HARVARD UN1VF.RSITY. fil lu LIBR A U Y MUSEUM OF COMPARATIVE ZOÔLOGY. GIPT OP ALEX. AGASSIZ. JfjJ.10— IÇ l<$acj COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES PARIS. — IMPRIMERIE CAUTMER-VILLARS, QUAI DES GRANDS-AUGUSTINS, 55. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES PUBLIES, CONFORMEMENT A UNE DÉCISION DE L'ACADÉMIE \ £■»■ 3ata Da 1$ <3uiW«t <835, PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. TOME CENT VINGT-HUITIEME. JANVIER - JUIN 1899. PARIS, GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIRRAIRE DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, Quai des Grands-Augustins, 55. 1899 APR 10 1899 1899 PREMIER SEMESTRE. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES PAU MM. EES SECRÉTAIRES PERPETUEES. TOME CXXVIII. N° 1 (2. Janvier 1899). PARIS, GAUTH1ER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES HE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, Quai des Grands-An^ astins, 55. 1899 RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS ADOPTÉ DANS LES SÉANCES DES 23 JUIN 1862 ET l[\ MAI 1 876. Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie se composent des extraits des travaux de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes présentés par des savants étrangers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. 26 numéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. Article 1er. — Impressions des travaux de l'Académie. Les extraits des Mémoires présentés par un Membre ou par unAssociéétranger de l'Académie comprennent au plus 6 pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o pages par année. Les communications verbales ne sont mentionnées dans les Comvtes rendus, qu'autant qu'une rédaction écrite par leur auteur a été remise, séance tenante, aux Secrétaires. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les Rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par les Correspondants de l'Académie comprennent au plus 4 pages par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de 32 pages par année. Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi- vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion. Les Programmes des prix proposés par l'Académie sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap- ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autant que l'Académie l'aura décidé Les Notices ou Discours prononcés en séance pu- blique ne font pas partie des Comptes rendus. Article 2. — Impression des travaux des Savants étrangers à l'Académie. Les Mémoires lus ou présentés par des personnes qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca- démie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré- sumé qui ne dépasse pas 3 pages. Les Membres qui présentent ces Mémoires sont tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le Membre qui fait la présentation est toujours nommé; mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le font pour les articles ordinaires de la correspondance offi- cielle de l'Académie. Article 3. Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis à l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, le jeudi à 1 o heures du malin ; faute d'être remis à temps, le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compte rendl actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui-j vant et mis à la fin du cahier. Article 4. — Planches et tirage à part. Les Comptes rendus n'ont pas de planches. Le tirage à part des articles est aux frais des au leurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports e' les Instructions demandés par le Gouvernement. Article 5. Tous les six mois, la Commissionadministrative fait un Rapport sur la situation des Comptes rendus aprèi l'impression de cliaque volume. Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré sent Règlement. Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de le déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5\ Autrement la présentation sera remise à la séance suivantr APR 10 1899 ÉTAT DE L'ACADEMIE DES SCIENCES AU 1er JANVIER 1899. SCIENCES MATHEMATIQUES. Sectio.v Ire. — Géométrie. Messieurs: HERMITE (Charles) (g. o. » ). Jordan (Marie-Ennemond-Camille) (o. *). DARBOUX (Jean-Gaston) (o. &). PoiNCARÉ (Jules-Henri) (o. #). Picard (Charles-Emile) *. APPELL (Paul-Émile)(o. *). Section II. — Mécanique. Lévy (Maurice) (o. &). BOUSSINESQ (Valentin-Joseph) *. DEPREZ (Marcel) (o. &). SARRAU (Jacques-Rose-Ferdinand-Émile) (c. #). LÉAUTÉ (Henry) (o. «). Sebert (Hippolyte) (c. *). Section III. — Astronomie. FAYE (Hervé-Auguste-Étienne-Albans) (G. C. *). JANSSEN (Pierre-Jules-César) (c. *). LŒWY (Maurice) (c. *). WOLF (Charles-Joseph-Étienne) (o. *-). Callandreau (Pierre-Jean-Octave) *. RADAU (Jean-Charles-Rodolphe). Section IV. — Géographie et Navigation. Bouquet de la Grye (Jean-Jacques-Analole) (c. #). Gbandidier (Alfred) (o. &). BUSSY (Marie-Anne-Louis DE) (G. O. #). BASSOT (Jean-Léon-Antonin) (O. *). Guyou (Emile) (o. *). HATT (Philippe-Eugène) (o. s). ÉTAT DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. Section V. - Physique générale. Messieurs : Cornu (Marie-Alfred) (o. *). Mascart (Éleuthère-Élie-Nicolas) (c. *). Lipp.ma.n.n ( Gabriel) (o. *). Becquerel (Antoine-Henri) *. Potier (Alfred) (o. *). VlOLLE (Lucien-Jules-Gabriel) (o. #). SCIENCES PHYSIQUES. Section VI. — Chimie. FRIEDEL (Charles) (O. *). TROOST (Louis-Joseph) (o. *). Gautier (Émile-Justin-Armand) (o. « MOISSAN (Henri) (o. *). GRIMAUX (Louis-Edouard) (O. *). DlTTE (Alfred) #. Section VII. — Minéralogie. FOUQUÉ (Ferdinand-André) (O. #). GAUDRY (Jean-Albert) (o. *). Hautefeuille (Paul-Gabriel) (o. *). Bertrand (Marcel-Alexandre) ft. Lévy (Auguste-Michel) (o. »). Lapparent (Albert- Auguste de) *. Section VIII. — Botanique. NAUDIN (Charles-Victor) *. CHATIN (Gaspard-Adolphe) (o. *). VAN TlEGllEM (Philippe-Édouard-Léon) (o. *)• BORNET (Jean-Baptistc-Édouard) «. GUIGNARD (Jean-Louis-Léon) &. BONNIER (Gaston-Eugène-Marie) *. ETAT DE L ACADEMIE DES SCIENCES. Section IX. — Économie rurale. Messieurs : SCHLŒSING (Jean-Jacques-Théophile) (c. &). CHAUVEAU (Jean-Baptiste-Auguste) (c. *). DEHÉRAIN (Pierre-Paul) (o. *). Duclaux (Pierre-Emile) (c. *). Muntz (Charles-Camille) (o. *). N Section X. — Anatomie et Zoologie. Blanchard (Charles-Emile) (o. #). Lacaze-Duthiers (Félix-Joseph-Henri de) (c. &). Edwards (Alphonse Milne-) (o. &). Ranvier (Louis-Antoine) (o. s). Perrier (Jean-Octave-Edmond) (o. *). FlLHOL (Antonin-Pierre-Henri) (o. &). Section XI. — Médecine et Chirurgie. MAREY (Étienne-Jules) (c. *). Bouchard (Charles-Jacques) (c. *). GUYON (Jean-Casimir-Félix) (o. &). POTAIN (Pierre-Carl-Édouard) (c. &). Arsonval (Arsène d') (o. &). LANNELONGUE (Odilon-Marc) (o. #). SECRETAIRES PERPETUELS. BERTRAND (Joseph-Louis-François) (g. O. &), pour les Sciences mathématiques. Berthelot (Marcelin-Pierre-Eugène) (g. c. &), pour les Sciences physiques. ETAT DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. ACADÉMICIENS LIBRES. Messieurs : DAMOUR (Augustin-Alexis) (o. *). I i;i:ycinet (Charles-Louis DE SAULSES DE) (o. »). llATONDE LA GOUIMLUÈRE (Julien-Napoléon) (c. «). JONQUÈRES (Vice-Amiral Jean-Philippe-Ernest DE FAUQUE DE) (g. O. ft). Cailletet (Louis-Paul) (o. *). BlSCHOFFSHEIM (Raphaël-Louis) >.-. BROUARDEL (Paul-Cainille-Hippolyle) (c #). Laussedat (Aimé) (c ft). CARNOT (Marie-Adolphe') (o.«). Rouché (Eugène) (o. «). ASSOCIÉS ÉTRANGERS. KELVIN (Sir William Thomson, lord) à Glasgow (g. O. &). BUNSEN (Robert-Wilhelm-Eberhard) (o. #), à Heidelberg. LISTER (Sir John), à Londres. Nordenskiôld (Nils-Adolf-Erik, baron) (c. *), à Stockholm. FRANKLAND (Edward), à Londres. NEWCOMB (Simon) (o. *), à Washington. VlRCHOW (Rudolph-Liidvig-Carl) (c. *), à Berlin. N CORRESPONDANTS. Nota. — Le règlement du 6 juin 1808 donne à chaque Section le nombre de Correspondants suivant. SCIENCES MATHEMATIQUES. Section I'e. — Géométrie (6). SALMON (George), à Dublin. Sopiius Lie #, à Leipzig. Fuchs (Immanuel-Lazarus), à Berlin. Schwartz (Ilermann-Amandtis), à Grùnewahl, près Berlin. KLEIN (Félix), à Gœttingue. CREMONA, à Rome. ÉTAT DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 9 Section II. — Mécanique (6). Messieurs : BELTRAMI (Eugène), à Rome. r Sire (Georges-Etienne) *, à Besançon. Considère (Armand-Gabriel), (o- #)> à Quimper. AMSLER(Jacob), à Schaffhonse. VALLIER (Frédéric-Marie-Emmanuel), &, à Lorient. RlGGENBACH (Nicolas), *, à Olten (Suisse). Section III. — Astronomie (16). STRUVE (Otto-Wilhelm) (c. &), à Poulkova. Eockyer (Joseph-Norman), à Londres. HUGGINS (William), à Londres. Stephan (Jean-Marie-Édouard), (o. #), à Marseille. HALL (Asaph) *>, à Washington. LANGLEY (Samuel), à Washington. AUWERS (Arthur), à Berlin. RAYET (Georges- Antoine-Pons) (o. &■), à Bordeaux. PERROTiN (Henri-Joseph-Anastase) *, à Nice. BACKLUND (Oscar), à Poulkova. GlLL (David), au Cap de Bonne-Espérance. Van de Sandf Bakhuyzen (o. «), à Leyde. CHRISTIE (William-Henry), à Greenwich (Angleterre). N N Section IV. — Géographie et Navigation (8). RICHARDS (le Vice-Amiral George-Henry), à Londres. DAVID (Abbé Armand) *, missionnaire en Chine. Teffé (le baron DE), à Rio-de-.Tanciro. SERPA PlNTO (Alexandre-Albert DA ROCHA DE), #, à Lisbonne. GRIMALDI (Albert-Honoré-Charles) (G. C. *), prince souverain de Monaco, à Monaco. TlLLO (Alexis DE) (c. *), à Saint-Pétersbourg. NANSEN(Fridtjof), (c. *), à Bergen (Norvège). N C. R., 1899. 1" Semestre. (T. CXXVIII N« 1.) ^ ÎO ÉTAT DE L ACADEMIE DES SCIENCES. Section V. — Physique générale (9). Messieurs : Sl'OKES (George-Gabriel), à Cambridge. Crova (André-Prosper-Paul) *, à Montpellier. RAYLEIGII (John-William, Baron) (o. *), à Essex. Amagat (Émile-Hilaire) #, à Bourg. Raoult (François-Marie) (o. *), à Grenoble. Rowland (Henry-Augustin) (o. *), à Baltimore. WlEDEMANN (Gustave-Henri) (o. »), à Leipzig. BlCHAT (Ernest-Adolphe) », à Nancy. Bloxdlot (René-Prosper) *, à Nancy. SCIENCES PHYSIQUES. Section VI. — Chimie (9). Williamsox (Alexander-Williams), à Londres. LECOQ DE BOISBAUDRAN (Paul-Émile dit François) », à Cognac. Reboul (Pierre-Edmond) (o. *), à Marseille. BAEYER (Adolf de), à Munich. IlALLER (Albin) », à Nancy. ROSCOÉ (Sir HenVy-Enfield) (o. #), à Londres. CANNIZZARO (Stanislas) (o. #), à Rome. RAMSAY (William) (o. *), à Londres. N Section VII. — Minéralogie (8). GOSSELET (Jules-Auguste-Alcxandre) », à Lille. SUESS (Edouard), à Vienne. GEIKIE (Archibald), à Londres. RiCHTHOFEN (Ferdinand Freiherr VON), à Berlin. MATHERON (Pierre-Philippe-Emile) ;., à Marseille. TSCHERMAAK (Gustave), à Vienne. DEPÉRET (Charles-Jean-Julien), à T^yon. Marsh, à New-Haven (Conncclicut). ETAT DE L ACADEMIE DES SCIENCES. I | Section VIII. — Botanique (10). Messieurs : HOOKER (Sir Jos. Dalton), à Kew, près Londres. Clos (Dominique) #, à Toulouse. SlRODOT (Simon) (o. #), à Rennes. GRAND'EURY (François-Cyrille) #, à Saint-Étienne. Agardh (Jacob-Georg), à Lund. MlLLARDET (Alexis) &, à Bordeaux. Masters (Maxwel-Tylden), à Londres. TREUB (Melchior) *, à Buitenzorg, près Batavia (Java). N N : Section IX. — Économie rurale (10). MARES (Henri-Pierre-Louis) #, à Montpellier. LAWES (Sir John-Bennet), à Rothamsted, Saint-Albans station (Herfortshire). Gilbert (Joseph-Henry), à Rothamsted, Saint-Albans station (Herfortshire). I^ECHARTIER (Georges-Vital), à Rennes. HOUZEAU (Auguste)^(o. *), à Rouen. ARLOING (Saturnin) (o. ft), à Lyon. PAGNOUL (Aimé), à Arras. GAYON (Léonard-Ulysse), à Bordeaux. IN" .■ N Section X. — Anatomie et Zoologie (10). AGASSIZ (Alexandre) (o. &), à Cambridge (États-Unis). FABRE (Jean-Henri) *, à Sérignan (Vaucluse). Marion (Antoine-Fortuné) #, à Marseille. K.OWALEWSKÏ (Alexandre), à Saint-Pétersbourg. FLOWER (Sir William-Henry), à Londres. SABATIER (Armand) #, à Montpellier. Retzius (Gustave), à Stockholm. BERGH*(Ludwig-Rudolph-Sophus), à Copenhague. N N 12 ÉTAT DE l.'ACAUÉMIE DES SCIENCES. Section XI. — Médecine et Chirurgie (8). Messieurs : Ollier (Louis-Xavier-Edouard-Léopold) (c. *), à Lyon. PAGET (Sir James), à Londres. Lépine (Jacques-Raphaël) (o. «), à Lyon. Ilr.KRGOTT (François-Joseph) (o. *•), à Nancy. Laveran (Louis-Charles-Alphonse) *, à Montpellier. ENGELMANN (Théodor-Wilhelm), à Berlin. LEYDEN (ErnstVON), à Berlin. MOSSO (Angelo), à Turin. COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, SEANCE DU LUNDI 2 JANVIER 189Î), PRÉSIDENCE DE M. VAN TIEGHEM. M. C. Wolf, Président sortant, fait connaître à l'Académie l'état où se trouve l'impression des Recueils qu'elle publie, et les changements sur- venus parmi les Membres et les Correspondants pendant le cours de l'année 1898. État de l'impression des Recueils de l'Académie au {"janvier 1 89g. Volumes publiés. Comptes rendus des séances de l'Académie. — Le Tome CXXIV (ier se- mestre 1897) et le Tome CXXV (2e semestre 1897) ont Paru avec leurs Tables et leur régularité habituelle. Mémoire présenté. — Un Mémoire de M. Edmond Maillet, intitulé : (( Théorie des groupes de substitution entre N lettres » (Savants étrangers, t. XXXII, n° 8). ( 1.1 ) Changements survenus parmi les Membres depuis le Ier janvier 1898. Membre décédé. Section d'Économie rurale: M. Aimé Girard, décédé le 12 avril 1898. Membre à remplacer. Section d'Économie rurale : M. Aimé Girard, décédé. Associé étranger a remplacer. M. Weierstrass, décédé. Changements survenus parmi les Correspondants depuis le ier janvier 1898. Correspondants décédés. Section d' Astronomie : M. Souillart, à Lille, décédé en 1898. Section de Minéralogie : M. Pomel, à Dra-el-Mizan (Algérie), décédé le 20 août 1898; M. Hai.l (James), à Albany, décédé en 1898. Section d' Économie rurale : M. Demoxtzey (Gabriel-Louis-Prosper), dé- cédé le 20 février 1 898. Correspondants élus. Section de Géométrie : M. Cre.mo.xa, à Home, le 3i janvier, en rempla- cement de M. Brioschi, décédé. Section de Minéralogie : M. Depéret, à Lyon, le 21 novembre, en rem- placement de M. Pomel, décédé; M. Marsh, le 5 décembre, en remplace- ment de M. Hall, décédé. Section de Médecine et Chirurgie : M. Von Leyden, à Berlin, en rempla- cement de M. Virchow, élu Associé étranger; M. Mosso, à .Turin, en remplacement de M. Tholozan, décédé. ( '5 ) Correspondants à remplacer. Section d Astronomie : M. Gould, à Cambridge, décédé; M. Souillart, à Lille, décédé. Section de Géographie et Navigation : M. Manen, à Flenry (Seine-et- Oise), décédé. Section de Chimie: M. Kékulé, à Bonn, décédé. Section de Botanique : M. le baron de Mueller, à Melbourne, décédé. Section d' Économie rurale : M. le marquis Menarrea, à Rome, décédé; M. Demontzey, à Aix, décédé. Section d'Anatomie et Zoologie : M. Lovén, à Stockholm , décédé ; M. Steenstrup, à Copenhague, décédé. M. Wolf, avant de remettre la présidence à son successeur, s'exprime en ces termes : « Au moment de quitter ce fauteuil, je tiens à vous remercier du très grand honneur que vous m'avez fait en m'y appelant. Présider l'Académie des Sciences, c'est la plus haute fonction à laquelle puisse prétendre un Académicien, c'est le couronnement le plus envié de la carrière d'un savant : je vous suis profondément reconnaissant de me l'avoir accordé. » J'ai tâché de remplir de mon mieux les devoirs de cette charge et de faire observer les règlements de nos séances. J'ai dû, pour cela, vous adresser parfois des avertissements que votre bienveillance a toujours ac- cueillis, mais qui, je dois l'avouer, sont trop souvent restés sans effet. Peut-être même vous est-il arrivé de vous plaindre intérieurement de la tvrannie de votre Président : si parfois la forme en a été un peu rude, je vous prie d'en recevoir mes excuses. » Je dois remercier aussi MM. les Secrétaires perpétuels de l'appui bienveillant qu'ils ont constamment prêté à mon inexpérience. » Mais j'ai surtout à remercier Dieu, qui a permis que mon année de présidence fut marquée par un fait bien rare dans nos Annales. Dans le court intervalle de quinze années, de i883 à 1898, j'ai vu disparaître soixante et un de nos Confrères, plus de quatre par an ; et jamais nous ( '6) n'avons en moins de deux morts à pleurer dans l'année. Or, en 1898, nous n'avons éprouvé qu'une seule perte, perte cruelle sans doute, mais unique. » Je souhaite vivement que l'année qui commence nous soit plus clé- mente encore : c'est dire que je vous souhaite à tous, mes chers Confrères, et particulièrement à nos chers et vénérés Doyens, longue vie et santé. » M. Van Tieghem, en prenant possession du fauteuil, s'exprime en ces termes : « Mes chers Confrères, » L'année dernière, à pareille époque, quand vos suffrages m'ont appelé à la vice-présidence de l'Académie, j'étais loin de Paris, très tristement retenu par un deuil de famille. Les remerciments que je n'ai pas pu vous adresser alors, je vous les exprime bien cordialement aujourd'hui. Je ferai, vous pensez bien, tous mes efforts pour m' acquitter dignement de la lâche que vous avez, bien voulu me confier et qui sera l'honneur de ma vie. Pour qu'elle me soit facile, je n'aurai qu'à réclamer les précieux conseils de nos deux illustres Secrétaires perpétuels. Je n'y manquerai pas. Aussi bien ne sera-ce pas la première fois que j'y aurai recours. Tous deux, dans des directions différentes. M. Bertrand d'abord, un peu plus tard M. Ber- thelot, ils ont été mes maîtres et je suis heureux de pouvoir dire ici pu- bliquement tout ce que je leur dois. D'autres, hélas! ne sont plus : De- ville, Yerdet, Briot, Bernard, Decaisne, Pasteur, mes maîtres aussi, très bons, très aimés, toujours très regrettés, mais vers qui remonte, plus par- ticulièrement aujourd'hui, mon souvenir reconnaissant. Tous ensemble, les présents et les disparus, ils m'ont montré la roule; après m'a voir instruit par leurs leçons, ils m'ont aidé de leurs conseils, fortifié par leur exemple, et c'est à eux, vraiment, que je dois, et que je me plais aussi à reporter tout entier, le très grand honneur que vous m'avez fait. ( »7 ) MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur le dosage du phosphore et du soufre dans les végétaux et dans leurs cendres; pat M. Beutiielot. « Le phosphore et le soufre jouent un rôle essentiel dans la constitution des végétaux, dans celle des céréales en particulier : de là le grand intérêt que présente leur dosage pour la physiologie et l'agriculture. Or ce do- sage, tel qu'il est effectué par les procédés ordinaires, une incinération ménagée, ou une éhullition prolongée avec l'acide azotique concen- tré, est le plus souvent très inexact ('); à moins qu'on ne l'exécute en brûlant la matière par l'oxygène libre et en dirigeant les vapeurs sur une longue colonne de carbonate de soude, à une température ne dépassant pas le rouge sombre. C'est ce qui m'a engagé à revenir sur la question, avec de nouvelles déterminations expérimentales. » Je demande la permission de rappeler d'abord les chiffres suivants, qui établissent le peu de correction du procédé fondé sur l'emploi de l'acide azotique. Us ont été obtenus sur une plante annuelle, la mercuriale, et sont rapportés à iks de matière sèche : le phosphore étant dosé sous forme de phosphate magnésien; le soufre, de sulfate barvtique. Traitement par H Cl étendu Traitement par Az03H concentré et bouillant pendant seize heures. Traitement par O et CO3 Na2 au rouge sombre » J'ai cru utile de soumettre ces résultats à un nouveau contrôle, en dosant comparativement le phosphore et le soufre dans les cendres des végétaux ; ce procédé de dosage étant employé par divers expérimentateurs. Je montrerai, par des analyses complètes, les causes de son inexactitude. >> En effet, voici les résultats observés sur une Graminée, le Cynosurus cristatus (Cretelle vulgaire). Regain récolté le 6 août 1898. Jiosphore'. Soufre. 2,965 2,835 4,i54 4,555 5,44o 6,58o (') Voir le travail que nous avons publié, M. André et moi, dans les Annales de Chimie et de Physique, 6e série, t. XV, p. 1 19 et 128; 1888. C. K., 1899, 1" Semestre. (T. CXXVIII, N° 1.) 3 l 18 ) h Le calcul esl rapporté, pour chaque portion de la plante, à ik« de ma- tière séchée à 1 10". 1. Phosphore : P= 3i. Par macérai ion dans Par incinération Pai wu II très C0sNa'-+-0. froid el dilué. ménagée. Racines ■ ... ï i . \ Tiges 3, S 1,8 2,0 Feuilles \,\ 2,8 '1,0 Épis 2,0 1,7 ■'. . '1 » La première colonne indique le poids du phosphore total, existant sous des formes diverses dans chaque portion de la plante; la deuxième colonne est relative à un dosage fait à froid avec un acide étendu : elle peut être regardée comme se rapportant à l'acide phosphorique préexis- tant, ou facilement régénérable par hydratation. Cet acide a été précipité d'abord à l'état de sel ferrique, redissous dans l'acide azotique étendu, reprécipité par le molvbdate, puis transformé en phosphate ammoniaco- magnésien, et ce dernier calciné. On voit que la troisième colonne, par incinération, fournit des chiffres trop faibles, précisément comme l'ébul- lilion, même très prolongée, avec l'acide azotique concentré. 11. -- Soufre : S 32. Par macération dans l'.n M Cl Par incinération COaNa2-t-0. froid el étendu. ménagée Racines o,So 0 . ■■> 0,27 Feuilles 2, S 1 . \ 1 . <> Epis 3,i 0,7 1,1 La première colonne indique le soufre total, existant sous diverses formes dans la plante; » La deuxième colonne se rapporte à l'acide sulfurique, préexistant, ou facilement régénérable par hydratation; » On voit que la troisième colonne fournit des chiffres trop faibles, aussi bien que l'ébullition, même très prolongée, avec l'acide azotique concentré. » Les seuls chiffres exacts sont ceux que l'on obtient par une oxydation ( [9 ) suffisamment lente, effectuée à haute température, à l'aide de l'oxygène libre et d'une longue colonne de carbonate alcalin. » On peut aussi réaliser cette combustion en opérant dans l'oxvgène comprimé à 23 atmosphères, au sein de la bombe calorimétrique, par exemple, ainsi que je l'ai vérifié. Mais il est difficile de brûler ainsi des poids considérables de matière; ce qu'il est nécessaire de faire pour doser quelques millièmes de soufre ou de phosphore. » J'ai également eu recours au mélange des matières avec cinq fois leur poids d'azotate de potasse en poudre fine, le tout étant projeté par très petites portions, dans un vase de porcelaine chauffé préalablement au rouge : ce qui fournit en effet des résultats meilleurs, sans être pourtant tout à fait exacts. Non seulement l'opération est délicate, à cause des pro- jections, mais il arrive que les substances volatiles, les composés sulfurés en particulier, lorsqu'on opère en vase ouvert et sous la pression ordi- naire, sont exposés à s'échapper, avant d'avoir atteint la température de leur réaction sur l'azotate de potasse. » Avant de discuter d'une façon plus approfondie les conditions qui rendent inévitables un certain nombre d'erreurs dans les incinérations de matières végétales, il paraît utile de présenter les résultats de quelques déterminations complètes des éléments minéraux contenus dans ces ma- tières, d'indiquer quelles conditions théoriques il conviendrait de remplir pour que le soufre et le phosphore fussent entièrement retenus dans les cendres, et jusqu'à quel point ces conditions sont remplies en fait dans la pratique expérimentale. » On a déterminé les éléments suivants : d'une part, les métaux alcalins, qui se réduisent en pratique au potassium et au sodium; d'autre part, les éléments acidifiables, c'est-à-dire le soufre, le phosphore et le chlore. On y joint, à titre de renseignement, le carbone des carbonates trouvés dans les cendres, et le silicium. » Ces données une fois acquises, pour établir la répartition des métaux alcalins et des éléments acidifiables dans les sels des cendres, on calcule séparément les deux sommes suivantes : » I. Somme des valences relatives aux métaux salifiables; elle s'établit en divisant le poids de chaque métal trouvé à l'analyse par le quotient de son poids atomique par sa valence; soit 3g, 1 pour R, ~ pour Ca. » II. Somme des valences relatives aux éléments acidifiables. Elle s'éta • blit de la même manière; mais avec certaines alternatives, dues à la multi- 20 ) plicité des sels susceptibles d'être formés par les acides dérives de ces élé- ments. » Précisons : » i° Le soufre engendrant uniquement des sulfates dans le cas actuel, sa valeur se calcule en divisant le poids de cet élément/?,, trouvé à l'ana- lyse, par la moitié du poids atomique, en raison du caractère biva- lent de ce poids atomique; soit V = - !• » 2° Le phosphore peut engendrer dans les cendres, soit des métaphos- phales monobasiques, soit des phosphates normaux tribasiques. Ue là deux valences possibles, la première se calculant en divisant le poids pa du phosphore, trouvé à l'analyse, par le poids atomique 3i, soit ^p; et la se- conde valeur répondant à ~— » 3° Le chlore p3, trouvé dans les cendres, y est à l'état de chlorure, c'est-à-dire monovalent : ce qui répond à - . ' . ■ » 4° Le carbone des carbonates des cendres (/>i) répond à la valeur f|X2 __ /'; 12 "6 ï° Quant au silicium (ps), il forme uniquement de l'acide silicique cl des silicates, de valence mal connue, que j'évaluerai pour simplifier en regardant cet acide comme monovalent, dans les silicates des cendres, soit £§• 20 » Celte valence n'intervient point d'ailleurs dans les calculs suivants, au- trement que comme limite virtuelle de saturation. » Observons que les mêmes calculs pourraient être établis, en partant des lois de Berzélius sur les rapports entre l'oxygène des acides et ceux des bases, mais avec moins de clarté. » Présentons maintenant les données expérimentales, relatives à la plante citée plus haut. Cynosurus crislatus. Regain. — Récolte du 6 août 1898. Racines : iks(séchées à iio°). Éléments. Poids. Valence relative. K u,3 o , 29 | o 8 Ca 3,8 o , 1 y i ' 2J Eléments. Poids. Valence relative. S total 0,80 o,o5 S des sulfates préexistants o,4o » S des sulfates d'incinération 0,27 » P total 2,20 ( estimée pour les phos- , 21 < . . ( pliâtes tribasiques. ) l estimée pour les méta- ' °'°7 1, 1 , ( phosphates. P des phosphates préexistants ">4° » P des phosphates d'incinération 1 , 4o » Cl (incinération) 0,70 0,02 C (des carbonates d'incinération) . . . o,4o 0,07 Si 4o,4 i,4? La somme des valences alcalines est o,4S La somme des valences des éléments acidifiables (S. P trivalent, Cl). . . . 0,28 » Cette somme est obtenue en écartant le carbone et le silicium, c'est- à-dire inférieure à la valence alcaline : infériorité que le carbone des carbonates ne compense pas. Un quart, au moins, des bases devrait donc concourir à former des silicates; mais la proportion de ceux-ci est plus forte en fait. » En effet, il semblerait que la totalité des éléments acidifiables envi- sagés dût être retenue par les bases alcalines, pendant l'incinération. Cependant, il y a eu perte de près de moitié du phosphore et des deux tiers du soufre : ce qui paraît signifier qu'une portion au moins de ces éléments était engagée dans des combinaisons organiques, dont ils se sont dégagés sous forme de composés volatils. Pour le phosphore, d'ail- leurs, la dose retrouvée après incinération est plus que double de la dose de phosphates préexistante, c'est-à-dire isolable dans l'état de dissolution étendue. Pour le soufre, un tiers de cet élément, préexistant dans les sul- fates isolables à froid, a été perdu au cours de l'incinération. » Des déterminations analogues ont été faites sur les tiges, les feuilles et les épis de la même espèce. Mais le détail en serait peu intéressant: il suffira de dire que, dans les feuilles, la somme des valences alcalines était également supérieure à celle des valences acides, et qu'il y a eu toutefois une perte de près de moitié sur le soufre et d'un dixième sur le phosphore. Pour les épis, au contraire, la somme des valences alcalines étant o,56, la somme des valences acides, c'est-à-dire 0,77 [soit o,5o (soufre) -+- 0,2/1 (phosphore estimé comme monovalent) + 0,01 \ (chlore) + 0,017 (carbo- ( 22 ) Dates)], la surpasse; c'est-à-dire qu'il v a eu nécessairement perte de phos- phore et de soufre, cette perte ayant porté en fait et pour la plus forte partie sur le soufre. » On voit, par cet exemple, combien la composition des cendres peut différer des proportions réelles des divers éléments minéraux contenus dans un végétal. » Examinons maintenant de plus près pourquoi l'incinération simple ne fournit pas et ne saurait fournir, en général, des dosages exacts du soufre et du phosphore. Pour qu'il en fût ainsi, il serait nécessaire que la com- bustion eût lieu, à la fois, et du commencement jusqu'à la fin, en présence d'un excès d'oxygène ; qu'elle fut totale pendant toute la durée de l'opéra- tion; enfin qu'elle eût lieu à la fois à une température suffisamment haute et avec le concours dune proportion d'alcali capable de changer en sul- fates et en phosphates la totalité du soufre et la totalité du phosphore de la plante. » Si la température n'est pas assez élevée, le soufre et même le phosphore pourront s'échapper en partie, sous la forme de composés volatils préexistant dans la plante, ou susceptibles de se former par la décomposition des principes immédiats. Cette cause d'erreur existe parti- culièrement pour les essences et autres composés sulfurés. A ce point de vue, les perles sur le soufre pendant l'incinération devront être plus mar- quées que celles du phosphore, élément contenu surtout dans des nu- cléines et principes fixes congénères. » Ce n'est pas tout; si l'oxygène fait défaut, à une température plus haute, le soufre et le phosphore peuvent s'échapper en partie à l'état d'éléments libres, ou de combinaisons non peroxvdées, telles que l'acide sulfureux; ou bien encore à l'état d'acides sulfurique et phosphorique, anhydres ou hydratés (en raison de la formation simultanée de l'eau, dans la combustion des composés organiques). » En outre, ces acides seront susceptibles, soit d'être volatilisés, soit d'être réduits par le carbone et l'hydrogène; soit enfin de réagir à chaud, chacun sur les sels formés par l'autre, l'acide sulfurique déplaçant une partie de l'acide phosphorique dans les phosphates, et réciproquement; de même l'acide phosphorique déplaçant en partie l'acide sulfurique dans les sulfates. Des déplacements analogues s'effectuent, même au rouge et avec le concours de la vapeur d'eau, par l'action de l'acide silicique et même, dans quelque mesure, de l'acide carbonique. De même, parce genre ( 23 (le réactions, les chlorures alcalins peuvent perdre du chlore, sous forme d'acide chlorhydrique ; sans préjudice de leur volatilité propre au rouge. Toutes ces réactions sont constatables en fait sur les sels isolés, et véri- fiables par l'analyse des incinérations végétales. » On voit par là comment la détermination des engrais complémentaires, si nécessaires en agriculture, ne saurait être établie que par des méthodes d'analvse tout à fait rigoureuses. » CHIMIE VÉGÉTALE. Sur la présence et le dosage du chlore dans les plantes: par M. Berthelot. « Les plantes renferment une petite quantité de chlore et l'on admet que ce chlore s'y trouve sous forme de chlorures alcalins et terreux. Cependant l'existence de certains composés organiques d'iode dans les varechs, pro- duits végétaux, et dans le corps thyroïde, organe animal, autorise à cet éçard quelque réserve. Il parait dès lors utile d'instituer des méthodes propres à doser le chlore total dans un tissu organique, quel qu'en soit l'état de combinaison. Ce problème est analogue à celui qui est traité dans la Note précédente et la solution est facile à obtenir par la même méthode, qui sert à doser le soufre et le phosphore total. » Il suffit en effet de brûler la matière organique, par exemple, celle d'une plante préalablement desséchée dans un courant d'oxygène, en diri- geant les gaz et produits volatils à travers une colonne de carbonate de soude ou de potasse parfaitement purs, chauffée au rouge sombre. Tout le chlore est ainsi changé en chlorures alcalins, qu'il est facile de doser ensuite. Cette expérience a été réalisée sur des feuilles de blé, récoltées le 10 juin 1893. On a réduit la matière en très petits fragments, afin de con- stituer un échantillon moyen. On a opéré sur iogr,82 de matière sèche; on a obtenu : AgCl — oe',i6i \, c'est-à-dire Cl =0,0399 : solt °'^7 Pour IO°- » Nous avons cherché à doser le chlore dans la même matière par deux autres procédés, comme termes de comparaison : » i° En la soumettant à une incinération ménagée, opérée à la plus basse température possible, et sans chercher à brûler complètement le charbon. On reprend les- produits par l'acide azotique étendu et froid, et l'on précipite, avec les précautions ordinaires, le chlore sous forme de chlo- rure d'argent. Nous avons obtenu ainsi, avec i6<:r,86 de la même matière : Cl=ogr,o5io; soit o,3o pour ioo. ( 24 ) » Ce dernier nombre est inférieur d'un cinquième au premier : c'est- à-dire que l'on a perdu dans l'incinération environ ofer,',oi2 de chlore, perle qui surpasse les erreurs d'expérience. Il parait donc que, dans une incinération, même très ménagée, on est exposé à perdre une partie du chlore. Cette perte s'explique d'ailleurs par la réaction sur les chlorures alcalins préexistants, exercée par l'eau produite dans la combustion ; sur- tout si l'on y ajoute le concours des acides silicique, phosphorique et sul- furique, formés par les éléments de la plante et susceptibles d'en décom- poser les chlorures, en formant de l'acide chlor hydrique pendant cette même combustion. » Il est telle proportion de phosphore et de soufre qui pourrait même entraîner de cette façon une déperdition presque totale du chlore. Il en serait de même, évidemment, si l'on ajoutait de l'acide azotique ou sulfu- rique aux cendres, pour achever la destruction du charbon. » Ajoutons enfin que la perte de chlore aurait lieu encore d'une autre façon, si l'on prolongeait l'incinération en élevant la température des creu- sets jusqu'au rouge, les chlorures de sodium et de potassium étant suscep- tibles de se volatiliser dans ces conditions. » Nous avons recherché s'il était possible de distinguer le chlore total, obtenu dans les conditions qui viennent d'être définies, du chlore préexis- tant à froid dans la plante, sous forme de chlorures; mais les essais n'ont pas donné, à cet égard, de résultats bien nets. Lorsqu'on a traité une plante* à froid par l'acide azotique étendu, même employé en grand excès, et que l'on a précipité ensuite la liqueur filtrée par l'azotate d'argent, le précipité renferme, au moins dans tous nos essais, des sels d'argent et matières insolubles diverses, autres que le chlorure d'argent. Ce précipité, recueilli et séché à la façon ordinaire à no°, ne présente aucun caractère défini. Lorsqu'on le fond et le calcine doucement, une dose d'argent notable se trouve réduite et mélangée au chlorure d'argent inaltéré. A la vérité, il est facile d'enlever cet excès d'argent par l'acide azotique : mais il n'est pas douteux que l'argent réduit provient, pour une fraction incon- nue, du chlorure d'argent. Cependant, même dans ces conditions, la dose du chlorure d'argent subsistant, d'après notre essai, ne s'est pas écartée énormément de celle qui répondrait au chlore total ; mais la différence était trop forte pour permettre de conclure. » Il serait dès lors bien difficile de constater par cette voie la présence d'une matière organique chlorée dans un tissu végétal ou animal; à moins que la dose de chlore constatée dans un dosage total ne surpassât la dose ( ^ ; équivalente aux métaux alealino-terreux et autres, que l'on aurait constatée par incinération. » Admettons que, dans les conditions d'incinération envisagées, le poids du chlore trouvé dans les cendres, quoique trop faible, ne s'écarte pas en gé- néral beaucoup de la vérité, et nous pourrons discuter l'origine minérale de ce chlore, d'après l'analyse des cendres. Il s'agit, par exemple, de savoir si ce chlore peut avoir été introduit dans la plante sous la forme de chlo- rure de sodium, comme diverses personnes l'ont quelquefois admis : prin- cipalement dans l'intention de rendre compte du sodium rencontré en certaine quantité dans divers végétaux. Voici quelques données expéri- mentales à cet égard. Elles ont été obtenues avec une Graminée, le Cynosurus cristatus, recueillie dans une prairie de la station de Chimie végétale de Meudon. » Dans un échantillon développé au soleil (juin), on a trouvé sur ioosr de matières sèches, après incinération : Racines. Tiges. Feuilles. K 0,81 2,36 i ,g3 Na 0,16 0,24 o,i3 Cl o,36 0,29 o,38 » Le chlore surpasse la proportion équivalente du sodium dans deux cas; il lui est inférieur dans un seul : mais il demeure toujours fort au- dessous de celle du potassium. » Dans un autre échantillon de la même plante, qui avait poussé à l'ombre, on a trouvé, à la même date : Racines. Tiges. Feuilles. K 0,21 1 ,39 0,70 Na o,oo3 0,02 o,oo3 CI o,o5 0,26 0,18 » Ici le sodium est constamment en proportion très faible, sinon même au-dessous des erreurs expérimentales. Le chlore, quoique faible égale- ment, est toujours en excès par rapport au sodium. » Citons encore les chiffres suivants, relatifs à un échantillon de regain de la même plante, où la dose relative de sodium était beaucoup plus forte et, à quelques égards, exceptionnelle : Épis (août). iv Qjg1 Na o,38 Cl 0,62 C. R., 1899, 1" Semestre. (T. CXXV1II, N" 1.) 4 ( ^6 ) » Le chlore surpasse ici notablement le poids équivalent au sodium. » Or les pertes possibles de chlore dans l'incinération ne sauraient que tendre à exagérer un semblable excédent. » D'après ces données, quelle que soit la répartition des acides et des bases dans la plante, la dose de chlore est, dans la plupart des cas, trop forte, comparée à celle du sodium, pour que l'on puisse admettre que tout ce chlore ait pénétré dans la plante actuelle à l'état de chlorure de sodium ; à moins de supposer qu'une portion de ce sodium ait été éliminée par quelque double décomposition ou précipitation, au moment de l'absor- ption par les racines du liquide aqueux, susceptible de renfermer le chlo- rure de sodium en dissolution. » CHIMIE ORGANIQUE. — Préparation et propriétés d' un ammonium organique : le lithium-monomélhylammonium. Note de M. Henri Moissax. « Après avoir préparé le lithium-ammonium et le calcium-ammonium par l'action de l'ammoniac liquéfié sur ces métaux, nous avons voulu étendre la question et rechercher ce que donneraient les ammoniaques composées. Pour cela, nous nous sommes adressé à la plus simple de ces ammoniaques, à la méthylamine . Cil' \/- Il . ' n » Cette ammoniaque composée, qui est gazeuse à la température ordi- naire, a été liquéfiée dans des tubes scellés au contact des métaux suivants : potassium, sodium, lithium et calcium. Les trois premiers métaux étaient sous la forme de fds parfaitement décapés, et le dernier en cristaux brillants. » Aux températures comprises entre -f-2O0 et — 5o°, le potassium, le sodium et le calcium n'ont pas donné de combinaison immédiate à la con- dition que la méthylamine soit pure et bien exempte d'ammoniac. Au contraire, le lithium nous a fourni de suite vers o°, point de liquéfaction de la monométhylamine, une solution bleue qui se produisait avec dégage- ment de chaleur. » Dans les tubes scellés contenant les autres métaux, il ne s'est produit après plusieurs semaines aucune coloration, aucun dépôt et le métal a con- servé tout son brillant. ( 27 ) » Préparation du lithium-méthylammonium. — La monométhylamine, employée dans ces expériences, a été préparée par le procédé de M. Bro- chet (' ). On a fait réagir l'aldéhyde formique sur le chlorhydrate d'ammo- niaque. Le chlorhydrate de méthylamine a été séparé ensuite de l'excès de chlorhydrate d'ammoniaque par des cristallisations successives dans l'alcool anhydre. » Notre appareil producteur de méthylamine comprenait un ballon de verre de 200cc environ, fermé par un bouchon en caoutchouc qui livrait passage à un tube à brome et à un tube à dégagement. Ce dernier était en communication avec un laveur à lessive de soude de petite dimension. « La méthylamine gazeuse se séchait ensuite dans deux tubes en U, fermés par des robinets de verre rodés et dont le premier contenait de la potasse refondue au creuset d'argent, et le second du fil de sodium bien brillant, légèrement tassé. Les différentes parties de cet appareil sont reliées entre elles par du caoutchouc noir totalement exempt de soufre. La méthylamine liquide, comme l'ammoniac liquéfié, dissout, en effet, le soufre avec la plus grande facilité. La solubilité de ce métalloïde dans la monométhylamine est tellement grande que le caoutchouc vulcanisé est immédiatement attaqué par cette ammoniaque organique. » A la suite de cet appareil, nous avons disposé le tube en U, à robinets de verre rodés, qui nous a servi dans nos expériences précédentes pour préparer les métaux-ammoniums. Dans ce tube, on plaçait le lithium sous forme de fils brillants. L'une des deux tubulures recevait le courant de mé- thylamine et l'autre élait en communication avec un tube vertical refroidi à — 2o° et destiné à condenser l'excès de méthylamine gazeuse. Ce dernier tube conduisait les gaz, qui pouvaient se produire, sur une cuve à mercure, au moyen d'un tube abducteur d'au moins om,8o de hauteur. L'appareil renfermant le lithium pouvait être refroidi au moyen d'un mélange d'acide carbonique solide et d'acétone. » Le tube contenant le lithium est d'abord taré, puis pesé avec le métal. On fait ensuite traverser tout l'appareil par un courant de méthylamine gazeuse. Pour cela, on laisse écouler du tube à brome une dizaine de cen- timètres cubes d'une solution très concentrée de soude caustique. Puis on chauffe légèrement. En réglant la flamme, on obtient un courant très régulier de méthylamine gazeuse. » Après un certain temps, on recueille le gaz sur la cuve à mercure et (') Brochet, Bulletin de la Société chimique, année 1895. ( a8 ) l'on s'assure, en traitant par l'eau bouillie, que l'appareil est entièrement privé d'air. Pour reconnaître si la méthylamine était pure on la condensait au moyen d'un mélange, réfrigérant dans un tube qui contenait du potas- sium ou du calcium. Lorsque la méthylamine bien sèche ne renferme pas d'ammoniaque, il ne se produit aucune coloration. Dans le cas contraire, il se fait une solution bleue de métal-ammonium. » Le tube à lithium est ensuite refroidi à — 20", la méthylamine se con- dense et vient mouiller le métal. On voit aussitôt des stries bleues abon- dantes se produire en même temps que la température s'élève. En peu d'instants, le métal a complètement disparu et il reste un liquide bleu, de couleur très foncée, n'ayant pas de reflets mordorés et d'un aspect notablement différent de la solution dans l'ammoniac, du lithium-ammo- nium. Lorsque la dissolution du métal est complète, on laisse se condenser un nouvel excès de méthylamine, puis on arrête le courant gazeux. Le tube bleu est alors sorti du mélange réfrigérant, on le laisse reprendre la température du laboratoire, puis on le porte dans un bain d'eau à tempé- rature constante. » Le produit est encore liquide, très épais, d'un bleu foncé presque noir; sa compensation est très voisine de la formule I F < c«- Az < i \z I H I H I ce qui correspond à (AzH2CH3)3Li. » Cette composition est donnée par les synthèses suivantes : Théorie Li % pour Li pour 100. (AzH3CH3)sLi. o + 17 6,18 7,00 + i'( 6,98 » -H 1 1 8 , 66 » » Ce produit doit être considéré comme une solution de lithium-méthyl- ammonium dans la méthvlaminc. » Nous ferons remarquer que nous avons obtenu pour le lithium-ammo- nium en présence de l'ammoniac une solution comparable répondant à la formule AzTPLi,2AzH\ ( 99) » Si l'on continue à éliminer l'excès de monoéthylamine, soit en faisant le vide dans l'appareil, soit en élevant la température du tube qui contient le liquide bleu, on voit bientôt apparaître des cristaux brillants de lithium métallique. Dans celte réaction il ne se dégage aucun gaz. Cette prépara- tion est facile, mais nous devons faire remarquer cependant que le lithium- méthylammonium est plus attaquable par l'oxygène et l'humidité que le lithium-ammonium. En laissant ce composé se dissocier soit dans le vide à la température ordinaire, soit en chauffant, jusqu'à apparition d'une petite quantité de métal persistant, on arrive facilement à obtenir un corps solide d'un bleu foncé répondant à la formule Cil' H H Li » C'est un ammonium organique correspondant au lithium-ammonium H , H Az H Li » Les expériences synthétiques suivantes en établissent la formule. Théorie pour 1. 2. 3. 4. AzrPCH'Li. Lithium pour ioo. . . i8,65 18,76 18, 32 18,02 18,^2 » Les dosages de méthvlamine nous ont fourni les chiffres suivants : 1. 2. Théorie. AzrPCH3 pour 100 82,10 82,45 81, 58 » Ce composé est solide à la température ordinaire; cristallisé, il forme le long du tube des arborescences qui tendent toujours à grimper. Il possède comme le lithium-ammonium un aspect mordoré mais de couleur moins vive. Il est stable à la température ordinaire; sa tension de dissocia- lion est inférieure à la pression atmosphérique. Dans le vide, ou par une élévation de température, si l'expérience est assez rapide, il se dissocie en méthylamine qui a été titrée et en lithium brillant et très bien cristallisé. » Un mélange de méthylamine et d'éther anhydre donne avec le lithium- méthylammonium une solution bleue parfaitement stable à la tempéra- ( 3o ) turc ordinaire. Si l'on ajoute à cette solution un excès d'éther, la couleur bleue disparaît et il se forme un précipite gris décomposable par l'eau. » Au contact de la benzine ou de l'essence de térébenthine, cet ammo- nium organique est détruit rapidement. Il réagit avec violence sur le tétra- chlorure de carbone, le chloroforme et l'iodure d'éthyle. Enfin il fixe avec rapidité l'oxygène et l'azote même à froid, tandis qu'il n'a pas d'action sur l'hydrogène à la température du laboratoire. En présence de l'eau froide, il est immédiatement décomposé en méthylamine et lithine hydratée AzH2CH3Li -h H30 = LiOH -h H -+- AzH2CH\ » En résumé, il existe un ammonium organique de lithium correspon- dant au lithium-ammonium. Nous poursuivons l'étude de l'action du lithium sur les autres ammoniaques composées. » MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Influence des armatures métalliques sur les propriétés des mortiers et béions. Note de M. CoxsinftRE. « Ma Note insérée aux Comptes rendus du 1 2 décembre 1898 donne, sous forme de Tableau, les résultats de la flexion du prisme armé n° 34. Il a supporté, sans aucune avarie apparente, le moment de 78kE"\G8; l'allon- gement du mortier a atteint le chiffre de imm,p8o par mètre, c'est-à-dire environ vingt fois l'allongement maximum que les matières identiques peuvent prendre, avant de se rompre, quand on les soumet à la traction simple sans armatures. » Le prisme n° 3 1 , fabriqué en même temps que le prisme n° 34, avec du mortier de la même gâchée, mais non pourvu d'armatures, a été essayé par flexion dans des conditions identiques; il s'est brisé sous le moment sept fois moindre de 1 ikgm, 48, avec un allongement, de omm, 266. J'explique- rai plus loin pourquoi le même mortier a pris des allongements par mètre de omm,ioo par traction simple, de omm,266 par flexion simple, et de imm,98o par flexion dans un prisme armé. Mais il importe de dégager d'abord des résultats obtenus les lois de la déformation du mortier dosé à 433ks de ciment de Portland par mètre cube de sable, dont étaient formés les prismes nos 31 et 34. » L'essai du prisme non armé n° 31 a permis de mesurer le coefficient d'élasticité de ses fibres comprimées et tendues, qui était égal à 3, 10 X 109 et a donné ainsi la tan- gente à la courbe de déformation à l'origine, c'est-à-dire à la limite séparative des ( 3i ) allongements et des raccourcissements pris pour abscisses. Les ordonnées étaient les tensions et pressions correspondantes. » Pour chaque moment de flexion supporté par le prisme et inscrit dans la colonne 1 du Tableau, la colonne n indique la fraction de ce moment qui était produite par le mortier travaillant par extension. » Pour en déduire la tension moyenne de ce mortier, il faut connaître la distance de son point d'application à la résultante des compressions des fibres comprimées, dont une partie lui faisait équilibre, le surplus équilibrant la tension du fer. On ne connaît pas, a priori, cette distance, parce qu'elle dépend précisément de la courbe de défor- mation qu'il s'agit de déterminer; mais, par des tâtonnements successifs et en com- mençant par les moments de flexion les plus faibles, où l'élasticité diffère encore très peu de sa valeur initiale déjà connue par l'essai du prisme non armé n° 31, on arrive de proche en proche à trouver, pour la courbe de déformation du mortier, une forme qui correspond aux chiffres inscrits dans les colonnes 10 et 11 du Tableau, avec le degré d'approximation qu'on peut espérer en pareille matière. 11 est d'ailleurs évident qu'il ne peut y avoir qu'une seule courbe de déformation qui satisfasse, à la fois, aux conditions résultant des chiffres des colonnes 10 et ri. Il pourrait n'y en avoir aucune, si ces chiffres étaient erronés. » Le Tableau ci-dessous donne les abscisses (allongements et raccourcissements) et les ordonnées (tensions et compressions) de la courbe de déformation. Allongements du mortier o Tensions correspondantes iiks, 5 Raccourcissements du mortier. . o Compressions correspondantes. . 2 » D'après les incertitudes que comporte la méthode employée pour obtenir ces chiffres, j'estime qu'ils peuvent renfermer des erreurs de -^ environ. » Les valeurs des tensions et compressions sont bien d'accord avec ce que l'on sait des propriétés des mortiers el bétons, qui résistent beaucoup mieux à la compression qu'à la traction. Ce qui est nouveau, c'est l'allon- gement très grand que le mortier prend sans se rompre, quand il est armé. » Ces résultats concordent aussi avec l'essai de flexion du prisme non armé n° 31, qui a résisté à une tension de i6kg,o, en prenant l'allongement de o""n,20i avant de se déformer sans nouvelle addition de charge, jusqu'à l'allongement final de 0,266 sous lequel il s'est brisé, comme on l'a déjà vu. » Quand, par des essais analogues, on aura obtenu la courbe de défor- mation du mortier employé dans un prisme quelconque, armé d'un fer dont la courbe de déformation sera également connue, on aura évidemment les éléments nécessaires pour déterminer graphiquement, à chaque phase de sa flexion, d'abord la position de l'axe neutre, ensuite les tensions ou pres- sions qui se produiront en tous les points du mortier et des armatures. mm f\f. 0mm,I0 Om,",25 omm, 5o Imm,0O imm,5o imm,g! i%5 I6kï i8ks 2IkS 2IkS,l 2 1kS,2 21kS,3 mm,o4 Omm,IO Omm, 23 om,1,,5o Imm,00 Im"\2S oks 35ks 66k« ioSks i77ke 207k8 ( 32 ) Dans une publication consacrée à la pratique en même temps qu'à la théorie des procédés de construction, j'indiquerai les règles pratiques que l'on peut en déduire pour le calcul des mortiers et bétons armés. » D'après la forme aplatie de la tourbe de traction du mortier, on pourrait penser (pie la tension de ses fibres allongées ne contribue que dans une mesure peu importante à la résistance totale; et, en effet, elle n'en a fourni que 24 pour 100 lorsque le moment de flexion s'est élevé au chiffre considérable de ^8Ksui, 68 ; mais, dans la limite des efforts que l'on admet en pratique et qui correspondent sensiblement au moment de i9kKm,88, la résistance produite par les fibres tendues du mortier a formé près de 70 pour 100 de la résistance totale du prisme armé n° 34. » On voit quelle erreur théorique on commet en admettant, avec la plupart des constructeurs, que le mortier et le béton tendus se brisent avant que le fer travaille efficacement, et que, par suite, la résistance des pièces années résulte seulement du couple formé par la tension du fer et la réaction du béton comprimé. » Ce n'est pas ici que l'on doit discuter les restrictions à ces conclusions scientifiques, que commande l'éventualité des malfaçons et des accidents qui se produisent dans les constructions, et la mesure dans laquelle il est prudent de tenir compte des usages des constructeurs. Je laisse de côté ces questions, cependant très importantes, pour donner l'explication des faits observés, qui m'a été suggérée par l'étude de la déformation des métaux. » Si l'on soumet à une traction simple une tige cylindrique d'acier doux, par exemple, elle se déforme d'abord régulièrement dans toute sa longueur, jusqu'à ce qu'elle ait pris un allongement uniforme de 18 à 22 pour 100. A ce moment, elle subit en un point la striction, suivant l'expression consa- crée, c'est-à-dire s'étrangle de plus en plus en un point, jusqu'à ce que la rupture s'y produise après réduction à la moitié ou même au tiers de l'aire de la section transversale primitive. Si donc on considérait en gros le phénomène, on penserait que le fer ne peut prendre qu'un allongement de 18 à 22 pour 100, et cependant, dans certaines sections, il s'allonge de 200 à 3oo pour 100. On constate des faits tout autres, si l'on soumet une tige identique d'acier à un moment de flexion uniforme dans toute sa lon- gueur. Elle fléchit et ses fibres tendues prennent partout, avant de se rompre, un allongement voisin de celui de 200 à 3oo pour 100 qui, dans la traction, ne se réalise que dans une seule section. J'ai donné l'explica- tion suivante de ces faits, dans un Mémoire inséré en 1 885 aux Annales des Ponts et Chaussées : ( 33 ) « Pour un allongement donné, la résistance totale d'une section trans- versale d'une tige tendue est égale au produit ST de sa surface S par sa tension T rapportée au millimètre carré. Si l'on pousse la déformation plus loin, la résistance de cette section devient (S — AS) (T -+- AT) et elle peut être plus grande ou plus petite que ST. Dans le premier cas, les différentes sections de la tige sont en équilibre stable ; car, si l'une d'elles tend à céder plus que les autres, sa résistance totale devient vite égale à celle des autres sections, à cause de son excès d'allongement qui, par conséquent, ne s'ac- centue pas davantage. Dans le second cas, les sections sont en équilibre instable; car, lorsque la plus faible (et il y en a toujours une) cède plus que les autres, elle devient moins résistante et s'allonge jusqu'à rupture, tandis que les autres cessent absolument de se déformer davantage. J'ai démontré, en i885, que l'allongement pour lequel commence la striction correspond au point où la tangente à la courbe de déformation coupe l'axe des abscisses à gauche de l'origine et à une distance égale à l'unité. » Telle est l'explication de la striction qui se produit dans les métaux soumis à la traction simple. Dans la flexion, il ne se produit pas de striction, et cela pour deux raisons. D'une part, la surface totale des sections trans- versales ne diminue pas, parce que le gonflement des fibres comprimées compense l'amincissement des fibres tendues; d'autre part, lorsque les fibres superficielles arrivent au point critique où (S — AS)(T -t- AT) devient plus petit que ST, il n'en est pas encore de même des fibres intérieures, qui ne sont pas aussi déformées et auxquelles, par conséquent, tout accroisse- ment de déformation donne encore un grand accroissement de résistance. » On n'a jamais aperçu et peut-être n'apercevra-t-on jamais de striction dans les ciments et les mortiers, à cause de l'extrême petitesse de leurs déformations et de l'irrégularité de leurs surfaces; mais néanmoins il peut y en avoir une, qui produise les mêmes effets relatifs que dans les métaux. Cette pensée m'a conduit à rechercher d'abord si l'allongement de flexion des mortiers était, comme celui des métaux, plus grand que l'allongement de traction simple, et j'ai cru reconnaître que le rapport de ces deux allon- gements varie, en effet, de i,5 et généralement de 2 à 3, avec une moyenne de près de 2,5. J'ai tenu à le faire vérifier : grâce à l'obligeance de M. l'ingénieur en chef Debray, le fait a été confirmé par de nombreuses expériences, au laboratoire de l'École des Ponts et Chaussées. Il est, du reste, d'accord avec quelques essais dont on n'avait pas signalé l'importance. » La constatation de ce fait n'épuisait pas la question ; car rien ne prou- vait que le mortier prit dans la flexion tout l'allongement moléculaire dont C. P.., 1899, 1" Semestre. (T. CXXVIII, N° i.) 5 ( 31 ) il est capable. Si en effet, à partir d'une certaine déformation, l'accroisse- ment de tension correspondant à une augmentation d'allongement est moindre encore dans les mortiers que dans les métaux, il peut arriver que les causes d'augmentation de résistance, spéciales à la flexion, que j'ai si- gnalées plus haut, ne puissent pas faire compensation à la faiblesse de l'accroissement de résistance des fibres tendues, et que pour les mortiers, à l'inverse de ce qui se produit dans les métaux, la striction se produise dans la flexion plus tard que dans la traction, mais néanmoins avant que les fibres tendues aient pris partout l'allongement maximum dont elles sont susceptibles. S'il en est ainsi, l'addition de barres de fer noyées, en quantité suffisante ('), dans les fibres tendues du mortier, doit uniformiser l'allongemeut et, par suite, augmenter sa valeur moyenne, qui peut seule être mesurée. En effet, si une section plus faible cède la première, le fer, dont l'élasticité est très grande, v produit un supplément considérable de résistance, qui retarde sa déformation prématurée. On a vu que l'expé- rience a confirmé ces prévisions et que le même mortier a supporté, sans se rompre, des allongements de omm, 100, de omm,266 et d'au moins imm,p,8o, suivant qu'il était soumis à la traction, à la flexion en prisme non armé, ou à la flexion en prisme armé. » L'augmentation de l'allongement sans fissure du mortier et du béton, par l'effet des armatures, augmente de beaucoup les chances de durée des constructions qui ont besoin de déformabilité (tassements de fondations, dilatations inégales dues à des inégalités de température), d'étanchéité (ré- servoirs), ou de résistance vive aux chocs. » Les résultats donnés par le prisme n° 34 mettent en lumière un fait très important. Le fer écroui et l'acier dur, qualité rails, dont la limite d'élasticité est voisine de 4okR» peuvent travailler jusqu'à cette limite sans que le mortier ou le béton se désagrège. Ils communiquent donc aux pièces armées une résistance deux fois plus grande que le fer employé jusqu'ici, dont la limite d'élasticité est inférieure à 20kg. » Nota. — M. Ilarel de la Noë vient de me communiquer un Rapport adressé à M. le Ministre des Travaux publics, où il a émis l'avis que, pour expliquer les fails connus, il faut admettre que le béton armé peut s'allonger beaucoup plus qu'on ne l'admettait. Je tiens à le constater ici. » (') Dans le prisme n" 34-, la section du fer était de j1, de celle du prisme et le environ de celle des fibres de mortier travaillant follement par traction. ( 35 ) MEMOIRES PRESENTES. ASTRONOMIE. — Constitution de l'anneau des petites planètes. Mémoire de M. Jean Mascart. (Extrait par l'Auteur.) (Commissaires : MM. Wolf, Appell, Radan.) « A un seul terme de la loi de Titius, à la distance 2,8 du Soleil, a dû correspondre une région d'instabilité pour la condensation planétaire et c'est dans cette partie du système solaire que l'on connaît actuellement quatre cent cinquante astéroïdes, anneau d'autant plus intéressant que l'on y peut rencontrer la plus grande variété de difficultés théoriques encore insurmontées. Bientôt on mettait en évidence le phénomène des lacunes; et ces lacunes doivent avoir partiellement existé, pour des raisons cosmogoniques inconnues, lors de la formation même des petites planètes, car elles ne paraissent point dues, jusqu'ici, à la seule action perturbatrice de Jupiter. » Cependant Jupiter, par sa masse considérable, joue un rôle prépon- dérant dans le système solaire; il était donc naturel de choisir comme plan coordonné origine celui de l'orbite de Jupiter, et c'est précisément ce que nous avons fait. Toutes les orbites de petites planètes ont été transformées de l'écliptique à Jupiter i85o,o, calculées à 1" d'arc, l'origine nouvelle des longitudes étant le périhélie de Jupiter. » Ceci fait, il ne pouvait être question de chercher une règle empirique pour trouver la répartition des cinq éléments elliptiques ; d'autre part, devant une telle quantité de données, on perd de vue l'ensemble de la constitution de l'anneau, et nous avons cru utile de grouper de plusieurs manières les nombres d'observation pour en déduire quelques Tableaux qui peuvent être un jour précieux pour guider le calcul ou vérifier les résultats découverts, a priori, par la théorie. Et nous n'avons pas même pensé qu'il fût opportun de discuter ces Tableaux complètement car ils se prêtent à une infinité de combinaisons selon la nature des renseignements que l'on en veut tirer; leur avantage était précisément d'éviter une description très longue. « Nous donnons ici les courbes de distribution des longitudes (nœuds et périhélies) pour les petites planètes de 3o° en 3o°; l'ordonnée est pro- portionnelle au nombre de planètes dont la longitude est comprise dans ( 36 ) l'intervalle indique. Une décomposition en parties plus délicates montre une courbe croissante en passant par les valeurs -> r. et — des périhélies, qui correspondent à des minima. En ces mêmes valeurs il y a minima pour les longitudes des nœuds ascendants. Enfin les deux distributions ont ensemble leur maximum absolu vers 33o°. 60 50 // ; \ .7 II If \ ... / II il // / / s. \ 0 iO? I ISOf Id0° 210? 240? 270? 300? 330? Courbes représentatives de la densité de l'anneau de 3o° en 3o° t nœuds en longitudes des • . ., ... ' périhélies - - » Outre cette étude systématique de la distribution des éléments nous avons encore tenté une nouvelle recberebe sur la question si importante de la probabilité des coïncidences entre les éléments de diverses orbites et de la détermination du nombre de ces coïncidences; cette étude nous a conduit à quelques conclusions assez nettes : » Pour les excentricités, et surtout pour les moyens mouvements, il parait y avoir prédisposition à coïncidence d'éléments. » Cette disposition parait imputable à l'action de Jupiter, car pour les trois autres éléments il y a moins de coïncidences entre les orbites rap- portées à Jupiter que rapportées à l'écliptique; de plus il y a moins de coïncidences pour les nœuds que pourles périhélies dans le premier cas, tandis qu'il y en a autant dans le second. » C'est dans cet esprit général, et pour fournir de nouveaux documents numériques indispensables à l'étude complète de l'anneau, qu'a été fait le travail que nous avons l'honneur de soumettre à l'Académie. » M. H. de Buiîn adresse, par l'entremise de M. Brouardel, un Mémoire ( 37 ) manuscrit intitulé : « L'organisation sanitaire de l'Empire ottoman, et la défense de l'Europe contre la peste et le choléra ». (Renvoi à la Commission du prix Bréant. ) M. L. Mirinxy adresse un Mémoire « Sur la nature et le nombre des racines des nombres et des équations algébriques ». (Commissaires: MM. Darboux, Picard, Appell.) CORRESPONDANCE. M. le Secrétaire perpétuel appelle l'attention de l'Académie sur un Ouvrage de M. L. Henry, Membre de l'Académie royale de Belgique, ayant pour titre : « Sur les nitriles-alcools aliphatiques et leurs dérivés ». MM. Ed. -P. Ali.is, J. Pautel, J. Tissot, Ch. Schott, D. Courtade et J.-F. Guyox, Metzner, de Toki, G. Bertrand adressent des remercî- ments à l'Académie, pour les distinctions accordées à leur travaux. ASTRONOMIE. — Observation de ï éclipse totale de Lune du 27 décembre 1898 faite à l'observatoire de Lyon. Note de M. Ch. André, présentée par M. Lcewy. « L'état du ciel a considérablement gêné les observations : les images des étoiles ont été très mauvaises pendant presque toute la durée de l'éclipsé et l'éclat relatif considérable que présentait encore la Lune a contribué aussi à diminuer beaucoup le nombre des phénomènes qu'on a pu noter avec une exactitude suffisante. » M. Gonnessiat, assisté par M. Luizet, observait à l'équatorial coudé (C); M. Guillaume, assisté par M. Lagrula, avait charge de l'équatorial Brunner (B). » Le Tableau qui suit contient ceux des résultats obtenus que j'ai cru pouvoir conserver. Les numéros d'étoiles se rapportent à la liste de M. Backlund; l'étoile n° 34, indiquée 9e, 2 grandeur dans cette liste, a paru moins brillante que l'étoile n° 30, cotée 9% 5 grandeur. ( 38 ï Immersions. Émersions. i toiles. Étoiles. — — — — _ . — Temps moj en Temps moyen Numéros. Grandeu rs. de Paris. Instrument. Numéros. Grandeurs. de Paris. Instrument h m h m s 39... 9, a I 0 . 54 • •"> 1 ; 4 c 34... 9,2 1 1 .52. 1,8 C »... » 5 J . 52 , 0 B 32. 9 • 4 55.22,7 c 45.. 9,3 ri . io.3g 6 C »... » 55.24, 1 B 16... 9,3 20.') 2 , 1 C 36... 9>3 12. i3.45,5 C »... » 20 . .j ! , 6 B 39... 9,2 19.20,8 C 53 . . 9,0 46.2 ' . 1 C »... » .9.22 B »... » 46.19,6 B 45. . 9.3 3S.i3,6 C 6t. . . 9.' 12.21. 9,4 C 46... 9,3 i8.23,7 C >> . . . » 21. 6 B ASTRONOMIE. — Observations faites à l'observatoire de Toulouse pendant l'éclipsé du 27 décembre par MM. Baillaud, Bourget, Monlangerand, Ros- sard eL Besson. \ote de M. îîaillaud, présentée par M. Lœwy. « Les observations faites à Toulouse ont été de deux sortes. MM. Bail- laud, Bourget, Rossard ont observé, suivant le programme communiqué par M. Backlund, des occultations d'étoiles par la Lune; M. Monlangerand a obtenu des épreuves photographiques de notre satellite. » Les étoiles occultées à Toulouse étaient faibles et plusieurs immersions et émersions n'ont pu être observées. M. Bourget observait au grand téles- cope Gautier combiné avec la pendule 66 Fénon; M. Rossard à l'équato- rial Brunner et à la pendule Breguet; ces deux pendules sont munies de battements électriques. M. Baillaud était au chercheur Lichens et em- ployait le chronomètre 36 Fénon, à demi-seconde, dont il entendait les battements. M. Besson a déterminé l'heure au cercle méridien et a comparé les deux pendules ot le chronomètre 36 avant et après la totalité. » Le Tableau suivant donne les heures observées par les trois observa- teurs; la première colonne renferme les numéros des étoiles dans la liste préparée par M. Wittram ; la dernière donne, au dixième de minute, les heures calculées d'avance par lui. Temps moyen de Toulouse observé. Immers. — «■«— — «■»■ Temps moyen de Numéros. Grand, ou ém. Baillaud. Bourget. Rossard. Toulouse calculé. Il m s h lu s 11 ni s h ni 45... 9,3 I 11. i.58,9 ''• t-58,2 11. 1.57,8 11. 2,0 46... 9,3 1 i2.i5,g 12.16,3 12.16,8 l'.i ( 39 ) Temps moyen de Toulouse observé. Numéros 31.. 53.. 30.. 32.. 34... 36.. 39.. 64.. 45.. 70.. 71.. 46.. Grand. g,3 9>° 9-5 9.4 9.2 9,3 9.2 9.i 9.3 9.3 9/4 9.3 Immers, ou ém. E [ E E E E E I E I I E Baillaud. Ii m s ii.32.58,2 4 j . 5o, i 44-i5, 7 . 4 • 1 5 , 4 i2. i 5 , 6 '9-24,9 28.5i,3 Bourget. Il m s I .19.24,1 32.57,6 41.49,5 44.20,1: 46.28,8 2. 4.l4,7 12. 1 5 , 5 19.25, 1 28.46,7 39.24,5 39.24,1 Rossard. h m s u.32.58,6 4i .5o,3 44. .3,4 46.43,9? 12. 4 • ! 5 , 1 i2.i5,9 19.25,4 28.46,6 33.i6,6 35.26, i 39.24,3 Temps moyen de Toulouse calculé. Il m I-.I9.8 00,0 42,2 44,5 46,7 12. 4,6 12,3 19,5 28,6 33,3 35 , 5 39,6 » Pour apprécier la précision des résultats, il convient de rappeler qu'une variation de is correspond à un déplacement de o",6 dans le ciel. » Les observations marquées d'un point d'interrogation ont été indiquées par les observateurs comme mauvaises. Il est possible que l'observation de 45, E par M. Baillaud comporte une correction de cinq secondes prove- nant d'une erreur de lecture du chronomètre. » M. Baillaud, dans les immersions, voyait nettement les étoiles sur le disque pendant huit à dix secondes avant leur disparition. Les deux autres observateurs n'ont pas remarqué les mêmes apparences. » Le disque, surtout dans sa partie nord, était très notablement éclairé d'une lumière verte, jaune, rouge foncé. Après la fin de la totalité, ce disque vu à l'œil nu offrait dans la partie sombre une plage rouge paraissant entourée d'un cercle vert bleu. » La différence des éclats et des couleurs est bien mise en évidence dans les clichés photographiques obtenus par M. Montangerand au moyen de plaques Lumière. » Quatre clichés (marque bleue) ont été obtenus : l'un à pose d'une se- conde à la fin de la pénombre; deux autres à pose d'une seconde et demie, deux secondes, respectivement quinze et trente-cinq minutes après l'entrée dans l'ombre; un quatrième, deux minutes avant la totalité. Le premier paraît avoir le même éclat que les clichés obtenus avec la même pose en pleine Lune ordinaire; le second montre très nettement et le troisième un peu moins nettement les contours de la partie du disque entrée dans ( 4o ) l'ombre; le quatrième montre à peine ces contours et montre avec détails la partie encore éclairée. » Après la totalité, M. Montangerand a fait trois clichés : l'un, à pose de cinq secondes, plaque panchromatique, sept minutes après la totalité, ne montre qu'un bord, sans détails; un second de dix secondes, douze mi- nutes après le premier, donne un croissant sans détails; un troisième, sept minutes après, à pose de cinq secondes, donne un croissant avec quelques détails. Ces deux derniers sur plaques marque rouge. )> J'ai l'honneur de présenter à l'Académie des positifs sur verre et des épreuves sur papier de cinq clichés obtenus pendant la totalité. » L'un, V, obtenu sept minutes après le commencement, sur plaque marque bleue, à pose de soixante secondes, montre tout le disque; le seg- ment le plus éclairé seul montre des détails précis et nets. » Le cliché VI. plaque panchromatique, pose trois cents secondes, vingt-deux minutes après le commencement de la totalité, donne tout le disque avec détails nets sur un tiers du disque. » Le cliché VII, plaque panchromatique, pose dix minutes, trente-huit minutes après le commencement de la totalité, donne des détails nets sur la moitié du disque et dessine nettement le bord le plus obscur. » Le cliché VIII, plaque panchromatique, une heure après le commen- cement de la totalité, donne des détails très nets sur plus de la moitié du disque et montre presque nettement le bord le plus obscur. » Le cliché IX, onze minutes avant la fin de la totalité, pose huit mi- nutes, plaque marque bleue, est presque identique au précédent, don- nant moins de détails sur la partie moins éclairée. » Un cliché X dont nous donnons une épreuve sur papier, à pose de deux minutes, trois minutes avant la fin de la totalité, est comparable au cliché VIL » M. Montangerand estime que les clichés VIII et IX sont les meilleurs, que les plaques panchromatiques sont préférables aux plaques marque bleue; que, pour avoir une image nette du disque, il faudrait une pose de plus de quinze minutes. » Il a, pour la conduite de l'instrument, dont l'horlogerie était réglée sur le mouvement des étoiles, pointé sur des pics lunaires et parfois sur des taches petites, très sombres, à formes géométriques. Les clichés exa- minés à la loupe n'ont pas révélé de particularités intéressantes. » ( 4i ) ASTRONOMIE. — Observations des comètes Brooks (oct. 1898) et Chase, faites à l'observatoire de Toulouse, à l'èqualorial Brunner de om,23 d'ouver- ture; par M. F. Rossard. Etoiles 3al.es. de 1898. comparaison Comète. — Étoile. *. ©. Nombre de comparaisons. Comète Brooks. \.,\ . 3 a 3i24 BD +23 4 63i57BD+2t 7 c333gBD+i4 7 rf3338BD+i4 7 e 3270 BD 4-1 5 Dec. 16 /2147BD+26 16 g ai52 BD +26 16 /(2i54BD+26 21 i igôS BD -1-27 23 j 1970 BD +27 — 2 . 2 , 37 -+- 4- 4". 7 18:20 — 2. 7,34 — 4- 9.9 18:20 — 2 . 16,72 + 5.57,8 18:20 — 2.13,93 + 2.37,0 18:20 — 1 .3o, i t —"• 9-9 18:20 Comète Chase. + 1 .3i ,96 + 5.4o,9 i5: 16 — 0.20,46 + 5. 0,4 1 5 : 1 6 - 0.59,94 + 0. 0,1 i5: 16 -+- 0.22,3l - O. 9,5 18:20 — 0.23,09 + 9- 4,i i5: 16 Position des étoiles de comparaison. 1898. No\ Dec. 16 16 16 21 23 \sc. droite moyenne * 1898,0. Il Ul s « 17.26.52,67 b 17.31.38,04 c 17.43.18,51 d 17.43.15,77 e 17.42.32,27 / 10.49.10,00 Réduction au jour. + iS,7S + 1,87 +2,09 + 2,09 -+-2,09 +4,62 Déclinaison moyenne 1898,0. + 23. 12.11,3 + 21. 3.4l,4 + l447 -23,0 + l4.0O.4l,I -r-i5. 4-3o,8 +26. 2. 0,9 Réduction .111 jour. Autorités 5,i -32,5 g 10. 5i. 2,52 +4,60 5,0 | (Paris 223o6 + Berlin 6010) \ ( Bruxelles 7074 + Berlin 6o38 + Paris 224i3 - 5,0 ! (Bruxelles 7 185 j i (Bruxelles 1 184 '° | + Berlin 6442) 5,0 Berlin 6433 i (Bruxelles 45i 1 ■ + Cambridge 554g) 32,6 \ (Kam 1871 + Cambridge 556o) Bomberg 3824) Sjcliellerup 6398 ) Paris 22755 Glasgow 2820) -26. 2.4' , 1 h io.5i.42,o3 +4,60 +26. 7.42,6 -32,6 Cambridge 5565 i io.55. 7,96 -1-4,77 +26.02.15,6 —33,8 Cambridge 5087 j io.57.4o,35 +4,78 +27. 2.27,2 —34,3 Cambridge 56o4 C. R., 1899, 1" Semestre. (T. CXXVIII, N° 1.) ( 4a ) Positions apparentes des comètes. Temps Ascension Dates. moyen droite Log. fact. Déclinaison Log. fact 1898. do Toulouse. apparente. Comète parallaxe. Hrooks. apparente. parallaxe Il [Il s Ii m s Nov. 3 . 6.40.59 17.24.52,08 T,6i2 +23. 16.21,0 0,644 4. 6.40.12 17.29.32,57 T,6o5 + 20. 5g. 36, 6 0,660 7 • 6.35.10 17.41. 3,88 7,586 -r-!4.53.25,8 0,702 7 • 6.35. 10 17.41. 3,g3 7,586 + i4.53.23, 1 0,702 7- 6.35.IO 17.41. 4,2.5 7,586 + i4-53.25,9 0,702 Comète Chase. Dec. 16. . 16. 3a. 49 10. 5o. 46, 58 2 , 86o,t +26. 7. 9,3 0,427 16. 16.32.49 io.5o.46,66 2 , 86ora + 26. 7. 8,9 0,427 16. 16.32.49 10.50.46,69 2 , 86o„ +26. 7.10,1 0,427 a i . . 16.17.44 io.55.35,o4 2,864,, +26.5i.32,3 0,402 23.. . i7.3i.45 10.57.22,04 2,972 +27. 10.57,0 o,4o3 HYDRODYNAMIQUE. — Sur la propagation des ondes liquides dans les cours d'eau. Note de M. Georges Poisson. « De Saint-Venant a donné dans les Comptes rendus ( 17 et -x(\ juillet 1871) une étude approximative de la propagation d'une onde liquide de forme quelconque, dans un canal dont les eaux sont en repos ou animées d'un mouvement uniforme. M. Boussinesq a repris la question en détail, dans son Traité des eaux courantes, et a poussé l'approximation beaucoup plus loin. 11 a pu expliquer la plupart des faits constatés expérimentalement. Néanmoins, quand il s'agit d'appliquer ses formules aux questions pra- tiques, on est souvent arrêté par ce fait qu'elles sont établies pour des ondes de faible hauteur, se propageant dans des canaux de forme régulière, alors qu'on peut avoir à considérer des ondes relativement hautes, et des cours d'eau de forme et de pente très variables. » La présente Note a pour objet de donner, dans ce cas, une indication approximative sur les variations d'un des éléments de la forme de l'onde, sa hauteur maximum en chaque point du cours d'eau. ( 43 ) » Soit donc un cours d'eau de forme quelconque, satisfaisant seulement aux conditions générales habituellement admises, c'est-à-dire : » i° Que les variations de section et de pente ne s'y produisent que graduellement; » 2° Que les pentes longitudinales y restent assez faibles pour que l'on puisse admettre l'égalité des angles et de leurs sinus. » Je suppose que le régime permanent qui s'y est établi soit troublé par la propagation d'une onde de forme et de hauteur quelconques, répondant seulement à la condition d'être suffisamment allongée pour que les cour- bures de son profil longitudinal soient négligeables. » Je prends l'équation du mouvement varié sous la forme adoptée par de Saint-Venant, sans les coefficients de correction qui y ont été ajoutés par M. Boussinesq, et dont l'introduction dans les calculs ne modifierait pas, du reste, les résultats. » Cette équation est / \ d /U*\ l dU . dll y , TT2 (i) -y- — ) -H - -j- = l — -D -fr.U2. N ' ds\ig)gdt ds (o Dans une section donnée du cours d'eau, le maximum de hauteur se pro- duit à l'instant t, défini par la condition dk Si = °- A ce moment, le profil instantané de l'onde est tangent à son enveloppe au droit de la section considérée, en un point A. » Soit A, la nouvelle position du point de contact au bout du temps dt. » Soit f/,U2 la différentielle totale du carré de la vitesse du point A au point A,. Sa valeur sera % , -.. dU* . dll*- , a. U2 = -j- as -\ — j- dt. ds dt ds » Soit V la vitesse de déplacement du point de contact -jr On pourra écrire dtV* _ dU°- , i r/tP ds ' ds V dt » En combinant cette équation avec (i), il vient rf,U2 /. dh /, .T„\ /U — V\dU = 2! "' '/ J .-t*\ /' ds 6 V ds >., ' \ V dt (44 ) dt » La dérivée -j- est très petite pour le point de contact de l'onde avec son enveloppe. » On peut admettre en effet, avec de Saint-Venant, qu'en première approximation la vitesse U dépend uniquement de A, ce qui permet de poser dV _ dV dh dt ' dh dt dh . . • i • • d\3 i. . . i et, comme -y- est nul au moment considère, -t- I est également. » Si l'on appelle -jr— la pente de A en A,, cette quantité sera égale à —.-■> puisque l'onde est tangente à son enveloppe en A. L'équation (i) peut donc s'écrire (2) -dT = 2i{l--t-lb^)- » C'est l'équation d'un écoulement permanent qui présenterait, dans chaque section, une hauteur d'eau et une vitesse égales à celles qui s'y pro- duisent au moment du passage du maximum de l'onde. » Pour achever de définir cet écoulement permanent, il faut voir ce que devient l'équation de continuité dtù dq dt ds » Au moment du maximum de hauteur d'eau, -j- est nul et il en est de même de -j-> o ou dt dq » Soit d, q la variation totale de q de A en A, ; on a en général ce qui devient ici d,q = i»-^dt. » L'hypothèse faite ci-dessus sur la nullité de -j- conduit donc à la con- dition d,q = o. (45 ) » L'écoulement permanent défini par l'équation (2) se fait, par con- séquent, à débit constant, et le profil en long de la surface libre correspon- dante est déterminé si l'on connaît la hauteur et la vitesse dans une section quelconque. Si le lit du cours d'eau n'est pas défini analytiquement, on peut néanmoins calculer la courbe de proche en proche, avec une approxi- mation aussi grande qu'on le désire. » On obtient ainsi la hauteur maximum de l'onde dans chaque section et la vitesse de l'eau correspondante. » Cette analyse permet d'étudier en première approximation les modifi- cations que subit la hauteur d'une onde liquide, par l'effet des variations de pente et de section du cours d'eau dans lequel elle se propage. » PHYSIQUE. — Sur l'absorption de la lumière par un corps placé dans un champ magnétique. Note de M. Auguste Righi, présentée par M. A. Cornu. « Dans ma Note du 20 juillet 1898, j'ai décrit les phénomènes auxquels on devait s'attendre en produisant le phénomène inverse de Zeeman (c'est- à-dire par absorption) avec de la lumière polarisée. » Dans ce nouveau champ de recherches, j'ai été suivi par d'autres physiciens (') qui ont reconnu, sous une forte dispersion, que le phéno- mène de Zeeman est accompagné d'une rotation des vibrations dont les longueurs d'onde sont voisines de celles des radiations absorbées. » Suivant M. Becquerel (2) et M. Voigt(3), on pouvait prévoir cette rotation, qui est liée à la dispersion anomale, comme M. Becquerel (') vient de le démontrer par des expériences remarquables. » Contrairement à l'opinion de MM. Corbino et Macaluso, je ne crois pas que cette rotation constitue la cause principale de l'apparition de lumière, que l'on observe dans mon expérience, car la condition pour que les phénomènes de rotation soient observables (grande largeur des raies d'absorption) n'est pas nécessaire et, comme on verra, est même nuisible, pour obtenir les effets que j'ai décrits. En tout cas, on ne peut pas dire (') Macaluso et Corbino, Comptes rendus, 17 octobre 1898. (2) Comptes rendus, 3i octobre 1898. (:i) Gôttinger Nachr., 1898, Heft 4. (4) Comptes rendus, 5 décembre 1898. ( 46 ) d'une manière absolue que mon expérience permet de découvrir l'existence du phénomène Zeeman seul; elle révèle, d'une manière simple et très sensible, l'existence d'un phénomène moins simple, c'est-à-dire du phéno- mène Zeeman avec les rotations, plus ou moins sensibles, des vibrations qui l'accompagnent peut-être toujours. Mais on peut compléter les raison- nements donnés dans la Note précédente, en mettant en ligne de compte la largeur des raies d'absorption. » Or, il est facile de comprendre que si le corps absorbant placé dans le champ magnétique donne, dans les conditions ordinaires, une raie d'ab- sorption avant une largeur sensible, on trouvera dans le spectre de la lumière qui l'a traversé deux lignes polarisées circulairement, l'une à droite et l'autre à gauche, ayant aussi une largeur sensible, et qui empié- teront l'une sur l'autre. La partie commune restera obscure après l'action de l'analyseur, et l'on n'aura d'apparition de lumière que dans les parties extérieures correspondantes des deux lignes. » Cela explique comment la lumière, qui apparaît par l'action du champ magnétique, augmente d'intensité jusqu'à une certaine limite, lorsque l'in- tensité du champ croît. Mais on comprend aussi que, avec de larges raies d'absorption, la couleur de ladite lumière pourra n'être plus complémen- taire de celle que le corps absorbant transmet. » Toutefois cette couleur peut varier par une autre cause, et précisément par la diversité probable de grandeur, pour les différentes raies d'un même corps, du dédoublement produit par le champ magnétique. » Des expériences nouvelles avec l'hypoazotide montrent bien ces changements de couleur. En effet, une colonne de ce gaz, longue de om,4o, placée dans un champ de 600 unités environ (produit par une grande bobine, dans l'axe de laquelle se trouve le tube contenant l'hypoazotide) ne donne pas d'effet; mais si avec de l'air sec on chasse peu à peu le gaz absorbant, on voit d'abord apparaître une faible lumière jaune rouge, lorsque l'on ferme le circuit ; puis cette lumière devient plus vive et plus blan- châtre, et enfin elle devient vert bleu. On observe les mêmes changements de cou- leur dans la lumière que le champ magnétique fait apparaître, en employant du gaz ]>ui-, mais avec des épaisseurs décroissantes. » Avec le spectroscope à vision directe on constate que c'est surtout sur la partie moyenne du spectre que l'action du champ se manifeste, et que peut-être même avec de faibles épaisseurs la lumière vert bleu ne contient pas toutes les radiations dont la longueur d'onde est sensiblement égale à celle des radiations absorbées dans les condi- tions ordinaires. Ce n'est donc que d'une manière approchée que le spectre de la lumière vert bleu peut être considéré comme complémentaire du spectre de la lu- mière transmise dans les conditions usuelles. » Comme une densité ou une épaisseur trop grandes diminuent l'intensité de la ( 47 ) lumière que le champ magnétique fait apparaître, j'ai voulu reprendre des essais que j'avais faits sans succès avec les vapeurs d'iode et de brome, mais en employant cette fois des épaisseurs très petites. Dans ces nouvelles conditions j'ai obtenu le phénomène attendu. En effet, avec la vapeur d'iode (avec certaines précautions expérimentales) on voit apparaître une belle lumière bleu de ciel lorsqu'on ferme le courant, si la vapeur n'a que quelques millimètres d'épaisseur. Avec la vapeur de brome, telle qu'elle se produit à la température ordinaire, et sous une épaisseur d'un centimètre environ, on voit apparaître une lumière vert bleu. » D'autres vapeurs m'ont donné des résultats semblables; ainsi, avec le bromure d'iode (IBr) et le chlorure d'iode (ICI) j'ai vu apparaître une lumière bleue, et avec le tétrabromure de sélénium (SeBr4) une lumière vert bleu. Mais il peut se faire que ces vapeurs soient en partie dissociées. » Ces expériences rendent au moins vraisemblable que pour toutes ces vapeurs, comme pour l'hypoazotide, le phénomène Zeeman existe, et que l'on puisse constater le dédoublement des raies; mais il faudra probablement employer des champs magnétiques d'intensité très grande. » Que ce soit sur les radiations dont les longueurs d'onde sont très voisines de celles des radiations absorbées que le champ magnétique exerce son action, je l'ai montré avec l'expérience des deux flammes de sodium décrite dans la Note précé- dente. J'ai répété depuis cette expérience avec deux tubes remplis d'hvpoazotide, ce qui la rend très facile. Un des tubes, long par exemple de 2cm.'j, est placé entre les pôles; l'autre plus long, par exemple 4ocm, est placé entre la source de lumière et l'é- lectro-aimant. Dans ces conditions tout phénomène disparaît, pendant que l'on observe l'apparition de la lumière vert bleu, si l'on crée le champ après avoir éloigné le tube de 4ocm. En remplaçant ce tube par un autre plus court, par exemple de 12e'", 5, le phénomène se produit mais faiblement. L'explication de ces faits est évidente, et je ne m'y arrêterai pas. » Dans ce qui précède, la lumière est toujours supposée parallèle aux lignes de force magnétiques. Mais dans ma première Communication j'ai prévu aussi les effets que l'on obtiendrait en employant de la lumière per- pendiculaire aux lignes de force, polarisée et analysée circulairement. Je n'ai pas pris alors en considération le cas où la lumière aurait ses vibra- tions rectilignes et inclinées (par exemple de 45°) sur les lignes de force. On se rend compte facilement que dans ces conditions le champ fera apparaître de la lumière, comme dans le cas de la lumière parallèle aux lignes de force. C'est ce que M. Cotlon (') .vient d'observer avec l'hypoazotide. L'expérience, sous cette forme, n'est pas compliquée par la (' ) Comptes rendus, 5 décembre 1898. (48) rotation des vibrations; mais M. Voigt (') a prévu uue double réfraction, qui vient ainsi s'ajouter au phénomène de Zeeman. » J'ai fait de mon coté des expériences semblables, avec des épaisseurs variables du gaz absorbant et reconnu le- mêmes eftets que dans le cas de la lumière parallèle aux lignes de force Il n'y a entre les deux cas qu'une petite différence d'intensité de la lumière que le champ fait apparaître, à parité d'intensité de ce champ, lorsque cette lumière est observée directement, ou au moyen d'un speclroscope de faible disper- sion. » MAGNÉTISME. — Sur une forme simple de magnètomèlre. Note de M. A. Guillet (2), présentée par M. Lippmann. « J'ai construit un appareil qui permet d'étudier facilement l'aimanta- tion, au point de vue des facteurs qui en peuvent modifier l'état : intensité du champ magnétisant, trempe, chocs, arrachements, recuit, etc. Il com- prend un équipage mobile, formé d'un cadre plan c solidaire d'un cylindre creux C, suspendu par un fil métallique très fin /au micromètre de tor- sion m (voir la figure). Le courant est conduit au système Ce et en sort par des fils d'argent très lâches, d'un diamètre inférieur à ^- de millimètre, fixés en a, b. Les montants SS du support peuvent coulisser dans les colonnes creuses DD, ce qui permet l'emploi de fils/- de longueur variable. L'appa- reil est complété par les supports réglables s, s' et par un jeu d'équipages. » Le mode d'emploi est le suivant : on mesure d'abord le pôle m, puis la distance / des pôles. » I. L'aimant étudié P est installé verticalement en s, de façon à pro- duire une déviation maximum de l'équipage. Le moment moteur corres- pondant W est constant et fournit par tour le travail magnéto-élec- trique 277W. Ce travail est mesuré aussi, pour le courant total i, par le flux magnétique 4~'« calculé sur la surface C qui enveloppe le magnétisme libre m. Pour une intensité de courant T, on a W = 2Z»I. D'ailleurs W = Cm, C étant la constante de torsion du fil et x la déviation ; (') Loc. cil . (2) Ce travail a été fait au laboratoire de M. Lippmann. donc (0 ( 49 ) T G ml= -a. 2 Après avoir fait subir à l'aimant une modification quelconque, on a, en le rrî ^m^ 4 TL £l I3lI JL_ ¥ reportant dans l'appareil actionné par le même courant I, m'\ = Cx'. Ainsi m m i ~' C. R., 1899, 1" Semestre. (T. CXXVIII, N« 1.) ( 5o) Le rapport - mesure la modification définie subie par l'aimant au point de vue du magnétisme libre. » II. On détermine la position du pôle au moyen du cadre c. » L'aimant est disposé en s' suivant l'axe du cadre, et doit rester sui- vant l'axe quelle que soit la position de celui-ci. » Si le cadre est circulaire et de rayon R, le moment déviant a pour mesure (2) W= 2/»I(sin*p -sin3[3') = Ca"; (3 et £' mesurent les angles sous lesquels on voit des pôles de l'aimant le rayon du cadre, oc" est la déviation. » Pour R = icm, le second pôle étant à une distance de ioom, sin3(3' est de l'ordre de io~3. En amenant le premier pôle dans le plan du cadre, on a 3 = - et le moment W prend à io-3 près sa valeur maximum zml. Une vis micrométrique donne le déplacement u qu'il a fallu faire subir à l'aimant, dont la face terminale est d'abord amenée dans le plan du cadre, pour pro- duire la déviation maximum. » La lecture u mesure la distance du pôle à l'extrémité correspondante de l'aimant. » On peut, d'ailleurs, calculer u au moyen de la déviation relative à une position quelconque. » En désignant par >, la distance de l'extrémité de l'aimant, de lon- gueur totale /, au plan du cadre et posant R ,_ R ? — à + «; ? — l + l— „' on a (3) sin»p = p»(n-p«)~*; sin3p' = p'3(i + ?'2)_;!. C » Les valeurs (3) et celle de -y tirée de (1) étant portées dans l'équa- tion (2), on obtient une équation donnant //. » Toutes les mesures doivent être répétées après retournement, bout pour bout, de l'aimant. » J'ai d'abord étudié l'appareil comme galvanomètre (G). Dans le mo- dèle employé, le fil de platine /avait ^ de millimètre de diamètre et 3oL,u de longueur. Pour un seul aimant droit la déviation, observée au moyen d'un miroir de 1'" de rayon, était de i5omm par ^ d'ampère. Le zéro est ( 5i ) très fixe, il n'est pas influencé par un champ magnétique, uniforme clans la région où se trouve l'équipage, si celui-ci est d'une construction bien symétrique. L'intensité du courant déviant est rigoureusement propor- tionnelle à l'angle de déviation quel qu'il soit. En employant des prises de courant liquides, le zéro est variable et la sensibilité très réduite à cause de l'intervention des actions capillaires. Pour la mesure des courants très intenses, le mercure recouvert d'eau acidulée sulfurique peut convenir. » La formule de l'appareil, employé comme balistique, est particulière- ment simple : la période d'oscillation de l'équipage libre, de moment d'inertie A, étant T et l'angle d'impulsion a, on a (4) T = 2*y/£, i»Q = VACf, d'où (5) 4-™0 = CT>.. » La constante de torsion C peut être déterminée sur place, sans qu'il soit nécessaire de modifier l'appareil, puisque le moment d'inertie A de l'équipage est calculable. » En substituant à l'aimant P une bobine de section s et de pas— , l'appareil fonctionne comme électrodynamomètre (E) et donne (6) l = kf«, k>=^-s. » Le pôle de la bobine, qui intervient en correction dans les électrody- namomètres ordinairement employés, est ici le facteur principal. » Au point de vue des mesures absolues, deux appareils (E), (G) sont mis en série, le premier donne I et le second m. Le galvanomètre (G) donne Q lorsque l'on connaît m. » CHIMIE ANALYTIQUE. — Méthode générale de séparation du chlore, du brome et de l'iode mélangés à l'état de sels d'argent. Note de M. H. Baubigny, présentée par M. Troost. « J'ai fait voir récemment (') le parti que l'on peut tirer de l'emploi d'un mélange d'acide sulfurique et de bichromate pour oxyder les sels halo- (') Comptes rendus, t. CXXY11, p. 1219. ( 52) gênés d'argent, el séparer l'iode d'avec le chlore ou le brome en vue d'un dosage de ces corps. A ce propos, je me dois de faire connaître que Mac Nair, dans une très courte Notice qui a paru en 1892 dans le Chemical news et qui m'avait tout d'abord échappé, peut-être même à cause de sa con- cision, avait déjà reconnu l'action de cet oxydant sur les sels d'argent qui nous occupent. Toutefois, il s'était borné à une pure indication qualitative, car dans cette Note l'auteur annonçait qu'il poursuivait ses expériences pour voir si la méthode ne pouvait être employée avec avantage pour la séparation complète de l'iode d'avec le chlore et le brome. Je n'ai pu cepen- dant relever aucune publication nouvelle de Mac Nair sur ce sujet, depuis 1892. Peut-être a-t-il été arrêté par des difficultés que j'ignore? Pour cet auteur, tout s'est donc borné à une simple observation qualitative et de plus, sur le «7 pris à l'état humide ainsi qu'il le spécifie. » Or à l'aide du mélange de bichromate et d'acide sulfurique, non seule- ment on peut séparer quantitativement l'iode, du chlore et du brome quand on opère sur les sels d'argent simplement essorés, mais de plus, comme le prouve l'expérience, la méthode ne perd rien en rigueur, ni en précision lorsque le précipité a été préalablement desséché à iyo^igo" même pen- dant plusieurs heures. C'est là un fait important, que Mac Nair ne paraissait pas soupçonner, et qui constitue cependant un avantage sérieux, car avant l'analyse du mélange on peut alors en déterminer le poids exact et s'assurer ainsi un contrôle rigoureux sur les résultats trouvés ultérieurement pour chacun des éléments. » La durée de l'oxydation est seulement plus longue que lorsqu'on traite le produit simplement essoré à froid, la surface d'attaque étant moindre vu l'agglomération de la matière; et cette durée augmente naturellement avec les dimensions des grains. Pour ceux de la grosseur de petites len- tilles, il faut compter, au plus, une heure et demie à deux heures, pour que l'action soit complète à 90°-95°. » Ce fait établi, que l'iode peut de la sorte être rigoureusement isolé du chlore et du brome, quand tous trois sont combinés à l'argent, il eût été désirable de pouvoir réaliser, aussi facilement et avec la même précision par un mode identique, la séparation directe du chlore et du brome pris dans les mêmes conditions. Malheureusement mes divers essais dans ce but ont tous échoué. Par voie d'oxydation, quel que soit le moyen mis en usage, le bromure d'argent est toujours plus facilement décomposé que le chlorure, exactement comme cela a lieu pour le bromure de cuivre vis-à-vis du chlorure correspondant, lorsqu'on traite ces derniers par le permanga- ( 53 ) nate en liqueur neutre. Seulement pour le bromure et le chlorure d'argent, en milieu acide, l'écart d'oxydabilité est moindre que pour les mêmes sels de cuivre en solution aqueuse. Aussi a-t-on toujours un peu de chlore qui distille avec le brome, si la décomposition du bromure se produit d'une façon aisée; tandis que cette décomposition devient au contraire extrê- mement lente, si l'on cherche à éviter celle du chlorure en présence. » Aussi, sans plus m'attarder à ce problème, ai-je pensé qu'il était préfé- rable, une fois la décomposition des sels d'argent par le mélange chromo- sulfurique effectuée, de ramener la question, pour le chlore et le brome, à une analyse des sels alcalins correspondants, en traitant, à cet effet, le liquide du condensateur, où les deux corps halogènes ont été recueillis. » Dans ce but, la lessive alcaline est versée dans un ballon à réaction, en décantant aussi parfaitement que possible, et l'on rince deux à trois fois le condensateur en ajoutant les eaux de lavage aux eaux-mères. Comme il y a intérêt à ne pas avoir un volume liquide trop fort lors de cette seconde opération, qui a pour but d'isoler le brome, à ce point de vue notre condensateur présente encore un avantage. En effet, la capacité de chacune de ses parties est connue (') et il n'exige pour bien fonctionner que relativement peu de liquide, de même que pour son rinçage; on peut donc arriver à ne pas dépasser, en totalité, le volume de 70e0 à 75cc; on colore à ce moment par une goutte d'hélianthine, puis, comme pour un dosage alcalimétrique, on y verse peu à peu une solution étendue d'acide sulfurique jusqu'à rendre la liqueur légèrement acide; 3CC à 4CC suffisent d'ordinaire. Le gaz sulfureux, ajouté à l'alcali au début, réduit les pro- duits oxygénés du chlore et du brome qui ont été formés; et le liquide rendu à nou- veau alcalin par une goutte de potasse, on détruit l'excès de gaz sulfureux en ajoutant du permanganate jusqu'à persistance d'une légère teinte rose. » Après tous ces détails opératoires, plus longs à décrire qu'à pratiquer, on ajoute alors les poids de sulfate de cuivre et de permanganate nécessaires; les traits de jauge que porte le ballon indiquent très approximativement le volume final; puis on ferme et l'on porte à 1000 en faisant passer le courant d'air qui aide aussi à la disso- lution rapide du sulfate et du permanganate. L'oxydation achevée, on retrouve tout le brome, et le brome seul, dans le condensateur adapté à l'appareil, puisque le chlore reste dans le ballon à réaction, d'après ce que nous avons établi M. P. Rivais et moi (2). » Les résultats de deux de mes analyses, effectuées sur des mélanges synthétiques (des trois sels) préalablement séchés à 1800, suffiront pour montrer la précision à laquelle on peut atteindre par ce procédé. (') Chaque petite boule a de 5CC à 6™ de capacité, et il suffit d'en remplir trois pour que, lors du passage du courant d'air, les six boules du condensateur soient baignées par le liquide alcalin soulevé et pulvérisé par l'air. (") Comptes rendus, t. CXXV, p. 527 et 607. SO*Hs em - ployé. 25cc 25" ( , n K- ajouté. ■ Il urée d'opé- ration. 2h .,1, \_I ni rouvés. »LgBr osr, i38i o«M363 o?r, ii 48 OB', 2868 osr, 2077 o?r, 2078 ( 54 ) Vg] v.i AgBc mis en expérience. o«r, i3s', ..'.ii 46 o5r, 2080 o«r, i36o osr,2865 o?1, 2080 » L'oxydation faite dans les deux cas à cp°-97" était fort probablement achevée avant les deux heures pendant lesquelles on a prolongé l'expérience; mais j'ai pris le maximum de temps par raison de prudence. » D'ailleurs, appliquée à des composés insolubles, la méthode par oxy- dation partielle, c'est-à-dire ne portant que sur une partie des corps en pré- sence, n'est réellement possible que si les sels insolubles se trouvent dans un état de division extrême. Car si le composé fixe ou réputé tel, ici le chlorure d'argent, prédominait, l'opération serait impraticable avec une matière compacte, telle qu'on l'obtient après dessiccation ; et clans notre cas, le bromure disséminé dans la masse du chlorure échapperait forcé- ment, en partie tout au inoins, à l'oxydation. » Toutefois, si je n'ai pu trouver, dans l'emploi des oxydants, un pro- cédé qui m'ait permis de séparer directement en vue d'un dosage le chlore et le brome, quand ils sont combinés à l'argent, du moins celte recherche m'a conduit à un mode pratique et rapide pour reconnaître la présence du brome dans un mélange de sels halogènes d'argent : c'est en traitant le précipité, bien divisé et encore humide, par l'acide nitrique (//= 1 ,34) et des cristaux de permanganate. Ainsi que nous l'avons vu, à froid, ce mélange transforme l'iodure en iodate et n'agit pas sensiblement sur le chlorure d'argent; tandis qu'il attaque peu à peu le bromure, et comme le papier de fluorescéine est très sensible à la vapeur de brome, on a donc un moveu très simple pour déceler le brome. Pour cette recherche, il suffit même de ofer,oio à oB',oi2 de précipité, s'il renferme du bromure en quantité appréciable. » Pour opérer, dans un petit ballon de 3M à 4" de capacité et à col très court, on introduit la prise d'essai bien essorée, on arrose avec icc à 2CC d'acide nitrique à l'aide d'un tube effilé, puis on laisse tomber quelques cristaux de permanganate, on agite légèrement et, sur l'ouverture du col, on dépose le papier de fluorescéine humide. L'acide permanganique en se décomposant dégage de l'oxygène, qui entraîne le brome mis en liberté, et la formation d'éosine révèle sa présence. L'action est produite en quatre ou cinq minutes et souvent même moins. » ( 55 ) ZOOLOGIE. — Sur la formation de la tête des Hyménoptères, au moment de leur passage à l'état de nymphe. Note de M. L.-G. Secrat, présentée par M. A. Milne-Edwards. « Le mécanisme de la formation de la tête des Insectes hyménoptères est un des problèmes les plus controversés, la majorité des auteurs préten- dant que la tête de l'imago est formée aux dépens de la tête et du premier segment du corps de la larve. Les faits que nous avons observés chez un Braconide, le Doryctes gallicus Rheinhard, prouvent qu'il n'en est pas ainsi. » La larve, de très bonne heure, possède les ébauches des organes ima- ginaux; si on l'examine avant la fdature du cocon, on voit qu'elle est formée de quatorze segments, un céphalique, trois thoraciques, dix abdo- minaux; la bouche est termino-ventrale; en avant et sur les faces latérales de la tête, deux petites saillies représentent les antennes; le corps est en- veloppé de deux couches chitineuses, l'enveloppe externe étant destinée à être rejetée lors de la prochaine mue, la couche chitineuse interne étant la nouvelle cuticule; immédiatement appliquée contre elle, se trouve l'assise épidermique, qui l'a sécrétée; la tête et le premier segment sont délimités par un repli bien apparent de la cuticule et de l'assise épider- mique; sous l'antenne larvaire, formée par un repli de la cuticule, l'épi- derme est invaginé en une fossette au fond de laquelle s'élève un massif cellulaire de forme conique, qui n'est autre que l'ébauche de l'antenne de l'adulte; à la face ventrale du premier segment, une paire de disques imaginaux invaginés représente la première paire de pattes. » Origine de la tête, — Examinons une larve qui a filé son cocon ; celle larve s'est débarrassée de la cuticule ancienne; la lête a pris une plus grande importance, par un processus qui mérite d'être signalé : en avant de la limite entre la tète et le prothorax, l'épidémie céphalique s'invagine vers l'arrière sous le prothorax; cette invagination se produisant dans les régions postéro-dorsales et latéro-dorsales de la tête, ces régions sont cachées en partie sous ce segment; à mesure que la tête s'accroît, elle s'invagine de cette façon sous le prothorax; les régions ventrale et latéro-venlrales postérieures conservent leur ancienne limite, marquée par le sillon cuticulaire; ce processus d'invagination permet d'expliquer l'opinion des auteurs qui pensent que la tête est formée par la tète et le premier segment; dans beaucoup d'Hyménoptères, en particulier dans VApanteles glomeratus L., les yeux se pigmentent de très bonne heure et par suite deviennent visibles; or, ces yeux, se développant sur les parois latérales postérieures de la tête, ( 56) sont cachés sous le prothorax, et sont vus par transparence à travers la paroi protho- racique et la cuticule et semblent alors appartenir au premier segment; les observa- tions de Ratzeburg, Goureau, etc., sont exactes, mais mal interprétées, comme nous venons de le voir. » Les pièces buccales de l'imago se forment sous Ir-s pièces buccales larvaires; les ocelles apparaissent en arrière de la tête; les antennes, formées avec tous leurs ar- ticles, sont repliées sous la cuticule. » Thorax définitif. — Le pronotum définitif réunit la tète au mésonotum ; le pro- notum a, au moment où il se forme, une position verticale; des changements impor- tants ne vont pas tarder à se manifester : la tête tourne dans le plan médian de telle sorte que la bouche, termino-ventrale, va devenir ventrale; ce mouvement a pour effet de dévaginer la région postérieure de la tête; en second lieu, le mésonotum va prendre un développement de plus en plus considérable et refouler le pronotum au fond du sillon qui sépare la tête du thorax. Le mouvement de rotation delà tête est indiqué à l'extérieur par le déplacement de la bouche, des antennes et surtout des ocelles : ces derniers, situés tout d'abord dans la région postérieure de la tète, vont se déplacer et suivre le mouvement de cette dernière, leur position finale étant la région antérieure dorsale de la tête; à ce moment, la bouche est nettement ventrale ; le mouvement de rota- tion de la tête a pour effet d'invagineren partie la région ventrale et de former un sillon très profond définissant sa limite ventrale; ce processus d'invagination est d'ailleurs utilisé pour la formation des apodèmes. Le pronotum a pris sa position définitive au fond du sillon dorsal : il est horizontal. La mue nvmphale se produit à ce moment, la cuticule larvaire est rejetée. La jeune nymphe a une tête bien distincte du thorax. Les sillons qui délimitent la tête, le prothorax et le mésothorax vont s'agrandir dans les stades suivants ; la base d'insertion postérieure de la lèvre inférieure s'invagine profondément, de façon à donner une attache plus solide, et ce processus se traduit à l'extérieur par un léger relèvement des palpes labiaux, qui s'insèrent maintenant sur les faces latérales de la lèvre inférieure, alors qu'ils étaient ventraux dans la nymphe jeune. » La cuticule nymphale ne suit pas ces processus d'invagination : l'épiderme sécrète une cuticule nouvelle qui est la cuticule définitive; dans les nymphes âgées, la cuti- cule nymphale ayant conservé les contours de la nymphe jeune, il est extrêmement facile de suivre les modifications de forme qui se sont produites. A l'éclosion, l'imago rejette la cuticule nvmphale. » Les observations précédentes montrent que la tête est formée unique- ment par la tête de la larve; d'abord invaginée, cette tête, par un mouve- ment de rotation dans le plan médian, se dévagine et acquiert sa forme définitive. » ( 57 ) GÉOLOGIE. — Une coupe transversale des Alpes briançunnaises, de la Gyronde à la frontière italienne. Note de MM. Kilian et Lbgeon, présentée par M. Marcel Bertrand. « Une série de courses effectuées cet été dans le but de lever les tracés géologiques de la feuille Briançon, pour le compte du Service de la Carte géologique détaillée de la France, nous a amenés à l'établissement d'une coupe très intéressante. Ce profil coupe transversalement la zone du Brian- çonnais, du confluent de la Gyronde et de la Durance (la Bessée) à la frontière italienne (Haute Cerveyrette). La partie occidentale comprise entre la Durance et le col des Ayes a été levée par M. Lugeon; la partie orientale, à partir de ce dernier point jusqu'à la frontière, par M. Kilian. » La zone anticlinale houillère qui forme, d'après la démonstration de M. Marcel Bertrand ('), l'axe de symétrie tectonique de la chaîne alpine dans les Alpes de Savoie, se poursuit nettement jusqu'à Briançon. Au sud de cette ville, le terrain carbonifère ne tarde pas à disparaître sous un épais revêtement d'assises triasiques. A partir de là, c'est un synclinal, né dans l'éventail houiller, qui se substitue à l'anticlinal et qui joue, sur une cer- taine longueur, le rôle d'axe de symétrie; ce pli s'approfondit plus au sud au col de Furfande où il est occupé par des dépôts tertiaires (grès du flysch). » En effet, lorsqu'on remonte la vallée des Ayes, tributaire de la Durance en aval de Briançon, on constate nettement que, dès le début, les grès houillers sont flanqués, sur la rive orientale du torrent, d'une épaisse assise de quartzites triasiques plongeant à l'ouest et que sur la rive opposée ils supportent également des quartzites possédant toutefois unplongement inverse. L'axe ainsi défini sépare deux régions plissées de régime assez différent; à l'ouest, les plis regardent la France et constituent une série de grandes nappes faiblement inclinées sur l'horizon et comprenant des noyaux synclinaux de marbre jurassique rouge (massif de Pierre-Eyrautz); à l'est, les anticlinaux sont tournés vers l'Italie, d'abord simplement déjetés vers l'est (massif de la Grande Maye), puis plus étirés et couchés sur les schistes lustrés de la zone suivante (massif Lasseron-Rochebrune). ( ' ) Marcel Bertrand, Études dans les - 1 Ipes françaises (Bull. Soc. gcol. de France. 3e série, t. XXII, p. 69 et suivantes; 1 8gi) ). C. K., 1899, 1" Semestre. (T. CXXVIII, N" 1.) 8 ( 58 ) » Cetlr disposition continue vers le midi en s'accentuant encore et en sb.ij ap 10 , »U39 '»"i g uuir-) rq 30^3 çniop"m?açJ ,ip r>ij S -a :^< J5 'aâl^ioqeTjQ ap p.iLïn^ j^ apuo,L.i-Q ■il 3 -a -. ■S* I q W » 9.9 se schématisant pour ainsi dire : la bande houillère centrale se dédouble tout en plongeant sous les dépôts du trias inférieur: entre ses deux branches, ( 59) (|iii ne se traduisent plus que par deux anticlinaux de quartzites déjetés en sens inverse, apparaît, au col des Ayes même, un synclinal occupé par des dolomieset descargneules. La coupe est ici pour ainsi dire idéale, tant elle est régulière. Le col est en effet sur un synclinal de symétrie; les grès houil- lers ont totalement disparu, mais ils réapparaissent plus au sud (près des chalets de l'Échaillon), reliés aux quartzites pardesanagénites permiennes, dans l'axe du plus occidental des deux plis déjetés chacun dans une direction diamétralement opposée à l'est et à l'ouest du col des Ayes. L'anticlinal occidental se poursuit au sud du col; sa racine est tantôt droite, tantôt lé- gèrement déjetée vers l'est, tandis que sa tète est fortement couchée vers l'ouest; parmi les plis qui se succèdent vers l'est, on observe également, malgré le pendage général vers l'ouest de l'ensemble de ces accidents, une certaine hésitation toute locale dans le sens du déversement pour quel- ques-uns des anticlinaux (Clôt de la Cime) les plus rapprochés de l'axe de symétrie. Quant au synclinal du col des Ayes, sa continuation vers le sud correspond à la bande de flysch du col de Furfande, également limitée par des assises à plongements opposés. » Ainsi, la zone houillère à structure en éventail, dont M. Marcel Ber- trand a défini la signification importante en Savoie, se poursuit tectoni- quement au sud de Briancon ( ') où le synclinal triasique du col des Ayes. qui en occupe l'axe, joue exactement le même rôle dans la symétrie de cette partie (2) du système alpin. » Comme M. Bertrand ( ') l'a écrit pour la zone houillère deMaurienne, on peut dire, pour la dépression des Ayes, que ce synclinal comprend s, Masson et Cie. 1899; l broch. in-8°. Sur les nitriles-alcools aliphatiques et leurs dérivés, par M. Louis Henry, Membre de l'Académie royale de Belgique, Professeur à l'Université de Louvain. Bruxelles, Hayez, 1898; 1 vol. in-8°. Journal de Pharmacie et de Chimie, 6e série, Tome IX. Paris, Octave Doin, 1899; 1 fasc. in-8°. La Tribune médicale, 2e série, n° 52. Paris, 1898; 1 fasc. in-8°. Journal d'Hygiène, 2'3e Volume, n° 1162. Paris, 1898; 1 fasc. in-4". Gazette des Hôpitaux, u° i48. Paris, 1898; in-4°. La France médicale, par A. Chevallereau. N°52. Paris, 1898; 1 fasc. in-4". Revue scientifique, 4e série, TomeX. Paris, 1898; 1 fasc. in-4". La Nature. Directeur : H. de Parville. N° 1136. Paris, G. Masson et Cie. 1898; 1 fasc. in-4°. Le Magasin pittoresque. Directeur : M. D. Albas. Paris, 1899; 1 fasc. in-4°. Chronique industrielle, par Casalonga. N° 52. Paris, 1898. 1 fasc. in-V- Société de Biologie. Tome V. Paris, 1898: 1 fasc. in-_V'. On soient à Paris, chez GAUTHIER-V1LLARS, Quai des Grands-Augustins, n° 55. Depuis 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Ils forment, à la fin de l'année, deux volumes iu-4«. Deux Tables, l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel et part du i™ janvier. Le prix de V abonnement est fixé ainsi qu'il suit : Paris : 20 fr. — Départements : 30 fr. - Dnion postale : 34 fr. - Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus. On souscrit, dans les Départements, chez Messieurs : Agen Ferran frères. ÎChaix. Jourdain Ruff. Amiens Courtin-Hecquet. ( Germain etGrassin. Angers T , . I Lachese. Bayonne Jérôme. Besançon Jacquard. , Feret. Bordeaux ! Laurens. ' Muller (G.). Bourges Renaud. / Derrien. \ F. Robert. Brest ! , „ , j J. Robert. ' Uzel frères. Caen Jouan. Chambery Perrin. Henry. Marguerie. Juliot. Ribou-Collay. , Lamarche. Djon Ratel. (Rey. Douai jLauverjat. ( Degez. Cherbourg Clermont-Ferr. Lorient. chez Messieurs : j Baumal. I M™ Texier. j Bernoux et Cumin. \ Georg. Lyon < Côte. Savy. Vitte. Marseille Ruât. On souscrit, à l'Étranger, Amsterdam. Montpellier . Moulins.. .. | Calas. I Coulet. Athènes. . . Barcelone. Berlin. Nantes Nice. . . Grenoble. i Drevet. ' ' ( Gratier et C". La Rochelle Foucher . Le Havre j Bourdignon. ( Dombre. Lille. i Thorez. Quarré. Martial Place. | Jacques. Nancy Grosjean-Maupin. ( Sidot frères. I Loiseau. \ Veloppé. \ Barma. I Visconti et C". Aimes Thibaud. Orléans Luzeray. _ . . ( Blanchier. Poitiers ,, , ( Marche. Bennes Plihon et Hervé. Bochefort Girard (M11"). ! Langlois. | Lestringant. S'-Étienne Chevalier. ( Ponteil-Burles. / Rumèbe. I Gimet. j Privât. , Boisselier. Tours J Péricat. ' Suppligeon. \ Giard. / Lemaitre. Rouen. S' -Eue Toulon. . Toulouse Tours Valenciennes. Berne . . . Bologne. Bruxelles. Bucharest Budapest Cambridge Christiania Constantinople. Copenhague Florence Gand Gênes Genève . . La Haye. Lausanne. Leipzig... Liège. chez Messieurs : j Feikema Caarelsen » et C". Beck. Verdaguer. i Asher et C". I Dames. , Friedlander et fils. Mayer et Muller. Schmid et Francke. Zanichelli. Lamertin. MayolezetAudiarte. Lebègue et C'-. Sotcheck et C". Storck. Kilian. Deighton, Bell et C°. Cammermeyer. Otto Keil. Hôst et fils. Seeber. Hoste. Beuf. Cherbuliez. Georg. Stapelmohr. Bel in fan te frères. Benda. Payot. Barth. Brockhaus. Lorentz. Max RUbe. Twietmeyer. Desoer. Gnusé. chez Messieurs : !Dulau. Hachette et C". Nutt. Luxembourg.... V. Biick. / Libr. Gutenberg. Madrid ) Romo y Fussel. ) Gonzalès e hijos. F. Fé. Milan * B°CCa fréres- " ' Hœpli. Moscou Tastevin. Naples * Marghieri di Giu5. ! Pellerano. t Dyrsen et PfeifTer. New-York Stechert. ' LemckeetBuechner Odessa Rousseau. Oxford Parker et C" Palerme Clausen. Porto Magalhaès et Monii Prague Rivnac. Bio-Janeiro Garnier. Bocca fréres. Loescheret C". Botterdam Kramcrs et fils. Stockholm Sanison et Wallio 0,„,. i Zinserling. S--Petersbourg..1{wm I Bocca fréres. Brero. Clausen. RosenbergetSelli r Varsovie Gebethner et VVn 11 Vérone Drucker. Borne . Turin. Vienne. t Frick. " | Gerold et C'\ Zurich Meyer et Zeller. TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES : Tomes !•» 31. — (3 Août i835 à 3i Décembre i85o. ) Volume in-4°; i853. Prix 15 fr. Tomes 32 à 61.— (i" Janvier i85i à 3i Décembre i865.) Volume in-4°; 1870,- Prix 15 fr. Tomes 62 à .91.— (1" Janvier 1866 à 3i Décembre i«8o.) Volume in-4"; 1889. Prix 15 fr. SUPPLÉMENT AUX COMPTÉS RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES : Tome I: Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par MM. A. Debbes et A.-J.-J. Solier. — Mémoire sur le Calcul des Perturbations qu'éprouvent les Comètes, par M.H*nsen. — Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des matières grasses, par M. Claude Bernard. Volume in-4°, avec 32 planches; 1806 15 fr. Tome II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Vas Beseden. — Essai d'une réponse à la question de Prix proposée en i85o par l'Académie des Science; pour le concours de i853, et puis remise pourcelui de i856, savoir : « étudier les lois delà distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédi- ■• mentaires, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. — Rechercher la nature « des rapports qui existent entre l'état actuel du règne organique et ses états antérieurs », par M. le Professeur Bkuns. In-4°, avec 27 planches; 1861.. . 15 fr. A la même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences. N" 1. TABLE DES ARTICLES. (Séance du 'l janvier 1899.) Pages. État de l'Académie aui"janvier 189g M. C. W01 r. Président sortant, rail conn A l'Académie l'étal ou si- trouve l'impres- sion des Re ueilsqu'elle publie, el les chan- gements survenus parmi les Membres el les Corresp lanls pendant le cours de l'an- Pagcs. née 1898 i3 M. Wiim. Ulocution en quittant le lan- teuil cl.' l.i présidence i5 M. \ w Tu '.m m. Ulocution en prenant possession de la présidence h» MÉMOIRES ET COMMIMC YTIOIVS DES MEMBRES BT DK> CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. \l. Bi 1: 1 m lot. Sur I'1 dosage du phos- phore el 'lu soufre dans I :s végétaux el dans l' m - < eodres \l. Bi Sur la présenci 1 lé do- du chlore dans les plantes \l. lh mu Moissan. Préparation et pro- priétés d'un ammonium organique : le lithium monomélhylammonium 16 M. Considère. Inlluence des armatures métalliques sur les propriétés des mor- tiers et bétons lo MEMOIRES PRESENTES. M.Jean Mascart. Constituti !■■ l'anneau des petites planètes '■ • M. 11. m Brun adresse "n Mémoire nianu- scril intitulé : L'organisation sanitaire de l'Empire ottoman, el lu défense de l'Europe contre lu peste el lo choléra M. L. Mirinnv adresse un Mémoire « Sur lu nature el le nombre des racines des nombres el des équations algébriques ■■ . . ;7 CORRESPONDANCE. M. le Si i nale un 1 >u- vrage de M. L.Henry, Membre de l'Acadé- mie royale de Belgique, ayant pour litre : .. siii les nilriles-alcools aliphatiques el leurs dérivés ;7 MM. Ed. P. Vllis, I Pai ml, .1. Tissot, Ch. 1 r. h. c."i ' J. F. Guyon, Mii -. 1 i:. m Toni, G. Berti d idri ssenl des remerclments .1 I Vcadi pour les 1I1-1 un lions accordées .1 leui - 1 ra> aux... M. Ch. \m'i;i. Observation de l'éclipsé totale de Lune du 17 décembre 1898, faite u l'observatoire de Lyon .'•- M. Baillaud. Observations faites à l'ob- servatoire de Toulouse, pendant l'éclipsé du i-j décembre ivns. pai MM. Baillaud, Bourget, \tontangerand, Bossard, Bes- si'll M. r. Rossard. ' Ibsi ' ■• ii ions des 1 om< tes Brooks ' hase, faites à l'ob- servatoire de Toulouse, n l'équatorial Brunn r de ,a3 d'ouverture \ 1 Bulletin bibliographique M. 1 '■! orges P01 son. vur l.i propagal ion des les liquides dans les cours d'eau . . M. \ri,i>ii lin. m. Sur l'absorption de la hunier.' par :orps placé dans un champ magnél ique \l. A. Guilli i- Sur 1 forme simple de magnétomêl re M. II. Baubionv. Méthode générale île si paration .lu . hlore, .In br ! el de I iode m. langés .. l'étal de sels d'argent. M. 1..1.. m 1 rat, Sur l.i formation de la tête des II * ménopti 1 es, .m ment de leur passage 1 l'él .1 1 de nymphe MM. ECilian et Luqeon. — 1 ne coupe trans- versale des \ Ipes briançonnaises, de la i.\ le -i la fronti re italie M. J.-J. \M'i 1 1; adresse une nouvelle Note sur» Les ostioles dans les " gnes animal el végétal, comme appareil régulateur » ... M. I.. Mu;n adresse une série de- Notes 1 . l.iir, 1 - .1 divei questions de Méca- nique céleste 15 ni On 60 paris.— i m phi mi-: rie gauthiër-villars, Quai ries Grands-Augustins, >b. /.r Gérant .-'.m i huh-Villahs. APR 10 1899 1899 PREMIER SE3IESTRE. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES PAR MM I>ES SECRÉTAIRES PKRPÉï UEfcS. TOME CXXTIII. N° 2 (9 Janvier 1899). PARIS, GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, Quai des Grands-Augustins, 55. 1899 RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS ADOPTÉ DANS LES SÉANCES DES 23 JUIN 1862 ET 2^ MAI 1 875. Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie se composent des extraits des travaux de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes présentés par des savants étrangers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. 26 numéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. Article 1er. — Impressions des travaux de l'Académie. LesextraiisdesMémoiresprésentés parmi Membre ou par un Associé étranger de l'Académie comprennent au plus 6 pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o pages par année. Les communications verbales ne sont mentionnées dans les Comvtes rendus, qu'autant qu'une rédaction écrite par leur auteur a été remise, séance tenante, aux Secrétaires. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les Rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par les Correspondants de l'Académie comprennent au plus Zj pages par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de 32 pages par année. Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Académie; cependant, si T.es Membres qui y ont pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi- vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion. Les Programmes des prix proposes par l'Acadé sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les ] ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'au que l'Académie l'aura décidé Les Notices ou Discours prononcés en séance blique ne font pas partie des Comptes rendus. Article 2. — Impression des travaux des Savan étrangers à l'Académie. Les Mémoires lus ou présentés par des persor qui ne sont pas Membres ou Correspondants de L'J demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un sumé qui ne dépasse pas 3 pages. Les Membres qui présentent ces Mémoires : tenus de les réduire au nombre de pages requis Membre qui fait la présentation est toujours nom mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Ex autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le pour les articles ordinaires de la correspondance cielle de l'Académie. Article 3. Le Ion à tirer de chaque Membre doit être ren l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tan jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à ter le litre seul du Mémoire eslinséré dans le Compte ri actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu vant et mis à la fin du cahier. Article 4. — Planches et tirage à part. Les Comptes rendus n'ont pas de planches. Le tirage à part des articles est aux frais des teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapport les Instructions demandés par le Gouvernement. Article 5. Tous les six mois, la Commission administrative un Rapport sur la situation des Comptes rendus A l'impression de chaque volume. Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du sent Règlement. Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent laire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont pries d déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5\ Autrement la présentation sera remise à la séance suiv APR 10 1899 COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, SÉANCE DU LUNDI 9 JANVIER 1899, PRÉSIDENCE DE M. VAN TIEGHEM. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. ÉLECTRICITÉ. — Sur l'hystêrésimètrë construit par MM. Blondel et Carpentier. Note de M. Marcel Deprez. « L'instrument présenté à l'Académie par MM. Blondel et Carpentier, dans la séance du 5 décembre dernier, et auquel ils ont donné le nom d' hystérésimètre Blondel, est identique comme principe a l'hystêrésimètrë, — dont il ne diffère que par les dimensions, — que j'ai imaginé il y a plus de quinze ans et que je n'ai pu faire construire que beaucoup plus tard poul- ies galeries du Conservatoire national des Arts et Métiers : il y figure depuis quatre ans. J'avais d'abord pensé à lui donner la même forme que celle qui est représentée par le croquis annexé à la Note de M. Blondel ; c'est-à-dire à n'employer qu'un simple aimant en fer à cheval, tournant autour d'un axe vertical et tendant à entraîner, par hystérésis, un fil de fer circulaire, enroulé dans la gorge d'une petite poulie de bois, fixée à un ressort qui, C. R., 1899, 1" Semestre. (T. CXXVIII, N' 2.) 9 ( 62 ) dans l'espèce, se réduisait à un simple fil de torsion. Mais j'ai pensé que les résultais ainsi obtenus n'auraient aucune valeur industrielle et j'ai pris le parti de lui donner des dimensions telles, que l'on pût mesurer l'hystérésis de véritables anneaux de fer, ayant des dimensions de même ordre que celles des anneaux des dynamos, construits d'une manière identique, soumis à l'action d'un champ magnétique tournant, produit par des électro- aimants d'une puissance comparable à celle des inducteurs employés dans les dvnamos, et mobiles autour d'un axe vertical, auquel on imprime une rotation plus ou moins rapide. » Pour augmenter encore l'elïet produit, j'ai mis quatre pôles, au lieu de deux, ce qui permet : i° de doubler l'effort d'entraînement produit sur l'anneau de fer; 2° de doubler le nombre de cycles, correspondant à une vitesse angulaire donnée des inducteurs tournants, et de constater ainsi plus facilement l'influence du nombre de cycles, accomplis dans l'unité de temps, sur la valeur de l'hystérésis. » Toutes les dispositions avaient été prises d'ailleurs pour que l'anneau de fer pût être enlevé rapidement et remplacé par un autre, de provenance différente. » Le couple d'entraînement exercé sur l'anneau de fer est, comme dans l'instrument présenté par MM. Blondel et Carpentier, mesuré au moyen d'un ressort spiral. » L'avantage qui résulte de la substitution d'électro-aimants à un aimant en fer à cheval consiste en ce que l'on peut, en faisant varier l'intensité du courant, étudier l'influence de l'intensité du champ sur la valeur de l'hysté- résis et obtenir, en outre, des champs beaucoup plus puissants que ceux que permet de produire un aimant permanent. » Il est d'ailleurs facile de mesurer le flux de force, qui traverse l'anneau de fer, par le procédé suivant: En un point quelconque de cet anneau se trouve un cadre métallique, qui s'y adapte exactement de façon à former une spire de forme rectangulaire, dont l'un des côtés s'enlève à volonté; de façon qu'on puisse la placer ou l'enlever, sans rompre la continuité de l'an- neau. Les extrémités du circuit formé par cette spire sont reliées à un com- mutateur à quatre coquilles, contre lequel frottent deux balais, communi- quant avec un galvanomètre, dont l'équipage mobile possède un grand moment d'inertie. Le courant périodique, engendré dans la spire pendant que l'anneau tourne, est ainsi redressé et produit à chaque tour quatre courants, dont les actions mécaniques sur L'équipage mobile ^nnl toutes de même sens. ( 63 ) » Si l'on désigne par N le nombre de pôles du système inducteur qui passent dans une seconde devant un point fixe; par § la valeur du flux de force totale dans le fer de l'anneau, à l'endroit où il a son maximum d'in- tensité (c'est-à-dire à un quelconque des quatre points neutres de l'anneau); par R la résistance du galvanomètre, celle de la sphère étant négligeable; par i l'intensité du courant moyen accusé par le galvanomètre : il est facile de démontrer que l'on a * N Cet appareil permet donc de mesurer très facilement tous les élé- ments qui influent sur la valeur de l'hystérésis ('). » Je dois dire toutefois que le dispositif destiné à la mesure du flux de force de l'anneau de fer n'a pas été appliqué au modèle du Conservatoire des Arts et Métiers, représenté par la figure ci-dessus, d'après une photo- graphie. (' ) On pourrait aussi mesurer le flux total qui traverse l'anneau, dans le sens de la circonférence au moyen du galvanomètre balistique, de la manière suivante : En un point quelconque de cette circonférence, on enroule à la main quelques spires d'un fil (de manière à constituer une véritable section comme celles d'un anneau Pacinotti), dont les extrémités aboutissent aux bornes d'un galvanomètre. On fait ensuite tourner lentement l'anneau, jusqu'à ce que la section ainsi formée soit située à égale distance des centres des pièces polaires de deux inducteurs consécutifs et, par conséquent, de signe contraire; on l'arrête alors dans cette position : on lance le courant excitateur (64) » .le ferai enfin remarquer que l'hystérésimètrc que je voulais construire primitivement, en employant un aimant tournant en (orme de fer à cheval, n'était que la reproduction de l'indicateur de vitesse magnétique que j'ai imaginé en 1880 et décrit dans le journal La Lumière è/ectrif/ue du 1 r juin 188 1 . La seule différence des deux appareils consiste en ce que le tube de 1er de l'indicaleur de vitesse n'était pas sectionné et qu'il était revêtu d'une enveloppe de cuivre, destinée à faire naître des courants induits, qu'il faut au contraire supprimer dans rhystérésimètre. » PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Essai de cryoscopie des urines, par M. Ch. BoucnARD. « J'ai indiqué (Soc. de Biol., G novembre 1897) que le carbone de l'albu- mine, à la suite des transformations régressives de cette substance, s'élimine dans les proportions suivantes par les trois émonctoires, pour 100 parties du carbone de l'albumine : ^3 par le poumon, 3a par l'intestin, 25 par le rein. » C'est une moyenne normale. » Mais même à l'état normal, ces chiffres varient. Les urines de l'homme sain renferment de 21 à 3i pour 100 du carbone de l'albumine élaborée, et ces limites peuvent être franchies à l'état pathologique. » La majeure partie de ce carbone est associée à l'azote cl, dans les con- ditions normales, pour 100 parties d'azote urinaire, il peut y avoir 78 de carbone au moins, 1 1 5 au plus et là encore l'état pathologique dépasse ces limites. Cela veut dire que, suivant les circonstances, même à l'état normal, mais surtout à l'état pathologique, les corps azotés riches en carbone peuvent 1 des inducteurs; ou attend que l'équipage mobile du galvanomètre soit revenu au zéro et l'on interrompt le courant des inducteurs; l'angle balistique de l'équipage mobile fait alors connaître le flux de force cherché. Celle méthode est inférieure à la précé- dente, en ce qu'elle exige deux séries de mesures : celle de l'h\ stérésis, prise pendant la rotation de l'anneau, et celle du flux, pendant qu'il est en repos; en outre, si le galva- nomètre est à circuit mobile, la mesure de l'angle balistique exige des précautions assez délicates, si l'on veut éliminer des causes d'erreur dues au pouvoir amortisseur considérable de ce genre d'instrument. (65 ) être plus ou moins abondants par rapport au carps azoté pauvre en car- bone, l'urée. » Cela veut dire encore que, suivant les circonstances qui influencent la nutrition, la grosse molécule d'albumine dont le poids est voisin de 6000 peut, par dissociations successives et perte de carbone, seVéduireen molé- cules très nombreuses et beaucoup plus petites, comme l'urée dont le poids moléculaire est 60, mais que ces petites molécules peuvent se trouver mélangées en proportions variables avec d'autres molécules moins réduites ou plus grosses, telles que, pour prendre quelques exemples, la créatinine, l'acide urique, l'urobiline, une ptomaïne, auxquels corps correspondent respectivement les poids moléculaires de 1 1 3, 168, 5p,2, 1021. Plus la nu- trition est parfaite, plus rares sont les grosses molécules, plus nombreuses sont les petites molécules, les molécules d'urée. » C'est vrai également pour les substances minérales. » Le soufre est, avant la destruction, partie constituante de la grosse molécule d'albumine, comme le phosphore est partie constituante de la lécithine ou des nucléo-albumines; c'est par fragmentations successives de la molécule et par oxydations qu'ils arrivent à conslituer les phosphates ou les sulfates urinaires, dont les poids moléculaires varient de 120 à 272. Je fais une exception pour le chlorure de sodium qui sort de l'organisme comme il y est entré, sans y avoir subi autre chose que des dissociations transitoires. Tous les autres corps urinaires, corps minéraux ou corps or- ganiques, sont le résultat d'une élaboration, d'une destruction des grosses molécules, qui ont fourni des molécules nombreuses et plus ou moins ré- duites. Le nombre et la réduction du poids des molécules est en rapport avec l'activité, la perfection de la nutrition. Le poids moyen de l'ensemble des molécules urinaires sera plus faible si la nutrition est plus parfaite, plus élevé si elle est languissante. » J'ai demandé à la Cryoscopie la détermination de ce poids moléculaire moyen. » L'urine de l'homme sain, si elle n'est pas diluée ou si on la suppose non diluée, se congèle aux environs de — i°,3j. J'ai vu varier ce point de congélation entre — o°,5o et —i°,i[\. » J'établis le poids des matières solides dissoutes dans ioocc d'urine; j'y dose le chlorure de sodium ; enfin, je détermine le point de congélation de l'urine après l'avoir diluée à ^ et même à \, si c'est nécessaire, pour empêcher la précipitation de certains corps. Je retranche des matières solides le poids du chlorure de sodium, j'ai ainsi le poids des matières éla- (66) borées. Je retranche ilu degré de congélation le nombre de centièmes de degré auquel descendrait le thermomètre si l'on faisait congeler seulement le chlorure de sodium dissous dans un même volume d'eau, j'ai ainsi le point de congélation de la solution des matières élaborées. La formule KP . . -p- donne le poids moléculaire moyen, l* étant le poids de matière éTa- borée contenue dans l'urine, C le degré de congélation, K une constante égale à i8,5. » Malgré toutes les irrégularités inhérentes à la solution des corps un- itaires dans un milieu aqueux, malgré les dissociations possibles des com- posés minéraux, la méthode donne des résultats qui m'ont paru être inté- ressants. Quatre fois seulement sur 82 déterminations, j'ai obtenu un poids moléculaire moyen notablement inférieur à 60. Je suppose que, dans ces cas, les molécules des sels minéraux, par dissociation, ont acquis un nombre double et un poids deux fois moindre. Je rejette ces cas sans en tenir compte. » Chez l'homme normal, le poids moléculaire supérieur à 60 s'en éloigne fort peu : c'est 62 ou 63; très rarement il monte à 68. » Chez presque tous les malades, le poids est supérieur : il varie de 6S à 112. Il est élevé dans la tuberculose avec ou sans fièvre; mais, si la fièvre devient excessive, de 4o° à 4l0> ^e poids de la molécule diminue et se rap- proche de la normale. » Il est élevé dans la fièvre typhoïde et dans la pneumonie; il revient à la normale très vite après la défervescence. » Au contraire, on peut voir, après l'apparente guérison de la pleurésie aigué, persister les grosses molécules de 90, alors que l'épanchement ou les frottements ont disparu et que la température est normale, indice de la persistance d'une cause cachée. » La molécule est grosse dans la goutte, même apyrétique ; relativement petite dans le rhumatisme articulaire aigu. « La syphilis, même en dehors de toute manifestation, m'a fourni, dans quatre cas, des molécules à poids élevé. » Une maladie où les idées régnantes donneraient à penser que les matières urinaires doivent renfermer les molécules à poids faible plus abondamment qu'à l'état normal, la néphrite chronique, même quand on s'est débarrassé de l'albumine, donne un poids moléculaire moyen élevé, quelquefois énorme. Il semblerait que, dans cet état morbide, tout ne se (67 ) réduit pas à l'imperméabilité rénale et qu'un trouble nutritif accumule clans le sang les grosses molécules qui sont aussi les molécules toxiques. » Les altérations organiques du foie et les troubles de la fonction hépa- tique, même quand il n'y a pas ictère, augmentent le poids moyen des molécules urinaires; le carbone qui devait être jeté dans l'intestin reste fixé sur des corps qui suivent Pémonction rénale. » Si, chez un malade fébricitant, on suit, dans les périodes du nychthé- mère, la marche de la température et celle du poids moléculaire, on constate entre les deux une sorte de parallélisme, le poids diminuant sensiblement dans les périodes d'apyrexie. » ANATOMIE GÉNÉRALE. Histologie de la peau. Définition et nomen- clature des couches de l'èpiderme chez l'homme et tes mammifères; par M. L. Rawier. « Comme on le sait, l'èpiderme est bien distinct du derme, celui-ci provenant du feuillet moyen du blastoderme, tandis que l'èpiderme est d'origine ectodermique. L'èpiderme se renouvelle sans cesse, ses cellules profondes donnant constamment naissance par division à de nouveaux éléments cellulaires. » Les cellules qui jouissent de la propriété de se diviser forment une couche à part à laquelle convient le nom de stratum germinativum. Pour l'observer et en même temps reconnaître les principaux phénomènes de la division indirecte, la meilleure méthode est la suivante : Enlever par une section tangentielle la peau de la plante du pied du cochon d'Inde, la placer pendant une heure dans le liquide de Flemming, la transporter dans l'alcool et, douze heures après, y faire des coupes minces, perpendiculaires à la surface, que l'on colore par la purpurine ou l'hématoxyline. » La couche qui succède au stratum germinativum est caractérisée par la présence, au sein du protoplasma cellulaire, de nombreuses fibrilles épidermiques. Je la désignerai sous le nom de stratum filamentosum. C'est après dix ans d'observations répétées sur la peau de l'homme et des mam- mifères, à l'état normal et pathologique, que je me suis aperçu pour la pre- mière fois de l'existence des fibrilles épidermiques. Aujourd'hui, tous les voient sans difficulté, même avec des objectifs ordinaires. > L'eau ne les modifie pas notablement. Elles résistent à l'ébullition. Les acides et les alcalis les gonflent. Elles s.- colorent en violet sous l'influence (68) de l'hématoxvline et en rouge sous celle du carmin. La ihionine les colore en vert pale ou ne les colore pas du tout, tandis qu'elle détermine dans le protoplasma cellulaire une coloration violette intense. Les filaments d'union des cellules du slralum filamentosum étant constitués parles fibrilles épi- dermiques qui passent de cellules en cellules, il eu résulte que ces fila- ments ne sont point colorés par la thionine ou seulement colorés en vert très faible, alors que les cellules elles-mêmes sont violettes. On arrive ainsi à constater que les filaments d'union du slralum Jilamenlosum ne sont pas de simples prolongements protoplasmiques; ce qui est fort important. » L'ensemble des fibrilles épidermiques dans une coupe de la peau, examinée dans l'eau, produit, par suite de la diffraction qu'elles déter- minent, une légère opacité, une teinte grisâtre dans tout le slralum Jilamen- ' tosum, alors que le slralum germinalivum est translucide. Ces deux couches de 1'épiderme, ainsi examinées, ont donc chacune des caractères particuliers. » Les fibrilles épidermiques sont biréfringentes. Aussi une coupe de la peau du cochon d'Inde, disposée convenablement entre les deux niçois croisés, montre-t-elle le slralum Jilamenlosum brillant et le slralum ger- minalivum obscur. C'est encore là un moyen de déterminer la limite des deux couches. » Au-dessus du slralum filamentosum, en se rapprochant de la surface, se trouve le slralum granulosum de P. Langerhans. Cette couche est carac- térisée par la présence de l'éléidine granuleuse au sein du protoplasma cellulaire. Qu'il me soit permis de faire remarquer que les filaments épi- dermiques aussi bien que les grains d'éléidinene sont pas du protoplasma; ils sont simplement élaborés par lui, comme les grains d'amidon dans les cellules végétales. » Le picrocarminate d'ammoniaque et l'hématoxyline colorent l'éléidine, comme le savent tous les hislologistes. La thionine après le flemming la colore en violet; mais cette coloration est un peu inconstante. Lorsqu'elle se produit, elle est fort remarquable. » J'ai trouvé récemment une méthode qui donne du slralum granulosum et de l'éléidine des préparations démonstratives. On durcit à l'alcool, on colore au picrocarminate, on lave et l'on traite par l'eau de chaux. Les cel- lules sont gonflées et alors les granulations d'éléidine, qui ne sont point modifiées par la chanx, sont toutes absolument nettes. « La peau de la plante du pied du cochon d'Inde et du rat (c'est avec intention que j'emploie toujours les mêmes objets d'étude, afin de rendre la comparaison des méthodes plus démonstrative ) soumise, pendant une (69 ) heure, à l'action de l'acide osmique à i pour ioo, fournit, comme on le sait, des préparations dans lesquelles la couche superficielle et la couche profonde du stratum corneum sont noires. Il serait noir dans toutes ses parties si l'on avait laissé plus longtemps la pièce dans la solution osmique. » Au-dessous du stratum, corneum, le séparant du stratum granulosum, se trouve une couche mince incolore qui semble correspondre au stratum lucidum de OEhl et Schrœn ('), que ces auteurs ont cependant observé la première fois à l'aide d'une autre méthode. » En réalité, cette couche est double. Voici comment il faut s'y prendre pour le reconnaître : les coupes de la peau, faites après qu'elle a séjourné une heure dans l'acide osmique et vingt-quatre heures dans l'alcool, sont colorées par le picrocarminate et examinées dans la glycérine. L'éléidine n'y est pas colorée, parce qu'elle a subi la métallisation osmique. Le stratum lucidum vrai n'est coloré ni par le carmin, ni par l'acide osmique; mais au-dessous de lui et immédiatement au-dessus du stratum granulosum se voit une bande colorée en rouge vif. Cet^e bande est mince; elle est formée seulement de deux ou trois étages de cellules. Sa limite externe est régulière, sa limite interne festonnée. C'est elle qui, en réalité, sépare les deux couches principales de l'épiderme, les seules anciennement connues : la couche cornée et le corps muqueux de Malpighi. Je la désignerai, pour cela, sous le nom de stratum intermedium. Chose curieuse, le stratum in- lermedium, qui se colore si vivement par le carmin, ne se colore pas du tout par la purpurine. Après durcissement par l'alcool, la thionine le laisse aussi incolore, tandis que le stratum corneum est vert et le stratum fila - mentosum violet. On peut concevoir par l'imagination la beauté de ces préparations. En réalité, elles sont merveilleuses. « Le stratum intermedium a, pour l'élude de l'évolution épidermique, une importance de premier ordre, car il en est la clef. Les cellules qui le composent sont claires. Elles contiennent un noyau atrophié et possèdent une enveloppe dans laquelle se trouvent des fibrilles épidermiques enrou- lées comme les fils d'un cocon. Le docteur Hans Rabl (2), dans un travail récent, a décrit et figuré une disposition semblable dans le stratum corneum. Elle est surtout marquée dans le stratum intermedium. Pour la bien voir, il faut observer des coupes faites après l'action du liquide de Flemming, sans coloration aucune ou, mieux encore, après coloration par la purpu- (*) Pour les indications bibliographiques, voir mon Traité technique d'Histologie. (i) Arch.fiir microscop. Anatomie, t. XLVIII, p. 43o. C. R., 1899, 1" Semestre. (T. CXXVIII, Ns 2.) IO ( 70 ) rine. Toutes les couches de l'épiderme y sont roses, à l'exception du stra- tum intermedium, qui est incolore. » Sous l'influence du liquide de Flemming, dans la composition duquel il entre de l'acide acétique, les cellules du stratum intermedium sont légè- rement gonflées, et la constitution fibrillaire de leur enveloppe devient apparente. » Quand en vertu de l'évolution épidermique les cellules montent dans le stratum lucidum et plus haut encore dans le stratum corneum, elles perdent leur aspect filamenteux, mais leur enveloppe ne change pas de constitution pour cela. Il s'y est seulement produit une condensation telle que les limites fibrillaires sont devenues invisibles. Cependant on arrive à les observer si, à l'exemple de Hans Rabl, on examine les cellules iso- lées après macération prolongée dans le liquide de Millier. » Le stratum corneum proprement dit, ou stratum corneum rerum, a des réactions bien caractéristiques. Il est fortement biréfringent, se colore en noir sons l'influence de l'acide osmique, en vert intense sous celle de la thionine. La safranine le teint en ronge orangé très vif, tandis que, dans les autres couches de l'épiderme, sont seuls colorés les nucléoles et les filaments chromatiques des cellules en voie de division indirecte. » Après l'action de l'acide osmique, les régions superficielles du stra- tum corneum se différencient des profondes. Elles sont plus faiblement co- lorées. Il arrive même qu'elles ne le sont pas du tout. On en voit se déta- cher des lambeaux qui vont être abandonnés au monde extérieur. C'est la fin de l'évolution épidermique, son dernier acte, pour ainsi dire. Il con- vient de désigner la couche superficielle en question sous le nom de stra- tum disjunctum. » Il y a donc sept couches distinctes dans l'épiderme de l'homme et des mammifères. En suivant la marche de l'évolution épidermique elle-même, ce sont : Stratum germinath'uni, S. ftlamentosum, S. granulosum, S. interme- dium, S. lucidum, S. corneum, S. disjunctum. Chacune de ces couches se présente avec des caractères physiques et des réactions chimiques parfaite- ment nets. On peut donc apprécier très aisément ses limites. Elles sont franches. On ne saurait mettre aucune hésitation à les reconnaître. Cepen- dant ces couches ne sont pas formées d'éléments spéciaux. Une même cellule, née dans le stratum germinativum, atteint le filamenlosum et devient filamenteuse, puis le granulosum et se charge d'éléidine, etc. En entrant dans le rang, elle sait ce qu'elle a à faire et le fait. C'est un ordre admirable, l'ordre de la Nature. » ( 7' ) ASTRONOMIE. — Observation de l 'éclipse totale de Lune du 27-28 décembre 1898 faite, à l'observatoire de Bordeaux, par MM. G. Ravet, E. Doublet elY. Courty. Note de M. G. Rayet. « L'observation de l'éclipsé de Lune du 27-28 décembre a été, à l'obser- vatoire de Bordeaux, contrariée par un ciel qui, d'abord nuageux et bru- meux, n'a pas tardé à se couvrir d'une manière complète. A partir de mi- nuit le phénomène n'a plus pu être suivi. « Les immersions ou émersions d'étoiles demandées par l'observatoire de Poulkovo, et dont M. Backlund avait préparé la liste, n'ont donc été observées qu'en petit nombre soit à l'équatorial de 1/4 pouces (grossisse- ment i4o) par M. G. Rayet, soit à l'équatorial de 8 pouces (grossisse- ment 78) par M. E. Doublet. » Voici les résultats obtenus. Temps moyen de Bordeaux, de l'étoile. Phénomène. Equat. de 14 pouces. Équat. de 8 pouces. b m a 39 Immersion 10. 32. 36, 7 » 45. . . . Immersion 10.49.29,7 » 46 Immersion 10. 5g. 3g, o » 58 Immersion 11. 8.3o,3 » 53 Immersion 11.22. g, 6 » 30 Emersion ii.3o. 4>4 ii.3o.ia,a 32 Emersion 11. 32. 48, 5 » 36 Emersion » 1 1 .5a . i4,6 46 Emersion » 12.27. 0,9 » Ces phénomènes ont, pour la plupart, été saisis dans de courtes éclaircies ou à travers une brume parfois assez intense pour cacher complètement le bord de la Lune. « Les observations photographiques, confiées à M. Courtv, ont égale- ment été très contrariées par l'état de l'atmosphère. Cependant 8 épreuves ont été obtenues. » Première épreuve. — iohom temps moyen de Paris; trois minutes après l'en- trée dans l'ombre. Ciel peu nébuleux. Pose : une seconde. La partie de la Lune comprise dans la pénombre est surposée; la partie qui est dans le cône d'ombre pure n'est pas photographiée, la pose étant trop courte. » Deuxième épreuve. — ioh4m temps moyen de Paris, sept minutes après l'entrée ( T~ ) dans l'ombre. Ciel légèrement nébuleux. Pose : trois secondes. La portion de la Lune qui est encore dans la pénombre est très surposée. La région comprise dans l'ombre pure est plus reproduite que dans l'épreuve précédente. Les détails sont assez nom- breux à la limite de séparation de l'ombre et de la pénombre. » Troisième épreuve. — ioh33m temps moyen de Paris, trente-six minutes après l'entrée dans l'ombre. Ciel très nébuleux. Pose : vingt secondes. Sur le négatif, le contour de la Lune est complet; la transition entre l'ombre et la pénombre est plus brusque que dans les épreuves précédentes. » Quatrième épreuve. — ioh39m temps moyen de Paris, quarante-deux minutes après l'entrée dans l'ombre. Ciel très nébuleux. Pose : trente secondes. Le contour entier de la Lune est visible sur le négatif. La transition entre l'ombre et la pénombre est particulièrement rapide et brusque; la brume a amené la région de l'ombre au- dessous de l'intensité nécessaire à la photographie, tandis que la région de la pé- nombre est encore assez intense pour agir sur le gélatinobromure, et le contraste est ainsi exagéré. » Cinquième épreuve. — ioh56m temps moyen de Paris, onze minutes avant le commencement de l'éclipsé totale. Ciel nébuleux. Pose : quarante secondes. Les deux tiers du contour sont reproduits et de nombreux détails sont visibles dans une bonne partie des régions de la Lune qui viennent de pénétrer dans l'ombre pure; c'est ainsi que l'on distingue avec facilité les contours de la mer des Pluies, de la merde la Séré- nité, de la mer de la Tranquillité et les principaux accidents des montagnes qui les séparent, le cratère Platon, etc. » Sixième épreuve. — nh9m temps moyen de Paris, deux minutes après le com- mencement de l'éclipsé totale. Ciel passable. Pose : soixante secondes. La moitié de la Lune est visible, ses détails sont nombreux et très nets dans la portion qui vient de pénétrer dans l'ombre. » Septième épreuve. — ■ iih25ra temps moyen de Paris, dix-huit minutes après le commencement de l'éclipsé totale. Ciel très brumeux.. Pose : cent vingt secondes. Le négatif montre encore la moitié de la Lune. » Huitième épreuve. — iib5rn temps moyen de Paris, au milieu de l'éclipsé to- tale. Pose : deux cent quarante secondes. Ciel très mauvais. Le négatif, très faible, montre certainement la moitié du contour de la Lune. » Il semble résulter des observations précédentes qu'avec l'instrument photographique de Bordeaux (ouverture : 33cm; distance focale : 343ctu) une pose de quatre minutes donnerait, par un beau ciel, l'image de la phase centrale d'une éclipse totale et que, dans cette image, on distingue- rait des détails. » Le temps de pose nécessaire pour reproduire une éclipse totale serait donc beaucoup plus court que celui que nous indiquions en 1891. Malheu- reusement le ciel du 27 décembre 1898 a été encore plus mauvais que celui du i5 novembre 1 89 r . » ( 73) M. Armand Gaitier présente à l'Académie la deuxième édition de son petit Ouvrage : « La Chimie de la cellule vivante ». RAPPORTS. HYDRODYDAMIQUE.— Rapport sur un Mémoire de M. Partiot, du 6 juin i 898 : « Choix d'une formule de célérité. » (Commissaires : MM. Bouquet de la Grye, de Bussy ; Hatt, rapporteur.) « La propagation des ondes dans les canaux et rivières a été étudiée au point de vue théorique par plusieurs savants. Lagrange, Airy, de Saint- Venant, MM. Boussinesq, Maurice Lévy, pour n'en citer que quelques-uns, ont envisagé le problème difficile de la formation soit des ondes propre- ment dites, pour lesquelles le mouvement vertical des molécules se combine avec le mouvement horizontal, soit des crues périodiques ou non, résultant des mouvements sensiblement horizontaux. » C'est ce dernier phénomène considéré plus généralement dans sa manifestation périodique, celle que présentent les fleuves auprès de leur embouchure, qui a fait l'objet des constantes études de M. Partiot appelé, par ses fonctions, à se préoccuper de l'amélioration des cours d'eau dont l'entretien était à sa charge. Parmi les Mémoires consacrés par lui à cet objet, il faut citer celui qui a été présenté à l'Académie le 10 juillet 1871 . M. de Saint- Venant en a rendu compte dans plusieurs Notes qui ont fait époque, à la fois par les appréciations élogieuses du rapporteur et par les considérations théoriques nouvelles qu'il v a introduites. » Le Mémoire actuel vient combler une lacune de celui de 1871 en abordant la vérification expérimentale de l'une des valeurs les plus impor- tantes du problème, la vitesse de propagation de la marée, ce que l'on nomme encore la célérité. Il était impossible de constater l'accord ou le .désaccord de la théorie avec les faits avant que ne fût organisé un système méthodique d'observations simultanées embrassant toute la partie maritime d'un fleuve. Les études antérieures de M. Partiot concernaient la Seine que les circonstances l'avaient mis à même de bien connaître, mais l'es- tuaire de ce fleuve présente des conditions tellement spéciales, qu'il serait téméraire de conclure du particulier au général d'après l'observation des manifestations de la marée entre le Havre et Bouen. ( 74 ) » A vrai dire, il faudrait sortir de France et même d'Europe pour aller chercher jusque sous les tropiques des cours d'eau réunissant, dans leur partie maritime, des conditions favorables à l'application de la théorie : absence de barre à l'embouchure, amplitude suffisante de la marée, pente insensible sur une assez grande longueur, régularité du lit, etc. Ces qua- lités ne sont qu'imparfaitement réalisées pour la Gironde, où l'auteur a cherché des vérifications ; mais c'est encore de tous les cours d'eau situés à portée de l'observation celui qui y satisfait le mieux. Le fleuve est large et profond; on ne trouve pas à son embouchure de bancs étendus couvrant et découvrant à mi-marée, comme en Seine; la pente du lit est faible et, comme conséquence, la marée se propage à une grande distance dans l'in- térieur. » C'est sur cette longueur de i65km environ que des observations de hauteurs d'eau simultanées ont été recueillies en quatorze ou quinze postes échelonnés depuis la pointe de Grave, à l'embouchure, jusqu'à la Réole, dans l'intérieur de la Garonne. Dans chaque station, l'ascension totale du niveau, pendant la demi-période de la marée, et sa descente pendant la demi-période suivante, sont divisées en un même nombre de parties que l'on considère comme définissant autant de phases se correspondant aux diverses stations. Des heures observées et des distances, on conclut les vitesses de propagation. » En comparant ces vitesses aux différentes phases du phénomène, on constate, ce qui est d'accord avec la théorie, qu'elles vont généralement en augmentant avec la hauteur d'eau. A cette première constatation, le Mé- moire en ajoute une autre en affirmant que, contrairement à l'opinion répandue, la propagation des phases négatives est plus rapide que celle des phases positives; en d'autres termes, que la mer descendante se pro- page plus vite que la mer montante. Il y aurait peut-être une réserve à faire relativement à celte assertion. Quand on dit communément que le flot se propage plus rapidement que le jusant, on traduit brièvement et inexactement ce fait, qui ne peut manquer de frapper, qu'à l'intérieur d'un fleuve la mer met moins de temps à mouler qu'à descendre. Or ce fait n'est que la conséquence d'une succession de vitesses de propagation croissantes dans un cas et décroissantes dans l'autre, et il pourrait se pro- duire encore si quelques-unes des vitesses décroissantes étaient supé- rieures aux vitesses croissantes correspondant à la même hauteur du niveau. Mais il est permis, a priori, de douter que la règle émincée soil générale; l'égalité de durée des périodes totales aux diverses stations entraîne l'éga- ( 75 ) hté clés vitesses aux phases extrêmes, que l'on mette l'origine de la période à la pleine ou à la basse mer; il suffit que la progression des vitesses soit à peu près régulière pour que la règle se trouve infirmée. » D'ailleurs, les chiffres présentés par le Mémoire se rapportent à des phases successives définies par les intervalles de temps égaux des obser- vations de la station de Grave située à l'embouchure. Il y a donc, dans la movenne, prédominance des hauteurs aux environs des maxima; si l'on reprend les chiffres de manière à donner la même importance aux diverses phases des hauteurs successives, on constate, entre Grave et Pauillac, sta- tions pour lesquelles cette vérification a été faite, des chiffres très voisins pour les vitesses de propagation pendant les périodes ascendante et descen- dante, 9m,6 et 9ra,9. L'augmentation de vitesse de la dernière phase est beaucoup plus faible qu'il n'apparaît à l'inspection du Tableau n° 1. >» Le but principal du Mémoire de M. Partiot était l'application des di- verses formules proposées pour calculer la vitesse de propagation et la comparaison du calcul avec l'observation. Cinq formules différentes ont été envisagées : celle de Lagrange, qui n'est applicable qu'aux ondes de très faible amplitude relativement à la profondeur du canal, les deux for- mules que M. de Saint-Venant a indiquées dans ses Communications de juillet 187 1 , une nouvelle formule que M. Partiot a calculée par extension de celle de Lagrange, enfin la formule que M. Boussinesq a proposée dans son Essai sur la théorie des eaux courantes. » La donnée capitale à introduire dans toutes ces expressions est la pro- fondeur du cours d'eau; on l'obtient, en chaque point, en faisant la moyenne des ordonnées exprimant les hauteurs d'un profil en travers et, dans une section déterminée du fleuve, comprise entre deux postes d'obser- vation, c'est la moyenne des profils qui représentera la profondeur de la section. Une question se posera dès lors, quand des îles ou des bancs d'une certaine étendue créeront des chenaux longitudinaux différents : convient-il de faire entrer ou non ces ordonnées nulles dans la moyenne? La réponse est difficile. M. Partiot n'a pas tenu compte de ces ordonnées et l'on ne saurait l'en blâmer, il avait le bon sens pour lui; mais peut-être eût-il pu trouver quelques raisons valables de faire l'inverse. Tout ce que l'on peut affirmer, c'est qu'il est à peu près impossible de plier la réalité à nos conditions théoriques et qu'il ne faut s'attendre dès lors qu'à des vérifica- tions imparfaites de nos déductions. » Celles que M. Partiot a obtenues, dans l'ordre d'idées mentionné ci- dessus, sont cependant relativement satisfaisantes, comme on peut s'en ( 76) rendre compte en comparant les tracés théoriques résultant de l'applica- tion des diverses formules de célérité avec les courbes de hauteurs fournies par l'observation. Chose assez surprenante, la formule de Lagrange conduit à une superposition presque exacte, au moins pour la branche ascendante, entre la pointe de Grave et Tallais, c'est-à-dire dans la partie la plus infé- rieure du fleuve; mais, comme il fallait s'y attendre, elle convient moins bien dans les sections suivantes. » Parmi les autres formules qui toutes tiennent compte de la variation de hauteur, c'est celle de M. Boussincsq qui semble donner les résultats les plus rapprochés de la réalité. » En rendant justice aux qualités remarquables du Mémoire que nous avons examiné, nous devons remercier son auteur d'avoir enrichi les sciences d'observation d'une très notable série de faits nouveaux. Nous souhaitons que ceux-ci soient livrés à la publicité et, à cet égard, il nous faut exprimer le regret que les dimensions et la nature spéciale des docu- ments présentés ne permettent pas de proposer leur insertion dans les Mémoires de l'Académie; mais il conviendrait, croyons-nous, d'attribuer à M. Partiot un témoignage plus explicite de sa bienveillance, et nous pro- posons à l'Académie de renvoyer le Mémoire à l'une des Commissions de prix. » NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la formation d'une lisle de deux candidats qui devront être présentés à M. le Ministre du Com- merce, de l'Industrie, des Postes et Télégraphes, pour la chaire de Chimie industrielle actuellement vacante au Conservatoire des Arts et Métiers. Au premier tour de scrutin, destiné à la désignation du premier can- didat, le nombre des votants étant 61, M. Joannis obtient 4o suffrages M. Fleurent » 17 » M. Verneuil » 2 » Il y a 2 bulletins blancs. M. Joannis, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, sera présenté par l'Académie comme candidat en première ligne. ( 77 ) Au second tour de scrutin, destiné à la désignation du second candidat, le nombre des votants étant 52, M. Fleurent obtient '12 suffrages M. Verneuil » 10 » M. Fleurent, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, sera pré- senté par l'Académie comme candidat en seconde ligne. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de Com- missions chargées de juger les concours de 1899. Le dépouillement des scrutins donne les résultats suivants : Prix Francœur. — MM. Poincaré, Darbonx, Picard, Appell, Hermite. Prix Poncelet. — MM. Darboux, Poincaré, Bertrand, Appell, Sarrau. Prix extraordinaire de six mille francs. — MM. Guyou, de Bussy, Sarrau, Bouquet de la Grye, de Joncpiières. Prix Montyon (Mécanique'). — MM. Maurice Lévy, Boussinesq, Sarrau, Léauté, Sebert. Prix Plumey. — MM. Guyou, de Bussy, Sarrau, Marcel Deprez, Léauté. Prix Lalande (Astronomie). — MM. Lœwy, Faye, Wolf, Janssen, Cal- landreau. Prix Val:-. — MM. Lœwy, Faye, Janssen, Wolf, Callandreau. Prix La Caze (Physique). — MM. Cornu, Mascart, Lippmann, Becquerel, Berthelot, Violle, Cailletet, Potier, Bertrand. Prix Montyon (Statistique). — MM. Haton de la Goupilliére, de Jon- quières, Rouché, Brouardel, Bertrand, Laussedat. CORRESPONDANCE. M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance : i° Un Mémoire de M. André Markoff « Sur les racines de l'équation ; = O ». dxm 2° Diverses publications, adressées à l'Académie par M. Van der Mens- C. R., 1899 1" Semestre. (ï. CXXVIII, N« 2j I I ( 78 ) brugàhe, professeur à l'Université de Gand, et relatives, pour la plupart, aux propriétés des liquides. 3° Deux Volumes publiés par Y Association française pour l'avancement des Sciences, et relatifs, le premier, à sa Session tenue à Sàint-Étienne en 1897 (If Partie); le second, à sa Session tenue à Nantes en 1898 (lre Par- tie). (Ces deux Volumes sont présentés par M. Brouardel.) MM. V. Thomas, G.-W. Hill, P. Lemoclt, A. Hébert adressent des remercîmentsà l'Académie, pour les distinctions accordées à leurs travaux. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Généralisai ion duprolongement analytique d'une fonction. Note de M. Eugène Fabky, présentée par M. Poincaré. » Lorsqu'une fonction analytique a une ligne singulière fermée, on con- sidère cette fonction comme n'ayant plus aucun sens, si la variable tra- verse cette ligne singulière. Le prolongement analytique par la série de Taylor est, en effet, impossible. M. Borel est arrivé à donner dans cer- tains cas une définition rationnelle du prolongement analytique (Annales de l'École Normale, 1893) en représentant la fonction par une expression convergente des deux côtés de la ligne singulière. Je me propose de mon- trer que l'on peut, par la seule considération de la continuité, généraliser la délinition des fonctions analytiques de façon à pouvoir, dans des cas très généraux, les prolonger au delà des lignes singulières. » Soient une fonction ayant une ligne singulière analytique, et a un point de cette ligne. Supposons qne la variable tende vers a par un chemin quel- conque non tangent à la ligne singulière ; si la fonction tend vers une li- mite finie et déterminée, nous dirons que cette limite est la valeur de la fonction au point a. Si la fonction ou l'une de ses dérivées n'a pas de li- mite finie, nous dirons que z = a est un point singulier absolu. » Si la fonction et ses dérivées d'ordre quelconque ont, au point a, des valeurs déterminées, nous dirons que a est un point singulier non absolu ou qu'il n'est singulier que comme limite de points singuliers. Lorsque deux fonctions définies, l'une pour les points intérieurs, l'autre pour les points extérieurs à une ligne singulière commune, prennent les mêmes valeurs en chacun des points de cette ligne singulière, on peut dire qu'elles constituent une même fonction continue. ( 79 ) » Si les deux fonctions deviennent infinies ou indéterminées pour une suite dénombrable rie points de la ligne singulière, et si, pour tous les autres points de cette ligne, elles ont des valeurs égales, on peut encore considérer l'une des fonctions comme un prolongement analytique de l'autre, car ces deux fonctions constituent une seule fonction continue, pourvu que le chemin décrit par la variable ne soit jamais tangent à la ligne singulière et ne la coupe jamais en un point d'indétermination; mais il peut la couper, sous un angle non nul, en chacun des autres points, qui forment une suite non dénombrable. » Si les points singuliers absolus forment une suite dénombrable, et si les deux fonctions et leurs dérivées d'ordre quelconque prennent les mêmes valeurs en tous les autres points de la ligne singulière, on obtient une fonction unique qui reste continue, ainsi que toutes ses dérivées, pourvu que le chemin décrit par la variable ne passe jamais par un point singulier absolu et ne soit jamais tangent à la ligne singulière. » Je compte étudier dans un Mémoire plus étendu les conséquences des définitions précédentes; mais il est facile de montrer par des exemples qu'elles s'appliquent à des cas très généraux. Considérons en particulier la _, a série >- — — » étudiée par M. Borel. Supposons que l'ensemble dérivé de de l'ensemble des points a forme une courbe analytique fermée, et que cet ensemble dérivé comprenne l'ensemble des points au, qui seront alors tous sur cette ligne singulière. Supposons en outre que p — —augmente indé- finiment avec n, de façon que la série V np A„ soit convergente quelque soityD. Tous les points aa sont singuliers absolus; il peut y en avoir d'autres sur la ligne singulière, mais ils forment une suite dénombrable. La fonction est ainsi continue dans tout le plan, ainsi que ses dérivées, sauf aux points singuliers absolus. Soit, par exemple, la fonction v h" . =y =" ^-y "" , ^j i _ zenu" **t i — /ie"u" ±* i — /h'-""" où - est incommensurable. Cette fonction reste continue ainsi que ses dérivées, pourvu que le chemin décrit par s ne soit jamais langent à la cir- conférence de centre O et de rayon i, et ne coupe cette circonférence qu'en des points z == c™', où y. n'a jamais une valeur de la forme nu zh2&iî, ( 8o i valeurs qui forment une suite dénombrable. Les fonctions ainsi obtenues sont uniformes dans tout le plan. » Supposons que deux fonctions, définies dans deux régions différentes, aient des dérivées d'ordre [«.qui constituent une même fonction continue dans les conditions précédentes. Si en outre ces deux fonctions el leurs y. premières dérivées sont égales en un point commun, sur la limite de leurs régions, nous dirons encore qu'elles constituent une même fonction, ou forment un prolongement analytique l'une de l'autre. C'est le cas de la série — \„ Log ( : — (a réel), si petit que soit le nombre positif t. Considérons alors la limite supérieure pour a = -xj de mod[E(«ic]" (x réel). Si cette limite est égale à ex, il est bien évident que le point i sera singulier, car la condition (i) est remplie; inversement on voit de suite que si le point i est singulier, on a l lim. sup. [E («;»•')]" = e~. » La condition (i) se généralise facilement : si l'on pose z = ?e'\ on voit de suite que la condition nécessaire et suffisante pour que le point i soit singulier est que l'on ait lim.e-°E(ape'6)^o, quand p cos 9 — i > o ; on démontre alors facilement que l'on a t lim. sup. [E(az)f= e?00*9, (') Hadamard, Thèse de doctorat, 1892. ( 2 ) Fabry, Annales de l'École Normale, 1896, et Journal de Mathématiques, 1 898. (3) Le AU, I.E Roy, Comptes rendus. 1898. ( 82 ) H étant voisin de o et compris entre certaines limites faciles à déterminer. » Plus généralement si l'argument du point singulier est «on aura i lim.sup.[E(a3)f=ePC0S<8"*>, et l'on voit de suite comment cette formule permet de déterminer les points singuliers de /"(s) situés sur le cercle de convergence et même sur le poly- gone de sommabilité, quelle que soit leur nature. » M. Borel a démontré (' ) qu'en général le cercle de convergence d'une série de Taylor est une coupure; on en déduit que pour une série E(a), où les coefficients sont quelconques, on aura, quel que soit l'argument de z, i lim. sup. [E(<3z)p = ep, ce qui revient à dire que pour les valeurs très grandes de la variable le module de la fonction entière E(s) ne dépend que du module de la variable; inversement il serait sans doute aisé de démontrer directement cette proposition et d'en tirer une nouvelle démonstration du théorème de M. Borel. » En partant des résultats du même auteur on démontre facilement que si./"(s) est régulière à l'origine E(a) est d'ordre apparent égal à i (2); on peut alors écrire cette fonction sous la forme e(«>= *•![(, 1t * ou à E(as) Oa _ V^ E ( a s ) -^d j a„ Si l'on continuait les calculs sans se préoccuper de la convergence des (') Borel, Comptes rendus, 1896, et Acla mathematica, 1897. (2) On peut généraliser ce résultat en multipliant les divers ternies du développe- ment de/(s) par les coefficients du développement de Taylor d'une fonction entière simple de genre— (par exemple d'un sinus d'ordre supérieur); on en déduirait un théorème analogue à celui de M. Hadamard {Journal de Mathématiques, 1893), per- mettant de reconnaître l'ordre d'une I :tion entière à l'aide des coefficients de la série. ( 83 ) séries du second membre on parviendrait de suite à l'égalité qui n'est pas rigoureuse, car le second membre est en général divergent; néanmoins rien ne nous empêche de dire que le premier membre est la somme du second et de poser ceci est légitime : car si le second membre converge, il y a une des déter- minations du premier qui est égale à sa somme et, d'autre part, dans tous les cas la connaissance des an permet de déterminer les av. » Si la fonction /"(s) dépend de un ou plusieurs paramètres a, a, les points singuliers av seront fonctions de ces paramètres, fonctions qui peuvent être de natures très diverses et qui diffèrent en général des fonctions analytiques en ce qu'elles peuvent avoir en un point une infinité non dé- nombrable de valeurs. Une telle fonction est complètement définie par les cn, et les propositions peuvent permettre de calculer sa valeur en un point; on peut aussi, par un théorème de M. Hadamard et ses généralisa- lions, effectuer certaines opérations simples sur ces fonctions. On peut aussi les définir par les an et calculer leurs valeurs en un point, et il serait intéressant de voir dans quelle mesure les règles ordinaires du calcul sont applicables aux séries "V — » La condition qui caractérise de telles séries est bien connue; il sulfit que étant divergente i a, soit convergente, si petit que soit, le nombre positif s. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la correspondance entre les lignes droites et les sphères. Note de M. E.-O. Lovett, présentée par M. Darboux. « La remarquable transformation de contact de M. Lie entre les lignes droites et les sphères, et qui est déterminée, comme l'on sait, par les deux (X-«Y)s=y-Z, a' x -\- h' y -+- c'z -+- c?' = ( 84 ) équations données par M. Lie (') (i) -Z* = *-(X + j"Y), fait correspondre à la ligne droite (2) ax •+■ by-\-cz -+-d— o, la sphère (2) (3) » En tentant de trouver de semblables transformations dans les espaces à un plus grand nombre de dimensions, on peut chercher à déterminer les formes des fonctions qui définissent la correspondance voulue en expri- mant la condition que le déterminant correspondant sera capable de représenter le premier membre de l'équation d'une hypersphère. » Ainsi, si dans l'espace à n dimensions, la ligne droite a b c d a1 // c â! 1 0 Z _(X-mY) 0 1 -(X- iY) -Z (4) y a,jXj -+- -/,-,„ =0 (i'=l,2 n — 1 ) / = ' doit être transformée en sphère par la correspondance établie par les équations (5) l'équation (6) 2?«(X X„).r,-f-?0(X ,X„) = o, 1 = 1 i = n 2k<* XB)*,-+-+a(X X„) = o, *..!>. *8, ?«-«> kl] =0 (1) Voir Lie, Ueber Complexe, insbesondere Linien-und Ku gel-Complexe | Muthe- matische Anna/en, t. V, p. 167 et suiv.), et Darboux, Leçons sur la théorie générale des sur/aces, t. I, p. 23o-233, 249, 25o; t. IV, p. 174 et- sim . (2) Voir Goursat, Leçons sur l'intégration des équations aux dérivées du premier ordre, rédigées par Boirj.et, p. 2Ô5-26G. (85) doit se réduire à la forme (7) 2X*(X|+P0 + T = ° (P,-, y constantes). » Il résulte de celte méthode : » i° Que pour les espaces à n dimensions (/i ]> 4) il n'y a point de cor- respondances de la forme (5) entre les lignes droites et les sphères; 20 que pour l'espace à quatre dimensions la transformation déterminée par les équations directrices \ a?H-(Z--»W)*-(XH-»Y)(«» + i) = o, ( 7-(X-('Y);-(Z + (W)(w + i) = o (8) transforme actuellement les droites arbitraires en sphères. » On peut ajouter, relativement à la transformation définie par les équations (8), que les propriétés caractéristiques de la transformation se révèlent sans peine en notant que la droite (9) w + Iz ■+- a = o, x-\-mz-\-b o, y -+- n z -+- c = o est transformée en la sphère / (10) Z-j'W - m X- î'Y + rc 1 a -(X + iY) Z + iW o. » Parmi ces propriétés on peut remarquer : i° que la transformation n'est pas une transformation de contact, comme le critérium (') de M. Lie le montre; 20 qu'elle dégénère en la transformation de M. Lie quand la quatrième dimension s'annule; 3° que la correspondance directe est (1,1), mais que l'inverse est (1, ce1); /j° que si une droite réelle doit être trans- formée en une sphère réelle la sphère se réduit à un point, mais qu'autre- ment le rayon de la sphère est différent de zéro. » Il n'échappera pas à l'observation du lecteur que la méthode dont on s'est servi ci-dessus peut être employée à construire des correspondances entre les lignes, les plans et les hyperplans des ordres divers d'un espace à n dimensions, et les hypersurfaces de cet espace, respectivement, non (') Voir Lie, Théorie der Transformationsgruppen, unter Mitwirkung von En gel, t. II, p. i5o-i55. C. R., 1899, 1" Semestre. (T. CXXV1II, N° 2.) l^ (5) ( 86 ) seulement clans le cas de deux équations directrices de la forme (5), mais aussi dans le cas de v telles équations de la forme (5), où v peut avoir une valeur quelconque entre i et n; en particulier le cas où v = n, quand il est possible, donne des transformations ponctuelles. » MÉCANIQUE. — Sur la flexion des cylindres à base circulaire. Note de M. Ribière, présentée par M. Sarrau. « Soit un cylindre à base circulaire de rayon rt, soumis à des efforts extérieurs symétriques par rapport à la section droite médiane et par rapport à un plan méridien. » .T'emploie des coordonnées cylindriques r, o et z rapportées à ce plan méridien et à l'axe OZ du cylindre, l'origine des z étant prise sur la section droite médiane. Suivant les notations de Lamé, je désigne par U, V, W les projections du déplacement et par R,, + jj \ j 1 + 2^ __ ^ T V lr dr h* *) + c [ p r dr { l + ëp ) J » Soil A la demi-hauteur du cylindre. Si.l'on fait l=^,i étant égal aux nombres entiers successifs, on a W = o, 3 = o, R3 = o pour z = ±h, conditions qui expriment l'encastrement. Supposons que l'on s'impose, en outre, la condition qu'à la surface du 'cylindre il n'y ait pas d'effort t'a n- gentiel. Pour cela, il faut $, = o et Z, = o quand r = rt. De ces deux équa- tions l'on tire b et c en fonction de a. Si l'on se donne enfin les efforts normaux agissant sur la surface extérieure du cylindre et représentés par la série ZMcos/*cos« et sont entré elles à peu près comme 14 et 1, abstraction faite des signes. La théorie ordinaire ne donne pour les mêmes efforts que les valeurs ± 2,162p. On voit par là à quelles erreurs peut entraîner ladite théorie lorsqu'on l'applique à des massifs dont les dimensions longitudinales et transversales sont comparables entre elles. » Les efforts $0, que néglige cette théorie, ont une certaine importance. Leur maximum atteint 12, S^8p, pour y = -, et 10, 362/?, pour — = -■ » Lorsqu'on fait croître -j- à partir de ^> la répartition des efforts Z3 se rapproche rapidement de celle des charges normales extérieures R, , de telle sorte qu'au delà d'une certaine valeur de ~ ces efforts deviennent indépen- dants du diamètre, et qu'on n'augmente plus la résistance en augmentant le diamètre. Dans une Note insérée au n° 17 des Comptes rendus de 1898, j'ai signalé le même fait pour les pièces rectangulaires. La similitude des ré- sultats obtenus avec des pièces de forme aussi différente est très remarquable et fait pressentir une plus grande généralité. » PHYSIQUE. — Sur l'expérience de Lord Kelvin et Joule. Note de M. A. Leduc, présentée par M. Lippmann. « 1 . J'ai eu l'occasion de rappeler dans une précédente Note ( ' ) la for- mule (1) E(C-c)=pry$T. » 2. Considérons l'unité de masse d'un gaz se dilatant de (°à(( + dt) (') Comptes rendus, séance du 28 novembre 1898. Il sera utile de s'y reporter pour la définition des symboles. La valeur R = 83ig. io4 suppose les températures comptées à partir de — 273° et non — 2730,2 comme je l'ai écrit par inadvertance. ( 89 ) sous la pression constante p. On a (2) E(C — c)dt = pv«.dt-\- d&i, dS; étant le travail interne correspondant à une détente dans le vide égale à — p[3 àt, et a par p$y. (4) E(C-c) = (ECk-t-v)p$. Tenant compte de (1) et supprimant le facteur p$, on obtient (5) EC£=<;(aT- 1). » 5. Gaz parfaits. — Cette équation montre que pour qu'un gaz ne donne lieu à aucun phénomène thermique dans l'expérience de Lord Kelvin et Joule (k = o), dans certaines conditions, il faut et il suffit que ocT = 1 dans ces conditions, et réciproquement. Pour un gaz qui jouirait de cette propriété dans toutes les conditions, on aurait donc v_ _ T_ *'o ~~ T0' le volume v0 correspondant à la température T0, celle de la glace fon- dante, par exemple. » Non seulement un pareil gaz suivrait la loi de Gay-Lussac, mais il au- rait pour coefficient de dilatation (') l'inverse de la température thermo- dynamique de la glace fondante. (') Il s'agit ici du coefficient usuel r- • ° <•„ àt (90 ) » Remarques. — Cette double proposition est parallèle à cette autre que M. Pellat a démontrée il y a plusieurs années (') : Un gaz qui obéit à la loi de Joule suit aussi la loi de Charles ( (3 T = 1), et réciproquement. » Le rapprochement de ces deux énoncés donne lieu à plusieurs remarques telles que la suivante : Un gaz qui obéit à la loi de Joule et ne donne aucun effet ther- mique dans l'expérience de Lord Kelvin et Joule suit à la fois les lois de Charles, de Gay-Lussac et de Mariotte. » Théoriquement ces dernières lois sont indépendantes l'une de l'autre. Il faut donc définir les gaz parfaits (fictifs, bien entendu) au moyen de la loi de Mariotte et de l'une des lois précédentes, ou mieux l'état parfait des gaz réels par &, = o, c'est-à-dire ? =zo avec l'une des relations aT=i, BT = i. k = o, ou bien -7— = o (loi de av ov Joule). » Mes résultats relatifs aux volumes moléculaires permettent de réduire, dans la pratique, ces deux conditions à une seule. » En effet, pour que aT = 1, il faut et il suffit que — - = o, et l'expérience montre que cette condition est remplie en même temps que M = o. » Il suffit donc pratiquement, pour qu'un gaz réel se trouve dans l'état parfait, qu'il satisfasse à l'une des conditions = o, aT = i, ou /c = o, tandis que les conditions ST = 1 et -yy =0 ne sont pas suffisantes. » 6. Applications numériques. — De la formule (5) on passe aisément à (6) T = 4p=ï=iT^<.T-i), qui donne l'abaissement de température t produit lorsqu'un gaz passe do la pression ip à la pression/? sous laquelle sont définis les coefficients oc, u, et y (Jï étant très sensiblement indépendant de la pression). » J'ai appliqué cette formule à divers gaz dont j'ai calculé le y d'après Wûllner, et notamment à l'anhydride carbonique et à l'air dans les condi- tions des expériences de Lord Kelvin et Joule, p n'est autre chose ici que la pression atmosphérique. » Pour l'air, ^ et aT ont été calculés par la règle des mélanges au moyen des données relatives à l'azote et à l'oxygène. L'erreur qui peut en résulter est sans doute inférieure à celle qui provient de la présence de la vapeur d'eau dans l'air soumis à l'expérience. J'indiquerai ultérieurement comment j'ai pu calculer •y aux températures autres que o°. (') Leçons professées à la Sorbonne en 1895-1896, p. 222. ( 9* ) » J'ai rapproché de mes résultats ceux qui ont été obtenus par M. Bouty (t, et t2) en appliquant les formules de Clausius ou de Van der Waals ('). Gaz. f. y. p\i. 2T. Tcalc. T0bs. ^,- ".- o 0000 CO2 20 1,307 i,oodi 1,0184 1,22 1 , 1 S 1 1,216 1,1 4g » 9 t,5 i,285 1,0023 i,oo85 0,68 0,703 0,703 0,817 Air 20 i>4o4 1,0004 i,oo3i 0,26 0,262 » )i » 9 i,5 i,4o3 1,0001 1,0000 0,06 0,206 » » CO o i,4o3 i,ooo5 1,0029 o,23 » » » G*H* » 1,200 1,0078 1,0278 i,45 » i,36i » CO2 1,320 i,oo65 1,0209 i,52 1,321 » Az2(J » i,325 1,0074 1,0270 1,72 » » » AzH3 » i,337 I>01\7 i,o543 3,4o » » >■ » Il n'est pas douteux que le nombre expérimental relatif à l'air à 9i°,5 ne soit beaucoup trop fort, car t doit s'annuler vers 1200. » L'écart des nombres calculés entre eux tient en partie à l'inexactitude des diverses données numériques, mais surtout au rôle important joué dans les calculs par les dérivées de fonctions empiriques. On sait en effet que ces dérivées représentent beaucoup moins bien les phénomènes que les fonctions dont elles proviennent. » ÉLECTRICITÉ. — Sur les variations de résistance d'un conducteur électro- lytique dans un champ magnétique. Note de M. H. Bagard, présentée par M. Mascart. « La résistivité des électrolytes n'est pas modifiée quand on les soumet à l'influence d'un champ magnétique; c'est du moins ce qui résulte des observations publiées jusqu'ici et je l'ai vérifié moi-même sur quelques li- quides. » Mais la résistance d'un conducteur liquide varie dans un champ ma- gnétique; c'est un fait que j'ai constaté pour la première fois dans mes recherches sur le phénomène de Hall. Depuis, j'ai réussi à mettre en évi- dence cette variation de résistance d'une façon très nette et très saisissante en donnant au conducteur électrolytique la disposition suivante : » La partie de ce conducteur qui se trouve dans le champ a la forme (') Journal de Physique, 2e série, t. VIII, p. 20. — Les coefficients de ces deux formules ont été calculés par M. Sarrau d'après les expériences de M. Amagat. ( 92 ) d'un anneau qui serait engendré par la révolution d'un rectangle autour d'un axe parallèle à l'un de ses côtés; on fera coïncider cet axe avec celui de l'électro-aimant. Cet anneau, interrompu sur une petite longueur, se raccorde à ses deux extrémités avec deux tubes remplis comme lui du li- quide étudié; les extrémités opposées de ces tubes sont occupées par de larges électrodes destinées à amener le courant; ces lobes sont d'ailleurs assez longs pour que les électrodes soient à l'abri des actions du champ et assez larges pour que leur résistance soit négligeable par rapport à celle de l'anneau. » On relie les électrodes aux deux pôles d'une série d'accumulateurs et l'on observe l'intensité du courant au moyen d'un galvanomètre mis en dé- rivation sur une faible résistance prise dans le circuit; on se sert à cet effet d'un galvanomètre Deprez-d'Arsonval, qui n'est pas influencé par l'action directe de l'électro-aimant et auquel on assure une grande sensibilité en modifiant convenablement la résistance du circuit dérivé. » Voici, par exemple, les résultats d'une expérience faite avec une solution de 0,26 molécule-gramme de Cn SO4 par litre d'eau. » L'anneau liquide avait un diamètre moyen de 44ram, une largeur de i4ml" (perpen- diculairement à l'axe de révolution), une épaisseur de 6mm (parallèlement à cet axe). Il était placé dans le champ d'un électro-aimant de Faraday, au milieu dé l'espace compris entre deux surfaces polaires cylindriques de 7"" de diamètre, distantes de icm. » Avant d'exciter l'électro-aimant, on avait fait passer pendant plusieurs heures le courant de 20 accumulateurs. » En établissant un champ d'environ 5ooo unités C. G. S., le galvanomètre accusa une augmentation brusque de la résistance du conducteur liquide, égale à 0,0094 de sa valeur primitive, quand le sens du champ était tel que l'action électromagnétique exercée sur le courant fût centripète, et à 0,01 !\o de cette même valeur pour le sens opposé. Les mêmes effets se reproduisirent par inversion du courant dans l'anneau. » Cette expérience, répétée dans des conditions différentes sur la même dissolution, me donna toujours des résultats analogues. » D'une manière générale, la résistance de l'anneau liquide augmente quand on établit le champ, et cette augmentation est plus grande quand la force électromagnétique est centrifuge que quand elle est centripète. » C'est bien ce qui doit arriver si l'aimant exerce réellement sur l'élé- ment de courant lui-même une action conforme à la règle d'Ampère. En effet, d'une part, quel que soit le sens du champ magnétique, le déplace- ment des lignes de flux résultant de cette action doit avoir pour effet de réduire la section du flux dans l'anneau, d'où une première cause d'augmen- tation de la résistance. D'autre part, la longueur moyenne des lignes de ( 93 ) flux doit être plus grande quand l'action électromagnétique est centrifuge que quand elle est centripète : de là, une nouvelle cause de variation de la résistance qui, de ce fait, doit augmenter clans le premier cas et diminuer dans le second. La résultante de ces deux effets doit être, comme le montre l'expérience, une augmentation de résistance, différente suivant le sens du champ. » Le calcul complet de l'expérience citée plus haut (calcul que je donne- rai dans un Mémoire détaillé) indique que, dans les conditions rapportées, les lignes de flux ont subi, dans chacun des sens, un même écart de omm,i6 (à omm,or près) par rapport à leurs positions en l'absence du champ. » J'ai constaté enfin que la variation relative de la résistance diminue quand on réduit soit l'intensité du champ, soit l'intensité du courant dans l'anneau. » Les conducteurs métalliques semblent se comporter tout autrement dans le champ magnétique. J'ai répété l'expérience précédente avec un anneau de bismuth ayant un diamètre moyen de i5mm, une largeur de imm et une épaisseur d'environ omm,oo5, en faisant croître l'intensité du cou- rant qui le traversait jusqu'à 0,04 ampère et l'intensité du champ magné- tique jusqu'à i5ooounitésC.G.S. environ. Dans ces conditions, j'ai observé une augmentation de résistance très considérable, mais absolument indé- pendante du sens du champ. Un tel anneau plat se comporte donc comme les fils minces de bismuth, enroulés en spirale, dont on se sert actuelle- ment pour mesurer les champs magnétiques. C'est donc bien la résistivité et elle seule qui change. » On sait, du reste, que la plupart des physiciens qui ont étudié le phé- nomène de Hall, dans les métaux, ont reconnu que la déviation observée des lignes de flux dans une lame métallique ne peut être attribuée à une action directe de l'aimant sur le courant. Ils ont été conduits à admettre que le champ magnétique détermine dans la lame une modification de la résistivité, variable d'une direction à l'autre, et que c'est à cette anisotropie électrique de la lame qu'est dû, en réalité, le phénomène de Hall. » La déviation des lignes de flux que j'ai observée dans les lames liquides semble bien, au contraire, d'après ce qui précède, due à une action directe de l'aimant sur le courant, ou mieux sur les ions qui le transportent, déterminant une déformation des trajectoires des ions, dans des milieux de résistivité constante et uniforme. » Je me propose d'étudier de plus près encore cette action du champ magnétique sur les courants de conduction électrolytique. » C. R., 1899, "" Semestre. (T. CXXV1II, N° 2.) '3 ( 9'» ) PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur la valeur absolue des éléments magnétiques au ier janvier 1899. Noie de M. Th. Modreaux, présentée par M. Mascart. k Parc Saint-Maur. — Un nouveau pavillon magnétique ayant été con- struit en 189G, les appareils de variations y ont été transportés en octobre 1897, et l'enregistrement dans ces nouvelles conditions a com- mencé le iei'décembre suivant; comme précédemment, les courbes diurnes sont dépouillées pour chaque heure, et les repères vérifiés chaque semaine par des mesures absolues. » Les valeurs au 1e1 janvier 1899 sont déduites de toutes les valeurs horaires du 3i décembre 1898 et du 1e1' janvier 1899, rapportées à des mesures absolues faites les 27 et 28 décembre. La variation séculaire ré- sulte de la comparaison entre les valeurs actuelles et celles qui ont été données pour le 1" janvier 1898 ('). Valeurs absolues Variation séculaire au i*'janvier 1899. en 1898. Déclinaison 1 i"""',4J — 4')6o Inclinaison 6^"5^', 5 \',\ Composante horizontale. . . 0,19682 -1-0,00022 Composante verticale 0,42127 -4-0,00002 Force totale 0,46498 -1-0,00011 » L'observatoire du Parc Saint-Maur est situé par o°9'23"de longitude est de Paris, et 48° 48' 34" de latitude nord. » Perpignan. — Les courbes magnétiques, relevées et réduites sous la direction de M. le D1 Fines, sont également dépouillées heure par heure. Les valeurs au Ier janvier 1899 résultent de la moyenne des valeurs horaires du 3i décembre et du Ier janvier, contrôlées par des mesures absolues faites par M. Cœurdevache les 27 et 29 décembre. Valeurs absolues Variation séculaire au 1" janvier 1899. en 1898. Déclinaison i3°45',o8 — 4\o2 Inclinaison 6o° o',9 — 2', 2 Composante horizontale . . 0,224o3 -l-o,ooo4i Composante verticale 0,38826 4-0,00014 Force totale 0,44826 -+-o,ooo33 » L'observatoire de Perpignan est situé par o"3>' 45" de longitude est, et 42°42'8" de latitude nord. (') Comptes rendus, t. CXW I. p. 234; 1898. ( 95 ) » Nice. — Comme au Parc Saint-Maur et à Perpignan, les valeurs des éléments magnétiques au ier janvier 1899 sont déduites des valeurs horaires relevées sur les courbes du magnétographe pour les journées du 3 1 décembre et du ier janvier. Les mesures absolues de contrôle ont été faites par M. Au- vergnon les 29, 3o et 3i décembre. Valeurs absolues Variation séculaire au 1" janvier 1899. en 1S98. Déclinaison 120 6', i4 — 4', '3 Inclinaison 6o°i2',g — i',4 Composante horizontale . . o, 22365 -!-o,ooo33 Composante verticale .... 0,39075 -+-0,00021 Force totale o,45o23 +o,ooo35 » L'observatoire de Nice est situé par 4°57'48" de longitude est, et 44°43'I7" de latitude nord. » CHIMIE MINÉRALE. — Sur la préparation et les propriétés de V arséniure de calcium. Note de M. P. Lebeau, présentée par M. Henri Moissan. « Quelques essais préliminaires sur la réduction des arséniates et des antimoniates métalliques par le charbon au four électrique nous ayant conduit à des résultats satisfaisants concernant la production des arséniures et des antimoniures, nous avons entrepris l'étude de ces deux groupes de composés binaires sur lesquels nos connaissances sont encore fort incom- plètes. » Les arséniures alcalino-terreux, par exemple, peuvent être obtenus très facilement en grande quantité; nous indiquerons aujourd'hui la prépa- ration et les propriétés de l'arséniurede calcium. » Préparations. — i°On fait un mélange intime d'arséniate de chaux, et de charbon {coke de pétrole pulvérisé) dans les proportions suivantes : Arséniate de calcium 100 parties Charbon 3o » » On ajoute un peu d'essence de térébenthine de manière à pouvoir obtenir par compression des agglomérés de consistance suffisante. On calcine au four Pérot pour éliminer les produits volatils et l'on remplit ensuite avec le produit obtenu les creusets de charbon qui doivent être disposés dans le four électrique. » Ces creusets sont chauffés deux à trois minutes avec un courant de 900 à 1000 am- pères sous 45 volts. Le creuset est retiré du four et immédiatement recouvert d'une plaque de charbon afin d'éviter l'oxydation de la substance. Cette dernière est recueillie encore chaude, et on la conserve dans des flacons bien bouchés. On obtient ainsi une ( !)<■' I masse fondue renfermant un arséniure de calcium presque toujours mélangé d'un peu de carbure de calcium et de graphite. » 2° M. Henri Moissan (') a indiqué, dans son élude des propriétés du calcium, l'action de l'arsenic sur ce métal et signalé la formation d'un arséniure. Nous avons utilisé cette réaction pour préparer une certaine quantité de ce composé en vue de le comparer avec le corps obtenu au four électrique. » A cet effet, un tube de verre de Bohême de om,5o fermé à l'une de ses extrémités est placé sur une grille à analyse, de manière à pouvoir être chauffé sur les -f de sa longueur. » On a disposé au fond de ce tube une certaine quantité d'arsenic récemment su- blimé, puis une ou deux nacelles remplies de cristaux de calcium. Le tube de Bohême est relié à une pompe à mercure qui permet de faire le vide dans l'appareil. On vola- tilise l'arsenic, et l'on élève ensuite progressivement la température dans la portion du tube renfermant les nacelles. Lorsque le rouge sombre est atteint, une réaction très vive se produit, le calcium brûle dans la vapeur d'arsenic avec une belle incandescence. On cesse alors de chauffer, et, lorsque le tube est complètement refroidi, on laisse rentrer de l'air sec. Le produit restant dans les nacelles est un arséniure de calcium pur. » Les corps que nous avons obtenus, soit par réduction de l'arséniatc de calcium, soit par union directe du calcium et de l'arsenic, présentent la même composition et répondent à la formule As2Ca3, ainsi que l'établissent les résultats analytiques suivants : i° Arséniure de calcium préparé par synthèse. Théorie pour I. II. III. As-c.i Ca 44,44 43,42 45,62 44,44 As 55,i8 56, 87 55, 3i 55,55 20 Arséniure préparé au four électrique. » Dans les échantillons analysés, on a dosé le carbure de calcium par l'acétylène dégagé sous l'action de l'eau, le calcium total, l'arsenic et le graphite. Les chiffres suivants indiquent les rapports de l'arsenic et du calcium sous forme d'arséniure : Théorie pour As-Ca-1. Ca 45,i8 44,83 44,44 As 54,82 55,i7 55,55 » Propriétés de l'arséniure de calcium. — L'arséniure de calcium préparé au four (') II. Moissan, Propriétés du calcium {Comptes rendus, t. GXXVII, p. 584 ( 97 ) électrique a l'aspect d'une masse fondue à texture cristalline, rappelant le car- bure de calcium. Pulvérisé et examiné au microscope il se présente en fragments transparents, d'une coloration rouge brun presque identique à celle de l'azoture de calcium décrit par M. Moissan ('). L'arséniure que l'on obtient par union directe est d'aspect tout différent. Examiné avec un faible grossissement ce composé paraît opaque et d'éclat métallique; il a conservé la forme cristalline du calcium, ce qui tend à montrer que sa fusion ne se produit qu'à une température relativement élevée. Broyé en petits fragments et observé sous un grossissement de 3oo diamètres, il apparaît trans- parent et d'une coloration semblable à celle de l'arséniure préparé au four électrique. L'aspect métallique est dû à un faible dépôt d'arsenic qu'il est difficile d'éviter totale- ment pendant le refroidissement. » L'arséniure de calcium ne présente pas une grande dureté. Il raye la calcile, mais ne raye pas le verre. Densité à i5°= 2,5. » Ce composé est d'une activité chimique assez grande; ainsi le fluor l'enflamme à froid. Il est attaqué avec facilité par le chlore, la vapeur de brome et la vapeur d'iode. Dans ces réactions il se produit les combinaisons halogénées correspondantes. Chauffé dans l'hydrogène il ne change pas d'aspect et il ne se produit pas d'hydrure de calcium vers 7oo°-8oo°. » L'arséniure de calcium reste inaltéré dans l'air ou l'oxygène sec; dès que l'on élève la température, il s'oxyde d'abord lentement, puis brûle avec éclat surtout dans l'oxygène pur, avec formation d'arséniate de calcium fondu lorsque ce gaz est en excès. Si, au contraire, le courant d'oxygène est lent, il se sublime de l'acide arsé- nieux et même de l'arsenic. Le soufre réagit au rouge sombre avec incandescence en donnant un sulfure double. » Le bore est sans action à iooo°; il en est de même du carbone. Toutefois ce der- nier peut décomposer complètement l'arséniure de calcium à la température du four électrique en donnant du carbure de calcium; après une chaude de huit à dix mi- nutes, l'arsenic est complètement éliminé. Celte réaction montre combien il est diffi- cile d'obtenir un arséniure absolument exempt de carbure; aussi la durée de la chauffe ne doit-elle jamais dépasser trois minutes. » Un très grand nombre de composés réagissent sur l'arséniure de calcium. L'eau fournit notamment une réaction intéressante: l'arséniure la décompose à froid avec formation d'hydrogène arsénié As H3 sans hydrogène et d'hydrate de calcium. La dé- composition a lieu très régulièrement comme celle du carbure de calcium, c'est un excellent procédé de préparation de l'hydrogène arsénié. Tout l'arsenic est éliminé à l'état d'hydrure gazeux. Avec l'arséniure obtenu par synthèse, la réaction est un peu différente; la décomposition se produit brusquement; il se forme, outre l'hydrogène arsénié, un produit floconneux brun d'aspect identique à l'arséniure solide signalé dans la décomposition, par l'eau, des arséniures alcalins. Le gaz renferme une certaine quantité d'hydrogène libre qui peut atteindre 7 à 8 pour 100. La chaleur dégagée dans cette réaction est certainement la cause de cette production secondaire d'hydrure solide et d'hydrogène. A l'air humide, ce corps se décompose d'une façon constante; (') II. Moissan, Préparation et propriétés de l'azoture de calcium {Comptes rendus, t. CXXVII, p. 497)- ( î)8 ) il faut donc éviter de le manier en trop grande quantité au contact de l'air et d'opérer toujours sous une hotte à fort tirage, si l'on ne veut pas être incommodé par l'hydro- gène arsénié résultant de celte décomposition. » L'hydrogène sulfuré et les hydracides gazeux réagissent au rouge, il se sublime de l'arsenic et il reste un sel de calcium correspondant à l'hydracide employé. » Les oxydants détruisent l'arséniure de calcium avec facilité, notamment l'azotate, le chlorate et le permanganate de potassium, quil'oxydent avec un grand dégagement de chaleur et de lumière. Projeté dans l'acide azotique fumant, l'arséniure n'est pas sensiblement attaqué à froid; si l'on chauffe légèrement, l'attaque commence et est rapidement complète. L'acide sulfurique concentré est réduit déjà à froid à l'état d'acide sulfureux. » Un très grand nombre de sels métalliques sont décomposés par l'arséniure de cal- cium. Les chlorures, mercureux et mercurique, fournissent du chlorure de calcium et un sublimé de mercure et d'arsenic; il se forme, en outre, un peu de chlorure d'arsenic. Le fluorure de plomb donne du fluorure d'arsenic et un résidu gris renfermant du plomb et du calcium en partie à l'état de fluorure. Les fluorures, chlorures, bromures et iodures alcalins ne sont pas réduits à iooo0. » Conclusions. — En résumé, nous avons pu préparer au four électrique un arséniure de calcium fondu cristallisé répondant à la formule As2Caa, formule semblable à celle de l'azoture AzaCa*. Comme l'azoture et le phos- phure de calcium, cet arséniure décompose l'eau à froid en fournissant l'hydrure gazeux de formule Mil3 et de l'hydrate de calcium. Enfin l'arsé- niure que nous avons obtenu par union directe du calcium avec l'arsenic présente la même composition. CHIMIE GÉNÉRALE. — Sur la décomposition de l'oxyde de carbone en présence de l'oxyde de fer. Note de M. O. Boudouard, présentée par M. Troosl. « H. Sainte-Claire Deville a montré, à l'aide du tube chaud-froid, que l'oxyde de carbone se dissocie en donnant de l'acide carbonique et du charbon; il a de plus établi la proposition, en apparence paradoxale, que l'oxyde de carbone, en présence du charbon au rouge, se transforme partiellement en acide carbonique et charbon (' ). » Le fer, et surtout le fer divisé, semble fournir cette décomposition. Stammer a observé le premier (2) qu'en faisant passer, au-dessous du ra- mollissement du verre, de l'oxyde de carbone sur l'oxyde de fer, on obtient, à côté du fer réduit, une quantité considérable d'un charbon volumineux, (') Couples rendus, t. LIX, p. 8™3 ; t. L.\, p. 017. (2) Annales de Poggendorff, t. LXXXI, p. 1 36 ; iSji (99 ) uniformément imprégné de fer. Caron (') et Lothian Bell (2) ont fait des remarques analogues; contrairement aux résultats de Deville et Gmelin, Lothian Bell a conclu que la chaleur seule ne dissocie pas l'oxyde de car- bone; pour que le phénomène ait lieu, il faut agir en présence d'oxydes métalliques; les oxydes de fer, de nickel, de cobalt, donnent les meilleurs résultats. » Deville a constaté qu'en soumettant à un courant d'oxyde de carbone un faisceau de fils de clavecin placé dans un tube de porcelaine chauffé seulement sur une petite longueur, de sorte que le milieu esta i3oo°et les extrémités à 4oo°, celles-ci se recouvrent seules de carbone, les parties portées au rouge se transformant en acier. » Grùner (*) a émis l'opinion que le charbon ferrugineux obtenu par la réduction de l'oxyde de fer par l'oxyde de carbone contient toujours une certaine proportion d'oxyde de fer non décomposé, et que l'oxyde de car- bone pur ne peut pas déposer du charbon sur le fer pur. Si cet effet se produit, il doit être attribué à la présence préalable du gaz carbonique dans l'oxyde de carbone ou du sesquioxyde de fer dans le fer. » D'après M. Berthelot (4), qui a étudié l'action de la chaleur sur l'oxyde de carbone, l'apparition de l'acide carbonique, soit au rouge, avec dépôt de charbon, soit vers 5oo°-55o°, sans dépôt de cet élément, ne laisse guère de doute sur le mécanisme même de la décomposition. Ce n'est pas une dissociation simple; mais la décomposition doit être précédée par une poly- mérisation, le produit condensé se séparant aussitôt en acide carbonique et sous-oxydes, dont la décomposition produit le carbone à une tempéra- ture plus haute. Le mécanisme de cette transformation singulière rentrerait dès lors dans les mêmes lois que les polymérisations et décompositions pyrogénées des carbures d'hydrogène. » Peu d'expériences ont été faites au point de vue quantitatif. Lothian Bell a donné un très grand nombre de déterminations relatives aux quan- tités de charbon se déposant sur des poids connus d'oxydes métalliques, à différentes températures; mais il n'a pas recherché les proportions d'acide carbonique et d'oxyde de carbone qui se formaient. » J'ai pensé qu'il serait intéressant de reprendre cette question : au point de vue théorique, la réaction 2CO = CO2 -t- C rentre dans la classe (') Comptes rendus, t. LU, p. 1190. (2) Chemical Society, juin 1869. — Iron and seels Inslitute, t. I, p. 85; 1871. (3) Comptes rendus, t. LXXIII, p. 28; t. LXXIV, p. 226. 1 ) innales de Chimie cl de Physique, 6e série, t. XXIV, p. 12G. ( IO° ) des phénomènes réversibles; au point de vue pratique, elle joue un rôle important dans la marche des gazogènes. De plus, dans la métallurgie du fer, il pourra être utile d'avoir des données numériques sur la décomposi- tion de l'oxyde de carbone en présence de l'oxyde de fer à différentes températures. » Les expériences de Lothian Bell relatives à la décomposition de l'oxyde de carbone en présence de l'oxyde de fer ont montré que la température la plus favorable au dépôt de carbone est 4oo°-45o°; d'après ce savant, les différences qu'il a observées dans les quantités de carbone déposé avec les différents oxydes de fer sont dues à une différence de structure, due elle-même à la différence de température à laquelle les minerais ont été calcinés; de plus, le phénomène de désoxydation du minerai et celui du dépôt de charbon ne peuvent pas commencer à la même température. » J'ai effectué une première série d'expériences à la température de 445°, facile à obtenir; j'ai fait varier successivement la quantité d'oxyde de fer mis en réaction et la durée du contact entre l'oxyde métallique et l'oxyde de carbone. Ce sont les premiers résultats obtenus que j'ai l'hon- neur de présenter à l'Académie. » L'oxyde de carbone est obtenu par l'action de l'acide sulfurique sur le formiate de soude; le gaz produit, contenant p,5 à 97 pour 100 d'oxyde de carbone pur, est recueilli dans des gazomètres de Regnault. Avant d'être mis en réaction, il traverse une colonne de cuivre de 25cm de longueur chauffé au rouge, un flacon de potasse et un tube en U contenant des pastilles de potasse. Un tube témoin à eau de baryte in- dique que l'oxyde de carbone est complètement privé de gaz carbonique avant d'ar- river aux tubes desséchants à ponce sulfurique. » L'oxyde de fer employé est à un état très divisé, la ponce étant prise comme sup- port (cette ponce, imbibée de nitrate, est calcinée au rouge); il est contenu dans des tubes en verre de i5mm de diamètre intérieur et de 6omm à jomm de longueur, étirés en pointe à chaque extrémité. Ces tubes sont mis en communication avec l'oxyde de car- bone ; lorsque l'oxyde de fer est complètement réduil et qu'il y a un dépôt de charbou (il faut environ une heure de passage du gaz pour arriver à ce résultat), on ferme le tube et on le laisse chauffer pendant un temps plus ou moins long. L'expérience terminée, on retire le tube du bain de soufre et l'on extrait les gaz à l'aide de la pompe à mercure; on les analyse ensuite. » Les essais ont porté sur des quantités d'oxyde de fer variant dans le rapport de 1 à 3o; les temps de chauffe ont été de huit minutes au minimum et de sept heures au maxi- mum. Les résultats obtenus ont été les suivants : Quantités 8». 4o". 64". 80'". 3\ 6b. ■/. 'defer.6 cÔT~~Ca CO3. CO. CO!. CO. CO:. CO. CO2. CO. CO3. CO. CO3. CO. 0,0673... 3o,?. 69,8 37,4 42,6 » » 87,0 1 3,o 94,8 5,2 100 » » » o,o»24.-. 16 ,i 83,9 B " 62,9 37,1 » 0 » .. » » 100 0,0022.. 2,9 97.1 u » 36,6 C3 , 4 » " » ">2 , S J7.7 » » ( ioi ) » Ces chiffres indiquent les quantités pour cent d'acide carbonique formé et d'oxyde de carbone non décomposé. » L'ensemble de ces résultats montre que la réaction de décomposition de l'oxyde de carbone est fonction du temps, et qu'elle dépend aussi de la quantité d'oxyde de fer présent. La quantité d'acide carbonique formé croit d'une façon régulière, et la décomposition finit par être totale dans les deux premières séries d'expériences ; nul doute que dans la troisième on arrive au même résultat au bout d'un temps suffisamment long. » Je poursuis cette étude en présence des oxydes de nickel et de cobalt à la même température de 445°; j'opérerai ensuite à des températures plus élevées; j'espère ainsi pouvoir suivre la marche du phénomène si complexe de la décomposition de l'oxyde de carbone en présence des oxydes métalliques. » CHIMIE ANALYTIQUE. — Dosage vohimëtrique du cérium. Applications ('). Note de M. André Job, présentée par M. Troost. « On connaît l'action de l'eau oxygénée sur les sels cériques en liqueur acide. Elle les décolore et les réduit à l'état céreux avec dégagement d'oxy- gène. Si l'on verse lentement l'eau oxygénée étendue dans la solution cé- rique, on peut saisir avec une grande netteté le moment où la coloration jaune disparaît. J'ai appliqué cette réaction à l'analyse: j'ai d'abord dis- sous dans l'acide nitrique un poids connu de nitrate cérique ammoniacal pur cristallisé, dont le résidu en oxyde était déterminé par la calcination, et j'ai mesuré la quantité d'eau oxygénée nécessaire pour le décolorer. J'ai vérifié ainsi que deux molécules de sel cérique se réduisent très exacte- ment au contact d'une molécule d'eau oxygénée, ce qui correspond bien au dégagement d'un demi-atome d'oxygène par molécule de sel cérique. Ainsi se trouve acquis ce résultat : on peut doser avec précision par l'eau oxygénée le cérium cérique contenu dans une solution acide. » De là on peut déduire une première conséquence, c'est qu'il sera possible de doser le cérium total dans une solution acide, si l'on réussit à le porter intégralement à l'état cérique. J'ai réalisé cette transformation en modifiant la réaction de Gibbs. Ce chimiste avait remarqué (2) que les (') Travail fait au laboratoire de Chimie de l'Ecole Normale. (2) Zeitsclirift fllr analytische Chemie [3], p. 395; 1864. C. R., 1899, 1" Semestre. (T. CXXVIII, N° 2.) l4 ( 102 ) sels céreux sont oxydes a l'éhullition par le bioxyde de plomb dans l'acide nitrique étendu de son volume d'eau. Opérée ainsi, la réaction dépend des conditions de l'expérience et, en particulier, de l'excès de bioxyde de plomb employé; elle n'est jamais complète. .T'ai trouvé qu'elle est, au contraire, complète et instantanée, si l'on traite à froid le sel de cériuni par le bioxyde de plomb et par un excès d'acide nitrique concentré. Le dosage du cérium total contenu dans une solution se fait dès lors très rapidement et avec une grande précision : » On prélève un volume connu de la solution à étudier; on y ajoute un grand excès d'acide nitrique et du bioxyde de pomb ; on agite, on filtre et l'on titre le sel cérique par l'eau oxvgénée étendue. » Il est très important de remarquer ici que le dosage du cérium se fait avec la même précision en présence du thorium, du lanthane et des di- dymes, dont les sels ne s'oxydent pas dans ces conditions. On pourra donc, en quelques instants, titrer le cérium contenu dans les oxalates bruts de la monazite. « Outre le dosage du cérium, la réaction des sels cériques fournit des applications à l'analyse générale. Les solutions cériques acides sont en effet très oxydantes et, de plus, elles se conservent très longtemps sans altération. On pourra donc employer la liqueur titrée cérique (sulfate ou nitrate) dans un grand nombre de cas où la réaction du permanganate de potassium est en défaut. C'est ainsi que j'ai pu doser l'acide oxalique des oxalochlorures ('), directement, en liqueur nitrique, et malgré la pré- sence de l'acide chlorhydrique, en faisant réagir à froid le nitrate cérique sur l'oxalochlorure, et en dosant par l'eau oxygénée le reste de l'oxydant. D'ailleurs, puisque la liqueur titrée cérique peut, sans inconvénient, con- tenir les autres terres de la monazite, on la prépare très aisément avec un produit commercial quelconque, et il me paraît utile de la signaler à l'attention des chimistes. » ( ' ) Sur de nouveaux composés des métaux de la cérite {Comptes rendus, t. C\\ \ I p. 246; 1898). ( io3 ) CHIMIE. — La variation d'entropie dans la dissociation de systèmes hétérogènes semblables. Note de M. Camille Matignon. « Dans ses recherches sur la dissociation des chlorures ammoniacaux ( ' ) Isambert a remarqué que la tension de dissociation est d'autant plus faible à la même température que la chaleur de combinaison du composé à partir des produits de la dissociation a une valeur plus grande; autrement dit, la température correspondant à une pression de dissociation déterminée aug- mente avec la chaleur de combinaison. » L'examen des données expérimentales fournies par Isambert et, plus récemment, par M. Bonnefoi (-) sur la dissociation des chlorures ammo- niacaux permet de déduire la loi suivante : » Pour des systèmes comparables (comme le sont les chlorures ammo- niacaux ) éprouvant une dissociation hétérogène, les chaleurs de combinaison des composés à partir des produits de leur dissociation sont proportionnelles aux températures absolues correspondant à une même pression de dissociation , la pression atmosphérique, par exemple. » Les calculs suivants ont été effectués en rapportant les chaleurs de combinaison Q à des quantités de chlorures mettant en liberté la même quantité d'ammoniaque (i mol. — 22'", 3o). On a pris comme température de comparaison les températures absolues T pour lesquelles la pression de dissociation est égale à la pression atmosphérique : Q. Composés. Produits de la dissociation. Q. T. T Cal u Cal ZnCP.6AztP ZnCI-.4AzH3-f-2AzH3... 