HARVARD UNIVERSITY. LIBRARY OF THE MUSEUM OF COMPARATIVE ZOÔLOGY. GIFT OF ALEXANDER AGASSIZ. ^^^aSiai ^c^A\^^~^\^^ A^c^i^- COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES PARIS. — IMPRIMERIE GAIJTHIER-VILLARS, QCAI DES GBANDS-AUGUSTINS, 55. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES PUBLIÉS, CONFORMÉMENT A UNE DÉCISION DE L'ACADÉMIE iy» date du, i3 du.iMet 4835, PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. TOME CENT TREÎ\TE-CIIVQUIE»IE. JUILLET — DÉCEMBRE 1902. PARIS, GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, Quai des Grands-Augustins, 55. ia^ 1902 SECOND SEMESTR COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCKS DE L'ACADÉMIE DEJS SCIENCES PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. TOME CXXXV. I N^ 1 (7 Juillet I902). PARIS, GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE DES COMPTES RENDUS DES SÉAXGES DE L'ACADEMIE DES SCIENCES, Quai des Grands-Augusiins, 55. 1902 RÈGLEMENT RELiTIF AUX COMPTES RENDUS Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875 Les Comptes rendus hebdomadaires des xances de l' Académie se composent des extrails des bavaux de ses Membres et de l'analyse des Mémoire.' ou Notes présentés par des savants étrangers à l'Acalémie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. 26 numéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. Article 1". — Impression des travaux de l Académie. Les extraits des Mémoires présentés par im Membre ou par un associé étranger de l'Académie comprennent au plus 6 pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o pages par année. Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans le Compte rendu àe la semaine que si elle a été remise le jour même de la séance. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par les Correspondants de l'Académie comprennent au plus 4 piigfis par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de 32 pages par année. Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis- cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca- démie ; cependant, si les Membres qui y ont pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les re- mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion. Les Programmes des prix proposés par l'Académie sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap- ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autt que l'Académie l'aura décidé. Les Notices ou Discours prononcés en séance \ blique ne font pas partie des Comptes rendus. Article 2. — Impression des travaux des Savants étrangers à l'Académie. Les Mémoires lus ou présentés par des personi nui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'A demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un 1 suiné qui ne dépasse pas 3 pages. Les Membres qui présentent ces Mémoires s( tenus de les réduire au nombre de pages requis Membre qui fait la présentation est toujours nomn- mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Exti autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le fc pour les articles ordinaires de la correspondance o cielle de l'Académie. ■ Article 3. Le bon à tirer de chaque Membre doit être remi l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard I jeudi à I o heures du matin ; faute d'être remis à tem s le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compte reil actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu t vaut et mis à I9 fin du cahier. Article 4. — Planches et tirage à part. . Les Comptes rendus ne contiennent ni planches 1 figures. Dans le cas exceptionnel où des figures serair autorisées, l'espace occupé par ces figures coinpti pour l'étendue réglementaire. Le tirage à part des articles est aux frais des i leurs; il n'y a d'exception que pour les Rapport» les Instructions demandés par le Gouvernement Article 5. Tous les six mois, la Commission administrative à un Rapport sur la situation des Comptes rendus apè l'impression de chaque volume. Les Secrétaires sont^chargés de l'exécution du \'( sent Règlement. Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés dl déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant S**. Autrement la présentation sera remise à la séance suivit COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 7 JUILLET 1902, PRÉSIDENCE DE M. BOUQUET DE LA GRYE. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le Président rappelle à l'Académie la perte douloureuse qu elle vient de faire dans la personne de M. Faye, Membre de la Section d'Astro- nomie, dont les obsèques ont eu lieu aujourd'hui même. La séance sera levée, en signe de deuil, immédiatement après le dépouillement de la Correspondance, et l'élection qui doit avoir lieu. ÉLECTROCHIMIE. — Sur la relation entre l'intensité du courant voltaïque et la manifestation du débit éleclroly tique; par M. Berthelot. « Les expériences que j'ai publiées sur cette relation se rapportent à des piles dont la force électromotrice est considérable et surpasse de beaucoup celle qui est nécessaire pour électrolyser l'eau acidulée. C'est 6 ACADEMIE DES SCIENCES, pourquoi il me paraît utile d'en présenter quelques-unes concernant des piles dont la force électromotiice ne surpasse que de très petites quantités la force contre-électromolrice du voltamètre. J'ai choisi comme élément fondamental un élément dans lequel le vase poreux intérieur renfermait 5o"''de soude (NaOH — 5'), additionnée d'un cinquième de son volume de pyrogallol (C H* O' = 5') ; tandis que le vase extérieur contenait 25o""' de chlorure de sodium (NaC! = 5'), additionné d'un cinquième de son vo- lume d'eau oxygénée (H'O" ^ 5'). » I. J'ai opéré d'abord avec i éléments, et j'ai mesuré la force électro- motrice, l'intensité, et l'action électrolytique ; puis j'ai répété les mêmes essais avec un seul élément. Le tout à une température voisine de 25°. » II •'24'". Force électromotrice : o''°'S 86 X 2 = i''°'S72. » ii''25"'. Le courant a été fermé sur une résistance extérieure R = 54000 ohms. » II'' 26"°. Déviation en divisions de l'échelle : n = 53'',5. » Cette déviation, mesurée de minute en minute, est demeurée tout à fait constante. A i i''3c'°, on mesure la force électromotrice : o™",85 X 2 = 1™", 70. On ouvre alors le circuit, puis on le referme sur le voltamètre. » Voltamètre à SO' H- étendu; o"", 760. Rien. Pression réduite à o"', 008 : Électrolyse lente, mais nette au bout de 2 minutes. M Voltamètre avec pyrogallol; o"',76. Électrolyse notable, avec déga- gement d'hydrogène. » La force électromotrice mesurée ensuite : o^°",85 X 2 = i^°",7o. » On voit que cette pile s'est comportée comme d'intensité sensiblement constante pendant la durée des essais. » D'après la déviation du galvanomètre et la force électromotrice de la pile, la résistance intérieure de celle-ci 1,70x2000000 ^, ^f. , p = ry^ 04000 = ySoo ohms; d'où l'on conclut i = o*™'',oooot; dégagement d'hydrogène par minute dans le voltamètre : o'"s,ooooo6; pour un voltage calculé de : i, 70 — 1,60 = 0^°", i. » Le voltage réel est un peu plus fort, la force électromotrice nécessaire pour décomposer l'eau acidulée étant comprise, en réalité, entre i^^'SS SÉANCE DU 7 JUILLET 1902. 7 et !'■''", 6; par suite le dégagement calculé d'hydrogène est compris entre o"^, 000 01 2 et o™s,ooooo6. » Observons d'ailleurs que la limite trouvée par expérience dans le voltamètre avec 2 daniells, sous une pression de 0^,005, répond, comme je l'ai indiqué, expressément, à o"^^ 000014 par minute pour un dégage- ment très net, et à une valeur à peu près moitié moindre, o"^, 000007, pour le point où le phénomène commence à être visible. » D'après ces indications, on ne doit apercevoir aucun dégagement sous la pression o"',76 (dégagement limite o'"s,ooo 37); mais on doit aper- cevoir un dégagement d'hydrogène, faible et lent, à pression réduite ; c'est exactement ce que l'expérience a montré. » En opérant l'éleclrolyse avec un voltamètre à SO^H- renfermant du pyrogallol. le voltage calculé sera 1,7 — 0,8 = o''°",9. » i' = o''™P, 000 09 répond à u n dégagement d'hydrogène de o"^, 000 o54 par minute; la limite d'un dégagement d'hydrogène très net étant 0,000087, ^^ celle d'un dégagement lent : o°'s,oooo43. Nous sommes donc bien dans les limites d'une électrolyse manifeste : l'expérience et le calcul concordent. » II. Voici maintenant les expériences faites avec un seul élément, sem- blable à ceux de la pile précédente. ). ii\33". E = o™", 87. » ii''34'". Courant fermé. Résistance extérieure, R = 54ooo ohms. » ii''35"'. /i = 27'''',3. — Cette déviation, mesurée de minute en mi- nute, reste identique jusqu'à 11 ''Sg™. » Alors E = o^°",82. Courant ouvert, puis refermé, E remonte à o™",87; puis, après les essais d'électrolyse, 0^°'', 83. » J'adopterai pour le calcul cette valeur o™", 83. » On en déduit : -^ 2000000 — 54000 = 6080 ohms = p. Ce chiffre surpasse un peu ^— ^ = 4775, qui répondait aux deux éléments ci-dessus réunis. » Il n'y a pas lieu de se préoccuper, cette fois, de l'électrolyse de l'acide étendu seul, E étant insuffisant. » L'expérience d'ailleurs n'a rien donné, même à pression réduite. 8 ACADÉMIE DES SCIENCES. » Mais, pour le voltamètre avec pyrogallol, ., o,83 — 0,80 6080 o"'°P, 0000049, — ^amp équivalant à un dégagement d'hydrogène par minute de o'"», oooooSo, quantité de peu inférieure à la limite d'un débit bien net, soit 0"^, ooooo36, sous pression réduite, mais supérieure à la limite extrême, o"», 0000018. » En fait, les essais d'électrolyse au moyen du voltamètre renfermant du pyrogallol n'ont rien fourni sous la pression o"',76; tandis que, sous une pression réduite à o'",oo7, il s'est produit un lent dégagement de bulles gazeuses. Il y a donc concordance entre les prévisions du calcul et l'observation, même pour ces limites extrêmes, répondant à un excès de force électromotrice de o™", o3 seulement. » Observons, en outre, que cette limite suffit pour déterminer une électrolyse visible ; ce qui fournit d'ailleurs un nouveau contrôle pour l'exactitude des mesures employées dans le calcul des phénomènes. » MÉCANIQUE CÉLESTE. — Propriétés d'une certaine anomalie pouvant rem- placer les anomalies déjà connues dans le calcul des perturbations des petites planètes ('). Note de M. O. Callandreau. « J'ai en vue l'étude qualitative des perturbations d'une petite planète du type d'Hécube par Jupiter, au moyen des méthodes de Laplacedéjà uti- lisées dans un travail antérieur (^). » Il y a d'abord à obtenir l'expression de/ dans (9). » On passera de l'intégrale 5r sin 2© » (p'- — gr^) COS20 + 2/>g' sin 2 6 » (y,3_3^^2)cos3eH-(3/>^9 — g^') sinSe » (^2 +q^){pcoi% + ^sine) — 2(/>cose + 7 sine) No. d'ordre. I. 1. .. 1 2... 2 3. .. 2 h. .. 3 5. .. I » Soit posé u^= p COS0 -t- q sin9 = ecos(0 + 13), i> = p sin0 — ycosQ = e sin(0 -f- w); les équations diffiérentielles pour u, v sont de la forme , du. de àF , ^ .,. ()F, ] doi da. dv ^ ai' ^'^^^ \ dv de dF , „ ...dF, \ doi doc Ou ^ ou elles ne sont pas canoniques, mais on en déduit une intégrale approchée (12) ïi(u,v-) = h, comme si le système était canonique, en observant que la partie principale de ^ dépend de cp" -1- ç"- ou de m^ + c= ; et la courbe représentée par l'é- quation ci-dessus, où h résuite des observations, permet de reconnaître s'il s'agit du cas ordinaire ou du cas exceptionnel de la libration. » Cette question se trouve traitée dans le Mémoire cité, mais d'une manière moins simple. » L'idée est naturelle d'utiliser l'intégrale (12) et l'intégrale de Jacobi comme point de départ des approximations. Toutefois les essais que j'ai faits naguère dans ce sens au moyen de nombres empruntés à la Thèse re- marquable de M. Simonin (voir les Tableaux des pages 67 et 78) m'ont SÉANCE DU 7 JUILLET 1902. II montré que les variations relatives de H étaient en moyenne de ^, trop forts, il semble, pour que l'idée soit avantageuse en pratique. L'hypothèse d'une ellipse mobile a servi de point de départ dans presque tous les tra- vaux récents et se trouve justifiée par l'expérience. » J'ajouterai, parce qu'elle se relie naturellement à ce qui précède, une remarque sur le cas particulier où /, périodique et de période 2,% par dx- rapport à a, ne contient pas -^> cas qui comprend la plupart des exemples traités dans le Chapitre I du Mémoire déjà cité. L'application de la méthode ordinaire d'approximations successives a conduit, on l'a constaté, à des systèmes canoniques, par suite à des intégrales. Or il y a là un fait général qui résulte des premiers principes de la Théorie des invariants intégraux de M. Poincaré. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur le développement des fonctions analytiques en série de polynômes. Note de M. Paul Painlevé. « 1. Soit _/(s) une branche de fonction analytique, holomorphe à l'origine, et définie dans le voisinage par une série de Mac-Laurin (0 /( = ) =/(o) 4- y/'(o) + -^/"(o)-H. ..+ i^/'«)(o) + .. .. » Représentons par a Vétoile d' holomorphie attachée au développe- ment (i), c'est-à-dire l'ensemble des points z du plan qu'on peut atteindre sur une demi-droite issue de l'origine, sans rencontrer de singularités de la fonction /(s) (prolongée analytiquement le long de la demi-droite) : les points du plan qui sont exclus de l'étoile sont distribués sur des demi- droites L issues de points singuliers def{z) et menées en sens inverse de l'origine. » D'après un beau théorème de M. Mittag-Leffler, on peut former une série de polynômes 2P„(2), où (2) P„(.)= J;.«/^c->+^^/<«-<'(o)c-\ + ... + f/:^ qui converge vers /(s) dans toute l'étoile oc. » Appelons, avec M. Borel, série M une telle série. Les coefficients &"^ sont numériques [indépendants de /"(o), /'(o), ...]; ils peuvent être choisis d'une infinité de manières. Sur les semi-droites exceptionnelles L, 12 ACADEMIE DES SCIENCES. la série diverge en général (mais peut parfois être convergente). Par exemple, si/(:;) est uniforme et méromorphe dans tout le plan, la repré- sentation de M. Mittag-Leffler est en défaut, non seulement aux pôles mais sur toutes les demi-droites L (issues des pôles). » M. H. von Koch a montré récemment que, moyennant un choix conve- nable des coefficients c'/'\ la série lP„(z) converge encore et repré- sente /"(;) sur toutes les demi-droites L qui ne renferment que des pôles. En particulier, si /(s) est méromorphe dans le plan, la série converge quel que soit z, sauf aux pôles. » Pour comprendre combien ce résultat est remarquable, il suffit de songer que la série2P„(^) ne peut converger uniformément sur un contour fermé sans converger uniformément dans toute l'aire intérieure. Appliquée à une fonction méromorphe, le développement de M. von Koch converge uniformément dans toute aire fermée qui n'a pas de points communs avec les demi-droites D, ainsi que sur tout segment (dénué de pôles) d'une de ces droites : mais sur une circonférence décrite d'un des pôles comme centre, la sénc converge sans converger uniformément. » M. von Koch déduit son théorème de certaines propriétés de l'expo- nentielle. Par une voie toute différente, j'étais parvenu au même résultat en même temps qu'à d'autres propositions qui entraînent, au sujet des développements de MiLtag-Leffler, des conséquences que je crois neuves et intéressantes. Ces propositions, que je me bornerai ici à énoncer synthé- tiquement sous leur forme la plus brève, découlent presque immédiate- ment d'une généralisation que j'ai donnée du théorème de Mittag-Leffler (Comptes rendus, mai, juin 1899). » 2. Introduisons avec M. Fredholm le polynôme (3) Q«(>^)=^(>^-M)(x + 2)...(> + «-i)=r+E;;!!,x"-'+...+ E';"x; remplaçons-y les V par jlr^j.(rij. -+- sy'-', puis les [y." par îHlZlîl, et soit Rr(z.'.*) le polynôme en z ainsi obtenu; posons enfin (4) K„(z)=/(o)+^R,(z,/-,.) + ^R,(z,/-,.)+...4-^'r„(s./-,5), avec (5) A = i- • V^ log«^ y/log/ij logwi/logrt s = SÉANCE DU 7 JUILLET 1902. l3 » Le polynôme K„(3), quand n croît indéfiniment, tend vers/(:;) à l'intérieur de l'étoile a. Si l'on veut encore, posons n„^K„— R„_,, IIp = Ko =/(o) ; les Un sont des polynômes de lajorme {i) et la série (S) n„(2)-hn,(.^) + ...+n„(i;) + ... converge uniformément versf(^z~) dans toute aire intérieure à l'étoile x. Mais, de plus, elle converge sur toute droite L qui ne renferme que des pôles. » Précisons les propriétés de cette série S. Soit 5, = po (cosG,, + ï sinO„) un point d'une demi-droite L, et admettons qu'entre les deux demi-droites Op et Go H- A (A > o) il n'y ait pas, à l'intérieur du cercle | 2 | 5 po, de sin- gularités de /( = ); la fonction /(s) est alors holomorphe dans le secteur de cercle ainsi défini D; si, au point z^ du contour de D, elle est encore holomorphe et prend la valeur /„, nous dirons que la valeur de /(s) à gauche de L est holomorphe pour z = :;„ et égale à fg ; quand tous les points ^0 à\\n segment de L satisfont aux conditions précédentes, nous dirons que ce segment est régulier pour f(z) à gauche de L. » Puisque Zg est sur une demi-droite exceptionnelle L, la fonction /(z), holomorphe dans le secteur D, présente au moins un point singulier, sur la droite O^, entre o et z^. Représentons par S la distance d'un pointe à cette droite, et supposons que dans D on ait : |/(s)|fc entier positif) ('). » Dans ces conditions, la série S converge pour z =Zg et représente f„; elle converge uniformément sur tout segment de L (entre o et e„) régulier pour f(z) à gauche de L. En particulier, si la demi-droite L ne renferme que des points singuliers algébriques de/(z), la série S converge tout lelong de L {sauj peut-être aux points singuliers) et représente la valeur de f(z) à gauche de L. (') Il est loisible de remplacer l'inégalité précédente par une inégalité où ta est une fonction donnée qui croît avec - aussi vite que l'on veut. Il faut alors, dans les égalités (5), remplacer s/logn par une fonction de n qui croit plus lentement avec n. l4 ACADÉMIE DES SCIENCES. )) 3. Si, dans les égalités (5), on change le signe de i, tons les résultats précédents subsistent, à cela près qu'il faut introduire la valeur de f{z) à droite de L au lieu de la valeur à gauche. » D'après cela, représentons par S, la série déduite de S en changeant! en — I dans les égalités (5), et par 28^, 2183 les séries obtenues en ajou- tant et en retranchant terme à terme les séries 8 et 8, . Pour plus de clarté, plaçons-nous dans le cas où la fonclion/(G) définie par (i) est algébrique, et (::o désignant un point d'une demi-droite L) appelons /g(zo) et/,/(so) les valeurs de f(z), pour z = z-^, à gauche et à droite de L. Les séries 8, 8,, So sont des séries (M); elles convergent dans tout le plan [sauf aux infinis de/(2)]; elles convergent uniformément dans toute aire intérieure à l'étoile Cf., ainsi que sur tout segment de demi-droite L dénué de points singu- liers; elles représentent /(;;) dans l'étoile oc; sur les demi-droites L, les trois séries S, S,, S, convergent respectivement vers /,(.), Mz), i^. Quant à la série 83, ses termes ont encore la même forme que ceux d'une série (M); elle converge de la même manière que les précédentes, mais elle est égale à zéro dans toute l'étoile a., et à ' ■'•' / '' sur les demi-droites L. o '2 1 I » 4. Appliquons ces généralités à la fonction (i — s)\ La série 8, con- i. verge dans tout le plan : elle représente (1 — s)'" quel que soit z, sauj sur la demi-droite réelle (i , -l-ao), ou elle est nulle. La séiie 83 converge au con- traire vers zéro dans tout le plan, sauf sur la même demi-droite où elle est égale à sjx'^^i. Soit de même f{z) — {i — -)'; les séries 8, S,, 8^ con- 1 vergent vers (i — zy dans tout le plan; sur la même demi-droite (1, +!X)), elles ont respectivement pour valeur -(.-,)'(^^). -(.-.)■. -(.-,)' (^)^ quant à 83, elle converge vers zéro, sauf sur la même demi-droite, où elle /3 - tend vers — ^(a: — lY . 1 » 8oit encore /(z)=^ ^,^ ^ (i — ^\ ,/7, ^désignant des entiers positifs quelconques et a^,^ la quantité f cos-^ -+- isin ^\- Les branches de SÉANCE DU 7 JUILLET 1902. l5 f(z) sont tontes holomorphes clans la circonférence r de ravon t et de centre O, et à l'extérieur de cette circonférence (qui est une coupure essen- tielle de toutes ces branches). La série S, converge dans tout le plan, repré- sente/(z) dans r, et coïncide à l'extérieur de T avec une infinité de fonc- tions analytiques distinctes; sur chaque demi-droite issue de l'origine et extérieure à r, S^ représente une fonction holomorphe (le long de la demi-droite), mais cette fonction change quand la demi-droite pivote autour de l'origine, et les diverses fonctions ainsi représentées ne sont pas les branches d'une même fonction analytique. En particulier, 83 coïncide sur certaines demi-droites avec une branche de chacune des fonctions obtenues en supprimant, dans f(z), un quelconque des termes » 5. La plupart des auteurs qui ont écrit sur les séries (M) ont admis implicitement que, si elles convergent (en dehors de l'étoile) en des points z où /(-) existe encore, elles représentent /(:;) (ou une de ses branches). M. Borel a même eu l'idée ingénieuse et hardie de se servir des séries (M) pour étendre les fonctions analytiques au delà de leurs lignes sin- gulières, et il a formé des exemples où cette extension apparaît comme naturelle. Il est clair qu'une telle idée n'est admissible qu'à condition de ne jamais entrer en contradiction avec le prolongement analytique clas- sique : or nous venons de former des séries (M) qui convergent sur tout j. l'axe réel et représentent ( 1 — a;)' poui x <^i et zéro pour x^ i. Cela ne signifie point que l'idée de M. Borel doive être abandonnée, mais que, pour la poursuivre, il sera nécessaire d'imposer aux séries (M) certaines restrictions. » 6. Les résultats énoncés dans cette Note s'étendent immédiatement aux fonctions de plusieurs variables, soit de trois variables z,u,v : d'après le principe général que j'ai énoncé (^Comptes rendus, loc. cit.), il suffit de remplacer s, u, v par zt, ut, vt, de développer en série (M) la fonction de / ainsi obtenue et de faire / = i. En particulier, une fonction méro- morphe de z, u, v est représentable par une série de polynômes [de l'es- pèce (M)], soit 2P„(z, «, v), pour toute valeur de z, u, ('(sauf aux pôles). " l6 ACADÉMIE DES SCIENCES. PATHOLOGIE. — Traitement local des localisations du rhumatisme, par M. Ch. Bouchard. « Dans le courant de ces deux dernières années, je me suis attaché à faire le traitement local des maladies locales ou même des maladies locali- sées, en injectant dans le lieu affecté d'un mal déterminé les médicaments qui, par l'ingestion ou par les autres modes d'administration des médica- tions générales, ont été reconnus efficaces pour ce mal déterminé. » J'étais encouragé dans celte voie par les résultats heureux obtenus par les oculistes quand ils injectent dans l'œil ou près de l'œil les médicaments qui, donnés par le tube digestif, ne seraient pas efficaces. Je m'y trouvais confirmé encore par les effets énergiques produits dans le traitement de certaines affections des centres nerveux quand on porte directement le médicament soit dans la cavité arachnoidienne, soit même dans le tissu de l'encéphale. » C'est du traitement local des manifestations locales du rhumatisme que je veux parler aujourd'hui, en me limitant à l'action d'un seul médica- ment : le salicylate de soude. J'ai utilisé la solution aqueuse de salicylate de soude, d'abord à 3 pour loo parce que, à ce litre, elle a le même point de congélation que le sang humain (— o",56) et, pour cette raison, est considérée comme ayant même tension osmotique. Mais je me suis assuré qu'on pouvait sans inconvénient employer des solutions plus con- centrées. Je me suis arrêté à la solution à 5 pour lOO, qui n'est encore ni douloureuse ni nuisible pour les tissus. Inutile de dire que toutes les pré- cautions antiseptiques étaient prises. )» Je n'ai trouvé aucun avantage à injecter en un seul point des quantités inférieures à i"""' ni supérieures à 2'™', mais, quand l'étendue de la lésion me paraissait réclamer une quantité de médicament plus grande ou répandue sur un plus grand espace, je multipliais les piqûres et j'en ai pu faire deux, trois, quatre sur la même lésion, dans une même séance. » Souvent la médicaliou a été bornée à une seule séance; on en a fait deux ou plusieurs à des intervalles de i, 2, 3 jours, par prudence, en vue d'empêcher une rechute, ou par nécessité, quand la lésion locale n'avait pas cédé totalement à la première piqûre. » Le médicament a été introduit toujours et exclusivement dans le tissu cellulaire : en plein foyer morbide, si le tissu cellulaire était seul ou prin- SÉANCE DU 7 JUILLET 1902. 1-7 cipalement affecté, ou dans le plus proche voisinage de la partie lésée, séreuse articulaire ou tronc nerveux. Je n'ai fait les injections ni dans les cavités articulaires, ni dans l'épaisseur des nerfs. » En cas de foyers morbides multiples, on a fait le traitement isolé et suc- cessif de chaque foyer, sauf dans le cas de lésions très nombreuses. On a pu alors appliquer simultanément le traitement à deux ou trois foyers. On a toujours limité le nombre des centimètres cubes injectés en une seule séance de manière que la totalité du salicylate introduit ne pût pas être considérée comme avant exercé une action générale sensible. )) U'adleurs, on s'est abstenu systématiquement d'administrer à l'inté- rieur le salicylate ou tout autre médicament de même ordre en même temps qu'on poursuivait la médication locale, sauf dans les cas de rhuma- tisme articulaire aigu en ])ériode envahissante. On n'a pas renoncé, dans ces cas, à tout traitement local, mais on l'a réservé d'ordinaire pour celles des articulations qui étaient le plus douloureuses. » En dehors du rhumatisme articulaire aigu, où le traitement local n'a trouvé son emploi que d'une façon accessoire, on a appliqué la méthode aux arthrites persistantes, reliquat d'un rhumatisme aigu, au rhumatisme subaigu ou chronique primitif, au riuuiiatisme partiel subaigu ou chro- nique, aux névrites rhumatismales et même à celle du zona. A titre d'essai l'on a employé la méthode dans certains cas de rhumatisme blennorrha- gique. Je donne, à titre d'exemples, un court résumé de quelques observa- tions. » I. Rhumatisme partiel subaigu tendant à la chronicité. — C'est ma première observation. Homme de 35 ans. Arthrite chi genou droit depuis plus de 2 mois. Est traité dans l'tiôpilal depuis 6 semaines par le salicj'late de soude, l'antip} rine, le sulfate de quinine, l'iodure de potassium. Localement, on a eu recours au salicylate de métliyle, à la teinture d'iode, aux pointes de feu, à la compression. Pendant les 6 semaines employées à ces divers traitements, le malade a dû garder le lit en raison de la douleur. Le genou est tuméfié, la rotule est soulevée, les mouvements sont très limités. J'injecte au voisinage du cul-de-sac supérieur et antérieur de la synoviale G™', 5 de solution de salicylate de soude à 3 pour 100. Le lendemain, aucune modifi- cation, aucun elTet de l'injection ; je fais alors deux piqûres de 2'^'"' de la même solulioii en dehors et en dedans de la jointure. Le soir, à sa contre-visite, l'interne ne trouve pas le malade, qui, ne souffrant plus, s'est levé et est descendu au jardin. Le lendemain je ne constate ni douleur, ni tuméfaction, ni épancliement; les mouvements sont libres. Le malade, à ma prière, est resté encore plus de i5 jours à l'hôpital sans récidive. » II. Rhumatisme polyarliculaire apyréliijue. — Femme de 36 ans. Depuis 3 mois, douleur du genou droit; depuis 2 mois, douleur et gonflement du genou gauche et du pied gauche. A l'entrée, les deux genoux sont tuméfiés, avec choc rotulien et C. R., igo2, 2* Semestre. (T. CXXXV, N» 1.) ^ l8 ACADÉMIE DES SCIENCES. mouvemenls rendus impossibles par la douleur, surtout adroite; le pied gauche, également immobilisé par la douleur, est rouge et très tuméfié. Rien aux autres arti- culations ni au cœur. Pas de fièvre. Je donne à l'intérieur, chaque jour, 5e de sali- cylate de soude. Au bout de 4 jours, le seul changement est une aggravation de la douleur, malgré les applications de salicylate de mélhjle qu'on a ajoutées au traite- ment interne. Après 2 jours d'interruption de la médication générale, on supprime aussi les applications de salicylate de méthyle et l'on injecte 1"'' de solution de sali- cylate de soude à 5 pour 100 dans chaque genou. » Le lendemain, la douleur est nulle à gauche; elle est seulement atténuée à droite. On injecte de nouveau 1'=°'' dans le genou droit et autant dans le pied gauche. En quelques heures toute tuméfaction disparaît dans ces deux jointures ; les mouvements du pied gauche sont libres. Les mouvements spontanés du genou droit se font avec une assez grande amplitude, mais quand on cherche à les compléter, soit en flexion, soit en extension, on réveille la douleur. » On ne pratique plus désormais d'injections que dans le genou droit, à des inter- valles de 2 ou 3 jours; la douleur s'éteint et les mouvements se rétablissent complète- ment. Le genou et le pied gauches restent normaux. » IIL Rhumatisme polyarliculaire aigu fébrile récidivant. — Femme de 48 ans. A eu quatre attaques de rhumatisme aigu, la première à 18 ans, la quatrième à 44 ans. Cette femme est admise à l'hôpital pour une cinquième attaque qui cède en 5 jours au salicylate de soude administré à la dose de 5s par jour. » 9 jours après, les douleurs articulaires reviennent avec une fièvre qui donne une température de Sg" au rectum. Les poignets, les hanches et les genoux sont surtout douloureux. On reprend le même traitement, qui, en 8 jours, fait tomber la fiè\'re et disparaître les fluxions articulaires. On continue sans interruption à administrer le salicylate de soude à l'intérieur. Cependant, 22 jours après la seconde guérison appa- rente, nouvelle rechute : goiillement, rougeur, douleur vive à la face dorsale du pied gauche. On y injecte i"^™' de solution de salic^ late de soude à 5 pour 100. L'améliora- tion est immédiate. Dans l'espace de i heure, le gonflement, la rougeur et la douleur ont disparu. » De nouvelles fluxions se produisent à la face dorsale des mains, au cou, au genou, toutes poursuivies, à mesure qu'elles se produisent, par le traitement local. » Le dix-neuvième jour de celte rechute, un torticolis très douloureux et une dou- leur vive de l'épaule droite se produisent encore et sont réprimés immédiatement par les injections. Ce sont les dernières manifestations. )i Bien que le traitement général se soit montré impuissant à empêcher le retour des fluxions articulaires, il a été maintenu. Peut-être a-l-ii épargné les séreuses. Le traitement local s'est montré partout immédiatement efficace, aucun foyer guéri par l'injection n'a récidivé. » W .Rhuinalisine jjolyarticulaire aigu. — Homme de 55 ans. A eu un rhumatisme articulaire aigu à l'âge de 16 ans. 11 entre à l'hôpital avec un sentiment général d'acca- blement, des douleurs vagues dans les membres, des œdèmes disséminés. C'est un artèrio-scléreux ; il 3' a un bruit de galop, la tension artérielle est élevée ( 28) ; l'urine donne un nuage d'albumine. 11 s'améliore sous l'influence du repos au lit et du régime lacté. SÉANCE DU 7 JUIIXET I902. IÇ) » 9 jours après son entrée à Thôpital, il est pris brusquement à la main gauche d'une très vive douleur que le moindre contact exaspère, le poignet est immobilisé, le dos de la main est tuméfié et d'un rouge vif. » Le lendemain, l'état ne s'étant pas modifié, on injecte à la face dorsale de la main gcm» d'une solution de salicylate de soude à 5 pour 100. Pas de traitement interne. Pendant une demi-heure après l'injection, cuisson assez vive, puis la douleur s'amende; 24 heures après l'injection, l'amélioration est très nette, mais il reste un peu de douleur à la pression. On pratique une seconde injection; le jour suivant, disparition de tous les phénomènes inflammatoires. » 2 jours plus tard, douleur au genou gauche, plaque tuméfiée, d'un rouge très vif, en avant de la rotule. On j pousse une injection de 1'^'"' . i heure après, la douleur, la tuméfaction, la rougeur ont disparu. Rien de nouveau ne s'est produit depuis. » V. Sciatique double. — Homme de 29 ans. A eu, il y a 8 ans, les fièvres de Mada- gascar. Depuis 10 jours il soufTre de douleurs dans le membre inférieur droit et depuis quelques jours dans le membre gauche. Ces douleurs ont les caractères et assez exactement les foyers des douleurs sciatiques. » Dès l'entrée on fait un siphonage au chlorure de méthyle sur la partie postérieure de la cuisse droite. La douleur, momentanément calmée, reprend le soir même. On administre alors successivement 28 d'antipyrine, puis Ss de salicylate de soude, puis 2? de salipyrine, chaque médicament pendant une période de 3 jours, chacun sans le moindre résultat. On revient pendant 3 jours au salicylate de soude, cette fois à 5s par jour. » Après l'insuccès de la réfrigération, après i5 jours consacrés sans profit aux divers traitements généraux, je fais injecter i""' de solution de salicylate de soude à 5 pour 100, à la partie externe de chaque genou. Le malade a pendant une demi- heure, une sensation de chaleur au niveau des piqûres; au bout de i heure toute douleur des genoux a disparu. 11 a encore des douleurs vives aux pieds et à la face postéràeure des cuisses. » 48 heures après les premières injections, on en fait deux autres à la partie posté- rieure des cuisses; elles sont suivies aussitôt de disparition des douleurs. Mômes effets de soulagement immédiat pour des injections pratiquées les jours suivants aux lombes et à la face dorsale des pieds. » Après i.J jours de traitemement général absolument inefficace, i5 jours de traite- ment local ont amené la guérison. Ce traitement local a consisté en neuf injections de i™" chacune, soit, en tout, !\T)% distribués dans les divers foyers, une moyenne de S"* de salicylate de soude par jour, alors que 5s donnés par la bouche se montraient impuissants. » VI. Névralgie intercostale suite de zona. — Femme de 58 ans, diabétique, obèse, légèrement albuminurique. A eu, il y a 6 semaines, un zona intercostal gauche très violent. » La douleur du nerf sous-jacent à l'éruption persiste très pénible ; elle est constante, avec exacerbations surtout nocturnes. )> Je fais faire une première injection de 2""' de solution de salicylate de soude à 5 pour loo, près de la colonne, à proximité de l'émergence du nerf malade. 20 ACADÉMIE DES SCIENCES. » La malade dort la moitié de la nuit, ce qu'elle n'avait pas fait depuis 5 semaines; elle ne seot plus que quelques douleurs au voisinage du sternum. » Le lendemain, nouvelle injection de 2"^"' à la partie antérieure, à la suite de laquelle il n'y a plus que des douleurs insignifiantes. » On pratique une troisième injection sur la partie moyenne du nerf. Toute douleur cesse définitivement. » Je me borne à la courLe relation de ces six cas. J'en pourrais joindre beaucoup d'autres recueillis par moi on par mes collègues Le Noir et Claude et par mon interne Balthazard, toutes démontrant, tantôt la guérison com- plète et durable des manifestations locales du rhumatisme, tantôt le sou- lagement immédiat des douleiu's, la maladie résistant quoique indolente, puis reprenant son caractère douleureux de 3 à i4 jours après la cessation des injections. Dans le rhumatisme blennorrhagique, on a eu la sédaLion de la douleur, mais la malaJie n'a pas été entravée. » Dans la majorité des cas, un foyer morbide est arrêté et comme dé- truit par une seide injection et les foyers successifs peuvent être successi- vement anndiilcs. C'est la guérison si le rhumatisme n'est pas en période envahissante. Mais, s'il s'agit d'un rhumatisme en phase de généralisation, le traitement local n'améliore pas l'état général, n'empêche pas la produc- tion de nouvelles déterminations sur les jointures, sur les séreuses, peut- être sur les viscères. Les localisations sont refrénées, la maladie continue à marcher. C'est le traitement général seul qui pourra empêcher la multi- plication des foyers ou la récédive de la maladie. Mais, quand on pratique le traitement général, refficacité locale du traitement local reste encore évidente. En effet, si l'on poursuit par les injections, sur un seul côté du corps, toutes les fluxions qui s'y produisent, sans toucher à l'autre côté, la maladie évolue avec ses symptômes généraux et avec les fluxions qui per- sistent ou se multiplient sur le côté du corps qui n'est pas traité locale- ment. On se trouve alors en présence d'une sorte de rhumatisme à forme hémiplégique. » Qu'un médicament à action générale soit introduit par une voie ou par une autre, qu'il soit déposé sous la peau loin ou près d'un foyer morbide, il peut influencer également le travail qui s'y accomplit. » Mais le propre de cette méthode c'est de liniiler le médicament à la partie qui le réclame et de ne pas le répandre dans le reste de l'organisme, oîi il n'a que faire et où il pourrail être nuisible. Il me semble que 2."^We la solution à 5 pour loo, soit 10*=^ de salicylate de soude, introduits par une seule piqûre n'exercent guère une action efficace et très rapide que dans un rayon de 3""". Plus tard la diffusion portera le médicament plus loin. SÉANCE DU 7 JUILLET 1902. 21 Je me représente le théâtre de l'action thérapeutique dans la première demi-heure comme une demi-sphère de 6'^" de di laièlre représentant à peu près oqs de lissu vivant. » Le médicament s'y trouve dans la proportion de 2 pour 1000, ce qui est énorme, malgré l'exiguïté de la dose. Pour qu'il fût apporté au tissu malade dans cette même proportion par les procédés d'introduction des médications générales, il faudrait introduire par la bouche, chez un homme de 70''^, en une seule fois, i/jo^ de salicylatede soude, pluseurs fois la dose mortelle. Encore, malgré l'énormité de la dose, le tissu malade, vu la lenteur de l'absorption gastrique et la rapidité de l'élimination rénale, ne rece- vrait-il pas autant du médicament que quand on y dépose directement lo'^s de la substance. » Je résume en deux mots les avantiges de la méthode que je propose : Verser le médicament dans le point seulement où il est utile, à la dose où il est utile, épargner le reste de l'économie. » NOMINATIOIVS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Membre de la Section d'Anatomie et Zoologie, en remplacement de M. Filhol, décédé. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant Sa, M. Bouvier obtient 39 suffrages M. Houssay » 8 » M. Henneguy » 4 " M. R. Blanchard » i >> M. Bouvier, ayant obtenu la majorité absolue des suffrages, est pro- clamé élu. Sa nomination sera soumise à l'approbation du Président de la Répu- blique. CORRESPONDANCE. M. le Président annonce à l'Académie que, en raison de la fête du I 4 Juillet, la séance de lundi prochain sera remise au mardi i5. 22 ACADEMIE DES SCIENCES. M. le Secrétaire PERPÉTUEL annonce à l'Académie que le Tome XXXII (2* série) des « Alémoires présentés par divers savants à l'Académie des Sciences » est en distribution au Secrétariat. M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance, un Volume intitulé : « The norwegian north polar Expé- dition, 1893-1896. Scientific results. Volume III ». ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur un groupe nouveau, d'ordre fiai, linéaire à quatre variables. Note de M. LéOx\ Autonne, présentée par M. C. Jordan. « Conservons les définitions et notations employées dans mes Commu- nications précédentes, dont la plus récente est du i-j mars 1902. La méthode générale exposée dans ces Notes m'a permis de construire effec- tivement un groupe G, quaternaire, régulier, d'ordre fini, indécom- posable. » Voici quel est ce groupe G, que je crois nouveau. » G est isomorphe au groupe alterné r entre cinq lettres, dérivé des trois permutations :a = (oi234), lî = (o)(i4)(23), (ïC = (o)(.2)(34). » Il y a hémiédrie. A la substitution unité de T correspondent dans G les deux substitutions singulières I ^J '-^ -^i I (y r^i, 2, 3, 4). >) G provient des trois substitutions A, B etC, qui correspondent respec- tivement à Jt, IB, C : X, Xi X, X, X., x^ -X, x^ — X, X, X, - U, SÉANCE DU 7 JUILLET rpoa. 23 OU 1 on a £,, £2==h I, i'v/3 (• H- ir (• IV P = ^. -5-' A — '' ~ "■ (' + (f /t — ■ ;^ î q-.,u . , jp = 6 - 0", m^ = 0-- e% U est réelle, symétrique, orthogonale. )) On a les relations A^ = i, B- = C==~i, BC = CB, AB = BÂ\ CAC = -A*CA\ CA-C = -£,eoA=BCA% CA^C= ACA, CA'C== £,SoA^BCA^ au moyen desquelles on vérifie que l'expression générale des substitutions dérivées de A, B et C est ± B«AP(7A^ 8 ou T = o ou i; p et cj^o, i, . . ., 4(mod5), G a donc bien 120 substitu- tions, r en contenant 60. » Il y a plusieurs manières de consliuire le groupe G, car, outre le double signe de e, et Ej, il y a plusieurs f;içons de disj)oser, dans la cano- nique A, les racines cinquièmes primitives de l'unité. » PHYSIQUE. — Sur l' éleclrolyse de l'azotate d'argent. Note de M. A. Leduc, présentée par M. Li|)pmann, » I. On dit généralement qu'un bain d'azotate d'argent, primitive- ment neutre par exemple, devient de plus en plus acide à mesure qu'on en poursuit l'électrolyse, avec anode soluble, bien entendu. MM. Rodger et Watson trouvent, au contraire, que l'acidité du bain diminue par l'usage. La contradiction n'est qu'apparente : le résultat dépend des con- ditions. » 1. Lorsqu'on opère avec anode de plaiine. en solution suffisamment concentrée, on voit se former sur l'anode des cristaux bruns, octaédriqiies ou aiguillés, suivant les circonstances. Ce corps a été pris autrefois pour du peroxyde d'argent; M. Ber- thelot lui attribue la formule 4Ag20% 2 AgAzO% H^O. Il se produit en même temps 24 ACADÉMIE DES SCIENCES. de l'acide azotique libre. Mais, lorsque l'acide a alteinl une certaine concentralion, il réagit sur ce composé avec dégagement d'oxygène. » Mettons fin à l'expérience et abandonnons le voltamètre à lui-même : le produit brun finit par disparaître, et le résultat final est le même que s'il y avait eu simple- ment réaction secondaire de AzO' sur l'eau. Mais il faut bien noter que les choses ne se passent pas aussi simplement en réalité ; car on n'aperçoit aucun dégagement gazeux au début de l'électrolyse. » 2. L'acide produit de cette manière, ou préexistant dans le bain, est électrolysé en même temps que l'azotate. L'li\drogène qui se porte à la cathode ne se dégage pas. Il résulte de mes expériences qu'il ne se difTuse pas non plus dans le liquide, et qu'il n'est pas absorbé d'une manière ajjpréciable par le dépôt cathodique, contrairement à ce que j'ai constaté sur l'oi' dans d'autres conditions. Il est complètement absorbé par les réactions secondaires suivantes ; 2AgAzr)3-H,oH=AzH*AzO^-f-3H'-0 4-AgS 2H AzO^+ 8H = AzH'Az03+3IPO. » 3. Anode soluble. — Si la densité du courant au voisinage de l'anode est suffisam- ment faible (^0,002 C.G.S. par exemple, en bain déconcentration normale), il ne semble point se produire à l'anode autre chose que la réaction classique (Ag-|-AzO^ = AgAzO'). » Mais, si la densité augmente, les réactions envisagées plus haut se produisent avec une intensité croissante. Il en résulte une acidification du bain d'autant plus rapide que celui-ci est plus étendu et la température plus élevée. On constate en même temps que le bain s'appauvrit en azotate. » 4. A la cathode, l'acide se détruit comme plus haut, de sorte qu'il s'établit un état d'équilibre dans lequel Vacidité du bain prend une certaine valeur limite que l'on rend aisément très faible. » Si le bain était primitivement neutre, il devient légèrement acide, à moins que la densité anodique ne soit suffisamment faible. L'introduction d'oxyde d'argent dans le bain retarde évidemment l'apparition de l'acide. » Si le bain est primitivement acide, et si son acidité est supérieure à ladite limite, elle diminue, comme dans les expériences de MM. Rodger et Watson. » Je donnerai quelques détails dans un Mémoire plus étendu. )) II. On dit couramment qu'il y a corrosion du dè.pùl calhodkjue par le bain d'azotate d'argent, coniine cela semble bien étabb en ce qui concerne le cuivre, surtotit en bain acide et en présence de l'air. » Ainsi, MM. Schuster et Crossley trouvent un dépôt d'argent un peu plus lourd en opérant dans le vide et un peu moins lourd, au contraire, lorsqu'ils opèrent en présence de l'oxygène. Le premier point a été confirmé par M. Myers, qui estime à -pJj-^ le dé- ficit d'argent dans un voltamètre non privé d'air; mais ses observations en présence de l'oxygène sont en contradiction avec les précédentes. » Les masses d'argent pesées |)ar les divers savants qni ont traité ces questions sont trop faibles, et c'est à cela qu'il faut attribuer les résultats SÉANCE DU 7 JUILLET 1902. 25 contradictoires que j'ai eu l'occasion d'enrogislrerC). Voici une expérience bien simple qui sulfil à prouver que celte prétendue corrosion n'existe pas. » Après avoir pesé, avec les précautions convenables, l'argent déposé sur la capsule formant la cathode, séché dans le vide, à la température ordinaire, je remets dans cette capsule le bain, neutre ou légèrement acide, où s'est formé ce dépôt, et je l'y laisse séjourner jusqu'à 19 heures; puis je décante, je lave et je sèche comme précédera ment- Le résultat de ces opérations a été négatif: la masse du dépôt, voisine deSoe, n'a point varié d'une manière appréciable. » III. Polarisation du voltamètre à azotate d'argent. — A celte occasion, j'appellerai i'attenlion sur le procédé imaijiné par M. Gore pour corriger sesrésidlals de la corrosion cathodique dans l'électrolysedu cyanure double d'argent et de potassium, ou du sulfate de cuivre. L'auteur détermine la perle de masse d'unr lame de même métal que le dèiJÔt, isolée dans le bain pendant que le courant pisse. » Or, d'une part, si la lame est épaisse et le courant suffisant, celui-ci la traverse, et, comme le gain du cô(é calliode n'égale jamais la perle du côté anoile, on ne mesure pas ainsi la corrosion. » D'antre part, si l'on remplace la lame par un fil fin, et si le courant est suffisamment fadjle, on ne conslale plus aucune alléralion, quelle que soit la durée de l'expénenre. Otte observation m'a condml à penser tpie la force contre-éleclromolrice d'un voltamètre à azotate d'argent, que l'on suppose généralement très faible ou même nidle, n'est pas, en réalité, négli- geable. Il résulte d'expériences qui seronl décrites ailleurs que cette Jorce électromotrice est voisine de o,o3 volt (■). » ÉLECTRICITÉ. — Sur l'action delà self-induclion dans la partie ultraviolette des spectres d'étincelles. Note de M. Eugène Néculcéa, présentée par M. Cl. Lippmann. « Nous avons étudié, dans notre précédente Communication (Comptes rendus, 3(i juin 1902), le caraclère des raies i\ii plomb el du zinc tians la région ullra-violelle comprise entre 1 = 2700 et >. = 2000. Nous deman- dons la permission de nous occuper aujourd'hui des caractères des raies du spectre de l'étain. (') Rapport sur l'équivalent électrochimique de l'argent, présenté au Congrès international de Physique, réuni à Paris en 1900. (■•') Voir, à ce sujet, G. di Ciojimo, Nuovo Ciniento, 4° série, t. Xll, p, .258. C. R., 1903, 2' Semestre. (T. CXXXV, N» 1.) 4 26 ACADÉMIE DES SCIENCES. les plus caractéristiques sor Etain. » (Cliché n" 144). Le spectre de l'élain dans cette région ultra-violette est carac- térisé par des raies assez fortes comme intensité et en général nébuleuses. Les groupes ( 2657,9 )nt le triplet ' 2643,2, qui est très intense, ensuite le ( 2681 ,5 doublet! ^'^^9>'^ m I3 ,,gig 2355,0; toutes ces raies possèdent presque la même ( 2421 ,8 intensité et rien ne pourrait faire soupçonner leur différence de caractère qui est accusée avec la plus grande netteté par la self-induction : la moindre self-induc- I 2657,9 tion fait, en effet, disparaître complètement le triplet j 2643,2 pendant que le ( 263i,5 doublet ^^+^9' et la raie commencent par diminuer graduellement d'intensité, I 2421 ,8 présentent un minimum et augmentent ensuite d'intensité. Ce sont là des raies qui, bien que leur intensité et leur aspect paraissent identiques, possèdent des caractères essentiellement différents. » Voici d'ailleurs les raies les plus caractéristiques de ce métal avec la description des changements qu'elles éprouvent de la part d'une self-induction graduellement croissante. Nous donnerons les longueurs d'onde d'après Harlley et Adeney. Les constantes électriques de l'étincelle étudiée sont les suivantes : coupure dans le secon- daire de 2""' ; capacité du condensateur r= o,oo4i3 microfarad. Selfs variant de o", 000 602 à o",o4i 9'- La raie 2664,9 nébuleuse, assez intense; disparaît avec une self de o", 000602 (' ). 2660,2 fine et intense, diminue graduellement avec self croissante, pré- sente min. pour o",o2543. 2657,9 2645, 4_ 2643 , 2 263 1,5 2617,9 2593,6 2591,7 2670,5 2545,6 253o,8 2495,0 2488,0 2482,9 2455,5 2449,4 2445,2 2436,4 2433,3 le triplet (très intense) ainsi que la raie 2643,2 (nébuleuse) dis- paraissent complètement avec o", 000602. assez intense, disparaît complètement avec o", 000602. fine et intense, présente min. pour o",o2543. faible et nébuleuse, disparaît coraplèlemenl avec o", 000602. fine, légèrement nébuleuse et intense, présente min. pour o", 023 43. fine, intense, présente min. pour o'',oi3 85. fine, très faible, disparaît avec o", 000602. fine, min. pour o'',oi385. nébuleuse très large, disparaît complètement avec 0*^,000602. fine, min. pour o'',oi385. suite de raies (ines, ou nébuleuses, qui disparaît complètement avec o", 000 602. SÉANCE DU 7 JUILLET 1902. 27 nébuleuses, mais nettes et intenses, présentent min. pour o", 02543 et deviennent très fines et nettes. nébuleuse, mais nette, disparaît avec o", 00689. très faible, disparaît avec o", 000602. faible, disparaît avec o", 000602. fine, mais faible, diminue brusquement d'intensité, mais ne dispa- raît complètement qu'avec o",02543. beaucoup plus forte que la précédente, mais disparaît plus vite (o", 00689). nébuleuse, mais très intense, présente c?eMJ" min.: pour o", 000602 et pour o", 02543. nébuleuse, mais plus nette que la précédente; présente trois min. avec o", 000 602, o", 00689 et o", o25 43. nébuleuse, mais moins nette que la précédente; deux min.: pour 0^,000602 elo'',oi385. fine; njin. pour o'', 000602. nébuleuse et intense; «fewx m;/), pour o", 000602 et pour o", 02543. nébuleuse et faible; disparaît avec o", 000602. très fine; disparaît avec o", 000 602. nébuleuse, mais intense; deuj: min.: pour o", 000602 et o",oi385. disparaissent toutes avec o", 000602. La raie 2429,3 2429,8 2408,0 2393,7 2382,3 238i,i 2368,3 2355,0 2335,3 23i7,9 2288,1 2270,0 2268,6 2267,1 2247,0 2229,6 2221 ,5 22.10, 1 2199,2 2195,0 2119,3 2ii3,6 » En résumé, avec une self-induction de l'ordre de o",o4i9i, le spectre d'étincelle de l'éLiin ne possède dans la région >, = 2700 h \^= 2000 que les raies suivantes qui sont toutes fines et nettes : 2660,2; 2598,6; 2570,5; 2545,6; 2493,0; 9482,9; 2429,3; 242r,8; 2355,0; 2335,3; 2317,9; 2288, I ; 2270,0; 2247,0. » Ajoutons enfin que les longueurs d'onde que nous donnons ici ne sont pas mesurées directement, mais seulement identifiées avec celles de Hartley et Adenev. » ÉLECTRICITÉ. — Nouvelles recherches sur les courants ouverts. Note de M. V. Crémieu, présentée par M. H. Poincaré. « M. Pender (' ) a fait, à mes expériences sur la convection électrique, l'objection suivante : les disques dont je me servais étaient, dans la plu- (') Phil. Mag., août igor, p. 179. 28 ACADÉMIE DES SCIENCES. pari fies cas, recouverts de couches diélectriques destinées à éviter les étincelles; M. Pender pense que ces couches devaient entraîner des charges égales et de sens contraire à celles communiquées aux disques tournants. » Pour répondre à cette objection, j'ai entrepris de nouvelles expé- riences dans lesquelles j'ai cherché à réaliser les conditions théoriques d'une expérience de convection correcte, c'est-à-dire certitude expéri- mentale : » 1° Qu'on entraîne une charge avec son support pondérable; » 2° Que seule cette charge peut agir sur les appareils destinés à dé- celer les effets magnétiques dus à son mouvement; » 3° Qu'aucune perle appréciable de charge ne se produit pendant ce mouvement. » Un disque circulaire d'ébonile, de 6'"" d'épaisseur, 24'™ de diamètre, porte, fixés sur sa périphérie, i8 secteurs en micanite de i"'™ d'épaisseur, séparés les uns des autres par 2'"" d'air et parfaitement isolés sur l'ébonite. Le tout forme une sorte de roue à ailettes planes, d'un diamètre total égal à So'^''^ et qui tourne dans un plan hori- zontal. » Les secteurs de micanite sont dorés, sur leurs deux faces, sur une largeur de 5"^ à partir de la périphérie. » En un point de leur circonférence, ces secteurs viennent passer entre deux sec- leuis métalliques fixes, reliés à une source électrique; en même temps, ils touchent un balai A, relié au sol, et se chargent par inlluence. » Us quittent ensuite les secteurs fixes et tournent à l'air libre. Après trois quarts de tour, ils rencontrent un balai B, relié au sol, sur lequel ils se déchargent. Un gal- vanomètre interposé entre A ou B et le sol permet de mesurer les charges prises et abandonnées par les secteurs. » Les secteurs mobiles chargés viennent défiler à 8"" en dessous d'un système asiatique très sensible protégé par un tube de verre recouvert de papier d'étain relié au sol. » A S"^»' en dessous et parallèlement au plan des secteurs, on a placé une nappe conductrice témoin dans laquelle on peut envoyer les charges appelées en A ou récoltées en B, ce qui permet de comparer l'action de la même quantité d'électricité agissant par convection et par conduction. » Pour qu'on puisse renverser le sens de la rotation du disque en faisant toujours passer sous le système astatique des secteurs chargés, le balai B peut être fixé dans deux positions difFérentes, symétriques par rapport au diamètre passant par A. » On peut ainsi faire dans les deux sens des courants ouverts. Si l'on supprime le balai B, on réalise la rotation continue d'une charge permanente, ou forme Rowland- Maxwell. » Cette méthode a l'inconvénient de ne permettre de réaliser que des SÉANCE DU 7 JUITXET 1902. 29 débits relativement petits, par rapport à ceux que l'on calcule dans le cas de disques tournant entre des armatures fixes reliées au sol. » Les débits maximum mesurés ont été de YTr^TT, ^e coulomb par seconde, qui au- raient dû produire, dans la position la plus favorable, une force magnétique de l'ordre de 5 X lo-'C.G.S. » Le système astatique est formé de deux groupes composés chacun de sept aimants cylindriques de 16""" de long fixés à o™,io l'un de l'autre, sur une lame de mica doré. Moment magnétique M de chaque groupe 20 G. G. S. Période d'oscillation dans l'air <, o%8 Période d'oscillation du système complet dans l'air <,. . iC Rapport 1^ (K. moment d'inertie) de chaque groupe. . . o,ooi5 Coefficient de réduction -| o,oo64 On voit que le couple maximum agissant sur le système aurait été de 10-* environ. » Grâce au concours de M. Jean Javal, j'ai pu faire de nombreuses séries d'expériences. On ne peut opérer qu'après que la circulation des voitures a cessé, c'est-à-dire de i"" à 5'' du matin. M On observait simultanément le galvanomètre de mesure des débits et le système asiatique. » Les résultats sont les suivants : » Le système astatique reçoit, en général, au moment de la charge ou de la décharge des secteurs mobiles, des impulsions qui sont le plus souvent dans le sens prévu pour l'effet magnétique de la convection. » Souvent aussi ces impulsions sont suivies de déviations permanentes dans le sens prévu. » Très nettes au début d'une série, les déviations et impulsions vont toujours en diminuant et finissent par s'annuler, sans que les débits mesurés présentent des variations correspondantes. » Il n'existe aucun rapport entre la grandeur des déviations du système astatique et celle des débits mesurés. » Le maximum de déviation permanente obtenu a été de 6°"'>; la moyenne générale est un peu inférieure à 2""". » En envoyant, dans un sens convenable, le débit des balais dans la nappe témoin, on soumet le système astatique à la résultante des actions en sens inverse du disque et de la nappe. Les effets du disque étant indépendants des débits, on obtient alors des déviations dans le sens du disque si le débit est faible, en sens inverse s'il est fort. » Les valeurs de v calculées d'après les déviations obtenues peuvent, par suite, être nulles, négatives ou infinies; dans certains cas, elles concordent même avec la valeur théorique. 3o ACADÉMIE DES SCIENCES. » Les effets obtenus sont les mênaes, que l'on supprime ou non le balai B. « Leur grandeur ne varie pas tant que le système asiatique est au-dessus de la dorure chargée, quelle que soit sa position relativement à l'axe de rotation. Ils s'an- nulent dès que le fond de l'écran électrique qui protège le système n'est plus au- dessus de la dorure. » Si l'on change le sens de rotation du disque sans déplacer le balai B, les secteurs mobiles ne sont plus chargés en passant sous le système asiatique; cependant les déviations conservent quelquefois leur grandeur, mais leur sens est changé. » Pour toutes ces raisons, les déviations observées ne paraissent pas dues à l'effet magnétique de la convection électrique. » ÉLECTRICITÉ. — Sur la nature du cohéreur. Note de M. J. Fényi. « En faisant des expériences sur la construction du cohéreur, j'ai été conduit à des résultats qui me paraissent intéressants, aussi bien pour les applications que pour la théorie. » Si l'on dispose parallèlement quatre cohéreurs formés d'aiguilles d'acier, de ma- nière que le courant passe simultanément par les quatre points de contact, le système fonctionne tout à fait comme une seule paire d'aiguilles. Il ne fonctionne plus avec précision, si le potentiel de la pile dépasse environ o^'°'', 25 ; avec le potentiel de i volt, il cesse tout à fait. Au contraire, si l'on réunit les quatre cohéreurs en série, on peut les insérer dans le circuit d'un élément de Meidinger, sans qu'il soit nécessaire d'affai- blir le potentiel par un circuit secondaire. En disposant six. cohéreurs en série, on peut les insérer dans le circuit d'un élément Leclanché, dont le potentiel est de V°^\b. En prenant même deux ou trois éléments Leclanché en série, on peut insérer un tel cohéreur en batterie dans leur circuit, si l'on augmente le nombre des cohéreurs simples à raison de trois ou quatre pour i volt de potentiel du circuit. » Ces résultats s'expliquent par une propriété curieuse du cohéreur à ai2;uilles, d'affaiblir le potentiel à chaque point de contact, d'environ o^°", 25, et cela indépendamment de la grandeur de la tension absolue, au moins dans certaines limites. On comprend, en effet, que le cohéreur simple, quoique pratiquement isolateur, laisse passer un courant qui n'est pas tout à fait nul; ce courant, presque infiniment petit, suffit pour établir une distribution du potentiel dans le circuit, d'après les résistances. Ensuite, à chaque point de contact s'établit un quantième, selon leur nombre. Cette possibilité de transmettre un courant d'une tension notable ne s'explique pas par un accroissement de résistance par suite de la pré- sence du cohéreur simple, qui représente de 2 à i6 ohms. Car on a beau SÉANCE DU 7 JUILLET 1902. 3l affaiblir le courant d'une pile Leclanché unique, en insérant une résis- tance de 2000 ohms, le très faible courant passe néanmoins par un cohé- reur simple, et ne se rompt pas par des chocs. » La propriété d'un cohéreur à un seul point de contact peut expliquer, en quelque sorte, le fonctionnement du cohéreur usuel à limailles, ou à débris de charbon. Les petits morceaux de métal se placent à la suite l'un de l'autre, en une sorte de série : ce sont eux qui ailaiblissent progressi- vement la tension électrique, selon leur nombre, et l'on peut, en effet, insérer le cohéreur à limadles dans le circuit d'un élément Leclanché. D'autres particules forment des contacts parallèles et ne fonctionnent qu'en diminuant la résistance. » Mais ce qui constitue une différence importante entre le cohéreur en batterie et le cohéreur à limailles, c'est que le premier permet un réglage rationnel. Tout est alors mesurable : on connaît le nombre des contacts, on peut essuyer les aiguilles, varier et mesurer la pression entre 0^,2 et 6^. Au contraire, les conditions du cohéreur à limailles sont tout à fait incon- nues, et variables selon les hasards du choc. On ne sait pas combien de particules se succèdent, combien se sont rangées parallèlement. En outre, les morceaux, très irréguliers, se touchent par des points plus ou moins aigus, exercent des pressions très diverses par unité de surface, et ces pressions peuvent surpasser les limites admissibles. On s'explique ainsi comment les cohéreurs à limailles se montrent fort capricieux, tandis que les cohéreurs à aiguilles fonctionnent d'une manière infaillible. » Il n'est aucune des conditions du cohéreur à limailles qu'on ne puisse réaliser avec des cohéreurs à pointes, en les disposant convenablement. Une combinaison semblable a d'ailleurs été proposée par M. Bosse. Ainsi s'explique aussi la pratique prescrite, de prendre des limailles lourdes et de les cribler pour leur donner une égale grosseur. On ne voit pas d'abord pourquoi des morceaux égaux conviendraient mieux que des morceaux inégaux, qui semblent même plus sensibles à l'ébranlement. L'effi- cacité du criblage des limailles lourdes est due à ce que les points trop fins deviennent obtus. » Dans la pratique de la télégraphie sans fil, on dit aussi qu'on ne doit insérer le cohéreur que dans le circuit d'un seul élément Leclanché, et que le courant ne doit pas dépasser un millième d'ampère. Mon installa- tion ne me permet pas de faire des expériences de télégraphie sans fil à grandes distances; mais les expériences faites dans le laboratoire, avec mon cohéreur en batterie, m'ont montré qu'on peut l'insérer dans le cir- cuit de trois éléments Leclanché en série, sans autre résistance, et que le 32 ACADÉMIE DES SCIENCES. cohéreiir fonclionne alors régulièrement, quoique le courant soit de l'ordre d'un dixième d'ampère. » J'ai profilé de celte propriété des cohéreurs à aiguilles, de fonctionner avec un courant d'une intensité notable, pour disposer des appareils d'une simplicité surprenante. » Si l'on place un cohéreur à 6 points sur un appareil à sonnerie convenable, et si on les insère tous deux en série dans le circuit d'un élément Leclanché, on constate qu'une petite étincelle électrique excite le cohéreur; la sonnerie retentit, ébranle le cohéreur et se tait ensuite immédiatement. » Si l'on insère un récepteur de Morse parallèlement avec la sonnerie, on obtient un appareil qui peut servir à démontrer, dans le laboratoire, le principe de la télégra- phie sans fil. » En réunissant le cohéreur, des deux côtés, avec la terre et avec un conducteur isolé très long, on obtient un appareil qui signale les tempêtes lointaines. Si l'on insère, en outre, dans cet appareil, parallèlement avec la sonnerie, un électro-aimant enregistreur sur un mouvement d'horlogerie, on obtient un appareil enregistreur des décharges électriques dans l'atmosphère, pour les études météorologiques. )> Les expériences que j'ai faites sur la sensibilité de ces appareils m'ont montré qu'elle est essentiellement déterminée, par la longueur du conducteur isolé, qui remplace l'antenne. Un petit appareil avec un conducteur de 36o" donnait simulta- nément dix fois plus d'indications qu'un autre dont le conducteur était de 26". » PHYSIQUE. — Action dissociante des diverses régions du spectre sur la matière. Note de M. Gustave Le Bo.\ ('). « Dès le début de iTies recherches sur le mode d'énergie auquel j'ai donné le nom de lumière noire, j'ai énoncé il y a 5 ans (^) que les ef- fluves qu'émettent les corps frappés par la lumière étaient de même nature que les rayons uraniques généralement consiiiérés aujourd'hui comme identi(|ues aux rayons caihodiques et constitués par des éléments d'atomes dissociés porteurs de chiirges électriques. » Étemianlle cercle de ces recherches, j'ai montré plus tard (') que les mêmes eifluves se manifestaient dans un grand nombre de réactions chi- miques, el j'ai pu conclure que cette production d'effluves sous des influences (') Celte Note avait été présentée à l'Académie dans la séance du 9 juin dernier. (») Comptes rendus, mai 1897, p. 896. (') Comptes rendus, avril 1900, p. 894, et Revue scientifique, 1900, p. 45'2- SÉANCE DU 7 JUILLET 1902. 33 fort diverses constituait un des phénomènes les plus répandus dans la nature. » Depuis cette époque, divers auteurs, Lénard notamment, sont arrivés également à cette conclusion que les métaux frappés par la lumière en- gendrent des rayons cathodiques déviables par l'aimant. » J'ai repris récemment mes anciennes expériences et essayé de déter- miner l'énergie de dissociation produite sur les corps par les diverses régions du spectre et mesurer l'activité des substances soumises à leur action. » Les corps soumis à l'expérience sont disposés en lames inclinées de 45° à une certaine distance au-dessus du plateau d'un électroscope et sans au- cune relation avec lui. Lorsque ces lames sont frappées parla lumière, elles émettent des effluves qui déchargent l'électroscope, à la condition qu'il ait reçu une charge positive. Dans l'expérience ainsi disposée, on voit qu'un corps non électrisé (') émet, sous l'action de la lumière, des effluves capables de décharger un corps électrisé. C'est ce que j'avais établi il y a 5 ans. » Les sources lumineuses employées ont été : le Soleil, pour les radiations dont le spectre s'éteml jusqu'à o^, 293, et, pour les radiations allant jusqu'à oi^, i85, les étincelles d'un condensateur éclatant entre des électrodes d'aluminium placées dans une boîte fermée par une lame de quartz recou- verte d'une toile métallique reliée à la terre afin de se mettre à l'abri de toute influence électrique. » Pour rendre les expériences comparatives, les corps sur lesquels devait agir la lumière étaient tous taillés en lames carrées, de o™, 10 décote, placées à 20*=™ au-dessus de l'électroscope, dont le bouton est remplacé par un plateau ayant même surface. Ce plateau était naturellement disposé de façon que les rayons émis par la source lumineuse ne pussent tomber à sa surface. » Pour séparer les diverses régions du spectre et déterminer l'action de chacune d'elles, on interposait, entre la lumière et les corps frappés par elle, divers écrans : cuve de sulfate de quinine, verre épais, verre de o™"", i , mica de o™'",ooi, quartz, sel gemme, etc., dont on avait d'abord déter- miné la transparence pour les diverses radiations du spectre, par des pho- tographies faites au spectroscope. (') Dans les expériences de déperdition électrique à la lumière ultra-violette, les corps sont, comme on le sait, en relation avec l'électroscope et chargés négativement. C. R., 1902, 7' Semestre. (T. CXXXV, N" 1.) 5 34 ACADÉMIE DES SCIENCES. » En opérant comme il vient d'être dit, c'est-à-dire en interposant divers écrans entre les rayons lumineux et le corps sur lequel ils doivent agir, on constate, d'après la rapidité de décharge de l'électroscope, la quan- tité d'effluves émis par chaque corps suivant les régions du spectre aux- quelles il est soumis. On trouve ainsi que les divers corps ont une sen- sibilité très différente pour les diverses radiations. » Voici du reste les résultats obtenus : » 1° Corps sensibles aux radiations comprises dans le spectre solaire, c'est- à-dire ne dépassant pas 01^,295. L;i plupart des corps sont sensibles, mais dans des proportions extrêmement différentes. La sensibilité peut varier, en efïet, entre 20° de décharge de l'électroscope en 5 secondes jusqu'à 1° seulement en 2 minutes, soit environ 5oo fois moins pour les derniers. » En représentant par 1000 l'action des corps les plus sensibles, on ob- tient, d'après le temps nécessaire pour décharger du même nombre de dcrés un électroscope chargé positivement et dont les feuilles d'or ont été portées au même potentiel, les chiffres suivants : » L'étain amalgamé, le cuivre amalgamé, le zinc amalgamé donnent des décharges représentées pat 1000. Valummium, le magnésium, le zinc, le plomb amalgamé, le mercure contenant ^^ de son poids d'élain, des dé- charges comprises entre 1000 et 40. L'or, le cobalt, le mercure pur, l'étain, le carton, le bois, les siil/ures phosphorescents, etc., une décharge représentée par I . » Pour les corps à faible décharge, c'est-à-dire ceux mentionnés à partir de l'or, on n'observe généralement d'effet que quand les rayons solaires contiennent la région du spectre allant de M à U, région qui disparaît sou- vent, même quand le temps est très clair, comme je l'ai constaté par de nombreuses photographies faites au spectroscope. » Si l'on recherche comment se répartit l'énergie des diverses régions du spectre solaire sur les corps très sensibles, comme l'étain amalgamé ou l'alumuiium, on trouve, en représentant par 100 l'énergie totale : Énergie des radiations allant jusqu'à 'k=^oi^,(\00 6 pour 100 Énergie des radiations allant de 1 = oH-, 4oo à X ^ 36o 9 pour 100 Énergie des radiations allant de X =:oi^,36o à X = 293 85 pour 100 » On peut, par divers artifices, sensibiliser certains corps pour des régions où ils sont insensibles. Le mercure et l'étain, par exemple, sont des corps fort peu sensibles. Il suffit cependant d'ajouter au premier ^^ de son poids du second pour le rendre très sensible pour la région de l'ultra- SÉANCE DU 7 JUILLET 1902, 35 violet comprise entre 1 = o^, 36o et 7^ = o^, 295. Le mercure ainsi préparé est un réartif excellent pour étudier les variations de Tultra-violet suivant l'heure, le jour et les saisons. Si la quantité d'étain ajoutée s'élève à I pour 100, le mercure devient sensible pour tout le reste du spectre. » Ij'heure, la saison, la nature du nettoyage, font varier sensiblement la rapidité de la décharge. Le détail de nos expériences, leur technique et les propriétés des effluves qui se dégagent seront exposés prochainement dans un Mémoire publié par la Revue scienliftque. » 2" Corps ne devenant très sensibles qu'aux radiations dont la longueur d'onde est inférieure à 0^^,295 : Cadmium, étain, argent, plomb, etc. » 3° Corps ne devenant très sensibles qu'aux radiations dont la longueur d'onde est injérieure à 1 = 01^,252 : Or, phitine, cuivre, fer, nickel, sub- stances organisées, composés chimiques divers (sulfate et phosphate de soude, chlorure d'ammonium, etc.). Après les métaux, les corps les plus actifs sont le noir de fumée et le papier noir. Les moins actifs sont les corps organisés vivants, feuilles et plantes notamment. » Tous les effluves qui se dégagent sous l'action de la lumière dans les conditions qui viennent d'être exposées présentent les plus étroites ana- logies avec les émissions décrites sous le nom de radio-activité de la matière. Leur production semble donc bien, comme j'ai été seul à le sou- tenir jîendant longtemps, un cas particulier d'une loi très générale ('). La loi générale serait que, sous des influences fort diverses, les atomes de la matière peuvent subir une dissociation profonde et donner naissance à des effluves possédant des propriétés fort différentes de celles des corps d'ofi ils émanent. » PHYSIQUE. — La lumière noire et les phénomènes actino-électriques . Note de M. Gustave Le Bon. . « Dans une Note insérée aux Comptes rendus du iS juin 1902, M. Nodon annonce que, « lorsque des radiations lumineuses sont projetées sur une » lame mince, elles donnent naissance, sur la face non éclairée de cette » lame, à des radiations analogues aux rayons X et aux rayons du radium «. Ces radiations, ajoute-t-il plus loin, « possèdent la propriété de traverser » avec facilité les métaux en lame mince — Elles déchargent les corps élec- » trisés », etc. (') Comptes rendus, mai 1897, p. 895. 36 ACADÉMIE DES SCIENCES. » Il me suffira de reproduire quelques passages des Notes insérées il y a 5 ans dans les Comptes rendus, pour montrer que ces résultats sont absolument identiques à ceux que j'ai fait connaître à propos de la lumière noire. « Les radiations obscures engendrées parla lumière tombant à la surface des corps » déchargent rélectroscope. Elles traversent les écrans électriques.... Ces radiations » se rapprochent, par quelques-unes de leurs propriétés, des rayons X, mais elles en » diffèrent par plusieurs points fondamentaux. . . . S'il est vrai, comme je tente de le » démontrer depuis longtemps, que toutes les fois que les corps sont frappés par la » lumière ils engendrent une forme particulière d'énergie, il s'ensuit que ce mode » d'énergie, si peu connu encore, se trouve être pourtant un des plus répandus dans » la nature. » {Comptes rendus, mars 1897, p. 765.) » M. Nodon a donné aux radiations qu'il croit avoir découvertes le nom de rayons radio-acliniqiies. Elles sont identiques, comme on le voit, à celles que j'ai désignées sous le nom de lumière noire. » THERMOCHIMIE. — Sur l hydratation de l'oxyde de zuic. Note de M. de Forcrand. « Pendant longtemps on a enseigné, d'après Thomsen ('), que la cha- leur d'hydratation de l'oxyde de zinc était négative, ZnO sol. -+- H=0 liq. = Zn(OH)» sol. - l'^'^Kf^ ( = ). » M. Massol (') a repris, il y a quelques années, cette détermination. En dissolvant séparément dans un même acide (malonique) un oxyde pré- cipité desséché à 100" [supposé Zn(OH)=] et un oxyde précipité desséché à 25o° (supposé anhydre), il a trouvé ZnO sol. -+- H-O liq. = Zn(OH)= sol. + 4Cai^ 32. La différence avec le résultat de Thomsen est de 7*^*', 07. J'ai cherché à (') Therni. Untersuchungen, t. III, p. 274. (2) En réalité, ce nombre devrait être ramené à — i'^»',97, d'une part, parce que la chaleur de formation de l'eau est -H ôg"^"' et non pas -+- 68^''', 36, et, de l'autre, parce que la moyenne des déterminations (connues avant les expériences de Thomsen) de la chaleur d'oxydation du zinc est -1-85^»', 29 et non pas -(- SS^^^', 43, comme il l'admet. Néanmoins, même avec c-elte correction, la chaleur resterait négative. (2) Bulletin de la Soc. chiin.. t. XV, 1896, p. iio4. SÉANCE DU 7 JUILLET I902. 87 élucider cette question en préparant des échantillons d'hydrates d'oxyde de zinc par trois procédés différents. » I. Hydrate cristallisé. — C'est Runge qui l'a signalé le premier, et J. Nicklés l'a étudié plus tard, en i853 ('). C'est le seul procédé qui donne le véritable hydrate Zn(OH)î. » Cet hydrate cristallisé se dissout dans l'acide sulfurique étendu, en dégageant -1-23'^'', o5. Et, comnae l'oxyde anhydre qu'il donne lorsqu'on le chauffe à 125° dégage +25C'i,24 (^), on a ZnO sol. + H^O liq. = Zn (011)2 cristallisé +2^^!, 19 soit, à partir du H^O solide : — o'^"',76 (^). » II. Hydrate amorphe préparé par voie humide. — On l'obtient par la méthode bien connue ; action de la potasse sur un sel de zinc dissous. Après lavage, le préci- pité est étalé sur des plaques poreuses, sous cloche, en présence d'anhydride phospho- rique. L'analyse permet de suivre chaque jour les progrès de la dessiccation. » A partir de 4,5 H* O environ, la masse, d'abord pâteuse, peut être pulvérisée. Un échantillon, dont la composition était ZnO -H 4,63 H'O, a donné -f- 17^»', 92 par disso- lution dans l'acide sulfurique étendu. Peu à peu on arrive, à froid, à deux, limites de déshydratation différentes : » Si l'on opère sur de petites quantités, la limite correspond à ZnO -t- i,66H-0, et elle est atteinte en quelques jours. » Si la masse est plus considérable et par suite l'épaisseur de la couche plus grande, la limite conduit à ZnO -H i ,3i H'O, et il faut près d'un mois pour l'atteindre, mais on n'obtient jamais l'hydrate normal Zn(OH)-. » La chaleur de dissolution de Zn O -I- i,66 H'O est -t- i8'^"i,48. » Ce même corps, chauffée 160°, dans un courant d'airsec, et jusqu'à poids conslant, contient encore Zn O M- i ,28 H^O, et, dans cet état, sa chaleur de dissolution est -H i8C''i,6i. » L'échanlilion Zn O H- i ,3i H^O , chauffé de la même manière, à 160°, a donné un hydrate Zn O H- i ,09 H-0 dont la chaleur de dissolution est -+- iS"^"', 83. » Il s'agit évidemment ici d'hydrates d'oxydes condensés, et de plus en plus con- densés, tels que : Zn30^5H=0, Zn'0^4H*0, Zn'O'.ôH^O ('), (') Annales de Chimie et de Physique, 'i" série, t. XXII, i853, p. 3i. (2) Comptes rendus, t. XXXIV, p. 1248 et i544- (') Ce qui correspond bien à 125" pour la température T' de dissociation, car on a : 0,76 X 33 = 25°, 08. (*) J'ai précisément obtenu des formules et des limites analogues avec les hydrates du peroxyde de zinc {Comptes rendus, t. XXXIV, p. 60 1). Et, dans son étude des sul- fures précipités, Soucliay a signalé les composés suivants : Zn^S^H^O, Zn*S*. 2H2O, Zn'S'.H^O. 38 ACADÉMIE DES SCIENCES. et si leur chaleur de dissolution dans l'acide sulfurique étendu est sensiblement la même, c'est que la déshydratation progressive est accompagnée d'une polymérisation exothermique. » Les hydrates précédents, chauffés à aSo", deviennent Zn O + 0,89 H-0 (peut-être ZnSQs -f- 2 H-0) qui résiste ensuite même à une température de 4oo°, maintenue pen- dant plusieurs heures. La chaleur de dissolution de ce corps est 28'^"', 28. » Bien plus, ce dernier hydrate ne perd que la moitié de l'eau qu'il contient lors- qu'on le maintient pendant une heure au rouge dans un courant d'air. Ce n'est qu'au rouge vif qu'il devient de l'oxyde anhydre Zn O, lequel dégage + aS'^^'jgi en se dis- solvant dans l'acide sulfurique. » L'affinité pour l'eau de ces oxydes condensés (acides métazimiques) est tout à fait extraordinaire. » Évidemment, chacun des nombres précédents retranchés de +23*^"', 91 exprimera la chaleur dégagée par la fixation d'une certaine quantité d'eau sur ZnO calciné. Ainsi : + 28,91 — 18,88 = 5,8 pour i .ogH^O, soit -+- 4,66 pour H^O; de la même manière : -+-28,28 — 18,61 = 4.62 pour le passage du ZnO 4-0,891^0 à ZnO H- 1 ,28 H-0, soit -t- 5, 19 pour H^O. Et ces nombres sont en effet assez voisins de celui qu'a obtenu M. Massol (-h 4i32) en se plaçant précisément dans ces mêmes conditions. Mais on conçoit (|u'il est impossible de leur attribuer une signification précise, à cause du changement de polymérisation. » in. Hydralation de l'oxyde calciné. — L'oxyde anhydre, dont la chaleur de dis- solution est -1-23,91, exposé à l'air humide, absorbe de l'eau, d'abord assez vite jusqu'à 0,20 H-0, puis de plus en plus lentement. On retrouve alors, par cette opé- ration inverse, les hydrates condensés précédents. Ainsi, j'ai obtenu un corps ZnO -h 0,82 IPO dont la chaleur de dissolution est -i-2oC»',i5. On pourra dire en- core que 23,91 — 20, i5 —-h 3,76 pour 0,82 H-0, soit -1- /l^ai^ 58 pour H'O, en cal- culant proportionnellement, ce qui est encore un nombre bien voisin de celui de M. Massol, mais sans qu'on puisse davantage s'attacher à sa valeur absolue, et pour les mêmes raisons que plus haut. » Conclusions. — L'oxyde anhydre, préparé à i25°, qui est vraisembla- blement le moins condensé, se transforme en hydrate cristallisé normal Zn(OH)- en dégageant -H 1^^'^, 19 à partir de H^O liq. C'est le seul résultat qui me paraisse avoir une signification précise. Il s'éloigne à la fois de celui de Thomsen et de celui de M. Massol. » L'oxyde anhydre condensé, préparé au rouge vif, donne un certain nombre d'hydrates de condensation différente. La valeur moyenne qui correspond à 1™°' d'eau fixée serait comprise entre 4^*', 5 et 5^*'. » Les plus hydratés parmi ces derniers hydrates perdent de l'eau pro- gressivement lorsqu'on les chauffe, en s'éthérifiant et en donnant des acides mélazinciques de plus en plus stables et de plus en plus polymérisés. » La condensation de /iZn(OH)^ et sa transformation en (ZnO, H^O)" dégage environ n x 3*^"', 80. SÉANCE DU 7 JUILLET 1902. Sp » La chaux, et probablement beaucoup d'autres oxydes métalliques, donnent lieu à des phénomènes analogues. » CHIMIE ORGANIQUE. — Propriétés oxydantes d' un pyranol. Note de M. R. Fosse, présentée par M. A. Haller. « Dans des publications précédentes, nous avons établi que les hypo- chlorites et bromites du pyranoxonium possédaient la propriété d'oxyder l'alcool en aldéhyde et de se transformer en dérivé pyranique avec forma- tion d'hydracide. » M. Haller et moi avons attribué à ces corps la formule générale suivante, dans laquelle X est un halogène (Cl ou Br) : CH 0-X » Nous avons également montré que ces corps peuvent fixer encore 2^' d'halogène pour donner des dérivés trihalogénés auxquels nous attri- buons les formules suivantes : CH O Br - Br - Br CH O I I-I » Nous nous étions proposé de préparer l'hypoiodite de dinaphto- pyranoxonium. Par analogie avec l'une des préparations données par nous pour les hypochlorite etbromite, nous avons fait réagir l'acide iodhy- drique sur le dinaphtopyranol, pensant réaliser la réaction suivante : C'«H«: CHOH^ - O ^ VQ.OJJO /CH\ HI^C'-H»; I ;c'»H« H^O. » Nous avons été très surpris d'obtenir, non pas l'hypoiodite désiré, mais le trn'odure d'oxonium. 4o ACADÉMIE DES SCIENCES. » Pour 1h formation de ce triiodure, il fallait admetlre que, même vers 5o°, l'acide iodhydrique peut perdre rapidement de l'hydrogène, ainsi que le montre l'équation /CHOH\ /CH\ Ci) C-H". /C"'H''+3HI = C"'H''( i ^CoH^^ H^O + H=. ^ ^ \ o / \ o / I p » Or il ne se torme pas la moindre bulle gazeuse. En étudiant de plus près la réaction, nous avons découvert la formation d'un produit de réduc- tion : le dinaplitopyrane. Les deux atomes d'hydrogène disponibles se portent sur une molécule depyrauol, qui se transforme en pyrane d'après (2) C"«H°(^^"^^^C"'H»+ H^= C'°I1''(^^"'^C'«H»+ H^O, de sorte que l'action de HI intéresse deux molécules de pyranol, dont l'une se iode et l'autre se réduit, d'après l'équation (3), somme de (i) et (2), CHOH O 2C."'H«( ^T )C'»H''+3HI \ O / \ O / I P » On voit que le dinaphtopyranol se conduit comme un oxydant vis-à-vis de HI; nous démontrons, par un autre exemple très curieux, les propriétés oxydantes de ce corps. » Action du dinaphtopyranol sur le diphénopyranol. — On chauffe, au reflux, à l'ébullition, une solution acétique équimoléculaire de ces deux corps. La solution, d'abord rouge foncé, se décolore peu à peu. Par refroidissement, on obtient des aiguilles de dinaplitopyrane; caractérisé par sa forme cristalline, son point de fusion et celui de son picrate. Par précipitation de la solution acétique, on obtient de la diphénopyrone ou xanthone. » On voit donc que le dinaphtopyranol s'est réduit en dinaphtopyrane, en oxydant le diphénopyranol en diphénopyrone. La curieuse réaction de ces deux pyranols se formule d'après : = H^O+G'»H^^*-î^'^C'»H»+C«H'<^^^C'IP. SÉANCE DU 7 JUILLET I9i'3. ''l I » Eli résumé, de même que les sels de pyranoxonium possèdent des propriétés oxydantes, ainsi que nous l'avons montré, de même le dinaplUo- pyranol jouit d'un certain pouvoir oxydant. » CHIMIE ORGANIQUE. — Condensation du niliomèlhane avec les aldéhydes aromatiques. Note île MM. L. Bocveault et A. Wahl, présentée par M. A. Haller. « Nous avons indiqué, dans une Note récente (Comptes remhis, t. C\XXIV, p. ii45), que le nitroslyrolène, réduit par l'amalgame d'aluminium ou par le zinc et l'acide acétique, est transformé en l'oxime de l'aldéhyde phényl- acétique. Après avoir montré que cette réaction est également applicable aux dérivés nitrésgras non saturés {Comptes rendus, t. CX.WIV, p. 1226), nous avons cherché à généraliser cette curieuse transforraalion, mais nous nous sommes heurtés à la difficulté de préparer les homologues supé- rieurs du nitrostyrolène. » L'action du chlorure de zinc sur le mélange de nitrométhane et d'al- déhyde benzoïque, qui donne aisément le nitrostyrolène, fournit surtout des produits de décomposition goudronneux quand on remplace l'aldé- hyde benzoïque par une autre aldéhyde aromatique (B. Pr[ebs, Lieb. Ann., t. CCXXV, p. 35o; C. PosNER, D. chew . G., t. XXXI, p. 65G). » M. J. Thiele (D. chem. G., t. XXXII, p. isgj) a réussi à obtenir des nitrostyroiènes substitués en opérant cette condensation au moven de potasse alcoolique. Nous avons répété ses expériences; mais, n'étant pas satisfaits des rendements obtenus, nous avons substitué, dans sa méthode, le méthylate de sodium à la potasse alcoolique. » On dissout dans l'alcool méthylique absolu le mélange équimoléculaire d'aldéhyde aromatique et de nitrométhane et l'on place la solution dans un mélange réfrigérant; on y ajoute ensuite en plusieurs fois une molécule de méthylate de sodium dissous dans l'alcool méthylique. Il se précipite avec un rendement presque intégral un com- posé blanc cristallin qui est essoré et lavé à l'alcool absolu. Ce produit, que nous avons isolé et analysé, est un produit d'addition de l'aldéhyde et du nitrométhane sodé formé suivant l'équation RCHO+CH^ = Az'/^^, =RCH(0H)-CH = Az^2-, . \U IN a \U iNa » Ces sels sont très solubles dans l'eau, qui ne les dissocie pas; les acides les décom- C. K., 1902, 2" Semestre. (T. CXXXV, N» 1.) 6 42 ACADÉMIE DES SCIENCES, posent en mettant en liberté l'alcool nitré correspondant R. Cil OH - CH = Azf ° ^^ + HX = R. Cil OH - CH^ - AzO^ -r Na X. » Au moment de sa formation, et en proportion variable suivant les cas particuliers, cet alcool nitré se déshydrate en fournissant le nitrostyrolène cherché : R CH OH - CH^— Az 0»= H' O + R. CH = CH — Az O^ » Pour obtenir immédiatement une déshydratation intégrale, nous traitons le sel de sodium par une solution jjouillante de chlorure de zinc anhydre dans l'acide acé- tique crislallisable. Après 3 ou 4 heures d'ébullition, le liquide est refroidi et versé dans l'eau; le nitrostyrolène se précipite cristailiâé avec de très bons rendements. » Nous avons appliqué celte méthode aux condensations du iiitromélhane avec les aldéhydes anisique, pipéronylique, ortho-nitrobenzoïque et avec le furfurol, et nous avons réduit dans les conditions indiquées les nitrosty- rolènes ainsi obtenus. » Leparamét/ioxy-M-nàroslyrolène (ou anisylidène-nilromélhnnr) CH'0-C«H' — CH=CH- AzC forme de magnifiques aiguilles jaunes, d'odeur faible assez agréable, fondant à 87°. Sa réduction par le zinc et l'acide acétique donne la p.-mél.lioxy-phénjlacétaldoxime CIPO. G' H* — CH^ — CH = AzOH, qui constitue des feuillets incolores fondant à i ra". Nous n'avons pu jusqu'ici en régénérer l'aldéliyde correspondante. Le pipàronyli- dène-nitrométhane CH^O-. CH^ — CH=:CH — AzO^ cristallise en aiguilles jaunes fondant à iSg"; la réduction le transforme en Voxime de l'aldéhyde homopipérony- lique CH-0-. CH' — CH^— CH = AzOH. Feuillets incolores fondant à 120°. Le furfurylidène nitromélhane cristallise dans l'alcool en magnifiques cristaux jaunes fondant à 7/1° et bouillant à i35° sous ao""; ils possèdent une odeur de cannelle et provoquent sur la peau une sensation de brûlure. Sa réduction fournit avec de mauvais rendements Voxime de r/(o»io/»//«/-o/ CIPO — CIP— CH = AzOH en longues ali^uilles incolores fondant à 6i°-62° et distillant à i20"-i3o" sous aS""". Ce corps s'altère spontanément même en tube scellé et à l'obscurité. 1) L'alcool nitré AzO-—C''H'*—CH(OH) — CIP.AzO- obtenu en partant de l'iildé- hyde o.-nilrobenzoïque est beaucoup plus stable que les autres composés du même genre dont nous venons de parler; son sel de sodium est jaune, le chlorure de zinc ne le déshydrate pas; on y arrive cependant en le distillant dans le vide : il se décompose alors en eau et ortho-io-dinitrostyrolène qui bout vers 200° sous 20'"™ et cristallise aussitôt. L'alcool l'abandonne sous forme de belles aiguilles jaunus fondant à io6">-i07°. Ce corj>s a déjà été obtenu en petite quantité par Priebs dans la nilration de l'oj- nitroslyrolène et par Posner dans l'action condensante du chlorure de zinc sur le mélange de nitrométhane et d'aldéhyde orthonitro-benzoïque. La léduction dans SÉANCE DU 7 JUILLET I902. l\^ diverses conditions de ce > CHIMIE ANIMALE. — Sur Ics principes actifs du venin de crapaud commun (Bufo vulgaris L.). Note de MM. C Phisalix et Gab. Bertrand, pré- sentée par M. Roux. « Nous avons montré antérieurement que la grenoudle est un bon réactif du venin de crapaud. Elle succombe à l'injection de très petites doses et présente un ensemble caractéristique de symptômes : de la j)ara- lysie, débutant par le train postérieur, du rétrécissement de la pupdle, le ralentissement et l'arrêt du cœur en systole ( ' ). » Nous avons signalé en même temps l'existence de produits alcaloï- diques dans le venin, en faisant toutefois remarquer que c'éUiit à d'autres produits, de nature encore inconnue, qu'il fiillait rapporter presque toute l'activité de cette sécrétion. » Ayant réussi, depuis, à nous procurer une assez grande quantité de crapauds, nous avons repris l'étude de la composition chimique du venin, que nous avions à peine ébauchée. » Deux méthodes nous avaient servi, dans nos premières recherches, pour nous procurer le venin. Au début, nous exprimions les glandes paro- tides des animaux placés dans l'eau distillée. Puis, comme cette méthode était longue et désagréable, nous avons opéré autrement : les crapauds, préalablement chloroforiués, étaient écorchés et les peaux mises dans le vide sur l'acide sulfunque. I.orsque ces peaux étaient sèches, on les épui- sait de leurs matières grasses par le sulfure de carbone, puis on les faisait macérer dans l'alcool à gS pour loo. Celui-ci se chargeait de tous les prin- cipes toxiques. « Mais, comme nous l'avons reconnu ensuite, cette seconde méthode, qui permet de traiter facilement de grandes quantités de crapauds, est, en réalité, bien inférieure à la précédente, au point de vue de l'analyse im- (') Il s'agit de Rana temporaria el de Bufo vulgaris. Voir Comptes rendus, t. CXVI, 1893,13. 1080, e.1 Archives de Physiologie, 5" ^ér'ie, t. V, iSgS, p. 5ii. SÉANCE DU 7 JUILLET 1902. /J-, médiate du venin; l'alcool dissout, en effet, non seulement les principes toxiques qu'on recherche, mais encore d'autres substances, provenant des parties non glandulaires de la peau, qui viennent souiller l'extrait alcoo- lique. L'analyse est rendue plus difficile et les résultats qu'elle donne restent incertains. Aussi sommes-nous revenus, dans nos nouvelles expé- riences, à la méthode primitive, c'est-à-dire à l'extraction directe du venin. Nous avons pratiqué celle-ci sur 5oo crapauds environ. » Nos recherches ne sont pas encore définitives ; mais, à cause d'une publication récente de Faust sur le môme sujet ( ' ), nous croyons devoir en donner dès aujourd'hui les principaux résultats; ils ne sont d'ailleurs pas tout à fait d'accord avec ceux de Faust. )) En faisant macérer des peaux de crapauds dans l'alcool, cet expéri- mentateur a extrait deux substances : la bufonine et la bnfoîaline, capables toutes deux d'arrêter le cœur en systole; il les considère comme les prin- cipes actifs du venin. » Cette conclusion nous paraît critiquable. La méthode employée par Faust enlève à la peau du crapaud, comme nous l'avons indiqué au sujet de nos propres recherches, des substances qui n'ont aucun rapport avec le venin. C'est ce qui expHque l'existence du corps décrit par lui sous le nom de bufonine et que nous n'avons pu retrouver dans le venin extrait directement des glandes (^). » En outre, les résultats de Faust ne rendent pas compte de tous les caractères physiologiques du venin, car la bufotaline arrête les mouvements du cœur, mais ne présente aucune action manifeste sur le système nerveux central. » Nous arrivons à extraire et à séparer les constituants actifs du venin de crapaud de la manière suivante : la tète des batraciens élanl maintenue dans l'eau, on exprime avec les doigts ou à l'aide de pinces le contenu des glandes parotides. » On obtient de la sorte un liquide lactescent, à réaction acide, qu'on filtre à la bougie de porcelaine et qu'on évapore à consistance d'extrait. Pendant cette évapora- tion, il se sépare une substance peu soluble, sous la forme d'une pellicule blanche, qu'on enlève au fur et à mesure de sa formation. On lave cette substance à l'eau dis- tillée, puis on la redissout dans l'alcool absolu ou le chloroforme. Il se sépare alors un peu de matières albuminoïdes, et le liquide, rendu limpide par filtration, est éva- poré complètement à sec. (') Ueber Bufonin und Bafotalin, 35 pages. Leipzig, Hirschfeld, 1902. (-) L'un de nous reviendra sur la nature de cette substance qui ne possède, lor qu'elle est pure, aucun pouvoir toxique. /(8 ACADÉMIE DES SCIENCES. » Le corps oljtenii de cette façon est un des princi-pes actifs du venin, celui f(ui ngit sur le cœur de la grenouille et rarrêle en systole. Il se présente sous l'aspect d'une résine transparente, presque incolore, dont la composition centésimale répond à la formule C" H"' O". ( Trouvé : G, 71,21; H, 8,57. —Calculé : G, 71,43, H, 8,55.) » Malgré cette composition, différente de celle trouvée à la biifotaline par Faust, nous croyons avoir affaire absolument au même principe. Li bufotaline de Faust était souillée par un corps acide, car la nôtre est tout i\ fait neutre. » La bufotaline pure est liés soluble dans l'alcool, le chloroforme, l'acétone, l'acé- tate d'élhyle et l'acide aci'tique ; moins soluble dans l'élher, très peu dans le létrr- clilorure de carbone, insoluble ou presque insolulde dans le sulfure de carbone, le benzène et l'étlier de pétrole. Lorsqu'on ajoute de 1 eau à sa solution alcoolique, elle se précipite en donnant uneémulsion blanche qui finit par se dissoudre dans un grand excès d'eau. G'esl la solution aqueuse ainsi obtenue qui a servi aux expériences physiologiques. Bien que très diluée, elle a une saveur fortement amère et laisse sur la langue une sensation spéciale très persistante. » Le second principe actif du venin, celui qui agit sur le système ner- veux et détermine la paralysie, reste dans l'extrait aqueux d'où l'on a séparé le poison cardiaque. » Il renferme encore une certaine quantité de celui-ci et quelques autres substances, parmi lesquelles une matière albuminoïde et du chlorure de sodium. Pour le purifier, on le reprend par l'alcool à 96"; la solution filtrée est distillée, et le résidu, dissous dans l'eau, est déféqué par le sous-acétate de plomb et l'hj'drogène sulfuré. On ob- tient de la sorte une solution peu colorée qu'on épuise successivement par le chloro- forme, pour extraire le reste de bufotaline, et par l'éther, qui enlève presque tout l'acide acétique. » Ce nouveau principe, que nous appelons bufoténine, se trouve dans le résidu de la solution, évaporée à sec dans le vide. » En résumé, le venin de crapaud commun doit son activité à la pré- sence de deux substances principales : la bufotaline, de nature résino'ide, soluble dans l'alcool et peu soluble dans l'eau, et la buFoténine, 1res soluble dans ces deux dissolvants. Injecté à la grenouille, il amène l'arrêt du cœur en systole, à cause de la première substance, comme cela a été reconnu d'abord par Faust; la paralysie est provoquée, au contraire, par la bufoténine. » SÉANCE DU 7 JUILLET 1902. 49 CHIMIE ANIMALE. — Sur la nature de la bufomne. Note de M. Gabriel Bertrand, présentée par M. Roux. « On a vu, dans une Note que j'ai publiée avec M. C. Phisalix('), que le venin du crapaud doit sa toxicité à deux substances principales : la bufo- taline, arrêtant le cœur de la grenouille en systole, absolument comme la digitaline, et la bufoténine, que son action paralysante rapproche jusqu'à un certain point du curare. » Faust, d'après un Mémoire récent (^), a déjà obtenu la première de ces substances, mais à l'état impur. La seconde lui a échappé, mais, par contre, il a décrit un autre corps cristallisé, fusible à -+- iSi°, auquel il a donné le nom de bufonine. » D'après lui, ce nouveau corps répondrait à la formule C^H^^O". Facilement soluble dans l'alcool chaud, le chloroforme et le benzène, il se dissout difficilement dans l'éther, très peu dans l'alcool froid et dans l'eau. Avec le chloroforme ou l'anhydride acétique et l'acide sulfurique, il donne à peu prés les réactions colorées de la cholestérine; mais, au contraire de cette substance, il peut être évaporé à sec avec de l'acide chlorhydrique et du perchlorure de fer sans fournir aucune coloration. Enfin, la bufo- nine posséderait la même action physiologique que la bufotaline, mais à un degré très faible, vraisemblablement, ajoute Faust, à cause de sa dif- ficile solubilité. » Comme j'en ai déjà fait la remarque avec M. C. Phisalix, la bufonine n'existe pas dans le venin du crapaud extrait directement des glandes. Elle tire son origine des autres parties de la peau, et la confusion de Faust pro- vient de la méthode employée par lui pour l'étude du venin. » Celle méthode consiste, en efTet, à faire macérer les peaux entières des crapauds avec de l'alcool à 96°. Après plusieurs semaines, on évapore la solution pour chasser l'alcool, el l'on reprend le résidu par l'eau. La partie insoluble, recristallisée dans l'alcool chaud, constitue la bufonine ('). » J'ai obtenu la même substance, non seulement par la méthode de Faust, mais C) Voir ci-dessus, p. 46. (») Ueher Bufonin und Bufolalin, brochure de 35 pages, Leipzig, Hirschfeld, 1902. C) Comme la bufotaline est très peu soluble dans l'eau, une certaine quantité doit se précipiter aussi quand on reprend l'extrait alcoolique. C. K., 190a, 2« Semestre. (T. CXXXV, N» 1.) 7 5o ACADÉMIE DES SCIENCES. mieux encore en épuisant les peau\ desséchées dans le vide par le sulfure de carbone. L'extrait sulfocarbonique, placé dans un endroit froid, se prend peu à peu en une bouillie cristalline. On essore à la trompe et l'on purifie la partie solide en la recristal- lisant plusieurs fois à l'aide de l'alcool. » 11 m'a fallu i4oo crapauds pour obtenir 7^ de cette substance que j'ai pu identi- fier ensuite avec la cholestérine ordinaire. » Ce n'est cependant pas sans quelques difficultés que je suis arrivé à ce dernier résultat. Le produit extrait des peaux de crapauds retient avec persistance une petite quantité de substances étrangères, principalement des graisses, pour lesquelles il est un très bon dissolvant, même à l'état solide. Ces substances modifient d'une manière sensible ses propriétés physiques et ses réactions colorées, et, comme cela est arrivé peut-être dans d'autres cas, on croit qu'il s'agit d'un corps diflTérent de la choles- térine. » En prenant de l'alcool d'un titre relativement faible, à 90 centièmes, on arrive déjà à une purification avancée. Cet alcool dissout à peine les matières grasses et les sépare au mieux de la cholestérine qu'on retrouve, après une série de cristallisations, avec ses principales constantes physiques : point de fusion, solubilité et pouvoir rota- toire. » Ce point acquis, on peut opérer la purification d'une manière beaucoup plus rapide en traitant le produit, grossièrement purifié, parla potasse alcoolique. Dans une expé- rience conduite quantitativement, on a chauffe 26,34 de produit, déjà cristallisé deux fois dans l'alcool à 96°, avec lo"^™' d'alcool et 08, 5 de potasse. Après 10 minutes d'ébul- lition, on a évaporé à sec au bain-marie, repris le résidu par l'eau et épuisé l'émulsion par l'éther, dans une boule à robinet. L'éther, filtré et distillé, a laissé 2^, 2,4 de résidu. Celui-ci, recristallisé dans un peu d'alcool, a donné finalement 28,22 de cholestérine blanche, nacrée, fondant à 1/48° (au bloc Maquenne). » D'autre part, la solution alcaline, acidulée par l'acide chlorhydrique, évaporée à sec et épuisée par l'éther, a abandonné à celui-ci o5, 07 de substances ayant l'aspect et les principaux caractères des acides gras. » Si l'on tient compte du poids moléculaire de la cholestérine et des chiffres de rendements donnés par cette expérience, on voit qu'on avait bien affaire à de la cho- lestérine, légèrement impure, et non à une combinaison définie de ce corps. » J'ai comparé, pour plus de certitude, la cholestérine des peaux de crapauds avec celle extraite des calculs biliaires de l'homme et purifiée, elle aussi, avec grand soin. » Les analyses élémentaires ont donné des résultats concordants : Cholestérine Cholestérine du crapaud. biliaire. Carbone 84, o3 84, 16 Hydrogène 12,12 12,1 5 » Les déterminations du point de fusion (au bloc Maquenne), de la solubilité (dans l'alcool à 90°) et du pouvoir rotatoire (dans le chloroforme) ont donné les mêmes chiffres : SÉANCE DU 7 JUILLET 1902. 5l Cholestérine Cholestériiie du crapaud. biliaire. Point de fusion _(_ 148° + i48» Solubilité (^^-t-iS^-igo) o,44 pour 100 0,42 pour 100 (a)D à +20° (concentration : 2 pour 100) — 37°3o' — 37<'3o'(') » Enfin, toutes les réactions colorées, y compris celle à l'acide chlorhydrique et au perchlorure de fer, ont été absolument identiques. » Il faut conclure de là que la bufonine de Faust n'est pas un principe immédiat nouveau : c'est tout simplement de la cholestérine ordinaire, lévogyre, souillée par diverses impuretés, pitrmi lesquelles un peu de bufo- taline lui donne une certaine activité sur le cœur de la grenouille. » CHIMIE VÉGÉTALE. — Influence de l' acide suif ocyanique sut la végétation de /'Aspergillus niger. Note de M. A. Ferxbacb, présenté par M. Roux. « J'ai eu l'occasion d'observer à plusieurs reprises la végétation de V Aspergillus niger sur un liquide Raulin, son milieu de culture habituel, dans lequel avait été introduit accidentellement du sulfocyanate d'ammo- niaque, sel qui se trouvait comme impureté dans le nitrate d'ammoniaque ayant servi à la préparation du liquide. » L'effet du sulfocyanate reste d'abord insensible, si l'on se contente d'un examen superficiel, comme celui de l'aspect général de la culture. Comme le démontrent les chiffres indiqués pins loin, le développement du mycélium de la moisissure est à peu près normal jusqu'au moment où commence habituellement la fructification. A partir de ce inoment, le mycélium semble rester inerte : on ne voit pas apparaître de spores, et la végétation se maintient dans cet état pendant un temps d'autant plus long que la dose de sulfocyanate est plus considérable. » Voici une série d'expériences faites comparativement avec le liquide Raulin nor- mal, et ce même liquide additionné de doses croissantes de sulfocyanate d'ammo- niaque. Les cultures ont été faites dans des fioles à fond plat, renfermant chacune, dans Sd""' de liquide Raulin, 26,2 de sucre et ensemencées autant que possible avec le même nombre de spores. Au bout de 69 heures, on a déterminé la quantité totale de sucre consommé, et le poids de la récolte obtenue. I II. III. IV. Dose de sulfocyanate par litre 0,0 0,1 0,2 o,5 Sucre consommé 2,2 2,0 i,85 1,47 Poids de plante 1,024 0,807 0,721 0,621 Rapport du poids de plante au sucre consommé. o,5i o,4o 0,39 o,4' (') Rapporté au produit fondu, c'est-à-dire déshydraté. 52 ACADÉMIE DES SCIENCES. » Au moment où l'expérience a été arrêtée, la fructification était normale dans le vase I; le noircissement ne s'était produit que sur les bords dans la fiole II; il était très discret sur la fiole III, et n'existait pas dans la fiole IV, qui est restée au même état pendant 6 jours. » Comrae on le voit, la présence du sulfocyanate d'ammoniaque ne gêne pas d'une manière sensible le développement du mycélium, et ne se traduit que par une utilisation un peu moins bonne du sucre, qui reste d'ailleurs à peu près la même pour les diverses doses de sulfocyanate étudiées. » Le seul fait remarquable est l'arrêt de la fructification, qui ne com- mence à apparaître, comme j'ai pu m'en convaincre, que lorsque le liquide ne donne plus la réaction du sulfocyanate, c'est-à-dire lorsque la moisis- sure est parvenue à éliminer ce sel, vraisemblablement par oxydation. » Ce retard apporté à la fructification mérite d'autant mieux d'être signalé qu'il est en opposition avec l'etîet observé le plus généralement dans l'action des substances gênantes sur le développement des êtres infé- rieurs et en particulier des moisissures : celles-ci, au contraire de ce que nous venons de constater, traduisent le plus souvent leur gêne par une diminution très sensible du poids de mycélium, et par une augiuentation de la rapidité avec laquelle elles produisent leurs spores, c'est-à-dire leurs formes de résistance. » PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — De l'influence de la choline sur les sécrétions glandulaires. Note de M. A. Desgrez, présentée par M. Bouchard. « Dans les recherches que nous avons faites, M. Zaky et moi, relative- ment à l'influence de la choline et de la bétaïne sur les échanges nutritifs, ces bases nous ont paru exercer une action excitante sur les sécrétions salivaire et rénale. On sait, d'autre part, depuis longtemps, que la pilocar- pine présente une action analogue avec une intensité toute particulière et que, de plus, la sécrétion pancréatique qu'elle détermine est douée d'une activité protéolytique manifeste. Comme la pilocarpine et la choline ren- ferment un commun groupement de triméthylamine [Az(CH')'], comme elles se dédoublent l'une et l'autre, à chaud, par action de l'eau seule, avec production de cette base, j'ai pensé que ces analogies de constitution chimique et de facile décomposition pouvaient entraîner une analogie d'effet physiologique, c'est-à-dire que la choline devait bien réellement exercer, à la façon de la pilocarpine, une influence marquée sur les phé- SÉANCE DU 7 JUILLET I902. 53 nomènes sécrétoires. L'intérêt de cette question réside non seulement dans la démonstration de l'action d'un groupement chimique défini sur un ordre de phénomènes physiologiques, mais encore dans ce fait que, lacho- line étant une base très répandue dans l'organisme, il importe de déter- miner exactement les divers rcMes qu'elle peut y remplir. » Les premières expériences que j'ai faites sur le lapin et le chien ont justifié mes prévisions et montré que la choline injectée par voie intra-veineuse, à des doses variant entre 06,002 et oS,oi5 par kilogramme d'animal, augmente tout à la fois les sécrétions salivaire, pancréatique, biliaire et rénale. )> Grâce à l'obligeant concours de M. L. Camus, chef des travaux physiologiques à la Faculté, j'ai pu inscrire les phénomènes et conserver une mesure exacte de l'in- fluence de la choline sur les sécrétions précédentes. Les animaux recevant, par voie intra-veineuse, os, 10 de chloralose par kilogramme, étaient ainsi aneslhésiés en un temps variant entre 20 et 3o minutes. On isolait ensuite les divers canaux excréteurs et prenait, s'il y avait lieu, une inscription de la sécrétion normale. La choline in- jectée produisait son effet en une demi-minute ou une minute au plus, simultanément pour les sécrétions pancréatique et biliaire, avec un léger retard pour la sécrétion salivaire, au contraire avec un retard très marqué pour la sécrétion rénale. » I. Sécrétion salivaire. — La salive mixte produite par injection de choline devient tellement abondante chez le lapin qu'elle peut entraîner l'asphyxie de l'animal endormi. Chez le chien, on a enregistré la sécrétion éliminée par le canal de War- thon; tandis qu'elle était, normalement, de i goutte en 3 ou 4 minutes, elle s'est accrue de 38 à 4o gouttes, dans le même temps, sous l'influence de os,oi de choline par kilo- gramme d'animal. » II. Sécrétion pancréatique. — A été prise sur le canal de Wirsung, après liga- ture préalable du canal accessoire de Santorini. Cette sécrétion, qui ne coulait pas normalement, a donné de 8 à 10 gouttes de suc, en [^ minutes, avec la même dose de base que précédemment. Quant à l'activité protéolytique du suc ainsi obtenu, elle s'est montrée sensiblement égale à celle du suc fourni parla pilocarpine; S"^"' de ce suc ont dissous, en 24 heures et à 87°, 08,70 d'albumine d'œuf coagulée; avec le même volume de suc sécrété après injection de pilocarpine, 06,70 d'albumine coagulée ont été dissous en 20 heures. » III. Sécrétion biliaire. — A été prise sur le canal cholédoque, après ligature du canal cystique, afin d'éviter l'influence de contractions possibles de la vésicule biliaire. Cette sécrétion est toujours accrue par la choline, quoique de façon inégale suivant les animaux. Tandis qu'elle ne dépasse pas normalement 8 à 10 gouttes en 6 minutes, elle atteint, chez le chien, 18 à 24 gouttes, dans le même temps, avec oS, 01 de choline par kilogramme d'animal. » IV. Sécrétion rénale. — Pour une chienne pesant i5''s et n'ayant reçu en tout que 06,02 de choline, on a enregistré séparément les sécrétions fournies par chacun des deux reins. Voici la somme des résultats inscrits après une première injection : en 36 minutes, 167 gouttes pour le rein droit, 198 gouttes pour le rein gauche, alors qu'à l'état normal le premier donnait 84 gouttes et le second 96 gouttes dans le même 54 ACADÉMIE DES SCIENCES. temps. A la suite d'une deuxième injection de la même dose, ces différences se sont encore accentuées : le rein droit a donné 4oi gouttes, le rein gauche 478 gouttes en 54 minutes. Normalement, ils eussent inscrit : le premier 126 gouttes, le second i44 gouttes dans le même temps. » Sous l'influence de doses très faibles de choline, la sécrétion rénale peut donc varier du simple au double ou même au triple. A noter qu'elle apparaît plus tardive- ment que les précédentes et se prolonge plus longtemps. » L'examen des urines ainsi éliminées a donné : Azote total NaCl ^_ pour 1000. pour 1000. A. û g g o ■ o 1° Urine normale 8,67 i3,42 i,85 1,76 2° Urine du rein droit.. . 8,46 6,82 i,5i 1,87 3° Urine du rein gauche. 7,88 6,88 i,3o 1,42 )i Les modifications de la sécrétion rénale ne consistent donc pas seulement en un accroissement de l'activité glomérulaire, fait qui pourrait n» dépendre que de varia- tions des conditions de la circulation sanguine, mais elles se traduisent également par une augmentation très marquée de l'activité des épithéliums. ■» Conclusion. — Bien qu'elle constitue un produit avancé du dédouble- ment des albumines, la choline ne peut donc pas être considérée comme inutile à l'organisme qui la produit ou qui la reçoit. Ce n'est pas un déchet, au sens absolu du mot. J'ai déjà montré, avec M. Zaky, qu'elle exerce une influence favorable sur les échanges nutritifs et contribue, en particulier, à la rétention du phosphore. Les expériences précédentes établissent, en outre, qu'elle agit par son groupement triméthy lamine, identique d'-ailleurs à celui de la pilocarpine, pour provoquer, comme cette dernière, une action favorisante marquée sur les sécrétions externes. » CHIMIE BIOLOGIQUE. — Disparition des élhers dans le sang in vitro. Note de MM. Maukice Doyon et Albert Morel, présentée par M. A. Chauveau. (Extrait.) « I. M. Hanriot avait annoncé une démonstration péremptoire de l'ac- tion de sa lipase sur les graisses neutres naturelles, action que M. Arthus venait de contester. M. Hanriot émulsionnait de l'huile avec du carbonate de soude; le mélange additionné de sérum et placé à l'éluve devenait acide. L'atiteur concluait, de ce fait, à une saponification de l'huile. Nous avons démontré que l'acidité est due, dans ces conditions, à l'action des SÉANCE DU 7 JUILLET 1902. 55 microbes s'exerçfint, principalement sinon exclusivement, sur le sérum; la présence de l'huile n'est pas nécessaire. La réaction d'un mélange dé- pourvu de microbes ne varie pas. » II. Aujourd'hui M. Hanriot invoque une action qui s'exercerait sur les graisses naturelles du sang : il entreprend d'en demander la preuve, non plus à ses propres expériences, m;iis aux nôtres. Il faut distinj^-uer deux cas : le cas du sérum proprement dit, c'esl-à-dire débarrassé de glo- bules; le cas du sang ou des sérums plus ou moins chargés de globules. » 1. Dans le cas du sérum vrai, centrifugé, sans globules, notre Note établit qu'il n'y a pas d'action lipasique appréciable. L'extrait éthéré ne varie pour ainsi dire p;ts; il n'y a pas sensiblement d'acides gras; pas de saponification. Les chiffres sont les suivants : Acides organiques gras combinés combinés orga- Extrait à l'état à l'état niques éthéré. d'éthers. de savons. libres. Glycérine, 3,96 2,95 0,29 0,53 néant 3,85 2,78 0,29 0,53 néant Imnaédiatement après la saignée Après i44 heures à 37" 3,85 » Cette expérience contredit nettement la préexistence d'une lipase dans le plasma. » 2. Deux autres expériences de la même Note se rapportent : l'une au sang total du chien, l'autre à un sérum de cheval chargé de globules, ayant séjourné des temps différents à l'etuve. Il se produit, dans ces liquides, des actions que beaucoup de physiologistes tendent à attribuer aux globules, car elles ont lieu dans le sang total; encore dans les sérums globulaires; elles font défaut dans le sérum sans globules. » Parmi ces réactions, il y a celles que nous avons indiquées; l'extrait éthéré diminue dans le sang conservé aseptiquement à 3-]"; il n'apparaît pas des quantités d'acides gras (libres ou combinés) ni de glycérine équi- valentes. L'action qui fait disparaître les graisses n'est donc pas une sapo- nification; le processus est autre. Le nouvel exemple que nous publions vient à l'appui de nos premières conclusions. » Du sang défibriné de chien (en digestion) est réparti en plusieurs échantillons; ces échantillons sont dosés à des intervalles déterminés; avant chaque dosage on recherchait la présence des microbes; tous ces échantillons sont restés stériles, sauf le sang conservé en tube scellé. 56 ACADEMIE DES SCIENCES. Acides organiques gras combinés combinés Extrait à l'état à l'état organiques éthéré. d'éthers. de savons. libres. Glycérine Pour 1000. Pour 1000. Pour 1000. Pour 1000. Pour looi; Immédiatement après e 6,7 3,8 4', 982 2,35o g la saignée 0,620 0,20 Néant. Échantillons au con-^ Après 48 h., à 37».. . o,6o3 0,29 Néant. tact de l'air. ] » 96 » 3,3 i>9i7 0,780 0,32 Néant. » 144 » 2,4 1 ,25o o,84o 0,45 Néant. » 192 » ... 1,6 0,70 0,960 0,62 Néant. Échantillon conservé en tube scellé après | avoirété soumispen- / Après 192 Ii., à 37°. . dant 2 h. au vide de \ la trompe (à i5°). 6,1 0,49 Néant. » En regard de cette lipase hypothétique, qui ne peut agir sur les graisses vraies en présence de l'eau ni en l'absence d'oxygène, il convient de placer la lipase réelle du pancréas, dont l'action est si nette et si facile, même dans le vide de la trompe. » PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Inhibition produite par voie d'interférence sur /d rétine. Note de M. Acg. Charpentier, présentée par M. d'Arsonval. « Dans diverses Notes communiquées à l'Académie en 1891 et 1896, j'ai montré que chaque excitation lumineuse détermine dans l'appareil rétinien un double processus oscillatoire, qui se transmet à distance dans des conditions que j'ai pu déterminer expérimentalement. J'ai pensé qu'en parlant de ce fait il serait possible de produire sur la rétine, comme je l'ai déjà fait sur le nerf moteur, des phénomènes d'influence d'une excitation sur une autre plus ou moins éloignée. » L'un des deux processus rétiniens se transmettant également dans toutes les directions perd très rapidement de son intensité, et il n'est o^uère possible de songer à lui pour réaliser ces phénomènes d'influence à distance. Mais dans le second, la propagation s'opère en ligne droite, donc sans perte trop grande, dans la direction du point de fixation, et de plus on peut tirer parti du trait le plus apparent de cette réaction oscillatoire, la production de la bande noire, qui n'est que la première phase négative de SÉANCE DU 7 JUILLET 190:?. ï-r l'oscillation rétinienne. La fréquence de cette dernière étant d'environ 3G par seconde, la bande noire commencera à se produire environ ^ de seconde après le début de l'excitation et se propagera avec une vitesse connue d'après d'autres expérience^. Si donc une excitation naît à un instant donné en un point delà rétine, l'influence affaiblissante de la bande noire se fera sentir sur une seconde excitation produite on un autre point après un temps parfaitement déterminé et augmentant proportionnellement à la distance des deux points excités. C'est en effet ce qu'on observe en se plaçant dans certaines conditions. (Je néglige volontairetnent la première phase de renforcement, dont j'ai observé aussi la transmission à distance, mais qui est moins facile à étudier.) » Cette expérience nous fournit donc, d'une part, une confirmation de nos |)récéflentes recherches; mais, en outre, elle nous permet de déter- miner, par une nouvelle méthode, et la fréquence et la vitesse de propa- gation radiale des oscillations rétiniennes. » Remarquons l'analogie de cette méthode avec celle qui nous a servi précédemment à mesurer la vitesse de propagation de l'excitation uni- polaire dans le nerf (note du 2(1 juin 1899). On produit deux excitations brèves en deux points séparés par une distance / sur la rétine (comme sur le nerf) ; on cherche après combien de temps t la seconde doit se produire pour être influencée par la première. L'influence partie du premier point s'étant produite après un temps k et s'clant |)ropa^ée avec une vitesse r, on a t = I; ^. (• >i On répète l'expérience pour une nouvelle distance /' des fleux points excités, et l'on trouve un nouvel inler\alle de temps ^' dont la valeur est » On tire de là II' Il » On peut aussi calculer k, qui est égal à . — %,— ; cela représente, dans le cas actuel, la durée de la demi-période oscillatoire, après laquelle se produit la bande noire dont nous apprécions l'effet à distance. Cet elTct se manifeste par l'obscurcissement d'une seconde excitation, quand les cou dilions de distance et de temps établies ci-dessus sont réalisées. G. R., 1902, 1' Semestre. (T. CXXXV, N° 1.) ° 58 ACADÉMIE DES SCIENCES. » Cette méthode, facile à concevoir en principe, est plus difficile à mettre en pratique. Il faut d'abord que la seconde excitation soit très faible, pour qu'on puisse juger de l'arrivée de la bande noire par extinc- tion ou quasi-extinction. Sa durée ne doit pas dépasser celle de la réaction né'^ative, soit tV de seconde, et il est préférable de la rendre plus fadjle encore. » De même il est bon de ne pas faire dépasser à l'excitation initiale (beaucoup plus intense) la durée d'une oscillation rétinienne, soit jj de seconde. Il est facile d'obtenir ces deux excitations par deux secteurs de largeur convenable qui passeront devant deux petites fenêtres fixes prati- quées dans un large écran noir. Les deux secteurs pourront être écartés plus ou moins l'un de l'autre pour faire varier l'intervalle de temj)s entre les deux excitations. Je n'ai pas eu jusqu'ici les moyens de réaliser cette variation d'une façon continue, aussi dans une première série d'expériences j'ai opéré par tâtonnements successifs en achevant le réglage par de petits changements de la distance de l'œil et, par suite, de l'intervalle rétinien des points excités. Après une première détermination on répète l'expérience en regardant à peu près à la même distance deux autres fenêtres semblables un peu plus écartées et pour lesquelles on a établi par tâtonnements un autre intervalle de temps convenable. On doit fixer la seconde fenêtre ou un point assez voisin situé sur la droite qui la joint à la première. Il y a en outre des détails d'expérience assez délicats sur lesquels je ne puis insister. » J'ai obtenu, comme résultat moyen de i8 déterminations, 71"" par seconde pour la vitesse de propagation de la réaction négative, et 33 périodes par seconde pour la fréquence de l'oscillation, ce qui concorde suffisamment avec les résultats de mes précédentes méthodes. » BIOLOGIE. — Sur l'aulorégulation par l'acide carbonique du fonctionnement énergétique des organismes. Note de M. Raphaël Dcbois. « Dans mon Livre sur le Mécanisme de la thermogenèse et du sommeil chez les Mammifères (voir principalement p. 246-247 et 267) et dans diverses publications antérieures et postérieures, j'ai montré que, seule, l'accumulation de l'acide carbonique dans l'organisme peut « expliquer )> d'une manière satisfaisante le cycle du travail, de la fatigue, du sommeil ). et du réveil ». Par de nombreuses expériences j'ai prouvé que le som- meil des animaux et des végétaux est une autonarcose carbonique, résultant SÉANCE DU 7 JUILLET 1902. Sg de leur fonctionnement périodique alternativement diurne et nocturne, et que le sommeil hivernal, lui-même, n'est qu'une exagération de l'état de sommeil ordinaire. L'étude approfondie des animaux hivernants m'a permis, en outre, de mettre en lumière l'influence frénatrice de l'acide carbonique sur la calorification, et d'établir que l'acide carbonique constitue le plus admirable des régulateurs thermiques (' ). » On sait, en effet, que son pouvoir antithermique est considérable; or, comme sa |)roduction augmente précisément en même temps que les causes d'hyperthermie, telles que le travail musculaire ou, d'une manière générale, proportionnellement aux oxydations, lesquelles présentent les plus impor- tants des phénomènes exothermiques et exoénergétiques, il en résulte une admirable compensation automatique. Cette dernière, par sa généralité et par son intensité, laisse bien loin derrière elle tous les mécanismes de régulation thermique, dont il est question dans les Traités de Physiologie anthropologique. » Chacun connaît les étroites relations qui relient le travail à la calori- fication, à la fatigue, et l'influence de cette dernière sur le sommeil; mais, en outre, on peut prouver expérimentalement que la fatigue est obtenue par l'acide carbonique agissant directement sur l'économie, alors même que celle-ci n'a pas épuisé ses réserves de potentiel énergétique. Pour cela, il suffit de surcharger lentement de CO^ l'organisme, en respirant des mélanges de CO^ et d'air ou, mieux, de CO^ et d'O, pour écarter toute in- fluence anoxémique. Au bout d'un temps variable avec les proportions du mélange gazeux et l'état du sujet, il survient une /«//i^v/t? telle qu(.' le sujet a la plus grande peine à se tenir debout et à marcher, comme s'il avait fail une marche forcée . C'est \a fatigue, que tout le monde connaît, et pour- tant CO", loin d'avoir, dans ce cas, provoqué un épuisement des réserves, a, bien au contraire, ralenti leur consommation, ainsi que l'indique la sensation de froid et la tendance à l'hypothermie qui suit son inhalation prolongée. Il y a donc, en même temps, économie par frénation des dé- penses et production d'une sensation de fatigue intense. » Comment peut-on expliquer cette autofrénation énergique par CO"? » Si, an lieu d'air, on fait passer avec la vitesse d'une bulle par seconde un mélange à |)arties égales d'fiir et d'acide carbonique, dans une solution d'hydroquinone titrée contenant de la laccase, on remarque une diminu- tion considérable de l'action de l'oxvdase. (') Voir loc. cit., |). 260. 6o ACADÉMIE DES SCIEN'CES. » li est possible que cela lienne uniquement à ce que CO^ agit sur la lac- case par sa fonction acide, mais il ne faut |)as oublier qu'il est aussi un anes- thésique lies général pour le bioprotéon ou substance vivante. J'ajouterai que, d'après mes expériences, ce n'est pas sur le pouvoir gKcohtique du sang que son action ])araît s'exercer. » En résumé, ce qu'il importe surtout de noter c'est que Vaculc carbo- nique produit la fatigue, même en présence rie réserves énergétiques abondantes, et qu'il est le plus général, le plus important et le plus men'eilleux autorégula- teur des phénomènes bioénergctiqucs : travail, bioihermogenése, bioélectroge- nése, bwphologenèse et, principalement, de tous ceux dans lesquels l'oxygène intervient. » L'acide carbonique est le contrepoids de l'oxygène, qui provoque sa formation dans le bioprotéon. Dans les organismes, il sert à empêcher les dégagements exagérés de potentiel, de même qu'il est employé commu- nément à comballre les incendies, mais loulefois par un mécanisme qui n'est pas identique dans les deux cas. Il est temps de cesser de considérer CO" comme un simple déchet, inutile, sinon nuisible. » ZOOLOGIE. — Influence de la température sur le développement parthé- nogénétique. Note de M. C Yiguier, présentée par M. Edmond l'errier. « Depuis que j'annonçai la parthénogenèse naturelle des Sphœrechinus, Toxopneusles et Arbacia (Comptes rendus, 20 juin 1900, et publications sub- séquentes), elle n'a étéaffirniée jjour ces^animaux que par Ariola (^r^ac/a, in Societii Ligustica di Scienze, Gênes, 1902). Mais cet auteur n'a vu que ce qu'il appelle « un ])rincipio di divizione partenogenetica, che e inferiore alio stadio di morula » et qui correspond à ce que je nomme segmentations irrégulières ou fausses segmentations. Les figures de sa planche IX sont démonstratives à cet égard. Quant à moi, je n'ai jamais parlé de parthéno- genèse que lorsque j'obtenais des larves régulières et actives, l^es Arbacia de Naples sont donc, à cet égartl, moins favorables à l'élude que ceux d'Alger; ou plutôt Ariola n'étudia qu'un trop petit nombre de sujets. )) J'avais, en igji, repris ce travad sur les Toxopneustes el les Arbacia seulement; obtenant des plutei pour les premiers, et seulement des gas- trulas pour les seconds. » Aussi A. -P. Mathews (Am. J. of Phys., l. VL \>- i5i) attribue-t-il mes résultats moiua favorables de 1901 à ce que l'eau de mes expériences était SÉANCE DU 7 JUILLET 1902. 61 mieux stérilisée; les développements signalés par moi comme parthénogé- nétiques étant dus, suivant lui, comme suivant Loeb(^/72. J. of. Pliys., l. V, p. 434). ^ unt" fécondation involontaire des œufs témoins. » J'ai d'autant plus lieu de m'étonner de cette assertion que, si des œufs témoins étaient involontairement fécondés, ils devraient avoir un dévelop- pement semblable à celui des œufs volontairement fécondés. Le fait même qu'ils évoluent autrement, fait que jai signalé dès le début, montre que leur nature est différente. » J'avais, du reste, dit expressément, dans inSi^ole (^Comptes rvndus, 10 juin 1901), que la température me paraissait surtout jouer un rôle; et Mathews aurait du connaître cette Note. 1) J'ai repris une troisième fois, cette année, ces études sui le 5yD/<., le Tox. elVA/ù., et le Service météorologique de l'Algérie a bien voulu me communiquer ses feuilles de 1900, 1901 et 1902. Mois de Mai : 1900. 1901. 1902. h b II Nombre d'heures au-dessus de 3o° 2 o o » 25° 36 5 II » 20° 25o 127 101 )) i5° 4ï2 517 4'^ Nombre d'heures au-dessous de 1.5° 44 qS 217 Total. 744 744 744 » Les conditions de ce mois de mai ont donc été plus défavorables encore qu'eu 1901 ; et je ne dois d'avoir obtenu des résultats probants qu'à ce que j'ai pu suivre mes expériences jusqu'au 9 juin. La température ne se releva définitivement qu'à partir du 27 mai, et les 10 premiers jours de juin donnent, pour 240 heures : 3o minutes au-dessus de 35°, 4 heures au-dessus de 3o°, i5 heures au-dessus de 25°, i33 heures au-dessus de 20°; et 87 heures 3o minutes au-dessus de i5°, o au-dessous. » Je publierai les courbes, et celles des mois d'avril. )> J'ai fait cette année i4 cultures de Sphœiechiitus (1129) du 17 avril au 6 juin (les cultures sont toujours indiquées ici par leur date d'origine). » Pour les Toxopneusles, 12 cultures (1069) du i""' mai au 6 juin. » Pour les Arbacia, 12 cultures (1769) du 3o avril au 7 juin. » Total 3949, des 3 espèces; et, pour les 3 années, 7139 comptées, plus un cer- tain nombre non compté en 1900. « Si l'on tient compte de la température, les lésultats des 3 années concordent tout à fait. » Les 7 premières cultures de Sphœrecinnus, du 17 avril au 16 mai, ne m'ont rien donné. La température monte brusquement le 19, et la culture du 21 donne des larves rares, qui s'arrêtent au stade blasLula; le 23, j'obtiens des biastulas, des gastrulas, et des plutei fort rares. Le thermomètre avait de nouveau baissé; et, pour la culture 62 ACADÉMIE DES SCIENCES. du 23, je ne trouve que 2 plutei; pour celle du 3o, que de rares blastulas peu actives. La température remontant à partir du 27, la culture du 3i donne des plutei à grands bras et des larves à tous les étals, toutes très actives. Une légère baisse se produit à partir du i'^'" juin : la culture du 5 ne donne que quelques plutei, et celle du 6 rien. » Toxopneustes : 2 et 7 mai, rien; 9, une seule blastula immobile; t^, des blastulas mobiles très actives; 16, rien; 21, plutei de tous âges; 23, quelques très grands plutei; 28, rien; 3o, une seule blastula très active; 5 juin, grands plutei très actifs; 6, rien. » ^/•èfftjo .- Soavril, segm. 4; 7 mai, début de l'invagination gastrulaire; i6,uneblas- tula très jeune; 31, des blastulas très petites et très rares; 22, des gastrulas; 28, des gastrulas; 3o, une seule blastula; 5 juin, des plutei très actifs; 6 et 7 juin, des plutei à grands bras, ces derniers très en avance sur les fécondés de même origine. » Les états indiqués ci-dessus sont les états les plus avancés observés chez les parthénogénétiques naturels. » ZOOLOGIE. — Sur révoluUon des formalions branchiales chez le Lézard et l'Orvet. Note de MM. Prexant et Sai\t-Remy, présentée par M. Edmond Perrier. « Le développement des dérivés branchiaux des Sauriens a été suivi, chez les Lacerta, par de Meuron, van Bemmelen, Maurer. Nous avons reconnu, sur les L. agilis elL. vlridis, l'exactitude générale des données de Maurer {Mor/>h. Jahrb., t. XXVII); son désaccord avec la plupart des au- teurs sur le nombre des fentes tient à ce qu'il ne compte pas la fente buc- cale, dont le caractère de fente branchiale est bien prouvé par ce fait que, chez les Couleuvres, elle donne un dérivé identique à celui de la fente suivante. Il y a donc, chez les Lacerta, cinq fentes branchiales dont la première ne fournitaucune ébauche, et les quatre (entes de Maurer doivent être reculées d'im rang. » Nous avons étudié également l'Orvet, qui appartient à un autre sous- ordre. Il s'y développe les mêmes organes que chez les Lacerta; mais, par suite de la suppression de la dernière fente, ces organes se constituent respectivement aux dépens de la fente précédente, de la façon suivante : » P'' fente. — Elle ne forme aucune ébauche; elle présente au début un organe sen- soriel dorsal qu'on observe aussi chez le Lézard et la Couleuvre. » II' fente. — Elle émet une très petite évagination dorso-interne, dont l'épithélium prend un développement considérable et s'allonge pour former en arrière un volu- minjeux bourgeon plein, qui devient le thymus anlétieur. Un pédoncule grêle rai- SÉANCE DU 7 JUILLET ig02. 63 lâche encore quelque temps cette ébauche au pharynx et, quand il se détruit, il laisse sa base implantée dans répithélium pharyngien, où elle devient un petit nodule d'élé- ments lymphoïdes, d'importance très variable, qu'on retrouve chez des embryons très avancés. » IIP fente. — Elle donne naissance également à une petite évagination dorso- interne dont l'épithélium s'allonge et se renfle en massue pour former l'ébauche pleine du thymus postérieur, organe qui fait suite au premier et n'en diffère que par le volume. Ventralement la fente se creuse et émet un cordon épithélial plein qui dis- paraît de bonne heure, mais est intéressant par son analogie avec le bourgeon thy- niique des Mammifères. Dans cette région, la fente s'isole de l'épithélium légumentaire, du pharynx et de l'ébauche thymique et se développe en une ébauche creuse qui de- vient une glandule parathyinique {corpuscule épithélial) située contre la partie postérieure et ventrale de ce thymus. » IV' fente. — La portion proximale de la fente, isolée de l'épithélium légumen- taire, épaissit beaucoup sa paroi et devient une ébauche creuse qui peut être comparée à la glandule parathymique : mais elle se détruit par régression et disparaît complè- tement de bonne heure. » V"^ fente. — Elle s'est montrée réduite à une sorte de petite évagination du pha- rynx chez nos plus jeunes embryons mesurant lo"'™ de longueur; elle n'est bientôt plus représentée que par un petit bouton et ne tarde pas à disparaître. » Évagination post-branchiale. — Elle se forme à l'origine des deux côtés, mais bientôt celle du côté gauche régresse et disparaît complètement, sauf de rares excep- tions ; celle de droite seule se développe en une glande qui atteint son maximum dans le jeune âge et régresse chez l'adulte. » ZOOLOGIE. — Conlnhutions à r étude anatomique du Rhabdopleura Normani Allm. NoLe de MM. A. Conte et C. Vaney, présentée par M. Alfred Giard. « Au cours de la campagne du Caudan, dans le golfe de Gascogne, M. le professeur R. Kœhier a rencontré, sur des branches de Lophohelia proliféra Pallas, de nombreuses colonies de Rhabdopleura Normani Allm. Ce sont ces matériaux, inis obligeamment à notre disposition et, pour la plupart, dans un état de parfaite fixation, qui nous ont permis de reprendre toute l'étude de l'anatomie et du bourgeonnement de cette curieuse espèce. Malgré les recherches d'Allman, Sars, Ray-Lankester et Fowler, l'anaiomie n'en est qu'imparfaitement connue et Fowler, qui en précise les affinités, reconnaît n'avoir eu en main que des matériaux d'une conservation impar- faite. )) La paroi du corps de l'animal présente une cuticule, surtout bien visible chez les formes en dégénérescence. Le pédoncule s'insère tout à fait en avant, en un point d'où 64 ACADÉMIE DES SCIENCES. divergent le corps proprement dit, l'épistome et les deuN. bras. Les fibres musculaires de ce pédoncule se prolongent dans les bras et dans l'épistome. » L'épistome présente de grosses taches pigmentaires dont le groupement en un point a fait considérer cette région comme pourvue d'un organe visuel; cette hypo- thèse ne peut être admise, la disposition et le nombre des taches pigmentaires variant avec les individus. » Le tube digestif présente la disposition et les caractères observés par Ray-Lan- kester. En ce qui concerne les organes génitaux, cet auteur a signalé un testicule dont l'existence a été depuis niée par Fowler. Nous avons retrouvé cet organe dans un grand nombre d'exemplaires; il a exactement la forme allongée figurée par Ray-Lan- kester, mais nous n'avons pas constaté l'existence d'nn pore génital mâle. Nous avons pu observer la spermatogenèse; toutefois, les spermatozoïdes de nos échantillons n'ont pas tout à fait la forme représentée par ce savant : ces spermatozoïdes sont de petits bâtonnets légèrement effilés à une extrémité. Le testicule lui-même provient d'une différenciation de l'extrémité antérieure du pédoncule; celle-ci se produit sur une longueur presque égale à celle du corps de l'animal; la portion axiale de cet organe seule se dilTérencie et elle est entourée par une membrane d'enveloppe formée de la portion périphérique du pédoncule. Quant à l'ovaire, il était totalement inconnu. Nous avons rencontré sur de nombreux individus et à la base du pédoncule des ovules en voie de développement; ceux-ci se forment aussi aux dépens de la portion axiale du pédoncule, mais à l'extrémité opposée à celle où se développe le testicule. En ce qui concerne la sexualité, il paraît y avoir un hermaphroditisme successif avec proto- gynie; les individus pourvus d'un testicule bien développé sont en dégénérescence. » L'espace compris entre la paroi du corps et l'intestin est occupé par un tissu formé de travées cellulaires; ce tissu se continue sans aucune interruption dans l'épistome et les bras; les subdivisions indiquées par Fowler n'existent pas. Tout l'espace ainsi occupé par ce tissu a été considéré comme la cavité générale : une semblable homologation ne peut être admise surtout chez un être aussi aberrant et seule la connaissance de son développement embryonnaire pourra permettre de résoudre cette question ; mais nous pensons, qu'en l'état actuel il n'y a pas lieu de baser, sur ce caractère, les affinités du Rhabdopleura. Nous avons vainement cherché les canaux excréteurs et les pores collaires signalés par Fowler et représentés par cet auteur dans des coupes histologiques schématiques. « Un dernier point important nous reste à examiner, c'est celui de la présence d'un organe identifié par Fonler à une nolochorde et qui a conduit cet auteur à réunir cette espèce dans le groupe des Hémichordés, avec le Balanoglossus el le Cephalo- discus. Nous avons été assez heureux pour retrouver, tant sur des individus in tolo que sur des coupes en série, l'organe décrit comme chorde dorsale, mais il n'existe pas sur tous nos échantillons. Nous avons pu constater que cette prétendue chorde n'était autre chose que l'extrémité antérieure du pédoncule; celle-ci va donner nais- sance au testicule et elle offre au cours de sa transformation une structure identique à celle signalée par Fowler pour la notochorde. » En résumé, de cette élude anatomiqne du Rhabdopleura Normani Allm. résultent les conclusions principales suivantes : SÉANCE DU 7 JUILLET I()02. 65 » 1° Le testicule et l'ovaire proviennent de différenciations des deux extrémités du pédoncule ; » 2° L'espace compris entre la paroi du corps et les organes internes est occupé par un tissu conjonctif trabéculaire; il n'est pas subdivisé par des septums et, en l'état actuel, il ne peut pas être homologué à une cavité générale; » 3° Il n'y a pas de notochorde. » Dans une Note ultérieure, nous nous proposons d'examiner en détail le bourgeonnement et les affinités de cet animal. » ZOOLOGIE. — Sur la cause des colorations changeantes des téguments. Note de M. le D"^ H. Mandoul, présentée par M. Alfred Giard. « Certaines couleurs, telles que les irisations des coquilles, des écailles des Poissons, des ades des Insectes, les teintes chatoyantes et les reflets métalliques des Insectes, des plumes des Oiseaux, se distinguent p;ir leur éclat et leur variabilité. Des opinions iliverses ont été émises sur le méca- nisme de leur production. Les uns (Gadow, Krukenberg) les attribuent à des phénomènes de dispersion (par les prismes ou les réseaux); Brûcke les considère comme dus à des phénomènes de lames minces. Aucun n'a donné la preuve de son assertion. J'ai pu me convaincre, par l'étude de ces colorations à l'aide de moyens rigoureux d'investigation, que c'est aux phénomènes d'interférence pir les lames minces qu'elles doivent être rattachées. » L'aspect de ces colorations (poils de V Aphrodite aculeata, coquille iXllahotis tuherculata, aile de MorphoCypris ; |)liimes de la gorge du Pigeon, du Sifilet, du Rubis-topaze, du Douinate confère, du Couroucou resplen- dissant, du Paon, etc.) rappelle celui des couleurs des lames minces de Newton d'ordre jjIiis ou moins élevé, c'est-à-dire correspondant à des épaisseurs de lame plus ou moins grandes. L'observation directe montre, en outre, que ces teintes changent avec l'incidence, fait bien connu pour les couleurs des lames minces. » La comparaison des spectres de ces colorations et des spectres donnés par les teintes des lames minces permet d'établir entre elles un nouveau rapprochement. (Méthode des spectres cannelés de Fizeau et Foucault.) M D'ailleurs, ces couleurs ne montrent pas de dichroïsme véritable (examen à la loupe dychroscopique d'IIeidinger), sauf, peut-être, celles de certains Coléoptères. On ne peut extraire de pigments ayant ce carac- tère, et, enfin, la teinte disparait à la lumière transmise. C. R., 1903, î* Semeali'e. (T. CXXXV, N- 1.) 2. Acanthoceras {Parahopliles) Martini d'Orb. sp. var. Gottschei Kilian; assez abondante. Cette forme, qui peut-être constitue une espèce distincte, diflère du type de Ac. Martini par une série de caractères secondaires. » 3. Acanthoceras Albrechti Austriœ Uhlig. Un échantillon typique, conforme aux figures et aux échantillons des Rarpatheset du Bedoulien des Basses-Alpes. » 4. Appelia Nisus d'Orb. sp. Un échantillon très net. » o. A ncy /oceras sp. Gros fragment de spire qui, par ses cloisons très bien conservées et par son ornementation, se rattache au groupe de Ancyl. HilhiSow. {^Bonerbanki Sow.), mais que son état incomplet empêche de déterminer spécifiquement. » 6. ^/2C^7ocera.s sp. ; celte forme, qui existe aussi dans V Aplien de Lieou.r (Basses- Alpes), sera décrite sous le nom d'Ancyloceras Ackernianni n. sp. Cette espèce se rattache au groupe aptlen de Ancyloceras { Arnnionitoceras) Ucetiae Dumas. » 7. Hamites Royerianas d'Orb. Fragments très nets. » 8. Gastropodes. Moules peu déterminables. » 9. Pélécypodes divers des genres Ostrea, Anomia, Pinna. Cardium, etc. J'y ai reconnu Anomia lœvigala Sow. et Pinna sp. Robinaldina d'Orb., formes du Crétacé inférieur. » 10. Teredo sp. Nombreux moules de cavités creusées par des tarets. » 11. Bois fossile abondant, dont un morceau criblé de perforations de Teredo. » Le caractère de cette faune est nettement aptien; tous les Céphalo- jjodes susmentionnés sont, en elfet, soit des espèces qui se rencontrent à ce niveau en France, soit des formes très voisines qui caractérisent, chez nous, soit la zone à Ancyloceras Matheroni et Acanthoceras Martini, soit le Gargasien à Oppelia nisus et Hoplites fiircal us (= Dufrenoyi^. » C'est la jM-emiëre fois, à ma connaissance, que l'on signale la présence de l'étage aplien dans l'Afrique australe. » Il importe égaleinent d'attirer l'attention sur le cachet européen de cette faune aptienne du sud de l'Afrique, dont les principaux éléments, et en particulier les Ammonitidés, appartiennent non seulement à des espèces, mais, quelques-unes même, à des variétés qui se rencontrent en France, tandis que le cachet faunique de la formation néocomienne d'Uitenhage décrite par Rrauss, Sharpe, Neumayr et Holub de la même région, s'éloigne 70 ACADÉMIE DES SCIENCES. beaucoup, au pointde vue paléontologique, de celui des dépôts néocomiens de même âge de l'Europe. Cette remarquable uniformité de la faune aptienne a été déjà remarquée dans des régions fort éloignées les unes des autres; elle s'observe (' ) non seulement pour le sud-est et le nord de la France, mais aussi pour l'Angleterre, le Hanovre-(Alaus), la Russie (Saratow); on con- naît, en outre, l'aplien à Céphalopodes dans le Caucase, dans l'Hindoustan, à Ukruhill (Rutsch), où les couches à Acanthoceras Martini sont connues depuis longtemps, dans le Daghestan, en Perse, sur la frontière du Louristan {Ac. Martini), et au nord d'Ispahan (MM. DoiiviUé et de Morgan ), etc. ; en Atrique, il existe en quelques points de l'Algérie, au pays des Somalis (faune décrite par M. Mayer-Eymar), dans l'Afrique orientale allemande (MM. Bernhardt et G. Mûller), à Mombaz (Ostrea aquila. 