services de i.a Com- pagnie des Messageries maritimes trans- met à l'Académie un extrait d'un Uapport K 12. SUITE DR LA TABLE DES ARTICLES. Pages, de M. le lieutenant de vaisseau Bourdon, concernant la capture d'un Lamantin dans la mer Rouge 927 M. S. Kantou adresse une réclamation di' priorité à l'occasion de plusieurs Notes de Pages. M. Paul Serret, insérées en 1897 tlans les Comptes rendus 928 M. Chapel adresse une Note ayant pour titre : « Relations harmoniques des pla- nètes supérieures » ly'M Bulletin bibliographique 9'-^ Errata 9'î'> PARIS.— IMPRIMERIE GAUTHIER- VILLARS ET FILS, Quai des Grands-Augustins, 55. /-r Ocrant : = i46e'',86 ^ i3,566 (i3, 566 = densité du mercure à i4''-) Le CO a été introduit à i4° et à 765"'". (La D'où : volume de CO (à 0° et 760""") pression barométrique est ici réduite à o°.) 10,82 760 i -+- 0,00867 ■ '4 760 Après aspiration du mélange d'air et de CO du D'où : volume V de CO (à 0° et 760"''") ayant grand flacon, le vide n'y est pas complet, passé à travers PO' son manomètre marquant 726™", 7 et le ba- / 10,82 -,&5\ 726,7 romètre759'""',7. ~ V i+0'Oo367.i4 760/ 769,7 ^' (') 11 est remarquable que 10" d'oxyde de carbone arrivant dans un flacon de 10 litres environ, préalablement vidé d'air, ne s'y répandent pas d'une façon homo- gène. Lorsqu'on laisse ce flacon se remplir ensuite d'air ambiant à travers une de ses tubulures ouvertes, les quantités d'oxyde de carbone trouvées dans cet air sont va- riables si l'on fait l'analyse immédiatement après que le flacon vient d'être rempli. ( 935 ) B. — Mesure du CO- foi nié. Données. Résultats. Volume d'air -h CO^ recueilli : ¥1=29", 3o à D'où: vol. d'air+CO- réduit à o» et 76o™"'=V',, /= 17° et à une pression de _ ^9",3o(763,8— 137,6— i4,4) _ r763°'",8 - 137,6 — i4,4- '" 760(1 + 0,00367x17) — 22",oi:i. Baromètre. Hauteur Tension de Hg soulevé. vap. d'eau à 17°. Volume de l'air restant Vj après absorption D'où : vol. de l'air seul réduit à 0° et 76o""'=V'2 2) de CO>ar la potasse mouillée : _ i8«,o5(763,8 — 282,5 — 1/4,4) _ ,, 5, Va^ i8'"°, o5 à / = 17° et à la pression - 760(1 + 0,00367x17) ' 763,8 — 282,5 — i4î4' ce Donc : V^olurae de 00^= 22'='',o33 — i i'^%i54 io>879 dont il faut soustraire comme correction constante en chaque cas (' ) ' > i48 D'où : volume de CO^ formé 9i73i » Résultat définitif de l'analyse : CO oxydé : 9", 83; CO- trouvé : 9'='', 78. » Quand il s'agissait de diluer exactement l'oxyde de carbone au 7^^ ou au 3^^^,^, on introduisait -~^ environ de CO bien mesuré dans le flacon de 10'", et l'on en extrayait les j^; en laissant rentrer l'air, on obtenait la dilution au 7^^ environ qu'on calculait ensuite. En répétant l'ojjération et enlevant les | de l'air restant, on obtenait une dilution exacte de CO au j^j^. Dans ce cas, pour mesurer CO" formé, on accumulait dans le même tube à potasse les produits d'au moins trois opérations successives. » C'est en suivant cette méthode que j'ai obtenu, toutes corrections faites, les nombres suivants : Température Purée du passage Volume de 00 Volume de CQ- deI-0^ de lo'"' d'air. ayant circulé. obtenu. o h Dl Dilution de CO au 5^. .. . 70 2 ïQiQS i9>9' 65 3 12,62 12,35 80 4 11,58 10,87 Dilutions de CO au Y^ûô--- { 8° ' 9>83 9,78 65 I 11,10 I I ,08 65 2 10,10 9,94 (') Les 5o" de potasse de nos tubes à perles contenaient o'"',90 de C0-. D'autre part, j'avais constaté que 10 litres d'air de mon laboratoire, lavés exactement à la potasse, donnaient, en passant à travers l'acide iodique, 0*=°, 248 de CO^ provenant de l'oxydation de CO ou autres gaz carbonés de ces 10 litres, d'où la correction i'^'^,i48. >urée du passage Volume de CO Vol urne de CO de lo''' d'air. ayant circulé. obtenu. Il m I 1,489 1,548 o.5o 1,264 ',249 I . i5 1,445 i,342 2.3o 1 ,521 t,48o 3 I ,23o 1 ,200 3 1 ,58o 1 ,572 ( 9^6 ) Température dePO*. o ( ^' Dilutions de CO au 70^70- • l 62 ( 80 Dilutions de CO au yô^ôô-- \ ^^ ( 70 » Ces nombres établissent que l'oxyde de carbone, mélangé à dix mille et trente mille fois son volume d'air, réagit encore à 65°- ^lo" sur l'acide iodique en donnant son volume d'acide carbonique suivant l'équation ci-dessus. On remarquera même que, pour des dilutions au xj^Tûô ^^ Fôoôô» le chiffre des dixièmes de CO" obtenu est exact, c'est-à-dire qu'alors que le gaz circulant avait déjà subi l'oxydation des ~, ou des i| de son oxyde de carbone, les dernières portions, réduites à ce moment à 3^ J^^^^ et moins du volume gazeux présent ont encore été oxydées au contact de l'acide iodique. Il s'ensuit que l'oxyde de carbone mélangé à l'air peut y être retrouvé aux dilutions de jj^^rj ^^ même de 5^^^. Quant aux moyens pratiques défaire ces déterminations quand il s'agit de rechercher le gaz oxyde de carbone dans l'air ou dans d'autres gaz, j'y reviendrai quand j'aurai complètement établi les conditions où s'applique la méthode. » Persuadé de son exactitude, en principe, j'ai voulu tout de suite l'es- sayer sur l'air de mon laboratoire; c'était vers la fin de décembre 1898; la salle était chauffée à 17° par un poêle en faïence brûlant de la houille et tirant bien ; deux becs de gaz allumés, dont l'un sous une hotle. J'ai trouvé : Pour 20''' air. D'où, par litre. (rt) CO^ produil o'^'^jSgS o'^^oigg ( l> ) CO^ » o", 594 0", 0297 ■ soit, par volume d'air : 1*' cas : o^"', 000 019 g; 2*^ cas : 0^°', 0000297. C'est-à-dire que 20 à 3o millionièmes d'oxyde de carbone (ou de gaz car- bonés pouvant réagir sur PO') étaient contenus dans l'air du laboratoire. » Il me reste à montrer que certains hydrocarbures, l'acétylène, l'élhy- lène, entre autres, réagissent partiellement sur l'anhydride iodique pour donner aussi CO" et en dégager l'iode. Cette constatation, qui a rendu mes recherches très laborieuses, a dû me faire modifier la méthode, ainsi que je le dirai plus tard. Pour le moment, je me borne à constater les faits. » L'acétylène s'oxyde aux dépens de l'anhydride iodique, déjà à 35°, ( 9:^7 ) même si ce gaz est très diluo d'air. Mais il est incomplètement oxydé. Voici mis nombres pour des dilutions variant de lo à 20 volumes d'acétylène en 10 000 volumes d'air : Température Volume Volume Vol. de C-H- oxydé de I-O^. de C-H- passé. de CO- produit. pour lou vol. circulant. o ce ec 90 i5,36 3,o5 10,2 60 12,64 4) 20 16,6 5o 10, 5o 5,21 24,7 4o i3,88 5,57 20,2 35 11,32 3,67 '0,47 » Même observation si l'on mélange l'acétylène et l'oxyde de carbone. Introduit en lo"' d'air le _ , ( GO = 5'=^38 ) „„, , . k ^« ,, , Passe { r^.j,, r- r- LO- produit = 1 5", 68. mélange des gaz. ( Lni-=25",5i ) ^ » Ces i5™,68 de CO- formés répondent à 5*^*^,38 de CO ayant circulé et à 10'^'=, 3o de CO- provenant de l'acétylène dont 20 centièmes seulement avaient, par conséquent, été oxydés. M L'éthylène s'oxyde aussi au contact de l'anhydride iodique et à 65°, même s'il est dilué d'air : I. II. ce ce G^H* sorti du ballon de 10'" 19,30 18,7 GO- correspondant (calculé) 38, 60 37,4 CO- recueilli 22,10 14,8 Donc il s'était oxydé 57 pour 100 de l'éthylène circulant dans le premier cas, et 89 pour 100 dans le second. » Nous avons constaté de plus que, mélangé à l'oxyde de carbone, l'éthylène en diminue très sensiblement l'oxydabilité. Tous les dosages faits en présence de 10 à i5 pour 100 de ce gaz pèchent par défaut. » Le gaz méthane, l'éthane et en générai les hydrocarbures de la for- mulée H-""*"-, ainsi que l'hydrogène, ne s'oxydent pas à65°-8o°par l'acide iodique. Quoique ce soit surtout ces derniers gaz qui, provenant des fer- mentations vaseuses du sol, du gaz d'éclairage, des combustions, etc., forment les traces d'hydrocarbures entrevus dans l'air (Boussingault), et bien que les hydrocarbures qui troublent la réaction que nous venons d'étudier n'accompagnent ces traces d'hydrocarbures saturés qu'en pro- portion encore plus faible, il était nécessaire d'en tenir compte et, vu ces causes d'erreurs possibles, de modifier notre méthode. Je me propose de revenir sur ce point dans une prochaine Communication. » ( 938 ) CHIMIE. — Sur l'emploi du chlorure de palladium pour la recherche dans l'air de très petites quantités d'oxyde de carbone et sur la transformation de ce gaz, à la température ordinaire, en acide carbonique. Note de MM. PoTAiN et Drouiîî. « La présence de l'oxyde de carbone dans l'air, même en proportions très petites, peut être constatée à l'aide du chlorure de palladium. Il suffit de faire passer l'air vicié en bulles très fines à travers une solution étendue de ce sel à la température ordinaire. » Nous nous sommes servis pour obtenir ce résultat d'un appareil fort simple qui consiste en un long tube effilé à son extrémité et plongeant, par cette extrémité, dans un autre tube de calibre peu différent, fermé à sa partie inférieure et contre le fond duquel la pointe du premier vient appuyer. L'espace compris entre les deux tubes est hermétiquement fermé en haut par une bague de caoutchouc. Le tube extérieur possède une tubulure latérale par laquelle on peut établir une aspiration. L'autre, coudé à sa partie supérieure, est mis en communication avec la source de l'air à examiner. )) Dans cet appareil on introduit, avant de le clore, 10*"= d'une solution de chlorure de palladium au-pj^, contenant par conséquent un milligramme de chlorure et acidifiée par l'addition de deux gouttes d'acide chlorhy- drique. )) Lorsqu'on établit, par un moyen quelconque, une aspiration sur la tu- bulure du tube extérieur, l'air pénètre par l'extrémité effdée du tube inté- rieur et ses bulles, s'écrasant sur la surface à laquelle celle-ci est appliquée, traversent le liquide dans une étendue de o™,20 sous la forme d'une véri- table poussière de bulles gazeuses qui multiplient les surfaces de contact. » Pour peu que cet air contienne de l'oxyde de carbone, le chlorure est en partie décomposé et du palladium se dépose en couche noirâtre sur les parois du tube. Ce dépôt témoigne de la présence d'un gaz réducteur et, dans le cas particulier, de l'oxyde de carbone. Il n'est aisément appréciable qu'autant que l'oxyde de carbone se trouve dans l'air en quantité notable, et il ne saurait d'ailleurs en indiquer la proportion, même d'une façon ap- proximative. Mais, par suite de la décomposition du chlorure, la solution, primitivement d'un jaune très accentué, se décolore progressivement. Si, après avoir fait passer dans l'appareil une quantité d'air déterminée, on (939 ) verse le liquide filtré dans un petit tube à fond plan et si, à côté de celui-là, on en place un autre semblable, contenant une partie de la même solution n'ayant point subi le contact du gaz, on constate aisément, en regardant le liquide par sa face supérieure, une différence de coloration proportionnelle à la quantité de chlorure de palladium qui a disparu. Après avoir égalisé les teintes, en faisant varier le niveau du liquide, il suffit de mesurer la hauteur de celui-ci, dans chacun des tubes, pour avoir une mesure assez exacte de la quantité de chlorure décomposée. » Cette quantité est très éloignée de celle qu'indiquerait la théorie pour une quantité déterminée d'oxyde de carbone traversant l'appareil, si la réaction était complète et si tout l'oxyde de carbone était transformé. La plus grande partie échappe, et c'est seulement d'une façon empirique qu'on peut déterminer la quantité d'oxyde de carbone que représente une cer- taine quantité de chlorure disparue, c'est-à-dire le coefficient de l'appareil. Quand on opère d'une façon toujours identique, ce coefficient varie très peu. » Nous avons cherché à le rendre plus grand en élevant la température du liquide, mais sans y trouver aucun avantage. » Par cette méthode on distingue très aisément et avec assez de précision la présence de i'^'^ d'oxyde de carbone dans lo'" d'air, c'est-à-dire à l'état de dilution au 77^. Avec une quantité d'air plus grande on peut recon- naître des proportions d'oxyde de carbone beaucoup moindres. Il est diffi- cile, toutefois, d'obtenir empiriquement un coefficient pour le cas de dilution extrême, qui exige une opération prolongée, et cela parce qu'on ne saurait conserver longtemps un pareil mélange gazeux sans altération. Enfermé dans un espace clos avec de l'air atmosphérique à la température ordinaire, l'oxyde de carbone disparaît et, à sa place, on trouve de l'acide carbonique. » Le 2 août de l'année dernière, nous avons enfermé dans des ballons de verre, de la contenance de 5'" à 10'", de l'air atmosphérique, sec ou humide, mais dans les deux cas débarrassé complètement d'acide carbo- nique, et une proportion d'oxyde de carbone de ^j^^. Ces ballons, soigneu- sement fermés, ont été laissés dans le laboratoire à l'abri du soleil. Qua- rante-deux jours après nous n'y avons plus trouvé aucune trace d'oxyde de carbone, mais de l'acide carbonique en quantité à peu près équivalente. Il semble donc que, même à la température ordinaire, l'oxyde de carbone s'oxyde, comme les expériences de M. Gautier ont montré qu'il le fait à de hautes températures, mais sans doute beaucoup plus lentement. C. K., 1898, I" Semestre. (T. CXXVI, N° 13.) 12 t ( t)4o ) » Ayant à la même époque enfermé dans un ballon semblable la même proportion d'oxyde de carbone avec de l'azote, nous avons retrouvé (une fois au bout de quarante-deux jours, une autre fois au bout de soixante- quatorze jours) la quantité d'oxyde de carbone que nous y avions mise, et pas de traces sensibles d'acide carbonique. >) La disparition de l'oxyde de carbone s'opère progressivement. Tan- dis que du trente-neuvième au quarante-deuxième jour il n'existait plus dans nos ballons de traces appréciables d'oxyde de carbone, dans un cas d n'y en avait déjà plus au vingt-neuvième jour que le ^ environ de la quantité introduite. Lu diminution est ordinairement rapide dans les pre- miers jours et se ralentit peu à peu ; si bien que la pe)te ayant été trouvée le quatrième jour de 27 pour 100, le vingt-sixième elle n'était encore que de 54 pour 100. » La raison qui ralentit ainsi progressivement la transformation de l'oxyde de carbone, malgré la présence d'une quantité d'oxygène toujours sensiblement égale, paraît être la présence même de l'acide carbonique produit. Dans une de nos expériences, nous avons introduit dans le ballon, en môme temps que le mélange d'oxyde de carbone et d'air, une solution de soude destinée à absorber l'acide carbonique à mesure de sa formation. Dans ce cas, la disparition de l'oxyde de carbone a été rapide et complète, car au 27^ jour il n'y avait plus dans le ballon ni oxyde de carbone ni acide carbonique. Dans une autre expérience, nous avons ajouté, à un mélange de 5"= d'oxyde de carbone et de 5"' d air, 10'='^ d'acide carbonique; dans ce cas, la transformation a été beaucoup plus lente, et au 29^ jour il y avait encore plus de la moitié de l'oxyde de carbone introduit. » Conclusions. — 1° On peut, à l'aide du chlorure de palladium, recon- naître la présence dans l'air de très petites quantités d'oxyde de carbone. » 2'' Ce procédé permet un dosage approximatif qui n'a rien de l'exac- titude requise en Chimie, mais qui, dans la pratique, suffirait à fournir des indications utiles au point de vue de l'hygiène. » 3° L'oxyde de carbone mélangé à l'air en petite quantité et à la tem- pérature ordinaire se transforme lentement en acide carbonique. Cette transformation est retardée et limitée par la présence même de l'acide carbonique. » 4" Elle explique sans doute comment, malgré les quantités considé- rables d'oxyde de carbone produites incessamment dans une grande ville comme Paris, on n'en trouve cependant pas de traces notables dans l'air, si ce n'est au voisinage môme des sources de production. » ( 94i ) M. lîouQCET DE LA Grye demande à l'Académie d'inviter les deux Sec- tions d'Astronomie et de Géographie et Navigation à étudier la question de la modification de l'heure nationale. Cette proposition est adoptée. RAPPORTS. ASTRONOMIE. — Rapport sur un Mémoire de M. Bigourdan, intitulé : « Histoire céleste du xvii* siècle » de Pingre. (Renvoi à la Section d'Astronomie; M. Callandreau, rapporteur.) « En 1756, Pingre annonça le projet de réunir et de discuter les obser- vations astronomiques faites de 1601 à 1700. )) Mûri pendant trente ans, ce projet fut exécuté de 1786 à 1790. Le manuscrit présenté à l'Académie fut l'objet d'un Rapport très favorable de Le Monnier et Lalande, en date du 9 février 1791 ; et l'Assemblée natio- nale accorda 3ooo livres pour la publication de l'Ouvrage. » Mais après la mort de Pingre, survenue le