11 332 o,o33 ZnCl2.4AzIP ZnGI2.2AzH3+2ÂzIP. . . 11,9 363 o,o33 CaCP.SAzJF CaCP.4AzH»-H4AzH3... 9,9 3o5 o,o32 CaCP.4\zIP GaCl2.2AzH3H- 2AzIl3 . . . 10,29 3i5 0,0327 CaCl2.2AzH» CaCr-+2AzH3 i4,o3 453 o,o3i 2(AgC1.3AzHJ).... 2AgC1.3AzH3-r-3Azll3... 9, 5 293 o,o33 2AgC1.3AzH3 2AgGI-t-3AzH3 11, 58 34. o,o329 MgCP.ÔAzH3 MgCP.aAzH'-MAzH3... 13,07 4i5 o,o3i5 PdI2.4AztP PdP.2AzH3-h2AzH3 12,88 383 o,o337 PdCr-.4AzH3 PdCl2.2AzH3-t-2ÀzlP. .. i5,56 4S3 o,o322 (') Annales de l'École Normale, p. 129; 1868. — Comptes rendus, t. LXXXVI, p. 968; 1878; t. XCI, p. 768; 1880. (s) Comptes rendus, t. CXXIV, p. 772; 1897; l- CXXVII, p. 367 ; 1898. T. Q T 285° Cal 0 , o3 1 2 332 o,o33 357 o,o32 386 o,o3i ( 104 ) Composés. Produits de la dissociation. Q_. LiC1.4AzH3 LiC1.3AzH3+AzII3 8*88 LiC1.3AzIP LiC1.2AzH»-r-AzH» 11,01 LiCl.aAzH3 LiCl.AzH3 + AzlP 11,6 LiCl.AzlI3 LiCl-t-AzH3 11,98 » Le rapport précédent montre que le rapport ^ ne varie pas sensible- ment quand les températures correspondant à une même pression de dis- sociation, égale à 76omm, oscillent de 285° à 453°, constance d'autant plus remarquable que la détermination expérimentale des pressions de disso- ciation est fort délicate et que, d'autre part, les chaleurs de combinaison ont été mesurées à la température ordinaire et non à la température de dissociation. m On retrouve donc ici une loi analogue à la loi de Trouton relative aux chaleurs de vaporisation des liquides et à leurs températures absolues d'ébullition sous une même pression. Comme cette dernière, dont elle n'est d'ailleurs qu'une extension au cas de la dissociation des systèmes hétérogènes, elle peut se déduire immédiatement de la formule de Clapey- ron, en remarquant que les courbes des pressions de dissociation sont analogues aux courbes de tensions maxima des vapeurs, comme l'avait observé Isambert, et se traduisent algébriquement par une même expres- sion (' ). » L'expression r-p représente la variation d'entropie correspondant à la réaction chimique s'effectuant sous la pression atmosphérique d'une façon réversible; en tenant compte de ce fait, la loi précédente prend la forme suivante : Quand des systèmes semblables se dissocient avec une même pression de dissociation, la variation d'entropie est la même. » Ce théorème pourra rendre des services dans le calcul de la variation d'entropie correspondant à l'état initial et à l'état final des réactions chi- miques, si l'on remarque que les variations d'entropie à deux températures quelconques pour une même réaction sont reliées entre elles, comme les chaleurs de formation correspondantes, par une expression où inter- viennent seulement les chaleurs spécifiques de tous les termes contenus dans l'état initial et dans l'état final de la réaction. » (') Thermodynamique de M. Joseph Bertrand. ( »o5 ) CHIMIE ORGANIQUE. — Constitution et propriétés chimiques de l'élhyhdéne- imine. Note de M. Marcel Delépine. « Dans une Note antérieure ('), j'ai montré que l'aldéhydate d'ammo- niaque devait être considéré comme rhydrate(C2H3Az)3, 3H20 de Yéthyli- dène-imine (CH3 — CH = AzH)3. La formule développée qui se présentait naturellement à l'esprit pour la constitution de la base (CH3— CH = AzH)3 était la suivante : CH3 CH AzH / AzH CH3- CH I ' CH — CH». AzH Cette formule éclaire les faits connus et s'adapte parfaitement à de nou- velles expériences; c'est cette concordance que je demande la permission de faire ressortir. » I. L'aldéhydate est un hydrate. — Cela résulte du procédé de prépara- tion de l'éthvlidène-imine, lequel consiste à absorber par SO*H2 les vapeurs d'eau émises dans le vide à la température ordinaire par l'aldé- hydate; ce dernier se conduit comme un hydrate à très faible tension de dissociation. Dans le même ordre d'idées, on pourrait citer cette expé- rience ancienne de Liebig (a) : l'azotate d'argent en solution aqueuse pré- cipite l'aldéhydate d'ammoniaque en donnant un sel double argentique qui ne contient pas d'eau, l'éthylidène-imine azotate d'argent (C8HsAz)s, i,5 Az203Ag, de propriétés essentiellement comparables à celles de l'hexa- méthylône-amine azotate d'argent. » II. Un CH3 — CH est lié à deux Az. — Cela ressort de la formation du cor psC,0H,6Az-O2ouCH3-CH\fZîî,^"^°ÎJ^obtenuparLimpricht(3) en faisant réagir le chlorure de benzoyle sur l'aldéhydate d'ammoniaque. Cette formation d'un corps contenant 2Az pour CH3 — CH s'explique fort (') Comptes rendus, t. CXXV, p. g5i. (■) Annalen der Chem. und Phàrm., t. XIV, p. i46. (3) Annalen der Chem. und Pharm., t. XCIX, p. 119. bien par l'équation CtP.Cll Cil3— Cil ( 106 ) AzlI YzlI -4-2IPO + 2C6IP.COCl = OilP.CO.AzH Àzll.CO.ClP C1P.CI1 II CH.CH» + CIP.CHO + CHO.CIP AzH h-AzH*C1-4-HC1. Les formules simples CaH40, AzH3 et C2 IF O, AzH'' avaient forcé Lim- pricht à laisser son résultat sans interprétation; la formule courante CHa — CH.OH.AzH2 qui ne contient qu'un Az est également insuffisante. » III. Existence de/onctions aminés secondaires. — Curtius a fait connaître un dérivé nitrosé (le l'aldéhyilate d'ammoniaque, la nitrosoparaldimine C°Hi202 — Az.AzO, qui ne se conçoit guère avec les anciennes formules. » J'ai pu, par l'action de l'hypochlorite de soude (i5occ de solution commerciale pour6sr, i d'aldéhydale) obtenir le dérivé chloré correspon- dant CcHl202 — AzCl; c'est un corps huileux, d'odeur vive et piquante, soluble dans l'éther, très instable. Ce n'est autre chose que l'amide hvpo- chloreux de la paraldimine. Les diverses relations de ces corps et leurs propriétés s'expriment par les schémas et équations suivantes : CtP.Cll CIPCH AzH ( x. AzH O ( \ O + 2ll20= +2 AzH»; CIPCH II C1ICIP CIPCH II CHC1P AzH AzH ÉthylidèDe-imine. Paraldimine. CMP OH' O /^ o o /^ o ul lu _ ul lu C'H* I J C*H« C-IP I ' C2Ip' AzII-t-ClOIJ AzCl-t-IPO ou AzO!II ou AzO Chloro- ou uilrosoparaldiininc. » En faisant agir l'hypochlorite sur l'aldéliydate en présence d'acide acétique, on obtient, non plus une huile, mais des cristaux aiguillés ayant aussi l'odeur vive carac- téristique des composés Az-chlorés, solubles dans l'éther et en cristallisant par l' évapora tion rapide du solvant dans le vide suif uri que. Ce corps est encore plus instable que le précédent : dès qu'il est sec, il déllagre inévitablement en produisant d'épaisses fumées blanches. Je n'ai pu doser Cl que dans un produit incomplètement ( io7 sec et y évaluer le rapport Az;Cl; j'ai trouvé Cl = 38,5 pour joo et Az:Cl = i. Ces résultats, bien qu'imparfaits, autorisent à représenter ce dérivé chloré par le /AzCl C2H4\ schéma C2H\ /-i.Tt. /AzCl. Ils sont d'ailleurs fortement corroborés par \AzLil- — -Ci-H'/ r l'existence du composé plus stable, homologue inférieur (CH— AzCl)3 que j'ai pré- paré et étudié depuis d'une façon complète et dont les propriétés et le mode de pré- paration même sont très analogues. Ces résultats nécessitent l'existence de groupes AzH et CH3— CH dans l'éthylidène-imine. » IV. La formule à six chaînons . — En effet, l'éthylidène-imine en solu- tion alcoolique, traitée par H2 S, donne en quantité théorique la thialdine connue, fusible à 43°, dont la formule annulaire à six chaînons a été établie par Guareschi et Marckwald. » En employant une solution chloroformique d'éthylidène-imine ou celle-ci sans solvant, H2S fournit, avecdépart de AzH'SH, une huile incolore, a odeur d'acétamide, distillant à no° sous 25mm de Hg, puis à 125°, sous la même pression, des cristaux de thialdine. L'huile, abandonnée quelques semaines à la température ordinaire, pour laisser déposer le plus possible de la thialdine qu'elle contient, possède une composi- tion qui s'éloigne beaucoup de celle de la thialdine et se rapproche de C6H"Az2S. Celte huile forme un hydrate que l'éther abandonne en cristaux odorants, fusibles à 700. L'analyse donne des résultats très voisins de C6H14 Az2S, 2 H20, mais il y a tou- jours un déficit d'azote. Traités par H2S en solution alcoolique, l'huile et son hydrate donnent, avec un nouveau dégagement de AzH4 SU, de la thialdine pure fusible à 43°. » Si nous considérons, d'un autre côté, que Marckwald ( ') a obtenu la thialdine par l'action de l'ammoniaque sur la thialdéhyde, nous nous trouvons en possession de la série complète des termes suivants enchaînés par des réactions régulières aboutissant à un terme commun, la thialdine : C2H4 _^ s /\ S C2H4 s /\ S H 1 ^_ C2 H4 S ,/Ns, Azll «_ C2H4 AzH /\ AzH C=H4 1 ) C2H4 S-f- AzH3 C'II4 II C2H4' AzH C2H4 1. C-H4' HlS-+-AzH C2H4 l, 1 C2H4 H2S + AzH Thialdéhyde. Thialdine. C6H"Az=S (anh. ou hyd.). Ethylidéne-imine (anh. ou hyd.). » L'enchaînement si naturel de ces divers corps, qui dérivent par sub- stitution de S" à AzH", ainsi que l'existence de dérivés nitrosés et chlorés à l'azote mettent suffisamment en évidence la nécessité de la formule annu- laire à six chaînons. (>) Berichte, t. XIX, p. 1827. ( io8 ) » En résumé, la plupart des réactions se font sur le type trimère, mais il ne faut pas oublier que la molécule peut se dépolymériser. Ces cas se pro- duisent quand on volatilise l'aldéhydate et son anhydride ou qu'on aban- donne au repos une solution aqueuse, ou dans certaines réactions chi- miques comme la formation de la carbothialdineCS2(CH3 — CH = AzH)2. » CHIMIE ORGANIQUE. — Dérivés de la méthylhepténone synthétique ('). Note de M. Georges Léser, présentée par M. Friedel. « Dans une Note précédente (2), j'ai décrit le mode d'obtention et les propriétés du mélhvlhexénone-pyruvate d'éthyle. L'acide correspondant s'obtient aisément par l'action de deux molécules d'éthylate de sodium sur une molécule de méthylhepténone et d'éther oxalique, conformément au procédé employé par Claisen (3) pour la préparation de l'acide benzoylpy- ruvique. » L'acide nouveau que l'on isole en précipitant par l'acide chlorhydrique la liqueur sodique, diluée elfdtrée, se présente en beaux prismes incolores, fusibles à 3g0-5o°, très solubles dans la plupart des dissolvants organiques, peu dans le sulfure de carbone froid, qui est le meilleur véhicule pour la purification du produit. L'analyse concorde exactement avec la composi- tion Cu'H'''0\ et la constitution est celle de l'acide S-méthyle-y-nonène, 2-4-dione-oïque. Il n'est pas déplacé de ses solutions salines par l'acide acétique et donne des sels bien cristallisés : celui d'argent se présente en aiguilles soyeuses qui se colorent à la lumière et répondent à la composi- tion C,0H,3O4Aç. » Action des aminés primaires. — Dans ses recherches sur l'acide ben- zoylpyruvique, Claisen (toc. cit.) ne parle que très sommairement d'un dérivé obtenu en chauffant l'acide avec de l'aniline, auquel il donne pour composition : C° H* - CO - CH2 - C — COOH. n AzC6H5. Je n'ai pas obtenu de composé analogue; l'aniline et l'acide méthylhexé- none pyruvique se combinent toujours dans la proportion d'une molécule (') Laboratoire de M. Barbier, Faculté des Sciences de Lyon. (2) Comptes rendus, t. CXXVII, p. 763. (3) Berichte der deutsch. cher». Ges., t. XXI, p. n3r. ( '°9 ) d'acide pour deux d'aminé, avec élimination d'une ou de trois molécules d'eau suivant qu'on a opéré à froid ou à chaud. » A froid, si l'on mélange les solutions éthérées des deux corps dans les proportions que je viens d'indiquer, le tout se prend en une masse de beaux cristaux — qui constituent selon toute probabilité le sel d'aniline, mais qu'il n'est pas possible de recueillir, car ils perdent de l'eau en changeant totalement d'aspect au moment où on les jette sur le filtre — puis les cris- taux se redissolvent, il se sépare nettement de l'eau, et enfin une nouvelle cristallisation se produit. » Après filtration, lavage àl'éther, dessiccation au vide, le corps obtenu ainsi répond à la composition C22H2CAz203 et ses propriétés ne laissent aucun doute sur sa nature. C'est le sel d'aniline de l'acide phénylimidé : ^jj )C = CH- CH2- CfP - CO - CH2 - C - COOH(AzH2.C°H3). CH / H Az.C6H5 » Il fond à 820 et perd à cette température deux molécules d'eau pour donner un composé C22H22Az20 fusible à i52°, dont la constitution est vraisemblablement : CH3\ l I )C = CH - CH2 - CH2 - C = CH - C - CO - AzC°H\ CH / H Az.CH5 » On obtient aisément le môme produit C22H22Az20 en faisant bouillir la solution méthylalcooliquedusel d'aniline précédent pendant une heure; si l'on a pris soin de ne pas employer trop de dissolvant, le liquide, limpide au début, se trouble et se prend en masse à la température du bain-marie. » C'est encore le même corps qui prend naissance directement si l'on chauffe l'acide mcthylhexénone-pyruvique, soit au bain-marie, soit même à 1800 avec l'aniline, au point d'èbullition de cette dernière. En aucun cas, il ne se forme d'autres dérivés et il n'a pas été possible d'isoler le produit intermédiaire C22H2'Az202 qui correspondrait à l'élimination de deux mo- lécules d'eau. » L'ammoniaque donne, à froid, un bel de l'acide imidé comparable en tous points au premier corps décrit pour l'aniline; mais, si l'on vient à chauffer sa solution alcoo- lique, on constate un dégagement d'ammoniaque. Je reviendrai sur cette réaction. » Méthyloctènonal. — Chauffé à 90°-ioo°, l'acide métlivlhexénone-pyruvique perd C. R., 1899, 1" Semestre. (T. CXXVIII, N 2.) l5 ( »o) de l'acide carbonique suivant l'équation : qqi/C = Cil — CH2 - CH2 - CO - Cil2 - CO - COOll CH3\ = C02H-^Ippc = GII - CH2 - Cil2 - CO - CH2 - CMO. » La cétone-aldéhyde qui prend naissance n'a pas encore pu être isolée des produits de décomposition, mais il est probable que j'y parviendrai, car j'ai pu la préparer en utilisant la belle méthode due à Claisen, par condensation de la méthylhepténone avec le formiate d'éthyle en présence d'éthylate de sodium. » Le méthylocténonal est d'une stabilité remarquable et constitue la première aldé- hyde fi-cétonique isolée à l'état de liberté. Il cristallise de sa solution alcoolique en tables incolores d'aspect nacré, fusibles à 73° et répondant à la composition C9Hlv02 (' ). Ces cristaux ont une odeur agréable rappelant le citronellal et se combinent à l'acétate de cuivre pour donner le sel (C9lIl302)2Cu (2). » chimie organique. — Synthèse du diméthylhepténol. Note de M. Pu. Barbier, présentée par M. Friedel. « Dans une Communication antérieure (Comptes rendus, 1. CXXVI, p. i4a3) j'ai signalé la formation du diméthyl-2.6-heptène-2-ol-6 par l'ac- tion de la potasse alcoolique sur le lémonol, en appuyant mes conclusions sur six analyses très concordantes de l'alcool, de son éther acétique, et de l'oxyde de diméthylheptène que j'ai dérivé de l'alcool par l'action de l'acide sulfurique étendu. Cette Note a pour objet de faire connaître le procédé que j'ai suivi pour réaliser la synthèse du diméthylhepténol. » Dans cette expérience, j'ai utilisé la méthode générale imaginée par Saytzeff, en lui faisant subir toutefois une importante modification qui en a permis l'application au cas spécial qui m'occupait; cette modification consiste dans la substitution du magnésium au zinc (') Analyse Calculé pour Cll'o . Trouvé. C pour 100 70,i3 70,06 Il pour 100 9)'o g , 1 7 (2) Je me propose d'exposer les propriétés et les dérivés de ce corp^ intéressant dans une prochaine Communication. ( III ) • » L'opération s'exécute comme il suit: on place dans un ballon, muni d'un réfrigé- rant puissant, ioosr de méthylheplénone naturelle, i5osr d'éther anhydre et 20Sr de tournure de magnésium; puis on y fait tomber peu à peu i i3sr d'iodure de méthyle. Quand on a ajouté le tiers environ de l'iodure, le liquide jaunit, et bientôt une vive réaction se déclare; on refroidit sous un courant d'eau, et l'on entretient la réaction par l'addition lente du reste de l'iodure de méthyle. » On laisse en contact pendant douze heures, et l'on décompose la combinaison ma- gnésienne par l'acide sulfurique dilué en présence de la glace. Le liquide qui se sépare, après avoir été lavé avec une dissolution étendue d'acétate de sodium et à l'eau dis- tillée, est soumis à la distillation fractionnée dans le vide; à la troisième rectification, on isole 35sr de diméthylhepténol pur, ainsi que le montrent les résultats de l'analyse : Trouvé : C = 76,05 H=n,o4 Théorie : C = 76,06 H =10,96 » Les formules ci-dessous représentent la réaction qui lui a donné naissance : CH3 - C = CH — CH2 — CH2 — CO + CH3 1 -+- M g CH3 CH3 CH3 1 = CH3- C = CH - CH2- CH2- C - O — Mel 1 1 CH3 CH3 CH3 CH3- C = CH — CH2— CH2— C — O-Mgl -+-H20 1 1 CH3 CH3 = CH3- C = CH — CH2- CH2- C(OH) - CH3+ Mg( CH3 CH3 0H » Le diméthylhepténol synthétique est un liquide incolore, bouillant entre 79°-8o° sous iomm. Son odeur, «a densité et son point d'ébullition se confondent avec ceux de l'alcool dérivé du lémonol. Il se comporte rigoureusement de la même manière vis- à-vis des réactifs oxydants et de l'acide sulfurique étendu ; enfin, l'identification des deux alcools se poursuit jusque dans leurs éthers acétiques; l'acétate de diméthyl- heptényle synthétique bout à 84°-86° sous iomœ comme l'acétate engendré par l'alcool dérivé du lémonol. Il a donné à l'analyse les chiffres ci-dessous : Trouvé : C = 71,92 H=ii,o4 Théorie : C = 71,74 H = 10,87 » Cette synthèse confirme donc d'une façon définitive mes premiers ré- sultats. J'ajouterai en terminant que la substitution du magnésium au zinc dans la réaction de Saytzeff est nouvelle, et qu'elle m'a permis de réaliser un certain nombre de synthèses sur lesquelles je me réserve de revenir dans quelque temps. » ( H2 ) CBIMIE. — Éludes sur la fdlralion. Note de M. J. Hausser, présentée par M. Friedel. « Quand les liquides passent à travers des parois filtrantes, ils rencon- trent sur leur passage une résistance qui dépend de la nature et de l'épais- seur de la paroi qu'ils ont à traverser. Dans l'exposé que nous allons faire de nos recherches, nous ne nous occuperons que de parois à structure très fine, obtenues par le dépôt de matières pulvérulentes que les liquides peu- vent tenir pendant un certain temps en suspension. La silice, sous forme de farine fossile, le talc, le kaolin, par exemple, sont des corps qui peuvent être réduits en poudre impalpable et flotter sous cette forme dans l'eau. Quand ces liquides troubles sont versés sur un filtre quelconque, en papier ou en étoffe, le liquide s'écoule et la paroi filtrante se garnit d'une couche très fine et très régulière sur laquelle on peut étudier les coefficients de frottement des liquides et dissolutions. On se servira de préférence pour ces études d'entonnoirs en porcelaine formant pièce avec un disque per- foré en porcelaine, tels qu'on les emploie couramment. Les corps qui de- vront servir à la formation des couches filtrantes seront soigneusement purifiés et débarrassés par lévigation de toutes les parties lourdes. Les couches seront déposées au moyen du vide total ou partiel que donnera la trompe à eau. L'épaisseur de la couche devra être, en général, très faible, deolu,",5 à 3mm. » Les résultats trouvés nous ont engagé à grouper en deux catégories les divers corps insolubles susceptibles d'être utilisés : substances amorphes et substances cristallisées. » Nous ne nous occuperons pour l'instant que des matières amorphes qui, d'après nos expériences, se comportent plus simplement que les autres. Les matières amorphes donnent en effet des couches filtrantes à résistance constante; il n'en est pas de même des autres. Nous parlerons de celles-ci plus tard. » Tout ce qui suit se rapporte par conséquent aux matières amorphes. » Voici en deux mots comment nous avons opéré : étant donnée une matière amorphe A., nous la déposons sur le filtre avec un liquide A'. Dans le résumé que nous donnons aujourd'hui, il n'est question que d'expériences simples de ce genre, c'est-à-dire d'une couche filtrante A étudiée par rapport à un liquide A' toujours le ( "3 ) même. Les substances amorphes et les liquides que nous avons examinés sont le kaolin, le phosphate de chaux, le noir animal, l'eau, l'alcool et diverses dissolutions salines. » Voici ce que nous avons trouvé : » Premièrement. — Quand on dépose sur un filtre une certaine couche d'une ma- tière A avec un liquide A', la vitesse d'écoulement du liquide reste constante tant que la pression, la température et l'épaisseur de la couche ne varient pas. En d'autres termes, la résistance à l'écoulement est invariable dans ces conditions. » Il est d'ailleurs superflu de faire remarquer que la même substance A, déposée par des liquides A', B', etc. différents, fournit pour chacun d'eux une vitesse con- stante également différente. » Deuxièmement. — Quand on donne à la couche filtrante une épaisseur 2,3, 4 fois plus grande, la vitesse d'écoulement du liquide devient 2, 3, 4 fois plus petite. La ré- sistance augmente donc avec l'épaisseur de la couche. » Troisièmement. — Quand, pour une épaisseur de couche constante, on fait varier la pression, on observe deux modalités différentes: » 1. On dépose A sous une pression P maxima, et l'on fait varier la pression pen- dant la filtration. Dans ce cas, la vitesse d'écoulement diminue proportionnellement à la pression. » 2. On dépose la couche A sous une pression P' minima, et l'on augmente gra- duellement la pression. On constate alors que, la pression augmentant, la vitesse d'écoulement augmente dans une certaine mesure avec elle pour devenir rapidement constante et indépendante de la pression. » Les nombreuses expériences que nous avons faites concordent entièrement avec ces principes; nous donnerons prochainement nos résultats in extenso dans un travail plus étendu. Voici seulement, à titre explicatif, quelques exemples pris au hasard. P indique la pression du liquide à filtrer, T la température de ce liquide, N.S le nombre de secondes nécessaire à l'écoulement d'un volume constant, E l'épaisseur de la couche filtrante en millimètres, P'Rle rapport de la pression initiale à la pression dimi- nuée, SRle rapport inverse des temps d'écoulement à deux pressions correspondantes, ER le rapport des épaisseurs de couches. Matière amorphe. Liquide. P. T. N.S. N.S. N.S. E. P'R. SR. ER Kaolin Eau c. i Kaolin Alcool 2 \ Phosphate de Ca . . Eau ^ I Phosphate de Ca . . Alcool Noir animal Eau fi. s o Phosphate de Ca . . p. T. N.S. N.S. N.S. E. P'I 745 0 20 168 172 172 » )) 745 20 273 272 2.75 » » 7^9 20 4i 4o 4i » » 745 18 58 59 58 » » 743 18 9° 85 87 » » 748 '9 33 32 » 0,6 )) 748 •9 57 58 » 1,3 » 745 l7 » 3o 3o 0,6 » 745 '7 58 59 58 ',2 » „ ., j Eau ( Eau 748 19 57 58 1,3 2 Alcool 745 17 » 3o 3o 0,6 » » 1 Alcool 745 17 58 5g 58 1,2 » » 2 ( n4 ) Matière amorphe. Liquide. r. T. \.s. N.S. N.S. E. P'R. m;. / Eau 748 O 18 35 36 36 » » » dj 1 i° Phosphate de Ca, \ Eau i Eau ( Eau 575 18 18 47 68 f _ h 67 47 66 » 1 ,3o 1,77 1 , a5 1,86 3 o ^ 275 18 » "M 104 2,69 2,88 s- \ SB i Eau ) Eau j Eau 3f2 20 73 75 74 » 1' » ÎJ J ^° 1 9.° Kaolin 547 616 20 20 47 11 46 43 47 44 » » ' Eau 743 20 42 42 43 » o » ER. » Dans une Note ultérieure nous nous proposons d'étudier l'influence de la variation de la température et celle des variations des liquides par rapport à la même couche filtrante. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur un mode de formai ion des urées ('). Note de M. A. Jouve, présentée par M. Ed. Grimaux. « On sait que l'oxyde de carbone se dissout dans une solution ammo- niacale de chlorure cuivreux; j'ai constaté que celte dissolution, chauffée pendant cinq à six heures à io5°, dans un autoclave, donne de l'urée. » La réaction s'exprime ainsi : \AzrJ- a° Cu2Cl-+H2= 2HCI + C112, car, d'une part, il se forme un dépôt de cuivre; d'autre part, en comparant le poids du métal formé au poids de l'urée dosée par l'hvpobromite, on constate que l'urée et le cuivre sont dans le rapport indiqué par les équa- tions ci-dessus. » L'urée a été recueillie et caractérisée de la façon suivante : après réaction, on sature par l'acide sulfhydrique, on filtre pour séparer tout le cuivre; enfin on reprend par l'alcool, après évaporation à sec. L'urée cristallise par évaporation de ce dissolvant. Elle est caractérisée par ses réactions habituelles : sels de mercure, formation de cris- taux caractéristiques d'oxalate et d'azotate d'urée, et dosage d'azote par l'hypobromile de soude : Trouvé. Calcul.-. A/.oie i8c<;, 2 18", 55 (volume ramené à o° et 760™'" pour o«r,o5 d'urée sèche) (') École Polytechnique, laboratoire do M. A. Colson. '( "5; el enfin, par son point de fusion, qui a été pris comparativement avec celui de l'urée pure et trouvé de i32°, 5. » Les aminés grasses et aromatiques se comportent d'une façon ana- logue : en dissolvant le chlorure cuivreux dans la diméthylamine et faisant réagir l'oxyde de carbone sous pression, il se forme du cuivre et probable- ment l'urée composée correspondante que je n'ai pas encore isolée; mais, avec l'aniline, j'ai obtenu la diphényluré.e, que j'ai caractérisée par son point de fusion 2270 et sa transformation en phénylcarbimide par l'anhydride phosphorique. » Ce mode de formation des urées semblant être général, je me pro- pose d'en poursuivre l'étude. » CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur l'anabsinthine, substance nouvelle retirée de l'ab- sinthe. Note de MM. Aîmuax et A. ï killat, présentée par M. Arm. Gautier. « Nous avons, il y a peu de temps ('), décrit un nouveau principe cristallisé en aiguilles jaunes, retiré de Y Arlernisia absinlhium. Nos travaux nous ont conduits à reprendre l'étude de l'absinthine. Duquesnel, Lùck, F. Roux et d'autres savants ont déjà publié divers travaux, tant au point de vue chimique qu'au point de vue physiologique. Senger, et récemment Bourcet, ont donné comme formule à l'absinthine C,5H20O4. D'après le dernier auteur, le point de fusion de ce produit est de 68°. Eu suivant un mode de traitement de la plante différent de celui généralement décrit par les auteurs, nous avons obtenu un produit parfaitement pur, qui n'a pas la composition indiquée par MM. Senger et Bourcet, et qui en dif- fère surtout par un écart considérable (environ 1920) dans le point de fusion, et par sa solubilité dans l'éther. Nous désignerons sous le nom ù'anabsinthine (2) le produit cristallisé retiré de la grande absinthe et obtenu par la méthode suivante : » Préparation de l'anabsinthine. — La plante étant grossièrement pulvérisée, on en fait successivement un extrait alcoolique que l'on évapore; du résidu on fait un (') Comptes rendus, 28 novembre 1898. (2) Cette dénomination a pour but de différencier l'anabsinthine des produits déjà connus ayant une autre composition el des propriétés physiologiques actives, tels que l'absinthine, l'absinthéine, l'absinthinine. l'absinthol et l'artémisine. ( n6 ) extrait chloroformique après filtration préalable. On dissout cet extrait dans de l'alcool bouillant et l'on précipite les matières organiques par l'acétate de pi b, jusqu'à ce qu'il ne se forme plus de précipité. On filtre à froid et l'on ajoute de l'acide tartrique pour enlever l'excès de sel de plomb que l'on sépare par une nouvelle filtration. L'extrait résultant de l'évaporation complète de l'alcool est lavé à l'eau jusqu'à dis- parition d'acidité ; on dessèclieet additionneà chaud d'une partie de benzine rcclifiiY. Par refroidissement on obtient, après quelques jours, une bouillie cristalline qui est essorée et lavée à la benzine froide. Le précipité est dissous dans l'alcool bouillant et, par addition d'un peu d'eau, on voit la cristallisation se faire au bout d'une demi- heure. Les cristaux sont formés par l'anabsinthine. Le produit cristallisé en aiguilles jaunes, que nous avons décrit dans une Note précédente, se trouve dans l'extrait obtenu en évaporant la benzine après avoir essoré le précipité. » Composition. — ISous avons déterminé la composition de l'anabsinthine par l'analyse et le poids moléculaire. Nous avons cherché si notre produit n'était pas un mélange. L'anabsinthine étant dissoute dans de l'alcool, nous avons provoqué des pré- cipitations fractionnées et avons analysé les précipités extrêmes : Résultais. Calcul Absinlliinc Premier Dernier pour des irécipité. précipite. C"H 0*. auteurs. 71,78 71' 94 71,02 67,83 S, 61 8,08 7-8 7,82 19,61 I9»98 21,33 0 O » 0 Carbone Hydrogène 8,61 Oxygène 19, 61 Azote » Détermination du poids moléculaire par la méthode cryoscopique. — En dissol- vant la substance dans de l'acide acétique, nous avons obtenu des chiffres qui per- mettent d'adopter la formule très approchée: C18112404. » Propriétés physiques et chimiques. — L'anabsinlhine est formée de longues aiguilles blanches et prismatiques; elle possède une amertume très persistante et ne semble pas avoir de propriétés physiologiques intéres- santes, ce qui nous fait supposer que les propriétés signalées par les physio- logistes dans l'extrait d'absinthe sont dues à des impuretés. Desséchée à 1200, le point de fusion de l'anabsinthine est de 2580-25o,°. Après exposi- tion à l'air, son point de fusion s'abaisse à 236°-238°. (L'absinthine signalée par Bourcet fond à 68°.) L'anabsinthine est légèrement soluble dans l'eau, plus soluble dans l'alcool, la benzine, le chloroforme. Elle cristallise dans l'acétone en magnifiques cristaux pouvant atteindre icm de côté et qui constituent une véritable curiosité cristallographique. L'acide sulfurique concentré donne une belle coloration violet rouge qui passe au bleu. L'acide chlorhydrique au cinquième donne une coloration brune; par ( "7 ) addition d'eau il se forme une légère fluorescence verte. Avec l'anhvdride acétique nous avons obtenu une résine incristallisable. L'oxvdation, la réduction, le traitement par les alcalis et les acides étendus n'ont pas ou ont peu d'action sur l'absinthine. La liqueur de Fehling n'est pas réduite et la phénylhydrazine ne donne aucune combinaison. » Par distillation sèche, nous avons obtenu de l'acide acétique, de l'acide formique et une huile qui se colore rapidement à l'air en vert et en bleu, probablement par oxvdation. » L'anabsinthine diffère du principe cristallisé en jaune que nous avons signalé précédemment par sa couleur, par la réaction à l'acide sulfurique et au perchlorure de fer, enfin par sa composition et son point de fusion. » Comme lui, elle peut être classée dans la série des corps indifférents plutôt que dans celle des glucosides. » Dans le cours du traitement de l'anabsinthine nous avons isolé un principe huileux que nous nous proposons d'étudier. » CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Sur la formation du sucre de l'albumine de l'œuf. Note de M. Ferdinand Blumextiial ('), présentée par M. Bouchard. « Bien des recherches ont été faites pour savoir s'il v a du sucre dans la molécule d'albumine proprement dite, question d'une grande impor- tance, non seulement pour la Chimie et la Phvsiologie, mais encore pour la Médecine, puisque l'homme gravement atteint de diabète forme du sucre avec ses tissus, probablement avec son albumine » Passant sous silence les résultats négatifs, je citerai en premier lieu Pavy, dont les travaux ont provoqué de nombreuses recherches sur ce sujet. Pavy (2) a prétendu qu'il avait obtenu du sucre aux dépens de l'albu- mine. Mais, comme il a précipité l'albumine par l'alcool, on a fait remarquer que le sucre contenu dans les œufs était resté adhérent à sa préparation; comme il n'a rien entrepris pour séparer ce sucre de l'albumine, ses expé- riences ne peuvent trancher la question. Plus tard, Kxawkow (3), en opé- rant sur des albumines exemptes de sucre, après lés avoir chauffées avec de l'acide chlorhydrique, avait obtenu des hydrates de carbone qui donnaient, (') Travail du laboratoire de M. V. Leyden, première clinique médicale de Berlin. (2) Pavy, Tlie Physiology of Ihe carbohvdrates; London, i8o4- (3) Krawkow, PJliig i . iicliiv. Bd 165; 1897. C. R., 1899, 1" Semestre. (T. CXXVIII, V 2.) l6 ( n8 ) avec la phénylhydrazine, une osazone qui se liquéfiait à i82°-i85°. Mais nous ne connaissons pas d'hydrate de carbone produisant une osazone avant ce point de liquéfaction; aussi, les résultats de Krawkow ne peuvent pas être considérés comme probants. Ilofmeister ('), qui a obtenu égale- ment, de Ier d'albumine cristallisée, ogl',i d'osazone, n'a pas caractérisé celle-ci. » Avant moi-même (2) soumis l'albumine du blanc d'œuf à l'action dé- composante d'une solution d'hydrate de baryte (BaOH) et ensuite de l'acide chlorhvdrique, j'ai obtenu un liquide qui réduisait la liqueur de Fehling et donnait avec la phénylhydrazine acétique une osazone dont le point de liquéfaction était de 19 f°-20 \°. Comme l'osazone était peu soluble dans l'eau chaude, ainsi que dans l'alcool pur froid, dans l'éther et dans l'acétone froide, elle ressemblait beaucoup à la phénylglycosazone, à laquelle elle correspond aussi à l'examen microscopique, et par le point de liquéfac- tion qui est, pour la glycosazone, de 20J0, d'après Emile Fischer. Avec une préparation d'osazone que j'ai obtenue de l'albumine du blanc d'œuf, purifiée très soigneusement à plusieurs reprises par l'eau chaude, ensuite par l'alcool et par l'éther, je suis arrivé, avec de grandes pertes de sub- stance, à un état de pureté qui permettait d'en faire une analyse élémen- taire. Cette analyse, faile dans le laboratoire du professeur E. Salkowski ( 3), donna: Cbo,3i; H6,o4; calculé pour la phényl-glycosazone : CGo,3: H 6, 19. Il est donc certain que le sucre dont l'osazone était analysée avait la formule CcH,20°, c'est-à-dire était une hexose. » Mais comme on connaît trois hexoses donnant la même osazone : la glucose, la mannose et la fructose, il fallait encore chercher quelle élail l'hexose contenue dans l'albumine du blanc d'œuf. » Pour décider cette question, j'ai opéré de la manière suivante : » 2osr d'albumine pure sont jetés dans 4Socc d'eau, à laquelle on a ajouté 2occ de NaOH concentrée ou d'une solution concentrée de BaOM, à température ordinaire. On \ laisse l'albumine une ou deux heures. Ensuite, sans filtrer, on ajoute 7.5tc d'acide chlorhydrique, de poids spécifique 1,19, et l'on chaude dans un alambic une denii- heure à feu libre. Ensuite, on met l'alambic pendant deux heures dans un bain-marie chauffé. Après ce temps, on le reprend, on filtre el l'on ajoute, à température assez (') Hofmeisteh. Zeitschrift fiir physiologische Chemie; 1897. (2) F. Uluiinthal, Gesellsc/ia/t der Charitéaaste. Séance du 10 février 1898, publiée clans les Charité- tnnalen, [S98. (3) Je remercie iri M. Neuberg, assistant du professeur E. Salkowski, qui a effectué cette analvse. ( "9 ) basse, 8oco d'une solution de NaOH concentrée, jusqu'à ce que la réaction soit devenue alcaline. On ajoute immédiatement à peu près 20cc d'acide acétique glacial, pour que la réaction devienne complètement acide. Au bout de quelques heures, on filtre. » Le liquide filtré est presque tout à fait desséché par la vaporisation, d'abord à feu libre, ensuite au bain-marie. Le résidu, contenant à peu près de 3occ à 4occ de liquide, est traité trois fois par l'alcool chaud (g3 pour ioo). L'alcool est filtré et éva- poré. On dissout alors le résidu dans iooc' d'eau chaude; le liquide sert à toutes les expériences suivantes. » Chauffé avec la liqueur de Fehling, il donne une réduction. » Mêlé avec 8s1' de phénylhydrazine dissous dans 8CC d'acide acétique glacial, dans un verre, on le chauffe jusqu'à ébullition à feu libre. On laisse bouillir 5-jo minutes. Ensuite, on met le verre dans un bain-marie bouillant. On l'y laisse pendant une heure. Ensuite, pendant que le liquide est très chaud, on filtre dans de l'eau très froide. Immédiatement, l'osazone apparaît en cristaux. On la purifie avec de l'eau, de l'alcool absolu et de l'éther, et on la fait cristalliser en faisant arriver la solution chaude dans de l'eau froide. L'osazone ainsi obtenue a pour point de liquéfaction 200°-2o5°. » Le liquide, chauffé avec la résorcine et l'acide chlorhydrique, ne donne pas la réaction de Sélivanoff caractéristique de la fructose. Comme cette réaction est très nettement positive avec des traces de fructose, l'absence de celle-ci est démontrée. » La mannose se distingue de la glucose en ce qu'elle donne avec la phénylhy- drazine une hvdrazone à la température ordinaire; notre liquide ne donna pas d'hy- drazone à la température de la chambre. » Si notre sucre était de la glucose, il faudrait encore voir de quelle modification il s'agit, car on en connaît deux : l'une qui dévie le plan de polarisation à droite et l'autre qui dévie à gauche. Si les deux sucres sont mêlés, la solution reste inactive. Pour la polarisation, il a fallu séparer les albumoses et les peptones, qui dévient à gauche; celles-ci furent précipitées par l'acide phosphorwolframique et L'acide chlorhydrique. Le plan de polarisation a été dévié à gauche : i° 0,8 pour 100; a° 0,7 pour 100; 3° 1,2 pour 100 (calculé sur glucose). » Mais, comme il y a aussi des albumoses qui ne sont pas précipitées par l'acide phosphorwolframique, la rotation à gauche avait pu être produite par des corps de celte nature. Ainsi, E. Salkowski a montré que, avec l'albumine de levure, on obtient de la leucine qui dévie un peu à gauche. Pour contrôler cette possibilité, j'ai observé la quantité d'azote dans le liquide polarisé. J'ai trouvé (calculé d'après l'albumine) : i° o,5 pour 100; 20 o,55 pour 100; 3° o,53 pour 100 d'albumine dans les liquides po- larisés. Le résultat ne permet donc pas de décider, avec toute la sûreté nécessaire, si le sucre est lévogyre. » Mais la vraisemblance augmente, si l'on constate que la réaction xanlhoproléique était très faible dans le liquide polarisé; il est donc impossible que tout l'azote contenu dans le liquide polarisé soit attribuable aux albumoses. » En essayant de faire fermenter mon sucre avec la levure de bière, je n'ai jamais pu y parvenir. Or on sait que la glucose lévogyre ne fermente pas avec la levure de bière, tandis que la glucose dextrogyre fermente complètement, et la glucose inactive partiellement. » Pour déterminer la quantité de sucre contenu dans la molécule de l'albumine, on ( 120 ) peut employer la titralion pur la liqueur de Fehling. Mais les résultats de ces essais n'ont pas été bien nets, de sorte que je n'en parle que sous toutes réserves. 11 paraît probable qu'on obtient, avec ioo"r d'albumine de blanc d'œuf, Ssrà i2Sr de sucre ('). » PHYSIOLOGIE pathologique. — Modifications des toxines introduites dans le tube digestif. Noie de MM. Chariun et Lkvaditi, présentée par M. Ch. Bouchard. « On sait depuis longtemps que certaines toxines, très actives quand on les introduit dans le sang ou sous la peau, perdent la plus grande partie de leur action, lorsqu'on les fait pénétrer par la voie digestive; l'un de nous a jadis insisté sur cette donnée, à savoir qu'on réussit plus aisément à créer une entérite, en injectant les produits bactériens dans les vaisseaux péri- phériques qu'en faisant ingérer ces mêmes produits à des doses infiniment plus considérables. » De divers côtés, on a cherché les raisons de cette sorte d'immunité de l'appareil gastro-intestinal. Pour Ransom (-), le mécanisme est simple: s'il s'agit, par exemple, de la toxine tétanique, cette toxine s'élimine inal- térée par les fèces, sans absorption. » A coup sûr, une partie des principes administrés, partie du reste variable en rapport avec la dose, etc., peut s'échapper à l'extérieur. Toutefois, il est difficile d'affirmer qu'on retrouve exactement tout ce qu'on a introduit; le procédé d'appréciation utilisé par Ransom consiste à faire naître le tétanos, en injectant des dilutions de matières fécales. » Comment mesurer avec précision, en l'absence de poids ou de volume, d'autant (dus que la susceptibilité de l'animal, qui reçoit en outre des poisons intestinaux, est dans ces conditions plus ou moins augmentée? » Les phénomènes nous semblent d'une nature plus complexe. » Vers le dernier tiers de l'intestin d'un cobaye, on dépose, dans une anse de om,3o à om,4o de longueur, liée aux deux bouts, de 3CC à 5CC de toxine tétanique. dose plusieurs fois mortelle, bien que cette toxine soit douée d'une activité modérée On ferme ensuite l'abdomen, après avoir rentré celte anse, choisie sensiblement vide ou parfois évacuée par une douce pression. (') Dans ces expériences, M. le Professeur E. Salkowski m'a soutenu de ses bons conseils. (-) F. Ransom, Dos Schicksal des Tetanusgiftes nach seiner intestinale n Einver- lelbung in den Meerschweinorganismus. {Deutsche mal. W'och., n°8; 1898.) ( 12[ ) » Si, de nouveau, on met à découvert ce segment intestinal utilisé, après un délai de quinze à vingt heures, on constate, dans la majorité des cas, que le volume du contenu, mesuré avec précision, a diminué; il nous est arrivé quelquefois de ne plus rencontrer que des matières solides. » Dans ces conditions, on ramène ce contenu au volume initial, soit 3CC à 5rc à l'aide de l'eau stérilisée; on filtre à la bougie; on reconnaît que le liquide filtré a perdu, sinon totalement, au moins en partie son pouvoir lélanigène. » Cette seconde filtration, que rendent nécessaire les accidents septiques (l'emploi de l'appareil centrifuge ne suffit pas toujours), ne peut être invoquée comme cause de modification. On sait, en effet, par les travaux, de Martin et Cherry (]), que ces toxines franchissent sans changement des filtres même gélatines; d'autre part, nous avons eu soin de refiltrer aussi la toxine servant aux injections des témoins; parfois même, immédiatement avant cette deuxième filtration, nous l'avons additionnée d'un peu de mucus intestinal ( 2CC à 3CC) pour identifier les conditions : cette toxine a con- servé son activité. » La lenteur d'absorption ne saurait, de son côté, expliquer à elle seule l'innocuité de ces ingestions de toxines; pour le prouver, il suffit d'administrer au cobaye, par voie sous-cutanée, la dose mortelle répartie en plusieurs fractions dans un espace de quinze à vingt heures : on fait ainsi éclater les accidents caractéristiques. » Les résultats positifs des injections intra-portales éliminent l'intervention de la défense hépatique, dont le rôle est, en tous cas, des plus secondaires (2). » D'autre part, si l'on ne retrouve pas dans l'anse la totalité de la substance intro- duite, on ne saurait expliquer la perte par un simple passage dans la circulation; on enregistrerait alors, ou les accidents classiques, ou les caractères de l'immunité; or, on n'observe ni les uns, ni les autres, au moins pour le tétanos. » En nous basant sur les recherches de Charrin etMangin, surtout sur celles plus complètes de MetchnikofT (3), nous pensons qu'on est en droit de faire intervenir l'action des bactéries intestinales, puisqu'en vivant au contact d'une toxine, ces bactéries altèrent ses propriétés pathogènes. » Nous estimons aussi que l'influence des sécrétions digestives ne saurait être indifférente [travaux de Charrin et Lefèvre (4), de Nencki, Sieber et Schoumow-Siemanowski (5)]. » D'autres causes, à coup sur, doivent entrer en jeu, quand on songe tant à la fragilité des toxines qu'à la multiplicité des agents qu'elles ren- (') Martin et Cuerry, Nature de l'antagonisme entre la toxine et l'antitoxine (Brit. med. Journ., i5 octobre 1898). (-) Voir Charrin et Cassin, Expériences (Soc. de Biol., décembre 1896). (3) -Soc. de Biol., 1897. (;) Soc. de Biol.. 1898. (ù) Cblat.filr Bakt., Bd. XXIII, 110 19. Ces auteurs ont beaucoup développé la question. ( 122 ) contrent dans l'intestin; nous ne pouvons, dans une simple Note, les indi- quer complètement. » De même nous ne pouvons signaler toutes les différences enregistrées suivant le choix des toxines ; avec quelques-unes on parvient, en usant de la voie digestive, à augmenter la résistance de l'animal; avec d'autres on échoue complètement. » Ces résultats sont également soumis à des variations en rapport avec les divers segments de l'appareil digestif; c'est ainsi, en particulier, que le volume du liquide s'accroît habituellement dans l'anse liée chez le cobaye, quand cette anse est au voisinage de l'estomac. Chez le chien, ces diffé- rences sont peu sensibles; néanmoins, il semble que, chez quelques espèces, la quantité d'eau est beaucoup plus abondante, en partie sans doute par suite de la sécrétion biliaire, dans les premières portions de l'intestin grêle, c'est-à-dire là où l'activité des métamorphoses, comme la nécessité des dilutions, rendent ce liquide plus indispensable. » L'intervention de la bile, celle du suc gastrique ou pancréatique font naturellement varier encore les résultats obtenus. » Nous ne pouvons évidemment développer ici chacun de ces points, nous bornant, dans la présente Note, à établir la réalité des modifications que subissent certaines toxines déposées dans l'intestin, au point de vue de l'atténuation de leur activité fonctionnelle. » BIOLOGIE. — La loi sexuelle du plus pela coefficient. Note de M. Félix Le Daxtec, présentée par M. Edm. Perrier. « Si l'hypothèse que j'ai émise l'année dernière [Se.ve el dissymétrie, (Comptes rendus, janvier 1898)] ne semble pas jusqu'à présent susceptible d'une preuve expérimentale directe, elle conduit du moins à des déduc- tions dont aucune n'est en désaccord avec les laits connus de la Biologie. L'une de ces déductions est si imprévue que sa concordance parfaite avec tous les phénomènes d'hérédité semble être une démonstration presque définitive de l'hypothèse initiale. C'est la loi du plus petit coefficient. » Les molécules des substances plastiques peuvent être de deux tvpes inverses (') ou déséquilibrés; l'accolement molécule à molécule de ces (') Ces deux types inverses ne sont probablement pas énantiomorphes, c'est-à-dire -\ métriques l'un de l'autre. Ils peuvent avoir un noyau commun, gauche par exemple, et ne différer que par la dissymétrie d'un seul carbo ( 123 ) deux typés inverses produit des molécules neutres ou équilibrées. Tous les plastides qui, comme les bactéries, se reproduisent sans sexualité et tous les plastides somatiques du corps des animaux supérieurs se com- posent uniquement de substances plastiques neutres ou équilibrées. L'as- similation ne se produit que dans des plastides ainsi constitués et ne con- struit que des substances plastiques neutres ou équilibrées. » Mais, en certains points du corps, des conditions destructives spé- ciales font disparaître l'un des types de substances déséquilibrées sans toucher aux substances du type inverse. C'est ainsi que se forment les éléments sexuels. Soient a, b, c, d, e, f, g, h les substances plastiques équilibrées d'une espèce donnée; chacune d'elles est la somme de deux substances inverses; a, par exemple, est la somme (am + et/)- L'élément mâle comprendra les substances am, bm, . . . , />,„, et l'élément femelle les substances «y. bf hf. Ces éléments sexuels déséquilibrés sont inca- pables d'assimilation, mais de leur fusion molécule à molécule ou féconda- tion résulte l'œuf qui est équilibré et qui, par suite, assimile et se mul- tiplie. )> Or pour neutraliser n molécules am, il faut n molécules ®)» ''s n'existeront pas chez le fils, mais seront remplacés par des caractères nouveaux, quelquefois peut- être intermédiaires à ceux des parents. » Tous les cas d'hérédité sont compris dans cette formule. » Je ne puis développer ici toutes les conséquences de la loi du plus petit coefficient. Je montre, dans un Livre actuellement sous presse (1), qu'elle explique avec la plus grande facilité l'hérédité des caractères de race dans les unions de race pure, le polymorphisme remarquable des pro- duits de première génération du métissage de deux races voisines et l'uni- formité non moins curieuse des mêmes produits quand le métissage a lieu entre des races très distinctes. La même loi montre aussi, avec la dernière évidence, que la reproduction sensuelle a pour résultat, non pas d'intro- duire des variations, mais au contraire de faire disparaître les variations accidentelles et de fixer un type moyen des races, etc. )> Je ne veux donner qu'un exemple de la simplicité des explications au moyen de la loi du plus petit coefficient. Supposez que d'un type moyen, le hiset, on fasse diverger pendant plusieurs générations, par une sélection artificielle, des produits qui deviennent enfin aussi différents que le pigeon grosse gorge et le culbutant courte face. Si vous croisez ensemhle deux individus de ces deux races différentes, la loi du plus petit coefficient fera disparaître les caractères majorés et vous retomberez sur le type ancestral moyen, comme l'a remarqué Darwin. Tous les cas d'atavisme s'interprètent d'une manière analogue. » parents pourra donner un tout autre résultat quant au choix des coefficients chez le père ou la mère, suivant le degré de vétusté des éléments M'xuels fusionnés qui auront subi, par le vieillissement, une diminution plus i joins grande dans la quantité absolue de leurs substances plastiques constitutives. (') La sexualité. Paris, Car.'1 et \aud. ( 125 ) BOTANIQUE. — Sur la culture des monstruosités. Note de M. Hugo de Vkies, présentée par M. Gaston Bonnier. « On sait que les monstruosités végétales connues sous le nom de crêles-de-coq sont héréditaires, se reproduisant toujours par le semis. Mais on considère généralement les autres monstruosités comme causées par des accidents et comme n'étant pas héréditaires. Leur rareté dans la nature les rend difficilement accessibles à des études approfondies; on connaît ordinairement leur structure, mais bien rarement leur origine et leur croissance. Elles se soustraient presque complètement aux expé- riences physiologiques. » Depuis bientôt une douzaine d'années je m'occupe de la culture de ces anomalies, dans le but de les soumettre à toutes les recherches désirables. A l'exception des virescences causées par des parasites, elles se sont montrées héréditaires et ont produit, par l'isolement et la sélection, des races plus ou moins constantes et assez riches en individus monstrueux pour répondre au but proposé. » Pour plusieurs de ces races, je possède maintenant les cinquième, sixième ou septième générations, même de formes rigoureusement bisan- nuelles. Elles sont loin d'être toutes complètement constantes. Il v en a qui ne montrent pas plus d'atavisme que des variétés ordinaires, tandis que d'autres ne se reproduisent fidèlement que dans le tiers ou les deux tiers des individus. Les plants de ces dernières races qui retournent au type normal conservent cependant certains caractères de monstruosité, mais à des degrés très divers. Souvent ils répètent l'anomalie dans leur sommet, dans leurs branches latérales; chez les plantes pérennantes, l'anomalie peut réapparaître au bout de deux ou trois années. Parfois certains plants semblent absolument normaux, mais sans avoir perdu la faculté de repro- duire la monstruosité par leurs graines. » Moins la fixité est grande, plus la culture dépend des conditions exté- rieures. Les races monstrueuses, même d'espèces sauvages, exigent plus de soins que les plantes ornementales les plus sensibles. C'est surtout la germination et le développement des jeunes plantes qu'il s'agit de soigner. En semant dans une serre et en repiquant les jeunes plantes isolément et dans une terre bien saine et fortement fumée, on peut souvent doubler le nombre des individus héritiers. Le Taraxacum officinale fasautuin, qui C. h., 1899, i« Semestre. (T CXXVIÏI, N» 2.) >7 ( 126 ) donne ordinairement environ 3o pour 100 de fascialions, en a produit jusqu'à 86 pour ioo dans la première floraison, par ce traitement. Le Cré- pis biennis fasciata, dont les cultures donnaient 20 à 3o pour 100 de tiges fasciées, a donné une proportion de 64 'A 85 pour 100 par une culture très soignée et un fort amendement, lequel, pour le chiffre de 85 pour 100, consistait surtout dans la poudre de corne de bœuf broyée. » Au point de vue physiologique on peut diviser les monstruosités en monstruosités constantes, précoces et tardives » Les monstruosités constantes ne montrent pas plus d'atavisme que des variétés ordinaires; elles exigent les mêmes soins que celles-ci. LeC/i/y- santhemum segetum fislidosum, à fleurs du rayon longues et tubuleuses, a produit, en 1898, 97 pour 100 d'individus-héritiers sur environ 200 exem- plaires. Le Linaria vulgaris peloria, race extrêmement peu fertile, n'a eu, en 1898, que 4 pour 100 d'exemplaires retournant au type normal dans un semis de 80 plantes; pour les autres exemplaires, toutes les fleurs étaient parfaitement péloriées. Cette forme se propage aisément par ses bourgeons radicaux. » Les monstruosités précoces sont celles qui se manifestent déjà sur les toutes jeunes plantes, à l'époque où celles-ci doivent être repiquées. Elles exigent une sélection à cette période de leur vie; on ne doit repiquer que celles dans lesquelles l'anomalie est bien marquée. Le Trifolium pralense qiiinquefolium en donne un exemple; sa première feuille, simple dans l'espèce normale, porte trois folioles dans la majorité des individus de la race. En repiquant, on doit éliminer tous ceux qui en ont moins, pour être sûr d'avoir une culture riche en feuilles quinaires. En négligeant cette précaution, on n'aurait qu'un semis très mêlé. La richesse en feuilles à 4-7 folioles dépend, en outre, comme toujours, de l'exposition, de la place disponible pour chaque individu, de l'engrais, etc. » Les monstruosités tardives ne se montrent que plusieurs semaines ou quelques mois après le semis: Les fasciations du Crépis commencent à se montrer au bout de quatre mois, celles du Taraxacum au bout de cinq mois; la disposition spiralée des feuilles de Dipsacus silvestris torsus reste latente jusqu'à l'âge de quatre mois. » Le développement de ces monstruosités dépend avant tout de la force individuelle des plantes, surtout de leur vigueur dans les premières semaines de leur vie. Le choix des meilleurs porte-graines a une signi- fication bien secondaire, à supposer que ceux-ci appartiennent à la race pure, et que leurs graines ne soient pas viciées par le croisement avec l'espèce normale ou avec d'autres variétés. ( ia7) » Elles exigent un emplacement bien ensoleillé, une terre saine et beau- coup d'engrais (outre une bonne fumure, une dose de ioosr de corne de bœuf broyée par mètre carré), assez de place pour ne pas se toucher, et des soins assidus. Quant au semis, le mieux est presque toujours de l'effectuer sous verre au mois d'avril, et de repiquer isolément les jeunes plantes en petits godets (de iocm) avant de les mettre en place. » Pour les soins particuliers à donner à chaque espèce la durée normale de la vie est importante à considérer. Les formes annuelles sont d'autant plus riches en anomalies que le semis a été plus précoce et que la croissance des jeunes plantes a été plus accélérée par une température de serre chaude et une bonne exposition à la lumière. Je cite comme exemples 1' ' Amarantus speciosus fasciatus et le Tctragonia expansa fasciata. » Les plantes rigoureusement bisannuelles (Crépis biennis fasciata et Dipsacus silvestris torsus) sont le groupe le plus intéressant. Leurs fascia- lions et leurs torsions sont d'autant plus nombreuses et d'autant mieux développées que la vie des rosettes des feuilles radicales a été plus longue et plus vigoureuse avant la production de la tige. Des semis faits trop tard, un sol maigre ou sablonneux, un espace trop petit, une exposition à l'ombre ont souvent rendu normaux tous ou presque tous les individus de cultures très étendues, provenant des meilleures graines. La richesse moyenne, d'environ 20-3o pour 100, peut être facilement réduite à o, mais peut, au contraire, être augmentée parles soins mentionnés jusqu'à 4o pour ioo pour le Dipsacus et même jusqu'à 60-80 pour 100 pour le Crépis. Mais les individus fumés trop fortement succombent en hiver, sur- tout ceux du Crépis, pour lequel je préfère la culture sans amendement. » Les espèces facultativement annuelles ou bisannuelles sont les plus sensibles; par exemple, l'Aster Tripolium fasciatus et Y Œnolhera Lamar- ckiana fascié. Elles ne donnent de belles fasciations que sur les pieds bisannuels; on ne doit donc pas semer trop tôt, et il faut éliminer les plantes à tiges déjà développées à l'époque où on les met en place. Les tiges annuelles s'élargissent souvent à leur sommet, mais faiblement. » En résumé : la plupart des races monstrueuses sont variables au plus haut degré, oscillant entre o et souvent 5o-8o pour 100 d'individus-héri- tiers. Eten supposant que l'on sème les graines d'une race bien fixée, cette variabilité dépend presque tout à fait des conditions extérieures de la vie, surtout pendant le jeune âge. Plus ces conditions sont favorables, plus est grande la richesse de la culture des anomalies, et plus ces dernières sont bien développées. » ( '28 ) MINÉRALOGIE. — Les roches volcaniques à leucite de Trébisonde. Noie de M. A. Lacroix, présentée par M. Fouqué. « J'ai signalé, il v a quelques années, l'existence de roches leucitiques à Trébizonde; j'ai profile d'une mission en Orient (1896) pour étudier sur place ces curieuses roches volcaniques. Malheureusement, mon voyage, suivant de prés les massacres d'Arménie, s'est ressenti de L'état politique du pays et j'ai dû limiter mes recherches aux alentours immédiats de la ville. » Le Boz Tépeh, auquel est adossé Trébizonde, est constitué par des coulées et des bancs de tufs de leucoléphrite; des coulées de cette même roche sont arrivées jusqu'à la mer (sous le phare et dans le quartier de Pharos). La ville elle-même est en grande partie bâtie sur des tufs plus ré- cents, sur des dykes et des coulées de leucitites, qui peuvent être étudiés sur le bord de la mer depuis la pointe de Gusel Serai jusqu'à l'embouchure de la Tapahanas, à Sainte-Sophie, et dans les ruelles de la haute et de la basse ville. » A l'est de Trébizonde, la pointe d'Eleusa est constituée par une andésite à biotite, qui est recouverte par le tuf de lencitite; je n'ai pu voir ses relations avec la leucotéphrite. Enfin, les tufs de leucitite renferment des blocs de trachyte à biotite, à haiiyne, de rhvolites, de granité, qui n'existent pas en place dans la région que j'ai parcourue. » Je n'ai vu nulle part ces roches volcaniques en contact avec des roches sédimentaires ('), j'ai seulement recueilli dans les tufs de leucitite et de leucotéphrite des blocs de calcaire à foraminifères qui, d'après la (') Je n'ai pu obtenir que quelques heures avant mon départ de Trébizonde l'auto- risation d'aller, sous escorte, visiter le village de Flatana, situé à i3km environ à l'ouest de Trébizonde, où l'on m'avait signalé des calcaires; la roule est taillée dans des tufs volcaniques cl des roches à faciès basaltique. V Platana même, celles-ci, malgré leur ressemblance extérieure avec la roche de Sainte-Sophie, sont constituées par des basaltes feldspalhiques sur lesquels reposent des calcaires oolithiques qui en renferment de nombreux galets. J'y ai recueilli quelques fossiles qui, d'après les déterminations qu'ont bien voulu en faire M. Gaudrv et M. Boule, appartiennent probablement à l'oli- gocène [(Cyrena semistriata Desh.), empreintes de feuilles de Dicotylédones, ver- tèbres, côtes, omoplate d'un Halitherium, plus grand que VHalitherium Schinzi ci rapprochant plus de celte forme oligocène que de-. Mci.i.rytherium miocènes]. ( 12(J ) détermination de M. Schlumberger, appartiennent au crétacé supérieur. » La leucitite forme, au sud de la vieille citadelle, une coulée qui s'est épanchée dans le lit de la Tapahanas, elle est donc postérieure au creuse- ment des vallées. » Leucotéphrites. — Ces roches, de couleur grise, âpres au toucher, sont riches en phénocristaux d'angite; ce sont des leucotéphrites augitiques, con- tenant parfois un peu d'haûyne ; le feldspath n'existe qu'en microlites (oli- goclase) ; la leucite est très abondante (coulée du port) ou rare (sommet du Boz Tépeh).La roche, de même que ses tufs, est imprégnée de christianite, Sur le revers est du BozTépeh.on trouve souvent des ségrégations basiques, extrêmement riches en augite, en biotite et apatite; il existe en outre de la haiivne, peut-être de la leucite (pseudomorphoses en christianite) et par- fois un peu d'oligoclase en grands microlites. » Leucitites. — Les roches les plus intéressantes de cette série sont les leucitites: la plupart de celles qui constituent les coulées et les dvkes sont compactes, noires, à aspect de basalte; elles ne montrent, à l'œil nu, que de petits cristaux d'haûyne bleue, quelques grains d'augite et parfois (Hagios Andréas) de la biotite. Ce sont dag leucitites augitiques à haiivne et à pyroxëne; la leucite ne s'y présente qu'en globules, sans formes nettes, reconnaissables à leurs inclusions en couronnes; il existe toujours un peu de biotite résorbée. Dans le dyke d'Hagios Andréas, la haùyneet les larges lames de biotite sont extrêmement abondantes. » Beaucoup plus variés sont les blocs englobés dans les tufs et la brèche ; ce sont des leucitites à grands cristaux d'augite, atteignant icm. Au micro- scope, on constate que ces roches contiennent en outre des phénocristaux de leucite, avec un peu de magnétite et du verre jaunâtre. D'assez nom- breux échantillons renferment en outre des phénocristaux d'haûyne ou plus souvent d'olivine. » Tufs et brèches leucitiques. — Il existe deux variétés dans ces tufs et brèches : dans l'une (tuf palagonitique), la pâte est constituée par de petits fragments ou des blocs de tachvlite de leucitite à olivine; dans l'autre (tuf pèperinique), par des cendres et des débris de cristaux, accompagnés de blocs nombreux et variés (enclaves homœogènes et enallogènes). Dans le tuf palagonitique, le verre est gris brunâtre dans ses parties fraîches jaune vif dans les zones altérées. Chaque grain est cerclé d'une bande biré- fringente; ce verre renferme quelques cristallites d'augite, de nombreux phénocristaux mesurables de leucite, d'olivine et d'augite qu'il est facile d'isoler; les cristaux d'augite sont souvent polysvnthétiques et présentent ( i3o ) des phénomènes de torsion remarquables; les macles suivant o'(ioi) et (i 23) sont très fréquentes. » Ces éléments palagoniliques sont réunis par de la ehristianite et un peu de calcite. « Enclaves homœogènes. — Les enclaves homœogènes sont extrêmement abondantes; dans le tuf du phare et dans celui de Polita, elles constituent, par places, plus de 3opour ioo delà masse totale. Ce sont des agrégats holo- cristallins, à grands cristaux atteignant souvent plusieurs centimètres. » Elles peuvent être rapportées à trois tvpes; le premier est essentielle- ment caractérisé par la prédominance des minéraux colorés, augite ou biotite, auxquels sont associés en abondance de grands cristaux prisma- tiques d'apatite, de la haûyne incolore, parfois de la hornblende, de l'olivine. L'apparition de sanidine conduit au second type (sanidiniles), dans lequel ce sont les éléments blancs et notamment la sanidine qui pré- dominent sur les éléments colorés; ceux-ci peuvent même disparaître presque complètement. Enfin, le dernier type, beaucoup moins abondant que les précédents, est caractérisé par la combinaison de plagioclases basiques et d'augite, avec ou sans biotite et apatite. » Enclaves enallogênes. — Elles consistent en blocs d'andésites, de trachytes (renfermant quelquefois eux-mêmes des enclaves de leur sanidi- nite), de rhyolites, de granité et enfin de calcaires; les enclaves de granité m'ont seules présenté des phénomènes de fusion et de recristallisation de feldspaths, d'augite et de biotite. » Ce rapide résumé montre que la région leucilique de Trébizonde pré- sente une constitution minéralogique des plus remarquable : on y trouve réunis sur un petit espace des types variés de roches relativement peu communes et offrant des caractéristiques très particulières. « Les tufs pépériniques sont à comparer à ceux de la Campagne romaine, ils renferment les mêmes enclaves homœogènes, à l'exclusion des types riches en leucile; ils ne contiennent, en outre, aucun de ces blocs qui, dans le Lalium, doivent leur origine à des transformations de cal- caires. Quant aux tufs palagonitiques de leucitite, ils n'ont guère leur équivalent qu'à Sleffeln dans l'Eifel. » ( i3i ) MINÉRALOGIE. — Sur les lois régissant les macles proprement dites. Note de M. Fred. Walleraxt, présentée par M. Fouqué. « Dans une Note précédente, j'ai montré qu'à côté des groupements de cristaux orientés symétriquement par rapport aux axes de symétrie du réseau déficients à la particule (') s'en trouvaient d'autres dans lesquels le même rôle était joué par les axes de la particule complexe déficients au réseau. Je voudrais montrer aujourd'hui que, à une exception près, les macles proprement dites rentrent dans l'une des lois précédentes générali- sées et étendues aux plans de symétrie. » Jusqu'ici, en effet, on s'est uniquement préoccupé de poser des règles établissant les relations de position des deux cristaux macles sans recher- cher les conditions auxquelles doit satisfaire le plan de macle, et l'on sépa- rait complètement les groupements autour des axes, des macles propre- ment dites. Je ne m'occuperai que des macles dites par hémitropie normale, les macles par hémitropie parallèle étant, en réalité, un groupement autour d'un axe binaire déficient soit du réseau, soit de la particule. » Tout d'abord, dans un grand nombre de macles, il est de toute évi- dence que le plan de macle est un plan de symétrie du réseau déficient à la particule. Dans les deux cristaux, les réseaux sont par suite parallèles; mais, la particule complexe étant alors mériédrique, il y aurait plusieurs cas particuliers à considérer pour établir les relations d'orientation de ces particules dans les deux cristaux. Dans le cas le plus fréquemment réalisé, les particules complexes sont symétriquement orientées de chaque côté du plan de macle et les deux cristaux sont symétriques par rapport à ce plan. » En second lieu, il est facile de voir que, si la particule fondamentale possède un plan de symétrie coïncidant avec un plan réticulaire, ce plan doit être un plan de macle. Si l'on considère, en effet, les particules fonda- mentales dont les centres de gravité coïncident avec les nœuds d'un plan réticulaire parallèle à leur plan de symétrie, elles exerceront, de part et d'autre de ce plan, des actions mécaniques symétriques. Par suite, dans la cristallisation sous l'influence de ces actions, les particules viendront se (') C'est-à-dire la molécule cristallographique, qu'il ne faut pas confondre avec la molécule cliiraique. ( i32 ) disposer suivant deux réseaux symétriques par rapport au plan et s'oriente- ront symétriquement. Quand ces particules fondamentales donnent nais- sance à des particules complexes holoédriques, celles-ci sont symétrique- ment orientées par rapport au plan; mais si ces dernières sont mé- riédriques, il y a lieu de considérer plusieurs cas secondaires. » Le raisonnement que nous venons de faire, au sujet d'un plan de symétrie des particules fondamentales, peut être répété à propos d'un plan de symétrie d'un groupe de particules fondamentales, et, en parti- culier, au sujet d'un plan de symétrie de la particule complexe déficient au réseau. Mais, dans ce dernier cas, qui est le plus intéressant, les parti- cules complexes, ayant un plan de symétrie parallèle au plan de uiacle, sont parallèles dans les deux cristaux. » Bien entendu, dans toutes ces macles, les deux cristaux ne seront séparés par un plan qu'autant que celui-ci sera un plan de formation facile; dans le cas contraire, la surface de séparation sera quelconque. Je ferai, en outre, remarquer que, si la symétrie de la particule complexe est absolue, les particules n'auront aucune préférence à se disposer selon l'un ou l'autre des deux réseaux symétriques : la macle se répétera un grand nombre de fois et l'on aura des lamelles hémitropes. Si, au con- traire, la symétrie n'est qu'approchée, l'une des orientations du réseau sera préférée, et la macle ne se produira que sous l'intluence de forces extérieures, comme dans les expériences de M. Lehmann. » Malheureusement, s'il nous est facile de déterminer les éléments de symétrie du réseau et, par suite, les éléments déficients à la particule, il n'en est plus de même des éléments de la particule complexe. On peut ce- pendant trouver une confirmation des considérations précédentes dans ce fait que les plans de macles et axes de groupements, s'ils appartiennent tous à la particule complexe, doivent être les éléments de symétrie d'un même polyèdre et que, par suite, ils doivent satisfaire à certaines relations de position. » Considérons, par exemple, les feldspaths : les plans p, ë~ , g\ e'~ qui se coupent suivant la droite pg' font entre eux des angles sensiblement égaux à 45°; ils peuvent donc être considérés comme quatre plans de sy- métrie d'un polyèdre avant la droite pg* comme axe quasi-quaternaire et possédant un axe quasi-binaire dans chacun des plans précédents. Si ce sont là les éléments de symétrie approchés de la particule complexe, les différents groupements des feldspaths doivent être en rapport avec ces élé- ments et, en effet : ( i33 ; » La macle de l'Albite est symétrique par rapport à g' ; » La macle de Manebach est symétrique par rapport à p; i « Ija macle Baveno est symétrique par rapport à e~ ; » La macle Carlsbad est symétrique par rapport à l'axe quasi binaire situé dans g1 . La macle de la péricline se fait autour de l'axe quasi binaire situé dans/j. La macle de l'Estérel se fait autour de pg' jouant le rôle d'axe quasi-binaire. Cette même droite joue le rôle d'axe quasi quaternaire dans des groupements de quatre cristaux décrits comme constitués par deux macles de Baveno ou une macle de l'Albite et une macle de Manebach. » On voit donc que les groupements et macles des feldspaths ne sont pas indépendants les uns des autres, mais sont tous en relation avec les élé- ments de symétrie d'un même polyèdre. » Il y a donc lieu de considérer deux catégories de groupements : ceux occasionnés par l'existence d'éléments de symétrie, axes ou plans, du ré- seau déficients à la particule complexe et dans lesquels les réseaux de tous les cristaux sont parallèles; ceux occasionnés par l'existence d'éléments de la particule fondamentale ou de la particule complexe déficients au ré- seau ; dans ceux-ci les réseaux des différents cristaux sont symétriques et non plus parallèles. » Malgré la généralité de ces lois, il existe un groupement faisant exception : il est occasionné par l'existence des axes ternaires qui, comme on le sait, jouent un rôle aberrant dans presque toutes les questions de cristallographie. Dausce groupement les deux cristaux sont orientés à 1800 autour de l'axe ternaire. En considérant la particule complexe comme con- stituée par trois particules fondamentales, on voit sans peine que sous l'influence des actions mécaniques exercées par les particules complexes d'un plan réticulaire, les particules du plan réticulaire limitrophe peuvent prendre deux positions d'équilibre à 1800 l'une de l'autre; il en résulte deux cristaux séparés, tantôt par un plan, tantôt par une surface quelconque. » ÉCONOMIE RURALE. — - Sur les conditions culturelles en Tunisie. Note de M. J. Dybowski, présentée par M. P. -P. Dehérain. « Les remarquables études de M. Dehérain ont montré toute l'impor- tance qu'avaient, pour la culture des végétaux, les pratiques destinées à retenir l'eau dans le sol. L'eau est, en effet, le premier agent de fertilisation, puisque pas un des éléments qui concourent au développement des plantes C. R., 1899, 1" Semestre. ( ï. CXXVIII, N» 2.) 18 ( i34 ; ne peut èlre utilisé par celles-ci, s'il ne se présente à l'état de dissolution. » Si donc les phénomènes de l'évaporation de l'eau du sol présentent déjà une grande importance sous le climat de la France où les pluies se ré- partissent d'une façon presque uniforme pendant tous les mois de l'année, ils offrent un intérêt plus grand encore lorsqu'il s'agit des régions de l'Afrique du Nord. Là, par suite de la distribution spéciale des pluies et des fortes chaleurs de l'été, l'évaporation devient tellement active que toute végétation herbacée cesse et que seuls quelques végétaux spécia- lement constitués traversent victorieusement sans arrosage la période estivale. » L'agriculteur se trouve donc en présence d'un problème qu'il importe de chercher à résoudre. Peut-il retenir l'eau contenue dans le sol et em- pêcher l'évaporation d'en réduire la proportion au-dessous du taux néces- saire à l'entretien de la vie des plantes? » Des expériences régulièrement poursuivies pendant les années 1897 et 1898 nous ont montré que, lorsque le sol est abandonné à lui-même, il se dessèche tellement pendant l'été qu'aucune végétation herbacée ne peut à cette saison se maintenir à sa surface. Mais, si des opérations culturales ayant pour action d'ameublir le sol sont régulièrement faites, cette évapora- tion diminue dans des proportions sensibles et l'humidité devient suffisante pour le maintien de la vie des plantes. Les moyennes obtenues après dix-sept mois d'observations constantes sont les suivantes : Terre non binée. Echantillons pris à la surface. ... 8,00 Echantillons pris à om,5o 10, 45 Terre binée. Échantillons pris à la surface. ... io,65 Echantillons pris à o"1, 5o '3,67 ^» Si, au contraire, on ne prend que les cinq mois d'été (de mai à sep- tembre) des années 1897 et 1898 on obtient des résultats bien plus nets encore, qui montrent que, si les végétaux ne peuvent dans les conditions normales trouver la quantité d'eau nécessaire pour vivre, cette quantité devient suffisante pour permettre leur existence quand les binages sont régulièrement exécutés. Terre non binée. Echantillons pris à la surface 4» 8 Echantillons pris à om,5o 8,2 Terre binée. Echantillons pris à la surface. , . . (j,«i Echantillons pris à om,5o 12,2 » II est utile de faire remarquer que, bien, que la dessiccation soit aussi complète en été, la quantité d'eau totale tombée dans le nord de la Tu- Août. Sept. Ocl. Nov. Moy. ann. mm 45 01 m 46 min 46 11)111 45 mu 488 10,9 26, l 36,4 57 , 7 496 ( «35 ) nisie est sensiblement égale à celle que reçoit le sol des environs de Paris. Répartition des pluies (année moyenne) en millimètres. Dec. Janv. Fév. Mars. Avril. Mai. Juin. luill Paris (d'après v 1 mm mm moi mm mm mm mm mu Marié-Davy ). 4o 3a 3o 3o 34 02 5o 4° Tunis (moy. de 10 années)... 64, 1 74,8 64,9 77,8 48,6 18, 5 4,3 11,7 » La répartition des chutes d'eau est donc toute différente. Plus fortes pendant l'hiver, elles deviennent presque nulles en été. On constate que, si cette répartition est peu favorable à la végétation arbustive, elle est par contre des plus utiles à la' végétation des plantes herbacées telles que les céréales. Si, en effet, l'eau qui tombe en France, au printemps, a une utilité très grande, son action est plus faible pendant l'hiver, alors qu'elle sature le sol et fait jaunir les céréales. Elle devient tout à fait nuisible quand elle tombe au moment de la maturation des grains ou pendant la moisson. » Dans l'Afrique du Nord il en va tout autrement, toute chute d'eau peut être rangée dans la catégorie des pluies utiles; car celles-ci ont tou- jours lieu pendant la période de développement des céréales. On constate, en effet, que toutes les fois que l'on substitue aux primitives méthodes arabes les procédés perfectionnés de la culture française, on obtient des rendements qui peuvent atteindre ou même dépasser ceux que produisent les cultures analogues en France. » M. Ch. Degagny adresse une Note « Sur les variations de longueur du fuseau chez le Lis martagon et la Fritillaire ». La séance est levée à 4 heures et demie. M. B. (. i36 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Ouvrages reçus dans la séance du 9. janvier 1809. {Suite.) L Intermédiaire des Biologistes et des Médecins. Directeur : D1 Hallion. Paris, 1899; 1 fasc. in-8°. Annales de l'Institut Pasteur, publiées par M. Duclaux, Membre de l'Institut de France. Tome XII. Paris, G. Masson et Cie, 1899; 1 fasc. in-8". Bulletin de i Académie de Médecine, publié par MM. Bergeron, Secrétaire perpétuel et E. Vallin, Secrétaire annuel. Paris, G. Masson et Cie; 1 fasc. in-8°. Annales des Ponts et Chaussées, n" série, IIe Partie. Paris, Ch. Dunod; 1 fasc. in-8°. Mémoires de la Société de Spéléologie, par M. Armand Janet. Tome III. Paris, 1898; 1 fasc. in-8°. Revue générale de Botanique, par M. G. Bonnier, Membre de l'Institut. Tome X. Paris, Dupont, 1898; 1 fasc. in-8°. Bulletin officiel de la Propriété industrielle et commerciale. N° 777. Paris, 1898; 1 fasc. in-4°. Archives des Sciences physiques et naturelles. Tome VI, n" 12. Paris, G. Masson et Cie, 1898; 1 broch. in-8°. Revue scientifique du Bourbonnais et du centre de la France, sous la direc- tion de M. Ernest Olivier. N° 132. Moulins, 1898; 1 fasc. in-8°. Revue pratique des travaux de Médecine {Y Abeille médicale). Tome LV. Paris, 1898; 1 fasc. in-4°. Revue générale des Sciences pures et appliquées. Directeur : Louis Olivier. N° 24. Paris, 1898; 1 fasc. in-4°. Le Progrés médical, 3e série. Tome VIII, 11" 53. 1 fasc. in-4°- Conspectuljloreiromaniei, deDoctorul D. Grecescu. Bucuresti, Dreptatea, [898; 1 vol. in-8°. (Hommage de l'auteur.) N° 2. TABLE DES ARTICLES. (Séance du î) janvier 1U99.) .MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. Pages. M. Marcel Dsprez. — Sur l'hyslérési- mètre construit par MM. Blonde/ ci Carpentier 61 M. (11. Bouchard. — lissai de cryoscopie des urines i,'l M. L. Ranvibr. — Histologie de la peau. Définition et nomenclature de- couches liiez l'homme et les mammifères (17 | Pages. M. 1'.. Rayet. — Observation de l'éclipsé totale de Lune du 27-2S décembre 1898, faite, à l'observatoire de Bordeaux, par MM. G. Rayet, F. Doublet et F. Courty. M. V.rmand Gautier présente à l'Académie la deuxième édition de sou Ouvrage : « La Chimie de la cellule vivante » RAPPORTS. M. Il.ur. — Rapport sur un Mémoire de M. Partiot, du o' juin 1898 : « Choix d'une formule de célérité NOMINATIONS. Liste de candidats adressée à M. le Mi- nistre du Commerce, de l'Industrie, des Postes et Télégraphes, pour la chaire de Chimie industrielle vacante au Conserva- toire des Arts et Métiers : 1 M. Joannis; ï- M. Fleurent Commission chargée de juger le concours du prix l-'r.i m 1 ■■ ni de 1899: MM. Poincaré, Darboux, Picard, Àppell, Hermite. . . . Commission chargée déjuger le concours du prix Poncelel de 189g: MM. Oarbou.r . Poincaré, Bertrand, Apprit, Sarrau... Commission chargée de juger le concours du prix extraordinaire de 6ooofr de 1899 : MM. Guy ou, c/eBussy, Sarrau, Boioj uel de la Grye, de Jonquières Commission chargée de juger le concours du prix Montyon 1 Mécanique) de 189g : M M. Maurice Levy, Boussinesq, Sarrau. Léauté, Sebert Commission chargée de juger le""c :o"urs du prix Plume) de 1899 : MM. Guyolf. de Bussy, Sarrau, Marcel Depres, Léauté Commission chargée de juger le concours du prix Lalande (Astronomie) de 189g : MM. Lœwy, Faye, Wolf, Janssen, Cal- lundreau Commission chargée de juger le concours du prix Valz de 1899 : MM. Lœwy, Faye. Janssen, Wolf, Callandreau Commission chargée de juger le concours du prix La Caze (Physique) de 1899 : MM. Cornu, Mascart, Lippmann, Bec- querel, Berlhelot, Violle, Cailletet, Po- tier. Bertrand Commission chargée de juger le concours du piix Montyon (Statistique) de 1899 : MM. Haton de la Goupillière, de Jon- quières, Bouche, Brouartlt I . Bertrand, Laussedat CORRESPONDANCE. M. [«Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspon- dance : un Mémoire de M. André Mai koff; diverses publications de M. Van der Mensbrugghe; deux Volumes pu- bliés par l'Association française pour l'avancement des Sciences MM. V. Thomas, G.-W . lln.i.. P. Li.moui.t, A. Hébert adressent des remerciments à l'Académie, 1 ' les distinct - accor- dées à leurs travaux M. Eugène Fabry. Généralisation du prolongement analytique d'une fonction. M. SERVANT. — Sur les points singuliers d'une fonction définie par une série de Taylor M. E.-O. l.uvi.TT. - Sur la correspon- entre les lignes droites et les N° 2. SUITE DE LA TABLE DES ARTICLES. Pages, sphères 83 M. Ribière. Sur la flexion des cylindres à base circulaire M. A. Leduc; Sur l'expérience de Lord Kelvin et Joule 88 M. 11. Hagard. Sur les variations do résistance d'un conducteur électrolytique il, ims un champ magnétique 91 .M. Th. Moureaux. Sur la valeur abso- lue des éléments magnétiques • 'jan- vier 1899 ,,; M. I'. Lebeau. Sur la préparation el les propriétés de l'arséniure de calcium p,5 M. 0. Boudoi ibd. Sur la décomposil ion de l'oxyde de carbone en présence de l'oxyde do fer .,s M. André .Ion. Dosage volumétrique du cérium. Vpplications toi M. Camille Matignon. - La variation d'entropie dans la dissociation de sys- tèmes hétérogènes semblables i".i .M. Marcel Delëpine. — Constitution el propriétés chimiques de l'éthylidène- nnine io5 M. Georges Léser. i lérivés de la mé- thylbepténone synthétique i"N Bulletin bibliographique Pages. M. Pu. Bai Synthèse du dimé- 1 li\ Ihepl énol \l. S. Hausser. Études sur la (iltration. M. A. Jouve. Sur un mode de l'ornia- 1 ion des m ëes MM. A.drian el A. Trillat. - Sur l'anab- sinthine, substance nouvelle retirée de l'absinthe \l. Ferdinand Blumenthal. Sur la for- mation du sucre de l'albumine de l'œuf. MM. Charrin et Levaditi. — ModiGi a tinns des toxines introduites dans le tube digestif \l. Félix 1.1; Dantec. - La loi sexuelle du plus |ietit coefficient '. . M. Hugo de Vries. — Sur la culture des monstruosités M. \. Lacroix. - Les roches volcaniques a leucite, de Trébiz le M. FBJÊD. VALLERAND. — Sur 1rs lui- n gissant les macles proprement dites M. J. Dtbowski. — Sur les conditions eulluralrs en Tunisie M. Cit. Dkgagny adresse une Note » Sur les variations de longueur du fuseau 1 h. le Lis martagon el la Frilillaire » 128 1 i, , 13 ■ 35 ■ 36 PAKIS. — IMPRIMERIE GA.UTHtER-VILLA.RS, Quai des Grands-Augustins, 55. l.c f.'-' leurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports el les Instructions demandés par le Gouvernement. Article 5. Tous les six mois, la Commission administrative fait un Rapport sur la situation des Comptes rendus après l'impression de chaque volume. Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré- sent Règlement. Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent iaire présenter leurs Mémones par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5\ Autrement la présentation sera remise à la séance suivante. COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 10 JANVIER 1899. PRÉSIDENCE DE M. VAN TIEGIIEM. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE. L'ACADÉMIE. Le Centenaire (le /' Académie impériale militaire de Médecine de Saint-Pétersbourg ; par M. d'Arsonvai,. « L'Académie m' ayant fait l'honneur de me désigner pour la repré- senter aux fêtes du Centenaire qui avaient lieu à Saint-Pétersbourg, je viens aujourd'hui lui rendre compte de ma mission. » Ces fêtes ont eu un éclat qu'expliquent l'importance de l'Académie de Médecine de Saint-Pétersbourg et le haut patronage sous lequel elle est placée : celui de l'Empereur, qui en est le Président d'honneur. » Cette circonstance explique également le nombre considérable des délégations (plus de deux cent cinquante) envoyées à Saint-Pétersbourg par les Corps savants du monde entier. C R.. iS99. ," Semestre. (T. CXXVIII. N"3.) 19 ( i38 ) » Les Membres de l'Académie de Saint-Pétersbourg ont tenu, Messieurs, à ce que votre Délégué, qui représentait aussi le Collège de France, figu- rât au premier rang dans toutes ces cérémonies. Il a été particulièrement touché du chaleureux accueil qui lui a été fait et il est heureux d'en repor- ter sur vous tout l'honneur. » Au début de la cérémonie du 3o décembre, il a lu l'Adresse suivante au nom de l'Institut, du Collège de France et de la Société de Biologie : « Altesses Impériales; Excellence; Messieurs de l'Académie, » La Science française ne pouvait rester indifférente à l'invitation que lui adressait en ce jour l'Académie Impériale militaire de Médecine de Saint- Pétersbourg. » Pour vous prouver en quelle haute estime nous tenons, en France, et votre enseignement et les Membres de votre Académie, nos Corps savants les plus éminents, les plus célèbres de nos établissements d'enseignement supérieur ont tenu à honneur de répondre à votre appel. » Le Ministre de l'Instruction publique nous a spécialement délégués à cet effet, mon collègue le professeur Landouzy et moi. » En ce qui me concerne, j'ai la mission glorieuse de vous saluer au nom du premier de nos Corps savants : l'Académie des Sciences de l'Institut de France; au nom du plus célèbre de nos établissements d'enseignement supérieur : du Collège de France, vieux de plus de quatre cents ans; au nom de tous les biologistes français, que groupe notre toujours jeune et florissante Société de Biologie. » Enfin, Messieurs, je vous apporte tout particulièrement l'hommage de ma chaire de Médecine du Collège de France. » Permettez-moi, en terminant, de placer nos vœux communs sous le patronage d'un nom illustre, cher à votre Académie comme il l'est à la France, sous le patronage de mon maître Claude Bernard, qui personnifia pour vous l'Institut, le Collège de France et la Société de Biologie. » J'ai eu l'honneur de voir autour de lui, au Collège de France, les plus illustres d'entre vous : Pirogoff, Botkine, Setschnow, etc. Ces relations entre le Collège de France et votre Académie n'ont point cessé. J'ai été particulièrement heureux, en arrivant ici, d'entendre votre représentant, le savant Egoroff, s'intituler avec fierté élève du Collège de France. La cérémonie d'aujourd'hui ne fera que resserrer ces liens, basés sur un idéal et un but communs : guerre à l'ignorance et à la maladie. ( '39) » Au nom de l'Institut de France; au nom du Collège de France; au nom de la Société de Biologie, salut, gloire et prospérité à l'Académie Impériale militaire de Médecine de Saint-Pétersbourg. » » Cette imposante cérémonie, à laquelle assistaient les Grands-Ducs, était présidée par le Ministre de la Guerre. A l'occasion des fêtes du Centenaire, ont été nommés Membres d'hon- neur de l'Académie Impériale militaire de Médecine de Saint-Pétersbourg ceux de nos Confrères dont les noms suivent (par ordre alphabétique) : d'Arsonval, Berthelot, Bouchard, Brouardel, Duclaux, Guyon, Lanne- LONGUE, MAREY, RaNVIER. CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur la marche générale de la végétation : plante développée à l'ombre et au soleil; regain; par M. Berthelot. « En poursuivant mes recherches sur la marche générale de la végéta- lion, j'ai obtenu les résultats suivants par l'analyse d'une espèce de Gra- minée, non cultivée, quia été examinée dans les trois conditions suivantes : » Çynosurus cristatus (Cretelle vulgaire). » I. Plante développée dans une prairie naturelle, exposée au soleil; récoltée le 28 mai 1898. » II. Plante développée dans le même sol, à l'ombre d'une charmille qui la protégeait en tout temps contre l'action directe des rayons solaires; même date. » III. Plante développée au soleil, fauchée le 3 juin; regain le 6 août. » Le poids moyen du pied a été déterminé seulement pour l'échantil- lon III. Un pied pesait : humide, igr, 233; sec, ogr, 386. » Sur ioo§r, à l'état naturel, on a trouvé : Matière sèche. Eau. I (soleil) 27,4 72,6 II (ombre) 22,1 77>9 III (regain) 3i,3 68,7 » Ainsi la plante développée à l'ombre contient plus d'eau, comme on ( i4o ) devait s'v attendre. Il y a peu de différence entre la récolte de regain el la première récolte, toutes deux obtenues au soleil. » Voici maintenant la proportion relative des différentes parties de la plante, en centièmes : Etal sec. i n ni (soleil). (ombre). (regain). Racines 29,7 1 .', , .', 29,9 Tiges 19,9 3;, : 23,4 Feuilles vertes '9j9 34,25 24,7 Feuilles sèches 16,7 '3,7 o Épis «4,7 ° 2I»9 » Le poids relatif des racines est le même dans les deux récoltes suc- cessives au soleil; tandis qu'il est réduit à moitié dans la plante déve- loppée à l'ombre. » La presque identité du poids relatif des racines, pour les deux récoltes successives au soleil, mérite d'être remarquée dans une plante annuelle, telle que le Çynosurus ; d'autant plus qu'elle contraste avec la variation de ce même poids relatif des racines, pour les deux récoltes successives d'une plante vivace, telle que la luzerne. En effet, d'après mes anciennes expé- riences sur celte plante, le 21 juin i883, les racines formaient les 1 5, 7 cen- tièmes du poids sec du végétal; tandis qu'au moment du regain, le 3o oc- tobre, leur proportion relative s'est élevée aux 47,2 centièmes ('). Cet accroissement coïncide avec le rôle des racines de luzerne, qui assurent la permanence de la plante d'une année à l'autre. » Mais revenons au Çynosurus. » Pour les tiges, le poids relatif est aussi à peu près le même dans les deux récoltes successives au soleil (avec faible excès dans le regain); tandis qu'il n'y est guère que la moitié du poids de la même portion de l'organisme total, dans la plante développée à l'ombre. » Le poids des feuilles développées à l'ombre l'emporte également, étant presque double pour les feuilles vertes; mais l'excès est moindre, si l'on tient compte des feuilles sèches. Quant au regain, lequel n'a pas fourni de (') Ann. de Chim. et de Pltys., 6e série, 1. V, p. 4-»i ; ( i4i ) feuilles sèches, le poids des feuilles vertes y surpasse à peine celui de la première récolte; il est, par conséquent, fort inférieur à celui de la plante à l'ombre. » En compensation, le poids des épis était supérieur de moitié dans le regain, comparé à la première récolte, aux époques de ces analyses; tandis que la plante développée à l'ombre n'était pas encore parvenue au degré d'évolution qui produit les épis, au moment où on l'a recueillie. Ainsi sa végétation était plus lente que celle de la plante au soleil : fait facile à prévoir. » De là résulte une conséquence nouvelle. Si l'on veut comparer plus sûrement les diverses récoltes de la même plante, on doit faire la somme des parties vertes; c'est-à-dire, d'une part, ajouter ensemble les poids des feuilles, tiges et épis (soleil); d'autre part, ajouter les feuilles et tiges sans épis (ombre); on trouve ainsi : 1 76,3 II 85,6 111 70,1 » Ici encore la plante développée à l'ombre l'emporte sur les deux autres, qui fournissent d'ailleurs des valeurs à peu près identiques. » En somme, la plante semble mieux nourrie à l'ombre; mais cette vigueur apparente tient à un retard dans l'exercice des fonctions de repro- duction. » Poursuivons ces comparaisons, en les faisant porter sur l'état d'hydra- tation des différentes parties de la plante. » Voilà la proportion d'eau observée, sur 100 parties de chaque portion de la plante : 1 11 m (soleil). (ombre). (regain). Racines 76,4 So,4 7<>>8 Tiges 78,9 68,5 70,4 Feuilles vertes 70,0 81,6 69^ Feuilles sèches 02,6 60,0 Nulles. Épis 71,1 Nuls. 61,0 » La planle développée à l'ombre est la plus hydratée : dans chacune de ses parties, sans exception, et par conséquent dans sa totalité, comme ( 14a ) il a été dit plus haut. Le regain, au contraire, a fourni partout le minimum d'eau : observation qui s'applique aussi à la luzerne, quoique avec de moindres écarts ('). Cet excès d'eau, dans la plante développée à l'ombre, correspond avec un meilleur état de circulation des humeurs et, par suite, de nutrition. » Examinons maintenant de plus près la répartition générale des élé- ments, en composés organiques et composés minéraux (cendres), dans les trois récoltes qui font l'objet de notre étude. )> Soit d'abord la plante, prise dans son ensemble : i ii m (soleil). (ombre). (regain) Cendres i3,2 16,8 10,7 Silice (8,7) (7,8) (5,2) Carbone 42,7 4o,3 A1» 3 Hydrogène 5,o 5 , 1 5,2 Azote i,34 >>2 'j3 Phosphore o,48 o,65 o,3i Soufre o,36 0>9>> ' ■"■•' Oxygène organique, environ . . 36, 0 35,o V'-O » Les cendres sont maximum à l'ombre, minimum dans le regain. De même la silice. Le résultat relatif au regain répond à ce fait, que l'absorp- tion des matières minérales, empruntées au sol, a eu lieu avec moins de rapidité que la formation dos matières hydrocarbonées, pendant la durée du second développement de la plante (regain), que pendant celle du premier. » Aussi la proportion relative des principes hydrocarbonés, complémen- taires des cendres, est-elle maximum dans le regain, minimum à l'ombre. » Occupons-nous surtout de ce dernier ordre de principes. » La richesse de la plante en carbone est maximum dans le végétal développé au soleil, minimum dans le regain : ce qui tient à ce que la matière de ce dernier est plus riche en produits oxygénés; on va revenir sur ce point. A la vérité, entre la plante développée au soleil et la plante développée à l'ombre la différence relative du carbone diminuerait, si (') Ann. de Chitn. et de Phys., 6° série, t. V, p. J5i. ( i43 ) l'on déduisait les cendres dans le calcul. Cependant la plante développée au soleil demeure, dans tous les cas, la plus riche en carbone. » Le phosphore et le soufre sont au contraire maximum dans la plante développée à l'ombre; tandis que les deux récoltes faites au soleil four- nissent des chiffres voisins entre eux. » L'azote est à peu près le même dans les trois échantillons; il répond à 8 centièmes ou 8,5 environ d'albuminoïdes : soit un douzième, lequel contient 4 parties de carbone et 2 d'oxygène, en nombres ronds. » En déduisant ces valeurs, on aurait pour le carbone et l'oxygène (') des produits organiques : i il m soleil). (ombre). (regain). Carbone 38,5 36,3 37,2 Oxygène 34 33, o 38,8 » Rapports atomiques C:0 : 1. 11. m. 6:3,9 6:4,2 6:4,7 » Si l'on observe que, dans la cellulose et ses isomères, le rapport du carbone à l'oxygène est 6:5, on voit que la plante renferme, dans tous les cas, des principes moins oxydés que les hydrates de carbone (tels que vas- culose, matières subéreuses et résineuses, etc.) : la dose de semblables nrincipes est maximum dans la plante tout d'abord développée au soleil. Au contraire, dans le regain, la prépondérance des hydrates de carbone est plus marquée. » Comparons enfin, pour mieux marquer l'influence de la vie, la composition des feuilles vertes et des feuilles sèches, obtenues sur un même pied, dans une même récolte, à la même époque, au soleil et à l'ombre. (') L'évaluation de l'oxygène ne saurait être qu'approximative, parce qu'on ne peut guère calculer la dose exacte des acides sulfurique et phosphorique, combinés à l'état de sels conjugués dans les plantes. D'autre part, l'hydrogène n'est pas connu par ces analyses avec le degré de précision extrême, qui serait nécessaire pour pouvoir définir la cause exacte de ses variations. ( i4î ) Feuilles. 1. Soleil. Feuilles vertes. Cendres i3, i Silice (5 ,9) Carbone 43, G Hydrogène 5 , a Azote 2,3 Oxygène organique, environ.. . 35,3 Feuilles sèches. tg,6 (i3.3) ï 1 ■ ' 5, 1 1 ,07 23,8 il 0 mbre. l'eu Iles Feuilles \ ertes. sèches. ./1,3 21 ,6 (4, 7) (.s 0) 4 ',7 37, G 5,1 3,, 1,4 35,.', 28,1 » La dessiccation, ou plus exactement, la marcescen.ee des feuilles a en pour effet d'amener la destruction, par oxydation, d'une dose considé- rable de matière organique, et, par conséquent, l'enrichissement du résidu en cendres. Dans les produits organiques qui subsistent, le rapport atomique du carbone à l'oxygène s'est accru; sans doute en raison de l'élimination partielle de ce dernier sons forme d'acide carbonique, c'est- à-dire conformément aux expériences que nous avons faites, M. André et moi, sur la décomposition des leuilles en vases clos ('). L'azote a diminué de moitié dans les feuilles sèches; probablement en raison de son élimina- lion à l'état d'ammoniaque, ou de matière soluble entraînée par les pluies. » Le rapport atomique du carbone à l'oxygène (en déduisant préalable- ment les albuminoïdes), C : O, est le suivant : 1 . Feuilles vertes. 6: 3,9 II... fi : 'i.3 Feu il les sèches. 6:3,7 II... 6 : 3; » Ce rapport pour les celluloses étant 6 : 5, on voit d'abord que les feuilles vertes renferment des principes moins oxygénés, en dose notable; on voit, en outre, que les principes restés dans les feuilles sèches sont encore moins oxygénés que dans les feuilles vertes : ce qui correspond avec un départ d'oxvgène accompli sous la forme d'acide carbonique. » (') Annales de Physique et de Chimie. 7 série, 1. II, p. 293. ( '45 ) PHYSIQUE. — Sur la dispersion anomale de la vapeur de sodium incandes- cente, et sur quelques conséquences de ce phénomène. Note de M. IIemu Becquerel. « Dans une récente Communication à l'Académie (') j'ai décrit une expérience qui met en évidence la dispersion anomale considérable de la vapeur de sodium incandescente, pour les radiations voisines de celles des raies D, et D2. L'existence d'une dispersion anomale dans la flamme du sodium avait été indiquée par Rundt (2), qui, en projetant sur un écran l'expérience du renversement des raies au travers de la flamme conique d'un brûleur Bunsen, avait reconnu une légère inflexion des bords du spectre de part et d'autre de la large bande où se confondaient les raies D, et D2. Cette expérience fut perfectionnée plus tard par M. Winkelman (3); mais ces auteurs se sont bornés à signaler le fait de la dispersion anomale, et il ne semble pas qu'ils aient vu la dispersion entre les raies D, ni les différences que l'on observe dans le voisinage de chacune de ces raies. » Les courbes que donne l'expérience que j'ai réalisée m'ont permis d'étudier les variations des indices de réfraction de la vapeur de sodium dans cette région du spectre si profondément troublée par l'absorption. Les résultats de cette étude m'ont conduit à diverses conclusions, parmi lesquelles je citerai aujourd'hui : i° la superposition de deux dispersions anomales différentes dues à chacune des raies D, et D2 ; i° la constatation et la mesure d'indices de réfraction inférieurs à l'unité; 3° l'explication d'une expérience de M. Voigt, conséquence immédiate de l'existence simultanée de la dispersion anomale et du phénomène de Zeeman. » 1 ° Élude des courbes dues à la dispersion anomale dans le voisinage des raies D, et Do. — Je ne reviendrai pas sur la description de l'expérience que j'ai rappelée plus haut; les courbes que donne la dispersion anomale ont été photographiées, et c'est sur les clichés que les mesures ont été prises. Quelle que soit la perfection avec laquelle on réalise la mise au point, la nécessité de limiter par une fente horizontale de 2mm environ le faisceau (') Comptes rendus, t. CXXVII, p. 899, 5 décembre 1898. (2) Ann. der Pkysik und Chemie, l. X, p. 3ai ; 1880. (3) Wiedemann Ann., t. XXXII, p. 439; 1887. C. R., 1899, i " Semestre. (T. CXXVIII, M 3.) 2Q ( i46 ) qui traverse la flamme prismatique, près de l'arête, introduit un effet de diffraction, qui enlève aux courbes un peu de leur netteté et rend parfois les mesures précises très difficiles. Cependant, en ayant soin de photogra- phier sur la même épreuve le spectre dévié et le spectre non dévié, et en ajoutant comme repère la trace d'un iil tendu horizontalement sur la fente verticale, on peut obtenir des résultats assez nets. Les nombres suivants sont relatifs à une épreuve obtenue avec le troisième spectre du réseau, en concentrant sur la fente verticale les rayons déviés par la flamme, avec une lentille de c)oomin de distance focale. Les nombres sont évalués en tours de vis du micromètre, dont les pas équivalent environ à omœ,25 pour les déviations verticales, et à omm,3i3 pour les déviations horizontales. » (Les x sont comptés positivement dans le spectre du rouge au violet.) y- y- Distances à la raie 1 >, ). ( Distances à la raie D, ). —6,32 i,S8 2,61 3,12 -2,44 3,95 2,84 3,95 — !>7' 5,54 3,25 5,63 -'-•> 5,72 3,47 7 , 4> — 1,21 7>4i 3,67 8,99 — 1,01 8>99 3,79 1 1 ,26 -0,87 1 1 ,26 3,82 1 2 , 95 0,00 D, 4,86 D, 0,72 —0,70 ( Distances à Ds). 0,82 o,9' —4,5g -3,35 1,45 >>79 — n,43 — 9,a5 o,97 — 2,92 2,76 — 0,70 1,19 — 1,74 3,g5 - 4,44 1 ,6a —0,00 2, i3 + 1,64 6,42 1 '■ - 57 — 2,92 — 1 ,69 » Les courbes représentées par ces nombres se composent de deux branches hvperboliques de part et d'autre de D, et D2, et entre ces deux lignes d'une courbe présentent un point d'inflexion; ces branches paraissent avoir pour asymptotes les lignes D, et D2, et ce caractère s'est maintenu, quelque grandeur que l'on ait pu obtenir pour les déviations verticales. La dissymétrie que présentent ces courbes montre qu'elles sont le résultat de la superposition de deux effets, l'un relatif au voisinage deD,, l'autre relatif au voisinage de D2. A l'extérieur des deux raies, ces effets s'ajoutent, tandis qu'entre les raies D, et D2 ils se retranchent, l'un de l'autre, et arrivent même à annuler la déviation pour une longueur d'onde ( '47 ) déterminée. Comme près des raies D, et D2 et à l'extérieur de celles-ci les courbes ont approximativement la forme d'une hyperbole, on peut admettre que les déviations voisines de D seraient représentées par y,= — > si D, était seul; de même près de D., on aurait y3 = —> et en superposant les deux effets, l'on peut écrire, en désignant par a la distance D, D;, = 41, 86, et en comptant toutes les abscisses à partir de D,, K, K, c x — a formule qui représente approximativement les nombres ci-dessus en fai- sant K, = 7 et K2 = i4- On voit que, pour y = o, on a^ = — — • En faisant x = 1,62, on trouve ce rapport égal à 2 Ainsi l'effet dû à D2 serait le double de celui de D(. » La superposition de ces deux phénomènes, qui est surtout sensible entre les raies D, et D2, détermine dans cet intervalle une variation extraordinairement rapide des indices de réfraction quand la longueur d'onde varie. On voit aussi que les déviations négatives près de D, doivent être plus petites que les déviations négatives à l'extérieur de D2. Les indices de réfraction correspondant aux déviations négatives sont plus petits que ceux des gaz du brûleur, et ils vont rapidement en décroissant jusqu'à devenir nettement plus petits que l'unité. w 20 Mesure de la grandeur des indices de réfraction. . — On a vérifié que les déviations verticales relevées sur les clichés étaient égales aux dévia- tions produites sur la fente verticale au foyer de la lentille projetante; la connaissance de ces déviations et de la distance focale de la lentille donne donc la déviation A; l'angle A du prisme est difficile à connaître, mais près de l'arête de la gouttière de platine la flamme est sensible- ment parallèle aux faces de cette gouttière et l'on peut prendre l'angle de ces faces pour mesure approchée de l'angle du prisme. Dans la plupart des expériences, A était compris entre i35°et 1200. L'indice de réfraction correspondant à une déviation A est donné par la formule „ A Â_ — =i± -col — , nu désignant l'indice des gaz de la flamme qui envelop- pa 22 pent le prisme de vapeur de sodium. na est voisin de l'indice de l'air, et, les gaz étant à une température élevée, na peut être évalué environ à 1,0001. » Lorsque, dans le spectre, on s'approche de chacune des raies D, ou D2 en allant du rouge au bleu, on reconnaît que les indices vont rapi- ( i48 ) dément en augmentant, jusqu'à atteindre des valeurs égales à na X 1,0009. On sait que, pour l'air, wn = 1,0002922. » Un paru surtout intéressant de déterminer les indices correspondant aux plus grandes déviations négatives observées. Dans la plupart des bonnes épreuves les pointes déviées à l'extérieur de la raie Da donnaient une dévia- tion de o,oo44 à o.oo'i^. dette dernière détermination À= 0,0047 a e',c f;iite avec un soin particulier sur une épreuve obtenue avec le deuxième spectre, et très intense. Elle correspond à A = 16' 10" environ; l'angle du prisme était de 1200. On en déduit n = na(i — 0,001 35) = n„ X 0,9986$ ; et comme na est certainement inférieur à 1,0002, on voit que l'indice calculé est nettement inférieur à l'unité. Ainsi, pour les radiations 1res voisines de D, ou de D2 mais dont les vibrations sont un peu plus rapides, la vitesse de propagation est plus grande que la vitesse de propagation dans le vide. Il importe d'observer que. pour les régions du spectre où ces phénomènes se produisent, la vapeur absorbante émet elle-même des radiations de même longueur d'onde; le spectre de la flamme montre des bandes diffuses lumineuses au milieu desquelles les raies D, et D2 apparaissent renversées, et il ne paraît pas douteux que cet état particulier de mouvement, qui comprend non seulement les mou- vements D, et D.,, mais encore des mouvements de périodes voisines, et d'une amplitude comparable à celle des mouvements lumineux transmis, ne soit la cause des perturbations profondes apportées à la vitesse de propagation des radiations vibrant synchroniquement avec les mouvements de la flamme. « Cet exemple d'indices de réfraction inférieurs à l'unité n'est pas le seul que l'on connaisse. Kundt(') a montré, par des expériences directes, que l'argent, l'or et le cuivre à l'état métallique présentaient des indices de réfraction plus petits que l'unité, résultats qui s'accordent avec les nombres qui ont pu être déduits des expériences faites sur la réflexion métallique. » Il convient d'ajouter encore que la considération de l'intervention des mouvements moléculaires des corps absorbants, sur les mouvements lumi- neux qu'ils transmettent, a permis à Helmhollz et à Lord Kelvin d'établir une théorie de la dispersion anomale qui paraît satisfaire aux expériences. (') Journal de Physique, ■>" série, t. VII, p. ( '49 ) » L'expression à laquelle conduit cette théorie pour représenter l'in- dice de réfraction en fonction de la longueur d'onde, n- = A + Bl- 4- C ^-^ + D >>7-X2 ^ \\ — \* dans le cas de petites variations de 1, et de/? voisin de i, se réduirait sensi- blement à X P 77 = M X,-). "•" xs— X' expression équivalant à celle qui a été donnée plus haut. » 3° Expérience de M. Voigt. — A la suite de considérations théoriques sur le phénomène de Zeeman, M. Voigt (') est arrivé à prévoir qu'une flamme de sodium, placée dans un champ magnétique et traversée par un faisceau lumineux polarisé, devait présenter dans une direction perpendi- culaire au champ magnétique une biréfringence analogue à celle d'une lame cristalline. L'auteur a réussi à mettre en évidence ce phénomène en projetant la lumière polarisée à 45° du champ, sur un compensateur de Babinet, placé sur la fente d'un spectroscope, de manière que les franges fussent perpendiculaires à la fente. Le spectre vu au travers d'un nicol pré- sente des bandes horizontales sombres, perpendiculaires aux raies D, et Do, et ces bandes se déforment quand on produit le champ magnétique. » Suivant la demande que m'en a faite M. Voigt, j'ai répété cette belle expérience, et j'ai reconnu facilement que les bandes horizontales se déforment de manière à figurer des courbes qui affectent une allure ana- logue à celle des courbes de la dispersion anomale. Dès que j'ai eu con- naissance de cette expérience, il m'a paru évident que ce phénomène devait être une conséquence de la superposition du phénomène de Zeeman et de la dispersion anomale; l'expérience a confirmé cette prévision. » J'ai d'abord cherché à manifester l'action d'un champ magnétique sur la réfraction anomale au travers de la vapeur de sodium ; une flamme prismatique a été disposée entre les pôles d'un électro-aimant, et les courbes de dispersion anomale ont été produites comme je l'ai indiqué précédemment ; un rhomboèdre de spath placé en avant de la fente donnait deux images correspondant, l'une aux vibrations parallèles au champ, l'autre aux vibrations perpendiculaires. En excitant l'électro-aimant, j'ai (') Nachrichlen der K. Gesellschaft der Wissenschaften su Gôttingen; 26 novembre 1898. ( i5o ) vu les raies D, et D., se dédoubler inégalement dans les deux images, con- formément au phénomène deZeeman, et, en même temps, les courbes de dispersion anomale suivre ce mouvement de déplacement, de telle sorte que les branches hyperboliques extérieures au groupe I),D2 s'écartaient l'une de l'autre et les branches intérieures se rapprochaient, l'effet étant, pour les vibrations perpendiculaires au champ, environ le double de ce qu'il était pour les vibrations parallèles. » Le dédoublement était trop faible pour permettre de reconnaître ce qui se passe entre les raies de chaque doublet; d'après l'effet de superpo- sition observé entre D, etD2, il parait probable qu'entre chaque doublet la courbe de dispersion affecte une allure analogue et se réduit presque à une droite à peu près verticale. » Ce décalage inégal des courbes, dans les deux images, montre que, pour une même longueur d'onde, les vibrations parallèles au champ et les vibrations perpendiculaires n'ont plus le même indice de réfraction et que par conséquent la flamme doit être biréfringente. » Tl est du reste facile de prévoir la forme des courbes obtenues dans l'expérience de M. Yoigt, les déplacements verticaux des courbes du com- pensateur étant proportionnels aux différences de marche des rayons, c'est- à-dire aux différences des ordonnées des courbes de dispersion anomale. » Si l'on désigne par 2 a. la différence d'écartement des doublets pour la raie D, dans le spectre des vibrations perpendiculaires au champ et, dans le spectre des vibrations parallèles, par 2(i la différence analogue relative à D2, il est facile de voir que les différences des ordonnées des deux courbes y, — y.2 = z sont données par les expressions suivantes : — ^ + ;-— - x <* o du côté le moins réfraneible de D. ( fr. — a \ ^ 01 entre les raies D, et D. X x* K, ,P (*- -a)'1 K, ,p («- ■6 Février 774,4 - ',0 Mars •• 77°> ' 8,2 Avril » ... .. 763,4 17,5 Mai •■ 761,9 23,8 Juin » ... 754,5 3i,5 Juillet 752,9 33,7 Août 755,i 3o,8 Septembre 761,3 23,3 Octobre . . 770,1 12,2 Novembre 776,2 0,8 Décembre .. 781,6 — 9.3 (') Comptes rendus, t. CXII, p. 681 ( .55 ) Pression Température en en millimétrés. degrés centigrades mm 0 Janvier i895... 782,6 -11,1 Février •• 774,7 - 4,6 Mars » ... .. 768,7 7,1 Avril .. 761,8 2i,3 Mai » 760,7 25,3 Juin 7.56,3 29,1 Juillet 752,8 32,5 Août )) ... 755,2 29,5 Septembre 762,1 24,1 Octobre •• 767>6 '3,9 » En réduisant au niveau de la mer et à la pesanteur normale et en in- troduisant encore une correction d'après Sarnaoul, Irkoutsk et Tachkent, pour obtenir, quoique tout à fait approximativement, la pression et la température ramenées aux longues séries d'observations j'ai obtenu les valeurs suivantes, pour ainsi dire normales, et je les ai confrontées avec les valeurs d'après l'Atlas de M. A. Buchan (') : Pression atmosphérique. Moyennes mensuelles Janvier. . . . Février . . . Mars Avril Mai Juin Juillet .... Août Septembre Octobre.. . Novembre. Décenibn1 Année .... d'après les observations Cartes à Luktshoun. de M. A. Buchan. Différences. mm mm mm 780,0 774,7 + 5,3 774,3 772,1 -+- 2,4 769,° 767,3 + t,7 761,3 762 , 5 — 1,2 759,7 7-',7,2 -+- 2,5 754,5 754,i -!- 0,4 75',2 75o,8 + 0,4 753,4 754,6 — 1,2 760,0 760,0 0,0 768,1 768,3 — 0,2 775,6 772 , 4 -t- 3,2 778,6 774,9 - 3,7 765,5 764 + 1,5 (') Report on atmospheric circulation, London, 1889. ( i56 ) Juillet. Températures. Moyennes mensuelles d' après les observations Cartes à Luktslioun. de M. A . Buchan — 8, 4 — 4* — 4>' 4- i + 6,1 4- IO ■+- 20, I 4- 12 4- 2^,5 -t- 23 3o, i -+- 27,5 + 3i,9 + 3o ■+- 3o, i 4- 27 4- 22,2 + 22,0 12,3 +- >7 4- 0,4 -+- 7 — 7.3 1 4- l3,2 ■+- i5 Différences. Janvier — 8,4 4* 4,4 Février 4,1 , - 5,i Mars -h 6,1 H- 10 - 3,9 Avril 4- 20,1 -+- 12 +3,i Mai -1-24,5 -h 23 H- i,5 Juin - 3o,i 4- 27,5 4- 2,6 '.9 Août 3o, 1 +27 3,i Septembre 4-22,2 -+-22,5 - o,3 Octobre 12,0 4-17 -4,7 Novembre -r-0,4 +7 -6,6 Décembre 7,3 1 — 6,3 Année 4- i3,2 4- i5 -1,8 » Conclusions principales. — Le centre des hautes pressions en Asie se trouve pendant les mois de novembre, décembre et janvier dans le Tourfan, au sud du Fianshan et non pas près d'Irkoutsk. » La température estivale est sensiblement plus chaude et la tempéra- ture de l'hiver considérablement plus froide dans la dépression du centre asiatique que selon l'estimation d'après les Cartes de M. A. Buchan. » Dans l'état actuel de nos connaissances, la valeur extrême de la marche annuelle du baromètre sur la Terre est celle qui a été observée à Luktslioun. Différences entre les pressions moyennes mensuelles des mois de janvier et de juillet : en 1 89/1 , 28,um,o; en 1890, 29'nm,8 ('). >, * (') J. Mann, Handbuch der Klimatohgie, t. III, p. 200; Stuttgart, 1897. — Valeur maximum : Semipolalinsk, i8miu,5. ( i57 ) NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de Com- missions chargées de juger les concours de 1899. Le dépouillement des scrutins donne les résultats suivants : Prix Jecker. — MM. Friedel, Troost, Armand Gautier, Moissan, Gri- maux, Ditte. Prix La Caze (Chimie). MM. Friedel, Troost, Armand Gautier. Moissan, Grimaux, Ditte, Ëerthelot, Hautefeuille, Schlœsing. Prix Wilde. — MM. Cornu, Faye, Moissan, Berthelot, Fouqué. Prix Delesse. — MM. Fouqué, Marcel Bertrand, Gaudry, Hautefeuille. Michel Lévy. Prix Fontannes. — MM. Gaudry, Marcel Bertrand, Fouqué, de Lappa- rent, Michel Lévy. CORRESPONDANCE. M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance, un Volume intitulé : « Études sur les méthodes et les instruments des nivellements de précision, par C.-M. Goulicr, annotées et accompagnées d'une élude sur les variations de longueur des mires, d'après les expériences du colonel Goulier, par M. Ch. Lallemand ». M. O.-C. Marsh, nommé Correspondant, adresse ses remercîments à l'Académie. MM. A. Ledoux-Leraru, Maurice Servant adressent des remercîments à l'Académie, pour lçs distinctions accordées à leurs travaux. ( i58 ) ASTRONOMIE PHYSIQUE. - Obsen'attons du Soleil faites à l'observatoire de Lyon (ëquatorial Brunner om, 16) pendant le troisième trimestre de 1898. Note de M. J. Gmllacme, présentée par M. Mascart. « Ces observations sont résumées dans les Tableaux suivants : Tableau 1. Dates Nombre Pas» Latitudes moyennes Surfoco! •xtremea d ubser- au mer. d'obserî. Tations. central. S. N. Vj ■> ag- 5 6 8 9 i5-i6 22-26 19-22 27 26 28- 3 Juillet 1898 5 1,1 4 a , ' . 4,5 1 10, 1 1 ..,8 ni, G 22,6 ■24,6 27,9 28,9 3o,9 o,33 G 4-15 1 1 a 4 3 1 5 2lj. — 12 — 5 — 10 moyennes réduites. pores 2 2 24 53 45 pores 29 29 3o- 7 •2 2-11 2-1 3 8 U-18 1 1-16 •7-'9 10 12 1 6 \ 1 - 9°, 2 - Août 189S. 0,08 2,5 — 15 2,8 5,8 8,0 10,6' 6°.7 ' 7 10 12 1 1 1 a , 5 «3,o i3,6 12 -12 94 3 3oo 396 pores i58 27 i5 Août 1898. o,oS - Taches. Dates Nombro rasa. Latitudes moyennes Surfaces extrêmes d'obscr- au mer. - — ■»■ — *- *' moyennes d'obserf. rations, contrai. S. N. réduites. )8. 0,08 28 3 pores n » 65 a 22-2 1 17-23 20 20 ■'i 26- 1 29 '9,8 20,6 25,5 28,6 3o,4 — 6 — 12 — 5 — i — 10 26 j. -io°,g -+- 8",7 Septembre le 26- 7 2-l4 7-14 5-1 5 '4-17.» 12-19 15-24 24-29 26- 4 1 1 1 1 7 10 4 7 8 4 5 21 j • 1,5 9,o 9,4 9,9 '3,9 '4,8 '9,3 27,6 3o,g — 12,5 — I ! -u,5 — 1 1 II 99 \ 1 i3o 200 ) 246 i3 4 73 64 4 8 1 1 i35 -io",4 ■+• 7°.5 Juillet A 0 ù t Septembre. Totaux . . Distribution des taches en latitude Nord Somme. 0". 4 10 Surfaces Totaux moyennos D\ M". nionsuel*. réduites. - )> 9 20g u 1 1 1091 » 7 1968 M »7 J268 ( <59 Tableau III. Su.l. Distribution des facules en latitude. Nord. Juillet Août Septembre. Totaux. . 3 -±5 10". 0". 5 5 5 i5 «4 16 i3 Somme. 3 / 9 19 Surfaces Totaux mùjenuti; mensuels. réduite*. 17 16,6 23 •23,6 22 9.5,5 62 65,7 » Le premier donne, à droite de l'indication du mois, le nombre proportionnel des jours sans taches ; les colonnes successives renferment les dates extrêmes d'observa- tion de chaque groupe, le moment du passage au méridien central du disque solaire { en jours et en fractions de jour, temps civil de Paris), les latitudes moyennes, les sur- faces moyennes des groupes de taches, exprimées en millionièmes de l'aire d'une hé- misphère et réduites au centre du disque; à la fin de chaque mois, on a indiqué le nombre de jours d'observation et la latitude moyenne de l'ensemble des groupes ob- servés dans chaque hémisphère. » Le deuxième Tableau donne les nombres mensuels de groupes de taches contenus dans des zones consécutives de io° de largeur et les surfaces mensuelles des taches. » Le troisième, enfin, renferme des données analogues pour les régions d'activité du Soleil, c'est-à-dire pour les groupes de facules contenant ou non des taches; dans ce dernier Tableau, les surfaces mensuelles des facules, toujours réduites au centre du disque, sont exprimées en millièmes de l'hémisphère. » Il y a eu 71 jours d'observation pendant ce trimestre. » Taches. — On a noté 27 groupes de taches et une surface totale de 3268 millionièmes, au lieu de 4' groupes et i354 millionièmes enregistrés le trimestre précédent; cette diminution dans le nombre des groupes a été plus forte dans l'hémisphère austral (11) que dans l'autre hémi- sphère (3); néanmoins c'est encore au sud de l'équateur que les taches ont été les plus fréquentes (17 au sud et 10 au nord). Quant aux surfaces, on trouve l'explication du chiffre élevé de ce trimestre dans le grand groupe de septembre, qui figure à lui seul pour 1076 millionièmes sur un total mensuel de 1968 millionièmes. m La tache principale de ce groupe se voyait très bien à l'œil nu ; elle a traversé le méridien central du disque solaire le 9,0 à la latitude de —12°, 5 ('). C'est d'ailleurs la seule visible à l'œil nu qui se soit (l) Le même jour, on a observé une très belle aurore boréale de 8h à n\ avec maximum d'intensité un peu avant gb; au même moment, les appareils magnétiques de l'observatoire enregistraient une très forte perturbation. ( i6o ) présentée pendant ce trimestre (il n'y en avait pas eu dans le second). » Enfin le Soleil a été vu sans taches neuf fois, dont sept en juillet et deux en août (cette particularité avait été notée cinq fois le trimestre pré- cédent). » Régions d'activité. — Les facules ont subi une légère diminution ; on a en effet 62 groupes et une surface totale de 65,7 millièmes au lieu de 6() groupes et 67,4 millièmes. Il y a eu augmentation de 5 groupes au sud (43 au lieu de 38), et diminution de 1 2 au nord ( 19 au lieu de 3i). » PHYSIQUE DU globe. — Sur la varia/ion delà densité à l'intérieur de la Terre. Note de M. du Ligondès, présentée par M. A. Cornu. « M. Roche a proposé, pour exprimer la variation de densité à l'inté- rieur de la Terre, une formule qui peut s'écrire ainsi : p = Pi(i-AR-). » Cette formule doit satisfaire à la relation M ^=.(-î) f oRV/R 5 f pWdR dans laquelle le rapport — p — est connu par la théorie de la précession des équinoxes et l'aplatissement s déduit des mesures effectuées à la sur- face du globe. Cet aplatissement était autrefois évalué à jij. En faisant avec M. Roche m = 2, la relation (2) donne k = 0,8 (' ). 'i> On trouve de même pour la variation de la pesanteur interne ,o\ D/M + 3 — 3A-R™ (3) Y = #R- +-3 — 3A et, si m = 2, „25-I2R2 i3 (') Comptes rendus, 2e semestre 188/4, p- 577. On peut montrer d'ailleurs, à l'aide de considérations tirées des variations de la pesanteur à la surface de la Terre, un chiffre voisin de o, oo334- La théorie de la précession exige, au contraire, — ^— = o,oo326. » L'objet de la présente Note est de faire disparaître cette apparente contradiction. » D'après une théorie récente, émise par M. Lowthian Green et préco- nisée par M. de Lapparent, l'écorce terrestre tend à prendre la figure d'un tétraèdre dont un sommet correspondrait au pôle sud et les trois autres aux grandes masses continentales : Europe, Asie, Amérique du Nord. La densité moyenne de la matière comprise dans ce tétraèdre est d'environ 5,5; celle de l'eau qui la recouvre en partie dépasse à peine l'unité. Le moment d'inertie du globe terrestre par rapport à un axe quelconque se compose donc du moment d'inertie d'une masse sphéroïdale de densité 1, auquel il faut ajouter celui d'une masse tétruédrique de densité 4,5. Si le tétraèdre était régulier, rien ne serait changé au rapport des moments d'inertie; ce rapport serait le même que si toute la partie solide du globe était sphéroïdale comme la surface des océans. Mais il suffit de jeter les yeux sur une Carte pour voir que la base septentrionale du tétraèdre dont les trois sommets viennent pointer à hauteur du 5oe parallèle est plus petite que les trois autres faces. Le moment d'inertie du globe autour de son axe polaire est ainsi diminué comparativement à celui qui s'applique à l'axe équatorial. Cette diminution réelle se fait sentir dans le mouvement de la Terre qui donne lieu à la précession des équinoxes, mais elle disparaît entièrement dans une équation algébrique établie dans l'hypothèse d'une C. R., 1899, 1" Semestre. (T. CXXV1II, N° 3.) 22 ( l(*)2 Terre formée d'une superposition rie couches de niveaux homogènes dans toute leur étendue. Le rapport „ ' déduit de la théorie de la précession doit donc être, comme il l'est en effet, inférieur à celui qui convient à la relation (2). » La formule (1) suppose, en outre, que la densité varie suivant une même loi, continue depuis la surface jusqu'au centre. En réalité, il n'en est pas ainsi; à partir de la surface où l'eau domine, la densité augmente brus- quement jusqu'au fond de l'océan. C'est seulement pour les roches situées au-dessous de cette limite que la formule (1) peut donner des chiffres exacts. Il en est de même pour la variation de pesanteur; jusqu'à la pro- fondeur correspondant au niveau du fond des mers, l'accroissement de pesanteur, mesuré directement, doit être plus sensible que celui qui résulte de l'équation (3). » L'expérience de M. Airy, faite à une profondeur de 38/|m, permet donc simplement de vérifier que cet accroissement est réel; mais elle ne peut donner, pour le coefficient de variation k, qu'un chiffre approché par excès. » Enfin, par la même raison que la variation de densité de la surface au centre est, jusqu'à une petite profondeur, plus grande que celle qui ré- sulte d'une fonction continue comme la formule (1), l'aplatissement du globe terrestre doit, d'après la théorie de Clairaut, être un peu inférieur à celui qui conviendrait à cette formule. Par suite, pour obtenir la valeur la plus probable du coefficient /i, il faut, dans les équations où intervient l'aplatissement, prendre, non la moyenne, mais la limite supérieure des mesures de cet aplatissement. » D'après ce principe, les calculs mêmes de M. Tisserand montrent que l'équation simple 0=10(1 [Ra), qui correspond à un aplatissement de — — j convient mieux que toute autre de cette forme pour exprimer la variation de densité à l'intérieur de la Terre. n La variation de la pesanteur interne est alors donnée par la formule y — gn - » Quant au rapport des moments d'inertie, la relation ( 2) donne - o,oo3355, ( i63 ) nombre bien peu supérieur à celui qui résulte de la théorie de la pré- cession des équinoxes. L'accord serait encore plus satisfaisant si, à la valeur théorique trop forte trouvée pour l'aplatissement, on sub- 291 , 2 stituait la moyenne des mesures réellement effectuées sur le globe 292 , 5 mathématiques appliquées. — Sur une nouvelle règle à calcul. Note de M. G. Gai-lice, présentée par M. Ad. Carnot. « La règle que j'ai fait établir a pour but de permettre l'étude, au point de vue pratique, de la division de la circonférence en 2400, et de donner aux navigateurs un moyen rapide de résoudre tous les problèmes d'Astro- nomie nautique en employant en même temps la montre décimale système de Sarrau ton. » J'ai calculé les logarithmes des sinus et tangentes des arcs qui figurent sur les échelles; puis j'ai transformé ces nombres en nombres de tours et fractions de tour de la machine à diviser. Ce travail a été remis au constructeur M. Tavernier-Gravet, qui s'est chargé de la construction pratique de la règle. » Description. — La règle est de forme ordinaire; sa longueur est de om,5o. Le biseau est divisé, comme d'habitude, en millimètres. » La règle proprement dite comporte trois échelles : » i° Échelle simple des nombres; . 1) ?.° Deuxième échelle des nombres, répétition de la première; » 3° Au bas de la règle, échelle des parties égales donnant les logarithmes des nombres ou des lignes trigonométriques avec trois décimales exactes et la quatrième très approchée. » La réglette mobile porte quatre échelles sur sa face supérieure : » Deux fois l'échelle simple des nombres; l'échelle double ; enfin l'échelle triple des nombres. Cette dernière échelle figure pour la première fois, croyons-nous, sur une règle; elle donne directement les cubes et les racines cubiques des nombres. « La face inférieure de la réglette porte également quatre échelles : » 1° Echelle des sinus des arcs de 3d,82.j à 6od; » 20 Échelle des sinus des arcs de od, 38 à 3d,825; » 3° Échelle des tangentes des arcs de od,38 à 3d, 81 ; » 4° Échelle des tangentes des arcs de 3d,8i à 3oJ. » Les sinus et tangentes des arcs très petits, étant proportionnels à ces arcs, sont donnés directement par les échelles des nombres. ( i64 ) » Les échelles des sinus donnent directement les arcs : d d d De 0,01 en o,oi jusqu'à 4 De 0,02 en 0,02 » io De o,o5 en o,o5 » 20 De o, 10 en o, 10 » 3o De 0,20 en 0,20 » 4o De o,5o en o,5o » 5o De 1 en 1 » 58 » Les échelles des tangentes donnent directement les arcs : d d il De 0,01 en 0,01 jusqu'à 4 De 0,02 en 0,02 » 10 De o,o5 en o,o5 » 3o » Les arcs intermédiaires s'obtiennent par l'évaluation à l'œil de l'intervalle. » Aucune division n'étant inférieure à omm,5, on apprécie facilement le { de cet intervalle et par conséquent le toô de degré : dans tous les cas en se servant des for- mules qui donnent l'arc par sa tangente ; dans presque tous les cas, pour les sinus dont les arcs sont plus petits que 3o°. )> Le curseur se compose d'une monture qui glisse le long de la règle et de deux glaces sur lesquelles sont tracées deux lignes noires très fines, perpendiculaires à la direction des échelles. » Emploi de la règle. — Les opérations sur les nombres se font comme avec toutes les règles à calcul. » L'élévation au cube et l'extraction de la racine cubique se lisent directement au moyen de l'échelle N3. EXEMPLES D'OPÉRATIONS EFFECTUÉES A L'AIDE DE LA RÈGLE. i° Besoin lion d'un triangle rectiligne. » On donne : b = 568 b — c = = >4i, c = 427 b -h c- = 995, A= 32*, 0,383, A 2 ~ 1 6d, 469 1 , B—C b—c A tang — -r cot — > 6 2 b -+- c 2 B + C 2 43d,53o9, B—C b—c 1 , tan& 2 =6 + C A°'3°7' tang7 B-C 2 n*,38, B= 54<»,9i09 C =: 32d, 1 Sog A= 3229- 7'- P4 /sin(S— /')sin(S — 8) „ P ta"g2V sin(S-A')sinS ' d où ^ = ^,83 et P=33d,66. » La valeur de P donnée par les Tables est p — 33a g™2, » L'erreur est donc de od,oi. » De la valeur de P ainsi trouvée, on peut déduire l'azimut . . sinosinP sinAz= — , d'où Az = 38d,65. » La valeur exacte de Az est Az,= 38d 66 » L'erreur est donc de o°,oi. 3° Droite de hauteur, méthode Marcq-Saint-Hilaire (pages 54 et 55). !d d /= 27,70 nord, /' = 32,3o. d— 3,65 sud, d' — 56,35. P = 2i,56 P'= 38,44. a=sin£sinc? --r=o,o633 b = sin/'sine?'sinP' = o,63oo sinhzzzb — a = 0,5667 » D'où h = 23d,oi. » La valeur exacte étant At = 22d,97, l'erreur est de od,o4. d Ilzzz 28,72 nord. dzzz i5,i3 nord. P = 24,93. a — sin/sinrf =0,2637 sin/sino?sin P ^„»_ b = ; -z =, = o, 53do tang/ tangrt tangP *in /( = a -+- b — 0,7992 ( i66 ) » D'où ft = 35*,4o. » La valeur exacte étant A, = 35d. 4i3, l'erreur est donc de » Dans la plupart des cas, on peut donc avoir sa position en mer à la minute près, ordre d'approximation comparable à celui des observations. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les intégrales complètes des équations aux dérhées partielles. Note de M. J\. Sai.tykow, présentée par M. Jordan. » Considérons le système d'équations différentielles Pk i- HA(a7(, x.2, . . ., œn, z, pmL_lpmi_2, . . ., p„ ' <> ( (£ = i, 2, . . .,m; m n), les variables p; désignant les dérivées partielles -r — Je mets les conditions d'involution des équations (i) sous la forme n — m dHk dHk d\lh dHh , y / dHh dlh OH, dH„ \ dxh dz dxk dz 4* \dpm+t dxm+t dpn+i dxm+, ' d\\k _ dUk dlh „ dr ■ ~ àr ■ à- "'"+'■ ' " • » Le problème à résoudre c'est de déterminer les valeurs de **» P>n±\ * /'rtn-2» .... Pn> en fonction des variables indépendantes xt, x«, . . ., xn et de n m : i con- stantes arbitraires, de sorte i/u'en y joignant les fonctions de mêmes variables pt, /)o, . . . . p„„ définies par les équations (i), on ait des identités , . dz dz dz (2) p< ,>,: P*=dïj ■•" /'"" '- i).c,r de plus ces fonctions ne doivent identifier que les équations (i). » Suivant Jacobi (') et la théorie des équations que j'ai étudiées (2), on (') Gesainmelle Werke, Bd. IV, S. i. (*) Journal de Liouville, p. 423; 1897. ( i67 ) parvient à la nécessité d'intégrer les équations aux différentielles totales dz 2 %P"«dï£-'a*)d**' dp,, dxm+i- J^jjj-JL-dx» A =1 (i ' — i , 2. . . ., n — m i. Supposons leur intégrale générale donnée par les équations (3) z = tp (xt,œ2, ...,xm, a,,as a„_,„, b, b,, b2 &„_„,), I 4 ) Pm+i fi (x{ .x,, . . . , œm, a,, a., an ,„. b, b{,b, bn ,., , ' ' ■^m-i: ? i\X il X-2i ■•• i Xln, (I, . Gt2, ....(!„_„[, r>, Dt, Or,, ..., Dn_/n) a,, b, bt étant des constantes arbitraires, dont a,, b, sont les valeurs ini- tiales des variables xm+i, pm^i. » S'il est possible de résoudre les équations (5) par rapport an — m constantes arbitraires quelconques, on a une solution de notre problème, quand, en éliminant ces constantes des équations (3), (4)? ou obtient des fonctions z, p, satisfaisant aux condiiions requises. Ces dernières sont vérifiées dans les trois cas suivants : » i° Quand les équations (5) sont résolubles par rapport aux bh la constante b représentant la valeur initiale de z, que nous nommerons z° ; )) 2° Les équations (5) sont résolubles par rapport aux b,„ ah tous les indices v, i étant différents ; de plus, où la sommation s'effectue par rapport aux indices i, correspondant aux valeurs bit qui sont à éliminer entre les équations (5); » 3° Les équations ( 5) ne sont résolubles que par rapport aux ah b^z0-^ atbt. ( >68 ) La démonstration des théorèmes ci-dessus repose sur l'étude des fonc- tions (' ) n — m dz v^ dxm+i U*=^~ 2> rn-\-i de 1 = 1 *» Pm+h xm+i représentant les valeurs (3), (4), (5), c étant l'une des con- stantes y contenues. Pour satisfaire aux conditions (2) il est nécessaire et suffisant que les équations (5) soient résolubles par rapport à n — m con- stantes quelconques, les fonctions \JC correspondantes étant identiquement nulles. De plus, si les n — m -\-i autres fonctions Uc ne s'annulent pas, la solution obtenue est précisément une intégrale complète des équations (0- » Cette assertion devient évidente, quand on prend en considération notre travail cité et les deux lemmes suivants : « I. En vertu des équations (3), (4), ( ï), la formule A = l est une différentielle exacte, que nous nommerons dW. » II. La fonction \JC est définie par l'équation IL =UV -Av. w U°, W0 désignant les valeurs des fonctions Uc, Vf correspondant aux valeurs initiales des xt, x.2, . . ., xm. » Il est, enfin, évident que ces recherches ne se rapportent qu'au do- maine où les H*, considérées comme fonctions des variables indépendantes xt, x2, . . ., x„, z, pm+,, p,„+2, ...,pn, sont holomor |>hes. C'est pour ce do- maine seulement que la différentielle dW admet une intégrale holomorphe, et, par conséquent, la Jonction ■s. \v dans tout le cours de nos calculs, a une valeur finie. » (') Voir Bulletin de la Société mathématique de France, t. X, p. 223. ( i69 ) ÉLECTRICITÉ. — Perte d'électricité par évaporation de l'eau électrisée. — Ap- plication à r électricité atmosphérique. Note de M. H. Pellat, présentée par M. Mascart. « Quand un liquide est électrisé, la vapeur qu'il émet est-elle électri- sée? Les expérimentateurs ne sont pas d'accord sur ce point : les uns, comme L.-J. Black ( 1 883), n'ont pas pu mettre en évidence la charge de la vapeur; les autres, comme Peltier (184?.) ou E. Lécher (1888), n'ont réussi à la manifester qu'en chargeant très fortement le liquide ( 20000 volts pour Lécher), ce qui amenait sa pulvérisation. Aucun n'a montré le phé- nomène pour des densités électriques comparables à celles qui se trouvent à la surface de la Terre, ni n'a fait d'expériences quantitatives. Ce point a pourtant un grand intérêt, car plusieurs théories de la variation diurne de l'électricité atmosphérique (Peltier, Exner) ont pour point de départ le transport dans l'atmosphère, par la vapeur qui se forme sur le sol, de l'électricité qui le recouvre. » J'ai réussi non seulement à mettre en évidence nettement qu'une sur- face d'eau électrisée, ayant une densité électrique, peu supérieure (5 à 10 fois) à celle du sol, perd par son évaporation à la température ordinaire une portion de sa charge, mais en outre à mesurer cette perte. » Pour cela, j'ai étudié au moyen d'un électromètre à quadrants la dé- perdition spontanée d'un système comprenant un vase très plat (3mm à 4mm de profondeur), suivant qu'il était vide ou plein d'eau jusqu'au bord. Dans les deux expériences comparatives les conditions initiales étaient exactement les mêmes ainsi que la durée de l'observation, qui, pour les expériences définitives, a été comprise entre une heure vingt-cinq minutes et une heure quarante-cinq minutes. Tous les isolants étaient constitués par de la paraffine, aussi bien ceux de l'électromètre (modèle de M. Bou- dréaux) que celui du vase. Celui-ci communiquait avec une des paires de quadrants et avec l'aiguille, l'autre paire de quadrants était reliée à une conduite de gaz. La charge était produite en faisant communiquer le vase pendant un quart d'heure avec le pôle négatif d'une pile de 116 volts dont le pôle positif était fixé à la conduite de gaz. Les expériences ont été variées de façon à se mettre à l'abri de causes d'erreur telles qu'une modi- fication avec le temps de l'isolement des supports (croisement des expé- riences), ou telles que le dépôt possible d'humidité sur ces supports par C. R., 1S99, 1" Semestre. (T. CXXVIII, N» 3.) 23 ( '7° ) la présence de l'eau en expérience. Les détails seront donnés dans un prochain Mémoire. » Or, dans toutes ces expériences, la déperdition a été nettement plus grande quand le vase était plein d'eau. En voici un exemple : sans eau, la déperdition correspond à 170,4 divisions de l'échelle, en une heure qua- rante-cinq minutes; dans le même temps, avec eau, la déperdition corres- pond à 182,9 divisions; différence : 12,5 divisions. Les déperditions se sont toujours montrées du même ordre de grandeur. » Si l'on réfléchit à la grande capacité de l'élec.tromèlre (dont l'aiguille forme condensateur avec une des paires de quadrants) vis-à-vis de la capa- cité du vase, on peut se douter que cet excès de déperdition correspond à une perte relativement grande de la charge de l'eau électrisée. Pour m'en rendre compte exactement, j'ai déterminé, au moyen d'un plan d'« preuve qui couvrait toute la surface du vase, la variation de l'indication de l'élec- tromètre quand on enlevait une quantité d'électricité égale à celle qui se trouvait sur la surface de l'eau électrisée. Ces expériences (au nombre de vingt) ont été d'une concordance remarquable; elles m'ont permis de calculer la vitesse relative de perte par évapora tion, c'est-à-dire la quantité V = -7-' en appelant m la charge de la surface d'eau au temps /. En unités C. G. S. électrostatiques dans l'expérience rapportée ci-dessus, on a trouvé V = o,ooo343 ; la pression de la vapeur d'eau dans l'air, donnée par un psychromètre, était mesurée par ocm,843 de mercure, tandis que la pression maximum à la température de l'eau (io/\6) était mesurée par icm,Go,7. Dans une autre expérience, j'ai trouvé V = 0,000 '122. » De la relation ci-dessus on tire ' — \l "'0 ^ — Vi m ■= mne ou - ±= 1 — e , qui permet de connaître la perte relative d'électricité - pendant un temps t si la charge n'est pas renouvelée. On trouve ainsi que, d'après la première expérience, en une heure, la perte, par évaporation, serait 0,46 de la charge primitive, et, d'après la seconde, 0,78. On voit par là que cette perte est très considérable. » Examinons la conséquence de ces expériences au point de vue delà variation diurne de l'électricité atmosphérique. » Quand le Soleil, dans les heures de la matinée, a fait évaporer une portion de l'eau dont le sol est imbibé, la vapeur produite a transporté ( '7i ) dans l'atmosphère une fraction notable de la charge du sol. Il en résulte (ceci peut être rigoureusement établi) que la densité électrique deviendra moindre à la surface du sol, ainsi que le champ dans son voisinage. C'est bien ce que donnent les moyennes des observations faites dans la belle saison pour nos régions, ou en toute saison dans les pays ensoleillés toute l'année : la courbe donnée par les appareils enregistreurs descend dans les premières heures chaudes de la journée. Inversement, la condensation de la vapeur d'eau dans les premières heures qui suivent le coucher du Soleil, dépouillant l'air d'une portion de son électricité négative pour en enrichir le sol, doit augmenter le champ; c'est également ce que donnent les courbes. » Je m'empresse d'ajouter que cette vaporisation de l'eau ne saurait ex- pliquer la partie principale de la variation diurne qui possède un maxi- mum vers 81' du soir et un minimum vers 41' du matin : l'effet de la vapori- sation se superpose à un effet dû à une autre cause encore inconnue. » PHYSIQUE. -- Sur la transmission des sons par les rayons ultraviolets. Note de M. Dussaud. « Je me suis proposé de répéter l'expérience classique de radiophonie avec son dispositif habituel, mais en remplaçant les rayons lumineux par des rayons ultra-violets agissant sur le sélénium avec l'intermédiaire d'une substance fluorescente. » J'y suis parvenu de la façon suivante. Une lampe à arc produit des rayons ultra-violets, qui sont projetés en faisceau par un système de len- tilles en quartz. Ce faisceau traverse successivement deux obturateurs identiques, percés de fentes, et qui constituent le poste transmetteur. Le premier de ces obturateurs est fixe, le second mobile et actionné par une membrane devant laquelle on produit les sons à transmettre. Suivant les sons émis, la membrane vibre différemment et déplace plus ou moins l'ob- turateur mobile. Le faisceau de rayons ultra-violets est donc plus ou moins intercepté et, en arrivant au poste récepteur, il illuminera proportionnel- lement un écran fluorescent qui agit sur une plaque de sélénium en cir- cuit avec une pile et deux récepteurs téléphoniques. » Ce dispositif est semblable à celui de la radiophonie, sauf que les rayons ultra-violets remplacent la lumière solaire et agissent sur le sé- lénium avec l'aide de la fluorescence. J'ai pu transmettre ainsi des sons et même des mots à un peu plus de io™. » ( 172 ) ÉLECTRO-OPTIQUE. — Sur une méthode physique pouvant permettre de déci- der s'il y a, ou non, dispersion dans le vide. Note de M. L. Décombe, pré- sentée par M. Lippmann. « Dans une Note insérée aux Memorie de/la Società degli Spettroscopisli italiani ('), M. TikhofT revient sur la question, posée d'abord par Arago, de savoir si les rayons lumineux de différentes couleurs se propagent avec la même vitesse dans le vide. » Plusieurs méthodes astronomiques permettent, théoriquement au moins, de résoudre ce problème. On peut observer, par exemple, l'éclipsé d'un satellite de Jupiter et chercher à voir si le dernier rayon émis parait coloré, ce qui est une conséquence de l'hypothèse de la dispersion. Cette méthode n'a pas donné jusqu'ici de résultats, ce qui tient sans doute à la présence de l'atmosphère jovienne, qui empêche l'éclipsé d'être brusque. » Arago a proposé une deuxième méthode, qui consiste à observer une étoile variable. La diminution d'intensité équivalant à une suppression de lumière, la couleur de l'étoile doit changer en même temps que son éclat. Les observations d'Arago sur Algol ne lui ont donné aucun résultat. » Il semble résulter cependant des observations postérieures de Schmidt [Astronomische Nachrichten (2)] que, pendant leur période d'affaiblissement, les étoiles variables sont un peu plus rouges que pendant l'augmentation d'intensité. Si cette observation est exacte, la dispersion dans le ville serait inverse de celle qui a lieu dans les substances transparentes, c'est-à-dire que les rayons violets se propageraient plus vite que les rayons rouges. Quelques observations de M. Belopolsky sur (2 Lyre tendent à la même conclusion. » D'autre part, en comparant les courbes des vitesses radiales des étoiles orbitales S Céphée et yi Aigle données par M. Belopolsky, aux courbes d'éclat des mêmes étoiles d'après Argelauder, on constate entre ces courbes une concordance remarquable avec, cependant, un retard des premières sur les secondes (vingt-six heures pour S Céphée, quarante-six pour r, Aigle). » Or ces deux étoiles appartiennent à la catégorie des étoiles orangées. (') Vol. XXVII, 1898. ("-) Vol. XCVIII, p. 8* ( «73 ) Les courbes d'éclal qui leur correspondent sont donc relatives à la longueur d'onde À = 600 environ, tandis que les courbes des vitesses radiales ont été obtenues par l'observation de raies spectrales au voisinage de 1 = 44o. Le retard observé confirmerait, suivant M. Tikhoff, les observations précitées, puisque la radiation X = 600 semble se propager moins vite que la radia- tion 1 = 440. » En attendant que de nouvelles observations viennent appuyer ces conclusions, on peut se proposer de chercher, par une méthode purement physique, si la vitesse de propagation d'une radiation est fonction de la lon- gueur d'onde. » Je crois qu'il est actuellement possible de traiter la question de la manière suivante : » Il est probable que la dispersion de deux radiations \ et V (si toute- fois elle existe) est d'autant plus considérable que X et V diffèrent davan- tage. » Or, d'après la théorie électromagnétique de la lumière, il n'y a pas de différence essentielle entre une onde lumineuse et une onde électroma- gnétique telle que la produisent les excitateurs de Hertz. L'une et l'autre sont engendrées par la transmission de proche en proche des vibrations de l'éther. » La longueur d'onde des vibrations lumineuses est de l'ordre de gran- deur du micron ; celle des oscillations électriques les plus courtes de l'ordre du centimètre, c'est-à-dire dix mille fois plus considérable. » Y a-t-il lieu de penser que la dispersion, pour deux radiations aussi distantes dans l'échelle des longueurs d'onde, soit assez importante pour pouvoir être mise en évidence? » Remarquons d'abord que les nombres donnés jusqu'ici pour la vitesse de propagation de l'onde électromagnétique, quoique voisins de la vitesse de la lumière, diffèrent suffisamment de celle-ci pour que la dispersion puisse trouver place dans l'intervalle et s'élever à une valeur de plusieurs milliers de kilomètres par seconde. » Cela posé, supposons que, dans une station A, on actionne un excita- teur électrique et que, par des miroirs convenables, on envoie à une station éloignée B : » i° Un faisceau de radiations lumineuses issues de l'étincelle excita- trice; » 20 Un faisceau de radiations électromagnétiques issues de la même étincelle. ( "7i » Supposons, en outre, qu'à son arrivée en B le faisceau lumineux soit concentré au foyer d'une lentille L et que l'onde électromagnétique, reçue d'abord par une plaque élevée, comme dans les expériences de télégraphie sans fil, vienne agir sur un appareil disposé de telle manière qu'à son arri- vée l'onde soit signalée par un phénomène lumineux quelconque (une petite étincelle, par exemple). » Supposons enfin que la distance des deux stations soit de o,km et la dispersion de ioook,D par seconde. On trouve qu'il s'écoulera environ l00u'UU00 (■—-,) de seconde entre la réception de l'onde lumineuse et celle de l'onde électromagnétique. » Cette durée, quoique très petite, pourrait être mise en évidence sans trop de difficultés en examinant par le miroir tournant et photographiant au besoin les deux phénomènes lumineux qui indiquent séparément la réception de chaque onde, savoir: l'apparition, aufover de la lentille L, de l'image de l'étincelle excitatrice, et l'apparition, dans l'appareil pour ce disposé, de l'étincelle indicatrice de l'onde électromagnétique. » Une expérience préliminaire à courte distance permettrait de mesurer le retard qui pourrait exister, pour des causes d'inertie, entre l'apparition de cette dernière étincelle et la réception de l'onde correspondante. » Je me propose d'exécuter ces recherches, dès que les circonstances me le permettront. OPTIQUE. — Sur les propriétés optiques delà luminescence résiduelle invisible. Note de M. Gestave Le Iîon, présentée par M. Poincaré. « La plupart des corps frappés par la lumière conservent pendant un temps parfois très long la propriété d'émettre des radiations obscures for- mées parfois d'éléments fort divers. Niepce de Saint-Victor avait depuis longtemps montré l'action photographique de ces radiations, mais leurs propriétés optiques n'avaient pas été étudiées encore. » C'est avec les corps pouvant acquérir d'abord la phosphorescence visible qu'on peut le mieux étudier le phénomène, qui est sans doute très général, de la lumière résiduelle invisible. Cette dernière succède tou- jours, en effet, à la phosphorescence que l'œil peut percevoir. » i° Durée de l'émission el va> in/ ion de /'intensité des rayons émis, en fonction du temps. — Des écrans enduits de sulfure de calcium sont exposés à la lumière pendant quelques secondes puis transportés dans le tiroir d'une armoire placée dans un cabinet ( i75 ) entièrement obscur où aucune lumière n'a pénétré pendant tou'^ la durée des expé- riences, c'est-à-dire pendant deux années. Vingt-quatre heures après que les écrans sont devenus entièrement obscurs, on met chacun d'eux au-dessus d'un cliché photo- graphique au-dessous duquel est placé une plaque photographique sensible et l'on observe ce qui suit : » 3 jours après l'insolation, on obtient une reproduction très vigoureuse du cliché en 2 heures. Au bout de i5 jours, la pose doit être de 12 heures. \u bout de 25 jours, de 3o heures. Au bout de 6 mois, de ^o jours [à ce moment, les radiations traversent une lame de mica mince (omm, oo) mais non une lame de verre]. Au bout de 18 mois, on n'obtient que des traces très vagues d'images après 6o jours de pose. » Ce qui précède prouve que la luminescence résiduelle donnée par deux secondes d'exposition au Soleil a demandé dix-huit mois pour se dissiper graduellement. « 2° Propagation en ligne droite et réfraction. — La propagation en ligne droite et la réfraction de la lumière résiduelle invisible sont démontrées par l'expérience suivante : » Une statue enduite de sulfure de calcium délayé dans un vernis est exposée pen- dant quelques secondes à la lumière. Trois ou quatre jours après qu'elle est devenue entièrement obscure, on la met devant une chambre noire photographique placée dans une salle où n'a jamais pénétré la lumière du jour. La mise au point a été réglée d'avance. En se servant d'un objectif à portrait, à très grande ouverture, on a obtenu, avec des poses variant de huit à quinze jours, des images aussi parfaites que si elles avaient été obtenues à la lumière du jour. Les ombres varient à la volonté de l'opéra- teur, puisqu'elles ne dépendent que de la position donnée à la statue pendant l'insola- tion. Les parties noires à contours bien arrêtés figurant sur les épreuves accompagnant cette Note représentent des régions de la statue qui n'ont pas été recouvertes de sul- fure, afin de bien prouver qu'aucune lumière étrangère n'a pénétré dans le laboratoire et n'a été l'origine des impressions obtenues ('). » 3° Polarisation. — La double réfraction et par conséquent la polarisation sont démontrées par l'expérience suivante : une lame de spath d'Islande est introduite dans le système optique de l'objectif dont il a été fait précédemment usage et la statue est remplacée par deux tubes de verre en croix remplis de sulfure. En opérant, comme précédemment, quelques jours après l'extinction du sulfure on obtient sur un des axes de la croix deux images partiellement superposées dont l'intensité est moitié moindre que celle de la partie non dédoublée conformément à la théorie. » 4° Composition de la lumière émise. — La netteté parfaite dus images obtenues dans les expériences précédentes prouve déjà que l'indice de réfraction des lentilles pour les rayons obscurs est le même que pour la lumière visible. S'il en avait été autrement, la mise au point faite à la lumière ordinaire n'eût pas été exacte pour des ( ' ) Celte expérience a été répétée plusieurs fois pour moi, par M. Gaston Braun fils, dans une des caves de son établissement de photographie. ( t76 ) rayons de longueurs d'onde différentes, surtout avec un objectif à portrait dont la pro- fondeur focale est à peu près nulle. Mais ce n'est là qu'une indication. Pour avoir la composition exacte des rayons actifs il eût fallu les disperser par un prisme et les pho- tographier. Cette expérience est difficilement réalisable à cause de la nécessité d'em- ployer, pour obtenir des photographies de spectres prismatiques un peu nettes, une fente très fine qui absorbe la presque totalité de la lumière. On a tourné la difficulté en employant un spectre artificiel composé de bandes de verre de couleur fixées sur une lame de verre incolore. Ce spectre a été exposé d'abord à la lumière ordinaire au-dessus d'une plaque sensible, et l'image ainsi obtenue après développement a été comparée aux images successives obtenues en interposant le même spectre artificiel entre l'écran de sulfure obscur et la plaque sensible. Les images ont été identiques dans les deux cas, c'est-à-dire presque nulles du rouge au vert, et très intenses sous le verre bleu. » Des expériences précédentes on peut conclure : i° qu'il y a identité complète entre la lumière solaire visible et la lumière absolument invisible émise par les corps qui ont vu la lumière du jour pendant un instant; 2° que cette luminescence résiduelle se conserve pendant fort longtemps, mais finit par se dissiper entièrement ('). » PHYSIQUE. — Sur la source de. l'énergie dans les corps radio-actifs. Note de M. William Crookes, présentée par M. H. Moissan. « A la fin de leur important travail, publié dans les Comptes rendus du 26 décembre 1898, M. P. Curie, Mme P. Curie et M. G. Bémont montrent que les nouveaux corps radio-actifs qu'ils ont découverts, polonium et radium, sont capables d'émettre de l'énergie sans aucune source appa- rente; agissant par là apparemment en contradiction avec le principe de (') Cette lumière résiduelle invisible vient parfois compliquer les résultats obtenus dans les expériences faites avec des métaux, et il importe de s'en débarrasser par un séjour très prolongé de ces métaux dans l'obscurité avant de les employer. Il n'y a d'ailleurs aucune analogie entre les radiations dues à la phosphorescence invisible dont il vient d'être question et les radiations émises par la face postérieure d'une lame métallique dont la face antérieure seule a été insolée. Ces radiations métalliques, que j'ai étudiées autrefois sous le nom de lumière noire, ne m'ont jamais donné de traces de polarisation par aucune des diverses méthodes employées, même après trois mois de pose. Il est donc probable qu'elles constituent une forme particulière d'énergie qui, ainsi que je l'ai déjà dit, ne saurait être de la lumière. L'action désélectrifiante de ces radiations est, comme je l'ai montré également, une de leurs propriétés carac- téristiques. ( J77 ; la conservation de l'énergie. Ces rorps, et à un moindre degré l'uranium et le thorium, paraissent tirer leur énergie de quelque réserve non soup- çonnée jusqu'ici, qui se régénère constamment et dont le stock est iné- puisable. » Je me demande depuis longtemps comment concilier celte produc- tion apparemment illimitée d'énergie avec les règles acceptées aujourd'hui. Mais, comme le Dr Johnstone Stoney nous le rappelle, les ressources des mouvements moléculaires sont loin d'être épuisées. Il y a de nombreuses réserves d'énergie dans la nature cpii peuvent être offertes par des corps d'une constitution convenable, sans cause encore bien manifeste. Il y a quelque temps, j'ai appelé l'attention sur l'énorme quantité d'énergie emprisonnée dans l'éther; plus rapprochés de notre portée expérimentale sont les mouvements des atomes et des molécules, et il n'est pas difficile mentalement de modifier les démons de Maxwell de façon «à les réduire au niveau d'une loi inflexible et à les amener ainsi dans le champ de vue d'un philosophe à l'application d'une méthode nouvelle. Il est possible de concevoir une cible capable de séparer des molécules de l'air environnant, les molécules qui se meuvent rapidement de celles qui se meuvent lente- ment. Celte séparation des molécules qui se meuvent rapidement se pro- duit dans les liquides toutes les fois qu'ils s'évaporent, et, dans le cas des constituants de l'atmosphère, partout où elle contient des constituants assez légers pour s'échapper dans l'espace molécule par molécule. » A mon point de vue je conçois une pareille cible sous la forme d'une pièce de métal ordinaire, plus froide que l'air environnant, acquérant l'énergie qui élève graduellement sa température de l'effet résistant de toutes ses rencontres avec les molécules de l'air autour d'elle; je conçois une autre cible d'une telle structure qu'elle rejette les molécules qui se meuvent lentement avec un échange peu considérable d'énergie, mais influencée de telle sorte par les projectiles qui se meuvent rapidement qu'elle s'approprie un peu de leur énergie. Admettons que l'uranium ou le thorium, corps possédant les atomes les plus denses, le polonium ou le radium, aient une structure qui leur permette de rejeter les molécules de l'atmosphère qui se meuvent lentement, tandis que les molécules à mou- vement rapide se brisant à la surface ont leur énergie réduite et celle de la cible augmentée d'une façon correspondante. L'énergie ainsi gagnée paraît être employée partiellement pour dissocier quelques-unes des molécules du gaz (ou en produisant quelque autre condition qui a pour elFet de rendre l'air ambiant, à un certain degré, conducteur de l'électricité) et partielle- C. R., 1899, 1" Semestre. (T. CXXV1II, N" 3.) 24 ( -78) ment pour produire une ondulation à travers l'élher, laquelle, comme elle prend naissance dans des phénomènes qui ont aussi peu de connection que les chocs des molécules de l'air, doit fournir un fort contingent de légères ondulations de peu d'amplitude. La petitesse dans le cas de ces rayons Becquerel paraît s'approcher, sans l'atteindre, de l'extrême petitesse des rayons Rontgen ordinaires. » La réduction de la rapidité des molécules à mouvement rapide refroi- dirait, la couche d'air à laquelle elles appartiennent; mais ce refroidisse- ment serait rapidement compensé par la radiation et la conductibilité de l'atmosphère environnante; dans des conditions ordinaires, la différence de température serait à peine perceptible, et le polonium ou radium semble- raient ainsi émettre perpétuellement des rayons d'énergie sans moyens apparents de reconstitution. » L'énergie totale des deux mouvements, de translation et interne, des molécules emprisonnées dans l'air en repos, à une pression et une tempé- rature ordinaires, est d'environ 180000 livres-pied dans chaque mètre cube d'air. En conséquence, l'air en repos dans une chambre de 4™ de hauteur, 8m de largeur et y™ de longueur, contient assez d'énergie pour actionner une machine d'un cheval-vapeur pendant quinze heures en- viron. » CHIMIE MINÉRALE. — Sur la peroxydalion du cérium dissous dans les carbonates alcalins ('). Note de M. Axdhi': Job, présenté par M. Troost. « Clève a décrit (2) le peroxyde de cérium, qu'il obtient, ainsi que beaucoup d'autres peroxydes, en faisant réagir l'eau oxygénée sur l'hydrate précipité. C'est un composé instable auquel il attribue la formule CeO'. Les expériences qui vont suivre confirment l'existence d'un tel oxyde et lui donnent une importance toute nouvelle, en démontrant la possibilité de peroxyder le cérium en solution et de l'y maintenir à cet état sous une forme stable. » J'ai déjà signalé (3) la solubilité des sels de cérium dans le carbonate neutre de potassium et la coloration d'un rouge intense que l'eau oxygénée (') Travail fait au laboratoire de Chimie de l'Ecole Monnaie. (-) Bulletin de la Soc. cliim., 2e série, t. X.LIII. p. 5;. (') Comptes rendus, t. CXXVI, p. 2^6; 1898. ( '79 ) produit dans cette solution. J'en ai déduit un réactif du cérium plus sensible que les réactifs déjà connus. Cette coloration persiste quand tout excès d'eau oxygénée a disparu de la liqueur; elle peut même se conserver plu- sieurs mois. C'est dans de pareilles solutions que j'ai dosé l'oxygène dispo- nible, et je vais indiquer comment on les prépare. » Tout d'abord j'ai remarqué, comme je l'avais déjà fait pour le cobalt, que la solubilité du cérium varie beaucoup selon le degré d'oxydation. C'est ainsi que le précipité formé dans le carbonate de potassium par le nitrate céreux s'y redissout lentement à 6o°. Celui du nitrate cérique ammo- niacalse dissout à froid. Et la solubilité de ce dernier est encore augmentée si l'on ajoute d'avance au carbonate de potassium un peu d'eau oxygénée. On observe alors le phénomène suivant : les premières portions de la li- queur cérique arrivant dans le mélange oxydant y demeurent presque inso- lubles, et elles n'entrent en dissolution qu'au moment où l'on a mis au contact de l'eau oxygénée tout le cérium qu'elle est capable de peroxyder. Ainsi des quantités croissantes d'eau oxygénée favorisent la dissolution du cérium, mais un excès d'eau oxygénée le rend presque complètement inso- luble ( ' ). Dès lors, pour préparer une liqueur peroxydée riche en cérium : » Dans une solution concentrée de carbonate de potassium on verse successivement, à molécules égales, de l'eau oxygénée, puis du nitrate cé- rique ammoniacal ; on agite quelques instants, et l'on a une liqueur limpide très colorée, dont un litre peut contenir jusqu'à /iogr de bioxyde de cérium pour 28ogr de carbonate alcalin. On peut aussi employer le bicarbonate de potassium, mais la solubilité du cérium y est moins grande. » Une telle liqueur se conserve très longtemps à la température ordi- naire. Les dosages d'oxvgène disponible ont montré qu'elle est d'ailleurs très voisine de la peroxydation complète. En effet, si l'on y ajoute un lé- ger excès d'eau oxygénée, insuffisant pour rendre le cérium insoluble, on voit la liqueur perdre de l'oxygène pendant une journée, puis sa compo- sition se fixe et demeure tout à fait invariable dans l'espace d'une semaine. Elle correspond alors exactement à la formule CeO3. » Il me reste à décrire la méthode d'analyse que j'ai employée. Les mé- thodes usitées en pareil cas consisteraient à porter le cérium peroxyde dans une solution acide pour y mesurer son pouvoir oxydant. Les essais que j'ai tentés ainsi m'ont donné des résultats variables et beaucoup trop faibles. (') Le précipité qui se produit alors paraît plus o\ydé que la liqueur. Je ne suis pas encore complètement fixé sur sa nature. ( i8o ) J'ai obtenu, au contraire, n'es résultats très concordants et très précis en dosant directement l'oxygène disponible au sein de la liqueur alcaline elle-même par une méthode générale d'analyse que j'ai fait connaître (') et qui m'a déjà permis de fixer la formule des solutions vertes de cobalt (2). Le pyrophosphate ferreux sodique réduit instantanément le cérium à l'état céreux quel que soit son degré d'oxydation. L'analyse se fait alors très simplement en versant la solution oxydante dans un excès de réducteur ferreux, puis en dosant par le permanganate «le potassium le reste de ce réducteur. » Les conditions du dosage méritent d'être notées. Tout d'abord, d'une manière générale, les virages sont rendus plus nets par l'addition au ré- ducteur ferreux d'une petite quantité de bicarbonate de potassium. Dans le cas présent, la liqueur ferreuse, après l'addition de l'oxydant percérique, est tantôt limpide et incolore, tantôt troublée par un précipité d'un blanc très pur; le fer et le cérium y sont tous deux au minimum d'oxydation. Le permanganate de potassium, versé goutte à goutte, ne produit d'abord aucun changement de teinte. Puis il vient un instant où l'on saisit très nettement l'apparition d'une coloration jaune. A ce moment, l'oxydation du fer est terminée, celle du cérium commence, et la quantité de permanganate qu'on a versée est justement celle qui mesure le reste du réducteur fer- reux. Le cérium lui-même a joué le rôle d'indicateur d'oxydation, et le dosage est fait. Mais si l'on continue d'ajouter lentement le permanganate, le trouble (s'il y en avait un) disparaît, la coloration jaune s'accentue, marquant ainsi que l'oxydation du cérium céreux se poursuit, et l'on observe bientôt un second virage, moins net, en vérité, que le premier, mais encore facile à saisir. La coloration, qui était d'un jaune pur, s'assom- brit en se teintant de brun. Le degré cénque est alors atteint pour la tota- lité du cérium. Si l'on note à ce moment la quantité de permanganate de potassium qu'on a versée entre les deux virages, elle représente le pouvoir oxydant du cérium total porté seulement à l'état cérique. Une seule expé- rience, par l'observation de ces deux virages successifs, pourrait donc donner à la fois le dosage du cérium contenu dans une liqueur et celui de l'ox\gène qu'il a fixé. En réalité, pour doser le cérium je n'emploie pas ce procédé, mais celui que j'ai indiqué dans une Note récente ( 3). (') Comptes rendus, t. CXXVII, p. 5g. (-) Comptes rendus, t. CXXVII, p. ioo. (3) Comptes rendus, t. CXXVI1I, p. 101. ( ««I ) » Le cérium dissous dans les carbonates alcalins peut donc se présenter sous trois étals : l'état céreux qui correspond à l'oxyde Ce'^O3, l'état cérique CeO2 et l'état percériqtie CeOs. Il conviendra de comparer leurs stabilités an contict de l'air. J'ai, dès à présent, constaté que la capacité d'oxydation par l'air dépend beaucoup de la nature du sel qu'on a dissous dans le carbonate alcalin. Ainsi la solution du nitrate cérique ammoniacal demeure à l'état cérique sans que l'air y produise même un commencement de peroxydation ; tandis que la solution du nitrate céreux passe d'abord à l'état cérique, puis continue d'elle-même à fixer l'oxvgène de l'air jusqu'à une limite qui dépend de la dilution. Ces phénomènes feront l'objet d'une étude spéciale. Je décrirai aussi ultérieurement avec détails les composés solides qui se séparent des liqueurs alcalines céreuses, cériques et per- cériques. » CHIMIE ORGANIQUE. — Triacélylmorphine el oxydation de la morphine. Note de M. H. Causse, présentée par M. H. Moissan. « La morphine a pour formule C"H'°Az03 et contient trois atomes d'oxygène. MM. Beck^tt et Wright d'abord, M. Hesse ensuite, ont obtenu, par l'action des chlorures ou des anhydrides d'acides, des dérivés bisub- stitués; d'où l'on a déduit que, sur les trois atomes d'oxygène, deux sont hydroxylés. En outre, d'après les recherches de M. Grimaux, les deux hydroxyles sont différents, l'un phénolique, l'autre alcoolique, probable- ment secondaire. Les tentatives faites pour obtenir des composés trisub- stitués étant restées sans résultats, la nature du troisième atome d'oxygène est indécise. M. Knorr l'envisage comme indifférent et servant de liaison, ainsi qu'il arrive dans les oxazines, où l'atome d'ox\gène en position ortho, par rapport à l'azote en para, relie deux groupes CH2; pour M. Vio l'oxvgène ferait partie d'un groupement élhéré. » Je me propose de montrer que la morphine contient le troisième atome d'oxygène sous forme de carboxyle CO, et qu'elle est susceptible de donner un dérivé triacélylé. » Triacétylmorphine. - C17H17Az(C2H302)3H!0. - On dissout ioS' de morphine dans i5osr d'anhydride acétique, on ajoute ioer d'acétate de sodium sec et fondu, iosv de poudre de zinc; on chauffe à l'ébullition au réfrigérant à reflux jusqu'à dissolution complète du zinc, ce qui demande huit à neuf heures, et on laisse refroidir complète- ment; il se forme une cristallisation abondante, composée d'acétates de zinc el de sodium ( i8a ) retenant tout le liquide, on la délaye dans l'anhydride acétique, on essore. La partie filtrée est distillée jusqu'à consistance sirupeuse; le résidu est, après refroidissement, dissous dans 5oocc d'eaTi distillée, on laisse en contact plusieurs heures, ou décolore au noir, on filtre et l'on y verse de l'ammoniaque étendue ; il se sépare un précipité blanc cristallisé, qui est lavé à l'eau distillée, ensuite séparé et séché. Pour le purifier on le dissout dans dix fois son poids d'alcool méthylique anhydre et bouillant ; par le refroi- dissement il se dépose des cristaux tabulaires incolores de triacétylinorphine. » Propriétés. — La morphine triacétylée cristallise avec i molécule d'eau, qu'elle perd à 1 15°; à l'état hydraté elle est fusible à i55°, anhydre à i58°. Le dérivé monacé- tylé a fond à 1870 (Beilstein), le dérivé diacétylé à i-i°-i72° (Bœyer), 1690 (liesse); ses solutions alcooliques dévient à gauche et le pouvoir rotatoire est [a]D=; — 1800. La triacétylinorphine est insoluble dans l'eau, dans les alcalis caustiques ou carbonates à froid, elle est soluble dans l'alcool méthylique ou éthylique, surtout bouillants. Le pcrehlorure de fer, l'acide sélénieux et l'acide azotique ne donnent aucune coloration. » Composition. - - L'analyse de la triacétylinorphine hydratée nous a donné : C, 04,3764,2; H, 7. Calculé pour la formule C^rP'AzO6, H50 : C, 64,0; 11, 6,7. » Détermination des acétyles. — Elle a été faite en saponifiant le dérivé triacétylé soit par la potasse alcooliqne à -+- ioo° en tube scellé, soit par l'eau de baryte addi- tionnée de son volume d'alcool. Dans le premier cas, nous avons obtenu 6CC,4> dans le second 7e0 de soude normale, soit en moyenne 6", 7, pour isr de produit, ce qui cor- respond à 0,402 d'acide acétique; la théorie indique 0,417; enfin, la détermination cryoscopique, observée comparativement avec la morphine, conduit au nombre 420; la théorie donne 4i3. » La formation de triacétylinorphine peut être interprétée comme il suit: sous l'in- fluence de l'hydrogène naissant, dû à la réaction du zinc sur l'acide acétique formé, le carboxyle CO se transforme eu COU, qui est alors élhérifié par l'anhydride acétique. » La triacétylinorphine donne des sels très solubles, et difficiles à obtenir en cris- taux nets; cependant l'oxalate est en houppes soyeuses et solubles; on l'obtient en dissolvant la morphine triacétylée dans une solution aqueuse concentrée d'acide oxalique, évaporant presque à siccité et abandonnant le tout sous la cloche à acide sulfurique. » Oxydation de la morphine par l'acide iodiqie. — L'existence d'un dérivé triacétylé, obtenu dans les circonstances précédentes, rendait probable la présence d'un groupe CO; nous avons cherché à le mettre en évidence en oxydant la morphine avec l'acide iodique. » On dissout ioSr de morphine dans 5o" d'acide acétique; on étend à iUt avec de l'eau distillée, la solution est ve*sée dans un ballon fermé par un bouchon à trois trous : l'un reçoit un tube qui amène de l'oxygène pur, le second un tube à brome, le troi- sième est relié à un flacon contenant une solution concentrée d'iodure de potassium, muni de deux autres flacons remplis d'eau de baryte. On porte à l'ébullition, on fait arriver l'oxygène ; lorsque les gaz sortant de l'appareil ne troublent plus l'eau de baryte, on introduit, à l'aide du tube à brome et par petites portions, une solution d'acide iodique au cinquième; de l'iode distille, l'eau de baryte dépose du carbonate et, quand les vapeurs d'iode cessent d'apparaître, on met fin à l'opération. » Le carbonate de baryte formé est séparé, lavé et titré acidimétriquement ; nous ( i83 ) avons trouvé : H Cl normal neutralisé 6", 7, soito,i I74 deCO'; la théorie pour la réac- tion C17II19âz03 — CO2 donne o, i'i"), ou une molécule d'acide carbonique pour une molécule de morphine. » Des faits précédents nous pensons, d'une part, pouvoir conclure que la morphine contient le troisième atome d'oxygène sous forme de CO; d'autre part, exprimer nos connaissances sur la nature des trois atomes d'oxygène contenus dans la molécule de cet alcaloïde, par la formule sui- vante OH C"H"Az— OH. \co » Il reste à établir les rapports de CO avec les autres parties de la molé- cule; je me propose d'en faire l'objet d'une Communication ultérieure. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les cldorures-ét fiers des acides bibasiques 1 ' . Note de M. E.-E. Iîlaise, présentée par M. Friedel. « Ces recherches ont été entreprises en vue de réaliser la synthèse des acides diméthyllévulique et diméthylhexanonoïque, produits d'oxyda- tion respectifs du campholène et de l'acide {J-campholénique. « On sait que, lorsqu'on traite l'anhydride camphorique par l'éthylate de sodium, on obtient un sel-éther ortho, dans lequel la fonction la plus acide est éthérifiée, la moins acide fixant l'atome de sodium ; à partir des anhydrides diméthylsuccinique et 'diméthylglutarique dissymétriques, on devait donc arriver aux sels-éthers ™;>Ç-CO=Na CH3>£-C0SNa CH2 — C02.C2H5 CH2-CH2— C02.C2H> puis aux chlorures-éthers correspondants. Ceux-ci, traités par le zinc-mé- ihyle, conduisaient respectivement aux acides diméthyllévulique et dimé- thylhexanonoïque Œ3>Ç-CO-C13 ^;\ç_CO-CH> . CH2— C02H Cil2— CH2— COMI (') Travail fait au laboratoire de M. le professeur Friedel. ( i84 ) » Le chlorure-éther snccinique a été déjà obtenu par MM. Michaelis et Hermens(/). ch. G., t. XXV, p. 2748) en traitant le succinate d'éthvle et île sodium par l'oxychlorure de phosphore et distillant dans le vide la masse solide obtenue. Le corps ainsi préparé est très impur, bien que bouillant à une température presque fixe de 1 1 3° sous ^omm. Les élhers-acides, d'une part, et les chlorures-éthers, d'autre part, sont, en effet, des corps peu stables et qui, sous l'influence de la chaleur, subissent plusieurs sortes de décompositions. » Lorsqu'on distille dans le vide un éther-acide, on le transforme par- tiellement en un mélange d'éther neutre et d'acide; celui-ci s'anhydrise et le produit distillé renferme un mélange d'anhydride, d'éther neutre et d'éther-acide. » Si l'on distille dans les mêmes conditions un chlorure-éther, on lui fait subir une transformation analogue en dichlorure et élher neutre: mais il subit, en outre, une décomposition en chlorure d'élhyle et anhy- dride et le corps qui passe à la distillation est un mélange d'éther neutre, de dichlorure et de chlorure-éther, l'anhydride qui bout à température plus élevée restant dans l'appareil distillaloire. » Les transformations précédentes sont d'ailleurs réversibles; car, si l'on distille, à la pression ordinaire, un mélange équimoléculaire d'éther neutre et de dichlorure, on obtient une quantité considérable d'anhydride. Il s'est donc formé intermédiairement un chlorure-éther qui s'est ensuite décomposé en chlorure d'éthyle et anhydride. Cette réaction s'effectue encore, quoiqu'à un degré très faible, par distillation dans le vide. » La composition des chlorures-éthers obtenus peut être étudiée par deux méthodes; la première consiste ;'i traiter le corps par le zinc- méthvle : l'éther neutre reste inattaqué, tandis que le dichorurc et le chlo- rure-éther fournissent respectivement une olide et un élher célonique; mais il est beaucoup plus simple d'employer comme réactif la phénylhy- drazine en solution éthérée: on obtient ainsi un dihydrazide fort peu soluble et qui se précipite en même temps que du chlorhydrate de phénylhydrazine. tandis que l'hydrazide-éther et l'éther neutre restent en solution. » Me fondant sur les expériences précédentes, j'ai cherché à éviter, dans la préparation des chlorures-éthers, toute élévation de température susceptible de provoquer une décomposition. J'ai atteint ce but en opérant de la manière suivante : » On prépare d'abord le sel-éther en ajoutant peu à peu la quantité calculée d'éthylate de sodium a la solution alcoolique de l'anhydride refroidie dans la glace. ( r85 ) En opérant avec de l'alcool absolu et dans l'eau glacée, on peut éviter toute formation de sel neutre. Le sel-éther est soluble (succiniques) ou peu soluble et se précipite (glutariques); dans les deux cas, on chasse complètement l'alcool par distillation dans le vide. Le résidu est redissous dans l'eau, acidifié et épuisé à l'éther. Ce solvant est distillé dans le vide et le résidu séché dans le vide sulfurique pendant quarante- huit heures; on y ajoute alors la quantité théorique de trichlorure de phosphore et l'on chauffe au bain-marie vers 6o° pendant une heure. Par refroidissement, l'anhy- dride phosphoreux forme une couche pâteuse dont on peut séparer le chlorure-éther par simple décantation. » J'ai appliqué cette méthode aux acides succinique, diméthylsuccinique dissous et diméthylglutarique aot, et les chlorures-éthers obtenus ont été traités directement par le zinc méthyle. J'ai pu réaliser ainsi la synthèse des acides lévulique (F. 32°; semi- carbazone, F. 1870), diméthyllévulique p(3 (Eb. i5i°-i52° sous i8mm; semicarbazone, F. 1900; élher éthylique, Eb. io6°-io7° sous 20mm) et diméthyl-33-hexanone-2-oïque-6 (F. 48°, Éb. i66°-i6o,° sous i8mm; semicarbazone, F. i85°; éther éthylique, Eb. n5°- 1200 sous i8mm). Ces deux derniers sont identiques à ceux qui ont été obtenus par oxydation du campholène et de l'acide p -campholénique. » PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — L'assimilation des hydrates de carbone et l'éla- boration de l'azote organique dans les végétaux supérieurs. Note de M. Mazé, présentée par M. Duclaux. « La question de l'élaboration des matières albuminoïdes dans les végé- taux supérieurs est un des problèmes les plus intéressants de la Physio- logie végétale. Un certain nombre de Savants admettent que la transfor- mation des nitrates et de l'ammoniaque en matières albuminoïdes se fait exclusivement dans les végétaux exposés à la lumière. (Pagnoul, E. Lau- rent, Godlewsky.) D'autres, au contraire, tout en regardant les feuilles comme les organes les plus actifs de l'élaboration des matières protéiques, admettent que les nitrates sont assimilés par les parenchymes médullaires, les extrémités végétatives des racines, sans le secours de l'énergie apportée par les radiations solaires, de même qu'ils peuvent être absorbés et trans- formés par les végétaux placés à l'obscurité. (Franck, Hausteen, Kinos- hita.) » Si l'on considère ce qui se passe dans les graines en voie de germi- nation, on voit que les albuminoïdes de réserve subissent d'abord une dégradation plus ou moins complète sous l'influence des diastases; ils se transforment ensuite en acides amidés, en asparagine, et même en ammo- niaque. Sous ces différents états, l'azote émigré des cotylédons ou de l'albumen vers l'embryon, où il s'organise de nouveau aux dépens des C. R., 1899, 1" Semestre. (T. CXXVIII, I\° 3.) ^5 ( i86 ) sucres réducteurs provenant des réserves hydrocarbonées, ou fournis plus tard par la fonction chlorophyllienne. » Pendant une période plus ou moins longue de son existence, la plan- tule vit sur les réserves de la graine; elle en brûle une partie pour se pro- curer la chaleur nécessaire à l'organisation de l'autre. Il semble donc que l'on puisse prolonger la durée de ce mode d'existence, si l'on prend la précaution d'offrir au végétal des composés endothermiques capables de lui fournir à la fois du carbone organique et de l'énergie pour la synthèse de ses éléments constituants. » Pour le démontrer, j'ai fait germer des vesces de Narbonne à l'obscurité et à l'abri des microbes, suivant les procédés que j'ai exposés dans les Annales de l'Institut Pasteur (janvier 1898). Quand les tiges ont acquis 8cm-iocm de longueur, on les place dans des solutions nutritives stérilisées, ainsi composées : Eau distillée 1000 Glucose quantité variable Phosphate de potassium 1 Azotate de sodium 1 Carbonate de calcium Sulfate de magnésium \ Sulfate ferreux > 0,2 Chlorure de manganèse j Chlorure de zinc traces » Les plantes ont été soustraites à l'action de la lumière pendant toute la durée de l'expérience. Le Tableau suivant résume les résultats obtenus dans une série de cul- tures : Durée Poids sec Poids sec de de la de la l'expérience. Glucose. plante. graine. Assimilation, jours pour 100. uigr mgr mgr N° 1 5o 1 !(») 202,8 66,2 N°2 39 7. 276,7 Id. 73,9 N°3 92 4 838,2 Id. 635,4 N° 4 92 6 710 Id. 507,2 N° S, témoin 53 o 161,6 Id. - \ 1 , 2 N° 6, id. sans azote. » o i33,4 Id. 69,4 » Ces chiffres montrent que la plante peut emprunter son carbone orga- nique au glucose et tirer de ce composé l'énergie nécessaire pour élaborer les matières albuminoïdes aux dépens de l'azote nitrique, à l'abri de la lu- mière. » L'aspect des plantes nourries avec du glucose diffère beaucoup de ( i87 ) celui des témoins. Ceux-ci ne possèdent comme racines qu'un long et mince pivot presque dépourvu de ramifications; la tige longue et grêle s'amincit de plus en plus vers l'extrémité. » Les premières, au contraire, possèdent des racines tout à fait nor- males; le pivot est fort, très bien ramifié de la base au sommet; les tiges atteignent une longueur démesurée : la plante n° 3 a im,3o; avec les rami- fications, im, ji; le n°4, im,65; les feuilles sont minuscules, d'aspect par- cheminé; les folioles restent fermées. » Les nitrates se rencontrent dans les tiges jusqu'au voisinage du dernier entre-nœud. Le sulfate de diphénylamine ne le décèle plus dans celte région, dont la longueur, comptée à partir de l'extrémité, est de 8cm-iocm. Les méristèmes, les portions de tiges en voie de différenciation ou décrois- sance intercalaire constituent donc les centres les plus actifs de la trans- formation des nitrates. » Les plantes supérieures peuvent donc vivre comme les végétaux dé- pourvus de chlorophylle, aux dépens de matières organiques toutes faites, à l'abri de la lumière; mais, dans les conditions naturelles de leur dévelop- pement, elles ne peuvent pas leur demander les éléments dont elles ont besoin; les bactéries et les moisissures, douées d'une puissance de proli- fération extraordinaire, mieux armées à tous les points de vue dans cette lutte avec les végétaux supérieurs, s'emparent des matières organiques, les dégradent et les brûlent en donnant généralement comme résidus l'acide nitrique et l'acide carbonique qui sont, on le sait, les aliments par excel- lence des végétaux à chlorophylle. » GÉOLOGIE. — Sur l 'Ordovicien de la presqu'île de Crozon (Finistère). Note de M. F. Kerfokxe, présentée par M. de Lapparent. « L'Ordovicien de la presqu'île de Crozon a été subdivisé en : i° grès armoricain; 2° schistes d'Angers; 3° grès de Kerarvail; 4° schistes de Morgat; 5° calcaire de Rosan, celui-ci à faune nettement ordovicienne mais à stratigraphie obscure. » Nos recherches stratigraplnques et paléontologiques dans cette ré- gion nous ont permis de reconnaître quelques autres niveaux et de pré- ciser la position stratigraphique des anciens. » Nous y avons reconnu les niveaux suivants : » i° Grès armoricain. — Il présente les caractères lithologiques habi- ( i88 ) luels, bien connus. Il repose au sud en concordance sur le Cambrien (Cap de la Chèvre, Guern); mais plus au nord (Crozon, baie de Dinan, Port- Naye), nous avons reconnu qu'il reposait en transgression sur le Précam- brien, quelquefois par l'intermédiaire de bancs poudingiformes (Crozon). Quand le contact paraît n'avoir pas lieu par faille, il semble y avoir con- cordance. Etant donnée la netteté de cette transgression, cette concordance est sans doute plus apparente que réelle. Le grès est beaucoup plus épais là où il repose sur le Cambrien ; les bancs inférieurs sont feldspathiques et même kaolinifères (Cap de la Chèvre); si la transgression du grès armori- cain est prise pour limite entre le Cambrien et l'Ordovicien, il est donc naturel de penser que les bancs inférieurs feldspathiques du Cap de la Chèvre et du Meuez-Hom appartiennent encore au Cambrien. » 2° Schistes du Courijou. — Ils présentent les caractères lithologiques et fauniques bien connus des schistes à Calymènes. Calymene Tristani Brongn. y est abondant. Ils sont particulièrement fossilifères et faciles à étudier au Courijou, près Camaret. » 3° Grès de Kerarvail. — Il n'a pas encore fourni de fossiles. Il est bien représenté au sud, quoique peu épais; au nord, il est peu ou point déve- loppé. » 4° Schistes de Morgat. — Ils sont plus fossilifères que les schistes infé- rieurs. Les Lamellibranches surtout et les Cstracodes y sont abondants ; ces fossiles sont disposés en lits successifs recouvrant la surface des bancs. Les Trilobites de la base s'y retrouvent; Placoparia Tourneminei Rou., inconnu dans les schistes inférieurs, y est assez abondant. » 5° Schistes de Kerarmor. — Ce sont aussi des schistes noirs et argi- leux; ils contiennent, entre autres fossiles : Trinucleus Bureaui 'OEhl. associé à Calymene Tristani Brongn. J'ai reconnu ce niveau à Kerarmor, à la plage des Pois et à la Mort-Anglaise. » G" Schistes de Rnguenez. — Faisant suite aux précédents, peu épais, ils contiennent une faune analogue à celle d'Ecalgrain (Manche) : Trinu- cleus sp. (cf. Trin. Grenieri Berg.), Dalrnaniles socialis Barr., Dahnanites incertus Desl. sp.. Calymene Aragoi Rou., de grande taille (cf. Cal. Len- nieri Berg.), Bellerophon acutus Sow., Bell. Deslongchampsi d'Orb., Pleuro- lomaria Bussacensis Sh., etc. J'ai reconnu ce niveau à Raguenez, à Morgat, à Camaret (plage des Pois), à la Mort-Anglaise. » 70 Grès de Camaret. — Au-dessus de ces schistes vient, au nord de la presqu'île, une puissante masse de grès blanc ou bleuâtre, argileux et micacé, avec lits psammitico-schisleux noirs intercalés, rapportés au Silu- ( i«9 ) rien supérieur. Les bancs inférieurs sont bruns, argileux, de structure glanduleuse et hétérogène; nous avons trouvé dansées bancs des Orlhis, des plaques de Cystidêes, Illœnus sp., un fragment de Trinucleus indétermi- nable. La masse de grès est surmontée de schistes noirs argileux et argilo- gréseux qui ne m'ont fourni aucun fossile, mais supportent les grès très réduits du Golhlandien, surmontés eux-mêmes des Ampélites. Au nord de la Tavelle, surtout dans un petit ravin qui coupe perpendiculairement la falaise, on constate nettement la présence de grès au-dessous des Ampé- lites. » Au sud, les grès de Camaret sont tn général moins développés, les schistes intercalés y sont ordinairement plus abondants et la qualification de schistes et quartziles peut leur être donnée en quelques points. Ils sont fossilifères à Morgat où ils ont fourni à M. Sennes quelques Lamelli- branches et un fragement iVHomalonolus. Stratigraphiquement etpaléon- tologiquement ils appartiennent donc à l'Ordovicien. » 8° Calcaires et Tufs de Rosan. — Ce niveau, probablement représenté au nord par les schistes sans fossiles qui surmontent les grès, n'est bien reconnaissable et fossilifère qu'au sud. Il est représenté par des tufs, tantôt seuls, tantôt accompagnés de quelques bancs de calcaire. M. Barrois, en étudiant sa faune, a reconnu qu'elle était ordovicienne; je ne puis guère ajouter à sa liste qu'un petit Illœnus, dont j'ai trouvé quelques pygidiums. » La position stratigraphique du calcaire de Rosan a été méconnue à cause du faciès schistes et quartziles qu'affectent quelquefois les grès subordonnés et de la rareté des fossiles dans les tufs sans calcaire qui le représentent en certains points. A Morgat, nous avons constaté dans des tufs, nettement intercalés entre les grès de Camaret et les grès gothlan- diens surmontés des AmpélUes, la présence de fossiles de Rosan : Orlhis, Polypiers, etc. Cette bande de Morgat, qui se retrouve au cap Raguenez, occupe une position normale et bien définie. Elle reparaît par faille un peu plus au nord, contenant des bancs calcaires en certains points (Rosan, Lostmac'h) mais composée seulement de tufs en d'autres (Morgat), comme à sa première apparition. » Dans cette région l'activité éruptive, étudiée par M. Barrois {' ), est localisée au sud et présente son maximum d'intensité au niveau de Rosan. » (') Barrois, Mém. sur les érupt. diab. du Menez-Iiom; 1889. ( '9° ) M.-Roclliès demande l'ouverture d'un pli cacheté, déposé par lui dans la séance du 4 avril 1898 et relatif à la « Stéréoscopie des rayons X ». Ce pli, ouvert en séance par M. le Président, contient la Note suivante : « Nous entendons par stéréoscopie des rayons. Y, la vision directe du relief sléréo- seopique sur l'écran. » Le principe de notre méthode est basé sur la persistance des images rétiniennes. Par un dispositif spécial, l'image de l'objet éclairé vient alternativement frapper l'œil droit et l'œil gauche : la superposition accommodative des deux images réalise ainsi la production du relief. » Pour obtenir ce résultat, deux ampoules situées dans le même plan, distantes de quelques centimètres, éclairent alternativement l'objet sur l'écran : d'où production de deux images, image droite et image gauche, que les yeux confondraient; mais un obturateur spécial, synchrone à l'éclairage des ampoules, ne permet la perception de chaque image que par un seul ail à la fois. Les images de cet objet sont donc alter- nativement vues par l'œil droit et par l'œil gauche. n Les alternances étant d'une grande fréquence, l'impression rétinienne persiste encore sur l'œil obturé quand l'image réelle se produit sur l'œil ouvert. La vision do deux images nécessaires à la production du relief se trouve donc ainsi réalisée. » M. de Bourgon adresse des épreuves photographiques montrant que le verre isométrope arrête complètement les rayons Rontgen. M. Vert adresse une Note relative à un aérolithe observé à Rio de Janeiro le 21 décembre, à 71' 25m du soir. Son apparition s'est produite à peu près dans la constellation du Tau- reau; il est resté visible un peu plus d'une minute et s'est éteint sans bruit, après avoir parcouru environ 3o° à 4o° dans la direction de l'ouest. A 4 heures un quart l'Académie se forme en Comité secret. La séance est levée à 5 heures. J. B. ( *9* ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Ouvrages reçus dans la séance du ■?. janvier 1899. {Suite.) Meteorological observations made at the Adélaïde observatory, year iSgS, the Charles Todd. Adélaïde, printed by C. E. Bristow, 1898; 1 vol. in-4°. Archives italiennes de Biologie. Directeur : M. A. Mosso. Tome XXX. Turin, Hermann, 1898; 1 fasc. in-8°. The geographical journal, London. Vol. XIII. 1899; 1 fasc. in-8°. Association of économie enlomologist s, Washington. 1898; 1 broch. in-8°. Boletin de la Sociedad geografica de Madrid. N° 14. Septembre, 1898; 1 fasc. in-8°. Anales de la Sociedad cientifica Argentina. Director : Angel Gallardo. Buenos-Aires, 1898; 1 fasc. in-8°. Journal of the royal microscopical Society, London. Décembre, 1898, part. 6; 1 broch. in-8°. Wiener klinische Wochenschrifl, Wien. N° 52. 1 fasc. in-4°. Slatistik van het Koninkrijk der Nederlanden. November, 1898; 1 fasc. in -4°. Meloreological service, Dominion of Canada. 1898; 1 fasc. in-8°. Pharrnaceutical journal, Saturday. N° 1488. 1 fasc. in-8°. Bulletin économique de V Indo-Chine. N° 6. Saigon, 1898; 1 fasc. in-8°. Memorie délia Società degli Spetlroscopisli italiam, par Ta ce h 1 ni. Tome XXVII. Rome, 1898; 1 fasc. in-4°. Ouvrages reçus dans la séance du 9 janvier 1899. La Chimie de la cellule vivante, par Armand Gautier, Membre de l'Insti- tut. Paris, Masson etCie, Gautliier-Villars; 1 vol. in-8°. (Hommage de l'Au- teur.) Traité élémentaire, de Météorologie, par Alfred Angot. Paris, Gauthier- Villars, 1899; 1 vol. in-8°. (Présenté par M. Mascart.) Les formes épitoques et i évolution des Cirraluliens, par MM. Maurice Caul- lery et Félix Mesnil. Paris, J.-B. Baillière et fils, 1898; 1 vol. in-8°. ( t92 ) ( Présenté par M. Edmond Perrier; renvoyé au concours du prix d'Em- bryogénie.) Association française pour l'avancement îles Sciences. Comptes rendus de la 16e Session, Saint-É tienne, ! ^97, et 27e Session, Nantes, 1898. Paris, Musson elCie; 2 vol. in-8°. (Présentés par M. Brouardel.) Considérations sanitaires sur l'Expédition de Madagascar, par le D1' G. -A. Reynaud, Médecin en chef des Colonies. Paris, L. -Henry May; 1 vol. in-8". (Renvoyé au prix de Médecine et Chirurgie.) Recherches sur les Faunes marine et maritime de la Normandie, par Henri Gadeau de Kerville. Paris, J.-B. Baillière et fds, 1898; 1 vol. in-8°. Recherches sur les Caratis de Colombie, par le Dr Moutoya y Florez. Paris, Jouve et Boyer, 1898; 1 vol. in-8°. Annuaire de la Société des Touristes du Dauphinc, 1897. T°me III. Gre- noble, Allier frères, 1898; 1 vol. in-8°. Essai sur un nouveau signe clinique : la pulsation du pied, par le Dr Sil- vio Tatti. Buenos-Aires, J. Peuser, 1898; 1 br. in-8°. ex*dme~x' Sur les racines de l'équation — -j—ln — = o, par André Markoit. Saint- Pétersbourg, Imprimerie de l'Académie impériale des Sciences, 1898; 1 br. in-4°. Travaux de la Section géologique du Cabinet de Sa Majesté (Ministère de la Maison de l'Empereur). Vol. I : livr. I à III; Vol. II : livr. I à III; Vol. III : livr. I. Saint-Pétersbourg, 1898; 7 fasc. in-8°. Mémoires de la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève. Tome XXXIII. Paris, G. Fischbacher, 1898; 1 vol. in-4°. Atti délia reale Accademia di Archeologia, Lettere e. Relie Arti. Vol. XIX. 1897-1898. Napoli, slab. tip. délia R. Universita, 1898; 1 vol. in-4". Annuaire de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Reau.r-Arls de Belgique, 1899. Bruxelles, Hayez, 1899; l ^r- >n-8°- Atti del R. Istituto Veneto di Scienze, Lettere ed Arti. Tomo LV : dis- pensa III à X, et tomo LVI, dispensa I à VII. Venezia, Carlo Ferrari, 1 897-1 898; i5 vol. in-8°. Reale Istituto lombardo di Scienze c Lettere. Rendiconti. Vol. XXX. Milano. Ulrico Hoepli, 1897; 1 vol. in-8°. Le Opère di Galileo Galilei. Vol. VIII. Firenze, G. Barbera, 1898; 1 vol. in-4°. N° 3. TABLE DES ARTICLES. (Séance du 16 janvier 1899.) MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. Pages. M. d'Arsonval. - Le Centenaire de l'Aca- démie Impériale militaire de Médecine de Saint-Péterslmurg i 37 M. Berthelot. — Sur la marche générale de la végétation : plante développée i ['ombre el au soleil. Regain. i3g M. Henri Bei querel. - Sur la dispersion • nale de la vapeur de sodium incandes cente, et sur quelques conséquences de ce Pages. phénomène 146 M. Lannelongue. — Sur le traitement des tuberculomes (abcès tuberculeux) sym- ptoma tiques ou non d'une altérati Je-- os. 1 5j M. \i i:\is rir Tillo. Résultats des obser- vations météorologiques faites dans la dé- pression .m centre du continenl asiatique station de Luki shoun iôi NOMINATIONS. Commission chargée de juger le concours du [ni x Jecker p • 189g : MM. Friedel, Troost, Armand Gautier, Moissan, Gri- nian.r. Ditte 1 Â7 Commission chargée de juger le concours du prix La Caze (Chimie) pour 1899 : MM. Moissan. TrOOSt, Armand Gautier, Friedel, Berthelot, Ditte, Grimaux, Haulefeuille, Srhlœsin^ 1 "17 Con ssion chargée de juger le concours du prix Wilde pour 1899 : MM. Cornu, Faye, Moissan, Berthelot, Fougue 107 Commission chargée de juger le conc - du prix Delesse pour 1899: MM. Fougue, Ma 11 el Bertrand, Gaudry, Hautefeuille, Midiel Le'vy 1 ",- Commission chargée de juger le conc 's du prix Pontanes de 1899 : MM. Gaudry, Marcel Bertrand, Fougue, de Lapparent, Michel Lévy 1.5- CORRESPONDANCE. M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance, un Volume contenant les Études de M. C .- M. Goulier sur les nivellements de pré- cision, publiées par M. Ck. Lallemand., i> M: 0:rC. Marsh, nommé Correspondant, adresse ses remerciments à l'Académie... 1 '7 MM. \. Ledoux-Lebard, Maurice Servant adressent des remerciments i l'Académie, pour les distinctions accordées à leurs travaux '"'7 ■ M. î. Guillaume. i ibservations du Soleil faites .1 l'observatoire de Lyon (équalorial Brunner de o™,i6), pendant le troisième trimestre de 1 vos 1 ,v VI. di Ligondès. — Sur la variation de la densité à l'intérieur de la Terre M. G. i'.allicl. — Sur une nouvelle règli calcul i63 M. N. Saltykow. Sur les intégrales com- plètes des équations aux dérivées par- tielles 166 M. H. Pellat. — Perle d'électricité par éva- poration de l'eau électrisée. application à i l'électricité atmosphérique 160 M. Dussaud. — Sur la transmission des sons les rayons ultra-violets 171 M. L. I u m . • 1 m 1 : 1-. . - Sur une méthode physique pouvant permettre de décider s'il y a, ou iion. dispersion dans le vide 17' M. Gustave Le Bon. Sur la persistance de la luminescence invisible 1 - 1 M. William Crook.ES. - Sur la source de l'énergie dans les corps radio-actifs 176 M. André Joe. — Sur la peroxydation du cérium dissous dan- les carbonates alca- lin- [78 M. H. Causse. Triacétylmorphineel oxyda- tion de la morphine 181 M. E.-E. I!laisiî. Suc les chlorures éthers des acides bibasiques is; M. Mui L'assimilation des hydrates de carbone et l'élaboration de l'azote orga- nique dans les végétaux supérieurs is~> M. F. IVERFORNE. — Suc l'Ordo\ icien de la presqu'île de Crozon (Finistère) '-- M. ROULLIKS. — Contenu d'un pli CAO le I' relatif à la - Stéréoscopie des rayons K ». 190 N° 3 SUITE DE LA TABLE DES ARTICLES. Pages. | Pages. M. de li [bon adresse des épreuves photo- | M. Vert adresse une Note relative à un aéro- graphiques tranl que le verre isomé lithe observé à Rio-de-Janeiro le ai dé- irope arrête c plctemenl les rayons cembre Mi" Rœntgen 190 \ Bulletin bibliographique . . 191 PARIS.— IMPRIMERIE GAUTHIE R-VILL A RS , Quai des Grands-Augustins, 55. Ix Gérant : i-urmui \iil.m.. APR10 1899 J899 PREMIER SEMESTRE. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES PAR MOT. EES SECRÉTAIRES PERPETUELS. TOME CXXTIII. N° 4 (25 Janvier 1899). PARIS, GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, Quai des Grands-Augustins, 55. 1899 RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS ADOPTÉ DANS LES SÉANCES DES 23 JUIN 1862 ET l[\ MAI 1875. Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de ('Académie se composent des extraits des travaux de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes présentés par des savants étrangers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. 26 numéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. Article 1er. — Impressions des travaux de l'Académie. Les extraits des Mémoires présentés par un Membre ou par unAssociéétranger de l'Académie comprennent au plus 6 pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o pages par année. Les communications verbales ne sont mentionnées dans les Comvtes rendus, qu'autant qu'une rédaction écrite par leur auteur a été remise, séance tenante, aux Secrétaires. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les Rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par les Correspondants de l'Académie comprennent au plus l\ pages par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de 32 pages par année. Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Académie; cependant, si '.es Membres qui y ont pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi- vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion. Les Programmes des prix proposés par l'Académie sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap- ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autant que l'Académie l'aura décidé Les Notices ou Discours prononcés en séance pu- blique ne font pas partie des Comptes rendus. Article 2. — Impression des travaux des Savants étrangers à l'Académie. Les Mémoires lus ou présentés par des personnes qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca- démie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré- sumé qui ne dépasse pas 3 pages. Les Membres qui présentent ces Mémoires sont tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le Membre qui fait la présentation est toujours nommé: niais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le font pour les articles ordinaires de la correspondance offi- cielle de l'Académie. Article 3. Le Von à tirer de chaque Membre doit être remis à' l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, le jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à temps, le titre seul du Mémoire est inséré dans le ton/pic rendu actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui- vant et mis à la fin du cahier. Article 4. — Planches et tirage à part. Les Comptes rem/us n'ont pas de planches. Le tirage à part des articles est aux frais des au-j leurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports el les Instructions demandés par le Gouvernement. Article 5. Tous les six mois, la Commission administrative fait un Rapport sur la situation des Comptes rendus aprè l'impression de chaque volume. Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré sent Réellement. Les Savants étrangers à l'Académie qui désiient iaire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les j déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5h. Autrement la présentation sera remise à la séance suivante. APR 10 1899 COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 25 JANVIER 1899, PRÉSIDENCE DE M. VAN TIEGHEM. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Quelques remarques sur le prolongement des fonctions. Note de M. Emile Picard. « Dans l'avant-dernier numéro des Comptes rendus, M. Fabry a fait quelques remarques d'un grand intérêt sur la notion du prolongement d'une fonction. Il se place au même point de vue que M. Borel dans sa thèse, et cherche à généraliser la notion de prolongement d'une fonction devenue classique en Analyse depuis les travaux de Weierstrass. En lisant autrefois la thèse de M. Borel, j'avais eu à ce sujet une idée qui, convena- blement poursuivie et précisée, pourrait peut-être conduire à quelques résultats. Il est clair que, si l'on ne se borne pas, comme Weierstrass, à un prolongement analytique, le problème devient très indéterminé; cependant, on peut ne pas abandonner complètement le point de vue du C. K., 1899, i« Semestre. (T. CX.WIII, N« 4.) 26 ( '94 ) prolongement analytique, mais en augmentant le nombre des variables. Prenons, par exemple, la partie réelle u(.r, y) d'une fonction analytique de z = x -f- iy, qui aurait pour coupure une certaine courbe fermée C ; la fonction u est définie à l'intérieur de C et n'a aucune signification en dehors de C en se plaçant au point de vue usuel. Or, supposons qu'on paisse trouver une fonction analytique réelle V(x,Y,t) des trois variables réelles x, y et l, fonction définie pour toute valeur réelle de x, y et l (quand l n'est pas nul), et pour toute valeur de (x,y) correspondant à un point non situé sur la courbe C, quand t est nul. On suppose de plus que l'on ait dans C F (oc, y, o) = u{x,y). On peut alors aller d'un point A (à l'intérieur de C) à un point B (à l'exté- rieur) sans franchir C, en cheminant dans l'espace {oc, y, t); on fait ainsi une succession de prolongements analytiques et l'on arrive en B avec une valeur déterminée. J'ajoute que les fonctions analytiques réelles de plu- sieurs variables réelles, que nous considérons ici, doivent être définies comme je l'ai fait au tome II de mon Traité d'Analyse (p. 18). » Je me contenterai de donner un exemple. Prenons, dans un cas parti- culier très simple, la fonction considérée par M. Borel » Je suppose, pour fixer les idées, que les points alt soient des points de la circonférence C de rayon un, dont l'argument est commensurable avec 27u. Quant aux A„, ce sont des quantités positives, et la série lAn est convergente. Nous avons » Il suffira de prendre ( x _ «„)* + (; -p„)3-M' pour avoir une fonction répondant aux conditions demandées, et ainsi nous relions en quelque sorte analytiquement les valeurs de la série (i) à ( T95 ) l'intérieur et à l'extérieur de la circonférence C, en sortant du plan de cette circonférence. » Sous la forme générale qui a été indiquée, le problème proposé pré- sente évidemment une très grande indétermination. Mais, si nous partons d'une fonction u(x, y) considérée pour l'ensemble de son domaine natu- rel (au sens de Weierslrass), et si l'on est conduit par la voie indiquée à définir cette fonction dans une autre région qui soit aussi le domaine naturel de la fonction étendue, il ne semble pas que, dans le cas général au moins, aucune condition supplémentaire s'impose nécessairement. Il se pourrait même que, dans une très large mesure, toute fonction fût, à notre point de vue, le prolongement de toute autre fonction; mais ceci est peut-être la conséquence nécessaire de l'indétermination presque absolue du problème quand on abandonne le point de vue de Weierstrass. » On peut cependant chercher à restreindre cette indétermination. La voie dans laquelle on pourrait, je crois, arriver à quelque résultat consis- terait à introduire dans cette question une équation convenable aux déri- vées partielles, relative à la fonction V(x,y, t), équation dans laquelle les coefficients dépendraient de la variable /, et qui, pour l = o, se rédui- rait à J'ai trouvé depuis peu un réactif qui permet d'en juger. Ce réactif est la solution de chlorure de sodium à 10 pour 100. Voici comment il faut l'employer : on y laisse, pendant dix heures à peu près, un petit fragment de peau, on le durcit ensuite par l'alcool, puis on y fait des coupes micro- scopiques que l'on colore au moyen du picrocarminate. Les préparations que l'on obtient ainsi ne laissent plus voir de grains d'éléidine. A leur place, il s'est produit, au niveau du stratum granulosum, une teinte rouge uni- forme. Sous l'influence de la solution de sel, l'éléidine granuleuse est donc C. R., 1899, 1" Semestre. (T. CXXVIII, N« 4.) 27 ( 202 ) devenue de l'éléidine diffuse. Un réactif chimique a ainsi déterminé des modifications analogues à celles qui se font naturellement lorsque les cel- lules épidermiques passent du stratum granulosum dans le stratum inter- medium. » Il semble que la transformation de l'éléidine granuleuse en éléidine diffuse soit comparable à celle du bleu de Prusse qui, à la suite d'un lavage prolongé, devient soluble ou plutôt colloïde. Cette comparaison paraîtra d'autant plus juste que l'éléidine diffuse est certainement une substance colloïde. Déjà, dans les préparations obtenues simplement à l'aide de l'alcool et du picrocarminate, on constate, comme je l'ai fait remarquer il y a longtemps, qu'à la surface du stratum lueidwn apparaissent des gouttes et des flaques dont la substance a été exprimée du tissu. Ces flaques, ainsi qu'on peut le voir clans mes anciens dessins, ont souvent des vacuoles. Ces vacuoles sont bien plus grandes et bien plus nombreuses après l'action delà solution de sel à 10 pour ioo. Leur développement est exagéré encore si la solution de sel est plus forte, 20 pour 100 par exemple. Les gouttes d'éléidinc figurent alors des vésicules habituellement confluentes, dont la paroi seule est colorée par le carmin. » Je dois donner encore quelques renseignements à ceux qui voudront répéter ces expériences. Si l'on fait agir le chlorure de sodium après l'alcool, les grains d'éléidine ne disparaissent pas. Enfin, si l'on essaye le carmin ou l'hématoxyline sur de la peau qui a séjourné plusieurs années dans l'alcool, les grains d'éléidine, qui cependant sont bien conservés, ne se colorent plus du tout. » Dans cette Communication, je me suis proposé simplement d'indiquer quelques réactions nouvelles de l'éléidine, afin de faire mieux connaître cette substance encore énigmalique. » BOTANIQUE. — Sur la formation du pollen et la réduction chromatique dans le Naias major. Note de M. L. Guig.vard. « L'une des questions les plus controversées pour le moment dans l'étude des éléments reproducteurs, chez les plantes et chez les animaux, consiste à savoir de quelle façon se produit la réduction chromatique pré- sentée par les noyaux sexuels et quelle est l'interprétation que l'on peut tirer de ce phénomène au point de vue des théories de l'hérédité. » 1. Des observations multiples ont établi que ces noyaux, mâles ou ( 203 ) femelles, possèdent un nombre de chromosomes qui est égal à la moitié de celui que l'on peut considérer comme normal dans les noyaux végéta- tifs chez une espèce donnée. Dans un Lis, par exemple, les premiers en renferment douze, tandis que les seconds en contiennent vingt-quatre. Si, dans les noyaux végétatifs, le nombre des chromosomes n'atteint pas tou- jours le chiffre normal et peut varier dans certaines limites, d'ailleurs assez étroites, la variation disparaît dans les noyaux sexuels, chargés de la trans- mission des propriétés héréditaires ; et, malgré les quelques exceptions que l'on a rencontrées, la réduction de moitié dans ces derniers novaux peut être considérée comme une loi générale, aussi bien chez les plantes que chez les animaux. Cette réduction du nombre des chromosomes dans les éléments sexuels est nécessaire, on le conçoit, pour empêcher qu'il n'aille en doublant à chaque fécondation. » 2. Mais il ne suffit pas que la réduction soit seulement numérique, il faut aussi qu'elle soit quantitative. Ce résultat est obtenu par la rapidité avec laquelle se succèdent les deux divisions qui s'effectuent dans chacune des cellules-mères des éléments sexuels. L'espace de temps qui s'écoule entre la première et la seconde division ne permet pas aux noyaux d'en- trer dans l'état de repos et d'augmenter leur teneur en chromatine, comme c'est le cas pour les noyaux des cellules végétatives. « 3. Une autre question, importante au point de vue de l'explication des phénomènes de l'hérédité, est celle de savoir si la réduction chroma- tique, numérique et quantitative, comme on vient de le voir, est ou n'est pas en même temps qualitative dans les noyaux sexuels. » Tous les phénomènes de la fécondation viennent confirmer l'idée que le filament chromatique du noyau est le substratum matériel des qualités héréditaires. Or, on peut supposer, avec Weismann, que ces qualités sont liées aux granulations ou microsomes du filament, c'est-à-dire à des corps individualisés, auxquels ce savant donne le nom d'ides. Les ides, possédant des qualités différentes, sont disposés dans le filament en une série linéaire; de sorte que les chromosomes, ou idantes, qui dérivent par seg- mentation du filament, doivent renfermer des ides de propriétés diverses et, par conséquent, différer qualitativement les uns des autres. » Le fait le plus important de la division des cellules végétatives con- siste dans le dédoublement longitudinal du filament nucléaire, et par suite des chromosomes ; chaque microsome chromatique est partagé en deux parties semblables et chaque chromosome distribue, comme on sait, ses deux moitiés entre les deux nouveaux noyaux qui, dès lors, ne diffèrent ( 204 ) pas qualitativement l'un de l'autre et renferment le même nombre d'ides. Mais, d'après Weismann et d'autres auteurs, il n'en serait plus de même dans la division sexuelle : les chromosomes, au lieu de subir le dédouble- ment longitudinal, se couperaient en travers, d'où une réduction dans le nombre des ides et une différence qualitative dans les nouveaux chromo- somes ainsi formés et, par suite, dans les noyaux reproducteurs. C'est là le phénomène que les auteurs précités désignent plus spécialement sous le nom de division rédactionnelle. » Comprise dans ce sens, la division réductionnelle a vivement préoccupé les biologistes dans ces dernières années et provoqué, surtout en Zoologie, de très nombreux travaux, dont les uns viennent appuyer l'hypothèse de Weismann, tandis que les autres la contredisent. Le même désaccord règne actuellement entre les botanistes, qui n'ont d'ailleurs rencontré jusqu'ici qu'un fort petit nombre de plantes pouvant se prêter à cette étude. » Il serait impossible de donner ici un aperçu, même succinct, des mul- tiples contradictions qui existent sous ce rapport. Je me contenterai de résumer les résultats qui m'ont été fournis par une plante aquatique favo- rable à l'étude du développement du pollen, le Naïas major. » 4. Dans cette espèce, le nombre normal des chromosomes dans les noyaux végétatifs est de douze et il se réduit à six dans les noyaux sexuels : c'est le nombre le plus faible que l'on connaisse pour le moment chez les Phanérogames. » Au cours des divisions qui donnent naissance, dans l'anthère, aux cellules-mères primordiales, lesquelles correspondent aux spermatogonies de la glande mâle des animaux, on retrouve le même nombre de chromo- somes que dans les tissus végétatifs, c'est-à-dire douze. Ce n'est donc pas encore pendant cette première période du développement que s'opère la réduction numérique, contrairement à ce que certaines observations récentes tendaient à faire admettre pour d'autres plantes : résultat qui confirme mes recherches antérieures et celles d'autres auteurs sur des espèces différentes. » Après avoir achevé leur multiplication, les cellules-mères primordiales grossissent et deviennent les cellules-mères définitives du pollen, homo- logues des spermatocytes des animaux. » Pour donner les quatre grains de pollen, la cellule-mère doit subir, comme on sait, deux bipartitions successives, qui correspondent aux deux divisions dites de maturation, grâce auxquelles le spermatocyte fournit aussi quatre cellules spermatiques. ( 205 ) » A la première division, dès les prophases du phénomène, le filament chromatique subit le dédoublement longitudinal et se coupe en six seg- ments qui sont, par le fait même de ce dédoublement, formés chacun de deux moitiés plus ou moins accolées suivant leur longueur. Pendant la contraction et l'épaississement des chromosomes, il apparaît, dans cha- cune de ces moitiés, une double série de granulations chromatiques, sans que le substratum de linine qui les renferme vienne toutefois à se scinder lui-même suivant sa longueur. Ce phénomène n'en semble pas moins être le prélude d'une seconde scission longitudinale, qui deviendra complète au moment de la métakinèse. Le chromosome primaire peut donc être déjà considéré comme quadruple. » Au stade de la plaque nucléaire, les chromosomes s'orientent de telle façon que leurs moitiés primitives sont placées de chaque côté du plan équatorial du fuseau nucléaire. Celui-ci présente, comme à l'ordinaire, deux sortes de fils achromatiques, très distincts dans le Naias : les uns sont continus d'un pôle à l'autre et sans adhérence avec les chromosomes; les autres sont discontinus à l'équateur du fuseau et forment des faisceaux qui s'insèrent sur les extrémités des chromosomes, tournées vers le centre de figure, et qui se rétracteront pour entraîner ceux-ci vers les pôles. » Dans chaque chromosome primaire, les deux moitiés ou chromosomes secondaires se séparent ensuite l'une de l'autre pour se diriger en sens inverse vers les pôles. C'est pendant cette séparation que la seconde scis- sion longitudinale, déjà préparée antérieurement, comme on l'a vu, se manifeste dans chaque chromosome secondaire; mais les deux bâtonnets qui deviennent distincts dans celui-ci ne s'isolent pas complètement l'un de l'autre : ils restent soudés par leurs extrémités en contact avec les fils du fuseau et forment ensemble un V plus ou moins ouvert. Les deux nou- veaux noyaux reçoivent donc chacun six chromosomes doubles ou six paires de bâtonnets chromatiques. » A la seconde division, qui suit de près la première, on voit réapparaître six chromosomes coudés en leur milieu; le coude sépare deux branches égales et correspond à la pointe du V dans la division précédente; à cet endroit, il y a même parfois interruption de la substance chromatique dans son support de linine. Tout concourt à faire penser que ces chromosomes ne sont autres que les chromosomes secondaires de la première division, qui se sont plus ou moins allongés pendant la reconstitution du noyau et peut-être disposés en un filament unique, sans toutefois perdre leur indivi- dualité physiologique. ( 206 ) » Aucune scission longitudinale ne se produit ici dans les chromosomes. Leurs deux branches, ou bâtonnets, se raccourcissent en se contractant et se rapprochent plus ou moins l'une de l'autre sous la forme d'un V, dont la pointe est tournée vers le centre de figure et s'insère, à l'équateur du fuseau, sur les fils achromatiques discontinus et rétractiles. Au stade de la métakinèse, les deux branches du V se rabattent ordinairement l'une sur l'autre, puis elles se séparent à la pointe, pour s'isoler bientôt complètement et se diriger en sens inverse vers les pôles. » Par conséquent, le caractère essentiel de la seconde division consiste dans la séparation pure et simple des deux bâtonnets de chaque chromo- some secondaire. Les noyaux qui en dérivent reçoivent donc chacun six bâtonnets ou chromosomes simples. » 5. On voit ainsi que, dans le Naias, le nombre définitif des chromo- somes se trouve déjà réalisé dès les prophases de la première division de la cellule-mère sexuelle. » Ce résultat concorde avec les observations de Farmer sur la division des cellules-mères des spores chez certaines Hépatiques, telles que le Pallavi- cinia decipiens, et avec celles de Brauer sur les spermatocytes de l'Ascaris megatocephala. La même conclusion se dégage des recherches de Méves sur les spermatocytes de la Salamandre; seulement, ici, les deux scissions longitudinales ne s'effectuent pas dès les prophases de la première division, la seconde scission n'ayant lieu qu'après la métakinèse, pendant les ana- phases de cette première division. Cette modification n'a qu'une importance secondaire. » Les faits observés récemment par Belajeff quant au mode de forma- tion et de séparation des chromosomes secondaires dans l'Iris sont égale- ment en accord avec les données qui précèdent; mais ce savant explique d'une autre façon l'origine des chromosomes primaires de la cellule-mère pollinique, de sorte que ses vues théoriques sont différentes. C'est un point dont la discussion ne peut trouver place dans cette Note ('). » En résumé, dans le Naias, la réduction numérique n'apparaît qu'au moment où la cellule-mère pollinique définitive commence à entrer en division pour donner les quatre grains de pollen. Pendant la première division de cette cellule-mère, chaque chromosome subit deux scissions longitudinales et devient quadruple; pendant la seconde division, il y a (') Mon travail complet paraîtra sous peu dans les Archives d' Anatomie microsco- pique, dirigées par MM. Balbiani et Ranvier. ( 207 ) simplement distribution à part égale entre les quatre noyaux polliniques des chromosomes déjà formés antérieurement. Mais, par le fait même de la formation de ces chromosomes par scission longitudinale, il n'y a pas de réduction qualitative, et les quatre noyaux peuvent être considérés comme équivalents sous le rapport des propriétés héréditaires. » CHIMIE ANALYTIQUE. — Recherches sur l'étal chimique des divers éléments contenus dans les produits sidérurgiques. Carbures doubles de fer et d'autres métaux; par MM. Ad. Carnot et Goctal. « Nous nous proposons d'exposer la suite des recherches que nous avons entreprises sur l'état chimique où se trouvent les divers éléments dans les produits de la sidérurgie ('). La présente Note sera consacrée aux carbures métalliques. » Nous avons déjà signalé l'existence de deux carbures doubles de fer et de chrome, de composition bien définie, que nous avions réussi à isoler en opérant sur des aciers chromés et sur desferrochromes(2), carbures qui répondent aux formules 3Fe3C.Cr3C2 et Fe3C.3Cr3C2. Quelquetemps après (3), M. Perey Williams obtenait, à la très haute tem- pérature du four électrique, un troisième carbure double, appartenant à la même série, 3Fe3C.2Cr3C2. » Depuis cette époque, nos études ont porté sur les carbures doubles que forme le fer avec le tungstène, le molybdène ou le manganèse. » Tukgstène. — Des aciers peu carbures (o,4 à 0,6 pour 100 de carbone) renfermant du tungstène, traités par l'acide chlorhydrique étendu, à l'abri de l'air, nous avaient précédemment donné un résidu métallique, dont la composition répondait à la for- mule Fe3Tu (4 ). (') Comptes rendus, 19 et 26 juillet 1897, 2 ma' l§§^- (2) Ibid., 2 mai 1898. (3) Ibid., 3 octobre 1898. (l) Comptes rendus. 