0. macroptera), et à Madagascar (où Ac. Martini ai été signalé d'après M. de Grossouvre). » Le contraste entre les faunes de Céphalopodes des régions méso- géennes et celles des autres contrées s'atténue donc momentanément d'une façon frappante à l'époque aptienne; en même temps qu'à cet étage correspond, dans beaucoup de régions, une transgressivité; cette trans- gression paraît s'étendre jusqu'au Texas, où les Sables de Trinity, formant la base de la série crétacée marine, ont fourni Hoplites furcatus Sow. (^Dufrenoyi d'Orb.) bien reconnaissable, que j'ai récemment pu déterminer et étudier, grâce à l'obligeance de M. le professeur Frech, dans les collec- tions de l'Université de Breslau. Cette distribution cosmopolite de quelques Ammonites caractéristiques rappelle ce qui s'est passé pour le Callovien, et conduit à conclure, après MM. Suess et Haug, que l'époque aptienne paraît avoir correspondu à une période de transgression focilitant l'échange des éléments fauniques entre les divers géosynclinaux et préludant à celles plus importantes encore de l'Albien et du Cénomanien. Quant à la nature clastique et littorale des grès aptiens de Delagoa-Bay, elle ne fait que con- (' ) Si l'on fait abstraction d'un petit nombre d'espèces mésogéennes dérivant des formes barrémiennes de la région méditerranéenne, telles que Phylloceras Guettardi d'Orb. sp.,P/ifll. Go r e ti Kil., Tetragoniles Duvali à'Orh., Puzosia Emerici à'Orh. et formes voisines qui, dans certaines parties à faciès vaseux du sud-est de la France ( notre type colonial de l'aplien supérieur) et d'Algérie (Djebel Cheniour) se mon- trent au sommet de l'étage localement associées aux types aptiens habituels, l'aptien à Céphalopodes, et surtout l'aptien inférieur, conserve partout les mêmes caractères paléonlologiques, et se trouve toujours caractérisé par les mêmes groupes d'espèces, du reste peu nombreux (groupe à'' Acanthoceras Martini; groupe de Hoplites Des- hayesi; groupe de Hoplites furcatus {Dufrenoyi) ; groupe à^ Ancy laceras Mathe- roni, etc.); on le retrouve en Amérique, à Bogota {Acantli. Martini) et au détroit de Magellan avec Ancytoc. Alatheroni. SÉANCE DU 7 JUILLET 1902. 71 firmer la conclusion précédente et permet de voir dans ces assises les traces d'un retour offensif de la nier sur le bord occidental du continent africano- brésilien. » PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur l' éruption volcanique du 8 mai à la Martinique. Note de M. Thierry, présentée par M. de Lapparent. « Le 8 mai, dès le matin, je me trouvais dans la région du Morne Rouge, à S*"" environ du cratère à vol d'oiseau. Rien ne gênait la vue; l'air était profondément pur, à la suite d'un orage épouvantable qui avait eu lieu pendant la nuit. » La colonne de fumée du volcan se découpait nettement, et c'était un spectacle mer- veilleux à voir, d'autant plus que ce matin-là la fumée n'avait pas son aspect accoutumé. Habituellement la fumée sortait sous la forme de nuages plus ou moins gris, tandis que, le matin du 8, elle était tout à fait blanche, quoique épaisse et comme argentée, avec des sillons couleur vieil argent qui faisaient ressortir davantage encore la blan- cheur et l'opacité du nuage. C'était comme un immense chou-fleur sortant du goulTre et s'élevant dans l'air. » Celte sorte de fumée m'a, depuis, paru caractéristique des grosses éruptions. Je l'ai revue le 20 mai, du Gros Morne où je me tronvïiis, et, le 26 mai, du Morne Rouge où j'étais revenu pour quelques instants ; or le 20 et le 26 nous avons eu des éruptions terribles. » En regardant la montagne, je vis d'abord, sur la coulée de la Rivière Blanche, toute une série de colonnes de fumée allant du sommet de la montagne à la mer et qui paraissaient sortir d'autant de petits cratères. Ces colonnes de fumée provenaient sans doute d'un écoulement de boue chaude survenu pendant la nuit et qui aurait suivi la même voie que celui qui, trois jours avant, avait englouti l'usine Guérin. » On avait tellement raconté partout que la montagne s'ouvrait de toutes parts et que de nouveaux cratères se formaient en divers points, que ma première impression, en voyant cette série de colonnes de fumée, fut que la vallée de la Rivière Blanche n'était plus qu'une suite de cratères. » Je comptai ces colonnes de fumée et j'en notai très distinctement 6, avant d'arri- ver au vrai cratère, sur lequel je venais seulement de fixer les yeux pour compter 7, lorsque je vis une gerbe de rochers sortir du cratère, projetés à une hauteur approxi- mative de ôo" à 100" au-dessus de la crête de la montagne et prendre, en retombant, la direction du bord de la mer du côté de Saint-Fierre, enjambant la crête de la colline qui sépare la vallée de la Rivière Blanche delà vallée de Saint-Pierre. » En même temps un bruil formidable se fit entendre, et, sur les côtés de la gerbe ou de la fusée dont je ne pouvais plus voir le centre qu'emplissait une fumée épaisse, je vis encore d'énormes rochers qui, suivant toujours la même direction, filaient sur Saint-Pierre avec une vitesse énorme, laissant derrière eux une sorte de traînée qui se profilait en noir sur la blancheur extérieure du nuage. » Terrifié, je sortis dans la rue et j'allai ainsi pendant 100™ environ, c^uandje vis, ■^2 ACADEMIE DES SCIENCES. par un intervalle entre deux maisons et à une distance qui me parut fort rapprochée, un énorme nuage gris roux, descendant jusqu'à terre, qui s'avançait sur nous comme une muraille et tellement sillonné d'éclairs que ces éclairs formaient comme un ré- seau ininterrompu à mailles serrées. Comme bien vous vous l'expliquez, ma curiosité céda à l'instinct de conservation, et je fis volte-face pour aller du côté de ma maison et rejoindre les miens. » En cours de route, après loo™ de celte marche très accélérée, en passant devant la gendarmerie, je regardai le cratère; il fumait toujours, comme à l'ordinaire, mais ne projetait plus rien. Immédiatement au-dessous du cratère la montagne s'éclaircis- sait. Aussi j'estime que la projection de la trombe meurtrière n'a pas duré plus de 2 à 3 minutes, si même elle a duré ce temps-là, et non pas un quart d'heure, comme on l'a dit. » En somme, il n'y a eu ni feu proprement dit, ni lave incandescente projelée le 8 mai; il y a eu, d'après ce que j'ai vu, une quantité énorme de rochers incandescents qiu' sont partis comme la déch.irije d'un canon. » En ce qui concerne les transformations de l'île, les aff.iissemenls de 2000™ à 3ooo" signalés au large du Prêcheur ne paraissent pas s'être pro- duits. On a dit aussi que la crête de la montagne s'était affaissée et que l'ensemble avait diminué de 3oo" au moins de hauteur. Je ne le crois pas, car les anciens points culminants, en particulier le Morne, la Croix, se voient encore des mêmes points d'observation. JVIais le sommet de la mon- tagne a entièrement changé de forme, par suite de l'accumulation des cendres et des pierres autour du cratère en activité. Au lieu d'être lerminée par un pic, la monl;igne présente maintenant, au sommet, la forme en en- tonnoir classique, ébréché du côté de Saint-Pierre. M D'autre part, un second cratère s'est formé au-dessus de l'Ajoupa- BoiuUon, au lieu dit le Tiianon. Ce nouveau cratère a déjà plus de loo" de long et do"" de large; ces jours derniers, il fumait comme le cralère principal au début de l'éruption. » Je ne pense [las que quelqu'un se soit trouvé mieux placé que moi pour observer les phénomènes du 8 mai, surtout ayant, au moment exact, les yeux fixés sur le cralère. Les quelques rares blessés restants se trouvaient sur les confins de la zone meurtrière et ne peuvent fournir de renseigne- ments détaillés, tant ils ont été terrifiés et tant le coup a été subit : un grand bruit, des nuages, du feu, c'est tout ce qu'ils ont vu et entendu. » La séance est levée à 4 heures un quart. ^ G. D. N" 1. TABLE DES ARTICLES. (Séance du 7 juillet 1902, MÉMOIRES ET COMMUNICATIOIVS DÉg MEMBtlES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. Pages. M. le Président rappelle à l'Académie là perte douloiilcuse qu'elle vient de faire dans la per.s(mne de M, Fb^'g) Mètohtede la .Section d'Astrrjiinmic ... , (1 M. Bkrihelot. — Sur la relation entre l'in- tensité du courant voltaïqUe' 61 la mani- festation du débit électrolyti'^lie 6 M. O. Callandreau. — Propriétés d'une Pages, certaine âiiomalié pouvant remplacer les anomalies déjà enbnucs dans le calcul des perturbations des pnlitrs planètes .« M. Paul Painlëvk. — Sur le développement lies fonclioiis analytiques eh série de polynômes , , M. Ch. IIouoHari). — ti'aitemçnl local des localisations du Hiilhriatismç ii, NOMIIVA TlOIVS. M. Bouvier est élu Membre de la .Section d'.\natomifel Zoologie, en rejijplacement de M. Filli(,l. CORRESPOrVDAIVCE. .M. le PnE.siDENT annonce que la séance ilu lundi I '( juillet sera remise au mardi ij. ii M. le Secrétaire perpétuel annonce que le Tome XXXn {■!' série) des « Mémoires présentés par divers savants à l'Académie des Sciences » est en distribution au Se- crétariat 22 M. le Secrétaire perpétuel signale un \olume intitulé : " The norwegian north polar Expédition. 1893-1806. Scieulific results. Volume III 12 M. Léon Autonne. — Sur un groupe non- veau, d'ordre fini, linéaire à quatre va- riables •._' M. .\. Leduc. — Sur lélectrolyse de l'azo- tate d'argent 28 M. EuGiiNE Neoulcea. — Sur l'action de la self-induction dans la partie ultra-violette des spectres d'étincelles l'i M. V. Cremieu. — Nouvelles recherches sur les courants ouverts ?- .M. J. Fenyi. — Sur la nature du cohéreur . ;io M. Gustave Le Bon. — Action dissociante des diverses régions du spectre sur la matière 3a y\. Gustave Lb Bon. — La lumière noire et If's phénomènes actino-électriques 3J \1. DE KoRCRAND. — Sur l'iiyd ratatinn de l'oxyde de zinc '.V'i M. li. Fosse. — Propriétés oxydantes d'un pyranol 3,, M.M. L. BouvEAULT et A. Wahl. - Conden- sation du nitrométhano avec les aldéhydes aromatiques '| 1 MM. E. Wederino et Uscab ScH.Miur. — Ue l'action des sels diazoïques sur la desmoiroposantonine et l'acide desmotro- posantoneux '|3 M. Henri Alliot. — sur une nouvelle preuve de la résistance cellulaire des saccharo- uiyces, et sur une nouvelle application de cette propriété à l'industrie de la dislil- lerie ',.') MM. C. PiiiSALix et Gab. IJerïranh. — Sur les principes actifs du venin de crapaud commun {Bufo vulgaris L. 1 !fi M. Gabriel Bertrand. —Sur la nature de la bufonine 'l'if \l. A. Kf.rniîach. — Inlluencede l'acide sul- focyanique sur la végétation de VAspi'i-- gitlus niger î ■ M. .\. Desgrez. — Ue l'influence de la cho- N" 1. SUITE DE LA TABLE DES ARTICLES. Pages, line sur les sécrétions glanclulsircs 52 MM. Maurice Doyon et Albeht Morel. — Disparition des éthers dans le sang lu vitro 54 M. Al'G. Charpentier. — Inhibition pro- duite par voie d'interférence sur la rétine. 56 M. Raphaël Durcis. — Sur l'autorégulation par l'acide carbonique du fonctionnement énergétique des organismes 58 M. G. ViGUiER. — Influence de la tempéra- ture sur le développement partliogéné- tique 60 MM. Prenant et Saint-Rémy. — Sur l'évo- lution des formations branchiales chez le Pages. Lézard et l'Orvet ^^ MM. A. Conte et C. Vaney. — Contributions à l'élude anatomique du Rhabdopleura Normani Allm ^^ M. H. Mandoul. — Sur la cause des colora- tions changeantes des téguments 65 MM. Vermorei. et Gastine. — Sur un nou- veau procédé pour la destruction de la pyrale et d'autres insectes nuisibles G6 M. W. KiLiAN. — Sur la présence de l'étage aptien dans le sud-est de l'Afrique 68 M. Thierry. — Sur l'éruption volcanique du 8 mai à la Martinique 7' PAUIS. 1MPIUMKRI1-: GAUTHIER-VILLAKS, (^)uai des Grands-Auguslins, 55. /-« Gérant: tiACTHIER-VlLLARS. 1902 SECOND SEMESTRE. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. TOME CXXXV. N° 2 (15 Juillet 1902 ^ PARIS, GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE OKS COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADEMIE DES SCIENCES, Quai des Grands-Augustins, 55. 1902 RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875 Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie se composent des extraits des travaux i:t 19732. 79 tements avec une solution alcaline étendue, que l'on se trouve en présence de différents siliciures. )> Il se produit un équilibre variable avec la température et la présence d'un excès plus ou moins grand de silicium fondu. Pour arriver au com- posé VSi*, nous avons chauffé un mélange d'oxyde vanadique, V-0', avec un peu ])lus de cinq fois son poids de silicium pur et crislallisé. La réac- tion se produit selon l'égalité suivante : 2V-0'-f- I iSi = '1 VSi- + 3S:0=. » Dans ces conditions, il reste dans le bain en fusion un excès de sili- cium, et il ne se produit que le composé VSi^ à l'état cristallisé. » Ces expériences avaient été faites avec un courant de 600 ampères sous 5o volts. La chauffe , qui durait de 4 à 5 minutes, était assez difficile à conduire, à cause de la grande volatilité des composés du vanadium. » Nous avons préféré ensuite employer un courant plus intense et chauffer moins longtemps. Dans une nouvelle série d'expériences, nous avons utilisé un courant de 1000 ampères sous 5o volts et nous n'avons chauffé que 2 minutes. » Le culot métallique obtenu dans ces conditions est traité au bain- marie par une solution de potasse à 10 pour 100 jusqu'au moment où tout dégagement gazeux est terminé. Le dépôt cristallin est lavé ensuite par décantation, puis chauffé au bain-marie avec de l'acide azotique à 5o pour 100 ou de l'acide sulfuriipie concentré. Il est utile de renouveler le traite- ment par la potasse et par l'aci'ie cinq ou six fois, afin que le siliciure soit tout à fait pur. Enfin, dans certaines opérations, on sépare quelques petites lamelles de graphite au moyen du bromoforme. Le graphite vient nager à la surface de ce liquide et peut être enlevé avec rapidité. » 2° On peut encore préparer ce siliciure par la réduction d'un mé- lange de silicium et d'acide vanadique par du magnésium en poudre. » Pour faire cette expérience on mélange lo^ d'anhydride vanadique, lo^de silicium et 5^,5 de magnésium en poudre fine exempt d'huile et de fer. Ce mélange était allumé par le procédé de Goldschniidt en l'additionnant d'une petite quantité de magnésium et de peroxyde de baryum. Lorsque la réaction est bien conduite on trouve, au fond du creuset, une masse de siliciure parfaitement fondue, que Ion traite par l'acide azotique à 10 pour 100, d'abord à froid, puis à l'ébullilion. Le produit cristallisé, séparé par lévigation, est chauffé ensuite au bain-marie avec une solu- 8o ACADÉMIE DES SCIENCES. lion de polasse à lo pour loo. Enfin, le résidu est lavé et séché, puis traité au bain de sable par de l'acide sulfurique concentré, pour atta- quer quelques fragments de magnésie fondue. Ces traitements doivent être répétés jusqu'à ce que les réactifs ne produisent plus aucune décom- position. » Propriétés. — Ce siliciure se présente sous forme de prismes brillants à aspect métallique. Il a une densité de l\,^i, raye le verre, est fusible et volatil au four électrique. )) Ce siliciure, semblable en cela à de nombreux produits préparés au moyen du four électrique, possède une grande stabilité. Il est insoluble dans l'eau, la benzii)e, l'éther, l'alcool. Nous ne lui avons trouvé, comme véri- table dissolvant, que le silicium en fusion, au milieu duquel il cristallise par refroidissement, ou le siliciure de cuivre fondu. » Les solutions de potasse et d'ammoniaque, les acides nitrique, sul- furique, chlorhydrique sont sans action sur lui. Des mélanges, soit d'acides nitrique (4 chlorhydrique, soit d'acides nitrique et sulfurique ne l'attaquent pas. Au contraire, l'acide fluorhydrique, même étendu et froid, l'attaque immédiatement. » A la température ordinaire, le siliciure de vanadium n'est pas attaqué par le fluor. Il faut même le porter au rouge pour que la décomposition se produise; il hrùle alors avec incandescence, en fournissant un résidu brun verdàtre. Chauffé dans le chlore, la réaction se produit sans dégage- ment de lumière; elle fournit un liquide brun foncé qui se solidifie, à — 38°, en une masse cristalline de couleur rouge. Ce liquide est immédia- tement décomposé par l'eau, en donnant de la silice hydratée, une solu- tion bleue d'oxyde de vanadium et de l'acide chlorhvdrique. Ce sont les caractères d'un mélange de chlorure de silicium, Si Cl\ et de chlorure de vanadium, VCI\ » Le brome attaque ce siliciure sans incandescence au rouge et fournit: un sublimé noir amorphe, du bromure VBr% un léger sublimé orange dé- composable par l'eau et donnant les caractères du tribromure de vanadyle VO^Br', et enfin un résidu jaunâtre qui reste dans la nacelle et qui pos- sède les caractères du bromure de silicium Si-Br". » La vapeur d'iode fortement chauffée avec ce siliciure de vanadium ne produit qu'une attaque superficielle et sans incandescence. » De même, l'oxygène, le soufre et jl'hydrogène sulfuré ne produisent qu'une attaque très lente à la température de fusion du verre. SÉANCE DU l5 JUILLET 1902. 81 M Le siliciure de vanadium, chauffé dans un courant de e^az acide chlorhydrique, est attaqué sans incandescence et produit un liquide incolore bouillant à -f- 32°, qui est le silicichloroforme, un sublimé verdàtre qui fournit les réactions du chlorure VCI- et un résidu brun rouge très déliquescent, soluble dans l'eau et donnant les réactions du chlorure VCl'. » Quand on traite ce siliciure par de la potasse en fusion, il y a tout d'abord un vif dégagement de gaz et il se produit un mélange de silicate et de vanadate de potassium. Pour être complète l'attaque doit être assez longue. Si l'opération ne dure que quelques minutes, il se produit tout d'abord un résidu insoluble riche en acide vanadique. La soude donne des réactions identiques. » Le gaz ammoniac à 1000° ne produit qu'une attaque superficielle. » Les métaux en fusion se conduisent différemment au contact de ce siliciure, suivant qu'ils forment plus ou moins facilement des combinaisons soit avec le silicium, soit avec le vanadium. C'est ainsi que le cuivre fondu décompose complètement une petite quantité de ce siliciure en pro- duisant du siliciure de cuivre et un alliage cuivre-vanadium. Au contraire, en présence de l'argent, il ne sera que partiellement décomposé, en four- nissant du silicium et du vanadium que l'on peut ensuite retirer du culot d'argent métallique. Avec l'étain, la réaction serait identique. » Analyse. — L'analyse assez délicate de ce composé ne nous a pas permis de doser le silicium et le vanadium dans le même échantillon. » Pour doser le vanadium, on attaque un poids déterminé de siliciure par l'acide fluorhydrique pur à 5 pour loo. On filtre pour séparer le silicium insoluble, puis on évapore à sec, après addition d'une petite quantité d'acide nitrique pur. L'acide vana- dique ainsi obtenu est fondu, puis pesé. » Le dosage du silicium a été exécuté en attaquant un poids donné de siliciure par de la potasse en fusion. On reprend par l'eau, on additionne d'acide chlorhydrique et l'on évapore à sec. Cette opération doit être reprise trois fois. Enfin la silice est déter- minée par la méthode ordinaire en évaporant à sec, et en reprenant par l'acide sulfu- rique étendu. » Nous avons obtenu ainsi les chiffres suivants : 1. Vanadium 47i98 Silicium combiné 5i,75 Silicium libre o,5o C. R., 1902, V Semestre. (T. CXXXV, N° 2.) 1 1 Théorie 2. 3. pour VSi-. 48,25 48, 3o 47,80 5i ,60 52,02 62,20 0,02 néant » 83 ACADÉMIE DES SCIENCES. ZOOLOGIE. — Sur la coccidie trouvée dans le rein de la Rana esculenta et sur V infection générale qu'elle produit. Noie de MM. A. Lavkran et F. Mesnil. « En i854, Lieberkûhn (') a signalé, dans le rein de grenouilles, l'exis- tence de kystes dont le diamètre atteignait 670!^, renfermant de nombreux corpuscules psorospermiques avec 3-4 germes falciformes; cette obser- vation a été confirraèe par Solger (cité par Biitschli, Bronns Tierreich). Enfin, Labbé (^) a retrouvé cette coccidie chez une seule Rana esculenta; il se contente de dire que « les kystes pouvant atteinilre jusqu'à 200!^ à Boo!^ se trouvent dans le tissu conjonctif de l'enveloppe des reins de la grenouille, à côté des capsules surrénales »; cbaque kyste donnerait nais- sance à un nombre illimité de sporocystes ovalaires avec, tantôt 2, tantôt 4 sporozoïtes. » Labbé a créé, pour cette espèce, le genre Hjaloklossia (dont la diagnose est, en employant la terminologie actuelle : coccidie polysporocystée di- ou tétrazoïque; sporocystes ovalaires), et il a appelé l'espèce Hyaloklossia Lieberkûhni. Disons de suite que les véritables ookystes de cette espèce n'ont jamais plus de So^ suivant leur grand axe et ne renferment que deux sporocystes avec, toujours, quatre sporozoïtes . C'est donc une coccidie dispo- rocystéf tétrazoïque, c'est-à-dire une Isospora Schneider (')(== Diplospora Labbé), et elle doit s'appeler Isospora Lieberkûhni. Le genre Hyaloklossia, créé à tort pour cette espèce, doit disparaître. » Infections naturelles. — En mai et juin de cette année, les deux tiers environ des Rana esculenta petites et moyennes, pêchées à Garches et à Bellevue (Seine-el-Oise), avaient le rein parasité; les grosses grenouilles étaient toujours indemnes. » Les plus jeunes stades que nous ayons observés dans les reins des gre- nouilles infectées naturellement étaient des macrogamètes de 201^ de (') LiEBERKiJHN, Miiller''s Archiv , i854, p. 1-24. (') Labbé, Archives Zool. expérim., (3), t. IV, 1896, p. 535-536, p. 612 {Jig. 7) et pi. XVlII(yî^. 16-20). (') Cette acception du genre /$o«/)ora a été admise successivement par Laveran, Mesnil, Schaudinn, R. Blanchard. SÉANCE DU i5 JUILLET tg02. 83 diamètre, tels que ceux de la figure i, et des microgametoblasles con9,tilués par une grosse masse protoplasmique avec, à sa surface, de nombreux noyaux. Ces noyaux s'allongent, et il se constitue des microgamèles donl la partie chromatique a io'^-i2'*de long et dont le protoplasme est représenté par une mince enclave axiale complètement entourée de chromatine (/ig. 3). Ces éléments portent deux cils dont la longueur est environ le Difl'érentes formes de Isospora Lieberkûhni. Gr. loooD. double de celle du corps et qui sont probablement insérés tous les deux à l'extrémité antérieure. » Les macro gamètes arrivent finalement à être des corps ovoïdes de 40^^ environ de long {Jig. 4)> dont souvent une face est presque plane ou même légèrement concave ; ces corps sont bourrés de granulations rondes ou ovales de 2^^ environ de diamètre, extrêmement réfringentes. Ces gra- nulations ne se teintent ni par l'acide osmique (en revanche le proto- plasme qui entoure les granules noircit ;issez fortement), ni par l'éosine; dans les préparations montées dans le baume, on remarque souvent un petit grain central très réfrmgent qui se colore en rose par la .safranine. Le noyau du macrogamète {fig- 4) arrondi renferme unkaryosome central assez gros et de petits granules de chromatine périphériques. » Ces divers stades se rencontrent, soit inclus dans l'épithélium canali- culaire, soit dans la lumière des canaux urinifères, parfois encore entourés des restes de la cellule hôte. 84 ACADÉMIE DES SCIENCES. » La fécondation et toute l'évolution sporogonique ont lieu dans la lumière des canaux du rein. )) Le macrogamète qui se prépare à être fécondé subit des changements nucléaires ; le noyau prend des contours irréguliers et émigré vers la périphérie de la cellule; son karjosome s'émiette et se dissout en partie dans le suc nucléaire. C'est donc un tel no3'au que le microgamète pénètre; il se contracte d'abord (mi, fig. 5), puis se décompose en filaments chromatiques extrêmement ténus, semblables à ceux figurés par Siedlecki chez Adelea ocata. En même temps, le noyau fécondé envoie un pro- longement qui atteint le pôle du macrogamète opposé à celui par où a eu lieu l'entrée du microgamète. Puis les chromatines mâle et femelle se mélangent intimement pendant que le noyau prend celle forme en fuseau si constante chez toutes les coccidies, à ce stade ; de longs filaments chromatiques remplissent ce fuseau d'un bout à l'autre. » C'est à cette période que le macrogamète s'entoure d'une mince membrane kystale. Il se produit ensuite une contraction du protoplasme; le fuseau nucléaire se désagrège, et toute la chromatine, passant entre les granules protoplasmiques, vient se réunir à un pôle de l'œuf. Puis cette masse nucléaire s'étire et l'on arrive à avoir deux noyaux situés aux pôles opposés de la sphère protoplasmique et réunis par un mince trabécule qui finit par se rompre {/îg. 6). Chacun de ces deux noyaux se divise à son tour par le même processus, et l'on a alors une cellule avec quatre noyaux situés aux quatre sommets d'un carré inscrit à son intérieur. A ce moment se produit une constriclion équaloriale et l'on arrive au stade avec 2 sporoblastes (Jig. 7 ) ellipsoïdaux, chacun avec 2 noyaux aux pôles opposés. » Ces sporoblastes, qui noircissent fortement par l'acide osmique, se transforment rapidement en sporocysles. Chaque noyau se divise en deux et devient le centre de formation de deux sporozoïtes qui s'allongent peu à peu et arrivent à se croiser avec les deux sporozoïtes du pôle opposé. Finalement, on a {fig. 8) des sporocysles ovoïdes ou fusiformes, de aSH- à 2>o^ de long, renfermant, à l'intérieur d'une membrane trans- parente, assez résistante, 4 sporozoïtes et, d'un même côté, un reliquat sphérique volumineux où l'on retrouve les granulations du macrogamète; dans les préparations fixées à un liquide osmique, ce sont les sporozoïtes qui deviennent sombres, le reli- quat restant clair. Ces sporocysles dépriment la mince membrane du kyste, qui se rompt généralement. 1) Les sporozoïtes, qui mesurent iSV' de long, ont une extrémité antérieure arrondie renfermant le noyau (tache claire de la figure 9, tache colorée de la figure 10) et une extrémité postérieure plus mince et effilée. Isospora Lieberkuhni est surtout voisine de 7. {Diplospora) Lai>erani Hag., à membrane kystale mince et dont les sporo- cysles sont à pôles semblables. » L'infection des reins de nos Rana esculenta était généralement très intense; mais, chez une grenouille déterminée, presque toutes les coccidies étaient au même stade ou à des stades voisins. Ainsi, certaines grenouilles SÉANCE DU l5 JUILLET 1902. 85 ne renfermaient que des stades allant de macrogamètes et microgamètes presque mûrs à des ookystes avec noyau en fuseau ; chez d'autres, on allait de ce dernier stade à celui de formation des sporoblastes ; chez d'autres encore, on observait uniquement des stades de transformation de sporo- blastes en sporocystes; enfin, plus de la moitié des grenouilles parasitées renfermaient uniquement des sporocystes mûrs, sortis de l'enveloppe kystale. » Lésions rénales. — Elles sont très nettes. Les parasites distendent les parois des canalicules, les rompent parfois, et le rein arrive à occuper un volume qui peut être dix fois celui du rein d'unegrenouille de même taille. Dans certains canalicules, les màcrogamètes ou les ookystes sont si nom- breux qu'ils sont pressés les uns contre les autres et constituent des amas volumineux entourés par les parois distendues du canalicule rénal (nous en avons mesuré un de aSoi^ de long); ce sont évidemment ces masses qui ont donné à nos devanciers l'impression d'énormes kystes coccidiens pro- duisant un grand nombre de sporocystes. Quand de pareils amas obstruent un canal, on trouve en amont des cylindres albumineux avec de nombreux déchets chromatiques. » Le parasite, quand il est dans la cellule épithéliale rénale, amène d'abord un gonflement notable de la cellule et surtout de son noyau, puis une atrophie. La desquamation épithéliale est donc importante; mais il se produit une rénovation intense. Les noyaux des cellules nouvelles se pro- duisent par karyokinèse; on voit ces noyaux pressés les uns contre les autres, et souvent même il se produit, dans la lumière des canalicules, de petits bourgeons épithéliaux. Beaucoup de noyaux de ces cellules épithé- liales de nouvelle formation ont un volume double ou triple de ceux des cellules d'un rein normal. Cette réaction épithéliale est accompagnée d'une forte réaction conjonctive et l'on a, en résumé, une néphrite aiguë mixte. » Infections expérimentales. — Notre étude des grenouilles infectées naturellement laisse deux questions principales sans solution. Par quelle voie se fait l'infection du rein? Comment a lieu l'auto-infection? Nous avons essayé de combler ces lacunes en réalisant des infections expéri- mentales. Ti Les sporocystes, rais en contact avec du suc intestinal, éclatent rapidement et les sporozoïtes, devenus libres, manifestent une mobilité assez grande. » Si l'on sacrifie une grenouille 20 heures après une ingestion de sporocystes, on 86 ACADÉMIE DES SCIENCES. trouve, dans l'intestin grêle, de nombreux sporozoïtes, libres et mobiles dans la lumière, ou situés à l'intérieur des cellules épithéliales (la vérification a été faite sur coupes); dans ces cellules, les sporozoïtes sont ramassés et vacuolaires {fig. ii). » Chez une grenouille, l!\ heures après une ingestion de sporocystes, le sang ren- fermait des formes variées appartenant incontestablement au cycle évolutif à'Isospora: macrogamètes d'un diamètre moyen de 17!^ (fig- Oi microgamétoblastes avec micro- gamètes déjà filiformes, mais non encore mûrs; autres formes avec un grand nombre de noyaux conduisant évidemment soit à des microgamètes, soit à des petits corps tels que celui de la figure 2, que nous regardons comme des mérozoïtes, et qui se trou- vaient libres dans le plasma sanguin, comme d'ailleurs la majorité des corps précé- dents ('). » Cette grenouille, sacrifice 48 heures après le début de l'expérience, nous à mon- tré une infection généralisée intense à Isospora lAeberki'thni. Les organes que nous avons étudiés peuvent se ranger ainsi, en suivant l'ordre décroissant du degré d'infec- tion : poumon, rein, corps gras, foie et rate, intestin grêle. Le sang des gros vaisseaux renfermait des formes analogues à celles de la veille, mais bien moins nombreuses. » Dans tous ces organes, les parasites (macrogamètes et microgamêtes, mûrs et non mûrs, mérozoïtes) se tramaient presque uniquement dans les capillaires ou les petits vaisseaux, libres ou le plus souvent à Vintérieur des cellules endothéliales ; certains nous ont paru être dans l'épithélium pavimenteux qui tapisse les ahéoles pulmonaires ; enfin, de très rares paraissaient bien être dans les cellules de l'épithélium pulmonaire cylindrique cilié. Dans le rein, les parasites étaient surtout abondants dans les glomérules, mais il 3- en avait aussi de nombreux, de toute taille et de toute variété, dans les espaces intercanaliculaires; il n'y en avait pas un seul dans les cellules épithéliales ni dans la lumière des canalicules. » Cycle évolutif de Isospora Lieherkûhni. — Ces faits nous per- mettent de reconstituer le cycle évolutif de la coccidie et de comprendre la façon dont l'infection du rein est réalisée. T/animal ingère des sporo- cystes. Les sporozoïtes, devenus libres dans le tube digestif, passent vile dans le système sangiùu; c'est là qu'ils se développent, et il est tout naturel de les trouver surtout dans les organes où le système capillaire est le mieux représenté, le poumon et le rein. » Dans le rein, les parasites, en s'accumulant dans les glomérules, amènent la rupture de la mince paroi qui sépare les capillaires des cana- licules; ils deviennent alors libres dans les canalicules. Quanta l'infection de l'épithélium rénal, elle se fait sans doute par des mérozoïtes jeunes, et il est probable que ce parasitisme intra-épithélial n'a pas un caractère de nécessité. (') Quelques-uns, en effet, étaient dans des leucocytes mononucléaires, soit entiers, soit en débris. SÉANCE DU l5 JUILLET 1902. 87 » Chez les grenouilles infectées naturellement, le rein seul renfermait des parasites; nous n'avons rien trouvé dans les antres organes ('). C'est donc par suite de la structure particulière du rein que l'évolution de la coccidie j)eut arriver à son terme final dans cet organe. Les parasites qui se sont développés ailleurs, ou bien sont peu à peu charriés au rein, ou bien sont résorbés sur place ; nous avons en effet noté des phénomènes phagocytaires très nets. )) En résumé, l'intérêt principal de cette étude est de montrer qu'une coccidie typique est capable de produire, par voie sanguine, une infection généralisée; l'évolution sporogonique n'est possible, d'ailleurs, qu'après que le parasite a franchi les parois du fdtre rénal. » CHLMIE ORGANIQUE. — Hydrogénation directe de carbures acétyléniques par la méthode de contact. Note de MM. Paul Sabatier et J.-B. Sexderens. « Dans une Note publiée récemment {Comptes rendus, t. CXXXIV, p. 1127), nous avons montré que notre milhode générale d'hytlrogénation directe peut s'appliquer avec succès aux carbures éthyléniques, qui sont transformés en carbures forméniques correspondants : le nickel réduit con- vient dans tous les cas; au contraire, avec le cuivre, la fixation de l'hydro- gène a été trouvée limitée aux carbures élhvléniques a. » Antérieurement {Comptes rendus, l. CXXVIII, p. 1 i^S, puis t. CXXX, p. iSSq et 1628, et t. CXXXI, p. l\o), nous avons indiqué que la méthode s'applique facilement à Vacétyléne, qui se trouve successivement changé en éthylène, puis en éthane, généralement accompagné d'une certaine pro- portion de carbures forméniques supérieurs : le nickel agit à froid et, en présence d'un excès d'hydrogène, conduit à des produits exclusivement forméniques. Le cuivre ne réagit qu'au-dessus de 180° et transft)rme assez vite l'acétylène en éthylène, la transformation finale en éthane n'ayant lieu que bien plus lentement. » M. Ch. Moureu, qui a récemment exécuté d'importantes synthèses à partir de deux carbures acétyleniques, Vheptine a et le pkénylacétyléne, a mis à notre disposition une certaine quantité de ces corps : nous leur avons appliqué notre méthode d'hydrogénation. (') Il nous est arrivé parfois de trouver une ou deux spores à l'examen du poumon; nous pensons que, si l'évolution sporogonique peut s'accomplir dans cet organe, c'est à titre tout à fait accidentel. 88 ACADÉMIE DES SCIENCES. » l. Heptine a. — L'hepline a, souvent appelé œnanlhylidène, bout à 102°. » En présence du nickel réduit, vers 170°, riiydrogène employé en excès transforme facilement le carbure en heptane normal, bouillant à gSOjS-ggOjS (corr.), de densité rf° =0,0708, inattaquable par l'acide sulfurique concentré: il est accompagné d'une petite proportion de carbures forméniques supérieurs. » En présence du c«»'rereW««<, l'hydrogénation se produitbien, à 300° ou au-dessus: mais elle est beaucoup plus lente qu'avec le nickel, et la dose des carbures de molé- cule condensée y est bien plus considérable. » A conditions égales, là où le nickel produit une transformation totale en heptane, une colonne de cuivre de même longueur fournit un mélange d'hydrocarbures que le fractionnement divise en trois portions distillant respectivement au voisinage de 100», de 25o° et de 3.50°. » La première portion, qui passe de 97° à 100", possède une densité dl =0,727 : elle est en majeure partie formée par de Vheptène aCH'*, bouillant à 97°-99'' (ofj voi- sine de 0,789), attaquable par l'acide sulfurique concentré qui le transforme partiel- lement en polymères. Elle contient aussi une certaine quantité A^ heptane normal CPW^{dl =0,708), inattaqué par le mélange nitrosulfurique. » La deuxième portion, qui passe à la distillation vers aSo", possède une den- sité > Les résultats obtenus jusqu'à ce jour, et qui sont reproduits dans la brochure que j'ai riionnenr d'offrir à l'Académie, ne sont pas égale- ment concluants au point de vue de la lutte contre la grêle, mais pas un seul des tirs exécutés n'a élé suivi d insuccès, et l(^us démontrent l'ac- tion générale des fusées sur les zones supérieures de l'atmosphère. » C'est ainsi que, par un temps clair et sans nuages apparents, nous avons involontairement provoqué, au-dessus de nos tètes, la lormation d'un anneau composé de plusieurs couches concentriques de vapeurs conden- sées, qui se sont brusquement teintées des couleurs de l'arc-en-ciel (voir obs. u" 14 ) (voir les expériences imprin)ées dans notre Rapport au Congrès et à s:i suite); » Que des trouées circulaires, laissant apercevoir le bleu du ciel, ont été produites au milieu des plus sombres nuées (voir obs. n"' 1, 2, .5, 6, 19); )) Que des orages ont été arrêtés, déchirés, coupés en deux, ou disper- sés(voirohs. n"»3, 6, 11, 15, 16, 21, 22); » Que les décharges électriques ont été brusquement suspendues, ou bien écartées (voir obs n"' 1, 7, 8, i), 11, 12, 21); SÉANCE DU l5 JUILLET 1902. gS 11 Que les vents les plus violents ont été apaisés (voirobs. n°^ ~ , 10); )) Que la pluie a été arrêtée ou modérée (voir obs. n"' 13, 14); » Et qu'enfin les champs défendus par les fusées ont été complètement préservés de la chute des fjrèlons, tandis rpie les récolles voisines étaient détruites (voir obs. n°' 1,2, 3, 5, 1 1, 16. 17, 18, 19, 20). » De toutes ces observations, je n'eu dévelo|)perai qu'une seule, la dix-septième, parce qu'elle indique en quelques mots les résultats ob- tenus par les fusées contre la grêle et qu'elle fait partie de la déposition de M. Etienne Salomon, de Thomery, au Congrès international de Lyon. » Je tiens, dit ce viticulteur émérite, à confirmer les dires de M. Vidal sur les expé- riences de fusées. Je suis propriétaire dans Seine-et-Marne et j'ai eu, au mois de juin dernier, l'occasion d'expérimenter ce procédé contre un orage qui s'avançait très menaçant et que les fusées ont très bien dissipé. Tout autour de la sur/ace protégée, la grêle est tombée et a complètement ravagé les champs de betteraves, alors que ma pépinière de vignes n'a eu que des dégâts insignifiants. » La conclusion est évidemment en faveur des fusées, auxquelles j'ai dû reconnaître une influence incontestable. Je ne cherche pas à expliquer comment le fait s'est pro- duit; je cite simplement un fait que j'ai tenu à ajouter aux affirmations du D' Vidal qui, je le sais, a fait beaucoup d'expériences (Congrès international de défense contre la grêle, t. I, p. 3oo). »... Suivant qu'ils sont plus ou moins éloignés de leur point île forma- tion, qu'ils sont plus ou moins denses, qu'ils sont poussés par un vent plus ou moins fort et que les terrains sont plus ou moins inclinés, les nuages chargés de grêle sont tantôt très élevés dans les airs et tantôt très bas, ce qui explique les échecs subis dans certaines régions par le tir des canons; ces échecs auraient sans doute été évités, si l'on avait méthodi- quement lutté contre les orages, et si l'on avait compris que les postes destinés à préserver une plaine fertile doivent souvent être échelonnés à quelques kilomètres plus loin, sur les flancs d'une montagne. Telle ne paraît pas avoir élé, jusqu'à ce jour, la tactique suivie par les syndicats de défense contre la grêle, dont les batteries sont, en général, disposées sim- plement de façon à couvrir la plus grande surface possible — » CORRESPOND AK CE. M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance, un Volume de M. 5.-//. Finne-Gronn, intitulé « Abel, den store mathematikers slegt, Christiania, 1899-1900. » 94 ACADÉMIE DES SCIENCES. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Application de la méthode de la moyenne arith- métique aux surfaces de Riemann. Note de M. A. Korn, présentée par M. Emile Picard. « J'appelle transformation de Poincaré correspondant à un contour s, fermé dans le plan, toute transformation X = X(^,j), Y = Y(a;, r), x = x{\,Y), j=j(X, Y), qui définit une correspondance uniforme entre les points intérieurs d'un cercle (dans le plan des X, Y) et les points intérieurs de s (dans le plan des a?, y), et une correspondance uniforme entre les points extérieurs du même cercle et les points extérieurs de s, sous la seule supposition que les fonctions X, Y et x, y soient continues dans tout le plan, et qu'elles admettent des dérivées çiX (^ (^ dY Û£ ^ ^ ^' dx' dy' dx' dy' dX' dY' dX' dY finies et inlégrables. » On peut trouver de telles transformations pour tout contour s dont l'intérieur est simplement connexe, s'il est de courbure continue (A. K.orn, Lehrbuch der Potentiallheorie, 2° Vol., p. 3o2) ou un composé d'un nombre fini de lignes (') de courbure continue (A. Rorn, Abhandlungen zur Potentialtheorie, n" 2, p. 19). Avec la connaissance d'une telle transfor- mation, on peut démontrer que la méthode de M. Neumann résout le pro- blème de Dirichlet pour l'intérieur et l'extérieur de s, en supposant les valeurs limites y de la fonction harmonique cherchée continues (ou conti. nues par intervalles) (-). » Il est facile de généraliser ces résultats en passant du plan aux sur- (') A pari des sommets formés par ces différentes parties du contour, toute singu- larité est exclue; nous excluons aussi les pointes. (*) Pour les contours composés, il faut encore une condition supplémentaire sur f aux environs des sommets (qui est du reste toujours remplie, si f admet des premières dérivées finies et intégrables). SÉANCE DU l5 JUILLET 1902. 9^ faces de Riemann. Par une représentation conforme ^=:Ç4-lVl, Z = X + l'y, on peut faire correspondre à l'intérieur de s une partie simplement con- nexe d'une surface de Riemann limitée par un contour >: (bornons-nous, pour plus de simplicité, au cas que les fonctions ^ soient algébriques) ; en appelant cette partie l'intérieur de c, nous pouvons maintenant résoudre le problème de Dirichlet pour l'intérieur de 5 par une méthode analogue à celle de M. Neumann, puisque chaque fonction harmonique à l'intérieur de s devient par la transformation '(, = 3{z^ une fonction harmonique à l'intérieur de c et vice versa. Un pareil raisonnement peut être fait pour des domaines extérieurs. » Il va sans dire que les fonctions composant les séries de M. Neumann n'ont plus pour a la même signification simple que pour s. » Nous pouvons maintenant aussi procéder au cas où l'aire limitée par a n'est plus simplement connexe; en ajoutant au contour 5 les deux bords de certaines coupures, nous pouvons toujours ramener ce cas au cas d'une aire simplement connexe avec un contour dont aucune partie n'est parcourue deux fois sur une surface de Riemann un peu plus compli- quée, et nous arriveions ainsi toujours à des représentations des solutions du problème de Dirichlet en forme de séries analogues aux séries de M. Neumann. » Personne ne se servira sans doute de cette méthode pour calculer les valeurs de la fonction harmonique en question, mais ces raisonnements ont une certaine importance pour une autre raison : ils permettent de démontrer un grand nombre de théorèmes très généraux sur les fonctions harmoniques et leurs dérivées; je ne cite comme exemple que la généra- lisation des théorèmes de M. Liapounoff, qui permettent de décider dans quels cas les fonctions harmoniques définies par les valeurs limites f admettent des dérivées normales. » PHYSIQUE. — Sur la formation des gouttes liquides et la loi de Tate. Note de MM. Leduc et Sacerdote, présentée par M. Lippmann. « La loi de Tate dit que le poids des gouttes d'un même liquide qui s' écoulent à l'exlrémité d'un tube est proportionnel au rayon de l'orifice de ce tube (sup- 96 ACADÉMIE DES SCIENCES. posé circulaire). Pour justifier celle loi, on a l'habitude défaire le raison- nement suivant (' ). » Lorsque la goulte est sur le point de se détacher, elle présente à sa partie supé- rieure un étranglement ou gorge ('), dont le rayon /■ est peu différent de celui R de l'orifice; la rupture a lieu lorsque le poids p de la goulte, limitée au cercle de gorge, l'emporte sur Teffort dû à la tension superficielle, qui s'exerce verticalement sur le contour de ce cercle; le poids des gouttes est donc proportionnel au rayon R de l'orifice, s'il y a proportionnalité entre r et R. » Ce raisonnement est inexact. Si, en effet, la séparation de la goutte avait lieu par arrachement, son poids aurait à surmonter non seulement l'effort fiii à la tension superlicielle, iniiis aussi celui dû aux forces de cohé- sion qui s'exercent sur toute la section du cercle de gorge. L'expression du poids p serait donc de la forme : p = A/ ■ + B/-, B étant très grand par rapport à A, comme cela résulte d'expériences que nous avons décrites précédemment ('). » Observons d'ailleurs que la formation d'une gorge n'a lieu qu'avec des tubes de quelques millimètres de diamètre, et non avec des tubes fins ou très larges. » En réalité, la séparation de la goulle n'a pas lieu par arrachement, mais bien par étranglement. — A l'équation différentielle de l'équilibre, et à la condition aux limites consistant en ce que le raccordement doit avoir lieu sur une circonférence donnée, correspondent pour la goutte une infinité de figures d'équilibre, toutes comprises entre deux formes extrêmes, dont l'une, le plan, présente un volume nul, et l'autre un volume maximum. » Quand la goutte aura atteint cette dernière forme, la moindre quan- tité supplémentaire de liquiile qui y pénétrera lui donnera une forme qui ne sera plus d'équilibre, et la pression extérieure, l'emportant sur l'inté- rieure, étranglera la goutte le long d'un parallèle bien déterminé. M Expérience. — La justification théorique de la loi de Taie ayant ainsi perdu toute sa valeur, il nous a semblé nécessaire de soumettre celte loi à une nouvelle élude expérimentale. » Nous avons opéré sur l'eau et le mercure. Il est clair que, dans tous les cas, ce que nous avons désigné sous le nom (Vorifice, c'est le cercle (' ) DucLAUX, Ann. de Cli. et de Phys.. l\' série, l. XXI, 1870, p. 386. (') DupRÉ, Ann. de Ch. et de Phys., t\' série, t. IX, 1866, p. 345. (') Leduc et Sackiidote, Comptes rendus, t. CXXXIV, p. 589, et Journ. de Phys. 4" série, t. I, 1902, p. 364. SÉANCE DU l5 JUir.LET 1902. 97 autour duquel le liquide se raccorde avec le verre, c'est-à-dire la section du canal pour le mercure, et celle du verre dans le cas de l'eau. Le diamètre d de l'orifice ainsi défini a varié pour le mercure de o'="',o27 à o<='",37G, et pour l'eau de o*"", 1 10 à 2'^'", 5. d. Intervalle dans lequel la loi de Taie s'applique sensiblemcnl. » Nous avons d'abord vérifié, comme l'a fait M. Duclaux' pour d'autres liquides, qu'à égalité de diamètre d'orifice, les poids des gouttes de mercure et d'eau sont proportionnels aux tensions superficielles de ces deux Jiquides : le rapport est environ 6,3. )) Ceci étant, pour examiner la valeur tie la loi de Tate, nous pouvons nous servir indiliéremment des résultats obtenus avec les deux liquides, à condition de diviser les poids de mercure par 6,3. Voici un extrait du Tableau que nous avons ainsi formé: 0,02- o,o63 0,110 o, 200 0,340 o,84o 1,480 2,010 (eau). 0,019.-) 170 162 i48 i46 129 6, 3 ( mercure ) . o,o352 216 193 .75 C. R., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N" 2.) i3 g8 ACADÉMIE DES SCIENCES. » Enoncer la loi de Tate, c'est dire que le rapport ^^ est constant. L'inspection de ce Tableau montre que la loi de Taie s'applique sensihlemenl pour les diamètres moyens, compris entre o^^.S et i''",5, mais quelle est de moins en moins vraie à mesure qu'on s'écarte de ces limites. » Remarques. — Il faut observer que c'est à peu près entre ces limites (0,33 à 1,57) qu'a opéré Tate ('), et que d'ailleurs son nombre relatif au plus petit orifice présente déjà un écart sensible avec sa loi. » Pour (les orifices de diamètre supérieur à i""", le poids des gouttes d'eau est sensiblement constant et égal à 0^,26. Il est évident que le rapport - fend vers zéro lorsque d augmente indéfiniment. La courbe ci- jointe, qui représente l'ensemble de nos résultats, semble indiquer que ce rap|)ort augn.enle, au contraire, indéfiniment lorsque d tend vers zéro. » ACOUSTIQUE. — Sur les accords binaires. Noie de M. A. Guiixemin, présentée par M. J. VioUe. « Représentation géométrique du sonW. — Le son II, centre de gravité des accords binaires M : N, défini par la relation (a) H(«2 + n) = -zUn = i^m — -ininY., peut être établi comme il suit : • « Le son aigu M étant sihié sur la règle A à la hauteur M, je marque au- dessus et au-dessous de M des points équidistants, qui représenteront les sons M ± cm. Sur la règle B, parallèle à A, je marque de même la posi- tion de son grave N et des points équidistants (ils sont plus rapprochés que M les précédents), qui figureront les sons Nupc/i. L'i;ccord juste j^ sera représenté par la droite MN; les accords faux ayant même centre de eravité. \, ~ ^"' ^ seront représentés par les droites voisines. » A cause de la similitude des triangles, il est clair que toutes ces droites passent par un même point H, dont la hauteur est celle du son H. (') Tate, Philos. Magaz., 4« série, l. XXVII, i864, p. 176. SÉANCE DU l5 JUITJ.ET T902. :»9 » Signification acoustique du son H. — Des équations (a.) on déduit facilement ou bien, à cause de la formule connue Nt = i, il'où cette définition : le son H est celui dont la durée de vibration t„ est moyenne arithmétique entre les durées de vibration t„ et t^ des deux sons de l'accord M : N. » Accords binaires normaux. — Je désigne ainsi les accords dont le centre de gravité coïncide avec le diapason normal A ^ !\^>\,i : -r =r tierce maieure. 4 quinte . 2 5 - = sixte majeure. 3 - := octave douzième. . . . double octave . — ■ -g- ou soli — «„ 5 A 5 A -g- : -7- ou fa;fs— utiti, 4i.4A . -5- • -3- ou fa^ — re^, 3a 3a ou /'c'a — la,,, 4 2 2 A . 2 A "3~ ■ T 5a 5a — :— ou uttt,— uiifs, lOO ACADEMIE DES SCIENCES. » 11 v a d'autres accords donl les centres de gravité ne correspondent pas à des notes de la gamme; exemple : 6 ^ =: tierce mineure 5 4 ■^ = quarte ■p m sixte mineure. 5 II A I I A 12 10 7^ . 8 ■ 7^ 6 i3a i3a !3 • lO » Propriéié de la série des sous-ltarmonicjiies. — Elle donne sans calcul la position du centre de gravité d'un accord binaire quelconque. En effet, si l'on considère les nombres de vibrations N, cette série est, par définition. I I 1 I \ 1 6 [\ » Mais si Ion considère les t, qui valent -^, elle est 1. 2. 3. -5. 5. 0. 7. 8. 9. 10. )jn\ mi, Icu mi„ ut^ la^~>fa^ nii^ /'e, iit, ... » On voit tout de suite que ut^ est le centre de gravité des accords /«i — mi^ puisque 5 =r i(6 + 4), faUi—la^ » =1(7 -t- 3), m il — nii-i » r= J ( 8 + 2 ) . » Accords ternaires mineurs. — J'appelle ainsi tous les accords formés par les trois sons Ni H : jM, où la rnédianle est le centre de gravité des sons extrêmes : 6 : 5 '. 4 *^'Li /«, — 111-2 — fni.^, 5 1 4 ^ 3 ou ut. 2 — rm., — la.,, 4 I 3 I 2 ou mi., — /rtj — m.i^, 3 : 2 : I ou lur, — mi, — mi^, 5 ; 3 : I ou «/, ~ ta^ — mi.. )) Accords ternaires majeurs. — Ce sont ceux pour lesquels la mèdiante a son nombre de ^ibraUons moyen arithmétique entre les nombres de SÉANCE DU 10 JUILLET 1902. lOI vibrations des sons extrêmes M et N. Tels sont : 4 ! 5 ; G ou iil.^ — m7\ — ^0/3 . 3 ; 4 • 5 ou sol., — «/,, — mr,, 2 I 3 : 4 ou M/o — ■^fl''- — lif.i' I 12:3 ou ut, — M/j — .vo/.j, I ; 3 : 5 ou ut, — 50/2 — mi^. » Remarque 1. — Les deux premiers accords de ces deux listes d'accords sont les accords parfaits mineur et majeur des musiciens, qui avaient trouvé en fait le centre de gravité de la quinte. » Remarque II. — Les deux accords inscrits en seconde ligne sont, pour nous, de vrais accords mineur et majeur, et ne méritent pas d'être dits des renversements. Ils sont plus consonants que les accords dits parfaits dont on les fait dériver. » Remarque III. — Les accords mi — la — do et mi — sol — do doivent, au contraire, continuer à s'appeler des renversements, puisqu'ils ne peuvent figurer sur aucune de nos listes; leur médianle n'est, en effet, ni le centre de gravité H, ni la M-(-N movenne • » PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur une nouvelle, vapeur organique de l'air atmosphérique. Note de M. H. Henkiet, présentée par M. Ad. Carnot. « Nous avons montré, M. Albert-Lévy et inoi ('), qu'on obtenait des résultats très difTérents en dosant l'acide carbonique atmosphérique, soit par sim[)le passage de l'air sur im alcali, soit par maintien de l'air et de l'alcali en contact très prolongé. » La quantité totale d'acide carbonique que l'on obtient ainsi est beau- coup plus élevée que celle de l'acide carbonique normal. L'excès qu'elle présente sur ce dernier, et qui se produit aux dépens d'un corps carboné existant dans l'air, peut être mis nettement en évidence. Il suffit pour cela de remplir un ballon vide de gaz avec de l'air débarrassé de toute trace d'acide carbonique, puis, à l'aide d'un appareil à mercure dû à M. Pé- coul ('-) et qui permet de faire circuler indéfiniment une même masse (') Comptes rendus, t. CXX'VII, p. 353. {-) Annules de l'Observatoire de Montsouris, t. I, p. 369. I02 ACADEMIE DES SCIENCES. gazeuse dans un barboteur, tle faire j)asser l'air sur une solution claire de baryte, pendant 24 heures. Au bout de ce temps, cette baryte présente un précipité très net de carbonate de baryum. » Ce phénomène dûment constaté, j'ai poursuivi ces recherches en vue de caractériser le corps qui le produit. M Je résumerai ici très brièvement les résultats de celte étude, qui sera développée dans une publication ultérieure. » Après de nombreux essais, j'ai été amené à mélanger l'air filtré sur du coton de verre avec de la vapeur d'eau, que j'ai condensée ensuite à l'abri de toute matière organique et que j'ai étudiée. » L'eau de condensation réduit le nitrate d'argent à l'ébullition; cette réaction n'a plus lieu si, avant d'ajouter le sel d'argent, on évapore à sec en présence d'acide sul- furique. Si l'on concentre l'eau condensée, elle ramène alors le bichlorure de mercure à létat de calomel, réduit les sels d'or et le permanganate de potassium, ce dernier seulement en solution alcaline. Or, ces caractères sont ceux de l'acide forraique. » Avec le réactif de Nessler, l'eau de condensation ne donne pas la coloration jaune brun caractéristique des sels ammoniacaux, mais un louche vert jaunâtre qui se pro- duit au bout d'un temps plus ou moins long, selon le degré de concentration de la liqueur. Cette réaction a lieu beaucoup plus rapidement si l'on chaufTe préalablement l'eau de condensation, soit avec un peu de potasse pure, soit avec de l'acide chlorhy- drique. Ce fait montre que le corps agissant n'existe pas tout formé dans l'eau, mais prend naissance grâce à un phénomène d'hydratation. » En étudiant l'action des sels de diverses aminés sur le réactif de Nessler, j'ai constaté que, d'une façon générale, leur sensibilité vis-à-vis de ce réactif est très inférieure à celle des sels ammoniacaux; mais ils produisent des teintes louches et verdâtres, semblables à celle que j'ai observée avec les produits de condensation. » J'ai donc pensé qu'il devait exister une aminé à côté de l'acide formique. Pour mettre celte aminé en évidence, j'ai comparé la coloration fournie par le Nessler sur l'eau de condensation telle quelle, à celle de la même eau traitée par le procédé Kjeldhal. Après une distillation très soignée, j'ai obtenu une teinte beaucoup plus intense qu'avec l'eau brute. Or, pendant l'action de l'acide sulfurique, le mélange n'a pas noirci. Il est donc vraisemblable que l'azote ammoniacal obtenu d'après Kjeldhal provient d'une aminé. » J'ai cherché ensuite le rapport existant entre le poids de lacide et celui de l'aminé. Pour So*^"' d'eau de condensation, jai trouvé un poids d'azote égal à o"'», i3 et, pour le même volume d'eau, un poids d'acide formique qui, calculé en azote, est égal à o"8, 14. Il y a donc équivalence entre l'acide et la base. » Cependant, il est inadmissible que l'on soit en présence d'un sel, car j'ai montré plus haut que l'aminé ne prend naissance que grâce à un phénomène d'hvdratation. Le corps dissous dans l'eau de condensation me semble donc être une amide for- mique. » Le groupe AzH- de cette amide pouvant posséder un ou deux radicaux monova- lents substitués aux deux atomes d'hydrogène, il fallait rechercher si l'aminé issue de SÉANCE DU l5 JUILLET 1902. Io3 ce corps était primaire ou secondaire. A cet effet, j'ai évaporé au bain-marie, en pré- sence d'acide chlorliydrique, l'eau de condensation de 100' d'air du centre de Paris. Le résidu obtenu, traité par la potasse et le chloroforme, m'a donné d'une façon très intense l'odeur repoussante des carbylamines. Une seconde expérience faite dans les mêmes conditions m'a conduit au même résultat. Le groupe AzH^ est donc de la forme Az \n. » De l'ensemble de ces fa ils il paraît résulter que le corps existant dans l'air et retenu en dissolution dans l'eau de condensation est une for- miamide monosubstituée (HCOAzv 1; de nouvelles expériences en cours permettront, je l'espère, de fixer définitivement la véritable nature de ce composé, ainsi que celle du radical R, que je me propose de déter- miner en étudiant le chlorophilinatc de Famine correspondante. » Si maintenant on rapproche des résultats obtenus les premiers phé- nomènes observés, on voit que l'acide carbonique produit résulte de la transformation de l'acide formique, qui, dans l'appareil de M. Pécoul, subit, an contact de l'alcali, de l'air qui circule constamment et des oxydes de mercure qui se forment, une oxydation complète. » CHIMIE. — Sur les propriétés et la constitution des peroxydes de zinc. Note de M. de Forcrand. « J'ai décrit précédemment (' ) quatre peroxydes de zinc qui, d'après leurs modes de préparation, me paraissent être des composés définis : Zq30»+2H-0 ou Zn^O^-t-aU'OS Zn^O^-t-SlFO ou Zn^O^+alI^O^+H-^O, Zn*0"-t- 411-^0 ou Zn*0' ^3H'0'+H»0, ZnO' -h2,5H20 ou ZnO + IPO-+i,5H'iO {■)■ » I. Au moment où on les sépare p;ir le filtre, ces substances sont des précipités gélatineux, parfaitement blancs, dont l'aspect ne diffère pas de (') Comptes rendus, t. GXXXIV, p. 601. (') L'étal d'hydratation de ce dernier composé, vu son extrême instabilité, est un peu incertain. Il est possible que ce soit : ZnO-+2H«0 ou ZnO + H'02-+-H»0. Io4 ACADÉMIE DES SCIENCES. celui du proloxyde hydraté précipité. Par la dessiccation sur plaques po- reuses, ils forment une poudre assez dense, formée de 1res petits grains durs, qui cependant ne paraissent pas cristallins, même au microscope. Ils restent parfaitement blancs. Les trois premiers sont inaltérables à l'air sec ou humide et ne se carbonatent pas. Le dernier perd peu à peu de l'eau et de l'oxvgène dans l'air sec et passe à l'état de Zn'05 4- 211-0. » Lorsqu'on chauffe à ioo° le composé Zn*0' -I- 4H-0, soit à l'air libre, soit en vase clos, il ne cède pas d'eau, mais une quantité d'oxygène correspondant à la différence entre Zn*0' et Zn'O'. et devient Zn'0^+3H-0. » Quant aux composés Zn^0= + 3H-0 et Zn'0^+2H-0, ils sont stables l'un et l'autre à loo". Si on les chauffe au-dessus de cette tempéra- ture, en vase clos, on n'observe aucun phénomène jusqu'à 190° pour le premier et 210° pour le second. A ces températures (') il se dégage brusquement une grande quantité d'eau, qui se condense en haut du tube; après refroidissement, on recueille un volume d'oxygène qui correspond au passage de Zn'O^ à ZnO. Le résidu solide est du protoxyde de zinc ZnO retenant seulement quelques centièmes d'eau. M Si l'on chaulfe en vase ouvert l'un des quatre composés, il se détruit brusquement vers 200", en dégageant à la fois de l'eau et de l'oxygène, et laisse du protoxyde à peu près anhydre; la réaction est faiblement explo- sive. » Tous ces corps se dissolvent aisément dans l'acide sulfurique étendu, et leurs dissolutions se comportent comme des mélanges de sulfate de zinc et d'eau oxygénée. On n'observe, pendant cette réaction, aucun déga- gement d'oxygène libre, ce qui permet de faire l'étude thermique de ces composés. 1) n. J'ai obtenu, vers +15", pour la dissolution de chacun de ces peroxydes dans la quantité exactement calculée de SO'H- étendu (gSs = 4'). l^s nombres suivants : Cal Zn^O^+aH'Osol. + SSO'H'dissous + i6,o4 x 3 Zn'0=-(-3H20sol.-+-3SO'H2dissous + 10,49 x 3 Zn*0'+4H-Osol. + 4SO*H2dissous -i-i4,86x4 ZnO' +2H2OS0I.+ SO'HMissous -Hi4,86 (') M. Kouriloff avait déjà indiqué que le produit obtenu dans ses expériences se décomposait un peu au-dessus de 180" (An/i. de Cliim. et dePhys., 6° série, t. XXIIl, p. 429). SÉANCE DU l5 JUILLET 1902. lo5 ce qui permet rie calculer les chaleurs de formation suivantes dans les deux hypothèses possibles ('). » Première hypothèse. — Les produits obtenus sont de véritables peroxydes plus ou moins hydratés : ZuO" + znH-O : Za'OS2H2 0sol.-(-0^gaz = Zn'0%2H=Osol — iS'/^yxa ou — 8,98x8 Zn'O', 3 H^O sol. + 0°- gaz =:Zn^O'', 311^^0 sol —16,06x2 ou — 10,71x8 Zn'OS4H^Osol.-t-0^gaz = Zn*0',4H20sol — i5.85x3 ou —11, 88x4 ZnO, 2H=OsoI. + 0 gaz = Zn 0S2ll-^0sol —.8,64 » Seconde hypothèse. — Il s'agit de combinaisons d'addition formées par l'eau oxygénée, soit avec le protoxyde anhydre, soit avec les divers protoxydes hydratés : Zn'O^sol. + 2 H-0- liq. anhydre := Zn^)', 2II-O-S0I +12,29x2 ou +8,19x3 Z.i'0%H-Osol.+ 2H^O- » =Zn3O\H2O,2H^02sol.. +12,24x2 ou +8,i6x3 Zn*0*,H'-Osol.+ 3H-0"- .. ;=Zn«OSH^O,3H2 02sol.. +ir,96x3ou +8,97x4 Zn(OH)'-sol. + H'O- » -— Zn(OH),H^O-sol + 4,87 » III. Chacune de ces hypothèses peut à la rigueur se défendre. Cepen- dant, la seconde me paraît plus probable j)our plusieurs raisons : )i 1° Aucun de ces composés ne contient moins de molécules d'eau que d'atomes d'oxygène actif; » 2° Leur stabilité relative s'explique mieux, tous les nombres du second Tableau étant positifs; » 3" Il existe, en fait, une grande différence de stabilité entre le second et le dernier de ces composés, l'un ne se détruisant qu'à 190", et l'autre se décomposant déjà à froid. Cette différence n'apparaît guère dans le pre- mier Tableau (— 16,06 et — 18,64), tandis qu'elle est manifeste dans l'autre hypothèse (+ 12,24 et +4,87). Bien plus, l'écart entre les deux nombres (+7,37) correspond précisément à une différence de stabilité de 200° environ. » Je crois donc qu'il faut écrire les formules de ces quatre combinaisons (') Je prends comme données auxiliaires les nombres suivants, qui résultent d'an- ciennes expériences ou de celles que j'ai fait connaître récemment pour les oxydes de zinc hydratés et condensés : chaleur de dissolution, dans l'acide sulfurique étendu, de ZnO : +23^=', 91; de Zn(0H)2 : +i9C"i,25; de ZnO, aH^O : + 17c»', 92; chaleur de formation de l'eau oxjgénée anhydre liquide : — 21'^'', 22 à partir de G gaz et de H^O liquide. Enfin chaleur de dissolution de H-0-liquide: +o*^»',48. G. R., 1902, 2- Semestre. (T. CXXXV, M- 3.) l4 Io6 ACADÉMIE DES SCIENCES. de la manière suivante : Zn'0'+2H=0S Zn'0',H-0-H2H^0^ ou OH - Zn- O - Zn — O - Zn — OH + aH^OS Zn'OSH^O + SH^O- ou OH-Zn-0 — Zn-0 — Zn — 0 — Zn-OH + 3H20% ZnO.H^O + H^O^ ou OH — Zn — OH -4- H- OS les oxydes Zn'0% H-O et Zn*0\ FPO étant des acides polyzinciques ou métazinciques, du même genre que les hydrates d'oxyde condensés que j'ai étudiés précédemment, et analogues aux sulfures hydratés Zn' S' , IP O etZn^S%H-0. )) Cette constitution pourrait sans doute être rapprochée de celle de l'acide perchromique, qui serait CrO', H*0^ d'après M. Moissan, ou bien Cr-O', 2H-O, H-()- d'après M. Berthelot, en écrivant cette dernière for- mule Cr-0«,H^O + 2H=0- ou OH - CrO- - O - CrO== - OH + 2H-0% c'est-à-dire en mettant en évidence un acide métachromique ou dicliro- mique (l'acide des dichromales), de même que les acides mélazinciques seraient sans doute les acides de certaius zincates alcalins. » Dans tous les cas, ces peroxydes de zinc hydratés seraient très diffé- rents des véritables peroxydes hydratés de calcium, de baryum, de lithium, de sodium. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'acide oxyisopropylphosphiiiique. Note de M. C. Marie, présentée par M. H. Moissan. <( Les dérivés éthérés de cet acide se préparent facilement au moyen des iodures alcooliques et du sel d'argent neutre que j'ai décrit précédem- ment {Comptes rendus, t. CXXXIV, p. 994)- » Éther méthylique : C'H«OP05H(CH3)°-. — On Uaite le sel d'argent finemenl pulvérisé par un excès d'iodure de mélhyle dilué avec de l'éther; après quelques heures d'ébullition, l'éther, fdtré et évaporé, laisse cristalliser le produit en beaux cristaux limpides et fusibles à 76°. L'analyse et le dosage acidimétrique correspondent à la formule de l'éther neutre. » L'éther éthylique, préparé comme le précédent, est liquide et répond à la formule C3H50PO^H(C2H5)^ » Ces étiiers ne peuvent être distillés sans décomposition; celle-ci s'effectue avec SÉANCE DU l5 JUILLET 1902, IO7 perte d'acétone et paraît devoir donner naissance à des composés intéressants. C'est ainsi que l'éther éthylique, maintenu à l'ébullition dans le vide jusqu'à ce que le point d'ébullition s'élève à i3o''-i4o° sous 20™™, perd de l'acétone et donne par distillation, sans formation d'hydrogène phosphore, un liquide qui, refroidi dans un mélange réfrigérant, se prend en une masse cristalline fusible à la température ordinaire. » Le produit ainsi obtenu a les propriétés suivantes : c'est un liquide peu mobile, d'odeur éthérée, soluble dans l'eau, neutre à l'hélianthine et à la phialéine et sapo- nifiable progressivement par les alcalis. La solution du produit ainsi saponifié n'a aucune des réactions des acides oxyisopropjlphosphorique ou phosphoreux avec les sels d'argent, de mercure et de plomb; mais, après ébullition avec un excès d'acide azotique, même très étendu, les réactions de l'acide phosphoreux, apparaissent nette- ment, ce qui montre que ce corps doit être un pyro dérivé susceptible d'hydratation sous l'influence des acides étendus. Les titrages acidimétriques avant et après l'ébul- lition conduisent d'ailleurs à la même conclusion. Je n'ai pu, faute de matière, pousser cette étude plus loin et me propose d'y revenir ultérieurement. » La saponification des deux éthers, méthylique et éthylique, décrits plus haut, a lieu très nettement en deux phases : dans la première, l'alcali ajouté est saturé presque instantanément et ceci jusqu'à ce que la quantité correspondante un groupe éther ait été utilisée; puis la saponification s'arrête et il faut alors, pour mettre en évidence la seconde fonction acide, ajouter un excès de base et faire bouillir pendant plusieurs heures. Ces faits indiquent l'existence probable et la stabilité d'acides com- parables aux acides méthyl- et éthylphosphoreux, et je me réserve de les étudier plus complètement. » Dérivé benzoylé de l'acide oxyisopropylphosphiniqueG^W{0(y'\i^CO)VO^W. — Pour démontrer la présence d'un OH alcoolique dans cet acide, j'ai essayé de pré- parer son dérivé benzoylé. L'action directe du chlorure sur l'acide provoquant sa décomposition avec départ d'acétone, j'ai dû effectuer la benzoylation en présence de pyridine pour éviter l'action destructive de l'ilCl formé. A la solution de l'acide dans un excès de pyridine on ajoute peu à peu un léger excès de chlorure de benzoylé dis- sous dans l'éther. Après réaction, on traite par l'eau, on chasse l'excès par des éva- porations à sec successives et l'on précipite par l'acétate de plomb. Le précipité obtenu, lavé, est ensuite mis en suspension dans l'eau et traité par l'II-S. La solution séparée du sulfure de plomb et concentrée laisse, par refroidissement, cristalliser de belles aiguilles qui représentent lecorps cherché. Celui-ci fonda 102°; il est assez soluble dans l'eau, surtout à chaud, très soluble dans l'alcool et très peu soluble dans l'éther, même bouillant (à peine i pour 100). » Cet acide correspond à la formule d'un dérivé monobenzoylé C3H0(OC«H5CO)PO3H='; neutralisé par la soude, il fournit avec AzO'Ag un précipité blanc cristallisé qui représente, d'après son analyse, le sel neutre d'argent C'H''(OC'H»CO)PO^ Ag'-'. » En résumé, les formules des sels et des éthers et l'existence d'un dérivé benzoylé justifient le nom donné à cet acide et permettent de lui Io8 ACADÉMIE DES SCIENCES. alliibuer la formule (CH')= = C-OH 0 = P = (OH)^ » C'est le premier corps d'une série nouvelle d'acides oxyphosphiniques qui viennent se placer à côté des acides oxyphosphiniques préparés par l'action de PCl'' sur les akléhydes grasses ou aromatiques (Fossek, Mon. /.Ch.,l.Y, p. 627). » CHIMIE ORGANIQUE. — Nouvelle méthode de préparation des éthers ^-céto- niques-a. substitués. Note de M. René Locquin, présentée par M. A. Haller. « Point de départ. — En taisant réagir les chlorures des acides gras sur les éthers acétylacéliques sodés, MM. Bouveault et Bongert ont obtenu un mélange des deux dérivés acylés isomères {Comptes rendus, t. CXXXII, 1901, p. 701). ÇJ^:) C'0\ » Les C.-acidylacétates ' _ ^i^ )CH — CO-R', traités par la potasse aqueuse ou l'ammoniac gazeux, leur ont fourni la série des acidylacétates R _ CO — CH — CO-R', possédant des propriétés analogues à celles des acétylacétates et, entie autres, celle de remplacer un des atomes d'hydro- gène de leur groupe CH" par un radical R" quand on les traite par un mé- lange d'éthylate de soude et d'un iodure alcoolique R"I. » En faisant réagir l'iodure de méthyle sur le C.-butyrylacétylacétate de mélhyle sodé, en solution méthylalcoolique, ces deux sa^ants ont obtenu, non pas le mélhylbutyrylacétylacétate de méthyle C'H'-CO\ /CH» qu'ils attendaient, mais son produit de dédoublement, le méthylbutyrylacé- tate de méthyle C^H^ - CO - CH — CO-CH» CH' formé par suite de la séparation du groupement CO — CH' (' ). (') Bongert, Thèse de la Faculté des Sciences de Nancy, 1901, p. 4i- SÉANCE DU l') JUILLET 1902. IO9 » Si ce mode de formation des éthers acidylacétiques-a substitués peut être généralisé, il constituera une réaction importante, parce qu'il permettra d'obtenir en une seule fois ces composés sans qu'on soit obligé de passer par l'intermédiaire des éthers acidylacétiques non substitués. » M. Bouveault m'a prié d'examiner comment se passait cette réaction en partant des dérivés C.-acidylacétylacélate et en traitant leurs dérivés sodés par des iodures alcooliques de condensation moléculaire très diffé- rente. J'ai trouvé que, dans tous les cas, la réaction obéit à l'équation suivante : I rti^ — ro\ R _ CO/^*^ ~ CO^G^IP-H C^H'OiNa + R'I (ï) \ =Cn'-C02C2H^+NaI + R-CO-CH-CO-C'-H5 ( R' et que les rendements étaient bons. » Si l'on emploie des éthers bromhydriques, la réaction est moins nette et moins complète; une partie du produit obéit à l'équation : R _ CO/^" ~ ^^' ^' "' "*" ^' "' ^ ^"^ "*" ^'^'' = R CO'C^H^ -H \al + Cil'- GO - CH - CO^C*H\ I R' )) Quant aux éthers cidorhydriques, ils ne réagissent pas en général. » J'ai eu soin de caractériser tous ces élhers (î-cétoniques par les pro- duits de condensation qu'ils donnent avec l'hydrate d'hydrazine. » Il se fait des pyrazolones bisubstituées suivant le schéma : A- H AzH^— AzH- Az' '\ -hC0^C2FP=;H^0 + CMP0 + I u c -CO-CH-R' GO GH — R' et qui, sauf pour les radicaux de poids moléculaires élevés, sont très bien cristallisées et très caractéristiques. » Mode opératoire suivi. — D'une façon générale, il est avantageux de laisser en contact prolongé et à froid le dérivé G.-acylé à employer et l'alcoolate de soude. On ajoute ensuite l'iodure alcoolique et l'on chauffe à l'autoclave entre 100° et 1 10° pendant 6 heures au moins. Après refroidissement, on chasse l'alcool dans le vide, on reprend par l'eau, on neutralise s'il y a lieu, on extrait à l'éther et l'on rectifie dans le vide. TIO ACADÉMIE DES SCIENCES. a Les éthers ainsi obtenus sont tous incolores et liquides à la température ordi- naire. Réactions effectuées et produits obtenus. » A. Action de l'iodiire d'éthyle sur le C-capi-oylacétylacélate d'éthyle. — Nous avons préparé le G.-caproylacétylacétate d'éthyle en partant du chlorure de caproyle et de l'éther acétylacétique sodé suivant le procédé de MM. Bouveault et Bongerl (loc. cit.). On atteint un rendement de 60 pour 100. » Le C.-caproylacétylacétate d'éthyle bout à i36° sous lo"'™ et sa densité à 0° est de i,o32. » Le sel de cuivre correspondant est violet, soluble dans tous les réactifs orga- niques, insoluble dans l'eau, et fond à 53°. » En faisant réagir l'iodure d'éthyle sur ce dérivé C.-acylé, on obtient, avec un rendement de 76 à 80 pour 100, Véthylcaproylacétate d'éthyle bouillant à 128"-! 29° sous iS"™. DJ ==0,9325. » La pyrazolone correspondante, ou ^-aniyl li-éthylpyrazolorie, soluble dans l'al- cool, insoluble dans le pétrole, assez soluble dans la benzine bouillante, forme des lamelles brillantes fondant à 136°. » B. Action du bromure d'éthyle sur le 7 ^ 102 Liquide articulaire blennorrhagique 98 Liquide ascitique 89 à 90 Liquide céphalo-rachidien 80 à 82 » La coagulation de ces liquides par la chaleur ne change pas la résistivité. Ceci est d'ailleurs un fait connu; les albumines ne jouent pas de rôle appréciable dans la dissociation ionique des solutions salines. » Il y a lieu de remarquer que les liquides des séreuses pleurales et articulaires ont une résistivité voisine de celle du sérum normal. Le liquide ascitique a une résistivité un peu moindre et le liquide céphalo-rachidien s'en éloigne davantage. » Dans le cas où plusieurs ponctions ont pu être faites successivement, à quelques jours d'intervalle, nous avons noté chaque fois une décroissance de la résistivité. (') Le diagnostic était établi par l'observation clinique et par le phénomène de l'agglutination. SÉANCE DU 1,5 JUILLET 1902. Ii3 Exemples. — Liquide ascitique. Première ponction. Deuxième ponclion. Troisième ponction. .3 janvier. iijanvi(?r. 16 janvier. 89"^, 2 87" 83"^ Liquide pleural. 3 janvier. 1 1 janvier. 98" 92'" CHIMIE BIOLOGIQUE. — La zymase de /'Eurotiopsis Gavoni. Noie de M. Mazé, présentée par M. Roux. « Dans le cours de mes recherches sur l'assimilation des aliments ter- naires par les végétaux et les champignons, j'ai été conduit, à différentes reprises, à admettre l'existence de la zymase chez les cellules aérobies, et à supposer qu'elle est présente exclusivement dans les éléments jeunes. )i Je me propose, dans cette Note, d'api^orter quelques faits destinés à justifier ces déductions. Mes expériences ont porté sur V Eurotiopsis Gayoni. » La question à résoudre comporte les deux propositions suivantes : » T° Montrer que le mycélium développé sous forme de voile superficiel, en large contact avec l'air, renferme de la zymase, sans qu'il soit néces- saire de le soumettre au préalable à, des conditions de vie anaérobie; » 2° Établir, toujours avec des cultures aérobies, que la quantité de zy- mase contenue dans l'unité de poids de mycélium diminue rapidement avec l'âge des cultures. » Le moyen le plus pratique pour atteindre le but proposé consiste à fixer la diastase en soumettant le mycélium an moment où on le recueille, après un pressurage rapide entre des feuilles de papier buvard, à l'action d'un mélange de 3 parties d'alcool absolu pour i d'éther suivant les indi- cations de M. Albert ('). » Ce traitement fixe la zymase en tuant le mycélium; le champignon, réduit ensuite en poudre très fine et placé dans une solution de glucose à 3o pour 100, donne naissance à un dégagement d'acide carbonique qui se manifeste au bout de i heure à 35° et devient bientôt tumultueux, mais les quantités d'acide carbonique et d'alcool recueillis ne sont pas comparables d'une expérience à l'autre parce que le traitement détruit la plus grande partie de la diastase. (') Bericlue der d. ch. Gesell., t. XXXIII, 1900, p. 3770. G. K., 190a, 2' Semestre. (T. CXXXV, N' 2.) 13 tl/j ACADÉMIE DES SCIENCES. » La zymase de VEuroliopsis est d'ailleurs bien plus fragile que celle de la levure, du moins en apparence, car elle ne résiste même pas à une des- siccation dans le vide sec. )) Mais le mycélium qui a été traité suivant ce dernier procédé ne récu- père pas sa zymase, lorsqu'il est placé à l'abri de l'oxygène, dans le liquide Raulin ordinaire, et pourtant il se développe facilement au contact de l'air. Cela prouve que cette diastase exige, pour se former, la vie aérobie. Voilà le fait intéressant fourni par ces procédés qui, sur tous les autres points visés, ne donnent que des résultats irréguliers. » Pour obtenir des chiffres qui traduisent aussi fidèlement que possible la quantité de zymase présente dans le mycélium à un mompnl quelconque, j'ai placé les cultures développées sur milieu Haulin à lo pour loo de sucre, dans des solutions de sucre interverti fetéfilisées, réparties dans des fioles de 200™''; l'air des récipients était enlevé avec soin et remplacé par de l'hydrogène. Le dégagement d'acide carbonique commence immédiatement ; ce gaz a été recueilli sous le mercure. » L'acide carbonique mis en liberté dans ces conditions mesure la quantité de zymfise présente dans le mycélium. J'ai montré, en effet ('), que les cultures effec- tuées sur milieu alcoolisé ne dégagent pas d'acide carbonique lorsqu'on les prive d'oxvgène, bien qu'on ait pris la précaution de les laisser en présence d'alcool. Cela veut dire que, si les cultures sur milieu sucré, traitées de la même façon, produisent de l'acide carbonique, celui-ci doit être rapporté exclusivement à la fermentation alcoolique du sucre. » J'ai consigné dans le Tableau I les résultats obtenus en soumettant à la fermenta- tion des solutions dé sucre interverti de concentration variable par des voiles de 24 heures. Cet essai a pour but de fixer la dose optimum de sucre intervei'ti qui côti^ vient à la zymase. Les chiffres inscrits au Tableau I expriment les volumes de gài, dégagés en a4 heures, évalués sous la pression normale et la température de 0°. L'expé- rience a été réalisée comme celles qui sont relatées plus'loin, à la température de So". Table AV L Concentration pour 100 de la liqueur sucrée 5 10 ao 3o C0= dégagé pendant les premières 24 heures 99,8 129,2 201,7 207,7 CO- dégagé pendant les deuKièmes 24 heures > 64 85, p 169,8 209,4 CO- dégagé pendant les troisièmes 24 heures 59 78,1 i42,5 172,8 GO- dégagé pendant les quatrièmes 24 heures 45)8 67.2 i35,S « 40 00 cm' cm' 36,3 118,1 24,7 ii4,i 23,8 ii3,7 23,4 (') Annales de rinxlilui Pnxléitr. mai 1902. SÉANCE DU l5 JUILLET 1902. Il5 CO- dégagé pendant les cinqqièroes , , ^ , ,f"" <:ni' cm» cm> ruiJ tni» 24 heures 44,8 60,8 i33,2 161, 4 ii3,4 19,3 CO^ dégagé pendant les sixièmes 24 heures 35,; 58,- 129 i56,8 97,6 i5,6 Poids du mycélium 259'"5,4 3i7"s aSg^e 3o7"'s,8 275™s,3 207™?, Volume maximum dégagé en 24 heures rapporté à 1^ 384^-"', 7 407'="'", 5 697'=°", 8 680™", 3 428'^'"', 9 170 cm^ » On voit que la dose optimum varie entre des limites très étendues. J'ai adopté pour les expériences qui suivent la concentration de 20 pour 100. Les résultats réunis dans le Tableau II ont été fournis par des voiles d'âge variable, empruntés à des cul- tures réalisées sur des milieux sucrés, glycérines, lactiques et alcoolisés. Tableau II. Sucre inlei-Tcrli. Gljccriiic. Acide lailiquo. Alcool, l- 2. S. '.. 5. 6. 7. 8. 9. 10. n. 12. 2i 11. 48 b. 4 j. 36ll- Ij.iCll. Tj. 3J. 5j. 6j. 24I1. iSIl. 5]. fOi' tui' cui^ cm' cm» ciç» an» cm» coi» cm» cm» cm« i4o 46,4 2i>7 10,8 '3 7,2 10,8 14,6 9 :i 6,1 0 ■i3o,7 90,1 3o,3 23,1 23,3 i5,3 aa,8 2i,5 «9,9 3,8 7,7 ,? 87,5 33,7 35,8 24 /' 26,9 19,9 i4,7 // Age (les vo les. co- dégagé, I" jour » a" )> » 3" )> » 4" » » 5' u » (]" » io4,3 83,3 39 a5,2 35,4 ii,4 24,3 16 i3,3 10, 3 101,6 78,8 4o,7 24i> 24,4 8 23,2 i4,G • 10,1 IQQ,9 74>' 4°l8 31,1 33,5 6,6 18,3 // 7° » 98,4 69,1 42,5 19,8 22,5 5,1 i3,2 6,3 8« >' 94,2 64,7 46'7 '9.8 2!,5 3,9 12,8 5,9 9° » 92,3 62,3 46,7 18,4 20,5 5,5 10° I) 89 59 45,6 i8,8 30,7 2,^ 11° » 781,7 55,3 45,6 17,6 19,8 '2° >i 70,5 55,2 44 >6 '8)3 ao,4 i3' » 63,9 49;8 42.8 17,6 19,6 i4° » 60,2 48,6 39,6 17,5 // lô" >> ltg,5 45)3 38,3 16, 5 16,7 i6« >. 36,8 43,2 16 >7" » 26,1 37,5 18° u i5,i 32,3 '9' " 6,1 en milligrammes, mycélium 2i5 347 446,6 127.', 195,6 229,5 263,9 271,7 38i,i 36,4 '59,3 Poids du Volume maximum, en cen- timètres cubes, de CO- dégagé en 24 heui-es par gramme de mycélium. . 65i 239 i34 201 129 66 loi 79 52 io4 64 » Ces chiffres montrent que les cultures jeunes sont les plus riches en zymase; la diastase se détruit rapidement à mesure que les cultures vieil- lissent; la deuxième partie du problème posé est donc démontrée. !) La levure cultivée en surface sur milieu solide donne lieu à des Il6 ACADÉMIE DES SCIENCES. observations de même ordre que les précédentes; mais avec elle la question se complique, en raison, sans doute, de la réserve d'oxygène qu'elle se crée pendant la vie aérobie. Avant d'exposer les résultats qu'elle m'a fournis, il convient de préciser ce détail important ('). » CHIMIE. — Sur la guérison. de la casse des vins par l'addition d'acide sulfureux. Note de M. J. Laborde, présentée par M. Roux. « Dans une précédente Communication (-), j'ai montré, par des expé- riences assez nombreuses qui ont été répétées plusieurs fois depuis, que la guérison d'un vin cassable par l'addition d'une quantité minimum d'acide sulfureux exige que cet acide soit à l'état libre, c'est-à-dire oxydable dans le vin par l'iode à froid, et exige aussi l'intervention de l'oxygène de l'air, lequel parait être le principal agent de destruction de l'oxydase et non l'acide sulfureux, comme l'avait supposé tout d'abord M. Bouffard. Cependant, cet auteur, dans une Note récente ('), main- tient sa manière de voir en s'appuyant sur des expériences analogues aux miennes et dont les résultats sont en désaccord avec ceux que j'ai indi- qués. M. Bouffard s'est, dit-il, placé dans les mêmes conditions que moi; j'ai cependant lieu de croire que ces conditions ont été assez différentes, comme je le montrerai plus loin. » M. Bouffard m'oppose aussi des résultats basés sur la précipitation de l'oxydase par l'alcool et sur la réaction qu'elle fournit avec la teinture de gaïac. » Par exemple, le précipité du vin cassable non traité par l'acide sulfureux agissant fortement sur le gaïac ou sur un vin sain, tandis que le précipité du vin traité est inactif sur le gaïac et, encore mieux, sur le vin non cassable, la conclusion est que l'oxydase a été détruite par l'acide sulfureux. » Je ferai remarquer que le précipité inaclif au gaïac contient toujours une petite quantité d'acide sulfureux, et cette même quantité, ajoutée à la solution du précipité actif, suffit pour le rendre inactif. Cela ne prouve pas, il est vrai, que l'oxydase n'est pas détruite dans le précipité du vin sulfite, mais on le démontre en rendant ce préci- (') Ma Note du 3 février 1902 {Comptes rendus) renferme un erratum. Tableau II, au lieu de (huiles retirées du lot n° 1), lisez (luiiles retirées du lot réservé pour l'ana- lyse). Faire la même correction ligne i3, même page. (-) Comptes rendus, 24 mars 1902. (^) Comptes rendus, 9 juin 1902, SÉANCE DU l5 JUILLET 1902. 11^ pité actif en éliminant l'acide sulfureux, soit par une seconde précipitation, soit par l'eau oxygénée (employée convenablement) suivant le procédé de M. Dienert. » A plus forte raison doit-on obtenir un précipité actif sur le gaïac et sur un vin sain, en traitant par l'alcool un vin, additionné de la quantité minimum de SO- libre nécessaire pour le guérir à l'air, mais conservé sans air jusqu'à la disparition de SO- libre, lui laissant la faculté de casser par aération : l'expérience montre, en effet, que ce précipité est aussi actif que celui du vin non sulfite, tandis que, dans le précipité du vin guéri par SO- et l'aération, l'oxydase parait détruite comme dans un témoin porté à rébullilion. » C'est cette dernière partie de l'expérience seulement qui doit expliquer le résultat suivant que M. Boudard croit avoir obtenu dans les conditions de la première partie: un vin traité par SO^ ne cassant plus et donnant, 20 jours après le traitement, uu précipité inactif au gaïac alors qu'il ne contenait plus que 08,0012 de SO^ libre au lieu de os,035 primitivement. Le soin d'éviter le contact de l'air paraissant avoir été négligé, c'est donc probablement l'aération qui avait fait disparaître les propriétés de l'oxydase et non l'acide sulfureux. » Enfin, je citerai une dernière expérience qui continue à infirmer l'hypothèse de M. Boufl'ard : si l'on traite, à l'abri de l'air, un vin cassable par des doses variables de SO-, et que, 24 heures après, temps laissé à SO- pour agir sur l'oxydase, on expose à l'air une partie de chaque essai tandis que l'autre est précipitée par l'alcool, on constate ([u'un ou plusieurs de ces précipités bleuissent le gaïac, bien que la partie de l'essai correspondante exposée à l'air soit exempte de casse. " J'examinerai mainlenant une autre hypothèse, due à M. Dienerl, d'après laquelle l'acide sulfureux serait un paralysant et non un destruc- teur de l'oxydase. » Avec cette hypothèse, qui est opposée également à celle de M. Bouflfard, on ne peut expliquer la guérison de la casse qu'en faisant intervenir l'oxydation par l'air pour détruire la diastase paralysée ; quant au cas des vins cassables sulfites et cassables encore après disparition de SO- libre, il rentre facilement dans l'hypothèse. » Je ne crois pas cependant que les doses de SO^ qui guérissent les vins cassables avec l'aide de l'air puissent exercer une action paralysante bien sensible sur l'oxydase. J'ai montré, en effet, antérieurement, que les phénomènes d'oxydation par l'air sont, dans un temps donné, tout aussi énergiques dans un vin cassable sulfite que dans le même vin non sulfite; les seules différences étant, pour le premier cas, l'absence de précipitation de la couleur et une production de GO^ un peu plus grande. D'autres expériences m'ont montré, par contre, que, toutes choses égales d'ailleurs, dans les vins sains traités par SO-, les phénomènes d'oxydation par l'air sont notablement moins intenses que dans les mêmes vins non sulfites; de sorte que, pour les vins cas- sables, cette différence d'intensité devrait être bien plus considérable si l'oxydase était paralysée. L'oxydase restant au contraire active et la matière colorante étant protégée de l'oxydation comme elle parait l'être dans un vin sain sulfite, cette activité se porte davantage sur les autres éléments oxydables du vin qui fournissent un surcroît deCO'. » En outre, quand on étudie l'action paraU saule de SO- vis-à-vis de la réaction au II» ACADEMIE DES SCIENCES. gaïac des liquides de culture du Botrytis cinerea, on trouve que c'est seulement à des doses plus de vingt fois supérieures à celles qui guérissent les vins les plus cassables, que cette action paralj'sante est complète ; or, il est difficile d'admettre que ces liquides de culture contiennent vingt fois plus d'oxydase que ces vins. » En somme, les résultats qui précèdent me permettent de maintenir fortement ma théorie sur la guérison de la casse par l'addition de SO^, .théorie que je développerai de la manière suivante : M Dans les vins cassables, la matière colorante et tout ou partie de i'qxydase, deux corps colloïdes, sont intimement unies dans une sorte de combinaison soluble à l'abri de l'air, mais insoluble au contact de l'air par fixation d'oxygène. L'introduction de SO- romprait cette union intime des deux corps, mais l'acide sulfureux libre seulement, qui peut se fixer sur la couleur et former obstacle à son oxydation trop brutale. » L'oxygène d^ l'air absorba par le vin se répartissant sqr les éléments oxydables de ce liquide et notamment sur l'oxydase et l'acide sulfureux qui sont détruits simultanément, le vin se trouve guéri de la casse, après une aération suffisante, si la quantité de SO^ libre est égale ou supérieure à une quantité minimum variable avec la quantité d'oxydase. » MÉDECINE. — Recherches sur les Ci^Ucides de V Algérie, "^oie. de M. H. Soulié, présentée par M. A. Laveran. « L'opinion émise par M. Laveran, depuis plusieurs années, sur le rôle des Culicides dans la propagation du paludisme a été confirmée d'une manière éclatante par les recherches de Ronald Ross, de Koch, de Grassi et de P. Manson. Il était indiqué d'en poursiiivre la vérification dans un pays palustre comme l'Algérie; c'est le but que je me suis proposé. Je résu- merai dans cette Note les premiers résultats de mes recherches. 1) Je me suis efforcé d'abord de détei'miner si toutes les régions palustres étaient habitées par des moustiques, et de savoir à quels genres et à quelles espèces ils appartenaient. » Pour avoir la répartition des moustiques dans les centres exposés au paludisme, j'ai fait appel à l'obligeance de mes confrères et à celle de quelques autres personnes qui ont bien voulu me prêter leur concours. J'ai envoyé les instruments, ^vec les instructions nécessaires pour la récolte, dans im grand nombre de points. J'ai reçu des échantillons de 34 localités: 27 proviennent du département d'Alger, 4 de celui d'Oran, SÉANCE DUlS JUILLET 1902. I iq et 3 de celui de Constantine. Je prie mes correspondants de vouloir bien agréer mes sincères remercîments ( ' ). » Les récoltes ont commencé au mois de juillet igoi et se sont pour- suivies ^ avec plus ou moins de régularité et de succès, depuis lors. Elles ont été abondantes surtout pendant les mois de septembre et d'octobre. Le nombre total d'insectes capturés au 3i décembre dernier était de 336i, comprenant 107 Anophèles, 3097 Çulex et 137 insectes divers (Diptères, Névroptères, etc.). » Je n'ai pas pu procéder à la détermiilaiion de tous les moustiques récoltés, faute de temps et faute aussi des ouvragés nécessaires. J'ai constaté que, parmi les Anophèles^ A. claVigev est dé bëaucoilp l'espèce la plus répandue. A Tablât j'ai trouvé A. clavi- ger el A. superpicttis {Grasii). Les Culex sont représentés par >in grand nombre d'espèces; C. pipiens est V espèce la plus commune. Oti s'explique la prépondérance des Culex par les conditions moins difficiles exigées pour le développement de leurs larves. On sait que ces larves peuvent se développer dans les fosses d'aisance. A Ma- rengo, l'Ecole des Frères ainsi que les maisons voisines, à Desaix, l'Ecole communale sont rendues presque irthabitables a cause du grand Uôtnbre de moustiques qu'on j rencontre, et dont la multiplication est favorisée par des fosses d'aisance défectueuses. A Tipaza il existe une espèce de Culex dont les larves vivent dans l'éau de mer; ces larves trouvent des conditions favorables à leur développement dans les creux des ro- chers érodés par les vagues. Le nohibre des moustiques est tel, pendant l'été, que les baigneurs en sont fort incommodés. 1) Sauf dans quelques rares localités, j'ai trouvé des Anophèles dans toutes les ré- gions où règne le paludisme; il est probable que les Anophèles eJcistent dans ces loca- lités, mais qu'ils y sont beaucoup plus rares et, par suite^ plus difficiles à découvrir. Dans une ferme voisine de Duperré, le Bou Zehar, dont presque tous les habitants ont été impaludés, je n'ai rencontré tout d'abbi-d que des Culex; un dernier envoi ren- fermait un seul Anophèles claviger ; lé nombre total des Culex était de 257. )) Tandis que les Anophèles se sont montrés rares dans les parties basses du Tell, ils ont été beaucoup plus nombreux dans les centres élevés ou dans ceux des Hauts- Plateaux, tels que Tablât et Vialar. Les moustiques provenant de ce dernier village, très éprouvé par le paludisme, appartiennent, pour la majeure partie, au genre Ano- phèles. A Maison-Carrée, j'ai trouvé les Anophèles plus nombreux dans les parties basses de la ville, encore exposées à la malaria, que dans les parties élevées; le quar- tier de Belfort m'a fourni une abondante récolte de moustiques composée presque (') Localités du département d'Alger: Mustapha, Maison-Carrée, L'Arba, Gué-de- Constantine, Maison-Blanche, Coléa, Boufarik, La Chiffa, Rouïba, El-Biar, Vialar, Tablai, Marengo, Desaix, Tipaza, Meurad, Marceau, Zurich, Chercliel, Montebello, Bëurkika, El-AfTroun, LâVigerie, Dupe^réj Boghni, Mirabeau, Rebeval. Pour Ot-aU : Heliznne, Mascara, Tlemcen, Aïn-Témouchent, Pour Constantine: Pliilippeville, Oued-Marsa, Bône. I20 ACADEMIE DES SCIENCES. uniquement de Ciile.r. Ce quartier est très sain; les malariques qu'on y rencontre ont contracté les fièvres ailleurs. » Les expériences suivantes, réalisées dans le courant du mois d'octobre dernier, tendent à prouver, comme d'autres antérieures, que les Ciilex ne sont pas susceptibles de propager le paludisme. » Dans une pièce de la prison de l'Harrach (Maison-Carrée), j'ai placé quatre mala- riques dont le sang contenait de nombreux hématozoaires. Après quatre jours, ces malades ont été remplacés par quatre détenus n'ayant jamais été impaliidés, et dont le sang ne contenait pas d'hématozoaires. Des mousselines placées aux fenêtres empê- chaient les moustiques qui avaient piqué les fiévreux de sortir. Ces hommes ont été laissés cinq jours en contact avec les moustiques emprisonnés avec eux. A la fin de l'expérience, tous les moustiques vivants ont été capturés. L'expérience a été recommencée une seconde fois; les fiévreux ont été remis dans la salle après lenlève- ment des mousselines et laissés quatre jours en contact avec de nouveaux moustiques venus du dehors. Les fenêtres ayant été de nouveau protégées, on place quatre hommes indemnes de fièvre (différents de ceux qui avaient servi à la première épreuve) dans cette même salle, et on les laisse cinq jours sans sortir en présence des moustiques qui avaient piqué les fiévreux quelques jours avant. Un mois après, aucun de ces huit hommes n'avait été atteint de paludisme. 1) Les moustiques capturés après la première, comme après la seconde expérience, étaient tous des Culex pipiens ; il n'y avait pas un seul Anophèles. Quelques-uns de ces Culex ont été disséqués. J'ai trouvé, parmi les globules plus ou moins altérés, des hématozoaires parfaitement reconnaissables, mais je n'ai pas assisté à la transformation des croissants, à la conjugaison des flagelles et des corps sphériques ; je n'ai trouvé ni kystes, ni sporozoïtes. Quelques autres Culex ont été soumis à des coupes; les résultats ont été également négatifs. » Mes investigations m'ont fait connaître un certain nombre de régions malariques riches en Anophèles. Je compte reprendre cetété mes recherches; j'espère qu'elles me permettront d'élucider quelques questions qui n'ont pu l'être l'année dernière. » PATHOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur le traitement du Black Rot. Note de M. A. Pru.net, présentée par M. Gaston Bonnier. « IjCs méthodes de traitement du Mildiou furent appliquées au Black Rot dès son apparition en France. A côté de quelques succès, il y eut des échecs retentissants, et l'efficacité des bouillies cupriques fut mise en doute. SÉANCE DU l5 JUILLET 1902. 12 1 En réalité, ces bouillies sont efficaces, mais le Black Rot est une maladie très différente du Mildiou : elle doit être traitée tout autrement. » Les caractères particuliers que présente le Black Rot tiennent au mode de dissé- mination des spores d'été ou de propagation de son parasite. On sait que ces spores se développent dans des pycnides qui se forment en grand nombre à la surface des lésions de Black Rot. On sait aussi qu'à leur maturité ces spores sont englobées dans un mucilage plus ou moins oléagineux. Quand le temps est sec, le mucilage les retient dans la cavité des pycnides; quand le temps est humide, le mucilage gonfle en absorbant de l'eau et sort par l'orifice des pycnides en entraînant les spores. L'eau permet donc seule aux. spores de quitter la cavité des pycnides. C'est encore l'eau qui les libère, après leur sortie, en dissolvant ou dissociant le mucilage qui les retient dans sa masse. Si l'eau vient à manquer, avant leur libération complète, elles restent fixées et comme collées à la surface des corps où elles étaient parvenues. » On comprend que ce processus a pour résultats : 1° de favoriser la conservation des spores qui sont maintenues dans la cavité des pycnides, lorsque le temps est sec; 2» de favoriser leur accumulation dans les lieux où elles se sont formées; 3° de faire obstacle à leur dissémination à de grandes distances. Par là se trouvent expliqués les caractères propres du Black Rot : ses allures endémiques, sa tendance à former des foyers; l'intensité foudroyante qu'il présente dans ses foyers, lorsque les conditions atmosphériques lui sont favorables; la lenteur de sa propagation. » Le Black Rot se propage si lentement que, pendant la première année, tout au moins, de son arrivée dans une région, il ne présente qu'une faible intensité. Il en résulte que le traitement du Black Rot n'a pas besoin d'être appliqué en dehors des foyers de cette maladie. On sait qu'au contraire le traitement des maladies à allures épidéiniques, à propagation rapide, comme le Mildiou et l'Oïdium, doit être appliqué chaque année dans tous les vignobles. » Dans les foyers de Black Rot, le parasite envahit au printemps les pre- mières feuilles de la vigne et, par invasions successives, gagne les divers organes au fur et à mesure de leur développement. Les organes végétatifs perdent avec l'âge toute réceptivité pour le Black Rot et ne souffrent géné- ralement que fort peu de ses atteintes. Les fruits peuvent être attaqués à tout âge, et, dans les vignes non traitées ou insuffisamment traitées, ils sont chaque année plus ou moins complètement détruits. Le traitement du Black Rot n'a par conséquent pour objectif que la conservation des fruits. Les invasions primaires, qui sont dues aux spores formées dans les organes de conservation, ont lieu avant l'apparition du fruit; le fruit n'est donc exposé qu'aux invasions secondaires, qui sont dues aux spores d'été formées dans les pycnides qui se sont développées sur les feuilles et les axes floraux à la suite des invasions primaires. ■ C. R., 190J, 2" Semestre. (T. CXXXV, N» 2.) 16 122 ACADEMIE DES SCIENCES. » On pourrait, par suite, être tenté de croire que les invasions pri- maires peuvent être négligées et que tout l'effort du traitement doit être dirigé contre les invasions secondaires, en vue de la protection directe du fruit. » Les expériences que j'ai faites pendant les cinq dernières années montrent que cette manière de procéder, qui est très coûteuse et présente de grandes difficultés à cause du développement considérable de l'appareil végétatif à l'époque des invasions du fruit, ne donne généralement que des résultats partiels lorsque les étés sont secs, et des résultats désastreux lorsque les étés sont pluvieux. Le processus de la dissé- mination des spores d'été explique aussi ces résultats. L'eau de pluie fait sortir les spores des pycnides provenant des invasions primaires et les entraîne ensuite; elle coule d'une feuille sur une autre, glisse le long des pampres, rejaillit en divers sens, pénètre les grappes les plus compactes et dépose sur son passage les spores dont elle s'est chargée en balayant les organes blackrotés. Ces spores se fixent d'autant mieux qu'elles sont plus ou moins imprégnées de mucilage, c'est-à-dire de substance collante. Or, comme il est impossible, dans les conditions de la pratique, de recouvrir complè- tement de bouilli* tous les organes doués de réceptivité pour le Black Rot et particu- lièrement les grains de raisin, comme les spores sont entraînées en grandes masses et que l'eau qui leur sert de véhicule assure en même temps leur germination, de nou- velles infections doivent fatalement se produire. » Toutes les expériences que j'ai faites pendant ces dernières années montrent d'une façon concordante que la destruction des fruits provient de l'auto-infection des ceps par les spores formées sur le feuillage et les axes floraux à la suite des invasions primaires et que, pour sauvegarder la récolte, il suffit de protéger complètement les ceps contre les invasions primaires. » Les spores qui produisent les invasions primaires, spores qui arrivent sur les or- ganes par l'intermédiaire de l'air, existent en grand nombre dans les foyers de Black Rot, lorsque la vigne épanouit ses premières feuilles; on peut les considérer comme épuisées après la floraison. Le traitement du Black Rot commence donc au début de la végétation de la vigne et se termine à sa floraison. "b"- » Les invasions primaires peuvent être au nombre de deux à trois, et chacune doit être prévenue par un traitement spécial. J'ai montré qu'une invasion est toujours due à une période de pluie d'une certaine durée, et que les traitements isolés, effectués /jeu de jours avant une période de pluie, préservent seuls entièrement de l'invasion qu'elle est susceptible de produire. Dans l'état actuel de la Science, il est impossible de prévoir avec certitude les périodes de pluie susceptibles de produire des invasions. Dans les petits vignobles, on peut attendre pour traiter que le temps devienne SÉANCE DU l5 JUILLET 1902. 123 incertain, quitte à terminer, s'il y a lieu, le sulfatage sous la pluie. Dans les grands vignobles, dont le traitement exige de 3 à 6 jours ou davantage, cette méthode est difficilement applicable. » J'ai déterminé expérimentalement la durée de l'intervalle maximum que l'on peut laisser entre deux traitements successifs, pour prévenir les invasions; j'ai trouvé que cet intervalle est de dix Jours. En règle générale, on devra donc traiter, chaque 10 jours, depuis le début de la végétation jusqu'à la floraison. Mes expériences ont été faites dans les foyers particu- lièrement intenses du Bas-Armagnac et des Landes, avec la Folle blanche, cépage extrêmement sensible au Black Rot. Avec d'autres cépages, on pourrait peut-être espacer un peu plus les traitements. D'ailleurs, les traitements se font à une époque où ils sont faciles et peu onéreux, par suite du faible développement de la vigne. » l\ faut remarquer, en outre, que ces traitements ne devront pas être répétés chaque année indéfiniment. Les foyers de Black Rot s'éteignent lorsque les récoltes sont préservées, parce que le parasite ne forme pas d'organes de conservation. La plupart des foyers qui existaient en France de iSgS à 1897 peuvent être considérés comme pratiquement éteints, puisque le Black Rot ne s'y montre plus en l'absence de tout traitement spécial. Il y a tout lieu de croire que les foyers actuels du Bas- Armagnac et de la Chalosse s'éteindront à leur tour, lorsque la méthode que je viens d'indiquer y sera rigoureusement appliquée. » GÉOLOGIE. — Sur le Gothlandien inférieur du massif armoricain. Note de M. F. Kerforne, présentée par M. de Lapparent. « Le Gothlandien inférieur (Llandovery et Tarannon) présente, dans le massif armoricain, des modifications de faciès qui l'ont fait souvent mécon- naître. Dans le sud du massif et particulièrement dans l'Anjou, le Llando- very est représenté par des grès, auxquels succèdent des schistes avec intercalations de phlanites et quelquefois de calcaires. En certains points, les phtanites alternent avec des ampélites. En dehors de cette région et de ce faciès, ce niveau ne paraissait pas être représenté jusqu'à présent. )) Les ampélites du célèbre gisement de Poligné, quoiqu'elles présentent des espèces communes avec les phlanites de l'Anjou , étaient rangées à un niveau plus élevé : le Tarannon. Je viens de constatera Poligné la présence de Rastriles Linnœi Barr. et de Monograptus lobiferus M'Coy. Ces espèces montrent que tout au moins une partie des ampéhtes de cette localité appartient au Llandovery. 124 ACADÉMIE DES SCIENCES. » Dans le nord de l'IlIe-el-Vilaine, le Llandovery est représenté, comme à Poligné, par des grès avec ampélites intercalées. Dans la carrière exploi- tée an Rocher d'Andouillé, j'ai constaté la présence de quatre zones am- pélitiques bien distinctes. La première contient Mon. lobiferus M'Coy, Diplograptus palmeus Bait., Mon. cf. nuntius Barr. et appartient au Llan- dovery. Jja seconde, séjiarée de la première par des grès, contient des espèces complètement différentes, parmi lesquelles : Mon. crispas Lapw. et un Di])los;raplus différent du Z). palmeus Barr.; elle paraît appartenir au Taranuon. Au-dessus, se trouvent encore quelques bancs de grès peu épais, puis viennent deux zones ampélitiques du Wenlock : la zone à Retiolites Geinilzi Barr. et la zone à Mon. riccartonensis Lapw.; les couches supérieures ne sont pas visibles. » Dans l'ouest du massif, le Gothlandien inférieur est probablement représenté par les grès peu épais subordonnés aux ampélites du Wenlock ; ils ne m'ont iburni aucun fossile. » Les ampélites du Gothlandien inférieur paraissent former dans les grès des bancs sans continuité, s'efSlant aux extrémités; ces lentilles ampéli- liques semblent même ne pas occuper exactement le même niveau dans toutes les localités. » Celte intercalation irrègulièred'ampélites au milieu de sédiments très détritiques est incompatible avec leur ancienne attribution à des dépôts de grande profondeur. Il en est de même de leur composition; elles ne sont pas constituées exclusivement par des précipités organiques et chimiques; le quartz élastique n'est j)as rare dans les ampélites de Bretagne, et toutes contiennent en abondance des parcelles de mica terrigènes. » GÉOLOGIE. — Faits nouveaux' ou peu connus, relatifs à la période glaciaire. Note de M. David 3Iaktiis, présentée par M. de Lapparent. « La présente Note est le résumé de quelques-uns des résultats que nous exposons dans un long travail, fruit de 32 années d'explorations dans le bassin de la Durance et dans celui du haut Drac. » i" Le creusement de la vallée de la Durance comprend deux phases : « et 6. » a. Le creusement de la basse vallée (aval de Manosque) date de la fin du Miocène. » b. La partie amont est pléistocène et antéglaciaire. Le creusement jusqu'à SSo'" de profondeur de cette partie a été précédé et suivi de phases à climat doux et humide SÉANCE DU l5 JUILLET 1902. 125 plus tempéré que celui d'aujourd'hui. Ces deux phases sont caractérisées par la faune et la flore de tufs calcaires édifiés sur le thalweg de la vallée et par l'absence de tout ruissellement torrentiel. » 2° Les glaciers n'apparurent donc que bien longtemps après la surrection des grands massifs montagneux. Car le climat tempéré dont jouissait la vallée pendant le Pliocène et les longs débuts du Pléistocène exclut toute idée de glaciers sur les Alpes de la Durance. » 3° Il existe deux types bien définis de moraines profondes : A et B. « Le type A, appartenant aux vallées granitiques ('), a un faciès torrentiel : vallées du Pelvoux. Le type B, à argile à blocaux des auteurs, est uniquement propre aux vallées schis- teuses ou calcaires : Queyras, Ubaye, Dévoluy, etc. » Les migrations transversales du glacier ont déterminé, sur la vallée confluente, l'interstratification de moraines profondes caillouteuses (terrasses) et de moraines argileuses. » 4° Lors de la retraite des glaciers, les eaux de ruissellement des croupes émergées ont provoqué, sur les bords des glaciers, la formation de terrasses adt'enth'es, élagées sur la pente des vallées. Assez fréquemment ces terrasses accidentelles ont été recou- vertes de blocs ou de moraines pendant les oscillations des glaciers : Terrasses de Vauineilh (2) coincées à l'aval dans du glaciaire homogène et d'une seule venue. » 5° En remaniant les alluvions anciennes à éléments altérés de Bellevue et les car- gneules poudreuses et rutilantes d'Upaix, le glacier donna, à l'aval, aux moraines de Mison, Sisteron, un aspect, très accentué, de haute antiquité. Cet aspect est donc tout à fait accidentel. 1) 6° Le phénomène du remontage de matériaux opéré par le fond des glaciers sur les contre-pentes se trouve vérifié parle transport de spilites jusqu'à plus de 5oo™ au- dessus de leur gisement dans huit vallées latérales envahies par l'aval : vallée de Bréziers, etc. » 7° Les amas d'éboulis de pente équilibrés dans le glaciaire sur les pentes des escarpements ensoleillés au pied desquels sont venus expirer les lobes du glacier fournissent de très intéressants renseignements sur le taux annuel moyen des dépôts glaciaires. (Crevasses annuelles entre les escarpements rocheux et le front des lobes du glacier : Modard d'Espinasse, Piégut, Bréziers, etc.) » 8° Au début les glaciers ont d'abord donné, par leurs moraines profondes, un profil en U à leur vallée. Puis, parleurs remaniements, ils ont plus ou moins rétabli le profil en Y primitif. Pendant ce déblaiement et au fur et à mesure de l'ablation, ils ont en général édifié sur leurs bords une topographie morainique marquée par des moraines frontales et latérales. Celles-ci, très nombreuses, sont étagées sur les pentes et indiquent une ablation continue mais intermittente jusqu'au fond des vallées. Il n'y a donc eu ni fusion en masse ni débâcle finale de ce fait. (') Les glaciers sont absolument inaptes à transformer en argile plastique des gra- nités non déjà kaolinisés; c'est une simple constatation. (*) Ces terrasses, quelle que soit leur altitude, ont leurs éléments inaltérés et présen- tent' à leur base des assises inclinées dans divers sens. 126 ACADÉMIE DES SCIENCES. » En revanche les moraines frontales sont très rares, et leur existence est presque toujours justifiée par une topographie spéciale : par une dépression préexistante, ou par une exposition au nord d'un escarpement qui, en retardant la fusion, a permis un arrêt et le dépôt des moraine^ frontales. » 9° Il n'existe pas, en Durance, de cônes fluvio-glaciaires. Ceux signalés par MM. Kilian et Haug dans le Buëch et la Luye nous paraissent des terrasses adi'entives déterminées par le glacier principal qui barrait ces vallées à l'aval. » io° L'action glaciaire a dû favoriser le concrélionnement des cailloutis, car des poudingues grossiers et très caverneux ont i-eçu des polis glaciaires formant miroir que ne pourrait reproduire l'arl humain par le simple effet du limage le plus délicat. » Conclusion. — Les quelques particularités que nous venons de signaler suffisent, croyons-nous, pour faire entrevoir la valeur des raisons qui étayent notre conviction en faveur de l'unité de la période glaciaire dans la vallée de la Durance. Nous ne serions pas surpris que, par le caractère général de quelques-uns, les faits que nous exposons eussent une portée dépassant les limites de notre région. » La séance est levée à 4 heures un quart. M. B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Ouvrages reçus dans la séance du 9 juin 1902. Jubilé de M. Albert Gaiidry, 9 mars 1902. Paris, imp. Lahure; i fasc. in-S". (Présenté en hommage par M. Edmond Perrier.) Poudres et explosifs. Dictionnaire des matières explosi<,>es, par le D'' J. Damei. ; Préface de M. Berthelot, Membre de l'Institut. Paris, ¥'■= Ch. Dunod, 1902; i vol. in-S". (Présenté par M. Berthelot, pour l'un des concours de 1902.) Élal-Major général de la Marine. Service hydrographique : Constantes harmo- niques d'un certain nombre de ports calculées par le Service des marées. Paris, Imprimerie nationale, 1902; i fasc. in-8". (Présenté par M. Hatt.) Le Ricin : botanique, culture, industrie et commerce, par Marcel Dubard et Philippe Eberhardt. Paris, A. Cliallamel, 1902; i fasc. in-8°. (Présenté par M. Bonnier.) Paléobotanique : Flore fossile des terrains houillers du Tarn, par Alfred Caraven- Cachin. Paris, Masson et O", J.-B. Baillière et fils, 1902; i fasc. in-8°. (Hommage de l'Auteur.) Photographs of stars, star clusters, and nebulœ, by Isaac Roberts. Londres, s. d.; 2 vol. in-4°. (Hommage de l'Auteur.) SÉANCE DU I.^ JUILLET 1902. 12^ L'etere e la materia ponderabile : Teovia meccanica dei principali fenomeni Jisici; con 18 figure nel lesto, per Ing. M. Barbera. Turin, 1902; i fasc. in-S". Is Ihe Moon a dead planet? by WlLLiAM-H. Pickering. (Extr. de The Century Magazine, mai 190a.) i fasc. in-8°. The John Crerar lihrary sventh annual Report, for the year 1901. Chicago, 1902 ; I vol. in-S". Nova acla Regiœ Societatis Scientiarum Upsaliensis ; ser. 10, vol. XX, fasc. 1, 1901. Upsal, Ed. Berling, 1901 ; i vol. in-4''. Âbhandlungen der Kôniglich preussischen Akademie der Wissenschaften, aus dem Jahre 1901, mit 7 Tafeln. Berlin, Georg Reimer; i vol. in-ii". Sitzungsberichte der Kôniglich preussischen Akademie der Wissenschaften zu Berlin; I-XXII, 9 Januar-24 April 1902. Berlin, Georg Reimer; 12 fasc. gr.-in-8°. Ouvrages reçus dans la séance du 16 juin 1902. Etudes et données sur l'Hydrologie générale de la France au point de vue de l'annonce des crues, publiées par M. Georges Lemoine, avee la collaboration de M. Babinet. Bassin de la Garonne et de l'Adour. Paris, Imprimerie Nationale, 1902; I vol. in-4°. (Présenté par M. G. Lemoine.) Bulletin de la Commission météorologique du département de la Haute-Garonne; t. I, fasc. 1, 1901. Toulouse, E. Privât, 1902; i fasc. in-4°. (Présenté par M. Mascart.) Rapport général, présenté à M. le Ministre de V Intérieur par l' Académie de Médecine, sur les vaccinations et revaccinations pratiquées, en France et dans les Colonies, pendant l'année 1900. Melun, 1901; i fasc. in-12. Douze cent mille ans d'humanité et l'âge de la Terre, par l'explication de l'évo- lution périodique des climats, des glaciers et des cours d'eau, par L. Rémond. Imprimerie de Monaco, 1902; i vol. in-12. Nouvelle théorie céleste, par A. -A. Humbert. Marseille, 1899; i fasc. in-12. La fièvre bilieuse hémoglobinurique observée en Grèce ; Statistique, étiologie, traitement, par le D"' Jean-P. CARDAMATis(d'Atliènes). Paris, Maloine, 1902; i fasc. in-8°. Mémoires de la Société nationale d'Agriculture, Sciences et Arts d'Angers; 5» série, t. IV, année 1901. Angers, Germain et G. Grassin, 1902; i vol. in-S". Bulletin trimestriel de la Société de l'Industrie minérale; 4" série, 1. 1, 2" livraison, 1902; texte et atlas. Saint-Etienne; i vol. in-S" et i fasc. in-4''. Catalogue of scientific papers (1800-1883). Supplementary volume, compiled by the Royal Society of London; vol. XII. Londres, G.-J. Clay et fils, 1902; i vol. in-4°. The American Ephemeris and Nautical Almanac for the year igoS; firsl édition. Washington, 1901; i vol. in-4°. Report of the Astronomer Royal to the Royal Observatory, Greenwich, read at the annual Visitation of the Royal Observatory, 1902, June 7, by W.-H.-M. Christie. s. 1.; I fasc. in-4°. Memorie del R. Observatorio del Collegio Romano, pubblicate per cura del Diretlore Pietro Tacchini; série III, vol. I-llI. Rome, 1899-1902; 3 vol. in-4°. Berichte iiber Land- und Forstwirtschaft in Deutsch-Ostafrica, herausgeg. v. 128 ACADÉMIE DES SCIENCES. kaiserlichen Gouvernement von Deutsch-Osiafrica Dar-es-Salâm ; Bd. 1, Hefte 1, 2. Heidelberg, 1902; 2 fasc. in-8°. Celeritas, journal sténographique Duployer; 2* année, mai 1902. Bruxelles; i fasc. ERRATA. (T. CXXXIV, séance du 23 juin 1902.) Note de M. A. Barillé, Analyse chimique du Piper Famechoni Reckel, ou poivre de Rissi (Haute-Guinée) : Page i5i4, ligne 9, au lieu de : Cendres insolubles 9>4o Usez : Cendres insolubles 0,94 Page i5i4, lignes 8, 9 et i4, les substances : Extrait alcoolique 19,260 » aqueux 16,076 Azote total i , 820 ne faisant pas partie de la composition centésimale, figurent par erreur dans le Ta- bleau. On souscrit à Paris, chez GAUTHIER-VIFXARS, Qiiai des Grands-Augustins, n" 5j. is i835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulii'rement le Dimanche. Ils forment, à la fin de l'année, deux volumes in-4°. Deux l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auleurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annutl du i" Janvier. Le prix de l'abonnement est fixé ainsi qu il suit : Paris : 20 fr. — Départements : 30 fr. — Union postale : 34 fr. chez Messieurs : Ferran Irères. ' Chaii. ' Jourdan. ) Ruff. Courtin-Hecquet. 1 Germain etGrïssia j Gastineau. e Jérôme. Il Régnier. I Feret. us .... I Laurens. I Muller (G.). ! Renaud. iDerrien. F. Robert. Oblin. Uzel frères. Jouan. iry Perrin. 1 Henry. * ) Marguerie. „ i Juliot, lUFerr [ Bouy. , Nourry. Ratel. ' Rey. \ Lauverjal. 1 Degez. ) Drevet. * i Gratier et G". helle Foucher. 1 Bourdignon. re „ , ( Dombre. i Thorez. j Quarré. chez Messieurs : ( Baumal. j M"' Texier. / Bernoux et Cumin. \ Georg. f^yoïi < ElTantin. Savy. Vitte. Uarseilte R«at. iValat. Montpellier ) Coulet et fils. Uoulins Martial Place. / Jacques. Aanry ! Grosjean-Maupin. ( Sidot frères. I Guisl'Uau. '*'«'"" i Veloppé. I Barma. ^■'■^^ lAppy. Mmet Thibaud. Orléans Lnd.lé. 1 Blanchier. Poitiers , / Lévrier. Rennes Plihon et Hervé. Rochefort Girard ( M"" ) I Langlois. Rouen , ( Leslringant. S'-Étienne Chevalier. 1 Ponleil-Burles. ^''"''"' (Rumèbe. I Gimet, Toulouse jp^i^^^ ; Boisselier. Tours j Péricat. ( Suppligeon. ( Giard. Valenciennes.. . . , ,. Lemaltre, On souscrit, à l'Étranger, Amsterdam . Berlin. . chez Messieurs : ( Feikema Caarelsen i et O'. Athènes Beck. Barcelone Verdaguer. Asher et C". Dames. Friedlander et fils. ' Mayer et Muller. Berne Schmid Francke. Bologne Zanichelli- / Lamertin. Bruxelles Mayolezet Audiarte. ( Lebègue et G'". i Sotchek et C^ j Alcalay. Budapest Kilian. Cambridge Deighton, BelletC». Christiania Cammermeyer. Constantinople. . Otto Keil. Copenhague Host et fils. Florence Seeber. Gand Hoste. Gênes Beuf. i Cherbuliez. Bucharest. Genève . . ■ La Haye. Lausanne. ■ Leipzig... Liège, .... Georg. Stapelmohr. Bel in fa nie frères. Benda. Payot et C". Bartb. Brockhaus. Kcehlcr. Lorentz. Twietmeyer , Desoer. I Gnusé. chez Messieurs ; IDulau. Hachette et C M. le Secrétaire perpétuel signale un Vo- lume de M. S.-H. Finne-Gronn, intitulé : " Abel, den store malhematiUers siegt, Christiania, 1899-1900. » gS M. A. KoRN. — Application de la méthode de la moyenne arithmétique aux surfaces de Rieniann -. ^/^ MM.- Leduc et Sacerdote. — Sur la for- mation des gouttes liquides et la loi de Tate M. A. GuiLLEMiN. — Sur les accords binaires. M. H. Henriet. — Sur une nouvelle vapeur organique de l'air atmosphérique M. DE Forcrand. — Sur les propriétés et la constitution des peroxydes de zinc M. C. Marie. — Sur l'acide oxyisopropyl- phosphinique M. René Locquin. — Nouvelle méthode de uulletin bibliograpiiiqvj': Errata 95 98 101 io3 106 préparation des éthers |J-cétoni(|ucs a sub- stitués .MM. Lesage et Dongier.— Résislivités élec- triques de sérums sanguins pathologiques et d'épanchcments séreux chez l'hoiiime. M. Maze. — La zymase de VEurotiopsis Gayon i M. J. Laborde. — Sur la guérison de la casse des vins par l'addition d'acide sulfu- reux M. H. SouLiÉ. — Recherches sur les Culi- cides de l'Algérie M. A. Prunet. — Sur le traitement du Black Rot M. F. Kerforne. — Sur le Golhiandien in- férieur du massif armoricain AI. David Martin. — Faits nouveaux ou peu connus, relatifs à la période glaciaire.... 108 116 iiS 120 124 [26 128 PARIS. — IMPHIMIÎRIE G A UTIl I E li - V I L L A R S, Qu;ii des Grands-Aiiguslins, ii':i. Le Gérant: (>AUTllli;ti-VlLLAIïS. ^0^. 1902 SECOND SEMESTRE. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. TOME CXXXV. N° 5 (21 Juillet 1902) 'paris, GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADEMIE DES SCIENCES, Quai des Grands-Augustins, 55. 1902 ' RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875 Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie se composent des extraits des travaux de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes présentés par des savants étrangers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. 26 numéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. Article ^•^ — Impression des travaux de l'Académie. Les extraits des Blémoires présentés par un Membre ou par un associé étranger de l'Académie comprennent au plus 6 pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o pages par année. Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans le Compte rendu àçi la semaine que si elle a été remise le jour même de la séance. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par les Correspondants dé l'Académie comprennent au plus 4 pages par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de 32 pages par année. Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis- cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca- démie ; cependant, si les Membres qui y ont pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les re- mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion. Les Programmes des prix proposés par l'Académie sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap- Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'ai que l'Académie l'aura décidé. Les Notices ou Discours prononcés en séanci blique ne font pas partie des Comptes rendus. Article 2. — Impression des travaux des Savai étrangers à l'Académie. Les Mémoires lus ou présentés par des perse qui ne sont pas Membres ou Correspondants de 1 demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'u sumé qui ne dépasse pas 3 pages. Les Membres qui présentent ces Mémoires tenus de les réduire au nombre de pages requi Membre qui fait la présentation est toujours noi mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet E autant qu'ils le jugent convenable, comme ils It pour les articles ordinaires de lacorrespondanc cielle de l'Académie. Article 3. Le bon à tirer de chaque Membre doit être re l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus ta jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à t( le titre seul duMémoire est inséré dans le Compte actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rend vaut et mis à la fin du cahier. Article 4. — Planches et tirage à part. Les Comptes rendus ne contiennent ni planch figures. Dans le cas exceptionnel où des figures sei autorisées, l'espace occupé par ces figures corr pour l'étendue réglementaire. Le tirage à part des articles est aux frais d teurs; il n'y a d'exception que pour les Rappo les Instructions demandés par le Gouvernemen Article 5. Tous les six mois, la Commission administratif un Rapport sur la situation des Comptes rendus l'impression de chaque volume. Les Secrétaires sont chargés de l'exécution di sent Règlement. leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont prié! , avant 5\ Autrement la présentation sera remise à la séance si i ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 'il JUILLET 1902. PBÉSIDENCE DE M. BOUQUET DE LA GRYE. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMJE. ÉLECTROCHIMIE. - Achons électrolytigues manifestes, développées par les piles constituées par la réaction de deux liquides renfermant l'un un acide, l'autre un alcali; par M. Iîerthelot. « La découverte des conditions précises qui déterminent la limite de visibilité des réactions électrolytiques m'a conduit à reprendre, à ce point de vue, l'étude des piles fondées sur la combinaison d'un acide et d'une base, en dissolutions étendues. J'ai réussi à constater que ces piles sont, en effet, susceptibles de déterminer des électrolyses visibles et continues. Je vais résumer mes nouvelles expériences. » 1. Acide chlorhydrique et soude : H Cl -i- N a OH. M (a). 6 éléments avec vases poreux, E = a™'t%4o initial; i™", 32 et i™", 58 finals. .. On a fait agir le courant sur un voltamètre renfermant de l'acide sul- furique étendu additionné de pyrogallol, sous une pression de o°>,oo2 II y a eu dégagement d'hydrogène continu, net, quoique faible. On a mesuré simultanément l'mtensité, en plaçant le galvanomètre sur le circuit, sans autre résistance que celle de l'instrument (2o5 ohms). On a trouvé ainsi directement O^^l'jOOOOoS, 2 000000 ce qui répond, d'après le calcul, à un dégagement d'hydrogène par minute égal à 0-"^, 0000018. G. R., 1902, a- Semestre. (T. CXXXV, N» 3.) I7 j3o académie des sciences. « La limite de sensibilité, d'après mes études préliminaires, sous une pression de o-,oo5, c'est-à-dire un peu plus forte, était comprise entre o'°K,ooooo3 et o'°s,oooooi 5 ; il y a donc accord expérimental. « (b). Un autre essai semblable, fait sous une pression décuple (o-^.oiS), a fourni un résultat négatif, c'est-à-dire non visible, conformément à ce qui était prévu d'après les mêmes études. >, Je rappellerai mes essais antérieurs sur l'acide sulfurique. « 2 Acide sulfurique et soude. - D'après deux expériences, signalées dans les Comptes rendus (28 juin 1902, p. 1472), 6 éléments de ce genre, sans vases poreux , dégagent d'une façon continue de l'hydrogène dans un voltamètre à pyrogallol, sous une pression de o-,oo5; résultat conforme d'ailleurs à la limite déduite des mesures d'intensité. » 3. Acide lactique et soude : CH-^O' -^ NaOH. „ (a) 6 éléments avec vases poreux. E initial = 2™'^6; final i-'S86. On ferme le courant sur le voltamètre à pyrogallol et le galvanomètre (R = 2o5 °'""0 réunis. Aussitôt : déviation, 45'^'^ pression dans le volta- mètre, o-^.ooS. » Électrolyse très nette. La déviation tombe rapidement a 56 , le dégagement gazeux, sous pression de o-,oo5, devient moins actif. ,' = o='-P,ooooi65, correspondant à hydrogène par minute : o",ooooo8; valeur su'périeure à la limite 0,000 oo3. A ce moment E = i™'S86. „ Le courant est refermé de nouveau, sur une résistance extérieure de 54000 °'"°' Après 5 minutes : déviation, 18'"'% 4- E = l'^'^'Sô. „ V calculé répond à o-^ooooo4 d'hydrogène par minute. Electrolyse visible. On voit ici la décroissance simultanée de l'intensité et du débit électrolylique, jusque vers la limite de visibilité. „ (b) 12 éléments. E initial = 4™'^ 4; Anal, 3-'^o (12 éléments). Électrolyse nette, continue, mais faible, dans le voltamètre à pyrogallol; pression, 8-,oo5. Le dégagement n'est pas visible sous la pression o-, 760. ), L'intensité a été déterminée par deux procédés : d'un côté, I mesurée sans voltamètre avec R extérieure =54000 <">-. Déviation après o mi- nutes : I6'^^ 5. E=3,o. Calcul pour E=3->^o-o-^ 8, .'=o-p,ooo 0067 ; débit calculé d'hydrogène par minute, o-^ 000004, chiffre supérieur a la limite o,ooooo3. « D'autre part : i' mesuré directement, avec galvanomètre interpose sans autre résistance dans le circuit : i' =z o*'"P,ooooo62 (mesure directe). SÉANCE DU 21 JUILLET 1902. l3l » Débit calculé de H par minute : o™*^,ooooo3 7. » Les deux valeurs concordent et elles assurent un dégagement d'hydro- gène vers la limite avec le voltamètre à pvrogallol, sous pression réduite : ce que l'expérience a vérifié. Or la comparaison des deux expériences exécutées, l'une avec 12 éléments, l'autre avec 6 éléments, montre que l'intensité finale n'a pas été accrue, au contraire, — non plus que le débit de l'hydrogène, — en doublant le nombre des éléments. C'est là une obser- vation importante; la possibilité d'un semblable maximum est facile à pré- voir d'après le calcul de I, p et i' et la décroissance de E; mais il est inté- ressant d'en constater la réalisation expérimentale. On va confirmer le fait sur d'autres piles analogues. > 4. Acide oxalique et soude : C-H^O' -i- NaOH. » («)6 éléments avec vases poreux, E initial 2^""% 64; final 2™'", 4. n Courant fermé sur le voltamètre (avec pyrogallol) et le galvano- mètre (R = 2o5°'"™'') : » Déviation 33*^'"^. /' = o'""P,ooooi35 répond à H par minute o"^, 000008. i:,iectrolyse nette et continue, sous une pression de o",oo6. » (b) Autre essai avec la même pile, E = 2'°"% 4; final, i™",8. R = 54000°''"'% déviation après 5 minutes, ig**"; p = i35 5oo; i' calculé ' „^ - — '— -— o^™P, 000007 4, i3.-)5oo '^ répond à H par minute o"s,ooooo44- » On essaie l'éleclrolyse avec le galvanomètre, la résistance dans le cir- cuit étant 205"'"°'. Déviation 12'*'''. Mesure directe : i = o"™?, 000006; répond à H par minute o"s,ooooo36. » Electrolyse nette, faible et continue. » (r) 12 éléments. E initial, 4 "'°"*,4- » Courant fermé sur le voltamètre (avec pyrogallol) et galvanomètre réunis : Déviation 21'"'^. t'=ro*"P,oooo 1 1 mesure direcle. H par minute o"^, 0000066. » Electrolyse nette et continue — les résultats ne diffèrent guère de ceux observés avec 6 éléments seulement. Ceci m'a donné l'idée d'en di- minuer le nombre. » (^). 4 éléments. » Le courant fermé sur le galvanomètre et le voltamètre à pyrogallol. Pression, o™,oo6. Déviation, 21'*'''. Electrolyse nette et continue : l32 ACADÉMIE DES SCIENCES. » i'= o^^i^ooooi; mesure directe; répond à H par minute o™^, 000006. » Ce sont à peu près les mêmes résultats qu'avec 12 éléments. » (e). 2 éléments. Déviation, 3'''^. ?', mesure directe =0"™?, 000001 5. Pas d'électrolyse. » (/). Séléments. Déviation, 12'"^. r' mesuré directement = o*™p, 000006; répond à H par minute o""*^, ooooo36. Électrolyse nette et continue. E = i^°",4 1 = 0,47x3. » La limite de l'aptitude électrolytique est ici marquée nettement entre 2 et 3 éléments. 1) 5. Acide acétique et soude : CH'O^ -+- NaOH. « (a). 6 éléments. Vases poreux : à S*" 1 1, E = 2™"%22; croît; à 5'' 26, 2'°"',62 ou 0,42 X 6 initial; E final = 2™"*, 34. » Courant fermé sur galvanomètre et voltamètre à pyrogallol. Pression : o"',oo2. Électrolyse nette et continue. Déviation, 22'"^. » i' mesure directe ^o'""P,ooooi4 ; répond à H par minute 0'°^, 0000084. » (b). 4 éléments. Déviation, 10''''. Électrolyse plus faible. i'^ o'"°'',ooooo5, H calculé par minute =^ o^s, ooooo3. » (c). 3 éléments. Déviation, 4'''^' H par minute calculé, o'"8,ooooooi . Électrolyse invisible. >. (d). Élément E initial, 2™"%34; E final, r°",8. « Déviation : 16''''', 5 après 5 miitutes, R = 54000°*"°% p = 164000°'""% ., ^ '.8-0.8 ^ ^amp 0000061 , 164000 H calculé par minute, o'"8,ooooo36. » Électrolyse visible sous pression réduite. » 6. Acide chlorhydrique et ammoniaque : H Cl -H AzH% « (a). 6 éléments, vases poreux. E initial monte de i''°'%68 à i™'%9o; final, r°'%32, R = 54000°*""'. Déviation après 5 minutes, 4'*"- Calcul de j'= o''"^, 000002. H par minute, o"^^ 000 0012. » Pas d'électrolyse visible sous une pression de o",oo3. » (b). 6 éléments. E = 2^°"', 02. SÉANCE DU 21 JUILLET 1902. l33 -> Aussitôt, on interpose le voltamètre à pyrogallol et le galvanomètre. Pression, o™,oo3. » Déviation, 12'"^ : i' = o''°'i\ooooo6; H par minute, o^e.oooooSe. » Electrolyse nette, quoique faible. » {c). 4 éléments. Même disposition. E = o™", 98. Déviation, 5'''\5. H par minute, o^e^oooooiCj. » Electrolyse visible, à la limite. » {d). 3 éléments. Rien. » D'après ces expériences, les piles fondées sur la combinaison d'un acide et d'une base possèdent une force électromotrice définie, dévelop- pent un courant continu d'une intensité mesurable, et sont susceptibles d'électrolyser l'eau acidulée et additionnée de pyrogallol d'une façon con- tinue et visible sous pression réduite, en en dégageant de l'hydrogène. » CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Existence, dans l'albumen de l'œuf d'oiseau, d'une substance fibrinogène pouvant se transformer, in vitro, en mem- branes pseudo-organisées. Note de M. Armand Gautier. « La coagulation ou précipitation des divers albuminoïdes solubles, par des ferments qui les insolubilisent en les isomérisant ou les dédoublant, est un phénomène classique : la caséase ou lab précipite la caséine soluble; la fibrinase, en agissant sur le fibrinogène, la myosinase, en modifiant le myosinogène, produisent la fibrine et la myosine ordinaires, les aggluli- nines coagulent certains albuminoïdes spécifiques, etc. Mais les matières ainsi chimiquement transformées se présentent sous forme amorphe, gra- nuleuse, ou bien, si elles offrent quelque semblant d'organisation, comme la fibrine, elles se sont généralement formées au sein d'une humeur encore vivante, telle que le sang au sortir des vaisseaux. Existe-t-il des ferments aptes à transformer, en dehors de toute influence cellulaire, certaines substances albuminoïdes en fibrilles, que la cellule vivante n'a plus ensuite qu'à disposer suivant les lois mystérieuses de son développement? Les faits que je vais faire connaître semblent permettre de répondre par l'af- firmative à cette question. Ils établiront, en outre, l'existence dans l'albu- men d'œuf d'oiseau d'une substance protéique soluble, analogue au fibrino- gène du plasma sanguin et au myosinogène de la fibre musculaire. » Il y a plus de 5o ans que Melsens observait que du blanc d'œuf frais. l34 ACADÉMIE DES SCIENCES. étendu d'eau et privé de tout corps en suspension grâce à une bonne fdtration, se trouble dès qu'on l'agite ou qu'on fait traverser la solution par un courant de gaz quelconques, secs ou humides ('). Je me suis assuré de la réalité de ce singulier phénomène ; il se produit avec l'hydro- gène, l'azote, l'acide carbonique et par agitation de la solution albumineuse dans l'air ou dans le vide. )i La substance qui vient ainsi troubler légèrement le blanc d'œuf se précipite sous forme de membranules transparentes, élastiques, d'une épaisseur de 4 à -^ de millimètre. On y distingue, au sein d'un substratum amorphe granuleux, des sortes de fibrilles de i^,5 à 2^ de diamètre, droites ou onduleuses, libres ou réunies entre elles. On dirait un commencement d'organisation. » Il ne faudrait pas croire, avec l'auteur de ces premières observations, que la matière qui se membranise ainsi soit l'ovalbumine elle-même et que l'agitation suffise à insolubiliser l'albumine. Je me suis assuré que, après bonne filtration sur papier, l'albumine brute de l'œuf, étendue de 2^°' à 3^°' d'eau, reçue dans un vase plein d'azote ou d'acide carbonique, puis soumise à une longue agitation mécanique en présence de boules de verre destinées à fouetter la matière, ne donne jamais un dépôt dépassant o',5 à 0^,6 pour 100 grammes d'albumine, le tout calculé à l'état sec; le reste refuse ensuite de se transformer. La matière spéciale que fait apparaître l'agitation augmente si, immédiatement avant la filtration, l'albumen a été soigneusement dilacéré. Si l'on prend au contraire des œufs bien frais, qu'on se borne à faire passer leur albumen sous très faible pression à travers une toile métallique, qu'on délaye la masse dans l'eau et filtre aussitôt, la matière insolubilisée ensuite par agitation ou passage des gaz est minime. Avec dix blancs d'œufs ainsi traités je n'ai obtenu que o*,3o de membranules pesées sèches. » La substance qui se sépare, par agitation, de l'albumine brute filtrée dérive elle-même d'un générateur soluble apte, comme on le verra, à êtie modilié par un ferment contenu dans les loges de l'albumen, et la matière précipitée par le choc ne correspond qu'à la partie variable de cette sub- stance génératrice qui avait été modifiée avant filtration et qui était restée en solution, comme par une sorte de sursaturation que l'agitation fait cesser; mais une bonne partie de la substance transformable en membranules, (') Ann. de Chimie et de Physique, 3" série, t. XXXIU,' i85i, p. i85. SÉANCE DU 2 1 JUILLET 1902. l35 celle qui n'a pas encore subi la modification, reste en solution malgré l'agi- tation, et propre à être précipitée, après action du ferment, ainsi que nous le montrerons plus loin. » La matière que l'agitation précipite du blanc d'œuf brut filtré est un albuminoide qui appartient à la famille des fîbrines. L'analyse m'a donné pour sa composition élémentaire : 0 = 32,85; 11 = 7,02; x\z = 15,77; Cendres: I "/o environ ('). » A. Wurlz a trouvé pour l'ovalbumine : 0 = 32,90; H = 7,20; Az = i5,8o » Dumas et Oahours ont obtenu pour la fibrine du sang humain : 0 = 52,8, H = 7,0, Az = i6,8, ...; Ohittenden et Oummin ont trouvé pour la myosine : 0 = 32,82, H = 7,ii, Az = i6,77, .... » La matière précipitée par l'agitation de l'albumen étendu et filtré possède d'ailleurs toutes les propriétés générales des albuminoïdes; elle se rapproche tout particulièrement de la fibrine du sang et de la myo- sine. Oomme ces derniers corps, en effet, mais plus lentement qu'eux, elle décompose l'eau oxygénée. Elle se dissout imparfaitement dans les solu- tions étendues de sel marin et de nitre, et ces solutions coagulent faible- ment à chaud lorsqu'on en sépare l'excès de sel par dialyse. Cette sub- stance diffère cependant de la fibrine du sang eu ce qu'elle se gonfle difficilement dans l'ammoniaque ou le carbonate sodique étendus. Les membranules dans lesquelles se transforme le générateur soluble présen- tent, enfin, l'état fibrillaire et l'élasticité de la fibrine, et l'on a vu que, comme pour cette dernière, l'agitation hâte leur précipitation. » Il existe donc dans le blanc d'œuf d'oiseau une globuline soluble spéciale, analogue au fibrinogèae et au myosinogène, apte à passer de l'état soluble à l'état insoluble, comme le font ces substances et dans les mêmes conditions apparentes, et il nous a paru très probable que, comme pour ces substances aussi, l'agent de celte modification devait être un ferment soluble. (') Elles étaient formées de phosphates et de chlorures alcalins avec un peu de chaux et de magnésie. l36 ACADÉMIE DES SCIENCES. » Il ne faudrait pas croire, en effet, comme Melsens, que l'agitation des solutions d'albumine suffise, ou même soit nécessaire pour insolubiliser tout ou partie de cette substance. J'ai pensé que le choc ou le battage du blanc d'œuf agissaient indirectement surtout en dilacérant les loges de l'albumen, mélangeant et mettant en contact intime et direct toutes les parties du protoplasma, et hâtant ensuite, mais accessoirement, la forma- tion d'un précipité de membranules nouvelles qui, dans le blanc d'œuf brut, qu'on ne filtre pas, se confondent avec les membranes préexistantes et ont pu échapper ainsi à l'observation. » Les expériences suivantes ont pour but de montrer l'exactitude de cette opinion, l'existence du ferment modificateur et l'action secondaire, mais non nécessaire, de l'agitation ou du battage. » Quatre blancs d'œufs frais, pesant ensemble ilio^ à l'état humide, furent directement versés, sans agitation ni dilacération, dans quatre assiettes plates et rapidement sèches à 38" dans un courant d'air sec renouvelé. La matière pesait i8^,52 à l'état sec. On la porphyrisa très soigneusement au mortier d'agate pour détruire les membranes préexis- tantes et bien mélanger toutes les parties du protoplasma primitif, et l'on divisa cette poudre en deux parties égales de g^, 25 chacune. La première, A, fut versée avec précaution dans 4oo6 d'eau froide et lavée soigneu- sement au centrifugeur, sans agiter, pour séparer les membranes qu'on pesa sèches. On trouva : Parties membraneuses préexistantes en A : 08,970. » L'autre partie B fut également versée en 4oo'='' d'eau (avec addition de 2 gouttes de CS° pour éviter toute action bactérienne) et laissée 7 jours à l'étuve à 89° dans le but de permettre l'action du ferment insolubilisant, s'il existait, ferment que la porphyrisation très exacte avait eu pour but de libérer de ses loges membraneuses. Après 7 jours d'étuve, on traita la partie B comme A, par lavages, centrifugalion et dessiccation, et l'on trouva : Parties insolubles préexistantes ou nouvelles formées en B : 16,0959. » La différence B — A = 0^,1259 indique la quantité d'ovofibrinogéne insolubilisé pendant l'étuvage. » En rapportant à loo^ d'albumine brute d'œuf de poule calculée sèche, on voit qu'il s'est fait, dans cette expérience, i^, 36 d'ovofibrine nouvelle SÉANCE DU 21 JUILLET 1902. r'^7 par action mutuelle et prolongée des diverses parties de l'albumen, et sans que le choc ou l'agitation aient été nécessaires. C'est une quantité dix fois plus grande au moins que celle qui se forme, par agitation, dans le blanc d'œuf frais brut étendu. La différence provient ici de l'insolubilisation à peu près totale, par le ferment mis en liberté, de l'ovofibrinogène de l'albumen pris dans sa totalité. » Dans cette expérience, pour 0^,970 de membranes préexistantes, il s'est formé o*»', 1209 d'ovofibrine nouvelle, soit une augmentation de 12,9 pour 100 de parties insolubles. « A ce commencement de démonstration de la formation de cette ovo- fibrine par coagulation d'un ovofibrinogène dans les conditions aptes à favoriser l'action d'un ferment insolubilisant, je ne pouvais ajouter ici la preuve tirée de la disparition de l'activité de ce ferment lorsqu'on fait agir la chaleur qui eût coagulé, dans ce cas particulier, la totalité de l'albumine en expérience. J'ai donc été obligé de recourir à une démon- stration indirecte. J'ai pensé que, l'albumen de l'œuf étant naturellement alcalin, cette alcalinité devait être une condition nécessaire ou du moins très favorable de l'action du ferment membranigène, et que cette action devait s'atténuer ou disparaître si, préalablement, on rendait le milieu légèrement acide. C'est ce que l'expérience a confumé. » Six blancs d'œufs frais furent directement reçus en six assiettes aussi- tôt placées dans des cloches à vide à 40", de façon que le ferment restât autant que possible dans ses loges membraneuses et sans agir, comme dans l'œuf intact. Après dessiccation (i4 heures) les albumens bien secs furent finement porphvrisés et la poudre divisée en deux parts A et B de poids égaux. On versa lentement chacune d'elles en 4oo centimètres cubes d'eau bouillie et, après quelques heures, où l'on mélangea suffisamment et dissolvit les parties solubles en agitant le moins possible, on versa, dans la partie A, un volume d'acide acétique faible titré suffisant pour obtenir une très légère acidulation du milieu. La partie B, au contraire, ne reçut pas d'acide. Les deux flacons A et B, chacun additionnés d'une boule de naphtaline pour empêcher toute altération microbienne, furent alors placés 6 jours à l'étuve à 39° pour laisser agir le ferment dans ces deux conditions dissemblables. Après ce temps, le flacon B reçut le volume exact d'acide acétique dilué qu'avait reçu A, et les deux mélanges furent encore laissés 4^ heures à l'étuve pour assurer, en chaque cas, une égale action de l'acide ajouté. A et B furent ensuite centrifugés, filtrés et lavés C. R., 1902, 2« Semestre. (T. C\XXV, N» 3.) 