i"' mai 1796, l'impression fut suspendue; il ne fut plus question des feuilles déjà tirées, ni même du manuscrit; si bien que l'on pouvait croire définitivement perdu l'Ouvrage, fruit de trente ans de travail, que Lalande appréciait en ces termes dans son Rapport : » L'Ouvrage de M. Pingre rassemble toutes les données dont les astronomes ont besoin pour leurs recherches, pour leurs Tables, pour leurs calculs des révolutions planétaires. Ce sera un dépôt auquel ils devront sans cesse avoir recours, et ils s'éton- neront du courage de M. Pingre dans un si long et si pénible travail. Mais pour l'exé- cuter bien, il fallait toute la sagacité, l'étonnante facilité de calcul et l'érudition de M. Pingre; ainsi nous pensons que cet Ouvrage très important est très digne d'être approuvé par l'Académie et imprimé dans son privilège. )) Des circonstances heureuses et, en particulier, la connaissance appro- fondie de la bibliographie astronomique que possède M. Bigourdan, lui ont permis de reconnaître dans un Volume aujourd'hui dans les mains d'un savant bibliophile, M. V. Advielle, un exemplaire sans doute unique des bonnes feuilles, ayant appartenu à Lalande; et de découvrir, dans les archives de l'Observatoire de Paris, perdu au milieu d'observations de Tycho, le reste du manuscrit de Pingre. » Sans doute, si l'on a égard aux progrès de l'Astronomie moderne, cer- ( 942 ) taines observations anciennes ont perdu de leur importance; mais il est facile d'indiquer telle espèce d'observations pour lesquelles le contraire a lieu ; c'est ainsi que les anciennes occultations d'étoiles ont été recherchées avec grand soin dans les archives de l'Observatoire, par M. Newcomb, en vue de fixer le lieu de la Lune à une époque reculée. L'Ouvrage de Pingre contient encore des occultations non utilisées, notamment avant 1670. » Les observations, indiquées année par année, sont extraites d'un grand nombre d'ouvrages, de brochures, de manuscrits et de lettres qu'il serait impossible de rassembler. Pingre ne se contente pas de calculer les résultats des observations; il les discute et apporte des corrections impor- tantes aux sources qu'il a consultées, par exemple pour Tycho. » Quant à l'intérêt de l'Ouvrage de Pingre pour l'histoire de la Science, on ne peut que souscrire au jugement de Lalande : « L'histoire de l'Astro- nomie se trouve dans cet Ouvrage par le moyen de celle des phénomènes qu'on y rapporte, des Ouvrages d'où ils sont tirés et des auteurs de ces Ouvrages; et celte Histoire a un genre de mérite et d'intérêt qui la ren- dront précieuse » » Pour ces motifs, la Section d'Astronomie est unanime à proposer à l'Académie la publication de Y Histoire céleste du xvii'^ siècle, de Pingre, re- constituée par M. Bigourdan; elle propose aussi de remercier M. Bigour- dan du concours qu'il a spontanément offert pour en assurer la publica- tion. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. CORRESPONDANCE. L'Association des anciens Elèves de l'Ecole de Phtsiqce et de Chimie INDUSTRIELLES DE LA ViLLE DE Paris iuvitc l'Académic à se faire repré- senter à l'inauguration du buste de Schutzenberger, qui aura lieu dimanche prochain 3 avril à lo"" du matin. MM. ScHLŒsiNG et Gactier sont désignés pour représenter l'Académie à cette cérémonie. ( i)43 ) ASTRONOMIE. — Observations de la comète Perrine (1898, mars 19), faites à l'Observatoire de Paris (^cquatorial de la tour de l'Ouest, È^eo'",3o5 d'ou- verture); par MM. G. Bigourdan et G. Fatet. Communiquées par M. Lœwy. Étoiles ..«S. — >«■. Nombre 1898. comparaison. Gr. Aai. AtO. compar. Observ. o m s , „ Mars 2).. .. rt48ooBD+t8 9,2 +0.10, 55 -+-3.i4,o /j: 4 G.B. 21 «48ooBD-f-i8 9,2 -t-o. 11,83 -\-2>.l\o,i t\: 4 Id. 21 a48ooBD+i8 9,2 +o.i5,i8 -1-4-37,6 4: 4 Id. 21 rt48ooBD4-i8 9,2 -1-0.16,49 -t-4-55,2 4: 4 Id. 22 Z; 4740 BD-t^- 19 6,5 — 1.42,67 — o.i5,9 i5:(o G. F. 24 C4596BD-1-2; 8,8 -f-o. 40,62 4-1. i5, 9 12: 6 Id. 24 (/4600BD-H21 6,7 — 0.53,29 -\-i. 6,7 12: 6 Id. 24 C4596BD-+-21 8,8 -Ho.47,5o -1-3. 5,6 12: 8 Id. 24 af46ooBD4-2i 6,7 —0.46,54 -1-3.57,2 12: 8 Id. Positions des étoiles de comparaison. Asc. droite Réduction Déclinaison Réduction Dates moyenne au moyenne au 1898. Étoiles. 1898,0. jour. 1898,0. jour. Autorités. h m s s o , 2%89 H-o%4o 70°3i'i",87 +5",79 Position apparente de la comète Perrine {1898, mars 19). Temps moyen Ascension Distance Oate de droite Log. fact. polaire Log. fact. 1898. Bordeaux. apparente. parallaxe. .npparente. parallaxe. Mars 22 i5''27"'26%3 2i''28"' i2»,3o — 1,587 7o"33'/i8",4 —0,769 » La comète est ronde, a iin diamètre d'environ 4 . «n noyau très net de 7-8^ grandem-, légèrement excentrique. » ASTRONOMIE. — Observations de la comète Perrine (1898, mars i^^, faites à l' observatoire de Toulouse (^équatorial Brunner). Noie de M. F. Rossard, présentée par M. Lœwy. Comète. — Etoile. Etoiles I -~- Nombre Dates de Ascension de 1898. compar. Grandeurs. droite. Déclinaison. comparaisons. Mars 25 « 4465BD 6,5 -+-0.24,11 4-12. i5,o 20:18 » 25 b 4472BD 5,0 —1.41,91 + 4-26,8 20:18 ( 945 ) Positions des étoiles de comparaison, Asc. droite Kéduclion Déclinaison Réduction Dates moyenne au moyenne au 1898. •*- 1898,0. jour. 1898,0. jour. Autorités. ,, ~ ^ o '^ c r % ' ' cr" o -■ o I HBruxelles, 966.5 -h Romberg, /igoS Mars2J. a 21.39.16,96 +0,87 +22. 20. 56, 3 — o,8 '^ „ ,. Jon^,. ( + Berlin B, 0364). / {[Bruxelles, 9689 + Romberg, 4969 » 25. 1^ 21.41.22,75 4-0,36 +22.28.42,2 — 5,6' + Berlin B, 8385 -h Glasgow (1890) ( .877]. Positions apparentes de la comète. Temps Ascension Dates moyen droite Log. fact. Déclinaison Log. fact. 1898. de Toulouse. apparente. parallaxe. apparente. parallaxe. Mars 25. . . Il ni s i5. 53.14 h m s 21.39.41,44 T,662„ + 22.33.5,5 0,725 » 25 . . . i5.53. i/j 21 .39.41 ,20 T.662„ +22.33.3,4 0,725 » La queue de la comète s'étend à quinze minutes environ de distance. » ASTRONOMIE. — Éléments de la comète Perrine. Note de M. I. Lagarde, présentée par M. Lœwy. « Les éléments qui suivent ont été déduits des observations faites à l'observatoire du mont Hamilton le 19 mars, et à l'Observatoire de Paris, par M. Fayet, le 22 et le 24 mars. J'ai fait tous mes calculs avec cinq décimales et j'ai négligé les effets de la parallaxe et de l'aberration : Temps du passage au périhélie : 1898 mars i6,56i6 temps moyen de Paris Longitude du périhélie 3o8.54,4 ) Longitude du nœud ascendant. 262.14,4 / Equinoxe et écliptique moyens de 1898,0 Inclinaison 72.19,1 | Logarithme de la distance du périhélie o , 0897 2 » Représentation de l'observation du 22 mars : cos[3 (iX = + o',i, «??=— o',i. » ( 946 ) ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Théorème fondamental sur les transformations birat'tonnelles à coefficients entiers. Noie de M. S. Kantor, présentée par M. E. Picard. « Tandis que la théorie des substitutions linéaires à coefficients entiers naturels ou à coefficients entiers algébriques a, grâce aux travaux de MM. Picard et Poincaré ('), acquis déjà une étendue considérable et em- piète sur des branches différentes de l'Analyse, la théorie des substitutions de degré supérieur et à coefficients entiers est à peine effleurée. Un cas de substitutions quadratiques a été seulement rencontré par M. Picard (-) dans ses recherches fondamentales sur les groupes hyperabéliens. Cela tient à ce que, dans la théorie des formes arithmétiques de degré supérieur à deux ou d'un nombre de variables plus élevé que trois, on connaît seu- lement les résultats anciens de M. Hermite (^), les recherches de M. Poincaré sur les formes cubiques ternaires et quaternaires (^), et un théorème de MM. Hilbert etHurwilzsur les formes arithmétiques ternaires du genre zéro {^). » Si dans les formules de transformation (i) x\:...: a;;^, =^,{x):...: <ï>^^, {x'), les 4> étant des fonctions entières rationnelles des variables homogènes x, les coefficients de ces fonctions sont des nombres entiers, pour le moment naturels, j'appelle la transformation (i) ua& transformation arith- méliqiie. Parmi les transformations (i) il y en a dont les inverses sont rationnelles encore. Cela exige que les coefficients des fonctions <ï> qui interviennent dans l'inverse (2) ^, : ... : xr^, = ^\{x)\...: J ' \dy^"i) » 1° Il existe une équation fonctionnelle linéaire d'ordre n -\- p, J/'( = ) = o, (') Bulletin des Sciences mathématiques, de Dardoux et Houel, 1877, ou ses Leçons, par Lejeune-Dirichlet. (^) Je dirai que les n intégrales sont distinctes si aucun des A n'est indéterminé. (95o) dont les coefficients sont fonctions de oc seul, contenant n -+- 1 termes comme l'équalion (i) et satisfaite par les n intégrales distinctes de l'équa- tion (i). )) 3° Division symbolique. — Soient deux polynômes fonctionnels li- néaires :; et M d'ordres n el p (n>yD). Appelons division de :; par u l'opé- ration suivante : supposons formés les polynômes fonctionnels J(w), J=(«), . . ., V'-P{u); multiplions z et y'-P{u) par des fonctions P, Q de x, telles que les premiers termes des polynômes ainsi obtenus deviennent égaux; posons -z, = qy'-p{u)- Pv; z^ sera le premier reste de la division, il est d'ordre n — i au plus; opérons sur Zf et sur J"~^~'(m) comme précédemment; nous aurons un nouveau reste ^2, etc.; nous continuerons ainsi jusqu'à ce qu'on obtienne un reste d'ordre égal au plus à /) — i . Si ce reste est identiquement nul, :; est divi- sible par «, et les intégrales de m = o satisferont toutes à a = o. Si le reste de la division n'est pas nul, on divisera u par ce reste, etc.; si le reste de la dernière division se réduit à une fonction de x, les polynômes z et u sont premiers entre eux ; si, au contraire, après un certain nombre de divisions, l'on obtient un reste identiquement nul, le diviseur v de la dernière di- vision sera le plus grand diviseur commun à z et à u, et les solutions dis- tinctes de t» = o satisferont toutes aux deux équations z = o, u = o. » Les équations considérées ici doivent être distinguées de celles qu'ont étudiées MM. Grévy, Leau, Bourlet, contrairement à ce que dit M. Bourlet dans sa Communication du 21 février 1898. Il a reconnu lui-même depuis qu'il y avait eu confusion. » Ma Note du 27 décembre 1897, très concise, n'était peut-être pas suffisamment explicite, ce qui explique, jusqu'à un certain point, la con- fusion commise. Quant au problème de Babbage auquel il est fait allusion dans la même Note, je n'avais nullement la prétention d'en donner le pre- mier une solution ; car on en trouve une dans le Traité d'Analyse de M. H. Laurent. » OPTIQUE. — Recherches de précision sur la dispersion infra-rouge du spath d'Islande. Note de M. E. Carvallo, présentée par M. A. Cornu. (t Dans la séance du 7 mars, j'ai eu l'honneur de communiquer à l'Aca- démie les résultats de recherches de précision sur le spectre infra-rouge du ( 95i ) quartz, à l'aide d'un spectre cannelé de Fizeau et Foucault. En prenant pour base ce travail, j'ai repris l'étude de la dispersion infra-rouge du spath d'Islande que j'avais déjà fiuLe dans ma thèse ('). Mes nouvelles mesures concordent bien avec les premières; seulement elles sont dix fois plus précises. De plus, les longueurs d'onde des repères sont maintenant em- pruntées à mon dernier travail sur le quartz, au lieu d'être empruntées à Mouton; elles se trouvent ainsi corrigées de l'erreur systématique que j'ai signalée dans les résultats de ce savant (-). Il en résulte un changement notable dans les coefficients de la formule de dispersion qu'il m'a fallu calculerai nouveau. Comme pour le quartz, elle est de la forme n désignant l'indice de réfraction et / = - le quotient de la longueur d'onde dans le vide par l'indice. Les valeurs calculées pour les coefficients, à la température de 20°, sont ceux-ci : Rayon ordinaire n„. Rayon extraordinaire n,. d — 0,000 000 5o — 0,00000084 b — 0,001 oo3 — 0,000 835 a + 0,370932 + 0,457753 c -h o,oo5 i54 + o,oo[ i34 c' H- o , 000 295 -t- o , 000 00 1 2 » Voici, en trois Tableaux, le résultat de la comparaison de la formule avec l'observation, pour quelques raies nionochromatiques observées avec l'oculaire, puis pour les franges des spectres cannelés obtenus avec les deux lames de quartz utilisées dans ma précédente Note. Tableau 1. — Rai 'es monoCi hromatiques ob. seri'ees avec l'oculaire. \. Ra yon ordinaire. Ray on extraordinaire. Raie. n^ obs. n^ cale. 0-C. n^ obs. n^ cale. 0-C. Th.. . o,535o 1,662671 1 [ ,662672 —0,000001 1,488421 1,488421 0,000000 Na.. . 0,5893 1,658369 1 1,658367 + 2 1,486449 1 ,48645o — I Li... . 0,6708 1,653688 : 1,653688 0 i,48433i i,48433i 0 K... . 0,7680 1, 649741 1,649747 — 0,000006 1,481607 1,482607 0 C) Ann. de l'Éc. Normale, Supplément pour 1890. ( = ) Comptes rendus, t. CXXVI, p. 728; 7 mars 1898. (952) Tableau U. — Première lame de quartz, épaisseur jiuni ,Qj(3 (observations au bolomètre). X. " Rayon ordinaire. Rayon extraordinaire. 4?- n^ obs. n^ cale. 0- C. n_. obs. /!, cale. 0 — C. 65... 0 , 6 1 5 67 » » )) 1,485667 ,485677 — 0 OOOOIO 63... 0, 63368 » » » I ,485 200 1 ,485 200 0 6i... 0,65286 )) » » 1,484722 .,484718 -(- 4 59... 0,673 I )) )) » 1,484288 ,484288 0 57... 0,6950 ,65258i .6525-8 + 0,000008 1,488884 ,488 836 — 2 55... 0,7185 ,65i 58i i,65i588 — 7 1,488896 1 , 483 897 — . 53... 0,7435 ,65o6ii 1 ,65o620 — 9 1,482976 ,482966 -H lO 5i... 0,771 I ,649650 ,649687 -+- 18 1,482 566 ,48256. -t- 5 49... 0,8007 [,648687 1,648670 + 17 I ,482 i56 1 ,482 i5i + 5 47- •• 0,8825 ,647724 ,647716 -4- 8 1,481756 [,481753 H- 3 45... 0,867 ' ,646759 ,646752 4- 7 i,48i865 ,481862 -t- 8 43... 0,9047 ,645784 ,645787 — 8 1,480984 t ,480980 -+- 4 41... 0,9460 ,644800 ,644810 — 10 I ,480602 1 ,480602 0 39... 0,9914 ,643798 ,643808 — 5 I ,480221 . ,480226 — 5 37... i,o4i7 ,642762 ,642761 + I 1,479849 I, 479851 — 2 35... 1,0973 ,641675 ,64i 678 -t- 2 1,479477 1,479478 — I 33... 1,1592 ,64o5n ] ,64o5i9 — 8 1,479096 ',479099 — 8 3i... 1,2288 ,689262 ,689269 — J 1,478704 ,478716 — .2 29... 1 , 307 0 ,637894 1 ,687897 — 8 1,478312 ,478818 — 6 27... 1 ,3958 ,636366 r ,636359 + 7 1,477891 ■,477897 — 6 25... 1,4972 ,634571 ,634594 — 0,000028 1,477441 ■,477447 — 6 23... 1 ,6146 )> )> » 1,476950 ,476951 — I 21... 1,7487 » » » 1,476881 [,476890 — 9 19... 1 ,9085 » » » 1,475788 ,475728 -4- 5 17... 2,0998 » » » 1,474919 ',474920 — I I J. . ■ 2,3243 » » » .,473918 1 ,478922 — 0, 000004 Tai LEAU 111. — Seconde lame de quai •Iz, épaisseur 1"" %956S (observations au bolomètre). 4?- \. n„ obs. Ray on ordinaire. r („ cale. 0 - -C. 53 .... 1,27 32 I, 638487 1 , 638482 -1-0,0 oooo5 5i. .... i,3i 95 I, 687 670 1 , 687676 — 6 49- .... 1,36 85 ., 686809 1 , 636832 — 28 47- 1,42 19 •, 685898 1 , 635908 — 5 45. .... 1,47 92 I, 634901 ^ , 684902 — I 43 .... 1,54 i4 I, 6838n 1 , 688808 -t- 8 41. . . . . I ,60 87 ', 632611 ' , 682596 ■+- i5 39 .... 1,68 1 5 I , 681266 ' , 681 260 + 6 ( 953 ) Bayon ordinaire. 49. X. /!