26 juillet 1897. ( 208 ) » En opérant de la même façon sur des aciers beaucoup plus carbures, nous avons isolé un carbure double, attirable à l'aimant, qui est représenté par la formule Fe3C.TuC. » Les aciers qui ont fourni ce carbure contenaient : l'un (I), 6,1 de tungstène et 2,0 de carbone pour ioo; l'autre (II), 7,8 de tungstène et 2,2 de carbone. » Pulvérisés, traités à chaud par l'acide chlorhydrique étendu de dix fois son volume d'eau, ils ont laissé des résidus insolubles, qui ont été purifiés par l'emploi d'une liqueur lourde (iodure de méthylène), pour être ensuite analysés. Le résultat a été : Composition calculée I. II. pour Fe'TuC-. Fer 45, i3 45,56 44,73 Tungstène 48,28 48,17 48,88 Carbone 6,59 6,26 6,3g » Rappelons que M. P. Williams avait préparé le carbure simple de tungstène TuC au feu de forge et au four électrique en présence d'un excès de fer('); que M. Moissan a obtenu au four électrique le carbure Tu2C et que, de même, au four électrique, M. Williams a produit un mélange du carbure TuC et d'un carbure double, auquel il a attribué la formule 2Fe3C.3Tu2C (-y. » Molybdène. — Nous avions séparé, dans des aciers au molybdène peu carbures, un alliage qui répondait à la formule Fe3Mo2. « En opérant plus récemment sur des aciers fortement carbures (1,7 à 2,3 pour 100 de carbone), nous avons isolé un carbure double : Fe3C.Mo2C. » Le même composé avait été préparé au four électrique par M. P. Williams (3). » Les aciers qui ont fourni ce résidu par l'attaque à l'acide chlorhydrique et la purification au moyen de liqueurs lourdes contenaient : l'un (1) molybdène 3, 9, car- bone 1,7 pour 100; l'autre (II) molybdène 3,5, carbone 2,3. » L'analyse des résidus a donné, pour 100 : Composition calculée I. II. pour Fe'Mo'G3. Fer 43, 3o 43,48 43, 08 Molybdène 5o,57 5o,4-'> 5o,77 Carbone 6,i3 6,09 6,i5 » Manganèse. — La recherche des carbures métalliques dans les ferromanganèses (') lbid., 1 3 juin 1898. (s) lbid., 12 septembre 1898. (3) Comptes rendus, 3 octobre 1898. ( 209 ) présente de sérieuses difficultés, parce qu'il en peut exister simultanément plusieurs, cloués de propriétés fort peu différentes. » Nous avons dû, pour arriver à les distinguer sûrement, soumettre à l'action de dissolvants multiples plus de trente échantillons, dont les teneurs en manganèse s'échelonnaient entre 25 et 85 pour ioo. » Voici les résultats généraux de cette étude comparative. » Les ferromanganèses les plus riches sont attaqués par l'eau bouillante ; ils donnent naissance à des hydrocarbures liquides et gazeux, mêlés d'hydrogène libre. Ce fait avait été déjà remarqué par Cloëz en 1878 (') et lui avait suggéré l'hypothèse de l'origine minérale du pétiole et des dégagements gazeux de carbures d'hydrogène, à l'époque même où MendelejefF proposait une explication analogue. » L'attaque par l'eau froide est généralement très faible, même lorsque le métal renferme 85 pour 100 de manganèse; elle fournit, d'ailleurs, un mélange complexe, dans lequel domine l'hydrogène. Il parait légitime de conclure de cette observation que les ferromanganèses ne renferment pas, du moins en proportion notable, le carbure de manganèse simple, Mn3C, découvert par MM. Troost et Hautefeuille en 1875 (i); car M. Moissan a montré que la décomposition de ce carbure simple par l'eau froide donne naissance à un mélange de méthane et d'hydrogène à volumes égaux, sans hydrocar- bure liquide (3). » Les ferromanganèses de teneur inférieure à 74 pour joo ne sont plus attaqués d'une façon sensible pour l'eau bouillante, mais ils peuvent l'être encore, même à froid, par l'acide acétique à 5 pour 100. » Celte action est d'autant plus avancée que les ferromanganèses sont plus riches; le résidu insoluble est de la moitié du poids total sur le métal à 3o pour 100; il n'est plus que du quart sur le métal à 55 pour 100. » Les alliages riches sont presque entièrement dissous pour l'acide acétique à 5 pour 100. Ils sont de même énergiquernent attaqués par les solutions de chlorure d'ammo- nium, même avec excès d'ammoniaque. Ils se dissolvent lentement, au contraire, dans une solution d'acétate d'ammonium légèrement ammoniacale, portée à l'ébullition. C'est à l'aide de ce réactif que nous avons pu isoler, par une attaque lente, de plusieurs jours, les carbures contenus dans les ferromanganèses les plus riches. » i° Nos essais ont porté sur un alliage à 84 pour 100 de manganèse (I) et sur lui alliage à 79 pour 100 (II). » L'attaque par la solution ammoniacale d'acétate d'ammonium, à l'ébullition, à l'abri de l'air, a laissé des résidus cristallins, non magnétiques, inattaquables par l'eau bouillante, solubles dans l'acide acétique très étendu et froid. Ces résidus sont formés d'un carbure double de fer et de manganèse, répondant à la formule Fe3C.4Mn3C, (l) Comptes rendus, t. LXXXVI,p. 1248. (■) lbid., t. LXXX, p. 909. (3) lbid., t. CXXII, p. 421. C. K., 1899, 1" Semestre. (T. CXXVIII, N" 4.) 28 ( 210 ) car l'analyse n donné : Composition calculée I. H. Fe'Mn'^C5. Fer i;,o4 i S . G ', 18,93 Manganèse 7',°"> 7Ï.4" 71, 32 Carbone (et oxygène) .. . 9,5i 6,87 6,76 Silice 2,4o 0,09 » » La présence île la silice dans le n° I est évidemment accidentelle; ni les la- vages répétés, ni le traitement par l'iodure de méthylène, n'ont réussi à l'enlever; il en est de même d'une certaine quantité d'oxyde de manganèse, mis en liberté par le réactif ammoniacal, et cette difficulté de purification rend parfaitement compte du léger écart de composition observé sur le n° I; l'analyse du n° II a fourni, au con- traire, des résultats en parfait accord avec la formule théorique. n La teneur de -\ pour 100 de manganèse, correspondant à cette formule Fe'C^Mn'C, est précisément celle au-dessous de laquelle les ferromanganèses ces- sent d'être attaquables par l'eau bouillante, ce qui confirme encore la valeur de cette formule. Ils sont, comme les résidus extraits des alliages riches, dépourvus de pro- priétés magnétiques, solubles dans le chlorure cuivrique, dans les acides minéraux très étendus et même à froid dans l'acide acétique au -gL. » 20 Les ferromanganèses, dont la teneur est comprise entre -'\ et 60 pour 100, traités à froid par l'acide acétique au -^î, nous ont donné, comme résidu, un carbure double, cristallin, non magnétique, dont la composition est exprimée par la formule Fè*G.-!JMiiî'C. Voici, par exemple, les résultats trouvés en partant d'un échantillon à 70 (I) et d'un autre échantillon à 65 pour 100 (II). 1 Composition calculée I. II. l'VMn'f,1. Fer ."(2,12 i 1 , ,!."> 3 r , Jo Manganèse 60,70 61, 63 61,82 Carbone *'>74 6,70 i>,-\ Silice 6,5i o,38 » » 3" Les produits renfermant de 60 à 35 pour ioo de manganèse, traités de la même façon que les précédents, laissent un mélange de deux carbures doubles, en poudre cristalline, dont l'un est celui que nous venons de faire connaître et dont l'autre n'est pas non plus attirable à l'aimant et répond à la formule 2Fe»C.Mh*C. » Ce dernier carbure double se conduit comme le précédent vis-à-vis des dissol- vants : eau bouillante, acides minéraux et acide acétique étendus et froids, chlorure cuivrique. 11 est donc fort difficile de l'obtenir pur en partant de ferromanganèses à teneur plus élevée que 3o pour 100. Cependant, le traitement d'un alliage à 35,70 de ( 211 ) manganèse, avec 07, !\o de fer et 6,90 de carbone, nous a fourni un résidu qui a montré, à l'analyse : Composition calculée Fe!M»3C3. Fer 62,32 62 , 57 Manganèse 00, 3i 30,72 Carbone 6,96 6,70 Silice o, 28 » » Ce même carbure double paraît avoir quelque tendance à s'isoler pendant le refroidissement des blocs de ferromanganèse. Ayant observé sur un gros échantillon, provenant de l'usine de Terrenoire, une portion cristallisée en grandes lames (I), tandis que le reste formait une masse à texture cristalline (II), nous les avons analy- sés et nous avons trouvé : I. il Fer 62,42 l\-j, 1 4 Manganèse 3q,-|5 46,19 Carbone combiné 6,80 3,98 Carbone libre 0,10 o,îj Silicium 0,02 o, 19 » La partie lamelleuse présentait donc exactement la composition du carbure double Fe6Mn3C3. Des séparations aussi nettes sont rares, mais des liquations se produisent souvent dans les ferromanganèses, sans doute à cause de l'écart qui peut exister entre les points de fusion des différents carbures. » En résumé, nos recherches ont ahouti jusqu'ici à démontrer l'exis- tence, dans les produits sidérurgiques, d'un certain nombre de carbures doubles bien définis. » Dans les aciers chromés et dans les ferrochromes : 3Fe:,C.Cr:lc:-, IVC.3Cr3C2. » Dans les aciers carbures au tungstène et au molybdène : Fe'C.TuC, %Fe3C.MoaC. » Dans les ferromanganèses plus ou moins riches, dont la teneur atteint OU dépasse 3o pour 100 : 2FeaC.Mn;,C Fe3G.2Mn3C, Fc:,C.4Mn3C. » ( 213 ) EXPLORATIONS SCIENTIFIQUES. — Première campagne de la Princesse-Alice IIe. Noie de S. A. S. le Prince Albert Ie' de Monaco. « Les recherches que j'ai poursuivies depuis 1 885 dans la région des Ventes m'avant livré à peu près tout ce que je pouvais attendre d'elles, j'ai visité en 1898 les régions polaires afin d'explorer les profondeurs de leurs mers avec les appareils que j'avais imaginés ou modifiés pour mes antres explorations. » C'était la première campagne d'un navire de i^oo tonnes que je viens de construire afin de remplacer son prédécesseur qui ne correspondait plus à l'envergure de mes travaux et de mes projets. » J'ai quitté le Havre le 23 juin pour gagner après quelques détours la région du Spitzberg où je suis resté jusqu'à la fin d'août ; et je suis rentré au Havre le 20 septembre. » Voici les personnes qui m'ont donné le concours de leur travail : MM. le capitaine Carr, Brandt, professeur à l'Université de Kiel, Bûcha nan, Bruce, membre de l'expédition Jackson à la terre François-Joseph, Richard, chef de mon laboratoire, Neuville, préparateur au Muséum de Paris, et Lovatelli, artiste peintre. Les débuts de la Princesse- Alice IIe ont eu lieu dans des conditions qui offrent un intérêt nouveau pour la Science : Sa Majesté l'Empereur d'Alle- magne les a consacrés par sa présence avec trois bâtiments. » La petite escadre a fait alors une sortie de vingt-quatre heures au large de la côle norvégienne un peu plus haut que le cercle polaire, et l'Em- pereur s'y est préoccupé vivement de tout ce qui peut concerner les recherches océanographiques. » Avant cette journée j'avais, à l'instigation de M. Rabot, placé deux balises sur le front du glacier du Svartis qui met en communication avec la mer, l'un des plus grands inlandsis du nord de l'Europe, et qui occupe le fond d'un fjord de la Norvège. Il sera donc possible d'observer le sens de la marche actuelle de ce glacier. » Au cours du voyage, vingt-huit sondages explorateurs avec prise d'échantillon du fond ont été réalisés jusqu'à la profondeur de 33iom; la plupart au-dessus du cercle polaire, et jusqu'à la latitude de 8o°34'- Presque toujours ces sondages ont été complétés par des prises de tempé- rature et des prélèvements d'échantillons d'eau; souvent même ces deux ( 2i3 ; dernières catégories d'observations ont eu lieu simultanément à plusieurs niveaux; leur total constitue soixante-quatre opérations sans compter celles de la surface. » Pour ce qui intéresse les courants, je signale et je confirme la pré- sence, sur les côtes orientales de l'île aux Ours et de File Hope, de bois flotté et d'écorces de bouleau qui semblent mettre ces deux terres arc- tiques sous l'unique influence des courants de l'est. » Les recherches zoologiques ont eu lieu dans les conditions suivantes : >> Trente-quatre opérations pour l'étude du Plankton dans une colonne verticale presque constante de 4oom depuis la surface, et jusqu'à la lati- tude de 8o°i', avec les appareils grand, raoven et petit de Hensen, sous la direction de MM. Brandt et Bruce. » Quinze coups de chalut jusqu'à la latitude de 8o°i' et la profondeur maximum de 33ioID. Plusieurs ont été donnés au fond des fjords de la Nor- vège septentrionale et du Spitzberg, au pied même des glaciers, d'autres à côté de la banquise, d'autres encore dans la mer du Groenland. » Trois descentes de nasses par une profondeur maximum de iog5m et jusqu'à la latitude de 78°8'. » Quatorze descentes de trémail dans les fjords de la Norvège et du Spitzberg. » Les opérations plus particulièrement intéressantes pour la Physique du globe ont eu lieu au voisinage immédiat de la banquise où une tempé- rature voisine de + 5° a été trouvée plusieurs fois à la surface. » Au point de vue géologique, l'examen des échantillons rapportés par moi de l'île Hope (qui n'avait jamais été étudiée scientifiquement) et com- muniqués au géologue suédois Nathorst, montre que l'opinion théorique émise par cet auteur est confirmée par l'expérience et que l'ile Hope est jurassique. » J'ai fait rechercher la faune pélagique des eaux douces du Spitzberg sur toutes les îles et sur toutes les terres que nous avons visitées : le doc- teur Richard a conduit ce travail. » Les résultats obtenus pour la Zoologie, et tels qu'ils nous apparaissent si peu de temps après l'expédition, sont les suivants : » D'une façon générale, les espèces nouvelles ne semblent pas nom- breuses, mais la distribution géographique et bathymétrique de certains animaux profilera de notions nouvelles. » Ma collection océanographique, pour laquelle je construis un musée à ( ="4 ) Monaco, croîtra notablement, car la faune des régions arctiques est bien différente de celle des Açores; d'autre part, certains spécimens déjà ob- tenus par nous dans l'Atlantique à une grande profondeur ont été retrouvés celte fois dans le nord beaucoup plus près de la surlace et beaucoup plus vigoureux. Je citerai parmi les espèces intéressantes les Poissons suivants : » Centridermichtfiys uncinalus et Lycodes reliculatus au delà de 8o° de lat. et par '|3om de profondeur. Lycodes frigidus au delà de 790 de lat. et par i8G5m. Lycodes Esmaïki au delà de 65° et par G5o'". Triglops l'ingeli par 7Ô°3o' de lat. et i » M. Mexdelejeff, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est pro- clamé élu. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de Com- missions chargées déjuger les concours de 1899. Le dépouillement des scrutins donne les résultats suivants : Prix Desmaziêres: — MM. Van Tieghem, Bornet, Guignard, Bonnier, Chatin. Prix Montagne. MM. Bornet, Guignard, Van Tieghem, Bonnier, Chatin. Prix La Fons-Melicocq. — MM. Van Tieghem, Bornet, Guignard, Bon- nier, Chatin. Prix Thore. — MM. Bornet, Van Tieghem, Guignard, Perrier, Bonnier. Prix Savigny. — MM. Milne-Edwards, Perrier, de Lacaze-Duthiers, Filhol, Blanchard. CORRESPONDANCE. M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance : i° Un volume de M. ./. Riban « Traité d'analyse chimique quantitative par électrolyse ». (Présenté par M. Troost.) ?.° Des « Becherches géologiques et pétrographiques sur le massif du mont Blanc », par MM. Louis Duparc et LAidovic Mrazec (Extrait des « Mé- moires de la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève », t. XXXIII, n° 1.) (Présenté par M. Michel Lévy.) ( 3l6 ) ASTRONOMIE. — Observation de i éclipse totale de Lune du 27 décembre 1898, faite à V observatoire de Besançon. Noie de M. L.-J. Gruey, présentée par M. Lœwy. « L'éclipsé est observée à l'équatorial coudé, avec un grossissement de 67, par M. Chofardct. » Les observations, immersions et émersions ci-dessous, sont faites généralement au centre des monts, pics ou cratères numérotés par Proctor sur la carte de Béer et Maedler. Entrée de la Lune dans l'ombre pure. Immersions. Temps moyen Numéros. Nom-. de Besançon. '27-2. Grimaldi io.i^S 284. Vieta i5,6 267. Hansteen 17,4 146. Reiner 20,2 232. Gassendi 21, 4 162. Seleucus 25,8 144. Kepler 27,8 213. Bullialdus. 28,1 145. Bessarion 3o,8 186. Pitatus 3i,2 148. Aristarchus 32, i 180. Tycho 32,5 479. » 34,i 112. Copernicus 36,4 125. Euler 38,i 121 . Timocharis 47 > x 99. Dionysius 54,4 71. Sulpieius gallus. . 55,6 83. Aristillus 56,3 70. Menelaus 56,8 324. Capella 57,2 132. Plato io.59, i 61 . Plinius 11. 1,2 328. Goclenius 3,5 57. Vitruvius 4,8 77. Eudoxus 5.6 iohiom56s près des monts Rooks. Kmersions. Temps moyen Numéros. Noms. de Besançon. h m 272. Grimaldi 12. 56, 3 140. Mairan 58, 1 148. Aristarchus 58,3 133. Ilarpalus 12.59,6 267. Hansteen i3. 2,5 479. » 3,o 144. Kepler 4,1 232. Gassendi 7,4 132. Plato ier bord. . . 10,9 124. Pytheas u,3 132. Plato 2« bord. . . 12, 3 112. Copernicus i3,a 121. Timocharis . 14, 1 226. Campanus i/( ,6 428. » ... ,7,1 120. Archimede^ 18,2 186. Pitatus 21,3 180. Tycho 23,o 77. Eudoxus .'| ,:•; 94. Triesneckner .... 26,3 95. Manilius 29,5 70. Menelaus 32, 1 486. » 35,5 317. Hypatia 36,5 61. Plinius 37,3 57. Vitruvius Jo, 1 (317 ) Immersions. Temps moyen Numéros. Noms. de Besançon. 327. Messier Il IU n. 6,5 78. -,3 59. Mncrobius .... y • 4 338. y >4 60. u . 1 1 . i Émersions. Numéros, Noms. 60. Proclus. . . 328. Geclenius. 'i. Picard.... 327. Méfier. . . 338. Lansrenus Temps moyen de Besançon. li ui '3.47,3 5o , ■ . 5 i . i 5 1 i i .! . 56 ■ 5 Sortie de la Lune de l'ombre -pure i3h5gm48s près de 3 \~ Kastner. « L'ombre débute en gris noir et se colore de plus en plus en rouge à mesure qu'elle s'étend sur le disque lunaire. » A iih 181", quelques minutes avant la totalité, sur la direction du diamètre lunaire allant de l'est-sud-est à l'ouest-norcLouest, on rencontre successivement les teintes rouge foncé, rouge clair, gris bleu et finalement un filet verdâtre. » A partir de ce moment, le diamètre de ces colorations tourne toujours dans le même sens : à I2h environ, le rouge foncé, qui se voyait à l'est-sud-est, est parvenu au sud; le gris bleu, qui lui était opposé, est arrivé au nord, mais en même temps la bande verte est devenue jaunâtre. -'■■• » Après i2h, ce mouvement de. rotation continue encore sans que l'aspect des colo- rations varie sensiblement; l'extrémité rouge du diamètre des teintes est passée à l'ouest-sud-ouest à j2h.5o'". » A la suite du deuxième contact intérieur, l'ombre est rougeâtre et, en se retirant, prend une teinte grise qui s'accentue de plus en plus. >> Pendant la totalité de l'éclipsé, nous avons observé quelques occulta- tions des étoiles que M. Backlund nous avait signalées. Immersions- Emersions. Étoiles. Temps moyen Et îiles. Temps moyen __ _— — de • de N». Grandeurs. Besançon"; ( Insère aten i\ \ . 1, rândeurs. Besancon. Observateur 39 fj.2 h m s 1 1 . I.) . 1 i . | C 34 y • 2 ii m 12. i.45,9 <: 45 9, 1 i i . 26. 55 , ». (. 32 y • i 12.12. 7.7 <. 46 ri.:; 11.37. " ■ 1 G 36 m. ; 12.29, ' !>9 C 53 9,0 12. 6 . 6 , g C 39 9.2 12 .33 .23,2 C 70 9'° 12.55. 5,o C. 45 9>3_ 1 1 . 53.5o,o C Les initiales G et C, de la colonne Observateur, sont celles de MM. Gruey et Cho- fardet. » Les immersions des étoiles 45 et 46 se font brusquement, mais elles ne sont ob- servées qu'après leur entrée sur le bord du disque lunaire. « L'observation de l'étoile 70 est 'un peu incertaine, car l'immersion se fait près du bord éclairé. C. R., i8qr,, ," Semestre. (T. CXXVIII, N« 4.) 29 ( 2.8 ) » Le ciel est resté beau pendant toute la durée de ces observations; mais, sur la fin, un assez fort vent du sud agitait le coude de la lunette. ASTRONOMIE . — Observations de la planète 1898 El) (Chariots) et de la comète Chase, faites à l observatoire de Besançon, avec l'èqu ilorial coudé, par M. P. Çhofardet. Note de M. L.-J. Gruey, présentée par M. Loewy. Astre. — Etoile. Temps sidéral de \ nnlirr "i.iies. ascension Distance de 1808 Étoiles. l'observai ion. (huile. polaire. < omparaisons Dec. 12 a Dec. S b 21 c 21 c 22 d 23 e 24 / 1899. Janv. 7 g 9 h Planète ED (Chablois). Il III - III s 5 .10. 3 '1 +0.36,87 CoMÈTF. (.HASE. S. 3-, 6 1 2 : g 7-44.56 +-0.43,78 — î.45, i 12:9 -,.',..46 -1-0.19,97 -+- 0.28,2 12:9 1 0 . 1 3 . 2 - 0.21.01 : 0 . i6,3 9:6 10.54. 16 - • ■ 1 . 1 5 . '1 ' — 9.17,3 9:9 1 1 . 5 1 .14 2.38,65 -+- 5.33,o 9:9 12. 6 . 1 5 -'■48,24 ♦ • 9,4 9:9 8.18, 55 +0.59,29 - 9-27-3 9:6 9.59.18 H-o. i5 ,00 -- 5. 3,4 9:6 Positions moyennes des étoiles de comparaison. I toiles II // d e / g h Vutorites. 1. M \noii. rapp. à 691 Ai; AG. Cambridge 54g3 AG. Cambridge 5587 AG. Cambridge 5587 AG. Cambridge 5622 AG. Cambridge 5622 Anon. rapp. à Cambr. 5644 AG. Cambridge 5668 Ascension Réduction Distance Réduction droite au polaire au moyenne. joui-. moyenne. juin ii m . '1.37. 10,28 -+-5*85 68. 10.53 5 -12, "9 10. '|0.53,a7 +4,39 64.53. 1 1 -, -+-3o, i 10.55. 7.9J -+-4,;5 63. 7.44 r 1 -+-33,9 10. 55. 7 ,93 +4,78 63. 7.44 f 4 -f-34.o 10. 09. jj , \ >. +4,78 62.43. 0 4 -+-34,6 10.59.55,42 -+-4,8i 62 . 43 . 0 f 4 -+-34,7 ( 1 . 5 . 5o , 38 -+-2,02 60.22.34 3 + '7>9 ,.. 7.2.',,33 -+- 2 , og 5g.54.38 6 + i8,3 ( ^9 ) Pos itio n s i ippa ren tes. Temps moyen Ascension Date». île droite Log. fact. Distance Log. fàct 1898. Besançon. apparente. parallaxe. polaire. parallaxe Planète ED (Charlois). h ru s lt m * Dec. 12. .. ii. 4§. 5a 4-37.53,oo 2,849 Comète Chase. 68. a. 3,o o.o-- 8. i 4 . 33 . 33 10.41.41 ,54 T, 190,, 04.56.27,3 0,606,, 21. i5.38.57 10. 55.32,65 T, i54„ 63. 8.46,5 O,002„ 21 . 16.10.8 io.55.33,69 2-9l8„ 63. 8.34.7 o,488„ 22. 16.47.19 10.56.28, i3 3,434,, 62 .OC). 1,1 o,48i„ 23. 17.40. 12 10.57.21 . 55 Ï.02 I 62.49. 8.0 o,486„ 24. 1 7 . 5 1 . 1 5 1 0 . 58 . 1 1 ,99 7,121 62. 39.2J. 7 o,49'« 1899. Janv. -. i3. 9.29 11. 6.5i ,69 1,490,, 60.13.24,9 o,53o„ 9- 1 4 . 4 1 . 44 11. 7 . 4 1 . 4°- 1 . l32„ 59.49.53,5 o.43o„ ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Sur des photographies de nébuleuses et d'amas d'étoiles obtenues à l observatoire de Meudon. Note de M. Louis Rabourdin, présentée par M. Janssen. « J'ai l'honneur de présenter à l'Académie une nouvelle série de photo- graphies obtenues avec le grand télescope de l'observatoire de Meudon, pendant l'année 1898 et une partie de 1897. Ces photographies peuvent se diviser en deux groupes : le premier comprenant des amas d'étoiles et le deuxième des nébuleuses. » Le premier de ces deux groupes est le plus riche, car il représente deux années d'observations. Il se compose comme il suit : » L'amas d'Opliiuclms; pose une heure, agrandissement 10 fois; étoiles de 10e gran- deur et au-dessous. « L'amas 'des Lévriers; pose une heure, agrandissement 10 fois; étoiles de 11e gran- deur et au-dessous. Cet amas est tellement resserré qu'il ne forme presque qu'une seule tache, avec seulement quelques petites étoiles autour. » Un amas de la constellation d'Hercule; pose une heure, agrandissement 10 fois; analogue au précédent. » L'amas de Cassiopée, au contraire, offre un champ étendu de petites étoiles bien Kia. i. Vih;i- d'Hercule ( 10 minutes île |i"-'É i. Pjg. 2. \m„- d'Hercule lo m les de |">-'- . ]'i S Amas d'Hercule (i heure de pose). Fig. Vthi. .111 •i-.-iilc (i bîuies Je |) '=-• ) ( 222 ) séparée*, de i t" grandeur et au-dessous. Une première photographie, de dix minutes de pose, et une deuxième, de trente minutes, agrandissement 3 fois, nous montrent les richesses de celle région. » L'amas d'Antinous; pose trente minutes, agrandissement io fois; étoiles de 9° grandeur et au-dessous. Amas peu resserré, permettant assez bien de définir les étoiles qui le composent. » Avec l'amas de Pégase, au contraire, nous rentrons dans les objets très condensé*; mais ici, le temps avant permis de prendre plusieurs épreuves avec différents temps de pose, on obtient l'amas sous des aspects différents et des grandeurs croissantes avec ces mêmes temps de pose. Une première épreuve de dix minutes, agrandissement 10 fois, laisse voir une tache avec quelques étoiles autour. Une seconde épreuve, de vingt minutes de pose, montre une tache plus étendue et le nombre des petites étoiles environnantes considérablement augmenté. Pour la troisième épreuve, de une heure de pose, même agrandissement de io fois, on obtient une large tache produite par l'agglomération intense des étoiles du centre et un certain nombre d'autres étoiles du pourtour, dont le nombre va décroissant du centre à l'extérieur. A remarquer le- courbes très caractérisées sur lesquelles se trouvent rangés quelques chapelets d'étoiles. La pose de deux heures montre un agrandissement très marqué du disque central de l'amas. » \oici encore l'amas d'Hercule, avec des poses croissantes de dix minutes {fig- >)■ trente minutes (ftg- i), une heure {Jig. 3) et deux heures (fig- 4)> et même agran- dissement de dix fois. Ces photographies sont intéressantes à comparer entre elles. Elles montrent bien l'accroissement des renseignements avec les temps de pose, l'intérêt que l'on a à obtenir des clichés avec des durées d'exposition différentes, et justifient le désir légitime des astronomes de pousser aussi loin que possible ces durées d'exposition. » L'amas d'Hercule ressemble beaucoup, comme allure générale, à l'amas de Pégase : comme lui il a un novau très dense, des étoiles autour, dont le nombre diminue avec l'éloignement du centre, et enfin, comme lui encore, il possède quelques étoiles dispo- sées en forme de courbe. Les deux dernières photographies ont trait à l'amas de la Lyre, étoiles de iic grandeur et au-dessous. Une pose de trente minutes, agrandissement dix fois, et une pose d'une heure. » Beaucoup de ces premières photographies sont encore incomplètes, en ce sens qu'elles auraient besoin d'être entourées d'autres documents, présentant des durées d'exposition différentes, comme pour l'amas d'Her- cule et l'amas de Pégase. Cette lacune sera comblée avec le temps; mais l'on peut déjà dire que, grâce à l'excellent télescope de l'observatoire de Meudon, certaines de ces photographies, au contraire, sont allées beau- coup plus loin que ce qui avait été obtenu jusqu'à ce jour dans cette voie. C'est qu'en effet on peut obtenir ici les 20e" grandeurs en moins d'une heure de pose, tandis que les instruments de la Carte du Ciel, par exemple, ne donnent que les 16" en une heure vingt minutes d'exposition.. ( 1-ii ) m Le second groupe comporte : » La nébuleuse de la Grande Ourse (Jlg. 5); pose : une heure trente minutes, agran- dissement dix fois. On remarque parfaitement une étoile au centre et les perforations multiples de ce très curieux objet. » La nébuleuse du Lion {Jlg, 6); pose : deux heures, agrandissement dix fois. Cette Fis- 5. Fis Nébuleuse Je la Grande-Ourse. Nébuleuse du Lion. nébuleuse, très condensée au centre, possède des spires très resserrées contre elle- même et pourvues de nodosités qui lui donnent un aspect assez étrange. ■• La nébuleuse de l'Écu { fig. -). m J'appellerai plus particulièrement l'attention sur les résultats fournis par la nébuleuse de l'Ecu, qu'aucun dessin ne semble jusqu'à présent avoir pu représenter fidèlement, puisque aucun ne ressemble aux autres; elle avait cependant comme forme générale et caractéristique, si l'on en croit surtout le dessin de John Herschel, l'apparence de la lettre Si; si bien même que le nom lui en est resté. Si nous consultons le dessin de Lassell. bien que très différent déjà du premier, on peut encore reconnaître l'allure ( «/, ) particulière qui avait fait naître le rapprochement avec la lettre grecque. Mais voici que la Photographie vient de nouveau changer les idées que nous avions de celte fonno. Il semblerait d'abord qu'il se soit produit une diminution dans l'intensité de la partie droite du pied de l'Çi, C'est sur la Fis. Nébuleuse de l'Ecu pose d'une heure, agrandissement dix fois, la retombée que l'on voit à droite, immédiatement après le grand crochet. On ne sent plus guère là que quelques étoiles entourées d'une faible nébulosité, alors que, sur le dessin d'Herschel, on constate en cet endroit une sorte de boule très accentuée. » La pose de deux heures, agrandissement dix fois, montre une image ( 225 ) complète de la nébuleuse, et cet objet se révèle à nous sous une forme annulaire. C'est une nébuleuse perforée, comme la nébuleuse de la Lyre. Comme la nébuleuse de la Lyre, comme aussi la nébuleuse de Dumb-Bell, il y a un maximum de condensation aux extrémités du petit axe et aussi un minimum de condensation aux extrémités du grand axe. Seulement, ici, il y a un maximum de condensation bien plus accentuée d'un côté que de l'autre, et le fameux crochet, le fameux €1, n'est plus qu'un accessoire, un simple petit crochet, comme si une spire voulait s'ébaucher en cet en- droit. » Cette même pose de deux heures, agrandie seulement cinq fois, montre combien la matière nébuleuse s'étend au loin. On constate là de petits centres de condensation, disséminés aux alentours, et qui rappellent les environs de la nébuleuse du Triangle dont j'ai présenté une photographie l'année dernière à l'Académie. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Généralisation de la première méthode de Jacobi sur l'intégration d'une équation aux dérivées partielles. Note de M. IV. Saltvkow, présentée par M. Jordan. « Considérons le système d'équations , v f i»A+HA(ar/,à;2, . ..,xn,pm+i,pm+2 p„) = o, I k = i, a, ;. ,im, m<^n, les valeurs/?; désignant les dérivées -^— Leurs conditions d'involution étant identiquement satisfaites, on en conclut que les équations dr dH, (2) dpm+i = Y ;,— — àxk sont aux différentielles totales. Les théorèmes suivants établissent un lien intime entre les problèmes d'intégration des équations (i) et (2). » T. Soit z = Y(xi,xi, ...,xH,b,,b2, ...,bn_m) ■+■ b C. R., t»g9, i« Semestre. (T. CXXV1II, N° 4.) ^° iaG ) une intégrale complète des équations (1), b, &,, bt, . . ., &„_„, étant des con- stantes arbitraires. Je déterminant fonctionnel ne s annulant pas, les équations ô\ à\ "'" " db~Ui' ' = '» 2,...,n — th, a, étant de nouvelles constantes arbitraires, donnent l'intégrale générale du o o système ( 2 ) . » Quanta l'inverse du lliéorème cité, il est nécessaire d'établir préala- blement le lemnie suivant : » En vertu de l'intégrale générale du système (2), la formule vu n —h 2(2 *=l \ i i devient une différentielle exacte, que nous nommons d\J . » II. Soient les constantes arbitraires ah b,, figurant dans l'intégrale géné- rale des équations (2), les valeurs initiales des variables xm+i, />,„,. La qua- drature de la différentielle exacte d[J effectuée, considérons la fonction . h — m V = / dV ^VV^-t-ft, où b est une nouvelle constante arbitraire, Uu la valeur initiale de la fonction U. En éliminant les r/,, donnés en fondions des xh b( par l'intégrale mentionnée, on obtient la valeur de V représentant une intégrale complète, du système (1), et les équations intégrales du système (2) prennent la forme nouvelle ,)\ <)\ » Donc, la fonction \ jouit de tontes les propriétés de la fonction prin- cipale de Jacobi. Nous voulons aussi lui donner le même nom. » Mais passons aux équations (2). Nous proposons de les nommer système canonique des équations aux différentielles tola'es, leur théorie pré- sentant une analogie avec celle des équations canoniques ordinaires. Les ( 2^7 ) théorèmes démontrés donnent lieu à des conséquences remarquables sur l'intégration des équations en question : » 1. Supposons qu'on a n — m intégrales distinctes en involution (') du système (2); son intégration se ramène à une quadrature. » En effet, en joignant ces intégrales aux équations (1), il vient un système en involution, dont l'intégrale complète est définie par une qua- drature. Cela posé, les formules du premier théorème rien que par des différentialions nous donnent les n — m intégrales cherchées du sys- tème (2). » Ce fameux théorème, que M. S. Lie a annoncé (2) sous une forme toute différente, est une généralisation évidente de celui de Liouville ('') sur les équations canoniques ordinaires. » 2. Si l'on connaît k(/c<^n — m) intégrales distinctes en involution du système (2), son intégration revient à celle d'un système canonique aux diffé- rentielles totales d'ordre 2/1 — im — ik. » 3. Le problème d'intégration du système (2) n'exige que n — m opéra- tions d'intégration d'ordre 'in — im, in — -im — 2, . .., l\, 2 et une qua- drature. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les groupes d'opérations. Note de M. G. -A. Miller, présentée par M. Jordan. « A. Une énuméralion de tous les groupes possibles dont l'ordre n'excède pas 35 a été donnée dans les Comptes rendus, t. CXX1I, p. 3- r. J'ai déterminé récemment tous les groupes possibles dont l'ordre est infé- rieur à 64. Le Tableau suivant donne les nombres de ces groupes pour chaque ordre : Ordre 36 Nombre de groupes. . . \\ Ordre 5o Nombre de groupes. . . 5 (') Nous disons que les intégrales sont en involution, quand les parenthèses de Poisson, formées de leurs premiers membres par rapport aux variables xm+i, />,„+,, s'annulent identiquement. H Malh. dan., Bd. XI, S. 469. ; ' Journal de Liomille, 1" série, t. XX, p. 1 '<- . 0 38 39 4o ',i 42 ' 0 f r 44 45 46 47 43 49 1 2 2 i4 1 6 1 4 2 2 i 5 2 2 5i 02 53 54 55 5G 5 7 58 59 60 61 62 63 1 5 1 i5 2 i3 2 2 1 i3 1 2 i ( 228 ) » La plupart de ces nombres peuvent aisément se déduire des formules données par M. Holder dans son article : Die Gruppen der Ordnungen p3 , pq- , pqr, p" (Malhematische Anna/en, t. XLIII, i8o,3). Il y a toutefois exception pour les groupes des ordres 36, 4o, 48, r>4> 56 et 60. Ceux de l'ordre 56 sont donnés par les formulés de M. Levavasseur ('). Ceux de l'ordre 60 sont donnés par M. Burnside, dans son Livre récent, Theory 0/ groups 0/ a faille order. iH;)1-, p. io5. » Le problème de la recherche de tous les groupes de l'ordre 48 est beaucoup plus difficile que ceux pour les autres ordres qui sont donnés plus haut. A cause de cela, nous donnerons quelques résultats importants de ces groupes. Il y a seulement deux groupes de l'ordre 48 qui ne con- tiennent aucun sous-groupe de l'ordre 24- Chacun de ces deux groupes contient 16 sous-groupes conjugués de l'ordre 3 et seulement un sous- groupe de l'ordre 16. Ces sous-groupes invariants de l'ordre 16 sont abé- liens. L'un a 4 générateurs indépendants de l'ordre 2 et l'autre a 2 géné- rateurs indépendants de l'ordre 4- H Y a i4 groupes de l'ordre 48 qui sont les produits directs d'un groupe de l'ordre 16 et le groupe de l'ordre 3; 5 de ces i4 groupes sont abéliens et 1 est hamiltonien (2). » B. Les groupes de l'ordre 54 sont un cas spécial des groupes de l'ordre ip3 . Quand p est un nombre premier impair, il y a i5 groupes de l'ordre ip3 pour chaque valeur de p. 3 de ces groupes sont abéliens, mais aucun n'est hamiltonien. 10 contiennent un sous-groupe abélien de l'ordre p3, mais 2 seulement contiennent 1 sous-groupe circulaire de cet ordre. Tout groupe de l'ordre 2p" contient 1 seul sous-groupe de l'ordre p3. Quand p = 2, il y a seulement 14 groupes, et ces groupes sont bien connus. » C. M. Bagnera a récemment considéré le problème de la recherche de tous les groupes dont l'ordre esl p5 (p étant un nombre premier quel- conque (Annali di Matematica, t. I, p. 137-228; 1898). Dans le cas parti- culier où p — 2, ce problème était résolu comme j'ai dit plus haut. Les résultats de M. Bagnera s'accordent avec les publications plus anciennes dans les cas où les groupes sont abéliens ou contiennent huit opérations qui sont commutatives à chacune des opérations de groupe; mais dans les autres cas, ces résultats ne s'accordent pas. Au sujet de ce désaccord, j'ai (') Levavasseur, Comptes rendus, t. CXX11, p. 5i6. — Milleh, Phil. Mag.} t. XLII, p. i95. (*) Dedeki.nd, Mathematische Annalen, t. \LY11I, p. 54g- ( 23(.t ) examiné encore tous les groupes d'ordre 32, mais je n'ai pu trouver aucune erreur dans les publications plus anciennes ('). » D. Il est facile de voir que le groupe des isomorphismes cogrédients d'un groupe donné (G) ne peut être circulaire, et, s'il estabélien, il ne peut contenir aucune opération dont l'ordre excède le nombre des opérations de I qui sont commutatives à chacune de ses opérations. On peut prouver que le groupe des isomorphismes cogrédients de G n'est pas le produit direct de 2 groupes circulaires si ces groupes ont le même ordre. De là suit que, si le groupe des isomorphismes cogrédients de 1 groupe de l'ordre pa, a<6, est abélien, il ne contient pas d'opérations dont l'ordre excède/?. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur le développement de certaines irrationnelles en fraction continue. Note de M. Crelier. « La valeur v/A, développée en fraction continue, donne, comme terme général, •*> = s/A -(&-/>_,) »p-i(y/I + fe— /•„-,) _ y/A -+- b — /•„_, __ £ _j_ y/ — (6 — rp). A _(&_,•)« '■p 2 b — rP-\ „* A _ 2 b — 'p-\- r„ représente le reste de la division ^— ! et b„ p V n,, p » Ce développement suppose A — (b — rp_, )- = np_, . np; cette formule se vérifie pour les premiers termes, et en la supposant vraie pour deux valeurs np_.x. np_K, on démontre aisément qu'elle subsiste pour le produit suivant : np_, . np. Elle est donc générale. » 1. Remarquons, en outre, que l'on a, dans ce développement, np^>rp, n^r^i, np<^ib, rp<^b. La valeur b2 est le plus grand carré parlait contenu dans A. » Développons maintenant chacune des différences A— i2, A — 22, A — 3'-, . . . , A — l-, . . . , A — b- en produits de deux facteurs n.n' satisfai- (') Miller, Quarlerly Journal 0/ Mathematics, t. XXVIII, p. 232. (2) Hôldeb, Mathematische Annalen, t. XLVI, p. 326. ( 2.'3o ) sant aux conditions énoncées en (i), sans nous inquiéter si ces produits font partie ou non de ceux qui entrent dans le développement de \\. » Prenons-en maintenant un quelconque : — \- = na. na et étudions les valeurs v/ -4- 1 y/ 4- 5. ï = y et — = y . «a ^ «? ^ » On voit aisément que ces valeurs se développent en fractions con- tinues, et ces développements donnent lieu aux trois théorèmes secon- daires suivants : » I. Si, à un moment donné, on a, dans le calcul de y ou de y', np= n} , , ou encore /)p_, = np+i, à partir de np , ,, toute la série des valeurs n qui ont précédé se répète clans l'ordre inverse; les valeurs b^, quotients incomplets, suivent la même loi. » II. Si Ton a une fois un produit n^.n^,, tel que /?,,.= «> et n^, = tïx-h nx-i -ni étant un produit précédemment obtenu, la loi précédente subsiste pour les valeurs n et les quotients incomplets b entre nx et n[t. et en dehors de «>_, et n^,. » III. Si, au contraire, on a n\ = n^ et ri\+t = n[l+l , les valeurs n^ et nv , font partie d'une seconde période qui est la répétition de celle à laquelle appar- tiennent nx et «x+|. » Remarque. — Si une période se produit suivant le théorème III, il est de toute évidence qu'elle commence avec le premier quotient incomplet. » Si cette période présente un quotient incomplet B entraînant la symé- trie prévue aux autres théorèmes, le premier quotient incomplet bt se retrouvera après B, sans recommencer la période. De là au commence- ment de la nouvelle période il est facile de démontrer qu'il v aura encore un quotient incomplet D entraînant une seconde symétrie. » De ceci, nous pourrons établir le théorème général suivant : » Théorème général. — Les valeurs — - = y et — - = y', déduites de A — a2= n0.n^ donnent deux fractions continues périodiques simples, dont l'une a pour quotients incomplets ceux de l'autre pris dans l'ordre inverse. » En effet, le calcul des quotients incomplets nous conduit d'un produit du tableau à un autre; mais, comme le nombre des produits est limité, il ( 23 1 ) arrivera forcément un moment où, retrouvant pour la première fois un fac- teur rip égal à un autre facteur n-, déjà obtenu, on aura les alternatives suivantes : » i° On trouvera un nouveau produit renfermant ce facteur avec un autre permettant de continuer le développement; » 2° Après l'épuisement des produits, ou après une rencontre comme (a précédente, mais où aucun produit ne permet la continuation, on devra se reporter aux deux valeurs qui ont accompagné ny la première fois : I a i "v-nx-i. (//) lly.ll; ,. » On ne peut pas continuer suivant (a) avec n^+{ = »)._i, car la symétrie résultante (théorème II) entraînerait une répétition antérieure. Le pro- duit (&) avec 7!).+ , = n^f.f permet la continuation. Il en résulte alors cpie la période recommence en n^, avec le premier quotient incomplet du dé- veloppement, et sans symétrie, puisqu'il n'y a pas eu de termes répétés antérieurement. » 3° Si cette alternative ne se présente pas, il ne restera plus comme issue que l'une des deux formes ci-dessous : ou le produit (e) W-,; ce produit entraîne alors n^, = nv__t. » Dans ces deux cas, la symétrie se produit à partir de ces valeurs. Il est alors facile de démontrer que, après la répétition du premier quotient incomplet, par raison de symétrie, il existe une nouvelle symétrie depuis cette répétition jusqu'au commencement de la deuxième période. Donc la fraction continue est périodique simple, sans symétrie, ou avec une symétrie double. » Les lois qui régissent la symétrie des quotients incomplets et des pro- duits permettent d'établir que le quotient complet qui suit la répétition du premier terme dans y est la valeur y' elle-même. Lu outre, le dernier terme de la période étant égal au premier terme de la seconde moitié, et ainsi de suite pour les autres, la valeur y' est formée des quotients incomplets de y pris dans l'ordre inverse. Un raisonnement analogue se fait aussi quand il n'y a pas symétrie. » ( 232 ) GÉOMÉTRTE. — Sur la déformation des quadriques de révolution. Note de M. C GriciiARD, présentée par M. Darboux. « J'ai déjà établi {Comptes rendus, 18-8 ) que la déformation des qua- driques de révolution qui ont un centre se ramène à celle de la sphère. Les théorèmes qui suivent, théorèmes qui sont une conséquence immédiate de la théorie des systèmes de cercles et de sphères que je développerai prochainement, mettent en évidence les relations géométriques qui existent entre les déformées de la sphère et celles des quadriques de révolution. » I. Soient M un point d'une quadrique de révolution dont l'axe a une. longueur ia; F, et F., les foyers de celte quadrique, cp, et ç2 les symétriques des foyers par rapport au plan tangent en M ; M' le point qui correspond à M sur une déformée de la quadrique; transportons la quadrique de façon que le point M vienne en M' et que les tangentes correspondantes en M et M' viennent coïncider; les points F,, F., o,, o... prennent les positions F,, F'a, ç'4, f'a; ces points V \ , F.., o\ o '„ décrivent des surfaces dont la courbure moyenne est égale à -• a » Il en résulte que les milieux des segments F", 4- . . ■ +- \r = o, ont mêmes directions principales au point commun x{, ..., xa\ et leur équation normale est comprise dans une formule unique où les coeffi- cients de 'C2 sont des fonctions du premier degré de m, ceux de 'Ç, du second degré, etc., la surface (2) correspondant au cas de m — o. » 3. Supposons que y, = o, ya = o, . . ., yH h, = o soient les équations de n -+- 2 sphères orthogonales deux à deux. « La surface (1) A,/v, hA,/j2-h...-t-A„ ,lya 2 = C a mêmes directions principales que V, r . /Y.A! A,(f )+-*,(£) ■+-... : V„ .( / ) = ". aux points .r,, a.,, . . .. xa. Elles sont donc données par les tangentes aux intersections des surfaces V1 \- ' > " 11 ri • A, \, -l . . . ; () }. prenant les n — 1 valeurs racines de l'équation A , \ \ „ V* ' 1 " I a t ( 235 ) » La surface (i) admet donc des lignes de courbure coordonnées. Elles sont données par l'intersection de cette surface avec l'enveloppe des surfaces \ A, /VS \ A. /v2 \A où >. désigne le paramètre variable et // une constante arbitraire. Dans le cas de n = 3, on a le système donné par M. Darboux (Leçons sur les systèmes orthogonaux el tes coordonnées curvilignes, p. r 43 ). » Se rapportant au paragraphe précédent, on voit que la surface admet des lignes de courbure coordonnées quelles que soient les con- stantes R. » 4. Pour les surfaces du second degré, "(2 divise (^ ; on en déduit «,-PU;, a«.= PU?, .... fl^.^PU;.,, U, étant une fonction de //, paramètre de la ligne de courbure tangente à l'axe des \te\. P désignant le produit U, IL . . .U„_, . Le quotient de t:! par £2 est la différentielle totale de 7(a, a,. . .a„_,). » ÉLECTRICITÉ. — Sur l 'expression de l'énergie d'un circuit cl fa loi de V électro- aimant. Note de M. A. Perot, présentée par M. Potier. « Considérons un circuit placé dans un milieu magnétique en totalité ou en partie. Si I, est l'intensité du courant qui parcourt ce circuit, 0, le flux d'induction produit et entraîné par lui, l'énergie du système peut être re- gardée comme entièrement déterminée si l'on connaît I, ou la valeur de l'induction B, en chaque point du champ, ou encore, si le tracé des lignes de force, étant donnée la valeur du flux ,, est donné. » On peut donc calculer l'énergie intrinsèque de ce système en le sup- posant à l'origine dans l'état mécanique où il se trouve à l'instant consi- déré et faisant croître l'intensité du courant depuis la valeur O qui corres- pond à l'origine jusqu'à la valeur I(; la partie de l'énergie fournie par la source qui n'aura pas été convertie en chaleur sera l'énergie du système. » Or, dans un pareil système, d'après la loi de l'induction, lors d'une variation d\ du courant, produisant une variation rM> du flux, l'énergie ( a36 ) fournie par la source est I <7 ; l'énergie totale sera donc I ii Ir/ est une fonction de I. » D'ailleurs, si la courbe liant le flux à l'intensité est la courbe ci-contre, l'intégrale ci-dessus sera représentée par l'aire OM, que si la courbe est une droite, et il n'en sera ainsi que si la perméabilité est indépendante du courant et, par suite, de la force magnétique. » Il en résulte que, sauf dans le cas exceptionnel où le milieu n'est pas magnétique, l'expression ne représente pas l'énergie du circuit, et celle-ci dépend de la loi qui lie le flux à l'intensité. » Dans le cas d'une perméabilité décroissant comme celle du fer à la température ordinaire, la valeur de l'énergie est plus petite que ~ I<î>. » Les formules donnant l'attraction d'un électro sur son armature et tirées de l'expression inexacte de l'énergie indiquée ci-dessus sont cepen- dant exactes dans le cas où un déplacement infiniment petit de l'armature peut être considéré comme n'ayant pas d'influence sur le tracé des lignes de force dans le milieu magnétique. » Lors d'un déplacement de l'armature opéré en laissant le flux constant par exemple, la valeur de l'induction et celle de la perméabilité restent les mêmes en chaque point; il suffit dès lors de considérer le système comme ayant en chaque point une perméabilité constante; les forces d'attraction exercées par le système réel et par le milieu hypothétique à perméabilité constante seront les mêmes. Or, l'énergie de ce dernier est ^1,$,, et le tra- vail extérieur dû dans une variation à flux constant, uniquement à la varia- tion de l'énergie intrinsèque, sera^$r/I. Il n'y a dès lors qu'à achever le calcul suivant la méthode habituelle pour arriver aux résultats connus. « Dans le cas où le déplacement infiniment petit de l'armature altérerait le tracé des lignes de force, la formule usuelle donnerait des résultais inexacts. » ( 237 ) PHYSIQUE.— Sur l'action chimique des rayons X. Note de M. P. Vim-ard ( ' ), présentée par M. J. Violle. « Dans une Note antérieure ("-), j'ai montré que le platinocyanure de baryum, modifié par les rayons X, est complètement régénéré par la lu- mière : il reprend sa couleur normale, qui avait fait place à une teinte brune, et il recouvre sa fluorescence primitive. » Dans cette expérience, l'action de la lumière est exactement inverse de celle des rayons X, et détruit l'effet produit par ceux-ci. Cet antago- nisme se manifeste, et d'une manière beaucoup plus apparente, avec les plaques photographiques au gélatinobromure d'argent. » Supposons, par exemple, qu'une préparation de ce genre ait été sou- mise à l'action des rayons X pendant un temps suffisant pour qu'au dé- veloppement elle devienne franchement noire; avant de procéder à cette dernière opération, exposons pendant quelques instants une moitié de la plaque à la lumière du jour ou d'une source artificielle. Sous l'action ultérieure d'un révélateur quelconque (oxalate ferreux, hydroquinone, cristallos, etc.), la moitié non insolée devient noire, comme on devait s'y attendre, mais l'autre moitié est seulement grise ou même reste tout à fait blanche (ce dernier résultat s'obtient, au moins pour certaines émulsions, avec une durée de pose de cinquante secondes environ à 4ocm d'un fort bec Auer). » Toutes les préparations que j'ai essayées donnent des résultats ana- logues, mais avec des durées d'éclairement très différentes. » L'action de la lumière peut donc, en quelque sorte, effacer l'im- pression produite par les rayons X. Le bromure d'argent, toutefois, ne re- vient pas complètement à son état initial; il a perdu presque complètement sa sensibilité. » Dans cette expérience, avant le développement, la moitié insolée de la plaque est un peu plus sombre que l'autre; sous l'action du révélateur, l'égalité de teinte se rétablit d'abord en quelques secondes, puis la moitié non insolée se développe seule ou au moins d'une façon prépondérante. » Au lieu d'emplover la lumière blanche, on peut recevoir un spectre sur (') Travail fait au laboratoire de Chimie de l'Ecole Normale supérieure. (2) Comptes rendin;. t. CXXVT, p. i/|i|. ( 238 ) la plaque impressionnée : on constate alors que la région la plus active du spectre est exactement la même que dans les conditions ordinaires; elle correspond, en effet, aux radiations plus particulièrement absorbées par le bromure d'argent. Mais en même temps d'autres rayons sont devenus efficaces : avec les plaques Lumière (marque bleue), il y a un second maximum d'action entre les raies B et C. Ce deuxième groupe actif s'étend jusqu'au commencement de l'infra-rouge, il est séparé du premier par une région qui est à peu près neutre si l'exposition aux rayons X a été de courte durée (cinq secondes environ); avec les plaques Jongla (verte) le panchromatisme (défalcation faite du maximum d'action en F et G) pa- raît être beaucoup mieux réalisé. On obtient une épreuve complète du spectre jusque dans l'infra-rouge. Après impression par les rayons X, ces plaques sont devenues sensibles aux rayons peu réfrangibles qui sont capables de traverser trois feuilles de papier noir épais. » Les radiations ordinairement actives, surtout celles qui sont voisines de G, donnent lieu à un phénomène complexe facile à prévoir : si, par exemple, l'impression par les rayons X est très faible, le bromure est in- suffisamment modifié; on a alors une épreuve négative de la partie la plus réfrangible du spectre. Au contraire, les radiations auxquelles est ordinai- rement insensible le bromure d'argent ne produisent que le phénomène de la destruction de l'effet dû aux rayons X. et donnent une image positive. » On peut obtenir des résultats semblables, mais moins apparents, sans l'aide du révélateur. Il suffit d'exagérer un peu les temps de pose. Si l'on soumet aux rayons X une plaque sensible dont une région est protégée par du plomb, la silhouette du plomb, après cette expérience, se détache fai- blement en clair; c'est une image négative. Sous l'action de la lumière, cette image s'efface peu à peu, puis reparaît inversée et beaucoup plus visible. Si l'on prolonge l'exposition à la lumière, il v a solarisation de la région qui n'a subi que l'action de la lumière et l'image s'efface. Elle reparaît ensuite, inversée de nouveau, c'est-à-dire négative. Toutefois si l'on développe à ce moment, c'est une épreuve positive que l'on obtient. » Diverses expériences permettent de bien mettre en évidence l'action destructive des ravons lumineux : » i° Sur une série de plaques photographiques ou sur divers casiers pris sur une même plaque, on radiographie des lames de plomb. On expose ensuite ces plaques à la lumière, la première pendant une ou deux secondes, les suivantes pendant des temps de plus en plus considérables. Après développement, on a une série d'épreuves dans lesquelles le fond, c'est-à-dire la partie qui a subi successivement l'action des ravons \ ( ^9) el celle de la lumière, va s'éclaircissant jusqu'au blanc pur, la silhouette du plomb passant inversement du blanc au noir. » 2" Une glace sensible est impressionnée sur toute sa surface par les rayons X : on s'en sert ensuite pour faire une photographie avec un appareil ordinaire, en ayant soin d'exagérer la durée de pose el de la porter à trente secondes environ (en hiver). Les lumières de l'image détruisent l'action des rayons X, et cela d'autant plus qu'elles sont plus intenses. On obtient alors, au développement, une épreuve positive très bonne, d'autant meilleure que l'émulsion est devenue presque panchromatique. Le développement peut s'effectuer avec un éclairage assez intense; le voile n'est pas à redouter, mais plutôt l'affaiblissement des noirs de l'image. Dans cette expérience, l'image est visible sur la plaque au sortir du châssis; elle est à ce moment négative. Elle s'inverse au développement. » 3° On fait une radiographie à la manière ordinaire, et l'on expose ensuite la plaque à une vive lumière (quarante à cinquante secondes d'exposition à 4oom d'un fort bec Auer). Sur toutes les régions frappées par les rayons X, l'action de ceux-ci est détruite par celle de la lumière : les parties protégées par les objets radiographiés seront, au contraire, impressionnées comme à l'ordinaire par les rayons lumineux. On voit alors apparaître une image positive faible, qui devient intense quand on fait agir le révélateur. Le développement peut sans inconvénient s'effectuer en pleine lumière, devant une fenêtre, par exemple, ou un bec de gaz. Avec des durées de pose convenablement choisies, l'épreuve est absolument exempte de voile et donne d'aussi bonnes demi-teintes qu'une radiographie ordinaire. » foules les émulsions ne conviennent pas pour réussir ces diverses expériences, mais le sens du phénomène reste néanmoins toujours le même. » Je me propose de continuer ces recherches, dans le but de préciser davantage le mode d'action particulier aux rayons X. Cette action paraît présenter, comme on le voit, une analogie étroite avec celle des rayons lumineux, mais avec une netteté beaucoup plus considérable. » CHIMIE ORGANIQUE. — Action des oxydants sur quelques composés aromatiques ( ■ ). Note de MM. Œcusneu de Coxixck et A. Combe. « Nous avons continué cette élude en faisant agir le mélange chromique sur quelques dérivés aromatiques azotés. » \ous nous sommes d'abord demandé s'il n'j aurait pas dégagement d'azote à la fin des réactions oxydantes; nous avons soumis alors de Vorlho-ainido-phénol à l'ac- tion du mélange chromique, et nous avons analysé le contenu des éprouvetles succes- (') Institut de Chimie de la Faculté des Sciences de Montpellier, janvier 1899. < 240 ) vivement recueillies. Nous avons constaté que la décomposition avec formation de CO- élait uniforme, et la moyenne des analyses a été la suivante (résultats volumétriques rapportés à 20cc) : C02= 19", 5; On- air = o'c,5. » Le para-amido-phénol nous a fourni identiquement les mêmes résultats. « Les trois acides amido-benzoïques isomériques sont attaqués plus ou moins éner- giquement parle mélange chromique, en fournissant de grandes quantités d'anhydride carbonique pur. Moyenne de six analyses : CO* =. 1,9e0, 6 ; O -+- air = o,c, !\. — il se forme en même temps des matières colorantes. » Uortho et le para-iiitro-phénol sont décomposés dans le même sens avec des vitesses différentes. » Le para-nitro-toluène offre une résistance remarquable à l'action du mélange chromique; la décomposition n'est que partielle, mais le produit est du gaz carbo- nique pur. » \J acide picrique est décomposé à chaud. Voici le résultat de deux analyses : C02 = i9cc, 5; O-r- air =occ,5. » Il n'en est pas de même de \" acide picramique, qui fournit beaucoup de gaz car- bonique, mais laisse dégager une faible quantité d'azote : 1. co*= 1 / ) U î Az = 1 ce 1 > 7' 0 -r- air = occ, 7 ; II. CO!=r 17", 6; Az.rrz 1 , o , 0 -\- air =oM,6.' » Nous avons enfin essayé l'action du mélange chromique sur deux amides aromatiques et sur un alcaloïde de la même série. « La benzamide est assez difficilement décomposée dans les conditions où nous avons opéré; la décomposition delà salicylamide est sensiblement plus rapide; il s'est dégagé du gaz carbonique pur dans les deux expériences. » \Jhydrobenzamide n'est que partiellement attaquée, et la proportion de GO' dégagé était faible. » En résumé, nos nouvelles expériences confirment entièrement les con- clusions de notre précédente Note. » CHIMIE ORGANIQUE. — Action du protochlorure d'iode sur le monochloro- benzéne en présence du chlorure d'aluminium anhydre. Note de M. A. Mouneyrat ( ' ), présentée par M. Friedel. « Les dérivés chloroiodés de la série aromatique sont encore très mal connus. La plupart de ceux qui existent ont été préparés à l'aide des (') Travail fait au laboratoire de .M. le Professeur Friedel (Sorbonne). ( M> ) aminés chlorées correspondantes dans lesquelles on a remplacé, en pas- sant par leurs dérivés azoïques, le groupe amidogène AzIP par un atonie d'iode (I). » Je me suis demandé s'il ne serait pas possible de préparer directement ces composés halogènes mixtes en prenant pour point de départ les déri- vés chlorés eux-mêmes, dans lesquels on remplacerait un atome d'hydro- gène du novau aromatique par un atome d'iode. Je me suis adressé, pour effectuer cette substitution, au protochlorure d'iode (Cl I) bouillant à la pression normale à ioj°. » Il était, en effet, intéressant de vérifier si, dans ce composé (Cil), l'iode se comporterait, vis-à-vis des carbures aromatiques chlorés et sous l'influence du chlorure d'aluminium, tout comme un radical gras vis-à-vis des mêmes carbures dans la méthode de MM. Friedel et Crafts. En un mot j'ai voulu constater si la réaction générale suivante pouvait avoir lieu sous l'influence de AlCl3 : C6 HmCl" -+- Cil = C° H<*-*>C1" I -H H Cl. » Inexpérience est venue confirmer mon attente. » Dans un ballon de 700e0 de capacité, bien sec, j'ai placé 5oosr de monochloroben- zène (C6H5CI) bien privé d'eau et ioo°r de chlorure d'aluminium anhydre et bien pulvérisé. Ce ballon, plongeant dans un bain-marie, est fermé par un bouchon à deux trous dont l'un reçoit un réfrigérant ascendant vertical, l'autre une ampoule à brome. On porte le mélange ( C6H5C1 -t- AlCla) à la température de 55°-6o°, en ayant soin d'agiter de temps en temps. Dès que celte température est atteinte, on fait arriver en mince filet le protochlorure d'iodé dans le ballon souvent agité. Dès que ce der- nier composé arrive au contact du monochlorobenzène, il se produit un dégagement rapide de gaz chlorhydrique; en même temps la masse se colore en violet par suite de mise en liberté d'iode. On recueille le gaz chlorhydrique dans un matras à eau dis- tillée taré d'avance. On cesse de chauffer lorsque tout le chlorure d'iode, 20osr, ayant été ajouté, l'augmentation de poids du matras est égale à 44sr- » A ce moment, on décante le contenu du ballon de façon à recueillir l'iode qui, en grande quantité, s'est précipité. Le liquide décanté est versé par petites portions dans l'eau distillée additionnée d'acide chlorhydrique, afin de détruire AlCl3, puis lavé successivement à l'eau distillée et à la soude faible, afin d'enlever l'iode dissous. Le liquide incolore obtenu est séché au chlorure de calcium, puis soumis à la distillation fractionnée. » A i33°, passe l'excès de monochlorobenzène (C6HSC1) employé, puis le thermo- mètre monte rapidement vers i65°. La portion qui passe entre I700-i8o° est purifiée par cristallisation dans le benzène, elle est formée par du dichlorobenzène Ccli'\ _,. . , \U (4) du reste en petite quantité. On recueille de même la partie qui passe entre 200°-2i5°, C. H., 1S99, 1" Semestre. (T. CXXVIII, N"4.) ( -^ ) elle e>t formée de trichlorobenzene également en petite quantité. La plus grande partie du produit passe entre 22o°-23o°, elle se solidifie directement à la température ordinaire et, par suite d'une légère décomposition, elle est colorée en violet. » On la soumet de nouveau à la distillation en ne prenant que la portion qui passe eutre 225°-228°. On dissout ce corps dans le benzène, on agite la solution benzénique avec de la potasse afin d'enlever l'iode, on sèche et l'on soumet à la cristallisation. On obtient ainsi des écailles incolores, lesquelles, essorées et séchées entre des doubles de papier-filtre, fondent à 56°-57°. Ce corps est constitué par du para-iodochlorobenzène C6rPCl(l)I(4). » Ce corps résulte, en admettant la théorie de MM. Friedel et Crafts, des deux réac- tions suivantes : (i) C6H5C1 + A1C13= C°H4— Cl — MCI2 + Il Cl, (2) C6H> — Cl — AlCl^-r-ClI = AlCl3-i- GMF— Cl — I. » Cette réaction nous montre que l'iode dans (Cil) s'est comporté tout comme l'aurait fait un radical gras; je ferai cependant remarquer qu'il y a ici des réactions accessoires qui diminuent les rendements, si bien que l'on n'obtient guère plus de 25 à 3o pour 100 du rendement théorique en para-iodochlorobenzènc C6£PCI(i) 1(4). » CHIMIE ORGANIQUE. — Eludes sur la filt ration : les liquides organiques. Note de M. J. Hausser, présentée par M. Friedel. « Dans une Note précédente ('), nous avons montré comment diverses parois, faites de substances amorphes, se comportent par rapport à un même liquide. Nous montrerons aujourd'hui comment ces mêmes parois agissent envers des liquides organiques divers, fdtrant successivement à travers l'une quelconque d'entre elles. » Les substances qui ont été employées pour la formation des parois sont, le kaolin, le noir animal et le phosphate de chaux; les liquides orga- niques qui ont été filtrés successivement ont été choisis parmi plusieurs types fonctionnels de la Chimie organique et l'on trouvera leur nomencla- ture partielle aux exemples que nous citerons. » Les résultats que nous avons obtenus peuvent être condensés en deux règles : » Premièrement : La couche filtrante n'est pas altérée par le passage successif de (') Comptes rendus, 9 janvier 1899. ( 243 ) liquides différents. Nous entendons dire pnr là que les liquides A', B', C, . . . avant successivement passé à travers la même paroi avec des vitesses respectives i, 2, 3, ..., ces vitesses sont encore les mômes si l'on fait repasser une seconde fois les mêmes li- quides dans un ordre quelconque. » Deuxièmement : Quand on change la paroi filtrante, la vitesse relative de filtra- tion des liquides ne change pas. Cela veut dire que si, à travers la paroi A, les liquides passent avec des vitesses relatives 1, 2, 3, . . ., ils passeront à travers la paroi B avec les mêmes vitesses relatives 1, 2, 3, .... » Il est toujours possible, d'ailleurs, de produire avec les diverses substances solides des parois équivalentes telles que les vitesses respectives de filtration des liquides ne changent pas quand on passe d'une paroi à l'autre : cette équivalence dépend d'une certaine épaisseur à donner à chacune d'elles. » En somme, si nous résumons ce que nous avons dit dans la Note pré- cédente et ce que nous mentionnons aujourd'hui, nous arrivons à cette con- clusion générale que, pour une même pression et pour des couches filtrantes équivalentes, chaque liquide organique a son coefficient de filtration propre invariable. Nous avons aussi examiné quelques dissolutions de corps orga- niques dans l'alcool à 900 et nous avons trouvé que ces solutions se com- portent comme les liquides homogènes dont nous venons de parler. » Il est bon de remarquer, pour éviter toute contradiction, que les prin- cipes généraux que nous venons de mentionner ne s'appliquent plus du tout, chose singulière, dès que l'on passe des liquides ou dissolutions orga- niques à l'eau et à ses dissolutions. » Neus donnerons à la suite quelques exemples, à titre explicatif. » Pour le kaolin nous citons un Tableau complet, tandis que, pour le noir animal et le phosphate de chaux, nous ne donnons que les nombres comparatifs trouvés, la vitesse de la filtration de l'alcool à 90° étant prise comme 100. Alcool à 900 55 Alcool absolu ". 38 Alcool à 900 54 Alcool amylique » Alcool à 900 56 Acide acétique 43 Alcool à 900 56 Alcool méthylique. .. . » Alcool à 900 » Chloroforme » Alcool à 900 » K ao in. Nombre de secondes. Noir animal. 100 Phosphate de Ca. roo 56 56 100 4o 39 68, 1 68,1 67,0 56 5 7 » » » i36 -34 23l 226 2.32,9 57 58 » » » 44 44 74, 6 » 77 '4 58 59 » » » 24 23 38; ,4 38,9 38,5 59 60 » )> » 18,4 '7. 8 3o, 9 » 3i 56 5t » » » ( 3*4 ) chimie organique. — Oxydation biochimique du propyl 'gly col ('). Note de M. André Kling, présentée par M. Troost. « Jusqu'à ces dernières années, les acélols gras n'étaient connus qu'à l'état d'éthers. Aujourd'hui, quelques-uns ont été isolés, en particulier l'acélol CHaCOCrFOH, préparé pour la première fois par Perkin junior. Mais il n'existe aucune méthode générale d'ohtention de ces composés. Tel était l'état de la question lorsque parut l'intéressant travail de M. G. Ber- trand concernant l'action de la bactérie du sorbose sur les alcools pluri- valents. Dès lors, je pensai que, sous l'influence de la bactérie étudiée par M. Bertrand, les glycols pourraient être oxydés d'une façon analogue. » Mes prévisions ont été justifiées : j'ai l'honneur de soumettre à l'Aca- démie les premiers résultats auxquels je suis arrivé. » J'ai opéré sur le propanediol i .2 (propvlglycol). » Un bouillon d'eau de levure (levure fraîche de brasserie), contenant environ 56' par litre d'extrait sec, a été additionné de is% 5 pour 100 de propylglycol bien purifié puis disposé dans des fioles bouchées au coton, le tout stérilisé cinq minutes à ijo° et ensemencé largement à l'aide d'une culture pure de la bactérie du sorbose. Cette culture m'avait élé très obligeamment donnée par M. G. Bertrand. L'essai porta sur de liquide réparti dans deux fioles, sur une épaisseur de 3rm environ. Après ense- mencement, les bouillons furent abandonnés dans l'étuve à la température de 3o°. Au bout de deux jours, les premiers filaments commencèrent à sillonner le liquide, les cultures se développèrent rapidement et envahirent toute la masse. Au bout de vingt jours, chaque culture avait formé une zooglée volumineuse emprisonnant une grande quantité de liquide, tandis qu'une pellicule de r11"1 environ occupait la surface du bouillon. Cette pellicule, plus dense pnr endroits, se montrait moins épaisse que celle obtenue dans les même conditions sur bouillons à la glycérine. » Après vingt jours, le développement parut s'arrêter. Le contenu de l'une des fioles avant élé filtré et la zooglée exprimée pour lui faire rendre le liquide qu'elle retenait, on obtint une solution réduisant abondamment la liqueur de Fehling déjà à froid, beaucoup plus rapidement à chaud. » Les matières extractives y furent éliminées à l'aide de quelques centimètres cubes d'une solution de sous-acétate de plomb à T'„ ; après séparation de l'excès de sel de plomb par l'acide sulfurique, et neutralisation de l'acide sulfurique libre par l'acétate mde, le produit d'oxydation a été isolé de celte liqueur à l'aide du chlorhydrate de phénylhj drazine. (') Travail fait au laboratoire d'Knseignement chimique et de recherches à la Sor- lionne. ( 245 ) » La précipitation a été faite à l'ébullitibn en employant une solution contenant: Chlorhydrate de phênylhydrazine 2 Acétate de soude 3 Eau ; 20 » Il se produisit un précipité jaune, grenu, formé de cristaux microscopiques, qui, après décantation, fut redissous dans l'alcool à 900 bouillant, où il n'est d'ailleurs que peu soluble, bien que ce soit son meilleur dissolvant. La poudre jaune, obtenue par refroidissement et évaporation de la solution alcoolique, fut séparée, essorée et lavée à la trompe à l'aide de quelques gouttes d'alcool froid, enfin séchée et analysée. Elle a donné les résultats suivants : Points de fusion = i44°_I 46°; 0 = 70,80; 11 = 6, 5o; Az = 22,o6 et 21,72. » Les résultats, calculés pour l'osazone de l'acétol décrite par Perkin et fondant à i45°, sont : 0 = 71,42; H = 6,57; Az = 22,01. » Le produit d'oxydation semble donc être l'aldéhyde pyruvique, mais, d'autre part, l'acétol donnerait la même osazone. M. Bertrand ayant montré que dans les alcools plurivalents c'est l'une des fonctions alcooliques secondaires qui est touchée, il est plus vraisemblable de croire que c'est l'acétol qui s'est produit. De nouvelles expé- riences sont entreprises dans le but d'élucider ce point. » Comme il a été dit plus haut, on n'a obtenu environ que i?11,] d'osazone, ce qui correspond à un rendement de j^ par rapport à la quantité de glycol introduite. » J'ai en outre l'intention de poursuivre l'étude de cette transforma- tion des çlvcols sous l'influence des ferments oxydants et de voir si cette réaction est générale, enfin de rechercher l'influence de l'isomérie stéréo- chimique sur la marche de la fermentation. » Il reste un mot à dire au sujet du mode de purification appliqué au propylglycol employé. Au début, j'ai éprouvé de nombreux échecs en cherchant à cultiver la bactérie dans les bouillons contenant le propylglycol pur commercial ou ce même produit purifié par plusieurs fractionnements sous pression très réduite. » Je me rendis compte que cette purification était illusoire et n'avait d'autre résultat, dans le cas présent, que de souiller davantage la matière première de produits antiseptiques ; en effet, au fur et à mesure que les fractionnements se multipliaient, les liquides obtenus se montraient déplus en plus actifs vis-à-vis de la fuchsine décolorée qu'ils recoloraient aussitôt. On n'arrive pas à de meilleurs résultats en utilisant la réaction du bi- sulfite de soude. ( ^6 ) ■ » J'ai donc été amené à rejeter l'emploi de la chaleur et de tout réaclit chimique et à n'employer que des dissolvants faciles à éliminer. Ayant en effet remarqué que le glycol soi-disant pur du commerce possédait une odeur empyreumatique et se troublait par addition d'eau, j'ai mis à profit celte observation. Le propylglycol à purifier a été mélangé à son volume d'eau et le liquide trouble provenant de cette opération, épuisé à cinq ou six reprises par quelques centimètres cubes d'élher; il en est ré- sulté un liquide limpide d'où l'éther a été chassé en portant le tout à 4°° au bain-marie; quant à l'eau, elle a élé séparée du propylglycol par expo- sition du liquide dans le vide en présence de CaCP sec. J'ai obtenu ainsi un propylglycol à peu près dépourvu d'odeur et ne réagissant plus sur la fuchsine décolorée. » J^a solution éthérée a laissé, par évaporalion, quelques gouttes d'un liquide huileux, insoluble dans l'eau, mais en quantité insuffisante pour qu'il m'ait été possible d'en rechercher la composition. » ANATOMIE ANIMALE. — Sur des éléments à bâtonnet dans l'organisme d'un Vertébré. Note de M. P. Stepii.w, présentée par M. Edm. Perrier. « La récente publication d'un travail de M. Runstlcr sur les Dumonlia ophelarium, ces « éléments particuliers de la cavité générale des Ophélies » qui possèdent dans leur intérieur une baguette profondément différenciée par sa structure et sa constitution chimique, meta l'ordre du jour l'étude des formes que l'on pourrait leur comparer. L'extrême rareté d'organismes analogues, en dehors des Annélides en question, nous engage à faire con- naître l'observation que nous avons pu faire de corps rappelant, jusqu'à un certain point, ceux qui ont été décrits par M. Runstler. » Au cours de recherches d'un autre ordre, nous avons trouvé, dans la pulpe d'un des rayons cornés d'un arc branchial de Merluccius vulgaris, un amas de petits corps cellulaires, un peu irréguliers, renfermant un long bâtonnet cylindrique arrondi à ses deux extrémités, droit ou légèrement infléchi. La plupart sont enfermés dans un vaisseau dont la lumière en est obturée; quelques-uns sont répandus tout autour, mais nous ne pouvons dire si c'est leur position originelle ou s'ils y ont été amenés au cours des manipulations. A côté du bâtonnet se voit un noyau petit, dont la présence provoque un renflement du corps cellulaire. Ce dernier ne possède pas de pseudopodes, mais cette absence pourrait n'être due qu'à l'insuffisance de ( 247 ) l'action du fixateur qui n'a pu pénétrer que lentement à travers la paroi compacte du ravon corné. En général, du côté opposé au noyau, le proto- . plasma est étroitement appliqué sur le bâtonnet et ne se voit pas; mais, chez quelques-uns, on le voit au contraire flotter sous l'apparence d'une membrane légère. Le bâtonnet mesure de \'\/8i se fixe à côté de la précé- dente sur les branches de la grande furca et s'atlache aux cornes latérales du grand phragma Phr. i. m, t. qui fournit l'insertion postérieure des muscles vibrateurs lon- gitudinaux. Il agit sur la position de ce grand phragma. La paire de grands muscles MS'i qui termine les branches de la furca va s'attacher sur les pleurae du mésonotum et agit sur la position de la paroi latérale du mésothorax. » PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Relations entre l'intensité de la coloration verte des feuilles et V assimilation chlorophyllienne (' ). Note de M. Ed. Griffon, présentée par M. Gaston Bonnier. « Un certain nombre de plantes appartenant à des variétés ou à des espèces voisines ont un feuillage dont la coloration verte offre normalement des intensités très diverses. Je me suis proposé de rechercher quelles rela- tions il peut exister entre cette intensité et l'énergie avec lacpielle les feuilles considérées décomposent l'acide carbonique; je voulais en même temps voir s'il est possible dans tous les cas d'expliquer les différences d'assimilation simplement par la structure des feuilles et la quantité de chlo- rophylle, ou si, au contraire, on ne serait pas dans la nécessité d'invoquer parfois l'influence d'autres facteurs, la spécificité du pigment vert, l'activité propre des leucites, par exemple. » Les variétés et espèces sur lesquelles il s'agissait d'expérimenter étaient choisies de telle façon qu'elles aient des feuilles dans le même état (') Ce travail a été fait au laboratoire de Biologie végétale de Fontainebleau, dirigé par M. Gaston Bonnier. ( 254 ) de développement, qu'elles aient vécu côte à côte dans le même sol, exposées aux mêmes conditions météorologiques. » Mes expériences ont porté sur des variétés ou espèces voisines appar- tenant aux Céréales, aux Laitues, Fuchsias, Bégonias, Vignes, Rosiers, Troènes, Cannas, Chrysanthèmes, Spirées, Pêchers et Pruniers. » Céréales. — Je dois à l'obligeance de M. de Vilmorin une liste assez longue de Céréales dont le feuillage est, soit d'un vert foncé, soit d'un vert tendre ou jaunâtre, pour la même espèce. Mes recherches ont été faites à la fin d'avril au moment où les plantes atteignaient de om,5o à o'",8o de hauteur et étaient pourvues d'un feuillage abondant et bien vigoureux. » En faisant assimiler des feuilles de même âge dans de petites éprouvettes aplaties, j'ai trouvé par exemple que le Blé Suisse, dont la feuille est pâle, décompose moins d'acide carbonique par unité de surface que le Blé rie Crépi et que le Blé de l'île de Noë, dont la teinte, chez ce dernier surtout, est notablement plus foncée. Mais ces différences ne sont pas aussi grandes qu'on aurait pu le supposer. Ainsi, le Blé Suisse a une énergie assimilatrice qui, rapportée à celle du Blé de Crépi, r-i mesurée par 0,93, et, à celle du Blé de Noë, par 0,80. Je désignerai, dans la suite, sous le nom de rapport d'assimilation, le rapport de la quantité d'oxygène dégagé par les feuilles les moins vertes à la quantité d'oxygène dégagé par les feuilles les plus vertes, pour une même surface. » Avec le Seigle émeraude, qui est d'un vert tendre luisant, et le Seigle d'Ile, qui est glauque, il y a égalité d'énergie assimilatrice. Il est bon de remarquer que la teinte glauque, plus prononcée encore dans le Blé de Noë, est due à la présence de cires épidermiques qui n'ont rien à voir avec la matière verte. » Entre VOrge Chevalier, qui a les feuilles foncées, et l'Orge nue grosse, les rapports d'assimilation sont voisins deo,go. Il en est de même avec V Avoine noire de Bussie et V Avoine noire de Brie dont la teinte est plus pâle. » Les différences d'assimilation, sauf pour le Blé de Noë et le Blé Suisse, sont donc peu accusées. Si l'on examine des coupes transversales de feuilles, on voit que les cliloroleuciles sont à peu près identiques dans les variétés vertes et blondes; mais chez ces dernières, ils paraissent un peu moins nombreux dans chaque cellule et le paren- chyme assimilateur n'est pas aussi bien développé. Il y a donc, ici, concordance par- faite entre les résultats physiologiques et les données anatomiques. » Laitues et Bomaines- — On cultive dans les jardins des variétés de Laitues et de Romaines qui se distinguent très nettement par la coloration de leurs feuilles. Je ci- terai par exemple la Laitue blonde maraîchère et la Laitue grise ou plate maraî- chère qui sont d'un vert pâle alors que la Laitue d'Alger et la Laitue Palatine sont d'un vert foncé; il y a aussi des Bomaines blondis et des Romaines brunes. Or en comparant entre elles les feuilles de ces plantes, j'ai obtenu des rapports d'assimilation voisins de 0,80. Les différences sont, comme on le voit, plus grandes que pour les Cé- réales; mais les feuilles des variétés brunes sont plus épaisses et leurs cliloroleuciles sont plus gros et à teinte plu-, foncée. J'ai d'autre part contrôlé les résultats précédents en mesurant l'augmentation des poids secs dans les deux variétés; les résultats obtenus par cetle méthode sont très analogues à ceux que fournil la première. 0,169 o»i79 o,o5o o,o56 0,073 0,080 ( 255 ) « Fuchsias. — Trois variétés ont été étudiées : Mazeppa, Blanche de Castille et Champion. La première seule a des feuilles d'un vert foncé; celles de la seconde sont d'un vert pâle un peu terne avec des nervures blanchâtres, tandis que dans la troisième la teinte verte est légèrement plus foncée et luisante et les nervures sont colorées en rouge. Or ces feuilles, dans le même temps et par unité de surface, ont dégagé des quantités d'oxygène mesurées par les chiffres suivants. Mazeppa. Blanche de Castille. Champion. ce ce ce ire expérience 0,216 2e expérience 0,061 3e expérience o , 1 1 5 » Or les variétés Mazeppa et Blanche de Castille onl des feuilles également épaisses et de même structure; mais les chloroleucites dans la deuxième variété sont moins nombreux et surtout moins verts; leurs granulations incolores sont très apparentes. » Quant à la troisième variété, ses feuilles, moins épaisses (180!* au lieu de 2^0^), devraient assimiler moins que dans la variété Blanche de Castille, vraisemblablement dans la proportion des trois quarts environ; mais, par contre, ses chloroleucites, un peu moins verts que dans la variété Mazeppa. sont plus foncés que dans la variété Blanche de Castille, et les granulations incolores n'apparaissent pas. » La structure des feuilles et l'examen des chloroleucites permettent donc ici encore d'expliquer les différences d'assimilation. Il en est de même chez des variétés de Bégonias et de Vigne; les rapports d'assimilation étant de o,58 pour les premières de ces plantes et de 0,92 pour les secondes. Mais il n'en est pas de même pour les plantes suivantes : » Cannas. — Deux variétés, l'une à feuillage vert foncé, bleuâtre même, l'autre à feuillage vert clair, ont dégagé des quantités d'oxygène très voisines : 2™, 20 contre 2rr, i/j dans la première expérience; o^o^ et occ,o,2i dans la deuxième; occ,833 et onc,8i6 dans la troisième, etc. Les différences sont, comme on le voit, presque nulles et pourtant le mésophylle de la variété foncée est plus épais (170^ au lieu de 1 35E1-) et ses chloroleucites sont plus gros et plus verts; enfin l'énergie respiratoire des feuilles rapportée à l'unité de volume est la même chez tous les individus. » Chrysanthèmes. — Les rapports d'assimilation s'élèvent jusqu'à r,o5 et 1,10. La feuille foncée assimile le moins, quoique plus épaisse et à tissu palissadique plus vert. » Spirées. — Les énergies assimilatrices sont égales chez le Spirœa Billardi à feuilles blondes et le Spirœa Beresiana à feuilles foncées et glauques. » Pêchers. — Deux variétés, l'une à feuilles vertes, l'autre à feuilles blondes, dé- composent l'acide carbonique avec la même intensité. Les feuilles blondes diffèrent des feuilles vertes en ce qu'elles possèdent des plages de tissu lacuneux moins riches en chlorophylle et d'autres plages intéressant tout le mésophylle dont les cellules ont des chloroleucites moins verts. « Pruniers. — La Beine-Claude dorée, qui est foncée, et la Beine-Claude dia- phane, à feuillage blond, se comportent comme les Pêchers ; pourtant, les feuilles sont moins riches en chlorophylle dans la seconde variété que dans la première. ( 256 ) » Conclusions. — La coloration verte plus ou moins foncée des feuilles adultes développées dans les mêmes conditions de milieu et appartenant à des plantes de variétés et d'espèces voisines ne permet pas toujours d'expliquer, et, à plus forte raison, de prévoir l'intensité de la fonction chlorophyllienne. Si, le plus souvent, des feuilles très vertes ont une énergie assimilatrice supérieure à celle de feuilles d'un vert pâle (Céréales, Laitues et Romaines, Bégonias, Fuchsias), il arrive que des feuilles avant la même teinte assimilent différemment (Fuchsias), ou que des feuilles d'un vert pale assimilent autant et même plus que des feuilles dont la teinte est plus foncée (Pêchers, Pruniers, Cannas, Chrysanthèmes). » L'épaisseur du mésophylle, sa structure, et, en particulier, le déve- loppement du tissu palissadique ; le nombre, la dimension et la teinte des chloroleucites dans chaque cellule sont autant de facteurs dont les varia- tions ont sur la coloration verte des feuilles des effets soit concordants, soit opposés; leur action sur la décomposition de l'acide carbonique donne une résultante que l'expérience seule peut faire connaître dans son sens et sa grandeur. » Cette résultante semble même, dans certains cas, en contradiction avec les données déduites de l'Anatonhe. Il y a donc d'autres causes (peut- être l'activité propre des chromoleucilcs ou la nature différente des chloro- phylles) qui font varier l'assimilation. » BOTANIQUE. — Sur les feuilles primordiales des Cupressinées. Note de M. Aug. Daguillon, présentée par M. Gaston Bonnier. « J'ai communiqué à l'Académie, il y a quelques années ('), des obser- vations relatives à l'organisation des feuilles, dites primordiales, qui suc- cèdent immédiatement aux cotylédons chez les Conifères de la tribu des Abiétinées : celte organisation est, à plusieurs égards, intermédiaire entre celle des cotylédons et celle des feuilles définitives. » J'ai eu, depuis cette époque, à diverses reprises, l'occasion d'observer des faits analogues chez un certain nombre de représentants de la tribu des Cupressinées, et je pense qu'il y a encore un certain intérêt à réunir aujourd'hui dans un Tableau d'ensemble les résultats de ces observations. (') Aug. Daguillon, Sur le polymorphisme foliaire des Abiétinées {Comptes rendus, \l\ janvier 1889). ( 257 ) » Chez la plupart des Cupressinées typiques (Cupressits, Chamœcyparis Lawsoniana, Biola, Thuja, certains Ju/tiperus) les feuilles primordiales diffèrent profondément, par leur forme extérieure, des feuilles que porte la plante « caractérisée » : les premières sont longues, aciculaires et nettement écartées de l'axe qui les porte, tandis que les secondes sont courtes, squam- miformes et concrescentes avec l'axe par la plus grande partie de leur face ventrale. M. Van Tieghem considère la disposition fasciculée des feuilles sur les rameaux courts des Pins adultes comme une altération secondaire, due à l'influence du milieu, et regarde comme normale la dis- position éparse des feuilles sur les rameaux longs ou sur la plante jeune ('). Je suis porté à considérer comme relevant d'une cause analogue la con- crescence des feuilles avec les rameaux chez les Cupressinées caractéri- sées. » Parfois la disposition phyllotaxique offre des caractères spéciaux aux feuilles primordiales. C'est ainsi que chez Cupressus, Chamœcyparis Lawso- niana, Biota orienta/is, Thuja occidentalis et Lobbi, etc., aux deux cotylédons succède une première paire de feuilles opposées, décussées avec les coty- lédons; puis vient une série de verticilles quaternés; enfin le nombre des feuilles du verlicille tombe brusquement à deux : les feuilles des paires successives, formant quatre rangées à la surface de la tige, deviennent d'ailleurs squammiformcs. Chez Juniperus communis les feuilles demeurent aciculaires à tout âge; mais on observe une première paire de feuilles opposées, à laquelle succèdent immédiatement des verticilles ternes ou bien des verticilles quaternés d'abord, ternes ensuite. » Dans l'étude du passage de la structure du cotylédon à celle de la feuille définitive, il y a lieu de laisser de côté les feuilles squammiformeset concrescentes avec la tige, dont la morphologie interne subit le contre- coup de l'altération que l'influence du milieu a imprimée à la plante tout entière. Ce passage se traduit surtout par des changements dans la consti- tution de l'épiderme, de l'hypoderme, du mésophylle, de la méristèle et de l'appareil sécréteur. » i° Épidémie. — La cutinisation de l'épiderme augmente, d'une manière générale, depuis le cotylédon jusqu'à la feuille définitive. Quant à la distribution des stomates, qui sont portés exclusivement par la face supérieure dans le cotylédon, elle prend généralement, dès les feuilles primordiales, le caractère qu'elle revêt chez la feuille (') Ph. Van Tieghem, Sur la structure primaire et les affinités des Pins {Journal de Botanique, t. V, p. 282 en note; 1891). C. R., 1899, 1" Semestre. (T. CXXVIII, N* 4.) 3/j ( 258 ) définitive, lorsqu'ils y sont localisés à la face supérieure (Jitnipcrus commit nis) ou répartis entre les deux faces (Wellingtônia gigantea, Cryptomeria japonica, Ta- j'odittm distichum, Cupressus, Chamœcyparis Lawsoniana, Iliota orientalis); quand ils sont plus nombreux à la face inférieure et y forment deux bandelettes symétriques (Ta.rodiitm distichum), celte différenciation entre les deux faces est beaucoup moins accusée dans les feuilles primordiales que dans les feuilles définitives ; on peut voir (T/iuja occidentalis et Lobbi) les stomates se répartir inégalement entre les deux faces dans les toutes premières feuilles, pourémigrer complètement à la face inférieure dans les suivantes. » p." Jlypoderme. — L'hypoderme scléreux, qu'on trouve très généralement dans la feuille définitive, peut être totalement absent du cotylédon (Wellingtonia gigantea, Cryptomeria japonica. Ta.rodiitm distichum); souvent il est nul aussi dans les feuilles primordiales (Wellingtonia gigantea. Séquoia sempercirens. Cryptomeria japonica); si on le rencontre dans ces deux formes, c'est avec un développement moindre que celui qu'il acquiert dans la feuille définitive (Araucaria imbricata, Taxodium distichum, Cupressus, Chamœcyparis Lawsoniana, Biota orientalis), et ce n'est que progressivement qu'on le voit prendre, de feuille en feuille, son dévelop- pement complet. » 3° Mésophylle. — Quand le mésopbylle de la feuille définitive est hautement dif- férencié, celte différenciation ne se manifeste pas dès les feuilles primordiales : elle n'apparaît que progressivement. C'est ainsi que chez Araucaria imbricata le méso- phylle, entièrement homogène dans les écailles primordiales, ne différencie, dans les feuilles suivantes, que sa partie supérieure en tissu palissadiforme, tandis que, dans les feuilles définitives, cette différenciation se manifeste également aux deux faces. » !\° Mèristèle. — Généralement la mérislèle est simple dans toutes les feuilles. Lorsque la feuille définitive renferme plusieurs mérisièles (Araucaria imbricata), les premières feuilles n'en renferment qu'une; puis leur nombre s'élève à trois et augmente de feuille en feuille, restant typiquement impair. La constitution du faisceau libéro-ligneux est, dès le cotylédon, sensiblement la même que dans la feuille définitive; mais le nombre des éléments du bois et du liber augmente, d'une manière générale, à mesure que s'élève le rang de la feuille considérée. Ce qui augmente surtout, du cotylédon à la feuille définitive, c'est le développement des deux ailes vas- culaires qui, constituées aux dépens du péridesme, parlent des flancs de la partie ligneuse du faisceau pour venir appliquer leurs extrémités contre les cellules de l'en- doderme : cet accroissement de développement du tissu de transfusion est particuliè- rement sensible chez Araucaria imbricata , où elles s'étendent beaucoup, au-dessus du faisceau, de manière à se rejoindre plus ou moins, de part et d'autre du plan de symétrie de ce dernier, qui est souvent occupé, dans les feuilles définitives, par un ou deux plans de cellules péridesmiques ordinaires, ou bien encore chez II ellingtonia gigantea, où elles sont, dans les feuilles définitives, très étalées transversalement. » Quant aux fibres péridesmiques qui occupent la face dorsale du faisceau dans certaines espèces (Araucaria imbricata, Séquoia sempercirens, Taxodium disti- chum, Cupressus scmpctrircns et macrocctrpa. Thuja occidentalis), elles manquent ordinairement dans le cotylédon et dans les feuilles primordiales; je les ai toutefois observées chez Cupressus sempervirenselmacrocarpa, ainsi que Thuja occidentalis. ( "9 ) » 5° Appareil sécréteur. — L'appareil sécréteur présente, du cotylédon à la feuille primordiale et à la feuille définitive, des différences tant dans le nombre que dans la situation des canaux sécréteurs. Il peut êlre nul dans le cotylédon et bien développé, au contraire, dans les feuilles suivantes (Taxodium distichum, Cupressus, Chamœcy- paris Lawsoniana, Biola, Tliuja, Juniperus). C'est chez Çryptomeria japonica que j'ai observé la plus grande variation dans le nombre et la distribution des canaux. : le cotylédon en contient deux latéraux, auxquels s'ajoute, dans la feuille primordiale, un canal impair au-dessous de la méristèle; c'est ce canal impair qui persiste seul dans la feuille définitive. Chez Araucaria imbricata c'est, au contraire, le canal impair, situé au-dessous de la méristèle, qui caractérise les feuilles primordiales et disparaît dans les feuilles définitives; eu même temps, de nouveaux canaux pairs -.'ajoutent aux deux canaux latéraux des premières feuilles : ils s'intercalent entre les méristèles, dont ils occupent le niveau. Chez Taxodium distichum, au canal impair qui exisle dans toutes les feuilles, sauf les cotylédons, s'ajoutent quelquefois, dans les feuilles définitives, deux petits canaux latéraux. La situation du canal impair, ordi- nairement superficielle dans le cotylédon et la feuille primordiale, devient parfois plus profonde dans la feuille définitive (Wellingtonia giganlea, Séquoia sempervirens, Çryptomeria japonica, certains Cupressus). » En résumé, l'existence ùes feuilles primordiales n'est pas moins con- stante chez les Cupressinées que chez les Abiétiuées. Le passage de la forme primordiale à la forme définitive est caractérisé parfois par une modification pliyllolaxique et toujours par une différenciation croissante dans la morphologie interne de la feuille (modifications dans la distribu- tion des stomates et des canaux sécréteurs, développement progressif de l'hypoderme, différenciation dans la structure de la méristèle). » ANATOM1E VÉGÉTALE. — Sur la structure des faisceaux placentaires dans le genre Primula. Note de M. E. Deckock, présentée par M. Guignard. « Il est généralement admis que les faisceaux conducteurs placentaires des Primulacées ont une orientation inverse de celle que présentent les fais- ceaux de la tige, le bois étant tourné vers la périphérie, le liber vers le centre. Cette notion n'est exacte que dans cerlains cas. Dans cette Note, je me contenterai de donner un résumé de mes observations sur le genre Primula, dont j'ai éludié plus de quarante espèces. » 1. Dans Primula acaulis Jacq., P. verticillata Forsk., P. s trie ta Horn., P. eliator Jacq., P. ojfjficinalis Jacq., etc., on trouve dans la colonne placentaire de 5 à io fais- ceaux suivant les espèces. Dans chacun de ces faisceaux, le liber entoure complètement I, 260 ) le bois; il est formé de groupes de deux ou trois éléments à parois épaisses et nacrées, séparés par des cellules cambiales. Les vaisseaux du bois différenciés les premiers oc- cupent le centre de la masse ligneuse, tous les autres se différencient en rayonnant autour des premiers. » 11 arrive parfois que le liber soit plus développé du côté interne que du côté ex- terne. » 11. Dans P. scotica llook. , P. longijlora Ail. , P. marginata Gurt., etc., les faisceaux sont concentriques comme dans le cas précédent, mais ils n'ont plus une section cir- culaire, le bois est formé de vaisseaux disposés suivant des bandes tangenlielles. Ces bandes sont régulièrement concentriques, ou pliées en V ou en zigzag. Leur différen- ciation est toujours rayonnante à partir du centre de différenciation ligneuse, mais elle s'opère dans deux directions prédominantes. « 111. Dans les P. sinensis Lindl., P.viscosa Ail., la colonne placentaire renferme 10 faisceaux libéro-ligneux inverses; le bois est effectivement tourné vers la périphérie el le liber vers le centre. Les vaisseaux disposés en éventail se développent d'un seul côté. Le liber les enveloppe fréquemment, sauf du côté externe où ils sont adossés à quelques cellules cambiales. » IV. Dans P. farinosa L., les faisceaux se réunissent dès la base de la colonne placentaire en un cordon libéro-ligneux concentrique occupant le centre de la colonne placentaire et du placenta. » En résumé, dans la grande majorité des espèces, les faisceaux placen- taires sont concentriques, au sens qu'admettait de Bary. Dans le P. sinensis, le centre de différenciation ligneuse occupe la région externe du faisceau procambial, ne laissant point de place pour le développement du liber de ce côté. Dans le P. scotica, les vaisseaux du bois se développent surtout dans le sens tangentiel. Dans le P. farinosa, les faisceaux se fusionnent en un cordon libéro-ligneux concentrique, par suite de la réduction des di- mensions de la fleur el en particulier de la colonne placentaire. » Dans le placenta, ces faisceaux se divisent à plusieurs niveaux pour se rendre aux ovules, comme l'a montré M. Van ïieghem, dans ses Recherches sur la structure du pistil. » Où s'insèrent les faisceaux placentaires? Dans le réceptacle floral, ils se réunissent en cinq faisceaux, qui divergent vers les faisceaux sépalaires el pétalaires, viennent se placer entre eux sur la même circonférence et enfin s'unissent à eux latéralement. Les éléments ligneux et libériens de toute cette portion inférieure sont des tubes criblés et des vaisseaux courts. » Le placenta des Primulacées a donné lieu à une série d'hypothèses au point de vue de sa valeur morphologique. On y a vu tour à tour un organe de nature axile, un ensemble complexe formé de l'axe et des carpelles soudés, un deuxième verticille de carpelles, une réunion de ligules carpel- ( a6i ) laires, le résultat de la concrescence des faces ventrales des carpelles, les faces radiales ne s'étant pas développées. » Pour discuter ces hypothèses avec la rigueur qu'elles méritent, il con- vient de tenir compte de tous les genres de cette famille. Leur étude pourra nous fournir tous les éléments de cette discussion. » M. G. Korompay demande l'ouverture d'un pli cachelé, déposé dans la séance du 1 6 janvier 1899 et inscrit sous le numéro 6o65. Ce pli, ouvert en séance par M. le Président, contient une Note relative à un procédé antique, fondé sur l'emploi d'une terre bitumineuse, contre des parasites de la vigne que l'auteur considère comme identiques au Phyl- loxéra. Cette Note sera transmise à la Commission du Phylloxéra. M. V. Turquan adresse une Note relative au rayon vert. M. Ho.voré adresse une Note relative à un projet d' « automobile de guerre ». A 4 heures et demie, l'Académie se forme en Comité secret. COMITE SECRET. La Section d'Economie rurale, par l'organe de son Doyen M. Schlœsing, présente la liste suivante de candidats à la place laissée vacante par le décès de M. Aimé Girard : ( MM. Iîisi.i it. En première ligne, par ordre alphabétique • • » „ , ., ,. 7 / 7 ; . • ( MM. Maquesne. Lu deuxième ligne, par ordre alphabétique . . „. ' l \ OCHLŒSING lUS. Les titres de ces candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la prochaine séance. La séance est levée à 5 heures et demie. M. B. ( 262 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Ouvrages reçus dans la séance du 9 janvier 189;). (Suite.) Mémoires de la Société d'Agriculture, Sciences, Belles-Lettres et Arts d'Or- léans. Tome XXXVI. Nos 3 et 4, 1897. Orléans, Michau et Cie; 1 br. in-8°. Nouvelles Annales de Mathématiques, par G.-A. Laisakt et X. Aktomahi. Tome XVIII. Janvier 1899. Paris, Gauthier- Villars, 1899; l br. bi-8". Journal du Ciel, par Joseph Vinot. Février 1899. 1 br. in-4°. Bulletin de la Société française de tempérance. Tome IV, 1898. 1NU 7. Paris, Asselin et Houzeau; 1 Lr. in-8°. Bulletin de la Société d'encouragement pour l'Industrie nationale, par M. E. Collignon. Paris, 1898. N° 12. Tome III; 1 vol. in-4°. Bulletin astronomique, publié par l'Observatoire de Paris. Tome XVI. Janvier 1899. Paris, Gauthier- Villars, 1899; 1 br. in-8°. Bulletin des Sciences mathématiques, par MM. Gaston Dahboux et Jules Tannery. Tome XXII. Décembre 1898, Paris, Gauthier-Villars, 1898; 1 br. in-8°. Bulletin de la Société de Géographie. Tome XIX. Paris, Société de Géo- graphie, i8()8; 1 br. iu-8°. Revue de Mécanique. Tome III. N° 6. Paris, Vve Ch. Dunod, 1898; 1 br. in -40. Les actualités chimiques. Directeur : M. Ch. Friedel, de l'Institut. Tome III. N° 10. Paris, G. Carré et C. Naud ; 1 br. iu-8". Ouvrages reçus dans la séance du ni janvier 1899. Etudes sur les méthodes et les instruments des nivellements de précision, par C.-M. Collier, Colonel du Génie en retraite. Paris, Imprimerie "Natio- nale et librairie Gauthier-Villars, 1898; 1 vol. in-40. (Présenté par M. J. Bertrand.) Recherches de Chimie et de Physiologie appliquées à l Agriculture, par A. Petermann. Tomes I, II, III. Liège, Charles Desoer, et Paris, G. Masson. 188G et 1898; 3 vol. in-8°. (Présentés par M. Dehérain.) ( 263 ) Béryllium und seine Verbindungen, von Paul Lereau. Frankfurt a. M. Druckerei Gebrùder Fey, 1898; 1 fasc. in-8°. (Présenté par M. Moissan.) Notice sur les Travaux scientifiques de M. Tu. Schlœsing fils. Paris. Gauthier- Villars, 1899; 1 fasc. in-4°. Les reptiles actuels et fossiles, par M. A. Lavocat. Toulouse, Douladoure- Privat, 1898; 1 fasc. in-8°. (Hommage de l'auteur.) Revue maritime. Tome GXXXIX. Décembre 1898. Paris, R. Chapelolel Cie; 1 vol. in-8°. L'Eleclrochimie. Directeur : Adolphe Minet, N" 12. Décembre 1898. Paris, Imp, H. Richard; 1 fasc. in-4°. Journal de la Société nationale d'Horticulture de France. Tome XX. Dé- cembre 1898. Paris, Imp. L. Maretheux ; ; br. in-8°. Annales médico-psychologiques. Huitième série. Tome IX. Paris, Masson etCie; 1 br. in-8°. Recueil de Médecine vétérinaire. VIIIe série. Tome V. N° 24. 1898. Paris, Asselin et Houzeau ; 1 br. in-8°. Revue géologique suisse pour l' année 1897, par H. Schardt. N° 28. Genève, Georg et Gie, 1898; 1 fasc. in-8°. Annali deli ufficio centrale meteoro/ogico e geodinamico ilaliano. Vol. XVI, Parte II, 1894; Vol. XVI, Parte II, i8û5; Vol. XVII, Parte I, 1893; Vol. XVIII, Parte II, 1896. Roma, G. Bertero; 4 vol. in-4°. Analesde la Sociedad espanola de Historia nalural. Série II. Tome XXVII. Madrid, Don J. Bolivar, 1898; 1 fasc. in-8°. Ouvrages reçus dans la séance du 23 janvier 1899. Traité d Analyse chimique quantitative par èlectrolyse, par J. Ri ban. Paris. Masson et Cie, 1899; 1 vol. in-8°. (Présenté par M. Troost. ) Recherches géologiques et pétro graphiques sur le massif du mont Blanc, par Louis Duparc et Ludovic Mrazec Genève, Georg et Cie, et Paris, G. Fisch- bacher, 1898; 1 vol. in-4°- (Présenté par M. Michel Lévy.) Bulletin delà Société de l' Industrie minérale. Tome XII, IIP livraison, 1898. Saint-Etienne, J. Thomas et. Cie; 1 vol. in-8°, avec atlas. Société des Ingénieurs civils de France. Table des matières, année 1898. Paris, Ghaix; 1 br. in-8°. L'avenir de l'Automobile et du Cycle. Janvier 1899. Saint-Denis, Bouil- lant; 1 fasc. in-4°. ( 264 ) Revue internationale des falsifications. Président : M. le prof. Brouardel. Paris, J.-B. Baillière et fils, 1899; 1 fasc. in-4°. Acla Socirlatis Scientiarum fennicœ. Tomes XXII et XXIII. Helsingforsinp, ex officina typographica Societatis lilterariie fennicse, 1897; 2 vol. in-4°- Annales du Musée du Congo; illustrations de la flore du Congo, par Em. de Wildeman et Th. Durand. Tome I, fasc. I. Bruxelles, Ch. Vande Weghe, 1898; 1 fasc. gr. in-4°. Annales du Musée du Congo ; matériaux pour la faune du Congo, par G. -A. Boulenger. Tome I, fasc. I. Bruxelles, Ch. Vande Weghe, 1898; 1 fasc. gr. in-4°. The journal ofthe Collège of Science impérial universily of Tokyo. Vol. IX, part III; Vol. X, part III; Vol. XI, part I; Vol. XII, part I, II et III. Pu- blished by the university, Tokyo, Japan, 1898; 6 fasc. in-8°. Annales de la Société scientifique de Bruxelles. 1897-98. Louvain, .T. Thi- rion, 1898; 1 vol. in-8°. Commissâo géographica e géologica de Sâo Paulo. Dados climatologicos do anno de 1893, 189/1, l$$, 189G et 1897. S. Paulo, Vanorden et Cie, 1898; 5 fasc. in-8°. Annuaire de l'observatoire royal de Belgique, 1898 (supplément) et 1899. Bruxelles, Hayez, 1899; 2 vol. petit in-8°. Bulletin de la Société physico-mathématique de Kasan. Deuxième série. Tome VIII, n"s 2 et 3. Kasan, 1898; 2 fasc. in-8°. N° 4. TABLE DES ARTICLES. (Séance dto 25 janvier 1899.) MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. Pages. M. EMILE PICARD. — Sur le prolongement des fondions iq3 \l. A. Ditte. — Sur linéiques propriétés di l'aluminium 190 M. L. P.anvikii. — Histologie de la peau. Sur quelques réactions histochimiques de L'éléidine 201 M. L. Guignard. — Sur la formation du pollen et la réduction chromatique dans le Naias major MM. V.D. Carnot el Goutal. Recherches sur l'étal chimique des divers éléments contenus dans les produits sidérurgiques. Carbures doubles de fer et d'autres métaux S. \. le Prince Albert I ', de Monaco. — Première campagne de la Princesse I lu e II Pages. 20 • NOMINATIONS. M. Mkmikli'jfit est élu Corresp lant, pour la Section de Cliimie, en remplacement de M. Kékulé Commission chargée de juger le concours du prix Desmazières pour 1899. MM. l'an Tieghem, Bornet, Guignard, Bonnier, Chatin ■ Commission chargée de juger le concours du prix Montagne pour 1899 : MM. Bornet, Guigiiard, 1 an Tieghem, Bonnier, Cha tin Commission chargée déjuger les concours du prix La Fons-Melicocq pour 1899: MM. Van Tieghem, Bornet, Guignard, /ion nier, 1 ' Imlin Commission chargée de juger les concours du pn\ Thore | r 1899 : MM. Bornet, 1 an Tieghem, Guignard, Perrier, Bon- nier ... Coi ission chargée de juger le en - du prix Savignj pour 1899: MM. Milne- Edwards, Perrier, de Lacaze-Duthiers , Filhol, Blanchard CORRESPONDANCE . M. le Sorétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance, .livres 1 hin tges de M. ./. Riban et de MM. Louis Duparc et Ludovic Mrazec. uâ M. L.-J. Gruey. Observations de l'éclipsi totale de Lune du 2; décembre 1898, faite à l'observatoire de Besançon '' M. L.-J. Gruey. — Observations de la pla- nète 1898 ED (Charrois) el de la comète 1 lhase, laite à l'observatoire de Besançon, avec l'équatorial coule, par M. P. ' ho- fardet ,|S M. L. I; \1a11 inox. Sur des photographies de nébuleuses et d'amas d'étoiles, obtenues à l'observatoire de Meudon .'.... tig M. N. Saltykow. — Généralisation de la première méthode de .1 bi sur l'inti ti'oi d'une équation aux dérivées par tielles M. 1 :.- \. .Miller. - - Soi le- groupes d'opé rations . ' '7 M. Crelier. Suc le développement de certaines irrationnelles en fraction con- tinue M. C. Guichard. — Sur la déformation des quadriques de révolution 2'6i M. \. Pellet. — Sur l'équation normale ■ les surfaces ■ '•'• M. \. l'i i:ot. - Sur l'expression de l'éner- gie d'un circuit et la loi de l'électro aimant '3"( M. I'. VlLLARD. — Sur l'action 1 li |ue des rayons \ ". . i3- MM. GECHSNÉR DE CONINCK el \. COMBE. — Action des oxydant- -m quelques com- pOSéS animal iques " M \. MOUNEYRAT. \> l du protochlo- iiire d'iode sur le monochlorobenzène en présence du chlorure d'aluminium an- hydre 24» M. .1. Hausser. Études sur la filtration : les liquides organiques '■ '1 ■ M. André Kling. - Formation biochi- mique du propylglj col >\\ N° 4. SUITE DE LA TABLE DES ARTICLES. Pages. M. P. Stephan. - Sur des éléments à bâ- tonnet dans l'organisme d'un Vertébré... 'V' .M. I.. Bordas. — Recherches -m les glandes anales des Carabidœ 248 M. Charles Janet. - Sur le mécanisme du vol chez les insectes a49 M. Ed. Griffon. — Relations cuire l'inten- sité de l.i coloration verte des feuilles el l'assimilation chlorophyllienne iS3 .M. A.DO. Hac.iii.lon. - Sur les feuilles pri- mordiales 'les Cupressinées (56 Pages. M. E. Deckock. — Sur la structure 'les faisceaux placentaires dans le genre Pri- mula i5g M. 1». Korompay. Ouverture d'un pli cacheté contenant nie Note relative à un procédé antique contre les parasites île lu \ igné -''ji M. V. Turquan adresse une \.>ie relative au rayon vert ,l" .M. Honori adresse une Note relative a un projet 'I' « automobile cl.- guerre .... 161 COMITE SECRET. Liste de candidats à la placelaissée vacante, dans la Secti l'Économie rurale, par le décès de M Aime Girard : 1° MM. /Os- ier, Houx; t MM. Maquenne, Schlœ- sine fils -'''' Bulletin bibliographique 262 PARIS— IMPKIMKKIE GA.UTHI RR-VILLA.RS, Quai des Grands-.Vugustins, 55. Le Cérant : (jauthier-Villahs. APR10 1899 jggg PREMIER SEMESTRE. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES PAR MM. EES SECRÉTAIRES PERPÉTUÉES TOME CXXTIH. N° 5 (30 Janvier 1899). PARIS, GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, Quai des Grands-Augustins, 55. 1899 RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS ADOPTÉ DANS LES SÉANCES DES 2.3 JUIN 1862 ET l[\ MAI 1875. Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie se composent des extraits des travaux de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes présentés par des savants étrangers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. 26 numéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. Article 1er. — Impressions des travaux de V Académie. Les extrait s des Mémoires présentés par un Membre ou oar unAssociéétranger de l'Académie comprennent au plus 6 pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o pages par année. Les communications verbales ne sont mentionnées dans les Comvtes rendus, qu'autant qu'une rédaction écrite par leur auteur a été remise, séance tenante, aux Secrétaires. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les Rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par les Correspondants de l'Académie comprennent au plus 4 pages par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de 32 pages par année. Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Académie; cependant, si '.es Membres qui y ont pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi- vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les remettre au Rureau. L'impression de ces Notes ne préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion. Les Programmes des prix proposés par l'Académie sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap- ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autant que l'Académie l'aura décidé Les Notices ou Discours prononcés en séance pu- blique ne font pas partie des Comptes rendus. Article 2. — Impression des travaux des Savants étrangers à l'Académie. Les Mémoires lus ou présentés par des personnes qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca- démie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré- sumé qui ne dépasse pas 3 pages. Les Membres qui présentent ces Mémoires sont tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le Membre qui fait la présentation est toujours nommé; mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le font pour les articles ordinaires de la correspondance offi- cielle de l'Académie. Article 3. Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis à l'imprimerie le mercredi au hoir, ou, au plus lard, le jeudi à 10 heures du malin ; faute d'être remis à temps, le tilre seul du Mémoire eslinséré dans le Compte rendu actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui- vant et mis à la fin du cahier. Article 4. - — Planches et tirage à part. Les Comptes rendus n'ont pas de planches. Le tirage à part des articles est aux frais des au- teurs; il n'v a d'exception que pour les Rapports et les Instructions demandés par le Gouvernement. Article 5. Tous les six mois, la Commission administrative fait un Rapport sur la situation des Comptes rendus après l'impression de chaque volume. Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré- sent Règlement. Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires far MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5h. Autrement la présentation sera îcnise à la séance suivante. COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 50 JANVIER 1899, PRÉSIDENCE DE M. VAN TIEGIIEM. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. Faye, en présentant à l'Académie, au nom de M. Bischoffsheim, le Tome I des « Annales de l'observatoire de Nice », s'exprime comme il suit : « Ce. Vol ume est consacré presque en entier à la description de ce bel établissement. Il comprend deux parties distinctes, qui se complètent : un Volume de texte, de 35o pages environ, et un Atlas qui ne renferme pas moins de 47 planches. » Dans une Introduction d'une quarantaine de pages, l'auteur de l'Ou- vrage fait l'historique de la fondation de l'observatoire, en insistant sur le rôle du Bureau des Longitudes dans cette création incomparable; il donne C. R., 1899, «" Semestre. (T. CXXVIII, N° 5.) 35 ( 260 ) ensuite la description rapide et sommaire de la Corniche et du mont Gros lui-même, et, après avoir rappelé les fêtes d'inauguration de l'année 1887, il termine par l'énumération succincte des travaux variés par lesquels l'ob- servatoire Bischoffsheim s'est signalé, jusqu'à ce jour, à l'attention du monde savant. » Citons, à cette occasion et pour mémoire, les différences de longitude entre Nice, Paris, Milan, l'Isle-Rousse et Ajaccio, avec le concours des Dépôts de la Guerre et de la Marine; la latitude du mont Gros, deux mille étoiles doubles, de nombreuses mesures de planètes et de comètes, des centaines d'occultations d'étoiles par la Lune; des observations des phéno- mènes des satellites de Jupiter, ces dernières de M. Prim; une étude du disque d'Uranus, la position de ses bandes et la durée probable de sa ro- tation. » On ne nous pardonnerait pas de ne pas insister sur les longues et pa- tientes observations de la planète Mars et de ses canaux, dont la publica- tion n'alla pas sans provoquer quelques protestations,, il y a une dizaine d'années, et qui, à l'époque, constituaient les premières confirmations des merveilleuses découvertes de Schiaparelli. » Ces canaux, M. Perrotin n'hésile pas à les regarder aujourd'hui comme de véritables bras de mer faisant communiquer, à travers les con- tinents équatoriaux de la planète, les mers australes avec les mers plus rares de l'hémisphère boréal. » Je dois aussi me borner à faire allusion aux étonnantes protu- bérances, remarquées dès 1892, à Nice, sur le terminateur de Mars et qui sont restées jusqu'à ce jour sans explication plausible. » Parlerai-je encore des belles études sur Vénus, inaugurées au mont Gros et clôturées sur le mont Mounier, après de 3ooom d'altitude, et qui, dans l'opinion de M. Perrotin, tranchent définitivement la question de la durée de la rotation de cet astre dans le sens même des vues du célèbre di- recteur de l'observatoire de Milan? L'Académie les connaît, et toute dis- cussion à leur sujet ou le seul énoncé des conséquences qui en découlent pour l'extension de nos connaissances cosmogoniques nous entraîneraient trop loin. )) On n'en finirait pas si l'on voulait seulement donner une idée des observations qui se continuent depuis douze ans, avec M. Jabely, au cercle Brunner, sur les étoiles de Dorpat; ou faire ressortir l'importance de la mire lointaine de M. Cornu, ou des pendules synchrones établis à Nice ( 267 ) par notre savant Confrère. Je n'insisterai pas davantage sur les recherches de M. Simonin concernant Hécube et son moyen mouvement, ni sur son catalogue de circumpolaires. Il en sera de même pour les divers Mémoires de Vesta qui vont trouver leur conclusion naturelle dans un ensemble de Tables, déjà prêtes pour l'impression, et dans la préparation desquelles M. Perrotin s'est inspiré des méthodes que Le Verrier a mises en œuvre dans les théories de Jupiter et de Saturne. » Mais on ne peut pourtant passer sous silence les quatre-vingt-dix-huit petites planètes de M. Charlois; ni les quinze cents nébuleuses nouvelles de M. Javelle, presque toutes mesurées avec la dernière précision; ni les deux comètes que M. Giacobini a découvertes avec l'équatorial coudé de M. Lcewy et dont l'une sera vraisemblablement périodique; ni, enfin, la longue et précieuse série d'observations météorologiques et magnétiques de M. Auvergnon. » Bon nombre de ces travaux sont exposés, avec tous les développe- ments désirables, dans les Volumes parus ou en cours d'impression chez M. Gauthier-Villars, et l'on n'ignore pas que l'un d'entre eux renferme le magnifique spectre solaire dessiné par M. Thollon. » Le Volume actuel donne, dans le plus grand détail et durant près de cent cinquante pages, la description des constructions, des instruments et des installations de natures diverses qui font de l'observatoire de Nice un établissement hors de pair. C'est un véritable traité sur la matière et dans lequel nos artistes Brunner, Gautier, Henry figurent avec honneur. » Après l'inventaire des six mille Volumes et plus de la bibliothèque, l'Ouvrage nous présente, dans un dernier Chapitre, le recueil de vingt-huit Tables numériques que consulteront utilement les astronomes du mont Gros pour la préparation et la réduction des observations auxquelles ils peuvent être appelés à participer. » Quant à l'Atlas ( ' ), il n'y a rien à en dire et il se passe de commentaire. Il parle de lui-même, plus et mieux que tous les discours, et le simple examen des planches qu'il contient ne peut que communiquer au lecteur les sentiments d'admiration profonde de ceux qui connaissent déjà l'œuvre si remarquable, à tous égards, de notre Confrère, sentiments dont on trouve ( ' ) Quelques-unes des planches sont extraites de la Monographie de Charles Garoier qui fut, comme on sait, l'architecte de l'observatoire; les autres sont nouvelles et iné- dites. ( 268 ) comme un écho dans les dernières lignes de la Préface de ce Volume et que, pour finir, je demande la permission de citer textuellement : » Nous ne saurions clore ces préliminaires, dit M. Perrotin, en manière de conclu- sion, sans mentionner le témoignage de hante estime que les représentants les plus autorisés et les plus illustres de la Science ont accordé à M. Bischoffsheirn, le 16 juin 1890. » En l'appelant, ce jour-là, dans son sein, en qualité de Membre libre, l'Académie a voulu décerner au fondateur de l'observatoire de Nice la plus belle récompense qu'un homme de science puisse ambitionner. » Les astronomes du mont Gros, qui ont eu si souvent l'occasion de mettre à l'épreuve la sollicitude infatigable du nouveau Mécène, d'apprécier l'homme au carac- tère droit, aux idées élevées, dont l'esprit est sans cesse à la recherche d'une innova- tion ou d'un progrès scientifique à encourager, l'homme aux sentiments généreux dont le cœur est toujours ouvert aux bonnes actions, les astronomes du mont Gros, disons-nous, ont été heureux, entre tous, d'applaudir à cette haute distinction qui est comme le couronnement d'une œuvre à laquelle ils ont eu l'honneur et la bonne for- tune de prendre part. » NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Membre de la Section d'Économie rurale, en remplacement de feu M. Aimé Girard. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 58, M. Roux obtient 4i suffrages, M. Risler » i4 » M. Maquenne » 2 » Il y a un bulletin blanc. M. Roux, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est proclamé élu. Sa nomination sera soumise à l'approbation du Président de la République. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de Com- missions chargées de juger les concours de 1899. Le dépouillement des scrutins donne les résultats suivants : Prix Montyon {Médecine et Chirurgie). — MM. Bouchard, Guyon, Potain, Marey, Lannelongue, d'Arsonval, Brouardel, Ranvier, Chauveau. ( 269 ) Prix Brèanl. — MM. Marey, Bouchard, Guyon, Potain, d'Arsonval, Lannelongue. Prix Godard. — MM. Guyon, Bouchard, Potain, Lannelongue, Brouar- del. Prix Serres. — MM. Ranvier, Perrier, Bouchard, de Lacaze-Duthiers, Marey. Prix Barbier. — MM. Bouchard, Lannelongue, Guvon, Guignard, Po- tain. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. Al. Farjexel soumet au jugement de l'Académie un Mémoire relatif à un « Système de cylindres conjugués, pour moteurs, fonctionnant sous l'action de fluides quelconques ». (Commissaires : MM. Maurice Lévy, Sarrau, Léauté). CORRESPONDANCE. M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance, des «Tables décimales à neuf chiffres, pour la transfor- mation des heures et des degrés en fractions décimales » ; par M. /. de Bey- Pailhade (Extrait du Bulletin de la Société de Géographie de Toulouse, 1898;. (Présenté par M. A. Cornu.) PHYSIQUE SOLAIRE. — Observation du groupe des raies B du spectre solaire faite au sommet du mont Blanc. Note de M. A. de la Raume-Pluvixel, présentée par M. Janssen. « Depuis la découverte des raies telluriques par M. Janssen et les tra- vaux de cet auteur et de M. Egoroff sur le spectre de l'oxygène, on sait que les groupes de raies A. B. oc du spectre solaire sont dus à ce gaz. » En outre, les observations faites par M. Janssen entre la tour Eiffel et Meudon et celles qui ont été exécutées par lui au massif du mont Blanc à ( 27° ) la station des Grands-Mulets et au sommet mettent hors de doute aujour- d'hui l'origine exclusivement tellurique de ces raies. » Cependant, en raison de l'importance de la question, M. Janssen a pensé qu'il serait très intéressant de corrohorer ses ohservations oculaires par la Photographie et il m'a demandé de me charger de ces observations. Il m'a aidé de son expérience et a tenu aussi à assurer le transport de nos appareils, de Chamonix au sommet, et a fait le nécessaire pour faciliter mon ascension ainsi que mon installation dans l'observatoire du mont Blanc. Je lui adresse ici mes sincères remercîments. » Le spectroscope employé possède, comme organe dispersif, un réseau plan de Rowland dit de 4 pouces. La surface striée de ce réseau est de 5cm sur 8cm, et les traits sont au nombre de 568 par millimètre. Le foyer du collimateur et celui de l'objectif photographique sont respectivement im,io et im, 5o. L'ouverture commune de ces deux lentilles est om,io8. Un con- densateur de om,8"> de foyer projetait sur la fente du spectroscope une image du Soleil de 7mm,6 de diamètre. La largeur de la fente était omm,o2 et au-devant de cette fente était disposée une auge en verre contenant une solution d'aurine destinée à éviter la superposition des spectres. L'appareil était disposé horizontalement, et la lumière du Soleil y était renvoyée par un héliostat Prazmowski. » Mon but étant de photographier le groupe B du spectre solaire, j'ai dû employer des plaques photographiques rendues sensibles au rouge par une immersion dans un bain de cyanure. Afin d'obtenir les raies les plus fines du groupe B. il a été reconnu nécessaire d'employer des plaques au géla- tinobromure d'argent de médiocre sensibilité, qui ont l'avantage de pré- senter un grain très fin. Dans ces conditions, pour obtenir une bonne image du groupe B dans le spectre du second ordre, il a fallu prolonger la pose pendant trente minutes. » Les expériences ont été faites au sommet du mont Blanc les 5 et 6 sep- tembre 1898. Pendant ces deux journées, le ciel est resté complètement découvert, mais la pureté de l'atmosphère a laissé à désirer. » Les résultats de nos expériences ont été les suivants : » A Chamonix, où l'action absorbante de l'atmosphère est encore sensi- blement entière, mon spectroscope m'a permis de photographier nettement les dix premiers doublets du groupe B. Mais l'intensité des doublets sui- vants est manifestement moins grande. » Au sommet du mont Blanc, les clichés montrent encore nette- ( 27! ) ment les dix premiers doublets , mais l'intensité des doublets suivants est manifestement moins grande que sur les clichés obtenus à Cha- monix; il y a une chute brusque d'intensité; cependant, dans les deux sta- tions, les opérations avaient été conduites de manière à rendre les résultats absolument comparables. » L'observation oculaire au sommet a permis de distinguer, comme à Chamonix, les onzième et douzième doublets. Le onzième doublet était Paris. Chamonix Mont lildii' même plus facilement perceptible qu'à Chamonix, car il était débarrassé des raies qui l'empâtent lorsque l'atmosphère est chargée de vapeur d'eau. » Grâce à la faible humidité de l'atmosphère, le groupe a avait aussi considérablement diminué d'importance; toutes les raies principales de ce groupe subsistaient. » J'ajoute que la décroissance de l'intensité des doublets du premier au douzième m'a paru plus régulière au sommet du mont Blanc qu'à Cha- monix. » En résumé, le groupe B subsiste dans le spectre solaire au sommet du mont Blanc, mais avec une intensité bien moindre que dans les couches basses de l'atmosphère. » Cette persistance du groupe B à 481 om d'altitude est, d'ailleurs, con- forme aux expériences de M. Janssen sur l'apparition des raies d'absorp- tion de l'oxygène. En effet, M. Janssen a montré qu'une colonne, d'oxy- gène de i20m de longueur, à la pression atmosphérique, suffit pour pro- duire une absorption qui donne naissance aux raies B. Il faudrait donc, pour que les raies B n'apparaissent pas dans le spectre solaire, que la ( 272 ) couche d'atmosphère traversée par les rayons du Soleil fût au plus équi- valente à une colonne d'oxygène de 120"1 de longueur à la pression atmo- sphérique. » Or, au sommet du mont Blanc, le 5 septembre, à midi, la couche d'atmosphère traversée par les rayons du Soleil équivalait à une colonne d'oxygène de 90om environ de longueur, soit environ sept fois la longueur suffisante pour faire apparaître B. » On peut se demandera quelle hauteur il faut s'élever pour recevoir des rayons du Soleil n'ayant traversé qu'une couche d'atmosphère équi- valant à i2ora d'oxygène. On trouve que ce résultat est atteint lorsque la pression atmosphérique est réduite à 53mm : ce qui correspondrait à une altitude de 2i5oo"\ si l'on admet que la formule de Laplace s'applique encore à des pressions aussi basses. » Il est à espérer que des ballons-sondes munis de spectroscopes photo- graphiques automatiques pourront nous fournir le spectre du Soleil à ces altitudes. On est en droit de supposer que le spectre ainsi obtenu sera com- plètement dépouillé des raies du groupe B. » Remarques sur la Communication précédente; par M. Jaxssex. « On sait que la question de la présence ou de l'absence de l'oxygène tel que nous connaissons ce corps dans les enveloppes gazeuses du globe solaire m'occupe depuis plusieurs années. Je crois avoir démontré avec une certitude presque complète la solution négative ('). » Cependant cette question a une si grande importance pour la connais- (') Il est bien entendu, ainsi que je l'ai expliqué plusieurs fois, que je n'entends parler ici que de l'oxygène tel que nous le connaissons et tel qu'il existe dans notre atmosphère. Les études spectrales sur ce corps et spécialement l'existence de deux spectres d'absorption obéissant à deux lois si différentes semblent indiquer une com- plexité de constitution moléculaire qui permet de supposer l'existence pour ce corps d'un état plus simple ou d'un dédoublement, qui seraient dus à la haute température du globe solaire et qui précéderait celui que nous connaissons. Dans cette hypothèse cet oxygène de premier état <>u ces éléments posséderaient, d'autres propriétés phy- siques et chimiques et, en particulier, ils ne pourraient se combiner avec l'hydrogène des enveloppes solaires et produire la vapeur d'eau, fait capital, comme je l'ai indiqué, pour assurer l'avenir des fonctions de radiation île l'astre. ( 273 ) sance de la constitution physique du Soleil et de l'avenir réservé aux fonctions de cet astre que j'ai pensé à faire confirmer mes observations oculaires par la Photographie, et alors je ne pouvais mieux faire que de prier M. de la Baume-Pluvinel de vouloir bien se charger de ces obser- vations. » S'il était démontré que les groupes des raies de l'oxygène dans le spectre solaire s'évanouissent complètement aux limites de notre atmo- sphère, la question serait résolue. Cette solution n'est pas à notre portée, au moins actuellement; mais nous pouvons atteindre indirectement ce résultat en montrant que la décroissance des intensités des raies en ques- tion est en rapport avec la diminution des épaisseurs atmosphériques traversées. » On sait que cette étude a fait l'objet d'une expérience instituée, en 1889, entre la lour Eiffel et Meudon (' ) et qu'elle a été le but principal de mes ascensions aux Grands-Mulets, en 1888, et au sommet du mont Blanc, en 1890 et i8g3. » En i8g3, je me servais d'un spectroscope à réseau très comparable à celui qui a permis à M. de la Baume de photographier le groupe B. » Ce qui est remarquable, c'est que j'ai indiqué alors, en rapportant mes observations oculaires sur ce groupe, que les doublets paraissent se ré- duire à 8 comme doublets bien visibles; or les photographies de M. de la Baume montrent, en effet, une chute très sensible d'intensité après le huitième doublet; la photographie s'accorde donc ici d'une manière remar- quable avec l'observation oculaire. » Maintenant il faut bien remarquer que la présence des raies de la va- peur d'eau qui, dans le spectre, sont mêlées à celles de l'oxvgène apporte un certain trouble dans la netteté des observations, ainsi que M. de la Baume-Pluvinel le fait remarquer avec raison. Au sommet du mont Blanc, cette vapeur étant nécessairement moins" abondante que dans la plaine, la visibilité des doublets doit être meilleure, toutes choses égales d'ailleurs. « Aussi, pour que les résultats soient absolument comparables, sera-t-il (') La couche d'air interposée entre la tour Eiffel et Meudon est sensiblement équi- valente, comme absorption, à notre atmosphère. Or une lumière électrique très puis- sante, installée au sommet de la tour et analysée à l'observatoire de Meudon, nous a donné le groupe B avec une intensité qui a paru sensiblement égale à celle qu'il pos- sède dans le spectre solaire observé en juin vers le méridien. C. R., 1899, •" Semestre. (T. CXXVIII, N° 5.; 36 ( ?74 ) nécessaire que les observations dans les basses stations soient faites par un temps très sec, acnnant des groupes de la vapeur d'eau aussi faibles que ceux qui existeront au sommet du mont Rlanc au moment de la prise des photographies. » Il me paraît donc nécessaire d'introduire, dans ces importantes obser- vations, un élément nouveau, celui de l'intensité des groupes aqueux, qui doit être sensiblement la même dans les deux stations et aussi faible que possible. » Alors de ce côté rien ne viendra masquer la visibilité des groupes oxvgénés. » Il existe encore dans ces observations un facteur qui ne peut être négligé. C'est celui de l'intensité de la lumière qui donne le spectre soit oculaire, soit photographique. Cette intensité modifie nécessairement le degré de visibilité des raies et peut induire en erreur sur leur intensité véritable. En une station très élevée, comme celle du sommet du mont Blanc, la lumière solaire, qui n'a à traverser que l'équivalent d'une demi- atmosphère environ, est nécessairement bien plus forte que dans la plaine. Les raies spectrales et, en particulier, les raies du groupe B, dégagées d'une part des raies d'origine aqueuse et formées par une lumière plus intense, doivent être plus visibles, toutes les autres circonstances étant égales. » On ne doit pas perdre de vue que l'augmentation d'intensité d'une raie est toujours accusée non seulement par une teinte plus foncée, mais encore par une augmentation apparente de sa largeur. » Il faut tenir compte de ces circonstances dans l'appréciation des in- tensités, et ne pas considérer uniquement la visibilité. Alors les comparai- sons deviendront irréprochables. » J'espère que M. de la Baume-Pluvinel voudra bien, comme il me l'a laissé espérer, compléter ces importantes études et mettre encore une fois au service de la Science son savoir éminent et bien connu en Photogra- phie. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la généralisation de la première, méthode deJaeobi. Note de M. IX. Saltykow, présentée par M. Jordan. « Considérons le système d'équations pk-{- HA(.r,, J7js, ..., X„, -, /Wl.JWï Pn) = o, (i) k = i, 2, ...,m\ m^n, ( -^ ) les valeurs pt désignant les dérivées -r— ■ Les conditions d'involution de ces dernières équations étant satisfaites, les équations tn / n — m „_,„) le résultat de l'élimination des a, de la formule (3 ), en vertu des équations (/j), l'intégrale générale du système (2) peut vire mise sous la forme dV dV _ <)\ àxm+i—p">^" db,~ai db' i = 1 , 2, . . . , n — m . De plus la fonction V est une intégrale complète des équations (1). » Ainsi la fonction V jouit des mêmes propriétés que la fonction prin- cipale que nous avons étudiée dans notre article : Généralisation de la première méthode de Jacobi sur l'intégration d'une équation aux dérivées partielles (' ). Quant aux équations (2), nous les nommerons système cano- nique généralisé des équations aux différentielles totales, car elles présentent une généralisation évidente des équations étudiées par Jacobi (-) et qui découlent des équations (2 ) en y posant m = 1 . » Conformément à l'intégration des équations (2), il est aisé d'énoncer les théorèmes suivants : » 1. Si l'on connaît les n — m ■+■ 1 intégrales du système (2), distinctes par rapport aux p et de sorte que, en les joignant au, > équations (1), on en tire les râleurs z, p en fonctions des van iblcs xt,x2, ... ■*',„, vérifiant les conditions p = —-} on obtient les autres n — m intégrales cherchées du système (2) rien que par des di/férenliations. « 2. Si l'on connaît c intégrales du système ( 1 |, distinctes par rapport aux p, c étant moindre que n — m + 1, de sorte qu'ensemble avec les équations (1) elles forment un système en involution, l'ordre du système (2) s'abaisse de 2 v unités. » A. Le problème d'intégration du système (2) n'exige que n — m -+- I opérations d'ordre 211 — 2m -+- 1, in — 2 m — 1, . . . , 3, 1. » (') Comptes vendus. 1 1 Jahobi, Gesammelte II erke, Bd. V, p. 285, 291, 3gg. ( 277 ) ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les groupes de classe N — u et de degré N au moins u — i fois transitifs ( ' ). Note de M. Edmond Maillet, présentée par M. Jordan. « 1. Groupes au moins u fois transitifs (u 3). — I. Si Nés t premier impair, G ne peut exister que pour des valeurs de N limitées en fonction de u, à moins que l'on ait ou bien u impair, N — i = omod[(« — i)hx], — pair, ou bien u = l\h -h 2, N — i = o(mod 2//), (N — i)(N — u)EE^o(modM!). » En particulier, on n'a ni u = 4. ni // = 3, à moins que N = 1 1 avec G 4 fois transitif, ni N — u = l\Ji -+- i , ni, en général, N — 2 premier quand ul5. » II. Si N — u -+- i =pV-(p premier impair), X ne peut être pair que pour p = 3, u <[ 5 ; 9C n'est impair que si p = 3, m < 7, ou si p = 4A -+- 3 avec ix impair et u <^ 5. Enfin, si y. = 1, on a (Jordan) ^ N — 2. » III. Soit N — u = ip' {p' premier impair). On a îK. = p, u = 3 (Jordan ) et N — u -t- 1 = 3 •*([/. impair) si p' > 3. » IV. Si N — u -+- 2 =y(y"premier impair), G ne peut exister. » V. Si N = pf(f premier impair, premier à p et >5), G ne peut exister pour u = 3 siy — 1 n'a avec Ç qu'un plus grand commun diviseur < 2. » VI. Si N- « 4? G n'existe pas. » 2. Groupes u — ifois et u — ifois seulement transitifs. — VII. Si u = 3 et si G a 4 degrés, N ne peut être premier que si N = 11. » VIII. SiN-« 4, G n'existe pas. » (') Nous nous appuyons principalement sur les résultats obtenus par nous dans notre thèse de doctorat ( Gauthier- \ Mars, 189?.), p. 49_I°3; dans les Annales de la Faculté des Sciences de Toulouse (1895-1896) et dans te Bulletin de la Société mathématique de France (1897). G est le groupe étudié. K le sous-groupe des sub- stitutions de G laissant u lettres immobiles, {{ et .'X leurs ordres. ( -^8 ) analyse mathématique. — Sur le problème de l itération.. Note de M. Lémeray. « On sait que le problème de l'itération consiste, étant donnée une fonc- tion lî,( = ), à trouver une fonction i(«, s) se réduisant, pour u = o, à z; pour // = i , à $(«), et telle que l'on ait identiquement, quels que soient u, u' et z, ( z) et son in- verse ,(z) sonl uniformes, continues et régulières en x. D'après les recherches de MM . Kcenigs ( ' ), Grévy ( - ) et Leau ( ' ), il existe au voisinage de x une région R, telle qu'en prenant s dans son intérieur l'une au moins des substitutions =,*(*); s,*_,(s) converge vers x, à condition de prendre la détermination de $_,( ; ) qui, pour z — x, se réduit à a?. Supposons, de plus, x réel, <1''( r ) positif ou nul et — 1 premières dérivées ne œ(z) sont nulles pour z = o. Posons çP(0 ! P' = P i'i t nnates de l'École VormcMè supérieure, i884- (J) 7%&«>. (3) 7%&e. ( ^79 ) et supposons P positif dans le cas où p est impair : i(-//,s) = limo_„,|p/'-' [om(z)]P"i. Dans ces expressions, m est un entier positif qu'on fait croître au delà de toute limite. Si - est pris dans la région R, elles définissent une fonction analytique des variables // et :■, et pouvant être réelle quand u et z sont réelles; elles s'appliquent quand il y a convergence par la substitution directe; dans le cas contraire, on changerait le signe de m; dans tous les cas, on prend, parmi les déterminations de ; = o à la frontière de (D), converge, pourvu que | X | < kp (voir les Communications de la Société ma- thématique.de Kharkow, t. V; 1896). » En désignant par Ws les intégrales de M. Schwarz, on .1 w, w0 < W, , ^ w.,+, ,imvvT- >kp- .«--«. »» .«+1 Par conséquent, Cela posé, prenons ! l'égalité En employant l'inégalité de M. Bounjakowski (Schwarz), on peut écrite (') G est la fonction de Green. ou ( 281 ) /»* .mm* v D'autre part. Donc /•8* V2 w>K- » Mais f1 » Par conséquent et, comme V est une fonction décroissante de p, limW = o. fi : » » Donc I étant une fonction /?me et intégrable à l'intérieur de (D). » Soit /une Jonction seulement finie et continue à l'intérieur de (T) ■ D'après le théorème connu de M. E. Picard on peut écrire P, étant des polynômes entiers en a?, y, s. » Cette égalité nous donne r, 5 = 1,2 — . * C. R., 1899, *" 5eme*ir«. (T. CXXVIII, N; 5.) '7 ( 282 ) d'où [d'après (i)] ta //'*=22M* Ari=fPr\,ch, Asi = fps\tdz, et, comme cette série converge absolument, //^ =2 2^=2^ 1 = 1 r,s s=l » Supposons que / admet les dérivées de deux premiers ordres et posons » Nous aurons [d'après (2)] / u- ch = / y- f/x — 2 -^s = °> c'est-à-dire » Il importe de remarquer que cette égalité a lieu sans supposer l'exis- tence des dérivées du premier ordre de la fonction A/' et de la limite supé- rieure des intégrales I -r- d-u' etc. 0 J \ dx « En employant ensuite les mêmes raisonnements que dans ma Note : Sur un problème, etc. (Comptes rendus, 4 avril 1898), nous démontrerons le théorème indiqué plus haut. » On peut aussi sans aucune difficulté et de la même manière démontrer le théorème suivant : » La fonction f est développable en série absolument convergente procédant suiv ant les fonctions Ys satisfaisant aux conditions : &VS 4- ks Vf = o à l'intérieur de(D), -.— + A V, = o à la frontière, si elle est finie et continue à l'intérieur de(D) avec ses dérivées de deux premiers ordres et satisfait à l'équation du rayonnement à la frontière. » ( 283 ) ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur le prolongement des fonctions analytiques. Note de M. Emile Iîorel, présentée par M. E. Picard. « Les intéressantes remarques développées par M. Picard dans la der- nière séance me fournissent une occasion de préciser le point de vue auquel, à mon avis, on doit se placer, pour généraliser la définition du prolongement analytique due à Weierstrass. » L'importance de la définition de Weierstrass est due surtout à ce que le prolongement, quand il existe, est unique: mais il y a des cas où il n'existe pas : la fonction a une limite naturelle. Il ne semble guère possible d'espérer définir, dans tous les cas, un prolongement satisfaisant à ces condi- tions; mais ce n'est nullement nécessaire pour généraliser la définition de Weierstrass; il suffit que l'on puisse donner une définition du prolonge- ment, valable dans des cas plus étendus que celle de Weierstrass, et ayant la même propriété essentielle. Il y aura d'ailleurs des cas où la nouvelle défi- nition ne fournira aucun prolongement; dans ces cas, on continuera à dire que la fonction a une limite naturelle, jusqu'à ce qu'une nouvelle extension de la notion de prolongement permette de franchir cette limite. Chaque nouvelle extension devra d'ailleurs, bien entendu, non seulement fournir un résultat unique, c'est-à-dire ne pas être en contradiction avec elle-même, mais encore ne pas être en contradiction avec les définitions précédemment admises. » J'ai développé, dans ma Thèse et dans mes Leçons sur la théorie des fonctions, diverses considérations relatives, en particulier, à la continuité de certaines expressions analytiques, sur des courbes au voisinage des- quelles leurs singularités sont denses, considérations qui seront peut-être de quelque utilité pour l'étude du problème que nous venons de poser. J'ai aussi indiqué dans ma Thèse une extension, assurément bien particulière, de la notion de prolongement analytique, extension qui satisfait aux condi- tions indiquées plus haut. M. Fabrv, en se plaçant au même point de vue, a obtenu récemment une extension plus considérable de cette notion. Mais j'insiste, encore une fois, sur ce fait, qu'à mon avis on doit se proposer essentiellement de rendre le problème déterminé, quitte à se restreindre à des catégories relativement peu étendues de fonctions. « Il ne semble pas douteux, en effet, que, malgré toutes ces extensions, le prolongement ne reste impossible, en général, si l'on donne à ces mots ( 284 ) le sens que j'ai précisé dans ma Note du il\ décembre 1896. En effet, lorsqu'une fonction analytique admet un point singulier, on doit évidem- ment regarder comme le cas général celui où la fonction n'est pas uniforme autour de ce point. Considérons maintenant un ensemble dénombrable de points singuliers, dense sur une ligne; si chacun d'eux est un point de non- uniformité, il semble que la définition du prolongement échappe complè- tement, sauf dans le cas particulier indiqué par M. Fabry à la fin de sa Note du 9 janvier, et dans quelques cas analogues. Dans tous les cas, le prolongement est alors possible d'une infinité de manières (la fonction avant une infinité de branches) et de nouvelles considérations paraissent nécessaires pour poser nettement la question. Remarquons cependant qu'ici l'existence d'une infinité de prolongements (relatifs à des chemins différents) ne conduit à aucune contradiction. » Indiquons, en terminant, qu'étant donnée une équation différentielle à coefficients analytiques uniformes dans tout le plan, si on la considère uniquement dans le champ des variables réelles, il peut arriver qu'une intégrale y soit définie d'une manière unique par certaines conditions ini- tiales, et par la condition d'être continue, ainsi que ses dérivées, dans un intervalle ap, bien que cet intervalle ap renferme un point singulier \ de la fonction analytique y. Mais l'extension qu'il est nécessaire de donner à cette remarque, pour pouvoir l'appliquer utilement au problème ici posé, paraît exiger une généralisation de la notion de continuité, analogue à la généralisation que j'ai donnée ailleurs de la notion de limite; aussi me contenterai-je de ces brèves indications. » GÉOMÉTRIE. — ■ Sur les systèmes orthogonaux. Note de M. A. Pellet, présentée par M. Hermite. « 1. Soit f(x, , oc2 a?n)= ° l'équation d'une surface dans l'espace à n dimensions. Si l'on transporte l'origine en un point ordinaire de cette surface, cette équation devient /", •+- - L -h l f\ - . . — .fi+ . . . = o, •' ■?.• - oJ 1.2... r' f désignant un polynôme entier, homogène et de degré ien h,, h„, .... hn nouvelles coordonnées. » Les surfaces homofocales à la surface du second decxé «/", ■+- bf2 -h (-(h* -+- h: -+- . . . -+- /il) = o, ( 285 ) a, b, c étant des constantes arbitraires, qui passent par la nouvelle origine, ont pour normales les directions principales de la surface considérée en ce point. Ce sont les axes des <;,, ç, ç„_, de ma Note du 22 courant, l'axe des Z, étant la normale à la surface/ = o. Exprimons les quantités h en fonction des E, en supposant Z = o, puis substituons dans f3 ; on obtient, en annulant les coefficients des termes contenant trois des quantités \, les conditions pour que la surface / = o admette des lignes de courbure coor- données. Celte métbode conduit aux formules de M. Darboux (Leçons sur les systèmes orthogonaux}. 2. Désignons par "kj une des n racines de l'équation A 7 ». /•;-'"—>. = I, les lettres A représentant des constantes; par x l'infini ou o, suivant que m est compris entre 1 et 2 ou en dehors de ces limites ; les n intégrales égalées à des constantes, forment un système orthogonal, dont ces con- stantes sont les paramètres. Ce système comprend la surface 2 A,< 1; pour un point de cette surface une des quantités \j est nulle et l'intégrale correspondante illusoire. On formera d'une manière analogue un système orthogonal comprenant la surface (=1 les n -f- 2 équations- yt — o, y2= o, .... yn+2 = o représentant n -+- 1 sphères orthogonales deux à deux. » GÉOMÉTRIE. — Surfaces doublement cylindrées et surfaces iso thermiques. Note de M. L. Raffy, présentée par M. G. Darboux. « Si une surface présente un réseau conjugué («, c) tel que les plans osculateurs, menés aux courbes v = const. en tous les points de chaque ( 286 ) ligne u — const., soient parallèles à une direction fixe (U(, U2, U8), je dirai que la famille u = const. est cylindrée. (On sait que toute famille de lignes de courbure planes est cylindrée.) Si la même propriété appartient aux deux familles du réseau, on dira que la surface est doublement cy- lindrée : telles sont, par exemple, les surfaces de translation, et d'autres, dépendant d'un plus grand nombre de fonctions arbitraires. Je reviendrai sans doute sur la théorie générale de ces surfaces, qui me paraît mériter d'être développée. Je m'attacherai dans cette Note aux surfaces doublement cylindrées suivant leurs lignes de courbure. » Si l'on représente leur élément linéaire par Edu2-hGdi>- et qu'on pose A i= E[. : 2E, B = G'„ : 2G, la double propriété en question sera ex- primée par neuf relations dont nous écrirons trois seulement ( 1 ) x"m = Ax'„ -+- Bx'v, x"„, = lx'„ +mU,, x% — ~kx\, ■+■ y. V , . » En exprimant les conditions d'intégrabilité de ce système, on trouve, abstraction faite de certaines solutions particulières évidentes (surfaces moulures, etc.), / = B + ^, /;, = AB + A,',, m = N Ë r(ii); x = a-h^5 x;, = ab + b;„ a = v/GW(^). » Ainsi les fonctions E et G ne sont assujetties qu'à vérifier deux équa- tions aux dérivées partielles du troisième ordre (2) AB + A„ = B, -+- , " > AB -+- B,, = A„ + , " " ou Oi- ' " 1)11 Ov qu'il faut d'abord intégrer. En les combinant par voie d'addition et de soustraction, on obtient, par l'intermédiaire d'une équation de Liouville. \B- (,' \ ■ E=/(u)a'm, G = ?(?Hî la fonction auxiliaire c doit vérifier l'équation l'une de celles du tvpe s2 = kpq qui ont élé intégrées par M. Goursat ( Bull. Soc. mathém. de France. t. XXV, p. l 'i I. On a par suite E et G E _/(u)f'à U. + VqV G _f(f)fà U0 + V„ (U-t- \ r ' U' \du U + V/' il hV)' V v)(d u. + v,y. ' \^" u+v/' ( *87 ) dans ces expressions,/, U0 et U sont des fonctions arbitraires de «; les tangentes aux courbes du réseau déterminé sur S par les développables de la congruence considérée,/, et/., étant en dehors de M les foyers des congruences décrites par M/", et Mf... » Il est aisé de voir qu'en disposant convenablement des notations les tangentes aux lignes de courbure de la surface engendrée parle point F, sont F,F2 et F,/, ; de même pour F2, ce sont F2F, et Y2/2. Cela étant, on peut démontrer géométriquement ou par le calcul que M/, est l'axe d'un cercler, qui passe par F, et qui décrit un système cvclique; de même, le cercle T., ayant M/!, pour axe et passant par Fa décrit un autre système cyclique. » Parmi les plans perpendiculaires à F, F2 on sait qu'il y en a ac' qui enveloppent des surfaces de M. Voss (sur lesquelles il y a un réseau conjugué composé de lignes géodésiques). Ces plans contiennent d'ailleurs les cercles ayant F, F2 pour axe et décrivant des svstèmes cycliques. D'après un théorème de M. Cosserat les points de contact de ces plans avec leurs enveloppes se trouvent sur une même droite A. » Considérons maintenant la sphère de centre M et de rayon MF,. La corde de contact de cette sphère avec son enveloppe est, comme nous l'avons montré dans une Communication antérieure (Comptes rendus, t. CXXVII, p. 167), précisément cette droite A; elle décrit une congruence dont les plans focaux se confondent avec les plans des cercles r, et Y.,. Il en résulte que les développables de la congruence formée par les droites A découpent sur ses surfaces focales des réseaux conjugués que M. Guichard appelle cycliques. » ( 289 ) GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE . — Sur les lignes de courbure de certaines surfaces. Note de M. Blittel, présentée par M. Darboux. « Considérons une surface S dont les lignes de première courbure C et les lignes de seconde courbure G' sont définies respectivement par les équations v = const. et u = const., l'élément linéaire de la représentation sphérique étant ramené à la forme habituelle ds2 = q2 du- -+- p2 dv2 . » Nous appelons sphères de première courbure s, et sphères de seconde courbure a' les deux sphères principales relatives à un point quelconque M de la surface S. Lorsque les sphères g relatives à tous les points d'une ligne C coupent un même plan n ou une même sphère 2 qui dépend uni- quement du paramètre v sous un angle 9 dépendant, lui aussi, de ce seul paramètre, nous disons, pour abréger le langage, que les sphères =/>„ 4- a y/iog^- -^ » Jusqu'à la charge p0, il n'y a pas d'allongement permanent sensible. La constante p0 diminue quand le recuit augmente. La rupture se fait pour /■< /, et d'autant plus près de /, que le fil est plus homogène; /, aug- mente avec le recuit. Si p, est la charge calculée parla formule précédente pour /= /,, charge peu différente de celle de rupture, /?,/, est sensiblement constant pour des fils inégalement recuits. » Voici, à titre d'exemplp, le calcul d'une courbe pour un fil très recuit : /0=ioo, /?o=38, logA = 4,i78g8, ll = i2Q. » Le fil a cassé pour /= 127,8;/) est compté en unités arbitraires; le fil avait sen- siblement omn,,4 de diamètre. ( 292 ) // | expérience ) P alcul )■ /'( îxpérience). p (calcul 1 101,8 i3o i3a / u5,8 274 272 io3,8 170 '7' ..7,8 281 280 io5,8 '97 '99 119,8 286 286 107,8 221 220 121,8 291 291 109,8 239 237 i23,S 293 294 111,8 253 25 1 125,8 296 296 n3,8 264 263 127,8 m 297 » Je développerai, clans un Mémoire qui paraîtra prochainement dans les Annales de la Faculté des Sciences de Toulouse, l'interprétation très simple de cette formule et les diverses conséquences qu'on en tire. J'y étudie, en particulier : i° les transformations irréversibles que subit le métal le long de la courbe de traction, par la détermination de ses pro- priétés en chaque point et spécialement de ses constantes élastiques et de son coefficient apparent de Poisson; 20 les modifications des courbes de traction suivant la manière continue ou discontinue dont se produit la charge ; 3° l'action d'un couple constant imposé pendant la traction. » PHYSIQUE. — Sur la torsion permanente et le point de récalcscence de l'acier. Note de M. G. Moreau, présentée par M. J. Violle. « Dans une Note précédente ('), j'ai indiqué un moyen précis pour étudier la torsion résiduelle Tr d'un fil métallique magnétique, tordu de T degrés à partir de l'état naturel; après l'avoir tordu de T degrés, il suffit de le détordre lentement et de mesurer, au fur et à mesure, la torsion magné- tique temporaire qu'un champ longitudinal lui communique. Celle-ci diminue graduellement et s'annule quand la torsion restante est la torsion permanente. » J'ai étudié avec différents fils d'un même acier (cordes de piano) la loi qui relie Tr à T. Voici les résultats observés avec un fil de ocm,o6 de diamètre : T. T . T T.. cire o,o4 cire o,oo3 0,06 O,o8 0,007 0,012 0,093 o, 1 13 0,017 o,o3i 0, 1 33 o,o48 tire O, 160 cire 0,072 0,226 0, i36 0,280 0,188 o,36o 0,268 0,460 o,368 o,5oo o,4o8 (l) Comptes rendus, 7 février in (2 jan- vier 1899). ( 295 ) réapparaît, dans ces conditions, par l'action du champ. Cette étude m'a montré que l'explication donnée précédemment est exacte, sinon com- plète : pour chacune des raies nouvelles créées par le magnétisme, la flamme n'ahsorbe dans le faisceau de lumière blanche que les vibrations identiques à celles qu'elle émet elle-même. » Lorsqu'on opère en effet avec une flamme donnant des raies étroites, lorsque le champ est suffisant pour séparer les unes des autres les raies nouvelles qu'il produit, lorsque, enfin, l'arc est disposé de manière que son spectre nerenferme pas lui-même les raies D renversées : on voit apparaître par l'action du champ des raies brillantes occupant la place de celles, bien plus pâles, que la flamme émet elle-même. La dispo- tion de ces raies est conforme aux résultats de l'étude, faite par M. Cornu, des raies directes d'émission. Ainsi la raie D2 apparaît comme un triplet, la composante cen- trale présentant parfois une légère trace de dédoublement. Au contraire, la raie D, apparaît comme un doublet, les composantes latérales du quadruplet de M. Cornu n'étant pas séparées avec le champ (qui ne dépassait guère ioooo C. G. S.) et l'appareil dispersif employé. Ces résultats sont aussi d'accord avec ceux que fournit l'examen des raies renversées, fait avec un seul nicol laissant passer les vibrations soit parallèles, soit perpendiculaires au champ. » Les apparences se modifient lorsque la flamme, plus riche en sodium, donne de très larges raies d'absorption. L'action du champ fait apparaître seulement pour chacune des raies D un doublet large formé de deux com- posantes brillantes à bords extérieurs diffus. Ces composantes sont très écartées, leur distance pour la raie D2 peut atteindre le quart de la distance des deux raies. Je pouvais encore m'expliquer ce résultat : les raies nouvelles émises par la flamme sont très larges, elles aussi, et empiètent les unes sur les autres. L'absorption dans la partie centrale s'exerce à la fois sur les deux sortes de vibrations, de sorte que l'action du champ ne fait apparaître que les bords extérieurs des composantes latérales. ii Le doublet se rétrécit lorsqu'on diminue le champ magnétique; mais, avec un champ faible, pour lequel le phénomène de Zeeman est peu sen- sible, la largeur de chacune des composantes reste toujours notable. Cette particularité m'a conduit à rechercher quelle était la polarisation du faisceau sortant de ces flammes riches en sodium. » IL J'ai alors muni l'analyseur d'un quart d'onde (pour la lumière de la soude), et j'ai orienté l'analyseur elliptique ainsi obtenu de manière à arrêter complètement une vibration elliptique ayant son grand axe dirigé suivant la vibration incidente. Le spectre continu réapparaît alors avec les deux raies D renversées et larges. Le champ (10000 C.G.S.) étant établi, ces deux raies s'élargissent et leurs bords prennent un aspect dissymétrique. D'un côté de D2 apparaît une frange brillante, puis une frange noire, tandis que l'autre bord devient brillant. La raie D, présente le même aspect, ( 296 ) mais la frange noire en est plus rapprochée. L'analyseur étant circulaire, on voit encore, mais tout près des raies, une frange noire très fine qui ne s'efface plus lors- qu'on tourne l'analyseur. Cette frange passe de l'autre côté de la raie quand on change le sens de l'analyseur, ou bien quand on tourne le polariseur d'un angle droit. n Si le champ est faible, cette polarisation circulaire ne s'observe plus, mais on reconnaît, comme précédemment, la présence de vibrations elliptiques, droites ou gauches, très aplaties. » Les vibrations sortant de la flamme, dont la période est voisine de celles d'une raie, sont donc devenues elliptiques, droites d'un côté de la raie, gauches de l'autre côté. Si l'on examine ce sens, on trouve la règle suivante : Pour les radiations plus réfrangibles que l'une des raies D, la com- posante perpendiculaire, au champ d'une vibration incidente est en avance par rapport à l'autre. L'inverse a lieu pour les radiations moins réfrangibles, c'est- à-dire de l'autre côté de la même raie. » La différence de marche croît à mesure qu'on se rapproche de la raie, près de laquelle elle peut dépasser un quart d'onde. Pour une radiation déterminée, elle croît naturellement avec l'épaisseur de la flamme et sa richesse: mais il ne faudrait pas croire que l'on puisse augmenter ainsi, à son gré, les différences de marche observables, parce qu'on augmente en même temps la largeur de la raie d'absorption. » III. J'avais obtenu ces résultats lorsque j'ai eu connaissance, par les dernières Notes de M. Righi et de M. Becquerel ( ' ), du travail de M. Voigt, qui avait prévu et mis déjà en évidence cette biréfringence à l'aide du compensateur de Babinet. Je crois devoir néanmoins citer les expériences précédentes, parce qu'elles permettent de préciser les propriétés nouvelles acquises par la flamme dans le champ . pour les radiations ayant la période des raies émises par la flamme, elle se comporte comme une tourmaline dont l'axe serait parallèle ou perpendiculaire aux lignes de force; pour les radiations quelque peu distantes de ces raies, elle se comporte comme un cristal qui aurait une dispersion de double réfraction anomale et dont le signe ne serait pas le même dans tout le spectre; enfin pour les radiations tout à fait voisines des raies, le dichroïsme de ce cristal commencerait à se faire sentir, se traduisant par un changement et une déformation progres- sive des vibrations elliptiques observées. » Il ya donc bien, dans l'expérience faite sans spectroscope avec deux (') Righi, toc. cit. — H. Becquerel, Comptes rendus, t. CXXVIII, p. 1 45 (16 janvier i899)- .( 297 ) niçois croisés, superposition de deux effets, dont l'importance relative varie suivant la richesse de la flamme et la valeur du champ; il en est de même que dans l'expérience de M. Righi faite suivant les lignes de force, où il y a aussi à considérer et la différence d'absorption et la différence de marche des deux vibrations circulaires inverses. Les valeurs que l'on peut observer pour cette dernière sont bien plus considérables que dans le cas actuel (puisqu'on peut observer, par exemple, des rotations de 3i5° dans l'expérience de MM. Macaluso et Corbino). On s'explique ainsi que l'ex- périence faite perpendiculairement au champ exige un champ plus intense. » En revanche, elle paraît plus décisive pour déceler l'effet Zeeman, parce que la polarisation rotatoire magnétique est un phénomène constant, s'observantmême avec les corps transparents. Avec ces corps, au contraire, la biréfringence magnétique ne se présente pas : je l'avais recherchée au- trefois dans différents liquides, en employant un appareil très sensible. » Cette biréfringence est liée au phénomène de Zeeman, et les faits précédents sont d'accord avec l'explication que vient d'en donner M. Bec- querel : les vibrations parallèles et perpendiculaires au champ, ayant des maxima d'absorption distincts, ont des courbes de dispersion anomale distinctes. De même, le sens des rotations et l'allure particulière de la courbe de dispersion rotatoire, dans l'expérience de MM. Macaluso et Corbino, peuvent être prévus par la simple considération des deux vibra- tions circulaires inverses. » PHYSIQUE. — Sur la transparence des corps opaques pour les radiations lumi- neuses de grande longueur d'onde. Note de M. Gustave Le Bon, pré- sentée par M. Poincaré. « En poursuivant mes recherches sur les radiations de nature fort diverses que j'ai désignées jadis sous le nom de lumière noire, j'ai été con- duit à constater que les corps réputés les plus opaques étaient au contraire très transparents pour des radiations de grande longueur d'onde et qu'il était possible, par des moyens très simples, d'arriver à photographier à la chambre noire, en quelques secondes, des objets renfermés dans des boîtes fort opaques. L'impossibilité de voir à travers les corps opaques ne tient donc qu'au défaut de sensibilité de l'œil. » Il ne sera question, dans cette Note, que de corps opaques générale- C. R., 1899, 1" Semestre. (T. CXXVIII, N° 5.) 3o. ( 298) ment non conducteurs. Les métaux font subir à la lumière des transforma- tions dont je n'ai pas terminé l'étude. » Comme plaque sensible, j'ai utilise des écrans de sulfure de zinc phos- phorescent préparé par la méthode de Ch. Henry. L'image produite sur eux se fixe en appliquant l'écran contre une plaque photographique pen- dant une minute et développant cette dernière par les moyens ordinaires. » On sait depuis longtemps que les radiations les moins réfrangibles du spectre détruisent l'action lumineuse produite sur les substances phospho- rescentes par les rayons les plus réfrangibles. Ce phénomène est surtout facile à constater pour le sulfure de zinc. Son spectre d'illumination va depuis les environs de la raie G jusqu'au delà du violet avec un grand maximum autour de H. Son spectre d'extinction va de F jusque dans l'infra-rouge avec un maximum, variable suivant la source lumineuse, aux environs de A = i!\5. J'ai constaté que la sensibilité de l'écran sulfuré pour ce spectre d'extinction est au moins égale à la sensibilité des plaques photographiques pour la lumière ordinaire. C'est en utilisant cette sensi- bilité qu'il m'a été possible de mettre en évidence la transparence pour les radiations de grandes longueurs d'onde de corps considérés jusqu'ici comme très opaques. » On peut opérer soit avec la chambre noire munie d'un objectif photographique- soit, comme pour la radiographie avec les rayons X, en appliquant directement l'écran de sulfure de zinc (') contre la boîte opaque contenant l'objet à radiographier. » La source lumineuse est une forte lampe à pétrole entièrement entourée de pa- pier noir(2) ce qui fait que l'opérateur se trouve dans l'obscurité absolue. » On sensibilise l'écran en l'exposant à la lumière du jour pendant une à deux se- condes et on l'expose de suite dans le châssis photographique ou derrière le corps opaque éclairé par la lampe obscure. La transparence des divers corps opaques sera indiquée plus loin, mais comme indication générale on peut dire qu'en procédant par (') On peut obtenir des résultats analogues avec du sulfure de calcium, mais sa sensibilité est plus de 3oo fois moindre que celle du sulfure de zinc. On peut aussi se servir de pellicules photographiques à grains très fins (pellicules Thomas) qu'on voile en les exposant une seconde à la lumière d'une bougie. Elles sont alors sensibles au\ radiations de grandes longueurs et dévoilées proportionnellement à l'intensité de ces radiations. Elles donnent des images très nettes, mais leur sensibilité pour ces radia- tions est au moins 5ooo fois moindre que celle du sulfure de zinc. (-) Le papier noir est d'ailleurs inutile avec le sulfure de zinc, parce que les rayons visibles d'une lampe ne l'illuminent pas. Le papier noir n'est ajouté que pour rendre l'expérience plus démonstrative. { 299 ) contact on obtiendra, en quatre ou cinq secondes, l'image d'un objet métallique, une décoration par exemple, enfermée dans une boîte en papier noir ou en ébonite, et qu'à la chambre noire, avec un objectif à portrait, il faudra environ deux minutes. Il en faudra un peu moins pour photographier une statuette éclairée par les rayons obscurs. » L'image obtenue n'est visible que dans l'obscurité, mais on la transforme très facilement en cliché photographique en opérant comme il a été expliqué plus haut. » Voici maintenant en opérant par contact, c'est-à-dire en interposant le corps opaque entre la lampe et l'écran de sulfure, le temps nécessaire pour obtenir l'image d'un objet, un disque métallique par exemple, appliqué sur l'autre face du corps opaque. » Ebonite de 2mm d'épaisseur, une seconde ; ébonite de icm d'épaisseur, dix secondes ; lame de chlorure d'argent de imm d'épaisseur, douze secondes; quatre feuilles de pa- pier noir superposées, douze secondes; planche d'acajou de 5mm d'épaisseur, quinze secondes; carton gris de imm d'épaisseur, soixante-dix secondes; seize feuilles de pa- pier rouge superposées, vingt-cinq secondes; polarisation à travers des tourmalines recouvertes de papier noir, soixante secondes; etc. ('). m On a essaye ensuite d'arrêter les rayons obscurs en interposant, devant une feuille de papier noir mise sur l'écran de sulfure, les corps suivants taillés en^bandesde icm d'épaisseur : sel gemme, alun, flint, quartz enfumé, crown, verre vert. » Le sel a été le plus vite traversé; mais en quatre ou cinq secondes l'intensité de l'impression était égale sous les divers corps. L'interposition de cuves d'alun, de sul- fate de cuivre ammoniacal, de sulfate de fer, de bichromate de potasse, d'humeur vitrée, etc., en couche de 2P du point P au bord p de la plaque. On distingue les deux actions en arrêtant tout ou partie des rayons S par un ruban d'aluminium ou de mica placé sur la couche sensible perpendicu- lairement au bord/). » On trouve ainsi que l'action photographique d'un métal lourd devient une fraction notable de l'action directe des rayons X, dès que l'épaisseur d'air 79 0,27 0,19 o,65 3,82 0,17 0,68 7,65 0,23 0,93 ■5,48 0, 16 o, 3 2 24,75 0,61 o,46 26,20 0,23 o,49 3i,44 0,46 0,28 35 , 70 o,3o 0,68 43,o4 0,11 o,3S 58 , 3o 0,08 o,4i 69,20 0,07 0,68 76,70 0,12 o,38 88,g5 0,09 °.74 92,20 0, 10 0,86 94,7° 0, 12 o,55 98 , 5o Disparition Apparition du du magnétisme magnétisme pendant pendant !e chauflage. le refroidissemenl 0 735 0 7 ' ' 710 628 710 53o 623 .45 54o -1: 0 1 ■ Denain. C. R., 1899. 1" Semestre. (T. CXXYIII. IV' 5. ( 3o6 ) » Le diagramme ci-joint, dans lequel les proportions centésimales de fer on de nickel sont prises pour abscisses et les températures de transfor- mation magnétique pour ordonnées, résume les données de l'expérience (' ). A' A 700 fi \f^-t Y n- \ \b' ^^~5* \ E ) l V <*0 50 60 Nickel pour cent. » On voit que la courbe se compose de trois branches : i° la branche AB, A'B' était déjà connue depuis les travaux précédents; 2° la branche montante CD, CD', déjà déterminée jusque vers 45 pour ioo, surtout par les recherches de M. Guillaume, se continue jusqu'au maximum D, D'; 3° passé le maximum, la courbe donne une troisième branche descendante, DE, D'E' rejoignant le point de transformation du nickel (2). » La courbe de refroidissement, si on la considère seule, rappelle beau- coup certaines courbes de fusibilité. Par analogie, on pourrait être tenté (,') Dans les échantillons de provenance anglaise dont les points de transformation sont inférieurs à 55o°, le ferro-magnétisme apparaît ou disparaît réellement en deu\ temps. Les températures inscrites au Tableau sont celles de la phase principale; la phase secondaire, réversible et relativement très faible, débute à une température pratiquement constante de 55o° et croît proportionnellement à la teneur en nickel. Dans les alliages de provenance française, on ne retrouve que des traces de cette seconde phase. J'en ignore absolument la cause. (-) L'écart régulier d'une quarantaine de degrés entre les courbes CDE, C'D'E' du diagramme n'est qu'apparent. Les températures lues sont quelque peu en avance pendant le chauffage et en retard pendant le refroidissement sur les températures réelles. D'après MM. Guillaume et Dumont, les phénomènes magnétiques pour les alliages considérés sont réversibles. { 3o: de croire que le minimum correspond à un alliage eutectique et le maxi- mum à un composé défini Ni2Fe, partiellement dissocié. Ceci sous toutes réserves. La courbe des transformations au chauffage montre en effet, comme on le savait, un énorme hiatus vers 2.5 pour ioo de nickel. Il n'est pas non plus certain que les deux branches AB, DC se coupent quelque part : M. Guillaume a rencontré dans cette région un alliage qui ne se transforme pas, même dans l'air liquide; au surplus, ni les expériences de M. Dumont ni les miennes n'ont révélé jusqu'à présent l'existence d'une branche de courbe horizontale au-dessous de zéro, comme le voudrait l'hypothèse d'un eutectique. Je compte revoir cette question de plus près. » Il est à remarquer que l'addition de fer au nickel relève le point de transformation du nickel, tandis que l'addition de nickel au fer abaisse les points de transformation du fer. Ce fait pourrait indiquer une différence de signe dans les changements de volume qui accompagnent les transforma- tions des deux métaux. C'est aussi ce que j'ai l'intention de rechercher. » CHIMIE GÉNÉRALE. — Sur la décomposition de l'oxyde de carbone en présence des oxydes métalliques. Note de M. O. Boudouard , présentée par M. Troost. « Dans une précédente Note ('), j'ai indiqué les résultats que j'avais obtenus en étudiant la décomposition de l'oxyde de carbone en présence de l'oxyde de fer; j'ai étendu ces recherches aux oxydes de nickel et de cobalt, à la même température de 445°- » I. Je résumerai dans les Tableaux ci-dessous les résultats numériques auxquels je suis arrivé : i° Oxyde de nickel. Quantité 8 minutes. 60 minutes. 2 heures. 4hl5™- de nickel. CO*. CO. CO2. CO. CO2. CO. CO2. CO. er O, l5 IOO » » » » » » » o,o5 90 ,9 9,1 100 » » » » » o,oo5 25,9 -4,1 88,4 n,6 96,3 3,7 100 » (') Comptes rendus, t. CXXVIII, p. 98. ( 3o8 ) 2° Oxyde de en ho II. Quantité 8 minutes. 60 minutes. ! heures. 4h'5" de cobalt. C0-. CO. CO2. CO. CO2. CO. CO2. CO. 0 , 1 5 I OO » » )) » » » » o , o5 89 ,7 io,3 1 00 » >i » » » o,oo5 I7-'' ^2,4 81,2 18,8 93,9 6,< 100 » « Aussi bien en présence de l'oxyde de fer que des oxydes de nickel et de cobalt, il faut avoir soin de faire l'extraction des gaz à chaud; il y a à craindre, en effet, la formation des combinaisons métalliques que l'oxyde de carbone est susceptible de fournir (fer-carbonyle, nickel-carbonyle et, très probablement, cobalt-carbonyle) ('). J'ai pu constater le fait sur des tubes contenant de l'oxyde de nickel, qui avaient été fermés au mois d'août 1898 et qui n'ont été ouverts qu'au mois d'octobre suivant : les grains de ponce contenus dans ce tube, étant chauffés, ont donné lieu à la formation d'un enduit métallique, dû à la décomposition du nickel-car- bonyle produit pendant le refroidissement. » Comme avec l'oxyde de fer, la quantité d'oxyde de carbone décom- posé en présence des oxydes de nickel et de cobalt, à la température de 445", croît avec le temps, et elle dépend aussi de la quantité d'oxyde métallique présent. Il faut cependant un temps beaucoup moins long pour arrivera la décomposition totale. » II. Dans les expériences mentionnées précédemment, tant pour l'oxyde de fer que pour les oxydes de nickel et de cobalt, les quantités de charbon déposé au moment de la fermeture des tubes étaient du même ordre de grandeur que les quantités des oxydes métalliques mis en réaction. Dans une deuxième série d'expériences, j'ai pris du charbon de bois cal- ciné dans un courant de chlore pour enlever l'hydrogène qu'il peut con- tenir; ce charbon, débité en morceaux de la grosseur d'une noisette, a été imprégné d'une solution d'azotate de fer, de nickel ou de cobalt, et calciné. Je me trouvais alors en présence de grandes quantités de charbon relati- vement aux quantités d'oxvdes : pour le fer, le rapport du poids du charbon (') Mond, Langer et Qiincke, Chemical Society, l. LVII, p. 719. — Berthelot, Comptes rendus, t. GXII, p. 1 343 . — Mond et et Langer ; Chemical Society, t. LIX, p. 1090. ( 3o9 i à celui de l'oxyde était i3; pour le nickel et le cobalt, ce rapport était égal à 9. » Le dispositif expérimental étant le même que dans les essais faits avec la ponce, les résultats obtenus ont été les suivants : 8 minutes. 6 heures. Quantité — ._ — — — d'oxyde. CO2. co. CO3. co. Oxyde de fer ( 0 , 244 l 0,008 33,3 7-9 66,7 92>' 84,i 79»7 •5-9 2o,3 S minutes. 4hi5" CO-. co. co-. "" cô7 Oxyde de nickel. . . \ 0,474 j o,oi58 64,o 25,3 36, 0 92>' 99.1 65,4 0,9 34,6 Oxyde de cobalt. . . ( 0,417 1 o,oi3g 96>-aminophénylcétone ou par l'action du chlorure d'acétvle sur l'iodo-benzène en présence de Al Cl3. J'ai cherché à obtenir une méthyl- phènylcêtone iodée dans le groupe méthyle. » On laisse en contact pendant une heure ou deux, à la température ordinaire, une dissolution alcoolique de méthylphénylcétone w-chlorée ou bromée avec un léger excès d'iodure de potassium finement pulvérisé; on agite fréquemment. Le dépôt change bientôt d'aspect par suite de la formation de chlorure ou de bromure de potassium. La liqueur, versée dans un excès d'eau froide, abandonne une masse cris- talline qu'on redissout dans l'alcool. La solution alcoolique, additionnée d'eau jusqu'à formation d'un trouble persistant, laisse déposer des cristaux presque incolores, qu'on essore entre des doubles de papier-filtre. Ils possèdent la composition d'une u-iodo- méthylphénylcétone C6 H5 CO CH2 1. Dosage de l'iode. I. 11. Matière o , 3/Jo, o , 3o5 Agi o , 336 0,291 « Soit, en centièmes : iode, 5 1 ,98 et 5i ,5a ; calculé, 5i ,62. » La double décomposition entre la cétone chlorée ou bromée et l'iodure de potas- sium est plus rapide, si l'on chauffe doucement le mélange au bain-marie, sans dépasser 45°-5o°; une élévation un peu trop forte de température altère le produitj la liqueur brunit et l'addition d'eau ne sépare plus qu'une huile très colorée et diflî cilement crislallisable. » La méthylphénylcétone w-iodée est en aiguilles incolores, fusibles vers 29°,5-3o°, insolubles dans l'eau, très solubles dans l'alcool, l'éther, le benzène et le sulfure de carbone. Oxydée à ioo° par le permanganate de potasse en solution alcaline, elle donne de l'acide benzoïque. Chauffée avec de l'hydrate de plomb récemment préci- pité, en suspension dans l'eau, elle est transformée en benzoylcarbinol, caractérisé ( 3i3 ) par ses propriétés réductrices; l'iode est éliminé sous la forme d'iodure de plomb. L'acétate de potassium en solution alcoolique a donné l'éther acétique du benzoylcar- binol, fusible vers 48°-49°- » La méthyl-p-tolylcétone w-iodée CH3CsH*COCH2I a été obtenue de la même (M (M manière que la cétone iodée précédente, en partant de l'to-cHorométhyl-jB-tolylcétone. » Elle se présente en aiguilles incolores, fusibles vers4o°-4i°, solubles dans l'alcool, l'éther, le benzène et le sulfure de carbone. Chauffée avec le permanganate dépotasse en solution alcaline, elle est oxydée et donne de l'acide téréphtàlique. Une dissolution alcoolique d'acétate de potasse la transforme en éther acétique du /)-toluylcarbinol, fusible à 83". » Vélhyl-p-tolylcétone iodée CH3C6H4COCHICH3 se prépare eu chauffant à reflux, m ni au bain-marie, pendant une demi-heure environ, une dissolution alcoolique de la cétone bromée correspondante avec de l'iodure de potassium pulvérisé et en léger excès. Le dépôt obtenu en versant la liqueur dans l'eau froide est purifié par une nouvelle cristallisation dans l'alcool bouillant. » Uéthyl-p-tolylcétone iodée est en lamelles incolores, brillantes, fusibles vers 1020- io3°, très solubles dans l'éther, dans le sulfure de carbone et le benzène, dans l'alcool bouillant, mais peu solubles à froid dans ce dissolvant. Le permanganate de potasse en solution alcaline l'oxyde à la température du bain-marie, en donnant de l'acide />-toIuique, en aiguilles brillantes, fusibles à ij6°-irjr]0, et de l'acide téréphtàlique. L'acétate de potasse en solution alcoolique élimine complètement à chaud l'iode de ce dérivé et le convertit en éther acétique du méthyl-/)-toluylcarbinol CH3C6H4COCH(OCOCII3)CH3, 1 I (4) fusible à io6°. » Les vapeurs des cétones iodées précédentes irritent vivement les yeux et provoquent le larmoiement. Ces mêmes dérivés sont altérables par la lumière; leurs dissolutions benzénique ou sulfocarbonique, exposées aux rayons directs du Soleil, se colorent très rapidement en violet par suite de la mise en liberté d'un peu d'iode. » CHIMIE ORGANIQUE. — Remarques sur la prêparalion des oxyéihylamines. Note de M. F. Chancei., présentée par M. Friedel. (Extrait.) « Wurtz, après avoir obtenu les oxyéthylamines par l'action de l'ammo- niaque sur l'oxyde d'éthylène, prépara également ces bases en faisant agir l'ammoniaque sur la chlorhydrine du glycol ( ' ). Ayant repris la même pré- paration, j'ai fait les remarques suivantes : (' ) Répertoire de Chimie pure, p. [\i ; 1862. C. R., 1899. 1" Semestre. (T. CXXVI1I N° 5.) 41 ( 3i4 » L'ammoniaque aqueuse concentrée agit même à froid sur la chlorhv- drine du glvcol; au bout d'un mois, le tiers environ de l'ammoniaque né- cessaire à la réaction s'est combinée. En opérant à chaud, Wurtz n'avait pns obtenu de chlorhydrate de trioxvéthvlainine; en répétant l'expérience je ne suis pas arrivé aux mêmes résultais; en effet, en évaporant à sec les produits de la réaction, et reprenant par l'alcool absolu, je trouve que celui-ci a laissé sans le dissoudre un mélange de chlorhydrate d'ammo- niaque et de chlorhydrate de la base tertiaire. Dans une de mes expériences un pareil mélange renfermait 4o pour loode chlore; i! y avait donc un peu plus de la moitié de chlorhydrate de trioxyéthylamine ('). On peut facile- ment séparer les deux sels par cristallisation, ou en chassant l'ammoniaque par la baryte, cette dernière base étant ensuite facile à enlever. » J'ai pu ainsi obtenir de belles trémies de chlorhydrate de trioxvéthv- lamine. » Le chlorauratede cette même base est un sel jaune d'or, en paillettes, peu soluble à froid et cristallisant avec une molécule d'eau; il fond à 68°. » J'ai constaté en outre que les chloroplatinatesdes mono et dioxyéthy- lamines cristallisent aussi avec une molécule d'eau; mais ces deux sels se séparent difficilement l'un de l'autre par précipitation par l'éther de leur solution dans l'alcool aqueux. » J'ai préparé également l'oxalate neutre de monoxyéthvlamine; c'est un sel blanc, très soluble dans l'eau, peu soluble dans l'alcool; à 200 un litre d'a!cool dissout oBr, 5 de sel. » CHIMIE ORGANIQUE. — Extraction et synthèse du principe odorant de la fleur de jasmin (2 ). Note de M. Albert Verley, présentée par M. Friedel. « Depuis quelques années on a fait de nombreuses tentatives pour extraire l'huile essentielle qui constitue le principe odorant de la fleur de jasmin. Si l'on distille le jasmin avec la vapeur d'eau et qu'on repasse l'eau distillée sur de nouvelles fleurs, même un très grand nombre de fois, on n'arrive pas à séparer d'huile essentielle. Cela tient à ce que le parfum n'existe qu'en petite quantité dans la plante, et qu'en outre, comme je le (') AzH*Cl renferme 66 pour 100 et (GIH60),AzHCI 19,08 pour 100 de chlore. (-) Travail fait au laboratoire des recherches de la SocitHé anglo-française des parfums perfectionnés, à Courbevoie. ( 3i5 i montrerai plus tard, il se détruit complètement par ébullition prolongée avec une eau légèrement acidulée. » Grâce à l'initiative de MM. Bush et C'e, parfumeurs à Londres et possé- dant une usine dans le midi de la France, je suis arrivé à me procurer un extrait dans un état de pureté suffisant pour me permettre de faire des recherches, qui m'ont amené à isoler le principe odorant. » Pour cela, il a été préparé d'abord par enfleurage une pommade absolument sur- saturée de parfum. Chacun connaît la méthode qu'on appelle enfleurage à froid et qui peut seule être utilisée pour obtenir des odeurs délicates comme celles du jasmin. » La graisse est étendue sur les deux faces de glaces de verre enchâssées dans des cadres de bois. Ces cadres sont empilés les uns au-dessus des autres et dans chaque intervalle laissé par deux glaces consécutives, on introduit des fleurs fraîches cueillies avant la rosée du matin (cette précaution est indispensable pour éviter l'humidité qui altérerait la fleur pendant l'opération). Les fleurs se trouvent donc enfermées dans de petites chambres entièrement tapissées de graisse et exhalent leur parfum, qui est absorbé par la pommade. Chaque matin on renouvelle les fleurs qui sont fanées et cette opération est répétée un très grand nombre de fois. La pommade au jasmin obtenue de la sorte a été épuisée par l'huile de vaseline qui se charge de l'essence et laisse le corps gras. Ensuite celte huile de vaseline a été épuisée par l'acétone et cet extrait acétonique, évaporé dans le vide, a laissé un résidu coloré en rouge clair, sous la forme d'une huile assez fluide et possédant avec une intensité extraordinaire l'odeur caractéristique du jasmin. » Les rendements sont faibles et je n'ai pu disposer que de 4oEr de cet extrait. 35°r ont été soumis à la distillation dans le vide. J'ai obtenu igs1 à la première distillation passant entre 70 et 180 sous iomm. Il est resté i4sr de résine. » Ces 19°'', soigneusement fractionnés sous la pression de I2mm, ont fourni au troisième tour : 700 à ioo°, 25r; 1000 à 1010, iisr; 1010 à no°, 3sr; uo°à 180°, 2s1'. » La portion de 100 à 101 se présente sous la forme d'un liquide légèrement coloré en jaune, très fluide et d'une odeur de jasmin d'une puissance incomparable. Densité =1,1 292 à o°. t> L'analyse a donné des nombres qui répondent à peu près à la formule C9H10O:. » Il y a un léger excédent de carbone et d'hydrogène, qui vient probablement de ce que la substance analysée n'est pas pure, mais est un mélange du corps C9H10O2 avec un corps terpénique tel que le linalol, ou un de ses éthers bouillant également à 10 1° sous i2,1,m. Les nombres trouvés cadreraient très bien avec ceux fournis parC9H10O2 plus 10 pour 100 de linalol. » Afin de déterminer la constitution de ce corps j'ai fait les expériences suivantes : » J'ai d'abord constaté que ce corps n'était susceptible de fixer qu'une très petite quantité de brome, environ ^ de molécule. Ce fait provient cer- tainement du mélange de la substance principale C9H,0O2 avec une petite quantité d'autres corps pouvant fixer du brome et bouillant à la même température. ( 3rfi » La potasse à froid ne donne rien. Ce corps n'offre pas les propriétés d'une aldéhyde, car il ne réduit pas le nitrate d'argent ammoniacal. Ce n'est pas non plus une acétone, car il ne se combine pas à l'hvdroxyla- niine. L'oxydation chromique donne une réaction très nette qui a permis de constater la présence du noyau benzénique dans la molécule : « 3?'' de la portion passant de ioo" à ioi° ont été chauffés an réfrigérant ascendant avec io d'acide chromique dans 3oosp d'eau, jusqu'à disparition totale de l'odeur du jasmin. Pendant le courant de l'oxydation, on perçoit nettement l'odeur de i'aldélivde formique et il reste, lorsque l'oxydation est terminée, une odeur très prononcée d'amandes amères. » On épuise à l'élher ; le résidu de l'épuisement est dissous dans une petite quantité d'eau chaude, filtré, et par refroidissement il se dépose des cristaux nacrés qui fondent à I2i°. » L'analyse et les propriétés de ces cristaux conduisent à la formule de l'acide benzoïque. » Le principe odorant du jasmin, que j'appelle jasmal. contient donc trois doubles liaisons sous forme de noyau benzène, et c'est ce qui explique pourquoi il ne fixe pas de brome. » Ce qui m'a frappé ensuite, c'est de constater qu'une substance aroma- tique contenant deux atomes d'oxygène dans sa molécule possède un point d'ébullition aussi peu élevé, et j'ai tout d'abord imaginé que l'oxy- gène était sous la forme d'éther. » Afin de trancher la question, j'ai fait bouillir au réfrigérant ascendant 2gr de jasmal avec ioogr d'eau contenant i«r d'acide oxalique. Au bout de quelques heures, l'odeur du jasmin a disparu et l'huile est devenue soluble. On neutralise par la craie, on filtre la solution et l'on évapore à siccité. » Le résidu de l'évaporation cristallisé dans le benzène a laissé déposer des lamelles d'aspect gras, fondant à 63°. Ces crislaux sont solubles dans l'eau, et décomposés par l'acide sulfurique à i5 pour 100, ils donnent l'odeur caractéristique de jacinthe, particulière à l'aldéhyde phényl- acétique; ils présentent, par conséquent, les propriétés de l'alcool styro- lénique CCH5 - CHOH - CH2OH. » Je n'ai pas eu assez de substance pour en faire l'analyse, mais la syn- thèse du jasmin et de ses homologues, que j'ai obtenue ensuite, m'a permis de confirmer ces prévisions d'une manière complète. » Synthèse du principe odorant du jasmin. — Pour préparer l'acétal mé- thylénique du phénylglycol, ou jasmal mélhvlique, j'ai opéré de la manière suivante : sr (3.7 ) » On chaufîe au bain-marie : Phénylglycol 5o Eau 3oo Acide sulfurique 12.5 Aldéhyde formique 100 » Après un temps très court, il se forme une huile surnageante légère. On enlève et l'on recueille cette huile dans l'éther, puis on la rectifie dans le vide. Elle bouta loi" sous la pression de i2mm et à ai 8° à la pression ordinaire. Densité = i,i334 à o°. Nd— 1,619. » L'analyse a donné : Théorie pour C9H10Os. G 71,86 72,00 H 6,96 6,66 0 21 ,24 21 ,34 A l'état de pureté, ce corps possède l'odeur caractéristique du jasmin. Il a toutes les propriétés du jasmal naturel; en particulier, il est détruit par ébullition avec l'eau acidulée en régénérant le phénylglycol et l'aldéhyde méthylique, mais il est très stable en présence de l'eau à froid et en présence de l'alcool. » J'ai constaté que l'on peut très facilement substituer à l'aldéhyde for- mique une autre aldéhyde grasse homologue, et que, dans ce cas, la réac- tion est encore plus facile et plus nette que dans le cas du jasmal méthylique. » L'acétal éthylidénique du phénylglycol et l'acétal amylidénique ont été ainsi préparés et ont des propriétés analogues. » Il m'a paru intéressant de tenter aussi la synthèse de l'acétal benzili- dénique du glycol, dont la formule de constitution est assez voisine de celle du jasmin. » Je me suis servi, pour cela, de la méthode publiée par Fischer pour l'obtention des acétals d'aldéhydes aromatiques (Ber., t. XXX, p. 3007). » J'ai obtenu de la sorte igr d'une substance bouillant à i4o°, d'une odeur indistincte, rappelant un peu celle de l'aldéhyde benzoïque et qui présente la composition de l'acétal cherché /x ,0-CH» 11 CH\ ' \0-CH2- » ( 3i8 ) chimie ORGANIQUE. - - Action des chlorures bis-diazoîques de la benzidine, de l' orthololidine et de l' orthodianisidine sur V acélylucèlone (' ). Note de M. G. Favrel, présentée par M. C. Friedel. « Dans une Note précédente, j'ai montré que les chlorures bis-diazoïques réagissaient sur les cyanacétates de méthyle et d'éthyle, puur donner des corps qui, selon toute vraisemblance, doivent être considérés comme des hvdrazones. La facilité avec laquelle ces réactions se produisent m'a déter- miné à essayer si une action du même genre aurait lieu avec l'acétyl- acétone de A. Combes. » iSsr de benzidine pulvérisée sonl mis en contact avec 5occ d'acide chlorhydrique à 4° pour 100. Le tout, étendu de 5oocc d'eau et maintenu à zéro au moyen de glace, est additionné de 200cc d'une solution normale de nitrile de soude. A la solution de chlorure de tétrazodiphényle ainsi obtenue, on ajoute 2081' d'acétylacétone. Le mélange, vivement agité, est saturé ensuite avec une dissolution aqueuse de soude ou de carbo- nate de soude. On obtient immédiatement un précipité rougeâtre, dont la quantité va en augmentant avec le temps. Ce précipité, après lavage et dessiccation, pèse 38sr. Le produit ainsi obtenu est insoluble dans les dissolvants usuels : éther, alcool, chloro- forme, benzine, même à chaud; mais se dissout dans l'aniline ou le nitrobenzène bouillants. Une dissolution à 10 pour 100 dans ces dissolvants donne, par refroidisse- ment, de belles aiguilles qui, essorées et lavées à l'éther fondent à 3">8"-26on. » Leur composition centésimale est celle de la diphényldihydrazone-acétylacétone qui se serait produite d'après l'équation suivante : Cil3 CO reH4^/_V-r/CO-CH3 CrP-Az^Az-OH VU C6tb- Az '- Az = C< ~" ™! + 2CH!-2H!0 + kn I /H /CO-CH3 °H4Az — Az — OH CO C«H* -Az — Az = C:, '/' - 2S,3 101' » 3i,4 » Les nombres sont suffisamment concordants, si l'on tient compte des différend individuelles, de l'incertitude inévitable sur le commencement de la période digestive et enfin de ce fait qu'on ne s'est pas astreint absolument à donner le repas à une heure bien déterminée et toujours la même. « Il résulte de cette série d'expériences qu'au moment de l'activité de la cellule hépatique son pouvoir réducteur tombe rapidement. » Le pancréas donne lieu aux mêmes observations, mais le phénomène est moins accentué : Pouvoir réducteur du pancréas. Aussitôt après le repas 20,2 35™ après le repas j6,6 »b » i5,8 "''So1» » t4,4 2hIOm . » I2 8 3h 9.8 5h » ti,6 71' » i3,6 ■oh » 10,4 » Ces nombres sont moins précis que tout à l'heure. J'ai dû opérer sui- des quantités de matière moindre, mais le phénomène est le même. » Ainsi, pour ces deux glandes, après le repas, commence une chute du pouvoir réducteur qui est complèle vers ht troisième heure. Ensuite le C. K.. 189,,, 1" Semestre. (T. CXXVIII, N° 5.) 42 ( 322) pouvoir réducteur se relève au fur et à mesure que s'assimilent les produits i digestion. » L'acte digestif détermine donc le fonctionnement de ces glandes, mais il ne faudrait pas croire qu'il soit dû seulement à l'ingestion des aliments. Chez un animal qui mange d'ordinaire à 8h du matin, la cellule hépatique commence à fonctionner vers ioh, et cela que l'animal ait mangé ou pas. C'est là un exemple de mémoire cellulaire. A io'1 la cellule a l'habitude de fonctionner et elle fonctionne. » Voici les expériences faites à ce sujet : » Expérience l. — On donne à manger à un cobaye trois heures après l'heure habi- tuelle et on le tue trois heures après ce repas. » Au lieu de trouver pour le foie et le pancréas les nombres 12 et 9 correspondant à la troisième heure, on trouve les nombres 3l,3 et 18,2 correspondant à peu près a la sixième. » Autre expérience. — On tue à io,l3o"1 du matin un cobaye n'ayant pas mangé depuis la veille au soir à 5h. On trouve pour le foie et le pancréas les nombres 1 \ , 7 et i5,9 correspondant à deux heures après le repas. Le fonctionnement de la cellule s'est donc fait comme d'habitude. » Cette mémoire cellulaire peut conduire à de graves erreurs. [1 faut donc en tenir compte dans les recherches physiologiques. » Le fonctionnement du muscle donne lieu à des remarques analogues. Nous l'étudierons prochainement. » PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — L' exploration clinique des jonctions rénales et la glycosurie phloridzique. Note de M. Ch. Aciiard, présentée par M. Lannelongue. « L'examen des urines fournit au clinicien plusieurs moyens d'explorer les fonctions rénales. Par la recherche classique de l'albumine, il peut savoir si le rein malade laisse échapper une substance qu'il devrait retenir; par l'analyse quantitative de l'urine, si l'organe plus ou moins profondé- ment lésé se prêle, au contraire, avec une facilite moindre au passage des principes normaux. » La méthode que nous avons instituée, il y a deux ans, avec M. Cas- taigne, ne se borne pas, comme les précédentes, à !a simple observation de ce que le rein peut spontanément éliminer : elle provoque, par une épreuve spéciale, le passage d'une substance déterminée à travers l'organe. ( 323 ) Son principe peut se résumer ainsi : introduire sous la peau un corps facilement éliminable par l'urine, mais ne s'y rencontrant pas à l'état nor- mal, et observer méthodiquement l'ensemble et les détails de son élimi- nation. Le bleu de méthylène nous a paru convenir spécialement à cette exploration, mais il est clair c|ue le choix du réactif indicateur ne saurait être exclusif et que le principe de la méthode subsiste, quel que soit le corps employé. Nous avons fait nous-mêmes des recherches comparatives avec plusieurs substances et d'autres observateurs nous ont suivis dans celte voie. » Le choix des substances indicatrices devait nécessairement porter en première ligne sur celles qui n'entrent point dans la constitution de l'or- ganisme et ne font guère que le traverser comme une sorte de corps étran- ger. Les éléments normaux de l'urine, en effet, conviendraient mal pour cette épreuve, car le taux de leur excrétion est influencé par le régime ali- mentaire, la nutrition générale, le fonctionnement d'autres organes que le rein. » Mais entre ces deux ordres de substances, les unes complètement étrangères à l'organisme, les autres rejetées normalement par l'urine après avoir fait partie intégrante des tissus et des humeurs, il existe une catégo- rie intermédiaire, que représente le glycose : substance existant dans le sang, mais ne passant pas néanmoins dans l'urine à l'état physiologique. Au cours de plusieurs séries de recherches faites avec M. Castaigne et M. E. Weil, soit dans le diabète, soit dans la glycosurie provoquée artifi- ciellement pour explorer les fonctions hépatiques (glycosurie alimentaire) ou la capacité glycolytique des tissus (glycosurie par injection sous-cuta- née), nous avons pu constater que le mauvais état des reins gêne dans une certaine mesure l'élimination du glycose. Comme, d'autre part, plusieurs conditions faciles à réaliser permettent de faire apparaître temporairement le glycose dans l'urine, on conçoit la possibilité de tirer parti de cette sub- stance pour l'étude des fonctions rénales. » Seulement, on doit renoncer à opérer comme précédemment, car si l'on injectait du glycose sous la peau, il serait promptement arrêté par les tissus, et cela en des proportions très variables suivant l'état de leur nutri- tion. On peut même dire que l'apparition du sucre urinaire serait influen- cée beaucoup plus par l'aptitude glycolytique des tissus que par la perméa- bilité rénale. » Il faut donc provoquer la glycosurie sans introduire de sucre dans l'organisme. Or la phloridzine nous en fournit le moyen. Elle a l'avantage ( 324 ) d'être inoffensive et, de plus, clic présente encore un intérêt particulier en ce qu'elle paraît déterminer la glycosurie en agissant s'.ir le rein. Je ne rappellerai pas ici toutes les expériences physiologiques qui rendent vraisemblable celte manière de voir, mais je citerai seulement, comme se rapportant plus directement au sujet de la présente Note, les obser- vations de Rlemperer, d'après lesquelles l'ingestion de phloridzine n'a pas produit de glycosurie chez un certain nombre de malades atteints de lésions avérées des reins. « Avec M. Delamare j'ai pu vérifier ces constatations et instituer, d'après ces données, une épreuve nouvelle, permettant d'explorer le rein au moyen de la glvcosune phloridzique. La phloridzine est injectée sous la peau à la dose minime de 5mB* et le sucré est recherché, dans l'urine recueillie méthodiquement à partir du moment de l'injection. Il importe, bien entendu, de s'assurer au préalable que le sujet n'est pas atteint de glyco- surie spontanée. » Quand les reins sont indemnes, le sucre passe dans l'urine pendant environ trois heures et sa quantité varie de ogl',5 à 2S',5. Dans la majorité des cas où l'ensemble des symptômes permet d'admettre un mauvais fonc- tionnement des reins, la glycosurie fait défaut ou bien elle est minime. Plusieurs autopsies, du reste, ont confirmé la valeur de l'épreuve. » Ce procédé, qui diffère quelque peu, dans son mode d'action, des autres moyens d'exploration du rein, n'exclut, d'ailleurs, aucun d'eux. Il est même très facile d'injecter en même temps du bleu de méthylène et de la phloridzine, de manière à contrôler les uns par les autres les résultats des deux épreuves. Les éléments d'information ne sont jamais trop nom- breux, en eiiet, quand il s'agit de fonctions comme celles du rein, dont l'état n'offre pas moins d'intérêt pour la pratique de tous les jours que pour l'étude de mainte question de Pathologie générale. » PHYSIOLOGIE. — Action du bain turc sur les organes internes. Note de MAI. Biancui et Félix Reg.vaclt, présentée par M. Marey. « Nous avons étudié les changements de volume et déposition des prin- cipaux organes dans les bains turcs, en ayant soin d'écarter de nos re- cherches l'action du massage. « Nous avons étudié plusieurs sujets d'âge différent, de 19 ans à 60 ans. La méthode adoptée a été la phonendoscopie. 325 ) » Les examens des principaux organes (poumons, cœur, foie, rate, estomac, caecum et côlon) ont été pratiqués : i° avant de commencer le bain; 2° après un séjour de dix minutes dans l'étuve à 5o°C; 3" après un Projections phonendoscopiques d'un sujet adulte. Fig. i. Fia. 2. Avant le bain turc Après un séjour de quinze minutes dans l'étuve sèche à 55° et de trois minutes à 83°. Fis. 3. r W * Après la douche et la piscine a la température de 12° C. séjour de quelques minutes dans l'étuve à 8o°; 4° après la douche gra- duellement refroidie; 5° après le passage en piscine à i?.°C.; 6° enfin, après quelques minutes de repos. ( 326 ) » Voici les principales modifications de volume, de position et d'élasti- cité, constatées dans les organes : « 1. Modification de volume. — Pendant le séjour dans l'ëluve, les poumons et le cœur se dilatent dans tous leurs diamètres. Cette dilatation est constante, progressive el rapide. Elle est déjà marquée dans î'étuve à 5o°, atteint son maximum dans l'étuve à 8o°. » Le foie et la rate ont fourni des résultats variables. » L'estomac se dilate s'il est vide, mais s'il contient de la nourriture l'expulsion progressive du bol alimentaire amène sa diminution. » Le caecum et le côlon se dilatent. » Le passage dans la douche et la piscine froide produit une rapide contraction de tous les organes, suivie, après un temps plus ou moins long, de dix à trente-cinq mi- nutes, d'un retour des organes au volume initial. » L'estomac reste rétréci. » 2° Déplacement des organes. — Les modifications de volume des organes amènent des changements dans leur situation respective. » Sous l'action de l'étuve sèche les poumons dilatés se rapprochent de la ligne mé- diane, des arcs costaux et de la fosse sus-claviculaire. Ils refoulent en bas le dia- phragme. » Le cœur dilaté se rapproche de la fourchette sternale et augmente la descente du diaphragme. » Les organes abdominaux en rapport avec le diaphragme (foie, rate, estomac) sont refoulés en bas, mais cette descente est diminuée par la dilatation du caecum et du côlon. » Ceux-ci dilatés font une pression inverse à celle des organes thoraciques. » L'estomac vide se dilate par le même mécanisme et s'oppose de son côté à la des- cente du diaphragme à gauche. Il se vide au contraire s'il est trop plein, étant pressé en haut par les poumons et le cœur, en bas par les intestins. » Après la douche et la piscine froides les poumons diminuent, le diaphragme s'élève., entraînant avec lui le foie et la rate. » Comme d'autre part l'estomac et les intestins se contractent, la cavité abdominale diminue. » 3° Élasticité des organes. ■ — Si l'on compare la valeur numérique de la dilatation maximum d'un organe avec le volume initial, on obtient un coefficient de dilatabilité de cet organe. » On aura son coefficient de rétractibilité en comparant la rétraction maximum avec le volume initia!. » Ces deux termes de comparaison donnent la mesure de la puissance élastique to- tale de l'organe. Cette puissance atteint son plus haut degré dans les poumons, le cœur et l'estomac; viennent ensuite le côlon, le foie et la rate. En général, le coefficient de dilatabilité est plus petit que celui de rétraclibilit i, c'est-à-dire que le rapport entre le volume de l'organe dilaté et son volume initial est moindre que le rapport entre le volume de l'organe rétracté et son volume initial. » L'élasticité des organes varie avec l'âge. Un organe se dilate et se rétracte plus dans la jeunesse que dans la. vieillesse. ( 327 ) » Dans la jeunesse, la dilatation égale presque la rétraction; dans l'âge avancé, la dilatation est bien moins grande que la rétraction. » Les bains turcs sont donc une pratique très recommandable de gym- nastique des organes sains. » Ils constituent, de plus, un moyen précieux pour juger du degré d'élasticité des organes. » MÉTÉOROLOGIE. — Chute de grêle et trombe observées à Bizcrlc. Lettre de M. Voiellaud a M. Mascart. (Extrait.) » Le 2 octobre, vers ih de l'après-midi, un rideau de nuages com- mençait à mouler du nord-ouest, refoulant avec peine le vent assez frais du nord-est; vers 4'\ il obscurcissait complètement l'horizon. L'observa- tion des nuages indiquait alors une lulte très forte, à une faible altitude, entre les deux courants. » Subitement ce voile de nuages se déchira ; le ciel s'éclaircit, en même temps qu'éclatait une bourrasque violente de nord-ouest, passant en quelques minutes au nord et au nord-nord-est. Les nuages tourbillon- naient dans tous les sens. La grêle se mit à tomber, non pas menue et serrée, mais par blocs épars et énormes. Ces blocs étaient formés d'un noyau très dur de la grosseur d'un petit œuf de poule autour duquel sem- blaient être venus se souder des grêlons semblables en nombre plus ou moins grand ; l'ensemble affectait une forme toute bosselée. » Le poids de la plupart de ces grêlons variait de 2oogr à 35ogr, mais il y en eut de beaucoup plus volumineux. Un grêlon de 620e'' fut recueilli à bord du Talisman; un autre, tombé sur la Tempête, était plus gros qu'une carafe et son poids fut estimé à plus de ikg. On m'a affirmé enfin que, près des pêcheries, on avait ramassé un grêlon de plus de i200ST. » Au cours de cette tourmente, les éclairs, accompagnés de tonnerre, se sont succédé pendant plus de deux heures. » Une chute de grêle analogue, moins abondante, mais où certains grêlons atteignaient les mêmes dimensions extraordinaires de 6oos'', Soj^1' et plus, s'est produite, le 17 novembre, lors de l'ouragan qui s'est abattu sur la baie Sans-Nom, à Bizerte, et a été accompagnée d'une trombe et d'un raz de marée (' ). ( ' ) On trouvera une description émouvante des effets de cet ouragan dans deux Notes ( 3.8 ) » Les caractères de l'orage sont ici différents. D'abord une succession de crains de directions variables, avec éclairs et tonnerre accompagnés de pluie et de grêle menue; le baromètre assez haut (7Gomm) en baisse sac- cadée. Vers ii''45"1 un roulement de tonnerre lointain (dans le sud-est) et très prolongé. Le ciel, clans le sud, a une teinte livide (gris vert) très frappante. » Quelques minutes de calme, puis un coup de tonnerre violent et très rapproché. « A midi la trombe arrive et c'est pendant les premières secondes que tombent les grêlons énormes dont j'ai parlé. Le phénomène a sûrement la même origine que celui du 4 octobre, mais cette fois, il ne ne nous a pas été possible d'observer la lutte des nuages. Le météore, en effet, de 8oom à 900™ de diamètre, environ, passait par son centre même sur nos navires, en imprimant à leurs baromètres enregistreurs une chute subite de 35mm, suivie d'une ascension non moins rapide ('). Ce vide central déterminait l'aspiration violente des eaux formant trombe et, par contre-coup, raz de marée. Nous nous trouvions dans une sorte de tourbillon aqueux opaque, d'une force irrésistible. » A midi 10"', il faisait de nouveau calme; le baromètre était à n58mui, toujours en baisse légère; toute l'après-midi on a continué, à voir des éclairs lointains, sans tonnerre. Le soir, l'atmosphère avait repris sa sérénité. » PHYSIQUE DU GLOBE. — Mouvements barométriques sur l orthogonal du méridien de la Lune. Note de M. A. Poixcaké, présentée par M. Mascart (-). « Je continue à comparer, aux cotes barométriques de la veille, les cotes relevées à la même heure solaire et aux mêmes emplacements sur le mé- ridien considéré. Sur lepassage d'une trombe dans la baie Sans-Nom, à Bizerte, le 17 novembre 1898, insérées dans Je numéro de janvier des Annales hydrographiques de la Marine ; l'une est de M. le capitaine de frégate Voiellaud, commandant la Tempête, l'autre de M. le lieutenant de vaisseau Bô, commandant la /•'// (') Le maximum dedépression connu jusqu'alors avait été observé lors de la trombe d'Asnières; il n'a pas atteint rpmm. ( E. M.) (-) Voir Comptes rendus n" 19, 7 novembre 1898, page 7^2 : Mouvements baro- métriques sur le méridien de la Lune. Mêmes notation-. ( 329 ) » Sur l'orthogonal du méridien de la Lune, l'effet instantané de son attraction est indépendant de l'onde et proportionnel à sinl sinS ( ' ). C'est l'action continue de l'attraction sur tout l'hémisphère, qui donnerait, en lune boréale, ou australe, une baisse, ou une hausse, proportionnelle aux sommes, en la durée du jour, des sinl sinS et allant de zéro a l'équateur à son maximum au pôle. » Mais le déplacement du méridien lunaire, les délaissés des variations de l'onde et surtout les refoulements opérés par la progression hélicoïdale de la Lune produisent, à une latitude moyenne, un mouvement baromé- trique inverse du mouvement général. » Beaucoup plus encore que sur le méridien lunaire, où l'onde de l'in- stant imprime vigoureusement sa marque, les mouvements d'un jour à l'autre sont faibles et indécis sur l'orthogonal vers le passage de la Lune à l'équateur ; la variation de la déclinaison dans le jour du passage étant d'environ 5°, le changement de signe dans le résultat du jour ne s'accuse que quand la Lune atteint le parallèle ± 3°. » J'exclus donc encore ici de mes moyennes les déclinaisons entre ± 3°. En dehors de ces limites, on pourrait considérer comme trop influencés par la rapidité exceptionnelle des ondulations d'effet solaire les jours déjà écartés dans l'étude précédente. Cependant, pour ne pas laisser prise au doute, je n'ai, dans l'année, supprimé que trois jours, où se trouvait trop évidente, soit une influence solaire excessive, soit plutôt l'insuffisance des observations. » Cette suppression faite, tous les cas peuvent rentrer dans le type, de lui-même assez élastique, de la baisse ou de la hausse sur tout le quart de méridien, sauf une interruption ('-). » Je trouve ainsi, pour i883, les moyennes ci-après . (') X latitude du point considéré, o déclinaison de la Lune. Voir les formules : Comptes rendus n° 14, 4 avril 1898, page io53. (2) Si, ce qui arrive par exception, la baisse ou la hausse se poursuit de l'équateur au pôle, l'interruption, étant nulle, est comptée comme commençant et finissant à la latitude du minimum de baisse ou hausse. Si, ce qui est plus rare encore, on ne trouve, sur le quart de méridien, que hausse, puis baisse, on compte l'interruption de la latitude o au changement de signe. C H., 1899, 1" Semestre. (T. CXXV1II, N« 5.) 