10 l38 ACADÉMIE DES SCIENCES. soigneusement pour ne conserver que les parties insolubles. On obtint après dessiccation : s Parties insolubles de B o,5842 Parties insolubles de A 0,4486 Différence : B — A =z o, i356 » Ainsi dans le milieu alcalin naturel de l'albumen, milieu évidemment favorable à l'action de ses ferments naturels, la quantité de corps membraneux insolubles de l'albumen primitif avait été augmentée de 24 pour 100. » De ces expériences je tirerai les conclusions suivantes : ') 1° Il existe dans l'albumen de l'œuf de poule près de i,5 pour 100 d'une substance soluble, analogue au fibrinogène ou au myosinogène, apte comme ces dernières, sous les influences qui favorisent l'action de leurs ferments spécifiques, à se transformer en une matière insoluble que le choc sépare à l'état membraniforme, ayant les propriétés générales des fibrines. » 2" L'agitation n'est pas nécessaire à la formation de cette substance ; elle constitue seulement une condition favorable à son apparition dans l'albu- mine brute filtrée; le choc ou l'agitation en séparent la partie de l'ovofi- brinogène déjà modifiée par le ferment, et tenue comme en état de sursa- turation avant cette agitation, par un phénomène tout semblable à celui qui fait plus rapidement se concréter In fibrine dans le sang qu'on soumet à l'agitation. » 3° T; humidité, la dissolution dans l'eau, la chaleur, l'alcalinité du milieu, c'est-à-dire les conditions qui favorisent l'action des ferments cellu- lulaires animaux, favorisent aussi la transformation de l'ovofibrinogène en ovofibrine membraniforme ou amorphe. » 4° Dans le blanc d'œuf intact, le ferment paraît contenu dans les loges membraneuses de l'albumen et être ainsi séparé de la substance fibrinogénique sur laquelle il n'agit dans ces conditions que très lentement. Son action devient plus rnpide et complète si l'on dilacère l'albumen et détruit par battage l'organisation de ses membranes naturelles. » 5° Des ferments analogues à lafibrinase ou à la caséase sont certaine- ment répandus dans beaucoup d'organes et tissus, mais celui de l'albumen d'œuf d'oiseau, et sans doute aussi de bien d'autres protoplasmas cellu- laires, est remarquable par l'aptitude qu'il possède de transférer une sorte de pseudo-organisation à l'albuminoïde qu'il insolubilise. Il ne reste plus SÉANCE DU 2 1 JUILLET 1902. I^g aux forces organisatrices de la cellule qu'à disposer cette matière fibrillaire suivant les lois qui règlent les formes histologiques de l'élément ou du tissu. » CHIMIE ANIMALE. — Sur l'acide glycuronique dans le sang du chien. Note de MM. R. LépixVE et Boulud. « Nous insistons de nouveau (voir Comptes rendus, 4 novembre 1901) sur le fait que le sang du chien à l'état de santé renferme toujours une forte proportion d'acide glycuronique conjugué. Il n'est pas rare que l'extrait de sang, tel que nous le préparons, c'est-à-dire sans le faire bouillir en présence d'un acide, donne, à l'examen polarimétrique, o, et n'ait qu'un pouvoir réducteur assez faible, tandis qu'après ébuUition en présence d'un acide, on a une déviation à droite et un pouvoir réducteur qui excède d'un bon tiers celui qui existait avant le chauffage. Il est à noter que ce pouvoir réducteur est souvent plus fort que celui que ferait prévoir le chiffre (exprimé en glucose) donné par le polarimètre. » En soumettant à la fermentation, en présence de la levure de bière, un de nos extraits de sang normal, on constate que le liquide, après l'achèvement de la fermentation, dévie toujours à gauche. Si alors on le chauffe en présence d'un acide, on a une déviation à droite et une réduc- tion en général plus abondante qu'avant le chauffage. » Si l'on traite l'extrait de sang normal par la parabromophénylhydra- zine, on obtient un osazone déviant à gauche en solution pyridique (Neuberg). )) L'acide glycuronique est plus abondant dans le sang défibriné, et ayant séjourné quelque temps à l'air, que dans le même sang que l'on a fait tomber directement dans l'alcool au sortir du vaisseau. » Le sang artériel d'un chien asphyxié (par obstruction des narines) peut renfermer autant d'acide glycuronique que le sang artériel normal. Dans le sang d'un chien asphyxié par le gaz d'éclairage, nous n'en avons pas trouvé (ce sang était rutilant). L'extrait, pour looo^ de sang, a donné les résultats suivants : )) Polarimètre : 4- i'',4- Pouvoir réducteur (en glucose) : 2^,26. » Après chauffage en présence d'un acide, mêmes valeurs. » Le foie de ce chien, une demi-heure après la mort, renfermait de l'acide glycuronique. l4o ACADÉMIE DES SCIENCES. « Le sang d'un autre chien, asphyxié à la fois par le gaz d'éclairage et par l'obstruction des narines, donnait les valeurs suivantes : )i P :+ o°, 2. Pouvoir réducteur : is,3o. » Après, chauffage en présence d'un acide, P : + o^.j. Pouvoir réduc- teur : is, 20. » Dans ce cas, la déviation à droite est notablement plus forte après le chauffage; mais le pouvoir réducteur n'est pas augmenté. Il est probable que la conjugaison de l'acide glycuronique était ici assez fragile pour que l'ébullition en présence de la liqueur cuivrique ait détruit cette conjugai- son. On sait d'ailleurs qu'il y a des acides glycuroniques cotijugués, doués d'un pouvoir réducteur. » Nous avons eu l'occasion d'observer un grand nombre de cas de ces faibles conjugaisons. En voici un qui appartient à un chien ayant reçu une petite dose de nitrite d'amyle : » P : 0°. Pouvoir réducteur : 1^,32. » Après chauffage en présence d'un acide, P : -H o'',5. Pouvoir réduc- teur : i^,3o. (La légère diminution du pouvoir réducteur dans ce cas et dans le précédent s'explique par la destruction si facile de l'acide glycu- ronique par l'ébullition en présence d'un acide. » L'augmentation de la déviation à droite coexistant avec l'augmenta- tion du pouvoir réducteur, après ébuUilion en présence d'un acide, ne suffit d'ailleurs pas pour qu'on puisse affirmer dans un extrait de sang l'existence d'acide glycuronique. Dans des cas, exceptionnels d'ailleurs, la présence de glycogène (ou d'une substance analogue) peut amener ce double résultat. Ainsi, dans le sang des veines sus-hépatiques d'un chien très bien nourri, assommé par un coup de maillet sur le crâne, nous avons trouvé, environs minutes après l'assommement, les valeurs suivantes : » P : -H i°,6. Pouvoir réducteur : 4^)09- » Après chauffage en présence d'un acide et de perchlorure de fer, P : -+- 2°. Pouvoir réducteur : 4^. 28. » Après chauffage prolongé, en présence de io""° de H Cl, pouvoir ré- ducteur : 8b, 44. » SÉANCE DU 2 1 JUILLET 1902. i^i RAPPORTS. Rapport sur un Mémoire de M. Torres, coneernanl un avant -projet de ballon dirigeable, présenté à i Académie dans la séance du 26 mai iyo2. (Commissaires : MM. Sarrau, Caillelet; Appell, rapporteur.) « M. Torres, dont on connaît les remarquables travaux sur les machines à calculer (' ), vient de présenter à l'Académie un Mémoire Sur un avant- projet de ballon dirigeable à quille intérieure. )) ha Commission désignée pour examiner ce Mémoire s'est occupée, non du côté technique, qui n'est pas du ressort de l'Académie, mais du côté théorique du projet. Elle a trouvé, dans le travail de M. Torres, non seulement la description d'un type nouveau de ballon, mais des vues théo- riques précisant le problème général de l'Aéronautique. » Voici d'abord l'idée fondamentale qui a conduit l'auteur au type qu'il préconise. Il semble que les difficultés présentées actuellement par le pro- blème de l'Aéronautique viennent moins de l'insuffisance des moteurs que du défaut de stabilité des ballons. L'auteur met en évidence les causes d'instabilité pour un ballon actionné par une hélice. Quatre forces princi- pales agissent sur l'ensemble formé par le ballon et la nacelle : le poids P du système, la force ascensionnelle A, la force propulsive de l'hélice />, et la résistance de l'air qui, par raison de symétrie, peut, dans la marche normale, être réduite à une force R. Ce sont les changements dans la grandeur ou dans la position d'une de ces forces qui produisent les pertur- bations dans la marche. Il est inutile de rappeler ici les précautions habi- tuellement prises pour éviter toute variation dangereuse des points d'ap- plication des forces A et P; la grandeur de chacune de ces forces varie d'une manière continue à mesure qu'on consomme du pétrole pour ac- tionner le moteur et qu'on remplace son poids par de l'air introduit dans le ballonnet, mais elle ne subit pas de variation brusque, sauf au moment où l'on jette du lest, ce qui produit sur P un changement de peu d'impor- tance. La grandeur et la position de la résistance de l'air sont à peu près constantes dans la marche normale à une vitesse donnée : celte force peut ( ' ) Comptes rendus, t. CXXX, 1900, p. 472 et 874 ; Savants étrangers, t. CXXXII, 1901. l\-2 , ACADÉMIE DES SCIENCES. subir des variations importantes et même être remplacée par une force et un couple dans le cas où des oscillations brusques viendraient à se pro- duire; elle peut donc accentuer les oscillations, mais non les faire naître. La force propulsive p a un point d'application fixe ; seulement sa grandeur est sujette à des variations considérables; d'abord, chaque fois qu'on ar- rête ou qu'on met en mouvement la machine, p subit une variation brusque, tandis que la vitesse du ballon et, par suite, la résistance R varient d'une manière continue; mais ce sont là les cas les moins importants. Il n'est nullement nécessaire que l'hélice s'arrête tout à fait pour que l'effort/? devienne nul, ou même négatif; on sait, en effet, que l'effort de propulsion dépend non de la vitesse longitudinale V d'un élément de l'hélice par rapport au ballon, mais de la différence Y'— V entre cette vitesse et la vitesse V du ballon; on admet, dans la pratique, que cet effort est propor- tionnel au carré de V — V : dans les essais de Dupuy de Lôme et dans ceux du colonel Renard, on avait à peu près V = ^V, de sorte qu'il suffisait de diminuer brusquement V d'un quart de sa valeur pour que la force pro- pulsive s'annulât momentanément; cette variabilité de p est, d'ailleurs, d'autant plus marquée que le rapport V : V est plus voisin de l'unité, cas limite dont on doit, au point de vue du rendement, chercher à se rap- procher autant que possible. » Quand l'hélice est fixée à la nacelle, les deux forces horizontales p et R ne sont pas sur une même horizontale et les variations brusques de p produisent un couple de renversement dont les effets sont d'autant plus grands que la vitesse est plus grande. L'auteur voit dans ce fait le principal obstacle à une marche à grande vitesse. Il propose alors de rendre inoffeii- sives les variations de/? en s'arrangeant pour que la ligne d'action de cette force coïncide à peu près avec celle de la résistance R. Dans ce but, il place l'hélice à la partie postérieure du ballon lui-même (Jig. 2). Ce n'est certes pas la première fois qu'on a proposé cette solution, mais l'auteur la rend réalisable par un dispositif ingénieux que nous allons maintenant décrire. » Les ballons généralement employés sont fusiformes et portent une na- celle soutenue au moyeu d'un système de suspentes : quand le ballon est allongé comme il doit l'être pour pouvoir marchera grande vitesse, on est obligé d'allonger la nacelle, qui constitue une sorte de poutre de longueur comparable à celle du ballon. La modification proposée par l'auteur se réduit, en principe, à mettre à l'intérieur du ballon les suspentes et la poutre qui forment alors une quille intérieure rigide allant d'une pointe à l'autre; la nacelle est réduite au minimum nécessaire et très rapprochée du bal- SÉANCE DU 1' JUILLET \C)01. 1 /j3 Ion. Voici, sans entrer dans de longs détails, la façon dont ce dispositif est réiiiisé. n Description sommaire. — Le ballon est rvUndrique dans la partie centrale, affilé aux extrémités; son profil a la forme indiquée {fig- Ol '1 ^^^ formé p;ir la juxtaposition de plusieurs profils semblables à celui de la figure i ; dans chaque profil, la quille ah est attacliée au ballon par cinq suspentes. Fig. I. » La forme du j^rofil est calculée d'après la distribution des pressions intérieures et extérieures et des tensions des toiles. An bas de quelques-uns de ces profils se trouve fixée la nacelle, comme le montre la figure i ; le mouvement est trans?iiis de la nacelle à riiélice par un câble télédvnamique C {fig- a); la manœuvre du gouvernail se fait Fis par un autre câble D. Quand la machine marche, les tensions du câble C sur les poulies, telles que P et Q, produisent un moment de torsion considérable dont il faut se préoccuper, la pointe de la quille étant trop faible pour y résister; nous ne pouvons pas entrer dans le détail des pièces destinées à résister à cet effort. D'une façon générale, la plupart des pièces employées travaillent à l'extension. Quelques-unes seulement travaillent à la compression, notamment la quille, qui doit être regardée comme un prisme chargé debout. » Le ballon est divisé en plusieurs compartiments par des cloisons en toile per- méable; quatre des entre-profils sont munis de poches à air symétriquement placées l44 ACADÉMIE DES SCIENCES. par rapport au milieu du ballon; ces poches sont manœuvrées par un distributeur d'air que l'aéronaute commande à l'aide d'un robinet à trois voies, suivant qu'il veut monter, descendre ou rester à la même hauteur; en outre, une espèce de coulisse commandée par un pendule répartit l'air automatiquement entre les poches d'avant et d'arrière pour maintenir l'horizontalité du ballon. Pour augmenter la stabilité et prévenir les effets des courants d'air obliques (ascendants ou descendants), l'auteur prévoit l'addition d'un poids porté par deux, suspentes de grande longueur. Enfin, pour éviter les chances d'incendie par le moteur, il propose d'envelopper ce dernier d'une chemise incombustible en amiante et de conduire par un tube de dégagement les produits de la combustion à l'arrière du ballon. » Données expérimenlales admises. — Pour ses calculs l'auteur accepte les données courantes. Ainsi il admet que la résistance K de l'air est liée à la vitesse V et à la maîtresse section S par une relation de la foime (i) R = ÂSVS tout en faisant des réserves sur l'approximation avec laquelle cette formule représente les faits et sur la détermination de la constante A. Il prend les valeurs généralement admises pour les efforts de tension que peuvent supporter les toiles et les tirants ; quant à l'effort admissible, par millimètre carré, dans les pièces comprimées, il ne le considère pas comme complètement connu et le fait intervenir dans les calculs par un coefficient littéral 9, de façon à laisser une certaine latitude aux constructeurs suivant la nature des matériaux et la forme des pièces. » Marche des calculs. — Ces données étant admises et le tjpe du ballon étant défini, l'auteur admet que l'on construise divers ballons dont les formes extérieures seront géométriquement semblables, et dont les grandeurs seront caractérisées par la valeur d'un certain module L, égale au cinquantième de la longueur du ballon. Il cal- cule en fonction de L et du coefficient 0 déjà défini tous les poids qui en dépendent, excef)té le poids du moteur et des approvisionnements. En retranchant le poids ainsi calculé de la force ascensionnelle on obtient le poids II dont on dispose pour le moteur et le pétrole. L'auteur montre que le ballon peut être caractérisé par la valeur de la quantité i\\ dans laquelle i représente le coefficient de rendement de l'hélice et de la transmission, S la surface de la maîtresse section et Aie coefficient figurant dans la loi de la résistance de l'air. On pourra distribuer le j)oids 11 différemment entre le moteur et le pétrole, suivant qu'on veut atteindre une grande vitesse pendant un temps très court ou une plus petite vitesse pendant un temps plus long. A cet égard, l'auteur montre qu'il existe, entre la vitesse V et le temps t pendant lequel on peut marcher à cette vitesse, une relation de la forme I o I (3) t— - ■^. , ^ ' « V"* mil où m désigne le nombre de kilogrammètres qu'on peut produire par kilogramme du SÉANCE DU 21 JUILLET 1902. l45 moteur, et n le nombre de kilogrammes de pétrole qu'il faut dépenser pour produire pendant i heure i'*" à la seconde. » On peut, comme on a vu, calculer n en fonction de 0 et de L; on a alors, d'après (2), (4) ?=:/(/;■,«, L,0); portant cette valeur de n dans la formule (3) ci-dessus, on obtient une relation entre 0, L, i, /., V, t. » Cette relation est traduite graphiquement dans les monogrammes {Jig. 3) qui donneront des indications utiles sur la marche à suivre dans les expériences et sur les Fis. 3. 2 \ '.8 \ 2 6 5 î _o w SOOO- 2000.- 1000.- 500.: 300 -- '•®v \ \ \ \ \ \ S X ■v \ \ i^fVin I> , \ \ \ ■^ N ■n Vj \ \l ^ \^ ^ "x -- X N \ •^nnri '■^i s s ^\ \ ■^ s N \ v N^ ^ ■^ X. \ \^ Toute la partie de l'île comprise entre l'îlot de La Perle et Saint-Pierre offre jusqu'à la mer un aspect saisissant. Toute végétation a disparu; plus d'arbres, les détails du sol apparaissent comme dans une carte en relief, qui serait couverte de cendres d'un gris chiir. Quand on est dans le nuage de cendres, le paysage prend l'aspect de celui que l'on voit à travers la fumée d'un four à chaux. » Du côté Est et Nord, la végétation a repris jusqu'à l'altitude de Soo™ à 600™; c'est au-dessus seulement que l'on observe cet aspect désolé qui caractérise le versant occidental. » Nous avons séjourné, la nuit dernière, vis-à-vis de Saint-Pierre et nous n'avons vu sortir du cratère que de vagues lueurs. Depuis notre arrivée, le sommet de la Montagne Pelée a toujours été dans le brouillard; nous avons cependant fait l'ascension avant-hier; nous sommes arrivés à l'ancien lac des Palmistes, sous une pluie dont vous n'avez pas l'idée; il est rem- blayé par de la cendre transformée en boue, et celle-ci est traversée par une fente rectiligne Nord Ouest, d'environ i"" de profondeur, qui paraît servir à l'écoulement des eaux dans la direction de la Basse-Pointe. En tout cas, celte fente n'émet aucune fumerolle. » Grâce à une éclaircie, nous avons vu plusieurs autres fentes de même nature. Nos nègres ont à ce moment refusé de marcher ; nous sommes l/,8 ACADÉMIE DES SCIENCES. arrivés peu après à l'antre bord de l'ancien lac, où nous avons touché un petit piton d'andésite rouge, à la cote 1200™. Il est probable que c'est là un reste du Morne Lacroix; mais la brume était alors si épaisse qu'il noijs a été impossible de savoir s'il existait des sommets plus élevés, » Nous avons été arrêtés par un à pic de plusieurs centaines de mètres, donnant dans le cratère; les parois, malgré une pente de près de 60° jusqu'au bord même du gouffre, sont recouvertes par de la cendre trans- formée en boue, atteignant par places une épaisseur d'au moins 80*^". Nous n'avons pu aborder le bord du gouffre qu'en entrant là dedans jusqu'aux genoux. )) Cette cendre provient certainement d'éruptions postérieures aux grandes explosions; elle recouvre en elfet les grosses bombes que l'on rencontre ça et là sur l'emplacement de l'ancien lac. Des bombes de moindre dimension abondent sur les parois est de la montagne, jusqu'à une altitude d'environ 680™; elles sont constituées par une andésite vi- treuse. » On nous avait parlé d'un nouveau cratère qui se serait ouvert auprès du Camp de Trianon, au-dessus d'Ajouj^a-Bouillon ; nous n'y avons vu qu'un très profond ravin, anciennement creusé dans les tufs andésifiques (rivière Falaise), et qui aurait donné à plusieurs reprises de forts dégage- ments gazeux dont il ne reste aucune trace aujourd'hui ; il me semble que les cendres voisines proviennent du grand cratère. » Les seules manifestations actives que nous ayons pu étudier de près sont de nombreuses fumerolles, sortant des vallées des rivières Sèche et Blanche, et de l'embouchure de la rivière des Pères. Il semble que ces val- lées soient d'anciennes fractures rouvertes. Les fumerolles s'y observent depuis le cratère jusqu'à la mer; les unes sont intermittentes et émettent des torrents de vapeur d'eau sortant soit du lit même de la rivière, soit des talus élevés qui l'encaissent et qui sont constitués par des cendres et des blocs charriés. Alors la vapeur constitue des volutes blanches, très denses, qui roulent lentement jusqu'à la mer, d'où l'on pourrait croire de loin qu'elles sortent. » D'autres fumerolles sont permanentes; les unes à 100° sont riches en hydrogène sulfuré, et déposent à leur émergence de nombreux cristaux de soufre; les autres, à une température supérieure à 36o°, donnent du chlor- hydrate d'ammoniaque. » Je ne vous ai pas encore parlé de Saint-Pierre; l'aspect de cette ville détruite est lugubre; cette nuit, le commandant du d'Assas nous a fait SÉANCE DU 21 JUILLET 1902. I ^q passer près du rivage et a éclairé les ruines avec ses projecteurs; c'était un spectacle tout à fait impressionnant. Nous avons longuement étudié la ville en tous sens; le quartier du Port ne fournit plus rien, tout a été rasé ; le quartier dti centre est moins entièrement détruit, mais c'est surtout celui du Mouillage qui fournit d'utiles indications. La plupart des murs préservés ont une orientation moyenne N.-S.; c'est aussi la direction des arbres couchés, du phare renversé; c'est celle du déplacement horizontal des pierres du cimetière. » Il n'est tombé à Saint-Pierre que de la cendre fine, mêlée de petits la- pillis, et en quantité relativement peu considérable. On n'y observe aucune bombe; il faut donc admettre que la destruction de cette ville a été pro- duite par des dégagements gazeux à haute température, provenant directe- ment du cratère et animés d'un rapide mouvement N.-S. Je ne vous parle pas aujourd'hui des récits des rares témoins du phénomène; nous cherchons à dégager la vérité de ces récits contradictoires, et je crains qu'il ne reste beaucoup d'incertitude à cet égard. » J'avais pensé pouvoir tirer d'utiles renseignements de l'étude des objets métalliques trouvés dans les ruines ; malheureusement l'incendie a superposé ses effets à ceux du volcan et vient beaucoup compliquer la ques- tion; les inondations subséquentes comblent tous les jours les ruines, dont l'aspect change rapidement. S'il n'y a pas de nouveaux paroxysmes, je suis persuadé qu'à la fin de l'année nous trouverons tout couvert de verdure. » La visite de Saint-Pierre est pénible à beaucoup d'égards; il se dégage de ces ruines une odeur d'incendie et de décomposition cadavérique; on marche enveloppé d'un essaim de mouches, dont la plus grande abon- dance indique la présence de cadavres à fleur de terre ou à peine recou- verts par les décombres. La décomposition marche, d'ailleurs, très rapide- ment, et, lors de notre dernière visite, nous n'avons plus trouvé de cadavres à chair visible, comme le premier jour. Ajoutez à cela une cha- leur torride, augmentée par celle des incendies qui couvent encore çù et là ; un dépôt de charbon est encore incandescent pendant la nuit. » M. Rollet de l'Isle a fait de nombreux sondages, d'où il résulte que les fonds voisins de la côte n'ont pas changé sensiblement; il poursuit ses recherches vers le nord. » Les pluies torrentielles ont causé de terribles ravages; les bourgs du Prêcheur, de Sainte-Philomène, de Basse-Pointe ont été en partie détruits par des torrents de boues et de blocs, dont l'accumulation a parfois, comme à Basse-Pointe, changé l'hydrographie de la côte; ils semblent dus l5o ACADÉMIE DES SCIENCES. surtout aux pluies abondantes dans la région haute de la Montage Pelée, couverte par les projections récentes et aujourd'hui dépourvue de son revêtement ordinaire d'herbes et de forêts. » Les tufs et les conglomérats jouent;le rôle dominant dans la constitu- tion de la montagne » Nous avons, M. Giraud et moi, fait de nombreuses observations géo- logiques; plus des trois quarts de l'île sont en tufs ou en brèches; il y a pèîi d'affleurements; le pays est entièrement cultivé et couvert par une luxuriante et admirable flore tropicale; les roches superficielles sont extrêmement altérées. ...» ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la généralisation du prolongement analytique. Note de M. Emile Borel, présentée par M. P. Painlevé. « Les remarquables résultats publiés par M. Painlevé dans les Comptes rendus du 7 juillet donnent une nouvelle actualité à la théorie des fonc- tions (M) et du prolongement analytique généralisé; il ne me paraît pas inutile de montrer que ces résultats non seulement ne contredisent en rien les idées que j'ai émises à ce sujet, mais encore contribuent à faire espérer que ces idées pourront conduire à une théorie plus générale que celle de Weierstrass et aussi cohérente. >, Je rappelle d'abord la définition que j'ai donnée ( ' ) d'une fonction (M) sur un segment AB : c'est une fonction admettant des dérivées de tous les ordres en tous les points de k^ et telle que la fonction (M) correspondant à un point quelconque de AB la représente sur tout le segment. Cette définition conduit naturellement à une extension de la théorie du prolongement analytique : cette extension n'est jamais en contradiction avec la théorie classique. Réser- vons d'abord le cas d'une ligne singulière, ouverte ou fermée; j'ai, depuis longtemps, indiqué que toute généralisation delà théorie du prolongement conduirait à modifier la notion de l'uniformité, c'est-à-dire à faire regarder comme non uniformes des fonctions uniformes au point de vue classique; cette remarque a même été l'origine de mes recherches sur ce sujet (-). » Considérons maintenant un point singulier C, isolé sur AB; d'après la définition qui vient d'être rappelée, il ne suffit pas qu'un développement (>) Comptes rendus, t. CXXX, p. iii5. (2) Comptes rendus, avril 1894, et Thèse de Doctorat. SÉANCE DU 21 JUILLET 1902. l5l relatif à un point de AC donne une série convergente sur CB; il faut aussi que l'on puisse revenir d'un point quelconque de CB et trouver sur AC la fonc- tion dont on est parti; il faut enfin que les dérivées existent en C et que le développement (M) correspondant représente aussi la fonction sur ACB. Ces diverses conditions ne sont pas vérifiées dans les exemples que donne M. Painlevé. Ces exemples ne sauraient donc entraîner aucune restriction nouvelle à la définition des fonctions (M). » Il était d'ailleurs aisé de former des développements, bien moins inté- ressants que ceux de M. Painlevé, au point de vue de la théorie générale des fonctions, mais tout à fait analogues et entraînant les mêmes consé- quences au point de vue de la généralisation du prolongement analytique. On sait en effet qu'en remplaçant les droites de M. Mittag-Leffler par des courbes quelconques, et en particulier par des spirales logarithmiques, il est possible de définir les diverses branches de toute fonction non uniforme ; si./ii./^. • • -j 4 désignent n de ces développements et si l'on pose ^ ^ (7, + «2 -+-... + a„ ' on obtient un développement qui représente la fonction au voisinage de l'origine, et qui, dans certaines régions du plan, représente une combi- naison linéaire des n branches considérées. Il y a seulement, en général, des lignes de discontinuité; mais en choisissant un point singulier oij la fonction reste finie, il peut y avoir continuité sur une droite issue de l'ori- gine et passant par ce point. » On pourrait ainsi concevoir une théorie plus étendue que celle du prolongement analytique, et dans laquelle on étudierait un corps à^ fonctions comprenant à la fois les diverses branches d'une même fonction analytique, et leurs combinaisons de la forme (i) ; d'ailleurs, une fonction / ne serait dite un représentant complet du corps que si, en partant de f, on peut retrouver toutes les fonctions du corps : c'est ce qui a lieu visiblement, au moins pour une fonction algébrique, si a,, a,, . . ., fl„ sont quelconques. » Mais revenons à la généralisation proprement dite de la théorie du prolongement analytique; il ne suffit pas qu'elle ne soit pas en contradic- tions avec la théorie classique, il faut aussi qu'elle ne soit pas en contra- diction avec elle-même et surtout qu'elle ne soit pas trop compliquée. C'est pourquoi il me paraît qu'on sera amené à faire un choix parmi l'infi- nité des développements (M) possibles : ce choix sera d'autant plus aisé que ces développements auront été mieux étudiés. Il se présentera des 132 ACADEMIE DES SCIENCES. facilités particulières d'ans l'élude des fonctions (M) uniformes dans une ré- gion du plan : c'est sans doute par elles qu'il y aura lieu de commencer. Les résultats obtenus par M. Helge von Koch et par M. Painlevé pour les fonctions méromorphes permettraient d'ailleurs, sans doute, dans cer- tains cas, de former un développement donnant la valeur de ces fonctions en tous les points où la fonction a une valeur finie. Il suffirait, pour cela, de considérer la fonction t(=)=2i:2 '^/'.7.'' : 1 !•/ = 1 i pa -h (/ b -h rc et de prendre les numérateurs A^^,. assez petits; on pénétrerait ainsi à l'intérieur du triangle lacunaire abc : il y aurait lieu d'y étudier la conver- gence. Mais la non-uniformité de la convergence entraîne de graves diffi- cultés, et il sera sans doute préférable, malgré l'importance et la beauté des résultats obtenus, de se borner d'abord aux séries telles que la conver- gence dans une aire quelconque entraîne la convergence uniforme dans toute aire intérieure. » Observations sur la Communication précédente, par M. P. Painlevé. « Les restrictions imposées par M. Borel aux séries (M) qui peuvent représenter une fonction (M^ rendent, en effet, peu vraisemblable qu'il puisse se présenter une contradiction entre ses définitions et la théorie des fonctions analytiques. Je crois intéressant, toutefois, de signaler l'exemple suivant : j'ai pu former des séries (M) qui convergent pour toutes les va- leurs réelles de la variable .r, ainsi que toutes les séries dérivées terme à ternie et qui répondent aux conditions suivantes : » 1° La somme F(x) de la série est continue, ainsi que toutes ses dé- rivées, quel que soit a- (et ces dérivées s'obtiennent en dérivant la série terme à terme). » 2° Si l'on forme la même série (M) en prenant.»,, comme origine, à l'aide des valeurs F(jj), l''(x„), etc., la série ainsi obtenue jouit des mêmes propriétés et représente encore F(a;). Il n'y a d'exception que pour ,'r„= i; en ce point, toutes les dérivées de F (x) sont nulles et la série (M) correspondante se réduit à une constante. » 3° Pour a->i, F(œ) coiincide avec une fonction analytique (holo- SÉANCE DU 2 1 JUlt,l,ET 1902. l53 niorphe sur l'axe réel sauf pour x ^ i): pour ,r S i , PÇ^) coïucule avec une fonction analytique toute différente. » Dans cet exemple, les conditions de M. Borel sont remplies, à cela près, circonstance essentielle, que, pour ac^—i, la condition 2" est en défaut. » J'ajoute que la remarquable théorie, ainsi amorcée par M. Borel, ne me paraît pouvoir sortir du domaine purement spéculatif que le jour où l'on aura formé explicitement une série (M) telle que sa convergence en- traîne d'elle-même les conditions énoncées par M. Borel, ainsi qu'il arrive pour la série de Taylor. » ÉLECTRICITÉ. — Anomalies présentées /lar la charge de conducteurs isolés sur des diélectriques solides. Phénomènes magnétiques particuliers constatés au vensinage de nœuds d'oscillations électriques. Note de M. V. Cuénieu, présentée par M. H. Poincaré. « Au cours des recherches sur la convection électrique que j'ai résumées dans une précédente Note, j'ai observé les deux séries de faits suivantes : » 1° Dans ces expériences, des secteurs de micanite mobiles dorés sur les deux faces se chargeaient par influence entre deux secteurs fixes et l'on pouvait mesurer la charge prise, puis abandonnée par eux. En faisant des séries de mesures quand on charge les secteurs fixes successivement -+- et — , on a observé que les débits mesurés sont constamment plus forts quand les secteurs mobiles sont chargés positivement que lorsque leur charge est négative. » Dans certaines séries, les secteurs de micanite étaient entièrement dorés; ils étaient isolés les uns des autres par l'air et le disque d'ébonite sur lesquels ils sont fixés. La dissymétrie entre les débits des deux signes atteint alors aS à 3o pour 100 en faveur des charges positives. » Dans d'autres séries, les secteurs de micanite étaient dorés sur 5'"' de large, l'isolement était dû à la micanite même, à l'ébonite et à l'air. La dissymétrie était alors de tS à 100 pour 100 eu faveur des charges positives. » Enfin, dans certaines conditions, qui n'ont pu être encore exacte- ment précisées, la dorure, après avoir été chargée positivement pendant un certain temps, refuse complètement de se charger négativement; les débits négatifs deviennent nuls. » Ces phénomènes, qui paraissent dus à la pénétration des charges, se C. R., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N» 3.) 20 l54 ACADÉMIE DES SCIENCES. produisent flès les premières mesures effectuées même avec des diélec- triques neufs. Ils paraissent ne se produire qu'à partir de certains voilages, 4ooo volts pour la micanite, beaucoup plus pour l'ébonite. » Lorsqu'on fait des séries de mesures en élevant graduellement le potentiel de charge, les dissymétries augmentent avec ces potentiels et sont toujours en faveur des charges positives; mais, si l'on vient à diminuer ensuite les potentiels, on constate que les dissymétries sont en faveur des charges négatives et du môme ordre de grandeur. » L'étude de ces faits est rendue extrêmement difficile, parce que les phé- nomènes dcpeudeuL en partie de l'étal initial des diélectriques, qu'il est impossible de connaître. » 2" Au cours des vérifications opérées à l'aide de la nappe témoin placée sous les secteurs mobiles, le phénomène suivant a été observé : » Imaginons une lame métallique L, reliée à l'extrémité d'un conduc- teur C sans self-iuduclion et de faible résistance, dont l'autre extrémité est au sol. Plaçons au-dessus de la lame L, supposée horizontale, un svslème asiatique enfermé dans un écran électrique. Si nous venons alors à décharger un condensateur en un point du conducteur C intermédiaire entre L et le sol, le système magnétique placé au-dessus de L recevra une violente impulsion, suivie d'un changement de zéro très notable qui dé- note une véritable démagnétisation des aie;uilles aimantées. » Avec des systèmes très sensibles, les impulsions ont provoqué plusieurs tours complets et le zéro a varié de 180°. » Si la lame L est placée verticalement, en avant ou en arrière du sys- tème asiatique, celui-ci reçoit des impulsions d'un caractère difïérenl. Le système asiatique se comj)orte comme s'il recevait un choc latéral; on ne constate d'ailleurs pas de changement de zéro dans ce second cas. » Si l'on décharge le condensateur sur la ligne C à travers une forte résistance liquide, tous ces phénomènes disparaissent. Ils disparaissent encore si l'on interpose un très large écran électrique, relié au sol, entre la lame et l'écran électrique qui contient le système asiatique. Au contraire, un écran de faibles dimensions par rapport à L, et relié au sol, ou un large écran isolé, sont sans action appréciable. » Enfin, si l'on relie la lame L à un deuxième fil dont l'autre extrémité soit solée et loin de ij, le système asiatique ne reçoit plus aucune impul- sion. Ce dernier fait semble bien démontrer que la lame L doit se trouver à un nœud de vibration ]:)our produire les eflels décrits. » Il semble donc bien que ces phénomènes présentent un caractère SÉANCE DU 21 JUILLET 1902. I^- hertzien. Mais leur action sur ries aimants permanents, protégés par nu écran électrique fermé, paraît pour le moment inexplicable. .. Il semble cependant qu'on puisse déjà en tirer un,, conclusion relative aux expériences de convection électrique. » Dans toutes ces expériences, on charge et décharge brusquement des corps en mouvement; ces mouvements eux-mêmes s'accompagnent de variations assez brusques dans la distribution électrique. Il est vraisem- blable que ces variations et ces décharges donnent lieu à des phénomènes de 1 ordre de celui que je viens de décrire, et ceux-ci pourront agir sur les systèmes magnétiques ou les bobines induites placées au vois^ina-e même à l'intérieur d'écrans électriques. ^ ' >. Il est impossible de tirer, pour le moment, de ces différents faits des conclusions définitives au sujet de l'effet magnétique de la convection électrique. J'ai cru toutefois devoir les signaler dès maintenant à l'atten- tion des expérimentateurs qui ont abordé le sujet. » En particulier, les dissymétries observées dans la charge des couches métalliques déposées sur des diélectriques solides montrent^ombien sont Illusoires les calculs basés sur la capacité géométrique de ces couches, et les coïncidences entre les résultats de pareils calculs et des prévisions théoriques. » ÉLECTRICITÉ. - Sur les phénomènes mécaniques de la .décharge disrupUve. Note de M. Jules Semesov, présentée par M. Lippmann. « Il y a lieu de se demander dans quel état se trouve la matière trans- portée d'un pôle à l'autre, lors d'une décharge électrique? On admet généralement que, lorsqu'une étincelle jaillit entre deux conducteurs, les- particules matérielles sont arrachées de chaque pôle et transportées su'r le pôle opposé. Or, j'ai pu me convaincre que tel n'est pas le cas. Comme les phénomènes qui se produisent sur les deux pôles sont d'espèces diffé- rentes, nous allons les analyser chacun séparément. » Je fais passer la décharge d'une bobine d'induction entre une flamme de gaz et une solution saline renfermée dans un tube de verre de o""°,5 à i-- de diamètre intérieur. Lorsque la solution est placée au pôle né»^- tif, les particules constituant le flux anodique arrivent avec une t^ran'de vitesse sur la surface du liquide qui, sous l'influence de cette chute, y^Wn du tube sous forme d'un jet lumineux. Ce jet, qui peut atteindre plusieurs j56 académie des sciences. millimètres de lonoueur, est doué d'na éclat considérable, fait dont on a, comme on sait, tiré un grand profit pour l'étnde spectroscopique des solu- tions salines. J'ai trouvé que la direction du jet dépend de l'angle forme par le plan de l'orifice du tube avec l'axe de ce dernier. Quand 1 ouver- lure est droite, le jet lumineux du liquide paraît se diriger parallèlement à l'étincelle. Mais si l'on taille en biseau l'extrémité du tube, le jet lumi- neux, tout en conservant sa base au point d'aboutissement de étincelle, s'en écarte d'autant plus que l'angle d'incidence de l'étincelle est plus .rand On peut en conclure que le flux anodique, en se réfléchissant sur îa surface du pôle négatif liquide, entraîne avec lui une partie de la solu- tion saline, sous forme de jet lumineux. L'énergie du flux anod.que sert de la sorte à la production du travail. Il en résulte que la cathode s echauUe beaucoup moins que dans le cas où il n'y a pas ,1e trava.l produit. Et de ce fait le liquide , La réflexion du flux anotiique sur le gaz donne lieu au même phéno- mène que dans le cas des liquides. J'ai déjà signalé, dans une Communica- lion antérieure {'), \e dédoublement de la flamme au pôle négatif, et J ai donné le nom de jejlux cathodique à ce phénomène. On peut le définir comme un entraînement de matière par le flux anodique après sa réflexion sur la cathode. , ,. J'ai observé encore un autre phénomène secondaire, accompagnant la réflexion du flux anodique sur la cathode liquide. Il consiste dans la forma- tion autour de la cathode, d'une nuée de gouttelettes microscopiques volti- ..eant autour de l'étincelle comme la poussière dans un faisceau de rayons Lmineux. Une lame de verre, introduite dans cette région, se recouvre ^l'une buée qui, examinée au microscope, se présente comme une multitude de gouttelettes toutes de même ordre de grandeur (quelques centièmes de millimètre). Le liquide s'évapore très vite, abandonnant sur le verre des cristaux parfaitement bien formés. Quand le liquide faisant office de cathode est une solution de NaCl, on aperçoit, au microscope, sur la lame de verre, des cubes transparents assemblés en anneaux et dessmant ainsi les contours des gouttelettes évaporées; à l'intérieur de ces anneaux se trouvent clairsemés d'autres cubes de plus grandes dimensions, souvent munis de trémies. Il s'ensuit que le liquide, projeté sons forme de pous- (') Coinples rendus, l. CXXXIV, p. 1200. SÉANCE DU 2 1 JUILLET 1902. [5t sière en dehors du tube, n'est pas altéré. La cause du phénomène en ques- tion est donc purement mécanique. On se trouve en présence de quelque chose d'analogue au nuage qui se forme au bas d'une chute d'eau. Lorsque l'ouverture du tube, contenant la solution, est perpendiculaire à l'axe, aucun courant d'air extérieur ne venant troubler le phénomène, la pous- sière liquide se dirige vers le pôle positif. » Les figures T et II représentent le chemin que prennent ces goutte- lettes, suivant les conditions de l'expérience. L'étincelle éclate entre deux tubes de verre remplis de CuCP et disposés horizontalement. Au-dessous de ces tubes, à une distance de quelques millimètres, dans un plan hori- zontal, est placée une lame de mica dont la forme et les dimensions sont indiquées sur les figures. Les extrémités des tubes se trouvent juste au- dessus des points extrêmes du grand diamètre de l'ouverture destinée au passage d'une petite flamme. Lorsque la llamme se trouve en communi- cation avec le pôle négulif (/l'g. II), la poussière liquide se dirige vers le pôle positif, contournant la flamme et déposant des cristaux sur la lame de mica, où elle trace ainsi l'empreinte de son trajet. Sur la figure I, la flamme est positive : les cristaux se déposent à droite et à gauche du pôle négatif, sans manifester de tendance à dépasser la flamme. Avec la solution deNaCl, on voit la courbe correspondant à la disposition de la figure 3 se fermer en ellipse. Les sels lourds tracent des courbes plus ouvertes. » Lorsqu'on fait passer la décharge entre une flamme et une solution saline placée (dans un tube de verre) au pôle positif, l'eau s'évapore très vite et il pousse sur l'orifice du tube un champignon de sel décomposé par l'électrolyse et par la chaleur; des vapeurs métalliques se produisent et la l58 ACADÉMIE DES SCIENCES. flamme se colore faiblement, suivant le sel employé. Mais, si le liquide s'écoule goutte à goutte, l'étincelle jaillit entre la flamme et choque goutte en voie de formation. Dans ce cas, ni l'étincelle ni la flamme ne se colorent jamais, même quand on se sert du i>faCl. Avec le dispositif décrit plus haut, j'ai pu, en analysant les dépôts cristallins sur la lame de mica, constater les faits suivants : si l'on fait passer la décharge entre deux sels différents, par exemple entre une solution de CuSO'' au pôle positif et une solution de NaCl au pôle négatif, il se forme sur le mica un dépôt composé exclu- sivement de cristaux de NaCl, si l'écoulement au pôle positif est constant. Mais, dès qu'on arrête cet écoulement, on voit se déposer, parmi les cris- taux de NaCl, des globules opaques qui communiquent une coloration bleue à une goutte d'ammoniaque. La matière de l'anode même n'est donc transportée que si l'échauffement du pôle positif donne lieu à la produc- tion de vapeurs métalliques. » Ces faits démontrent qu'il n'y a pas d'arrachement de particules du pôle positif et que la matière transportée par l'étincelle vers le pôle négatif provient exclusivement du gaz ou de la vapeur se trouvant au voisinage immédiat du pôle positif. » ÉLECTRICITÉ. — Pholograplue (l'un eclaif multiple. Note de M. Piltsciiikoff, présentée par M. Mascart. « J'ai riionneur de présenter à l'Académie une photographie de l'éclair, faite le ii mai dernier par M. Pedaeff, au nouvel observatoire météorolo- gique de l'Université de Rharkov. » L'intérêt particulier de cette photographie consiste en ce qu'elle représente un éclair multiple avec plusieurs branches qui paraissent être rigoureusement parallèles. Une branche A de l'éclair, d'une longueur d'en- viron 4'''"> traverse la plaque dans la direction horizontale; elle est suivie sur environ 33o"' (comptés on ligne droite) d.ans sa partie gauche par une autre branche B, et dans sa partie droite, sur environ 770", par une nouvelle branche C. Ces deux branches B et C, étant bien parallèles à la -branche A, en gagnant le milieu de la plaque, quittent la branche [)rinci- pale A et tombent au bas de la plaque (au sol) et, ce qui est plus remar- quable, les parties descendantes des branches B et C sont aussi parallèles. » Les branches A, B et d'autres sont linéaires, la branche C est un éclair-bande. SÉANCE DU 21 JUIT.I.ET I902. I Sg » La distance entre les branches A et B et les branches A et C ilans leurs parties parallèles est au moins de lô"; entre les branches B et C, dans leur partie parallèle, la distance est au moins de 22"°. •■> PHYSIQUE . — Sur la biréfringence magnc'tifjut'. Note de M. Quirino 3Iajorana, présentée par M. Mascart. « Voulant rechercher dans un champ magnétique un phénomène ana- logue à celui de Rerr en électrostatique, j'ai entrepris des expériences en faisant agir un champ magnétique sur des solutions particulières de sub- stances magnétiques ; je signalerai d'abord la biréfringence magnétique dans les solutions de chlorure ferreux et de fer dialyse. » Le champ magnétique est produit par un électro-aimant du type Weiss. Les pôles sont garnis d'expansions linéaires avec un entrefer de o™,oo8; la longueur du champ, normalement aux lignes de force, est de o'",07, et l'iiilensité peut atteindre 18000 unités. Une petite cuvette destinée à recevoir le liquide est fermée par des plaques de verre de la meilleure qualité. La source de lumière est une lampe électrique à filament très brillant, ou bien un arc voitaïque. Entre la cuvette et l'analyseur sont placées deux lames de verre qui peuvent être comprimées par des vis et peuvent tourner séparément avec leur monture autour de l'axe optique du système. L'une d'elles, C, convenable- ment comprimée et tournée, compense la biréfringence accidentelle des plaques de la cuvette; l'autre, C, sert à mesurer la biréfringence que l'on étudie, autant du moins que la difTérence de marche reste inférieure à | de longueur d'onde du jaune. Pour des valeurs supérieures, on procède comme il sera indiqué par la suite. » Après avoir introduit le liquide dans la |)elile cuvette, on règle le système des niçois et le compensateur C de façon à obtenir l'obscurité. Si le plan de polarisation est parallèle ou normal aux lignes de force, on ne voit jamais reparaître la lumière en excitant le cliamp. Mais, si ce plan est dans l'azlaïut de 45°, une certaine quantité de lumière reparaît sous l'influence du champ, (|uand le liquide est actif. On peut l'éteindre en comprimant le compensateur C j)arallèlement ou normalement aux lignes de force. Ces deux cas correspondent à la manière dont se comporte, sous l'action du champ, un cristal uniaxe parallèle aux lignes de force, respectivement positif ou négatif. » La solution de chlorure ferreux, de récente pré])aration et peu concentrée, donne souvent une trace de biréfringence positive. Pour 18000 unités, la différence de marche des deux rayons, ordinaire et extraordinaire, est égale à t^ ou ,^„ de lon- gueur d'onde. » Lufer dialyse ou oxyde ferrique colloïdal présente, dans certains cas, des phé- nomènes bien plus marqués. Voici les différents types de ce liquide : » Premier type. — Il donne une biréfringence positive très nette, régulièrement croissante avec le champ. On peut, dans tous les cas, la compenser en comprimant le l6o ACADÉMIE DES SCIENCES. compensateur C parallèlemenl au cliamp. C'est le type le plus commun, et les prépa- rations ordinaires récentes en fournissent très facilement des échantillons. » Deuxième type. — Biréfringence de même ordre, mais plus faible, négative. Ce cas est plutôt rare; je ne l'ai rencontré que dans des échantillons récents de fer Brandis. n Troisième type. — Biréfringence d'abord positive ; elle s'annule pour une certaine valeur du champ (point d'inversion), pour devenir fortement négative avec l'accrois- sement du champ {fer Bravais ou. Erba iiyaiil au moins lo années). » Quatrième type. — Biréfringence faible, ordinairement positive, unie à rotation bimagnétique. Ce type est également assez rare; je ne m'en occuperai pas pour le moment. » Le liquide du premier type, à la densité de i, 002, donne, avec le champ maximum (18000 unités), une biréfringence de o,33À dans le rouge. A oooo ou 6000 unités, le phénomène est inobservable. » Pour le fer Bravais vieux et très actif (troisième Ivpe), le liquide fut dilué à la densité de 1,001, parce qu'il a un grand pouvoir absorbant. A*3ooo unités, la biré- fringence positive est maximum (0,6 X); à 54jo unités, point d'inversion; la biréfrin- gence passe à des valeurs négatives et croit rapidement en valeur absolue. » Le compensateur C ne pouvant plus servir, on le remplace par un spectroscope à la suite de l'analyseur. On observe seulement une partie du spectre d'absorption dans le jaune, car, pour une même valeur du champ, la biréfringence varie avec la couleur. » En augmentant la force du rhamp, l'extinction se reproduit chaque fois que la dilTérence de marche passe par un nombre entier de longueurs d'onde. » De cette manière, on peut faire les observations suivantes: Champ G 5450 8.5oo 1072.5 1807.5 i5ooo 17260 Biréfringence o o X 2}. SX 4X 5X )> Tous les échantillons de fer dialyse que j'ai étudiés rentrent dans ces trois cas; je crois que la variété des phénomènes observés doit être attribuée à l'âge des différents échantillons. Il est certain que, si l'oxyde ferrique colloïdal n'est pas coagulé et est très vieux, il présente des phénomènes d'une netteté et d'une intensité remarquables. » Le phénomène de l'inversion rend l'étude des lois de la biréfringence assez difficile. Si la partie positive est très réduite, on peut vérifier avec une bonne approximation, et moyennant le spectroscope, les lois suivantes: » La biréfringence p est : 1° proportionnelle à l'épaisseur / du liquide normalement aux lignes de force; 2° à la concentration du liquide, ou à l'excès S — I de la densité par rapport à l'eau stn- riuiité; 3" au carré du champ H; 4" en raison inverse du carré de la longueur d'onde >.. D'où la formule SÉANCE DU 2 1 JUILLET 1902. 161 dans laquelle k est une constante et 'Xi, la longueur d'onde de la ligne jaune du sodium. De cette manière, les biréfringences sont rapportées à celles qu'on observerait pour la couleur jaune. Pour le fer Bravais vieux, X- = — 0,0000048. Ce n'est là, du reste, qu'une valeur approchée, à cause du point d'inversion. )) Les mesures effectuées m'ont conduit à ranger parmi les liquides inac- tifs ceux pour lesquels on a, en valeur absolue, k<^n. 10^". » CHIMIE. — Sur le poids atomique du radium. Note de M'"* Curie, présentée par M. Mascart. « En concentrant par cristallisation fractionnée la plus grande partie du baryum radifère qui était à ma disposition, je suis arrivée à obtenir en- viron i'^^ de chlorure de radium parfaitement pur, ce qui m'a permis de faire une détermination de poids atomique du radium. » Il résulte des expériences qui suivent que le poids atomique du radium est 225 ('), avec une incertitude ne dépassant probablement pas une unité, le radium étant considéré comme un élément bivalent. » La méthode employée consiste à doser, à l'état de chlorure d'argent, le chlore contenu dans un poids connu de chlorure de radium anhydre. Comme expériences de contrôle, j'ai déterminé le poids atomique du baryum par la même méthode, dans les mêmes conditions et avec la même quantité de matière. Les nombres trouvés étaient toujours compris entre iS^ et i38. J'ai vu ainsi que cette méthode donne des résultats satis- faisants, même avec une aussi faible quantité de matière, j » Plusieurs déterminations ont été faites avec le chlorure de radium ; après chaque opération, le radium était ramené à l'état de chlorurede la manière suivante. La liqueur contenant, après le dosage, l'azotate de radium et l'azotate d'argent en excès était additionnée d'acide chlorhydrique pur; on séparait le chlorure d'argent par filtration; la liqueur était évaporée à sec plusieurs fois avec un excès d'acide chlorhydrique pur. L'expérience montre qu'on peut ainsi éliminer complètement l'acide azotique. » Les pesées étaient faites sur une balance apériodique Curie, parfaitement réglée, précise au vingtième de milligramme. Cette balance à lecture directe permet de faire des pesées très rapides, ce qui est une condition essentielle pour la pesée des chlorures anhydres de baryum et de radium, qui absorbent lentement de l'eau, malgré la pré- sence de corps desséchants dans la balance. Les matières à peser étaient placées dans ( ' ) En adoptant Cl = 35,4 et A g =: 107,8. G. R., 1902, •• Semasire. (T. CXXW, N- 3.) 21 jQ^ ACADÉMIE PES SCIENCES. un creuset de platine; ce creuset était en usage depuis longtemps, et j'ai vérifié que son poids ne variait pas d'un dixième de milligramme au cours d'une opération. >, Le chlorure hydraté obtenu par cristallisation était chauffé à l'étuve pour être transformé en chlorure anhydre. L'expérience montre que, lorsque le chlorure a été maintenu quelques heures à ioo«, son poids ne varie plus, même lorsqu'on fait monter la température jusqu'à 200° et qu'on l'y maintient pendant quelques heures. Le chlo- rure anhydre ainsi obtenu constitue donc «n corps parfaitement défini, » Dans toutes les mesures, le chlorure était desséché à i5o°. « M. Demarcay a bien voulu examiner le spectre du chlorure de radium soumis à l'analyse et me donner des renseignements précieux sur l'état de pureté de cette sub- et QTj^S ,, Deux séries d'expériences ont été faites. La première série a été faite avec un chlorure de radium que M. Deroarçay considérait comme sensiblement pur, mais dont le spectre présentait cependant encore les trois raies principales du baryum avec une intensité notable. Les nombres obtenus dans quatre opérations successives sont les suivants : 920,7, 233,0, 222,8, aa3,i. „ J'ai entrepris alors une nouvelle purification du produit et je suis arrivée à obte- nir une matière beaucoup plus pure. M. Demarcay pense que ce second produit ne contient qu'une « quantité minime de baryum, incapable d'influer d'une façon appre- » ciable sur le poids atomique ». ,, Yoiej le résultat de trois mesures faites avec ce radium parfaitement pur : 225,3, 225,8, 224,0. » Ces nombres donnent une moyenne de aaS, Je pense que ce nombrç est exact, à une unité près. ), Le chlorure d'argent du dosage était toujours radioractif et lumineux. Je me suis assurée qu'il n'avait pas entraîné de quantité pondérable de radium, en déterminant la quantité d'argent qui y était contenue. J'ai con- staté également que le poids de chlorure de radium régénéré n'avaU pas varié dans les opérations, » La séparation du chlorure de radium a été obtenue par cristallisation fractionnée en liqueur chlorhydrique du chlorure de baryum radifère préa- lablement purifiée avec soin. Quand la concentration en radium est assez grande, les cristaux, d'abord incolores au sein de la solution, deviennent jaunes ou roses quelques hetires après le dépôt. Cette coloration disparaît par la dissolution. Elle semble due à la présence simultanée du baryum et du radium, car les cristaux de chlorure de radium pur ne se colorent pas. On peut se servir de cette observation pour suivre la marche du fraction- nement. SÉANCE DU 21 JUILLET 1902. l63 « Le chlorure de radium pur anhydre est spontanément lumineux. » D'après ses propriétés chimiques, le radium est un élément de la série des alcalinoterreux. Il est, dans cette série, l'homologue supérieur du baryum. » D'après son poids atomique, il vient se placer également, dans le Tableau de MendeleefF, à la suite du baryum dans la colonne des alcalino- terreux et sur la rangée qui contient déjà le thorium et l'uranium, » CHIMIE. — Action (le Vacide chlorhyclrique sur les sulfates de sesquioxyde d'aluminium, de chrome et de fer. Note de M. A. Recodra. « On sait que les sels de sesquioxyde d'aluminium, de chrome et de fer, lorsqu'ils sont dissous dans l'eau, éprouvent, surtout à chaud, une décom- position partielle qui a pour effet de mettre en liberté une partie de l'acide du sel. D'autre part, il est probable, d'après ce que l'on sait sur ces com- posés, que les trois hydroxyles des bases Al(OH)', Cr(OH)' et Fe(OH)' ne sont pas identiques et que certains d'entre eux peuvent même, dans des circonstances déterminées, changer de fonctions, comme M. WyroubofFl'a très bien mis en lumière dans son Mémoire Sur la constitution des composés du chrome (Bull. Soc. chim., 3* série, t. XXVIII, p. 666). )) Dans ces conditions, il était intéressant de rechercher comment se comporter;iieiit les solutions de ces sels, quand on ferait agir sur elles un acide différent de celui du sel et d'une énergie moindre. Ainsi, par exemple, le sulfate de sesquioxyde de chrome dissous abandonnant sous l'action de la chaleur, ainsi que je l'ai montré, une partie de son acide sul- furique, qui devient libre, il était probable que, si ce dédoublement s'opé- rait en présence d'un autre acide, plus faible que l'acide sulfurique, comme l'acide chlorhydrique, et employé en grand excès, le ou les hydroxyles de la base, devenus libres par la séparation de l'acide sulfurique, pourraient fixer une ou plusieurs molécules d'acide chlorhydrique, et donner ainsi naissance à un sel polyacide dans lequel les hydroxyles de la base seraient saturés, les uns par de l'acide sulfurique, les autres par de l'acide chlorhy- drique. » L'expérience a vérifié ces prévisions. Je vais faire connaître aujour- d'hui les premiers résultats que j'ai obtenus en faisant agir, en dissolution et à chaud, l'acide chlorhydrique sur les sulfates d'aluminium, de chrome et de fer. jg^ ACADÉMIE DES SCIENCES. » Avec les sulfalcs d'aluminium et de chrome, j'ai obtenu, suivant mes prévisions, un sel polyacide : A1,S0*,CI,6H = 0 et Cr,S0\Cl,6H-0, tandis qu'avec le sulfate de fer j'ai transformé le sulfate ferrique Fe% 3S0* en un sulfate acide FeS3 S0^S0^H^8H■^0. Je vais d'abord décrire le composé cliromique, qui présente des propriétés fort intéressantes. „ Chlorosulfate de chrome, Cr, S0\CI,6IP0. - On obtient ce composé très facilement de la façon suivante. A 5o«">' d'acide chlorhydrique fumant, porte a 1 ebulli- lion on ajoute 6os de sulfate violet de chrome, qui s'y dissolvent immédiatement en donnant une liqueur verte. On laisse bouillir un quart d'heure, puis on abandonne la liqueur Au bout de quelques jours, elle se transforme en une bouillie crislalhne, qu'on essore aussi complètement que possible et qu'on lave ensuite avec un mélange d'à - cool et d'acétone. Ou obtient ainsi une poudre verte, très soluble dans l'eau, a laquelle l'analyse assigne la composition Cr,SO', Cl, 6H-0 ('). ,, On remarqu.-.ra que l'on retrouve dans ce composé les 6-' d'eau qui existent dans les deux chlorures de chrome, le chlorure vert et le chlorure violet, qui ont tous deux pour compositio,. CrClSôH'^O. Ces 6'"°^ d'eau sont de l'eau de constitution, car, comme je le monlrerai plus loin, le départ d'une seule de ces molécules modifie profondément les propriétés du corps. Il y a lieu de noter que, tandis que le chlorure vert de chrome est soluble dans l'alcool et dans l'acétone, ce composé y est insoluble. J'ajouterai qu'il faut lui attribuer la formule moléculaire CrSO'Cl, et non pas une for- mule double ou triple, ainsi que cela résulte des mesures cryoscopiques exposées plus °T La propriété la plus intéressante de ce corps est la suivante : Le chlore qu'il ren- ferme n'est pas précipitable par l'azotate d'argent, tandis que la totalité de l'acide sulfurique est immédiatement précipitable par le chlorure de baryum. L expé- rience doit être faite de la façon suivante : A une solution étendue (.»°' dans 3o environ) qui vient d'être faite et qui est refroidie à 0° et acidulée avec de l'acide azo- tique on ajoute la quantité équivalente d'azotate d'argent. La liqueur reste parfaite- ment'limpide pendant plus d'un quart d'heure. Elle louchit ensuite et précipite peu a peu Si l'on opère à la température ordinaire et sans addition d'acide azotique, la liqueur commence à précipiter presque aussitôt. Car, comme tous les composés com- plexes du chrome que j'ai décrits, et dans lesquels des radicaux acides sont dissimules, celui-ci est assez rapidement transformé par l'eau. Ainsi, au bout d'un certain temps, la dissolution de ce corps, qui, au début, est verte, vire au violet, et elle n'est plus alors qu'un mélange de chlorure violet et de sulfate violet, comme il est facile de le véri- fier par la cryoscopie. • r , « Chlorosulfate de chrome, Cr,S0SCl,5H'-0. - Le sel précèdent, qui renferme 6-' d'eau, maintenu à une température de 85°, perd peu à peu de l'eau, et Ion cou- (') Trouvé: Cr=:i, SO'r=i,oo3, Cl = i,ooi, H^0 = 5,9D. SÉANCE DU 21 JUILLET 1902. l65 State que, quand il a perdu i™"', sa dissolution très étendue {i"^"^ dans 000^), qui, aupa- ravant, précipitait par le chlorure de baryum, ne précipite plus, toutes choses égales d'ailleurs. Elle ne précipite pas non plus par l'azotate d'argent. Le départ de i""' d'eau a donc eu pour effet de faire entrer l'acide sulfurique dans le radical complexe qui renfermait déjà le chlore et le chrome. Si l'on continue à chauffer, toujours à 85", le composé continue à perdre de l'eau, devient plus difficilement soluble; mais il perd en même temps un peu d'acide chlorhydrique. » Il était intéressant de déterminer l'abaissement du point de congélation des solutions aqueuses de ce composé. On sait, en eflfet, que, tandis que l'abaissement moléculaire dans l'eau des composés non électrolyles est 18, .5, les électrolyles ont tou- jours un abaissement moléculaire beaucoup plus élevé, ce que l'on explique générale- ment par la dissociation partielle en leurs ions, qu'ils éprouvent de la part de l'eau, ce qui a pour effet d'augmenter le nombre des particules actives. Or, le composé actuel ne se prêtant pas aux doubles décompositions, il était à présumer qu'il se comporte- rait comme les non électrolyles. C'est ce que l'expérience a pleinement vérifié. J'ai trouiX' pour l'abaissement moléculaire du composé Cr, SO*, Cl, 5 H- O le nombre 1 8,8, c'est-à-dire l'abaissement des non électrolyles. alors que, dans les mêmes conditions de dilution (1™"' dans 10'), le composé à 6"°' d'eau, qui est dissociable, donne 28,7 et le chlorure vert de clirome CrCI^,6H-0 donne [\0. Il y a lieu de signaler que le com- posé à 5°"°' d'eau se transforme très rapidement, quand il est dissous, en le composé dont l'acide sulfurique est précipitable. Ainsi, au bout de 20 minutes de dissolution, l'abaissement moléculaire s'est déjà relevé à 21,1 et la liqueur précipite partiellement par le chlorure de baryum. Mais, si l'on a poussé la déshydratation plus loin, par exemple si le produit a perdu 2™°' d'eau, sa solution est alors beaucoup plus stable; l'acide sulfurique y est dissimulé pendant beaucoup plus longtemps. Je reviendrai plus tard sur la constitution de ces composés, qui aidera à fixer celle des autres composés complexes du chrome, qui préoccupe actuellement nombre de chimistes. » CHIMIE. — Sur les mixtes formés par le soufre et le phosphore au-dessous de 100°. Noie de M. R. Iîouloucii, présentée par M. Georges Lemoiae. « L'existence des sulfures de phosphore de Berzélius P' S, P-S, P-S'- a été contestée par plusieurs chimistes qui ont considéré ces corps comme de simples mélanges de soufre et de phosphore laissant déposer par refroi- dissement, tantôt du soufre, tantôt du phosphore. » La détermination des lignes de solidification et des lignes de fusion de mélanges à proportions variables de ces deux corps simples permet de définir complètement les mixtes qui peuvent prendre naissance par simple contact au-dessous de 100". » Courbe de solidification. — 1a température de solidification est celle de l'apparition du premier cristal pendant le refroidissement. Comme, en l66 ACADÉMIE DES SCIENCES. opérant en tubes scellés, on ne peut éviter la surfusion, j'ai dû déterminer la température correspondant à la disparition du dernier Cristal pendant le réchauffement. » Si l'on porte en abscisses le rapport du poids du soufre au poids total, et en ordonnées là température de solidification, on obtient les lignes PE, SE, qui se coupent au point E, dont les coordonnées sont 'j (concentra- tion) ^0,228 et 9 = t)°,8. Tout mélange de concentration 5 <^ t, pris à l'état liquide, abandonnera le long de PE des cristaux a isomorphes du phosphore blanc; et tout mélange de concentration * > c abandonnera le long de SE des cristaux p isomorphes du soufre octaédrique. Au point E, dans les deux cas, s'il n'y a i^as surfusion, le liquide restant se prendra en masse, formant un conglomérat de cristaux a et p : le point E est un point d'eutexie. » Mais les cristaux p demeurent facilement en faux équilibre, de telle sorte que l'on peut déterminer des points de la ligne de solidification des cristaux a jusqu'à — 20° et même au delà; ces points se placent sur le prolongement de la ligne PE. Ainsi, à un mélange de concentration donnée correspondent deux points de solidification souvent fort éloignés, relatifs, l'un au véritable équilibre, l'autre au faux équilibre du liquide qui peut donner les cristaux ^. » Courbe de fusion. — Les cristaux ot et [î ne sont pas, comme on l'a pré* tendu, du phosphore et du soufre purs. S'il en était ainsi, un mélange quelconque solidifié contiendrait toujours un peu d'êutectique, et la ligne de fusion (apparition de la première goutte liquide) serait la droite AB passant par le point E et terminée aux deux ordonnées extrêmes. Or l'étude dilatométrique des solides complexes obtenus par refroidissement montre que la ligne de fusion se compose de la partie AB et, en plus, du côté du phosphore, de la ligne PA correspondant aux points de fusion de cris- taux mixtes de phosphore et de soufre, de concentration inférieure à 0,04. » La partie EB de la ligne de fusion a été facilement déterminée, d'une façon un peu grossière, par l'observation directe. Quant à la partie S'B, quelques points ont pu être déterminés par l'observation au microscope , et le point le plus bas par la détermination pondérale des proportions relatives de liquide et de solide dans un mélange de composition donnée. » L'analyse chimique peut difficilement vérifier les résultats précédents pour la ligne PA; mais les analyses si minutieuses de Berzélius fournissent un contrôle précieux pour la ligne S'B, car le sulfure P^S'^ coiislilue des SÉANCE DU 21 JUILLET I902, ,6_ cristaux mixtes non homogènes dont la composition moyenne, donnée par la ligne S'B, correspond bien à la formule précédente. 1 100 » Conclusions : 1° H n'existe pas de sulfure de phosphore, composé défini, formé au-dessous de 100°; « ?° Tl existe des cristaux mixtes de soufre et de phosphore, riches en soufre, isomorphes du soufre octaédrique, qui peuvent demeurer facile- ment en faux équilibre à l'état liquide ; l68 ACADÉMIE DES SCIENCES. » 3° Il existe des cristaux mixtes riches en phosphore, isomorphes de ce corps, et que l'on peut isoler même à très basse température, grâce au faux équilibre des précédents; » 4" Il existe un eutectique, conglomérat des deux espèces de cristaux mixtes, contenant 0,228 de soufre pour 0,772 de phosphore et qui, fondant brusquement et complètement à la température de 9°, 8, simule ainsi un composé défini. » CHIMIE. — Sur la précipitation du chlorure et du bromure cuivriques par l'acide sulfurique. Note de M. Georges Viard, présentée par M. Georges Lemoine. « Un excès d'acide sulfurique concentré donne avec une solution de chlorure ciiivrique un précipité jaune brun de chlorure anhydre, avec une solution de bromure cuivrique un précipité noir de bromure anhydre. Les mêmes précipités se produisent en ajoutant un excès d'acide sulfurique à un sel cuivrique quelconque mélangé soit de chlorure, soit de bromure alcalin (' ). » Chlorure cuis:rique. — L'acide sulfurique, ajouté en grand excès, précipite à l'état de clilorure anhydre la presque totalité du sel dissous en dégageant quelques bulles (HCI) elle mélange s'échauffe fortement. La proportion de chlorure décom- posé est très faible si l'on ajoute l'acide peu à peu pour éviter l'élévation de tempé- rature; il ne reste alors que très peu de cuivre en solution : en versant goutte à goutte 2'°' de SO*H- dans \"'°^ d'une solution de chlorure au -Jj entouré d'eau froide, une fois le précipité déposé, le liquide clair ne contenait plus par gramme que o"'b,65 de cuivre. Aussi cette précipitation par SO*H^ en excès est-elle une réaction assez sensible du chlorure cuivrique : une solution à -^ donne après quelques instants un précipité jaune appréciable. » Quand SO'H^ n'est pas en excès suffisant, c'est le chlorure hydraté vert (CuCI'-l- 2 H^O) qui se précipite; il faut que la liqueur à la température de i5° con- tienne plus de 68,4 pour 100 de son j)oids de SO' H- pour que l'on ait du chlorure anhydre. 1) L'action déshydratante de SO'H^ varie d'ailleurs avec la température et dans le même sens que celle-ci. Aussi, quand on précipite du chlorure cuivrique par SO'H^ en quantité telle que la teneur de cet acide soit inférieure, mais pas de beaucoup, à 68,4 pour 100, on observe, au moment où on le verse, la précipitation de chlorure (') Les Traités d'analyse récents sont muets sur cette réaction; elle avait cependant été signalée sommairement par Graelin (i844) et dans \ Analyse quaUlntive de H. Rose (18.59). SÉANCE DU 21 JUILLET 1902. 169 anhydre jaune, et ce n'est qu'après refroidissement que ce chlorure anhydre se trans- forme en chlorure vert liydraté que l'on peut retransformer en clilorure jaune en chauffant modérément la liqueur. Le passage du sel anhydre au sel hydraté par refroi- dissement de la liqueur après qu'on a versé SO*H^ se fait d'autant plus lentement qu'on est plus près de la limite 68,4- Aussi faut-il abandonner longtemps le mélange à la température de i5° avant de savoir si, dans l'état d'équilibre, c'est le sel jaune ou le sel vert qui persiste. Ainsi, pour un mélange dont la teneur en SO*H- était 68, i, les cristaux, verts ont apparu en petite quantité au-dessus du sel jaune au bout de i jour et ont toujours été en augmentant aux dépens du sel jaune; mais ce n'est qu'au bout de i3 jours que tout était transformé en chlorure hydraté vert. » 11 semblerait donc à première vue que SO*H^ n'attaque pas du tout à froid le chlorure cuivrique, et cela est dit dans les Traités de Gmelin, Dammer, etc. Cette affirmation est trop absolue : il y a une attaque qui s'arrête vraisemblablement quand la teneur du liquide en H Cl atteint une certaine valeur qui dépend de la teneur en SO*H^ et est toujours très faible. Si l'on enlève HCl en faisant barboter de l'air dans le liquide, l'attaque continue jusqu'à destruction complète du chlorure. On peut suivre cette action en faisant passer l'air au sortir du mélange dans AzO'Ag et l'on constate ainsi qu'elle est très lente : pour obtenir la réaction complète d'un mélange de 2'°' de SO'H- avec i""' de chlorure à ^, il a fallu faire passer environ une bulle par seconde pendant une douzaine d'heures. » 11 va sans dire que, pour éliminer HCl au fur et à mesure de sa mise en liberté, au lieu de faire passer de l'air, on peut placer le mélange dans le vide au-dessus de potasse caustique; on arrive également ainsi, en quelques jours, à la décomposition complète du chlorure. » Le chlorure cuivrique est donc, en somme, attaquable à froid, mais faiblement, par SO*H-, et il l'est encore assez peu même à chaud. Si l'on chauffe graduellement la bouillie jaune obtenue en versant un grand excès de SO*H^ dans du chlorure cui- vrique, elle se dissout complètement, en même temps qu'il se dégage quelques bulles de HCl; mais la quantité de chlorure ainsi décomposée est faible si l'on cesse de chauffer aussitôt la dissolution effectuée et, par refroidissement de la liqueur verte, le chlorure non décomposé dissous à chaud se reprécipite. On peut le redissoudre en chauffant à nouveau et répéter ces alternatives de dissolution et de reprécipitation un assez grand nombre de fois avant que le chlorure soit entièrement décomposé. » Le chlorure anhydre, précipité par SO'H-, se présente au microscope en très petits cristaux jaunes. En laissant refroidir lentement la dissolution verte de CuCl- dans SO*H', elle dépose des cristaux arborescents beaucoup plus volumineux, mais assez mal formés. Cette cristallisation du chlorure anhydre dans l'acide sulfurique montre combien est faible, même à chaud, l'attaque par cet acide. » Bromure cuivrique. — Les réactions sont analogues : un excès de SO*H^ préci- pite la solution; mais ce précipité consiste toujours en bromure anhydre noir, et jamais en bromure hydraté; M. Sabatier a, en effet, montré {Comptes rendus, t. CXVllI, p. 980) que ce dernier se forme assez difficilement et est instable. » La réaction est encore plus sensible que pour le chlorure : une solution de CuBr- à yj^ donne, avec un excès de SO*H'^, un abondant précipité noir. » La grande insolubilité du bromure cuivrique dans une liqueur très chargée C. R., KJ02, 2» Semestre. (T. CXXXV, N» 3.) 22 I^O ACADEMIE DES SCIENCES. de SO'H^ permet une précipitation presque complète : en ajoutant à P'°' de CuBr^ à -\ ■2""^ de SO*H-, le liquide incolore qui surmonte le précipité noir est exempt de cuivre et ne contient qu'une quantité inappréciable de HBr. » Le bromure cuivrique est cependant, lui aussi, attaquable à froid par SO'H-, mais avec une extrême lenteur. En recueillant le bromure d'argent précipité d'une solution de AzO'Ag par l'air qui a passé dans le mélange, on voit qu'en supposant la vitesse d'attaque constante, alors qu'elle doit évidemment diminuer, il faudrait faire passer une bulle par seconde pendant environ 1800 heures pour obtenir une décomposition complète. » Même à chaud, l'attaque par SO'H- est très faible : on peut, en chaufTant le pré- cipité noir avec un excès suffisant d'acide, le redissoudre totalement en ne dégageant que peu de HBr; on obtient ainsi une liqueur faiblement colorée en jaune, qui repré- cipite du bromure noir par refroidissement. » Application à l'analyse qualitative. — Ce qui précède fournit une distinction commode des chlorures et des bromtires. Le mieux est de préparer d'avance un mélange de 1^°' de sulfate de cuivre à -^ avec 10™' de SO^H^. En versant sur ce réactif quelques gouttes du sel à reconnaître, on a un précipité jaune si c'est un chlorure, noir si c'est un bromure. On peut ainsi caractériser une solution de RCl à -^ ou de RBr à ^7^. » Ces précipités se produisent également en versant sur ce réactif quelques gouttes d'acide clilorhydrique ou d'acide bromhydrique; ces acides déplacent donc ici l'acide sulfurique du sulfate de cuivre, comme dans les expériences classiques de M. A. Colson (Comptes rendus , t. CXXIV, p. 81 ) où H Cl gaz décompose SO^Cu anhydre. » CHIMIE MINÉRALE. — Élude du siliciure de cérium. Note de M. Stekba, présentée par M. Henri Moissan. « La première indication sur le siliciure de cérium a été donnée par M. Ulik ('), qui a obtenu accidentellement, en électrolysant le fluorure de cérium et de potassium, un corps répondant à la formule Ce- Si. » Nous avions étudié les produits de l'action de l'oxyde de cérium sur le silicium à la température du four électrique de M. Moissan. Des mélanges à différentes proportions des deux corps nous ont donné un corps bien défini et cristallisé répondant à la formule CeSi^, qui se forme toujours lorsqu'on fait réagir l'oxyde de cérium sur le silicium cristallisé. (') Cheinisches Cenlral-Blali, i863, p. io45. SÉANCE DU 21 JUILLET 1902. 17 I » Préparation. — Un mélange intime de 172s d'oxyde de cériuni pur préparé par le jjrocédé indiqué précédemment (') et de 85^, a de silicium pur finement pulvérisé était placé dans une nacelle de graphite, chaufTée, dans un tube de même substance, au four électrique de M. Moissan, avec un courant de 600 ampères et 100 volts : » La réaction commence instantanément; elle est terminée quand la matière est fondue. » Le culot obtenu, séparé mécaniquement et d'une façon aussi complète que possible de la scorie, forme des morceaux fondus et homogènes d'un poids de plusieurs grammes. » Les culots concassés sont traités au bain-marie par une solution de potasse à 5 pour 100 pour enlever le silicium libre. » Toute la niasse est formée de cristaux microscopiques d'une couleur d'acier. Ces cristaux sont purifiés par lévigation et séchés à l'étuve à 100°. » Ces cristaux sont très cassants ; ils donnent une poudre noire dont la densité, prise dans l'eau à 17°, est de 5,67. » Analyse. — L'analvse qualitative nous a indiqué la présence du cérium et du si- licium avec très peu de carborundum et des traces de fer. » L'analvse quantitative a été effectuée de la manière suivante : le siliciure a été traité au bain-marie plusieurs fois par l'acide chlorhydrique et étendu pour insolubi- liser la silice et dissoudre le cérium. La silice a été attaquée par l'acide fluorhydrique et le résidu a été pesé comme carborundum. » Nous avons obtenu les chiffres suivants : I. II. Ce 71,17 70,70 Si 28,97 28,60 » Ces chiffres ont été obtenus avec des siliciures provenant de différentes prépa- rations. La quantité de carborundum variait entre 3,5 pour 100 et 6,64 pour 100. » Ce siliciure de cérium se présente sous forme de cristaux microscopiques opaques, de couleur d'acier : il est insoluble dans l'eau, qui ne l'attaque que très lentement, après plusieurs jours de contact en présence de l'air; insoluble dans les dissolvants organiques. )) L'hydrogène n'agit à aucune température ; le lluor agit à froid avec incandescence ; le chlore, le brome et l'iode agissent également avec incandescence, mais seulement après avoir été chauffés. » L'air et l'oxygène n'agissent pas à froid. Au rouge, l'oxydation se fait avec incan- descence; projeté dans une flamme, le siliciure de cérium donne de brillantes étin- celles. » Le soufre et le sélénium agissent à l'ébullilion avec une légère incandescence; chauffé avec le magnésium dans une atmosphère d'hydrogène, il donne un siliciure de magnésium qui, attaqué par l'acide chlorhydrique, dégage de l'hydrure de silicium spontanément inflammable. (') Comptes rendus, t. CXXIV, p. laSS. Théorie in. IV. pour CeSi', 70,81 71,42 7',>6 28,86 28,67 28,83 172 ACADÉMIE DES SCIENCES. » L'acide chlorhydrique gazeux l'attaque au rouge avec une légère incandescence. » Les acides chlorhydrique et fluorhjdrique en solution l'attaquent et dégagent de l'hydrogène. j) L'hydrogène sulfuré le transforme en sulfure. » La vapeur d'eau est décomposée au rouge. » Les acides minéraux agissent comme les hydracides, en dégageant de l'hy- drogène. » Les solutions d'acides organiques ne réagissent qu'à chaud. » L'hypoazolide n'agit à aucune température. » Les alcalis en solution sont presque sans action; fondus, ils agissent avec incan- descence. » L'ammoniaque n'agit pas ; le gaz ammoniac agit au rouge. » Le siliciure cristallisé fond au four électrique en une masse métallique cristalline ayant l'aspect de l'argent. M Conclusions. — En résumé, nous avons obtenu un siliciure de for- mule Ce Si- différent du siliciure de M. Ulik; la stabilité assez grande de ce corps permet sa préparation facile au four électrique de M. Moissan. » Ses propriétés sont différentes de celles du siliciure de calcium ('); elles le rapprochent des siliciures des métaux lourds. » CHIMIE ORGANIQUE. — Action des alcools sur les dérivés sodés d'autres alcools. Note de M. Marcel Gcerbet, présentée par M. H. Moissan. « Dans plusieurs Communications antérieures (-), j'ai montré que les alcools primaires, chauffés au-dessus de 220" avec leurs dérivés sodés, donnent naissance à d'autres alcools deux fois plus condensés suivant la réaction : C«j£2„^, OH -I- C«H="+' O Na = c="H''«-^' OH + NaOH. )) Il était â prévoir qu'une condensation analogue se produirait entre les alcools et les dérivés sodés d'autres alcools : elle se produit, en effet, comme je vais l'établir, entre les alcools éthylique ou propylique et le dé- rivé sodé de l'alcool œnanthylique; elle peut être formulée : CmH2,«+. OH 4- C"H-"+' ONa = C'"+«H-""+"'+' OH -f- NaOH. (') Moissan et Diltheï, Rechcrclies sur le siliciure de calcium {Comptes rendus, t. CXXXIV, p. 5o3). C) Comptes rendus, t. CXXXII, p. 207; t. CXXXIII, p. 1220. SÉANCE DU 21 JUILLET 1902. 178 » Condensation de V alcool œnanlhylique avec l'alcool èthylique. — Il résulte des recherches de M. de Forcrand (') que tous les alcools primaires dé- gagent une quantité de chaleur à peu près constante en se combinant avec le sodium. Il est donc permis de penser qu'en faisant réagir ce métal sur un mélange des alcools èthylique et œnanthylique, on obtient un mélange des deux alcoolates. Si l'on chauffe un tel mélange en présence des alcools correspondants, la réaction habituelle s'effectuera, et l'on pourra obtenir théoriquement quatre alcools différents; en réalité, on obtient surtout X alcool nonylique normal CH'^O, qui résulte de la condensation de Tcenanthylate de sodium avec l'alcool èthylique : C'H'^ONa + CH' - CH^OH = C'H'' - CH^ — CH^OH + NaOH. )) Remarquons que cette réaction permet de passer d'un alcool pri- maire à son homologue supérieur, plus riche que lui de 2"' de carbone. » On la réalise en chauffant en tubes scellés à 230° un mélange obtenu en dissolvant is, 20 de sodium dans 8b d'alcool œnanthylique et los d'alcool èthylique. On opère exactement comme il est dit pour la préparation de l'alcool dipropylique (^) : il se forme de l'hydrogène, de l'éthylène, de l'acide acétique, de l'acide œnanthylique et des alcools que la distillation fractionnée permet de séparer. » Les alcools mis en réaction restent inaltérés pour la plus grande partie : ils dis- tillent avant 176°; on obtient ensuite, en partant de 200s d'alcool œnanthylique et après quatre rectifications à la colonne Le Bel-Henninger, 4» de liquide distillant entre 175° et 190°, puis 208 entre 190° et 215°. A partir de cette température, le ther- momètre monte très rapidement jusqu'à 2(40°, tandis que quelques gouttes seulement passent à la distillation. Elles sont formées surtout d'alcool diœnanlhylique pC^H^'O. » La fraction igo°-2i5<' est rectifiée de nouveau et l'on sépare enfin 85 d'un alcool Bouillant à 2i2<>-2i4°(corr.), qui présente la composition de Yalcool nonylique nor- mal CH-i'O. Il se solidifie à — 20° et ne fond plus alors qu'à — 10°; sa densité à o» est 0,8891; or l'alcool nonylique normal a pour densité, ào°, o,84i5; solidifié, il fond à — 5", puis entre en ébullition à 2i3'',5( corr. ). » Afin de compléter l'identification, j'ai préparé l'acide correspondant à l'alcool que j'avais obtenu, puis j'ai transformé l'acide en amide. Celui- ci, purifié par cristallisation dans l'alcool, fondait à 90°-92°, alors que l'acide pélargonique provenant de l'alcool nonylique normal fournit un amide qui fond à 92'^-g3°. (') Ann. de Chim. et de Phys.. 6= série, t. II, p. 456. (') Comptes rendus, t. G.VXXIII, p. 1220. 174 ACADÉMIE DES SCIENCES. » C'est donc bien l'alcool nonyliqne normal qui s'est formé dans la condensation de l'alcool éthylique avec l'alcool œnanthylique. » Il y a lien de remarquer que l'élimination de l'eau produite dans cette condensation s'effectue aux dépens de la fonction alcoolique de l'al- cool le plus riche en carbone. » Condensation de T alcool œnanthylique avec V alcool propylique . — L'opé- ration, conduite comme dans le cas précédent et effectuée sur 100''' d'alcool œnanthylique et 260^ d'alcool propylique, a fourni 18* d'un alcool bouil- lant à 22i°-223° (corr.), répondant à la formule C'H-'O. » Cet alcool décyliqne a pris naissance dans la réaction : C H' ^ ONa 4- CH' - CH- - CH- OH = C'H'=- CH(CH^)- CH=OH + NaOH. M II s'est produit simultanément à peu près autant d'alcool dipropylique C"H"'0, que la distillation fractionnée permet de séparer facilement. » Comme nous le verrcms dans la. suite, cet alcool décylique a pour constitution CH^' - (CH-)" - CH (CH^) - CH=OH; c'est le méthyl-%, nonylol-Ç); il est liquide, incolore, huileux; sa densité est, à 0°, 0,8457 ef, à i5°, o,8333. » Son élher acétique, liquide incolore, huileux, à odeur faible de citron, bout à 238°-24o<'; il a pour densité, à 0°, 0,8812 et, à i.5°, 0,8705. » Chauffé à 25o" avecla potasse récemment fondue, cet alcool décylique se transforme on acide correspondant C"H-''0-, qui est liquide, incolore, possède une faible odeur de suif et bout à 26i°-265° (corr.). Sa densité à 0° est 0,9127. L'amide correspondant cristallise dans l'alcool en belles aiguilles prismatiques incolores, groupées en étoiles, fondant à 76°. » Pour établir la constitution de cet acide, je l'ai oxydé avec ménagement par le mélange chromique, et j'ai pu isoler des produits de la réaction une acétone qui donne avec le bisulfite de soude une combinaison cristalline. Elle répond à la formule C H'* O et fournit une semicarbazone qui fond à 118°: ce sont précisément les propriétés de la jnélJiylheptylcétone C'II'^ — GO — CFP décrite dernièrement par M. Thoms ('). 1) Il se produit en même temps, dans l'oxydation de l'acide décylique, les acides carbonique, acétique, œnanthylique et caprylique ; il a donc pour constitution : C^H'^-CH(CH')-CO=H. (') Bericlite d. deulsch. chein. Gesellschaft, 1901. SÉANCE DU 1 JUILLET 1902. 175 On en déduit pour l'alcool correspondant la formule C'ir - CH(CH') - CH^OH, et l'on voit que, dans la réaction qui donne naissance à cet alcool, l'élimi- nation de la molécule d'eau entre les deux alcools générateurs s'effectue aux dépens de l'oxhydryle de l'alcool œnanthylique, c'est-à-dire aux dépens de la fonction alcoolique de l'alcool le plus condensé, comme cela s'était déjà produit dans la formation de l'alcool nonylique normal. » CHIMIE PHYSIQUE. — Élule sur la distillation simultanée de deux substances non miscibles. Note de MM. Eue. Guarabot et J. Rocherolles, présentée par M. A. Haller. « En i863, M. Berthelot (.4nn. de Chim. et de Phys., If série, t. I, p. 384) étudia le phénomène particulièrement intéressant de la distilla- tion des liquides mélangés, et mit eu lumière des faits fondamentaux. Il formula, entre autres conclusions, celles que voici : 1° deux corps bouil- lant simultanément se vaporisent suivant des rapports de poids déterminés par le produit des densités de vapeurs multipliées par leurs tensions actuelles dans les conditions de l'expérience; 2° deux corps n'exerçant aucune action réciproque entrent simultanément en ébullition à la tempé- rature à laquelle la somme de leurs tensions maxima fait équilibre à la pression qui s'exerce à la surface du liquide. Le cas de la distillation de deux liquides non miscibles était ainsi nettement distingué. MM. Isidore Pierre et Puchot (Ann. de Chim. et de Phys., 4* série, t. XXII, p. 356, et t. XXIII, p. 145) en reprirent l'étude en 1871. Plus tard, M. Naumann (/). chem. GeselL, t. X, p. \f\ii) appliqua à la détermination des poids mo- léculaires une formule résumant l'une des conclusions de M. Berthelot (^loc. cit., p. 387) et donnant le rapport entre les poids P et P' de deux substances non miscibles distillant simultanément. Si M et M' sont les poids moléculaires respectifs des deux corps, F et F' leurs tensions de vapeur à la température à laquelle s'effectue la dilatation, on aura P MF P' ~ M'I?' » Étant donnée l'importance industrielle de la distillation avec la vapeur d'eau, nous avons entrepris une série d'études sur cette question. 176 ACADÉMIE DES SCIENCES. Après avoir constaté expérimentalement qu'un accroissement de pression dans un appareil distillatoire peut avoir, dans un grand nombre de cas, pour effet d'augmenter sensiblement le rendement en essence, nous avons été amenés k expliquer ce résultat en étudiant les variations subies par le P rapport p7 lorsqu'on modifie la pression à la surface du liquide, c'est-à-dire lorsqu'on fait varier la température d'ébullition simultanée de l'eau et d'un corps non miscible à l'eau. P » Parmi les diverses substances, il en est pour lesquelles le rapport =55 entre le poids de ces substances et le poids d'eau qui distillent simultanément est inférieur à l'unité; d'autres pour lesquelles ce rapport est supérieur à i. » Examinons séparément ces deux cas. P » 1° Substances pour lesquelles le rapport ^^ est inférieur à l'unité. — Nous citerons quelques exemples : » Le limonène, C'H"', bout à 57°, 5 sous 12"'™ de pression et à 176° sous 760™™. ^ j • t n c P i36 X 12 co . • £:„ P i36 X 760 „, On a donc, a 57°,5, ^ = -^—3-^ = 0,68; et a ,760, - = -^—^ = 0,84. p On voit que le rapport — augmente avec la température. De même, pour le géraniol et Teau, on trouve 0,08 à 110° et o,3i à 230°; pour le linalol et l'eau, 0,19 à 86° et 0,60 à 198°; pour le citronellol et l'eau, 0,11 à 118° et o, 34 à 226°; pour la mé- thylhepténone et l'eau, 0,94 à 84° et 0,97 à 168°. 11 est intéressant de noter que, dans ce p , dernier exemple, la valeur du rapport -py étant déjà très voisine de l'unité )30ur une température de 84°, ce rapport n'augmente que d'une façon insensible, malgré une élévation de température de 84°. Nous nous bornerons à ces exemples pour montrer que le rapport entre le poids d'un corps et le poids d'eau qui distillent simulta- nément croît avec la température lorsqu'il s'agit d'un produit pour lequel ce rap- port est inférieur à l' unité. » Effectivement, nous avons pu vérifier celte loi par l'expérience, en soumettant à la distillation, d'une part sous pression réduite, d'autre part sous pression normale, de l'eau et des substances non miscibles à l'eau. Nous indiquerons, pour fixer les idées, les résultats que nous avons obtenus en opérant avec le linalol et l'eau. Sous 200""" de pression, nous avons recueilli i3s, 2 de linalol pour loos d'eau, tandis que, sous la pression normale, 22s, 3 de linalol ont distillé en même temps que loo? d'eau. P » 2° Substances pour lesquelles le rapport p^ est supérieur à l'unité. — Pour P le pinène, C'H'^, le calcul montre que le rapport -— prend les valeurs suivantes r 3,3o à 0°; 2,49 à 10°; 1 ,95 à 20°; 1 ,66 à 3o°; 1 ,5i à 40"; i ,39 à 5o°; i ,37 à 60°; 1,82 à 70°; i,3o à 80°; i,3o à 100°; i,3o à 120°; 1,29 à i4o°; i, 25 à 160°; i,i4 à 200°. SÉANCE DU 2 1 JUILLET 1902. ij'j » Dans le cas de la benzine, G" H", on trouve : 25 à o"; 12,7 ;i 5o°; 7,7 à 100°; 5,3 à iSo"; 3,9 à 200°; 3,2 à 250°. » Poussons, pour quelques corps, le calcul jusqu'au voisinage de l'état critique. p Dans le cas de l'isopentane, C^H'-, -j^ = 225,6 à 0°; 28,2 à 100", et, enfin, ce rapport prend des valeurs voisines de 10,9 lorsque la température est voisine de 188°, tempé- rature critique de la substance. Pour l'hexane normal, C'H'*, on trouve 46,9 à 0°; II, 5 à 100°, et des valeurs voisines de 5 dans le voisinage de l'état critique qui se ma- nifeste à 235°. Citons encore l'exemple du tétrachlorure de carbone, CCI*, pour lequel P •^ prend les valeurs :6i,7ào''; i4,2à 100", et une valeur voisine de 12 aux environs de 283°, température critique. » On voit que le rapport entre le poids cPiine substance et le poids d'eau f/ui distillent simultanément décroit lorsque la température augmente, s'il s'agit d'un corps pour lequel ce rapport est supérieur à l'unité. » Nous avons soumis cette loi à diverses vérifications expérimentales. L'essence de térébenthine et l'eau, par exemple, ont distillé : sous 210°"° de pression, dans la pro- portion de i23ë d'essence de térébenthine pour i oos d'eau; sous la pression normale, dans la proportion de loas de la première substance pour loo? de la seconde. » Conclusion. — Les deux lois que nous venons de faire connaître peuvent être comprises dans l'énoncé général que voici : Le rapport entre le poids d'un corps non miscible à l'eau et le poids d'eau qui distillent simulta- nément varie dans le sens qui le rapproche de l'unité, lorsque la température croît sans atteindre la température critique de l'une des deux substances. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur un nouveau phénol diiodé . Note de M. P. Bheivans, présentée par M. A. Haller. « J'ai étudié antérieurement ( * ) deux phénols diiodés OH -C°H'P 1.2.4 et 011— C''Hn-i.2.6. La présente Note a pour objet de faire connaître un isomère nouveau, le phénol diiodé, OH — C°H'I- 1 . 3 . 6, que j'ai obtenu en partant de i'orthonitraniline. En mélangeant des solutions de chlorure d'iode et d'orthonitraniline dans l'acide acétique, j'ai préparé Vorthonitraniline monoiodée, CH^AzH^) (AzO=) (I) 1.2.4- Le dérivé diazoïque de ce der- nier corps a été décomposé au moyen de l'iodure de pola.ssium et a fourni (') Comptes rendus, t. CXXXII, p. 83i; t. CXXXIV, p. 357. C. R., 1902, 2- Semestre. (T. CXXXV, N° 3.) 23 178 ACADÉMIE DES SCIENCES. un mtrobenzcne diiodé, C'IP(AzO^) (F) i.3.6. I.a base correspondante, Vaniline diiodée, C"H'(AzH^) (P) i.3.6, a donné, par diazoLalion et décomposition du diazoïque en présence de l'eau, le diiodophénol, OH — C^H'P 1.3.6. Je vais indiquer les modes de production et les propriétés de ces difFérents corps. » I. Orthonitraniline monoiodée G'H^(AzH'') (AzO-) (I) i..i.4- — Elle a été obtenue en versant peu à peu, en agitant, une solution acétique de 23s, 55 de chlorure d'iode (1°'°') dans une dissolution de no' d'orthonitraniline (i™°') et So? d'acide acétique. » La réaction, commencée à froid, est achevée en portant la température vers 80°, I ou 3 heures; il y a dégagement d'acide chlorhydrique et dépôt d'un précipité cristallin. On verse le mélange dans 2' d'eau bouillante, on entraîne au moyen de la vapeur d'eau une partie de l'acide acétique, un peu d'iode et de l'orthonitraniline qui n'ont pas réagi. La solution fournit, en refroidissant, 358 à 368 d'un corps cristallisé en aiguilles jaune orangé. Par recristallisation dans l'alcool chaud, celui-ci s'est déposé en gros prismes, fusibles à 122°; il présente les propriétés de Vorlhonilraniline iodée, C^H^(AzH-) (AzO-) (I) 1 .2.4, déjà obtenue par une voie différente {'). » II. NiTROBENZÈNE DIIODÉ G" IP ( Az 0" ) ( I^ ) 1 . 3 . 6. — Pour transformer l'ortho- nitraniline monoiodée, C'^H^(AzH^) (AzO^) (I) i .2.4, en nitrobenzène diiodé, C*H'(AzO'') (P) I .3.6, je dissous 265,4 d'orthonitraniline iodée dans un mélange froid de 70"""' d'acide acétique, 70"™' d'acide sulfurique et 75™' d'eau. La solution, refroidie à 0°, est additionnée, en agitant au moyen d'une turbine, d'une solution de 75 de nitrite de soude dans 3o"°" d'eau glacée. » L'addition terminée après i heure, j'y ajoute, en refroidissant, une solution de i6s,6 d'iodure de potassium dans So"^""" d'eau ; de l'azote se dégage et il se dépose un pro- duit cristallin, jaune foncé. Le mélange est porté ensuite lentement vers 60°, afin d'achever la réaction. Le précipité total, obtenu après refroidissement et dilution du liquide, est lavé au bisulfite de soude, puis séché. Pour le purifier, je le dissous dans l'alcool chaud et je fais bouillir i heure la solution avec du noir animal. La dissolu- lion, filtrée chaude, abandonne 3o8 d'un corps formé de fines aiguilles, jaunes, fusibles à logo-iio", présentant la composition du nUiobenzène cliiodà C^ii^{k.zO^){\-)\.'iS. Ce dérivé est peu soluble dans l'eau ; il est plus soluble dans l'alcool, l'éther, le chloro- forme, le benzène. » III. Aniline diiodée C^H'(AzII-) (I-) 1 .3.6. — Pour transformer le nitroben- zène diiodé 1.3.6 en aniline diiodée, on mélange à froid i5s de nitrobenzène avec 5Qcin' d'acide chlorhydrique; on ajoute peu à peu 278,5 de protochlorure d'étain et l'on porte le tout vers 50" pendant 2 heures. Après la fîn de la réaction, la base est mise en liberté en additionnant lentement le mélange de lessive de soude étendue. On jette le précipité sur un filtre, on le lave, on le sèche entre deux feuilles de papier à filtrer, on dissout l'aniline dans l'alcool et l'on filtre la solution. La liqueur, concen- trée par distillation, est portée à l'ébullition avec du noir auimal et filtrée de nou- (') MicHAEL et Norton, Deulscli. cliem. GeselL, t. H, p. log. SÉANCE DU 2 1 JUILLET 1902. 179 veau; elle abandonne par refroidissement des ait^uilles incolores, à odeur de naphta- line, fusibles à 88''-89°, possédant la composition d'une aniline diiodée G''H'(AzH-)(l-). C'est l'isomère I.3.6. Cette base distille avec la vapeur d'eau; elle est soluble dans les solvants organiques. Ses solutions s'altèrent à la lumière. » IV. Phénol diiodé OH — CHH- i .3.6. — Pour l'obtenir, je dissous 5s de l'aniline diiodée 1.3.6 dans un mélange tiède de 25''°'' d'acide acétique et de 35™' d'acide sulfurique ; en refroidissant la solution à 0° et en agitant à l'aide d'une turbine, une partie de la base se dépose sous forme d'un précipité très divisé. J'y ajoute is de nitrite de soude pulvérisé, par portions de 08,10. Après i heure d'agitation, le mé- lange est versé lentement sur loo" de glace pilée, puis la température est portée, peu à peu, vers 60°. Je dilue le liquide et je le traite par un courant de vapeur d'eau. Le phénol diiodé distille en aiguilles incolores; le rendement est de plus de 3s. Pour le purifier, je le dissous à chaud dans l'éther de pétrole; la solution fournit des prismes aplatis, fusibles à 99°, présentant la composition d'un phénol diiodé, OU — C'H'I-; c'est l'isomère i.3.6. Ce diiodophénol est un peu soluble dans l'eau, l'éther; il est très soluble dans l'alcool, le chloroforme, l'acide acétique, le benzène, l'éther de pétrole. » Afin de caractériser ce phénol diiodé, j'ai préparé son éthei' acétique, C^IPO^— C/IPI- 1.3.6 en maintenant 2 heures à l'ébullition le diiodophénol avec un excès d'anhydride acétique; après refroidissement, j'ai versé la solution dans l'eau. Le précipité obtenu a été dissous dans l'alcool méthylique; par évaporation, l'éther acétique a cristallisé en prismes allongés, incolores, fusibles à 70°, présentant la composition CH^O'I-. Ce corps est très soluble dans l'alcool méthylique, l'acide acétique, le benzène et l'éther de pétrole. » CHIMIE ORGANIQUE. — Action de l'acide nitreux, en solution acide, sur les éthers ^-celoniques a substitués; synthèse des homologues de l'acide pym- vique. Note de MM. L. Bouveault et 11. Locquin, présentée par M. A. Haller. « On sait, par les travaux de V. Meyer et de ses élèves, que l';icide nitreux, réagissant sur les élhers acétylacétiques a substitués, s'y combine en donnant deux réactions absolument différentes qui peuvent être repré- sentées par les équations (I) et (II) : (I) CH'-CO -CH CO^C-H^ ^ ^ I +Az00H = CH'-C0^H4-R-C-C0=C=H% R 11 AzOH (II) CH' — CO - CH - C0= C= IP -(- AzOOH = CH''- CO - C - R + C0=4- C-H'O. I II R Az OH l8o ACADÉMIE DES SCIENCES. » V. Meyer admet qu'il se forme d'abord un nitrosé vrai CH'-CO\ /AzO susceptible de s'hydrater de deux manières différentes suivant les condi- tions. Mais il n'a établi ni l'existence de ce nilrosé intermédiaire, ni les conditions dans lesquelles il faut se placer pour obtenir à volonté l'un ou l'autre dédoublement. » Dans les expériences de V. Meyer, Zùblin, Wleiigel, Gutknecht, Treadwell et Fùrth, expériences qui se font en liqueur alcaline, aqueuse ou alcoolique, les réactions (I) et (II) prennent naissance simultanément, mais l'on n'obtient la réaction (I) qu'avec des rendements très mauvais; aussi, l'étude des acides a isonitrosés et de leurs éthers est-elle relativement peu avancée. » La réaction (II), au contraire, a été mieux élucidée, d'abord par Wes- tenberger et ensuite par von Pechmann et ses élèves. » Nous nous sommes proposé d'étudier de près le mécanisme de ces mêmes réactions et de déterminer les conditions permettant d'obtenir l'un des deux dédoublements à l'exclusion complète de l'autre. M Nous avons fait réagir l'acide nitreux, non pas en solution alcaline comme nos devanciers, mais en solution acide, et nous avons constaté que, dans ces conditions, cesl toujours la réaction (I) seule qui prend naissance. » Mode opératoire suivi et résultats obtenus. — On peut dissoudre l'éther p-céto- nique dans l'acide chlorliydrique aqueux fumant auquel on ajoute, s'il y a lieu, de l'acide acétique ciistallisable pour favoriser la dissolution. Puis, dans le liquide main- tenu au-dessous de o", on fait tomber goutte à goutte et en agitant une solution con- centrée de nitrite de soude en quantité calculée. Cette addition terminée, on verse sur l'eau glacée, on agite à l'éther, on lave la solution éthérée au carbonate de soude, on évapore l'éther et l'on rectifie le produit dans le vide. » On recueille toujours ainsi un mélange de l'éther glyoxylique substitué et de son oxime. La formation de glyoxylate substitué s'explique, car, dans les conditions expérimentales, l'oxime formée se décompose en chlorhydrate d'hydroxylamine et éther correspondant. » Cette décomposition est totalement évitée si, au lieu d'opérer en solution hydro- chlorhj'drique, on opère dans l'acide sulfurique concentré. Il est alors avantageux de remplacer l'addition de nitrite de soude par celle de cristaux des chambres de plomb (sulfate acide de nitrosyle) préalablement dissous eux-mêmes dans deux fois leur poids d'acide sulfurique. On termine l'opération comme précédemment. Le rendement en éther-oxime est alors intégral. » 11 est à remarquer, en outre, que le doublement a toujours lieu suivant le SÉANCE DU 2r JUILLET 1902. 181 schéiim (1), quelle que soit la condensation moléculaire de l'éther [3-cétonique employé, et que, dès lors, il est pratiquement beaucoup plus avantageux d'employer simple- ment des éthers acétylacétitjites substitués plutôt que des éthers acidylacéli(]ues substitués plus complexes. » Ainsi, en partant de l'éthylcaproylacétate d'éthyle (dont nous avons récemment indiqué la préparation) on obtient la même oxime d'éther glyoxylique qu'en partant de l'éthylacétylacétate d'éthyle; seulement, dans le premier cas, le lavage au carbonate de soude enlève de l'acide caproïque, tandis que, dans le second cas, il enlève de l'acide acétique. Les deux réactions peuvent s'écrire ainsi: C5H'> - CO - Cil - CO^C^ H= I ^ ' AzOOH = C2H^-C— CO^C^fP ' .v-u 11. ou ou CH'-CO-CH-CO^C"-H=| ^"-^^ (CH^COMI. » V oxime de l'étUylglyoxylale d'éthyle (' ) (ou oxime du méthylpyruvate d'éthyle), qui prend ainsi naissance dans les deux cas, bout de i25°à i3o° sous 10™". Elle cristallise en aiguilles blanches solubles dans le pétrole léger en fondant à 58°. » En chauffant à 100°, en tube scellé, cet éther-oxime avec une solution alcoolique d'acide chlorhydrique, on le transforme complètement en mé- thylpyruvate. » On a préparé de la même manière : » 1° En partant de l'iscaraylacétylacétate d'élliyle, Voxiinede l'isoamylglyoxylalc d'éthyle (ou oxime de Tisobutylpyruvate d'éthyle) (CHî)^= CH — (CH^)^— C — C0=G-^H5 AzOH qui est assez visqueuse et bout à 1 14° sous i2™"\ DJ = 0,91 1[\. » L'rtcti^c; co/ve.ç/jo/irfani s'obtient facilement en saponifiant l'éther par la potasse aqueuse. Il fond à 160° en se décomposant. L'élliérification est d'ailleurs aussi aisée que la saponification. Quant à Visoainylglyoxylate d'éthyle lui-même, il bout vers io5° sous iS"™. B 1° En partant de roctyl(secondaire)acétylacélate d'éthyle (ou caprylacélylacétate (') Cette même oxime a déjà été préparée différemment par Lepercq, qui la donne comme fondant à 5i° [fi/. (3), 11, 885]. l82 ACADÉMIE DES SCIENCES. d'éthyle), nous avons obtenu Vojcime de l'octyl{!;econdaire) glyoxylate rJ'àthvIr (ou oxime du méthyl-hexylpyruvate d'éthyle). Elle bout à 177" sous 16""", D,^ =0.9859, et a pour formule CH3-CH-(CIP)5 -CIP AzOH=rt-C02C^JP. » \J acide correspondant, d'aspect stéarineux, fond à 88"-89°. « En un mot, ces réactions sont d'une netteté parfaite. La nitrosation, en liqueur acide, des éthers P-cétoniques a, substitués par un radical quel- conque, primaire ou secondaire, fournit exclusivement, par séparation du radical acide, des oxinies d'éthers glyoxyliques substitués. De là un moyen très commode de préparer un grand nombre d'éthers homologues supé- rieurs des pyruvates. » Nous nous occupons de généraliser cette réaction. » CHIMIE BIOLOGIQUE. — Méthode permettant de séparer, des liquides animaux ou végétaux complexes, la plupart de leurs matières ternaires et plusieurs des bases qui peuvent les accompagner. Note de M. S. Dombrowski, présentée par M. A. Gautier. « Lorsqu'on traite les liquides d'origine animale ou végétale par l'acé- tate neutre de plomb, ce réactif laisse après filtration un certain nombre de corps azotés. On les enlève presque entièrement, comme le fait M. Arm. Gautier ('), par l'acétate neutre de mercure. Après filtration et séparation du mercure ajouté, on trouve dans cette liqueur la plupart des corps ter- naires et quelques rares composés azotés. » C'est cette méthode, qui fait le sujet du présent travail , que j'ai étudiée et perfectionnée au laboratoire de M. A. Gautier, que je remercie. Pour l'appliquer, nous nous sommes adressé à un des liquides les plus com- plexes, les urines normales. )) 100' d'urines normales sont neutralisés par le carbonate de potassium, puis pré- cipités par racétate neutre de plomb. La liqueur, privée de plomb par CO^K^, neu- tralisée, concentrée dans le vide, est reprise par l'alcool à 80° à froid. On obtient ainsi un résidu A et une solution B. » Résidu A. — C'est le moins important. On le traite par l'acétate de plomb pour précipiter une partie des chlorures, puis on fait digérer avec de l'acétate d'argent qui (') Comptes rendus, t. CXXIX, 1899, p. 701. SÉANCE DU 2 1 JUILLET ig02. 1 83 enlève le reste du chlore. Le liquide privé du chlore est traité par l'acétate de Hg en présence de CO-'K^ jusqu'à ce que le précipité qui se forme devienne jaunâtre. Ce précipité contient tous les corps azotés (urates et composés puriques eu particulier) ; dans le filtratum, on ne retrouve plus que quelques matières minérales. » Solution B. — Cette solution est alcoolique distillée dans le vide : le résidu est repris par l'eau et additionné de H'^SO' dilué pour transformer en sulfates les acétates produits dans les réactions précédentes. Les liquides filtrés réunis sont concentrés dans le vide. Le résidu est épuisé à chaud par l'alcool à 8o°. » Dans le cas des urines, cet extrait alcoolique, évaporé dans le vide, est congelé plusieurs fois pour séparer en grande partie l'urée. » On obtient alors des eaux mères que l'on traite en solution aqueuse par l'acétate neutre de mercure en présence de CO'K^ jusqu'à nuance jaune du précipité. On sépare le mercure par H- S, on transforme les acétates en sulfates et l'on concentre dans le vide pour éliminer l'acide acétique. » A son tour, le produit de la concentration est soigneusement extrait par l'alcool à 8o° à chaud. On a ainsi l'extrait alcoolique C contenant les corps des urines so- lubles dans l'alcool après quon a eu séparé par l'acétate de mercure, l'urée, la créatinine, les sels ammoniacaux et d'autres corps azotés, ainsi que la plupart des principes minéraux déjà séparés en grande partie par l'acétate de plomb. » Extrait alcoolique C. — ' On distille cette solution alcoolique dans le vide à consistance de sirop épais, qu'on dissout ensuite dans l'eau. Pendant cette concentra- tion, le distillatum, légèrement coloré en jaune, entraîne des traces d'acides azotique et azoteux. Cette observation nous a conduit à rechercher et à trouver les azotates dans le produit de la concentration. Ces sels se retrouvent, en effet, d'après nos observations, dans toutes les urines normales. » La solution aqueuse du sirop C est traitée par l'hydrate de baryum en solution. Le dépôt est constitué principalement de BaSOS d'hydrate et d'oxychlorure de Mg. » La liqueur contenant les composés barytiques solubles dans l'eau est alcaline et dégage une odeur fade d'aminés. On l'évaporé dans le vide à basse température à consistance sirupeuse, en recueillant les traces des bases volatiles. » Le sirop barytique est malaxé avec un excès d'alcool à gS"; il se forme un pré- cipité poisseux, tandis que l'alcool se charge de matières brunes. » Ainsi, par ce moyen, nous divisons le groupe des composés barytiques solubles dans l'eau en deux sous-groupes : a et (3, l'un soluble, l'autre insoluble dans l'alcool fort à froid. )> Les sous-groupes indiqués sont privés de baryte par l'acide sulfurique dilué et soumis à la dialyse pendant plusieurs jours, en prenant les précautions nécessaires pour éviter toute fermentation. » Les liqueurs dialysées sont réunies et concentrées dans le vide jusqu'à formation de cristaux. On les sépare. Ils constituent, dans le cas des urines, un acide très ana- logue à l'acide hippurique, mais en différant par quelques caractères. Le sirop dont cet acide a été séparé est traité à froid par l'alcool absolu. Ce Irailement donne deux parties : i> Une soluble aa, l'autre insoluble a|3. l84 ACADÉMIE DES SCIENCES. » Partie aa. — Concentrée el abandonnée à une cristallisation spontanée, elle laisse un dépôt cristallin. Nous avons constaté par tous ses caractères qu'il est formé de niannite. » Le sirop, après séparation de la mannite, contient des corps réducteurs, des bases et des composés qui précipitent par l'acétate de cuivre à chaud. » Pour séparer ces derniers corps, on fait digérer le sirop à la température 6o°-70° avec du carbonate de cuivre bien pur et en petit excès. » On filtre à chaud; le filtratum est concentré dans le vide et traité alors par l'alcool absolu qui précipite un dépôt floconneux qu'on sépare par centrifugation. » Les composes cuivriques aa-a solubles dans l^alcool sont plus abondants que la partie insoluble aa-6. Nous ne nous occuperons dans celte élude que des premiers. » La solution de ces composés privée de cuivre contient entre autres des alcaloïdes, des phénols et des corps réducteurs. Ce sirop possède une réaction acide et décom- pose les carbonates. » Extraction des alcaloïdes du sirop ax-a. — On traite ce sirop par un excès d'hydrate de baryum. Les bases mises en liberté sont les unes solubles dans l'éther légèrement alcoolisé, les autres solubles seulement dans l'alcool. On précipite les bases de la solution élhérée à l'état de sels doubles de platine et on les soumet à une cris- tallisation fractionnée. On obtient ainsi deux chloroplatinates. La majeure partie est constituée par du chloroplatinate de cadavérine. , » Le sirop, après extraction par l'éther alcoolisé, est extrait par l'alcool. » Les bases étant accompagnées de corps à fonction phénolique également solubles dans l'alcool, on les sépare à l'état de précipité phosphomolybdique. Le précipité est décomposé par la baryte, qu'on élimine dans un courant de CO'. >) La liqueur concentrée est extraite par l'alcool et les bases transformées en chlor- hydrates. On précipite la solution alcoolique des chlorhydrates des bases par le chlo- rure de platine. On obtient ainsi deux chloroplatinates différents, dont l'un est le chloroplatinate de la base C'H'^AzO^ » Après l'extraction des bases, le sirop primitif aa-a, débarrassé de l'excès de baryte par un courant de CO^, laisse déposer des cristaux d'azotate de baryum, originaire des azotates normaux des urines signalés plus haut. » Après séparation de ce sel, le sirop résiduel est décomposé avec précaution par H'^SO' dilué. On obtient un sirop clair qui rappelle, par ses propriétés, l'acide glycu- ronique, mais ne se confond pas avec lui. » Partie ap. — Elle contient des composés qui, à l'état de combinaisons barytiques, sont solubles dans l'alcool à gS". Après élimination de la baryte et dialyse, ces com- posés précipitent par l'alcool absolu. Us sont facilement solubles dans l'alcool méthy- lique. La solution méthylique abandonnée à l'évaporation à l'air dépose encore de la mannite. » Je me réserve de continuer celte étude. Elle m'a permis jusqu'ici de séparer la presque totalité des composants de l'urine normale à l'état cristallisé. » SÉANCE DU 21 JUILLET 1902. l85 CHIMIE ANIMALE. — Variations de l'iode du sang. Note de MM. E. Gley et P. BouRCET, présentée par M. Arm. Gautier. « Nous aA'ons montré (') que l'iode est un élément normal du sang. Il s'y trouve en quantité très variable, oscillant entre o™'^,oi3 et o™s,ii2 par litre, soit de i à 10. En raison même de ces différences, il ne paraît pas facile de déterminer l'importance des conditions qui peuvent faire varier cette teneur. Nous avons commencé par étudier l'influence de la saignée. Il s'agit, dans ces expériences, de saignées très abondantes, puisque, pour doser l'iode avec une exactitude suffisante dans le sang, il faut opérer sur 5oo""' à 1000""', 5oo""' étant le volume minimum que l'on doive employer. » Toutes nos expériences ont été faites sur des chiens mâles. Ces ani- maux étaient nourris avec une soupe de pain et de viande. Le sang était pris dans une artère fémorale ou dans une carotide. Après la seconde sai- gnée, l'animal était sacrifié par section du bulbe; on enlevait la glande thyroïde et l'on y dosait l'iode. » Nous résumons, sous forme de Tableau, les résultats que nous avons obtenus : Poids Temps des Poids Poids Iode du sang pour 1000. enti'c animaus. de la Iode des les loi's de la ihyroïdc de la animaux. i" saignée ( - ) . 3' saignée. 2 saignées. 2" saignée. fraîche. Poids sec. glande. kg mg lus j 1' c s niu 1 . . 26,700 0 , 098 0 , 00 2 kg 2,625 0'77 I •2 . . . . . . 20,500 3 (') 0,198 2,19 30 2,336 o,8i5 0,264 (') Comptes rendus, 18 juin igoo. (-) Volumes des saignées respectives : Animaux. i™ saignée. 2» saignée. cm-' 1 55o 5oo 2 5oo 55o 3 5oo 5oo 4. .500 5oo 5 5oo 5oo 6 600 1000 7 600 65o 8 700 960 (') Ce chilTre est tout à fait exceptionnel. L'animal ne présentait rien de particulier. Il arrivait de la fourrière; son alimentation antérieure nous était donc inconnue. C. R., ,(,02, 2- Semestre. (T. CXXXV, N» 3.) 24 l86 ACADÉMIE DES SCIENCES. Poids Temps des Poids Poids Iode du sang pour looo. entre minimaux de la Iode des — I — — les lurs de la thyroïde delà animaux. i" saignée. 2' saignée. 2 saignées, j' saignée. fraîche. Poids sec. glande, kg mg mg ' h kg B g mg 3 2i,5oo 0,066 0,029 3 22 2,27 0,700 0,194 k 29 0,098 0,00 3 3,073 o,23( 5 17,600 trace (') trace (') 4 i6,3oo 1,069 0,342 0,628 6 17 0,0275 0,00 16 i3,8oo 1,94 o,.545 0,99 7 20,5oo 0,0678 0,00 i8 19,500 3,72 1.195 2,o46 8 3i 0,0942 0,00 21 28 0,745 0,241 0,528 » Il résulte de ces chiffres que, après une saignée abondante, l'iode du sang diminue rapidement et, au bout de quelques jours, disparaît complè- tement. » La question se pose alors de savoir au bout de combien de temps l'iode peut reparaître. Nos chiens étaient ;ilimentés avec de la viande et du pain, substances qui contiennent très peu d'iode ; en ajoutant du lait à cette alimentation, on verrait sans doute l'iode reparaître plus vite. C'est une recherche à faire. Quoi qu'il en soit, dans nos expériences, après 20 jours, il n'y avait pas encore d'iode dans le sang. » Il est permis de supposer que la glande thyroïde retient fortement tout ce métalloïde. En effet, la teneur des glandes de nos animaux est au moins égale à la teneur moyenne des glandes des chiens de la région parisienne. Cette teneur moyenne est d'environ o^^Zj (moyenne d'une vingtaine de dosages, à la même époque, sur des chiens, dans les mêmes conditions). Si l'on prend la moyenne des huit dosages du Tableau ci- dessus, il vient un chiffre de o™s,723; toutefois on devrait peut-être éliminer du calcul le chiffre de 2'"s,o46 (chien n° 7), qui est exceptionnel; on aurait alors comme moyenne des sept dosages restants o™s, 534, chiffre légèreinent supérieur à la moyenne ordinaire. Il semble donc que la glande non seulement retienne fortement son iode, mais encore s'empare des faibles quantités qu'une alimentation, pauvre en ce corps, fait passer dans le sang. » 4 (') C'est-à-dire (|iiaiUité inférieure à j^ de milligramme. SÉANCE DU -21 JUILLET 1902. 187 CHLMIE ORGANIQUE. — Propriétés pharmacodynamiques de certaines semi- carbazides aromatiques. Note de MM. Auguste Lumière, Louis Lumière et J. Chevkottier, présentée par M. Marey. « On sait que les semicarbazides aromatiques peuvent être représentées par la formule R — AzH — AzH - CO — AzH% dans laquelle R est un radical aromatique monovalent. L'étude de ces corps, au point de vue de leur action physiologique, nous a permis de constater qu'ils sont doués de propriétés antipyrétiques fort intéressantes. » Nos recherches ont porté sur les semicarbazides suivantes : » Pbénylsemicarbazide, C*H' — AzH — AzH — CO — AzH*; » Bromophénylsemicarbazide, G^H*^ « 11 ah r(\ a ui' » Meloxy- et ethoxyphenylseinicarbaziae C'H*N \ h rr\ a w' » Métabenzaminosemicarbazide C*H*\ ... . „ „^ , ,,, ,on" \AzH — AzH — CO — AzH^ (3) » Pour chacun de ces corps, nous avons déterminé la toxicité par les voies intra-veineuse, sous-cutanée et intra-gastrique; l'action sur quelques grandes fonctions : respiration, circulation, calorification, nutrition, puis le pouvoir antivégétatif et antiseptique. Nous avons constaté, en premier heu, que les propriétés éminemment toxiques des hydrazines, d'où dé- rivent ces semicarbazides, sont consitlérablement atténuées par la substi- tution du groupement CO — AzH- à l'un des hydrogènes du groupe AzH- qui termine la chaîne hydrazinique. Nous avons, en outre, remarqué que l'introduction de ces corps dans la circuialiou, dans l'estomac ou dans le tissu cellulaire sous-cutané des animaux fébricitants, s'accompagne, d'une manière constante, d'un abaissement de la température, sans aucun autre phénomène important. » Nous avons donné le nom générique de crjogénines aux substances présentant celle fonction antipyrétique, caractérisée par le groupement AzH — AzH — CO — AzH- lié à un radical aromatique. » Parmi les semicarbazides que nous avons étudiées, la métabenza- minosemicarbazide nous a semblé réunir un ensemble de propriétés (sta- l88 ACADÉMIE DES SCIENCES. bilité, solubilité, facilité de préparation, etc.) qui la placeront sans doute au premier rang des antipyrétiques de cette classe. Aussi résumerons- nous les principales expériences auxquelles cette substance a donné lieu. » Toxicité. — Un lapin de 2''?, 429 reçoit, dans la veine marginale de l'oreille, 3oo'^"' d'une solution à 2 pour 100, soit 26,47 par kilogramme de poids vif. Sa température descend de Sg",! à 33°, 8 et l'animal survit à celte haute dose de ce produit. La respi- ration et la circulation n'ont subi qu'un faible ralentissement pendant l'expérience, qui a duré 2 heures 25 minutes. » Un mois après, le poids de l'animal s'était élevé à 2''§,700. 1) La métabenzaminosemicarbazide a été donnée à des cobayes, par injection sous- cutanée et intra-péritonéale, à des doses croissantes, jusqu'à o5,5o et, par ingestion, jusqu'à 2S par kilogramme d'animal. Tous les animaux ont survécu, ont augmenté de poids par la suite et n'ont présenté, comme phénomène anormal, qu'un abaissement irrégulier de la température. » Circulation, respiration. — On a pris des tracés du pouls, delà pression caroti- dienne et de la respiration sur des chiens, dans la jugulaire desquels on injectait une solution à 2 pour 100 de benzaminosemicarbazide; ces tracés ont montré que le pro- duit, à la dose de is par kilogramme, ne détermine pas de modification sensible dans ces fonctions. » Nutrition. — La nutrition des chiens soumis à l'action du produit administré soit par injection, soit par ingestion, n'a paru subir aucune variation. Donné pendant 10 jours, à la dose de 16 par jour, pour un chien de io''8, le médicament n'amène aucun changement ni dans l'appétit, ni dans la diurèse, ni dans les éléments princi- paux de l'urine. » Pouvoir antiseptique, antivégétatif , antifermentatif et réactions diverses. — La benzaminosemicarbazide ne possède que des propriétés antiseptiques insignifiantes. Le bacille de Loeffler végète dans des solutions à i pour 100 ainsi que l'actinomycose. Les cultures de bacilles suivants,: coli, swè^'/w, Eberth, staphylocoque se déve- loppent enoore dans les solutions à 5 pour 100. » Les digestions diastasique et pancréatique ne sont entravées par la substance qui nous occupe que d'une façon insignifiante. )) Le sang additionné d'une solution de benzaminosemicarbazide ne précipite pas et montre les bandes de l'oxyhémoglobine. >) La solution, saturée du produit, n'est pas irritante; instillée dans l'œil elle ne détermine aucune rougeur de la conjonctive. Les injections intra-musculaire ou sous-cutanée sont bien absorbées et ne s'accompagnent d'aucun accident. » Action antipyrétique. — La propriété antipyrétique caractéristique des semi- carbazides aromatiques se manifeste à un haut degré dans la métabenzaminosemi- carbazide, principalement chez les animaux fébricitants. De nombreux cobayes tuber- culeux, présentant chaque soir des températures atteignant 39°,5 à 4o°, ont reçu des doses de produit variant de os, 01 àos, i par kilogramme d'animal. Sous celte influence, la température a rarement dépassé 38°, 5. L'expérimentation clinique montrera si celte propriété offre la même constance chez l'homme et déterminera les autres pyrexies qui seront justiciables du traitement par les seniicarbazides aromatiques. » SÉANCE DU 21 JUILLET 1902. 189 PHYSIOLOGIE. — Transmission expérimentale aux descendants des lésions développées chez les ascendants. Note (ie MM. A. Charrin, G. Delamare t't Moussu, présentée par M. il'Arsonval. « La transmission des caractères acquis a été souvent discutée; on s'est, par exemple, demandé si des lésions provoquées chez la mère peuvent se reproduire chez le rejeton : fout en laissant à part le point de vue morpho- logique pui-, nous avons réalisé plusieurs séries d'expériences qui parais- sent trancher le débat dans le sens de l'affirmative. » Chez des lapines et des cobayes en gestation, après laparotomie, nous avons aseptiquenient réalisé de très larges délabrements du foie ou des reins. Or, quand, au bout d'un temps suffisant (au minimum une semaine), des femelles ainsi traitées ont mis bas, nous avons observé, chez un bon nombre de leurs descendants nés avant terme ou sacrifiés au moment de la naissance, d'indiscutables lésions des glandes hé- patique ou rénale (congestion, hémorragies, dégénérescence, quelques cylindres, etc.) : l'organe malade était précisément l'homologue du viscère volontairement détérioré chez la mère. » Il était, dès lors, naturel de rechercher l'explication de ces résultats, bien faits pour mettre en évidence la solidarité organique, la possibilité de transmettre, à l'appareil fœtal correspondant, une lare imposée à l'un des appareils maternels. » A cet égard, il est nécessaire de rappeler que, sous l'influence de certains processus morbides, des sucs ou des débris et jusqu'à des cellules entières d'un parenchyme donné passent quelquefois dans la circulation. En dehors des embolies connues de la moelle osseuse ou des néoplasmes, Charrin et Levaditi ont décelé, dans les capillaires du poumon, des cel- lules du foie et du myocarde, tant chez une typhique atteinte de dégéné- rescence aiguë de ces viscères que chez un cobaye intoxiqué par la trypsine; Maximow et, avec lui, divers auteurs ont, du reste, enregistré des consta- tations analogues. D'autre part, si dans une économie déterminée on fait pénétrer des éléments anatomiques ou simplement des parcelles, des extraits de ces éléments, au sein de celte économie se développe bientôt une substance capable de détériorer le tissu qui a fourni ces produits; c'est ainsi, en particulier, que des injections répétées de cellules micro- biennes, hépatiques, rénales ou nerveuses, etc., peuvent faire naître, dans le sang des animaux qui les ont reçues, des composés respectivement IÇ)0 ACADÉMIE DES SCIENCES. microbicides, héjjatotoxiques, néphroloxiques ou neurotoxiques (^'), etc. » Ces considérations conduisent à se demander si des lésions viscérales réalisées chez une mère ne provoquent pas, en quelque sorte par de véri- tables auto-injeclions du parenchyme compromis, la formation de la cyto- lysine qui correspond à ce parenchyme et ne retentissent pas à l'aide de cette cytolysine sur l'organe homologue du fœtus. Pour vérifier cette hypothèse, nous avons tenté d'obtenir, en engendrant des cytotoxines maternelles, des altérations localisées chez le rejeton sur le viscère en rapport avec la variété de ces cytotoxines expérimentalement formée. » Dans ce but, à une série de femelles pleines (chèvre, chiennes, lapines), par voie sous-culanée ou rarement intra-veineuse, nous avons, à plusieurs rejjrises, administré des extraits de foie ou de rein frais empruntés à des animaux habituellement d'espèce semblable. Or, assez fréquemment, quand, huit jours au moins après la dernière de ces injections, ces femelles ont mis bas, nous avons constaté que les détériorations portaient avant tout, suivant qu'on avait utilisé des éléments hépatiques ou rénaux, sur la glande biliaire ou urinaire des nouveau-nés ( ^). Nous avons même, non sans quelque succès, déterminé des dyscrasies hématiques fœtales, en faisant pénétrer du sang défibriné sous la peau des génératrices. )) De l'ensemble de ces recherches se dégagent plusieurs conclusions. (') Ces poisons cellulaires se forment plus aisément lorsqu'on introduit, chez un sujet, des principes provenant d'un animal d'une autre espèce (hétérotoxines); néan- moins, ils se développent, quoique plus discrètement, quand on ne change pas d'es- pèce (isolysines), et leur activité se maintient même si l'on soumet (donnée dans notre cas indispensable) des rejetons à l'influence de cytolysines élaborées chez leurs ascendants. La discussion porte sur les propriétés des autocytotoxines; nos expé- rient;es tendent à prouver que l'action de ces corps est inconstante et dépend de l'état des viscères : d'ailleurs, cette question n'intéresse pas directement l*objet de nos recherches. (2) Nos expériences établissent que le placenta est perméable à ces cytotoxines; indispensable dans l'espèce, cette perméabiiilc ne pouvait être admise a priori, puisque certains albuminoides sont retenus. — Ces expériences montrent aussi que la localisation de ces lésions n'est pas toujours absolue, exclusive; la glande biliaire, en particulier, est parfois modifiée en dehors de la mise en jeu de l'hépatoloxine, qui semble être la plus active de ces cylolysines. Il est vrai que le rôle antitoxique de cette glande biliaire, joint à la disposition de la circulation intra-utérine qui lui im- pose le premier choc des poisons maternels, explique peut-être en partie cette prédo- minance hépatique. Quoi qu'il en soit, les eiTets obtenus sont variés, car on enregistre même des échecs complets; cette variété dépend, du reste, de causes multiples (insuffisance des doses, des survies, des lésions réalisées; défaut de résorption, de réaction, etc.). SEANCE DU 21 JUILLET 1902. 191 En premier lieu , des caractères acquis par la mère peuvent être transmis aux descendants. En second lieu, cette transmission, cette action élective à distance, cette induction vitale, cette influence d'un organe d'ascendant sur l'organe homologue du rejeton s'exercent grâce à des substances so- lubles ('). En troisième lieu, ces résultats expliquent la répercussion de génération en génération de certaines dystrophies congénitnles qui font que dans telle famille le foie est débile, tandis que dans telle autre cette débilité porte sur le rein, etc. » PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Sur l'évoliuion de la rondelle crânienne délaclièe par le trépan et immédiatement réimplantée. Note de MM. V. CoR\iL et Pacl Coudray, présentée par M. Roux. « On croyait autrefois, et cette opinion est encore affirmée par quelques travaux assez récents (Ollier, Mossé, A. Sclimitt ), que la rondelle crânienne détachée par le trépan et réimplantée ne tardait pas à faire corps avec l'os voisin et continuait à vivre au même titre que cet os lui-même. A l'œil nu, en effet, il est facile de constater celte soudure, qui, dans les expé- riences, semble complète au bout d'un mois environ; mais l'étude histo- logique établit, d'une façon certaine, que le tissu osseux de la rondelle est résorbé et remplacé progressivement par de l'os nouveau. » Cette disparition progressive de la rondelle a été annoncée d'une ma- nière générale par A. Barth (de Marburg). (') Nos travaux étendent encore le rôle sans cesse croissant des produits solubles d'origine cellulaire; déjà, en pareille matière, dans ces phénomènes dits héréditaires, Gharrin et Gley ont mis en lumière l'intervention, en général moins étroitement spé- cifique, des sécrétions bactériennes. Toutefois, en dépit de l'importance de ces produits solubles, ces processus sont trop complexes pour admettre un unique mécanisme. Ajoutons qu'en dehors de nos conclusions il est aisé d'entrevoir la portée de nos re- cherches. Aussi poursuivons-nous dans la même voie une série d'expériences; les unes tendent à préciser la part des éléments mâle et femelle dans l'hérédité, que nous envi- sageons également chez les ovipares, dont l'œuf, impressionné dès le début par les cytotoxines, échappe ensuite aux influences maternelles directes; les autres visent certaines modifications indûment réputées héréditaires. En outre, avec M. Leri, en injectant des doses minimes, uniquement capables de troubler le fonctionnement des appareils sans les altérer visiblement, nous nous efTorçons de provoquer des localisa- tions des agents morbifiques, de créer des prédispositions, des lieux de moindre ré- sistance. ig2 ACADÉMIE DES SCIENCES. » Nos expériences onl porté, comme celles de A. Barlh, surtout sur des chiens et sur des lapins. Chez le chien, nous avons examiné le processus de réparation depuis 3 jours jusqu'à 6 mois. Les rondelles du trépan avaient un diamètre de 7"'°, et le péricràne élait détaché par la rugine. » Déjà, au bout de 3 Jours, les éléments vivants de la rondelle dégénèrent : les noyaux cellulaires, tant dans la moelle que dans les canaux de Ilavers, ne se colorent plus ou presque plus, et ils sont atrophiés; il en est de même des noyaux contenus dans les ostéoplasles. Inversement, sur le bord de l'os récepteur, s'ébauche un travail de réparation. Là, les cavités médullaires renferment, outre de nombreux globules blancs, des cellules de tissu conjonctif liyperlrophiées et multipliées. Ce processus de réparation est évident le quatrième jour et consiste dans la néoformation de cel- lules de tissu conjonctif au contact de la dure-mère el à ses dépens. » Un peu plus lard, au septième jour, les parcelles osseuses traumatisées par le trépan : bords de l'os récepteur, petits fragments microscopiques, sont entourées d'os- téoblastes et de tissu conjonctif, tandis qu'au contact de la dure-mère il existe déjà une couche osléoïde nouvelle. Sous le péricràne, on trouve aussi un tissu conjonctif enflammé riche en cellules. » Au huitième jour, le néo-tissu conjonctif est complet, avec ses vaisseaux capil- laires larges, parfois dilatés, et remplis de sang. Entre la dure-mère et Vos récepteur, ce tissu conjonctif forme des bourgeons fibro-vasculaires qui pénètrent dans les cavités de ce dernier os en produisant des lacunes festonnées. Ce fait est surtout appréciable à la partie profonde du sillon où ce tissu conjonctif creuse des aréoles dans l'os en forme de petites lacunes de Howship, avec des cellules géantes à 5, 6 ou 7 noyaux. Ce tissu conjonctif avec des cellules géantes (myéloplaxes) existe non seulement en ce point, mais entre les petits fragments d'os et aussi sous le péricràne. » Au douzième jour, on voit également, à la partie profonde de la rondelle, des lacunes osseuses comblées par du tissu conjonctif. De même, à la surface de la ron- delle comme dans son voisinage immédiat sous le péricràne, on constate un grand nombre de lacunes de Howship, creusées par les vaisseaux et le tissu conjonctif. » Nous insistons sur l'existence de ces lacunes el de ces cellules géantes. Ainsi que Barlh l'a indiqué, ces cellules géantes n'existent pas dans toutes les préparations, mais leur absence dans quelques points ne nous semble pas suffisante pour invoquer un mécanisme spécial el exceptionnel de résorption, les cellules du tissu conjonctif pouvant suppléer les cellules géantes dans cette fonction. » Au dix-huitième jour, chez le chien, nous retrouvons encore les lacunes de Howship sur les bords de l'os récepteur et à la surface de la rondelle, ainsi que des cellules géantes. A celle époque, la néoformation osseuse est très avancée. Le sillon qui sépare la rondelle de l'os récepteur est encore fibreux, mais l'os dure-mérien est très étendu et organisé ; les petits fragments osseux sont envahis par un tissu osléoïde nouveau. Dans ce tissu, comme dans l'os dure-mérien, les ostéoplasles sont gros, avec des cellules volumineuses. » Au bout de vingt-six jours, la réparation osseuse est presque complète. Au centre de la rondelle, de chaque côté du trou de la tige du trépan, existe un tissu SÉANCE DU 21 JUILLET 1902. igS osléoïde nouveau qui se dirige latéralement en éventail pour rejoindre le tissu ostéoïde du sillon, tandis que l'os dure-mérien s'étend, ainsi que l'os sous-épicrànien. La résorption du tissu osseux ancien continue à se faire; on retrouve encore les lacunes de Howship et les cellules géantes dans les points indiqués précédemment. M La résorption de la rondelle n'est cependant pas encore achevée au bout de trois mois; mais il n'en reste plus qu'un minime fragment, entouré de fibres musculaires qui ont conservé à peu près leur structure normale. Il est à noter que les fibres musculaires, dans beaucoup de cas, s'enfoncent dans le sillon à une profondeur plus ou moins grande. Les bords de ce qui reste de la rondelle présentent de petites échancrures ou lacunes de Howship. Les ostéoplastes sont vides, quelques-uns sont agrandis. » Au bout de six mois, la place de la rondelle est indiquée par une zone musculaire avec une dépression centrale superficielle, indice d'une atro- phie osseuse au niveau de l'ancienne rondelle; on est en face d'un os nouveau, présentant un système complet d'irrigation. Des canaux de Havers, étroits, partent de la surface et renferment des vaisseaux prove- nant du péricràne nouveau. Ces vaisseaux se continuent avec ceux de la dure-mère, qui reste adhérente au niveau de cette cicatrice osseuse. » Partout on trouve de l'os nouveau, avec des ostéoplasies et de petites cellules osseuses. » MÉDECINE. — Les moustiques et la fièvre jaune à la Havane. Note de M. André PoiÉY. (Extrait.) « Aux recherches qui ont été faites et publiées à la Havane et aux États- Unis sur la fièvre jaune, j'ai cru devoir ajouter quelques remarques géné- rales au double point de vue de l'hygiène publique et de la colonisation, qui sont l'objet des plus vives préoccupations de M. Estrada Palma, Prési- dent de la République de Cuba. » Un laboratoire d'expériences et d'inoculations a été créé sous la direc- tion d'un médecin distingué, M. Jean Guiteras. professeur de pathologie générale et en particulier de pathologie intertropicale à l'Université. » Se basant sur ses études sur les moustiques, le D'' Guiteras avait pu prévoir que, dans le court espace de cinq années, l'épidémie annuelle de fièvre jaune disparaîtrait complètement à la Havane. Aujourd'hui sa pro- phétie paraît être en pleine voie d'accomplissement. En même temps, il confirmait la théorie émise en 1880 par le D' Ch. Finlay sur la transmission G. R., 1902, 2- Semestre. (T. CXXXV, N" 3 ) 194 ACADÉMIE DES SCIENCES. de la fièvre jaune par le moustique, ayant pratiqué des inoculations dès l'année suivante. » Au mois (le février 1901, un système prophylactique fut établi à la Havane, d'après la doctrine de Finlay, alors que l'épidémie de 1900 était terminée et pendant l'été de cette dernière année elle disparaissait complè- tement, car on n'enregistra que cinq décès dans toute la Havane. Depuis le 28 septembre 1901 jusqu'au 19 jma dernier, m'écrit le D"" Guiteras « il » n'y a pas eu un seul cas de fièvre jaune à la Havane ». On doit encore tenir compte que l'épidémie annuelle débute précisément au mois de juin, en dehors des cas sporadiques. C'était la première fois qu'un fait aussi remarquable était observé à la Havane. » On n'est pas exactement fixé sur le nom du Culicide cubain qui pro- page la fièvre jaune. Le D"^ Guiteras, dit Finlay, l'appela Culex mosquito, croyant le reconnaître dans l'espèce décrite par Robineau-Desvoidy. La Commission de l'armée des États-Unis adopta le nom de Culex fasciatus, de Fabricius. Meigen a proposé celui de Culex taeniatus. La meilleure des- cription serait celle de Ficalbi, qui le nomma Culex elegans. D'après Theo- bald, le moustique cubain, producteur de la fièvre jaune, serait \eStegomyia fasciata. » I/identité zoologique du moustique de la fièvre jaune offre une cer- taine importance dans ce sens qu'il n'existe à la Havane, par bonheur, qu'une seule espèce infectieuse. Le Stegomyia fasciata présente une autre particularité : c'est qu'il est un moustique diurne, et non pas nocturne, comme on croit à l'étranger, et comme l'est le moustique du paludisme et de la filariose. C'est un moustique aux ailes courtes et débiles, de peu d'envolée, sédentaire dans les maisons où il prend naissance et où il habite de préférence, de sorte que sa propagation est très limitée. » Dans une désinfection faiteà l'hôpital de « Las Animas », sur 32o mous- tiques de différentes espèces, la plupart des pungens, le D"" Guiteras ne trouva que neuf individus du genre Stegomyia. » Le D'^ Guiteras se pose la question de savoir quel usage le Moustique peut faire du sang humain qu'il suce. Il doute que ce sang puisse servir à sa nutrition, attendu que le mâle ne suce jamais le sang, et que les deux sexes peuvent vivre indéfiniment sans ingérer une goutte de sang. Quoi qu'il en soit, la femelle ne pond qu'après quelle a piqué. » La durée normale de la vie du moustique ollre également un grand intérêt au point de vue médical, car elle nous fournit l'étendue du temps pendant lequel ce Diptère peut propager la maladie dont il est infecté. Dans SÉANCE DU 2 1 JUILLET 1902. I()5 les conditions artificielles de nos laboratoires, dit le D"" Guiteras, lés Culi- cides vivent en moyenne de 3o à 4» jours, et fréquemment encore plus, mais ce savant les a fait vivre jusqu'à 112 jours. )) Une première Commission de l'Armée américaine, composée de MM. W. Reed, J. Carroll, A. Agramonte, et J.-W. Lazear, à la suite de remarquables expériences, à l'appui de la théorie de Finlay, a pu fixer l'espace de temps écoulé entre le moment de la piqûre infectieuse et la transmission de la fièvre jaune, qui fut de 12 à 17 jours, dans 34 cas. On trouva, en outre, que la fièvre jaune est également transmise par l'inocu- lation directe du sang provenant des malades. » Ceci me suggère l'idée de la présence d'hématozoaires dans cette endémie, comme dans le paludisme, qui, du reste, offre les plus grands rapports avec la fièvre jaune. » Le D'' Guiteras observe que l'infection du moustique n'affecte ni son existence, ni la durée de sa vie. » Il est démontré que le paludisme est dû au développement des héma- tozoaires de Laveran (1880), et que le moustique en est l'agent propaga- teur. Il est encore démontré depuis Patrick Manson, en 1884, que Ia fila- n'ose est également transmise par le moustique. Mais chaque jour on apprend de nouveaux méfaits de ce diptère, au nombre desquels le D"^ R. Blanchard comprend la iépre, V éléphanliasis et toutes sortes de maladies filariennes. » Toute découverte scientifique a des antécédents de priorité remontant souvent à des siècles passés, qui sont les meilleurs gages de la certitude des nouvelles théories émises. C'est ainsi qu'en 1848 Josiah Nott, de Mobile (Alabama), émettait l'opinion que les moustiques inoculent le paludisme et la fièvre jaune. En i855, La Roche attirait l'attention sur l'épidémie meurtrière de fièvre jaune à Philadelphie, en 1797, pendant laquelle l'affluence des moustiques fut tellement considérable, qu'on ne l'avait jamais observée. Finlay rapporte, d'après les anciennes chroniques, que la présence des moustiques est signalée dans tous les foyers actuels de fièvre jaune. On peut ajouter qu'il en est de même quant au paludisme. » PHYSIOLOGIE. — L'élahoralion du zymogène dans les glandes gastriques de la vipère Berus. Note de M. L. Launot, présentée par M. Edmond Perrier. w Les glandes gastriques de la vipère appartiennent au type muco- peptique de Renault; dans celte Note, j'ai laissé volontairement de côté les 1^6 ACADÉMIE DES SCIENCES. cellules muqueuses situées à la partie antérieure du tube glandulaire, pour ne considérer que les cellules granuleuses du fond. Cette étude a été faite sur des cellules à l'état de repos et des celiides soumises à une sécrétion expérimentale par injection à l'animal de chlorhydrate de pilocarpine. » 1° Les cellules granuleuses chez l'embryon. — Au moiiienl de la naissance, les cellules du fond sont quadrangulaires, basses, à noyau volumineux occupant la moitié, quelquefois les deux tiers du corps cellulaire; ce noyau est sphérique ou ellipsoïdal, tangent à la basale par une large surface dans le premier cas, par un sommet de l'ellipse dans le second, le grand axe de celle-ci étant parallèle à l'axe vertical de la cellule ou formant avec lui un angle très aigu, rarement on observe des noyaux ellip- tiques reposant sur leur grand axe. A l'examen de préparations fixées au HgCI'' acé- tique et colorées par l'hématoxyline au fer suivie du mélange de Benda ou du vert lumière, on trouve des noyaux, d'ailleurs en petit nombre, englobés dans une couronne d'ergastoplasme, ce sont là des noyaux en stade d'élaboration que caractérisent encore un nucléole entouré d'un halo clair à la périphérie duquel sont de fines granulations sidérophiles, isolées ou en plages, des masses de chromatineet un réseau chromatique fragmenté. Sur les mêmes préparations dans le noyau à l'état de repos absolu, le nucléole central ou périphérique contigu au réseau se laisse facilement définir des gra- nulations nodales ou intra-caryoplasmiques. Le cytoplasme présente deux sortes de granulations : les unes petites, serrées, remplissent à peu près totalement la cellule, elles prennent les colorants plasmaliques; les secondes, beaucoup plus volumineuses, peu nombreuses, réparties à l'extrémité distale de la cellule en deux ou trois lignes horizon- tales séparées les unes des autres par une bande étroite d'hyaloplasme, fixent avec intensité les colorants nucléaires. Le meilleur moyen de diflférencier ces granulations consiste à surcolorer les coupes par le bleu de Unna, on décolore progressivement par une solution d'alcool-gaïacol. Dans la cellule ainsi traitée, la membrane nucléaire, l'ergasloplasme, les graines de chroraatine el le nucléole ont une coloration bleu violet; les granulations cytoplasmiques ont une coloration verte, cette métachromasie est caractéristique des grains de zymogène. » 2° Les cellules granuleuses chez l'adulte (après un jeûne prolongé, sep- tembre igoi-mai 1902). — Ici les cellules sont hautes, les deux épithéliums du tube glandulaire, presque en contact, ne laissent entre eux qu'une lumière très étroite; sur des préparations fixées au lindsay et colorées au magenta-lichtgrun, on distingue dans la cellule granuleuse trois parties. Tout contre la lumière, prêtes à être évacuées, sont deux ou trois rangées de petites granulations colorées parle lichlgriin, immédia- tement au-dessous d'elles, une zone claire homogène ou très finement granuleuse et enfin la zone nucléaire. Pour intéressante que soit la constitution du noyau, je ne dé- crirai ici que les granulations péri-nucléaires, qui surtout sont importantes; elles sont en très grand nombre, concentriques au pôle supérieur du noyau, quelquefois appli- quées contre la membrane nucléaire, le plus généralement séparées d'elles par un espace clair sans éléments figurés, chaque granulation est séparée du cytoplasme par un petit cercle hyalin, incolore; ces granulations sont colorées par le rouge magenta, la safranine, l'hématoxyline au fer ; elles donnent les réactions de la nucléine et, comme SÉANCE DU 2i JUILLET 1902. 