„ obs. 7î^ cale. O — C. 37 1,7614 1,629741 1,629745 — 4 35 1,8487 1,628002 1,628026 — 24 33 1,9457 1,626023 1,626082 — 9 3i 2,o53] 1,623717 1,623710 -+- 7 29 2,1719 1,620995 1,620983 +0,000012 » Pour les raies monochromatiques, observées à l'oculaire, la concor- dance est complète entre l'observation et la foi-mule, jusqu'au cinquième chiffre décimal, les différences n'atteignent que le sixième chiffre. Dans les observations au bolomètre, les différences ne dépassent pas deux unités du cinquième chiffre décimal pour le rayon ordinaire et une unité pour le rayon extraordinaire. De plus, dans la partie commune, les observations au bolomètre concordent très bien avec les observations à l'oculaire. Ces concordances forment un contrôle des mesures. » J'ai signalé dans ma précédente Note un contrôle plus précieux encore de mes mesures sur le quartz par leur concordance avec une formule cal- culée par M. Macé de Lépinay pour la biréfringence du quartz, par nue méthode très différente de mes mesures d'indices. Ces mesures sur le quartz, jointes à celles que je présente ici sur le spath, trouvent un nou- veau contrôle dans des mesures que j'ai faites autrefois sur la dispersion rotatoire du quartz (') et qui ont été confirmées par un travail très soigné de M. Dongier (-) sur le même sujet. Voici en quoi consiste ce contrôle. J'ai donné une formule de dispersion rotatoire qui représente bien les observations dans le spectre visible et dans le spectre ultra-violet. Dans l'infra-rouge, j'avais utilisé le spectre fourni par un prisme de spath que j'avais étudié dans ma thèse à l'aide des lames de quartz de Mouton. Les longueurs d'onde des repères étaient ainsi entachées de l'erreur systéma- tique qui résultait de l'emploi des nombres de ce savant, ftlon nouveau Travail permet de les corriger; or le fait que je constate est celui-ci : )) Avec les valeurs des longueurs d'onde empruntées à Mouton, j'avais trouvé un écart systématique notable entre la formule et l'observation; il n'existe plus avec les valeurs corrigées des longueurs d'onde. Les écarts ont maintenant le caractère des erreurs fortuites. » (1) Annales de Chimie et de Physique, 6° série, t. XXVI; mai 1892. (-) Société de Physique, 3 décembre 1897. ( 9^4 ) PHYSICO-CHIMIE. — Sur la délermi nation rigoureuse des poids moléculaires des gaz en parlant de leurs densités et de l'écart que celles-ci présentent par rapport à la loi de Manolte. Noie de M. Daxiel Beuthelot, présentée par M. H. Becquerel. « Les chimistes admettent en général que tous les gaz simples ou com- posés, pris sous le même volume, renferment le même nombre de molé- cules. En d'autres termes les volumes moléculaires de tous les gaz sont égaux et les poids moléculaires sont proportionnels aux poids spécifiques ou densités des gaz. » Cependant, en fait, les densités théoriques ainsi calculées ne s'ac- cordent qu'imparfaitement avec les densités expérimentales trouvées dans les conditions ordinaires de température et de pression ; ce désaccord lient à ce que la loi précédente ne pourrait être exacte pour diverses tempéra- tures et diverses piessions que si tous les gaz avaient même compressi- bililé (loi de Mariotte) et même coefficient de dilatation (loideGay-Lussac). Or aucune de ces deux lois n'est rigoureuse. )) Dès lors, en fait, les volumes moléculaires des divers gaz observés dans les conditions ordinaires sont inégaux, et le poids moléculaire d'un gaz est proportionnel, non pas à sa densité réelle, mais au produit de cette densité par son volume moléculaire. » Je me propose d'établir que ces volumes moléculaires peuvent être évalués exactement si l'on connaît la compressibilité des gaz au voisinage de la pression atmosphérique, et que, par suite, les poids moléculaires rigoureux peuvent être déterminés au moyen de deux données physiques connues avec une grande précision : densité et compressibilité. » Je rappellerai d'abord que les expériences de Regnault montrent que les gaz tendent à obéir tous à une même loi de compressibilité et de dila- tation à mesure que la pression diminue; c'est-à-dire que les lois de Ma- riotte et de Gay-Lussac sont des lois limites, vraies pour des pressions très faibles. Nous sommes donc autorisés à admettre que dans ces conditions de raréfaction extrême les volumes moléculaires de tous les gaz sont rigou- reusement égaux. Ceci posé, il ne s'agira plus que de calculer ce que de- viennent ces volumes moléculaires sous la pression atmosphérique. » Je me bornerai aujourd'hui au cas des gaz autrefois A\\.i permanents. L'écart de (955 ) leur compressibilité par rapport à la loi de Mariette, à température constante, peut être représenté au voisinage delà pression atmosphérique par la formule (0 ^=P^-^ = aip-p,), Vq étant le volume d'une masse de gaz sous la pression atmosphérique p^, c son volume sous la pression p, a un coefficient qui d'après les expériences de Regnault est con- stant entre i°"" et 6""". J'admettrai que cette formule représente encore la compressi- bilité du gaz entre o"'" et i°"" conformément aux expériences de M. Amagat sur l'air. » Considérons deux gaz sous une pression infiniment faible p; d'après ce qui pré- cède leurs volumes moléculaires ont une même valeur c. Comprimons-les jusqu'à la pression atmosphérique. Leurs volumes moléculaires cessent d'être égaux et prennent les valeurs ^'o = ^• — [i -H«(/> — ^o)]=t' — (i +ap —apo)> Pa Po < — v^i^ + "'(P — Po)]= '' ~i' + a'p - a'p„), Pu Pi dont le rapport, si p est infiniment faible, aura la valeur v^ _ I — «/>(, v'^~ \ — a' po' qui se réduira à ; si nous évaluons les pressions de la formule (i) en atmosphères et si/)o= P"". » Les volumes moléculaires des divers gaz prennent donc, sous la pression atmo- sphérique, avec ce choix particulier d'unités, des valeurs proportionnelles à i — a, i — a' , 1 — a" . . . . Soient d, d' , d" , . . . leurs densités sous la pression atmosphérique, à la tem- pérature considérée. Leurs poids moléculaires sont égaux aux produits des volumes moléculaires par les densités correspondantes, c'est-à-dire proportionnels à {i — a)d, {i — a')d\ (j — a")d". » Nous obtenons ainsi, pour les poids moléculaires, un système de nombres pro- portionnels. Ce système est défini à une constante près. Pour le fixer entièrement, on sait qu'il faut assigner à l'un de ces nombres une valeur arbitraire. On a l'habitude de rapporter les poids moléculaires, soit à l'Indrogène, en posant H- ^ 2, soit à l'oxygène, en posant O' =: Sa. » Nous adopterons cette dernière convention, et nous procéderons au calcul des poids moléculaires, sans autres données que celles de la densité des gaz sous la pression atmosphérique et de leur compressibilité au voisinage de celle-ci. » Ces données ont déjà été déterminées avec soin par Regnault; mais on sait qu'au point de vue expérimental la précision des mesures de ce maître a été dépassée par certains physiciens modernes. En fait, il est peu de constantes physiques connues aujourd'hui avec autant d'exactitude que les densités des gaz permanents : rapportées G. R., 1898, I" Semestre. (T. CXXVl, N° 13.) A 23 ( 956 ) à l'oxvgène, les mesures de Lord Rayleigh et de M. Leduc concordent à moins de 50070 de leur valeur. » D'autre part, dans une série d'études toutes récentes, ce dernier physicien a dé- terminé, avec sa précision habituelle, la compressibilité d'un grand nombre de gaz entre i et 2 atmosphères. ■» Je lui emprunterai les données numériques (densités et coefficients de compres- sibilité à 0°) nécessaires aux calculs ('). » Le Tableau suivant contient pour une série de gaz : » 1° La valeur à o" du coefficient a qui est connu, d'après M. Leduc, avec une précision de ± o, 00004 ; » 2° Le volume moléculaire r,„= i — a du gaz à o" et sous la pression atmosphérique; » 3° La densité d du gaz par rapport à l'oxygène dans les mêmes condi- tions; » 4° Le poids moléculaire M du gaz par rapport à celui de l'oxygène que l'on a posé, par définition, égal à 32. M = ^—^- X ^ X 32, I — a a étant le coefficient défini plus haut pour le gaz et a, celui de l'oxygène; » 5" Enfin, les poids atomiques [/. de l'hydrogène et de l'azote, obtenus en divisant par 2 les poids moléculaires calculés précédemment, et le poids atomique du carbone, obtenu en retranchant O = 16 du poids moléculaire de l'oxvde de carbone. H. A?.. CD. O. Cl — 0,00046 -+- o,ooo38 -+- 0,00046 -1- 0,00076 i'„, 1,00046 0,99962 0,99954 0,99924 d 0,962865 0,87508 0,87495 I M 2,01472 28,0182 28,0068 32 jji 1,0074 14,007 12,007 '^ » Je comparerai dans une Note prochaine les poids atomiques ainsi cal- culés, d'après deux données purement physiques, avec ceux que l'on dé- duit des analyses chimiques. » (') Comptes rendus, t. CXXV, p. 648, 1897; t. CXXVI, p. 4'5 ; 1898. - Journal de Physique, janvier 1898. Comme j'adopte ici une unité de pression soixante-seize fois plus forte que celle de M. Leduc, les coefficients a donnés dans ses Tableaux ont été multipliés par 76. ( 957 ) THERMODYNAMIQUE. — Moteurs à combustion et haute compression. Noie de M. A. Witz, présenlée par M. Ha ton de la Goupillière. « Les moteurs à gaz à explosion avaient éclipsé les moteurs à combus- tion; l'on paraissait avoir oublié ces ingénieuses machines, inventées par Siemens, Brayton, Simon, Crowe, Foulis, Gardie, etc., dont le cycle est si bien approprié néanmoins à la réalisation des grandes puissances que l'on a en vue aujourd'hui. M. Diesel, ingénieur à Munich, a ramené l'atten- tion sur les avantages que procure la combustion graduelle, et un éclatant succès industriel est venu couronner ses efforts persévérants. » La théorie des moteurs à gaz reçoit, dans cette circonstance, une confirmation nouvelle, qu'il est utile de relever : je demande à l'Académie la permission de rappeler la formule de rendement que j'ai établie, dès i883, dans mes études sur les moteurs à gaz tonnant ('), parce qu'elle permettait de prévoir les résultats de M. Diesel. » Le cycle des moteurs à combustion est constitué par quatre phases d'opérations, qu'il est aisé de décrire. )) On débute par une compression adiabatique, depuis la pression atmo- sphérique H jusqu'à une pression t., ayant pour effet d'élever la tempéra- ture du mélange tonnant de t à 0. » La deuxième phase consiste en une combustion à pression constante, sous cette même pression t:, dans laquelle la température passe de 0 à T; la chaleur fournie par le foyer est égale à C(T — 0), G étant la chaleur spécifique des gaz sous pression constante. » On procède ensuite à une détente adiabatique, qui ramène les gaz brûlés à la pression atmosphérique et conduit leur température à la va- leur t'. 1) Enfin, le cycle se ferme par une reprise de chaleur, qui fait contracter les gaz et rétablit les conditions initiales de température et de pression ; la chaleur soustraite est égale à C{t' — l), puisque cette dernière opération s'effectue sous la pression constante de l'atmosphère. » Le cycle est donc limité par deux adiabatiques et par deux droites pa- rallèles à l'axe des volumes. (') Annales de Chimie et de Physique, 3" série, t. XXX. (958) » Le rendement se calcule aisément. ._ C(T — 6) — C(^'- t) _ __ t' —t ^'~ C(T — 6) ~ ' T — 6 ■ » Or, les transformations adiabatiques nous donnent les relations T-' r-' t /H\ V . t' /H\ Y par suite, d'où t _ i' _ i'— t ê ~ T ^ T — e' » Un cycle de Carnot eût donné un rendement supérieur qui eût été égal à I — ;^; notre cycle a donc un rendement générique plus petit que l'unité. Mais, à la limite, ce rendement pourrait être atteint, si t était égal à 6; il est vrai qu'alors le travail tendrait vers zéro. Le cycle classique de Joule a la même propriété. » Le travail développé croît avec l'écart de T et de 0; mais le rendement du cycle est indépendant des valeurs de T. Nous voyons doue que le ren- dement absolu reste le même, quel que soit le travail; en d'autres termes, le rendement est le même à pleine et demi-charge, propriété précieuse à laquelle on attache un grand prix. » La puissance d'un moteur, fonctionnant suivant ce cycle, se réglerait pratiquement par la durée de la combustion et la quantité de chaleur cédée dans la première phase, c'est-à-dire par l'écart de T et de 0. Un tel moteur pourrait avoir des dimensions exiguës, attendu que l'aire du cycle est con- sidérable, et bien plus grande que celle des moteurs à exi)losion; la dou- ceur de sa marche serait remarquable, vu que la pression reste constante, durant toute la phase d'admission. » C'est la valeur de 0 et, par conséquent, le degré de compression qui font le rendement de ce cycle. Or, supposons que l'on puisse comprimer le mélange à 25o atmosphères; dans ce cas 6 = /.(25o)°'-' = f.3,56 et "~ ' ~ 3,56 I - 0-- =0.719. ( ÇiSg ) » Ce rendement extraordinaire est le triomphe de la haute compression préalable; il n'a pas d'autre cause. » Maison pourrait se contenter d'une compression moindre; or, pour 35 atmosphères on trouve encore que p est égal à o.SSy. C'est im chiffre auquel la théorie ne nous avait guère habitués, et qui fait pâlir le rende- ment de la plus brillante machine à vapeur. » La machine Diesel elle-même, dont on a tant exalté les promesses, ne donne pas de rendements théoriques supérieurs à ceux que nous venons de calculer pour les moteurs à combustion et haute compression. » La compression de aSo atmosphères est celle qu'avait rêvée le savant ingénieur allemand, celle de 35 atmosphères est celle qu'il a eu le rare mé- rite de réaliser; appliquées au cycle classique des moteurs à combustion, elles produiraient les mêmes merveilles que dans le moteur Diesel. Le moteur à combustion a par ailleurs les mêmes avantages que le nouveau moteur, au point de vue de la puissance, de l'élasticité, de l'exiguïlé des dimensions et du reste. Son cycle a même pour lui un avantage supérieur, celui d'être aisément réalisable et de n'être pas sensiblement déformé quand on passe de la théorie à l'application. Le moteur Gardie l'a prouvé. » C'est donc dans la forte compression rendue possible par M. Diesel qu'il îiiul chercher la cause du succès obtenu. Le perfectionnement est d'ordre pratique; cela n'en diminue pas la grande valeur, que je désire voir proclamer hautement; mais il m'a paru utile de démontrer que le cycle ancien des moteurs à combustion n'avait pas besoin d'être modifié pour donner ces rendements théoriques considérables, qui ont provoqué tant d'espérances et suscité tant d'efforts. » ÉLECTRICITÉ. — Sur le champ hertzien. Note de M. Albert Turpaix, présentée par M. Mascart. « Pour concentrer le champ que crée autour de lui un excitateur de Hertz, on se sert ordinairement de deux fils parallèles. Dans une précé- dente Communication ('), j'ai établi que, outre le système de ventres et de nœuds que décèle le résonateur déj^lacé dans la position classique (position I), il en existait un autre, échangeant avec le premier ses sec- (') Comptes rendus, 3i janvier 1898. — Procès-verbaux de la Soc. des Se. phys. et nat. de Bordeaux. 20 janvier 1898. ( 9^» ) lions nodales en sections ventrales et inversement, mis en évidence par le déplacement du résonateur dans les deux positions II et III. » Ces faits conduisent à assimiler le chamj) à deux fîis à un tuyau sonore où se trouveraient èlagées des régions alternativement nodalés et ven- trales et où le résonateur servirait d'appareil investigateur. Il y a lieu de se demander quel est le rôle joué, dans ce phénomène, par chacun des fils pris isolément. » I. Propriétés du champ hertzien concentré par un fil unique. — Tant pour cette étude en elle-même que pour sa comparaison avec celle du champ à deux fils, on s'est astreint à déplacer le résonateur dans trois séries de positions différentes : » i'' Positions symétriques. — Le fil est perpendiculaire en son centre au plan du résonateur pour la position I, coïncide avec un de ses diamètres pour les positions II et III, d'ailleurs identiques. 