43 ( 33o Limites des hausses intermédiaires. Degrés et dixièmes. Arc de baisse Déclinaison lunaire. Orthogonal W. Orthogonal E. polaire. o o -+- 3 à -+- 10 27,5 à 5r,5 3g , 1 à 5g, 3 68,2 -1- 10 + i5 28,8 56,4 3 1 , 2 5g , 1 64 , 5 -+-• i5 LB 33,4 ">4,i 37,4 60,7 65,2 LB i5 4i."< 59, 7 38,3 59,2 61,1 -+- i5 +10 32,8 53,2 33,8 58,8 68,o -r 10 3 27," 54)2 38, e» 56,7 69,1 Moyennes générales ('). . 33, 1 (22,2) 55,3 37,0 (21,9) 5g, 2 65,5 Suii 34 (22 56 37 (22) 59 65 Limites des baisses intermédiaires. Degrés et dixièmes. Arc ■"""^™-— — ^™~ ~~ de hausse Déclinaison lunaire, Orthogonal W. Orthogonal E. polaire, o 0 — 3 à 10 35,8 à 63,9 29,6 à 53,7 62,4 — 10 - i5 4i,4 63,i 35,2 53,i 63,8 — i5 LA 38,i 58,7 34,6 56, 1 65.2 LA — i5 38,2 55,9 37,1 5g, 9 64,2 - i5 io 35,o 58,4 32,7 63,3 58,3 — 10 3 3o,8 58,5 38,3 56,2 65,3 Moyennes générales (' 1. . 36,7 (22,5) 59,2 9 (22,1) 57,0 63,8 Soil 37 (22) 5g 34 (22) 56 65 » L'interruption de la hausse, ou baisse, a une largeur de 220 dans les quatre situations. Son milieu est à 45° d'un côté et à 48° de l'autre; la différence de latitude de 3° s'inversanl avec le signe de la déclinaison, ou d'un hémisphère à l'autre. » Sur le méridien lunaire, sur son orthogonal, sur tout le globe, on a, aux antipodes, antagonisme régulier entre les moyennes des mouvements vus du centre, aussi bien qu'entre les actions instantanées. Si, après une révolution tropique, le méridien lunaire revenait au môme emplacement, I ' ) En multipliant, comme précédemment, les nombres par les coefficients de durée 2, 1, 3,3, 1,2 des fractions de la demi-révolution et divisant par 12. ( 3,'i I : tous les mouvements successifs, pris d'un jour à l'autre, se trouveraient compensés entre eux en fin de révolution à tous les points du globe (' i. Provisoirement, le procédé employé ne tient compte ni des différence de durée des révolutions lunaires à courte échéance, ni du progrès des saisons, très peu sensible d'un jour à l'autre. » L'oscillation de 3° tient à la rotation terrestre. L'orthogonal E garde son changement de signe à la même latitude que le quart^ ; l'orthogonal W venant de la situation opp l'a à une latitude plus basse. » D'une façon générale, l'intervalle en signe contraire s'éloigne ou se rapproche de l'équateur quand la Lune se rapproche ou s'éloigne de LB ou de LA . » Pour qui songe à ce qu'est un degré dans des conditions aussi variables d'action et d'emplacement et au milieu de tant de risques d'erreur, la con- cordance des résultats ci-dessus est presque partout vraiment saisissante. Les écarts accidentels, qui sont novés dans les movennes générales, apparak- ( '■ ) La grande dillérence entre les conditions d'ensemble des surfaces des deux hémisphères s'oppose sans doute à ce que, même dans les moyennes générales, les nœuds dés mouvements se correspondent régulièrement aux extrémités des diamètres, comme le supposent mes schémas. Mais les compensations ne s'en établissent pas moins. i 33a sent surtout sur l'orthogonal E en lune australe. Je m'abstiens de reviser et de discuter les chiffres. Je crains que, plus encore qu'à des groupements mal entendus, ces écarts, sans réelle importance, ne tiennent aux lacunes des documents compulsés et a mes propres erreurs d'appréciation ou de calcul. » Le schéma ci-dessus des mouvements de l'hémisphère nord dérive des deux schémas sur les méridiens normaux. » La forme dos courbes séparatives des - et des — est, sauf une rec- tification de méridien, d'accord avec celle indiquée en 1888 à la suite de mes essais sur les effets de la révolution tropique et de la révolution de nœud et d'après les observations simultanées de 1879, 1880 et 1 883. » M. J.Wixter, à propos d'une Note de M. Bouchard, intitulée : a Essai de cryoscopie des urines • ' Comptes rendus, séance du 9 janvier), rap- pelle qu'il avait lui-même, en 1896, dans un article inséré aux Archives de Physiologie^ t. "VIII, p. J29, 53^, 535 et 536), réuni trente-trois exemples de cryoscopie urinaire, avec Ips poids moléculaires moyens correspon- dants. Il faisait ressortir, en particulier, l'élévation de quelques-uns de ces poids moyens, se rapportant à des cas pathologiques spécifiés par des anno- tations. 11 résumait comme il suit | p. 530) ce qui est relatif à ces molécules unitaires : « Les masses moléculaires moyennes oscillent étroitement autour d'une limite constante, voisine de 60. Elles ne s'en écartent sérieusement que dans les cas graves. » Il avait d'ailleurs appliqué antérieurement ce principe des poids moyens à de nombreux exemples de liquides organiques divers \ loc. cit., t. VIII. p. 292, 294, 299, 3o4, 3o6), et insisté sur l'intérêt pratique qui s'y rat- tache. Réserve faite des conclusions formulées par M. Bouchard et fondées sur ce principe, M. Winter croit devoir appeler l'attention sur des résultats qui ont été annoncés pour la première Ibis dans les Comptes rendus même, en 1895 (séance du 11 novembre 1895 ), et dont l'antériorité parait incon- testable. La séance est levée à 4 heures et demie. J. B. N° 5. TABLE DES ARTICLES. (Séance du 50 janvier 1899. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. Pages. M.Faye. — ;\ntr accompagnant la préseniatioo du Tome I des « Annales de l'observa tu in- de Nice ». 26a NOMINATIONS. iM. Houx est élu membre de la Section d'Éco- nomie rurale, en remplacement de feu M. A ime Girard: 268 Commission chargée de juger le concours du prix Monlyon (Médecine et Chirurgie) pour i8o*j : MM. Bouchard, Guyon, Po- intu, Marcy, Lannelongue, d'Arsonval, Brouardel, Ranvier, Chauveau :68 Commission chargée de juger le concours du prix Uréant pour 180,0. : MM. Marey, Mou- chard, Guyon, Potain, d'Arsonval, Lan- nelongue ''"i Commission chargée déjuger le concours du prix Godard pour 189g : MM. Guyon, Bou- chard, Potain, Lannelongue, Brouardel. Commission chargée de juger le concours du prix Serres pour 189g : MM. Ranvier, Perrier, Bouchard, de Lacaze-Duthiers, Marey Commission chargée de juger le concours du prix Barbier pour 189g : MM. Bou- chard, Lannelongue, Guyon, Guignard, Potain .(„, MEMOIRES PRESENTES. M. Fahjexel adresse un Mémoire relatif à un « Système de cylindres conjugués, pour moteurs', fonctionnanl sous l'action de fluides quelconques » *6y CORRESPONDANCE M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées île la Correspon- dance, des « Tables décimales a neuf chiffres, pour la transformation 'les heures et des degrés en fractions décimales » ; par M. J. de Rey-Pailhade 26g M. A. DE I.A I'.aume-I'i.uyinel. — Obser- vation du groupe défraies B du spectre solaire, faite au sommet du mont Blanc. i6'g M. Janssen. — Remarques sur la Commu- nication précédente 272 M. N. Saltikow. — Sur la généralisation de la première méthode de Jacobi s* M. Blutel. — Sur les lignes de courbure de certaines surfaces :8g M. H. Bouasse. - - Sur les courbes de t faction. 2yj M. G. iVbpREAU. — Sur la torsion perma- nente et le point de récalescence de l'acier. !g ■ M. A. Cotton. — Biréfringence produite par le champ magnétique, liée au phénomène de Zeetuan 'i,i M. Gustave Le Bon. — Sur la transparence des corps opaques pour les radiations lu- mineuses de grande longueur d'onde "17 M. G. Saonac — Émission de différents rayons inégalement absorbables dans la transformation des rayons \ par un même corps 3oo M. Geoiiges Claude. — Sur l'explosibilité de l'acétylène aux basses températures... lo3 M. F. OSHOND. Sur les alliages de fer et de nickel lo^ M. O. Boudouard. — Sur la décomposition de l'oxyde de carbone en présence de- N° 5. SUITE DE LA TABLE DES ARTICLES. Page», oxydes métalliques ''"<; MM. SCHLAGDENHAUPFEN èt-PAGEL. — Sur un nouveau procédé de dosage de l'oxyde de carbone * 3og M. A. Collet. — Sur quelque!; cétones aro- matiques iodées . . 3ia M. F. Chancel. — Remarques sur la prépa ration des oxyéthylamines ■ 3r3 \I. Albert \KiiLi:y. Extraction el syn- thèse du principe odorant de la Heur de jasm in 3 i '\ M. G. I-'.whel. — Action des chlorures bis- diazoïques de la bciimlinc, de l'orthoto- liiline et de l'orthodianisidine sur l'acé- tylacétone 3i8 M. Henri Hélier. - Sur le pouvoir réduc- Pages. leur des h>su* : foie cl pancréas Iig M. Ch. Vciiaho. — L'exploration clinique des fonctions rénales et la glycosurie phlo- ridzique 3 i i MM. I iiANCiii et Félix ReGNAUXT. — Action du bain turc sur les organes internes.... ■ '<>) M. \ 'oii.i.i.AUli. — Chnte île ^rélc et trombe observées à Bizerte 327 M. A. Poincaré. - Mouvements baromé- triques sur l'orthogonal du méridien de la Lune 3îS M. J. WiNTER. — Réclamation tle priorité à propos d'une Note récente de M. Bou- chard, intitulée : « lissai de cryoscopie îles urines » ! 1 1 PAKIS. - [IMPRIMERIE gauthieh-villars, Quai des Grands-Augustins, 55. I.e Gérant : Gauthicr-Villaiie. fl899 APR 10 1880 PREMIER SEMESTRE. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES PAR MM. IiES SECRÉTAIRES PERPETUELS TOME CXXTIII. N° 6 (6 Février 1899 PARIS, GAUTHÏER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, Quai (tes Grands-Augustins, 55. 1899 RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS ADOPTÉ DANS LES SÉANCES DES 2.3 JUIN 1862 ET 24 MAI 1875. - Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie se composent des extraits des travaux de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes présentés par des savants étrangers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. 26 numéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. Article 1er. — Impressions des travaux de l'Académie. Les extraits des Mémoires présentés par un Membre ou par un Associé étranger de l'Académie comprennent au plus 6 pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o pages par année. Les communications verbales ne sont mentionnées dans les Cornâtes rendus, qu'autant qu'une rédaction écrite par leur auteur a été remise, séance tenante, aux Secrétaires. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les Rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par les Correspondants de l'Académie comprennent au plus 4 Pages Par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de 32 pages par année. Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Académie; cependant, si '.es Membres qui y ont pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi- vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion. Les Programmes des prix proposés par l'Académ sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Ra] ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autai que l'Académie l'aura décidé Les Notices ou Discours prononcés en séance pi blique ne font pas partie des Comptes rendus. Article 2. — Impression des travaux des Savants étrangers à l'Académie. Les Mémoires lus ou présentés par des personni qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Ac: demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un n sumé qui ne dépasse pas 3 pages. Les Membres qui présentent ces Mémoires soi tenus de les réduire au nombre de pages requis. I Membre qui fait la présentation est toujours nommi mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extra autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le loi pour les articles ordinaires de la correspondance ofl cielle de l'Académie. Article 3. Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à temp le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compte rem actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu su vant et mis à la fin du cahier. Article 4. — Planches et tirage à part. Les Comptes rendus n'ont pas de planches. Le tirage à part des articles est aux frais des ai leurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports < les Instructions demandes par le Gouvernement. Article 5. Tous les six mois, la Commission administrative fa un Rapport sur la situation des Comptes tendus apn l'impression de'chaque volume. Les .Secrétaires sont chargés de l'exécution du pr sent Règlement. Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent iaire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de . déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5'. Autrement la présentation sera remise à la séance suivan APR 10 1 COMPTES RENDl S DES SEANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 6 FÉVRIER 1899. PRÉSIDENCE DE M. VAN TIEGHEM. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le Ministre de i.'Lxstruo.tiox publique et mes Beaux-Arts transmet à l'Académie l'ampliation du Décret par lequel le Président de la Répu- blique approuve l'élection de M. le Dr Roux, dans la Section d'Économie rurale, en remplacement de feu M. Aimé Girard. Il est donné lecture de ce Décret. Sur l'invitation de M. le Président, M. Roux prend place parmi ses Confrères. chimie ORGANIQUE. Nouvelles recherches relatives à l'action de l'acide sulfurique sur V acétylène; par M. Berthelot. « I. La transformation de l'acétylène en phénol, par l'intermédiaire d'un dérivé sulfoné,a été l'objet d'expériences que j'ai présentées récemment à C. R..1899. 1" Semestre. (T. CXXYIII, N">6.) Il ( 33Zj .) l'Académie {Comptes rendus, t. GXXVII, p. 908). Depuis, j'en ai poursuivi l'étude; j'ai exécuté l'analyse du composé en question et j'ai recherché si l'aldéhyde était susceptible de le produire. J'ai également fait quelques essais nouveaux sur l'hydratation de l'acétylène, par l'intermédiaire de ses combinaisons sulfuriques. Ce sont ces analyses et essais que je vais ré- sumer. » Le sel de potasse de l'acide acétylénosulfonique, signalé dans ma Note, a donné à l'analyse les résultats suivants, obtenus sur le composé desséché à 110° : Trouvé. Calculé. C 1 1 ,82 1 1 ,58 H 1,68 1,60 S 20, 17 20,57 K 25, 3o 25, 12 O l\i ,o3 /J1 > i3 i 00 , 00 1 00 , 00 » Le calcula été établi d'après la formule brute suivante, déduite des rapports trouvés par l'analyse, (C2H2)3(SO*K.H/. » La dose du potassium est très voisine de celle du sel (C2H2)(SO*KH)2, qui se produit simultanément, ainsi que je l'avais indiqué; mais la propor- tion des autres éléments est différente, ce qui montre la nécessité d'une analyse complète dans les cas de ce genre. » La constitution du nouveau sel est facile à concevoir, d'après les règles connues sur la valence des éléments, ou plus simplement de l'acétylène, qui en est la conséquence. » Envisageons, ainsi que j'ai coutume de le faire, l'acétylène comme un carbure incomplet du second ordre, c'est-à-dire comportant quatre valences non saturées C2H2(_)(-). » Ces quatre valences seront saturées par l'addition du carbure avec Ai'\\\ molécules de S04KH C2H2(S04KH)(SO'KH). ( 335 ) molécules neutralisées d'ailleurs en raison du caractère même du carbure d'hydrogène. Nous aurons ainsi l'acétylénodisulfonate normal, c'est-à-dire le dérivé sulfoné répondant à l'iséthionate C2rF(H-)(SOlKH). » Cet acétylénodisulfonate pourra être substitué à SO'RH dans sa propre formule C2H2(SOUŒ)[C2H2(SO''RH)(SO*RH)], et le sel résultant, substitué à son tour à SO'RH dans la formule initiale C2H2(S04RH)[C2H2(SO'RH)(C2H2.SO,KH.S01KH)]. » On obtient ici un triacétylénotétrasulfonate, engendré et neutralisé suivant des lois de saturation régulière. Il est facile de traduire ces rela- tions dans les formules atomiques ordinaires, car elles reposent sur les mêmes principes de saturation ou valences. On voit d'ailleurs qu'il ne s'agit pas ici d'un système cyclique, c'est-à-dire dans lequel il y ait perte d'un certain nombre de couples de valences. En réalité, une loi génératrice très simple préside à la formation de tous ces composés, et il est facile de dé- montrer qu'ils rentrent tous dans une formule générale de condensation indéfinie, telle que (C2H2)"-'(S04RH}". » En tout cas, le dérivé correspondant à 3 molécules d'acétylène en- gendre du phénol en proportion considérable, sous l'influence de l'hydrate de potasse, vers 25o°. » J'ai cherché si l'on obtenait un composé sulfoné analogue, en faisant absorber l'acétylène par l'acide sulfurique ordinaire, S04H2, au lieu de l'acide fumant. A la suite d'une série de traitements semblables, je n'ai obtenu qu'une fort petite quantité d'un sel sulfoné de potassium inçristal- lisable et soluble dans l'alcool aqueux. Ce sel, chauffé avec de l'hydrate de potasse vers 200°, puis décomposé par l'acide sulfurique étendu, a fourni à la distillation un liquide aqueux à odeur de phénol; et le dernier liquide a cédé à l'éther une proportion minime de matière; laquelle, traitée enfin par l'acide nitrique, et évaporée, a donné un composé jaune. Celui-ci, repris par l'acétate de polasse, a fourni à peine quelques cristaux microscopiques de picrate et un indice de coloration d'isopurpurate par le cyanure de potassium. Il s'est donc produit également du phénol, mais à l'état de traces seulement, dans les conditions précédentes. 33 i ) » J'en ai également obtenu des traces très minimes, en soumettant à des traitements semblables : d'une part, l'aldéhyde pur réagissant sur l'acide sulfurique fumant; d'autre part, le paraldéhydè. Le phénol paraît, d'ailleurs dans ces conditions, mélangé de composés congénères, dérivés de car- bures benzéoiques plus condensés en C8, C10, etc., lesquels forment des résines nitrées. Mais aucune de ces actions n'a donné des produits compa- rables, en quantité ou en nature, avec ceux de l'acétylénosulfonate étudié plus haut. » II. Dans le cours de ces recherches, je me suis attaché spécialement à reproduire l'hydrale d'acétylène, que j'avais observé autrefois. Mais je n'en avais pas fait une étude approfondie, que l'altérabilité de ce corps rend extrêmement difficile. On n'en obtient guère, lorsqu'on fait absorber l'acétylène par l'acide sulfurique fumant. Mais on réussit mieux avec l'acide sulfurique ordinaire, SO*H2, el mieux encore avec cet acide uni à une molécule d'eau SO'-H-HlI-O. Les produits obtenus ont une constitution différente, suivant les conditions des préparations. » i° L'acide ordinaire, SO^H", a été saturé d'acétylène à froid (80 vo- lumes environ), puis abandonné à lui-même pendant plusieurs jours, avant de l'étendre d'eau. On a ensuite distillé lentement, de façon à dé- composer l'acétylénosulfate ; puis on a concentré la partie la plus volatile, par des distillations fractionnées successives. On a obtenu finalement un produit qui ne réduit pas à froid l'azotate d'argent ammoniacal (formé en proportions limites), du moins dans l'espace d'une demi-heure. » Ce produit était constitué principalement par de l'aldéhyde croto- nique, transformable par l'oxyde d'argent ordinaire, versGo0, en acide cro- tonique, qui a été isolé et analysé. Ce sont là d'ailleurs des faits connus. » 2° Mais les produits sont différents, lorsqu'on a ménagé l'action de l'acide sur l'acétylène : par exemple, en faisant absorber ce gaz par un excès d'acide, SO'H2-t- H"0 : absorption qui a lieu plus lentement et confor- mément à des observations que j'ai publiées en 1877 (Ann. de Chirn. el de Phys., 5e série, t. XII, p. 294). Aussitôt l'absorption accomplie, dans la proportion de 12 volumes environ de gaz pour 1 volume de liquide, le produit a été versé dans l'eau, soit un litre d'eau par litre de gaz absorbé. On a distillé très lentement, de façon à décomposer l'acide acétylénosul- furique, et l'on a recueilli le quart du liquide. Ce quart, à son tour, a été ( 337 ) redistillé, de façon à en recueillir le dixième; puis, dans une troisième distillation, on a recueilli deux dixièmes successifs du liquide précédent. » [Ij Le premier dixième était de l'eau, surnagée par une liqueur hui- leuse. « [2] Le second dixième constituait une liqueur homogène. » Le premier liquide [1] contient une forte dose d'aldéhyde crotonique; mais cet aldéhyde est mélangé avec un composé différent, qui réduit ;i froid, au bout de quelques secondes, l'azotate d'argent ammoniacal li- mite ('), en fournissant un précipité noir, précisément à la façon de l'oxyde de carbone. Or, celte propriété n'appartient ni à l'aldéhyde éthy- lique, ni à l'aldéhyde crotonique, dont l'action à froid est beaucoup plus lente. » En fait, le réactif étant mis en présence d'un excès d'aldéhyde ordi- naire pur, il se forme d'abord des cristaux incolores et un précipité blanc tandis qu'avec une trace seulement d'aldéhyde il y a réduction métallique. Mais cette dernière réduction ne se manifeste guère qu'au bout d'une demi-heure (température vers i2°J, et elle fournit un miroir blanc et bril- lant d'argent métallique : ce qui n'a pas lieu avec le dérivé acétylé- nique. > Il est utile d'ajouter que le produit [2], lequel ne saurait plus ren- fermer d'aldéhyde éthylique, mais seulement un composé peu volatil, réduit l'azotate d'argent ammoniacal limite, de la même manière que le produit [1] et immédiatement. » Le composé qui manifeste ainsi des réactions semblables à celles de l'oxyde de carbone, mais différentes des réactions des aldéhydes éthylique et crotonique, est un dérivé direct de l'acétylène : tel qu'un dihydrate (glycol acétylénique : C2rP . rFO . H20), ou un monohydrate (alcool acé- tylénique, autrement dit vinylique : C2H2. IPO), ou plutôt un élher mixte, dérivé de ces hydrates. » Si l'on se rappelle avec quelle facilité le glycol ordinaire, soumis directement aux agents déshydratants, fournit, dans la plupart des circon- stances, — au lieu de son dérivé normal, l'éther glycolique, C2H40 (pseu- doxyde d'éthylène), - un corps isomère, l'aldéhyde éthylique; et si l'on ajoute que l'éther glycolique devient aldéhyde avec un dégagement de cha- leur considérable (+ 33Cal d'après mes expériences), on comprendra mieux (') C'est-à-dire ne renfermant que la dose d'ammoniaque strictement nécessaire pour maintenir l'argent en dissolution. ( 338 ) comment les hydrates d'acétylène proprement dits (composés vinyliques i doivent se changer aisément, par un mécanisme analogue, en aldéhyde éthylique et dérivés aldéhydiques. C'est ce que montrent en effet les expériences précédentes. L'action prolongée de l'acide sulfurique concen- tré sur 1'acétvlène ne fournit guère que de l'aldéhyde crotonique; tandis que la même action, de courte durée et affaiblie par l'addition à l'acide d'une molécule d'eau, laisse apparaître les dérivés proprement dits de l'acétylène. » L'existence propre de ces dérivés, spécialement celle des acides glv- collique et congénères, qui en caractérisent l'oxydation, rend également compte des observations suivantes. » Les liquides distillés successifs [1] et [ 2] ont été étendus d'eau et mis séparément en digestion à froid, pendant quelques heures, avec de l'oxyde d'argent. Puis on a décanté, filtré et évaporé dans le vide, sur l'acide sul- furique. On a obtenu des sels d'argent cristallisés, où l'on a dosé ce métal. La proportion du métal a été voisine de celle du glycollate. Notamment, la liqueur [2], dans laquelle il n'existait plus d'aldéhyde éthylique, a fourni Ag = 58,6 centièmes; au lieu de 5o, indiqués par le calcul. Il est probable que le sel analysé contenait quelque dose de crotonate (56, o). » Les faits suivants sont caractéristiques. » Après réaction et lavage, l'oxyde d'argent, mélangé d'argent et de sels peu ou point solubles, a été séparé de la liqueur ci-dessus, puis agité avec une solution aqueuse d'hydrogène sulfuré, ajoutée peu à peu jusqu'à l'ab- sence de réaction apparente. On a filtré alors : ce qui a fourni un liquide incolore et l'on a chauffé quelques instants au bain-marie : ce qui a donné lieu à un précipité noir de sulfure d'argent, régénéré au moyen des élé- ments du sel demeuré dissous; à la façon du sulfure d'argent, obtenu au moyen de l'hyposulfite du même métal. La liqueur filtrée de nouveau était incolore : elle ne contenait pas d'acide oxalique. Réchauffée une seconde fois, elle s'est encore troublée, en précipitant du sulfure d'argent. Ces phénomènes signalent l'existence d'un sel d'argent soluble, formé par un acide sulfuré (acide thioglvcollique, probablement), lequel se décompose peu à peu, en régénérant du sulfure d'argent. » Ce n'est pas tout. La dernière liqueur, filtrée pour la troisième fois et claire, a été neutralisée exactement avec de l'eau de chaux. On a obtenu une dissolution incolore, renfermant à la fois de la chaux et de l'oxyde d'argent, probablement à l'état de sel double, encore sulfuré. La chaux n'y avait pas précipité l'oxyde d'argent, pas plus que les alcalis ne le pré- ( 339 ) cipitent en présence de l'hyposulfite de soude. En fait, cette dissolution évaporée au bain-marie a donné, au bout d'un temps assez long, un abon- dant précipité noir de sulfure d'argent, précipité dont j'ai vérifié spéciale- ment les éléments, soufre et argent, en le redissolvant (après lavage) dans l'acide azotique bouillant. » Enfin dans la dernière liqueur il est resté un sel calcaire blanc, so- luble, neutre, exempt d'argent et de soufre, ne contenant pas d'acide acétique. » L'ensemble de ces caractères ne laisse, je crois, aucun doute sur l'exis- tence d'un sel d'argent oxvsulfuré, soluble, formé pendant la réaction de l'hydrogène sulfuré sur l'oxyde d'argent; le tout conformément d'ailleurs à certaines observations de Bottinger, relatives à une réaction semblable de l'acide oxyglycollique (Annalen der Chenue und Pharmacie, t. CXCIX). » L'acide que j'ai observé résulte des actions simultanées de l'oxyde d'argent et de l'hydrogène sulfuré sur un dérivé acétylénique : dès lors il ne saurait guère être autre chose qu'un acide thioglycollique, C2H4OaS, ou thioxyglycollique, doué de la double fonction d'acide et de mercaptan (alcool sulfuré). J'ai observé autrefois (') la transformation facile et nor- male de l'acétylène en acide glycollique, par l'intermédiaire du perchlo- rure d'acétvlène, C2H2C1\ agissant sur la potasse alcoolique, C2H2C14 + 3H20 = C2H''03-+-4HCI. » PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Le phénomène de Hall et la théorie de Lorentz. Note de M. H. Poincaré. « On sait que M. Lorentz a imaginé une théorie de l'électricité où le rôle essentiel est joué par des particules chargées appelées ions ou électrons, qui sont censées parcourir librement les conducteurs. Je voudrais faire quelques réflexions au sujet de la façon dont s'explique dans celte théorie le phénomène de Hall. » Soient e la charge électrique d'une particule; E, t\, 'C, les composantes de sa vitesse; /', g, h celles du déplacement électrique; a, (3, y celles de la force magnétique, k0 l'inverse du carré de la vitesse de la lumière; l'action du champ sur la particule projetée sur l'axe des x sera, d'après la théorie (') Ann. de Chim. et de Phys.. \- série, t. XF\, p. 436; 1870. ( 3',o ) de I,orenlz, D'autre part, le frottement subi par la particule aura pour composantes >. étant un certain coefficient, d'où l'équation «0 Soit Dt un petit élément de volume du conducteur; les composantes du courant seront ïet 1er, lel D-' ' Dt ' " Dt ' en étendant la sommation à toutes les particules contenues dans l'élé- ment Dt. On trouve ainsi (a) P^ZW-C^^-DT ^2l-f57; comme el est très petit, on a, en première approximation, E = r, = 'Ç = o ; en seconde approximation, (i) et (2) nous donnent Dans la seconde équation (3), le premier facteur du second membre ^ 4- représente la conductibilité spécifique: nous poserons donc le second facteur représente la force électromolrice; on a donc y el et, de même. e 1 y cl L'équation donne alors '. - f v r* ) - ( 34» ; ou ,. T W Zen*-, rj.l Généralement le3X2 est négligeable et il reste simplement Si, au contraire, le ''l2 n'est pas négligeable, à la force électromotrice —r^- vient s'ajouter une force électromotrice supplémentaire V g3 ) 2 C'est la force électromotrice de Hall. » Mais voici la réflexion à laquelle je voulais en venir. Il y a d'autant plus de chance que le3 soit grand que le sera lui-même plus grand, c'est- à-dire que le conducteur sera fortement chargé. » On serait conduit à rechercher si le phénomène de Hall n'existe pas pour tous les métaux quand ils portent une forte charge et s'il ne change pas de signe avec cette charge, quand cette charge est très forte. » L'expérience serait intéressante ; elle ne saurait toutefois être décisive ; si elle réussissait, en effet, le succès pourrait s'expliquer d'une foule de manières, en dehors de la théorie de Lorentz. Si, d'autre part, elle échouait, ce ne serait pas un argument irréfutable contre cette théorie, puisque nous ne pouvons a priori nous faire aucune idée de l'ordre de grandeur du phénomène. » PHYSIQUE BIOLOGIQUE. - La rie en milieu confiné; par M. d'Arsowal. « En présentant l'intéressante Note de M. Desgrez et Balthazard ^ ' ), je crois devoir la faire précéder de quelques considérations et rappeler som- mairement certains points de l'historique de la question. » Qu'un animal à sang chaud puisse vivre normalement dans un milieu absolument clos, à la condition qu'on absorbe l'acide carbonique qu'il dé- gage, et qu'on remplace l'oxygène qu'il absorbe, cela ne fait pas question. Il y a longtemps que Regnault et Reiset ont démontré le fait, pour les petits (') Voir plus loin, à la Correspondance, p. 36i. C. R., 1899, >" Semestre (T. CXXVIII, N" 6 P ( 342 ) animaux, et plus tard, Reiset tout seul, pour les gros animaux. Leurs mé- morables expériences sont trop connues de tous pour que j'insiste. » Ces auteurs ont démontré ainsi qu'une quantité limitée d'azote pou- vait servir indéfiniment à la respiration d'un animal supérieur. » On en a conclu que le rôle de l'azote dans la respiration était nul ou qu'il servait tout au plus à modérer l'action comburante de l'oxygène, à la façon dont l'eau tempère un vin trop généreux. La première opinion a été tout récemment encore acceptée par un physiologiste de talent, M. La- borde, qui dit : « L' azote paraît jouer un rôle purement passif dans la fonction respiratoire (' ). » » Non seulement je crois cette opinion trop absolue, mais j'espère montrer bientôt qu'elle est inexacte. Sans vouloir discuter actuellement à fond cette question, je me bornerai à dire que nombre d'expériences, encore en partie inédites, m'ont amené à penser que l'azote joue un rôle capital dans les phénomènes respiratoires, et que, notamment, c'estgràceà sa présence que l'acide carbonique peut sortir aussi rapidement du sang qu'il le fait. » Il faut également tenir compte, dans l'air confiné, de la présence des toxines volatiles que Brown-Séquard et moi avons appelées le poison pul- monaire et dont nous avons montré la puissance nocive par nombre d'expériences. Nous avons prouvé que ce poison était absorbé et neutra- lisé par les acides (2). Donc il est démontré depuis longtemps que, en absorbant l'acide carbo- nique émis et en remplaçant l'oxygène absorbé, on peut faire vivre un ani- mal supérieur avec une quantité limitée d'azote, dans un espace absolu- ment clos. » Regnault et Reiset remplissaient cette double condition au moyen d'un dispositif mécanique connu de tous les phvsiologistes. » Tout récemment, dans la Communication citée plus haut, MM. Laborde et Jaubert ont annoncé qu'ils avaient découvert une substance chimique qui remplissait ce double rôle sous un poids relativement léger et par une seule opération, pour employer leurs propres expressions. » Ces auteurs ayant livré à la publicité seulement leurs résultats, mais (' ) Laborde ei Jaubert, Communication à l'Académie de Médecine, séance du 24 jan- \ ier 1899. (-) \ nii Brown-Séquard ei d'Arsokval, Comptes rendus de la Société de Biologie, 28 janvier et i lévrier >NSS. ( 343 ) point leur méthode, il est actuellement impossible de juger scientifique- ment la valeur du procédé. » Quoi qu'il en soit, l'occasion me paraît propice pour rappeler que j'ai fourni moi-même une solution de ce problème, moins élégante peut-être, mais tout aussi efficace, il y a dix-sept ans ('). Dans la Note à laquelle je fais allusion, j'indique un procédé pour préparer l'oxygène à froid, basé sur la décomposition mutuelle de l'eau oxygénée et de l'acide chromique. » Voici comment j'utilisai ultérieurement ce procédé pour modifier l'appareil de Regnault et Reiset. L'animal était enfermé hermétiquement dans une cloche tubulée. A la partie supérieure de la cloche, je disposais un grand crislallisoir rempli de menus fragments de chaux sodée; au centre du cristallisoir, et sous la tubulure de la cloche, était un vase rempli à moitié d'une solution concentrée d'acide chromique, ou de bichromate de potasse, fortement acidulée par l'acide sulfurique. Par la tubulure de la cloche passait, au travers d'un bouchon de caoutchouc, un tube capillaire en verre relié à un flacon de Mariotte, placé au dehors à hauteur conve- nable, et qui contenait de l'eau oxygénée. » Dans ces conditions, l'appareil fonctionne automatiquement pour ab- sorber l'acide carbonique émis par l'animal et pour lui restituer l'oxygène qu'il a consommé. » La chaux sodée, absorbant l'acide carbonique et en partie la vapeur d'eau, crée une dépression dans l'air de la cloche. Cette dépression fait tomber dans l'acide chromique un peu de l'eau oxygénée contenue dans le flacon de Mariotte. Aussitôt il se dégage à froid de l'oxygène, qui rétablit la pression primitive dans la cloche et arrête l'écoulement de l'eau oxygénée. Par ce moyen, la composition de l'air de la cloche reste auto- matiquement constante par le jeu même de l'appareil. » Dans d'autres expériences, j'ai remplacé la chaux sodée par une solu- tion concentrée de potasse, pour absorber l'acide carbonique et une partie de la vapeur d'eau. Dans ce cas, la solution de potasse, au lieu d'être versée directement dans le cristallisoir, remplit dix ou douze vases poreux de pile, placés dans le cristallisoir. La solution de potasse filtre ainsi lente- ment à travers les vases et renouvelle constamment les surfaces absorbantes, qui peuvent être rendues très grandes. » Au lieu d'être placé hors de la cloche, le flacon contenant l'eau oxy- (') \oir d'Arsonval {Comptes rendus de la Société de Biologie, séance du 1 avril 1882, présidence du Dr Laborde). ( H'i ; gênée pourrait être évidemment tout aussi bien à l'intérieur, où un indica- teur de pression le ferait fonctionner de même pour maintenir celte pres- sion constante. » Ce problème intéressant de la vie dans un espace absolument clos ou délétère est susceptible de recevoir évidemment bien des solutions. L'Aca- démie se souvient sans doute que, dans la Communication verbale que je lui ai faite le 23 mai dernier, en lui présentant un flacon d'air liquide, j'ai insisté sur la facilité qu'offrait ce corps pour pénétrer dans des milieux irrespirables; je rendrai compte incessamment des expériences poursuivies dans cet ordre d'idées. » Ce corps est très maniable, depuis que nous savons le conserver plus de quinze jours en vases ouverts. Il a de plus l'avantage de présenter, sous le minimum de poids et de volume, le maximum de ce Pabulum vitœ : l'oxy- gène, à l'état de pureté. » CHIRURGIE. - Nouveaux faits relatifs à la résection sous-périostée du coude. Autopsie d'un coude réséqué totalement depuis vingt-huit ans et reconstitué en une néarlhrose solide et énergiquement mobile, ayant tous les carac- tères d'un ginglyme parfait; par M. Olmer. « J'ai, à plusieurs reprises, entretenu l'Académie de la reconstitution des articulations après les résections sous-périostées, et ce n'est pas de cette question générale que je viens l'entretenir aujourd'hui. » La régénération osseuse chez l'homme ne peut plus être mise en doute, mais la question est si étendue et si complexe qu'il me paraît utile d'apporter de nouveaux documents pour dissiper les incertitudes qui régnent encore sur certains points incomplètement étudiés jusqu'ici. Il va, dans cet ordre d'idées, des vérifications anatomiques qu'on ne peut faire qu'avec le temps et par un concours de circonstances purement acciden- telles. Il est, en outre, une démonstration que le temps seul permet de fournir : c'est celle de la permanence des résultats se prolongeant pendant trente ou trente-cinq ans ('), sans autre déchet que la diminution des forces due à l'affaiblissement pathologique ou sénile portant sur l'ensemble de l'ore;anisme. (' t La j » 1 1 1 - ancienne de mes résections du coude, faite sur des sujets actuellement vivants, remonte à trente-cinq ans (i864). Mon opérée, qui est bien portante d'ail- leurs, a conservé une articulation mobile et gagne sa vie comme femme de ménage. ( 345 i » Celle première Communication a pour but de relater l'autopsie d'un coude réséqué par moi, le 17 juin 1870, pour une ostéo-arthrite tubercu- leuse avec fongosités très abondantes et fistules ossifluentes multiples. Mon opéré est mort en octobre 1898, c'est-à-dire vingt-huit ans et quatre mois après la résection. Il n'a pas succombé à la tuberculose, dont à plu- sieurs reprises on avait craint, depuis quelques années déjà, le retour dans le poumon. Son articulation réséquée a été absolument indemne. Il a suc- combé à une affection néoplasique des vertèbres complètement différente de la turberculose. 1 Ce qui fait l'intérêt de cette autopsie c'est qu'elle a porté sur un sujet présentant un des plus beaux résultats que j'aie obtenus, tant au point de vue orthopédique qu'au point de vue fonctionnel (Traité des Résections, t. II, p. 35o et suiv.). Le coude était reconstitué en un ginglyme parfait; il pré- sentait une solidité latérale absolue et jouissait de mouvements complets et très énergiques de flexion et d'extension (ces derniers s'étaient cepen- dant limités depuis quelques années à la suite de douleurs rhumatoïdes). Des muscles puissants s'inséraient autour de l'articulation à leur place nor- male. La néarthrose était déterminée par la rencontre et l'exacte adapta- tion des nouvelles tubérosités numérales avec les extrémités, également de nouvelle formation, des os de l'avant-bras, et. en particulier, avec un olé- crane large et épais qui se logeait, dans l'extension complète, dans une fosse olécranienne déterminée en arrière par la saillie des deux tubéro- sités latérales de l'humérus. C'est le coude gauche qui avait été réséqué. Or notre opéré portait de ce côté avec la main, et à bras tendu horizonta lement, un poids de i7kg. Le membre normal, c'est-à-dire le membre droit, en portait 20 dans les mêmes conditions. C'est à peu près la différence qu'on observe normalement entre le membre droit et le membre gauche, chez les droitiers. » Depuis saguérison, notre opéré avait mené la vie la plus pénible, tra- vaillant toujours soit comme ouvrier tuilier, soit comme vigneron. Il avait une telle ardeur au travail qu'il répétait volontiers qu'il gagnait six francs pendant que ses camarades en gagnaient cinq. Il a continué de travailler jusqu'en juin 1898. A ce moment il vint à la clinique, se plaignant de dou- leurs sourdes et continues dans les reins et d'impossibilité de marcher. » Je crus tout d'abord à une poussée tuberculeuse dans les vertèbres, mais c'était une erreur. A l'autopsie on trouva des masses cancéreuses dans les vertèbres, les côtes, la clavicule. La principale tumeur avait détruit les corps des premières vertèbres ( 346 ) lombaires et avait perforé le canal médullaire. Le tissu néoplasique était du cancer alvéolaire. » Malgré l'atrophie des muscles, qui avait progressé rapidement dans les trois derniers mois passés au lit avec des souffrances excessives clans le thorax et la région lombaire, la néarthrose avait conservé la conformation et la structure quelle avait acquises par le fait de la résection sous-capsulo-pé- riostée, c'est-à-dire par le fait de la conservation du canal périostéo-capsu- laire, constitué à la fois par l'organe de la régénération osseuse et les tissus propres à assurer la forme, la solidité et en même temps la mobilité régu- lière des masses osseuses néoformées. » Cette autopsie va donc nous permettre de nous rendre compte des particularités anatomiques en rapport avec le fonctionnement d'une néar- throse qui avait réalisé tout ce qu'on peut espérer au point de vue orthopé- dique et fonctionnel. » On constate d'abord autour de l'articulation des muscles épais, encore bien nourris, malgré l'atrophie éprouvée dans les derniers mois de la vie, et régulièrement implantés sur les tubérosités nouvelles. Le triceps s'insère, par un large et épais tendon, sur un olécrane notablement plus épais que l'olécrane normal. Tous les autres muscles (sauf le petit anconé qui s'atrophie toujours par le fait de la section de son nerf) se trouvent dans les mêmes conditions ; le branchial antérieur, entre autres, s'insère sur une apo- physe coronoïde de nouvelle formation. Entre l'olécrane et la tubérosité interne de l'humérus se voit un canal dans lequel est logé le nerf cubital. « L'adaptation et l'articulation des tubérosités osseuses de nouvelle formation se fait d'une manière qui rappelle complètement la disposition du coude normal, comme le montrent les aquarelles que je mets sous les yeux de l'Académie. La masse osseuse reproduite paraît plus volumineuse que la partie analogue du coude sain. L'olécrane est plus large et plus épais ; du côté de l'humérus, le diamètre bicondylien mesure y5mm pour le membre opéré et ^omm pour le membre sain. Il y a cependant une modification, que j'ai depuis longtemps signalée, dans la forme des tubérosités numérales. Au lieu d'être transversales, elles se dirigent en bas, sous forme d'appendices malléolaires. lïlles emboîtent les os de l'avant-bras, comme les malléoles tibiale et péronière em- boîtent l'astragale, et augmentent ainsi la solidité de la néarthrose. L'aspect extérieur de la néarthrose, dont les pièces constituantes sont exactement adaptées par la capsule et les ligaments périphériques, donne l'impression d'une articulation très solide, impression que confirme l'impossibilité d'imprimer le moindre mouvement de laté- ralité aux os de l'avant-bras, » La coupe des os présente des particularités importantes à signaler au point de vue delà structure des éléments constitutifs de la néarthrose. J'avais réséqué une hauteur de 64mni de la colonne osseuse, 45mmsur l'humérus, 19'"™ sur le cubitus au-dessous de la cavité sygmoïde, c'est-à-dire sans compter l'olécrane; hauteur un peu moindre du radius. Il est impossible de se rendre exactement compte, sur l'humérus, des limites de l'os ancien. La fusion est complète entre la masse osseuse nouvelle et l'os ancien, et ce ( 347 ) n'est que par la mensuration des deux humérus qu'on voit que la néoformation a été surtout latérale. Du côté du cubitus on peut mieux se rendre compte des limites de l'os ancien, et l'on voit alors que toute la masse olécranienne, la cavité sygmoïde et l'apo- physe coronoïde sont de formation nouvelle. Le tissu de l'olécrane est compact en ar- rière, très dur, mamelonné extérieurement, mais lisse et recouvert d'un périoste très adhérent. La conformation intérieure est très irrégulière et l'on voit, sous l'apophyse coronoïde, un sillon vermiculaire pénétrant dans la masse olécranienne et rempli d'un tissu fibreux d'aspect chondroïde. Une nouvelle tète du radius s'articule avec l'hu- mérus, mais au lieu d'une cupule circulaire, il y a une surface articulaire antéro- postérieure. L'irrégularité de cette surface et la présence de saillies irrégulières sur le bord externe de l'olécrane expliquent pourquoi les mouvements de pronation et de supination ne pouvaient pas atteindre leur amplitude normale. » La cavité articulaire n'existe pas, à proprement parler, sur toute l'étendue de la surface numérale. C'est seulement au milieu, dans l'espace trochléen, qu'il y a une cavité distincte. A ce niveau, la surface humérale est lisse, mais ne présente pas de cartilage; c'est une surface osseuse, lisse, polie comme de la porcelaine, qui joue sur un ménisque fibreux interposé entre l'humérus et le cubitus. « Sur les côtés, au niveau des tubérosités numérales, c'est par un tissu fibreux lâche que les os sont unis. Les circonstances dans lesquelles a été pratiquée l'autopsie n'ont pas permis de s'assurer si la partie fibreuse de la loge articulaire était recouverte d'une véritable couche épithéliale. » Quant à la strucLure de l'ensemble des parties osseuses néoformées, je les ai trouvées moins compactes que dans des autopsies plus récentes; tout en restant com- pactes sur certains points (saillies malléoliformes), elles se sont raréfiées dans d'autres, et au niveau de la réunion probable des parties néoformées avec les parties anciennes on retrouve une architecture qui rappelle la disposition normale des trabécules du tissu spongieux. » Telle est la constitution île cette néarthrose qui démontre ce qu'on peut obtenir comme résultat définitif et permanent de la résection sous- périostée du coude. C'est la plus ancienne résection dont j'aie pu faire l'au- topsie. Je n'en avais pas au delà de huit ans, et celle-ci nous donne l'état de la néarthrose vingt-huit ans et quatre mois après l'opération. Je ne connais pas dans la littérature médicale de cas qui puisse lui être comparé. C'est donc un fait unique jusqu'ici, et qui me paraît d'autant plus précieux que les circonstances qui permettent d'en recueillir de semblables se ren- contrent rarement. Dans tous les cas, il apporte, à cause de l'ancienneté de la résection, une preuve, encore plus décisive que celles que j'ai pu donner jusqu'ici, en faveur de la régénération osseuse et de la reconstitu- tion des articulations chez l'homme. Il montre la permanence des résultats obtenus au point de vue orthopédique et fonctionnel. Et, d'autre part, au point de vue médico-chirurgical, il a une importance particulière puisqu'il ( 3/48 , démontre la persistance de la guérison locale chez un tuberculeux, malgré quelques retours offensifs de la tuberculose sur les organes internes, et malgré le fonctionnement constant et souvent excessif de l'articulation réséquée. » M. Lœwy, en présentant à l'Académie le huitième Volume des Annales de l'observatoire de Bordeaux, s'exprime comme il suit : « Le tome VIII des Annales de l'observatoire de Bordeaux renferme les observations astronomiques et météorologiques faites, dans cet établisse- ment, en 1891 et 1892, et un important Mémoire de M. A. Féraud, Astronome-Adjoint, sur le développement de la fonction perturbatrice. » Les recherches méridiennes ont eu pour objet la revision des posi- tions australes du Catalogue d'Argelander-OEltzen comprises entre i5° et — 200 de déclinaison. Grâce aux efforts des astronomes de Bordeaux, des progrès sérieux ont été réalisés dans cet ordre d'idées. Malgré les difficultés particulières causées par la situation de ces astres près de l'horizon, on a pu recueillir environ 4900 observations. Ces résultats, ajoutés à ceux qui ont été publiés depuis 1 885, témoignent de l'activité incessante de cet établissement scientifique. » La question traitée par M. Féraud a pour objet l'étude des coeffi- cients du développement de la partie principale de la fonction perturba trice suivant les multiples des sinus et des cosinus des anomalies excen- triques. » Dans son Mémoire sur les périodes des intégrales doubles et le déve- loppement de la fonction perturbatrice, notre éminent Confrère M. Poincaré s'est proposé d'étudier les relations de récurrence qui existent entre ces coefficients et a examiné en détail le cas général et le cas des excentricités nulles. Il signale à l'attention des chercheurs quelques autres cas parti- culiers du problème. » Le travail de M. Féraud répond à ce desideratum de M. Poincaré. » Dans une première Section, M. Féraud s'est proposé de séparer tous les cas dans lesquels le nombre des coefficients distincts du développement de la fonction perturbatrice est susceptible de se réduire. » Dans la seconde Section, il a appliqué, dans chacune des hypothèses admises, les méthodes de M. Poincaré à la recherche effective du nombre des coefficients distincts. 'i Les diverses hypothèses que M. Féraud a été amené à distinguer ne ( 349 ) présentent pas toutes la même importance au point de vue astronomique. Les cas où les plans des orbites de deux astres sont supposés orthogonaux ne semblent pas avoir d'utilité pratique immédiate, mais les autres cas peuvent trouver des applications, car les orbites de plusieurs petites planètes présentent, avec l'orbite de Jupiter, des positions relatives qui ne s'écartent pas beaucoup des conditions théoriques. » L'analyse de M. Féraud a été conduite avec habileté et possède une réelle valeur. » On trouve encore, dans ces Annales, de nombreuses séries de posi- tions de planètes et de comètes, ainsi que les résultats des observations concernant certains phénomènes périodiques, tels que : éclipses, occul- tations. » L'ensemble des recherches renfermées dans le nouveau Volume des Annales de l observatoire de Bordeaux présente donc, à divers points de vue, un très grand intérêt pour l'Astronomie. » NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de Com- missions chargées déjuger les concours de 1899. Le dépouillement des scrutins donne les résultats suivants : Prix Chaassier. — MM. Bouchard, Marey, Guyon, Ranvier, Lanne- longue. Prix Lallemand. — MM. Bouchard, Marev, Potain, Ranvier, d'Arsonval. Prix du baron Larrey.— MM. Guyon, Bouchard, Potain, Marey, Lanne- longue. Prix Bellion. — MM. Bouchard, Potain, Guyon, Lannelongue, Marey. Prix Mègc. — MM. Bouchard, Potain, Guyon, Marev, Brouardel. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. M. Pallas soumet au jugement de l'Académie un Mémoire intitulé : « Surpression dans les mines à grisou ». (Commissaires : MM. Michel Lévy, Mascart, Haton de la Goupillière.) C. R., 1899, 1" Semestre. (T. CXXVIII, N° 6.) 46 ( 35o ) M. Beacdemoclin adresse une Note intitulée : « Observations météoro- logiques; prédiction des saisons ». (Commissaires : MM. Mascart, Lippmann.) M. Chevrey adresse, par l'entremise de M. Marey, un Mémoire relatif à un hélicoplane. (Renvoi à la Commission des Aérostats.) CORRESPONDANCE. M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance, le deuxième fascicule du « Recueil de données numé- riques, publié par la Société française de Physique : Optique, par M. H. Du/et ». Ce deuxième fascicule est relatif aux propriétés optiques des solides. M. D. Mendeleef, nommé Correspondant pour la Section de Chimie, adresse ses remerciments à l'Académie. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur un théorème de M. Hadamard. Note de M. A. Hurwitz, présentée par M. Picard. « 1 . En étudiant le théorème publié par M. Hadamard dans le Tome XXII des Acta mathematica, j'ai été amené à envisager l'intégrale double , f cf{z) r -h s l'intégrale Jrs est développable, suivant les puissances entières et positives de-» et représente par conséquent une fonction de x holomorphe dans le domaine \x\ ]>/■-+- s. Les rayons r et s étant choisis assez grands on aura, pour \*\îr,\t\>s, 00 00 (3) k*) =%**£*' ?(0=2&^ 0 et, en effectuant le développement de l'intégrale Jrs, on trouve 00 (4) Jr,, = Ka!)=j£t(aobn + "«.^-1+ "a"-ait!+...Hi, » Maintenant, considérons l'intégrale J,.y, les rayons r1 et s' étant plus petits que / et s respectivement. Entourons les pôles a def(z) situés entre les cercles I z | = r et \z | = ? par de petits contours (a) et de même les pôles [ï de ç (t) situés entre les cercles 1 1 1 = s et 1 1 \ = s' par de petits con- tours (p). Alors nous pouvons, dans le calcul de l'intégrale J,v, substituer au cercle | z | = ;• le cercle | z | = /•' plus les contours (a.) et au cercle 1 l 1 = s le cercle |*| = s' plus les contours ([3). Si nous effectuons alors les inté- grales se rapportant aux contours (a) et ((3) nous trouvons (5) ...Jr^J^ + jAç^-^ + jB/^-p)^^;!!^^!)' les constantes A et B désignant les résidus des fonctions/^) et r' -h s', l'équation (5) fournit évidemment le prolongement analy- tique de la fonction $(x) définie par l'intégrale Jrs seulement pour \x\^> r -h s. En outre, on voit que la fonction r' -+- s' d'autres singularités que les points a et p (qui peuvent être des points singuliers essentiels) et les pôles a -+- p avec les résidus cor- respondants A, B. Les rayons /•', s' pouvant d'ailleurs être choisis aussi petits qu'on le veut, nous sommes amenés au théorème suivant ; ( 352 ) Considérons les fonctions /("), (z) définies par les séries 0 0 DO Si les Jonctions J (s) et /'(*»>/»(*0--./,,(s,.) & rf _ , l'intégration s'effectuant le long des cercles | z, -| = r{(i = î, 2, . . . , p). Je suppose que les fonctions _/,(.£, ),y2(.c,), ...,fp(zp) sont holomorphes à l'in- térieur de ces cercles et méromorphes avec des pôles simples pour toutes les valeurs finies des variables dont elles dépendent. Quant à la fonction +a,z + a,z* + ...+ anzn + ..., ( 353 ) et où l'on prend (8) ç(*„*ï, •••'^) = Il(i; — j-J 0,*=i»2 />)■ ,£* » En développant l'intégrale (6) suivant les puissances ascendantes de a? on obtient, à un facteur constant près, (9) Hx) = D„^,+ D,,p+ . . . + DB(Pasn+. le coefficient D„ iP étant défini par un déterminant facile à former. De là découle immédiatement la méthode de M. Hadamard pour calculer les modules des pôles successifs d'une fonction méromorphe _/(=) définie par son développement de Taylor. » 3. Il est tout naturel de se demander s'il y a des théorèmes analogues pour les fonctions de plusieurs variables. Prenons, par exemple, deux séries et formons la nouvelle série » Il n'y a aucune difficulté à représenter cette série par une intégrale quadruple analogue aux intégrales considérées plus haut. Mais il ne semble pas facile d'obtenir une loi simple et générale faisant dépendre les singularités de i|/(s,,s2) de celles de /(s,, s2) et (*.,*.) 'i " - I nous obtenons » Ainsi, dans cet exemple, les singularités des fonctions _/, sont déterminées par les équations z, -h z.,= i, :,:,= i, zl:-.2= j respective- ment. Les points singuliers dey et cp sont des pôles, tandis que les points singuliers de sont algébriques. » ( 3:54 ) MÉCANIQUE RATIONNELLE. — Théorie moléculaire du frottement des solides polis. Note de M. Marcel Brillocin, présentée par M. Appell. « 1. C'est une opinion assez répandue que les phénomènes auxquels donnent lieu des systèmes purement mécaniques, conservatifs, sont essen- tiellement réversibles; je vais montrer qu'il n'en est rien, et que des phé- nomènes irréversibles peuvent prendre naissance entre deux points ma- tériels dont les actions mutuelles dépendent de leur seule distance. Il me suffira pour cela de décrire une expérience extrêmement banale, à titre d'exemple. » 2. Une aiguille aimantée M est suspendue par un fil de torsion; elle prend une orientation définie sous l'action du champ terrestre et du champ produit par un aimant A dans une certaine position A0. » Déplaçons lentement l'aimant A ; à chaque position et orientation de cet aimant correspond une position d'équilibre de l'aiguille M; et si le dé- placement de l'aimant A est suffisamment lent, l'aiguille M passe par ses positions successives d'équilibre, sans vitesse. Ramenons l'aimant A dans sa position primitive A0, l'orientation d'équilibre de l'aiguille M redevient la même qu'au début. Dans le trajet fermé parcouru par l'aimant A, il n'y a eu, au total, aucun échange d'énergie entre l'aimant A et l'aiguille M. Tel est le cas lorsque toutes les positions d'équilibre de l'aiguille M, déviée par l'aimant A, sont stables. » 3. Répétons maintenant l'expérience en approchant assez l'aimant A de l'aiguille M pour qu'une partie des positions de l'aiguille soient instables. A mesure qu'on approche l'aimant A, l'aiguille dévie de plus en plus, puis brusquement, au moment où sa position déviée devient instable, elle se met à osciller autour d'une autre position d'équilibre stable. L'énergie oscillatoire ainsi acquise se conserve pendant le reste du parcours de l'ai- mant A; lorsque celui-ci est revenu à sa position initiale A0, l'orientation d'équilibre de l'aiguille M est bien redevenue la même qu'au début; mais l'aiguille n'y est pas immobile, quelque lentement que le chemin fermé ait été parcouru par l'aimant A. Du travail a été perdu par l'appareil moteur de l'aimant A et a été transformé en énergie oscillatoire de l'aiguille M. » 4. Dans le parcours également lent du même chemin fermé, en sens inverse, bien loin de ramener l'aiguille au repos, on augmente son énergie cinétique pendant le passage par les positions instables. ( 355 ) » Par la répétition du même parcours, dans le même sens, l'énergie cinétique de l'aiguille croît proportionnellement au nombre des cycles. La quantité constante dont s'accroît l'énergie de l'aiguille à chaque cycle dépend de la forme du parcours dans sa partie instable, et du sens du par- cours. » 5. La théorie mécanique des phénomènes de ce genre est extrême- ment simple et permet d'établir rigoureusement : i° le caractère irréver- sible des échanges d'énergie entre un système rigide et un système mobile, lorsqu'une partie des positions d'équilibre du système mobile sont insta- bles; 2° le caractère purement additif des accroissements d'énergie ciné- tique du système mobile par la répétition infiniment lente du même cycle. » 6. Dans un plan situé au voisinage immédiat de la surface d'un corps formé de molécules séparées dont les actions sont des fonctions de la dis- tance, la fonction des forces est rigoureusement ou approximativement périodique, suivant que le corps est cristallisé ou amorphe; elle présente un très grand nombre de maxima et de minima ; il y a donc pour une mo- lécule extérieure libre un très grand nombre de positions d'équilibre stable séparées par des positions d'équilibre instable; il en est de même pour une molécule faiblement reliée à une position fixe. Une translation lente du corps devant la molécule extérieure équivaut donc au parcours répété d'un même cycle, partiellement instable si la molécule est assez proche de la surface. A chaque cycle, c'est-à-dire chaque fois que le corps a avancé d'une distance moléculaire, la force vive de la molécule exté- rieure augmente d'une même quantité. Cette augmentation de force vive de la molécule, aux dépens du travail moteur appliqué au corps, corres- pond exactement, au point de vue de la théorie mécanique de la chaleur, à la conversion du travail de frottement en chaleur. » Le frottement des solides polis, pressés l'un contre l'autre, loin d'être en contradiction avec l'hypothèse moléculaire, en est donc une consé- quence nécessaire. » 7. La plupart des phénomènes physiques et chimiques irréversibles peuvent être rattachés à l'existence d'états d'équilibre instable; l'étude dé- taillée en sera publiée prochainement dans les Annales de Chimie et de Phy- sique. » ( 356 ) ÉLECTRICITÉ. — Décharge disruptive dans le vide. Formation, de rayons anodiques. Note de M. André Broca, présentée par M. A Cornu. « J'ai montré en i8g5 que, quand on lait un vide aussi parfait que pos- sible dans un espace contenant deux électrodes pointues, séparées l'une de l'autre par une fraction de millimètre, on voit jaillir assez régulièrement entre les pointes une étincelle disruptive, en même temps que le phéno- mène cathodique rend l'ampoule fluorescente. J'ai repris systématique- ment cette étude en employant des ampoules sphériques et des électrodes de platine de 2mm de diamètre, assez grosses, par conséquent, pour ne pas rougir avant un temps assez long, et entourées sur presque toute leur longueur d'une gaine de cristal. On évite ainsi en grande partie la décharge par la surface latérale de la cathode, l'effet électrique se concentre donc entre les deux pointes. Les extrémités des deux électrodes en regard sont tournées en cônes effilés, et les pointes sont à omm,5 l'une de l'autre. Dans ces tubes, admirablement construits par M. Chabaud, les deux électrodes sont parfaitement centrées sur la sphère, et dans le prolongement l'une de l'autre; un osmo-régulateur de M. Villard permet de maintenir l'étincelle équivalente à une longueur à peu près constante. » L'étincelle équivalente étant de iol'm à I2cm, et la bobine donnant 42cm d'étincelle fortement nourrie, une étincelle très petite et très brillante jaillit entre les pointes à chaque décharge, et le phénomène dure assez longtemps sans que les électrodes rougissent. L'aspect est celui d'un arc électrique, mais il n'y a pas échauffemenl préalable; c'est donc une vraie étincelle. » L'examen des électrodes, après quelque temps de fonctionnement, montre à l'anode un petit cratère, alors que la pointe négative est intacte. Il y a donc arrachement de molécules métalliques à l'anode. L'arrache- ment se produit sous l'action du champ intense existant entre les deux pointes, et d'autant mieux que le point considéré de l'anode est plus près de la cathode; on conçoit donc facilement la formation du cratère. » Dans les expériences ordinaires, avec les vides très poussés, on voit en général la métallisation se produire aux dépens de la cathode. Cela tient à ce que, dans les ampoules ordinaires, le gradient du potentiel est considérable autour de la cathode et presque nul autour de l'anode. L'ar- rachement se produit là où le gradient est grand. Dans le tube actuel le ( 357 ) gradient est le même aux deux électrodes, toute action des parois étant éliminée, et le métal, électropositif, s'échappe plutôt de l'anode, ce qui est en concordance satisfaisante avec les lois de l'électrolyse. » Les molécules arrachées convergent vers la pointe cathodique. On conçoit que, sous l'action de leurs chocs, ces molécules qui se repoussent électriquement soient projetées dans tous les sens, formant des rayons matériels anodiques. C'est ce que l'expérience vérifie. On ne retrouve en effet aucune trace de cette matière sur la cathode qui est intacte, mais la paroi de l'ampoule se métallisé. La couche est symétrique autour de l'axe des électrodes, mais d'autant plus intense que l'on considère un petit cercle plus voisin du pôle cathodique. Dans l'hypothèse admise, les ions positifs libérés doivent être attirés en effet par la cathode, et la métallisation doit bien être ce que l'expérience indique. » Pour vérifier cette idée, il fallait étudier la déviation magnétique de la métallisation, celle-ci devant être déviée en sens inverse des rayons catho- diques. » J'ai placé le tube dans le champ de l'électro-aimant de Faraday, la ligne des pôles perpendiculairement au champ. Je m'attendais à voir la métallisation augmenter en une région déterminée de la sphère. Non seulement cet effet s'est produit, mais la métallisation a été arrachée dans tous les autres points, cet arrachement s'accompagnant de petites étin- celles; il se fait d'ailleurs principalement sur les bords de la zone préala- blement métallisée, et le transport a lieu dans le champ magnétique dans le sens voulu pour des rayons anodiques. La région métallisée est une demi- calotte limitée par un petit cercle perpendiculaire à l'axe de la cathode au tiers environ de son parcours dans la sphère, et par le plan diamétral passant par les électrodes et la direction du champ. » Cette limitation semble due à la forme du cratère. Les molécules arra- chées sont immédiatement déviées, l'arc est soufflé par le champ. Les molécules ne se choqueront donc plus dans un espace aussi restreint, il ne devra plus y avoir diffusion sphérique, mais limitation à une courbe un peu plus éloignée de la cathode cpie l'intersection avec la sphère du cône ayant pour base le cratère et pour sommet la pointe cathodique. « L'éloignement de la courbe limite est dû à l'action magnétique. Ceci aura lieu dans l'hémisphère où l'action de la cathode et celle du champ sont opposées. Dans l'autre, le champ magnétique tendant toujours à rapprocher les molécules de la cathode qui les attire, il ne saurait y avoir de trajectoire stable. C. R., 1899, 1" Semestre. (T. CXXVIII, N° 6.) 47 ( 358 ) » Ce que nous venons de dire pour les rayons anodiques peut se répéter pour les cathodiques. Ceux-ci doivent tourner en sens inverse des premiers, et être limités à la même demi-sphère, puisque le sens des flux matériels chargés pour les deux rayons est inverse et que le champ est le même. Ceci est vérifié par l'expérience. Mais la demi-calotte fluorescente par les rayons cathodiques s'étend à la demi-sphère entière. Ceci prouve que le rapport de l'action électrostatique à l'action électromagnétique est beau- coup plus grand pour les rayons de métallisation que pour les cathodiques. On le comprend si l'on admet pour la molécule métallique une masse beau- coup plus grande que pour la molécule gazeuse. » D'autres phénomènes se passent encore dans ces tubes. Je n'en parle pas, car je n'ai pu encore les coordonner. Ce qui précède suffit pour tirer quelques conclusions. » Dans les idées de M. Villard, les rayons cathodiques sont dus à de l'hydrogène. Il base cette idée sur l'action réductrice indiscutable qu'il a établie. Dans le tube que je viens de décrire, il y a à la fois des rayons ca- thodiques et des anodiques. Les anodiques sont dus à du métal; il est extrordinaire que l'hydrogène se sépare nettement des métaux par une propriété électrique. Cette question doit être posée, mais avec la plus grande réserve, car il y a dans les tubes à vide un grand nombre de phé- nomènes inconnus. » Ces expériences me semblent aussi apporter une preuve convain- cante de la matérialité du rayon cathodique, que bien peu de physiciens, d'ailleurs, discutent encore. Les rayons anodiques ont bien, en effet, des propriétés inverses des rayons cathodiques et la métallisation de la paroi rend leur nature matérielle indiscutable. » Enfin, au point de vue du phénomène de Zeeman, auquel je me suis déjà placé dans mon étude précédente de l'action du champ magnétique sur les décharges électriques, le phénomène actuel est doublement inté- ressant. Les rayons cathodiques nous montrent, en effet, l'existence simul- tanée de mouvements dans le sens du champ et de mouvements dexlro- gyres autour du champ. Les rayons anodiques nous montrent les mouvements lévogyres qui nous manquaient, et ils nous les montrent précisément clans le cas d'ions métalliques, ce qui est le cas du phénomène de Zeeman. » ( 359 ) PHYSIQUE. — Sur les actions de la lumière aux 1res basses températures. Note de MM. Auguste et Louis Lumière, présentée par M. d'Ar- sonval. « La nature de l'action latente de la lumière sur les sels haloïdes d'ar- gent a donné lieu , comme on le sait, à deux hypothèses : cette modification, suivant quelques auteurs, est d'ordre purement physique; d'autres, au contraire, admettent une décomposition chimique du sel d'argent. » II- nous a paru intéressant d'étudier ce phénomène en s'écartant des conditions ordinaires, de façon à apporter de nouveaux éléments à la solution du problème. En partant de cette observation que les réactions chimiques sont plus lentes à froid qu'à chaud, nous avons pensé que, si l'impression latente était supprimée ou fortement atténuée aux très basses températures, on aurait un argument de plus en faveur de l'hypothèse d'une modification chimique du sel d'argent. » Ces considérations nous ont aussi amenés à étudier un certain nombre d'actions physiques et chimiques de la lumière aux températures extrêmement basses que l'on peut obtenir facilement avec de l'air liquide. » Dans un récipient cylindrique de d'Arsonval, contenant de l'air liquide, nous avons plongé une plaque au gélatinobromure d'argent, en laissant émerger une partie de cette plaque; nous avons exposé à la lumière, puis, après réchauffement, la plaque a été développée. Nous avons alors constaté que, pour les temps d'exposition courts, la lumière ne produit plus d'action appréciable sur le bromure d'argent dans la partie immergée, dont la température s'est abaissée à — 1910. Si l'on prolonge Faction de la lumière, on parvient à produire la modification latente du sel d'argent. » En partant de plaques au gélatinobromure d'argent possédant la sensibilité maximum, nous avons constaté que, pour obtenir des impressions égales, il faut un temps d'exposition de trois cent cinquante à quatre cents fois plus considérable à — 1910 qu'à la température ordinaire. » On peut remarquer, en outre, dans les expériences à temps de pose prolongé, que l'action des rayons lumineux est encore affaiblie à la surface du liquide dans les points où l'évapoiation de l'air produit un refroidissement plus considérable. » La zone d'affaiblissement de sensibilité s'étend d'ailleurs dans la portion de la plaque qui émerge et à une certaine distance de la surface du liquide. Nous nous pro- posons de déterminer la température limite à partir de laquelle la perte de sensibilité devient négligeable. » Nous nous sommes assurés que les mêmes phénomènes se produisent lorsque la couche sensible n'est pas directement en contact avec l'air liquide et aussi que le pou- ( 36o ) voir absorbant de celui-ci, pour les rayons chimiques, est très faible et peut être con- sidéré, dans ce cas, comme négligeable. » En outre, les plaques photographiques plongées dans l'air liquide ne subissent aucune modification permanente et conservent, lorsqu'elles sont ramenées à la tempé- rature ordinaire, toutes leurs propriétés. » Nous avons remarqué aussi que l'image latente obtenue dans des conditions ordi- naires d'exposition ne subit aucune modification, lorsque la couche sensible qui la porte est refroidie à — 191° et qu'elle peut être développée après réchauffement sans qu'il soit possible de constater le moindre affaiblissement de l'impression initiale. » Le refroidissement est donc la seule cause de la perte de sensibilité et l'on peut considérer l'image latente comme le résultat d'une décomposi- tion chimique du sel haloïde d'argent. » Les préparations photographiques qui, à la température ordinaire, subissent une décomposition chimique visible, sous l'influence de la lu- mière, telles que les papiers au citrate d'argent, aux mucilages bichromates et aux sels de fer, restent inaltérées lorsque celte action s'exerce vers — 2000. » Les phénomènes chimiques provoqués par les rayons lumineux aux très basses températures paraissent donc supprimés d'une façon générale. Les faits observés dans le cas de l'impression latente des plaques photo- graphiques extra-sensibles font supposer que cette suppression leur serait également applicable aux températures voisines du zéro absolu. » Si les actions chimiques ne se manifestent plus dans ces conditions, il n'en est pas de même de tous les phénomènes produits sous l'influence de la lumière, telle que la phosphorescence. » Les substances phosphorescentes, excitées préalablement par la lumière, perdent instantanément leurs propriétés particulières, lorsque l'on abaisse leur température à — 1910. Leur faculté de luire est suspendue par le froid et non détruite. Il suffit, en effet, de les ramener à la tempéra- ture ordinaire, même après plusieurs jours d'immersion dans l'air liquide, pour qu'elles reprennent leur phosphorescence avec la même intensité que celle qu'elles présentaient au moment où elles ont été refroidies. » Des tubes scellés renfermant des sulfures de baryum, de strontium, de calcium et de zinc ont été chauffés de façon à éteindre toute trace de phosphorescence résiduelle, puis immergés, à l'abri de la lumière, dans de l'air liquéfié; après avoir été ain-i refroidis, ils ont été soumis à l'action des radiations excitatrices (lumière solaire, étin- celle électrique, rayons X). En retirant ensuite les tubes du liquide dans le laboratoire obscur, on constate qu'ils s'illuminent en se réchauffant. » On peut conclure de ces expériences que l'excitation s'est produite, ( 36i ) et que la lumière s'est emmagasinée à — 1910 d'une façon qui parait même plus marquée qu'aux températures ordinaires, mais la restitution est suspendue par le froid et ne se manifeste qu'à la suite du réchauffement. » Dans de prochaines Communications, nous nous proposons de déter- miner les limites dans lesquelles ces phénomènes se produisent, d'étudier en outre les actions des rayons uraniques et des rayons X, aux très basses températures, de compléter et de préciser ces premières expériences, qui ne constituent guère, dans la présente Note, qu'une indication des recherches que nous poursuivons. » CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur l'emploi du bioxyde de sodium dans l'étude de la fonction respiratoire. Note de MM. Desguez et Baltuazard, présentée par M. d'Arsonval. « Depuis que M. Bouchard a montré la nécessité de mesurer l'oxygène utilisé par l'organisme, pour établir l'équation si complexe de la nutrition, nous avons recherché un réactif capable de satisfaire à la double condition de dégager l'oxygène nécessaire et d'absorber l'acide carbonique éliminé. M. d'Arsonval (') a fait connaître une première solution du problème basée sur la décomposition mutuelle de l'eau oxygénée et de l'acide chro- mique, donnant, à froid et automatiquement, un dégagement d'oxygène proportionnel à la quantité d'acide carbonique émis par l'animal. La récente Communication de MM. Laborde et Jaubert nous a déterminés à publier dès maintenant quelques résultats dont la place naturelle était à la suite des travaux que M. Bouchard poursuit sur les échanges respira- toires. » Le bioxyde de sodium, qui se prépare industriellement aujourd'hui, est connu depuis les travaux de M. Vernon-Harcourt (2) qui en a indiqué la préparation et les principales propriétés Ce corps a fait le sujet d'un grand nombre de recherches analytiques, industrielles ou même thérapeu- tiques (blanchiment des dents), toutes basées sur son action oxydante, en présence de l'eau. M. Vernon-Harcourt a, en effet, indiqué sa facije décom- position par l'eau, avec production de soude, d'oxygène et d'eau oxygénée. Nous avons repris l'étude de cette réaction intéressante, en vue d'utiliser non seulement l'oxygène, mais encore l'alcali formé simultanément. (') Bulletin de la Société de Biologie, 1e1 avril 1882. (*) Journ. of the chem. Society, t. XIV, j>. 267; 1862. ( 362 ) » Action de l'eau sur le bioxyde de sodium. — Le bioxyde de sodium commer- cial se décompose complètement à froid, par addition d'eau, en proportion à peine supérieure à celle indiquée par la théorie. Il donne un atome d'oxygène par molécule : Na!0'2-}- H20-2NaOIl : 0. » Voici quelques chiffres fournis par différents échantillons du produit: gr ce 2,6 de Na202 ont donné 3-5 d'oxygène 5 » 73o » 5,o5 » n6o » o , 5o » 74 » ( ' ) » L'eau oxygénée étant instable, en milieu alcalin, l'action de l'eau sur le bioxvde de sodium dégage, en réalité, iôe* d'oxygène pour78sr de bioxyde, comme l'indiquent les nombres ci-dessus. » Application à la respiration. — L'équation donnée plus haut montre que, si l'on alimente un animal d'oxygène à l'aide de cette réaction, il se produit plus d'alcali qu'il n'en faut pour absorber l'acide carbonique élaboré. De là découle l'application que nous avons faite à l'étude de la respiration. » Première expérience. — Un cobaye témoin, pesant 4oosr, placé sous une cloche de iolil, hermétiquement close, succombe, asphyxié, dans un temps qui varie entre deux heures et deux heures et demie. » Deuxième expérience. — Un cobaye de 4ooïr est placé sous une cloche de même capacité, close avec la môme rigueur et munie d'un tube manométrique. A quelques centimètres au-dessous de l'animal, on dispose du bioxyde de sodium sur lequel on fait tomber de l'eau, goutte à goutte, de façon à maintenir une pression sensiblement constante. Le cobaye ne'manifeste aucune gêne notable de la respiration. On le retire, au bout de quatre heures, présentant la même vitalité qu'à son entrée dans la cloche. Cette expérience, de même que l'expérience témoin, a été renouvelée plusieurs fois : le résultat est constant. » Il était important de voir si la vapeur d'eau contenue dans l'air expiré ne suffirait pas à déterminer et entretenir la réaction. » Première expérience. — Deux cobayes placés sous une cloche de 3olil, avecC(i"r de bioxyde de sodium, ont été retirés vivants au bout de dix heures, tandis que deux cobayes, de même poids, placés dans une cloche identique, mais sans bioxyde, ont succombé en quatre heures et quelques minutes. (') Quelques-uns de ces nombres, correspondant aune quantité d'oxygène supé- rieure à la quantité théorique, indiquent dans le produit commercial la présence d'un composé plus oxygéné que Nas02. ( 363 ) » Deuxième expérience. — Un chien pesant 6ks, 5oo a été enfermé dans une caisse à fermeture mercurielle, de capacité égale à jo1!t. On a disposé, à côté de lui, 20osr de bioxyde de sodium. A.u bout de six heures, le chien présente des signes de'vitalité non équivoques. Un second chien, pesant 5ks, placé dans les mêmes conditions, mais sans bioxyde, a succombé en quatre heures. » Dans ces dernières expériences, le bioxyde de sodium n'est attaqué que très superficiellement, et la survie des animaux isolés en présence du réactif peut sans doute s'expliquer par la fixation d'une partie de l'acide carbonique éliminé plutôt que par une régénération suffisante d'oxygène. Nous continuons ces recherches. » CHIMIE ANALYTIQUE. — La formaldoxime , comme réactif pour déceler la présence de très Délites quantités de cuivre. Note de M. A. Bach. (Extrait.) « Lorsqu'on fait réagir quantités équimoléculaires d'aldéhyde formique en solution aussi concentrée que possible et de chlorhydrate d'hydroxyla- mine, et qu'on abandonne le mélange dans le vide d'un exsiccateur garni d'acide sulfurique et de potasse solide, la solution laisse déposer, au bout d'un certain temps, de fines aiguilles réunies pour la plupart en ma- melons sphériques. Recristallisée dans l'alcool méthylique chaud, la sub- stance ainsi obtenue se présente sous forme de prismes aplatis et durs. L'étude des propriétés chimiques et l'analyse de cette substance ont montré que c'est le chlorhydrate de trioximidométhylène (CH2 = AzOH)3HCl. La même substance s'obtient plus facilement encore en broyant ensemble proportions équimoléculaires de trioxyméthylène et de chlorhydrate d'hy- droxylamine et faisant cristalliser le produit dans l'alcool méthylique chaud. » Le chlorhydrate ainsi obtenu est identique à celui qui a été préparé tout dernièrement par MM. Dunstan et Bossi (') en traitant la formal- doxime en solution éthérée par le gaz chlorhydrique sec et recristallisant le produit dans l'alcool méthylique additionné graduellement d'éther. » Le chlorhydrate de trioximidométhylène, de même que la formal- (') Journ. of the chem. Soc., 1898; p. 353. ( 364 ) doxime libre, possède la remarquable propriété de donner, avec une solu- tion très étendue de sulfate de cuivre et la potasse caustique, une coloration violette très intense. Cette réaction, qui est très nette et extrêmement sen- sible, pourrait être employée avec avantage pour déceler la présence de très petites quantités de cuivre. Voici comment il convient d'opérer. » On prépare le réactif en mélangeant quantités équimoléculaires d'aldéhyde for- mique en solution à 20 pour 100 et de chlorhydrate d'iijdroxylamine. Cette solution paraît se conserver indéfiniment. Pour la recherche du cuivre dans une solution, on traite i5cc de celle-ci par un demi-centimètre cube de la solution de formaldoxime et un demi-centimètre cube de potasse caustique à i5 pour 100. En présence de cuivre, il se produit une coloration violette. Dans une solution contenant 1 partie de sulfate de cuivre cristallisé dans 10 000 parties d'eau, la coloration obtenue est tellement intense que la solution laisse à peine passer la lumière. Même dans une solution renfermant 1 partie de sulfate de cuivre dans 1 000000 parties d'eau, la coloration violette est encore nettement perceptible. Si l'on opère sur des solutions peu étendues de sulfate de cuivre, on obtient une coloration vert foncé. Il faut alors étendre d'eau pour voir apparaître la coloration violette. » Avant de procéder à la recherche du cuivre par la méthode qui vient d'être indi- quée, il convient d'éliminer les métaux de la famille du fer. » Quant à la nature de la réaction qui a lieu entre la formaldoxime et les sels de cuivre en présence d'alcalis, elle offre beaucoup d'analogie avec celle de la réaction du biuret, sans qu'il y ait toutefois complète identité entre les deux réactions. La coloration violette produite par la formal- doxime tire sur le noir, tandis que celle du biuret présente une nuance pourpre. En outre, à teneur égale en cuivre des solutions, la première réac- tion est infiniment plus sensible que la dernière. D'après M. H. Schiff ('), la solution violette obtenue en faisant agir l'oxyde de cuivre sur le dérivé alcalin du biuret attire l'acide carbonique de l'air et se décolore en laissant déposer du protoxyde de cuivre. La solution violette résultant de l'action de la formaldoxime sur le sulfate de cuivre se comporte exactement de la même manière. De plus, M. Schiff a montré que, de tous les métaux, seul le nickel donne, avec le biuret, une réaction analogue à celle du cuivre. La coloration est, dans ce cas, jaune orangé. Or une réaction analogue se produit lorsqu'on traite la formaldoxime par une solution de sulfate de nickel en présence de potasse caustique. Mais ici, encore une fois, la colo- ration a une nuance plus foncée et la réaction est beaucoup plus sensible. » J'ajouterai que le produit obtenu en faisant agir une solution con- (') Berichte d. rf. chem. Ges., p. 298; 1896. ( 365 ) centrée d'aldéhyde formique sur du cyanure de potassium en poudre donne la réaction du biuret d'une manière tout à fait caractéristique. Etant donné le lien étroit qui existe entre la formaldoxime et l'acide cyanhydrique, ce fait, qui, à ma connaissance, n'a pas encore été signalé et que je me ré- serve d'étudier, tend aussi à faire ressortir l'analogie entre la réaction de la formaldoxime et celle du biuret. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'oxydation de quelques urées. Note de M. OEchsner de Cojjinck ('). « J'ai attaqué les urées, non avec le mélange chromique proprement dit, mais avec un mélange de chromate neutre de potassium et d'acide sul- furique, qui a présenté plusieurs avantages. » Urée. — L'urée pure et cristallisée est placée dans un ballon ; au-dessus, on verse une solution aqueuse simplement concentrée de chromate neutre, puis de l'acide sul- furique pur. Il faut chauffer pour que le dégagement gazeux s'établisse; les gaz ren- ferment principalement CO2 et une très petite quantité d'azote. » Voici une des analyses (sur 2occ) : CO- IÇ)CC,2 Az o,j ào,5 Air o , 5 à o , 6 » Dans d'autres expériences, j'ai attaqué l'urée par le chromate neutre et l'acide nitrique, ou par le bichromate et le même acide. Le résultat a été constant, l'urée n'est que partiellement oxydée; les gaz dégagés renferment surtout CO2 et une quan- tité très faible d'azote libre. On voit combien l'action des oxydants acides diffère de celle des hypochlorites. » Sulfo-urée. — La réaction de la sulfo-urée avec le chromate neutre et l'acide sulfurique est complexe; j'ai constaté, en effet, la formation d'acide sulfocyanique et de ses principaux produits de décomposition, ce qui montre que, dans les conditions où j'ai opéré, il s'est formé du sulfocyanate d'ammonium. J'ai pu isoler aussi une cer- taine proportion d'acide disulfocyanique et d'acides thio-prussiamiques. qui étaient à l'état de mélange, comme l'ont indiqué les dosages de soufre et d'azote; mais les propriétés correspondaient bien à celles décrites par Clans. » En outre, dans le résidu, j'ai rencontré des sulfate et bisulfate d'ammonium, qui résultent : j° de l'action de S04H2 en excès sur le sulfocyanate d'ammonium; 2° de l'oxydation directe de la molécule de sulfo-urée : CS\AzH2+/*0 + 2lI20 = C°2+SO'(AzH1)2- ( ') Institut de Chimie de la Faculté des Sciences de Montpellier, janvier 1896. C. P.., 189g, 1" Semestre. (T. GXXVIII, N° 6.) 48 ( 366 ) » De fait, j'ai recueilli, parmi les gaz dégagés, de l'anhydride carbonique pur : CO2 i9«°,6 O -+- air o,4 » J'ajoute que, dans quelques expériences, il s'est séparé une trace d'azote libre. La décomposition de la sulfo-urée par les oxydants acides est donc, elle aussi, bien dillé- rente de ce qu'elle est avec les hypochlorites alcalins. i) Phényl-sulfo-urée. — Cette sulfo-urée est rapidement détruite par CrOK2-+-S04II2; les produits gazeux sont exempts d'azote, C02=:i9cc,7, O 4- air = o,3. » Diphényl-sulfo-urëc. — Elle présente une plus grande résistance que la précé- dente, mais la décomposition est du même ordre. » Méthyl-urée. — Cette urée est assez vivement attaquée à chaud; elle fournit CO5 pur. » Phényl-urée. — Elle est immédiatement attaquée avec dégagement de CO2 pur; mais il se forme, en outre, de l'acide sulfanilique et un peu de benzo-nitrile. » Diphénylrurée. — Cette urée est plus résistante que la précédente, mais c'est également CO2 pur qui se dégage. » Benzyl-urée. — Elle est décomposée, à une température assez élevée, avec sé- paration d'anhydride carbonique pur. Parmi les autres produits, j'ai constaté le sul- fate d'ammonium et, en faible proportion, de la benzyl-carbimide : CO^ïP^AzH'-i-COAzC'H'. \AzH2 » Dans une autre Communication, je me propose de faire connaître le mode de décomposition d'un certain nombre damides et d'imides. » CHIMIE ORGANIQUE. — Etudes de la chaleur latente de vaporisation de la pipéridine, de la pyridine. de l'acëlo- et du capronitrile ; par M. W. LoUGUIJil.VE, « Les expériences qui font le sujet de cette Note ont été exécutées avec l'appareil et d'après les méthodes décrites dans mon Mémoire Sur les chaleurs latentes de vaporisation (Annales de Chimie et de Physique, 7e série, t. VII). Elles ne diffèrent des expériences que j'ai exécutées précé- demment que par une particularité, l'altitude à laquelle se trouve le labo- ratoire dans lequel ce travail a été fait (en Suisse, à peu près à 6oom d'alti- tude). La hauteur barométrique a varié durant le cours de ces expériences ( 367 ) entre 725mm et7i5mm, et, pour réduire les températures d'ébullition des substances étudiées à celles correspondant à la pression de 76on,m, j'ai dû avoir recours à un petit manomètre donnant une pression complémen- taire. » Les chaleurs latentes de vaporisation ont, par conséquent, été déter- minées à une pression inférieure à la normale d'à peu près 4omm, mais cette différence de pression n'influe pas, d'une manière appréciable, sur les valeurs que j'avais à déterminer. Les chaleurs latentes de vaporisation ont été obtenues en retranchant, des quantités de chaleur trouvées dans les expériences, celles correspondant aux chaleurs spécifiques des liquides prises entre leur température d'ébullition à 76omm et 200, comme il a été indiqué dans les Mémoires cités plus haut. Les substances étudiées ont été soigneusement purifiées et analysées. » A. Pipéiidine : C5H"N = 85 — P. — Point d'ébullition à 760""", trouvé égal à ioj°,76. » Chaleur spécifique déterminée entre ig°,5 et 97°,5 : o,5a3i ) o,523o ) » Chaleur latente de vaporisation : Moyenne z=o,5233. 89,01 ) 89,26} Moyenne = 88,92 — S. 88,46 ) » L'expérience extrême diffère de celte moyenne de o,48 pour 100 P X S _ 85 x 88,92 _ 273 + 104,76 378,76 •9>93- » B. Pyridine : CSH5N = 79 = P. — Point d'ébullition à 7Ôomm, trouvé égal à 1 i5°,5i. » Chaleur spécifique déterminée entre 2i°,5 et 107°, 6 : ,_ 1 ! Moyenne = o,43i5. o,4oi3 ) J » Chaleur latente de vaporisation : 101 ,08 . „. > Moyenne = 101 ,39 = b. ioi,34 [ 101 ,45 ( 368 ) » L'expérience extrême diffère de cette moyenne de o,33 pour 100 : P X S _ 79 x 101 ,39 273 -+- 1 1 5 , 5 r " 388, 5i 20,62. » C. Acétonitrile : CIPCN = C2IPN = 4i = P. — Point d'ébullition à 760" trouvé égal à 8i°,54. » Chaleur spécifique déterminée entre 20°,7 et 76°,4 : o,542i 1 o,54i2 > Moyenne = o,54o8. o,53go ) » L'expérience extrême diffère de cette moyenne de o,33 pour 100. » Chaleur latente de vaporisation : 171,62 1 Moyenne = 170,68 = S. 170,27 > 170,15 1 » L'expérience extrême diffère de cette moyenne de 0,55 pour 100. P x S _ 4i X 170,68 _ 275 + 87,54"" 354,54 — I9'74' » D. Capronitrile : CSII" = C6H"N = 97 = P. — Point d'ébullition à 760""", trouvé égal à i55°,48. » Chaleur spécifique déterminée entre 180 et i55°, 5 égale à 0,5417. » Chaleur latente de vaporisation : 87,72 1 88,46 | Moyenne : 88,09 = S. 88,09 ) » L'expérience extrême diffère de cette moyenne de 0,42 pour 100. pxS _ 97 x 88,09 _ ,. s„ 273 + i56,48_ 429,48 -'9'°9- . PxS » Les valeurs de — ^ — calculées pour ces quatre substances semblent indiquer qu'à l'état liquide elles sont composées de molécules simples non polymérisées ; pour la pipéridineet la pyridine, Ramsay et Schield, à l'aide de la méthode des tensions superficielles des liquides (Zeilschnft fur Ph. Chemie, vol. XII, p. 466), sont arrivés à la même conclusion. » Ces auteurs ont étudié par la méthode des tensions superficielles le benzo et le propionitrile : ils arrivent à la conclusion que la première de ces substances à l'état liquide est composée de molécules simples et la seconde ( 369 ) de molécules polymérisées. Ramsay et Schield n'ont pas étudié les deux nitriles sur lesquels ont porté mes expériences et que, d'après les valeurs P x S de — pp— calculées, je crois composées à l'état liquide de molécules non polymérisées. » CHIMIE VÉGÉTALE. — Nouvelles observations sur le développement de prin- cipes aromatiques par fermentation alcoolique en présence de certaines feuilles. Note de M. Georges Jacquemin. « Le 1 2 juillet 1897 j'ai soumis à l'Académie le résultat de mes recher- ches sur le développement de principes aromatiques par fermentation al- coolique en présence de certaines feuilles; j'ai montré que la levure, par unediastase qu'elle excrète, opère le dédoublement de certains glucosides contenus dans les feuilles du pommier, du poirier, de la vigne, etc., en un produit aromatique spécial, qui caractérise ordinairement la saveur du fruit, et en un sucre qui fermentera avec celui du liquide faisant fonction de milieu à cette vie cellulaire. » Poursuivant mes recherches dans cette voie, j'ai constaté que les feuilles de vignes des divers cépages, immergées dans des moûts de com- position identique, fermentant sous l'influence de la même levure, don- naient des liquides à saveurs ou bouquets différents. » Voulant essayer d'appliquer ces remarques à la vinification, en vue de l'amélioration des vins, j'ai d'abord reconnu que l'introduction des feuilles entières ou hachées, dans le moût de raisin, communiquait au vin un goût particulier, rappelant la feuille sèche, qui masquait en partie les principes odorants engendrés par la fermentation. Ce goût anormal provenant de parties de feuilles inutiles et à écarter en cette circonstance, j'ai fait pré- parer, par diffusion et concentration dans le vide, des extraits sirupeux de diverses feuilles de vignes de grands crus. » Il est à remarquer que cet extrait, qui renferme les glucosides de la feuille, a, par lui-même, une saveur désagréable, qui persiste jusqu'au moment où le dédoublement causé par la fermentation a pu se produire. » Si donc, au lieu de feuilles, on introduit dans le moût, avant sa fermen- tation par une levure sélectionnée, une dose modérée d'extrait de feuilles, on obtiendra un vin considérablement amélioré, et ce résultat remarquable est dû à deux causes : » i° La diffusion dans la masse vineuse des principes aromatiques ( 37o) agréables, provenant du dédoublement des glucosides spéciaux et caracté- ristiques delà feuille de vigne des cépages de grande qualité; » 2° L'action plus marquée, en ce cas, de la levure de grand cru qui, ense- mencée dans un moût de vin commun, additionné de glucosides de feuilles du cépage d'où provient initialement ce ferment sélectionné, rencontre un milieu de culture plus favorable, puisque l'extrait lui a apporté ces prin- cipes qui, ainsi qu'il résulte de mes précédentes recherches, ont été éla- borés par les feuilles pour émigrer dans le fruit au moment de la maturation, principes dont s'accommode plus particulièrement la levure de tel ou tel cru, de même nature que l'extrait. » Il est évident en effet que, dans ces conditions, l'action physiologique de la levure s'exerce plus normalement et se rapproche davantage de celle qu'elle manifeste dans le jus de rais-insde grand vin dont elle est originaire; il en résulte donc que le bouquet engendré dans ce cas, par son évolution, est beaucoup plus marqué que dans le moût de vin commun non addi- tionné d'extrait de feuilles. » J'ai fait faire aux dernières vendanges, en divers points de la France, de nombreuses expériences sur vins rouges et blancs, et partout les résultats sont venus confirmer cette manière de voir. Je citerai, entre autres, un essai effectué dans la Gironde, dans des conditions offrant toute garantie, par M. Malvezin, œnotechnicien à Caudéran. » Le moût de vin rouge ordinaire avait été pasteurisé, avec les précautions voulues pour la conservation de la couleur, et divisé en deux portions égales, dont l'une reçut iks d'extrait de feuilles de vigne de Saint-Emilion pour iobl, soit un millième, préa- lablement mélangé au levain de levure pure qui avait été mis en préparation deux jours d'avance. L'autre portion fut ensemencée avec un levain de même levure, mais sans addition de glucosides de feuilles. Enfin une cuvée témoin fut faite parles méthodes ordinaires de vinification. » Les trois vins, après décuvage, furent soignés de la même manière et ont été ré- cemment soumis à divers dégustateurs, qui ont constaté une grande différence de qualité et, par suite, de valeur, entre ces trois vins. « En première ligne, fut rangé celui qui avait reçu le levain à l'extrait de feuilles : ce vin n'a aucun goût de terroir, il est fin et possède un bouquet accentué. » En deuxième ligne, le vin simplement levure, qui a gardé en partie son goût de terroir et dont le bouquet, dû uniquement à la levure, est moins développé, quoique très appréciable. » Enfin, le vin témoin, plus commun et de bouquet presque nul, a été classé comme bien inférieur aux deux autres. » En résumé, il ressort de toutes les expériences faites sur un grand ( 37i ) nombre d'hectolitres de vins divers, que l'emploi des feuilles de vignes de cépages de qualité, sous forme d'extraits renfermant les glucosides, même à la dose minime de j^, constituera un adjuvant précieux pour la vinifi- cation par les levures pures sélectionnées, et déterminera une grande amé- lioration des vins. » chimie ORGANIQUE. — Sur le mëthyloctënonal ('). Note de M. G. Léser, présentée par M. Friedel. « L'aldéhyde (3-cétonique dont j'ai récemment décrit la préparation (2) est extrêmement stable : on peut la distiller dans le vide sans aucune altération; elle bout à io8°-no° sous io"lm, se prenant en masse par refroidissement. A la pression normale, elle passe de 2o5° à 2100, se colo- rant cependant légèrement et laissant un résidu de distillation noirâtre. » L'étude des dérivés de cette alone semble jusqu'à présent montrer que, dans certaines réactions, elle fonctionne sous sa forme normale CH3\ ^C = CH -CH2-CH2 — CO-CH2 — CHO, alors que, dans d'autres cas, on est obligé d'admettre qu'elle possède la constitution tautomérique, c'est-à-dire oxyméthylénique : CH3\ CR3/C = CH — CH2 — CH2 - CO - CH = CH . OH. » Action de l ' hydroxylamine. — Afin d'obtenir 1'oxiine de la fonction aldéhy- dique, j'ai fait réagir une molécule d'hydroxylamine sur une molécule d'alone, à froid, en liqueur hydro-alcoolique. Le produit obtenu est insoluble dans les alcalis, possède l'odeur caractéristique des isoxazols et bout à Ii3°-ii4° sous i6,nm. L'analyse corres- pond exactement à la composition O CH3\ r" )C = CH - G1P - CH1- G Àz . CH - CH » Les isoxazols (3) de cette nature n'ont pas la stabilité de ceux qui dérivent des (') Laboratoire de M. Barbier, Faculté des Sciences de Lyon. (2) Comptes rendus, t. CXXVIII, p. 108. (3) CLAissBxet Stock, Berichte, t. XXIV, p. i3o. (372 ) (i-dicétones, dans lesquels le carbone uni à l'azote ne possède plus d'atome d'hydrogène mobile. Si l'on traite en effet une molécule d'isoxazol par une molécule d'éthylate de sodium, il se produit une réaction très violente, qu'il est nécessaire de modérer par un refroidissement énergique. On chauffe ensuite légèrement au bain-marie, jusqu'à complète dissolution dans l'eau. L'addition de la quantité calculée d'acide acétique dilué provoque la séparation d'un liquide inodore, qui bout exactement io° plus haut que l'isoxazol, c'est-à-dire à i23°-i24°, sous i6mm, et possède la même composi- tion CH13AzO. » L'isoxazol a donc été isomérisé en nitrile : ^„, >C = CM - CH2- CH2- CO - CIP - C Az. CH3/ On peut aisément, par l'intermédiaire du sel de sodium, introduire des radicaux alcooliques dans cette molécule. Le nitrile éthylé bout à i4o°-j4i° sous i8mm et pos- sède la constitution CH3\ CH3/ C-ll5 C = CH — CH2 — CH2 - CO — Cil — < ; A / J'ai tenté de saponifier le nitrile par l'acide chlorhydrique alcoolique, dans le but d'obtenir des imido-élhers analogues à ceux qui ont été décrits par M. Pinner(') pour le benzonitrile et par M. Haller(2) pour la cyanacétophénone : la nature incom- plète de la molécule se prêle mal à cette tentative et il est à craindre que la fixation des éléments de II Cl sur la double liaison ne me permette pas de retirer des produits définis et analysables de cette réaction. » La potasse alcoolique agit d'une façon beaucoup plus nette, mais aussi plus pro- fonde. Traité par cet agent, le nitrile fournit, par suite d'un dédoublement assez curieux, une amide JÏÎÎ'^C = CH - CH2- CH2- CO - CH2- CAz +- 2H20 CH3/ fI43\ = CH3C02 H + CH3/C = CH - CH2 - CH2- CO Az II2. » La méthylhexénamide se présente en beaux cristaux, d'aspect nacré, fusibles à 85°-86° et répondant à la composition C7ll1:iOAz. Si l'on prolonge l'action de la po- tasse, on voit se dégager de l'ammoniaque et l'on isole l'acide mélhylhexénoïque bouillant à 2i6°-2i8", identique à celui décrit par MM. Barbier et Léser (3). » Traité dans les mêmes conditions, le nitrile-éthvle se dédouble en ammoniaque, acide formique et méthylnonénone, bouillant à 2o3°-2o5°, que j'ai obtenue récemment dans une autre réaction (4). (') Berichte, t. X; 1889. (2) Bulletin de la Société chimique, 3" série, t. XLVIH, p. 24. (3) Ibid., 3e série, t. XVII, p. 7 |S. (*) Comptes rendus, t. CXXVII, p. 763. ( 373 ) » Action des aminés. — Le méthylocténonal s'unit aisément à l'aniline pour donner une anilide bouillant à 2io°-2i2° sous 20mm. Ce dérivé, soumis à l'action de l'acide sul- furique concentré suivant le procédé de synthèses quinoléiques décrit par M. C. Beyer (') et par A. Combes (2), fournit une base cristallisée qui sera étudiée spécia- lement. » La méthylaniline réagit dans les mêmes conditions pour donner un corps bouil- lant à 2i4°-2i6° sous i7m,n, C16H2lAzO. La formation de ce dernier dérivé ne s'ex- plique que si l'on fait intervenir la constitution tautomérique de l'alone SS/C = CH - CH2 - CH2 - CO - CH = CH . OH + H . Az<^^. = H20 -+- 2£/C =-CH - CM*- CH»— CO- CH = CH- Az^^,- » Je poursuis l'étude des dérivées de cette alone, espérant pouvoir contribuer, dans une certaine mesure, à la connaissance des composés oxyméthyléniques qui ont fait en ces derniers temps l'objet de travaux intéressants. » CHIMIE ANIMALE. — Sur une fibrine cristallisée. Note de M. A. Maillard, présentée par M. Arm. Gautier. « Les matières albuminoïdes ne sont connues jusqu'ici qu'en petit nombre à l'état cristallin (') : ce sont d'abord les hémoglobines, puis les diverses globulines signalées sous le nom d'aleurones dans les graines de beaucoup de végétaux, enfin les albumines de l'œuf de poule (Hof- meister 1889) et du sérum de cheval (Gûrber 1894). Mais l'obtention des deux dernières a été réalisée en les précipitant par le sulfate ammonique, et la formation d'un sulfate double est rendue probable par le dégage- ment deAzH3 et divers autres indices. Il peut donc être intéressant de signa- ler une substance albuminoïde cristallisée dans son milieu naturel. Je l'ai rencontrée dans le sérum de sang. » L'Institut sérothérapique de l'Est prépare depuis plusieurs années, sous la direction de M. le professeur Macé, du sérum antidiphtérique, dont les tubes non utilisés sont retirés de la circulation au bout de quelques (') Berichte', t. XX, p. 1767. (2) Bulletin Soc. chirn.. t. XLIX, p. go. (3) Voir L. Maillard, La cristallisation des albuminoïdes (Bévue générale des Sciences, i5 août 1898; p. 60S). C. R., 1899, 1" Semestre. (T. CXXVIII, N° 6.) \\) ( 374 ) mois. On a remarqué que ces tubes, parfaitement limpides à leur départ, offraient au retour un dépôt blanc, pulvérulent, dense, plus ou moins abondant. Je dois à l'obligeance de MM. Thiry et Roussel, préparateurs de M. Macé, d'avoir pu étudier ce dépôt, facile à isoler par décantations et lavages, et entièrement constitué par de la fibrine en cristaux microsco- piques ('). » Le dépôt est formé de grains anguleux en amas de 4f- à 3o ;j., avec quelques la- melles d'aspect clinorhombique. L'emploi de la lumière polarisée rend manifeste leur structure cristalline. Pour éliminer toute erreur pouvant provenir de matières cris- tallines étrangères, j'ai fait la série des lavages suivants : eau, alcool, éther, HC1 et KO II étendus, NaCI à 10 pour ioo, eau. Le résidu est resté identique au produit pri- mitif. » C'est une substance organique azotée, sulfurée et phosphorée. La réaction xanlho- protéique, les réactions de Millon et du biuret sont typiques. Nous sommes donc bien en présence d'une matière albuminoïde. J'ai du reste essayé plusieurs réactions com- plémentaires, telles que la coloration violette par II Cl concentré et chaud, la colora- tion bleue par le rnolvbdate d'ammonium en solution sulfurique (réaction de Fr8b.de), la coloration rouge par H2SO; en présence du saccharose ou du furfurol : toutes onl été positives. » Le produit est insoluble dans l'eau, l'alcool, l'éther, IIC1, II2SO% HAzO3, C2H402, KOH, AzH3, NaCI à 10 pour ioo, ( AzIP)2S04 à 10 pour 100. Ce n'est donc ni une albumine, ni une globuline. Par un long séjour dans H Cl à 3 pour iooo, NaCI à 10 pour ioo, KOH à 2 pour 100, les grains se gonflent lentement : au bout de deux jours on y voit encore, grâce à la lumière polarisée, des traces de cristallisation, surtout avec H Cl. Le chlorure de sodium à 10 pour 100, le nitre à la même dilution les dissolvent légèrement. Le fluorure de sodium à 1 pour 100 les gonfle rapidement à 4o°, et le liquide soigneusement filtré contient un peu de matière albuminoïde coa- gulable par la chaleur, précipitable par un excès de (AzH4)2SOv en solution saturée. La solution fluorée précipite par l'acide phosphotungstique, l'acide picrique, le tanin. La solution dans l'eau salée précipite par le sulfate de cuivre ou le sublimé. Tous ces caractères sont ceux des fibrines. » Enfin, étant donné le rôle des sels de calcium dans la formation de la fibrine, j'ai recherché le Ca au spectroscope, et j'en ai trouvé nettement les raies caractéristiques. Ne possédant pas de grandes quantités de substance, je n'ai pas fait d'analyse centési- male, ce qui d'ailleurs n'apprendrait rien de plus. » C'est donc bien de la fibrine cristallisée qui se dépose dans le sérum abandonné pendant des mois à l'abri de la putréfaction (-). (') Dsershgowski avait signalé déjà {Wratsch; n° 51.— Jahresb. pathog. Mikroor- gan., t. XII, p. u38; 1896) l'apparition de fibrine dans certains tubes de sérum, mais sans généraliser le fait ni remarquer la forme cristalline. (*) L'eau oxygénée ne laisse dégager que très lentement et en quantité insignifiante (375 ) » Cette fibrine n'est pas spéciale au sérum antidiphtérique, car j'ai retrouvé le même dépôt de fibrine cristallisée dans du sérum de bœuf n'ayant subi aucune immunisation. On peut en conclure que, lorsqu'on sépare le sérum limpide après la coagulation du sang, il contient encore en faible quantité les générateurs de la fibrine, et que la réaction s'achève avec une grande lenteur, permettant ainsi au produit d'affecter la struc- ture cristalline. Ce qui le prouve, c'est que, dans un certain nombre de tubes où la fibrine est apparue dès les premières semaines, elle se présente sous sa forme ordinaire deflocons amorphes. » Nous remarquerons que les seules matières albuminoïdes déposées avec lenteur, cette fibrine d'une part, et de l'autre les globulines mises en réserve par les végétaux dans leurs graines, se présentent précisément à l'état cristallin. Il est donc permis de se demander si les albuminoïdes ne sont pas, comme bien d'autres substances, capables de cristalliser par simple ralentissement de leur dépôt. Ces substances ne seraient pas incristalli- sables, mais lentement crislallisables, de même qu'elles ne sont pas indif- fusibles, mais lentement diffusibles à travers les membranes dialysantes. » CHIMIE BIOLOGIQUE. — De la nature du sucre urinaire des diabétiques. Note de MM. G. Patein et E. Dpfau, présentée par M. Arm. Gautier. « On peut rencontrer dans les urines pathologiques, ainsi que l'indique M. Armand Gautier dans ses Leçons de Chimie biologique, la glycose, la lévu- lose, Vinosile, la dextrine et les gommes. On admet généralement que le sucre des urines diabétiques est de la glycose et que la lévulose s'y rencontre rare- ment. Landolph a cependant publié un certain nombre de Notes qui sont contraires à cette manière de voir {Comptes rendus, 28 décembre 1896; 12 juillet 1897; 14 novembre 1898). Il avance que les sucres diabétiques se présentent sous trois formes au moins : i° un sucre réduisant en jaune la liqueur de Febling et donnant le même titre aux dosages par le saccha- rimèlre, par la liqueur de Fehling et par fermentation; 20 un sucre rédui- sant en rouge vif la liqueur de Fehling, réduisant une fois et demie plus de fines bulles d'oxygène. L'émulsion de gaïac ne bleuit qu'au bout d'une heure et seu- lement en présence d'essence de térébenthine aérée. Il y a là deux caractères qui, joints à la difficile solubilité dans les sels, pourraient faire songer à une variété de la fibrine ordinaire. ( 376 ) que le sucre de raisin; le polarimètre indique une quantité de sucre bien moindre que la réduction ; 3° un sucre réduisant la liqueur de Fehling en rouge violacé, réduisant deux fois plus que le sucre de raisin; le pola- rimètre indique moitié moins de sucre que la réduction. » Contrairement aux assertions de Landolph, Le Goff a extrait de l'urine des diabétiques de la glycose pure dont il a démontré d'une façon inatta- quable l'identité avec la glycose cl de E. Fischer. » Pareille divergence d'opinion s'est manifestée sur la nature du sucre contenu dans le sang. En effet, M. Hédon (Société de Biologie, 7 mai 1898) annonçait avoir isolé du sang un sucre à peu près pur, dont les titrages dif- féraient suivant qu'ils étaient effectués au saccharimètre ou à la liqueur de Fehling. « Dans une analyse, dit-il, le polarimètre indiquait 2ifr de glycose » par litre, tandis que le titrage en décelait 3661' — Il découle donc de cette » constatation, ou bien que le sucre du sang diabétique est un sucre par- » ticulier différent de la glycose, ou bien qu'il représente un mélange de » plusieurs sucres à propriétés optiques inverses ». M. Hanriot (Société de Biologie, il\ mai 1898) a, de son côté, retiré du sang un sucre paraissant posséder un pouvoir rotatoire dextrogyre plus faible que celui de la glycose, et d'un pouvoir réducteur supérieur; mais, par une purification plus complète, M. Hanriot put obtenir 6%r d'un composé donnant à l'analyse, au saccharimètre et à la réduction des chiffres qui s'accordent avec la glycose; il en prépara de plus l'ozazone et convertit ce sucre en parachlora- lose fusible à 2270, ce qui caractérise nettement la glycose d. M. Hanriot ajoute qu'il a trouvé en outre dans les urines sucrées deux corps réduc- teurs n'ayant aucun pouvoir rotatoire. » Enfin, d'après M. Caries, deBordeaux, les urines normales non sucrées ont une réaction lévogyre variant de o°,25 à o°,8o saccharimétrique, en sorte que trois fois, sur quatre, une urine marquant o° au polarimètre ren- ferme un sucre réducteur dextrogyre; ce pouvoir lévogyre serait propor- tionnel à la quantité des matières extraclives de l'urine. » Depuis un certain temps nous cherchons par quelle cause des urines diabétiques qui étaient dextrogyres finissent par ne plus contenir de glycose et devenir lévogyres. La présente Noie a pour but de démontrer qu'une urine dont la teneur en sucre ne paraît pas la môme, suivant qu'on la déter- mine au saccharimètre ou à la liqueur de Fehling, contient cependant bien toujours de la glycose. » Il s'agit d'un diabétique suivant exactement le régime et ne prenant aucun médi- cament; les dosages ont été faits au saccharimètre de Laurent et à la liqueur de Feh- ( 377 ) ling exactement titrée. Mais nous avons modifié le mode de défécation ordinaire en remplaçant le sous-acétate de plomb par le nitrate acide de mercure, comme l'avait autrefois indiqué Tanret pour le traitement de l'urine avant l'essai à la liqueur de Fehling. » Voici comment nous procédons : ioocc d'urine sont additionnés de iocc de nitrate acide de mercure, puis d'un excès de lessive de soude et enfin d'eau distillée, pour amener le volume total à i5occ, puis on filtre. On faisait alors chaque fois trois dosages : un dosage à la liqueur de Fehling, un second au saccharimètre après défécation au sous-acétate de plomb, un troisième également au saccharimètre après défécation au nitrate acide de mercure. Voici les résultats obtenus : 21 déc. 20 déc. 6janv. gjanv. iSjanv. îGjanv. 6' 6'' Sr gr gr gr Avec la liqueur de Fehling 3,8o 2,80 2,53 6,36 5,27 4; 36 par litre Avec le sac- I charimètre I au sous-acétate de Pb. 1,86 2,07 i,33 3,99 4j26 V \ (3,io» rf,ifcw;L 1 au nitrate de Hg 3,4o 2,90 2,99 6,66 4,90 4,70 » » Dans la dernière colonne verticale, la différence des deux chiffres trouvés après défécation au sous-acétate de plomb provient de ce que, dans les deux essais, on a fait varier la proportion de ce dernier. » L'examen de ces chiffres ne laisse aucun doute et permet de conclure : » i° Même lorsqu'une urine de diabétique donne des chiiïres plus faibles au saccharimètre qu'à la liqueur de Fehling, le sucre qu'elle contient est de la glycose cl. » 20 Lorsqu'il y a une différence entre les chiffres des deux méthodes, elle provient de la présence dans l'urine de matières lévogyres que le sous- acétate de plomb ne précipite pas complètement. Il convient de remplacer celui-ci par le nitrate acide de mercure, qui donne un liquide incolore et limpide, ne contenant plus que le sucre urinaire comme matière agissant sur la lumière polarisée. » Ce liquide se trouble assez rapidement, mais il redevient de nouveau limpide après filtration. » PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Influence de la lumière sur la formation des substances azotées vivantes dans les tissus des végétaux. Note de M. W. Palladine, présentée par M. Gaston Bonnier. « On sait distinguer les cellules mortes des cellules vivantes, et, dans chaque cellule, les parties mortes et les parties vivantes. On dit : les ( 378 ) membranes cellulaires, les grains d'amidon, les cristaux d'oxalate de chaux sont les parties mortes d'une cellule vivante. Nous pouvons aussi facilement diviser en deux groupes les substances azotées qui se trouvent dans une cellule vivante. Le protoplasma, le noyau, les grains de chloro- phylle, les leuciles sont des parties azotées vivantes d'une cellule; les grains d'aleurone, les cristalloïdes, les substances protéiques dissoutes dans le suc cellulaire, sont des parties azotées mortes d'une cellule vivante. » Or, en traitant les cellules végétales par le suc gastrique ('), on con- state que les matières protéiques mortes se dissolvent complètement, tandis que les substances protéiques vivantes donnent un reste azoté inso- luble. Ces dosages ne sauraient fournir des résultats absolus, mais per- mettent d'entreprendre des recherches comparatives. » Aucun agent extérieur n'est pour les plantes d'une importance aussi grande que la lumière. C'est de la lumière que dépend non seulement la nutrition des végétaux, mais même la forme et la structure de leurs organes. J'ai cherché quelle influence peut exercer la lumière sur la formation des substances azotées actives dans les feuilles. » Les feuilles avec lesquelles j'ai opéré, dans les diverses séries d'expé- riences relatives à l'influence de la lumière sur la synthèse des substances azotées, étaient placées sur une dissolution de saccharose à 5 ou à 10 pour ioo. Ces feuilles n'avaient donc pas besoin d'assimiler l'acide carbo- nique de l'atmosphère, et, en fait, cette assimilation est absolument négli- geable. Cependant, des cultures comparées de feuilles étiolées sur saccha- rose, à la même température, les unes maintenues à l'obscurité, les autres exposées à la lumière, ont mis en évidence une différence considérable. » Au bout de six jours, si l'on compare les feuilles étiolées de Fève maintenues à l'obscurité (où elles étaient restées jaunes) à d'autres feuilles identiques exposées à la lumière (où elles s'étaient colorées en vert et avaient pris de plus grandes dimensions), on constate les résultats sui- vants : » i° Les feuilles ont assimile, à la lumière, trois fois plus de saccharose qu'à l'obscurité. » 20 En présence du saccharose, la synthèse des matières protéiques s'ef- fectue plus cnei giquement à la lumière, qu'à l'obscurité. Cette production de (') Voir W. Pai.ladi.ne, Recherches sur la corrélation cuire la respiration des plantes et les substances azotées actives {Revue générale de Botanique, t. VIII 1896, p. 22S). ( 379 ) substances azotées vivantes a lieu aussi cependant à l'obscurité, contraire- ment à ce que pensent divers auteurs. Ainsi pour ioogr de feuilles fraîches de Fève, l'azote contenu dans les substances protéiques a augmenté de 2/(7mK à la lumière et de 97™s à l'obscurité. » 3° Dans la moitié bleue du spectre, la régénération des matières pro- téiques s'effectue plus énergiquement que dans la moitié jaune du spectre. » 4° La présence d'une réserve abondante d' hydrates de carbone et l'action de la lumière sont indispensables à la formation normale des substances azotées rivantes dans les feuilles. » La respiration est le phénomène qui indique le mieux l'activité vitale des organismes, car la respiration est intimement liée à la plupart des réac- tions qui s'effectuent dans les plantes. Or, si l'on opère comme dans les expériences précédentes, avec des feuilles cultivées sur saccharose, les unes à la lumière, les autres à l'obscurité, puis que l'on fasse respirer les deux lots à l'obscurité en mesurant le gaz carbonique produit, on trouve une grande différence. » Cultivées sur saccharose, les feuilles qui ont été exposées à la lumière ont dégagé (à l'obscurité) plus du double de gaz carbonique que les feuilles main- tenues à l'obscurité pendant la culture sur saccharose. » Enfin il est à remarquer qu'il existe une corrélation entre la quantité de gaz carbonique dégagé CO2 et la teneur en azote N des matières pro- téiques actives. » Dans chaque série d'expériences, que le lot de feuilles en culture ait été exposé à la lumière ou qu'il ait été maintenu à l'obscurité, le rapport CO2 , -^- n a pas varie. » M. Fr. Lepère demande l'ouverture d'un pli cacheté, déposé le 23 jan- vier 1899, et inscrit sous le n° 6071. Ce pli, ouvert en séance par M. le Président, contient une Note relative à un produit capable de détruire les insectes qui attaquent les arbres fruitiers. La séance est levée à 4 heures et demie. M. B. ( 38o ) ERRATA. (Séance du 16 janvier 189g.) Note de M. Alexis de Tillo, Résultats des observations faites, etc. Page 1 55, ligne i5, au lieu de Sarnaoul, lisez Barnaoul. Page 1 56, ligne 9 (3e colonne), au lieu de ■+■ 12, lisez -+- 17. Même page, ligne 21, au lieu de Fianshan, lisez Tianshan. (Séance du 3o janvier 189g.) Note de M. Lémeray, Sur le problème de l'itération Page 278, ligne 20, lisez Premier cas : o < ' M. \Y. Louc.iiMNE. — Études de la chaleur latente de vaporisation de la pipéridine, de la pyridine, de l'acéto et >l" caproni- trile. . .1 166 M. Georges Jacquemin. Nouvelles obser- vations sur le développement de principes IV 6. SUITE DE LA TABLE DES ARTICLES. Pages, i Pages. aromatiques par fermentation alcoolique , M. W. Palladine. — Influence de la lumière en présence de certaines feuilles 36g ' sur la formation îles substances azotées M. G. Léser. Sur le méthylocténonal . . 371 vivantes dans les tissus des végétaux 177 M. A. Maillard. Sur une fibrine crist.il- ' M. Kr. Lepère. Ouverture d'un pli cacbeté lisée '•- 3 contenant une- Note relative à un produit VI. G. Patein el I". Dufau. L)e la nature capable de détruire les insectes qui attat du sucre urinaire des diabétiques '17') j quent les arbres fruitiers 370 Krrata 38o PARIS. — IMPRIMERIE GAUTHIK R- VILLA RS, Quai des Grands-Augustins, 55. I.e Gérant •'Gauthier-Villahs. APR16 1899 4^99 PREMIER SEMESTRE. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES PAR IIIIH. IiES SECRÉTAIRES PERPETUEES TOME CXXYIIÏ. N°7 (13 Février 1899). PARIS, GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, Quai des Grands-Augustins, 55. 1899 RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS ADOPTÉ DANS LES SÉANCES DES '23 JUIN 1862 ET 2/j MAI 1875. Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie se composent des extraits des travaux de lia Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes présentes par des savants étrangers à l'Académie. Claque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. ' 26 numéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. Article 1er. — Impressions des travaux de l'Académie. Les extraits des Mémoires présentés par un Membre ou parunAsso< iéétranger de l'Académie comprennent au plus 6 pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o pages par année. Les communications verbales ne sont mentionnées dans les Comvles rendus, qu'autant qu'une rédaction écrite par leur auteur a été remise, séance tenante, aux Secrétaires. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les Rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par les Correspondants de l'Académie comprennent au plus 4 pages par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de 32 pages par année. Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi- vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, | dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion. Les Programmes des prix proposés par I'Acadéir sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Ra ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'au ta que l'Académie l'aura décidé Les Notices ou Discours prononcés en séance p blique ne font pas partie des Comptes rendus. Article 2. — Impression des travaux des Savants étrangers à l'Académie. Les Mémoires lus ou présentés par des personn qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Ac demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un r sumé qui ne dépasse pas 3 pages. Les Membres qui présentent ces Mémoires so tenus de les réduire au nombre de pages requis. 1 Membre qui fait la présentation est toujours nomm. mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrc autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le fo pour les articles ordinaires de la correspondance ofï cielle de l'Académie. Article 3. Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, jeudi à 1 o heures du matin ; faute d'être remis à lemp le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compte renia actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu su vantât mis à la fin du cahier. Article 4. - — Planches et tirage à part. Les Comptes rendus n'ont pas de planches. Le tirage à part des articles est aux frais des au leurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports 1 les Instructions demandés par le Gouvernement. Article 5. Tous les six mois, la Commission administrative fai un Rapport sur la situation des Comptes rendus aprè l'impression de chaque volume. Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré sent Règlement. Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de le déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5\ Autrement la présentation sera remise à la séance suivante APR 10 1899 COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 13 FÉVRIER 1899, PRÉSIDENCE DE M. VAN TIEGHEM. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES. ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le Secrétaire perpétuel informe l'Académie que Sir George-Henry Richards, Correspondant de la Section de Géographie et Navigation, dont la mort ne lui avait pas été annoncée, est décédé à Londres, le i4 no- vembre 1896. M. Hatt donne lecture de la Notice suivante sur la vie et les travaux de notre savant Correspondant : « Sir George-Henry Richards, né à Anthony (Cornouailles) le i3 juin 1820, entra, en i833, dans la Marine Royale, carrière où s'était dis- tingué son père, George-Spencer Richards, devenu capitaine de vais- seau au service de S. M. Britannique. Après deux ans de navigation dans l'Atlantique, le jeune Richards, nommé midshipman, fut attaché, en i835, à une mission d'exploration du Pacifique. Il fit ses débuts sous la direction C. R., 1899, 1" Semestre. (T. CXXVIII, N» 7.) 5o ( 382 ) du célèbre hydrographe Belcher, et gagna ses premiers grades dans celte campagne, qui se prolongea pour lui pendant sept années consécutives, et qui lui permit de participer à des reconnaissances hydrographiques dans le Pacifique, la Nouvelle-Guinée, les Moluques, ainsi qu'à l'expédition contre la Chine en 1840. » En 1842, après trois mois de séjour en Angleterre, le lieutenant Richards dut repartir à bord du Philomel, destiné à l'hydrographie des Malouines. Cette nouvelle campagne dura moins que la première, car le Philomel fut détaché, en i855, dans la Plata pour coopérera l'expédition contre Rosas. Richards se distingua à l'atlaque de l'Obligado et, à son retour en Angleterre, en juin 1846, il fut promu capitaine de frégate. » L'année suivante, il repartit sur Y Acheron, armé pour faire l'hydro- graphie delà Nouvelle-Zélande, dont les Cartes, actuellement existantes, proviennent encore, en grande partie, de ce levé et mentionnent les noms de Stokes et Richards. » A peine de retour de cette campagne de plus de quatre ans, il rede- manda du service (i852) et vit sa demande immédiatement accueillie, car il fut appelé au commandement de l'Assistance, qui fit partie de la croisière envoyée dans les régions arctiques pour continuer les recherches concer- nant l'expédition de Franklin. Cette mission contribua à mettre en relief les qualités multiples acquises par le brillant officier dans son rude ap- prentissage de savant et d'homme d'action. » Dans l'espace de sept mois, il parcourut plus de 2000 milles en traî- neau sur la glace, faisant, dans des conditions vraiment difficiles, le pé- nible métier d'explorateur. Son égalité d'humeur et son esprit sociable contribuèrent, pour beaucoup, à la réussite de cette expédition, en soute- nant le moral de ses subordonnés. » Nommé capitaine de vaisseau à son retour en Angleterre en 1 854, d dut rester en disponibilité jusqu'en i856, époque à laquelle il obtint le commandement du Plu/riper envoyé en mission hydrographique aux îles Vancouver et sur les côtes de la Colombie britannique. Il reçut en même temps sa nomination de Commissaire du Gouvernement de la Reine pour opérer, de concert avec le commandant Prévost, la délimitation de fron- tières entre les possessions anglaises et les États-Unis. » Après s'être acquitté avec honneur de celte tache, dont le succès, au point de vue technique, lui revient entièrement, Richards entreprit le dif- ficile travail de la reconnaissance des côtes et des lies de l'Amérique occi- dentale dans une région où la nature a mis tout en œuvre pour décourager ( 383 ) l'hydrographe le plus expérimenté. Côtes dangereuses hérissées d'écueils, climat rude avec les intempéries des pays septentrionaux, absence de res- sources, tous les obstacles étaient accumulés et il a fallu la maîtrise de ce vaillant marin pour les surmonter. Ce merveilleux travail devait couronner sa carrière de grande activité et consacrer définitivement sa réputation scientifique. » Il revint en Angleterre en i863, après une absence de sept ans, en achevant son troisième voyage de circumnavigation, et fut tout de suite nommé au poste, devenu vacant, d'Hydrographe de l'Amirauté. » Dans ces fonctions importantes, qu'il conserva pendant dix ans. Ri- chards consacra son activité et sa puissance d'organisation à améliorer le service qui lui était confié, tant au point de vue des méthodes scientifiques que de la production générale. « C'est sous sa direction que furent organisés les voyages d'exploration des mers auxquels participèrent les navires Porcupine etLightning, de 1868 à 1870, et la célèbre expédition du Challenger (1872), à la préparation de laquelle il prit une part prépondérante. C'est à lui également que sont dues les études préliminaires concernant les missions anglaises du premier passage de Vénus, qui se mirent en route peu de temps après sa sortie de l'Amirauté. » Le mérite éminent de Richards fut récompensé par les honneurs que l'Angleterre accorde à la valeur scientifique de ses officiers au même litre qu'à leurs qualités militaires. Nommé contre-amiral en 1870, il devint successivement vice-amiral en 1877 et amiral en 1 884- 1' devint aide de camp de la Reine en 1869, fut anobli en 1877 et créé Commandeur de l'ordre militaire du Bain en 1888. » La Société royale l'admit en 1866, l'année même où l'Académie le nommait son Correspondant dans la Section de Géographie et de Navi- gation, à la place de Fitz-Roy, auquel nul ne pouvait plus dignement succéder. » Il mourut le 14 novembre 1896, laissant le souvenir d'un homme su- périeur, dans la meilleure acception du terme, car, à son grand savoir et à son infatigable activité, il joignait un caractère charmant, beaucoup de finesse et une grande bienveillance vis-à-vis de ses jeunes collègues. Son éloge à la Société royale a été prononcé par l'amiral Wharton, titu- laire actuel des fonctions qu'il occupa à l'Amirauté. » ( 384 ) CHIMIE GÉNÉRALE. — Sur la chaleur de formation de la chaux anhydre à partir des éléments. Note de M. Henri Moissan. « La chaleur de formation de la chaux anhydre à partir des éléments, calcium et oxygène, a été déterminée par M. Thomsen ('), qui l'évalue à -f- i3iCal,5. Mais les résultats indiqués par ce savant présentent quelques incertitudes, en raison des impuretés que contenait son calcium et aussi à cause de la méthode employée. Ces expériences ont été faites avec du cal- cium, renfermant du fer, attaqué dans le calorimètre par une solution d'acide chlorhydrique, et le poids du calcium a été déduit du volume d'hydrogène dégagé. Enfin, on a opéré en présence de pétrole, ce qui com- plique nécessairement l'expérience. » Nous avons pensé qu'il était indispensable de reprendre cette déter- mination avec le métal pur, que nous avons préparé par solubilité dans le sodium. Nous avons employé pour ces recherches le calorimètre et les méthodes de M. Berthelot. » Lorsque le calcium obtenu en petits cristaux est projeté à la surface de l'eau, il décompose cette dernière avec rapidité, et, si la quantité d'eau n'est pas très grande ou si le calcium est en poussière fine, il peut se pro- duire des phénomènes d'incandescence. De plus, chaque parcelle de cal- cium s'entoure d'une gaine d'hydrogène et vient nager à la surface du liquide. Il est donc impossible, dans ces conditions, de faire aucune déter- mination thermochimique. Au contraire, si le métal est fondu ou aggloméré par une forte pression, la décomposition au contact de l'eau sera beau- coup plus lente, à cause delà chaux hydratée qui ne tarde pas à entourer le métal et qui ralentit la réaction. » Un cylindre de calcium pesant igr environ exige, parfois, plus d'une heure pour se transformer au contact de l'eau en chaux hydratée, et l'expérience est alors beaucoup trop longue pour se prêter à une mesure calorimétrique. » Pour éviter ces inconvénients, nous avons cherché à obtenir des c\- lindres peu agglomérés, c'est-à-dire encore poreux, dont la transformation en présence de l'eau se produisait en trois ou quatre minutes. (') Thomsen, Thermochemische Vntersuchungen, t. III, p. \\i. ( 385 ) » Mais, dans ces nouveaux essais, dès que la hauteur du cylindre devient supérieure au tiers de son diamètre, la compression n'est plus uniforme, et, pendant l'attaque de l'eau, le métal se désagrège; il se dégage des parcelles qui viennent encore nager à la surface du liquide. Enfin, la préparation de ce cylindre nécessite toujours une manipulation plus ou moins longue du calcium en présence de l'air, qui peut entraîuer une oxydation superficielle avec formation d'une petite quantité d'hydrate de chaux. » Nous avons adopté définitivement le mode opératoire suivant : » Le calcium pur, en petits cristaux, est introduit dans un tube cylin- drique de platine de om,o4 de hauteur et de om,oi de diamètre, formé de deux dés entrant à frottement dur l'un dans l'autre. Ce tube porte un grand nombre de petites ouvertures d'environ un quart de millimètre de diamètre. Lorsque l'on projette ensuite ce cylindre de platine dans l'eau, une très petite quantité de liquide pénètre dans l'intérieur, et le dégage- ment d'hydrogène qui se produit arrête aussitôt toute nouvelle arri- vée d'eau. Dès lors, la décomposition ne devient jamais tumultueuse et l'on peut régler la réaction avec facilité. Dans des expériences prélimi- naires, nous avons remarqué que igr de calcium pouvait s'attaquer en trois ou quatre minutes. Après ce temps, il ne reste pas trace de métal inoxydé au milieu du tube de platine. A la fin de l'expérience l'eau est de- venue laiteuse et contient en supension de l'hydrate de chaux, ce qui in- dique une saturation complète de cette base. » Pour bien mettre le calcium en équilibre de température avec l'eau du calorimètre le tube de platine était introduit dans un tube de verre très mince, de volume un peu plus grand, scellé à la lampe et maintenu pen- dant toute une nuit au fond même du calorimètre rempli d'eau. Le lende- main matin, le tube de verre était brisé au moment de faire l'expérience et on lisait les variations de température. » Le poids du calcium mis en expérience était déterminé de deux façons différentes : » i° Par pesée en nature; » 2" Par dosage à l'état de chaux lorsque l'expérience était terminée. Ces deux déterminations ont donné des résultats très voisins. » Ajoutons que toute la manipulation du calcium pour le remplissage du tube était faite au fond d'une conserve de verre remplie de gaz carbo- nique sec. ( 386 ) » Nous avons obtenu ainsi pour la réaction Ca 4-2H20 = H2+Ca02U2sol. saturée, dans deux expériences successives, 94Cal,74 et .93CaU4, ce qui donne pour moyenne o,4Ca\io. » Il est facile d'en déduire la chaleur de formation de la chaux à partir de ses éléments parla considération des deux; cycles suivants, où la chaleur dégagée est la même : Ca + 0 = CaO anhydre .rc"' CaO-t- Aq = Ca02H2 sol. saturée -+- i8Cal, i (B) H20:= H2-t- O — 69e*1, o ( B) Ca + 2 H20 — H* + Ca03H2 sol. saturée 94c»', io d'où x -+- 18, i — 6g --. 94, io, x = i45Cal, nombre sensiblement plus élevé que celui de Thomsen. De ce nombre on déduit immédiatement ceux relatifs à l'hydrate de calcium : Ca-h02+H2=:Ca02H2 solide -t- 229^', 1 Ca -+- 02+ H2= Ca02H2 sol. saturée -h 23a0al, 1 » Nous ferons remarquer que d'après ces expériences la chaleur de for- mation de la chaux est supérieure à celle des oxydes de potassium (-f- 98,2) et de sodium (+ 100,9) ce I11' établit que le calcium doit déplacer le so- dium et le potassium de leurs oxydes, ce qui se produit en effet ainsi que nous l'avons démontré précédemment à propos des propriétés chimiques du calcium ('). » Si nous envisageons les chaleurs de formation des différents oxydes (Berthelot, Thermochimie, t. I, p. 710), nous voyons que la lithine Li20 dégage, pour se produire en partant des éléments, -f- i4iCa',2. Bien que ce chiffre soit très voisin de celui de la chaux anhydre, i45Cal, il lui est infé- rieur. Nous avons pensé alors qu'il serait curieux de cherchera déplacer le lithium de la lithine par le calcium métallique. Nous n'oublions pas cepcn- (') II. MoiSSAN, Propriétés du calcium {Comptes rendus, t. CXXVII, p. 584). (387 ) liant que nous ne devons, qu'avec une certaine réserve, appliquer les résultats obtenus à la température ordinaire à des réactions par voie sèche produites vers le rouge sombre. » L'expérience a été faite de la façon suivante : dans un tube de verre difficilement fusible, on place un mélange de lithine anhydre et de cristaux de calcium. On fait le vide avec la pompe de Sprengel, puis l'on chauffe le mélange. La réaction se produit au rouge sombre sans incandescence, et l'on voit un anneau brillant de lithium se condenser dans la partie froide du tube de verre. Ainsi que la théorie le prévoyait, le calcium déplace donc le lithium de son oxyde anhydre. » Si nous considérons les chaleurs de formation d'autres oxydes, nous remarquons qne Mg -f- O = -4- i43Cal. 4- H semblerait donc encore ici que le calcium dût déplacer le magnésium. Or, ii n'en est rien ; nous avons chauffé un mélange de chaux anhydre et de magnésium en poudre dans un creuset de fer à couvercle vissé eu présence d'un excès de sodium. Ce dernier métal a la propriété, comme nous l'avons établi précédemment, de dissoudre à chaud le calcium. » Après avoir porté ce mélange au rouge pendant quelques instants, le gâteau de sodium qui, après refroidissement, se trouvait à la partie supé- rieure du creuset, contenait des cristaux de calcium facilement séparables par l'alcool anhydre. )> Les expériences de Winkler avaient déjà mis ce fait en évidence ('). » En résumé, le magnésium déplace nettement le calcium de la chaux vive au rouge sombre. » Nous pensons que l'interprétation de celte expérience doit peut-être amener à considérer la chaleur de formation de la magnésie anhydre, dé- terminée par M. Thomsen (2), comme étant un peu faible. A l'époque où M. Thomsen a fait ces déterminations, le magnésium métallique n'était pas préparé dans un très grand état de pureté. Il n'y aurait donc rien de sur- prenant à ce que cette expérience ait donné un chiffre de calories infé- rieur de quelques unités au chiffre réel. » Nous reprendrons l'étude de cette détermination. » (') Winkler, Berichte, p. 122; 1890. {-) Thomse.\, Thermocheniische Untersuchungèn, t. III, p. 241. ( 388 ) MÉCANIQUE BIOLOGIQUE. — Sur le mécanisme des phénomènes thermiques liés à la mise en jeu de l'élasticité des corps solides, inertes ou animés; par M. A. Chauveau. « I. Résumé des principes directeurs des présentes recherches. — A. La mise en jeu de l'élasticité des corps solides — celle du caoutchouc vulcanisé servant de type — par addition ou soustraction de charges, y fait naître, dans tous les cas, deux sortes de travaux intérieurs : a, le déplacement des molécules les unes par rapport aux autres; b, le changement des dimen- sions des espaces intermoléculaires. » a. Le déplacement des molécules les écarte de leur position d'équi- libre ou les y ramène. D.ins le premier cas, il y a travail extérieur détruit : c'est une cause Réchauffement. Dans le second cas, il y a travail extérieur produit : c'est une cause de refroidissement. » b. Le changement des dimensions des espaces intermoléculaires est une cause de refroidissement, si ces dimensions s'accroissent ; Réchauffement, si elles diminuent. » B. Quand l'élasticité est mise en jeu par compression, le déplacement des molécules s'accompagne du resserrement des espaces inlermolé- culaires, c'est-à-dire que les deux travaux intérieurs agissent toujours dans le môme sens, au point de vue thermique : ils dégagent tous deux de la chaleur. » Il en va de même, mais en sens inverse, au moment de la décom- pression : les deux travaux intérieurs, retour des molécules à leur position d'équilibre, dilatation des espaces intermoléculaires, sont, l'un comme l'autre, cause d'absorption de chaleur. » C. Quand l'élasticité est mise en jeu par traction, le travail intérieur qui écarte de leur position d'équilibre les molécules du corps élastique (cause Réchauffement), coïncide avec le travail intérieur qui dilate les espaces intermoléculaires (cause de refroidissement). » Si la traction cesse, même chose survient, niais en sens inverse. Il y a coïncidence du travail intérieur qui ramène les molécules du corps élas- tique à leur position d'équilibre (cause de refroidissement') avec le travail intérieur qui opère le retrait des espaces intermoléculaires (cause Réchauf- fement). { 389 ) » Les deux travaux intérieurs contemporains de l' allongement ou de la rétraction agissent donc en sens inverse l'un de l'autre, au point de vue thermique. L'un dégage de la chaleur, l'autre en absorbe. » D. Les manifestations thermiques se superposant rigoureusement aux manifestations mécaniques, l'étude des conditions de production des deux sortes de travaux intérieurs permet de prévoir, non seulement le sens des effets thermiques produits par la mise en jeu de l'élasticité, mais encore la valeur, au moins relative, de ces effets thermiques. Or : » a. Le premier travail intérieur, déplacement des molécules, est fonction du travail extérieur qui y est connexe; ce travail intérieur équivaut au produit de la charge qui met en jeu l'élasticité et du chemin que cette charge parcourt en s'abaissant ou en s'élevant. » b. Le deuxième travail intérieur, changement des dimensions des es- paces intermoléculaires, est seulement fonction du chemin parcouru par la charge, en admettant que les changements de volume éprouvés par les corps dont on met en jeu l'élasticité soient proportionnels aux change- ments de forme. » E. Avec la mise en jeu de l'élasticité par compression, les deux valeurs dynamothermiques ci-dessus étant de même sens s'additionnent tout sim- plement. V échauffement et le refroidissement purs dus à la compression et à la décompression représentent donc chacun très exactement la somme arith- métique de ces deux valeurs. » F. Avec la mise en jeu de l'élasticité par traction, celle addition s'ef- fectue sur deux valeurs affectées de signes contraires. Il en résulte que l'effet thermique total, produit par l'élongation ou la rétraction d'une lanière élastique, représente toujours la somme algébrique de deux effets opposés. » Comme les variations de ces deux effets ne suivent pas une marche parallèle, l'un étant proportionnel au produit de la charge mise en mouve- ment et du chemin qu'elle parcourt, l'autre au chemin parcouru, il en peut résulter, pour eux, une rencontre passagère de l'égalité, pendant la croissance ou la décroissance de l'élongation et de la rétraction. Cette rencontre entraîne alors la neutralisation absolue des manifestations ther- miques et en marque le point d'inversion. » Étant données les conditions des deux travaux intérieurs, on peut considérer comme inévitables celte rencontre passagère et la neutralité thermique qui en résulte, tant dans le cas d' 'allongement que dans le cas de rétraction. Mais l'inversion thermique est nécessairement de sens contraire C. H., 1899, 1" Semestre. (T. CXXVIII, N° 7.) J' (39o) dans les deux cas. 11 est logique d'admettre qu'elle survient d'autant plus vite que le corps élastique jouit d'une plus grande extensibilité. Ainsi : « a. Avec le travail négatif qm provoque {'allongement du caoutchouc, le point neutre et d'inversion est précédé d'une courte phase de refroidis- sement et suivi de la phase thermique principale, celle de Réchauffement. » h. Avec le travail positif déterminé par la rétraction du caoutchouc, le point neutre ou d'inversion est précédé d'une courte phase Réchauffement et suivi de la phase thermique principale, celle du refroidissement. » II. Conditions dans lesquelles les principes précédents trouvent le plus sûre- ment leur application. — Tous les procédés de mise en œuvre de l'élasti- cité des corps solides en général, du caoutchouc vulcanisé en particulier, FiK. i. — - .-1 i EE EJE _it- i-m(ii*voijoiio5"0"* — O — I peuvent être utilisés en exploitant [indifféremment deux méthodes diffé- rentes, qu'il est nécessaire de distinguer l'une de l'autre. » Ou bien l'élasticité du corps élastique est provoquée par une série de charges, régulièrement croissantes ou décroissantes, ajoutées ou retran- chées d'un seul coup, en partant toujours du même état de tension pri- mitive, faible ou nulle, du corps élastique et en y revenant toujours. ( 39i ) » Ou bien on répète l'addition ou la soustraction de l'unité de charge, et l'on accentue ainsi progressivement les changements de forme de la substance élastique, en même temps qu'on détermine la croissance ou la décroissance progressives de la tension de cette substance. » En supposant invariable le 'coefficient de l'élasticité du caoutchouc, les chemins parcourus par la charge croissent avec celle-ci dans le premier cas; dans l'autre, ils sont toujours égaux entre eux. Il en résulte, pour les tra- vaux intérieurs de ce dernier cas, partant pour les phénomènes thermiques qui en sont l'expression, une simplicité beaucoup plus grande, que tra- duisent les graphiques de la fig. i . » On reprendra ailleurs la comparaison des deux parties de cette figure. Pour le moment, il suffit d'en tirer cette indication immédiatement utile, à savoir que la deuxième méthode d'exploitation des procédés de mise en jeu de l'élasticité est beaucoup plus favorable que la première à l'étude actuelle. D'où le choix de celte deuxième méthode pour les premières dé- terminations à faire. » III. Examen particulier du cas où l'élasticité du caoutchouc est mise en feu par un allongement progressif dû à l'addition répétée d'une même charge. — Complétons, au profit de ce cas spécial, l'analyse des conditions dont dépend la valeur proportionnelle des phénomènes thermiques liés à la mise en jeu de l'élasticité du caoutchouc, tant avec le procédé de la compression qu'avec celui de la traction. » a. Élasticité mise en jeu par compression. — Supposons le cas d'une compression, graduellement portée, par foulées égales, de la valeur o à la valeur n, grâce à l'addition successive de 11 unités de poids. Puisque c'est le même chemin qui est parcouru par la charge abaissée, le travail accompli est proportionnel à celle-ci. A chaque compression, il y a donc travail négatif graduellement croissant de i à 11. Nous pouvons repré- senter {fig- 2, I, Tn), ce travail ou réchauffement qui en résulte par les t i ordonnées, a, b, c, d, e, f, g, h, i,j, k, élevées sur l'axe O des abscisses, dont les divisions marquent les valeurs successivement prises par la charge en mouvement. » Mais on a vu que réchauffement ne résulte pas seulement de la des- truction de ce travail négatif. Une autre cause y concourt, le rapproche- ment des molécules de caoutchouc, accompagnant leur déplacement. D'après les données acquises sur la marche de la diminution imprimée au volume des corps élastiques comprimés, on peut attribuer une valeur à peu près constante à réchauffement produit à chaque foulée égale du caout- ( 392 ) chouc par le fait du resserrement des espaces intermoléculaires. C'est donc la même quantité de chaleur qui, de ce fait, s'ajoute à celle qu'engendre la destruction du travail extérieur. Cette addition peut être représentée dans le schéma (I, Tn). Il suffit d'allonger d'une même quantité les ordon- nées déjà tracées. Ce surcroit uniforme d'échauffement a été fait égal au double de réchauffement dû à l'unité de travail mécanique. C'est une dé- termination un peu arbitraire. Mais les indications empiriques tirées du cas de l'élasticité mise en jeu par traction, dont il sera question plus loin, montrent que cette détermination n'est certainement pas très éloignée de la vérité. Fie. 2. 8 E 6 - ■» ♦ 2 0 -2 R 6 8 10 12 i ' IL -• --- 2 " 2 i, u^ 7" É i. ' ;' 7" d S c i b 1 ^L 11 l.l ! h i <• ■ 1 -~. -. t' V. \ 7 ^~ "o. !, -- ! -. \ / I.f \ ' - l -- >» t m -f - o ^_ ** p7 o E .-- r' ^ :" T A -- V t 3 *- 11 1_ 1 - 0 H f « ^ H tl „ _a * E f » N ■1 - R S ** V 8 l.r l.| ■V v. in ^ 6 E + 2 0 ■ -2 B » . C l -- '" -- ' y> ' -■ r-- ' III -x y x s\ V ^ 1 ' " . SI 1 ■1 SI s s . l.r le . ^v. -. '-. o — m ci -r w m CD (O O O fO«-f'u,0)-4CPW Explication des figlkes. — Dans ces figures, les graphiques Tn indiquent le tra- vail négatif, cause du changement de forme du corps élastique; les graphiques Tp, le travail positif, effectué par le retour de ce corps élastique à s;i forme première. ( 393 ) La valeur de ces changements de forme se mesure sur l'échelle des abscisses; la valeur des changements de température concomitlante, sur l'échelle des ordonnées. Les ordonnées en noir, élevées sur l'axe O, représentent les échauffements. Les ordonnées en clair, abaissées de ce même axe O, représentent les refroidissements. Figure 1. — Comparaison des deux modes d'utilisation des procédés de mise en Jeu de l'élas- ticité de traction du caoutchouc , au point de vue des phénomènes thermiques produits par l'allongement et la rétraction. \, V, première méthode (charge simple): !i, B', deuxième méthode (charge fractionnée): \, B, pliénomènes thermiques provoqués par l'addition Ue la charge; V. B', phénomènes thermiques provoqués par la soustraction de la charge. Figure 2. — Schémas représentant les prévisions d'échauffement et de refroidissement; en fonction du double travail intérieur contemporain du travail extérieur, cause ou effet des chan- gements de forme imprimés aux corps élastiques. On a, dans ces schémas, supposé les changements de forme exactement proportionnels aux chan- gements de charge et ceux-ci graduellement croissants ou décroissants. I. Cas de la compression et de la décompression. — Addition des deux travaux intérieurs et de leurs effets thermiques concordants. II. Cas de l'allongement et de la rétraction. — Travaux intérieurs avec effets thermiques con- traires. Mécanisme de la production de la neutralité et de l'inversion thermiques. III. Cas de l'allongement et de la rétraction. — Représentation isolée de la somme algébrique des effets thermiques opposés produits par les deu\ travaux intérieurs. Figure 3. — Vérification expérimentale des prévisions théoriques représentées fig. '1. I. Cas de l'allongement et de la rétraction. II. Cas de la compression et de la décompression. » Ce surcroît d'échauffement a été figuré dans la zone klmn. Il modifie nécessairement la valeur proportionnelle de la chaleur rendue sensible par les foulées successives du caoutchouc. Celles du début deviennent relativement plus thermogènes que celles de la fin. L'échauffement dû à la destruction du travail négatif croît, en effet, comme les nombres i, i, 3, 4> 5, 6, rj, 8, 9, 10, 11, tandis que l'échauffement total répond aux nombres 3, 4, 5, 6, 7, 8, g, 10, 11, 12, i3. » C'est cette dernière progression, ou quelque chose d'approchant, que doivent donner les vérifications expérimentales : nouvelle occasion de contrôle de l'exactitude du mécanisme attribué aux phénomènes ther- miques résultant de la mise en jeu de l'élasticité du caoutchouc. » Passons maintenant aux phénomènes dus à la décompression. Ils sont inverses aux précédents. Les ordonnées abaissées de l'abscisse O repré- sentent indifféremment ou le travail positif exécuté par le corps élastique après l'allégement de la charge, ou le refroidissement connexe. Elles diffèrent des ordonnées correspondantes du travail négatif en ce qu'elles sont plus courtes, la charge mue dans celui-ci l'emportant toujours d'une ( 394 ) unité sur celle qui est soulevée dans le travail positif correspondant. Mais il n'y a pas lieu d'attribuer au surcroît de refroidissement provenant de la dilatation du caoutchouc une valeur différente de celle de réchauffement de la compression, l'écartement des molécules ne pouvant être supérieur ou inférieur au rapprochement qui l'a précédé. La progression des refroi- dissements, comparée à celle des échauffements, devient ainsi .- o, i, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, pour la part du travail positif; 2, 3, 4. 5, G, 7, 8, 9, 10, 11, 12, pour la somme des deux actions qui interviennent dans la production du refroidissement. » Ici encore, il y a lieu de faire remarquer cjue, si cette dernière progres- sion se reproduit dans les vérifications expérimentales, ce sera tout à la faveur du mécanisme proposé pour les effets thermiques provoqués par la mise en jeu de l'élasticité du caoutchouc. » b. Elasticité mise en jeupar traction. — Supposons le cas d'une lanière de caoutchouc, dont l'allongement soit porté de o à 1 1, par tractions gra- duelles dues à l'addition successive de 11 unités de charge. Le travail négatif et réchauffement qui en résulte pourront être représentés {fi g. 2, 1, Tn) exactement comme dans le cas de l'élasticité mise en jeu par com- pression. L'ensemble des ordonnées comprises dans le triangle ABC figu- rera la chaleur libérée par le travail mécanique détruit. » D'autre part, les refroidissements corrélatifs aux dilatations connexes seront représentés par les ordonnées uniformes du parallélogramme DBEF. Rabattons ce parallélogramme, dont le grand côté DB se confond avec celui du rectangle ABC, et alors nous obtiendrons l'expression vraie des phénomènes thermiques provoqués par l'élongation du caoutchouc : en X, neutralité thermique, point d'inversion, intermédiaire entre la phase de refroidissement YX et la phase d'échauffement XY'. » Dans l'autre partie de la fig. 2 (II, Tp), on a représenté le schéma du refroidissement inhérent au travail positif provoqué par l'allégement pro- gressif de la charge : ce sont les ordonnées du triangle abc. Celles du paral- lélogramme abef figurent les échauffements déterminés par le retrait con- nexe des espaces intermoléculaires. La résultante donne sur l'abscisse yy' la neutralité et l'inversion thermiques au point x, avec réchauffement en deçà, dey à œ, et le refroidissement au delà, de oc à y' . » En supprimant, sur les deux parties du graphique II, les régions dans lesquelles s'annulent les effets thermiques opposés, on obtient les gra- phiques III montrant dans leur isolement, donc avec la plus grande netteté, les effets thermiques de Y allongement cl de la rétraction du caoutchouc, par ( 395 ) addition ou soustraction répétées d'une même charge, tels que la théorie permet de prévoir ces effets. » IV. Vérifications expérimentales : » a. Expériences sur les effets thermiques résultant de la mise en jeu de l'élas- ticité par traction. — Je me borne à indiquer celle dont les résultats moyens soDt consignés dans les graphiques de la fig. 3, I. Je choisis cette expérience, non parce Fi| '. ; C 1 / ^c - S ■ ' * _ . s JIS _ A n< "v ■1 > A \l -4 . •-. ■- l.r . i r ~^-j . y / * y _ / '^ . / t „ ■ ^ / * 11 * 0 1 | * 's ^ \ H n -^ v. -~- 10 ^ * .. l.r . 1 r . v u> a> ~t qu'elle est meilleure que les autres, mais tout simplement parce que les conditions favorables du magnétisme terrestre avaient permis de donner au galvanomètre une grande sensibilité. » Point n'est besoin de légende explicative pour ces représentations graphiques. Leur ressemblance avec les schémas théoriques est poussée si loin qu'on ne saurait douter un seul instant que les effets thermiques de l'allongement et de la rétraction des lanières de caoutchouc ne s'effectuent par le mécanisme indiqué. On trouverait même un renforcement de preuve dans les défectuosités apparentes des résultats obtenus. Les effets thermiques constatés ne croissent pas, en effet, aussi vite que les changements de longueur, et c'est parfaitement conforme avec ce que nous savons du rapport des changements de longueur aux changements de charge. ( 396 ) » h. Expériences sur les effets thermiques résultant de la mise en jeu de l'élasti- cité par compression. — Les graphiques II de la fig. 3 représentent les résultats moyens d'une de ces expériences. Ils sont des plus nets et tout à fait conformes aux prévisions théoriques. Remarquons, en particulier, qu'à aucun moment il n'y a neu- tralité ou inversion thermiques. Le travail négatif qui détermine la compression échauffe toujours le caoutchouc, et le travail positif qui accompagne la décompres- sion le refroidit toujours, quelle que soit la valeur de ces travaux et des change- ments moléculaires imprimés au corps élastique. Jamais, si les manœuvres qui opèrent la compression ou la décompression sont bien faites, on ne constate la moindre ten- dance à réchauffement avec celle-ci, au refroidissement avec celle-là. » PATHOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Sur l'infection typhique expérimentale chez le chien. Note de MM. R. Lépine et B. Lyonset. « Dans une Note antérieure (Comptes rendus, 29 novembre 1897) nous avons établi que l'ingestion, chez le chien, de 3oocc à 35occ de culture viru- lente de bacille d'Eberth n'est, en général, suivie d'aucun trouble appré- ciable, tandis que l'injection de quelques centimètres cubes de la même culture dans une anse de Thiry a pour résultats des lésions de la muqueuse de cette anse, de la fièvre, et l'apparition du pouvoir agglutinant du sérum. A ces faits nous pouvons aujourd'hui ajouter les suivants : » I. L'injection, chez un chien de taille moyenne, de 2e0 ou 3ec de cul- ture virulente de bacille d'Eberth, soit dans l'épaisseur des parois de l'in- testin ( c'est-à-dire dans les voies lymphatiques), soit dans le bout central d'une veine mésaraïque ou d'une veine de la circulation générale, produit, dans les heures consécutives : i° certaines modifications de la température centrale et du nombre des globules blancs du sang, phénomènes tous deux en rapport avec la dose de toxine contenue dans la culture injectée, et que nous avons longuement étudiés dans un travail antérieur (Revue de Méde- cine, novembre 1898); 20 l'élimination d'un certain nombre de bacilles par diverses voies d'excrétion, notamment par l'urine (') et parla bile; 3" la localisation dans les organes des bacilles restants dans l'économie. En elïet, au bout de peu d'heures, on n'en trouve plus dans le sang du cœur et des gros vaisseaux, et il n'en existe plus dans l'urine, recueillie dans l'uretère. » II. Dès le lendemain ou le surlendemain, on peut constater que les (') M. Bouchard a, comme on sait, signalé il y a longtemps, l'existence de bacilles d'Eberth dans l'urine des typhiques. Nous avons pu déceler leur présence dans l'ure- tère, chez nos animaux, un quart d'heure après l'injection intra-veineuse. ( 397 ) bacilles ont fait élection de siège dans certains organes, notamment dans la rate et dans le foie, où ils existent toujours, tandis qu'on les rencontre beaucoup moins constamment dans les autres organes. m III. Plus tard, après quelques jours, le sérum acquiert le pouvoir agglu- tinant; puis, pendant plusieurs semaines, on peut trouver des bacilles d'Eberth dans la rate et le foie, très exceptionnellement dans d'autres or- ganes, en même temps que la santé de l'animal demeure parfaite. En effet, il mange bien et ne présente ni diarrhée ni fièvre. Les bacilles localisés dans la rate et le foie ne sécrètent donc pas une quantité de toxine suffisante pour altérer la santé générale, et cependant ils ont conservé leur vitalité; car si l'on ensemence dans un tube de bouillon une parcelle de ces organes, le bouillon se trouble en peu d'heures, et, à l'examen microscopique, on re- connaît une culture pure de bacille typhique. Nous cherchons actuellement à déterminer le degré exact de virulence que ces bacilles, localisés dans le foie et dans la rate, ont pu conserver au bout de plusieurs semaines. Dès à présent, nous pouvons dire que, dans les premiers jours, la virulence des bacilles localisés dans le foie est moindre que celle des bacilles existant dans la rate. n IV. Par l'injection de quelques centimètres cubes de culture viru- lente de bacille d'Eberth dans la trachée, on peut amener le développement dans le poumon de noyaux de broncho-pneumonie renfermant le bacille d'Eberth. On a ainsi la lésion du vrai pneumo-typhus. On observe de plus la dissémination du bacille d'Eberth dans les différents organes et leur localisation spéciale dans la rate et le foie. » Les expériences sur lesquelles sont fondées les conclusions précé- dentes ont été faites sur plus de quarante chiens. » NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de Com- missions chargées déjuger les concours de 1899. Le dépouillement des scrutins donne les résultats suivants : Prix Montyon {Physiologie expérimentale). — MM. Marey, d'Arsonval, Bouchard, Chauveau, Ranvier. Prix Philipeaux {Physiologie expérimentale).— MM. d'Arsonval, Marev, Bouchard, Chauveau, Ranvier. C. R., 1899, i« Semestre. (T. CXXVIII, N° 7.) 52 ( 3ç)8 ) Prix La Caze {Physiologie).— MM. Marcy, d'Arsonval, Ch au veau, Bou- chard, Duclaux, Ranvier, Potain, Milne-E Uvards. Prix Montyon {Arts insalubres). — MM. Brouardel, Armand Gautier. Moissan, Schlœsing, Troost. Prix Trëmont. — MM. Joseph Bertrand, Berthelot, Cornu, Maurice Lévy, Sarrau. MÉMOIRES LUS. PHYSIOLOGIE ANIMALE. — Contribution à l'étude des chlorophylles animales. Chlorophylle du foie des Invertébrés. Note de MM. A. Dastre et N. Feoresco. « On trouve habituellement dans le foie d'un grand nombre de mol- lusques, appartenant à tous les groupes (poulpe commun, huître, moule, pecten, escargot), un pigment qui a les apparences d'une chlorophylle végétale, et que nous avons appelé hëpalochlorophylle ou hépaloxantho- phylle. Ce même pigment chlorophylloïde aurait été constaté dans les glandes digestives des crustacés (Mac Munn). » Il faut noter immédiatement que cette matière n'est pas le seul colorant du foie. Nous avons montré qu'elle est mélangée à deux autres substances, à deux autres pigments universels: le choléchrome et un pigment ferru- gineux (ferrine ou hémochromogène). Si l'on fait l'extraction au moyen du chloroforme, en traitant le foie séché et pulvérisé par le dissolvant, on n'a plus affaire qu'à l'hépatochlorophylle et au choléchrome. La coloration varie, suivant la concentration, du jaune vert clair à l'orangé. La part de chacun des pigments, choléchrome et chlorophylloïde, est difficile à faire. L'examen spectroscopique seul les sépare : le choléchrome n'offre pas de bandes d'absorption; l'hépatochlorophylle présente, au contraire, des bandes très nettes. Le spectre d'absorption de cette dernière substance n'est donc pas modifié par l'existence de la première; on n'a pas besoin de chercher à l'isoler du choléchrome pour fixer ses caractères speclrosco- piques; on peut opérer sur l'extrait chloroformique simplement. » Ces caractères spectroscopiques sont tout à fait remarquables. C'est, pour un degré convenable de concentration, un spectre à quatre bandes : I. 670-646X dans le rouge; II. 611 à 5q0 dans l'orangé; III. 5_|S à j3o au commencement du vert; IV. ^l'^o^X dans la partie vert bleu. L'ordre de clarté est: I, III, IV, IL L'ordre de constance n'est pas tout à fait le même; c'est I, III, II, IV; en d'autres termes, la bande IV est un peu ( 399) aberrante; elle manque quelquefois, alors que II existe. Mac Munn l'a rattachée à l'hémochromogène parce qu'il opérait en liqueur alcoolique; mais l'hémochromogène est insoluble clans le chloroforme et d'ailleurs la bande s'observe chez des animaux dont le foie (solution aqueuse) ne conlient pas cette substance. On pourrait admettre qu'elle révèle l'exis- tence d'un nouveau pigment mélangé à l'hépatochlorophylle; nous avons des raisons de croire qu'elle appartient à celui-ci ou plutôt à une modifi- cation assez générale qu'il éprouve dans le foie et qui se produit d'ailleurs en dehors de cet organe. » A cette réserve près, on remarquera que les bandes d'absorption du pigment se confondent avec celles de la chlorophylle végétale, spéciale- ment avec les bandes I, II, IV de la xanthophylle de Tschrich. La bande 1 de la xanthophylle hépalhique 670-646}. se superpose à 670-635 de la xanthophylle végétale; II, 64-5g6 à 610-590; III, 548-53o couvre exac- tement la bande IV, végétale, 548-53o. Mais c'est surtout l'existence, avec ses caractères si particuliers de la première bande fondamentale de Brewsler, plus encore que cette exacte correspondance qui doit entraîner la conviction que la chlorophylle du foie est identique à une chlorophylle végétale : elle en diffère moins que celles-ci ne diffèrent entre elles. » Le pigment hépatique étant une véritable chlorophylle, le problème qui se pose est celui de son origine. Il y a deux alternatives. La xanthophylle hépalhique est une chlorophylle animale; elle est fabriquée par l'orga- nisme avec ses propres ressources, ou bien, la chlorophylle hépatique est une substance extérieure à l'organisme, venue du dehors, d'importation étrangère, alimentaire, d'origine végétale, qui s'est simplement fixée dans le foie par suite de conditions favorables particulières. » Dans un Travail particulière), nous avons montré que les deux alter- natives sont également vraisemblables d'avance et même qu'elles s'ac- cordent également bien avec un certain nombre d'expériences prélimi- naires. En faveur de l'origine animale, on peut invoquer : i° le fait établi, par les études récentes sur l'étiolement, que ce n'est point la chlorophylle qui est caractéristique de la synthèse chlorophyllienne et, par conséquent, de la vie des végétaux verts, mais le petit organe intra-cellulaire nommé chlorolcucite ; 20 le fait cpi'il y a chez les animaux des pigments, les pig- (') A. Dastre et N. Floresco. — Recherches sur les matières colorantes du foie et de la bile et sur le fer hépatique. Paris, G. Steinheil; 1899. — Journal de Physio- logie et de Pathologie générale, t. I, p. 1 1 1; i5 janvier 189g. ( /ioo ) ments biliaires que Berzélius (i832), Stokes (i863), et surtout A. Gautier (i8t3) ont montré être très analogues à la chlorophylle; 3° le fait, enfin, que la chlorophylle hépatique peut se constater chez l'escargot après la période hivernale, c'est-à-dire après un jeûne de cinq mois. En faveur de l'origine végétale, on peut invoquer : i° la possibilité de pénétration dans le foie de la chlorophylle alimentaire, possibilité qui tient à ce que les canaux hépatiques des mollusques sont des diverticules du tube digestif très accessibles, par voie de reflux, au contenu de ce tube; 2° au fait bien connu de la conservation prolongée de la chlorophylle (au moins de ses caractères spectroscopiques), dans les circonstances les plus diverses (feuilles gelées et abandonnées pendant dix ans, macérations, infusions, terreau, résidu intestinal après plusieurs jours d'abstinence). » Pour décider entre ces deux alternatives possibles, nous avons expéri- menté sur l'escargot qui offre des facilités particulières. Dans toutes les circonstances naturelles (vie active, vie hibernante), dans toutes les variétés que nous avons examinées, nous avons trouvé chez cet animal le foie chargé de chlorophylle. Nous avons nourri des escargots au sortir de la période d'hibernation, et pendant tout un semestre, avec des aliments dépourvus de chlorophylles (navets exactement nettoyés et débarrassés de toute matière colorante, — papier à filtre imprégné de substances alimen- taires incolores). Au bout de ce temps, c'est-à-dire après un an de priva- tion d'aliments chlorophylles, le foie de ces animaux, d'ailleurs en bonne santé apparente, n'a plus donné de chlorophylle, mais seulement du cho- léchrome. En rétablissant le régime chlorophylle, le foie s'est bientôt rechargé de chlorophylle. » Cette expérience décisive montre que la chlorophylle hépatique est d'origine alimentaire : c'est une chlorophylle végétale qui est absorbée et fixée d'une manière remarquable et persistante par la cellule hépatique. Cette conclusion est corroborée par les observations qui nous ont donné l'idée d'entreprendre cette expérience : c'est à savoir le caractère accidentel , quoique très répandu, du pigment chlorophyllien hépatique. En effet, l'extrait chloroformique du foie d'anodonte et des foies de crustacés signa- lés par Mac Munn comme riches en pigment chlorophyllien, s'est montré à nous comme tout à fait dépourvu de cette substance : le foie d'arion ru fus nous a présenté le même cas. » ( 4oi ) CORRESPONDANCE. Le Comité du Centexaire de Spallanzani informe l'Académie qu'il se propose de publier, à l'occasion de ce Centenaire (3o avril 189g), un Vo- lume contenant les hommages des diverses Académies à la mémoire de l'illustre physiologiste. (Renvoi à la Section d'Anatomie et Zoologie.) ASTRONOMIE. — Sur une ancienne pluie d'étoiles filantes. Note de M. D. Eginitis, présentée par M. Lœwy. « Les observations de pluies d'étoiles filantes, faites dans différentes époques éloignées, peuvent jeter une vive lumière sur beaucoup de points obscurs de la théorie générale des essaims météoriques. Il est donc très important pour l'Astronomie de recueillir et d'étudier toutes les descrip- tions des anciennes chutes d'averses de météores. » Nous allons exposer ici et soumettre à un examen critique une pluie d'étoiles filantes, dont nous avons rencontré la mention chez Nicéphore, patriarche de Constantinople. Cet écrivain, faisant l'histoire du règne de l'empereur Constantin Copronyme, cite la chute d'une très riche averse météorique dans les termes suivants : « Toutes les étoiles paraissaient se » détacher du ciel et tomber sur la Terre.... (') ». » Si nous connaissions la date exacte de la chute de cette abondante pluie météorique qui, suivant l'écrivain, a commencé le soir, vers la fin du crépuscule, et a duré toute la nuit, nous pourrions en conclure avec cer- titude si elle appartient ou non à quelqu'un des essais connus. Mais mal- heureusement notre historien ne nous donne explicitement ni le jour, ni le mois, ni l'année même,, où le phénomène eut lieu. Nous sommes donc obligés de recourir aux recherches historiques pour déterminer, avec une certaine probabilité, l'époque de cette manifestation. » Et d'abord il est certain que cette pluie ne peut appartenir à aucun, excepté celui des Androméides, des principaux essaims connus aujourd'hui ; ni les Lyrides, ni les Perséides, ni les Orionides (d'octobre), ni les Léonides ne peuvent apparaître le soir, à la nuit tombante. Parmi les essaims, le seul qui puisse apparaître dès le commencement de la nuit, (') J.-P. Migne, Patrologiœ cursus complétas, t. C, p. 974; 1860. ( 402 ) et, par conséquent, le seul qui ne doit pas, a priori, être exempté, c'est celui des Androméides. Mais celte propriété seule ne donne pas, évidem- ment, lieu à croire que nous avons réellement affaire à une apparition de cet essaim. Nous allons donc examiner si, outre cette possibilité, il y a d'autres raisons aussi permettant de considérer comme probable que la- dite averse appartient réellement aux Biélides. » Suivant Nicéphore, cette pluie a eu lieu un peu après la prise de la ville de Mélitène par l'empereur Constantin Copronyrne. Mais à cette époque, les campagnes ne se faisaient que pendant la belle saison; durant l'hiver on se reposait. D'ailleurs, d'après Nicéphore même, l'empereur avait marché contre les Sarrasins immédiatement apre'sle couronnement de son fils Léon, lequel a eu lieu, suivant Théophane, le jour de Pentecôte, soit au mois de juin. On peut donc fixer comme époque du phénomène l'automne. « Mais dans l'automne de quelle année l'averse en question fut-elle ob- servée ? D'après plusieurs historiens, l'année la plus probable de ces faits serait r]5i. En effet, Kédrinos écrit que l'empereur Constantin prit Mélitène la onzième année de son règne; mais celui-ci était monté sur le trône en 741 ! par conséquent, la ville de Mélitène fut prise en ^52. La date de cette conquête a été aussi confirmée par Finlay. D'un autre côté, la mort du patriarche Anaslase, laquelle, suivant Nicéphore, survint quelque temps après la chute des étoiles filantes, est arrivée, suivant Théophane, dans l'année 7 j3. En outre, Kédrinos écrit que le patriarche Anaslase est mort pendant la douzième année du règne de Constantin, soit en 733. De même Finlay accepte, comme année de la mort de ce patriarche, 753. Donc, de toutes ces données, il résulte que ce phénomène fut observé dans l'au- tomne de 732. » Outre la saison et l'heure du commencement de l'apparition du phé- nomène, l'année aussi est bien favorahle à la supposition qu'il s'agit d'une pluie des Androméides. En effet, si l'on tient compte que des averses des Biélides se sont montrées en 1802, 1872 et 1892, que l'intervalle de 20 ans, qui sépare ces apparitions, correspond exaclement à Irois périodes de la comète de Biéla et que l'espace de 752 à i8j2 correspond exactement à 42 de ces périodes de 20 ans, on peut admettre comme plus que probable que nous avons affaire à une ancienne apparition, très riche, des Biélides. Déplus, Théophane cite que sept ans avant la prise de Mélitène on a observé une grande comète. Kédrinos aussi écrit que pendant la quatrième année du règne de l'empereur Constantin, soit en 745, on a observé une comète. Mais la période de la comète de Biéla esl égale, comme on sait, à G, 69 ans; il est, par conséquent, probable qu'il s'agit de deux apparitions succès- ( 4o3 ) sives, sous formes différentes, de la comète de Biéla. Si la conclusion pré- cédente est juste, comme nous le croyons, il en résulte que le phénomène des Androméides, dont on n'avait pas trouvé jusqu'ici des apparitions remontant à une époque antérieure à 1741, s'était déjà manifesté beaucoup avant. De même la fameuse comète de Biéla, dont la plus ancienne appa- rition connue ne remonte pas au delà de 1772, aurait été observée il y a plus d'un millier d'années; cependant, quant à cette dernière hypothèse, le calcul des perturbations déciderait définitivement si elle peut être exacte. » Mais si, pour lesdites raisons, nous pensons que l'averse de 732 appar- tiendrait aux Biélides, nous n'en présumons pas aussi que, par suite de l'identité remarquable de la période des essaims, observés en 752, 1812 et 1892, ces essaims soient absolument identiques; au contraire, il y a plusieurs raisons qui semblent prouver que ces manifestations ne provien- nent pas du même groupe de corpuscules. » En effet, l'essaim de 752 devrait passer, depuis cette année, un grand nombre de fois au voisinage de Jupiter; il aurait ainsi subi des perturba- tions très sensibles, qui auraient modifié notablement son nœud et la durée de sa révolution et, par conséquent, changé de beaucoup, durant ce long intervalle de temps, la date de son apparition. On sait que déjà, dans l'espace de 20 ans seulement, de 1872 à 1892, il y a eu une avance de 4 jours, produite par l'action de Jupiter. D'ailleurs il est inadmissible que le môme fragment de la comète de Biéla continue, pendant tant de siècles, à produire de grandes averses; clans ce cas il aurait été, depuis longtemps déjà, épuisé. En outre on doit accepter, avec M. Schulhof, que les fortes perturbations que l'essaim a subies de la Terre et de Jupiter, devraient le disséminer rapidement. Donc, les Biélides observées pendant les deux derniers siècles proviendraient d'autres fragments de la comète de Biéla, détachés d'elle, très probablement, beaucoup après la manifestation de 702. » Ea comète de Biéla continueraitdonc, depuis plus d'un millier d'années, à se décomposer d'une manière lente et, très probablement, suivant les idées émises par M. Schiaparelli, sur l'origine des courants météoriques. M. Schulhof, dans sa belle étude sur les étoiles filantes (loc. cit., p. 4r8), après avoir soumis à un examen profond les faits présentés par les Biélides et la comète de Biéla, arrive à la conclusion suivante : « L'hypothèse de M. Brédikhine serait en défaut pour les Biélides, si l'an constatait dans l'avenir de nouveaux grands essaims issus de la comète de Biéla. Il serait, en effet, inadmissible d'attribuer de fortes émissions de matière aux divers fragments de la comète. Il nous semble que l'hypothèse de la désagréga- ( 4o4 ) tion lente de la comète suffit, malgré quelques difficultés de détail, pour expliquer les faits rapportés, surtout si l'on recourt à la supposition légitime que. la décomposition de la comète se poursuit déjà depuis des siècles. » Cette sup- position peut être, je crois, considérée comme bien fondée; de même, si l'on n'a pas encore aujourd'hui de nouveaux grands essaims, constatés après les derniers, on peut recourir aux anciens, pour soutenir les conclusions pré- cédentes. On en est, par conséquent, conduit à accepter, avec M. Schulhof, que l'ingénieuse hypothèse de M. Brédikhine, qui est un complément indis- pensable de la théorie de M. Schiaparelli, ne peut pas s'appliquer aux Biélides, et que la théorie de M. Schiaparelli s'adapte bien à cet essaim. » ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Mesures comparatives d'intensité chimique pen- dant l'éclipsé de Lune du 27 décembre 1898. Note de M. Tu. Moreux, présentée par M. A. Cornu. « L'éclipsé du 27 décembre dernier s'est passée, au centre de la France, dans des conditions très favorables à l'observation. J'ai pu prendre, à cette occasion, quelques photographies à la lunette de io8ram, et réaliser quelques expériences photométriques qui n'ont pas, que je sache, été tentées jusqu'à ce jour. » Dispositions expérimentales. — Le photomètre optique était fondé sur une mé- thode nouvelle, rappelant le photomètre Wheatstone, mais susceptible d'une plus grande précision. Je recevais la lumière de la Lune et celle d'une lampe assez faible sur un miroir périscopique d'un diamètre très petit. J'obtenais ainsi deux points lumi- neux, dont l'un pouvait varier d'intensité avec l'éloignement de la lampe. En faisant mouvoir cette dernière dans une direction voisine des rayons lunaires, les deux points se rapprochaient l'un de l'autre à une distance convenable. Les lumières étant de cou- leurs différentes, l'éclairage de la lampe fut tamisé par un verre bleu et les deux points lumineux furent examinés à l'aide d'une lunette située à plusieurs mètres de distance. Le défaut de mise au point produisait, dans ces conditions (comme pour une étoile), des anneaux de diffraction offrant l'aspect de deux plages lumineuses circulaires dont on pouvait très facilement apprécier l'égalité d'éclat. » J'ai ainsi pu obtenir la loi de variation de l'intensité lumineuse en fonction du temps. » En même temps une plaque photographique qu'on découvrait par bandes tous les quarts d'heure était impressionnée pendant sept minutes à la lumière de la Lune, durée déterminée par l'expérience des nuits précédentes. » J'obtins au développement des différences de teintes assez marquées pour être facilement classées par les procédés photométriques ordinaires. Ces nouveaux nombres m'ont servi à construire la courbe des intensités chimiques. Voici les résultats des deux séries d'observations. ( 4o5 ) Intensités lumineuses réelles. — Mesures photométriques. Nombre de cent. J_ Heures = x. au photom. = d. d-. d2' Valeurs de y. h in 9.35 48 23o/J o,ooo434o 217,0 g.5o 49 2 7° 11. 12 723o 34,99 Intensités lumineuses théoriques. Heures = x. Surfaces éclairées. Valeurs de y. Observations, h m 9.57 La surface du disque étant 1 196,26 Entrée dans l'ombre. 10. 2 0,97552 191 ,26 10. 7 0,91589 i79>57 10.12 0,84889 i66,43 10.17 0,77184 i5i,32 10.22 0,69278 i35,82 10.27 o,6o3oo 118,22 io.32 o,5i5go 10 1,1 4 10.37 o,43349 84,99 10.42 0,87257 64,49 10.47 0,23785 46,63 10. 52 0,14941 29,29 10.57 0,08375 16,42 ii . 2 0,01608 3, i5 i Commencement de 11. 7 0,00000 0,00 \ ' \ 1 éclipse totale. C. R., 1899, 1" Semestre. (T. CXXVIII, N° 7.) 53 ( 4<>6 ) » Après les Tableaux des intensités lumineuse et chimique, j'ai calculé celui qui donne l'intensité lumineuse théorique, depuis l'entrée dans l'ombre jusqu'à la totalité de l'éclipsé, c'est-à-dire de 9h57m à ioh7m. » Comparaison des résultats. — On voit immédiatement qu'aucune de ces trois courbes ne coïncide. Ce résultat, qui n'a rien d'extraordinaire pour la courbe d'intensité chimique, est assez étonnant pour la courbe d'intensité lumineuse réelle. La seule raison qu'on puisse donner de leur divergence, c'est que l'ombre de la Terre, en couvrant la Lune, traversait des régions d'inégal éclairement . û „ *"*• '■ û Y s \ \ vl 1 u s, ; \'' \ N £ 1 \ \ \ \ î -- ■J \ II \ \ — - c •'■ » Quant à la courbe de l'intensité chimique qui n'affecte pas cette même forme, son allure montre nettement que, malgré sa teinte rougeàtrc, la partie éclipsée contient encore des rayons agissant sur la plaque photogra- phique. » Enfin, l'allure de la courbe de l'intensité lumineuse réelle montre que la lumière a commencé à décroître peu avant l'entrée du disque lunaire dans l'ombre, tandis que celle de l'intensité chimique était en décroissance ( 407 ) depuis longtemps, sans doute depuis l'entrée dans la pénombre. La dimi- nution d'éclat occasionnée par l'entrée dans la pénombre est si faible que nos yeux ne peuvent l'apercevoir; au contraire, la plaque photographique exposée pendant un certain temps totalise la somme des impressions reçues à chaque instant. Ainsi dans la dernière éclipse l'entrée dans la pénombre n'a été sensible à l'œil qu'à o,h3om (au lieu de 8h42m), tandis que les me- sures d'intensité chimique et les photographies directes montrent que la pénombre avait une réelle action sur la plaque. » Il résulte des mesures précises prises à la lunette que la pénombre visible n'avait pas une largeur de plus de 220 (comptés sur le globe lunaire) alors que, d'après les calculs astronomiques, la pénombre s'étendait en réalité, dans la dernière éclipse, sur une largeur plus grande que le disque lunaire tout entier. » Le ciel, qui s'est brusquement couvert à nh35m, ne m'a pas permis de prendre des mesures pour juger de la symétrie des courbes pendant la seconde phase de l'éclipsé. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les séries de puissances toujours divergentes. Note de M. S. Pincheule, présentée par M. Picard. « Tandis que l'Analyse classique rejetait, comme ne présentant aucun sens, les séries de puissances entières et positives d'une variable x dont le cercle de convergence est réduit au point x = o, les géomètres modernes se sont efforcés de donner, à des points de vue divers, droit de cité dans l'Analyse aux séries divergentes. Il suffit de rappeler la théorie des séries asymptotiques de M. Poincaré ou le concept de séries sommables de M. Borel, pour se convaincre que ces efforts ont été déjà couronnés de succès. » Un moyen pour étudier les séries de puissances toujours divergentes pourrait consister à en faire la projection, pour ainsi dire, au moven d'une opération distributive ('). C'est ainsi qu'une opération E, définie par (') Le mot de projection n'est pas employé au hasard. En effet, les opérations dis- tributives fonctionnelles sont les homographies d'un espace dont les fonctions analy- tiques sont les points. Si l'on considère la constante O comme l'origine de cet espace, les fonctions a.r", bjc'" -+- c.r'', . . . sont, pour les diverses valeurs des constantes a, h, c, . . . , respectivement une droite, un plan, etc., contenant l'origine. L'opération E de M. Borel laisse cette droite, ce plan, etc. invariables, comme le ferait une projection ayant pour centre l'origine. ( 4o8 ) E(x") = — > et que M. Borel a employée récemment avec succès dans ses belles recherches sur les séries de Taylor, projette la série 1n\xn en 1x". Par ces projections, les propriétés de nature linéaire d'une fonction sont conservées. » Un autre moyen pourrait être celui que je me propose d'esquisser dans cette Note. Soit A(, et ainsi de suite. Il suit de là et des propriétés admises pour A, que si cette opération satisfait à une équation symbolique la fonction /( z) sera une intégrale de l'équation différentielle linéaire » Intégrons maintenant cette équation par une série de puissances, et soit (3) f(z)^lknz" la série que l'on obtient. Puisque la méthode des coefficients indéterminés s'applique aux séries ordonnées suivant les puissances du symbole D (2), (') J'entends par dérivée fonctionnelle de A(s>) l'opération A'(«p)=A(a:T)-*A(,p). Pour ses propriétés, voir mon Mémoire sur le calcul distributif (Math. Ann., Bd.XLIX). (*) Mémoire cité, § 77. ( 4o9 ) et que le Tableau des calculs est le même, on aura pour l'opération A le développement (4) A(«p) = 2£BDn appartient au champ de convergence de la série (4). Ajoutons que toutes les séries de puissances de D, à coefficients constants, représentent des opérations permutables avec la dérivation. » Revenons maintenant à l'équation (2). La série (3), qui y satisfait formellement, peut être toujours divergente. C'est ce qui arrive, par exemple, si l'équation (2) appartient au type cité par M. Picard à la page 279 du tome III de son Traité d'Analyse. Au contraire, comme on l'a vu, la série (4) admet toujours un champ de convergence. On peut donc, sur cette série, exécuter des opérations qui ont un sens et la transformer en d'autres expressions qui représentent la même opération, mais sous une forme dont le champ de validité peut être plus étendu. Par exemple, on peut mettre la série (4) sous forme d'une série de puissances d'une expres- sion différentielle linéaire (') ou sous forme d'intégrale définie. » De ce que la série (3) est toujours divergente, on conclut que ezx n'appartient pas au champ de convergence de la série (4); mais cette fonction pourra appartenir au champ de validité d'une des expressions que l'on a déduites de (4). Dans ce cas, A(ezx) nous donnera une inté- grale de l'équation (2), mais non sous forme de série (3); de même que — — — a un sens pour x = 2, mais non pas si l'on prend sous forme de série de puissances de x. (') Mémoire cité, §§ 63, 109. ( 4io ) » Il y aurait naturellement à insister ici sur plusieurs points; mais ce qu'il importe de noter, c'est que les calculs, qui n'ont pas de sens lorsqu'on les exécute sur une série sans cercle de convergence 2fcnx", se trouvent légitimés dès qu'on les exécute, d'une façon absolument parallèle, sur la série 2&nD'à, pour des fonctions