197 les granulations décrites dans les cellules gastriques de l'embryon, donnent avecle bleu de Unna la métachromasie spéciale. » Il est hors de doute que ces granulations à zvmogène ont une origine nucléaire; leur mode d'expulsion du noyau dans le cytoplasme semble assez complexe et sans doute dû au jeu de forces physiques; jamais je n'ai pu mettre en évidence une solution de continuité dans la membrane nucléaire, ni létranglement des expansions tubulées que l'on rencontre quelquefois et qui renferment un grain de cliromatine; il est assez probable que l'on a affaire dans ce cas à un noyau altéré. » 3° Les cellules granuleuses après injection de pilocarpine. — (o''s,o4, l'animal a été sacrifié un quart d'heure après l'injection). La cellule est gonflée, le noyau a subi un léger mouvement d'antéro-pulsion, les granulations à zymogéne sont à peu près complètement disparues, le cyloplasme ne renferme que des granulations prenant les colorants plasmatiques. » Le zymogéne a été transformé en ferment soluble. » En résumé, il faut conclure de ce fait : » 1° La formation des grains de zymogéne dans les cellules gastriques de la vipère est complètement indépendante de toute action réflexe (selon le sens de Pawlow) ou mécanique, et a lieu même lorsque le tube digestif a été laissé dans un état de repos absolu par privation prolongée d'aliments; » 2° L'élaboration des grains de zymogéne est endonucléaire ; M 3° La tranformation du zymogéne en ferment s'accomplit dans le cytoplasme, cette transformation est seule fonction des actions réflexes, mécaniques, des excitants physiques ou chimiques agissant sur la cellule. » EMBRYOGÉNIE. — Sur la parthénogenèse arlijicielle. Noie de M. C. Vicuier, présentée par M. Edmond Perrier. « Maintenant que la question est définitivement posée sur son vrai ter- rain, et qu'on ne parle plus de fécondation (^fertilisation) artificielle, il est intéressant d'examiner les causes actuellement connues qui peuvent déter- miner le développement, ou un commencement de développement, d'oeufs qui, spontanément, ne se développeraient pas. Les principales sont : » 1° Les variations de température auxquelles on expose les œufs pondus; » 2° Les excitations mécaniques, et principalement l'agitation; » 3° Le traitement par des solutions diverses, que l'on suppose agir soil par réactions chimiques, soit par variation de la pression osmotique, ou même par action cataly tique; » 4° ^'^ que l'on a considéré jusqu'ici comme des fécondations croisées, ig8 ACADÉMIE DES SCIENCES. tout en constatant que l'hybridation est exceptionnelle, même entre Oursins, et que la plupart des larves ont un caractère purement maternel (Boveri, Seeliger, Driesch, Morgan, Vernon, ce dernier croyant qu'il y a toujours quelques vestiges d'hybridation) et que le croisement entre Oursins et Astéries n'existe jamais, les débuts de segmentation, parfois observés snr les œufs ainsi traités, devant être attribués à la parthénoge- nèse (von Diingerii, Mathews). » Sans entrer dans la discussion, je veux seulement ici prendre date pour mes observations. » 1° A. Uélévation de température n'a aucune action sur les œufs pondus. Greeley (^Am. ./. o/P/iy.v., t. \'I, p. 3o4) l'a constaté après moi (Comptes rendus, lojuin 1901) bien que ce soit, ainsi que le montre ma Note du 7 juillet 1902, la cause la plus nette que nous puissions reconnaître, quand elle agit sur l'œuf encore dans l'organisme ma- ternel, pendant sa maturation. » B. Le refroidissement pendant 2 heures entre 0° et 5°, qui a donné des résultats à Greeley pour VAslerias Forbesii {Ani.J. of P/iys., t. VI, p. 297) et à Bataillon pour les Amphibiens {Comptes rendus, 21 avril 1902), ne m'a rien donné chez des Oursins des genres Sphœrechinus, Toxopncustes et Arbacia. Du reste, Morgan {Arch.f. Entw. mech., t. X, p. 497 )> <î"' essaya, après O. et R. Hertvvig, l'action du refroidis- sement sur les œufs A\4rbacia, n'a pas obtenu de segmentations régulières, mais quelques fragmentations qui se produisent aussi bien snns l'action du froid. » 2° Vagitation, qui a donné des résultats à Mathews pour VAst. Forbesii (Am. J. 0/ Phys., t. VI, p. 142), ne m'a rien donné chez les Oursins, qu'elle fût faible, ou au contraire assez forte pour détruire la plupart des œufs. Mathews constate du reste (p. i5o) que les Arbacia ne réagissent pas à celte excitation. » Les œufs refroidis ou agités, fécondés, donnaient toujours des larves. » 3° Solutions salines. — Ha été trop écrit sur le sujet pour que je puisse passer ici la question en revue. Il est évident que, si je l'avais pu, j'aurais expérimenté toutes les solutions indiquées. Ne pouvant y songer, j'ai débuté, comme il était logique, par 20 essayer la solution favorite de Lœb : MgCl--^/( au J sur le type Arbacia qui avait servi à ses études. Trois ans de suite, j'ai constaté qu'elle tue infailliblement les œufs des trois espèces observées jiar moi; et Ariola a vérifié le fait pour les Arbacia de Naples {Soc. Ligustica di Scienze, 1902, p. 12). » Lœb faisait du reste subir à ses sujets un traitement qui tuait sûrement tous les miens {Comptes rendus, i5 juillet 1901); ce qui montre que les Arbacia méditerra- néens réagissent autrement que les siens. » Ce n'était point une raison pour ne pas essayer une autre solution, et j'ai traité NaCI- { /t à 10 pour 100 ou i5 pour 100. Je n'ai obtenu dans des cultures sans parthéno- génétiques naturels que :Sph. du 9 mai, 10 pour 100 rien; i5 pour 100 : i division en 2; Sph. du i4 mai, 10 pour 100 rien, i5 pour 100 nombreuses segmentations, la plupart irrégulières, arrivant à des blastulas irrégulières, sauf 2 régulières. Tox. du 2 mai. SÉANCE DU 21 JUILLET 1902. ign 10 pour 100 début de la gastrula, i5 pour 100 rien; du 16 mai, 10 pour 100 rien, i5 pour 100 nombreuses blastulas et gaslrulas mobiles. » Arb. du 7 mai, 10 pour 100 : i blaslula; i5 pour 100 quelques blastulas. » Toujours une moitié des œufs était fécondée, et les résultats, trop variables pour être exposés ici, montraient une action inhibitrice des solutions (conforme aux faits connus) et celte action inhibitrice s'est manifestée sur les œufs vierges qui donnaient des parlhénogénétiques. » 4° Fécondation croisée entre oursins. — Dans les cultures sans parth. : Sph.Ç du 9 mai par Tox. d, i blastula immobile; Sph. 9 du i4 mai par Tox. d, des gastrulas et I pluteus; Tox.Q du 7 mai par Arb.d, des gastrulas; Tojc.Ç du 9 mai par Sph.d, I blastula épaisse; Arh.9 du 7 mai par Tojc. cf, des gastrulas. » Quand les cultures ont donné des parthénogénétiques naturels, l'hybridation était très rare, comme l'ont constaté mes devanciers, et les larves avaient presque toutes le caractère maternel. » La température s'élevant, l'action primitivement excitatrice est devenue inhibi- trice, et le fait se produisit même à la fin {Arb. du 7 juin), pour la fécondation par les cf de même espèce (voir Note Comptes rendus du 7 juillet 1902). » Solutions salines, fécondations croisées, et même fécondation nor- male ont donc une similitude d'action qui s'accorde avec ce que disait Giard (^Comptes rendus de la Sociélé de Biologie, i8 mai 1900). Mais je réserve ici toute théorie et, du reste, les tentatives de croisements entre trois espèces d'Oursins et quatre espèces trAstéries n'ont jamais montré, à moi non plus, une seule segmentation. » PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Production du sommeil et de l'anesthésie généi-ale et locale par les courants électriques. Note de M. Stéphane Leduc, pié- sentée par M. d'Arsonval. « On emploie un générateur de courants continus, ayant une faible résistance intérieure et permettant d'augmenter graduellement la force électromotrice dans le circuit (accumulateurs ou piles avec collecteur, réducteur de potentiel, etc.) » On place dans le circuit un interrupteur, sans self-induction, donnant de i5o à 200 interruptions par seconde et un milliampèremètre dont la période d'oscillation est beaucoup plus longue que la durée d'interruption du courant; dans ces conditions, lorsque l'instrument est traversé par un courant intermittent, l'aiguille subit une déviation stable qui permet de comparer les intensités de courants ayant la même intermittence et la même durée de passage. B On place l'animal dans le circuit, en mettant sur la tête rasée une cathode formée de coton hydrophile imprégné d'une solution de chlorure de sodium à 0^,60 et recouvert d'une plaque métallique; une large anode est placée sur le dos rasé de 200 ACADEMIE DES SCIENCES. l'animal, à l'extrémité postérieure du corps; l'interrupteur étant en marche, on augmente rapidement la force électromotrice dans le circuit jusqu'à la production de contractures généralisées, l'animal tombe sur le tlanc, la respiration s'arrête; on ramène alors la manette du collecteur en arrière jusqu'à ce que la respiration se réta- blisse; pour une certaine valeur du courant, on obtient un sommeil tranquille et régulier, la respiration continue sans modification, le cœur fonctionne normalement, mais toutes les fonctions cérébrales sont supprimées; l'animal, chien ou lapin, libre, sans entraves, reste couché immobile dans un profond sommeil, les muscles sont dans la résolution; l'animal, si on le soulève par un pli de la peau, est flasque et complète- ment inerte; si on le pince, le pique ou le coupe, il ne réagit pas, si ce n'est par quelques mouvements réflexes. » La durée du sommeil peut être très prolongée; nous avons plusieurs animaux qui ont été maintenus endormis bien des fois pendant plus de 2 heures consécutives sans aucune altération de leur santé. » Le réveil est brusque, subit; aussitôt le courant interrompu, l'animal se met sur les pattes et gambade joyeusement; non seulement il n'y a aucun effet consécutif, mais les chiens semblent aussitôt après le réveil plus joyeux et plus gais. » L'établissement du courant ne semble pas provoquer de douleur, car les animaux ne profèrent pas un cri; en dehors des contractions et contractures provoquées par le courant, ils ne font aucun mouvement de défense ou de fuite. Si l'on établit lente- ment le courant pour ne pas dépasser la dose nécessaire et éviter la contracture, on a une période de contractions cloniques, d'agitation, analogue à celle que donne le chlo- roforme; le sommeil est alors plus long à obtenir, et l'opération semble plus pénible. » L'établissement du courant donne presque toujours lieu à l'évacuation de l'intestin et de la vessie. » Nous avons essayé un grand nombre de courants : ce sont les courants ayant de i5o à 200 intermittences par seconde, passant pendant le minimum de temps possible, avec une tension de 12 à 3o volts, sans self-induction dans le circuit, marquant de 2 à 10 milliarapères suivant les animaux, avec la cathode sur la tète, qui nous ont donné les plus parfaits résultats. » Eu résumé, avec ces courants, on peut instantanément, sans douleur apparente, réaliser l'inhibilion complète des centres cérébraux, en lais- sant intacts les centres de la respiration et de la circulation ; on obtient ainsi un sommeil tranquille, prolongé, et une anesthésie générale com- plète; l'action somnifère se règle et se suspend aussi vite que l'on peut agir sur le courant électrique; le sommeil n'est suivi d'aucune réaction consécutive. » Anesthésie locale. — La cathode du même courant placée chez l'homme sur le trajet d'un nerf sensible ou mixte superficiel, sur le médian au poi- gnet par exemple, donne pour une certaine intensité, avec une forte sen- sation de fourmillement, non douloureuse, une anesthésie complète et absolue de la région innervée par le nerf. » SÉANCE DU 21 JUILLET 1902. 20I ZOOLOGIE. — La spermato genèse chez le Cybister Roeselii. Note de M. D.-N. YoÏNov, présentée par M. Yves Delage. « En étudiant le développement des éléments sexuels mâles du Cybisler Roeselii j'ai trouvé deux spermatogenèses différentes, qui donnent deux sortes de spermatozoïdes de valeur morphologique et probablement biolo- gique différente. Ce dimorphisme des spermatozoïdes est sûrement impor- tant pour la question de la sexualité; il a été décrit jusqu'à présent chez quelques Mollusques prosobranches {Paliidina vivipara, von Siebokl, Auerbach, Meves) et parmi les Insectes chez Pygaera bucephala (Meves) et Slaphylinus (Nils Holmgren). » Les deux processus sont distincts et ont lieu à des époques différentes de l'année; cependant on trouve, parmi les éléments d'une lignée donnée, des représentants avortés de l'autre. » Je donne dans cette Note les résultats généraux de la spermatogenèse normale : » On trouve, clans le leslicule Irès long et enioiilé du Cybisler. les rjuatre zones ou phases caractéristiques pour le développement des spermatozoïdes : » La zone germinative, contenant les spernaatogonies primitives, se trouve àl'exlré- niité en forme de cœcum du testicule. On peut distinguer deux régions dans celte zone; l'une tout à fait terminale où les éléme[its sexuels remplissent complètement la cavité de la glande. Ils sont disposés irrégulièrement et sans aucune dilFérenciation. Dans la région suivante apparaît la diirérenciation des cellules sexuelles en spermato- gonies et cellules nutritives ou folliculaires. Cette dilFérenciation détermine l'arrange- ment en cystes et follicules, qui se maintiendra ensuite tout le long du testicule. » La cellule de Verson décrite chez d'autres Insectes n'existe pas ici. » La zone d'accroissement contient les spermatocytes de premier ordre, qui passent par trois stades successifs : » a. Le stade de synopsis et de post-sy/tapsis, où les spermatocytes sont petits et très rapprochés l'un de l'autre. Le corps cellulaire se distingue difficilement, surtout dans le stade de synapsis. On y voit très biert le nucléole chromosomique de Montgo- mery (1898) qui garde son individualité. Le centrosome a la forme d'une granulation sphérique assez grande. » b. Pendant la télophase les spermatocytes s'isolent et prennent une forme pyra- midale. Le noyau est excentrique, la substance chromatique et le cytoplasme s'ac- croissent, et les centrosomes se divisent en quatre granulations groupées en deux paires. La chromatine se transforme en filaments chromatiques, qui subissent plus tard une division longitudinale évidente. Le nucléole chromosomique prend la forme d'une tétrade qui garde sa position périphérique caractéristique. C. n., 1902, 2* Semestre. (T. CXXXV, N° 3.) 2t) 202 ACADEMIE DES SCIENCES. » c. Pendant la période de repos les spermatocytes de premier ordre sont caracté- risés par la position centrale de leur noyau sphérique et raclieminement de la chro- matine vers la forme réticulaire. Le cytoplasme est différencié en deux, zones : l'une interne, granuleuse et dense qui entoure le noyau ; l'autre périphérique, claire, vacuo- laire et incolore. Celte dernière donne de nombreux prolongements, d'aspect pseu- dopodique, qui s'étendent dans la cavité folliculaire {excresce/ices hyalines de Platner, 1886). Cette différenciation du C3'toplasme et les particularités qu'il présente donnent aux spermatocytes l'aspect amœboïde. On trouve en ce moment, dans les spermatocytes, deux centrosomes en forme de V, à branches très longues, pareils à ceux décrits par Meves chez quelques Lépidoptères (1897). ^^ cytoplasme renferme des corps sphériques, incolores et réfringents, contenant un corpuscule central et une granulation. Je pense qu'on pourrait rapprocher ces corps plutôt des pseudo-parasites, décrits dans la cellule cancéreuse surtout par Sawtchenko (iSgS) et Borrel {1901), que de toute autre inclusion spermatocytique. Si l'on peut homologuer ces inclusions avec les pseudo-parasites des cellules cancéreuses, et si l'on admet l'interprétation donnée par Borrel à ces derniers, nous sommes forcés d'admettre chez cet animal, que l'idiosome, après avoir traversé une évolution atypique, est expulsé du corps des sper- matocytes. Pendant la première division de maturation, ces corps ne se trouvent plus dans les cellules séminales, mais en dehors et à côté d'elles, dans la cavité folliculaire. Les centrosomes en forme de V sont mobiles, ce qui n'a jamais été décrit, et les extré- mités de leurs branches sont en rapport avec les corps sphériques inclus dans le cyto- plasme. Les centrosomes sont mobiles non seulement pendant la prophase, mais aussi pendant la longue période de repos. Les extrémités de leurs branches, au lieu d'être toujours dirigées vers l'extérieur de la cellule et en contact permanent avec la mem- brane cellulaire, comme Meves (1897, 1900) et Korff(i90i) l'ont décrit, ont différentes positions. Elles accompagnent les "inclusions sphériques dans leur marche vers l'exté- rieur de la cellule. Les centrosomes en forme de V doivent être considérés comme descendant des formes centrosomiques granulaires sphériques, que les spermatocytes contiennent dans leurs jeunes stades. » La zone de maturation est caractérisée par la grande rapidité des deux divisions successives, de façon que les quatre spermatides sont d'abord unies entre elles. La première division de maturation s'annonce par le rapprochement des centrosomes du noyau et par une différenciation importante du cytoplasme. Le cytoplasme se con- dense autour du noyau en zone dense, compacte et granuleuse, et donne par différen- ciation les fibres périphériques du fuseau. On trouve 12 chromosomes primaires dans la plaque équatoriale de la première division, 12 chromosomes fds dans la plaque équatoriale de la deuxième division et 6 chromosomes dans le noyau de la spermatide. » Dans les deux divisions de maturation on volt, dans chaque cellule, un corpuscule chromatique, qui garde une position excentrique pendant la mitose et reste en dehors du noyau. Il est probablement formé par les divisions du nucléole chromosomique ( Montgomery) des spermatocytes de premier ordre. » Chaque spermatide possède un noyau, un corpuscule chromatique (nucléole chro- mosomique), un centrosome en forme de baguette, qui s'étend de la paroi nucléaire à la paroi de la membrane cellulaire et un Nebenkern très développé. » Le Nebenkern se forme des fibres périphériques du fuseau qui sont ici très déve- SÉANCE DU 21 JUILLET 1902. 2o3 loppées. En ce qui regarde donc l'origine du Nehenkern, je ne suis pas de l'avis de Meves. » PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Sur le rôle de la rate dans la Jonction hématolj tique. Note de M. Louis Lapicque, présentée par M. Alfred Giard. « J'ai pensé qu'on pouvait obtenir la démonstration du rôle hématoly- tique de la rate et presque la mesure de l'importance de ce rôle en aug- mentant l'intensité du travail hématolytique à accomplir. Ceci peut se réa- liser très simplement par une transfusion : on sait que l'hyperglobulie ainsi produite est de courte durée; les globules surnuméraires sont donc détruits dans l'espace de quelques jours. Comment cette hématolyse est-elle modifiée dans le cas de splénectomie préalable? » Voici le résultat d'expériences que j'ai faites en ce sens, avec M. Calu- gareanu : )> Nous avons choisi le chien coname sujet : le sang de chaque animal était examiné à diverses reprises avant toute expérience, afin de bien connaître sa richesse normale; les globules rouges étaient comptés et la teneur en hémoglobine déterminée colorimé- triquement sur une petite prise de sang faite dans l'artère médiane de l'oreille. La transfusion était pratiquée asepliquement et directement de l'artère du transfuseur à la veine du transfusé; le transfuseur était choisi aussi semblable que possible au trans- fusé et, en tout cas, du même sexe; la quantité de sang injecté a toujours été de 35e à 4os par kilogramme, c'est-à-dire environ la moitié du sang supposé exister chez le sujet. » Le nombre des globules, qui était d'environ 7 millions par millimètre cube avant la transfusion, arrive le lendemain, ou mieux le surlendemain de l'opération, à un chiffre compris entre 9 et 10 millions, et l'hémoglobine, exprimée en milligrammes de fer par centimètre cube de sang, passe d'environ o,45 à un chiffre compris entre 0,60 et 0,70. » Sur un chien normal, cette proportion considérable se maintient sans change- ment marqué pendant 10 à 12 jours, puis rapidement, en 3 ou 4 jours, les chiffres reviennent à la normale. » Sur les chiens splénecloniisés, les résultats ont été très divergents. Notre pre- mière expérience ferait attribuer à la rate un rôle de premier ordre dans cette dispa- rition de la pléthore expérimentale; en effet, l'animal présenta une richesse globulaire dépassant 9 millions, avec une teneur en hémoglobine correspondante, pendant plus de trois semaines, jusqu'au moment où il fut sacrifié. Mais les expériences suivantes ne confirmèrent nullement cette indication; en effet, le retour à la normale commença le dixième jour (Exp. II), le sixième jour (Exp. III), le dixième jour (Exp. IV) et le quatrième jour (Exp. V). Il serait imprudent d'établir une moyenne sur cinq chiffres 204 ACADÉMIE DES SCIENCES. aussi divergents; d'ailleurs il y aurait probablement lieu de mettre à part le résultat de l'expérience III (faite sur le même chien qui avait servi peu de temps auparavant à l'expérience II) et le résultat de l'expérience V (faite sur un animal non encore adulte). Mais on jieut dire que la spléneclomie n'a pas comme conséquence systéma- tique d'allonger le délai au bout duquel disparaissent les effets de la transfusion. » La raie serait donc, même dans le cas d'un travail hématolytiqiie considérable (destruction en quelques jours d'une quantité de globules égale à près de la moitié des globules normaux), facilement vicariée par d'autres organes. » Quels sont ces organes? Nous pouvons suivre la trace du travail héma- tolytique supplémentaire par la recherche de la rubigine. Diverses séries d'expériences que j'ai faites au cours de ces dernières années m'ont appris que ces granulations d'hydrate ferrique si faciles à caractériser s'accumu- lent dans les organes hémalolytiques à la suite d'injections de sang suivant une localisation régulière qui est en relation avec la quantité de sang injectée; on observe la rubigine dans la moelle des os et la rate à l'exclu- sion du foie, si les injections sont peu abondantes; dans la moelle des os, la rate et le foie, si les injections sont massives (*). Dans nos expériences actuelles, la quantité de sang injecté avait été intentionnellement choisie dans la proportion où la rubigine commence à apparaître dans le foie, c'est-à-dire où l'ensemble des autres organes hémalolytiques est, semble-t-il , à la limite de sa puissance. On est donc en droit de se croire dans les meil- leures conditions pour saisir l'effet de la suppression de la rate. » Les chiens normaux ont donné des résultats semblables à ceux de mes séries antérieures (^) : la moelle osseuse et la rate sont riches en rubigine ; pas ou très peu de rubigine dans le foie; pas de rubigine dans les ganglions lymphatiques. Les chiens dératés montrent beaucoup de rubigine dans la moelle osseuse, un peu dans le foie, très peu dans les ganglions lymphatiques. Corrélativement, les dosages de fer montrent une légère augmentation de la teneur du foie (o,33 et o,25 contre 0,21 et 0,18): l'augmentation du fer des ganglions lymphatiques n'est pas appré- ciable (ganglions rétro-péritonéaux, o, i5 et o, i4 contre o, 16 et o, i3). M La rate a été vicariée parla moelle osseuse à laquelle se sont adjoints le foie dans une faible mesure et les ganglions lymphatiques d'une façon presque insignifiante. (') De plus, dans les ganglions lymphatiques des voies efférentes, l'injection ayant été faite dans le tissu conjonclif ou dans une séreuse. (*) Exception faite pour ce qui concerne les ganglions lymphatiques, les injections avant été faites ici direclement dans les veines. SÉANCE DU 21 JUILLET 1902. 2o5 » En résumé, la suppression de la rate n'apporte que des changements peu considérables dans la fonction hématolytique; à tel point qu'il me paraît inexact de dire que la rate est vicariée par d'autres organes. Ces expériences, qui demandent évidemment à être complétées, s'interprètent bien mieux si l'on dit : la rate est une portion relativement peu importante d'un vaste système hématolytique. » CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur la présence de la lècithine dans les végétaux. Note de MM. ScHLAGDENHACFFEN ct Reeb, présentée par M. Miiatz. « La lécilhine, qui intéresse à juste titre, depuis longtemps, la médecine au point de vue de son origine, de sa composition et de ses applications thérapeutiques, a élé étudiée également par les savants qui s'occupent de Chimie et de Physiologie végétales. » Pareille à la lècithine du règne animal, celle du règne végétal se trouve généralement dans les organes ou tissus contenant des corps gras libres ou combinés. On la trouve dans l'extrait éthéré, chez les légumineuses, à la dose de 0,26 à 0,61 pour 100 et, dans les céréales, de 0,10 à 0,18 pour 100 et exceptionnellement de 0,69 pour 100 dans l'avoine ('). Ces nombres cependant ne s'accordent pas avec ceux de Stellwaag (■) et de Schuize et Steiger C) qui sont beaucoup plus élevés, ainsi que If montre le Tableau ci-dessous : Lècithine dans les végétaux. Slellwaag. Schuize el Steiger. Nature des plantes. Lècithine. lMin»plioie. Lècithine. Phosphore. Blé 2,09 0,08 o,65 0,025 Seigle 3,3i 0,127 0,67 0,022 Orge 4>25 0,1 63 0,74 0,028 Avoine 2,87 o,ii4 " » Lupins 4'5i 0,172 1,39 0,061 Colza ( tourteau). . . 6,99 0,268 » » » Ces différences peuvent résulter de diverses causes, auxquelles le mode opératoire et la préparation de la solution titrée, employée pour le dosage de l'acide phosphorique, ne sont pas étrangers. ('1 Stellwaag, Jahisb.f. agric. Cliem., i86i-i86a, p. 57. (-) Leitfad. d. Landw. Futterungslehre, \' édition, p. 233. (^) Zeitsch.f. pliys. Chem.. t. XIII, p. 36j. 2o6 ACADÉMIE DES SCIENCES. » Le rôle physiologique de la lécithine n'est pas encore déterminé d'une façon certaine; cependant Stoklasa('), dans un Mémoire présenté à l'Aca- démie des Sciences de Vienne, estime qu'on doit l'envisager comme le véhicule le plus approprié pour le transport du phosphore dans la plante, depuis le déhut de la germination jusqu'à la fin du cycle de la vie et la maturation complète du fruit. » Pour caractériser la lécithine on peut préparer un extrait éthéré, éthéro-alcoolique ou pétroléique de la plante, le saponifier par la potasse caustique et déterminer dans la solution alcaline la présence de choline, un de ses produits de dédoublement, ou bien incinérer l'extrait en ques- tion en présence de nitre et de carbonate de soude, reprendre la masse fondue par l'eau, préparer convenablement cette solution et y déterminer la quantité d'acide phosphorique d'après les méthodes classiques. Le poids de l'acide phosphorique donne celui du phosphore et celui-ci, à son tour, sert à calculer la quantité de lécithine : c'est ainsi qu'ont été établis les Tableaux cités plus haut (-). » Cet acide ne peut provenir ni du phosphate de fer, ni de phosphates alcalino-terreux ou alcalins, puisque ces derniers sont insolubles dans les véhicules dont nous venons de parler; il constitue donc une partie de l'acide phosphorique total appartenant aux cendres. C'est pour ce motif qu'il faut lui réserver une rubrique spéciale indiquant son origine et que nous le désignerons sous le nom A' acide phosphorique organique. » En partant de cette idée, nous avons calculé le poids d'acide phospho- rique" total qui se trouve dans les cendres provenant de loo parties de plante sèche, déterminé d'autre part la proportion d'acide phosphorique correspondant à l'extrait pétroléique, existant par conséquent dans la plante sous forme de glycérophosphate, et comparé enfin l'acide phospho- rique organique à l'acide total. )) Les résultats obtenus sont consignés dans le Tableau ci-dessous : Rapport de l'acide Noms Cendres Acide phosphorique organique des pour à l'acide plantes. loo. minéral. organique. total. total. Seigle 2,i6 0,789 0,291 i,o3o 28,25 Blé 2,22 0,869 o,i83 i,o4o 17,6 (') Voir Replie Se. t. LIX, 1897, p. 279. (') KoEMG, Menschl. Nahr. 11. Geiimsinittel. Berlin, 1898, t. II, p. 382. Rapport de l'acide Acide pliusphorique organique à l'acide minéral. organique. total. total 0,557 0,373 0,930 4o,o 0,680 0, 160 o,84o I9'I o,58i 0,24o 0,821 29,6 0,652 0,187 0,839 22,3 1,648 0,070 1,718 4,1 2,107 0,382 2,489 i5,3 SÉANCE DU 21 JUILLET 1902. 207 Noms Cendres des pour plantes. 100. Orge 2,42 Avoine 3,29 Pois 2,73 Haricots 3, i3 Sarrasin 2 ,97 Colon (tourl.). 7,99 » Les chiffres de la troisième colonne doivent être modifiés à leur tour, puisque nous avons constaté qu'à la suite de l'incinération avec le nitre et le carbonate de soude certains extraits pétroléiques, éthérés ou élhéro- alcooliques fournissent des masses fondues souvent incolores, mais fréquem- ment bleues ou vertes, renfermant par conséquent du manganèse, et impar- faitement solubles. En jetant sur filtre le précipité floconneux on remarque que la liqueur qui passe est complètement incolore. Convenablement préparée elle fournit de l'acide phosphorique provenant de la lécilhine. )) Mais, quant au précipité recueilli sur filtre, il renferme un peu de carbonate de chaux, du bioxyde de manganèse et des phosphates de chaux et de manganèse : les deux premiers en proportions plus ou moins consi- dérables selon la quantité de carbonate de soude ajouté au nitre pour opérer l'incinération. » Ce résultat expérimental de la présence de ces deux phosphates ter- reux et métallique, dans ces conditions, nous paraît du plus haut intérêt au point de vue du rôle que joue la lécithine dans la plante. Il ne s'explique à notre avis que par la substitution du calcium et du manganèse en lieu et place de la choline et de la névrine et à la formation d'une lécithine spé- ciale, capable de se dissoudre dans l'éther de pétrole, ou encore d'un glycérophosphate de calcium et de manganèse soluble dans ce véhicule à l'état naissant. Le poids du précipité, ainsi que la proportion de manganèse qui s'y trouve, dépendent nécessairement de la nature du terrain. Les plantes originaires du Jura qui nous ont été adressées en renfermaient plus que celles de même espèce de provenance alsacienne ou des environs de Nancy. » Jusqu'à présent les expériences faites avec les végétaux les plus divers : pavot, fenugrec, gousses et grains de pois, seigle en pleine flo- raison, nous ont fourni des résultats identiques. Nous nous proposons de 2o8 ACADÉMIE DES SCIENCES. les étendre à d'autres familles en opérant dans des conditions diverses et sur des organes variés avant et après la maturation complète des fruits. » PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur la conseivalion du pouvoir germinatif des graines. Note de M. L. ^Iaqcexxk, présentée par M. Dehérain. « Dans une précédente (Communication (') j'ai monlrc qu'il est pos- sible de faire disparaître toute manifestation vitale chez les graines par dessiccation, et j'ai émis l'hypothèse que les dernières traces d'eau qui se dégagent de ces organes sous l'action du vide peuvent provenir d'une sorte de surmaluralion, c'est-à-dire d'un nouvel élat d'équilibre qui s'éta- blirait entre les diastases présentes et les corps qu'elles ont pour office de condenser. Si cette interprétation est exacte, on doit voir les graines perdre plus d'eau quand on les dessèche lentement à froid que lorsqu'on les porte brusquement à une température capable de détruire leurs éléments diastasiques. » C'est, en effet, ce que j'ai pu constater sur différentes espèces, séchées comparativement dans le vide, à 4o°, et dans l'étuve à i lo". « On avait eu soin, au préalable, de maintenir, pendant 2 mois, les graines dans lin flacon bien bouché, à l'abri des brusques variations de température, de manière h assurer une répartition uniforme de l'eau hygrométrique dans toute leur masse; c'est seulement à cette condition qu'il peut y avoir concordance entre les dosages efleclués sur plusieurs échantillons dillërents d'une même graine. » Six lots de 28 ou 4^ chacun étaient enfermés dans autant de tubes, étirés à l'avance et soudés sur une lampe en verre communiquant, d'une part, avec la trompe à mer- cure, d'autre part, avec un gros tube rempli de baryte anhydre. » Un bain-marie, réglé par un thermostat, permettait de maintenir les graines, jour et nuit, à une température fixe de '(0°. » De temps en temps, on détachait l'un des tubes et l'on en pesait le contenu; la dessiccation a été considérée comme complète lorsque, sous un vide voisin de celui des ampoules de Rôntgen, deux pesées faites à une semaine d'intervalle donnaient sensi- blement la même perte. Dans certaijis cas, on a ])u conserver quelques-uns de ces tubes, qui sont ainsi restés sous vide depuis l'hiver 1899-1900, époque à laquelle ces expériences ont été entreprises. » La dessiccation à l'étuve a été elTecluée suivant la méthode ordinaire, en s'assu- rant que deux pesées faites à 2 heures d'intervalle concordaient à moins d'un derni- milligramme près. (') Comptes rendus, t. GXXXIV, p. i243. SÉANCE DU 2 1 JUILLKT 1902. 209 » Le Tableau suivanl donne l'ensemble des résultats que nous avons ainsi obtenus Ricin (4b). Panais (5B). Navet {3s). BIé(5B). l'our 1(1(1. l'i.ur UIO. Pour 100. Pour 100, Perte à l'éluve 5,78 8,97 6,65 12, 3i il jour ^jO' » " " 2 jours 6,57 (') I) » » i5 jours » 9, ig 6,76 » 3o jours » 6,5i 6,95 » 4o jours i> » » 12,20 l 67 jours » » » 12,49 » On voit que les différences, parfois supérieures à o,5 pour 100, sont toujours dans le même sens, ce qui nous semble donner un sérieux appui à l'hypothèse qui nous avait servi de point de départ. Quelle que soit d'ail- leurs l'interprétation que l'on donne de ces résultats, ils montrent d'une façon irréfutable que, après un temps suffisamment long, les graines arrivent à se dessécher dans le vide tl'unc façon complète, sans qu'il soit besoin d'atteindre pour cela des températures incompatibles avec la vie normale. » Dans ces conditions, on pouvait prévoir que la faculté germinative se conserverait mieux qu'à l'air libre : c'est ce que nous venons de vérifier SIM- les graines de jianais précédentes, maintenues sous vide, après dessic- cation complète, depuis le mois de novembre 1899. » 75 de ces graines ont fourni 87 germinations, alors que celles qui étaient restées dans le flacon d'origine n'en donnaient plus une seule, et que, au début de l'expé- rience, c'est-à-dire à la fin de l'année 1899, ^"'^* ^" avaient donné 5i pour 100. )) La conservation a donc été aussi parfaite que possible, et l'expérience vient ainsi confirmer l'exactitude des vues que nous avons précédemment émises sur les rapports qui existent entre l'eau hygrométrique des semences et l'afTaiblissement progressif de leur faculté germinative. » Je me propose de répéter les mêmes essais avec d'autres espèces de graines choisies parmi celles qui s'altèrent le plus vite, et je ne doute pas que l'on arrive de cette manière à les conserver intactes. » (') Pendant les deux dernières heures on a laissé monter la température jusqu'à 91°. 0. R., 1902, 2- Semestre. (T. CXXXV, N' 3.) 2IO ACADÉMIE DES SCIENCES. BOTANIQUE. — De la spécialisation du parasitisme chez /'Erysiphe graminis. Note (le M. Em. Marchal, présentée par M. Guignard. « Les Erysiplîées ont été considérées jusqu'ici comme des parasites polyphages pouvant se développer sur des hôtes appartenant à des genres distincts, voire même à des familles fort différentes. M Tel est, par exemple, \' Erysiphe polygoni DC qui, d'après Salmon ( ' ), se rencontre sur un grand nombre de Composées, Ombellifères, Renoncu- lacées, Rubiacées, Crucifères, Papilionacées, Polygonées, Scrophularia- cées, etc. » D'après le même monographe, \' Erysiphe graminis DC, cependant déjà beaucoup moins ubiquiste, s'observe sur 24 genres, comprenant 55 espèces de la famille des Graminées. » L'abondance remarquable avec laquelle s'est manifesté le blanc cette année sur nos céréales et sur diverses Graminées sauvages m'a permis d'étudier ce parasite sur un assez grand nombre d'hôtes différents et d'exécuter des essais d'infection réciproque. )) Voici les résultats de deux séries d'expériences similaires, effectuées en mars et juin 1902 : » Des plantules de Froment (de mars), d'Orge (Chevalier), de Seigle (de Zélande) et d'Avoine (blanche de Belgique), âgées de iSjours et développées dans une cage vitrée stérilisée, ont été infectées respectivement avec des conidies recueillies sur ces quatre céréales. » C'est ainsi que deux cultures de Froment ont été inoculées à l'aide de V Erysiphe du Froment; deux autres avec V Erysiphe du Seigle; deux troisièmes avec celui de l'Orge; deux quatrièmes avec celui de l'Avoine; enfin deux cultures témoins ne furent pas inoculées. » Immédiatement après l'infection, afin d'éviter toute contamination par des spores étrangères, chaque culture a été recouverte hermétiquement d'une cloche stérilisée. » Après i5 jours, r£'r_ys«/>Âe s'était abondamment développé uniquement dans les cultures où les spores avaient été empruntées à la même espèce hospitalière; aucune autre ne présentait de trace de parasite. » L'infection du Froment par Y Erysiphe de l'Orge, de l'Avoine et du Seigle; celle de rOrge, de l'Avoine, du Seigle par VErysiphe des trois autres céréales n'ont pas donné de résultats positifs. (') Salmox, a Monography of ihe Erysiphaceœ {Meinoirs of Ihe Torrey Bota- nical Club, vol. IX, 1900). SÉANCE DU 21 JUILLET 1902. 211 B Le Champignon semble donc s'être adapté à vivre sur chacune de ces céréales au point de constituer une race physiologique, une fornae spécialisée analogue à celles que Eriksson a découvertes et si bien étudiées chez les Urédinées messicoles et notamment chez le Puccinia giaminis. )) Afin de rechercher si certaines Graminées sauvages peuvent servir de support aux formes spéciah'sées de YErysiphe des céréales, j'ai exécuté de nombreux essais d'infection avec YErysiphe graminis de l'Orge. M L'infection a fourni des résultats positifs sur : Hordeum distichon, hexastichon, vulgare, zeocriton, trifurcatiim, nudum, juhaium et murinum. Mais elle est demeurée sans résultat sur : )) Ânthoxanthuni odoi aluni, Setaria viridis, Andropogon Ischaemon, Alope- ciiriis praleiisis, Phleiim pratense et Bœhmeri, Agrostis alba, Milium effusum, Aira caiyophyllea, Deschampsia Jlexuosa; Avena saliva, orienlalis elfatua; Tri- setum Jlavescens, Arrhenalheruin elatius, Nolciis lanatus, Kœhleria crislata, Cytwsurus crislalus, Melica ciliala, Briza média; Poa anima, nemoralis, serotina, pratensis, mitlalensis, Irivialis; Daclylis gloinerala; Brotnus slerilis, palulus, mollis, racemosus, secalinus, arduennensis, sqaarrosus et macrostachys; Festuca rubra, elatior, gigantea; Brachypodium sylvaticum, Lolium perenne, Elymus arenarius, Secale céréale; Triticum vulgare, Spelta et polonicum; Agropyrum repens, caninum et giganteum. M Inversement, l'infection de l'Orge a été tentée en vain avec des conidies recueillies sur les Graminées suivantes : Poa annua et pratensis, Agropyrum repens et giganteum, Holcus lanatus, Festuca pratensis, Bromus slerilis et mollis. » Des résultats donnés par les multiples inoculations croisées effectuées dans le cours de cet été je crois pouvoir conclure à l'existence propre de nombreuses formes spécialisées chez YErysiphe graminis et notamment des suivantes : Il Ërysiphe graminis f. spéc. Tritici, sur Triticum vulgare, Spelta, polonicum, lurgidum, non sur Triticum durum, monococcum, dicoccum. » Ërysiphe graminis f. spéc. Hordei, sur Hordeum hexastichon, vulgare, Irifur- catum, nudum, jubatum et murinum, non sur Hordeum maritimum, sccalinum et bulbosum. » Ërysiphe graminis f. spéc. Secalis, sur Secale céréale et analolicum. » Ërysiphe graminis f. spéc. Avenae, sur Ai-'e/ta saliva, orienlalis, falua et sur Arrhenalherum elatius. » Ërysiphe graminis f. spéc. Poce, sur divers Poa, nolammenl P. annua, tri- vialis, pratensis, cœsia, mutalensis, nemoralis e.\. serotina. » Ërysiphe graminis f. spéc. Agropyri, sur les Agropyrum. 212 ACADÉMIE DES SCIENCES. » Erysiphe graminis f. spec. Bromi, sur divers Bronnts, nolamment sur 5. mollis el sterilis. » Un examen approfondi a montré que ces diverses races spécialisées ne diffèrent anatomiquement en rien, ni par la forme et les dimensions des spores, ni par les caractères du mycélium, des suçoirs, etc. Elles sont donc morphologiquement identiques, comme le sont les formes spécialisées des Urédinées. » Il convient de remarquer que tous les essais dont je viens d'exposer les résultats ont eu comme point de départ la forme conidienne de VEry- siphe graminis. Comment se comportent les ascospores des diverses races l)hysiologiques étudiées? Contribuent-elles à fixer d'une façon plus pro- fonde, définitive, dans la descendance, l'étroite adaptation parasitaire acquise? Ou bien permettent-elles, ce qui est moins probable, à V Erysiphe graminis d'étendre son aire de dispersion sur d'autres hôtes? De nouveaux essais feront, j'espère, la lumière sur ce point. » HYDROLOGIE. — Sur le régime hydrographique du Tidikell (archipel Touatien), Sahara central. Note de M. G.-B.-M. Flamand, présentée par M. de Lapparenl. « On peut poser en principe qu'il n'existe pas, dans la dépression du Tidikell, de nappe d'eau superficielle, due aux précipitations atmosphé- riques qui sont très rares. On sait que celle région subit de longues pé- riodes (10-20 ans) sans pluies; seuls des trombes et des cyclones avec j)luies intenses de courte durée donnent lieu à des torrents éphémères aussi vite épandus qu'épuisés. » La première o])inion formulée sur le régime des eaux, de celte région est celle du célèbre explorateur G. Rolilfs ; il admet une nappe souterraine étendue du nord au sud, en relation avec le Tell, alimentant les Feggaguir (') auxquelles il attribuait d'abord une direction méridienne, puis, plus tard, une direction NE-SW. » Après lui, M. le capitaine Le Chatelier publiait sur le régime des eaux du Tidikelt, d'après les renseignements des indigènes, une étude très remarquable, où se trouve également admise l'origine septentrionale de ralimentalion des Feggaguir. D'autre {') On appelle Feggaguir ou Foggarat, sing. Foggara, des galeries souter- raines de drainage ou de captage, à regards ou éveiits, et non, comme on le dit parfois à ton, des puils à galerie. SÉANCK DU 21 JUILLET 1902. 21 3 pari, l'auteur considère deux niveaux d'émergence de la nappe issue des assises cré- tacées du Tadmaït et rejette l'Iiypotlièse d'un réservoir artésien. » Au cours de ma mission à In-Salah (1899-1900), je repris cette étiulc liydrologique pour le Tidikelt oriental; mes observations sur la tectonique de celte partie du Sahara central, confirmées par les documents publiés dans mes précédentes Communications, me conduisent à l'exposé suivant : » La dépression du Tidikelt (altitude i5o"-3oo""; 370"' Haci-Messaguera), orientée EENE-WWSVV, est comprise entre la Chebklia crétacée du Tadmaït au nord et les plateaux et massifs du Mouydir et de l'Adrar Ahenet au sud; elle se relève un peu vers l'est. Le Tadmaït est une vaste cuvette synclinale (série crétacée et Suessonien) dont l'axe est dirigé et plonge légèrement nord-est. Les escarpements sud de ce pla- teau comprennent la craie moyenne (partie centrale), la craie moyenne et supérieure à l'est (Dj. el Akhal, Dj. el Ahiodh) en couches assez fortement relevées vers le sud. Des synclinaux secondaires, le plus souvent normaux au front du plateau, donnent nais- sance, au contact des argiles el des calcaires ce/iowa/ue/w (premier niveau) et ^mto- niens (deuxième niveau), à des sources à faible débit (Aïn-Souf, Aïn-Guettara, etc.). » Gel ensemble marno-calcaire repose sur une épaisse série de grès albiens (grès à dragées) el néocoiniens (grès à plaquettes calcaires jaunes) plus fortement relevée au sud que la série précédente. Les caractères de celle zone gréseuse varient suivant le degré d'érosion : 1° régions de Gour ou de Gaulra; 1° régions de pénéplaines et de plateaux avec couverture partielle du sol de reg. Cette région de grès infra-cré- tacés, d'altitude plus faible que le Crétacé supérieur, s'étend assez loin au sud des plateaux crayeux. Du côté de l'est, c'est vers la latitude de Haci-Moungar (un peu au nord de ce puits) que leur succèdent les grès paléozo'ù]ues amaranthes et verts. La bande des grès crétacés est dépourvue de points d'eau. » Les grès et arkoses paléozoïques sont disposés en plateaux à ondulations méri- diennes; ils forment vers le sud (Haci-Moungar, Foggaret-Zoua ) une falaise parfois un peu atténuée, au pied de laquelle se montre la dépression proprement dite du Tidikelt; dans l'ensemble, ils paraissent se relever vers le sud; des puilsy sont creusés. » Dans celle dépression on observe une série de chaînons oro-tectoniques paral- lèles, à direction méridienne ou subméridienne, c'esl-à-dire à angle droit par rapport à la direction du Tadmaït; ce sont des anticlinaux à axe cristallophyllien ou cris- tallin et des synclinaux paléozoïques dévoniens et carbonifères (Dj. Aïn Kahia, El Khenig, Oued Cliebbi); ces chaînons relient transversalement le Tadmaït à l'avant- pays du massif central Targui {'). (') Cette direction méridienne ou subméridienne paraît se manifester en dehors de ces régions paléozoïques du Sahara, et même jusque dans la zone tellienne, et cela au travers de formations géologiques d'âges très divers; comme si les régions où elle se montre avaient été en quelque sovle préparées par un état de choses antérieur. Cette direction se révèle nettement dans le Sahara, mais devient rare vers le nord, au delà de la chaîne atlantique du sud. Exemples : vallées de l'Oued Igharghar et de l'Oued 21/4 ACADÉMIE DES SCIENCES. » Les terrains paléozoïques et crétacés sont en partie recouverts de terrains ter- tiaires (plateaux tabulaires) et actuels (dunes). Les drains souterrains des Feggaguir, seules ressources en eaux de ces oasis, sont établis dans le socle de ces plateaux de terrains d'âge divers; ils n'ont pas, comme on l'a autrefois admis, une direction NS, mais bien EW; seules les oasis ont une direction méridienne, étant établies sur les dépres- sions et chebkhas subméridiennes qui limitent à l'est lesdits plateaux. La température des eaux vives de Feggaguir est assez élevée (26°, 9 : moyenne de 16 observations en i5 jours, au regard de la casbah Bajonda d'In-Salah, janvier 1900) ; la composition cfiimique paraît voisine de celle de la cuvette N'goussa-Ouargla. » De ces divers faits il résulte qu'on ne peut admettre l'alimentation souterraine des plateaux à Feggaguir par le nord, comme cela a lieu pour le bassin artésien d'El-Goléah. Il faut ici admettre une nappe venant du sud (Mouydir, massif Ahoggar et Taïlocq) par les synclinaux subméri- diens, nappe assez profonde, artésienne, remontant par les fractures, comme M. Rolland l'a montré pour les chriats de l'Oued R'ir; celte eau imprègne à certains niveaux les plateaux supérieurs et donne naissance à la nappe des Feggaguir. » L'ascension de cette nappe se manifeste encore dans les sebkhas ( behours temporaires) qui deviennent humides à certaines époques. )) On peut donc conclure que les régions sahariennes à Feggaguir sont nécessairement des régions à régime artésien. Nous en avons des preuves à l'oasis d'El-Goléah et encore dans le puits récemment exécuté au Tidikelt (Foggaret-Zoua) et dans les puits ascendants du nord du Touat. » Dans la région qui nous occupe, la nappe artésienne (premier niveau à So"") sera moins importante qu'à l'Oued R'ir; la création de puits arté- siens, trop nombreux, pourrait troubler l'équilibre actuel du régime des Feggaguir. Ces considérations ne s'appliquent qu'au Tidikelt et non aux autres parties de l'archipel touatien (Touat Gourara), dont les conditions hydrographiques paraissent différentes. » Saoura — dôme crétacé de la Ghebkha du Mzab et vallées de l'Oued Loua et de l'Oued Zergoun, — Oued Namous. Dans le Tell : anticlinal de Tifrit, vallées de Tifrit et Saïda, lambeau liasique de l'Oued el Abd (Tagremaret), fragments subméridiens des lam- beaux, triasiques et liasiques des chaînes atlantiques sahariennes, elc; Djebel Ivahar (monts des Lions, auprès d'Oran) formé de schistes et poudingues permiens, etc., qui accusent très sensiblement celte direction. SÉANCE DU 21 JUILLET 1902. 2l5 PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur la constitution du sol sous-marin. Note de M. J. Thollet. (Extrait.) « Le tube sondeur Buchanan, qui sert ordinairement aux grands son- dages, découpe dans le sol sous-marin un boudin d'une longueur de 16*^™ à ly*^" environ. J'avais analysé (^Comptes rendus, 5 mai 1902) les deux ex- trémités d'un certain nombre de ces boudins provenant de la campagne de la Princesse- Alice, à S. A. S. le Prince de Monaco, dans l'archipel du Cap- Vert, en 1881. J'avais reconnu que leur constitution était sensiblement la même sur toute leur épaisseur. » Grâce à certains perfectionnements apportés à la construction des ap- pareils, le Prince a pu, en Méditerranée, le i5 mai dernier (St. 1209, par 43''4i'N, 5°6'io"E, et 6i5" de profondeur), découper dans le sol im- mergé et ramener un boudin ayant 42*^"" de longueur, que j'ai, comme les précédents, analysé à ses deux extrémités. » . . .L'analyse et l'observation microscopique sont d'accord pour mon- trer que pendant le temps, probablement très long, nécessaire pour le dépôt, au fond de la mer, d'une couche épaisse de 42*^". la constitution du sol n'a pas sensiblement changé. Cela, bien entendu, sous réserve des changements brusques qui s'accomplissent quelquefois, dans cette consti- tution, en certaines localités, et dont l'étude des fonfls de l'Atlantique nord m'a fourni deux exemples frappants. » Tl en résulte que la nature des couches marines dépend bien moins de la profondeur que des conditions de tous genres et des phénomènes s'ac- complissant dans les portions superficielles des eaux sus-jacentes. » Ces lois peuvent s'appliquer aux couches géologiques, anciens fonds de mer actuellement inondés. » J'ai analysé, comme un fond marin actuel, un échantillon de craie pro- venant des falaises d'Etretat. La constitution générale de cette craie offre une ressemblance remarquable avec celle du fond méditerranéen. La seule différence est que l'un est vaseux et l'autre calcaire. Il semble donc qu'on soit en droit d'en tirer les conclusions suivantes : » La mer au fond de laquelle s'est déposée la craie d'Etretat présentait une grande ressemblance mécanique avec la Méditerranée actuelle. Mais tandis que cette dernière, au moins dans le golfe de Gênes, est entourée de hautes montagnes constituées par des roches cristallines, donnant par leur 2i6 ACADÉMIE DES SCIENCES. destruction des grains de qiiarlz anguleux et beaucoup d'argile, la mer cré- tacée, au moins dans la région d'Étretat, n'était pas bordée de hautes terres à roches cristallines et se trouvait dans des conditions climatériqnes ana- logues à celles de la région actuelle de l'archipel du Cap-Vert, où la richesse du fond en calcaire dépasse tout ce qu'on peut imaginer. ...» M. FovEAU DE CouRMEM-ES adrcsse une Note portant pour litre : « Des énergies photochimiques comparées de diverses sources lumineuses ». (Renvoi à l'examen de M. H. Becquerel.) M. Emm. Pozzi-Escot adresse des « Recherches sur les ferments diasta- siques de V Euroliuin Orizœ ». A 4 heures et demie l'Académie se forme en Comité secret. La séance est levée à 5 heures. G. D. ERRATA. (Séance du 7 juillet 1902.) Note de M. ])'. Kilian, Sur la présence de l'étage aplien dans le sud-est do l'Afrique. Page 69, ligne i5 : au lieu de Ap|)elia, Usez Oppelia. Même page, ligne 17 : au lieu île Millii, lisez Hillsi. Page 70, ligne 7 : au lieu de Ijkruhil, lisez Ukiabil. Même page, ligne \i : au lieu de Bernhardl, lisez Bornhardl. Même page, ligne 33 (eu note) : au lieu de ivpe colonial, lisez type oriental. K 3. TABLE DES ARTICLES. (Séance du 21 juillet 1902.) MEMOIRES ET COMMUIVICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. Pages. M. Bertiielot. — Aclions électrolytiques manifestes, développées par les piles con- stituées par la réaction de deux liquides renfermant l'un un acide, l'autre un alcali. lai, M. Armand Galtieu. — Existence, dans Pages. l'albumen de l'œuf d'oiseau, d'une sub- stance librinogéne, pouvant se transformer, m vitro, en membranes pseudo-organisées. i33 MM. R. LÉpiNE et BouLUD. — Sur l'acide ^lycuronique dans le sang du chien i3 i46 M. Sene.maud. — Ouverture de deux plis cachetés et Note complémentaire concer- nant la stabilité des appareils aviateurs, plus lourds que l'air 146 CORRESPONDANCE. MM. G. Darboux et E. Picard sont désignés par r.\cadémie pour la représenter aux fêtes du centenaire du grand mathéma- ticien N.-H. Abet 146 M. le Secrétaire perpétuel présente à l'Académie deux Volumes portant pour titre : « International Catalogue of scien- tific littérature, firslannual issue; D, Che- mistry, Part I, et M, Botany, Part I «... 146 M. le Secrétaire perpétuel signale les trois Volumes du Compte rendu du qua- trième Congrès international de Cliiniie appliquée, tenu en 1900, et divers Ou- vrages de M. Gino Loria et de M. Cail- Luchvig Charlier 141; M. Lacroix. — Extrait d'une lettre relative à la Mission de la Martinique 147 M. Emile Borel. — Sur la généralisation du prolongement analytique i5o M. P. Painleve. — Observations sur cette Communication de M. Bore/ 102 M. V. CuKMiEU. — Anomalies présentées par la charge de conducteurs isolés sur des diélectriques soli 2o5 208 Pages. artificielle '97 M. Stéphane Leduc. - Production du sommeil et de l'anesthésie géhérale et locale par les courants électriques 199 M. D.-N. VoïNOV. — La spermatogenèse chez le Cybister Roeselii 201 M. Louis Lapicque. — Sur le rôle de la rate dans la fonction hématolytique 2o3 MM. Schlagdenhauffen et Reeb. — Sur la présence de la lécithine dans les végétaux. M. L. Maquknne. — Sur la conservation du pouvoir germinatif des graines M. ÉM. Marchal. — De la spécialisation du parasitisme chez VErysiphe graminis... M. G.-B.-M. Flamand. — Sur le régime hydrographique du Tidikelt (archipel Touatien ), Sahara central M. J. Thoulet. — Sur la constitution du sol sous-marin M. Koveau de Courmklles adresse une Note portant pour titre : « Des énergies pho- tochimiques comparées de diverses sources lumineuses » M. Emm. Pozzi-Escot adresse des « Recher- ches sur les ferments diastasiques de \'Eu- rotiuni Orizœ >• ^ '" 2l5 216 216 PARIS. - IMPRIMERIE G AUTHIE R- VILLARS, Quai des Grands-Augustins, 55. Le cirant: GautBIBR-VilLARS. 1902 SECOND SEMESTRE. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. TOME CXXXV. N^ 4 (28 Juillet 1902 PARIS, GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, Quai des Grands-Augiistins, 55. 1902 RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS Adopté dans les séances des aS juin 1862 et 2/j mai 1873 Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de V Académie se composent des extraits des travaux de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes présentés par des savants étrangers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. 26 numéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. Article i". — Impression des travaux de V Académie. Les extraits des Mémoires présentés par un Membre ouparunassociéétrangerdel'Académiecomprennenl au plus 6 pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o pages par année. Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans le Compte rendu àe la semaine que si elle a été remise le jour même de la séance. Les Rajiports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les rapports et Listructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par les Correspondants de l'Académie comprennent au plus 4 p3g6s par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de 3a pages par année. Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis- cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca- démie ; cependant, si les Membres qui y ont pris part désirent qu'il en soit lait mention, ils doivent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les re- mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion. Les Programmes des prix proposés par l'Académie sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap- ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'a aj que l'Académie l'aura décidé. Les Notices ou Discours prononcés en séan blique ne font pas partie des Comptes rendus. Article 2. — Impression des travaux des Savt étrangers à l' Académie. , Les Mémoires lus ou présentés par des pers d( qui ne sont pas Membres ou Correspondants de 0 demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d' suiné qui ne dépasse pas 3 pages. Les Membres qui présentent ces Mémoires tenus de les réduire au nombre de pages requ Membre qui fait la présentation est toujours n< mais les Secrétaires ont le droit de réduire cetE ,1 autant qu'ils le jugent convenable, comme ils \< « pour les articles ordinaires de la correspondanc (I cielle de l'Académie. AaTiCLE 3. Le bon à tirer de chaque Membre doit être 1 l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plusl jeudi à 10 heures du matin; faute d'être remis à U : le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compta actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu vaut et mis à la fin du cahier. Article 4. — Planches et tirage à part. Les Comptes rendus ne contiennent ni planehi figures. Dans le cas exceptionnel oîi des figures ser autorisées, l'espace occupé par ces figures com pour l'étendue réglementaire. Le tirage à part des articles est aux frais de teurs; il n'y a d'excejition que pour les Rappoi les Instructions demandés par le Gouvernement Article 5. Tous les six mois, la Commission administratif un Rapport sur la situation des Comptes rendus a l'impression de chaque volume. Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du sent Règlement. Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5''. Autrement la présentation sera remise à la séance sui ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 28 JUILLET 1902. PRÉSIDENCE DE M. BOUQUET DE LA GRYE. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une propriété curieuse d'une classe de surfaces algébrupies. NoLe de M. Emile Picard. « L'élude des intégrales de difTérentielles totales relatives à une surface algébrique me préoccupe depuis longtemps, mais je reste encore dans l'indécision sur la nature de ces intégrales au point de vue de leur trans- cendance. Quoique certaines considérations conduisent à présumer que, pour une surface arbitraire, toute intégrale de différentielle totale se ramène à une combinaison algébrico-logarithmique, c'est-à-dire à une expression de la forme (i) 2A,logR,(a;,j, ;) + P(a:,j, =), P et les R étant des fonctions rationnelles de x, y et z, et les A des constantes, le fait reste incertain. Sans rien préjuger à ce sujet, je veux indiquer ici une propriété des surfaces dont toutes les intégrales de diffé- rentielles totales se ramènent à une combinaison algébrico-logarithmique. M 1. Je rappellerai d'abord un théorème général relatif aux intégrales de troisième es|)èce {Annales de l'École Normale, ujoi). Soit f une surface algébrique à singularités ordinaires ; sur cette surface on peut tracer p courbes algébriques irréductibles particulières L, , Lj, . . ■ . '-'pi telles qu'il n'existe pas d'intégrale de différentielle totale de troisième espèce, n'ayant d'autres courbes logarithmiques que la totalité ou une partie de ces courbes C, mais telles qu'il existe une intégrale ayant seulement pour courbes C. R., 1902, a" Semestre. (T. CXX.W, N° 4.) ^o 2l8 ACADÉMIE DES SCIENCES. logarithmiques une (p + i )"^'"* courbe quelconque V de la surface, et la totalité ou une partie des courbes C. » J'ajoule que le nombre p esl le même pour toutes les surfaces se cor- respondant birationnellement et n'avant pas de courbes exceptionnelles ; sous ce point de vue, il peut être regardé comme un invariant pour la classe de surfaces algébriques considérées. » 2. Soit maintenant une siirfacey, pour laquelle toutes les intégrales de différentielles totales sont de la forme (i); désignons toujours par les lettres C les p courbes du théorème précédent, et soit r une courbe irré- ductible quelconque tracée sur la surface. Il existe, comme nous venons de le dire, une intégrale de différentielle totale ayant pour courbes loga- rithmiques la courbe F et la totalité ou une partie tles courbes C. Cette intégrale est, par hypothèse, de la forme (i); on peut supposer que les ternies logarithmiques sont réduits à leur moindre nombre, c'est-à-dire qu'entre les A on n'a pas de relation homogène et linéaire à coefficients entiers. Dans ces conditions, on est assuré que les fonctions rationnelles R n'ont d'autres lignes de zéros et d'autres ligues d'infinis que la courbe T et les courbes C. » Ainsi, une des fonctions R, au moins, est nulle ou infinie le long de F, et elle a comme autres lignes de zéros et d'infinis la totalité ou une partie des courbes C, avec des degrés quelconques d'ailleurs (entiers) de multi- plicité. Il existe donc certainement une fonction rationnelle n'ayant d'autres lignes de zéros et d'infinis que la courbe irréductible arbitraire F de la surface, et la totalité ou une partie des courbes C. J'ajoute que cette fonction sera unique, ou, plus exactement, que deux fonctions ration- nelles possédant cette propriété ont deux de leurs puissances entières convenables dans un rapport constant. M 3. Ceci posé, prenons sur notre surface p -l- i courbes irréductibles entièrement arbitraires r, , 1 2, .... i p4-i • » On peut, d'après ce qui précède, former une fonction rationnelle R,, ayant pour ligne de zéro la courbe F, et pour lignes de zéros et d'infinis la totalité ou une partie des courbes C. Soient de même Ro, ..., Rp^-i des fonctions rationnelles analogues correspondant à F,, ...,rp^, ; formons le produit 1 1», II;, • • • l>p + l 1 OU les jx sont des entiers positifs ou négatifs. On peut choisir ces entiers SÉANCE DU 28 JUILLET rpoa. 219 (non tous nuls) de manière que, pour la fonction rationnelle F, les courbes C ne soient plus ni lignes d'infinis ni lignes de zéros. La fonction F, ainsi obtenue, ne se réduira pas à une constante, et elle aura jiour lignes de zéros et lignes d'infinis la totalité ou une partie des courbes T. » Nous sommes donc ainsi conduit à la conclusion suivante, qui est assez curieuse : Étant prises sur la surface p -+- r courbes algébriques irré- ductibles arbitraires, il existe une fonction rationnelle s' annulant le long de certaines de ces courbes, devenant infinie le long des antres (avec des degrés convenables de multiplicité), et n'ayant aucune autre ligne de zéros ou d'infinis. » Il est bien entendu qu'il s'agit ici d'une surface dont, par hypothèse, toutes les intégrales de différentielles totales sont du type (i). » Pour les courbes algébriques, il n'existe évidemment pas de proposi- tion analogue, dans laquelle les courbes T seraient remplacées par des points; pour une courbe algébrique non unicursale, on ne peut évidem- ment pas former une fonction rationnelle des coordonnées, dont les pôles et les racines devraient être nécessairement compris parmi des points donnés, les degrés de multiplicilé n'étant d'ailleurs pas fixés à l'avance. » 4. Les résultats précédents conduiraient donc plutôt à présumer que les intégrales de différentielles totales ne se ramènent pas, en général, à des combinaisons algébrico-logarilhmiques; mais, à supposer que cela soit possible, nous ne pouvons indiquer une surface de connexion linéaire égale à l'unité (c'est-à-dire sans intégrale différentielle totale de seconde espèce de nature transcendante) possédant une intégrale de troisième espèce qui ne soit pas du type algébrico-logarithmique. » On peut indiquer, au contraire, de nombreux exemples de surfaces algébriques pour lesquelles on est assuré que toutes les intégrales sont du type précédent. Un exemple très simple est fourni par la surface de . Rummer ; pour cette surface, le nombre p est égal à l'unité, et, si l'on prend sur la surface deux courbes algébriques irréductibles quelconques r, et Tj, il existe une intégrale de troisième espèce n'ayant d'autres courbes loga- rithmiques que ces deux courbes, et réductible à un logarithme. On peut le voir de suite en se reportant à une proposition très élégante de M. Hum- bert, d'après laquelle toutes les courbes algébriques tracées sur la surface de Rummer sont de degrés pairs, et si 2m désigne le degré d'une telle courbe, on peut le long de cette courbe circonscrire à la surfiice une sur- face de degré m ne la coupant pas en dehors de la courbe considérée. 220 ACADÉMIE DES SCIENCES. » Si donc /,{x,y,z)=:o et /.(.r,^, z) = o représentent les deux surfaces de degrés /n, et m., donnant T, et T.,, la fonction logarithmique logf peut être regardée comme une intégrale de troisième espèce possédant la propriété demandée. » Il suffira d'indiquer ici un autre exemple assez étendu. La surface s' = a(r) . -r' 4- è(y) ..r^ + c{y).x + dij), où a, h, c, suivant les trois axes, de l'unité de vo- lume d'éther. Transposons-les dans les mêmes membres que ces dernières, et, divisant par ;;., appelons u la vitesse de propagation i /- de la la miere dans l'éther libre, N l'indice de réfraction y/i + A de la substance étudiée. Nous aurons, sous leur forme la plus simple, les trois équations du mou- vement vibratoire de l'éther : (0 » III. Rapportons le mouvement à des axes des a:,, y,, z, animés des trois composantes de vitesse (i— p) V^. (i — p) V,., ( i — j^^ j V^, ou, autrement dit, adoptons les quatre variables indépendantes /,, a?,, j,, ::, reliées k t, x, y, z par les formules (2) i-^)V.^ Celles-ci entraînent les formules de transformation (3) d dx _ d dx^ d d d d dy f/j, dz d: d dl ' d -du -(,- W \ ""dx, ^ dy. SÉANCE DU 28 JUILLET 1902. 223 et, par suite, très sensiblement, ^-n'-i)0'-rai+'^^^.-^^^^ M » Les seconds membres des équations (i) garderont leurs formes, tandis que les premiers membres, réduits à -^ — '6~r — ' ^^ trouveront débarras- sés des termes en Y,,., V^, V^. Donc, conformément aux idées de Fresnel, ies vibrations se transmettent, dans Vé.ther du corps homogène en mouvement, comme elles le feraient si ce corps et son éther étaient animés ensemble d'une translation égale à la fraction i — ^_ de la translation effective du corps, cas où il est clair que les ondes éprouveraient la même translation partielle, outre leur momement propre de propagation. » En particulier, une onde plane limitée latéralement, une fois née quelque part, se propagera, par rapport aux axes des a;,, y^, ;,, suivant sa propre normale ou, encore, suivant la droite qui, dans une onde sphérique grandissante produite au même instant et au même endroit, joindrait le centre de la sphère au point de contact de l'onde plane consiiiérce, qui lui serait constamment tangente. La construction usuelle d'Huygens et de Fresnel, basée sur l'emploi de la surface courbe d'onde, relie donc la direction de chaque rayon à celle des ondes planes correspondantes. » IV. Les axes précédents des Xf, y^, :, sont ceux qui conviennent le mieux à l'étude du phénomène, tant qu'H s'agit d'un milieu hoaaogène unique. Mais, dés qu'il y a réflexion et rétraction, ou que deux milieux au moins sont à considérer, savoir, par exemple, Féther libre et le corps transparent animé de la vitesse transitoire V (à composantes Vj., V^, V^), des axes des x' , y', s' liés à ce corps deviennent indispensables, surtout si l'observateur participe à la translation, comme il arrive justement dans la plupart des expériences faites sur le globe terrestre et où il n'y a pas d'autre translation à considérer que celle même du globe. .4.1ors on a, pour remplacer, dans (i), t, x, y, z, des variables t' , x', y', z' définies par les formules (4) t'=t, x'—x-W^t, y'=:y—Vyt, z' — z — Y^t. » Or, celles-ci donnent d d d d d d I d _ d , ^ , \ dx dx' (3) dy df dz dz' d d \f d \r d ^T d ~dt~'dl'~ '"'dl' " ^dy ~ -57'' 224 ACADÉMIE DES SCIENCES. et, par suite, à des termes près non linéaires en V^, Y^, \~, que nous négligeons. d^ ^r d'- ,, d^ ,, d^ d' dt' ^ " ^ "^ dx dt ^ -^ > dv di ^ -^ ' dz dt dl"- )) Les équations (i) du mouvement deviennent alors, en convenant d'effacer finalement les accents de i , x\ y', z' : (6) 0)2 ''' 4fv.-^. + V,.^ + V.^.yj (i, r„ C: dt' N'- V ^ djc dt ^ dydt "" dz dt » V. Ces formules nous seront nécessaires pour établir les conditions spéciales à la surface soparalive de deux milieux. Mais les lois qu'elles donnent pour un pinceau latéralement limité de lumière, se propageant dans chaque milieu en particulier, s'obtiennent plus simplement en obser- vant que, par rapport aux nouveaux axes (liés au corps), les ondes planes ou courbes se trouvent emportées en sens inverse de la translation effective comme les axes précédents des a;,, j,, -,, c'est-à-dire avec la vitesse ^j et qu'il suffit ainsi de composer le mouvement de ces précé- dents axes, par rapport aux nouveaux, avec la simple propagation des ondes. » Imaginons, à cet effet, que la source lumineuse soit entraînée, elle aussi, avec le corps transparent et l'observateur. Il est toujours permis de le faire : car il s'agit surtout de suivre chaque ébranlement dans sa propa- gation, et rien n'empêche de le concevoir produit, au moment où il a lieu, par une source ainsi entraînée, qui s'éteindrait aussitôt après, pour être, au besoin, remplacée par d'autres situées de même aux points de départ des ébranlements subséquents. » Dans ces conditions, pour un observateur ainsi mobile placé à la source d'une onde plane et regardant celle-ci se propager sur son rayon, en même temps que se propagera une onde courbe (fictive) grandissante à laquelle elle reste constamment tangente, le centre de l'onde courbe et le rayon lui-même qui en émane seront vus éprouver, par unité de temps, le mouvement de recul ^; et l'onde plane, qui parcourt en même temps le rayon, sera vue suivre la diagonale qui joint la source, c'est-à-dire l'obser- vateur, à l'onde plane telle qu'elle lui paraît placée après une unité de SÉANCE DU 28 JUILLET 1902. 225 temps, OH effectivement tangente à l'onde courbe considérée après la V même unité de temps et ayant éprouvé, par rapport à la source, le recul -^t- en sens inverse de la translation V. » C'est évidemment celte Irajecloire apparente de l'ébranlement qu'il conviendra d'appeler le raj'o/i/Mwmewj;, pour un observateur entraîné avec le système. On l'obtient donc en menant, comme à l'ordinaire, à une onde courbe, ici sphérique et de rayon ^i née depuis une unité de temps, le plan tangent parallèle à l'onde plane donnée, puis, d'après ce qui précède, en joignant au point de contact non pas le centre de figure, mais un point situé à la distance tttt de ce centre, du cùté où se fait la translation effec- tive V. Ce point représente la source; et son écart d'avec le centre de figure, ou ce qu'on peut appeler V excentricité de l'onde courbe, représente, comme on voit, le recul éprouvé par celte onde, pendant l'unité de temps qu'elle a mise à grandir de zéro à son rayon actuel j^- L'angle que fait, au point de contact de l'onde plane et de l'onde courbe, le rayon lumineux, avec la normale émanée du centre de figure, constitue l'aberration du rayon. » CHIMIE. — Réduction des denves nitres par la méthode d' hydrogénatioti directe au contact de métaux divisés. Note de MM. Paul Sabatier et J.-B. Sendere.vs. « Dans une Communication antérieure {Comptes rendus, t. CXXXIII, 1901, p. 32i), nous avons fait connaître que notre méthode générale d'hy- drogénation directe convient très bien dans beaucoup de cas pour trans- former les dérivés nitrés organiques en dérivés aminés correspondants : le nitrobenzène, les nitrotoluènes, les nilronaphtalènes sont ainsi réguliè- rement changés en aniline, toluidines, naphtylamines. Nous avons décrit avec détails la réaction dans le cas du nitrobenzène; nous nous occuperons aujourd'hui du cas analogue du nitronaphtaiène, puis de celui des dérivés nitrés forméniques, nitrométhane, nitréthane. » Nitronaphtaiène a. — Le nilionaphlalène a étant solide à la température ordi- naire (il fond à 58°), un dispositif spécial permettait de chauffer dans la vapeur d'eau bouillante et de maintenir à l'état liquide le produit nitré, qui pouvait ainsi être introduit régulièrement par un tube capillaire dans le tube à réduction. C. H., 1902, 2* Semestre. (T. CXXXV, N" 4.) ' 29 2^6 ACADÉMIE DES SCIENCES. » Avec le cuivre réduit, maintenu entre 33o° et Sjo", un excès d'hydrogène donne lieu à une transformation totale du nitronaphtalène, sans production appréciable d'ammoniaque : on recueille un liquide noirâtre, qui se solidifie spontanément ou au contact d'un cristal de naphtylamine a. La masse cristalline brun rosé ainsi obtenue est formée par de la naplitylamine a, souillée par une très petite proportion de pro- duits azoïques et de goudrons. » Ainsi que dans le cas du nitrobenzène et des nilrotoluènes, l'iiydrogène peut être remplacé par le gaz à l'eau, mélange à volumes égaux d'hydrogène et d'oxyde de carbone. Ce dernier corps intervient dans une certaine mesure pour efTecluer la réduc- tion : en efTet les gaz dégagés contiennent une quantité notable d'anhydride carbonique produit par la réaction. » En opérant à la même température avec du /i/cAe/ /eWwî'i, la formation de naphtyl- amine est accompagnée d'une réduction plus avancée, analogue à celle qui a été réalisée pour l'aniline au-dessus de 55o" : il v a production d'ammoniaque et de tétra- hydrure de naphtalène liquide C'H'-, ainsi que de naphtalène libre provenant de la destruction partielle du tétrahjdrure. » II. Nitroinétiiane. — En présence de nickel réduit maintenu à la température de i5o" à t8o°, les vapeurs de nitrométhane, entraînées par un excès d'hydrogène, sont facilement réduites, avec formation exclusive d'eau et de méthylamine qui s'y dissout : CH^ NO^- + 3 H* =: CH^ NH= H- 2 H-^ O. » On observe une forte absorption d'hydrogène. » La méthylamine a été caractérisée par ses diverses réactions (notamment par l'action de l'iode, qui fournil un précipité rougeàtre que la potasse transforme en iodoforme), et par le dosage de son chloroplatinale : „, . I trouvé 4i )7 rlatine pour loo. . . • , ,, , i I calcule 4' )5 » Il n'y a pas formation sensible d'ammoniaque; les gaz qui sortent de l'appareil ne contiennent que de la méthylamine et de l'hydrogène, sans méthane. )i II n'en est plus ainsi quand le nickel est chaufTé au-dessus de 200° et surtout de 3oo°. Ainsi à 320°, la production de méthane, corrélative de celle d'ammoniaque, est fort importante, selon la réaction CH3 . NO^ 4- 4 H» = CH* 4- NH3 + 2 H2 O. « Alors la méthylamine recueillie contient beaucoup d'ammoniaque. » L'emploi du cuivre réduit conduit à une réduction moins simple. I) Au-dessous de 3oo", on ne constate aucune action appréciable. » Entre 3oo° et 4oo°, la réaction a lieu, accusée par la formation de vapeur d'eau et par la contraction du volume gazeux: mais, quel que soit l'excès d'hydrogène, elle ne conduit jamais à une transformation complète en méthjlamine. On obtient un liquide aqueux un peu brunâtre, d'odeur écœurante rappelant à la fois la pyridine et l'acide cyanhydrique, dans lequel apparaissent des cristaux incolores peu stables, solubles dans l'eau, peu solubles dans l'éther, qui fondent au-dessous de 60° en déga- geant de la méthvlamine. Le liquide et les cristaux ne tardent pas à noircir en se SÉANCE DU 28 JUILLET 1902. 227 décomposant peu à peu, et déposent une matière solide noire, insoluble dans l'eau, soluble en brun dans les acides concentrés. » Ce liquide instable peut être réalisé directement avec des propriétés identiques, en dissolvant du nitrométhane dans une solution aqueuse de métliylamine : il peut être regardé comme contenant à l'étal de dissolution la combinaison d'addition de méthylamine et de nitrométhane, due à la fonction acide de ce dernier corps. Les cristaux observés sont précisément cette combinaison, dont la destruction s'effectue spontanément selon un mécanisme très compie\e sur lequel il y aura lieu de revenir. » III. Nitréthane. — La transformation du nitrélhane en élhyianiine se produit facilement sans complications, quand ou l'effectue au moyen d'un excès d'hydrogène en présence du nickel vers 200°. » .\vec le nickel maintenu à 34o°, la production d'éthylamine se complique d'une certaine formation d'ammoniaque, et corrélati\ement d'éthane et de méthane : mais ce phénomène accessoire est moins important que dans le cas du nitrométhane. » Le cuivre réduit, agissant entre 3oo° et 4oo°, fournil une réduction analogue, mais plus lente, sans perturbations notables : le liquide recueilli est une solution d'éthylamine, qui contient une certaine dose de nitréthane dissous et se conserve à peu près incolore sans altérations appréciables. » MEMOIRES PRESENTES. M. E. Delatour soumet au jugement de l'Académie un Mémoire relatif à un « Appareil de pointage ». (Renvoi au concours du prix extraordinaire institué en vue d'accroître l'efficacité de nos forces navales.) M. Brécuard adresse un Travail relatif à de « nouveaux pantographes ». (Commissaires : MM. Hatt, Laussedal.) M. Odieu adresse im complément à son précédent Mémoire sur la théorie des consonances et des dissonances musicales. (Commissaires précédemment nommés : MM. Mascart, VioUe.) CORRESPOND AINCE . M. SciiiAPARELLi, nommé Associé étranger, adresse ses remerciments à l'Académie. 228 ACADÉMIE DES SCIENCES. M. le Secrétaibe perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Gorrespomlance, le Tome I des « Opère matemaliche di Eugenio Bel- trami ». ASTRONOMIE. — Méthode spectrale capable de fournir la loi de rotation encore inconnue des planètes à faible éclat. Vérifications de la méthode. Premiers résultats. Note de M. H. Deslandres, présentée par M. Janssen. « J'ai indiqué en iSgS (') la méthode spectrale dite de l'inclinaison, qui décèle avec une précision notable la rotation des planètes brdlantes, telles que Jupiter, Vénus, Saturne et ses anneaux. Je montre, dans la Note actuelle, qu'elle peut, avec certaines modific;itions, être appliquée aux pla- nètes d'éclat plus faible, telles qu'Uranus etNeptune. Ces dernières planètes, dont la rotation n'est pas encore déterminée, ont des satellites qui se meuvent dans le sens rétrograde, alors que le Soleil, les autres planètes et les autres satellites tournent dans le sens direct. Aussi la reconnaissance de leur rotation 3 une importance manifeste. » La mesure de l'inclinaison des raies spectrales est relativement facile avec les planètes brillantes dont le spectre peut être obtenu avec un appareil dispersif à fente fine. Elle donne la différence des vitesses radiales aux extrémités d'un diamètre planétaire avec une précision beaucoup plus grande que la mesure classique du déplacement linéaire. » D'ailleurs, au moins pour les planètes extérieures, la difFérence de vitesse ainsi mesurée est double de la vitesse réelle. C'est même pour vérifier cette application spéciale aux planètes du principe de Doppler- Fizeau que j'ai, en iSgS, sur le conseil de M. Poincaré, commencé ces recherches spectrales. L'expérience vérifie nettement les indications de la théorie. Ainsi pour Jupiter, dont la vitesse linéaire équatoriale est 12*"" par seconde, la différence de vitesse radiale mesurée aux deux extrémités du diamètre équatorial est de 48'"". Cette pro[)riété, comme je l'ai remarqué dès le début, favorise la reconnaissance de la rotation par le spectre ; en effet, peu après, Keeler et moi, nous avons, par cette méthode, décelé la rotation des anneaux de Saturne et fourni la première preuve expéri- mentale de leur division en corpuscules. Plus tard, en 1900, Belopolski, avec un appareil très dispersif, a reconnu la rotation de Vénus. (* ) Recherches spectrales sur la rotation et les mouvements des planètes {Comptes rendus, t. CXX, p. 4i7) et Recherches spectrales sur les anneaux de Saturne {Comptes rendus, l. CXX, p. ii55). SÉANCE DU 28 JUILLET looa. 229 » Or, les appareils précédents sont en défaut avec les planètes Uranus et Neptune, de grandeurs égales à 5,5 et 7,5. Le spectroscope employé à Paris avec le grand télescope de i", 20 pour Jupiter et Saturne, et le spec- troscope organisé à Meudon pour les vitesses radiales des étoiles avec la grande lunette, ne conviennent plus pour les étoiles de grandeur supé- rieure à 4,5. Déplus, avec la grande lunette de Meudon de 16'" de distance focale, l'image d'Uranus, au foyer, est un petit cercle de Soo*^ (microns), alors que la fente ordinaire du spectroscope a seulement 30"^, et la plus grande partie de la lumière de la planète ne pénètre pas dans l'appareil. » Il faut nécessairement employer un spectroscope moins dispersif, et une fente plus forte. Or, et c'est là le point sur lequel je veux insister, lorsque la lumière entière du cercle planétaire entre dans l'appareil et concourt à la formation du spectre, la méthode de l'inclinaison donne encore des résultats très utiles, quoique intérieurs en précision. » En effet, avec une dispersion trois fois plus faible, les principales raies ou bandes du spectre solaire sont discernables avec une fente de Soo*^, et nettes avec une fente de iSo^^. De plus, si l'on applique la propriété géométrique simple des cor|)s en rotation indiquée dans ma Note de iSgS, le disque circulaire de la planète [en pointillé {fig. i)], a|)rès le pMSsage de sa lumière supposée monochromatique dans le spectroscope, est déformé, comme l'indique le schéma ci-dessous. Le cercle est remplacé par une ellipse inclinée [une des deux ellipses en trait plein {^fig- i)| et Ion Fig. I. Fig. 2. Axe du roùjf-'on de. ta^ langueur du spectra. conçoit que cette inclinaison puisse donner le sens et même la vitesse de la rotation. » La méthode semble donc susceptible de donner encore un résultat dans ce cas difficile. Avant de l'appliquer à Uranus, je l'ai essayée sur 23o ACADÉMIE DES SCIENCES. Jupiter, rim;ige de Jupiter étant égale ou inférieure à l'image d'Uranus donnée par la grande lunette deMeudon. Une image de Jujnter, large de Sgo"^, correspond à un objectif de i"',5o de distance focale; mais j'ai em- ployé seulement une petite lunette de o^.SS, la démonstration étant, à certains égards, plus frappante avec une très petite image de l'astre. » Une première série d'expériences est la suivante : l'objectif de o™,55 projette une image de Jupiter sur la fente largement ouverte d'un petit spectroscope à un prisme de 60°, dont le collimateur et la lunette ont o", 22 et o™,32. De plus, l'ensemble peut tourner autour de l'axe commun de l'objectif et du collimateur. On fait alors trois épreuves successives du spectre sur la même plaque : une première épreuve avec la fente et l'arête du prisme parallèles à l'équateur de Jupiter, puis une deuxième et une troisième, après avoir tourné l'appareil entier de 90° et de 180". Or la pre- mière épreuve montre les raies inclinées dans le sens déterminé par la rotation connue de l'astre, et la troisième les donne inclinées dans le sens opposé (voir les deux ellipses à trait plein tle la figure i). » Dans une seconde série d'expériences, les résultats sont [)lus nets. On a seulement un prisme objectif de 3o° placé devant l'objectif précédent de o™,55, l'ensemble pouvant tourner autour du rayon visuel de l'astre. Le prisme est dans la position dite diminuante, de manière que le cercle de la planète est remplacé dans le spectre par une ellipse aplatie dans le sens de la longueur du spectre, ce qui favorise beaucoup le relevé des inclinaisons (voir la figure 2 et l'ellipse centrale en pointillé). Ues trois épreuves successives obtenues comme précédemment ont encore les mêmes particularités indiquées par les trois ellipses de la figure 2, et l'accord entre les inclinaisons mesurées et calculées est satisfaisant (*). \) En résumé, l'image entière de la planète, soumise à l'analyse spec- trale, offre des déformations qui peuvent déceler le sens et jusqu'à un cer- tain point la vitesse de sa rotation. Même avec la petite lunette employée pour Jupiter (3*^^'" d'ouverture), cette méthode spectrale donne probable- ment un résultat plus net sur la rotation que la méthode ordinaire par le mouvement des taches sur le disque. » Ces essais sur J upiter ont été faits dans l'été de 1901 avec le concours de (') Ces deux séries d'expériences ont été faites non avec la grande lunette, mais avec l'équatorial d'un type nouveau, que j'ai fait construire pour l'observation de l'éclipsé totale du Soleil de 1900 (voir Bulletin astronomique, 1901, p. i5o). Cet équatorial, qui a été remonté à l'Observatoire sous un abri roulant, a l'avantage d'être un support commode pour toutes sortes d'instruments. SÉANCE DU 28 JUILLET 1902. 23l MM. Burson et Millochau. Puis, cette année, la méthode a été appliquée à Uranus, et a donné déjà le résultat suivant : la planète tourne dans le sens rétrograde. Mais les détails de ces recherches seront présentés dans une Note prochaine. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur le problème de Dirichlet pour des domaines limités par plusieurs contours (ou sur/aces). Note de M. A. Korn, pré- sentée par M. Emile Picard. « Ni pour les problèmes dans le plan, ni pour les problèmes dans l'es- pace à (rois dimensions, on n'a besoin fies transformations de M. Poin- caré pour démontrer la méthode de M. Neumann, si l'on se sert d'un théorème de M. Zaremba (') on plutôt d'une modification de ee théorème que j'ai démontrée récemment (-); il est tout à fait indifférent pour cette démonstration, si le domaine en question est limité par un seul contour (une seule surface), ou par plusieurs contours (plusieurs surfaces), si le domaine est simj)lement connexe ou non. pourvu que les contours (les surfaces) soient de courbure continue (^). » Quant aux problèmes dans le plan, d est facile de généraliser cette démonstration aussi pour le cas où les contours sont composés d'un nombre fini de lignes de courbure continue de la même manière que pour les domaines limités par un seul contour, en démontrant d'abord l'existence d'une transformation x^x(X,Y), j=x(X,Y), qui change les contours composés dans le plan des x, y, en contours de (') S. Zaremba, Bull, de Cracovie. 1901, p. 171. (-) A. Korn, Abhandlungen zur Potentiahheorie, n° 5, p. 26. Berlin, 1902. (') Dans un récent Mémoire (Maf/i. Ann.. l. LVI, p. 49) M. E.-R. Neumann a appliqué la première méthode de M. C. Neumnnn aux domaines limités par plusieurs contours (surfaces), et, par une lieureuse modification de la démonstration originale, il est arrivé à démontrer la méthode pour un grand nombre de cas ; quoique ces résul- tats ne soient pas aussi généraux que ceux que l'on obtient par l'application de la méthode citée ci-dessus, ils permettent souvent de calculer assez facilement une limite inférieure pour le rayon de convergence des séries de M. Neumann. aSa ACADÉMIE DES SCIENCES. courbure continue dans le plan des X, Y, tout en définissant une corres- pondance uniforme entre le plan des x, y et le plan des X, Y, et remplis- sant les conditions que les fonctions X, Y et x, y soient continues dans tout le plan, et qu'elles admettent des dérivées dX dX d\ . avec un champ de 1800 unités. En représentant par I l'intensité lumineuse sans le champ, on a, en faisant intervenir l'ac- tion magnétique : Intensité. Normalemenl au champ, sans nicol ' >02 ), » avec nicol, section princ. parallèle au clianip.. 2,74 ■ » » » » normale » . . o,54 Parallèlement au champ, sans nicol o,d6 » De sorte que, si le plan de polansation des radiations est parallèle au champ, celles qui se propagent parallèlement aux lignes de force subissent une absorption égale à celle qui est subie var les vibrations qui se propagent nor- malement aux lignes de force. Ce résultat, constaté pour des biréfringences négatives, est aussi très probablement exact pour des biréfringences po- sitives. » Les mesures photométriques qui précèdent confirment le fait que les phénomènes présentés par les cristaux absorbants sont décrits de la ma- nière la plus simple en leur donnant pour caractéristique le seul vecteur normal au plan de polarisation. » PHYSIQUE. — Sur Véquivalenl électrochimique de l'argent. Note de M. A.Leduc, présentée par M. Lippmann('). « Depuis les recherches bien connues de M. Mascart, de M. Kohirausch et de Lord Rayleigh sur l'équivalent électrochimique de l'argent, un certain (') \o\\- Comptes rendus, 7 juillet 1902. 238 ACADÉMIE DES SCIENCES. nombre de savants en ont repris la détermination. Les résultats obtenus, notamment par MM. Potier et Pellat, d'une part, et par MM. Patterson et Guthe, d'autre part, sont en parfait accord. L'équivalent électrochimique de l'argent serait, d'après eux, o,oiii9'>, an lieu de o,oiii8, nombre devenu classique, qui est la moyenne des résultats de M. Kohlrausch et de Lord Rayleigh. » MM. Richards, Collins et Heimrod ont comparé les masses d'argent recueillies simultanément dans trois voltamètres à azotate d'argent diver- sement montés : l'un conformément aux indications de Lord Rayleigh, le deuxième semblable à celui de MM. Patterson et Guthe, et le troisième d'un modèle nouveau, comportant un vase poreux, et ils ont obtenu dans ce dernier un dépôt un peu plus faible que dans !e premier et notablement plus faible que dans le deuxième (7^). Si l'on donnait la préférence à leur mode opératoire, il faudrait donc abaisser l'équivalent élecLrochimique de l'argent à o, on 17 environ. » Enfin, d'après divers auteurs, la corrosion du dépôt cathodique par le bain non privé d'air amènerait un déficit que M. Myers évalue à ^^ envi- ron. L'équivalent devrait donc, au contraire, être majoré d'autant, de sorte qu'il pourrait bien dépasser 0,01 120. Mais j'ai montré que cette prétendue corrosion n'existe pas. » Quant aux divergences des résultats en général, elles sont dues, pour une bonne part, à ce que les masses d'argent pesées par les divers auteurs ne dépassaient pas 2^. Certes, il est facile de peser une pareille masse à 77^ près; mais il est aussi très facile de laisser échapper, dans les déli- cates opérations du lavage du dépôt, des parcelles d'argent formant plu- sieurs dixièmes de milligramme. C'est, évidemment, ce qui est arrivé à M. Kahie lorsqu'il a cru remarquer que ledit lavage à l'eau distillée chaude faisait perdre au dépôt plusieurs dix -millièmes. Je n'ai jamais rien observé de semblable en opérant sur 3o^ de matière. » J'ai reconnu, d'ailleurs, que la masse d'argent déposée par un coulomb dépend d'un certain nombre de circonstances. Je me contenterai de résumer ici les résultats d'expériences qui seront décrites dans l'un des prochains numéros du Journal de Physique. » 1. Soit un bniii d'azotate d'argent primitivement neutre, de concentration normale et à la température ordinaire. Nous avons vu que, si la densité anodique du courant est inférieure à o,0O2C. G. S., il ne se forme point d'acide azotique en quantitéappréciable à l'anode. Dans ces conditions, le dépôt d'argent à la cathode est normal: il ne dépend pas de la densité cathodique, et il ne change pas si l'on sature le bain d'oxyde d'argent. SÉANCE DU 28 JUILLET 1902. 289 » 2. Si la densité anodiqiie csl plus forte, la concentration moindre ou la tempé- rature plus élevée, il se forme a l'anode de l'acide azotique dont la destruction à la cathode entraîne un déficit d'argent. 11 est facile de voir qu'à chaque milligramme d'AzO^H détruit correspond un déficit de t""?,37 d'argent. » 3. Si le bain est primitivement acide, il est clair que le déficit s'exagère pour la même raison. » 4. La basification du bain au moyen d'oxyde d'argent (Patterson etGutl)e)a pour effet d'empêcher la formation d'acide libre et, par suite, le déficit d'argent. Cette pré- caution semble devoir être efficace avec des courants de densité moyenne, tant qu'il reste de l'oxyde en dissolution; mais celui-ci, étant peu soluble, s'épuisera avant la fin de l'expérience si l'on recueille, comme je le conseille, une masse importante d'argent. Je crois plus sur de s'en tenir aux très faibles densités. » Je compléterai ces renseignements généraux par quelques indications numériques relatives aux cas où l'on n'a point réalisé les conditions spé- cifiées au n° 1 pour obtenir le dépôt normal. Il se produit alors à la cathode im déficit plus ou moins important qui peut dépasser un millième, peut-être même 2 millièmes. » 1. I/i/hiencc de la température, entre 0° et 4o°. — En bain neutre normal, avec anodes de i8™% cathodes de loo™', et un courant de 0,9 ampère, le dépôt d'argent diminue de 3 à 4 millionièmes par degré. Avec des anodes de 4*""°, 5, 'es autres condi- tions restant les mêmes, la diminution atteint 8à 9 millionièmes. » L'effet de la température est à peu près le même avec un bain acidulé à 2? par litre. » D'après Lord Rayleigh, le dépôt augmenlerait, au contraire, avec la tempé- rature. » 2. Influence des densités de courant. — Avec une densité anodique o,oo5, si la densité cathodique passe de o,ooo3 à 0,001, le dépôt ne diminue pas d'une manière bien appréciable. Avec la densité anodique 0,02, l'écart dépasse joèou ^n bain normal neutre, et xûlôâ ^" '^^'" acidulé à 28 par litre. « 3. Influence de l'acidité et de la basicité. — Expéiiences avec cathodes de loo'"'" et anodes de 4'"'', 5 : » 1° Les deux, bains sont normaux en azotate; l'un est centinormal en acide. Avec un courant de i ampère, le déficit relatif sur la cathode dans ce dernier est de i-rooTiF (08,007 sur 3oo). I) 2° Les deux bains sont demi-normaux en argent, et l'un 0,01 4 normal en acide le déficit atteint la même valeur pour o,4 ampère. I) Remarque. — Nous avons ici la clef d'un désaccord entre M. Kahle et MM. Pat- terson et Gnthe. Le premier trouve que le dépôt fourni par un bain frais est plus faible que celui fourni par un bain usagé dans les mêmes conditions; MM. Patterson et Guthe trouvent exactement le contraire. Tandis que ces derniers partaient d'une solution basifiée qui, par l'usage, devenait légèrement acide, M. Kahle partait sans doute d'une solution acide dont l'acidité diminuait, ainsi que je l'ai exposé. 24o ACADÉMIE DES SCIENCES. )) h. Influence de ta concentration. — Les deux bains sont neutres : l'un est normal, l'autre o, 2 normal. Avec une densité anodique de o, 02, le dépôt fourni par ce dernier est inférieur de plus de Yôooâ- )) Conclusion. — En résumé, la niasse d'argent déposée à la cathode par un coulomb dépend, en général, de plusieurs circonstances. Mais il semble que l'on puisse atteindre la précision de 777-— dans la détermination de l'équivalent électrochimique de ce métal en opérant sur un bain parfaite- ment neutre ou même basique au début, et en évitant la formation d'acide à l'anode, comme je l'ai indiqué. » PHYSIQUE. — Argenture du verre et daguerréotype. Note de M. Izar\, présentée par M. J. Violle. « L'argenture des glaces, pratiquée aujourd'hui si couramment par le procédé au sucre, principalement pour les miroirs télescopiques et les réseaux de la photographie du Ciel, donne généralement des résultats excellents, mais elle exige une liqueur relativement riche en argent et la fabrication spéciale, pour chaque opération, de la solution réductrice, à moins que, pour en conserver uneprovision, on n'y introduise une quantité beaucoup plus grande d'alcool, auquel cas elle se modifie graduellement avec le temps, en devenant de plus en plus active, ce qui oblige à des essais préliminaires chaque fois qu'il faut l'employer. » J'ai eu l'occasion récemn)ent d'essayer ce procédé pour le daguerréo- type sur verre; la méthode daguerrienne, par ses qualités spéciales, paraît destinée à s'introduire de plus en plus dans les laboratoires de Physique, comme sutfiraient à le prouver les belles expériences exécutées dans ces derniers temps par M. Cotton siu' les réseaux de dilfraction et les ondes stationnaires. Or, ici, la substitution du verre argenté aux anciennes plaques s'impose si l'on a besoin de lames d'une planitude rigoureuse, et présente d'ailleurs toute esjjèce d'avantages. Mais j'ai constaté maintes fois que la solidité de la couche sensible est ordinairement très précaire, que cette couche se soulève ou se déchire fréquemment dans le passage à l'hyposulfite, les lavages et surtout le virage à l'or. Je sais bien qu'on a indiqué divers tours de main pour y obvier, mais, pour ma part du moins, je ne lésai pas trouvés d'une efticacité certaine. M Au contraire, le procédé au formol indiqué, mais d'une façon extrê- mement sommaire, par MM. Lumière, ne m'a jamais donné jusqu'ici que SÉANCF, DU 28 JUILLirr jgvZ. 2'|I de la satisfaction, depuis que je l'emploie modifié comme il va être dit. En effet, j'ai pu m'assurer, par des essais extrêmement nombreux, que la technique des auteurs, ou celle que l'on trouve dans divers Ouvrages, est bizarrement infidèle, ce qui tient probablement k la nature différente des divers formols que fournit le commerce, ou à leur altération graduelle. Je commence par dire que le mieux, quand on le peut, est de n'opérer que sur des glaces neuves, et de préférence sur les glaces argentées du com- merce dont on enlèvera le vernis et la couche d'argent. Sinon, il faut mettre en œuvre tous les procédés de nettoyage connus, et si, malgré cela, le résultat persistait à être défectueux, rejeter un support dont la surface serait irré- médiablement altérée. Voici maintenant la technique que je préconise : en la décrivant très minutieusement, je |)araîtrai peut-être trop long et trop méticuleux à certaines personnes, mais je suis convaincu que m'en sauront gré toutes celles — et je les crois nombreuses — qui ne comptent plus leurs insuccès ou leurs demi-succès. » Faire une solution de nitrate d'argent cristallisé à i pour 100 exactement préci- pitée par l'ammoniaque pure; en mettre dans un verre la quantité jugée nécessaire et verser, au moyen d'un flacon compte-gouttes à l'émeri, dans un autre verre, le nombre ejcact de gouttes de formol commercial (4o pour 100) à déterminer comme ci-dessous. Verser le contenu du premier verre dans le second, reverser de nouveau dans le premier et vider enfin le mélange ainsi bien effectué dans la cuvette où doit se faire l'opération. Comme la réduction se produit très vite, — et il le faut pour la bonne réussite, — on devra faire ces mélanges très rapidement, de façon que la teinte du liquide ne commence à se modifier que lorsque celui-ci est délinitivement dans la cuvette. On balancera d'ailleurs celle-ci fortement et continuellement. L'opération ne dure guère plus d'une minute. » La détermination du nombre de gouttes de formol exige un essai préliminaire à chaque fois : prendre, dans une petite cuvette en porcelaine blanche bien nettoyée et finalement passée à l'ammoniaque ordinaire et rincée à grande eau, une certaine quan- tité, i5"'', par exemple, de liqueur argentifère, et y faire tomber, en balançant conti- nuellement, 7 gouttes de formol ('); le mélange doit prendre rapidement une teinte rose violacé de plus en plus foncée, et brusquement il apparaît sur les parois du vase un enduit d'abord irrégulier de couleur successivement rosée, violacée, bleue, gris de fer, qui prend enfin l'aspect de l'argent poli en devenant blanc jaunâtre, tandis que le liquide à peu près transparent se recouvre d'une couche de paillettes métalliques (|ui lui donnent un aspect hnileu\. » L'opération est terminée quand le liquide presque incolore se remplit de gru- meaux bien visibles. Si la quantité de formol est insuffisante, le liquide devient gn^ (') Le nombre de gouttes dépend évidemment du compte-gouttes employé. Le poids (lu flacon que j'emploie diminue de 5s lorsqu'on laisse tomber 100 gouttes. C. K., 1902, a- Semestre. (T. CXXXV, N" 4 ) "^^ 242 ACADÉMIE DES SCIENCES. boueux ; si elle est excessive, les phénomènes précédemment décrits sont plus accélérés, la couche ne devient pas métallique, ou, si elle le devient dans le cas où l'excès serait très faible, elle disparaît sous le moindre frottement du doigt. Au contraire, quand l'opération est réussie et que le rinçage final à grande eau est effectué, le fi ottement le plus énergique ne l'entame pas, pourvu que la cuvette ait été bien nettoyée, passée à l'ammoniaque, puis rincée, et que le doigt lui-même, pour plus de précautions, ait été mouillé aussi par de l'eau ammoniacale. En se guidant sur ce que je viens de dire, il suffit, après un peu de pratique, de deux essais au plus pour pouvoir ensuite opérer définitivement en toute assurance. La lame de verre à argenter devra toujours avoir été, pendant les passages à l'acide et à l'ammoniaque, frottée, et d'une main éner- gique, avec une pince portant un tampon de ouate hydrophile imprégné d'abord d'un peu de rouge d'Angleterre. Elle est finalement rincée à grande eau, ainsi que la cuvette qui la contient, en ayant soin de ne pas la manipuler avec les doigts à partir de ce moment, mais de la manœuvrer, si c'est nécessaire, avec une tige de verre. » La concentration de la solution argentifère ne m'a pas paru influer beaucoup, à partir de o,5 pour loo, sur la quantité de formol nécessaire, de même que sur l'épais- seur de la couche, qui dépend en grande partie du temps qu'on laisse durer l'opéra- tion. Pour le daguerréotype, je conseillerais la concentration de i à 2 pour 100. » J'ajoute, en terminant, que, lorsque l'argenture est réussie, on peut, aussitôt après rinçage à l'eau distillée et séchage, procéder au polissage avec peau de daim et rouge d'Angleterre, polissage destiné à enlever le voile, d'ailleurs très faible, qui recouvre le métal. Celui-ci devient rapide- ment très dur, qualité très précieuse pour le daguerréotype et qui rend le polissage beaucoup plus facile qu'il ne l'étaii. pour les anciennes plaques de doublé, dont l'argent est au contraire très mou. Il résulte de là que, si l'on voulait enlever l'argent avec une pointe, soit pour écrire, soit pour tracer des traits fins sans écaillures, dans le cas, par exemple, de gravure aux vapeurs d'acide fluoriiydrique (*), il faudrait opérer le plus tôt pos- sible après la dessiccation du dépôt. » CHIMIE. — Sur la précipitation des chlorures et bromures de cadmium, de mercure et d'ètain par l'acide sulfurique. Note de M. Georges Viard, présentée par M. Georges Lemome. (Extrait.) « Un excès d'acide sulfurique concentre précipite de leurs solutions les chlorures et bromures de cadmium, de mercure et d'étain (au minimum). (') L'argent protège, en efl'et, le verre de l'attaque des vapeurs cl remplace avec avantage, dans la gravure sur vei rc, la cire habituellement employée. SÉANCE DU 28 JUILLET I902. 243 On ne peut donc pas caractériser ces sels par le réactif que j'ai indiqué précédemment (Comptes rendun, 21 juillet 1902) : le mélange de sulfate de cuivre avec SOMl- en grand excès, qui donne, en général, un précipité jaune avec les chlorures, noir avec les bromures, ne fournit que des pré- cipités blancs avec les chlorures et bromures de Cd, Hg et Su (au mini- mum). » Chlorure de cadmium. — La précipitation par un grand excès de SO*H- est encore plus sensible pour le chlorure de cadmium que pour celui de cuivre : une solu- tion à 2!^ donne immédiatement un précipité blanc et une solution à 3^ se trouble au bout de quelques minutes. » Avec un excès suffisant de SO'H-, la précipitation du cadmium peut être à peu près complète ; en versant 2"°' d'acide dans 1^°' de chlorure à -^, le liquide filtré sur du coton de verre ne contenait par gramme que o""?, i4 de cadmium, c'est-à-dire moins de ' » Le chlorure de cadmium est attaquable à froid par SO* H% mais moins encore que le chlorure cuivrique. En faisant passer de l'air dans le mélange, cet air entraîne de petites quantités de H Cl qui, recueillies dans du nitrate d'argent, font connaître la quantité de CdCl- qui a été décomposée. L'expérience comparative suivante montre que l'attaque est d'autant plus lente que SO'H'^est en moindre excès : on a fait passer le même courant d'air (environ i bulle par seconde) pendant 24 heures dans une série de trois mélanges, suivis chacun d'un flacon de AzO'Aget contenant respectivement, pour 20""' de chlorure de cadmium à ^, 10"»', 20'^"'' et 4o'^'°" de SO* H-, ce qui corres- pond, en chiffres ronds, à des teneurs de 46, 64 et 76 pour loo en SO'H^. Les poids de chlorure d'argent recueillis ont été respectivement i4'"s,5, i38"s,5 et425"'s,5, cor- ,5,5 52,8 162,4 , , , , , • respondanlà la décomposition de — - — , et ^ du chlorure de cadmium mis ^ ' 1000 1000 1000 en expérience. Ainsi, pour une teneur de 75 pour 100 en SO*H^, l'attaque est environ trois fois plus rapide que pour 64 pour 100 et environ trente fois plus rapide que pour 46 pour 100. » Suivant qu'on précipite à la température ordinaire une solution de chlorure de cadmium par un excès plus ou moins grand de SO'H-, on obtient soit le chlorure anhydre, soit le monohydrate (CdCP-+- H'O). Ils se distinguent nettement au micro- scope : le chlorure anhydre forme de petits cristaux grenus ; le monohydrate, de fines aiguilles. Ces précipités ont été analysés en y dosant le chlore et le métal. Il n'est guère possible d'avoir des analyses concordant d'une manière parfaite avec les chiffres théoriques pour ces corps très difficiles à débarrasser de la liqueur où ils se sont formés : les plaques poreuses n'absorbent que très lentement ces liquides très chargés d'acide sulfurique. Comme pendant ce temps l'acide attaque peu à peu le chlorure, il faut abréger le contact avec les plaques, et le corps à analyser retient tou- jours une certaine quantité de liqueur acide; on en tient compte en dosant SO*H- dans le précipité, après avoir déterminé la composition de la liqueur acide. »... Quand l'acide sulfurique n'est pas en assez grand excès pour précipiter du chlo- rure anhydre, on obtient donc, non pas le sel ordinaire du commerce (CdCl^-t- 2H'-Oj, 244 ACADÉMIE DES SCIENCES. mais le monoliydrate (CclCl-+ H^O). Pickering a montré que ce monohjdrate se produit en faisant cristalliser à chaud la solution aqueuse. J'ai observé qu'il se produit aussi quand on expose à l'air le dilivdrale, qui alors s'effleurit lapidement en devenant du raonohydrate. Inversement, du chlorure anhydre abandonné à l'air absoi'be de l'eau jusqu'à ce qu'il soit devenu du monohydrate. Enfin, le monohydrate placé dans le vide sec à la température ordinaire se transforme à la longue en chlorure anhydre. » Bromure de cadmium. — Le bromure est, comme le chlorure, précipité de sa solution par un excès de SO^H^; d'après les analyses, le précipité consiste toujours en bromure anhydre, tandis que le sel ordinaire est (CdBr^-i- 4H^0). L'acide sulfu- rique à froid n'attaque pas du tout ce bromure : de l'air passant pendant plusieurs heures dans ce mélange ne donne aucun précipité dans AzO^Ag.... » La précipitation par SO*H- en excès est un caractère très sensible du bromure de cadmium. Une solution à ^h donne encore un précipité appréciable. Cette grande insolubilité dans une liqueur très chargée de SO'H- permet, comme pour le chlorure, une précipitation presque complète du cadmium. » Un mélange de i''"' de sulfate de cadmium à -,l avec io''°' de SO'H- constitue donc un réactif relativement sensible des chlorures et des bromures donnant un pré- cipité avec KCl à ^J-^ et KBr à jf ,, ; mais, les deux précipités étant blancs, la réaction ne peut servir à distinguer les chlorures des bromures. » CIdorure et bromure mercuriques. — Le chlorure mercurique est précipité de sa solution par un excès de SO*H^et, si cet excès est suffisant, il ne reste que iort peu de mercure en solution : avec 2'°' d'acide pour T"' d'une solution saturée vers 20°, le liquide clair surnageant ne contenait plus par gramme que i™5,o3 de mercure. Quelle que soit la proportion de SO*H^, le précipité consiste toujours en chlorure anhydre. » Le bromure mercurique est aussi précipité de sa solution par un excès de SO'IP; le précipité est peu abondant, le bromure mercurique étant très peu soluble dans l'eau froide. » Chlorure et bromure stanneux. — La réaction fournie par un mélange de sulfate de cuivre et d'acide sulfurique en grand excès est encore en défaut avec les chlorure et bromure stanneux, qui donnent avec ce réactif, au lieu d'un précipité jaune ou noir, des précipités blanc jaunâtre ou blanc violacé, devenant presque aussitôt blancs. C'est que, d'une part, SO*H- précipite les chlorure et bromure stanneux de leurs solu- tions et que, d'antre part, ceux-ci ramènent à l'étal de chlorure ou bromure cuivreux blancs le chlorure ou bromure cuivrique qui avait pu d'abord se former, h CHI.vilE BIOLOGIQUE. — Sur lamannite, les azotates el les alcaloïdes des urines normales. JNolede M. S. Dombrowski, prébenlée par M. A. Gautier. « Dans un précédent Mémoire (') nous avons exposé une méthoiie générale qui permet tle retirer, des liquides animaux et végétaux les ( ) Comptes rendus, t. CXXW, p. 1S2. SÉANCE DU 28 JUILLET 1902. 245 plus complexes, la plupart de leurs composés teroaires et quelques corps basiques qui les accompagnent. » En appliquant celte méthode aux urines normales de l'homme, nous en avons séparé, entre autres, des azotates, des alcaloïdes divers et de la mannite. » A4.0TATES. — L'azotaie de soude existe dans toutes les urines normales, soit que ce sel se forme directement dans l'organisme, soit qu'il nous vienne de l'alimentation. Nous nous sommes assuré que les azotates n'existaient pas dans les réactifs employés. Autant qu'on peut l'apprécier, on trouve 2-, 5 à 5s d'azotate de soude pour 100' d'urine. » Les azotates avaient été déjà signalés, mais non dosés dans les urines normales, par Wulffius, Scliiinbein, Rôhmann et d'autres auteurs ('). » Ptojiaïnes des L-RiNES NORMALES. — Cadavérinc. — Elle se trouve dans l'extrait éthéré aa-a légèrement alcoolisé avec une anUe base qui l'accompagne {'). » Les chlorhydrates de ces bases cristallisent bien, mais se liquéfient à l'air. Ils sont solubles dans l'alcool éthéré, d'où on les précipite par addition de chlorure de pla- tine. Les chloroplatinates sont très difficilement solubles dans l'eau. Après élimina- lion duchloroplatinate d'ammoniaque, la solution aqueuse, suffisamment concentrée, laisse déposer par refroidissement rapide un chloroplatinate en paillettes rhonibiques de couleur jaune clair. Il contient 36, 16 pour 100 de platine. » Les solutions mères retiennent un autre chloroplatinate, qui, après luie longue purification, a été obtenu sous forme de petites aiguilles prismatiques d'un jaune rou- geàtre. L'analyse des fractions les plus pures de ce chloroplatinate a conduit à la formule C"H'«Az'-, PtCl". C'est la cadavérine de Brieger. » La présence de la cadavérine dans les urines n'avait été signalée que dans quel- ques cas de cystinurie (^). » Base en G^H'"' AzO-. — Celte base a été extraite par l'alcool, après enlèvement de la cadavérine par l'éther légèrement alcoolisé. Il reste un mélange de deux bases, bouillant vers i4o°-i5o'' à la pression ordinaire. Ces bases donnent des chlorhydrates solubles dans l'alcool. Leur solution alcoolique traitée par le chlorure de plaline donne un précipité médiocrement soluble dans l'eau froide, qui a été soumis à une cristalli- sation fractionnée. Il se dépose un chloroplatinate sous forme de cristaux clinorhom- biquesd'un jaune rouge, groupés en étoiles, contenant 82,07 pour 100 de platine. » Des eaux mères de ce sel il cristallise un chloroplatinate en aiguilles afiéclant la forme de feuilles de fougères. Ces cristaux sont assez difficiles à obtenir. \. (') Neubauer und Vogkl, Analyse des Harns, 1898. (■■') \oir Comptes rendus. {Loe. cit.. p. i8'|.) (^) Baumann et Udransky, Ber. d. d. ch. G., t. XXI, 1888, p. 2744-2938. — Stadthagkn et Briegeb, Virc/t. Arcli., i. CX\ , 1889, p. 490. — J. CiMuiuGE et A. Garrod, AJaly's Jalir.f. TlUer-Chemie, t. XXX, 1900, p. 904. 246 ACADÉMIE DES SCIENCES. » L'anahse de ]a fraction la plus pure conduit à la formule (C'H'^\zO',HCI)2PtCl'. » Cette base possède une composition identique avec celle que E. et H. Salkowski(') ont trouvée dans les produits de la putréfaction de la chair musculaire et de la fibrine. Elle constitue peut-être un homolosue supérieur d'une base en G^H'^AzO- qui accompagne, d'après Brieger, la cadavérine dans les cadavres abandonnés à une longue putréfaction (^). » Mannite des LRi.NES NORMALES. — La maniilte a été signalée par Jafré(') dans les urines de chiens nourris avec une grande quantité de pain, surtout après adminis- tration de la morphine. )) Je l'ai extraite des urines normales de l'homme en quantité approximative de as par loo'. Elle cristallise en petites aiguilles orthorhombiques incolores. Elle possède une saveur légèrement sUcrée et fond entre i64° et 165°. [Température de fusion de la mannite ordinaire : i65° (Favre, Landolt) ; point de fusion de la /.-mannite : 166°; de la f. -mannite : 170°.] Elle a toutes les propriétés de la mannite ordinaire. » Elle n'offre aucune des réactions qui caractérisent les sucres réducteurs ou hvdro- lysables. » L'analyse a conduit à la formule CH"©*. J'ai trouvé : G ^ Sg, 12 ; H = 7,92; O = 52,96 ; au lieu de G ^ $9,56 ; W^r." ,Qi^\ O ^ 52,^4 que demande la théorie. » L'action de la morphine observée par Jaffé semble bien établir que cette mannite se produit directement dans les tissus. » CHIMIE ANIMALE. — Essai d'analyse immédiate du tissu nerveux. Note de M. N. -Alberto Barbieri, présentée par M. A. Gautier. « Si l'on traite le tissu nerveux [phosphore, i,32 pour 100 de tissu sec (*)] du bœuf de la manière déjà indiquée ('), on a trois groupes de substances bien distinctes, savoir : » I. L'ensemble des corps solubles dans l'éther (phosphore, 1,22 pour 100); M IL L'ensemble des corps solubles dans l'eau éthérée (phosphore, 1 ,4o pour 100); (') E. et H. Salkowski, B. d. d. ch. G., t. XVIa, p. 1192. (') A. Gautier, Toxines microbiennes et animales, p. i36. (5) Ber. d. d. ch. G., t. XYIa, p. i388. (') Tous les dosages de phosphore sont rapportés à la substance bien séchée à l'étuve. (^) Comptes rendus. 5 août 1901. SÉANCE DU 28 JUILLET 1902. 2\-] » III. Le résidu (phosphore, 2,1 5 pour 100). » Cette marche ne m'a pas encore permis de séparer les albumines, les hydrates de carbone et les graisses, car les neuroalbumines sont toujours unies à la cérébrine et à i'homocérébrine; les hydrates de carbone, sauf le glvcogène, se rencontrent sous la forme toute particulière decérébrosides, et les graisses sont plus ou moins unies à des principes phosphores. » On filtre I et l'on évapore au tiers l'éther. Il se dépose, dans un temps variable, un précipité blanc floconneux que l'on sépare par filtration. Ce précipité, ne conte- nant pas de cérébrine, est complètement soluble dans le chloroforme et donne o,56 pour 100 de phosphore. )i L'éther qui reste est ensuite évaporé, et le r.'sidu est traité par un excès d'alcool absolu bouillant qui laisse indissous un corps visqueux très adhérent aux récipients et qui contient 1,71 de phosphore pour 100 (nucléine?). L'alcool, additionné de potasse pure, est complètement évaporé. Le résidu est dissous dans l'eau distillée. Par filtra- tion à la trompe, on sépare la cholestérine insoluble dans l'eau. Celte cholestérine fond à 145°; elle se colore en rouge par l'acide sulfurique. » Les savons de potasse sont neutralisés par l'acide sulfurique. Les acides gras sont repris par l'alcool qui, évaporé au tiers, dépose, après refroidissement, une deuxième cholestérine qui fond à i38° et cristallise en aiguilles très fines (érylhrocholestérine?). Par cristallisation fractionnée, on sépare de l'alcool difTérenls acides gras. Les eaux mères des savons contiennent des acides gras volatils et un corps gras qui appartient probablement à la série acrylique et qui, par son odeur, rappelle la saumure de poisson. » On filtre l'eau éthérée II et l'on y ajoute 200"='"' par litre de liqueur d'une solution au -j-^ d'acide chlorhydrique. Il se forme à froid un précipité blanc floconneux, que l'on sépare par filtration. Ce précipité, analogue à la caséine, est lavé à l'alcool et, après avoir été séché dans le vide, est repris par l'alcool absolu bouillant qui lui enlève la cérébrine, I'homocérébrine elles graisses phosphorées( 0,79 pour 100 de phosphore). La caséine renferme o,65 pour 100 de phosphore. On ajoute à la liqueur faiblement chlorhydrique de la potasse pure etl'on sépare un résidu d'alcali-albumine. La liqueur alcaline filtrée (0,92 pour 100 de phosphore) contient en outre des acides gras volatils et des corps basiques. » Le résidu III est séché à l'étuve et traité par un excès d'alcool absolu bouillant. Il se sépare, par refroidissement, la cérébrine et I'homocérébrine. On réduit l'alcool au tiers et, par refroidissement, il se dépose un corps blanc, granuleux (lécithine et protagon?) qui contient 1,91 pour 100 de phosphore. La séparation des cholestérines et des graisses se fait comme dans l'extrait éthéré. » Le résidu (phosphore, 1,22 pour 100), complètement épuisé par l'alcool, est traité par une solution d'acide sulfurique au toûû; on fait bouillir pendant 12 heures. On filtre ('), on neutralise par l'eau de baryte, on sépare le sulfate bary tique formé et l'on précipite do la liqueur par l'alcool un corps albuminoïde. Enfin, on fait bouillir (M La liqueur sulfurique renferme 0,62 pour 100 de phosphore. 2\8 ACADÉMIE DES SCIENCES. le résidu avec une solutiun de soude au f^. On filtre. La liqueur au contact de l'acide acétique, abandonne un corps albuniinoïde. Ce qui reste sur le filtre est formé, en grande partie, de kératine ('). » PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Sur la Irga/iire de l'exlrémité appendi- culaire du cœcum chez le Cercopitheciis cepliiis Erxl. Note de M. Jean Maumus, présentée par M. Edmond Pcrrier. « Dans une première série de recherches ('), je nie suis préoccupé de faire connaître la slrucUire et le mode de fonctionnement des ca?cums des Oiseaux. Actuellement, me basant sur mes constatations antérieures, je me propose d'aborder l'étude de l'appendicite expérimentale chez le Singe. » Plusieurs théories ont été imaginées, dont la plus ingénieuse assuré- ment est celle du vase clos. Pour tous ceux qui acceptent une pareille explication, la cavité appendicuiaire peut, à un moment donné, s'obli- térera un niveau quelconque de son trajet. Dès lors, la partie sous-jacente se trouve transformée en une cavité close où les microbes, exaltant leur virulence, pourront provoquer l'inflammation de l'organe. M Bien qu'un certain nombre de faits cliniques paraissent légitimer une telle hypothèse, j'ai cru utile, néanmoins, de la soumettre au contrôle de l'expérimentation. Déjà, chez les Oiseaux, j'avais pu pratiquer sans acci- dent la ligature des cajcuins, et je dois déclarer que dans aucun cas l'animal ne succombait a la suite d'une pareille opération. Il est vrai que l'orga- nisme met en œuvre un certain nombre de procédés qui assurent sa défense et, chez les Oiseaux, je puis en signaler trois principaux : » 1° La formation de nombreuses adhérences contractées par les caecums dans le but d'enkyster la péritonite*, » 2° T/hvpertrophie du tissu musculaire; » 3" L'a|)parilion de nombreux macrophages, dont le rôle a été si bien étudié par le professeur Metchnikoff. » Ces mêiTies moyens de défense s'observent également chez le (') J'ai nourri deux chiens uniquement avec du tissu nerveux frais de bœuf. Ils recevaient en tissu nerveux, chaque jour, comme nourriture exclusive, les ^ de leur poids initial. Au bout de 33 jours, ils avaient perdu environ les J/j de leur poids ini- tial. Cette expérience sera décrite ultérieurement avec soin. (^) J. Maumi's, Les cœcums des Oiseaux. Thèse de la Faculté des Sciences de Paris, igo2. SÉANCE DU 28 JUILLET I902, 249 Singe. En réalité, les Anthropoïdes seuls possèdent un appendice compa- rable à celui de l'homme; mais déjà, chez les Cercopithèques, cet organe commence à faire son apparition sous la forme d'un prolongement digiti- forme terminé en pointe, qui fait suite au ctecum. Mais, en attendant de pouvoir m'occuper des Anthropoïdes, j'ai cru intéressant de faire porter mes recherches sur le Cercopithèque à face bleue du Congo (^Cercopilhecus cephus Erxl.). » J'ai pu pratiquer avec succès la ligature de l'e\lrémité appendiculaire chez cet animal. Après une incision longitudinale de 4"" à 5'^"surle flanc droit de l'abdomen, on recherche tout d'abord le csccum. Cela fait, on débarrasse, par une série de pressions légères, l'extrémité appendiculaire des matières résiduelles qui s'y trouvent et on l'isole du csecum au moyen d'une ligature au fil de soie, ce qui détermine une cavité close. On suture ensuite en bloc, on pose un pansement sec, et, pour mettre l'animal dans l'impossibilité de l'enlever, j'ai eu recours à un appareil plâtré. » Pendant les deux jours qui ont suivi l'opération, l'animal esi abattu ; mais, vers le sixième jour, les forces reviennent et l'animal semble complètement guéri, présentant désormais tous les signes extérieurs de la santé. » Il était toutefois intéressant d'examiner les phénomènes qui avaient pu se pro- duire dans la région ligaturée. Aussi, au bout de 23 jours, l'animal est sacrifié, et, à l'autopsie, je constate que le feuillet pariétal du péritoine est absolument sain. Quant à la portion ligaturée, elle m'a permis de faire une série d'observations que j'avais pu déjà signaler chez les Oiseaux et qui montrent par quels moyens variés l'organisme prépare sa défense. » Je remarque tout d'abord que le caecum et surtout son extrémité appendiculaire ont contracté des adhérences avec les anses intestinales voisines. Ces tissus de néofor- malion mettront les régions en contact avec l'organe ligaturé, à l'abri de toute poussée inflammatoire et enkysteront la péritonite si celle-ci vient à se déclarer. )) C'est également à un procédé de défense que je crois pouvoir attribuer l'hyper- trophie du tissu hiusculaire. L'examen histologique de pièces prélevées au-dessus de la ligature et dans la région inférieure à celle-ci m'a permis d'observer que cette hypertrophie tient surtout aux fibres circulaires qui ont envahi presque complètement la sous-muqueuse. En comparant l'épaisseur du tissu musculaire au-dessus et au- dessous de la ligature, on trouve habituellement, en faveur de cette dernière région, le rapport de 10 à 6. C'est encore là une barrière opposée aux toxines microbiennes. » Une autre constatation intéressante à signaler résulte de l'examen de certains éléments cellulaires qu'on n'observe que dans la portion ligaturée. Ce qui frappe au premier abord, c'est la présence de leucocytes parmi lesquels il y a une très forte pré- dominance de cellules à noyaux polymorphes. Ces éléments, déjà abondants dans la tunique musculaire, atteignent une densité beaucoup plus accusée dans la muqueuse, et les capillaires qui arrosent cette couche en renferment un nombre considérable. » Mais le fait qui a tout spécialement retenu mon attention est l'apparition de nombreux macrophages qui ont envahi tous les tissus, depuis la séreuse jusqu'aux couches les plus internes. Leur répartition semble même avoir un certain rapport C. R., 1903, 2* Semestre. (T. CXXXV, N» 4.) 3^ aSo ACADÉMIE DES SCIENCES. avec celle des vaisseaux sanguins. Dans tous les cas, ils sont toujours environnés de leucocytes à noyaux polymorphes. Suivant les points envisagés, la muqueuse présente une série d'altérations aboutissant finalement à la disparition de sa structure normale et j'ai pu constater que cet ensemble de modifications paraissait être en rapport avec le nombre et la constitution des macrophages : ceux-ci augmentant en même temps que les lésions des tissus environnants sont plus accusées. » Les macrophages ont un cytoplasma irrégulier, globuleux, ne dépassant guère en longueur i5M- à ijV-. Le noyau, unique dans la plupart des cas, est toujours pauvre en chromatine. » Les plus gros, qui peuvent atteindre et même dépasser aol^, sont formés de masses granuleuses qui se fragmentent. Leur noyau est encore plus pauvre en chromatine que dans les formes précédemment décrites et, parfois même, ce dernier élément est invi- sible. Les macrophages ainsi constitués sont plongés dans du tissu de sclérose qui semble tendre à se substituer à eux. J'ai pu également observer les macrophages dans leurs divers procédés de défense de l'organisme. Occupés à détruire les bactéries qui le menacent et les cellules qui peuvent leur donner asile, ils m'ont permis de suivre dans mes coupes les phases diverses de leur activité. Certains commencent à englober de leurs pseudopodes les microbes pathogènes et les cellules dont il faut débarrasser l'organisme; d'autres, au contraire, se présentent aux derniers stades de la phagocytose. » Ces faits ne s'observent que dans la portion ligaturée et c'est vainement qu'on en chercherait la moindre trace dans la région qui précède la ligature. » De l'ensemble de mes expériences sur les Oiseaux et sur le Singe, il résulte que la ligature d'une portion de l'appendice, bien que déterminant un vase clos, n'a pas nécessairement une issue mortelle. La guérison est obtenue par les processus de défense que je viens de faire connaître. » ZOOLOGIE. — La sécrétion interne du testicule chez l'embryon et chez l'adulte. Note de M. Gustave Loisel, présentée par M. Bouvier. « Comme suite à nos travaux sur la spermatogenèse du Moineau, nous avons été amené à entreprendre une nouvelle série de recherches sur la sécrétion interne du testicule, qui n'est connue jusqu'ici que par ses effets sur l'organisme adulte. Nous avons étudié sept types d'Oiseaux : Moineau, Serin, Combasson {Hypochœra nitens), Fom\i(Fondia madagascariensis). Canard, Colin de Californie et Poulet, et quatre types de Mammifères : Cobaye, Chien, Chat, Chauve-Souris ; les testicules ont été traités, pendant 8 jours au moins, par un fixatif fortement osmiqué : liquide de Flemming, d'Hermann ou d'Altman, par exemple; les coupes ont été montées dans de la glycérine gélatinée. Voici le résumé des résultats que nous avons SÉANCE DU 28 JUILLET igo2. 25 I obtenus, en prenant comme exemple un type d'Oiseau et plus spécialement le Fondi et le Moineau. » Chez l'embryon, la même sécrétion, que l'on retrouve dans le testicule de l'adulte, se montre déjà dans l'épithélium germinalif ('). Elle se présente sous la forme de sphérules noires, contenues dans le corps cellulaire d'un très grand nombre des cel- lules qui composent l'épithélium. Ces sphérules ne sont pas formées uniquement de graisse, car, quand on les traite par l'éther, elles laissent à leur place une sphérule grisâtre qui disparaît elle-même au bout de quelque temps dans le baume. » Plus tard, quand la partie interne de l'épithélium germinatif s'organise en glande sexuelle, dite indifférente, nous voyons ces sphérules augmenter de nombre, mais rester toujours isolées; on les trouve dans le protoplasma des petites cellules épithé- liales {cellules gerniinati'.'es), mais surtout dans les gros éléments appelés ovules primordiaux. (Peut-être y a-l-il déjà des dilTérences sexuelles dans ces organes; en edêt, nous n'avons pas toujours retrouvé les sphérules noires dans tous les embryons que nous avons observés.) » La glande sexuelle embryonnaire évolue bientôt suivant le type mâle ou le type femelle. Dans le premier cas, que nous avons seul en vue, la plus grande partie de ses éléments forme des cordons cellulaires pleins, les futurs tubes séniinipares; les autres restent pour former les éléments conjonctifs et les cellules interstitielles. Pendant une partie de la vie fœtale, le testicule ainsi constitué élabore les mêmes sphérules de graisse dans l'intérieur des tubes séminipares, de même que dans les cellules intersti- tielles, mais, pour ces dernières, beaucoup moins abondamment chez les Oiseaux que chez les Mammifères. » Après avoir présenté un maximum, cette sécrétion va en diminuant de plus en plus, ou change de caractère, en approchant de la naissance. Pendant le jeune âge qui suit cette époque (par exemple, chez un Passereau de notre pays, pendant le premier été et l'hiver suivant), le testicule présente toujours la même structure de glande interne, mais nous n'avons plus trouvé d'élaborations graisseuses à son intérieur. Ceci s'explique si, comme nous le pensons, la sécrétion embryonnaire avait pour rôle d'ac- tiver le développement en excitant le métabolisme cellulaire de l'embryon. C'est en effet ce rôle que nous observons quand cette sécrétion réapparaît, an début de la pé- riode des amours, sous la même forme de sphérules noires et dans les mêmes éléments cellulaires. Mais, alors que les cellules germinatives continuent à élaborer, les ovules primordiaux se divisent activement pour édifier le large épitliélium stratifié qui tapisse l'intérieur des tubes séminipares, pendant la durée de la spermatogenèse. C'est sans aucun doute le produit de ces élaborations du testicule qui vont amener les chan- gements bien connus de l'organisme mâle à cette époque, car on observe une concor- dance absolue entre l'abondance des sphérules noires dans les cellules germinatives et l'apparition de la parure de noces chez le Fondi, par exemple. 1) Pendant le temps que dure la spermatogenèse, les cellules germinatives, placées (') Voir les figures données dans nos Communications faites à la Société de Bio- logie {Comptes rendus, n"" 26 et 27, juillet 1902). 252 ACADÉMIE DES SCIENCES. à la base de l'épithélium séminifère, gardent leur caractère d'élément sécrétoire. Elles l'exagèrent même encore à cette époque et acquièrent alors périodiquement des dimen- sions et une forme spéciale quelon décrit sous le nom de cellule de Sertoli. Chez les Mammifères, ces cellules germinatives hypertrophiées continuent à élaborer encore de la graisse, en même temps que les cellules interstitielles; chez les Oiseaux, au con- traire, du moins chez le Moineau, nous n'avons plus trouvé de graisse pendant l'été. Nous avons vu, par contre, dans les cellules de Sertoli, une autre substance se pré- sentant encore sous la forme de sphérules isolées, les unes se colorant en noir par l'hé- matoxjline au fer, les autres se colorant en bleu par le ferrocyanure de potassium ('). » A l'automne, chez les Oiseaux, le testicule rentre dans une période de repos. La sécrétion morphologique de la spermatogenèse cesse alors complètement; l'épilhélium spécial du printemps disparaît et les tubes séminipares reprennent la forme de cor- dons cellulaires pleins. Au contraire, la sécrétion chimique continue à se faire dans les cellules germinatives, mais avec beaucoup moins d'abondance et en montrant de nouveau la propriété de réduire l'acide osmique. » En résumé, le lestictile présente deux fonctions sécrétoires distinctes : a, une sécrétion chimique, qui est primordiale et se fait par le mode interne; b, une sécrétion morphologique qui est secondaire et se fait par le mode externe (-). » Par sa sécrétion interne, le testicule est un grand destructeur de graisse. Ainsi s'expliquent certains faits d'observation bien connus : mai- greur plus grande chez le m.âle que chez la femelle, exagération de cette maigreur chez le mâle à l'époque de l'amour, engraissement et inertie rela- tive des mâles castrés. » CHIMIE BIOLOGIQUE. — Les kinases microbiennes. Leur action sur le pouvoir digestif du suc pancréatique vis-à-vis de l'albumine. Note de M. C. Delezenne, présentée par M. Roux. « On sait depuis longteiîips que certaines espèces microbiennes, et spé- cialement celles qui sont anaérobies, sont capables d'attaquer lentement les matières alburainoïdes coagulées et de leur faire subir des transforma- tions plus ou moins analogues à celles qui se produisent sous l'influence de (') Voir notre Mémoire au Journal de l'Aiiatomie et de la Physiologie, 1902, p. 112-177, avec 4 planches et 10 figures. (-) Pour ce qui concerne les rapports existant entre ces deux fonctions, voir, dans notre Mémoire du Journal de l' Analomie et de la Physiologie, le rôle que nous attribuons à la cellule de Sertoli. SÉANCE DU 28 JUILLET I902. 253 la digestion tryptique. A côté des microbes, d'ailleurs en nombre assez res- treint, qui digèrent plus ou moins énergiquement l'albumine, on en a trouvé d'autres qui attaquent nettement la gélatine, parfois même la caséine, mais qui sont incapables, dans les meilleures conditions d'expé- rience, de faire subir une transformation appréciable à l'ovalbumine coa- gulée. Les essais qui ont été tentés de divers côtés pour isoler les diastases des uns et des autres ont permis d'obtenir, en s'adressant aux cultures filtrées, des produits solubles liquéfiant la gélatine, mais ils n'ont jamais permis de mettre en évidence, d'une façon indubitable, même lorsqu'on s'adressait aux anaérobies, des ferments capables d'agir comme la pepsine ou la trypsine sur l'ovalbumine coagulée. » Quoi qu'il en soit, le seul fait que certains microbes sont capables de digérer len- tement l'albumine a mis depuis longtemps les physiologistes en garde contre l'ingé- rence des infiniment petits dans les reclierclies faites sur l'action protéolytique des différents sucs digestifs. » Quelques-uns cependant considéraient ces précautions comme inutiles pour les expériences de courte durée par le fait que les microorganismes, même les plus actifs, mettent toujours un temps relativement long à digérer l'albumine. » En reprenant l'élude de cette question à propos de nos recherches sur l'action protéolytique du suc pancréatique, nous nous sommes assuré qu'il est absolument indispensable, pour apprécier l'action digestive propre de cette sécrétion, de se mettre dans tous les cas rigoureusement à l'abri des microorganismes. Si quelques-uns de ces derniers sonlcapables de fausser les résultats en intervenant directement à un moment donné, beaucoup d'autres qui ne possèdent pas de pouvoir digestif propre vis-à-vis de l'albumine entrent cependant indirectement en jeu grâce à leur action kinasique. » On peut mettre ce fait en évidence par les expériences suivantes: » Chez un chien muni d'une fistule pancréatique permanente on pratique le cathé- lérisme du canal de Wirsung en j)renant toutes les précautions pour obtenir un suc aseptique. On peut y arriver en lavant soigneusement l'orifice du canal à l'eau bouillie, en introduisant une canule stérile mise en relation avec un récipient également stéri- lisé et en perdant les premiers centimètres cubes qui s'écoulent. Malgré ces précau- tions, il arrive très souvent que le suc renferme encore quelques microorganismes venus du canal; l'addition de toluol suffit d'ordinaire à en empêcher le développe- ment, mais il est préférable, si l'on veut avoir la certitude d'opérer dans des conditions rigoureusement aseptiques, de filtrer le suc pancréatique sur bougie, aussitôt qu'il est recueilli. La bougie Berkefeld, qui a l'avantage de ne pas retenir les diastases, donne à cet égard les meilleurs résultats. » Comme nous l'avons montré précédemment avec M. Frouin ('), les sucs de fistule permanente recueillis par cathétérisme du canal de Wirsung ne possèdent pas de pouvoir digestif propre vis-à-vis de l'albumine, mais il suffit, pour leur conférer ce pou- (') Comptes rendus, 28 juin 1902. 254 ACADÉMIE DES SCIENCES. voir, de les additionner d'une faible quantité de suc intestinal. On obtient générale- ment le même résultat en les laissant se cultiver spontanément ou en les ensemençant avec des espèces microbiennes déterminées. L'activité de ces sucs ne doit pas être rapportée cependantaux microbes eux-mêmes, puisque les cultures faites parallèlement dans d'autres milieux se montrent toujours incapables d'attaquer dans le même temps un cube d'albumine identique à celui que l'on a introduit dans le suc pancréatique. » D'autre part, tandis que les produits filtrés des cultures sur bouillon ou sur pep- tone n'agissent en aucune façon sur l'albumine, quels que soient le temps de la diges- tion et la dose de filtrat employé, le suc pancréatique dans lequel les mêmes mi- crobes se sont développés montre, après filtration sur bougie, un pouvoir protéolytique des plus manifestes. » Ces faits tendaient à démontrer que les microbes sécrètent des ferments solubles ayant les mêmes propriétés que l'entérolvinase et pouvant conférera des sucs pancréa- tiques tout à fait iuactifs une action digestive évidente vis-à-vis de l'albumine. » Pour résoudre celte question, je me suis adressé tout d'abord soit à des microbes isolés de sucs pancréatiques qui s'étaient spontanément cultivés, soit à des espèces banales dont les filtrats ne manifestaient aucune action sur l'ovalbumine coagulée. Pour que les expériences puissent être répétées avec facilité, je ne m'occuperai ici que de ces derniers et je prendrai comme type le bacillns subtilis. Ces microbes étaient ensemencés abondamment sur du bouillon peptoné à 2 pour loo réparti en couche très mince dans des boîtes de Roux. Après 48 heures à 3 jours d'étuve, les cultures étaient filtrées sur papier, puis sur bougie Berkefeld. Ces filtrats, qui, soit dit en pas- sant, liquéfient assez facilement la gélatine, se montrent toujours impuissants à atta- quer l'ovalbumine coagulée. Même après 5 et 6 jours d'étuve, on n'observe aucune trace de digestion. Ajoutés à des sucs pancréatiques inactifs (sucs de fistule perma- nente; sucs de sécrétine), les mêmes filtrats leur confèrent la propriété de digérer très rapidement l'albumine; chauffés à ioo° pendant lo minutes, ils perdent cette propriété. » L'activité des filtrats était loin d'être toujours la même, mais, en règle générale, il suffisait, avec le subtilis, d'ajouter à 1'=°' de suc pancréatique de o™', 2 à i"""' de filtrat pour obtenir la digestion complète d'un cube d'albumine de o?,5o en l'espace de 24 heures à 48 heures. » J'ai obtenu des résultats à peu près identiques en essayant les produits solubles du bacillns rnesenlericus vulgatus, du vibrion de Finkler-Prior, d'un des microbes peptonisants de Flugge (n°7), de plusieurs bacilles ou microcoques isolés de sucs pancréatiques qui s'étaient spontanément cultivés. J'ajouterai que quelques espèces pathogènes m'ont fourni des toxines ayant la même action, mais c'est là un point sur lequel je me réserve de revenir. !) Certains microorganismes sont donc capables de sécréter des diastases ayant les mêmes propriétés que l'entérokinase. Ce sont ces diastases qui interviennent pour conférer un pouvoir protéolytique aux sucs pancréa- tiques primitivement inactifs et qu'on laisse se cultiver spontanément. » Dans une prochaine Communication, je montrerai que le venin des SÉANCE DU 28 JUILLET 1902. 255 serpents qui, à tant d'égards, mérite d'être rapproché des produits solubles sécrétés par les microbes possède, lui aussi, une action kinasique des plus manifestes. » MÉDECINE EXPÉRIMENTALE. — Nature parasitaire (Oospora) de certaines dégénérescences calcaires, de quelques tumeurs inflammatoires et de lésions spéciales du squelette. Note de MM. A. Charrix et G. Delamare, pré- sentée par M. d'Arsonval. « Dans le tissu cellulaire de la région cervicale antérieure d'un lapin, normal à d'autres égards, nous avons rencontré un parasite dont l'étude, à divers points de vue, nous a paru intéressante. » Ce parasite vivait d'une vie en quelque sorte latente dans les parois solides assez épaisses d'une tumeur kystique contenant, dans un liquide clair, quelques hydatides; il se présentait sous la forme de grains sphé- riques ou ovoïdes associés à des fdaments, grains et fdaments reproduits dans des cultures ensemencées avec des parcelles de cette tumeur. )) II est, en efTel, facile d'obtenir, dans les milieux usuels, la pullulation de cet orga- nisme. Dans le bouillon, par exemple, il se développe sous l'aspect de flocons plus ou moins volumineux, laissant entre eux un liquide transparent; sous l'huile, ce déve- loppement est discret. Sur Tagar, il forme une couche grisâtre, sèche, qui ne tarde pas à se recouvrir d'une poussière blanche; si on le place dans les conditions habi- tuellement mises en œuvre pour réaliser la fructification des champignons, des conidies prennent rapidement naissance, etc. En définitive, l'ensemble des caractères de mor- phologie, de culture, etc., permet d'affirmer qu'on est en présence d'une variété d^Oospora. d'une espèce vraisemblablement nouvelle, voisine de VOospora Gui- gnardi, mais en différant un peu par la formation ('). » En dehors de ce champignon, dans les parois conjonctives du kyste dont nous avons pratiqué l'ablation, on décelait des éléments à couches concentriques, de consistance ferme, dégageant CO^ au contact de l'acide acétique, éléments en somme identiques aux calco-sphérites du professeur Henneguy. D'autre part, si l'on cultive ce végétal sur de la gélose addi- tionnée de carbonate de chaux, on obtient un égal dégagement de CO-, principalement en faisant agir l'acide sur le végétal lui-même plutôt que (') M. le professeur Radais a bien voulu étudier en détail l'histoire naturelle de ce parasite. Nous nous bornons, au point de vue botanique, à quelques indications, car nous envisageons surtout le rôle de ce champignon en Médecine expérimentale. 256 ACADÉMIE DES SCIENCES. sur cette gélose. Il semble donc que, in vitro aussi bien que dans les tissus, cet organisme, en présence de ces matériaux calcaires, provoque la forma- tion de carbonate de chaux. Par suite, en rapprochant ces diverses constata- tions, on est peut-être en droit de penser que certains dépôts, que certaines dégénérescences calcaires opérées dans nos organes sont sous la dépen- dance de ce champignon. Cette donnée acquiert quelque importance quand on se souvient que plusieurs autres végétaux analogues, dont différentes espèces se rencontrent dans l'économie humaine oi^i cette chaux ne manque jamais, jouissent de cette propriété d'action sur ces composés calciques. » La virulence des cultures de ce parasite s'est, en général, révélée nulle ou faible. Introduit par toutes les portes d'entrée, notre Oospora n'a habituellement occasionné aucun désordre appréciable et a disparu grâce aux procédés usuels de la défense. Toutefois, en affaiblissant, en prépa- rant le terrain, spécialement en injectant de minimes quantités d'une solu- tion d'acides ('), quantités impuissantes à agir seules, nous avons vu se développer des lésions assez disparates. » Assez souvent, le mal s'est limité à des réactions inflammatoires, ulcératives ou suppurées, uniquement localisées aux points d'inoculation. Dans un cas, cependant, nous avons enregistré l'évolution d'une pleu- résie et d'une péricardite purulentes, caractérisées par l'abondance et le volume des fausses membranes; mais il est juste de mentionner que, dans ces exsudats, existait une véritable symbiose, constituée dans l'espèce par l'association d'un staphylocoque. » Chez quelques animaux, particulièrement au niveau des pavillons auriculaires des lapins, se sont formées des séries de nodules sous-cutanés, fréquemment abscédés ; la structure de ces protluctions, que leur aspect aurait à la rigueur pu faire prendre pour des tumeurs, était, du reste, de nature purement inflammatoire. » Les altérations les plus intéressantes que ce parasite nous a permis de réabser sont assurément celles qui ont porté sur le squelette. Nous avons, en effet, obtenu différentes modifications, en particulier des nodo.sités cos- tales rappelant de loin le chapelet thoracique du rachitisme; or, ces nodosités renfermaient VOospora mis en évidence par les cultures. » De l'ensemble de ces constatations on est autorisé à conclure que des parasites de l'ordre de ce champignon sont capables de jouer un rôle dans (') iB dacldes oxalique, laclique, acétique dans 200™' d'eau; injections répétées, sous la peau, de i™' à 2"^\ SÉANCE DU 28 JUILLET 190a. 237 la production de certaines dégénérescences calcaires ('), dans l'évolution de quelques néoplasies inflammatoires, comme aussi dans la genèse de dystrophies osseuses spéciales. » Pour obtenir ces dystrophies, la préparation du terrain a paru indis- pensable. Aussi est-on en droit de se demander s'il faut les classer dans le groupe des maladies humorales et, dans l'espèce, des dyscrasies acides, ou, au contraire, dans la catégorie des processus réputés infectieux. En définitive, on s'aperçoit une fois de plus combien sont souvent complexes les conditions nécessaires à la réalisation d'une affection déterminée et combien parfois il est malaisé, quand l'évolution de cette affection est avancée, de préciser quel a été au fond son point de départ, quelle est en réalité sa nature, sa véritable essence, cellulaire, humorale ou parasi- taire (-). » PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Étude comparée de Vhématolyse par les venins chez le chien et le lapin. Note de M. C. Phisaux, présentée par M. A. Chauveau. « J'ai montré précédemment Ç) que, si l'on mélange du sang au venin de vipère, les globules rouges du chien sont plus facilement détruits que ceuK (') Bien entendu, cette pathogénie n'exclut pas l'intervention, suivant les cir- constances, de mécanismes multiples. (-) Ces questions sont d'autant plus intéressantes que les modifications de terrain effectuées dans nos expériences peuvent, au besoin, être l'œuvre des cellules d'un or- ganisme troublé dans sa nutrition ou son fonctionnement; l'acidification des plasmas ou, mieux, la diminution de leur alcalinité relèvent, suivant les cas, soit de nos élé- ments anatomiques isolés, soit des bactéries agissant aussi séparément, soit encore de ces éléments et de ces bactéries intervenant de concert. Cette variété d'agents pathogènes aussi bien que ces dyscrasies acides jouent, d'ailleurs, un rôle dans différents processus portant sur le squelette, en particulier dans l'ostéomalacie. Si, en effet, cette affection dépend fréquemment des anomalies nutritives ou fonctionnelles de nos propres cellules (ostéomalacie de la grossesse, etc.), des recherches encore inachevées de Charrin et Moussu tendent à montrer que, chez certains animaux (cachexie osseuse du porc, de la chèvre, etc.), ce mal est de nature parasitaire ; en deliors de l'épidémici té et de la contagiosité, du reste, complexes, par- tiellement peut-être de cause alimentaire, ces auteurs ont établi son inoculabilité à l'aide de la moelle osseuse et isolé des germes dont les cultures ont déjà fourni quelques curieux résultats. (') Soc. de Biol., juillet 1902. C. R., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N° 4.) 