2° Positions dissymétriques. — Le fil perpendiculaire en un point du cercle résonateur, autre que le centre pour la position I, coïncide avec une corde de ce cercle pour les positions II ou III. » 3° Positions extérieures. — Le centre du résonateur est situé assez loin du fd pour que son cercle ne le rencontre plus. Les positions I, II et III sont ici toutes trois distinctes. » Résultats : Positions symétriques. — Position I. — i" Le résonateur dé- cèle un système de ventres et de nœuds dont l'extrémité libre du fil est un ventre; l'intensité du phénomène est des plus faibles; il doit être rapporté au fait d'une dissymétrie impossible à éviter; 2° L'intensité très faible est la même dans tous les azimuts. » Positions II et III. — i" Système de ventres et de nœuds alternant avec les précédents, l'extrémité libre du fil est un nœud: 2° Extinction quand le rayon du micromètre coïncide avec la direction du fil. » Positions dissymétriques. — Position I. — i° INlême système que précé- demment; les phénomènes sont ici d'intensité très appréciable; 2° Extinc- tion ou minimum d'effet quand le rayon du micromètre passe par le fil. » Positions II et III. — i° Même système cjue dans les positions symé- triques correspondantes ; 2° Minimum d'etfet quand le rayon du micro- mètre est perpendiculaire à la direction du fil. » Positions extérieures. — Position I. — i° Même système que les pré- cédents; 2" Extinction ou minimum d'effet lorsque le prolongement du rayon du micromètre passe par le fil. » Position II. — 1° Même système que dans les positions II précédentes ; ( 96> ) 2° Minimum d'effet quand le rayon du micromètre est perpendiculaire à la direction du fil. » Position in. — 1° Même système que dans les positions III précédentes : 2" Extinction ou minimum d'effet quand le rayon du micromètre est paral- lèle au fil. » Résonateur à coupure. — Donne mêmes résultats qu'un résonateur complet, la coupure se substituant au micromètre suivant une loi précé- demment énoncée. » II. COMPAR.VISON DES PROPRIÉTÉS DU CHAMP A. UN FIL ET DU CHAMP A DEUX FILS. — Le résonateur était placé, lorsqu'un seul fil concentrait le champ, dans les situations mêmes qu'il devait occuper pour les positions I, II, III lorsqu'on ajoutait le second fil. » Voici les mesures des distances explosives maxima au micromètre qui permettent la comparaison mieux que tout énoncé : Champ à un fil ... . Champ à deux fils. . » Bien que chacun des fils se montre l'analogue d'un tuyau sonore et que les sections nodales et ventrales de ces deux tuyaux parallèles coïn- cident, on ne doit pas considérer les points en regard sur les deux fils comme étant à chaque instant identiques. » Soient, en effet, A et B les deux plaques de l'excitateur placées paral- lèlement. Appelons a, a' deux plaques métalliques parallèles situées en regard de A, et b', b, deux plaques identiques en regard de B; soient 1 et 2 les deux fils concentrant le champ. Nous indiquerons que le fil 1 a été relié à la plaque a par le symbole l-a. » 1° Les champs à un fil i-a, l-a', i-b, l-b', 1-a, ^-a', 2-b, 2-b' donnent les mêmes systèmes de ventres et de nœuds; » 2° Les champs à deux fils l-a et 2-b, l-a' et 2-i', l-a. et "i-h', i-a' et 2-6 donnent les mêmes systèmes de ventres et de nœuds, identiques en position aux précédents; » 3° Les champs à deux fils l-a et 2-a', i-b' et 2-6 ne donnent plus aucun système de ventres et de nœuds. Il y a interférence tout le long du champ. A chaque instant, l'effet produit par le fil 1 sur le résonateur est annulé par l'effet du fil 2. I.o". I. 270°. II. 0". II. 270". III. 0°. III. 270" V.., mm O, l35 mm o,o38 mDi 0,563 mm 0, 323 mm o,oi5 mm 0,008 N.. o,o6o 0,022 0,220 0,340 0,008 0,000 Y.. 0,240 o,o38 1 ,5oo 1,410 o,o38 0,023 N.. o,ogo o,o3o I , 125 1,028 0,023 0,Ol5 (962 ) » Eûcpérience 1. — Si, dans le cas d'un champ interfèrent à deux fils, on place le résonateur dans la position I de telle sorte que les fils soient per- pendiculaires en deux points situés dans le même demi-cercle par rapport au diamètre du micromètre, les actions des deux fils sur le résonateur s'ajoutent au lieu de se détruire. )) Expérience //. — Si, dans le cas d'un champ interfèrent à deux fils, on augmente l'un des fils d'un quart de longueur d'onde, on fait, par là même, cesser l'interférence. » Expérience III. — Si enfin, dans le cas d'un champ interfèrent à deux fils, on intercale, entre deux points de l'un des fils, une longueur de fil de -■> l'interférence cesse à partir du point d'intercalement. Au contraire, dans le cas du champ ordinaire à deux fils, l'interférence se manifeste à partir du point d'intercalement. )) Ces différentes expériences montrent en définitive : » i^Que chaque fil du champ ordinaire à deux fils constitue, pris iso- lément, un système de ventres et nœuds offrant à l'extrémité libre un ventre de la position I, un nœud des positions II et III; » 2° Que l'état électrique de deux ventres en regard pris sur chacun des fils n'est cependant pas identique, mais de signes contraires, ce qui ex- plique le renforcement des phénomènes que produit l'addition du second fil dans le champ ordinaire à deux fils. » CHIMIE MINÉRALE. — Sur un iodure de tungstène ('). Note de M. Ed. Defacqz, présentée par M. Moissan. « Différentes réactions ont été tentées pour préparer les iodnres de tungstène. Von Borch (-) essaya vainement l'action du chlorure en vapeurs sur i'iodure de potassium et sur l'iodure d'argent; il n'eut pas plus de succès en faisant passer un mélange de vapeurs du même chlorure et d'acide iodhydrique dans un tube cliauflé au rouge. )) M. Riche (') signala le premier un iodure de tungstène; M. Roscoe(*), .(') Travail fait au laboratoire des Hautes Etudes de M. Moissan, à l'École supé- rieure de Pharmacie. {") Von Borch, Jahreste fur i85i, p. 344- (^) Ricniî, Annales de Chimie et de Physique, t. L, p. 5; 1857. (*) RoscOE, Chem. News, t. XXV, p. 61 ; 1872. ( 0(i3 ) dans son rem;irq«able Mémoire sur les composés hnlogénés fie ce métnl, en donna la composition; ces deux savants l\)I)leniient en faisant agir l'iode sur le métal préparé par réluction de l'acide tungslique par l'hydrogène. )) L'action de l'acide ioilhydriqtic sec sur un chlorure ayant, donné, dans quelques cas, de très bons résultats, nous avons pensé à utiliser cette réaction. » Préparation. — Le métal fondu, préparé au four électrique par la méthode de M. Moissan ('), est placé, dans une nacelle, au milieu d'un tube de vsrre vert traversé par un courant de chlore; on chauffe au rouge somljre et, en employant les précautions indiquées par M. Roscoe, on obtient Thexachlorure pur sublimé; on chasse alors le chlore de l'appareil par un courant d'acide carbonique sec, puis on fait passer l'acide iodhvdrique gazeux, sec en chaulTant pendant nue heure environ vers qoc"" la partie du tube où s'était déposé primitivement riiexaciiiorure. Au commencement de la réaction il y a un abondant dépôt d'iode; on obtient finalement une masse infusible brune; on la lave d'alsord au sulfure de carbone pur et sec pour lui enlever un peu d'iode libre, on sèche à l'air, on reprend par l'alcool à gô" et l'on sèche définilivement à l'étuve à 1 10". » Celte préparation exige quelques précautions : il ne faut pas chauller au-dessus de 500°, pour éviter un commencement de réduction par l'acide iodhydrique à cette température, et il est préférable d'opérer sur l'hexachlorure sublimé plutôt que sur le fondu. » Analyse. — On place l'iodure dans une nacelle disposée dans un lube de verre et l'on chaufTe en faisant passer lentement un courant d'air; l'iode qui provient de la décomposition est entraîné et reçu dans un récipient contenant une solution aqueuse d'acide sulfureux ; on le dose à l'état d'iodure d'argent; on le transforme ensuite en chlorure, comme vérification; l'acide tungstique qui reste dans la nacelle est pesé; de son poids on déduit la quantité de métal. )) Nous avons ainsi trouvé : Trouvé. Calculé Tu 42,16 42,20 42,24 42,01 I » 56,82 57,40 57-99 99,03 99i64 100,00 u Propriétés. — L'iodure de tungstène Tu I- se présente sous la forme d'une poudre brune amorphe, insoluble dans l'eau, le sulfure de carbone et l'alcool. « 11 est infusible, n'est pas vohilil sans décomposition, en donnant, au contact de l'air, de l'iode et de l'acide tungstique. » Sa densité est 6,9 à 18°. » L'hydrogène est sans action jusque vers 5oo°; au-dessus de cette température l'iodure est réduit avec départ d'iode. (') H. Moiss.i-X, Recherches sur le tungstène {Comptes rendu\. t. CXXIII, p. i3). r. R. 1898, I" 6-ri'»ei L'acide carbonique n'a d'action que vers 5oo° et donne alors un corps brun, non volatil, infusible, qui, sous l'influence d'une légère élévation de température, brûle à l'air comme de l'amadou pour donner de l'acide tungstique. » L'acide iodhydrique gazeux agit comme l'hydrogène vers SoC à 600°. » Les solutions aqueuses d'acide chlorhydrique, d'acide fluorhydrique ne l'attaquent que très lentement; l'acide azotique, l'acide sulfurique, l'eau régale le décomposent à l'ébullition et laissent un résidu d'acide tungstique. » L'iodure de tungstène est facilement attaqué par la potasse aqueuse, et très vive- ment, avec départ d'iode, par la potasse fondue, ainsi que par les carbonates alcalins fondus et les mélanges d'azotate et de carbonate. » En résumé, il est facile de préparer l'iodure TuP par l'action de l'acide iodhydrique sec sur l'hexachlorure de tungstène pur. » THERMOCHIMIE. — Bases quùwléiques. l^ote de M. Marcel Delépine. (i Je me suis proposé d'étudier quelques bases quinoléiques au point de vue thermochimique, afin de déterminer les variations thermiques qui accompagnent leur formation qui, on le sait, se ramène presque toujours à l'action d'une aldéhyde, d'une acétone, ou de toute substance pouvant donner naissance à ces fonctions, sur une aminé aromatique primaire plus ou moins complexe. J'ai également étudié les chlorhydrates de ces bases, pour déterminer l'intensité de leur basicité. » Nous ne possédons pas de données sur ces sujets. Je ine suis adressé à la quinoléine, à la quinaldine et à leurs tétrahydnires : 1) 1° Quinoléine du goudron C'^H'Az. — Bouillant à iZ-", fixe. Chaleur de com- bustion par gramme, 8701"="', 7; 86S4'"'',4 et 8707="', 3. » 1° bis. Quinoléine syntliéUque C'H' Az. — Très pure, bouillant à 236". Chaleur de combustion par gramme, 8707"', 7. » La presque identité des deux séries de chilTres indique que la base du goudron avait été suffisamment bien rectifiée. On peut donc prendre la moyenne des quatre nombre^, spit 8700"^-^', 3; ce qui donne, pour l'état liquide: cal y-,, , . , . 1. 1 ■ \ à volume constant ii22,3 L-tialeur de combustion moléculaire ' ( a pression constante... ii33,o Clialeui- de formation moléculaire — 32,8 ( 965 ) » 2° Tétrahydroqiiinoléine C'H'^Az. — Ébullition fixe à 248°, sous 755"""; est devenue solide quelque temps après sa préparation. » La combustion d'un gramme, sous forme liquide, a fourni 9221"^"', i ; 9234""', 7 ; 92 lo"',©, 9228™', 4; en moj'enne, 9222"', 3. » Soit, pour une molécule ^ iSSs"', à l'état liquide : Chaleur de combustion cal à %'olume constant 1226,56 à pression constante 1227 ,8 Chaleur de formation + o,4 CH=CH » 3° Qiiinaldine ou 'x-méthrlqii inoléine CH^ I =; G'^H' Az.— Formée \Az = C.CH par réaction du paraldéhyde sur l'aniline en milieu chlorhydrique. Ébullition, 246''-248°; analyses très concordantes de la base et de son chlorliydrate ; ce dernier ne se colorait pas en vert par AzO' H. Cette base a donné par gramme : 8990"', 4; 8991"'» o; 90o3"',3; en moyenne, 8994"^"', 9. M Soit pour une molécule =^ i43°''i à l'état liquide : cal à volume constant (286,27 à pression constante 1287,23 Chaleur de formation — 33,75 Chaleur de combustion » 4" Tétrahydroqulnaldine G^H'/^^^j _^^ _ ç,j^3= C'^H'^ Az. - Bouillant à 253°; contenant pour 100: C, 81 ,55; H, 8,82 au lieu de C, 8i,63; H, 8,84. Sa com- bustion a donné par gramme : 94o3<^"', I et 938o'=-'',o; moyenne... 9891"', 6. » D'où l'on déduit, pour i molécule = 147s'" à l'état liquide : Chaleur de combustion à volume constant i38o"',56 » à pression constante i38-.i'='>' , i Chaleur de formation ' + 9*^" ' ' » Chlorhydrates. — La quinoléine absorbe, à 10°, l'eau dans la proportion de 1,511^0 pour C'H''Az; elle se dissout elle-même dans l'eau à raison de 6 pour 100, à 10°; j'ai mesuré non seulement la chaleur de saturation de la quinoléine liquide par H Cl, mais encore celle de son hydrate et de sa solution aqueuse. Le Tableau ci- dessous résume ces expériences et celles relatives aux trois autres bases; chacun des chiffres est la moyenne de deux ou trois déterminations concordant à o'»',i près et faites à 10° environ. J'y ai joint, à titre de comparaison, les données connues pour l'aniline. ( 9«6) Clialeuis de saturation. Bases liquides. Clialeur HCl dissous. Sel dissous. dissolution -™r__~-^ HCIgaz. des chlorhydrates. Bases. HCI(4'''). 2HCI(6'i'). Sel solide. Toutdissous. (i molécule = 4''') cal cal csl cal cal Qiiino- ( anhydre 6,46 6,58 26,80 5,46 — 2,95 It^ine / hyd.i,5H-0. . 5,23 » » » » Hvdroqiiinoléine 7>'5 7,^5 28, o5 » — 3,5o Quinaldine 8,80 8,85 28,10 » — 1.90 Hvdroquinaldine 8,45 8,5o 27,85 » — 2,0 Aniline 7,44 8,34 ''' ^'^1 7-44 — a.?^ » On constale le plus grand parallélisme avec le chlorhydrate d'aniline; sauf dans l'addition d'une nouvelle molécule de HCl dissous, qui produit beaucoup moins d'effet sur les hases quinoléiques que sur l'aniline. La réaction : base liq. + HCIgaz = sel solide dégage une quantité de chaleur presque égale dans toute la série. » En ce qui concerne la quinoléine dans ses rapports avec l'eau, on déduit des données précédentes : cal C'H'Azliq. + eau =C^H'Azdiss -H i C'H'Azliq.-t-i,5H201iq. = C'trAz, i,5H'01iq + 1,28 C'lP.\z, i,5tP0 + eau ^CMl'Azdiss -4- 0,28 » J^a valeur absolue de ce dernier chiffre ne saurait être garantie, mais son signe me paraît certain; quant à l'hydrate, sa faible chaleur de forma- tion répond bien à son instabilité; la chaleur de la main le décompose partiellement. » Examinons maintenant les conséquences de toutes ces données relati- vement aux synthèses des bases quinoléiques et à leur hydrogénation, en ne prenant que quelques réactions calculables; on trouve les résultats sniA'anls : cal C'H^AzIiq. -+-C3H«0Miq.=C'H'Azliq. +311^0 liq. -t- H'' H-23,7 Aniline. Glycérine. Quinoléine. "7GIP OH. G /CH = CH CH'C -t- I =:C'H»C I H-2H-^01iq.. . . -+-15,7 \AzHMiq. OH — Cdiss. \Az=rCHliq. o-toluidin>>. Glyoxal. Quinoléine. CnrAzliq.-H|(C=H*0)'=C"'H»Azliq.-4-2lP01in.-l-H«gaz -I- 4>4 Aniline. Paraldéhyde. Quinaldine. ( 9^7 ) et, si l'on tient compte de ce fr.it réel que l'hvflrogène ne se dégage pas mais se fixe sur !a qiiinaldine, on aura 2C=H'Azliq. + »(C-U'0)' = C"'rPA7.liq.-+- CH'^Azliq. -h/jH^O. -(-2X25"',9 Quinaldine. HydrociuinalJine. et ainsi de suite; on pourrait multiplier les exemples. Ce qu'il importe de retenir, d'une part, c'est qu'il y a toiijoin's un dégagement de chaleur con- sidérable, comparable, pour chaque molécule d'aminé entrée en jeu, à celui qui se produit dans la formation des glvoxalidines et à propos duquel on pourrait reproduire les arguments que j'ai développés sur l'imjjossibilité de réhydrater ces bases, impossibilité qui apparaîtra ici encore plus absolue, si l'on observe que la présence d'acides ne modifie pas d'une manière sen- sible la chaleur dégagée, puisque la chaleur de saturation de l'aniline gé- nératrice est fort voisine de celle des bases quinoléniques. D'autre part, si l'on considère que c'est l'eau formée qui emporte toute la chaleur dégagée, on s'expliquera la petitesse des chaleurs de formation des b,ises quino- léiques, leur polymérisation possible, leur aptitude à donner des produits d'addition et, en quelque sorte, leur rôle de radical. » En particulier, la fixation de l'hydrogène est passablement exother- mique; ou a : C'H''Azliq. + 2H2gaz. — . C'HuAzliq +2X 16"', 6 C"H'Azliq. -h 2H°-gaz. — . C'^H'^Azliq +2X 21"', 5 CHIMIE ORGANIQUE. — Combinaison des bases organiques avec divers sels oxygènes. Note de M. î). Tombkck, piésentée j)ar M. Dilte. « J'ai montré précédemment ( ') que l'aniline et ses dérivés, ainsi que les bases de la série pyridiquc, pouv.iieut, comme l'ammoniaque, en se com- binant aux sels haloïdes du zinc et du cadmium, donner des corps bien cristallisés dont j'ai indiqué la composition et les propriétés. Depuis, des composés analogues, renfermant de l'aniline, m'ont été fournis par les sels correspondants du nickel, du cobalt, du magnésium et du manganèse, dans des conditions peu difFérentes. » L'aniline peut, comme l'ammoniaque encore, se combiner aussi à divers sels oxygénés. Une méthode générale de préparation des composés (') Comptes rendus, t. CXXIV. p. g6i. — Jd.. p. id3i ( 9«8 ) qu'elle forme dans ce cas consiste à verser de l'aniline en excès dans une dissolution du sel métallique oxygéné; par agitation, il se forme un préci- pité cristallisé. » I. Sulfates. — i° Sel de cadmium. — Avec le sulfate de cadmium, par exemple, on obtient un dépôt blanc, cristallin, insoluble dans l'alcool et dans l'éther, ce qui permet de le laver et de le débarrasser de l'aniline en excès; il se dissout lentement et en petite quantité dans l'eau, quand on élève la température. La liqueur filtrée laisse dépdser, par refroidissement, des groupes de cristaux lamellaires, blancs, opaques. Ils jaunissent au bout de quelque temps, même dans leur eau-mère, quand on les expose à l'oxygène de l'air. Quelquefois ils se réunissent au fond du vase, formant des sphères constituées par des cristaux rayonnant autour d'un centre. Une fois séchés, ils sont brillants et doux au toucher, comme l'acide borique en paillettes. Quand on les chauffe, ils perdent de l'aniline qui, à une température suffisamment élevée, s'en- flamme et qui, par une calcination un peu prolongée, disparaît entièrement, entraî- nant avec elle l'acide sulfurique et laissant de l'oxyde de cadmium comme résidu. La composition de ces cristaux répond à la formule SO*Cd(C'= H' Az)-. Trouvé. Calculé. Cd 28,49 Gd 38,43 SO* 24,52 SO* 24,36 Aniline 46,99 Aniline 47, 21 100,00 . 