+2a,«2a, - al — a0a23 — a]a^), le discriminant R = i3 — 6/2, et l'invariant absolu Si de h4. » Envisageons u et t comme des coordonnées; nommons w le point à l'infini sur l'axe des u. L'équation H„ représentera une courbe algébrique indécomposable C, de degré ma-+- n. Toute sécante D,, issue de w, coupe C en mM points confondus avec o> et n autres points x, formant un groupe X„. Le rapport anharmonique K. de quatre points de X„ est constant, tandis que ces points sont eux-mêmes mobiles avec /. ( 412 ) » Soit t0 une racine du discriminant; D,o touche C ou joint u à un point multiple de C. Tout cela posé, il vient les deux propositions suivantes : » I. Sur D, le groupe X„ ne peut comporter que deux constitutions : » i° Un point (n — i)uple et un point simple ; » 2° Un point nuple. » II. Dans le premier cas, si l'on développe en série, suivant les puissances de t — t0, les ~ différences deux à deux des racines, tous les développe- ments débuteront par une même puissance de t — t0. » Dans le second cas, il existera des sujétions de même nature, mais plus compliquées. » Pour obtenir hn, il n'est pas nécessaire de calculer les n — 3 invariants absolus, ce qui serait malaisé, d'un polynôme de degré n. Une méthode de récurrence permet de remonter de hn_K à ha, .... » La construction effective des H„ (équations hn à coefficients rationnels en t et irréductibles) ne présente pas de difficulté sérieuse pour n pas trop élevé, par exemple n = 4 ou 5. » Pour H4, on rencontre d'abord les équations équianharmoniques, i'= o, et harmoniques, / = o, lesquelles sont bien connues. Le dernier type de H4 est (ir -h q)- — p(iu — /-)2-= o, p, q, r = rationnels en t, avec la condition pr> = (p- qf - (k^t) O + 7)2- H4 est abélienne et a ses racines rationnelles par rapport à une quelconque d'entre elles. » Hs s'obtient en éliminant m entre les deux équations mL+M= /"T2 — , T = 7w(m2— 5m -h 5)2, m2 — 3 m -+- 1 x ' L, M, T = rationnels en t; R = G -+- 9\ 0 étant une racine cinquième pri- mitive de l'unité. » Le groupe de H5 a pour ordre dix et provient des substitutions ^oi234) et (o)(i4)(a3). H5 est une équation de Galois. » (4i3 ) MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Sur la voûte élastique. Note de M. Georges Poisse» . « Yvon Villarceau a donné en i854, dans son Ouvrage : Sur l'établisse- ment des arches de pont, une théorie des voûtes fondée sur l'étude de l'arc linéaire soumis à une charge d'eau, désigné quelquefois sous le nom d'arc hydrostatique. Cette théorie n'a pas eu d'applications pratiques, soit parce qu'elle exige l'emploi des fonctions elliptiques, soit parce qu'elle comporte encore trop d'hypothèses douteuses. » La présente Note a pour objet l'étude d'un cas particulier de l'arc hydrostatique, dont l'application au calcul des voûtes peut se faire sans hypothèse, en tenant compte seulement des lois générales de l'élasticité. » Je considère dans le plan un arc linéaire infiniment flexible, ayant un poids fini et uniforme, égal à d par mètre courant. Il est soumis à une charge liquide de densité D. Soient P la compression longitudinale de l'arc, P, la pression normale, A la hauteur du niveau de la charge liquide. » On a pour l'équilibre de l'arc les équations dP , . d(Pcoiy-) „ ,, N _= _rfsina, _!___ =D(À-.y). La première donne, en choisissant convenablement l'axe des x, P = - dy. La deuxième donne P cos oc = D (hy — %- -4- c); d'où cos a = -7- ( — hy — c L'intégration générale de cette équation exige l'emploi des fonctions ellip- tiques; mais je considère seulement le cas où c est nul : l'intégration se simplifie et donne (*_0*+(r-2À)W^Y. C'est l'équation d'un cercle. En le rapportant à son centre, et en chan- geant le signe de h qui est arbitraire, on obtient V = d(*h—y), Pl = D(A-j). C. R., 1899, 1" Semestre. (T. CXXVIII, N- 7.) 54 ( 4i4 ) » Prenons maintenant un arc circulaire réel, d'épaisseur finie et uni- forme. Divisons sa section en filets circulaires concentriques d'épaisseur infiniment petite. Chacun de ces filets peut être assimilé à l'arc linéaire défini ci-dessus, et sera par suite en équilibre si les pressions qui s'exercent sur chacune de ses faces sont analogues à des pressions hydrostatiques. Les constantes D et h peuvent varier avec les filets, mais d est égal à la densité des matériaux de la voûte. Cherchons les conditions pour que l'en- semble de ces filets constitue bien un corps élastique continue. » En chaque point de ce corps, il s'exerce deux pressions principales, P et P,, dont l'expression est P = a — dy, P, = a, — by, a, a, et b étant fonctions du rayon r. » Les premières parties de ces pressions, a et a,, sont assimilables aux efforts qui s'exercent dans un anneau cylindrique soumis extérieurement et intérieurement à des pressions normales uniformes. On sait que l'on doit avoir pour l'équilibre, la pression étant nulle sur la surface de rayon /•„, et égale à DA sur celle de rayon r, . Dkr* ï>hr\r\ i r\ — r\ r\ — r\ r- Dhr\ DA r*rl i » Considérons maintenant les secondes parties des forces P et P, ; en les décomposant suivant les axes de coordonnées, on obtient lxx= - d y. yx- yx- 1 ' ■ / /,„ = -- d— -a b y6 r- xv- xy = {d-b^~ Ces trois composantes doivent satisfaire aux équations lit., dtXy dtXy dtyy dx dy dx dy En faisant la substitution, ces équations se réduisent à une seule 2(6 — d) db d7 = °> ( 4i5) d'où l'on tire b = d + -t /- et avec les conditions aux limites 6 = rf(i-0). '<=''.\to' On a en définitive P = , — ;cos2 7u- ; - 111 l où A est une constante et a la vitesse de propagation du son. » Cette expression satisfait à l'équation -j-ç — «2t-^ et aux conditions suivantes : pour t = o, u = o quel que soit x, et -r- = o quel que soit x, sauf pour x = l avec -r- = A/, pour x = o, u = o quel que soit t et, pour x = l, -r- = A/ quel que soit t. C'est donc une solution. » Remarquons que les deux séries, la seconde prise positivement et abstraction :faite de A et a et divisées par 4» ont les valeurs suivantes : lorsque la variable que je désigne par z est comprise entre — / et + /, -,- — z2, lorsque ; est compris entre /et 31, -^ — (s — s/)2. Faisons va- , 2/ rier / entre o et — a / x » i° ï< Pour les deux séries, z est compris entre — / et + /, a ' d'où résulte u = o. » 20 < / < Pour la première série, s est compris entre / et 3 /et, pour la seconde en valeur absolue, entre o et/, ce qui donne » 3° •< ' 49- ^fig- 2 démontre la courbe théorique et la courbe observée. Le grossissement est 6, ce qui donne pour l'allongement périodique calculé acm,2, et les périodes efficaces et non efficaces sont icm,i et i"n,o. » c. L'extrémité conduite par le fil qui opère la traction se meut uniformément. » .MAGNÉTISME. — V influence du magnétisme sur la conductibilité calorifique du fer. Note de M. Désiré Korda. « En examinant la théorie de l'effet du champ magnétique sur les réac- tions chimiques des solutions de sels de fer, l'idée m'est venue de recher- cher si le champ magnétique n'influe pas également sur la conductibilité calorifique des corps ferromagnétiques. Les expériences que j'ai entre- prises à cet effet, avec des disques et barreaux en fer doux, ont confirmé mon raisonnement et m'ont conduit aux résultats suivants : » La conductibilité calorifique du fer doux éprouve une diminution dans la direction des lignes de forces magnétiques ; elle reste, par contre, sans change- ment dans la direction des lignes équipolentielles, indépendamment du sens de la force magnétisante. » Ce dernier résultat semble indiquer que l'affaiblissement de la con- ductibilité thermique dépend d'une puissance paire de la force magnéti- sante. La formule, a laquelle je suis arrivé par des considérations théo- riques, montre qu'il s'agit de la deuxième puissance. » Mes résultats établissent une certaine analogie entre les propriétés des corps ferromagnétiques et celles des cristaux uniaxes dont les coeffi- cients de dilatation et de conductibilité thermique diffèrent suivant l'axe ou une direction oblique à l'axe. » J'ai essayé d'abord un disque en fer doux, de omm,35 d'épaisseur et de 320mm de diamètre, pourvu d'un tube concentrique de 90""", soudé sur le disque et destiné à servir de source de chaleur, comme récipient d'eau ou d'huile bouillante. Ce disque, enduit au préalable d'une légère couche de paraffine, fut placé sur les pôles (déforme ronde, de 72™™ de diamètre) d'un fort électro-aimant vertical de Faraday, dont on a eu soin de bien le séparer, afin d'éviter des pertes de chaleur. En versant le liquide sans exciter l'aimant, la chaleur s'est répandue uniformément dans le disque et a provoqué la fusion de la paraffine suivant des cercles bien concentriques. Par contre, en répé- tant l'expérience, cette fois avec le champ magnétique, la forme de la plage en fusion s'est déformée et a présenté une figure elliptique, dont le petit axe (i65mm) se trou- vait dans la direction de l'axe magnétique, et dont le grand axe (200n,m) ne différait ( 4i9 ) pas sensiblement du diamètre du cercle formant le contour de la paraffine fondue dans l'expérience précédente. En opérant sur des disques plus petits (8omm), j'ai pu obtenir des plages qui se déformaient et prenaient la forme de lemniscates dont le petit axe coïncidait toujours avec l'axe magnétique. » Dans une autre série d'expériences, je me suis servi de fils de fer de 7mm, d'une longueur de n5mm, entourés d'une bobine de 2ohms,77 à i25o spires. Leurs bouts por- taient une pince thermo-électrique ou bien des spires de fils de platine formant thermo- mètre à pont Wheatstone. Avec un courant d'excitation deoami',i (B= 12000C.G.S.) l'erreur due à réchauffement de la bobine fut insignifiante. Pour être de même à l'abri d'erreurs dues à la source de chaleur, j'employais une méthode rappelant celles à zéro. A cet effet, j'ai comparé deux barreaux identiques formant les deux branches opposées d'une croix en cuivre qui servait à transmettre la chaleur d'un bec Bunsen. » Le galvanomètre du pont, destiné à comparer les températures des extrémités de ces barreaux, a mis i8mi5s pour atteindre deux divisions, quand aucun des barreaux n'a été aimanté, et sensiblement autant, quand tous les deux [ont été aimantés. Par contre, en aimantant le barreau droit seul, il fallait ■22m, la chaleur s'étant propagée plus lentement dans le fer aimanté. Enfin, en aimantant le barreau gauche seul, il fallait i5m3os, ce qui montrait que, par la dissymétrie initiale, la partie droite possé- dait une prépondérance ('). )> Quant à la théorie de ces phénomènes, rappelons que suivant Maxwell (El. et Magn., § G42) les composantes des efforts dus au champ H en chaque point d'une sphère à induction B = [j.Hsont les suivantes x étant la direction du champ, soit une pression hydrostatique uniforme, combinée avec une tension dans la direction du champ magnétique. Pour un disque, onaPj=o; pour un barreau, Pr= Pi= o. » Combinons (1) avec les théorèmes de l'équivalence et de Carnot. Communiquons la chaleur dQ au barreau aimanté (2) dQ = cdb -+- q dx, c étant la chaleur spécifique à longueur .r constante et q la chaleur latente à température 9 constante. Le travail extérieur étant (3) «fe = P, 1. Si l'on fait communiquer à l'une des bornes de la bobine de Ruhmkorff un fil droil el qu'on le suspende de manière à l'isoler complètement, on constate qu'un tube de Lécher isolé (tube cylindrique évacué, privé d'électrodes) s'illumine quand il est placé à peu près perpendiculairement à la direction du fil. Ce même tube ne s'illumine plus, s'il est placé parallèlement au fil. Mais si on le fait glisser dans la direction du fil, la lumière apparaît dans la partie du tube dépassant l'extrémité du fil. Un tube de Lécher isolé s'illumine intensivement quand on le place sur le prolongement du fil, même si la distance entre le bout du fil et l'extrémité la plus proche du tube atteint quelques dizaines de centimètres. En faisant communiquer la deuxième borne de la bobine à la terre, on change seulement l'intensité de la lumière du tube. » 2. Un tube de Lécher isolé cesse d'émettre de la lumière, si l'on dispose, à quelques centimètres de distance, parallèlement à sa longueur, un fil isolé ou un réseau de fils parallèles bien isolés tendus sur un cadre. La lumière du tube n'est nullement atténuée si le fil ou le réseau ont une direction perpendiculaire à sa longueur, même s'ils sont placés entre le tube et le fil communiquant à la bobine. » 3. Un tube de Lécher isolé lumineux illumine un tube semblable isolé quand on les fait communiquer par un fil fin long de quelques mètres. » Nous avons constaté encore le phénomène suivant : « h. Le fil conducteur attaché à l'une des bornes de la bobine de Ruhmkorfl", dont l'autre borne reste isolée ou communique à la terre, s'attache à une électrode que l'on peut déplacer le long d'une gouttière horizontale creusée dans un bloc de paraffine et remplie d'eau. Les deux extrémités de cette gouttière sont munies d'électrodes en platine, communiquant aux électrodes d'un tube de Geissler pour analyse spectrale, bien isolé. Pendant l'action du Ruhmkorff, ce tube de Geissler s'illumine sans montrer aucune polarité : c'est-à-dire que le caractère de la lumière est le même aux deux électrodes et ne change pas quand on change la direction du courant dans le circuit primaire de la bobine. Le déplacement de l'électrode le long de la gouttière produit un changement dans l'intensité de la lumière du tube, et pour une certaine position de cette électrode, on aperçoit un espace sombre dans la partie capillaire du tube. La longueur de cet espace sombre bien délimitée, que nous désignons comme nœud, peut être réduite à quelques millimètres pour une certaine fréquence de l'interrupteurde la bobine et amenée au milieu de la longueur du tube par un déplacement convenable de l'électrode le long de la gouttière. » 5. Le déplacement du nœud, correspondant à un déplacement de l'électrode donné, est d'autant plus grand que la conductibilité du liquide dont la gouttière est remplie est moindre. » 6. L'apparition du nœud et ses déplacements s'observent aussi dans le cas où la gouttière est remplacée par un tube de Lécher, dont les bouts sont munis de capsules métalliques communiquant aux électrodes du tube de Geissler; en ce cas, le tube de Lécher est, en outre, muni d'un anneau métallique qu'on peut faire glisser le long de sa surface, cet anneau communiquant à l'une des bornes de la bobine. » 7. Remplaçant la gouttière par un rhéostat à fil métallique, on constate un nœud au milieu de la partie capillaire du tube de Geissler, mais ce nœud ne se déplace plus quand on fait glisser le point de contact du conducteur de la bobine le long du rhéostat. C. R., 1899, 1" Semestre. (T. CXXVIII, N" 7.) 55 ( 422 ) » 8. Quand on emploie une gouttière remplie d'eau, la position du nœud dans le tube, ou la position de l'électrode dans la gouttière nécessaire pour amener le nœud au milieu du tube, dépend des conducteurs servant de communication entre les électrodes • du tube et les extrémités de la gouttière. C'est la capacité électrique de ces conduc- teurs qui a la plus grande influence sur ce phénomène. On constate aussi l'influence de la résistance de ces conducteurs quand elle est très grande (des colonnes de disso- lutions très diluées d'acides ou de sels dans l'eau) et que toutes les autres conditions de l'expérience restent les mêmes. L'influence des coefficients de self-induction des conducteurs paraît exister, mais nous n'en avons pas encore suffisamment approfondi l'élude. » 9. Le phénomène décrit dans les paragraphes ci-dessus donne le moyen de comparer des capacités électriques minimes. Pour cela on doit faire communiquer la capacité à mesurer avec l'un des conducteurs, réunissant les électrodes immobiles de la gouttière avec celle du tube de Geissler. Pour ramener le nœud. à sa position antérieure au mi- lieu du tube, on est obligé de faire communiquer avec le deuxième conducteur une capacité égale à la première ou de déplacer convenablement l'électrode mobile le long de la gouttière. Ce déplacement est proportionnel entre certaines limites aux capacités introduites. » Il est facile de mesurer par cette méthode des capacités ne dépas- sant pas une fraction d'une unité électrostatique C.G.S., par exemple les variations de la capacité d'un condensateur formé par deux plaques de2cc de surface disposées à une distance près de icœ; ou celles de la capacité d'une sphère de 5cm de diamètre quand on la fait plonger dans divers iso- lateurs liquides. » Tous les faits décrits ont été observés à l'aide d'une bobine de Ruhm- korff de grandeur moyenne, actionnée par le courant de deux accumu- lateurs. » Nous continuons nos recherches et nous espérons avoir bientôt l'hon- neur de communiquer à l'Académie les résultats ultérieurs. » PHYSIQUE. — Sur la transformation des rayons X par les différents corps. Note de M. Hurmuzescc, présentée par M. G. Lippmann. « L'expérience nous a montré que ces rayons ne possédaient aucune ré- flexion régulière, mais dans certains cas on a obtenu une série de phéno. mènes semblables à une espèce de diffusion de ces rayons. Ainsi, le voisinage de certains corps métalliques près d'une plaque sensible donnait naissance à des renforcements. » Avec l'usage des tubes de Crookes de plus en plus forts, donnant de ( 42.3 ) i 5cm à 2O0m d'étincelle, cette propriété de renforcer s'est trouvée être géné- rale pour tous les corps à des degrés variables (') : le verre, le papier, et surtout, parmi les métaux, le plomb, le zinc, etc., produisent des renforce- ments. » En prenant la précaution d'éliminer les rayons X directs, on peut avoir des impressions pbotographiques très fortes dues seulement à ces rayons que M. Sagnac a appelés des rayons secondaires et qu'on peut nom- mer d'une manière générale des rayons transformés. » Pour étudier les actions de ces rayons, j'ai employé la méthode basée sur la propriété qu'ont ces rayons, comme les rayons X, de décharger les corps électrisés ( 2 ) . » Un électroscope bien isolé, à cage métallique, était chargé au même potentiel donné par un même angle a. d'écartement entre les feuilles. Les rayons transformés seuls pénétraient, à travers une feuille d'aluminium de omm,i d'épaisseur, à l'intérieur de la cage et tombaient sur les feuilles élec- trisées. On mesurait le temps de décharge jusqu'à une valeur oc, plus petite que a, mais qui était différente de zéro. » On détermine le coefficient de transformation des rayons X par les différents corps par rapport à la transformation sur le zinc, en prenant le rapport des temps respectifs de décharge. » Dans ces expériences existe une cause d'erreurs si l'on ne se tient pas dans le cadre des conditions expérimentales : c'est la complexité du fais- ceau et surtout la variation continuelle du faisceau due à l'altération trop irrégulière du vide du tube X. » Voici maintenant quelques résultats ( ' ) : » Les rayons transformés sont beaucoup plus absorbables que les rayons X qui leur ont donné naissance. En interposant différents corps sur le trajet du faisceau incident et sur le trajet du faisceau transformé les temps de décharge varient dans de grands rapports. » L'intensité des rayons transformés par les différents corps, par rapport ( ' ) Dr Hirshzescu, Sur la transformation des rayons A' {Comptes rendus de la So- ciété française de Physique, \~ avril 1898). (2) L. Benoist et Dr Hcrmuzescu, Nouvelle méthode de recherche sur les rayons X. 3 et 17 février 1896. (3) Une partie de ces résultats ont été communiqués au Congrès de l'Association française pour l'avancement des Sciences, 10 août 1898. Voir YEclairage électrique. 20 août 1898. ( 4^4 ) à un même corps (zinc), dépend du tube employé et de son état; ainsi, par exemple, pour un tube Chabaud le temps de décharge des rayons zinc est treize secondes et les rayons fer, soixante-douze secondes : Ap 3= — — zzz: J,3J. » Dans d'autres expériences cette valeur varie entre AF= 5,45 et 5,90. » Avec un tube Muller bianodique de iocm d'étincelle on a des valeurs comprises entre A,, = 2,10 et 2,16. » Dans le Tableau suivant, à titre d'exemple, on verra les différents coefficients : Temps de décharge Épaisseur en secondes. en — — i^— Corps. millimètres. I. II. Aluminium 1 3o 27,2 Paraffine 12 10,8 9,2 Fer étamé o,5o 68,0 49,4 Zinc o,55 n,5 io,3 Fer 0,60 58 44 Cuivre 0,16 i5 14 Aluminium 0,60 3i 26,2 » 2,00 45 32 Plomb 3,oo 1 1 i3 Verre sur zinc 1 ,20 5i 45 » sur paraffine .. 1,20 47 $7 Zinc o,55 11. 7 io,3 » Les rayons transformés produits par un corps sont de préférence absorbés par ce même corps. Cette absorption élective particulière se ma- nifeste encore si l'on fait l'étude de la décharge sur deux éleclroscopes iden- tiques, mais dont le métal de la cage soit différent : un en zinc et un autre en plomb. Les rayons transformés par le plomb donnent un temps de dé- charge de 5i secondes pour l'électroscope à cage en plomb et seulement de 29% 8 pour l'électroscope à cage en zinc. Ceci est en faveur de l'explica- tion de ces phénomènes secondaires par une transformation des ravons et non pas par une simple diffusion. » Chaque couche d'un corps agit comme transformateur (donnant des ( 4^5 ) rayons transformés) et comme absorbant ; d'un autre côté, la radiation incidente peut se transformer non seulement en une autre radiation de plus grande longueur d'onde, mais aussi en chaleur (Dorn) et autre; il s'ensuit qu'il n'y a aucune relation simple entre l'énergie vibratoire absorbée et celle transformée. « Mais il existe une relation entre l'émission des radiations produites par un corps et l'absorption du même corps pour les radiations qu'il émet. » On peut trouver dans des cas particuliers, et surtout pour un faisceau déterminé, des corps qui transforment d'autant mieux qu'ils sont plus ab- sorbants ('). » Mais on ne doit pas étendre cette propriété pour tous les corps et pour toutes les radiations (2); car on voit la différence des résultats suivant le tube X et l'état du tube employé. » Pour toutes les raisons indiquées on doit considérer ces phénomènes comme dus à une transformation des rayons X en d'autres rayons de plus grande longueur d'onde; cette transformation se faisant dans l'intérieur du corps jusqu'à une certaine épaisseur (3) limite. » PHYSIOLOGIE. — La méthode graphique dans l'étude des voyelles. Note de M. Marage, présentée par M. Marey. « J'ai repris, avec la méthode graphique, les expériences que j'avais entreprises sur les voyelles, en me servant de la photographie des flammes manométriques. J'ai pu constater, ainsi, non seulement l'exactitude des premiers résultats que j'avais obtenus, mais encore cela m'a permis d'ex- pliquer les divergences qui existaient entre certains expérimentateurs. » La méthode des flammes de Rœnig a l'avantage d'être excessivement sensible, très maniable et très exacte; mais elle ne permet pas de pousser aussi loin l'étude des voyelles que la méthode graphique qui, cependant, est moins sensible. (') Sagnac, Sur la transformation des rayons par les différents corps simples (Société française de Physique: séance du 6 janvier 1899). (2) Malagoli et Bonacini, Sur la diffusion des rayons A' ({'Eclairage électrique, 1 4 janvier 1899). (3) Extrait d'un Mémoire publié dans le Bulletin des Sciences physiques de Buca- rest, janvier 1899. ( /|26 ) » Je vais citer quelques-uns des résultats que j'ai obtenus; tous les tracés ont été agrandis par la Photographie : » i° Quand on veut étudier les tracés, il faut distinguer les voyelles parlées et les voyelles chantées : les premières ont seules un tracé carac- téristique; chez les secondes, le tracé se confond le plus souvent avec la note laryngienne. » 2° Chaque voyelle a un tracé spécial, et, de même que j'avais établi la distinction entre voyelles à une flamme : I, U, OU; a deux flammes : É, 5 EU U 0 6 OU E Tracés des voyelles (les causes d'erreur étant supprimées) Grossissement : 5 diamètres. EU, O; à trois flammes : A , on peut distinguer les tracés à une, deux ou trois périodes. » On voit immédiatement que la méthode graphique a une supériorité, puisqu'elle permet de différencier entre elles les flammes du même groupe. » 3° Si les expérimentateurs trouvent des résultats non concordants, cela tient aux causes d'erreur que présentent leurs méthodes. » Les appareils généralement employés se composent d'une embou- chure, d'uu tube, d'une membrane, d'un levier, d'un ressort; je vais exa- miner l'influence de chacune de ces parties sur le tracé. » a. Embouchure. — Les embouchures modifient tous les groupements. Elles servent plus ou moins de résonateurs. ( 427 ) « b. Tube. — Le tube peut être considéré comme un véritable tuyau sonore; la hauteur et le timbre du son se trouvent complètement changés. » c. Membrane. — Une membrane en caoutchouc, ou en baudruche caoutchoutée, très mince et non tendue, transmet absolument toutes les vibrations, sans introduire ni supprimer aucun harmonique. (Expériences de M. Cauro.) » d. Levier. — Si le levier n'est pas infiniment court et infiniment léger ; si, de plus, on n'a pas soin d'amortir les vibrations, il vibre pour son propre compte : c'est lui qui donne les grandes oscillations, et la note est représentée par la somme des vibrations partielles : ceci confirme l'opinion de M. Marey qui avait toujours dit que, dans le cas de vibrations très nom- breuses, il fallait chercher à obtenir des tracés microscopiques. » e. Ressort. — Le levier doit suivre tous les mouvements de la mem- brane; ce résultat est obtenu, soit au moyen d'articulations qui diminuent beaucoup la sensibilité, soit au moyen d'un léger ressort ( Schneebeli). » Pour faire mes expériences, j'ai remplacé le ressort métallique par un ressort à air à pression constante (icm d'eau). » Conséquences. — i° Un phonographe n'est qu'un appareil enregis- treur réversible; il parle mal parce que le cylindre est mal impressionné; il faut supprimer l'embouchure, le tube, et remplacer la lame de verre par une autre qui ne donne pas de son propre ; on obtient, alors, non seulement un son beaucoup plus pur, mais encore un tracé beaucoup plus simple. » 2° Les expérimentateurs ne trouveront des résultats comparables qu'autant qu'ils se placeront dans les mêmes conditions : c'est pourquoi il est très désirable que la proposition de M. Marey, d'uniformiser les instru- ments de recherches, ait tout le succès qu'elle mérite. » CHIMIE MINÉRALE. — Sur le sulfure de strontium phosphorescent, pré- paré au moyen du carbonate de strontium et de la vapeur de soufre. Note de M. J.-R. Mourelo ('). « M. Sidot a appliqué, à la reproduction artificielle de la wurtzite, un procédé qui consistait à soumettre l'oxyde de zinc, chauffé au rouge cerise, à l'action de la vapeur de soufre. Le sulfure de zinc obtenu était très bien (') Travail fait au laboratoire de Chimie de l'École centrale des Arts et Métiers, à Madrid. ( 428 ) cristallisé; il ne formait qu'une masse cristalline, quand la température n'avait pas été assez élevée {Comptes rendus, t. LXII, p. 999; 1866). Pour appliquer ce procédé aux sulfures phosphorescents de baryum, calcium et strontium, j'ai effectué une série d'expériences, dont les résultats, en ce qui touche le sulfure de strontium, font l'objet de cette Note. » L'appareil consiste en un long tube en porcelaine vernie, placé sur une grille à combustion ; on place, dans l'intérieur du tube, deux nacelles en porcelaine, assez dis- tantes. On met dans l'une du soufre en très petits fragments ; dans l'autre, du carbonate de strontium naturel (strontianite), de nuance grisâtre et en poudre grossière; on ferme l'une des extrémités du tube avec un bouchon pourvu d'un long tube de verre; l'autre extrémité, plus proche de la nacelle où est placé le soufre, est en communi- cation avec un appareil producteur d'azote. Tout l'appareil doit être rempli de ce gaz, pur et très sec, avant que le tube en porcelaine commence à être chauffé; le courant d'azote doit être très lent. » On commence par chauffer la partie du tube la plus voisine de la nacelle qui con- tient le carbonate de strontium; lorsque la température arrive au rouge vif, on fait en sorte que le tube soit partout également chauffé. Dans ces conditions, la vapeur de soufre est entraînée lentement par le courant d'azote et réagit très régulièrement sur le carbonate de strontium. » Les résultats obtenus varient beaucoup selon la nature des produits employés, la température à laquelle l'opération a été faite et le temps qu'on y a employé. » Pas une fois, dans les nombreuses expériences effectuées, on n'obtint le sulfure de strontium cristallisé; sa structure était grenue, sans indice même de forme cristalline; lorsque le carbonate était en fragments gros comme des pois, le produit, de nuance grisâtre claire, avait l'apparence scoriforme. » Lorsque le carbonate de strontium est pur, exempt d'alcalis et de cal- cite, le sulfure de strontium obtenu est blanc et n'est pas phosphorescent. Les meilleurs résultats sont ceux que donne la strontianite naturelle, en poudre gris foncé. La stromnite, le calstronbaryte, l'emmonsite et la calcite, avec 20 pour 100 de carbonate de strontium, peuvent également être employées, mais la phosphorescence du sulfure obtenu est alors moins vive. >> La strontianite employée dans mes expériences présentait à peu près la composi- tion suivante : [carbonate de strontium, 96,12; carbonate de calcium, 2,o3; oxydes de fer et de manganèse, traces; eau, 0,18. Je me permets d'appeler l'attention sur la présence de l'oxyde de manganèse, bien qu'il ne s'y trouve qu'en quantités non déter- tninables, parce que c'est une des substances les plus actives, en ce qui touche la phosphorescence. ( 429 ) » Pour 5sr de strontianite, j'ai employé au moins autant de soufre ■ le sulfure de strontium obtenu contenait un peu de sulfate et de sulfure de calcium; il donnait, en outre, les réactions du fer et du manganèse. » La température à laquelle se fait la réaction a quelque influence sur le pouvoir phosphorescent du produit : c'est la température du rouge vif qui donne le meilleur résultat; au blanc, on obtient un sulfure qui n'est pas phosphorescent. » Si la température n'arrive qu'au rouge cerise ou sombre, le sulfure n'est pas phosphorescent, mais il peut acquérir cette propriété quand on le chauffe, dans un creuset, au rouge vif, pendant deux heures; il change alors de structure et il s'amon- celle, en prenant une apparence scoriforme. » La série d'expériences effectuées pour étudier l'influence de la température a démontré que le sulfure de strontium n'acquiert la propriété phosphorescente que lorsque la vapeur de soufre agit à une température déterminée sur la strontianite; si ce point, que j'appellerai critique, est dépassé, on obtient un sulfure qui n'est ni phos- phorescent, ni capable de le devenir quand on le chauffe de nouveau après sa formation. » Quant à la durée que doit avoir l'action de la vapeur de soufre, elle est, en quelque sorte, réglée par le courant d'azote. Ce courant doit être assez lent pour qu'on puisse compter les bulles : s'il est trop rapide, une grande partie du soufre est entraînée et va se condenser dans le tube de verre à l'extrémité de l'appareil. Au commencement, quand le carbonate de strontium est seul chauffé, l'acide carbonique, en se dégageant, laisse la masse dans un état permettant la pénétration de la vapeur de soufre, qui doit y être en excès. Quand l'action de la chaleur s'étend au tube dans son entier, il faut entretenir la température au rouge vif, pendant deux heures, pour que l'opération puisse être considérée comme terminée. » A la fin de l'opération, la nacelle qui contenait le soufre doit être vide et sans aucun résidu. Si le courant d'azote est entretenu pendant le refroidissement du tube, on trouve dans l'autre nacelle un sulfure de strontium qui n'est pas immédiatement phosphorescent, mais qui peut le devenir quand on le laisse à l'air pendant une demi-heure ; il suffit de l'exposer ensuite à la lumière diffuse une vingtaine de secondes, pour qu'il émette dans l'obscurité une lumière intense, de la nuance vert jaunâtre qui est propre à tous les sulfures de strontium que j'ai préparés. » La luminescence, provoquée de la sorte, se prolonge pendant au inoins douze heures. Dans les sulfures que j'ai obtenus, la propriété de devenir phosphorescents ne paraît pas s'amoindrir avec le temps. » chimie organique. — Combinaisons obtenues avec les aldéhydes grasses et le sulfate mercurique. INole de M. G. Dexigès. « J'ai précédemment (1) indiqué les aldéhydes de la série grasse parmi les substances susceptibles de fournir des combinaisons d'addition avec le (') Sur les fonctions organiques pouvant se combiner au sulfate mercurique {Comptes rendus, t. CXXVI, p. 1868; 1898). C. !;., 1899, 1" Semestre. (T. CXXVIII, N" '.' >'-> ( K»3b ) sulfate thêrcuriqiie. Je décrirai aujourd'hui les résultats obtenus avec l'éthahal et le méllianal. » Etlianal. — Cette aldéhyde peut fournir, rapidement à chaud, lentement à la tem- pérature ordinaire, lorsqu'on la traite par le sulfate de mercure, une combinaison blanche, cristalline, à peu près insoluble dans l'ôàu froide, un peu soluble à l'ébulli- tion. Elle est détruite par l'acide chlorhydrique, qui la dissout en régénérant l'aldéhvde 0 - Cil2 dans les alcalis, l'éthoxvléthane-pvrocatéchine CH1 i rJ \0 — CH - OC2 H5 et que l'hydrolyse de ce dernier composé donnait naissance à l'orthoxv- phi'noxylaldéhyde CJll,y . \ . La présente Communica- tion a pour objet de montrer que ces deux réactions sont susceptibles de généralisation. /O-CH2 -GO -CH3( i . . » L orthoxy-phénoxy-acétone C6 H . ___ . . prend J l - \OH (2) naissance quand on chauffe au baiu-marie bouillautl'acétone monochlorée avec de la pyrocaléchine monosodée. » Ce corps se présente sous la forme de longues et fines aiguilles blanches, légères, brillantes, fusibles à 98°-99°. Il est peu soluble dans l'eau froide, beaucoup plus soluble dans l'eau bouillante, soluble dans l'alcool et dans l'éther. Il distille sans décomposition à i69°-i70° sous une pression de 46mm de mercure. Il est à peine et très lentement entrai- nable par la vapeur d'eau. » Le chlorure ferrique ne donne avec l'orthoxy-phénoxy-acétone aucune coloration, ni en solution aqueuse, ni en solution alcoolique. Le corps ne se combine pas au bisulfite de soude; mais il réduit, très lente- ment à froid et immédiatement à chaud, le nitrate d'argent ammoniacal, avec apparition d'un miroir d'argent. (') Ch. Mouruu, Comptes rendus, 6 juin 1898. ( 4^4 ) r.-n ••• roiT-,/0 ~CHJ -CO-CIP(.) » L etner acétique C°H'( ^ ^^ _,,.„ . . ' est un sirop très 1 \0 — CO - GH3 (2) ' épais, qui distille entre 1760 et 1800 (H =?= 19"1'"). /O-CH'-C — CH3 » La phénvlhydrazone C° li'( 11 fonda ii3°. r \OH Ag2HC°Hs /O — CH* - C — CHS » L'oxime CeH'{ 11 cristallise dans un mélange \OH AzOII & de ligroïne et de benzène en petits prismes fondant à j6°-jj°. 1 /OC2 H5 » L'acétal diéthylique Civ{° ~ GH'" " C\OC2Hs ~ CH"' prend J l \OII (S) naissance dans l'action de l'éther orthoformique naissant H — C^(OC2 H5)5 sur l'orlhoxy-phénoxy-acétone; il se forme en même temps du formiatc d'éthyle ; quant à l'éther orthoformique naissant, il est produit par la réaction sur l'alcool absolu du chlorhydrate d'éther imidoformique H - Ct Az HC1 de M. Pinner ( ' ). \OC2H5 » Le produit n'a d'ailleurs pas été isolé à l'état de pureté, n'étant pas distillable sans décomposition; mais j'ai obtenu la méthylélhoxyl-cthane- pvrocatéchine, qu'il engendre, avec perte d'alcool, quand il est soumis à l'influence de la chaleur : /O-CH2 c^00"115 -CH /O-CH2 \OH \0 - Ç-CH3. 1 OC2 H5 Dkthoxyl-orthoxy-phénoxy-acétone. Méthyl-otlioxyl-ùthanc-pyrocalccliinc. » Voici d'ailleurs comment il convient d'opérer : » A la solution d'orthoxy-phénovy-acétone (1 molécule) dans l'alcool absolu (5 par- ties), on ajoute peu à peu le chlorhydrate d'éther imidoformique (imo1, 25). Après dixjours de contact, pendant lesquels on a eu soin d'agiter fréquemment, on ajoute 2 volumes d'éther, on sépare par filtration le chlorhydrate d'ammoniaque, et l'on verse la liqueur dans un excès d'eau; la couche éthérée est lavée à l'eau, séchée sur le chlorure de calcium et distillée. On recueille, entre i3o0 et i't">° (II = i8"lm), une huile qui se (') M. Glaisen a montré récemment que l'éther orthoformique naissant réagissait sur les acétones en donnant les acétals [ — C(OC,H5)' — ] correspondants ( lic- richte, 1898). ( 435 ) solidifie en partie par le refroidissement et qui est constituée par un mélange d'acé- tone restée intacte et de méthyl-éthoxyl-éthane-pyrocatéchine. Ce produit huileux est soumis à l'action de la vapeur d'eau; la substance entraînée, mise en solution dans l'éther, est lavée à la soude étendue, séchée sur le chlorure de calcium et dis- tillée. » La méthyl-éthoxyléthane-pyrocatéchine distille à i240-i250(H = i5mm). C'est une huile incolore, inodore, neutre, insoluble dans les alcalis, ayant pour densité, à o°, 1,1271; elle est entraînable par la vapeur d'eau. » Si l'on chauffe ce corps à reflux, pendant vingt-quatre heures avec de l'acide sulfurique dilué, l'huile disparaît et est remplacée, après refroidis- sement, par une belle cristallisation en aiguilles blanches d'orthoxy-phé- noxy-acétone, fusibles à o,80-9p,°. Voici l'équation qui rend compte de celte réaction : /O - CH2 C6H■ 3° Dosage d'azote en volume : Trouvé. Calcule. Az . . . l4™,3 i4", ^ pour un poids de sel correspondant à os'',i>i ■>- d'hydroxylamine libre. » En résumé, la réaction (2) n'est qu'une phase intermédiaire de l'action du bioxvde d'azote sur l'hydrogène. » Je signalerai qu'avant d'employer la mousse de platine j'avais essayé la réaction de ces deux gaz dans l'appareil à effluves de M. Berthelot; mais ( 437 ) je n'ai obtenu que de très petites quantités d'un sel qui m'a cependant donné la réaction de l'hydroxylamine sur le sulfate de cuivre, c'est-à-dire la précipitation de l'oxyde cuivreux, la quantité de produit étant trop faible pour une plus grande identification. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la pureté du triméthylène préparé par l'action de la poudre de zinc et de l'alcool sur le bromure de triméthylène. Note de M. G. Gcsïavsox, présentée par M. Friedel. « MM. À. Wolkoff et B. Menchoutkine affirment, dans leur dernier travail ('), que le triméthylène préparé par ma méthode contient de i3 à 'ig, 5 pour ioo depropylène ordinaire, ces chiffres étant déduits des quan- tités de bromure de propylène trouvées dans le brome après le passage des aaz. » Or j'ai trouvé que le triméthylène privé de propylène par l'action du brome donne toujours, avec le brome, des quantités bien appréciables de bromure de propylène, la réaction étant accomplie dans les deux phases : CH" CH2 i X)CH24-Br- = HBr+ | CHBr; CH2 CH.*' CH2 | )CHBr + HBr = CH3,CHBr.CH2Br. CH2/ » Il résulte de là que, en trouvant le bromure de propylène dans le brome qui était traversé par le triméthylène, on ne peut pas conclure, partant de ce fait, à la présence de propylène dans le triméthylène, ce dernier donnant toujours, à côté du bromure de triméthylène, le bromure de propylène. » Pour trancher la question, j'ai tâché de préparer le bromure de triméthylène exempt de bromure de propylène qui reste toujours en traces dans le premier, malgré les distillations répétées. Je me suis proposé d'examiner l'action du permanganate de potasse sur le triméthylène obtenu par ma méthode, mais en partant du bromure de triméthylène pur. Ayant pris en considération que le bromure depropylène se décom- pose bien plus facilement, par l'action de la poudre de zinc et de l'alcool, que le bro- mure de triméthylène, j'ai appliqué une sorte de méthode de décomposition frac- (') Journal de Soc. cliim. russe, t. XXX, p. 55g. Berichte d. Deutschen Cheni. Ges., t. XXXI, p. 3o67. C. R., 1899, 1" Semestre. (T. CXXV1II. N° 7.) 07 ( 438 ) tionnée pour purifier le bromure de triméthylène. Avant dissous, dans l'alcool à 0,5 pour ioo, i2oSr de bromure de triméthylène bouillant à i64°,5-i65°, j'ai additionné cette dissolution de 20Sr de poudre de zinc seulement, et, ayant fait dégager 4"' de gaz, j'ai séparé, à l'aide de l'eau, le bromure de triméthylène qui était resté dans la fiole en dissolution alcoolique. Ce bromure bout à i65°{ à la pression de 755mm. 0° 1*7° 5 Densité= 2,017 à — ; ">9^7 " ô ' Étant décomposé par la poudre de zinc et l'alcool, le bromure a donné du triméthylène qui, restant plusieurs jours en contact avec une solution de permanganate de potasse très diluée, n'a pas réduit ce dernier. J'ai observé seulement que la coloration violette du permanganate a pris une teinte légèrement rouge. Je crois qu'on peut conclure de ces faits qu'il ne se forme pas de propylène par l'action de la poudre de zinc et de l'alcool sur le bromure de trimé- thylène. » Si l'on prépare le triméthylène par ma méthode avec du bromure de triméthylène ordinaire, mais bien fractionné et bouillant à 164", 5- 1 65°, on peut obtenir aussi le gaz presque tout à fait exempt de propylène. Il faut seulement pour cela rejeter les premières portions du gaz contenant de préférence du propylène et ne recueillir que les suivantes; c'est ce qu'on fait du reste toujours pour obtenir des gaz exempts d'air. » CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur la recherche de l'alcool mèthylique dans les liqueurs spiritueuses. Présence de cet alcool dans les eaux-de-vie de marc. Note de M. A. Trillat, présentée par M. A. Gautier. u J'ai indiqué, il y a peu de temps {' ), un procédé permettant de recon- naître la présence de l'alcool mèthylique dans l'alcool éthylique. Il con- siste à condenser les produits d'oxydation de l'alcool avec de la diméthyl- amine et à oxyder la base obtenue. La présence du méthylène se révèle par une coloration bleue intense due à la formation du benzhydrol tétra- méthylé. Je faisais remarquer que des essais étaient en cours dans le but d'appliquer cette méthode à la recherche de l'alcool mèthylique et, par suite, de l'alcool dénaturé, dans les liqueurs et boissons spiritueuses. » Outre le point de vue analytique avant pour objet de reconnaître l'emploi frauduleux de l'alcool dénaturé dans la fabrication des liqueurs, il était intéressant de savoir si certaines liqueurs non composées, telles que le rhum, les cognacs et eaux-de-vie de marc, pouvaient contenir de (') Comptes rendus, juillet 1898. ( 439 ) l'alcool méthylique à l'état naturel. La recherche de l'alcool méthylique à l'état naturel dans les rhums a fait l'objet de plusieurs travaux, les uns négatifs, les autres affirmatifs. D'autre part, Gutreit(') a signalé la présence de l'alcool méthylique dans plusieurs fruits d'ombellifères, et Maquenne, de son côté, a trouvé des quantités notables d'alcool méthylique dans des plantes parentes de la canne à sucre, telles que le maïs (2). » La méthode que j'ai antérieurement décrite, et qui ne s'applique qu'à l'alcool éthylique, a été depuis simplifiée (3). Les spiritueux du commerce peuvent contenir des essences, des éthers et des matières colorantes suscep- tibles d'entraver les réactions de l'analyse. Il était nécessaire d'examiner chaque liqueur au point de vue de la présence de groupes méthvlés pou- vant, par décomposition, régénérer des dérivés du méthane. Dans ce but, j'ai fractionné les liqueurs examinées, et chaque fractionnement a été soumis à des recherches appropriées. J'ai reconnu que certaines d'entre elles fournissaient des réactions colorées qu'il était nécessaire de faire dis- paraître. » Mode opératoire. — 5o,c de la liqueur à essayer sont additionnés de 5occ d'eau et de 8sr de chaux. On fractionne dans un ballon surmonté d'un appareil à boules, et l'on recueille les quinze premiers centimètres cubes. On étend à i5occ et l'on ajoute iSs'de bichromate de potasse et 70e0 d'acide sulfurique au i. On distille après une heure de contact. La condensation du produit avec la dimélhylaniline et l'oxydation de la base qui en résulte sont effectuées comme je l'ai déjà décrit. » L'application de la méthode pour la recherche de l'alcool méthylique dans les boissons spiritueuses ne diffère de celle qui a trait à sa recherche dans l'alcool éthy- lique que par le traitement à la chaux. » Dans le cas d'une liqueur d'absinthe et, en général, des liqueurs qui précipitent par addition d'eau, on en prélève 5orc que l'on additionne d'une égale quantité d'eau et de 2Sr à 3«r de chaux éteinte. On filtre sur du noir animal bien lavé et le liquide limpide et décoloré est soumis à la distillation comme précédemment. » J'ai appliqué cette méthode à un grand nombre de liqueurs très ré- pandues : rhum, arac, kirsch, absinthe, eaux-de-vie de marc et de lies, cognacs, etc. Dans une première série d'essais, je me suis procuré des types authentiques de ces diverses liqueurs, et, comme contrôle, je les ai com- parées avec ces mêmes types additionnés de occ,5 d'alcool méthylique. (') Annalen der Chcmie, t. CLXXVII, p. i\ (1870). (■) Comptes rendus, t. CI, p. 1067 ('885). (3) Bulletin de la Société chimique, t. XIX, p. 984 (1898;. ( 44o ) » Dans une deuxième série, j'ai examiné les liqueurs vendues à bon marché. » Dans le premier ras, je n'ai pas reconnu la présence d'alcool mé- thylique. Dans le deuxième cas, au contraire, j'ai consLalé que plusieurs échantillons, notamment les absinthes, les kirschs et les rhums, contenaient, d'après l'évaluation de l'alcool méthylique trouvé, de 5 à i5 pour 100 d'alcool dénaturé ajouté frauduleusement. » Dans le but d'élucider la question de la présence de l'alcool mé- thylique dans certaines liqueurs non composées, j'ai fait une étude spé- ciale des rhums, eaux-de-vie de marc ou de lies, ainsi que des cognacs. » Des échantillons authentiques de rhums de la Jamaïque et de la Mar- tinique et des cognacs à des degrés plus ou moins variés d'éthérification ont été soumis à un examen attentif et comparés avec des échantillons correspondants, contenant ^d'alcool méthylique. Aucun d'eux n'a permis de conclure à la présence, même de traces, d'alcool méthylique; au con- traire, les échantillons de comparaison donnaient abondamment la colora- tion bleue de l'hydrol. Ces résultats corroborent donc complètement les observations de M. Prinsen Geerligs ( '). » Par contre, j'ai trouvé qu'un certain nombre d'eaux-de-vie de marc authentiques contenaient de l'alcool méthvlique dans une proportion évaluée à o,25 pour ioo environ. » Cette constatation est intéressante et son application permettrait de classer les eaux-de-vie de marc. « Le fait que les eaux-de-vie de marc ne contenaient pas toutes de l'alcool méthylique démontre que celui-ci ne s'y trouve pas nécessairement. Peut-être pourrait-on attribuer sa présence à une distillation défectueuse. Quoi qu'il en soit, je me propose d'en rechercher les causes. » CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. - De la fer rue n talion des saccharides. Note de M. E. Dubourg, présentée par M. Duclaux. « La plupart des levures alcooliques élaborent de la sucrase qu'on re- trouve diffusée dans les divers liquides de culture; mais il en est d'autres qui n'ont aucune action inversive apparente : ensemencées dans une dis- solution de saccharose, elles ne se développent pas et ne provoquent pas de fermentation. (') Bulletin de i Association des chimistes de sucrerie , n" 11; 1898. ( 44i ) » On s'est demandé si la propriété non inversive de ces levures était absolue ou contingente; si ces ferments n'auraient pas simplement un pouvoir diastasique faible ; c'est la solution de ce problème cpie me parais- sent fournir les expériences qui suivent : >> Si l'on ensemence ces levures dans un liquide de culture, très riche en matière azotée (eau de-levure à 2a pour ioo), contenant 5 pour 100 de glucose et 5 pour ioo de saccharose, la fermentation est apparente dès le lendemain, grâce à la présence du premier sucre. Quatrejours après, non seulement tout le glucose a disparu, mais en- core la plus grande partie du saccharose, et le sucre restant est complètement inter- verti. » On peut suivre les étapes successives de l'inversion et l'influence des quantités croissantes de glucose en graduant les proportions de ce dernier sucre. Avec de très faibles quantités de glucose (moins de osr,5 pour ioo) le glucose seul disparait, le sac- charose n'est pas atteint; il fermente, sans inversion apparente, avec des quantités un peu plus grandes, et enfin il se transforme, comme dans l'expérience précédente, lorsque le glucose atteint i,5 à 2 pour ioo. » Ces expériences rappellent celles où M. Bourquelot a fait fermenter du galactose en présence de glucose; mais il ne paraît pas nécessaire de faire intervenir ici l'hypothèse de l'entraînement pour expliquer les faits observés. » On peut en effet mettre en évidence l'inversion du saccharose dans des conditions où cette action d'entraînement ne peut s'exercer. » On fait développer une certaine quantité de ferment dans un liquide riche en matière azotée avec du glucose et avec du saccharose qui devra servir plus tard d'aliment exclusif à la levure. Quand la fermentation paraît terminée, on décante le liquide avec les précautions d'usage, on lave une ou deux fois avec de l'eau stérilisée, et l'on s'assure que les eaux de lavage ne donnent plus ni rotation ni réduction. Puis on verse sur la levure une solution nutritive de saccharose. Après vingt-quatre heures, tout le sucre est interverti, et la fermentation est en pleine activité. « Le même phénomène a pu être observé avec d'autres saccharides ou des hexoses réputés difficilement fermentescibles, comme le galactose. On opère exactement comme ci-dessus, mais on remplace, dans la prépa- ration préalable de la levure, le saccharose par le sucre à examiner. » Tous les sucres étudiés, avec plusieurs espèces de levures, directe- ment inversives ou non, ont fermenté dans ces conditions; seul, le lactose s'est toujours montré résistant. Le galactose, leraffinose, le tréhalose, qui ne fermentent pas, par ensemencement, avec toutes les levures, ont dis- paru plus ou moins complètement, avec formation d'alcool. J'ai obtenu ( 442 ) des résultats analogues avec le mélézitose et le sorbose; mais je me réserve d'y revenir. » Le fait paraît donc général pour les levures et pourrait sans doute s'expliquer, comme on l'a déjà dit, par l'influence des alimentations azotée et hydrocarbonée. Cette forme de nutrition des ferments exalterait la sécrétion desdiaslases peu abondantes dans les conditions ordinaires. Avec ces levures particulièrement peu actives, il faut, en outre, une assez grande quantité de ferment. » Avec le Mucor alternans, l'expérience fournit des résultats très diffé- rents. On ne réussit à faire disparaître, en culture massive, que les sucres qui fermentent par ensemencement; ce sont, par ordre de résistance : le tréhalose, le glucose, le maltose, le lévulose, le galactose. Le lactose, le raffinose et le saccharose ne fermentent pas. Le fait est connu depuis long- temps pour ce dernier saccharide. » Il est intéressant de remarquer que les deux seuls saccharides ( tréhalose et maltose) qui sont atteints par la moisissure donnent naissance, par hydrolyse, exclusivement à du glucose. Cette remarque s'applique éga- lement à l'amidon qui, seul des hydrates de carbone de son groupe, fer- mente aussi avec la Mucorinée. ». PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur un mode d'action du Bacillus subtilis dans les phénomènes de de'nitrijlcalion ('). Note de M"e A. Fichtenhoi/z, pré- sentée par M. \j. Guignant. « En cherchant à se placer clans les conditions que réalisent les sols arables, les auteurs qui ont étudié la dénitrification par les bactéries ont utilisé des milieux nutritifs contenant à la fois de l'azote nitrique et de l'azote albuminoïde. J'ai réussi à cultiver, dans un milieu de composition connue et ne renfermant l'azote qu'à l'état d'azote nitrique, une bactérie très répandue et facile à isoler en culture pure, le Bacillus subtilis (Ehreiïb.) Cohn. » Dans ces conditions, la bactérie donne lieu à une production d'ammo- niaque. (') Travail fait au laboratoire de Botanique de l'École de Pharmacie, sous la direc- tion de M. Radais. ( 443 ) Le milieu artificiel employé est le suivant : f Nitrate de potasse cristallisé 5 Phosphate de potasse i ,25 Sulfate de magnésie cristallisé o,oi25 Chlorure de calcium o,oi25 Glucose 1 2 , 5o Eau 1000,00 Soude Quantité suffisante pour légère réaction alcaline. » A la température de 38°-3o,° et avec une aération abondante, le B. subtilis se dé- veloppe dans ce milieu avec ses caractères morphologiques normaux. Peu de temps après la formation du voile zoogléique, l'ammoniaque apparaît dans le liquide de fer- mentation. Les Tableaux qui suivent expriment numériquement la marche du phéno- mène, au moins dans les limites de temps où l'on a pu faire l'observation. Chaque série de dosages a été effectuée aux dépens d'une même fermentation. Les ballons de culture étaient disposés de telle sorte qu'on put faire, avec asepsie, les prélèvements destinés à l'analyse. Tableau I. — Ballon n" 1, ensemencé le io janvier 1899 à 8h du soir. Dates des prélèvements: i'( janvier, 8h matin. uh. 2h. 5'*. s1' soir. Réaction de la liqueur Neutre. Apeineaicaiine. Alcaline. Alcaline. Alcaline. Poids d'ammoniaque pour ioocc de liqueur 0,0120 o,oi34 0,0148 o,oi56 0,0161 Gain d'ammoniaque par pé- riode de 3 heures » 0,0014 0,001.4 0,0008 o,ooo5 Tableau II. — Ballon n° 2, ensemencé le 10 janvier 1899 à 8'1 du soir. Dates des prélèvements : 2^ janvier, Sh matin. iih. iK. 5h. 8h soir. Réaction de la liqueur Alcaline. Alcaline. Alcaline. Alcaline. Alcaline. Poids d'ammoniaque pour 100" de liqueur - 0,0370 0.0266 0,0224 0,0196 0,0168 Diminution d'ammoniaque par période de 3 heures.. . » o,oio4 0,0042 0,0028 0,0028 Tableau III. — Ballon n° 3, ensemencé le 10 janvier 1899 à 8h du matin. Dates des prélèvements : 17 janvier, » 18 janvier, » ia|aiivier, » 2ojanvier, 8h matin. 8h soir. 8h matin. 8h soir. 8h malin. 8h soir. 8h matin. iaction de la liqueur. . Neutre. Alcaline. Alcaline. Alcaline. Alcaline. Alcaline. Alcaline. >ids d'ammoniaque, pour ioocc de liqueur. 0,01:309 0,01797 0,02372 0,03090 o,o3564 o,o3564 0,03370 i i44 ) Dates des prélèvements : 17 janvier, » 18 janvier, » 19 janvier, » 20 janvier, 8h matin. oir. 8'1 matin. 8h soir. 8* matin. 8h soir. Sh matin. Gain d'ammoniaque par période de 1 2 heures. 0,00288 o, oo.Wi 0,00718 o,oo47'i » » Diminution d'ammonia- que par période de i 2 heures » » » » » 0,0 0,0019/1 Tableai; IV. — Ballon n" k, ensemencé le 5 janvier 1899 à il1' du malin. Dates des prélèvements : io janvier, n janvier, 12 janvier, i3 janvier, 14 janvier, i5 janvier, 16 janvier, [ih matin. nh. iih. nh. nh. rib. 1 ih. Réaction de la liqueur.. \cide. \cide. a peine acide. Neutre. Alcaline. Alcaline. Alcaline. Poids d'ammoniaque, pour ioocc de liqueur. 0,0 o,oo5i4 0,01 i5a 0,02680 o,o4320 0,03900 0,03900 Gain d'ammoniaque par période de 24 heures. o,oo5t4 o,oo638 0,01028 o,oi6/lo » Diminution d'ammonia- que par période de heures » » » » » o,oo4a 0,00 » Les expériences qui précèdent conduisent aux conclusions suivantes : » i. En présence de l'air et à une température de 380-3g°, le Uacillus subtilis peut se développer dans un milieu nutritif artificiel où l'azote n'existe qu'à l'état d'azote nitrique; » 2. Dans ces conditions, on obtient une fermentation ammoniacale; » 3. La quantité d'ammoniaque formée varie avec les différentes phases de la fermentation. Dans l'ensemble, la production, nulle dans les pre- mières heures, s'accroît et passe par un maximum pour décroître ensuite. » Si l'on considère seulement la période ascensionnelle de formation d'ammoniaque. cm peut, des Tableaux I, III et IV, déduire le Tableau suivant : Poids moyen du gain d'ammoniaque Prélèvements par 100" de liqueur faits et pour une période de fermentation de : par périodes ~ — -^ - __—— »■— égales de : 3 heures. 12 heures. •] heures 3 heures 0,00102 » » 12 heures 0,00128 o,oo5i4 » 24 heures 0,001 35 o,oo54o 0,01080 » Ce Tableau montre l'influence retardatrice exercée par la fréquence des prélève- ments. Il est à présumer que la dislocation du voile est la principale cause du retard. ( 445 ) )> Quelle est l'origine de l'ammoniaque ainsi formée? Frankland ('), qui en a obtenu la production dans l'action du B, subtilis sur un milieu nitrate additionné de peptone, conclut à la formation de l'ammoniaque aux dépens de ce dernier corps. Cetle origine faisant défaut dans mes expé- riences, il y a lieu de penser qu'il s'agit d'une réduction du nitrate. » Les traces d'azote albuminoïde qui pourraient exister comme impu- retés dans la liqueur ne suffiraient pas à expliquer une quantité d'ammo- niaque assez considérable pour dépasser, dans certains cas, en poids d'azote, la moitié de celui du nitrate mis en expérience. » Comment le nitrate est-il consommé ? C'est une question sur laquelle je reviendrai ultérieurement. Mais on peut, dès à présent, remarquer que, dans un sol aéré et dans les conditions de température élevée qui se trouvent si fréquemment réalisées par les fermentations des fumiers, l'azote ni- trique peut, sous l'action du Bacillus subtilis, passer à l'état d'azote ammo- niacal. » PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Le parasitisme des levures, dans ses rapports avec la brûlure du Sorgho. Note de M. Si ai» vis, présentée par M. Gui- gnard. « Les tissus des divers organes du Sorgho sucré peuvent, dans certaines conditions qui ne paraissent pas encore parfaitement connues, devenir le siège d'une production intense d'un pigment rouge qui les imprègne. Les cellules meurent et deviennent friables : c'est la maladie du Sorgho brûlé (Sorghum blight, Hirsebrand). » Cette maladie est signalée d'abord en Italie par Palmeri et Cornes (J), qui en attribuent la cause au développement de Saccharomycètes et de Bactéries. Plus tard, en Amérique, Burril (1887) étudie de nouveau la brûlure et, après avoir isolé des tissus malades une bactérie sporifère, tente, avec peu de succès d'ailleurs, des expé- riences d'infection sur plantes saines. Kellermann et Swingle (3) obtiennent des résultats plus probants et concluent au parasitisme du Bacillus Sorghi Burril. Enfin, (') The action of soute spécifie microorganisms on nitric acid (Jourii. 0/ client. Society, t. LUI, p. 3-3; 1888). (2) A/otizie preliminari sopra alcuni fenomeni di fermentazione dcl Sorgo sac- carino vivente (Accad. d. Sc.Jîs. e mat. di Napoli, fasc. 12; i883). (J) Report 0/ Bot. Départ, of the Kansas Stat. agricult. Coll.: 1888. C. R., 1899, >" Semestre. (T. CXXVIII, V 7.) 58 ( 446 ) récemment, F.-F. Bruyning (') contredit les affirmations des auteurs précédents et place la maladie du Sorgho, sans preuves d'infection à l'appui, sous la dépendance exclusive de deux nouvelles bactéries chromogènes qu'il isole des tissus malades. » La présente Note est l'exposé succinct d'expériences propres à dé- montrer que les phénomènes de brûlure du Sorgho peuvent avoir pour cause le développement parasitaire de levures dans les tissus de la plante. » Des tiges de Sorgho brûlé, provenant d'Algérie (2), ont servi de point de départ pour ces recherches. Par l'examen microscopique direct, on met en évidence, dans les cellules et dans les méats intercellulaires de la tige, une petite levure ovoïde, bour- geonnante, de 1^,5 sur 2^,5 en moyenne. Cette levure a pu être isolée à l'état pur. Les premières cultures ont été obtenues en ensemençant, dans du bouillon de bœuf glucose, le suc rouge et les fragments de cellules prélevés purement, au centre d'une section fraîche de tige, pratiquée avec un scalpel flambé. De multiples isolements ultérieurs, au moyen des boîtes de Pétri au bouillon sucré gélatinisé, ont donné, à l'exclusion de tout autre organisme, des colonies blanches formées par une levure morphologiquement identique à celle qui avait été observée dans le Sorgho malade. « Cette levure se cultive bien dans les milieux sucrés (glucose ou saccharose). En- semencée dans le moût de raisin, elle se montre ferment alcoolique faible, le pouvoir ferment s'accroissant d'ailleurs légèrement par une série de réensemencements sur le même milieu. Cultivée en surface sur carotte, sur pomme de terre, sur divers milieux sucrés solidifiés par la gélatine ou la gélose, la levure croît lentement en colonies blanches, crémeuses. Mes essais pour obtenir des ascospores ayant été infructueux, je ne puis, quant à présent, ranger celte levure parmi les Saccharomyces vrais. » Cet organisme peut-il se développer dans les tissus du Sorgho sain et y provoquer l'apparition des symptômes de la brûlure? Les expériences sui- vantes prouvent qu'il en est ainsi, au moins pour la lige de la plante. » Des plants de Sorgho sucré, provenant de semis de graines et cultivés en serre chaude, ont été inoculés avec des cultures pures de la levure isolée du Sorgho d'Al- gérie atteint de brûlure. Toutes les précautions d'asepsie ont été prises pour éviter l'introduction de microbes étrangers dans la plaie. Dans tous les cas, la levure s'est développée et multipliée dans les méats et à l'intérieur des cellules non blessées par l'aiguille à injection jusqu'à une distance de iomm à i5mm au-dessus et au-dessous du point d'inoculation. L'aspect microscopique est celui qu'on observe dans les tissus des Sorghos spontanément infectés; de même aussi, la lésion est rendue visible par la coloration rouge du parenchyme et des faisceaux libéroligneux. Ces derniers drainent (') La brûlure du Sorgho, etc., et les bactéries qui la provoquent (Arc/i. .Xcer- land., 4e et 5e livr., p. 297-330; 1898). (2) Ces tiges ont été envoyées au laboratoire de Botanique de l'Ecole de Pharmacie par M. le professeur Trabut. M. le professeur Guignard a eu l'obligeance de m'en confier l'examen. ( 447 ) la matière colorante dans toute la longueur de l'entrenœud, bien au delà de la région infectée, de sorte que l'apparition du pigment en un point du tissu n'est pas un signe certain de la présence du parasite en ce point. Les faisceaux et le parenchyme coloré qui les entoure immédiatement sont, à la périphérie de la tige, visibles par transpa- rence à l'intérieur et figurent les longues traînées rouges superficielles que l'on observe dans la brûlure spontanée du Sorgho. » Dans ces expériences, des isolements du parasite aux dépens de la moelle attaquée ont montré, pour contrôle, que la levure parasite était celle dont les cultures avaient servi de point de départ. » Il est probable que la réserve sucrée des cellules du Sorgho con- stitue l'aliment principal du parasite. Malheureusement, le volume res- treint et surtout difficile à délimiter des portions de tissu infecté n'a pas permis d'apprécier, à ce point de vue, les changements apportés par le parasitisme dans la composition chimique de la plante. » D'autres levures peuvent-elles produire chez le Sorgho de semblables phénomènes de parasitisme? Les expériences suivantes répondent par l'affirmative. » Des inoculations dans la tige de Sorghos sains ont été faites aseptiquement, au moyen de cultures pures d'une levure de vin [levure ronde de Champagne (Bouzy)]. Le parasitisme s'est affirmé dans les mêmes conditions que précédemment, la levure se développant dans les méats et dans les cellules de la moelle de la tige avec produc- tion concomitante du pigment rouge caractéristique, drainé par les faisceaux dans tout l'entrenœud. » Il est d'observation courante qu'un traumatisme, exercé sur les tissus du Sorgho, développe autour du point lésé une coloration rouge. Il im- portait de préciser, dans les expériences précédentes, le rôle de la lésion locale provoquée par l'aiguille à inoculation. » Des piqûres aseptiques dans la moelle de là tige de Sorghos sains ont été prati- quées dans des conditions identiques à celles des essais d'inoculation. Le liquide d'en- semencement seul faisait défaut. Le pigment apparaît dans les cellules blessées; mais il est peu abondant et rigoureusement localisé à la blessure. La quantité de matière colorante ainsi produite ne peut être drainée par les faisceaux et se propager au delà du point précis de la lésion. L'expérience montre toutefois que la propriété chromogène appartient aux cellules blessées du Sorgho et non au parasite. » Des faits précédents on peut conclure : « i° Que des levures peuvent se développer dans les cellules vivantes du Sorgho; » 2° Que le parasitisme de ces levures peut provoquer une coloration rouge intense des tissus de la plante. Celle coloration est la même que ( 448 ) celle qu'on observe dans la maladie du Sorgho dite de la brûlure. La pro- duction pigmentaire appartient à la cellule lésée et le parasite n'y prend part que par la lésion même qu'il produit. » Ces résultats confirment l'ancienne hypothèse de Palmeri et Cornes qui, observant des phénomènes de fermentation du jus rouge de la moelle des Sorghos brûlés, en avaient conclu à l'action parasitaire de Saccharomy- cètes, sans en donner la preuve expérimentale. » Les mêmes faits ne sont pas d'ailleurs en contradiction avec les expé- riences de Burrill, Kellermann et Swingle. On comprend en effet que, la coloration rouge étant le résultat d'une fonction chromogène propre aux cellules lésées de la plante, divers parasites, levures ou bactéries, puissent, en se développant dans les tissus, y provoquer, par une lésion continue, une quantité notable de pigment. » Par contre, il faut faire toutes réserves au sujet des conclusions de Bruyning qui, attribuant aux bactéries elles-mêmes la fonction chromo- çène, refuse à tout microrganisme dépourvu de cette fonction, en dehors de la plante attaquée, le pouA'oir de provoquer les phénomènes de brûlure du Sorgho. » MINÉRALOGIE. — Explication des mac/es obtenues par action mécanù/ue. Note de M. Fkéd. Wallerant, présentée par M. Fouqué. « M. Liebisch a proposé une théorie des macles obtenues par action mé- canique; il admet que, dans cette déformation, chaque point du cristal éprouve une translation proportionnelle à sa distance à un plan, le plan de glissement, et parallèle à une droite fixe de ce plan. En réalité, cette façon de concevoir le phénomène ne s'applique qu'aux déformations de corps isotropes ou des figures géométriques, telles que le réseau d'un corps cristallisé; elle ne permet nullement d'expliquer comment il se fait que la particule complexe se trouve, après la transformation, dans une position symétrique par rapport au plan de glissement de celle qu'elle occupait primitivement. Aussi admet-on généralement que le réseau éprouve la déformation indiquée par M. Lielwsch et que la particule com- plexe tourne de 1800 autour d'un axe perpendiculaire au plan de glisse- ment. Mais, outre qu'il est surprenant que les particules complexes, étant à 1800 de leur position d'équilibre, ne se trouvent pas, par cela même, en dehors des limites de stabilité, il ne faut [tas oublier que celte rotation ne ( 449 ) les amène clans une position symétrique, par rapport au plan de glissement, que si elles possèdent un centre; or, dans la pvrargyrite, on observe des macles produites par action mécanique, quoique sa particule complexe ne possède pas de centre. L'explication proposée, en admettant qu'elle fût exacte dans certains cas, ne serait donc pas générale. » Au contraire, des considérations que j'ai exposées dans une Note pré- cédente sur l'origine des macles se déduit une explication très simple des macles obtenues par action mécanique. » Considérons, en effet, un plan réticulaire du réseau dont les nœuds coïncident avec les centres de gravité des particules complexes, et soient OA une rangée conjuguée de ce plan, OA' la droite symétrique de OA par rapport à la normale au plan. Faisons subir au réseau la déformation in- diquée par M, Liebisch, le plan réticulaire étant le plan de glissement et de telle sorte que OA vienne coïncider avec OA'. Deux cas peuvent se présenter : dans le premier, le plan réticulaire est un plan de symétrie du réseau qui se retrouve en coïncidence avec lui-même; dans le second, le plan réticulaire est un plan quelconque, et, après la déformation, le réseau occupe une position symétrique par rapport au plan de sa position primitive. Or, si, dans la déformation, les particules complexes, possédant un plan-symétrie parallèle au plan réticulaire, éprouvent une simple trans- lation égale et parallèle à celle de leur centre de gravité, dans le premier cas, le réseau et les particules auront même orientation après la déformation qu'avant celle-ci, et il en sera de même du corps cristallisé. C'est le cas observé par M. .Mùgge dans le gypse, où l'on peut déterminer des glisse- ments parallèles à g* avec translation parallèle, soit à l'axe vertical, soit à une droite perpendiculaire, sans modifier l'orientation du cristal. » Dans le second cas, au contraire, après la déformation, le réseau et les particules possèdent une orientation symétrique par rapport au plan de glissement de leur orientation primitive; il en est, par suite, de même du cristal. Dans ce dernier cas, il n'est pas nécessaire que la particule possède réellement un plan de symétrie : il suffit qu'elle possède un plan de symétrie limite. Alors, en effet, elle possède des éléments de symétrie limites, symé- triques par rapport à ce plan de ceux qu'elle possède réellement. Après la translation, ce sont les éléments de symétrie limites qui coïncident avec les éléments de symétrie du réseau; les particules fondamentales consti- tuant la particule complexe ne se trouvent donc pas dans une position d'équilibre, mais elles s'en trouvent très près; il se pourra que l'écart entre leur position et la position d'équilibre soit inférieur à celui permis par la ( 45o ) stabilité d'équilibre; dans ce cas, elles viendront d'elles-mêmes occuper cette position d'équilibre et le nouvel édifice sera symétrique du premier par rapport au plan réticulaire commun. » En général, on ne peut reconnaître l'existence de plan de symétrie réel ou limite de la particule déficiente au réseau, et, par suite, prévoir la possibilité de macler mécaniquement le cristal. L'existence du plan-limite de la particule est cependant mise en évidence, lorsque ce plan-limite existe également dans le réseau, et, par suite, dans le cristal. C'est ainsi que lesfeldspaths se maclent mécaniquement par rapport au plan g* qui est un plan de symétrie limite, les chlorure et bromure de baryum hydratés, par rapport aux plans p et h{ qui sont deux plans-limites, etc. Il est un autre cas, où l'on peut prévoir le plan-limite : lorsque le plan de symétrie existe dans le réseau sans exister dans la particule, mais qu'il y apparaît lorsque l'on chauffe le cristal. Guidé par ces considérations théoriques, j'ai pu constater la possibilité de macler mécaniquement la leucite et la bora- cite. Il suffit de promener la pointe d'une aiguille sur une lame de cette dernière substance taillée parallèlement à la face d'un tétraèdre pour faire naître des lamelles hémitropes que l'on fait disparaître avec la même faci- lité et, certainement, la plupart des lamelles hémitropes observées dans une lame de boracite sont produites pendant la taille. M. G. Friedel a, de même, montré que le chloro-aluminate de calcium se macle avec la plus grande facilité et qu'il en résulte des cristaux orientés à 1 200. Or la particule de ce corps possède, à la température de 36°, trois plans de symétrie à 1200; par refroidissement, un seul subsiste réellement, les deux autres devenant des plans-limites; mais par la déformation, c'est tantôt l'un, tantôt l'autre de ces plans qui devient le plan de symétrie réel et tout se passe comme si la particule tournait de 1200, tantôt dans un sens, tantôt dans l'autre. » OPTIQUE PHYSIOLOGIQUE. — Variation de l'acuité visuelle avec, l'azimut. Modification de la section droite des cônes par l'accommodation astigma* tique. Note de M. André Iîroca, présentée par M. Marey. « Ayant entrepris, il y a quelques mois, une série d'études sur l'acuité visuelle, je fus conduit à employer le test objet le plus simple, c'est-à-dire des traits noirs sur fond blanc, disposés tant pleins que vides. Les traits noirs sont découpés au canif, et l'objet placé dans la chambre noire est éclairé par devant. C'est le meilleur procédé pour avoir des traits d'un ( 45i ) noir absolu. Cet objet est découpé assez grand, pour la facilité de la construction, et un objectif photographique en donne une petite image placée sur la verticale du zéro d'un banc d'optique. Un support ordinaire se meut sur ce banc et porte un tube oculaire dont on applique la tranche sur l'orbite pour fixer l'œil. On écarte l'œil en le maintenant contre le tube oculaire et, au moment où l'on cesse de distinguer les traits noirs sur fond blanc, on note la distance lue au moyen du repère du support. L'in- verse de cette dislance est proportionnel à l'acuité visuelle. » On détermine ainsi l'acuité visuelle à 2 ou 3 pour 100 près. J'ai trouvé que mon acuité visuelle pour les traits verticaux était de 20 pour 100 plus faible que pour les traits horizontaux. » J'ai alors poussé cette étiule plus loin, en étudiant la variation de l'acuité suivant l'azimut des traits à distinguer. » Pour expliquer les différences trouvées, deux hypothèses sont à exa- miner. L'une est une variation suivant l'azimut du diamètre de l'élément anatomique de la rétine. Nous savons en effet que, d'après les idées reçues et bien vérifiées sur ce sujet, on cesse de percevoir un détail déterminé, quand la grandeur de son image rétinienne est inférieure au double du diamètre d'un élément sensible de la rétine. » L'autre hypothèse est une variation de la grandeur de l'image réti- nienne due à l'astigmatisme de l'œil. Examinons celle-ci d'abord. » Soit un œil astigmate; nous le corrigeons avec une lentille cylin- drique placée aux environs du foyer antérieur de l'œil. On sait que, dans ce dernier cas, et pour un système sphérique, on ne modifie pas la distance focale du système, qui reste la même qu'avant la correction, mais qu'on déplace seulement la position du foyer. La grandeur de l'image finale est donc la même avant ou après interposition du verre; mais, dans le second cas, elle est sur la rétine. » Ce que nous venons de dire peut se répéter pour chacun des méri- diens d'un œil astigmate.. Après correction, les rayons issus d'un point sont homocentriques sur la rétine, mais les distances focales dans les divers azimuts sont les mêmes qu'avant la correction. Ceci est exact, à des quantités négligeables près, dans le cas de mon œil qui a 1,^5 dioptrie d'astigmatisme. Considérons donc un trait d'épaisseur déterminée; la grandeur de l'image rétinienne de celte épaisseur sera d'autant plus petite que la courbure du méridien correspondant de l'œil sera plus grande. Si donc les traits examinés sont parallèles au méridien de plus faible cour- bure, l'épaisseur de leur image rétinienne sera plus petite que dans toute autre position, et l'acuité correspondante sera minimum, ( 452 ) » Cela est aisément vérifiable pour les astigmates d'environ i,5 dioptrie. Ceux-ci peuvent voir nettement, soit avec leur verre correcteur, soit sans verre correcteur. Dans ce cas, le cristallin accommode irrégulièrement et compense l'astigmatisme cornéen. La correction, se faisant par deux sur- faces très voisines, est alors complète, et l'on voit facilement rpie ce qui semble un carré pour l'œil corrigé par une lentille cylindrique devient pour l'œil nu un rectangle allongé parallèlement à la faible courbure. » L'expérience est contraire à notre première hypothèse, car le maximum d'acuité a lieu précisément pour les lignes parallèles au méridien de plus faible courbure. Examinons donc la seconde. » Nous pouvons interpréter aisément les résultats de l'expérience. En effet, la connaissance des distances mesurées pour l'évanouissement des traits noirs et celle de l'astigmatisme pour l'azimut considéré permettentde connaître l'épaisseur des images des traits lumineux sur la rétine. On peut porter sur le papier, à partir d'un centre, des droites d'inclinaison voulue, et à des distances du centre proportionnelles aux épaisseurs ainsi calculées. On aura, en prenant l'enveloppe de toutes ces droites, ce que j'appelle la forme fonctionnelle de Vêlement, rétinien. Nous allons voir en effet que ce n'est pas la forme géométrique même de cet élément. Pour mon œil droir, la forme fonctionnelle est un rectangle peu allongé parallèlement au mé- ridien de plus faible courbure, et dont les côtés auraient pris une légère convexité. H y a donc deux maximums d'acuité, dans les deux sections principales de l'œil, le plus grand avant lieu pour les traits parallèles à la faible courbure, et deux minimums correspondant aux diagonales du rec- tangle. » Or Helmholtz a montré que, au moment de disparaître, l'image d'un fd fin prenait la forme d'une ligne brisée indiquant nettement la forme hexagonale des éléments rétiniens. » Nous allons montrer que cela n'est pas contraire à ce qui précède. » En effet, Charpentier a établi expérimentalement que tout objet, quel que soit son éclairage, n'est plus vu quand ses dimensions sont assez petites. » Donc une ligne blanche dudit objet impressionnera un élément quand elle aura formé avec son contour une aire de surface constante, pour un éclat déterminé de cette ligne blanche. Donc la forme réelle de l'élément s'obtiendra en menant un contour qui forme, avec chacune des droites cpie nous avons mises en position sur le papier, une aire de surface con- stante. » Ce problème se discute aisément par le calcul. On voit immédiatement qu'on ne peut avoir une ligne à courbure régulière, car avec une telle ligne ( 453 ) les angles de la courbe fonctionnelle ne seraient pas compréhensibles. La forme géométrique est donc une ligne brisée. La Géométrie élémentaire montre cpie la courbe dont la tangente fait avec deux droites fixes un triangle d'aire constante est une hyperbole avant les droites fixes pour asym- ptotes. En employant ce résultat, on voit que la seule forme géométrique du contour d'un élément rétinien, compatible avec sa forme fonctionnelle, est celle d'un hexagone allongé dans le sens du méridien de plus faible courbure. » L'interprétation de ce fait me semble devoir être la suivante : l'œil astigmate qui fonctionne sans verre correcteur accommode irrégulièrement, la tension du muscle ciliaire étant plus forte sur le méridien de plus faible courbure. Les membranes de l'œil ne sont donc plus isotropes, et il est pro- bable que les éléments anatomiques subiront une déformation correspon- dante. Dans le cas de mon œil droit, cela se vérifie bien. Il n'est en effet corrigé que depuis peu d'années; il avait fonctionné jusque-là fort bien grâce à une accommodation irrégulière. Mon œil gauche, au contraire, qui a 4,20 dioptries d'astigmatisme, pour lequel toute accommodation irrégulière était inutile avant correction, ne présente aucune variation notable de son acuité visuelle avec l'azimut. Deux personnes douées, l'une d'un faible astigmatisme, l'autre d'une trace d'astigmatisme seulement, m'ont accusé toutes deux une différence notable d'acuité entre les verticales et les hori- zontales. Je ne les ai pas soumises «à l'examen complet qui exige des mesures très nombreuses et très fatigantes. » Outre le côté théorique que je viens de faire ressortir, il est un côté pratique à la question : c'est que, pour faire les meilleurs pointés possibles sur un croisement de fils de réticule, il est bon d'incliner les fils suivant les méridiens principaux d'astigmatisme, même quand cet astigmatisme est très faible. » PHYSIOLOGIE. — Influence d'une légère traction sur l'excitabilité du nerf. Note de M. G. Weiss, présentée par M. Marey. « On a démontré, par un grand nombre d'expériences, qu'une traction exercée sur un muscle augmente l'excitabilité de ce muscle. C'est ainsi, par exemple, qu'un muscle légèrement chargé donne, pour une même exci- tation, une secousse plus haute qu'un muscle entièrement libre. » Ce phénomène joue un rôle très important dans les théories de la C. R., 1S99, 1" Semestre. (T. CXXV'HI, N" 7.) 5g ( 454 ) contraction musculaire qui ont été émises depuis quelques années; il y avait lieu de se demander comment une traction agit sur l'excitabilité du nerf. » Pour cela, je coupai la patte d'une forte grenouille au niveau du genou, en res- pectant le nerf scialique. Ce nerf isolé avec soin, en évitant toute traction, fut lui- même coupé à la partie supérieure de la cuisse, et la préparation placée sur le haut d'un tube en verre dans l'intérieur duquel pendait le nerf, le pied tourné vers le liant et la section du membre reposant directement sur le bord supérieur du tube. Les parois de ce tube étaient mouillées pour maintenir autour du nerf une atmosphère humide et le préserver ainsi de toute dessiccation. Avant de mettre la préparation en place, j'avais fixé dans le nerf, au voisinage de l'extrémité coupée, un petit crochet en fil de platine de -fa de millimètre de diamètre, par conséquent très léger, et muni d'un long prolongement prenant contact dans un bain de mercure. Le nerf était écrasé à la pince à une certaine distance du crochet de platine pour éliminer les irritations locales pouvant se produire au contact de ce crochet. Comme excitation, je me servais de la décharge d'un condensateur dont les armatures étaient reliées l'une au bain de mer- cure, l'autre à un point quelconque de la patte. Pour reconnaître les moindres indices de la contraction, le gastrocnémien était détaché au tendon d'Achille et fixé à un myo- graphe isotonique. » L'expérience étant ainsi disposée, on réglait le potentiel de charge du condensa- teur de façon à se trouver au seuil de l'excitation, puis on en augmentait l'intensité jusqu'à avoir une secousse très nette. Si en ce moment on suspendait au fil de platine un poids d'environ osr,8 toute secousse disparaissait, pour renaître avec sa grandeur première aussitôt que l'on enlevait le poids tenseur, et ainsi de suite. Cette expérience répétée sur diverses grenouilles ne laisse aucun doute : une traction exercée sur le nerf diminue l'excitabilité de ce nerf. » Mais il y a lieu de se demander si c'est réellement l'excitabilité du tronc nerveux qui est affaiblie ou si la légère traction exercée sur le nerf a rendu la transmission de l'excitation du nerf au muscle plus difficile, si l'on peut admettre, par exemple, qu'il y a un petit décollement passager des plaques terminales. » Il me semble que cette dernière hypothèse doive être absolument reje- tée. En effet, les filets nerveux suivent en passant dans le muscle un trajet trop sinueux pour qu'une légère traction puisse se propager ainsi jusqu'aux plaques. En second lieu, il semble résulter clairement de travaux récents, en particulier de ceux d'Apathy, que la plaque motrice n'est pas la termi- naison périphérique du nerf. Il paraît certain que les fibrilles du cylindre axe se prolongent à travers la plaque motrice et se ramifient dans les fibres musculaires en s'anastomosant avec les fibrilles provenant de plaques voi- sines. Il n'y aurait ainsi, à proprement parler, pas de terminaisons ner- ( 455 ) veuses, le muscle contenant un véritable réseau dont les mailles seraient constituées par les fibrilles ayant passé à travers les diverses plaques mo- trices. Dans ces conditions il ne peut plus être question de décollement des plaques, et l'affaiblissement de l'excitabilité produit par une légère traction exercée sur un nerf doit être attribué uniquement à une action directe pro- duite sur le tronc nerveux. » ZOOLOGIE. — Sur le développement de la Convoluta Roscoffensis Graff ( '). Note de M. Jivoïx Georgévitch, présentée par M. de Lacaze-Duthiers. « Grâce aux travaux de Delage et de Graff l'anatomie de la Convoluta Ros- coffensis Graff a été bien étudiée, tandis que le développement est resté jusqu'à présent parfaitement inconnu. » J'ai eu l'occasion d'étudier, pendant le mois d'août de l'année passée, dans le laboratoire si bien installé de Roscoff, le développement des Convo- luta, dont je vais décrire ici les premières phases. » La maturation et la fécondation de l'œuf s'accomplissent dans le corps de l'ani- mal. Les globules polaires se résorbent bientôt, ce qui explique pourquoi on ne les voit jamais sur les œufs pondus. Chaque œuf pondu est entouré d'une capsule transpa- rente et ordinairement des groupes de cinq à douze œufs sont aussi enveloppés dans un cocon commun, également transparent. Rarement, et l'on peut dire que c'est le cas exceptionnel, il y a un seul œuf pondu. La ponte s'effectue de préférence de bon matin ou vers le soir. Peu après l'œuf commence à se diviser, d'abord en deux blasto- mères d'une grandeur égale. Après un court temps de repos ces deux blastomères en donnent par division deux autres beaucoup plus petits, qui se placent dans le plan de la première division. Entre ces quatre blastomères existe une petite cavité de segmen- tation, qui à partir de ce moment devient de plus en plus petite pour disparaître défi- nitivement au stade à huit blastomères. Les deux petits blastomères (ectoderme) indiquent la partie dorsale, tandis que les deux plus grands (endoderme) indiquent la partie ventrale du futur animal. » Après un court repos les cellules endodermiques donnent, en se divisant latérale- ment, deux autres cellules intermédiaires comme grandeur entre les blastomères ecto- dermiques et endodermiques. Elles représentent les initiales du mésoderme. Immédia- tement après, les deux blastomères ectodermiques en produisent deux autres, ce qui porte le nombre total à huit blastomères. L'embryon est au stade blastula. a Survient l'état de repos pendant lequel les cellules se rangent et se tassent de telle manière que les deux cellules endodermiques occupent le milieu de la partie inférieure (') Travail fait aux laboratoires de Zoologie de Roscoff et de la Sorbonne. ( 456 ) do la blaslula; les deux cellules mésodermiques sont latérales et un peu en haut, les cel- lules ectodermiques occupent la partie supérieure. » Au stade suivant les quatre blastomères ectodermiques en di eut quatre autres par division, les deux mésodermiques deux nomelle-, tandis que les deux cellules endodermiques restent indivises. En même temps, tout porte à croire qu'il y a une invagination de l'endoderme. Cependant celle invagination est partielle, car, au stade suivant, la gastrula s'achève par épibolie. En effet, les cellules ectodermiques l'em- portent en nombre sur les autres qu'elles recouvrenl peu à peu de tous côtés. » A partir du stade à dix-huit cellules il est impossible de compter le nombre des différentes blaslomères, tellement la division des blastomères ectodermiques est rapide. Pendant ce temps, les deux cellules endodei iniques donnent naissance du côté infé- rieur à deux autres cellules qu'on peut nommer endoderme primaire, à l'instar de ce que Lang a décrit chez les Polyclades sous le nom de Uhrendoderm. » Nulle part je n'ai vu sur les coupes de ces gastrula ni l'écartement de deux blas- tomères endodermiques pour former le cœlentéron, ni la formation du cœlo lans les cellules mésodermiques, comme Pereyaslawzewa (' ) a décrit pour Aphanistoma et d'autres Turbellariées de la mer Noire. Ceci s'entend des gastrula à plusieurs cellules endodermiques, de sorte qu'on peut dire que la gastrula est dès le commencement pleine, et ce caractère persiste chez l'animal parfaitement forme. » Ensuite, les cellules endodermiques subissent un grand nombre de divisions et en ce moment il y a lieu de distinguer une partie centrale claire avec des noyaux peu nombreux, et qui représente l'endoderme, et une partie périphérique avec des noyaux très nombreux qui entoure de tous côtés la première et qui représente l'ecloderme plus le mésoderme. Ce qui deviendra le parenchyme central (2) de l'animal adulte est représenté uniquement par l'endoderme. Le parenchyme périphérique est d'origine mé- sodermique, et de ses cellules proviennent les muscles et les organes génitaux; le déve- loppement de ces derniers n'a pu être suivi entièrement, vu la ressemblance avec les cellules environnantes. » Le système nerveux naît de l'ecloderme dans la partie antérieure du corps qui est beaucoup plus développée chez l'embryon que chez l'animal adulte. » Le développement complet de l'otocysle et de l'organe central m'a échappé, mais de quelques observations que j'ai faites je puis croire qu'ils sont d'origine ectoder- mique. » Aussitôt que la gastrula est formée, les cellules ectodermiques se revêtent de cils vibratiles et l'on voit les embryons tourner dans l'intérieur de la capsule. Le len- demain de la ponte les embryons quittent la capsule et émigrent dans l'eau ambiante. Ils son lexempts de zoochlorelles, et c'est seulement en nageant dans l'eau où se trouvent les animaux adultes qu'ils s'en infectent. » J'ai fait des expériences afin de voir si les embrvons peuvent atteindre l'état adulte sans les zoochlorelles. Ils meurent très vite dès que les ré- (') S. Pehf.yaslawzewa, Monographie des Turbellariées de la mer Noire. Odessa. (2) L. vo.\ Graff, Organisation der Turbellaria Acœla, p. 23; 1891. ( tel ) serves nutritives sont épuisées, ce qui prouve que les Convoluta ne peuvent se passer de zoochlorelles commensales. » ZOOLOGIE. — Sur trois Orthonectides nouveaux, parasites des Annélides, et l'hermaphrodisme de l'un d'eux (Stœcharthrum Giardi n. g., n. sp.). Note de MM. Maurice Cacllery et Félix Mesnil, présentée par M. Ed- mond Perrier. « Le groupe des Orthonectides a été créé par Giard, en 1877, pour des animaux parasites internes d'une Ophiure. Il ne comprend jusqu'ici qu'un petit nombre de types. Deux espèces sont assez bien connues : la Rhopalura Giardi Metchn., parasite de X Amphiura squamata et la Rh. Intoshi Metchn., parasite du Nemerles lacteus. Parmi leurs particularités les plus saillantes, nous signalerons le dimorphisme sexuel très marqué, que Metchnikoff y a mis en évidence. On connaît peu de choses sur les autres espèces, l'une vue par Mac Intosh chez un Némertien, l'autre par Keferstein chez une Planaire, une troisième par de Saint-Joseph chez une Annélide (Pterocirrus macroceros) ; une quatrième a été entrevue par Fauvel aussi chez une Anné- lide (Ampharele Grubei). Nos connaissances sur la morphologie et l'embryo- génie du groupe sont dues à Giard, Metchnikoff et Julin. Les Orthonec- tides sont des êtres très inférieurs dont les affinités les plus proches sont avec les Dicyémides (parasites des reins des Céphalopodes). De ces deux groupes, quelques auteurs, notamment Ed. van Beneden, font les Méso- zoaires, embranchement intermédiaire entre les Protozoaires et les Méta- zoaires à trois feuillets, tandis que d'autres, et nous nous rattacherions plutôt à cette opinion, attribuent la simplicité de structure des Dicyémides et des Orthonectides à une régression causée par le parasitisme et regardent ces animaux comme des Vers plats dégradés. Ce sont, en tout cas, des formes très intéressantes. » Nous avons eu dernièrement l'occasion de rencontrer, chez des Anné- lides Polycliètes, trois nouvelles espèces d'Orthonectides, dont l'une s'écarte notablement des types déjà connus. Toutes trois proviennent de la région voisine du cap de la Hague (Cotentin). » I. La première est parasite dans la cavité générale de la Spio Martinensis Mesn. Elle pullule dans les individus infestés, mais ils sont rares. Cet Orthonectide ne diffère pas beaucoup de ceux déjà connus. Il se rapproche surtout de l'espèce signalée par Mac Intosh chez un Némertien. La femelle, entièrement ciliée, est cylindrique et ( 458 ) mesure environ ioo |x de longueur sur 20 [x de largeur. Elle se décompose en un cer- tain nombre de bandes annulaires, d'abord une région antérieure légèrement conique avec 3 rangées de cellules, puis 2 petits anneaux, et enfin 8 autres plus grands séparés les uns des autres par des sillons bien marqués. Sous la coucbe de cellules ex- ternes ciliées se trouve, suivant l'axe de L'animal, une rangée unique de grandes cel- lules à gros noyaux vésiculeux : ce sont les ovules. Ils s'étendent sur toute la longueur. Le mâle, uniformément cilié, est globuleux et beaucoup plus petit (a5 u. sur 16 jx). Les deux tiers postérieurs du corps sont occupés par une poche remplie de spermato- zoïdes. » Dans l'Annélide, les Orthonectides sont groupés dans des sortes de sacs plasmo- diques et chacun de ceux-ci renferme un grand nombre d'individus, à la fois des mâles cl /les femelles. Nous rangeons celte e^pèce dans le genre RUopitlura. Nous l'appelle- rons Rh. Metchnikovi. » 11. La deuxième espèce a été trouvée dans le cœlome de la Scolelepis fuliginosa (Clpde), un autre Spionidien. Les animaux infestés sont aussi très rares. La femelle, qui est cylindrique, mesure environ 125 [x de longueur sur i5 |x de largeur. Le corps, entièrement cilié, se décompose en une quarantaine d'anneaux très courts. Sous la couche externe, se trouve une rangée axiale de huit à dix gros ovules; mais cette file d'ovules n'occupe que les deux tiers postérieurs du corps. En avant, elle est remplacée par un tissu formé de cellules petites et nombreuses (en partie, probablement, muscu- laires). Le mâle a une taille un peu inférieure à la moitié de celle de la femelle. 11 mesure environ 60 ;x de long sur i5 |x de large. Les spermatozoïdes remplissent une poche au voisinage de l'extrémité postérieure. Nous placerons aussi cette espèce, au moins provisoirement, dans le genre Rhopalura et l'appellerons Rh. Julini. » III. La troisième espèce est beaucoup plus intéressante. Elle est parasite ilan^ le cœlome d'un Aricien, le Scoloplos Mulleri Rathke. Dans l'unique station où nous l'avons rencontrée, elle infeste environ un individu sur quatre OU cinq, et y est alors très abondante. C'est une forme très allongée, atteignant jusqu'à 800 [x de long sur i5 de large. Le corps se compose d'une file de 60-70 anneaux subégaux; l'aspect général rappelle des perles enfilées et rapprochées les unes des autres. L'extrémité antérieure est légèrement pointue; elle se compose de 4 anneaux; puis en viennent 4 autres offrant de nombreux granules blanc opaque, analogues à ceux réfringents qui existent à la môme place, chez le mâle de la Rh. Giardi. Les anneaux suivants sont tous sem- blables; ceux de l'extrémité postérieure, qui est légèrement effilée, sont un peu plus étroits. Chaque anneau porte postérieurement une couronne de cils. A chacun corres- pond, dans l'axe du corps, un gros ovule dont le noyau se colore d'une façon diffuse et dont le protoplasme est rempli de petits grains chromophiles. De même que chez l'espèce précédente, les ovules ne s'étendent pas jusqu'à l'extrémité antérieure; les to-i2 premiers anneaux et aussi les 3-4 derniers sont remplis par un tissu axial formé de petits éléments allongés, probablement musculaires. » Nous avons observé des centaines d'individus de ce parasite, provenant de trente Scoloplos environ. Nous n'avons jamais trouvé d'autre forme que celle que nous ve- nons de décrire et qui a l'apparence d'une femelle. Nous croyons pouvoir affirmer l'absence d'une forme mâle, étant donnés le nombre des parasites examinés et surtout le nombre des hôtes d'où ils proviennent. Et cela, d'autant mieux que la forme que ( 459 ) nous venons de décrire est, en réalité, non pas femelle, mais hermaphrodite. En effet, immédiatement en avant du premier ovule d'une part, et, d'autre part, en arrière du dernier, on distingue un paquet de petites cellules très colorables qui ont absolu- ment le même aspect que le testicule chez le mâle des autres espèces. Il y a donc ici deux testicules constants, l'un antérieur, l'autre postérieur (ce dernier manque pour- tant dans un petit nombre de cas). Quelquefois, il en existe un troisième qui occupe un ou deux anneaux vers le milieu du corps. Les spermatozoïdes mûrs s'infiltrent tout le long de l'animal, entre les ovules et l'épiderme ('). » Cet hermaphrodisme est un fait très inattendu; toutes les autres es- pèces d'Orthonectides étant caractérisées par un dimorphisme sexuel très marqué. L'espèce actuelle est donc, tant par son aspect général que par cette particularité, un lype aherrant dans le groupe. Nous proposons de créer pour elle un genre nouveau que nous nommerons, à cause de la forme de l'animal, Stoecharlrum (-). L'espèce recevra le nom de S. Giardi. Ce sera le type d'une nouvelle famille d'Orthonectides. » En examinant attentivement la femelle de la Rh. Julini, nous avons constaté, immédiatement en avant des ovules, un groupe de cellules qui a le même aspect que le testicule antérieur des Stoecharlrum en voie de déve- loppement et qui occupe la même position. Nous interprétons ces cellules comme un rudiment de testicule. La Rh. Julini présenterait donc : i° des mâles; 2° des femelles ayant tendance à l'hermaphrodisme. L'ensemble de nos connaissances sur les Orthonectides indique de regarder cet herma- phrodisme comme une ébauche surajoutée secondairement au sexe femelle ; resté à l'état d'ébauche chez la Rh. Julini, il se serait établi définitivement chez les Stoecharlrum et y aurait entraîné la disparition du mâle. » Nous ferons remarquer à cet égard que, dans d'autres groupes du règne animal (Mollusques, d'après Pelseneer, etc.), l'hermaphrodisme semble se présenter dans les mêmes conditions. En particulier, un certain nombre de types parasites (Epicarides, Myzostomes) ou fixés (Cirripèdes) offrent, au point de vue des sexes, une série de formes parallèles à celles des Orthonectides. » Nous ferons observer enfin que, pour les deux premières espèces dé- crites ci-dessus, nous n'avons reconnu qu'une seule forme de femelles. Ju- lin, chez l'Orthonectide des Ophiures (Rh. Giardi) en a décrit deux ; les œufs (') Dans toute la région génitale du corps, on ne distingue aucun élément (muscu- laire ou autre) au-dessous de l'épiderme; celui-ci comprend deux sortes de cellules: petites avec gros nucléole très colorable; allongées avec très petit nucléole. (2) De aTotyoç, file, et apGpov, article. ( 46o ) de l'une (femelle aplatie) produiraient exclusivement des femelles; ceux de l'autre (f. cylindrique) exclusivement des mâles. L'existence de plas- modes renfermant à la fois des mâles et des femelles, ainsi que Metchnikoff l'a vu chez la Il/i. Intoshi et que nous l'avons constaté chez la lih. Meichni- kovi, est inconciliahle avec L'interprétation que Julin donne de ce dimor- phisme. S'il existe donc réellement, il est limité à certaines espèces. » botanique économique. — Sur les graines de /'Allanblackia floribunda Oliv. et sur le beurre de Bouandja qu'elles contiennent. TNote de M. Edouard IIeckel, présentée par M. Gaston Bon nier. « Au cours des recherches concernant l'ensemble des graines grasses, nouvelles ou peu connues, du Congo français, l'une d'entre elles m'a paru particulièrement intéressante par sa richesse en un corps gras solide, dont la composition chimique est telle que son emploi serait des plus fructueux dans l'industrie de la stéarine. Elle est fournie par Y Allanblackia floribunda Oliver, grand arbre connu seulement jusqu'ici aux environs de Libreville (R. P. Klaine), au Cameroun (Mann), et dont M. Vadon, administrateur colonial, a trouvé un pied fructifère à Boue, dans l'Ogooué, sur le chemin du débarcadère au poste. Les indigènes Pahouins, qui ne font aucun usage de ces graines grasses et disent seulement que les rats en sont très friands, nomment l'arbre Bouandja. \J Allanblackia floribunda a été décrit pour la première fois par Oliver ( Flora of tropical Afriea, t. VI, p. i63), et sa des- cription a été complétée, en ce qui concerne le fruit, jusqu'alors inconnu, par M. Pierre {Bull, de la Soc. Linn. de Paris, mars 1896, p. 21), puis par une figure, dans les Icônes de Hooker, ta 1 > . 1004. » Les graines, contenues au nombre de \o à ">o dans le fruit en forme de melon allongé mesurant 3ocnl à 35cm de long, sont de forme un peu variable, tantôt polyé- driques (solide à faces planes ou convexes) par suite de compression les unes contre les autres, tantôt, et le plus souvent, ovoïde*, allonges cl en forme de dalle, filles pré- sentent toujours un grand et un petit axe, avec deux extrémités arrondies : L'une, le sommet de la graine ( uiieropylaire), moins aigué que l'autre ( chalazique ) qui en forme la hase. Elle est quelquefois, niais rarement, plus courte et ramassée en un trièdre. ( linn eite> de leur spermoderme, elles ont un poids moyen de 4gr (oscillant entre 3 à 4cmi leur largeur est de i"",.")à 2em. Le spermo- derme crustacé et rougeâtre a une épaisseur de imm. » L'embryon macropode, qui constitue toute la graine, est blanc jaunâtre à l'étal frais. S ir une coupe, sa couleur se fonce immédiatement à l'air et passe au chocolat ( 46 1 ) clair. Une partie ovalaire, placée au centre de la section, reste blanche : c'est la partie médullaire de la tigelle. » La saveur de celte graine est, non pas amère (Pierre), mais astringente; après quelque temps d'exposition à l'air, elle prend l'odeur de la pomme reinette. Le sper- moderme, rouge brique et comme vernissé extérieurement, est sillonné à sa surface de nombreuses veines proéminentes (7 à 8) orientées en ligne droite, de bas en haut de la graine, de la chalaze au micropyle, en donnant à droite et à gauche des ramifications qui s'anastomosent avec leurs voisines. Ce tégument, cruslacé et résistant, est très adhérent à l'embryon, surtout à l'état frais : il ne peut en tous cas (frais ou sec) en être séparé que par fragments. Il est constitué par deux zones de cellules sclérifiées colorées en rouge : l'une, formée d'une couche d'éléments qui, en coupe radiale, sont à peu près sphériques, et l'autre, de cellules ovales très allongées à parois ovalaires très épaissies dans le sens radial et disposées en deux et quelquefois trois couches. » L'embryon présente un tissu peu consistant, offrant au couteau la résistance d'une masse caséeuse, et, après section, une surface lisse et comme marbrée. 11 est formé de cellules polyédriques à parois peu épaisses, de couleur jaune verdàtre, contenant, contre les parois, des corpuscules huileux liquides disposés en une couche peu épaisse, tout le reste de la cellule étant rempli par une masse solide blanchâtre formant un seul bloc et présentant des stries rayonnant dans différents sens et d'aspect cristallisé. Traitées par la teinture d'orcanette fraîche, ces cellules colorent leur contenu solide en une teinte rosée uniforme, tandis que les globules d'huile liquide et quelques points de la masse solide se colorent en rouge cerise. Dans la glycérine chauffée, on décèle dans les globules huileux la présence de l'aleurone; avec la teinture d'iode, les corpuscules liquides huileux se colorent en rouge cramoisi, mais on voit apparaître aussi des cor- puscules de couleur rouge violacé {amidon soluble) qui sont appliqués surtout sur les membranes cellulaires. » Ces graines entières (pourvues de leur tégument) donnent, après traitement par le sulfure de carbone, '16,80 pour 100 d'un corps gras très solide, à surface libre mamelonnée, à la température ordinaire, de cou- leur jaune foncé et ayant une densité de 0,9734 à i5°. Le rendement de ce beurre en acide gras de saponification est tle 9.0 pour 100, et en stéarine de saponification de 61,86 pour 100. Le degré de solidification des acides gras de saponification estde6o°,8 et celui de la stéarine de saponifica- tion de 68°; le rendement en acides gras de distillation est de 92, 35 pour 100 et celui de stéarine de distillation de 79,70 pour 100. Le degré de solidifica- tion des acides gras de distillation est de 620, 3o et celui de la stéarine de dis- tillation de 64°, 60. Enfin, le rendement en glycérine est de 9, 56 pour 100, La stéarine de saponification, après cristallisations successives dans l'alcou!, donne un acide gras dont le point de solidification est de 700: c'est de l'acide stcarique pur. De plus, en mélangeant la stéarine de saponification C K 1899. i" Semestre. (T. CXXV1II, N'7.) 60 ( 46a ) avec de l'acide stéarique pur, ou obtient un corps dont le point de solidifi- cation est égal au point arithmétique (70 à 72). Il existe, mêlé à la stéarine dans le corps gras, une proportion d'acide oléique qui peut être évaluée à 12 ,().") pour 100. » Le corps gras de \' Allanblackia jloribunda est donc une oléostéarine augmentée d'une très faible proportion d'autres glvcérides indéterminés. Par la quantité de matières grasses qu'elle renferme, cette semence peut être considérée comme l'une des graines grasses industrielles à rendement le plus élevé. En outre la forte proportion, la blancheur et le point de soli- fication de la stéarine fournie par celte graine la feront sùremcnî recher- cher par l'industrie stéarique quand elle sera devenue un article de com- merce. A ce point de vue, elle est supérieure à sa congénère de la côte orientale d'Afrique tropicale, Y A. Stahlmanni Engler qui a été étudiée, ainsi que la graine qu'elle fournit, sous le nom de beurre de M'Kani par le D1' Heisc (Notisblatl des Kœnig. Muséums su Berlin, n" 326, novembre 1895, p. t)3). Cette graisse, connue des indigènes de Y Usa/nbara qui en font usage depuis longtemps, renferme en effet 32,75 pour 100 d'acide stéa- rique et 42 ,90 pour 100 d'acide oléique. Elle convient donc moins que celle du Douandja du Gabon à la fabrication des bougies. » Il existe une troisième espèce à' Allanblackia en Afrique tropicale, au Zanguebar, décrite par M. llivj. (Bull, du Mus. d'Hist. nat. de Paris, 1896, u° 4) sous le nom à! AU. Sacleuxii et dont la connaissance est duc au R. P. Sacleux. Les graines de cette espèce, plus grosses que celles îles deux précédentes, ont à peu prés la même composition chimique ; leur corps gras solide est connu des indigènes qui l'emploient sous le nom de beurre de Kanyé qu'il ne faut pas confondre, comme on l'a fait très sou- vent, avec le beurre de Kanya de la côte occidentale d'Afrique, qui est fourni par une autre guttifère, la Penlades/na butyracea Dox, et dont la composition chimique est peu différente de celle du produit des Allan- blackia ( ' ) . » (') J'ai fait connaître {Annales de l'Institut colonial de Marseille, p. 120; 1893) celte composition de beurre de Kanya : acide oléique 18, 35 pour 100, acide stéa- rique S 1 ,65 pour 100. ( 463 ) BOTANIQUE. — Modifications dans l'écorce primaire chez les Dicotylédones. Note de M. Eberhardt ('), présentée par M. Gaston Bonnier. « Il est à remarquer qu'an début tout au moins, et même pendant un temps assez long, dans la généralité des plantes dicotylédones, le cylindre central s'épaissit d'une façon sensible sans que l'écorce éclate. Il peut par conséquent être intéressant de rechercher par quels moyens celte écorce arrive à suivre sans se rompre l'accroissement rapide du cylindre central. En général, on suppose implicitement que les cellules de l'écorce se mul- tiplient en se cloisonnant dans le sens radial; le nombre des cellules d'une assise quelconque irait par suite en augmentant, et la circonférence for- mant le contour de celte assise s'accroîtrait en longueur en même temps que le cylindre central. » En réalité, les phénomènes dont l'écorce est le siège sont plus com- plexes, les modifications qu'elle subit, sous la poussée du cylindre central, plus nombreuses, et c'est leur exposé qui fait l'objet de la présente Note. » Prenons comme exemple la jeune tige du Frêne, qui a l'avantage de réunir à peu près tous les cas que l'on peut rencontrer dans les végétaux dicotylédones ligneux à liège superficiel. » Considérons une section transversale de cette tige, à une époque où le liège, qui est ici sous-épidermique, a déjà fait son apparition. » Immédiatement au-dessous du liège et de son assise productrice, apparaît l'écorce parenchymateuse, que l'on peut diviser en un certain nombre de couches qui, de dedans en dehors, sont : » i° Deux ou trois assises dont la première est en contact direct avec le cylindre central, et dont les cellules à parois minces présentent un léger aplatissement et un certain nombre de cloisonnements radiaux; » 2° Quelques assises sous-jacentes, qui sont d'ordinaire les quatrième, cinquième et sixième, et qui ont subi un aplatissement plus accentué que les précédentes; parfois un certain nombre de cellules sont même complètement écrasées, et l'on remarque en outre dans ces assises des lacunes à dimensions réduites, ayant subi elles aussi un aplatissement évident; » 3° Quelques assises de cellules, toujours à parois minces, mais ayant encore sur la coupe transversale une forme arrondie. Entre ces cellules, on voit apparaître de grandes (') Travail fait au laboratoire de Botanique de la Sorbonne, dirigé par M. Gaston Bonnier, ( m lacunes où l'on distingue e ■ ■ des débris de parois cellulaires. A mesure que l'un s'éloigne du cylindre central, ces lacunes diminuent au point de n'être plus dans les assises supérieures que de simples méats irréguliers; » 4° Enfin quatre ou cinq assises de cellules à parois relativement épaisses, très intimement reliées entre elles <'t n'ayant sulii aucune déformation. La dernière A • ces assises et l'assise productrice du liège que nous trouvons au-dessus. » Interprétons les faits que nous fournit l'étude du Frêne et qui, nous le répétons, sont très généraux. » Le liège périphérique, qui, dans le Frêne, est très précoce, et surtout les assises n° 4, qui sont formées de cellules à parois épaisses et adhérant fortement les unes aux autres, opposent à l'accroissement de la lige une résistance assez grande, de sorte que les cellules du reste de l'écorce pri- mitive, comprimées entre le cylindre central qui grandit et ces assises qui résistent sans se déformer, ont une tendance à s'aplatir dans le sens radial et par conséquent à s'allonger dans le sens tangente!. » Il en résulte que, malgré l'épaississement du cylindre central, le dia- mètre total de la tige n'augmente pas sensiblement, du moins au début, puisque si, d'une part, le cylindre central s'accroît en diamètre, d'autre part, l'écorce éprouve en épaisseur une réduction correspondante. » Il y a donc lieu d'examiner comment s'opère cette réduction et dans quelle mesure les différentes assises y prennent part. » Si l'on considère les assises les plus internes, désignées par le n° I dans la description précédente de la coupe transversale de la tige du Frêne, on les voit s'aplatir d'abord dans le sens radial et, par conséquent, s'allonger dans le sens tangentiel; puis des cloisons radiales apparaissent dans la plupart d'entre elles, de sorte que, le nombre des cellules d'une même assise devenant ainsi plus grand, sa circonférence s'allonge, et, par suite, elle peut, grâce à ce cloisonnement, se prêter sans se rompre à l'accroissement du cylindre central. » Mais les assises qui suivent immédiatement celles-là, moins aptes à se cloisonner, ne peuvent suivre à la fois le développement du cylindre cen- tral et l'allongement de la circonférence des assises n° 1 qu'en s'aplatissant d'abord et en se séparant ensuite. C'est ainsi que prennent naissance ces lacunes si visibles dans les assises n"s 3 et 2 du Frêne. » 11 arrive même que certaines de ces cellules sont déchirées. Les lacunes proviennent donc, non seulement de l'écartement pur et simple des assises nos .'i et 2, mais encore de la disparition d'un grand nombre ( 465 ) d'entre elles : c'est ce qui résulte de la constatation faite relativement à la présence, dans certaines de ces lacunes, de débris de parois cellu- laires. » L'accroissement du cylindre central continuant à se produire et l'écorce ayant jusque-là cédé soit par formation de lacunes, soit par cloi- sonnements, les assises n° 4 de la région extérieure résistant toujours, les lacunes s'atténuent d'abord et finissent même par s'aplatir complètement jusqu'à disparaître. » Or la pression doit avoir son effet le plus marqué sur les assises les moins résistantes, c'est-à-dire les plus lacuneuses; c'est donc dans ces assises que les lacunes s'aplatissent d'abord et, quand ces dernières ont disparu, il arrive que, la pression continuant à agir, les cellules elles-mêmes s'écrasent permettant ainsi le développement du cylindre central, sans que les assises les plus externes de l'écorce aient besoin pour cela de se défor- mer ou de se rompre. La région écrasée prend alors l'aspect que nous avons désigné sous le n° 2 dans notre description. » Les diverses phases du phénomène ne sont pas toujours aussi dis- tinctes, aussi tranchées que dans le Frêne; il peut même arriver que dans certains cas quelques-unes d'entre elles fassent défaut. » Chez le Chêne, le Charme, l'Aune, le Troëne, le Cerisier, le Poirier, le Hêtre, le Pommier, etc., c'est surtout par les lacunes que l'écorce suit le développement du cylindre central. » Chez le Sorbier, l'Amandier, le Robinier, le Fusain, le Laurier, etc., c'est de préférence par des cloisonnements. » Dans d'autres cas enfin : chez le Tilleul, [' Allhœa, le Rhiis, etc., c'est l'écrasement des cellules qui semble dominer. » Observons, à ce sujet, que la présence des lacunes peut pro- voquer des cloisonnements; en effet, les cellules qui les limitent, com- primées par le développement du cylindre central, font en quelque sorte hernie à l'intérieur de ces espaces vicies; leur partie saillante se sépare par une cloison et il se forme de cette façon l'ébauche d'un tissu de cicatrisa- tion dont l'effet est de remplir la lacune qui peut être ainsi assimilée à une blessure. » Ce que je viens de dire se passe dans l'écorce des tiges encore très jeunes des plantes ligneuses et avant que les formations secondaires présentent un grand développement. Cependant, les quelques plantes herbacées que j'ai observées (Stachys, Isatis, Rhinanthus, Aster, etc.) me ( 466 ) portent à penser que ces procédés d'extension de l'écorce sont très géné- raux et se retrouvent également chez les plantes herbacées. » GÉOLOGIE. — Sur la structure du Rriançonnais. Note de M. P. Teumikr, présentée par M. Marcel Bertrand. « Si des discussions ont pu s'élever, entre géologues, sur les prolonge- ments de la zone du Bnançonnais au nord de la Tarentnisc et au sud de l'Ubave, la définition de cette zone dans la région même de Briancon, entre les vallées de l'Arc et du Guil, ne présente aucune ambiguïté. Dans cette région, la zone est limitée : à l'ouest, par une ligne un peu sinueuse qui passe non loin des cols du Galibier, du Lautaret, de l'Eychauda, de la Pousterle etd'Anon, et non loin de Vallouise; à l'est, par une autre ligne, également sinueuse, où commence la région des schistes lustrés, et qui reste voisine de la frontière franco-italienne. Le long de son bord ouest, la zone du Briançonnais repose sur le flysch, et, partout, ce contact avec le ûysch semble être un contact anormal; le long de son bord est, elle repose sur les schistes lustrés. Les plis du bord ouest sont couchés vers la France; ceux du bord est, vers l'Italie. La zone a donc une structure en éventail. Dans la partie médiane, le houiller affleure sur de vastes étendues, avec toutes les apparences d'une formation très épaisse : c'est pour cela que Lory distinguait cette partie médiane sous le nom de zone houillère. Nulle part, sous le houiller, n'apparaissent les terrains plus anciens. Les terrains qui, avec le houiller, jouent le rôle prépondérant dans la constitution de la zone, le trias, le lias et le malm, ont, dans cette région voisine de Briancon, des faciès très particuliers. Pris dans leur ensemble, ces faciès s'arrêtent brusquement aux limites de la zone. En sortant de la zone, à l'ouest comme à l'est, on a l'impression de franchir une véritable frontière géologique. Tous ces faits sont déjà connus ('), et il n'y a pas lieu d'y insister. On sait aussi que la zone houillère a été considérée jusqu'ici comme une zone anti- clinale, plissée en éventail, l'éventail se rabattant, h l'ouest et à l'est, sur deux séries de plis isoclinaux. » L'étude minutieuse, et prolongée pendant plusieurs années, de la partie (') Travaux géologiques de Charles Lorv, de MM. Marcel Bertrand, Diener, llnng. Kilian, Lugeon, Zaccagna, et de l'auteur. w T3 g I s ( '.68 ) delà zone briançonnaise comprise entre Vallouise et Briançon m'a conduit à une conception toute différente. La zone tout entière m'apparaît aujour- d'hui comme formée d'un empilement de nappes charriées, empilement qui repose partout sur le flvsch, et dont le plissement en éventail est postérieur an charriage. Quant aux schistes lustrés, ils sont pour moi une dernière nappe, supérieure à toutes celles de la zone briançonnaise. » Les montagnes qui se dressent au nord-est de Vallouise (chaîne de Montbrison) sont constituées par une alternance, plusieurs fois répétée, de trias, do lias et de tnalm, avec quelques intercalations lenticulaires do houilier et d'un Qysch à faciès spécial. C'est une structure en <'-cttillrs. ramenant périodiquement la série normale des terrains, du houilier au llvsch, au-dessus d'une série semblable. Des portions de série renversée s'observent çà et là, entre les écailles successives. Les phénomènes d'élire- ment et de laminage ont une ampleur extraordinaire. » Sur le versant ouest de la chaîne affleurent ainsi trois écailles. Chacune d'elles se prolonge fort loin vers l'est : et, comme elles sont plissées, et relevées, sous la crête de Montbrison, en un vaste bombement anticlinal, on peut suivre les deux premières jusqu'à la Durance, et la troisième [dus loin encore. Dans chaque écaille, le houilier, fort réduit à l'ouest, devient, vers l'est, de plus en plus épais. Vers Prelles, le houilier du fond de la vallée de la Durance est celui qui forme la base de la troisième écaille; et le grand massif de Pierre-Evrautz, récemment décrit par MM. Kilian et Lugeon, est constitué par les reploiements de cette même troisième écaille. » Au nord des Combes, de l'Eychauda à Prorel, on voit une quatrième écaille reposer sur le Qysch ou le malm de la troisième. Cette quatrième écaille est formée, base, d'une mince lame de houilier et de trias inférieur et, au-dessus de cette lame, de schistes cristallins intimement associés à des conglomérats. En 1895, j'ai émis l'hypothèse que schistes cristallins et conglomérats étaient d'âge tertiaire. La récente découverte, faite par M. kilian, de schistes et de conglomérats identiques, près du mont Genèvre, en liaison évidente avec les schistes lustrés, m'a démontré d'une façon péremptoire que les schistes cristallins en question (quel que soit d'ailleurs leur âge) se rattachent aux roches vertes des schistes lustres. C'est donc, à n'en pis douter, de la région des sclii-le> lustrés que vient la quatrième écaille. » Les quatre écailles sont plissées de la façon la plus énergique. Leurs plis, couchés vers l'ouest, souvent jusqu'à l'horizontale, sont comparables, comme allure générale, à ceux de la zone du llvsch et à ceux du bord oriental du Pelvoux. » Tels sont les faits. Je ne vois que deux manières 'le les interpréter : » Dans une première hypothèse, les trois écailles inférieures seraient trois pli-- cou- chés superposés formant un paquet analogue à celui du mont Joly. Ces plis auraient leurs racines, les deux premiers le long de la Durance el de la Guisanne, le troisième le long de la ligne axiale de l'éventail. La zone houillère garderait ainsi sa significa- tion anticlinale. Sur le paquet des trois plis couchés serait venue, de la région des schistes lustrés, se poser la quatrième écaille. Puis, l'empilement d'écaillés aurait été de nouveau plissé. ( 469 ) » Dans une seconde hypothèse, les quatre écailles seraient quatre nappes char- riées, transportées, avant le plissement, pendant la phase préparatoire du ridemeni post-oligocène. L*empilement aurait été plissé ultérieurement, en une seule fois, et façonné en éventail. » La première solution se heurte à de graves objections : i° aucun des paquets de plis couchés que l'on connaît actuellement ne présente ni des phénomènes d'étire- ment comparables à ceux que l'on observe ici, ni des plissements secondaires d'une semblable énergie; 2° il est peu vraisemblable que l'éventail n'ait pas été façonné dès le premier plissement, et il est encore moins vraisemblable qu'après la formation de l'éventail la quatrième écaille, qui vient certainement de l'est, ait pu venir d'une ré- gion où tous les plis étaient déjà déversés vers l'est; 3° sauf en quelques points, par exemple entre l'Argentière et Prelles, rien n'indique une tendance des écailles infé- rieures à prendre racine. Le long de la Guisanne et de la Durancc, de Villeneuve à Villard-Saint-Pancrace , le houiller (qui devrait être partout vertical) est presque partout horizontal. » La deuxième solution échappe à ces objections : elle rend compte de tous les faits locaux observés, et toujours d'une façon plus simple et plus vraisemblable que la pre- mière hypothèse. De plus, elle semble s'arranger, mieux que celle-ci, avec ce que nous savons déjà de la géologie des Alpes occidentales. Dans cette deuxième solution, les lambeaux de recouvrement de l'Ubaye deviennent de simples témoins des nappes inférieures de la zone briançonnaise; et il me semble que l'origine de ces lambeaux s'explique mieux ainsi que par l'hypothèse de MM. Kilian et Haug. La brusque appa- rition des schistes lustrés, à l'est de la zone briançonnaise, et le fait que, dans la région d'Etache, ces schistes sont partout séparés des calcaires triasiques par une lame de quartzites du trias inférieur, n'ont même plus besoin d'explication si l'on admet le charriage. Enfin, comme M. Marcel Bertrand me l'a, depuis longtemps, fait remar- quer, les plissements des terrains du mont Jovet, incompréhensibles dans l'ancienne manière de voir (puisque ces terrains sont placés sur le sommet même de l'éventail), n'ont plus rien d'étrange si la zone de l'éventail est une zone charriée. » Sans doute, cette deuxième solution esl, de prime abord, un peu déconcertante, à cause de l'ampleur qu'elle suppose aux phénomènes de charriage. Mais personne, aujourd'hui, ne peut plus révocpier en doute la possibilité de ces phénomènes (les récentes découvertes de M. Marcel Bertrand en Provence sont, à cet égard, tout à fait démonstratives), et l'on ne peut comprendre de semblables charriages sans admettre qu'ils pro- cèdent d'une cause générale. Entre les nappes de Provence et celles des Préalpes et des Klippes suisses, les nappes du Briançonnais et du Piémont forment le trait d'union qui jusqu'ici manquait; et l'on arrive, grâce à elles, à cette notion rationnelle, entrevue déjà par M. Lugeon, d'un im- mense système de recouvrements, étalé, avant le dernier ridement des Alpes, sur la majeure partie de l'aire où devait plus tard s'élever la chaîne. » C. R. i8y3 M. L. de la Rive. Sur la propagation d'un allongement graduel dans un fil élastique. Ji.ï M. PÉs iré Kohda. — L'influence du magné tisuie sur l.i conductibilité calorifique du fer ii8 MM. J.-J.'Borgman et A.-A. PÉTROWSKY. Sur un cas particulier des oscillations électriques, produites par une bobine de liiihmkortî à circuit secondaire ouvert, et sur une méthode nouvelle pour mesurer des capacités électriques 1 "' M. JIuumuzescu. — Sur la transformation des rayons S par les différents corps i 12 M. Marage. — L.i méthode graphique dans l'étude des voyelles 1 • > M. J.-Ii. Mourelo. Sur le sulfure de strontium phosphorescent, préparé au moyen du cari atc de strontium el de N" 7. SfJ/TE DR LA TABLE DES ARTICLES. Page». la ï apeur < Jt- soufre M. G. Denigrs. - Combinaisons obtenues avec les aldéhydes grasses ei le sulfate mercurique M. P mi i ; i i 1 1 : i : i i . Nouvelle méthode d'examen quantitatif ou qualitatif des al buminoïdes, diastases, alcaloïdes, leuco- maïnes ou toxines, nolam ni ifu\ «les urines ... M. Charles Mouréu. Sur l'orthoxj phé- noxy-acétooe M. \i'. Joi sim une synthi l'li\ ilniw lamine M. G. Gustavson. Sur l.i pureté du tri- métliylène préparé par l'action de la poudre de zinc el de l'alcool sur le bro mure de Lriméthj lène M. \. Trillat. Sur la recherche de l'al- cool méthylique dans 1rs liqueurs spiri- tiieuses el sur la présence de cet alcool dans les eaux -de vie de marcs M. E. In ini no. De lu fermentati 1rs saccharides M11' V. FlIIITI NH.'l.TZ. - SllT | d'action du Baeillus subtilis dans les phénomènes de dénitrification \l. IIadais. I.e parasitisme 'les levures dans se- rapports m ec la brûlure du Sor gho Bulletin bibliographique i"i ', ;, l'i }35 ii- Pa M. I'héd. Wallerant. — Explication des mai les obtenues par actii écanique. . M. \\iu;i BnocA. Variation 2 ( t\l\ ) MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. ÉCONOMIE RURALE. — Le travail du sol ; par M. P. -P. Deiiéraix. « Pour qu'une plante se développe normalement, il faut qu'elle envoie ses racines dans un sol aéré, humide et chargé des substances qui lui servent d'aliments. Depuis plusieurs années, j'ai exécuté de nombreuses recherches pour savoir comment le travail du sol, son ameublissement par les instruments favorisait son aération, son approvisionnement d'eau et la production des nitrates. » Je me suis d'abord préoccupé de l'état d'aération des sols en place. Pour le connaître, j'ai fait construire des cadres, boîtes carrées en tôle, sans fond, dont les parois latérales sont rebroussées à angle droit. On les enfonce dans le sol jusqu'à ce que les rebords reposent sur la terre; on les enlève, on les retourne pour aplanir la terre au ras du cadre et l'on pèse; en défalquant le poids du cadre, on a le poids d'un volume de terre, repré- sentant la capacité du cadre, 6lil ou 8Ut suivant que la hauteur du cadre est de i5em ou de 2ocm, le côté du carré horizontal étant toujours de 2ocm. On prélève un échantillon de terre et l'on détermine au laboratoire la quantité d'eau qu'il renferme; en le déduisant du poids total, on a le poids de terre sèche, et son volume en divisant ce poids par 2,6, densité de la terre sèche du domaine de Grignon, où ont été faites les déterminations. Si l'on a opéré avec le cadre de i5cmde hauteur, présentant une capacité de6ooocc, on aura l'équation 6000 = — 7, + P' + r, 2,(3 dans laquelle P est le poids de la terre sèche, P' le poids de l'eau qui se confond avec son volume et x le volume de l'air ('). » On a trouvé que, si, dans une terre en place bien travaillée, 100 vo- lumes renfermaient jusqu'à /jo volumes d'air, on en trouvait encore 20 vo- (') Le détail des déterminations se trouve dans le I. XXII des Annale* agron., !'• 449* ( 'rp ) hunes sur ioo, dans une terre de bois ou de prairie qui, depuis un temps immémorial, n'avait pas été remuée par la charrue. » Comme, d'autre part, toutes les analyses d'atmosphère du sol, exé- cutées successivement par Boussingault et Lévy, M. Schlœsing fils et moi- même, ont démontré que cet air était toujours oxygéné, on en peut conclure que le travail de la terre n'a pas essentiellement pour but de l'aérer. » L'air n'y fait défaut que lorsqu'elle est gorgée d'eau, mais, pour l'as- sainir, il faut exécuter des travaux spéciaux tout à fait différents des labours ou des hersages employés pour ameublir le sol; or c'est l'utilité de cet ameublissement que j'ai seule en vue en ce moment. » J'ai alors porté mes investigations sur l'influence qu'exerce le travail du sol sur son approvisionnement d'eau. » Tout le monde a remarqué que l'eau qui tombe sur une terre tassée ne s'y infiltre que très lentement, lorsque la surface est horizontale et glisse sur elle sans la pénétrer, si elle est inclinée. Il en est tout autrement pour une terre ameublie, l'eau la pénètre, s'y accumule et finit par la traverser. » On montre ces différences, dans un cours, en plaçant d'une part, dans un entonnoir, 200Kr de terre sèche et poreuse, et dans un autre en- core 2oogr de terre qu'on tasse au maximum en l'humectant, puis en la comprimant avec une surface métallique ; on fait tomber sur la terre meuble et sur la terre tassée de l'eau en pluie, puis on pèse quand le changement de teinte montre que toute la terre est mouillée; on a trouvé que ioogr de terre meuble se chargent de l\i parties d'eau, tandis que la terre tassée n'en a pris que 20,6. Les particules de terre laissent entre elles des vides, qui sont nombreux et spacieux quand elle est ameublie, plus rares et plus restreints quand elle est lassée. L'eau et l'air se logent dans ces espaces et l'on conçoit qu'une terre ameublie absorbe plus d'eau que ne le peut faire une terre lassée. « En répétant ce même essai avec des terres de diverses natures, on a toujours trouvé que l'ameublissement favorisait l'approvisionnement d'eau, et, si l'on se rappelle combien est énorme la transpiration végélale, si l'on se souvient qu'une plante herbacée évapore de 25o à 3oo parties d'eau pendant le temps qu'elle élabore 1 partie de matière sèche, on concevra déjà quel intérêt trouve le cultivateur à ameublir sa terre, puisque du môme coup il y assure un puissant approvisionnement d'eau. » L'ameublissement présente encore un autre avantage et très grand : il favorise la formation de fortes réserves dans le sous-sol. » Pour savoir comment l'eau s'infiltrait dans une terre ameublie ou { 476 ) dans une terre tassée, j'ai fait construire en cuivre rouge des cloches con- tenant 5ht environ et munies de quatre orifices auxquels étaient soudés des tubes de cuivre. » Un de ces orifices est pratiqué sur le fond même de la cloche, les autres sur la paroi verticale; celui du haut est placé à om, o3 de la surface supérieure, le deuxième à om,o8, le dernier à om,ia. » Ces cloches, au nombre de quatre, ont été remplies d'une même terre : meuble pour les deux premières, tassée au maximum pour les deux der- nières. Pour les soustraire aux radiations solaires et éviter leur échauffe- ment, je les ai placées dans des boîtes en bois, les tubes latéraux traversant une des parois. L'espace compris entre la cloche cylindrique et la boîte quadrangulaire était rempli de sable fin qu'on préservait de la pluie par un couvercle en bois, percé d'une ouverture circulaire de même diamètre que la cloche de cuivre. » Les observations ont été recueillis pendant l'automne 1897 e^ ^ hiver 1897-1898. Quelques déterminations de la température des diverses couches de terre, exécutées en enfonçant des thermomètres dans les tubes latéraux n'ont pas présenté de différences sensibles avec la température de l'air. » On a prélevé toutes les semaines des échantillons de terre par les ori- fices latéraux afin d'y déterminer l'humidité ('). On a reconnu ainsi que l'eau s'infiltre aisément au travers de la terre meuble et que très vite le taux d'humidité devient le même à diverses hauteurs, mais qu'il n'en est plus ainsi dans la terre tassée et que, pendant longtemps, la couche intérieure est beaucoup plus sèche que les couches superficielles. » D'autres expériences, exécutées encore pendant l'hiver, sur une terre forte et sur une terre légère, meubles ou lassées, ont permis, non seule- ment d'observer la distribution de l'eau à diverses hauteurs, mais encore de recueillir les eaux qui avaient traversé. » J'ai trouvé en opérant sur une terre forte les nombres suivants : Sur 100 d'eau tombée. Terre lassée. Terre meuble. Mau retenue par lu Lene 10,2 21 ,9 Eau écoulée par l'orifice inférieur 9,6 64>4 Eau évaporée 80, 1 i3,6 ') Le détail des observations se trouve dans le t. \\1\ des Innales agronomiques, !'• m'J- ( 477 ; » Les différences sont considérables. Non seulement une terre bien ameublie relient plus d'eau qu'une terre tassée, mais en outre, comme elle est très perméable, elle laisse couler dans le sous-sol beaucoup plus d'eau que ne le fait une terre tassée; elle perd donc infiniment moins par éva- poration. Dans une terre meuble, l'eau descend aisément : elle séjourne au contraire sur une terre forte, et déjà elle est exposée à une grande déper- dition, ou, si elle pénètre, elle ne s'enfonce qu'à une faible profondeur, puis remonte par capillarité jusqu'à la surface, où elle s'évapore. » L'ameublissement de la terre a donc essentiellement pour effet de per- mettre à l'eau de s'emmagasiner dans les profondeurs. » Les expériences exécutées sur une terre légère ont encore montré des résultats analogues; ils sont résumés dans le Tableau suivant : Pour ioo d'eau tombée. Terre tassée. Terre meuble. Eau retenue par la terre 34,9 22>9 Eau écoulée par l'orifice inférieur 3o,o 64,4 Eau évaporée 35, o 12,7 » On remarquera que, contrairement à ce qu'on avait observé jusque-là, la terre tassée a retenu plus d'eau que la terre meuble; cette irrégularité doit être attribuée à un effondrement qui s'est produit dans la terre meuble au cours des observations. Du 5 au 16 février 1898, la terre a reçu 25icc d'eau; on a recueilli, au-dessous de la terre meuble, 2C)5CC d'eau de drai- nage, c'est-à-dire que la terre a laissé couler plus d'eau qu'elle n'en a reçu. » Ce résultat, qui paraît paradoxal, au premier abord, puisqu'il montre qu'après la pluie la terre retient moins d'eau qu'elle n'en contenait avant l'averse, ou encore, que sous l'influence de la pluie elle s'est desséchée, est dû à l'effondrement que provoque l'arrivée de l'eau dans une terre meuble déjà saturée d'humidité ('). » Une terre très bien travaillée est très poreuse, elle présente de nom- breux espaces vides dans lesquels se logent l'air et l'eau. Les particules solides ne se touchent que par quelques points, elles sont dans un état d'équilibre instable que parfois la pluie détruit; le volume de la terre diminue, les espaces vides se comblent; l'eau qui y restait suspendue est expulsée, comme elle l'est d'une éponge fortement pressée. (') J'ai déjà donné des exemples de ce singulier effet de la pluie (Comptes rendus, t. CXXII, p. m). ( W ) » Cette remarque présente une grande importance, car elle nous fait concevoir que l'ameublissement du sol par les instruments n'est pas du- rable cl comment il est nécessaire, tous les ans, de refaire le travail que la pluie a détruit. » En résumé, les expériences précédentes prouvent qu'en travaillant la terre on lui permet d'emmagasiner dans le sol de puissantes réserves d'humidité. Il convient de montrer maintenant cjue cet approvisionnement d'eau des couches profondes exerce une influence décisive sur l'abondance des récoltes. « Les cases de végétation de Grignon m'en fournissent un excellent exemple. Elles ne présentent qu'une profondeur de im, et l'eau qui a traversé cette couche de terre s'écoule au dehors; il n'y a donc pas de réserve dans le sous-sol. Les récolles de blé y sont très inférieures à celles qu'on obtient des parcelles voisines, bien que la nature de la terre soit la même. En moyenne, pendant ces dernières années, je n'ai obtenu des cases, en calculant pour un hectare, que 20 quintaux métriques de grain, contre 3o dans les parcelles. « Pour saisir les causes de celte différence, il faut savoir que les racines de blé ne portent de poils absorbants que sur leurs parties jeunes, nouvel- lement développées. Quand arrive le mois de mai ou de juin, toute la partie supérieure de la racine en est dépourvue; on ne les aperçoit plus qu'aux extrémités, de croissance récente. Or ces racines de blé s'enfoncent tout droit dans le sol el pénètrent jusqu'à des profondeurs dépassant im. Dans les cases, elles s'enroulent autour des cailloux qui tapissent le fond pour assurer l'écoulement des eaux de drainage; les racines s'y ramifient, mais ces cailloux ne retiennent pas l'eau, et la partie supérieure de la racine, ne pouvant profiler de l'humidité des couches superficielles, puisque les poils absorbants font défaut, n'envoie plus à la tige qu'une quantité d'eau insuffisante; le blé jaunit et la récolle est médiocre. Il en est tout autrement quand le sous-sol est humide; je connais une pièce de terre, dans la Limagne d'Auvergne, où l'eau esl si abondante dans le sous- sol que les roseaux se mêlent au blé, el cependant les récoltes y sont admirables. Les plus grands rendements que j'aie observés, dans les dépar- tements du Nord el du Pas-de-Calais avec feu M. Porion, l'ont été dans une pièce reposant sur une couche d'argile, imperméable, qu'il avait fallu drainer. Dans celle argile, l'eau ne faisait jamais défaut, el l'on a recueilli par hectare jusqu'à 48 quintaux métriques de grain. On sait, en effet, que les terres fortes à sous-sol argileux sont essentiellement des terres à blé. ( 4?9 ) » Les racines des betteraves ne s'enfoncent pas aussi profondément que celles du blé : elles profitent surtout de l'eau contenue dans la couche ameublie; aussi pendant les années humides les récoltes obtenues sur les cases sont-elles semblables à celles que fournissent les parcelles de pleine terre. Il n'en est plus ainsi pendant les années sèches; les réserves du sous- sol remontent alors par capillarité et suppléent à l'insuffisance delà pluie. Pendant l'automne très sec de 1895, les betteraves à sucre des parcelles n'ont rien présenté d'anormal, tandis que celles des cases, où les réserves d'humidité du sous-sol n'existent pas, étaient petites, raccornies, et ren- fermaient 36 pour 100 de matière sèche, au lieu de 20 qu'elles contiennent d'ordinaire. » Assurer les réserves d'humidité du sol et du sous-sol, tel me paraît être l'utilité du travail du sol, et l'on conçoit qu'il soit efficace puisque cette humidité est la condition même du travail des ferments qui fixent l'azote dans le sol et l'y rendent assimilable. » MÉCANIQUE BIOLOGIQUE. — Chaleur libérée ou absorbée par la mise enjeu de l'élasticité du caoutchouc, dans les conditions qui peuvent être réalisées pour V élasticité du muscle en contraction. Applications à i énergétique mus- culaire; par M. A. Chauveau. « Les conditions étudiées dans la Note du i3 février, pour la production des phénomènes thermiques liés à la mise en jeu de l'élasticité du caout- chouc, ne sont pas celles qu'on est exposé à rencontrer dans le cas du muscle en état de travail physiologicjue. Cette rencontre ne peut avoir lieu que pour les conditions suivantes, les seules à exploiterait point de vue des applications à la Physiologie musculaire. » I. Mise en jeu de l'élasticité du caoutchouc par l'emploi de charges simples, appliquées ou. retranchées d'un seul coup. — Il est évident que le mécanisme précédemment décrit {Note du i3) s'applique à la production des phénomènes thermiques obtenus dans ces conditions nouvelles. On pourrait donc tracer à l'avance les schémas de ces phénomènes, puis com- parer ces schémas avec les résultats expérimentaux, reproduits graphique- ment, comme on a fait pour les conditions de la méthode des charges fractionnées. Mais ce serait moins utile et de plus beaucoup moins simple. » Les conditions de la deuxième méthode se montrent, en effet, assez compliquées, quand on les compare à celles de la première. Avec celle-ci, les chemins parcourus par ( /,8o ) les charges sont égaux et sont ainsi accomplis facilement dans le même temps, surtout si l'on a soin d'accompagner à la main le mouvement des charges, en se réglant sur les battements d'un métronome. D'un autre côté, la valeur du travail négatif a des rap- ports nettement déterminés avec celle du travail positif correspondant, étant donné que la charge entraînée dans le travail positif est toujours inférieure d'une unité à celle qui accomplit le travail négatif. De là une grande uniformité des conditions expéri- mentales, permettant d'obtenir des résultats absolument comparables entre eux, ainsi qu'aux résultats théoriques. « Avec l'autre méthode, on est loin de cette uniformité absolue ou relative. Les che- mins parcourus croissent avec les charges et ne sont pas accomplis avec une rapidité uniforme. Or on verra plus loin quelle énorme influence la vitesse avec laquelle s'ef- fectuent les travaux intérieurs du caoutchouc peut exercer sur leurs manifestations thermiques. Enfin la valeur du travail positif provoqué par la suppression des charges n'a point de rapports déterminés avec celle du travail négatif correspondant. Cette valeur du travail positif dépend, en efi'et, du poids soulevé, qui est le poids tenseur primitif, quand il y en a un, et qui doit être nécessairement un peu faible, si l'on ne veut pas troubler l'apparition du phénomène de l'inversion thermique, dans le cas où l'élasticité est mise en jeu par traction. » Malgré ces causes de trouble, on peut tirer bon parti des expériences exécutées avec la présente méthode. Mais il est nécessaire d'accompagner à la main le mouve- ment des charges, non pas pour en uniformiser la durée, mais dans le but de la régu- lariser. » A. Cas de V élasticité mise en jeu par traction. — C'est le cas qui a été le plus étudié par les auteurs et c'est également celui qui a fait l'objet du plus grand nombre de mes expériences, toutes exécutées sur un faisceau de quatre lanières de 5oem de longueur et de 7mm de diamètre. J'ai déjà fait connaître les résultats moyens d'une de mes séries (première Noie, fig. i). Il suffit d'y ajouter ceux de deux autres séries. » Expériences n° 1. — Les conditions extérieures étant favorables, on a donné au galvanomètre une assez grande sensibilité. Une exposition quelconque n'ajouterait rien à l'intelligence des graphiques qui, dans \afig. i , représentent les résultats moyens de l'expérience ('). Construits exactement d'après les principes de ma précédente Note, ces graphiques font ressortir aussi bien les faits constatés que les conditions (') Dans tous les graphiques joints à cette Note, les ordonnées en noir s'élevant de l'abscisse O représentent les éebaufiements ; les ordonnées en clair abaissées de cette même abscisse représentent les refroidissements. La valeur relative de ces phénomènes thermiques est donnée par les chiffres des échelles parallèles aux ordonnées. Celles des abscisses donnent la mesure de la valeur relative des allongements ou des raccour- cissements. Pour gagner de la place, on a fait pénétrer V de \afii;. i dans une échancrure de la fig. 2. ( 48i ) dans lesquelles ces faits ont été obtenus. Il y a : i° les séries A, A', avec emploi de la Kig. i. l<'iS- 2. III méthode des charges simples; 2° les séries comparatives, B, B', avec emploi de la mé- G. K., 1899, 1" Semestre. (T. CXXVIII, N" 8. 63 ( /|8a ) thode îles charges fractionnées. A et B représentent les phénomènes thermiques de l'allongement; A', 15' les phénomènes thermiques de la rétraction. » Expériences n° i. — Dans ces expériences (fig. 2), où l'on n'a exploité que la méthode des charges simples, sont intervenues diverses conditions dont il sera ques- tion plus loin. Pour le moment, j'appelle seulement l'attention sur les graphiques de la série I (A, allongement, V. rétraction), dans laquelle les expériences, exécutées sur un faisceau de lanières neuves n'ayant encore subi aucune fatigue, ont donné des résultats tout à fait typiques. Il n'a point été exécuté d'expériences comparatives avec emploi de la méthode des charges fractionnées. » B. Cas de la mise en jeu de l'élasticité par compression. — Avec un cy- lindre de caoutchouc comprimé de bout eu bout, sous un levier du second genre, au moyen de charges conduites à la main, voici ce que l'on obtient : » Expériences. — Les graphiques de la fig. 3 représentent les résultats des séries exécutées une après-midi où les conditions magnétiques favorables avaient permis de donner au galvanomètre une grande sensibilité. On a pu comparer les deux méthodes. Avec celle des charges simples, au nombre de douze, graduellement croissantes, les déviations du rayon lumineux ont pris une telle ampleur qu'on n'a pu faire partir de la même abscisse les ordonnées représentatives des échauffements de la compression A et celles des refroidissements de la décompres ion V ( '). \\ee la méthode descharges fractionnées, les poids ajoutés ou retranchés ont varié par deux unités, en sorte qu'on n'a eu que dix changements dans les effets thermiques de la compression 13 et dans ceux de la décompression IV. » C. Conclusions à tirer des expériences sur la mise enjeu de i élasticité par l'emploi de charges simples ajoutées ou retranchées d'un seul coup. — i° D'une manière générale, on peu! dire que la méthode des charges simples donne, au point de vue des effets thermiques, les mêmes résultats que la méthode des charges fractionnées. La résultante de ces effets est une somme ou une différence, suivant que l'élasticité est mise en jeu par compression ou par traction. » 20 Toutefois, quand le résultat est différentiel, la neutralité et l'inver- sion thermiques ne se rencontrent avec toute leur netteté que dans le cas d'allongement. Avec la rétraction, l'inversion se produit; niais elle ne se manifeste plus d'une manière aussi simple que dans le cas des charges fractionnées. Il y a bien échauffemeut avec les petites rétractions et refroi- (') Les valeurs des ordonnées ont dû être réduites au quart dans la figure. Ainsi, en A (échauffements de la compression), la course maxima du faisceau lumineux sur l'échelle galvanométrique atteignait j.44 divisions, qui ont été ramenées à 36 dans la construction du graphique. ( 483 ) (lisseraient croissant avec les grandes. Mais celui-ci n'est pas habituellement pur. Il est précédé d'un loyer éehaùffement, dont la valeur, du reste, pa- raît suivre une marche décroissante. Cet éehaùffement semblerait indiquer qu'au début de toutes les rétractions, le retrait des espaces intermolécu- laires s'effectue plus rapidement que le retour des molécules à leur position d'équilibre. Mais il se pourrait aussi que cet éehaùffement tînt tout simple- Fie. 3. r 4 t± 4 4^ I :jr :t £ _ r t y _> _i_ 4 _ +A 1 t H x / . t i 1 / A L~ 1 7 r i - '■!■'' _ zf _ Zt w7 t i zzû at / .. / / A ■ :::::::::: or - - ï \ Xr V] \ ^ \ A - V N \ \ t ^s \ \ X \ L " X \ 1 1/ B f / / 11 j t *», \ \, k e V A ■r cft ça — co * ? I t I . , , f\j fv) N» OJ IS» M M ment à une défectuosité instrumentale, permettant une traction rudimen- taire effectuée immédiatement avant le relâchement, à l'insu de l'opérateur. En tous cas, cette apparente irrégularité n'est pas de nature à faire porter la moindre suspicion sur l'exactitude du mécanisme général des phéno- mènes thermiques provoqués par la mise enjeu de l'élasticité. ( m ) » II. Influence exercée sur les phénomènes thermiques dus à l'allongement et à la rétraction du caoutchouc par la vitesse imprimée à ces deux mouve- ments. — On a fait pressentir tout à l'heure l'importance de cette élude. Voici comment elle a été faite : » Expériences. — Les trois séries de graphiques de la fig. i sont consacrées à ce sujet. Elles représentent les résultats moyens d'expériences dans lesquelles les allonge- ments et les rétractions ont été exécutés (sans charges) à la main avec des vitesses différentes : I, vitesse moyenne (environ une seconde et demie) ; II, vitesse plus grande ; III, vitesse aussi grande que possible. Dans ce dernier cas, la main ne suivait pas le mouvement de rétraction ; on lâchait brusquement la manivelle de la poulie et le faisceau de lanières revenait de lui-même à sa longueur primitive, sans déplacer d'autre résistance extérieure que celle de la poulie. Voici les résultats : » Dans le cas d'allongement, A, B, C : i° les échauffements s'accroissent avec la vitesse; 2° la phase initiale de refroidissement se raccourcit d'abord et disparaît en- suite complètement de la série. » Dans le cas de rétraction, A', B', C, la phase des refroidissements de la fin des séries se raccourcit d'abord et disparaît ensuite complètement. Non seulement les refroidissements sont alors supprimés, mais les échauffements qui les remplacent ac- quièrent une valeur relative considérable. » En résumé, on ne constate plus que des échauffements, dans tous les cas, quand l'allongement et la rétraction du caoutchouc s'effectuent avec une très grande rapidité. Donc, avec Y allongement, l'influence thermique exercée par l'éloignement des molécules de leur position d'équilibre l'emporte constamment sur l'influence ther- mique de la dilatation des espaces intermoléculaires. Inversement, avec la rétraction, l'influence thermique du retrait des espaces intermoléculaires prédomine toujours sur celle du retour des molécules à leur position d'équilibre. ■ » On explique très facilement ces modifications. » Avec X allongement, la valeur du travail extérieur qui en est la cause n'est pas changée; mais, comme la force vive que représente ce travail se délruit plus rapidement, cette destruction rapide arrive de suite à libérer une quantité de chaleur supérieure à celle qu'absorbe la dilatation des espaces intermoléculaires. » Avec la rétraction, il n'y a plus, pour ainsi dire, de travail extérieur (travail positif) puisque les résistances déplacées sont extrêmement ré- duites. Donc, la chaleur absorbée par ce travail se réduit de la même ma- nière. Alors la chaleur libérée par la contraction concomitante des espaces intermoléculaires se manifeste presque sans atténuation. » III. Applications physiologiques. — On sait que les phénomènes ther- miques observés dans le muscle en contraction sont essentiellement liés à la dépense énergétique qu'entraîne la création du travail physiologique ( «85 ) que représente la contraction musculaire. Mais le muscle en contraction est doué d'une élasticité parfaite qui est facilement mise en jeu, comme celle des corps inertes, par l'intervention de forces extérieures. Donc tous les phénomènes liés à cette mise en jeu de l'élasticité peuvent être pro- voqués dans le muscle contracté, aussi bien que dans les substances inertes. Ils se mêleraient alors à ceux qui appartiennent en propre au chimisme musculaire. » Ainsi prenons le muscle biceps de l'homme, en contraction statique pour le soutien fixe d'une charge. Si une surcharge est appliquée brusque- ment, elle allonge le muscle et la suppression brusque de cette surcharge permet à l'organe de reprendre exactement sa longueur première. Evi- demment les phénomènes mécaniques intimes accompagnant cet allonge- ment et cette rétraction, dans un faisceau de caoutchouc, se reproduisent exactement dans le muscle. \J allongement de celui-ci détermine, avec les déplacements qui éloignent les molécules du tissu musculaire de leur position d'équilibre, la dilatation des espaces intermoléculaires. La rétrac- tion provoque, avec les déplacements qui ramènent les molécules muscu- laires à leur position d'équilibre, la contraction des espaces intermolécu- laires. D'où les conséquences thermiques liées, dans les deux cas, à ces deux travaux intérieurs, c'est-à-dire l'inversion thermique possible dans les séries croissantes ou décroissantes des allongements et des rétractions. » Dans les conditions habituelles, l'observation d'une telle inversion est tout à fait impossible, en raison de la prédominance énorme des phéno- mènes d'échauffement dus à la dépense chimique qu'entraînent la création et l'entretien de l'état de contraction. Mais cette suprématie peut être abolie, si le chimisme provocateur du travail de la contraction est réduit à un certain minimum, comme il arrive dans les muscles en contraction sta- tique sous un raccourcissement insignifiant, avec soutien d'une charge faible. » Le cas n'est guère réalisable chez l'homme. Mais le gastro-cnémien de la grenouille, en place ou isolé, se prête très bien à la réalisation des conditions nécessaires aux vérifications expérimentales à faire. Les expé- riences toutes faites ne manquent pas, du reste, dans mes documents de laboratoire. » a. J'en ai accumulé, autrefois, un grand nombre sur les effets thermiques de l'étirenient du muscle contracté. Quelques-uns de ces documents ont été utilisés dans les Notes {Comptes rendus, t. CXXIV) consacrées à la Méthode nouvelle pour ( 486 ) s'assurer si, dans les milieux vivants, comme dans le monde inanimé, le travail positif « prend » de l'énergie au moteur et si le travail négatif lui en u donne » (' ). J'ai montré alors que l'étiremenl iln gastro-cnémien, mis pour un court instant en contraction statique par tétanisation, accroît généralement, d'une manière très sensible, réchauffement du muscle. Cependant il s'est rencontré des cas où, malgré l'élircment, le seul phénomène thermique constaté a été purement et simplement un léger refroi- dissement. De ces faits, il n'avait pas élé tenu compte, parce qu'on les avait men- tionnés comme défectueux.. Mais la défectuosité signalée consistait tout simplement en ceci, que le raccourcissement préalable du muscle avait élé peu marqué et qu'il n'avait fallu qu'une traction relativement faible pour le faire cesser. Evidemment, dans ce cas, la production de chaleur d'origine chimique avait été inappréciable, et l'effet thermique lié à la dilatation mécanique des espaces intermoléculaires, c'est- à-dire le refroidissement, avait pu devenir apparent. » b. Je trouve des faits analogues dans des expériences sur le gastro-cnémien plus ou moins tendu par une charge et fixé à ses deux extrémités. Dans ces conditions, le muscle ne peut éprouver aucun changement de longueur, quand on en provoque la contraction avec une excitation tétanisante du nerf. Or, lorsque l'excitation était forte, la contraction déterminait le fait bien connu d'un échaufi'ement supérieur à celui du muscle libre. Si, au contraire, l'excitation était faible, il n'était pas rare de constater un léger refroidissement à la place de réchauffement. Ces faits, d'apparence contradictoire et tout à fait déroutants, avaient été laissés entièrement de côté. Ils s'expliquent maintenant très bien. Les muscles placés dans le= conditions que je viens de dire disposent d'emblée leurs molécules comme celles des muscles préalablement raccourcis et allongés ensuite. Ce sont donc exactement les mêmes travaux intérieurs qui sont accomplis dans les deux cas, et il en dérive les mêmes phénomènes ther- miques. Par exemple, la contraction du muscle fixé provoqué mûrement l'agrandisse- ment des espaces intermoléculaires, et l'effet thermique de ce travail intérieur peut prédominer si la contraction a élé faible. D'où refroidissement. c. Que si, maintenant, nous considérons le cas du refroidissement déterminé dans le muscle libre par de faibles contractions, nous avons le droit d'invoquer le même mécanisme pour expliquer ce refroidissement. Un muscle faiblement évite, se rac- courcissant peu et soulevant à peine son poids tenseur, est exactement dans le cas dune lanière de caoutchouc peu chargée, sur laquelle on lire et qu'on tend faible- ment. Notre muscle se mcl de lui-même, en se contractant et en s' appuyant sur sa charge, dans le même état de faible tension élastique. Et alors, il y a refroidissement par prédominance du processus thermique dépendant de l'agrandissement des esp intermoléculaires. \insi disparait l'une des difficultés les plus embarrassantes que ren- (') Naturellement, ces Notes ne sont plus, , quant an fond, mais en ce qui con- cerne les faits de détail, surtout sur ^élasticité du caoutchouc, en accord avec les ini- tions nouvelles acquises dans mes travaux actuels. ( 487 ) contrait l'établissement de la loi générale de l'énergétique musculaire. Ce refroidissement du muscle faiblement contracté était le dernier argument des partisans de la théorie thermodynamique. Ils y voyaient la preuve de la transformation directe de la chaleur en travail mécanique dans le muscle. Grâce à l'étude méthodique des phénomènes thermiques, engen- drés par l'élasticité du caoutchouc, élude dont les résultats sont, en tous points, applicables à l'élasticité du muscle en contraction, cette objection est définitivement écartée. Dans tous les cas, sans exception, le travail inté- rieur ou physiologique du muscle, cause du travail extérieur ou mécanique, procède directement du métabolisme chimique, qui est la source de la dépense énergétique des organes en activité. » CHIMIE ANALYTIQUE. — Dosage de l'oxyde de carbone. Note de M. Armand Gautier. « Au numéro des Comptes rendus du 3o janvier dernier, page 3og, MM. Schlagdenhauffen et Pagel attribuent à M. Nicloux la méthode de dosage par rauhvdride de l'oxyde de carbone dilué dans de grands volumes d'air ou d'autres gaz, méthode que j'avais employée et décrite plusieurs années avant cet auteur, ainsi que M. Nicloux lui-même a bien voulu le reconnaître en diverses occasions, ce qui aura échappé aux auteurs pré- cités ('). » J'ajoute que depuis longtemps je ne dose plus CO par l'acide carbo- nique qui en dérive, méthode peu sensible si l'on opère pondéralement, très délicate et très pénible si l'on dose volumétriquement l'acide carbo- nique produit. Je pèse la quantité d'iode que CO met en liberté en passant à 700 sur l'anhydride iodique, iode que je recueille sur du cuivre en poudre (Comptes rendus, t. CXXVI; p. 794 et 1299"). (') Voir à ce sujet ma Note aux Comptes rendus, i4 mars 1898, page 793 et le Mé- moire de M'. Nicloux auv Annales de Chimie et de Physique, 7e série, tome XIV, pages 566 et 567. Dans ce Mémoire, M. Nicloux, après avoir relaté les observations qui démontrent l'oxydabilité par 1205 de l'oxyde de carbone dilué dans de grands volumes d'air, ajoute à propos de sa Communication à l'Académie du 7 mars 1898 : « J'ignorais à cette époque que M. Armand Gautier se servait de cette réaction depuis six ou sept années pour doser l'oxyde de carbone dans l'air. . . et que le procédé était indiqué dans la tlièse de son élevé M. Ilélier. ... Le premier, M. Armand Gautier a appliqué la réaction signalée par M. Ditte au dosage de l'oxyde de carbone dans l'air ». ( 488 ) » J'ai aussi donné, aux Comptes rendus (t. CXXVI; p. 871), diverses indications relatives à l'oxvdabilité de l'oxyde de carbone, pur ou dilué de gaz, par plusieurs réactifs dont quelques-uns ont été repris par MM. Schlagdenhauffen et Pagel. J'ai reconnu, qu'aucun d'eux ne permet d'oxyder complètement l'oxyde de carbone très dilué, surtout lorsqu'il s'agit de ne pas atteindre en même temps les autres gaz combustibles (acé- tylène, éthylène, etc.) qui l'accompagnent si souvent (Comptes rendus, t. CXXVI; p. ()'3i). » Ce n'est du reste pas de l'acide iodique IO'H dont je me sers pour oxyder l'oxyde de carbone dilué d'air ou d'autres gaz, mais bien de l'anhy- dride PO5 séché à i8o°-2oo° ». CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — A propos d'une réclamation de M. J. Winter relative à la cryoscopie des urines. Note de M. Ch. Bouchard. « Dans le numéro du 3o janvier, M. J. Winter, à l'occasion de ma Note du 9 janvier, « Essai de cryoscopie des urines », rappelle qu'il a en 1893 aux Comptes rendus, et en 189G dans les Archives de Physiologie, par conséquent avant moi, étudié le point de congélation des urines et déduit de cette détermination le poids moyen des molécules urinaires. Ces deux revendi- cations sont absolument légitimes. Si je n'ai pas cité M. J. Winter, c'est parce que la cryoscopie, qui ne m'appartient pas, ne lui appartient pas davantage, et parce que j'estimais qu'il avait appliqué cette méthode à des recherches dont je ne me suis pas occupé et parce que je l'ai appliquée moi-même à une étude qu'il me paraissait n'avoir pas abordée. Je dois ajouter que je ne connaissais que la Note du 11 novembre 1893 et que sa lecture m'a détourné de rechercher celle de 1896. » En effet, dans la première Note, il est dit : » Des recherches antérieures m'ayant conduit à étudier parla cryoscopie la concen- tration moléculaire d'un certain nombre de liquides de l'économie (sérum, lait, suc gastrique, urines, etc.), je crois devoir signaler, à la suite d'un grand nombre de déter- minations, une propriété remarquable du sérum sanguin et du lait : ces liquides sont équimoléculaires et leur concentration est la même chez les diverses espèces animales que j'ai examinées. La loi parait, d'ailleurs, générale, d'après mes observations sur les autres liquides; mais elle se présente rarement avec la netteté qu'on trouve ici. Je suis donc obligé de renvoyer pour les particularités aux développements que je don- nerai plus lard. { 489 ) » Cela veut dire que les urines ont, comme le lait, même point de congé- lation, et partant même nombre de molécules, que le sérum sanguin. Dans la même Note se trouvent seize déterminations cryoscopiques, faites sur le lait de vache, de chèvre, de femme. La température de congélation variait de — o°,55 à — o°, 5j. L'auteur ajoute que les températures de congéla- tion des sérums de chien, lapin, cheval, bœuf « oscillent exactement dans » les mêmes limites » ce qui le « dispense de répéter les mêmes chiffres ». J'ai dû conclure que, d'après l'auteur, la température de congélation de l'urine est invariablement — o°,55 ou très voisine et que, en tout cas, elle suit les variations du point de congélation du sang, ce qui est et ce que j'ai reconnu absolument inexact. » J'ai trouvé comme point de congélation du sang chez l'homme — o°,58 à l'état normal, et des variations pathologiques entre — o°,5o et — o°,8i. Le point de congélation des urines varie de — o°, 5o à — 2°, i\ avec une moyenne de — i°,35.0n comprend que je n'aie pas recherché les développe- ments qui devaient être donnés plus tard à une affirmation qui se trouvait en contradiction absolue avec ce que j'avais constaté. J'étais d'autant moins porté à faire cette recherche, que la Note en question visait exclusi- vement l'isotonie, l'équilibre osmotique des humeurs et des globules établis par l'égalité du nombre des molécules. Il n'était rien dit ni indiqué de la seule chose que je poursuivais dans mes propres recherches : des variations dans le degré et la perfection de la destruction intraorganique de l'albumine et de ses dérivés déduite du poids moyen de celles des molé- cules urinaires qui sont d'origine albumineuse. » Je regrette de n'avoir pas pris connaissance des Notes annoncées par M. Winter. J'aurais trouvé, dans les Archives de Physiologie de 1896, page 287, un très intéressant Mémoire, où la même idée trouve ses déve- loppements et où est mis en relief le rôle prépondérant du chlorure de sodium dans l'équilibre osmotique, mais rien qui soit relatif aux urines ni à la nutrition. J'aurais enfin trouvé dans le même Recueil, même année, page 329, trente-trois déterminations cryoscopiques d'urines hu- maines saines ou pathologiques où, contrairement aux assertions de l'année précédente, le point de congélation, sans relation aucune avec celui du sang, oscille entre — o°,45 et — 2°,4o. J'y aurais aussi trouvé la série des poids moléculaires moyens, de nouvelles applications à l'osmose et à la sécrétion, toujours rien qui soit en rapport avec la nutrition. Cela tient à ce que la molécule que considère M. Winter n'a rien de commun avec celle qui m'occupe. Dans sa préoccupation relative à l'osmose, il vise toutes les mo- C. R., 1899, 1" Semestre. (T. CXXVIII, N» 8.) 64 ( 49° > lécules nrinaires qui traversent le filtre rénal. Au contraire, dans ma ten- dance à rechercher les manifestations de la destruction plus ou moins rapide, plus ou moins complète de l'albumine, j'ai pris en considération seulement les molécules dérivées de cette albumine et défalqué les molé- cules excrétées telles qu'elles avaient été ingérées, les chlorures. Ma molé- cule, c'est la molécule élabora- moyenne, qui n'avait pas encore été déter- minée et qui ne pouvait l'être que par la cryoscopie. J'ai, le premier, étudié les conditions des variations de son poids, qui se font parallèlement à la soustraction graduelle d'atomes de carbone qui, pris aux dérivés de l'al- bumine, s'éliminent par l'intestin ou par le poumon, en même temps que la molécule rendue plus petite devient moins toxique. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. M. V. Gentil adresse une description et un dessin d'un aérostat diri- geable. (Renvoi à la Commission des aérostats.) CORRESPONDANCE. M. L. Cremona, nommé Correspondant pour la Section de Géométrie, adresse ses remercîments à l'Académie. M. Pompiliax adresse ses remercîments à l'Académie pour la distinction accordée à ses travaux. M. G. Ducretet adresse, pour l'un des concours de l'année 1899, les Notices qu'il a publiées sur « La télégraphie hertzienne sans fil ». (Renvoi aux concours de 1899.) ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la croissance des fonctions définies par des équations différentielles. Note de M. Emile Hokel, présentée par M. Picard. « 1. Considérons une fonction réelle v de la variable réelle»; si y aug- mente indéfiniment quand x tend versa, on peut se proposer d'étudier lara- ( 49i ) pidité de la croissance de y ; on posera \x — a\ = - et \y | = ("), obtenir une fonction y, telle que la fonction corres- pondante (n) dépassant toutes les fonctions • p0 et | u | < co0, p0 et «>0 désignant deux constantes positives quelconques, et si la série VaBs" conserve 0 le même cercle de convergence quand on remplace n par néa dans xa, | o> | res- tant inférieur à u>u. » Une application importante est relative au cas où le rapport -^ est rj-n développable suivant les puissances de - : le théorème précédent s'ap- plique alors. » Dans ces divers cas, on déduit de la série donnée une intégrale définie qui représente la fonction définie par la série : cette intégrale fournit une expression analytique de la fonction valable pour un domaine absolument quelconque, sauf des coupures grâce auxquelles on atteint les points sin- guliers et les périodes qui s'y rapportent. » IV. Les résultats précédents peuvent être généralisés d'un très grand ( 494 ) nombre de manières que je ne puis songer à énumérer ici. Je me bornerai à citer le résultat suivant : Une série dont le coefficient général est un poly- nôme par rapport aux coefficients généraux d'un certain nombre de séries étu- diables par les procédés du n° II est encore étudiable dans tout le plan par les mêmes procédés. » Il est intéressant de comparer ces procèdes à d'autres méthodes pro- posées par divers géomètres pour découvrir les singularités d'une série de Taylor. On retrouve ainsi plusieurs résultats connus, mais surtout on géné- ralise ces résultats en définissant des conditions à la fois très larges et très précises pour que les méthodes en question réussissent. » J'ai été amené en particulier à m'occuper d'un théorème dû à M. lia- GO damard, d'après lequel la série Yj,,),,.-" n'a pas d'autres points singuliers 0 que ceux que l'on obtient en multipliant l'affixe d'un point singulier de Y«„;" par l'affixe d'un point singulier de V /„:"■ Les méthodes du n° II 0 u conduisent à définir des cas très étendus où ce théorème permet l'étude effective d'une série donnée. » V. Considérons le problème des moments posé par Stieltjes. Il consiste à résoudre par rapport à o les égalités c/„ = / o(x)x" dx, pour toutes les valeurs entières et positives de n. J'en trouve une solution bien déterminée dans des cas très étendus. La généralité est ici la même que pour le problème du prolongement (n°III). La méthode suivie est, d'ailleurs, toute semblable à celle dont j'ai donné un exemple au n° II. » VI. Les méthodes précédentes sont encore applicables à l'étude des fonctions définies par certaines séries autres que la série de Taylor. On parvient notamment à reconnaître, dans des cas étendus, si une fonction définie par une série trigonométrique est ou non analytique. Le théorème général indiqué au n° III reparaît encore ici, ainsi que toutes ses généra- lisations. » VIL Les mêmes méthodes conduisent enfin, avec le même degré de généralité et les mêmes conditions d'application, à une solution du pro- blème des séries divergentes. En combinant ces méthodes avec celle que M. Borel a indiquée, on arrive à donner un sens à une classe très vaste de ( 495 ) séries entières toujours divergentes, qui se trouvent, d'ailleurs, appartenir à la catégorie des séries asymptotiques de M. Poincaré. On peut dire que les théorèmes tels que celui du n° III donnent des caractères de sommabilité des séries divergentes. Toute série dont le coefficient général ocra est de la forme T(pn +i)a„, an étant étudiable par les procédés du n° II, est som- meille et je conviens de dire qu'elle est d'ordre p. » Il suffit qu'une de ces séries vérifie formellement une équation diffé- rentielle pour définir une solution effective de cette équation : cette solu- tion pourra toujours être introduite dans le calcul par son développement, bien que celui-ci soit divergent. » VIII. Je termine en indiquant la possibilité d'intégrer d'une façon complète, au moyen de séries de Taylor convergentes ou divergentes, mais toujours étudiables par les procédés précédents, les équations différen- tielles linéaires dont les coefficients sont ries polynômes par rapport à la variable. » Cela m'amène à énoncer que l'on peut faire l'étude complète, dans tout le plan, des séries dont les coefficienls ot„ vérifient une équation linéaire aux différences finies, quand les coefficients de cette relation récurrente sont des polynômes en n. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les formes de différentielles invariantes vis-à-vis de certains groupes. Note de M. Emile Cottox, présentée par M. Darboux. « Dans cette Note, j'indique une méthode pour former des systèmes d'expressions de Pfaff invariants vis-à-vis de certains groupes finis et con- tinus, et j'applique les résultats à la théorie des ds2 à trois variables admettant un groupe continu de transformations. » I. Désignons par /,(c/.r) (i=i, 2 n) n expressions de Pfaff, n formes linéaires des différentielles dxk de n variables xk. Supposons ces formes linéairement indépendantes. Soit /une fonction quelconque des xk, exprimons la différentielle df&n moyen des l(dx) (1) df=Zili(dx)Aif. » Les coefficients A,/ sont des formes linéaires indépendantes des dé- rivées dey"; nous les considérerons comme les svmboles de n transforma- tions infinitésimales ainsi associées aux expressions de Pfaff données. Inver- ( 496 ) sèment on peut se donner à l'avance les n transformations infinitésimales A/ et leur associer à L'aide de (i) n expressions de Pfaff /( dr). » Soit X/une transformation infinitésimale de la multiplicité ;rA. Prolon- geons Xf; la transformation X({)F(x, dx) obtenue est relative à la multi- plicité xh, dxk. » Dans l'identité (2) dXf{x\^X^df{x), exprimons les différentielles df et dX/aa moyen de (1), il vient (3) ZA/A(/*(»- Supposons tous les X'^/^dx) nuls, nous voyons que : » Siles n expressions de Pfaff admettent la transformation X(I)F, les trans- formations A,/ sont e'e/iangeables avec X f et réciproquement. » Les propriétés des groupes finis et continus (') permettent d'énoncer les conséquences suivantes du théorème précédent. » Soit G un groupe fini, continu, dont les transformations infinitési- males Xjfne sont liées par aucune relation de la forme 2iyi(xixa...xn)Xif=o. Prolongeons une fois le groupe G, soit G(,) le groupe obtenu. On peut trou- ver une infinité de systèmes de n expressions de Pfaff invariantes vis-à-vis de&'\ » Toute forme de différentielles, invariant de G!n, s'exprime en fonction homogène des l(dx), les coefficients étant des invariants de G. La recherche des formes de différentielles, invariants de G ", revient à la recherche des trans- formations infinitésimales échangeables avec celles de G. Si G est transitif, tout revient à la détermination du groupe réciproque. » Ajoutons enfin que l'on peut adjoindre à tout groupe G et à tout sys- tème l(dx), un ensemble de substitutions linéaires permettant de réduire à des types canoniques simples les formes de différentielles, invariants de G(,). » II. Passons à la détermination des ds" à trois variables admettant un groupe continu Y. Tout grouper admet un sous-groupe G de l'espèce pré- cédente. On cherche donc : i° les types possibles de groupes G et les ds- correspondants; 20 ceux de ces ds" admettant un groupe T plus grand (') Voir le Chapitre \\ du Tome I de l'Ouvrage de MM. Lie-En gel. ( 497 ) que G. M. Bianchi a traité complètement le problème pour les ds2 définis positifs ('). Je n'indiquerai donc que les ds2 non compris dans cette caté- gorie, et auxquels les considérations géométriques de M. Bianchi ne sont plus applicables. Ces ds2 sont réductibles à l'un des types suivants : (i) o(x,) [dx3 -+- b(x, )dx.2]2 + 2 dx, dx.,, (2) a(x{)(dx2 — x2dx3)2 -h 1 dx{ [dx3 -+- b(x,)(dx2 — x2dx3)\, (3) a(xt ) dx'l -+- 1 dxt \dx2 — x2 dx3 -+- b(x{ ) dx,], (4) a(x,)(dx23-+- 2,dx,dx2), (5) cex<(dx2 -+- x, dx3)2 -+- 2e2 dxs dx3, (6) (c{eAx *, tandis que pour les autres gaz i > -j donne lieu à deux corrélations intéressantes. » La variation _ i + f< ' — (KhP ' + 1' » On a vu que pour les gaz plus compressibles à o° que ne l'indique la loi de Ma- riotte, on a i -+- y.t > i -+- •; t. Il en résulte que ces gaz se rapprochent de la loi de Mariotte quand la température s'élève. » On a vu que pour l'hydrogène, au contraire, i -+- yt > i -+- xt. Par suite son écart à la loi de Mariotte — — ■> nui est de siïne contraire à celui des autres gaz, diminue pv \p en valeur absolue et tend vers zéro quand la température croît à partir de o". » Cette conclusion est conforme aux expériences «le M. Ainagal qui, en 1 8 7 3 , a montré qu'à 2.jon l'écart de l'hydrogène entre 1 atmosphère et ■?. atmosphères est tou- jours négatif, mais plus petit en valeur absolue qu'à o". et qui en 1881 a retrouvé ce résultat par des mesures exécutées à 170, 4o", 6o°, 8o° et ioo°, sous des pressions plus fortes. Il en conclut que l'écart de l'hydrogène qui, à basse température, est positif comme celui des autres gaz, s'annule, prend une valeur négative, croît négativement jusqu'à un maximum, puis se rapproche de zéro. J'ajouterai que, d'après l'équation réduite de Van der Waals, c'est bien ainsi que les choses doivent se passer pour tous les gaz. » Dans un ordre d'idées voisin, on peut rappeler que Joule et Thomson ont rattaché la variation de a avec la pression au refroidissement M par unité de pression d'une a masse de gaz qui se détend à travers une paroi poreuse,' et montre que - est une fonc- tion linéaire de M. Ils ont trouvé que l'hydrogène est le seul gaz pour lequel, à la tem- pérature ordinaire, M soit négatif, ce qui entraîne nécessairement la variation de « avec la pression et de A.J avec la température, constatées plus tard par M. Amagat. » ( Soi ) CHIMIE MINÉRALE. — Sur les oxydes complexes des terres rares. Note de MM. G. Wyrouboff et A. Verxeuil, présentée par M. H. Moissan. « Dans une précédente Communication ('), nous avons étudié l'une des deux propriétés caractéristiques des terres rares, leur faculté de poly- mérisation; nous nous proposons aujourd'hui d'examiner la seconde pro- priété, passée également inaperçue jusqu'ici. » On sait que l'oxyde céroso-cérique calciné, tout à fait insoluble dans l'acide nitrique, s'y dissout très facilement lorsqu'il est mélangé d'une cer- taine quantité des oxydes de lanthane ou de didyme. A quoi tient ce sin- gulier phénomène? On n'a pas essayé de l'expliquer, on n'a même pas cherché à déterminer exactement les quantités des terres étrangères néces- saires pour rendre l'oxyde céroso-cérique soluble dans l'acide nitrique. A cet égard, on ne trouve que des affirmations sans expériences synthé- tiques à l'appui, et qui varient de 10 à 43 pour too. » En opérant sur des mélanges de composition déterminée, on ne tarde pas à re- connaître que l'o\yde Ce304 ne devient intégralement soluble clans l'acide nitrique que lorsqu'il est mélangé, à peu de chose près de son poids, de LaO 4- Di O. Un semblable mélange correspond à la formule Ce3Ov,3MO. Un oxyde de cette composition a été depuis longtemps obtenu pour le cériutn sans que sa véritable nature ait été reconnue. En mélangeant, en proportions convenables, des solutions d'un sel cérique et d'un sel céreux, on en précipite, en effet, par les alcalis un oxyde violet foncé, deve- nant presque noir par la dessiccation dans le vide et qui forme un sulfate rouge en gros cristaux hexagonaux analysé par un grand nombre d'auteurs et considéré comme un sulfate double. Dans cet oxyde, CeO peut être partiellement ou complètement remplacé parDiO ou LaO et M. Brauner a décrit le sulfate de Ce304,3LaO. » Calciné à l'air, l'oxyde Ce3 04,3CeO absorbe un atome d'oxygène; les oxydes Ce304,3LaO ou Ce304,3DiO ne sont, au contraire, nullement modifiés et, s'ils se polymérisent, leur polymérisation ne résiste pas à l'action des acides; c'est pour cela qu'ils se dissolvent facilement dans l'acide nitrique même faible pour peu qu'on élève la température. « Lorsque la quantité de lanthane ou de didyme est inférieure à celle qui est né- cessaire pour faire l'oxyde Ce30'',3MO, le mélange calciné ne se dissout plus dans l'acide nitrique concentré et chaud; il s'attaque en revanche très aisément par l'acide très faible (2 à 3 pour 100) comme le fait l'oxyde céroso-cérique pur, et donne comme lui un nitrate soluble dans l'eau, précipitable par les acides. Séché à no°, ce corps a (') Comptes rendus, t. CXXVII, p. 863; 1898. ( 5o2 ) pour composition (Ce3^")1 MO)16,2N506H,,2H20. Il a toutes les propriétés du nitrate condensé (Ce3 O4)20,2N- 06H2, II20 que nous avons précédemment décrit; il donne un sulfate insoluble et sa solution ne précipite de l'oxyde que lorsque la moitié de l'acide a été saturée. L'oxyde qu'on en régénère par l'action des alcalis a une couleur parti- culière : il est blanc lorsque le protoxyde est du lanthane, brun foncé avec le didvme, il ne se dissout pas dans l'acide chlorhydrique et ne se réduit que difficilement par le mélange Cl II -t- 1K. 11 ne se dissout en aucune façon dans l'acide nitrique bouillant, mais traité par l'acide faible il reproduit le corps primitif; calciné à très haute tempé- rature il devient (Ce304MO) > 16 et n'est plus attaquable aux acides, l'acide sulfu- rique bouillant excepté ; sous cette forme il est tout à fait comparable à l'oxyde blanc (Ce304)>2o. » Si la quantité de monoxyde est moindre que i molécule pour i molécule de Ce3Ov, on a des mélanges en proportions variables de (Ce304)20 et (Ce'O4, MO)'6 qui, traités par l'acide nitrique faible, donnent des mélanges de nitrates acides (Ce304)20, 2N206HÎ, aHsO et (Ce»OMO)u, aWO'H», aH'O, qu'il est impossible de séparer, car ils ont des propriétés extrêmement voisines, et sont tous deux précipités de leur solution par l'acide nitrique à io pour ioo. » L'existence de ces oxydes complexes extrêmement stables explique très simple- ment la couleur rosée ou saumon du cérium qui n'est pas tout à fait pur. Ces oxydes ne se réduisent pas, en effet, par la calcination à haute température, comme le fait l'oxyde de didyme lorsqu'il n'est pas combiné au cérium. Cela tient à ce que l'oxyde supérieur du praséodidyme, dont la formule n'est pas encore exactement connue, mais qui est ou Pr304 ou Pr304,3PrO, remplace le cérium dans la molécule Ce304MO. Cette stabilité à haute température nous paraît démontrer de la façon la plus évidente que ces oxydes complexes ne sont pas des mélanges, mais des individualités chimiques avant des caractères absolument différents de ceux des éléments constituants. » Les terres de la cérite ne sont pas les seules qui puissent former avec l'oxyde supérieur du cérium des oxvdes complexes; les terres du groupe y ttrique possèdent cette faculté au même degré. Si l'on calcine un mélange contenant pour i molécule deCe304 2 molécules de YO ou d'un mélange de terres \t!riques, tel qu'on l'extrait de la monazite après complète élimination du didyme, et qu'on le traite par l'acide nitrique à 2 ou 3 pour 100, on obtient facilement des composés semblables à ceux que nous venons de décrire et qui, séchés à 1100, ont pour formule (Ce304MO)16, 2N206IP, H-O. » Nous avons montré, dans notre précédente Note, qu'à côté de l'oxyde céroso- cérique polymérisé par la calcination il en existait d'autres, isomères du premier, et donnant, eux aussi, des nitrates acides solubles et précipitables par les acides. Nous avons pu obtenir ces isomères pour les oxydes I !e ' >'• M< ), mais ils sont beaucoup moins stables que les oxvdes analogues du cérium pur, et leur préparation présente quelque difficulté. Le mieux est de traiter un mélange renfermant parties égales de Ce304 et LaO ou DiO eX fortement calciné, par dix fois son poids d'eau à laquelle on ajoute J de son volume d'acide nitrique. On chauffe pendant quelque temps à 5o°-6o°. La liqueur surnageante renferme l'excès des protoxydes et le précipité se dissout facile- ( 5o3 ) ment dans l'eau. On le purifie en le précipitant plusieurs fois de sa solution aqueuse par l'acide nitrique, dont on ajoute I2CC par ioocc de solution. Le liquide ne doit plus contenir que 0,02 — o,o3 pour 100 d'oxydes. On recueille le précipité sur un filtre, on l'étend sur une plaque poreuse et l'on sèche à l'étuve à 35°-4o°. C'est un corps tout à fait semblable au composé analogue du cérium pur, sa couleur seule est différente, elle est d'un rouge grenat foncé presque noir lorsque le protoxyde qui entre dans l'oxyde complexe est du didyme. Séché à uo°, sa formule est (Ce3OlMO)4, 2N'206IP, 1I20. Tous ces composés, lorsqu'ils sont traités par un alcali, n'éliminent l'hydroxyde que lorsque la moitié de l'acide a été saturée : ils se transforment facilement en chlo- rures lorsqu'on précipite leurs solutions aqueuses par Cl H; ils donnent avec les sul- fates des composés insolubles que l'eau dissocie et ramène au type du corps neutre (Ce30''MO)4SO*IP. » En résumé : i° Il existe pour le cérium, outre les oxydes CeO, Ce3 O* et le peroxyde obtenu par l'action de l'eau oxygénée, les oxydes Ce3 0\ 3 CeO etCe3OlCeO, le premier ne donnant que des composés non condensés, le second ne devenant stable que lorsque CeO est remplacé par l'une quel- conque des terres de la cérite ou de l'yttria. » 20 L'oxyde céroso-cérique, en se combinant avec le lanthane, le didyme ou l'yttria, forme des oxydes complexes de la forme Ce30*MO qui se polymérisent avec une grande facilité et donnent deux oxydes isomères tous les deux condensés. A cet état, ils forment avec les acides des sels neutres ou acides tout à fait analogues à ceux du cérium pur. » La connaissance de ces faits a une importance capitale pour la sépara- tion du cérium et des métaux voisins. Elle montre que tous les procédés proposés jusqu'ici sont parfaitement irrationnels, et indique clairement la marche à suivre. Nous ferons voir en effet, dans une prochaine Note, que les corps dont nous venons de signaler l'existence permettent d'arriver à une séparation quantitative du cérium et, par conséquent, son dosage exact, en présence de n'importe laquelle des terres rares. » CHIMIE ORGANIQUE. — Action des oxydants sur quelques amules. Note de M. OEchsner de Co\inck ( ' ). « J'ai traité quelques amides et imides, grasses et aromatiques, soit par CrO'K2 (en solution aqueuse) et SO* II2, soit par le mélange chro- (') 1 11 - ti L 11 1 de Chimie de la Faculté des Sciences de Montpellier, janvier et fé- vrier 1899. ( 5o', ) inique proprement dit, soit par l'eau oxygénée alcalinisée; j'opérais ainsi tantôt en milieu acide, tantôt en milieu alcalin. » Plilalimide. — Attaquée par CrO'K!+ SO'II2, elle est décomposée, à une tem- pérature assez élevée, avec production de CO2 pur; il ne se dégage pas d'azote. » Par H202, additionnée d'un peu de lessive de potasse, la décomposition est très faible, et ne s'accomplit qu'avec l'aide de la chaleur; il y a production de CO2 etd'AzH3. » Succinimide. — Cette imide a été traitée par le mélange cliromique; même à une forte clialeur, elle est à peine décomposée. Avec H202 alcalinisée, et à chaud, la décomposition n'est que partielle; j'ai constaté le dégagement de CO2 et AzII3. » Succinamide. — Egalement traitée par le mélange cliromique, elle a présenté une résistance remarquable; la proportion de CO2 dégagé est très faible; pas d'azote. » Oxamide. — Est décomposée, à une assez forte chaleur, par le mélange chro- niique; CO2 produit est pur, comme l'indique l'analyse suivante (rapportée à 20cc) ; CO2 19,7 O H- aii o,3 » Glycocolle. — Décomposition partielle par le mélange cliromique, à chaud; il ne se dégage que CO2. » Sarcosinc. — Dans les mêmes conditions, la sarcosine est plus facilement décom- posée : CO2 19,8 O -t- air 0,2 » Formiamide. — Violemment décomposée par Cr04K*-t- SO4 H2; dégagement très abondant de CO2 pur; c'est une expérience de cours : II.CO.AzH2+0 + S04H2=:C01+-S04H(AzH4). » Avec II2 O2 alcalinisée, et à chaud, la réaction est H.CO.AzH2-t-0 = C02+ AzlP. » J'ai constaté le dégagement de AzH3 et la formation d'un peu de formiate : H.CO.AzH2-f-K011rr AzIPh-H.CO.OK. » Acétamide. — Traitée par Cr04K2-|- SO1' II2 ou par 1I202 alcalinisée, l'acétamide est décomposée, à chaud, dans le même sens que la formiamide, mais la résistance aux deux réactifs est beaucoup plus grande. » Benzamide. — CrO*Ks + SO4 H2, avec l'aide d'une assez forte chaleur, ne décom- posent que partiellement cette amide; il faut noter la production d'une petite quantité de benzonilrilc ; CO2 dégagé est pur. » Formanilide. — Le mélange cliromique la décompose très vivement; il se forme des matières colorâmes, et il y a séparation de CO2 : CO2 19,7 O -H air o , '.i ( 5o5 ) » Acètanilide. — Le résultat est tout à fait semblable au précédent; voici la moyenne de trois analyses : CO2 19,6 O 4- air o,4 CHIMIE PHYSIQUE . — Sur la loi de dilution des électrolyles ('). Note de M. IP.-Tn. Muller, présentée par M. Friedel. « On sait que les sels neutres, formés par la combinaison de deux radi- caux univalents, semblent suivre la même loi de dilution, en ce qui con- cerne la conductibilité électrique de leurs solutions étendues. Si l'on représente la dilution par le nombre v de litres dans lesquels on a dissous une molécule-gramme de sel neutre, la conductibilité moléculaire (/. diffère de la conductibilité moléculaire y.„ de la solution infiniment diluée, d'une certaine quantité 0 qui, à une température constante, n'est fonction que du volume v. » Cette règle, découverte par M. Ostwald (2), a été étendue par M. Bredig (3) à un très grand nombre de sels neutres, minéraux et orga- niques. Les résultats sont consignés dans une série de tableaux où v varie de 321" à 1024''' (à la température de 25°). » Dans un Mémoire récent, M. F. Kohlrausch (*) étend une règle analogue aux ions monovalents eux-mêmes, en montrant que la diminu- tion de leur mobilité (à partir de la mobilité extrême, dans les solutions infiniment étendues) présente sensiblement les mêmes valeurs pour chaque concentration. » Il est facile de se convaincre que les deux règles d'Ostwald-Bredig et de F. Kohlrausch se confondent à la condition d'attribuer la même impor- tance aux anions et aux cations, de sorte qu'ils contribuent dans la même mesure à la formation de 8. » En examinant les Tableaux de M. Kohlrausch, qui sont calculés avec un soin extrême (pour la température de 18"), j'ai constaté que les quo- (') Université de Nancy. Institut chimique de la Faculté des Sciences. (2) Ostwald, Allgemeine Chetnie (2e édit.), t. II, p. 693. (3) Bredig, Zeits. f. physik. Chem., t. XIII, p. 198; i8g4- (*) F. Kohlrausch, Wiedem. Ann., t. LXVI, p. 791; 1898. C. R., 1899, 1" Semestre. (T. CXXVIII, N° 8.) 66 ( 5o6 ) tients^) qui correspondent à des dilutions doubles l'une de l'antre, ont des valeurs très voisines dont la moyenne est sensiblement r , 333 = |. » Si l'on pose, par conséquent, v = 2", l'expression S sera de la forme S — : A ( j\ (A étant une constante). Eliminant n et faisant les réductions il vient S = A^-(">,l'",,). On reproduit fidèlement les données expérimentales de M. K.ohlrausch( ') en prenant pour A la valeur 02,72. Par exemple : (i 10000 5ooo 2000 îooo 5oo 200 100 5o 33,33 0 (calculé) i,i53 1,537 2;2$9 2,998 3,997 5,847 7>797 10,398 i2,3oi 5 (Kohlrausch). 1,20 i,G6 2,3o 3, 06 i,io 5, 94 7,90 10, V'i 12, 1 » Ainsi on a, en général, pour les conductibilités moléculaires u. (*) des sels neutres formés d'ions monovalents, à 18°, (I) [* = {!«,— 52,72 La conductibilité moléculaire \l (5) des sels neutres formés de radi- caux univalents est donc exprimée, pour la température de 25°, par la for- (') Ibid., p. 794 (on a multiplié ces nombres par 2). (-) Les conduclibililés sont exprimées en inverses d'olim. (3) F. Kohlrausch et IIolborn,; Leilveirnogen der Elektrolyte, p. 107. (*) Barmwater, Zeits. f. pliysik. Chemie, t. XXVIII, p. 1 34 : 1899. . 5> F. Kohlrausch el Holbobn, loc. cit., p. 1 63. y 507 ) mule (H) !A = |aw-6?,i52^0.4,5 11.06 8,3o 6,22 4.67 3,5o |i» i36,5 1 36 , 4 1 36,6 1 36,5 '35,9 i35,o, Moyenne : j 36, 3. M. Bredig (2) indique 127,5 x 1 ,066= i35,g (calculé en inverse d'ohm). » En résumé, les formules (I) et (II) permettent de trouver facilement la conductibilité |/.B quand on connaît quelques valeurs de ;-». à des dilutions quelconques (supérieures à 3oht), pour les températures de 180 et de 25°. Elles pourront probablement être étendues à d'autres températures. » Enfin on pourra les appliquer au calcul de la conductibilité des solu- tions équivalentes des sels neutres plurivalents dans la mesure où la loi des valences d'Oslwald (2) est elle-même vérifiée. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur un nom eau mode de préparation des ëlhers phosphoriques mixtes alcoyl-phénoliques . Note de M. Albert Morel, présentée par M. Friedel. « Dans une précédente Note (') nous avons montré que l'on peut pré- parer les phosphates mixtes étlvyliqnes phényliques par action sur le phé- nate de sodium des chlorophosphates mono- et diéthyliques. Ces éthers peuvent-ils encore être préparés d'après une méthode parallèle à celle qui nous a permis (4) d'obtenir les carbonates mixtes, c'est-à-dire par réac- tion des alcoolates sur le phosphate triphénylique? » L'expérience nous l'a démontré. Les résultats obtenus font l'objet de celte Communication. » Nous avons fait réagir sur PhO(OC°H5)3 dissous dans un mélange (') Bredig, toc. cit., p. 217. (5) Ostwald, toc. cit., p. 696, et Bredig, toc. cit., p. 197. (3) Comptes rendus, décembre 1898. (') Comptes rendus, juillet 1898 et Bull. Soc. chini.. juillet, août et novembre 1898. ( 5o8 ) d'alcool absolu et d'éther anhydre, successivement une, deux et trois molé- cules d'éthylate de Na dissous dans un excès d'alcool absolu; puis, dans d'autres expériences, nous avons fait intervenir sur ce même phosphate triphénvlique des solutions alcooliques de pyridine, de quinoléine, d'urée et de diméthylpipéraziue. » Action de V èlhylale de Na sur le phosphate triphénylique. — L'action sur une molécule de phosphate triphénylique PhO(OC0Il5)3 : » i° D'une molécule d'éthylate de Na nous a donné du phosphate mono- éthylique diphénylique P^°\ /QCaH5\2 » » 2° De deux molécules d'éthylate de Na nous a donné du phosphate L. ■ ■ t,i ^/(OC2H8)a methylique monophenyhque PhO\\ ,. ; » 3° De trois molécules d'éthylate de Na ne nous a pas donné traces de phosphate triéthylique, ni même d'éther diélhylique monophénylique, YOC'H5)" mais du diéthylphosphate de sodium PhOs et du phénéthol C8H5OC2H5. » Voici les conditions pratiques de préparation des éthers phosphoriques mixtes par cette méthode : « On dissout une molécule de phosphate triphénylique (préparé lui-même très faci- lement par la méthode de Schiaparelli : action de PhOCl3 sur le phénol) dans un mélange à parties égales d'alcool absolu et d'éther anhydre. » On verse dans cette solution, en agitant et par petites portions, une solution d'un ou de deux atomes de Na dans un excès d'alcool absolu. » La réaction se fait d'elle-même à froid sans variation notable de température. » On traite alors le mélange par l'eau froide : on recueille la solution éthérée, d'où l'on chasse l'éther par évaporation; on obtient une huile qu'on rectifie dans le vide. » On prépare ainsi le phosphate phényliqu-e alcoolique cherché : le produit est pur. » Cette méthode se recommande par sa commodité et par sa rapidité, mais les rendements sont moindres que dans le cas de la préparation au moyen du chlorophosphate d'éthyle et du phénate de soude. » Comment interpréter ces résultats? Nous savons, d'après les données thermochimiques, que l'acide phosphorique PhO'H3 a trois fonctions net- tement différentes : acide fort, acide faible et une fonction comparable à la fonction phénol. La Thermochimie indique encore que l'acide carbonique a une fonction acide faible et une fonction comparable à la fonction alcool : ces deux fonctions étant analogues aux deux fonctions acides les plus faibles de l'acide phosphorique. Cette analogie se retrouve dans les pro- priétés des éthers phénoliques que donnent ces acides. ( 5o9 ) » En effet, nous avons montré que les carbonates diphénoliques se transforment par action des alcoolates en carbonates dialcooliques et, si l'on opère dans certaines conditions ménagées, en carbonates mixtes phéno- liques alcooliques. » A ces réactions des carbonates, on peut comparer celles qui donnent naissance aux phosphates monoéthylique diphénylique et diéthylique monophénylique à partir du phosphate triphénylique. Dans cet éther, il y a donc deux fonctions analogues à celles du carbonate diphénylique. Il est très probable que ces deux fonctions sont celles où le radical phénolique est lié aux 2OH les plus faibles. » Quant à la troisième fonction éther du phosphate triphénylique, elle se comporte d'une manière toute spéciale et vraiment curieuse. Nous avons fait réagir sur une mo- lécule de phosphate triphénylique rigoureusement sec, dissous dans un mélange d'alcool et d'éther ne contenant pas trace d'eau, trois atomes de Na aussi purs que possible et dissous dans un excès d'alcool absolu. Nous avons chassé l'alcool et l'éther par évapo- ration dans le vide. Nous avons repris par l'éther anhydre, chassé cet éther dans le vide, puis à i3o° l'alcool retenu par le phénate de Na. Nous avons repris encore par l'éther rigoureusement anhydre, qui n'a dissous que du phénéthol : ce qui démontre l'absence du phosphate triéthylique. La portion insoluble dans l'éther contenait du phosphate trisodique et du diéthylphosphate de soude. Ce dernier a été caractérisé et dosé après transformation en sel de plomb, d'après le procédé indiqué par M. Belugou. » Celle réaction de trois molécules d'éthylate sur une de phosphate tri- phénylique doit s'effectuer en grande partie conformément à l'équation suivante : /ON-, PhO(OCfiH5):i4-3C2H5ONa = PhO( ' *.„ + 2C°H5ONa-4-C°H5OC2H5. v J \(OC2H')2 » Le fait que l'une des fonctions éther du phosphate triphénylique ne se transforme pas sous l'action ménagée de l'éthylate de Na en éther alcoo- lique, comme le font les deux autres fonctions, ce fait, dis-je, confirme la notion déjà acquise de dissimilitude entre un des trois OH de l'acide phosphorique et les deux autres. » En effet, nous savons déjà que l'un de ces OH diffère des deux autres par sa chaleur de saturation beaucoup plus considérable ('); d'autre part, M. Wichelhaus (2) a montré que le phosphate triéthylique traité par l'eau /OH se transformeen acide diéthylphosphorique très stable PhO^ , . s„d ans (') Bekthelot et Louguinine. (-) innalen dev Cliemie u. Pharmacie, Suppl. 6, 2Ô5. ( 5i° ) lequel d'après les travaux de MAI. Belugou et Cavalier (') le OH libre serait celui qui a la plus grande chaleur de saturation. Il n'est donc pas très étonnant que dans notre réaction nous avons obtenu du diéthyl phosphate de sodium et pas de phosphate triéthylique. » Enfin, comme il était probable, nous avons obtenu des résultats analo- gues à ceux que nous venons de citer en faisant réagir l'éthylate de Na sur les phosphates mixtes, clhyliqu.es, phényliques,déjà obtenus. C'est ainsi que : » L'action sur une molécule de phosphate diphénylique monoélhylique dissous dans un mélange d'alcool et d'éther anhydres : » i° D'une molécule d'éthylate deNa nous a donné du phosphate diélhv- lique monophénylique PhC^OC-II5)*. » 2° D'une molécule de propylate de Na nous a donné du phosphate /OC" H' monoéthylique, monopropylique, monophénylique, PhO — OC3 H7. \OC-IL » 3° De deux molécules d'éthylate de Na ne nous a pas donné de phos- phate triéthylique, mais du diélhylphosphate de sodium et du phénéthol. » L'alcool éthylique, absolu ou à 8o°, les solutions alcooliques d'urée, de pyridine, de quinoléine, même après quarante-huit heures d'ébullition, sont sans action sur le phosphate triphénylique. » Nous avons alors fait réagir sur une molécule de phosphate triphén\ - lique dissous dans l'alcool trois molécules de diméthylpipérazine en solu- tion aqueuse à 5o pour ioo. » Cette solution hydroalcoolique de diméthylpipérazine au bout de trois heures d'ébullition, transforme parfaitement tout le phosphate triphé- /(OC6II5)2 nylique en phosphate monoéthylique diphénylique, PhCK ^ro1I5 • » Une ébullition plus longue ou une quantité plus grande de base ne nous ont pas permis d'obtenir l'éther diéthylique monophénylique, ni l'éther triéthylique, mais du phosphate de diméthylpipérazine. Cela doit être rapproché du fait que la solution éthylique étendue de diméthylpipé- razine ne donne avec le carbonate de phényle que du carbonate mixte ou une saponification complète sans donner de carbonate double alcoolique. » Cette action spéciale de l'alcoolale de diméthylpipérazine met en relief la différence qui existe entre les deux fonctions éther du phosphate triphé- nylique qui se comportent d'une manière analogue vis-à-vis de l'action de l'éthvlate de Na. » (') Comptes rendus el Bull. Soc. chim. ( 5n ) CHIMIE ORGANIQUE. — Action de l'alcool amy ligue de fermentation sur son dérivé sodé. Note de M. Guerbet, présentée par M. Friedel. « L'un des meilleurs procédés utilisés pour hydrogéner les acides aroma- tiques consiste à faire agir le sodium sur leur dissolution dans l'alcool amylique bouillant. L'alcool amylique est ensuite régénéré en traitant le mélange par l'eau et peut servir à une nouvelle opération. » Ayant eu l'occasion d'employer ce procédé, j'ai observé que l'alcool amylique, utilisé dans une série d'opérations de ce genre, ne distillait plus à sa température normale d'ébullition. Il renfermait un composé neutre, bouillant beaucoup plus haut. De plus, l'acide aromatique hydrogéné était toujours mélangé d'une quantité notable d'acide isovalérique, quelque soin que l'on prît de dessécher exactement l'alcool amylique employé. » Je cherchai alors à isoler le composé neutre qui se formait ainsi et à déterminer les conditions dans lesquelles il pouvait être obtenu en grande quantité. Ces conditions sont les suivantes : » On met dans un ballon relié à un réfrigérant à reflux ik° d'alcool amylique avec i3oSr de sodium et l'on chauffe peu à peu jusqu'à ce que l'alcool amylique entre en ébullition. On maintient celle-ci pendant vingt-quatre heures et l'on constate qu'il se dégage de l'hydrogène jusqu'à la fin, bien après la dissolution complète du sodium. » On reprend la masse par l'eau et l'on y ajoute de l'acide sulfurique jusqu'à laisser à la solution une réaction faiblement alcaline. On sépare la couche huileuse qui vient surnager, on la lave à l'eau et on la dessèche sur le carbonate de potasse. » Après plusieurs rectifications au tube Le Bel-Henninger, on peut en séparer i25sr d'un liquide neutre bouillant à 2io°-2ii° (corr.). » Il reste, dans le ballon distillaloire, une petite quantité d'un composé huileux que l'on rectifie sous pression réduite, ce qui permet d'en séparer ios1' d'un liquide neutre bouillant à i73°-i75° sous 8cm de pression. » D'autre part, la solution alcaline, séparée par décantation de la couche huileuse, donne, lorsqu'on y ajoute un excès d'acide sulfurique, un mélange d'acides que l'on dessèche sur le sulfate de soude et que l'on rectifie. w On obtient d'abord de l'acide isovalérique passant à i74°-i75°, que l'on caractérise par sa densité 0,9484 et par le point de fusion.de son amide, i32°. » En poursuivant la rectification sous pression réduite, on sépare un autre acide bouillant à i64°-i65° (corr.) sous 4cm>6 de pression. » L'acide isovalérique forme de beaucoup la partie principale. On en recueille, en effet, i5osr et 128'- seulement de l'acide bouillant à i64°-i65° sous 4CI",6 de pression. » En résumé, il s'est formé, dans les conditions indiquées, deux corps ( 512 ) neutres: l'un bouillant à 2io°-2ii° (corr.), l'autre à i73°-i75° (corr.) sous 8"" de pression, et deux acides, dont l'acide isovalérique. » Le premier corps neutre est un alcool de la formule C'°H-20, comme montrent son analyse et la détermination de sa densité de vapeur, effectuée à la température d'ébullilion du benzoate d'amyle. » C'est un liquide incolore à odeur faible, bouillant à 2io°-2i i° (corr.), insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool, l'étber. Il ne se solidifie pas à — 2o°. Le sodium s'y dissout avec dégagement d'hydrogène; les chlo- rures d'acétyle et de benzoyle le transforment en éthers correspondants qui bouillent respectivement à i2(i"-i -28° (corr.) sous 4cm de pression et à 2o6°-207° (corr.) sous 3cm de pression. » Le second corps neutre, bouillant à 1 73°- 175° sous 8cm de pression, est l'éther isovalérique de l'alcool précédent C'°II21 — CMI'O'-. » Il est en effet décomposé par la potasse alcoolique en acide isova- lérique et alcool Cl0H2-O, comme le prouve le dosage de l'acide résultant de la saponification. » L'acide bouillant à i64°-i65° sous 4cm>6 de pression est un liquide huileux incolore, insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool et l'éther. Il répond à la formule C'°H20 O2 comme le montrent son analyse et la déter- mination de son poids moléculaire par la méthode de M. Raoult. Il donne avec la soude, la chaux, la baryte, des sels nettement cristallisés. » Ces trois composés : alcool C,0H2aO, acide C,0Il2uO2, acide isova- lérique, résultent sans doute de l'action de l'alcool amylique sur son dérivé sodé : une molécule de chacun de ces composés réagirait sur l'autre suivant l'équation C5H"NaO + C5H,2O = C,0H22O-t-NaOH, et la soude ainsi formée oxyderait l'alcool amylique par la réaction bien connue de Dumas et Stas : C5H,20 ■+- NaOH = C3 IPNaO2 -+- \ 11. » Ces deux réactions peuvent d'ailleurs être réunies en une seule qui explique la formation des deux dérivés principaux, l'alcool C,0H22O et l'acide isovalérique, qui se forment à très peu près dans les proportions qu'elle indique : C5HnNaOH-2C5H,2O = C,0H22O + C5irjNaO2 + 4H. » Enfin l'acide C,0II20O2 se formerait par la réaction de Dumas et Stas ( 5i3) effectuée sur l'alcool correspondant : C,0H-°O -4- NaOH = C^H^NaO2 4- 4 H. » J'ai vérifié par l'expérience que l'alcool C,0H22O, oxydé par la po- tasse en fusion ou par le mélange chromique, donne bien le même acide C,0H-°O2. » Le gaz qui s'est dégagé pendant toute la durée de la réaction ne ren- fermait que de l'hydrogène souillé d'un peu de vapeur d'alcool amylique. » L'alcool amylique employé bouillait à i3o°-i32°; il renfermait donc surtout de l'alcool inactif avec un peu d'alcool actif. Je répète en ce mo- ment mes expériences avec l'alcool inactif pur et j'espère pouvoir en rendre compte bientôt à l'Académie. » La facilité avec laquelle s'effectuent ces réactions, en partant de l'al- cool amylique, permet de penser que l'on pourra, dans la suite, préparer d'une manière analogue des alcools riches en carbone encore inconnus. » CHIMIE VÉGÉTALE. — Répartition du carbone dans les matières humiques. Note de M. G. André. « J'ai étudié récemment {Comptes rendus, t. CXXVII, p. 4T4 et 446) l'action de la potasse et celle de l'acide chlorhydrique sur les diverses ma- tières humiques naturelles renfermées dans la tourbe, le terreau, la terre de bruyère, la terre végétale, et j'ai tiré de cette étude quelques conclusions relatives aux formes sous lesquelles l'azote était contenu dans ces matières. Il me reste, pour compléter cet aperçu, à présenter, dans les conditions spéciales d'attaque dans lesquelles je me suis placé et que j'ai spécifiées, la répartition du carbone organique dans chacune des portions que j'ai analysées, c'est-à-dire, dans le cas du traitement par la potasse, le carbone demeurant insoluble, le carbone soluble précipitable par les acides, le car- bone soluble non précipitable par les acides ; dans le cas du traitement par l'acide chlorhydrique, le carbone insoluble et le carbone soluble. » L'examen du rapport existant, dans chaque cas, entre le carbone et l'azote dosés dans les mêmes portions conduit à quelques résultats intéres- sants. » Voici, sous forme de Tableau simplifié, la valeur, d'après dosage, du C. U., 1899, 1" Semestre. (T. CXXVIII, N° 8.) 67 ( 5i4 ) G rapport ^r dans chaque portion, ainsi que la quantité de carbone pour ioo du carbone initial. Terre de liruyère Terre végétale. o|~ S 2 u|3 5 3 «13 S 2 c|5 |2 ol5 || «13 g| K>13 || o © o » o s> © o o © o » 2 e î. ac ï & e E Q. a t. =- = s. o. c ._ a = ^ 5 © ejO o a o o a> © © o © © o 9 © e 9 © © S "«3 «3 «a ces «3 «S B «S cj-= tJ-3 »-= y-= u v w-3 u •©" Partie insoluble 147,6 24,5 » » 84,4 4°i° * " 82,4 35,4 » » 4°, 4 4">8 a précipitée par les acides 26, y 44,8 » » 16,6 23, 0 » •> 27,1 36,6 » » 10,8 18,7 p non précipitable. 17,7 3o,7 » » 9,8 37,0 » » 16,7 28,0 » » io,i 3ç), 5 Partie soluble Partie insoluble » » l^o,-] &?.,i » ■■ 33,676,3 » ■> 4S,S 75,6 » ■• 17,782,6 Partie amidée soluble » 9,4 >7,8 « « 6,6 23,7 » » 11,9 24/1 « » 8,5 17,4 » Le rapport du carbone à l'azote dans les matières initiales soumises à l'analyse est le suivant : tourbe = 22,7; terreau = 1 5, o; terre de bruyère = 2/1,7 ; terre végétale = 12,8. » Le Tableau précédent montre d'abord un fait général que MM. Ber- thelot et André ont déjà signalé; à savoir que, plus le composé est con- Q dense et insoluble, plus le rapport -r- est grand. Voici les remarques que l'on peut tirer de ces expériences : » i° Traitement par la potasse. — La matière initiale la plus carbonée (tourbe) n donne, pour le carbone et l'azote insolubles après le traitement alcalin, un rapport -7— très grand, soit 1^7,6. Il se sépare donc, sous l'inlluence de l'alcali, une matière car- bonée très peu riche en azote. Celui-ci, ainsi que je l'ai montré antérieurement, se trouve, dans la proportion de 96 pour 100, engagé dans des composés amidés solubles. Si l'on compare ce résultat à ceux, que donnent les autres matières examinées, on voit que la tourbe est caractérisée nettement par une certaine quantité de matière carbonée presque dépourvue d'azote dans laquelle le carbone représente 24,5 pour 100 du car- bone total. La partie soluble dans la potasse, précipitée par les acides, fournit un Q rapport -j— = 26,9. Dans la partie non précipitée par les acides, ce rapport est égal à 17,7; la simplification est évidente et, à mesure que la solubilité augmente et que, conséquemment, la condensation de la matière diminue, ce rapport est de plus en plus petit. Il est bon néanmoins d'observer que ces deux derniers rapports sont notable- ment plus grands que ceux que présentent, dans les mêmes conditions, le terreau et la ( 5i5) terre végétale. Ils sont, au contraire, presque identiques à ceux que fournit la terre de bruyère (respectivement 27,1 et 16,7). Notons que la tourbe et la terre de bruyère constituent ce qu'on appelle des terres acides. La terre de bruyère fournit, par contre, une quantité de carbone insoluble plus grande que dans le cas de la tourbe et qui re- présente 35,4 pour 100 du carbone total de cette matière; mais le carbone insoluble Q retient plus d'azote que n'en retenait la tourbe, car -j— est égal à 82,4. Az » Le terreau dont j'ai fait usage est, à l'état initial, moitié moins riche en carbone que la tourbe (carbone dans iks sec = 236sr,8; la tourbe contenant carbone = 5o3sr, 9). J'ai montré que, sous l'influence de la potasse, son azote était solubilisé en quantité presque égale à celle de la tourbe. Par contre, son carbone a été dissous dans des pro- portions bien moindres que dans le cas de la tourbe : 4°, 9 pour 100 du carbone total demeurent insolubles. Le rapport -r— , égal à 84,4, se rapproche de celui que présente, pour la partie insoluble, la terre de bruyère. D'autre part, si l'on examine l'état de simplification dans lequel se trouvent les matières dissoutes par la potasse, on trouve que cette simplification est beaucoup plus avancée que dans les cas de la tourbe et de la terre de bruyère et qu'elle se rapproche de celle de la terre végétale. La partie so- luble dans la potasse et précipitée par les acides offre, en effet, les rapports suivants : Q — =16,6 (terreau) et 10,8 (terre végétale); la partie non précipitée, les rapports 9,8 et io,i. Il est donc, comme on le voit, indispensable, dans l'étude des matières humiques naturelles, de doser simultanément C et Az pour se rendre compte de la nature même des amides qui ont pris naissance et de leur état de condensation. Le dosage seul de l'azote indique la façon dont cet élément est réparti entre les diverses fractions du traitement, mais il ne renseigne pas sur l'état de condensation plus ou moins avancée des amides qui se sont formés. La tourbe et la terre de bruyère forment donc un groupe à part, distinct de celui du terreau et de la terre végétale. » 2° Traitement par l'acide chlorhydrique. — Le Tableau précédent montre que, Q de même que dans le traitement par KOH, le rapport — - est d'autant plus petit, la Az condensation d'autant moins grande que la matière est plus soluble. Mais ici la quan- tité de carbone demeurée insoluble est considérable par rapport à celle du carbone soluble. La partie insoluble de la tourbe contient 82,2 pour 100 du carbone total; celle du terreau 76,3 ; celle de la terre de bruyère 75,6; celle de la terre végétale 82,6. La dose d'azote qui accompagne ce carbone est également beaucoup plus forte que C dans le cas du traitement potassique, de sorte que le rapport-^— est notablement moindre. Ce rapport est égal à 40,7 et 48,8 dans le cas des terres acides (tourbe, terre de bruyère), plus faible chez le terreau (33,6), plus faible encore chez la terre végétale (17,7). D'autre part, quand on examine le rapport entre le carbone soluble et l'azote amidé soluble qui accompagne le carbone, on trouve que ce rapport est beaucoup plus petit que dans les cas correspondants du traitement potassique. Le trai- tement chlorhydrique a effectué des simplifications beaucoup plus profondes, quoique (5i6) portant sur une beaucoup moindre portion de matière. Ce rapport — - tombe en effet AZ à 9,4 avec la tourbe, à 6,6 avec le terreau, à 11,9 avec la terre de bruyère, à 8,5 avec la terre végétale; de semblables rapports se rencontrent chez un grand nombre d'amides aromatiques bien définis. » Le terreau et la terre végétale sont les substances qui, dans la portion soluble soit du traitement potassique, soit dans celle du traitement chlor- hydrique, présentent les composés amidés les plus simples, mais le poids des amides ainsi simplifiés est beaucoup moins considérable à la suite du traitement chlorh.ydriq.ue qu'à la suite du traitement potassique. » ZOOLOGIE. — Sur l'embryogénie des Orthonectides, et en particulier du Slcecharthrum Giardi, Caull. et Mesn. Note de MM. Maurice Caui-lery et Félix Mesnil, présentée par M. E. Perrier. « On sait que les embryons des Orthonectides se développent à l'inté- rieur de masses communes que Giard a rapprochées des sporoeystes chez les Trématodes, que Metchnikoff a appelées sacs plasmodiaux (Plasmodial- schlaùche). Nos recherches sur les espèces que nous avons décrites récem- ment (voir Comptes rendus, i3 février 1899) et spécialement sur le Stœchar- thrum Giardi C. et M., nous ont fourni des renseignements assez nombreux sur l'embryogénie du groupe en général et, en particulier, sur la nature des sacs plasmodiaux. Nous allons en résumer ici les principaux résultats. » Structure des sacs plasmodiaux. Cellules-germes. — Les sacs plasmodiaux du Stœcharthrum sont assez faciles à apercevoir. Ils sont généralement irréguliers, plus ou moins allongés, souvent disposés par paquets, et ressemblent, au premier abord, à des anses vasculaires de l'Annélide parasitée. Ils sont de couleur grisâtre et d'aspect granuleux. Certains d'entre eux, cylindriques, renferment des Orthonectides arrivés à peu près à l'état adulte (il est d'ailleurs très rare d'en observer qui soient libres dans le cœlome de l'hôte; une fois libres, il est probable qu'ils sortent dans le milieu extérieur). » Les sacs plasmodiaux, fixés et colorés, montrent la structure suivante. Ils sont constitués par un protoplasme finement granuleux, qui a peu d'affinités pour les matières colorantes. » Dans le protoplasme, sont disséminés, en assez grand nombre, des noyaux qui se présentent sous forme d'une vésicule claire renfermant un nucléole punctiforme (quel- quefois deux, au moment où le noyau va se diviser). La plupart de ces noyaux sont directement au sein du protoplasme. Mais quelques-uns sont enveloppés d'une couche (Si7 ) de protoplasme chromophile; ils constituent alors des cellules bien individualisées que nous appellerons des germes. » A côté de cela, en effet, dans chaque sac plasmodial, se trouvent, en nombre variable, des embryons. Certains de ceux-ci ne comprennent qu'un petit nombre de cellules, parfois deux ou quatre seulement, et alors il y a identité d'aspect entre les cellules de ces jeunes embryons et celles que nous appelons germes. Il devient évident que ces germes sont l'origine des embryons. » Ainsi, l'un des noyaux, libres dans le sac plasmodial, en condensant autour de lui du protoplasme qui, dès lors, fixe la matière colorante, devient un germe, c'est-à-dire le point de départ d'un embryon. Notons immédiatement que ces germes, qui n'ont que 4 à 5 (x de diamètre, ont un aspect tout différent des ovules que renferme l'Ortho- nectide adulte. » Evolution de l'embryon. — On observe assez facilement la série des stades du développement de l'embryon. La segmentation est égale. Il se forme une sorte de morula solide. Les cellules internes sont un peu plus grandes que les autres. Les noyaux ont toujours le même aspect : une membrane nette et un grain nucléolaire. Puis cette morula s'allonge et devient cylindrique. La partie antérieure et l'extrémité postérieure sont formées par un massif de cellules de petite taille, à nucléole minus- cule. Sur la majeure partie de la longueur, on distingue, au contraire, des éléments de forme différente : » i° Suivant l'axe, une ou mieux deux rangées de cellules à gros noyaux et proto- plasme très chromophile. Ce sont de futurs ovules dont l'aspect est ainsi très diffé- rent de ce qu'il sera plus tard. En avant et en arrière de la rangée d'ovules, se trouve une masse de petites cellules se divisant très activement et qui donneront les testi- cules. » 2° Des cellules à gros nucléole en croissant, enveloppant la rangée d'ovules. » 3° Une couche externe d'éléments très petits semblables à ceux qui forment les deux extrémités. » A partir d'un certain moment, il paraît ne plus y avoir multiplication de cellules, mais agrandissement de celles qui existent et qui, jusque-là, étaient presque réduites au noyau. Dans les ovules, le nucléole disparaît et le noyau prend une coloration plus ou moins diffuse. L'état adulte est réalisé par un étirement longitudinal considérable de l'embryon. Les massifs antérieur et postérieur de petites cellules donnent les 10-12 pre- miers et les 3-4 derniers anneaux de l'adulte, en entier. Les deux couches externes de cellules qui entourent les ovules fournissent l'ectoderme de la région génitale de l'adulte; les ovules se disposent-sur une rangée unique. » Rapports des sacs plasmodiaux et de V Annélide. — Si l'on étudie maintenant des coupes de Scoloplos infestés, on reconnaît que les sacs plasmodiaux n'existent pas seulement dans la cavité générale, mais qu'ils pénètrent littéralement à l'intérieur de l'épithélium intestinal; ils écartent les cellules et, sur les coupes, paraissent même intracellulaires; nous pensons toutefois qu'ils sont toujours intercellulaires. Néanmoins, cette position leur suppose une mobilité propre. Metchnikoff l'a du reste déjà signalée pour ceux de la Rhopalura Giardi. On conçoit que leur situation, dans l'épaisseur même de l'épithélium intestinal, soit une excellente condition de nutrition. » Chaque sac ne renferme guère plus de deux Stœcharthrum adultes à la fois; mais ( 5i8 ) quand il s'agit déjeunes, les embryons d'un sac sont plus nombreux. Ces sacs peuvent sans doute se fragmenter; après l'expulsion des adultes, les noyaux libres qui restent peuvent probablement se transformer en de nouveaux germes et par suite de nouveaux embryons. On conçoit donc que, une fois un Scoloplos parasité, l'infection s'y main- tienne et s'y propage et que le nombre des parasites soit considérable. Il ne se déve- loppe dans l'Annclide infestée aucun embryon en dehors des sacs. » Quelles sont maintenant l'origine et la valeur morphologique des sacs plasmodiaux? C'est le point le plus obscur de l'histoire des Orthonectides. Les auteurs précédents n'ont pas étudié la structure histologique de ces productions. Ils les regardent, sans preuves décisives d'ailleurs, comme étant simplement des fragments amputés et transformés du corps des fe- melles, fragments renfermant un certain nombre d'ovules qui seraient (d'après Metchnikoff et Julin) l'origine des embryons. Il n'en est certaine- ment pas ainsi chez le Stœcharlhrum. Nous avons fait remarquer déjà qu'il y a dissemblance complète entre un ovule et une cellule-germe; celle-ci n'est pas un ovule. Entre l'ovule et elle, il y a nécessairement une série de transformations que malheureusement nous n'avons pas vues('). Elles correspondent probablement à une partie du cycle évolutif de l'Orthonec- tide, qui s'accomplit normalement dans le milieu extérieur et pendant la- quelle intervient la fécondation. La ciliation des Orthonectides fait suppo- ser une phase de vie libre, que corroborent du reste certaines observations de Julin. Les individus pénétreraient ensuite, sous une forme inconnue, dans un nouvel hôte. C'est alors, suivant nous, que se forment les sacs plas- modiaux. Ceux-ci sont un appareil de multiplication asexuée du parasite à l'intérieur de l'hôte qu'il a infesté; et, à cet égard, les idées émises par Giard (fondées sur le simple aspect extérieur), qui compare ces productions aux sporocystes des Trémalodes, nous paraissent justes, au moins en ce qui concerne le Stœcharlhrum. Il n'y aurait du reste, entre les deux cas, qu'une analogie d'ordre général. (') Nous avons trouvé, mais très rarement, des Stœcharthrum adultes chez lesquels la rangée d'ovules était remplacée, vers l'extrémité postérieure, par une masse de pe- tites cellules, bien séparées les unes des autres, de 4 H^ de diamètre environ (les ovules mesurent de 12 à i5|i). Cette région a-l-elle été transformée à la suite d'une féconda- tion (la présence de spermatozoïdes au voisinage permettrait cette supposition)? Y a- t-il eu multiplication des ovules donnant ces petites cellules? D'autre part, certains Stœcharthrum nous ont paru, par leur partie postérieure, en continuité avec des tubes plasmodiques. Est-ce là un mode de transformation régulier? Il nous a semblé, en tout trop rare pour se produire normalement à l'intérieur de l'Annélide. ( 5i9 ) » Au contraire, il nous paraît y avoir une affinité étroite entre les cellules- germes, telles que nous venons de les définir chez le Stœcharlhrwn et les productions de même nom chez lesDicyémides. Les sacs plasmodiaux nous paraissent correspondre exactement à la cellule axiale des Dicyémides; ce sont deux phases équivalentes dans le cycle évolutif des deux groupes ; et ainsi se trouve mise en évidence, par nos observations, une nouvelle ressem- blance entre eux. Pour les Dicyémides comme pour les Orthonectides, nos connaissances offrent du reste une lacune correspondant à la transmission du parasite d'un hôte à l'autre, et aux phénomènes de sexualité. » ZOOLOGIE. — Contribution à V élude cl' éléments spéciaux de la cavité générale du Phymosome. Note de MM. J. Kunstler et A. Gruvel, présentée par M. A. Milne-Edwards. « Le liquide de la cavité générale du Phymosoma granulation contient, outre les éléments histologiques normaux du sang, de remarquables corps mobiles ciliés, connus sous la dénomination de coupes ciliées. » Leur aspect ordinaire est celui de vésicules mamelonnées, mûriformes, munies à leur région postérieure d'un disque locomoteur cilié. Leur mouvement est plus ou moins rectiligne, quoiqu'il présente des oscillations variables avec les individus. » Le développement de ces formations est d'un haut intérêt. Non seu- lement il est susceptible d'éclairer d'un jour nouveau leur véritable nature, mais encore il n'est pas sans jeter quelque lumière sur des faits plus généraux. » Les individus très jeunes sont essentiellement constitués par une vésicule simple, à paroi mince et remplie de liquide. En un point de cette paroi se trouve logé un noyau lenticulaire, entouré d'un amas variable de protoplasma. Le disque cilié se trouve à la partie postérieure de la vésicule, c'est-à-dire qu'il est toujours en arrière pendant la locomotion. Il est garni d'un abondant revêtement de flagellums d'une longueur notable. Enfin, au centre de ce disque, se trouvent une ou plusieurs cellules dont l'importance est fondamentale. Plus ou moins enfoncées ou invaginées dans une dépression postérieure de la vésicule claire, ces cellules ont un aspect qui rappelle jusqu'à un certain point celui des sphères de segmentation. Leur constitution ne montre aucune espèce de différenciation, dans aucun sens; leur noyau est relativement gros et apparent; leur protoplasma est très granuleux. » L'état unicellulaire de la vésicule claire est l'exception infime. Presque toujours, et dès les premiers stades de l'évolution, elle se montre constituée par un nombre va- riable d'éléments cellulaires tous semblables entre eux. Cette vésicule s'est ainsi pro- ( 520 ) fondement transformée; elle a complètement changé d'aspect. Ce n'est plus là une sphère creuse à paroi mince et transparente, dans l'épaisseur de laquelle se trouve logé le noyau primitif. La division de cet élément a produit une foule de noyaux, autour de chacun desquels s'est constitué un corps cellulaire renflé, bombé, net et fort bien délimité, de telle sorte que l'ensemble rappelle, à première vue, l'aspect d'une ino- nda. » L'étude de la coupe optique de ces formations amène à un résultat différent. On les voit alors constitués par un assemblage de cellules claires qui se trouvent disposées en une assise unique et dont l'ensemble constitue une vésicule remplie d'un liquide d'aspect mucilagineux. Ce n'est donc pas là, en réalité, quelque chose de comparable à la morula, mais bien plutôt à la Blastula, ceci étant dit sous la réserve des faits qui seront énoncés ci-dessous et qui sont de nature telle qu'on pourra les ramener à un ensemble encore plus complexe. » En effet, les éléments cellulaires sombres et granuleux du centre du disque cilié, qui sont plus petits que les cellules de la vésicule se multiplient plus ou moins rapide- ment et s'invaginent d'une façon progressive, de manière à constituer une dépression en cul-de-sac, dont la forme varie, depuis celle d'une cupule, jusqu'à celle d'un tube en cœcum à calibre étroit. » La figure ainsi obtenue rappelle d'une manière frappante celle des gastrules en ■voie d'invagination par embolie. On peut dire, en quelque sorte, exactement, que l'ensemble ainsi constitué, réalise d'une façon remarquable le stade Depœa de l'em- bryogénie normale. On y trouve, en effet, toutes les parties de la Depula. Lîne couche cellulaire simple, constitue la paroi d'une grande vésicule hyaline, remplie d'un li- quide mucilagineux et rappelant bien le Dlaslocœle. Dans cette vésicule s'invagine une sorte de formation endodermique, dont le développement a pour résultat immédiat de diminuer progressivement le volume de cette sorte de cavité de segmentation. Celte dépression qui rappelle l'endoderme est aussi formée d'une assise cellulaire unique, et sa cavité qui peut être comparée à l'archentéron, est largement ouverte, sans au- cune espèce de constriction qui puisse être comparée à un blastopore. On a donc là la constitution typique de la forme embryonnaire en casque avec laquelle elle ne pré- sente, au point de vue de la constitution, qu'une différence d'une valeur relative, dé- rivant delà présence du disque cilié, sans que, toutefois, il paraisse possible de penser qu'il n'existe dans aucune forme embryonnaire analogue une organisation locomotrice de ce genre. » En résumé, les coupes ciliées présentent, pendant la période de leur vie que l'on peut qualifier d'adulte, la constitution d'une sorte de gastrula permanente, à blastopore largement ouvert et dirigé vers l'arrière. » La portion invaginée, qui peut être comparée à l'intestin primitif, ne semble pas avoir pour rôle principal la digestion des éléments nutritifs, qui paraissent plutôt être absorbés par imbibition. Le rôle de cette dépres- sion postérieure semble être seulement celui d'une cavité reproductrice et peut-être aussi celui d'une sorte de chambre incubatrice. La couche cellu- laire est comparable à un véritable épithélium germinatif, en voie de ( 32 1 ) constante reproduction. Pendant toute la vie de ces formations, cet épithé- lium est le point de départ, par une sorte de bourgeonnement assez abon- dant, de corpuscules reproducteurs spéciaux. Par le fait de ce processus, leur constitution typique est ordinairement plus ou moins marquée, et, à la place d'une cavité, on voit quelquefois là un véritable massif cellulaire. » De l'ensemble de ce qui précède, il résulte que la fonction essentielle de cette sorte de cavité archentérique n'est donc pas digestive. C'est là un fait d'un intérêt théorique réel qui vient apporter un solide appui aux considérations embryogéniques d'après lesquelles on a déjà pu affirmer que les premières gastrula méritaient, sans doute, le nom de genito- gastrula ('), le rôle primitif de l'endoderme étant essentiellement repro- ducteur. L'embryogénie comparée nous permet d'admettre que, par une division du travail progressive, une partie des cellules endodermiques pri- mitivement reproductrices ont pu s'adapter à des fonctions digestives, alors nue la reproduction est restée l'apanage d'un autre groupe de cel- lules. Ces dernières montrent aujourd'hui et ont dû montrer alors une tendance à se séparer de l'invagination adaptée à la digestion. On entre- voit bien ainsi l'origine du mésoderme. Nous savons, du reste, déjà, que certaines cellules primordiales du mésoderme (par exemple, les deux cel- lules polaires de la lèvre inférieure de l'Amphioxus) sont homologables avec les gonades. » PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur le tremblement de terre de Triphylie du 11 jan- vier 1899. Note de M. D. Eginitis, communiquée par M. M. Lœwv. « Le matin du 11 janvier 1899 un séisme assez fort a secoué la province de Triphylie, située à la côte occidentale du Péloponèse. Cette partie de la Grèce souffre, comme on sait, bien souvent de séismes; la même province a subi un tremblement de terre presque aussi fort en 1886. » Le dernier séisme était composé de deux secousses violentes qui ont déterminé beaucoup de désastres. La première secousse était précédée et accompagnée d'un fort bruit souterrain; elle était ondulatoire et d'une durée de sept secondes. La deuxième secousse, qui s'est produite un peu après la première, avait presque la même durée, mais ses ébranlements étaient plus irréguliers et plus nombreux que ceux de la pre- mière; c'est pour cela que celle-ci a causé les dégâts les plus importants; elle était (') J. Kunstler, La Genito-gastrula (Journal de Micrographie, 1887). C. R., 1899, 1" Semestre. (T. CXXVIII, N° 8.) 68 { 022 ) accompagnée égaleraenl d'un bruit souterrain. L'heure que nos observateurs donnent pour la première secousse est Q,b5om (temps moyen d'Athènes); mais cette secousse, bien que très faiblement sentie à Athènes, a pu nous arrêter la pendule Berlhoud de l'observatoire à o,h4o,m56s; par conséquent, elle doit avoir eu lieu en Triphylie deux minutes environ auparavant, soit vers o,h48ra. La direction du phénomène était dans l'épicentre du S\Y au Mi, presque perpendiculaire au grand axe de l'ellipse épicentrale. » Le service géodynaniique de l'observatoire qui, depuis i8o,3, a forme un grand nombre d'observateurs distribués sur tous les points de la Grèce, et les a munis de bulletins, préparés exprès pour la description complète de ces phénomènes, a reçu assez d'observations au moyen desquelles nous avons pu nous former une idée exact'- de l'étendue du séisme et de son intensité dans les différentes provinces de la Grèce. » D'après ces renseignements, nous avons tracé les courbes isosêistes; ces ligne- affectent, comme d'ordinaire, la forme elliptique et divisent le Péloponèse en quatre zones distinctes. La première zone, qui constitue Vépicentre, et comprend les lieux où des constructions solides se sont écroulées, s'étend de Ligoudista vers l'île deZante, à une distance de quelques kilomètres au delà de la côte de Triphylie; le grand axe de cette zone épicentrale aune longueur de 3okm et le petit de i6km. La deuxième zone, dans laquelle quelques maisons seulement, mal construites, ont été renversées et plusieurs autres n'ont subi que des crevasses, est délimitée par l'isoséiste qui passe près de Calamate et Gargalianes; elle affecte aussi une forme elliptique dont le grand axe a une longueur de 77km et le petit de 4Skm. » La troisième zone, dans laquelle les secousses, quoique assez fortes, n'ont fait que lézarder quelques maisons et renverser certains objets mobiliers, est délimitée par l'isoséiste elliptique qui passe près de Gythion, Tripolis, Dimitzana, Pyrgos et Pylos ; son grand axe est de i45km et le petit de iookm. La quatrième zone, dans laquelle les secousses ont été faibles, mais sensibles à l'observation directe, affecte la forme d'un grand cercle, dont le diamètre est de 220km; elle est délimitée par une isoséiste qui passe par Zante, Patras, Egion et Mégare. » Le phénomène en question n'a donc pas eu une très grande étendue ; i! s'est limité seulement dans le Péloponèse, l'île de Zante et les côtes méridionales de la Grèce continentale. Mais l'intensité des séismes n'esl pas toujours analogue à leur étendue; de même l'épicentre du grand séisme qui a ruiné, en 1894, la Locride n'avait que 70km de long et 65km de large. Dans l'épicentre du dernier tremblement de terre de Triphylie les dégâts ont été considérables; à Kyparissie, aux environs de laquelle a eu lieu le maximum du phénomène, 53 maisons se sont écroulées, 70 onl été rendues inhabitables, et pas une n'est restée intacte ; à Philiatra toutes les maisons sont plus ou moins fortement lézardées; enfin sur toute la zonr épicentrale, et surtout aux villages situés aux environs de Kyparissie, on compte beaucoup de maisons qui sont ruinées et un grand nombre d'elles qui sont inhabitables. » Dans l'épicentre, le sol ne présente pas de crevasses; mais à Calamate ( 023 ; il a subi de légers effondrements, qui ont endommagé la ligne du chemin de fer, et à Gianitza on a observé une petite fissure. Le séisme a affecté aussi les sources; l'eau d'une de celles-ci, dans le village Aétos, fut augmentét et troublée; celle des sources de Berbitza a manqué pendant quelque temps, et à Dimitzana une source a été troublée seulement. » Des signes précurseurs ont été observés, un peu avant la première secousse, dans plusieurs endroits du Péloponèse; les poules et les chiens criaient et cherchaient à fuir. » Les violentes secousses du 22 janvier ont été suivies de plusieurs, autres, beaucoup plus faibles, le même jour et les jours suivants jusqu'au 29 janvier. « Suivant une dépêche de l'île de Wight d'Angleterre, on y a observé à Newport (probablement par des séismographes ou autres instruments sen- sibles) le séisme de Triphylie à 8h24m55s temps moven de Greenwich 1. Par conséquent le choc est arrivé dans cette île avec une vitesse de 2.km, 1 par seconde ; pour le séisme de Constantinople nous avions trouvé que le choc était arrivé à Paris avec une vitesse de 3km par seconde ( ' ). » M. Pfeiffer adresse un travail « Sur la division décimale de la circon- férence et du temps » . A 3 heures un quart l'Académie se forme en Comité secret. La séance est levée à 3 heures trois quarts. M. B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Outrages reçus dans la séance du i3 février 1899. Assemblée générale des actionnaires de la Banque de France du 26 jan- vier 1899, sous la présidence de M. G. Pallain, Gouverneur : Compte rendu. (') Comptes rendus, t. CXIX, p. 483. ( 524 ) au nom du Conseil général de la Banque, et Rapport de MM. les Censeurs. Paris, imp. Paul Dupont, 1899; 1 br. in-4°. L'Université de Paris, bulletin mensuel de l'Association générale des Étudiants. N° 92, janvier 1899. Paris, 1 fasc. in-8°. Bulletin officiel du Syndicat contre le phylloxéra et Revue de Viticulture al- gérienne. N° 5G, 12e année, 1898. Alger, F. Fontana et Cie; 1 fasc. in-8°. Bulletin de la Société académique d'Agriculture, Belles-Lettres, Sciences et Arts de Poitiers. N" 333, juin, juillet et août 1898. Poitiers, typ. Oudin elCie, 1898; 1 fasc. in-8°. On the instincts and habits ofthe solitary Wasps, dvGeorges-W. Pkckham and Elizabeth-G. Pkckham. Madison (Wisc), 1898; 1 vol. in-8°. On the forestry conditions of Northern Wisconsin, by Filibert Rotu. Ma- dison (Wisc), 1898; 1 vol. in-8°. Publications of the Universily of Pennsylvania. New séries, n° 4 : Contri- butions from the laboratory of hygiène, n08 1-2. Philadelphia, 1898; 1 fasc. in-8°. Pubblicazioni délia Specola Vaticana. Volume V. Roma, tipografia Vati- cana, 1898; 1 vol. in-/j°. Archives des Sciences biologiques, publiées par l'Institut impérial de Mé- decine expérimentale à Saint-Pétersbourg. Tome VI, n° 5. (Edition fran- çaise.) Saint-Pétersbourg, 1898; 1 fasc. in-4°. Jhe institution of mechanical engineers : Proceedings. July 1898. Derby meeting. London ; 1 vol. in-8°. The Quarteriy Journal of the Geological Society. Vol. LV, part. I, Fe- bruary isl 1899, n° 217. London, Longmans, Green and C°; 1 vol. in-8°. Sitzungsberichle der kôniglich preussischen Akadcmie der Wissenschaften zu Berlin. XL-LIV, 20 October-22 December 1898. Berlin, 1898; 6 fasc. in-4°. La medicina cientifica en Espana, revisla mensual de alcaloidoterapia y medicina pratiqua. Aîio I, Enero de 1899, num. 1. Barcelona, 1 fasc. in-4°. The Astronomical Journal, n° 454. Vol. XIX, n° 22. Boston, 1899; 1 fasc. in-.'l". On souscrit à Paris, chez GAUTHIER-VILLA RS, Quai des Grands-Augustins, n° 55. Depuis 1835 les COHPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Ils forment, à la fin de l'année, deux volumes in-4*. Deux "ables, l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel t part du i" janvier. Le prix de P abonnement est fixé ainsi qu'il suit : Paris : 20 fr. — Départements : 30 fr. — Union postale : 34 fr. — Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sue. On souscrit, dans les Départements, chez Messieurs : \gen Ferran frères. !Chaix. Jourdan. Ruff. Imiens Courtin-Hecquet. ( Germain etGrassin * ' I Lachèse. 'ayonne Jérôme. esançon Jacquard. | Feret. ordeaux J Laurens. ' Muller (G.). ourges Renaud. iDerrien. F. Robert. J. Robert. Uzel frères. 'aen Jouan. hamberv Perrin. ! Henry. Marguerie. Juliot. Ribou-Collay. !Lamarche. Ratel. Rey. I Lauverjat. I Degez. \ Drevet. i Gratier et O. a Rochelle Foucher . Bourdignon. Dombre. Thorez. Quarré. herbourg lermont-Ferr. 'ijon 'ouai '■renoble e Havre . dit. Lorient. Lyon. Montpellier Moulins . . . chez Messieurs : Baumai. M"- Texier. Bernoux et Cumin. Georg. Côte. Savy. Vitte. Marseille Ruât. Calas. Nancy . Nantes Nice. . . Poitiers. Rouen. Toulon . Toulouse. Coulet. Martial Place. Jacques. Grosjean-Maupin. Sidot frères. Loiseau. Veloppé. Barma. Visconti et Cu. Nimes Thibaud. Orléans Luzeray. Blanchier. Marche. Rennes Plihon et Hervé. Roche/or t Girard ( Mu" ). Langlois. Lestringant. S'-Élienne Chevalier. I Ponteil-Burles. ( Rumèbe. , Gimet. f Privât. / Boisselier. Tours...