33 258 ACADÉMIE DES SCIENCES. du lapin. A quoi faut-il attribuer cette différence ? Est-ce à une variation de la résistance propre de ces éléments ou à la composition chimique du milieu dans lequel ils baignent? Ces deux facteurs interviennent dans le phénomène, mais le second beaucoup plus que le premier; c'est ce que la présente Note a pour but de démontrer. » On sait, depuis les recherches de Flexner el Noguchi, de Calmetle, que les glo- bules de chien, lavés à jjlusieurs reprises, peuvent être mélangés à une solution de venin sans subir la moindre hématolyse, mais dès que l'on ajoute une goutte de sérum de chien, normal ou chaufl'é à 58°-6o'', la dissolution des globules s'opère en lo à i5 minutes. J'ai constaté qu'avec le sérum de lapin la dissolution est moins rapide; les résultats varient suivant que le sérum a été chauffé ou non chauffé. Dans le pre- mier cas, l'hématolyse se fait progressivement; elle est complète en i heure, avant que les globules aient eu le temps de se déposer, tandis que dans le deuxième cas les globules se déposent, et c'est à peine si, au bout de 2 heures, ils commencent à être attaqués. 11 existe donc dans le sérum de lapin une substance antihémoljtique qui est détruite par le chauffage. » Cette antihémolysine naturelle est une des causes qui empêchent la dissolution des globules de lapin lavés, quand on ajoute du sérum de lapin non chauffé au mélange de ces globules el de venin. Cependant, quand on supprime cette antihémolysine par le chauffage, le sérum ne devient pas plus hémolytique pour les globules de lapin. Il n'en est pas de même si l'on emploie du sérum de chien. Celui-ci, après un ou plusieurs chauffages à 58°, possède la propriété de dissoudre les globules de lapin. Il faut en conclure qu'il contient un principe sensibilisateur plus actif que celui du lapin. » Ces faits corroborent ceux que M. Calmelte a découverts; ils mon- trent, en outre, que c'est à la proportion relative d'antihémolysine et de sensibilisatrice dans le sérum qu'il faut attribuer le rôle le plus important dans l'action hématolytique des venins. » Toutefois, la résistance propre des 'globules intervient aussi dans le phénomène. Les globules de lapin sont plus résistants que ceux de chien. L'expérience suivante le démontre directement. » Dans deux tubes contenant, le premier une émulsion de globules de lapin, le se- cond une émulsion de globules de chien dans le venin de vipère, on ajoute la même quantité de sérum de lapin chauffé; or, tandis que les globules de chien sont dissous en I heure 3o minutes environ, les globules de lapin résistent et se déposent au fond du tube. C'est à peine si, au bout de i5 à 20 heures, on observe une légère hémolyse. » J'ai répété toutes ces expériences avec le venin de cobra et j'ai con- staté les mêmes phénomènes, avec cette différence que l'hématolyse est beaucoup plus rapide; avec le sérum de chien, elle est presque instanta- née. Et cependant, quand on inélange du sang de chien avec le venin de SÉANCE DU 28 JUILLET 1902. aSg cobra, les globules se dissolvent et le sang se coagule en i5ou 20 secondes, alors qu'il reste incoagulable avec le venin de vipère. Le seul fait de la dissolution des globules rouges ne suffit donc pas à expliquer une si grande variation de coagulabilité. Il y a autre chose. En effet, tandis qu'après l'ac- tion du venin de cobra sur le sang, ou sur les globules de chien, l'hémo- globine ne paraît pas sensiblement modifiée, au moins pendant plusieurs heures, avec le venin de vipère, elle se transforme très rapidement en mélhémoglobine. Quelle est donc, dans le venin de vipère, la substance dont l'action semble si comparable à celle d'un ferment? Serait-ce l'échid- nase? L'expérience justifie cette hypothèse. » Après qu'on a détruit ce ferment par un chauffage à 80° ou à 100°, le venin de vipère se comporte comme le venin de cobra : il coagule le sang et dissout les globules lavés sans modifier sensiblement l'hémoglobine. L'échidnase agit donc comme un ferment oxydant pour transformer l'hémoglobine en mélhémoglobine, et, de fait, elle donne avec la teinture de gaïac la réaction des oxydases, qu'on n'obtient pas avec le venin de cobra. » En résumé, le venin de vipère produit des effets inverses sur la coa- gulabilité du sang suivant qu'il est inoculé au chien ou au lapin, et cette différence tient à une variation physiologique de l'espèce. Chez le lapin, les globules rouges sont plus résistants que les globules blancs, et le sérum contient en excès une antihétnolysine très active. Les globules rouges du chien sont moins résistants que les globules blancs et plus fragiles que ceux du lapin. Dans le sérum du chien, c'est la sensibilisatrice qui prédo- mine. Enfin, c'est à l'action oxydante de l'échidnase qu'est due la transfor- mation de l'hémoglobine en mélhémoglobine. » PHYSIOLOGIE ANIMALE. — Sur une nouvelle forme de la sensibilité tactile : la irichesthésie. Note de MM. N. Vaschide et P. Rousseau. '< Les présentes recherches ont eu |)our objet de déterminer : 1° Si la sensibilité tactile d'une région précise de la peau est en Jonction du nombre des poils comptés dans cette région ; 2" s'il existe ou non une sensibilité périphé- rique spéciale à la base de chaque poil. » On provoquait à la surface de la peau des excitations (méthode Tou- louse-Vaschide) en faisant porter sur un point déterminé, souvent à la loupe, des aiguilles dont le poids variait entre ^ de gramme et os,oo5. Les sujets, les yeux bandés, tournant le dos à l'opérateur, devaient 26o ACADÉMIE DES SCIENCES. répondre par oui lorsque l'excitation donnait naissance à une sensation; ' pour éviter la fatigue de l'attention, et une sorte d'autosuggestion, un intervalle de 8 à lo secondes séparait chaque excitation. Chaque région de la peau était divisée en carrés de i™'; le sujet se reposait après une série d'expériences portant sur quatre carrés. Le membre étudié était maintenu rigoureusement immobile. Les recherches ont été faites à deux ans de distance, par deux observateurs différents; elles ont porté sur dix sujets femmes et sur deux hommes, âgés en moyenne de 24 à 3o ans; on étudia tour à tour les membres inférieurs et les membres supérieurs. » Nous relatons ici surtout les expériences méthodiques, qui confirment d'ailleurs pleinement nos anciennes observations. » I. a. En diverses régions et sur des sujets différents, la sensibilité tactile varie-t-elle avec le nombre de poils? — Nous avons élé amenés à conclure en faveur de l'existence d'une sensibilité tactile étroitement liée à l'existence du système pileux. Nous avions pris comme région pilifère le dos de la main et nous avons circonscrit la surface étudiée à un carré de 4"^" de côté; la surface à peu près imberbe était la face inférieure du poignet, à 2'^"' de la naissance de la main. La sensibilité d'une région pilifère semble nettement distincte de la sensibilité tactile générale de celte même région. » b. Pour un même sujet et pour une même région; cette sensibilité est-elle con- stante?— Cette sensibilité existe; mais, en raison des conditions très délicates de l'expérience, sa constance ne s'exprime pas par des nombres absolus, mais par des moyennes dont la formule précise serait une série de fractions ayant pour dénomina- teur le nombre des excitations et pour numérateur le nombre des sensations : sujet L., iS juin, I; 7 juillet, |; etc. » II. Pour déterminer la sensibilité périphéiique à la base d'un poil, à la loupe, la méthode employée était la suivante : une, deux ou trois excitations étaient faites à la base d'un poil; puis une série d'excitations périphériques qui s'éloignaient graduelle- ment en cercles concentriques, à une distance de o"'™,5, puis de i"'", de 2°"", etc. Voici un exemple : Sujet M. H... (face supérieure du poignet à 4'^™ de la main). Sensi bilité Sensibilité à la périphérie Carré. à la base du poil, îsonibre de de la base du poil. liigulle. Nombre Nombre Nombre de — — d'excitations. sensations. d'excitations. sensations. o,oo3 V 2 2 9 4 o,oo5 M 2 2 9 3 o,oo5 VI 2 I 8 2 » Il existe donc une sensibilité très vive à la base même de chaque poil ; la sensibilité périphérique est infiniment moindre et diminue à mesure qu'on s'éloigne de la base du poil choisi. SÉANCE DU 28 JUILLET 1902. 261 )) Réserves faites d'une distraction possible du sujet, nos recherches semblent indiquer que cette sensibilité à la base des poils est constante pour une région donnée et un même sujet. » Il résulte de nos expériences qu'on peut affirmer l'existence d'une sensibilité tactile spéciale intimement liée à l'existence du système pileux, et que nous proposons d'appeler sensibilité trichesthésique (0pi^ = poil et akHr.aii = sensibilité). Cette sensibilité est bien distincte de la sensibilité tactile régionale et parfois en rapport inverse relatif avec celle-ci. Cette sensibilité est constante et nous l'avons retrouvée à peu près la même chez les mêmes sujets, à plusieurs mois d'intervalle. Ajoutons encore que les conditions météorologiques semblent avoir une grande influence sur l'état de cette sensibilité; l'état hygrométrique de l'atmosphère la modifie parti- culièrement. Il en est de même pour les conditions physiques et surtout mentales du sujet; à ce point de vue, les observations cliniques sur les troubles du système pileux se trouvent confirmées par nos recherches; le cas publié par le D'V.-P. Ossipowest extrêmement instructif. Cet auteur (') parle, dans son travail, d'une sensibilité tactile sui genens et cite des tra- vaux de W.v. Bechterew(^) et de OssipowetK. Noiszewski, qui ont signalé également cette sensibilité. Il semble tout indiqué qu'il faut accuser une innervation spéciale des poils, dont l'existence est confirmée encore par l'étude de la sensibilité des poils eux-mêmes. » VITICULTURE. — Sur la possibilité de combattre par un même traitement liquide le mildew et Voidium de la Vigne. Note de M. J.-M. Guillon, pré- sentée par M. Bouvier. « L'application des bouillies cupriques pour combattre le mildew (Plas- mopara viticola) et celle du soufre pour lutter contre l'oïdium {Erysiphe Tuckeri) constituent deux opérations différentes qui nécessitent de grands frais de main-d'œuvre. J'ai cherché à mélanger le soufre aux principales bouillies cupriques, de façon à combattre les deux maladies avec un même traitement liquide et à diminuer les frais de culture tout en rendant le soufre adhérent. (') V.-P. Ossipow, Ein Fait von angeberenein partielten Haarinangel in Bezie- hung zur Ilnarenipjlndliclikeit {A'eiirologisches Centrablatt, 1901, p. 655-6Ô-). (^) Von Bechtekew, Das elecktrisclie Trichâstesinneter und die sog. Haaremp- findlichkeit des Kôrpers {Neurologisclies Centralblatt, 1898, p. io32-io35). 262 ACADÉMIE DES SCIENCES. )) D'une façon générale, si l'on jette du soufre (sublimé ou trituré) dans une bonillie bordelaise ou bourguignonne, il reste à la surface et ne se mélange pas ; il faut, pour faire mouiller le soufre, opérer de la façon sui- vante : » A. Bouillie bordelaise. — La bouillie bordelaise se prépare comme d'habitude; seulement la cliaux est préalablement malaxée avec le soufre avant d'être versée dans la dissolution de sulfate de cuivre. 2''? de chaux peuvent se mélanger à io''S et plus de soufre (3''s suffisent). La bouillie bordelaise soufrée, expérimentée par les méthodes que nous avons indiquées ('), n'est pas modifiée dans son adhérence. » La bouillie bordelaise soufrée est un peu moins adhérente lorsqu'on lui ajoute 0,25 pour 100 de colophane ou i pour 100 de mélasse. Une addition de o,3 pour 100 de gélatine modifie peu les choses. » B. Bouillie bourguignonne. — On procède à sa préparation comme pour la bouillie bordelaise: le soufre est mélangé au carbonate de soude. Seulement le soufre n'est pas entièrement mouillé : en ajoutant ok,25 de colophane (-) le mélange se fait mieux. » La présence du soufre ne modifie pas l'adhérence de la bouillie bourguignonne et ne l'empêche pas de s'altérer avec le temps. » C. Verdet. — Le verdet sec est broyé et mélangé parfaitement au soufre, puis on ajoute par petites portions et en agitant constamment la quantité d'eau nécessaire. Le soufre ne modifie pas non plus l'adhérence du verdet. » D. Bouillies diverses. — heshouWXies au carbonate d'ammoniaque et au carbo- nate de potasse n'ont pas l'adhérence modifiée par la présence du soufre, mais ce der- nier n'est pas complètement mouillé. Il en est de même de l'eau céleste. Le soufre peut se mélanger au savon en prenant les précautions indiquées précédemment. )i II résulte des recherches auxquelles je me suis livré que le soufre est simplement mélangé et n'entre pas en combinaison avec le cuivre, à la condition toutefois de pratiquer les pulvérisations immédiatement après la préparation des bouillies. » Les expériences faites dans la région des Charentes, et qui peuvent être renouvelées dans les autres vignobles, ont démontré l'efficacitc pra- tique des bouillies soufrées bien préparées pour combattre à la fois Je mildew et l'oïdium. » ( ' ) J.-M. GuiLLON et GouiRAND, Sur l'adhérence des bouillies cuprvjucs {Comptes rendus, 25 juillet 1898 et 12 septembre 1898). (^) J. Perraud, L'adhérence des bouillies cupriques sur les fruits {Comptes rendus. 1898). SÉANCE DU 28 JUILLET 1902. 268 CHIMIE AGRICOLE. — Sur un procédé de concentration des vins. Note de MM. Baudoin et Schribaux, présentée par M. A. Munlz. « L'un des auteurs de la présente Note, qui exploitait un grand vignoble en Algérie, recevait en 1890 une demande de vins dosant 22 pour loo d'alcool. Dans l'impossibilité de produire des vins d'une aussi grande richesse, et ne voulant pas recourir au vinage, il a pensé qu'il serait peut- être possible d'enlever, d'une façon pratique, une proportion plus ou moins forte de l'eau contenue dans le vin de ses récoltes. C'est la solution industrielle de ce problème, étudié en commun depuis 1892, que nous soumettons à l'Académie ('). )) Deux méthodes s'oOraient à nous : la méthode de concentration par le froid, la méthode de concentration par la chaleur. )) I. La méthode de concentration par congélation, très anciennement connue et pratiquée couramment en Bourgogne, est celle que nous avons d'abord étudiée; elle ne nous a pas donné satisfaction : la glace, éliminée par un turbinage ou par une compression très énergique, renferme deo",5 à 1°, 5 d'alcool, ainsi qu'une certaine quantité de matières colorantes; de plus, le vin, fortement remonté en alcool, se dépouille assez rapidement et prend, au bout de quelques mois, la teinte jaune caractéristique des vins usés. » n. Le second procédé, celui auquel nous nous sommes arrêtés, consiste à distiller le vin dans le vide à basse température; une réfrigération métho- dique divise les produits volatils en deux parties : la première renferme, avec une certaine quantité d'eau, dont on peut faire varier la proportion à volonté, la totalité de l'alcool, les bouquets et les autres matières utiles à conserver; elle est retenue et mélangée aux matières fixes; la seconde partie, qui renferme l'eau, est éliminée. Cette eau possède toujours une réaction acide; elle entraîne avec elle de l'acide acétique en quantité assez grande pour que, du fait seul de son élimination, les vins piqués subissent une amélioration marquée (-). » La dégustation de spécialistes et l'analyse chimique d'échantillons (') Notre premier brevet remonte au 27 avril 1894. (-) M. le D''Garrigou a, de son côté, préconisé la conceiUralion des vins par la dis- tillation dans le vide {Le vin concentré, Faris, 1901). 264 ACADÉMIE DES SCIENCES. préparés au laboratoire nous ayant démontré que la concentration du vin, par évaporation d'une partie de son eau, n'en altérait pas les qualités, nous avons alors étudié et construit un appareil industriel, à marche continue, où le vin reste pendant quelques secondes seulement en contact avec les surfaces chauffées. » Un grand nombre de vins rouges et de vins blancs ont été traités dans cet appa- reil. Les résultats ont toujours été satisfaisants. Les analyses ont été exécutées par M. X. Roques; nous en rapporterons une seulement, relative à un vin d'Aramon du midi de la France. Vin naturel, o Alcool 9,3 Extrait sec à ioo° i6,8o Extrait dans le vide 22 , oo Sucre réducteur i ,38 Tartre (dosage direct) 2,08 Cendres totales 2,64 Cendres insolubles dans l'eau. . o,54 Alcalinité des cendres en car- bonate de potasse 0,81 Chlorure de sodium 0,06 Sulfate de potasse 0,91 I totale 4>26 Acidité en SO'H^ fixe 3, i4 ( \olatile.. . . 1,12 Coloration 1 , 00 Rapport (le la Vin concentré. concentration. I7>l T.84 28,09 37,80 1,67 1,72 2,62 0,53 3,16 1 ,20 ..04 ',92 0,61 0, I I o>79 1,83 1 ,65 1,8. 6,3i 1,48 5,35 1,70 0,96 1,85 o,85 1,84 » Ces chiflVes montrent (jue l'alcool, le sucre, le chlorure de sodium, le sulfate de potasse et la matière colorante du vin naturel se retrouvent intégralement dans le vin concentré. On constate, au contraire, que l'extrait et l'acidité volatile diminuent. La diminution de l'extrait porte sur le tartre, comme en témoignent les chiffres relatifs à cette dernière substance, aux acides fixes, aux cendres totales et à leur alcalinité. « L'analyse microscopique de ce vin concentré n'y décèle rien d'anormal. Elle montre dans le dépôt une grande quantité de cristaux du tartre qui s'est précipité par suite de le'nrichissemenl du liquide en alcool. » Enfin, un dégustateur de profession l'a caractérisé ainsi : « Vin rouge, droit de » goût, bien fruité, Espagne ». » De son côt-é, M. Mathieu, directeur de la Station œnologique de Beaune, a exa- miné et suivi très attentivement deux vins de Beaune, concentrés dans l'appareil que nous avons fait construire. Voici en quels termes s'exprime M. Mathieu au sujet de ces produits : » Le vin concentré n'a présenté d'autre goût anormal qu'un très léger goût de cuit SÉANCE DU 28 JUILLET l()02. 265 I) qui a totalement disparu quelques mois après, et spontanément. Le bouquet du vin j ne nous a pas paru avoir crû avec la concentration. L'expérience faite sur ces deux .1 vins, ajoute-l-il, manifeste que le procédé employé concentre le vin sans le déna- » turer. u » En résumé, ces vins concentrés sont sensiblement ce qu'auraient pu être les vins naturels, si la vigne avait végété clans des conditions lui per- mettant d'absorber moins d'eau. Ces vins naturels, plus riches en alcool et en couleur, auraient aussi renfermé moins de tartre. » La méthode de concentration que nous venons d'indiquer, appliquée aux vins faibles en alcool et pauvres en couleur, en corrigera les défauts et en assurera la conservation; avec des vins plus riches, elle permettra d'obtenir de très bons vins de coupage, susceptibles de remplacer les vins étrangers employés à cet usage. » ANTHROPOLOGIE. — Les figurations préhistoriques de la grotte de La Mouthe (Dordogne). Note de M. Emile Rivièke. « A. l'occasion de la Communication récente de MiM. Breuil et Capitan, et la présentation de peintures paléolithiques provenant de la grotte de Font-de-Gaume (Dordogne) parues dans les Comptes rendus, je tiens à faire remarquer que les ûgurations que, depuis 189,5, j'ai mises successi- vement à découvert sur les parois de la grotte de La Moulhe (Dordogne), grotte située à une faible distance de la précédente, n'offrent qu'une vague ressemblance avec celles de Font-de-Gaume, quoiqu'elles soient les premières connues, ou tout au moins signalées en France comme pré- sentant des traces de peinture préhistorique, alors même qu'elles repré- sentent les mêmes animaux. » Tandis que, à Font-de-Gaume, il s'agirait de véritables fresques, à La Mouthe ce sont exclusivement ou à peu près exclusivement des gra- vures au trait, gravures plus ou moins protondes comme les deux que je reproduis ici {//g- i et 2), ou des gravures plus superficielles obtenues par une sorte de raclage ou de slriage de la roche. Deux d'entre ces gra- vures seulement, du moins à la distance de i^o*" de l'entrée de la grotte à laquelle mes fouilles sont parvenues sur 228"*, présentent quelcjues traces de peinture, comme j'ai eu soin de le spécifier dans mes précédentes Communications. C. l'>., 11)02, j- Semestre. (T. CXXW, N' 4. 1 3^ 266 ACADÉMIE DES SCIENCES. « Eii effet, l'un de ces dessins représente un Ruminant, assez difficile à déterminer en toute certitude, malgré sa forte proéminence dorso-cervicale quelque peu analogue à celle d'un Bison, la tête de l'animal faisant défaut ou étant tellement fruste qu'elle est à peine visible. » Mais qu'il s'agisse du Bos priscus ou plutôt, peut-être, d'une Antilope, il est à remarquer que : i° la ligne des membres postérieurs seule est Fig. I. — Renne. coloriée en rouge brun noirâtre, notamment au niveau des articulations et des sabots; 2° le flanc gauche de l'animal est marqué de dix taches de même couleur brun noirâtre s'étendant sur la même ligne de l'épaule à la paitie supérieure de la cuisse. » L'autre dessin figure une sorte de hutte (c'est la seule habitation de l'homme primitif connue jusqu'à présent), non pas gravée par un simple Irait en dessinant les contours comme les nombreux animaux représentés SÉANCE DU 28 JUILLET 1902. 267 sur les parois de I.a Moulhe, mais par une sorte de raclage de la roche dont une partie des stries ont été passées à l'ocre mélangée ou non de manganèse (l'analyse chimique n'en a pus encore été faite), plus super- ficiellement que sur la figuration précédente, de sorte que la coloration est beaucoup moins accentuée et de façon à former une série de bandes à peu près parallèles et alternativement claires et foncées. Fig. 2. — Équidé. » J'ajoute que cette hutte, représentée de trois quarts, est précédée d'une sorte de dessin géométrique (trois chevrons gravés en avant et au niveau du sommet de la hutte) colorié aussi en brun noirâtre. » Quant à la contemporanéité ou la non-contemporanéité des gravures de La Moulhe et des peintures de Font-de-Gaïune, je ne saurais me pro- 268 ACADÉMIE DES SCIENCES. noncer, ne connaissant cette grotte que de nom et ses peintures que par les reproductions parues dans les Comptes rendus. Tout ce que je peux dire et répéter, comme l'ayant annoncé dans le principe, c'est que les figura- lions de La Mouthe sont absolument paléolithiques (magdaléniennes) et de l'époque quaternaire, géologiquement parlant. L'artiste préhistorique qui les grava était le contemporain du Renne et du Mammouth dont on re- trouve l'image (du premier surtout admirablement dessinée) sur les parois de la grotte de La Mouthe. » M. Archambaulï adresse une Note sur un projet d'appareil de sûreté, contre les tamponnements des trains de chemins de fer. La séance est levée à 3 heures trois quarts. M. B. ERRATA. (Séance du 21 juillet 1902.) Note de M. A. Gautier, Existence, dans l'albumen de l'œuf d'oiseau, d'une substance fibrinogène, pouvant se transformer, in vitro, en mem- branes pseudo-organisées : Page i35, ligne 9, au heu de C=: 82,90, lisez C = 5'2,9o. On souscrit à Paris, chez GAUTHIER-VHXAKS, Quai des Grands-Augustins, n° 5j. ^35 les COMPTIS RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Ils forment, à la fin de l'année, deux volumes 10-4" Deux e par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annutl i" Janvier. Le prix de l'abonnement est fixé ainsi qu'il suit : Paris : 20 fr. — Départements : 30 fr. — Union postale : 34 fr. On souscrit, dans les Départements, chez Messieurs : Ferran Irères. ( Chaix. . ( Jourdan. I Ruff. Courtin-Hecquet. I Germain elGrassin. ( Gaslineau. Jérôme. Régnier. j Feret. Laurens. I Muller (G.). . Renaud. ( Derrien. J F. Robert. j Oblin. 1 Uzel frères. Jouan. Perrin. l Henry. I Marguerie. j Juliot. ( Bouy. I Nourry. Ratel. ( Key. ', Lauverjal. I Degez. j Drevet. i Gralier el C*. Foucher. l BourdigDon. i Dombre. ( Thorez. ( Quarré. chez Messieurs : , ( Baumal. Lorient j ( M"' lexier. / Bernoux et Cumin \ Georg. f.yon ( Effantin. Savy. / Vitte. Marseille Ruât. l Valat. *^''""'""'"'- 1 Coulet CL nis. Uoulins Martial Place. I Jacques. Grosjean-Maupin. Sidot frères. ( Guist'liau. Natilei ir 1 ( Veloppe. ( Barma. Nwe . ( Appy. Nimes Ttiibaud. Orléans LudJé. . . ( Blanchier. Poitiers , ( Levriei'. Rennes Plihon et Hervé. Rochefort Girard (M""). „ I Langlois. Rouen , ° . { Lestringant. S'-Étienne Chevalier. „ , 1 Ponleil-Burles. Toulon „ ., ( Rumebc. _ , 1 Gimel. Toulouse... _ . ( Privât. / Boisselier. Tours j Péricat. ( Suppligeon. ,, . i Giard. Valenciennes , ( Lemaltre. On souscrit, à l'Étranger, chez Messieurs : . . J l Feikema Caarelsen A msteraam ( et C". Athènes Beck. Barcelone Verdaguer. [ Asher et C*. Berlin ) '^="""- ■ Friedlander el fils. I Mayer et Muller. Berne Schmid Francke. Bologne Zanichelli. iLamertin. Mayolez et Audiarte. Lebégue et C. „ , j Sotchek et C». Bucharest . , , ( Alcalay. Budapest Kilian. Cambridge Deighton, BellelC". Christiania Cammermeyer. Constantinople. . Otto Keil. Copenhague Hbst et fils. Florence Seeber. Gand Hoste. Gênes Beuf. iCherbuliez. Georg. Stapelmohr. La Haye Belinfante frères. ( Benda. Lausanne „ . . _, ( Payot el C". Barth. Brockhaus. Leipzig { Kœhicr. Lorenlz. Twietmeyer Desoer. Liège ■' \ r " ' Gnuse. chez Messieurs : iDulau. Hachette el C'-. Nuit. Luxembourg. .. V. Bûck. / Ruiz et C*. Madrid ) Romo y Fussel. ) Capdeville. ' F. Fé. Milan j Bocca frère». ■■ ( Hœpli. Moscou Tastevin. JVaples jMarghieri di G.u,. I Pellerano. IDyrsen et Pfciiïer. Stechert. LemckeetBuecli. er Odessa Rousseau. Oxford Parker et C'- . Palerme Rtber. Porto Magalhaès ei M,.c.ii Prague Rivnac. Rio-Janeiro Garn i er. „ ( Bocca frères Rome . , , ( Loescberel C • Rotterdam Kramers el fiU Stockholm Nordiska Bogtiundet. o, „ , t ( Zinserling. S'Pftersbourg..^.^^^^ I Bocca frères. I Brero. Tun.li ( „, j Clausen. [ RosenbergelSellier. Varsovie Gebethner et Wolfl. Vérone Drucker. Vienne „ , , ( Gerold el C'. ZUrich Meyer et Zeller. î GÉKÉRALIS DES COMPTES RENEUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. Tomes 1" à 31. — {i Août 1835 à 3i Décembre i8âo.) Volume in-4° ; i853. Prix 15 Ir. Tomes 32 à 61. — ( i'^' Janvier i85i à 3i Décembre i865.) Volume in-4°; 1870. Prix 15 fr. ij Tomes 62 à 91. — (1" Janvier 1866 à 3i Décembre 1880.) Volume in-4°; 1889. Prix 15 fr. ! Tomes 92 à 121. — ( i" Janvier 1881 à 3i Décembre 1893.) Volume in-4''; 1900. Prix 15 fr. flENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES ; Mcmoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par MM. A. Dekbès et A.-J.-J. SoLitn. — Mémoire sur le Calcul des Perlurbalions e les Comètes, par M. Hanskn. — MOmoire sur le Pancrùas el sur le lùle du suc pancicaliquc dans les phénomènes digestifs, parliculiéremenl dans des matières grasses, par .M. Cl.vude Bek.n.vrd. Volume in-^", avec 3' planches; iSôG 15 fr. Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Benedem. — Esidi djune réponse à la question de Prix proposée en i85o par r.Acadéiiiie des T le concours de iS53, el puis remise pour celui de i8.5G, savoir : « Etudier les lois de la distribution des corps organisés fossiles dans les dillérenls -■dimentaires, suivant l'ordre de leur tii] cr|.osili(rn. — Discuter la quesliou de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. — la nature des rapports qui existent entre l'clat actuel du rcgiie organique et ses étals antérieurs », par M. le Professeur Bno.>iN, in-4' liehes; iSGi 15; fr. pme Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences. K 4. TAHLK DES ARTICLES. (Séance du 28 juillet 1902.) MEMOIRES ET COMMUIVIGATIOIVS OES MRMBRRS ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. Pages. M. Emile Picard. — Sur une propriété curieuse d'une classe de sarfaces algé- briques 217 AI. .1. BoussiNESQ. — Réflexion et réfraction par un corps transparent animé d'une translation rapide : équations du mouve- Pagcs. ment et conséquences générales sao MM. Paul Sabatier et J.-B. Senderens. — Réduction des dérivés nitrés par la mé- thode d'hydrogénation directe au contact de métaux divisés 325 xMEMOTRES PRESENTES. M. E. Delatour adresse un Mémoire relatif à un « Appareil de pointage » 227 M. Bréchard adresse un Travail relatif à de » nouveaux pantographes » 227 M. Odier adresse un complément à son pré- cédent Mémoire, sur la théorie des conso- nances et des dissonances musicales 2^7 CORRESPONDANCE. jM. Scuiai'Arelli, nommé Associé étranger, adresse ses remerciments à l'Académie... 227 M. le Secrétaire perpétuel signale le Tome I des « Opère matematiche di Eu- genio Bellrami » 228 M. H. Deslandres. — Méthode spectrale capable de fournir la loi de rotation encore inconnue des planètes à faible éclat. Vérifications de la méthode. Pre- miers résultats 228 M. A. KoRN. — Sur le problème de Dirichlet pour des domaines limités par plusieurs contours (ou surfaces) aSi •M. J. FouR>(iER. — Sur une des causes d'explosion des chaudières à vapeur et sur le moyen de la prévenir 282 M. (3UIR1N0 .Majorana. — Surle dichroïsme magnétique jSS M. A. Leduc. — Sur l'équivalent électro- chimique de l'argent 337 M. Izarn. — Argenture du verre et daguer- réotype 240 iM. Georges Viard. — Sur la précipitation des chlorures et bromures de cadmium, de mercure et d'étain par l'acide sulfu- rique 2'|2 M. S. DOMBROWbKi. — Sur la mannite, les azotates et les alcaloïdes des urines nor- males 2l^'^ M. N. -Alberto Bareieri. — Essai d'analyse immédiate du tissu nerveux 2^6 Errata M. Jean Maumus. — Sur la ligature de l'extrémité appendiculaire du Ciecum chez le Cercopithecus cephus Erxl 2^8 M. Gustave Loisel. — La sécrétion interne du testicule chez l'embryon et chez l'adulte. iSo M. C. Deleze.nne. — Les kinases micro- biennes. Leur action sur le pouvoir di- gestif du suc pancréatique vis-à-vis de l'albumine 252 MM. A. Charrin et G. Delamare. — Nature parasitaire (Oospora) de certaines dégé- nérescences calcaires, de quelques tumeurs inflammatoires et de lésions spéciales du squelette 255 ti\. C. Phisalix. — Etude comparée de l'hé- matolyse par les venins chez le chien et le lapin 267 MM. N. Vaschide et P. Rousseau. — Sur une nouvelle forme de la sensibilité tactile : la trichesthésie 259 M. J.-M. GuiLLON. — Sur la possibilité de combattre par un même traitement liquide le mildew et l'oïdium de la Vigne 261 MM. Baudoin et Schribaux. — Sur un pro- cédé de concentration des vins a63 M. Emile Rivière. — Les figurations préhis- toriques de la grotte de La Mouthe ( Dor- dogne } 265 M. Archambault adresse une Note sur un projet d'appareil de sûreté contre les tam- ponnements des trains de chemins de fer. 268 a68 PARIS. — IMPRIMERIE GAUTHIE R - VI L L ARS, Quai des Grands-Augustins, 55. Le Gérant : Gauthier- ViLLARa. ^.a,^ 1902 SECOND SEMESTRE. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. TOME CXXXV. W 3 (4 Août 1902), PARIS, GAUTHIER-VILLARS. IMPRIMEUR-LIBRAIRE DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'AGADÉMIli; DES SCIENCES, Quai des Grands-Augustins, 55. 1902 RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUE Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875 Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de l' Académie se composent des extraits des travaux de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes présentés par des savants étrangers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. 26 numéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. Article i". — Impressfon des travaux de l'Académie. Les extraits des Mémoires présentés par un Membre ou par un associé étranger de l'Académie comprennent au plus 6 pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o pages par année. Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans le Compte rendu àe la semaine que si elle a été remise le jour même de la séance. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même Hmite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par les Correspondants de l'Académie comprennent au plus 4 pages par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de 32 pages par année. Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis- cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca- démie ; cependant, si les Membres qui y ont pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent rédiger, séance tenante, des Noies sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les re- mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion. Les Programmes des prix proposés par l'Académie sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap- fll I ports relatifs aux prix décernés ne le sontqiiji que l'Académie l'aura décidé. Les Notices ou Discours prononcés en séii e blique ne font pas partie des Comptes rendus. Article 2. — Impression des travaux des Sa étrangers à l'Académie. Les Mémoires lus ou présentés par des pe m qui ne sont pas Membres ou Correspondants c!'' demie peuvent être l'objet d'une analyse ou i sumé qui ne dépasse pas 3 pages. Les Membres qui. présentent ces Mémoir tenus de les réduire au nombre de pages recS Membre qui fait la présentation est toujours ni mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet il autant qu'ils le jugent convenable, comme ils pour les articles ordinaires de la correspondar cielle de l'Académie. Article 3. Le bon à tirer de chaque Membre doit être 1 l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plusl jeudi à 10 heures du matin; faute d'être remis à le titre seul duMémoire estinsérédansle Co/??/?/ actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte ren^ vaut et mis à la fin du cahier. Article 4. — Planches et tirage à part. Les Comptes rendus ne contiennent ni plane figures. Dans le cas exceptionnel où des figures si autorisées, l'espace occupé par ces figures coi pour l'étendue réglementaire. Le tirage à part des articles est aux frais d teurs; il n'y a d'exception que pour les Rappi les Instructions demandés j)ar le Gouvernemei Article 5. Tous les six mois, la Commission adniinistrali un Rapport sur la situation des Comptes rendus l'impression île chaque volume. Les Secrétaires sont chargés de l'exécution il sent Règlement. H.tr./^'T étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont prié.' déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant h\ Autrement la présentation sera remise à la séance 8. ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 4 AOUT 1902. PRÉSIDENCE DE M. BOUQUET DE LA GRYE. MEMOIRES ET COMMUIVICATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. OPTIQUE. — Réflexion et. réfraction par un corps transparent animé d'une translation rapide : ondes réfléchies et réfractées ; amplitude des vibrations. Note de M. J. Boussinesq. « I. Si, pour abréger ('), on appelle lo^, w^, w^ les binômes diffé- rentiels ^ ' ' dz dy dx dz dy dx c'est-à-dire les rotations moyennes de l'éther (au facteur près — ^), les seconds membres des équations (6) du mouvement reviendront identi- quement, comme on sait, à / Q s ofu). du) y dix>x dw. dwy diy>x ^ ' dy dz dz dx dx dy ' et ces expressions égaleront les premiers membres, fonctions linéaires des accélérations ' '' et des produits des petits facteurs constants Vx. Vj, Vj par les dérivées respectives en x, y, z des vitesses . " — '-• » Cela posé, admettons qu'on ail pris pour plan des yz le feuillet moyen de la couche de transition séparant deux milieux homogènes; de sorte que, pour les valeurs de x voisines de zéro, l'indice N varie très vite avec X et puisse y rendre très grands non pas les déplacements ^, o, C, ni [') Voir le précédent Compte rendu, p. 220. G. R., 1902, 2» Semestre. (T. CXXXV, N° 5.) JO o^O ACADEMIE DES SCIENCES. leurs dérivées en t, y ou z, ni oon plus, par suite, o>^., mais certaines déri- vées en X de ces diverses quantités. Dans les deuxième et troisième équa- tions du mouvement, celles où figureront les deux dernières expressions (8), il sera admissible, du moins à une première approximation, que les termes en V-^^ / '!/ n'atteignent pas de très fortes valeurs, la petitesse du facteur V^ y compensant, au besoin, la grandeur de la dérivée en x qui y constitue l'autre facteur, s'il arrivait que ce facteur devînt considérable; et alors ces deux équations , résolues respectivement par rapport à (<^z,'^y) ^ assigneront visiblement, à ces deux dérivées en x de w, et w„, dx ° des expressions de valeur modérée. » C'est dire que w-, to^ varient graduellement à la traversée de la couche de transition, ou y restent sensiblement constants et finis. Or les deux der- nières expressions (7), qui sont celles de w^, m,, montrent qu'alors les deux dérivées ^^' ''' sont aussi de grandeur modérée, et que, par suite, les déplacements tangentie's y], X, ont, comme les rotations moyennes to^, w-, même valeur, très sensiblemenl , dans les deux milieux conligus, de part et d'autre de leur surface séparative. » Les deux dérivées de -o, 'C en x sont donc finies; et les deux termes en Vj, signalés ci-dessus restent ici négligeables, même à une approxima- tion plus élevée que la première : ce qui assure la vérification des quatre précédentes conditions, spéciales à la surface séparative, conditions dites définies, nécessaires et suffisantes pour déterminer les problèmes. En effet, la relation 6 = o de transversalité, impliquée, dans chacun des deux mi- lieux contigus, en partie par la forme des équations indéfinies et en partie par la nature du mouvement (ou propagé d'ailleurs ou périodique), rend un des trois déplacements l, r,, t, solidaire des autres ; et elle réduit à quatre, seules essentielles, les six conditions définies qui, sans cela, seraient indispensables (' ). (') On démontre, du reste, assez facilement, par la considération de l'énergie po- tentielle de l'éther, exprimable au moyen des trois variables co^., wy, w. (dont la pre- mière est égale, comme les autres, sur les deux, faces de la couche de transition, rj et Ç l'étant), que l'égalité des déplacements tangentiels et des rotations moyennes, de part et d'autre des surfaces séparatives, suffit bien, avec les équations indéfinies propres aux milieux homogènes conligus, pour déterminer la suite des mouvements vibratoires, à partir d'un état initial donné. SÉANCE DU 4 AOUT I902, 27 1 » Ainsi se rlédnisent très simplement, des équations indéfinies elles- mêmes (' ), les conditions de continuité spéciales, en optique, à toute sur- face séparative, conditions dont les unes avaient été posées par Fresnel, les autres entrevues et admises par Cauchy, mais que M. Henri Poincaré a nettement établies, dans son Cours de 1888 Sur la théorie mathématique de la lumière (p. SSg). » II. Prenons maintenant pour origine le point où le rayon incident perce la couche de transition ; pour axe des x la normale menée, dans le second milieu, à la surface séparative; enfin, pour axe des y, la projection, sur cette surface, de la normale aux ondes planes incidentes, tirée égale- ment de l'origine vers le second milieu; et appelons, dans le plan des xy, t, p les deux angles aigus faits, avec les .a; positifs, par cette normale aux ondes incidentes et par la normale analogue aux ondes planes réfractées, t' l'angle, aigu aussi, fait avec les x négatifs par la normale aux ondes réflé- chies. Les vibrations étant transversales dans les deux milieux, si l'on désigne par co, w', oj, les vitesses de propagation respectives de ces ondes planes (vitesses estimées suivant les normales correspondantes), et que l'on pose, pour abréger, ... , (cosi, sini) .. , (cost', sint') ., - (cosp,sinp) on pourra prendre, comme pour deux milieux transparents en repos : i" dans le rayon incident, I ■( = f(t - Ix — my), (10) I E = — mw Y{t — l.v — my), f r, = lu>Y{t — lx— my), formules où y et F seront deux fonctions arbitraires, exprimant les dépla- ments successifs apportés par les ondes incidentes suivant les deux azimuts principaux; 2° dans le rayon réfléchi, des déplacements corrélatifs *C, ;'. 'n , ayant comme expressions K' = P/(; + -Xa--wy), (11) H = Qww'F(/ -H "A.r — /wj), \ -/)' = Q),oj' V{t+ ').x — my) ; (') Comme M. Potier en avait eu le premier l'iJée, en l'appliquant dès 1872, et grâce à l'épaissenr (un peu comparable aux loni;ueurs d'onde) des couches de tran- sition. 2^2 ACADEMIE DES SCIENCES. 3° enfin, dans le rayon réfraclé, des déplacements C. ^. vi de la forme •n, = Q,/,w, F(«- l,œ — my). En effet, les deux déplacements tangentiels, '( -H Ç et yi + vi' d'une part, C, et 71, d'autre part, à égaler respectivement pour a; = o, n'auront aucun autre facteur variable que le facteur alors commun f{t — my) ou Y{t — my) ; et, de même, les doubles rotations moyennes, —^ — et — -^ -^ — d'une part, j^ <^t ^ — -t^ d'autre part, à égaler encore pour x-=o, n'au- ront alors de variable que leur facteur commun /'(/ — ?ny) ou V\( — my). Par suite, les quatre conditions de continuité, réduites à deux systèmes séparés d'équations du premier degré en P et F,, Q etQ,, seront bien vérifiables. » m. Mais il aura fallu prendre égales, dans (9), les trois valeurs de 7?i, ou poser la proportion ordinaire des sinus^ sin i sin i' sin 0 V ^ (0 oj' fui entre les trois sinus des angles faits, avec la normale O.r à la surface sépa- rative, par les perpendiculaires to, w', w, abaissées de l'origine sur les trois ondes planes incidente, réfléchie, réfractée, considérées une unité de temps après leur passage à l'origine, et ces perpendiculaires elles-mêmes. Or, les trois ondes planes en question sont tangentes aux deux ondes courbes fictives, ici sphériques, censées nées dans les deux milieux, à l'origine O, lors de ce commun passage des ondes jjlanes en O; et l'égalilé des rap- ports (i3) exprime que ces trois plans tangents ont trace commune sur le plan a: = o de la surface séparative. » En d'autres termes, la construction d'Huygens s'applique (étant donné le rayon incident) à la déterniination de l'onde incidente tangente, puis des deux ondes tant réfléchie que réfractée et, par suite, à celle des rayons réfléchi et réfracté, aboutissant aux points de contact respectifs des ondes planes correspondantes avec les deux ondes courbes. Seulement, ces rayons, issus de l'origine et non des centres des ondes courbes, feront, avec les normales aux ondes planes correspo iidantes, qui partent des centres mêmes, de petits angles, constituant justement V aberration des rayons. SÉANCE DU !\ AOUT 1902. 278 )i IV. Les quatre équations de condition donnent immédiatement i + P = P., /-XP-=/,P,, et > Q _Qi (>4) Il en résulte (i5) \ et /co H- Xw' O ^ « I w , Q . , ^ 1 ■ T.^ 1 ,y „, ^U j p _ ' - '■ p _ 1^ ^~ w /,tof + Xi..'-^' ^' "^ T;^ X^'^H-Zi- COS '. COSl cosp OU bien, par la substitution, a /, >., /,, de -— , -^> -^' puis a w, co , co,, des quantités proportionnelles sim, sim', sinp, et, enfin, par la réduc- tion à I, dans Q,, du facteur cos(i' — i)- sauf erreur négligeable de l'ordre de(i'— i)- : _ sini'sin(p — t) ., _ sinpsin(t'+ '-). ~ sintsin(p -t- i') ' ' ~ sin i sin ( i' + p ) ' *-'"-^ i ^ ^ sintsin(p + i')cos(p- ■-') cos(p — '.')' sinp sin( l'-h i) cos(i'— 0 Pi ^ ' sin t sin ( i' -H p ) cos ( i' — p ) cos ( i' — p ) )) V. Par exemple, si la vibration incidente est rectiligne et fait, dans le plan de l'onde, un angle a avec l'axe des z, trace do l'onde sur la surface séparative, ses deux composantes dans les deux azimuts principaux res- pectifs seront entre elles comme cosa, siua; et les deux composantes analogues du rayon réfracté seront entre elles, par l'introduction des fac- teurs correspondants d'amplitude P,, Q,, comme P, cosa, Q, sina. Par suite, l'azimut a, de polarisation du rayon réfracté aura pour tangente ^tanga; et l'on aura, pour le calculer, la formule extrêmement simple cola, 1', / , _\ (■7) ^==(^=^°^<'-?>- " 274 ACADÉMIE DES SCIENCES. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Demonslration expénmeni aie delà décomposition de l'acide carbonique par les feuilles insolèes. Noie de MM. P. -P. Dehërain et E. Demoussy. « Quand, dans les cours de Physiologie végétale, on veut montrer que les feuilles éclairées émettent de l'oxvgène par décomposition de l'acide carbonique, on a généralement recours à la méthode imaginée par Cloëz et Gratiolet, il y a plus d'un demi-siècle. Cette méthode, utilisée par Bous- singault dans les mémorables recherches où il a démontré que le volume d'oxygène dégagé est égal à celui de l'acide carbonique disparu, consiste à immerger les feuilles dans une solution faible d'acide carbonique qui remplit complètement un flacon de i' ou 2' muni d'un bouchon portant un tube abducteur. » Quand on emploie des plantes submergées, VElodea Canadensis , le Pot amoget on Crispas, le Ceratophyllum. submersum, on réussit bien ; mais quand on introduit dans l'eau carbonique des feuilles aériennes, l'expé- rience manque souvent; en outre, immerger des organes aériens, pour les voir accomplir leur principale fonction, n'est pas satisfaisant pour l'esprit, et nous avons résolu de disposer cette expérience dans l'air. )) Ici se présente cette dif6cnlté que les feuilles plongées dans une atmosphère très chargée d'acide carbonique le réduisent difficilement; il fallait imaginer une méthode qui permît d'ajouter peu à peu, à l'atmosphère l'acide carbonique à décomposer. » Après quelques essais infructueux, nous nous sommes arrêtés au pro- cédé suivant : )) On place les rameaux feuillus sur lesquels on opère dans une cloche à gaz de iSo'^'"' 3 200'^"', qu'on retourne sur une dissolution saturée d'acide carbonique ; en penchant cette cloche on en fait sortir la plus grande partie de l'air, on n'en laisse qu'une cinquantaine de centimètres cubes; la cloche est alors placée dans un grand vase à précipité rempli de la dissolution d'acide carbonique; on immerge complè- tement de façon à éviter l'échaufTement de l'atmosphère pendant l'exposition au soleil. » Si l'on a pris la précaution de marquer par un trait sur la cloche le point où s'arrête la dissolution intérieure, on ne tarde pas à voir le volume du gaz augmenter. Si l'on trouve que cette augmentation est lente, on agite le liquide de la cloche, de façon à favoriser le dégagement de l'acide carbonique. Celui-ci est décomposé par les feuilles, remplacé par de l'oxygène qui, étant peu soluble dans l'eau, augmente sans cesse le volume du gaz. SÉANCE DU 4 AOUT 1902. 275 » Quand il a doublé, ou sort la cloche et, en la retournant, on rallume facilement une allumette ou une paille ne présentant qu'un point en ignition. » Voici la teneur en oxygène de quelques-unes des atmosphères obtenues en employant cette méthode. Richesse en oxygène d'atmosphères dans lesquelles ont séjourné différentes J'euilles exposées au soleil. Matricaire 4'^ d'oxygène dans 100 de gaz. Menthe 43 » Asperula odorata 45 » Blé 48 » Pyrethrum inodorum 53 » Campanula pyramidalis 57 » » L'opération est très facile à conduire, et elle présente cet avantage que l'augmentation de volume du gaz montre les progrès de la décomposition; on ne met fin à l'expérience que lorsque cette augmentation est suffisante pour qu'on soit certain de rallumer une allumette, ce qui exige au moins d'oxygène. » On a cru, à diverses reprises, et récemment encore, que la décompo- sition de l'acide carbonique par les feuilles était accompagnée du dégage- ment de gaz combustibles, oxyde de carbone, hydrogène, hydrogènes car- bonés; nous n'avons jamais pu constater ces dégagements; en opérant régulièrement avec l'excellent eudiomètre de M. Schlœsing, on trouve que le volume d'oxygène dégagé est rigoureusement égal à celui de l'acide car- bonique disp;u-u, et, en faisant déloner les gaz provenant de la décomposi- tion, avec du gaz de la pile, on ne constate aucune diminution de volume. » PATHOLOGIE VÉGÉTALE. — Les pèrithéces du Rosellinia necatrix. Note de M. Ed. Piullieux. « Le champignon parasite qui cause le plus souvent la pourriture des racines des arbres fruitiers et des vignes a été très bien étudié par Rob. Hartig, qui a fait connaître non seulement ses organes de végétation, les filaments mycéliens qui envahissent les racines et les tuent, mais d(^s organes de reproduction qui apparaissent à la surface des plantes mortes, sur lesquelles le parasite continue de vivre en saprophyte. Ce sont des 40 I 00 276 ACADÉMIE DES SCIENCES. faisceaux de filaments dressés qui se ramifient au sommet en branches conidifères. Rob. Hartig a donné au champignon ainsi caractérisé le nom de Dematophora necatriœ. » On sait que, pour un champignon donné, à des formes conidiennes peuvent correspondre d'autres formes de fructification et particuliè- rement des fruits contenant des asques. Pour le Dematophora necatrix, Rob. Hartig n'a pu, malgré de longues recherches, trouver de fruits asco- phores, mais il a fait cette profonde remarque que \e Dematophora necatrix ressemble, tant par ses conidies et leur mode de développement sur les filaments fructifères que par l'organisation de ses cordons mycéliens, au Rosellinia quercina, à tel point qu'il y a lieu de supposer qu'il n'est rien autre chose que la forme conidienne d'un champignon appartenant au même genre RoseHinia ou à un genre voisin. » Plusieurs années après la publication du beau Mémoire de Rob. Hartig, Viala observa pour la première fois, sur des racines de cerisier et des souches de vigne tuées par le pourridié, les jiérithèces du Dematophora necatrix. Il fit, du pourridié et de l'histoire complète du Dematophora necatrix, le sujet d'un important travail dans lequel il étudia en détail et figura ces périthèces, dont la structure ne lui parut pas justifier la suppo- sition de Rob. Hartig. Il les décrit comme des conceptacles entièrement clos et indéhiscents, comparables à ceux des Tubéracées; mais recon- naissant, d'autre part, que le Dematophora necatrix s'écarte par divers caractères, et notamment par ses fructifications conidiennes, des Tubéra- cées, qui n'en [présentent jamais, il a proposé de considérer le Dematophora necatrix comme le type d'une famille spéciale, celle des Dématophorées, intermédiaire aux Tubéracées et aux Sphériacées. » Depuis la publication du Mémoire de Viala, il n'a été j)ossible à aucun observateur de voir des périthèces de Dematophora necatrix; toutefois, Berlèse, en étudiant le Rosellinia aquila, a été frappé de la grande analogie de structure que présentent les périthèces des Rosellinia et ceux du Dema- tophora, d'après les dessins mêmes et les descriptions de Viala. » Depuis plusieurs années, j'ai tenu, dans des conditions d'humidité convenables, dans le jardin de la Station de Pathologie végétale, des ra- cines d'arbres fruitiers divers tués par le Dematonhora necatrix. Elles se sont, à maintes reprises, couvertes de fruclifications conidiennes; enfin, j'ai vu s'y développer des périthèces. La première apparition de ces péri- thèces se produisit en 1898 sur un arbre mort au commencement de SÉANCE DU i AOUT 1902. 277 juin 1896 dans le potager de Versailles. Je n'ai pu les observer jusqu'à com- plète maturité, mais il s'en est produit une poussée nouvelle en 1902, que j'ai pu étudier à loisir. » Comme l'a observé Viala, ces péritlièces sortent de la croule stromatique qui a déjà porté des conidiopliores; ils se forment dans le feutrage des filaments mycé- liens bruns qui couvrent les racines mortes depuis longtemps. Ils se montrent nom- breux, pressés les uns contre les autres, entourés des débris des arbres conidiophores. Ils ont environ i""°,5 de diamètre ou un peu plus; ils sont globuleux, un peu dé- primés à leur sommet avec une papille saillante. Ils sont d'un gris brunâtre; la pa- pille est noire et entourée d'une auréole noirâtre. Quand le périthèce est mûr, vers le milieu de juillet, on voit souvent, au-dessus de la papille, une petite masse globuleuse noire constituée par l'agglomération des spores qui sont expulsées hors du périthèce sous forme d'une masse pâteuse. Parfois, j'ai vu, sur des périthèces placés dans un mi- lieu extrêmement humide, apparaître une grosse goutte de mucilage contenant les spores. Le périthèce mûr se fendille très aisément; j'ai vu des périthèces, portant à l'extrémité de leur papille un bouton de spores noires, se briser spontanément en se desséchant au sortir d'un milieu très humide. Souvent, on voit apparaître, dans ces conditions, de grandes fentes partageant la coque dure du périthèce. J'ai vainement cherché à m'assurer de l'existence d'une osliole régulière au sommet de la papille. J'ai parfois vu l'ouverture par où est sortie la petite masse de spores formant un trou sensiblement rond auprès et non au sommet de la papille primitive : c'est une ouver- ture en forme de fente. Je pense que l'orifice servant à l'expulsion des spores est pro- duit par de petites crevasses qui se forment aisément dans le tissu de la papille. » Au-dessous de la couche externe dure et friable du périthèce se trouve une couche tendre blanchâtre, bordée, du côté de l'intérieur du fruit, par une membrane d'une couleur jaunâtre qui se sépare aisément au moment de la maturité de la coque dure et forme un sac qui n'adhère fortement à la paroi que par son extrémité supé- rieure. La membrane de ce sac est tapissée extérieurement par un hyménium qui porte dans la cavité du périthèce de très longues et très fines paraphjses, au milieu des- quelles naissent les asques, disposés comme elles en rayonnant vers le centre du fruit. Quand la coque externe se brise, en se crevassant à la maturité, elle montre une sur- face intérieure blanche et lisse et laisse à découvert le sac jaunâtre qui contient les files de spores noires dans une masse mucilagineuse. » Les paraphyses sont des filaments simples, grêles, hyalins, très longs, f[ue Viala a décrits comme des filaments mycéliens constituant un pseudoparenchyme qui rem- plit la cavité du fruit. i> Les asques naissent entre ces paraphyses en direction rayonnante; ils sont fili- formes, allongés, cylindriques, mais amincis par leur partie inférieure en un pédicelle qui a à peu près le même diamètre que les paraphyses. Ils ont de 3651^ à 38o!'- de long sur 8I-'-, 5 à gV' de large. Dans les asques se produisent les spores, au nombre de 8, en forme de fuseau non exactement symétrique, un peu arquées, à extrémités très aiguës. Mûres, elles ont de 431^ à 47^^,5 de long sur yt'-'de large. Elles restent assez longtemps incolores et montrent à leur intérieur des gouttelettes réfringentes; en mûrissant, elles deviennent noires et opaques. Elles sont disposées dans l'asque obli(]uement en C. P.., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N» 5.) 36 278 ACADÉMIE DES SCIENCES. une seule série. La première spore de la série n'occupe pas la partie terminale de l'asque, dont le sommet présente une disposition très singulière qui a été étudiée et figurée dans le Rosellinia qiiercina par Rob. llartig el dans le Rosullinia aquiia par BerJèse. Viala l'a certainement vue dans le Deinalopliora necalrix, mais il a cru que l'asque, un peu dilaté à son extrémité, est terminé par un espace vide qu'il a désigné sous le nom de chambre à air. En réalité, on peut aisément s'assurer que cette prétendue chambre à air est formée par une matière dense qui se colore en bleu par l'iode et qui forme une sorte de bouchon beaucoup plus résistant que la paroi de l'asque. » Quand le moment de la maturité arrive et que les spores noiicissent, la paroi de l'asque se gélifie; les paraphyses, également, deviennent peu distinctes et se fondent dans une masse mucilagineuse où l'on voit les spores noires disposées en file, dans la situation où elles se sont formées. Mais, alors encore, l'emploi de l'iode permet de distinguer le bouchon qui précède la file de spores. » Tous ces détails de la slructiire du périthèce du Deinatophora necalrix ne permettent pas de douter que ce champignon soit bien un Rosellinia. Il devra porter le nom de Rosellinia necalrix. » CHIMIE. — Hydrogénation direcle des oxydes de l'azole par la méthode de conlact. Note de MM. Paul Sabatieii et J.-B. Sendeuens. « On sait depnis longtemps que la mousse de platine peut servir à pro- voquer la réduction directe des divers oxydes de l'azote par l'hydrogène. » Il nous a paru intéressant de voir si le nickel ou le cuiçre réduits, (|ui servent de hase à la méthode générale d'hydrogénation que nous avons instituée pour les composés organiques volatils et particulièrement pour les dérivés nitrés, pourraient être, vis-à-vis des oxydes île l'azote eux- mêmes, substitués à la mousse de platine. )) I. Oxyde azoteux. — Dœbereiner, puis Dulong et Tliénard avaient observé que la mousse de platine, placée dans un mélange d'oxyde azoteux, et d'hydrogène, s'y échauffe jusqu'à l'incandescence, en donnant de l'eau et de l'azote. » Au contraire, Kuhlmann {Ann. çler Cliem. uiid Pliarm., t. XXIX, p. 272) a trouvé que la mousse de platine n'agit pas à la température ordinaire sur le mélange des deux gaz, mais que, si l'on chaufl'e, elle donne lieu à une production importante d'ammoniaque. )) Ainsi que nous l'avons établi dans nos recherches antérieures {Ami. de Ciiim. el de Pliys., 7= série, t. Vil, p. 348), le nickel réduit n'exerce à froid aucune action sur l'oxyde azoteux seul. Mais il réagit immédiatement dès la température ordinaire sur le mélange d'oxyde azoteux et d'hydrogène : il se produit un échaulTement intense. » Avec un grand excès d'Iiydrogène, tout l'oxyde azoteux disparaît : il 3' a produc- SÉANCK DU 4 AOUT 1902. 279 tion exclusive d'eau et d'azote, sans aucune formation d'ammoniaque ou d'in'draziue. On a » D'après les données thermiques qui ont étr fournies par M. Berthelot, celle réac- tion dégage + 78'^''',9 (eau gazeuse). » Aussi, quand on accroît dans le mélange la proportion d'oxyde azoteux, on déter- mine une vive incandescence au début de la traînée du métal. Par suite de la haute température ainsi atteinte, l'oxyde azoteux suliit en partie une décomposition complexe, où apparaissiMit des vapeurs rutilantes nitreuses : l'hydrogénation de ces dernières, elTectuée par les portions voisines et très chaudes du métal, fournit un peu d'ammo- niaque. » Le cuivre réduit n'exerce, à la température ordinaire, aucune action surle mélange d'oxyde azoteux et d'hydrogène : mais, à partir do iSo", température à laquelle, d'après nos observations anciennes [loc. cit.), l'oxvdalion du métal par l'ox)de azoteux n'a pas encore lieu, la réaction se prorluit, et donne de l'eau et de l'azote. » Avec une dose suffi santé d'oxyde azoteux, elle peut amener, comme pour le nickel, l'incandescence du métal et, par suite, la production de faibles quanlilés d'ammo- niaque. » II. Oxyde azotique. — Faraday, puis Kuhlmann, ont indiqué que la mousse de platine réagit vivement dès la température ordinaire sur les mélanges d'oxyde azo- tique et d'hydrogène, pour donner de l'eau et de l'ammoniaque. » Reiset avait trouvé que la production d'ammoniaque à partir du mélange des deux gaz peut être réalisée au rouge par les oxydes d'étain, de zinc, de cuivre, surtout et très aisément par l'oxyde ferrique, même dans une faible mesure par la pierre ponce pulvérisée (Comptes rendus, t. XV, 1842, p. 162). » Le nickel réduit n'agit pas à froid sur le mélange d'oxyde azotique et d'hydro- gène : mais, au-dessus de 180°, on observe une forte diminution du volume gazeux, due il la production d'eau, d'ammoniaque et d'azote libre. En présence d'un excès d'hydrogène, l'oxyde azotique est transformé tout entier selon les deux réactions si- multanées : NO-l-IP=NH'-l-H^O, NO+tP=N -t-IPO. » D'après les données thermiques établies par M. Berthelot, la première de ces réactions dégage 92^"',!. La seconde, qui tend à devenir plus imjjortanle quand la température s'élève, dégage 79'^''',9 (eau gazeuse). » La présence de l'azote est constante dans le phénomène, et il ne peut en être autrement; car on sait, et nous avons vérifié, que l'oxyde azotique réagit sur le gaz ammoniac, lentement à froid, beaucoup plus vile si l'on cliaufTe, surtout en présence des métaux divisés, et tend à donner de l'eau et fie l'azote. » Si l'on augmente la proportion d'oxyde azotique dans le mélange, on arrive à provoquer l'incandescence du métal, que l'on voit alors s'oxyder partiellement aux dépens de l'oxyde azotique. » Le cuivre réduit se comporte exactement comme le nicLel, au-dessus de 180°. 28o ACADÉMIE DES SCIENCES. » Le liquide ammoniacal, recueilli dans les deux cas, ne renferme que de Fammo- niaque, sans azotate, ni azotile. Il ne contient pas d'liydio\jlamine, comme l'indique l'absence de pouvoir réducteur vis-à-vis du bichromate ou de la liqueur de Fœhling. » III. Peroxyde d'azote. — Kuhlmanu avait observé que le mélange de peroxyde d'azote et d'hydrogène produit, dès la température ordinaire, l'incandescence de la mousse de platine avec transformation totale en ammoniaque et production assez fréquente de redoutables explosions. » En dirigeant à froid, sur du nickel récemment réduit, de l'hydrogène ayant bar- belé dans du peroxyde d'azote liquide maintenu au-dessous de o°, on ne constate qu'un léger échauffement, dû à une formation de nickel nitré (Paul Sabatier et Senderess, Ann. de Chim. et de Phys., 7" série, t. YII, p. /jiS). Mais si l'on élève vers 180° la température du métal, on constate une production abondante d'ammoniaque, selon la formule N0--l-H-=NH'+2lP0, réaction qui dégage -hiSô'^'^S (eau gazeuse, NO- vers 200°). » En augmentant la proportion des vapeurs de peroxyde d'azote, on voit apparaître des fumées blanches d'azotate et d'azotite d'ammonium; puis l'incandescence se ma- nifeste au début de la traînée de métal, et elle est généralement suivie d'une violente explosion. » Avec le cuivre réduit, le phénomène est tout à fait analogue : à froid, on observe une faible élévation de température, due à la condensation du peroxyde d'azote par formation de cuiire nitré (loc. cit., p. 4oi). Vers 180°, il y a production d'ammo- niaque, et, si la dose de peroxyde d'azote devient un peu importante, il y a incandes- cence de cuivre, suivie fréquemment d'une explosion. » L'action positive exercée sur le mélange de peroxyde d'azote et d'hydrogène a pour conséquence nécessaire une action similaire sur la vapeur d'acide azotique. » Quand celle-ci, entraînée par un excès d'hydrogène, arrive dans l'intérieur du tube à métal, chaude au-dessus de 180°, elle se dissocie partiellement, à cette tempé- rature, en eau, oxygène et peroxyde d'azote. Au contact du métal actif qui se trouve dans le tube (mousse de platine, nickel, cuivre), ce peroxyde d'azote se trouve aussi- tôt hydrogéné et changé en ammoniaque : il s'en refait, dans la vapeur, une nouvelle proportion, qui est également transformée, et cela jusqu'à disparition complète de tout l'acide azotique. » En opérant avec un tube oii se trouve étalée une couche mince de nickel réduit cliaulTée vers 200°, une partie de l'acide azotique demeure fixée à l'état d'azotate d'am- monium, sur la partie supérieure du tube, où la température n'atteint pas 200° : le sel fondu, encore stable à cette température, s'y accumule en certaine proportion, et par- fois coule sur le métal, y déterminant une incandescence passagère. » Quand le métal est chauflfé à 35o°, il n'y a plus aucun dépôt de nitrate d'ammo- nium, mais seulement formation d'eau, d'ammoniaque et d'une certaine dose d'azote libre. » Le cuivre conduit à des résultats tout à fait semblables. » On voit donc que, pour effectuer la réduction des oxydes de l'azote SÉANCE DU 4 AOL'T 1902. 281 par l'hydrogène, le nickel et le cuivre réilaits peuvent être substitués à la mousse de platine. » CORRESPONDANCE . MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Mesure de la limite élastique des mèlaux. Note de ÎM. Ch. Fremoxt, présentée par M. Maurice Levy. (c La mesure de la hmite élastique des métaux, essayés à la traction ou à la compression, s'évalue sur le diagramme tracé automatiquement pen- dant l'opération mécanique; on l'exprime en kilogrammes par millimètre carré de la section primitive de l'éprouvette. » On a été ainsi conduit à définir la limite élastique d'après la configu- ration du diagramme. » Or, à la suite d'expériences à la compression, j'ai constaté que les indications données par les diagrammes obtenus avec les instruments les plus précis étaient inexactes, et que cette inexactitude n'était pas due à l'insuffisance de précision des instruments, mais à l'impossibdité maté- rielle d'obtenir en pratique un ajustage parfait des éprouvettes et une direction mathématiquement rectiligne des attaches; l'éprouvette est, en effet, toujours tirée ou comprimée plus ou moins obliquement. » Ainsi, dans des essais de compression j'ai trouvé que, pour un acier dont la limite élastique réelle était de i!\^^, les diagrammes indiquaient cette limite à Si^s^ 55, 1 1*^^56, la'^s.gS, iS'^Sgo» i4'^''', loeL i5'^s^70. » Jusqu'ici l'on n'a pas attaché d'importance à ces deux causes d'irré- gularité, probablement parce qu'on supposait que sous l'effort, dès le début de l'opération mécanique, les mordaches prenaient une direction rectiligne, que les têtes des éprouvettes s'appuyaient normalement et que l'éprouvette considérée comme resiée homogène était enfin soumise à un effort également réparti sur toute la section. » Pour constater qu'il n'en est pas ainsi, il suffit de polir parfaitement la surface de l'éprouvette (' ); on voit alors, comme on le sait, au moment (') Je dis qu'il faut polir parfaitement, parce qu'un polissage imparfait ne laisse apercevoir que les déformations plus grossières que les défauts du polissage lui- même. 2»2 ACADEMIE DES SCIENCES. précis où le diagramme indique la limite élastique par un changement plus ou moins important de direction, la surface de l'éprouvette se dépolir dans certaines parties suivant des lignes discontinues. » Il est évident que la limite élastique (par définition) n'a été dépas- sée que dans les régions déformées, c'est-à-dire localement; le diagramme n'a donc donné que la limite élastique de l'éprouvette avec ses imperfec- tions, dans les conditions également imparf;iites de l'essai, et nullement la limite élastique vraie du métal. La surface interne déformée et écrouie, résultat des irrégularités initiales, les perpétue jusqu'à la fin de l'essai et se traduit par une suite de déformalions locales et généralement obliques. » Aucune indication ne précise, sur le diagramme, le passage à la limite élastique réelle du métal considéré, et, dans certains cas, une éprouvette soinnise à un effort croissant ne présente pas, au passage à la limite élas- tique du métal, la déformation caractéristique, car lorsque l'effort corres- pondant à celte limite est atteint, dans certaines régions de l'éprouvette, le métal est au-dessus et, dans d'autres, est au-dessous de cette limite élas- ticjue. » Partant de là, pour déterminer exactement la limite élastique il faut commencer par tasser l'inégalité |irovenant du défaut d'ajustage de l'éprou- vette, en localisant dans une partie de section plus faible que le reste de l'éprouvette les premières déformations, jusqu'à ce que l'effort soit uni- formément réparti. » J'ai obtenu ce résultat en employant, pour la comjîression, des é|)rou- veltes en forme de tronc de cône ou de pyramide tronquée et, pour la traction, des éprnuvettes en forme de tronc de cône terminé par un cylindre à la plus faible section du cône. La déformation initiale irrégu- lière est alors localisée dans la partie la plus faible de l'éprouvette et se propage ensuite sur la surface, qu'elle dépolit en nappe continue. » L'examen au microscope du bord de cette nappe dépolie permet de constater qu'il existe pour les métaux deux types de déformations à la limite élastique, et cette distinction se retrouve, qu'il s'agisse de traction ou de compression. » Premier type. — La déformation s'efTectue brusquement sous un effort donné, le dépoli est franchement limité par une ligne bien déterminée et la limite élasli(|iie est une et se mesure exactement par un nombre. C'est le type de l'acier, dont le dia- gramme présente un palier. « Second type. — La déformation s'effectue graduellement sous en effort donné, le dépoli n'est pas franchemenL limité par une ligne, et la limite élastique ne peut être SÉANCE nu 4 AOUT rgoa. 283 évaluée exactement; elle est soumise, dans certaines limites, à une appréciation arbi- traire. » L'aspect général des diai>rammes ordinaires nous donne une idée de ces deux types de déformations, mais non la représenlulion fidèle, permet- tant d'en obtenir la mesure, comme il vient d'être dit, et tel acier à palier pourra donner un diagramme sans palier; tel acier à déformation graduée pourra donner un petit palier, par suite d'une coïncidence de plusieurs affaissements ou allongements simultanés. » En résinné, les lignes de déformations locales, signalées pour la pre- miière fois en i854 par Liiders, mais restées inexpliquées jusqu'ici, sont la conséquence d'une répartition inégale de l'effort sur la section de l'éprou- vette, résultant d'une précision insuffisante dans l'ajustage et le guidage; ces lignes n'existent plus et sont remplacées par une nappe continue quand la déformation s'effectue régulièrement sous un effort bien également réparti. » OPTIQUE. — Sia- une nouvelle méthode de mesure optique des épaisseurs. Note de MM. J. Macé de Lépixay et H. Bcisso.v. « L'un de nous a eu l'honneur, dans une précédente Communication ( ' ), d'exposer le principe d'une nouvelle méthode de mesure interférentielle des épaisseurs ; nous nous proposons d'indiquer sous quelle forme nous avons pu la réaliser et de donner les résultats de quelques expériences d'essai. )» Vu la nécessité d'eiuployer exclusivement des sources de lumière monochromatiques, les phénomènes utilisés se présentent sous les aspects suivants : » Franges des lames parallèle •?.ne A On éclaiie la région étudiée de la lame par un faisceau de lumière convergente, en y projetant l'image de la source. Les iranges se présentent sous la forme d'anneaux concentriques que l'on observe dans une lunette réglée pour l'infini soit par réflexion, en interposant une lame de verre non étamée entre la source et la lame, soit par transmission, les deux faces de lu lame étant alors faiblement argentées C). La partie fractionnaire A, de l'ordre d'interférence au (') 21 avril 1902. (^) De ces deux modes d'observation, nous préférons le premier, malgré la moindre 284 ACADÉMIE DES SCIENCES. centre P, correspondant à l'incidence normale, est donnée en fonction du diamètre apparent D du premier anneau (sombre dans le premier cas, brillant dans le second), par La lame étant placée sur la plate-forme horizontale, mobile, d'un goniomètre, le dia- mètre apparent se mesure en faisant tourner cette plate-forme et faisant ainsi défiler jes anneaux dans la lunette fixe. Les angles de rotation sont observés par la méthode de PoggendorfT. i'i— ')e~ Fvan es des lames mixtes La moitié d'un faisceau de lumière parallèle traverse la région étudiée de la lame, l'autre traverse l'air. Un écran, placé sur la lame et la débordant, porte une ouverture rectangulaire qui permet ce partage du faisceau. On observe les franges au moyen d'une lunette fixe, à fort grossis- sement, réglée pour l'infini. Leur aspect, indiqué par les formules d'Airy ('), est dis- symétrique, à moins que l'on n'ait 5=: (maximum central) ou 0 = ( 2 K + i) - (minimum central), 2 2 8 étant le retard de l'onde qui a traversé la lame sur celle qui a traversé l'air. Or, si l'on fait varier d'une manière continue l'inclinaison de la lame sur l'onde incidente, on fait varier par cela même 0 et l'on réalise une série de maxima et de minima successifs, faciles à saisir, surtout ces derniers. Soit alors d l'angle des deux orienlations de la lame correspondant au premier minimum central, de part et d'autre de l'incidence normale; la partie fractionnaire r/ de l'ordre d'interférence /> sous incidence normale est donnée par : a — h-, /) -— , , 2 8 /( - h ayant, selon le cas, la valeur o ou i, de façon que a soit compris entre o et 1. » Sources. — Les radiations utilisées ont été les radiations rouge (R), verte (V), bleue (B) du cadmium et la radiation verte du mercure (V,). » La source, limitée à une surface éclairante de 2""" environ de diamètre, est placée au foyer d'une première lentille collimatrice C,. Le faisceau parallèle obtenu traverse un prisme à vision directe spécial, servant en même temps de polariseur (^), formé d'un prisme de quartz, à arêtes parallèles à l'axe, immergé dans une cuve rectangulaire netteté des anneaux, afin d'éviter la correction, toujours incertaine, provenant du changement de phase par réflexion sur l'argent. Cette correction peut atteindre o,4i de période. (') Mascakt, Tiaité d'OfilKjue, t. I, p. [i'jb. (^) Les lames que nous avons étudiées jusqu'ici sont, en eflet, des lames de quartz parallèles à l'axe. On pourrait, dans le cas de lames isotropes, remplacer le prisme polarisant par un prisme de cro«n. SÉANCE DU 4 AOUT 1902. 285 conlenant un mélaiif^e de i de benzine el f de sulfure de carbone. La source et la len- tille sont portées par une planchette qui tourne autour d'un axe vertical passant par le prisme. )) Pour observer les anneaux, le faisceau émergent est reçu sur une lentille fixe Cj, de 4o'''° de distance focale ; il va former dans un plan intérieur à la lame un spectre présentant une série d'images de la source nettement séparées. L'une d'elles est amenée, en orientant convenablement la source, à tomber sur la partie découverte de la lame; les autres sont interceptées par l'écran qui la recouvre. » Pour observer les franges des lames mixtes, 11 faut substituer au miroir non étanié l'écran rectangulaire et éclairer ce dernier par un faisceau de lumière parallèle. On y parvient en introduisant entre le prisme et la lentille C3 un collimateur renversé, constitué par une lentille Cj, tournée vers le prisme, et une fente F, placée au foyer de la lentille C3. L'une des images de la source étant amenée à se former sur celte fente, le faisceau correspondant devient parallèle au delà de C3. La lentille C, et la fente F sont liées invariablement l'une à l'autre et reposent par trois pointes sur plan, trou et fente; le support de ces derniers est réglé une fois pour toutes, de telle sorte que si une image donnée de la source se forme, dans ces conditions, sur la fente, elle se forme sur la partie découverte de la lame quand on enlève le collimateur renversé CjF. 1) Grâce à cette disposition, le passage d'une radiation à une autre, tout aussi bien que celui des franges aux anneaux correspondant à une même radiation, n entraîne aucune perte de temps : 20 minutes suffisent pour efTecluer les huit mesures corres- pondant aux quatre radiations employées et, pendant ce temps, dans les conditions où nous sommes placés, la température ne varie que de o°,02. » Résultats. — Nous nous contenterons de donner, à titre d'exemple, les résultats suivants (lame de quartz parallèle à l'axe, rayon ordinaire), ramenés à une même température, 18", jo : I. 11. ni. , li... ] V... i R... ( V... . 99001^,92 • 9900^.93 1 ,5426879 . 1,5486369 9900^-, 91 9900!^, 98 1,5426893 1,5486366 9900!'-, 94 99001^,94 1 ,5426870 1,. 54 8 6,36 7 N, (' )) On voit qu'il est possible de compter sur une approximation de 0^^,02 à o'\oi pour l'épaisseur, d'une unité du sixième ordre décimal pour l'indice. ' Nous avons étudié de même, et avec le même succès, une lame de quarlz de 2"" d'épaisseur. Nous avons pu nous assurer, d'autre part, que la méthode serait facilement applicable à une lame de flinl(indice 1,7233), de 3'^'" d'épaisseur, donnant des anneaux de même ordre qu'un quarlz ou ( ' ) Indices absolus. C. 1'.., lyii^. .- Semestre. (T. CW.W, N" 5.) *1 2H6 ACADÉMIE DES SCIENCES. un crown de 3"^'", 5 d'épaisseur. Il y a tout lieu de penser qu'il nous sera possible d'aborder directement l'étude de lames plus épaisses encore. » PHYSIQUE. — Réflexion dp la lumière sur un miroir de fer aimanté perpen- diculairement au plan d'incidence. Note de M. P. Camman, présentée par M. Mascart. « Une théorie complète de la reflexion de la lumière sur les miroirs métalliques aimantés a été donnée par M. C.-H. Wind dans les Archives néerlandaises (2" série, t. I, 1897). Dans le cas particulier où l'aimanta- lion est perpendiculaire au plan d'incidence, la conclusion est la suivante : Si la lumière incidente est polarisée dans le plan d'incidence, l'aimantation n'a aucune influence sur la réflexion. Elle fait, au contraire, varier à la' fois la phase et l'amplitude de la lumière réfléchie, si le rayon incident est polarisé perpendiculairement au plan d'incidence. Ce sont ces résultats théoriques que j'ai vérifiés expérimentalement, en mesurant la variation de la différence de phase entre les deux composantes principales et celle de l'azimut rétabli. M La source lumineuse est une lampe à arc. La lumière, rendue suffisamment mono- chromatique pour les mesures par son passage à travers une cuve de fuchsine, est concentrée par un condenseur en un trou de 2™™ de diamètre percé dans un écran métallique mince; ce trou est placé au foyer d'une lentille de So"™ de distance focale. Le faisceau qui en est issu traverse un polariseur. Le plan de polarisation faisait des angles de 45° et de 60° avec le plan d'incidence dans les deux séries d'observations eflectuées. La lumière se réfléchit sur deux miroirs de fer plans et parallèles, de 2'=™ de longueur sur i"^" de hauteur, taillés dans deux cadres de fer doux de Suède formant les armatures de deux petits électro-aimants. Les faibles dimensions de ces cadres ,gcm (jg longueur, 5'^™ de hauteur, 2"" de largeur et i"^" d'épaisseur) permettent de les placer sur une plate-forme spéciale adaptée à cet effet sur un cercle de Jamin. On peut ainsi mesurer l'angle d'incidence, régler les miroirs et les rendre parallèles en faisant coïncider dans la lunette les images du rayon direct et du rayon réfléchi deux fois. , » L'élude de la lumière réfléchie, polarisée elliptiquement, se fait au moyen d'une lame de mica quart d'onde et d'un analyseur; en réalité, les deux lames de mica suc- cessivement employées n'étaient pas exactement quart d'onde, mais les retards de l'une des vibrations principales étaient respectivement de o, 265 et 0,268 Xy de la laie moyenne D du sodium. L'appareil analyseur est l'analyseur à pénombre Macé de Lépinay. Grâce à la précision et à la sensibilité de cet instrument, les erreurs com- mises ne dépassent pas les erreurs de lecture quand on opère par la méthode de l'éga- lisation de teinte des deux plages; quand on cherche à élalilir l'extinction en suppri- SÉANCE DU 4 AOUT 1902. 287 manl le quartz à deux rotations qui produit les deux plages, et en manœuvrant à la fois l'analyseur et la lame, l'erreur est de i' en moyenne. On en déduit que la diffé- rence de phase et l'azimut rétabli sont déterminés à 6' près environ pour la réflexion sur un seul miroir. » Les données des expériences sont les suivantes : Incidence principale moyenne des deux miroirs. 7i°5' Azimut principal moyen 26°58' Aimantation maxima en unités C. G. S i35o i> Les résultats des expériences sont réunis dans le Tableau suivant : Variations 49,58 5o 60,2 65 68 70 70,80 75 77 '4o » Les chiffres précédents se rapportent à la réflexion sur un seul miroir, les varia- lions étant observées en renversant l'aimantation de -t-i35o à — i35o unités 26 — 6 33 — 10 4> — 12 45 — 1 1 34 — 1 1 25 - 6 Incidences. o 5o 60 65 68 70 72 75 \ ariatiuns de la difVérence de l'azimut de phase. rétabli. 12,5 23 3l -l3,5 34 — 13 4l — 12,5 45 — 11,5 40 -8 288 ACADÉMIE DES SCIENCES. » Le rapprochement de ces deux Tableaux montre que les différences entre les deux séries de nombres sont de l'ordre des erreurs d'expérience. On peut donc dire que les expériences précédentes confirment d'une ma- nière satisfaisante la théorie de M. Wind. » PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Moyen de régler les résonateurs de hatile fréquence, en vue de leur emploi médical. Note de M. H. Guilleminot, présentée par M. Bouchard. « Les résonateurs de haiile fréquence employés en médecine se com- posent d'un circuit inducteur, ou générateur du champ : c'est le circuit de décharge des condensateurs; et d'un circuit induit à l'extrémité duquel se produisent les effluves, étincelles, souffles. Le circuit inducteur, com- posé des surfaces condensatriccs et du conducteur, présente une certaine capacité c et un certain coefficient de self L desquels dépend la période des oscillations du courant de décharge, ot ppr conséquent leur longueur d'onde, d'après la formule T = 2Ti;yLC. » L'induit a un rendement d'autant meilleur qu'il est mieux accordé pour le champ considéré. Je n'ai pas à m'étendre ici sur le sens qu'il faut donner à ces mots : accord du résonateur avec le champ oscillant. Quoi qu'il en soit, le léglage d'un résonateur consiste à iaire varier la self ou la capacité du générateur par rapport à celles de l'induit. » Dans le résonateur Oudin en forme d'hélice, l'inducteur et l'induit sont placés à la suite l'un de l'autre, et le réglage consiste à prendre plus ou moins de spires comme inductrices, diminuant ou augmentant d'autant le nombre des spires induites. Dans le résonateur d Arsonval en forme de bobine, l'inducteur est invariable comme capacité et comme self, mais on peut le promener le long de l'induit auquel il est extérieur, de telle sorte que l'on modifie la longueur des deux portions droite et gauche de l'in- duit (par rapport au ])lan moyen de l'inducteur), faisant varier du même coup ses caractéristiques et, avant tout, sa self. » Dans le type en spirale plate que j'ai décrit antérieurement ('), l'inducteur est constitué par la spire externe de l'appareil, et l'induit est formé par toute la partie intérieure de la spirale. Cette forme de résonateur a pour but d'titiliser l'énorme champ développé sur chacune de ses faces, d'une part pour l'électrisation par influence des malades, d'autre part pour la production par influence d'une charge de même signe ou de signe contraire dans une sjiirale placée en regard de la première et dont l'enroulement est de même sens ou de sens contraire. Le léglage des spirales (') Arc/i. (/'h'/cr/r. médicale. 1901, p. 387. SÉANCE DU 4 AOUT 1902. 28f) pouvait se faire comme celui du résonateur Oudin. Ce réglage, ici, n'est pas commode, à cause des connexions à établir entre les deux spirales à travers l'espace utile à l'emploi. » .]'ai été ainsi amené à chercher un aiilre mode de réglage, ("ehii que je présente ici est apphcable d'ailleurs à tous les résonateurs. 1) J'ai d'abord cherché s'il était pratiquement possible d'obtenir le réglage en prenant comme variable le facteur C dans la formule c'est-à-dire en faisant varier la surface des condensateurs. Après une série d'essais, faits notamment avec un condensaleur à feuilles d'étain formé de 40 touches de 3"-'" x 2:1'^'" eljumellées quatre par quatre sur les deux dié- lectriques, de manière à obtenir une surface variant de yS'''"' à 750™', j'ai renoncé à ce procédé, qui ne permet qu'imparfaitement d'arriver au résultat cherché. Pour utiliser au mieux l'énergie d'une bobine donnée, il v a avantage à prendre un condensateur tel que sa capacité et son étincelle de décharge soient maxima, la décharge se jjroduisant à chaque interruption du Irembleur. Je n'insiste pas sur ces expériences, dont le résultat négatif m'a conduit à chercher de nouveau le réglage en prenant comme variable le coefficient de self dans l'expression y/LC. » J'ai introduit dnns le circuit une bobine de self variable constituée tout simple- ment par un fil de cuivre de grosse section formant une hélice d'une quinzaine de spires et analogue à l'hélice que le |)rofesseur d'Arsonval mettait en dérivation entre les armatures ex^ternes des bouteilles de Le^de, lors de ses expériences prolongées où il était utile d'avoir cette dérivation da garde contre les décharges à busses fréquences. » Cette bobine de réglage, je le répète, est, pour le cas qui nous occupe, placée en circuit et non en dérivation. Un curseur permet de mettre plus ou moins de spires dans ce circuit, de manière à en augmenter plus ou moins la self. Je résumerai en deux mots les résultats des expériences que j'ai faites avec les divers résonateurs. Lorsque l'on se trouve dans le voisinage des meilleures conditions de fonctionnement d'un résonateur, par exemple lorsque, dans le résonateur Oudin, l'inducteurcomprend de i à 5 spires, le réglage de la bobine de self suffit pour assurer le rendement maximum aussi bien que le réglage précis de l'inducteur qui donnerait le rendement maximum, par exemple à 4,5 spires. Si l'on s'éloigne de ces conditions, que l'on n'ait qu'une spire, une demi-spire, on arrive encore, avec la bobine de self, à avoir un rendement appréciable. Et même, si l'on supprime toute spire dans l'inducteur et que l'on éta- blisse seulement un contact à l'origine du résonateur, les eflluves atteignent encore gcm ^ ^cm^ alors que, sans la bobine de self, on n'obtient que de maigres étincelles de i"""^ de louffueur. 290 ACADÉMIE DES SCIENCES. " Ces résultats, surlout frappants avec le résonateur Oudin, prouvent que, dans le réglage des résonateurs, c'est moins le rapport des longueurs ou du nombre des spires de l'inducteur et de l'induit qui est à considérer, que le coefficient de self propre du circuit inducteur. )' Avec les spirales telles que je les ai construites, on se trouve dans le voisinage des meilleures conditions de rendement lorsqu'on prend la spire externe comme inductrice. Aussi la mise en circuit de la bobine de self réglable donne-t-elle des résultats tout à fait satisfaisants et le rende- ment de la spirale ainsi réglée est approximativement égal au maximum. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur le genliobiose ; préparation et propriétés du gentiobiose cristallisé. Note de MM. Em. Bourquelot et H. Hërissey. « Nos recherches antérieures (') ont établi que le gentianose est un hexotriose, C'^H'^O", qui, traité par l'invertine de la levure haute ou par l'acide sulfurique très étendu bouillant (1 pour 1000), se dédouble en donnant 1°"' de lévulose et 1"°' d'un hexobiose que nous avons appelé gentiobiose. » Il nous faut revenir aujourd'hui sur le dernier sucre, que nous avons réussi enfin à obtenir à l'état cristallisé, ce qui nous a permis d'en faire une étude plus approfondie. Le gentiobiose diffère d'ailleurs dans quelques-unes de ses propriétés, suivant le dissolvant, alcool méthjlique ou alcool éthylique, dans lequel on le fait cristalliser. » Gentiobiose cristallisé dans l'alcool inélhylique. — Pour préparer le gentiobiose^ on fait d'abord une solution avec los de gentianose et de l'acide sulfurique à 2 pour 1000 en quantité suffisante pour faire loo*^"'. On chaufTe cette solution au bain-marie bouillant pendant 3o minutes; on laisse refroidir, on neutralise par addition de car- bonate de calcium, on fdtre et l'on distille le liquide filtré dans le vide. On reprend le résidu à l'ébuUition, une première fois par 5o'^'"' d'alcool absolu, puis une deuxième et une troisième fois par 5o'^°'° d'alcool à g5" ; on enlève ainsi complètement le lévu- lose. Finalement, on reprend par So"""' d'alcool méthylique pur, en laissant bouillira reflux pendant 20 minutes, et l'on filtre bouillant. » Le gentiobiose cristallise dans l'espace de quelques jours, se rassemblant en petites lentilles semi-splièriques sur les parois du vase. Le rendement est de 4'' à 4°i5o pour les loï de gentianose. On le purifie par une nouvelle cristallisation dans l'alcool mètliylique. (') Sur la constitution du gentianose {Comptes rendus, t. CXXXII, 4 mars 1901, p. 571). SÉANCE DU 4 AOUT 1902. 29I » Le produit ainsi obtenu est blanc, très hygroscopique, et de saveur amère. Des- séché dans le vide sulfurique, jusqu'à ce qu'il ne perde plus de poids, il fond à la tem- pérature de 85°, 5 à 86" (corr.). Si l'on chauflTe davantage, il se boursoufle, brunit légè- rement, diminue de poids, redevient solide et fond de nouveau vers i89°-i95''en donnant un liquide jaune transparent. » Le genliobiose cristallisé dans l'alcool méthylique est dextrogyre et présente le phénomène de mullirolation, le pouvoir rotatoire étant plus élevé au moment de la dissolution. Les rotations suivantes, se rapportant à une solution de 4^ de genliobiose desséché dans le vide sulfurique pour 100""'°, montrent les variations qui se produisent à partir du commencement de la dissolution (/^= 2 ; < =: 22"). Après 6 minutes de dissolution a =: -1 1° 18' » 25 minutes » a =r h- i°4' » 2 h. 3o min. » a := -1-48' 1) 3 h. 3o min. » a = -l-4o' » 19 heures >> a::;:-t-4o' ce qui donne consme pouvoir rotatoire définitif de ce gentiobiose «u = H 8", 33. » Nous avons tout d'abord, et dans le but de vérifier la formule du gentiobiose, essavé de déterminer son poids moléculaire par la méthode de Raoult, en employant l'eau comme dissolvant. Au lieu d'obtenir, comme nous le pensions, des chiffres voisins de 342 (C'-H-- O" =; 342), nous avons trouvé nue première fois 128, et une seconde fois 127, 2. Ces résultats singuliers nous ont amenés à faire l'analyse organique du produit. » L'analyse a donné en centièmes: (i) C = 4i,3i (2) 0^40,98 H= 7,43 H= 7,44 chiffres qui ne correspondent point à la formule C'^H^'^0" (calculé : G =^42,10; H=;6,44), mais bien à la formule C'^ H"0" + 2 ( GH'O), c'est-à-dire à des cristaux renfermant 2™°' d'alcool méthylique de cristallisation (calculé : G== 4ii37; H =1 7,38). » Il fallait, dès lors, conclure: 1° que le gentiobiose donne dans l'alcool méthylique des cristaux renfermant a""' de cet alcool; 2° que ces cristaux sont stables dans le vide sulfurique; 3° que la fusion de ces cristaux à 85°, 5 est une fusion dans l'alcool méthylique de cristallisation. Il fallait, en outre, supposer que, en les chauffant à une température supérieure, on pourrait arriver à chasser complètement l'alcool méthylique. » On a donc essayé la dessiccation jusqu'à poids constant, entre 100" et ii5'>; cette dessiccation a donné les résultats suivants ; j'" wpéralion: perte de poids pour 100 i5,02 2'^ oiKialiun : jierle de poids pour 100 •. i5,o6 292 ACADKMIE DES SCIENCES. soit en movciinc i5,04 pour 100. Or, 2'"°' d'alcool mélhylique représentenl i5,7 poiii- 100. La concordance est donc aussi parfaite que possible. » Au surplus, le produit ainsi desséché a été anaivsé et soumis à la cryoscopie. Les résultats sont venus confirmer la formule C'-H'-O". » Gentiobiose cristallisé dans l'alcool élhyliquu, — Pour l'obtenir, 011 suit d'abord la marche exposée plus haut; mais, une fols le lévulose éliminé, on reprend le résidu par de l'alcool à 90° bouillant. On laisse refroidir et l'on décante dans un ilacon que l'on bouche. La cristallisation spontanée se fait très lentement; mais, quand on possède du produit cristallisé, on peut l'accélérer en amorçant. Il suffit alors de 3 ou 4 jours pour qu'elle soit terminée. Les cristaux forment une croûte adhérente aux parois du vase. On purifie par une nouvelle cristallisation dans l'alcool à 90". » Le produit est blanc et de saveur amère. Desséché dans le vide sulfurique, il ne fond pas comme le précédent au-dessous de 100°. Maintenu à 1 15° jusqu'à poids con- stant, il n'a perdu que 1,07 pour 100. On peut donc le considérer comme un produit anhjdre, et, de fait, il ne fond que vers igo^-igS". » Le gentiobiose cristallisé dans l'alcool éthylique est dextrogyre et présente aussi le phénomène de mullirotation. Mais, à l'inverse de ce qui a lieu avec le sucre cristal- lisé dans l'alcool méth^lique, la rotation Qil plus faible au moment de la dissolution; elle est même gauche, tout à fait au début. Les observations suivantes, effectuées sur une solution de 3?, iiSS de gentiobiose pour loo''"', représentent ces variations (/ = 2; «r=22°) : Après 6 minutes de dissolution y. i^ — 22 » 1 5 » )) a :zz — 1 2 » I heure » a ^- -h 20 . >' 4 h. .3o min. » a = -|- 3o 6 heures » a := h- 36 ce qui donne, comme pouvoir rotatoire de ce gentiobiose : a^ — -i- 9", 61. » On remarquera la différence entre ce chiffre et celui que nous avons donné plus haut pour le gentiobiose méthylique; mais ce dernier renferme 10,04 pour 100 d'alcool méthylique de cristallisation, et si l'on calcule le pouvoir rotatoire sur le sucre vrai, soit sur 4S — 0,6016 ou 35,3984, on trouve 9", S. Les deux déterminations abou- tissent donc à des chiffres idenliques. » En résumé, le gentiobiose est bien un hcxobiose. Dans nos recherches, il a cristalHsé sous deux états : à l'état anhydre et à l'état de combinaison avec l'alcool mélhylique; ces deux sortes de produits se conduisant diffé- remment à l'égard de la lumière polarisée. » CHIMIE ORGANIQUE. — Chlorures cuivtiques ammoniacaux anhydres. Radicaux cupro-ammoniques. Note de M. Bouzat. « J'ai montré {Comptes rendus, t. CXXXIV, p. 12 16) que les différents sels cuivi icjues dissous, tels que les chlorures, sulfates, acétates, dégagent SÉANCE DU 4 AOUT 1902. 298 des tjiianlilés de chaleur égales en se combinant à l'ammoniaque. Cette relation m'a permis de conclure à l'existence de radicaux complexes formant les sels cupro-ammoniques. Il importait d'étendre cette théorie aux sels solides, j'ai été ainsi amené à reprendre l'étude des composés résul- tant de l'action du gaz ammoniac sur les sels de cuivre anhydres. Les expériences ont porté sur les chlorures et les sulfates; il ne sera question aujourd'lîin' que des chlorures. M On a déjà signalé plusieurs combinaisons du chlorure cuivriqiie et de l'ammoniaque. Rose a admis l'existence de Cu Cl-, 6 AzH'; Graham a indiqué celle de CuCl-,2AzH'. J'ai préparé ces corps et j'ai trouvé, en outre, qu'entre eux il y en a un troisième bien défini, CuC|-,4AzH'. Ces com- posés sont les chlorures de radicaux cupro-ammoniques; on peut les écrire, pour représenter leur constitution : .../AzH=, /AzHAm) /AzAni-i *""\ A T,o,2HCI, (-«\ A ut hHCl, Cu. , ^ , 2HCI, \AzH- ( \AzHAm) \AzAm- ) Am étant le groupement AzH\ Ainsi envisagés, ils constituent une série parallèle à celle des chlorhydrates d'aaiiiies dérivées de l'élhylène. Je vais résumer d'abord leur préparation; j'indiquerai ensuite leurs propriétés et leur chaleur de formation. » L'absorption du gaz ammoniac par lo chlorure cuivrique à la température ordi- naire est d'abord très rapide ; mais elle devient de plus en plus lente à mesure que l'on approche de la saturation, et il faudrait prolonger très longtemps le courant de gaz ammoniac pour obtenir le composé saturé. Rose n'a pu avoir qu'un produit de compo- sition CuCl-, 5,76AzH'. L'emploi du gaz ammoniac liquéfié permet, au contraire, de préparer le corps CuCl^,6AzH'. Après avoir distillé du gaz ammoniac exactement privé d'eau sur du chlorure cuivrique anhydre, on laisse évaporer l'ammoniac en excès en maintenant la température à — SC; il reste un composé qui a pour formule CuCl^,6AzH'. Ce corps est dissociable en aAzH' et CuCP,4AzH'; la tension de dis- sociation devient égale à la pression atmosphérique vers 90°. CuCl-,4AzlI^ est disso- ciable à son tour en 2AztP et CuCI-,2Azn'; la tension de dissociation devient égale à la pression atmosphérique vers i4o°. » CuCl',2AzlP. — C'est une poudre verte, qui donne avec l'eau un précipité d'cxychlorure. » Chaleur de formation (deux procédés) : i» CuCl-,2AzH'sol.-+-6AzH'diss.(i2') = CuCl=,8AzIPdiss.(i2i). -1- 3c-',3 d'où GuGl- sol.-t- 2AzH= gaz=:CuCr-,2AzH' sol -l-45'-''',5 2» CuC1^2Az^Psol.^-2HCIdiss. = CuC^Miss.-^2AzH*Cldiss.. -+- 7'=^',95 C. R., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N» 5.) 38 294 ACADÉMIE DES SCIENCES. » Le mélange de CuGl^diss. à AzH*Cldiss. ne produit aucun phénomène ther- mique sensible. Par ce second procédé, on obtient : CuC12soi.+ 2AzH3 gaz = CuCl-, 2AzIPsol -t-/i5c»',6 » CuCl'', [\AzIP. — C'est un corps bleu, soluble dans une petite quantité d'eau. La dissolution laisse déposer un précipité d'hydrate cuivrique quand on l'étend. » Chaleur de formation (2 procédés) : 1° CuCiS4AzH^sol.-i-8AzH3diss.(i6i) = CuGl-,i2ÂzH'diss. (16'). — 5c-',5 d'où CuCPsol. + 4AzH5 gazi=GuCP, 4AzH'sol +72^"', 06 2° CuGP,/iAzH^sol.+ 4HCldiss. = CuGPdiss. + /iAzH*Gldiss.. +25'^»', 18 ce qui conduit à Cu Gl^ sol. + 4 Az H3 gaz = Gu CP, 4 Az H^ sol +720»!, ^g Pour faire le calcul, j'ai pris comme chaleur de neutralisation de l'ammoniaque dis- soute par l'acide chlorhydrique dissous 12'^^', 76, nombre que j'ai trouvé pour cette réaction à la température de 24°, à laquelle ont été faites les expériences. » CuCP-,6AzfP. — G'est un corps bleu; contrairement aux indications de Rose, il possède, quand il est bien exempt d'eau, une couleur bleue peu intense, très différente de la couleur bleu sombre des sels cuivriques ammoniacaux en solution aqueuse. Il est soluble dans l'eau; la dissolution très étendue laisse déposer un précipite d'hy- drate cuivrique. Il n'est pas soluble dans le gaz ammoniac liquéfié. » Chaleur de formation. — Comme on ne peut préparer ce corps qu'en petite quantité par l'emploi de l'ammoniac liquéfié, il est plus commode et plus exact, pour avoir sa chaleur de formation, de se servir du mélange de CuCl^ 6AzFP et de CuCl^, 4 AzH^ qu'on obtient par l'action du gaz ammoniac sur le chlorure cuivrique CuCl-, 5,3AzH3 S0I.+ 6,7AzH3 diss.(i6i) := GuGl-, i2AzH3 diss.(i6') . . . — 8'^"',20 d'où CuGl^sol.+ 5,3AzH'gaz = GuGlS5,3AzH2soi -f-86C''i,5 » Gomme à partir de CuGl^, 4 AzH', la quantité de chaleur dégagée est proportion- nelle à la quantité d'ammoniaque fixée : CuCf^ sol. + 6AzH^ gaz = CuCl-, 6AzH' sol + 94*=''', 3 » Un autre composé, CuCT^, 5,2oAzH', a conduit au nombre 94*^^', 6. » La chaleur de fixation des deux premières molécules d'ammoniaque sur le chlorure cuivrique est de liS^"^, 5 ; celle des deux suivantes de 26^^*', 6 ; celle des deux dernières de 22^"', 3. Conformément à la remarque d'Isam- berl, les dégagemenls de chaleur vont en diminuant, et les tensions de dissociation des produits formés augmentent. M. Matignon a indiqué en SÉANCE DU 4 AOUT 1902. sgS outre que, pour tous les chlorures ammoniacaux étudiés, le rapport ^ est compris entre o,o3i eto,o33, T étant la température absolue de disso- ciation sous la pression atmosphérique et Q la chaleur de combinaison d'une molécule d'ammoniaque. En faisant le calcul, on voit que les com- posés CuCP, 6AzH' et CuCl-, 4AzH' satisfont à cette loi. )) Les équations suivantes font connaître, pour chaque radical cupro- ammonique, la chaleur de formation et la chaleur de substitution à l'hydro- gène de l'acide chlorhydrique : Cusol. + 2HClgaz =CuCFsol. - -l-H='gaz... + 7c'"!, 4 H- gaz + 2 AzH' gaz + 2HCI gaz =: aAzH'CI sol. -i-H^gaz... -1- 85"^"', 2 Cusol.+ 2AzH3gaz + 2llClgaz = Cu(AzH')^C12sol. -I-H2 gaz... -+- 52'^»', 9 Cu S0I.+ 4AztP gaz -(- 2HCI gaz = Cu(AzH')'* Cl^ sol. -t- H^ gaz. . . + 79^=1,5 Cusol.-H6AzH'gaz-t-2HClgaz — Cu(AzH3)6Cl= -+-H-gaz... +101^1,8 CHIMIE ORGANIQUE. — Action de l'acide nitreux, en solution alcaline, sur les élhers ^-cétoniques (/.-substitués. Note de MM. Iîocveault et RenéLocquin, présentée par M. A. Haller ('). « En traitant les éthers p-cétoniques a-substitués par le nilrile de soude et la quantité moléculaire correspondante d'alcali caustique, MM. Meyer et Ziiblin ont obtenu des éthers d'acides a-isonitrosés ; dans les mêmes conditions, mais avec un excès de base, ils ont obtenu des monoximes d'a-dicétones. Ils expliquent ces résultats par le dédoublement de l'éther nitrosé vrai : R-CO\ /CO=C==H' AzO/^\R' qui prendrait d'abord naissance, mais qu'ils n'ont pas isolé. D'autre part, M. Cérésole a montré (-) que les élhers acéty (acétiques oc-substitués sont saponifiés régulièrement par agitation avec les alcalis étendus et froids; il a pu préparer ainsi les acides acétylacétiques substitués et a con- staté que l'acide nitreux transforme ces derniers en monoximes d'a-dicé- tones. Il faut donc, pour obtenir ces monoximes, saponifier d'abord les (') Voir Comptes rendus, séance du 21 juillet 1902. (2) Cérésole, D. ch. G., l. XV, p. 1874. 296 ACADÉMIE DES SCIENCES. élhers clans les conditions indiquées par M. Cérésole, et ajouter successive- ment à la solution du nilrite de sodium et un acide. » Ce procédé, qui écarte la formation préalable d'un éther nitrosé vrai, a été employé par MM. Treadwell et Westenberger ('); plus tard, M. von Pechmann, dans ses recherches sur les homologues du diacétyle, a opéré d'une façon plus compliquée et moins avantageuse. » Nous avons repris ces expériences et nous n'avons pu, dans aucun cas, isoler l'étber nitrosé vrai. Cela est évidemment insuffisant pour démontrer qu'il ne se forme pas; nos expériences établissent néanmoins qu'il n'est pour rien dans l'obtention des monoximes des a-dicctones. » En efl'et, en apjjliquanl le procédé de MM. Treadwell et Westenberger à Fisoam^lacétj'lacétate d'élhyle, par exemple, on obtient, avec un rendement quasi intégral, la nitroso-isoamy lacétone ,, /CH — (CH-)- — C — CO — CH', qui n'avait AzOH pas encore été décrite. Elle cristallise dans Téther de pétrole, fond à ?>i°-ZZ<' et bout à 128° sous 18"^™. Traitée par l'hydroxylamine, elle fournil la dioxime, fusible à 181°, déjà préparée par Fileti et Ponzio (-). » Mais, quand on veut étendre cette méthode aux nouveaux homologues de l'éther acétylacétique, élhers dont nous avons récemmenl indiqué la préparation (^), on con- state que, avec les radicaux substitués de poids moléculaire élevé, elle échoue tota- lement, parce que la saponification de l'éther donne naissance à un sel extrêmement instable, qui se décompose aussitôt suivant l'équation R—GO — CH — CO^Na I + Na OH = li - CO — Cir^ — R' + CO' Na=. H' Ainsi l'octyl (secondaire) acétylacétate d'éthyle, ou caprylacétylacélate d'éthyle C"), ne donne que Yoclyl {secondaire) acétone ou 4 - mélhyl décanone - 2 bouillant à 1 15° sous 25°"", et dont la seniicarbazone fond à 66°. » Dans le but d'éviter la décomposition du sel de sodium par la soude aqueuse, nous avons évité la présence d'eau, en nitrosant par un procédé nouveau, qui nous a donné un résultat tout différent de celui que nous attendions. » Nous ajoutons la quantité correspondante d'éthylate de sodium, dissous dans l'alcool absolu, à i '""' d'isoamylacélylacétate d'éthyle; puis, nous faisons passer dans (') Treadwell et Westenberger, D. cli. G., t. XV, p. 2786, ei t. XVI, p. 2997. (2) Fileti et Ponzio, Gaz. liai., 28, II, 266. (') René Locquin', Comptes rendus, t. CXXXV, 1902, p. 108. (*) BoLVEALLT et Locquin, Comptes rendus, séance du 21 juillet 1902. SÉANCE DU 4 AOUT 1902. 297 ce mélange un courant de nitrite d'éthjle gazeux jjarfaitemenl sec; il se produit un vit échaufTemeni, qui cesse après le passage de 1"°' de gaz. On arrête alors l'opération, on chasse l'alcool, on reprend par l'eau et l'on rectifie. Or, la réaction se passe, inté- gralement, suivant l'équation ^"'rS^^CH-C0-C-H^4-.\z0^G^H= = ClP-C0^C^lF + CMI'>-C-C0^G^II^ C-H"/ Il AzOH; c'est-à-dire qu'o« a l'ojcune d'un homologue de pyruvate. tout comme si l'on avait opéré en solution acide (' ). » Nota. — Si l'on remplace, dans cette opération, le nitrite d'éthjle par le nitrite d'amyle, d'un emploi plus commode, les résultats sont tout à fait analogues ; mais il )• a substitution partielle du groupe amvle au groupe éthyle, de sorte que l'on obtient un mélange des deux éthers : Cqi"_G-CO^C'-H^ et C^H-'-G-CO^C^lI" Il II AzOil . AzOH » Ainsi donc, on obtient le même résultat en présence d'éthylate de sodium ou en présence d'acide sulf'urique concentré, et cela parce que, dans aucun des deux cas, le groupement éther n'a été saponifié. Il semble d'ailleurs que, si l'éther nitrosé vrai pouvait exister, il aurait dû prendre naissance dans la réaction précédente. » En résumé, selon nous, le mécanisme de l'action de l'acide nitreux sur les éthers p-cétoniques a-substituésdoit être énoncé ainsi : » Si la réaction se f ail dans des conditions telles que le groupe èthcr ne soit pas saponifié, ou s'il est saponifié en liqueur acide, il se fait un acide et une oxime d' éther glyoxylique substitué (^); si, vendant la réaction, le groupe éther est saponifié de manière à donner le sel R — CO — CH. , on ob- tient un monoxime d' a.-dicétone et de l'acide carbonique ('). M Nous poursuivons ces recherches. » (') Voir Comptes rendus, séance du 21 juillet 1902. (-) Voir Comptes rendus, séance du 21 juillet 1902; équation (I). (^) Voir Comptes rendus, séance du 21 juillet 1902; équation (H). 298 ACADÉMIE DES SCIENCES. CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur le sérum antiparamécique. Note de M. Ledoux-Lebard, présenlée par M. Roux. « Les faits déjà acquis à la science sur les cytotoxines nous ont con- duit à rechercher s'il est possible d'augmenter le pouvoir toxique des sérums de lapin et de cobaye pour les paramécies, au moyen d'injections de ces organismes. » Nous avons préparé des cultures de Paramœcium caudalum, ne con- tenant pas d'autre infusoire, et nous n'avons utilisé que les cultures les plus riches. Après cinq à six injections de ces cultures sous la peau du lapin et du cobaye, le sérum de ces animaux acquiert un pouvoir toxique, à l'égard des paramécies, plus élevé que celui qu'il présente à l'état normal ('). » Le sérum de lapin normal, dilué à -^ , n'immobilise guère pendant plus de 24 heures les paramécies ajoutées, au nombre de vingl-cinq à cinquante par centi- mètre cube de dilution, ou n'en tue qu'un petit nombre; dilué à ^, il est encore moins actif. » Le sérum de lapin traité par les paramécies, dilué à ~, immobilise ces infusoires plus rapidement que le sérum normal, et les tue. Dilué à -^^, il en tue encore le plus grand nombre. » Le sérum de cobaye normal est plus toxique pour les paramécies que celui de lapin normal; néanmoins, il est fréquent devoir un certain nombre de paramécies sur- vivre dans les dilutions à ^V ! elles se remettent à nager, après immobilisation pas- sagère dans le sérum dilué à -~ ou encore plus étendu. » Le sérum de cobaye traité tue ou immobilise, pendant plus de 24 heures, les para- mécies, dans les dilutions à ^V» ïV' sVi T6"o> T2"ô- Après 24 heures, il faut un examen attentif au microscope pour reconnaître que parmi ces infusoires, complètement im- mobilisés, un certain nombre, malgré leur apparence de mort, l'absence d'oscillation des cils, la paralysie et la dilatation des vésicules contractiles, offrent encore de lents mouvements de l'endoplasma. D'autres présentent des déformations ou ont déjà subi une désorganisation complète. » Même la dilution à Yèwâ ^^ sérum de cobaye traité altère, en quelques heures, la mobilité des paramécies, qui nagent plus lentement et se tiennent dans les couches inférieures du liquide. » Par suite de l'action du sérum, les cils vibratiles sont immobilisés; ils se mêlent, (') Voir Ledoux-Lebaud, Action du sérum sanguin sur les paramécies {Ann.de l' Institut Pasteur, juillet 1902). SÉANCE DU 4 AOUT 1902. 299 s'accolent aux cils voisins, en formant des faisceaux; ils sont conaplètement détruits ou abrasés par places; ailleurs ils se revêtent d'une couche adhérente de microbes. L'agglutination fait défaut ou est peu développée. Les agglomérations, si elles se pro- duisent, sont souvent irrégulières et dues aux adhérences par l'intermédiaire des cils altérés. » Le sérum de lapin ou de cobaye normal, chaufié à 58°-6o° pendant une demi-heure et dilué à -^, k ~, a perdu sa toxicité à l'égard des paramécies. 11 n'en est pas de même du sérum antiparamécique, chauffé pendant une demi-heure à 58° et même à 63° (pour le chauffage à 63°, le sérum était additionné de partie égale d'eau jabysio- logique); ce sérum dilué à -Jj, à ~, immobilise et tue les paramécies. » Il s'est donc produit, chez le lapin et le cobaye traités, une .substance qui reste toxique pour les paramécies, après chauffage à 58°, à 63°. Il y aurait à rechercher, pensons-nous, si, dans certains sérums bactéricides chauffés, réputés inactifs, la sub- stance qui se fixe sur les microbes sensibles n'altère pas, au moins à un faible degré, la vitalité de ces microbes. )) Le sérum antiparamécique possède une spécificité remarquable. Le sérum si aclif de cobaye, traité par des injections de P. caudalum, ne possède plus le même degré de toxicité à l'égard du P. aurelia, qui recom- mence à nager, ajjrès 24 heures, dans les dilutions mortelles ou paraly- santes pour l'espèce P. caudalum. )) La persistance de la toxicité du sérum antiparamécique après chauf- fage permet d'apprécier encore mieux celte spécificité. Dans les dilutions à -p^, à ^ de sérum chauffé (à 58°, à 63°, pendant 3o minutes) de lapin oti de cobaye traités par les injections de P. caudalum, cette espèce de paramécie est bientôt immobilisée et tuée. Au contraire, des paramécies d'espèces différentes (/*. aurelia, P. bursaria) continuent à vivre et à nager dans ces dilutions. « CHIMIE BIOLOGIQUE. — Action de la fermentation alcoolique sur le bacille typhique et sur le Bacterium coli commune. Note de MM. E. Bodin et F. Pailueret, présentée par M. Prillieux. « Dans un travail publié par l'un de nous (') sur la conservation du bacille typhique dans le cidre, il a été indiqué que ce problème est double et comporte doux cpiestions : 1° Le bacille d'Eberth peut-il se développer (') \L. BouLV, Ann. de ilnsUlul Paslear, \vÀ\\tiy 1898. 3oo ACADÉMIE DES SCIENCES. OU se conserver vivant clans un cidre fermenté? a'' Ce microbe, existant dans le moût avant la fermentation, y persisle-t-il après cet acte? La première question ayant été seule traitée dans ce travail, nous nous occu- pons ici exclusivement de la seconde, qui revient en somme à celle de l'influence de la fermentation alcoolique sur le bacille typhique. » Mais, instruits comme nous le sommes de la sensibilité extrême du bacille d'Eberth aux agents chimiques, et connaissant l'influence défavo- rable des moûts de pommes acides sur cette bactérie, nous avons cherché d'abord à opérer dans des conditions aussi simples que possible et à débar- rasser, autant qiie nous le pourrions, l'acte de la fermentation alcoolique de toute complexité de milieu. Nous nous sommes donc servis de moûts artificiels, schématiques, pour ainsi dire, formés de solutions neutres de peptone à o^, So-i^, 5o pour loo, additionnés de 3 à 5,5 pour loo de glu- cose pur, de sucre ordinaire ou de sucre candi. » Dans plusieurs séries d'expériences faites avec ces solutions, ense- mencées avec le bacille d'Eberth, lequel y vit aisément, nous avons déter- miné la fermentation alcoolique à l'aide de levures pures de provenances diverses (levure de brasserie du commerce, levures de cidre de pression et de diffusion), qui toutes faisaient fermenter activement ces solutions en quelques jours, donnant, suivant les cas, une proportion d'alcool de 2,6 à 3, 2 pour 100. Or, dans ces expériences, faites à la température ile ■+- 22°, nous avons constaté que le bacille d'Eberth restait parfaitement vivant après la fermeotation alcoolique par les levures. Il en a été de même pour le Bacierium roli commune. » Nos recherches démontrent donc que l'acte de la fermentation alcoo- lique sous l'influence des levures est incapable en lui-même de détruire le bacille typhique et le Bacierium coll. » Mais, quand on entre dans le détail, on voit que le sujet est infiniment plus compliqué qu'on ne pourrait le supposer au premier abord. En effet, en outre des produits de la fermentation des sucres par les levures, on sait, par les travaux de Brieger, Grimbert, Péré, Harden, que le Bacierium coli et le bacille tvphique ont une action fermentative sur les substances ter- naires. Il en résulte que les produits, variables suivant les cas, de ces fer- mentations viennent se surajouter à ceux de la fermentation par les levures et que le tout aboutit à la production d'un milieu complexe dont l'action, qui peut être très grande chez les bactéries, doit être distinguée de celle de la fermentation alcoolique proprement dite. SÉANCE DU 4 AOUT 1902. 3oi » Aussi peut-on prévoir que la nature du milieu fermenlescible dont dépend la composition après fermentation joue im rôle considérable en pareil cas. Notre premier travail nous avait déjà montré l'intervention manifeste de l'acidité en semblable circonstance; nos rechercbes actuelles nous en ont apporté la confirmation : ainsi, dans les milieux glucoses, où l'acidité augmente après l'expérience, du fait de la fermentation par la levure et du fait de l'action du bacille typhique et du bacille du côlon qui, avec le glucose, donnent divers acides (formique, acétique, lactique, etc.), le bacille typhique est rapidement modifié; il perd en grande partie sa mo- bilité, se dispose en petits amas ou en chaînettes, et sa culture est alors souvent difficile à obtenir. Si, au contraire, on a soin d'opérer dans les mêmes milieux additionnés de carbonate de chaux pur, ces modifications du bacille ne s'observent pas. » Nous avons noté que la cullure des bacilles typhiques modifiés dans les milieux acides est délicate et que, si on la tente à 40°, elle ne se produit pas, alors qu'à 36°-37'' elle est positive. 1) Ce point de technique mérite d'être retenu, car un des procédés les plus em- ployés pour la recherche du bacille typhique dans les eaux consiste à cultiver ces eaux dans le bouillon à 4°°; or, nous sommes convaincus, après nos expériences, que cette température, permettant la culture d'un bacille normal, est trop élevée pour les bacilles déjà modifiés par un milieu défavorable. » L'acidité totale n'est toutefois pas le seul facteur qui agisse sur les bactéries, car nous avons constaté que, dans les moûts artificiels au saccharose, le bacille typhique ne demeurait vivant qu'en présence du carbonate de chaux; et cependant l'acidité très faible n'était pas plus élevée que dans les milieux glucoses, où le même microbe con- serve sa vitalité, après fermentation, avec ou sans carbonate de chaux. Pour ce qui est de préciser ce qui se passe alors, nous n'avons pu le faire exactement jusqu'ici. » Le même fait ne se produit pas pour le Bacterium coli qui se développe dans les moûts au saccharose avec ou sans carbonate de chaux. Nous signalerons donc cette particularité en pensant que, tout en n'ayant rien d'absolument caractéristique, elle constitue une réaction de plus qui peut être utile pour la différenciation du bacille typhique et du bacille du côlon dans les cas embarrassants. » En résumé, nous pouvons conclure de nos recherches, et ce fait est intéressant en matière d'hygiène, que la fermentation alcoolique par les levures n'a pas en elle-même d'action destructive sur le bacille d'Eberth et sur le Bacterium coli commune, mais que l'influence des moiits fermentes sur ces bactéries provient des produits complexes de la fermentation du moilt sous la double action des levures et des bactéries qui s'y développent. » G. R., 190a, 2' Semestre. (T. CXXXV, N° 5.) ^9 J02 ACADEMIE DES SCIENCES. CHIMIE ANIMALE . — Variation de l'acide phospJiorique suivant l'âge du lait. Note de MM. F. Bordas et Sig. de Raczkowski, présentée par M. Brouardel. « Il résulte de nos nombreuses analyses que l'acide phosphoriqne total présente de grandes variations dans le lait, suivant son âge. On peut dire, d'une façon générale, que l'élimination de l'acide phosphorique total va sans cesse en décroissant tiepuis l'époque du vêlage. » Cette décroissance a lieu aussi pour la lécithine. Les chiffres que nous avons obtenus chez des animaux de même race, alimentés de la même façon ('), montrent que c'est dans le premier mois qui suit le vêlage que la production de la lécithine est maximum. » Cette constatation est intéressante, car elle paraît prouver que le jeune a besoin d'absorber, à cette époque, une plus grande. quantité d'acide phosphorique pour le dévelojipement de son squelette. » Il en résulte enfin qu'on devra rechercher, pour l'alimentation des enfants plus ou moins débiles, des laits aussi rapprochés que jjossible de l'époque du vêlage. Composilioii en grammes pour loo. Races Jersiaises. Normande. Vache Vache Date du vêlage pleine. 4 ju''let- i" juillet. 12 juin. i3 mai. non pleine. Production quotidienne .. /|'. g',5oo. 8', 5oo. S'. 7',5oo. S', 5oo. Extrait 16,09 'Sj^Q 16,47 16, 3o i4;90 '3,73 i\,ii Cendre 0,70 0,72 0,69 o,65 O171. Oj72 0,70 Matière grasse. .■..'... .' 6,01 5,48 6,98 6,76 6,70 5,34 5, 01 Lactose 4,67 5,38 5,28 5,20 4,88 4,60 4, 81 Caséine 3,86 8,17 2,90 2,89 3,o4 2,80 2,61 Acide phosphorique total 0,218 0,204 0,200 o,i64 0,168 o,i48 o,i56 Acide phosphorique oiganiqiie. . . 0,0049 0,0068 o,oo44 o,oo33 o,oo33 o,oo4i o,oo3i En acide phosphogl^cérique ... . 0,0189 0,0198 0,0124 0,0100 0,0100 0,0116 0,0098 En lécithine (F = 7,27) o,o654 0,0909 o,o582 0,0472 0,0472 o,o545 o,o486 Chlorures en chlorure de sodium. . 0,128 0,026 0,026 0,026 0,102 0,182 0,1 14 (') Nous tenons à remercier particulièrement M. V. Hugot, Membre delà Chambre de Commerce de Paris et propriétaire de la ferme modèle « Jersey Farm i>, qui s'est gracieusement mis à noire disposition pour nous faciliter nos recherches. SÉANCE DU 4 AOUT 1902. 3o3 ProducLion quoliilienne. Vache 12 juin. i3 mai. non pleine. 540,80 427,50 453,90 4 16, 00 366, 00 391 ,00 281 ,20 228,00 195,50 l3, 12 12,60 12,58 0,264 0,247 0,348 0,800 0,750 0,986 3,776 3,540 4,632 2,44 8,64 1 1 ,22 Vaclie Date du vêlage ?'<='"«• •'lJ"i"<='- '"]"!"«■ Matière grasse 240, 4o 020,60 569, o5 Lactose • '86,80 5i2,io 448, 80 Caséine '34, 4o 3o.,i5 246, 5o Acide phosphorique total 8,72 19, 38 17,00 Acide phosphorique organique. . . 0,196 o,646 °'^74 En acide phosphoglycérique ... o , 556 i , 833 i , o54 Enlécithine(F = 7,27) 2,616 8,635 4,94? Chlorures en chlorure de sodium.. 5, 12 2,44 2,44 PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Recherches sur V assimilation chlorophyllienne des feuilles dont on éclaire soit la face supérieure, soit la face inférieure. Note de M. Ed. Griffon, présentée par M. Gaston Bonnier. ,( On admet généralement, mais surlouL pour des raisons d'Anatomie comparée, que le parenchyme en palissade des feuilles est bien le tissu servant par excellence à l'assimilation chlorophyllienne. „ Selon Stahl, ce tissu protégerait, grâce à la disposition de ses cellules, les chloro- leucites contre un éclairement trop intense, en même temps qu'il favoriserait la pénétration de la lumière dans les couches situées au-dessous de lui. Selon Haberlandt, il serait surtout destiné à permettre l'écoulement rapide des produits de l'assimdaUon. Toutes ces actions, qui ne sont nullement contradictoires, doivent avoir pour effet, sx elles existent réellement, de favoriser la décomposition de l'acide carbonique dans la feuille. . , , , « Si donc les hypothèses précédentes sont fondées, ou tout au moins si 1 idée géné- rale à laquelle elles conduisent est vraie, il en résulte nécessairement que les feuilles à mésophjlle hétérogène dissymétrique doivent décomposer plus activement le gaz carbonique quand la lumière directe frappe la face supérieure au heu de la lace inté- rieure, comme cela se produit généralement dans les conditions naturelles. « En effet, le tissu palissadique éclairé directement absorbe et utilise les radiations solaires alors qu'elles possèdent encore toute leur énergie; le tissu lacuneux utilise celles qui passent et aussi celles qui proviennent de la lumière diffuse. Quand, au con- traire, le dernier est tourné vers le soleil, il assimile davantage, mais l'augmentation produite ne peut vraisemblablement pas compenser la diminution qui se manifeste dans le tissu palissadique, lequel ne reçoit plus qu'une lumière atténuée. „ Déjà Ingen-Housz, dans des expériences faites à Paris en 1780, en présence de Benjamin Franklin, croyait pouvoir remarquer que, lorsqu'elles sont plongées dans de l'eau de source, « les feuilles fournissent un air plus pur et plus abondant, si le 3o4 ACADÉMIE DES SCIENCES. » soleil donne sur leur surface vernissée, que lorsque leur surface inférieure reçoit » l'influence directe du soleil ». » Boussingault, qui rappela ces résultats en 1866, fit observer, en se basant sur les expériences de De Saussure et sur les siennes propres, que l'oxygène dégagé par une feuille présente le même degré de pureté, quelle que soit la surface d'où il émane, et que, quant à la dlITérence de volume, ce n'est pas en faisant fonctionner une branche garnie de feuilles dans de l'eau qu'on peut la déterminer. » Cet habile physiologiste opéra alors de la façon suivante: il colla, sur une face des feuilles, à l'aide d'empois d'amidon, une bande de papier noirci, ou bien il appliqua deux feuilles l'une sur l'autre par leurs faces similaires enduites d'empois et exposa le tout à la lumière dans des milieux gazeux riches en acide carbonique. » Il vit alors qu'une feuille éclairée par la face supérieure seulement décompose presque toujours plus activement l'acide carbonique que lorsqu'elle reçoit la lumière par la face inférieure. Au soleil, la plus grande dillérence a été dans le rapport de 6 à i {Populus alba) et la plus faible, de i,5 à i. A la lumière diffuse, le rapport de 2 à i a été le plus élevé. En outre, les feuilles à parenchyme mince, comme celles de Platane, de Marronnier, de Pécher, ainsi que celles qui sont à parenchyme plus ou moins homo- gène (Graminées) n'ont pas donné lieu à des différences sensibles. » Ce sont ces expériences qui, jusqu'ici, ont permis de dire que la face supérieure des feuilles est plus active que l'autre dans l'assimilation chlo- rophyllienne. Mais on -soudra bien remarquer qu'une telle conclu.sion est quelque peu prématurée. En effet, on a confondu deux phénoinènes com- plètement distincts: la décomposition de l'acide carbonique et la sortie des gaz par les surfaces; car la feuille de papier noirci, non seulement empê- chait la pénétration de la lumière par une face, mais encore elle s'opposait aux échanges gazeux. Comme-ces échanges ne sont pas les mêmes au tra- vers des deux épidermes, il en résulte que le travail interne de décompo- sition du gaz carbonique se trouve inégalement entravé quand on rend imperméable la face supérieure ou la face inférieure. » J'ai précisément essayé desup|)rimer cette cause de trouble : je crois y être arrivé en plaçant les feuilles dans des éprouvettes aplaties dont une face est noircie; de celte façon, l'on peut exposera la lumière l'une ou l'autre face des feuilles et les gaz trouvent lotijours les mêmes voies d'entrée et de sortie. Je me suis aussi servi d'éprouveltes aplaties ordinaires, per- mettant d'éclairer une face par la luinière directe, l'autre l'étant par la lumière diffuse comme cela a lieu dans la nature. M Les nombreux résultats analytiques que j'ai obtenus m'ont permis de tirer |)lusieurs enseignements intéressants. >> D'abord, lorsqu'une face de feuille est éclairée soit parla lumière directe, soit par la lumière diiïuse, l'autre face ne recevant pas du dehors de radiations lumineuses, SÉANCE DU 4 AOUT 1902. 3o5 l'assimilation chlorophyllienne varie avec la nature de la face considérée. Toujours, avec une. feuille à mésophjUe hétérogène dissymétrique, l'assimilation baisse si c'est la face inférieure qui reçoit la lumière, au lieu de la face supérieure. Dans aucun cas il n'y a égalité, par exem|ile avec les feuilles minces de Pêcher, de Marronnier et de Platane, comme l'avait trouvé Boiissingault avec sa méthode. » Les différences obtenues ne sont en général pas aussi grandes que celles qui avaient été observées par cet auteur. Le maximum se trouve avec les feuilles épaisses, à parenchyme bien hétéiogène, de Troène du Japon (100 à 54), de Laurier-cerise (100 à 48); le minimum, avec les feuilles minces d'Érable plane (100 à 88) et avec les feuilles à mésophylle plus ou moins homogène, comme par exemple celles des Bam- bous (100 à 92). La moyenne se rencontre avec les feuilles de Lilas (100 à 68), de Dahlia (100 à 76). » Quand la face inférieure est couverte de poils, comme dans le Framboisier, le Tilleul argenté, les différences sont encore moyennes (loo à 68). Pourtant il y a un écart très grand, le plus grand que j'aie obtenu, avec VEleagnus argentea, dont la face inférieure est recouverte d'une couche dense de poils écailleux (100 à 36). » Si les feuilles sont placées comme dans les conditions naturelles, une face recevant la lumière directe du soleil et l'autre la lumière diffuse, les différences s'atténuent notablement, du moins dans les conditions de mes expériences (feuilles coupées, air humide). Le plus grand écart observé, correspondant à une insolation intense, a été de 100 à 88. Bien entendu, plus la lumière directe se rapproche de la lumière diffuse, plus les inégalités d'énergie assimilatrice deviennent faibles. La position normale des feuilles de la plupart de nos végétaux est donc, en somme, favorable à l'assimilation, mais dans une mesure assez modérée; elle paraît peut-être davantage en rapport avec la chlorovaporisation, comme je pense pouvoir le montrer prochainement. » Il résulte de tout ce qui précède que le parenchyme en palissade des feuilles est réellement adapté à la fonction de décomposition du gaz carbonique. Cette adaplation, qui n'est pas la seule et qui est établie main- tenant d'une façon certaine par la voie expérimentale, trouve probable- ment son explication dans les hypothèses de Stahl et Haberlandt qui ont été rappelées au début de cette Noie. » GÉOLOGIE. — Sur la caverne du Hôll-Loch (Trou d' Enfer) et la Schteichende Brunnen {source rampante) (Suisse). Note de M. E.-A. Martel, pré- sentée par M. Albert Gaudry. « Le 27 juillet, j'ai visité ^ame//e/?zert; (' ), sons la conduite de MM. Wid- mer-Osterwalder et Saxer, le Hôll-Loch (Trou d'Enfer), à 16'^'" est de (>) Le parcours total de la galerie principale seule exige 24 heures, tant les obstacles y sont grands; deux des expéditions exploratrices (juin et juillet 1902) y ont duré 46 el 39 heures consécutives. 3o6 ACADÉMIE DES SCIENCES. Sclnwzet à yS™ au-dessus du village de Stalden, entre les vallées de la Muota et du Starzien-Bach; et je puis affirmer que cette caverne, inconnue avant 1880, est, au point de vue scientifique, l'une des plus remarquables qui existent. » C'est seulement depuis 1898 que l'exploration sérieuse en a été entre- prise par MM. Beeler, Betschard, Biirgeler, Egli, OLter, Saxer, Wehrli, Widmer-Osterwalder, Zimmermann, etc., au prix des plus grandes diffi- cultés (notamment l'escalade souterraine de la Base Wand, muraille de 52™ de haut et de S']" à 80" d'inclinaison). On y a reconnu déjà plus de „km jg galeries, dont 2^50™ pour la principale, d'après le plan au -^^ fort bien dressé par M. Widmer et joint à la présente Note. Le Holl-Loch est, en longueur, la quatrième caverne de l'Europe (après Adelsberg, Agteleket Planina en Autriche-Hongrie) et deviendra sans doute la première, quand les recherches en cours y seront terminées. Ce complexe et grandiose labvrinthe qui, à vol d'oiseau, s'étend à plus de lïoo™ de distance dans les flancs de la montagne est, comme la plupart des cavernes, l'œuvre des eaux souterraines agrandissant, par érosion, corrosion et pression hydro- statique, les fissures préexistantes du calcaire : on ne saurait y voir le ré- sultat d'une action glaciaire interne. Ce qu'on y a nommé les Glelscher- Mûhlen (moulins de glaciers) n'est pas autre chose qu'une abondance de marmites de géants énormes, comme celles des torrents alpestres, des grottes de Sassenage, de Trépail (voir Comptes rendus, 16 juin 1902), etc., atteignant jusqu'à 4" o" 5™ de diamètre et de profondeur, et en partie remplies du sable ou des galets roulés qui les ont creusées. » De l'entrée, la grotte descend d'une part jusqu'à ôaS"" d'altitude (d'après la coupe de M. Egli) et monte d'autre part à goS" (au fond extrême atteint par M. Widmer). La dénivellation totale serait donc de 280'". Voici ce que j'ai constaté sur l'origine géologique et le fonctionnement hydraulique du HôU-Locli : » Les plateaux crétacés très fissurés (calcaire de Seewen, aptien-urgonien et néo- comien) qui, au pied occidental des Glârniscli, descendent assez rapidement de la Sil- beren-AIp (2314") au confluent de la Muota et du Starzlen-Bach (altit. 625") sont très perméables, particulièrement dans les Karrenfelder ou lapiaz du Bôdmern-Wald ; sur iS*""' à ao"'"'' les crevasses du sol y absorbent toutes les eaux méléoriqueSj qui ont ainsi donné naissance aux courants souterrains du Hôll-Loch, exactement à l'image des cavernes et rivières souterraines des Alpes françaises (Chartreuse, \'ercors, Dévo- luj, Vaucluse) creusées dans les mêmes terrains. Du fond de la grotte à la surface du plateau, l'épaisseur de terrain interposé est d'environ 5oo"'. Le drainage continue de nos jours, car, en plusieurs galeries, on trouve des sources, des cascatelles et des por- tions de rivières souterraines, d'autant plus abondantes que les pluies ou les fontes de neige ont été plus fortes; ce sont les affluents variables (aux caprices dangereux pour les explorateurs) du cours d'eau pérenne, enfoui actuellement dans l'étage inférieur SÉANCE DU 4 AOUT ipo:?. 807 de la caverne, auquel on n'est pas encore parvenu, mais sur lequel s'ouvrent, comme des regards, des puits ou avens intérieurs, profonds de SS"" à 100" et où l'on se propose de descendre. » J'ai reconnu d'ailleurs, sans aucune hésitation possible, la résurgence de ce cours d'eau dans le Bisi-Thai, à la source rampante (Sclileicliende Brunnen) de la scierie Balm sur la rive droite de la Muota, par 635'" d'altitude, à 5oo™ au sud-ouest de l'en- trée de la caverne. Cette source (du type dit vauclusien), débitant de un à plu- sieurs mètres cubes à la température de 5°,8 C, est l'efTet de la capture des eaux du Hôll-Loch par l'approfondissement du thahvea de la Muota; c'est la troisième issue de ces eaux et la seule pérenne; les deux autres étaient sur l'autre versant du plateau, sur la rive gauche du Slarzlen-Bach : la plus ancienne et la plus élevée (altitude de 735"°), complètement desséchée, forme l'entrée du Hôll-Loch dans un entonnoir d'ef- fondrement avec deux curieux ponts naturels; la seconde, en dessous de cet entonnoir, sert encore de trop-plein aux crues souterraines qui paraissent s'y manifester, aussi bien d'ailleurs que dans les galeries de la caverne, jusque vers yoC^àyio" d'altitude. Tout cela corrobore, sur une échelle colossale, ce que j'ai déduit des dernières explo- rations de cavernes sur l'origine et le fonctionnement des grottes, l'absence des nappes d'eau dans les calcaires, l'enfouissement progressif des rivières souterraines (qui atteint ici l'énorme abaissement de 100"), l'origine tectonique des siphons des sources et des cavernes, etc. (voir la Spéléologie et Compte rendu du VIIl^ Congrès géolo- gique international). Sur ce dernier point notamment, le Hôll-Loch est d'un intérêt capital : ses galeries présentent une succession de montées et descentes plus ou moins abruptes (20° à 80°, hauteur de 20°^ à 5o"), qui correspondent aux ondulations tour- mentées du terrain, justement dans une région de dislocations, de glissements et de charriages qui se trouve comprise entre les classiques plissements et renversements des Glârnisch et de la Windgalle! Et il m'a paru bien curieux de retrouver, sur la falaise même qui domine la Schleichende Brunnen et dont la direction est parallèle à celle de la grotte, la coupe verticale naturelle de tout un jeu de plis et de petites failles, dont le profil équivalait exactement à celui de la coupe longitudinale du Holl-Loch. Il est absolument certain que la rivière souterraine primitive avait frayé sa première voie en épousant toutes les sinuosités des plis locaux et en y coulant à conduite forcée, jusqu'à ce que les diaclases et les failles (surtout dans les charnières des plis) lui eussent ouvert des canaux inférieurs. » Dans la dernière galerie (Crystall-Hôhle) M. Widmer a recueilli des cristauxque j'ai reconnus pour du gypse et non de la calcite : ils sont le produit soit d'une pseudo- morphose comme à la Krous-Grotte en Styrie, soit de la dissolution d'un banc gypseux par les infiltrations et d'une recristallisation par évaporation très lente. » Les températures du 27 juillet 1902 étaient : air extérieur, 21 ",5; torrent de la Muota, i4°,5; Schleichende Brunnen, 5°, 8; dans le Hôll-Loch, 6°, 5 pour une infiltra- tion près de l'entrée, 5°, 4 à 5°, 6 pour l'air intérieur et 4°, 4 pour les (laques d'eau sta- gnante. Le renversement des courants d'air et la variation des températures selon les saisons mériteront d'être étudiés. 1) La Paléontologie et la Zoologie fourniront aussi sans doute leur appoint. » En résumé, le Holl-Loch constitue une des plus intéressantes syii- 3o8 ACADÉMIE DES SCIENCES. thèses connues de tous les phénomènes relatifs aux cavernes, et nn champ de fructueuses recherches qui sera long à épuiser. » M. J. Constantin demande l'ouverture d'un pli cacheté déposé par lui le 3o juin dernier et contenant une Note intitulée : « Contribution à l'étude de l'aviation ». (Renvoi à la Commission des aérostats.) M. TiFFENEAu adresse, comme complément à ses Communications pré- cédentes, une Note « Sur le méthoéthénylbenzène ». M. Conrad de Liebhaber adresse, par Tentremise de M. Brouardel, une Note « Sur le phénomène de la nuit et des étoiles changeantes ». A 3 heures trois quarts l'Académie se forme en Comité secret. La séance est levée à 4 heures. G. D. On souscrit à Paris, chez GAUTHIER-VILLARS, Quai des Grands-Augustins, n° 5j. 835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dinmnchn. Ils forment, à la fin de l'année, deux volumes in-.i". Doux iVne par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement eft annuel du i" Janvier. Le prix de l'abonnement est fixé ainsi qu'il suit Paris : 20 fr. — Départements : 30 fr. — Union postale : 34 fr. On souscrit, à l'Étranger, chez Messieurs : Ferran frères. l Chaix. \ Jourdan. ( Ruff. Courtin-Hecquel. < Germain etGrassin j Gastineau. Jérôme. 1 Régnier. Feret. IX I Laurens. Muller (G.). Renaud. Derrien. F. Robert. I Oblin. Uzel frères, Jouan. PerriB. ( Henry. ( Marguerie. 1 Juliot. j Bouy. ; Nourry. Ratel. ( Rey. j Lauverjal. ( Degez. \ Drevel. ■ry.. ni Fcrr. Nancy Nantes Aice . le ... helle I Gratier el C" Foucher. I Bourdignon. I Dombre. 1 Thorez. I Quarré. Martial Place. Jacques. Grosjeaa-Maupin Sidol frères. Guist'liau. Veloppé. Barma. Appy. Mmes Thibaud. Orléans Lod.lé. L Blanchier. Poitiers j Lévrier. Rennes Piihon et Her(é Rocheforl ....... Girard ( M"" ) Langlois. Rouen. Leslringant. S'-Étienne Chevalier. ( Ponleil-Burles. ■ i Rumébe. \ Gimet. ■ ■ ( Privât. , Boisselier. Tours Péricat. Toulon. . Toulouse Valenciennes. I Suppligeon. ( Giard. i Lemaltre. chez Messieurs : 1 chez Messieurs : Feikema Caarelsen ^ Dulau. Amsterdam et O: Londres Hachette el G'v ' Nuit. Beck. Verdaguer. Luxembourg Barcelone V. BUck. Ruiz et C". berlin . . . 1 Asher et C-. \ Dames. , Friedlander el fils. Madrid 1 Romo y Fussel i Capdeville. ' F. Fé. ( Mayer et Muller. lUilan j Bocca frères Schmid Francke. i Hœpli. Tastevin. Bologne Zanichelli. Moscou i Lamertin. ( Marghieri di Giu». Bruxelles ' MayolezetAudiarte. Naples. 1 Pellerano. \ Lebégue et C". 1 Dyrsen et Pfeiffer. ( Sotchek et C°. . 1 Stechert. Bucharest ' Alcalay. Lemckeet Buechi er Budapest Kilian. Odessa Rousseau. Cambridge Deighton, BelletC". Oxford . Parker et C'-. Christiania . Caramermeyer. Palerme . Reber. Constantinople. . Otto Keil. Porto . Magalbaés et Munir Copenhague — . Hôst el fils. Prague . Rivnac. Florence . Seeber. Rio-Janeiro . . . . Garnier. Gand . Hoste. ) Bocca frére^ Gênes . Beuf. Rome 1 Loescher et C ' / Cherbuliez. Rotterdam . . Kramers et fil> Genève . ! Georg. Stockholm . Nordlska Boghandel. Stapeliiiohr. ^ Zinserling. La Haye Belinfaule frère! S'-Peteisbourf; ■ ( Wolff. 1 Benda. Bocca frères Lausanne • 1 Payot et Ci'. / Barth. ) Brero. Turin j Clausea. 1 Brockhaus. RosenbergetSeliiet . . . Kœhler. Varsovie Vérone . . Gebethner el Wolll j Lorentz. Drucker. ' Twietmeyer ( Frick. Liège 1 Desoer. ■ ' ( Gnusé. Vienne ZUrich ■ > Gerold el C". . . Meyer et Zeller. 15 Ir. 15 fr. 15 fr. 15 fr. 8LES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. Tomes 1" à 31. - (3 Août i835 à 3. Décembre '«Se.) Volume '""4: ^ '8"; /""p .^ ' Tomes32 .61 - m" Janvier ,85, à 3i Décembre ,65. Voume m-, 870. P.v. . Tomes 62 a 91. - ( i" Janvier .866 à 3i Décembre .880 ) Volume '""^ '/«J. Pnx^ ■ Tomes 92 a 121. ^ ( ." Janvier .88. à 3. Décembre .895.) Volume .n-4 , 1900. Prix.. - PPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES . _ „„,,,.«,„, ,e Calcul des Perturbations . I : Méo.o,re sur quelques po^ de '^ --^l:^^^ ^nS et ^^ i^^'l^d^ Ta^-t^i dans les phénomènes digestifs, partioulièrement^dans r M Claude Bekn.vrd. Volume in-4°, avec 3.^ planches; .836 Van Beneden. — Essai d'une réponse a la cuvent les Comètes, par M. Hanskn îslion des matières grasses, pa le II Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. ■-- ;- . v,,,d\ev les lois de la d ur celui de i8oG, savoir : « t-tudiei les lois ue la u Discuter la question :es pour le concours de i853, et puis remise po ■ains sédimentaires, suivant l'ordre de leur s«rerposilion hercher la nature des rapports qui ex S7 planches; 1861 l la même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences et les Mémoires présentés par aqucsUonde'prix'pi-posé^ë" '«^^ par l'Académie des l^:lo. des corps organisés fossiles dans >- aiHerenls de leur apparition ou de leur disparition s uccessive ou simultanée. — .M. le Professeur Brosn, in-V lunl entre l'état actuel du règne organique et ses états antérieurs », par ... ■= ^^ ^_. divers Savants à l'Académie des Sciences. N" 5. TABLE DES ARTICLES. (Séance du ^i août 1902.) MÉMOIRES ET COMMUNIGATIOIVS DES MRMBRRS ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. Pages. M. J. BoussiNESQ. — Réflexion et réfraction par un corps transparent animé d'une translation rapide : ondes réfléchies cl réfractées; amplitude des vibrations aijg MM. P. -P. DEHÉR.iiN et E. Demou.ssy. — Démonstration expérimentale de la décom- position de l'acide carbonique par lis Pages. feuilles insolccs 3-,', M. Ed. PniLLiEUx.— Les pcrithéces du Bose/- linia necatrix 1-5 .MM. Paul S.vbatier et J.-B. Senderens. — Hydrogénation directe des oxydes de l'azole par la méthode de contact a-s CORRESPONDAÎVCE. M. Ch. Fremont. — Mesure de la limite élastique des métau.\ MM. J. Macé de Lépinay et H. Buisson. — Sur une nouvelle méthode de mesure optique des épaisseurs M. P. Camman. — Réflexion de la lumière sur un miroir de fer aimanté perpendicu- lairement au plan d'incidence M. H. GuiLLE.MiNOT. — .Moyen de régler les résonateurs de haute fréquence, en vue dr leur emploi médical MM. Eji. Bourquelot et H. Herissev. — Sur le gentiobiose : préparation et jiro- priétés du gentioljiose cristallisé M. RûuzAT. — Chlorures cuivriques ammo- niacaux anhydres. Radicaux cupro-ammo- niques MM. BouvEAULT et René Locquin. — Action de l'acide nitreux.en solution alcaline, sur les éthers |3-cétoniques a-substitués .M. Ledoux-Lebard. — Sur le sérum antipa- ramécique aS^l 2sr, 29.3 v,8 MM. E. BoDiN et F. Pailheret. — Action de la fermentation alcoolique sur le bacille typhique et sur le Dacteriiim coli com- mune .MM. F. Bordas et Sig. de Raczkowski. — Variation de l'acide phospliorique suivant l'âge du lait M. Ed. Griffon. — Recherches sur l'assimi- lation chlorophyllienne des feuilles dont (m éclaire soit la face supérieure, soit la face inférieure M. E.-A. Martel. — Sur la caverne du Hôll- Loch (Trou d'Enfer) et la Schleichende Brunnen (source rampante) (Suisse) -M. J. Constantin. — Ouverture d'un pli cacheté contenant une Note intitulée : « Contribution à l'étude de l'aviation »... M. TiFFENKAU adresse une Note « Sur le métlioéthénylbenzène » M. Conrad de Liebhaber adresse une Note « Sur le phénomène de la nuit et des étoiles cliiingeantes » 3oS .'jo8 .^o.s PARIS. IMPRIMERIE GAUTIIIER-VILLARS, Quai des Grands-Augustins, bb. le Gérant: rïAlITHIER-VlLLAR3. 8 rjo? -^0^^ 1902 SECOND SEMESTRE COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES PAR MM, LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. TOME CXXXV. N" 6 (H Août 1902). fr^>^€h^B^— ■ PARIS, GAUTHIER- VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, [Quai des Grands-Augustins, 55. 1902 RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDlo Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875 Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie se composent des extraits des travaux de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes présentés par des savants étrangers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. 26 numéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. Article I*"^. — Impression des travaux de l'Académie. Les extraits desMémoiresprésentéspar un Membre ou par un associé étranger de l'Académie comprennent au plus 6 pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o pages par année. Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans le Compte rendu àe. la semaine que si elle a été remise le jour même de la séance. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par les Correspondants de l'Académie comprennent au plus 4 pages par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de Sa pages par année. Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis- cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca- démie ; cependant, si les Membres qui y ont pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les re- mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion. Les Programmes des prix proposés par l'Académie sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap- ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'ai que l'Académie l'aura décidé. Les Notices ou Discours prononcés en séance blique ne font pas partie des Comptes rendus. Article 2. — Impression des travaux des Savar. étrangers à l' Académie. Les Mémoires lus ou présentés par des perso qui ne sont pas Membres ou Correspondants de 1 demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'ui suiné qui ne dépasse pas 3 pages. Les Membres qui présentent ces Mémoires tenus de les réduire au nombre de pages requi; Membre qui fait la présentation est toujours non mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Es autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le pour les articles ordinaires de la correspondance cieile de l'Académie. Article 3. Le bon à tirer de chaquq Membre doit être ren l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plustar jeudi à 10 heures du matin; faute d'être remis à tei le titre seul duMémoire est inséré dans le Compte n actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu vaut et mis à la fin du cahier. Article 4. — Planches et tirage à part. Les Comptes rendus ne contiennent ni planche: figures. Dans le cas exceptionnel où des figures sera autorisées, l'espace occupé par ces figures comp pour l'étendue réglementaire. Le tirage à part des articles est aux frais des' teurs; il n'y a d'exception que pour les RapporI les Instructions demandés par le Gouvernement. Article 5. Tous les six mois, la Commission administrative un Rapport sur la situation des Comptes rendus a{ l'impression de chaque volume. Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du j sent Règlement. Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés d déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant h\ Autrement la présentation sera remise à la séance suivi ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 11 AOUT 1902. PRÉSlDENi E Ul: M. BOUQUIiT DE LA GRYE. MÉMOIRES ET COMMUIVICATiONS DES MEMBRES ET DES GORRESPONDA.NTS DE L'ACADÉMIE. OPTIQUE. — Ré/lexioii et réfraction par un corps animé d'une translation rapide : construction des rajons, indépendante de la translation, et rotation, paraissant au contraire en dépendre, du plan de polarisation du rayon réfracté. Note de M. J. Boussinesq. « I. Au degré d'approximation considéré ici ('), où nous négligeons dans les formules les termes non linéaires en V^, V^ , V^, les rayons re^éc/i^ et réfracté ont, avec la normale à ta surface séparative et avec le rayon inci- dent, les mêmes rapports de position que si les ondes participaient entièrement à la translation V du corps et que tout le système fût en repos. » Soient, en effet, x, y, z les coordonnées du point où le rayon inci- dent prolongé atteint la surface d'onde relative au premier milieu. C'est une sphère, d'un rayon R égal à ^ (w désignant ici la vitesse de la lumière y dans l'éther libre), et dont le centre, par suite de son recul ^ à partir de l'origine, aura acquis de petites coordonnées a, h, c. Son équation sera donc, en négligeant les carrés de a, h, c, (i8) x--\- y-+ z-"- 2(ax- + /M' + c^) = R-. » Quant à l'onde courbe relative au second milieu, ce sera une sphère N d'un rayon, R', produit de R par le rapport n = -^,, et dont le centre aura pris les petites coordonnées n'a, n-b, irc. Son équation, si x' , y', z' y C) Voir le précédent Compte rendu, p. 269. C. K., 1902, i' Semestre. (T. CN.\.\V, N" C. ; 4t) 3jo académie des sciences. désignent les coordonnées courantes et, en particulier, celles de l'extré- mité du rayon réfracté, sera ( iç)) x"- -h,/- + ='^ — 2n^(rt.T'+ /^)''+ cz') = rt-R-. » Le fait que l'onde plane réfractée, tangente en (a?', y', :;') à cette seconde sphère, a même trace sur le plan des yz (surlace séparative des deux milieux) que l'onde plane incidente, tangente en (^x,y,z') à la sphère (i8), s'exprime aisément, par la double proportion , y'—if-h z'—ii^c «^(R2+«,r'4-6y'+c^') ^ ' y—b z~c R2+ aa;4- 6/ + es « Égalons chacun des deux premiers r;ipp(irts au troisième, en obser- vant que la petitesse de a, b,c permet, après avoir remplacé respective- ment j'— n^b, y — h, R^ + ax' -]- .. ., R^ + a^r + . . ., etc. par y' ( r 7(1 — ^V i^'(i -^ "^'r/"')' ^'(' + "^^R^'j- •••' fie négliger partout, dans les calculs ics parenthèses, les carrés et produits des termes autres que I. La première des deux formules obtenues donnera 'M r - le troisième membre se déduisant du deuxième par la substitution à y' , dans le peut terme en h, de la valeur approchée n'y. Et l'on aura une for- mule analogue en z' . ■>■> Appelons maintenant i^, V les longueurs sjx- -h V' + z-,sjx'^ + y'' -{- z"- des deux rayons, et cherchons à rattacher de même S' à %. Les équations (18), (rg) reviennent à poser, à très peu près, il vient donc aj^x — x) + b{y' — y) + c{z' — z)' (22) §'=«(^[1 » Divisons la formule (21) et son analogue en s' par celle-ci (22), et ( X Y - ) apjielons (x, [:),y). ('-^•[^'-t') les cosinus directeurs respectifs, ''-.'" et SÉANCE DU II AOUT 1902. 3lï ' il' " > des deux rayons incident cl réfracté. Nous aurons (■23) P'=«P, t'=«Y- Ces équations déterminent (î, y' et, par suite, la direction du rayon réfracté; car le troisième cosinus directeur, oc', éeal à v/i-(P'^+y'^) ou à ^li-n\r-^f), doit être de même signe que a. Or, l'on voit que les petites etcenlricàés (a, b, c), (n'-a, n'^b, rrc) des ondes courbes n'y figurent pas. » II. La démonstration s'étend au rayon réfléchi. Il suffit de fiire « = i, ou de prendre la deuxième onde courbe identique à la première, mais en attribuant au cosinus oc' la valeur — y'i — (p- -+- y^) "" ~ *■ » III. Si les excentricités subies par les deux surfaces d'onde courbes ne modifient pas sensiblement les directions des deux rayons réfléchi et ré- fracté, elles paraissent avoir une influence un peu moins négligeable sur d'autres circonstances du phénomène. Telle serait, par exemple, d'après de mémorables expériences de Fizeau ('), la rotation a, — a. du plan de polarisation par la réfraction, rotation que permettra de calculer la iler- nière formule, (17), de la Note précédente. )) Fizeau lançait à travers plusieurs piles de glaces un rayon rectiligue- ment polarisé, qu'il dirigeait, tantôt, en sens inverse de la translation V du globe terrestre, tantôt dans le même sens, et il tâchait d'apprécier la différence introduite par ce retournement dans l'azimuL final de polarisation du rayon. Comme on passe du premier cas au second par im simple chan- gement de signe de V, i! nous suffira d'élablir la formule convenant au premier cas. Nous supposerons seulement, pour plus de généralité, que la translation V fasse, dans le plan d'incidence (plan des xy), un angle 6 quel- conque (pouvant donc diflérer de l'angle j d'incidence) avec la normale aux surfaces séparatives, tirée du côté d'où vient le rayon incident, ou, par conséquent, un angle quelconque G — i avec ce rayon. » IV. Les excenl/icités^j ^, se construiront pour la première réfrac- tion, à partir du point O où le rayon incident perce la surface séparative correspondante, sur la dioite faisant, avec le prolongement même de ce (') Comptes rendus, t. XLIX, p. 717 (i4 novembre iSSg), et Annales de Chimie et de Physique, 3« série, l. LVIII, p. 129 à i63 (février 1860). 3l2 ACADÉMIE DES SCIENCES. rayon incident, l'iingle 0 — i, ou bien, avec la normale Ox tirée dans le second milieu, l'angle 0, du côté où est le rayon réfracté. Ces excentricités feront donc l'angle t: — / — 0 avec le rayon réfléchi et l'angle 6 — r avec le rayon réfracté. » La première, ^tt» projetée sur la perpendiculaire au rayon réfléchi Y émanée de l'origine, y donne Vecart d'aberration ;^sin(fi + î), entre ce rayon et la normale R = ^v à l'onde courbe, normale menée par le point de contact de cette onde avec l'onde plane réfléchie, qui lui est tangente à l'extrémité du rayon réfléchi. L'aberration i' — i de celui-ci est donc Vsin(0 + ;) Vsin(OH-/) . ,, i -, i 'n • ■ l i ■ 1' ^^^-j- — - on ^T^ ; et, I angle i de réflexion égalant t, 1 on a , _ . _ y siD(o-h/) De même, l'excentricité, r—, de l'onde courbe relative au second milieu donne, pour le rayon réfracté, en la projetant sur la perpendiculaire à ce rayon émanée de l'origine, un écart d'aberration, (r — p)^(où r est l'angle de réfraction), égal à — ^—^77^ ; e! l'on ;i \ sin(0 — /■) P = ^-c; — ^^ — » La formule (17) devient donc, pour fournir la rotation a, — a du plan de polarisation par la réfraction considérée : f cota, ,, 1. Vrsin(e + /) sin(e — r)Ti — = COS( l — a) = COS II — r ^^ ^—r, '- (24) < /■ \i V rsin(()-f-() sin(0 — /■)"!. /• n/ ( = <^"<^ -'■){' + - [-\~ Sr^J lang(.-/-) j- » Dans la réfraction qui a lieu sur la seconde face de la même lame transparente, c'est-à-dire à la sortie du rayon, / et r, N et N' échangent leurs rôles; de sorte que l'on a, en appelant a„ l'azimut de polarisation du rayon transmis extérieur, f.. coUj , l V rsin(e -H /■) sin(0 — /)" . . .. ) (^5) ci;n;;=^"^(^-Oj' + -| \, ^^— _ tang(r-0j' ro co SÉANCE DU II AOUT 1902. et, en miillipliant par (2/1), la, ^,. si V rsin(0 + t) + sin(6- 0 sin (0 + r) + siii(0 - r) )ta ^ -' ( 0) L = COS^(l — /•) 3i3 N N' tang(i-r) j VsinO/cosj cos/'\ , ,■ , » Comme enfin, très sensiblement, N égale i et que N', indice de réfrac- tion de la lame dans l'air, égale -. — _■> il vient \ / cola ^ ^ L w sin < ^ » V. Comparons le secomi membre à ce qu'il serait si, la translation V n'existant pas, l'indice de réfraction, que j'appellerai m avec Fizeau, rece- vait un petit accroissement ^n^. On trouve alors facilement COlaj cota \i)i = cos'fi — r H taiigr — C()s= {i — r)\ I — 2 ^ 1,1 n g r la n?, (r — /•) et une idenlification immé liate à (2G) donne \,ii V siiiO siii2/' — sin2i V binO cosji + r) siii(<' — r) ^ {"^1 ) 7?r w siiu 2lang/- w siru' lang/' pour raccroissemenl relatif de l'imlice de réfraction, qui produirait le supplément de rotation du plan de polarisation auquel donne lieu la translation V. M Dans les observations de Fizeau, l'on avait 1 = 70°, 7n = i,5i34; d'où r=3S"2:r, /-r=3i"37', cos(j •+- r) = - ^in i8"23'. En outre, - = 0,0001 (environ) et, le pins souvent, 0 ne différait pas sensiblement de i. Il résulte de la formule (27), dans ces conditions, ^ = (environ) 0,0000209 ou ^• » Fizeau a cru pouvoir, sur la foi de quelques inductions, proposer, pour le cas oii 0 = i, la formule notablement plus forte \m m !-)cos{i-~-r); elle donnerait, ici, — =0,0000726, ou plus de trois fois autant que la précédente. Ce résultat plus fort se trouve être, il est vrai, de l'ordre d'une 3l4 ACADÉMIE DES SCIENCES. moyenne entre ceux que lui ont fournis ses observations, fort divergents d'ailleurs (dans le rapport de i à 4 environ). Mais de nombreuses pertur- bations, que le génie expérimental si éminent de Fizeau avait été impuissant à lui faire neutraliser ou évaluer toutes, y intervenaient, malgré les plus persévérants efforts pour les éliminer ou les corriger. AussiFizeau espérait-il avoir seulement réussi, dans ce travail, à montrer l'existence, mais non à évaluer la grandeur, d'une influence de la translation terrestre sur le phé- nomène étudié. )> De nouvelles expériences pourraient-elles élucider la question? Les quantités à y mettre en vue sont tellement petites, qu'on n'ose guère l'espérer, w BALISTIQUK. — Sur la loi des pressions dans les bouches à feu. Note de M. E. Valliek. (c Dans deux Notes, insérées aux Comptes rendus des 2-1 juillet et 5 août 1901, j'ai étudié la représentation de la loi des pressions dans les bouches k feu à l'aide d'un système de formules approchées. » Pour figurer des phénomènes tels que ces [)ressions, à croissance très rapide au début, puis à décroissance plus ou moins lente à allure asynip- totique, j'avais recherché, exprimée en fonction du temps, une forme analy- tique à marche analogue et, nprès divers làtonneinents, adopte la fuuclion ?(^) ze' qui présente effectivement l'allure en question. » l^our donner plus de souplesse à ce mode de représenlation, j'ai ensuite introduit un exposant (i dit exposant de lenteur, à déterminer d'après les conditions spéciales ii chaque cas, et c'est donc la tonc- tion (pP(^)qui fut adoptée en deuxième approximation, f^a détermination de cet exposant [i a fait précisément l'objet de la Note du 5 août 190 i. M On y indiquait que, à défaut de données spéciales pour ladite déter- mination, on avait, à la suite d'une série d'applications numériques, établi entre cet exposant p et la caractéristique y. spéciale à chaque tir la relation empirique (y. — 1 )(i = 2 laquelle peut être considérée comme fouiiussaul, à défaut de données plus SÉANCE DU II AOUT 1902. '5l^ précises, la valeur de p la plus probable pour une valeur donnée de a, lorsque ce dernier paramètre varie entre i, 4 et 3, ce qui comprend tous les cas de la pratique. » De la considération de cette fonction 0(2), puis o'X=), on a déduit un certain nombre de fonctions balistiques du paramètre a, se prêtant à la solution des problèmes de toute espèce, et l'on a calculé des Tables numé- riques de ces fonctions pour les valeurs ci-dessous de l'exposant p : p = i, 1,5, 2,0, 2, j, 3,0, 4'0, 5,0. (Ces fonctions sont définies a nalytiquement dans la Note du 22 juillet 1901.) » Malheureusement, lorsque l'examen d'une question conduit à une valeur de ^ différente de celles énoncées ci-dessus, l'on est réduit à des interpolations compliquées, entraînant un labeur hors de proportion peut- être avec l'approximation qu'il suffirait d'obtenir. » On peut rétablir la continuité des formules, tout en conservant une précision suffisante, en utilisant la relation empirique rappelée plus haut, (i) (a^-i)P = 2 qui fournit, à défaut fie données plus certaines, la valeur de p la plus pro- bable pour chaque valeur de a. » Aux valeurs de p pour lesquelles les Tables sont construites (soit i, 1,5, 2, 2,5, 3, 4 ^t 5) correspondent des valeurs de a données par la relation (i); les Tables donnent donc, pour ces valeurs de ce., les valeurs correspondantes les plus probables pour les diverses fonctions balistiques. En construisant les points figuratifs de ces valeurs et les réunissant par un trait continu, on obtiendra les courbes des valeurs les plus probables des diverses fonctions pour chaque valeur de a, c'est-à-dire celles qu'il convient d'employer lorsque la détermination exacte de l'exposant (i n'est pas possible. )) La Table ci-dessous donne les valeurs de ces difïérentes fonctions en prenant le paramètre a pour argument, renvoyant, pour leur signification, aux Notes précitées de 190 1 : a. P(a). 0(a). (,- s) [çi^..(i"g«r7. à partir d'un certain indice n. Nous avons démontré que celte limite infé- rieure de \a„\ est la plus précise quon puisse indiquer tant qu'on ne fait d'autres hypothèses que (a), ce qui, a priori, n'était nullement évident, vu les approximations assez grossières qui ont fourni la relation (2). » Si les zéros de la fonction /(a;) sont assujettis à certaines restrictions, on pourra au contraire, dans bien des cas, préciser davantage la limite (3). Ainsi si, en dehors de (a), on admet encore cette autre hypothèse : l«J< «(log/z) "J . pour n suffisamment grand, B étant une constante positive, on trouve à l'aide de (i) : 1 |a„|>(i -e)[coÇ^«(logn)-]' (' ) Acta niathematica, t. XXII. C. R., 1902, 2' Semestre. (T. GXXXV, N» 6.) 4' 3l8 ACADÉMIE DES SCIENCES. à partir d'un certain indice n, gi désignant la plus petite racine positive de l'équation On en conclut en particulier le théorème suivant : » Pour toute fonction entière satisfaisant à V hypothèse (a), l'inégalité i««i>(i-o[Ç«(i"g«r] est vérifiée pour une infinité d'indices n. » C'est là encore un résultat bien précis. En voici un autre plus parti- culier, mais com[)ortant cependant des applications intéressantes : » Si f(^œ^ est une fonction entière de genre o qui vérifie l'hypothèse (^a^ et dont les zéros sont tous situés sur un même rayon issu de V origine, on aura, à partir d'un certain indice n, i««i>(i-o[Ç^«(ios«r] T désignant la racine positive de l'équation "" r . I « La quantité -^ — ^ va en croissant de - à i , lorsque p croît de o à i , » 2. Supposons maintenant que, rhy|)othèse (a) étant toujours véri- fiée, on ait en même temps, quelque petit que soit i, (b) M{r)>é'-'^'''""''->^ pour une infinité de valeurs r indéfiniment croissantes. » Si p n'est pas entier, il existera alors un nombre positif )^ tel qu'on ait, quelque petit que soit i. (4) \an\<(i + '^)[in{\ogn)-^J pour une infinité d'indices n. » Nous avons démontré que la plus petite valeur \ telle que l'inégalité (4 ) ait lieu pour toute fonction entière vérifiant les hypothèses (a) et ( b), est 1 = p"-' -^^^ pour o << p < I , SÉANCE DU II AOUT 1902. 3lC) et 2P-* (2 — p p — I F(i,i,p, — i) /?o«rii les équations de Maxwell. Comme les déplacements infiniment petits d'un corps parfaitement élas- tique suivent les mêmes lois, on passe par l'intermédiaire du flux de dépla- cement uniforme aux vibrations, et l'on peut établir une liaison mécanique entre le flux électrique et les radiations. » 322 ACADÉMIE DES SCIENCES. PHYSIQUE DU GLOBE. — Phénomènes observés à Zi-Ka-Wei (Chine) lors de l'éruption de la Martinique. Note de M. de Moidrey, présentée par M. Mascart. « L'éruption principale de la Montagne Pelée s'est produite le 8 mai, quelques minutes avant 8'". Ce jour-là, à 7''58'" (t. m. de la Martinique), après une longue période de calme magnétique, notre bifilaire indique un accroissement brusque de la composante horizontale, qui reste agitée pendant 8 heures environ. » De i2''35™ à i2i'35™ la courbe de cet élément présente, sans doute possible, les caractères d'une agitation mécanique. 11 était ici minuit; à cette heure, en pleine campagne, aucune cause accidentelle ne peut influencer nos aimants. D'ailleurs, pen- dant le même temps, la courbe du grand baromètre enregistreur, habituellement très fine, a son épaisseur augmentée d'environ quatre fois; il ne peut être question d'une onde atmosphérique, mais la colonne de mercure a agi en véritable séismographe ; à ce phénomène succède immédiatement un second accroissement assez brusque de la composante horizontale. Une troisième recrudescence, observée de i5''5™ à i5*i5™, est suivie d'un calme à peu près complet pendant plus de 7 heures. On remarque alors une faible agitation, puis une nouvelle perturbation qui dure jusqu'au 9 vers 20''. » Nous avons donc ici des faits de deux ordres distincts : une pertur- bation magnétique dont le début coïncide, comme à Paris et à Lyon, avec l'explosion de la Montagne Pelée, et un ébranlement du sol qui aurait mis 4'' 27"" à se propager jusqu'ici, à moins qu'il ne corresponde à un des chocs postérieurs. » L'observatoire de Zi-Ra-Wei est situé, à 10' près, sur le méridien opposé à celui de la Martinique. » PHYSIOLOGIE GÉNÉRALE. — Nouvelles Contributions à la physiologie des leu- cocytes. Note de MM. H. ST.issANoetF. Billon, présentée par M. Alfred Giard. (t 1. Le phénomène de Sthor, à savoir la diapédèse des leucocytes à travers les muqueuses, se manifeste d'une façon particulièrement in- tense le long du tube digestif (Recklingausen). L'un de nous a montré, par différents procédés expérimentaux, que cette diapédèse constitue un des principaux mécanismes par lesquels l'économie se débarrasse des prin- SÉANCE DU II AOUT 1902. 333 cipes qui lui sont nuisibles ou simplement inutiles ('). Le bichlorure de mercure, indiscutablement, introduit dans la circulation s'élimine en grande partie au niveau des voies digcstives par l'intermédiaire des leuco- cytes. On peut s'assurer, par la réaction microchimique du ferrocyanure, qu'il en est de même pour le fer introduit dans les veines sous forme de saccharate; et d'autres observations portent à admettre que la diapédèse leucocytaire intervient dans chaque cas d'élimination intestinale. M Par la peau et le système pileux s'éliminent aussi nombre de sub- stances, l'arsenic et l'iode en sont les exemples les mieux étudiés. Cette élimination est trop lente pour que l'on puisse établir par l'expérience si les leucocytes y prennent part. Pourtant, l'anatomie comparée et l'expéri- mentation sur les animaux inférieurs nous autorisent à l'admettre. Le transport des granules excrétoires par les cellules migratrices a été con- staté d'une façon certaine dans les groupes animaux les plus variés, des Échinodermes jusqu'aux Vertébrés. Depuis la démonstration donnée par M. Hugo Eisig, en 1879, du rôle excrétoire de l'épiderme des Capitellides, de nombreux travaux sont venus confirmer la théorie de ce savant sur la nature excrétoire des pigments colorés des animaux. » Bien des faits entraînent également la conviction que les leucocytes sont aussi les agents de l'élimination qui se fait par les glandes. Les leu- cocvtes sont les porteurs exclusifs de l'iode contenu dans le sang normal (Stassano et Bourcet); cela conduit à penser que l'iode, qui se retrouve aussi à l'état normal dans le lait (combine aux nucléines, Stassano et Bourcet), est apporté par les leucocytes aux glandes mammaires. On sait, aussi, que les glandes en activité sont le siège d'un afflux considérable de leucocytes et l'un de nous (Stassano) a constaté que le mercure, l'arsenic, la strychnine et la morphine, substances auxquelles se rapportent ces ob- servations, se rencontrent dans plusieurs sécrétions, de même que dans les excréta, à l'état de véritables combinaisons nucléiniques. » 2. L'intensité décroissante de l'élimination du mercure dans l'intes- tin, à partir du duodénum jusqu'au gros intestin, montre que l'activité de la diapédèse leucocytaire varie dans le même rajjport d'une région à l'autre du tube digestif. Il a été établi que le pouvoir favorisant sur la di- gestion trypsique, découvert par Pawlow et Schèpowalnikow dans le suc entérique et qu'ils ont appelé ertie>-oA7«a5e, diminue pareillement à partir {') Stassano, Sur le rôle des leucocytes dans l'élimination {Comptes rendus, 8 juillet 1901). 3-j4 académie des sciences. du duodénum, devenant nul au niveau du gros intestin. Ce parallélisme et le fait, constaté par M. Delezenne, que les macérations de leucocytes con- tiennent un principe analogue à V entèrokinase , nous ont amenés à recher- cher si le pouvoir activant de la sécrétion entérique ne provient pas, en partie du moins, des leucocytes qui affluent sans cesse en grand nombre dans la muqueuse intestinale. » Pour éclaircir ce point nous avons exalté expérimentalement cet afflux de leu- cocvtes, par des injections intra-veineuses soit de bichlorure de mercure, soit de sac- charate de fer, et nous avons comparé le pouvoir activant ou klnasique des nucléo- albumines extraites des intestins sièges de ces intenses leucocjtoses, avec celui des nucléo-albumines préparées, en même temps et de la même manière ('), avec des intestins normaux. Le résultat de ces comparaisons, plusieurs fois répétées dans les meilleures conditions, est le suivant : les nucléo-kinases de chien mercurialisé et de chien traité par le saccharale de fer sont sensiblement plus actives que les nucléo- kinases de chien normal. » Déplus, comme il est certain que la stase sanguine qui accompagne la digestion favorise la diapédèse des leucocytes à travers la muqueuse entérique hyperémiée, nous avons comparé par le même procédé le pouvoir kinasique des nucléo-albumines de l'intestin grêle, du duodénum en particulier, au moment de la digestion, avec celui des nucléo-albumines de muqueuses Intestinales de la même région, retirées d'ani- maux à jeun. Nous avons trouvé également que les premières nucléo-albumines sont plus actives que les secondes. » Ces résultats concordants nous ont fait examiner si l'action leucocy- taire en question est démontrable par l'addition in vitro des leucocytes à du suc pancréatique. » Nous avons constaté, en premier lieu, que la partie liquide des exsudats périto- néaux riches en leucocytes, provoqués chez le cobaye par l'injection de quelques cen- timètres cubes démulsion de lécithine dans de la solution physiologique, possède un pouvoir empêchant vis-à-vis de la digestion trypsique de beaucoup inférieur à celui du plasma sanguin. Nous avons pu apprécier la valeur de cette action empêchante, indépendamment de l'action particulière aux leucocytes, en faisant tomber quelques gouttes de ces exsudats, aussitôt retirés du péritoine du cobaye, dans du suc pancréa- tique préalablement dilué dans une solution de lluorure de sodium; celte substance, on le sait, empêche les leucocytes de se détruire et de mettre en liberté les principes diastasiques tels que le fibrin-ferment qu'ils contiennent. En opérant, au contraire, l'addition des gouttes d'exsiidat, après y avoir provoqué la désagrégation des leuco- cytes, par deux ou trois congélations successives, nous avons laissé agir librement sur (') Stassaxo et Billot, Comptes rendus de la Société de Biologie, 3i mai et 26 juillet 1902. SÉANCE DU II AOUT 1902. 325 le suc pancréatique les produits apportés par les leucocytes. Dans ce cas, nous avons constaté sur le suc une action kinasique très nette, quoique bien inférieure à l'action exercée sur d'autres échantillons du même suc pancréatique par des nucléo-hinases intestinales de difTérentes provenances. » Cette diflTérence quantitative est bien naturelle si l'on considère que les leuco- cytes des exsudais ont subi, depuis leur sortie de la circulation, des modifications telles qu'ils ne peuvent qu'avoir perdu, ou consommé à leur profit, une grande partie de la kinase dont ils disposent à l'état normal. » L'augmentation du potivoir favorisant de la muqueuse entériqiie sur la digestion trypsique, observée par nous, soit pendant les périodes d'acti- vité digestive chez l'organisme normal, soit à la suite dinjections de sels de mercure et de fer, doit être attribuée à l'accrois.sement de la diapé- dèse leucocvtaire dont l'intestin est le sièee d'une façon continue. La signification de celte diapédèse est pourtant double : c'est un mécanisme physiologique d'élimination, en même temps qu'un concours réel aux actes digestifs. » On s'accordait à considérer les leucocytes comme offrant, parmi les nombreuses variétés de cellule des tissus, l'exemple le mieux caractérisé de la digestion primordiale, intracellulaire. Leur participation aux pro- cessus digestifs extracellulaires, que les observations de M. Delezenne et nos expériences ci-dessus viennent de mettre en lumière, constitue, sans aucun doute, un fait biologique d'une importance toute particulière. » PATHOGÉNIE. — Eèmoghhinurie (V origine musculaire. Note de MM. Jean Camus et P. Pagmez, présentée par M. Bouchard. « De nombreuses contradictions existent parmi les opinions émises sur la pathogénie de l'hémoglobinurie. Les différentes théories peuvent se ramener à deux : la première suppose qu'il y a hémoglobinhémie avant l'hémoglobinurie; la seconde, que la destruction des globules rouges a lieu au niveau du rein : c'est la théorie rénale. Toutes deux s'accordent sur un fait qui semble capital : c'est que l'hémoglobine provient toujours des glo- bules rouges, en quelque endroit et de quelque manière qu'ils soient lésés. Sans une destruction, et une destruction relativement intense des héma- ties, il n'y a pas, suivant les auteurs classiques, d'hémoglobinurie. )) Nous avons cherché si d'autres parties de l'organisme contenant de l'hémoglobine ne peuvent jouer un rôle dans l'hémoglobinurie. Nous nous sommes adressés au muscle. C. R., 1902, 2' Semestre. (T. CXX.W, N» 6.) 4^ 320 ACADÉMIE DES SCIENCES. » Sur un chien chloralosé, on incise la cuisse ou résèque un ou deux muscles (i5e et moins pour un chien de loits); on essuie ces muscles pour enlever la plus grande partie du sang, puis on les coupe dans des tubes contenus dans un mélange réfrigérant. Les muscles sont triturés et lavés à plusieurs reprises à l'eau distillée; on filtre et l'on ajoute du NaCl pour avoir une solution isotonique au sang. On a ainsi une solution de suc musculaire rouge ou rose d'environ So"^"' à ôo""»' qu'on injecte dans la veine saphène du chien toujours endormi. Par une sonde vésicale, on recueille l'urine de lO minutes en lo minutes. En lo à 3o minutes, on obtient une urine rose ou rouge foncé, suivant la quantité injectée. Cette urine ne contient pas de globules; elle donne au spectroscope les deux raies de l'oxyhémoglobine ; il y a hémoglobinurie. En même temps, on fait une prise de sang dans l'artère fémorale; ce sang oxalalé et centrifugé fournit un plasma qui, fait très surprenant, n'est pas ou est à peine teinté. Le résultat est le même si l'on injecte à un animal non endormi une solution prove- nant des muscles d'un autre ciiien. )i II y a ici un phénomène tout à fait différent de celui qui se passe quand on injecte une solution d'hémoglobine provenant de la destruction de globules rouges. Il faut, en effet, dans ce cas, injecter une quantité beaucoup plus considérable d'hémoglobine. Ponfick estime à — de la niasse des hématies la destruction nécessaire pour donner de l'hémoglo- binurie. » Nos expériences, pratiquées sur de nombreux chiens et lapins, nous ont fourni des chiffres assez peu différents de celui de Ponfick. » Nous avons également dosé au colorimètre l'hémoglobine dans le sang oxalaté et centrifugé des chiens auxquels nous avons injecté des solu- tions d'hémoglobine globulaire. Sans nousarrèter à des dosages très précis, sur lesquels nous reviendrons, retenons seulement cette différence que l'hcmoglobinurie, causée parla destruction, dans le sang, des hématies, est nécessairement précédée d'hémoglobinhémie intense et que l'hémoglo- binurie j)ar injection d'extrait de muscle donne à peine une teinte imper- ceptible du plasma. Il est évident que, le suc musculaire contenant de l'hémoglobine, de grandes injections de ce suc coloreraient proportion- nellement le plasma. )) Ce phénomène peut-il se produire à la suite de lésions musculaires? » Chez un chien de g'''', 5 chloralosé, nous injectons en 3o secondes i5o5 d'eau dis- tillée à -f- 5° dans les muscles des cuisses; à la suite de ces injections un peu brutales, les muscles se contracturent et du treniblerpent apparaît. Les muscles sont massés et, 3o secondes après l'injection, nous avons de l'Iiémoglobinurie peu marquéq, mais très nette. Le jilasma est devenu, dans ce cas, de coloration rose; il est probable qu'une partie de l'eau distillée injectée avait pénétré dans les vaisseaux et occasionné des des- tructions globulaires; mais la quantité d'hémoglobine contenue dans ce plasma. SÉANCE DU II AOUT I902. 32M estimée au colorimétre, était encore bien inférieure à la quantité rainima trouvée dans les hémoglobinuries par destruction globulaire. » Y a-t-il dans le suc musculaire des substances qui, agissant sur le rein, facilitent le passage de petites quantités d'iiémoglobine? » Si ces substances existent, elles ne sont pas détruites par le chauffage à 56°. La solution musculaire portée i5 minutes à 56°, filtrée et injectée, donne encore de l'hémoglobinurie. Bouilli et débarrassé après filtration de son hémoglobine, le suc musculaire ne donne plus d'hémoglobinurie. » Si, à de l'extrait de muscle bouilli, on ajôiite une solution d'hémoglo- bine (correspondant à 5"=^ de sang pour un chien de iS'^s) et qu'on injecte ce mélange, on n'obtient pas d'hémoglobinurie, bien que le plasma soit nettement rose. Il faut donc admettre, ou que des substances musculaires agissant sur le rein facilitent le passage de l'hémoglobine (substances hypothétiques non détruites à 56° et détruites à 100"), ou que l'hémoglo- bine du muscle traverse plus facilement le rein que l'hémoglobine des globules. M Disons incidemment qu'une solution de foie traité de la même ma- nière que le muscle ne donne pas, au moins à quantité égale, d'hémoglo- binurie. » Ces expériences peuvent-elles avoir une portée clinique ? Nous le croyons, pour des raisons tirées de la pathologie humaine, et surtout de la médecine vétérinaire : ces faits exjjhquent les cas où le sérum des malades a été trouvé normal ou non modifié pendant les crises, sans èlre en contradiction avec ceux où il était coloré; ils expliquent les cas où les globules des malades ont résisté in inlroaii froid (expériences de M. Ilayem) et, à plus forte raison, devaient résister dans l'organisme. Encore faudrait-il que des lésions musculaires certaines permettant la sortie du suc muscu- laire vinssent confirmer la pathogénie que nous proposons ; mais les autopsies en état de crise sont rares chez l'homme. On peut au moins invo- quer chez lui les douleurs musculaires signalées par beaucouj) d'auteurs, et le fait que l'hémoglobinurie peut survenir à la suite de fatigues. Une preuve éclatante nous est offerte par la pathologie animale, et certains médecins vétérinaires, M. Jobelot (1900) en particulier, affirment que des lésions de myosite, pouvant aller jusqu'à l'impotence, existent toujours marquées dans rhémoglobinurie a frigore du cheval. Cet auteur, et déjà M. Lucet (1892), ont d'ailleurs émis des hypothèses sur le rôle du muscle dans l'hémoglobinutie. Nous ne croyons pas qu'on ait jusqu'à présent démontré expérimentalement l'influence du muscle dans l'hémoglobi- nurie. 328 ACADÉMIE DES SCIENCES. » Pour évident que nous semble ce rôle dans l'hémoglobinurie causée par le froid ou la fatigue, nous ne voulons pas nier l'hémoglobinurie pré- cédée de grande hémoglobinhémie dans des infections et intoxications globulaires intenses; nous avons décrit d'autre part une hémoglobinurie d'origine urinaire par action nocive de l'urine sur les globules. » CHIMIE BIOLOGIQUE. — SuT l'existence d' une kinase dans le venin des serpents. Note de M. C. Delezenne. « Dans une précédente Communication ('), j'ai montré que certains niicroorganismes sécrètent des diastases ayant les mêmes propriétés que l'entérokinase. Comme le ferment du suc intestinal ou la kinase leuco- cytaire, ces diastases sont capables, en effet, de conférer aux sucs pancréa- tiques, totalement inactifs vis-à-vis de l'albumine, un pouvoir protéolytique des plus manifestes. » J'ai observé que le venin des serpents qui, à beaucoup d'égards, mérite d'être rapproché des toxines et des diastases microbiennes, est doué, lui aussi, de propriétés kinasiques très énergiques. Ce fait peut être mis facilement en évidence en s'adressant au venin de cobra, au venin de bothrops ou à celui de la vipère. » Je me suis servi, pour mes expériences, de venins qui avaient été desséchés aussitôt que la récolte en avait été faite et qui avaient été con- servés à l'abri de l'air et de la lumière (-). Ces venins étaient redissous dans l'eau distillée et filtrés sur bougie Berkefeld, au moment où l'on voulait en faire usage. » Je me suis assuré que les solutions ainsi préparées n'exercent par elles-mêmes aucune action digesti^e sur l'ovalbumine coagulée. Quelle que soit la dose employée et quelle que soit la durée de l'expérience, les cubes d'albumine introduits asepti- quement dans la solution de venin restent absolument intacts ('). Ajoutés, à très faible (') Comptes rendus, 28 juillet 1902. (-) Ces venins ont été mis obligeamment à ma disposition par M. Calmette et M. G. Bertrand. Je leur adresse tous mes remercîments. (^) Nous avons constaté que les solutions de venin complètement dépourvues d'action protéolytique vis-à-vis de l'albumine étaient cependant capables de liquéfier la gélatine, même lorsqu'elles étaient ajoutées à cette substance à dose relativement faible. Ce fait, rapproché de ceux que nous avons signalés précédemment à propos de l'action de certains filtiats microbiens, montre que l'on n'est pas en droit d'identifier, comme l'ont fait certains auteurs, les diastases liquéfiant la gélatine avec la trypsine. J'aurai d'ailleurs l'occasion de revenir en détail sur celte question. SÉANCE DU II AOUT 1902. 329 dose, à des sucs pancréatiques dépourvus eux-mêmes de toute action protéolytique vis- à-vis de l'albumine, les venins confèrent à ces derniers un pouvoir digestif exlrême- menl marqué. » Avec le venin de bothrops que nous avions à notre disposition^ il suffisait généra- lement d'ajouter à i<^"' de suc pancréatique o'^'"',5 à i"^"' d'une solution au yo^, soit o™s,5 à 1 ""S de venin, pour obtenir la digestion d'un cube d'albumine de os, 5o en l'espace de jo à 12 heures. Des doses beaucoup plus faibles, 4, -j^, et parfois même ■^ de milligramme, donnaient encore le même résultat, avec cette seule différence que la digestion mettait 24 heures, 4'^ heures et même 72 heures pour être complète. » Le venin de cobra s'est montré un peu moins actif que le précédent, mais son action était habituellement encore des plus évidentes lorsqu'on l'employait à la dose de l ou même de -^0 '^^ milligramme. Quant au venin de vipère, il était souvent néces- saire de l'employer à dose cinq à dix fois plus forte, pour obtenir le même résultat. » Je me suis assuré, d'autre part, que ces venins perdent complètement leur pou- voir kinasique lorsqu'ils sont portés à la température de 100° pendant i5 minutes. » Le venin des serpents renferme donc une diastase ayant les mêmes propriétés que l'entérokinase, la kinase leucocytaire ou les kinases micro- biennes ('). Cette diastase est-elle de quelque utilité dans les processus digestifs chez l'animal qui la produit? Est-elle distincte, d'autre part, du principe qui donne aux venins leur toxicité? C'est ce que je ine propose d'examiner ultérieurement. » PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Toxine tétanique; observations de la résistance électrique et de l'indice de réfraction. Note de MM. Dongier et Lesage, présentée par M. Amagat. « Nous avons déjà appliqué à l'étude de la fermentation lactique (') la méthode de mesure de la résistance électrique. Il était naturel d'étendre ces recherches à d'autres cultures microbiennes; les faits suivants se rap- portent au bacille du tétanos ('). » I. Si l'on cultive en bouillon le bacille tétanique en se conformant aux règles clas- siques (8 jours d'étuve et contrôle de la production delà toxine par l'expérimenta- (') Les toxines végétales, telles que la ricine et l'abrine, qu'on a l'habitude de rap- procher des produits solubles sécrétés par les microbes ou des venins, ne possèdent pas de propriétés kinasiques. La sécrétion buccale de la sangsue m'a donné également des résultats négatifs. (■") Comptes rendus, 10 mars 1902. (') Nous remercions vivement M. Momont, de l'Institut Pasteur, qui a bien voulu fournir une partie de nos matériaux d'étude. 330 ACADÉMIE DES SCIENCES. lion), oa observe, comme dans le cas de la fermentation lactique, un abaissement de la résistivité par rapport à celle du bouillon témoin placé dans les mêmes conditions. Voici quelques exemples : Résistivité. ( = 25°. 1=13'. t = "iS". ( = 23°. t = l6',r. Bouillon témoin.... 59",6 68»>,o 68'",5 57'", 8 io3'^,5 Bouillon avec toxine ) ^ ,. f m.. ^ . o - ,, n ,, r 5o"',5 58", 7 62'", 8 oo'",2 80", 5 .... tétanique ) '^ ' ' » Ce résultat est intéressant, parce qu'il n'en est pas ainsi de tous les microbes. Les uns ne inodificnt pas la résistivité du bouillon de culture, tandis que les autres l'élèvent. Cette propriété de ne pas modifier, d'augmenter ou de diminuer la résisti* vite du milieu, peut servir dérègle pour la difTérenciation des microorganismes. B II. La valeur de la résistivité du bouillon tétanique est la même avant et après la filtralion. Le bacille tétanique ne modifie donc point par sa présence la conductibilité électrique du milieu; il agit en cela à la manière des matlèies albuminoïdes qui, on le sait, n'influent pas sur l'ionisation des solutions salines. » IIL On sait que la toxine tétanique portée à l'ébullition perd ses propriétés pliysiologiques. Dans ce cas, nous avons noté que la résistivité du milieu ne changeait pas; ainsi, l'augmentation de la conductil)ililé du bouillon de culture sous l'influence de l'évolution microbienne ne serait pas due à la toxine tétanique. » IV. On sait d'autre part que, dans l'expérience classique de Wassermann, la cervelle fraîche mise en présence du bouillon chargé de toxine tétanique s'empare de cette dernière. L'observation de ce bouillon non dilué nous a montré que sa résistivité avait augmenté après le contact de la cervelle. Celle-ci, qui retient la toxine tétanique, paraît donc fixei* également une partie des produits qui, élaborés par le microbe, avaient abaissé la résistivité du bouillon de culture. Ce résultat est confirmé par le fait que le passage sur la cervelle ne modifie pas la résistivité du bouillon témoin. Citons quelques résultats : Toxine tétanique avant passage sur cervelle. 60" 60'", 9 5o", 2 5o™,5 après passage » . 64", 7 71", 5 55", 9 Sg",! _, ... , . i avant passajre sur cervelle. St^-S 5q",6 68'", 5 )> ... Bouillon témoin , ' * .i_ \ /,' ^„, ' ( après passage >> . ab>",d 59", 6 08", 9 » ... » V. La mesure des indices de réfraction du bouillon témoin, du bouillon avec toxine tétanique, soumis ou non à l'ébullition, avant et après le passage sur la cervelle, n'a pas mis en évidence des différences qui fussent caractéristiques. » ANATOMIE COMPARÉE. — Distribution des corps suprarénaux (les Plagioslotnes> Noie de M. Ed. Grv.\feltt, pi-ésenlée par M. Alfred Giard. « Les auteurs qui ont étudié la répartition des corps suprarénaux dans la cavité abiiominale des Plagiostoaies se sont contentés d'indiquer qu'ils SÉANCE DU II AOUT 1902. 33l étaient métamériques. Pour beaucoup d'espèces, cette notion répond assez bien à la réalité des faits, si l'on se contente d'examiner dans ses grandes lignes le mode de distribution de ces organes. Mais, si l'on étudie avec soin certaines espèces, et si l'on compare le nombre des corps supcarénaux à celui des segments de la région qu'ils occupent, on est frappé de la di- vergence qui existe entre ces deux nombres. L'explication de cette irrégu- larité, dans la métamérie des organes en question, m'a été donnée par l'étude de préparations où le système vasculaire sanguin a été injecté par les méthodes hislologiques. On peut ainsi obtenir des préparations d'en- semble, faciles à étudier au microscope : la physionomie toute spéciale des réseaux vasculaires dans ces corps, dont j'ai donné antérieurement la des- cription, permet toujours de les reconnaître dans les préparations et de les dénombrer. Du même coup sont mises en évidence les connexions si étroites des corps suprarénaux avec le système artériel, connexions qui ont une importance très grande pour faire comprendre la distribution de ces corps. En effet, sur de telles préparations, on peut voir que, chez les Squales, ces corps sont typiquement métamériques, mais que, toutefois, leur nombre et leur position sont réglés par le nombre des artères segmen- taires. Là où ces artères se répètent régulièrement dans chaque segment (^Acanlhias vulgaris, A. Blaim'illei, Mustiilus lœvis, M. vulgaris, Galeus carus, Squalina angélus, Ilexanchus griscus, Echinorhinus spinosus), lo nombre des corps suprarénaux est le plus élevé; il y en a presque autant de paires qu'il y a de segments dans la cavité abdominale. En effet, ainsi que l'ont montré les auteurs, le corps suprarénal antérieur ou corps axil- laire résulte toujours de la fusion d'un certain nombre de corps. Par con- séquent, la faible différence que l'on trouve entre le nombre des segments et celui des corps, y compris l'axillairc, compté pour un seul, s'explique par la fusion dont un certain nombre des corps antérieurs ont été l'objet pour donner naissance à l'axillaire. » Lorsque les artères de deu\ segments consécutifs naissent d'une seule brnnche aortique, les corps suprarénnux placés à leur niveau tendent à se fusionner, et se fusionnent souvent. Ce fait s'observe surtout ciiez le Scyllium catulus et Se. canioula. Ces fusions se présentent presque exclusivement dans la portion abdominale antérieure et s'étendent en arrière beaucoup plus loin chez les Scyllium que chez les autres espèces mentionnées plus haut. Mais, ici encore, le nombre des corps suprarénaux n'est pas sensiblement inférieur à celui des segments, si l'on tient compte, dans leur dénombrement, de ce que des masses suprarénales résultent de la juxtaposition de deux ou trois de ces organes. L'indépendance relative des réseaux vasculaires dans les pièces injectées et étudiées hislologiquement permet, le plus souvent, d'évaluer exactement 332 ACADÉMIE DES SCIENCES. le nombre de corps ayant participé à cette fusion. Il en résulte cependant une irrégu- larité apparente, sur des pièces non injectées, et d'autant plus frappante que la dispo- sition des artères n'est pas toujours la même à droite et à gauche de la ligne médiane, et que, par suite, il y a une asymétrie plus ou moins marquée entre des corps de la même paire. Chez la Centrina vulpecuta. il y a une irrégularité manifeste dans la métamérie artérielle : parallèlement à la réduction du nombre des artères segmen- taires, nous assistons à une diminution du nombre des corps suprarénaux, si bien que, pour 4i segments, on ne compte plus en moyenne que 27 corps. La différence est donc de i4 entre les deux chifTres. On ne saurait ici considérer le corps axiliaire comme la compensant; car, d'après sa taille, il n'est guère plus gros relativement que celui des autres Squales, où il représente tout au plus 4 à 5 corps fusionnés. Par conséquent, la Centrina offre une discordance marquée entre le nombre des corps suprarénaux et celui des segments vertébraux. C'est un tjpe servant de transition, à ce point de vue, entre les Squales à métamérie suprarénale régulière et les Raies, où cette métamérie est devenue irrégulière au point d'être méconnaissable, s'il n'y avait une série de tran- sitions. » Parmi ces Raies, la Torpédo marmorala est une des espèces où le nombre des corps suprarénaux est le plus élevé par rapport au nombre des segments. On peut en trouver jusqu'à i4 paires, plus l'axillaire, sur les 25 segments de la cavité abdominale. Ici encore, la réduction du nombre des corps suprarénaux est concomitante avec celle du nombre des artères segmentaires. Chez diverses espèces étudiées du genre Raja (7Î. clavata, R. marginata, R. mosaïca, R. punclala), la disposition est à peu près la même que chez la Torpille. Chez la Myliobatis aquila, et surtout la Trigon pasti- naca, la discordance est encore plus marquée, puisque, v compris l'axillaire, on trouve chez cette dernière espèce tout au plus 20 corps de part et d'autre de la ligne médiane (l'irrégularité de leur distribution est telle que l'on ne saurait parler ici de paires), tandis que le nombre des segments s'élève à 64- Chez les Raies^ la numération des corps suprarénaux est du reste très difficile, car on y rencontre de longues bandes de substance suprarénale, enveloppant les branches anastomotiques jetées entre deux intercostales consécutives, souvent séparées l'une de l'autre par la longueur de plu- sieurs segments, et dans lesquelles il est impossible, ainsi qu'on peut le faire chez la plupart des Squales, de compter les unités suprarénales ayant pris part à leur consti- tution. » Toutefois, en multipliant les observations sur des pièces injectées, on constate que, chez les Raies, les corps suprarénaux sont, au même titre que chez les Squales, en rapports étroits avec les branches artérielles émanées de l'aorte; ce fait a été signalé déjà, et avec raison, par Pettit, contrairement à l'opinion jjrécédemment émise par Chevrel. » On trouvera des détails et des renseignements bibliographiques phis étendus, relatifs à cette question, dans un Mémoire qui sera publié inces- samment. » SÉANCE DU I I AOUT I902. 33: PHYSlOLOGIE VÉGÉTALE. — Oùservti/ions sur la diire'c ij^crminalivc des graines. Noie de M. Jui.es Pois.so.v, présentée par M. Deliérain. « Les recherches que M. Maquenne poursuit depuis déjà plusieurs années sur l'hygrométricité des graines (' ) ont appelé de nouveau l'atten- tion sur la question de leur durée gcrininative et ont montré notam- ment que l'humidité est préjudiciable à leur conservation. C'est là un résultat important; cependant, il semble que l'influence funeste de l'eau s'exerce sur certaines espèces et devienne moins sensible sur d'autres, sans doute à la suite d'une adaptation préalable, et c'est cette vitalité qui m'engage à faire connaître quehjues nouvelles observations qui me sont pour la plupart personnelles. » Pour certaines graines, la germination doit s'effectuer hâtivement; citons celles du Poivrier, du Muscailier, des Hevea, du Cacaoyer et nombre d'espèces similaires parmi les Palmiers, les Conifères, les Amentacées, etc. » Pour d'aulres, le pouvoir germinalif'dure de longues années, lorsqu'on a soin de les soustraire à certaines influences extérieures fâcheuses. Dans une Note encore récente (-), j'émettais l'opinion que ces influences pré- judiciables sont : 1" les températures extrêmes; 2" le manque de siccité de l'air; 3° l'action de l'oxygène; et 4" la lumière, » On trouve enfin des graines vis-à-vis desquelles la nature semble n'avoir pris aucune précaution, et qui pourtant possèdent la faculté de germer après de longues périodes de sommeil. Nous ne parlerons pas des céréales des sépultures anciennes; les observations de De Candolle (^) et de Gain (') ont clos définitivement le débat à leur sujet. Les observations citées par Michalet (°) sont plus instructives : leur auteur a vu surgir un (') Comptes rendus, t. CXXIX, p. 778; inn. agron., t. XXVI, p. 821; Comptes rendus, l. CXXXIV, p. la^S, et l. CXXXV, p. 208. (2) Congrès de l' Association pour V as'ancenient des Sciences, année 1900. (') Ann. des Se. nat. {Bolanicjue), 'i" série, t. II, p. 878. — Origine des plantes cultivées, p. 290. (*) Comptes rendus, t. CXXXIII, p. 12/18. (') Bull, de la Soc. bot. de France, 1860, p. 334. Voir aussi les oljservalions de l'abbé Audierne dans la Notice de Cli. Des Moulins {Actes de la Soc. Linn. de Bor- deaux, t. VII, p. 65) et celles anléiieures de Dureau de la Malle : Sur l'alternance de la reproduction des espèces végéta/es (Ann. des Se. nat., l" série, l, V, p. 353). G. K., 1902, 2- Semestre. (T. CX.WV, ^■' 6.) 4-^ 33/| ACADÉMIE DES SCIENCES. Galium ;ibsoliiment inconnu de la région qu'il liabitnit, à la snile (rti'i dépôt de sable issu d'une sablonnière avoisinante, el il était convaincu que les semences qui l'ont produit étaient dans le sol depuis de nombreux siècles. Il mentionne encore d'autres espèces, mais celles qui nous inté- ressent le plus sont les sortes aquatiques : Cliara, Potamogeton, Nains, Villarsia, iSuphar, etc., qu'a constatées Michalei.Toulcfois', pour les espèces sylvicoles, nous citerons un nouvel exemple. Plusieurs observateurs ont vu surgir, après une coupe de bois, la Digitale, les Campanules, qui recherchent la lumière, et bien d'autres espèces encore, auxquelles nous ajouterons la suivante : , » i" Dans le parc du château de Corabreux, en Seine-et-Marne, appartenant à M. L. He.nnecart, chaque fois que, dans une portion déterminée de ce parc on fait, la coupe du bois, apparaît en quantité une Légumineuse annuelle, \e Lathyrits Nissolia. La plante se ressème durant quelques années, mais, dès que les arbres repoussent et font ombrage, le Lat/iyriis disparaît. 3o ans après, nouvelle coupe, et la Légumineuse réapparaît. Le chef de la famille Flennecart, avant vécu 92 ans, a pu, à plusieurs reprises, constater le fait. » Les graines des végétaux croissant habituellement près des cours d'eau méritent une attention spéciale. » a" Nous avons assisté, dans notre enfance, à la prise de terre faite par le D'' Boisduval lorsqu'on creusait profondément le sol occupé jusqu'alors par les vieilles maisons de la Cité, à Paris, en vue d'y établir les édifices qu'on y voit aujourd'hui. Revenu chez lui, rue de l'Estrapade, Boisduval répandit cette terre sur deux vases pleins de terre de son jardin et, i mois après, il avait deux superbes potées de Juncus bufonius qui croît en lieux humides, «conditions analogues à celles qu'offrait le sol sur lequel fut » l)âtîe Lutèce », dit Duchart^e dans ses Eléments de Botanique (S'édil., p. 838). ■ » 3° Le Coleantlms subtilis, petite Graminée observée il y a !\o ans aux bords des étangs en Bretagne, inspira au professeur Sirodot un excellent article ('). 11 constata qu'elle n'apparaissait que les années où les étangs découvraient exceptionnellement leurs rives. A l'étang de Paimpont, on n'a vu cette plante que lorsque les eaux avaient baissé comme elles ne l'avaient pas fait depuis 3o et 40 ans. « N'est-ce pas un fait » intéressant, dit-il, qui prouve que les graines de Coleanthus peuvent se conserver » sous l'eau pendant une longue série d'années. » Enfin, l'auteur cite d'autres espèces (telle est YEleocliaris avala) ne se montrant qu'après un retrait notable des eaux. » /J" Le Carex crperoir/es est bien connu des botanistes par son habitat spécial sur l'emplacement des étangs asséchés. Ce Careœ foisonnait à l'étang d'Armanvillers (Seine-et-Marne) quand son possesseur préférait mettre celui-ci en culture. La pro- priété passant en d'autres mains, l'étang était à nouveau rempli ; alors le Carex (') Ann. des Se. nal. ( liotaniijue)., 5<' série, t. X, p. 6J, SÉANCi; DU ri AOLT 1902. 33î disparaissait. Des périodes de 20 et 3o ans se sont écoulées dans l'une ou l'aulre de ces conditions, et, chaque l'ois (]ue l'on assé(rlie l'/lang, le Carex reparaît. » .5" Aux. environs d'Abbevilie, sur des terres ayant pendant près de 2 siècles appartenu à la famille de Brulelette, le botanist'; de ce nom a fait la remarque suivante: Des prés trop Immides sont fréquemment drainés au moyeu de fossés, qui seront comblés ultérieurement après assèchement du sul. La terre mise en ados le long des fossés se couvre, peu de jours après la fouille, d'une multitude de germinations d'-\ulnes. Cependant, jamais, autant que le souvenir a pu remonter, les gens du pays n'ont vu en cet endroit, ni dans le voisinage, les Vnlnes qui ont produit ces graines. » Si l'on rapproche ces observations de celles des savants précités, on est frappé de voir que les plantes végétant d'habitude dans des conditions nécessaires d'humidité ont le privilège de conserver leurs graines plus longtemps que les autres, mais elles ne doivent pas, semble-t-il, quitter ce milieu humide. Nous avons la conviction que les graines de maintes autres espèces d'habitat semblable sont dans le même cas. Que ces graines aient un albumen farineux entouré d'une couche protéiqiie (' ) comme le /«ncu^, le Coleanthus ou le Carex, ou saus albumen comme le Lathyrus et VAlnus, la durée de la conservation est identique. )i II ressort de ce qui précède que, si l'état d'étouffement et la siccité du milieu ambiant sont nécessaires potir assurer la conservation de quantité de graines, ces conditions paraissent indifférentes à d'autres sortes, parmi lesquelles beaucoup de m;»récageuses qui possèdent ou ont acquis par accoutumance le pouvoir de résister aux actions destructives de l'air et de l'eau. A quoi tient cette immunité? Sur ce point, la discussion reste ouverte et de nouvelles recherches sont nécessaires pour résoudre d'une manièie définitive la question que nous avons cru devoir soulever dans la présente Note. » PHVSl(,)UE DU GLOBE. — La vérification de la loi des hauteurs haroin ■'.tiques. Note de M.W. i»e Foxviei.i.k. (l'Atrait par l'auteur.) « Le 1 5 janvier 1872, une Commission de l'Acadénie (-) approuva les projets d'observations de Pii\ si^S SCIENCES ^^ ^.^ Tomes 1" à 31. - (3 Août t835 à U Décembre .«.o.) Volume m-. , .85.. Pr.x.. Tomes 32 à 61. - d" Janvier i85 Tomes 62 à 91. Tomes 92 à 121. -(i"Janvieri a il Décembre i865.) Volume in-4°; 1870- P^ix. .... „„- pf,j ; „ 1 •„„ .«fifi >, ^i néeembre 1880.) Volume in-4°; 18 Tomes 62 à 91. - ( i" Janvier .866 à 3^' Df-f «mbre^ ^^J^ ^^,,„^^ ^^.^o. ,go„. p^x 3r Décembre 1895.) Volume in-4° 15 fr. 15 fr. 15 fr. c 27 planches; 1861 A la même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences. W 6. TABLE DES ARTICLES. (Séance du M août 1902.) MÉMOIRES ET COMMUIVIGATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. Pg Ofg5 M. J. BousswESQ. - Ré/Iexion et réfraction " par un corps animé d'une translation ra- pide : construction des rayons, indépen- dante de la translation, et rotation, parais- sant au contraire en dépendre, du plan de polarisation du rayon réfracté M E. Vallier. - Sur la loi des pressions dans les bouches à feu Pages. 009 CORRESPONDANCE. M. Ebnst Lindelof. - Sur les fonctions entières de genre fini AI. Th. ToMM.isiNA. _ Sur le mode de for^ mation des rayons calhodiques et des rayons de Rontgen 3 M. DE MoiDREY. _ Phénomènes' obserVés'à Zi-lva-Wei (Chine) lors de l'éruption de la Martinique ,, MM. H. Stassano et F.' BilloV. - 'xouvèl'lès contributions à la physiologie des leuco- cytes 3i6 MM. Jean Camus et P. Pagniez. — Hémo- globinurie d'origine musculaire.... 3,5 M C. Delezenne. - Sur l'existence d'une kinase dans le venin des serpents.... 3,8 MM. DoNMEK et Lesage. - Toxine téta- nique ; observations de la résistance élec- trique et de l'indice de réfraction.. . 3,^, M. Ed. Grvnfeltt. - Distribution des corps suprarénaux des Plagiostomes. , M Jules Poisson. - Observations sur la durée germinative des graines.... M ^y. DE Fox vielle. _ La vérification dé la loi des hauteurs barométriques 3'So 333 PARIS. - IMPRIMERIE G A U T H I E rTVTllÀ^ Quai des Grands-Augustins, 35. i« Gérant: Gauthier- ViLLARS. SEP b4 1902 xt/v-- ~x,(i«y^ SECOND SEMESTRE. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. TOME CXXXV. N° 7 (18 Août 1902 . - PARIS, GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'AG.DÈVIIE DES SCIENCES, Quai des Grands-Augustins, 55. 1902 RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875 Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie se composent des extraits des travaux de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes présentés par des savants étrangers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. 26 numéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. Article I*"^. — Impression des travaux de l' Académie. Les extraits des Mémoires présentés par un Membre ou par un associé étranger de l'Académie comprennent au plus 6 pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o pages par année. Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans le Compte rendu àe. la semaine que si elle a été remise le jour même de la séance. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par les Correspondants de l'Académie comprennent au plus 4 pages par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de Sa pages par année. Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis- cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca- démie ; cependant, si les Membres qui y ont pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les re- mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion. Les Programmes des prix proposés par l'Académie sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap- ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'il que l'Académie l'aura décidé. Les Notices ou Discours prononcés en séanc blique ne font pas partie des Comptes rendus. Article 2. — Impression des travaux des Sava. étrangers à l'Académie. Les Mémoires lus ou présentés par des persi qui ne sont pas Membres ou Correspondants de ' demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'i sumé qui ne dépasse pas 3 pages. Les Membres qui -présentent ces Mémoires tenus de les réduire au nombre de pages requ Membre qui fait la présentation est toujours no mais les Secrétaires ont le droit de réduire cetE autant qu'ils le jugent convenable, comme ils 1 pour les articles ordinaires de la correspondanci cielle de l'Académie. Article 3. Le bon à tirer de chaque Membre doit être rei l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus ta jeudi à 10 heures du matin; faute d'être remis à t( le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compte actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendi vaut et mis à la lin du cahier. Article 4. — Planches et tirage à part. Les Comptes rendus ne contiennent ni planch figures. Dans le cas exceptionnel où des figures sei autorisées, l'espace occupé par ces figures com pour l'étendue réglementaire. Le tirage à part des articles est aux frais dt teurs; il n'y a d'exception que pour les Rappo les Instructions demandés par le GouvernemenI Article 5. Tous les six mois, la Commission administra ti\ un Rapport sur la situation des Comptes rendus : l'impression de chaque volume. Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du sent Règlement. Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5". Autrement la présentation sera remise à la séance sui SEP 24 1902 ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 18 AOUT 1902. PRÉSIDENCE DE M. BOUQUF.T DE LA GRYE. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS ORS MEMBRES lîT DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. MÉCANIQUE APPLIQUÉE. - Résistance à la traction du béton armé. Note de M. Considère. « J'ai rendu compte à l'Académie, les 12 décembre 1898 et 2 janvier 1899, des résultats d'expériences faites sur de petits prismes de mortier armé, pour déterminer les lois de la résistance à la traction, et, le 18 sep- tembre 1899, d'expériences montrant les effets du retrait que le ciment prend dans l'air et de la dilatation qu'il subit dans l'eau. » La Commission nommée par M. le Ministre des Travaux publics pour étudier l'application du béton armé aux travaux publics a fait faire des expériences destinées à vérifier l'exactitude des conclusions que j'avais formulées. Elles ont été faites avec une compétence remarquable, sous la direction de M. Mesnager, par ses habiles collaborateurs MM. Klein et Mercier. Ou va rendre compte des résultats de celles de ces expériences qui ont mis directement en lumière les lois de la déformation du béton tendu. » Elles ont porté sur des prismes de a" de longueur dont la section carrée avait o'",io de côté. Ils étaient armés, près des angles, de quatre fils de fer dont la section totale était de n3°'"''. Le béton employé renfer- mait 3oo''s de ciment de Portland pour o^'.Soo de gravier passant au crible de 25'"'" et o'"',4oo de sable passant au tamis de S""". » Conformément à la Communication du 18 septembre, on a constaté que le retrait du béton avait imposé aux armatures un raccourcissement important. Il était de o"""", 21 par mètre et dénotait une compression de 41^^ Go par millimètre carré. En tenant conii)te du rapport des sections du C. R., .902, 2" Semestre. (T. CXXXV, N- 7.) 44 338 ACADÉMIE DES SCIENCES. métal et du béton, on constate que le béton avait une tension antagoniste de f)"'^, 20 par centimètre carré, avant que le prisme fût soumis à un effort extérieur. » Expériences de traction. — On voulait déterminer séparément les efforts que produisaient le métal, d'une part, le béton, de l'autre. On y est arrivé par le procédé suivant : » Les variations de l'effort des armatures, pression ou tension, étaient calculées immédiatement en multipliant les variations mesurées de lon- gueur du métal par son coefficient d'élasticité préalablement déterminé et par la section des armatures. » Pour déduire, des variations ainsi calculées de l'effort produit par les armatures, les valeurs absolues de cet effort aux divers moments de l'expé- rience, il suffisait de déterminer l'effort que les armatures produisaient à la fin du déchargement. On y est arrivé en dégageant avec précaution les armatures du béton et en mesurant le changement produit dans leur lon- gueur par cette opération qui leur permettait de revenir à l'état d'équilibre et à leur longueur naturelle. » Les résultats des expériences de traction faites sur les prismes en question ont été graphiques par la machine d'essai elle-même, par suite de dispositions qui rendaient les déplacements d'un style enregistreur propor- tionnels aux allongements des prismes dans le sens des abscisses (o",io par millimétré d'allongement) et aux efforts de traction dans le sens des ordon- nées (o™,ooi par ioo''s d'effort). M Le graphique a été réduit dans la proportion de \. M Sur chacun des graphiques ainsi dessinés par la machine, on a tracé une ligne FF' dont les ordonnées sont égales aux efforts produits par les armatures : tensions au-dessus de OO', pressions au-dessous. On a vu plus haut comment ces efforts ont été calculés. » Les tensions du béton étant évidemment les différences des efforts totaux de traction exercés sur les prismes et des tensions des armatures, sont représentées par les fractions d'ordonnées comprises entre la ligne FF' et le graphique tracé par la machine. » Cette remarque permet de lire immédiatement le sens des graphiques. » La figure 1 est le calque de celui qui a été tracé par la machine dans une expérience où la tension totale du prisme a été poussée à 38oo''s et a produit l'allongement considérable de i"'",35 par mètre. M La tension préalable du béton produite par le retrait est représentée par OA et est égale à 52o'^«'. SÉANCE DU l8 AOUT 1902. SSg » Dans la déformation, on remarque deux phases bien distinctes. " Dans la première, qui est représentée par OH, le coefficient d'élasti- cité a la valeur qu'il possède dans le béton non armé et la tension du béton devient rapidement égale à Bè, résistance à la rupture du béton nou armé. F.g. .. 38oo'^ » Dans la seconde phase, qui commence à B et s'étend jusqu'à la fin de l'expérience, la tension reste sensiblement constante, sauf une majoration momentanée qui se produit au début. Le coefficient d'élasticité est donc à peu près nul dans cette période. » Le second graphique est relatif à une expérience dans laquelle le char- gement a été arrêté au point H lorsque la traction était égale à 1790''^ et Fis. 2. l'allongement à o""", 29. La charge a été alors réduite deux fois à 2oo''8 et le style est revenu au point 2. On a répété vingt-cinq fois le môme charge- ment suivi de déchargement et, dans chaque opération, le style a décrit des lignes ayant des courbures opposées, mais sensiblement droites, dont on ne l'a laissé marquer que les deux dernières, afin de ne pas obtenir une figure confuse. Des chiffres indiquent les points marqués par le style au commencement et à la fin de quelques-unes des opérations. » Pour éviter des longueurs, ou n'indiquera, dans le résumé fait plus loin, que les caractères des courbes de déformation ainsi obtenues dans les chargements et déchargements répétés. » Après avoir soumis un autre prisme à une tension de 2o6o''b qui lui a fait prendre un allongement de o'"'",6i , on a enlevé ses armatures métal- 34o ACADÉMIE DES SCIENCES. liques en faisant sauter au burin le béton qui les entourait. On a ainsi obtenu un prisme désarmé dont la section avait la forme d'une croix irré- gulière. On a constaté qu'il ne présentait pas de fissures et que, essayé par flexion, il donnait une résistance de g""» par millimètre carré. Sa résistance véritable devait être notablement supérieure à ce chiffre, parce que la rup ture avait dû être hâtée par les lésions qu'avait faites le burin pendant le descellement des armatures. )i Des expériences de flexion ont été faites sur des poutres armées de 4™ de longueur ayant 40'" X 20*^™ de section. 1) Sans entrer dans le détail de toutes les expériences, on résumera ainsi leurs résultats et ceux des expériences antérieures. .) Lois DE DÉFORMATION DU BÉTON TENDU DANS I,A TRACTION ET LA FLEXION. — 1° Premier chargement . — Le béton armé soumis à un allongement se comporte comme s'il n'était pas armé tant que l'allongement et la tension ne dépassent pas les limites que le béton non armé peut supporter sans rupture dans la traction simple. » Quand ces limites sont dépassées, le béton armé se différencie abso- lument de celui qui ne l'est pas. Il supporte, sans rupture, des allonge- ments qui, dans du mortier conservé sous l'eau, ont atteint 2™™ par mètre et qui ont été de o™™,5o à i™'°,2o dans du béton ou du mortier conservé à l'air. ■» Quand le béton armé prend des allongements supérieurs à l'allonge- ment élastique du béton non armé, sa tension reste sensiblement constante et égale à la résistance du béton non armé. Par suite, son coefficient d'élas- ticité est nul. » 1° Déchargements et rechargements. — La loi de déformation est toute différente dans les déchargements et les rechargements qui se succèdent avec la même charge maximum. La nouvelle courbe de déformation peut pratiquement être confondue avec une ligne droite dont l'inclinaison sur l'horizontale diminue quand l'allongement augmente. Cette inclinaison est le coefficient d'élasticité nouveau qui, par suite, est diminué d'autant plus que l'allongement a été plus grand. » Quand on répète indéfiniment l'application à une pièce armée et la suppression d'une traction déterminée, l'allongement augmente avec une vitesse décroissante qui tend vers zéro, et la part que le béton prend dans la résistance totale diminue pendant que celle du métal augmente. Finale- ment, la tension fournie par le béton tombe aux 0,70 environ de sa valeur primitive. » Si, après que la tension du béton a été ainsi réduite par l'effet des SÉANCE DU l8 AOUT 1902. 34 1 répétitions, on augmente la charge de 3opour 100 an moins, la tension que produit le béton reprend sa valeur primitive. » Le coefficient d'élasticité que possède, pour résister à la compression, , le bélon qui a subi de grantls allongements, est diminue, mais dans une proportion considérablement moindre que le coefficient d'élasticité de ten- sion. La diminution a été de moitié pour i\n prisme soumis à des allonge- ments quatre à six fois plus grands que ceux qui se produisent dans les constructions. » Les phénomènes qu'on observe dans la déformation du béton armé sont donc la conséquence de propriétés moléculaires, et notamment de l'altération de l'élasticité. La cause de ces i)liénomènes réguliers ne peut, comme on pourrait le croire en lisant la Communication faite à l'Aca- démie, le 21 avril, par M. Rabut, résider dans la production des fissures, fait essentiellement irrégulier et qui, parfois, manque entièrement. » Il va de soi que, au point de vue des calculs de résistance, il faut tenir compte des fissures. Je me propose d'indiquer comment, dans une Communication ultérieure. » TRAVAUX SCIENTIFIQUES. — Sur les tramu.v de celte année, à i Observatoire du sommet du mont Blanc. Note de M. J. Janssen. « Les travaux scientifiques, à l'Observatoire du sommet érigé par notre Société ('), ont déjà commencé. » L'Observatoire vient d'être remis en état et M. Vallet, juge de paix à Chamonix, chargé de l'entretien, m'a informé que cette opération a été heureusement terminée et qu'elle n'a donné lieu à aucun accident de per- sonnes. » Le terrible accident qui vient de se produire, et qui nous a tous émus à si juste titre, est dû à l'infraction de cette règle constante, dont les voyageurs ne devraient jamais s'écarter, à savoir : de choisir de bons guides et d'écouter scrupuleusement leurs avis. Les deux voyageurs qui viennent de périr si malheureusement se sont, parall-il, laissés emporter par leur (') On sali que celte Société a été formée, en 1891, sous l'impulsion flu si regretté M. Léon Say, par MM. J. Janssen, Président; Bischofislieim, Secrétaire; de Rotli- scliild, Trésorier; Prince Roland Bonaparte, Greflfuhle, Delesseil, qui ont supporté les frais de l'installation. 342 ACADÉMIE DES SCIENCES. courage et ont entraîné leurs guides à continuer l'ascension dans des conditions jugées dangereuses par ceux-ci, et l'événement n'a que trop montré la sagesse de ces avis. » Je n'ai jamais cessé de H2(AzO-^)^.4.,CI,CH^[C'=H*Az(CH')2]S comme le montre l'analyse. » Pour généraliser ces résultats, j'ai remplacé les dérivés chlorés poljnitrés par les composés hjdroxylés correspondants : dinitropliénol-i .2.4 et acide picrique, et par un dérivé amidé, la picramide (trinilraniline). » 4° Dinilrophénate de télraméthyldiamidodiphénylinélhane C«H'(AzO^)^,,,,OH,,CH2[G«^H*Az{Cn')^]^ Sous forme de gros cristaux noir brunâtre, fondant à 72°, dont l'analyse donne un poids de dérivé méthanique correspondant à 56 pour 100 du poids total (théorie : .'iS pour 100). » 5° Picrate de télraméthyldiamidodiphénylinéthane. — Corps cristallisé en très belles paillettes jaune-paille, fondant à i85", qu'on peut obtenir soit en solution alcoo- lique, soit de préférence en solution benzénique, et qui est facilement décomposé par les alcalis ou les acides en solution aqueuse. Le dosage d'azote dans ce composé donne i4,7 pour 100 au lieu de i4.49 P'^"'" '""^ correspondant à la formule C«H'(AzO-^)30H, CIP[CMI'Az{CH^)-]^ » 6" Picrate de trtraéthyldiamidodipliéiiyiiinthane. — Tout à fait analogue au précédent; petites paillettes jaunes, fondant à 190", et facilement dédoublables. » 7° Avec U picramide C«H=(AzO-)-^ 4 5OH, j'ai obtenu un seul composé d'addi- tion avec le dérivé méthanique tétraméthylé; il ne se forme que très difficilement, par une longue ébullition, en solution alcoolique du mélange des composants. Pail- lettes noir foncé très brillantes, fondant à 106", correspondant à la formule C''HMAzO^)t. eAzH^ CH^[CMl'- Az{CH')^]^ » J'ai essayé d'enlever après coup, à ces divers composés, 1"°' .soit de HCl, soit de H-0, soit de AzU', en les chauffant avec une ainine ter- tiaire, on avec SO'H" entre 100° et 180", \\.i% petit diamètre, ygol^; celui des Doleropliyllum, Z'ioV-. Tous renferment un prothalle mâle (fig. 2, 4, 5), dont on voit nettement les cellules à l'intérieur du grain, soit en coupe {fig. 4), soit par transparence (fig. 2, 5). Le prothalle remplit l'intérieur du grain; les cloisons qui forment les compartiments sont simples; elles seraient doubles si elles étaient produites par une membrane, intiric. formant des replis à l'intérieur du grain. » Les pollens représentés par les figures 4 et 5 ont été pris dans la chambre polii- nique delà figure i; ils sont dépourvus d'exine, ils se composent seulement de l'inline et du prothalle mâle, qui s'est développé à l'intérieur ; leur plus petit diamètre est de 2271'- à 23ol^ ; le diamètre intérieur du canal micropylaire (/ig. i), par où s'est efTectué leur passage, n'est que de 170!^; il faut admettre, ou bien que les grains ont pris un certain accroissement dans la chambre poliinique, ou que le prothalle, dépourvu d'exine, a été suffisamment plastique pour pouvoir glisser dans ce canal dont le dia- mètre était certainement plus petit que le sien. » Cette dernière liypothèse semble confirmée par l'observation suivante : » Les prolhalles des figures 4 et 5 sont dépourvus d'exine; les cloisons présentent des amincissements qui, devenant des perforations, ont permis aux anthérozoïdes de se ré- pandre dans la chambre poliinique ; les grains sont dépourvus de tubes. On peut se de- manderce qu'estdevenue l'exine. L'examen des feuilles poUinifères des Dolerophylhun peut jeter quelque lumière sur cette question. La figure 6 représente une loge à pollen cylindrique, dirigée perpendiculairement au limbe d'une feuille de ces plantes aqua- tiques renfermant des grains. L'exine est épaisse et coriace {fig. 7), mais un oper- cule o, d ( fig. 6), en se détachant, laissait une ouverture suffisante pour permettre au prothalle mâle de s'échapper; on en rencontre quelques-uns disséminés au milieu des grains. Dans cet état, ils pouvaient facilement pénétrer dans la chambre poliinique. (') Dans la séance du iSjuin 1901 de la Société d'Histoire naturelle d'Autun, nous avoBS projeté les clichés reproduits par les figures de celte Note en fournissant toutes les explications nécessaires. (^) Bassin hnuilk-r d' Aiiliin et d'Épinac, 1896, fig. 53, p. 27.3. Fig. Fig. 2. Chambre pollinique d'Aet/ieotesta. — Gr. : 4^. Fig. 3. Pollen de Stephanospermum. Gr. : '-^. Fig. 4. TP, Grain de pullen avec son tube dans la chambre pollinique d'une graine de Sle- phanosperinum. — Gr. : ij^. Pollen A'Aelheotesta en coupe transversale. Gr. : '-^. Fiï. Prothalles vus par l'extérieur. — Gr. ; J-J-". SÉANCE DU l8 AOUT 1902. 353 Le pollen des Aetheotesta a dû se débarrasser de son exine d'une façon analogue, mais elle nous est encore inconnue. Fig. 6, Fig. 7- Pollen tU- Dolirnjjhylliim Gr. : -11. Gr. : » Conclusions : i" Beaucoup de grains Je pollen de l'époque houillère contenaient un prolhalle mâle parfaitement net, dont les compartiments renfermaient les cellules mères des anlhérozoïdes : 2" ce prolhalle pouvait émettre un tube pollinique, comme chez les Stephanospermurn, ou laisser échapper les anthérozoïdes directement dans la chambre pollinique, comme chez les Aetheotesta; 3" dans le cas où le grain était trop volumineux pour passera l'intérieur du canal micropylaire de la chambre pollinique, il se dépouillait de son exine; le prothalle formé de cellules élastiques pénétrait seul, et les perforations existant dans les parois des cellules {Jig. 5) per- mettaient aux anthérozoïdes de se répandre dans la chambre pollinique, où débouchait le col des archégones de l'ovule qui devaient être fécondées. » G. R., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N' 7.) 46 354 ACADÉMIE DES SCIENCES. HYGIÈNE PUBLIQUE. — De l' influence de l'écrèmage sur la répartition des principaux éléments constitutifs du lait. Note de MM. F. Bordas et SiG. DE Raczkowski, présentée par M. Brouardel. « Afin (le nous rendre compte de la façon dont se répartissent les divers éléments du lait, et en particulier les phosphates et la lécithine, dans l'opération de l'écrèmage, nous avons soumis divers laits à l'action de l'écrémeuse centrifuge alpha colibri. Le lait écrémé et la crème obtenus ont été analysés, ainsi que l'échantillon sur lequel avait porté chaque opération. » Les résultais fournis par l'une d'elles ont été les suivants : En grammes pour loo. Lait type. Lait écrémé. Crème. Extrait ,5,4, ,0,23 54,20 Cendre o,68 0,72 0,28 Matière grasse 5,86 0,09 5o,88 Lactose 4,96 5,28 2,38 Caséine 2,88 3,24 1,1 5 Acide phosphorique total 0,176 0,i84 0,096 Acide phosphorique organique o,oo44 o,ooi3 0,0262 t en acide phosphogivcérique.. . 0,0124 0,0037 0,0691 ) en lécithine (F = 7,27) o,o58 0,018 o,334 » Les divers éléments : extrait, cendre, matière grasse, lactose et caséine, ont été dosés parles méthodes habituelles. L'acide phosphorique total a été précipité par le molybdate d'ammoniaque, après incinération en présence de carbonate et d'azotate de potasse, puis pesé à l'état de pjrophosphate de magnésie. Enfin le dosage de l'acide phosphorique organique, duquel on déduit la proportion de lécithine, a été effectiié par la méthode que nous avons décrite dans une Note précédente ('). » Le volume du lait soumis à l'écrèmage était de 3', 200 et ceux de lait écrémé et de crème obtenus furent resjsectivemçnt de 2', 800 et o', 370. » L'examen des chiffres analytiques montre que, en écrémant à 98 pour 100, nous avons enlevé, au lait sur lequel a porté notre expérience, % pour 100 de la lécithine qu'il contenait. (M Comptes rendus, t. CXXXIV, n" 26, 1902, p. 1592. SÉANCE DU l8 AOUT 1902. 355 » Si l'on veut bien considérer que les laits consommés sont souvent écrémés à 3o et même l\o pour 100, on voit que, en même temps que la matière grasse, on enlève, par celle pratique, de 20 à 3o pour 100 de lécilhiiie. » Cette dernière constatation suffit à expliquer les chiffres si élevés de décès par troubles gastro-intestinaux, que l'on constate dans les villes dont les municipalités ont toléré la mise en vente de laits écrémés. » Elle permet, en outre, d'expliquer le mécanisme des accidents si- gnalés par différents médecins cbcz les enl^nts en bas âge nourris exclusi- vement avec du laiL s/eri/isé. » GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. — Sur la géographie physique de ta Yaïla occi- dentale (^Crimée). Note de M. E. Daxiloff, transmise par M. de Lapparent. « Les montagnes Tauriques présentent un caractère qui les distingue des chaînes proprement dites. Dans la |jartie la plus occidentale qui borde la mer, entre le couvent de Saint-Georges et le ca^i Phoros, on reconnaît l'existence de deux anticlinaux princi|)aux à large courbure, qui font ap- paraître les schistes du Jurassique moyen, à Balaclava et à Laspi, sous les épais calcaires du Jurassique supérieur. Cette disposition se simplifie vers l'est : sur une ligne tirée de Yalta à Kokkoz, la Yaïla est formée par un synclinal très évasé. Plus loin, la partie supérieure des montagnes, au nord de Gourzouf et d'Alouchta, n'est formée que par un régime monoclinal des couches du Jurassique supérieur, plongeant vers le nord. » La cause principale tle la naissance tlo la Yaïla occidentale ne doit donc pas être attribuée à des |)lissements, ainsi cju'ont voulu le voir cer- tains auteurs ('); mais à la montée lente des couches vers le sud et sur- tout au fait caractéristique du passage latéral, du nord au sud, des marno- ciilcaires du Jurassitpie supérieur aux calcaires coralligènes résistants; ces derniers seuls doiuieut lieu aux crêtes les plus élevées, sortes de plateaux relatifs, à surface ondulée, taillée obliquement au plongement des couches. » Le passage latéral est |)articulièremenL visible au nord de la Babougan- (') LiSTOFK, Les données relatives à la tectonique des montagnes Tauriques. Commun, prélunln. {Matériaux pour la Géologie de la Russie, t. XllI, p. S-G-SSj. Saint-Pétersbourg; 1889.) ■ 356 ACADÉMIE DES SCIENCES. Yaïla, au nord dii monastère de Cosmo-Dainian, etc.; il coïncide toujours avec l'ajjparition des m;issifs élevés. » On remarque aussi que la Yaïla est formée par des tronçons calcaires, séparés par des cols, taillés dans les marno-calcaires. Cette disposition s'explique par le passage latéral cité ci-dessus, mais qui s'exécute aussi dans le sens longitudinal de la région montagneuse, soit de l'ouest à l'est. Ainsi le Tchatir-J)ag, sorte de plateau calcaire isolé, cesse à l'est et à l'ouest, parce que les couches calcaires qui le forment se fondent dans les couches caicaréo-vaseuses. Une seule exception nous est apparue, celle du col ou selle de Gourzouf, qui est déterminé par un vrai synclinal transversal. » Si les régions calcaires présentent l'aspect typique des pays karstiques avec leurs nombreuses dolines et leurs petits bassins fermés, la partie schisteuse est au contraire admirablement ravinée. La disposition mono- clinale, de concert avec l'effondrement de la partie sud, a déterminé la dissymétrie très nette de la chaîne, qui s'abaisse lentement du sud vers le nord, tandis qu'elle présente des parois souvent abruptes du côté de la mer Noire. Il n'est donc pas surprenant de constater une activité d'érosion plus grande sur le versant sud que sur le septentrional. Celte activité se manifeste par des éboulements anciens et modernes de la paroi calcaire du Jurassique supérieur, qui domine les schistes et les grés du Jurassique moyen; d'autre part, comme au-dessus du Darsan, sur Yalta, et au Megabi, on constate de vrais écroulements sur place. De gigantesques éboulements se préparent en plusieurs localités; l'un d'eux ne lardera |)as à couvrir de ses débris les territoires cultivés de Piioros. » Une bonne partie tles caps entre Phoros et Yalta sont formés par ces écroulements; les dispositions arquées de la cùte ne sont pas dues, ainsi qu'on pourrait le supposer, à des fosses d'effondrement circulaires, sem- blables à celles qui découpent les côtes de l'ouest de l'Italie, mais à l'avan- cement des éboulements dans la mer. " Il y a donc un recul de la ligne de partage des eaux vers le nord et, d'autre part, une lutte évidente entre les différents cirques torrentiels. Des captiues fraîches ne sont pas visibles, mais il en est qui se préparent et cpii méritent l'attention. Ainsi l'Aima supérieure est sur le point d'être capturée par le Sofoun-Ouzen, tributaire supérieur de l'OuIou-Ouzen qui s'écoule dans la mer Noire à Alouchta. Dans le versant nord, l'un des tributaires supérieurs du Belbek sera un jour un affluent du torrent de Kokkoz. » SÉANCE DU 18 AOUT 1902. 357 M. André Poey adresse une Note relative à « l'éleclrolyse des sels mé- talliques séjournant clans les tissus ». (Commissaires : MM. Mascart, d'Arsonvai.) M. Léon Sii-hol adresse un travail portant pour titre : « Déviation âv la pesanteur sensible a\ec l'altitude seule ». La séance est levée à 3 heures trois quarts. G. D. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Ouvrages reçus dans la séance du 28 juin 1902. Sur le calcul numérique des coefficients dans le développement de la fonction perturbatrice, par M. O. Callandreau, Membre de l'Inslitut. (Extr. du Journal de r Ecole Polytechnique, 1" série, Cahier n° 7.) s. 1. n. d.; i fasc. iii-4''. (Hommage de l'Ail leur.) ^,^^ Étude scientifique sur le Linceul du Clirisl o'e M. Paul Vignon, par M. A.-L. DoNNADiEU. {L' Université catholique, nouvelle série, t. XL, 11° (j, année 1902, iSjuin, p. 209.) Berichl iiber die Untersuchung der Geheine Tyclio Brahe's, erstatlet v. D'' IIeinrich Matiegka, mit 2 Texlfiguren. Prague, Fr. Rivnac, 1901 ; i fasc. in-S". Berichl iiber die aslrologischen Studien des Beformators der beobachtenden Astronomie Tyclio Brahe. Weitere Beitrdge zur bevorstehenden Sàcularfeier der Erinnerung an sein vor 3oo Jahren erfolgtes Ableben, v. Prof. D'' F.-J. Studnicka. Prague, 1901 ; i fasc. in-S". Bericht iiber die Sàcularfeier der Erinnerung an dus vor '600 Jahren erfolgle Ableben des Beformators der beobachtenden Astronomie Tycho Brahe, welchedie kônigl. bôhmische Gesellschaft der Wissenschaftcn mit tliatkrdfliger Beihilfe des Prdsidiums tind des Bathes der konigl. Hauplsladl Prag, am i[\ October T901, veranstaltet hat. I^rague, 1902; i fasc. in-S". Le rôle morphologique des yeux doubles chez les insectes, par le prof. D' E. Radl. Prague, 1901 ; i fasc^in-S". (En serbe.) Becherches morphologiques sur les pièces labiales des ilydrocores, par le D'' N. Léon. Jass3 , 1901 ; i fasc. in-S". The Institution of mechanical Engineers. List of menibers, mardi 1902; articles and by-knvs. Londres, 1 vol. in-S". 'IIIS ACADÉMIE DES SCIENCES. The Thompson Yales Laboratories Reporl, edited l)y Rubert Botce and C.-S. Sheiirington, with illustrations and plates; vol. IV, part II, 1902. Londres, Longmans, GreenetC'"; i vol. 111-4°. Annuaire de V Académie serbe pour igoo, t. XIV. Belgrade, 1901 ; i vol. in-ia. Académie serbe. Mémoires, fasc. 63-64. Belgrade, 1901-1902; 2 vol. in-S". Bulletin de la Société impériale des I\aturalistes de Moscou, année 1902, n<" 1 et 2. Moscou; I fasc. in-8°. Jahresbericht der kônigl.-hôhmischen Gesellschaft der Wissenscliaften, fiir das Jahr 1901. Prague, 1902; i fasc. in-8°. Sitzungsberichte der kônigl.-bôlimischen Gesellschaft der Wissenschaften. Mathematisch-naturwissenschaflliche Classe, 1901. Prague, 1902; i vol. in-8°. Publicationendes astrophysikalischen Observatoriums zu Potsdam, herausgeg. vom Director H.-C. Vouel; Bd. XII. Potsdam, 1902; i vol. in-^". Publications de V Ohser<.-atoire astronomique et physique de 7 nchkent, n" 3 : Étude sur la structure de l'Univers, par W. Stratoxoff, 2= Partie ; texte et allas. Taclikent, 1901 ; i vol. in-4° et 1 fasc. in-^" oblong. Ouvrages reçus dans la séance du 3o juin 1902. La face de la Terre (Das Antlitz der Erde), par Ed. Suess, Associé étranger de l'Institut de France, traduit avec l'autorisation de l'auteur par Emmanuel de M argerie; t. III, i''^ partie, avec 3 caries en couleur et 94 figures. Paris, Armand Colin, 1902; I vol. in-S". (Présenté par M. de Lapparenl. Hommage de l'auteur et du traducteur.) Association française pour l'avancement des Sciences. Compte rendu de la Z' session, Ajaccio. 1901 : i" puitie : Documents officiels, Procès-verbaux ; Notes et Mémoires. Paiis, Masson et C'", 1901-1902; 2 vol. in-8°. Le vingt-cinquième anniversaire de la locomotive Compound, 1877-1902, par A. Mai.let. Paris, L. Courtier, 1902; i fasc. in-12. (Hommage de l'auteur.) Le dualisme dans l'infini, par Pierre Juillard. Valentigney, 1902; 1 feuille in-8°. Le rythmique du combat du Cid contre les Mores : Le Cid de Pierre Corneille, par Roger de Goeij. Paris, Fisclibacher, s. d.; 1 fasc. in-S". Bulletin des séances de la Société des Sciences de Nancy et de la Liéunion biolo- gique de Nancy; série HI, t. III, fasc. 1. Paris, Berger-Levrault et C'*", 1902; 1 fasc. 10-8°. Bulletin de'la Société industrielle de Rouen: Se année, n" 1, janvier-février 1902. Rouen, imp. J. Giriend etC"'; 1 fasc. in-4°. Reports on the results nf dredging unter the supervision of Alexander Agassiz, in the g u If of Mexico (1877-1878), in the Caribbean sea^iir^-i^-j^), and atong the Atlantic coast of the United States (1880), by the U. S. coast survey steamer Blake ; XXXIX. Les Dromiacés et Oxystomes, par Alphonse Milxe-Edwards et E.-L. Bûuyiek, avec 25 planches. {Memoirs of the Muséum of comparative Zoôlogy, al Harvard collège, vol. XXVII, n° 1.) Cambridge (Etats-Unis), 1902; 1 vol. in-4°. (Hommage de M. A. Agassiz.) SÉANCE DU l8 AOUT 1902. SSg The canals in the Moon, by William-H. Pickering. (Extr. de The Cenlury Maga- zine de juin 1902.) U. S. deparinient of Agriculture. Field opérations of the dii'ision of soils, kjoo; second Report, by Milton Whitney. Washington, 1901; i vol in-S" et 24 caries dans un carton in-8°. Reiclis-Marine-Amt. fiestimmung der Inlensitdl der Schwerkra/t aiif zwnnzig Stationen an der westafricanischen Kùsle von Rio del Rey {Kanierun-Gebiet) bis Kapstadt, ausgefiihrt im Auftrage des Reiclis-Marine-Amtes : von M. Lotscn. Berlin, 1902; I fasc. in-4°. Magnetische und nieteorologische Beobach^ungen an der /,. k. Sternwarte zu Prag im Jahre 1901, aiif ôffentliche Koslen herausgegeb. v. Prof. D'' L. Weinek; 62. Jahrgang. Prague, 1902; i fasc. in-4". Laboralorio quimico central de Guatemala. Obseri-aciones meleorologicas correspondientes al ano de 1901. Guatemala, 1902; 1 fasc. in-S". American chemical Journal, ediled by Ira Remsen. Vol. XXVI, n°* i-6; vol. XXVII, 11°' 1-3. Baltimore, 1901-1902; 6 fasc. in-S". Technology quarleriy and proceedings of the Society of Arts. vol. XV, 11° 1. Boston, 1902; I fasc. in-8°. American Journal of Mathematics, edited by Frank Morleï; vol. XXIV, number 1. Baltimore, 1902; 1 fasc. in-4''. Almanach de l' Académie des Sciences tchèque, t. XII. Prague, 1902; i vol. in-12. Bulletin de l' Académie des Sciences tchèque; vol. X, n"' 1-9. Prague, 1901-1902; 9 fasc. in-S". Mémoires de i Académie des Sciences tchèque; Classe II : Mathématiques et Phy- sique; vol. X, 1901. Prague, 1901; i vol. in-4''- Académie des Sciences de l'Empereur François-Joseph I"'. Bulletin international. Résumé des travaux présentés. Médecine. 6" année, 1901. Prague, 1901; i fasc. in-4''. Ouvrages reçus dans la séance du 7 juillet igoa: Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences de l'Institut de France et imprimés par son ordre; t. XXXII, 2'' série. Paris, Imprimerie nationale, igo2 ; I vol. in-4". L' Institut, les cinq Académies et l'Académie de Médecine : Législation et Juris- prudence, par Abel Flourens, Conseiller d'Etat. Paris, Paul Dupont, 1902; i fasc. iu-S". Recherches sur l'électricité atmosphérique, i" Mémoire : Introduction historique et bibliographique à l'étude de l'électricité atmosphérique; 2" Mémoire : Etude de la variation diurne de l'électricité atmosphérique ; par M. A.-B. Chauveau. Paris Gauthier-Villars, 1902; 2 fasc. in-4''. (Hommage de l'Auteur.) L'origine des phosphates de chaux de la Somme, par He.mu Lasxe. Paris, E. Bernard et C'«, 1900; i fasc. in-4''. (Hommage de l'Auteur.) La question des fêtes, par C.-C. Caldekon. Paris, L. Wehrel, 1902; i fasc. iM-12. 36o ACADÉMIE DES SCIENCES. Annales inédico-psyclwlogiques, journal destiné à recueillir lous les docunaenls relatifs à l'aliénation mentale, aux névroses et à la médecine légale des aliénés, 8' série, t. LX, n"!. Paris, Masson et C'", 1902; i fasc. in-8°. Tlie noiwegian North Polar Expédition, 1898-1896 : Scientific resiilts, edited by FniDTJOF Nansen; Vol. III. Christiania, Londres, Leipzig, 1902; i vol. in-4°. T/ie Imvs of nature, by S. -P. Langlev. (Extr. de Science, n. s., vol. XV, n° 389, p. 921-927, i3 juin 1902.) I fasc. in-8''. Interpretaciun dinàniica de lo dicision celular, por Angel Gallabdo. Buenos-Ayres, 1902; I fasc. 111-4". El doctor Carlos Berg, apunles biogràficos, por Angel Gallardo. Buenos-Ayres, 1902 ; I fasc. in-8°. Magnctisino iiniversal, por JosÈ Gallegos. Guatemala, 1902; i fasc. in-8''. Western Aiisiralia and its resoiirces: printed under instructions fiom Minister of Lands. Penh, s. d.; i vol. in-12. The land scleclors guide to the croivn lands 0/ ^Vestern Aiisiralia, issued by direction of tlie lion. Charles Sommers, Minister for Lands. Perlh, 1901 ; i vol. in-12. Rechenschafls-Bericht ûber die Thàtigkeil der Gesellschaft ziir Fôrderung deutscher M issenschaft, Kunsl und Litteratur in Bôlimen ini Jalire 1901, erstattet in der Vollversammlung am 7. Màrz 1902. Prague; 1 fasc. in-8°. Western Australia. Department of Lands and Siirveys. Report by ihe uiidcr Secretary for Lands, for the year 1900; n° 19. Report by Ihe Suri'cyeor gênerai, for the year 1900; n" 20. Perth. 1901; 2 fasc. in-4°. Revue météorologique. Travaux du réseau météorologique du sud-ouest de la Russie, année 1900; 2' série, vol. V, par A. Klossovsky. Odessa, f90i ; i fasc. in-4°. Annales de l'Observatoire magnétique et météorologique de V Université impé- riale à Odessa, par.\. Klossovsky, 7" année, 1900. Odessa, 1901 ; i vol. in-4°. Royal meleorological Inslitule of the Netherlands. Comparison of the instruments for absolute magnelic measurements at différent observatories, by Van Rijckevorsel. Amsterdam, 1902; i fasc. in-4''. El Instructor, publicacion mensual cientifica, literaria y de filologia. Director : D"' Jésus Diaz de Léon; ano XIX, nùm. 1, 2. Agiiascalientes, 1902; 2 fasc. in-4°. Censo y division territorial del Estado de Mexico, verificados en 1900. Mexico, 1901 ; I vol. in-4''. Anuario estadistico de la Republica mexicana. 1900; ano VIII, num. 8. Mexico, 1901 ; 1 vol. in-4''. On souscrit à Paris, chez GAUTHIER- VILLARS, Quai des Grands-Augustins, n° 55. îpuis i835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Ils forment, à la fin de l'année, deus volumes in-^". Deux i 38, l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel - art du i" Janvier. Le prix de l'abonnement est Jîxé ainsi qu'il suit : Paris : 20 fr. — Départements : 30 fr. — Union postale : 34 fr. chei Messieurs ; ï Ferran irèrea. I Cbaix. •r < Jourdan. I Ruff. ens Gourtio-Hecquet* 1 Germain etGrassin. ers _ . ( Gastineau. oiuic Jérôme. nçon Régnier. . Feret. leaii.r Laurens. ' Muller (G.). •ges Renaud. , Derrien. ) F. Robert. ' j Oblin. I Uzel frères. '( Jouan. mbrry Perrin. i Henry. -bourg ° f Marguerie. , „ . Juliot. ■mont Ferr... „ ( Bouy. Nourry. ■H Ratel. ' Rey. ; Lauverrat ai ] ^ ' Degez. , , 1 Drevet. 'loO/e „ ^ ( Gratier et G". Rochelle Foucher. ) Bourdignon. \ Dombre. ) Thorez. I Quarré. cbez Messieurs - \ Baumal. Lorient ' „ . / M"' lexier. Bernoux el Cuniin, Georg. Lyon < Effanlin. Savy. Ville. Marseille Ruai I Valat. Montpellier , coulel el fils. Moulins Maniai Place. ! Jacques. Grosjean-Maupin. Sidol frères. 1 Guisl'liau. Nantes 1 ,r 1 f Veloppe. \ Barma. IS'ice . ( Appy. Mmes Thibaud. Orléans Lod;lé. i Blancbier. Poitiers !.. ( Leviicr. Rennes Plihon el Hervé. Rochefort Girard (M""). i Langlois. Rouen , , ( Leslringant. S'-Étienne Chevalier. \ Ponleil-Burles. Toulon I „ ., / Humebe. I Gimet. Toulouse „ . . ( Privai. Boisselier. Tours j Péricat. ' Suppligeon. 1 Giard. Valenciennes , ( Lemaitre. On souscrit, à l'Étranger, chez Messieurs : i Feikema Gaarelsen Amsterdam ' el C". Athènes Beck. Barcelone Verdaguer. , .Vsher el C". „ ,. I Dames. Berlin ... , Friedlander el fils. I Mayer el Muller. Berne Schmid Francke. Bologne Zanichelli. , Laniertin. Bruxelles Mayolezel Audiarle. I Lebégue et G". , Solchek et C°. Bucharesl , , , , ' Alcalay. Budapest Kilian. Cambridge Deighlon, BelleiC". Christiania Cauunermeyer. Constantinopic. . Olto Keil. Copenhague Hosl el fils. Florence Seeber. Gand Hoste. Gènes . Beuf. , Cherbulicz. Genève Georg. ( Slapelmohr. La Haye Belinfante frères. I Benda. Lausanne . „ , ri. ' Payol et C". , Barlh. \ Brockhaus. Leipzig Kœhicr. \ Lorentz. Twielmeyer ( Desoer. '■'■''S* (Gnuse. Londres ! Luxembourg . chez Messieurs : . Dulau. Hachette el C'v 'Nuit. V. BUck. / Ruiz et C". Madrid ) Romo y Fussel i Capdcville ' F. Fé. Milan > ^'"='=» ^"'■" { Hoepli. Moscou Tastevin. .\aples S Marghierl di Giu». ' Pellerano. , Dyrsen et Pfeiiïer. \ew-rork Siechert. Lemckeet Buechi or Odessa Rousseau. Oxford Parker el C ". Palerme Reber. Porto Magalhaés el Muuii Prague Rivnac. Rio-Janeiro Garnier. Rome . I Bocca frères. ' Locscheret C ' Rotterdam Kraniers et fils. Stockholm .NorJUIia Boghanilol. I Zinserling. ) Wolff. , Bocca frères. S' Pctersbourg. ■ Turin \ Brero. I Clausen. ' RosenbergeiSellier. Varsovie Gebelhner et Wolff. Vcrone Drucker. Frick. Vienne . \ • Gerold el G'- ZUrich Meyer et Zeller. TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENEDS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. Tomes 1" à 31. — (3 Août i835 à 3i Décembre iS5o.) Volume in-4°; i853. Prix .•• 15 'r- Tomes 32 à 61. — (i''' Janvier i85i à 3i Déccmlire i865.) Volume 111-4°; •Syo- Prix 15 fr. Tomes 62 à 91. — (i" Janvier i866 à 3i Décemlire i88o.) Volume in-4°; 1889. Prix 15 fr. Tomes 92 à 121. — (i'^' Janvier 1881 à 3i Décemlire 1893.) Volume in-4"; 1900. Prix 15 Ir. DPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES : orne I : Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par MM. A. Derbés et A.-J.-J. SoLitn. - Mémoire sur le Calcul des Perturbalions prouvent les Comètes, par M. Hansen. - Mémoire sur le Pancréas et sur ie rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulicrcment^dans igestion des matières grasses, par M. Claude Bernard. Volume in-4°, uvcc Sa planches; i856 •■ pV'JJ ■ j )me II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Beneden. - Essai d'une réponse i la question de Prix proposée en 1800 par 1 .Académie aes nces pour le concours de .853, et puis remise pour celui de .S56, savoir : « Etudier les lois de la dislribuliou des corps organises fossiles dans les amcrenls ;rrains sédimentaires, suivant l'ordre de leur superposition. - Disculcr la question de leur apiariHon ou de leur disparition successne ou simultanée - echercher la nature des rapports qui existent entre l'état actuel du règne organique et ses états antérieurs », par M. le '^'^°™' ™' ^j";,! ; 27 planches; 18G1 A la même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences el les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences. f 7. TA.BLE DES ARTICLES. (Séance du 18 août 1902, MEMOIRES ET COMMUIVICATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. Pages. .M. Considère. — Résistance à la Iraclion fin béton armé 33^ IM. .1. Janssi-n. — Sur les travaux de cette Pages, année, à l'Observatoire du sommet du mont Blanc 341 CORRESPOND AIXCE. M. le Ministre de l'Instruction publiqui: invite l'Académie à lui faire connaître son avis, au sujet d'un vœu émis par la pre- mière Conférence sismologique internatio- nale, en faveur de la création d'une Union internationale sismologique 3:53 M. G. Kœnigs. - Sur l'assemblage de deux corps 3'|3 M. P. Lemoult. — Sur quelques nouveaux composés organiques d'addition S^i". M. Lhotak de Lhota. — Recherches e.\pé- rimentales sur la conservation du potentiel musculaire dans une atmosphère d'anhy- dride carbonique 3:^8 MM. Louis Bruntz et Jean Gautrelet. — Ktude comparée des liquides organiques UUI-LETIX BIBLIOGRAPHIQIE de la sacculine et du crabe M. 13. Renault. — Sur quelques pollens fossiles. Prothallcs mâles. Tubes polli- niques, etc. du terrain houillcr MM. F. Bordas et SiG. de Raczko'Wski. — De 1 influence de l'écrémage sur la répar- tition des principaux éléments constitutifs du lait M. E. Daniloff. — Sur la géographie phy- sique de la Yaïla occidentale (Crimée)... M. .\ni)Ré Poey adresse une Note relative à Il l'élcctrolyse des sels métalliques séjour- nant dans les tissus » M. LÉON Silhol adresse un travail portant pour titre : « Déviation de la pesanteur sensible avci; l'altitude seule >■ ^^9 35o 354 355 35, 357 35; PARIS. — IMPRIMERIE G A UT 11 1 E li - V I L L A R S, Quai des Grands-Augustins, 55. l£ Cèrant : Gauthikr-Villars. SECOND se:«estre. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. ToaiE cxxxv. N^ 8 (25 Août 1902). PARIS, GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L^AG.DÉUIB O.S SGIE.GBS. Quai des Grau Is-Vugustins, 55. 1902 RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875 ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autan! que l'Académie l'aura décidé. Les Notices ou Discours prononcés en séance pu blique ne font pas partie des Comptes rendus. Article 2. - Impression des travaux des Savants étrangers à l'Académie. ]<■ Les Mémoires lus ou présentés par des personnel qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Acà^i demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré^i sumé qui ne dépasse pas 3 pages. Les Membres qui présentent ces Mémoires sonli tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le Membre qui fait la présentation est toujours nommé; mais les Secrétaires ont le droit de réduire cetExtrai» autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le fonli pour les articles ordinaires de la correspondance offi- cielle de l'Académie. ^ Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie se composent des extraits des travaux de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes présentés par des savants étrangers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. 26 numéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. Article 1". — Impression des travaux de l'Académie. Les extraits des Mémoires présentés par un Membre ou par un associé étranger de l'Académie comprennent au plus 6 pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o pages par année. Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans e Compterenduàe la semaine que si elle a été remise le jour même de la séance. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par les Correspondants de l'Académie comprennent au plus 4 pages par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de 32 pages par année. Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis eussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca demie; cependant, si les Membres qui y ont pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont ds donnent lecture à l'Académie avant de les re mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne prejudicie en nen aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion. Les Programmes des prix proposés par l'Académie sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap- déposeraTse^^éS'L^L^s'?a^?î!s^medf^^^^^^^ MM. les Secrétaires perpéu.els sont priés de ies qui p.êcede la séance, avant 5^ Autrement la présentation sera remise à la séance suivante. Article 3. ;i Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis é l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, le -, jeudi à 10 heures du matin; faute d'être remis à temps,] le titre seul duMémoire estinsérédansle Compterendul actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui ^ vaut et mis à la fin du cahier. Article 4. — Planches et tirage à part. . Les Comptes rendus ne contiennent ni planches, ni ! figures. Dans le cas exceptionnel où des figures seraient autorisées, l'espace occupé par ces figures comptera pour l'étendue réglementaire. Le tirage à part des articles est aux frais des au- teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports et les Instructions demandés par le Gouvernement. Article 5. Tous les SIX mois, la Commission administrative fait un Rapport sur la situation des Comptes rendus après l'impression de chaque volume. Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré- sent Règlement. ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 2o AOUT 1902. PRÉSIDENCE DE M. BOUQUET DE LA GRYE. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le Président annonce à l'Académie que le Tome CXXXIII des Comptes rendus (2^ semestre de l'année 1901) est en dislribulion au Secré- tariat. PHYSIQUE DU GLOBE. - Variations solaires et météorologiques à courte nériode. Note de SirNoRJiAx Lockyer et William Lockyeu. « 1. Poursuivant les recherches dont il a été question dans un précédent Mémoire, relatives à l'activité solaire en rapport avec la pluie dans l'Inde, nous nous sommes décidés à examiner principalement les variations de la pression sur l'aire indienne [Variations de la température el de la pluie dans les régions qui entourent l'océan Indien (Proc. Roy. Soc., t. LXVII, p. 409)]- / 1 „ On sait que, dans l'Inde, les basses pressions domment en ete (avnl k septembre) et les hautes pressions en hiver (octobre a mars). Ces der- nières présentent des variations très remarquables et bien définies, avec un maximum qui revient en moyenne tous les 3 ans et demi, maximum suivi, dans les G mois qui viennent ensuite, par des pressions moms basses que de coutume. Donc, tous les 3 ans et demi environ, la haute pression s'élève et la basse pression est moins basse. » 2. Cette variation à courte période ressort, non seulement de la moyenne des pressions de l'Inde entière, mais aussi de la moyenne des observations de chaque station prise individuellement, telle que Calcutta, Madras, Nagpur, Bombay, etc. (voir ci-après la courbe de cette dermère station). G. K., .goi, 2' Semestre. (T. CXXXV, N« 8.) ^7 362 ACADÉMIE DES SCIENCES. » 3. L'opinion que la variation de la pression, sur l'Inde et le voisinage, n'est pas due à des causes locales, mais à une action extra-lerrestre, se fortifie lorsqu'on examine la courbe de la pression d'une station très éloignée, telle que Cordoba. » En comparant les courbes des pressions élevées d'avril en septembre enregistrées à Cordoba (fig. 2, courbes F et E) et qui représentent les moyennes de chaque année, avec les courbes qui donnent les 'pressions pour les mêmes époques obtenues à Bombay et dans l'Inde en général, nous constatons que ces courbes sont exactement inverses. » Donc, la même cause qui détermine l'élévation de la valeur moyenne des mois à basse pression dans l'aire indienne détermine l'abaissement de la valeur moyenne des mois à pression élevée à Cordoba. Nous sommes en présence d'une balance. '1 4. D'autres recherches indiquent non seulement que les différentes régions indiennes présentent des variations annuelles de pression, très similaires, mais que d'autres aires très étendues se trouvent dans le même cas. » Ainsi, il a été constaté que les pressions moyennes annuelles de Bruxelles, Brème, Oxford, Valence et Aberdeen, les seules qu'on ait exa- minées jusqu'à présent, présentent des variations annuelles remarquable- ment similaires; on se tromperait peu en disant que les variations de la pression moyenne de toutes ces stations pourraient être représentées approximativement par une seule courbe. » L'hypolhèse d'une origine extra-lerrestre de ces variations à courte périotle nous a induits à examiner attentivement les courbes des phéno- mènes en rapport avec les taches solaires et les protubérances, afin d'y découvrir, si possible, des variations analogues de l'activité solaire. » 5. Nous avons commencé par la réduction des observations des pro- tubérances du limbe solaii-e, faites en Italie depuis 1871. » Il ressort de cette recherche préliminaire que, en outre des époques moyennes des maxima et minima protubérantiels coïncidant, quant au temps, avec les maxima et minima des époques de taches solaires, il existe des maxima et minima protubérantiels subsidiaires, qui ont une période similaire i^fig. i, courbe E). » 6. Quoique ces poussées subsidiaires protubérantielles ne soient pas distinctement visibles dans la courbe qui représente l'aire tachetée de la surface solaire, il est à remarquer que des poussées correspondantes sont indiquées dans les courbes qui représentent les variations de latitude SÉANCE DU 25 AOUT 1902. 363 annuelles de l'aire [tachetée; en tout cas, un accroissement de l'activité protubérantielle correspond à l'abaissement de la latitude de l'aire ta- chetée {fig. i, courbes C et D). « 7. En comparant ces données solaires avec celles qui concernent les pressions terrestres mentionnées ci-dessus, on est conduit à penser que les éruptions de protubérances, coïncidant avec les variations de latitude Ique les taches présentent tous les 3 ans et demi environ, sont la cause véritable TcuJuir solatrew o . + 20. latitztde, mayemui fw. tachas solaires ~"^ Zalituda de. L aire- Nombre' d&T protubércunce^ Pression, d Sambay ( Ûcê.'JUcLns- } Pression, à. Bombât/ ( Auril-Sept ) Fia PrGS.noTv mojfcnxi£' annuelle à. Sambay PUiw moyenne/ aJituielle. à Jfa^nxs. S6 Pluieà.22statzoTus *8 de-CcyloTL- (Sept. - Déo. ) B5o\ \ , , ^ 33 Pliûû à,MaIahar et ftrChat^-. (Jlizt. • Octobre. ) ItÊO- 120 joo. z9 rono- pnssswT-^'- Bombay 200 (Aifi^lSi^ i 1^0 Echelle, Lnîerocrti» soo. \ Pression à ûirdoba, (AuriZ'Sept.) ^"^ i^ AA- 4^v^kA^-^ des variations de la pression, et que la variation de l'activité solaire dans la période solaire de 11 ans agit sur la pression et sur la circulation de notre atmosphère et nous affecte par conséciuent météorologiquement. >, 8. Du tait que les époques de ces variations subsidian-es de la pression correspondent exactement avec celles de la fréquence protubérantielle, ne doit-on pas conclure, non seulement que les deux phénomènes sont très connexes, mais aussi que la pression terrestre répond rapidement aux variations solaires en général, puisqu'il semble résulter déjà des recherches 364 ACADÉMIE DES SCIENCES. faites jusqu'ici que les chutes de pluie et de neige en sont les effets subséquents (voir /7^. 2, courbes A, B, C, D). )) 9. Il est à remarquer que nous avons déjà obtenu des preuves indi- quant que cette variation à courte période n'est pas seule à agir, mais que les périodes de 1 1 ans et de 35 ans influencent apparemment les variations à courte période. )) Mais ceci même n'explique pas certaines anomalies que nous avons rencontrées ; si l'origine solaire de ces variations à courte période de la pression était confirmée, il faudrait néanmoins expliquer les raisons pour lesquelles certaines de ces variations ne sont pas constantes pour toutes les localités; nous arriverions peut-être, dans cette voie, à des connais- sances nouvelles sur la circulation atmosphérique. » 10. L'époque que ces recherches embrassent commence avecl'établis- sement des observations régulières de V Indian meteorological Department en 1875 et va jusqu'à 1895, époque où la régularité du ])hénoméne de la ligne élargie fut interrompue, comme nous l'avons indiqué dans une précédente Communication. » En continuant ces recherches, nous avons pointillé le pourcentage de fréquence des protubérances, déduite des observations italiennes pour chaque intervalle de 10° de latitude solaire au nord et au sud de l'équateur. » Nous avons constaté que les époques de la perturbation protubéran- tielle maxima dans les latitudes élevées diffèrent grandement des époques près de l'équateur. Ces dernières sont associées de piès aux époques du maximum de fréquence des taches; les premières, aussi bien au nord qu'au sud, se produisent à des temps intermédiaires. » Ainsi, il existe deux séries d'éruptions protubérantielles bien mar- quées, se produisant à intervalles de 3 à 4 ans. Les deux séries sont exac- tement représentées dans les courbes de la pression dans l'Inde. » ASTRONOMIE PHYSIQUE. — La relation entre les protubérances soMres et le magnétisme terrestre. Note de Sir Norman Lockyer. « Nous nous sommes récemment occupés, à l'Observatoire de Physique solaire, à étudier la belle série d'observations faites, depuis 1871, par les astronomes italiens Tacchini, Riccô et autres. » Dernièrement, j'ai fait la comparaison de la fréquence des protubé- SEANCE DU 25 AOUT 1902. ^^-^ rances visibles dans chaque latitude solaire avec la fréquence de la plus grande intensité des orages magnétiques et la courbe générale de l'activ.te magnétique. ,, Le résultat indique : 1° que les époques des orages classes great par Ellis et (le la plus grande activité chromosphérique près des pôles du Soleil sont identiques; 2° que la courbe générale d'activité magnétique ter- restre est à peu près la même que celle des protubérances observées /^re. de l'équateiir solaire. » MÉCANIQUE APPLIQUÉE. - Étude théorique de la résistance à la compression du béton fretté. Note de M. Considère. « Les expériences dont il a été rendu compte dans ma Communication du 18 août ayant prouvé que le béton armé possède, au point de vue de la tension, des propriétés que l'étude du béton non armé ne pouvait pas faire soupçonner, il était naturel de rechercher s'il en est de même du béton soumis à la compression et s'il est possible d'en tirer parti dans les constructions. ^ 1 .- 1 i^c „ Le béton comprimé s'écrasant toujours avec gonflement latéral, les armatures longitudinales ne peuvent qu'ajouter leur résistance a la sienne sans modifier celle-ci. Dès 1892, MM. Koehnen et Wayss ont exprime l'avis que des armatures droites ou circulaires, qu'on placerait dans des plans perpendiculaires à la pression et suffisamment -[^proches le. uns des autres augmenteraient la résistance propre du béton. Depuis, M. Harel de la Noë a donné l'explication scientifique du rôle des armatures trans- versales et rectilignes. , ,. Les considérations développées plus loin m'ont conduit a penser qu on obtiendrait le maximum d'effet utile en frettant le béton au moyen de hls ou de barres d'acier enroulés en spires heUcoïdales dans les membrures comprm.ées, à la distance de leur surface qui serait nécessaire pour les protiger contre la rouille. Des expériences préliminaires -/P-^^'^ métal ainsi employé produit un effet utile sensiblement double de celui ".^ donnent lès aîJtures transversales rectilignes. En conséquence, on ne s'occupera ici que du béton fretté. r.H^^tpc. » La résistance des corps solides est produite par deux causes distinctes . la cohésion et le frottement intermoléculaire. 366 ACADÉMIE DES SCIENCES. » On admet que le frottement intermoléciilaire est soumis aux mêmes lois que le frottement à la surface des corps et que son intensité est dans le même rapport avec la pression normale. Cette hypothèse une fois admise, il est facile de calculer la résistance que le frettage produit en augmentant le frottement. » Il est possible que le frettage, en accroissant la densité, augmente aussi les effets de la cohésion qui dépendent des variations de distance des molécules entre elles. Mais ce supplément de résistance est incertain et, en tout cas, de valeur inconnue, et il semble que la méthode de recherche la plus sûre est !a suivante : mesurer la résistance réelle de prismes frettés ; calculer la résistance que le frettage leur donne par son action sur le frottement intermoléculaire; examiner comment la différence qui est attri- buée à la résistance propre du béton cadre avec ce qu'on sait par ailleurs de celle-ci. » Le supplément de résistance que le frettage d'une pièce de béton pro- duit en agissant sur le frottement inlermoléculaire est, d'après l'hypothèse faite plus haut, égal à la résistance totale que le même frettage donnerait à une pièce de dimensions identiques qui serait formée d'un sable sans cohésion avant même angle de frottement / et même coefficient de gonfle- ment latéral g. Or cette résistance est facile à calculer au moyen d'une formule connue de la théorie de la poussée des terres sans cohésion. » Si P représente la pression par centimètre carré qu'on exerce sur la base supérieure d'un cylindre vertical formé d'une matière sans cohésion dont l'angle de frottement est égal à /, et dont le poids est négligeable en regard des pressions extérieures, on sait que, pour empêcher l'écrasement, P il faut appliquer sur la surface latérale une pression par centimètre carré ^ , K étant égal à y tang^- » Cette formule permet de calculer facilement l'effet du frettage sur un tel cylindre. Soit, en effet, s l'aire de chacune des deux sections symé- triques qu'un plan méridien fait dans le frettage, la pression par unité de surface de contact, que le frettage exercera sur le sable, sera égale à -^ pour chaque unité de tension du métal, /• et h étant le rayon de base et la hauteur du cylindre. » De la formule rappelée plus haut il résulte que la base supérieure SÉANCE DU 25 AOUT 1902. Sgn du cylindre pourra porter — p^r unité de surface et ^^-^ pour la surface xr* de la base. » Le volume du métal dont les frettes sont formées étant ir.rs, le rap- port U, de la résistance que le frettage donne au sable, au volume ilu métal employé est égal à —j- s » Il est évident que le rapport correspondant U' a la valeur dans les armatures longitudinales qui supportent directement la pression, telles qu'on les emploie couramment dans les constructions armées. U K » On a donc ïji — — ^^ l'expérience a donné, pour les bétons expéri- mentés, R = 4,8. Il en résulte que la résistance communiquée au sable par les frettes est 2,4 fois plus grande que la résistance propre d'armatures longi- tudinales de même poids lorsque la tension des premières est égale à la pression des secondes. » 2,4 est donc aussi le rapport des résistances à l'écrasement que don- nent, à poids égal, les deux types d'armatures en question, car l'écrase- ment se produit dans les pièces frettées comme dans celles qui ont des armatures longitudinales, lorsqu'est atteinte la limite d'élasticité du fer ou de l'acier, qui est sensiblement la même dans la tension et dans la com- pression. «L'écrasement n'est pas le seul danger dont on doive se préoccuper pour les pièces comprimées, car elles peuvent aussi périr par flambe- ment, et leur résistance, à ce point de vue, est proportionnelle à leur coefficient d'élasticité, c'est-à-dire au quotient de la pression unitaire qu'elles supportent par le raccourcissement qu'elles éprouvent. Or »• repré- sentant le rapport du gonflement transversal au raccourcissement longi- tudinal, les frettes ne s'allongent que de ^t lorsque les armatures longitu- dinales se raccourcissent de i. Les tensions îles unes et les pressions des autres sont donc proportionnelles ci ces déformations gi et i et, par suite, les résistances à la compression données au cylindre par les frettes et par les armatures longitudinales, pour un même raccourcissement, sont pro- K K portionnelles à gi- et i, c'est-à-dire à ^'•— et i. » Il n'a pas été fait d'expériences exactes pour déterminer la valeur àti g pour le béton fretté. On a trouvé o,4o pour le béton non fretté, et les 368 ACADÉMIE DES SCIENCES. chiffres relatifs aux substances les plus comparables varient de o,35 à o,4o. » On admettra la moyenne 0,370 et l'on trouvera ainsi pour g — la valeur 0,375 X 2,4 = 0,90. » On peut donc définir ainsi les effets du métal qui frette un cylindre sans cohésion : » Pour un raccourcissement du cylindre de valeur donnée, le métal des Jrettes subit une déformation et, par suite, une fatigue qui ne sont que les j^ de celles qu éprom'eraient des armatures longitudinales associées au raccourcissement du cylindre. L'effet utile du travail du métal des freltes étant multiplié par i,l\ en raison de leur mode d'action, la résistance qu elles donnent au cylindre est les -^ de celle que produiraient des armatures longi- tudinales de même poids subissant le même raccourcissement que le prisme frette. » Au moment où le dépassement de la limite d'élasticité dans les armatures longitudinales produirait l'écrasement du cylindre, le métal des fretles ne travaillerait qu'aux —^ de cette limite et, par suite, l'écrasement du béton frette serait encore fort loin de se produire. » Du sable sans cohésion il faut passer au béton et, pour qu'à la résis- tance donnée au premier par' le frottement on puisse légitimement ajouter la résistance propre du second, il faut que celle-ci ne soit pas détruite par les déformations importantes sans lesquelles le métal des freltes ne saurait se mettre en forte tension. La remarquable ductilité donnée au béton tendu' par les armatures permettait d'espérer par analogie qu'il en serait ainsi. L'observation des résultats d'un accident tend à le confirmer et a conduit à entreprendre les expériences qui en ont fourni la preuve et dont il sera rendu compte dans une prochaine Communication. » On avait formé une balise du département du Finistère, celle de Gorlé- bian, d'un tube métallique de 19*^" de diamètre rempli de pâte de ciment pur. Les vagues l'avaient ployée suivant un rayon de 55*^™ mesuré sur l'axe. On en a détaché un tronçon dans la plus grande courbure, et l'on a constaté que le ciment, qui avait subi de si énormes déformations, n'était traversé, dans la partie conq^rimée, que de rares fissures et avait conservé une très grande résistance. Cet échantillon a été présenté à l'Académie. » SÉANCE DU 2D AOUT 1902. CORRESPONDAINCE. 369 M le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées .le la Correspondance, 1' « Atlas bathymétrique et lithologique des cotes de France, par M. /. Thoulet. » » CHIMIE AGRICOLE . - Sur des procédés de concentration de liquides alimentaires, et particulièrement du vin. Note de M. F. Garrigou. „ Sollicité, en 1872, dem'occuper de la question de la nourriture et des boissons concentrées pour l'armée en campagne, j'entrepns, cette même année, mes premières recherches sur ce sujet; bientôt après, M. le professeur Forthomme, de Nancy, fit construire dans cette vdle, sur mes indications, mes petits appareils pour la concentration et la stenhsalioa des divers liquides (vin, lait, cidre, café, infusions végétales diverses bouillon, etc.) dans le vide, à chaud. C'est la solution du problème relatif à la concentration du vin, en particulier, que je soumets aujourd hui a l'Académie. , , , 77 . Concentration et stérilisation du vin. - i" Méthode par le glaçage. - L'enlèvement de l'eau du vin par le glaçage a deux obstacles a sur- monter • d'abord le coût élevé des opérations successives, puis la perte d'une petite quantité d'alcool et de la couleur rouge Cependant, avec certaines précautions qu'il serait trop long d'exposer ici, ] ai pu conserver la couleur rouge et éviter la perte d'alcool, en même temps que 3 enlevé la quantité d'eau voulue. r ■„ « 2° É^aporatwn à chaud dans le vide. - Cette méthode appliquée d'une manière rationnelle et scientifique, m'a donné, dès 1875 des résul- tats absolument inattendus. A plus forte raison me donne-t-elle mainte- nant, avec des appareils perfectionnés (') et d'un prix relativement pe^^ élevé, des produits remarquables par leur pureté, par leurs qualités hygiéniques et par le peu de dépense qu.ls exigent (o'.-,4o environ par hectolitre de vin traité et, bientôt, mieux encore). n Brevet de mal .889; deuxième brevet, de décembre 1898 ; troisième et quatrième brlvltfje décembre 190;; ciuquième et sixième brevets, plus récents encore. C. R., 1902, 2- Semestre. (T. CXXXV, N» 8.) 370 ACADÉMIE DES SCIENCES. » Avec mes nouveaux moyens de distillation, que je me propose de décrire prochainement, une équipe de quatre hommes peut mettre en marche, surveiller, arrêter instantanément si c'est nécessaire, une batterie de plusieurs appareils fort simples, permettant de traiter plusieurs centaines d'hectolitres de vin par jour, et d'obtenir de l'alcool éthylique pouvant être considéré comme pur, avec le bouquet de vin. » Les résultats obtenus avec les appareils datant de l'année 1900 méri- tent d'être signalés dans l'ordre dans lequel ils se présentent : » 1° Départ du bouquet vers So" (dans le vide) avec de l'alcool éthy- lique; 2" départ de l'alcoql éthylique presque pur, vers 35" environ; 3° arrivée de petites quantités d'alcools supérieurs, avec l'alcool éthylique, vers4o"; 4" alcools supérieurs, avec mauvais goût; 5" produits nauséeux; 6" eau (elle accompagne en plus ou moins grande quantité les produits précédents; elle arrive avec un goût légèrement vineux et est acide; abandonnée à l'air, elle permet le développement de produits organisés que je me propose de décrire prochainement); y" acide acétique (il en passe de petites quantités avec tous les produits de la distillation); 8" il reste dans l'appareil évaporateur une vinasse d'un beau brillant, d'un rouge vineux remarquablement vif et beau par son intensité, absolument pasteurisée et complètement dépourvue de goût de cuit, si l'opération a été bien conduite. » La concentration à 20 pour 100 est bien suffisante pour le grand commerce des vins. » Les vins concenlrés que j'ai produits, et dont je possède des échantillons datant de 22 ans, dans un état parfait de conservation, ont été dégustés : en 1889, par MM. les intendants généraux Viguié et Rossignol, qui les ont trouvés irréprochables; en 1890 (au Congrès de Narbonne), par des dégustateurs de cette ville, qui les ont trouvés <( exquis » (Volume du Congrès, pages 4o3 et 4o4); de 1890 à 1902, par de nom- breux dégustateurs (ingénieurs, propriétaires, professeurs d'œnologie et d'agriculture, médecins, pharmaciens, dégustateurs de profession, etc.), qui les ont trouvés remarquables; en 1902, par plusieurs autres dégustateurs, par plusieurs de mes collègues de l'Académie des Sciences de Toulouse, par plusieurs médecins mili- taires (') venus ad hoc dans mon laboratoire, et qui ont donné une approbation (') M. le D'' Linon, médecin en chef de l'Hôpital militaire de Toulouse, un Cahursien, a reconnu, sans être prévenu de son origine, un vin de Cahors, concentré à 25 pour 100, depuis 18 ans, et conservé depuis celte époque dans une bouteille en vidange, sans la moindre altération. M. le D'' de Santi, médecin-major de 1'" classe, a assisté à la concentration d'un SÉANCE DU 25 AOUT 1902. Syi complète à la finesse et au bon goût de ces produits ; enfin, par M. le D"' Geschwind, directeur du service de santé du 17" corps d'armée, qui, après avoir vu fonctionner mes appareils et goûté les produits, n'a pu s'empêcher de dire sa pensée et son opinion, en prenant le fauteuil de la présidence de la Société de Géographie de Toulouse, que j'avais l'honneur de lui céder ('). » Je n'ai d'ailleurs jamais hésité à montrer mes procédés, mes appareils, et à faire déguster les produits de la concentration, à tous ceux qui nie l'ont demandé. » J'ai traité dans mes appareils un grand nombre de vins rouges et blancs, vins analysés comparativement avant et après la concentration. » Je me propose de donner, dans une Note ultérieure, les analyses comparatives des vins traités, avec quelques détails sur la concentration et la pasteurisation des liquides alimentaires. » Nota. MM. Baudoin et Schribaux. se sont également occupés de la concentration du vin {Comptes rendus, séance du 28 juillet 1902). » HYGIÈNE PUBLIQUE. — De la traite mécanique, dans Vindustric laitière. Note de MM. F. Bordas et Sic de Raczkowski, présentée par M. Brouardel. « La traite mécanique des vaches offre une réelle sécurité au point de vue de l'introduction accidentelle, dans le lait, de germes pathogènes. « Les expériences que nous avons faites, grâce à l'obligeance de M. V. Hugot, à Jersey Farm, ont consisté dans l'ensemencement, avec une pipette stérilisée, d'une goutte de lait (représentant y^J-„- de centimètre cube) dans 10'^"' de gélose lactosée, versée dans une plaque de Pétri, et dans la numération des colonies qui se sont développées après 10 jours sur ce milieu solide. vin qu'il m'avait apporté, puis à sa reconstitution, et il a trouvé le dernier au moins aussi bon que le vin type. (') Voici comment s'est exprimé M. le D'' Geschwind {Bulletin de la Société de Géographie de Toulouse, 1902) : « Notre gratitude doit tout d'abord s'adresser à notre cher Président, le D- Garrigou. Nous devons lui savoir d'autant plus gré de son infatigable coopération à la prospérité de la Société, qu'il est déjà absorbé par les exigences de son enseignement à la Faculté de Médecine... et enfin par la grande œuvre qu'il poursuit depuis 3o ans : cette concentration du vin, à laquelle restera attaché son nom, cette œuvre dont la réalisation pratique sera un immense bienfait, autant pour nos explorateurs, de l'équateur comme du pôle, quo' pour nos soldats en campagne et nos marins en croisière. » 372 ACADÉMIE DES SCIENCES, » Les prélèvements ont été efTectués : » I. Dans le jet au sortir du pis convenablement aseptisé. » II. Dans la masse du lait trait sans précautions antiseptiques. a. Traite à la main. b. Traite à la mécanique. » III. Dans la masse du lait trait en prenant toutes les précautions convenables d'asepsie des mains, du pis, et après stérilisation à la vapeur des récipients. a. Traite à la main. b. Traite à la mécanique. » Les ensemencements ont été faits aussitôt après la traite. » Les numéiations ont donné les résultats suivants : » I. Dans le jet du pis aseptisé i joo colonies au centimètre cube. » II. Sans précautions an/iseptigues : Traite à la main 4600 colonies au centimètre cube. Traite à la mécanique 402000 » » » III. Avec précautions antiseptiques : Traite à la main 49°° colonies au centimètre cube. Traite à la mécanique 62000 » » » Nous avons de plus titré l'acidité des deux échantillons de lait traits par les deux modes différents. » Cette acidité, exprimée pour 10™° de lait en centimètres cubes de potasse nor- male décime, était respectivement : Traite à la main, à la mécanique. Au moment de la traite 1,4 1,4 24 lieures après la traite 2,1 6,4 36 heures après la traite 3,9 9,2 » Après 36 heures, le lait trait à la mécanique était caillé, tandis que celui à la main ne l'était pas. » Ces constatations nous permettent de conclure qu'il faut que tous les accessoires (tuyaux, robinets, etc.) composant les appareils puissent se nettoyer et se stériliser facilement, pour que l'opération de la traite mé- canique fournisse des résultats satisfaisants, » Sans cette condition expresse on risque d'obtenir un lait privé, il est vrai, de germes pathogènes introduits accidentellement soit par les mains du vacher, soit |)ar toute autre cause, mais par contre abondam- ment pourvu de ferments lactiques et autres, qui diminuent, dans une forte proportion, la durée de conservation du lait. » SÉANCE DU 2 5 AOUT 1902, .^73 HISTOLOGIE. — Structure des corps suprarénaux des Plagiostomes. Note de M. E. Grtnfeltt, présentée par M. Alfred Giard. « Les corps suprarénaux des Plagioslomes sont formés par une masse épithéliale entourée d'une mince capsule et traversée seulement par des capillaires sanguins et par des fibres nerveuses terminales. Chez vingt- quatre espèces de Squales ou de Raies que j'ai examinées, j'ai toujours trouvé la même structure fondamentale. 1) Les dissociations ne permetlenl pas de diviser cette masse cellulaire en cordons ou en nodules et les résultats fournis par cette méthode d'investigation ont été con- firmés par l'examen de coupes très exactement sériées. Partout la substance fonda- mentale est constituée par des cellules particulières, auxquelles Kohn a donné le nom de chromaffme Sympalhicuszellen, parce qu'il les a considérées comme des cellules très voisines des cellules du système nerveux grand sympathique. Il vaut mieux les désigner tout simplement sous le nom de cellules chromaffines pour rappeler la pro- priété qu'elles ont de se colorer fortement en brun au contact des sels de chrome. » Ces cellules chromaffines sont, en effet, contrairement à l'opinion de Kohn, des cellules épilhéliales : elles sont toutes au contact, sans interposition d'aucune sub- stance fondamentale appréciable, ni d'éléments antres que des capillaires sanguins ou des terminaisons nerveuses. Souvent polyédriques, ces cellules chromaffines deviennent dans certains cas assez irrégulières et peuvent alors présenter des prolongements étendus. La forme géométrique de ces prolongements ne permet pas de les confondre avec des prolongements d'éléments nerveux, et du reste ils n'en ont aucunement la structure. » Le cytoplasme des cellules chromaffines renferme une substance caractérisée par la coloration brune que lui donnent les sels de chrome. Cette substance chromaffine se présente sous forme de granulations fines et arrondies répandues d'une manière régulière dans la presque totalité du corps cellulaire. » Ces granulations existent dans des cellules n'ayant subi l'action d'aucun réactif, ainsi que je l'ai vu sur de minces coupes de corps suprarénal, faites sur le frais et dissociées dans la sérosité périlonéale de l'animal. En faisant arriver sous la lamelle du bichromate de potasse en solution assez concentrée, on voit la réaction chromaffine se faire sous les yeux de l'observateur. L'acide osmique colore, lui aussi, assez forte- ment en noir ces granulations. En employant certains liquides fixateurs, tels que les liquides de Zenker ou de Tellyesniczky, ceux de Flemming (solution forte) ou de Laguesse (liquide J) par exemple, on peut obtenir des préparations où les granula- tions chromaffines sont bien conservées et l'on peut alors les étudier sur des coupes. » D'une manière générale, on peut diie que ces granulations ont une affinité très marquée pour certaines matières colorantes, en particulier pour la safranine, le violet de gentiane, l'hématoxyline ferrique. La safranine les colore en rouge vif; le violet de gentiane, en violet plus ou moins foncé; l'hématoxyline au fer, tantôt en noir violacé, tantôt en bistre, suivant le degré de difi'érenciation recherché. 374 - ACADÉMIE DES SCIENCES. » Sur ces mêmes coupes on trouve, à côté des cellules absolument bourrées de grains chromaffines, d'autres éléments où ces grains disparaissent par places; on voit alors une ou deux grandes vacuoles claires apparaître dans le protoplasma. Quand les vacuoles sont très développées, le protoplasma se trouve réduit à l'état de minces lames interposées entre elles. Le tout prend alors l'aspect d'une sorte de matière claire cloisonnée par de minces iractus. Quand cette vacuolisation se trouve réalisée sur un grand nombre de cellules voisines, on a de la peine à reconnaître la disposition épithéliale primitive de l'organe, et il est vraisenjblable que celte disposition a pu induire en erreur quelques auteurs. De nombreuses formes de transition permettent de saisir les modifications graduelles qui ont conduit de cette disposition épithéliale à la disposition vacuolaire irrégulière. Cette vacuolisation et la disparition d'une partie de la substance chromaffine à laquelle elle succède indiquent une variation régulière et physiologique dans la quantité de cette substance. » Les noyaux des cellules chromaffînes présentent des variations très nettes dans leur volume ainsi que dans la disposition de leur chromatine. Après l'action de colo- rations multiples (triple coloration de Flemming, coloration de Rabl) on peut mettre en évidence des variations de chromaticité fort nettes. On voit aussi, sur ces mêmes préparations, que la chromatine dans ces noyaux subit des variations quantitatives assez importantes. Néanmoins, il m'a été impossible, jusqu'ici, d'établir une relation certaine entre les variations de l'appareil chromatique du noyau et celles signalées ci-dessus dans le cytoplasme. « J'ai mentionné plus haut la présence de fibres nerveuses terminales dans la substance propre des corps suprarénaux. J'ai pu les mettre en évidence, soit par la méthode de Golgi-Cajal, au chromate d'argent, soit par la méthode d'EhrIich-Bethe, au bleu de méthylène vital. Par conséquent, les nerfs ne se contentent pas, ainsi que l'a vu Chevrel, d'entourer l'or- gane d'un riche réseau; ils pénètrent au contraire dans le parenchyme, entre les cellules chromaffînes, au contact desquelles ils se terminent par des extrémités libres comme c'est le cas pour les terminaisons glandulaires ordinaires. » La séance est levée à 3 heures et demie. G. D. SÉANCE DU 25 AOUT 1902. 3j5 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Outrages reçus dans la séance du i5 juillet 1902. Ministère des Colonies. Office colonial. Ressources végétales des Colonies fran- çaises représentées dans les collections de TOffice colonial <-:?(/ Ministère des Colonies, classées par Gcstavo Niederlein. Paris, imp. Paul Dupont, 1902; i fasc. in-4''. (Hommage de l'Auteur.) Traité général de Viticulture. Ampélographie, publiée sous la direction de P. Viala et V. Vermorel; t. III. Paris, Masson et O'-, 1902; 1 vol. in-4''. (Présenté par M. Guignard. Hommage des auteurs.) Emploi des fusées contre la grêle, résultats obtenus, par le D"' E. Vidal. (Exlr. du Rapport présenté au 3= Congrès international de défense contre la grêle à Lyon.) Hjères, imp. Arène, 1902; i fasc. in-8°. (Hommage de l'Auteur.) Mémoires de la Société nationale des Sciences naturelles et mathématiques de Cherbourg; t. XXXII, publié sous la direction de M. L. Corbière. Paris, J.-B. Baillière et fils, 1901-1902; i vol. in-S". Six feuilles nouvellement éditées, par le Service géographique de l'Armée, des Cartes d'Algérie au 200000", de la Tunisie au 5oooo" et au looooo", en couleur. Zur Vorgeschichte des deutschen Kartells und der internationalen Association der Akademien. Im Aiiflrage der kôn. sâclis. Gesellschaft der Wissenschaflen zusam- mengestellt und dem Kartelllage in Gôttingen (i5 mai 1902), vorgelegt von dem 0. M. Wilhel-h His. (Extr. des Berichte liber die Verhandlungen der kôn. sàchs. Gesellschaft der Wissenschaften su Leipzig. Malhematisch-physisclie Klasse, Bd. 54.) Leipzig, B.-G. Teubner, 1902; i fasc. in-8°. Abel, den store mathematikers slegt, ved S.-II. Finne-Grônn, med 55 portrœler, silhouetter og facsimiler. Christiania, 1899-1900; 1 vol. in-4°. Vorlesungen iiber theoretische Physik, von II. von Helmholtz; Bd. II : Dynaniik continuirlich verbreiteter Massen, herausgegb. v. Otto Krigard-Menzel, mit 9 Figuren im Texl. Leipzig, Johann Ambrosius Barth, 1902; i vol. in-4''. Studies in heterogenesis, by H. Cdarlton Basiut*. Londres, "Williams et Norgate, 1901-1902; 2 fasc. in-S". A rediscussion of Bailey's and Fourcade's sun'eys and their réduction to Ihe System of the geodetic Survey, by sir David Gill. (Cape of Good Ilope. Geodetic Survey of South Africa, Vol. IL) Cap-Town, W.-A. Richards et fils, 1901; i vol. in-4''. Expédition antarctique belge. Résultats du voyage du S. Y. Belgica en 1897- 1898-1899, sous le commandement de A. de Gerlache de Gomery. Rapports scien- tifiques publiés aux frais du Gouvernement belge, sous la direction de la Commis- sion de la Belgica : Élude des chronomètres (2 parties). Phénomènes optiques de l'atmosphère. Aurores australes. Détermination de la densité de l'eau de naer. Rapport sur la densité de l'eau de mer. Mousses et Hépatiques, Spongiaires. Échinides et ^7^ ACADÉMIE DES SCIENCES. Ophiures. Brachiopodes. Pinnipèdes (seals). Note relative aux Rapports scientifiques. Anvers, imp. J.-E. Buschmann, 1901-1902; 11 fasc. in-4°. Atti délia R. Accademia Peloritana, anno XVI, 1901-1902. Messine, 1902; i vol. in-8°. Mémoires de l'Université de la Nouvelle-Russie, t. LXXXVI, i^^ et 2' parties. Odessa, 1902; 2 vol. in-S". ERRATA. (Séance du 11 août 1902.) Note de MM. Jean Camus et P. Pagniez, Hémoglobinurie d'origine musculaire : Page 326, ligne S/J, au lieu de 3o secondes, lisez 3o minutes. Même page, ligne Sy, au lieu de 3o secondes, lisez 3o minutes. Page 327, ligne 10, au lieu de 5«6, lisez 5™\ On souscrit à Paris, chez GAUTHIER-VILLARS, Quai des Grands-Augustins, n° 55. 35 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Ils forment, à la fin de l'année, deux volumes in-i°- Deux par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre al|ihal)('ij(]iu' do noms d'Auieurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel " Janvier. Le prix de labonnemenl est fixé ainsi qu il suit : Paris : 20 fr. — Départements ; 30 fr.. — Union postale : 34 fr. On souscrit, dans les Départements, chez Messieurs : Ferran Irères. I Chaix. ( Jourdan. I Ruff. Court! D-Hecquet. < Germain etGrassin. j Gastineau. Jérôme. Régnier. I Ferel. ! Laurens. I Muller (G.). Renaud. iDerrien. F. Robert. Oblin. Uzel frères. Jouan. Perrin. 1 Henry. ( Marguerie. ^ Juliot. i Bouy. Nourry. Ralel. I Rey. i Lauverjal / Degez. ) Drévet. i Gralier el C'V Foucher. \ Bourdignon. I Dombre. 1 Thorez. I Quarré. chez Messieurs ■ ( Baumal. Lorient ,, _, . I M"" lexier. Bernoux et Cumin. Georg. Lyon < Efl'antin. Savy. Vitle Marseille Ruât. ( Valat. UontpeUier i . , ni, '^ { Coulet el /ils. Moulins ^.. Martial Place. [ Jacques. Aancy ! Grosjean-Maupin. ( Sidol frères. 1 Guist'liau. '^'""" IVeloppé. 1 Barma. '^''"^ Uppy. Mmes Thibaud. Orléans Lod.lé. ( Blanchier. Poitiers i , ( Lévrier. Rennes Plihon et Hervé. Rochefort Girard (M"") l Langlois. ''°"^" (Lestnngant. S'-Élienne Chevalier. ( Ponleil-Burles. Toulon , ,, . , ( Rumebe. i Gimet. Toulouse n . , ( Privât. , Boisselier. Tours Péricat. ' Suppligeon. i Giard. Valenciennes . ,. I Lemaitre. On souscrit, à l'Étranger, chez Messieurs : ( Feikema Caarelsen Amsterdam ! ^, ( et C". Athènes Beck. Barcelone Verdaguer. I Asher et C*. 1 Dames. Berlin ' r- ji j . ki I Friedlander et tiis. I Mayer et Millier. Berne Schmid Francke. Bologne Zanichelli. I Lamertin. Bruxelles ' Mayolezet Audiarte. ! Lebègue et C'". , Sotchek et C«. Buc/iarest . , , I Alcalay. Budapest Kilian. Cambridge Deiglilon, BelleiC". Christiania Cammermeyer. Conslantinople. . Otto Keil. Copenhague Hôst et fils. Florence Seeber. Gand Hoste. Gènes Beuf. Cherbuliez. Genève Georg. ( Stapelniohr. La Baye Belinfanle frères. J Benda. Lausanne , „ , , i^,, I Payot et C". Barth. I Brockhaus. Leipzig Ivœhlcr. I Lorentz. . Twietmeyer J Desoer. i''"^'a^ ( Gnusé. chez Messieurs : i Dulau. Londres Hachette el C-. 'Nuit. Luxembourg. .. . V. Buck. / Ruiz et C". Madrid ! '^^'"'> Y F"s«el. j Capdeville. ' F. Fé. Milan (Bocca frères. \ Hœpli. Moscou » Tastevin. JVaples (Marghieri d, liiu, ( Pellerano. ; Dyrsen el l'feilTer. IVeiv-york Stechert. ' Lemckeet Buechncr Odessa Rousseau. Oxford Parker et C'". Palernie Reber. Porto Magalfaaés el MiiMii. Prague Rivnac. Rio-Janeiro Garnier. ) Bocca frères. ( Loescher el C Rotterdam Kraniers et fils Stockholm Nordiska BogliaricJol. i Zinserling. S^-Petersbourg..]^^^^ ■ Bocca frère». ) Brero. ^"'■'" Clausen. ' RosenbergclSellicr. Varsovie Gebethner et Wolll. Vérone Drucker. 1 Frick. ^''^""^ ( Gerold el C". ZUrich Meyer et Zeller. GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. Tomes 1" à 31. — (3 Août i835 à 3 1 Décembre i85o.) Volume in-4° ; i853. Prix 15 Ir. Tomes 32 à 61. — ( i" Janvier iS5i à 3i Décembre iSCi. * Volume in-4"'; 1870. Prix 15 li'- Tomes 62 à 91. — (1" Janvier 1866 à 3i Décembre 1S80. i Volume in-4"; «889. Pri.x 15 I'"- Tomes 92 à 121. — ( 1" Janvier 1881 à3i Décembre i^^n'.; Volume in-4"; igo"' P'''^ ^^ '''• lENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES : , ^, ,, p.,.,v..in„s Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par M.M. V- P-.s el A.-J.-J. Sou.«. ^ f ^-^ -^j^^-J^'^^^^^J^, i^; . ^^^^^ les Comètes, par M. iÛ.skk. - Mcmone sur le Pancréas et sur ie r.-lc .U. suc pancréatique dans les phénomènes digcsl.fs, paifcuhcrement^dans des matières grasses, par M. Claude Bernard. Volume in-4», avec 3. pl.ui. I.esî 1856..-.. ',[' '' l^' p'i.'ovoooséo'ea' isôo' par l'Académie des Mémoire sur les .vers intestinaux, par M. P.-J. V..n Beneden. - Fs... d me. réponse à a qucs Uon '^ ' ' ^^ /'"f^^^ ^^^ „, ji.rérenls r le concours de :853, et puis remise pour celai de .8.50, savoir : « Kt.ul.. les lois de la ^'X^^';;;;^l^^:^^^l^,:\, ,i^,Uanée. - idimentaires, suivant l'ordre de leur superposition. - Discuter la que.