100,00 » 2° Sel de zinc. — Le composé du zinc s'obtient aussi directement, en versant de l'aniline dans une dissolution concentrée et froide de sulfate de zinc. En agitant pour favoriser la dissolution de l'aniline, on voit, au bout d'un certain temps, la liqueur se troubler: si on l'abandonne à elle-même, il se dépose sur les parois, et principale- ment aux points touchés par l'agitateur, de très petits cristaux auxquels l'analyse conduit à attribuer la formule SO'Zn(C''H" Az)-. » Ce composé présente un aspect tout à fait analogue à celui du précédent. Quand il est sec, il affecte comme lui la forme de paillettes brillantes, douces au toucher, peu solubles dans l'eau froide. L'eau chaude le décompose et, en même temps que l'oxvde de zinc mis en liberté trouble la liqueur, on perçoit l'odeur d'aniline. La chaleur le détruit: l'aniline brûle, entraînant avec elle l'acide sulfurique, et il reste à la tempé- rature du rouge un résidu d'oxyde de zinc. » 3° Sel de magnésium. — Quand, après avoir mélangé deux solutions alcooliques, l'une de sulfate de magnésium, l'autre d'aniline, on vient à élever la température, on voit se former des aiguilles soyeuses extrêmement fines, dont la composition, ana- logue à celle des composés du zinc et du cadmium, peut être représentée par SO*Mg(C''irAz)^ » 4° Sels de nickel et de cobalt. — Les sulfates de nickel et de cobalt donnent, en s'unissant à l'aniline, le premier un sel vert clair en très petits cristaux qui contien- nent six molécules d'aniline pour une de sulfate : sa composition répond donc à la ( 969 ) formule SO'Ni(C'H'' Az)'^; le second, un composé moins riche en aniline et qui ren- ferme SO'Co(C*H' Az)*. Celui-ci, après avoir été lavé à l'éther et séché, est une poudre cristalline rose qui, sous l'influence de la chaleur, perd son acide sulfurique et son aniline, laissant comme résidu de l'oxjde de cobalt. » 5° Sel de cuivre. — Avec quelques précautions particulières, on peut obtenir une combinaison du sulfate de cuivre avec l'aniline. Le sulfate de cuivre doit être dissous dans de l'eau parfaitement privée d'air. La solution d'aniline doit êlre préparée avec les mêmes précautions; si alors on verse un excès de cette dernière dans le sulfate de cuivre, on voit immédiatement se former un précipité cristallin vert clair, que l'on peut dessécher sur une plaque poreuse, dans une atmosphère d'acide carbo- nique. Ces cristaux sont en effet altérables à l'air qui les rend brun froncé. Le même fait se produit au sein de la liqueur qui leur a donné naissance quand on emploie de l'eau non privée d'air. L'eau chaude les décompose, et la chaleur fait de même. » Leur composition répond à la formule so'Cu(C''frAz)^ » II. Azotates. — Les sulfates ne sont d'ailleurs pas les seuls sels oxygénés capables de s'unir avec l'aniline. Les azotates de cadmium, de zinc, de magnésium se combinent aussi avec cette base pour donner par la même méthode des sels parfaitement cris- tallisés. » Ainsi, quand on verse de l'aniline dans une dissolution d'azotate de cadmium faite dans un mélange à parties égales d'eau et d'alcool, puis qu'on évapore la liqueur, on obtient de petits cristaux incolores dont la composition peut être représentée par ( AzO'')- Cd( C^U'Az)-. Sous l'action de la chaleur, ces cristaux se décomposent eux aussi; ils perdent d'abord leur aniline qui brûle, puis l'azotate se décompose avec déflagration en laissant de l'oxyde de cadmium. Ils sont solubles dans l'eau qui, en même temps, les décompose : la dissolution chaude ne se trouble pas, mais l'aniline vient se rassembler en gouttelettes huileuses à la surface. L'éther ne les dissout pas, ce qui permet de les purifier. » Les azotates de zinc et de magnésium donnent des combinaisons du même genre : (AzO')2Zn (C«H'Az)-, (AzO^)2Mg(C"H'Az)-. i> III. Autres sels. — Les acétates de zinc, de cadmium et de quelques autres métaux donnent, dans des conditions peu différentes, des composés cristallisés dont je poursuis l'étude. » Toluidines. — L'orthotoluidine et la paratoluitline donnent avec les sels oxygénés des composés du même genre que ceux de l'aniline. Ainsi une solution aqueuse et bouillante de sulfate de cadmium agitée pendant longtemps avec de l'orlhotoliiidine, puis mélangée avec de l'alcool, donne lieu à un dépôt de cristaux qui renferment SO" Cd(C' H''Az)-. Deux solu- tions, l'une de sulfate de zinc, l'autre de paratoluidine, mélangées fournis- { 970 ) sent immédiatement un abondant |)récipité cristallin. Tl en est de même de la |)aralnluidine en solution aqueuse mélangée à une dissolution très étendue de sulfate de cuivre. » Je décrirai ailleurs les composés renfermant des toluidines. » ZOOLOGIE. -— Nouvelles observations sur quelques stades de i évolution des Urnes. — Note de MM. J. Kuxstler et A. Gruvel, présentée par M. Milne-Edwards. « Nous avons déjà publié une Note (') sur l'ensemble du développe- ment (les Urnes de la cavité générale du Siponcle. Depuis cette époque, nous avons réussi à cultiver ces formations particulières pendant des pé- riodes plus ou moins prolongées, parfois même jusqu'à une douzaine de jours. Nous avons eu ainsi la possibilité d'observer, d'une façon précise, la marche de l'évolution des principales parties de leur corps. » Le sujet de la pi-L-sente Note consiste dans la description de quelques stades par- ticulièrement intéressants de ce développement. » Rappelons très rapidement que les corps reproducteurs les plus élémentaires, observés à l'époque de leur production, sont de simples petites masses amiboïdes, con- tenant, à leur intéiieur, au moins deux, éléments de constitution cellulaire, à contours bien limités, et alTeclanl l'apparence, l'une, d'une vésicule claire, l'autre, d'une vési- cule sombre, se toucliant au sein de la masse amiboïde. » La cellule claire grossira beaucoup plus vile que sa congénère foncée; elle est destinée à devenir une portion particulière de l'Urne, comparable à une sorte de flot- teur; elle fera vite saillie à la surface libre, tandis que la masse amiboïde se conden- sera au pôle qui correspond à la deuxième cellule, et s'organisera en un anneau loco- moteur garni de longs cils. » C'est à ce stade de l'évolution que commencera notre description, destinée à mon- trer de quelle manière cette formation, ])rimitivement simple, se transforme progres- sivement, de façon à acquérir une complexité inattendue, et, d'un élément amiboïde, constituer un corps, qui, malgré sa petitesse, a déjà la constitution fondamentale des Urnes. » L'élément véstculaire clair, devenu vite notablement plus grand que le reste du corps, invagine assez profondément son pôle proximal, c'est- à-dire celui qui est plongé dans le piotoplasma du corps. Dans la dépres- sion ainsi constituée vient se loger la cellule sombre, qui y est enfoncée au (') .1. KiNSTLEU et A. Giti;vi:L, Goiti[jles rendus. 8 février 1S97. ( 97Ï ) moins jusqu'à sa région éqiiatoriale. Tout autour de cet élément, à la limite circulaire qui le sépare de la grande vésicule claire, s'est amassé le proto- plasma amiboïde, en une sorle d'anneau circLilaire flagellifère. I.a forma- tion tout entière est donc alors constituée, d'abord, par une grande cellule nucléée et transformée en une vésicule claire, ensuite par une celhdc nu- cléée plus petite et plus sombre, à moitié invaginée dans la première, et enfin, par un anneau cilié, d'oii part une couche protoplasmique d'une grande hyalinite, qui recouvre la vésicule sombre du côté du pôle posté- rieur, c'est-M-dire celui qui est toujours en arrière pendant la locomotion. De cette couche plasmique mince semblent souvent saillir des pseudo- podes adhésifs. » Bientôt apparaît un nouvel élément cellulaire, dont le rôle et l'avenir sont de la plus haute importance. C'est une cellule globuleuse, due sans doute à un bourgeon de l'élément sombre et qui s'observe à l'extrémité postérieure de celui-ci. Celte cellule ne reste pas longtemps isolée. Elle ne tarde pas à s'allonger et, par une sorte de division directe, à se partager en deux éléments nouveaux, qui se séparent l'un de l'autre pour aller se poster vers le bord interne de l'anneau cilié. » Par une multiplication ultérieure de ces deux cellules, apparaissent d'autres cléments analogues, de plus en plus nombreux, se disposant en un anneau qui devient plus tard ime véritable membrane cellulaire con- tinue et qui revêt la région postérieure du corps. » Il est à remarquer que, quoique l'ensemble de ces phénomènes constitue une suc- cession ininterrompue, il est cependant des stades plus fréquents les uns que les autres et qui correspondent peut-être à des sortes de phases de repos. C'est ainsi que Ton trouve très souvent des formes à cinq éléments cellulaires, symétriquement dis- posés tout contre le bord interne de l'anneau cilié qui, lui, présente aussi un contour plus ou moins régulièrement pentagonal. » A ce stade, qui est le plus fréquent et qui semble correspondre à la période de la vie que l'on peut qualifier d'adulte, la vésicule claire est très bombée en avant, mais rétrécie du côté du disque cilié, de façon à présenter une configuration piriforme, allongée. » D'un autre côté, l'ensemble de tous les corps qui constituent le disque structuré postérieur présente aussi une épaisseur appréciable, d'où il résulte que le diamètre antéro-postérieur de ces formes est le plus considéiabie et, grâce à un aplatissement du haut en bas, il existe ainsi une symétrie bilatérale nettement caractérisée, dans laquelle l'axe anléro-postérieur est le plus long, l'axe transversal moyen et l'ave sagittal le plus court. Le mouvement se fait dans le sens de l'axe antéro-postérieur; il est rectiligne et la vésicule claire est toujours en avant. On les voit traverser le liquide en repoussant les obstacles devant eux, à la manière des OrthonecUdes. C. R., 1898, I" Semestre. (T. CXXVI, N" 13.) 125 ( 97-^ ) » En avançant en âge ou en évolution, soit que l'élément ail atteint sa période sé- iiile, soit plus liâtivenieut dans les cultures, sous l'inlluence des mauvaises conditions ambiantes, il se produit un changement profond qui aboutit à la constitution de ces vastes formations ciliées, à mouvements chancelants, déjà signalées dans noire pre- mière Note. » Cet état nouveau est caractérisé par une constitution particulière et bien dlffé- rente de tout ce qui a été vu jusqu'ici. » Le plus grand diamètre est transversal, et le corps tout entier a la forme d'un disque aplati, relativement énorme, dû à un élargissement considérable qui se pro- duit en même temps qu'une multiplication cellulaire abondante. » Les éléments cellulaires qui se sont produits an pôle postérieur de- viennent, en effet, fort nombreux, et s'étendent en une membrane qui re- couvre toute cette région. Une différenciation assez nette s'établit entre ces cellules, suivant l'endroit où on les considère. » Celles qui se trouvent à la limite du disque cellulaire, au point où l'iinneau cilié se termine intérieurement, conservent leur constitution pri- mitive d'éléments globuleux à gros noyaux. Les autres, au contraire, su- bissent une transformation particulière, rappelant certains tissus d'êtres [)lus élevés. Elles s'aplatissenî et deviennent des éléments lamelleux, à région centrale plus épaisse, lenticidaires, contenant le noyau, et se tou- chant par leurs bords minces, de façon à former un ensemble membrani- forme continu. » Dans ces individus, l'élargissement considérable du corps n'a pas porté sur l'élément cellulaire sombre primitif, qui, du reste, ne paraît plus jouer qu'un rôle restreint dans l'ensemble de cette évolution, et qui n'apparaît plus alors que sous la forme d'une petite vésicule claire, con- tenant un noyau sombre, et très aplatie d'avant eu arrière, au milieu du disque pliiricellulaire. » Nous savons déjà que cet état particulier coirespond à la dernière période de la vie de ces formations, précédée de phénomènes reproduc- teurs spéciaux dont la description succincte a été donnée antérieure- ment. » ZOOLOGIE. — Sur l'encéphale des Glycériens. Note de M. Ca. Gk-ivier, présentée par M. Edmond Perrier. « Le prostomiimi des Glycériens a la forme d'une languette générale- ment très effilée, dont la longueur peut atteindre, comme chez la Glyceia ( 973 ) lapidum c!e Qnatrcfagps, celle des seize segments qui le suivent immédiate- ment. Il offre toujours à considérer une segmentation nette qui a frappe depuis longtemps les zoologistes. Les segments, dont le nombre s'élève à 22 chez la Glycera capilala OErsted, sont fréquemment biaunelés et portent, au moins chez quelques espèces, et peut-être môme chez toutes, une ceinture ciliée analogue à celles que l'on a signalées chez certaines larves et chez quelques formes adultes d'Annélides polychètes. Or, chez 1 eaucoup de Glycériens, les segments du corps (à part les premiers), comme ceux du prostomium, sont divisés par un sillon transversal en deux anneaux, dont le postérieur porte les parapodes. Ces caractères si particuliers ont amené certains auteurs à regarder le prostomium des Gly- cériens comme constitué par plusieurs segments de même valeur morpho- logique que ceux du reste du corps, et à admettre chez ces animaux un déplacement considérable de l'orifice buccal vers la région postérieure. » La question de la constitution du lobe prébuccal des Glycériens se relie très directement à la question beaucoup plus importante et bien des fois discutée de la valeur morphologique du prostomium des Annélides polychètes en général. L'intérêt tout jjarticulier qui s'attache à la solution de ce problème m'a décidé à enlreijrendre l'étude approfondie du svstème nerveux prostomial ou encéphale du Glycérien. Mes recherches ont porté surtout sur la Glycera convolula Referstein; mais la famille des Glycériens présente une homogénéité telle qu'en utilisant les observations incom- plètes faites antérieurement par divers auteurs, et en les rapprochant des résultats que j'ai obtenus moi-même, on peut, sans témérité, attribuer à ces derniers un certain caractère de généralité. » L'encéphale de la Glycera convoluta Referstein, qui s'étend dans toute la longueur du prostomium, se compose de trois parties que l'on peut dé- signer, comme Kacovitza l'a proposé récemment, sous les noms de cerveau moyen, centre de tout le système, cerveau antérieur et cerveau postérieur. >) Le cerveau moyen, nettement circonscrit, est situé dans la région ba- silaire du prostomium, là où s'arrête la segmentation de ce dernier. Il donne naissance en avant à deux paires de nerfs antennaires; en arrière, de chaque côté, au tronc commun au connectif œsophagien et au système nerveux proboscidien, et latéralement à des nerfs qui établissent de puis- santes connexions entre cette région moyenne et le cerveau antérieur. L'absence d'antenne imnaire et d'yeux le laisse sans connexion directe avec l'épiderme. La seule particularité importante à mentionner à son sujet dans cette Note est la présence, de chaque côté, d'un ganglion volumineux ( 97A ) bien délimité qui entoure les nerfs antennaires au niveau de leur émer- gence. Le cerveau moyen proprement dit et ces ganglions annexes ont identiquement la même structure. » Le cerveau antérieur est formé par les nerfs antennaires et les masses ganglionnaires groupées autour de ces derniers; dnrsalement, il se pro- longe jusqu'il la limite postérieure du prostomium. Il prend donc ici un développement exceptionnel, en rapport avec les dimensions inusitées du prostomium. Les cellules nerveuses de cette partie de l'encéphale, exces- sivement serrées les unes contre les autres, sont disjiosées par nids tra- versés par les fibres des nerfs antennaires et forment des renflements bien marqués, surtout sur les faces latérale et ventrale. » Le caractère spécial que tire le cerveau antérieur de l'existence de ces renflements ganglionnaires sur le trajet des nerfs antennaires s'ex- plique par la longueur considérable de ces derniers. Ces amas de cellules nerveuses, de même que les deux ganglions annexes du cerveau moyen, sont des appareils de renforcement pour les nerfs qui vont se terminer dans les antennes. Celles-ci sont réduites, pour ainsi dire, à leur minimum chez les Glycériens, et les apparences sont les mêmes que si les nerfs an- tennaires, s'indiviclualisant seulement à leur extrémité, restaient soudés ensemble sur presque toute leur longueur. » D'autre part, il est essentiel de remarquer qu'il n'y a aucune corrélation entre les renflements ganglionnaires et les segments du prostomium. Sur la face ventrale, entre le cerveau antérieur et l'épulerme recouvert intérieurement d'une mince couche musculaire, il existe une lacune assez vaste où circulent les hématies, et qui est, par suite, en communication avec la cavité géné- rale. » J^e cerveau postérieur est situé immédiatement en arrière du cerveau moyen, au-dessus du trou commun au conneclif œsophagien et au nerf proboscidien. Il est constitué par deux g.uiglions symétriques, échancrés en arrière, reliés entre eux par un nerf transversal, et dont la position est indiquée chez l'animal vivant par les oi-ganes nucaux ciliés qui font corjjs avec eux. Un rameau nerveux, qui se détache du connectif œsophagien, tout près du cerveau moyen, et qui vient s'épanouir dans l'organe nucal, rattache le cerveau moyen au cerveau postérieur qui est très analogue à celui qu'on observe chez la majorité des Polychétes. » En résumé, malgré certaines particularités qui sont en relation avec la longueur considérable du jjrostouuum, l'encéphale des Glycériens pré- sente les mêmes caractères fondamentaux que celui des autres Annélides (975 ) polychètes dont le système nerveux a été spécialement étudié jusqu'ici. La division en anneaux du proslomiurn est uniquement superficielle et n affecte que V èpiderme . Elle ne retentit en aucune façon sur les parties profondes, en particidier sur le système nerveux, et elle n'a aucune signification au point de vue de la mélamérisalion. Il n'v a, par conséquent, aucune diffé- rence essentielle entre le prostomium des Glycériens et celui des autres Annélides polychètes. » HISTOLOGIE. — Sur le rapport des centrosomes avec les cils vibiatiles. Note de M. L.