^. j Péricat. ( Suppligeon. ( Giard. Valenciennes. Lemaître. On souscrit, à l'Étranger, Amsterdam . chez Messieurs : Feikema Caarelsen et C. Athènes Beck. Barcelone Verdaguer. Asher et C'\ Berlin. Bucharest. Dames. Friedlander et fils. f Mayer et Muller. Berne Schmid et Francke. Bologne Zanichelli. !Lamertin. Mayolez et Audiarte. Lebègue et C'*. ( Sotcheck et C°. ! Storck. Budapest Kilian. Cambridge Deighton, BelletC". Christiania Cammermeyer. Constantinople. . Otto Keil. Copenhague Hôst et fils. Florence Seeber. Gand Hoste. Gênes Beuf. , Cherbuliez. Genève Georg. ( Stapelmohr. La Haye Belinfante frères. i Benda. ( Payot. Barth. Brockhaus. Leipzig < Lorentz. J Max Rube. \ Twietmeyer. j Desoer. I Gnusé. Lausanne. Liège. Milan . Naples. chez Messieurs : i Dulau. Londres Hachette et C. [Nutt. Luxembourg. ... V. Bûck. !Libr. Gutenberg. Romo y Fussel. Gonzalés e hijos. F. Fé. Bocca frères. Hœpli. Moscou Tastevin. Marghieri di Gius. Pellerano. !Dyrsen et Pfeiffer. Stechert. Lemcke et Buechner Odessa Rousseau. Oxford Parker et O Palerme Clausen. Porto Magalhaès et Moniz. Prague Rivnac. Rio-Janeiro Garnier. Bocca frères. Loescheret O*. Rotterdam Kramers et fils. Stockholm Samson et Wallin j Zinserling. I Wolff. [ Bocca frères. ) Brero. Clausen. Rosenberg et Sellier Varsovie Gebethner et Wolff Vérone Drucker. Frick. Gerold et C'\ Zurich Meyer et Zeller. Rome . S'-Petersbourg. . Turin. Vienne. TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES : Tomes !•' 31. — ( 3 Août i835 à 3i Décembre i85o. ) Volume in-4"; i853. Prix 15 fr. Tomes 32 à 61.- ( i" Janvier i85i à 3i Décembre i865. | Volume in-4°; 1870^- Prix 15 fr. Tomes 62 à .91. — ( 1" Janvier 1866 à 3i Décembre 1880.; Volume in-4"; 1889. Prix 15 fr. SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES : Tomel: Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par MM. A. DerbÈs et A.-J.-J. Solier.— Mémoire sur le Calcul des Perturbations qu'éprouvent les iomètes, par M.Hanien.— Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des matières rasses, par M. Claude Bernard. Volume in-4°, avec 32 planches ; i856 15 fr. Tome II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Benede.n. — Essai d'une réponse à la question de Prix proposée en i85o par l'Académie des Science» our le concours de i853, et puis remise pourcelui de i856, savoir : « Étudier les lois delà distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédi- mentaires, suivant l'ordre de leur superposition . — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. — Rechercher la nature des rapports qui existent entre l'état actuel du règne organique et ses états antérieurs », par M. le Professeur Bronn. In-4", avec 27 planches: 1861 . . . 15 fr. k la même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences. K 8. TABLE DES ARTICLES. (Séance du 20 février 1899.) M. le Pm siin n t -'■ fait l'interprète di timents de l Vcadémie .1 la suite de I 't de M. Félix Faure, Président de la Ré- publique, i'l lève la Si; ' III Sl-lir de deuil MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADEMIE. Page-. Pages. M. P.-P. Dehérajn - Le travail du sol... \-'\ nergétique musculaire '17:1 M. A. Chauveau. Chaleur libérée ou ab- M. Armand Gaiiii i;. 1 >. .-.1 -. • ( i . - l'.iwde sorbée par la mise en jeu de l'élasticité de carb i J87 du caoutchouc, dans les <-< > ■■< 1 i 1 i > 1 n s qui \1. Ch. Bouchard. A propos d'une récla- peuvenl être réalisées pour l'élasticité 'lu mation de M. J. Winter, relative à la cryo- rauscle en contraction. Applications i l'é- scopie des un ne- J88 MÉMOIRES PRÉSENTÉS. M. \ . Gentil adresse u lescriplion et un dessin d'un aérostat dirigeable (Joo CORRESPONDANCE. M. L. Cremona. nommé Corrospondanl pour la Section de Géométrie, adresse ses re- mercimenls â l'Académie Jgo M. Pompilian adresse ses re rclments .1 l'Académie pour la distinc-tiuu an-ordre à ses travaux {90 M. G. Ducretei adresse, poui l'un des con- cours de 1899, les Notices qu'il a publiées sur La télégraphie hertzienne sans fil ». 'pio M.Emile B Sur la croissance des fonctions définies par des équations diffé- rentielles 49° M. Le Roy. .'sur les séries divergentes cl les fonctions définies par un développe- ment de Taylor J92 M. Emile Cotton. -- Sur le- formes de diffé- rentielles invariantes vis-à-vis de certains groupes ri M. Daniel Berthklot. - Sur le coefficient de dilatation earaetéri-lique ,|e |Y-ta( ga- zeux parfail }o8 MM. G. Wyroi 1 et A. \ i.k\i:lii.. - Seu- les oxydes complexes des terres rare-, 5oi Bulletin bibliographique M. OEchsner Dl Coninck. - \elion des Oxydants sur quelque- a ni ides m- M. P. -Tu. MULLER. — Sur la loi de dilution des électrolytes 5o5 M. Albert Mori i Sur nu nouveau mode de préparât! les éthers phosphoriques mixtes alcoyl-phénoliques 5o- M. Gderbet. — Vctioo de l'alcool amylique de 1er m. .n- 1 sur smi dérivé sodé 5n M. G. André. — Répartition du carbone dans les mal nies lin iniques 5l3 MM. Maurice Caullerï et Félix Mbsnil. — Sur l'embryogénie des Orthonectides, et en particulier du Stœcharthrum Giardi, Caull. et Mesn 5l6 MM. .). Kunstleh et \. Gruvel. Contri- bution à l'étude d'éléments spéciaux de ta cavité générale du Phj some 5ig M. D. EaiNiTia. Sur le tremblement de terre de Triphylie, du e. janvier iSyp,.... 5(21 M. Pfeifi-kh adresse un travail -Sur la di- vision décimale de la circonférence et du temps - 1 - ; 5v>-3 PARIS.— IMPRIMERIE GAUTHIER-VtLLARS, Quai des Grands-Augustins, 55. I* Gérant : G u tint H \ n.r.AHS. APR 10 1899 1899 PREMIER SEMESTRE. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES l'Ait «II LES SECRÉTAIRES PERPETUELS TOME CXXYIII. I\° 9 (27 Février 1899) PARIS, GAUTH1ER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, Quai (les Grands-Augustins, 55. 1899 RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS ADOPTÉ DANS LES SÉANCES DES 23 JUIN 1862 ET 24 MAI 1875. Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie se composent des extraits des travaux de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes présentés par des savants étrangers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. 26 numéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. Article 1". — Impressions des travaux de C Académie. Les extraits des Mémoires présentés par un Membre ou oar un Associé étranger de l'Académie comprennent au plus 6 pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o pages par année. Les communications verbales ne sont mentionnées dans les Comvles rendus, qu'autant qu'une rédaction écrite par leur auteur a été remise, séance tenante, aux Secrétaires. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les Rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par les Correspondants de l'Académie comprennent au plus 4 pages Par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de 32 pages par année. Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi- vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion. Les Programmes des prix proposés par l'Acadén sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Ra ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'auta que l'Académie l'aura décidé Les Notices ou Discours prononcés en séance p blique ne font pas partie des Comptes rendus. Article 2. — Impression des travaux des Savants étrangers à l'Académie. Les Mémoires lus ou présentés par des personu qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Ac demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un r sumé qui ne dépasse pas 3 pages. Les Membres qui présentent ces Mémoires se tenus de les réduire au nombre de pages requis. Membre qui fait la présentation est toujours nonirr mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extr autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le fc pour les articles ordinaires de la correspondance o cielle de l'Académie. Article 3. Le bon à tirer de chaque Membre doit être renii: l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, jeudi à 10 heures du malin ; faute d'être remis à temj le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compte ren actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu s vant et mis à la fin du cahier. Article 4. — Planches et tirage à part. Les Comptes rendus n'ont pas de planches. Le tirage à part des articles est aux frais des h teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports les Instructions demandés par le Gouvernement. \rticle 5. Tous les six mois, la Commission administrative fi un Rapport sur la situation des Comptes rendus api l'impression de chaque volume. Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pi sent Règlement. Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent laire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5h. Autrement la présentation sera remise à la séance suivai COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 27 FÉVRIER 1899. PRÉSIDENCE DE M. VAN TTEGHEM. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE- M. le Secrétaire perpétuel donne lecture d'une dépêche adressée à l'Académie par le Président de l'Université de Christiania, pour lui annon- cer la mort de M. Sophus Lie, Correspondant de la Section de Céométrie, décédé le 18 février 1899. Notice sur M. Sophus Lie; par M. Darboux. « Sophus Lie était né le 1 7 décembre 1842 en Norvège, à Nordfjordeid (près de Floro), où son père Johan-IIerman Lie était pasteur. Les études de son enfance et de sa jeunesse n'avaient pas décelé chez lui cette apti- tude exceptionnelle pour les Mathématiques que l'on signale de si bonne heure dans la vie des grands géomètres : Gauss, Abel et beaucoup d'autres. C. H., 189H, 1-' Semestre. (T. GXXVHI, V 9.» 69 ( 526 ) Il \ a plus; au moment de quitter l'Université de Christiania en 1 865, il hésitait encore entre la Philologie et les Mathématiques. Ce sont les tra- vaux de Pliïckersur la Géométrie moderne qui Lui donnèrent pour la pre- mière fois pleine conscience de ses aptitudes et éveillèrent en lui un ardent désir de se consacrer aux recherches mathématiques. Surmontant alors toutes les difficultés, travaillant avec une énergie indomptable, il publia en 1869 son premier travail et, dés 1870, on peut dire qu'il était en possession des idées directrices de toute sa carrière. » J'ai eu à celte époque le plaisir de le voir souvent, de l'entretenir à Paris où il était venu avec son ami M. F. Klein. Un cours de M. Sylow suivi par M. Lie lui avait révélé toute l'importance de la théorie des groupes de substitutions; les deux amis étudiaient cette théorie dans le grand Traité de notre confrère M. Jordan; ils avaient pleine conscience du rôle essentiel qu'elle était appelée à jouer dans tant de branches des Mathématiques auxquelles elle n'avait pas encore été appliquée. Ils ont eu, l'un et l'autre, la bonne fortune de contribuer par leurs travaux à imprimer aux études mathématiques la direction qui leur avait paru la meilleure. » Une courte Note de S. Lie Sur une transformation géométrique, pré- sentée en octobre 1870 à notre Académie, contient une découverte extrê- mement originale. Rien ne ressemble moins à une sphère qu'une ligne droite et cependant Lie a su trouver, en s'appuyant sur les idées de Plueker, une transformation singulière qui fait correspondre à une ligne droite une sphère, qui fait dériver par conséquent de toute proposition relative à un ensemble de lignes droites un théorème relatifà un ensemble de sphères, et vice versa. Il est vrai que, si les droites sont réelles, les sphères correspondantes sont imaginaires. Mais de telles difficultés ne sont plus pour arrêter les géomètres. Dans cette méthode si curieuse de transformation, chaque propriété relative aux lignes asvmptotiques d'une surface se transforme en une proposition relative aux lignes de courbure. Le nom de Lie demeurera attaché à ces relations si cachées qui rattachent l'une à l'autre la ligne droite et la sphère, ces deux éléments essentiels et fondamentaux de la recherche géométrique. Il lésa développées d'une ma- nière détaillée dans un Mémoire plein d'idées neuves, qui a paru en 1872 dans les Mathcmatischc Annalen. » Les travaux qui suivirent ce brillant début confirmèrent pleinement toutes les espérances qu'il avait fait naître. A partir dé 1872, S. Lie ne cessa pas de faire paraître une série de Mémoires sur les parties les plus difficiles ( 527) et les plus hautes du Calcul intégral. Il commence par une étude appro- fondie des travaux de Jacobi sur les équations aux dérivées partielles du premier ordre, et se rencontre d'abord avec M. Mayer pour perfectionner cette théorie en un point essentiel. Puis, en continuant l'étude de ce beau sujet, il est conduit à construire progressivement cette magistrale théorie des groupes continus de transformation qui constitue son œuvre la plus importante et dans laquelle il n'a été, au moins au début, aidé par per- sonne. L'analyse détaillée de cette vaste théorie nous entraînerait trop loin. Il convient néanmoins de signaler d'une manière toute particulière deux éléments tout à fait essentiels de ces recherches : d'abord l'emploi des transformations de contact qui jette une lumière si vive et si inattendue sur les parties les plus difficiles et les plus obscures des théories relatives à l'intégration des équations aux dérivées partielles, ensuite l'emploi des transformations infinitésimales. L'introduction de ces transformations ap- partient entièrement à S. Lie; leur emploi, comme celui de la variation dû à Lagrange, est de nature à étendre beaucoup la notion de différentielle et les applications du Calcul infinitésimal. » La constitution d'une théorie si étendue n'a pas suffi à l'activité de M. Lie. Pour en montrer toute l'importance, il l'a appliquée à un grand nombre de sujets particuliers, et, chaque fois, il a eu la bonne fortune de rencontrer des propriétés élégantes et nouvelles. Je m'attacherai de pré- férence aux recherches qu'il a publiées à partir de 1876 sur les surfaces minima. La théorie de ces surfaces, la plus attrayante peut-être qui se pré- sente en Géométrie, attend encore, et attendra peut-être longtemps /.la solution complète du premier problème que l'on doit s'y proposer, à savoir la détermination de la surface minima passant par un contour donné. Mais, en revanche, elle s'est enrichie d'un grand nombre de propositions intéressantes dues à une foule de géomètres. En 1866, Weierstrass a fait connaître un système de formules très précis et très simple qui a pro- voqué toute une série de nouvelles études sur ces surfaces. Dans ses tra- vaux, Lie revient simplement aux formules de Monge; il en donne l'inter- prétation géométrique et montre comment leur emploi peut conduire à la théorie la plus satisfaisante des surfaces minima. Il fait connaître des méthodes qui permettent de déterminer toutes les surfaces minima algé- briques d'une classe et d'un ordre donnés. Enfin, il étudie le problème suivant : déterminer toutes les surfaces minima algébriques inscrites dans une développable algébrique donnée; et il en donne la solution complète ( 528 ) dans le cas où l'on connaît seulement une de ces surfaces inscrites dans la développable. » Tout aussi intéressantes sont les recherches que nous lui devons sur les surfaces à courbure constante dans l'étude desquelles il met en œuvre un beau théorème de M. Bianchi sur les lignes géodesiques et sur les cercles géodési pies, sur les surfaces de translation, sur les surfaces de M. Weingarten, sur les équations du second ordre à deux variables indé- pendantes, etc. Je me reprocherais d'oublier, même dans ce résumé si rapide, les applications que Lie a faites de sa théorie des groupes à la Géo- métrie non euclidienne et à l'étude approfondie des axiomes qui sont à la base de nos connaissances géométriques. » Tant de travaux avaient de bonne heure attiré sur le grand géomètre l'attention de tous ceux qui cultivent la Science ou s'intéressent à ses progrès. Dès 1877, une chaire nouvelle de Mathématiques était créée pour lui à l'Université de Christiania, et la fondation d'une Revue norvégienne lui permettait de poursuivre, de publier tous ses travaux. En 188G, il avait répondu à l'appel si honorable que lui adressait l'Université de Leipzig; il a enseigné dans cette Université en qualité de professeur ordinaire de 1886 à 1898. C'est à cette période de sa vie que se rapporte la publication des Ouvrages didactiques dans lesquels il a coordonné toutes ses re- cherches. Il y a six mois, il revenait dans son pays pour occuper à Chris- tiania la chaire qui lui avait été spécialement réservée par le Parlement de Norvège, avec un traitement exceptionnel de 10000 couronnes. Mal- heureusement, l'excès de ses travaux avait épuisé ses forces et il meurt d'anémie cérébrale à l'âge de 56 ans. » Nulle part sa perte ne sera plus vivement ressentie que dans notre pays où il comptait tant d'amis. Pourtant, en 1870, il lui était arrivé une mésaventure dont j'avais contribué à lui épargner les suites. Surpris à Paris par la déclaration de guerre, il était allé se réfugier à Fontainebleau. Occupé sans cesse des idées qui fermentaient dans sa tête, il allait chaque jour dans la forêt, s'arrêtant dans les sites les plus éloignés des sentiers battus, prenant des notes, dessinant des figures au crayon. Il n'en fallait pas tant à cette époque pour éveiller les soupçons. Arrêté et incarcéré à Fontainebleau, dans des conditions d'ailleurs fort douces, il se réclamait de M. Chasles, de M. Bertrand, d'autres encore; je fis le voyage de Fontai- nebleau et n'eus aucune peine à convaincre le procureur impérial ; toutes les notes que l'on avait saisies et où figuraient des complexes, des systèmes ( 5^9 ) orthogonaux, des noms de géomètres, ne se rapportaient en aucune façon à la défense nationale. Lie fut relâché : son esprit bienveillant et élevé ne garda pas rancune à notre pays. Non seulement il revenait volontiers le visiter, mais il accueillait avec une grande bienveillance les étudiants français, les élèves de notre École Normale qui allaient suivre ses leçons de l'Université de Leipzig. C'est à l'École Normale qu'il a dédié son grand Ouvrage sur la théorie des groupes de transformations. Plusieurs de nos thèses de la Sorbonne ont été inspirées par son enseignement et lui ont été dédiées. » Les admirables travaux de Sophus Lie ont joui du privilège, aujour- d'hui bien rare, de réunir dans une commune admiration les géomètres aussi bien que les analystes. Il a découvert des propositions fondamentales qui préserveront son nom de l'oubli; il a aussi créé des méthodes et des théories qui, pendant longtemps encore, exerceront leur influence féconde sur le développement des Mathématiques. Le pays qui l'a vu naître et qui a su l'apprécier peut placer avec orgueil son nom à côté de celui d'Abel, dont il a été le digne émule et dont il eût été si heureux de célébrer le prochain centenaire. » PHYSIQUE. — Interrupteur èleclroly tique . Note de M. d'Arsonval. « Les hautes fréquences et la production des rayons X ont remis en honneur la bobine de Ruhmkorff. Pour ces deux usages il faut des inter- rupteurs rapides, faisant donner d'une façon constante à la bobine le maximum de longueur de l'étincelle. » Les divers expérimentateurs ont repris à cet effet l'interrupteur Fou- cault, en le perfectionnant de façon que les interruptions se fassent au moyen d'un moteur ou de tout autre appareil mécanique. Malgré l'ingé- niosité des moyens employés, les résultats ne sont pas encore satisfaisants et l'on ne dépasse guère vingt à trente interruptions à la seconde. » Je viens de voir, à l'École de Physique et Chimie de la ville de Paris, un dispositif installé par M. le professeur Hospitalier, qui sort des don- nées connues et qui semble réaliser l'idéal de l'interrupteur automatique. Ce dispositif est dû à M. le D1' A. Wehnell, de Charlottenbourg ; M. Hospitalier a le mérite de l'avoir fait connaître en France, et je crois rendre un service aux nombreux expérimentateurs que la question inté- resse, en le signalant à mon tour à l'Académie. ( 53o ) » Le dispositif du Dr Wehnelt donne de ce problème une solution aussi élégante que simple. Il ne comporte aucun organe de mouvement : l'in- terruption du courant est basée uniquement sur les phénomènes électroly- tiques étudiés successivement par Davy, Planté et surtout par notre collègue Violle en collaboration avec M. Chassagny (' ). » Si dans un vase en plomb, plein d'eau acidulée au t'n par l'acide sul- furi(]ue, on plonge un fil de platine soudé à l'extrémité d'un tube de verre et correspondant au pôle positif d'une batterie d'accumulateurs de [\o à 110 volts (le pôle négatif étant relié au vase en plomb), le passage du courant fait rougir le fd de platine. Il se forme une gaine lumineuse autour de ce fd et un bruit strident se produit. » Ce bruit semble indiquer que le courant passe d'une façon intermit- tente : en 1892, MM. Koch et Wùllncr avaient prouvé, au moyen du télé- phone, qu'il en est réellement ainsi. » M. Wehnelt, se basant sur ce fait, a eu l'idée d'intercaler, dans le cir- cuit de la cuve électrolytique, le primaire d'une bobine d'induction et il a vu que la cuve constituait le plus parfait et le plus simple des interrupteurs. J'ai répété avec un plein succès l'expérience que j'avais vue au laboratoire de M. Hospitalier. Avec 70 volts, une bobine de Ruhmkorff, dont j'avais enlevé le condensateur et l'interrupteur, m'a donné avec la cuve électroly- tique des étincelles de 25rm de longueur, sous la forme d'un trait de feu continu, de la grosseur d'un crayon. Le nombre des interruptions, d'après le son rendu et l'examen au miroir tournant, est d'au moins 1700 par seconde. » Avec une petite bobine, donnant seulement /\cm d'étincelle, le nombre des interruptions dépasse 3 000 à la seconde. Ce nombre dépend de la self de la bobine, des dimensions du fd de platine et de la tension du courant. Les résultats sont excellents avec un fd de platine deomm,7 à omm,8 de diamètre, dépassant le tube de verre de i8mœ à 22mm environ, avec la bobine que j'emploie. » Avec ce dispositif, j'ai éclairé une ampoule de Crookes et obtenu des rayons de Rôntgen doués d'une fixité et d'un pouvoir de pénétration qui ont beaucoup étonné M. Sagnac, témoin de l'expérience et bien habitué à ces phénomènes. Une radiographie de la main a été instantanée. » Employée sur un de mes appareils médicaux à haute fréquence, la (') Voir Violle et Chassagny, Comptes rendus, t. CVIII, p. 284; 1889, el pour ^historique de la question : Raveau, in Eclairage électrique, t. VI, p. 48' ; 1896. ( 53. ) même bobine a donné des résultats au moins dix fois plus énergiques que lorsque je m'en sers avec l'interrupteur Foucault. » Enfin, j'ai eu l'idée de remplacer le courant continu provenant des accumulateurs par le courant alternatif du Secteur de la rive gauche, à 1 10 volts. Dans ces conditions nouvelles, j'ai constaté que la bobine fonc- tionne également bien et, phénomène intéressant, elle illumine l'ampoule de Crookes comme avec le courant continu, ce qui prouve que l'interrup- tion du courant se fait dans un seul sens. » Le nouvel interrupteur est donc en même temps un séparateur de courants, condition précieuse pour la radiographie, qui se fera également bien avec le courant continu et avec le courant alternatif, sans rien modi- fier au matériel. » Mise en rapport avec un effluveur Berthelot, la bobine donne des quantités d'ozone incomparablement plus grandes qu'avec le trembleur ordinaire. » Le nouvel interrupteur permet donc d'obtenir facilement des ondes hertziennes régulières et puissantes; son emploi est tout indiqué pour la télégraphie sans fils. » La courbe d'interruption, examinée au réographe Abraham par M. Carpentier, montre qu'elle est très régulière et qu'il n'y a pas de temps perdu ni d'oscillations parasites. » Le meilleur tube interrupteur m'a semblé jusqu'à présent être un tube à essai en verre mince, dont le fond est traversé par le fil de platine, soudé en paroi mince, et noyé dans le mercure. La porcelaine également essayée m'a donné de moins bons résultais, comme durée et comme régu- larité. J'ai pu remplacer l'eau acidulée par une solution de potasse; l'in- terrupteur marche également bien et a l'avantage de pouvoir être construit en fer. » Le mécanisme de l'interruption me semble être le suivant : par le passage du courant la pointe de platine rougit cà blanc, il y a aussitôt calé- faction, il se forme une gaine de vapeur qui isole l'électrode du liquide et arrête le courant. La vapeur se condense au sein du liquide froid, le cou- rant se rétablit et le phénomène recommence. La preuve en est que l'in- terrupteur ne fonctionne plus, aussitôt que l'eau acidulée arrive verso,o°C. et que la vapeur ne peut plus se condenser. » Il se dégage également, autour de la pointe de platine, un mélange tonnant d'hydrogène et d'oxygène. Ce dégagement est dû à la dissociation de l'eau par le platine porté au blanc. ( 53?. ) >» Cela explique également pourquoi l'interruption du courant alter- natif ne se fait que dans un sens : Quand la pointe de platine est positive, elle rougit plus vite que lorsqu'elle est négative. En admettant que, même dans ce dernier cas, il v ait interruption, comme cette interruption se fait beaucoup plus lentement, elle donne naissance à un courant induit de bien moindre tension, qui ne peut franchir la résistance opposée par l'air ou le tube de Crookes à la décharge. » Quoiqu'il en soit, le nouveau dispositif, par sa simplicité, sa régularité, la suppression du condensateur et de tout interrupteur mécanique, rend l'emploi de la bobine de Ruhmkorff possible dans bien des cas. La con- struction de cette dernière devra évidemment subir des modifications, pour l'adapter à ce nouveau mode d'interruption. Ces modifications devront porter sur sa forme, ses dimensions, et surtout sur la nature de l'isolant : comme la bobine donne, avec ce dispositif, des courants analogues aux courants à haute fréquence, il v aura lieu de recourir, comme pour ces derniers, à un isolant liquide ou tout au moins pâteux. » minéralogie. -- Sut un nouveau minerai d'urane, la carnotàe; par MM. C. Friedel et E. Cumexge. « L'un de nous a reçu d'Amérique plusieurs échantillons d'une sub- stance naturelle uranifère désignée comme uraconise. Elle se présente en poudre ou en masses jaunes faiblement agglomérées et se désagrégeant facilement sous la pression des doigts. Elle a été trouvée dans le comté de Montrose, Colorado, par M. Charles Poulot, chimiste français, habitant actuellement Denver, dans le Colorado. Le minéral se trouve dans des cavités ou des sortes de mares qui existent à la surface d'un grès et v est accompagné de chessvlite et de malachite. On en a extrait de ce gisement environ dix tonnes. » Un premier examen montre que le minéral est formé pour une grande partie, dans certains échantillons au moins, de silice sous la forme de sable quartzeux. Ce sable est mélangé intimement avec une matière jaune pulvérulente qui est cristallisée, puisque l'examen en lumière polarisée aux plus forts grossissements du microscope permet de constater une action sur la lumière polarisée, mais sans qu'il ait été possible de distinguer au- cune forme cristalline. La matière est assez fine pour tacher fortement les doigts. La silice s'en sépare facilement, car la matière jaune est soluble ( 533 ) dans l'acide azotique et dans l'acide chlorhydrique étendus, en donnant avec le premier une solution jaune et avec le second une solution d'un beau vert. La silice, séparée par filtration et lavage, est blanche après cal- cination. » Le minéral renferme une certaine proportion d'eau ; mais on ne peut pas le calciner jusqu'au rouge vif pour déterminer celle-ci, car il devient très difficile à attaquer par les acides après calcination et la silice reste colorée en brun, couleur que la substance a prise lorsqu'on l'a portée au rouge. » On a reconnu que la matière dissoute dans l'acide azotique renferme, à côté d'une notable proportion d'urane, de l'acide vanadique, de la po- tasse et une proportion faible et variable de fer et d'alumine. Des essais faits sur une quantité de matière montant jusqu'à 45ogr ont permis en outre de reconnaître la présence de traces de cuivre, de plomb, de baryum et, comme il sera indiqué plus loin, des métaux radiants de M. et Mme P. Curie, qui, on le sait, accompagnent souvent les minerais d'urane. » La manière la plus commode de faire l'analyse du nouveau minéral con- siste à le dissoudre dans l'acide azotique étendu pour séparer le sable sili- cieux,puis d'évaporer au bain-marie la solution azotique, avec addition au besoin d'une certaine quantité d'acide azotique. Dans ces conditions, le vanadium se sépare sous la forme d'un précipité rouge extrêmement peu soluble dans l'eau, surtout lorsque celle-ci renferme de l'azotate d'ammo- niaque. Pour plus de sûreté, il est bon d'évaporer une deuxième et même une troisième fois le liquide filtré, qui renferme l'azotate d'uranium, indé- composable aux températures atteintes, et l'azotate de potassium. Le fer et l'alumine sont entraînés par le vanadium et peuvent en être séparés en re- prenant le précipité par l'ammoniaque sur le filtre, ce qui se fait facilement à l'aide d'un entonnoir muni d'un robinet ou simplement d'un bout de tube de caoutchouc fermé par une pince. Le fer et l'alumine restent sur le filtre. L'acide vanadique s'obtient par évaporation de la liqueur ammoniacale et calcination. » Quant à l'urane, on le précipite dans la solution aqueuse par l'ammo- niaque à l'ébullition. La potasse est obtenue par évaporation de la liqueur filtrée et calcination en présence d'un excès d'acide sulfurique. » On peut aussi, après évaporation à sec de la liqueur uranique, re- prendre par l'alcool à 90°, qui dissout facilement l'azotate d'urane et laisse l'azotate de potassium; mais les nombres ainsi trouvés sont moins bons que C. K., 1899, 1" Semestre. (T. CXXV1II, N" 9.) 70 ( 534 ) par le premier procédé. On a trouvé ainsi des résultats qui conduisent à la formule 2lr 0\ V2U5. K30. 3H20. U'O3 63,54 U203 64,70 62,46 V*0» 20,12 V205 20, 3i 19,95 K!0 10,3; K!0 10,97 "',5 WO 5,95 Fe203 0,96 o,65 99. 98 » Les proportions de silice trouvées sont très variables, elles vont de 60 pour 100, ce qui est la quantité la plus ordinaire, à 7,2 et même à 2,6 dans des échantillons extrêmement purs. » Le fer est aussi assez variable et l'on distingue facilement dans la masse jaune des veinules évidemment plus ferrugineuses qui enrichissent cer- taines parties. » Il règne un peu d'incertitude sur la proportion d'eau. Le minéral a été analysé simplement, séché à l'air et pouvait contenir un peu d'eau hygro- métrique. » Quant aux métaux radiants, M. et Mme P. Curie ont bien voulu examiner, par leurs procédés, la matière telle quelle et diverses propriétés qui leur ont donné les résultats suivants : Activité radiante du minéral (renfermant 54 pour 100 de silice).. . . 1 ,T»5 n du minéral pur 2,6 « des sulfates insolubles (Ba et radium) 35 i» des sulfures bruts ' 1 » des sulfures de Bi et de polonium 5o à 60 0 Pour ces derniers la quantité était si faible que l'on n'a pas pu avoir un résultat bien net. » Nous remercions M. et Mme Curie de l'obligeance qu'ils ont mise à dé- terminer ces nombres. » La substance que nous venons de décrire constitue une espèce miné- rale nouvelle. Nous proposons de la dédier à M. Adolphe Carnot, Membre de l'Institut, Inspecteur général des mines, dont on connaît les travaux en Analvse minérale et qui a, dans ses Mrlhorles nouvelles d'analyse (p. 55), indiqué pour le dosage du vanadium la précipitation à l'aide de l'urane donnant un compose qui semble être en relation avec la nouvelle espèce, la carnot ite. « 5 î 3 ■ TOPOGRAPHIE. — Sur de nouvelles et importantes applications faites au Canada de la méthode du lever des plans à l'aide de la Photographie. Noie de M. A. Laussedat. « Il y a longtemps que l'Académie s'intéresse aux tentatives faites pour utiliser la Photographie à la construction des Cartes et Plans topogra- phiques. L'idée même de cette application remonte à la publication de la découverte de Daguerre, car elle se trouvait indiquée dans les rapports d'Arago et de Gay-Lussac; mais sa réalisation présentait alors de nom- breuses et sérieuses dilficultés que les progrès de l'Optique et delà Photo- chimie ont permis de surmonter complètement les unes après les autres. » Aujourd'hui la méthode proposée en France depuis un demi-siècle et accueillie favorablement dans celte enceinte dès 1809 s'est répandue, comme la Photographie elle-même, dans le monde entier, si bien que la bibliographie de cette branche de l'art de lever les plans comprend déjà, à l'heure actuelle, des centaines de brochures et mêmes d'ouvrages d'un intérêt souvent considérable, écrits dans presque toutes les langues. On fait, en effet, de la Métrophotographie depuis le Spilzberg jusque dans la Nouvelle-Zélande, dans une grande partie de l'Europe, dans les explora- tions de l'Afrique et de l'Extrême-Orient, dans les deux Amériques, en Australie. » En Europe, on doit signaler en particulier, parmi les plus anciens et les meilleurs, les travaux cartographiques effectués en Italie et en Autriche- Hongrie ; en Allemagne, indépendamment des essais plus ou moins heureux de plusieurs explorateurs et des reconnaissances tentées pendant la guerre devant Strasbourg et devant Paris, il y a lieu de citer à part la création d'un Institut photo gramme tri que dont le siège est à Berlin et qui est consacré spécialement à la restitution des plans et des élévations géométrales des monuments de la Prusse et des pays annexés, d'après leurs photographies prises dans des conditions convenables. » J'ai exposé, dans la salle des Pas-Perdus, une restitution de ce genre exécutée en douze heures, c'est-à-dire presque en aussi peu de temps qu'il en faudrait pour copier les trois dessins dont elle se compose ( ' ). (') Il a suffi pour cela d'une seule photographie de l'église de Santa Maria délie Grazzie de Milan, prise dans le commerce, pour ainsi dire au hasard. On conçoit, par ce simple exemple, les services que la Photographie peut rendre aux architectes et ( 536 ) » Mais le pays où la Métrophotographie a été cultivée jusqu'à présent avec le plus de suite et le plus de succès est le Canada. J'ai déjà en l'occa- sion de montrer ici même plusieurs spécimens de belles Cartes à l'échelle de ' de la région des montagnes Rocheuses traversée par le chemin de fer du Pacifique et un peu plus tard la Carte d'ensemble de la partie de l'Alaska dont la délimitation avec la Colombie britannique présente tant de difficultés. » Je ne reviendrai pas sur les conditions exceptionnellement pénibles dans lesquelles ont été faites des opérations qui n'ont pu réussir que grâce à l'emploi de la Photographie, toute autre méthode étant absolument impraticable dans des régions où l'atmosphère est presque sans cesse obscurcie et où la température est souvent intolérable. » J'ai l'honneur de mettre aujourd'hui sous les yeux de l'Académie deux nouveaux spécimens de Cartes à l'échelle de 5^5 que je dois à l'obligeance inépuisable de M. l'arpenteur général E. Deville. L'une d'elles représente un district du pied des montagnes Rocheuses à la latitude moyenne de 5o°, où la Puissance du Canada fait étudier les moyens de fertiliser les parties incultes et de régulariser partout l'écoulement des eaux que des pluies torrentielles rendent souvent dévastatrices, en créant des réservoirs d'où elles seront dirigées par des canaux d'irrigation sur une surface de 35ooooha environ. « Pour faire cette étude dans une contrée où il faut encore tenir compte de troubles atmosphériques fréquents parmi lesquels les fumées des feux de forêts et de prairies (occasionnés par l'incurie des habitants) jouent le plus grand rôle, on a procédé comme dans les montagnes Rocheuses elles-mêmes en faisant des triangulations dont les sommets sont à la fois des repères pour la planimétrie et pour le nivellement, puis en prenant de nombreuses photographies de ces sommets comme stations et. d'autres points rattachés à ces sommets, choisis de manière à bien découvrir les fonds de vallées. » Là où les réservoirs doivent être créés, on a multiplié encore le nombre des photographies pour exécuter les détails à une plus grande échelle, et complété l'étude du terrain en faisant des nivellements au niveau à bulle d'air et en mesurant à l'aide de mires convenables et du micro- mètre Lngeol des coordonnées plus ou moins nombreuses. combien il serait utile de populariser ce procédé d'ailleurs bien connu de tous ceux qui se sont occupés de perspective. ( 537 ) » Les rapports de l'inspecteur du cadastre M. Dennis et ceux de l'ar- penteur chef de brigade M. Wheeler, que M. E. Deville a bien voulu m'en- vover, sont accompagnés d'un Atlas dont je n'ai cru devoir communiquer à l'Académie que la feuille de la triangulation et la Carte d'ensemble sur laquelle le relief du terrain a été figuré d'après plusieurs centaines de pho- tographies par des sections horizontales approximatives espacées vertica- lement de 200 pieds en 200 pieds environ. » Le second spécimen, que j'ai choisi dans un autre Atlas, se rapporte à la région beaucoup plus boréale du pays de l'or; on y voit une première Carte sur laquelle se trouvent amorcées les trois routes qui, du nord du canal deLynn, sur la côte de l'Alaska dans le Pacifique, se dirigent vers le Klondike par Dalton, la passe de Chilkoot, en partant de Dyea et la White Pass, en partant de Skagway. » C'est M. Mc Arthur, l'un des plus habiles collaborateurs de M. E. De- ville, qui a construit la plus grande partie de cette Carte au moyen des photographies qu'il a prises lui-même et parmi lesquelles celle que j'expose ici, et qui montre le chemin suivi par la file des futurs chercheurs d'or pour atteindre le col de Chilkoot. » Tout en haut de la même feuille il v a une autre Carte, également à l'échelle de „„„„„', qui est celle du pays de l'or proprement dit, par 64° de latitude nord sur le Yukon et son affluent le Klondike avec les deux val- lons ou creeks de la Bonanza et de l'Eldorado. » Cette Carte, qui comprend une superficie de 25oool,a, la ville nouvelle de Dawson et tous les placers, a été dessinée à Ottawa par l'arpenteur gé- néral, M.. E. Deville, à l'aide des seize photographies formant les trois panoramas que je mets également sous les veux de l'Académie. Ces pho- tographies ont été prises, dans de très mauvaises conditions, par M. Ogilvie, l'arpenteur chargé du tracé des concessions, de trois points culminants aux altitudes de 875™, 11 28™ et io52m, déterminées par des observations au baromètre anéroïde. » En me faisant l'amitié de m'adresser ces précieux documents, M. De- ville a soin de me prévenir que cette dernière restitution d'un pavs qu'il n'a jamais vu, d'après des épreuves médiocres, ne doit être considérée que comme une ébauche; mais cette ébauche n'est pas moins faite de main de maître, et, dans tous les cas, il était très intéressant de constater avec quelle rapidité et quelle économie on parvient à acquérir des notions déjà suffi- samment précises sur des contrées jusqu'alors inexplorées, en interprétant géométriquement de simples vues photographiques, alors que, pour en ( 538 ) obtenir d'analogues par les procédés ordinaires, il faudrait y consacrer un temps considérable et beaucoup d'argent. M. Ogilvie dit lui-même que ses aides le quittent souvent, soit pour aller chercher de l'or, soit pour tra- vailler pour d'autres, la journée d'un manœuvre étant là-bas de 10 à i5 dol- lars pour le moins. » Comme ces questions, devenues familières au Canada et en train de le devenir dans plusieurs pays de l'Europe, sont encore assez peu répandues en France, en dépit d'une très ancienne publicité, j'ai pensé qu'il serait à propos d'en rétablir la genèse en mettant sous les veux des membres de l'Académie une série d'opérations avec leurs dates. » La première est une reconnaissance du mont Valérien, exécutée à la chambre claire, et remonte à j85o ; la seconde est un lever du village de Bue, près Versailles, à l'échelle de -^~, construit à l'aide de huit photogra- phies sur collodion humide, et date de i8(ii ; la troisième, enfin, est une Carte topographique de Sainte-Marie-aux-Mines, levée en 1867 par M. le capitaine Javary, au moyen d'un assez grand nombre de photographies prises des sommets d'une triangulation qui figure sur cette Carte. )> On pourra juger ainsi, et nos amis canadiens sont les premiers à le reconnaître, que nos efforts ont précédé d'assez loin tous ceux qui ont été faits dans les autres pays. » PHYSIQUE. — Essai sur une forme nouvelle de la fonction f(pvt) = o, relative aux fluides; par M. E.-H. Amagat. « I. Dans deux Communications insérées aux Comptes rendus, lei2 février et le 12 mars 1894, j'ai montré que si dans la relation (1) (p + <£)(v-a) = KI on adopte, comme expression de la pression intérieure dans laquelle <\i(y) sera d'un degré en v supérieur à celui du mime- rait ur. et T la tempéralure absolue. » Par suite, si t.\ et -[, sont les valeurs de -', relatives aux températures ï, et T2, sous le volume constant v, on calculera X par la relation " - XT, _< v — XT2 — -, ' Ayant obtenu ainsi les valeurs de X pour un grand nombre de volumes, on aura les éléments nécessaires pour déterminer la forme de cp (c). » Un graphique, obtenu en portant v en abscisses et (v) a présenté plus de difficultés; tout naturel- lement j'ai d'abord essavé la forme r'" : si tt', el tz[, sont les valeurs de t.' pour deux volumes v{ et v., à la même température, on pourra écrire -, __ r.-X.T g. *', "" vt- X2T ^ v'j" de là on tirera ni en fonction de quantités connues; or, un calcul analogue effectué en groupant deux par deux un grand nombre de volumes, donne pour m des valeurs peu différentes, toutes un peu inférieures à 3 et dont la moyenne est 2,85; malgré le peu de divergence des valeurs de m, il m'a été impossible de satisfaire à l'ensemble du réseau avec le seul terme vm; j'ai alors calculé pour chaque volume la valeur d'une fonction complé- mentaire f(v) telle que Xv-'8^ -\-f(v) satisfasse aux données expérimen- tales; j'ai suivi dans cette détermination une marche analogue à celle indiquée plus haut pour la détermination de ç (y) et j'ai été ainsi conduit, assez péniblement du reste, à l'équation d'une branche d'hvperbole : f(v) = - a h- // v {v — p)» -f-

0 00 I-* CM r-O H ^< Cfi -* ^. ^ ^ v „ ,, — ^H — CO - ^ Cl CM CO CO ^r *JT -* m eo O -. O s* O -- m O O .- 0 r-O m in co O ce r« r- — 00 CT; t- c: O r-00 - m 10 f- m co V ^ ^. ^ - Oi co m m in " CM co eo ■o m ce 01 so eo ^TP O ic 0 o* in c. m en 0 in 0 m m in 0 CO O J, 0 in r- f- 3 O :o c- CO *-f ro ** tn ih ;. v v ^ ™ « ^H - ^-< - -*H en 03 in m c: cm eo CO C *r* CD CD CO CT) r m eo lO tC to iT? CO r* 00 ,r co va ^h O 0 en m = 0 " eo CO 0 0 Oï Ci eo CO c: CM ^— co , v ^ ^ S c: CM m in r-3 M -.- - ^H - ^H Cl CM c-. Oî C CM co m CO IO to CO os r- CO O - CM - m "" in ce m m 0 • co 00 X 00 te CO OS OS co eo CO CO ■3-3 5. ^ ^ en * s* r- c- - ^H srf Ï5 ce Oï O «ri H. i-l - ^-< - ^-« ri CM co CO -. ejs v.-r m cç eo ci m to r- -- co -— CM m 00 - 0 ci C* - co eo 00 i-O m - -^ CO 00 01 00 r- eo Cl CO t-- CM c 0 ci CM m in ?~s? - co - ■*■* - ^-< - ^H - CM y. 00 EO 00 m m ^r c- c; CD m 00 r-00 lO CO 0 in ~ C55 CO « CO O to 0 o* 3* O O - ^1 m m O 3 s. t— G-- 00 -— co ;. ^ v. O O - *T-I co C0 / 00 co «^ <- ■** - T-" - ^H ^4 c: CN 1- C^« O ^l vr 00 ci CO 10 00 - CM - 00 vt CM ct a - 00 - m - 0 0 Ci CM 0 CM 1- t- r- t- 0 0 eo CM CD CO ce co se- ** ce 00 ■-■ Cl O 0 c: CM >n in «o in •- «P» - ^-< - ^H - me* ci CM CO CD Cl ift CO 00 rfl Oi - m m 00 m in - CO O t- CO 00 ■-. co Ci O r-o x m C 0 — «* cç CO — ** C CD 5. ;. U3 - ^-« ■ r^ m O vc in in in 1 - c— co m - ^* - ^-« v^- Kj" r- t^ O O - ^« co •*-• CD 0 c 0 -CT m c: 00 «4- 0 r-o - in co 0 0 ** to t— co CM -— ** Cl O m - ^-i 0Q OO — Kfr iry in tC co - 0 - «Si co 00 eo CO ci CM tO CO en 0 co en C 00 c 0 r-o O - eo «h Cl ** co O t-O * 0 c" ^-r m 10, in — ^* 5; :- ^ 5 ï; .n vt ce 0 ce 0 ce co 00 0 ■M - T-t M CO --T |*q in in CD CD Oi 0 ci C0 - CM m in to t^ 0 0 0 0 — ^< eo r— r-O C^ 00 x 0 0 0 c 0 - ■*■« t « Nt - SC-f ^r s* - 0 Cl CM - O •v— co ce co 1^ co ce 00 EO O co O eo in g Ol © C ^H m m ^— t"- x 0 Cl O ■ S *«' et CM Z O eo CO 10 m eo CO s 0 m to 0 O 00 00 CO to 0 to CO 0 0 to r-- m eo 0 r- U0 eo Cl c 0 0 r 0 > 0 0 0 0 0 0 c O 0 O 0 0 0 0 O 0 C. H. iSon, Semestre. (T. CWVIII, N" 9.) ( 54a ) n a été assez facilement déterminé par la direction de l'une des asymp- totes, mais l'ordonnée du centre — S et l'axe non transverse a' ont exigé des tâtonnements de calcul assez pénibles et sur lesquels il serait trop long d'insister. En résumé j'arrive à la formule suivante : m(9-b)+-^-T\T\ K=KT. [' kv*>«*—ai-hn\/(V—$)1+di » Les valeurs des constantes sont les suivantes : a = 0,000001 4566, R = o,oo368, a = 0,000000198, 6^=0,0009,47, /• m, 6, |3 = 0,OOl8425, c = 0,0000000028832, mais sans dépasser l'ordre maximum des $p. Si, en les combinant, on en obtient un d'ordre zéro, ce sera une intégrale de (i), et l'on sera ramené au problème analogue pour une variable indépendante de moins, qu'on traiterait de même. Écartant ce cas, on a, en définitive, un système d'invariants de L/ < !» ^.^^•••'^^'•••'^^'•••J (« = 1.2,..., 7), indépendants de u et e, et tels que, par toute transformation (3), on aitdcs formules Ja='{'o(J., J2 . J?» U,V) (<ï = I, 2 (/). » Considérant alors un système différentiel de la forme (5) 3a—taa(u, c) (=i.2,....7). où les W, constituent un système d'invariants du groupe (G) correspon- dant, ce qui est la forme introduite par M. Drach. On peut, de plus, mon- trer que le système différentiel (A), auquel satisfont les bs, ne dépend que du type (T ). » 2. L'étude précédente se généralise pour un nombre quelconque de variables indépendantes. Dans le cas particulier où les équations (î) et (2) sont rationnelles, elle confirme, dans une certaine mesure, un fait fonda- nu niai dans la théorie de M. Drach. En effet, notre méthode conduit alors à la connaissance d'une solution algébrique du système (A). On peut mon- trer, dans le cas de deux variables indépendantes, qu'il en résulte la con- naissance d'une solution rationnelle de (A), et cela parait devoir être vrai dans tous les cas. » A un tout autre point de vue, ori peut conclure de ce qui précède : Ou bien l'un déduit du système ( 2 ) F expression de une ou plusieurs intégrales de (1) (sans intégration); ou bien ce système admet un sous-groupe (D du groupe des transformations (G), qui laissent invariante la proposée. » D'où l'importance du problème suivant, sur lequel nous reviendrons : Intégrer l'équation (1), connaissant les équations de définition d'un sous- groupe du groupe des transformations (6), qui laissent celle équation inva- riante. » Signalons enfin ce fait curieux : Si l'équation (1) est spéciale (au sens de M. Drach), les équations de définition d'un sous-groupe du groupe des transformations (6) qui la laissent invariante se trouvent être rationnel/es. et réciproquement ( ' ). » PHYSIQUE. — Sur la tiansformalion de.. 1 ayons X par les différents corps (2 ). Note de M. G. Sacnac, présentée par M. Lippmann. « Je me propose de montrer sous quelles influences varient les résultats relatifs à la transformation des rayons X, et comment j'ai pu cependant (') Pour une équation différentielle ordinaire 2. Avec la même épaisseur d'air, mais avec une paroi d'électroscope t-\ 1 formée d'une liés mince feuille d'aluminium battu, le même rapport s'abaissait à 1, (O. Si, de plus, l'épaisseur d'air était réduite à ■jrm, on avait — ~ - — • Tandis que, dans le premier cas, l'ordre des actions électriques décroissantes était Zn, Gu, Al, Fe, dans le dernier cas il devenait Fe, Zn, Cu, Al, el il se maintenait désormais inva- riable quand on diminuait encore l'épaisseur d'air traversée par les rayons secondaires ou quand on remplaçait la mrnee paroi d'aluminium battu par une toile métallique. » L'ordre limite ainsi défini est aussi celui qu'on trouve en comparant les vitesses de décharge d'un condensateur dont une armature frappée par les rayons X est successivement formée de divers métaux; l'action élec- trique des rayons secondaires est alors produite surtout par les plus absor- bables de ces rayons. C'est cet ordre limite qui possède une signification précise. AI Pb. ( épaisseur : ••"•*). Fe. 1,7 4.o 4,3 omm,i2 sur la fenêtre de sortie des Pli. AI. Fe. i,5 3,o 3,4 ( 548 ) « III. L'influence de la nature des rayons X incidents s'exerce : i° sui- vant le degré de vide et le mode de fonctionnement du tube producteur des rayons X {Comptes rendus du 26 juillet 1897, n° 8). » 20 D'après l'absorption éprouvée par les rayons À' à travers la paroi de verre du tube et la fenêtre d'aluminium de la caisse métallique qui ren- ferme le tube. » Ainsi, les ra3'ons secondaires ayant à traverser i8rm d'air et omm, 1 1 d'aluminium (paroi de l'électroscope), si les rayons X sortaient de la caisse renfermant le tube à travers une feuille d'aluminium battu très mince, on observait des temps de décharge proportionnels à : Paraffine Zn. Cu. (épaisseur : 10™™). (1) 1,0?. 1,4 » Si l'on plaçait une lame d'aluminium de o rayons X, ces rapports devenaient : Zn. Paraffine. Cu. (I) 1,1 1,2 » Les séries précédentes diffèrent beaucoup de ['ordre limite dans lequel le plomb puis le fer viennent en tète et la paraffine, à la fin. Ces résultats anomaux sont voisins de ceux qu'a indiqués M. Hurmuzescu (Comptes ren- dus du i3 février) d'après des expériences faites avec un électroscope où les rayons secondaires pénétraient ù travers une lame d'aluminium de omm,i d'épaisseur. Les résultats de M. II urmuzescu relatifs aux temps de décliarge des différents corps ne paraissent donc pas avoir de signification simple et ne sauraient, en particulier, contredire les remarques que j'ai faites au sujet de l'absorption élective des ravons X, d'après des expériences de com- paraison rigoureuses ('). » IV. Pour caractériser avec précision le degré de transformation des rayons secondaires qui entrent dans un électroscope, j'emploie la méthode de filtrations successives qui m'a permis de démontrer avec différents récep- teurs la transformation des rayons X par la matière ( 2) : Je place une même lame L (d'aluminium, de mica, d'ébonite ou de paraffine) d'abord sur le trajet des rayons X incidents, puis sur le trajet des rayonssecondaires(sous (' ) Sur la transformation des rayons X pur 1rs dijjerenls corps simples (Société française de Physique, séance du 6 janvier 1899). Voir VÉclaifage électrique du 1 4. janvier 1899, p. 65. (2) Comptes rendus du 6 décembre 1897 el suiv. ( 549 ) la même incidence); l'action des rayons secondaires est plus faible dans le second cas et le temps l' nécessaire pour un même déplacement de la feuille d'or de l'éleclroscope, entre les mêmes positions, est plus grand que le temps t correspondant au premier cas. Cette particularité est caractéris- tique de la transformation des rayons X en rayons secondaires moins péné- t' trants que les rayons X générateurs; le coefficient positif c = 1, ob- tenu avec une lame déterminée, mérite donc bien le nom de coefficient de transformation des rayons secondaires reçus par l'éleclroscope ('). » L'hétérogénéité du faisceau secondaire émis par un corps donné et l'absorption élective par l'air, l'aluminium, etc.. des différentes parties du faisceau se démontrent sous une nouvelle forme parles variations, par- fois considérables, du coefficient c avec l'épaisseur d'air qui sépare le corps rayonnant de l'électroscope et l'épaisseur de la paroi de cet élec- troscope. » J'opère, comme pour l'étude des temps de décharge des différents corps, avec un électroscope formé par une très mince feuille d'aluminium battu ou par une toile métallique et en diminuant de plus en plus l'épais- seur de l'air extérieur traversé par les rayons secondaires. Je trouve ainsi, pour les coefficients de transformation des rayons secondaires issus de dif- férents corps, un ordre limite que je contrôle par la méthode du condensa- teur et qui caractérise les degrés de transformation des rayons secondaires les plus absorbables des divers corps. « Ainsi se rangent dans l'ordre des degrés de transformation décrois- sants : Sn -NietFe- - Zn Cu -AI S. » Comme on peut le voir par ces exemples, le pouvoir de transforma- tion des éléments augmente le plus souvent avec la densité ou le poids atomique, sans qu'aucune de ces deux remarques soit générale. » PHYSIQUE. — Influence des températures très basses sur la phosphorescence. Note de MM. Auguste et Louis Lumière, présentée par M. d'Arsonval. « Lorsque nous avons publié, dans une précédente Communication (2), les résultats de nos expériences relatives aux actions de la lumière aux (' ) Société française de Physique et V Éclairage électrique (loc. cit.). (2) Comptes rendus, t. CXXXIII, p. 35g. C. R., 1899, 1" Semestre. (T. CXWI1I. N' 9.) 72 ( 55o ) températures très basses, nous n'avions pas eu connaissance d'un intéres- sant travail sur la même question, datant de 1895 et dû au professeur Dewar ( ' ). » Ce savant, qui avait constaté l'affaiblissement de la sensibilité des préparations photographiques et la suspension de la phosphorescence par le froid, n'ayant point déterminé les limites dans lesquelles ces phéno- mènes se produisent, nous avons cherché à les préciser et à analyser ces faits de façon à pouvoir en tirer quelques conclusions susceptibles d'ap- porter des éléments nouveaux à la connaissance de leur nature. » Nous avons signalé, après Dewar, la propriété que possèdent les substances phosphorescentes, préalablement excitées par la lumière, de perdre instantanément leur faculté de luire lorsqu'on les plonge dans l'air liquide, de rester obscures aussi longtemps que leur température est maintenue à — 1910 et de reprendre leur phosphorescence quand on les réchauffe. » Afin de déterminer la température limite à partir de laquelle la phos- phorescence est suspendue, des échantillons de sulfures de calcium et de zinc très phosphorescents ont été excités par l'arc électrique pendant deux minutes, puis ont été placés dans une enceinte dont la température a été rapidement et graduellement refroidie au moyen de l'air liquide. En pre- nant les températures successives, au moven d'un thermo-galvanomètre relié à un couple thermo-électrique placé en contact avec des lames recou- vertes de substances phosphorescentes, on a constaté que l'affaiblissement de la lumière émise par les sulfures commence à se produire entre — 200 et — 3o°, pour disparaître complètement entre — 45° et — 55°. » Pour les mêmes échantillons, lorsque l'excitation a lieu au moyen du magnésium, la phosphorescence est suspendue complètement entre — 700 et — 900. » Enfin, si ces substances sont excitées dans l'air liquide par la lumière du magnésium, conditions qui donnent à la phosphorescence le maximum d'intensité lors du réchauffement, cette phosphorescence commence à se manifester dès que la température s'élève. On perçoit déjà une faible lueur à — 1800 et la luminosité devient de plus en plus grande au fur et à mesure que la température s'élève, conformément aux faits signalés par M. Becquerel. (') Weekly evening meeting, January 1890; Royal Institution 0/ Great Britain, et Proc. c/iem. Soc, Vol. X. p. 171. (55.) » Nous avons constaté que d'autres échantillons de sulfures de baryum, de strontium, de calcium et de zinc, moins phosphorescents que les pré- cédents, s'éteignent plus facilement; pour quelques-uns même, la faculté de luire a été suspendue complètement entre — io° et — 200. » Cette première série d'expériences nous a montré que la tempéra- ture minimum nécessaire pour amener à la suspension complète de la phosphorescence est d'autant plus basse que la phosphorescence initiale est plus intense, quelle que soit d'ailleurs la cause de cette intensité ini- tiale, qu'elle provienne de la nature de la substance, de la nature, de l'in- tensité ou de la durée de l'excitation, ou bien encore du temps qui s'écoule entre l'excitation et l'observation. » Dans tous les cas observés, l'extinction s'est produite entre — 10" et — 190". » Lorsque la lumière agit sur un corps phosphorescent à la température ordinaire, ce corps transforme déjà, dès le début de l'excitation, une partie de la vibration qui l'a excité; ces deux phénomènes, excitation et restitution, étaient liés jusqu'ici d'une façon intime. » L'excitation, aux températures extrêmement basses, permet de les séparer, et nous avons pu tirer de ce fait remarquable deux conclusions intéressantes que l'expérience a pleinement confirmées. » La phosphorescence que l'on peut observer lorsque l'illumination a lieu vers — 2000 est plus intense, toutes choses égales d'ailleurs, que celle que l'on obtiendrait à la température ordinaire. Les substances impres- sionnées conservent, en effet, intégralement toute l'énergie qu'elles ont emmagasinée aussi longtemps qu'elles demeurent à basse température. » De plus, on sait que la phosphorescence est maximum au moment de l'excitation et qu'elle décroît rapidement, surtout pendant les premiers instants qui suivent l'impression. Dans les conditions ordinaires d'opéra- tion, ces premiers instants de la restitution échappent à l'observateur, tandis que, si l'excitation a lieu vers — 2000, on peut percevoir, mais seu- lement lors du réchauffement brusque, la phosphorescence avec une intensité qui ne peut être obtenue dans aucun autre cas. » La suspension de la phosphorescence par le froid peut encore avoir cette conséquence de permettre l'étude des corps qui ne restent lumineux que pendant un temps très court après leur excitation et qui devaient être examinés au phosphoroscope pour montrer leur faculté de luire. » Si l'on soumet à l'action des rayons lumineux et à — 191° des substances à phosphorescence très courte, telles que les sels d'uranium, les platino- ( 552 ) cyanures, le verre, le sucre, le papier, elc, ou peut constater qu'au mo- ment de leur réchauffement ces substances émettent des lueurs dont la durée et l'intensité dépondent de leur nature. » Il nous a paru intéressant d'étudier également l'action aux tempéra- tures très basses des dilférentes radiations sur les substances phosphores- centes, en projetant un spectre sur des feuilles de papier enduites de ces substances et plongées dans l'air liquide ; nous avons constaté qu'après réchauffement les choses se passent identiquement de la même manière qu'à la température ordinaire. » Lorsqu'on excite ces corps par la lumière blanche à — 1910 ou à -f-i5° et que, après les avoir immergés dans l'air liquéfié, on les soumet à l'action du spectre, on peut observer, en les ramenant à la température ordinaire, que les rayons peu réfiangibles ont exercé leur action destructive bien connue et ont supprimé la phosphorescence aussi nettement à — 1910 que si l'on avait opéré à -+- 15°. » Nous avons encore remarqué que les rayons X peuvent exciter la phosphorescence dans le voisinage de — 200" de la même façon que les rayons lumineux; les substances ainsi excitées n'émettent de la lumière qu'en se réchauffant. » Les corps fluorescents s'illuminent aussi dans l'air liquide, sous l'action des rayons de Rontgen, comme à la température ordinaire, a PHYSIQUE APPLIQUÉE. — De l' amplification des sons dans les phonographes. Note de M. Dussaud, présentée par M. Marey. « J'ai l'honneur de présenter à l'Académie le phonographe construit par MM. Grivolas et Pathé frères, qui constitue un perfectionnement notable dans ce genre d'appareils. » Ce phonographe, avec ses cylindres de grand diamètre, m'a permis de vérifier facilement la théorie nouvelle de l'amplificateur des sons que j'ai l'honneur de proposera l'Académie. » Dans le phonographe, le son, ou la parole, est d'autant plus intense que le sillon qui le produit est plus allongé. Il en résulte, comme on peut le constater par les expériences qui sont reproduites devant l'Académie : » i° Que l'on fera parler d'autant plus fort un phonographe que ses cylindres auront un plus grand diamètre, ou qu'ils auront tourné plus vite lors de l'enregistrement ; ( 553 ) » 2° Que, si l'on fait parler un phonographe devant un second phono- graphe dont le cylindre a un diamètre plus grand, ce dernier répétera les paroles avec une plus grande intensité que le premier. » On a donc, par le diamètre ou la vitesse des cylindres, un moyen d'amplifier les sons à volonté, soit au moment de l'enregistrement, soit lors de la reproduction d'un rouleau. » PHYSICO-CHIMIE. — Sur la relation qui existe entre le poids moléculaire et la densité des fluides. Note de M. Daxiel Bertiielot, présentée par M. H. Becquerel. « Dans une série de Notes antérieures ('), j'ai montré qu'il existe une proportionnalité rigoureuse entre les poids moléculaires des gaz et leurs densités limites, prises sous une pression infiniment faible. Ces densités limites sont égales au produit d[\ — (A£),/>], d étant la densité sous la pression /;, à la température t, (A£), le coefficient d'écart — — du 1 ' ' V or/' IhV(> i^ gaz à l° par rapport à la loi de Mariotte, entre la pression infiniment faible pa et la pression de l'expérience p. » Cette expression est générale et convient à tous les fluides, qu'ils soient à l'étal liquide ou à l'état gazeux. Appliquée aux liquides, elle offre l'avan- tage de rattacher leur poids moléculaire à leur densité en partant de la même loi que pour les gaz, c'est-à-dire de la loi d'Avogadro-Ampère con- sidérée comme loi limite. Elle est plus directe que les méthodes proposées jusqu'à ce jour pour déterminer le poids moléculaire des liquides. » Si l'on connaissait exactement l'équation caractéristique des fluides f{p, V, t) z= o, on pourrait calculer (AJ)(; mais cette fonction n'est connue aujourd'hui que d'une manière imparfaite. Pourtant, la formule de Van der Waals constitue une première approximation et donne des réseaux qui, s'ils ne coïncident pas avec ceux de M. Ama- gat, en reproduisent l'allure générale et les particularités caractéristiques. Aussi ai-je cru intéressant, avant d'indiquer les meilleures méthodes de calcul applicables à la région du plan qui représente l'état liquide, de jeter un coup d'œil sur l'ensemble du phénomène en prenant cette équation pour guide. » Je rappellerai tout d'abord que la loi des états correspondants a une plus grande généralité que l'équation même de Van der Waals. Soient pc, Tc, vc la pression, la ( ') Comptes rendus, mars, avril, mai 1898. — Séances de la Société de Physique, juin 1898. ( 554 ) température, le volume critique d'un corps; si, posant »='— 'j 0=,=-, u= — i on Pc *■ C *'c admet que la fonction cI'(ra, 0, o)— o est la même pour tous les corps, et que, de plus, pour des pressions très faibles, l'équation caractéristique tende vers la forme pt' = RT, R étant une constante commune à tous les corps pris sous le poids moléculaire, le calcul montre que k étant un coefficient numérique. » En particulier, si l'on admet pour la fonction * la forme qui résulte de l'équation de Van der Waals, (•) U+ i)(3u-i) = 86, on trouve (2) i-(AJ),/>=!~ » Dès lors, soit - la densité d'un fluide à T° absolus et sous la pression p\ si nous connaissons, de plus, sa pression critique pc et sa température critique Tc, nous sommes en mesure de calculer son poids moléculaire. En effet, et et 0 étant connus, l'équation (i) nous donne u et la formule (2) nous donne 1 — (A£),/>. Nous désigne- rons, pour abréger, ce facteur par t'„, ; il représente le volume réel occupé par imo1 du fluide, si l'on prend pour unité le volume occupé par imo1 de gaz parfait dans les mêmes conditions. » L'ensemble des calculs exécutés d'après ces formules est représenté par la figure ci-jointe. On a porté en ordonnées les volumes moléculaires vm, en abscisses les tem- T pératures réduites =-, et l'on a tracé les courbes de <•„, pour diverses valeurs de — ■ * c Pc Si la loi d'Avogadro était exacte, on aurait c„, — 1 pour toutes les températures et toutes les pressions. On a donc sous les yeux les courbes d'écart par rapport à la loi d'Avogadro (' ). » Examinons d'abord la courbe p=pc. T partant du zéro absolu, le volume du gaz supposé parfait est nul, celui du fluide est fini et égal au covolume. Donc vm est infini. T croissant, r„, diminue jusqu'à la valeur minimum o, a3o pour T=ro,83Tc, puis aug- mente, prend la valeur 0,875 pour T = T,., c'est-à-dire au point critique, devient égal à 1 pour T=:3,25TC, augmente jusqu'à un maximum égal à i,oio; puis diminue et tend vers 1 quand T tend vers 00. » Les courbes p = ipc et p — !±pc présentent une allure analogue. Elles coupent la ( ' ) En raison des relations, signalées dans une Note antérieure, qui existent entre A(,' et les coefficients de dilatation a et •( des gaz réels et parfaits, ces courbes permettent une comparaison presque immédiate entre l'échelle thermodynamique et l'échelle des thermomètres à gaz à pression constante sous diverses températures et diverses pres- sions. ( 555 ) droite «',„= i pour T = 3, I2T,. et T= 2,75TC. Elles offrent des minima moins accen- tués et des maxima plus élevés. Ces minima et ces maxima disparaissent sous des pressions plus fortes. » Soit maintenant le cas de pressions plus faibles que la pression critique. La courbe p = o,oi5pc ou ,f^ correspond pour la plupart des corps à des pressions comprises entre oalm,5 et iatm,2, c'est-à-dire voisines des conditions ordinaires des mesures de densités gazeuses ou liquides faites dans les laboratoires. Aussi M. Leduc Pc a-t-il pu tracer empiriquement, pour la région des gaz, la courbe analogue p 76 ( 556 ) Elle présente une première portion rapidement descendante, qui ne répond pas à l'état fluide, les corps étant solides à ces basses températures. On l'a figurée en pointillé sur le dessin. T augmentant, on atteint le point de fusion qui est compris pour la plupart des corps entre o, 45 T<- et o,55T,.. De T = o,45Tc environ à T = 0,61 Tt. s'étend l'étal liquide: les valeurs de i'„, y sont de l'ordre • A T=ro,6i T., se produit la vanorisa- 200 lion du corps représentée par une droite, dont la position théorique se détermine par la règle de Clausius. La partie pointillée de la courbe représente les états physiques instables prévus par la théorie qui établissent la transition entre l'état liquide et l'état gazeux. Quand la vaporisation est terminée, c,„ = o,g86o. A partir de ce moment, vm se rapproche de la droite p,„=i, la coupe au voisinage de T= -— Tc, passe par un 8 maximum égal à i,oooi4, puis tend vers 1 quand T tend vers co. » Pour comparer ces courbes aux données expérimentales j'ai figuré sur le dessin la position qu'occupent divers corps gazeux ou liquides à o°C. En menant par ces points des parallèles à l'axe des ordonnées et en prenant leurs intersections avec les courbes on obtient les valeurs de r,„ pour diverses pressions. Les données de M. Amagat permettent de faire la comparaison entre des limites considérables de température et de pression. La vérification, satisfaisante au point de vue qualitatif, laisse à désirer au point de vue quantitatif. Je me contenterai de faire ici la comparaison pour la courbe „„„ au moven des mesures de densité et de compressibilité de M. Leduc et de 66 , 67 J ' M. Sacerdote. Dans la région des gaz permanents 0, CO, Az l'accord est assez bon ; vm a des valeurs comprises entre 0,999 et 1; il s'annulerait pour un gaz qui aurait pour point critique — 1920; les expériences de M. Leduc lui ont donné pour ce point — 180". Pour l'hydrogène qui est très en dehors des limites du dessin (T^ô^T,,), la courbe indique e,„=i,oooi4 et l'expérience 1,00019. Dans la région des gaz liquéfiables tels que C2Il4, CO2, SO* la courbe théorique s'écarte plus lentement de la droite i',„ = 1 que la courbe réelle. Ainsi pour SO2 la courbe donne (',,, = 0,987 et l'expérience 0,972. L'éther qui vient ensuite se trouve à l'étal liquide; la courbe donne i'„, ;= o , oo4 1 et l'expérience 0,0025. Pour le sulfure de carbone, la courbe donne cm = o,oo46 et l'ex- périence o,oo3i. Malgré l'énorme variation de i'„, les nombres prévus sont du même ordre que les nombres observés. » Ces résultats rendent plus que probable qu'une connaissance plus exacte de la fonction (-, u, 0) = o permettra de calculer par une même formule les poids moléculaires des liquides et des gaz. D'ailleurs il est possible dès aujourd'hui d'obtenir le poids moléculaire des liquides en partant de leurs densités et de leurs constantes critiques avec une approxi- mation de quelques centièmes, en s'appuyant sur divers résultats théo- riques et expérimentaux établis depuis quelques années. C'est ce que je me propose de montrer dans des Notes ultérieures. » ( 557 ) CHIMIE MINÉRALE. — Sur la phosphorescence du sulfure de strontium. Note de M. J.-R. Moduelo (') (Extrait). « Les faits consignés dans cette Note se rapportent à l'excitabilité des sulfures de strontium et au mécanisme de la phosphorescence. » J'ai remarqué un phénomène très curieux : un môme sulfure, obtenu par la méthode de Verneuil telle que je l'ai modifiée, présente une phosphorescence plus grande et plus persistante à la lumière diffuse qu'aux rayons directs du soleil, pour une même durée d'exposition. Il en est de même avec les sulfures de calcium, de baryum et de zinc. Quant au sul- fure de strontium, la luminescence vert jaunâtre qui le caractéristique ne se produit jamais nettement dans les échantillons qui ont été exposés à la lumière directe du soleil. » Je l'attribue à ce que ce corps n'est pas également impressionné par les diverses radiations. Ce sont les ondes de plus grande amplitude qui sont les plus efficaces, ainsi que M. Le Bon l'a démontré pour le sulfure de zinc. Dans le cas actuel, c'est dans la partie non visible de la radiation que réside la véritable force excitatrice; car, si l'intensité de sa phospho- rescence était en proportion de la lumière qui l'excite, celle du sulfure de strontium exposé aux rayons directs du soleil serait la plus grande, tandis que c'est le contraire. D'autre part, lorsqu'un sulfure de strontium a éle exposé une seule fois à la lumière diffuse, non seulement sa phospho- rescence devient très intense, mais il acquiert un plus grand degré d'im- pressionnabililé. Au contraire, une insolation répétée diminue son impres- sionnabilité et peut même arriver à l'annuler. » En plaçant ces sulfures de strontium dans des tubes d'essai bien fermés, leur fai- sant subir une exposition périodique de quelques minutes à la lumière diffuse, et les conservant ensuite dans une boîte, je suis parvenu à obtenir des échantillons extraor- dinairemenl sensibles. Au bout de trois ans, une bougie allumée les excite; ils brillent dans l'obscurité et gardent plusieurs heures leur phosphorescence verte. » Dans le but de prouver que les radiations lumineuses ne sont pas les plus efficaces dans le phénomène que j'étudie, j'ai effectué des expériences directes, dont le résultat ne laisse aucun doute. (') Travail fait au laboratoire de Chimie de l'École des Arts et Métiers, à Madrid. C. R., 1899, i« Semestre. (T. CXXVIII, N° 9.) 7 » ( 558 ) » En chauffant une lame de fer, «ans l'amener à la température du rouge, et plaçant au-dessus, pendant une minute, un tube avec du sulfure de strontium obtenu par mon procède, j'ai constaté que celui-ci, emporté immédiatement dans l'obscurité, présente une phosphorescence aussi belle que si elle avait été déterminée parla lumière diffuse. » Ce même sulfure de strontium, en poudre grossière, placé directement sur la lame chauffée, mais non rougie, ne tarde pas à émettre une lumière verte assez intense. » Une feuille de papier ayant été enduite d'un vernis contenant du sulfure de stron- tium pulvérisé, on la fait sécher en L'exposant à im environ (lu feu : la phosphorescence est telle qu'elle est visible en pleine lumière. » La chaleur des becs à gaz employés dans les laboratoires, et dont la flamme est à peine visible, provoque également la phosphorescence : je l'ai vérifié bien des fois. » Les produits que j'ai obtenus offrent une autre particularité qui mérite d'être signalée : un sulfure amené à son maximum de phosphorescence peut en exciter un autre. » J'ai placé dans l'obscurité, entre Jvu\ tubes contenant des sulfures de strontium en pleine phosphorescence, un autre tube contenant du sulfure de strontium non e\eit'''. Au bout de cinq minutes, les trois tubes donnaient de la lumière verdàlte, celui du milieu avec beaucoup moins d'intensité et d'une manière moins durable. Pour ces expériences, j'ai toujours opéré avec des sulfures extrêmement excitables et actif-. « J'ai observé des phénomènes qui doivent être attribués à une auto- excitation et qui ne sont pas moins curieux. » On choisit des sulfures capables de briller dans l'obscurité par une exposition instantanée à la lumière diffuse. On les réduit en poudre fine, et on en remplit, jus- qu'aux deux tiers, des flacons en verre de 25occ, qu'on ferme pour empêcher le contact de l'air. La lumière n'ayant ainsi accès qu'à la surface de la masse, on constate que, après dix secondes d'exposition, toute la masse est devenue phosphorescente. Mais on remarque comme des zones d'intensité décroissante, en sorte que l'excitation d'un point semble se propager à toute la ma » Je donne donc à ce phénomène le nom à' auto-excitation, non seule- ment en raison de son mécanisme, mais en raison aussi des causes qui le provoquent, et qui se relient aux effets de la lumière diffuse et des radia- tions obscures. Pour moi, la luminescence n'est qu'une manifestation exté- rieure des acti viles du sulfure de strontium phosphorescent; quand on l'expose aux radiations diffuses, il s'y développe deux sortes d'énergie : l'une est mise en évidence par la propriété d'émettre une lumière vert jaunâtre; l'autre se traduit par des activités chimiques déterminées, que présente le sulfure de strontium quand il a cessé de briller. M. Le Bon vienl de le démontrer; ses recherches sont confirmées par les miennes, que je me propose tic publier. L'émission de lumière est, bien l'une des manifesta- ( 559 ) lions de la phosphorescence; mais la phosphorescence est un phénomène extrêmement complexe, dépendant de plusieurs circonstances, et en parti- culier du mode d'agrégation des substances qui la présentent. C'est un ensemble d'activités, déterminé par la dissémination d'une petite quantité de certains corps actifs, dans une grande masse d'autres corps, et opérant toujours à des températures très élevées. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur i 'èlhène-pyrocatéchme. Note de M. Cii. Mouuei . présentée par M. H. Moissan. « L'éthène-pyrocatéchine CH O CH / ,, CH ch' { ;cn CH O que je viens d'obtenir après une série de recherches sur des dérivés de la pyrocatéchine à fonction aldéhyde ou acétone, est le premier corps connu à noyau hexagonal bioxygéné et non saturé. » Il prend naissance en très petite quantité, avec mise en liberté d'acide chlorhydrique et d'acétale d'élhyle, quand on fait réagir le chlorure d'acétyle à l'ébullition soit sur l'orthoxyphénoxyacétal c.h-<°-€h'-c.'• pour 100 d'huile insoluble, c'est-à-dire que l'huile d'acétone du suint est soluble dans l'eau dans la proportion de 77 à 82 pour 100. La portion passée en dissolution est formée presque exclusivement des premières cétones, la dimétlivlcétone et la niélhyléthylcétonc, qui seules sontsolubles dans l'eau. » III. Solubilité dans le bisulfite de sodium. — Nous plaçons dans un Qacon d'un demi-litre 3 jo01" d'une solution de bisulfite de sodium à 3o° 13. et ioocc d'huile à essaver. On bouche et l'on ;i g i te éneryiqin ment pendant quelques heures. Au bout de ce temps, on laisse reposer et l'on décante l'huile insoluble dont on prend le volume. » On trouve ainsi de 6 à 9 pour 100 de produit insoluble dans le bisulte de sodium. » Il en résulte que l'huile d'acétone du suint est formée presque exclusivement de composés à fonction acétonique combinables au bisulfite de sodium. ( 563 ) » IV. Distillation iln produit. — Nous distillons une quantité donnée du produit en opérant toujours dans les mêmes conditions et en séparant ce qui passe entre cer- taines limites de températures. » Pour cela, nous plaçons, dans un ballon de Wurtz de 3oocc, 25or<: de l'huile à essayer et nous distillons en recueillant et mesurant ce qui passe de 700 à 900. » On sépare ainsi de 74 à 80 pour 100 de l'huile d'acétone du suint; cette portion est formée en très grande partie d'éthjlméthylcétone. » On voit, en outre, par cet essai, que les huiles d'acétone du suint ne renferment que de très faibles quantités de diméthylcétone. » Nous donnons ci-dessous les résultats des déterminations ainsi faites sur trois échantillons d'huile d'acétone obtenus avec des eaux de dessuintage provenant d'éta- blissements différents. I. II. Densité à i5° 833 835 835 Portion insoluble dans l'eau . . 20 Portion insoluble dans le bi- sulfite de sodium 8% Distillation du produit : de 6o"-7o° 4 de 70°-76° 5a de 76°-8o° 10 de 8o°-85° 10 de 85°-90° G de 9o°-ioo° 7 de ioo°-i 10" 4 au-dessus de 1 10" 7 100 100 100 « Nous avons en outre déterminé la chaleur de combustion de l'huile d'acétone du suint dans la bombe Malher; elle est de 785ocal à 79ooral pour isr d'huile brute. Nous avons constaté, dans nos différents essais de fabrication, une grande régularité dans la composition des produits obtenus et dans les rendements. » Eu résumé, l'huile d'acétone du suint ne renferme que des traces de diméthvlcétone, 5 pour 100 au maximum; elle contient, au minimum, 90 pour 100 de composés à fonction acétonique, dont 73 pour 100 solubles dans l'eau; cette portion est formée en très grande partie d'éthylméthv!- cétone. « Nous avons soumis comparativement aux mêmes essais des échan- tillons d'huiles d'acétone, provenant d'une fabrique d'acétone par le pyro- lignite de chaux. L'acétone brute obtenue par distillation sèche de ce sel ne fournit guère que 5 pour 100 d'huile passant au-dessus de 700. 21,5 % lS°/o 9% 6,57,, 1 5o , 16 1 de 4 ! i 53 1 11 f de 700 à 90' 7 \ 76 %• 5 ) e 70° à qon : 78 %• 70" 78 à 900 : Vo- 8 10 5 6 « 4 ( 564 ) » Voici les résultats obtenus sur un échantillon de cette huile Densité à i5° 8.I2 Portion insoluble dan- l'eau 44 pour roo Portion insoluble dans le bisulfite de sodium 9 » » Distillation du prodi o 60- 70. . . O 70-76- ' ! 76- 80. 10 I de 700 à 900 80- 85. . . 12 I 3G pour 100 - 90. 1 90-100 ... . . 28 100-1 10 . ■ 10 Au-dessus de 1 10 26 100 i) On voit que ces huiles sont très différentes, comme composition, des huiles d'acétone du suint; elles sont beaucoup plus pauvres en cétones passant avant 900, en particulier en éthvlméthylcétone ; elles en renfennen t à peine la moitié de ce que contient l'huile du suint; par contre, elles sont plus riches en cétones élevées, passant au-dessus de ioo°. » La méthode d'essai des huiles d'acétone que. nous venons de décrire peut suffire dans la pratique industrielle; néanmoins nous poursuivons l'étude de ces produits dont nous donnerons plus tard une analyse plus complète. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les combinaisons de la phénylhydrazine avec les iodures alcooliques. Note de MM. P. Gexvresse et P. Bourcet, présentée par M. Friedel. « M. Emile Fischer, dans son Travail magistral sur la phénylhydrazine (Deuts. Chem. Ges., t. IX, p. 885), a fait réagir l'iodure d'éthyle sur la phé- nylhydrazine; il a constaté que l'action était tellement violente, lorsqu'd agissait sur de grandes masses, qu'il y avait explosion. En répétant cette opération, dans les mêmes conditions que le savant allemand, nous avons retrouvé le même résultat, même en n'opérant que sur quelques grammes et au sein d'un mélange réfrigérant. Mais en faisunl réagir les deux corps ( 565 ) en présence de dissolvants, nous sommes parvenus à modérer la réaction et à obtenir des produits bien cristallisés et nettement définis. Nous avons opéré sur les iodures de méthyle et d'éthyle. » Action de l'iodure de méthyle sur la phénylhydrazine. — En traitant l'iodure de méthyle par la phénylhydrazine, on obtient deux composés cristallisés que l'on sépare facilement, l'un étant insoluble dans l'alcool absolu et l'autre soluble. » Composé insoluble dans l'alcool absolu : Cr>H5. Az2H2(CH3)2I. — Pour obtenir ce composé, on dissout isôs1' d'iodure de méthyle dans l'alcool absolu, on place le vase qui contient la solution dans un mélange réfrigérant de glace et de sel et l'on ajoute goutte à goutte, en agitant avec une baguette, 5osr d'iodure de méthyle : à peu près deux molécules d'iodure de méthyle pour une de phénylhydrazine. Au bout de quelques heures on enlève le flacon où se fait la réaction du mélange réfrigérant et on l'aban- donne à la température ordinaire; au bout de deux jours, il commence à se former de très beaux cristaux, qui augmentent jusqu'au huitième jour. On les jette alors sur un filtre, on les lave à l'alcool absolu et ensuite à l'éther et on les sèche dans le vide au- dessus de l'acide sulfurique. Nous avons ainsi obtenu 34gr d'un produit très beau et très pur. » Son analyse conduit à la formule C6II5Az2H2(CH3)2I. » Ce corps est très blanc lorsqu'il vient d'être préparé; il cristallise de sa prépara- tion dans l'alcool en longs prismes clinorhombiques de plusieurs centimètres de lon- gueur sur environ 5mm de côté. Il fond à 1220 et se décompose presque immédiatement après. Il est soluble dans l'eau, plus soluble à chaud qu'à froid; la solution saturée à chaud cristallise par refroidissement; elle est neutre au tournesol. Ce corps est à peu près insoluble dans l'alcool; il est insoluble dans l'éther. » Lorsqu'il a été bien lavé à l'alcool et à l'éther, il peut être conservé dans des vases jaunes pendant plusieurs mois sans qu'il s'altère. » Il n'est pas attaqué, du moins sensiblement, par une solution concentrée et chaude de potasse; l'hydrate d'oxyde d'argent, au contraire, le transforme partielle- ment en une masse rouge visqueuse, qui ne distille pas sans décomposition. » Il ne réduit pas la liqueur de Fehling, mais il donne avec elle un précipité bleu pâle; il donne avec le chlorure mercurique un précipité blanc cristallisé, avec l'acé- tate de plomb un précipité jaune pâle, avec le nitrate d'argent un précipité jaune in- soluble dans l'hyposulfite de sodium, avec le sulfate de cuivre un précipité rouge, avec le chlorure ferrique un précipité couleur de rouille; il verdit la solution de prussiate jaune, etc. » Composé soluble dans l'alcool : (C6H5 — AzH — AzII2)2CH3I. — On obtient ce composé en dissolvant dans 5oosr d'éther ordinaire, refroidi par un mélange réfrigérant de glace et de sel, ioSsr de phénylhydrazine (1 molécule), et en versant dans la solution ainsi obtenue goutte à goutte 7 ier d'iodure de méthyle (o"10'^) et en agitant constam- ment avec une baguette. Au bout d'une heure, quelquefois avant, ou voit se former un feutrage de cristaux qui augmentent jusqu'au lendemain. On jette le tout sur un filtre et on lave à l'éther. Les cristaux ainsi obtenus sont ensuite traités par l'alcool qui les dissout. La solution alcoolique, refroidie dans un mélange de glace et de sel, C. R., 1899, '" Semestre. (T. CXXVIII, N° 9.) 74 ( 566 ) cristallise; ou filtre ensuite rapidement, on lave ;i l'élher et l'on sèche dans le vide au-dessus de l'acide sulfurique, » Le corps ainsi obtenu correspond, d'après les résultats de L'analyse, à la for- mule (OH5— AzIJ — AzH2);CII I. » Ce corps, lorsqu'il vient d'être préparé, est blanc; il cristallise en fines aiguilles dont l'ensemble a l'aspect du feutre; il fond à 125° en se décomposant. » 11 est très soluble dans l'eau; la solution aqueuse est neutre au tournesol; i! I aussi soluble dans l'alcool, mais insoluble dans l'élher. » 11 est moins stable que le composé précédent. Abandonné à lui-même, il jaup.it, noircit et, au bout de trois ou quatre mois, il est tout entier transformé en un liquide noirâtre. » La potasse le transforme en un liquide jaune noirâtre qui se décompose sous l'in- fluence de la chaleur. » 11 réduit la liqueur de Fehling, le nitrate d'argent, les chlorures d'or et de platine ; il donne avec le chlorure ferrique un précipité jaune serin en même temps qu'un déga- gement gazeux se produit ; il précipite le sulfate de cuivre-en rose très pâle et le chlorure mercurique en jaune. » Nota : i° Si l'on attend quelque temps avant d'isoler le corps précédent de l'élher qui le baigne, on obtient en même temps du premier produit. » 2° L'élher filtré abandonne au bout de quelque temps une huile lourde contenant de l'iode et indistillable. » Combinaisons de la phénylhydrazine avec l'iodure d'éthyle. — Si l'on opère dans les mêmes conditions que précédemment, en substituant à l'iodure de méthyle celui d'éthvle, on obtient des composés analogues aux précédents. Le composé, inso- lubie dans l'alcool GGIP — AzîH!(ClHs)sI, fond à 1 16° en se décomposant et le pro- duit soluble dans l'alcool à 27°, en donnant un liquide jaune. » Ces deux produits jouissent des mêmes propriétés que les composés précédents correspondants, mais ils sont plus faciles â purifier et beaucoup plus stables. » CHIMIE AGRICOLE. — Sur la transformation directe de l'ammoniaque en acide azotique dans les milieux liquides. Note de M. E. Dkmoussy, pré- sentée par M. P. -P. Dehérain. « Les travaux de Winogradsky nous ont appris que la nitrification de l'ammoniaque est l'œuvre de deux organismes qui effectuent chacun un travail distinct : le premier transforme l'ammoniaque en acide azoteux, le second achève l'oxydation et amène l'acide azoteux à l'état final d'acide azotique. Nous considérons donc comme normale l'apparition de nitrile dans une nitrification provoquée par la présence simultanée des deux ferments indispensables, par exemple dans des solutions de sels ammo- niacaux ensemencées avec un peu de terre. » Au contraire, la présence des niliiles est tout à fait exceptionnelle ( 567 ) dans une terre en nitrification ; on rencontre souvent l'ammoniaque comme terme de passage entre la matière organique et l'acide nitrique, mais on ne trouve que très rarement l'acide nitreux. C'est même l'absence de cet intermédiaire qui a fait longtemps considérer la fermentation nitrique comme due à la présence d'un seul organisme oxydant complètement l'am- moniaque lorsque les conditions sont favorables, mais dont l'action, en milieu liquide, s'arrête à moitié chemin pour des raisons mal définies. » Connaissant la nécessité de la présence des deux ferments, on peut se demander pourquoi dans le sol ils agissent simultanément, tandis que dans les liquides le ferment nitrique est en retard sur le ferment nitreux. La plupart des auteurs qui ont signalé ces faits s'accordent pour les attribuer à la différence de milieu : le ferment nitreux s'accommoderait mieux que son congénère de la vie en milieu liquide; en outre, l'oxydation doit être beaucoup plus aisée dans la terre, où l'air circule autour des particules à oxyder, que dans un liquide où l'oxygène ne pénètre qu'en vertu de son faible coefficient de solubilité. » J'ai cherché à reproduire le phénomène de la nitrification que l'on peut appeler normale, et à obtenir en milieu liquide le passage direct de l'ammoniaque à l'état d'acide azotique, sans formation intermédiaire d'acide azoteux. J'ai entrepris, à cet effet, quelques expériences que je résumerai brièvement ('). » Tout d'abord, on reconnaît aisément que le ferment nitrique s'accom- mode très bien de la vie en milieu liquide ; il transforme un poids donné d'azote nitreux en azote nitrique, bien plus rapidement que le ferment nitreux ne fait passer le même poids d'azote ammoniacal à l'état nitreux. 11 en est ainsi, que le liquide soit neutre, comme l'est sensiblement la terre arable, ou alcalin, comme le deviennent les solutions de sulfate d'ammo- niaque en présence de carbonate de chaux. » Cela étant constaté, il était tout indiqué de chercher à activer la trans- formation de l'acide azoteux en acide azotique en facilitant l'accès de de l'oxygène. Des solutions de sidfate d'ammoniaque, avec carbonate de chaux et phosphate de potasse, furent ensemencées avec un peu de terre qui apportait les deux ferments. Quoique l'on disposât les liquides en couche mince, avec une surface libre de plus de i2ocqpour un volume de ioocc, quoique dans certains cas on les fit traverser par un courant d'air. (') Les détails seront donnés dans un Mémoire qui paraîtra prochainement dans le t. XXV des Annales agronomiques. ( 568 ) on observa toujours la formation de nitrite; les fermentations furent d'au- tant pins rapides que l'accès de l'air était plus aisé, mais jamais l'ammo- niaque ne passa directement à l'état d'acide azotique. Sans vouloir assi- miler ces conditions d'aération à celles qui existent dans le sol, il est permis d'avancer que la facilité d'oxydation n'est pas la cause de la non- apparition des nitrites dans la terre arable. » L'addition de sels de manganèse, qui existent toujours dans le sol et qui fréquemment servent d'adjuvants dans les phénomènes d'oxydation, a été sans effet, ou plutôt elle a causé un retard plus sensible pour le ferment nitreux que pour le ferment nitrique. » Comme, d'après Godlewski, c'est l'acide carbonique libre, et non celui des carbonates terreux, qui est la source du carbone des organismes de la nitrification, comme ce gaz est beaucoup plus abondant au sein du sol que dans l'atmosphère, il y avait lieu d'essayer si l'introduction d'un peu de gaz carbonique dans l'air qui surnage les liquides de culture ne favorise- rait pas l'action du ferment nitrique. Ici encore cette addition ne fut suivie d'aucun effet utile. Il en a été de même de l'apport de carbone organique sous forme de matière humique. » J'ai enfin recherché s'il n'y avait pas là une question d'activité des fer- ments. Dans le sol les ferments nitreux et nitrique agissent parallèlement, puisque l'on n'y trouve pas de nitrite : ils sont donc également actifs. Or il n'en est pas de même dans une solution d'un sel ammoniacal ensemencée avec de la terre: il faut un certain temps, plusieurs jours, pour que l'oxy- dation de l'ammoniaque commence; vraisemblablement le ferment nitreux s'adapte à ce milieu qui diffère de celui où il vivait précédemment par sa nature physique, par la présence d'une quantité relativement forte de sel ammoniacal, par l'absence de diverses substances. Lorsque la nitrosomo- nade commence son travail d'oxydation, la nitromonadeest au repos absolu depuis qu'elle se trouve dans le liquide : elle n'est pas en état de commencer sa tâche puisqu'elle a été privée de nitrite. On conçoit donc qu'un certain temps doive s'écouler entre le moment où le nitrite apparaît et celui où s'ef- fectue son oxydation, et que par suite une certaine quantité de ce corps s'accumule dans le liquide. » Dès lors, en préparant un milieu contenant les deux espèces de fer- ments, mais où les ferments nitriques fussent très actifs, soit par leur nombre, soit par leur énergie individuelle, et en y introduisant un sel ammoniacal, on devait provoquer sa transformation directe en acide azo- tique. L'expérience a confirmé ces vues. ( 569 ) » Des solutions de nitrite de potasse avec carbonate de chaux et phosphate de po- tasse furent ensemencées avec une trace de terre; la transformation de 20me d'azote nitretix en azote nitrique exigea quinze jours. Une égale quantité de nitrite fut ajoutée au liquide et fut oxydée en quatre jours, puis en trois. Dans ce milieu, renfermant des bactéries diverses, mais où la nitromonade était particulièrement active, on intro- duisit 2oms d'azote sous forme de sulfate d'ammoniaque; la réaction de l'ammoniaque s'affaiblit de jour en jour et disparut après deux semaines; à aucun moment on ne put déceler la présence d'acide azoteux, même à l'état de traces. Une nouvelle dose d'ammoniaque fut ensuite complètement oxydée en quatre jours, puis en trois et con- stamment sans formation intermédiaire de nitrite. » Cette expérience fut répétée plusieurs fois et conduisit toujours au même résultat. » On avait ainsi obtenu une nitrification semblable à celle qui a lieu généralement dans le sol, avec transformation directe de l'ammoniaque en acide azotique, et il est permis d'attribuer l'absence de nitrite dans la terre arable à l'égale activité des ferments nitreux et nitrique. » Il faut ajouter qu'il existe dans le sol une autre cause de disparition rapide des nitrites. On admet que la matière organique de la terre ne passe pas directement à l'état d'acide azoteux, il est probable qu'elle doit d'abord être transformée en ammoniaque, et mes recherches sur l'oxydation des aminés par les ferments du sol rendent cette hypothèse très plausible ('). Cette ammonisation est plus difficile à accomplir que l'oxydation de l'am- moniaque, la production de ce corps est très lente; la formation de nitrite l'est donc également et le ferment nitrique peut alors aisément peroxyder cet acide azoteux à mesure qu'il se forme. Si l'on considère en outre que, dans un lot de terre en nitrification, la masse de ferments est incompara- blement plus grande que celle que nous mettons en œuvre dans nos liquides, on comprend que le phénomène ne suive pas la même marche dans le laboratoire que dans la nature. » chimie physiologique. — Sur la fermentation du galactose (2). Note de M. Dienert, présentée par M. Duclaux. « M. Dubourg, dans sa dernière Note (Comptes rendus, t. CXXVIII, p. 44°)» étudiant la fermentation des saccharides, a fait voir que la fermen- tation d'un sucre pouvait n'être qu'une question d'acclimatation. (') Comptes rendus, t. CXXVI, p. a53 ; 1898. (2) Travail du laboratoire de fermentation de l'Institut agronomique. ( $1° ) » En étudiant la fermentation du galactose, j'ai trouvé des résultats du même ordre pour toutes les levures réputées comme très actives vis-à-vis du galactose. » Prenons une de ces levures actives et cultivons-la sur le même milieu azoté (eau de touraillons par exemple ), dans deux ballons différents, con- tenant l'un du saccharose (') et l'autre du galactose. J'appellerai, pour simplifier, A, la levure du premier ballon el B, celle du deuxième. » Après la fermentation, on décante le liquide, on lave deux lois la levure à l'eau distillée et stérilisée, puis on la porte dans des tubes conte- nant une solution de galactose à 10 pour ioo. » Avec la levure B, la fermentation est active au bout de trois à six heures de contact. Avec A, la fermentation n'est active qu'au bout de deux à quatre jours. Il y a un retard manifeste, et cependant ces levures avaient la même activité en présence du glucose. » A et B, après avoir fait fermenter la solution de galactose à 10 pour ioo, sont devenues identiques vis-à-vis du galactose. Mais B se distingue encore de A lorsqu'on les remet à nouveau en présence du glucose. On laisse la fermentation s'achever et l'on décante le liquide fermenté. » On lave la levure et l'on trouve alors que B est toujours acclimatée au galactose, tandis que A, traitée de la même façon, ne s'acclimate au galactose que très difficilement, après cinq à sept jours. » Mais on obtiendrait des résultais contraires si Fou ne se plaçait pas dans des conditions telles que le bourgeonnement soit réduit au minimum; c'est à quoi l'on arrive en emplovant une grande quantité de levure pour peu de sucre. Si l'on favorise le bourgeonnement, l'acclimatation delà levure au galactose est très rapide, et l'on trouve très peu de différence entre la levure venue sur un milieu avec du galactose et celle venue sur le même milieu azoté avec du saccharo » On peut encore gêner le bourgeonnement en ajoutant au liquide un peu de toluène. L'acclimatation delà levure au galactose se fait encore. La présence d'un peu de glucose favorise cette acclimatation. )> Certaines levures ne font pas fermenter le galactose si on les ense- mence sur un milieu très azoté, même en présence de glucose : telle est le S'. Ludwigiî. Il faut, pour obtenir une légère fermentation, employer beaucoup de levure pour peu de sucre. La fermentation est toujours (') On obtient les mêmes résultats en remplaçant le saccharose par le glucose, le lévulose ou le maltose. ( 57i ) incomplète, mais ou peut obtenir également une fermentation très incom- plète du galactose en faisant fermenter ce sucre avec une grande quantité de levure réputée active vis-à-vis du galactose, si l'on ajoute 3 pour ioo d'acide malique ou un peu d'alcool. La levure, dans ce cas, ne doit pas être acclimatée au galactose, sinon la fermentation va jusqu'à la disparition complète du sucre. » On peut tuer le S. Ludwigii sans tuer sa zymase, comme l'indique Buchner, et obtenir encore une fermentation incomplète mais légère du galactose. » Comme on peut le voir, la fermentation du galactose demande, pour se faire, un ensemble de conditions qu'on ne retrouve pas dans le glucose. De cet ensemble de conditions, je viens d'en énumérer quelques-unes; j'espère bientôt en ajouter de nouvelles et d'aussi importantes, et appro- fondir le véritable mécanisme de la fermentation de ce sucre. » PALÉONTOLOGIE. — Sur la provenance des valves de Crustacés ostracodes fossiles tombées à Oulllns, près de Lyon, le i\ septembre 1898. Note de M. il. Fourtau, présentée par M. Albert Gaudry. « Dans la séance du 26 décembre 1898, M. le Dr Lortet a annoncé à l'Académie des Sciences une chute de Crustacés ostracodes fossiles, qu'il a observée à Oullins le 24 septembre dernier. Cette annonce est intéres- sante, mais je ne crois pas que les Ostracodes aient été enlevés par l'éro- sion atmosphérique, comme le suppose l'habile zoologiste de Lyon, aux couches crétacées qui affleurent aux environs du Caire et de l'oasis du Fayoum. Voici mes raisons : » i° Les couches crétacées n'affleurent en aucun point aux environs du Fayoum. Les explorations de MM. Schweinfurlh, Ch. Mayer-Eymar et Blankenhorn ont démontré que les couches de cette région appartiennent à l'Éocène supérieur et parfois à l'Oligocène, et mes propres excursions ont confirmé cette opinion. Aux environs du Caire, la craie apparaît seule- ment au massif d'Abou-Roach, sur la lisière du désert lybique, à 6km au nord-ouest des Pyramides de Ghizeh. Or, dans ce massif, décrit pour la première fois en 1887 par le professeur J. Wallher, d'Iéna ('), mes nom- (') J. Walthkh, L'apparition de la craie aux environs des Pyramides (Bull. Institut égyptien, 2e série, n°8; 1887). ( 572 ) breuses courses ne m'ont encore révélé aucune couche renfermant des Crustacés oslracodes, et Walther n'en signale pas non plus. En outre, la surface de ce massif se prête peu à la supposition du Dr Lortet, car la ma- jeure partie des couches est cachée sous une épaisseur de im à 3'" de sables quartzeux pléistocènes, et ce ne sont que les falaises escarpées du Gàa et du Darb el Fayoum qui pourraient être entamées par l'érosion : mais elles font face au sud, c'est-à-dire du côté où les vents ont eu le moins de prise, comme je vais le prouver. » 20 Pour entamer sensiblement ces falaises, il eût fallu un fort vent du sud-est, qui est aussi le seul qui ait pu transporter d'Egypte en France les valves de Cypridina observées par le D1' Lortet. Or, du relevé des bulletins météorologiques journaliers de l'observatoire du Caire, il résulte que, du 3o août au 24 septembre 1898, le vent était constamment du nord avec une vitesse variant de ic)km,820 à 4km,o,oo à l'heure. Ceci est conforme aux relevés de M. J. Carrois (') qui a constaté, d'après les observations journalières de dix-huit années consécutives, qu'il y a généralement en Egypte prédominance des vents du nord pendant les mois d'été à l'exclu- sion absolue des vents du sud; ce qui est dû à l'appel d'air produit par la mousson dans l'océan Indien. » 3° Pour terminer, je ferai observer que les seules couches qui, en Egypte, renferment des Crustacés oslracodes sont des couches tertiaires. L'une appartient à l'Eocène inférieur et a été signalée depuis longtemps à l'Académie des Sciences par d'Archiac et Delanoûe (2). Une autre a été découverte, il y a à peine six mois, dans l'Ouadv Moghara, à l'ouest de la vallée des lacs de Natron, par le D1' Max Blankenhorn et n'a pas encore été décrite par lui : elle appartient;! une formation miocène d'eau douce. Or le genre Cypridina, auquel le D1 Lortet rapporte les valves tombées à Oullins, quoique abondant dans le Carbonifère, se rencontre aussi dans le Crétacé, mais il fait totalement défaut dans l'Eocène et le Miocène. » De tout ce qui précède, nous devons donc conclure que les valves de Crustacés oslracodes tombées à Oullins le 24 septembre 1898 ne provien- nent pas d'Egypte. » (') J. lÎAituois, Notice sur le climat du Caire (Bull. Inst. égypt., 2e série, n° 10; 1889). ('-) D'Archiac et Delanoûe, Sur la constitution géologique des environs de Thèbes (Comptes rendus, t. LXVII, p. 101 ; 5 octobre 1868). V 573 , M. L. Mirinxy adresse trois Planches servant de complément à sa pré- cédente Note sur la nature et le nombre des racines des nombres et des équations algébriques. A 4 heures et demie, l'Académie se forme en Comité secret. La séance est levée à 4 heures trois quarts. J. B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Ouvrages reçus dans la séance du 20 février 1890. Des verres périscopiques et de leurs avantages pour les myopes, par le Dr F. Ostwalt, avec une préface par C.-M. Gariel. Paris, Georges Carré et C. Naud, 1899; 1 vol. in-8°. (Présenté par M. d'Arsonval.) L'Aéronaute, Bulletin mensuel illustré de la Société française de Naviga- tion aérienne. 3ie année. n° 8, août 1898. Paris; 1 fasc. in-8°. Roscoe-Schorlemmer s ausfùhrliches Lehrbuch der Chemie, von Jul.-Wilh. Bruhl. Organische Chemie : Bel. V, Theil III, bearbeitet in Gemeinschaft mit Edv. Hjelt und O. Aschan; Abtheil. II (Schlussdes V. Bandes); Braun- schweig, 1896; 1 vol. in-8°. Bd. VI, Theil IV, bearbeitet in Gemeinschaft mit Edv. Hjelt und O. Aschan; Braunschweig, 1898; 1 vol. in-8°. Report ol 'the commissioner of éducation for the year 1896-97 . Vol. II, con- laining parts II and III. Washington, 1898; 1 vol. in-8°. Publicalionen des astrophysikalischen Observatoriums zu Potsdam, liera us- gegeben v. Director H.-C. Vogel. Dreizebnter Band. Potsdam, 1899; 1 vol. in-4°. La fauna dei calcaricon fusulina délia valle dei Fiume Sosio, nella provincia di Palermo, per Gaetano Giorgio Gemmellaro. Molluscoidea. Fasc. IV. parte prima. Palermo, tip. Domenico Vena, 1898-99; 1 fasc. in-4°. Archives néerlandaises des Sciences exactes et naturelles. Série II, Tome II, 2e et 3e livraison. La Haye, Martinus Nijhoff, 1899; 1 fasc. in-8°. Bulletin de la Société d'Histoire naturelle de Colmar. Nouvelle série, Tome IV, années 1897 et 1898. Colmar, Buchdr. Decker, 1898; 1 vol. in-8°. C. R., 1S99, 1" Semestre. (T. CXXVIII, N" 9.) jS ( 574 > Ouvrages reçus dans la séance du 27 février 1899. Instructions nautiques sur les côtes de Corse, par MM. Ph. Hatt et F. Bouil- lkt. Paris, Imprimerie Nationale, 1898; 1 vol. in-8°. Cours de Minéralogie, par A. de Lapparent. Troisième édition revue et corrigée. Avec 619 gravures dans le texte et une Planche chromolithogra- phiée. Paris, Masson et Cie, 1899; 1 vol. in-8°. Faune de V Allier, par Ernest Olivier. I. Vertébrés. Moulins, H. Durond, 1898; 1 vol. in-8°. (Présenté par M. A. Gaudrv. ) L'audition et ses organes, par le Dr M.-E. Gellé. Paris, Félix Alcan, 1899. (Hommage de l'Auteur.) Règle à calculs (modèle spécial), 62 problèmes pratiques et industriels. 122 figures, par A. Beghin. Paris, Baudry et C'e, 1899. Origine et fin du monde. Théorie cosmogonique, méthode des projections. par E. Sénés. Toulon, Vve Martel, s. d.; 1 fasc. in-12. Bulletin de l'Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse. Tome I, 1897-1898, nos 1-3. Toulouse, imp. Douladoure-Privat, 1898; 3 fasc. in-8°. Histoire d' un groupe persistant détaches solaires, par A. Mascari. Bruxelles. 1898; 1 fasc. in-8°- Sulla frequenza e distribuzione in latiludine délie macchie solari, osservate nell' osservatorio di Catania net 1897. Nota di A. Mascari. Roma, 1898: 1 fasc. in-4°. Protuberanze solari osservate nel regio osservatorio di Catania nel 1897. Nota di A. Mascari. Roma, 1898; 1 fasc. in-4°. Principali fenomeni erultivi avvenuti in Sicilia e nelle isole adiacenti nel se- mestre gennaio-giugno 1898. Nota di S Arcidiacono. Tn Modena, 1899; 1 fasc. in-4°- Osservazioni di temperatura e del colore délie acque, faite nell' Adriatico e nelJonio. Nota di A. Ricco edi G. Saija. Roma, 1898; 1 fasc. in-4°. Éphémérides des étoiles (W. Dollen), pour la détermination de l'heure et de l'azimut, au moyen d'un instrument des passages portatif, établi dans le plan vertical de la Polaire pour 189g. Publication de la Société astrono- mique russe. Saint-Pétersbourg, 1898; 1 fasc. in-8°. New York agricultural experiment station. Geneva, N. Y. Bulletins nos 146- 149; 1898. Published by the station; 4 fasc. in-8°. Jornal dos cegos. Redactor : Branco Rodrigues. Vol. II, III, 1896-9S, ( 575 ) e numéro commemorativo do IV centenario do descobrimento da India, maio de 1898. Lisboa, 1896-98; 4 fasc. in-8°. Annuaire statistique de la Belgique. Vingt-huitième année, 1897. Tome XXVIII. Bruxelles, J.-B. Stevens, 1898; in-8°. ERRATA. (Séance du i3 février 1899.) Note de M. Désiré Korda, L'influence du magnétisme sur la conductibi- lité calorifique du fer : Page /418, ligne 2 en remontant, au lieu de (i65mm), lisez (17.5"""). (Séance du 20 février 189g.) Note de M. Armand Gautier, Dosage de l'oxyde de carbone : Page 487, ligne 16, au lieu de dosage par l'anhydride, lisez dosage par l'anhydride iodique. On sopscrit à Paris, chez GAUTHIER-VILLARS, Quai des Grands-Augustins, n° 55. puis 1835 les COMPTESRENDDS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Informent, à la fia de l'année, deux relûmes in-i- Deu> , lune par ordre alphabétique de matières, 1 autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel t uU I J3DV16Ï*. Le prix de l'abonnement est fixé ainsi qu'il suit : Paris : 20 fr. - Départements : 30 fr. - Union postale : 34 fr. - Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus. On souscrit, dans les Départements, chez Messieurs : Ferri'ii frères. ( Chaix. j Jourdan. I Ruff. i... Courtin-Hecquet. | Germain etGrassin ( Lachèse. ne Jérôme. on Jacquard. I Feret. ux Laurens. ' Muller (G.). s... Renaud. / Derrien. F. Robert. J. Robert. ! Uzel frères. JOIKIII. m Perrin. I Henry. ( Marguerie. j Juliot. j Ribou-Collay. i Lamarche. Ratel. (Rey. I Lauverjat. ( Degez. Lorient. . Lyon. Marseille. . Montpellier Moulins.. . wg ntrFeri ■ . Nancy J Grosjean-Maupin chez Messieurs : ( Baumal. \ M"' Texier. Bernoux et Cumin Georg. 1 Côte. I Savy. I Vitte. Ruât. \ Calas. I Coulet. Martial Place. I Jacques On souscrit, à l'Étranger, Nantes Nice. i Drevet. j Gratier et G". *"e Foucher. I Bourdignon. ! Dombre. I Thorez. ( Sidot frères. ( Loiseau. ( Veloppé. j Barma. / Visconti et C". Nimes Thibaud. Orléans Luzeray. Blanchier. Marche. Bennes Plihon et Hervé. Roche/ort Girard ( M"" ). Poitiers. Rouen . Langlois. tQ uarre. \ Lestringant. S'-È tienne Chevalier. i Ponteil-Burles ( Kuuièbe. \ Gimet. I Privât. i Boisselier. Tours ."■ j Péricat. ' Suppligeon. i Giard. ' Lemaitre. Toulon . . . Toulouse. Valenciennes. chez Messieurs : I Feikema Caarelsen Amsterdam ) et C*«. Athènes . . Beck. Barcelone Verdaguer. j Asher et Cu. Berlin ' Dames- , Friedlander et fils. ' Mayer et Muller. Berne Schmid et Francke. Bologne Zanichelli. I Lamertin. Bruxelles MayolezetAudiarte. ( Lebègue et C'". \ Sotcheck et C°. | Storck. Budapest Kilian. Cambridge Deighton, Bell et C". Christiania Cammermeyer. Constantinople. . Otto Keil. Copenhague Hôst et fils. Florence Seeber. Gand Hoste. Gènes Londres Luxembourg. •Madrid Bucharest. Milan .... Moscou. . . Naples. . . New- York. Odessa Oxford Palerme Porto Prague Rio-Janeiro . Genève.. . La Baye. ■ Lausanne.. Leipzig.. Liège. Beuf. Cherbuliez. Georg. ! Stapelmohr. Belinfaute frères. \ Benda. / Payot. Barth. \ Brockhaus. Lorentz. / Max Riibe. ! Twietmeyer. ( Desoer. / Gnusé. Borne . Botterdam Stockholm.. S'-Petersbourg . Turin. Varsovie Vérone. . . Vienne. Zurich. chez Messieurs : . Dulau. Hachette et O. 'Nutt. V. Buck. iLibr. Gutenberg. Romo y Fussel. Gonzalès e hijos. F. Fé. ( Bocca frères. I Hœpli. Tastevin. ( Marghieri di Gius. j Pellerano. ( Dyrsen et Pfeiffer. j Stechert. ( LemckeetBuechner Rousseau. Parker et ©■ Clausen. Magalhaès el Moniz. Rivnac. Garnier. Bocca frères. Loescheret C". Kramers et fils. Samson et Wallin Zinserling. Wolff. Bocca frères. Brero. Clausen. RosenbergetSellict Gebethner et Wof Drucker. Frick. Gerold et C". Meyer etZeller. 15 fr. 15 fr. 15 fr. BUS GÉNÉRALES DES COMPTES RENDDS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES : Tomes 1« 31. — (3 Août i835 à 3i Décembre i85o. ) Volume in-4"; i853. Prix Tomes 32 à 61— (i« Janvier i85i à 3i Décembre i865.) Volume in-4"; 1870,- Prix Tomes 62 à ,91. — ( 1" Janvier 1866 à 3i Décembre 1880.) Volume in-4"; 1889. Prix 'PLÉMENÏ AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES : Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par MM. A. DekbÈs et V.-J.-J. Soueb. - Mémo.re sur le Calcul des Perturbations qu'éprouven 1 1« ITli r """'J" MemT, SUr PaDCréaS et sur le rùle du suc Pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des matière- P»r M. Claude btBNARD. Volume .n-4°, avec 32 planches; 1806 .. ' niMémoire aux les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Benedek. - Essai d une réponse à la question de Prix proposée en ,85o par' l'Académie des' Scences «cours de .853, et pu.s remise pourcelui de .856, savoir : . Etudier les lois delà distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédi^ «s, suivant 1 ordre de leur superpos.t.on . - D.scuter la question de leur apparition ou de leur disparition success.ve ou simultanée. - Rechercher la nature >ports qui existent entre l'état actuel du .egne organique et ses états antérieurs .; par M. le Professeur Bro™. In-4», avec 27 planches: .86,.. . 15 fr ftn Librairie les Mémoires de l'Académie dos Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savant» à l'Académie dss Sciences N° 9. TABLE DES ARTICLES. (Séance du 27 février 1899. ï MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. Pages, M. le Secrétaire pbrpi nu. donne lecture d'une dépêche annonçant la mort de M. So- phus Lie, Correspondant de la Section de Géométrie ■"> • 'i M. Darboux. Notice sur M. Sopkus Lie. '<■'• \l. d'Arsonval. — Interrupteur électro lytique ■ ■ • 5ag M. C. FRIEDEL cl E. Ci mi m. i. Sur un Pages. ;. nouveau minerai d'urane, la carnotite... M. \. Laussedat. Sur de nouvelles et importantes applications faites .m Canada de la méthode du lever des plans à l'aide de l.i Photographie ';' M. E.-H. VMAGAT. Essai sur une l'orme nouvelle de la fonction /i pvt) 0, rela- tive aux (lu ides 53S NOMINATIONS. M. Ray Lankestbr est élu Correspondant pour- la Section d'Anatomie et Zoologie, en remplacement de M. Lovén 543 M. Lohtkt est élu Correspondant pour la Section d'Anatomie et Zoologie, en rem- placement de M. Steenstrap 543 Commission chargée déjuger le concours du prix Saintour pour 1899 : MM. Joseph Her- traml, Berthelot , Mascart, Maurice Lévy, Jordan i Coin nu--- n m chargée déjuger le concours du prix Gaston Piaulé pour 1899: MM. Lipp manu, Mascart, l'urnii, I inl/c, Hccaiw rel 543 Commission chargée déjuger le concours du prix Jean-Jacques Berger pour 189g : MM. Brouardel, Joseph Bertrand, Mau- rice /.en. Berthelot, Marcy 543 CORRESPONDANCE. M. DE LAPPARBNT fait hommage à l'Aeadé- mie de la 3* édition de sou 0 Cours de Mi- néralogie " ''11 M. Hait fait !■ nage a l'Académie d'un Yoh ■ intitulé ; " Instructions nautiques sur les cotes de la Corse, par MM. Ph. liait et l . Bouillef » V, j M. E. \ bssiot. - Sur les équations linéaires aux dérivées partielles <\] M. G. Saonac, sur la transformation des rayons \ par les différents corps 546 MM. Vl'uhstk il Louis Lumière. - ln- lluence des températures très basses sur la phosphorescence *>'pi M. Dussaud. - De l'amplificat des sons dans les phi graphes > i 2 M. Daniel Berthelot. Sur la relation qui existe entre le poids moléculaire et I , * densité des Quides 553 M. J.-li. Moi 111:1.0. — Sur 1.1 phosphores- cence du sulfure de strontium 557 ! BULLBTIN BIBLIOGRAl'HIQI 1: KllllATA M. Cn. MOUREU. — Sur l'élliéne-pvroe.ilé chine MM. \. et P. Boisine. Mo, le d'essai el composition des huiles d'acétone MM. P. Genvresse el P. Bot rcet. —Sur les c binaisons de la phénylhydrazine avec les iodu res alcooliques M. E. Demoussy. — Sur la transformation directe de l'amn iaque en aride azol ique dans les milieux liquides. M. Dienert. — Sur la fermentation du ga- lactose M. It. Fourtab. - Sur la provenance des valves de Crustacés ostracodes fossiles, tombées à Oullins, près de Lyon, le 1 i sep- tembre 1 v'is M. I.. Miiiiwv adresse trois Planches servant de c plémcnl .1 sa précédente Note sur la nature et le nombre des racines des nombres el des équations algébriques ,5g Vu "> 566 56g 571 573 573 5" j P A K l S . — [M P RIMSRIB (xAUT H I Ë R-V [ LL A. RS , Quai des Grands-Auj;uslins, 55. /.<■ Gérant : Gauthikm-Villabs. . APR1018" 1899 PREMIER SEMESTRE. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES \ PAU HJI E.ES SECRETAIRES PERPETUELS TOME CXXVIII. I\° 10 (6 Mars 1899). PARIS, GAUTH1ER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, Quai des Grands-Augustins, 55. 1899 RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDU; ADOPTÉ DANS LES SÉANCES DES 23 JUIN 1862 ET 24 MAI 1875. Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie se composent des extraits des travaux de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes présentés par des savants étrangers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. 26 numéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. Article 1er. — Impressions des travaux de l'Académie. Les extraits des Mémoires présentés par un Membre ou par un Associé étranger de l'Académie comprennent au plus 6 pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o pages par année. Les communications verbales ne sont mentionnées dans les Comvles rendus, qu'autant qu'une rédaction écrite par leur auteur a été remise, séance tenante, aux Secrétaires. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les Rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par les Correspondants de l'Académie comprennent au plus 4 pages par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de 32 pages par année. Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi- vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion. Les Programmes des prix proposés par l'Ac sont imprimés dans les Comptes rendus, mais ports relatifs aux prix décernés ne le sont qi que l'Académie l'aura décidé Les Notices ou Discours prononcés en séai blique ne font pas partie des Comptes rendus. Article 2. — Impression des travaux des Sa étrangers à l'Académie. Les Mémoires lus ou présentés par des pi qui ne sont pas Membres ou Correspondants d demie peuvent être l'objet d'une analyse ou « sumé qui ne dépasse pas 3 pages. Les Membres qui présentent ces Mémoir tenus de les réduire au nombre de pages refc Membre qui fait la présentation est toujours 1 mais les Secrétaires ont le droit de réduire cel autant qu'ils le jugent convenable, comme il: pour les articles ordinaires de la correspondai cielle de l'Académie. Article 3. Le bon à tirer de chaque Membre doit être l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis! le titre seul du Mémoire est inséré dans le Comp> actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rm vant et mis à la fin du cahier. Article 4. — Planches et liru^c à paît. Les Comptes rendus n'ont pas de planchesH Le tirage à part des articles est aux Irais I teurs; il n'y a d'exception que pour les Rap[ les Instructions demandés par le Gouvernent Article 5. Tous les six moi*, la Commission administra 1 un H apport sur la situation des Comptes rendue l'impression de chaque volume. Les Secrétaires sont chargés de l'exécution sent Règlement. Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent laire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont pri(' déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5K. Autrement la présentation sera remise à la séance APR 10 1899 COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 6 MARS 1899, PRÉSIDENCE DE M. VAN TIEGHEM. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. ASTRONOMIE. — Sur quelques particularités de la théorie des étoiles filantes. Possibilité de la répétition d'activité de certains points radiants. Existence des points radiants dits stationnaires. Note de M. O. Callandreau. « La théorie astronomique des étoiles filantes établie, par les travaux de H. -A. Newton, Schiaparelli, Le Verrier, E. Weiss, rencontre depuis quelques années certaines difficultés : les observations persévérantes de M. W.-F. Denning, de Bristol, paraissent, en effet, avoir mis en lumière certaines particularités des phénomènes que l'on n'a pas pu jusqu'ici conci- lier avec les notions théoriques adoptées. C'est ainsi que Tisserand fut amené à mettre en doute la réalité de l'existence de familles d'étoiles filantes divergeant d'un même point du ciel pendant une période pro- C. R., 1899, 1" Semestre. (T. CXXV1II, N« 10.) 7() ( 578 ) longée, allant jusqu'à Irois mois et plus, d'après l'opinion de M. Denning (Comptes rendus, t. CIX, p. 34 1). » Un intéressant débat, soulevé le mois dernier à la Société royale astronomique de Londres, et auquel ont pris part les professeurs Turner, Herschel et le D' J. Stoney, m'engage à présenter quelques remarques ten- dant à préciser les points en discussion. » Je ne crois pas qu'on puisse mettre en doute le fait de la répétition d'activité de certains points radiants. Dès 1878, M. Denning (Monthly Notices, t. XXXVIII, p. ni; voir aussi, même Volume, p. 1 1 4 ) constate qu'il existe plus d'une période d'activité pour certains points radiants et que deux maxima sont séparés par un intervalle d'environ trois mois. Ce fait, signalé bien des fois depuis 1878, se retrouve avec un caractère d'évi- dence dans les relevés d'observations de M. Denning, publiés dans le numéro de février de la Revue The Obscrvalory rendant compte des débals île la Société royale astronomique de Londres. » Comment la Théorie peut-elle expliquer que des étoiles filantes donnent lieu à un même point radiant à trois mois d'intervalle? » Servons-nous, pour répondre à cette question, de la relation publiée dans les Comptes rendus de la séance du 18 juin 1891 , donnant la condition nécessaire (déduite du critérium de Tisserand appliqué aux étoiles (liantes ) pour que les divers points radiants qui se manifestent appartiennent à une même famille — J \ [sinsB -1- cos-Bsin2(L — ©)| -f- 1 — p{ 4cos-Bsin2(L — 0) 1 ', \ |sin2B -f- cos-B sin-(L — 0)J ! o; «'V ) L et B désignent la longitude et la latitude du point radiant; O la longitude du Soleil; à est la dislance moyenne de la planète à laquelle on attribue la dissolu- tion de la comète mère des étoiles filantes; J est la combinaison invariante - -\ — -,KJ —,co$i qui figure dans le crilc- rinm de Tisserand ; ( 579 ) a, p et i sont le demi grand axe, le demi-paramètre et l'inclinaison de l'or- bite du groupe d'étoiles filantes ayant le point radiant de cordonnées L et B. » Si l'on exprime que l'équation de condition ci-dessus est vérifiée quand la longitude © du Soleil a augmenté de 900, on arrive facilement à la condition suivante, indépendante de L : t 1+ \ — j\ [Vu- -3 " J l(2sin2B-t-cos2B)-h2(i-/j)l » Si cette condition est remplie, il pourra y avoir répétition d'activité. On peut conclure que, en général, parmi les différentes valeurs de B répondant à une valeur de J, caractérisant la famille d'étoiles filantes, il en existe de telles qu'à un flux de météores peut être associé un autre flux de la même famille susceptible de se manifester au même point radiant après un intervalle de trois mois. » De là, pour certains points de la sphère céleste, la possibilité d'une activité particulière en ce qui concerne la radiation des étoiles filantes. Comme la période d'activité d'un point radiant a toujours une certaine durée, l'observateur peut avoir une tendance, s'il force le sens des phéno- mènes, à pencher pour l'interprétation d'une activité continue du point radiant. » J'arrive aux radiants dits slationnaires, sur lesquels M. Denning a appelé l'attention bien souvent depuis une quinzaine d'années et qui sem- blent encore une énigme. M. Young s'exprime comme il suit dans son Ouvrage, General Astronomy (édition de 1898) : « M. Denning aurait décou- » vert des cas nombreux dans lesquels un point radiant présenterait une » activité prolongée sans changer de position dans le ciel; il cite comme » type les Orionides, dont le radiant, actif du 10 au 24 octobre, se main- » tient tout le temps près de v Orion. Aucune explication satisfaisante » d'une telle fixité n'a encore été donnée, et bien que M. Denning soit » tout à fait convaincu de la réalité de sa découverte, et bien qu'elle soit » généralement acceptée comme un fait, quelques savants éminents, Tis- » serand par exemple, la mettent cependant en doute ...» » Si Ton rapproche les formules suivantes, qui servent à définir la po- sition du point radiant, d'après le point de rencontre (x, y) des météores ( 58o ) • i i • i_ i ( d-r dy ''- avec la Terre et les composantes de la vitesse absolue I ^j» -j-^ -jj ^ . dx i y | — g cos B COS L — -r -h h — , (,) -£cosBsinL = ^-*f • B (lz où g désigne la vitesse relative des météores, des intégrales du mouvement elliptique connues sous le nom ^'intégrales de Laplace, lesquelles s'inter- prètent en disant que (C = k\ip) du- A- . y -j ttCOSJ--. dl L r dy A'1 .x -j- -r- ttCOSI-j dl C /• dz A- . . ^ + c5,n'- sont les projections sur les trois axes de coordonnées d'un segment de A'2 gueur çr longueur -^e dirigé dans le plan de l'orbite perpendiculairement au grand axe, il est clair que si ~- -j^cos/ diffère peu de k ou — cost de \Jp, les deux premières équations (i) montrent que la longitude L du point radiant dépend uniquement de l'orientation du segment considéré indépen- damment des valeurs des éléments du mouvement elliptique, pourvu que la condition cosz = — \fp se maintienne. » Cette condition se trouve remplie par les Orionides, car le Catalogue dû à M. Rleiber donne pour les éléments paraboliques des Orionides les valeurs moyennes i = 1620, q = — o,5; on voit, de plus, que — cost varie dans le même sens que q. » Les faits bien connus aujourd'hui des astronomes, concernant l'exis- tence de familles de comètes (1 8431, 1880I, 1882II, 1887I) susceptibles d'être desagrégées par l'action du Soleil à cause de leurs petites distances périhélies, avec des grands axes dirigés suivant la même droite, nous offrent un exemple de faisceaux d'orbites pouvant remplir les conditions théoriques ci-dessus indiquées. » Les Orionides ne donnent qu'une idée restreinte du phénomène ( 58i ) constaté par M. Denning depuis une quinzaine d'années : il consiste en ce que les trajectoires des météores portées sur une Carte se coupent, dans le cas d'un point radiant stationnaire, en un point qui ne bouge pas pendant plusieurs mois et peut-être l'année entière, et, chose à noter, avec d'autant plus de netteté que les observations sont plus précises. Peu importe qu'il s'agisse là de courants ordinairement très faibles. » Quelles conséquences tirer de ce fait supposé bien constaté par les observations? Evidemment il y a lieu d'abord d'élargir beaucoup la notion de courant météorique puisque, d'après les valeurs des éléments parabo- liques pour les essaims considérés, une même famille de météores compren- drait des orbites de sens direct et rétrograde avec des distances périhélies variant dans de larges limites. » Mais il suffit de jeter les yeux sur le Tableau, donné par Le Verrier, des éléments des trajectoires possibles de la comète de Lexell autour de Jupiter pour rencontrer une telle variété d'éléments; de sorte que cette variété n'exclut pas une origine commune. » Cela posé, il résulte des équations (i) que les projections, sur un plan perpendiculaire à la.direction constante du radiant, de la vitesse du météore qui rencontre la Terre et de la vitesse de celle-ci sont les mêmes. Les faits s'interprètent de la manière la plus simple en admettant que des matériaux circulant dans l'orbite de la Terre et contribuant à la formation de la pla- nète, suivant la théorie de Laplace, ont été projetés dans une même direc- tion, par exemple comme l'indique le professeur Herschel (The Observa- tory, numéro de février 1899) à la suite du choc de masses arrivant des régions stellaires avec de grandes vitesses : circonstances que nous voyons se produire souvent, sur une petite échelle il est vrai, avec les bolides à vitesse hyperbolique ('). » On remarquera le lien de ces idées avec l'hypothèse de Lagrange invoquée autrefois par M. Faye (Comptes rendus, t. CVI, p. i;o3) et plus récemment par M. Tisserand (Bulletin astronomique, t. Vil, p. 453), pour rendre compte des phénomènes des étoiles filantes et des aérolithes. M. Schulhof a publié sur le même sujet des remarques intéressantes ( Bul- letin astronomique, t. XV, p. 355 et suiv.). » (') Le professeur G. von NiessI, de Brûnn, s'est particulièrement occupé de cette classe de bolides. ( 58a ) NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Cor- respondant pour la Section de Géographie et Navigation, en remplacement de Sir George-Henry Richards. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 4;>. M. Helmert obtient 3g suffrages. M. Davidson 7 » M. Schweinfurlh 1 » Sir William Wharton . 1 » Il y a un bulletin blanc. M. Helmekt, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est pro- clamé élu. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de Com- missions chargées déjuger les concours de 189g. Le dépouillement des scrutins donne les résultats suivants : Prix Gegner. — MM. Joseph Bertrand, Berthelot, Mascart, Darboux, Hermite. Prix Pelil d'Ormoy (Sciences mathématiques ). —MM. Darboux, Poincaré, Picard, Jordan, Hermite. Prix Petit d'Ormoy (Sciences naturelles ). - MM. Milnc-E KvanL. Van Tieghem, Bornet, Perrier, Blanchard. Prix Tchihatchef. - MM. Milne-Edwards, Grandidier, Bouquet de la Grve, Guvou, Marcel Bertrand. Prix Cahours. MM. Moissan. Troost, Friedel. Berthelot, Gautier. MEMOIRES PRESENTES. M.. Ernst Fahrig adrcsse.de Philadelphie, une Note sur L'aluminium industriel et quelques-unes de ses propriétés. (Commissaires : MM. Troost, Schlœsing, Ditte.) ( 583 ) CORRESPONDANCE. M. Lortkt, nomme Correspondant pour la Section d'Auatomie et Zoo- logie, adresse ses remercîments à l'Académie. M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance, la 6e année (1898) de Y Aérophile, Revue mensuelle de l'Aéronautique et des Sciences qui s'y rattachent. ASTRONOMIE. - Mesure inlerfèrenlielle des diamètres des satellites de Jupiter et de Vesta. effectuée au grand équatorial coudé de l Observatoire de Paris. Note de M. Maurice Hamy, présentée par M. I.œwv. « La méthode indiquée par Fizeau, pour mesurer les petits diamètres, consiste à couvrir l'objectif d'une lunette d'un écran dans lequel sont pra- tiquées deux fentes parallèles et à déterminer expérimentalement l'écarte- ment que doivent avoir ces ouvertures pour que les franges, localisées dans le plan focal, s'évanouissent. Lorsque la largeur a des fentes, supposées rectangulaires, est une fraction importante de la distance /de leurs centres, au moment où survient la disparition des franges, la relation qui fournit le diamètre s est, comme je l'ai établi récemment ('), (1) h = 126",! -H 96", 5(j j , en négligeant, dans le second membre, des termes contenant ( -. \ en fac- teur; / étant d'ailleurs exprimé en millimètres et e en secondes d'arc. m Je me propose, dans la présente Communication, de résumer les résul- tais obtenus à l'Observatoire de Paris, au grand équatorial coudé, pendant l'été 1898, en appliquant cette méthode aux satellites de Jupiter et à la pla- nète Vesta. » Le mode d'observation était le suivant. Des écrans en carton, découpés de manière à produire l'évanouissement des franges pour des sources lumineuses de diamètres décroissant de dixième en dixième de seconde (') Comptes rendus, t. CXXV1I, p. 85i; 1898. ( 584 ) d'arc, étaient places, parmi aide, successivement (levant L'objectif. Ces diamètres, calculés une fois pour toutes par la formule (i), étaient inscrits sur les écrans, tous construits de telle sorte que la largeur des fentes ait pour valeur le tiers de la distance de leurs centres. Lorsque la disparition des franges survenait pour un astre, on lisait, sur le dernier écran employé, la valeur de son diamètre. Cependant, lorsque les franges produites par lavant-dernier écran ne subsistaient plus qu'à l'état de traces, on adoptait comme valeur du diamètre la moyenne des nombres inscrits sur les deux derniers écrans employés. Les résultats ainsi obtenus, ramenés à la distance des astres à la Terre le Ier juin, sont les suivants : Diamètre des satellites de Jupiter. Dates 1898. I. n. m. IV. Dates 1898. Diamètre de Vcsta. uin 3 . . . » ,'.,.-, » " 5... I ,01 0,91 1 , 3 1 1 ,3i - . . • • 0.17 7 • ■ ■ I ,02 0,92 I ,22 i,33 11.. .. 0,42 i ."> . . . » o,94 » » i5 . . .. 0,44 16... o,9' 20 . . .. o,4r» 20 . . . 0,0,5 o,85 1,27 1 . ■'■: 21 . . 0,45 2 1 ... o,95 o,85 1 ,27 1.27 Juillet 7 . . 0,62 » Pour discuter ces nombres il convient de faire la part des erreurs pro- venant des agitations de l'atmosphère, dont l'influence troublante est si considérable, certains jours, que les franges cessent de se manifester, même pour les étoiles, dont le diamètre est insensible. » L'expérience montre que les franges produites par l'écran précédant immédiatement celui qui amène la disparition complète du phénomène d'interférence sont nettement distinctes, si l'image possède un éclat suffi- sant, en sorte que leur existence ne peut donner lieu à aucune incertitude. On doit en conclure que les différences égales ou supérieures à o", 1, entre les observations isolées, ne proviennent pas d'une appréciation défectueuse de l'évanouissement des franges. Ces différences sont le fait des ondulations atmosphériques qui déforment les ondes lumineuses pendant le trajet qu'elles accomplissent avant d'arriver à l'observateur. » Les perturbations qui surviennent dans la propagation des ondes provoquent prématurément la disparition des franges. Elles influent donc sur les déterminations, en produisant un accroissement apparent des dia- mètres. ( 585 ; » Ces considérations m'ont conduit à regarder comme trop forts et à supprimer, pour chaque astre, les nombres qui dépassent les plus petits de o",i au moins. J'ai pris la moyenne des nombres conservés pour conclure les diamètres. Ces éléments, ramenés à la distance 5 pour Jupiter et à la distance i pour Vesta, sont : I. II. m. IV. Diamètre des satellites ) „ „ „ „ „ „ . , Diamètre de Vesta ) ,, _ , , t ■ • i j- r ° >98 ° >87 ' >28 i ,3i . . ,. , \ o",54- de Jupitera la distance 5. \ a la distance i. .. . ) » L'observation des franges relatives au ive satellite de Jupiter a toujours été difficile à cause du faible éclat de cet astre. Le nombre obtenu pour ce satellite est en conséquence un peu incertain et dépasse vraisemblablement le diamètre exact. » L'application de la méthode de Fizeau aux satellites de Jupiter a déjà été faite, en août 1891, par M. Michelson ('), en employant des fentes étroites. On a vainement cherché à reproduire ces observations à Paris. Le défaut de lumière a toujours empêché de discerner les franges avec certi- tude. M. Michelson a trouvé les nombres 1. 11. in. iv. Diamètres des satellites de Jupiter à la distance 5. . . i",02 c/,94 1 '', 37 i",3i un peu supérieurs, pour les trois premiers satellites, aux résultats obtenus au grand équatorial coudé, avec des fentes larges. Le faible éclat des images, dans les expériences de M. Michelson, est peut-être la cause prin- cipale des différences, car l'œil cesse de discerner des franges peu éclairées lorsque leur netteté éprouve de trop fortes altérations. L'appréciation de l'évanouissement des franges, dans les expériences qui nous occupent, a donc pu se faire prématurément, ce qui conduit à des valeurs trop fortes des diamètres. » Le nombre obtenu pour Vesta confirme entièrement les mesures micro- métriques de M. Barnard (o",54); néanmoins, cet accord est peut-être pu- rement fortuit. Il est possible que le diamètre véritable de Vesta soit un peu inférieur au nombre trouvé, parce que les images ont été sans cesse agitées, pendant toute la période d'observation, au point que l'on n'a jamais pu soupçonner le disque de Vesta, en démasquant l'objectif. Il n'est donc pas dit que des observations faites dans des conditions meilleures ne doivent pas conduire à un nombre un peu moindre. (') Nature, t. XLV; 1891. C. R., .899, 1" Semestre. (T. CXXVIII, N" 10.) 7" ( 5S6 ) » Quoi qu'il en soit, le fait que le procédé de la disparition des franges a fourni un résultat qu'il eût été impossible d'obtenir par des mesures mi- crométriques, dans les conditions de l'expérience, est digne de remarque. En opérant clans des circonstances favorables et en faisant usage d'écrans intermédiaires à ceux qui ont servi dans les recherches actuelles, afin d'aug- menter la précision des mesures isolées, on peut affirmer que la méthode que nous venons de développer fournira de très bonnes valeurs des dia- mètres. » Le calcul fait provoir que des franges assez confuses doivent repa- raître, pour disparaître ensuite, lorsque, en faisant croître l'écartement des fentes, on dépasse suffisamment la distance qui correspond à leur premier évanouissement. J'ai nettement constaté, le 20 juin, cette réapparition sur le troisième satellite de Jupiter. Ce second système de franges est beau- coup trop diffus pour être utilisé dans la pratique; il y avait néanmoins intérêt, an point de vue théorique, à en constater l'existence. » ASTRONOMIE. — Détermination absolue des directions à 45° de l'horizon. Application à la mesure des latitudes. Note de MM. J. Perchot et "W. Ebert, présentée par M. Lœwy. « Dans les mesures de latitudes absolues, on a dû, jusqu'ici, prendre comme origine fixe la direction de la verticale et l'on a, généralement, déterminé à cet effet la lecture du cercle qui correspondait au nadir. Ce point est malheureusement très éloigné de la région du ciel dans laquelle on observe, sa distance angulaire aux étoiles est supérieure à 900 et, pour des positions si éloignées de la lunette, les différences des lectures du cercle ne correspondent pas, à cause des imperfections de l'instrument, aux déplacements exacts de la ligne de visée. » Nous avons montré précédemment {Comptes rendus, i3 décembre 1897) que l'on pouvait obvier, en partie, à cet inconvénient, en substituant le zénith au nadir. » Nous nous proposons, dans la présente Note.de donner le principe d'un instrument qui permet d'obtenir les lectures d'un cercle méridien corres- pondant aux directions inclinées de 45° sur l'horizon, et, par conséquent, de déterminer 4 nouveaux points de repère à des hauteurs nord ou sud de ± 45°. Un comprend aisément leur importance pour l'étude du cercle et de ( 587 ) la mesure des flexions. Mais c'est principalement dans la recherche des latitudes absolues qu'il sera avantageux d'utiliser celui de ces points dont la hauteur boréale est de 45° et qui, par conséquent, est voisin du pôle, pour la plupart des observatoires d'Europe. En le prenant comme origine dans ces mesures, on éliminera sensiblement les corrections des flexions. » Nous nous appuyons sur ce fait qu'un plan fixé à un corps flottant sur un liquide forme un angle constant avec la verticale, quand on fait tourner le flotteur sur lui-même. Ce principe a déjà reçu plusieurs applications. M. Deichmùller l'a utilisé dans son miroir zénithal et dans une disposition instrumentale ayant pour objet de déterminer les lectures du cercle qui correspondent aux positions horizontales de la lunette. M. Chandler a, lui aussi, construit un instrument « l'almucantar », fondé sur ce principe. » Imaginons un miroir plan qui soit invariablement lié à un flotteur circulaire porté par une cuvette annulaire et qui fasse, avec la verticale, un angle de 45 -+- x, x étant une petite quantité due à l'imperfection du réglage. » Nous déterminons d'abord x. » A cet effet, nous dirigeons la lunette vers l'une des mires dont nous supposons que l'instrument est pourvu et que nous pourrions, d'ailleurs, remplacer par un collimateur horizontal; nous fixons l'image de cette mire sur le fil en déclinaison du micromètre ; nous éclairons ce dernier et obtenons ainsi deux faisceaux de rayons parallèles, directement opposés et faisant, avec la verticale, les angles inconnus D et 180 — D. Nous amenons ensuite la cuvette et son flotteur entre la lunette et la mire, à une hauteur telle que ce miroir intercepte et réfléchisse successivement les deux faisceaux précédents quand on fait tourner le flotteur de 1800 sur lui-même. Nous recevons les deux faisceaux ainsi réfléchis, par les deux positions du miroir, dans un même collimateur placé verticalement au- dessous du flotteur et nous mesurons l'angle a. qu'ils forment entre eux. Il est aisé de voir que l'on a a X—y 4 » Une erreur commise sur a. n'entre dans x qu'avec le quart de sa valeur : nous serons donc assurés d'une bonne déterminalion de;r, pourvu que nous prenions les précautions habituelles à ce genre de mesures. » Connaissant l'angle x, nous élevons la cuvette et son flotteur à une hauteur telle que le miroir rencontre l'axe optique de la lunette inclinée approximativement de 45° au-dessus de l'horizon. Nous établissons la coin- ( 588 ) cidence des deux images, du fil horizontal du micromètre, qui sont pro- duites, l'une, directement par l'oculaire, l'autre, par réflexion sur le miroir. Nous faisons ainsi une opération analogue à la détermination ordi- naire du nadir avec le bain de mercure. » Si /est la lecture du cercle pour laquelle l'axe optique est ainsi per- pendiculaire à la surface du miroir, / — x sera celle qui correspond à la ligne de 45, et nous l'aurons avec le même degré de précision que la 1er lure du cercle que l'on obtient pour le nadir, par les procédés ordinaires. » En identifiant les flexions à 45° et au pôle, ce qui est permis à l'Obser- vatoire de Paris, puisque sa latitude est environ 48°5o', et en désignant par P la collimation polaire, c'est-à-dire la dislance angulaire du pôle instru- mental au pôle vrai, par ^ la lecture du cercle à 45° de hauteur boréale, la latitude vraie, x ^ cos(n, y) ■+- ~ cos(n, s) aux points de la surface (S). Formons, comme dans ma Note : Le pro- blème de la distribution de l'électricité, etc. » (Comptes rendus. \'\ déc. i8()7), la suite d'intégrales (0 V,- ±-J?0Lds, V*=~iifpk-,j.ds, ?*_,= -£± (k- 2,3,...). où p0 est une fonction donnée, satisfaisant à la condition ff0ds == o, /'dé- signe la distance du point .r, y, s à ce point variable ;, r,, '( de la surface i S ). Désignons par 6 l'angle de la droite r avec la normale intérieure au point x, y, z à la surface (S), par o l'angle de la même droite avec la normale n au point variable ;, r,, '(. Nous aurons, comme dans ma Note mentionnée tout à l'heure, , . I /" COS'i , Pi ,nJ,'/. i -pr *. ,, I f\ , COS5 , Va-= —JV^—^ds, en tous les points île (S). Désignons par JA et JA. les intégrales A et B pour la fonction VA. D'après le lemme précédent on a f\lds.*, où N est un nombre fini et positif, >. est un nombre plus petit que l'unité (voir H. Poincaré, Acla mathemalica, t. XX, p. p,5, 96). Par conséquent, /V;rA -b)'»z">, convergent dans un certain domaine défini par les inégalités \z-b\(z) ont une partie commune, mais, lorsque ces domaines d'existence n'ont aucune partie commune, la ré- ponse ne parait pas aussi immédiate. Un exemple très simple, qu'il serait bien facile de généraliser, prouve que, dans ce cas encore, les fonctions (z) à l'intérieur de ce cercle. Posons, z' étant une nouvelle variable complexe, n = 1 n = I » Soit ii une région du plan des z à contour simple ne renfermant pas l'origine, et Q' une région du plan des ;' à contour simple ne renfermant pas le point z -1. Si, pour tout point :■ pris dans la région Sï et tout ( »93 ) point z' de la région Q. , on a les inégalités (3) I -+-\ ) — -»/r l désignant un nombre positif inférieur à l'unité, la formule (2) définit une fonction F(z, z') holomorphe à l'intérieur des aires Q, £1' . Des inéga- lités (3) on lire la nouvelle condition (4) 1 -■ si cette inégalité est satisfaite, les formules (3) donnent pour [ z | des con- ditions compatibles. » Cela posé, soient z — a un point intérieur au cercle C, et z = b un point extérieur au cercle C, joignons-les par un arc de courbe AR. Soit, d'autre part, y le cercle de rayon un décrit du point z' = 1 comme centre. On peut faire cheminer simultanément la variable z sur l'arc AB et la va- riable z' sur le cercle y, de telle façon que les conditions (3) soient con- stamment vérifiées, car le module de z' ne dépasse pas 2 le long de y. Si l'on prend -+- 1 pour valeur initiale du radical y/i — z', la fonction F (z, z') se réduit à (z). > ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une extension du calcul des substitutions linéaires. Note de M. Cyparissos Stéphanos, présentée par M. Jordan. « A côté de la composition ordinaire des formes bilinéaires, corres- pondant à la composition des substitutions linéaires, il convient de consi- dérer deux autres opérations, qu'on peut désigner sous Ks noms de com- position bialternêc et de conjonction des formes bilinéaires. » Ces opérations jouissent de plusieurs propriétés remarquables dont C. P.., 1809, 1" Semestre. (T. CXXVTII, N° 10. - î ( 594 ) nous indiquerons quelques-unes dans la présente Note (*), après avoir rappelé la signification de certaines notations adoptées dans le calcul des substitutions linéaires. » 1. Par la composition ordinaire des formes bilinéaires, considérée d'abord par M. Frobenius (2), en partant des deux formes A, = la'ij.xliiJ, Aa = la'jXiUj (i,j = i, 2, .. ,,m), on obtient comme résultat la forme A< A* = 2, ôïï; ôt; -=:LaigagjxiaJ (g^'J^1'* m)- De même, en posant A = S^a^u,-, E == 2 #,«,-, on a AE = EA = A. Dans cette théorie, on considère aussi les formes A* = AA, A3— A3 A, .... et, en général, des fonctions entières (y, E.E|=nti(Ç4 + 0-^. |A.À-XË.E| = n[;,.;i- à], |2A2.E- 2A.A-XE.EI =n[(^- E,,)2 - X]. 1 On voit par la que |A.A| = | A|- et que |Aa. E — A.A| est le discrimi- nant de l'équation | A — >\E| = o. » Des propriétés analogues ont lieu pour les formes ?'(A,A, ...,A) = 2• Si l'on considère une fonction entière m(Y , £C ?P«o et que l'on pose «p'i \,U). 2cpffAPx B°, l'équa ùm |o'( A, B) — XE X F| = o a pour racines les mn valeurs que prend l'expression ç ( '£,-, r,/, ) pour les diras couples de racines des équations |A — •XEl = U(li - X) — o e* | B - XF | = n(r,A - X) = o. » On a, en particulier' ('), |Ax B- XEx F| ll(;,r.„ -X), | A x F — E x B - XE x F | = U(l( - r,k - X). On retrouve ainsi la relation | A x B | = | A |" | B \'n, due à M. Kroncdter, et l'on voit que |A X F — E X B| est le résultant des deux équations |A - XEj = o et |B- XF o. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Su/ li nature arithmétique du nombre e. Note de M. Emile Borel, présentée par M. Picard. u 1. Désignons par P(.r) un polynôme irréductible, de degré n, à coef- ficients entiers et par /; et q deux entiers premiers entre eux. Il est clair que l'on a P( - ) = — > A étant un nombre entier essentiellement différent i ' i fous avons ; onné la première de ces formules dans une Noie qui va paraître dan le Giornal • atem Uicl'u . ( 597 ) de zéro, et cette simple remarque a conduit Liouville à des conséquences importantes relativement à l'approximation des nombres algébriques par des nombres rationnels. On peut aisément étendre ces considérations à l'étude de l'approximation des nombres algébriques par des nombres algébriques; il suffit de remarquer que le résultant de deux polynômes à coefficients entiers est un nombre entier et que, par suite, si les deux polynômes sont irréductibles, la valeur absolue du résultant est au moins égale à un. Considérons dès lors un nombre algébrique a. racine d'une équation irréductible de degré n, et cherchons à déterminer les coefficients (entiers) d'une équation irréductible de degré r, de manière qu'une ra- cine (3 de cette équation diffère de x d'une quantité moindre que le nombre positif donné e. Nous serons obligé de prendre les coefficients d'autant plus grands que e sera plus petit; le résultat que nous voulons énoncer est le suivant : a et r étant donnés, la somme des valeurs absolues des coefficients est constamment supérieure à Me-11, M et y. étant des nombres fixes qu'il serait aisé de calculer. » Le théorème de Liouville est relatif au cas oùr=j; \j. est alors égal à -• On pourrait aussi supposer r variable; il faudrait alors, au lieu de considérer la somme des valeurs absolues des coefficients, considérer cette somme augmentée de r, ou d'une fonction positive de /', et l'on aurait des théorèmes analogues. » 2. On sait, depuis la publication du Mémoire célèbre de M. Hermite, que le nombre e ne peut être racine d'une équation algébrique à coeffi- cients entiers. On peut se proposer d'approcher du nombre e, soit par des nombres rationnels, soit par des nombres algébriques de degré déterminé. On trouve ainsi des résultats qui, sans être identiques à ceux que nous venons de rappeler, leur ressemblent beaucoup et établissent ainsi un rapprochement curieux entre le nombre e et les nombres algébriques. » Reprenons, pour fixer les idées, le polynôme irréductible P(a-), de degré n, à coefficients entiers. Si l'on pose, avec M. Hurwitz (Comptes rendus, i8o,3), f(x) = '<> - *y- ■ • o - x)"' F(a?) = i (x) -*-/'(*)+/*(*) +.-.. v(x) = ;.:„-)- cMx- + CoX-! + ...+ cnscn, on obtient F(o)P(e) = A+'e„ ( 598 ) A étant un nombre entier essentiellement différent de zéro, et ip tendant vers zéro lorsque p augmente. » Cette formule est tout à fait analogue à celle que nous avons rappe- lée q"V(-\ =À. Il s'agit seulement d'évaluer l'ordre de grandeur de F(o), lorsque p est pris assez grand pour que \ip\ soit inférieur à un nombre plus petit que un, de manière que | A -+- ip | soit supérieur à un nombre assignable. M. Hurwitz prend pour p un nombre premier plus grand que C0 et que n; on constatera aisément qu'il suffit que p soit plus grand que n et premier avec C0. Si l'on suppose que les nombres C aug- mentent indéfiniment, et que l'on cherche à prendre p le plus petit pos- sible, le cas le plus défavorable est évidemment celui où C0 est le produit 2 . 3 . 5 . 7 . 1 1 . i3 ... ^ de nombres premiers se suivant dans l'ordre na- turel, à partir de i. Il faut alors prendre pour p un nombre premier supé- rieur à q. La valeur de p fournie par cette considération satisfait d'ailleurs, lorsque C0 est assez grand (n est fixe), à la condition que nous avons énon- cée relativement à ip. On est ainsi conduit au résultat suivant : » Le nombre n étant donne, si l'on cherche à déterminer les cocjficienls du polynôme P(a?) de manière que P(e) soit inférieur à t, la somme de leurs va- leurs absolues est constamment supérieure à Me-"1, M étant un nombre fixe et p. défini par la relation - = log log - • (M et k sont des constantes. ) On voit que ce résultat se rapproche de celui que nous avons énoncé pour les nombres algébriques, bien qu'ici [/., au lieu d'être constant, tende vers zéro avec e ; mais la décroissance de \j. est infiniment moins rapide que celle de z. » 3. Il serait aisé de généraliser ce résultat, et d'énoncer des proposi- tions applicables à tous les nombres algébriques en e, c'est-à-dire racines d'équations dont les coefficients sont des polynômes en e à coefficients en- tiers. Il y aurait lieu de chercher à les étendre aussi dans la direction qui est naturellement suggérée par la lecture du beau travail de M. Lindcmann et du Mémoire de Weierstrass (Sitzungsberichte der lierliner Académie. i885). » 4. On remarquera, sans qu'il soit nécessaire d'y insister, la relation qu'il y a entre les résultats ici obtenus et les sujets de recherches que j'ai indiqués dans une Note récente. Des considérations analogues aux pré- cédentes s'appliqueront toutes les fois que l'on aura prouvé qu'une équa- tion ne peut avoir lieu, en s'appuyant sur ce qu'un nombre entier non nid diffère de zéro d'une quantité finie. En étudiant de près la démonstration, ( 599 ) on constatera que, non seulement elle prouve que le premier membre de l'équation considérée diffère de zéro, mais qu'elle donne de plus une limite inférieure de cette différence. » GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Sur les réseaux conjugués dont les courbes d'un système sont des géodésiques.'Nole de M. C Guichard, présentée par M. Darboux. « J'appelle réseau G un réseau composé d'une série de géodésiqucs d'une surface et de leurs courbes conjuguées; soient alors u et v les para- mètres qui définissent les courbes du réseau; les courbes v = const. étant les géodésiques; xt, x.,, x3 les coordonnées rectangulaires d'un point du réseau; x,, x2, x3 sont solutions d'une équation de la forme v ' > du àv du v do Cette équation admet une quatrième solution E, telle que dx] -+- dx2 +- dx\ 4- de,2 = l2 dv2 . Cette propriété caractérise les réseaux G. » J'appelle congruence G toute congruence parallèle à un réseau G; une congruence G est formée par les tangentes à une série de lignes de courbures d'une surface. Soient X,, X2, X3 des quantités proportionnelles aux cosinus directeurs d'une droite qui décrit une congruence G; soit (2\ ^-L^l^_(_-__+R0 v ' Ou de h d- du l du dv l'équation de La place qui admet comme solutions X,, X2, Xs; on aura X;4-X;;-+-X; = /2V2, V étant fonction de v seul. » D'une manière générale, un réseau pG est l'un des réseaux focaux d'une congruence /;0; une congruence pG est formée par les tangentes à un système de courbes d'un réseau pO. » Toute congruence parallèle à un réseau p G est pG et inversement. » Voici les propriétés qui caractérisent ces réseaux et ces congruences : » L'équation (i), à laquelle, satisfont les coordonnées a?,, ar2, x3 des points ( 6oo ) d'un réseau pG, admet en cuire p solutions £,, E._>. . . . , lp, tel/es que p dx\ i- dœ\ h- dx\ \- ^ d\r; = /2 rfip2. i » L'équation (2), à laquelle satisfont les paramètres directeurs X,. X2, X, r/r.v droites d'une congruence pG, admet en outre p — 1 solutions, Ç,, Es. ... » J'appellerai congruence II une congruence dont l'un des réseaux focaux est un réseau C; d'une manière générale, une congruence pli est une congruence dont l'un des réseaux focaux est pC; de même un réseau pR est l'un des réseaux focaux d'une congruence pC » Toute congruence parallèle à un réseau pR est pU et inversement. » Considérons une congruence H dont les réseaux focaux sont les réseaux (M) et (F); le réseau M étant le réseau C. Ce réseau (M) est applicable sur un réseau M' ; à la tangente MF correspond une tan- gente M' F' qui décrit aussi une congruence H; appelons (F') le second réseau focal de cetle congruence. Les longueurs MF et M'F' sont égales; prenons sur ces droites des longueurs égales MN, M'N': désignons par Y,, Y2, Y, les coordonnées de N, par Y',, Y'.,, Y'3 celles de N'; on aura, en sup- posant cpie MF soit tangente aux courbes de paramètre v du réseau (M), y f^LV— y (ÇH-Y v <]1 ^Y — y dY' dT 2* \d('J ~~ 2a \ dv / Jimà du dv " 4-à du dv ' » Enfin, si l'on désigne par Z,, Z.,, Z3 les coordonnées de F, par Z'(, Z',, Z, celles de F', on aura ,.,. \ 2d\di>) -ilji'j' Zàdu. dv~~2idu dt>' » Il en résulte que, sur les surfaces F et F', les courbes correspon- dantes de paramètre u ont même longueur et môme rayon de courbure aux points correspondants. » Réciproquement, si deux réseaux F et F', qui correspondent à la même équation de Laplace, satisfont aux conditions (3), les tangentes ( 6oi ) aux courbes de paramètre m engendrent des congruences H; les seconds réseaux focaux de ces congruences sont applicables l'un sur l'autre. » En vertu de la loi de parallélisme des réseaux et des congruences, il suffit d'indiquer les propriétés des réseaux. Voici ces propriétés dans les cas les plus simples : , r, , . { i série de coneruences G / Congruences harmoniques. < . _ Réseaux G. ( les autres sont 2G ( Congruences conjuguées . . | congruences II 12 séries de congruences G oo1 2G lesautres 3G „ . . ( 1 congruence Congruences harmoniques. ' , TT 1 | les autres 2 H 1 oo1 séries de congruences 2 G Congruences harmoniques. ' crJ 3G ( les autres . 4G Réseaux 3 G. < u «r 2 congruences H Congruences conjuguées . . •! oo1 2 H ( les autres 3 H ico1 congruences C ce2 2 G les autres 3G ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur certains systèmes d'équations de Laplace. Note de M. Tzitzéica, présentée par M. Darboux. (0 « Étant donné un système de — i— - équations de la forme ) d^Wk ~ aih dp, { (i=£k=l,2 il). »w*+bik* supposons qu'il admette n + 2 solutions liées par une relation quadratique. Nous nous proposons de déduire de (1) d'autres systèmes qui aient la même propriété. Remarquons qu'en utilisant une des n -\- 2 solutions on peut rendre bih = o et dire que le système ainsi réduit (L) Pi dp,- ' d'où l'on déduit immédiatement que z2t -+- s2 -+-... -+- z2a — R'2 satisfait au système (L'). Il nous reste à faire voir que R' est aussi une solution du même système. Pour cela nous remarquons que l'on a ( >• ( 6o5 ) N étant une quantité fixe, on ne fait nulle autre hypothèse ni sur l'exis- tence, ni sur la nature des fonctions y- > y^ pour un ensemble de points dont l'étendue superficielle soit o. Un tel changement n'affectera pas non plus la valeur de l'intégrale / P dx -f- Q dy. Nous pouvons donc énoncer le théorème de Greene comme il suit : » Soient P et Q des fonctions uniformes et continues des variables réelles x et y ; admettons que, sauf, peut-être, pour un ensemble de points àP dO d'étendue superficielle o, les fonctions —, — existent et satisfont l'équa- tion - - = -~, tout en satisfaisant la condition (2) dans le domaine oy ox x y entier (D); si, de plus, -— (et, par suite, — - j est intégrable dans ce domaine; alors l'intégrale jPdx-hQdy formée le long du contour de (D) s'évanouit. » On peut aller plus loin. En effet, l'intégrale double qui figure dans (1) aura encore un sens si l'une des fonctions -. -, -^, ou toutes àeux étaient oy ox infinies en des points ou sur des lignes isolées; ceci, à cause de la continuité des fonctions P et Q dans le domaine entier. Il s'agit donc de trouver le système le plus général de points qui soit réductible à des points et lignes isolés. Or on sait, d'après M. G. Cantor, qu'un ensemble linéaire E de points est réductible (c'est-à-dire réductible à des points isolés) s'il existe un nombre fini ou transfini = o, nous dirons que l'ensemble E est réductible. » Cela posé, il est aisé de" voir que le théorème de Greene subsiste encore si l'on ne sait rien sur l'existence ou la nature des fonctions 3— , ~- en des points ou sur des lignes formant un ensemble réductible. » D'ici au théorème de Cauchy il n'y a qu'un pas. On arrive donc au ré- sultat suivant : » SoitJ(z) = u + iv une fonction uniforme et continue de la variable com- ( 606 ) plcxe z dans un domaine simplement connexe (D); admettons que, sait f peut- être pour un ensemble de points d'étendue superficielle o, la fonction dérivée /"'(s) existe dans ce domaine; admettons, de plus, que sauf peut-être pour un ensemble réductible, \f (s) K N ; enfin si les fonctions -r- et y- sont toutes deux intégrables dans toute part de (D) qui ne contienne les infinis de ces fonctions ; alors l'intégrale ( f(z) dz le long du contour de (D) s'évanouit. » En particulier, pour démontrer le théorème de Cauchy il suffit d'ad- mettre que f'(z) soit continue dans (D), sauf, peut-être, en des points ou sur des lignes formant un ensemble réductible, où nulle hypothèse sur l'existence ou la nature de ^'(z) n'est nécessaire. » PHYSICO-CHIMIE. — Sur une relation simple donnant le poids moléculaire des liquides en fonction de leurs densités et de leurs constantes critiques. Note de M. Daniel Bertiielot, présentée par M. H. Becquerel. « Les idées actuelles sur la continuité de l'état liquide et de l'état gazeux entraînent cette conséquence que le poids moléculaire des fluides se rattache à leur densité par une relation commune aux liquides et aux gaz. » J'ai calculé dans une Note précédente cette relation en partant de l'équation de Van der Waals ('). Cette méthode directe donne de bons résultats, non seulement qualitatifs, mais encore quantitatifs, pourvu qu'on se limite à la région du plan où les isothermes déduits de l'équation de Van der Waals coïncident avec les isothermes expérimentaux. C'est ce que je montrerai ultérieurement. » Mais je crois intéressant de signaler d'abord une formule très simple applicable (') Les raaxima et les minima des courbes correspondent aux températures d'inversion de l'effet de Joule et Lord Kelvin. Sous de faibles pressions le maximum de c„, aurait lieu pour T = 6,75TC, c'est-à-dire à — io° pour l'hydrogène et 4-620° pour l'air si l'équation de Van der Waals était rigoureuse; mais, comme je l'ai fait remarquer, la courbe calculée présente un retard sur la courbe expérimentale. L'allure des isothermes de l'hydrogène observés par M. Amagat entre o° et ioo° montre que ce gaz à o° a déjà dépassé notablement le maximum de vm et conduit à placer ce maxi- mum au voisinage de T = 5TC, c'est-à-dire +392° pour l'air et — 78° pour l'hydro- gène; ce qui s'accorde bien avec les températures d'inversion -t-36o° (air) et — 79° (hydrogène) que l'on déduit des formules par lesquelles M. Rose Innés {Philos. Mn^az., t. XLV, 1898) a représenté les expériences de Joule et Lord Kelvin. ( 607 ) spécialement à l'état liquide et basée sur deux lois importantes, établies expérimenta- lement la première par M. Sydney Young, la seconde par M. Mathias. » En premier lieu, il existe au point critique un rapport constant, indépendant de la nature des corps, entre le volume réel cc d'un fluide et son volume théorique (') (calculé en le supposant à l'état de gaz parfait). J'adopterai pour cette constante la valeur — calculée d'après les expériences de M. Amagat sur l'anhydride carbonique. Dès lors sachant que i molécule de gaz parfait (dans le système de poids moléculaires qui a pour base 02= 32) occupe 22lil,4i à o° et i atmosphère, désignant par M le poids moléculaire d'un corps, par dc sa densité critique rapportée à l'eau à 4°> par Pc la pression critique évaluée en atmosphères, par Te la température critique absolue (') M= r-| x 22,4 x — ^ x -• 3,o 273 pc » D'autre part, M. Mathias a établi comme conséquence de la loi du diamètre rec- tiligne que, pourvu que la température ne soit pas trop voisine de la température cri- tique, il existe, entre la densité critique de et la densité d'un liquide d prise à la température T, la relation approchée (2) dc = T x c » En combinant les relations (1) et (2), on obtient une relation simple (3) entre la densité d d'un corps liquide à la température T et sa densité à l'état gazeux parfait, c'est-à-dire son poids moléculaire M (3) M = ii,4tf- -S) » Le Tableau suivant contient la comparaison des poids moléculaires de divers corps calculés par la formule (3) avec les poids moléculaires théoriques qui résultent de la formule chimique. (') On peut démontrer que, pour qu'il en soit ainsi, il suffit que l'équation caracté- ristique f(p, v, t) = o ne contienne pas plus de trois constantes spéciales au corps étudié (ce qui revient à dire qu'elle obéit à la loi des états correspondants), étant admis d'ailleurs (ce qui résulte de la loi d'Avogadro regardée comme loi limite) qu'elle tend à pression décroissante vers la forme limite pv= RT, R étant une con- stante commune à tous les corps pris sous le poids moléculaire. (2) Il existe un certain nombre de liquides dont on connaît la densité et la tempé- rature critique, mais non la pression critique. Cette relation permet de calculer leur pression critique, pourvu qu'ils ne soient pas polymérisés. M. d. Azote \/ o,885 Oxygène O2 i . 17S Cyanogène C'Az 0,866 Anhydride sulfureux SO2 t,5i 3 Éther C4II10O 0,720 Tétrachlorure de carbone ... . CCI' i,63o Chloroforme CHC13 i,5a6 Sulfure de carbone CS2 1 ,2g3 Chlorure de germanium GCI'' 1 ,887 Chlorure d'étain SnCl4 2,279 Chlorure d'éthyle C2H5C1 0,926 Chlorure d'éthylène C2I1VC12 1,281 Chlorure d'éthylidène id. 1 ,204 Benzène C6H6 0,899 Benzène monochloré C6HSCI 1,1284 Benzène monobromé C6H5Br 1,5177 Benzène inonoiodé C6HSI 1 ,83io Benzène monofluoré C°1PF1 i,oa36 Ammoniaque AzH3 0,635 Méthylamine CH5Az 0,699 Dimélhylamine C6H5Az 0,6865 Trimélhylamine C'IPAz 0,662 Éthylamine C2H7Az 0,6964 Diéthylamirie CiH11Az 0,711 Triéthylamine C6H15Az 0,728 Propylamine C3H9Az 0,728 Dipropylamine C6H15Az 0,756 Formiate de méthyle C2H402 i,oo32 Formiate d'éthyle'. C3H602 0,9480 Acétate de méthyle id. 0,9693 Formiate de propyle C4H802 0,9287 Acétate d'éthyle id. 0,9243 Propionate de méthyle id. 0,9387 Acétate de propyle C5H10O2 0,9101 Propionate d'éthyle id. 0,9124 Butyrate de méthyle id. 0,9200 Formiate d'isobutyle id. 0,9060 Valérate de méthyle CcH1202 0,909 Butyrate d'éthyle id. 0,899 Isobutyratc d'éthyle id. 0,890 Formiate d'amyle id. 0,902 Acétate d'isobutyle id. 0,892 \<-idc acétique ^H'O2 1,080 Alcool mélhylique CH*0 0,796 Alcool éthylïque C2H60 0,789 Alcool propylique C3H80 0,788 Eau U-O 0,999 cal- rfe(calc). culé. théo- rique. 194,4 i85 '7 — 3o i.j o o o 18 o o o o o o o 20 1 io,8 5,8 5 , 2 8 j "> 20 o o o o o o o o o o 0 o o o o o o o 20 •M .6 16 -i46 -118 124 i.)6 195 263 268 272 277 3'9 182,5 288,4 25o 288,5 36o 397 448 286,5 i3o i63 i6o,5 '77 216 259 218 277 212,0 2";3, 1 232,9 260,8 249,5 255,7 276,3 278,0 278,2 293,7 292,8 280,4 3o2,6 288,3 nlin 33 0,320 50 n5 72 56 4' 66 4o 3o 0,1 28,1 29,0 0,241 1 1 . ■ -, . ) > .1.-17 0,242 o, 253 0,252 0 , '."> 1 5o 0,262 3i 0,262 61.6 o,36i 49.2 0,3.4 4;, 5 0,329 42.7 0,3l2 39,6 o,3i4 39,9 o,3i6 34.8 o , 3o3 34,6 o,3o.'| 109,2 36.0 o,3o6 106,8 38.3 o,3oo 98,6 3i ,5 o,3oo 122,7 3o,2 0,296 126,2 30. 1 0,296 123,6 34,i 0,296 1 i3,7 3i . '1 o, 296 ia5, ! '9,2 34,1 43,9 58,5 39,3 70,2 101 ,4 56,5 101,7 64,8 76,0 80,0 89,0 96,3 109,0 28 32 52 64 74 53, S "9,4 76 61,7 o,3/,i 79 0,627 65'1 36,5 0,261 76,1 45 0,542 162,3 54,9 o,5io ii4,6 72,9 o,43i 73,4 38, o 0,641 211,7 2 '4 3g,6 0,741 252,4 260 54,o o,33o 63,5 64,5 53,o o,'|.>.3 102,2 99 5o 0,406 97,2 99 17, ,'|0. 73,48; S, 26, 5l, !(i, 4~\ calculé pour Tu S! : Tu. ~\ , 19 ; S, >5,8f . ( 6n ) insolubles dans l'eau, s'écrasant facilement sous le doigt, tachant le pa- pier comme la plombagine. Sa densité, prise dans l'eau à -+- io°, nous a donné le chiffre 7,5. » L'action de la chaleur est particulièrement intéressante : chauffé au contact de l'air, on sait qu'il brûle; mais, à l'abri de l'air, nous avons pu le chauffer au four à vent, à la température du ramollissement de la por- celaine, sans qu'il change de composition (' ). Au four électrique à tube, il perd du soufre sans fondre : après trois minutes de chauffe à 900 am- pères sous 5o volts, il en contient encore; ce n'est qu'en répétant, sur le même produit, deux ou trois opérations semblables qu'on le désulfure complètement pour arriver au métal. » L'hydrogène ne le réduit pas vers 6oo°; la réaction ne commence que vers 8oo°. » Les halogènes fluor, chlore, brome donnent : le fluor, à la température ordinaire, un fluorure, avec incandescence; le chlore, l'hexachlorure ('-) très facilement vers 4oo° ; le brome ne réagit que très difficilement vers 7000 pour donner un composé qui contient du soufre. » Le gaz chlorhydrique n'a pas d'action, de même que les acides fluorhv- drique, chlorhydrique, azotique en solution aqueuse. » Le mélange des acides fluorhydrique et azotique attaque rapidement le bisulfure pour donner une solution limpide, l'eau régale l'oxyde quelques fois difficilement. Les alcalis, les carbonates alcalins, les mélanges d'azotate et de carbonate alcalins fondus, le dissolvent facilement. » En résumé : L'étude de l'hexachlorure nous a permis de donner une nouvelle méthode de formation du bisulfure de tungstène pur; une modifi- cation de la méthode de M. Riche nous a permis d'en obtenir de grandes quantités et de pouvoir étudier ses propriétés chimiques dont deux sont particulièrement intéressantes : action de la chaleur et action du chlore. » (')Le produit perd une petite quantité de soufre qui est en excès et donne les chiffres suivants: Tu, 73,89; 26,01 . Calculé pour Tu S2 :Tu, 74, 19; S, 26,81 . 11 a, en outre, perdu la propriété de tacher fortement le papier; son aspect a été aussi légère- ment changé. (2) L'hexachlorure ainsi obtenu est exempt de soufre; c'est donc une méthode très lacile de préparation de ce composé. ( 6ia ) chimie organique. — Action de l'aldéhyde formique sur le menthol et le bornéol. Note de M. Andké Bkochet, présentée par M. Arm. Gautier. « L'aldéhyde formique se combine aisément avec les alcools en pré- sence d'acide sulfurique ou chlorhydrique pour donner des formais. Cette réaction, qui s'effectue très bien avec les alcools de la série grasse et certains phénols, a été étendue aux glycols, et récemment M. Verley (Comptes rendus, t. CXWI1I, p. 3i4)» en faisant agir sur le phénylglycol, en présence d'acide sulfurique, la formaldéhyde, a pu reproduire le prin- cipe odorant de l'essence de jasmin. J'ai obtenu, il y a quelque temps, la combinaison de l'aldéhyde formique avec certains alcools de la série téré- bénique, notamment le menthol et le bornéol. Les formais obtenus sont de la forme générale CH2 (OR)2. » Le format dimentholique CH2 (OC10 II'9)5 est un corps solide, blanc, d'une odeur spéciale peu agréable, ne rappelant nullement celle du menthol. 11 est insoluble dans l'eau, très soluble dans l'éther et le benzène. Sa solubilité est relativement faible dans l'alcool froid, mais il se dissout en grande quantité dans l'alcool chaud. Il cris- tallise de ces solutions alcooliques en longues aiguilles fines et soyeuses, excessive- ment légères, se feutrant facilement. » Le point de fusion de ce corps est de 56°, 5. 11 distille à 337° sous la pression ordinaire, en se décomposant d'une façon insignifiante; il distille très bien sous pres- sion réduite sans décomposition. [Analyse: C = jj, 5; H=i2,a. Théorie: 0 = 77,8; H =12,3). « Le format dibornéolique Cll2(OC"Jll17)2 est un corps solide blanc, dont l'odeur rappelle celle du bornéol, peut-être par suite de traces de ce composé restant dans le produit obtenu. Cependant de nombreuses cristallisations et distillations n'en onl pas modifié l'odeur qui est vraisemblablement propre à ce produit. » Très soluble dans l'éther et le benzène, le formai dibornéolique cristallise dans l'alcool en lamelles nacrées. Il est fusible à 1660 et distille sans décomposition sous la pression ordinaire à 344°-345°. (Analyse: € = 78,6; H=u,24. Théorie : C = j8,j5; H = n,25). » Wurtz avait remarqué la résistance des acétals à l'action de l'eau et des alcalis, et j'ai pu vérifier ce fait pour des composés du type acétal dérivant des aldéhydes a-chloropropionique et a-chlorisobutyrique. Ce- pendant la régénération de l'aldéhyde et de l'alcool, par l'action de l'eau et des alcalis sur différents formais, a été signalée à diverses reprises. Je n'ai pu constater celte décomposition dans les produits que j'ai préparcs. ( 6.3 ) En les chauffant avec de la soude, en présence de résorcine, il n'y a au- cune coloration rouge et, par conséquent, il ne se fait pas d'aldéhyde for- mique, même à l'état de traces. L'eau et la soude à i5 pour ioo n'ont également aucune action en tube scellé à i5o°. » J'ai essayé de préparer également les dérivés méthyléniques du linalol et du géraniol, mais sans avoir pu réussir jusqu'ici par suite de l'action de l'acide chlorhydrique sur ces alcools. » CHIMIE AGRICOLE . — Dosage du cuivre et du mercure dans les raisins, les vins, les lies et les marcs. Note de MM. Léo Vignon et Barrillot. « On emploie diverses solutions métalliques pour combattre les maladies parasitaires de la vigne. Par suite, le dosage du cuivre et du mercure dans les raisins, les vins, les lies et les marcs, constitue un problème analy- tique spécial, dont la solution peut présenter quelque intérêt. /. Nous avons l'honneur de présenter à l'Académie la méthode qui nous a permis de doser de très petites quantités de ces deux métaux. Voici d'abord les principes appliqués : » 1. Laver les raisins, les marcs, les lies, d'abord avec de l'eau distillée (a) qui entraîne les combinaisons métalliques solubles dans l'eau, puis avec une solution aqueuse d'eau régale à 10 pour ioo (b), oxydant et solubilisant les métaux existant sous forme insoluble. » 2. Précipiter les liqueurs ainsi obtenues, ou le vin lui-même, préalablement amenés à réaction acide, par un courant d'hydrogène sulfuré. » 3. Recueillir sur un filtre les sulfures formés : on obtient ainsi, si le cuivre et le mercure sont présents, un précipité qui contient tous ces métaux à l'état de sulfures. » 4. Le précipité précédent est traité par l'acide nitrique bouillant, qui dissout le sulfure de cuivre : ce métal est ensuite dosé électrolytiquement dans la solution, sui- vant la méthode connue. » 5. Le précipité, débarrassé de sulfure de cuivre, est traité par l'eau régale qui dissout le sulfure de mercure. Le mercure est dosé colorimétriquement dans la solu- tion, suivant la méthode indiquée par l'un de nous (Comptes rendus, i3 mars i8o,3). » Par application de cette méthode, il est possible de doser le cuivre et le mercure, dans un vin, par exemple, qui renferme par litre moins d'un milligramme de ces métaux. Les métaux, en effet, étant précipités sous forme de sulfures, en partant d'un volume de liqueur aussi considérable qu'on le veut, ces sulfures peuvent être ensuite dissous dans des quantités très réduites de dissolvant. ( fii4 ) » Expériences justificatives. — Dans deux échantillons de illt de vin exempt de cuivre et de mercure, nous avons dissous : Trouvé. Différence. er nr gr (a) 1 0,1 cuivre à l'état SO*Cu 0,0992 Cu — 0,0008 •2 0,01 id. 0,009761 h — 0,00024 (h) 1 0,01 mercure à l'état Hg Cl' 0,0098 llu — 0,0002 » 3''1 de vin exempt de cuivre et de mercure ont été additionnés de Trouvé. DifTéi e (r cr cr 1 0,1 Cu à l'étal SO'Cu 0,0978 Cu — 0,0022 o,i H g Cl2 0,101 HgCP +0,001 2 0,1 Cu à l'état SO'Cu 0,0984 Cu — 0,0016 0,001 HgCl2 0,00097 H g Cl2 — o,oooo3 3. 0,001 Cu en SO'Cu 0,0008 Cu — 0,002 0,1 M g CI2 0,0960 HgCl' — o,oo4 » i,u de vin exempt de cuivre et de mercure a été additionné de osp,ooi fer(SOFe) osr,ooi Hg(HgCI') os^ooi Cu( SO'Cu) trouvé : o fer ob'',ooio4 Hg osr,ooi Cu » Mode opératoire. Préparation des solutions : a. Solution aqueuse. — Les raisins sont mis à baigner dans l'eau distillée froide, en s'aidant au besoin d'une brosse douce ; les marcs, les lies sont traités également par l'eau distillée; il suffit d'une digestion d'une heure dans une quantité d'eau suffisante pour baigner complètement la substance épuisée. Le traitement est répété deux ou trois fois. Le vin est liltré, la lie recueillie sur le filtre est traitée par l'eau. » b. Solution dans l'eau régale. — Les raisins, marcs, lies, lavés à l'eau et égouttés, sont mis à digérer dans l'eau régale à 10 pour 100 (1 partie mélange, 3 parties HC1 à 22", 1 partie AzOHI à 36°, 9 parties d'eau), à froid pendant douze heures. Ce traitement est répété deux fois et donne les liqueurs B. » Précipitation par l'hydrogène sulfuré. — La solution aqueuse, ou le vin, acidulée avec 1 pour 100 d'eau régale est soumise à l'action d'un courant de I12S en excès. Les liqueurs B sont additionnées de soude, de manière à saturer seulement lés -^ de leur acidité, et soumises à l'action d'un courant de II2S en excès. » Traitement du précipité. — Les précipités sont recueillis par Glt ration, repris avec le filtre par 4o"' ou 50™ d'acide nitrique bouillant (cinq minutes) ; la liqueur est étendue d'eau ioocr, refroidie, filtrée, évaporée à sec; le résidu est repris par 60" d'eau acidulée à 10 pour 100 Az03II, la liqueur est soumise à l'électrolyse dans l'ap- pareil de Riche, le cuivre est pesé directement. » Le sulfure de mercure restant après dissolution du sulfure de cuivre est traité par 4o''"-5occ d'eau régale pendant quinze minutes à 80"; on étend d'eau, on fillre, on neutra- lise presque complètement par Azll3 en laissant subsister cependant une réaction acide ; pui^ on amène à un volume déterminé et Ton examine comparativement au colori- ( 6i5 ) mèlre avec une solution fraîche de HgCI2 de richesse connue, suivant la méthode Vignon {Comptes rendus, i3 mars i8g3). » La méthode permet de déceler le mercure dissous à 3|)U'0U1) : si la liqueur a un volume de 200" pour iUt de vin, la limite devient )5J000 et permet de doser omB,G6 par litre. Pour obtenir ce résultat, l'œil doit être exercé; les comparaisons colorimétriques doivent être rapidement faites avant que le soufre ne commence à se déposer. » CHIMIE AGRICOLE. ■- Contribution à la recherche des formes et des conditions sous lesquelles le chlore du sol pénètre ordinairement dans les végétaux ter- restres. Note de M. P. Picharo. (Extrait.) « Le chlore est ordinairement dans le sol à l'état de chlorure de sodium. Dans certains terrains, notamment les terrains salés, calcaires et magné- siens, comme on en rencontre beaucoup en Algérie, il se trouve aussi en notables quantités à l'état de chlorures de calcium et de magnésium. Les eaux de ces terrains sont, en même temps, alcalines et renferment du car- bonate de soude, fait que nous avons signalé (' ). » Plusieurs expérimentateurs ont montré que le sodium, à l'état de sel oxygéné, est rare dans les plantes terrestres, et tout récemment M. Berthe- lot a vu que, dans une graminée, la crételle, le chlore est toujours en grand excès par rapport au sodium. » Quant aux formes et aux conditions sous lesquelles le chlore pénètre dans le tabac, les expériences entreprises par nous pourront ajouter une nouvelle contribution à ces recherches. » Deux variétés de tabacs ont été employées : graine d'Alsace, fournie par l'Admi- nistration, et graine d'Amérique, White Burley (Kentucky). Cinq séries d'essais. <> A. Sols artificiels (sable siliceux blanc de verrerie) chargés de chlore (de o8r, 5 à 28r pour ik6) : i° engrais organiques; 2° nitrates. » B. Sols artificiels, pauvres en potasse, peu chargés de chlore : 1° engrais orga- niques; 2° nitrates. » C. Sols artificiels, riches en potasse, peu chargés de chlore : i° engrais orga- niques; 20 nitrates. » D. Sols naturels (terre de champ) pourvus de potasse et d'azote organique, peu chargés de chlore. Addition de nitrates. (') Comptes rendus. 4 décembre 1876. 616 ; Dans ces quatre séries, la végétation a eu lieu à la lumière solaire. » E. Sols naturels pourvus de potasse et d'azote, peu chargés de cldore. Addition de nitrates. Lumière diffuse. » F. Échantillons de tabacs cultivés en pleine terre par des planteurs, sur divers terrains calcaires meubles, chlorurés (osr.'?8 à of, 7 de chlore pour iks), ayant fourni une mauvaise combustibilité. » Tous les échantillons de tabacs renferment du chlore. Dans des sols meubles, peu chargés de chlorure de sodium, tout le chlore disponible est absorbé par le tabac. » En général, toutes choses égales d'ailleurs, la proportion de chlore dans le tabac augmente avec la proportion de chlore dans le sol. » Dans le tabac, les seuls chlorures qui soient en quantités appréciables, sont les chlorures de potassium et de sodium. Les Tableaux de nos analyses montrent que le chlore se trouve, pour la plus grande part, sinon la totalité, à l'état de chlorure de potassium. Quand la potasse augmente dans le sol, le chlore augmente dans le tabac. Le tabac peut renfermer des quantités relativement considérables de chlorure de potassium : dans les feuilles jusqu'à 11,10 et 1 1 , 23 pour 100; dans les tiges les pro- portions sont moindres; dans les racines, moindres encore » Dans les terrains chlorurés, le tabac est un véritable accumulateur de chlorure de potassium ; il \ détermine un puissant drainage de la potasse à cet état. » Le chlorure de potassium entre-t-il tout formé dans la plante, ou s'y produit-il, après coup, par la réaction du chlorure de sodium sur les sels de potasse préexistants? » Dans nos expériences, nous avons employé le chlore sous les deux formes de chlo- rures de sodium et de potassium. Nous trouvons que le chlorure de sodium n'entre qu'exceptionnellement dans le tabac; il en faut une forte proportion dans le sol, ï-jL^ environ, pour qu'il y apparaisse. D'autre part, malgré les soins les plus minutieux dans l'analyse, on ne trouve pas, dans le tabac, de soude à l'état de sel autre que le chlorure de sodium; à moins d'admettre que la soude ait été éliminée de la plante, après lui avoir cédé le chlore, ce qui s'accorde mal avec les faits connus jusqu'à ce jour, il faut reconnaître que le chlore se trouve dans la plante à l'état de chlorure de potassium. Comme la réaction du chlorure de sodium sur un sel de potasse amenant la production de chlorure de potassium n'a pas encore été constatée dans un milieu inorganisé, on peut supposer, comme vraisemblable, que cette réaction s'opère au con- tact des racines et que le sel de soude, azotate, sulfate ou autre produit, est immédia- tement rendu au sol, le chlorure de potassium étant fixé dans la plante. » Diminution de la quantité de chlore dans le tabac, avec i augmentation des nitrates dans le sol. — Nous avons montré, dans une précédente Com- munication, que l'acide azotique du sol avait une tendance très marquée à pénétrer dans le tabac sous forme de nitrate de potasse et à y entraîner, ( 6l7 ) à cet état, la potasse, même peu assimilable, telle que celle des argiles et de divers silicates (' ). » En présence du chlore du sol qui, de son côté, tend à entrer dans la plante, sous forme de chlorure de potassium, l'acide azotique des nitrates rencontre un véritable antagoniste. L'acide azotique, dont le rôle est utile pour la plante, ne l'emporte qu'à force de quantité. S'il diminue dans le sol, le chlore augmente dans le tabac, et vice versa ». CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Sur la fermentation du galactose. Note de M. Dienert, présentée par M. Duclaux. « J'ai montré dans une précédente Note (Comptes rendus, t. CXXVII1, p. 56y) que la levure cultivée sur le galactose s'acclimatait très vite à ce sucre. » Si, au lieu de cultiver la levure en présence de galactose, on la cultive dans un milieu contenant du lactose, on constate les faits suivants : » Prenons le cas d'une levure ne faisant pas fermenter le lactose. Cul- tivons-la dans un milieu nutritif azoté, additionné de saccharose et de lac- tose en proportions égales. Le lactose reste inattaqué; séparons le liquide de la levure et lavons celle-ci à l'eau distillée stérilisée, de façon à enlever tout le lactose restant. On fait arriver sur celte levure un peu d'une solu- tion de galactose à 10 pour ioo. La fermentation ne se déclare qu'au bout de deux ou trois jours, comme avec la même levure obtenue par une cul- ture en présence de saccharose seul. La levure n'est pas acclimatée au galactose. » Opérons avec cette même levure, mais acclimatée au galactose, par une culture en présence de ce sucre. Transportons-la soit dans de l'eau distillée, soit dans une solution d'un sucre qu'elle ne fait pas fermenter, de lactose par exemple. On enlève le liquide surnageant la levure, après quarante-huit heures de contact, et on le remplace par un peu d'une solu- tion de galactose à 10 pour joo. La fermentation se déclare très rapide- ment, mais le galactose ne fermente pas complètement. La levure a donc perdu de son acclimatation au galactose. La même levure aurait gardé son activité vis-à-vis du galactose si, au lieu de lactose, on lui avait donné un sucre qu'elle pouvait faire fermenter. (') Comptes rendus, 3 septembre 1894. G. K., 1899, ,<■ Semestre. (T. CXXVIII, N° 10.) Si ( 618 ) » Les levures très faiblement actives en présence du galactose, comme le S. Ludwigii, ne peuvent plus, après une macération en présence de lac- tose, arriver à provoquer la moindre fermentation du galactose. » Opérons maintenant avec les levures de lactose et cultivons-les dans de l'eau de touraillons additionnée de lactose. La levure ainsi obtenue, tr.tilée comme les levures précédentes, provoque la fermentation du galac- tose au bout d'une ou deux heures. Ces levures sont acclimatées au galac- tose. Ces mêmes levures de lactose, cultivées en présence d'une solution de saccharose, ne peuvent, transportées sur une solution de galactose, attaquer ce sucre qu'au bout d'un à deux jours. » Le fait que le lactose peut remplacer le galactose quand il s'agit d'ac- climater les levures à ce dernier sucre ne peut paraître trop surprenant, car en traitant la levure d'une manière à peu près semblable à celle que M. Hill a employée pour ses études sur la réversibilité des diastases, on peut obtenir une lactase, peu énergique cependant. » Cette lactase dédoublant progressivement le lactose en glucose et en galactose, la levure arrive à faire disparaître simultanément ces deux sucres et à s'acclimater au galactose. » ANATOMIE ANIMALE. — Sur certaines déformations particulières des hématies des Poissons. Note de MM.. J. Kunstler et A. Gruvel, présentée par M. A. Milne-Edwards. « Dans des conditions encore obscures, et plus spécialement chez des individus ayant déjà atteint un degré assez avancé de décomposition, cer- tains globules sanguins du Merluccius vulgans se présentent avec un aspect spécial. » En puisant du sang dans les vaisseaux branchiaux parmi les éléments dont les altérations ne présentaient rien de remarquable, il existait des hématies pourvues d'une sorte d'axe central plus coloré, entouré d'une masse protoplasmique plus pale et contenant le noyau. La forme générale est allongée, en relation avec la présence de cette partie axiale qui offre soit l'aspect d'un simple repli, soit plus souvent celui d'une véritable baguette interne. » Nul doute ne saurait subsister sur l'identité des globules sanguins ordinaires et de ces éléments particuliers. Leurs dimensions sont absolu- ment concordantes, avec ce correctif que ces derniers sont plus longs, ( 6i9 ) mais plus étroits que les premiers. Les hématies normales ont environ de ii à f2[j. de longueur, alors que les éléments à bâtonnets en présentent de i4 à iSa. L'aspect de leur substance est identique. » On peut observer tous les passages entre les hématies ordinaires et les formes chez lesquelles le bâtonnet axial se montre de la façon la plus évidente. Dans le sang frais, on ne voit rien de ce genre. Puis les globules se flétrissent, forment des replis ou bien présentent un ou plusieurs axes, soit parallèles, soit se croisant à des angles variables. Malgré de multiples dissemblances, il faut, toutefois, constater que les bâtonnets axiaux ont une tendance à affecter une disposition régulière qui ne peut guère être ramenée à un simple repli. Il paraît probable que c'est là le résultat ultime d'une sorte de condensation de l'hémoglobine, qui n'est pas sans pré- senter une certaine analogie d'aspect, avec des formations cristallines intraprotoplasmiques dont nous donnerons la description autre part. » En traitant les globules ainsi métamorphosés par certains réactifs, tels que la potasse, l'ammoniaque, l'acide acétique, ils se gonflent de nouveau et reprennent plus ou moins leur aspect primitif avant de se détruire. C'est l'axe qui disparaît tout d'abord et avec la plus grande faci- lité, ce qui exclut immédiatement toute assimilation possible avec cer- taines formes axiales chitineuses qui se voient autre part. » En effet, dans un Mémoire récent f J. Runstler et A. Gruvel, Sur quelques formations particulières de la cavité générale des Ophélées (Archiv. d'Anat. microsc, novembre 1898], nous avons décrit une singulière forma- tion qui est précisément caractérisée par l'existence d'un axe chiténoïde doué d'une vitalité extraordinaire. » Rien dans les réactions chimiques, dans la valeur morphologique, dans l'aspect, dans la constitution, dans l'évolution et dans toute la ma- nière d'être de cet axe, ne saurait être rapproché de la transformation cadavérique visée plus haut. » Dans une Communication récente [P. Stéphan. Sur des éléments à bâtonnets dans l'organisme d'un Vertébré ( Comptes rendus, 23 janvier 1899] M. Stéphan a cherché à établir une certaine analogie entre la Dumontia ophelianum et des éléments particuliers pourvus d'un bâtonnet axial, qu'il a trouvés « dans la pulpe d'un des rayons cornés d'un arc bran- chial de Merluccius vulgaris ». Si les formes que signale cet auteur n'étaient pas autre chose que nos hématies altérées dont les caractères concordent du reste entièrement avec sa description, l'étude que nous en avons faite ( 620 ) nous permet d'affirmer qu'il n'existe aucune espèce d'analogie même lointaine entre ces deux sortes de formations ». physiologie ANIMALE. — Dr la mue chez les insectes, considérée comme moyen de défense contre les parasites végétaux ou animaux. Rôles spéciaux de la mue trachéale et de la mue intestinale. Note de M. Kunckel d'Her- i i i aïs. présentée par M. Edmond Perrier. < Dans les expériences que nous avons faites en Algérie pour tenter d'infester de jeunes Acridiens (Criquets pèlerins) au moyen de spores du champignon découvert par nous sur les adultes, le Lachnidium Acridiorum Giard, nous avons constaté que les mues répétées de ces insectes, mues s'effectuant, temps moyen, tous les huit jours, s'opposaient à la fixation des spores sur les téguments ('); d'autre part, si l'on tient compte que ce sont souvent les ouvertures stigmatiques qui, chez les adultes, servent de voie de pénétration aux spores, et si l'on veut bien se rappeler que, les spores ayant germé, les ramifications d'un épais mycélium encombrent les troncs trachéens, déterminant des phénomènes d'asphyxie (-), on est obligé de reconnaître que, chez les jeunes Acridiens, le rejet, avec le tégu- ment, de la tunique interne des trachées est un obstacle sérieux à la conser- vation des spores dans le milieu propre à leur germination. » Au cours de la mission que nous remplissons auprès du Gouvernement de la République Argentine, nous avons été à même de faire des observa- tions qui donnent une plus grande portée à ces premières remarques. » En appelant l'attention sur le rôle des pigments dans les phénomènes d'histolyse et d'histogenèse qui accompagnent la métamorphose chez le Criquet pèlerin (Schistocerca peregrma Olivier) (3), nous avons fait ressortir (') J. Kunckel d'Herculais et Ch. Langlois, Les Champignons parasites des Acri- diens (C. /?. de la Sac. de Biol., 9e sur., I. III, p. 490; 20 juin 1891. — Comptes rend us, I. (A III, p. 1 465; 22 juin 1891. — A nu. de la Soc. ent. de Fr., t. LXI) 1891. Bull., t. CVI; 24 juin). (2) A. Giard, Observations sur les Champignons parasites de /'Acridium pere- grinum ( C. R. de la Soc. de Biol., 9e sér., t. III, p. 492; 20 juin 1891). — A. Giard, Nouvelles études sur le Lachnidium A.cridiorum Giard, Champignon parasite du Criquet pèlerin (Rev. gén. de Bot., t. IV, p. 459 et 460; 1892). (3) J. Kunckel d'Herculais, Le Criquet pèlerin, Schistocerca peregrina Olivier, et ( 621 ) qu'à la suite de chaque mue ces Acridiens rejetaient de la matière pigmen- taire avec les excréments, qui se trouvaient ainsi colorés en rose au lieu de demeurer brun verdâtre comme au cours de chacun des stades de leur évolution. Suivant de très près le développement du Criquet du Parana (Schistocerca paranensis Burmeister) pour voir si nous ne découvririons pas quelque particularité qui avait pu nous échapper, nous avons été con- duit à examiner, après l'achèvement de la métamorphose, les premiers excréta; il en est résulté cette constatation, c'est qu'ils étaient chargés comme ceux de l'espèce africaine de granulations pigmentaires rouges; mais cette fois, poussant plus loin l'analvse, l'examen microscopique nous révélait que ces excréta étaient en réalité des sortes de sacs constitués par la cuticule intestinale; ces sacs aussitôt rejetés, plongés dans l'eau distillée présentaient les plus intéressantes particularités; dès l'abord, on les voyait gonflés par de grosses bulles d'air qui les maintenaient en suspension; ces bulles n'étaient autres que les restes des masses d'air qui remplissent le tube digestif pour permettre la métamorphose, ainsi que nous l'avons dé- montré par nos études antérieures ( ' ) ; de plus, au milieu des granulations résultant de l'histolyse des tissus et des granulations de pigment résorbé, on ne tardait pas à apercevoir nombre de Grégarines. Ainsi donc ces Pro- tozoaires étaient rejetés comme des déchets, au même titre que les produits de l'histolyse. On conçoit, d'après cela, que chaque mue est la détermi- nante non seulement de la régénération des tissus normaux, mais qu'elle a encore pour résultat de débarrasser l'organisme des parasites qui causent la dénutrition de ces tissus. » De ces faits, il est à déduire une série de conséquences, les unes d'ordre physiologique, les autres d'ordre essentiellement pratique. En effet, les observateurs, et en particulier M. Louis Léger, qui ont recherché les Grégarines dans le tube digestif des Acridiens (2), s'ils n'ont pas réussi ses changements de coloration. Rôle des pigments dans les phénomènes d'histolyse et d'histogenèse qui accompagnent la métamorphose ( Comptes rendus de la So- ciété de Biologie, 9e série, t. IV, p. 56; 1892. Comptes rendus, t. CXIV, p. 240; Ie* février 1892. Annales de ta Société entomologique de France, t. LXII, Bulletin, p. 25; 1892). (') G. Kunckel d'Heiuxlais, Du rôle de l'air dans le mécanisme physiologique de l'éctosion des mues et de la métamorphose chez tes insectes orthoptères de la fa- mille des Acridides {Comptes rendus, t. CX, p. 107; 1890). (2) Louis Léger, Sur une Grégarine nouvelle des Acridiens d' Algérie (Comptes rendus, t. CXVII (4 déc. i8g3). (, 622 ) à renconlrer ces parasites chez les Criquets pèlerins, alors qu'ils les ont trouvés dans des espèces du même groupe, c'est que ceux-ci s'en étaient débarrassé par ex u via t ion de la cuticule intestinale; entre les mues ils abondent chez le Criquet du Parana ; ils diminuent de nombre après chaque mue ('). D'autre part, chacun sait qu'on a fondé de grandes espérances en Europe (Russie, France, etc.), en Afrique (Algérie, Cap de Bonne-Espé- rance), comme en Amérique (États-Unis, République Argentine), sur certains organismes parasitaires (Champignons, Bacilles, Protozoaires), pour arrêter la multiplication des insectes déprédateurs et, en particulier, des Acridiens migrateurs; on voit par ces observations que ces insectes à développement rapide ont en leur possession un moyen fort simple de se débarrasser de ces organismes de façon à pouvoir se régénérer à chaque stade de leur évolution; ainsi peut se comprendre la résistance que, dans des conditions de vie normale, les insectes peuvent offrir à la contamination on à l'action désorganisalrice des parasites végétaux ou animaux. » ANATOMIE ANIMALE. Recherches sur les glandes défensives des carabidcs bombardiers. Note de M. Fr. Dierckx, présentée par M. Edmond Perrier. « Dans une Note insérée aux Comptes rendus le 23 janvier 1899, M. L. Bordas décrit la glande anale du Carabus nemoralis Illig. Depuis longtemps nous avons étudié le même organe chez un nombre considérable d'espèces, et nous sommes arrivé à des résultats qui ne concordent pas toujours avec ceux de M. Bordas. Nous avons cru utile de glisser quelques observations critiques dans la description d'un type voisin, plus intéressant à beaucoup d'égards. » Les Brachynus tranchant sur les autres Carabides par la faculté qu'ont (') Cette Grégarine appartient au genre Clepsidrina rlammerschmidt, et nous la désignerons par le nom de C. paranensis, pour rappeler à la fois qu'elle se trouve dans la contrée que traverse le Parana et qu'elle est l'hôte de l'Acridien migrateur de I' Amé- rique du Sud, le Schistocerca paranensis. Il est probable qu'elle habite aussi le tube digestif d'autres espèces d'Acridiens. Si elle atteint la taille de la C. Acridiorum Léger, si son deutomérite est aussi quatre fois plus grand que son protomérite, elle diffère par la forme générale du deutomérite, qui est ellipsoïdal au lieu d'être cylin- drique: par la coloration des granulations de l'enlocyte, qui ne sont pas teintées de jaune rougeàtre, mais sont uniformément d'un ton blanc jaunâtre. 6a3 ; les diverses espèces de projeter, avec crépitation et formation d'un nubé- cule très visible, le produit de sécrétion de leurs glandes anales, cherchons à préciser les conditions de ce phénomène. » 1. Anatomie. — Chez le Brachynus crepitans L., l'appareil glandulaire est double, situé, comme chez les autres Carabides, de part et d'autre du rectum. Chaque élément se compose d'une partie sécrétante, d'un canal collecteur et d'un réservoir. » A. Lobes sécréteurs. — Chaque lobe cylindrique de la grappe glandulaire est traversé par un canal à paroi cuticulaire parsemée de petits noyaux. Entre ce canal axial et la propria enveloppante se trouvent les cellules actives, renfermant chacune, outre le noyau, une vésicule piriforme radiée, drainée par un filament canaliculé. M. Bordas ne signale pas cette vésicule intracellulaire chez le Carabus nemoràlis; nous l'avons observée chez toutes les espèces examinées, avec des modifications inté- ressantes au point de vue taxonomique. » B. Canal collecteur. Long de 25mm à 3omm chez le Brachynus, il est constitué par deux tubes emboîtés, dont l'intérieur est maintenu béant par une série de disques cuticulaires, hyalins, plus ou moins serrés d'un bout à l'autre du canal. Abstraction faite de la propria, il n'y a qu'une seule couche de cellules; le tube axial inclus dépend donc cytologiquement des cellules de la paroi externe, où sont toujours blottis les noyaux. Les Carabus ont les disques simplement ébauchés, et le tube n'est pas à double paroi. Chez les Panagœus l'ébauche des disques a totalement disparu. De cette forme plus simple aux formes plus complexes, la différenciation des cellules varie beaucoup; mais, chez aucune espèce, nous n'avons rencontré une paroi de plusieurs feuillets cellulaires. Nous ignorons comment M. Bordas a pu y voir chez le Carabus nemoràlis deux assises musculaires et un épithélium interne à cellules aplaties. » G. Réservoir. — Il a la forme d'une besace avec le côté convexe vers l'axe du corps. Le canal collecteur s'ouvre dans la dépression concave. Le sac antérieur corres- pond au réservoir ovoïde des autres genres, le sac postérieur est l'homologue de leur canal éjaculateur cylindrique. Il débouche par deux pores à la pointe du pygidium. un peu au-devant de l'anus. Chez les Carabus, les pores de décharge sont à en- viron 2mm de la ligne médiane et à environ ilnm derrière les stigmates postérieurs. D'après M. Bordas, la glande déboucherait dans le cloaque, et son fonctionnement sup- poserait un mécanisme extrêmement complexe. » H. Physiologie. — Liquide sécrété. — Il est incolore, limpide, à odeur faible mais caractéristique, beaucoup moins acide que le produit des Ca- rabus. Sa propriété la plus remarquable est sa très grande volatilité. // bout, selon nos observations, à une température voisine de -+- 90, sous 760'"™. » Preuves analomiques. — i° La faiblesse de la paroi musculaire du réservoir en comparaison des effets mécaniques produits ; 20 l'existence, dans le réservoir, de brides transversales destinées, sans doute, à contrebalancer les pressions internes; 3° l'élar- ( 6a4 ) gissement du canal éjaculateur près de l'ouverture externe de la glande, en vue de l'expulsion brusque du liquide glandulaire; 4° la présence, dans les pores de décharge, de pièces chitineuses hérissées de soies et pouvant faire fonction de pulvérisateur. » Preuves physiologiques. — i° La nature explosive de la crépitation; 2° l'efferves- cence, aux dépens du liquide glandulaire, à la dissection sous l'eau, ou sur porte-objets, dès que l'organe est lésé, mais seulement à une température supérieure à -+■ 8°; la crépitation sur le cadavre, quand on dégage les pores de décharge. » B. Fonctionnement. — L'insecte inquiété dégaine l'arrière-train ; si alors les sphincters obturateurs se relâchent, le contenu liquide du réservoir s'échauffe sous pression, et le jet se divise sur les peignes chitineux de l'ori- fice. C'est, en miniature, le fonctionnement d'une bombe à anhydride car- bonique liquéfié. » Malgré la limpidité parfaite de la sécrétion glandulaire, la décharge laisse un résidu fixe jaunâtre déjà observé par Dufour. Le microscope l'identifie avec le contenu du rectum. Au moment du danger, l'insecte re- courbe l'abdomen vers le bas : cette inflexion amène les pores de décharge derrière le sphincter anal. Que, dans cette attitude, le liquide volatil se dégage, tandis que le rectum se vide, la fusée partira sous le corps, d'ar- rière en avant, réduisant en poussière les excréments rejetés, mitraille d'un nouveau genre bien faite pour déconcerter l'agresseur le plus audacieux et le mieux armé ( ' ). » PALEONTOLOGIE. — Sur des fossiles nouveaux de Madagascar. Note de M. Marcellin Boule, présentée par M. Albert Gaudry. « Les collections paléontologiques du Muséum se sont récemment enri- chies d'un nombre assez considérable de fossiles de Madagascar. Ces documents nous fournissent des notions nouvelles sur la constitution géo- logique de l'île ; ils nous permettent, en outre, de formuler des conclusions intéressantes au point de vue de la Paléontologie générale. » M. Henri Mager nous a remis quelques fossiles recueillis par lui à l'extrémité nord de l'île, au sud de Diégo-Suarez, dans un défilé de la montagne des Français. Un de ces fossiles est une Ammonite, Schlœnbachia (') Extrait d'une Etude comparée des glandes pygidiennes chez les Carabides et les Dyliscides, faite sous la direction de M. le professeur Gilson à l'Institut Carnoy, à Louvain. ( 625 ) Haberfellneri von Hauer, qui caractérise le Sénonien inférieur de l'Europe et du nord de l'Afrique. D'autres appartiennent à un niveau différent; ce sont : Phylloceras Velledœ d'Orb.; Schlœnhachia propinqua Stol.; Nautilus elegans Sow.; Aclœon oçum Duj., etc. Ces fossiles dénotent dans le nord de l'île l'existence du Cénomanien (ou du Gault supérieur) sous un faciès différent de celui que cet étage présente dans le Sud-Ouest où nous l'avons signalé d'après des fossiles rapportés par M. Gautier ('). Les der- niers, de nature ferrugineuse, peu déterminables, nous portent à croire que l'Infracrétacé est aussi représenté dans cette région septentrionale de Madagascar. » Nous devons à MM. les capitaines Ardouin et de Bouvié quelques Am- monites recueillies près d'Ambalia, sur la rive gauche de la Mahajamba et qui appartiennent au Jurassique supérieur. Ce sont des Haploceras, des Perisphincles du type biplex et voisins de diverses formes du Rimeridgien de l'Europe et le Perisphincles trimerus Oppel de la zone à Oppelia tenui- lobata. » M. Bastard, voyageur du Muséum, a rapporté de nombreux fossiles de la région de l'Isakondry, à l'est de Tulléar, dans le sud-ouest de Mada- gascar. D'une localité appelée Beraketa, nous avons : Belemnites sp. Peri- sphinctes plicatilis Sow., var. Marlelli Op.; Alaria cf. seminuda, Héb. et Desl.; Ostrea Marshii Sow.; Gryphea sp. Lima proboscidea Sow.; Lima rigida Desh.; Pecten annulatus Sow.; Peclen nummularis Phil.; Trigonia cf. momlifera Ag. ; Perna quadrilatera d'Orb.; Astarte (grandes et petites espèces); Terebratula farcinata Douv . ; etc. » Ces fossiles, renfermés dans un calcaire oolitique, très ferrugineux, présentent avec ceux de nos gisements français contemporains une ressem- blance véritablement extraordinaire si l'on considère que Beraketa est séparée de la Normandie ou des Ardennes par iooookm en ligne droite. » M. Bastard a trouvé, dans cette même région de l'Isakondry, au village de Besarotra, de très grandes Ammonites (l'une d'elles a om,55 de diamètre) dont les tours internes révèlent une forme d' Acanthoceras se rattachant au groupe des Nodoso-coslali du Gault. Avec ces échantillons se trouvent une grande espèce d'Holcodàcus, le Nautilus albensis d'Orb., et divers autres fossiles, parmi lesquels des Nérinées, que je n'ai su jusqu'à présent rapporter à aucune espèce connue. » Ainsi, cette région de l'Isakondry, sur laquelle nous n'avions naguère (.') Bulletin du Muséum, 1895, n° 5. C. R., 1899. i« Semestre. (T. CXXVIII, N° 10.) 82 ( 626 ) aucun renseignement, est riche en fossiles qui appartiennent à des niveaux très différents du Jurassique, de l'Infracrétacé et du Crétacé. Il faut remarquer que tous les terrains de cette région ont un caractère franche- ment détritique et qu'ils représentent des formations tout à fait littorales. » Enfin, nous devons signaler particulièrement à l'attention des géo- logues les fossiles recueillis à Fanivelona, à iokm de la côte est de Madagascar par M. Marins Grillo, lieutenant d'infanterie de marine; ce sont : Lyloceras India Forbes; Turritella cf. difficilis d'Orb. Turrilclla sp. ; Cerilhium sp., Neptunea excavata Blanf. , Slrombus (Pugnellus) crassicostatm Natl, Pleurotomaria sp., Apontais sp., Fusus sp., Ostrea ungulata Schl. ( = 0.larva); Spondylus cf. calcaratus Forbes, Hemiasler sp. ; etc. Cette famille est nettement sénonienne. Les formes spécifiques que j'ai citées se retrouvent, les unes dans le Crétacé supérieur de l'est de l'Inde, les ;;utres dans le Crétacé supérieur de l'ouest et du Balouchistan. » On avait admis jusqu'aujourd'hui que la côte orientale de Madagascar était dépourvue de tous dépôts sédimentaires de l'époque secondaire, et cette croyance a joué un grand rôle dans les théories émises par divers savants : Oldham, Neumayr, Suess, Kossmat, etc., sur l'an- cienne répartition des terres et des mers et sur l'existence, pendant L'é- poque secondaire, d'un continent reiiant l'Afrique avec l'Inde (Lémurie des zoologistes). » Cette hypothèse paraît bien fondée pour l'époque du Trias, car il y a des rapports étroits, tant au point de vue paléontologique qu'au point de vue stratigraphique, entre les dépôts de l'Inde et ceux du sud de l'Afrique (faune à Reptiles dicynodontes, flore à Glossopleris), mais elle ne s'impose déjà plus à l'époque jurassique pour diverses raisons qu'il serait trop long d'énumérer ici. Quant à l'époque crétacée, la découverte sur la côte orien- tale de Madagascar des fossiles cités plus haut doit faire admettre que notre grande colonie était déjà une île. Les affinités de ces fossiles avec ceux de l'ouest aussi bien qu'avec ceux de l'est de l'Inde, viennent à l'appui de la même conclusion. » A 4 heures, l'Académie se forme en Comité secret. La séance est levée à 4 heures et demie. M. B. ( 627 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Ouvrages reçus dans la séance du 6 mars 1899. Bulletin de la Société entomologique de France, n° 21, 1898; n° 3, 1809. Paris, 1898-1899; 2 fasc. in-8°. Water! its relation to economy, comfort, health and life. How ail can obtain it pure, by Abner-D. Strong. Ashtabula, O., s. d.; 1 fasc. in-32. Introduction to democracy and liberty, by William-Edward Hartpole Lecky. London, 1899; 1 fasc. in-8°. The sérum treatment 0/ ' swine plague and hog choiera, by E.-A. de Schwei- nitz. Washington, 189g; 1 fasc. in-8°. The mechanical composition of wind depositis, by Johan-Auglst Udden. Rock Island, 111., 1898; 1 fasc. in-/i°. Die zweite Variation der einfachen Intégrale, von G. v. Escherich. Mit- theihingen I-III. Wien, 1898 ; 3 fasc. in-8°. V Amérique Centrale et V Amérique du Sud sismiques, par F. de Montessus de Ballore (Planche VIII). Mexico, 1898; 1 fasc. in-8°. Bergens muséums aarbo g for 1898. Bergen, 1899; i vol. in-8°. Videnskabeli ge Meddelelser fra den nalurhistoriske Forening i Kjobenhavn for aaret 1898. Kjobenhavn; 1 vol. in-8°. Astronomische Arbeiten des k. h. Gradmessungs-Bureau, herausgeg. v. D1' Edmund Weiss nnd D1' Robert Schram. X. Band. Làngenbestimmungen. Wien, F. Tempski, 1898, 1 fasc. in-4°. Bulletin de l'Académie royale de Belgique, IVe série, t. XIII, n° 1, année 1899. Bruxelles, Hayez, 1899; l ^asc- in-8°- Nachrichten von der kônigl. Gesellschaft der Wissenscliaften zu Gôttingen. Philologisch-historische Klasse, 1898, Heft 4. Mathematisch-physikalische K.lasse, 1898, Heft 4. Gôttingen, Lùder Horstmann, 1898; 2 fasc. in-8°. ( 628 ) ERRATA. (Séance du 23 janvier 1899. Note de M. G. -A. Miller, Sur les groupes d'opérations : Page 229, ligne 8, au lieu de si ces groupes ont le même ordre, lisez si les ordres de ces groupes circulaires sont différents. (Séance du 20 février 189g.) Note de M. Armand Gautier. Dosage de l'oxyde de carbone : Page 487 > ligne 16, au lieu de attribuent à M. Nicloux la méthode de dosage par l'anhydride de l'oxyde de carbone dilué. . ., lisez attribuent à M. Nicloux la métliode de dosage, par l'anhydride iodique, de l'oxyde de carbone dilué. . .. On souscrit à Paris, chez GAUTHIER-VILLARS, Quai des Grands-Augustins, n° 55. mis 1835 les COMPTES RENDDS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche Ilsfnrm«nt j u e„ j „ , Le prix de l'abonnement est fixé ainsi qu'il suit : Paris : 20 f, - Départements : 30 fr. - Onion nostale : 34 fr. - Autres pays : lesfrais de poste extraordinaires en sus. On souscrit, dans les Départements, chez Messieurs : Ferran frères. ÎChaix. Jourdan. Ruff. t. Courtin-Hecquet. t Germain et Grassin ( Lachèse. te Jérôme. >n Jacquard. , Feret. ux J Laurens. ' Muller (G.). » Renaud. !Derrien. F. Robert. J. Robert. Uzel frères. i. Jouan. pr Perrin. Henry. Marguerie. Juliot. Ribou-CoIIay. . Lamarche. Ratel. [Bey. | Lauverjat. ' Degez. \ Drevet. ! Gratier et O. elle Foucher. \ Bourd'" on ■ r Lorient. Lyon. chez Messieurs : i Baumal. / M™- Texier. ; Bernoux et Cumin \ Georg. On souscrit, à l'Étranger, Montpellier . trg xt-Ferr. . . < Côte. J Savy. I Vitte. Marseille Ruât. I Calas. ! Coulet. Moulins Martial Place. / Jacques. Nancy , Grosjean-Maupin ' Sidot frères. \ Loiseau. / Veloppé. I Barma. | Visconti et G1'. Aimes Thibaud. Orléans Luzeray. „ ... I Blanchier. Poitiers ., ( Marche. Rennes Plihon et Hervé. Rochefort Girard ( M""). Langlois. Lestringant. ! S'-Étienne Chevalier. -. , ( Ponteil-Burles. Toulon ( Kumebe. Amsterdam Athènes. . . Barcelone Berlin. Berne . . . Bologne . Bruxelles. Nantes Nice. . . . Rouen. 7Vi louse. Tours. \ Gimet. i Privât. relier. « i ..ricat. ( Suppligeon. | Giard. I Lemaitre. Bucharest. Budapest Cambridge Christiania Constantinople. Copenhague .. . . Florence Gand Gênes Genève. . La Haye. Lausanne. Leipzig. Liège. chez Messieurs : Feikema Caarelsen ■ et C". Beck. Verdaguer. i Asher et C". l Dames. 'i Friedlander et fils. f Mayer et Muller. Schmid et Francke. Zaaichelli. i Lamertin. J Mayolezet Audiarte. ( Lebègue et C''. ( Sotcheck et C. ! Storck. Kilian. Deighton, BelletC0 Cammermeyer. Otto Keil. Hôst et fils. Seeber. Hoste. Beuf. Cherbuliez. Georg. Stapelmohr. Belinfante frères. Benda. Payot. Barth. Brockhaus. Lorentz. Max Rube. Twietmeyer. Desoer. Gnusé. Londres Luxembourg . Madrid Milan .... Moscou. . . Naptes. . . . New- York Odessa Oxford Palerme Porto Prague Rio-Janeiro . Rome . Rotterdam. Stockholm.. S'-Petersbourg. Turin. Varsovie. Vérone . . . Vienne . Zurich. chez Messieurs : ■ Dulau. Hachette et C*. 'Nutt. V. Biick. (Libr. Gutenberg. Romo y Fussel. | Gonzalés e hijo9. ( F. Fé. j Bocca frères. ! Hœpli. Tastevin. j Marghieri di Gius. ! Pellerano. | Dyrsen et Pfeiffer. j Stechert. ( LemckeetBuechner Bousseau. Parker et O Clausen. Magalhaès et Moniz. Rivnac. Garnier. Bocca frères. Loescheret C\ Kramers et fils. Samson et Wallin Zinserling. WolIT. Bocca frères. Brero. Clausen. RosenbergetSelliet Gebethner et WoilT Drucker. Frick. Gerold et C". Meyer et Zeller. *u COMPTES RENDDS DES SEANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES : iomesl" 31.- (3 Août i835 à 3i Décembre i85o. ) Volume in-4»; i853. 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V*n Benede*. - Essai d'une réponse a la question de Prix proposée en i85o par l'Académie des Science» res .«TviVpo H e7U,,Srem,Se P0UrCelui de l856> saïoir : •' ^udier leslois delà d.stnbut.on des corps organisés fossiles dans les différents terra inîséd i res suivant 1 ordre de leur superposition . - D.scuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. - Rechercher .nature ports qu, existent entre l'état actuel du règne organique et ses états antérieurs „ par M. le Professeur B.o«. ta*, avec ,7 planches 6 15 fr. ême Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie de. Sciences. N° 10. TABLE DES ARTICLES. (Séance du 6 mars 1899.) MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. Pas .M. ii. iji.iAMnii.vi. Sur quelques parti- cularités de la théorie des étoiles filantes. Possibilité de la répétition d'activité de Pages, certains points radiants. Existence des points radiants dii^ stationnaires '<-- NOMINATIONS. M. llniMii! t est élu Correspondant pour la s.'.'t de Géographie el Navigation, en remplacement de sn George-Henry ïli- chards 58a < j> ission chargée de juger le concours du prix Gegner pour 1899: MM. Joseph Ber- trand, Berthelot, Hascart, Darboux, Ilerni ite "1S2 Commission chargée de juger le concours du pri\ Petit d'Ormoy (Sciences mathéma tiques) pour 1899: MM. Darboux, Poin- caré, Picard, .fur, /un, //ermite 58s Commission chargée de juger le concours do prix Petit d'Ormoj (Sciences naturelles) pour 189g : MM. Milne-Edwards, Van Tieghem, Bornet, Perrier, Blanchard.. '>s Commission chargée de juger le c :ours du prix Tchihatchcf pour 1899: MM. Milne- Edwards, Grandidier, Bouquet de lu Grye, Guyou, Marcel Bertrand 58 Commission chargée de juger le concours 'lu prix Cal rs pour 1899 : MM. Moissan, /'/■nos/. Friedel, Berthelot, Gautier.. ,s. MEMOIRES PRESENTES. M. ERNST Kahkig adresse une Note sur l'alu- minium industriel et quelques-unes de ses propriétés ">8 > CORRESPONDANCE. M. Lortet, nommé Correspondant pour la Section d'Anatomie et Zoologie, adresse ses remerciments a l'Académie 0*3 M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les piiies imprimées de la Correspon- dance, la 6' année 1 1898) 4e l'Aérophile. 