-. .. de leur ap, antion "" <'^ ""' ''';'^;"';"" ,e professeur Bao.... in-^' r la nature des rapports qu> existent entre l'état actuel du règne ..-.nique et ses états anteneurs », par M. le Profcsseu^^^ iches; i86i Sme Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences^^^^^^Mémoues présentis par divers Savants à l'Académie des Sciences. W 8. TABLE DES ARTICLES. (Séance du 26 août 1902.) aîE^ïfURES ET COMMUrVÏCATIOIVS DES MEMBliKS ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. Pages. M. le Président annonce à l'Académie que le Tome CXXXIU des Comptes rendus (2° semestre 1901) est en distribution au Secrétariat 361 Sir NoBMAN LocKYER et William Lockyer. — Variations solaires et météorologiques à courte période A61 Pages. Sir Norman Lockyer. — La relation entre les protubérances solaires et le magné- tisme terrestre 304 M. Considère. — Étude théorique de la résistance à la compression du béton freltc 305 CORRESPOND ArVCE . M. le Secrétaire perpétuel signale 1' « Atlas bathymétrique et lithologique des cotes de France, par M. /. Thoulet >. 369 M. F. Garrigou. — Sur des procédés de concentration de liquides alimentaires, et particulièrement du vin 369 Mj\L F. Bordas et Sis. de Raczkow.ski. — De la traite mécanique, dans l'industrie laitière 3^, 1\I. E. Grynfeltt. — Structure des corps suprarénaux des Plagiostomes 3^3 liULLETIN BIBLIOGRAPHIQUK ' 3.^5 lin RATA 376 PARIS. — IMPRIMERIE GAUTHIER Quai des Grands-Augustins, 55. VILLARS, Le Gérant: Gauthier- Villars. S£P «4 1902 SECOND SE3IESTRE. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS, TOME CXXXV. N° 9 (1^ Septembre 1902). i ^PARIS, GAUÏHIEK-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, Quai des Grands-Augustins, 55. 1902 RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875 Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie se composent des extraits des travaux de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes présentés par des savants étrangers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. 26 numéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. Article ^*^ — Impression des travaux de l'Académie. Les extraits des Mémoires présentés par un Membre ou par un associé étranger de l'Académie comprennent au plus 6 pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o pages par année. Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans le Compte rendu à& la semaine que si elle a été remise le jour même de la séance. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par les Correspondants de l'Académie comprennent au plus 4 pages par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de 32 pages par année. Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis- cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca- démie ; cependant, si les Membres qui y ont pris part désirent qu'il en soit lait mention, ils doivent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de lés re- mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion. Les Programmes des prix proposés par l'Académie sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap- ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'a s que l'Académie l'aura décidé. Les Notices ou Discours prononcés en séancn blique ne font pas partie des Comptes rendus. Article 2. — Impression des travaux des Sava t étrangers à l'Académie. Les Mémoires lus ou présentés par des pers.ni qui ne sont pas Membres ou Correspondants de demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d',. sumé qui ne dépasse pas 3 pages. Les Membres qui présentent ces Mémoires tenus de les réduire au nombre de pages requi Membre qui fait la présentation est toujours non mais les Secrétaires ont le droit de réduire cetE; autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le pour les arîicles ordinaires de la correspondanct cielle de l'Académie. Article 3, Le bon à tirer de chaque Membre doit être rer l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plustar jeudi à 10 heures du matin; faute d'être remis à tei le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compter actuel, et l'extraif est renvoyé au Compte rendu vaut et mis à la fin du cahier. Article 4. — Planches et tirage à part. Les Comptes rendus ne contiennent ni planche figures. Dans le cas exceptionnel où des figures sera autorisées, l'espace occupé par ces figures comp pour l'étendue réglementairer Le tirage à part des articles est aux frais des teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapport les Instructions demandés par le Gouvernement. Article 5. Tous les six mois, la Commission administrative un Rapport sur la situation des Comptes rendus af l'impression de chaque volume. Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du { sent Règlement. déprsefaTs\^r1S'au\L^rtf,Ïi!s'"" 'h''"'"' !'"'' "''''''''' '''''' ^^'"""^«^ P" ^^'- '^^ Secrétaires perpétuels sont priés d, ûeposer Secrétanat au plus ta.d le Samedi qui précède la séance, avant 5^ Autrement la présentation sera remise à la séance suivs.. SEP 84 1902 ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 1^^ SEPTEMBRE 1902. PRÉSIDENCE DE M. BOUQUET DE LA GRYE. CORRESPONDANCE . PHYSIQUE DU GLOBE. - Sur l'éruption de la Martinique. Note (le MM. A. Lacroix, Rollet de l'Isle et Giraud, délégués de l'Académie. « Au moment où nous rentrons en France, nous avons l'honneur de présenter à l'Académie un aperçu sommaire des résultats de la première partie de la mission qu'elle a bien voulu nous confier pour l'étude de l'éruption volcanique de la Martinique : » Nous avons séjourné à la Martinique du 20 juin au i"-- août, avec une interruption de trois jours (9 au 11 juillet), consacrés, sur la demande de M. le Ministre des Colonies, à une rapide visite à la Soufrière de la Gua- deloupe. , . j , „ Nous avons tout d'abord travaillé en commun dans la région de a Montagne Pelée, puis M. Lacroix a continué exclusivement l'étude du volcan, pendant que M. RoUet de l'Isle instruisait diverses questions rela- tives aux ports de la Martinique et que M. Giraud faisait une première exploration géologique des parties méridionale et orientale de 1 de. ,. Dans les pages qui suivent, nous nous occuperons : 1" des observa- tions que nous avons faites sur les éruptions de la Montagne Pelée; 2° de la catastrophe qui a anéanti Samt-Pierre le 8 mai dernier et de la recherche de ses causes. , , « Nous compléterons ces premières données au fur et a mesure de l'étude des nombreux matériaux (gaz, minéraux, roches, fossiles, objels divers provenant de Saint-Pierre, etc.) recueillis au cours de notre voyage. l" Éruptions de la Montagne Pelée. „ Nous avons réuni les éléments d'un historique chronologique aussi complet que possible de toutes les manifestations volcaniques antérieures C. R., 1902, 2« Semestre. (T. CXXXV, N" 9.) 378 ACADÉMIE DES SCIENCES. à notre arrivée et de celles auxquelles nous avons assisté. Les faits les plus importants en étant déjà connus de l'Académie, nous en réservons la pu- blication pour plus tard et nous présenterons seulement ici nos observa- tions sous une forme synthétique. » Le cratère. — Il est impossible de donner actuellement des détails sur la topographie intérieure du cratère; il n'est pas directement abor- dable, d'une part, et d'une autre, pendant tout notre séjour à la Martinique, les nuages, enveloppant continuellement le sommet de la montagne, ont beaucoup gêné nos observations. » Le cratère est situé sur le revers occidental de la Montagne Pelée et à une altitude de quelques centaines de mètres au-dessous de l'ancien lac des Palmistes. Il est bordé par les crêtes du Morne-la-Croix, du Morne- Martin et du Petit-Bonhomme. Une profonde échancrure en forme de V s'ouvre vers le Sud-Ouest, au-dessus delà rivière Blanche. Par cette échan- crure, on distingue un haut talus fort raide, constitué par des blocs de projection de l'éruption actuelle; grâce à leur incandescence, on les voit rouler pendant la nuit à sa surface. » Nous avons, à trois reprises différentes, atteint les falaises qui dominent le cratère; à l'Est (par l'ancien lac des Palmistes), au Sud-Est (du côté du Morne-Rouge, par le Morne-Aileron et le Morne-Ponce), et enfin au Sud (par le Morne-Saint-Martin). Malheureusement, à partir de l'altitude de 900"", nous avons été enveloppés par le brouillard et, arrivés au terme de nos ascensions, nous avons dû nous contenter de constater les parois verticales vers l'intérieur, le dégagement intense d"acide sulfureux et de vapeur d'eau, et enfin l'extrême abondance des blocs projetés, des bombes de toutes dimensions, qui, sur ces hauteurs, recouvrent entièrement le sol. » Lors de l'ascension de l'ancien lac des Palmistes, effectuée le 29 juin, nous avons trouvé ce lac entièrement comblé par une boue fine et gluante, de laquelle émergeaient d'énormes bombes d'andésite vitreuse. M Un violent orage ne nous a pas permis d'atteindre le sommet du Morne-la-Croix; nous nous sommes arrêtés à une éminence constituée par une andésite rouge, ayant une altitude de 1270™; nous avons distingué, dans le brouillard, un sommet un peu j^lus élevé constitué par le Morne- la-Croix. Quelques jours après (6 juillet), étant mouillés en rade de Saint-Pierie, à bord du Jouffroy, nous avons vu émerger des nuages, pen- dant quelques minutes, le point culminant de la Montagne Pelée. Le second du bâtiment, M. Deville, en a pris la hauteur, qu'il a trouvée de 1353", c'est-à-dire la hauteur normale du Morae-la-Croix, avec une légère erreur SÉANCE DU I^"" SEPTEMBRE 1902. 37p par excès, qui s'explique par les conditions dans lesquelles la mesure a été faite. Le sommet de la Montagne Pelée n'était donc pas à cette date com- plètement effondré, comme on l'a affirmé à l'origine do l'éruption. Des modifications se sont cependant certainement opérées dans le voismage du cratère au cours de notre séjour. Les photographies de la grande cre- vasse Sud-Ouest, que nous avons faites à de nombreuses reprises, nous permettront de préciser la nature et l'importance de ces modifications. ,, Formation de fissures. - L'éruption actuelle n'a été caractérisée par l'ouverture d'aucune fente béante en dehors du cratère; mais l'existence de fissures est mise en évidence par les nombreuses fumerolles qui seront étudiées plus loin. Leur direction générale estî^ord-Est-Sud-Ouest. Le plus grand nombre d'entre elles sont localisées dans une zone assez étroite, comprise entre le lit de la rivière Sèche et celui de la rivière Blanche; il est possible que les fumerolles situées sur le bord de la côte, entre la rivière Sèche et la rivière de l'habitation Canonville, jalonnent une seconde direc- tion de cassures secondaires Nord-Nord-Est, coupant la première. Nous avons constaté que les fumerolles de la rivière Blanche ne sont pas limi- tées à la terre ferme; elles se prolongent dans la mer. et il n'est pas sans intérêt à ce point de vue, de faire remarquer que c'est sensiblement sur leur prolongement que des ruptures di, câble sous-marin ont eu lieu à 10 milles en;iron de la côte, le 5 et le 3o mai, le 8 juillet Lorsque, le 1 1 juin, on a relevé le câble rompu le io mai, le goudron de celui-ci coulait en larmes, bien qu'il fût ramené d'une profondeur de 1200 brasses. Enfin, le matin du 5 mai, avant la catastrophe de l'usine Guerin (date de l'apparition des fumerolles dans la vallée de la rivière Blanche) une .rande quantité de poissons morts a été recueillie à la surface de la mer dans cette même direction; à la fin de juin, nous y avons nous-mêmes trouvé, morts sur la côte, de petits poissons plats appartenant a des espèces qui vivent habituellement vers 200- de fond. . T Les PRODUITS du vo.c.v.. - D'une façon générale, les éruptions volcaniques sont caractérisées par deux sortes de phénomènes : . ^P,.- la sortie explosive de gaz, de vapeurs et de matériaux sihcates solides ou fondus, plus ou moins volumineux, portés à une très haute tem- ''"'Tpar l'épanchement de ces mêmes silicates fondus sous forme de ^tts::'à';Xit, ce second ordre de phénomènes a n.anqué totalement .laL Sption actuelle. De nombreux récits publiés parlent de coulées de 38o ACADÉMIE DES SCIENCES. lave épanchées dans le lit de la rivière Blanche et dans celui de la rivière Sèche : ce qui a été désigné sous ce nom par des personnes étrangères à la Géologie n'est pas des coulées de lave, mais des torrents d'eau boueuse chaude, roulant de gros blocs de roches. » Comme à l'ordinaire, l'éruption actuelle se signale par des séries nombreuses d'explosions, parmi lesquelles quelques-unes ont été d'une très grande violence. Il y a lieu de signaler d'une façon spéciale celle du 8 mai qui a détruit Saint-Pierre et celle du 20 mai qui a parachevé cette œuvre de destruction, celles du 6 juin et du 9 juillet qui, comme les précé- dentes, ont donné des manifestations visibles de Fort-de-France. Ces paroxysmes se sont, comme on le voit, produits à des intervalles inégaux; ils ont été séparés les uns des autres par des périodes de calme relatif pen- dant lesquelles les projections de cendre étaient de peu d'importance ou même nulles. » Nous allons considérer successivement les produits volatils et les pro- duits solides rejetés. » Produits gazeux. — Les poussées de gaz et de vapeur émanées du cratère ont la forme classique; leur sortie est souvent accompagnée de grondements ou de détonations. Elles s'élèvent verticalement, souvent à une grande hauteur, et s'inclinent ensuite dans la direction du vent, qui venait pendant notre séjour d'une façon presque constante de l'Est-Nord- E.st. Parfois, elles atteignent la région supérieure des contre-alisés, qui les entraînent alors vers le Sud. C'est ce qui a eu lieu lors des grandes éruptions et c'est ce qui a permis aux nuages volcaniques d'arriver jusqu'au-dessus de Fort-de-France. » Ces poussées explosives, essentiellement constituées par de la vapeur d'eau accomjjagnée de gaz, sont, le jour, blanches, rousses ou noires, sui- vant qu'elles tiennent en suspension une plus ou moins grande quantité de cendres. On observe par l'ouverture Sud-Ouest du cratère des vapeurs ayant un aspect un peu différent des précédentes; ce sont des flots d'une vapeur épaisse, lourde, de couleur sombre, fréquemment cuivrée, qui roulent sur les talus extérieurs du cratère et jusqu'au fond des crevasses aboutissant à la rivière Blanche. » Elles sont probablement constituées par des bouffées de gaz et de vapeur d'eau très riches en cendre. » Les vives lueurs qui ont été signalées par les témoins des grandes éruptions paraissent dues aux matériaux solides {lapillis et blocs) incandes- cents, projetés avec les gaz et les vapeurs. Nous avons constaté, pendant SÉANCE DU I*^'" SEPTEMBRE 1902. 38l les nuits que nous avons passées devant le volcan, des lueurs immobiles siégeant sur le bord du cratère et provenant sans doute de la réverbéra- tion des matières incandescentes qui y sont accumulées. Des points lumi- neux plus brillants et mobiles étaient dus à la chute de blocs projetés, roulant à la surface des talus du cratère. M Nous n'avons pas vu personnellement iesy7a/n/?ze5quiont été signalées par divers observateurs au cours des grandes éruptions. » Les seules données positives sur les gaz émis par le cratère en même temps que la vapeur d'eau concernent l'acide sulfureux, dont la grande abondance est mise en évidence par son odeur suffocante. Il est d'ailleurs nécessaire d'aborder les crêtes mêmes de la montagne pour les apercevoir d'une façon absolument évidente. » Fumerolles. — Par contre, il nous a été possible d'étudier les nom- breuses fumerolles plus accessibles qui se rencontrent dans la vallée de la rivière Blanche, depuis son origine jusqu'à la mer, et dans la partie infé- rieure du cours de la rivière Sèche; elles jalonnent la direction de frac- tures dirigées Nord-Est-Sud-Ouest dont il a été question plus haut. » Quelques-unes des fumerolles se rencontrent dans le lit même de ces deux rivières, et notamment près de leur embouchure. Mais le plus grand nombre d'entre elles sont disposées, isolées au. par groupes, sans ordre apparent, dans toutes les parties de la vallée de la rivière Blanche, et plus au Nord, jusqu'à la rivière située près de l'habitation Canonville. Notons enfin qu'une fumerolle isolée a fonctionné jusqu'aux premiers jours de juillet à l'embouchure de la rivière des Pères. » Toutes ces fumerolles sont, on le voit, distribuées ou localisées sur le revers Sud-Ouest de la Montagne Pelée; nous parlerons plus loin d'une fumerolle qui a été observée aux alentours du 20 mai sur son revers Est, près de l'Ajoupa-Bouillon, mais qui n'a pas fonctionné pendant notre séjour, » Les fumerolles que nous avons étudiées se comportent très différem- ment, suivant qu'elles aboutissent à l'air libre ou qu'elles débouchent dans le lit des rivières. » Celles qui se font jour dans les conglomérats volcaniques, au milieu de la cendre ou dans les fissures du sol ancien, ne donnent relativement que peu de vapeur d'eau; celle-ci n'est souvent pas apparente au soleil; mais il suffit d'en intercepter les rayons, en recouvrant l'orifice avec un morceau d'étoffe, par exemple, pour qu'elle devienne immédiatement per- ceptible. Ces fumerolles ont, en général, une température oscillant autour 382 ACADÉMIE DES SCIENCES. de Too°C. Elles contiennent nne assez grande proportion d'hydrogène sulfuré, dont la décomposition détermine à l'orifice de sortie des cristalli- sations de soufre. )> Des fumerolles plus chaudes accompagnent parfois les précédentes ; leur température, à o", lo de profondeur à partir de la surface du sol, est voisine de 4oo° C. Le plomb y fond en effet facilement, alors que le zinc reste intact; un thermomètre gradué jusqu'à 4io°C. y a été brisé à bloc. A leur émergence, ces fumerolles donnent d'abondantes cristallisa- tions de sel ammoniac, accompagné par un peu de soufre et plus rarement de réalgar. M Les fumerolles exclusivement sulfurées se rencontrent jusqu'au bord de la mer; elles sont particulièrement abondantes entre la rivière Blanche et la rivière Sèche, à environ mi-chemin entre la côte et le cratère. Nous n'avons observé les fmneroUes à sel ammoniac qu'à partir de 800°* environ de la côte. Elles deviennent plus abondantes dans la haute A^allée de la rivière Blanche. » Les fumerolles dont il vient d'être question, à l'inverse de celles dont il nous reste à parler, ont nne force ascensionnelle extrêmement faible; on les voit ramper à la surface du sol sans s'élever; elles fonctionnent sans interruption. » Du 22 juin au commencement de juillet, nous avons vu des fumerolles intermittentes fonctionner avec une grande activité dans le lit de la rivière Blanche, de la rivière Sèche, et particulièrement à leur embouchure (mais aussi dans le cours supérieur de la rivière Blanche), ainsi qu'à l'embou- chure de la rivière des Pères et à celle de la rivière de l'habitation Canon- ville. » Ces fumerolles fournissaient une colonne de vapeur d'eau très blanche qui s'élevait de temps en temps avec une force ascensionnelle assez grande, donnant de nombreuses volutes qui bientôt redescendaient à la surface de la mer ou du sol. Le phénomène se compliquait souvent par l'éboulement des falaises de cendres, de boue et de conglomérats volcaniques encaissant la rivière, éboulement facilité par l'existence de nombreuses petites fume- rolles distribuées dans leur masse. La cendre et la boue ayant une tempé- rature voisine de 100' C. étaient très fluides et facilement entraînées par les bouffées de vapeur d'eau ; celle-ci constituait alors des volutes plus denses que les précédentes, teintées de gris ou de rosé. » Les périodes d'activité de ces fumerolles ne nous ont pas paru liées d'une façon constante avec les poussées émanées du cratère, car, s'il y avait SÉANCE DU 1" SEPTEMBRE I902. 383 parfois poussée d'ensemble aux fumerolles et au cratère, dans d'autres cas leur maximum d'intensité ne coïncidait pas. Dans la semaine qui a précédé l'éruption du 9 juillet, les fumerolles de la côte avaient beaucoup diminué d'intensité; elles n'ont presque pas fonctionné jusqu'à la (ïn de juillet. » Nous avons pu, à plusieurs reprises, approcher à quelques mètres des points de sortie des grandes fumerolles des rivières Blanche et Sèche. Ces rivières coulaient alors étroitement encaissées entre des falaises de con- glomérat récent, depuis lors à peu près disparues. Nous avons pu voir la rivière (ou plutôt le petit torrent) s'engouffrer en bouillonnant dans une cavité de peu d'étentlue située au pied d'une des falaises qui s'éboulait facilement, rendant ainsi l'eau de plus en plus boueuse. Far intermittences, une bouffée de vapeur sortait, donnant les volutes décrites plus haut; elle était parfois accompagnée d'un jet d'eau boueuse. Dans les fumerolles situées à quelques mètres de la côte, nous avons constaté non seulement l'engouffrement de l'eau du torrent dans la cavité de sortie de la fumerolle, mais encore une aspiration de l'eau de mer voisine, aspira- tion rendue manifeste grâce à la présence, a la surface de la mer, de nom- breuses épaves de bois qui venaient s'accumuler au point de sortie de la fumerolle pour en être rejetées ensuite au moment des explosions. » Emission d'eau boueuse. — : Les crues violentes et subites de la rivière Blanche et de la rivière Sèche produites au commencement de l'éruption, sans rapport immédiat avec des pluies, ont fourni une grande quantité d'eau boueuse noire; elles ont été attribuées à des éruptions boueuses ayant eu lieu dans les hautes vallées de ces rivières. Nous n'avons pas assisté à des phénomènes de cette ampleur, mais nous avons pu constater de faibles irrégularités de débit et, en divers points du cours de la rivière, des bouillonnements indiquant la réalité d'une arrivée d'eau ascendante sans dégagement de vapeurs : des fragments de cendre jetés à l'orifice de ces bouches de sortie en étaient immédiatement rejetés. » Nous avons pu, en outre, étudier de petites éruptions boueuses au sud de la rivière de l'habitation Canonville. On voyait encore, dans cette région, à la fin de juillet, un très grand nombre de petits cônes de boue grise, parfaitement réguliers, avec une cavité cratériforme tout à fait sché- matique : leur hauteur atteignait i"". Nous en avons vu sortir, à plusieurs reprises, des bouffées de vapeur d'eau. » Enfin, on rencontre aussi en divers points de la région comprise entre les deux rivières, et notamment au voisinage du groupe de fumerolles 384 ACADÉMIE DES SCIENCES. sulfhydriques situé à mi-chemin enlre la mer el le cratère, de larges flaques de boue grise ou rosée dont la surface est parsemée de petites cavités pro- duites par la sortie de vapeurs. » Cause de la variation de température des rivières. — C'est à la présence de ces fumerolles et de ces sorties d'eau boueuse, distribuées dans leur lit, qu'il faut attribuer les variations de température de l'eau de ces rivières ; ces variations sont incessantes : c'est ainsi qu'à quelques heures de dis- tance nous avons constaté, près de l'embouchure de la rivière Blanche, des températures de Ç)Çf(Z., puis de 35"C. Un autre jour, à environ 2'"", 5 de la côte, le thermomètre, plongé au point d'émergence d'une source boueuse, indiquait 84° C, alors que la température n'était que de 34° C. en amont et de 65° C. en aval ('). » Cendres. — Les cendres ont été rejetées à chaque éruption, mais la quantité totale jusqu'au i''' août était en somme assez peu considérable. Leur dispersion est en grande partie fonction du vent; elles ont été sur- tout entraînées dans le secteur dévasté compris entre l'îlot de la Perle et le Carbet; pendant notre séjour, elles étaient surtout rejetées clans la direc- tion du Prêcheur; il est difficile de déterminer leur épaisseur totale, mais au Prêcheur, ilans les parties qui n'ont pas été ravinées, il ne semble pas que celle-ci ait dépassé 25*^'". Lors des fortes éruptions, les cendres ont été disséminées sur toute l'île. Dans les premiers jours de juillet, on en obser- vait encore des traces appréciables au nord de la rivière Pilote. )) Les phénomènes d'érosion ont entraîné très rapiilement ces cendres dans les bas-fonds ou même à la mer, et l'on peut prévoir le temps très rapproché oîi il n'en restera plus trace sur les flancs de la Montagne Pelée, si la poussée éruptive ne se poursuit pas longtemps et ne change pas de caractère. » Le grain de ces cendres est assez variable suivant les éruptions et (') Le 20 mai, on a signalé dans le lit de la rivière Falaise, tout près de l'ancien camp de Trianon (à quelques kilomètres de l'Ajoupa-Bouillon ), l'apparition d'une fumerolle qui, à diverses reprises, aurait donné de grandes quantités de boue chaude. Lors de la crue qui a dévasté (Semai) les usines de Vive, à l'embouchure de la rivière Capot, dont la Falaise est un affluent, l'eau avait, paraît-il, une température plus élevée que la normale. Notons en passant que, lors de la dernière crue de la rivière de la Basse-Pointe, on a indiqué également une élévation de la température de l'eau, phé- nomène qui peut être dû à la production de fumerolles ou d'émissions boueuses dans la haute vallée de celte rivière. Pendant tout notre séjour, il ne s'est produit aucune manifestation de ce genre. SÉANCE DU l" SEPTEMBRE 1902. 385 nalnrellement suivant la distance au cratère où on les recueille. Tantôt elles ont été extrêmement fines : tel est le cas de celles du 3 mai, décrites par l'un de nous; et tantôt elles ont été mélangées de lapillis. La compo- sition minéralogique et la structure de ces cendres n'ont pas varié jusqu'au 9 juillet, mais celles qui ont été produites à cette date étaient plus blanches et plus ponceuses. Ces cendres extrêmement légères, ainsi que les boues de la partie inférieure de la vallée de la rivière Blanche, étaient, dans les parties chauffées par les fumerolles, soulevées par lèvent; elles formaient alors des nuages secs, très épais, courant à la surface du sol; ceux-ci ont, à plusieurs reprises, beaucoup entravé nos excursions ou même les ont interrompues. » Lapillis. — • Tandis que les cendres ont été rejetées fréquemment lors d'explosions peu importantes, les lapillis n'ont été constatés en dehors du voisinage immédiat du cratère que dans les grandes explosions. Ils sont constitués par de petits fragments anguleux d'andésite à hypersthène (généralement très vitreux, mais riches en phénocristaux), ou par des fragments de la même roche arrachés à la cheminée du volcan et pro- venant d'éruptions anciennes. » Des fragments de i""' ne sont pas rares parmi ceux recueillis au Car- bet, et exceptionnellement ils y atteignent des dimensions plus grandes. Des fragments analogues sont tombés jusqu'à Fort-de-France et au Fran- çois le 8 et le 20 mai. » Le 9 juillet, le caractère des lapillis a changé; ils sont,devenus moins compacts, poreux, constitués par de la ponce. Leur aire de distribution a été beaucoup moins grande que celle des lapillis des grandes éruptions précédentes. Par contre, les fragments d'assez grande taille sont parvenus plus loin; des ponces anguleuses de 5*^"' de côté ont été trouvées au Morne- Rouge. La présence de ces ponces et de cendres blanches a donné, pen- dant plusieurs jours, un aspect très curieux aux flancs Ouest et Sud-Ouest de la Montagne Pelée, uniformément couverts d'une couche blanche. Le peu d'épaisseur de ces cendres et lapillis, joint à leur densité faible, explique pourquoi, au bout de quelques jours, ces matériaux du 9 juillet avaient presque entièrement disparu des pentes supérieures de la mon- tagne ('). (') Ces ponces de l'éruplion actuelle sont très analogues à celles qui constituent le tuf ponceux. ancien de la Montagne Pelée, mais la couleur de ces dernières est géné- C. R., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N" 9.) 5o 386 ACADÉMIE DES SCIENCES. » Bombes. — Des blocs de matière fondue de dimensions variées, mais pouvant dépasser i"'% ont été projetés par le volcan. On ne les trouve guère en place qu'à 800™ environ des bords du cratère; ils forment sur le sol, au voisinage immédiat de celui-ci, une couche continue de blocs incohérents qui rend parfois l'ascension pénible. Ces blocs ont été souvent entraînés sur les pentes de la montagne, soit par la simple action de la pesanteur au moment de leur chute, soit par l'érosion postérieure. )) Les bombes que nous avons observées le 29 juin dans l'ancien lac des Palmistes sont constituées par l'andésite à hypersthène vitreuse; elles sont fragiles et ont souvent un volume énorme; celles, au contraire, que nous avons recueillies avant le 9 juillet au voisinage du cratère sont d'un gris noir; leur surface est entamée par de profondes fentes de retrait, indiquant qu'elles ont été projetées à l'élat pâteux. Elles présentent tous les passages possibles de l'andésite vitreuse aux blocs de ponce blanche, sans craque- lures superficielles, qui sont très abondants au milieu d'elles. )) Conglomérais volcaniques. — Les bombes, les lapillis et les cendres de l'éruption actuelle entraînés par les eaux dans les dépressions et dans le lit de la rivière Blanche constituent des conglomérats, les uns essen- tiellement formés d'andésite vitreuse compacte, les autres de ponce blanche; nous décrirons ultérieurement les particularités qui les caracté- risent. )) Il existe à l'embouchure des rivières Blanche et Sèche un conglomérat d'une autre nature, raviné par les précédents et (jui s'est produit dans des conditions différentes. On sait que le 5 mai le barrage de l'étang Sec s'est rompu, donnant passage à une avalanche de boue et de blocs énormes qui, renversant tout sur son passage, a détruit l'usine Guérin et les habita- tions voisines. Les lits inférieurs des deux rivières ont été remblayés par cet apport de matériaux qui a fait, en outre, avancer le rivage d'environ So™ sur la mer. Des érosions considérables ont depuis lors entamé ce conglo- mérat et permettent d'en étudier la structure. On le voit reposant sur le sol ancien raviné; il est constitué ])ar une succession de lits de cendres grossières, de bancs de gros blocs avec des lits de cendres boueuses, à stratification torrentielle, puis de gros blocs mélangés sans ordre. La partie ralement plus ou moins jaunâtre. La partie Sud des mines Saint-Pierre est actuelle- ment ensevelie par des ponces jaunes anciennes que les pluies torrentielles entraînent du Moine d'Orange. SÉANCE DU I" SEPTEMBRE I902. 887 supérieure de la formation, coastituée par les blocs de plus grande taille, les uns an£;uleiix, les autres roulés, rappelle par son aspect une moraine glaciaire. Quelques-uns de ces blocs ont une surface polie et sont couverts de stries ou plutôt de cannelures qui, elles, diffèrent tout à fait des stries glaciaires et méritent d'être signalées d'une façon toute spéciale. Elles sont constituées par des surfaces de frottement rcctilignes, dans lesquelles la roche a été écrasée tout en restant très cohérente. I,a partie extérieure en est vernissée, plus foncée et couverte de fines stries; elle rappelle les miroirs de frottement. » La constitution pétrographique des blocs de ce conglomérat est uni- forme; tous ceux-ci sont formés par l'andésite poreuse grise ou rouge que nous connaissons en place dans les parties hautes de la Montagne Pelée. On n'y trouve aucun bloc de l'éruption actuelle. » Phénomènes divers consécutifs a l'éruption : Modifications topogra- phiques. — Nous avons indiqué plus haut que quelques modifications lojîographiques se sont produites au voisinage du cratère. Nous cherche- rons à les préciser au cours de notre prochain voyage, qui sera effectué au cours de la saison sèche. )) Par contre, on peut affirmer que, en dehors de celles-ci, la topogra- phie des hautes vallées de la Montagne Pelée n'a pas subi de changements sensibles. Ces vallées se présentent, il est vrai, avec un aspect totalement différent de celui qu'elles possédaient avant l'éruption; mais cela tient sur- tout à la disparition complète de la végétation tropicale qui les couvrait et masquait en partie leurs ravins profonds. Aujourd'hui, la montagne appa- raît avec la crudité d'une carte en relief, accentuée encore par des érosions superficielles. Celles-ci ont fait disparaître sur toutes les hauteurs la terre végétale et mis à nu le conglomérat ponceux ancien (') qui constitue les parties superficielles de la Montagne Pelée; il n'est plus que çà et là recouvert par les cendres de l'éruption actuelle. La zone ainsi dévastée s'étend sur toute la périphérie du cratère, dans un rayon de 2'''" à 3'"", et en outre dans un secteur compris entre le cratère, le bourg de Sainte- Philomène et Saint-Pierre. » Les parties basses des vallées des rivières Sèche et Blanche, au voisi- nage de leurs embouchures, ont eu, au contraire, leur topographie entiè- (') Le conglomérat ponceux, dans ses parties dénudées, présente d'une façon con- stante de profondes cannelures à surface lisse; elles sont parallèles à la ligne de plus grande pente et ont été produites par la friction des flots qui ont raboté les pentes. 388 ACADEMIE DES SCIENCES. rement bouleversée par les avalanches boueuses du 5 mai. Elles ont été alors entièrement remblayées par le conglomérat décrit plus haut. Depuis cette date, ces rivières se creusent rapidement un lit dans ce conglomérat et dans les boues qui l'accompagnent. L'absence d'un thalweg bien défini dans ces parties comblées empêche l'établissement d'un lit définitif, et nous avons vu leur embouchure se déplacer fréquemment. )) Modifications du rivage. — Nous n'avons constaté nulle part d'affaisse- ment ni d'exhaussement du rivage. A Saint-Pierre, notamment, il ne s'est produit aucun mouvement appréciable de cette espèce; la topographie et le tracé de la côte Ouest de l'île, au voisinage du volcan, n'ont subi que les quelques changements suivants : Le littoral entre la rivière Sèche et la rivière Blanche, sous l'action des fumerolles, des crues et des change- ments de lit des rivières dont il vient d'être question, enfin sous l'action de la vague, subit des variations incessantes qui, d'ailleurs, paraissent surtout s'exercer aux déjjens des apports datant du 5 mai. » C'est ainsi que nous avons vu presque complètement disparaître, à la suite du 9 juillet, les petites falaises formées par le conglomérat de l'usine Guérin. Nous avons observé depuis lors, à leur place, de petits caps, rem- placés en quelques jours par de petites baies et vice versa. Des fumerolles constatées sur le bord du rivage un jour étaient, le lendemain, observées à la même place, se dégageant sous l'eau de mer (à une profondeur de 6" à lo"); elles en élevaient localement la température. » Ces diverses modifications intéressantes à signaler n'ont, du reste, qu'une minime importance; elles ne s'observent que sur quelques cen- taines de mètres à peine. Il y a lieu de signaler encore l'élargissement de l'embouchure de la rivière des Pères et de celle des ruisseaux situés entre le Prêcheur et la rivière Blanche. )) Action des rivières lorrcruielles. — Dans toute la région entièrement dé- vastée, le déboisement est total, toute végétation a disparu ; aussi les pluies très abondantes, n'étant plus retenues par rien, déterminent la formation soudaine de torrents violents dont la puissance dynamique est considé- rable. Ils entraînent tout sur leur passage, d'autant plus que la cendre de l'éruption actuelle n'offre aucune résistance et que le substratum de la Montagne Pelée, essentiellement constitué par des tufs et des conglo- mérats, se prête d'une façon toute spéciale à l'érosion. C'est ainsi qu'à diverses reprises la rivière du Prêcheur, celle de Basse-Pointe, la rivière Falaise ont pu rouler des blocs de lo""'. » Les effets dévastateurs de ces torrents peuvent surtout s'observer à la SÉANCE DU I*'' SEPTEMBRE 1902. 889 Basse-Pointe, où toutes les maisons des parties basses du bourg ont été emportées et le lit inférieur de la rivière remblayé par 4".5o de blocs et de débris de toutes sortes ('). Des phénomènes analogues s'observent au Prêcheur, dont les maisons sont emportées une à une par des torrents qui creusent des ravines profondes à travers le bourg. )) Sur la côte Est, ces torrents ont produit des atterrissements importants à leur embouchure et ont étendu le delta; de nombreux matériaux ont été en outre transportés par le courant littoral dans les baies situées au nord de ces embouchures. C'est ainsi qu'à la Basse-Pointe il s'est formé une barre de 100" environ, obstruant entièrement la baie, où l'on avait con- struit récemment un embarcadère et un brise-lames. » Varialions du fond de la mer. — Des sondages en mer, effectués aux points où les anciens chiffres portés sur les caries marines permettaient de contrôler les nouveaux, n'ont mis en évidence aucune modification des fonds, aussi bien au large que dans le voisinage de la côte. On a vu plus haut que les ru|)lures du câble semblent indiquer la production de fissures sous-marines; il est vraisemblable qu'elles se sont produites sans dénivel- lation sensible, tout comme celles de la terre ferme. » Ras de marée. — Des mouvements anormaux du niveau de la mer ont été observés sur les côtes de l'île. Ces mouvements consistaient uniformé- ment en cinq ou six ondulations successives, séparées par des intervalles de 5 minutes environ et d'une amplitude décroissante. » Le plus important paraît s'être produit le 8 mai et a coïncidé, autant qu'on a pu le constater, avec l'instant de l'éruption. Il a commencé à Fort- de-France par un retrait de la mer de i"" environ, suivi d'une montée d'une quarantaine de centimètres au-dessus du niveau moyen. Le phéno- mène s'est produit également à la Trinité. Il n'a pas été ressenti à la Gua- deloupe, où des observations sérieuses ont été faites pendant toute cette période. Il a été plus important à Saint-Pierre, où les bâtiments au moud- lage ont talonné plusieurs fois et ont été balayés par la lame. Au Carbet, son amplitude semble n'avoir pas dépassé 2"". (') Nous avons indiqué plus iiaut que des funieioUes et des sources d'eau boueuse ont été signalées dans le lit de la Falaise et de la rivière de Basse-Pointe; il est pos- sible qu'elles aient joué un rôle dans plusieurs de ces inondations subites survenues avant notre arrivée à la Martinique; mais nous n'avons, à ce sujet, aucune observa- tion personnelle. Sgo ACADÉMIE DES SCIENCES. » Le 5 mai, il n'a été ressenti qu'à Saint-Pierre et dans les environs immédiats; il a été plus faible. Des phénomènes analo£[ues ont été con- statés le 20 et le 26 mai, le 6 juin et le 9 juillet; il faut signaler à part celui du 7 mai, qui a été observé également à la Guadeloupe et qui ne correspond pas à une éruption caractérisée : son amplitude n'a pas dépassé 3o'™. » Courants. — Du 7 au 10 mai, il a été constaté sur la côte Ouest de l'île un courant d'une vitesse anormale portant au Nord. Il a été observé au large par le Poiiyer-Qucnier le 7 et le long de la côte par divers observa- teurs. Il était assez violent pour causer des remous dans les baies et des lignes de brisants aux pointes. M Observations météorologiques, — Baromètre. Chaque éruption a pro- duit une oscillation instantanée de la colonne barométrique qui, à Fort- de-France, s'est traduite sur l'enregislreur par un crochet de ("""à 3™"". Avant et après, la courbe avait sa forme normale ; le trait ainsi tracé est à cheval sur la courbe, mais la baisse est très supérieure à la montée. » Celte oscillation n'a été observée que dans les grandes éruptions du 8 mai (baisse de 3""°), du 20 mai (baisse de 2""", 8), du 6 juin (baisse de i™™,5), et enfin du g juillet (baisse de i™'",3). Le passage des nuages de cendre au-dessus de Fort-de-France a donné lieu à un abaissement assez considérable de l'état hygrométrique; l'inverse a eu lieu le 6 juin (obser- vations de M. Mirville). » Phénomènes électriques et magnétiques. — En dehors des éruptions caractérisées, on a constaté dans les environs immédiats du cratère des phénomènes électriques d'une grande intensité ; ils se manifestaient, comme cela a lieu d'ordinaire dans des cas semblables, sous forme d'éclairs multi- pliés. Les poussées de vapeur sortant du cratère au moment des paroxysmes étaient également à une tension électrique très élevée; il en a été de même pour les nuages qui sont venus passer sur Fort-de-France (notamment les 6 juin et 9 juillet) et dans lesquels les décharges étaient continues, pré- sentant toutes les formes connues d'éclairs. » L'appareil de télégraphie sans fd du Bruix a été impressionné par chacune des éruptions importantes. » Tandis que pendant les orages il donne luie série de points isolés, il a fourni, d'r.près les indications que nous devons à M. le lieutenant de vaisseau Benoit d'Azy. un trait j)resque continu lors des éruptions caractérisées. SÉANCE DU l" SEPTEMBRE 1902. 39 1 » On sait que ries troubles magnétiques ont été constatés dans diffé- rents observatoires éloignés de la Martinique lors de l'éruption du 8 mai. » Dans une prochaine Communication, nous nous occuperons spéciale- ment de cette dernière éruption et de la destruction de Saint-Pierre. » Cette Note et celles qui suivront seront renvoyées à l'examen de la Com- mission des Antilles. Cette Commission comprend MM. Janssen, Bassot, Hatt, Michel Lévy, de Lapparent, Alfred Picard et le Bureau de l'Académie. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les fonctions entières et quasi entières el les équations différentielles. Note de M. Edmond Maillet, transmise par M. Jordan. « M. Borel a introduit ( ') ilans la théorie des fonctions entières d'ordre fini la notion de fonctions à croissance régulière. Mais il n'a donné aucun critère pour reconnaître a priori si une fonction entière donnée par son développement laylorien Chl ou non à croissance régulière. De pareils cri- tères sont pourlant indispensables au point de vue des applications; nous avons obtenu les suivants : » I. Soit (0 (p(a;)--=J;,r„,r'« 0 une fonction entière d'ordre fini p. On sait (jud y a pour m assez grand une infinité de coefficients a,„, tels que m P i inférieur à un nombre fini arbitraire aussi prlit qu'on i^eut et positif. » 5i 0 est un nombre positif qui croît moins nie avec m que /«(log/n)' " — m (x positif aussi petit qu'on veut, mais fini), el si, sur () coefficients consécutifs à nartir de a„,, il y en a toujours un tel que ( 2 ), dès que m dépasse une limite finie, la fonction entière est à croissance régulière. (') Leçons sur les fondions entières, p. 107. 392 ACADÉMIE DES SCIENCES, » Sif) croît plus i^'le Oi'ec m que m'^^— 7?? ('Ç ^fini positif aussi petit qu'on veut) pour une infinité de valeurs de m satisfaisant à (2), dès que m dépasse une limite finie, la fonction entière est à croissance irrégulière. » Les dérivées des fonctions entières satisfaisant à l'un de ces deux critères ont, en même temps que la fonction, leur croissance régulière ou irrégulière. » Ceci s'étend aux fonctions quasi entières. Il y a des applications dans la théorie des équations différentielles : » II. Les fonctions entières ou quasi entières d'ordre fini, qui satisfont à une équation différentielle linéaire rationnelle en x, ont leur croissance régu- lière. » III. Soit (3) F(,r,j,/, ...,jW) = o une équation différentielle dont le premier membre est un polynôme entier en X, y, y, ..., yf*\ mais qui ne renferme qu'un seul terme en y, y', . . . , ouy^^K » La fonction P( - ) + ^^ ^a^", oiï l'(x) est un polynôme entier, 'S 0„.r" une fonction entière de genre fini, ne peut satisfaire à l'équation (3) que si V 6„a;" est à croissance régulière. 0 » Il en est de même de la fonctionV (x) 4- T' -^ • » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les équations difiérentielles du second ordre à points critiques fixes. Note de M. R. Liouville. « En faisant connaître toutes les équations différentielles, à points critiques fixes, pour lesquelles -r^ est une fonction rationnelle en -^, algébrique en y et analytique en x, M. Painlevé a signalé, comme dignes du plus grand intérêt, trois types d'équations dont la solution générale contient, d'une façon transcendante, les deux arbitraires, de quelque ma- nière qu'elles soient choisies. » M. Painlevé ajoutait que ces équations définissent des fonctions SÉANCE DU ]«■• SEPTEMBRE 1902. SgS méromorphes, distinctes des transcendantes classiques et ne peuvent être réduites aux équations différentielles linéaires à coefficients algébriques. Mais le caractère, en quelque sorte relatif, de cette irréductibilité résulte des explications détaillées données par M. Painlevé, et la question de savoir s'il n'existe, au sens absolu des termes, aucun moyen de rattacher les équations différentielles dont il s'agit aux équations linéaires, ou d'ex- primer leurs solutions à l'aide des transcendantes classiques, est encore à résoudre. » En fail, les équations différentielles à points critiques fixes, de l'es- pèce indiquée, sont réductibles à des systèmes linéaires et voici comment la démonstration s'établit pour la plus simple d'entre elles, les deux autres pouvant être traitées par des procédés tout semblables. M J'écris ainsi l'équation proposée : en désignant par \j. un paramètre qui doit demeurer arbitraire, et, posant -^ = X,, je joins à l'équation (i) celle-ci, qui s'en déduit, (2) -£^ = 11X^X,-^IJ.. M Le système ainsi composé est un de ceux auxquels convient la forme générale ( 3 ) dxf,: fd' cc,-"^ /)* dx, dxÀ ^ dx, U' X,' - 2 [^!'l dx, dx,\ , déjà rencontrée dans d'autres recherches; les indices peuvent y recevoir les valeurs i, 2 et 3, et les coefficients /?,'), dépendent à volonté de x^, 07,, ^s- Les équations (3) .sont associées à un système linéaire ( 4 ) ^/^<'' +^P] 'a' ="" ^-^-^ = " ' ^/- - 2 ="' f^-^A = o et leurs propriétés sont étroitement liées, quel que soit d'ailleurs le choix des variables. » Mais, quand l'équation (1), seule, est donnée, le couple d'équa- tions (3), qu'on lui substitue, n'estpas complètement déterminé. Les rela- tions identiques G. 15., I9U2, 2- Semestre. (T. CXXXV, N« 9.) '01 39 'î ACADÉMIE DES SCIENCES. permettent, en effet, de modifier les éqTialions (i) et (2), sans qu'elles cessent d'être représentées par des formules semblables à (3) et, par suite, (l'èlre associées à un système linéaire (/j ) ; il suffit que l'ensemble (6) ^'■:rJy^p\':^=o, où z est une fonction de .r,, .t„, x^ ei z"'\ s"'*' représentent -r^ , " — , sont .six équations, aux dérivées partielles, ayant quatre solutions com- munes, dont l'une est une constante. » Pour qu'il en soit ainsi, les coefficients p''.''i. doivent satisfaire à des conditions bien connues, qui laissent trois d'entre eux arbitraires. En y joignant : 1° les deux conditions nécessaires afin que le système (/() soit associé aux équations déduites de l'équation proposée; 2° une relation d'api'ès laquelle le jacobien des trois solutions non constantes du sys- tème (7) est une fonction donnée des variables, par exemple est égal à l'unité, on définit les coefficients /?J'\' d'une façon complète. » L'intégration des équations (3) et, par suite, de (i) est ainsi réduite à celle d'un système liné;:ire. » En effet, la résolution du syslèuie (7) exige uniquement celle d'une équation différentielle linéaire du quatrième ordre. Les relations établies entre x^, x^, x, par le couple associé, qui comprend l'équation pro- posée, expriment que deux solutions quelconques de (7) s'évanouissent à la fois. » La possibilité de rattacher l'étude de l'équation (2) à celle d'une équation différentielle linéaire est ainsi manifeste; la construction effec- tive de cette dernière équation e>t uu |)r(>blème assez complexe, auquel conduit l'analyse précé dente et que j'espère traiter dans une prochaine Communication. SÉANCE DU 1*' SEPTEMBRE 1902. SqS )i Au surplus, l'emploi des coasidérations qui viennent d'être indiquées n'est pas limité aux équations du second ordre à points critiques fixes; les cas dans lesquels s'applique une transformation analogue sont étendus. » PHYSIQUE. — Éieclrolyse de mélanges de sels. Note de M. Anatole Leduc. « Je me suis beaucoup préoccupé, au début des expériences sur l'clec- trolyse de l'azotate d'argent dont j'ai eu l'honneur de communiquer les résultats à l'Académie ('), des impuretés que pouvaient contenir le bain et l'anode destinée à le régénérer. )) M. Férent, directeur du laboratoire d'essais de la maison Lyon-Alle- mand, a bien voulu préparer spécialement pour moi la quantité d'argent pur dont j'avais besoin au départ. L'essai a montré que ce lingot renfer- mait moins d'un dix-millième d'impuretés. Dans les expériences succes- sives, les anodes étaient formées par le métal recueilli à la cr.thode dans les opérations précédentes, affiné encore par cela même. Mais, comme on ne saurait prétendre à la pureté parfiute, j'ai tenu à me rendre compte de l'influence des métaux étrangers dans le bain. » Ainsi que j'ai eu l'occasion de le dire ailleurs (-), diverses expériences sur l'électrolyse de mélanges de sels, et notamment celles de G. Wiedemann et de M. Bouty, laissaient supposer que les métaux inférieurs à l'argent dans la classification de Dumas n'auraient qu'une influence très faible ou négligeable, au moins dans certaines conditions. » Pour être bien fixé sur ce point, j'ai réalisé deux séries d'expériences, dans lesquelles j'ai additionné le bain d'azotate d'argent de quantités crois- sahtes d'azotate de potassium ou de cuivre, de manière que la concentration totale fût à peu près normale (une valence-gramme par litre). » Deux voltamètres identiques, placés en série, recevaient : l'un un bain pur, l'autre le bain impur. S'il se dépose sur la cathode de ce dernier du potassium ou du cuivre, chaque gramme de ceux-ci prend la place de 3« environ d'argent : la pesée accusera donc un déficit de 2». D'autre part. (*) Comptes rendus des 7 el 38 juillet igo'.î. ('■') Rapport présente au Congrès international de Pliysi(|uc réuni à I^aris en iijoo : Sur L'équivaleiil éleclrochiiniquc de l'argent, etc. 396 ACADÉMIE DES SCIENCES. chaque gramme de potassium réagissant secondairement sur l'eau donnera lieu à un déficit de 3^ environ. » Voici les résultais obtenus avec des cathodes de loo"^"' et des anodes de 18™' : » 1° Addition d'azotate de potassium. — Que la concentration en azotate de po- tassium soit o,o5 normale ou demi-normale, avec un courant voisin de i=™p, je n'ai observé qu'un déficit insignifiant : i dix-millième tout au plus. » Enfin, avec un bain 0,9 normal en potassium et par suite décinormal en argent, et un courant de i^^p, le dépôt est spongieux et ne peut être pesé avec précision; mais si l'on réduit le courant à o»"P,5 le dépôt redevient cristallin et le déficit est encore inférieur à i dix-millième. » Il faut en conclure que le potassium libéré par l'électrolyse réagit complètement et uniquement sur l'azotate d'argent. » 2° Addition d'azotate de cuivre. — Les résultats sont à peu près les mêmes, tant que la concentration en cuivre ne dépasse pas la décinorraale. Dans ce dernier cas, avec un courant de i»™p, la dilTérence des dépôts n'atteint que i™s sur 27?. » Avec un bain demi-normal en cuivre et en argent, et un courant de o"'°p, 5 seule- ment, cette différence n'a pas atteint 2 dix-millièmes. M Conclusion. — On voit qu'il n'y a pas lieu de se préoccuper outre mesure des quelques millièmes d'imj>Uretés que peut renfermer l'argent considéré comme pur dans le commerce, lorsqu'elles sont constituées par les métaux inférieurs à l'argent dans la classification de Dumas. La pré- sence des métaux supérieurs serait plus fâcheuse. Mais leur proportion n'est jamais très élevée, et leurs équivalents éiectrochimiques ne diffèrent généralement pas beaucoup de celui de l'argent; enfin surtout, en raison de ce qui précède, ces métaux seront éliminés du bain dès les premières opérations où ils seront employés. » ACOUSTIQUE. — Classement des accords binaires. Consonances et dissonances spécifiques. Note de M. A. Gcillemix, transmise par M. Violle. « Pour tous les auteurs, la dissonance d'un accord binaire apparaît dès qu'il commence à battre; elle s'accentue quand le nombre des battements augmente, et alors sa fausseté augmente aussi. En sens inverse, l'accord devient consonant lorsque les battements tendent à disparaître et de- viennent assez lents pour qu'on ne les entende plus. » Dissonance spécifique : (a) 2AB = aH(m -f- rt). SÉANCE DU 1*'' SEPTEMBRE 1902. 897 » La formule (a), qui se déduit immédiatement des notions précé- demment établies, nous montre que, si l'on considère divers accords de hauteur H et de fausseté a, le nombre des battements B est : Pour l'unisson i : i, proportionnel à i + 1 = 2, » l'octave 2:1, » 2+1^3, » la quinte 8:2, » 3 + 2 = 5, » la quarte 4^3, » 4 -I- 3 =: 7, elc. » Il est donc tout indiquéde prendre ces nombres 2, 3, 0,7,.. ., comme caractérisant les dissonances de l'unisson, de l'octave, de la quinte, de la quarte, etc., et nous dirons : » La dissonance spécifique d'un accord — est m-\- n; elle est égale au , ,1 . , ,, 1 . lrn->r n)^ , (m -\- n)\ , .. nombre de battements que donne i accord normal ^ . — —^ — ( ;, quand il est faussé de 2'^. » En effet, si dans (a) on fait H = A et a = 2, et si nous appelons p la valeur qui en résulte pour B, il reste c'est la définition de la dissonance spécifique. » Consonance spécifique. — Admettons que les battements d'un accord cessent d'être entendus quand B = ^ par seconde; dans la formule (x) faisons H = A et B = 5, et appelons c la valeur qui en résultera pour a; il vient (y) c = — Η • » D'où celte définition : La consonance spécifique c d'un accord — est égale à l'altération que doit subir l'acconl normal pour qu'il fasse demi- battement par seconde (-). (1) Dans les Comptes rendus du i5 juillet, pap;e 100, ligne i, au lieu de : « Il y a d'autres accords dont les centres de gravité ne . . . », lire : « Il y a d'autres accords normaux dont les M et les N ne ... ». (2) La consonance et la dissonance spécifiques sont ainsi reliées par la relation ep = i, comme le sont la conductibilité et la résistance électriques. SqS académie des sciences. » Ces définitions permettent de dresser le Tableau suivant Classement des accords binaires. Rangs des Symboles accords. m:n. Noms. 1 I : o » II I : 1 unisson lll . . . . 2:1 octave IV 3 : I douzième i 3:?. quinte (4^1 double octave V VI.... -5:1 dixième redoublée . . !4:3 quarte 5:2 dixième majeure. . . . 6:1 douzième redoublée . 5:3 sixte majeure 9 VIll. 7:' tierce majeure. IX 7:2 (8:1 triple octave X. Accords Valeurs Dissonances normaux. en a. spécifiques. )) )) I las-las 0 2 mij-inii 3oi 3 rés-la^ 477 4 fa#3-ul#4 .76 1 5 n\.:t.-ul~. 602 \ utj-mij 699 G sol^-uL.^ 125 } mii-sol^ 398 1 ! 7 iiti-sol^ 77« fa^-réi 222 l 8 sij-Zaj 845 \ sols-sia 97 1 re2-.«4 544 i 9 Sl,-Sl3 9o3 mi it^-sol'yi 368 si2-ut#3 954 7:3 ? 9: 1 neuvième 2 fois redoublée. » IV. B. — Les notes en italiques diffèrent un peu des sons qui donneraient l'accord normal exact. » Remarques. — I. Pour le moment, nous laissons vide la place qui correspond à l'accord normal du premier rang. Cela nous permet de représenter par le même nombre entier et le rang de l'accord et sa dissonance spécifique. » II. Les musiciens et acousticiens, croyons-nous, eussent classé d'instinct, dans les rangs II, III et IV, les accords à^inisson, à'octaçe, de douzième; en plus, notre classement précise leurs dissonances 2, 3 et 4. » m. Au cinquième rang, nous classons e,r a'quo la double octave 4 ' 1 et la quinte 3: 2. C'est que, faussés de 2"', ces deux accords donnent 5 battements par seconde. » IV. Rien d'extraordinaire dans les rangs VI et VU. Mais le huitième est occupé par deux accords que l'on sera étonné de trouver réunis. C'est la sixte majeure 5 : 3 et V accord sans nom 7:1. Nous ne les séparons pas, puisque tous les deux donnent 8 battements par seconde quand on les altère de 2"^. » V. Les surprises continuent dans les rangs suivants. Les accords 7:2, 7:3 viennent se ranger tout naturellement parmi d'autres accords non discutés. Gela prouve simplement que, au point de vue acoustique, les accords formés avec le nombre 7 ne présentent aucune tare spéciale, et ne se diflerencient en rien des autres accords. » VI. Il n'est pas nécessaire, pour le moment, de pousser notre classement au delà du dixième rang. En fuit, les auteurs jiarlent encore, sans insister, des battements de la sixte SÉANCE DU 1*'" SEPTEMBRE 1902. 899 mnjeurc (\'ni'' rang) et de la tierce majeure (IX» rang); mais ils sont muets sur les accords de rangs plus élevés. C'est donc qu'ils ne battent pas, ou batlenl trop faible- ment pour être entendus : alors notre classement, qui est fondé sur la fréquence des battements, n'a plus aucune raison d'être. » Comme il y a, malgré cela, dos accords tels que 8 : 5 et 9 : 5, qui occupaient les rangs XIII et XIV, dont l'oreille apprécie encore la justesse, ce fait devra être expliqué. » VII. Au point de vue théorique, nous avons éclairci et précisé la loi des nombres simples, et, au lieu de parler du rapport —, nous disons : » Sont consoiinnls, c'est-à-dire susccpUbles de halLre quand on les fausse, les accords pour lesquels on a m -h /« 1 1 o. » CHIMIE ORGANIQUE. — Aciion des fermenls solub'es et de la levure haute sur le oenliohiose. Remarques sur la curislilution du genlianose. Note de MM. Ém. Bourquelot et H. Hérissey. « L'action des fermenls de V AspergUlus, celle de l'invertine et celle de l'émulsine sur le genlianose (hexotriose) ét;int connues par des recherches antérieures ('), on pensera peut-être qu'il n'y avait pas lieu d'étudier les actions de ces agents sur le gentiobiose (hexobiose), celles-ci, semble-t-il, devant pouvoir se déduire de celles-là. Nous l'avons fait cependant, esti- mant surtout que nous avions là un moyen de contrôler l'exactitude de nos précédentes observations. On verra, d'ailleurs, que relativement à l'un de ces ferments, l'émulsine, toute dédiictitui eût été prématurée. » 1° Le liquide fermenlaire de /'Aspergillus lirdrolyse complèlemenl le genlio- biose. — II se fait 2'°°' de glucose, comme en témoignent les pouvoirs rotatoire et réducteur des mélanges mis en expérience. » 1° L'invertine n'agit pas sur le gentiohose. » 3" L'émulsine hydrolyse le genliobose. — L'émulsine a été trouvée sans action sur le genlianose : a priori, ce ferment devait donc être incapai)!e d'agir sur le gentiobose. Le contraire a pourtant été constaté. » Ce fait nous a tout d'abord tellement surpris que nous avons jugé nécessaire de répéter l'expérience sur le genlianose, en même temps que nous la faisions sur le gen- tiobiose. Voici les détails de ces essais comparatifs (/ =: 28°) : Matière sucrée (gentianose ou genlioliiose) i?, 20 Solution ihyraolée d'émulsine (o,5o pour 100) Go"""'' Rotations extrêmes observées au cours de l'ex|)érience (/r=r 2) : Gciiti.Tnose. Gentiobiose. Rotation du liquide primitif i"i6' o" 2/I' Rotation au bout de 94 heures i''22' 104^' (') Comptes ren,/iis. t. C\X\'I, 21 février 189S, et t. CXXXII, 4 mars 1901. 4oO ACADÉMIE DES SCIENCES. » Une action presque insignifiante, mais réelle cependant, car le mélange était devenu très faiblement réducteur (réduction = os,o3 environ pour la totalité du sucre) a été observée avec le gentianose. Cette action, qui n'a été manifeste qu'au bout d'un long temps, n'a pas de rapport avec celle de l'invertine, la rotation droite ayant augmenté. Elle ne peut s'expliquer que par un dédoublement du gentianose en glu- cose d'une part, et en sucre de canne ou un sucre analogue d'autre part. Elle est vraisemblablement produite par un ferment qui se trouve à l'état de trace dans l'émul- sine des amandes, puisque le genliobiose, au contraire, a été dédoublé rapidement. » 4° La levure de bière hante ne provoque pas la fermentation du genliobiose. — L'invertine n'hydrolysant pas le genliobiose, il semble qu'on aurait pu conclure que la levure haute ne fait pas fermenter ce sucre. Mais nous savons que le maltose, qui, lui non plus, n'est pas dédoublé par ce ferment, éprouve cependant la fermenta- tion alcoolique au contact de la levure en question. L'expérience directe était donc nécessaire. » On a introduit dans une cloche graduée remplie de mercure et placée sur la cuve à mercure : Genliobiose 0,20 Eau distillée 10'"" à n-^"' Levure haute pressée os, 20 » A titre de comparaison, le même essai a été fait simultanément avec le maltose et le gentianose ( t = 22° à 23") : Volume de CO- dégagé avec Durée ~"^ '-- — ^ — de la fermentation. genliobiose. maltose. gentianose. cm' cui^ 3 heures 3o minutes o 11, 5 3, 00 28 heures o 37,00 12,75 » Ces résultats montrent nettement, d'une part, que le genliobiose ne fermente pas au contact de la levure haute, et, d'autre part, que le gentianose ne fermente qu'in- complètement. » Ils conduisent, ainsi, à un procédé assez simple d'obtention du genliobiose. Si, en effet, aux liquides d'hydrolyse incomplète du gentianose, on ajoute de la levure haute, il y aura destruction du lévulose, et le genliobiose non attaqué n'en sera que plus facile à isoler. » Ce procédé appliqué à des solutions résiduelles provenant de diverses opérations hydrolytiques, solutions riches en lévulose ('), nous a donné très aisément du gen- tiobiose pur (o(d=:-1- 9°, 56). » Conclusions : Constitution du gentianose. — Eavisagés au point de vue de la constitution du gentianose, les faits exposés conduisent à des conséquences signalées partiellement en 1901, mais qu'il est utile d'exa- miner dans leur ensemble. (') Sur le genliobiose, préparation et propriétés du genliobiose cristallisé {Comptes rendus, l. CXXXV, 1902, p. 290). SÉANCE DU l" SEPTEMBRE 1902. 4"' » i" En ce qui concerne l'action de l'invertine. — Jusqu'à l'époque des recherches que nous venons de rappeler on ne connaissait que deux poly- saccharides attaqués par l'invertine : saccharose et raffinose. Le gentia- nose en constituait un troisième et récemment M. Tanret en a signalé un quatrième : le mannéotétrose. Dans les quatre cas, 1"°' de lévulose est décrochée. Le phénomène prend ainsi une allure générale, et il semble que l'on puisse le définir ainsi : Seuls, les polysaccharides renfermant i"""^ de léndose, reliée à 1™°' de glucose de la même façon que dans le saccharose, sont attaqués par l'invertine, et cela avec décrochement du lévulose. » 2° En ce qui concerne l'action de l'émulsine. — Pour hydrolyser complètement le gentianose, et cette conséquence paraît devoir s'étendre aux polysaccharides, plusieurs ferments sont nécessaires. Ici, pour un corps composé de 3""°', il nous en faut deux qui sont : l'invertine et l'émulsine ou tout au moins un ferment contenu dans l'émulsine des amandes. » Ce n'est pas tout; nos expériences montrent que les actions fermen- taires ne sont pas simultanées, celle de l'invertine devant précéder celle de l'émulsine, puisque celle-ci, qui hydrolyse le biose, est sans action sur le triose. Emile Fischer a comparé les ferments solubles à des clefs et les composés sur lesquels ils agissent aux serrures correspondantes. La même comparaison vaut encore pour donner une idée des phénomènes observés avec le gentianose. Celui-ci représenterait deux serrures, les deux clefs étant l'invertine et l'émulsine. De plus, l'une des clefs, l'invertine, enclen- cherait la deuxième serrure de telle sorte que la seconde clef (émulsine) ne pourrait agir que quand la première aurait rempli son office. » PHYSIOLOGIE. — Sur l'action protéoly tique des venins. Note de M. L. Launoy, présentée par M. Edmond Perrier. « J'ai eu ces jours-ci connaissance de la Note de M. Delezenne (' ), et à ce propos je crois devoir rappeler que depuis plusieurs mois je poursuis des recherches sur l'action zymotique des venins (-). » 1° Action protéolylique. — En ce qui concerne spécialement le venin des Ophidiens, j'ai établi que si l'on fait agir, sur une solution de caséine dans l'eau de (') Delezenne, Sur l'existence d'une kinase dans le venin des serpents {Comptes rendus, 11 août 1902). (2) L. Launoy, De l'action aniylo/f tique des glandes salii-aires chez les Ophi- diens {Bulletin du Muséum, 1902, n- 1, p. 38-4?-). — L. Lal'noy, De l'action pro- téolylique des glandes salivaires chez les Ophidiens {Bulletin du Muséum, mai 1902, p. SôS-Syi). C. R,, 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N° 9.) -^^ 4o2 ACADÉMIE DES SCIENCES. cliau\ ou sur îles dilutions de sérum de bœuf, une macéralion glycérinée de glandes à venin de Vipère extirpées asepliquement, le calcul, d'après la méthode de Beckmann, de la quantité d'azote insolubilisé, montre qu'une légère fraction des albuminoïdes en digestion est rendue soluble mais rarement peptonisée; j'ai de plus montré que, sur la fibrine, l'action des venins est semblable, il peut y avoir dissolution partielle mais jamais peptonisation. Comme l'a fait très justement remarquer M.Delezenne, l'oval- bumine coagulée ne subit aucune modification sous l'influence du venin des Ophidiens, pas plus d'ailleurs, comme je l'ai constaté dans des expériences en cours, sous l'in- fluence des sécrétions venimeuses de Scolopendre et de Scorpion. » II. Action du venin de Cobra sur les ferments solubles. —J'ai fait connaître antérieurement les résultats acquis en mettant en présence des solutions de venin de Cobra, d'émulsine et d'amygdaline ('). Les conclusions auxquelles je suis arrivé sur le mode d'action du venin de Cobra sur les ferments protéolytiques n'étant pas, dans les conditions expérimentales où je me suis placé, exactement conformes à celles de M. Delezenne, je donne ici les résultats obtenus avec la pancréatine. » Dans cette étude, je me suis servi du procédé indiqué par MM. Bourqueiot et Hérissey dans leurs recherches des ferments piotéohydrolytiques dans les Champi- gnons (' ). » Protocole ex périme niai. — On dispose les essais suivants : A — A'. — Pancréatine 0,002 -H venin 0,002 + lait dégraissé 20™° + eau saturée d'éther S"""'. B — B'. — Pancréatine 0,002 -f- venin 0,002 + lait dégraissé 20="' -f- eau saturée d'éther 3™'. On porte à 100° et rétablit le volume à 25"'"' avec quantité suffisante d'eau éthérée. G — C. — Pancréatine 0,002 -f- lait dégraissé 20*^™' H- eau saturée d'éther 4""'- D — D'. — Venin 0,002 h- lait dégraissé 10"^' -f- eau saturée d'éther 4°™'. E — E'. — Lait dégraissé 20""' -t- eau saturée d'éther 5"'"'. » Toutes ces manipulations ont été faites aseptiquement (^). On a laissé pendant 4 jours à 25° (température du laboratoire fin juin 1902) les essais A, B, C, D et E; et 8 jours les essais A', B', C, D', E'. » Les dosages ont été faits sur 12™' du mélange, la caséine non digérée était pré- cipitée par CfP.COOH; dans les flacons A, B, A', B', D, D' une minime quantité de globuline provenant du venin s'ajoute au précipité. » Dans ces conditions, la quantité de caséine digérée pour 100 a été : ^ 76,49 A' 78,70 B o B' o C 63,67 G' .66,25 T-) 8,65 D' 6,25 E o E' o (') L. Launoy, Action de quelques venins sur les glucosides. Action du venin de Cobra sur l'émulsine [Comptes rendus de la Soc. de BioL, 7 juin 1902). I,-) BouiiQUKi.oT et llÊRissjjv, Sur la présence d'un ferment soluble protéohydro- lytique dans les Champignons {Bull. Soc. mycol. de France, t. XV, 1899, p. 60-67). (•') Le venin de Cobra employé m'avait été adressé par iM. le Professeur Calmette, à qui j'adresse à nouveau mes respectueux reniercimenls. SÉANCE DU I" SEPTEMBRE 1902. 4o3 » En résumé : i" Si l'on fait agir, à rl(3s températures de 37", V" o» 43", sur des substances albnminoïdes dissoutes, des solutions de venin de Cobra ou des extraits de glande venimeuse de Vipère et de parotide de Cou- leuvre, le venin désintègre la molécule albuminoïde, de telle sorte que celle-ci reste soluble après addition d'aldéhyde formique (H COH) et des- siccation à io5° (caséine, albnminoïdes du sérum) ou n'est plus précipi- table par l'acide acétique (CH-', COOH). )) 2° Cette désintégration est favorisée par une faible alcalinité du milieu (neutre à la phénolphtaléine); elle donne lieu à des albumoses à réac- tion biurétique, précipitées par l'acide nitrique, le chlorure de sodium et le sulfate d'ammoniaque. L'hydrolyse n'atteint jamais le terme : peptone. » 3" Si l'on fait agir simultanément, sur une substance albuminoïde en solution alcaline, une solution de venin de Cobra et une solution de pan- créatine active, l'action zymotique faible du venin s'additionne à l'action propre du ferment soluble, sans que celle-ci semble notablement accé- lérée par la présence du venin. » 4° I-'CS venins de Vipère (Vipera aspis), de Vive {Trachinus draco), de Scolopendre (Scolopendra morsitans), et de Guêpe commune ( Vespa vulgaris) (') en solutions glycérinées thymolées, les venins de Cobra et de Scorpion (Bt/t/tiis eitropœus) en solutions filtrées à la bougie, se montrent dépourvus de toute action protéolyticjue sur les substances albuminoïdes coagulées (ovalbuniine, albuminoïdes du sérum) et sur la fibrine. » MICROBIOLOGIE. — Sur la difficulté d'isoler le Bacterium coli normal, dans la dysenterie coloniale. Note de M. Lesage. « En poursuivant mes études sur la dysenterie coloniale (■) j'ai dû rechercher le Bacterium coli normal, avec ses caractères bien connus (entre autres, la coagulation rapide du lait en 24 à 48 heures, l'odeur des cul- tures, etc.). (') Je rappelle le travail de Jos. Langeu, Untersuchungen ilber das Bienengift, 2'"' Mitllieilimg (Arch. int. de Pharmacodynaniic, vol. VI, p. 181-194). (-) Dans celte question si difficile des dysenteries, il est important de préciser les faits que chaque auteur étudie. La dysenterie coloniale, maladie des pays chauds, est épidémique ou sporadique; elle présente trois périodes (première période : glaires, mucus, sang, lavure de chair; deuxième période : boursouflure des matières fécales; troisième période : diarrhée blanche). L'évolution de la maladie est variable; elle peut durer quelques jours, quelques semaines, quelques mois; elle est souvent accom- pagnée d'abcès du foie. 4o4 'ACADÉMIE DES SCIENCES. » M. Le Dantec a signalé, le premier, la rareté de la présence de ce microbe dans les matières fécales (ce qui est un fait exceptionnel en Palho- logie). Cette assertion est vraie dans son sens général; cependant il est bon de spécifier, dans cette étude, la période de la maladie. » Ainsi, à la première période, 6 fois sur 26, j'ai constaté la présence du microbe normal; à la seconde période, 18 fois sur 63. Dans le reste des cas, le microbe était à l'état de /J«/'«co/« (perte de l'odeur, absence de coagulation du lait, même après un long temps). » Dans la troisièoie période, j'ai toujours constaté la présence du B. coli normal. » J'ai recherché les causes de la transformation du B. coli normal en paracoli. En voici une, d'après l'étude des 10 paracoli que j'ai rencontrés à la première période de la maladie. La culture paracolienne paraît absolument pure, mais ce n'est qu'une apparence. En effet, après une série d'isolements très minutieux et après un ou plusieurs passages sur les animaux, j'ai remarqué que la culture contenait deux microbes : une pasteurellose (') et \& paracoli. La culture paracolienne, ayant une végétabilité très grande par rapport à la première, la recouvre et la masque. En pre- nant la culture paracolienne ainsi isolée et en lui faisant subir plusieurs passages sur pomme de terre, j'ai noté que l'odeur colienne réapparaît et que le lait subit la coagu- lation d'abord lente, puis rapide. M he paracoli devient £. coli normal. Cette transformation est plus ou moins rapide suivant la qualité de la pomme de terre. » Ce B. coli normal ainsi obtenu est mis de nouveau au contact de la pasteurellose, soit sur gélose, soit dans le péritoine de cobaye : il se transforme en paracoli. » Moyens d'isolement. — a. Isolement très minutieux et répété plusieurs fois sur plaque de Pétri (gélose et gélatine). La pasteurellose a des cultures fines et petites avec ses caractères spéciaux. Les cultures du paracoli sont plus épaisses et plus grasses et possèdent les caractères connus. » Il est bon de remarquer que, si la culture de la pasteurellose contient par mégarde quelques éléments paracoliens, ceux-ci envahissent bientôt le milieu et masquent de nouveau le cocco-bacille. » b. Inoculation intra-péritonéale de la culture initiale à plusieurs cobayes. On tue de deux heures en deux heures. La pasteurellose passe d'abord seule dans le sang de l'animal, puis le paracoli passe à son tour, si bien qu'après la mort naturelle de l'animal la culLuie du sang est de nouveau impure, à des degrés variables, suivant la végétabilité du paracoli. » c. Inoculation de la culture initiale sous la peau du lapin. Toutes les 6 heures on fait une prise au point d'inoculation et l'on isole. » Une culture impure, et il est difficile de reconnaître l'impureté, reprise plusieurs fois sur pomme de terre aura des caractères différents de ceux que présente la culture laite de gélose en gélose. Dans le premier cas, le B. coli normal est isolé à la longue; dans le second cas, la culture contient les deux microbes. » La connaissance de ces faits m'a permis de ne pas attribuer au B. coli (') Société de Biologie, 1 4 juin 1902. SÉANCE DU I" SEPTEMBRE 1902. 4o5 normal, passagèrement paracoli, des caractères que ce microbe ne possède pas et qui relèvent de la pasteurellose sous-jacente. D'autre part, la question de l'agglutination pour la pasteurellose est difficile à juger, d'autant que, déjà dans les cultures, elle a une tendance normale à se mettre en amas et que le sérum normal humain augmente cette ten- dance. » PATHOLOGIE ANIMALE. — Trailemenl préventif de la clavelée. Sérum anticlaveleux . Note de M. F.-J. lîosc. « Dans une Note du 26 avril 1902, à la Société de Biologie, j'ai montré que l'on pouvait obtenir des substances immunisantes capables de permettre un traitement préventif de la clavelée. » Duclert avait montré, il y a quelques années, que le sérum de moutons guéris de la clavelée est doué, à doses élevées, de propriétés préventives; ses résultats avaient été contestés en particulier par M. Nocard. » Celte année même, après avoir démontré la virulence du sansf du mouton claveleux (^Comptes rendus de la Société de Biologie, février 1902), j'ai pu penser logiquement que le sang renfermait le virus claveleux figuré et ses produits de sécrétion, et aussi que le sérum des agneaux guéris devait renfermer des substances immunisantes; enfin, que ces substances devaient être d'autant plus abondantes que l'infection avait été plus intense. » I. J'ai repris les expériences de Duclert, en me servant du sérunx à^agneaux hyperinfeclés et qui, grâce à une résistance naturelle plus considérable, avaient guéri : elles m'ont montré que l'action préventive s'exerce toujours, et non seulement avec des doses considérables, mais avec 3o'^"' et 20'^'"'. L'action de ce sérum était seulement variable au point de vue de l'intensité de son action : parfois elle entraînait une immu- nisation totale; le plus souvent, elle empêchait l'éruption généralisée. Et si même, dans ce dernier cas, on sacrifiait l'animal à la fin de l'éruplion locale, on pouvait con- stater, alors qu'il n'y avait aucune trace d'éruption à la peau, la présence de plusieurs ou d'une seule pustule pulmonaire sous-pleurale. On conçoit toute l'importance de cette constatation, au point de vue pratique. » Dans cette première série d'expériences, j'ai été amené à abandonner le mouton comme sujet d'expérience; il ollre en effet une résistance trop grande et trop variable au virus claveleux, pour qu'on puisse mesurer l'activité d'un sérum préventif. J'ai pris, et il est indispensable de prendre comme réactif l'agneau né de mère non cla^'elisée, qui est d'une très grande sensibililc. » II. Dans une deuxième série d'expériences, j'ai recherché si le sérum des animaux hyperinfectés, soignés peu de temps avant l'apparition de la période agonique, ne possède pas de propriétés préventives. J'avais constaté, en eÛet, au cours de 4o6 ACADÉMIE DES SCIENCES. mes expériences sur la virulence du sang, que certaines injections sous-culanées de sang incoagulable d'agneau claveleux, qui avaient été insuffisantes pour déterminer la clavelée, avaient immunisé l'animal contre cette dernière. Une étude systématique a montré que le sérum d'un animal recueilli à une période avancée d'une clavelée liypervirulente est préventif à la dose de 20""' pour l'agneau sain. » Recherchant si les principes vaccinants étaient totalement enfermés dans le sérum, j'ai vu que, si l'on rend le sang incoagulable et qu'on le filtre à la bougie d'amiante ou de porcelaine, on obtient un plasma d'un quart ou d'un tiers plus actif que le sérum. » m. Etant donnée l'action préventive énergique du sérum ou du plasma des agneaux hyperinfeclés et après avoir vérifié que celte action était d'autant plus énergique que les lésions claveleuses avaient été plus intenses, j'ai procédé de la façon suivante : » Un agneau est inoculé avec un claveau hypervirulent, par 20 scarifications sur chaque flanc et par 4 injections sous-cutanées dans les aines et les aisselles aboutissant à d'énormes tumeurs, puis à une éruption généralisée intense à la peau et à tous les organes. A ce moment on recueille 4oo™' de sérum, et on l'inocule à un animal neuf en même temps qu'on lui injecte, au bout de 24 ou 48 heures, toute la substance des lésions claveleuses recueillies sur l'agneau hyperinfecté. Il est important de ne pas lui inoculer seulement la lymphe, mais les produits de raclage, puis de broyage des lésions (sur toile métallique), /titrés par pression sur un linge stérilisé. » On obtient ainsi une immunisation partielle ou totale (qui empêche la mort de l'animal inoculé) et une saturation de celui-ci par la pulpe claveleuse. On recom- mence à plusieurs reprises les inoculations de sérum et de claveau. Après plusieurs traitements semblables, l'animal présente un claveau hy per préventif . Mais, même avec ce sérum, si l'on a soin de se servir de l'agneau comme réactif, on constate que les résultats peuvent être variables, suivant l'animal préparé ou suivant l'agneau ino- culé préventivement, et, au lieu d'une immunisation totale, on n'obtient qu'une hémo- immunisation (la pustule locale évolue le plus souvent très atténuée, mais il n'y a pas d'éruption généralisée). » C'est pour ce motif que j'ai commencé par indiquer, dans l'étude de l'action préventive, la partie certaine dans tous les cas : V hémo-immunisation, me réservant de revenir sur l'immunisation totale. » On peut encore augmenter l'activité du sérum préventif en inoculant à un animal neuf du sérum hyperpréventif et du claveau en abondance, tous les 3 jours. )) IV. Mais le sérum préventif n'est pas fourni par le mouton avec une assez grande abondance pour rendre le procédé pratique. )> Dès janvier 1902, je me suis adressé systématiquement à Vâne, animal réfrac- taire à la clavelée, et je lui ai inoculé alternativement de hautes doses de sérum hyperpréventif du mouton et des quantités énormes de pulpe claveleuse, jusqu'à 20""° par jour pendant 1 5 jours. » J'ai obtenu un sérum préveiitif suffisant entre lo"""" et 20'"', mais je suis arrivé, de|juis ma Communication de février 1902, à la Société de Biologie, à une méthode que je me réserve de faire connaître ultérieure- ment et qui, appliquée encore à l'àne, donne de meilleurs résultats et permet d'obtenir un sérum très actif et en grande quantité. » SÉANCE DU l*"' SEPTEMBRE ig02. [\0-] CHIMIE INDUSTRIELLE. — Résullals pliysiques, chimiques el pratiques de la concentration du vin. Note de M. F. Garrigou. (Exlrait.) « J'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie, dans sa dernière séance, divers résultats de mes recherches sur la concentration du vin, commen- cées en 1872. Je me propose aujourd'hui de faire connaître quelques dé- tails qui éclairent la question, tant au point de vue scientifique qu'au point de vue pratique. » Afin d'obtenir des produits irréprochables, il faut choisir, pour les concentrer, des vins absolument naturels. Le vinage, l'addition d'acide tar- trique, de plâtre, d'acide sulfurique, etc., constituent des falsifications qui peuvent avoir des effets déplorables, hygiéniquement et industriellement. )) Ces additions se reconnaissent, du reste, avec facilité dans une opéra- tion préalablement faite sur 10' du vin à concentrer : » 1° Le village. — Il fournil, lorsqu'il a été fait avec des alcools défec- tueux, une plus grande quantité d'alcools lourds que le vin parfaitement pur. » 2" V addition d'acide tartrique. — Dès que l'on dépasse la concentra- tion à moitié, l'acide tartrique commence à se déposer lorsque l'on en a ajouté au vin, et le dépôt devient très abondant lorsque la concentration est poussée beaucoup plus loin. Cet acide tartrique et les tartrates ne .se redissolvent plus lorsque, par l'addition de la quantité voulue d'eau et d'alcool, on cherche à rétablir le vin type (le vin primitif). Dans certains vins, surtout des vins d'Espagne, il se produit, dans ces conditions, une véritable boue. » 'à" Addition de plâtre. — Si cette addition a été considérable, le vin con- centré devient très fortement acide, et il se dépose en abondance un mélange de sulfate de chaux et de sulfate de potasse. Le microscope les décèle nettement. L'acidité causée parla production d'acide sulfurique est également décelée avec certitude, ainsi que je vais le démontrer. » 4° Addition directe d'acide sulfurique. — Il m'est arrivé, dans l'opé- ration préparatoire pour la concentration, de trouver des vins présentant, au sujet de l'acide sulfurique, des réactions qui n'ont jamais été indiquées et que je dois signaler ici. » Je commence par me procurer, ilans le pays d'où vient le vin à concentrer, du vin absolument naturel. Appelons ce vin : vin A, et nous donnerons, au vin à concentrer, le nom de vin B. » Ces deux vins sont mis dans deux capsules de platine ou de porcelaine, 4o8 ACADÉMIE DES SCIENCES. et évaporés au bain-marie; leur extrait est desséché dans le vide à une température assez élevée (i5o°), puis on les calcine avec précaution ('). » Eœlraà de A. — Cet extrait est acide. A la calcination il ne présente pas de vapeurs blanches, et les vapeurs, reçues sur un vase refroidi, sont légèrement acides. » Extrait de B. — Cet extrait est très fortement acide. » 1° A la calcination il dégage des vapeurs blanches qui, en se conden- sant sur un vase refroidi, donnent un liquide d'une acidité énorme. » 2° Si l'on concentre ce liquide, après avoir lavé à la pissette les parois du vase refroidisseur, on obtient sur ce liquide la réaction de l'acide sulfu- rique. » Ce n'est qu'après avoir ainsi étudié les vins à concentrer (^) qu'on peut être sur de leur pureté; et les soumettre à la concentration, alors seulement, constitue une opération aussi correcte hygiéniquement qu'in- dustriellement. » La concentration du vin, opérée avec des vins naturels et choisis, fournit des produits irréprochables, souvent meilleurs que les vins qui ont servi à cette concentration. » Elle peut permettre : i° de sauver des récoltes qui se perdraient par défaut de matières toniques et d'alcool, en doublant ou en triplant ces ma- tières; 2° de pasteuriser complètement le vin soumis à la concentration; 3° de produire d'excellents vins de coupage, ainsi que je l'ai dit dans ma lettre ouverte, aux députés, du 20 décembre rqoi ; 4° de diminuer la vais- selle vuiau-e; 5° de faciliter les transports de vin, en en réduisant le prix ; 6° d'ahmenter plus facilement les colonies et les pays étrangers qui man- quent de vin. Elle peut être de première utilité pour les explorateurs, pour 1 armée en campagne, pour la marine, etc. » La séance est levée à 3 heures et demie. G. D. (■) Cette calcination peut s'opérerde diverses manières, pour conserver les produits qui se volatilisent. ^ C) Les procédés que je viens de donner ne sont pas les seuls à employer. J'en utilise d autres. ^ '' On souscrit à Paris, cho/. GAUTHIER-VILLAUS, Quai des Grands-Augustins, n° 5j. o,. , rnMPTrc; RENDUS hebdomadaires paraissent réguHeremenl le Dimanche. Us forment, à la fin do l'annco, deux volumes in-4". Deux Vne par'ofrilpfabSue d'e maSres, Fautr' par ordre a.„.K,bo,i,ue de noms d'Au.c.rs, terminent chaque volume. L'abonnement e. annuel ,U i" Janvier. ^^ ^^.^ ^^^ l'abonnement e fil fixé ainsi qnil suit : Paris : 20 fr. — Départements : 30 fr. — Union poslalc : 34 fr. On souscrit, dans les Départements, Lorient. Lyon. Montpellier moulins . . . cbei Messieurs : Ferran frères. i Chaix. ( Jourdan. f Ruff. Courlin-Hecquet. ( Germain etGrassin. i Gastineau. Jérôme. i , . Régnier. , Feret. ■X i Laurens. I iMuller (G.). Renaud. i Derrien. \ F. Robert. " j Oblin. ! Uzel frères. Jouan. iry Perrin. i Henry. "S j Marguerie. \ Juliot. nl-Ferr.. . . _ I Bouy. Nourry. Ratel. 'Rey. \ Lauverjal. ! Degez. ( Drevet. ''*' i Gralier el G". ■helle Foucher. ^ Bourdignon. '''^ ( Dombre. Thorez. Quarré. BLES GÉNÉRALES DES COMPTES Tomes 1" à 31 Tomes 32 à 61. Tomes 62 à 91. — Tomes 92 à 121. — (i chez Messieurs ■. ( Baumal. i M"' Texier. ;' Bernoux el Cumin. \Georg. ^, Effantin. I Savy. I Vilte. Oc souscrit, à l'Etranger, Marseille R«al- ( Valal. I Goulet et fils. Martial Place. / Jacques. ! Grosjean-Maupin. I Sidol frères. chez Messieurs : ( Feikema Caareisen Amsterdam „. gii Athènes Beck. Barcelone Verdaguer. I Asher et C". 1 Dames. ^«'''"' Friediander et fils. ( Mayer el Millier. Berne Schmid Francke. Bologne Zanichelli. Lamertin. Bru.xeUes | MayolezetAudiarle. ' Lebégiie et G". Sotchek et G". Alcalay. Budapest Kilian. Cambridge Deighton, BellelO". Christiania Gammern.eyer. Conslantinople. ■ Otto Keil. Copenhague Host et fils. Florence Seeber. Gand Ho^te. Gènes chez Messieurs I Dulau. Londres Hachette et C" ' Nuit. V. Biick. Laxembourt; . Madrid . Rui/. et G". I Roino y Fus I Gapdeville F. Fé. ,el liucharest '•lilan . iXaples. i Bocca frères. j Hœpli. Moscou Tastevin. Margliieri «li Uiu^ Pellerano. Dyrsen el PfoilTcr. New- fork , Slechert-. Lemckeel Bucchncr Odessa Rousseau. Oxford Parker et C*. Palerme Reber. Porto Magalliaès et M.niii Prague RIvnac. Rio-Janeiro Garnier. ) Bocca frères. ^<""« iLocschcretGv Rotterdam Kramers el fil». Stockholm Nor(cc,Y,z), Z = y(.r,y,z.) aux droites de l'espace. Convenons de dire rpie les systèmes (2) qui répondent à cette condition sont de l'espèce D. Tous les systèmes (2) de Tespèce D dépendent de trois fonctions arbitraires de .r, y, z; étant donné un système (2) algébrique, on sait reconnaître algébriquement s'il est de l'espèce D, et son intégration équivaut alors à celle d'une équation linéaire (ordinaire) du quatrième ordre, à coefficients algébriques. » Ceci posé, M. Liouville écrit l'équation (i) sous la forme et il cherche à déterminer un système (2) de l'espèce (D) qui soit consé- quence de (3). Pour qu'un système (2) soit conséquence de (3), deux conditions sont nécessaires : comme les systèmes (2) de l'espèce D dé- pendent de trois fonctions arbitraires, M. Liouville assujettit ces fonctions à une relation supplémentaire et arrive à cette conclusion qu'on peut remphcer a/ge'briqiiement le système (3) j)nr un svstème (2) de l'espèce D ; autrement dit, l'intégration de (3) équivaut à celle d'une équation linéaire (ordinaire) du quatrième ordre, à coefficients algébriques. )) Pour comprendre que cette conclusion ne saurait être exacte, il suffît de remarquer que le raisonnement siibsiste sans modification quand on remplace le système (3) par un système quelconque de la forme (4) '^,=m(ar,y,z), ~ =^(x,y,z), (M, N algébriques en a;, y, :;). Toute équation différentielle {algébrique) du second ordre serait donc réduc- tible à une équation linéaire {algébrique) du quatrième ordre : résultat évidemment inadmissible. » En réalité, ce que démontre M. Liouvill», c'est que toute congruence de courbes (gauches ou planes), définie par un svstème (4), est réduc- tible par une transformation j)onctuelle à une congruence de droites. Mais celle réduction est j)ossible d'une infinité de façons, et le calcul d'une transformation de passage équivaut ci l'intégration du système (4). )) Si l'on effectuait les calculs indiqués par M. Liouville pour déterminer les systèmes (2) de l'espèce D qui sont conséquences de (3), on trouverait que les coefficients de ces systèmes dépendent d'un système d'équations SÉANCE DU 8 SEPTEMBRE 1902. /Jl^ aux dérivées partielles à trois variables indépendantes (r, v. z), dont la solution générale renferme une fonction arbitraire de x, y, :-, et quatre fonctions arbitraires de deux variables. L'intégration de ces systèmes revient à celle de l'équation (i), et réciproquement. La réduction indiquée par M. Liouville est donc purement illusoire. » 2. Je voudrais, à cette occasion, insister sur le caractère de Virréduc- tihilité de l'équation (1) et des transcendantes uniformes y{x) qu'elle en- gendre. J'ai montré que ces transcendantes sont essenliellernenl nouvelles. Autrement dit, elles ne sauraient être des combinaisons explicites (si compliquées soient-elles) des transcendantes uniformes classiques (fonc- tions elliptiques, abéliennes ou dégénérescences, intégrales d'équations linéaires à une variable, à coefficients algébriques). Par exemple, ,>'(•»;) ne saurait être une fonction algébrique de plusieurs solutions d'équations linéaires (ordinaires) à coefficients algébriques, non plus qu'une combi- naison algébricpie de fonctions 0, où les arguments seraient rem|)lacés par des fonctions elliptiques de x, ou par des solutions d'équations différen- tielles linéaires (algébriques), etc. J'ai été conduit ainsi à une définition de Virréductibili/é des équations différentielles, définition qui s'impose dans ce genre de recherches, mais qui est plus restreinte que celle qui convient dans l'étude de V intégration formelle (^^). J'ai déjà signalé cette distinction ; mais j'indiquerai ici très explicitement comment se pose le pro- blème de \a réductibilité formelle pour l'équation (i). Des remarques ana- logues s'appliquent aux deux autrt^s tvpes (]ue j'ai énumérés. » 3. La définition la plus générale et la plus rationnelle qu'on ait donnée de l'irréductibilité d'une équation différentielle est celle de M. Drach, que je rappelle en me limitant an système (4). Soient u {x, y, =), v(^x, y, z) deux intégrales premières distinctes de (4); elles vérifient le système (S) ^ -f- M , - + N^ = o, ;t- -H My- +N^ = o. ^ '^ ôx dy ôz ax oy Oz » Le système du deuxième ordre (4) est dit réductible quand on peut adjoindre au système (S) au moins une érpialion (algébrique) aux dérivées (') C'est ainsi que les (■([uaLions du troisiénu» ordre, qui définissenl les fonctions fuclisiennes, engendrent des transcendantes miilVirnies essentiellement nouvelles, bien qu'elles se ramènent (en permulant le rôle de la fonction et de la variable) à une équation de Kiccati. 4l4 ACADÉMIE DES SCIENCES. partielles en w, v, x,y, s qui soit compatible (') avec (S) sans être une consé- quence de (S). Dans ce cas, il existe, non pas un seul, mais une infinité de systèmes d'équations (algébriques) aux dérivées partielles en u, v,.x,y\z telles que chacun d'eux admette des solutions », v de (S) sans les admettre toutes. Mais, parmi ces systèmes 2, il en est un, soit i,, d'ordre différen- tiel minimum; toutes les solutions u, v de ce svstème se déduisent d'une quelconque d'entre elles «,, v^ par les transformations d'un certain groupe Y (fini ou infini). Ce système 2, et le groupe T cor- respondant, qui ne sont définis qu'à une transformation ponctuelle près en u, r, caractérisent la difficulté de l'intégration formelle de (4). C'est ce groupe r que M. Drach appelle le groupe de rationalité de (4). Étant donné un système (4), le problème fondamental qui se pose au point de vue de l'intégration formelle, c'est la détermination du groupe de ratio- nalité. » 4. Appliquons ces généralités à une équation de la forme (^) i^^'' J^^'^i^'^y) (R algébrique en a;, j). » Une telle équation n'est pas irréductible, au sens de M. Drach, car elle admet comme dernier multiplicateur l'unité. Ceci revient à dire qu'on peut substituer au système S le système du du du . , , ~ . , R = o, d.T à y dz àv du dv du dv du dv du d.r dz dz dx — ■*' t dy dz dz dy (2) . .1 ' dv dv dv -, _ , .. . . qui entraîne la conséquence -5 — hj^ = -l--r:R = o. Les solutions (», c) de S se déduisent d'une quelconque d'entre elles (;/,, c, ) parles transfor- mations du groupe infini //^©(m,, c, ), t' = ij^(?/,, c,), où cp, ij/ sont deux fonctions quelconques dont le jacohien est égal à i. Ce groupe G est le groupe de rationalité d'une équation (5) non exceptionnelle (- ). (') J'entends par là que le système S fornaé par (S) et les relations supplémentaires admet au moins une solution u, v où u, v sont deux fonctions distinctes de x, y, z. (-) Il faudrait, en toute rigueur, démontrer que le groupe de rationalité d'une équation (5) prise au liasard n'est pas un sous-groupe de G. Mais la chose ne paraît pas douteuse ni difficile à démontrer. SÉANCE DU 8 SEPTEMBRE 1902. 4» 5 » La question qui se pose pour l'équation (i) est donc de savoir si sou groupe de rationalité F coïncide avec le groupe G ou avec un sous-groupe de G. A priori, il n'est pas impossible que ce grouper soit fini, par exemple soit le groupe linéaire; dans ce dernier cas, deux intégrales premières u, v de(i) seraient données par un système d'équations aux dérivées partielles dont l'intégration équivaudrait à celle d'une équation linéaire du deuxième ordre, suivie de quadratures. Ce qui est certain, dans tous les cas, d'après ce que j'ai démontré, c'est qu'aucune intégrale première u(x,y,y) de (i) ne saurait être algébrique, soit enj', soit en j. M La connaissance du groupe de rationalité de l'équation (1) (si tou- tefois ce groupe ne coïncide pas avec G) serait très importante pour l'étude des propriétés des transcendantes y{x). Malheureusement, le problème qui consiste à trouver le groupe de rationalité d'une équation différen- tielle donnée (algébrique) est bien loin d'être résolu. Il faudra donc, pour déterminer le groupe de l'équation (i), ou beaucoup d'invention, ou beau- coup de bonheur. » Quel que soit d'ailleurs le résultat auquel on parviendra par la suite, deux points sont dès maintenant acquis : » 1° Les intégrales y{x) de l'équation (i) sont des transcendantes uniformes essentiellement nouvelles; )) 1° Les propriétés de ces intégrales, leur caractère méromorphe, leur représentation, etc., ont été établis directement sur l'équation même; autrement dit, cette équation a été intégrée (au sens moderne du mot) à l'aide de la théorie des fonctions, sans qu'on sût effectuer d'aucune façon son intégration formelle. » MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Étude expérimentale de la résistance à la compression du béton fretté. Note de M. Considère. « Pour vérifier l'exactitude des considérations développées dans la Communication précédente, j'ai fait des expériences, à Quimper, en 1901, «ur de petits prismes de mortier et, à Paris, en 1902, sur de grands prismes rr de béton. Toutes ont confirmé qu'il faut multiplier par- = 2,4 le poids d'un frettage pour déterminer le poids des armatures longitudinales qui donneraient la même résistance à l'écrasement. » Comme exemple de la résistance élevée que donne le frettage, on citera un prisme de mortier dosé à 433'^^' de ciment par mètre cube de sable 4l6 ACADÉMIE DES SCIENCES. et armé de spires hélicoïdales dont le volume n'était que les o , o34 de celui du prisme. Il a porté 740'"^ par cenlimèlre carré de section initiale sans s'écraser. A poids égal, le fer percé de irons de rivets ne porte pas plus. » Pour vérifier les conclusions relatives à l'élasticité, on a représenté graphiquement les résultats des essais des prismes énumérés ci-après qui avaient iS"™ de diamètre et étaient formés d'un très médiocre béton dosé à 3oo''S de ciment pour o""', 800 de gravier et o""', 4oo de sable avec un excès d'eau qui en a empêché le pilonnage énergique : » A. Prisme témoin non armé qui a porté ^l\^^ par centimètre carré; » B, C. Prismes armés de spires de 6""", 27, 4""", 27 espacées de 3o""", 1 5°"" ; » D, E. Prismes armés comme B, C, plus 8 barres longitudinales de e™", 27; M F. Prismes armés de 8 barres longitudinales de 9°"", réunies par des ceintures espacées de 80'°™, conformément à un type très employé. » Les abscisses sont les pressions pur centimètre carré à l'échelle de 0°"", 4 par kilogramme et les ordonnées sont les raccourcissements par mètre multipliés par 20. » En examinant cette épure, on constate d'abord, sur les prismes A et F, ce fait bien connu que le béton non armé, ou armé de barres longitudinales réunies par des ceintures métalliques insuffisantes ou trop espacées, se brise, sans que rien l'annonce, quand il a pris un faible raccourcissement, qui, pour le prisme F, a été de i'°",o5. Au contraire, le béton fretté pos- sède, comme les métaux ductiles, une limite d'élasticité qui est bien infé- rieure à la charge de rupture et dont le dépassement est annoncé par des fissures dans la mince couche de béton qui recouvre le frettage. Une croix indique l'apparition des fissures pour chacun des prismes B, D, E. La croix relative à la courbe C serait en dehors de l'épure avec une abscisse de 3°"", 55. » Les raccourcissements supportés par les prismes frettés, avant l'écra- sement, sortiraient beaucoup du cadre de la figure. Ils ont varié entre iS"""" et 3o""" par mètre. » On remarquera que les résistances fournies par les divers prismes pour un même raccourcissement sont loin de varier en proportion du pour- centage de métal (rapport du volume du métal au volume total) qui est indiqué à côté de chaque courbe; le premier chiffre est le pourcentage des barres longitudinales, le deuxième celui des frettes ou, à défaut, celui des ceintures réunissant ces barres; le troisième est le pourcentage total. SÉANCE DU 8 SEPTEMBRE 1902. '{ 1 7 n Pour préciser cette apparente anomalie, on se servira de la formule établie clans la Communication précédente, dont il résulte que la résistance donnée au béton par le frottement que produit le frottage est égale à la 0 résistance propre d'armatures longitudinales dont le poids serait égal à celui des freltes multiplié par ^— = 0,90. Elle permet d'établir le Tableau sui- vant : Prismes. Résistance calculée due au froUenient. . . Si'^s Excès de la résistance constatée sur celle du prisme témoin Rapport des deux, chiffres o,!\ô » L'explication des grandes différences que présentent les valeurs de ce rapport m'a été fournie par l'observation des circonstances de l'expé- rience. Pendant le cliargement du prisme B, les fissures ont apparu sous la G. R., 1902, i- Semestre. (T. CXXXV, N" 10.) -^4 D. c. D. E. SlI^B aSkb- 00^^ 431^ ■ /."s iSi's se^s 35''8 5,45 0,60 0,72 0,81 4l8 ACADÉMIE DES SCIENCES. faible charge de 122'^s et, bientôt après, on a vu le béton s'écailler d'abord et finalement s'écouler entre les spires formant le frettage dont l'écar- tement d'axe en axe était de 3o""». L'écrasement du prisme, qui a eu lieu sous la charge de 36o''e par centimètre carré, a été la conséquence de cet écoulement et rien n'a indiqué que le métal eût atteint sa limite d'élasticité. )> Dans le prisme C, dont le frettage était formé par des spires écartées de i5°"° seulement, les fissures ont apparu sous la charge de 174''^; l'écail- lement aussi s'est produit tardivement et il n'y a pas eu d'écoulement du béton sous la pression de 38o''e, maximum qu'a pu produire la presse hydraulique de l'École des Ponts et Chaussées et qui n'a pas suffi à écraser le prisme C. » Les prismes D, E renfermaient, outre des spires espacées de 3o°"", ij™", huit armatures longitudinales appuyées contre la surface intérieure des spires et formant avec elles un quadrillage qui opposait un obstacle efficace au gonflement latéral du béton. L'apparition des fissures ne s'est produite que sous les charges de 204'^e et 238''s et l'on n'a pas observé de gonflement sensible et, a fortiori, d'écoulement du béton entre les arma- tures sous les pressions réalisées qui n'ont pas produit la rupture. » Du rapprochement de ces faits, il résulte que les spires écartées du cinquième et même du dixième du diamètre des prismes n'ont pas suffi, à elles seules, pour donner le maximum de solidité au béton employé dans ces expériences et qu'elles ont fourni des résultats bien meilleurs et voisins de ceux de la formule en question lorsqu'on y a ajouté de faibles arma- tures longitudinales. » Il importe de remarquer que les tubes continus, qu'on pourrait croire préférables aux spires, ne donneraient que de très médiocres résultats parce que, |iarticipant aux raccourcissements du béton, ils se gonfleraient et se fatigueraient comme lui et ne pourraient, par suite, combatti'e son gonflement et sa fatigue. » On doit rappeler aussi que, la tendance au retrait du béton conservé dans l'air étant gèuée dans les pièces armées, il en résulte une diminution du coefficient d'elasticilé que j'ai signalée en 1900. Elle réduit la résistance produite par une déformation déterminée et, si l'on n'en tient pas compte, ou attribue une valeur trop faible à l'augmentation de résistance que produit le frettage. Il est donc vraisemblable que la perle de résistance due à l'écartement des armatures a été bien inférieure, en réalité, à 1,00 — 0,81 =: o, 19 j)our le prisme E. » La formule étant vérifiée sous cette réserve, là où elle peut l'être, SÉANCE DU 8 SEPTEMBRE 1902. 419 c'est-à-dire dans la limite des déformations que le béton non armé peut supporter sans rupture, il paraît légitime d'admettre qu'elle est exacte au delà. Si donc, des résistances du prisme E constatées pour un certain nombre de raccourcissements, on retranche graphiquement les résistances correspondantes des armatures longitudinales et celles des frettes calculées par la formule en question, on obtiendra unecourbe OMN dont les ordon- nées seront égales ou peu inférieures aux valeurs de la résistance propre que le béton produit dans les pièces frettées lorsqu'il subit des raccourcis- sements supérieurs à ceux que supporte le béton non armé. On remar- quera l'analogie de cette courbe de pression du béton fretté avec la courbe de traction du béton armé. » De l'étude de la courbe OMN il résulte que, dans le prisme E, la ré- sistance propre du béton a continué à augmenter au delà de la charge de rupture du béton non armé, mais de moins en moins rapidement, jusqu'à ce que le raccourcissement se fût élevé à 2'"'" par mètre environ, et qu elle a atteint alors une valeur dépassant de prés de 5o pour 100 la résistance à l'écrasement du prisme témoin. » On prépare des prismes formés de béton riche qui permettront de vérifier si les conclusions qui semblent ressortir de ces faits peuvent être généralisées. En cas de résultat favorable, on aurait le moyen de calculer la résistance à l'écrasement, ainsi que la limite d'élasticité et les valeurs successives du coefficient d'élasticité d'un prisme fretté de dosage et de disposition quelconques, et l'on pourrait déterminer la charge de flambe- ment. » Le développement des conséquences pratiques qui découlent de cette étude scientifique ne seraient pomt à leur place ici. » CORRESPOIVDAIVCE. PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur l' éruption de la Martinique. Note de MM. A. Lacroix, Rollet de l'Isle et Giraud, délégués de l'Académie. 2° La catastrophe de Sainl-Pierre. « Le fait qui domine toute l'histoire de l'éruption actuelle de la Mon- tagne Pelée est la catastrophe du 8 mai qui, en quelques minutes, a détruit la ville de Saint-I^ierre et ses 3oooo habitants, anéanti de nombreuses habitations du voisinage, ainsi que les navires qui se trouvaient en rade. 420 ACADÉMIE DES SCIENCES. » Nous nous sommes donc préoccupés de rechercher les causes de ce phénomène; pour cette étude, nous nous sommes heurtés à des difficultés nombreuses. Arrivés en effet à la Martinique un mois et demi après l'évé- nement, alors qu'une nouvelle éruption, celle du 20 mai, produite dans des conditions probablement analogues, était venue parachever l'œuvre de destruction, nous avons dû nous contenter d'étudier les produits volca- niques tombés sur la ville ou à son voisinage, de rechercher les effets mécaniques, calorifiques ou physiologiques produits par le phénomène, de recueillir et de discuter les récits du petit nombre de témoins qui ont survécu, récits qui, d'ailleurs, sont loin d'avoir été toujours concordants. » Nous avons montré antérieurement que les alentours du cratère de la Montagne Pelée, sur un rayon de 2*"" à 3'"", sont entièrement dévastés; d'autre part, les cendres projetées par le volcan sont surtout abondantes dans un secteur, situé sur les côtes Ouest et Sud-Ouest de la Montagne Pelée et compris entre le cratère, l'îlot de la Perle au nord du Prêcheur et le Carbet. Dans ce large secteur, il en existe un autre plus petit, compris à peu près entre le bourg de Sainte-Philomène et le sud de la ville de Saint- Pierre : la dévastation y a atteint son maximum; sauf sur ses bords, toute végétation, toute habitation ont été plus ou moins totalement détruites, tous les êtres vivants qui s'y trouvaient le 8- mai au matin ont été tués, à l'exception de quelques rares blessés. » Nous ferons remarquer immédiatement la dissyraétrie de cette zone dévastée par rapport au cratère, dissymétrie qui, jusqu'au i"' août, date de notre départ de la Martinique, a persisté dans les effets des éruptions qui ont suivi celle du 8 mai. Nous noterons, en outre, que la direction des fissures, jalonnée par les fumerolles de la vallée de la rivière Blanche, sert sensiblement de mé.liane au secteur de la dévastation. » Ces fumerolles, actives depuis le commencement de l'éruption, sont localisées sur le côté Sud-Ouest de la Montagne Pelée. » Produits de projection. — L'étude de la nature et de la distribution des produits de projection dans la zone dévastée permet immédiatement d'éli- miner l'hypothèse d'une destruction, produite par un bombardement de la ville de Saint-Pierre et de ses environs par des blocs de lave incandes- cente ou par la seule chute d'une très grande quantité de cendres. Nous avons montré déjà que les bombes de la grosseur du poing, si nombreuses sur les bords du cratère, ne sont pas parvenues directement au delà de 800'° de celui-ci. Quant à l'apport de cendres, quoique relativement assez consi- dérable dans le quartier du Fort, il a été insuffisant, dans la plupart des SÉANCE DU 8 SEPTEMBRE 1902. 4-1 points considérés, pour déterminer à lui seul l'effondrement des mai- sons. » Il est donc, par suite, nécessaire d'admettre que le désastre est dû à l'existence d'une poussée de gaz et de va|)eur à haute température, ayant certainement entraîné des cendres et des lapillis, mais qui paraissent tou- tefois n'avoir joué qu'un rôle accessoire dans le phénomène. L'existence de cette poussée est mise en évidence à la fois par ses effets mécaniques, calorifiques et physiologiques, qui ont été ou qui peuvent être constatés, et par les récits des survivants de la catastrophe. » Effets mécaniques. — L'étude des flancs de la Montagne Pelée et celle des ruines de Saint-Pierre permettent de préciser les effets mécaniques produits dans la zone de dévastation. Entre le cratère, Sainte-Philomène et Saint-Pierre, il n'existe plus rien ; le sol est nu : villas, usines, bois, cul- tures, tout a disparu. Dans Saint-Pierre même, l'emplacement du quartier du Fort, le plus rapproché du volcan, était encore le 22 juin recouvert par une sorte de dune de cendres à surface ondulée. Depuis lors, l'érosion, très active pendant celle saison des jjluies, met peu à peu à découvert ruines et cadavres et montre que beaucoup de maisons de la partie haute du quartier ont été rasées au niveau du sol; il en est de même pour le quartier du centre, situé sur la rive gauche de la Roxelane. Quant aux maisons placées sur la rive droite de cette dernière rivière et adossées au coteau sur lequel se trouvait le quartier du Fort, elles ont été, en partie, protégées et n'ont subi que la démolition partielle, si caractéristique dans le sud de la ville. Lorsque, eu effet, on s'avance dans cette direction, on constate que la dévastation y a été moins complète : les maisons ne sont souvent que partiellement renversées et, dans le quartier du Mouillage notamment, où les rues princijiales ont une orientation oscillant autour du Nord-Sud ou dans une direction perpendiculaire, on constate que les murs dont le plan est dirigé Nord-Sud ou dans des directions voisines sont presque entièrement debout, alors que les autres n'existent plus ou presque plus. » Dans toute la ville, les arbres sont brisés ou déracinés; dans ce der- nier cas, ils sont renversés vers le Sud; c'est dans celle direction qu'est tombé le phare; la vierge colossale eu fonte qui se trouvait sur le Morne d'Orange, au-dessus de la batterie Sainte-Marthe, a été renversée dans la même direction; elle gît non brisée à quelques mètres au delà de son socle ('). (') Les canons de la batterie Sainte-Marthe, placés à côté de leurs alïùts renversés, 422 ACADÉMIE DES SCIENCES. » Cette constance de l'orientation de tout ce qui a été renversé est par- ticulièrement frappante dans le cimetière du Mouillage. Les grilles de fer ont été arrachées et projetées vers le Sud ; des pierres tombales de marbre placées à plat sur les caveaux ont elles-mêmes subi un déplacement dans la même direction. Enfin, de nombreux cadavres ont été retrouvés dans les rues, également orientés la tête vers le Sud. » Lorsqu'on s'éloigne de Saint-Pierre dans la direction de l'Est, sur le Morne d'Orange ou dans le quartier des Trois-Ponts, par exemple, on con- state l'atténuation progressive des actions mécaniques : les arbres ne sont plus renversés, mais seulement dépourvus de leurs branches et de leurs feuilles, les maisons sont moins atteintes, parfois même quelques-unes d'entre elles subsistent presque intactes, puis on arrive à une zone exté- rieure où seul le feuillage des arbres a souffert. Des observations du même genre peuvent être faites du côté du Prêcheur, à la bordure de la zone dévastée. » L'existence d'une poussée gazeuse formidable, dont l'origine doit être recherchée au nord de la ville de Saint-Pierre, est donc évidente; mais, d'autre part, comme la ville se trouve à l'une des extrémités du secteur dévasté, il est, en outre, nécessaire d'admettre que cette poussée n'a pas été rectiligne, mais s'est |iroduite en éventail de façon à couvrir toute la surface comprise entre Sainte-Philomène et Saint-Pierre; nous discuterons plus loin quelle est la position probable de son point de sortie. » Effets calonfiques et physiologiques. — Au point de vue des phéno- mènes calorifiques et physiologiques, il y a lieu également de distinguer un secteur central, qui est sensiblement celui dans lequel les effets méca- niques ont atteint leur maximum, et un autre, plus étroit, extérieur, dans lequel les effets destructeurs ont été progressivement en s'atténuant. Dans le secteur central, on n'a plus trouvé trace de vie; les cadavres étaient entièrement nus, méconnaissables, superficiellement carbonisés; leurs cheveux et leurs poils étaient brûlés. La position d'un très grand nombre d'entre eux semble indiquer qu'ils ont été surpris par une mort foudroyante ; les symptômes d'asphyxie (langue tuméfiée pendante, contracture des membres, etc.) étaient souvent manifestes. Les maisons ont été incendiées, mais l'incendie n'a pas été total; on rencontre des débris de maisons épargnées à côté d'autres partiellement ou entièrement brûlées. Il semble que la vdle ait été soumise à une température élevée, mais pendant n'ont pas été jetés à terre par la poussée volcanique, comme on l'a écrit; ils étaient démontés depuis plusieurs années. SÉANCE DU 8 SEPTEMBRE 1902. 423 un temps très court, de telle sorte qae les objets peu combustibles ou pré- servés par des causes locales 011 accidentelles (' ) n'ont souvent pas eu le temps de s'enflammer, quand ils n'ont pas subi l'influence de foyers d'in- cendie voisins, particulièrement intenses dans celte ville où les usines et notamment les rhumeries étaient nombreuses. Il est à remarquer que la ville de Saint-Pierre était construite en pierre, avec les toitures en tuile ou en tôle galvanisée. » La température n'a été suffisante pour fondre aucun des objets métal- liques (poutres, grilles, balcons de fer, fils de cuivre du téléphone) autre- fois exposés à l'air et que l'on rencontre en grande abondance dans les décombres de la ville. » Dans le secteur extérieur, et notamment dans les faubourgs ou la ban- lieue de la ville (quartier des Trois-Ponls, Morne d'Orange, etc.), la pro- portion des maisons non brûlées, des arbres non carbonisés (-) augmente très rapidement, el l'on trouve des habitations qui, bien que construites en bois, ne montrent pas trace d'incendie. Dans ces dernières (Carbet), les habitants ont été rencontrés asphyxiés, conservant des positions naturelles qui semblent indiquer une mort soudaine; leurs vêtements n'étaient pas endommagés ('). » Dans le voisinage, les cadavres recueillis en dehors des maisons pré- sentaient des traces d'asphyxie, en même temps que des brûlures; leurs vêtements ne sont que partiellement carbonisés. Enfin, à la limite de la zone que nous étudions, se trouvaient des blessés, dont quelques-uns ont survécu; ce sont ceux que nous avons interrogés; sur eux, on n'a plus observé, ou presque plus, de carbonisation; leurs vêtements étaient intacts, leurs blessures consistaiétit en brûlures superficielles, mais très étendues, de toutes les parties découvertes; les cheveux et la barbe étaient intacts. On a constaté aussi des brûlures des lèvres, des premières voies digeslives, des voies respiratoires, enfin parfois des signes de pneumonie. Les paupières étaient parfois tuméfiées, brûlées, mais les yeux intacts. (') C'est ainsi que nous avons trouvé dans le quarliei- ilu FoiL îles cartouches de revolver et des tuyaux de caoutchouc intacts. Dans le quartier du Mouillage, nous avons i-encontré, dans la cour d'une maison en partie incendiée, une femme immergée dans un bassin et ayant ses vêtements non brûlés. (2) Ceux-ci sont souvent carbonisés ou dépourvus de leur écorce du côlé de la montagne seulement. (^) Des chiens et des chats ont été trouvés vivants dans quelques-unes de ces mai- sons doses, dont les habitants étaient asphyxiés. 424 ACADÉMIE DES SCIENCES. Beaucoup de ces blessés ont été certainement brûlés par de la vapeur d'eau ou par un gaz à liante température, mais d'autres avaient, eu outre, absorbé une plus ou moins grande quantité de cendres chaudes. Tel a été, en particulier, le cas de ceux qui ont péri à bord du Roraima, navire qui était mouillé devant Saint-Pierre. Ce navire, de même que le Rochlam, le Teresa-Lovico, se trouvait à une plus ou moins grande distance du rivage, près de la limite d'action de la poussée gazeuse, qui semble avoir eu, au point de vue calorifique, une action moindre sur mer que sur la terre voisine. » En résumé, toutes ces observations indiquent l'action rapide et per- sistante d'une source de calorique à haute température, produisant l'as- phyxie. Dans une zone centrale, la température a été assez élevée pour déterminer l'incendie, carboniser superficiellement les cadavres après avoir brûlé leurs vêtements, mais elle a été insuffisante pour fondre des fils minces de cuivre (io54°). A l'extérieur de cette zone, les phénomènes d'asphyxie ont persisté, mais la température s'est abaissée de telle sorte que des vêtements même ne pouvaient plus être carbonisés; enfin, plus extérieurement encore, la vie a été généralement possible et les êtres vivants ont eu à souffrir soit simplement de gène respiratoire, soit de brû- lures analogues à celles que produit la vapeur d'eau dans des explosions de machines à vapeur, avec parfois en outre action évidente de cendres chaudes. » Ces faits d'observation étant établis, passons aux récits des témoins que nous avons interrogés ou dont les déclarations ont été publiées. Ceux-ci sont soit des personnes qui, au moment de l'éruption, ont observé le volcan de localités situées au dehors de la zone dévastée (^ Morne Rouge, Parnasse, haut du Morne d'Orange, etc.), soit des personnes se trouvant sur la limite extérieure de celle-ci (à bord ties navires ou sur la terre ferme) ; ces récits ne sont malheureusement pas tous concordants, mais les faits suivants peuvent être définitivement établis. Nous publierons d'ailleurs plus tard, avec le compte rendu complet de notre mission, tous les témoi- gnages que nous avons recueilhs, leur longueur ne permettant pas de les intercaler dans ce rapport préliminaire. » Après plusieurs jours d'éruptions préliminaires, le 8 mai, un peu avant 8'' du matin, alors que le ciel élait pur et que le volcan lançait verticale- ment, comme il le faisait depuis quelque temps, un panache de vapeur, on entendit, venant du cratère, une délonalion formidable, en même temps qu'un nuage noir, très épais, dévalait de la montagne dans la direction Nord-Est-Sud-Ouest, vers Saint-Pierre. Ce nuage était sillonné d'éclairs; il SÉANCE DU 8 SEPTEMBRE I902. 425 était animé d'une grande vitesse, de telle sorte qu'en 2 ou 3 minutes, peut- être moins, il avait dépassé Saint-Pierre, dont l'extrémité Sud est distante d'environ 8""" du cratère. Ce nuage était dense, car ses volutes, roulant les unes sur les autres, se maintenaient à la surface du sol. Sur son passage, il renverse habitations et monuments, brise ou déracine les arbres, soulève horizontalement la surface de la mer, démâte les navires au ras du pont et en coule plusieurs. Enfin, il anéantit tous les êtres vivants. Une obscurité profonde s'étend immédiatement sur son trajet, mais à son contact tous les objets combustibles s'enflamment : arbres, champs de cannes, la ville entière, les navires en ratle flaml)enl en un instant. Presque aussitôt se pro- duit une chute de petits lapillis et de cendres, bientôt transformées en boue par une pluie diluvienne qui dure près de 3o minutes. Aussitôt après le passage de la poussée gazeuse, un vent de retour en sens inverse s'est produit, sauvant ainsi la vie à plusieurs personnes au sud de Saint-Pierre. Une heure après le commencement du phénomène, le ciel redevint pur. M Les contradictions dans les récits portent sur les deux questions que nous devons discuter comme conclusion à. cette étude : Quelle était la constitution de la poussée gazeuse qui a détruit Saint-Pierre et d'où est-elle partie? » En effet, tandis que la plupart des témoins affirment que le nuage, vu de front ou de côté, était obscur, un petit nombre disent y avoir vu des points de feu, et l'un d'eux même a parlé de flammes partant du cratère et se dirigeant sur Saint-Pierre. D'autre part, tandis que les témoins que nous avons entendus, sauf un, disent avoir vu le nuage obscur partir du haut de la montagne pour se diriger sur Saint-Pierre, deux autres, cités par M. Robert T. Hill, l'un des géologues américains, qui vient de publier un compte rendu de l'éruption, prétendent l'avoir vu partir d'un nouveau cratère qui serait situé dans la vallée de la rivière Blanche, à deux milles de la côte; un des témoins que nous avons entendus dit avoir vu le nuage obscur occuper tout l'espace compris entre la mer et un point situé à 200" ou 3oo™ au-dessous du cratère. )) En ce qui concerne la nature du nuage destructeur, il est un certain nombre de faits qui sont hors de doute. Ce nuage était certainement essen- tiellement constitué par de la vapeur d'eau et par des cendres. Les cendres ont été constatées avec évidence d'abord à terre et aussi sur les blessés survivants : la plupart d'entre eux étaient absolument couverts par de la boue gluante. C'est à la présence des cendres qu'étaient dues la couleur et la forte densité du nuage. Nous avons vu, dans les fumerolles du bord C. R., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N° 10.) 55 426 ACADÉMIE DES SCIENCES. de la côte,' comment les bouffées de vapeur d'eau entraînant de la cendre par éboulement des falaises roulaient lourdement à la surface de la mer, au lieu de s'élever comme lorsqu'elles eu étaient dépourvues. « La présence d'une grande quantité de vapeur d'eau n'est pas douteuse; celle-ci constitue en effet la partie prédominante de toutes les émanations volcaniques, en générai, et de toutes celles de l'éruption actuelle du Mont Pelé en particulier. Son existence est encore prouvée par l'abondante condensation qui s'est produite au cours du phénomène et qui a déterminé la pluie torrentielle dont il a été question plus haut. Enfin, il faut noter à ce point de vue toutes les brûlures subies par les blessés de la zone exté- rieure, et notamment de ceux qui ont été brûlés sans subir aucun phé- nomène d'asphyxie. » Tout ce que nous savons sur les émanations volcaniques et ce que nous avons personnellement constaté sur les fumerolles de l'éruption actuelle tend à indiquer comme vraisemblable la présence d'acide sulfu- reux et d'hydrogène sulfuré mélangés à la vapeur d'eau, mais il semble douteux que tes gaz aient jwué un rôle bien considérable; les témoins ne sont pas d'accord, en effet, daus leurs observations à cet égard; les uns parlent d'une odeur de soufre qu'ils auraient sentie, les autres sont très affirmatifs sur l'ab^Mice d'odeur au moment où ils ont été brûlés. Nous avons recueilli un très grand nombre d'objets métalliques, dans l'espoir d'y trouver des traces permanentes de l'action de ces gaz. Nous n'avons guère obtenu que des résultats négatifs ('). Parmi ces objets, les uns sont intacts (fils et plaques de cuivre, tuyaux de plomb, chromate de plomb trouvé dans les ruines d'une maison), ou bien présentent des oxydations banales dans un climat chaud et humide (objets de fer, de cuivre, de plomb) ; les autres ont bien subi des transformations, mais celles-ci sont altribuables à l'action de la chaleur à laquelle ils ont été soumis dans les maisons incendiées : tel est le cas de beaucoup il'objets d'argent, de pièces d'or, qui sont recouverts d'un enduit noir d'oxyde de cuivre. Il est possible que l'étude, que nous n'avons pas achevée, d'autres objets d'argent y indique l'existence de traces de soufre, mais cela ne nous fournirait pas une certitude au sujet du nuage du 8 mai, car depuis plusieurs jours on (') On a parlé de fragments de soufre recueillis dans les ruines de Saint-Pierre; ils n'ont lien de volcanique. Nous avons nous-mêmes trouvé, dans la zone périphérique, des fragments de soufre au voisinage de poteaux téléphoniques renversés; ils pro- venaient du scellement des isolateurs. SÉANCE DU 8 SEPTEMBRE 1902. 427 avait signalé, dans les maisons, au voisinage des fumerolles la sulfuration des objets d'argent. » Les mêmes observations négatives peuvent être faites au sujet de la présence possible de l'acide chlorhydrique. Il faut noter en outre que les vêtements des blessés que nous avons pu voir ne portaient aucune trace de corrosion, ni de décoloration pouvant indiquer la présence de gaz acides. » Il s'agit d'interpréter les causes de l'incendie. Nous devons tout d'abord éliminer l'hypothèse qui a été mise en avant et qui l'attribue à des décharges électriques. La présence d'éclairs sillonnant le nuage noir a été signalée par tous les observateurs, elle est incontestable. Des coups de foudre expliqueraient des incendies locaux, mais non l'embrasement général et simultané de toute la ville, ni celui de la végétation des flancs de la Montagne Pelée. Aucun phénomène de ce genre n'a été signalé à bord des navires, et nous n'avons recueilli aucune fulgurite dans les décombres de la ville ; elles eussent été certainement nombreuses, si celle-ci avait été foudroyée en grand. » Les actions calorifiques ont donc été produites par le nuage lui-même, et la question qui reste à résoudre est de savoir si sa température était ori- ginellement très élevée, s'il était constitué simplement par de la vapeur d'eau surchauffée mélangée à d'autres gaz inertes (acide carbonique, par exemple) et tenant en suspension des cendres et des lapillis à la même température qu'elle, ou s'il renfermait en outre des gaz combustibles s'en- flammant au contact de l'oxygène. La présence de ceux-ci n'aurait rien d'anormal; on connaît en effet dans les émanations volcaniques, en fait de gaz combustibles, non seulement l'hydrogène sulfuré, mais encore l'iiy- drogène et des carbures d'hydrogène. » Il est nécessaire d'admettre cette dernière hypothèse des gaz com- bustibles, d'une part si les flammes observées sur la ville et la campagne, à mesure que le nuage les touchait, ne sont pas dues à l'inflammation instantanée des objets combustibles au contact des produits gazeux et solides du nuage surchauffé, et d'une autre, s'il a véritablement existé des flammes dans le nuage (si ce qui a été décrit comme tel par certains témoins n'est pas constitué par les lapillis incandescents). » La présence des gaz combustibles pourrait expliquer en partie les asphyxies, soit par raréfaction de l'oxygène de l'air, soit par action des résidus de la combustion; pour les asphyxies de la zone centrale, on peut facilement les expliquer, au moins en partie, par l'absorption des fines cendres chaudes tenues en suspension dans la vapeur d'eau. 428 ACADÉMIE DES SCIENCES. » Nous réservons la discussion de celte question de la nature des gaz pour le moment où nous aurons le résultat de l'analyse de ceux que nous avons recueillis au cours de l'éruption actuelle et où nous aurons exécuté quelques expériences sur l'action de l'air et de la vapeur d'eau surchauffes sur les matières combustibles, expériences que nous nous proposons d'en- treprendre. » Il nous reste à rechercher d'où est partie l'explosion. On a vu plus haut qu'il existe une contradiction à cet égard dans les témoignages des personnes qui ont assisté au phénomène. M. Hill place la sortie de la poussée dans un orifice situé à environ looc*" au-dessous du sommet, dans la haute vallée de la rivière Blanche. Cette opinion est basée sur le récit d'un officier du Roraima, qui a dit avoir vu le nuage partir de ce point. Elle est séduisante, car le point considéré est beaucoup plus rapproché de la ville de Saint-Pierre que le cratère, et il est situé sur la direction des fis- sures de la rivière Blanche. Mais, d'autre part, nous n'avons jamais vu sortir de cette région autre chose que les produits normaux des autres fume- rolles de celte vallée (vapeur d'eau, hydrogène sulfuré), nous n'avons pas observé de sortie de cendres en ce point, et l'on a vu que le nuage destruc- teur était riche en ces matières. Il semble dilficiie d'admettre qu'une pro- jection aussi violente que celle du 8 mai n'ait pas laissé à sa bouche de sortie d'importantes traces; or nous n'en avons pas observé de décisives. Il nous semble donc préférable de nous rallier à l'hypothèse faisant partir le nuage du cratère lui-même, bien que nous ne puissions pas en donner la démonstration. Celle-ci ne pourrait être faite que par l'étude de l'intérieur du cratère et par la constatation de l'existence de fissures de direction con- venable. La plupart des témoins dont nous avons recueilli les récits n'hésitent pas à dire qu'ils ont vu ce nuage partir du sommet de la mon- tagne et non pas de sa base. » Quoiqu'il en soit des incertitudes que nous devons laisser sur ces divers sujets, il ne semble pas que l'éruption du 8 mai soit exceptionnelle par essence; elle paraît avoir lire sa puissance destructive de la du-ection qu'ont prise les produits de projection, qui, au lieu d'être poussés verticale- ment, comme cela est généralement le cas tians les éruptions volcaniques, l'ont été obliquement (quelle que soit d'ailleurs l'hypothèse que l'on admette pour le point de sortie) et précisément dans la direction de cette malheureuse ville. SÉANCE DU 8 SEPTEMBRE ig02. 429 3° Conclusions. » En terminant, nous résumerons rapidement les caractéristiques de l'éruption actuelle. Jusqu'au 3i juillet, date de notre départ de la Marti- nique, elle a consisté exclusivement dans une phase explosive, elle n'a produit aucune coulée de lave. » On n'a constaté ni fente béante (en dehors du cratère), ni change- ment de niveau du rivage, ni affaissement ou soulèvement notables dans l'intérieur des terres, ni modifications appréciables des fonds au voisinage de la côte; aucune secousse importante de tremblement de terre n'a été ressentie; les grandes ex|)losions ont été accomi)agnéps d'une dépression barométrique subite et de petits ras de marée, parfois meurtriers, au Carbet et se faisant sentir jusqu'à Fort-de-France. » Les blocs de lave incandescente n'ont été projetés qu'à quelques cen- taines de mètres du cratère, mais l'aire de distribution des cendres et des lapillis s'est étendue sur toute la Martinique, lors des grandes explosions. » L'aire de dévastation complète a été, jusqu'au 3i juillet, limitée à une zone périphérique de 2''™ à S**™ autour du cratère et à une zone comprenant toute la côte Ouest, entre l'îlot de la Perle et les premières maisons du Carbet. » Une caractéristique importante de cette éruption réside dans la fré- quence des poussées très denses de gaz et de vapeurs entraînant des cendres, qui ont coûté la vie à tant d'infortunées victimes. Les émissions boueuses ont été répétées et importantes, les manifestations électriques tout à fait remarquables. » C'est au milieu de la zone dévastée, nettement dissymétrique par rap- port au volcan, que se trouvent une grande quantité de fumerolles sulfhy- driques, dans la direction du Sud-Ouest et dans le prolongement de la large brèche ouverte dans le haut de la Montagne Pelée. » Ces fumerolles jalonnent, dans la vallée de la rivière Blanche, une direction de fissures se trouvant vraisemblablement sur la prolongation de la fente du cratère ; c'est sans doute à la position et à la forme de celle-ci qu'est due la direction des poussées obliques en éventail aux- quelles nous avons attribué la destruction de Saint-Pierre. Cette direction de fissures se prolonge dans la mer et doit èlre la cause de la rupture du câble sous-marin français. » Des paroxysmes, séparés par des périodes de calme relatif, ont été /i3o ACADÉMIE DES SCIENCES. nombreux an commencement de l'éruption (8 mai, 20 mai, 26 mai, 6 juin), puis plus éloignés (9 juillet) ('). Nous constatons que l'éruption se pour- suit, mais il ne saurait être question de faire aucune prédiction sur r avenir. L'histoire des volcans andésitiques du genre du Mont Pelé montre qu'ils se comportent dans leurs éruptions de façon différente; les grandes explo- sions, comme celle du Krakatoa, ou la production de coulées de laves sont dans tous possibles, mais non nécessaires. » Il sera particulièrement utile, au point de vue de la sécurité de l'île (agrandissement possible vers le Nord et vers l'Est de la zone de dévastation), comme au point de vue scientifique, de suivre attentivement la marche ultérieure des événements et de voir si les fissures, se manifestant par des fumerolles, resteront localisées dans leur direction primordiale, ou bien si elles se continueront sur les flancs nord-est de la montagne, suivant un diamètre, ou encore se produiront en éventail dans diverses directions. Nous n'avons recueilli aucune indication à cet égard en dehors de l'exis- tence de la sortie boueuse de Trianon et peut-être d'une autre dans la vallée de la Basse-Pointe; mais, comme elles n'ont pas fonctionné pendant notre séjour, nous n'avons sur elles aucun document personnel. » Dans le cas où le volcan entrerait prochainement dans une phase de coulées, il est vraisemblable, d'après la disposition du cratère, que celles-ci s'épancheraient dans la vallée de la rivière Blanche, c'est-à-dire vers la mer, dans la région de dévastation maximum. M Nous avons appelé plus haut l'attention sur les désastres produits par les torrents dans tout le massif de la Montagne Pelée; ils ont été la consé- quence des condensations atmosphériques particulièrement intenses sur la Montagne Pelée pendant l'éruption, ou plus ou moins directement dus à des émissions d'eau boueuse. Il est certain que les phénomènes torrentiels survivront à l'éruption actuelle et seront à redouter aussi longtemps que les flancs du volcan, formés par des matières éminemment entrainables, seront déboisés. De toute façon, l'évacuation des habitations situées auprès de leur cours inférieur s'impose. » Au moment où ce Ra|)port allait être déposé, parvient la nouvelle d'un nouveau désastre dans la partie est et sud-est de la Montagne Pelée. Les dépêches ne permettent pas encore de se faire une idée de leur étendue, de leur nature et de leur origine; mais, dans tous les cas, elles indiquent (') De nouvelles éruplions graves viennent de se produire ; 25, 26 el 3o août. SÉANCE DU 8 SEPTEMBRE 1902. l\^l une augmentation de l'activité du volcan et, ce qui est plus grave, le déplacement ou l'extension de la région dangereuse. » La situation est donc aujourd'hui très différente de ce qu'elle était à la fin de juillet. » Cet événement rend de plus en plus nécessaire une étude minutieuse et surtout continue d'une éruption qui s'aggrave d'une façon inquiétante. » Il n'est pas douteux que l'évacuation du massif entier de la Montagne Pelée, que nous ne considérions pas comme indispensable il y a i mois, ' doit être aujourd'hui effectuée d'une façon complète et maintenue jusqu'à cessation des manifestations volcaniques. )) La surveillance devra désormais être des plus actives sur la limite méridionale du massif, surtout s'il était démontré, une fois les causes de cette dernière catastrophé déterminées, que l'éruption a été due à un nouveau cratère produit sur une fissure latérale. » Les parties centrale et méridionale do la Martinique sont restées à l'abri de l'action imii.cdiate du volcan ; mais, comme on l'a vu ])lus haut, le littoral a eu à subir l'effet de ras de marée, chaque fois que s'est produite une violente explosion du volcan. Bien qu'une explosion beaucoup plus violente encore que toutes celles qui ont été constatées jusqu'à ce jour soit nécessaire pour déterminer par contre-coup des dommages importants à Fort-de-France, on ne saurait prendre trop de précautions contre un ras de marée éventuel. Du reste, lorsqu'on arrive pour la première fois à la Martinique, on est frappé d'étonnement en voyant la plupart des villes et des villages de la côte construits presque dans la mer ou dans des marais au niveau de celle-ci, alors que presque toujours, et en particulier à Forl-de- France, il eût été possible de bâtir sur les collines voisines toutes les con- structions qui, par destination, ne réclament pas la proximité immédiate du rivage. Cette observation est une indication des mesures à prendre d'une f.içon aussi générale que possible, quand la j)ériode troublée actuelle sera parvenue à son terme. » Notons, en terminant, que l'accumulation d'une grande quantité de réfugiés à Fort-de-France constitue à cet égard, ainsi qu'à beaucoup d'autres, un danger permanent et des plus sérieux. » 432 ACADÉMIE DES SCIENCES. MÉCANIQUE CÉLESTE. — Sur l'accélérai ion séculaire de la longitude moyenne de la Lune. Note de M. H. Andoyer. « Comme application de mes recherches antérieures sur la longitude de la Lune, j'ai l'honneur de communiquera l'Académie l'expression analy- tique de la partie du coefficient de l'accélération séculaire de la longitude moyenne de la Lune, qui ne dépend que du rapportez des moyens mou- vements du Soleil et de la Lune. En désignant par n le moyen mouvement de la Lune, par e' l'excentricité de l'orbite du Soleil, par e'^i la perturbation séculaire de cette excentricité, par |SnZ- le terme en t- dans l'expression de la longitude moyenne de la Lune, j'ai trouvé, en profitant des beaux llicoT'èmos do INT. S. \ewcomb e! de ]NL K.-W. Brown, l'expression 8/j ., n ^ryj 4 3 'i 0/17 3o6865 „ 0701247 nee^ 2" 2" :>*.3 2\3 , 11719935961 _^^, , 8797791 455 _^,, ^6r729oi558i3 , „ 2'^3^ 2'-. 3- 2'*. 3°. 5 » Celte expression diffère, dans ses deux derniers termes, de celle qui a été donnée par Delaunay aux Comptes rendus (t. LXXII, 1871); les termes en in^ et m'° de Delaunay sont, en effet, _ 1 373 1 23 345675 „ __ 5 379482 245633 , „ . 2".3- 2". 3^ on devait d'ailleurs s'attendre à cette divergence, puisque, comme je l'ai déjà plusieurs fois fait remarquer, les termes d'ordre élevé donnés par Delaunay dans sa Théorie de la Lune sont tous affectés de légères inexac- titudes. M En adoptant, comme Delaunay, les valeurs numériques 0,07480 et — 1270" pour m et ne'e'g (l'unitéde temps étant le siècle julien), la formule que je propose donne ^ B/i = 5", 700, tandis que celle de Delaunay donne ^ S/i = 5", 765. En partant des mêmes valeurs numériques, M. E.-W. Brown a trouvé, par l'application d'un procédé empirique très ingénieux, 4 ht - ^" r> ,70. SÉANCE DU 8 SEPTEMBRE 1902. 433 ASTRONOMIE. — Comcle h 1902, découverte le. i^'" seplcmhre par M. Penne et le 2 septembre, d'une manière indépendante, par M. Borrelly, à l'Obser- vatoire de Marseille. Observations faites par MM. Borrelly et L. Farry (chercheur et équatorial d'Eichens), transmises par M. Stéphan. Temps moy. de Septembre. Marseille. A en B.. A en T. 2. . 2 . 3. !^. 5. Étoiles 3. 5. 9.50.24 1 1 .24. I 11.17.34 10.29.23 II. 1.33 — 1.19,84 —1.53,7 — 1.36,70 — 4-'3,4 — 3.36,99 -1-2.28,5 -+-3.17,93 — 3.i5,4 — o. 2,11 -1-0. 7,8 Nombre de compar. 5:5 4:4 4:4 2:2 5:5 Ascension droite apparente. Log. fact. parall. Distance polaire apparente. Log. fact. parall. ■k Obs. 3.i6.38,23 —1,719 54.48.31,4 —0,634 3.16.34,22 —1,711 54.47- 0,6 — o,6i3 3. i5. 35,61 —7,714 54.22.14,5 —0,612 3.14.29,93 —7,726 53.56.58,2 —0,678 4 F. 3.i3.i4,22 —7,725 53.28.50,2 —0,618 5 B. Étoiles de comparaison. Grandeur. 9 9 9 8 8,5 Ascension droite 1902,0. h m S 3.17.54, 14 3.18. 6,99 3.19. 8,62 3. II. 7,94 3 . 1 3 . I 2 , 23 Réduction au jour. s + 3,93 -t-3,93 -1-3,98 -1-4, 06 4-4, 10 Distance polaire 1902,0. 54 .50.26,0 54.51. i4, 9 54.19-46,8 54. 0.l5,2 53.28.43,8 Réduction au jour. — o',9 —0,9 -0,8 -1,6 ->,4 B. F. F. Autorités. J 4oi3, Paris-hW,, IIIN 3o7-3o8. 3i4-3i5,W2, 111". 335, W2, 111''. .7o,W„III'-. 6086 Lalande. » Remarque. — La comète est assez brillante, elle a un noyau allongé et une queue de 8' à 10'; le 2 vers 14'', le noyau paraît se dédoubler par instants et former deux petits noyaux arrondis. Le 3, la comète offre sensiblement le même aspect. Le 5, le noyau est plus diffus et l'éclat de la comète paraît diminuer sensiblement. » ASTRONOMIlî. — Observations de la comète 19026, faites à l'Observatoire de Besançon. Note de M. P. Chofardet, transmise par M. Lœwy. Temps moyen Dates. de jçiOî. Étoiles. Besançon. Aa comète. h m s m » Septembre 3 a i5. 16.48 -M. 26, 02 4 b 9-29.30 +0.35,60 5 c i2.32.5o — o. 7.5o 6 d 10.33. 2 -+-2.49.87 C. R., i.'î, a" fiemettre (T. CWW, N° 10) Nombre de A^P comète. compar. -t- 7'. 26" 8 12:9 — 12. 17,6 12:9 — 1.20,0 9:3 - 4.28,5 9:9 56 Ascension droite Réduction au Distance polaire Réduction au moyenne. jour. moyenne. jour. h m s 3.18.53,78 s -i-4,02 54. 10. 16,4 - i',3 » 3.13.12,29 3. 8.58,65 +4,04 ^4,11 4-4,17 » 53.28.47,3 53. 5.45,0 - 1,4 - 1,4 - 1,9 434 ACADÉMIE DES SCIENCES. Positions moyennes des étoiles de comparaison pour igo2,o. Etoile?. Catalogues. a. . Weissej, 220, III'' b.. Weissej, 223, IIP c. . rapp. àWeissej, i45 d. . Paris, 3859 Positions apparentes de la comète. Ascension Distance Dates. droite Log. fact. polaire Log. fact. 1902. apparente. parallaxe. apparente. parallaxe, h m s _ . , « Septembre 3 3.i5.23,82 i,i68„ 54. 17. 4', 9 o,278„ 4 3.14.33,42 T,683,j 53.57.57,4 0,781,, 5 3.i3. 8,90 T,6i6,., 53.27.25,9 o.5o4„ 6 3.11.52,69 T,69p„ 53. 1.14,6 o,683„ » Le 3 septembre, la chevelure de la comète, mesurant environ 3', a un novaii de 9" grandeur. Une queue, en forme de balai et de direction S.-O., se présente sur une longueur de 7'. » L'observation du 5 septembre a été faite dans des interstices de nuages. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les équations différentielles et la théorie des ensembles. Note de M. Edmoxd Maillet, lransmi.se par M. Jordan. « Nous avons antérieurement (') défini des catégories de fonctions ne satisfaisant à aucune équation différentielle rationnelle, de même que Lioiiville (-) avait défini des catégories de nombres transcendants ne satis- faisar^t à aucune équation algébrique à coefficients entiers. M. Cantor (') a obtenu un résultat analogue, mais moins parfait à certains égards, en se basant sur la théorie des ensembles : L'ensemble des nombres algébriques est dénombrable, tandis que V ensemble des nombres transcendants a la puissance du continu. (') Journal de Mathématiques, 1902, p. 87. (^) Journal de lilathématiijueS; i85i. (^) BoREL, Théorie des fonctions, p. 26. SÉANCE DU 8 SEPTEMBRE 1902. 435 » On peut étendre presque immédiatement aux fonctions et aux équa- tions difFérenlielIes rationnelles le théorème de M. Cantor. La solution générale de l'équation différentielle rationnelle géuérale F=o d'ordre ^^-^I et de degré 51 en x, y, y', . . ., y"" aux environs de x = o dépend d'un nombre fini de paramètres arbitraires (théorème de Cauchy). L'ensemble des séries convergentes pour a; ^ o, jouissant même de certaines |)roprié- tés |)articulières (par exemple, l'ensemble des fonctions entières d'ordre fini p), dépend d'un nombre infini de paramètres arbitraires. » Classons dans un même type les solutions ou les séries pour lesquelles les paramètres nuls ont les mêmes indices (les paramètres des séries étant conAcnablement choisis). Le nombre des types de solutions est dénom- brable; le nombre des types de séries a la puissance du continu. Ces séries comprennent donc une infinité de séries qui ne sont solutions d'aucune équation F := o. » Il en sera de même pour l'ensemble des équations différentielles ration- nelles en X, l, ^/' 7' j' j'^' (/limité), l,, .... 