-F. Hexneguv ('), présentée par M. Guignard. « Dans une Note récente, Meves (-) a annoncé que, dans les cellules séminales de différents Lépidoptères, il avait observé, en rapport avec les centrosomes situés à la périphérie de la cellule, des fdaments se terminant librement dans la cavité ampuUaire, et que ces filaments persistaient pen- dant la mitose des cellules. » De mon côté, en examinant des testicules de Bombyx mori et de Hy- ponomeuta cognatella, j'avais constaté le même fait; mais n'ayant pas pu- blié mon observation, la priorité de la découverte appartient incontesta- blement à Meves et je ne puis que confirmer et préciser sur quelques points les faits qu'il a décrits. « Dans les ampoules renfermant des sjDermatocytes de première génération, les cellules, disposées en une seule couche contre la paroi interne, présentent chacune à leur extrémité libre quatre filaments ayant l'aspect d'un fragment de queue de sper- matozoïde adulte, et mesurant environ 4 à 6 |ji. de longueur. Les filaments sont groupés par paires : les deux, paires sont tantôt rapprochées, tantôt assez éloignées l'une de l'autre. Meves a vu à la base de chaque paire de filaments un corps colorable en forme de V dont la concavité est tournée vers la surface de la cellule; chaque branche du V porte un filament libre dans la cavité de l'ampoule. » Je n'ai pu constater la disposition indiquée et figurée par Meves et, à la place de son corps en forme de V, j'ai trouvé deux, corpuscules, généralement arrondis, ou légèrement allongés, mais indépendants. Dans les préparations dont la coloration n'é- tait pas très précise, et provenant probablement de pièces moins bien fixées, je n'ai vu qu'un corpuscule unique plus volumineux, duquel partaient les deux filaments ; ce cor- puscule unique résultait sans aucun doute du rapprochement ou delà fusion des deux (') Travail du laboratoire d'Embryogénie comparée du Collège de France. (') Meves, Ueber Ceairalkôrper in rnannlichen Geschlechlzellen von Schmet- terlingen {Anal. Anzeiger, t. XIV, n° 1; 1897). ( 97^' ) autres. Du reste, même dans Jes préparations bien fixées et bien colorées, les quatre corpuscules ne se voient pas toujours nettement; cela dépend de la manière dont ils se présentent sur la coupe de la cellule. Meves n'a pu reconnaître l'existence d'une sphère attractive autour des centrosomes en forme de V, ni celle d'une centrodes- mose reliant les deux centrosomes. Plus lieureux que lui, j'ai constaté dans plusieurs cas, lorsque les deux paires de filaments étaient rapprochées, un petit faisceau de filaments achromatiques, parallèles, réunissant les deux groupes de centrosomes et con- stituant par conséquent une centrodesmose primaire, qui disparaît quand les deux groupes s'éloignent l'un de l'autre. Que la centrodesmose soit visible ou qu'elle ait dispai'u, on voit presque toujours, sur les coupes provenant de testicules fixés par le liquide de Hermann, une irradiation de filaments achromatiques autour de chacun des groupes de centrosomes. )) Meves a vu souvent, à l'extrémité libre des filaments, un renflement en forme de massue. Je ne crois pas que l'aspect qu'il a observé et que j'ai constaté également soit dû à un renflement de l'extrémité du filament : cette extrémité m'a paru être simple- ment recourbée en forme de crochet, et emprisonnant dans sa concavité un petit glo- bale, beaucoup moins colorable par les colorants plasmaliques que le filament, et pro- bablement de nature albuminoïde. » Les filaments en rapport avec les centrosomes s'allongent pendant l'accroissement des spermatocytes, et leurs extrémités libres ne présentent plus de pseudo-renflements. » Quand un spermatocj'te se prépare à la division, il prend une forme ovoïde et les deux groupes de centrosomes, s'écartant de plus en plus l'un de l'autre, viennent se placer chacun à l'une des extrémités du plus grand diamètre de la cellule, en restant toujours en rapport avec les filaments et en conservant leur situation périphérique. A ce stade, je n'ai jamais vu, à la base des deux filaments, qu'un seul corpuscule. Il est probable que les deux centrosomes se fusionnent à ce moment, ou sont tellement rapprochés qu'ils ne paraissent constituer qu'un centrosome unique. Celui-ci occupe le fond d'une petite dépression cupuliforme de la cellule. De cette dépression se détache un faisceau de filaments achromatiques, dont le centrosome occupe le sommet, et qui se dirige vers le noyau, pour .constituer, en se réunissant avec le faisceau parti du pôle opposé de la cellule, le fuseau achromatique. Je ne décrirai pas ici tous les stades de la division de la cellule ; je ferai seulement remarquer que c'est la manière dont se comportent, pendant la mitose, les corpuscules colorables qui existent à la base des filaments flagelliformes, dans la cellule à l'état de repos, qui nous autorise, Me\es et moi, à considérer ces corpuscules comme de véritables centrosomes. » Je n"ai pu encore suivre complètement le sort des filaments flagelliformes et des centrosomes dans l'évolution des cellules testiculaires. On les retrouve encore au nombre de quatre dans les spermatocytes de seconde génération, mais ils sont alors beaucoup plus longs que dans ceux de première génération, et mesurent environ Sof-. Dans les sperraatides, on ne voit plus qu'un seul filament; mais cependant, en général, deux centrosomes très rapprochés. Il se pourrait que ce filament, en apparence unique, soit double en réalité et provienne de l'accoleinent ou de la fusion des deux filaments qu'emporte la cellule-fille au moment de la seconde division des spermatocytes. » Je suis porté à penser que, chez les Lépidoptères, le ou les centrosomes avec leur filament s'éloignent de la périphérie de la spermatide pour venir se mettre en rapport ( 977 ) avec le noyau et constituer le segment moyen avec le filament axiie de la queue. Le processus serait donclemême que chez la Salamandre, les Sélaciens et le Hat, d'après les recherches de Hermann, Meves et Lenhossék. Chez d'autres Insectes que les Lépi- doptères, Caloptenus italiens, Forficula auricularia, Gryllus campeslris, etc., j'ai vu très nettement, dans les premiers stades du développement des spermatozoïdes, deux grains colorés, écartés, à la partie postérieure du noyau, et en rapport chacun avec un petit illament, qui, après un court trajet, se réunissait à celui du côté opposé pour Cornier le filament axile. Le segment moyen, chez certains Insectes, sinon chez tous, serait donc constitué par deux centrosomes, et le filament axile résulterait de l'accole- ment de deux filaments llagelliformes. » La situation périphérique des centrosomes dans les cellules et l'existence de filaments flagelliformes en rapport avec ces centrosomes ne sont pas un fait nouveau ni isolé. » R. W. Zimmermann, M. Heidenhain et Th. Cohn, dans les cellules épithéliales d'animaux adultes et d'embryons, ont trouvé des centrosomes très nets tout prés de la surface libre de la cellule. Moore, Meves et Len- hossék, dans lesspermatides des Sélaciens, de la Salamandre et du Rat, ont vu la première ébauche du filament axile de la queue du futur spermato- zoïde apparaître en rapport avec deux centrosomes situés à la périphérie de la cellule. » Webber a établi que, pendant le développement de l'anthérozoïde du Zamia, un corps spécial, qui dans la cellule-mère présente toutes les appa- rences d'un centrosome, vient se déroulera la périphérie de la cellule-fille pour constituer une bande spiralée à la surface de laquelle se développent des cils vibratiles; d'où le nom de blépharoplaste qu'il a tionné à ce corps. Belajeff a décrit un mode de formation semblable des cils dans les cellules mâles des Filicinées et des Équisétacées. Ce même auteur assimile avec rai- son la queue des spermatozoïdes des animaux aux cils vibratiles des anthé- rozoïdes des végétaux, et Ikeno considère le blépharoplaste de Webber comme un véritable centrosome. » Mes propres recherches m'ont prouvé que, dans les cellules à cils vibra- tiles bien développés, telles que celles des branchies des Lamellibranches, le renflement qui existe à la base de chaque cil, bien connu depuis les tra- vaux d'Engelmann, se comporte vis-à-vis des divers réactifs colorants exactement comme un centrosome. On peut donc admettre que dans les cellules à cils vibratiles il existe, à la périphérie de la cellule, un micro- centre constitué, comme dans les cellules géantes de la moelle osseuse, par un nombre considérable de centrioles, et que de ce microcentre partent des filaments de kinoplasma dont les uns sont devenus des organes moteurs ( 978 ) externes, les cils vibraliles, et les autres situés dans le corps cellulaire, avec les racines des cils, correspondent aux irradiations qui, dans une cellule ordinaire, entourent le centrosome et prennent part à la formation de la figure achromatique lors de la division indirecte du noyau. » Les spermatocytesà centrosomes flngellifères des Lépidoptères consti- tuent une forme de passage des cellules ordinaires aux cellules à cils vi- bratiles. » Les centrosomes, qui n'avaient été regardés jusqu'à présent par la plupart des liiologistes que comme des organes jouant le rôle de centres cinétiques, tenant sous leur dépendance les mouvements qui se passent dans le corps même de la cellule pendant sa division, doivent être consi- dérés également comme centres cinétiques pour les mouvements externes de la cellule. » BOTANIQUE. — Sur la structure des mycorhizes. Note de M. Louis Mangin, présentée par M. Guignard. « Les radicelles des plantes humicoles, principalement celles des arbres de nos forêts, sont presque toujours envahies par un feutrage de filaments mycéliens. Signalées pour la première fois, en 1878, par P.-E. Mûller sur le Hêtre, un peu plus tard parGibelli, en i883, sur le Châtaignier, ces formations mycéliennes furent considérées d'abord comme des parasites ou des saprophytes. En i885. Frank fit connaître leur structure et, par la relation étroite de la radicelle et du mycélium qui la revêt, par l'exten- sion de ces formations, il fut amené à les considérer comme des ori;anes particuliers qu'il nomma mycorhizes, jouant, dans la nutrition des plantes humicoles, un rôle important. » Je me propose, dans cette Note, de préciser et de compléter les don- nées anatomiques fournies par Frank sur les Cupulifères et de signaler no- tamment les différences offertes par les mycorhizes vivantes et les mycor- hizes mortes. )) Mycorhizes saines . — On admet, depuis les travaux de Frank, Schlicht, Noack, que les radicelles transformées en mycorhizes sont caractérisées par une réduction Considérable de la coiffe. Cet organe, devenu superflu, d'après Noack, serait réduit, suivant Frank, à une seule assise, flanquée extérieurement d'une masse brune représentant les vestiges des assises antérieures. La régression de la coiffe, conséquence de l'existence d'un ( 979 ) revêtement mycélien autour du sommet de la racine, apparaîtrait alors comme une adaptation des tissus de la radicelle aux nouvelles conditions créées par la symbiose. M En réalité, les choses se passent tout autrement : la coiffe conserve, dans les mycorhizes, son développement normal et, à l'inverse de ce qui a lien chez les i^égétaux à racines normales , elle ne s'exfolie jamais; toute la surface des radicelles, envahie par le revêlement mycélien, est couverte par les cellules de la coiffe, qui sont flétries et en partie déchirées. » Une coupe longitudinale de mycorliize de Cupulifère montre que la partie extérieure est formée pur l'assise pilifère hypertrophiée, dont les cellules, allongées dans le sens radial, sont toujours dirigées de manière à former avec l'axe de la racine un angle de 45° à 60°, dont l'ouverture est tournée vers le sommet. » Au sommet même, elle se continue par des initiales qui lui sont com- munes avec la coiffe. Ces initiales se partagent par une cloison perpendi- culaire à l'axe; les cellules internes engendrent, par leurs cloisonnements radiaux, les cellules de l'assise pilifère, et chaque cloisonnement des cellules initiales forme un massif de trois ou quatre cellules piliféres; les cellules externes, dégagées des initiales, engendrent la coiffe et sont toujours revêtues au moins par trois assises cellulaires, sans compter les restes de une ou deux assises plus anciennes et flétries; de sorte que, dans toutes les espèces étudiées, il y a au moins quatre assises à la coiffe. )) La seule modification introduite par la pression exercée par le manteau mycélien consiste dans la forine régulièrement hémisphérique de l'exlré- mité, au lieu de la forme conique qu'on observe dans les racines normales. » D'autre part, les faces latérales des radicelles, même à une grande dis- tance du sommet et sur toute l'étendue couverte par le manchon mycélien, sont revêtues par une couche de feuillets minces, de longueur variable, étroitement appliqués contre la paroi externe des cellules piliféres, et su- perposés le plus souvent au nombre de trois ou quatre; ces feuillets sont constitués par les cellules de la coiffe, mortes et flétries de très bonne heure, qui se sont déchirées par suite de la traction consécutive à l'allongement des radicelles. » C'est donc sur les débris des cellules de la coiffe que le manteau mycé- lien de la mycorhize s'établit d'abord, sans être en contact immédiat avec les cellules vivantes de l'assise pilifère; mais, bientôt les filaments du Cham- pignon s'insinuent par les déchirures des cellules de la coiffe et, arrivés contre la paroi de l'assise externe vivante de la radicelle, ils subissent là C. R., 189S, I" Semestie. (T. CX.WI, N= 13.) I2() ' ( QSo ) une déformation consécutive à la pression de la gaine mvcosique et se trans- forment en lames élégamment ramifiées en éventail, formant des digita- tions multiples qui, d'une part, recouvrent la paroi externe des cellules pi- lifères et, d'autre part, s'insinuent en direction radiale entre ces dernières, en dissolvant progressivement le ciment de pectate de chaux qui les unis- sait. Mais, dans tous les cas, ces digitations ou ces lames en éventail sont toujours, chez les Cupulifères, extérieures aux cellules de l'écorce; on n'y voit jamais de fdaments mycéliens intracellulaires. » Le réseau signalé par Frank n'existe donc pas dans les mycorhizes normales; quand on l'observe il est constitué par des saprophytes. )) En somme, la mycorhize vivante des Cupulifères est constituée par une radicelle à coiffe normale, dont les débris persistent sur les faces laté- rales, et qui est recouverte par un manchon étroitement adhérent de pseu- doparenchyme formé par les filaments mycéliens. Elle présente deux systèmes d'absorption : l'un, externe, est situé à la surface de la gaine mycélienne, il est formé par les hyphes qui s'en détachent et vont se fixer sur les débris organiques voisins; l'autre est constitué par les cellules de l'assise pilifëre, très allongées en direction radiale et étroitement adhérentes par leur face externe et leurs faces radiales avec des lames minces dispo- sées en éventail et formées par l'épatement des filaments mycéliens. » Mycorhizes mortes., — Lorsque la mycorhize est arrivée au terme de son activité, les filaments mycéliens situés au niveau des cellules de la ra- dicelle perdent la netteté de leurs contours; les digitations