583 M. Maurice Hamy. Mesure inlerféreu- tielle des diamètres des satellites de Ju- piter el de Vesta, clfectuée au grand équa- torial coudé de l'Observatoire de Paris.. js3 MM. J. Perchot el \V. Ebert. — Détermi- nation absolue des directions .1 |V di- l'ho- rizim. Application à la mesure des lati- tudes 586 M. \Y. Siiki.iiii. - .'sur le-, problèmes fon- damentaux de la Physique mathématique. 588 M. E. Goursat. — Sur le prolongement analytique 591 M. Cyparissos Stephanos. sur une exten- sion du calcul des substitutions linéaires. ig3 VI. Emile Borel. — Sur la nature arithmé- tique du nombre e .)gfi M. C. GuiCHARD. — Sur les réseaux cuiju- gués dont les courbes d'un système Spot des géodésii|iies >gn M. TZITZÉICA. — Sur certains systèmes d'équations de Laplace 601 M. Gressin. Sut les théorèmes de Greene et de ('.au cli y i„,J M. Daniel Bbrthblot. vur une reial Bulletin bibliographique Ehhata 606 simple donnant le poi moléculaire des liquides en fonction . eurs densités et de leurs constantes ci uqoes M. Ed. DefACQZ. - Sur le bisulfure de tuug- stène M. André Brochet.— Action de l'aldéhyde formique sur le menthol el le bornéol... fii ■ MM. Li'o Vioniin el liut.iLLOT. — Dosage . du cuivre et du mercure dans les raisins, les vins, les lies et les marcs 61.Î M. P. l'n.iiARD. Contribution à la rc- cherche des formes et des conditions sous lesquelles le chlore du c ' p • ordi- nairer d . . 6i5 M. Du a .1 1 ...cil,., lai 1 MM. .1 11. eu el A. Gh' v BP 1 ci taines déformation1 maties des Poisso M. I\i Ni Kl 1 d'HeRCL les insectes, consideifcs 1 m . défense cintre les parasitai régétaui .... animaux. Rôles Spéciaux de la mue tra- chéale et de la mue intestinale 620 M. Il: I » 1 1 i:i:K\. I Ici h. relies .nr les glandes défensives des Carabides bombar- diers . . 62 ■• M. Marcello* Boule. —Sur des fossiles nouveaux de Madagascar 6>'i r,,- 628 PARIS.— IMIMUMKKIK G A U T III K R -V I 1. 1. V H S , Quai des Grands-Augustins, 55. I* Gérant : Gauthieh Villah.. APR1018" 1899 PREMIER SEMESTRE. COMPTES RENDIS HEBDOMADAIRES ■ DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES PAR MM. liES SECRÉTAIRES PERPETUELS TOME CXXYIII. N°ll (13 Mars 1899). PARIS, GAUTH1ER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, Quai des Grands-Augustins, 55. 1899 RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS ADOPTÉ DANS LES SÉANCES DES 2.3 JUIN 1862 ET l[\ MAI 187$. Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie se composent des extraits des travaux de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes présentés par des savants étrangers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. 26 numéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. Article Ie'. — Impressions des travaux de C Académie ;. Les extraits des Mémoires présentés par un Membre ou oar un Associé étranger de l'Académie comprennent au plus 6 pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o pages par année. Les communications verbales ne sont mentionnées dans les Comotes rendus, qu'autant qu'une rédaction écrite par leur auteur a été remise, séance tenante, aux Secrétaires. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les Rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par les Correspondants de l'Académie comprennent au plus 4 Pages Par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de 32 pages par année. Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont pris pari désirent qu'il en soit lait mention, ils doi- vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion. Les Programmes des prix proposés par l'Acac sont imprimés dans les Comptes rendus, mais leî ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'a que l'Académie l'aura décidé Les Notices ou Discours prononcés en séanc blique ne font pas partie des Comptes rendus. Article 2. — impression des travaux des Save étrangers à l'Académie. Les Mémoires lus ou présentés par des persi qui ne sont pas Membres ou Correspondants de demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'i sumé qui ne dépasse pas 3 pages. Les Membres qui présentent ces Mémoires tenus de les réduire au nombre de pages requ Membre qui fait la présentation est toujours noi mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet E autant qu'ils le jugent convenable, comme ils 1 pour les articles ordinaires de la correspondanc cielle de l'Académie. Article 3. Le bon à tirer de chaque Membre doit être re l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus ta jeudi à 1 0 heures du malin ; faute d'être remis à ti le litre seul du Mémoire est inséré dans le Compte actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rend vant el mis à la fin du cahier. Article 4. — Planches et tirage à part. Les Comptes rendus n'ont pas de planches. Le tirage à part des articles est aux frais d. teurs; il n'y a d'exception que pour les Rappc les Instructions demandés par le Gouvernemer Article 5. Tous les six mois, la Commission administras un Rapport sur la situation des Comptes rendus l'impression de chaque volume. Les Secrétaires sont chargés de l'exécution dl sent Règlement. Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent laire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5' Autrement la présentation sera remise à la séance si APR 10 1899 COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 13 MARS 4899, PRÉSIDENCE DE M. VAN TIEGHEM. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur tes nombres de Betti. Note de M. H. Poincaré. « Dans un Mémoire intitulé Analysis Situs et inséré au Journal de l'École Polytechnique, j'ai énoncé un théorème d'après lequel, dans toute variété fermée, les nombres de Betti également distants des extrêmes sont égaux. » M. Heegaard est revenu sur la question dans un travail très remar- quable, intitulé Forsludier til en topologisk leori for de algebraiskc Fladers Sammenhdng. Il considère le théorème comme inexact. » Ces critiques sont en partie fondées; le théorème n'est pas vrai des nombres de Betti tels que Betti les définit; c'est ce qui résulte d'un exemple cité par M. Heegaard; c'est ce qui résultait d'ailleurs d'un exemple que j'avais moi-même rencontré dans mon Mémoire. C. R., 1899, 1" Semestre. (T. CXXVIII, N" 11.) 83 ( 63o ) » Le théorème est vrai, au contraire, des nombres de Betti tels que je les définis; j'en ai trouvé une démonstration qui est fondée sur la considération des polyèdres à n dimensions et que je développerai prochainement dans un Mémoire plus étendu. » Voici la différence des deux définitions : » Le pume nombre de Betti diminué d'une unité est le nombre des va- riétés à p dimensions distinctes faisant partie de la variété donnée. » Mais il reste à définir ce qu'on doit entendre par variétés distinctes. » Pour Betti, plusieurs variétés vp sont distinctes quand il n'existe pas dans la variété donnée de variété à /•» + i dimensions dont la frontière complète soit formée par l'ensemble des variétés vp. Dans la définition que j'ai adoptée, les variétés vp ne sont dites distinctes que s'il n'existe pas de variété a p + i dimensions dont la frontière complète soit formée par l'en- semble des variétés vp, répété une ou plusieurs fois. » STATIQUE CHIMIQUE. — Sur les cyanures doubles ; par M. Berthelot. « Les cyanures jouent un rôle spécial parmi les sels, non seulement à cause de leurs formules, mais en raison du renversement des affinités ordinaires qui président aux déplacements des oxydes métalliques par les oxydes alcalins, aussi bien qu'entre certains acides forts et certains acides faibles : l'acide eblorhydrique opposé à l'acide cyanhydrique, par exemple. Ces inversions, que rien n'aurait fait prévoir d'après le simple jeu des formules ordinaires, s'expliquent au contraire de la façon la plus nette par la considération des quantités de chaleur. En fournissant les déterminations qui le prouvent, j'ai montré en même temps comment elles démontrent l'insuffisance des lois de Berthollet, basées sur la prépondé- rance absolue des notions de volatilité et d'insolubilité et présentées jus- qu'alors comme le fondement de la statique des dissolutions. De là résulte la nécessité de subordonner ces anciennes lois aux prévisions plus géné- rales de la Thermochimie. J'ai eu occasion récemment, dans le coins d'autres études, de faire de nouvelles observations du même ordre sur les cyanures doubles, observations que je me propose de résumer ici. » Les cyanures doubles que j'ai étudiés sont les combinaisons du cyanure de potassium avec les cyanures de zinc, de mercure et d'argent. J'en exa- minerai la chaleur de formation et la constitution, en tant que dérivés de types acides complexes, plus ou moins stables, analogues à l'acide ferro- evanhydrique. ( 63i ) » L'existence de semblables types résultant de leur déplacement plus ou moins étendu par d'autres acides plus ou moins forts, c'est-à-dire sus- ceptibles de former des sels dissociables par l'eau à différents degrés, tels que les acides chlorhydrique, acétique, borique, carbonique, sulfhy- drique, j'ai été conduit à définir d'abord les équilibres qui résultent de l'opposition de ces acides avec l'acide cyanhydrique dans leurs sels alca- lins : ce sera la première Partie du présent Mémoire. » Dans la seconde Partie, je définirai la chaleur de formation et la con- stitution des cyanures doubles. Enfin, une troisième Partie sera consacrée à leurs combinaisons avec les sulfures alcalins, combinaisons où les pro- priétés ordinaires et normales, en quelque sorte, de certains sulfures métalliques, tels que ceux de zinc et d'argent, sont dissimulées et dès lors susceptibles d'échapper à l'analyse, si l'on n'était tenu en garde contre ce nouvel ordre de réactions. I. — Equilibres entre l'acide cyanhydrique et les acides unis aux bases alcalines. » Le cyanure de potassium est décomposé à froid, en totalité ou sensi- blement par les acides forts, dans des dissolutions étendues, comme le montrent les chiffres suivants, obtenus vers i5° : Cy K étendu 4- H Cl étendu dégage ioCal, 7 Le calcul indique 10,7 — 3 ,0 = 10,7 CyK étendu 4- AzO'lI étendu dégage ioCal,7 Le calcul indique 1 3,7 — 0,0=10,7 », De même l'acide acétique CyK étendu -+- CsH*Os étendu 4- 10, 3 Calcul 1 3 , 3 — 3,o = io,3 » Avec les acides faibles, la base se partage. » L'acide phénique, monobasique, a fourni en effet : CyK étendu 4- C5H60 étendu 4-1 , 5 Cy H étendu 4- C6 H5 KO étendu — 3,7 » La différence i,5 — (—3,7)= 5,2 correspond avec celle des chaleurs de neutralisation observées séparément, soit 8,2 — 3,o = 5,2 pour les mêmes concentrations. On remarquera que l'acide cyanhydrique a pris les | delà base dans cet essai, bien que sa chaleur de neutralisation n'at- teigne pas la moitié de celle de l'acide phénique; cela tient à la dissocia- ( 032 ) lion plus avancée du phénate de potassium, laquelle surpasse celle du cyanure ('). Avec les acides faibles polvbasiques, les résultais dépendent des proportions relatives. » Ainsi, l'acide sulfhydrique (H-S = 2o'") a fourni les résultats sui- vants : (i) H2S étendu -+- 2 KCy étendu H-4>7 (a) I\a2S étendu -+- 2HCy étendu -1-3,2 (3) Na2S étendu -h HCy étendu -1-3,1 (4) NaHS étendu -h H Cy étendu o (5) Na2S étendu -h KCy étendu o » Pour comprendre ces résultats, il convient de rappeler les chiffres suivants, trouvés par expérience : H2 S étendu 4- 2 KOH ou Na OH étendue dégage +7 > 7 H2 S étendu H- KOH ou NaOH étendue » +7>7 valeurs dont on conclut que, dans des dissolutions élendues, les suif hy- drates alcalins existent seuls, les sulfures R-S et Na2S étant décomposés par une grande quantité d'eau en sulfhydrates et alcalis libres : K2Sdiss. +HaO = KHSdiss. 4-KOHdiss. » Ceci constaté, on voit immédiatement que la valeur -t- 4,7 répond à 7, 7 — 3,o, c'est-à-dire à un déplacement presque complet d'une molécule d'acide cyanhydrique, CyH, par une molécule d'acide sulfhydrique, H2 S; la deuxième molécule de cyanure de potassium demeurant à peu près indécomposée. Réciproquement, l'acide cyanhydrique est sans action thermique notable sur le sulfhydrate de sulfure alcalin, comme le montre l'expérience (4). Au contraire, il sature la soude libre contenue dans les dissolutions de sulfure de sodium, en dégageant -1- 3Cal, 1. » Ces diverses observations méritent attention, en tant que montrant (') C'est ce que l'on constate sous une autre forme, en comparant, suivant la règle que j'ai établie, les chaleurs de formation du phénate et du cyanure dans l'état solide : Acide + KOH = sel + H20 solide. Cyanure de potassium 4- 20r*1, 2 — S Phénate de potassium -+- i2Cal,4 S étant la chaleur de solidification de CyH, laquelle ne saurait guère, d'après les ana- logies, surpasser 2CaI à 4Cal« L'acide cyanhydrique est donc en réalité plus fort que l'acide phénique. ( 633 ) qu'un excès d'acide sulfhydrique déplace immédiatement à peu près tout l'acide cyanhydrique uni aux alcalis dissous. Cependant les sulfhydrates de sulfure éprouvant, en réalité, un commencement de dissociation sous l'in- fluence de l'eau, l'acide cyanhydrique leur fait subir un commencement de décomposition : ce que paraît indiquer l'excès de la valeur (2) observée avec 2HCy, soit +3,2, sur la chaleur de neutralisation réelle -|-3,o. Mais ce phénomène est à peine sensible, tant qu'on n'opère pas par distil- lation. » Ici, comme avec l'acide phénique, c'est donc le degré inégal de disso- ciation des sels qui règle les déplacements réciproques. » Entre les acides carbonique et cyanhvdrique il existe des équilibres analogues, faciles à constater. » Yoici maintenant les résultats observés avec l'acide borique, dont j'ai tiré également parti dans mes mesures relatives aux cyanures doubles. Je rappellerai que l'acide borique est un acide polybasique à fonction com- plexe, les borates alcalins étant dissociés par l'eau (Thermochimie. Données et lois numériques, t. Il, p. 123). J'ai opéré, en général, avec une dissolu- tion renfermant 1 molécule, B203, dans 41'' de liqueur. » J'ai vérifié d'abord que l'acide borique n'exerce aucune action sen- sible sur une dissolution d'acide cyanhydrique. Yoici les chiffres observés, vers io° à 120 : (1) B203 étendu -t- Cy H étendu 0,0 2B203 étendu + 2KCy étendu -M4>6 2B203,Na20 étendu (borax = i2lil) H- 2HCy étendu. . . — 3,7 2B203 étendu •+- 4KCy étendu + 16,8 2(B-03, K20) étendu + 4 II Gy étendu , —11,6 (a) (3) » D'après le couple (2) (en admettant l'équivalence de K. et de Na) la différence des chaleurs de neutralisation correspondrait à N-N, = i8Cd,,3, ce qui répond sensiblement aux valeurs connues - 23,5 — 6,0 = 17,5. » D'après le couple (3), N-N,= 27,4, la différence des valeurs connues étant 3g, 6 — 12,0 — 27,6. ( 034 ) » On voit que les acides cyanhydrique et borique se partagent les bases alcalines: l'acide cyanhydrique en prenant i environ dans le couple (2), qui répond au borax, et les £ environ dans le couple (3), où la proportion de la base alcaline est double et, par conséquent, le borate davantage dissocié. La répartition varie d'ailleurs avec la niasse de l'eau mise en pré- sence, laquelle, comme je l'ai observée, exerce une influence plus marquée sur la dissociation du borate que sur celle du cyanure alcalin. Mais ce point comporterait à lui seul toute une étude. » Remarquons seulement que la dissociation chimique dans les dissolu- tions aqueuses, dite hydrolytique, offre un sens précisément contraire avec le mot dissociation dite électroly tique : plusun sel est stable au point de vue chimique et thermochimique, plus il est réputé dissocié électrolytique- ment. Les faits sont certains, de part et d'autre; mais la dissociation n'est réelle que dans sa signification chimique; le sens électrolvtique exprime seulement un état virtuel. De là résulte aujourd'hui beaucoup de confu- sion dans les esprits. Il est fort regrettable qu'on ait cru pouvoir employer un nom déjà consacré en Chimie par un usage antérieur et bien déter- miné, pour désigner des phénomènes si différents. II. — Cyanures doubles. » Passons maintenant à l'étude des cyanures doubles. Je commencerai par le cyanure d'argent et de potassium, en raison du caractère monovalent des deux métaux composants. Cyanure d'argent et de potassium. » Rappelons d'abord mes données antérieures sur la chaleur de formation de ce composé. Cal Ag!0 précipité 4- 3 H Cy dissous = 3 AgCy précipité -+- II2 O, dégage.. . . +21,^x2 AgCy solide -+- KCy solide = AgCy, KCy cristallisé -+-11 ,9 AgCy solide -H KCy étendue AgCy, KCy étendu -+- 6,5 » En présence de plusieurs molécules de KCy étendu, ce dernier chiffre peut s'élever à -+-9,2 et même au delà. » En raison de ces chaleurs de formation, l'oxyde d'argent se dissout aisément dans le cyanure de potassium, en déplaçant la potasse : précisé- ment comme le font les oxydes de mercure, de fer, etc. Le calcul indique, en effet, Ag'O+IPO-i- 4 KCy étendu = s(AgCy.KCy) dissous +2k011 étendue, dégage -1- 55Cal,8 — 6,0 = 49,8 ( 635 ) » Ce résultat est conforme à ceux que j'ai développés ailleurs sur la for- mation des cyanoferrures, du cyanure de mercure, etc. » Traitons le cyanure d'argent et de potassium par divers acides, afin d'étudier les équilibres résultants. » Si l'on mélange la dissolution de ce sel avec un acide fort, tel que l'acide azotique, il se précipite du cyanure d'argent, tandis que le cyanure de potassium se décompose. En effet, AgCy, KCy dissous -+- A.z03H étendu = AgCy -1- Az03K étendu -t- H Cy étendu, dégage -+- 4Cal> 3 la chaleur de neutralisation de l'azotate de potasse surpassant la somme de la chaleur de neutralisation du cyanure de potassium, jointe à la chaleur de combinaison avec le cyanure d'argent. Le résultat demeure le même, à Iroid, en présence d'un excès d'acide azotique étendu, cet acide ne dé- composant pas le cyanure d'argent. » L'acide chlorhydrique étendu précipite de même du cyanure d'argent. Mais s'il est en excès, on obtient un mélange ou combinaison de cyanure et de chlorure d'argent, les chaleurs de neutralisation répondant à ces deux sels, soit +21,4 et +20,6, étant sensiblement les mêmes. » Avec les acides plus faibles, tels que les acides acétique, borique, arsénieux, carbonique, se manifestent, au contraire, des phénomènes qui trahissent l'existence d'un acide complexe, l'acide argentocyanhydrique( '), analogue à l'acide ferrocyanhydrique. » En effet, l'acide carbonique ne détermine aucune décomposition ap- parente, ou précipitation, dans une dissolution de cyanure argentopotas- sique : ce qui montre qu'il n'y déplace pas d'une façon sensible l'acide cyanhydrique uni à la fois à l'argent et à la potasse, contrairement à l'ac- tion qu'il exerce sur le cyanure de potassium pur. » L'acide arsénieux et l'acide borique ne produisent tout d'abord, dans la même dissolution, aucune précipitation. Cependant l'acide borique exerce une réaction, traduite par un léger dégagement de chaleur. En effet Ag Cy, K Cy dissous -1- B2 O3 dissous a produit -h oCal, 1 2 » Au bout de quelque temps, la liqueur éprouve un léger louche. Même observation avec l'acide arsénieux. Si l'on abandonne à elle-même, dans un vase ouvert, la liqueur obtenue avec l'acide borique, après quelques (') Sur cet acide, voir Thermochimie, Données et lois numériques, t. II, p. 3j^. ( 636 ) semaines, on y observe un faible dépôt cristallin. Il v a donc un commen- cement de partage, minime d'ailleurs et attribuable à ce que B203 dissous -I- KOII dissoute, dégage environ -t-i3Cal,6 valeur fort voisine delà chaleur de neutralisation que les analogies indi- quent pour l'acide argentocyanhydrique AgCy.HCy. L'aptitude à une dissociation lente de cet acide complexe en AgCy -4- HCy, détermine peu à peu la précipitation d'une faible quantité de cyanure d'argent. » Si l'on se bornait à faire intervenir dans le calcul les valeurs réelle- ment observées pour le cyanure double, depuis l'acide cyanhydrique et la potasse, pour la formation de ce sel on aurait +3,0 + 6,5 = + 9, 5 ; or la production d'un borate avec les composants dissous, pour la dilution em- ployée : B203 dissous -+- KOH dissoute, dégagerait -f- 1 Ie"1 Elle l'emporterait de + tCa,,5 environ; c'est-à-dire que, d'après les chiffres observés, un douzième environ de l'argentocyanure serait dé- composé : ce qui s'accorde également avec les faits observés. » Mais il me paraît préférable de faire intervenir dans l'explication l'acide argentocyanhydrique, lequel rend mieux compte des équilibres observés avec l'acide acétique. En effet, l'expérience a donné les résultats suivants : Cal AgCy, IvCy dissous + i C2 H* O2 dissous -f-i,4 AgCy, IvCy dissous H- C2H402 dissous -1-2,2 AgCy, IvCy dissous -+- 1 ^C2 H4 O2 dissous -1-2,6 » Chacune de ces réactions est accompagnée par une précipitation de cyanure d'argent et une production d'acide cyanhydrique libre. La préci- pitation est d'ailleurs partielle, même en présence d'un excès d'acide acé- tique ; mais elle augmente sous l'influence de cet excès, comme il est facile de le constater en filtrant la liqueur, avant l'addition d'un tel excès. » La liqueur obtenue à molécules égales, étant abandonnée à elle-même dans un vase ouvert, donne lieu à la formation lente d'un dépôt cristal- lisé et d'une couche superficielle, également cristallisée; ces dépôts résul- tant de l'élimination progressive au contact de l'atmosphère de l'acide evan- hvdrique, engendré par la dissociation de l'acide argentocyanhydrique. » Les nombres trouvés plus haut résultent, comme il va être dit, de cette dissociation. Nous nous en servirons d'abord pour calculer le degré de dé- composition du sel double. » Ce sel étant supposé formé depuis l'acide cyanhydrique dissous, la i 63: i potasse étendue et le cyanure d'argent, répond, comme il a été dit, à un dégagement de -+- 9e"1, 5. » La transformation totale, par l'acide acétique, en cyanure d'argent et acétate de potasse produirait -+- i3,3 — 9,5 = + 3,8. » D'après ces nombres, dans la réaction à molécules égales, L'acide acé- tique décompose un peu plus de moitié du cyanure potassique; avec i^C-'H^O2 les deux tiers. Inversement, si l'on emploie seulement un demi- équivalent d'acide acétique, cet acide s'emparerait des quatre cinquièmes environ du potassium correspondant. Ici, comme dans le cas des éthers et dans les phénomènes analogues, le minimum répond à l'action opérée à équivalents égaux. » Mais pourquoi la décomposition n'est-elle pas totale, tout d'abord, en raison de l'inégalité entre les valeurs i3, 3 et 9, 5? C'est qu'ici intervient l'acide argentocyanhydrique, acide dont l'existence propre peut d'adleurs être constatée. Si cet acide était parfaitement stable, il se produirait entre les acides acétique et argentocyanhydrique un équilibre, que le thermo- mètre n'accuserait pas d'ailleurs, en raison de la presque identité des chaleurs de neutralisation. » Les dégagements de chaleur observés résultent, au contraire, de sa dissociation. » Admettons, en effet, d'après les analogies et surtout d'après la résis- tance du sel double à l'action des acides borique et carbonique, admettons que la chaleur de neutralisation de cet acide soit voisine de -+- i3Cal,3. On peut dès lors en évaluer la formation depuis le cyanure d'argent et l'acide cyanhydrique, CyAg -+- CyH, soit -+- 9,5 — i3,3 = — 3Cal,8. » La chaleur de formation de l'acide argentocyanhydrique serait donc négative, tandis que la chaleur de formation de ses sels est au contraire positive (+6,5 pour le sel potassique). Il en résulte que cet acide com- plexe ne se forme pas directement, et que s'il est obtenu par voie de double décomposition, il est instable. » La dose de l'acide complexe, mise en liberté par l'effet des partages et équilibres opérés dans les dissolutions additionnées d'un autre acide, tendra donc a se décomposer et cette décomposition aura lieu avec un dégagement de chaleur, correspondant au caractère endothermique dudit acide complexe, dont on conçoit par là l'instabilité. » En fait, la série des argentocyanures, résultant de l'association du cyanure d'argent avec la série des cyanures alcalins, alcalino-terreux et autres, correspond à la série des ferrocyanures, et elle a de même pour chef C. !!., 1899, 1" Semestre. (T. CXXV1II, N° 11.) ° f ( 638 ) de file théorique un acide complexe, dérivé de l'acide cyaubydrique associé avec un cyanure métallique et qui serait comparable par son énergie avec l'acide acétique et analogues. » Parmi les conséquences multiples de cette conception, on peut signaler la suivante : le cvanure argentopotassiqne précipite les sels d'argent comme le cyanure de potassium lui-même. De là résulterait, en théorie du moins, un cyanure double AgCy.AgCy, correspondant à AgCy.KCy; ou, si l'on aime mieux, au cyanoferrure d'argent, composé fort différent d'un mélange de deux cyanures simples. En est-il de mèmedu cvanure argento-argcntique? Pour résoudre cette question, j'ai fait les expériences que voici : Cul AgCy,KCy étendu 4- Az03Ag étendu, vers io°, dégage -+-20, 5 2 kCy étendu •+■ AzO3 Ag étendu 4-34,3 / , On ajoute une deuxième molécule Az03Ag -1-20,6 ) 2lvCy étendu -1- aAz03Ag étendu, vers io° -t-54,8 )) On a d'ailleurs, d'après les données antérieures, iAg=04-HCy --i-u'".'ï W-'<> . '.HCy -,-43,8 îlCv-t-KOH." -3,o AzO»H-j-KOH... hi3,8 AgCy-hKCy 6,5 AzO'Il 4-Mgs0 Réaction -+- 5,2 - 36,i r-20,5 4-56,6 4-06 ,6 » Et encore 2K0H4->HCy.. \i:'0 4-2Az03ll. Réaction. . Cal 5,g -t-10,4 4-16,3 54,8 4-71,1 ''.KOH-^2Az03H 4-27,6 aHCy-r \gJ<> +42,8 4-70,4 Toutes ces données concordent suffisamment en raison des légères inéga- lités des températures et des concentrations. » La concordance entre ces résultats montre qu'il n'existe qu'un seul cvanure d'argent : peut-être parce que la formule moléculaire AgCy devrait être en réalité doublée. » Mais je ne veux pas discuter ici cette question. ( 639 ) Cyanure de mercure et de potassium : HgCy2, 2 KCy. » Le cyanure de mercure forme avec la plus grande facilité des sels doubles, en s'unissant aux cyanures alcalins. J'ai fait les expériences sui- vantes sur le cyanure hydrargyropotassiqne. Rappelons-en d'abord la chaleur de formation : iC.nl HgCy2 solide 4- a KCy solide — HgCy2, aKCy solide ' t-,<> HgCy2 solide 4- a KCy dissous — HgCy2, a KCy dissous ->,- 9,4 HgCy2 dissous-i- aKCy dissous = HgCy2, aKCy dissous -+- ia,4 HgO 4- a HCy dissous — HgCy2dissous 4-3i,o HgO 4- aKOH dissoute 4-4HCy dissous = HgCy2KCy dissous. . . H- 49,4 » Voici comment ce sel double se comporte avec les acides HgCy2, a KCy dissous 4- aHCl étendu, a dégagé +- 8,6 HgC}r2,aKCy dissous 4- aC2H*G2 étendu, a dégagé -H 8,0 » Ces nombres répondent à une transformation presque totale du cya- nure de potassium, respectivement en chlorure 4- a;, 4 — (6,0 + ia, 4) = 9,0. et en acétate 4- a6, G— (6,0 4- ia,4) -8,2. » Avec l'acide borique Hg Cy2, 1 KCy dissous 4- a B203 dissous, a dégagé -3, a HgCy2, 2KCy dissous 4- B203 dissous, a dégagé ... 0,7 » Ces nombres répondent également à un déplacement presque total Soit pour aB203 de même dilution 4-22,2 — (6,0 4-12, 4)= 4-3,8 Soit pour B203 4-19,3 — (6,o-l-i2,4) = 4-o,9 » Ces résultats contrastent avec ceux que fournit le cyanure argentopo- tassique. Ils montrent que l'acide hydrargyrocyanhydrique, HgCy2, 2 HCy, offrirait une stabilité bien moindre que celle de l'acide argentocyanhy- drique, se trouvant entièrement dissocié dès les premiers instants de sa formation. Celle-ci offrirait, en effet, un caractère endothermique bien plus prononcé; en supposant une chaleur de neutralisation égale à i3 par équivalent d'hydrogène, soit 26,6 par molécule, l'union de l'acide cvan- hvdriqne avec le cyanure de mercure, aurait dû absorber i-S/( - 2G.G- -8,2, I -r- 6,0 -+- 12, '1 + 19,0 — 08,4), soit -t-21,0. » Il y a donc formation pure et simple du cyanure mercurique ordinaire. < l'est ce que l'on pouvait d'ailleurs induire de mes expériences antérieures, d'après lesquelles HgCl* dissous -+- 2 KÇy dissous HgCy* dissous <- 2RCI dissous dégage. ... '•'•.*> le calcul indiquant (27,4 + 3l,o 58, i) — I 19,0 -f- 6,0 = 25,0 | = 33,4- f'.VAMRE DE ZINC ET DE POTASSIUM : Zn Cv2, 2 I\ Cy . J ai dû déterminer d'abord la chaleur de formation de ce cyanure, à partir de ses deux composants. A cet effet, on l'a traité par 4 équivalents d'acide chlorhydrique étendus, de façon à le transformer entièrement en chlorure, avec mise en liberté d'acide cyanhydrique, ZnCy", .■ KCv (i moléc: V") - a HCI ( i éq. 21") — ZnCl2 dis*.-' tKCI diss.H- 4HCy diss. à la température de 1 ■.>", dégage. h 1 7 ' '. 1 État initial : ZnO hydraté, 2K.OH étendue. 4 HCl étendu. ïHCy étendu. 17.7 Premier cycle: ,, . . . . .. ,,~, .. , '■*' J ,;„, /.11O liMiiat.- a H CI étendu .. . -1-19.7 ZnOhyd.-r-2HCyétendu, dég.. 16, 3 2KOHdis. s H Cl étendu à 1 2». 2K.OHdiss.-r- 2 HCy étendu. . . 5,g l niondeZnCy2dis.-t-2KCydis. x Réaction de 4 H Cl étendu 17,1 Total r '■ + 8,6. ( 9- » Cette chaleur de formation est telle qu'elle permet le déplacement de la potasse unie à l'acide cyanhydrique par l'oxyde de zinc. Le calcul in- dique, en effet, ZnO -i- 'fCyK dissous = ZnCy2, 2 K. Cy dissous + 2 ROH dissoute, dégage. -i8Cal,3 » En fait, l'oxyde de zinc se dissout à froid dans le cyanure de potas- sium en produisant le sel double. » D'après ces chiffres, la chaleur de formation du cyanure zincopotas- sique est fort voisine de celle du cyanure hydrargyropotassique et elle ne s'éloigne guère du double de celle du cyanure argentopotassique, lequel répond à une valence moitié moindre du métal. » Examinons maintenant les réactions qui répondraient à la mise en liberté d'un acide zincocyanhydrique, réactions effectuées, en général, avec une dose d'acide équivalente seulement au potassium. » i° Acide chlorhydriq ue : ZnCySaKCy (dissous) -t- 2HCI (dissous) à 1 20, dégage - 10' rl. \ » En même temps le cyanure de zinc se précipite. La réaction est donc la suivante : ZnCy2 . 2RCy + 2 H Cl = ZnCy2 4- 2RCI + 2HCy, laquelle répond, d'après le calcul à 120, à 28,0 (6,0 — 8,6) = i3,4, c'est-à-dire à la quantité de chaleur trouvée par expérience. » L'acide chlorhydrique détruit donc complètement et tout d'abord le cyanure double, quand il est emplové en dose équivalente au potassium. En fait, si dans une dissolution du cyanure double on ajoute de l'acide chlorhvdrique étendu goutte à goutte, il se forme d'abord au point de con- tact un précipité, qui se redissout par agitation dans la masse de la liqueur. ( 642 ) Une proportion plus forte d'acide donne lieu à un précipité permanent, lequel croît jusqu'à une certaine limite; au delà, il se redissout peu à peu et il disparaît en totalité, lorsque plus de 4 molécules d'acide chlorhydrique ont été ajoutées. » 2° Acide acétique : ZnCy», ïKCydiss. -h- sCMPO* diss. à \->." -f-!ic»',8 » Le calcul indique -f- 26,6 — (6,0 -+- 8,6) = 12,0. » Il y a donc déplacement à peu près total, avec précipitation de cyanure de zinc. » 3° Acide borique : » Mais le cyanure double se comporte autrement avec des acides plus faibles, tels que les acides carbonique, sulfhydrique, borique, lesquels ne donnent pas lieu à un précipité immédiat. Je reviendrai sur l'action de l'acide sulfhydrique. Signalons seulement celle de l'acide borique : 2B203 diss. -t- ZnCv-, aKCydiss. a dégagé -t-ic"1,7 » En même temps il s'est formé peu à peu un précipité, partiel d'ailleurs. Le calcul, pour un déplacement total, indiquerait 4- 23env. — (6,0 -+- 8,6 — r/j,6) = 4- 8,4. Il n'y aurait donc eu qu'un cinquième du cyanure double décomposé. » Ces résultats semblent répondre à l'existence d'un acide zinco- cyanhydrique : ZnCy, 2HCy, dont la stabilité serait intermédiaire entre celles des acides hydrargyrocyanhydrique et argenlocyanhydrique. Sa cha- leur de formation serait également négative. » Enfin, j'ai recherché si le sel de zinc dérivé de cet acide complexe serait distinct du cvanure de zinc ordinaire. J'ai trouvé ZnCy», aKCy dissous ■+■ SOZn dissous = 2ZnCys SO* K! dissous. . . -t-9Ca1,-. le calcul indique i 3i,4 4- 32,6 = 6 j,o 1 - (i6,3 -+- 6,0 - - 8,6 0. ),\ = '5'i,3 : • 9.7. ce qui concorde, dans les limites d'erreur de mesures si nombreuses. » J'examinerai prochainement les réactions de l'hydrogène sulfuré et des sulfures alcalins sur les cyanures doubles, réactions qui donnent lieu à drs résultats très intéressants, en raison de la formation de sels triples. » ( *43 ) PHYSIQUE DU GLOBE. — L'iode existe-t-il dans l'air! Note de M. Armand Gautier. « La découverte de la thyroïodine de E. Baumann donne un intérêt nou- veau à la question de l'origine de l'iode qu'on trouve chez les animaux. On sait que la glande thyroïde, pesant chez l'homme 3ogr environ à l'état frais, contient à elle seule, en moyenne, osr, o3o d'iode. Ce principe indis- pensable à l'économie provient-il de l'air, de l'eau ou des aliments? Nous vient-il de ces trois origines à la fois? J'ai pensé qu'il y avait lieu d'exa- miner de nouveau l'air à ce point de vue. » Je rappelle que la question de l'existence de l'iode dans l'air et les eaux de pluie ou de fleuve a déjà donné lieu à de nombreuses publications. D'après notre confrère M. A. Chatin, qui consacra plusieurs années à cette étude (i85oà 1862), l'air contiendrait à Paris ~-n à j^ de milligramme d'iode par 10000 litres, volume que respire l'adulte en 24 heures. C'est omgI*,ooo75 d'iode par litre d'air moven ('). Dix litres d'eau de pluie lui fournirent \ à ~ milligramme de ce métalloïde ( 2). Marchand retrouva peu de temps après l'iode dans les eaux de pluie (3) et Bussy, rapporteur de la Commission nommée par l'Académie des Sciences pour examiner les travaux relatifs à la présence de l'iode dans l'air et les eaux, constatait lui-même à son tour l'existence de ce métalloïde dans les eaux de pluie recueillies à l'Obser- vatoire de Paris (4). Mais, d'autre part, Casaseca à la Havane, Martin à Marseille, de Lucca à Pise en opérant sur 10000 et 20000 litres d'air, Cloëz à Paris, Baumhauer à Amsterdam, Lohmeyer à Gcettingen, ne parvinrent à retrouver l'iode ni dans l'air, ni dans l'eau de pluie qui l'avait lavé (s). » Ces divergences ont en partie leur raison d'être dans les quantités extrêmement petites d'iode qu'il s'agit de retrouver. » On peut donc à cette heure se demander si l'iode existe bien dans ( ' 1 M. Gliatin opérait sur des volumes de 4t>oo à ioooo litres d'air à la fois. (•-) Comptes rendus, t. XXXI, p. 868 (i85o); t. XXXII, p. 669; t. XXXIV, p. 54: 1. XXXV, p. 5o8; t. XXXVII, p. 724; t. XXXV11I, p. io84; t. XLVI, p. 3<)y ; t. L,p.4ai. — Archiv. des missions scientifiques, t. III, p. 368 (i854). (3) Comptes rendus, t. XLVI, p. 807. (*) Ibid., t. XXXV, p. 5o8. (s) \oïv Ibid., t. XLVII, p. 664 ; t. XL1\, p. 170; t. L, p. 177. — Journal de Phar- macie et de Chimie ( 1 8 5 4 ) , L XX\ , p. 192. — Jourual L'Institut, 24 août i853. 644 l'air, même aux faibles doses indiquées par MM. Chatiu, Marchand et Buss\ , et, au cas où il s'y rencontrerait, sous quelle forme il s'y trouve, et quelle est sa signification et son origine. » Pour répondre à ces questions, j'ai examiné l'air recueilli surplace et en divers lieux : ville, bois, montagne et mer, séparant de la partie gazeuse les corps en suspension, puis examinant chaque portion attentivement. m L'air à étudier filtrait d'abord dans un tube de verre de iS""*1 de dia- mètre intérieur, à extrémité recourbée vers le sol, et placé sous un petit auvent de zinc qui le mettait à l'abri de la pluie. Ce tube était rempli, sur une longueur de i \ à i5 centimètres, de bourres de laine de verre (exempt d'iode) un peu tassées. L'air filtré se rendait ensuite par une canalisation de verre dans un barboteur tubulaire très puissant, où il se lavait dans i5 à 20 cent, cubes de lessive de potasse (D =i,'j) exempte d'iode ('). Il parcourait bulle à bulle ce laveur spiroïdal, sur une longueur de im,5o environ, avec une vitesse de 3'" à 3Ut,5 à l'heure. L'air ainsi privé d'iode était enfin conduit dans une série d'appareils destinés à d'autres recherches, et de là renvoyé au compteur. Lorsque la quantité d'air circulant était reconnue suffisante, on procédait à l'examen. » lies substances iodées se répartissaient en trois catégories: (a) Sub- stances solides déposées sur la bourre de verre et solubles dans l'eau froide (Iodures alcalins et terreux); (hi) Substances déposées sur la bourre, mais inso- lubles dans l'eau ( Poussières iodées organiques ou organisées : schizophytes, algues, spores iodées, . . .); (c) Substances gazeuses dissoutes dans la potasse ("') ( Vapeur d'iode, acide iodhydrique, corps iodés organiques volatils). » (a). Iode des substances fixes solubles Fuo ' • • •> 5^ °"e milligramme d'iode ; on conclut de cette comparaison à la quantité d'iode cherchée. On peut ainsi apprécier des différences de yj-j à j^ de milligramme. » (b). Iode des substances solides insolubles dans l'eau. — La bourre de coton de verre lavée à l'eau froide, et le petit filtre où sont passées les eaux de lavage ci-dessus et où s'est déposée une partie des matières insolubles, sont introduits à froid dans une solution très concentrée de potasse pure mêlée de potasse en plaque (2,5 fois le poids de la matière à attaquer) placée dans une capsule de nickel (') exempt d'iode; on chauffe lentement jusqu'à fusion ignée. Après avoir maintenu la potasse fondue durant trois à quatre minutes, on laisse refroidir, on reprend par un peu d'eau distillée, on lave la capsule et l'on verse le tout, sans filtrer, dans une éprouvette étroite entourée de glace. Au moyen d'un entonnoir à long col, on fait tomber au fond du mélange de l'acide sulfurique pur étendu d'eau, jusqu'à saturation complète; on réal- calinise avec une goutte de potasse pure et l'on filtre; la liqueur claire est évaporée au bain-marie jusqu'à commencement de cristallisation du sulfate de potasse; on ajoute alors au magma de l'alcool à 83° cent, tant qu'il se fait un précipité, on laisse refroidir et filtre de nouveau (2). La liqueur alcoolique claire est mélangée de son volume d'eau, évaporée au bain-marie, enfin traitée comme il est dit en (a). » (c). Iode des parties gazeuses lavées dans la lessive de potasse. — Cette lessive est mélangée de 2 volumes d'eau, introduite dans une longue éprouvette placée dans la glace, puis saturée par SO4 H2 étendu avec les précautions indiquées en (b) ; on con- tinue ensuite comme il a été dit ci-dessus. » En opérant ainsi, on peut recueillir dans icc de sulfure de carbone jusqu'à -^ de milligramme d'iode, et en apprécier comparativement la coloration. On peut même, avec quelques précautions supplémentaires, laver avec | centimètre cube de sulfure les 2 cent, cubes de liqueur aqueuse définitive contenant tout l'iode et en retrouver 5~ de milligramme ( 3). (') II vaut mieux que le cuivre ou le fer qui contiennent souvent de l'iode. (:) Mon préparateur, M. P. Bourcet, qui fait en ce moment des dosages d'iode dans les matières alimentaires, a un peu modifié cette méthode; il n'attend pas la cristallisa- tion des sulfates et ajoute l'alcool à 93° cent, à la liqueur aqueuse un peu concentrée, de façon à précipiter les sels à l'état grenu tout en laissant en dissolution la totalité des iodures et iodates. (3) Je me suis assuré que l'iode des iodures, aussi bien que celui des iodates (mais celui-ci un peu plus lentement), est mis en liberté, par le gaz nitreux, pourvu que l'on ajoute environ 10 fois la quantité d'azotile théorique. L'opération du déplacement de l'iode et de l'agitation avec le sulfure doit se faire en liqueurs glacées et dans des tubes presque pleins et bouchés si l'on ne veut s'exposer à perdre un peu d'iode en vapeur. On abandonne ensuite à la température ambiante pour juger de la coloration. C. R., 1899, 1" Semestre. (T. CXXV1II, N° 11.) 85 ( 646 ) » Telles sont les précautions nouvelles que je recommande pour ap- pliquer cette méthode déjà ancienne ('). Voici maintenant mes résultats. A. — Air de paris. [. Air du boulevard Saint-Germain (École de Médecine) pris à 3m,8o au-dessus de la chaussée, recueilli de mai à novembre 1898. Temps variable, généralement beau. Volume d'air (tempe rat are et pression variables) : i45o'". Iode fixe, soluble dans l'eau (iodures, etc.) Nul Iode fixe, insoluble dans l'eau (poussières, algues, spores, etc.). Expérience perdue \ Nul ou moins de,-L Iode volatil, arrêté par la lessive de potasse (1, 111, etc.) ' , .... r r (de milligramme II. Air aspiré au même lieu, dans les mêmes conditions, de novembre 1898 à mars 1899. Volume total de l'air (température et pression variables) : 3868lu. Iode fixe soluble N ul Iode fixe insoluble 20T ^e milligramme soit en moyenne pour iooolil d'air (calculé à o° ) „„ , J r omsr ooidJ et76oram) ) . 1 r ... iv 1 r •, ( Nul ou moindre que =4ô Iode volatil (1, 111, vapeur d îodoforme, etc.) , .... 1 ( de milligramme B. — Air des bois. III. Air des bois de Lainville (Seiue-et-Oise) ; forêt de chênes, bouleaux et châtai- gniers; altitude : 170™. Expériences faites les 27, 28 et 29 juillet 1898. Beau temps, petite pluie durant une demi-journée, air du jour et de la nuit. Volume d'air : 280''' (calculé à o° et 760™'"). Iode sous ses trois formes. . . Nul ou inférieur à -g— de milligramme G. — Air de la haute montagne. IV. Air pris au pied du pic du Ganigou (Pyrénées-Orientales) au fond de la vallée rocheuse du Pla de Cadi. Altitude 2400"'. Solitude absolue; beau temps. Air aspiré jour et nuit à 2m au-dessus d'un grand névé. Expériences faites les 6, 7 et 8 août 1898. Volume d'air (réduit à o» et 7<5omm) : 184''', 7. Iode fixe (soluble dans l'eau) Nul Iode fixe (insoluble dans l'eau) Non cherché Iode volatil Nul (* ) RabOI:rdI.\, Comptes rendus, t. XXXI, |i. 7S4 (i85o). ( 647 ) D. — Air uk la mer. V. Expériences faites les 22, 28, ïl\ et 25 octobre 1898, au phare de Rochedouvres établi sur un rocher dans la Manche, à 60 kilomètres environ des côtes. Bon vent du large W.-N.-W., soufflant du plein Atlantique depuis plusieurs jours. Beau temps. Air aspiré nuit et jour à i3m au-dessus du niveau de la plus haute mer. Volume d'air aspiré {réduit à o° et 760™™) : 33i'''. Iode fixe, soluble dans l'eau (Iodures) .... Nul ou moindre que 5-J-5- de milligramme Iode fixe, insoluble (Diatomées, algues, spores, etc.). on'f:r,oo55 soit, par ioooUt d'air (calculé à o°et76o'"m). om%',o\&-] Iode gazeux (I, HI,. etc.) Nul » Il résulte de ces faits que : » i° L'air de Paris contient moins de ~ de milligramme d'iode libre ou à l'état de gaz iodés dans 4000 litres d'air environ. Sous cette forme, l'iode n'existe pas. ou n'existe pas en quantité sensible, dans l'air de Paris, ni dans celui des bois, de la montagne ou de la mer; » 20 II en est de même de l'iode qui pourrait, à la rigueur, se trouver dans l'air à l'état de sels solubles (iodures ou autres), en poussières extrêmement ténues; » 3° Au contraire, pourvu qu'on agisse sur 2000 à 3ooo litres à Paris, sur 200 à 3oo litres à la mer, on trouve dans l'air une petite quantité d'iode sous une forme fixe et insoluble dans l'eau. Cet iode ne devient sensible qu'après que la bourre de coton de verre où il s'est déposé a subi l'action de la potasse fondante. Ce métalloïde semble donc contenu dans l'air sous forme de principes iodés complexes, peut-être d'algues, lichens, mousses, schizophytes ou spores en suspension. » En effet, sous cette forme d'iode organique en suspension dans l'air, nous avons trouvé : Sur iooo11' à Paris omsr,ooi3 » à la mer omsr,oi67 C'est-à-dire que l'air de la mer contient treize fois plus d'iode dans ses corpuscules en suspension que l'air de la ville. Il semble qu'on puisse induire de cette constatation que la mer est l'origine principale de l'iode atmosphérique, et qu'étant données la forme insoluble de cet iode, sa façon de se conduire avec la potasse, l'absence complète de poussières minérales à la mer quand le vent vient du plein Océan, ce métalloïde doit exister dans l'air à l'état organique, probablement même organisé. On sait que le planklon des eaux de la mer est formé d'un immense réseau d'infusoires. ( 648 ) diatomées, algues, etc. qui vivent surtout à la surface des eaux et envoient dans l'air marin leurs spores, leurs produits et débris de toute sorte. » S'il en est ainsi, si l'iode nous vient surtout de corps organisés, non seulement les particules en suspension dans l'air des villes (et surtout de celles qui ne sont pas très éloignées des mers, comme Paris) doivent conte- nir un peu d'iode, mais ce corps entrant dans la composition des parties en suspension les plus légères, telles que les levures, mousses, algues, spores ou bactéries, l'iode doit être d'autant plus abondant dans les pous- sières qu'elles auront été recueillies sur des points plus élevés. » C'est ce que j'ai constaté, en effet. De fines poussières que j'ai recueil- lies à 4om au-dessus du sol, sous la colonnade du dôme du Panthéon où le public ne va pas, et où elles se déposent à l'abri de la pluie, mais non du vent qui sans cesse enlève leurs particules les plus légères, contenaient : Iode pour ioo»r de poussières on,s, 066 » Plus haut, à 77™ au-dessus de la rue, sous le bandeau de pierre cal- caire de la lanterne qui surmonte le dôme de cet édifice, j'ai recueilli une matière noir-verdâtre, lichénoïde, formée de parties ténues, un peu adhérentes à la pierre, mélange de particules charbonneuses et minérales, de mousses microscopiques, algues, bactéries, débris organisés divers (') qui m'ont donné : Iode pour ioosr o,us, 55i » Ce dépôt poussiéreux ('-) formé à j-]*1 au-dessus de la ville contient donc une quantité d'iode plus de huit fois supérieure à celle que l'on trouve dans les poussières plus lourdes déposées 37™ plus bas. » L'iode de l'air se trouve donc accumulé dans les parties les moins denses des poussières; il ne devient sensible qu'après fusion à la potasse; il est surtout abondant dans l'air de la pleine mer où ne se rencontrent pas de poussières minérales insolubles, mais où sont emportées les spores, algues, et débris du plankton : toutes ces constatations nous portent à penser que la majeure partie de l'iode de l'air paraît surtout originaire d'algues mi- croscopiques ou de spores iodées d'origine marine, sans que rien démontre toutefois que les végétaux terrestres inférieurs ne puissent fournir aussi une partie de ce métalloïde. (') Notre savant confrère, M. Bornet, a bien voulu examiner ce dépôt et s'assurer de la présence des algues, mousses, etc., et débris organisés qui le forment en partie. (J) J'y ai trouvé : Matière minérale, 69,3 ; matière organique, 14,02; eau, 16,70. ( 64g ) » Il ne paraît pas que l'iode existe dans l'air, du moins en quantité sensible. à l'état de vapeur provenant de la décomposition, expérimentalement éta- blie, des iodures alcalins par l'oxygène en présence de l'acide carbonique (Bert/ielot) ou par l'ozone atmosphérique. Je n'en ai pas trouvé sous'cette forme -— de milligramme dans 4oooht d'air. L'air'de Paris, des' bois, *de la montagne et de la mer elle-même ne m'en a pas fourni davantage," soit à l'état organique, soit à l'état d'acide iodhydrique, soit sous celui d'iodures alcalins ou terreux issus delà mer ou du sol. » Je montrerai, d'ailleurs, dans une Note prochaine, combien est elle- même petite la quantité de chlorure de sodium que l'air de la mer charrie à l'état de poussières et d'embrun. » PHYSIQUE. — Essai sur une forme nouvelle de la relation f(pvl) = o; cas de l'état de saturation. Note de M. E.-H. Amagat. « I. La forme compliquée de la fonction que j'ai proposée récemment ne paraît pas devoir se prêter facilement, par l'emploi d'une méthode ana- logue à celle suivie par Clausius, au calcul des données relatives à la satu- ration; on peut cependant se rendre compte, dans une certaine mesure, du degré d'approximation avec laquelle elle satisfait, dans ces conditions, aux données expérimentales. » Admettons, pour un instant, qu'on possède les valeurs rigoureuse- ment exactes des volumes de vapeur et de liquide à saturation, si l'on sub- stitue à v dans la formule l'une ou l'autre de ces valeurs relatives à une température donnée, le calcul devra conduire à deux valeurs de p égales entre elles et à la tension maxima correspondante. Il faut bien remarquer la difficulté de l'épreuve ainsi tentée; le désaccord pourra provenir non seulement de l'insuffisance de la formule, mais encore de ce fait que, pré- cisément à cause de cette insuffisance, les valeurs numériques des volumes pourront ne pas être strictement celles qui correspondent à l'état de satu- ration défini par cette même formule et à la température choisie; il est facile de voir d'après la forme des courbes, notamment celle des densités, que les divergences résultant de cette double cause d'erreur peuvent atteindre, quand on s'approche du point critique, des valeurs de beaucoup supérieures à celles qui correspondraient à la courbe de saturation réelle- ment contenue dans la formule, mais dont le calcul, par suite de la com- plication de celle-ci, serait extrêmement pénible. ( 65o ) » Le Tableau suivant, qui se comprend sans explication, montre que les écarts entre les pressions calculées et observées sont parfaitement tolé- rables, si l'on tient compte des difficultés signalées plus haut. Les diver- gences les plus fortes portent sur les pressions déduites des volumes de liquide, mais les tensions expérimentales sont généralement comprises entre les pressions calculées et très peu différentes de leurs moyennes. Acide carbonique {courbe de saturation). T. Volumes. 1Z Tensions calculées. Moyenne!. Tensions oxpérloienlales o Jg 1 0,0021 63 0,017342 0,002226 o,oi4865 0,0023lO o,oi25i3 0,002420, o,oio4o5 o,oo25S] o,oo8238 0,002812 0,005919 o,oo33o6 o,oo5o433 0, oo36884 o,oo4685 0,00397s 0,004261 0,004261 atm ■4,8 438,9 ,9,8 422,8 25,8 Jo5 ,6 34,5 :ts',.<; 46,85 360,90 68.8 3*7.4 1 11. 85 268,8 i49.' 166,5 210,5 191.1 191.1 atm 34,0 1! 3g, 2 37/. 44,3 1'.. • 50,2 '"•: 56,7 56,8 64,3 62,6 72,0 68,5 72>7 70,11 73,5 7 ! , 0 71 , g 7 ' •*' al 111 38,3 44.7S 5o,35 56,75 63.',5 70,25 71 ,35 7»>75 1 alm 34.3 39,0 44.2 50,0 56.3 63.3 70,7 72,3 72,8 72.9 Kl" i vapeur . i- -j ( vapeur 20* ,/., . i vapeur 3i«,25 .... 3i°,35 .. .. | 7-.0 » L'ensemble des écarts se voit de suite sur la figure ci-contre : à la partie supérieure, la courbe des tensions maxima p =f(t) est représentée en trait plein; l'ensemble des deux courbes calculées est tracé en trait ponctué, celles-ci se raccordent vers le point critique en M, après s'être coupées deux fois en C et D sensiblement sur la courbe expérimentale. De B en C, la courbe calculée avec les volumes de vapeur coïncide presque avec la courbe expérimentale; deC en Aies divergences considérables que présente la courbe provenant des volumes de liquide ne correspondent en (65.) réalité qu'à de faibles différences pour les densités correspondantes; c'est ce que montrent bien les courbes expérimentale (trait plein) et calculée GO 50 40 30 20 10 S Tensions Maxîma Acide CabbomIoue J T. 0° 10"- io° 30 40° des densités de liquide et de vapeur reproduites à la partie inférieure de la figure; les petites différences qu'on voit de E en F entraînent dans le calcul des pressions correspondantes les écarts considérables qu'on voit ( 65a ) de A en C; or, ces petites différences sont presque de l'ordre de grandeur des erreurs expérimentales possibles, et encore dois-je ajouter que la der- nière détermination expérimentale (ainsi que cela est indiqué sur la courbe de ma Note du iG mai 1892) correspond à près de 20; la courbe a été pro- longée, d'après son allure, jusqu'à zéro. » On voit, en résumé, que les courbes de densité à saturation coïncident presque jusqu'en R, H, et que la déformation de la courbe calculée, entre K H et le point critique N, s'explique aisément après les remarques faites plus haut. » Je dois encore rappeler que la forme [r — tp(c)T] du numérateur de n' (Note précédente) a été établie en parlant de ce fait que, pour un volume constant donné, d-1 la valeur de —r- est sensiblement constante. En réalité, pour qu'il en soit rigoureuse- ment ainsi, il faudrait que le coefficient de pression -~- soit lui-même rigoureusement fonction du volume seul; en effet, de la valeur de ic', soit -^-^ — p, on tire à volume constant — 0» quantité évidemment positive pour tous les gaz étudiés sauf l'hy- drogène, par suite R est supérieur à l'inverse de 273; pour que R soit égal à jys '1 faudrait rapporter la formule à la masse de gaz telle, que pv sous une pression extrêmement faible (soit, pour l'ordonnée initiale /v\>) so't égale à l'unité; dans ces conditions, en effet, -' pourrait être considéré comme nul, et l'on aurait /V\,= i = RT = RX273. » Si donc on prolonge l'isotherme à zéro du réseau actuel jusqu'à l'axe des pv, et si 1 4- s est l'ordonnée p0vn ainsi obtenue, la masse de gaz pour laquelle cette ordonnée initiale aurait pour valeur l'unité serait évidem- ment égale à celle à laquelle se rapporte actuellement le réseau, divisée par 1 -+■ e. » C'est aux masses déterminées ainsi pour les différents gaz qu'il se- rait rationnel de rapporter les réseaux et les formules qui les représentent, car ce sont celles qui, à zéro et sous une même pression extrêmement faible, c'est-à-dire dans les conditions où les gaz peuvent être considérés comme parfaits, occuperaient le même volume; ce sont donc ces mêmes masses qu'il conviendrait de faire intervenir dans les théories relatives aux équivalents en volume, à la loi d'Avogadro-Ampère et aux diverses questions qui s'y rattachent; les résultats auxquels on arriverait ainsi reviendraient au fond théoriquement à ceux qui ont été calculés l'année dernière par M. D. Berthelot. » Il faudrait, pour arriver à de bons résultats, poursuivre l'étude expé- rimentale des isothermes jusque sous des pressions suffisamment faibles. tout en restant dans les limites où les erreurs relatives que comporte leur mesure ne commencent pas à devenir notables; on éviterait ainsi l'incer- titude que présentent forcément soit l'extrapolation, soit le prolongement graphique des courbes à partir de points trop éloignés de l'ordonnée ini- tiale. » C. R.,1899, 1» Semestre. (T. CXXV1II, N" 11.) ^(» ( 654 ) ANALYSE MATHÉMATIQUE. - - Sur l 'interprétation d'un nombre restreint d'observations. Note de M. E. Vallier. « On sait que, lorsque l'on dispose d'un grand nombre d'observations pour la mesure d'une quantité, la règle de la moyenne arithmétique est justifiée par la théorie de Laplace et par l'expérience et que, dans ce cas, une mesure s'écartant même notablement de cette moyenne ne doit être écartée que si l'on reconnaît une cause vraisemblable et intrinsèque à l'in- fériorité de cette mesure suspecte. Du reste, si le nombre d'épreuves est élevé, l'influence de cette mesure particulière n'est pas considérable et ne modifie pas en général la valeur finale, d'une quantité appréciable et supé- rieure aux écarts inévitables résultant du fait même de l'observation. » Mais il n'en est pas de même lorsque l'on ne dispose que d'un nombre très restreint d'observations. Dans ce cas, en effet, la mesure exceptionnelle en question prend une importance considérable, et son poids, pris égal à celui de chacune des autres mesures, a de ce fait une valeur certainement trop élevée. » Aussi la plupart des expérimentateurs ont-ils posé des règles d'élimi- nation pour de pareils cas. La plus usuelle est celle qui consiste à rejeter une mesure qui s'écarte de la moyenne de plus de quatre écarts probables, admettant tacitement que dans une série d'épreuves très nombreuses une telle mesure ne se reproduirait pas, et que, par suite, son influence doit être considérée comme négligeable. » Il n'en est pas moins vrai qu'il y a là une mesure arbitraire et dange- reuse, et que l'on se trouve amené à des conséquences singulières. > Supposons, par exemple, une série de pesées, et dans cette série une pesée très forte : cette dernière augmentera la moyenne d'une quantité vraisemblablement trop considérable et qui croîtra avec le poids suspect; mais on remarquera que, si ce poids est assez fort pour qu'on lui applique la règle d'exclusion, le fait d'avoir enregistré ce poids semblant trop élevé conduira à un résultat final moindre que s'il avait été un peu moins fort. » Effectivement, soient M la moyenne des n — i pesées régulières, p la pesée suspecte; le poids moyen a pour mesure n ' " 0 M /' AI '' - ■ n n il est donc supérieur à M, et croît avec p jusqu'à ce que p atteigne une cer ( 655 ) laine valeur p', auquel cas on admet n niais, si p se trouve supérieur à cette valeur p' , définie par la règle d'ex- clusion adoptée, le poids F retombe à la valeur M, de telle sorte qu'à un accroissement de poids constaté répond une réduction de la valeur adoptée. » Il y a donc intérêt à rechercher une règle dispensant de recourir à l'élimination d'une mesure suspecte, s'il n'y a d'autre raison à invoquer à l'appui que la valeur même de celte mesure, tout en tenant compte des indications fournies par la théorie des probabilités. » La discussion de nombreuses expériences de toutes sortes m'a conduit à formuler la règle développée ci-dessous, en utilisant les travaux de M. le I)'' Thiele ( ' ), de Copenhague. » Ce savant a recherché comment l'on pouvait mettre en formule une suite d'observations expérimentales, et a été conduit à un développe- ment en série se réduisant naturellement à la fonction exponentielle lorsque le nombre des observations croît indéfiniment. » J'ai vérifié que cette série pouvait très sensiblement, dans la pratique, se réduire à ses deux premiers termes : dans ces conditions, si l'on désigne par x l'écart d'une mesure par rapport à la moyenne arithmétique, par sÀ et 53 la somme algébrique des carrés et des cubes des écarts observés, par n le nombre des observations, par h2 l'inverse de l'écart moyen quadra- tique, la loi de probabilité des écarts s'écrit ?(,) = K^[.-g(3a!-AV)]. » Sous cette forme, on voit immédiatement que la mesure la plus pro- bable n'est plus la moyenne arithmétique, mais cette dernière augmentée de la racine de l'équation cp'( x | o. » Cette équation s'écrit <>/«.< 4- '>sji- ( i — -ilrx- H 5— \ = o, dont la racine a pour valeur approchée sji1 _ •1 11 2 s. ■'» 1 < Voir Bulletin des Sciences mathématiques, t. XIV, p. j3. 656 ) le facteur entre parenthèses ne différant généralement pas de l'unité d'une valeur supérieure à l'approximation fournie par l'observation. \insi, lorsque l'on ne dispose que d'un nombre très restreint d'obser- vations et que parmi les mesures relevées il s'en présente une différant no- tablement des autres, sans cause vraisemblable et intrinsèque d'élimination, il convient, au lieu de l'écarter purement et simplement, d'ajouter à la moyenne arithmétique, en grandeur et en signe, la quantité - -3 s. els^ étant respectivement les sommes algébriques des carrés et des cubes des écarts pris par rapport à la moyenne. » NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Cor- respondant pour la Section de Géographie et Navigation, en remplacement de M. Manen. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant j:>. Le R. P. Colin obtient ^6 suffrages, M. Normand (Augustin) 5 » Il y a un bulletin blanc. Le R. P. Colix, ayant obtenu la majorité absolue des suffrages, est pro- clamé élu. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de Com- missions chargées déjuger les concours de 1899. Le dépouillement des scrutins donne les résultats suivants : Grand prie des Sciences physiques. — MM. Mil ne-Edwards, de Lacaze- Duthiers, Perrier, Filhol, Bornet. Prix Bordin (question proposée pour 1898, remise à 1899).— MM. Dar- boux, Poincaré, Picard, Appell, Jordan. Prix Bordin (question proposée pour 1899). - MM. Milne-Edwards, Perrier, de Lacaze-Duthiers, Filhol, Ranvier. Prix Fourneyron. — MM. Maurice Lévy, Boussinesq, Léauté, Sarrau, Sebert. Prix Pourat. A I. Mar< \. Chauveau, d'Arsonval, Ranvier, Bouchard. ( *>57 • MEMOIRES PRESENTES. MM. Rî. et A. Campagne adressent une Note relative à un traitement anticryptogamique et insecticide de la Vigne, au moyen d'une bouillie formée de parties égales de térébenthine alcalinisée et de sulfate de cuivre trituré. (Renvoi à la Commission du Phylloxéra.) CORRESPONDANCE. M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance, un Ouvrage de M. Tisserand intitulé : « Leçons sur la dé- termination des Orbites (*) ». Cet Ouvrage contient les Leçons cpie notre regretté Confrère a professées à la Sorbonne, dans sa dernière année d'enseignement, et qui ont été recueillies par M. Perchot. Il est précédé d'une Préface de M. H. Poincarc. M. le Secrétaire perpétuel signale un Volume de M. Edmond Foumier, intitulé : « Stigmates dystrophiques de l'hérédo-syphilis ». (Présenté par M. Lannelongue, pour le concours des prix de Médecine et Chirurgie, fondation Montyon.) M. F.-R. Helmert, élu Correspondant pour la Section de Géographie et Navigation, adresse ses remercimenls à l'Académie. ASTRONOMIE. — Observation de la comète Swift (1899, a), faite au grand cquatorial de l'observatoire de liordeaux. Note de M. F. Courty, trans- mise par M. G. Rayet. Comète Swift (1899, a). Temps sidéral Date. de 1S99. Etoile. Bordeaux. 4a comète. A26 u>-.."><>. 1 '1 .7 — °'^'.)7 La comète est très brillante, mais elle n'est pas visible à l'oeil du comme l'avait dit la première dépêche île Swift. astronomie. — Sur deux anciennes averses des Biélides. Note de M. D. Egimtis, présentée par M. M.Lœwy. c Outre la pluie des Biélides dont nous avons entretenu dernièrement l'Académie, nous venons d'en trouver deux autres, plus anciennes encore. Le chroniqueur Théophane cite une très riche averse, produite pendant le règne de Justinien dans l'année de la fameuse révolte de Nika. » Fendant la même année, dit-il, une grande course d'étoiles s'est produite depuis le soir jusqu'à l'aube; tout le monde s'en étonnait et disait que les étoiles tombaient et qu'on n'avait jamais vu une telle chose. » » Malheureusement le chronologiste ne nous donne pas le mois dans lequel le phénomène fut aperçu. Mais si l'on tient compte que cette pluie, étant observée depuis le soir jusqu'à l'aube, ne peut appartenir à aucun des principaux essaims connus, excepté celui des Androméides, il n'est pas improbable qu'elle provienne de cet essaim. Mais ce qui nous confirmerait dans cette idée, c'est l'année de l'observation du phénomène. La révolte de Nika a eu lieu en 53>; le phénomène en question fut donc observé 220 ans avant l'apparition îles Biélides que nous avons signalée récemment, ce qui correspond exactement à 1 1 périodes de 20 ans, périodes dont cha- cune équivaut à trois périodes de la comète de Biéla. Cette coïncidence, qui ne nous parait pas pouvoir être fortuite, rend plus que probable notre supposition précédente que la pluie en question appartient aux Biélides. » Parmi les faits du règne de l'empereur Justinien, le chroniqueur ( 659 N Cédrinos cite l'observation d'une abondante pluie d'étoiles (liantes, pro- duite on 558, depuis le soir jusqu'au matin. Malheureusement, cet écrivain ne nous donne non plus ni le jour, ni le mois même de la manifestation du phénomène, et, par conséquent, nous ne pouvons pas nous prononcer avec certitude s'il appartient ou non à quelqu'un des principaux essaims connus. M;iis, puisque, de même que dans le cas précédent, il a commencé dès la lin du crépuscule, s'il est dû à quelqu'un de ces essaims, celui-ci ne peut être aucun autre que le courant des Androméides. Nous allons donc exa- miner si, outre cette simple possibilité, il existe d'autres raisons donnant lieu à croire que nous avons réellement affaire, ici, à une averse des Bié- lides. » Et d'abord, Cédrinos écrit que le phénomène s'est produit quelque temps après une grande épidémie qui a eu lieu pendant la même année. Mais, d'après Théophane, cette épidémie n'a cessé qu'au mois de juillet; par con- séquent, ladite averse, qui s'est produite quelque temps après ce mois, doit avoir été observée pendant l'automne. D'ailleurs, de même que dans la pluie de 732, outre l'heure du commencement du phénomène et la saison de son observation, l'année même dans laquelle il s'est produit est bien favorable à la supposition qu'il s'agit d'une pluie de Biélides. En effet, si l'on tient compte que de grandes pluies de Biélides se sont montrées en 1798 et i838, que l'intervalle de 4o ans, qui sépare ces deux apparitions, équivaut à six périodes de la comète de Biéla, et que l'espace de 558 à 1 798 correspond exactement à 3i de ces périodes de 4o ans, on doit consi- dérer comme plus que probable qu'il s'agit, ici aussi, d'une manifestation des Androméides. « En outre, Théophane, exactement quarante ans avant la pluie de 558, cite l'apparition d'une grande comète, qui est très probablement celle de Biéla. En effet, outre la période de quarante ans, qui sépare l'apparition de cette comète de l'averse en question, l'observation de la comète de 74 5, qui, d'après ce que nous avons dit dans notre précédente Communication, serait celle de Biéla, écarte toute idée d'une coïncidence fortuite, Tinter valle de deux cent vingt-sept ans, qui sépare ces deux apparitions comé- taires, correspondant exactement à 34 périodes de la comète de Biéla. Nous avons donc en 5i8 et 558 deux manifestations successives de cette comète, sous des formes différentes, de même qu'en 1798 et i838 nous avons eu deux apparitions successives de l'essaim des Biélides, séparées par la même période de temps. i" En outre, l'astre, qui nous semble aussi être identique avec la comète 66o ) de Biéla, et dont L'apparition contribue à affirmer notre conclusion précé- dente, c'est la comète observée en Chine en 1092. Cet astre, non seule- ment a apparu dans une année qui correspond exactement aux manifes- tations des Biélides de 702, i852, 1872 et 1892 et de celles de la comète de Biéla de 1772 et i852, conformément à la période de vingt ans; non seu- lement cet astre fut observé dans une année qui est séparée de l'apparition de 745 par un intervalle de temps qui équivaut exactement à 52 périodes de la comète de Biéla, mais en plus ces éléments, qui ont été calculés par Hind, ressemblent beaucoup à ceux de cette dernière comète, pourvu qu'on tienne compte des variations que ces éléments ont subi depuis sa première apparition en 1772. » D'après ce qui précède, on peut donc considérer comme presque certain que la comète de Biéla a été observée plusieurs fois, depuis envi- ron quatorze siècles, avec une remarquable constance de période, et que l'abondante pluie météorique de 558, de même que celles de 53a et 752, appartiennent aux Biélides. » Mais ces diverses anciennes averses ne paraissent pas provenir toutes du même groupe de météores, celles de 532 et 752 appartiennent probable- ment à un même fragment de la comète de Biéla, autre que celui qui a donné naissance à l'averse de 558, de même que les Biélides de 1798 et i838 semblent provenir d'un groupe de corpuscules différent de celui qui a produit les pluies de 1872 et 1892. Cela nous confirmerait dans l'idée exprimée dans notre Communication antérieure, au sujet de la lente désa- grégation de la comète de Biéla. » D'ailleurs, la découverte de ces deux grandes averses, qui prouvent que les fortes pluies des Biélides se sont répétées fréquemment depuis un grand nombre de siècles; la diversité des groupes de météores, qui ont donné naissance à ces pluies, et qui montre que la décomposition de la comète de Biéla se poursuit au moins depuis l'antiquité; la remarquable identité de leur période de révolution avec celle de cette comète, identité qui n'est pas probable dans le cas des émissions nucléaires; le manque d'une période annuelle ainsi que d'une longue durée du phénomène des Biélides, manque qui ne se présenterait pas, très probablement, dans le cas de ces émissions, par suite de la dispersion des corpuscules produite par l'action de la Terre et de Jupiter, tout cela affirmerait la conclusion de notre Note précédente, que la théorie de M. Schiaparelli sur l'origine des courants météoriques s'applique bien à l'essaim des Biélides. » ( «6i ) MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Sur le mécanisme de la désagrégation des mortiers hydrauliques. Note de M. H. Le Chatelieii, présentée par M. Ad. Carnot. « La désagrégation accidentelle des mortiers hydrauliques présente quelques particularités restées jusqu'ici inexpliquées. Les conditions les plus habituelles de cette désagrégation sont, comme on le sait, la présence dans le ciment de chaux ou de magnésie non combinée, la présence dans les eaux ambiantes de sulfates solubles de chaux et de magnésie (eau de mer, eau séléniteuse). L'action de ces agents destructeurs ne se manifeste pas seulement par une perte de cohésion mais aussi par des fentes, par des gonflements, indices certains du développement de forces internes consi- dérables, corrélatives soit de l'extinction tardive des bases libres, soit de la combinaison des sulfates avec les sels calcaires du ciment. Sans insister pour le moment sur la cause immédiate de ces forces, acceptons leur existence comme un fait; il reste encore, rien que pour expliquer leurs effets, bien des difficultés à résoudre. Voici l'une des plus graves: tandis que l'hydratation de la chaux et de la magnésie ne demande, pour s'ache- ver, que quelques jours au plus, l'action expansive ne se fait parfois sentir qu'après des mois et des années. L'explication de ce retard, et des retards semblables dans la destruction des mortiers à la mer, me semble résulter de deux faits mis en évidence par mes recherches antérieures : la solu- bilité plus ou moins grande de tous les composés actifs des ciments et la variation de solubilité (') des corps solides avec la pression qu'ils sup- portent. » La chaux ou la magnésie en s'éteignant, le sulfoaluminate en cristal- lisant, développent, suivant leur proportion relative, des forces plus ou moins énergiques; envisageons le cas où elles sont insuffisantes pour pro- voquer une rupture immédiate et n'occasionnent, au premier moment, que des tensions élastiques. Les éléments actifs du ciment ainsi mis en tension voient leur solubilité croître; ils se dissolvent pour recristalliser immé- diatement sur place hors de tension. Les déformations élastiques se trans- forment, par ce mécanisme, en déformations permanentes qui se déve- (') H. Le Cuatelier, Sur la théorie du regel. {Comptes rendus, t. CXIV, p. 62 J .892). C. R., 1S99, 1" Semestre. (T. CXXVIII, N° 11.) 87 ( 6f>2 ) Ioppent très lentement en raison : moyenne 7ks,o8 Baguette mouillée 3ks, 5- et 3ks,36.j : moyenne 3k6, 61 » On a mis alors parallèlement en expérience une baguette sèche et une baguette immergée dans une solution de sulfate de chaux en les chargeant de poids moitiés de ceux de rupture, soit 3kg, 54 pour la baguette sèche et ikg,8o pour la baguette mouillée. La baguette sèche était encore intacte au bout de deux mois, tandis que la baguette mouillée avait cassé au bout de vingt-quatre heures après avoir pris une flèche permanente deomm,8. Une nouvelle expérience a été faite en chargeant une autre baguette mouillée d'un poids égal au quart de celui de rupture immédiate, soit oKr,o,oo. La rupture s'est encore produite, mais cette fois seulement après quarante-neuf jours. La flèche permanente était de 1""". » On est en droit d'admettre, par raison d'analogie, que les choses se passent exactement de la même façon dans les ciments. La seule différence est que la force ne peut être assimilée à un poids constant et varie progres- sivement en tendant vers zéro. La chaux comprimée devient plus soluble cl se dissout passagèrement comme les éléments résistants; ces déplace- ( 663 ) ments inverses des éléments antagonistes tendent à faire disparaître les forces mutuelles qui les sollicitent et souvent un état d'équilibre définitif sera atteint avant que la rupture ne se produise; faute de quoi tous les mortiers devraient se détruire à la longue, parce qu'il n'y en a pas qui soient au moment de leur emploi absolument exempts d'expansifs. » ÉLECTRICITÉ. — Sur le maximum de sensibilité des galvanomètres à radie mobile. Noie de M. C. Féry, présentée par M. Lippmann. « Ayant eu besoin, dans une série de recherches, de mesurer de très faibles intensités au moyen d'un galvanomètre Deprelz-D'Arsonval, je me suis proposé de déterminer le rapport— des résistances du fil de torsion et de la bobine qui met l'appareil dans les conditions du maximum de sen- sibilité. » L'équation d'équilibre de l'appareil traversé par le courant fourni par une source d'électricité de force électromotrice E et de résistance inté- rieure p est , N «.«?% EHl2n ( I ) —77— O = : , /' r + r' 4- p dans laquelle p-. est le coefficient de Coulomb du fil de torsion, â! son dia- mètre, /' sa longueur, S la déviation, H l'intensité du champ magnétique, /le côté de la bobine supposée carrée (forme qui donne après le cercle le plus grand couple dans un champ donné pour une longueur constante de fil ). Enfin, n est le nombre de spires, r la résistance de la bobine et r' celle de la suspension. » Nous savons en outre que 1» '==£ en appelant p la résislivité du fil de suspension. » De même (!) i^=. si x est la résistivité du cuivre de la bobine. » Le poids de cette bobine est limité par le diamètre du lit de torsion. ( 664 ) car on doil avoir 77 ,/'"' I i | VD = P i P étant la charge que peut supporter le fil par unité de section, V étant le volume du fil de la bobine et D sa densité. » Pour faire intervenir le nombre de tours, écrivons qu'on doit avoir (S) Y=/,nl- I » En combinant les équations (3), (4) et (5) on obtient pour // la valeur d' /Prit » En remplaçant n par celte valeur dans l'équation d'équilibre et de même /' tiré de l'équation (a), on a, pour expression de S en fonction des seules variables r et r', ( JEHI /J\ r'y/7 Pour un fil de torsion de diamètre donné et des dimensions déterminées de la bobine, on peut appeler K la parenthèse et écrire S = K r'f ■ r + ;■'•+- p Cette expression de?) en fonction des résistances f et r1, considérées comme variables indépendantes, ne comporte ni maximum, ni minimum. » Il est donc nécessaire de se donner une autre condition, de façon à voir si la nouvelle fonction île S présente un maximum : » i° Supposons d'abord r' = const. (fil de torsion donne ) & = K' V r + r'- K' étant une nouvelle constante renferma ni /•'. » Cette expression représente une courbe du quatrième degré ayant ii n maximum pour r = r'+ p. » ." Supposons, au contraire, la bobine donnée (r= const.) et propo- ( 665 ) sons-nous de trouver la suspension donnant le maximum de déviation, ?i = K" -. , équation d'une hyperbole équilalère déplacée parallèlement aux axes de coordonnées. » Le maximum a lieu pour r' = ce. » 5° Posons enfin r -h r' =R, c'est-à-dire demandons-nous quelles ré- sistances doivent avoir les deux conducteurs constituant le galvanomètre E2 pour une résistance totale R donnée correspondant à une perte -5- consen- tie dans l'appareil de mesure, %_ K(R-/-)y/7 R + 0 Le maximum a lieu ici pour r = 2r. » Conclusion. — Les cas i° et 3° sont seuls intéressants dans la pratique; en particulier, le dernier va nous permettre de calculer le rapport des dé- viations qu'on obtiendrait avec l'appareil de laboratoire et un galvano- mètre ayant la même résistance totale, construit sur ces données. » Le modèle de galvanomètre couramment employé a pour constantes r ' = o,5 ohm et r — 200 ohms. » Construit de manière à satisfaire le troisième cas, il aurait les résis- tances suivantes : /-'— i32 ohms, /• = 66 ohms. » On aura donc comme rapport des déviations de ce dernier appareil au premier V i3?.y/66 _ ro 0 0,5^/200 )> Il ne faudrait cependant pas croire que l'application pure et simple de ces formules permette de multiplier si aisément la sensibilité. Plusieurs causes perturbatrices, dont la plus importante réside dans le magnétisme du cuivre de la bobine, signalé par M. Lippmann, rendraient ces calculs illu- soires si l'on ne prenait des précautions propres à les faire disparaître. » On annulerait presque complètement l'effet perturbateur dû au ma- gnétisme de la bobine par l'emploi d'un champ parfaitement uniforme; mais le meilleur remède, indiqué également par M. Lippmann, consiste à ( 666 ) rendre égale à l'unilé la perméabilité de l'équipage mobile en le garnissant de corps diamagné tiques. » physique. — Sur un cohèreur très sensible, obtenu par le simple contact de -; - CH' - CO Cl = H Cl 4- CHJ C02H C;1L n \0H \0 - C - CH» Orthoxyphénoxy-acétonc. Méthylélhène-pyrocatéchine. n En présence d'éther orthoformique, au contraire, la méthyléthène-pyrocatéchine se forme en proportion notable. » Un mélange d'éther orthoformique (i molécule et demie) et de chlorure d'acé- tyle (3 molécules), versé sur l'orthoxyphénoxy-acétone (i molécule) contenue dans un appareil à reflux, donne lieu, au bout de quelques minutes, à une réaction très vive : la masse s'échauffe, le liquide entre en ébullition, et il se produit un violent dégage- ment d'acide chlorhydrique; presque toujours il y a projection du liquide en dehors de l'appareil. » L'ébullition du mélange cesse bientôt d'elle-même; on complète la réaction en continuant à chauffer pendant une heure à reflux. » Étant donnés les produits qui prennent naissance dans cette réaction, celle-ci peut être décomposée en deux phases : <'.n. Mourix, Comptes rendus, 28 février 1899. 1 C11. Moi ri 1 . Sur Forthoxyphënoxy-acélone (Comptes rendus. i3 février 1891p. ( 67a ) m i° Production du diéthylacétal de l'orthoxyphénoxy-acétone c«hn met dans un matras un volume déterminé d'une bouillie de bioxyde de manganèse hydraté bien lavé contenant une proportion connue de bioxyde. On ajoute un peu plus de trois molécules d'acide iodique pour une de bioxyde, puis un excès d'iodate de potasse. On porte le tout à l'ébullion pendant quelques minutes. Il ne tarde pas à se déposer une poudre cristalline qui gagne rapi- dement le fond du matras, tandis que le liquide surnageant reste absolument limpide. On lave rapidement par décantation le corps formé, puis on l'essore sur une brique poreuse, et on le sèche au-dessus de l'acide sulfurique. » On obtient ainsi une poudre brun violet f :é à aspect cristallin, qui, examinée au microscope, est entièrement formée de petits cristaux presque cubiques, niais pré- sentant des angles différents de 900. Us agissent très faiblement sur la lumière pola- risée. » L'analyse de ce corps donne des nombres qui s'accordent avec la formule (I08)*Mn,2lOsK. » Sel ammoniacal. — On opère comme pour le sel dépotasse. 11 se présente soit ( 675 ) en une poudre brun violet tout à fait semblable au sel de potasse et constituée par des cristaux ayant la même forme, et à peu près la même taille, soit en une poudre de couleur plus claire rouge brique formée de cristaux de même forme mais beaucoup plus petits. » L'analvse nous permet de lui attribuer la formule : (I03)'Mn,2lO3AzHl. o Sel de baryum. — L'iodale de baryte étant extrêmement peu soluble, on pouvait craindre que l'iodate double correspondant aux composés précédents ne puisse se former. Il n'en est rien, et l'on peut l'obtenir en opérant de la façon suivante. On met dans un matras une quantité connue de bioxyde de manganèse hydraté à l'état de bouillie claire, un peu plus de quatre molécules d'acide iodique pour une de bioxyde et une molécule d'iodatede baryte en poudre fine. On abandonne le tout à l'éluve à la température de 900-o,5° pendant plusieurs jours. On voit alors se former lentement une poudre cristalline très lourde qui gagne le fond du matras. Lorsque cette poudre ne parait plus augmenter, on soumet le contenu du matras à la lévigation qui entraine le bioxyde de manganèse et une partie de l'iodate de baryte qui n'ont pas réagi. Une petite quantité d'iodate de baryte reste toujours mélangée au sel. Au microscope le corps se montre formé de cristaux très nets, jaune brun, semblables à ceux des sels de potasse et d'ammoniaque. On aperçoit en même temps une petite quantité d'iodate de baryte en masses incolores irrégulières. » A l'analyse, comme on devait s'y attendre, on trouve un léger excès de baryum, tandis que le manganèse est un peu faible. Quoi qu'il en soit, on a d'une façon cer- taine le composé (103)lMn, (I03)2Ba. » Sel manganeux. — Ce sel se forme dans des conditions analogues à celles où se produit le composé précédent. Il se présente sous la forme d'une poudre tantôt gris lilas, tantôt brun violet foncé. Dans le premier cas, le microscope le montre formé d'aiguilles extrêmement petites et indépendantes les unes des autres. Dans le second cas, il forme des masses radiées hémisphériques de couleur foncée conservant encore la forme générale de l'iodate manganeux employé à sa préparation. Soumises au broyage, ces masses se divisent en aiguilles identiques aux précédentes, en même temps que la couleur de la poudre passe du brun au gris lilas. La variation de couleur ne tient donc encore ici qu'à l'état de division plus ou moins grand de la substance. » Dans les deux cas, l'analyse donne des résultats qui conduisent à la formule (IO^Mn, (103)2Mn ou (I03)6Mn-. » On voit que l'on peut envisager ce composé, soit comme un iodate double de bioxyde et de protoxyde de manganèse, soit comme un iodate de sesquioxyde de man- ganèse. L'aspect des cristaux, si différent de celui des autres iodates doubles précé- dents, semblerait indiquer que le sel est plutôt un sel de sesquioxyde. » Beaucoup d'autres iodates métalliques donnent des composés ana- logues. A ce propos, on peut faire la remarque suivante. Tandis que les (676 ) sels de potassium et d'ammonium se forment très facilement, le sel de sodium ne se produit pas en opérant dans les mêmes conditions. Un fait analogue a lieu pour les sels de baryum et de calcium. J'ai pu préparer le premier avec la plus grande facilité, tandis qu'il m'a été impossible d'ob- tenir le second. En résumé. — i° Le bioxyde de manganèse est susceptible de former un iodate très peu stable, décomposable par l'eau, et qui ne peut exister qu'à la faveur d'un excès d'acide iodique; » 2° Cet iodate peut se combiner à divers iodates métalliques pour donner des sels doubles plus stables qui répondent à la formule générale ([O^'Mn, 2l03M' ou (I03VMn, (IO')2M", M' et M" représentant des métaux uni- ou bivalents. » CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches sur l'acide ot.AzH. CH2 - CAz Cil2 CO » J'ai alors préparé le cyanodiméthylsuccinate acide d'éthyle par saponification fractionnée de l'éther neutre. Ce corps, soumis à l'action de la chaleur, perd de l'acide carbonique et se transforme en cyanodiméthylpropionate d'éthyle CH3\ CH3/ C — CO2. C2H5 /CAz ^XCO^H CH3\0 CH3/ C -CO2. C2rP = C02 CH2-CAz. >> Cet éther bout sans décomposition, à 2i-°-22o0, sous la pression atmosphérique. C. R., :8oq 1" Semestre (T. CXXVIIt, N° 11.) % ( 678 ) Sa réduction présente de grandes difficultés. Ou la réalise cependant en dissolvant i5 d'éther dans iks d'alcool absolu, portant le mélange à l'ébullition et y ajoutant, le plus rapidement possible, ioosr de sodium. L'amino-acide formé est isolé à l'état de chlorhy- drate d'amino-éther. Ce chlorhydrate cristallise en aiguilles et fond à 1 1 a0. Le bromhy- drate et le sulfate correspondants fondent respectivement à 1 4 1 ° et i45°. » Lorsqu'on cherche à préparer l'amino-acide à partir d'un des sels précédents, on obtient la pp-diméthylpyrrolidone. Ce corps cristallise en lamelles nacrées, fusibles à 65°-6^°, et bout sans décomposition, sous la pression atmosphérique, à 287°. » Tous les dérivés aminés précédents ont été également obtenus à partir de l'acide xx-diméthylglutarique. En traitant l'anhydride de cet acide par l'ammoniaque en solution dans l'alcool absolu, on le transforme en dimé- thylglutaramate d'ammonium. Celui-ci, transformé à son tour en sel de so- dium, est traité par l'hvpobromite de potassium en solution à 10 pour 100 et en présence d'un excès d'alcali. La réaction s'effectue spontanément; on la termine en chauffant le mélange vers 700 pendant une demi-heure. L'ami- no-acide est isolé par étliérification au moyen de l'acide chlorhydrique et de l'alcool absolu. Comme on se trouve en présence de bromure de potassium, on obtient, non pas le chlorhydrate, mais le bromhydrate de l'amino-éther, fusible à i/ii". A partir de ce dérivé, j'ai préparé le sulfate, le chlorhydrate et enfin la pyrrolidone. Tous ces corps sont identiques à ceux que j'ai obtenus synthétiquement. » CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Sur V hëmatinc du sang et ses variétés suivant les espèces animales. Note de MM. P. Cazeneuve et P. Breteau, présentée par M. Friedel. « La variété des hémoglobines chez les différentes espèces animales, confirmée aussi bien par l'analyse élémentaire que par les formes cristal- lines, nous a donné à penser que le pigment ferrugineux ou hématine, copule importante de l'hémoglobine, devait être différent lui-même suivant l'animal envisagé. » Nous sommes même surpris que jamais l'attention des chimistes n'ait porté sur ce côté de la question. Il est vrai que la préparation de l'héina- tine pure a toujours constitué un obstacle à l'étude minutieuse de cette substance, en raison de sa longueur et des faibles rendements. » Nous nous sommes arrêtés à la méthode suivante, déjà esquissée par l'un de nous, il y a quelques années (Dict. de Wurts, Ier supplément, p. go5, expériences inédites), laquelle a l'avantage d'être rapide et de donner un ( 679) produit chimiquement pur, comme le prouvent la constance des chiffres de l'analyse élémentaire d'une hématine provenant de plusieurs préparations faites avec un même sang, et ensuite la coïncidence de nos chiffres, pour riiématine de bœuf, avec ceux d'Hoppe-Seyler et ceux de l'un de nous publiés, il y a de longues années déjà (loc. cil.). » Préparation. — Le sang défibriné est chauffé à l'ébullition avec son poids de sulfate de soude non effleuri. Le coagulum recueilli est essoré puis lavé avec un peu d'eau bouillante. » La masse humide, encore chaude, est épuisée par trituration dans un mortier avec de l'alcool à g3° tiède (temp. 5o°), contenant io&r, par litre, d'acide oxalique. Il faut traiter le coagulum par l'alcool acide par petites portions et jeter sur un filtre. a1'' d'alcool sont nécessaires pour épuiser le coagulum provenant d'un litre de sang. Le coagulum est complètement décoloré. On recueille une teinture alcoolique rouge brun très foncé. » On doit éviter de laisser macérer pendant de longues heures le coagulum dans l'alcool acide. L'hématine pourrait se précipiter partiellement dans ce contact des matières albuminoïdes avec la teinture concentrée. » Les teintures alcooliques, réunies et filtrées, sont additionnées, goutte à goutte, d'ammoniaque concentrée, en agitant continuellement. La teinture se trouble par suite de la précipitation de l'hématine. Quelques gouttes d'ammoniaque suffisent, bien que la quantité à ajouter varie suivant les sangs. Il est nécessaire que le milieu reste acide ; un excès d'alcali redissoudrait l'hématine. Si l'on avait atteint ou dépassé la saturation de l'acide oxalique, on ajouterait un peu d'acide acétique pour rétablir une légère acidité du milieu. » L'hématine précipitée est gélatineuse comme l'hydrate de peroxyde de fer. Au- dessus de 4o°, son état moléculaire se modifie ; elle constitue un précipité très fin, noir bleuâtre. u On recueille l'hématine sur un filtre en papier Berzélius. Le liquide alcoolique qui passe conserve une teinte jaune madère. On lave à l'alcool froid. » On redissout ensuite l'hématine dans de l'eau ammoniacale à 5 pour ioo. On précipite par l'acide acétique. On lave à l'eau distillée froide, à l'alcool à 93°, puis à l'éther froid. » Le rendement est de is' d'hématine environ par litre de sang. L'eau comme l'alcool sont plus ou moins teintés, suivant la variété animale qui a fourni le sang, ce qui indique une très légère solubilité. » L'hématine doit être cependant envisagée comme insoluble dans tons les dissolvants neutres. Sa puissance colorante considérable en révèle des traces en solution dans l'eau et dans l'alcool. Encore faut-il qu'elle soit récemment précipitée. (Nous ne rappelons pas ses propriétés déjà connues : solubilité dans les solvants acides ou alcalins, action spec- trale, etc. ) ( f)8o ) » L'hématine, séchée à la lempérature ordinaire, puis portée pendant vingt-qualre heures à i35°, ce qui ne l'altère nullement, donne des chilfres constants à l'analyse. Elle est devenue alors complètement insoluble dans l'eau et l'alcool neutres. » Composition. — L'analyse élémentaire a porte sur les hématines prove- nant des sangs de bœuf, de cheval et de mouton. Nous avons obtenu les chiffres moyens suivants : Bœuf. Cheval. Mouton. G 04,68 64,37 64,24 II 5,33 5,38 5,3a A 7. 9>02 10,11 9-4' Fe 8,81 9,38 10, 65 < > 1 ■'. , i(i 10,76 10, 38 100,00 100,00 100,00 « La composition de l'hématine du sang de bœuf coïncide avec celle donnée par Hoppe-Seyler, et par l'un de nous, il y a plusieurs années : Analyse cTIIoppe-Seyler. . C=:64,3o, IIrrr5,5o, Az = 6,2o, Fe — - 8 , 83, Analyse de Cazeneuve .. . C=:64,i8, H = 5,6j, Az = g,o3, Fe = 8,7Î. » Les hématines de sang de cheval et de mouton ont une teneur en azote et en fer qui les différencie nettement et nous autorise à les regarder comme des espèces chimiques distinctes. » Nous poursuivons celte étude comparative sur le sang d'autres espèces animales. » chimie analytique. — Sur une réaction très sensible de l'acide acétone-dicarbonique. Note de M. G. !)i:.\u;i:s. « En sa qualité de composé cétonique, l'acide acétone-dicarbonique contracte avec le sulfate de mercure une combinaison du même ordre que celles que j'ai décrites pour les acétones de la série grasse (') et qui répond à la formule iCH'.CO.O [CIKCO.O" 1 (') Comptes rendus, l. CXXVI, p. 1868. ( 68i ) re . » On l'obtient en ajoutant, à ioocc de sulfate mercurique (HgO ;= 5er; S04H2= 20 eau = ioocc) bouillant et enlevant aussitôt le feu, une solution de isr d'acide acétone- dicarbonique dans i25cc d'eau. On laisse déposer, on lave par décantation et fîltration; enfin on dessèche, d'abord sur des plaques poreuses, puis sur l'acide sulfurique concentré. » Préparée à froid et surtout en présence d'une quantité insuffisante de sulfate de mercure, elle est toujours mélangée d'acétone-dicarbonate de mercure, dont l'insolu- bilité est, elle-même, très marquée. » Cette combinaison, de couleur blanche, soluble dans Cl H mais insoluble dans l'eau, se présente sous une forme qui la rend très apparente, même lorsqu'elle n'existe qu'en très petite quantité en suspension dans le liquide. Aussi est-il possible, en utili- sant sa facilité de formation, de déceler des traces extrêmement faibles d'acide acé- tone-dicarbonique. » Pour cela, on ajoute au liquide dans lequel on veut déceler cet acide le dixième de son volume de réactif mercurique et l'on agite le tube qui contient le mélange pour rendre homogène ce dernier. La réaction n'est jamais instantanée : au bout d'un temps qui dans aucun cas n'est inférieur à trois ou quatre secondes, et qui peut atteindre des minutes quand les doses de produit à rechercher sont de quelques milligrammes par litre, il se forme brusquement un trouble blanc, suivi bien vite d'un précipité lorsque la proportion d'acide acétonique atteint quelques centigrammes pour 100. La durée d'apparition de ce trouble peut d'ailleurs être très notablement abrégée par l'action de la chaleur; mais, même dans ce cas, elle se produit toujours brusquement. » Tandis que les réactions du perchlorure de fer et du nitroprussiate de sodium sont infidèles pour l'acide acétone-dicarbônique dès que cette sub- stance se trouve, en solution, à dose inférieure à 2cg ou 3cg par litre, la réaction au sulfate de mercure permet de déceler 2'"° et même, à la ri- gueur, imK de produit par litre; elle est donc au moins dix fois plus sensible que les précédentes et surtout plus spécifique, dans les conditions où on l'obtient. » Pour la réaliser, particulièrement dans le cas des solutions très diluées, on met dans un tube à essais 5CC du liquide à examiner et orc, 5 de réactif mercurique; on secoue le tube pour mélanger et l'on porte à l'ébullition. Avec les liquides qui ren- ferment au moins 5rs d'acide acétonique par litre, le trouble caractéristique est obtenu avant d'arriver à l'ébullition. Pour 2ms par litre, il faut, avant de le voir nettement apparaître, attendre quinze à vingt secondes, une fois l'ébullition obtenue et le tube enlevé du feu, et un peu plus longtemps pour ims par litre. » La brusquerie d'apparition du louche permet d'effectuer, très aisé- ment, le dosage approché de l'acide acétone-licarbonique par la méthode chronométrique. » Pour cela, on met dans deux tubes, aussi semblables que possible : dans l'un, 5CC, 5 ( 68a ) d'eau; dans l'autre, 5'' de la solution de l'acide acétonique à doser, amenée préalable- ment à la température de i5°-i6°, et, rapidement, o'c, 5 de réactif mercurique à la même température. On mélange très vite et l'on compte, sur une montre à secondes, le temps écoulé depuis le moment exact du mélange, jusqu'à l'apparition d'un louche très faible dans le tube renfermant l'acide à doser, placé exactement à côté du témoin pour mietiN. apprécier le trouble. On se référé ensuite au Tableau suivant : hose d'acide Dose d'acide Temps acétonique Temps acétonique exprimé en centigrammes exprimé on centigrammes en secondes. par litre. en secondes. par litre. 5 100 3:', 8 6 90 37 7 7 80 4° 6 ^ \\ 5 9 60 5o 4 10 5o 65 3 12 !\o 90 2 1 1 • 3o 17 20 1 90 0,8 28 10 275 o,5 3i 9 environ un quart d'heure. . 0,2 » Les résultats obtenus sont très concordant*. » J'indiquerai prochainement une application de cette réaction à la recherche de l'acide citrique, non seulement en solution aqueuse, mais aussi dans les sucs végétaux, le vin, le lait, etc. » CHIMIE ORGANIQUE. — Oxydation d'aminés secondaires et tertiaires. Note de M. OEchsner de Goninok ('). « J'ai fait connaître, au mois de décembre dernier, le mode de décompo- sition du chlorhydrate de méthy lamine, au moyen du mélange chromique. » Il m'a semblé intéressant de traiter de la même manière les chlor- hydrates de di- et de triméthy lamine, quelques bases pyridiques et quino- léiques, et un dérivé azoïque, l'azobenzol. » Chlorhydrate de diméthy lamine. — Traité par Ci^O1 K2-t- S041P, il ne fournit qu'une trace de CO2. » Chlorhydrate de triméthy lamine. - 11 n'est pas décomposé par le mélange ( ' ) Institut de Chimie de la Faculté des Sciences de Montpellier, février-mars 1899. ( 683 ) chromique; il y a là une différence remarquable entre les aminés primaires, secondaires et tertiaires d'une même série. » Bases pyridiqu.es. — La pyridine n'est pas entamée, ce qui la différencie de la pipéridine, son hexahydrure, qui est partiellement décomposé par Cr207K2-+- SO'H2. » L'a et la (3-picoline sont très légèrement décomposées, avec formation de CO'. » La [3-lutidine et l'a-collidine, dérivées de la cinchonine, la (3-colIidine, dérivée de la brucine, sont, au contraire, assez facilement décomposées à chaud. Voici le résul- tat moyen de quatre analyses : C02=i9,6; 0 + air = o,4. » Bases quinoléiques. — J'ai étudié, à ce point de vue spécial, la quinoléine de synthèse et une lépidine extraite du goudron de houille; l'une et l'autre sont facile- ment décomposées : COî=i9,5; 0 + air=o,5. » Azobenzol. — Ce dérivé est détruit, avec l'aide d'une chaleur modérée; il se dé- gage surtout de l'anhydride carbonique, accompagné d'une trace d'azote : I. C02= 19, 3; Az = 0,2 à 0,1; 0-t-air = o,5 à 0,6 II. C02 = ig,4; Az = o, 1 ; O -4- air = o,5. CHIMIE INDUSTRIELLE. — Analyse de l'eau pour V épuration chimique; par MM. Léo Vignojj et Meunier. « On sait que l'eau, en industrie, peut être épurée chimiquement : » i° Dans des réservoirs spéciaux par la chaux et le carbonate de soude, suivant les équations : CO2 + Ca(OH)2 = C03Ca + HaO, CaCl2 ) rf)3N 2_r03r„ , [ sO*Na-' SO«Ca | h + ( (NaCl)2' » 20 Dans les chaudières à vapeur, par l'addition de CO'Na2 rendant l'eau très faiblement alcaline, amenant le dégagement de l'acide carbo- nique libre ou à demi combiné, et la précipitation de la chaux à l'état de carbonate. » Nous avons l'honneur de communiquer à l'Académie une méthode analytique qui permet de déterminer rapidement, et avec exactitude, les éléments de l'épuration : (a) par dosage de l'acide carbonique, (b) par la mesure directe de la quantité de carbonate de sodium à employer. » Cette méthode a comme point de départ les recherches de l'un de ( 684 ) nous, concernant les propriétés de la phénolphtaline employée comme indicateur coloré ('). Elle a été rendue plus rapide et plus précise par l'emploi d'alcool pour insolubiliser le carbonate de chaux. Elle comporte deux parties : I. — Dosage de l'acide carbonique libre ou a demi combiné. « Principe. — L'acide carbonique libre, ou à demi combiné, possède la propriété de décolorer la liqueur rouge formée par le mélange d'eau de chaux et de solution alcoolique de phénol phtaléine; cette action est très rapide dans une solution renfermant 5o pour ioo d'alcool éthylique, le carbonate de chaux se précipitant immédiatement dans ce milieu. » .. Réactifs. — a. Solution d'eau de chaux saturée, renfermant à la température de i5°, i6r,8Ca (Oïl)2 par litre; cette solution peut être titrée par l'acide sulfu- rique £ Donnai. » b. Solution alcoolique neutre, de 5s1' de phénolphtaléine dans ioocc d'alcool à 93°. Après une heure de digestion, la liqueur est filtrée. » c. Alcool éthylique 90°-93°, neutre, avant bouilli immédiatement avant l'emploi. » Mode opératoire. - i° Dans une éprouvette de verre cylindrique, graduée, de 100"', bouchée à l'émeri, introduire 5o'1' d'eau distillée, récemment bouillie dans une capsule de nickel, compléter le volume à 100"' avec de l'alcool à g3° récemment bouilli (ballon de verre), refroidir l'éprouvelte extérieurement par un courant d'eau, ajouter 10 gouttes de la solution alcoolique de phénolphtaléine. Verser ensuite, dans l'éprouvette, au moyen d'une burette diviser en dixièmes de centimètre cube, de l'eau de chaux saturée, jusqu'à coloration rouge : il faut icc. On a ainsi un type coloré. « 20 Dans une deuxième éprouvette, semblable à la précédente (même diamètre), introduire 5occ de l'eau à analyser, compléter le volume à iooccavec de l'alcool go°-93° préalablement bouilli et refroidi, ajouter 10 gouttes de la solution de phénolphtaléine ; puis verser dans l'éprouvette, à l'aide de la burette, et en agitant de temps en temps, de la solution d'eau de chaux jusqu'à coloration rouge persistante, identique à celle du type. Soit n le nombre de centimètres cubes d'eau de chaux employés (déduction faite de icc du type). Le volume d'acide carbonique contenu dans iut d'eau examinée sera en centimètres cubes (ou en litres par mètre cube d'eau) : \' 1 nr\- « X 1 . 8 X 22 X 1000 /) X 1 . 8 „ \ol. LO-= — = — ;— = — x o,3 = n x 10,8. do x 37 x 1,9774 5o (') Léo Vignon, Nouvelle méthode de dosage de l'acide carbonique dissous {Comptes rendus, 5 décembre 1S87). ( 685 ) II. — Dosage du carbonate de sodium nécessaire a la transformation DES CHLORURES ET SULFATES. » Principe. — a. Les chlorures et sulfates de calcium et de magnésium dissous dans l'eau sont intégralement et rapidement transformés en car- bonates par l'action d'une solution de carbonate de sodium, si l'on a préa- lablement additionné l'eau de son volume d'alcool. » b. La phénolphtaléine n'est pas colorée par les sulfates et chlorures de calcium et de magnésium dans les conditions précédentes, mais le car- bonate de soude la colore. » Réactifs, --a. Une solution de carbonate de sodium à isr par litre, cette solu- tion étant préparée avec de l'eau distillée bouillie. » b. Une solution de phénolplitaléine, comme précédemment. » c. De l'alcool à 93°, neutre et récemment bouilli. » Mode opératoire. — i° On préparera un type coloré, en introduisant dans une éprouvette cylindrique de ioocc graduée, bouchée à l'émeri : 5occ eau distillée bouillie, complétant à 100" avec de l'alcool bouilli, refroidissant, additionnant de 10 gouttes de solution alcoolique de phénolphtaléine, et 3CC de la solution de carbonate de soude. On obtient ainsi un type suffisamment coloré. » 20 Dans une capsule de nickel, on fera bouillir, pendant cinq minutes, 5occ de l'eau à analyser; on verse ensuite l'eau bouillie dans une éprouvette semblable à celle du type; on rince la capsule avec de l'eau distillée que l'on fait bouillir et l'on com- plète le volume à 5occ avec cette eau; on ajoute 5occ d'alcool récemment bouilli, on refroidit l'éprouvette, puis l'on ajoute 10 gouttes de la solution de phénolphtaléine; on verse alors la solution titrée de carbonate de soude, à l'aide de la burette graduée, en agitant de manière à amener la coloration à être identique à celle du type. » Soit n le nombre de centimètres cubes de la liqueur de carbonate de soude em- ployés (déduction faite des 3CC du type). La quantité de carbonate de soude nécessaire pour la transformation intégrale des chlorures et sulfates sera, en grammes, pour ilil d'eau : Q=^ = o,,02X/t. » Calculs. — Il faut distinguer deux cas : » i° Epuration par la chaux et le carbonate de soude dans un réservoir séparé. — On emploiera 2Sr,5i CaO (préalablement éteinte et mise en lait tamisé) pour i,il COs, et la quantité de carbonate de sodium indiquée directement par l'analyse. » Les quantités de réactifs ainsi fixées sont théoriques ; ce sont celles qui corres- pondent aux réactions intégrales de l'épuration. Mais, dans la pratique, ces réactions ne s'accomplissent pas complètement ; il y a lieu de diminuer les quantités par tâton- nements, suivant les conditions dans lesquelles se pratique l'épuration (tempéra- ture, durée du contact des réactifs et de l'eau, etc.). Ces conditions étant variables. <: 15., 1899. 1" Semestre. (T. CXXVIII, N» 11.) 9<> 686 ) elles doivent èlre prises en considération pour chaque cas particulier. Finalement, de l'eau épurée, au moment de son emploi, ne devront pas se colorer, ou trè* faiblement, à l'ébullilion, par l'addition de 10 gouttes de la solution alcoolique de phénolphtaléine. » 2° Emploi de Ceau dans les chaudières à vapeur. — La réaction est ici inté- grale, tant à cause de la température à laquelle se trouve portée l'eau que par suite de la concentration qu'elle subit. .. Il faudra employer 4^ 76 de CO'Na1 pour un litre de CO1. Cette quantité se régé- nérant constamment devra être employée une fois pour toutes, sans être renouvelée, et pour le volume moyen de l'eau de la chaudière : (CO,H)!Ca-' CO»HPi <:03Ca, l 0 BNa I 0 Na1 -h H*0 4- CO*. » Pour les chlorures et -ulfales. on prendra la quantité de carbonate de soude indi- quée directement par l'analyse; comme ce carbonate de soude est détruit, il y a lieu de l'employer proportionnellement au volume d'eau total introduit dans la chaudière a vapeur. » CHIMIE APPLIQUÉE. — Emploi de la chaux pour préparer les laines destinées à la teinture. Note de MM. Ch. Er. Gcigxet et Em. David. Au cours de ses longs travaux sur la teinture, notre illustre maître Chevreul constata que la laine épuisée par l'action successive de tous les dissolvants qui peuvent lui enlever quelque chose, sans en altérer la struc- ture, ne se teint pas mieux que la laine simplement dégraissée au carbonate de soude, comme on l'emploie dans la plupart des ateliers. Mais il constata en même temps un résultat fort inattendu : soumise à l'action de l'eau de chaux, à froid et à l'abri de l'air, la laine prend une aptitude extraordinaire pour la teinture. Nous avons étudié en détail ce procédé, qui est entré dans la pratique des Gobelins et qui peut passer aisément dans 1 industrie, car les couleurs artificielles teignant directemenl la laine dans un bain acide ou, comme l'on dit dans l'industrie, les cou- leurs qui montent à l'acide, teignent beaucoup mieux la laine passée à la chaux que la laine ordinaire. '.'est donc un procédé tout à fait général, comme le prouvent les écheveaux comparatifs accompagnant la présente Note. Voici d'ailleurs la manière d'opérer : Noos employons (au plus) 5 pour 100 du poids de la laine, sous forme de chauv vive, blanchie et pure, -oit 5o8" de chaux pour ioLf de laine en écheveaux. 687 I.a chaux est éteinte avec les précautions ordinaires, puis délavée dans ihx" d'eau, contenus dans une cuve profonde. On laisse déposer les impuretés contenues dans la chaux et l'on introduit les écheveaux suspendus à des bâtons par des cordes, de façon que la laine soit bien plongée, à l'abri de l'air. On remue de temps en temps, en changeant les points de contact avec les cordes. Au bout de quarante-huit heures, on retire et on lave à grande eau. Les mordants s'emploient comme d'ordinaire : l'acide du mordant suffit pour neu- traliser les minimes quantités de chaux que la laine peut retenir malgré les lavas Mais, quand il s'agit des couleurs directes, on passe la laine dans l'eau acidulée par l'acide chlorhvdrique et on lave à grande eau. ( le procédé n'offre qu'un inconvénient : c'est de donner à la laine une légère teinte orangée, équivalant à celle que prend à la longue la laine la mieux blanchie, par l'exposition à l'air et à la lumière. » CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur le pouvoir réducteur des tissus : le muscle. Note de M. Hexri Hélier. présentée par M. Arm. Gautier | '). J'ai montré, dans une précédente Note {Comptes rendus du 3o jan- vier 1899), comment la mesure des pouvoirs réducteurs permettait d'étu- dier le fonctionnement d'une glande. J'ai fait voir que pendant la période active le pouvoir réducteur du foie et du pancréas tombait environ à la moitié de sa valeur primitive, et que la glande ainsi déchargée se rechar- geait ensuite lentement au fur et à mesure qu'elle assimilait les produits de la digestion. Je veux montrer aujourd'hui que le muscle qui travaille se comporte d'une façon analogue. « J'ai d'abord opéré sur le gastrocnémien de cobaye. d L'animal étant fixé sur une table d'opérations, on met à nu son gastrocnémien droit. Après section du tendon et dégagement du muscle, on exerce sur lui une ten- sion de i20?r au moven d'un poids suspendu à un fil. Cette tension est rendue horizon- tale par passage du fil sur une poulie. Cela fait, on force électriquement le muscle à se contracter. Chaque contraction lui fait soulever le poids de uo". Au bout d'un certain temps, le muscle s'épuise, et la contraction ne se fait plus. On n'a plus qu'à détacher complètement le muscle et à mesurer son pouvoir réducteur. a J'ai trouvé ainsi pour le muscle épuise le nombre 16, tandis que le muscle gauche non fatigué m'a donné le nombre ao,a. a Je rappelle que ces deux nombres représentent le nombre de centimètres cubes (_') Laboratoire de Chimie minérale. Faculté île- Sciences de Lyon. ( 688 ) d'une solution de permanganate de potasse à -^ de molécule, soit igr,59, par litre, qu'un gramme de tissu est capable de consommer pour le faire passer à L'état de sesquioxyde de manganèse. » Cette expérience montre bien la chute du pouvoir réducteur sous l'influence du travail. Comme j'avais des quantités de matière un peu faibles, j'ai recommencé cette expérience sur le lapin. » 11 était d'abord bon de s'assurer que les deux muscles correspondants droit et gauche avaient même pouvoir réducteur en temps ordinaire. Les mesures ont donné pour les deux sciatiques i5,o et i5,i. Sur un autre animal, on a recommencé l'expé- rience déjà citée tout à l'heure à propos du cobaye. La seule différence était que le muscle devait soulever goo8r. L'opération a duré une demi-heure. Le muscle ne parais- sant pas se fatiguer assez vite, on a terminé par une tétanisation d'une dizaine de minutes. » Dans ces conditions on a trouvé pour le muscle sain le pouvoir réducteur 1 4 > 3 et pour le muscle fatigué, 8,g5. » Une troisième expérience, faite sur le même muscle après ligature de l'artère, ce qui empêche le muscle de réparer ses pertes, a montré que par tétanisation immédiate le muscle était très vite épuisé. La mesure des pouvoirs réducteurs a donné i5 pour le muscle sain et i i,3 pour le muscle tétanisé. » Il résulte de là bien nettement que, lorsque le muscle travaille, il se décharge et qu'il récupère ensuite son pouvoir réducteur en assimilant les produits de la digestion. » Nous pouvons encore conclure que la sciatique du lapin non fatigué a un pouvoir réducteur voisin de i5. » Les autres muscles possèdent-ils même pouvoir réducteur moyen? » Les mesures comparatives faites sur le même animal ont donné les résultats suivants : Diaphragme i4,2 à 12,1 Langue 10,2 » 9, 5 Long dorsal i5,25 » 1 4 , 8 Masseter 1 2 , 3 Sternomaxillaire et sternohyoïdien 9,5 Pectoral 1 1 ,5 Grand dentelé 12,9 » Le cœur, dont la constitution histologique est spéciale, donne cependant des ré- sultats du même ordre : 1 3 , 9 et 12,9. » Donc, pour tout muscle à l'état de repos relatif, le pouvoir réducteur oscille autour d'une certaine moyenne, mais pour les divers muscles les moyennes sont différentes. <, ^89 ; » Il semble que ces moyennes sont en relation directe avec le travail que fournit le muscle. Plus ce travail est grand, plus la moyenne est élevée. On conçoit dès lors ce qu'est l'entraînement musculaire. C'est une éducation de la cellule à laquelle on fait effectuer un travail de jour en jour plus con- sidérable et qui, pour y faire face, apprend de jour en jour à accumuler dans ses réserves une plus grande quantité de substances réductrices. » PHYSIOLOGIE. — Synthèse et vocables de certaines voyelles. Note de M. Marage, présentée par M. Marey. « On peut appeler voyelles, des sons produits, dans l'intérieur des réso- nateurs supra-laryngiens, par une double vibration aérienne. La première est une vibration ordinaire, due à l'échappement discontinu de l'air à tra- vers la glotte (note fondamentale). La seconde est formée par les cyclones de Looteus, c'est-à-dire par des mouvements circulaires très rapides, pro- duits dans les cavités supra-laryngiennes par la sortie de l'air. » Autrement dit : les voyelles ont deux origines, la vibration de l'air, le transport de l'air. » Première preuve. Tout transport d'air, continu ou discontinu, c'est-à-dire sourd ou sonore, produit, dans une cavité, des cyclones de Looteus. » Pour le prouver, il suffit de remplir de fumée un résonateur en verre, sty, par exemple : si l'on souffle, on voit les cyclones se produire, soit qu'on opère avec un simple tube, soit que l'air insufflé devienne sonore en passant à travers un diapason à anche donnant une note quelconque. » Deuxième preuve. — Si, comme nous l'avons vu, il y a une vocable pour chaque voyelle, c'est-à-dire une note correspondant à la forme des résonateurs supra-laryngiens, on doit reproduire la voyelle en faisant vibrer le résonateur correspondant au moyen d'un courant d'air traversant un diapason à anche, qui représente le larynx. Alors deux cas se pré- sentent : ou la vocable est fixe, comme l'a dit Helmholtz; alors on entendra la voyelle avec toutes les notes; ou, comme je l'ai dit, la vocable est fonc- tion de la note, et pour A, par exemple, dont la vocable est si\?,s, le meil- leur A sera celui qui sera prononcé sur le troisième sous-harmonique, c'est- à-dire ~ ou une note voisine de mi3. C'est la deuxième hypothèse qui est la vraie. ( %<> ) » Avec les notes basses, on entend AN; le meilleur A est sur une note voisine de mi.t, et, quand on arrive à la quatrième octave, on n'entend plus que la note (chose importante pour la diction des chanteurs). Pour OU et O, on obtiendrait des résultats analogues : le meilleur O est le deuxième sous-harmonique de si\?3; le meilleur OU est donné sur une note voisim- de si >,. » On peut faire chanter le résonateur sur une note quelconque, même discordante avec lui; la note du diapason n'est jamais changée; mais on ne retrouve pas la note fondamentale du résonateur. » Troisième preuve. — La vibration seule ne donnerait pas la voyelle; pour le prouver, on interpose entre le diapason et le résonateur une mem- brane de caoutchouc, non tendue, qui transmet toutes les vibrations, mais empêche le passage de l'air; la voyelle est à peine perçue. » Quatrième preuve. — Si l'on prend, parla méthode que j'ai indiquée dans ma Note du i3 février dernier, les tracés des vovelles synthétiques ainsi obtenues , on obtient toujours pour le diapason une sinusoïde et pour les vibrations du diapason qui ont traversé le résonateur un groupe de trois pour A, de deux pour O, de une pour OU, la note étant représentée par le nombre de groupes : les tracés des voyelles synthétiques sont donc identiques aux tracés des voyelles ordinaires. » On peut alors appliquer le théorème des forces vives à l'air qui a été employé à former la vovelle; on calcule la force vive de l'air qui s'échappe à chaque vibration du diapason sous une pression de i6cul d'eau, par exemple, qui est la pression avec laquelle l'air sort quand on parle ; pour A cette masse d'air produit un tracé à trois périodes d'inégale amplitude. La première partie de l'air avant conservé sa force vive produit un déplacement du levier in; la deuxième partie un déplacement //, el la troisième un déplacement — ; ces pertes de force vive sont dues aux cvclones décrits dans les résonateurs par l'air avant de s'échapper. » Or on peut calculer le travail que le déplacement du levier a néces- sité, et, si l'on compare les résultats théoriques avec les résultats expéri- mentaux, les nombres sont aussi concordants que possible. -> Première conséquence. — La vocable ne fait pas la voyelle, mais elle indique son degré de pureté. » Deuxième conséquence . — Si les résonateurs supra-laryngiens restent constants, il y a autant de voyelles que de notes laryngiennes, et, si l'on veut conserver la vovelle, il faut à chaque note changer la forme des réso- ( 69i ) Dateurs : le nombre des voyelles est donc très considérable; mais, pour avoir des voyelles pures, il faut rester dans les notes communes à tous les registres. » Troisième conséquence. — Dans les notes au-dessus de utÂ, les résona- teurs naturels se mettent à l'unisson avec la note laryngienne, et l'on ne distingue plus que la note seule variant entre un O et un A peu définis. » Quatrième conséquence. — On peut appliquer le calcul à la formation des voyelles synthétiques et déterminer ainsi les conditions physiques nécessaires pour produire une voyelle pure. » PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Sur V agent pathogène de la rage. Note de M. E. Puscakiu. » Jassy (Roumanie), 7 mars 1899. » Dans une série de recherches que j'ai faites, avec l'aide de M. Papesco, sur les lésions du système nerveux dans la rage telles qu'elles ont été décrites par différents auteurs, nous avons constamment trouvé, dans le tissu nerveux, des formations spéciales dont la nature parasitaire ne me laisse aucun doute et que je crois devoir considérer comme l'agent patho- gène de la rage. » Dans vingt et un cas de rage examinés par nous, la présence con- stante de formations globulaires de différentes grandeurs, décrites comme corps amylacés (Meynert, Schaffer, Babes, Kolesnikoff), leur grand nombre et leur aspect spécial, parfois rayonné, avaient attiré depuis long- temps déjà mon attention et m'avaient fait soupçonner qu'il pourrait y avoir un rapport intime entre ces formations et la cause de la rage. « Sans insister sur les autres lésions du système nerveux, je donne ici. en résumé, les résultats obtenus dans notre laboratoire : )> a. Nos recherches ont porté sur quatre cas de rage chez l'homme, cinq chez le chien mort de rage des rues, cinq chez le lapin mort de virus fixe, et, dans sept autres cas, sur des lapins inoculés avec le virus ii\e par trépanation et tués dans les sept jours d'incubation, en vue d'étudier le développement progressif des lésions. » Les sections des pièces, durcies dans l'alcool, ont été colorées avec le bleu de mé- thylène chaud, d'après le procédé de Nissl, avec cette modification que la décolora- tion dans l'alcool aniline a été moins complète et que, après que les sections ont eu passé dans l'alcool absolu et dans l'huile d'origanum, elles ont été montées dans le baume de Canada. » Ce, procédé nous a seul donné de bons réMiliats. ( *>92 ) » b. Dans les sections ainsi colorées, on voit des formations globulaires de iO(j.à5o|A ou même davantage, avec des bords irréguliers, noueux; elles sont colorées en bleu ou en bleu violacé plus ou moins intense, selon que l'action du décolorant a été plus ou moins prolongée. » Ces globules sont disposés dans les tissus d'une manière irrégulière, disséminés, rarement en groupes ou en conglomérations; ils sont quelquefois si nombreux qu'ils remplacent en grande partie les tissus raréfiés. Leur nombre est d'autant plus grand que les autres lésions sont plus prononcées. » On trouve souvent ces corps (surtout dans les cas où l'infection a été produite par la trépanation) placés à la surface du cerveau ou des cavités centrales. Ils proémi- nent à la surface, sous forme de végétations, et pénètrent plus ou moins dans la pro- fondeur de la substance nerveuse, ou dans les fentes naturelles de la surface du cerveau. » On constate souvent de petits globules, de 7 u. à 10 jj., libres dans le liquide des cavités centrales. Leur présence dans les cavités et les espaces lymphatiques paraissent indiquer la voie par laquelle ils se propagent. » Avec le violet de méthyle, ils donnent la réaction amyloïde; avant la coloration, ils ont un aspect jaunâtre, réfringent, avec surface inégale. Quelquefois on trouve de ces globules dans les espaces péricellulaires dilatés, ou même à l'intérieur des cellules nerveuses occupant la place du noyau disparu. » c. Dans les préparations bien réussies, ces formations se présentent sous la forme d'une substance homogène, finement granulée, colorée en bleu violacé pâle, dans laquelle on distingue un grand nombre de granulations, d'une coloration plus intense. » Ces granulations se composent, en partie, de bacilles distincts, droits ou légère- ment recourbés, de oH-,4à 0^,6 de largeur et de 2 n à 3 |x de longueur. Leurs extrémités sont arrondies et présentent parfois une teinte plus foncée; ces bacilles sont ordinai- rement disposés parallèlement en ligne. » Le plus souvent, on trouve des bacilles plus longs, dont l'une des extrémités montre un renflement allongé en forme de massue, de grandeur différente, et qui peuvent grossir jusqu'à devenir piriformes. Ils peuvent atteindre jusqu'à 6 jj. à 8 jj. de longueur et de 3 \x à 4 n de diamètre, dans la partie renflée. Ces dernières formes de cellules ressemblent beaucoup aux crosses des Actinomyces; quand elles sont plus grandes, elles ont une partie centrale distincte, d'une coloration foncée, qui se pro- longe vers l'extrémité effilée. Cette partie centrale plus foncée a l'aspect d'un filament dont l'extrémité renflée est entourée d'une capsule ou membrane épaisse, d'une colo- ration plus pâle. » Outre ces formes en crosse, on trouve des cellules rondes de différentes grandeurs, variant entre 1 [j. et 3 \x environ; elles présentent au centre un point plus coloré. Ces cellules semblent être des crosses vues dans la direction de leur axe. » On arrive à bien distinguer les différentes formes de ce microbe, en désagrégeant leurs colonies par une pression exercée à l'aide d'une aiguille sur la lamelle de la pré- paration. « Dans leurs groupements, ou colonies, les bacilles présentent une disposition rayonnée, avec leurs extrémités renflées (crosses) à la périphérie; il se forme ainsi (693) une zone souvent plus pâle, dans laquelle on distingue bien les crosses. Dans les petites colonies, les crosses sont ordinairement plus petites. » Les colonies formées par ce microbe ressemblent beaucoup aux colonies d'Acti nomyces; mais nous n'avons pas pu distinguer de mycélium au centre des colonies. Nous croyons que c'est la substance homogène, interposée entre les individus de la colonie, qui empêche de distinguer les microbes dans les colonies colorées par les procédés simples. n cl. En dehors des colonies, on trouve souvent des parasites solitaires ou en très petits groupes, produisant une infiltration diffuse dans les tissus, surtout dans les foyers où les colonies sont plus nombreuses. » On peut les voir quitter les colonies et pénétrer entre les éléments du tissu. On les trouvera souvent le long des gaines des fibres, mais alors on ne peut les distinguer que difficilement, en raison de leurs déformations, qui leur font prendre des formes courbes ou irrégulières. » Le caractère parasitaire des formations que nous venons de décrire, leur présence constante dans le tissu du système nerveux central, ne nous laissent plus aucun doute qu'elles constituent l'agent pathogène de la rage. Il reste maintenant à trouver le moyen de faire des cultures de ce parasite et à confirmer, par des preuves expérimentales, notre convic- tion. » Nous poursuivrons nos recherches : nous aurons l'honneur d'en com- muniquer les résultats à l'Académie, si elle veut bien le permettre. » PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Sur une oxydase productrice de pigment, sécrétée par le coli-bacille. Note de M. Gabriel Roux, présentée par M. A. Chauveau. « Dans une Note à la Société de Biologie (16 juillet 1898), M. Roger a fait connaître que quelques bactéries, dont le coli-bacille, possèdent la propriété, lorsqu'on les cultive sur des tranches d'artichaut cuit, de pro- duire un pigment vert qui n'apparaît pas sur les autres milieux de cul- ture. » J'ai répété, il y a quelques mois, les expériences de M. Roger qui m'intéressaient surtout au point de vue de la diagnose différentielle du coli-bacille et du bacille d'Eberlh, ce dernier ne produisant pas de pig- ment dans les conditions susprécitées, et j'ai été amené, pour certaines raisons, récemment exposées à la Société nationale de Médecine de Ly< C. R. 1899, 1" Semestre. (T. CXXVIII, N6 11.) 9' ( <>!)4 ) (5 décembre 1898), à apporter quelques modifications à la technique des cultures sur artichaut. » Le nouveau suhslrntuni nutritif que j'emploie de préférence est tout simplement une décoction de tète d'artichaut à laquelle on incorpore de la gélatine dans les pro- portions usuelles sans adjonction d'aucune autre substance. Un semblable milieu, qui est naturellement neutre ou très légèrement acide, ensemencé en strie ou en piqûre avec du coli-bacille, ne tarde pas à donner une très copieuse culture et à prendre une coloration vert émeraude très intense, coloration qui apparaît d'abord dans les par- ties les plus minces ou les plus exposées à l'air et ne tarde pas à envahir toute l'épais- seur de la gélatine. » Toutes les variétés de coli-bacille qu'il m'a été donné d'expérimenter se sont comportées de façon identique, tandis que les bacilles d'Eberth typiques n'ont donné naissance à aucune teinte spéciale. » J'ai cependant observé deux types intermédiaires possédant la plu- part des caractères attribués au bacille d'Eberth et qui, cependant, au bout d'un très long temps, ont fourni la coloration verte du coli; je reviendrai sur ces faits exceptionnels, ainsi que sur les facteurs d'ordre physique, chimique ou biologique qui favorisent, entravent ou empêchent la production du pigment. » Je désire simplement, aujourd'hui, mettre en évidence la cause pre- mière, initiale, du phénomène, laquelle, très vraisemblablement, n'est autre que la sécrétion par le coli-bacille (et par quelques autres bactéries) d'une de ces diastases auxquelles on donne, en raison de leur fonction toute spéciale et depuis les remarquables travaux de M. G. Bertrand, le nom cYoxydases (laccase, tyrosinase, etc.). » Un certain nombre de faits concernant le rôle joué par ces oxydases, la tyrosinase notamment, dans la production de certains pigments d'origine microbienne ont déjà été signalés (Radais, Bourquelot et Bongaut, Charrin, Genard, etc.), qui ont quelque analogie avec celui que je signale aujour- d'hui. » Pas plus que M. Genard (voir Soc. biolog., 12 novembre 1898), et très probablement pour les mêmes raisons, je n'ai pu encore réussir à isoler la diastase oxvdante, mais je crois être arrivé, en suivant les conseils qui m'ont été donnés par M. Cazeneuve, à fournir néanmoins la preuve indi- recte de son existence, et cela grâce aux expériences suivantes : » Première série d'expériences. — Action d'une oxydase authentique sur tu géla- tine-artichaut. — Après avoir intimement mélangé une solution aqueuse de laccase ( 6g5 ) à de la gélatine-artichaut liquéfiée, j'ai solidifié le lout en plaque enroulée d'Ls- march; un tube semblable mais sans laccase servait de témoin. Je n'ai point obtenu la teinte verte franchement émeraude que donne la culture du coli; mais, tandis que le tube témoin restait incolore, celui qui renfermait de la laccase n'a pas tardé à prendre une coloration vert olive ou vert jaunâtre qui s'est de plus en plus accentuée les jours suivants. » Deuxième série d'expériences. — tction du coli-baçille sur une substance émi- nemment oxydable. — J'ai employé ici de la gélatine-peplone ordinaire additionnée d'une très petite quantité tThydroquinone et ensemencée soit en strie, soit en piqûre. Des tubes renfermant le même mélange, non fertilisés ou ensemencés avec des bacté- ries ne produisant pas de pigment sur la gélatine-artichaut, ont servi de témoins. » Les expériences de cette série, renouvelées à plusieurs reprises, ont été absolu- ment démonstratives : tandis, en eflet, que la gélatine des tubes témoins restait inco- lore ou ne devenait, très à la longue, que légèrement jaunâtre, celle des tubes ense- mencés avec le coli était le siège de modifications très hâtives et très importantes dans sa teinte primitive; on observe tout d'abord, trois ou quatre jours après l'ense- mencement, le long de la strie, une ou plusieurs taches brunes nettement apparentes qui comprennent à la fois les parties superficielles de la nouvelle colonie et les por- tions immédiatement environnantes du substratum nutritif. Je ne saurais mieux com- parer l'état de ce dernier, à ce moment, qu'à ce qu'on observe sur la gélatine-peptone tout autour des colonies de Cladothrix dichotoma. La tache brune s'élargit de plus en plus et, au bout de quinze à vingt jours, la totalité de la gélatine a acquis une coloration extrêmement foncée, rouge acajou; à la même époque, je le répète, les tubes témoins placés dans les mêmes conditions de température, de lumière, d'aéra- tion, etc., ont conservé leur teinte primitive intacte ou à peine modifiée. » La production hâtive et abondante d'une oxydase par le coli-bacille (et par d'autres bactéries que j'indiquerai bientôt) me semble donc devoir être mise hors conteste par ces expériences sur la gélaline à l'hydroqui- none. » Comme la plupart de ses congénères, celte oxydase ne peut produire ses effets qu'en présence de l'oxygène et il suffit de verser au-dessus des cultures de coli-bacille un peu d'huile stérilisée pour empêcher l'apparition de tout pigment; par contre, ce dernier prend naissance à l'obscurité aussi bien qu'à la lumière. » Rendue appréciable par la coloration vert émeraude de la gélatine- artichaut, l'action de l'oxydase sécrétée par le coli-bacille devient égale- ment manifeste sur la gélatine-cardon en donnant très rapidement à cetle dernière une teinte jaune ambré qui va en s'accenluant de plus en plus. » 696 i botanique. — Sur les Algues qui croissent sur les Araignées de mer. dans le golfe de Gascogne. Note de M. C. Sauvageau, présentée par M. Guignard. « J'ai eu l'honneur de communiquer à l'Académie, eu 1896 (' ), les résultats généraux des observations que j'avais faites sur la répartition des Algues marines dans le golfe de Gascogne, et l'on sait maintenant que la flore algologique littorale du pays basque a un caractère différent de celle du sud de la Bretagne et du nord de l'Espagne. » En 180,8, j'ai séjourné au printemps et en été dans les Basses-Pyrénées pour continuer mes recherches sur la reproduction des Phéosporées, et j'ai pu en même temps recueillir, dans la zone sublittorale, plusieurs espèces dont l'existence était inconnue dans ces parages et qui présentent un certain intérêt. Je n'ai fait aucun dragage pour les obtenir, car ce pro- cédé exige plus de temps et de ressources que je n'en pouvais disposer. Je me suis contenté d'herboriser sur les coquilles des Mollusques (Triton, Turbo) et surtout sur la carapace de l'Araignée de mer (Maia squinado) que les pêcheurs capturent dans les casiers à langoustes. On sait que ce Crustacéest parfois couvert d'Algues, et des zoologistes l'ont vu se servir de ses pattes pour s'en revêtir. Mais, sur les Araignées de mer que j'ai eues entre les mains de juin à septembre, les Cystoseira étaient à peu près les seules plantes qui fussent accrochées à l'état de fragments. Par contre, un grand nombre d'espèces d'Algues, plus molles et plus délicates, s'étaient implantées sur leur carapace comme elles l'eussent fait sur le rocher. On peut donc obtenir ces plantes en parfait état pour l'étude, et je ne doute pas que ce procédé indirect de dragage, qui à ma connaissance n'avait pas encore été utilisé, ne puisse donner de bons résultats aux algologues, par- ticulièrement dans les localités où l'on ne pêche pas au chalut. Après les gros temps, bien des Algues sont aussi retenues directement par les casiers. Je ne citerai ici que les espèces présentant un intérêt particulier. 11) Observations générales sur la distribution des Algues dans le golfe de Gascogne {Comptes rendus, t. XXII). Voir aussi mon Mémoire plus détaillé : Note préliminaire sur les . ligues marines du golfe de Gascogne {Journal de Botanique, 1. XI, 1897). ( 697 ) » A. Algies brunes. — Les Zanardinia colla/ à, Cutleria multifida, Carpomilra Cabrerœ, Halopteris filicina sont des plantes assez répandues dans la Méditerranée; on les connaissait aussi dans la région océanique voisine du détroit de Gibraltar, niais on ne les avait pas mentionnées dans le golfe de Gascogne. » Le Carpomilra Cabrerœ, qui est une des plantes les plus rares de la flore bre- tonne et britannique, paraît au contraire très abondant à quelques milles au large de Biarritz et de Guéthary. J'ai récolté aussi,"sur les Maia, le Giraudya sphacelarioides et le Sphacelaria Plumula, que l'on trouvera sans doute aussi au Maroc et dans le sud de l'Espagne. Le Spatoglossum Solierii paraissait presque exclusivement méditerra- néen, car on l'a cité, en outre, seulement à Tanger, et il n'est pas certain que les frères Crouan l'aient réellement vu à Brest; j'en ai recueilli plusieurs beaux exemplaires dans les casiers des pêcheurs. Le Cystoseira Montagnei, si facilement reconnaissable à ses renflements en olive à la base des rameaux, est essentiellement méditerranéen, et il ne remonte pas au delà de Cadix; cependant, il est très abondant dans la zone sublitto- rale de la côte basque. J'ai mentionné le fait (loc. cit.) qu'en 1870 Thuret récolta près de Biarritz, en place, le Phyllaria reniformis, espèce de la Méditerranée occidentale, que j'ai vainement recherché pendant plusieurs années; mais je l'ai vu rejeté à diffé- rentes reprises en 1898 après un gros temps; il doit donc exister au large, et sa pré- sence sur la côte, observée par Thuret, était accidentelle. On ne l'a jamais cité plus au nord. VAscocyclus hispanicus de la côte nord de l'Espagne forme parfois des taches noires sur les pattes de Maia et sur les coquilles. » B. Algues floridées. — Le Bonnemaisonia asparagoides, que jusqu'alors j'avais trouvé seulement rejeté, croît fréquemment sur les Araignées de mer, et, après une tempête, il encombre les casiers. Le Glocosiphonia capillaris, de caractère septen- trional bien plus accentué, puisqu'il était inconnu au sud de la Bretagne, croit égale- ment sur les Maia. Le Chrysyrnenia Chiajeana, espèce méditerranéenne, y atteint, au contraire, sa limite vers le nord. Je mentionne encore, parmi les plantes remar- quables récoltées dans les mêmes conditions, les Compsothamnion tliuyoides, Calli- thamnion iripinnatum, Brongniartella byssoides, Calosiphonia vermicularis, Anti- thamnion cruciaturn, Antithamnion Plumula. On trouve parfois, sur les coquilles, en touffes denses, le Fauchea rnicrospora qui habite aussi Cadix, Tanger et la Mé- diterranée occidentale. Le Thuretella Schousboei a la même distribution géographique restreinte que le précédent, mais Thuret et M. Bornet l'ont trouvé rejeté en 1868 à Guélhary, en beaux exemplaires qui leur ont servi à en établir la monographie dans les Notes algologiques ; il n'avait pas été vu depuis sur nos côtes; or il se développe sur les Araignées de mer et fait donc bien partie de la flore sublittorale du Golfe. Je mentionnerai encore un Ceramium appartenant à une section dont tous les représen- tants sont exotiques, et qui est probablement le C. australe de la Nouvelle-Hollande. Enfin, le Schimmelmannia Schousboei, du Maroc et de la Sicile, ne m'a pas été rap- porté par les pêcheurs, mais j'en ai trouvé un superbe exemplaire de plus de trente centimètres de longueur, rejeté à la côte; son parfait état de fraîcheur indiquait qu'il flottait depuis peu de temps. Il appartient donc aussi à la flore sublittorale du fond du golfe de Gascogne. ( 69 o o » ' certaines deviennent difficilement appréciables. » Voici, pour cette dose, le classement des couleurs expérimentées par ordre dé- croissant d'intensité : Quorescéine, vert malachite, bleu méthylène, violet de Paris, safranine, fuchsine neutre, congo, auramine. La fuchsine acide et l'éosine ne sont presque plus appréciables. » Si l'on remplace l'eau distillée par une eau marquant [5° hydrotimé triques, 1 in- tensité de coloration des solutions ne varie pas. Mais une eau marquant .'|0°, contenant des carbonates, provoque une décoloration complète de la fuchsine, du violet et du vert malachite. Les autres couleurs sont considérablement atténuées après vingt- quatre heures : la fluorescéine perd un tiers environ de son pouvoir fluorescent. ( ' ) Le détail de mes expériences sera publié ailleurs. ( 699 ) » J'ai étudié l'influence de divers sols sur les solutions des matières colo- rantes. Le mode opératoire consistait à faire traverser la couche de terre expérimentée, sous une épaisseur de 3ocm, par chaque solution. » J'ai choisi des sols calcaires, sablonneux, argileux et tourbeux contenant respec- tivement o; 4>56; 7,94 et 49*07 pour 100 de matières organiques, et 6,09; o; 79,20 et 35 pour 100 d'argile. » Le passage des solutions à travers la couche de sol sablonneux diminue la colora- lion dans de faibles proportions. » La couche de sol calcaire décolore entièrement les solutions au , ou^ Uui), excepté les solutions de lluorescéine. En additionnant d'acide acétique les liquides filtrés, on ne régénère aucune coloration, sauf celle de la fuchsine acide. Il y a donc eu précipita- tion des couleurs à l'état de base par les carbonates, tandis que la fuchsine acide so- luble à l'état de base n'a pas été arrêtée. » La couche de sol argileux a donné des résultats intermédiaires entre les deux précédents. » Toutes les solutions, même celle de la fluorescéine, ont été entièrement décolorées parle passage à travers la couche de sol tourbeux. L'addition d'acide acétique dans les liquides après filtration a régénéré la coloration de la fuchsine acide. » Des résultats analogues ont été donnés par des terres légères de jardin et des terres arables. » Enfin, il était important d'examiner l'influence des produits de dé- composition animale jointe à celle de l'ammoniaque libre. » J'ai emplojé dans ce but le fumier de ferme, sous une couche de 3orl". Toutes les solutions au , 00 l 000 sont devenues incolores, excepté celle de la fluorescéine : la fuchsine acide put être régénérée comme précédemment. » Il ne reste donc à retenir comme utilisables que la fuchsine acide et la fluorescéine que l'on pourra employer séparément ou conjointement, selon les cas et la nature du terrain. » La fluorescéine est décelable à l'œil à la dose de O|)0 0'00 00u dans l'eau de Seine en examinant sa solution sous une couche de 20cm. Le dispositif suivant permet de décupler la sensibilité de la fluorescence : le principe est basé sur l'augmentation de la visibilité de la fluorescence lorsqu'on ob- serve une solution contre une surface noire. » L'appareil consiste en deux tubes de verre blanc, bien calibrés, de im,20 de long et d'un diamètre intérieur de 1 Smm. Une de leurs extrémités est fermée par un bouchon recouvert sur la face interne d'une couche de vernis noir. Les deux tubes étant dis- posés verticalement sur un support, on verse dans l'un l'eau type prélevée avant l'ad- dition de matière colorante et, dans l'autre, la même eau prélevée après cette opération ( 7°° ) et après des espaces de temps variables. Le ménisque supérieur des couches liquides affleurant à i™ des bords de chaque tube, on regarde successivement les deux couches liquides en plaçant l'œil dans l'axe des tubes. La présence de la moindre trace de lluorescéine se reconnaît en ce que la couche liquide observée contre la surface noire du bouchon s'éclaire d'une couleur verte, tandis que la couche d'eau naturelle prend une teinte bleue sombre. » Ce procédé permet de différencier de l'eau contenant ltaaè0000„ de lluorescéine, soit isr par 20oomc d'eau. ■I Les conclusions à tirer de ce travail peuvent se résumer ainsi : t° Pour des solutions semblables l'intensité des colorations diminue avec le degré hydrotimétrique de l'eau et peut complètement disparaître sous l'influence des carbonates alcalins. » 20 La filtration à travers des sols calcaires, excepté la fluorescéine, précipite les couleurs à l'état de base. Les colorations ne peuvent être régé- nérées, excepté celle de la fuchsine acide. Le sol tourbeux décolore toutes les solutions. » 3° La fluorescéine et les couleurs acides, comme la fuchsine acide, donnent les meilleurs résultats et pourront être utilisées conjointement, surtout en présence de matières organiques ammoniacales. » 4° La méthode que j'ai décrite permet de reconnaître la fluorescéine à 2)luu0'U000O de dilution. » 5° L'expérience devra toujours être précédée d'une étude sommaire des eaux et du sol. » M. Bali.and adresse une Note « Sur la composition et la valeur alimen- taire des principaux légumes » . L'auteur rappelle les résultats que fournit l'analyse des plantes légu- mières, cultivées pour leurs parties souterraines (racines, bulbes, tuber- cules), pour leurs tiges ou leurs feuilles, pour leurs fleurs, pour leur fruits ou pour leurs graines. La comparaison de ces résultats le conduit aux conclusions suivantes : « En résumé, les légumes les plus nourrissants sont fournis par des ra- cines ou des tubercules moins hvdratés que les feuilles et les tiges, comme les pommes de terre, les patates, les topinambours, dans lesquels, après l'eau, les matières hydrocarbonées (amidon, inuline, sucre) tiennent le premier rang; puis viennent, d'après la richesse en azote, l'agaric cornes- ( 7QI ) tible (champignon de couche), les salsifis, les pousses d'asperge, les fonds d'artichaut, les choux-fleurs, les petits pois et les haricots verts, les choux en général, les épinards, l'oseille et la laitue. Quant aux autres produits, leur valeur nutritive est presque nulle : ils n'agissent que par leurs sucs aqueux ou leurs matières cellulosiques qui favorisent la dissociation des viandes dans l'estomac; plusieurs, d'ailleurs, sont exclusivement employés comme condiments. » M. L. Ckelier adresse une Note « Sur une nouvelle démonstration du développement de Legendre pour \/A ». La séance est levée à 4 heures et demie. J. B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Ouvrages reçus dans la séance du i3 mars 1899. Leçons sur la détermination des orbites, professées à la Faculté des Sciences de Paris, par F. Tisserand, rédigées et développées, pour les calculs numériques, par J. Perchot, avec une préface de H. Poincaré. Paris, Gauthier-Villars, 1899; 1 vol. in-4°- (Présenté par M. H. Poincaré.) Stigmates dystrophiques de l'hérèdo-syphilis, par le Dr Edmond Fournier, avec 26 figures dans le texte et 3 hors texte dont une en couleur. Paris, Rueff et Cie, 1898; 1 vol. in-8°. (Présenté par M. Lannelongue, pour le concours du prix de Médecine et Chirurgie, fondation Montyon.) Conseil général de la Seine. Rapport, au nom de la Sous-Commission chargée d'étudier « V Assistance des aliénés », en Angleterre et en Ecosse. Paris, impr. de l'Hôtel-de- Ville, 1898; 1 vol. in-4°. (Présenté par M. Bouchard.) Contribution à l'étude des gîtes métallifères, par M. L. de Launay. Paris. Vicq-Dunod et C'e, 1897; l v°l- 'n-8°. (Hommage de l'Auteur.) A la conquête du Ciel! Contributions astronomiques de F.-C. de Nascius, en quinze Livres. Livre II, fasc. 2. Nantes, R. Guist'hau, 1899; 1 fasc. in-8°. (Hommage de l'Auteur.) C. R., 1899, 1" Semestre. (T. CXXVIII, N« 11.) 92 ^ 702 ) Bulletin de la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen. Trente- troisième année, ie' et 2e semestre 1897. Rouen, imp. Julien Lecerf, 1898 ; 1 vol. in-8°. Bulletin de la Société zoo/ogique de France, pour l'année 1898. Tome XXIII, nos 1-11 ; 6 fasc. in-8°. Anna/es des Ponts et Chaussées. 7e série, 9e année, Ier Cahier, janvier 1899. Paris, Vve Ch. Dunori; 1 fasc. in-8°. Société de Géographie. Comptes rendus des séances, 1899, n° 1, janvier. Paris, 1 fasc. in-8°. An account of the Deep-Sea Madreporari a , collectée! by the royal indian marine survey ship « Investigator », by A. Alcock. Calcutta, 1898; 1 fasc. in-8°. Corrélations régulières du Système planétaire, avec i indication des orbites des planètes inconnues jusqu'ici, par Serge Socolow. Moscou, 1899; 1 fasc. in-8°. Indicaciones terapeuticas de la musica, por el Doctor Antonio de Gordon y de Acosta. Habana, 1899; 1 fasc. in-8°. Programma del regio Istituto teenico superiore diMilano. Anno 1898-99. Milano, gennaio 1899; 1 fasc. in-8°. Astronomical observations and researches made al Dunsink, the observator\ of Trinity Collège, Dublin. Eigth part. Dublin, 1899; 1 vol. in-/|". Annuaire géologique et minéralogique de la Russie, rédigé par N. Krichta- fovitch. Vol. III, livr. 4-6. Novo-Alexandria, 1898; 1 fasc. in-4°- Annali délia regia Scuola superiore di Agncoltura in Porlici. Série seconda , Vol. I, fasc. I. Napoli, 1899; 1 fasc. in-8°. ( 703 ) ERRATA. >éance du 6 mars 1899.) Note de M. Fr. Dierckx. Recherches sur les glandes défensives desCara- bides bombardiers : Page 622, dernière ligne avant la note, au lieu de tranchant lisez tranchent. Page 623, ligne 2, nu lieu de anales, cherchons..., lisez anales. Cherchons.... Page 624, ligne 6, au lieu de -+■ 8°; la..., lisez +8°; 3° la... Même page, ligne 10, au lieu de s'échaulfe, lisez s'échappe. K 11. TABLE DES ARTICLES. (Séance du 13 mars 1899. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. \l. II. POINCARÉ. - Sur 1rs noinlin Betti M. Berthelot. — Sur les cyanures doubles. M. \i:maxi> Gautier. L'iode existc-l il dans l'ail-"? Pages, de • m 63o "l Pages. M. E.-rï. Uiagat. — Essai sur une l'or nouvelle de la relation f(pvt o; cas de l'état de saturation 64g M. E. \ ai. i. if.r. Sur l'interprétation d'un nombre restreint d'observations NOMINATIONS. Le H. P. Colin esl élu Correspondant pour la Section de Géographie et Navigation, en remplacement de M. Manen Commissi ihargée de juger le concours du grand |>ri\ des Sciences physiques pour 189g MM. \Iitne-Edwards, de La- caze-Duthiers, Perrier, Filhol, Bornet.. Commission chargée de juger le concours du prix lionlin (question proposée en 1898, conservée pour 1899) : MM. Dar- bmi.r, Poincarë, Picard, Ippell, Jordan. Commission chargée de puer le concours du 656 prix Bordin (question proposée en 1899;: MM. Milne-Edwards, Perrier, de Lacaze- Duthiers, Filhol, Ranvier on Commission chargée de juger le concours du prix Fourneyron pour 1899; MM. Mau- rice Lévy, Boussinèsq, Léauté, Sarrau, Sebert... 656 Ci nission chargée de juger le concours 1I11 prix Poural pour 189g : MM. Mure)'. Chauveau, d trsonval, Hanvier, Bou- chard 65b MEMOIRES PRESENTES. MM. M. et l. Campagni adrcssenl une'Noti relative à un traitemcnl anticryptoga- mique ci insecticide de la Signe 65 CORRESPONDANCE. M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de ta Correspon- dance, un Ouvrage de M. Tisserand inti- tulé . " Leçons sûr la détermination îles orbites î VI. le Si cuei 1 il; - na c un \ 0- 1,111.- de M. Edmond Fournier, intitulé : 1 Stigmates dystrophiques . I-.oim n S. - Sur .leiix àncii uni averses des Biélides . \l. 11. !.i i In \ 11:1 ikr. Sur le dsine de la désagrégation dés mortiers hydrau liques M. C. ii 1; ! . Sur le ni.ixiiiiini de sensibi- 17 lité des galvanomètres à cadre bile... 663 M, Thomas Tq.mmasina. Sur un cohéreur 1 « ■ - sensible, obtenu par le simple contael de deux charbons, el sur la constatation d'extra-courants, induits dans le corps humain par les ondes électriques 666 \l\i.. :.-!.. Prévost et F. Battelli. La mon par h - c ants élecl riques ( courant alternai if 1 66H \l. Cu. Moiiiii. Sur l.i raéthyléthène- pyrocal liéchine. . 670 M. \. Ili.iio. Codâtes doubles de bioxyde de manganèse '•' '< M. E.-E. lii usi Rechen lv sui I 11 icl< xa-diinéthylglutarique 676 MM. P. 1 : >,'.i. .mm el P. Bu Sur l'hématine du v>ui: el ses variétés - Ir-, espèces animales . '>;s \1. G. ! 1 1 .m 1 ; 1 s. Sur une 1 1 acl ion 1 rès sensible de l'acide acél 1 dicarl |uc. 680 N° 11. SUITE DE LA TABLE DES ARTICLES. M. OEchsnkp di Coninck. — Oxydation ductricc de pigment,' sécrétée par le coli- d'amines s'ei ondaires et tertiaires. I|S • bacille 6g i .MM. Léo Viqnon n Miimii;. Vnaly'sc \I.CSm \ u.i ii Sur les Mgues qui crois de l'eau pour l'épuration chimique sent surles Vraignées de mer, dans le golfe MM. in. In Guignei .-i Km. David. de Gascogne G91; Emploi de la chaux pour préparer les M. A. Tiuliat. Sur l'emploi des matières laines destinées à In teinture 886 colorantes pour In recherche de l'origine M. i'Iemu Mi ■1.11:1:. Sur le 1 voir réduc- des s.. une- et des eaux d'infiltration 698 teur des lissu- : le muscle U87 M. Baliand adresse une Note « Sur la com- M. Mmiai.i . - Synthèse el vocables de ccr- pqs il la valeur alimentaire des prin- taines voyelles 68g cipaux légumes » 700 M. E. Puscariu. Sur l'agent pathogène de M. L. Crelier adresse une Note « sur une [a rage 691 nouvelle démonstration du développement M. Gabriel Roux. Sùr'une oxydase pro- de Legendre pour v/A » 7'" Bulletin biih.kh.ii mmium e 701 ERRATA 7° "' PARIS. — l M P K l M E R I E G A U T I . I E K - V I L I, A K S , Quai des Grands-Augustins, 5j. /.e Gérant : Gauthier-Villars. APR 10 1899 1899 PREMIER SEMESTRE. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES PAR 1VOI. DES SECRÉTAIRES PERPETUELS TOME CXXTI1I. I\° 12 (20 Mars 1899). PARIS, GAUTH1ER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, Quai des Grands-Augustins, 55. 1899 RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS ADOPTÉ DANS LES SÉANCES DES 23 JUIN 1 862 ET l[\ MAI 1875. Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie se composent des extraits des travaux de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes présentés par des savants étrangers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. 26 numéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. Article Ie'. — Impressions des travaux de l'Académie. Les extraits des Mémoires présentés par un Membre ou par un Associé étranger de l'Académie comprennent au plus 6 pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o pages par année. Les communications verbales ne sont mentionnées dans les Cornâtes rendus, qu'autant qu'une rédaction écrite par leur auteur a été remise, séance tenante, aux Secrétaires. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les Rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par les Correspondants de l'Académie comprennent au plus l\ pages par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de 32 pages par année. Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi- vent rédiger, séance tenante, îles Notes sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres île lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion. Les Programmes des prix proposés par l'Académie sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap- ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autant que l'Académie l'aura décidé Les Notices ou Discours prononcés en séance pu- blique ne font pas partie des Comptes rendus. Article 2. — Impression des travaux des Savants étrangers à l'Académie. Les Mémoires lus ou présentés par des personnel qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca- démie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré- sumé qui ne dépasse pas 3 pages. Les Membres qui présentent ces Mémoires sont tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le Membre qui fait la présentation est toujours nommé: mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le font pour les articles ordinaires de la correspondance offi- cielle de l'Académie. Article 3. Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis à l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, le jeudi à 10 heures du malin ; faute d'être remis à temps, le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compte rendu actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui- vant et mis à la fin du cahier. Article \. — Planches et tirage à part. Les Comptes tendus n'ont pas de planches. Le tirage à part des articles est aux frais des au- teurs; il n'\ a d'exception que pour les Rapports et les Instructions demandés par le Gouvernement. Article 5. Tous les six mois, la Commission administrative fait un Rapport sur la situation des Comptes rendus après l'impression de chaque volume. Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré- sent Règlement. Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent laire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5'. Autrement la présentation sera reaise à la séance suivante. APR 10 r COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 20 MARS 1899, PRÉSIDENCE DE M. VAN TIEGHEM. M. le Président annonce à l'Académie la perte douloureuse qu'elle vient de faire dans la personne de M. Naudin, doyen de la Section de Bo- tanique, décédé subitement, hier 19 mars, à Antibes (Var), à l'âge de 83 ans, et s'exprime en ces termes : « Elève et ami de Decaisne, dont il fut longtemps l'aide-naturalistedans la chaire de Culture du Muséum d'Histoire naturelle, M. Naudin s'est fait connaître du monde savant, d'abord par d'importants travaux descriptifs, en particulier par une monographie de la grande famille des Mélastoma- cées, puis, et surtout, par une longue et belle série de recherches expéri- mentales sur l'hybridité et sur la variation, qui lui a ouvert les portes de l'Académie des Sciences en i863. Depuis bien des années déjà, toujours retenu dans le Midi par la direction de l'Établissement botanique créé à Antibes par Gustave Thuret et généreusement légué par sa famille à l'État, M. Naudin, tout en continuant à s'intéresser à nos travaux, ne faisait plus à Paris que de très rares et très courtes apparitions. Aussi la plupart d'entre nous ne le connaissaient-ils que de nom. C. K., 1899, «" Semestre. (T. CXXVIII, N° 12) 9^ ( 70''1 » Je n'en suis pas moins assuré d'êlre l'interprète fidèle des sentiments de l'Académie si, pour honorer la mémoire de notre éminent Confrère et vénéré Doyen, je lève la séance en signe de deuil. » MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. STATIQUE CHIMIQUE. — Actions de l'hydrogène sulfuré et des sulfures alcalins sur les cyanures doubles : cyanosulfurcs; par M. Berthelot. « Entre l'acide sulfhydrique et l'acide cyanhvdrique, mis en présence d'une base alcaline dissoute, il se produit des équilibres réglés, ainsi que je l'ai établi par la formation du sulfhydrate de sulfure, MHS. n Mais ces phénomènes sont plus compliqués avec les cyanures doubles : la précipitation des métaux, sous forme de sulfures, pouvant cesser d'avoir lieu, dans des conditions telles qu'un sel d'argent ou de zinc, par exemple, coexiste en milieu alcalin avec l'hydrogène sulfuré, ou le sulfure de sodium. » Sels d'argent. — Pour constater le fait, il suffit de faire digérer à froid du sulfure d'argent récemment précipité et complètement lavé avec une dissolution de cyanure de potassium (CyK. = 65^ = im). Au bout de quel- ques minutes, on filtre et l'on obtient une liqueur claire et incolore, qui renferme une dose considérable d'argent dissous, sous forme de cyanure double, coexistant avec du sulfure de potassium et du cyanure de potas- sium en excès. Si l'on ajoute à la liqueur une certaine proportion d'hydro- gène sulfuré dissous, elle se teinte en brun, sans donner lieu à un précipité sensible. Mais il suffit d'y verser de l'aoide acétique, pour obtenir un abondant précipité noir de sulfure d'argent. » La liqueur primitive, portée à l'ébullition, se teinte également; et si l'on y verse, à cette température, une solution d'hydrogène sulfuré, elle précipite cette fois abondamment. Il en est de même, a fortiori, à cette température, par une addition d'acide acétique. » On arrive aux mêmes résultats, si l'on forme d'abord un cyanure double soluble, en versant de l'azotate d'argent dans un excès de cya- nure de potassium. On ajoute dans la liqueur une petite quantité d'acide sulfhydrique. Les premières gouttes teintent la liqueur en brun, sans y e 7°7 ) former de précipité sensible; les suivants donnent lien à un précipité noii de sulfure d'argent. Mais si l'on filtre, on obtient une liqueur incolore, renfermant à la fois de l'argent, de l'acide cyanhydrique libre et de l'acid sulfhydrique libre, dont on peut constater la présence séparément, en analysant les gaz déplaçables par un courant d'air. Un excès notable d'hy- drogène sulfuré, surajouté, donne lieu à un nouveau précipité noir. Cepen- dant, la liqueur, filtrée ensuite de nouveau et limpide, précipite encore abondamment en noir par l'ébullition. Si l'on ajoute de l'acide acétique, il se précipite également du sulfure d'argent. » Dans le cas où le cyanure double ne renferme à l'origine qu'un faible excès de cyanure de potassium, la réaction initiale de l'hydrogène sulfuré est sensiblement totale; la dose de sulfure d'argent précipitable ultérieurement par une addition d'acide acétique étant d'autant plus con- sidérable que l'excès initial du cyanure de potassium a été plus grand. « Des résultats semblables peuvent être observés, en ajoutantau cyanure double d'argent et de potassium une dissolution étendue de sulfure de sodium, au lieu d'hydrogène sulfuré : ce qui s'explique, l'hydrogène sulfuré décomposant le cyanure de potassium, avec formation de sulfure alcalin, comme je l'ai établi dans ma Note précédente. Observons d'ailleurs que la dissolution du sulfure d'argent est attribuable uniquement au cyanure de potassium, ce sulfure ne se dissolvant pas dans le sulfure de sodium en solution étendue. » Ces divers phénomènes accusent un équilibre complexe entre les acides sulfhydrique, cyanhydrique et le cyanure argentopotassique, équi- libre qui dépend de la stabilité relative de ce cyanure double et de celle de l'acide argentocyanhydrique. La présence d'un excès de cyanure alca- lin accroît cette stabilité, comme le montre l'excès de chaleur dégage sous son influence. Au contraire elle est diminuée par la présence de l'acide acétique. Elle est également diminuée par une élévation de tempé- rature, qui tend à dissocier le cyanure double. » Si nous cherchons à nous rendre compte de ces effets, d'après les valeurs thermochimiques,, nous trouvons ce qui suit. » Opposons le cyanure argentopotassique à l'hydrogène sulfuré : 2(AgCy, RCj) dissous -4- H3S dissous; le calcul indique pour la chaleur de formation d'un tel système, depuis l'oxyde d'argent, Ag20'-+- 2HCy, et la potasse, 2ROH + 2HCy dissous : -+- 42>8 H- 6,0 -1- r3,o = 61,8; et pour la formation du système équivalent qui comprend le sulfure d'argent, ( 7>»8 ; AgaS + 2 KO 4- 2HCy dissous : -55,8 -^ 6,o — 6i,8 ; c'est-à-dire la même valeur pour les deux réactions. » En opérant avec ces proportions exactes l'action de l'hydrogène sulfuré, j'ai observé seulement un dégagement de chaleur de oCîll,2; c'est-à-dire négligeable relativement. Dans ces conditions, il y aurait équilibre, si l'élimination du sulfure d'argent précipité ne tendait pas à déterminer le phénomène dans un sens défini. Mais cette tendance est combattue par la présence d'un excès de cyanure de potassium, donnant lieu à la formation de composés nouveaux, avec un dégagement de cha- leur qui peut s'élever, d'après mes expériences, à +5Cal,/| avec le cyanure d'argent seul; et même davantage, s'il se forme des sels triples. » En fait, en opérant avec le cyanure double pur mis en présence d'une dose insuffisante d'hydrogène sulfuré, c'est-à-dire avec le système 4(AgCy,RCy) dissous -f-H2S, on réalise une condition intermédiaire; un excès de cyanure alcalin subsistant après la précipitation partielle du sulfure d'argent. Dans ces conditions, j'ai observé un dégagement de -î— 3Ca,,4 ; en même temps, la présence des éléments du sulfure d'argent dissous et constalables dans la liqueur (par l'action de l'acide acétique) attestait la formation d'un sel triple, renfermant à la fois les acides cyan- hydrique et sulfhydrique, associés aux oxydes d'argent et de potassium. » J'ai également mesuré la chaleur dégagée lorsque l'on met le sulfure d'argent, récemment précipité et bien lavé, en présence d'un excès de cya- nure de potassium étendu. Il se produit alors un dégagement de chaleur tel que la température s'élève de plusieurs centièmes de degré. J'ai déter- miné ensuite et pesé la proportion exacte de sulfure d'argent, reprécipi- table par une addition d'acide acétique dans la liqueur claire. » Cette proportion a été trouvée répondre aux rapports suivants Ag2S-+-96KCy, ou plutôt 2(AgCy,KCy) -r-K.2S -+- 92KCy. » La chaleur dégagée par la réaction est positive. Elle s'élèverait à -+- i3Cal environ, pour une molécule Ag2S entrée en dissolution; autant du moins qu'on peut l'évaluer d'après des variations thermométriques très petites, multipliées par de gros coefficients. Elle répond à la fois à la for- mation de l'argentocyanure, en présence d'un grand excès de cyanure de ( 7°9 ) potassium ( t-9,2 et plus), et à sa combinaison avec le sulfure alcalin. Il se forme ainsi un composé complexe, c'est-à-rlire un cyanosulfure, de l'ordre des composés cristallisés qui résultent de l'association du cyanure de mercure avec les chlorures, bromures, iodures alcalins (Ann. de Ch. et dePh., 5e série, t. XXIX, p. 2i5, 223, 23o ). Ce résultat est d'autant plus décisif que le sulfure d'argent ne se dissout pas d'une manière bien sen- sible dans une dissolution étendue de sulfure de sodium. » Sels de mercure. — Le sulfure de mercure, HgS, récemment précipité et bien lavé, ne se dissout pas en proportion appréciable dans une disso- lution étendue de cyanure de potassium. On n'obtient pas non plus sa dissolution, en traitant le cyanure hydrar- gyropotassique par l'hydrogène sulfuré, en proportion strictement équiva- lente. » La chaleur dégagée dans la réaction répond d'ailleurs à une transfor- mation simple HgCy2, •'. KCy dissous -4- tl2S dissous = HgS précip. -+- 2 KCy dissous H- 2 HCy dissous, a dégagé. ... ■— 4Cal|6. h Or le calcul indique ( 48,6 -+- 6,0 = 54,6) - ( 3i,o -+- 6,0 4- 12,4 = 49» 4) = +■ 5,2. » Ainsi l'acide sulfhydrique détruit complètement le cyanure hydrar- gyropotassique, précisément comme le font les acides acétique et borique. » Il en est autrement du sulfure de sodium, employé en excès notable. Ce sulfure, même étendu et en l'absence des cyanures, redissout très facilement le sulfure de mercure récemment précipité, en fournissant une liqueur incolore. Cette solubilité du sulfure de mercure dans les sulfures alcalins a été signalée à diverses reprises par les analystes. La liqueur obtenue reprécipite du sulfure noir, par une addition convenable d'acide acétique. Cette précipitation commence, même dans une liqueur encore alcaline; elle est complète dans une liqueur acide. Une liqueur alcaline limpide, renfermant seulement la dose de sulfure de sodium nécessaire, se trouble également et laisse précipiter du sulfure de mercure noir, si on la porte à l'ébullition. Quand il y a un excès notable de sulfure de sodium, la liqueur ne précipite pas par ébullition. Ainsi, le sulfure double se disso- cie en partie par l'ébullition; mais sa stabilité est accrue par un excès de sulfure alcalin. ( 7U> ) » Voici quelques données thermiques précises, relatives à celte forma- tion d'un sulfure double de mercure et de sodium, soluble dans l'eau : 6 Na2 S dissous -+- Hg Cl- dissous = (HgS+ JNa8 S) dissous ■+- 2 Na Cl dissous a fourni un précipité, qui s'est redissous aussitôt en donnant une liqueur limpide, le tout avec dégagement de ■+- 52Cal, \. » L'addition d'une nouvelle quantité de HgCla, égale à la première, a produit cette fois un précipité noir permanent, en dégageant 4- 5oCa',o. » Or, la transformation normale du système équivalent Na2S dissous HgCl2 dissous = HgS précipité -f- 2NaCl dissous dégage, d'après le calcul, (48,6-4- 27,6 = 76,0; —(19,0 -h 7,7 = 26,7) = -H49Ca,>3. » Ce chiffre répond sensiblement à la seconde phase de l'expérience précédente (sauf un léger excès +0,7); c'est-à-dire à la précipitation (probablement incomplète) de la seconde fraction du chlorure mercurique additionnel. Mais il est surpassé dans la première phase, la dissolution du sulfure de mercure dissous au sein d'un excès de sulfure alcalin, avec for- mation d'un sulfure double soluble, étant accompagnée d'un dégagement de chaleur notable, soit + 3Cal,i . » Il résulte encore de ces essais que le sulfure de mercure, HgS, ne se dissout pas complètement dans 2Na2S étendu, mais qu'il le fait dans 4Na2S étendu, et même dans une proportion moindre. » Se/s de zinc. — Les équilibres entre les acides sulfhydrique et cyanhy- drique sont surtout frappants lorsqu'on opère sur le cyanure zincopotas- sique. Versons, en effet, dans une dissolution de ce sel double une dissolu- tion d'acide sulfhydrique; la liqueur reste claire tout d'abord. Au bout de quelques instants, elle louchit, se trouble et il s'y forme un précipité blanc, qui ne devient complet qu'au bout d'un jour au moins. Sa forma- tion est surtout rapide, lorsqu'on opère à molécules égales, et elle aug- mente beaucoup par l'ébulliiion. » Les choses se passent de même, si l'on remplace une molécule d'hy- drogène sulfuré, HaS, par une molécule de sulfure de sodium, dans la réaction. » Au contraire, la formation d'un précipité sous l'influence de l'hydro- gène sulfuré, agissant sur le zincocyanure double, n'a pas lieu en pré- ( 7 ' ' sence d'un excès notable de cyanure de potassium, tel que ZnCya, 2KCy dissous GKCy étendu ; la liqueur demeure limpide, même au bout de plusieurs semaines de conser- vation. Elle donne immédiatement lieu à un précipité blanc, par une addition suffisante d'acide acétique. Elle produit un précipité noir de PbS, par une addition d'acétate de plomb. Elle produit également un précipité blanc par ébullition, l'élévation de température déterminant la dissociation du sel triple. » Le sulfure de zinc, récemment précipité, se redissout d'ailleurs dans un excès de cyanure de potassium étendu. La liqueur, portée à l'ébullition, donne lieu à un précipité blanc. Mais le même sulfure se dissout mal dans une solution étendue de sulfure de sodium. » J'ai soumis ces diverses réactions à l'expérimentation calorimétrique. Voici mes observations : I. — ZlNCOCYANURB PIR. (1) ZnCy2,2KCy dissous -h H2S dissous, a dégagé immédiatement. H- o<:'', '\ sans précipitation. Il n'y a pas eu dégagement sensible de chaleur, pendant la demi-heure qui a suivi, c'est-à-dire pendant la durée du commencement de la précipitation consécutive. (2) ZnCy2, 2KCy dissous + 2H2S dissous, a dégagé -+- 2e»1, i (S) ZnCy2, 2KCy dissous -+- Na2S dissous, a absorbé - r ,3 La liqueur reste claire d'abord; puis il s'y forme un précipité, qui va crois- sant; c'est-à-dire que l'on observe au début un équilibre graduellement modifié par une dissociation lente. II. - ZlNCOCYANLRE ADDITIONNÉ d'i.N EXCÈS DE CYANURE DE POTASSIl M. » (4). Le cyanure de zinc a été obtenu sous forme de précipité, dans un calorimètre, par le mélange équivalent du sulfate de zinc et du cyanure de potassium, SO'Zn -+- 2RCy; ce qui a dégagé, en fait, -+-i8Cal,3; chiffre concordant avec le calcul exécuté d'après les chaleurs de neutralisation (3i,4 + i6,3 = 47,7 ) ( >3,4 4-6,0^ 29,4) = i8,3. » On a redissous le précipité, dans le calorimètre même et d'une façon ( 7i2 ) presque extemporanée, par l'addition de 8 KCy (i molécule =iht); ce qui a dégagé ioCal,8. » L'excès de ce nombre sur le chiffre 8Cal,6, calculé d'après les résultats observés en décomposant par les acides le zincocyanure pur, ZnCy-,^K.Cy dissous, indique la formation d'un nouveau composé, plus riche en cyanure alcalin. » La somme des deux effets, trouvés en suivant cette marche, est égale à -+-29,1. (5) (ZnCyî,2KCy h- 6KCv) dissous -h H2Sdissous, a dégagé,. . . -t-5,o » Pas de précipité, même à là longue. » (6). (ZnCy2,2RCy -+- 6RCy) dissous -+- Na2S dissous. Résultat sensi- blement nul ( — oCal,o6V Pas de précipité, même à la longue. » Au lieu de mélanger d'abord le zincocyanure double avec un excès de cyanure de potassium, on peut opérer le mélange dans un ordre diffé- rent, c'est-à-dire verser le sulfure de sodium dans le zincocyanure double, puis y ajouter aussitôt un excès de cyanure. Si l'addition est opérée à l'in- stant même, avant que la première opération ait donné lieu à un précipité, celui-ci ne prend pas naissance ultérieurement. Mais, dès qu'il a com- mencé à se former, sa redissolution dans un excès de cyanure s'opère d'autant plus péniblement que le précipité initial a eu plus de temps pour s'agréger. Aussi est-il difficile de séparer les effets calorimétriques des deux phases de la réaction, en raison du temps nécessaire pour que le ther- momètre indique exactement l'effet de la première phase. Si l'on attend deux minutes, par exemple, la redissolution du précipité demeure incom- plète; une fois déposé et agrégé, il ne se redissout plus entièrement. » Mais si l'on a soin d'opérer dans l'espace de temps le plus bref compatible avec la mesure thermométrique, une demi-minute par exemple, le louche initial, qui commençait à se manifester, disparaît presque com- plètement, la liqueur redevenant transparente. J'ai pu mesurer ainsi la différence entre les effets thermiques des deux phases; la première phase donnant lieu à la même absorption de chaleur, que j'ai signalée plus haut en l'absence d'un excès de cyanure alcalin, et que la précipitation gra- duelle du sulfure ne modifie guère; tandis que la seconde phase, avec redissolution plus ou moins intégrale du précipité, c'est-à-dire avec for- mation de cyanosulfure, est accompagnée par un dégagement de chaleur. Voici les chiffres observés dans ces conditions, avec des liqueurs initiales ( 7*3 ) identiques, prises exactement à la même température (120) : (7) ZnCy2,2KCy(imol. = i2m) -+- Na2S(r mol. = 4m). Cal Après deux minutes, formation de précipité notable.. . . — i,3g On ajoute 6KCy(i mol. — i1''); redissolution incomplète, -ho, 92 —o,47 » D'autre part : (7 bis) ZnCy2, 2KCy(i mol. = I2m) 4- Na2S(i mol. = 4m). Cal Après une demi-minute, liqueur louchissant — 1 ,3i On ajoute aussitôt 6KCy(i mol. = ilit), redissolution sensiblement totale -t-i , if> » Le dernier résultat concorde avec l'expérience (6), où l'on a obtenu - 0,06; celle-ci était plus exacte, attendu qu'il ne s'v est manifesté aucun précipité. » Pour compléter cette étude, il m'a paru utile d'exécuter les mêmes réactions avec le sulfure de zinc, tout formé et récemment précipité. » (8). ZnS a été préparé d'une façon extemporanée, dans le calorimètre même, par le mélange des solutions étendues de Na2S versées dans SO'Zn, en proportion équivalente. Il s'est dégagé tout d'abord -i-igGal, o; un faible dégagement de chaleur se poursuivant pendant plusieurs minutes jusqu'à -t- 20Cal et un peu au delà, comme il arrive souvent aux précipités. Ces nombres répondent aux données connues, soit (3i,4 4- 19,2 = 5o,6) — (23,4 + 7,7 = 3 1 , 1 ) = 4- 19,5. En ajoutant aussitôt, dans le même calorimètre, ioKCv étendu (KCv = iUt), il s'est dégagé -t- 9Cal,3 : la dissolution du sulfure de zinc n'étant pas tout à fait totale; soit en tout 4-29Cal,3 depuis l'origine. » Dans un ordre inverse, SO*Zn dissous ayant été mélangé avec ioKCy, il s'est dégagé 4-29Cal,i [expérience (4)]; ce résultat n'ayant pas été modi- fié sensiblement par l'addition de Na2S; conformément d'ailleurs à l'expé- rience (6). » De même, ayant mêlé d'abord ioKCy avec Na2S, puis ajouté S04Zu dissous, on a obtenu -t- 29Cal, 5. » Tous ces résultats, obtenus depuis un même état initial et avec les mêmes composants, mais en suivant un ordre différent, de façon à pro- C. R., 1899, 1" Semestre. (T. CWV1II, N» 12.) [)] ( 7*4 > duiie réellement d'une façon temporaire, tantôt le sulfure de zinc précipité, tantôt le cyanure de zinc précipité, c'est-à-dire les intermédiaires des réac- tions, s'accordent pour établir la formation finale des mêmes combinaisons : ce qui n'était pas évident a priori. » Afin de bien montrer la nature réelle de ces combinaisons, il est nécessaire de comparer ces données expérimentales avec les quantités de chaleur mises en jeu, d'après le calcul théorique de diverses réactions : l'A ) ZnCy2,2K.Cydiss. -+- K2Sdiss. = ZnS + 2KCydiss. + aHCydiss. (19,2 -+- 6 = 20,2) — (i6,3 4- 6 + 8,6 = 3o,9) = — 5,7. » dette équation ne répond à aucune des données expérimentales; elle ne serait possible que si le zincocyanure double était dissocié en cyanures simples : ce qui ferait disparaître la valeur 8, G et fournirait un chiffre positif -+- 2,9. (B) ZnCy-,2KCydiss. + IFS diss. = ZnCy2 + 2KHSdiss. 4- 2HCydiss. (i6,3 -+- i5/| = 31,7) — 3o,9 = +■ 0,8. » Cette équation présente le même signe que l'observation (I); mais elle est en désaccord avec l'origine de la réaction réelle, laquelle s'effec- tue au début sans précipitation. Sous ce rapport, elle pourrait répondre à l'existence de l'acide zincocvanhvdrique, lentement dissociable. Même plus tard, et en supposant qu'il n'y ait pas de complication, elle ne repré- senterait qu'une réaction partielle. (C) ZuC\2,2KCydiss.-f- 2ll2Sdiss. = ZnS -+- 2KHSdiss. -+- 4HCydiss. (rg.2 + 1 5,4 = 34,6) — 3o,9 = -l- 3,7. » Celte équation devrait répondre à l'observation (2). Cependant, elle implique la formation d'un précipité, qui ne se produit pas tout d'abord, et la chaleur calculée est presque double de celle observée. Ces écarts accu- sent l'existence d'une réaction secondaire, telle qu'une portion de l'acide cyanhydrique n'est pas déplacée en réalité par l'acide sulfhydrique, une portion du cyanogène demeurant à la fois unie au zinc et au potassium. (-D) ZnCy2,2RCy diss. -H Na2S diss. = ZnS -+- 2K.Cy diss. -h 2NaCydiss. » Cette réaction impliquerait une absorption de chaleur considérable (19,2 -+- 12 = 3i, 2) - (30,9+ 7,7 = 38, 6) = — 7, '1 ; aussi n'a-t-elle point lieu. Les expériences (3) et (7), qui répondent aux mêmes rapports initiaux, n'ont donné lieu à aucun précipité immédiat : ( 7l5 ) quoique le précipité ait commencé ensuite à se produire, le tout avec une absorption de — i,3, ce qui accuse une certaine dissociation du composé triple et soluble, qui tend d'abord à se produire. » Dans l'expérience (6), où tout demeure dissous à la faveur d'un excès de KCy, le phénomène thermique est sensiblement nul; la réaction de cet excès comprenant la dissociation initiale, avec dégagement ultérieur de -4-1,2; dans le cas de redissolution complète. » L'expérience (4), où le sulfure de sodium, Na2S, est remplacé par l'hydrogène sulfuré, H2S, s'accorde d'ailleurs avec la précédente, si l'on observe que toute la différence réside dans la substitution de H2 S à Cyll dans une des molécules excédantes de KCy. En fait, d'après l'expérience directe, KCydiss. -+- H2Sdiss. — KHS diss. 4-HCydiss., dégage.. . 7,7 — 3,o — -i-4,7 » Or l'observation (5) a donné ■+- 5,q. » Ainsi toutes ces expériences s'accordent à établir l'existence de sels doubles et triples, dérivés à la fois des deux acides cyanhydrique et sulfhy- driqueetdes deux oxydes de zinc et de potassium, dans un cas, ou d'argent et de potassium, dans l'autre cas : sels triples de l'ordre des chlorocyanures et iodocyanures. Ces sels mettent en défaut les règles élémentaires de l'analyse. Leur existence et leurs propriétés montrent de plus la nécessité de faire intervenir, pour la discussion des équilibres chimiques, la con- naissance expérimentale des combinaisons de tout ordre réellement existantes. » CHIMIE ANALYTIQUE. — Quantité maximum de chlorures contenus clans l'air de la mer. Note de M. Armand Gautier. ' '; Latitude sud par Régulas et ot Croix : i7°3o'3". 2. Ma intira no, 11 et 12 mars 1898. n Longitude chronométrique est de Paris : 2h46m.5is3 ou 4'°4'2' 45"; Longitude par hauteurs de la Lune et de l'Epi : 2h46m46s6 ou 4,°4l'3i": Latitude sud par [J Navire et le Soleil : i8°9'54". 3. Benjavilo, <4 mars 1898. n Longitude chronométrique est de Paris : 2h47m32s,4 ou 4'°53'o". » Longitude par hauteurs absolues de la Lune : 2h47m49s ou 4'°57' i5". » Latitude sud par le Soleil : i8°59'57". k. Tsimanandrafozana, i5 mars 1898. a Longitude chronométrique est de Paris : 2h48mi8s ou /|2°4'3o". » Longitude par hauteurs absolues de la Lune : 2h48mi6s ou 42°4'6". » Latitude sud par le Soleil : i9°47'3o". » A Morondava {Nosy Miandroka), où je séjournai quelque temps, j'ai déterminé la longitude ainsi que l'état absolu des chronomètres par la mé- thode des culminations lunaires, avec un cercle méridien portatif de Brunner. Les observations portent sur une série de dix passages de la Lune au méridien et de 1 20 étoiles situées sensiblement sur la même décli- naison. Le pilier se trouve dans la cour de M. Samat, commissaire du Gouvernement français, à côté du mat de pavillon des Messageries mari- times. » La moyenne des résultats de longitude est de 2h47m44%3 ou 4i°567p"E de Paris. La latitude par les hauteurs circumméridiennes du Soleil égale : 2o°i 7' 21" sud. ( 7*8 ) » La longitude de Morondava, remarque M. Bossert , astronome de l'Observatoire de Paris, qui a eu l'extrême obligeance de calculer toutes ces observations astronomiques, reste affectée de l'erreur des corrections lunaires de NeNvcomb. D'après son jugement très compétent: les observa- lions sont bonnes en général. o » 11. Observa/ions magnétiques. — J'ai relevé la déclinaison dans cha- cune des stations précédentes, et, lorsque le temps de relâche me le per- mettait, l'inclinaison et la composante horizontale, avec les instruments magnétiques de Brunner : Localités. Dates. Majunga (') i4 février 1898. . . Tamboharana (2) g mars 1898 Maintirano 11 1 1 el 12 mars 1 898. Benjavilo (*) 14 mars 1898 Tsimanandrafozana ( ' 1. i5 mars 1898. . . . Morondava ( •) 18 mars 1898 NOMIN AXIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de diverses Commissions. Le dépouillement des scrutins donne les résultats suivants : Commission chargée Je juger le concours du prie Gay pour 1899. — MM. Mil ne-Edward s, de Lacaze-Duthiers, l'ilhol, Perrier, Blanchard. Commission chargée de présenter une question de prix Gay pour l'année 1901. — MM. Van Tieghem, Bornet, Milne-Edwards, Grandidier, Bonnier. Altitude i iomposante en 1 déclina 1 horizontale. mètres. son \\\ . Inclinaison. 1 nités CCS. 35 0 10 0 48 - « "m .'j6 52 0,19391 1 11 4; 4i » 0,22838 3 m 19 3o . ; 29 4'- )i 1 1 • 3 1 17 » ») ■> 1 a > '1 0 >' X > ■ i '. 3 56 33 3o 0,236x3 (') Argile rouge mêlée de quartz, à 00'" » l'est du fort hova, à l'embranchement du chemin de l'Hôpital. (-) Sable quartzeux ; <;à el là, quelques scories de fer; à i.V" à l'ouest du mât de pavillon. ('■') Sable quartzeux; a 1 no1" nord du débarcadère actuel: à "' au sud du nuit de pavillon des Messageries. ( ' ) Sable quartzeux; placé sur une dune à 100"' au nord du poste. (5) Sable quartzeux; à l'angle du chemin qui va de la plage au port. (6) Sable mêlé de limon ; à 20™ à l'ouest de l'emplacement Samal : dans le lagon, à marée basse. ( 7»9 ) Commission chargée de présenter une question de prix Pourat pour l'année 1901. — MM. Marev, Bouchard, d'Arsonval, Chauveau, Guyon. CORRESPONDANCE. M. le Secrétaire perpétuel informe l'Académie que les fêtes d'inaugu- ration du monument et de l'Institut Pasteur, à Lille, auront lieu le di- manche 9 avril 1S99. Le Comité prie l'Académie de vouloir bien se faire représenter à cette cérémonie. M. Rat-Lankester, nommé Correspondant, adresse ses remercîmenls à l'Académie. Le R. P. Colin adresse, de Madagascar, ses remercîments à l'Académie, pour le prix Valz qui lui a été décerné. M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance, les deux premiers numéros de « l'Enseignement mathé- matique », Revue nouvelle, dirigée par MM. Laisant et Fehr. (Présentée par M. Poincaré.) Cette Revue, consacrée à l'étude des questions pédagogiques, est appelée à rendre de grands services aux professeurs et aux géomètres. ASTRONOMIE. — Observations de la comète Swift (1899 a ) faites à l'observa- toire de Toulouse, à iéquatorial Brunner de om,23 d'ouverture; par M. F. Rossard, présentées par M. Lœwv. Étoiles Comète. — Étoile. Nombre Dates. (le ,- -^ — - — - ^— de 1899. comparaison. jR. CD- comparaisons. . ma „ Mars 16 o.r>-iBD— 11 --t- 0.39, 53 -8.20,7 8;ia 17 /;58oBD— 10 -f- o.44>79 —10.18,8 18:20 ( 72° ) Positions des étoiles de comparaison. Asc. droite lîérluction Déclinaison Réduction Dates. moyenne au moyenne au 1809. * 1899,0. jour. 1899,0. jour. lars 16. . a h m s 2.55.28; 97 -4-0,7.') — n".4i. 19,5 - i',8 17.. . b 2.52. 2 ,07 +0,74 — • 10. 46 . 36, 9 - i,4 Autorités. ,8 Weisse, g43 11 2 ' ,4 ! (\Veisset-t- Santini, 229) Positions apparentes de la comète. Temps Ascension Dates. moyen droite Log. fact. Inclinaison Log. fact. 1899. de Toulouse. apparente. parallaxe. apparente. parallaxe. Il m s li m s ... Mars 16... 7.36. 2 2.56. 9,2.5 T,5()6 — 11.49.42,0 0,812 17... 7.20.48 2.52.47,60 7,586 —10.56.57,1 0,814 ASTRONOMIE. — Observations de la comète Sir/// (1899 a), faites à l'obser- vatoire de Besançon, avec Véquatorial coudé, par M. P. Çhofardet. Note de M. L.-J. Gruey, présentée par M. Lœwy. Comète. — Étoile. Temps sidéra! -oam — - Nombre Dates. de \scension Distance de 1899. Étoiles, l'observation. droite. polaire. comparaisons. Ii m s m s , Mars 6. a 6.19.(4 -f-i. (,23 — i8.a5,6 12:9 11 b 6.40.37 -1. 5,94 — (.58,2 9:6 1 3 c 7 . 1 2 . 3 1 » - 1 3 . 3 , 5 3 (3 c 7.16. 9 4.12,20 » 6 (4 à 6.38.25 -t-o.47,(4 6.29,9 9:6 (4 d 7. 2.5i +o.43,43 1- 5.2i,3 9:6 (5 e 6.46.(2 —0.47,88 -+- 0.16,0 9:6 (6 f 6.49-56 -r-0.44,72 4-10. 5,6 9:6 • 7 g 6.51.9 -1.49,11 —6.58,i 9:9 Positions moyennes des étoiles de comparaison pour 1899,0. Ascension Réduction Distance Réduction droite au polaire au Etoiles. Autorités. moyenne. jour. moyenne. jour. h m 1 s 0 a Cordoba. 4082 3.37-38,32 +0,91 , 114.58.27,2 - 7,3 b Paris, 3997 3.iG. 5,86 o,83 107.53. 9,1 -i- 4,4 C 721 ) Étoiles. Autorités. c Paris, 3gi4 d Paris, 3769 e Weisse, io38, II1' / Weisse, 942, II1' g Schjellerup, 849 Ascension Réduction Distance Réduction droite au polaire au moyenne. jour. moyenne. jour. 3.11 . 9,24 s 4-0,82 io5. 10. 5 8 + 3U 3. 2.32,42 +0,78 io4- 8.32 0 4- 2,8 3. 0.29,65 +0,77 io3. 7. 4 1 4- 2,4 2.55.28,24 4-0,76 101 .5i .38 1 -f- i.9 2.54-38,54 4-0,75 101 . 5. 6, 1 4- 1 ,6 Positions apparentes de 1 a comète Swift (1899 a). Temps moyen Ascension Dates. de droite Log. facl . Distance Log. fact 1899. Besançon. apparente. parallaxe. polaire. parallaxe h m s h ni s . Mars 6. . . . 7. 22. 5 3. 38. 4o, 46 7,455 n4.4o. 8,9 0,892,, 1 1 . 7.23.45 3 . 1 5 . 0,75 T,5i7 107.51 . i5, 3 o,863„ i3. ■ 7-47-42 » » io5.23. 12,7 o,842„ i3. . 7.51.19 3. 6.57,86 7,566 » » .4. • 7- 9-46 3. 3.20,34 7,523 104. i5. 4,7 o,854„ <4. . 7.34. 8 3. 3. 16, 63 7,553 104. 1 3. 56, 1 o,845„ i5. . 7.i3.35 2.59.42,54 7,536 io3. 7.22,0 o,848„ 16. 7.i3.23 2.56. 13,72 7,544 102. 1 .45,6 o,844„ '7- 7 . 1 0 . 4© 2 .52.5o, 18 7,546 100. 58. 9,6 o,84i„ Le 16 mars, la comète a, approximativement, l'éclat d'une 7e grandeur. L'observa- tion du i3 mars est faite un peu près de l'horizon et à travers la brume. GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — - Sur les lignes de courbure de certaines surfaces. Note de M. E. Blutel, présentée par M. Darboux. « Dans une Communication récente, nous avons signalé l'existence de surfaces S comprenant comme cas très particuliers les surfaces à lignes de courbure planes ou sphériques et possédant la propriété générale suivante : lorsque le point de contact d'une sphère principale de seconde courbure décrit une ligne de première courbure de la surface S, cette sphère princi- pale coupe une sphère fixe 1 sous un angle constant. » Soit. S, une surface particulière rapportée à ses lignes de courbure (_« = const., v = const.) et soient c, c', c" les cosinus directeurs de la nor- male en un point M de cette surface, de coordonnées x, y, z. On a (1) E- Sca? = Vpt + V,c4-V2c'4- V>"4-V3) où V, V,, V2, V3, V5 sont des fonctions de v; on suppose l'élément linéaire C. R., 1899, 1" Semestre. (T. CXWIII, N" 12.) g5 ( 722 ) de la représenta lion sphérique mis sous la forme ds1 = (f- dir + p\ dv1 . » On peut remarquer que, si cette représentation sphérique est supposée connue, ainsi que les fonctions V,, la relation (i) permet d'écrire l'équation générale du plan tangent en un point quelconque de la surface S,, sous la forme c\ - ; — o, de sorte que la détermination de toutes les surfaces (S) ayant même repré- sentation sphérique que S, et possédant la propriété énoncée au début revient à la recherche de la représentation sphérique et des fonctions V,. » Or, si l'on écrit que ; vérifie l'équation connue à-l i 0, / Soit alors (3) l = W/>, + W, c + W.,c' -h W3c" + VV5 ( W, fonction de v), l'équation tangentielle des surfaces (S) ayant même représentation sphé- rique que S, ; on devra avoir Ou ou bien )u\ ' \Pl )- du\ wp, r Si cette relation n'est pas une identité, les équations (3) et (4) imposent auv surfaces (S) la propriété d'avoir leurs lignes de première courbure sphériques ou planes; écartant ce cas, on est conduit à prendre w w; w; w, w, ,, |oii 9(f) désigne une fonction arbitraire] avec f(v) = o. ( 7^3 ) m On voit donc qu'il existe une infinité de surfaces (S) dépendant d'une fonction arbitraire ). » On peut disposer de cette fonction arbitraire de sorte que les sphères £ correspondant à une surface S, ainsi déterminée passent par un point fixe O. Une inversion de pôle O remplacera alors S, par une surface S', pour laquelle les sphères 2 deviennent des plans. Or, il résulte des propositions énoncées, dans la Note déjà citée, que les surfaces S, ont même représen- tation sphérique que les surfaces à lignes de courbure sphériques et, par suite, qu'elles appartiennent à une catégorie de surfaces déterminées par M. Darboux. Les surfaces S', étant supposées connues, on déterminera les surfaces S, par une inversion, puis on cherchera leur représentation sphé- rique ; enfin les équations (5) fourniront les fonctions W, et les surfaces (S) ayant même représentation sphérique S, seront définies par l'équation tangentielle(3). » Nous signalerons, en terminant, une propriété commune à toutes les surfaces (S) : » Les développables normales aux lignes de première courbure correspon- dantes sur ces surfaces sont homothétiques entre elles. » GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Sur quelques applications de la loi de paral- lélisme des réseaux et des congruences. Note de M. C. Gcichard, pré- sentée par M. Darboux. < J'ai défini les systèmes de réseaux et de congruences parallèles et indiqué les principales propriétés de ces systèmes ('). Je vais faire une application de ces résultats aux réseaux et congruences qu'on rencontre quand la suite de Laplace est limitée d'un côté. » J'appelle réseau A, un réseau tel que les tangentes aux courbes d'un système conservent une direction fixe quand on se déplace sur une courbe de l'autre système. Les réseaux A.2, A3, . .. sont ceux qu'on obtient suc- cessivement en appliquant la méthode de Laplace à un réseau A,. Les ré- seaux An sont ceux que M. Raffy appelle réseaux cylindres (Comptes rendus, 1899). (') Voir, en particulier, les Mémoires suivants : Sur quelques propriétés qui ne dépendent que de la représentation sphérique {Comptes rendus, i8g3 ) ; Sur les sys- tèmes orthogonaux cl cycliques (Annales de l'Ecole Normale, 1897 et 1898). ( 7=4 ) » J'appelle réseau B, un réseau tracé sur une développable. Les ré- seaux B2, B3, ... sont ceux qui se déduisent successivement d'un réseau B, par l'application de la méthode de Laplace. Sur un réseau B2, les courbes d'un système sont planes. » Il est clair que, dans ces définitions, il n'intervient que la direction des éléments; donc : Tout réseau parallèle à un réseau A„ ou B„ esl aussi A„ ou B„. » Une congruence sera A„ ou B„ si elle est parallèle à un réseau A„ ou B„. » Une congruence B, a une focale à l'infini. » Une congruence B2 est caractérisée par ce fait, que l'équation aux dérivées partielles à laquelle satisfont les cosinus directeurs d'une droite de la congruence a un invariant nul; donc, parmi les congruences paral- lèles à une congruence B;,, il y en a une infinité, dépendant d'une fonction arbitraire d'une variable, qui est une courbe focale. » Une congruence A, a une focale qui est développable. » Si un réseau est A„, l'une de ses tangentes décrit une congruence B„ et l'autre une congruence Bn+I. De même : » Si une congruence esl A„, un de ses réseaux focaux esl Bre et i autre ]>„,,. » Si un réseau est B„, l'une de ses tangentes décrit une congruence A„_ , et l'autre une congruence An. De même : » Si une congruence est B„, l'un de ses réseaux focaux esl A„_ , et l'autre An. » En particulier, l'une des tangentes d'un réseau A, décrit une con- gruence B2 ; donc : Parmi les réseaux parallèles à un réseau Aa il y en a une infinité, dépendant d'une fonction arbitraire, dont l'une des tangentes ren- contre une courbe fixe. » Prenons, en particulier, les réseaux qui sont A2 des deux côtés : ce sont les réseaux que M. Raffy appelle doublement cylindres. Ils possèdent la propriété suivante : Parmi les réseaux parallèles à un réseau doublement cylindre, il y en a un dont les deux tangentes rencontrent chacune une courbe. fixe. » Cette propriété permet de construire tous ces réseaux. On peut diri- ger les calculs de façon à n'introduire que des quadratures dans les résultats. » Une congruence parallèle à ces réseaux est A2 des deux côtés, ses deux réseaux focaux sont B2; donc : Les réseaux focaux d' une congruence parallèle à un réseau doublement cylindre contiennent chacun un système de courbes planes. ( 7^5 ) » Prenons le cas, étudié par M. Rafïy, où le réseau doublement cylindre est formé de lignes de courbures. Tout revient, d'après ce qui précède, à trouver les surfaces dont les tangentes de courbure rencontrent chacune une courbe fixe. La congruence qui a pour focales ces deux courbes fixes sera cyclique. On est donc ramené au problème suivant : Trouver toutes les congruences cycliques dont les focales sont des courbes. » On trouve facilement que l'une des focales est une courbe plane et l'autre une droite perpendiculaire au plan de la première, ce qui permet- trait de résoudre la question. » Mais on peut se placer à un autre point de vue. Si les tangentes aux lignes de courbure d'un système rencontrent une courbe fixe, les lignes de courbure de l'autre svstème sont des cercles géodésiques (Darboux, Leçons, 3e Partie, p. 121). Donc : Les surfaces doublement cylindrées suivant leurs lignes de courbure sont celles qui admettent la même représentation sphêrique des lignes de courbure que les surfaces, déterminées par M. Bonnet, qui ont. pour lignes de courbure des cercles géodésiques. » Il résulte de ce qui précède que ces surfaces possèdent la propriété suivante : Sur chaque, nappe de la surface des centres les conjuguées des géodé- siques sont des courbes planes. » Les propriétés générales des réseaux A, montrent que de chacune de ces surfaces on peut déduire une infinité de surfaces, dépendant d'une fonction arbitraire, telles que les lignes de courbure d'un seul système soient des cercles géodésiques. » On n'a pas étudié, je crois, les surfaces qui possèdent cette dernière propriété. Je me propose d'indiquer, dans une prochaine Note, comment on résout ce problème. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur quelques propriétés arithmétiques des jonc- tions analytiques. Note de M. Paul Staeckel, présentée par M. E. Picard. « L'équation g{x, y) = o, g(x, y), étant un polynôme à coefficients rationnels, possède la propriété importante de donner, pour chaque valeur algébrique de la quantité x, seulement des valeurs algébriques de y et, vice versa, pour chaque valeur algébrique de y, seulement des valeurs algé- briques de x. On serait bien tenté de croire que cette réciprocité constitue un caractère exclusif des fonctions algébriques y de l'argument x. Cepen- ( 726 ) dant il n'en est rien, c'est-à-dire qu'il existe une infinité de fonctions analy- tiques transcendantes douées de la même propriété. m Attribuons, à l'exemple de M. G. Cantor, à toute fonction numérique irréductible de x fl0a;"-^-a,a;"-, -(-.. .+-an_tx +■ .h par les rela- tions y., =. o et H= H-t ■+■ V-i- » Cela posé, considérons l'équation (A) y- x -f-JJ u6 4 à i5 ampères ; mais les arcs tendent à revenir à l'arc court ou à s'éteindre; il faut saisir l'arc long au vol, pour ainsi dire. Avec l'aluminium, c'est pire encore parce que l'électrode s'oxyde, se recouvre très vite d'une couche d'alumine qui amène promptement l'extinction; il faut ensuite nettoyer le métal avant de pouvoir rallumer l'arc. Avec le fer, on peut, au contraire, maintenir longtemps le régime de l'arc long, à la condition de disposer d'un voltage assez élevé (par exemple aux environs de 80 volts) et de faire passer un courant d'au moins 25 à 3o ampères. Le zinc se prête mal aux essais parce qu'il entre trop facile- ment en fusion. » Tous ces arcs ne se produisent bien qu'avec des électrodes d'au moins 3mm à 4mm de diamètre qu'on doit laisser d'abord se porter à l'incandescence par un contact pro- longé avec l'électrode en charbon; il se forme alors à la pointe une gouttelette fondue d'où part l'arc dans le sens métal-charbon. Cette précaution est surtout nécessaire pour le fer. » Ce qui caractérise l'arc long, c'est la suppression d'une alternance sur deux, l'arc ne s'allumant plus dans le sens charbon-métal. Il en résulte pour les courbes pério- diques des formes caractéristiques très curieuses {fig. 7, 8, 9, 11, i3, i4) qui différent peu d'un métal à l'autre. » Dans le cas d'un circuit non inductif, le courant s'établit dans le sens métal-char- C. K., 1899, 1" Semestre. (T. CXXVIII, N° 12.) 96 ( 73o ) bon à partir du bec d'allumage de la tension; il s'annule quand celle-ci s'abaisse au- dessous de sa valeur normale. Le passage du courant reste ensuite interrompu pendant une demi-période ( fig. i5). Pendant celle-ci, il peut subsister un léger courant dû sans doute à une conduction par les gaz chauds; mais, dans bien des cas, ce léger cou- rant disparait rigoureusement. Au moment de l'extinction, la courbe de la tension aux bornes rattrape la courbe de la force électromotrice du réseau qui a déjà changé de signe et la suit ensuite, jusqu'au moment où le rallumage se produit dans le même sens que précédemment. » Si l'on alimente l'arc long en circuit inductif (fig- 8, 9, il, i3, 14), l'apparence des courbes reste la même, avec cette seule différence que la durée d'extinction est ( 73' ) augmentée d'autant plus que le circuit est plus induclif; par exemple, l'alternance charbon-métal (comprise entre deux zéros de la tension) se réduit sur lesjig. 8 et 1 1 à o, 27 de la période. » L'accroissement de l'alternance métal-charbon aux dépens de l'autre peut s'expliquer aisément par le relard qu'imprime la self-induction au courant dès qu'il s'est établi et qu'elle ne saurait produire dans le cas où le courant est nul. » Il résulte de cette influence de la self-induction un autre effet intéressant et im- prévu, que l'on constate sur les arcs instables. » Au moment où se fait le changement du régime d'arc court, peu bruyant, au ré- gime d'arc long, accompagné d'un son criard, et bien que l'une des alternances soit supprimée, on voit l'ampèremètre calorique accuser un brusque accroissement de l'intensité moyenne efficace (\/i2 moy.) du courant, qui pour le cuivre passe par exemple de 9 ampères à 20 ampères. » Cette augmentation, qui n'a pas lieu sur circuit non inductif, provient tout sim- plement de ce que la prolongation des alternances métal-charbon permet au courant de continuer à croître plus longtemps, de sorte que l'aire de la courbe des carrés des intensités pendant cette alternance est plus grande que la somme des aires correspon- dant aux alternances de l'arc court, u i 732 | ÉLECTRICITÉ. - De l'augmentation de l'intensité moyenne du courant par l'introduction du primaire de la bobine, dans le cas de l'interrupteur é/cc- trolytique de Wenhelt. Note de M. II. Pellat, présentée par M. Lipp- mann. « J'ai l'honneur de signaler à l'Académie un fait 1res curieux qui nous a frappés, mon préparateur M. Rothé et moi, en étudiant l'interrupteur électroly tique de Wenhelt. » Nous avions placé, dans le circuit primaire de la bobine (donnant normalement 25em d'étincelle), l'interrupteur électrolytique et un ampère- mètre Carpentier. Or, nous avons constaté que l'intensité moyenne du courant est plus forte, et parfois considérablement plus forte, dans le cas où le circuit contient le primaire delà bobine, que dans le cas où le cir- cuit est fermé sans que ce primaire en fasse partie. » L'expérience était très frappante, faite de la façon suivante : » La force éleclromotrice étant fournie par une batterie d'accumulateurs de 70 volts environ et le primaire étant dans le circuit, l'ampèremètre marquait 20 ampères; en mettant en court-circuit la bobine, par un gros (il de cuivre qui réunissait les fils aboutissant aux bornes du primaire, le courant tombait à 1 5 ampères, pour reprendre la valeur de 20 ampères dès qu'on rompait le court-circuit et que les étincelles jail- lissaient de nouveau entre les extrémités du secondaire. » Mais l'expérience était encore bien plus remarquable en employant une force électromotrice continue de 1 10 volts (secteur de la Sorbonne). » Dans ces conditions, et avec de l'eau faiblement acidulée (environ ,'„ ), dans l'auge électrolytique, quand le primaire ne faisait pas partie du circuit, l'intensité moyenne du courant était de 4 à 5 ampères seulement; elle passait au delà de a5 ampères (l'ampèremètre n'était gradué que jusqu'à •.."> ampères), quand le primaire de la bobine faisait partie du circuit et qu'une véritable flamme réunissait les deux extré- mités du secondaire. Ln outre, tandis que le fil de platine de l'interrupteur rougis- sait 1 peine dans le premier cas, il rougissait violemment sur toute sa longueur dans le second. » Ainsi, en introduisant une impédance dans le circuit, on augmentait con- sidérablement l'intensité moyenne du courant. » Ce fait, paradoxal au premier abord, n'esl pourtant pas eu contra- diction avec les lois connues de l'induction. » Admettons, par approximation, que le coefficient de self-induction L ( 733 ) du primaire de la bobine soit constant; désignons par E la force électro- motrice constante placée dans le circuit primaire, par R la résistance variable et par i l'intensité du courant au temps t; les lois de l'induction donnent ( i ) L ~ + R * — E ou idt = = A — = di. » En désignant par T la durée d'une période, l'intégration donne, pour T la valeur moyenne,^ / idt de l'intensité du courant, (2) T /. idt = ^J T-fj 5. » Or, par suite des fermetures et ouvertures du primaire la résistance R a une valeur faible et sensiblement constante /pendant un temps 0 et une valeur infinie pendant un temps T — 0; de façon que, au moins approxima- tivement, le premier terme du second membre est égal à—™- Quant au second terme, il est négatif pendant la fermeture du courant, positif pen- dant l'ouverture, nul pendant le reste de la période. On peut le transformer ainsi di dR 2 =.U [(-&).-(- A);]-». de façon que la relation (2 ) devient (4) ïjT''*=S+ïjf[ ro L r"r, rfi \ , rfi RdRA V RrfR dR. » Or, — -7^ est positif; mais il peut n'avoir pas la même valeur moyenne lors de la fermeture ( .,',.:) que lors de l'ouverture ( - „ ,., ) • \ RaR ' 1 n Rd\\ . » On sait que -=■ est considérablement plus grand à l'ouverture qu'à la fermeture; l'expérience précédente s'explique si l'on admet qu'il en est de même pour — rrjn] car alors le second terme du second membre de la ( 734 ) relation (4 ) est positif et s'annule avec le coefficient de self-induction L. » Il est très possible aussi que l'introduction du primaire fasse varier 6 et T et que le premier terme du second membre soit ainsi modifié. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur un isomère de l'acide menthoxyhque \ ' |. Note de M. Georges Léser, présentée par M. Friedel. « Si l'on dissout à froid l'acétylméthvlhepténone dans six fois son poids d'acide sulfurique à 8o pour ioo, on constate que le mélange ne s'échauffe pas sensiblement et reste bomogène. Au bout de deux heures de contact, on étend d'eau, on neutralise et l'on extrait à l'éther. Après évaporation du dissolvant, on recueille environ 85 pour ioo du poids du produit pri- mitif de 123" à 1 3^° sous 2omm. Des rectifications répétées ne permettent pas d'isoler un produit de composition définie et les analyses conduisent à admettre un mélange deC'°H"iO:! et C,0HMO. Le liquide obtenu présente la réaction au perchlorure de fer, caractéristique des (3-dicétones, mais malgré agitation avec la potasse étendue, on n'arrive pas à le débarrasser de ces composés. » Dans le but de détruire l'acétvlméthvlhepténone non transformée, à laquelle j'attribuais à tort cette réaction persistante avec le perchlorure, j'ai fait bouillir la portion i2io-i350 sous 20""" avec de la potasse méthvl- alcoolique. Au bout d'une heure, j'ai entraîné à la vapeur d'eau : il a passé une huile sur la nature de laquelle je ne puis encore me prononcer, mais une grande partie du produit est restée combinée à l'alcali. La liqueur potassique acidifiée a cédé à l'éther un acide très énergique bouillant à i()o°-i9i° sous 20mm, répondant à la composition C,0Hl8O3. « Le sel d'argent, obtenu par précipitation du sel de baryum au moyen du nitrate d'argent, est soluble dans l'eau bouillante, cristallise par refroi- dissement, est stable à la lumière et a pour composition C,0H"O'1 Ag. Le sel de baryte lui-même est déliquescent et se prend en masse pâteuse par évaporation à sec de sa solution. L'éther éthylique, obtenu quantitativement en faisant passer un courant d'acide chlorhydrique sec dans la solution alcoolique de l'acide, bout à 1 49° sous 20mm et possède une odeur forte de fruits. » Pensant avoir entre les mains un acide cétonique, j'ai fait réagir 1 ' 1 l'acuité des Sciences de Lyon, laboratoire de M. Marbier. ( 735 ï i molécule d'acide sur i molécule 3 de chlorhydrate d'hydroxvlamine eu solution dans le bicarbonate de soude (2 molécules 7 ) : le mélange aqueux a été abandonné une nuit à froid, puis acidifié par l'acide sulfurique dilué qui a déplacé une huile épaisse. Cette huile, décantée, a été recouverte de ligroïne et s'est prise en une masse cristalline. Après essorage sur plâtre, cristallisation dans l'eau bouillante, puis dans l'alcool aqueux, j'ai obtenu de petits prismes brillants fusibles à 980, très solubles dans l'alcool et dans l'éther, solubles dans l'eau chaude. » L'analyse a donné les résultats suivants : Calculé pour C'»HI9AzO . Trouvé. C pour ioo 59,7 5g,53 H » 9>45 9)65 Az « 6,97 6,83 » L'acide cétonique obtenu plus haut est donc isomérique avec l'acide menthoxylique de M. Arth et l'acide isopropylheptanonoïque que M. Ad. von Baeyer a obtenu au cours de ses mémorables recherches dans la série des terpènes, au départ de la tétrahydrocarvone. Les points de fusion des trois acides oxymidés isomériques sont : Diméthyl-2-6-oxymido-3-octanoïque. . . F. io3° (menthone) (' j lsopropyl-5-oxymido-2-octanoïque F. 75o-780 (tétrahydrocarvone) (2) Acide oxymidé nouveau F. 980 (acétylméthylhepténone) » Voici comment je crois pouvoir expliquer la constitution de l'acide cétonique que je viens de décrire, sauf à le démontrer ultérieurement : sous l'action de l'acide sulfurique, l'acétylméthylhepténone donne par addition et départ d'eau une p-dicétone cyclique : Cil' CH> C1IJ 1 1 1 CO GO CO CH3 CH2 CH3 CH2 CH3 CH \C = CH ^CO -> "CH-CHOH, jCO - ^CH-CH^CO CH3 Cil' CH3 C CH2 C CH' CH2 CH2 H2 H2 (') Baeyer el Mariasse ont d'abord donné 98°,5 (Berichte, t. XXVII, p. ig r 4 ), puis Beckmann et Merhlander 96°, 5 (Liebig's Annalen, t. CCLXXXIX, p. 368); enfin Baeyer et OEhler donnent, après cristallisation dans l'alcool, io3° {Berichte, t. XXIX, p. 27). (s) Baeyer et OEhler, Berichte, t. XXIX, p. 3i. ( 736 ) » Mais M. von Baeyer ( ' ) a montré qu'un corps de cette nature s'ouvre facilement par l'action de la potasse aqueuse et régénère l'acide cétonique par hydratation : Cil3 i co CH3 Cil -s-H*0 = CH3— CO — CHS — CH — CH2 — CH2 — COOH Cil3 " CH CH ' CO CH C CH2 CH3 CH3 H2 » L'acide que j'ai décrit serait donc isopropyl-4-heptanone-6-oïque, extrêmement voisin, par conséquent, de celui qui dérive de la tétrahy- drocarvone qui est isopropylé-5. » Je me propose d'appliquer à son éther éthylique la réaction de Dieck- mann (2) pour revenir à la (3-dicétone cyclique et d'étudier également les produits d'oxydation de l'acide lui-même. Cette oxydation, si la consti- tution proposée est exacte, devra me donner surtout de l'acide isopro- pyladipique. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur le caractère électronégatif de certains radicaux organiques non saturés (s). Note de M. Ernest Ciiaron, présentée par M. Friedel. « M. Heinrich a récemment signalé ce fait remarquable, que l'éther glutaconique C Hs O.CO - CH = CH - CH2 - COOC2 H5 * se comporte comme l'éther acétylacétique et les [ï-dicétones (4 ). Le car- bone marqué d'un astérisque possède deux hydrogènes remplaçables par un résidu alcoyle au moyen de l'éthylale de sodium et d'un iodure. » Le radical R — CH = CH a donc un caractère électronégatif bien ca- ractérisé. (') Berichte, t. XXIX, p. 28. (2) Berichte, t. XXVII, p. 102. (3) Travail fait au laboratoire de M. Friedel, à la Soi bonne. (;) Heinrich, Berichte der deutschen chemischen Gesellschaft, 1. XXXI, p. 2io3. ( 737 ) » J'ai observé et publié sous forme de Thèse (■) un certain nombre de faits qui confirment cette manière de voir. Ces faits peuvent se classer en deux séries bien distinctes. » i° L'aldéhyde crotoniqueCH3 — CH = CH — CHO hydrogénée par le couple zinc-cuivre donne, avec 60 pour 100 de rendement, la pinacone cor- respondante CH3 - CH = CH - CHOH - CHOH - CH = CH - CH3. » 20 Les dérivés halogènes de l'alcool crotonylique se forment dans des conditions et présentent des caractères qui les différencient complètement des composés saturés correspondants. » Formation des pinacones. — Je crois que l'on peut poser en principe que dans la préparation des pinacones les rendements obtenus sont en rai- son directe du caractère électronégatif de la molécule. » Par réduction, les aldéhydes acycliques saturées ne donnent pas de pinacones; les cétones saturées en donnent avec des rendements ne dé- passant jamais 10 pour 100. » Les aldéhydes aromatiques donnent toujours du glycol bisecondaire, en même temps que l'alcool, car l'introduction du radical phényle accentue le caractère électronégatif de la molécule; enfin, les cétones aromatiques donnent surtout des pinacones. Les rendements atteignent de 5o pour 100 à 60 pour 100. » Les faits observés dans le cas des aldéhydes acycliques non saturées sont tout à fait analogues. » L'introduction du radical R — CH = CH — conduit à un composé fournissant des rendements très élevés en pinacone. » La molécule non saturée est donc bien différente de la molécule saturée et présente un caractère électronégatif très accentué. » Il est curieux de constater que le radical vinvlique CH: CH — R est moins électronégatif que le radical propénylique CH3 — CH — CH — R. » Le rendement en pinacone avec l'acroléine est, en effet, beaucoup moindre qu'avec l'aldéhyde crotonique. Il ne dépasse pas 20 pour 100. » Caractères particuliers des chlorure, bromure et iodure de crotony le. — Ces composés se forment avec des rendements presque théoriques par éthéri- (') Charon, Thèse. Gauthier-Villars; 1898. C. R., 1899, 1" Semestre. (T. CXXVIII, N 12.) 