s'effacent peu à peu et des amas de substance réfringente brune se déposent dans la région couverte par les débris de la coiffe. Vus de profil, ces amas forment des sortes d'écaillés qui viennent s'appliquer étroitement, en prenant leur empreinte, sur la surface extérieure des cellules pilifères; vus de face, ils forment un réseau analogue à une plaque percée à l'emporte-pièce de trous irrtguliers. La substance qui forme ces amas n'a ni les réactions de la cellu- lose des membranes de la racine, ni celles de la callose du manteau mycé- lien; elle se dissout dans la potasse ou l'ammoniaque après l'action des acides et se colore par le rouge de ruthénium ; elle est donc constituée par des composés pectiques ou des gommes. » La présence de ce dépôt gommeux ou mucilagineux, dans la masse même de la mycorhize, abolit peu à peu les fonctions absorbantes de l'as- sise pilifcre; la vitalité de la radicelle devient de plus en plus faible et c'est alors que de nombreux saprophytes apparaissent dans les mycorhizes languissantes ou mortes. Ces derniers substituent leurs hyphes à celles de (98') la inycorhize normale, ou s'y mélangent d'une façon si intime que dans tous les cas, sauf des différences de coloration atlribuables simplement à un effet de l'âge, il n'est pas possible, par l'examen externe des mycorbizes, de reconnaître la substitution et d'indiquer à quel moment elle s'est pro- duite. Je montrerai prochainement que la simple constatation de la conti- nuité entre pes filaments mycéliens d'une espèce déterminée de Cham- pignon et les fdaments mycéliens des mycorhizes n'est pas une preuve que les diverses espèces signalées jusqu'ici et appartenant à des familles très différentes : Tubéracées, Périsporiacées, Agaricinées, etc., soient capables de former des mycorhizes. » BOTANIQUE. — Sur le remplacement de la tige principale par une de ses ramifi- cations. Note de M. Acguste Boirivant('), présentée par M. Gaston Bonnier. ic Quand une tige est détruite à son extrémité, pour une raison ou pour une autre, cette tige tend toujours à être remplacée d'une façon plus ou moins parfaite par une ou plusieurs de ses ramifications. Je me suis proposé d'étudier les modifications de structure qu'éprouve alors la branche de remplacement. J'ai dû comparer, au point de vue analomique, les rameaux dont la fonction se trouvait ainsi modifiée, d'une part à une branche latérale ordinaire, d'autre part à une tige principale restée intacte. Il va sans dire que les comparaisons ont été faites en des régions absolu- ment de même âge, avec des plantes nées à la même époque et cultivées dans des conditions identiques. )) Examinons d'abord le Pin siheslre. » Morphologie externe. — Cet arbre présente une tige principale dressée abso- lument verticale (flèche); les ramifications sont de deux sortes : les unes, longues, groupées de distance en distance sur la tige principale, ne présentent que des feuilles réduites à l'élat d'écaillés; les autres, courtes, presque avortées, portent les feuilles en aiguilles. » Les principales dififérences qui existent entre la flèche et ses longs rameaux sont les suivantes : la flèche a un diamètre plus considérable ; sa croissance en longueur est plus rapide et ses entre-nœuds plus allongés, de sorte que les couples de feuilles (') Travail fait au laboratoire de Biologie végétale de Fontainebleau, dirigé par M. Gaston Bonnier. ( 9«2 ) en aiguilles qu'elle porte indirectemenl sont plus espacés. Ces feuilles oui, en outre, une taille plus grande sur la tige principale que sur ses ramifications. » La tige principale se termine par un bourgeon à la base duquel existe un verli- cille d'autres bourgeons qui, normalement, se développent en produisant de longues ramifications latérales. » Si nous coupons simplement le bourgeon terminal, certaines des branches issues des bourgeons du verticille prennent la prédominance sur les autres, se dressent ver- ticalement et jouent le rôle de flèche. Si, au contraire, on coupe la tige à quelques centimètres au-dessous de la couronne de bourgeons, deux cas principaux peuvent se présenter. Dans le premier cas, ce sont les rameaux courts situés près de la section qui, au lieu d'avorter, s'allongent, se recourbent de façon à croître verticalement, et certains d'entre eux se comportent comme de véritables flèches. Dans le second cas, ce sont les grands rameaux situés plus bas qui se redressent et se substituent à la tige principale. Ajoutons que ces deux cas ne sont pas nettement tranchés, que souvent des flèches de remplacement proviennent à la fois les unes des courts rameaux, les autres des grands. » Morphologie interne. — Au point de vue anatomique, la flèche diffère des rami- fications par les caractères suivants : le cylindre central (moelle, bois, liber) acquiert un volume beaucoup plus considérable ; l'épaisseur de l'écorce, au contraire, est à peine plus grande. Ces caractères dilTérentiels sont d'autant plus accusés que l'on étudie une région plus éloignée du bourgeon terminal. En outre, le calibre des divers éléments est plus grand. )> Quand une longue ramification se transforme en flèche, elle modifie progressive- ment sa structure; elle tend à acquérirpeu à peu les caractères externes ou internes qui sont propres à la tige principale et finalement elle arrive à ressembler plus à une flèche qu'à une branche latérale. Si le remplacement est effectué par un rameau qui serait resté court, ce rameau présente d'abord les caractères anatomiques d'une longue rami- fication latérale, puis il acquiert peu à peu ceux d'une flèche. » Dans rif, il faut noter plusieurs particularités. Le diamètre de la flèche est un peu plus grand que celui des ramifications supérieures. Cette comparaison doit se faire exclusivement avec les rameaux supérieurs parce que, à la base de l'arbre, les ramifi- cations s'allongent très peu chaque année; les conditions de développement y sont donc très difl'érentes de celles de la flèche et, par suite, une comparaison n'est guère pos- sible. » Dans les ramifications, les feuilles sont plus petites et plus rapprochées, et, en outre, elles se tordent un peu à leur base de manière à se disposer presque dans un même plan, quoique leur mode d'insertion soit, au point de vue phyllotaxique, le même que sur la tige principale. » Chez la flèche comparée à uue de ses branches, l(!s vaisseaux sont d'un calibre supérieur, la moelle est plus grande, l'épaisseur relative de l'écorce est plus faible, les éléments constitutifs sont plus volumineux. « Ici, comme chez le Pin, quand une branche latérale remplace une flèche brisée, elle en acquiert presque complètement la structure. » J'ai étudié un grand nombre d'autres espèces tant herbacées que li- ( 983 ) gueuses {Épicéa, Sapin, Haricot, Ortie, elc.) et cette étude me permet de formuler les conclusions suivantes : » Si nous comparons à une ramification ordinaire un rameau de rempla- cement, nous constaterons que : » A. Au point de vue de la morphologie externe : » 1° Le rameau de remplacement change de direction : il se recourbe, devient vertical et s'allonoe de bas en haut; » 2° Son diamètre est plus considérable; » 3° Son allongement plus rapide; » 4° Les feuilles sont plus grandes et plus espacées les unes des autres. » B. Au point de vue de la morphologie interne : » i" Les méristèmes fonctionnent plus activement chez la branche mo- difiée que chez les autres branches. » Ce sont principalement les cellules du méristème terminal et celles de l'assise génératrice intralibérienne qui ont une vitalité beaucoup plus grande; c'est ce qui explique l'allongement plus rapide dont j'ai parlé et l'épaisseur plus considérable des formations libéro-ligneuses. » 2° Le diamètre du cylindre central est relativement plus grand, et, in- versement, l'épaisseur corticale plus faible. Pour le cylindre central, les différences observées sont dues à la fois à la plus grande quantité de for- mations libéro-ligneuses et au volume plus considérable de la moelle. » 3° Les éléments cellulaires sont, en général, plus grands, surtout la différence de calibre des vaisseaux primaires et secondaires est très accu- sée; il en est de même du diamètre des cellules de la moelle. » 4° La symétrie considérée sur une coupe faite au milieu d'un entre- nœud est plus parfaite, car les feuilles sont plus espacées les unes des autres. » 5° Le tissu de soutien est plus abondant, par exemple les fibres péri- cycliques sont plus nombreuses. » Mais les différences que nous venons de constater entre la branche de remplacement et le rameau latéral normal, je les ai retrouvées, en général, encore plus accusées entre la tige principale intacte et ses ramifications. On peut donc dire que le rameau de remplacement régénère, dans une certaine niesure, la portion détruite de la tige-mère; que par sa structure il se rapproche intimement de l'axe principal. » La plupart des conclusions que nous venons de signaler s'appliquent aussi à la racine; ainsi, par exemple, une racine de remplacement, com- parée à une radicelle, présente un cylindre central relativement plus épais, un volume des cellules plus grand, un calibre des vaisseaux plus consi- ( 9^4 ) dérable, un fonctionnement des méristèmes plus actif et, par suite, des formations secondaires plus abondantes. » En résumé, quand une branche latérale remplace la portion détruite d'une tige principale, elle subit des modifications assez profondes pour quelle arrive progressivement à ressembler plus, tant par sa structure que par son aspect extérieur, à l'axe auquel elle se substitue qu'aux branches dont elle est l'homo- logue. » Il en est de même pour une radicelle que les circonstances amènent à jouer le rôle d'une racine principale détruite. » CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Préparation biochimique de la dioxyacétone cris- tallisée. Note de M. Gabriel Bertrand ('), présentée par M. Duclaux. « J'ai montré récemment que la glycérine, introduite dans le bouillon de culture de la bactérie du sorbose, était rapidement transformée en un sucre réducteur en C, la dioxyacétone, reconnaissable à son action sur la phénylhydrazine et l'hydroxylamine (-). Aujourd'hui, je compléterai cette démonstration en indiquant comment on peut utiliser la bactérie du sorbose pour l'obtention facile de la dioxyacétone cristallisée. » Tout d'abord il convient, si l'on veut se placer dans des conditions avantageuses, de se servir de bouillon contenant 5 à 6 pour loo de glj'cérine. La culture est alors très prospère et, en général, la zooglée qui recouvre la surface du liquide est déjà blanche et compacte vers le quatrième ou le cinquième jour. Au-dessous de cette teneur, on s'embarrasse inutilement de l'eau, qu'il faudra évaporer, et des matières étrangères à la dioxyacétone. Au-dessus, la culture traîne de plus en plus; avec 10 pour 100 de glycérine, elle est même assez difficile. » Il est bon, quand on opère un peu en grand, de déterminer tous les joars ou tous les deux jours le pouvoir réducteur du bouillon pour mettre fin à la culture dès que la quantité de dioxyacétone cesse d'augmenter. Si on laissait la culture trop long- temps à l'éluve, la dioxyacétone disparaîtrait à son tour, quoique beaucoup plus len- tement que la glycérine. En petit, on peut se baser simplement sur les données sui- vantes : avec des malras de 2''' à 3'", boucliés avec un tampon d'ouate un peu lâche et un double capuchon de papier à filtre, il faut dix à quinze jours, suivant le diamètre des cols, pour transformer, à la température de -+- 3o", la glycérine contenue dans 25o'^'^ à 3oo™ de bouillon. Je rapj)elle que celui-ci est une décoction de levure conte- nant 4^"' à 58"' d'extrait par litre. (') Travail du laboratoire de Chimie du Muséum, C) Comptes rendus, t. CXXVI, p. 842; 1898. ( 9«=î ) » Lorsque la transformation est aclievée, on sépare les membranes l)actériennes gélatineuses qui sont clans les malras, on les presse lentement, et le liquide qui en sort, réuni à la masse principale du bouillon de culture, est concentré par distillation dans le vide, à la plus basse température possible. Le bain-marie ne doit pas dépasser 60°. Il reste un sirop épais, gommeux, qu'on additionne peu à peu de cinq à six fois son poids d'alcool absolu; on complète la précipitation des impuretés en ajoutant deux volumes d'éther, puis on laisse déposer. » Après quelques heures, la solution éthéro-alcoolique, complètement limpide, surnage un précipité visqueux, adhérant aux parois du ballon. On peut donc la décanter facilement. Le plus souvent aussi, il y a, au-dessus du précipité, une petite couche sirupeuse; on la traite par une nouvelle quantité d'alcool et d'éther. » Les solutions élhéro-alcooliqucs réunies sont alors évaporées par distillation dans le vide, en chauffant le moins possible. Si la préparation a été réussie, le sirop résiduel, versé dans une capsule, ne tarde pas à cristalliser. Dans le cas contraire, par exemple s'il reste nn peu de gljcérine, il est nécessaire d'amorcer avec quelques cristaux obtenus antérieurement. » Après un ou deux jours, quelquefois plus, le sirop est pris en une masse cris- talline. On broie celle-ci, on l'essore à la trompe, puis on la lave à fond avec de l'alcool absolu : il reste de la dioxyacétone pure qu'il suffit de sécher sur l'acide sulfurique. » C'est une poudre blanche, formée de petites lamelles à contour hexa- gonal, plus ou moins allongées, quelquefois épaissies en prismes. Elle possède une saveur sucrée, se dissout très facilement dans l'eau, assez peu dans l'alcool absolu froid, à peine dans l'acétone et presque pas dans l'étber. Elle réduit rapidement à froid la liqueur de Fehling. » Sa composition élémentaire répond à la formule C^H''0' de la dioxy- acétone {') ■ Trouvé. Calculé. G 39,83 40,00 H 6,74 6,66 o 53,43 53,34 » Un caractère de cette substance, qu'on ne retrouve chez aucun autre représentant du groupe des sucres, est la possibilité de s'unir avec le bisulfite de sodium en donnant une combinaison cristallisée. Celte combi- nai.son a été signalée par Piloty ("); j'ai reconnu qu'on pouvait l'utiliser [)our extraire la dioxyacétone contenue dans les eaux-mères de la première (') Quelquefois, selon les circonstances de la cristallisation, cette formule doit être doublée et s'écrire : (C^H*'0'')=. Je reviendrai plus tard sur cette particularité. (-) Berichte d. d. chein. Ges., t. XXX, p. 3167. ( 986 ) cristallisation et augmenter ainsi le rendement d'une manière très appré- ciable. « Pour cela, on additionne les eaux-mères, ramenées à consistance de sirop, d'une égale quantité de solution concentrée de bisulfite de sodium ; le mélange s'échauffe et, par refroidissement, se prend en une pâte de cristaux, bientôt solide. On triture avec un peu d'alcool absolu et l'on essore. Recristallisée dans l'alcool à 35 pour loo, où elle est très soluble à chaud, cette combinaison répond à la formule C'H''0'SNa : Na 1 1 , 70 1 1 , 85 Trouvé. Calculé. 