97 ( 73« ) fication directe à froid de l'alcool crotonique par les hydracides. La réac- tion est presque immédiate; elle rappelle la précipitation d'un sel. » Cette réaction appliquée à l'alcool allylique marche beaucoup plus lentement et les rendements sont plus faibles. » Les dérivés obtenus réagissent à froid en donnant des produits de sub- stitution. On peut ainsi préparer les éthers oxydes, le sulfure, le sulfocya- nate, les éthers acides de crotonyle. » La réaction est beaucoup plus facile et bien plus énergique que dans le cas des composés saturés correspondants. Elle est toujours plus nette avec les dérivés crotonyliques qu'avec les dérivés allyliques. » Gladstone et Tribe ont montré que les iodures alcooliques saturés traités par le couple zinc-cuivre en présence d'eau donnent exclusive- ment les carbures saturés renfermant le même nombre d'atomes de car- bone. » L'iodure d'allyle fournit à côté du propylène une petite quantité de diallyle (10 à i5 pour ioo du rendement théorique). )> Avec les dérivés crotonyliques, la réaction marche bien même avec les chlorure et bromure et l'on obtient avec l'iodure environ 5o pour too de rendement en carbure CH3 — CH = CH - CH2 - CHaCH =CH - CH3. » Ces faits semblent devoir être rapprochés de la formation des pina- cones et être également la conséquence du caractère électronégatif de la molécule. » Il y a mieux, l'iodure de crotonyle CH3 — CH = CH — CH2I se dé- compose spontanément à la lumière; la réaction est complète au bout de quelque temps et l'on obtient à côté d'une résine non définie un très bon rendement en dérivé diiodé du carbure en C8 diéthylénique signalé plus haut. » Le fait précédent pourrait s'expliquer par la dissociation bien connue de RI en R — R et P non limitée par la réaction inverse dans le cas actuel, l- pouvant, en effet, se combiner peu à peu au carbure non saturé formé. » Cette explication n'est cependant pas suffisante car l'iodure d'allyle ne donne pas lieu à un phénomène assez net, et c'est le contraire qui devrait se produire. » L'iodure de crotonyle pur est entièrement transformé à la lumière en quelques semaines; de l'iodure d'allyle abandonné depuis dix ans dans les mêmes conditions ne renfermait qu'environ ~ de son poids de résine et une très petite quantité de tétraiodure de diallyle. ( 739 ) » En distillant environ 25ogr de cet iodure d'allyle, j'ai obtenu au début de la distillation quelques centigrammes dediallyle que j'ai caractérisé par un de ses tétrabromures. » La différence entre les dérivés allyliques et crotonyliques reste donc toujours du même ordre. » Pour conclure, je crois que l'on peut considérer les éthers chlorhv- drique, bromhydrique et iodhydrique de l'alcool crotonique comme inter- médiaires entre les chlorures, bromures et iodures alcooliques saturés et. les dérivés des acides correspondants. » Si ces composés présentent les réactions des dérivés alcooliques, leur instabilité et la facilité avec laquelle ils réagissent rappellent bien les dé- rivés halogènes des acides, avec cette différence fondamentale qu'ils ne sont pas décomposés spontanément par l'eau. » Ces faits se rattachent au caractère électronégatif de la molécule et il faut remarquer que ce caractère est beaucoup plus accentué pour le grou- pement propénylique CH3 — CH = CH — que pour le groupement viny- liqueCH- = CH — . » CHIMIE PHYSIOLOGIQUE . — Action de la formaldéhyde sur les matières albuminoïdes. Transformation des peptones et albumoses en produits de régression albuminoïdes. Note de M. Charles Lepierke, présentée par M. Armand Gautier. « M. Trillat a signalé, il y a quelques années, la remarquable propriété qu'a la formaldéhyde de coaguler l'albumine et la gélatine ('). Dans une Note récente (2), il exprime l'opinion que la formaldéhyde insolubilise les matières albuminoïdes non coagulables par la chaleur. J'ai eu l'idée d'étudier l'action du même réactif sur les produits d'hydratation des albu- minoïdes sous l'influence des sucs digestifs, produits incoagulables, on le sait, par la chaleur. Les résultats auxquels je suis arrivé font l'objet de cette Note. » L'action du méthanal sur les matières albuminoïdes, comme sur la plupart des composés organiques azotés, est en somme un phénomène de condensation et de déshydratation, avec fixation de groupes CH2. Dans (') Comptes rendus, 3o mai 1892. La formaldéhyde, Paris; 1896. (") Bulletin de la Société chimique de Paris, 20 décembre 1898, p. 1017. ( 74o ) le cas des matières albuminoïdes qui, d'après Schûtzenberger, renferment des groupes imidés, cette action peut se formuler ainsi : /R.AzH.R /R.AzH.R \R.AzH.R' ^U\R.Az . R' + CHlO= CH2 r-IPO. /R.AzH.R' ro/R-^ • R' \R.AzH.R UU\R.AzH.R » Il y a donc déshydratation et condensation, celle-ci entraînant l'aug- mentation du poids moléculaire. Remarquons de suite, avec M. Trillat, que l'introduction d'un ou plusieurs groupes méthyléniques (PJVT= i \ ) dans des molécules aussi lourdes que celles des albuminoïdes (6000 envi- ron pour les albumines, 3ooo pour les syntonines, 1000 à ijoo pour les albumoses, 4oo pour les peptones) est pondéralement inappréciable. » Les produits résultant de l'action des sucs digestifs sur les albumi- noïdes peuvent se diviser en trois grandes classes : acidalbumines, albu- moses et vraies peptones. Les premières étant insolubles dans l'eau, les dernières seules nous intéressent pour le moment. Les albumoses peuvent se diviser en trois groupes dont les propriétés sont assez tranchées pour que leur recherche qualitative et quantitative soit possible : ce sont les hétëroalbumoses, les pruloalburnoses et les deutéroalbumoses . » De plus, on sait que le poids moléculaire de cette série de corps va en diminuant de l'albuminoïdc primitif aux albumoses et aux peptones. » J'ai étudié l'action de l'aldéhyde formique sur les hétéro-, proto- et deutéroalbumoses, ainsi que sur les peptones pures, préparées par moi par digestion de l'albumine d'œuf, de la fibrine, du muscle, de la gélatine, en séparant les divers composants par les procédés connus. J'ai également opéré avec les mélanges qui constituent les peptones commerciales, préa- lablement analysées au point de vue de leur teneur en hétéro-, proto-, deutéroalbumoses et vraies peptones. Je résume ici mes observations. » A froid, la réaction du méthanal sur les produits en question est nulle ou très lente; an contraire, elle est intense à la température du bain- niarie bouillant (2 parties de substance dissoute dans 5 parties d'eau et additionnée de 2 à 3 parties de formai du commerce). Tantôt on observe une insolubilisation de la substance primitive; mais le plus souvent (avec les peptones commerciales) aucun phénomène apparent ne révèle une modification du produit qui conserve sa solubilité première. Cependant ( 74r ) un examen plus approfondi ne tarde pas à démontrer de la manière la plus positive que ces produits subissent, sous l'influence de la formaldéhyde, des modifications profondes dans leurs réactions et, par suite, dans leur leur constitution chimique. Les résultats sont les suivants : » i° Les protoalbumoses sont insolubilisées par CH20 à chaud. Le pré- cipité obtenu est insoluble dans l'eau chaude, dans NaCl à 10 pour ioo (exclusion des hétéro albumoses) et dans Na2CO:!. » 2° Les deutéroalbumoses ne sont pas des corps homogènes, mais un ensemble de corps formés de termes homologues. Les premiers termes, de poids moléculaire plus élevé, et par suite plus voisins des protoalbu- moses, sont insolubilisés par CH20;Ies derniers termes, plus voisins des vraies peptones, sont simplement transformés en protoalbumoses, qu'une action plus prolongée du réactif transforme à leur tour en dérivés inso- lubles. L'action dépend donc de la composition des deutéroalbumoses et du temps d'action du réactif. La tendance de la réaction est la transfor- mation des deutéro- en corps de la famille des protoalbumoses puis inso- lubilisation de ces dernières. » 3° Les vraies peptones, par un mécanisme semblable au précédent, sont d'abord transformées en corps de la classe des deutéro-, puis celles-ci en protoalbumoses. » Les précipités et corps intermédiaires ci-dessus, obtenus par CH20 en partant des proto-, deutéroalbumoses, etc. d'albumine, de viande, de gélatine, etc., sont insolubles dans l'eau froide et dans l'eau bouillante; mais chauffés une ou deux heures à i io°, à l'autoclave, ils s'hydratent et se dissolvent complètement : la solution présente les caractères du groupe auquel appartient l ' albuminoïde qui avait été soumis à l'action du formai. Les albumoses et les peptones (très semblables aux primitives à quelques CH2 près) sont donc régénérées ('). Les produits précipités ou transformés conservent tous les caractères des substances protéiques : c'est ainsi que les réactions de Millon, du biuret, xanthoprotéique, etc., sont on ne peut plus nettes. Enfin j'ai vérifié, conlrairement à ce que pensait M. Trillat, que les albuminoïdes (albumoses et peptones) sur lesquels j'ai opéré, après coagulation par l'aldéhyde formique, ne sont pas rebelles à toute assimilation, car ils sont susceptibles de digestion pepsique normale, quoique plus lente que les mêmes albuminoïdes non soumis à l'action de l'aldéhvde. » En résumé, on voit, par ce qui précède, que : i° le formai condense (') Je pense même avoir retrouvé des traces de formaldéhyde régénérée. ( 742 ) et déshydrate les albuminoïdes solubles; 2° que les corps ainsi obtenus sont toujours protëiques et qu'ils ont un poids moléculaire plus élevé; 3° qu'ils tendent vers l'insolubilité dans l'eau et dans les solutions salines à mesure que ce poids moléculaire augmente. » C'est donc là un phénomène qui présente les plus grandes analogies avec celui d'une régression progressive des peptones et albumoses vers les albu- minoïdes primitifs. L'identité absolue entre les produits de régression ultime et les albuminoïdes primitifs est peu probable, par suite de l'introduction des groupes CH2, mais l'influence de ces groupes, de poids moléculaire peu élevé et dont quelques-uns existent déjà dans l'albuminoïde primitif, est si petite que les produits obtenus conservent leurs réactions protéiques. On peut donc, à l'aide de ce réactif, transformer successivement les peptones \ raies en produits deutéroalbumosiques; ceux-ci en corps répondant à toutes les réactions des protoalbumoses; ces dernières enfin en corps inso- lubles présentant les plus grandes analogies avec les albuminoïdes coagu- lés à poids moléculaire élevé. » CHIMIE ORGANIQUE. — L 'acide silicotitn gstique comme réactif des alcaloïdes ('). Note de M. Gabriel Bertrand, présentée par M. Duclaux. « On a déjà proposé un assez grand nombre de réactifs généraux des alcaloïdes : l'acide silicotungstique dont je viens d'étudier l'emploi à ce point de vue, me parait supérieur à tous; il donne des sels bien définis, absolument stables, dont l'analyse peut être faite aisément avec exactitude. Au point de vue de certaines déterminations analytiques, il présente même sur le chlorure de platine et le chlorure d'or l'avantage d'avoir un poids moléculaire beaucoup plus élevé (environ 3ooo). Enfin sa sensibilité est la plus grande de tous et rien n'est plus facile que d'extraire les alcaloïdes des combinaisons insolubles où il les engage. » Ce réactif est l'acide silicotungstique i2TuO\Si02.2H20, libre ou à l'état de sel alcalin. On l'obtient aisément en suivant les indi- cations qui ont été données par M. Wyrouboff (2 ) dans son important Mé- (') Travail du laboratoire du Muséum. (J) Bull. Soc. Minéralogie, t. XIX; 1896. ( 743) moire sur les silicotungstates métalliques. Pour l'usage analytique, on en prépare une solution au titre de 5 pour ioo environ. » Dans les solutions suffisamment concentrées et froides des sels d'alca- loïdes, ce réactif donne des précipités, en général floconneux, quelquefois caillebottés, pulvérulents ou même cristallins, qu'il est facile de recueillir par filtration. Ces précipités sont blancs ou de couleur pâle : jaune, chamois ou saumon. Ils sont presque insolubles dans l'eau froide, un peu plus dans l'eau bouillante. Desséchés à -+- 3o°, ils retiennent une certaine quantité d'eau, variable suivant l'alcaloïde considéré, et dont une partie au moins se dégage à la température de -1- 1200. Ce sont des silicotungstates neutres de la formule générale i2TuO\Si02.2H20.4alc. -+- nfPO. » Ils résistent, sans se dissoudre, à l'action des liqueurs acides, même assez concentrées, et laissent par calcination un résidu absolument fixe, formé d'acides silicique et tungstique. » Le sel de pyridine 1 2 Tu O3. Si O2. 2 H5 040^ H5 Az -+- H20 est cristallisé. Il de- vient anhydre à 4- 1200 : Trouvé. Calculé. Eau de cristallisation o,5o o,55 Azote (méthode Dumas) i ,70 1 . 7 4 TuO'-r-SiO2 88, 5o 88,49 » Celui de morphine i2Tu03.Si02. 2H2 0.4C17H!9 Az034- gFPO est amorphe, de couleur saumon. Il retient 2 molécules d'eau d'hydratation à -t- 1200 10 • Trouvé. Calculé Eau dégagée à 4- 1200 2,90 3, 01 Azote ( méthode Dumas) i,32 1 , 33 Tu034-Si02 67,90 68,00 » Le sel de strychnine 12T1.O3. Si05.2H20. .', Csl H-2 Az2024- 8H20 ressemble au précédent, mais il est de couleur chamois et ne conserve qu'une molécule d'eau à 4- 1 20° : Trouvé. Calculé. Eau dégagée à 4- 1200 2>9o 2>8g Azote (méthode Dumas ) 2 , 46 2,56 Tu034-Si02 65, 3o 65,22 » Quand on chauffe un précipité de siiicotungstate d'alcaloïde au sein du liquide où il a pris naissance, il perd immédiatement une certaine quan- tité d'eau (une molécule pour les sels analysés). Le nouvel hydrate, qu'on ( 744 ) peut ainsi obtenir directement par précipitation à chaud, est une poudre très ténue, lente à se déposer, et qui présente avec certains alcaloïdes l'avantage d'être beaucoup plus visible que l'hydrate précipité à froid. « Si l'on prend, par exemple, 5CC d'une solution de sulfate d'aconitine au 50ljuo et qu'on y ajoute i à ?. gouttes de réactif, on n'observe qu'une opalescence très faible; en chauffant jusqu'à l'ébullition, le liquide devient limpide et par refroidissement laisse apparaître un précipité pulvérulent, excessivement fin, qu'on pourrait encore distinguer au trouble du liquide, s'il n'y avait que 10l„a à 8^„0 de la base organique en dissolution. » Avec la vératrine, la différence est plus accentuée : tandis que la solution au ,0à0o ne donne presque plus rien à froid, celle au ^wifôô fournit encore un trouble appré- ciable après chauffage et refroidissement. » J'ai déterminé la limite de sensibilité de la réaction pour les princi- paux alcaloïdes végétaux en opérant sur 5CC de solution additionnés dans un tube à essais de i à 2 gouttes de silicotungstate de sodium et autant d'acide chlorhvdrique au dixième. Les résultats obtenus sont rassemblés dans le Tableau ci-dessous, où les alcaloïdes sont divisés en deux groupes : le premier renfermant les alcaloïdes dont les deux hydrates sont également perceptibles; le second, ceux dont le silicotungstate devient beaucoup plus visible par chauffage à l'ébullition et refroidissement. Premier groupe. Deuxième groupe. Gonicine jôW Aconitine Morphine rfoôô Vératrine . . Théobromine TsoW lîrucine N icotine îôooô Strychnine | Narcéine ïïïïôô \arcotine i Codéine t^ôô Quinine 1 Atropine ) , Quinidine f , Caféine i ***** Cinchonine i 5<)oTO Cocaïne ïôô'oôô Cinchonidine ' » Malgré leur stabilité, les silicotungstates d'alcaloïdes sont attaqués par certains réactifs, notamment les réactifs oxydants. Ceci permet, dans cer- tains cas, d'utiliser directement le précipité fourni par l'acide silicotung- stique pour effectuer la réaction colorée caractéristique de l'alcaloïde : par exemple, celle de la strychnine avec le mélange d'acide sulfurique et de bichromate de potassium, de la morphine avec le réactif de Frohde, etc. » Mais un des principaux avantages qui résultent de l'emploi de l'acide silicotungstique est la facilité avec laquelle on peut régénérer les alcaloïdes ( 745 ) des précipités obtenus. Ces précipités sont, en effet, décomposés instantané- ment à froid par les alcalis étendus, même par l'ammoniaque : le silicium et le tungstène passent en solution et l'alcaloïde est mis en liberté. On n'a plus qu'à séparer celui-ci soit par filtration, s'il est insoluble, soit par agi- tation du liquide avec un disso it approprié, s'il est resté dissous. » PHYSIOLOGIE ANIMALE. — Recherches sur ta valeur physiologique des tubes oyloriques de quelques Téléosteens ('). Note de M. Th. Boudouy, pré- sentée par M. de Lacaze-Duthiers. « Nous avons soumis à nos expériences les trois espèces suivantes : Mer- langus Pollachius. Mugil chelo et Motella mustela. Nous avons employé les macérations aqueuses de tubes pyloriques, préparés selon la méthode in- diquée ci-dessous, et les extraits alcooliques préparés comme le recom- mande M. Frédéricq. » Préparation des macérations aqueuses. — Les poissons sont sacrifiés immé- diatement après la pêche; les cscums sont détachés de l'intestin moyen et lavés à l'eau distillée. On les incise et on les broie dans un mortier à l'aide de sable préalablement purifié. La pulpe ainsi obtenue est reprise par l'eau fluorée (eau distillée renfermant en poids -^ de Na FI). On empêche ainsi le développement des bactéries, dans un milieu très riche en substances protéiques, et l'action des zymases n'est pas entravée par la présence de cet antiseptique. On décante et l'on filtre. » Le filtratum est visqueux et mousse beaucoup par l'agitation; il est riche en mu- cine et sa réaction a toujours été neutre au tournesol. » Préparation des extraits alcooliques. — Les tubes pyloriques sont incisés en menus fragments et triturés au mortier, avec de l'alcool à 900. On laisse en contact pen- dant plusieurs heures. La masse est jetée sur un filtre sans plis. Les substances albu- minoïdes et les enzymes sont coagulées. On fait sécher à l'air entre des doubles de papier-filtre. La matière jaunâtre ainsi préparée est délayée dans l'eau distillée fluorée; les ferments se redissolvent. C'est cette solution qui sert aux expériences. » A. Expériences sur le Merlangus Pollachius. — Dans cette espèce, les tubes pylo- riques sont au nombre de trente environ; ils forment une houppe volumineuse autour du duodénum. Nous avons étudié l'action du macéré sur la fibrine, l'empois d'amidon, le saccharose et l'huile d'olive. » i° Action sur la fibrine. — On a employé la fibrine de sang de porc, récemment préparée et conservée dans la glycérine. La fibrine est promptement attaquée, corrodée sur ses bords et désagrégée. (') Nos recherches ont été faites au Laboratoire de Zoologie de Roscofl". C. R., 1899, 1" Semestre. (T. CXXVIII, N« 12.) Ç)8 ( 746 ) o Dans une expérience, au bout de si\ heures, à la température du laboratoire (i i°), la fibrine a été digérée. La neutralité du milieu et le mode d'action du ferment font admettre que l'enzyme est analogue à la trypsine. » Nous avons constaté la présence des peplones par la réaction du biuret; mais, au préalable, il a fallu se débarrasser de la mucine, qui donne également cette réaction. Pour cela, le produit de la digestion a été porté à l'ébullition et additionné d'acide acétique. L'albumine et la mucine ont été coagulées. Le liquide filtré renferme les peptones, dont on accuse la présence par la réaction du biuret. » 2° Action sur l'amidon cuit. — Nous avons préparé l'empois d'amidon par le procédé de M. Bourquelot. Le produit ainsi obtenu se prête bien aux expériences. Il est indispensable de le préparer au moment du besoin, car l'empois se saccharifie au bout de quelques jours. On a eu recours à l'étuve, afin d'exagérer la production du maltose. 11 faut faire usage d'un tube témoin renfermant de l'eau distillée et de l'em- pois d'amidon (à la fin de l'opération, le contenu de ce tube ne devra pas réduire la li- queur cupro-potassique). Nous nous sommes assuré que le macéré ne renfermait pas de sucre réducteur. Dans toutes les expériences, le macéré a hydraté l'amidon. La pré- sence du sucre a été révélée par la liqueur de Fehling et par le sous-nitrate de bis- muth en présence d'un alcali. » 3° Action sur le saccharose. — Le sucre candi, purifié par des lavages répétés à l'alcool à 900, n'a pas été interverti. » 4° Action su/- l'huile d'olive. — On n'a pas obtenu d'émulsion stable ni d'acidi- fication du milieu. Le suc des caecums ne se comporte donc pas comme le suc pan- créatique. » B. Expériences suit le Mugil chelo. — Le macéré des caecums ne digère pas la fibrine, mais il saccharifie l'amidon. » C. Expériences sur la Motella mustbla. — H y a eu digestion de la fibrine et hydratation de l'amidon. Kriikenberg a obtenu les mêmes résultats chez la Motella tricirrhata. » Les dissolutions aqueuses d'extraits alcooliques nous ont amené aux mêmes conclusions. » Les tubes pyloriques, dans les espèces que nous a\ons étudiées, jouent donc un rôle actif dans la digestion. Il est à remarquer que, chez le Mugil chelo, espèce herbivore, le suc des caecums ne digère pas la fibrine, tandis que cette digestion s'effectue chez la Motella mustela et le Merlangus Pollachius, qui sont des espèces carnassières. » ( 747 ï HISTOIRE DES SCIENCES. — Ancienne légende russe, relative à une chute de pierres. Note de M. Stanislas Meunier. « Au cours d'un voyage de Saint-Pétersbourg à Nijny-Novgorod, je fus informé que, d'après des récits six fois séculaires, le pays que je traversais avait été le théâtre d'une pluie de pierres absolument exceptionnelle. » Le a5 juin 1290, les habitants d'Oustiougue-le-Grand, dans le gouvernement de Wologda, virent le ciel s'obscurcir jusqu'à produire la nuit en plein midi; des détona- tions formidables et des lueurs fulgurantes incessantes donnèrent à chacun l'idée de la fin prochaine du Monde. Dans ce moment suprême, d'après le récit que toutes les mémoires ont retenu dans la région, on eut recours à l'intercession de Prokopi, et ce- lui-ci pria la Providence avec une telle ferveur qu'un miracle se produisit : la nuée menaçante, modifiant son premier itinéraire, se détourna de la ville et alla crever à 2.5tm de distance, dans un point où est maintenant le village de Catoval, mais qui était alors désert, et sans faire de mal « ni à des hommes, ni à des bestiaux » ('). » Lorsque, revenus de leurs terreurs bien légitimes, les habitants visitèrent la loca- lité éprouvée, ils trouvèrent la forêt absolument saccagée, les arbres brisés et le sol couvert d'innombrables blocs de roches, arrondis et souvent noirâtres, assez gros sou- vent pour écraser des maisons entières par leur chute. Aussi nul n'hésita-t-il à croire que ces pierres ne fussent tombées des nuées et qu'elles n'eussent été primitivement destinées par la vengeance céleste, à écraser Oustiougue et ses habitants : le souvenir reconnaissant a fait de l'intercesseur saint Prokopi, patron très vénéré encore de toute la région. » Un semblable récit piqua ma curiosité : je cherchai à avoir sur le phénomène le plus de renseignements possible. Le savant conservateur ries collections de l'Institut des Mines, à Saint-Pétersbourg, M. Melni- koff(2), me communiqua une brochure qu'il avait publiée en russe sur ce sujet. Le Ministre de l'Agriculture et des Domaines, S. E. M. A. Yermoloff, fit prendre pour moi, malgré des difficultés très sérieuses, des photogra- phies reproduisant des vues du pays, la forme de blocs conservés à part comme des reliques, et de très vieilles icônes peintes sur bois et représen- (') Je dois de vifs remercîments au savant bibliothécaire du Muséum, M. Deniker, qui a bien voulu me donner la traduction de plusieurs textes russes qui m'ont été fort utiles. (2) Notice historique sur la chute des météorites d' Oustiougue [Journal des .Tlincs russes, n° 1, p. 101 à 109 (en russe); année 1890]. ( 748 ) tant le miracle. Je dois aussi à M. Yermoloff une collection d'échantillons des roches qui se présentent en innombrables blocs sur le sol de Catoval et sur une surface dont la longueur dépasse plusieurs kilomètres. » En examinant ces spécimens, j'eus le désappointement de n'y trouver que des roches terrestres : outre des silex parfois meuliériformes (rivière Strigue) et une scorie de four à fer très cristalline, riche en péridot, con- tenant du charbon de bois et qui doit être fort ancienne (monastère d'Oustiougue), on y voit surtout des micaschistes (rivière Strigue) et avec eux du quartz filonien (rivière Strigue) et des eurites noires à feldspath arborisé (chapelle de Saint-Prokopi). On v voit aussi des roches remar- quables, sur lesquelles M. Brogger a appelé l'attention sous le nom de groruclile, et qui sont formées d'un mélange de microcline, d'albite et de mica, avec l'aegyrine, minéral pyroxénique d'un vert d'herbe. Elles ont été ramassées dans le ruisseau de Caménoé. » On ne trouve nulle part en place ces roches dans le gouvernement de Wologda, dont le sol est formé de couches carbonifères et permiennes. Les gisements les moins éloignés en sont en Finlande et en Scandinavie, et l'on rattache leur présence en Russie au grand phénomène erratique. » Bien qu'elle nous prive d'échantillons météoritiques qui eussent été fort précieux, cette constatation ne diminue pas l'intérêt de la légende, qui témoigne, sans aucun doute, de l'apparition de quelque imposante manifestation météorologique d'intensité anormale. La question subsiste de savoir si des pierres sont, à ce moment, tombées des nuages, pierres qui auraient d'ailleurs été enlevées au sol de quelque point plus ou moins éloigné, par une trombe, et qui se seraient mélangées aux blocs erratiques. » A cette occasion, on peut rappeler que de semblables pi nies rocheuses ne sont pas sans exemple. Pour ma part, j'en ai étudié une qui avait eu pour théâtre une localité du département de l'Aube : le 6 juin 1891, la commune de Pel-et-Der fut recouverte de milliers de pierrailles calcaires, de 2CC à 3CC, qui avaient été arrachées à un gisement distant d'au moins 1 5okm en ligne droite ( ' ). » Mais il y a une autre supposition, bien plus vraisemblable à faire : c'est qu'il n'est pas tombé de pierres à Catoval. La région était évidem- ment peu fréquentée et peu connue; quand on s'y rendit après l'orage et qu'on y vit, dans la forêt saccagée, les pierres qui jonchaient le sol, on (') Comptes rendus, l. CX11I, p. ioo; i3 juillet 1891 ( 749 ) commit à leur égard une erreur que nous voyons renouveler à chaque instant. On apporte fréquemment au laboratoire du Muséum, et de la meilleure foi du monde, des blocs variés qu'on assure avoir vu tomber à la suite d'un météore lumineux. Nous expliquons toujours l'illusion par la tendance naturelle à rattachera la chute de la foudre la présence d'une masse gisant sur le sol avec des caractères qui paraissent un peu spéciaux. Je sais bien que c'est rééditer la fin de non-reeevoirqueLavoisier a opposée si malencontreusement en 1768 à la réalité des chutes météoritiques; mais, cette fois, nous avons comme contrôle de notre opinion le témoignage de la nature lithologique des masses ramassées, qui coïncide avec celle des roches terrestres. » En tous cas, la légende de saint Prokopi mérite d'être classée parmi les documents historiques qui concernent le phénomène météoritique. » M. L. George adresse une Note relative à un « nouveau générateur à vapeur d'eau ». Celle Note sera soumise à l'examen de MM. Maurice Lévy et Mascart. M. A. Beauvais adresse une Note relative à un « siège automatique contre le mal de mer » . La séance est levée à 3 heures et demie. M. B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Ouvrages reçus dans la séance du 20 mars 1899. Actualités vinicoles : Études sur tes nouveaux procèdes de vinification; avec une biographie de Jules Salleron et 16 figures, par M. L. Mathieu. Paris, Dujardin, 1899; 1 vol. in-8°. Bulletin de la Société philomathique de Paris. 8e série, t. X, n" 1, 1 897-1 898. Paris, 1898; 1 fasc. in-8u. ( 75o ) Bulletin des Sciences mathématiques, rédigé par MM. G. Darboux et .T. Tannery. 2e série, t. XXIII. Janvier 1899. Paris, Gauthier-Villars, 1899. L'Enseignement mathématique, Revue internationale. Directeurs : MM. C- A. Laisant et H. Fehr. ire année, nos 1, 2. Janvier, mars 1899. Paris, G. Carré etC. Naud; 2 fasc. in-8°. (Présenté par M. Poincaré.) Annales de la Société d'Agriculture, Industrie, Sciences, Arts et Belles- Lettres du département de la Loire. 2e série, t. XVIII. Année 1898, 3e livrai- son. Juillet, août, septembre. Saint-Etienne, 1898; 1 fasc. in-8°. Annuaire de la Société météorologique de France. l[6e année, 1898. Avril- septembre 1898. Paris, Gauthier-Villars; 1 fasc. in-8°. Anuario de la Beal Academia de Çiencias exactas ,Jisicas y nalurales, 1899. Madrid, imp. de L. Aguado; 1 vol. in-32. Annuario delta R. Accademia dei Lincei. 1899; CCXCVP délia sua fonda- zione. Roma, 1899; 1 vol. in-24. // Catalogo délia Liltrratura scientifica, per Desiderio Ciiilovi. (Eslratto délia Nuova Antologia, fasc. i°, marzo 1899.) Roma, 1899; 1 fasc. in-8°. Die Urkraft oder Gravitation, Licht, Wcirme, Magnetismus, Elektricitiil . chemische Kraft, etc., sind sekundâre Erscheinungen der Urkraft derWelt, von E. Jviir, mit 7 Abbildungen im Text. Rerlin, Otto Enslin, 1899; 1 vol. in-8°. (Hommage de l'Auteur.) Beitrag zur chemischen Wirkung des Magnetismus, von Emil Jaiir, mit 2 Tafeln. Berlin; 1 fasc. in-4°. Ueber die Gleichartigkeit gewisser chemischer Wirkungen des elektrischen Stromes und des Magnetismus au/ Bromsilber-Gelatine-Trockenplatten, von Emil Jahr. Berlin; 1 fasc. in-4°. Ueber die Harmonie in Weltenraum. Bàndchen 1, von G.-J. Peïersen, in Gleiwitz . Gleiwitz, Albert Jaeger, 1899; 1 fasc. in-8°. Die Venus-Durchgcinge 1874 und 1882. Bericht ùber die deutschen Beo- bachtungen; herausgegeben von A. Auwers. Erster Band. Berlin, 1898; 1 vol. in-'t°. Beitrdge zur Berechnung von Lotabweichu n gssyslemen, von Prof.-Dr L. RrUger. Potsdam, B.-G. Teubner, 1898; 1 fasc. in-4°. Beitrdge zur Théorie des Reversionspendels, von F.-R. Helmert, mit einer Tafel. Potsdam, B.-G. Teubner, 1898; 1 fasc. in-4°. Verôffentlichun g des kônigl. preussischen geodàtischen lnslitules : Die Pol- hôhe von Potsdam. I. Heft, mit drei lithographierten Tafeln. Berlin, P. Stankiewicz' Buchdruckerei, 1898; 1 fasc. in-4". (?5i) Report ofthe meleorological Council, Jor the year enclin g 3ist of march 1898, to the Président and Council of the Royal Society. London, 1898; 1 vol.in-8°. Transactions of the Wisconsin Academy of Sciences, Arts and Letlers. Vol. XI, 1896-97, with fifty plates. Madison, Wisconsin, 1898; 1 vol. in-8°. On soi^crit à Paris, chez GAUTHIER-VILLARS, Quai des Grands-Augustins, n° 55. mis 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Us forment, à la fin de l'année, deux Tolumes in-4*. Deui , l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel I du i" janvier. Le prix de l'abonnement est fixé ainsi qu'il suit : Paris : 20 fr. — Départements : 30 fr. — Dnion postale : 34 fr. — Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus. On souscrit, dans les Départements, chez Messieurs : Ferran frères. !Chaix. Jourdan. Ruff. s Courtin-Hecquet. ( Germain etGrassin. I Lachèse. ne Jérôme. on Jacquard. . Feret. lux j Laurens. ' Muller (G.). u Renaud. !Derrien. F. Robert. J. Robert. Uzel frères. Joiian. ie/v Perrin. i Henry. furg . I Marguerie. . _ , Juliot. mt-Ferr... _., _ ., I Ribou-Collay. iLarnarche. Ratel. Rey. \ Lauverjat. ' begez. . \ Drevet. I Gratier et C*. ihelle Foucher. if Bourdignon. j Dombre. ( Thorez. ( Quarré. Lorient. chez Messieurs : ( Baumal. / M»' Texier. Bernoux et Cumin Lyon. \ Georg. < Côte. Savy. Vitte. Marseille. . Montpellier . Moulins . . .. Nantes Ruât. I Calas. i Coulet. Martial Place. | Jacques. Nancy Grosjean -Maupin. ' Sidot frères. l Loiseau. ' Veloppé. i Barma. ' Visconti et C". Mmes Thibaud. Orléans Luzeray. . . ( Blanchier. Poitiers ... , i Marche. Tiennes Plihon et Hervé. Bochefort ... Girard ( M11" ). \ Langlois. ' Lestringant. S'-É tienne Chevalier. I Ponteil-Burles. Toulon Nice. Rouen. Toulouse. t Rumèbe. , Gimet. j Privât. Boisselier. Tours Péricat. Valenciennes. Suppligeon. , Giard. ' Lemaitre. On souscrit, à l'Étranger, chez Messieurs : . . i Feikema Caarelsen Amsterdam I et C'-. Athènes Beck. Barcelone Verdaguer. , Asher et C." Berlin. .'..... ) DameS" . Friedlander et fils. ' Mayer et Muller. Berne Schmid et Francke. Bologne Zanichelli. Lamertin. Bruxelles Mayolezet Audiarte. ' Lebègue et C". i Sotcheck et C°. Bucharest .. , ' Morck. Budapest Kilian. Cambridge Deighton, Bell etC". Christiania Cammermeyer. Constantinople. . Otto Keil. Copenhague Host et fils. Florence Seeber. Gand : ... Hoste. Gènes Beuf. Cherbuliez. Genève Georg. I Stapelmohr. La Haye Belinfante frères. i Benda. Lausanne ' I Payot. Barth. | Brockhaus. Leipzig Lorentz. Max Hube. Twietmeyer. , Desoer. ■ I Gnusé. chez Messieurs : . Dulau. ionrfr" Hachette et C". Nuit. Luxembourg.... V. Buck. Libr. Gutenberg. Madrid Uornoy Fussel. I Gonzalès e hijos. F. Fé. Milan J Bocca fréres > Hœpli. Moscou Taslevin. Naples IMarghieri di Gius. ) Pellerano. i Dyrsen et Pfeiffer. New-York . Stechert. ' LemckeetBuechner Odessa Rousseau. Oxford Parker et C" Palerme Clausen. Porto. Magalhaès et Momz Prague Rivnac. Bio-Janeiro Garnier. , Bocca frères. ' Loescherel C". Rotterdam Kramers et fils Stockholm Samson et Wall in Rome . S'-Petersbourg. Turin. Varsovu Vérone . , Zinserling. | Wolff. Bocca fréres. | Brero. i Clausen. RosenbergetSellicc Gebethner et Wolff Drucker. Vienne . , Frick. 1 Gerold et C". Zurich Meyer et Zeller. àBLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES : Tomes 1" 31. — (3 Août i835 à 3i Décembre i85o. ) Volume in-4°; i853. Prix 15 fr. Tomes 32 à 61 —( î" Janvier i85t à 3i Décembre i865.) Volume in-4°; 1870;. Prix 15 fr. lûmes 62 a ï91. — ( 1" Jaimer i8u6 a 3/ Décembre iSo'o.) Voitiaie in-r; 1889. PPix 15 fr. IPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES : II: Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par MM. A. Debbès et A.-J.-J. Solieb. — Mémoire sur le Calcul des Perturbations qu'éprouvent le: », par M. Hanieiv — Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dans les phénomènesdigestifs, particulièrement dans la digestion des matières , par M. Claude Bernard. Volume in-4°, avec 32 planches: 1806 15 ff ) II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Beniden. — h-ssai d'une réponse a la question de Prix proposée en i85o par l'Académie des Science! ! concours de i853, et puis remise pour celui de i856, savoir : « Kludier les lois de la distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédi- taires, suivant l'ordre de leur superposition . — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. — Rechercher la nature apports qui existent entre l'étatactuel du règne organique et ses états antérieurs », par M. le Professeur Bronn. In-4°, avec 37 planches; i86r.. . 15 fr. même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences. N° 12. TABLE DES ARTICLES. (Séance du 20 mars 1899.) Pages. M. le P i annonce à l'Académie la pei te qu'elle \ icnl de faire dans la pei sonne de M. Vaudin, Membre de la s'- - 1 " i 1 _L r - - Lion de Botanique, cl fait une courte ana- lyse de ses travaux 7ofi MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M Bl H mii.i .ii . V tions de l'hydi o sulfuré et des sulfures alcalins sur les nures doubles : cyanosulfures 666 M. Vrm. Gautier. Quant ité maximum de chlorures contenus dans l'air de la mer.. Ji5 K. I'. Cm. in. — Observai - axiimioiai ques el magnétiques faites sur la côte oc cidentale de Madagascar ji6 NOMINATIONS. Commission chargée de juger le concours du prix Gaj pour 189g : MM. Milne Edwards, de Lacaze-Buthiers, Filhol. Perrier, Blanchard Commissi ihargée de présenter une question de prix Gaj pour l'année 1901 18 !>8 MM. l,in Tieghem, Bornet, Milne- Edwards, Grandidier, Bonnier Commission chargée do présenter une questi le prix Pourat pour l'année 1901 : MM. Marey, Bouchard, d' irsonval, Chauveau, Guy on 719 COKKESPOXDANCE. M. le Secrétaire perpétuel informe l'Aca demie que les fêtes d'inauguration du mo miment el de llnsl 11 m Pasteur, i Lille, auront lieu le g avril 1899 M. Rai Lam 11 1 1 m. nommé 1 lorrespondanl , adresse ses remerctments à l'Académii Le R. P. Colin adresse ses remerctments .1 l'Académie, pour le pria Valz qui lui a décerné M. le Si i 1:1 1 uni pi un 1 1 1 1 signale, pai mi les pièces imprimées de la Correspondance] les deux premiers numéros de 0 l'Ensei- gnement mathématique», Revue nouvelle dirigée par MM. Luisant el Fehr M. F. Robsard. Observations de la co- mète Svi ift (1 ~'i'>" 1. faites i l'obsen al ii re de foulouse, à l'équatorial Brunner de n . l3 d'OUl ei I urc M. L.-.I. 1 lui 1 i . 1 Ibsen .liions de la co- mète Swifl 1 1899a '. faites à l'observa- toire de Besançon, avec l'équatorial lé, par M. P. Chofardel M. E. Blutel. Sui les ligm - de rbure de certaines surfaces M 1.. Guichard. >ui quelques appli- cations de la i"i de parallélisme des ré- seaux el des congruences M. l'u 1 Staei 1,1.1.. . Sur quelques pro- priétés arithmétiques des fonctions ana lyliquea Bulletin bibliographique M . \. Bi ondei . Sur les arcs à courants alternai ils di-s\ nul rii|liçs entre métaux el charbons 1 M. II. Pellat. De l'augmentation de l'in- tensité moyenne du courant par l'intro- 7 "1 duction du primaire de la bobine, dans le cas de l'interrupteur électrolytique de \\ enhcll 71', M. Georges Léser. Sur un isomère de l'acide menthoxylique M. Ernesi Charon. - Sur le caractère élec- tr igal if de ci rtains radicaux organiques non sal urés 71g M. Charles Lbpieure. action de la l'or- maldéhyde sur les matières albuminoldes. Transformation des peptoncs et albumoses en produits de régression albuminoïdes.'. M. Gabriel Bertrand. - L'acide silico- tungstiqui réactif des alcaloïdes. M. Th. Boudoi y. — Recherches sur la va- leur physiologique des tubes pyloriques de quelques Téléostéens M. Stanisi is Mi 1 Min. ancienne légende russe relatif 1 è une chute de pieri 1 M. L. Georgi adresse une Noli relative à un n nouveau générateur à vapeur d'eau ». M. \- Béai vus adresse une Note relative à un ■■ siège aul al ique contre le mal de mer a.. 7'9 7" 7a7 73a 73 M. le Secrétaire perpétuel annonce à l'Académie la perte douloureuse ([d'elle vient de faire dans la personne de M. G. -H. Wiedemann, Corres- pondant de la Section de Physique, décédé à Leipzig, le 2/| mars 1899 dans sa soixante-treizième année. Notice sur M. Wiedemann; par M. Mascart. « M. Gustave Wiedemann, Correspondant de l'Académie depuis 1893, vient de s'éteindre à Leipzig après une longue carrière dans laquelle il a donné jusqu'à la fin la preuve de la plus grande activité scientifique. » Né à Berlin le 2 octobre 1826, M. Wiedemann fut d'abord privat-docent à l'Université de Berlin, professeur à l'Université de Bàle en 1 854 » puis dans diverses institutions à Brunswick, à Carlsruhe, et finalement appelé en 187 1 à la chaire de Chimie physique à l'Université de Leipzig, qu'il con- serva jusqu'à sa retraite. » Ses travaux personnels sont très nombreux et se rapportent principa- lement à des questions d'Électricité et de Magnétisme. On doit citer, en particulier, des recherches devenues classiques sur l'Électrocliimie et les propriétés des dissolutions s;dines, sur la conducUbilité des métaux pour la chaleur en comparaison avec leurs conductibdités électriques, sur l'ai- mantation du fer et de l'acier et les relations de ce phénomène avec les déformations mécaniques. » Dans l'un de ses premiers Mémoires, en i85i, M. Wiedemann dé- montrait que, dans un milieu placé à l'intérieur d'une bobine sans fer doux, la rotation magnétique du plan de polarisation de la lumière qui se propage suivant la direction de l'axe est proportionnelle à l'intensité du courant et, par suite, proportionnelle au champ magnétique. Cette loi importante a été généralisée depuis et étendue par Verdet, qui en a mon- tré toute la portée théorique. » M. Wiedemann prit en 1877 la direction des célèbres Annales de Pog- gendorff, qui sont devenues les Wiedemann' s Annalen, et il a su conserver à cette publication l'autorité que lui avait donnée son fondateur. » L'œuvre principale de M. Wiedemann, à laquelle il a consacré une grande partie de son existence, est une sorte de répertoire général de nos connaissances sur l'Électricité et le Magnétisme. Deux éditions de cet Ouvrage ont paru d'abord sous le litre de Die Lehre vam Gahanisrnui and Elektromagnetismus . ( 760 ) » Les deux éditions suivantes ont pris le titre plus général : Die fshre ron der Elektricitàt. Dans la pensée de L'auteur, la dernière devait com- prendre 5 volumes, lous de dimensions exceptionnelles; mais l'abondance des productions scientifiques depuis quelques années, en particulier sur les décharges électriques dans les gaz, et sans doute aussi la fatigue causée par le prodigieux travail qu'exige une telle compilation, ont décidé M. Wiedemann à limiter sa tache en laissant à son fils le soin de compléter, sous une autre forme, ses projets primitifs. Il eut du moins la satisfaction de faire paraître, en 1898, le quatrième et dernier volume, qu'il avait fixé comme terme de son travail personnel. » Pendant de longues années encore, les physiciens seront reconnais- sants à M. Wiedemann d'avoir ainsi accumulé une collection si précieuse de documents, classés dans un ordre qui facilite les recherches, discutés avec une impartialité absolue, et qui constitue un véritable monument scientifique toujours utile à consulter. » M. Wiedemann était gendre de E. Mitcherlich et il eut la joie de trouver dans son fils, M. Eilhard Wiedemann, connu déjà par des travaux très estimés, un digne continuateur des traditions scientifiques de sa famille. » Nous avons eu l'occasion de connaître M. Wiedemann à Paris, dans le Congrès international des Unités électriques, en 1881, et dans les Confé- rences ultérieures. Tous ceux qui l'ont approché ont été séduits par l'amé- nité de son earaelère, l'élévation de son esprit et la sûreté de se-; relations. Il a laissé parmi nous de sérieuses amitiés, l'impression d'une loyauté parfaite et le souvenir d'un homme de bien. » GÉOMÉTRIE. — Sur la déformation des surfaces du second degré; par M. (i. Dakbocx. « Dans la séance du a3 janvier 1899, M. C. Guichard a fait connaître quelques propositions élégantes relatives à la déformation des surfaces de révolution du second degré. Ces propositions font dépendre la détermi- nation des surfaces applicables sur un ellipsoïde de révolution, dont l'axe a pour longueur ia, de celle des surfaces qui sont applicables sur la sphère de même diamètre ia. On savait déjà déterminer les surfaces applicables sur le paraboloïde de révolution et même sur le paraboloïde plus généra! qui a une seule génératrice rectiligne tangente au cercle de l'infini. Les théorèmes ( 761 ) de M. Guichanl réalisent donc un progrès, puisqu'ils rattachent l'étude de la déformation de quadriques ayant cette fois leur centre à distance finie à celle de la déformation de la sphère sur laquelle on a, comme on sait, obtenu un grand nombre de résultats intéressants. Je voudrais, dans cette Note et dans les suivantes, montrer que les propositions générales données dans mes Leçons sur la théorie des surfaces conduisent, par leur simple application, aux théorèmes de M. Guichanl. Les considérations très di- rectes et très simples par l'emploi desquelles on obtient ces théorèmes conduisent même à un résultat plus étendu et montrent qu'on peut ratta- cher à la déformation de la sphère, non seulement la déformation des sur- faces de révolution du second degré, mais aussi celle de quadriques plus générales assujetties à l'unique condition d'être tangentes en un point au cercle de /' infini. On sait que les surfaces de révolution doivent être tan- gentes en deux points en ce cercle. Les surfaces que je considère peuvent encore être définies par la propriété suivante : Tandis que les quadriques générales ont leur élément linéaire réductible à la forme ds- = (« — v) (tu1 c/r- "2A(;i "Mi où A (s) désigne un polynôme du troisième degré à racines distinctes, les surfaces dont nous rattachons la déformation à celles de la sphère sont celles pour lesquelles A(s) a une racine double. L'élément linéaire corres- pondant, on le voit tout de suite, peut être réel, il convient donc ta une in- finité de surfaces réelles. La recherche dont je vais faire connaître le prin- cipe aura donc nécessairement ses applications dans le domaine réel. » Considérons d'abord une surface (0) applicable sur une qua- drique (Q) de révolution, et envisageons le mouvement étudié pour la première fois par Ribaucour, dans lequel la quadrique (Q) roule sur (o), les deux surfaces étant toujours en contact par leurs points correspon- dants. Parmi les propositions relatives à ce mouvement, je rappellerai la suivante (nos 925 et suiv.) (■*) : « Lorsque la surface (Q) roule sur (h), un plan (n), invariablement lié à (Q), coupe le plan de contact de (0) et de (Q), suivant une droite (d) qui engendre une congruence. Les dèveloppables de celle congruence correspondent aux courbes^du système conjugué commun à ( '©) et à (0), et les points focaux (') Les numéros de renvoi su rapporteront toujours à mes Leçons. C. P.. 1S99 1" Semestre. (T. CXXV1II, N« 13.) 1 OO ( 7&> ) de la droite ( d) se trouvent sur les tangentes aux deux courbes de ce système conjugué commun qui passent par le point de contact M. » En particulier, si le plan (II) est isotrope, la droite (d) demeure nor- male à une famille de surfaces parallèles dont les lignes de courbure corres- pondent aux courbes du système conjugué commun ; les deux centres de cour- bure situés sur(d) sont à la rencontre des deux tangentes conjuguées com- munes ti (<->) et ri (Q), menées au point de contact M. De plus, toute droite isotrope située dans le plan (II) et entraînée dans son mouvement coupe la droite en un point ) ^=r- ^ = -J -— • » Cela posé, nous allons exprimer d'abord que la surface (c) est à courbure totale constante,- et nous supposerons, pour la facilité des calculs, que cette valeur constante de la courbure est égale à — i. « Pour déterminer les lignes de courbure et les rayons de courbure de (c), il suffit de répéter les calculs du n° 1068. Les équations d'Olinde Rodrigues ( 7 ) rfX + p dC = o, d Y -+- p dC = o , dZ + ? dC" = o nous donneront ici (o) «7-: rf-r- = o, v ' av v au et elles ne différeront des équations (19) du n° 1068 que par la substitu- tion de à p. En effectuant la même substitution dans l'équation (2;5) du même numéro, on aura donc entre les deux rayons de courbure p, p, de (c) la relation (9) r(? ~ ")(P< — ")— ('(? ■+■ ?< ~ 2«)j + r/ = o, où r, s, t désignent les dérivées secondes de w par rapport à u et à v. » Pour que cette équation se réduise à la suivante (10) PP. = — 1. il faut que l'on ait ur -+- vs —■ o, L'intégration de ces équations simultanées n'offre aucune difficulté et nous conduit aux valeurs suivantes de w, p, q (ti) w ----- b h- hu -+- h v 4- l,\ (12) p — b--\-h, q= -j — — r +- " , valeurs où b, h, h', k désignent quatre constantes arbitraires. La première ( 766 ) (le ces équations peut être écrite, avec les coordonnées rectangulaires a?,, v, , s, et elle prend la forme (-3) 7? + *? — bx\- a*(y, + »,)*, ■•// ( V, 4-IS,)a - 2%,+B,) — /•> = O, d'où il résulte que (Q) est une quadrique assujettie à la seule condition d'être tangente en un point au cercle de l'infini. C'est le résultat cpie nous avions annoncé plus haut. » MÉCANIQUE. — De l'effet produit, sur le mouvement d'inclinaison d'une bicy- clette en marche, par les déplacements latéraux que s'imprime le cavalier. Note de M. »ï. Iîoussinesq. « I. J'ai donné, il y a quelques mois ( ' ), l'équation qui relie le mouve- ment d'inclinaison d'une bicyclette à son mouvement de progression, dans l'hypothèse d'un cavalier fixé sur sa machine ou, plutôt, n'y exécutant que les deux manœuvres des pédales et du guidon, négligeables au point de vue des inerties exigées par leur production. Or, en réalité, le cavalier a besoin, dans les virages, c'est-à-dire toutes les fois qu'il quitte un chemin rectiligne pour s'engager sur une trajectoire courbe, de se pencher du côté de la concavité de celte trajectoire; et il y a lieu d'admettre que le centre de gravité du système, situé à une distance h, ordinairement con- stante, de la base a de la bicyclette, et presque confondu avec celui du corps du bicycliste, sort alors du plan médian du cadre pour s'en éloigner de petites distances 1, en se portant vers le centre de la courbure n de la trajectoire à décrire sur le sol. » Les petites déformations que s'imprime à cet effet le cavalier, et les variations, plus ou moins complexes, qui en résultent généralement pour l'angle 0 d'inclinaison du plan médian du cadre par rapport à la verticale, ont des effets en grande partie faciles à prévoir et à exprimer analvtique- ment, si l'on admet que ces mouvements du cavalier sur la bicyclette soient rapides, ou comme instantanés, et séparés par des intervalles relativement longs, durant lesquels il restera fixé à la machine. (') Comptes rendus, i. GXXVII, p. 8^3; 28 novembre r8o,8. Voir aussi le Journal de Mathématiques pures et appliquées, 1. \, p. m- ( 7^7 ) » M. Produits alors par de vives actions et réactions intérieures au système, les mouvements dont il s'agit auront, d'une part, assez peu de durée, pour que l'on puisse y négliger la progression de la bicyclette sur le sol, et, d'autre part, trop peu d'amplitude dans le sens vertical, pour que le travail de la pesanteur y soit sensible. Ils se réduiront ainsi à des rota- tions de la bicyclette autour de sa base, avec rotations inverses du cavalier accompagnées de déformations; et la loi de la conservation des aires les régira. » Le cavalier, pour y opérer un petit transport définitif "a du centre de gravité de tout le système hors du plan médian du cadre, pourra, par exemple, y imprimer successivement à ce plan médian deux rotations égales et contraires, qui nécessiteront deux rotations inverses et à aires équi- valentes de l'ensemble de son corps. S'il a soin d'abaisser ou de plier un peu celui-ci, pendant sa rotation dirigée vers le centre de la courbure ^ qu'il veut donner à la trajectoire, et, au contraire, de l'élever ou l'étendre durant la rotation inverse, les aires correspondant à la première rotation. décrites par des rayons vecteurs moindres, constitueront des secteurs plus ouverts, ou de plus grand angle, que les aires décrites dans le sens rétro- grade ; en sorte que, lorsque le cadre aura retrouvé sa première incli- naison 0 sur la verticale, le cavalier conservera, par rapport au plan médian, une partie de son déplacement latéral. Et, par suite, le centre de gravité général du système se trouvera bien à une petite distance voulue >. de ce plan médian. » Nous admettrons d'ailleurs que le cavalier ait repris sa première forme et sa première distance h à l'axe a, afin que la loi des aires donne alors à l'ensemble la même vitesse de rotation -r- qu'avant la rapide perturbation subie. Sans cela, il y aurait bien (dans l'hypothèse, nullement indispen- sable, que nous faisons ici pour plus de simplicité) conservation de l'in- clinaison 0 du cadre, mais non de sa dérivée, dont le changement serait, il est vrai, insignifiant, vu la petitesse supposée de la déformation subie du svstème. » Le cavalier restant dès lors fixe sur la selle, les coordonnées rela- tives b, h, 7. du centre de gravité par rapportau cadre persisteront, jusqu'à ce qu'il juge devoir retrouver, par une manœuvre inverse non moins ra- pide, sa primitive disposition où ). était nul, ou jusqu'à ce qu'il préfère en adopter une nouvelle. ( 768 ) » III. Il importe d'observer que les deux rotations rapides du cadre, égales et contraires, dont il vient d'être question, n'ont rien d'obligé. Elles ne constituent que la manière probablement la plus simple de concevoir comment le centre de gravité du système pont sortir, presque brusquement, du plan médian, sans que l'inclinaison 0 de celui-ci. ni sa vitesse d'incli- naison -ri soient, en définitive, modifiées. Le même but pourrait être lit ' atteint par des déformations du système qui n'altéreraient la dérivée -r-, ni, par suite (vu la brièveté du phénomène), l'inclinaison 9, à aucun mo- ment de la perturbation. » En effet, représentons-nous, exprimées en fonction du temps /, les coordonnées relatives de chaque point matériel du système par rapport au plan médian du cadre, coordonnées définissant la configuration de l'en- semble et appelées i, j, l dans le travail cité plus haut, où elles sont compléesà partir d'un point G qui figurera maintenant, sur le plan médian, non plus le centre de gravité, mais seulement sa situation habituelle. Alors. si l'on donne les fonctions i, j, l, le système pourra être construit à tout instant /, pourvu que la place de la base a sur le sol et l'inclinaison <) du plan médian y soient connues. La situation actuelle, à l'époque /, de la base a dépend du mouvement de progression, c'est-à-dire de la vitesse V du bas de la roue motrice et du rayon de courbure R de sa trajectoire, fonc- tions de l censées à la disposition du cavalier (grâce aux pédales et au guidon). Il suffit ainsi de déterminer les variations successives de 0, et, à cet effet, de former une équation du mouvement d'où soient éliminées à la fois les réactions du sol et les actions intérieures. » Or l'équation des moments, par rapport à la droite du sol qui coïncide présentement avec la base a, est justement dans ce cas. Elle sera donc la seule équation différentielle du mouvement à faire vérifier par les coordon- nées, dans l'espace, des points du système. Mais il est naturel qu'on puisse \ satisfaire, pendant le court intervalle de temps où /, /', / sont variables, aussi bien en faisant changer convenablement ces innombrables coor- o ,,...., cP8 , r . données relatives i, /, /, et en posant -y-,- — o, qu en y taisant, au contraire, varier -. • Et le problème restera très indéterminé, vu la multitude des in- connues i, j, I, si l'on ajoute la condition que le centre de gravité du sys- tème éprouve en même temps tel petit déplacement relatif qu'on voudra, notamment le petit écart désiré 1 d'avec le plan médian du cadre. Ainsi, le < -•; , ) cavalier doit pouvoir, de bien dos manières, déplac r !e contre de du système par rapport au plan médian, sans altérer le mouvement actuel de celui-ci. » IV. Voyons maintenant quelle loi régit le mouvement durant les intervalles de temps, relativement longs, où a, devenu différent de zéro, ne varie pas. » Le bras de levier du poids me de tout le système, c'est-à-dire la distance de cette forée à la base a de la bicyclette, n'est plus AsinO, mais, évidemment, AsinO -+-^cos9, ou, sensiblement, A9-I- \\ et. malgré la pe- titesse du déplacement latéral a, le moment (i) mg(hï + \) du poids se trouve ainsi changé dans un rapport nota!)'", car 0 et h') sont petits aussi. Au contraire, les autres termes de l'équation des moments, termes dus, en somme, à des inerties où la direction de la verticale ne joue aucun rôle, gardent très sensiblement leurs expressions relatives au cas >. = o; car la configuration de l'ensemble est restée à peu prés la même. Et leur valeur totale approchée est encore (2) — mh \ li " , <>ù V désigne la vitesse de progression de la bicyclette sur le sol, A' la longueur du pendule formé par le système autour de la base a, et b' la constante, peu différente de b, que définit la formule (G) de la Note citée. » La somme des deux expressions ( 1 ) et (2 ) étant nulle, on aura donc, en divisant par mhh', l'équation du mouvement, à cinq termes, .V n\ ^ a. 'L I1! - £n _ _Y1 + £ \ ^ ) cil- ■ /,' dt ~ h' h'R ' h' h' » Le déplacement latéral, a à très peu prés, que s'esl donné le cavalier sur sa machine ajoute le cinquième terme. Et l'on voit que ce terme, au moment d'un virage, est très propre, on l'absence de louic courbure actuelle ^ de la trajectoire, et à partir d'un état de verticalité parfaite du cadre, à faire naître précisément l'inclinaison positive 0 qui motivera une manœuvre du guidon déviant. In trajectoire du côté voulu. » Cet effet se produirait, d'ailleurs, quan I bien même la perturbation C. R., 1S99, 1" Semestre. (T. CXXVIII, N° 13.) IOI ( 77 ) initiale, qui a produit recul a. n'aurait pas conservé la verticalité du cidre, ou aurait altéré 0, pourvu qu'elle efit suffi à faire sortir du plan vertical de l'axe a le centre de gravité du système, dans le sens indiqué. » L'hypothèse que j'ai faite de la constance (au moins en moyenne) de la dérivée -r- pendant chaque perturbation n'est donc pas nécessaire. Elle offre seulement l'avantage de simplifier le plus possible la transition d'un intervalle à l'autre et, par suite, le calcul de 0. » V. En résumé, la fonction arbitraire qui doit généralement exprimer, dans l'équation du mouvement de la bicyclette, l'influence des déplace- ments que s'imprime le cavalier sur la selle, est réduite ici à une suite de valeurs X constantes, figurant seules, chacune a son tour, dans un cin- quième terme de l'équation. Ce terme tend donc à devenir une petite fonction arbitraire du temps, quand les époques des déplacements spon- tanés du bicvcliste se rapprochent de plus en plus. Et l'on peut admettre que les mouvements moyens du cadre se confondent alors, sensiblement, avec ce qu'ils seraient sous une certaine action continue du cavalier, savoir, une action donnant lieu aux mêmes écarts successifs ). du centre de gravité du système, à droite ou à gauche du plan médian du cadre, et conservant sans cesse l'expression (2) au moment total des inerties, grâce à des déformations appropriées. » Du reste, dès que l'action du cavalier devient continue, la petitesse et la lenteur de ces déformations suffisent évidemment, par elles-mêmes, à assurer au moment total des inerties l'expression approchée (2), sauf peut-être dans des cas très exceptionnels. L'équation du mouvement sera dès lors (3), avec 0 continu, et il suffira que la suite voulue des écarts X du centre de gravité se produise effectivement. » Mais la manière dont le bicycliste devra s'y prendre, pour les réaliser ainsi avec continuité, reste obscure; et c'est par une expérimentation con- fuse ou de sentiment, comme, d'ailleurs, presque toutes celles d'où sont dérivées nos habitudes premières, qu'il en apprendra la manœuvre ou, plus généralement, qu'il parviendra à régler, d'après les circonstances, la fonction arbitraire par laquelle s'exprime, dans l'équation du mouve- ment, l'effet île ses déplacements d'ensemble sur la selle. » Quoi qu'il en soit, l'action totale du cavalier se traduit, on le voit, par trois fonctions arbitraires V, 11 et X du temps, en rapport, respecti- vement, avec les trois manœuvres : i° des pédales, d'où dépend la vitesse V de progression; 20 du guidon, d'où dépend le rayon R de cour- ( 7,' ) bure de la trajectoire; et 3" de l'ensemble du corps sur la selle, d'où dé- pend le transport, à un moment donné, du centre de gravité du système à droite ou à gauche du plan médian du cadre, pouvant se faire sans que l'inclinaison 0 du plan et sa dérivée première -r- cessent de varier graduel- lement. » Cette multiplicité des moyens d'action d'un cavalier un peu expéri- menté explique la facilité relative de l'usage de la bicyclette. Le troisième moyen, emplové avec une habileté suffisante, doit permettre, en particu- lier, de suivre sans déviation appréciable un chemin même recliligne, sur lequel la valeur infinie du rayon Pi rend illusoires les deux premiers, en faisant évanouir les termes de l'équation (3) où figurent V et R. Ce troi- sième moyen, surtout avec l'aide d'un balancier facilitant les déplacements latéraux X, suffit bien au funambule, qui n'a guère, lui aussi, comme le bicycliste, que deux points d'appui (et pas d'une manière continue), sur son chemin de corde si étroit et si peu ferme. » PHYSIQUE. — Noie sur quelques propriétés du rayonnement de l'uranium et des corps radio-actifs ; par AI. JIe.mu Becquerel. « Depuis la dernière Note que j'ai présentée à l'Académie, au mois d'avril 1897, sur le rayonnement de l'uranium, divers travaux importants ont été publiés sur cette question. Je rappellerai seulement ceux de Lord Kelvin, de MM. Bealtie et Smoluchowski, de M. Rutherford, sur l'uranium, de M. Schmidt qui a reconnu, dans le thorium, des propriétés analogues à celles de l'uranium, et enfin les belles recherches de M. et Mme Curie, qui ont abouti à la découverte de deux matières nouvelles, le polonium et le radium, considérablement plus actives que l'uranium. » Je me propose de résumer aujourd'hui les résultats que l'on peut déduire de l'examen de plusieurs centaines de clichés photographiques obtenus depuis trois ans, et qui montrent combien ce phénomène de rayonnement est complexe. » Parmi les propriétés que j'ai signalées au début de mes recherches comme caractérisant ce rayonnement inconnu jusque-là, il en est trois fondamentales qui ont été vérifiées depuis par tous les observateurs; ce sont : la spontanéité du rayonnement, sa permanence et la propriété de rendre les gaz conducteurs de l'électricité. ( 77 » L'intensité du rayonnement de l'uranium ne paraît pas subir de chan- gement notable avec le temps. Les composés divers que j'ai enfermés le 3 mai itfo.6 dans une double boite en plomb, et qui, depuis lors, sont main- tenus à l'abri de tout rayonnement connu, continuent actuellement à im- pressionner une plaque photographi [ue, à peu près avec la même intensité qu'au début; il semble qu'il y ait eu une légère diminution d'intensité pendant les premiers mois, puis l'intensité paraît s'être maintenue station- naire. La difficulté d'opérer avec des plaqnes photographiques d'égale sensibilité, et de les développer dans îles conditions identiques ne permet pas de préciser davantage. » Parmi les autres propriétés que j'avais mentionnées, la polarisation, la réflexion et la réfraction n'ont pas été vérifiées par les divers observa- teurs qui ont répété ces expériences. Les observations que j'ai laites depuis trois ans n'ont pas confirmé, non plus, mes premières conclusions, et ont montré que les phénomènes étaient plus complexes. » Grâce à l'obligeance de M. et Mme Curie, j'ai pu, depuis quelques mois, répéter, avec le polonium et le radium, des expériences identiques à celles que j'avais laites avec l'uranium. » Polarisation . — On n'a jui réaliser aucune expérience montrant que le rayonnement tic ces corps se polarise. Une première épreuve photogra- phique, que j'ai montrée à l'Académie en mars 1896, avait manifesté une différence d'absorption, au travers de plaques de tourmaline, suivant qu'elles étaient croisées ou parallèles. Une seconde épreuve obtenue quelques semaines plus tard avait donné un résultat dans le même sens, mais toutes les autres expériences ultérieures, soit avec l'uranium, soit avec le radium, ont été négatives. C'est également le résultat auquel sont arrivés les autres observateurs; la seule conclusion qu'on puisse en tirer, c'est que les diverses tourmalines étudiées ne sont pas dichroïques pour ces l'ayons, si toutefois ceux-ci peuvent être assimilés aux rayons lumineux. Je n'ai pu, du reste, reconnaître la cause pour laquelle mes deux premières épreuves ne sont pas identiques aux épreuves ultérieures. » Réflexion. — Les expériences par lesquelles j'ai essayé de reconnaître si le rayonnement de l'uranium et des autres corps subissait une réflexion m' ut cou luit a des résultats intéressants. Dans mes précédentes Notes, j'avais décrit des expériences dont les résultats semblaient d'accord avec l'hypothèse d'une reflexion régulière; ainsi, quand on dispose sur une plaque photographique des fragments de substance active sous un petit tube formant cloche et reposant sur une lamelle de verre, non seulement ( 77^ ; la silhouette de la substance apparaît sur la plaque photographique, mais encore le contour du tube et toute la surface intérieure sont impressionnés, moins vivement cependant que la silhouette du corps. Cette expérience, bien des t'ois répétée, avait été varice, il y a deux ans, de la manière sui- vante : un tube en verre, en forme d'U renverse, d'environ icm de haut, fermé par des lamelles de verre, était placé sur une plaque photogra- phique; d'un côté, dans le tube, se trouvait un morceau d'uranium mé- tallique; un écran en plomb, placé entre les deux branches, empêchait le rayonnement de l'uranium d'agir sur l'autre branche du tube, dans laquelle on ne mettait rien. Au bout de plusieurs jours de pose, on obser- vait, en regard de cette seconde branche, une impression ayant la forme de la surface intérieure du tube, comme si Le rayonnement s'était réfléchi sur la partie supérieure de cette cloche coudée. Une expérience analogue, faite en substituant à la cloche coudée un miroir d'acier disposé horizon- talement, a donné une impression assez forte manifestant un rayonnement venant du miroir. » Mais ces expériences, et diverses autres que je ne cite pas ici, ne permettent pas de conclure qu'il y ait réflexion régulière. J'ai répété de nombreuses fois, en la variant, une de mes premières expériences, qui consiste à placer, au-dessus d'un fragment de substance active, un petit miroir concave en étain, donnant de bonnes images optiques, et réglé pour que l'image du fragment de substance se fasse sur la plaque; je n'ai obtenu ainsi l'impression d'aucune image, mais, dans la plupart des cas, la surface du miroir semblait la' source d'un nouveau rayonnement, don- nant une impression plus forte pour les contours du miroir que pour les régions centrales plus éloignées de la plaque. » Cette expérience semble favorable soit à l'hypothèse d'une émission de rasons secondaires analogues à ceux que M. Sagnac a découverts pour les corps frappés par les rayons X, soit à l'hypothèse d'une réflexion diffuse. » Les expériences de M. Schmidt avec le thorium l'ont également con- duit à admettre un phénomène de réflexion diffuse. » J'ai disposé alors de nouvelles expériences pour mettre en évidence cette réflexion irrégulière ou cette émission nouvelle; j'ai employé comme substance active du carbonate de radium; mais, comme cette matière est lumineuse par phosphorescence, il importe d'envelopper les plaques d'un papier noir pour éviter l'action très énergique de ce rayonnement lumi- neux. On dispose, à quelques millimètres au-dessus d'une plaque photo- ( 774 ) graphique ainsi protégée, un petit cylindre de papier contenant du radium, et sur une feuille 1res mince de mica, reposant sur la plaque, on place, dans des inclinaisons diverses, des laines de substances variée,, des mé- taux, tels que le cuivre, le plomb, l'étain, le zinc, le bismuth, l'aluminium, du papier, du bois, du verre, de la paraffine, etc.; la feuille de mua a pour objet d'éviter l'effet perturbateur des vapeurs métalliques. Lorsqu'on développe la plaque au bout de plusieurs heures de pose, on constate qu'en face de l'ombre portée par chaque corps il s'est produit sur le bord antérieur une action très énergique émanant nettement de ceux-ci; cette action n'a pas été très différente pour les diverses substances : les métaux polis ou bruts ont donné sensiblement le même effet; la fluorine a manifesté un effet particulièrement énergique. » Du reste, dans toutes les expériences que j'avais réalisées antérieure- ment, chaque fois qu'un corps, du verre par exemple, était frappé direc- tement par le rayonnement, les parties frappées, lorsqu'elles étaient tris voisines de la plaque, étaient le siège d'un rayonnement notablement plus intense que le rayonnement incident; ce rayonnement ne s'étend qu'à une très petite distance des corps, environ imm des points frappés, et cette distance n'a pas augmenté notablement en opérant dans l'air raréfié à la pression de 2cm de mercure. Son intensité porte à croire que l'on est en présence d'un rayonnement secondaire; toutefois, comme ce rayonnement paraît très absorbé par l'air et que, l'autre part, dans les expériences rela- tées plus haut, on avait observé avec l'uranium des effets de réflexion dif- fuse au travers de plusieurs centimètres d'air, il est possible que dans les deux cas on soit en présence de rayonnements différents ou même de deux phénomènes distincts : une émission de rayons secondaires et une réflexion diffuse. » Réfraction. — L'étude de la réfraction a conduit également à des expé- riences contradictoires. Dans les épreuves que j'ai obtenues depuis trois ans avec l'uranium, j'ai constamment observé le résultat suivant, qui se repro- duit, du reste, avec le thorium et le radium. » Lorsque la substance active est placée sur une lamelle de verre, soit directement, soit enfermée dans un tube de verre ou de papier, et que la lamelle est posée soit directement sur la plaque photographique, soit sur celle-ci protégée du rayonnement lumineux par une feuille de papier noir ou une mince lame d'aluminium, ou encore quand la lamelle est main- tenue à une petite distance de la plaque sans la toucher, on observe, en développant l'épreuve, que la silhouette de la lamelle de verre apparaît ( 7?5 ) bordée à l'extérieur d'une bande blanche, qui apparaît comme une ombre portée par les faces verticales de la lamelle, les parties où les ombres se croisent étant plus blanches que les autres; l'impression photographique est parfois très vive au delà de cette bande. Elle est d'autant plus large que la lame de verre est plus épaisse, que le rayonnement est plus incliné par rapport à la lame ou que celle-ci est plus éloignée de la plaque sen- sible; elle est alors notablement plus diffuse. Tous ces caractères cor- respondent à une ombre portée; on les reproduit avec la lumière eu plaçant sur la lamelle un corps lumineux par phosphorescence, par exemple avec le rayonnement lumineux du sulfure de calcium ou du carbonate de radium, et, dans ce cas, on constate que la lumière est réfractée par les bords de la lame et réfléchie totalement sur les faces verticales. Il était naturel de penser que les apparences obtenues au travers du papier noir ou de l'aluminium pouvaient être dues à des phénomènes de réfraction et de réflexion analogues. Toutes les sub- stances transparentes pour le rayonnement des corps radio-actifs, lors- qu'elles sont en lames terminées par des faces verticales, ont donné le même phénomène; je citerai le mica, le soufre, la paraffine, le cuivre, l'aluminium, le bord d'une feuille de papier noir ou d'une carte. » L'explication donnée ci-dessus ne pourrait être acceptée qu'à la con- dition de vérifier qu'il est possible de dévier le rayonnement étudié par un prisme d'une substance transparente. Or, l'expérience montre que le rayonnement passe sans déviation appréciable au travers de prismes de verre ou d'aluminium. » Voici quelques-unes des dispositions qui m'ont permis de constater ce fait : « Deux petits prismes rectangles isoscèles en crown de 4ram de hauteur ont été fixés par leurs faces hypoténuses sur une lamelle de verre, de manière à avoir une arête commune; ils reposaient ensuite sur la plaque photographique par les arêtes de leur dièdre droit, leurs faces hypoténuses étant tournées vers le haut et horizontales. Au-dessus de l'arête commune, à iom,n environ de la plaque de verre, était disposé parallèlement à cetle arête, un petit tube de verre de moins de imm de diamètre, plein de car- bonate de radium. Dans ces conditions, il est facile de constater que la lu- mière émise par la phosphorescence du carbonate de radium ne passe pas entre les deux prismes et est réfractée aux travers des faces extérieures dont L'angle est de 45°. Si l'on arrête le rayonnement lumineux par une ( 776 ) feuille de papier noir ou par uno feuille d'aluminium, le phénomène es! tout autre, et l'impression photographique montre que le rayonnemenl actif passe sans déviation, avec absorption progressive correspondant à l'épaisseur progressive de la matière des prismes. » On a encore disposé l'expérience suivante. Au travers d'une lame de plomb de 3""" à !\mm d'épaisseur, on a pratiqué une fente oblique par laquelle pouvait passer le rayonnement d'un tube très fin de malien' radiante, parallèle à la fente. Celle-ci était partiellement recouverte, de l'autre côte de la lame, par des prismes de diverses matières, prisme de verre à 45°, prismes d'aluminium et de cuivre de 3o° environ. On recevait sur une plaque photographique le rayonnement ayant traversé la fente et les prismes, et au travers du verre ou de l'aluminium, il n'y a pas eu appa- rence de déviation sensible dans l'image rectiligne obtenue. Cette expé- rience est analogue à une expérience de M. Rutherford, qui lui a donné le même résultat négatif. Ces dernières expériences paraissent décisives, et il reste à avoir l'explication des faits que j'ai mentionnés d'abord. » Absoqjtion. — Au cours des diverses expériences qui viennent d'être indiquées, on a reconnu que les rayonnements émanés de diverses sub- stances ralliantes sont non seulement inégalement intenses, mais encore sont très inégalement absorba blés par les divers corps qu'ils peuvent tra- verser. L'uranium et le radium émettent des radiations qui traversent à peu près les mêmes substances, le second corps étant considérablement plus actif que le premier. Les radiations du polonium au contraire se distinguent par leur absorption très notable; elles traversent très mal le papier, si facilement traversé par le rayonnement du radium; une lame de mica extrêmement mince les affaiblit considérablement, tandis (pie la même lame affecte beaucoup moins le rayonnement du radium. Ce dernier traverse des lames de quart/, et de spath, tandis que les rayons du polo- nium ne les traversent pas. An travers d'une feuille d'aluminium battu, le polonium est considérablement plus actif que l'uranium; au travers d'une plaque de 2""" d'aluminium, l'uranium est notablement plus actif que le polonium. On pourrait multiplier ces exemples, qui s'étendent aux rayons émis par le thorium. » Les différences dans l'absorption paraissent être jusqu'ici dans cet ordre de phénomènes, la seule indication qui permette de caractériser des rayonnements de nature différente. » Y.n résumé, le rayonnement des corps radio-actifs présente des carac- ( 77/ ; tères qui le rapprochent plus des rayons X que de la lumière ordinaire. La constatation d'effels analogues aux rayons secondaires accentue ce rap- prochement. » Parmi les faits inexpliqués que l'on rencontre dans cette étude, l'un des plus singuliers est l'émission spontanée d'un rayonnement sans cause connue. S'il était démontré que ce rayonnement ne correspond pas à une dépense d'énergie, on pourrait comparer l'état de l'uranium à celui d'un aimant, qui a été amené à cet état par une dépense préalable d'énergie et qui s'y maintient ensuite indéfiniment, en entretenant autour de lui un champ où l'on peut produire des transformations d'énergie. On pourrait encore comparer l'état de l'uranium à celui des corps phosphorescents par la chaleur, qui semblent garder indéfiniment l'énergie lumineuse qui leur a été donnée. Mais les réductions des substances photographiques et l'exci- tation de la phosphorescence des platino-cyanures, observée par M. et Mme Curie, avec le polonium et le radium sont des phénomènes qui néces- sitent une dépense d'énergie dont on ne voit pas la source ailleurs que dans la substance radio-active. Comme cette dépense d'énergie est extrême- ment faible, il ne serait pas contraire à ce que nous savons sur la phos- phorescence, de supposer que ces substances ont une réserve d'énergie relativement considérable qu'elles peuvent émettre, par rayonnement, pendant des années, sans affaiblissement sensible; toutefois il n'a pas été possible de provoquer par des influences physiques aucune variation appré- ciable dans l'intensité de cette émission. » MÉCANIQUE CHIMIQUE. — Sur l'aptitude explosive de l'acétylène mélangé à des gaz inertes; par MM. Iîertiielot et Vieille. « L'emploi de l'acétylène comme agent d'éclairage a conduit à recher- cher les conditions propres à en diminuer les propriétés explosives. Ces propriétés sont de deux ordres : les unes spéciales à l'acétylène pur, ou mélangé avec des gaz non comburants, les autres communes à tous les gaz combustibles, mélangés d'air ou d'oxygène. Nous nous occuperons seule- ment des premières. Ainsi que nous l'avons établi dans une suite de re- cherches antérieures ('), elles résultent du caractère endothermique de (') Annales de Phys. et Chim. -e série, t. XI, p. 5i ; 1897, et t. XIII, p. ô-3o; 1898. — Sur la force des matières explosives, t. I, p. 109; i883. C. P.., rSgg, i" Semestre. (T. CXXVII1, N° 13.) 1*»^ ( 778 , l'a< étylène, c'esl-à-dire de la chaleur dégagée par sa décomposition en élé- ments; le cyanogène et, dans une mesure plus restreinte, l'éthylène offrent le même caractère ; mais ils ne sont pas entrés jusqu'ici dans la pratique de l'éclairage. » Parmi les conditions susceptibles de diminuer les propriétés explo- sives des systèmes dégageant de la chaleur, lors de leur mise en réaction, l'une de celles que la théorie indique tout d'abord consiste à les mélanger avec une matière non explosive, susceptible d'amoindrir à la fois la con- densation du système explosif, tel que l'acétylène, et la température développée par sa décomposition. En effet la condensation tend en général à rendre les réactions exothermiques plus rapides à température con- stante, et l'élévation de température les accélère également, suivant une loi exponentielle ('). Une troisième circonstance, également favorable dans une certaine mesure, peut être réalisée si l'on emploie comme corps additionnel un composé exothermique, susceptible d'être détruit par lc> énergies calorifiques mises en jeu dans la destruction de l'acétylène, en con- sommant une fraction de ces énergies : c'est ce que nous avons établi pour l'acétone, mis en œuvre comme dissolvant de l'acétylène (2). » Ajoutons enfin que ces diverses influences des corps additionnels peuvent être exercées d'une façon avantageuse pour l'éclairage, si l'on dilue l'acétylène avec des matières douces elles-mêmes de facultés éclai- rantes, facultés qui seront exaltées par une addition convenable d'acétylène. » C'est ainsi que nous avons été conduits à examiner les propriétés explosives de mélanges gazeux, formés les uns d'acétylène et d'hydrogène, les autres, d'acétylène et de gaz d'éclairage, en diverses proportions. » Nous rappellerons d'abord que nous avons montré, dans des commu- nications précédentes, comment l'aptitude de l'acétylène gazeux à propager une décomposition, excitée en un de ses points, était rapidement variable avec la pression. Cette même propriété se retrouve, ainsi qu'on devait s'y attendre, dans les mélanges de l'acétylène avec les gaz inertes. Il sem- blait donc indiqué de rechercher s'il existe une pression limite, bien définie, entre les mélanges explosifs et ceux qui ne le sont pas. » En fait, dans ce cas, comme dans la plupart des réactions explosives, nous avons reconnu qu'il n'existe pas de pression critique déterminée, (') Essai île Mécanique chimique, t. II. p. g ! 90 ; d'après les recherches de l'un de nous sur los élhers (1862). (2) Annales de Phys. el Chim., /"série, 1 £111, p. 18. ( 779 ) . ■ au-dessus de laquelle la propagation soit assurée et au-dessous de laquelle elle soit impossible. Tout ce que l'expérience permet de définir, c'est une zone plus ou moins étendue de pressions, zone dans laquelle la probabilité de propagation varie avec une extrême rapidité. » La détermination de cette zone de passage est la seule donnée expéri- mentale qui présente quelque valeur, lorsqu'il s'agit d'évaluer le degré de sécurité que peut présenter une installation industrielle, comportant l'emploi de ces mélanges. On conçoit en effet que, si multipliés que soient les essais, il est impossible d'obtenir par leur nombre seul et pour une con- dition unique d'expérience donnée, une garantie absolue de sécurité con- cernant une exploitation régulière, où les réitérations des phénomènes s'opèrent par millions. » Lorsque, au contraire, les essais de laboratoire ont circonscrit la région dans laquelle s'effectue, suivant une loi régulière, le passage d'une probabilité de propagation très voisine de l'unité jusqu'à une probabilité très petite, il devient possible de définir d'une façon raisonnable le coeffi- cient de sécurité d'une opération, d'après l'écart entre les conditions industrielles adoptées et les conditions franchement dangereuses. » C'est à ce point de vue que nous avons étudié divers mélanges d'acé- tylène et de gaz inertes, dont l'emploi a été proposé pour l'éclairage. Les résultats suivants concernent, ainsi que nous l'avons dit plus haut, les mélanges en proportions variables de l'acétylène avec le gaz d'éclairage ordinaire de Paris et avec le gaz hydrogène. » Execution des essais. — Le mélange était préparé sous la pression ordi- naire, dans un gazomètre à cuve annulaire, de ioo1" de capacité. Le mé- lange était aspiré, refoulé et comprimé par une pompe Golaz, dans une éprouvette en acier, munie d'un appareil crusher pour la mesure des pres- sions, et d'un dispositif d'allumage par fil métallique, porté à l'incandes- cence au moyen d'un courant électrique. Cette éprouvette est isolée de la pompe et du manomètre, au moyen d'un robinet à pointeau. Il est bon d'interposer un flacon laveur à eau, de très petites dimensions, entre la grande cuve et la pompe de compression, afin de prévenir tout risque de propagation a rétro de la flamme et de l'explosion jusqu'au gazomètre. » Lorsque la réaction a eu lieu, l'éprouvette est retrouvée pleine d'un charbon poreux, dont nous avons étudié ailleurs les caractères. Le mano- mètre crusher indique, d'autre part, une pression supérieure à la pres- sion initiale de chargement : ce qui est une conséquence générale de toute réaction exothermique, opérée à volume constant. Le coefficient ( 7«° ) d'accroissement des pressions est toutefois variable avec la composition du mélange et la pression initiale, en raison de la vitesse variable des réactions et de l'influence du refroidissement. » Alors même que la réaction, déterminée sur un point, ne se propage pas dans toute la masse, les résultats de l'essai ne sont pas purement négatifs. Le fil incandescent est retrouvé couvert de charbon, et l'impor- tance de la végétation charbonneuse qui le recouvre permet, dans une certaine mesure, d'apprécier la tendance que le mélange présente à pro- pager la réaction et d'abréger les essais destinés à localiser la zone des pressions dangereuses. » Voici les Tableaux de nos expériences : ils permettent d'acquérir quelques notions générales, fort intéressantes pour la théorie comme pour la pratique. » Dans la première colonne, on indique les pressions initiales; » Dans la seconde colonne, les pressions réalisées au moment de l'explo- sion. » La troisième colonne donne le rapport de ces pressions. » La quatrième colonne se rapporte au volume de l'acétylène, rapport qui ne répond pas d'ailleurs au calcul théorique des pressions. » La cinquième colonne renferme des remarques relatives aux expé- riences. » Enfin, dans les sixième et septième colonnes, nous avons cru utile d'indiquer les pressions et températures d'explosion théoriques, calculées par les formules suivantes : Q étant la chaleur développée à volume constant, soit 5iCal,4°° pour la décomposition en éléments du poids qui répond au volume moléculaire de l'acétylène, C2Ha= 26^, T la température correspondante, comptée depuis le zéro ordinaire, Iv la chaleur spécifique, à volume constant, des produits finaux, résultant du système mis en expérience, c'est-à-dire du carbone et de l'hydrogène, dans les cas les plus généraux, P la pression finale, p la pression initiale. » On a les relations connues Q. u_„/. ^.JL *=?{> K' ~ l \ ' 2-3 ( 7»« ) c'est-à-dire, d'après la valeur de Q = 5rc,I,400 (rapportée au carbone amorphe), P i88,3 P K » Dans le cas où le gaz additionnel serait un gaz composé, formé avec un dégagement de chaleur q et susceptible d'être détruit au moment de l'explosion, il faudrait remplacer dans ce calcul Q par Q — q. » Soit i molécule d'acétylène C2 H2, mélangée avec i molécule de for- mène, CH\ par exemple, alors q = 22,2 (carbone amorphe), et r\ rai P 106,8 Q — q = 2p,Cal, 200; - = 1 H £— , » Mais ce calcul ne donne des valeurs applicables à des réactions pos- sibles que pour le cas où la dose de formène décomposée est peu considé- rable; pour un mélange C2H2 ■+- 2,5 CH* par exemple, il devrait y avoir absorption de chaleur. » R est la somme des chaleurs spécifiques des produits finaux, c'est- à-dire de l'hydrogène et du carbone. Or, dans les cas que nous allons envisa- ger, la chaleur spécifique moléculaire à volume constant de l'hydrogène, H2, est de la forme 4,8 -J-aT; celle du carbone, C2, 8,4 4- Z>T ('). » Rappelons que la détonation de l'acétylène pur, d'après ces formules, développerait une température de 2730" et une pression de 1 1 atmosphères environ. L'expérience a donné 10 atmosphères pour les mélanges les plus condensés (pression initiale, 2ikg), c'est-à-dire pour ceux où l'in- fluence du refroidissement est la plus petite. « Afin de simplifier, et dans une première approximation plus applicable aux mélanges actuels, nous adopterons pour H2 : K=5,4; pour C2 : R'= 9,0, valeurs calculées pour la température de 20000, lesquelles suf- fisent aux comparaisons générales (2). (') Annales de Chimie et de Physique, 7e série, t. XIII, p. 8. (!) Pour l'acétylène pur, elles fourniraient une valeur un peu trop forte, soit i4 atmosphères, celle des chaleurs spécifiques étant évaluée trop haut, comme les formules l'indiquent d'ailleurs; mais la température est abaissée clans les cas que nous examinons ici, en présence des gaz étrangers. ( 7^ ; Première série. .,,, ( 25 acétylène en volume. Mélange : „ , ,J . / 70 liydroçene. Pressions Coefficient d'accroissement des pressions initiales absol ues linales en kilogrammes m kilogrammes ■ par par rapporté i ent imètre carré. centimètre carré. moyen. ai 'acétylène. 4i,3 4i,3 .45,6 ) ''.7,8 i 3,5. i4,o 3o,9 io5,o 3.39 .3,6 20,6 20,6 63, o / 6i,5 j 3 , oô l !,20 io,3 non propagation io,3 id. j io,3 io,3 20 , 6 ' 23,4 ■>, . 1 4 5 io,3 22,1 ^ io,3 non propagation ' 7-2 non propagation i 7 • ■'■ id. ' 7 ■'■ id. [ 7-2 id. » » 7.2 id. \ 7-2 id. ) Observations. / propagation i éprouvette pleine de ' charbon 3 propagations sur 6 expériences filaments charbon- neux dans les cas de non propaga- tion. \ Dépôt charbonneux ( sur le fil. Rapport des pressions Température calculées. calculée. 7.2 i68o° Pressions Mélange : initiales absolues finales i h kilogrammes en kilogrammes par par eentimétrc carré, centimètre carré. kg 40,2 4o,2 4°. 2 4o,2 non propagation •id/ i07ks,o non propagation id. id. 2.5 acétylène en volume. y5 gaz d'éclairage ( Ville de Paris). Coefficient d'accroissement des pressions rapporté moyen. ;i l'acétj lène. 2 , 66 10,64 < observations. Très léger dépôt charbonneux sur le fil. Les 2 derniers essais amorcés parle ful- minate de 111er- rure. Happorl des pressions Température calculées. calculée. 4,2 8.', 8" ( "83 ) Pre ues ssions nitialcs absol finales en kilogrammes en il i animes par par :eotimètre carré. centimètre carré. kg TO,3 kg 29,8 io,3 29,8 10, 3 29, s 10, 3 28,7 io,3 09,8 ;■ ■ non propagation 7.2 1 iks, 0 7.3 non propagation :■' id. 7>2 id. 7>2 id. 4,i id. 4,< id. 4,i id. 4,i id. 4,i id. kg 29>9 lu 112,5 29.9 [09,5 19,9 108,2 29-9 < 123 ! I , 1 67,8 21,1 7°>7 21,1 72, 1 21,1 72,1 12,4 non p ropagation 12,4 id. I 2 , 4 id. i2,:, id. 1 a , 1 id. Deuxième saie. ,. ,, ( 33 ,.; acél \ lène. Mélange : \ .. „ . .• ( 00, () hydrogéné. Coefficient d'accroissement propagations sur I 5 essais 2,6 .1.7. t i propagations sur I 6 essais I pas de propagation sur 5 essais léger dépôt char- bonneux sur le fil initiales absolues finales en kilogrammes en kilogrammi - par par centimètre carré. centimètre carré, kg kg 12,4 4g, o 12,4 5o,o 12,4 (23,4) \ 5o hydrogène. | 5o gaz d'éclairage (Ville de Paris). Coefficient d'accroissement des pressions rapporte moyen, a l'acétylène. Observations. 3 , 79 7,58 \ éprouvette remplie / de charbon Rapport des pressions Température calculées. calculée. 10,8 Ml|.i" Rapport des pressions Température calculées. calculée. 7,2 17000 si le formène est sup- posé décomposé en- tièrement,on aurait 4,6 980° Pressions initiales absolues en kilogrammes finales en kilogrammes par par centimètre carré, centimètre carré. ( 7»5 ) Coefficient d'accroissement rie pression rapporté moyen, à l'acétylène. Observations. Rapport des pressions Température calculées. calculée. 7.2 11,0 7»2 18,0 7>2 18,0 7>2 22,2 7>2 non propagation 7.2 id. 7>2 '9>6 7'2 non propagation 7-2 id. 7.2 19, 6 7.2 18,2 7'2 22,7 4,> non propagation 4-> id. 4,1 id. 4,. id. 4,' id. 2,68 5,36 éprouvette remplie de charbon 8 propagations sur 12 essais champignon char- bonneux sur le fil » Comparons, maintenant, les données expérimentales entre elles et avec les chiffres calculés : » i° Pour tous les mélanges examinés l'accroissement proportionnel de la pression est d'autant plus faible que la pression initiale est moindre : ce qui accuse l'influence d'un refroidissement croissant exercé par les parois, à la fois en raison de la masse relative moindre des gaz intérieurs et de la durée plus grande du phénomène explosif. » Même dans le cas du mélange le plus riche en acétylène et le plus condensé (7|ikff,3) la pression observée avec l'hydrogène n'a été que la moitié de la pression calculée; et le chiffre est tombé au quart avec le mélange limite étudié,, c'est-à-dire avec celui où l'explosion, sous une pression initiale de iokg, ne se propageait plus qu'une fois sur trois. » De même, avec le mélange à volumes égaux d'acétylène et de for- melle. Ici l'intervalle entre le calcul et l'expérience est cependant moindre, circonstances qui semblent indiquer que la décomposition du formène a dû être faible ou nulle dans ces conditions. » Observons encore que les mélanges les plus riches en acétylène sont à peu près les seuls qui aient fait explosion sous les faibles pressions; mais C. R., 1899, 1" Semestre (T. CXWIIT, N° 13.) lO.i ( 7«6) aussi ce sont ces mélanges qui ont fourni les plus grandes irrégularités des pressions finales, répondant à un même système initial; circonstance atlri- buable, ainsi qu'il a été dit plus haut, à la condensation moindre des mélanges gazeux, laquelle tend à la fois à ralentir la réaction et à exagérer l'influence du refroidissement, parce que la masse du mélange gazeux devient plus petite, par rapport à celle de l'éprouvette qui le renferme. » 2° On voit par là que la température moyenne des produits des sys- tèmes, formés au début à volumes égaux, doit être fort inférieure, au moment de l'explosion, à la température calculée : elle serait réduite à peu près à moitié avec l'hydrogène: la réduction étant un peu moindre avec le gaz d'éclairage. » Poussons plus loin les conséquences des nombres observés. Dans la troisième série, par exemple, le rapport entre la pression finale observée et la pression initiale tombe, avec les condensations les plus faibles, vers 2,7 : ce qui signifie que la température moyenne des systèmes, au moment où ces pressions ont été observées, était voisine de 35o°. Or, c'est là une température incapable de déterminer l'explosion de l'acétylène, ou ce qui est la même chose, de la propager. Il est clair que, pour ces condi- tions, l'explosion n'a dû être que partielle et lentement propagée, dans une certaine zone entourant le fil métallique incandescent qui l'a pro- voquée. » 3° La propagation de l'explosion cesse d'avoir lieu vers une limite de pression initiale d'autant plus élevée, que le mélange est moins riche en acé- tylène. Cette limite était située vers 4kg, 5, pour l'hydrogène, et de 6kg,5, pour le gaz d'éclairage, dans les mélanges renfermant 5o pour îoo d'acé- tvlène en volume. » Le risque sera donc toujours diminué par la présence du gaz d'éclai- rage, c'est-à-dire d'un gaz riche en formène, composé décomposable avec absorption de chaleur. » En résumé, ces premiers exemples suffisent à établir que les pressions limites, assurant l'explosibilité des mélanges d'acétylène et des gaz inertes, convergent avec une extrême rapidité vers les valeurs correspondant à l'acétylène pur, au fur et à mesure que la teneur de ce gaz dans les mé- langes augmente. » La loi de celte croissance est essentiellement variable avec la nature du gaz inerte utilisé; le choix de ce dernier gaz joue donc un rôle important dans la sécurité d'emploi, aussi bien que dans les questions pratiques de rendement lumineux et de prix de revient. » Les gaz décomposables avec absorption de chaleur paraissent aptes à diminuer le risque d'explosion de l'acétylène auquel ils sont mélangés, en absorbant pour leur propre compte une portion de l'énergie interne du composé endothermique et explosif. Mais, par là même, ils abaissent la température développée dans la décomposition propre de l'acétylène, aussi bien que dans sa combustion, et ils en amoindrissent dès lors, dans une certaine mesure, les propriétés éclairantes. C'est entre ces deux ordres de phénomènes que l'industrie doit se tenir, en recherchant les conditions à la fois les moins périlleuses pour la pratique et les plus favorables pour l'éclairage. » CHIMIE MINERALE. - - Préparation et propriétés du phosphure de calcium cristallisé. Note de M. Henri Moissax. « On sait qu'en faisant réagir la vapeur de phosphore sur la chaux portée au rouge, Paul Thenard a obtenu un produit amorphe de couleur ( 7»8 ) rouge cinabre dont la composition répondait à la formule brute P'CaO ('). Ce nouveau corps, qu'il a appelé phosphore de chaux, se décomposait en présence de l'eau, et cette réaction lui a permis d'établir l'existence et les propriétés des différents hydrures de phosphore. Antérieurement Dulong avait indiqué une méthode générale de préparation des phosphures par l'action de la vapeur de phosphore sur le métal. Ces expériences avaient été reprises par Vigier. » Ce dernier procédé n'était applicable à la préparation du phosphure de calcium qu'à la condition d'avoir du métal pur, ce qui n'avait pas été réalisé avant nos recherches. » Préparation du phosphure de calcium cristallisé au four électrique. — Le phosphure de calcium peut se préparer au four électrique par la réduction du phosphate tricalcique au moyen du charbon. Seulement cette prépara- lion exige quelques précautions, à cause de la décomposition relative- ment facile du phosphure de calcium à la haute température du four élec- trique. » Nous avons préparé tout d'abord du phosphate tricalcique pur par précipitation. Ce composé après dessiccation a été calciné au four Perrot, puis réduit en poudre fine, enfin mélangé de charbon dans la proportion suivante : Phosphate tricalcique 3io Noir de fumée g6 » Cette poudre a été additionnée d'une petite quantité d'essence de téré- benthine de façon à l'agglomérer par compression sous forme de petits cylindres. Ces derniers sont ensuite calcinés au four Perrot, au milieu d'une brasque de noir de fumée. » Le mélange intime de phosphate de calcium et de charbon est enfin placé dans le creuset du four électrique et soumis pendant quatre minutes à l'action d'un arc de rpo ampères sous /p volts. » Après refroidissement, on relire du creuset une masse fondue qui ne doit pas être adhérente aux parois, ce qui n'a lieu que lorsque la chauffe n'a pas été trop prolongée. Dans ce dernier cas, la masse de phosphure de cal- cium sera souillée, sur le pourtour, d'une petite quantité de carbure de calcium. Au contraire, si la chauffe a été insuffisante, le phosphure est (') P. Thenard, Sur les combinaisons du phosphore arec l'hydrogène {Annales de Ch. et de Plt., t. XIV, p. 12; i845). ( 7»9 ) mélangé de phosphate fondu non réduil, au milieu duquel on distingue nettement des cristaux rouges de phosphure. » Pendant cette préparation au four électricpie, il ne se dégage qu'une très petite quantité de vapeurs de phosphore. Mais si l'on continue de chauffer, lorsque la réduction est complète, le phosphure de calcium formé est décomposé à son tour, le phosphore distille en abondance et sa vapeur brûle à la sortie du four. Finalement, le calcium s'unit au carbone et il ne reste que du carbure de calcium ne renfermant qu'une très petite quantité de phosphure. » Ainsi que nous le faisons remarquer plus haut, lorsque l'on veut avoir du phosphure de calcium pur par ce procédé, il est important de ne pas chauffer trop longtemps. » On peut encore obtenir ce phosphure de calcium fondu, en chauffant au four électrique, dans un creuset de charbon, le phosphure de chaux de P. Thenard préparé par l'action d'un grand excès de vapeurs de phosphore sur la chaux maintenue au rouge. Avec un arc de 800 ampères sous jo volts, la fusion se fait en sept ou huit minutes. Il reste une masse bien fondue, rouge foncé, souillée de carbure de calcium. » Préparation du phosphure de calcium amorphe par union directe du phosphore et du calcium. — Pour réaliser cette synthèse, on prend un tube de verre de Bohème fermé à l'une de ses extrémités et au fond duquel a été disposée une notable quantité de phosphore rouge bien sec. Une nacelle de porcelaine placée dans la partie antérieure du tube renferme le calcium sous forme de petits cristaux. Le vide est fait dans cet appareil, puis l'on chauffe, vers le rouge sombre, le calcium, sur lequel on fait arriver len- tement la vapeur de phosphore. Une incandescence se produit et bientôt le métal est entièrement transformé en phosphure. » Ce dernier composé répond à la même formule que le phosphure obtenu au four électrique, ainsi que nous l'établirons plus loin. » Propriétés. — Le phosphure de calcium, préparé au four électrique, ou par union directe des deux corps simples, possède la même coloration lorsqu'on l'examine au microscope en poudre fine. Il se présente en frag- ments d'un rouge brun dont la couleur est voisine de celle de l'azoture de calcium. Lorsqu'il a été préparé au four électrique, il possède une cassure cristalline, et de plus, lorsque la réduction n'a pas été complète, on ren- contre des cristaux nettement formés, de couleur rouge foncé, au milieu du phosphate fondu. » Le phosphure de calcium est difficilement fusible ; nous ne l'avons ( 79° ) fondu qu'au moyen du four électrique. Dans la combinaison du phosphore avec le calcium, combinaison qui se produit toujours avec incandescence, on n'obtient jamais qu'une masse amorphe. » A la température de ramollissement du verre de Bohême, le phosphure de calcium se dissocie lentement dans le vide. Le départ d'une petite quantité de vapeurs de phosphore est très net. La tension de dissociation n'atteint que quelques millimètres. » Sa densité à :-i5°est de2,5i. » A 9000, le phosphure de calcium n'est pas sensiblement altéré dans une atmosphère d'hydrogène. » Le chlore ne réagit point à froid sur le phosphure de calcium, mais il suffit de chauffer légèrement à une température voisine de ioo° pour déterminer le commencement de la réaction qui se poursuit ensuite avec une vive incandescence. Il se forme du chlorure de calcium et des vapeurs de chlorure de phosphore. L'action du brome est, en tous points, compa- rable à l'action du chlore et la vapeur d'iode attaque ce phosphure vers le rouge sombre. » La combustion du phosphure de calcium dans l'oxygène se produit vers 3oo° avec une vive incandescence. Il se forme de la chaux et de l'anhydride phosphorique. Le soufre réagit de même vers 3oo°. La décom- position du phosphure se fait encore avec un grand dégagement de cha- leur, production d'un sublimé jaune, et formation de sulfure de calcium. » L'action de l'azote sur le phosphure de calcium nous a semblé particu- lièrement intéressante. En effet, si l'azote pouvait chasser le phosphore de celte combinaison on passerait avec facilité du phosphure à l'azoture de calcium. Nous avons démontré précédemment que l'azoture de calcium se décomposait facilement au contact de l'eau en donnant de l'ammoniaque, reaction susceptible d'applications industrielles. Mais la chaleur déforma- tion du phosphure de calcium paraît plus élevée que celle de l'azoture, car tous nos essais, jusqu'à la température de 9000, ont été infructueux. » Le phosphure de calcium chauffé, dans une atmosphère d'azote à 900° n'a pas varié de poids et n'a pas donné ensuite une quantité notable d'ammoniaque par sa décomposition par l'eau. » A 12000, l'azote se fixe partiellement sur le calcium, avec départ d'une petite quantité de phosphore, mais la réaction est loin d'être com- plète et le résidu en présence de l'eau fournit un mélange d'ammoniaque et d'hydrogène phosphore, ce dernier en grand excès. On se trouve ici en présence d'une dissociation du phosphure de calcium. " ( 79» ) » Chauffé clans la vapeur d'arsenic à la température de fusion du verre, le phosphure de calcium n'a pas été attaqué. » Le bore et le carbone sont sans action à la température de 7000. Dans le four électrique, il n'en est plus de même et le carbone chasse le phos- phore du phosphure de calcium pour produire du carbure de calcium fondu. » Les hydracides gazeux réagissent avec énergie sur le phosphure de calcium. Le gaz acide chlorhydrique l'attaque avec incandescence au rouge. » Vers 7000, l'hydrogène sulfuré ne produit pas d'attaque sensible. Il en est de même du gaz ammoniac. » La réaction de l'eau sur ce corps est très importante. Au contact de l'eau froide, le phosphure de calcium est de suite décomposé avec forma- tion d'hvdrate de chaux et de gaz hydrogène phosphore. Si le phosphure de calcium est en fragments cristallins, l'hydrate de chaux qui se produit ralentit la réaction. Au contraire, si le phosphure est en poudre, la réaction est violente. » Lorsque le phosphure a été suffisamment chauffé au four électrique, l'hydrogène phosphore qui se produit dans la décomposition par l'eau n'est pas spontanément inflammable au contact de l'air. Ce nouveau phos- phure se différencie donc bien du produit de P. Thenard. Cependant la réaction de décomposition est encore complexe et l'on n'obtient pas tout le phosphore du phosphure en hydrogène phosphore PlifF. Quelques échantillons moins chauffés nous ont donné avec l'eau un hydrogène phos- phore souillé d'hydrogène libre. Au contraire lorsque le phosphure avait été porté à une température très élevée, il ne se produisait plus d'hydro- gène, mais on recueillait un peu de gaz acétylène. Nous donnerons tous les chiffres de ces analyses dans le Mémoire que nous publierons aux Annales de Chimie et de Physique. » Les acides n'attaqueront ce phosphure que d'après la quantité d'eau qu'ils peuvent contenir. Ainsi, avec l'acide nitrique monohydraté, l'attaque est presque nulle à froid; à chaud, elle est très lente. Avec l'acide ni- trique ordinaire, l'oxydation est rapide à froid; il se produit des vapeurs nitreuses et un gaz spontanément inflammable. » De même, l'acide sulfurique fumant n'attaque pas le phosphure à froid, tandis que la décomposition est violente avec l'acide sulfurique étendu. ( 792 ) » L'alcool absolu, l'éther, la benzine, l'essence de térébenthine ne réa- gissent pas à la température ordinaire. » Au contraire, les oxydants l'attaquent avec violence, le chlorate et le bichromate de potassium en fusion l'oxydent avec incandescence. Si l'on chauffe légèrement un mélange de permanganate de potassium et de phos- phure de calcium en poudre, la réaction est violente, elle se produit avec incandescence et explosion. » Les gaz protoxyde et bioxyde d'azote l'oxydent de même à chaud avec une vive incandescence. Il se fait de la chaux et une très petite quantité d'azoture. » Analyse du phosphure de calcium. — Le phosphure de calcium a été décomposé par oxydation directe au moyen de l'acide nitrique fumant. Le métal a été précipité à l'état de sulfate de calcium en milieu alcoolique et l'acide phosphorique dosé ensuite sous forme de phosphate ammoniaco-magnésien. Nous avons trouvé ainsi les chiffres suivants : Théorie 1. 2. :i. 4. pourP:Ca\ Ca 65,8a 63. 71 65,38 65, 4o 65, 93 P » 33,79 33.92 33,85 34, 06 » Nous devons rapprocher de ces chiffres les nombres fournis parla synthèse. L'ex- périence a été disposée ainsi que nous l'avons indiqué précédemment; la nacelle a été pesée vide, puis remplie de calcium, et enfin renfermant le phosphure de calcium formé. 1. '.V Ca 66, 3i 66,. < P 33,53 33,',, » Conclusions. — En résumé, la réduction du phosphate tricalcique par le charbon fournit dans certaines conditions un phosphure de calcium cristallisé, de couleur rouge foncé, répondant à la formule P2Ca*. La réaction la plus curieuse de ce nouveau composé est sa facile décomposi- tion par l'eau froide avec formation d'hvdrate de chaux et d'hvdrogène phosphore. » Il est assez curieux de faire remarquer à ce sujet qu'un grand nombre de composés binaires de calcium présentent cette curieuse propriété de décomposer l'eau froide en fournissant un oxyde hydraté et en donnant une combinaison gazeuse de l'hydrogène uni à l'autre élément du composé binaire. » L'hydrure de calcium décompose l'eau froide avec dégagement d'hy- (793) drogène. Le carbure de calcium décompose l'eau froide avec dégagement d'acétylène. L'azoture de calcium donne la même réaction avec production d'ammoniaque. Nous voyons aujourd'hui que le phosphure de calcium peut aussi donner l'hydrogène phosphore. Enfin M. Lebeau vient d'indiquer récemment que les arséniures et antimoniures de calcium cristallisés se conduisent de même en fournissant les hydrures correspondants ou les produits de leur décomposition, si ces hydrures sont instables à la tempé- rature de l'expérience. La généralité de cette réaction nous paraît intéres- sante. » Nous ferons remarquer enfin que la plupart de ces nouveaux composés ont été préparés au moyen du four électrique. > CHIMIE MINÉRALE. — Sur les propriétés et les applications de ï aluminium. Note de M. A. Ditte. « Au cours de mes recherches sur l'aluminium, j'ai été conduit à exa- miner les détériorations plus ou moins profondes constatées sur certains objets d'équipement militaire et à rechercher les causes auxquelles on peut les attribuer, j'ai dû étudier pour cela les propriétés des alliages qui servent à les fabriquer. M. le colonel Lambert, Directeur de la section technique du Comité d'Artillerie, et, avec son autorisation, M. le capitaine Ducru, adjoint à cette section, ont bien voulu mettre à ma disposition les vases neufs nécessaires à mes expériences, ainsi que des objets réformés provenant du corps expéditionnaire de Madagascar ; je prie ces Messieurs de recevoir mes remercîments pour l'extrême obligeance que j'ai rencon- trée chez eux à l'occasion de mon travail. » J'ai particulièrement examiné deux tôles d'aluminium ; la première renferme ^ de cuivre, avec des impuretés dont la teneur ne doit pas dé- passer ï pour 100 et qui consistent en fer (de o, 29 à 0,37 pour 100), en silicium (de 0,37 à o,54 pour 100), et en traces de carbone, d'après des analyses faites au Comité d'Artillerie sous la direction de M. le capitaine Ducru ; elle sert à fabriquer les gamelles individuelles, les gamelles de campement, les marmites, les quarts, les caisses à eau des voitures-citernes. La seconde tôle, avec laquelle sont formés les anneaux et les chaînettes des gamelles, les anses des marmites, etc., contient ^ à ~ de cuivre, avec p^au maximum des mêmes impuretés. Les propriétés de ces alliages, sans C R., 1899. 1" Semestre. (T. CXXVIII, N" 13.) H>4 794 ) différer beaucoup de celles de l'aluminium non allié, offrent cependant quelques particularités intéressantes. Maintenus quelque temps au rouge sombre, ces alliages changent de structure, leur surface devient rugueuse, bulleuse, et, si on les trempe dans l'eau froide, ils prennent une texture grenue confusément cristalline; ds se couvrent de fines craquelures, deviennent plus cassants, et la trempe y provoque la formation de déchirures à bonis brillants et à gros grains. La matière, suivant qu'elle est trempée ou non, se comporte de manières un peu différentes sous l'action des divers réactifs : dans l'acide sulfurique' diluéà 2 pour ioo, par exemple, la tôle neuve se dissout avec une très grande lenteur en dégageant quelques bulles d'hydrogène; elle se recouvre d'une couche, grise d'abord, noire ensuite, sans adhérence, de cuivre di- visé mêlé d'un peu de fer et de silicium, sous laquelle est une belle surface blanche, mate, formée d'aspérités très fines, sensiblement égales entre elles, et parsemée de petits points foncés de cuivre. » Le même alliage trempé, puis immergé pendant le même temps dans la même liqueur, est attaqué un peu plus vite et de la même façon; mais au bout de quelques jours, la surface est différente ; elle est moirée, cou- verte de craquelures, de fissures, dans lesquelles pénètre le dépôt noir, ce qui les rend très apparentes; au microscope, elle montre une sorte de réseau formé de parties en relief plus blanches, et de faibles dépressions jaunâtres, séparées entre elles par un système de fissures plus ou moins fines ; il j a là commencement de désagrégation du métal, de séparation en écailles ou en lamelles toutes prêtes à se soulever sous l'action de l'h\- drogène ou de l'alumine qui peuvent provenir de l'altération de l'alumi- nium. Les mêmes apparences se produisent sur le métal non trempé, mais chauffé très près de son point de fusion et refroidi rapidement à l'air. » Les carbonates alcalins en solution étendue (à 2 pour ioo), l'eau salée (8«r par litre), l'eau de mer, pure ou étendue, au contact de l'at- mosphère, attaquent rapidement ces tôles d'alliages à la température ordi- naire ; au bout de quelques heures, la surface est recouverte d'une couche d'alumine gélatineuse qui augmente graduellement et se change partielle- ment en grumeaux blancs d'alumine trihydratée pendant que les solutions salées deviennent alcalines. Finalement, la surface demeure revêtue, par- tout où le liquide l'a touchée, d'une couche blanche, farineuse, formée de grumeaux peu cohérents d'alumine; au-dessous de cette couche est un enduit très mince, jaunâtre, dur, adhérent, non homogène, renfermant de l'alumine avec un peu de cuivre, de fer et de silicium. ( 795 ) » Lorsqu'une plaque polie d'alliage est soumise à l'action de l'une de ces liqueurs, elle ne tarde pas à perdre son poli spéculaire, et à se couvrir d'un voile blanc formé de grains d'alumine cristallisée; après lavage à l'acide sulfurique très dilué, qui dissout cette alumine, la surface est blanche, formée de fines aspérités qui la rendent mate, et semée de points foncés dont les plus gros présentent nettement la coloration rouge mat du cuivre pur. » A l'intensité près, ces apparences sont celles que présentent les objets provenant de Madagascar; un fragment de voiture-citerne dont la face extérieure est recouverte d'un enduit goudronneux est peu altéré de ce côté, mais la surface qui était en contact avec l'eau est profondément attaquée; elle est grisâtre et le métal est mélangé d'alumine qui adhère assez fortement. Jusqu'à une certaine profondeur, la tôle est devenue schisteuse, séparée en lamelles et en feuillets; elle est fragile, se rompt sous un faible effort et montre alors une cassure lamelleuse ou formée de grains qui lui donnent une apparence arénacée. Au microscope, le métal, fortement rongé, est en partie recouvert de cristaux ou de petites masses d'alumine trihydratée; une fois celle-ci enlevée par un lavage à l'acide sulfurique très dilué, la surface métallique est caverneuse, hérissée de petites masses blanches brillantes qui, souvent, offrent l'appa- rence de cristaux arrondis et déformés, et creusée de cavités polyédriques semblables aux empreintes qu'auraient laissées des cristaux détachés de la masse; reliefs et cavités ont leurs faces criblées de piqûres très fines pro- venant soit de l'oxydation primitive de l'aluminium, soit de l'action exercée sur lui par l'eau acidulée qui a servi au lavage. La proportion d'alumine mélangée au métal est du reste faible; même dans les portions les plus altérées, elle ne dépasse pas i3 à i\ pour 100 de la masse, ce qui corres- pond à — ;|- environ d'aluminium oxydé. » Mais, pendant cette oxydation partielle, la tôle d'aluminium, qui a perdu la résistance à la rupture qu'offrait la tôle neuve, s'est modifiée aussi dans sa structure et dans ses autres propriétés. Immergée à froid dans l'eau acidulée, elle ne se comporte plus comme nous avons vu la matière neuve le faire ; le métal s'attaque plus rapidement et, en même temps, il s'en détache une poussière métallique formée de grains confusément pol; - driques dont les angles et les arêtes ont été plus ou moins arrondis et dont les faces sont criblées de piqûres très petites. Ces polyèdres sont manifeste- ment limités par des droites et, sur certains d'entre eux, on distingue nette- ment des groupements de trois arêtes rectihgnes, formant un trièdre dont ( 796 ) les faces sont des angles obtus égaux et qui appartient vraisemblablement à un rhomboèdre ou à un dodécaèdre rhomboïdal; la désagrégation de la tôle devient plus lente à mesure qu'on pénètre plus profondément dans son épaisseur, la quantité de poudre métallique qui se sépare devient de plus en plus petite et, au bout d'un certain temps, la dissolution se fait comme celle d'une tôle neuve, la surface se recouvrant d'un enduit noir de cuivre divisé. » Il est à noter, d'autre part, qu'un fragment de métal altéré mis en digestion dans l'eau distillée la rend légèrement alcaline en lui cédant de très petites quantités de chlore, d'alumine et de sodium. On en peut inférer que l'eau contenue dans la caisse pendant son service renfermait des traces de sel marin, ce qui est le cas de la plupart des eaux fluviales; peut-être même la voiture-citerne a-t-elle servi à transporter de l'eau légèrement saumàtre; dans les deux cas, l'attaque du métal s'est faite, au contact de l'oxygène et de l'acide carbonique de l'air, suivant le mécanisme que j'ai indiqué {Comptes rendus, t. CXXVIII, p. io,5), et, une fois l'altération commencée, le métal « malade » porte en lui le germe de sa destruction. Il est aisé de favoriser le développement de la maladie : il suffit, pour cela, d'abandonner un morceau de tôle altérée dans un peu d'eau à l'air; l'eau devient alcaline; après vingt-quatre à quarante-huit heures, des flocons d'alumine nagent dans le liquide et forment une couche légère à la surface du fragment; cette couche augmente, il se forme des masses blanches d'alumine trihydratée qui épaississent peu à peu, et l'altération du métal malade devient de plus en plus profonde à mesure que l'expérience est prolongée davantage. » Les gamelles, les quarts, les marmites présentent des détériorations analogues; ici encore, le métal attaqué est mêlé d'alumine hydratée ; il est devenu cassant, sa surface est grenue, rugueuse, et la structure feuilletée est manifeste, quoique moins sensible que sur les fragments de caisse à eau constitués avec de la tôle plus épaisse; on peut distinguer aussi des grains polyédriques à faces criblées de fines piqûres, comme ceux dont il a été parlé plus haut. » L'altération de ces vases peut être due à l'introduction d'aliments salés à leur intérieur; le métal poreux restant plus ou moins imprégné de sel marin qui en provoque l'attaque à l'air, et, une fois commencée, celle-ci peut se poursuivre; en effet un fragment de gamelle altérée, par exemple, mis en digestion avec un peu d'eau distillée la rend alcaline, comme le fait un morceau de caisse à eau ; comme lui donc, il retient les substances alca- ( 797 ) lines, cause de maladie pour le métal ; aussi celui-ci continue-L-il de s'oxyder dans l'eau au contact de l'air; il se recouvre d'alumine formant des gru- meaux plus épais sur les parties voisines de la surface de l'eau, là où l'air atmosphérique a l'accès le plus facile, et la destruction de l'aluminium se poursuit graduellement. » Une seconde cause, capable de faciliter l'oxydation, apparaît dans la structure même du métal attaqué. Il a pu arriver que des ustensiles placés sur le feu avec un liquide à chauffer aient été oubliés, ou forcément aban- donnés pendant quelques heures, et que, le liquide s'étant évaporé, le fond se soit trouvé porté à une température voisine du rouge sombre et peu in- férieure au point de fusion de l'aluminium; les vases ainsi surchauffés peu- vent avoir été refroidis d'une façon plus ou moins brusque, quand le feu s'est éteint, par l'affusion d'eau froide à leur intérieur, ou par leur immersion dans ce liquide; or, nous avons vu que l'action de la chaleur et celle de la trempe ont précisément pour effet de donner aux tôles d'aluminium allié une structure à gros grains, tout en couvrant leur surface de craquelures dans lesquelles peuvent pénétrer, bien plus facilement que dans le métal neuf, tous les agents susceptibles de l'altérer. » En résumé, la connaissance des propriétés de l'aluminium et de ses alliages à faible teneur en cuivre permet de se rendre compte des détério- rations que subissent à la température ambiante, en France comme aux colonies, les vases fabriqués avec ces métaux. Sous les influences multiples des eaux de rivière, de l'eau plus ou moins saumàtre, de l'eau de nier, de l'air atmosphérique pur, ou chargé, comme il l'est au voisinage des côtes, de particules salines; sous l'action des aliments salés rendus acides soit par du vinaigre, soit par des jus de fruits; quand ils sont en contact avec des mélanges de liquides salés et de substances telles que la crème de tartre, le sel d'oseille, etc., leur surface est altérée; et l'altération commencée peut se poursuivre à sec, c'est-à-dire par l'intervention de grumeaux alu- mineux plus ou moins imbibés de substances alcalines, grâce à la succes- sion ininterrompue de réactions exothermiques qui se passent en tous les points du métal recouvert par ces grumeaux. » Il convient de signaler aussi une autre cause d'altération tout à fait différente des précédentes, et dont les effets ne sauraient être négligés: ce sont les forces électromotrices qui se produisent au contact des métaux différents. Laissant de côtelés impuretés, fer, silicium, etc., que l'aluminium renferme toujours en quantités très petites, et pour ne parler que du cuivre des alliages, nous avons vu que dans l'attaque de ceux-ci par divers réactifs ( 798) l'aluminium se dissout plus facilement que le cuivre, ce qui est tout naturel, étant données les chaleurs d'oxydation de ces deux métaux. Les particules de cuivre, qui restent sous la forme de points foncés à la surlace de l'alu- minium, forment avec lui et les liquides qui les mouillent des couples locaux et ceux-ci concourent à la dissolution de l'élément le plus attaquable qui est l'aluminium; le contact des deux alliages à -^ et à -,-,"-- de cuivre développe lui aussi une force électromotrice, et la valeur de ces diverses forces est souvent comparable à celle de certains éléments de piles d'usage courant; d'après des déterminations faites par M. G. Manœuvrier, celles des éléments constitués par de l'eau de mer avec les couples aluminium-cuivre, aluminium à 3 pour 100 de cuivre-cuivre, aluminium à 6 pour ioo de cuivre-cuivre, sont ovoU, ">2j; ovo", 486; oTO",488; celle du couple formé par les deux alliages et l'eau de mer est seulement ovolt,o/|. L'action de ces forces éleclromotrices qui s'exerce en circuit fermé, avec des résistances à peu près nulles, peut donner lieu à des effets importants; les actions électriques peuvent donc contribuer à la destruction des objets en aluminium pur ou allié, mouillés par un liquide capable d'attaquer l'aluminium avec ou sans le concours des gaz de l'atmosphère. » Nous voyons, en dernière analyse, les propriétés véritables de l'alu- minium se manifester et le métal être attaqué dans une multitude de cir- constances, toutes les fois qu'aucun enduit protecteur ne peut se déposera sa surface et que, par suite, il se trouve vraiment en contact avec les liquides qu'il renferme. Il en résulte que, dans ses applications à la fabrication (h- vases et d'ustensiles destinés soit aux usages domestiques, soit à l'équipe- ment militaire, il y a lieu de se préoccuper sérieusement des altérations, plus ou moins intenses, qu'il est susceptible d'éprouver, altérations qui peuvent devenir, pour ces objets, une cause de détérioration rapide et qui en rendent le nettovage particulièrement difficile. Les liquides acides ne sauraient convenir, ils sont sans action sur les matières grasses; les solu- tions alcalines, qui atteindraient parfaitement le but, ne peuvent être uti- lisées : non seulement elles attaquent le métal à froid, et à plus forte raison à chaud, mais encore elles se glissent en des points d'où il est bien difficile de les taire sortir; elles pénètrent sous toutes les parties repliées, dans Ions les points où le métal présente une fissure, une rugosité accidentelles; elles sont retenues là par des actions capillaires et rongent l'aluminium en formant des grumeaux d'alumine qui demeurent imprégnés d'alu mina te de soude, etc.; comme l'air et l'humidité peuvent pénétrer dans ces petits espaces, l'oxydation s'y continue avec lenteur, sourdement, et le métal est ( 799 ) détruit peu à peu. Enfin, les nettoyages mécaniques, tels que des lavages et des frottements avec de l'eau, froide ou chaude, mélangée de sable fin, ne sont pas efficaces; il n'est pas facile de les effectuer dans les parties anguleuses, dans les régions resserrées, et, en outre, pendant les frotte- ments, le sable fin peut lui-même s'introduire là où les liqueurs alcalines peuvent pénétrer et emprisonner, dans ces espaces étroits, des matières grasses, des substances alimentaires chargées de germes et de microbes de toute espèce. J'ai trouve, par exemple, sous les feuilles d'aluminium qui retiennent l'anneau du couvercle de gamelles individuelles, tout un rem- plissage formé de matières terreuses et de substances organiques. Il est certain que ces dépôts, que la présence d'une couche légère de matière grasse sur toute la surface de l'aluminium, favoriseraient beaucoup la con- servation des vases, précisément en empêchant le contact de leurs parois avec les liquides intérieurs, mais une telle couche peut présenter des in- convénients sérieux au point de vue de l'hygiène et de la propreté. » Ces considérations, qui s'appliquent à tous les objets d'aluminium, se rattachent immédiatement à l'ensemble des propriétés véritables de cet élément; celles-ci en font un corps, en réalité, très altérable; elles me pa- raissent de nature à inspirer certains doutes et à dissiper quelques illusions relativement aux applications industrielles possibles de ce métal. » ASTRONOMIE. — Observations de la comète Swift (1S99, a), faites au grand cqitalorial de l 'observatoire de Bordeaux; par MM. G. Ravel et V. Courty. Note de M. G. Rayet. Comète Swift (1899, a). Temps sidéral I » ii l c . de ÎS'JO. liloilcs. Bordeaux. Ai comité. A <£ comète. Observateurs. Il 11) 5 ni s , „ Mars 12 1 6.43.27,04 ; . 1 7 . jG - 3 4-.. y[Sj. 8o5. — Paris 3528. — Arm, 36o. — ( , „ ., , , r Cordoba3o64.-Rad,684] | 2-47-54,83 o,73 99.61.^,6+1,07 5... {[B.B, VI. — A.G. Ottak, zone 2o5] 2.44- 2,07 -t-0,71 98- 6.i5,i 0,43 6... î| Lalande 5o54,55. — W, Il.II 620. — | OD - or r , ■ - , ,, , . . _, -, , } 2.38. 6,86 -.-0,69 97. 4.10,5 -f o.<>, Valenliner. — A.G.,Ottak, zone 197] \ >»»/-• Positions apparentes de la comète Swift (1899, a). Temps moyen Ascension Distance Date de droite Log. fact. polaire Log. fact. 1899. Bordeaux. apparente. para!!. apparente. parall. Il ru -i 11 iji s . . Mars 12. ... 7.22.34,30 3.io.52,84 -M, 547 106.35.27,7 — o,85o 16 7.21. 2,35 2.56. 9,25 +7,573 102. 0.14,2 — o,83i 17 7 . 1 3 . 3 1 , 94 2.52.46,17 -1-1,572 100.57. 5,7 —0,828 18 7.28.48,35 2.49.26,46 -4-7,593 99-55. 3,3 — 0,820 20 7-29- 6,35 2.43. 4,29 4-7, 602 97.57.48,0 — o,8i3 21 7.23.21,48 2.39.59,01 -r-7,6o2 97. i.53,8 — 0,811 La comète, très voisine du Soleil, est à peine visible dans le crépuscule; elle ne sera de nouveau observable qu'en mai. NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de diverses Commissions. Le dépouillement des scrutins donne les résultats suivants : Commission chargée de présenter une question de « Grand prix des Scienci t physiques» (prix du Budget) pour l'année 1901. — MM. Milne-Edwards, Bornet, Van Tieghem. Friedel, Pcrrier. Commission chargée de présenter une question de prix Bordin (Sciences ( Soi ) physiques) pour l'année 1901. — MM. Milne-Edwards, Bornet, Van Tieghem, Fouqué, Perrier. MÉ310IRES PRÉSENTÉS. M. Delaurier soumet au jugement de l'Académie un Mémoire accom- pagné de planches « Sur la navigation aérienne sans ballons, parle moteur à vapeur universel. ». (Renvoi à la Commission des Aérostats.) CORRESPONDANCE. L'Académie impériale des Sciences deSaint-Pétersrourg informe l'Aca- démie qu'elle célébrera, le i/i3 avril 1899, le cinquantième anniversaire de la iondation de l'observatoire physique central. Elle serait heureuse que l'Académie pût se faire représenter à cette solennité. M. le général Rassot présente à l'Académie deux Volumes publiés par le Service géographique de l'Armée, sous le titre : « La Carte de France, 1750-1898; étude historique, par M. le colonel Berthaut, chef delà Section de Cartographie ». (Renvoi au concours des prix de Statistique, fondation Monlyon.) A cette occasion, l'Académie charge une Commission, composée de la Section de Géographie et Navigation et de la Section d'Astronomie aux- quelles s'adjoindront MAI. Michel Lévy et de Lapparent, d'étudier dans quelles conditions il pourrait être utile de reprendre les travaux de la Carte de France, à une plus grande échelle. G. R., 1899, 1" Semestre, il. CWV1II, N° 13.) IOO ( 8oa ) ASTRONOMIE physique. — Observations du Soleil faites à l'observatoire de Lyon (équatorial Brunner om, iG) pendant le quatrième trimestre de 1898. Note de M. J. Guillaume, présentée par M. Mascart. « Ces observations sont résumées dans les Tableaux suivants, dont l'explication a été donnée p. i5g, t. CWYIII des Comptes rendus. » I) v a eu 5i jours d'observation dans ce trimestre. » Taches. — Le nombre des groupes de taches est peu différent de celui du trimestre précédent (29 au lieu de 27), mais leur surface totale a diminué d'un peu plus d'un quart (2535 millionièmes au lieu de 3268). Leur répartition dans les deux hémisphères est de 16 groupes au sud et i3 au nord, elle tend d'ailleurs à s'égaliser depuis le mois de juin der- nier, on avait en effet 7 groupes en plus pour l'hémisphère boréal dans le troisième trimestre et i5 dans le deuxième. » Les trois groupes suivants du Tableau I ont été visibles à l'œil nu (date de passage au méridien central et latitude) : Octobre 6,4 à — 1 2°( ') » 28,6 à -+- 1 .*) Novembre '> , 1 à -1- 6 » Il n'y en avait eu qu'un seul, immense il est vrai, dans l'hémisphère austral, le précédent trimestre. » Enfin on a noté le Soleil sans taches trois fois, en décembre. Le nombre noté précédemment était de 9. » Régions d'activité. — Le nombre des groupes de facules a beaucoup diminué dans l'hémisphère austral (28 groupes au lieu de 43) tandis qu'il est resté sensiblement stationnaire dans l'autre hémisphère (20 groupes au lieu de 19). Au total on a 48 groupes et une surface de Gi,o millièmes au lieu de 62 groupeset 65 , 7 millièmes. » Résumé annuel. — Il y a eu 221 jours d'observation en 1898 (211 en 1897). (') C'est le retour du grand groupe île septembre. La première apparition remonte au mois d'août, il avait traversé le méridien central le i3. Il a effectué une quatrième apparition et était au méridien central le 3 novembre à la même latitude de — 120. ( 8o3 ) Tableau I. — Taches. Dates Nombre Pass. Latitudes moyennes Surfaces extrêmes d'obser- au mér. — — — moyennes d'obser?. valions, central. S. N. réduites. Octobre 898. — OjOO 4- 6 2 4,' ■+■ 9 IO 29- S 6 1,5 — 6 1 [6 3o-12 7 6,4 — 12 533 8-1 3 4 12,8 — ii 68 12-14 3 18,6 -4-ro '9 n 1 19,2 -r-12 21 '7 1 22,0 — 1 >. 16 20 1 22,5 + 5 1 1 22- 3 9 28,6 -r-l5 445 ■>.')- 4 9 3o,6 -+- 7 36 27-29 3 3i,5 7 10 17. 1- -10V. ■+- 9°,7 Novembre 1898. — 0,00 27- 79 3,0 — 12 5o 2-97 5,2 + 6 435 10 1 6,g -r- 5 10 10-11 2 7,6 — 16 ii Dates Nombre Pass. Latitudes moyennes Surraces extrêmes d'obser- au mer. . — -^ — -- — — ^ ■ moyennes d'obser?. vatioos. central. S. N. réduites. N ovem bre 1898. — 0,0c (suite) a-10 8 8,1 — 10 44 5-1 1 6 8,2 + 6 81 1 1 1 io,9 — 12 33 1 0- 1 -î 3 •4,5 — 7 44 19-26 4 •' ' ! ' — 1 i — M',7 64 «5j -f- 5°,7 Décembre 898. - 0 ,16. 26- 2 3 ' J ' -+- 7 9 26- 8 7 2,9 7 90 3-io 2 'H — n 4 2-l3 9 8,2 — 12 264 1 7 1 19,2 — 10 3 1 6-22 4 21,7 + 9 ■4 20-23 4 23,4 + 6 n 3i- 1 2 3. ,7 — 1 > 45 1 ' 3., 8 + '. 5 I9J- — 10", 4 -1- 6°. 7 Tableau II. Sud. 50". 50". 30". 20". 10*. Distribution des taches en latitude Nord. Somme. Somme. 0". 10". 20°. 30". Octobre . . . Novembre.. I récembre. . Totaux . . 3 2 "> 6 4 4 > 6 3 3 3 ■> 5 4 i 0 6 -6 i3 1 1 -^. Totaux 30°. mensuels 9 _9 *9 Surfaces moyennes réduites. i3ii 77' 44' 2535 Tableau III. — Distribution des facules en latitude. Nord. Octobre » » » 3 5 s Novembre.. . 0 » n 5 2 - Décembre. . . » n ; 6 4 i3 Totaux. . . » ,, 3 ' i 1 1 2 8 Somme. 0". 10°. 20°. 30\ 40". 90". G 1 5 3 3 i U i) » » )> » » Surfaces Totaux moyenne mensuels. réduites. 1 "1 18,5 1» 2, ,3 18 21,2 61 ,0 ( 8o4 ) » Voici les principaux faits qui ressortent des observations de cette année, comparativement à ceux de l'année précédente : » La surface totale des taches a diminué d'un cinquième (10486 millio- nièmes au lieu de i3i8c;) et le nombre des groupes d'un huitième (i3a au lieu de i52). » Les grandes formations, c'est-à-dire les taches ou groupes de taches qui se voyaient assez facilement à l'œil nu ont été aussi nombreux qu'en 1897, soit 8, nombre relativement élevé si l'on considère qu'un mi- nimum des phénomènes solaires est prés de se produire. Notons en pas- sant que le groupe de septembre a été le plus considérable de l'année. » On a noté le Soleil sans taches 22 jours au lieu de 19 en 1897, soit un nombre proportionnel de 0,099 au neu ('e 0,090. Les phénomènes observés ont d'ailleurs présenté un minimum accentué en juin. » La latitude des taches a peu varié, elle est un peu plus faible cepen- dant qu'en 1897 : on a io°,8au sud et 8°, 3 au nord au lieu de — 9°,9 et + 8°,i. Pour les facules on a n°,9 au sud et 9", 6 au nord au lieu de — 1 1°, 2 et -t- io°,9. » Le nombre des groupes de facules a diminué d'un sixième environ (235 contre 284) et leur surface de 4 pour 100 seulement (2)3,3 mil- lièmes au lieu de 260,6 millièmes). » Enfin la prédominance des taches et facules est restée, comme en 1897, au sud de l'équateur. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les fondions défîmes par un développement de Taylor. Note de M. L. Leau, présentée par M. Picard. « La méthode dont j'ai indiqué (') le principe, pour l'étude d'une fonc- tion sur le cercle de convergence de la série de Taylor qui la représente, s'applique également à la recherche des régions du plan, où cette fonction est holomorphe. » Désignons par Zanz" le développement considéré. Traçons une ligne quelconque L de longueur finie issue de l'origine; la question de savoir si la fonction f(z) est holomorphe le long de la ligne dépend d'une suite d'ensembles E„ de coefficients ap; p varie dans E„ de n à n', — étant infi- (') Comptes rendus, 9-4 octobre et 7 novembre 1898. ( 8o5 ) niment grand avec n. Dans la recherche des singularités sur le cercle, il n! suffisait de supposer — supérieur à un nombre fixe plus grand que i . C'est donc cette condition qu'il v a lieu de modifier pour être sur d e l'application de la méthode, qui devient ainsi absolument générale. » On est d'ailleurs conduit aux mêmes conséquences, spécialement pour les enveloppes de séries. On peut former, d'une infinité de manières, des séries telles que les fonctions qu'elles représentent n'aient, à l'intérieur d'un certain cercle, que des singularités données; les coefficients de ces séries ne sont pas nécessairement des fonctions analytiques de leur rang considéré comme variable indépendante. Bornons-nous cependant à citer la fonction 2g(n)z" qui n'a, à distance finie, que le point singulier + i, si g(t) est une fonction entière d'ordre au plus égal à i, et, dans ce dernier i cas, si la plus grande des limites des maxima de |g"(/)|' est l'unité, pour t infiniment grand. » M. Hada,mard a relié l'étude de la fonction lanbnzn à celle des deux suivantes, lanzn, lbnzn. J'ai donné de ce théorème (') une extension que j'ai précisée et complétée depuis. On peut l'utiliser concurremment avec la méthode indiquée plus haut. Voici un résultat obtenu de cette manière : » Soit une série ca-h c,t. -h c.2t2 + . . . de rayon de convergence différent de zéro, et une fonction entière g(t) = Zdntn telle que v/| n n- n" la fonction représentée par la série lg(an)z" n'a pas d'autre singidarité que l'unité, à distance finie. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur quelques propriétés arithmétiques des fonctions analytiques. Note de M. Paul Staeckel, présentée par M. E. Picard. « Qu'il me soit permis de revenir au sujet traité dans ma Note du 20 mars pour compléter la démonstration de mon théorème. (' ) Bulletin de la Société mathématique, n° 10, t. XXVI. ^ ( 806 ) » Étant donnée une série de puissances convergentes (i) K(x,y) = y — x -h- ax2 -+- zbxy -+- cy- +..., il existe une série de Taylor (■2) y = x -h c2 x" -+- c3 x* -+- — convergente pour les valeurs de # assez petites, qui satisfait à l'équation K(x,y) = o. On sait que toutes les séries de Taylor engendrées par conti- nuation analytique de la série (2), savoir (3) y — y0 = A,(x — x0) -+■ k,(x — x6Y + . . ., vérifient elles-mêmes l'équation K(x, y) = o. Quand les séries (3) con- stituent l'ensemble des séries de Taylor qui satisfont à l'équation K(x,y) = 0, cette équation définira une fonction analytique et monogène y de x et sera dite irréductible. » L'équation ( i) y — * + ^iUh^hgh(x)yV-"gh(y) = o h = \ de ma Communication précédente est-elle irréductible? Voilà une question à laquelle il semble assez difficile de répondre. Cependant, si l'équation (4) est réductible, on doit craindre que les séries de Taylor qui proviennent de cette équation ne représentent des fonctions algébriques de x, ce qui infir- merait toute ma démonstration. » Heureusement, ce doute se lève par les considérations suivantes : » Soient «,, u,, . . . , ua_, des nombres rationnels quelconques. Formons le polynôme p*(.y) = y — x -+- 2 uà°^''gh^)yHgA(y) ii = 1 et posons 1 1 1 En tenant compte des identités f-a+ . = (*« -+- K . gk(t) = tl I -„ ( l- j , ( ««7 ) nous obtiendrons na(0 p.oo ^a?H-«+.-1Tl^+.-1 On démontrera aisément que le numérateur IIa(r,) est un polynôme irré- ductible de l, v), va à coefficients rationnels. Or, on doit à M. D. Hilbert le théorème suivant : » F (oc, y, ..., w; t, r, . . . , q) étant un polynôme irréductible à coeffi- cients entiers des variables x, y, . . . , w et des paramètres t, r, ... , q, il y a une infinité de nombres entiers qui, substitués aux paramètres t, r, . . . , q, transforment F dans un polynôme irréductible des variables x, y w (Journal de Crelle, t. 110). » Ajoutons la remarque essentielle que tous ces nombres t, r, . . , q peuvent être choisis de manière qu'ils dépassent un nombre donné d'avance N et appliquons ce théorème au polynôme irréductible IIœ ( vi ) , y) étant la variable, ç et eœ les paramètres. Soient (3 — i et wa des nombres entiers surpassant un nombre entier donné Na qui, substitués aux para- mètres E et va, transforment na(vi) dans un polynôme irréductible de la variable w. Alors les nombres rationnels „ et — substitués aux quan- P — I «'a ^ tités x et ua transformeront Pa(j) dans un polynôme irréductible de y, que nous désignerons par Qa(y). )> Après avoir déterminé le coefficient ua de la manière indiquée ci- dessus, posons et assujettissons le coefficient u^ à la condition qu'il soit différent de zéro, et que le polynôme Pp(y) se transforme dans un polynôme irréductible Op(j') si l'on substitue aux quantités x et up des nombres rationnels _ et -- plus petits que =-• Après avoir déterminé le coefficient u$ de cette manière, posons » Soient ua, ua, . . ., «A, //>., ... les coefficients différents de zéro. » Il faut prendre les nombres =*-> ^7» ••■ assez petits pour que la série (4) soit toujours convergente; la limite de ces nombres sera zéro. ( 8o8 ) » Cela posé, supposons que la fonction y définie par la série ( 5 ) y = x -+- c2a;2 -+- c, x's + . . . , qui satisfait à l'équation (4)i soit une fonction algébrique de x. Si l'on choisit l'index X assez grand, la série (5) sera convergente pour x = , et elle donnera pour y un nombre algébrique racine de l'équation irréduc- tible Qa(j) = o, car , _ est un nombre algébrique de hauteur X. Le degré du polynôme Qa(J') est [**+.,. Par conséquent le degré de l'équa- tion algébrique irréductible, à laquelle satisfait la série (5), doit être au moins égal à [a*+,, ce qui est absurde, les nombres |ta-M» pp-t-i »•.■•! J*a-m» [/.x+,,... croissant au-dessus de tout nombre donné. Donc la série (5) représente vraiment une fonction transcendante dex. » PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sur l'existence des fonctions fondamentales. Note de M. W. Stekloff, présentée par M. Poincaré. « D'après les recherches de M. Le Roy (Annales de l'Ecole Normale, n°* 1, 2, 3; «898) et d'après le théorème (A), donné à la fin de ma Note précédente (Comptes rendus, n° 10), on peut considérer comme démontrée rigoureusement l'existence des fonctions fondamentales de M. Poincaré pour toute surface fermée (S), qui admet à la fois la transformation ponc- tuelle de M. Le Roy et celle de M. Poincaré (Acla mathematica, t. XX). » Il me semble cependant difficile de donner une définition précise des conditions delà possibilité de cette propriété double de la surface (S). On peut, d'ailleurs, s'affranchir de cet inconvénient et simplifier les raisonne- ments, en remarquant que l'existence des fonctions fondamentales est une conséquence immédiate d'un seul théorème (A), comme nous le démontre- rons tout de suite. » On peut démontrer d'abord les lemmes suivants : » 1. Si V est une fonction harmonique à l'intérieur de (S), satisfaisant à la condition on a f\-ds% où d-r est un élément du domaine (D), intérieur à (S) ; / est la plus grande distance entre deux points de la surface (S); Q, est un nombre positif, dif- férent de zéro. » De ces lemmes nous tirerons sans peine le lemme suivant : » III. Soit p .(=1 a., étant des constantes. Y s étant des fonctions harmoniques, satisfaisant aux conditions f^ds = C (,= 1,2 p). On peut choisir les a.s de (elle façon que l'on ait (1) jVo^<2ij/V/s, où

. » Cela posé, cherchons la fonction harmonique V, satisfaisant à la con- dition (2) -^=-k o la démonstration est moins (') Comptes rendus, 1898, et sa Thèse : Sur les fonctions de variables réelles. (-) Chapitre IV de sa Thèse. (3) Malhemalische Annalen, t. XXXVI. ( 8.2 ) simple. Supposons, en effet, <1>(/) de classe i, (*) est la limite d'une suite de fonctions continues 7— >B) -+- o,oooi8(i — i895), \jL et LB étant les longitudes du lieu et de Bucarest, \i et 1B les latitudes du lieu et de Bucarest, t le millésime. » ( »i4 ) ÉLECTRICITÉ. — Une question de priorité relativement à la relation k — i = const. entre la constante diélectrique et la densité. Note (/.'-t-2)rf de M. D. IVegreano, présentée par Lippraann. .'. Dans une Note publiée clans les Comptes rendus et dans le Journal de Physique, en 1887 ('), étudiant les constantes diélectriques de plusieurs liqnidcs isolants, et en particulier ceux de la série C'"H-'"-", j'avais donné quelques relations entre la constante diélectrique et la densité du liquide. » J'avais résumé les résultats obtenus de la façon suivante : » i° La constante diélectrique croît avec la complication de la molé- cule; » 20 Le rapport ^—7— croît de quantités inégales avec la complication de la molécule; » 3° Même remarque pour le rapport — -s— • » 4° Enfin, le rapport ~~ ! , est à peu près constant, ce qui consti- tuerait une relation qui lie la constante diélectrique à la densité; pour les corps de la série C'"H2'"-°, la valeur du rapport est une constante particu- lière à cette série. » Il en résulte que j'avais établi expérimentalement la relation , ' ~ ' , = const. entre la constante diélectrique et la densité du liquide. ( /«■ -I- 2 ) d x » H. -A. Lorentz (-), en 1880, voulant établir une relation entre la vitesse de propagation de la lumière et la densité des corps, se servant de la théorie électromagnétique de la lumière, arrive à la relation . " ~ ' , = const., n étant l'indice de réfraction. Pour arriver à cette for- mule, Lorentz établit d'abord théoriquement la relation .^ >d — const. Cette relation - ' ~~ ^ d = const., donnée théoriquement par Lorentz et (') Comptes rendus, p. 25; 1887. — Journal de Physique, p. 569; 1887. (2) H. -A. Lorentz, Wiedetnann Annalen, p. 6^2. (8,5) par moi expérimentalement, est connue actuellement sous le nom de for- mule de Mossotti-Clausius, quoique ni l'un ni l'autre ne l'aient établie. » D'après mes recherches, l'origine de cette dénomination est due à P. Lebedew. » Dans un Mémoire ayant pour titre : Mesure des constantes diélectriques et théorie de Mossotti cl Clausius ('), on trouve : » Se basant sur les idées de Faraday que les diélectriques sont formés de corpus- cules conducteurs sphériques, Mossotti, entre 18/47 et i85o, a développé la théorie mathématique de la polarisation diélectrique. « Indépendamment de Mossotti, Clausius, en 1879, admettant que les molécules du diélectrique sont sphériques et l'intervalle entre elles grand par rapport au diamètre, établit la relation suivante entre l'intervalle g des molécules et la constante diélec- trique k : L — i §~ ¥+2' » De cette relation, on déduit d k -+- 2 , — = ■; a = const., g k — 1 où d est la densité du corps. » Ce rapport a été donné par Lorentz; il a été proposé par Negreano comme formule empirique. » Il est clair que Mossotti et Clausius, à des époques différentes, ont donné la relation sr= .- Lebedew, en 1801, introduit la densité du 0 />• -t- 2 v diélectrique et trouve la relation j-r— — r-, = const., établie théoriquement par Lorentz, en 1880, et donnée par moi, en 1887, comme formule dé- duite de l'expérience. » ÉLECTRICITÉ. — Sur l'interrupteur de Wenhelt. Note de M. H. Pellat, , présentée par M. Lippmann. « Voici un nouveau phénomène curieux présenté par l'interrupteur électrolytique, qui tranche une question laissée pendante dans ma der- nière Communication. (') P. Lebedew, Wied. Ann., p. 3o4 et 3o5; 1891. ( 816 ) » Pour un voltage élevé (no volts) ('), que le primaire de la bobine fasse partie ou non du circuit, l'interrupteur présente dans chacun des cas deux régimes, l'un caractérisé par une grande intensité moyenne du cou- rant, l'autre par une faible intensité; la stabilité de ces régimes diffère seulement suivant que le primaire de la bobine (ait ou non partie du cir- cuit. L'expérience a été faite de la façon suivante : » Le primaire de la bobine contenait une force électromotrice d'envi- ron 1 10 volts fournie par des accumulateurs, l'interrupteur de Wenbclt et un ampèremètre Carpentier. Dans ces conditions, une longue flamme se produit entre les extrémités du secondaire, le courant primaire a une intensité moyenne qui dépasse 25 ampères, l'interrupteur fait beaucoup de bruit. Si l'on vient alors à mettre en court circuit le primaire en réunis- sant par un pont formé d'un gros fil de cuivre les deux fds aboutissant aux bornes de la bobine, les étincelles du secondaire cessent immédiate- ment, mais le courant primaire conserve sa grande intensité moyenne cl /'in- terrupteur reste bravant encore pendant quelques secondes. Passé ce temps, l'interrupteur devient silencieux et le courant tombe brusquement à 4 ou 5 ampères : c'est le régime stable pour le circuit sans self-induction. » Mais voici le fait le plus curieux : si l'on vient alors à enlever le pont de façon à mettre de nouveau le primaire dans le circuit, le seul change- ment apparent qui se produit est une sorte de gazouillement dans l'inter- rupteur; l'intensité moyenne du courant reste faible et aucune étincelle n'éclate entre les extrémités du secondaire même rapprochées presque jusqu'au contact. Ce régime peut persister indéfiniment; il ne s'établit pourtant pas de lui- même, car si l'on vient, au moyen du commutateur de la bobine, à ouvrir le circuit puis à le fermer à nouveau, aussitôt la longue flamme se produit entre les extrémités du secondaire, l'intensité moyenne du courant primaire dépasse 25 ampères et l'interrupteur gronde : on est revenu au régime du début. » Cette expérience montre nettement que, des deux termes du second membre de la relation établie dans ma dernière Note pour l'intensité moyenne du courant primaire, ïjf ld'=r^ + ffr [(-R7/i; ], m ( di JWR \dn. (') Le phénomène ne se produit pas pour 70 volts; tout se passe alors comme il esl indiqué dans ma dernière \ote. ( 8i7 ) le second ne joue presque aucun rôle pour expliquer la variation ilu pre- mier membre, puisque L peut être nul ou avoir une grande valeur sans que le premier membre soit modifié sensiblement. C'est donc seulement EO . ....,, . . . , . . . E rTdl , . EO —Ty; qui (litière dans les deux régimes, ou plus exactement ~ / -n-> dont -= n'est qu'une valeur approchée. La self-induction du circuit et la réaction du secondaire n'ont qu'une influence indirecte en rendant plus ou moins stable l'un ou l'autre régime. » PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Sur un nouvel appareil destiné à V orientation des radiographies et à la recherche des corps étrangers. Note de M. A. Londe, présentée par M. Lippmann. « L'attention des opérateurs en Radiographie n'a pas été suffisamment attirée sur un point très important, savoir : l'image d'un corps étranger ne peut être repérée par rapport aux images des parties voisines du squelette que dans un seul cas, c'est lorsque l'ampoule est placée exactement dans la perpendiculaire abaissée du centre d'émission sur la plaque sensible, en passant par le corps étranger. Pour toutes les autres positions de l'ampoule, on aura des déplacements de l'image du corps étranger qui sera projetée sur d'autres parties squelcttiques. » On peut donc poser en principe qu'une radiographie, pour être exacte, devra être orientée ; l'interprétation d'une radiographie non orientée induira fréquemment le chirurgien en erreur. » Pour satisfaire à cette condition, nous avons l'ait construire par M. Ra- diguet un radioscope explorateur qui résout le problème et permet facile- ment de placer le corps étranger dans la perpendiculaire. » Le même appareil permet également rie déterminer la profondeur du corps étranger : ce résultat est obtenu au moyen d'une simple lecture et sans aucun calcul. Enfin nous pouvons imprimer sur la peau deux repères qui indiqueront au chirurgien les points d'entrée et de sortie d'une ligne droite idéale passant par le corps cherché. » Le radioscope explorateur se compose d'uo support vertical qui porte les pièces suivantes : » i° A la partie intérieure, une pince articulée qui reçoit l'ampoule; i 2° Un bras horizontal qui porte à son extrémité un anneau métallique; » 3° Un second bras identique au premier. C R., 1899, 1" Semestre. (T. C.WVIII. M' 13.) 1 07 ( Bi8 ) » Ce dernier porte au-dessus un petit cadre allongé qui peut recevoir soit un écran lluorescent, soit une plaque photographique. Les deux anneaux étant centrés par con- struction ne pourront donner leurs images concentriques que dans un seul cas, c'est lorsque le point d'émission des radiations sera dans la perpendiculaire passant par leur centre. » Pour régler l'appareil, il faudra donc déplacer l'ampoule jusqu'au moment où les deux images des deux anneaux seront concentriques. » Si alors on vient à interposer, entre les deux bras horizontaux, la partie renfer- mant un corps étranger, on apercevra celui-ci dans une position quelconque par rap- port aux images des deux anneaux. On déplace alors le modèle (pour la main ou les membres, rien n'est plus facile) ou au contraire l'appareil lui-même s'il s'agit de toute autre partie du corps. L'image du corps étranger se promène dans le champ, et, lorsqu'elle coïncide avec le centre des deux images concentriques des anneaux, on est assuré qu'il est dans la perpendiculaire. » En remplaçant l'écran fluorescent par la plaque photographique, on sera sûr de l'orientation. Les deux bras horizontaux peuvent se rapprocher ou s'écarter, afin de venir au contact de la partie radiographiée, ils sont munis de deux marqueurs que l'on peut actionner simultanément et qui impriment sur la peau les deux points d'en- trée et de sortie de la perpendiculaire. « Pour la détermination de la profondeur l'ampoule est disposée de telle façon qu'on peut la déplacer latéralement d'une certaine quantité à partir de la perpendi- culaire. Un index mobile sur un des côtés de l'écran permet de repérer cette seconde image. On enlève alors le sujet et l'on fixe dans un logement ad hoc une échelle mé- trique qui se trouve placée exactement dans la perpendiculaire : ses divisions vont se projeter sur l'écran et il n'y a plus qu'à noter la position du curseur par rapport à celles-ci. On connaît, en effet, par construction leurs distances. » Pour les petites épaisseurs, nous adoptons l'espacement de 2mm,5; pour les plus épaisses celui de icm : rien n'empêche d'ailleurs de pousser l'approximation plus loin en faisant une échelle divisée par millimétrés. Plus les divisions adoptées seront petites plus on devra augmenter le déplacement latéral de l'ampoule afin de bien espacer sur l'écran les images des divisions. Si l'échelle métrique est fixée sur le bras horizontal inférieur on aura la distance à partir de la face inférieure du membre : si on la place sous le bras supérieur on aura la distance à partir delà face supérieure du membre. » L'appareil construit par M. Radigticl peut prendre toutes les orien- tations de façon à venir se placer sous la partie à examiner, celle-ci étant légèrement surélevée du sol par deux supports verticaux ou placée sur un lit d'opérations composé de parties mobiles que l'on enlève sous le point intéressant. » Dès à présent le radioscope explorateur peut être employé pour toutes les parties du corps qui sont accessibles à l'examen sur l'écran : pour b>s plus épaisses il faudra attendre que la méthode radioscopique se soit encore perfectionnée, ce qui ne saurait tarder, nous l'espérons. » ( «'9 ) OPTIQUE. — Transformation de la lunette de Galilée en instrument stadi- me'triaue. — Note de M. le colonel G. Humbert, présentée par M. A. Cornu. « Avec les lunettes terrestres, il est facile de mesurer la distance à un objet de hauteur connue (homme à pied ou à cheval, maison, clocher, mât de navire, etc.) en plaçant approximativement au foyer de l'objectif un réseau de fds équidistants ou une lame de verre sur laquelle est gravé un réseau de traits équidistants. » Avec la lunette de Galilée, c'est-à-dire avec des lunettes composées seulement d'un objectif convergent et d'un oculaire divergent, cela a été considéré jusqu'à présent comme impossible. Ces fils ou ces traits ne sont pas visibles où qu'ils soient placés. » Les jumelles de Galilée, à cause de leur prix peu élevéuet de leur clarté, étant très employées, j'ai cherché à les transformer en appareils stadimé- triques, au moyen d'un réseau de traits parallèles nettement visibles. » Ce problème présente un intérêt tout particulier pour l'Armée et la Marine, où tous les officiers se servent de jumelles. » Je suis arrivé à le résoudre de la façon suivante : » Sur l'objectif de droite d'une jumelle de Galilée on trace des traits parallèles équidistants, et contre l'oculaire divergent on dispose un disque percé d'une fente de 2mm environ de largeur. » Mettant la lunette au point sur un objet quelconque on aperçoit distinctement l'objet et les traits. » En enlevant le disque à fente, les traits deviennent invisibles. » La fente doit être exactement parallèle aux traits; sinon ceux-ci n'apparaissent pas distinctement. » Pour être bien visibles, les traits doivent être tracés en couleur rouge, par exemple, et avoir une certaine épaisseur; l'oculaire divergent les présente rappro- chés et amincis; dans la lunette terrestre, au contraire, l'oculaire convergent les fait paraître éloignes et grossis. » Si, au lieu de regarder à l'aide d'une fente, on regarde à l'aide d'un trou fin percé sur la base d'un cylindre creux, tout dessin tracé sur l'objectif apparaît nettement. » Ces traits, au lieu d'être tracés sur l'objectif, peuvent l'être sur un verre très mince disposé soit en avant, soit en arrière de l'objectif. » L'image du réseau de traits tracés sur l'objectif les rapprochant et diminuant leur épaisseur et, d'autre part, la lunette grossissant l'objet, on a, avec une jumelle grossissant six à sept fois, un instrument permettant d'apprécier les dislances jusqu'à ( 820 ) 12001" environ en visant un homme à pied (hauteur i m, 67 ) et jusqu'à iSoo™ en visant un cavalier (hauteur am,5o). » Les jumelles de tout modèle peuvent être facilement transformées et servir indifféremment soit comme jumelles ordinaires, soit comme mesu- reurs de distances. La fente s'éclipse ou apparaît à colonie. » C'est donc là un instrument simple, commode et peu coûteux, utile aux touristes comme aux officiers de terre et de mer. » physique. — Sur le mélange des gaz et la compressibilité des mélanges gazeux. NotedeMÎNI. Daniel Berthelot elPAUi. Sacerdote, présentée par M. H. Becquerel. « Certains travaux théoriques récemment publiés ont attiré l'attention sur l'intérêt qu'il v aurait à mesurer exactement la compressibilité des mé- langes gazeux ('). Les données expérimentales sur cette question n'étant encore que fort peu nombreuses, nous avons songé à utiliser dans ce but l'appareil qui avait déjà servi à l'un de nous pour mesurer avec une très grande précision la compressibilité des gaz entre 1 et 2 atmosphères (2). P Y » Rappelons que, si l'on pose p1^ — 1 = A(P2 — - P,), A représente le 1 2 * 2 coefficient d'écart du mélange gazeux par rapport à la loi de JMariotte entre les pressions P, et P2. C'est ce coefficient déduit des mesures que nous donnons plus loin pour les divers mélanges étudiés. » i° Mélange de SO- et C0!. — Le gaz sulfureux était préparé au moyen de mer- cure et d'acide sulfurique concentré; le gaz carbonique au moyen de marbre blanc et d'acide chlorhydrique pur dont les vapeurs étaient retenues dans deux éprou- vettes contenant du marbre blanc et du bicarbonate de soude; les gaz étaient liés soigneusement desséchés, d'abord sur de la ponce sulfurique, ensuite sur de l'anhy- dride phosphorique. » On remplit le tube à ampoule de l'appareil d'un mélange en proportions connues de- ileux gaz : » SO- entrait pour les 0,49a de la pression et CO2 pour les o,5o5. » Deux séries de mesures successives ont donné des résultats très concordants d'où il résulte que, pour ce mélange, on peut adopter pour A, entre 1 et 2 atmosphères, (') D. Berthelot, Comptes rendus du i3 juin 1898. (!) Leduc et P. Sacerdote, Complet rendus du ■>. août 1897. — Annales de Chimie et de Physique, -r série, t. XV, p. 60; 1898. 82 1 ) à i6°, la valeur A2 = 1 43 X 10-6 à (±2X io~G) près. » Remarque. — Dans le travail de l'un de nous déjà cité (*), on avait déjà trouvé, à 16° : Pour SO2 A2 = 265 x io_G PourCO2 A2 = 73 x io-n » Le A'; du mélange calculé au moyen de ces nombres, et en appliquant la règle des mélanges, serait A2 =(o,5o5 x 73 h- o,495 x ?.65) x io-° = 168 x io"G, au lieu de la valeur expérimentale (i43 x io~G) : » Le mélange gazeux est donc moins compressible que ne le voudrait la règle des mélanges. » 2" Air atmosphérique. — Cet air, parfaitement desséché, nous a donné (à 160) As=5xio-(i, à C ± o,5 x io~G) près; ce nombre est intermédiaire entre ceux de l'azote, Aj = 3 X io-6, et de l'oxygène, A; = S x io-G. » La règle des mélanges donnerait pour l'air . , 4x3-4-1x8 A-— ; x io-1' — 4 x io" G; ce nombre est un peu inférieur à celui de l'expérience, mais l'écart entre les deux est de l'ordre des erreurs possibles. » !' Mélange d'hydrogène et d'oxygène. — Pour ce mélange, nous avons procédé à une double détermination. » 1. Mesure de V augmentation de pression qui se produit par le mélange (à température et volume constants) des deux gaz primitivement à la même pres- sion (-). — Nous avons utilisé pour cette mesure l'appareil déjà employé par l'un de nous (s) dans des déterminations analogues pour d'autres mélanges. « Deux ballons de verre de volumes sensiblement égaux, reliés par un robinet à trois larges voies, sont remplis, à o" et à la pression atmosphérique, l'un d'hydrogène, l'autre d'oxygène; on établit ensuite la communication entre les deux ballons et on (') Comptes rendus, 1 août 1897. (2) Rappelons que cette augmentation de pression par le mélange de deux gaz a été mise en évidence dans des travaux récents (Leduc, Comptes rendus du 17 janvier 1898; Sacerdote, Comptes rendus du 24 janvier 1898), et que, pour les deux mélanges étudiés jusqu'à présent, elle était de i",m,36 de mercure pour (CO2 -+- SO2) et omm,o8 de mer- cure pour (CO2 -t- Az'O). (3) P. Sacerdote, Comptes rendus du 24 janvier 1898. ( 822 ) laisse la diffusion s'accomplir pendant plusieurs jours, puis on mesure la pression finale. Voici les résultats d'une première expérience : mm Pression de remplissage 765,80 Après quatre jours de diffusion 765,88 Après vingt et un jours de diffusion 765,95 » A ce moment, l'augmentation de pression était donc déjà de omm,i5 de mercure environ, et l'analyse du gaz contenu dans chacun des deux ballons a montré que, malgré la longue durée de cette diffusion, celle-ci n'était encore accomplie qu'aux j environ. » Dans une seconde expérience : Pression de remplissage 752mm, i5 Après six jours 75?.mm, 36 » Mais on avait eu soin d'activer le mélange en entourant alternativement l'un et l'autre des ballons de glace et d'eau à 4°°! cette opération avait été répétée une quinzaine de fois; l'analyse a montré que, dans ce cas, le mélange avait été complet. « En résumé : le mélange de l'hydrogène avec l'oxygène se fait avec une aug- mentation de pression de omra,2o de mercure environ. » 2. Compressibilité du mélange. — Pour étudier la corn possibilité, nous nous sommes servis du mélange obtenu par l'expérience précédente et qui contenait par suite des volumes sensiblement égaux d'hydrogène et d'oxygène purs et secs. « Nous avons obtenu à 160 pour ce mélange (H -+- O) : A] = (-2X io-") à ±(o,5 x 10-6) pré s. » Comme dans le cas du mélange (CO'2-f- SO2) ce nombre est nettement inférieur à la moyenne des A relatifs aux gaz séparés [— 8 x io~6 pour l'hydrogène et ( + 8 x 10-6 pour l'oxygène)]. » CHIMIE GÉNÉRALE. — Sur la décomposition de l'oxyde de carbone en pré- sence des oxydes métalliques (' ). Note de M. O. Boudouard, présentée par M. Troost. « Dans des Communications antérieures (2), j'ai étudié la décomposi- tion de l'oxyde de carbone en présence des oxydes métalliques à la tempé- rature de 445°. J'ai poursuivi ces recherches à 65o° : ce sont les résultats obtenus que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie. (') Travail fait au Collège de France, laboratoire de M. M. Le Cliatelier. (2) Comptes rendus, t. CXXVIII, p. 98 et 3oj. ( 8a3 ) » Le dispositif expérimenta] employé est le même que précédemment; j'avais la pré- caution d'envelopper les tubes de verre dans une lame de clinquant de façon à les pré- server des déformations que le verre peut prendre à la température de 65o°; ce point 65o° est en effet la limite à laquelle le verre se ramollit sans cependant fondre ni perdre la forme sous laquelle on l'a amené. Le verre employé était du verre vert, ana- logue à celui que l'on trouve couramment dans le commerce. » Les tubes sont chauffés dans un four Mermet, et la température est repérée au moyen d'un couple thermo-électrique de M. II. Le Chalelier. J'ai employé le galvano- mètre à lecture directe présenté, il y a quelque temps, à la Société de Physique, par M. Le Ghatelier. Dans cet appareil, le cadre mobile est suspendu par un fil droit de om,2o de longueur, le fil de retour étant constitué par une spirale noyée dans le fer doux de façon à maintenir sa température constante; la sensibilité est suffisante, et l'on peut faire les mesures avec une approximation de i5°. J'ai aussi utilisé le galva- nomètre à microscope, modèle Carpentier, qui donne une approximation plus grande que le précédent. » Les résultats numériques obtenus sont les suivants : i" Oxyde de fer. S minutes. 6 heures. 7 heures. ci heures. d'oxyde. CO5. CO. ru. CO. CO;. CO. CO-. CO. o , 067 3 . . . . 18,6 81,4 09,1 60 , 9 » » » » 0,0224.... 9,8 90,2 23,i 76,9 » » » » 0,0022.... 2,1 97,9 22,5 77 , 5 » » » » 20 Oxyde de nickel. 0,1 o 3 1,3 68,- 42,5 57,9 » » » » 0,0.) 6,9 93,1 27,5 72,5 » » » » 0,000 i,5 98,5 2o,o 7-5, o » » » » 3° Oxyde de cobalt. I 60,0 4o,o 0 '■< r - SQ - 5„ „ I ,J''-° :'7 >■'' o,i5 39,7 60,0 61,0 38,:) 01,0 -59,0 o , oô 33,3 66 .7 (io , 9 3g , 1 » » » » o,oo5 20,0 80,0 3g, 2 60,8 » » » » » La réaction de ilécom position fie l'oxyde de carbone est fonction du temps, et elle dépend aussi de la quantité d'oxyde métallique présent. La quantité d'acide carbonique formé croit d'une façon régulière, mais tandis qu'à 445° la décomposition de l'oxyde de carbone est totale, à G5o° elle est limitée ; les expériences faites en présence de l'oxyde de cobalt montrent que la réaction s'arrête lorsque le mélange gazeux contient 61 pour ioo de CO2 et 3o, de CO. ( 8 a4 » Remarquons de plus qu'il faut encore un temps moins long, pour arriver au terme de la réaction, avec les oxydes de cobalt et de nickel. Avec ce dernier, cependant, la réaction semble aussi moins rapide. Mais, d'après le mode de chauffage employé, il se produit des variations inévi- tables de température qui, d'une expérience à l'autre, peuvent atteindre 25°, et comme la variation de décomposition entre o et ioo pour mo se fait dans un intervalle très resserré de température, il peut y avoir des écarts notables entre des expériences censées faites à la même tempé- rature. » CHIMIE GÉNÉRALE. Sur la décomposition de l'acide carbonique en présence du charbon (' ). ftote de 1\1. O. Iîoudou.vrd, présentée par M. ïroost. « On sait qu'un courant d'acide carbonique, passant sur du charbon chauffé au rouge, dans un tube de porcelaine, lui cède la moitié de son owgène et passe à l'état (l'oxyde de carbone; on obtient ainsi un volume de gaz double de celui de l'acide employé C02-f-C = 2CO. » Cette réaction se produit toutes les fois que, dans un fourneau allumé, se trouve une couche épaisse de charbon. L'acide carbonique, formé dans la partie voisine delà grille, se décompose en passant sur le charbon rouge et donne de l'oxyde de carbone qui se dégage à la partie supérieure. Si la température est suffisamment élevée, ce gaz brûle avec la flamme bleue bien connue. » Je rappellerai que l'acide carbonique, comme auxiliaire de la gazéifi- cation, est employé dans le nouveau four Siemens, combiné pour permettre le passage des fumées sous le gazogène en telle proportion que l'on veut. Certains ingénieurs ont môme émis l'idée qu'il pourrait être avantageux d'alimenter les gazogènes avec de l'acide carbonique non emprunté aux fumées, par exemple avec celui qui se dégage d'un four à chaux (- ). » Je me suis proposé d'étudier la réaction CO- -+- C = 2CO au point de vue quantitatif, à diverses températures. Lue première série d'expériences a été faite à G5o°. 1 Travail fait au Collège de Francej laboratoire de M. 11. Le Chatelier. | E, ! >àmoi 11, Le chauffage industriel et les fours à gaz, p. » Dans les deux séries, l'allure du phénomène est la même; dans la seconde, la vitesse de réaction semble être moindre : il faut remarquer que la quantité de charbon présent est beaucoup plus petite (vingt-cinq fois). La décomposition de l'acide carbonique n'est donc pas totale; mais ce qu'il y a de particulièrement intéressant, c'est que la limite à laquelle on arrive est la même que celle trouvée en étudiant la décomposition de l'oxyde de carbone (61 pour 100 de CO2 et 3q de CO). » CHIMIE GÉNÉRALE. — Sur la dissociation de l'oxyde de mercure ('). Note de M. H. Pélabon, présentée par M. Troost. « La dissociation de l'oxyde mercurique peut être étudiée de deux façons différentes. On peut se demander quel est l'état d'équilibre auquel on arrive quand on maintient à une température fixe et pendant un temps suffisamment long un système renfermant de l'oxyde de mercure, de l'oxy- gène et du mercure liquide; et aussi comment se modifie cet état d'équi- libre quand la température prend des valeurs différentes. Ou bien on peut rechercher comment est limitée la décomposition de l'oxyde de mercure quand on ne maintient en présence de ce corps solide qu'un mélange homogène d'oxygène et de vapeur non saturée de mercure. (') Travail fait au Laboratoire de Chimie générale de la Faculté des Sciences de Lille. C. H., 189,,, 1" Semestre. (T. CXXVIII, M- 13.) I 08 ( 826 ) » Dans le premier cas la théorie thermodynamique de la dissociation indique que la tension de l'oxygène dans le système est fonction de la tem- pérature seule; elle ne dépend ni de la masse d'oxyde de mercure, ni de la masse de mercure, que le système peut contenir. » L'expérience nous a permis de vérifier ce résultat. » \ous avons maintenu à une température fixe des tubes scellés contenant de l'oxyde tir mercure et du mercure en excès. Au bout d'un certain temps, ces tubes sont refroidis brusquement de manière à saisir la composition du système à la température de l'expérience. On détermine facilement la quantité de gaz oxygène contenue dans le tube et, connaissant le volume de celui-ci, on déduit, par un calcul simple, la valeur de la pression du gaz dans le système à la température de l'expérience. Le vide était fait préalablement dans les tubes, ou bien ceux-ci étaient remplis d'oxygène sec à une pression voisine de la pression atmosphérique. » Entre 44o" et G200, limites de nos expériences, nous avons pu constater que les pressions limites de l'oxygène, exprimées en millimètres de mercure, sont très exac- tement représentées par la formule (1) \ogp— y + «logT-t- z, où les constantes ni, n et z ont les valeurs suivantes : m ■=. — 2756g, // — 07,58, z = -+- 2o3,g47> 1 • » Dans la formule (1), T représente la température absolue; les logarithmes sont les logarithmes vulgaires. « La pression de l'oxygène croît assez rapidement avec la température; à 44o° elle n'est mesurée que par quelques millimètres de mercure, à 6io° elle est égale à i24omm environ. » Dans le cas où le système étudié ne renferme plus de mercure liquide à la température de l'expérience, la tension limite de l'oxygène dépend de la valeur de la tension de vapeur du mercure. » Nous nous sommes proposé d'étudier un cas particulier, celui où l'ow - gène et la vapeur de mercure se trouvent dans le mélange en proportions équivalentes. Le tube ne renferme au début que de l'oxyde de mercure qui se décompose suivant l'équation (2) HgOC'. vol.) =Hg(2 vol.) -+-0(1 vol.) » Par le même procédé que celui qui est indiqué plus haut, nous avons pu déterminer, pour chaque valeur de la température, la tension limite de l'oxygène. Les nombres obtenus permettent de faire une vérification d'une conséquence de la théorie de In dissociation. ( «27 ) » On démontre, en effet, que, dans tous les cas, pour un système comme celui qui nous occupe, le produit de lu pression de l'oxygène par le carré de la pression de la vapeur de mercure est un nombre positif , dont la valeur dépend de la température seule ( ' ) . » Si l'on représente par - la pression de l'oxygène, par o celle de la va- peur de mercure, on peut écrire (3) *?W(T). » Appliquons cette formule, comme nous l'a indiqué M. Duhem, aux deux cas étu- diés expérimentalement. » Dans le premier cas, la tension de la vapeur de mercure est toujours égale à la tension de la vapeur saturée de ce liquide à la température de l'expérience; on aura donc : (4) />F*=/(T). » Dans le deuxième cas, d'après l'équation (2), la pression de la vapeur de mercure e^t constamment double de la pression P de l'oxygène; on peut écrire (5) PX(2P)S:=4P3=/(T). » Des équations (^) et (5), on tire la relation (6) /,F2-4P3. » Si celle relation est vérifiée, il est facile : i° de démontrer que la pression P devra s'exprimer par une équation de la forme (1) (7) !ogP=^+NlogT-t-Z; 20 de calculer les coefficients M, N et Z de cette équation. » Les valeurs de la pression P déduites de cette relation devront être celles que donne l'expérience directe. » Comme l'a montré M. J. Bertrand (2) les valeurs de la tension maxima de la vapeur de mercure sont assez exactement représentées par la relation (8) log.F=|-r-vlogT+Ç, à condition qu'on prenne pour valeurs des constantes respectivement les nombres : \i. zz — :>oio, 25, v=+ 3,88o6, ?=— 4.79892- (') P. Duhem , Traité élémentaire de Mécanique chimique, t. II, p. 33a. (-) J. Bertrand, Thermodynamique, p. 101. ( 828 ) » Prenons les logarithmes îles deux membres de L'équation (6) : logjD -+- 2 logF = log 4 -+- 3 log P, pu î^ remplaçons log/} el log F par leur valeur; nous aurons m + ap ( n + 2 v) s + ag — log^ 3 ê 3 IogP=^î^ + ^ c'est la relation (7), si l'on pose m + 2 jj. .. n + av 3-4- aÇ— log j M = .-r_ , N_ -j—, /. -— -, ce qui donne immédiatement pour M, N el Z les nombres M = 10529,8, IN = — 16,61, Z = + 64,58a4o. » La relation (7), avec ces valeurs particulières des constantes, donne pour P des valeurs qui sont à peu près celles que donne l'expérience. Voici du reste quelques nombres trouvés expérimentalement que nous plaçons en regard de ceux que l'on peut calculer au moyen de l'équation (7) : Températures. P observé. P calculé, o mm mm 5oo 985 972 520 1 392 1 4o3 58o 36io 3589 610 5i62 53o8 « La vérification de la relation (6) est suffisante si l'on tient compte des erreurs que l'on peut commettre dans la mesure de la pression du gaz et des températures supérieures à 5oo°. » M. Myers ('), qui a fait de nombreuses expériences sur la dissocia- tion de l'oxyde rouge de mercure, a cru pouvoir conclure qu'à partir de 44o° la décomposition de ce corps n'était plus limitée. Debray (-) avait donné des expériences de M. Myers une interprétation que les présentes recherches confirment pleinement. » (') Mïehs, Berichte der berliner chemischen Gesellschaft, Bd. VI, p. 11 ; 1872. (-) Debray, Comptes rendus, t. LXXVII, p. 123; 1 863. ( 8a<) ) CHIMIE ORGANIQUE. — Action des chlorures bis-diazoïques de la benzidine, de Vorlho-tolidine, de la dianisidine sur les malonales d'éthyle et. de méthyle ('). Note de M. G. Favrel, présentée par M. Friedel. « L'action de l'acide malonique sur le chlorure de bis-diazo-diphényl a déjà été étudiée par Edgard Wedekind ('-) qui, en faisant réagir ces sub- stances, a obtenu un précipité rouge impur, qu'il regarde comme étant constitué par de l'hydrure de cyclodiphényl-formazyl. » Mes essais ont porté sur l'action des éthers maloniques cités en tète de la Note sur les chlorures bis-diazoïques en suivant d'abord une méthode analogue à celle qui m'a permis de préparer déjà les dihydrazones des éthers cyanacétiques et de l'acétylacétone. On obtient ainsi, en milieu alcalin, un précipité jaune rougeàtre, insoluble dans un excèsd'alcali, qui, après dessic- cation, se décompose facilement sous l'influence d'une faible élévation de température. » En raison de cette instabilité le produit n'a pu être obtenu cristallisé et n'a pas été analysé. » Les résultats sont tout différents si l'on opère en liqueur acétique : » i8s'',4tle benzine sont additionnés de 5o'c d'acide chlorhydrique à (\o pour ioo, de joocc d'eau de glace, puis peu à peu de 20occ de nilrite de soude normale. Dans le chlorure de tétrazo-diphényl ainsi obtenu, on verse 32Sr de malonate d'éthyle. Après une vive agitation on ajoute de l'acétate de soude en excès; le mélange se trouble et laisse bientôt déposer un précipité rougeàtre qui va en augmentant avec le temps. Au bout de vingt-quatre heures la réaction est terminée et l'on a un précipité qui, lavé complètement et séché, pèse 36sr, soit un rendement de 75 pour 100. » Après deux, ou trois cristallisations dans le toluène chaud on obtient de belles lamelles jaunes fondant à i78°-i8o°, qui présentent la composition centésimale du di- phényl-dihydrazone-malonate d'éthyle qui aurait pris naissance d'après l'équation CH'Az -on co*c«h« c*ii^z/lL-c/C0'iC*w' /H -+-2IPO. OH'Az = Az - 011 _ ^\CO*C»H* (') Université de Nancy : laboratoire des travaux pratiques de Chimie de l'École supérieure de Pharmacie. (2) Edgard Wedekind, liai. Che/n., t. CCXCV, p. ôi'\. Az- -011 CO2 G* H5 H- 2 Cll- Az- -OH CO' -C2 ( 83o ) u Le corps obtenu esl insoluble clans les dissolutions aqueuses alcooliques alcalines. Par agitation avec l'alcool sodé il fournit un dérivé disodé de substitution. » En opérant de même j'ai obtenu : le diphényl-dihydrazone-malonate de mélbyle, fondant à 2 [7°-220°. » Avec le chlorure de tétrazo-ditolyl-ortbo, j'ai obtenu le ditolyl-dihydrazone-ma- lonale de méthyle 11 , / /C02CH3 CH3-C8H3- Az - ÀZ = C\C01CH!l II /CO-ai1 1 .1 1 ■ - Cc 113 — Az — Az = C^co, , ., | ; fondant à 2io°--2J2°; » Le ditolyl-dihydrazone-malonated'éthyle, fondant à i880-i<)on. » Avec le chlorure de bis-diazo-diphényl, j'ai obtenu : l'ortbo-dianisyl-dihydrazone- m atonale de méth\ le 11 / /CO'CH» G1FO - Cil3- Az - Az = C^C02Cn, H / /CO'CH3 CH30 - C';I13- Az - Az = C<^C02C||:, fondant à 268°-270u; » L'ortho-dianisyl-dihydrazone-malonale d'éthyle, fondant à 1 900-192". » CHIMIE AGRICOLE. — Recherche du mercure dans les produits des vignes Huilées avec des bouillies mercuricUes. Note de MM. Léo Vigno.v et J. Perraud. « Le sublimé corrosif ayant été récemment conseillé pour combattre les maladies eryptogamiques de la Vigne et en particulier le black rot, nous avons institué en 1898, dans le Beaujolais, des champs d'essais où nous avons expérimenté ce sel, à des doses différentes, dans le but de contrôler les effets qui lui étaient attribués. » Le mercure et ses dérivés étant considérés comme toxiques, il nous a paru intéressant de rechercher ce corps dans les produits des vignes sou- mises au traitement du black rot par les bouillies mercurielles. Sa pré- sence dans le vin, en quantité notable, serait évidemment un obstacle absolu à son emploi en viticulture, quelle que soit d'ailleurs la puissance de son action contre les maladies de la Vigne. ( 83i ) » Nous avons recherché le mercure dans le vin de tire, le vin de presse, la lie, le marc et, dans un cas, sur le raisin même, provenant de vignes traitées avec les bouillies suivantes : » I. Sulfate de cuivre : aks ; chaux grasse : 2k§; sublimé : ioo"1"; eau : ioolil. » II. Sulfate de cuivre : 2ks; chaux grasse : 2k«; sublimé : 5osr; eau : ioom. » III. Sublimé : 5osr; amidon : 5oosr (comme fixateur); eau : ioo1". » Le procédé d'analyse que nous avons suivi est celui qui a été indiqué récemment par M. Barillot et l'un de nous ( ' ) ; nous le résumerons briè- vement. » Baisins. — Les raisins ont été d'abord lavés deux ou trois fois par de l'eau dis- tillée, en quantité suffisante pour les baigner, en s'aidant au besoin d'une brosse douce, pour dissoudre les combinaisons métalliques solubles. Une heure de digestion chaque fois, puis deux fois avec une solution aqueuse à 10 pour ioo d'eau régale en quantité suffisante pour baigner, oxydant et solubilisant les métaux sous forme inso- luble. Douze heures de digestion chaque fois. « Vins. — Les vins ont été filtrés pour en séparer la lie. » Lies. — Les lies séparées du vin clair ont été traitées par l'eau régale à 10 pour ioo. » Marcs. — Les marcs ont été d'abord lavés deux ou trois fois à l'eau distillée, puis par l'eau régale à 10 pour ioo, dans les mêmes conditions que les raisins. » Les liqueurs aqueuses et les vins clairs ont été ensuite acidulés par i pour ioo d'eau régale et les liqueurs acides saturées à -^ de leur acide par NaOH avant leur précipitation par H2 S. » Le Tableau qui suit donne en milligrammes les poids de mercure trouvés : Bouillie I. Mercure total (Hg) par litre. mgr Vin de tire o Lie du vin de tire (provenant d'un litre) 0,6 Vin de presse o . 3 Lie du vin de presse (provenant d'un litre) 0,6 Mercure soluble (Hg) par kilogramme. Marc traces, moins de oœsr,37 insoluble ( Hg ) par kilogramme. 2mSr,0Ô (') Léo Vignon et Barillot, Dosage du cuivre et du mercure dans les raisins, les vins, les lies et les marcs (Comptes rendus, 6 mars 189g). ( 832 ) Bouillie II. Mercure total (Hg) par litre. O \ in de tire Lie du vin de tire (provenant d'un litre). o \ in de presse traces, moins de o,3 lie du vin de presse (provenant d'un litre), traces, moins de o,3 Mercure soluble (Hg) insoluble (Hg) par kilogramme. par kilogramme. Marc traces, moins de om8r, 3 irosr,3 Boni l lie III. Mercure total (Kg) par litre. Vin de tire traces Lie du vin de tire (provenant d'un litre) in,sr, 53 Mercure soluble (Hg) insoluble ( llg) par kilogramme, par kilogramme. Raisins traces 2msr, 62 » Ces analyses montrent que les produits de la fermentation des raisins traités aux bouillies mercurielles, aux doses données, ne renferment que des quantités minimes de mercure et qu'ils peuvent être, en conséquence, livrés sans danger à la consommation. » Si, au point de vue de l'hygiène, l'utilisation du bichlorure de mer- cure pour le traitement des maladies de la Vigne ne parait pas offrir d'incon- vénients sérieux, il n'en est pas de même si l'on considère son action sur la végétation de la plante : sans entrer ici dans le détail des observations que nous avons pu faire à ce sujet, qu'il nous soit permis de dire que cette action a été néfaste dans nos expériences et que cette considération seule doit suffire pour faire rejeter l'emploi du sublimé corrosif comme traite- ment des maladies de la Vigne. » M. Bertiielot présente, au sujet de la Communication de MM. L. Vignon et J. Perraud, les remarques suivantes : « La conclusion finale de cette Note, relative à l'influence néfaste des sels mercuriels dans la culture de la Vigne, est sage. Mais on doit faire ( 833 ) toutes réserves, à mon avis, en ce qui touche leur influence hvgiénique sur le vin et sur les raisins, en raison de la présence que les auteurs ont constatée de doses sensibles de njercure dans le vin de presse, et de pro- portions plus notables dans les raisins. Les effets de ces petites quantités de mercure dans des produits alimentaires, susceptibles d'une consomma- tion journalière et prolongée, doivent être tenus pour suspects et périlleux, aussi bien que ceux de toutes matières toxiques administrées à faible dose d'une façon continue. » CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Toxalbumine retirée de la chair d' anguille de rivière. Note de M. Elophe Bénecii, présentée par M. Arm. Gautier ('). « Depuis la découverte de la toxicité du sang d'anguille par A. Mosso, en 1888, beaucoup de savants ont étudié cette question (2). Il était naturel de se demander si les autres tissus de l'anguille de rivière ne contiendraient pas aussi quelque principe toxique analogue à celui de son plasma sanguin. Voici la série d'expériences que nous avons faites pour éclaircir ce point. » On saigne avec soin l'anguille, en lui coupant la tète en avant dn cœur; on lui enlève la peau; on la vide en séparant avec précaution les organes et vaisseaux, abdo- minaux. Puis, par deux incisions longitudinales faites à la région dorsale, on détache la chair des deux côtés de l'arête. On a ainsi deux filets d'une blancheur mate qu'on lave encore par excès de précaution pour enlever toute trace de sang. » Ainsi préparée, la chair de l'animal est finement broyée dans un moulin puis com- plètement écrasée dans un mortier avec du sable. Ce temps de l'opération est très important pour le rendement. On ajoute alors à la masse une quantité d'eau égale au poids initial de la chair traitée. On prolonge le contact pendant vingt heures en lieu froid, en ayant soin d'agiter de temps en temps. On soumet alors à la centri- fugeuse; on décante la liqueur claire, on filtre, et l'on a un premier liquide A, rosé par transparence, mais qui reste toujours un peu louche malgré les filtrations succes- sives. On peut constater déjà qu'il contient un principe toxique, car, injecté à la dose de i5tr dans la veine marginale de l'oreille d'un lapin, celui-ci meurt quelques jours après. « Le liquide A, décanté après centrifugation, il reste un résidu très abondant B. On (') Travail fait au laboratoire de M. le professeur Arm. Gautier. (2) On trouvera l'historique complet de leurs travaux dans la récente publication de MM. Gley et Camus (Archives internationales de Pharmacodynamie, vol. V, fasc. III et IV). C. R., 1899, 1" Semestre. (T. CXXVIII, N° 13.) I 09 ( «34 ) le soumet pendant douze heures à un courant d'eau pour enlever tous les principes solubles, puis, successivement, on en retire les globulines, solubles dans une solution de NaCI à 6 pour ioo, les syntonines chlorhydriques obtenues avec une solution de I1C1 à o,33 pour 1000; enfin, les nucléo-albumines , solubles dans le carbonate de soude étendu. « Aucun de ces principes n'est toxique. » Reprenons, au contraire, la solution A, et ajoutons-lui un grand excès de sulfate d'ammoniaque sans arriver toutefois à la saturation. Il se forme un précipité qu'on sépare par centrifugation. On le reprend par le minimum d'eau distillée et l'on dialyse. On obtient ainsi une solution qui, filtrée, est parfaitement limpide, de couleur rappelant celle du bouillon clair, légèrement fluorescente avec des reflets bleuâtres. Elle est neutre ou à peine acidulé au tournesol. Voici ses principales réactions : » Avec le sulfate d'ammoniaque à saturation, précipité abondant; avec NaCI, pré- cipité plus faible; avec SO'Mg, pas de précipité. Les acides acétique, chlorhydrique, sulfurique, azotique donnent un léger trouble, mais un excès le redissout. Les bases n'ont aucune action; par contre, le précipité dû aux acides se redissout immédiate- ment quand on ajoute une quantité suffisante de base, d'ammoniaque en particulier. L'alcool forme un coagulum abondant. La liqueur primitive donne facilement à froid la réaction du biuret. Elle précipite parles réactifs de Tanret, d'Esbacb, de Méhujpar le tannin, par PtCl\ Elle donne la réaction de Millon. » Desséchée à froid dans le vide, la solution abandonne une poudre blanc jaunâtre, de saveur désagréable et d'arrière-goùt acre. » L'analyse élémentaire d'un échantillon séché à no° et bien dialyse a donné la composition centésimale suivante : I. C = 5o,3i; H = 7,g5; Az = i5,6o; II. C=5o,o4; H = 7,8i; Az = i6,6i. » Cette albumine ne contient ni phosphore, ni manganèse; on y trouve des traces de fer. » Une anguille du poids de 6oosr en fournit en moyenne 2Sr à 2Sr, 5o. » Cette albumine est toxique. — On en prend o6r,2o qu'on dissout dans 4occ d'une solution physiologique de NaCI. La solution est très légèrement acide; elle est opa- lescente. » On en injecte 8CC dans la veine marginale de l'oreille d'un lapin du poids de 2ks,2io. L'injection n'est pas douloureuse. Détaché, l'animal ne présente d'abord rien de par- ticulier; mais, quelques minutes après, les symptômes d'intoxication apparaissent. L'animal se replie sur lui-même et mâchonne. Pa^ reçoit sous la peau du flanc droit 1", 5 du liquide extrait du fragment pancréatique 1 et, sous la peau du flanc gauche, o™, 20 de toxine diphtérique diluée et filtrée, représen- tant une dose mortelle. — A un cobaye b on injecte, à droite, icr,5 de l'extrait du fragment 2 et, de même, occ, 25 de cette toxine à gauche. — Chez un cobaye c, on fait pénétrer, d'un côté, icc,5d'eau physiologique à 7 pour 1000 de NaCI, de l'autre, occ, 20 de ce poison du bacille de Loffler. — Enfin, à un cobaye d, on administre simplement occ, 25 de ce poison. » Le cobaye b meurt le premier, le 10 mars, probablement sous l'influence des sécrétions diastasiques qui, en dehors d'une lésion locale, d'une sorte d'escarre, consé- quence de la digestion des tissus, ont engendré un léger empoisonnement. » Les cobayes c et d périssent le 1 1 ; le cobaye a, le 12. )> 11 est donc manifeste qu'on ne saurait invoquer un processus anti- toxique. M C. R., 1899, 1" Semestre. T. CXXVIII, N- 13.) ' '» ( H* ) PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — La mort par les courants électriques (cou- rant continu). Note de MM. J.-L. Prévost et F. Battelli, présentée par M. A. Bouchard. « Dans une Note présentée le i3 mars 1899, nous avons résumé les résultats que nous a fournis l'étude de l'action des courants alternatifs sur diverses espèces animales (chien, cochon d'Inde, lapin, rat). Depuis lors nous avons continué ces recherches en expérimentant l'effet des courants continus sur les mêmes espèces animales. » Ce sont ces expériences qui forment le sujet de la présente Note. » Nous nous sommes servis du courant continu qui sert à la distribution de l'énergie électrique dans la ville de Genève. Le pôle positif est repré- senté par le fil distributeur, le pôle négatif est constitué par le sol. Entre les deux pôles, il existe une différence de potentiel de 55o volts. Pour diminuer ce voltage, nous avons employé un rhéostat à spirale, sur lequel on prenait en dérivation le courant à tension abaissée. Les autres dispositifs des expériences étaient les mêmes que nous avions employés précédem- ment. En général l'électrode positive était placée dans la bouche, la néga- tive sur les cuisses bien rasées et dans le rectum. w Le mécanisme de la mort par les courants continus est semblable dans ses grandes lignes à celui que l'on constate avec les courants al ternatifs ; toutefois on peut signaler plusieurs notables différences. » Les chiens meurent par paralysie du cœur avec des tensions relative- ment basses (5o à 70 volts), tandis que la respiration continue encore pen- dant plusieurs minutes. Les ventricules présentent les trémulations fibril- laires dont nous avons parlé dans notre précédente Communication, les oreillettes continuant à battre. Il est, par conséquent, inutile en pareille circonstance de pratiquer la respiration artificielle. » Avec les voltages les plus élevés dont nous disposions (55o volts) le cœur est arrêté par une seule secousse ( fermeture et rupture), la respira- tion est suspendue pendant plusieurs secondes, puis elle reprend, mais faible et superficielle et ne tarde pas à s'arrêter. » Pour provoquer les trémulations fibrillaires des ventricules avec un courant continu, il faut une tension d'au moins 5o à 70 volts, les électrodes étant placées dans la bouche, dans lerectum et sur les cuisses, tandis qu'une ( 843 ) tension de 10 volts suffit avec le courant alternatif. Mais tandis qu'avec le courant alternatif la durée du contact doit être au minimum d'une se- conde, avec le courant continu une seule secousse (savoir le temps néces- saire pour fermer et ouvrir le courant, soit environ un dixième de seconde) suffit pour obtenir ce résultat. » Chez les cochons d'Inde le cœur peut aussi être mis en trémulations fibrillaires. Pour produire ce phénomène il faut un courant d'une tension d'environ ioo volts; mais la paralysie du cœur produite par le courant con- tinu paraît être moins définitive qu'avec le courant alternatif. Assez souvent le cœur se remet à battre après avoir présenté des trémulations fibrillaires; mais, dans d'autres cas, le cœur s'arrête définitivement surtout si le voltage n'est pas trop élevé. Une tension de 200 à 3oo volts paraît être la plus fa- vorable pour arrêter le cœur. Il est bien rare, au contraire, que le cœur soit paralysé par un voltage de 55o volts. » Chez le lapin, l'état fibrillaire du cœur n'est généralement que mo- mentané, aussi l'animal ne meurt que rarement à la suite de l'arrêt du cœur. Chez lui, l'arrêt de la respiration ne fut que momentané avec l'em- ploi des plus hauts voltages dont nous disposions (55o volts). Les lapins soumis à ces courants pendant plusieurs secondes se sont remis après une phase plus ou moins longue d'affaissement général. » Chez les rais, le cœur ne peut être mis en trémulations fibrillaires durables. Avec des voltages de 4oo à 55o volts, nous avons constaté l'arrêt des contractions des oreillettes pendant une à deux minutes, tandis que les ventricules continuaient à battre. « Chez tous ces animaux la sensibilité paraît être plus fortement atteinte par les courants continus que par les courants alternatifs. » Il en est de même de la respiration : ainsi avec une tension de 55o volts et avec un contact d'une seconde le cochon d'Inde et le rat meurent par paralysie de la respiration, le lapin présente une respiration très faible, mais qui se rétablit peu à peu; le chien n'exécute que quelques faibles inspirations qui s'arrêtent bientôt car le cœur est chez lui irrévocablement paralysé. » Dans une Communication faite à l'Académie des Sciences (4 avril 1 887) M. d'Arsonval a affirmé que les courants continus ne sont dangereux que par l'extra-courant de rupture. Or les courants que nous avons employés ne présentent qu'un faible extra-courant de rupture, notre circuit étant en dérivation sur le courant principal. \ (S44 ) » Pour étudier l'influence que peuvent offrir les secousses de fermeture et de rupture des courants continus, nous avons employé un rhéostat liquide offrant une résistance de zéro à i5ooo ohms. » Ce rhéostat était placé dans le circuit de l'animal et permettait d'aug- menter ou de diminuer à volonté la résistance. Nous pouvions ainsi sup- primer presque complètement les secousses de fermeture et de rupture. Nous avons obtenu les résultats suivants : » La respiration et la sensibilité se comportent de même qu'il y ail ou non des secousses de fermeture et de rupture. » Les convulsions sont, au contraire, surtout provoquées par la secousse de rupture. » Quant au cœur les trémulations fibrillaires peuvent survenir sans que le circuit soit fermé ou ouvert brusquement. En voici un exemple : » Chez un cochon d'Inde anesthésié par l'éther, on met à nu le cœur, en pratiquant la respiration artificielle. Les électrodes sont placées dans la bouche et sur les cuisses rasées. On introduit dans le circuit une grande résistance et l'on fait passer le cou- rant. Le cœur continue à battre. » On enlève peu à peu la résistance : il arrive un moment où les ventricules cessent débattre en offrant des trémulations fibrillaires. » Si l'on introduit alors peu à peu la résistance, le cœur reste paralysé et l'animal meurt malgré la respiration artificielle. » Si, au contraire, dans une expérience, disposée de la même manière, on rompt brusquement le circuit, sans introduire la résistance, les ventricules reprennent sou- vent leur rythme normal, quand toutefois le voltage est suffisamment élevé (par exemple 46o volts). » C'est là un fait analogue à celui que nous avons constaté avec les cou- rants alternatifs, savoir qu'une excitation violente peut faire cesser les trémulations fibrillaires du cœur. » Chez les chiens, nous n'avons pas pu ranimer le cœur par un courant continu. Il est possible que la cause en soit dans le fait que le voltage de 55o volts n'offrait pas une tension suffisante pour arriver à ce but. » L'examen des tracés de la pression artérielle semble incliquer l'ab- sence d'une excitation vaso-motrice que produisent, au contraire, les cou- rants alternatifs. » ( «45 ) ANATOMIE ANIMALE. — Recherches sur les terminaisons nerveuses sensitives dans les muscles striés volontaires ('). Note de M. D. Poloumordwinoff, présentée par M. Ranvier. « D'après ce qui est connu relativement à l'innervation du tissu muscu- laire, les muscles striés volontaires seraient dépourvus des appareils ter- minaux sensitifs; tous les phénomènes de la sensibilité des muscles, soit le sens musculaire, soit les sensations douloureuses, trouveraient leur expli- cation dans la présence de terminaisons nerveuses spéciales dans les tendons, fascies, tissu interstitiel des muscles, en un mot, dans le tissu conjonctif exposé à l'influence mécanique de la part des muscles à l'état de contraction. » En étudiant les muscles striés ordinaires des Torpilles, j'ai trouvé des terminaisons particulières qui, ni par la forme, ni par leur structure, ni par les dimensions, ne ressemblaient aux terminaisons motrices. C'est ce qui m'a décidé à soumettre à l'examen histologique les muscles de différents animaux, et à déterminer le caractère de ces appareils, au moyen de la section des racines de la moelle épinière. » Chez tous les animaux que j'ai examinés : Raia clavata et R. mosaïca, Frigon vulgaris, grenouille, lapin, cochon d'Inde, j'ai pu voir des appareils terminaux analogues et même, dans certains cas, identiques à ceux des Torpilles. Suivant les espèces animales, ces terminaisons présentent quelques variations et peuvent être réduites à trois types principaux. » 1. Chez les Torpilles, l'appareil terminal consiste en un grand nombre de fibrilles nerveuses, extrêmement fines, variqueuses, qui se disposent en forme de pinceau sur le sarcolemme de la fibre musculaire; chaque fibrille, après une série de ramifications dichotomiques, se termine par un petit renflement qui ne surpasse pas par la grosseur les varicosités de la fibrille elle-même. Les nerfs auxquels appartiennent les terminaisons sont toujours les fibres nerveuses à myéline très larges; elles se divisent plusieurs fois avant de donner deux-trois branches terminales. La largeur et les rami- fications successives rendent leur aspect tellement caractéristique que, ne voyant dans le microscope que ces fibres nerveuses, on peut être sûr de trouver, en suivant leur trajet, les terminaisons en question. La gaine de (') Travail de la Station zoologique (r\rcachon. ( 846 ) Henle enveloppe l'appareil terminal et plus loin se confond avec le sar- colemme. » Grâce à leurs dimensions considérables, ces terminaisons sont nette- ment visibles à l'œil nu sur les préparations bien colorées. » 2. Chez les Grenouilles, nous avons des appareils terminaux plus com- pliqués. Ce ne sont pas les muscles du type ordinaire qui se lient avec les terminaisons dont il s'agit, mais toujours les fibres musculaires plus courtes et plus minces, dépourvues.de tendons, et connues sous le nom de fuseaux musculaires . On pourrait distinguer plusieurs formes de terminai- sons; celles-ci étant peu essentielles, je me contenterai d'en décrire une, qu'on observe le plus souvent. Un gros nerf à myéline, ayant atteint un petit groupe de fuseaux musculaires (3-5), se divise et se subdivise; les branches perdent la gaine de myéline et donnent les arborisations ter- minales sur le sarcolemme des fuseaux musculaires; chaque terminaison se compose de fibrilles variqueuses très minces, à ramifications dichoto- miques se dirigeant le long des fuseaux. Tous les fuseaux constituant le groupe sont enveloppés en masse, dans leurs parties qui sont munies des terminaisons nerveuses, par une membrane-gaine de Henle de la fibre nerveuse. » 3. Tout ce qui vient d'être dit relativement aux fuseaux musculaires, au nerf, à la membrane, on pourrait le répéter en décrivant les appareils terminaux chez les Mammifères ; il n'en est pas de même de l'arborisation terminale; il existe ici une particularité qui donne aux terminaisons ner- veuses une apparence extrêmement caractéristique : certaines fibrilles s'élargissent en forme de rubans et entourent les fuseaux par des tours en spirale; le reste des fibrilles se termine chacune par un bouton aplati, atteignant quelquefois des dimensions considérables. » En ce qui concerne le rôle physiologique de ces terminaisons, la sec- tion des racines antérieures et postérieures chez une grenouille a montré que ce sont des appareils terminaux sensitifs. La méthode dont je me suis servi est la coloration in vivo par bleu de méthylène. » PATHOLOGIE VÉGÉTALE. — Le Botrvtis cinerea et la maladie de la Toile. J Note de M. Beauverie, présentée par M. Ph. Van Tieghem. « L'affection parasitaire des végétaux appelée la Toile par les horticul- teurs est très connue de ceux-ci par les dégâts considérables qu'elle cause ( *4? ) dans les serres à semis et à multiplication. Elle est formée par les filaments mycéliens d'un champignon qui s'étendent sur le sol à la façon d'une toile d'araignée et pénètrent assez profondément entre les particules de terre. Ce mycélium détruit les semis et les boutures en les coupant au niveau du sol; il ne présente jamais de fructifications, mais le végétal sectionné ne tarde pas à se couvrir de moisissures diverses. » Quelques auteurs (') se sont occupés de cette maladie. MM. Prillieux et Delacroix attribuent la Toile au Botrytis cinerea qui apparaît, en effet, sur le végétal après sa chute sur le sol, mais on sait combien est répandue la forme conidienne du Peziza (Sclerotinia) Fuckeliana et avec quelle faci- lité elle se développe en saprophyte sur les végétaux en décomposition. Antérieurement, M. Mangin avait formulé la même opinion que MM. Pril- lieux et Delacroix en émettant des doutes sur la nature spécifique du Botrytis mis en jeu. On a, d'autre part, attribué les ravages de la Toile à Y Acrostalagmus albus; nous avons rencontré plusieurs fois cette Mucé- dinée sur des cultures âgées de Botrytis, mais il nous a été facile de nous convaincre qu'elle vit au dépens de la Toile sans continuité réelle avec elle. » Il y a deux ans, M. R. Gérard, professeur à la Faculté des Sciences et directeur du Jardin botanique de la ville de Lyon, nous conseilla d'étudier cette maladie. Nous avons cultivé depuis cette époque le mycélium en question en réalisant les conditions les plus variées d'humidité, de tem- pérature, d'éclairage et de substratum, sans obtenir jamais de fructifica- tions. Nous observions seulement quelques modifications dans la forme et les dimensions des cellules et, en cultures sur milieux solides, d'énormes masses de stroma condensé. Nous avons alors essayé de vérifier l'identifi- cation faite par MM. Mangin, Prillieux et Delacroix en partant du Botrytis cinerea et nous avons réussi. » Du Botrytis' cinerea authentique, cultivé sur carotte dans une atmosphère saturée d'humidité et dans une étuve à température constante vers 33°, comrryence à se déformer dès la cinquième culture, présentant à ce moment une véritable variation désordonnée. A côté de têtes fructifères normales, on en voit dont les spores sont allongées et quelquefois cloisonnées, mais dont l'aspect rappelle encore la forme pri- mitive; d'autres têtes fertiles se hérissent de filaments courts encore, présentant à (') Mangin, Sur la Toile, affection parasitaire de certains végétaux (Bull, de la Soc. de Biologie, mars iSo.4, et Comptes rendus, avril 1894). — Prillieux et De- lacroix, Comptes rendus, avril 1894. — R. Gérard, Journal de la Soc. d'Hort. pra- tique du Rhône, p. 98 et 108; 1897. ( 8/48 ) leur base un ronflemenl qui indique que la spore a subi une sorte de germination sur place; d'autres tètes portent des filaments beaucoup plus longs et cloisonnés sans trace de renflement basilaire; déjà alors, mais surtout chez les généra lions ultérieures, on voit les éléments de ces têtes s'allonger, si bien qu'on ne reconnaît plus la position des appareils fructifères que par l'abondance plus grande des ramifications en certains points. Ces cultures ont un aspect floconneux, les filaments se dressant plus ou moins dans l'atmosphère. » Nous avons réalisé la même transformation sur terre humide, en boîtes de Pétri placées dans les conditions sus-énoncées; le passage, bien plus complet ici que sur carotte, était opéré dès la culture en deuxième boite, c'est-à-dire quatre ou cinq jours après l'ensemencement. Nous obtenions, dans ces conditions, un mycélium rampant aranéeux et complètement stérile, identique à la Toile. Si la terre, au lieu d'être imbibée d'eau, est arrosée avec la liqueur de Raulin, il se forme un mycélium, géné- ralement stérile et floconneux, semblable à celui obtenu sur carotte. » Nous avons vérifié que cette Toile expérimentale produit les mêmes effets des- tructeurs que la Toile ordinaire. Ensemencée sur pomme de terre, elle s'y développe avec l'aspect caractéristique des cultures de Toile authentique et reste stérile. » La forme conidienne saprophyte du Botrytis cinerea se transforme donc, dans des conditions déterminées, en une forme stérile parasite. Cette der- nière forme, obtenue sur terre humide, semble se fixer et son retour à la forme primitive devenir très difficile. Nous continuons nos recherches sur ce point, qui nous paraît présenter un certain intérêt au point de vue bio- logique. » Les conditions les plus favorables au développement de la forme stérile du Botrytis sont : une température élevée, ayant son optimum vers 3o° à 35°, et un état hygrométrique voisin de la saturation, car le dévelop- pement se ralentit beaucoup et brusquement pour une fraction de satura- tion inférieure à 0,90. La lumière nous paraît avoir peu d'influence. Re- marquons que ces conditions favorables sont réalisées au plus haut degré dans les serres à multiplication et sous les châssis de culture. » La connaissance de la transformation de la forme conidienne du Bo- trytis cinerea en forme Toile permet d'établir la prophylaxie de la maladie. Le terreau employé en horticulture, chargé de détritus végétaux renfer- mant du Botrytis cinerea, est le principal agent d'infection; ce sera une ex- cellente chose, pouvant prévenir de nombreux cas de Toile, de l'ébouillan- ter avant d'en faire usage ; de veiller, de plus, à la propreté des serres et engins quelconques et d'enlever immédiatement tout végétal tendant à se décomposer. Les succès obtenus par M. Opoix(') aux serres du Luxem- M. ' >POIX, Communication à la Société d'Horticulture de France, le 1 1 mars 1897. ( 849 ) bourg, pendant une expérience de six années, dans laquelle il ne faisait usage que de terreaux stérilisés employés dans des installations dont la bonne tenue est notoire, est pour nous un garant de l'efficacité du procédé que nous préconisons. » Nous ajouterons, néanmoins, qu'en vertu même des résultats de nos expériences, si les soins d'une méticuleuse propreté ne sont pas rigoureu- sement observés, le dangereux parasite pourra, par ensemencement de spores, faire sa réapparition quatre ou cinq jours après la stérilisation. Les sels de cuivre doivent alors êlre appliqués aux cultures; ils réussissent très bien. La liqueur la plus convenable est une solution de 2gr de sulfate additionnée de igr, 5o d'ammoniaque liquide à 220. » PÉTROGRAPHIE. — Sur une tachylyte du fond de i Atlantique nord. Note de M. P. Termier, présentée par M. Michel Lévy. « J'ai reçu de M. Holfeld, ingénieur de la Compagnie française des Câbles télégraphiques, par l'intermédiaire de M. de Nerville, ingénieur des Télégraphes, quelques esquilles d'une roche arrachée au fond de l'Atlan- tique, à une profondeur d'environ 1700 brasses (3ioom) et en un point défini par les coordonnées suivantes : Latitude nord 47° o' Longitude à l'ouest de Paris 2g°4o' » L'échantillon ayant été rapporté par un grappin, à la suite d'un dra- gage, les données ci-dessus ne sont qu'approximatives. L'erreur sur la po- sition peut atteindre une dizaine de milles; l'erreur sur la profondeur, 100 ou 200 brasses. Le dragage en question avait pour objet le relèvement d'un câble télégraphique (campagne de 1898). » Cette région de l'Atlantique est très remarquable. Le fond de la mer y présente les caractères d'un pays montagneux, avec de hauts sommets, des pentes roides et des vallées profondes. Les sommets sont rocheux et il n'y a de vases que dans le fond des vallées. Le grappin, en parcourant cette surface très tourmentée, se prenait constamment dans des roches à pointes dures et à arêtes vives; il revenait presque toujours brisé ou tordu , et les portions rapportées offraient de profondes stries et des traces de violente et rapide usure. A plusieurs reprises, on a trouvé entre les dents du grappin de petites esquilles minérales, ayant l'aspect d'éclats récemment C. R., :8p9, i« Semestre. (T. CXXVIII, N" 13.) I I 1 ( 85o ) brisés. Toutes ces esquilles appartiennent au même genre de roches. L'avis unanime des ingénieurs qui assistaient au dragage est que les éclats en question ont été détachés d'une roche nue, d'un véritable affleurement, par le choc du grappin. D'ailleurs, la région où le dragage a eu lieu est précisément celle où les sondages ont révélé les plus hauts sommets sous- marins et l'absence presque complète de vases ('). » Les esquilles, ainsi arrachées à des affleurements rocheux du fond de l'Atlantique, qui m'ont été remises, sont d'une tachylyle fort intéressante. » La densité, prise à 200, a été trouvée égale à 2,78/1. L'aspect est celui d'une obsidienne, mais l'opacité est presque complète, et la cassure est beaucoup moins éclatante que celle des obsidiennes proprement dites. » Les esquilles étaient trop petites et trop peu nombreuses pour que je pusse faire l'analyse chimique complète de la roche. Mais l'analyse micro- graphique, rapprochée de la densité ci-dessus, ne laisse aucun doute sur la détermination. Vu microscope (préparation de omm,o3 d'épaisseur) la roche apparaît comme for- mée d'un verre brun clair, isotrope, renfermant çà et là de petits cristaux d'une di- vine limpide, et, en beaucoup plus grande abondance, des paquets de tricliites noirs. Autour des cristaux d'olivine, et autour des paquets trichitiques, le verre est devenu plus foncé (brun noir), polychroïque et biréfringent. » Les cristaux d'olivine sont des prismes g3 (210), avec les pinacoïdes g' (oio) et p (ooi) et des dômes indéterminables. Les plus gros ont à peine omm, 1 de longueur. Quelques-uns contiennent des inclusions vitreuses, d'un verre coloré, qui semble identique au verre de la roche. Il y a quelquefois des bulles gazeuses dans ces inclu- sions vitreuses. » Les trichites se sont formés soit autour des cristaux d'olivine, soit autour de globules arrondis, d'un brun foncé, qui dépolarisent faiblement, soit enfin en plein verre. Ils sont nettement rectilignes. Leur dimension n'excède pas ^ de millimètre. Us se groupent eu faisceaux parallèles, ou encore en réseaux parallélépipédiques dont les angles plans fondamentaux semblent être 6o° et 1200. Ces trichites, capillaires et rectilignes, sont opaques et noirs. Leur nature m'est inconnue. J'ignore de même la nature des globules brun foncé d'où ils divergent parfois. Peut-être ces globules ne sont-ils que des paquets trichitiques arrondis : leur dimension va à ^ de millimètre. » Ce qui est curieux, c'est la transformation du verre autour des cristaux d'olivine et autour des paquets de trichites. Celte transformation est analogue à la naissance des auréoles polychroïques du mica noir et de la cordiérite. Le verre prend une cou- leur plus intense, et il perd son isotropie pour obéir à la loi de l'ellipsoïde : il est biaxe, avec une biréfringence à peu près constante, qui parait être voisine de o,oi5; et il est polychroïque. La tonne de Yauréole est grossièrement semblable à celle du cristal (') Renseignements communiqués par MM. de Nerville et Holfeld. ( 85!) d'olivine, ou à celle de l'enveloppe extérieure du paquet trachitique. La dimension de l'auréole (') peut atteindre -^ de millimètre. De même que dans les auréoles poly- chroïques du mica noir et de la cordiérite, le contour extérieur de ces auréoles de verre modifié est absolument net: la chute de biréfringence est brusque et complète entre l'auréole et le verre ambiant. » Les auréoles sont d'ailleurs les mêmes autour des cristaux d'olivine et autour des paquets trichitiques. Quand les trichites sont disposés en réseaux, les mailles de ce> réseaux sont remplis de la substance même de l'auréole. » Le verre ambiant est très homogène, absolument isotrope. Il ne renferme que quelques inclusions gazeuses. » Tous ces caractères sont ceux d'une tachylyte, c'est-à-dire d'un verre basaltique. La grande densité et l'abondance des cristaux d'olivine indi- quent une forte basicité. » Le fait que le fond de l'Atlantique, sur une ligne allant des Açores à l'Islande, et à 5oo milles environ des Açores, est constitué par des roches éruptives, ce fait est déjà intéressant. » Mais il est bien curieux que les roches en question soient des verres, alors que la profondeur est de 3ooom environ. Il est vrai que l'on peut invoquer, pour expliquer cette apparente anomalie, un affaissement, après l'éruption, du fond de l'Atlantique. » PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur les ascensions de ballons-sondes du i\ mars. Note de M. Léon Teisserexc de Bout, communiquée par M. Bou- quet de la Grye. « Trois ballons-sondes ont été lancés par les soins de l'observatoire de Météorologie dynamique dans la matinée du il\ mars. L'un d'une centaine de mètres cubes, qui a été lancé par mon collaborateur M. Raymond, est parti de Trappes à 8h3om du matin par temps clair avec vent de nord-ouest faible. Il est tombé auprès de Trêves en Prusse rhénane, c'est-à-dire dans la direction est-nord-est ; les instruments ne sont pas encore revenus. Un autre, de petit volume, a été lancé de Bort, aux environs de Limoges, à 9h27m du matin par ciel nuageux (cumulus), vent nord-nord-ouest modéré ( ') Comptée à partir du bord extérieur du cristal central, ou du paquet trichitique central. ( 852 avec petits grains de neige intermittents. Il est tombé à Péroles (Xorrèze) après un parcours de 5c)km ayant atteint l'altitude de 86oom environ et une température de \ \'\o (au sol il y avait -+- o°, 3 » Afin de déterminer l'influence que peuvent avoir les ravons du soleil sur les températures indiquées par les enregistreurs nous avons eu soin de lancer de Trappes, avant le lever du soleil, à 3h-4j,u du matin, un autre ballon-sonde muni d'instruments analogues à ceux portés par les deux autres. Ce dernier est tombé à Meix-Saint-Époin (Marne) à 1 2 ikm de Trappes à l'est 4° ou 5° sud. La température minima atteinte a été de 52° au-dessous de zéro à une hauteur d'environ 86oom, la température du sol étant de -3°. » La séance est levée à 4 heures trois quarts. J. B. W 13. TABLE DES ARTICLES. (Séance du 27 mars 1899.) MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. Pages. M. le Président annonce à l'Académie que, en raison des fêtes de Piques, la séance du lundi 3 a\ril sera remise au mardi }. 753 M. Ed. Bornet. Notice sur M. Charles IVaudin 7 "> •'■ M. Albert Gaudry annonce à l'Académie la mort de M. Marsh, Correspondant de . la Section de Minéralogie,-et fait un court exposé de ses travaux 768 M. le Secrétaire perpétuel annonce à I' \c.i- démie la mort de AI. G. -H. U iedemann. Correspondant de la Section de Physique. 759 M. Mascart. — Notice sur M. Wiedemann. 759 M. G. DARBOUX — Sur la déformation des surfaces du second degré 760 M. I. P>oussinesq. — De l'effet produit, sur le mouvement d'inclinaison d'une bi- Pages. cycletle en marche, par les déplacements latéraux que s'imprime le cavalier 766 Al. Henri Becquerel. Note mu- quelques propriétés du rayonnement de l'uraniura et des corps radio-actifs 771 MAI. Berthelot et Vieille. — Sur l'apti- tude explosive de l'acétylène mélangé à des gaz inertes 777 M. Henri AIoissan. — Préparation et pro- priétés du phosphure de calcium cristal- lin 787 AI. \. DlTTE. — Sur les propriétés elles applications de l'alu minium 793 M. G. Rayet. — Observations de la comète Swift ( 1899, a), faites, au grand équato- rial de l'observatoire de Bordeaux, par AIA1 . G. Rayet el F. Courtj 799 NOMINATIONS. Commission chargée de présenter une ques tion de grand prix des Sciences physiques (prix du Budget) pour l'année 1901 : MM. Mi/ne-Edwards, Bornet, Van Tie- ghem, Fricdcl. Perrier 800 Commission chargée de présenter une ques- tion de prix Bordin (Sciences physiques) pour l'année 1901 MM, Milne- Edwards, Bornet, Van Tiegh'em, Fougue, Perrier. Non MEMOIRES PRESENTES. M. Delaurier soumet au jugement de I' aca- démie un Mémoire » Sur la navigation aérii nnc sans ballons, par le moteur à \ a peur universel" 801 CORRESPONDANCE . L'Académie impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg informe l'Académie qu'elle célébrera, le r/i3 avril 1899, le cinquantième anniversaire de la fondation de l'observatoire physique central s"i \l. le général Bassot présente a l'Académie deux Volumes publiés par le Service géo- graphique de l'Armée, sous le titre : « La Carte de France, 1750-1898; étude histo- rique, par M. le colonel Berthaut » s"i M. J. Guillaume. Observations du Soleil faites 1 l'observatoire de Lyon (équato n. d Brunner de oln,i6), pendant le qua- trième trimestre de 1898 802 M. I., Leau. Sur les fonctions définies par un développement de Taylor 80^ \1. l'Ai 1 StaeCKEL. .Sur quelques pro- priétés arithmétiques dés I :tions ana- lytiques 8o5 Al. W.Stekloef. — Sur l'existence des fonc- tions fond. sntales 808 M. II. Lebesgue. — Sur les fonctions de plusieurs variables 811 M. D. Negreano. Sur les éléments ma- gnétiques en It nanie au 1" jan- \ ier tS.|"> 8i3 M. D. Negreano. .1 ne question de priorité relativement à la relation entre la con- stante diélectrique el la densité Si i VI. 11. Pellat. — Sur-l'interrupteur de Wen- le II s' "' M. A. Londe. - Sur un nouvel appareil destine à l'orientation de- radiographies el à la recherche des corps étrangers. . 817 M 1.. HUHBERT. I -formation de la lunette1 de l.alilee en instrument stadi N° 13. SUITE DE LA TABLE DES ARTICLES. Pages. i ique ■ s"i MM I i mil l Bl 1: l m LOT 61 P Mi. ~ U i RDO i Sur le mélange des gaz et la compres sibilité des mélanges gazeux N»o \i. < i. r.m ii. h -.mi. Sur 1,1 iii i omposition de l'oxyde de carbone en préseni oxydes métalliques 8aa iM. 0. Bocdouard. - Sur la décomposition ,1,- l'acide carbonique en présence 'lu ebarbon , s ''i M. H. PÉLABON. Sur l.i dissociation de l'oxyde de mercure 8m5 m. i , F wni.i.. V < i i Ii-- chlorures bis- diazoïques de la benzidine, de l'ortbo dine, de la dianisidine ~m les malonates il'i'-i bj le el de mélh] le s <