7<: » Pour en extraire la dioxyacélone, on la décompose par un léger excès d'acide sul- furique étendu de 5 parties d'eau, en opérant dans un ballon relié avec une trompe à eau. On chauffe légèrement, pour chasser l'acide sulfureux, puis on fait refroidir et l'on sature exactement par du bicarbonate de potassium. Il ne reste plus qu'à précipiter le sulfate alcalin par l'alcool et l'éther. On termine comme dans la première partie de la préparation. » Les rendements sont très bons, car looS' de glycérine ordinaire, à 28", donnent facilement 20'"' à aS^'' de dioxyacétone cristallisée. Dans un cas, j'ai même obtenu près de 3o pour 100 du poids de la glycérine. C'est dire la supériorité de la bactérie du sorbose sur les réactifs actuels de nos labo- ratoires et montrer, une fois de plus, tout le parti qu'on pourra tirer, en Chimie, de l'emploi méthodique des microbes. » PATHOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Sur le traitement de la rage par l' injection de substance nerveuse normale. Note de M. V. B.4bes, présentée par M. Bouchard. « En 188g j'observai que des personnes mordues par des animaux enragés, et affectées de neurasthénie, d'épilepsie ou de mélancolie, ont été, à la suite du traitement pasteurien, en partie guéries aussi de ces maladies nerveuses. M'appuyant sur cette observation, j'avais essayé de traiter des neurasthéniques, des mélancoliques et des épileptiques par des injections de substance nerveuse, surtout du bulbe de mouton ou de lapin. » Mon regretté ami Constantin Paul avait déclaré, le l'i février 1892, à l'Académie de Médtcine de Paris, qu'il s'était convaincu de l'effet salutaire de ces injections qu'il désigne sous le nom de procédé du professeur Habes. )) En appliquant lui-même à Paris ce procédé, il avait obtenu une série (987 ) (le résultats remarquables qu'il ne tardait pas à communiquera l'Académie de Médecine, tandis que moi, de mon coté, je publiais mes résultats dans la Deutsche mediz. Wochenschnft . » La maladie et la mort de mon ami ayant interrompu l'étude clinique de ce procédé, ce n'est que récemment que l'on a repris cette étude d'une manière scientifique et expérimentale. » J'avais déjà soupçonné que la substance nerveuse devait jouir d'un certain pouvoir pour combatîre les infections qui s'adressent au système nerveux et notamment à la cellule nerveuse. Ainsi, en examinant les diffé- rents organes des animaux immunisés contre la rage> j'avais constaté que la substance antirabique n'existe chez ces animaux que dans le sang et dans le système nerveux, surtout dans le liquide céphalo-rachidien {Académie de Médecine, iSgS). » J'avais encore constaté qu'à une certaine époque le sang renferme (les substances antirabiques, tanrHs que le système nerveux n'en contient pas. » En constatant la localisation des lésions rabiques au niveau des cel- lules nerveuses du bulbe et de la moelle et en considérant la virulence de la substance grise dans la rage, j'ai été conduit à admettre que le virus ra- bique se localise au niveau de ces cellules et que les symptômes de la rage sont en rapport de cause à effet avec ces lésions. » J'avais découvert, en 1889, la propriété que possède le sérum des ani- maux immunisés de guérir la rage et, comme je pouvais contrebalancer, in vitro, l'action du virus rabique par le sérum antirabique, il fallait cher- cher la source de cette substance. )) Comme on avait démontré pour le tétanos que la toxine tétanique s'adresse aux mêmes cellules nerveuses et que ces cellules sécrètent une substance antitétanique, il était à prévoir que la cellule nerveuse, par sa fonction importante et par sa stabilité doit jouir de la faculté de s'opposer aux attaques directes du virus rabique. » Dans ces cas, il f;iudrait supposer cpie la cellule nerveuse normale renferme ou sécrète aussi une substance qui, jusqu'à un certain degré, peut s'opposer à l'infection rabique. » J'ai donc essayé de prévenir ou de guérir la rage par mon procédé, c'est-à-dire par l'injection sous-cutanée d'une certaine quantité de sub- stance nerveuse du bulbe et de la moelle d'animaux sains et neufs. J'ai tout d'abord cherché, en collaboration avec M. Riegler, si l'on pouvait pa- ralyser (neutraliser) le virus fixe in vitro par la substance nerveuse; mais, C. K., 1898, I" Semestre. (T. CXXVI, N- 13.) I27 ( 98« ) tandis que nous avons constaté qu'une partie du sang de nos chiens les plus immunisés peut paralyser jusqn'à 5o parties de virus, une partie de substance du bulbe c!e brebis ou de lapin ne réussit pas à paralyser I partie de virus, et même lo parties de bulbe normal n'ont pas d'effet ap- préciable sur I partie de virus fixe. » Cependant, en agissant sur des animaux, j'ai obtenu, en collaboration avec M. Riegler, une action préventive ou curative très nette de la sub- stance nerveuse normale sur le virus rabique, à la condition de donner une quantité assez abondante de substance nerveuse et de ne pas employer un virus trop fort. » Ainsi, en inoculant, par trépanation, quatre chiens, avecle virus de pas- sage de deux jours, de nos lapins de i'^^, et en traitant trois de ces chiens pendant dix jours, chaque jour par des injections de S^"" d'émulsion du bulbe de mouton normal, le chien de contrôle meurt le quinzième jour de la rage, un des chiens traités succombe le vingtième jour de la rage, tandis que deux chiens résistent. » En répétant ces expériences sur quatre chiens traités de la même façon, un seul chien résiste; mais, en commençant les injections trois jours avant l'infection crânienne chez trois chiens et en infectant en même temps un chien de contrôle, ce dernier a succombé le douzième jour de la rage, tandis que les trois chiens traités par la substance nerveuse ont résisté. » Comme, depuis ces expériences, plus de deux mois se sont écoulés, on peut les regarder comme concluantes. » Chez le lapin, les résultats ont été beaucoup moins nets, ce qui s'explique par le fait qu'on ne peut qu'exceptionnellement sauver ces ani- maux, même par la méthode de Pasteur, si l'on commence le traitement après la trépanation. » Nous continuons ces expériences intéressantes en changeant les condi- tions de l'infection, mais nous nous empressons de publier ces résultats préalables qui prouvent qn on peut combattre la rage par des injections de substance du bulbe de moulons sains et non traités auparavant. » Par les résultais obtenus par Wassermann et Takaki dans le tétanos, de même que par les résultats obtenus par Vidal, Manicatide, etc., dans l'intoxication par la strychnine, de même que par les résultais relatés plus haut, mon procédé de trailemenl de certaines maladies du système nerveux par des injections de substance du bulbe normal du mouton a acquis une base solide expérimentale. ( 989 ) » Nos expériences ont prouvé, de plus, que les substances renfermées clans le bulbe et qui s'opposent à l'infection rabique et tétanique s'adressent à certaines toxines, à certains alcaloïdes, à des virus de nature différente, de sorte qu'il n'est plus douteux que mon procédé peut avoir un effet réel dans différentes maladies nerveuses, de nature toxique ou infectieuse, de même que pour les maladies pour lesquelles Constantin Paul et moi-même avons obtenu des résultats favorables. « La séance est levée à 4 heures et demie. J. B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Ouvrages reçus dans la séance du 28 mars 1898. Annales agronomiques, publiées sous les auspices du Ministère de l'Agri- culture, par M. P. -P. Dehérain, Membre de l'Institut, Professeur de Phy- siologie végétale au Muséum d'Histoire naturelle, etc. Tome XXIV. N" 3. 25 mars 1898. Paris, Masson et C'", 1898; i fasc. in-8''. Bulletin mensuel du Bureau central météorologique de France, publié par E. MASCA.RT, Directeur du Bureau central météorologique. Année 1898. N° 1. Janvier 1898. Paris, Gauthier-Villars etfds; i fasc. in-4°. Revue générale de Botanique, dirigée par M. Gaston Bonnier, Membre de l'Institut, Professeur de Botanique à la Sorbonne. Livraison du i5 mars 1898. Paris, Paul Dupont, 1898; i fasc. in-8". Théorie de l'Électrolyse, par Ad. Minet, Ingénieur-Chimiste. Paris, Gau- thier-Villars etfds, Masson et C'*; i vol. in-8°. (Présenté par M. Berthelol.) Statistique agricole de la France, publiée par le Ministère de l'Agriculture. Résultats généraux de l'enquête décennale de 1892. Paris, Imprimerie natio- nale, 1897; I vol. grand in-8" avec allas. Recherches sur le développement en série des fonctions implicites, par L. Pean de Saint-Gilles, Ingénieur civil des Mines, i broch. in-/}". Essais avec le phospho-carbure de chaux en 1897, P^"" ^- Chuard, Pro- fesseur, Chef du laboratoire de l'Institut agricole de Lausanne. (Extrait ( 990 ) (le la Chronique agricole du canton de Vcncl. rôvrier et mars 1898.) Lau- sanne, G. Bridel et C'«"; 1 hroch. in-8°. (flommago de l'auteur.) Les origines de la vie et la Paléontologie. Paléontologie scientifique et Pa- léontologie philosophique, par Emmanuel Poutal. Paris, Fischbacher, 1898; I broch. in-8". Publicationen des aslrophysikatischen Obscrvatoriums zu Potsdam. Heraus- gegeben vom Director H. -G. Vogel. Elt'ter Band. Potsdam, 1898; i vol. iii-4°. Report fo the sixtY-se^rnth meeting of ihe British Association for the advan- ccment of Science, held at Toronto in augnst 1897. Lonclon, John Murrav, 1898; I \ol. 10-8°. ERRATA. (Séance du 21 mars 1898.) Note deM. de .Jonquiéres, Solutions algébriques de diverses questions concernant, etc. : Page 865, ligne i3, au lieu de [ — 16, i{a — i), olc, lisez \ — 16, i{a — 1), etc. Page 865, ligne 17, à la fin, au lieu de rp 4«' — 4i U^ez zp 4(«' — 4)- Page 866, ligne 19, supprimez les deuN. derniers mots « nul, ni », et Usa:- « ne peut jamais être négatif ». Page 868, ligne 5, au lieu de fx = | — n, a, — 1 1, lisez f^ nr | — c/, a, 1 1. Page 868, ligne 5, en remontant, au lieu de «,, lisez x,. Note de M. H. Deslandres, Nouvelle série de photographies de la chronio- sphère du Soleil : Page 880, note {') du bas de la page, ligue 2, au lieu de protubérances ayant une hauteur de quelques minutes d'arc, /we^ protubérances avant une hauteur de quelques dizaines de secondes d'arc. On souscrit à Paris, chez GAUTHIER -VII.LARS ET FII^, Quai des Grands-Augiistins, n° 55. Depuis 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Ils forment, à la Sn de l'année, deux Tolutnes in-4*. Deux Tables, l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique do noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel et part du i" janvier. Le prix de rubunnenierit est fixé ainsi qu'il suit : Paris : 20 fr. — Départements : 30 fr. — Union postale ; 34 fr. — Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus. On souscrit, dans les Départements, Agen. chez Messieurs : ÏÏL'ir:*!! l'rtTi's. iChaix. Jourdan. RuIT. Amiens Courtin-Hecquet. ( Germain etGrassIn. -*"«'*" (Lachése. Hayonne Jérôme. Hesançon Jacquard. / Fcret. Bordeaux j Laurens. ' Muller (G.). Bourges Renaud. SDerrien. F. Robert. J. Robert. Uzel frères. Ctttifi Joiian. Chambery Perrin. i Henry. Brest. Cherbourg Clermont-Ferr. \ Marguerie. ( Juliol. - ( Ribou-Collay. I I Lamarche. mjon j Ratel. i ( Rey. J I Lauverjal. Viuai ) Degez. , ^ , i Drevet. jrenoble ] ^ l Gratier et C". M fiochelle Foucher. \ RourdigDon. '.t Havre. .die.. ) Dombre. ) Thorez. ( Quarré. Lorienf . chez Messieurs : I Baunial. I M"' Texier. * j Bernoux et Cumin. 1 Georg. I.yon < Côte. .S;i\y. Vilte. Ruât. Marseille.. Montpellier \ Calas. ' Coulet. Moulins Martial Place. j Jacques. Nancy Grosjean-Maupin. ( Sidot frères. 1 Loiseau. Mantes 1 ir 1 f Veloppe. \ Banna. ( Visconli el C'*. Aimes Thibaud. Orléans Luzeray. 1 Blanchier. Poiriers ,, , ( Marclic. Bennes Plihon et Hervé. Hoche/on Girard ( M"" ). \ Langlois. Houen , , ( l.estringaïU. S'-Étienne Chevalier. ( Bastide. ( Rumèbe. ^ Gimet. ( Privai. , Boisselier. Tours I Pèricat. ' Suppligeon. ( Giard. t Lemaitre. Toulon . . . Toulouse. falenctennea. On souscrit, à l'Étranger, .Amsterdam. Berlin. chez Messieurs : 1 Feikema Caarelsen • el C". Athènes Beck. Barcelone Verdaguer. [ Asher el C". Daines. Friediander et fils. ' Mayer el Muller. Berne . Schmid et Francke. Bologne Zaoiclielli. I Lanicrlin. Bruxelles Mayolezel Audiarte. ( Lebégue el C". \ Sotcheck el C°. Bucharest ),,.,! , r^ t\ I Muller ( Carol). Budapest Kilian. Cambridge Deighlon, BelletC". Christiania CainiMernieyer. Conslantino'ple. . Otto Keil. Copenhague Hosl el fils. Florence Seeber. Gand Hosle. Gènes Beuf. , Cherbuliez. Georg. ( Stapelmohr. Bel in fa nie frères. , Benda. ' Payot. Barlh. \ Brockbaus. Leipzig I Lorenlz. Max Riibe. Twielmeyer. 1 Desoer. ^'^S« /Gnusé. chez Messieurs : / Dulau. , l-ondres Hachette et C". 'Nuit. Luxembourg . .. V. Biick. (Libr. Gutenbcrg. _ , Romoy Fusse!. Milan . . Moscou. Genève. . ■ La Haye. Lausanne. \ Gonzalés e hijos. ' F. Fé. ( Bocca frères. I Hoepli. Tasitnin. 1 l'rass. 'tapies Marghieri di Giu». ' Pelleraoo. , Dyrsen et Pfeiffer. .Ve«'- ïork j Stechert. LemckeetBuechner Odessa Rousseau. Oxford Parker el C" Haterme Clausen. Porto Magalhaès et Moniz. Prague Rivnac. Bio-Janeiro Garnier. ( Bocca frères. I Loescherel C". Botterdam Kramers et fils. Stockholm Samson et Wallin. I Zinscriing. ( Wolir. I Bocca frères. Brero. i Clausen. Rosenberg et Sel lier. Varsovie Gebethner el VVoKl. Vérone Drucker. ( Frick. I Gerold el C". Ziirich Meycr el Zeller. Borne . S' Petersbour' Turin . Vienne. TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES : i Tomes 1" 31. — (3 Août i835 à 3i Décembre i85o. ) Volume in-4°; i853. "Prix 15 fr. Tomes 32 à 61.— (i" Janvier i85i à 3i Décembre i865.) Volume in-4°; iSyoj Prix 15 fr. Tomes 62 à ,91.— (i" Janvier i866 à 3i Décembre i88o.) Volume in-4''; 1889. Prix 15 fr. SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES : Tome I: Mémoire sur quelques points delà Physiologie des Algues, par MM. A. DerbescI A.-J.-J. Solier.— Mémoire sur le Calcul des Perturbations qu'éprouTcnlles ;oméles, par M.Hansen.— Mémoire sur le Pancréas el sur le rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestioa des matières ràsses, par M. Clacde Bernard. Volume in-4°, avec 82 planches; i856 15 fr. {frome II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Beneden. — Essai d'une réponse à la question de Prix proposée en i85o par l'Académie des Sciences (^ur le concours de i853, et puis remise pourcelui de i856, savoir : « Ktudier les lois delà distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédi- imentaires, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée.— Rechercher la nature «ies rapports qui existent entre l'étal actuel du règne organique et ses états antérieurs ., par M. le Professeur Bronn. In-4°, avec 37 planches; 1861.. . 15 fr. fA la même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences. N" 13. TABLE DES ARTICLES. (Séance H,, 28 mais 1898.) ME 4IOIRES ET COMMUNICATIONS ORS MRMRHRS ET DES CORRESPONDANT? DE L'ACADÉMIE. Puges. M. Ahmand OautiivR. - Éliiile |ircliminairc iTiine iiitMliode ilc dosage de l'oxyde de c;iii)one tliliié d'air «)3i MiM. PoTAiN et Drouin. — Sur remploi du chlorure de palladium pour la rerlicrelii' dans l'air de très pelites quantités d'uxydi- de carbone et sur la transfoi'uiation de ce :iK Pages gaz, à la température f^dinaire, en acide carbonique .... M. BouQrET DE LA Grvl demande à l'Aca- détiiie d'inviter les deux Sections d'Astro- nomie et de Géograpliie et Navigation à étudier la question de la nioililication de riieure nationale !(-'iS RAPPORTS. M. Cai.lanbreau. - Rapport sur un Mé- moire de M. Bigourdan, intitulé : " His- toire céleste lia xvir siècle » de Pinti !)!' CORRESPONDANCE . I. Association des anciens Éli^ves de l'École de Physique et de Chimie indus- TiiiELLEs DE LA ViLLE DE Paiiis invite 1,'Aca- démie A se faire représenter à l'inaugura- tion du buste de SchiUzcnbcrger, qui aura lieu le dimanche 3 avril : MiM. SciiLœ- sixo et Gautier sont désignés pour repré- senter l'Académie à celte cérémonie ,MM. G. Bigourdan el G. Fayet. — Obser- vations de la comète Perrine ( iSçjS, mars 19), faites à l'Observatoire de Paris (équatorial de la tour de l'Ouest, de o", 3o5 d'ouverture ) > M. L. PiCART. — Oliservation de la comète Perrine (1898, mars ly), faite au grand équatorial de l'observatoire de Bordeaux. M. K. UossARD. — Observations de la co- mète Perrine (iSgS, mars 19), faites à l'observatoire de Toulouse (équatorial Brunner) iM. Lagarde. — Élémcnls de la comète Per- rine i\I. S. Kaxtou. — Théorème fondamental sur les transformations birationnelles à coeflicicnts entiers M. I.ÈMEiiAY. — Sur certaines équations fonctionnelles linéaires M. E. Carvallo. — Heclicrches de précision sur la dispersion infra-rouge du spath d'Islande M. Daniel Berthklot. Sur la détermina- bulletin bibli0ghap1i1qu1-; . Errata '. Q-'l^ 'M tion rigoureuse des poids moléculaires des gaz en partant de leurs densités et de l'écart que celles-ci présentent par rap- port à la Ibi de .Mariotte M. A. WiTZ. — Moteurs à combustion et haute compression M. Albert Turpain. — Sur le champ hert- zien M. Ed. Defacqz. —Sur un iodure de tung- stène M. Marcel Delépine. — Bases quinuléiques. M. D. ToMDEcK. — Combinaison des bases organiques avec divers sels oxygénés.... MM. J. Kunstlkr et A. Gruvel. — Nou- velles observations sur quelques stades de l'évolution des Urnes M. Ch. Gravier. — Sur l'encéphale des Glycériens M. L.-F. Henneguy. - Sur le rapport des centrosomes avec les cils vibratiles M. Louis Mangin. -- Sur la structure des mycorhizes M. AuG. Boirivant. — Sur le remplacement de la tige principale par une de ses rami- fications M. Gabriel Bertr.vnd. — Préparation bio- chimique de la dioxyacétonc cristallisée.. M. V. Babes. ~ Sur le traitement de la rage par l'injection de substance nerveuse noriTialo 9-''l 9'>7 9''!l rjfia 9'i| 97" 972 97'' 97S 98 1 9S4 1,86 PVRIS. — IMPRIMERIE GAUTHIER-VILL\RS ET FILS, Quai des Grands-Augustins, 55. /'C Ocrant .' GAtjTHlER-ViLL*h& »W»3 254 191 I>ate Due '^1 î^ "% -.v/C