1/ désignant des fonctions de x, les mêmes quel que soit x : par exemple log^r, log log>r, . . , e^. e"' px, ^x » Il y a des extensions aux séries divergentes sommables. » ÉLECTRICI lÉ. — Sur les propriétés des enceintes fermées, relatives aux oncles électriques. Note de M. A. Turpain, transmise par M. Mascart. « Nous nous sommes proposé d'étudier les effets que l'emploi des enceintes fermées permet d'obtenir tant au point de vue de la pénétration des ondes à leur intérieur que de la concentration des ondes produites dans ces enceintes. » Un dispositif producteur d'ondes ou transmetleur T peut être enfermé dans une caisse de bois tapissée d'élain, mesurant 3o"''" de longueur, 22''" de largeur et 20"° de hauteur. Un dispositif récepteur R comprenant un cohcreur, un relais et une sonnerie, avec les cléments de pile néces- saires, peut être enfermé dans une enceinte métallique de même dimen- sion que la précédente. Chaque caisse est percée d'une ouverture circulaire de 7™'" de ravon par laquelle on peut introduire un conducteur constitué soit par un fil nu, soit par un tube, soit encore par un câble sous plomb, de io"',5o de longueur. \ 436 ACADÉMIE DES SCIENCES. » Les diverses expériences réalisées peuvent être ainsi résumées : » 1° Chaque fois que T el K sont placés dans une enceinte métallique complète- ment close, il n'y a aucune action possible de T sur R (fait signalé antérieurement par M. Branly, Comptes rendus, 4 juillet i8g8). » 2° Si l'enceinte métallique qui contient K est munie d'une seule petite ouverture circulaire aux bords de laquelle s'adapte un tube conducteur qui vient déboucher dans l'enceinte contenant T, par une ouverture circulaire, sans que le tube touche les bords de l'ouverture de T, on ne constate aucune action deT sur R. Mais il suffit de décou- vrir l'enceinte contenant R pour que l'action ait lieu. Les ondes, qui ne pouvaient pénétrer dans l'enceinte munie du tube, se trouvent alors concentrées par le tube conducteur et peuvent agir sur le récepteur. » On constate les mêmes phénomènes si, conservant les mêmes dispositions pour les enceintes et pour le tube qui les réunit, on permute les positions des dispositifs transmetteur et récepteur, plaçant le transmetteur dans l'enceinte qui contenait pré- cédemment le récepteur et vice versa. » 3° Alors que la communication entre les deux, enceintes est impossible lors même qu'un tube conducteur relie les bords des ouvertures circulaires pratiquées dans chaque enceinte, l'action de T sur R se manifeste si le tube conducteur pénètre dans les enceintes sans en toucher le revêtement. Mieux encore, T agit sur R si le tube con- ducteur est muni suivant son axe d'un conducteur reliant les deux dispositifs. » 4° Cette action de T sur R au moyen d'un câble à revêtement métallique peut avoir lieu, alors même que le câble est dénudé de son revêtement métallique sur une petite longueur, pourvu qu'il n'y ait pas communication entre le tronçon de câble allant vers le récepteur R et l'âme du câble. T agit sur R alors même que le tronçon provenant du transmetteur T est en contact avec l'âme du câble. » Ces expériences indiquent les conditions dans lesquelles devront être placés les dispositifs producteur et récepteur d'ondes électriques pour être utilisés dans la télégraphie hertzienne avec fil, alors que le fil conducteur est constitué par un câble. Le revêtement métallique dont tout câble sous- marin ou souterrain est muni devra être continué autour du conducteur axial jusqu'au poste télégraphique. Les disjjositifs de chaque poste devront être situés dans une enceinte métallique fermée mise en relation par une ouverture avec le revêtement du câble. Dans ces conditions, une concen- tration très puissante des ondes électriques sera obtenue, alors qu'elle serait impossible si les ondes passaient du conducteur axial au revêtement métallique du câble au point de la ligne oîi commence le câble. A partir de ce point, les ondes seraient disséininées dans le sol ou dans l'eau. » Ces expériences peuvent fournir également quelques renseignements utiles relatifs à l'emploi des enceintes fermées en télégraphie sans fil. Il y aurait avantage, en particulier, à renfermer les organes transmetteurs. SÉANCE DU 8 SEPTEMBRE 1902. 437 (l'une part, les organes récepteurs d'autre part, clans des enceintes métal- liques closes, munies chacune d'une ouverture circulaire à laquelle vien- drait aboutir un câble sous plomb mellaiit en relation chaque dispositif avec l'antenne. D'a|)rcs les expériences faites, il ne doit y avoir aucun inconvénient à relier le revêtement du câble qui vient du transmetteur au conducteur même de l'antenne. En ce qui concerne le récepteur, la mise en contact du revêtement du câble avec l'antenne constituera une très efficace et très commode protection des organes récepteurs contre les ondes issues du poste. Il suffirait, au moment de la réce|.tion, de supprimer cette relation, assurée, par exemple, au moyen d'une bague mobile, tout en maintenant les dispositifs récepteurs dans leur enceinte métallique. » CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur un nouvel indicateur aculimétrique . Note de M. L.-J. Simon, jjrésentée par M. H. Moissan. « Parmi les produits qui se forment accessoirement dans la calcination de l'acide tartrique en présence debisulf.ite de potassium on peut isoler un produit nouveau C'H«0% isomère de l'acide pyrotritarique auquel j'ai donné le nom d'acide isopyrolrilarique. Les solutions ferriques commu- niquent à sa solution aqueuse une coloration violette intense. Cette colo- ration est due à l'isopyrotritarate de fer, combinaison cristallisée et bien définie (C'H'0')'Fe.2H'0 qui peut servir d'indicateur dans les mesures acidimétriques {Comptes rendus, t. CXXXI, 1900, p. 586 et 618). » Cet indicateur a une propriété curieuse qui n'a été signalée jusqu'ici pour aucun autre : Il fournit à lui seul les indications que l'on obtient habi- tuellement en employant successivement l'hélianthine (orangé III Puiiier) et la phènolphtaléine . » Ce sel, très soluble dans l'eau, lui communique une teinte rouge brun presque noire en solution très concentrée. Par dilution, cette teinte devient rouge orangé puis jaune orangé. » Les acides provoquent un virage de cette teinte vers le violet en solu- tion concentrée, vers le rose violacé en solution étendue. Ce virage corres- pond à celui de l'hélianthine^ du jaune au rose. » Les alcalis, à leur tour, jjrovoquent une sorte de décoloration de la liqueur jaune orangé ou plus exactement un virage de la teinte jaune orangé vers le \a.une-\rd'dle. Ce virage correspond à celui de la phtaléine du blanc au rose violacé. 438 ACADÉMIE DES SCIENCES. » L'existence de ces deux virages permet à cet indicateur de jouer à lui seul le rôle des deux autres. Pour préciser jiassons en revue quelques cas particuliers. » 1° Acide sulfuiique. — La neutralisation d'une solution sulfurique au moyen d'une solution de potasse normale exige N'^™' de cette solution avec l'hélianthine comme indi- cateur et généralement une goutte ou deux de plus sont nécessaires pour amener la coloration de la phlaléine. » Avec l'isopyrotritarate ferrique comme indicateur la coloration ro-e violacée due à l'acide vire au jaune orangé lorsqu'on a ajouté N'''"' de potasse. Une goutte de plus détermine le virage au jaune-paille. » 2° Un acide moins énergique, un acide organique par exemple, amène bien la teinte du sel ferrique au rose violacé, mais, si l'on ]irocède au titrage, il faut utiliser le second virage, celui qui correspond à la phlaléine, et non le ))remier (|ui manque par- fois de netteté, comme il arrive avec l'hélianthine. » 3° L'acff^e /j/io.ç/;/;o/'(Vy'«e peut être titré au moyen d'hélianthine. Le virage se pro- duit, comme on le sait, après l'addition de la première molécule d'alcali. La phtaléine est colorée après addition de la seconde molécule. Ce virage est généralement moins certain que le premier. » Avec l'indicateur ferrique, le premier virage se produit exactement comme pour l'hélianthine après l'addition d'une molécule d'alcali et le second comme pour la phta- léine après l'addition de la seconde molécule d'alcali. Dans l'intervalle, la teinte de l'indicateur reste invariable et identique à celle qu'il a en solution dans l'eau pure. » 4° On sait que l'acide borique peut être dosé en présence d'un acide fort en combinant l'emploi de l'hélianthine et de la phtaléine. On neutralise d'abord l'acide minéral en présence d'hélianthine; puis, ceci fait, on ajoute une certaine quantité de glycérine et l'on neutralise en présence de phtaléine l'acide borique, ce qui l'amène à l'état de borate BOMPM. » Dans les mêmes conditions l'indicateur ferrique présente son premier virage lorsque l'acide minéral est neutralisé et son second virage, toujours en présence de glycérine, lorsque l'acide borique est entièrement passé à l'état de borate monomé- tallique BOHi-M. » 5° Enfin, Vacide carbonique et les carbonates alcalins se comportent avec ce réactif comme avec les deux autres. L'acide carbonique et les bicarbonates ne modi- fient pas la teinte jaune orangé de neutralité (de même que pour l'hélianthine), mais le carbonate neutre provoque le virage alcalin (de même qu'avec la phtaléine). La liqueur alcaline employée aux titrages acidimétriquas ne devra donc pas être carbo- nalée si l'on ne veut pas se heurter à des incertitudes analogues à celles qui résultent dans ce cas de l'emploi de la phtaléine. » Remarque I. — Indépendamment des changements de teinte utilisés dans les exemples précédents il en existe encore un autre. Si une petite quantité d'un acide détermine l'apparition de la coloration violette, un léger excès le fait disparaître, ce qui se comprend d'ailleurs aisément, puisque l'acide isopyrolrilarique lui-même est incolore. La teinte violette correspond à un équilibre entre cet acide et l'acide fort. Cet équilibre est rompu à l'avantage de l'acide minéral si celui-ci est en excès ou SÉANCE DU 8 SEPTEMBRE 1902. 489 même s'il est suffisamment, conrentré. Dans ce dernier cas, une simple dilution fait reparaître la teinte violette, atténuée bien entendu dans la mesure qu'exige la dilution. » La disparition de la teinte violette se produit avec un excès d'acide qui varie avec sa nature; il peut même arriver que cet excès soit assez faible pour empêcher l'obser- vation de la teinte violette. C'est le cas de Vacide oxalique, qu'on peut cependant titrer avec cet indicateur comme avec la phtaléine en utilisant son second virage du jaune orangé au jaune-paille sans percevoir à aucun moment la teinte violette. » Remarque II. — On est actuellement d'accord pour dire qu'un milieu est neutre quand ni l'hélianthine, ni la phtaléine n'y rougissent, ces deux conditions étant né- cessaires. On peut dire qu'un milieu est neutre quand il ne modifie pas la teinte propre jaune orangé de l'isopyrotritaratede fer, cette condition étant suffisante. A cet égard encore, l'indicateur ferrique suffit non seulement pour indiquer l'acidité ou l'al- calinité d'un milieu, mais encore pour préciser sa neutralité, ce qui exige actuelle- ment l'emploi combiné de deux indicateurs différents. » En résumé, les observations précédentes, jointes aux justifications numériques dont le détail ne peut trouver place. ici, nous autorisent à con- clure que l'isopyrotritarate de fer se comporte comme indicateur titrimé- trique complexe capable de suppléer à l'emploi combiné de l'hélianthine et de la phtaléine du phénol. » ANATOMIE COMPARÉE. — Sur le corps interrénal des Plagioslomes. Note de M. Ed. Grynfeltt, transmise par M. Alfred Giard. « Le corps interrénal connu depuis les travaux de Retzius (1819) a attiré à plusieurs reprises l'attention des anatomistes; Sempcr, Leydig, Bal- four, Chevrel et, plus récemment, Fettil, Diamare, Swale, Vincent, Kohn ont contribué à la connaissance de cet organe. Néanmoins il m'a paru néces- saire de mettre en lumière quelques points qui ont échappé aux auteurs précédemment cités. » Presque toujours le corps inlerrénal a été considéré comme un organe impair et médian formé chez les Squales par un cordon plus ou moins allongé de substance jaunâtre, renflé par places, rétréci ailleurs, parfois au point de se fragmenter en ilôts distincts, et cliez les Raies représenté souvent par plusieurs amas de substances dis- posés le long du bord interne des reins, mais quelquefois par une masse ovoïde unique. » Des nombreuses dissections que j'ai faites en vue d'étudier la disposition anato- mique de cet organe, il résulte que le corps interrénal doit être envisagé comme un organe pair. Cette disposition est évidente chez les Raies, et cela non seulement chez les diverses espèces du genre Raja que j'ai étudiées {R. niosaïca, R. punctata, R. inarginata, R. clavala), mais encore chez celles où les auteurs n'ont signalé le plus souvent qu'une masse unique, telles que Trygon et Torpédo. Dans ces derniers 44r> ACADÉMIE DES SCIENCES. types, bien que la fragmenlalion ne soit pas dans certains cas aussi évidente que chez Raja et Torpédo, elle n'en existe pas moins; mais les petits fragments sont parfois réduits au point d'être à peine visibles à la loupe. Et comme ils existent toujours irrégulièrement disposés sur le bord interne de l'un et de l'autre rein, il en résulte que dans presque tous les cas, sinon dans tous, le corps interrénal est une formation paire, quoique non symétrique. » Chez les Squales, la disposition paire de l'interrénal est beaucoup moins marquée et est souvent même méconnaissable. Néanmoins il est des cas où le cordon unique en apparence est interrompu, et où les deux extrémités voisines chevauchent l'une sur l'autre, ainsi que je l'ai observé quelquefois et que Diamare l'a représenté dans une de ses figures, si bien que, sur des coupes transversales passant à ce niveau, ce n'est plus un seul, mais deux interrénaux que l'on trouve entre les deux reins. Du reste, cette manière de concevoir l'interrénal comme un organe pair est en parfaite concordance avec les données de van Wijhe sur le développement de cet organe. 11 a montré qu'à l'origine, chez les Squales, l'ébauche de l'interrénal est paire, mais que les parties qui en dérivent se fusionnent rapidement en une masse impaire. La disposition signalée chez les Raies indique que, dans l'immense majorité des cas, sinon dans tous, la parité primordiale de l'organe persiste chez elles toute la vie, tandis que chez les Squales elle se modifie le plus souvent au cours du développement. Mais, de l'examen attentif de certains cas, il résulte néanmoins que, dans ce groupe, l'interrénal doit aussi être considéré comme un organe typiquement pair. » La slructure du corps interrénal est. celle d'une glande vasculaire sanguine. Ainsi que l'ont signalé les auteurs (Diamare, Swale, Vincent, Rohn), cet organe est essentiellement constitué par des cordons cellulaires flexueux, largement anastomosés entre eux de manière à former une sorte de réseau dans les mailles duquel est intriqué im réseau de capillaires sanguins volumineux. Un détail de structure de ces cordons n'a pas été signalé par ces auteurs, à savoir la présence à leur surface d'une mince membrane d'enveloppe absolument anhisle. Facile à apercevoir chez cer- taines espèces où elle est plus accusée {Centrinà vulpecula, Myliohatis aquila), elle se distingue, par des particularités de coloration, de la paroi des capillaires. Chez Myliobatis, elle forme souvent des cloisons de refend fort caractéristiques à ce point de vue. » Dans la plupart des espèces ces cordons sont pleins. Chez Myliobatis, cependant, on voit parfois au centre de cordons coupés transversalement des espaces où les cellules ont été écartées les unes des autres par l'action des réactifs, de sorte qu'il y a là une espèce de lumière, à contours irrégu- liers. Ce fait est important à constater, car il indique une tendance à la production d'une cavité au centre des cordons. C'est une transition vers la structure vésiculeuse de cette glande que Petlit a décrite avec soin dans SÉANCE DU 8 SEPTEMBRE 1902. 44* le corps de Stannius de V Anguille, corps que la plupart des auteurs con- sidèrent comme l'homologue, chez les Téléostéens, de l'organe interrénal des Élasmobranches (Diamare). » Les cellules de rinterrénal sonl remarquables par leur teneur en graisse, qui s'accumule dans le cytoplasme sous forme de boules de grosseur très différente les unes des autres. La nature graisseuse de ce produit a été mise en doute à plusieurs reprises (Balfour, Chevrel). Dans le but de trancher la question, j'ai prié M. le pro- fesseur ^'ille d'examiner chimiquement ces organes. Des analyses faites pan M. Ville et par M. Derrien, son préparateur, il résulte qu'il s'agit bien là d'une substance graisseuse, qu'ils sont arrivés à caractériser chimiquement. » En outre, je dois signaler, chez certaines espèces, notamment chez Zygaena malleus, la présence dans le protoplasma de boules safranophiles, parfois assez volumineuses, apparaissant sur des coupes où la graisse a totalement disparu, après des lavages dans les essences. » Les noyaux de ces cellules sont typicpiement arrondis, mais ils se montrent souvent déformés par la présence de dépressions et d'encoches à leur surface : il s'agit sans doute là, ainsi qu'on l'a établi pour d'autres cellules sécrétantes, de modifications du noyau, liées au rôle qu'il joue dans les phénomènes sécrétoires des cellules. La chromatine souvent très abon- dante, présente dans certains cas des variations très grandes dans sa quan- tité et aussi dans ses affinités pour les matières colorantes. » BOTANIQUE COLONL\LE. — Sur quelques plantes à caoutchouc de la côte occidentale d'Afrique. Note de M. Auc. Chevalier ('), transmise par M. Guignard. « Comme résultat des explorations scientifiques que le Gouvernement nous avait confiées en Afrique occidentale française, de 1898 à 1900 (mission du général de Trentinian au Soudan et mission économique du Sénégal), nous avons pu établir que tout le caoutchouc de ces régions était produit par une seule espèce de Landolphia. le Landolphia Eeudelotii k. D. C. et qu'une espèce de Ficus de la côte sénégalaise, le Ficus Vogelii Miq., n'en produisait qu'une très faible quantité commerciale de qualité inférieure. Nous avions, au contraire, attendu de nouvelles observations pour nous (') Je remercie mes collaborateurs, M.\L Coiutet et Martret, de la participation qu'ils ont apportée à ce travail. C. R., 1902, 2' Semestre. (T. CvXXV, N° 10.) 5^ 442 ACADÉMIE DES SCIENCES. prononcer sur les résultats des essais de plantations des essences à caout- chouc de l'Amérique méridionale. » La nouvelle expédition scientifique que le Gouvernement et l'Institut nous ont chargé de diriger pour étudier les productions naturelles du bassin du Tchad a eu pour premier résultat de nous permettre de combler cette lacune et de commencer l'étude des espèces caoutchoutifères spé- ciales au Congo français et à l'Afrique centrale. » Au Sénégal, les nombreux essais de culture du Céara {Manihot Glaziowii) ont donné de très médiocres résultats. Sans arrosages, les pieds cultivés aux jardins d'essais de Saint-Louis (jardin de Soz) et de Richard-ToU sont restés nains et chétifs après 4 ans d'existence. Dès la première année, la racine se tubérise, mais ne contient qu'une quantité très minime de latex. Aux jardins de Thiès (mission) et de Sédhiou (poste), ils ont crû plus rapidement. Des pieds âgés de 4 à 7 ans mesurent de S"» à 5" de liauteur, mais ils ne contiennent que très peu de latex, et ce dernier ne donne que peu de caoutchouc de qualité secondaire. 11 est à remarquer que les Céaras de cette région sénégalaise sont dépourvus de feuilles environ 6 mois, c'est-à-dire pendant une grande partie de la saison sèche. ' » Aux jardins d'essais de Camayen (Guinée française), de Libreville (Gabon) et de Brazzaville (Congo), où la quantité annuelle des pluies est beaucoup plus abondante, les Céaras ne perdent que partiellement leurs feuilles, ou les perdent complètement durant un mois ou deux. En revanche, leur développement est très rapide. Des Céaras semés au jardin de Brazzaville il y a 2 ans mesurent déjà 5" de hauteur et ont un dia- mètre de o'",2o à I" au-dessus du sol. Aussi M. Luc recommande-t-il ce végétal comme arbuste d'avenue à cause de son développement rapide et de son feuillage épais. » Malgré leur vigueur extraordinaire, les Céaras de ces stations de la zone forestière d'Afrique ne renferment, en toutes saisons, qu'une faible quantité de latex très aqueux qui, par coagulation à l'air, produit du caoutchouc de faible valeur. De plus, si l'on fait sécher l'écorce fraîche au soleil, on n'y retrouve plus le caoutchouc coa- gulé s'étirant en fds, comme dans les écorces sèches du Landolphia à caoutchouc. D'où impossibilité d'extraire du caoutchouc de l'écorce par les procédés Arnaud, etc. » Il semble donc qu'il faut renoncer à la culture en Afrique du Manihot Glaziowii comme plante à caoutchouc. » On a tenté également, à la côte occidentale d'Afrique, la culture de ÏHevea brasiliensis et du Castilloa elastica. Au Sénégal, les jeunes pieds de ces deux espèces sont morts très rapidement, le climat étant trop sec ; mais, aux jardins d'essais de Camayen et de Libreville, ils ont acquis, après 3 ans de plantation, un beau développement. » Ces arbres sont toutefois trop jeunes et trop peu nombreux encore pour qu'on puisse se prononcer sur leur avenir ( ' ). (') Les jeunes pieds d'arbre à gullst (Palai/aii/m longi/oliiini) inlroduils en 1898 SÉANCE DU 8 SEPTEMBRE 1902. 443 » Le caoutchouc du Ficus Vogelii ]\liq., dont nous avions signalé l'ex- ploitation en 189g et 1900, n'est plus exporté du Sénégal parle commerce. De qualité inférieure, il ne pouvait être vendu longtemps dans des condi- tions rémunératrices. » Un autre Ficus du Sénégal, que nous avions signalé sous son nom indigène de Dob Guinée, donne un caoutchouc non commercial analogue à celui du Ficus Vogelii; M. le Professeur O. Warburg, de Berlin, a distingué cette espèce du Ficus lauri/olia Bouché, dont elle est voisine, sous le nom de Ficus laurifolioides O. Warb. Nous l'avons observée cette année au Sénégal, à Conakry (Guinée française) et à Kotonou (Dahomey), toujours plantée le long des rues et autour des cases indigènes. » Nous signalerons enfin une troisième espèce de Ficus qui semble se substituer, sur les bords de l'estuaire du Gabon, au Ficus Vogelii dont elle a les principaux caractères. Comme elle n'a pas encore été signalée, du moins à notre connaissance, nous en donnerons la description suivante : » Ficus pseudo-Vogelii sjj. iiov., arljie de 8™ à 12"° de haut; extrémité des rameaux recouverte d'un feutrage épais de poils roux; feuilles coriaces, ovales-lancéolées, entières, cunéiformes à la base, arrondies, obtuses au sommet, longues de i5'''" à aS''". larges de G"^" à 7'^". Pétiole épais, long de 5"" à 7™, creusé en dessus d'une fossette profonde, recouvert sur toute sa surface de petites écailles rousses apprimées et hérissé en outre, à la base, de poils raides de même couleur. » Nervure médiane et nervures secondaires (au nombre de cinq à sept paires) saillantes en dessous, hérissées sur les côtés de poils blancs roussâlres. Fruits scssiles, serrés à l'extrémité des rameaux, de la taille d'une très grosse cerise, d'un rouge orangé à maturité, recouverts de longs poils blanchâtres apprîmes. Libreville : assez commun à travers le village. Juillet 1902. » Cet arbre n'est pas exploité par les indigènes, mais son latex donne un produit analogue au caoutchouc du Ficus Vogelii. » PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur la durée germinative des graines exposées à la lumière solaire. Note de M. Victor Jouix, présentée par M. Dehérain. « On attribue généralement à la lumière, surtout à la lumière solaire, une influence nuisible à la durée germinative des graines. Au cours des recherches que je poursuis sur la vie latente des graines j'ai fait quelques expériences pouvant indiquer si les rayons lumineux ont ou n'ont pas une au jardin d'essais de Libreville ont disparu, à l'exception d'un exemplaire de belle venue. 444 ACADÉMIE DES SCIENCES. aclion spécifique de cette nature, en dehors de celle qu'il faut attribuer à l'élévation de température qui les accompagne ordinairement et dont je me suis occupé précédemment ('). Ces expériences peuvent être classées en deux catégories : » a. Celles où les graines placées en vase ouvert recevaient la lumière sous des écrans colorés. » h. Celles où l'on opérait de même en tube scellé. » Je ne parlerai ici que de ces dernières faites sur le cresson alénois. » Voici la technique de ces expériences : on remplissait de graines le tiers ou la moitié de la capacité de tubes jaugeant environ 5™=. Quelques-uns de ces tubes étaient enduits de vernis noir opaque ou de vernis blanc au sulfure de zinc phosphorescent. D'autres étaient disposés suivant l'axe de tubes plus larges et l'intervalle annulaire était rempli de différents liquides. Dans la plupart de ces tubes on faisait un vide plus ou moins complet sur les graines introduites dans leur état naturel ou préalablement desséchées. Dans ce dernier cas on assurait cette dessiccation en introduisant une pin- cée d'anhydride phosphorique dans l'extrémité des tubes façonnée en ampoule, com- muniquant par un étranglement avec la partie réservée aux graines. Tous ces tubes furent placés dans une serre, sur une tablette éclairée directement par le soleil plu- sieurs heures par jour. Des thermomètres convenablement placés permettaient d'ob- server les températures atteintes par les tubes au cours des expériences. Le maximum ne dépassa pas 5o° et ne fut atleint qu'exceptionnellement. » Dans ces conditions, toutes les graines non desséchées perdirent complètement leur pouvoir germinatif en quelques semaines d'été. De loo il tombe à o au bout d'un mois ou deux. Que les tubes fussent opaques ou transparents, la résistance des graines a paru beaucoup plus dépendre de l'action calorifique que de l'action lumi- neuse. » Celles qui ont résisté le plus longtemps étaient celles dont le tube les protégeait le mieux contre la chaleur. » Il en va autrement avec les graines desséchées. Celles-ci paraissent résister plus longtemps, sinon indéfiniment. .. Le 27 mars 1S96, un tube fut préparé avec acide phosphorique et graine sèche d un pouvoir germinatif, alors, de 92 pour 100. Ce tube resta exposé au soleil jusqu'au 4 août 1902. A ce moment, le pouvoir germinatif était encore de 69 ijour 100, bien que le vide n'ait pas été fait au moment du scellement. » Celte circonstance n'a pu que nuire à la conservation du pouvoir germinatif. . » D'autres tubes préparés en même temps que le précédent pourront permettre de prolonger l'expérience. » La séance est levée à 4 heures. G. D. (') Comptes vendus, t. CXXIX, p. 898. On souscrit à Paris, chez GAUTHIER-VILLARS, Quai des Grar.ds-Augustins, n° 5j. s i835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Ils forment, à la fin do l'année, deux volumes in-4". Deux ■une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel lu I *'^ Janvier » Le prix de l'abonnement est fixé ninsi qu il suit : Paris : 20 fr. — Départements : 3J0 fr. — Union postale : 34 fr. On souscrit, dans les Départements, ehez Messieurs : Ferran frères. I Chaix. i Jourdan. ( Ruff. Courlin-Hecquet. ( Germain elGrassin. ( Gaslineau. Jérôme. Régnier. I Feret. c ; Laurens. I Muller (G.). Renaud. ; Derrien. \ F. Robert. j Oblin. ' Uzel frères. Jouan. y Perrin. ( Henry. ( Marguerie. ( Juliot. 'I Bouy. . Nourry. Ratel. 1 Rey. ', Lauverjat. I Degez. t, Drevel. ( Gralier et C". elle Foucher. ( Bourdignon. ( Dombre. 1 Thorez. ( Quarré. Lorienf. Lyon . chez Messieurs ; ( Baurnal. i M"* Texier. Bernoux et Cumin. ^ Georg. , Effanlin. i Savy. ' Vitie. Marseille Ruât. ) Valat. Montpellier M>ulins.. . I Coulel el fils. Maniai Place. / Jacques. 1 Grosjean-Maupm. ( Sidot frères. ( Giiisl'hau. ( Veloppé. ( Barma. ! Appy. rtimes Thibaud. Orléans Lod:lé. I Blanchier. ( Lévrier. Rennes Plihon et Hervé. liochefort Girard (M"")- ( Langlois. ( Leslringant. S'-Étienne Chevalier. ( Ponleil-Burles. ( Rumèbe. \ Gimel. / Privât. , Boisselier. Tours Péricat. ( Suppligeon. \ Giard. ) LemaUre. Nancy . Nantes Nice. .. Nime Orléc Poitiers. Rennes Hochefi Houen. S'-Étie Toulon... Toulouse- Tours Yaienciennes. On souscrit, à l'Étranger, Amsterdam ■ chez Messieurs ; 1 Feikema Caarelsen i el C". Athènes Beck. 'Barcelone Verdaguer. Asher et C*. Eerlin . I As: iDa âmes. Friedlander el fils. ( Mayer el Muller. Berne Schmid Francke. Bologne Zanichelli. / Lamerlin. Bruxelles Mayolezet Audiarle. I Lebégue et C'". ( Solchek et C°. li^clicrcsc (Alcalay. Budapest Kilian. Cambridge Deighton, Bell et C". Christiania Caramermeyer. Constantinople. . Otto Keil. Copenhague Hôst et fils. Florence Seeber. Gand Hoste. Gènes Beuf. / Cherbuliez. Genève Georg. ( Stapelmohr. La Haye Belinfanle frères. i Benda. Fayot el C'". Barth. Lausanne.. Leipzig Liège. Brockhaus. Kœhlcr. Lorenlz. Twielmeyer ^ Desoer. ( Gnusé. chez Messieurs : I Dulau. Londres Hachette et C". ' Nuit. Luxembourg.... V. Bûck. / Ruiz et C". Madrid f^^""> y P""«' j Capdeville. ' F. Fé. ,, , ( Bocca frère». Milan ) Hœpli. Moscou Tastevin. Naples (Marghierid, G,«,. ( Pellerano. ; Dyrsen et l'fcilTcr. Ne„s sédimentaires, suivant l'ordre de leur superposition. - Di.cu.cr la question ''^ ''"^^^'^^^ "^^ f't., m. ,e Professeur Bbo... in-',' ercher la nature des rapports qui existent entre l'état actuel du règne organique et ses elats anteiieurs », par ^^ ^^ ; planches; 18G1 la même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences et V. Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences. • W 10. T4BLE DES ARTICLES. (Séance du 8 sej^tembre 1902.) MEMOIRES ET COMMUIVIGATIOIVS DES MEMBIiES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. Pages. M. le Président annonce à l'Académie la mort de /?. îï/'cAoïr. Associé étranger 409 i\[. Bouchard. — Allocution à l'occasion de la mort de /}. Virchoa- 409 RI. Paul Painlevé. — Sur l'irréductibilité des transcendantes uniformes définies par Pages, les équations différentielles du second ordre 4,, M. Considère. — Étude expérimentale de la résistance à la compression du béton fretté 410 CORRESPOND AIVCE. MM. A.Lacroix.Rolletde L'IsLEet Giraud. — Sur l'éruption de la Martinique M. H. Andoyer. — .Sur l'accélération sécu- laire de la longitude moyenne de la Lune. MM. BoRRELLY et L. Fabry. — Observations de la comète b 1902, découverte le i" sep- tembre par M. Périne et le 2 septembre, d'une manière indépendante, par M. Bor- relly, à l'Observatoire de Marseille M. P. Chofardet. — Observations de la co- mète 1903 b, faites à l'Observatoire de Be- sançon M. Ed.mond Maillet. — Sur les équations 419 432 433 433 différentielles et la théorie des ensembles. 43'| M. X. Turpain. — Sur les propriétés des en- ceintes fermées, relatives aux ondes élec- triques 435 M. L.-J. Simon. — Sur un nouvel indicateur acidimétriquc 43^ M. Ed. Grynfeltt. — Sur le corps interrénal des Plagioslomes 439 M. Auc. Chevalier. — Sur quçlques plantes à caoutchouc de la côte occidentale d'A- frique 44, M. Victor JoDiN. — Sur la durée germinative des graines exposées à la lumière solaire . . 443 PARIS. — IMPRIMERIE G AUT HI li R - V IL L A RS, Quai des Grands-Augustins, 55. le Ccrani; G.vLTilli: R-ViuLAns r~-. 1902 SECOND SEMESTRE. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. TOME CXXXV. W \\ (15 Septembre 1902 ^ PARIS, GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE DES COMPTES RENDUS DES SÉ..NCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. Quai des Grands-Augustins, 55. 1902 € REGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDU; ADOPTÉ DANS LES SÉANCES DES 23 JUIN 1862 ET 24 MAI 1875 Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie se composent des extraits des travaux de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes présentés par des savants étrangers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. 26 numéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. Article i". — Impression des travaux de l'Académie. Les extraits des Mémoires présentés par un Membre ou par un associé étrange) de l'Académie comprennent au plus 6 pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o pages par année. Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans le Compte rendu de la semaine que si elle a été remise le jour même de la séance. . Les Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par les Correspondants de l'Académie comprennent au plus 4 pages par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de 32 pages par année. Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis- cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca- démie ; cependant, si les Membres qui y ont pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les re- mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion. Les Programmes des prix proposés par l'Académie sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap- ports relatifs aux prix décernés ne le sont q que l'Académie l'aura décidé. Les Notices ou Discours prononcés en séi blique ne font pas partie des Comptes rendus. Article 2. — Impression des travaux des Si étrangers à l'Académie. , Les Mémoires lus ou présentés par des p« qui ne sont pas Membres ou Correspondants ( demie peuvent être l'objet d'une analyse ou ( suiné qui ne dépasse pas 3 pages. Les Membres qui présentent ces Mémoii tenus de les réduire au nombre de pages rei Membre qui fait la présentation est toujours r mais les Secrétaires ont le droit de réduire cel autant qu'ils le jugent convenable, comme ilf pour les articles ordinaires de la correspondai cielle de l'Académie. Article 3. Le bon à tirer de chaque Membre doit être l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus jeudi à I o heures du matin ; faute d'être remis à le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compi actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte ren vant et mis à la fin du cahier. Article 4. — Planches et tirage à part. Les Comptes rendus ne contiennent ni plane figures. Dans le cas exceptionnel où des figures si autorisées, l'espace occupé par ces figures coi pour l'étendue réglementaire. Le tirage à part des articles est aux frais c teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapp. les Instructions demandés parfe Gouvernemei Article 5. Tous les six mois, la Commission administrai un Rapport sur la situation des Comptes rendus l'impression de chaque volume. Les Secrétaires sont chargés de l'exécution d sent Règlement. déîrsefaTs^^rlS'L'rîus'ur?;^^^ f " ^^'"'^''^ '«"" ^^-"-^ P- ^^- 1" Secrétaires perpétuels sont prié, plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5^ Autrement la présentation sera remise à la séance s. I ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 15 SEPTEMBRE 1902. PRÉSIDENCE DE M. BOUQUET DE LA GRYE. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. AGRONOMIE. — Culture du lupin jaune (Lupinus luteus). Note de MM. P.-P. Dehérain et E. Demoussy. « Nous avons déjà eu l'honneur, à diverses reprises, d'entretenir l'Aca- démie des recherches que nous avons entreprises depuis plusieurs années sur la culture des Légumineuses; nous lui demandons aujourd'hui la per- mission de lui exposer nos études sur le lupin jaune, qui, dans l'est de l'Europe, rend de tels services, sur les terres pauvres, qu'on l'a souvent appelé la plante d'or des sables. ', Le lupin jaune a la réputation d'être essentiellement calcifuge, et, en effet, nous l'avons vu disparaître rapidement lorsqu'il a été semé dans des terres très calcaires de l'Yonne, du Puy-de-Dôme et aussi dans notre jardin du Muséum. Cependant, quand on analyse les cendres des hipms qui ont crû dans des terres variées, même pauvres en carbonate de chaux, on y trouve une quantité de chaux notable, de telle sorte qu'il semble que ce soit seulement une proportion considérable de cette base dans le sol qui empêche la réussite. » Quand on a enrichi le sol de phosphate de potasse, le lupin jaune a en effet vécu dans une terre de Bretagne très pauvre en chaux, mais addi- tionnée de ^, de ^ et même de ^ de calcaire; il est devenu chétif quand la proportion de calcaire est montée à ^s; si l'on ne donne pas de phosphate de potasse, l'influence du calcaire est beaucoup plus fâcheuse, la récolte beaucoup plus faible, de telle sorte qu'il semble bien que c'est en retardant l'assimilation de l'acide phosphorique que le calcaire est sur- tout nuisible. C. R., .902, 2« Semestre. (T. CX.XXV, N° 11.) 446 ■ ACADÉMIE DES SCIENCES. » Le sol du champ d'expériences de Grignon est assez riche en acide phosphorique pour que les engrais phosphatés n'y exercent habituellement aucune action, et, bien qu'il renferme ■— de chaux, le lupin jaune y croît, fleurit et mûrit ses graines, mais il ne porte pas de nodosités sur ses racines et n'acquiert qu'un médiocre développement. » Dans ces conditions, le lupin vit comme une Graminée en profitant des ressources du sol, elles lui fournissent les matières azotées qui lui sont indispensables ; si, en effet, on le sème dans un sable stérile, en lui donnant seulement des engrais minéraux, il périt s'il n'apparaît pas de nodosités sur les racines, mais vit, au contraire, si l'on a donné, en même temps que les engrais minéraux, de l'humus extrait de la terre de jardin par l'action successive du carbonate de potasse pour le dissoudre et de l'acide chlor- hydrique pour le précipiter. » Les Légumineuses ont donc deux modes d'existence différents : elles vivent comme les Graminées en s'approvisionnant d'azote dans le sol, mais elles vivent aussi et atteignent un puissant développement quand elles portent sur leurs racines des nodosités peuplées de bactéries efficaces, qui font entrer en combinaison l'azote atmosphérique. » Celles qui s'accommodent de la symbiose avec les lupins jaunes ne sont pas banales; c'est en vain qu'en employant la méthode d'inoculation de M. Bréal nous avons essayé de faire naître les nodosités, sur les racines du lupin jaune, en les piquant avec des aiguilles trempées dans des nodo- sités de luzerne, de vesce velue ou d'ajonc. A Grignon, deux parcelles très voisines portent, depuis plusieurs années, des lupins blancs dont les racines sont couvertes de nodosités et des lupins jaunes qui n'en ont pas; les bactéries de l'une des espèces ne conviennent donc pas à l'autre. » Nous avons vu cependant les nodosités apparaître sur les racines de lupins jaunes ensemencés dans du sable mélangé à de la terre de bruyère, à de la terre provenant de Bretagne, à de la terre de la station de Chimie végétale de Meudon; mais, tandis que sur celle-ci les lupins blancs et bleus prennent un très beau développement, les bactéries qu'elles ren- ferment n'exercent qu'une très médiocre action sur le lupin jaune. » Tandis que les plantes qui ont crû dans la terre de Bretagne, ou dans le sable additionné de terre de bruyère et d'engrais minéraux, pèsent, après dessiccation, de 2^ à 3^, il en a été tout autrement des lupins que nous avons récoltés sur une terre provenant de l'École d'Agriculture de Genouillac dans la Creuse. » Cette terre est très forte et paraissait ne pas convenir au lupin jaune, SÉANCE DU t5 septembre 1902. 44? la niante des sables ; mais elle était très peu chargée de chaux, aussi l'avons- nous ensemencée; elle a été très favorable, comme le montre le Tableau ci-après : LCPraS JAUXBS RÉCOLTÉS EN JUILLET IQOa. Poids Nombre Récolte Nombre d'un Numéros ^^ ^^^jg Récolte de pied moyen «1^5 ^ ■ j- , K ^c pieds. totale. sèche. gousses. sec. vases. Engrais distribues. pieus. i» Terre de Genouillac (Creuse). 221 5s phosphate de potasse 5 - i avorté 267 45 45 9 ~1 ^ ^ „ 5-2 avortés 3io 4o,5 49 «'=> 223 58 phosphate de potasse, 26 sul- fate de chaux 224 5s phosphate de potasse, 2S sul- ^^ ^^^ fate de chaux ^ ' , , 5 225 i5s scories de déphosphoration.. 8 abo 40,2 44 ^^^ 226 » " ■• 227 55 phosphate de potasse, 2? sul- ^^ ^^^ fate de magnésie 7 228 5^ phosphate de potasse, 2S sul- fate de magnésie « ^'^ '*'*' 229 5s phosphate de potasse, 26 sul- fate de chaux, 2? carbonate de n 260 34,6 2» 3 magnésie / 230 5e phosphate de potasse, 26 sul- fate de chaux, 2? carbonate de 8 33o 45,0 40 3>o magnésie 2° T-erz-a ^e Bretagne, Sainl-Briac {Ille-et-Vilaine). 56 i58 scories en 1 90 1,1 5e sulfate de ^^^ _^^ ^^ ^g potasse en 1902 7 ' ^ 3° Terre de Grignon {Seine-et-Oise). , Ti . T 72 10,2 16 1,7 71 JLo. de terre de Bretagne 7 ^ 285 -Lî- de terre de la Creuse ," ' ^ >> On voit que nous avons semé les lupms dans trois terres différentes; dans la terre de Grignon, malgré le mélange avec la terre de B-etagne ou la terre de la Creuse, les récoltes ont été misérables: un p.ed sec pesé en moyenne t V ou x^ 7 ; dans la terre de Bretagne, les résultats sont med- lears : un p.ed s.c pèse 3^ 8 ; cettK qui ont cru sur la terre de la Creuse atteignent 5^,6^, 8^ et même 9» . ^^i^ ACADÉMIE DES SCIENCES. « On jugera des différences que présentent ces récoltes par la photo- graphie que nous mettons sous les yeux de l'Académie ('). » Au point de vue physique, la terre de GenouiUac est très inférieure à la terre de Bretagne; elle est moins fdtrante, plus compacte, plus lourde- nous avons choisi, pour établir la comparaison, les lupins les meilleurs qui aient crû sur la terre de Bretagne; elle est en expériences depuis plusieurs années et n a jamais donné de récoltes plus fortes que celles de 1900 «Nous ne voyons d'autre raison à invoquer, pour exphquer la supé- riorité des lupins de la Creuse, que la nature des bactéries fixées sur la racine des lupins qui y ont crû. Les nodosités dont elles provoquent l'ap- pantion sont nombreuses à la partie supérieure de la racine, elles sont assez fortes et parfois pressées les unes contre les autres; celles oui naissent sur les racines des lupins de la terre de Breingne sont plus écar- tées, de dimensions inégales; elles descendent souvent jusqu'à la partie intérieure de la racine. » Il importe donc de bien noter les points suivants : » Non seulement toutes les espèces de bactéries susceptibles de donner des nodosités sur les racines des Légumineuses ne sont pas capables de se fixer sur les racines des lupins jaunes, mais en outre celles qui font apparaître des nodosités sont très inégalement efficaces ; les unes, Genouil- lac (Creuse), provoquent une végélation luxuriante; d'autres, Saint- Briac (lUe-et-Vilame), ne soutiennent que médiocrement la véoétation mais sont encore supérieures à celles qui apparaissent parfois sur les lupins croissant dans la terre de Grignon inoculée. » Nous avons déjà observé des faits analogues dans nos expériences sur Jes lupins blancs, qui portent parfois des nodosités garnies d'espèces tavorables et parfois d'espèces parasites ( = ). » ^«/•'^^«'^e'. des longues études que nous avons consacrées aux lupins jaunes découlent les conclusions suivantes : " 1° Bien que le lupin jaune soit en général considéré comme une planta vivant dans le sable, il prospère également dans les terres fortes- >' 20 II supporte de faibles dos^s de calcaire dans les terres neutres mais per.t si l'on introduit le calcaire dans une terre acide comme la terre de bruyère; (') Elle paraifa avec le détail des sk ans d'expériences, dans le Cahier de septembre 1902 des Annales agronomiques, t. XXVIII, n° 9 r-) annales agronomiques, l.XWl, p. 5y;Comptes'renc/ùs,i.CXXX p 20 et 465 SÉANCE DU l5 SEPTEMBRE 1902. /t49 » 3° Quelle que soit sa station nous avons toujours trouvé clans ses cendres une forte proportion de calcaire; ,, 4<>'ll vit, fleurit et mûrit ses graines dans un sol renfermant 4 cen- tièmes de chaux ; dans ces conditions il n'a pas porté de nodosités sur ses racines et n'a jamais acquis qu'un médiocre développement; ,, 5° Sa croissance est meilleure dans des terres sans calcaire, parfois cependant il n'y rencontre que les germes de bactéries produisant des nodosités, mais peu efficaces et les récoltes sont encore médiocres; >, 6° Elles ne sont luxuriantes que si les terres renferment des bactéries d'une espèce tout à fait favorable à la symbiose, comme celles que nous avons rencontrées dans la terre de Genouillac (Creuse). C'est dans ces conditions que le lupin jaune rend de grands services, qu'il soit employé à la nourriture des chevaux ou des moutons ou enfoui comme engrais vert. « Si l'on veut tenter la culture du lupin jaune, sur des terres sans cal- caire, il sera bon d'en semer sur de petites surfaces; si la réussite n'est que médiocre, il n'y a guère de chance de l'améliorer par des apports de terre, car toutes les tentatives que nous avons faites n'ont donné que de très médiocres résultats ou même ont échoué complètement. » ASTRONOMIE. - Sur la surface focak principale de l'objectif de l'équatorial photographique de l'Observatoire de Toulouse. Note de MM. B. Baillaud et MONTANGERAND. « Dans une Note insérée aux Comptes rendus du 2 juin, l'un de nous a donné les premiers résultats d'une statistique concernant la distribution des étoiles dans les clichés de la Carte photographique internationale obtenus par M. Montangerand, à Toulouse. Des circonstances majeures ■lyant retardé l'étude complète que M. Montangerand se propose de faire de la forme de la surface focale principale de son objectif, d a paru conve- nable de publier les résultats acquis à ce jour. >> La statistique a été faite, carré par carré de 5- de côté, de 108 cli- chés et de 94 Cartes héliogravées correspondant à 94 de ces 108 clichés. La statistique des 108 Cartes sera donnée dans une étude complète, quand les 108 Cartes seront toutes tirées. ....ç. „ En raison de la symétrie, on a superposé les carrés de la moitié inté- rieure de chaque cliché à ceux de la moitié supérieure, en repliant, en 45o ACADÉMIE DES SCIENCES. quelque sorte, le cliché autour de l'axe horizontal qui passe par son centre. On a superposé ensuite la moitié de droite sur celle de gauche, en repliant autour du cercle horaire passant par le centre. Enfin, on a replié le carré ainsi obtenu autour de celle de ses diagonales qui passe par le centre. » Dans ces conditions, le nombre le plus bas du Tableau ci-dessous indique la moyenne des nombres d'étoiles trouvés dans les carrés voisins du centre. Les nombres de la colonne verticale de droite donnent les moyennes concernant les deux rangées horizontales et les deux rangées verticales qui passent par le centre. Chaque nombre de la ligne horizon- tale supérieure est la moyenne des nombres d'étoiles de huit carrés placés symétriquement sur le contour du cliché. 143 161 «79 189 19' 207 227 245 242 248 265 266 270 175 195 206 2l3 225 243 264 256 271 281 287 287 2l3 227 282 263 267 296 298 298 322 32 1 322 249 2.55 265 287 3o5 3o6 319 338 339 332 270 288 3l2 324 33i 349 348 349 332 298 3i8 336 342 359 356 378 362 35 1 357 373 370 377 382 382 367 374 388 376 387 412 390 4o3 387 378 387 392 390 395 370 390 385 394 390 390 » M. Montangerand, conformément aux décisions du Congés astropho- tographique, s'était toujours efforcé d'obtenir la mise au point à une dis- tance d'environ 33 minutes d'arc du centre, c'est-à-dire à égale distance du centre et du bord. Un cercle concentrique au cliché, et ayant ce ravon, passe à travers les carrés correspondant aux quatre nombres écrits en chiffres anglais. On voit qu'il passe vers la région où le nombre des étoiles est maximum. Un cercle ayant 65 minutes d'arc de rayon, et, par suite, inscrit dans le carré limitant le cliché, s'étend vers les carrés correspon- dant aux nombres en chiffres gras. A cette limite, la diminution du nombre des étoiles est sensible; elle correspond à peu près à la perte d'une demi- grandeur. Dans les angles, la perte est considérable et atteint une grandeur et demie. Il ne faut pas oublier que l'inconvénient de cette perte est bien atténué par ce fait que les clichés de la seconde série ont précisément pour centres les angles de ceux de la première. SÉANCE DU l5 SEPTEMBRE 1902. , 4^1 » Il y aurait, sans doute, intérêt à faire la mise au point à 45 minutes du centre. On gagnerait un nombre sensible d'étoiles, sans perdre beaucoup au centre. Mais on peut penser qu'il y aurait inconvénient, pour l'objectif de Toulouse, à faire la mise au point tout au bord. On gagnerait beaucoup d'étoiles, mais des étoiles dont les images seraient moins bonnes, et l'on perdrait un nombre sensible d'étoiles centrales, celles dont les images sont les meilleures. » M. Montangerand a fait, les 3, 4) 5 et i r juin, des clichés spéciaux pour l'étude de la forme de la surface focale principale. Regardant cette surface comme sphérique, il lui a trouvé un rayon d'environ i™,2.5. Ce nombre n'est que provisoire. La question est trop intéressante pour n'être pas l'objet d'une étude minutieuse. Les résultats de cette étude seront publiés dès qu'il sera possible à M. Montangerand de la terminer. » CORRESPOND AA CE . M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance, une traduction allemande d'un Ouvi'age de M. Adolphe Minet, portant pour titre : « Die Gewinnung des Aluminiums und dessen Bedeutung fur Handel und Industrie ». PÉTROGRAPHIE. — Sur les roches rejetées par i éruption actuelle de la Montagne Pelée. Note de M. A. Lacroix. « Au cours de notre mission à la Martinique, nous avons recueilli une très grande collection des produits de tout genre, provenant de l'éruption actuelle; obligé de repartir immédiatement pour suivre de près la marche de celle-ci, j'ai l'honneur de communiquer à l'Académie un aperçu som- maire de la constitution minéralogique des roches rejetées par le volcan depuis les premières explosions jusqu'au 3£ juillet. M On a vu dans une Communication antérieure que, jusqu'à présent, il ne s'est produit à la Montagne Pelée aucune coulée de lave, mais que de nombreux blocs de roches sont projetés du cratère. Pendant la nuit, grâce à leur incandescence, on les voit rouler à la surface d'un talus qu'elles édifient par leur accumulation en haut de l'échancrure ouverte au sud- ouest dans le haut de la Montagne Pelée. Tandis que les cendres ont été 4^2 ACADÉMIE DES SCIENCES. abondamment rejetées des côtés ouest et sud-ouest du cratère dans la plu- part des éruptions et qu'elles ont atteint toute la surface de l'île lors des grandes explosions, les blocs volumineux, au contraire, sont restés loca- lisés sur les crêtes et sur les flancs de la Montagne Pelée, dans un rayon de 800™ environ à partir du cratère. C'est là qu'ont été recueillis les échan- tillons étudiés. J'ai éliminé pour l'instant tous les matériaux récoltés loin du cratère, dans la vallée de la rivière Blanche, où ils sont mélangés à des roches souvent très analogues, provenant des éruptions anciennes qui ont édifié la Montagne Pelée. » Les roches produites par l'éruption actuelle (' ) offrent des caractères extérieurs fort variés; ce sont : 1° des roches compactes, vitreuses, d'un gris noir, constituant des blocs fragiles parfois énormes; tels sont ceux qui ont été projetés dans l'ancien lac des Palmistes et sur les pentes est de la montagne, antérieurement au 29 juin, date de notre première ascension ; quelques-uns d'entre eux sont de véritables obsidiennes; 2° des bombes de toute taille, de couleur plus claire que les précédentes; présentant de profondes et sinueuses fentes de retrait sur toutes leurs faces (observées par nous après le 9 juillet); 3° des blocs anguleux de ponce blanche, pou- vant atteindre plus de 1°' (éruption du 9 juillet). » Un examen sur le terrain permet déjà de voir que ces roches, si dif- férentes en apparence, ne constituent en réalité que des variations d'un même type pétrographique. » En brisant un grand nombre de bombes à fissures de retrait, j'ai recueilli toute une série d'échantillons dans lesquels on trouve, de la péri- phérie au centre, tous les passages entre le verre compact qui constitue leur croûte et la ponce la plus poreuse. » L'examen microscopique confirme cette première impression. La composition minéralogique de ces roches est celle que faisait prévoir l'étude des cendres du 3 mai dont j'ai entretenu antérieurement l'Aca- démie (-). Ce sont des andésites à hypersthène, riches en phéaocristaux et devant aux conditions rapides de leur refroidissement une pâte presque toujours plus ou moins complètement vitreuse. » Les phénocristaux sont constitués par des plagioclases (série des andésines aux bytownites) très zones, à formes nettes. Ils prédominent (') Je ne m'occupe pas daas celte Note des blocs de roches volcaniques anciennes (enclaves) arrachés aux parois de la cheminée. (^) Comptes rendus, 2 juin 1902. SÉANCE DL' l5 SEPTEMBRE I902. 4^3 sur les éléments colorés dont le principal est i'hypersthène, accompagné de titanomagnétite avec fréquemment, en outre, une petite quantité d'au- gite, de hornblende (parfois en partie résorbée en un mélange d'hyper- slhène, de magnétite et de plagioclases) et d'olivine ( ' ). » La matière vitreuse est le plus souvent incolore et limpide; elle ren- ferme quelques cristallites aciculaires d'hyperslhène, mais souvent et particulièrement dans le centre des bombes refroidies moins rapidement que leur extérieur; celte matière vitreuse est trouble, criblée de cristallites irréguliers de feldspath et d'hypersthène, ainsi que de ponctuations de magnetite. » Les ponces ne se distinguent des types vitreux compacts que par l'existence de très larges bulles aux parois étirées. La dilatation des gaz dans cette matière visqueuse a souvent, en outre, déterminé la rupture d'une partie des phénocristaux de la roche. » Ces andésites compactes ou ponceuses sont fréquemment hétéro- gènes; elles présentent alors des lits interrompus, dans lesquels la matière vitreuse est inégalement colorée et souvent aussi irrégulièrement dévi- trifiée ; c'est particulièrement le cas pour des ponces rubanées dont tous les éléments cristallins sont formés par des fragments brisés et anguleux de phénocristaux réunis par du verre; il me semble probable que ces roches résultent de l'agglutination par la chaleur de cendres retombées dans le cratère. » La forme anguleuse des blocs et des menus fragments des ponces du 9 juillet fait penser qu'ils ont été produits par la rupture d'une croûte scoriacée solide formée à la surface du magma monté dans le cratère. » Quant aux bombes à fissures de retrait, elles proviennent probable- ment de portions plus profondes du magma projetées à une température plus élevée. La rapidité de leur refroidissement pendant leur trajet aérien a déterminé la consolidation brusque de leur croûte externe et l'expulsion des gaz qui y étaient dissous. On s'explique ainsi leur structure vitreuse, l'absence de quantité notable de bulles gazeuses, enfin la présence des fissures de retrait creusant toutes les faces des blocs projetés. M II est arrivé fréquemment que le refroidissement n'a pas été assez rapide pour permettre la consolidation simultanée de toute la bombe; (') La proportion du minéral magnétique est très faible; la teneur en oxyde de fer est en naoyenne de 5 à 6 pour 100, et une portion notable en est absorbée par les miné- raux ferromagnésiens. G. R., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N° 11.) ^9 454 ACADÉMIE DES SCIENCES. dans ce cas, après la consolidation de l'écorce externe, le centre de la bombe restant visqueux pendant quelque temps, les gaz, mis en liberté au cours de son refroidissement, ont pu déterminer en se détendant la production de nombreuses bulles et donner naissance ainsi à la structure ponceuse; c'est ainsi que peut être expliqué le mode de formation des bombes compactes à la périphérie et ponceuses au centre. » L'étude minéralogique et chimique des roches que nous venons de décrire conduit à cette conclusion que si le volcan entrait dans une phase de coulée, il produirait des andésites identiques à celles que l'on trouve en place dans le massif de la Montagne Pelée et qui ont été formées au cours des éruptions antérieures à la découverte de la Martinique. » ÉLECTRICITÉ. — Sur les différences de potentiel au contact. Note de M. Pierre Bolet, transmise par M. Mascart. « Voici une classe de piles qui semblent pouvoir fournir la valeur du contact électrique de deux métaux. Associons les amalgames saturés des deux métaux considérés avec deux électrolytes convenablement choisis. Dans la chaîne amalgame M | liquide L| liquide L'| amalgame M', ainsi constituée, la différence de potentiel totale E en circuit ouvert est la somme des contacts électriques, ou symboliquement E = M I L 4- H L' + L'|M'4- M'|M, d'où, pour le contact des deux amalgames, M' 1 M = E - [M I L + L 1 1/ -h L'I M']. On simplifie la mesure en rendant L| L' négligeable par le choix des élec- trolytes ]j et L', de sorte qu'il reste (i) M'|M = E-[M|L4-L'|M']. Pour avoir un contact L | L' négligeable, on forme les liquides L et L' avec deux solutions identiques du même acide, et, à l'exemple de Rothmund et de Meycr ('), chacune de ces solutions est additionnée d'une trace du sel de même anion ilu métal adjacent, pour donner des contacts M|L bien définis. Ainsi, on prend pour L une solution normale de SO^H^ addition- (I) Zeilschrift, l. XV, 1894, °et Wied. Ann., l. LVl, 1893. SÉANCE DU l5 SEPTEMBRE 1902. 455 née de SO*M à la concentration — normale: de même, pour L', une 100 ' solution normale de SO*H- additionnée de SO'M' à la concentration — 100 normale. Au cas où un sulfate est presque insoluble, on en sature la solu- tion d'acide sulfurique. La formule classique de Planck sur le contact des mélanges d'électrolytes indique pour les différences de potentiel au contact des liquides précédents des valeurs inférieures à un millivolt. » E se mesure à l'électromètre, [)ar la méthode habituelle de compensa- tion. M I L et L' I M' se déterminent par la méthode du maximum de tension superficielle, avec un électromètre capillaire, qui, pour les amalgames saturés, doit être construit avec une pointe peu capillaire. J'obtiens satis- faction avec un électromètre vertical, dont la pointe a un diamètre mini- mum de o™™, 25 et se rapproche de la forme hvperboloïdale qui correspond à l'équilibre indifférent du ménisque, c'est-à-dire à une sensibilité infinie ('). Cet instrument, qui soutient seulement environ a'^"',^ d'amalgame, a une sensibilité de — = volt avec le mode ordinaire d'emploi et il accuse moins de — ^ volt avec les divers amalgames, à condition de viser le ménisque sous un grossissement de 84o. Il est associé à un manomètre à eau, don- nant — de millimètre. 100 » J'ai étudié provisoirement les piles formées d'amalgames de métaux usuels associés à l'acide sulfurique; les contacts de ces amalgames entre eux sont de quelques millivolts, valeurs qui sont de l'ordre des erreurs d'expérience. Pour le contact argent-mercure, la disposition est plus sim[)le et la mesure plus nette, car la pile employée n'a qu'un liquide; la chaîne estamalg. : Ag|SO^H^ normal -f- SO^Hg- en excès | Hg. Ou observe que E = 4-0™", 002, M|L=-l-o^°",926, L|M' = — o^°'S925, d'où, d'après (1), M'|M:=-l-o^"",ooi. » Cette valeur est inférieure aux erreurs expérimentales possibles ; donc, si le contact de ces métaux est certainement de l'ordre du millivolt, sa valeur absolue ne sera connue que par des mesures beaucoup plus pré- cises que celles qu'on sait faire actuellement. » (') Bull. Soc. se. et inc _ 61,3 21,18 _ 4o,6 >7.72 - 24,3 >5.6o + .8,9 "'2- — 181 74-20 3 jours après : + 20,1 1 1 ,23 „ La rùsislivilé de la pyrite est donc .,5,3 ohm-centimètre à la température de V 200c Elle augmente'toujours notablement à mesure que la température devient plus basse, mais, dans l'air liquide, la pyrite conduit encore l'electr.c.te. ' " Si r": trace la courbe qui exprime la variation de la résistance électrique avec la température, on trouve que la quantité ^ est d'autant plus grande que l'on s'approche davantage du ^éro absolu. Enfin, après avoir été refroidi dans l'air liquide, le sulfure a repris à peu près sa résistance électrique primitive a +20°,i ( )• >. Des expériences, relatives aux sulfures de plomb et d'argent fondus , et au sulfure de cuivre, sont actuellement en cours d'exécution. » ÉLECTRICITÉ. - A propos de la Note de M. Th. Tommasina, Sur le mode de formation des rayons cathodiques et des rayons de Rôntgen {-). Note de M. Jules Seme.vov. « Pour vérifier les conclusions que j'ai énoncées dans une de mes Notes communiquées à l'Académie sur la production des rayons X, M. Tomma- sina a entrepris une série d'expériences dont les résultats seraient en desac- cord avec les miçns. . ,. J'avais dit (^) que ranticathode n'émet des rayons X que si elle porte (1) L'air liquide qui a servi dans mes recherches m a ete oblige mm eut rem,, par MA. Stiefel, directeur de la Société anonyme des frigonferes d Auvei. Qu il me soit permis de lui adresser ici mes remercîments, ainsi qu a M. le D' krantz. (*) Comptes rendus, t. CXXXV, 1902, p. 319. (3) Comptes rendus, t. CXXXIII, 1901, p. 217. 4^8 ACADÉMIE DES SCIENCES. une charge électrique; que, reliée au sol, elle n'engendre presque pas de ces rayons. J'admets donc que la présence d'une charge électrique sur la surface exposée aux rayons cathodiques constitue une condition nécessaire à la production des rayons X. M. Th. Tommasina trouve que la réflexion dijfuse du flux anodique seule est suffisante pour donner naissance aux rayons cathodiques et aux rayons de Rôntgen, et que le phénomène a lieu même avec V anticathode reliée au sol. » Dans les expériences de M. Th. Tommasina, la cathode d'un tube bianodique était reliée, par l'intermédiaire d'une décharge sur l'eau, au pôle positif d'une bobine d'induction, l'anode et l'anticathode se trouvant en communication avec le sol. Dans ces conditions, le tube fonctionne pour ainsi dire à l'envers, la cathode faisant office d'anode et l'anticathode étant transformée en cathode. Bien que cette dernière soit, d'une façon ou d'une autre, reliée au sol, elle porte toujours une charge électrique suffisante pour se manifester par une petite étincelle lorqu'on approche le doigt de la tige émergeant du tube. Cette anticathode se comporte donc comme une cathode ordinaire dans un tube fonctionnant dans les conditions habi- tuelles. Aussi, est-il naturel qu'elle émette des rayons cathodiques et des rayons X. >' Si, par contre, le tube bianodique fonctionne comme d'habitude, c'est l'anticathode reliée à l'anode qui émet le plus de rayons X, bien qu'elle se trouve en dehors de l'action du flux anodique. En revanche, elle reçoit le flux cathodique qui provoque l'émission des rayons de Rëntgen. Mais, je le répète, la condition nécessaire à la production de ce phénomène est la présence d'une charge électrique sur la surface d'émission. En eùt-il été autrement, MM. J. Perrin et J.-J. Thomson ne se seraient pas trouvés en mesure de const;.ter le transport d'électricité négative par les rayons cathodiques. En effet, si, dans leurs expériences, les rayons cathodiques, en pénétrant à l'intérieur d'un système de cylmdres isolés, avaient déter- miné dans ce système la production de rayons X, la charge des ravons cathodiques ne se serait pas accumulée sur le cylindre intérieur; if eut donc été impossible de l'y déceler. » PHYSICO-CHIMIE. - Sur la formation des gouttes liquides et les lois de Tate. Note de MM. Ph.-A. Gcye et F. -Louis Peruot. « A la suite de leurs recherches sur la cohésion des liquides, MM. Leduc et Sacerdote ont été amenés à rejeter le raisonnement classique par lequel SÉANCE DU l5 SEPTEMBRE 1902. 459 on instif.ela loi de Taie relative à l'écoulement des gouttes par un orifice capillaire ('). Dans une Note plus récente (='), ces auteurs publient les premiers résultats d'expériences instituées par eux à l'appui de cette conclusion. , /3\ 1 1 „ Nous étant occupés nous-mêmes depuis plusieurs années ( ) de la mesure des tensions superficielles au moyen du poids des gouttes, nous avons été conduits, soit par l'étude des Mémoires antérieurs, soit par nos propres observations, à admettre que le phénomène de la formation des gouttes est beaucoup plus complexe qu'on ne le conçoit généralement. On nous permettra donc de rappeler quelques-unes de nos observations antérieures et de présenter diverses remarques qui nous conduisent à rejeter aussi les lois de Taie. , • j 1 « En premier lieu, si l'on se rapporte à la bibliographie de la ques- tion (M, il est très curieux de constater que les expérimentateurs anté- rieurs à Tate ont observé le phénomène de la formation des gouttes avec des caractéristiques qui paraissent avoir été oubliées depuis. „ C'est ainsi qu'il résuite clairement des observations de Franken- heim (.835), confirmées plus lard par celles de Hagen (i845), que \epoids des gouttes d'un même liquide, issues d'un même orifice, est fonction de leur durée de formation. Nous l'avons nous-mêmes vérifié et nous avons en outre constaté : „ ,« Que, dans les conditions habituelles où l'on expérimente, le poids des gouttes issues d'un même orifice et formées rapidement est plus fort que celui des gouttes formées lentement [voir aussi les observations de Guthrie (1867); Forch (1899), etc.] ; » 2° Que, si la durée de formation croît, le poids de la goutte tend vers une limite qui ne varie pratiquement plus lorsque cette durée est assez longue. Avec un tube de 3--, . 7 de diamètre extérieur, le poids de la goutte ne devient indépendant de sa durée de formation que si celle-ci est de 3o à 40 secondes, ou, pour certains liquides, déjà de 20 à 25 secondes. ,. Il résulte de là que toute vérification de la- loi de Tate, effectuée sans (>) Leduc el Sacerdote, Journal de Physique, 4" série, t. I, 1902, p. 36,. C-) Leduc el Sacerdote, Comptes rendus, t. CXXXV, 1902, p. 95. (3) GUYE et Perrot, Archi.es des Se. phys. et nat., t. Mil, .899, P- Sgo; t. XI, ,901, p. 225 et 345; t. XllI, .902, P- 80; Comptes rendus, iCXXWl 190., P- io.3. \') Voir le Résumé bibliographique en tèle de noire Memone (Archives, t. XI, p. 229) ''i^'^ ACADÉMIE DES SCIENCES. avoir spécifié la durée de formation des gouttes, manquera de précision. Le bon sens indique ensuite que la vérification devra se faire dans les con- ditions les plus simples et de façon que le poids des gouttes soit rendu indépendant de leur durée de formation, » Nous avons effectué celte vérification sur seize liquides organiques diffé- rents, en composant pour chacun d'eux les poids des gouttes de formation lente (c'est-à-dire formées assez lentement pour que leur poids soit indépen- dant de leur durée de formation), issues d'un même orifice, avec leurs ten- sions superficielles déterminées dans le vide par la méthode des ascensions capillanes de MM. Ramsay et Shields; la plupart des observations ont été effectuées, dans les deux cas, sur les mêmes échantillons. « En ce qui concerne le poids des gouttes, celui-ci a été déterminé de deux façons : soit en pesant, parla méthode de M. Ostwald, ce que nous avons appelé la goutte complète {c e^i-a-dira toute la masse de liquide faisant saillie sous la section droite du tube à écoulement à l'instant où se produit la chute de la goutte), soit en pesant seulement la goutte tombée (c'est-à-dire la masse de liquide qui se détache au moment de la chute, abstraction faite du poids du liquide restantadhérent au tube), désignée sous le nom de me^Ve et représentant, dans nos expériences, les 17 à 29 pour 100 du poids delà goutte complète. Dans les deux cas, les poids des'gouttes complètes et des gouttes tombées de formation lente n'ont pas été trouvés proportionnels aux tensions superficielles : les écarts maxima se sont élevés à 12 pour 100 dans le premier cas et à 8 pour 100 dans le second. De là résulte que les lois de Tate, qui sont résumées dans la formule unique (0 P = 2:tRy (P poids de la goutte en dynes; y tension superficielle en dynes; R rayon extérieur du tube capillaire en centimètres), ne sont pas vérifiées expéri- mentalement ('). » Nous avons constaté ensuite qu'il faut rejeter également la correction (•) Un des énoncés de la loi Tate est le suivant : « Toutes choses égales d'ailleurs le poids de la goutte est proportionnel au diamètre du tube dans lequel elle se forme ...' On pourrait objectera nos expériences délaisser cet énoncé de côté. Nous ne le croyons pas, car il est évident qu'à mesure que l'on opérera avec des tubes de diamètres crois- sants, la vitesse d'écoulement se modifiera, et l'on n'aura pas de résultats précis. Tout au plus pourrait-on se demander si l'énoncé ci-dessus est vérifié lorsque les diamètres intérieurs (pour les liquides mouillant le tube) des divers tubes considérés seraient tous identiques et les gouttes toujours de formation lente. SÉANCE DU l5 SEPTEMBRE ig02. 46 I d'après laquelle la goutte se détacherait suivant un cercle de gorge de rayon r peu différent de R, r et R étant proportionnels. Calculant en effet au moyen de la formule (i) la valeur du rayon du prétendu cercle de gorge, nous avons trouvé, pour les seize liquides étudiés par nous, que, avec un tube de diamètre 2R = 3""", 17, le diamètre du cercle de rupture serait compris entre ar = 2™™, 74 et 2/=: a"™, 47 pour les gouttes complètes et entre 2™", 18 et i'°'",95 pour les gouttes tombées. » Ces points établis, nous ne pensons pas que la vérification de la loi de Tate donnée par MM. Leduc et Sacerdote permette de la considérer même comme une loi approximative, attendu que : 1° cette vérification ne tient pas compte de la durée de formation des gouttes et que, dans le cas particulier du mercure qui s'égoutte beaucoup plus vite que l'eau, on doit obtenir des valeurs trop fortes de-^(cequi explique le relèvement de la courbe constaté par ces auteurs, le long de l'axe des y); 2° cette vérifica- tion a été basée sur l'hypothèse de la proportionnalité entre les tensions superficielles et le poids des gouttes de deux liquides différents, propor- tionnalité qui, d'après nos recherches, ne peut être considérée que comme très approximative. » BOTANIQUE COLONIALE. — Sur la liane à caoutchouc des forêts du Congo français. Note de M. Aug. Chevalier (' ), transmise par M. Guignard. « La flore congolaise s'est enrichie, depuis quelques années, de nom- breuses Landolphiées nouvelles, la plupart imparfaitement connues, par suite d'une description faite sur des matériaux d'herbiers très incomplets. De plus, l'étude de leurs latex n'ayant pas été faite sur place, les spécia- listes n'ont pu vérifier la provenance botanique des coagulums qui leur étaient envoyés, de sorte qu'il règne encore la plus grande incertitude sur la valeur de ces lianes comme plantes à caoutchouc. » Le botaniste allemand R. Schlechter, envoyé en 1 899-1900 par le Wirtschafiliches Komitee dans l'Afrique occidentale pour y étudier la pro- duction, la récolte et la préparation du caoutchouc, a fourni des rensei- gnements beaucoup plus précis, mais encore très incomplets. La présente (1) Je remercie mes collaborateurs, MM. Courtet et Marlret, pour la participation qu'ils ont apportée à ce travail. C. R., 1902, 3' Semestre. (T. CXXXV, N° 11.) 60 402 ACADÉMIE DES SCIENCES. Note a pour but de signaler quelques faits nouveaux observés pendant la traversée du Congo parla mission Chari-Tchad. » Comme Schiechter, nous avons constaté que la seule liane du Congo français qui soit exploitée par les indigènes en grand et qui fournisse du bon caoutchouc appartient au Landolplna Klainii. » Nous croyons toutefois que la description de cette plante donnée par H. Hallier, de Wildeman, etc. se rapporte, non à une seule espèce, mais à plusieurs espèces confondues sous ce nom. Nous avons observé, jusqu'à ce jour, trois formes très distinctes, caractérisées surtout par les contours du fruit toujours subsphérique, très gros (lo*^™ à 20'='" de diamètre). » Dans la première, il est un peu mamelonné au sommet et présente dans le tiers supérieur une dizaine de dépressions séparées par des côtes saillantes; la base est légèrement, mais progressivement atténuée. Les feuilles lancéolées, pointues, ont lo'^"' de long sur 3"^™, 5. Cette forme croît au jardin de Libreville et provient de graines recueillies à proximité du Gabon. » La deuxième a un fruit parfaitement arrondi au sommet et un peu atténué à la base, ce qui le rend pjriforme. Les feuilles ovales, lancéolées, ordinairement arrondies à la base, brusquement terminées en pointe obtuse au sommet, ont de 12"^" à i5'='" de long sur S"-™ de large, soit deux fois et demie ou trois fois plus longues que larges. Nous l'avons rencontrée à Toumba (Congo belge) sur la ligne du chemin de fer de Matadi à Léopoldville. » La troisième forme possède un fruit presque sphérique, à peine atténué à la base. Ses feuilles longuement lancéolées, cunéiformes à la base, insensiblement atténuées en pointe au sommet, à bords ondulés-crispés, mesurent de 20"^™ à 22'^™, sur 5'^™ ou 5'", 5 de large, et sont, par conséquent, quatre fois plus longues que larges. Elle croît aux Stanlej-Fallo sur la rive française. » Nous avons observé ces trois formes depuis trop peu de temps pour pouvoir nous prononcer sur leur valeur spécifique. La germination des graines de toutes les lianes de ce groupe, L. Klainii, s'effectue constam- ment dans des conditions biologiques très remarquables, qu'aucun obser- vateur n'a consignées jusqu'ici. » A maturité, le fruit de celte espèce, comme celui de tous les Eulandolphia, est constitué par un exocarpe formé de sclériles très résistantes, serrées les unes contre les autres et enveloppant hermétiquement les parties parenchjmateuses et les graines au nombre de 20 à 70. Cette carapace indéhiscente est seulement interrompue dans la partie qui correspond à l'insertion du pédoncule et forme une zone circulaire. Lorsque le fruit arrive à maturité dans la saison sèche (ordinairement dans le courant de juillet), il se détache par son propre poids et vient tomber sur le sol de la forêt. Cette petite zone circulaire est vile attaquée par les insectes. Par cette ouverture, les larves des termites, qui n'ont pu attaquer le sclérenchyme trop résistant, pénètrent à l'inté- SÉANCE DU l5 SEPTEMBRE 1902. 463 rieur du fruit et dévorent toutes les parties parenchymateuses, qu'elles remplacent par de la terre humide. Au contraire, les graines, dont l'albumen corné protège l'em- bryon, sont épargnées. Elles se trouvent bientôt environnées dans la cavité close de l'exocarpe d'une masse de terre humide, dans laquelle elles germeront en quelques jours. Les jeunes plantules, se trouvant enfermées dans une chambre close, s'étiolent et leurs tigelles, s'allongeant démesurément, se recourbent plusieurs fois à l'intérieur de la cavité. Parfois, l'extrémité d'une jeune tige parvient à sortir par l'ouverture correspondant à l'insertion du pédoncule; mais, le plus souvent, les plantules demeurent enfermées dans la cavité exocarpique jusqu'à ce que les agents atmosphé- riques ou les animaux aient brisé la carapace scléreuse. Alors seulement les racines pénètrent en terre, les tigelles se redressent et développent des feuilles, et les termites vont chercher abri ailleurs. » Chaque buisson du Landolphia Klainii est ainsi environné de nombreuses jeunes plantes groupées par paquets; chacun de ces paquets correspond à un fruit dont les graines ont germé sur place. » La plupart de ces plantes metirent étouffées sous l'ombrage épais de la forêt ; seuls, les pieds les plus robustes allongent démesurément leurs entre-nœuds, accrochent leurs vrilles aux branches qu'elles rencontrent, et c'est seulement lorsqu'elles sont parvenues à s'étaler à la grande lumière, sur l'extrémité des rameaux des arbres-supports, qu'elles se développent normalement. » M. André Poëy adresse une Note intitulée : « Rapport entre les érup- tions volcaniques, les tremblements de terre, etc. et les taches solaires ». La séance est levée à 4 heures. G. D. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Ouvrages reçus dans la séance du 21 juillet 1902. Exposition universelle internationale de 1900. IV^ Congrès international de Chimie appliquée, tenu à Paris du 23 au 1% juillet 1900. Compte rendu in extenso, par M. Henri Moissan, Président du Congrès, et M. François Dupont, Secrétaire général. Paris, au siège de l'Association des Chimistes, 1902; 3 vol. in-S". (Présenté en hommage par M. Moissan.) Erinnerungs-Blâtler an die Leyden-Feier ini April 1902. Berlin, Otto und Emil Klett; I vol. in-S". (Hommage du D"' E. von Leyden.) 464 ACADÉMIE DES SCIENCES. Die Mechanik des Himmels, Vorlesungen von CARL-LnDWiG Charuer; Bd. I, mit zahlreichen Figui-en. Leipzig, Veit et C'% 1902; i vol. in-S". (Présenté par M. H, Poincaré.) Spezielle algebraische iind transcendente Ebene Curven : Théorie und Geschichte, von D"^ Gmo Lgria; auiorisierte, nach dem italienischen Manuskript bearbeitete deutsclie Ausgabe, von Fritz Schutte, mit 17^ Fig. u. 17 lith. Taf. Leipzig, B.-G. Teubner, 1902; 2 vol. in-S". (Présenté par M. Haton de la Goupillière. Hommage de l'Auteur.) International catalogue of scientijîc littérature, fîrst annual issue : Vol. I, Parti. M. Botany; Vol. IL Part I. D. Chemistry; published for the International Council by the Royal Society of London. Londres, Harrison et fils, 1902; 2 vol. in-S". The Danish Ingolf-Expedition; Vol. VI. Porifera, Part. I : Homorrhaphidœ and Heterorrhaphidœ, by Will. Lundbeyk, wilh 19 plates and i figure in the text. Translated by Torben Lundbeck. Copenhague, 1902; i fasc. 10-4°. Notation chimique approuvée par l'Académie des Sciences de Cracovie, 2° édit. Cracovie, Académie des Sciences, 1902; i fasc. in-12. (En langue tchèque.) Les doctrines chimiques dans l'étiologie des maladies, par P. Apery. Constanti- nople, imp. A. Christidis, 1902; i fasc. in-12. Kansas University science Bulletin; Vol. I, n"' i, 2, 3 and k. Lawrence, Kans., 1902 ; I fasc. in-8°. ERRATA. Notes de MM. A. Lacroix, Rollet de l'Isle et Giraud, Sur l'éruption de la Martinique : (Séance du i*"' septembre 1902.) Page 386, ligne 3 en remontant (note), au lieu de mines Saint-Pierre, lisez ruines de Saint-Pierre. Page 887, ligne 1 en remontant (note), au lieu de des flots, lises des eaux et des roches. (Séance du 8 septembre 1902.) Page 43o, ligne 9, au lieu de vers le Nord et vers l'Est, lisez vers le Nord, le Sud et vers l'Est. On souscrit à Paris, chez GAUTHIER-VITXARS, Quai des Grands-Âugustins, ii" 5!;. • . ■ rj.-„™„„t la nimnnrhe Ils forment, à la fin de l'année, deux volumes in-4°- Deux 1" Janvier. ^^ ^^,v^ ^/^ rabonncmcnt est fixé ainsi qu'il suit : Paris : 20 fr. — Déparlemenls i 30 fr. — Union postale : 34 fr. On souscrit, dans les Départements, cuei Messieurs : Ferran frères. Chaix. ' Jourdan. ! Ruff. Courtin-Hecquel. ( Germain etGrassin I Gastineau. Jérôme. Régnier. , Feret. I Laurens. I Muller (G.). Renaud. IDerrien. F. Robert. j Oblin. ' \iie\ frères. Jouan. Perrin. j Henry. ( Marguerie. Juliot. i Bouy. Nourry. Ratel. I Rey. \ Lauverjat. ) Degez. ( Drevel. t-Ferr ctiez Messieurs : Lorieni Lyon .... Marseille- MontpelliC' Moulins . . ■ A'ancy Baumal. i' Nice.. . t\imes > M"* Texier. ' Bernoux el Guinin, l Georg. , EiTantin. Savy. Vilte. Ruai. , Valal. I Goulet el fils. Martial Place. i Jacques. Grosjean-Maupin. Sidot frères. . Guisl'liau. I Veloppé. i Barnia. i Appy. Thibaud. On souscrit, à l'Étranger, A msterdam . Atiiénes. . Barcelone.. Berlin. . . Berne . Bologne. chez Messieurs : 1 ) Feikema Caarelseii I I et C". j Beck. I . Verdaguer. i [ Asher el C". 1 Dames. ■ '. Friedlandcr el fils. I Mayer et Muller. Sclimid Francke. . Zanichelli. ; Lamertia. Londres Luxembourg. Madrid Bruxelles ( MayolezetAudiarle. Bucliaresc Orléans Lod;lé. ( Blanchier. Poitiers. Lévrier. I Gratier et C" elle Foucher. ^ BourdigDoo. i Dombre. 1 Thorez. ( Quarrè. Bennes Plihon et Hervé. Boche/or: Girard (M""). ( Langlois. Rouen S'-Ètienne Toulon . . . { Leslringanl. Ciievalier. j Ponleil-Burles. Rumébe. Gimet. Privât. ■ Boisselier. Tours Péricat. ( Suppligeon. ( Giard. i Lemaltre. Toulouse Valenciennei ■ Budapest Cambridge 1 Christiania i 1 Constantinople. Copenhague.. Florence Gand Gènes Genève La Haye. Lausanne. Leipzig. Liège. I Lebégue et G'*. ( Solchek et C". ' i Alcalay. Kilian. Deighlon, BellelC". Cainmermeyer. . Olio Keil. . Hijsl el fils. Seeber. .. Hoste. Beuf. Cbcrbuliez. Georg. ' Stapelmohr. Belinfanle frères. ) Benda. ■ ) Payol et O'. Barth. \ Brockhaua. . Ivœhler. i Lorenlz. Twietmeyer. ^ Desoer. ■ ■ I Gnusé. Milan. .Moscou. ■ . I\'aples . . y'evi'- fork Odessa . Oxford. Palermc Porto . . . . Prague Rio-Janeiro Borne Botterdam Stockholm I S'-Petersbourg Tarin. Varsovie. Vérone . . Vienne . ZUrich chez Messicur» ■ . Dulau. , Hachette et <-'•. ' Nutt. V. Bùck. ' Ruiz et C". ( Romo y Fussel 1 Capdeville. ' F. Fé. ( Bocca frère». I Hœpli. Tastevia. i Marghien di liiu-. ) Pelleranu. i Dyrsen et Pfeifîcr. . 1 Slechert. ' Lemckeet Buechr er Rousseau. Parker et C^". Rfber. Magalhaè» et M'uu». Kivnac. Garnier. 1 Bocca frères ( Luescheret C * Kramers et liK. ?iuraiska Boghandel. . Zinserling. ■ I Wolff. Bocca frères. ) Brero. j Clausen. I Rosenbergelïellier. Gebethiier et Uoiff. . . Drucker. ) Frick. " I Gerold et C". .. Meyer et Zeller. LES GÉNÉRALES DES COMPTES- RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE «ES SCIENCES Tomes 1" à 31. - (. Août .835 à 3i Décembre .85o.) Volume .n-4 ; ^^^^.^v^x.^ . . . K ^^^^.^^ ^^^^ . ^^ p,^^,^,^^3 ,865.) Volume .n-4°; .870. Pr.N- • 1S66 à 3i Décembre 1880.) Volume in-4°; 1889- l r'^- • »8i à 3i Décembre iSgS.) Volume in-4°; iQoo- P'''^- Tomes 32 à 61. Tomes 62 à 91. — (1" Janvier Tomes 92 à 121. — (i'^ Janvier : 15 fr. 15 fr. 15 fr. 15 fr. i COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE LACADÉMIE DES SCIENCES : ou.,... - Mémoire sur le Calcul des Perturbations dans les phénomènes digestifs, particulièrcment^dan.s J. SOLIER. que nde'prix proposée en .83o par l'Académie des ■ ~ Jitlorcnls ulianée. — P..J. V.. BS..O... - Essai d'une réponse à la qt^stiou ^ — -^^^ ,_,,, i,„, „, a,.ércnts PLÉMENT AUX e I : Mémoire su uventles Comètes, par m. r...«=^.>. - .......^..- ---^^^ _^^ .^_,^ ^^ _^ ^^ planches; .856 stion des matières grasses, par M. Claude Bersabo B II • Mémoire sur les. vers intestinaux, par M s pour le concours de .853, et puis remise pour celui de ■«^«■P-;;;/ ^ -;;;;;:",-:; rppTHUoV ou de leur disparition successive ou s,m ain^ sédimen.aires, suivant Tordre de '-. -"f-^f ;- " f,: ' g'ne g:nitue et s'es états antérieurs -, par M. ie Professeu Bno .. ^.n^i hercher la nature des rapports qui existent entre 1 état actuel c g e M 1-] planches; 1861 , la même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences et les Mémoires présentés par divers Savants à 1 Académie des Sciences. W H. T4BLE DES ARTLGLES. (Séance du liî septembre 1902.) MÉMOIRES ET GOMMUIVIGATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE Pages. MM. l'.-P. Dehkrain et E. Demoussy. — Culture du lupin jaune (Lupiniis luteus). «i^o Sur MM. B. Baillaud et Montangerand. Pag^s. la surface focale principale de l'objectif de l'équatorial photographique de l'Observa- toire de Toulouse // CORRESPOND AIVCE. M. le Secrétaire perpétuel signale une traduction allemande d'un -Ouvrage de M. Adolphe Minet, portant pour titre : « Die Gewinnung des Aluminiums und dessen Bedeutung fur Handel und Indus- trie y, M. A. Lacroix. — Sur les roches rejetées par l'éruption actuelle de la Montagne Pelée. M. Pierre Boley. — Sur les différences de potentiel au contact M.^ Edmond van Aubel. — Sur la résistance électrique des corps peu conducteurs aux très basses températures , Bulletin bibliographiquiî EnRATA 45i 45 1 45-1 456 -M. Jules Semenov. — A propos de la Note de M. Th. Tommasina, Sur le mode de formation des rayons cathodiques et des rayons de Rôntgen MM. Ph.-A. Guye et F.-Louis Perrot. — Sur la formation des gouttes liquides et les lois de Tate M. AuG. Chevalier. — Sur la liane à caoutchouc des forêts du Congo français. M. André Poey adresse une Note intitulée : « Rapportentre les éruptions volcaniques, les tremblements de terre, etc. et les taches solaires > 457 46r 463 463 464 PARIS. - IMPRIMERIE G A UT H I E R - V I L L A R S, Quai des Grands-Augustins, 55, Le Gérant: Gauthier-VillARS. OGT 27 1902 1902 SECOND SEMESTRE. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. TOME CXXXV. N^ 12 (22 Septembre 1902). ""^ PARIS, GAUTHIER-VILLARS, IMPIUMEUK-LIBRAIRE DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'AGADÉMIR DES SCIENCES. Quai des Grands-Angu^^iins, 55. 1902 RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875 Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie se composent des extraits des travaux de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes présentés par des savants étrangers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. 26 numéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. Article i". — Impression des travaux de l'Académie. Les extraits des Mémoires présentés par un Membre ou par un associé étranger de l'Académie comprennent au plus 6 pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o pages par année. Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans le Compte rendu de la semaine que si elle a été remise le jour même de la séance. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les-rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par les Correspondants de l'Académie comprennent au plus 4 pages par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de 32 pages par année. Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis- cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca- démie ; cependant, si les Membres qui y ont pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les re- mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion. Les Programmes des prix proposés par l'Académie sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap- I ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'a que l'Académie l'aura décidé. Les Notices ou Discours prononcés en séanci blique ne font pas partie des Comptes rendus. Article 2. — Impression des travaux des Sava étrangers à l'Académie. Les Mémoires lus ou présentés par des pers' qui ne sont pas Membres ou Correspondants de demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d' sumé qui ne dépasse pas 3 pages. Les Membres qui présentent ces Mémoi; tenus de les réduire au nombre de pages req* Membre qui fait la présentation est toujours noi mais les Secrétaires ont le droit de réduire cetE autant qu'ils le jugent convenable, comme ils 1 pour les articles ordinaires de la correspondanc cielle de l'Académie. Article 3. Le bon à tirer de chaque Membre doit être re l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus ta jeudi à I o heures du matin ; faute d'être remis à t< le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compte actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendt vaut et mis à la fin du cahier. Article 4. — Planches et tirage à part. Les Comptes rendus ne contiennent ni planch figures. Dans le cas exceptionnel où des figures sei autorisées, l'espace occupé par ces figures com pour l'étendue réglementaire. Le tirage à part des articles est aux frais d( teurs ; il n'y a d'exception que pour les Rappo les Instructions demandés par le GouvernemenI Article 5. Tous les six mois, la Commission administratii» un Rapport sur la situation des Comptes rendus ; l'impression de chaque volume. Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du sent Règlement. Les Savants étrangers à TAcadémie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM, les Secrétaires perpétuels sont priés déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant h\ Autrement la présentation sera remise à la séance su ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 22 SEPTEMBRE 1902. PRÉSIDENCE DE M. BOUQUET DE LA GRYE. « MÉMOIRES ET COMMUNICATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. lePRÉsiDENT, en'annonçant à l'Académie la mort'de M. [Damour, s'exprime comme il suit : « Mes ciiers Confrères, ,, J'ai le regret de vous annoncer, une fois encore, un deuil pour l'Académie; M. Damour, qui faisait partie de notre Compagnie comme Académicien libre depuis M ans, et qui était notre doyen d'âge, vient de mourir cette nuit, à l'âge de 94 ans. » Il était aimé et respecté de nous tous en raison de sa science et de la dignité de son caractère. Il emporte les regrets universels de tous ses Confrères. » La séance sera levée, en signe de deuil, immédiatement après le dé- pouillement de la Correspondance. OPTIQUE. - Extension du Principe de Fermât, sur l'économie du temps, au mouvement relatij de la lumière dans un corps transparent hétérogène animé d'une translation rapide. Note de M. J. Boiissinesq. « I. J'ai démontré en octobre 1899 {Comptes rendus , t. CXXIX, p. 794. 809 et 900), par l'intégration des équations du mouvement vibratoire de l'éther dans un corps transparent hétérogène, composé, par exemple, de couches parallèles au plan des yz, que le principe de Fermât avait été légitimement étendu, des rayons brisés par la réflexion ou la réfraction, 0. R., 1902,2» Semestre. (T. CXXXV, N° 12.) 466 ACADÉMIE DKS SCIENCES. mais composés de fragments reclilignes, aux ravons courbes que suit le mouvement lumineux dans les corps dont la constitution varie graduelle- ment d'un point à l'autre. Je me propose aujourd'hui de faire voir que le môme principe de l'économie du temps s'étend encore au mouvement relatij àç^ la lumière, dans un tel corps animé d'une vitesse V de transla- tion un peu comparable à la vitesse même de propagation des ondes dans l'éther libre. » -Si nous prenons celle-ci pour unité de longueur, les équations régissant les déplacements vibratoires ^, -r,, X,, en fonction de coordon- nées a?, j, z- d'équilibre ou moyennes ralta'^hées au corps, seront, comme on peut voir par une Note du 28 juillet (Comptes rendus, t. CXXXV, p. 220), ^^ dl' ^\ '■dx^ ^='df ^ ^^dz) dl (0 N y désigne l'indice absolu de réfraction du corps, donné en fonction lentement variable de x, et V^., V^, V,. les trois composantes de la vitesse transitoire V. » II. Le milieu s'étendant, par exemple, de ,t = o à .r = ce, le mouve- ment sera censé communiqué à sa première couche x = o par un système d'ondes planes, que nous supposerons d'abord latéralement indéfinies et qui, produites au loin dans la région des x négatifs, couperont la couche X = o suivant une famille de droites parallèles. Nous appellerons mj -^nz le temps, proportionnel à la distance de celles-ci à l'origine, employé par chaque onde à atteindre ces droites, après l'instant où la même onde aura touché l'origine des coordonnées. Il est clair que chaque couche X = const. se trouvera dans les mômes conditions sur toute son étendue, c'est-à-dire en tous les points oîi y aboutissent les diverses parallèles (y, 5) à l'axe des x, au retard près my -f- nz, s'y produisant par rapport au point où la perce l'axe même (0,0) des x. Donc ^, yi, "C, ne seront fonctions que des deux variables t — my — nz et x. » Or on sait que, sans l'hétérogénéité, c'est-à-dire si N avait partout la même valeur qu'en (x,y,z'), les ondes seraient planes à l'intérieur du corps, et que x n'aurait à figurer dans \, ■r\, X, qu'à côté de t, comme y et s, savoir par une vari.iblc unique de la forme t — Ix — my — nz, et avec un coefficient / relié à N, eu raison des équations (i), par la formule (2) l^^rn^^n-~2{Y^l^~\ym + N,n) = ^''. SÉANCE DU 22 SEPTEMBRE 1902. 4^7 En outre, les vibrations seraient transversales, c'est-à-dire que l'on aurait G = o, /; -i- /rtTi 4- «C = o, ou que Vélongation \/^' -i- r,'^ -\~ K'^ se réduirait à une composante S perpendiculaire à la direction (l,m, n). » Dès que N et, par suite, / deviennent variables, quoique lentement, avec a;, il ne peut plus en être rigoureusement de même; et ô, /^ -hrn-ri 4- n^ prennent de petites valeurs de l'ordre des dérivées N', /' de N, / en x. Mais le mouvement peut encore se faire par ondes sensiblement planes, ou Ç, ri, "C dépendre surtout de la variable principale t —fldx — my — nz-, tout en variant en outre, d'une manière beaucoup plus lente, avec l'autre variable de la question, x. » Et, si les ondes incidentes, au lieu d'être indéfinies, sont latéralement limitées, ou que les déplacements ^, y,, "( offrent sur la première couche a; = o, outre leur variation rapide en fonction du trinôme t — my — nz, des variations lentes, mais arbitraires, avec y et z, W y 3l lieu de voir de même si ;, r,, 'C ne pourraient pas, dans le milieu, être des fonctions rapi- dement variables de / —fldx — my — nz et lentement variables de x, y, z, ou représenter des ondes sensiblement j)lanes limitées latéralement. Comme le problème de la suite des mouvements résultant, dans le milieu, du mode donné d'ébranlement de la première couche a? = o est déter- miné par les équations (i), un tel mouvement, dès qu'on le reconnaîtra ainsi possible, sera le mouvement ejfcclif. )) m. Nous désignerons, à la manière de Lagrange, par des accents les dérivées de $, yi, "C, et même de 0, relatives à la variable principale t — j'idx — my — nz, mais à la manière de Leibnitz (avec des ô de ronde), les dérivées relatives aux variables accessoires x, y, z, en observant que les dérivées secondes de cette dernière espèce seront négligeables, à cause de la lenteur de variation des dérivées premières (déjà petites), et que, même pour 6 et /? 4- mr^ ■+- n'(„ de l'ordre de N' ou de /', les dérivées pre- mières de celte espèce se trouveront insensibles. On aura, par exemple, Ox dx- Ox dV dx~ — i< + -r ' Ox dx dfi dx - 10', ... ; et les équations ( 1^ deviendront, vu (2), [^^ - ^-^ £ + ("' " '''y') l ^- (" - ^^) à -^ f I (^'' ■^'' '') ^ (^' '"' ")T » Multipliées par di et intégrées 5W/' /'/ace, à partir d'un instant où le 4*^^'^ ACADÉMIE DES SCIENCES. repos régnait encore en (x,y, z), elles seront » On peut, dans les premiers membres où figurent partout soit des déri- vations en d, soit le petit facteur /', réduire l,ri,l aux projections de l'élon- gation transversale S, c'est-à-dire négliger les projections de la petite com- posante longitudinale, proportionnelle au trinôme II ■+- m-r, -+- n'(. » IV. Multiplions d'abord les équations (3) par le double des trois projections i, r,, C de S, et ajoutons. Il viendra la relation capitale (4) (/-v.)^-H(..-v,)^V(.-v.)^ + n^ = o. qui, en appelant f le produit y// — V^S, peut s'écrire » Celle-ci exprime que, sur une même onde suivie dans son mouvement, la quantité 9'-' se conserve le long des chemins ayant leurs cosinus directeurs pro- portionnels à l — Y^, m—\y, n—N^. Ces chemins sont donc les rayons lumineux. » Or, chacun d'eux est contenu dans un plan normal aux couches du corps, savoir le plan perpendiculaire à la droite dont les cosinus directeurs sont entre eux comme (zéro, V^ — n, m — Y y); car les produits respectifs de ceux-ci par / — V^, m — V^, w — V, ont leur somme nulle. De plus, le carré du sinus de l'angle i de ces chemins avec l'axe des x a évidemment pour expression (w-Vy)^ + {n-\._Y OU, d'après (2), ]v[2 ; et l'on a (6) W sin^/ = (m - V,.)= -f- {n - Y, y = const. ; de sorte que la loi de Descartes sur la proportion des sinus se trouve éga- lement vérifiée. Le principe de Fermât s'applique donc bien, comme si le corps était en repos. » V. Ajoutons maintenant les équations (3), multipliées respective- SÉANCE DU 22 SEPTEMBRE I902. 469 ment par les cosinus directeurs 1, ;x, v de la droite perpendiculaire tout à la fois à S et à la normale à l'onde. Le second membre sera nul; et en appelant d,.^, d^ri, dX 1*^^ accroissements élémentaires des projections \, -n, ^ le long du rayon lumineux, obtenus en suivant une même onde dans sa propagation, c'est-à-dire sans que la variable principale change, il viendra (7) \ô,.l-^[j.d,-r^-y-^,()X = 0. On aura donc, tout à la fois, >.^ + fj.r, + v(^ =0, 'kil-h à,.l) -h ij.(r, -h d,.-!)) + ^(C, + 0,1) ^ o. » En d'autres termes, l'élongation transversale 8, sur une même onde suivie le long d'un même rayon, tourne sans cesse dans le plan qui contient la normale actuelle à l'onde. Ainsi, tandis que la formule (4) détermi- nait le changement élémentaire de l'élongation principale S en chaque point d'une onde, la relation (7) détermine son changement d'orientation, dont dépend le mode de polarisation du rayon lumineux. La translation V y influe quelque peu, ou fait tourner le plan de polarisation, comme l'avait pressenti Fizeau dans une question analogue; car elle disjoint le rayon d'avec la normale à l'onde et empêche l'élongation S de se mouvoir dans le jilan du rayon. )) Lorsqu'il n'y a pas de translation V, l'onde, constamment perpendi- culaire à un rayon compris dans le plan d'incidence, tourne, pour prendre sans cesse son orientation, autour de sa droite, passant par le rayon, qui est normale au plan d'incidence. Or l'azimut a. de l'élongation S est, sur l'onde même, l'angle de cette droite avec S. Si alors on considère deux positions consécutives de ot, la première, vu la rectangularité du mouve- ment élémentaire de S par rapport au plan de l'onde, est la projection de la deuxième, projection effectuée sous l'angle infiniment petit dont a tourné l'ondeet, dès lors, comme on sait, en vraie grandeur, sauf erreur du second ordre. Donc l'azimut de polarisation se conserve. » VL Pour former une troisième combinaison linéaire simple des équa- tions (3) et compléter ainsi leur interprétation géométrique, multiplions- les, enfin, par 2/, 2 m, 2« et ajoutons, en introduisant, aux premiers membres, les dérivées — -du trinôme /^ -i- /nr, + /*"(, crui s'y trouve identiquement nul. Il vient -2{l--V^)il'=(l''-hm' + rr)b, 470 ACADÉMIE DES SCIENCES. OU bien, par la substitution, k l^ -+- m- + n^ elk{l — V^)/' de leurs valeurs déduites de (2), (8) e^-2g(i-2^^-+-;J-^-^-)^. » Remplaçons-y 6, c'est-à-dire 5;^ + 7-^ +■ ^' par son expression dé- veloppée _(.?+„,.+.<;') + § + 0 + i, dans les trois derniers termes de laquelle l, r,, '(,, figurant par leurs déri- vées -^— _— , sont réductibles aux projections de S. Alors, cette équation fera connaître, au point (ic,j, z), le trinôme H' + mr; + nX,' , c'est-à-dire la petite composante longitudinale de la vitesse vibratoire et, par une inté- gration sur place, le petit déplacement correspondant, ou ayant la direc- tion (/, m, n) de la normale aux ondes. » On voit que les équations du mouvement laissent entièrement arbi- traire, dans chaque onde, la manière dont varie, d'un point à l'autre, le déplacement transversal S (seul sensible), pourvu que ce mode de varia- tion soit bien continu, comme le suppose notre analyse ('). Si cette condi- tion ne se trouvait pas réalisée, il se produirait des phénomènes de diffrac- tion que je ne me propose nullement de considérer ici. » CORRESPOND AIVCE . PÉTROGRAPHIE. — Les enclaves des andésites de l'éruption actuelle de la Montagne Pelée. Note de M. A. Lacroix. « Dans une Note précédente, j'ai fait remarquer que lé verre de cer- taines des bombes projetées actuellement par la Montagne Pelée présente des traces d'hétérogénéité, se manifestant par des couleurs extrêmement différentes (incolore à brun plus ou moins foncé). (') J'ai exposé, dès i885, cette manière de démontrer la délimitation latérale des rayons lumineux, sonores, etc., dans les corps ou milieux d'une contexture élastique quelconque, aux pages 674 à 697 d'un Volume intitulé : Application des potentiels à l'étude de l'équilibre et du mous'enient des solides élastiques, avec des Notes éten- dues sur divers points de Physique mathématique et d'Analyse. SÉANCE DU 22 SEPTEMBRE 1902. 471 » Celte hétérogénéité est mise en évidence encore par l'existence dune grande quantité d'enclaves homœogènes de toute taille qui se rencontrent aussi bien dans les blocs ponceux que dans les bombes compactes. » Le type le plus fréquent de ces enclaves est constitué par une roche d'un gris verdàtre ou jaunâtre à grains fins; elle présente un aspect raicro- litique, elle est creusée de nombreuses bulles que tapissent des cristaux nets d'hypersthène, de plagioclases, de titanomagnétite. » La composition minéralogique de ces enclaves est toujours qualitati- vement la même, mais elle varie beaucoup dans la proportion relative des éléments. Le type le plus complet comprend des plagioclases, de l'hvper- sthène, de la titanomagnétite, de l'augite, de la hornblende et de l'olivine, c'est-à-dire les éléments de l'andésite à hvpersthène de l'éruption actuelle, mais les feldspaths (quelquefois zones) v sont, au moins, aussi basiques (andésine et labrador) et souvent davantage (bytownite). » Les feldspaths constituent de gros microlites enchevêtrés, produisant une structure qui rappelle celle de certaines diabases ; leurs intervalles sont généralement remplis par un verre incolore, mais il reste toujours des vides miarolitiques. On rencontre parfois de grands cristaux (labrador et by- townite) donnant à la roche un aspect porphyrique. » Les minéraux ferroraagnésiens constituent généralement de grands cristaux, souvent disposés (sur leurs bords) ophitiquement avec les feldspaths; ils sont moins nombreux sous forme de microlites. » Ces enclaves ne sont pas des fragments déroches solides arrachées en profondeur; leur production en place ne saurait faire de doute. Elles offrent une grande ressemblance avec certains des nodules de l'andésite à hvpersthène de la dernière éruption de Santorin (nodules à labrador) ; on peut les comparer aussi aux enclaves andésitiques à structure diabasique que j'ai décrites dans les trachytes du Capucin au Mont Dore; elles par- tagent avec celles-ci la particularité d'être riches en minéraux drusiques. » Ces enclaves semi-cristallines représentent une étape vers la produc- tion de roches holocristallines grenues que j'ai recueillies en enclaves, non seulement dans les andésites de l'éruption actuelle, mais encore dans les tufs ponceux des éruptions anciennes. Ces dernières enclaves sont de véritables gabbros à hypersthène, augite, hornblende, olivine dont le feldspath moyen est un labrador basique; leurs éléments, de même que ceux des enclaves semi-cristallines, sont riches en inclusions vitreuses. » Il est à remarquer que bien peu de ces enclaves peuvent être consi- dérées comme représentant strictement la, composition de l'andésite 472 ACADÉMIE DES SCIENCES. actuelle, elles sont nettement plus basiques; mais, comme la série des enclaves des andésites à haûyne du Mont Dore que j'ai antérieurement décrites, leur réunion nous fournit une vue d'ensemble sur la famille pétro- graphique à laquelle appartient cette andésite; elles sont notamment à comparer avec les labradorites à hypersthène, hornblende, etc., qui con- stituent des coulées anciennes dans la partie sud de l'île. » Je ferai ressortir plus tard leur importance dans la discussion des liens qui unissent entre elles toutes les roches volcaniques de la Martinique, quel que soit leur âge. » ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Recherches spectrales sur la rotation de la planète Uranus. Note de M. H. Deslaxdues. « La Note actuelle complète une Note précédente du même Tome, page 228, intitulée : Méthode spectrale capable de fournif la loi de rotation, en'core inconnue, des planètes à faible éclat. Vérifications de la méthode. Pre- miers résultats. Elle donne de nouveaux détails sur la méthode, et expose son application à la planète Uranus, faite avec la grande lunette photo- graphique de Meudon (o™,6o), en juin et juillet 1902. )i Méthodes diverses pour l'étude de la rotation. — Les premières recher- ches sur la rotation des astres ont été faites en mesurant simplement le mouvement de points saillants de leur image, brillants ou obscurs, par rapport au contour apparent; et c'est ainsi que l'on a reconnu depuis longtemps, avec précision, la rotation du Soleil, des planètes Mars, Jupiter et Saturne. Si l'image est uniforme, sans détails, la méthode est en défaut; tel est le cas des planèles Mercure et Vénus, des anneaux de Saturne, et aussi des planètes Uranus et Neptune qui, de plus, ont un faible éclat et un faible diamètre apparent. )> Or, à ces dernières planètes, je me suis proposé d'appliquer les mé- thodes nouvelles qui, par l'étude du speclre, peuvent déceler les vitesses radiales différentes des ilifférents points de l'astre. Ces méthodes exigent seulement que la lumière soit assez intense pour supporter l'étalement par le prisme. » La première étude de la rotation par le si)ectre a été faite sur le Soleil, de 1880 à 1889, d'abord pour vérifier le principe de Doppler-Fizeau, ensuite pour reconnaître la rotation du Soleil dans les parties dépourvues de taches (Duner). On juxtapose les spectres de deux points opposés du SÉANCE DU 22 SEPTEMBRE 1902. 473 bord, et l'on mesure leur déplacement relatif, qui correspond à deux fois la vitesse au bord. » J'ai employé les deux spectres du bord en iSç)3 pour mesurer la rota- tion de la couronne solaire, dans une éclipse totale, au Sénégal. » J'ai essayé aussi la même disposition, en iSgS, au début de mes recherches sur Jupiter, entreprises pour vérifier l'application spéciale du principe de Doppler-Fizeau aux planètes, annoncée par Poincaré : le dépla- cement des deux spectres doit correspondre à quatre fois la vitesse au bord. Mais cette disposition ne convient plus avec la petite image de l'astre et la longue pose du spectre, les bords étant notablement moins intenses, et deux points voisins deTimage ayant des vitesses radiales très différentes. » J'ai été conduit alors à la méthode dite de l'inclinaison des raies, qui fait concourir à la recherche, non les deux extrémités d'un diamètre, mais le diamètre entier, en s'appuyant sur des propriétés géométriques simples des corps en rotation (voir la Note de 1895) ('). Elle exige un seul spectre de l'astre, qui est juxtaposé à un spectre terrestre de comparaison, et l'on mesure, non plus le déplacement relatif des raies, mais leur inclinaison relative. La précision est grande. » La méthode a donné, en 1895, la loi de rotation des anneaux de Saturne; en 1900, celle de Vénus. Je l'ai appliquée aussi, en 1900, à une seconde mesure de la rotation de la couronne solaire. )) Mais les dispositions précédentes ne conviennent plus avec les pla- nètes Uranus et Neptune, qui sont trop faibles. J'ai montré, dans la der- nière Note, que la méthode spectrale leur était encore applicable, en faisant concourir ;i la recherche, non plus seulement un diamètre de l'uiiage, mais i'miage entière de l'astre; la précision est, il est vrai, bien moindre. » Application à la planète Uranus. — Pendant l'été de 1901, j'ai vérifié la nouvelle méthode avec une image de Jupiter plus petite que l'image d'Uranus de Soo^^ (microns) et l'image de Neptune de 200^^ fournies par la grande lunette. Les résultats sont encourageants; le spectre de l'image entière décèle nettement le sens de la rotation, sinon la vitesse elle-même (voir la dernière Note). » Cette année, j'ai entrepris la même recherche sur Uranus, malgré des conditions peu favorables; à la latitude de Meudon, la planète ne s'élève (^ ' ) Recherches spectrales sur la rotation et les mouvements des planètes ( Comptes rendus, t. GXX, p. 417) et Recherches spectrales sur les anneaux de Saturne {Comptes rendus, t. GXX, p. ii/t). C. K., iç,02, 2° Semestre. (T. GX.X wV, N" 13.) 02 474 ACADÉMIE DES SCIENCES. pas au-dessus de l'horizon plus que le Soleil en décembre ; elle est obser- vable pendant 3 mois seulement et, encore, près du méridien. » Le spectroscope est semblable à celui employé pour Jupiter. Collimateur : o™,27; chambre : o'>',32; un prisme de 60° en flint dans la position dite diminuante, de manière que le cercle de l'image est aplati dans le spectre. La fente, large de i5ol^, recevait les deux tiers seulement de l'image; mais, avec cette diminution de la fente, les raies et les inclinaisons étaient plus nettes. Enfin le spectroscope entier était mobile autour de l'axe commun de la grande lunette et du collimateur, de manière que la fente pouvait prendre une orientation quelconque dans le plan focal. La pose nécessaire à une bonne épreuve spectrale est longue : i heure et demie à 2 heures même par temps clair; et, lorsque les épreuves sont faibles ou obtenues avec une atmosphère agitée, les raies sont irrégulières. Au milieu de la pose, on ajoute le spectre du fer, au-dessus et au-dessous du spectre planétaire, de telle sorte que les différences d'incli- naison soient faciles à reconnaître. » La planète, observée avec la grande lunette, a paru avoir une légère élongation dans l'angle de position 3o''-4o°. Aussi la fente du spectroscope a-t-elle élé placée d'abord dans cette direction, puis dans la direction opposée (angle 2io°-22o''), et enfin dans la direction perpendiculaire (angle i20°-i3o°) (*). Or, avec la première position, les raies planétaires sont inclinées dans un sens par rapport aux raies de comparaison, et, avec la seconde position, dans le sens contraire. Pour la troisième posi- tion, il n'y a d'inclinaison nette ni dans un sens ni dans l'autre. De plus, ces inclinaisons sont telles que, dans le cadran nord-est de la planète, le bord est s'éloigne, alors que, pour les autres planètes plus voisines du Soleil, le bord est, au contraire, se rapproche. Le sens de la rotation serait donc inverse, ce qui confirmerait la division des planètes eiT deux groupes distincts. » Cependant, les bonnes épreuves ne sont pas nombreuses (seulement sept) et elles ne donnent pas avec précision la projection de l'axe de rota- tion; aussi je dirai simplement : d'après ces recherches, il est très pro- bable que la planète Uranus tourne dans le sens rétrograde, comme ses satellites, et il est certain que la méthode, appliquée plus longuement on dans des conditions meilleures, conduira à un résultat définitif. » Cette étude spéciale est recommandée aux observatoires qui sont situés [}) D'autres épreuves ont été obtenues dans les positions intermédiaires; mais elles ont peu de valeur, ayant été faites lorsque la planète était observable seulement près de son coucher. SÉANCE DU 22 SEPTEMBRE 1902. 4^5 plus près de l'équaleur, ou qui oat des instruments plus puissants, dans une atmosphère plus calme. » D'autre part, la mesure de l'inclinaison des raies, qui donne la vitesse radiale au bord, sera publiée plus tard. Pour avoir la vitesse réelle au bord, il faudra poursuivre la recherche pendant une période de 21 ans, égale au quart de la durée de révolution; et, pour en déduire la durée d'une rotation entière, il faudra choisir entre les nombreuses valeurs du diamètre apparent récemment publiées. Mais le point le plus important de cette étude est la constatation nette du sens de la rotation. » La même recherche a été poursuivie aussi sur la planète Neptune, et les résultats sont encourageants. » CHIMIE MINÉRALE. — Sur tes combinaisons du silicium avec le cobalt et sur un nouveau siliciure de ce métal. Note de M. P. Lebeau, présentée par M. Henri Moissan. « Le premier composé défini de silicium et de cobalt connu a été décrit par M. Vigouroux (* ). Ce siliciure répond à la formule SiCo?. Il prend naissance lorsque l'on fond le cobalt avec 10 pour 100 de son poids de silicium. Ses propriétés et sa préparation le rendent tout à fait comparable au siliciure de fer SiFe^ cristallisé, préparé et étudié par M. Moissan (^). Un autre composé cristallisé, ayant pour formule SiCo, se forme dans l'ac- tion du siliciure de cuivre sur le cobalt à haute température. Nous avons décrit la préparation de ce corps et nous avons fait connaître ses princi- pales propriétés ('), qui le rapprochent du siliciure de fer SiFe. Il peut, comme ce dernier, se dissocier en donnant du silicium libre et du siliciure SiCo^. Cette dissociation s'observe très facilement dans l'argent en fusion. » L'analogie existant entre les formules et les propriétés de ces deux siliciures de cobalt et celles des siliciures de fer permettait de prévoir l'existence d'un troisième composé, plus riche en silicium, comparable à Si"Fe. Les essais que nous avons faits dans cette voie ont confirmé nos prévisions. Un tel composé prend en effet naissance lorsque l'on chauffe le cobalt en présence d'un excès de silicium fondu, ou quand on soumet (') ViGOUROUX, Annales de Chimie et de Physique, 7" série, t. XII, 1897, p. i53. {"^ ) H. Moissan, Comptes rendus, t. CXXI, iSgS, p. 621. (^) LiîBEAU, Comptes rendus, t. CXXXII, 1901, p. 556. 47^ ACADÉMIE DES SCIENCES. à l'action du four électrique un mélange de siliciure de enivre, de cobalt et de silicium. Dans ce dernier cas, le composé est mieux cristallisé et plus facile à purifier. » La préparation doit être efTectuée de la façon suivante: On place dans nn creuset de cliarbon 2008 de siliciure de cuivre, los de col)alt et 3os de silicium cristallisé. Ce creuset est ensuite porté dans le four électrique, où on le maintient 5 à 6 minutes, le courant étant de 900 ampères sous 45 à 5o volts. Le culot métallique ainsi obtenu se brise facilement, sa cassure est d'un gris bleu foncé. On le pulvérise grossièrement et on le traite successivement par l'acide azotique et par la lessive de soude, en ayant soin de laver à l'eau après l'action de chaque réactif. Ces traitements alternés sont continués jusqu'à ce que l'acide azotique n'enlève plus de métal. Le résidu pulvérulent et cristallin est alors additionné d'acide chlorhydrique étendu de son volume d'eau à la température du bain-marie. Ce réactif dissout le siliciure SiCo, qui se forme tou- jours dans cette préparation en petite quantité. Le siliciure Si^Co est à peu près inat- taquable dans ces conditions. Le produit est enfin lavé à l'eau et séché à l'étuve. » Les analyses (') faites sur des échantillons provenant d'opérations différentes montrent bien que le composé ainsi formé a pour formule Si- Co. Il renferme parfois, comme impureté, un peu de siliciure de carbone. )) Le siliciure de cobalt Si^Co se présente sous la forme de petits cristaux de couleur foncée à reflets bleutés. Il paraît cristalliser dans le système cubique et présentei- le plus souvent la forme octaédrique. Nous n'avons pu faire cependant une détermination rigoureuse. Sa densité à 0° est de 5,3. Sa dureté est comprise entre 4 et 5. » Le fluor ne l'attaque pas à froid; mais, si l'on chauffe légèrement, l'incandescence se produit et il se dégage du fluorure de silicium, en même temps qu'il se forme du fluorure de cobalt rouge fondu, semblable au fluorure CoF- décrit par M. C. Pou- lenc (-). » Le chlore ne réagit qu'à 3oo°, le brome au rouge sombre et l'iode à peu près à la même température, mais sans incandescence visible. » Dans l'oxygène pur, vers' 1200", le siliciure n'est altéré que très superficielle- ment. Le soufre en vapeur est sans action au point du ramollissement du verre de Bohême. » L'acide sulfurique et l'acide azotique étendus ou concentrés n'attaquent pas ce siliciure. » L'acide chlorhydrique concentré réagit très lentement à sa température d'ébulli- (') Les analvses ont été calculées après avoir préalablement retranché du poids de la prise d'essai le poids du siliciure de carbone. Théorie pour Si-Co. Silicium pour 100 48, 3o 48>o5 47j83 48,69 Cobalt » 50,92 5i,6i 5i,77 5i,3o (^) C. Poulenc, Comptes rendus, t. CXIV, 1892, p. 1426. SÉANCE DU 22 SEPTEMBRE Tf)02. /177 tion. L'acide (luorliydriqiie, au contraire, donne en quelques instants une dissolution complète. )) La potasse ou la soude en solutions étendues sont sans action sur ce composé; mais, par concentration à chaud, l'attaque se produit peu à peu et devient très vive avec les hydrates alcalins en fusion. Il se comporte comme le siliciure de fer Si^Fe vis-à-vis de la plupart de ces réactifs. » Le cobalt fournit donc avec le silicium trois combinaisons définies cristallisées, ayant respectivement pour formules SiCo", SiCo et Si^Co; ces composés forment une série en tous points comparable à celle des siliciures de fer. Leurs modes de préparation et leurs principales pro- priétés sont identiques. » CHIMIE INDUSTRIELLE. — Sur le pouvoir calorifique de la houille. Note de M. GouTAL, présentée par M. Ad. Carnot. « I^a détermination du pouvoir calorifique de la houille se fait, soit à l'aide de calorimètres perfectionnés, dont le plus répandu dans la pra- tique industrielle est l'obus Mahler ('), dérivé de la bombe calorimétrique de M. Berthelot, soit par l'emploi de formules empiriques utilisant les chiffres fournis par l'analyse élémentaire (^) ou par des essais chimiques spéciaux C). » Les mesures calorimétriques faites au moyen de l'obus Mahler nous ont souvent montré de grands écarts entre les pouvoirs calorifiques réels et les pouvoirs calorifiques calculés à l'aide des formules proposées jusqu'à ce jour. Nous avons donc abandonné successivement toutes ces formules comme inexactes ou basées sur des déterminations délicates et compli- quées. » Cependant la fixation, par simple calcul, du pouvoir calorifique d'un charbon nous paraissant présenter un certain intérêt industriel, nous avons cherché à établir une relation entre ce pouvoir calorifique et les résultats fournis par l'essai des combustibles, tel qu'il se pratique habi- tuellement, c'est-à-dire par caicination, incinération et dessiccation, pour déterminer le carbone fixe, les matières volatiles, les cendres et l'humidité. (') Comptes rendus, 3o novembre 1891. ('-) Formules de Dulong, Scheurer-Kestner, Cornut, Ser, Gmelin, etc. (■') Essai à la litharge de Berthier. i'jS ACADÉMIE DES SCIENCES. » Après avoir étudié plus de six cents échantillons de houilles d'origines diverses, nous avons pu nous convaincre que les résultats sont représentés d'une manière très approchée par la formule suivante : P — 82C-f-«V. » Dans cette formule, P représente le pouvoir calorifique cherché, C la proportion en centièmes du carbone fixe, V celle des matières volatiles et a un multiplicateur variable, fonction de la teneur en matières volatiles V du combustible supposé pur, c'est-à-dire sans eau ni cendres ( V = loo -p^ C ■+- V » Pour fixer expérimentalement la valeur du coefficient a dans le cas des diflFérents combustibles, nous avons tracé une courbe représentative résultant de nos nombreux essais. Cette courbe est construite en prenant pour abscisses les teneurs en matières volatiles V et pour ordonnées les valeurs correspondantes de a, déduites des com- bustions calorimétriques. 740 la ST - 735 730 ^ — ■ s, 7S5 750 ne ]10 ^ . N Sv ^> ^ -s^ 105 ï ; - -_ r- -i-- 1. _ __ -- - 1 — -- -444-f 100 --;-4-- _ A _ , _ i. - ' — !~ -- t^ ;- - ss -- -4-|-f-N 90 as 80 — ' — 1 _ J 30 35 iO% V 5 10 15 20 25 » Pour les teneurs en matières volatiles de 5, 10, i5, 20, 25, 3o, 35, 38 et /jo pour loo, le coefficient a prend successivement les valeurs 145''''', l3o<^al^ II7"1, 109™', 103'="', 98'»', 94=11, 85cal g^ g^cal, » Dans le cas des anthracites, a est représenté par une constante égale à 100'="' et la formule devient P = 82C -H 100 V. » En calculant ainsi le pouvoir calorifique d'une houille, l'erreur d'appréciation dépasse rarement i pour 100 de la valeur réelle; elle est exceptionnellement supé- rieure à 2 pour 100 pour quelques anthracites et quelques houilles ligniteuses dont le calorimètre seul permet l'étude. )) La distillatioa de la houille étant représentée par une réaction com- SÉANCE DU 22 SEPTEMBRE 1902. ^jg plexe très peu exothermique et n'entraînant, par conséquent, qu'une faible perte des calories disponibles (*), la courbe ci-dessus, qui donne, à poids constant, le pouvoir calorifique a des matières volatiles V, permet de constater que ce pouvoir calorifique décroit régulièrement en allant de l'anthracite au lignite. » Observons encore que le pouvoir calorifique des anthracites purs est, en moyenne, de 8250^^^'; que celui des houilles anthraciteuses (V = 5 à 10 pour 100) est de 855o'^'»' et qu'il atteint un maximum, Byco*^-^', pour.les char- bons dont V est compris entre 10 et 3o pour 100. Le pouvoir calorifique des houilles augmente donc à mesure que décroît celui de leurs matières volatiles, jusqu'à la teneur limite de 3o pour 100, à partir de laquelle le pouvoir calorifique des combustibles naturels et celui de leurs matières volatiles dimitiuent concurremment. » BOTANIQUE . — Sur l'existence de /ormes-levures stables chez quelques moisissures. Note de G. Odix, présentée par M. Gaston Bonnier. « Depuis longtemps déjà la question de l'origine des levures préoccupe le monde scientifique. On s'accorde généralement à considérer les Saccha- romyces comme des Champignons autonomes; mais, pour les levures non ascosporées, deux manières de voir sont en présence : certains auteurs les considèrent comme des formes particulières de végétation de moisissures d'ordres divers, tandis que d'autres auteurs veulent y voir de véritables Saccharomyces dont la forme ascosporée n'aurait pas été rencontrée jus- qu'alors. L'expérimentation seule peut permettre de trancher la question; aussi crois-je utile de faire connaître les résultats qu'elle m'a fournis sur ce sujet. » Les expériences que j'ai poursuivies ont porté sur quatre espèces différentes de Pénicillium, dont deux se présentent normalement sous la forme agrégée dite Coremium. » Dans les cultures des cellules Van Tieghem, hermétiquement closes, où j'ai suivi le développement de ces moisissures, j'ai observé les phénomènes suivants : » Les spores, semées sur un milieu nutritif convenable et à une température favo- rable, germent très rapidement, et au bout de peu de temps, 2 ou 3 jours, les filaments mycéliens qui en proviennent portent des pinceaux sporifères normaux. Les spores ainsi formées, que j'appellerai spores iioiinales, présentent une membrane épaisse q\. forlemenl colorée. (') Mahler, Comptes rendus, i4 décembre 1891. 48o ACADÉMIE DES SCIENCES. » Quelques jours après, on voit apparaître deux, autres sortes de productions : » 1° Tout d'abord, à l'extrémité àe pinceaux plus ou moins atrophiés, des spores que je considère comme légèrement anormales; elles sont plus petites que les pre- mières, plus brillantes, renferment à leur intérieur un globule très réfringent et présentent une membrane très mince et non colorée; » 1° A l'extrémité de filaments simples du mycélium, des spores tout à fait anor- males et atrophiées, plus petites que les précédentes, très brillantes aussi, ayant un globule très fin en leur centre, et disposées en longue file. » Si l'on prend soin d'opérer de façon complètement aseptique et de laisser vieillir les cultures, on constate que les spores normales, ainsi que les spores légèrement anormales, acquièrent la propriété de bourgeonner en levure sur place, tandis que les spores tout à fait anormales subissent plus ou moins rapidement une dégénérescence complète. On a alors, dans la cellule de culture, de nombreuses colonies Aq formes-levures dont l'origine est indiscutable et dont on peut suivre le développeaient heure par heure. » Ce premier résultat obtenu, il est possible d'en obtenir un second, et c'est surtout sur celui-ci que je désire appeler l'attention. Transportant dans une nouvelle cellule Van Tieghem, renfermant un jus sucré frais, un semis de ces formes-levures recueillies et ensemencées aseptiquement, on constate qu'elles continuent à bourgeonner en levure. Ce bourgeonne- ment est assez rapide : quelques heures suffisent à une cellule mère pour donner des cellules fdles. Ces formes-levures sont de forme elliptique (4*^-5'^ sur 2'*-3'^) et germent par les deux pôles. » Enfin, et c'est le second point sur lequel je crois devoir insister, si, après un certain nombre de passages successifs en cellules Van Tieghem, donnant lieu chaque fois à un nouveau bourgeonnement, on vient à reporter un peu de ces formes-levures sur un substratum solide tel que tranches de pomme de terre ou de carotte, on voit persister la forme-levure. Ainsi donc, sur ces mêmes milieux de culture où les spores normales des Pénicillium étudiés fournissent uniquement la forme mycélienne et sporifère bien connue, on t^quX. ohi^mr uniquement la forme-levure bourgeonnante &i l'on opère comme je l'ai indiqué précédemment. De plus, ces colonies de formes-levures bourgeonnantes présentent une grande stabilité : plusieurs reports successifs sur milieu solide n'ont donné lieu qu'à la végétation bourgeonnante, sans retour à la forme mycélienne normale. » Il reste à savoir si les formes-levures ainsi obtenues se montreront indéfiniment stables, et sous quelles conditions. C'est ce que les expé- riences que j'ai entreprises me montreront plus tard. Mais, dès mainte- nant, à la suite de nombreuses expériences portant sur quatre espèces SÉANCE DU 11 SEPTEMBRE 1902. 48 I différentes, je crois pouvoir conclure qu'il est possible d'obtenir, en partant de divers Pénicillium, des formes-levures stables, qui se main- tiennent stables pendant de longues générations et qu'il est d'ailleurs difficile de distinguer morphologiquement des levures véritables. » BOTANIQUE. — Sur une modification produite chez le Scopolia carniolica à la suite de sa greffe sur Tomate. Note de M. Lucien Daxiel, présentée par M. Gaston Bonnier. « On sait que l'on peut modifier certaines habitudes des plantes à l'aide de procédés artificiels, en particulier avancer ou retarder leur floraison par la chaleur. )i De même, par semis à contre-saison, on peut faire fleurir une plante à une époque qui ne lui est pas habituelle. Par la suppression totale des fleurs au moment de leur apparition, on arrive à rendre bisannuelle une plante annuelle que l'on protège contre le froid de l'hiver (Réséda). » D'autre part, quelques plantes vivaces, à tiges aériennes herbacées annuelles, conservent parfois, l'hiver, une partie de ces tiges qui deviennent ainsi accidentellement vivaces pour une cause encore inconnue. » Enfin, par hybridation, on a obtenu dans certains végétaux la pro- priété de remonter, c'est-à-dire de fleurir et fructifier deux fois dans la même année (Rosier, Fraisier, etc.). » Je me suis demandé quel rôle pouvait jouer le greffage au point de vue des modifications des habitudes des plantes greffées, et j'ai depuis longtemps entrepris des expériences à ce sujet. J'ai montré, dès 1892, que, en dehors des avancements ou retards dans la floraison du grefïbn, on peut, par greffage direct ou par semis consécutif à la greffe, transformer notablement certaines habitudes du greffon. C'est ainsi que j'ai rendu plurannuels des exemplaires de Salsifis bisannuels par leur greffe sur Scorzonère, et des pieds de Tabac annuels sont devenus bisannuels par leur greffe sur Tomate. Mais dans ce cas, bien entendu, la floraison du greffon ne s'était pas effectuée dans l'année même du greffage. )) A la suite du semis des graines du Haricot noir de Belgique greffé sur Haricot de Soissons gros, j'ai obtenu une race de Haricots remon- tants ('), aujourd'hui presque complètement fixée. (•) L. Daniel, Variation des races de Haricots sous l'influence du grejjage ( Comptes rendus, 5 mars 1900). C. R., 1902, 2» Semestre. (T. CXXXV, N" 12.) 63 482 ACADÉMIE DES SCIENCES. ■» Mais, à ma connaissance du moins, on n'a signalé jusqu'ici aucun exemple de végétal devenu directement remontant sous l'influence du greffage, aucun exemple de plante herbacée, en voie de décrépitude sénile, reprenant vie et vigueur à la suite d'un greffage approprié sur une plante jeune. Cette année, j'ai observé nettement ces deux catégo- ries de phénomènes dans la greffe de Scopolia carniolica sur jeunes plants de Tomates. » Le Scopolia carniolica, cultivé seulement daas les jardins botaniques, est une plante herbacée vivace, l'une des plus précoces du printemps. Après sa fructification, les liges aériennes se maintiennent vertes pendant quelque temps, se fanent progres- sivement et meurent entièrement desséchées dans le courant de mai. A ce même mo- ment, la Tomate est au contraire aux débuts de son développement et croît active- ment. Quoique ces deux plantes appartiennent à la famille des Solanacées, elles font partie de deux tribus différentes : la première rentre dans la tribu des H^oscyamées ; la seconde dans celle des Solanées. » Le i'^"' mai dernier j'ai greffé, sur la Tomate jeune, les pousses aériennes, en voie de dessiccation, du Scopolia. La greffe a réussi, grâce à de nombreux soins, et, malgré l'état de sénilité des greffons, malgré leur floraison du printemps, ils ont repris vie, ont donné de nouveaux bourgeons, puis des rameaux feuilles, aujourd'hui bien verts et suffisamment vigoureux. Bien plus, l'un des greffons a donné actuelle- ment une inflorescence qui a porté trois (leurs normales. La fructification s'est faite comme au printemps. » Cette expérience periîiet de formuler les conclusions suivantes : » 1° La similitude des habitudes du sujet et du greffon n'est point une condition absolue de réussite des greffes; » 2° On peut rajeunir des tiges aériennes de Scopolia, en voie de décré- pitude sénile, par leur greffe sur Tomate jeune et vigoureuse ; » 3° Le greffage modifie quelquefois profondément les habitudes d'une plante, et, dans le Scopolia, il peut faire apparaître une seconde floraison annuelle, c'est-à-dire faire acquérir à cette plante la propriété de re- monter. )> La séance est levée à 3 heures et demie. M. B. SÉANCE DU 22 SEPTEMBRE 1902, 483 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Ouvrages reçus dans la séance du 28 juillet 1902. Travaux du Laboratoire de Géologie de la Faculté des Sciences de l'Université de Grenoble, 1901-1902. Tome VI, i" fascicule. Grenoble, Allier frères, 1902; I vol. in-S". Les alumines chromées et la constitution du rubis, par A. DuBOiN. Grenoble, Allier frères, 1902; i broch. in-8°. Travaux du Laboratoire de recherches scientifiques et industrielles de G. Jacquemin. Malzéville-Nancy, Edg. Thomas; i broch. in-S". L'amélioration des vins, des cidres et des hydromels par les levures sélectionnées de l'Institut La Claire, préparées par le système G. Jacquemin. Malzéville-Nancy, E. Thomas; i broch. in-8°. Projet d'organisation du mouvement scientifique universel en anglais, espagnol, français, allemand, italien, par le D-' E.-M. Cavazzutti. Buenos-Aires, Cooperativa typografica, 1902; i vol. in-S". (Hommage de l'auteur.) Bergens muséums Aarbog, 1902 : Afhandlinger og aarsberetning udgivne af Bergens muséum, ved D-- J. Brunchorst. Bergen, John Griegs Bogtrykkeri, 1902; I broch. in-8°. Opère matematiche di Francesco Brioschi, Tomes I et II. Milano, Ulrico Hoepli, 1902; 2 vol. in-4°. Ouvrages reçus dans l.^ séance du 4 août 1902. Annales du Ministère de l'Agriculture, n'» ,1 et 2. Paris, Imprimerie nationale, 1902 ; 2 vol. in-S". Annales de la Faculté des Sciences de Marseille, t. XII. Paris, G. Masson, 1902; I vol. in-4°. Cape meridian : Observations, 1877, 1878-79, 1896-97, 1898-99. Edinburgh, Neill et G'% 1901 ; 2 vol. in-8<' et 2 vol. in-4". Greenwich : Observations, 1899. Edinburgh, Neill et 0^=, 1901 ; 2 vol. in-4°. De la fièvre bilieuse hémoglobinurique en Grèce, par le D-- Cardamatis. Syra, Renieri Brindesi, 1901; i fasc. in-8». Recueil de l'Institut botanique, publié par L. Errera, t. V. Bruxelles, H. Lamertin, 1902; 1 fasc. in-8°. Wiadomosci matematyczne, par S. Dickstein, t. VI. Warszawa, Druk Josefa Sikors- kiego, 1902; I vol. in-8°. Mittheilungen aus der medicinischen Facultat der kaiserlich-japanischen Uni- versitàt zu Tokio. Band V, n" h. Tokio, 1902; i vol. in-8<'. 484 ACADÉMIE DES SCIENCES. Icônes fungorum ad usiim sylloges saccardianœ adcommodatœ auctore A.-N. Berlese, vol. IlI.Patavii, typis seminarii, 1902; i vol. in-8°. Ouvrages reçus dans la séance du ii août 1902. Geologisk ôfversiktskarta, ôfver Finland. Sektionen C. 2: Saint-Michel. Helsing- fors, 1902; I broch. in-8° avec Carte. Industristyrelseii nieddelanden, Finland, n°* 32 et 33. Helsingfors, 1902; 2 broch. in-S". Mémoires de l'Université de la Nouvelle-Russie. Odessa, Typographie économique, 1902; I vol. in-8°. Boletin demografico de la Republica mexicana, 1900. Mexico, 1901; i vol. in-4°. Censo y distrito territorial del distritp fédéral ver ificados en 1900. Mexico, 1901; I vol. in-4°. Ouvrages reçus dans la séance du i8 août 1902. Quelques notes sur l'exploitation des sources thermales dans le midi de la Gaule, par Alfred Caraven-Cachin. Paris, Masson et C", J.-B. Baillière et fils, 1902; i fasc. in-8°. Recherches géologiques et pétrographiquessur V Oural du Nord, par Louis Duparc et Francis Pearce; i^<^ Partie. {Mémoires de la Société de Physique et Histoire naturelle de Genève; vol. XXXIV, fasc. 2.) Genève, Georg et G'^; Paris, G. Fischba- cher ; i vol. in-4°. La coltivazione del tabacco indigeno, del Dolloro Leonardo Ricciardi. Naples, 1902 ; I fasc. in-8°. Royal Society. Report to the malaria Committee; seventh séries. Londres, 1902; I fasc. in-8". Bericht ûber die Ergebnisse der Beobachtungen an den Regenstationen der kaiserlichen livlàndischeti gemeinnûtzigen und ôkonomischen Sozielât, fiir das Jahr 1900. Dorpat, 1902; i fasc. in-4°. Informes presentados a la Secretaria de Fomento por el Director del Observa- torio astronomico nacional sobre las trabajos del establecimento, desde jullio de 1899 hasta diciembre de 1901. Mexico, 1902; i fasc. in-8°. Nachrichten von der konigl. Gesellschaft der Wissenschaften zu Gôttingen. Geschciftliche Mitteilungen ; 1902, Heft 1. Gœttingue, 1902; i fasc. in-S". Annalsof the Royal Observatory, Edinburgh; vol. I, edited by Ralph Copeland. Glasgow, 1902; I vol. in-4°. Memorie délia Reale Accademia délie Scienze di Torino; série seconda, t. LL Turin, Carlo Clausen, 1902 ; i vol. in-4°. Commission géologique du Canada. Rapport annuel; nouvelle série, vol. XI, 1898. Ottawa, S.-E. Dawson, 1901 ; i vol. in-8° et 3 cartes h. t. On souscrit à Paris, chez GAUTHIER-VILLARS, Quai des Grands-Augustins, n° 5^>. , ■ 1-- ^^, u nimnnrhr Ik formont. à la fm do l'année, doux volumes in-4". Deux i" Janvier. ^^ ^^..^ ^i^ l'abonnement est fixé ainsi qu'il suit : - Paris : 20 fr. — Déparlemenls -. 30 fr. — Union postale : 34 fr. On souscrit, dans las Départements, chez Messieurs : Ferran frères. ( Chaix. ( Jourdan. I Ruff. Courtin-Hecquet. ( Germain etGrassin ( Gastineau. Jérôme. Régnier. / Feret. j Laurens. ( Muller (G.). Renaud. iDerrien. F. Robert. Oblin. Uzel frères. . Jouau. . Perrin. ( Henry. I Marguerie. 1 Juliot. ( Bouy. ( Nourry. Ratel. ( Rey. ( Lauverjat. I Degez. ( Drevet. ' \ Gratier et C". elle Foucher. ( Bourdignon. Dombre. Thorez. Quarré. Lorient. Lyon . \ Vilte. iHarseille Ruât. ( Valat. chez Messieurs ; 1 Baumal. i M"* Texier. Bernouï et Cumin Georg. Effanlin. I Savy. l^ontpellier . Moulins.. .. Nancy. Nantes Nice . -Ferr. Goulet el fils. Martial Place. (Jacques. Grosjean-.Maupin. Sidot frères. Guist'liau. Veloppé. i Barma. i Appy. Nimes Thibaud. Orléans LodJé. ( Blanchier. Poitiers (Lévrier. Rennes Plihon et Hervé. liochefort Girard (M»"). 1 Langlois. Rouen j Lestringanl. S'-É tienne Chevalier. j Ponteil-Burles. Toulon On souscrit, à l'Étranger, Amsterdam. chez Messieurs : ( Feikema Caarelsen i et G'-. Atliènes Beck. Barcelone Verdaguer. Asher et G'". Dames. ^«'■'i" ' Friedlander et fils. ( Mayer et Muller. Berne Schmid Francke. Bologne Zanichelli. iLamerlin. MayolezetAudiarte Lebégue et G". ( Sotchek et C°. i Alcalay. Londres Luxembourg. chez Messieurs : [ Dulau. I Hachette et C". ' Nutt. V. Buck. Ruiz et G" Madrid . Bûcha rest. Budapest Kilian. Cambridge Deighton, BellelG». Christiania. Constantinople. Cammermeyer. Otto Keil. Copenhague Host et fils. Florence Seeber. Gand Hoste. Gênes Beuf. / Gherbuliez. Genève Georg. ( StapeUnohr. La Haye. ■ Lausanne- Toulouse. j Rumèbe. 1 Gimet. Privât. iBoisselier. Péricat. Suppligeon. Giard. Lemattre. Leipzig. Belinfante frères. Benda. Payot et C'°. Barlh. Brockhaus. Kœhlcr. Lorentz. , Twietmeyer. ^ Desoer. ( Gnusé. ( Kuiz el ) Romo y Fusse! ' \ Gapdeville. ' F. Fé. l Bocca frères. Milan ( Hœpli. Moscou Tastevin. ( Marghieri di Glu» Naples „ ,, ( Pellerano. i Dyrsen et Pfeiffer. New-York ! Stechert. ' LemckeetBuechricr Odessa Rousseau. Oxford Parker et C". Palerme Reber. Porto Magalhaés el Mmiii. Prague Rivnac. Rio-Janeiro Garnier. I Bocca frères. ^°"'« jLoescheretO*. Rotterdam Kramers et fils. Stockholm Nordiska Boglianilel. Zinseriing. Wollf. Bocca frères. Brero. Turin. \ RosenbergetSellier. Varsovie Gebethner el Wolfl. Vérone Drucker. Frick. S'-Pi'tersbourg. Vienne . Gerold et G'' \ Zurich MeyeretZeller. PLÉMENT AUX COMPTES ,1 : Mémoire sur quelques points', de la Physiologie des Algues — Mémoire s ,ir le Calcul des Perturbations Tomes 92 à 121. - (■" Janvier i88i à 3i Déceml; RENDUS DES SÉANCES DE LAC.A.DÉMIE DES SCIENCES : par MM. A. Derbés et A.-J.-J, boLiLR. • .. ,"" ",.,,, ;{, oarticulièremcnt dan.s - - „, , ^ ,„, ,, p,„erJ-,. et'ur ie rùle du suc pancréatique dans les phénomènes d.gest.fs, parfcu _^ uventles Comètes, par M. Ha^skn. - Mémoire '-'^^^^^;^'l^, 3, p,,„ches; ^S5G ^ r Z' ^SS^' 'l^' V\c.dirai. de. .tion des matières grasses, par M. Cl.u.e B.,,..,.o. J"'-- ^^^ ' __ J^^ ,,„,, ,,p„„,e à la question de Pnx P-P^^ ^^^^^ ,7j ,, ' es différents i II : Mémoire sur les^vers intestinaux par M. P.-J. l'^jjj'^'-^^^^^. . „ étudier les lois de la distribution des corps °^S, " ^^f ;' ^7^,^'";„ ,i„„Uande. - .s pour le concours de .853, et puis remise pour <=«'" J« '«%;;; ^ , „ ,,„,,Uon de leur apparition ou de leur disparition "«e--; „„„,,, ;„.,,. ,i„ sédimentaires, suivant l'ordre de '-.^"P^^^P ; '^,^,- ctu ,.u règ e organique et ses états antérieurs ., par M- ■« I ofe ^^ ^^ lercher la nature des rapports qui 17 planches; 1861 la même Librairie les Mémoires de VAcadémie des Sciences et Ici Mémoires présentés par divers Savants a lAcadémie des Sciences. W 12. TABLE DES ARTICLES. (Séance du 22 septembre 1902.) MÉMOIRES ET COMMUMCATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. Pages . M. le Présidext annonce à l'Académie la mort de iM. Damour, Académicien libre. 465 iM. J. BoussiNESQ. — Extension du Principe de Fermât, sur l'économie du temps, au , . Pages, mouvement relatif delà lumière dans un corps transparent hétérogène, animé d'une translation rapide .^gj CORRESPOND AIVCE. iM. A. Lacroix. - Les enclaves des andésites de l'éruption actuelle de la Montaane Pelée AL H. Deslandres, — Hecherches spectrales sur la rotation de la planète Uranus M. P. Lebeau. — Sur les combinaisons du silicium avec le cobalt et sur un nouveau siliciure de ce métal ,„-^ Bulletin- bibliographiqliî 4-0 472 Sur le pouvoir calorilique de M. GOCTAL. - la houille. M. G. Odix. — Sur l'existence de formes- levures stables chez quelques moisissures. M. LUGIEX Damel. - Sur une modification produite chez le ScopoUa carnwlica à la suite de sa gi-effe sur Tomate ^77 479 /;8i 483 PARIS. IMPIUMKRIE GAUTHIER-VILLARS, Quai des Grands-Augustins, 55. Le Gérant: Gauihier-Villars. SECOND SEMESTRE. COMPTES IlENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. TOME CXXXV. N° 13 (29 Septembre 1902 PARIS, GAUTHIIÎK-VILLARS, IMPIIIMEUR-LIBRAIRE DES COMl'TES RENDUS DES SÉANCES DE L'AGA.DÉ\IIE DES SCIENCES, Quai des Grands-Augustins, 55. 1902 RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDU Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875 Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie se composent des extrails des travaux de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes présentés par des savants étrangers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. 26 numéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. Article l"^. — Impression des travaux de l'Académie. Les extraits des Mémoires présentés par un Membre ou par un associé étranger de l'Académie comprennen l au plus 6 pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o pages par année. Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans le Compte rendu àe la semaine que si elle a été remise le jour même de la séance. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par les Correspondants de l'Académie comprennent au plus 4 pages par numéro. Un Correspondant de l'Académie ce peut donner plus de 32 pages par année. Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis- cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca- démie ; cependant, si les Membres qui y ont pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les re- mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion. Les Programmes des prix proposés. par l'Académie sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap- ports relatifs aux prix décernés ne le sont q que l'Académie l'aura décidé. Les Notices ou Discours prononcés en se; blique ne font pas partie des Comptes rendus. Article'2. — Impression des travaux des Si étrangers à l'Académie. Les Mémoires lus ou présentés par des pi qui ne sont pasMembres ou Correspondants demie peuvent être l'objet d'une analyse ou sumé qui ne dépasse pas 3 pages. I^es Membres qui présentent ces Mémoi tenus de les réduire au nombre de pages re Membre qui fait la présentation est toujours mais les Secrétaires ont le droit de réduire ce autant qu'ils le jugent convenable, comme il pour les articles ordinaires de la correspond* cielle de l'Académie. Article 3. Le bon à tirer àe chaque Membre doit être l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus jeudi à 10 heures du matin; faute d'être remis . le titre seul duMémoire est insérédans le Comj. actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte re, vant et mis à la fin du cahier. Article 4. — Planches et tirage à part Les Comptes rendus ne contiennent ni plan^ fiffures. Dans le cas exceptionnel où des figures autorisées, l'espace occupé par ces figures c<< pour l'étendue réglementaire. Le tirage à part des articles est aux frais teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapj les Instructions demandés par le Gouvernem< Article 5. Tous les six mois, la Commission administra un Rapport sur la situation des Comptes rendu l'impression de chaque volume. Les Secrétaires sont charç;és de l'exécution sent Règlement. Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont pri déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant S\ Autrement la présentation sera remise à la séance OCi ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 29 SEPTEMBRE 1902. PRÉSIDENCE DE M. BOUQUET DE LA GRYE. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. ÉLECTROCHIMIE. - Nouvelles expériences sur la limite d'intensité du courant d'une mie qui correspond à la manifestation d'un débit électrolytique extérieur, apparent dans un voltamètre; par M. Beuthelot. „ J'ai poursuivi l'étude des piles fondées sur des réactions salines, sans le concours de l'attaque des tnétaux ou des sels métalliques proprement dits, étude dont les premiers résultats ont été communiques a 1 Académie; i'aifait un grand nombre d'observations nouvelles et inédites, et j ai réuni le tout dans les numéros des Anr^ales de Chimie et de Physique (octobre et novembre), auxquels je prends la liberté de renvoyer les personnes qui désireraient prendre une connaissance complète de mes recherches sur ce genre de niles, fort intéressantes pour la connaissance de.s causes susceptibles de déterminer cer.aines sécrétions dans l'économie des êtres vivants. Il serait trop long de résumer ici toutes ces nouvelles obser- vations; mais je crois utile d'en détacher celles qui --Petent la dé- termination de la limite d'intensité correspondant a la manitestat.on d un débit électrolytique extérieur, sujet ^'-^-^é dans deux numéros des Comptes rendus (t. CXXXIV, ^3 jmn 1902, p. i4(>2. et t. CXXXV, 7 ]uu ^''>.' ra'i'd^'tfrminé ces limites avec deux voltamètres différents : l'un ren- fermant de l'acide suifurique étendu seulement avec électrodes a la Wollaston, voltamètre dans lequel la production d une réaction continue visible (dégagement d'hvdrogène et d'oxygène) exige une force electro- Totrice minima comprise entre 1- 5 et .-1 g; l'autre le même acuh^ étendu additionné de pyrogallol. voltamètre dans lequel 1 hydrogène seul G. R., 1902, 3" Semestre. (T. CXXXV, N" 13.) 486 ACADÉMIE DES SCIENCES. se dégage d'une foçon continue, sous l'influence d'une force électromotrice minima voisine de o™", 8. » J'ai fait varier successivement les conditions suivantes : pression exté- rieure; concentration de l'acide; concentration du pyrogallol additionnel • excès de la force électromotrice de la pile sur la force électromotricè minima nécessaire pour déterminer une électrolyse continue. » La résistance extérieure employée pour atteindre la limite vers laquelle le débit électrolytique cesse d'être manifeste a varié depuis des valeurs très petites jusqu'à i oooooo d'ohms. Cette résistance étant mesu- rée, ainsi que la force électromotrice, des formules connues permettent de calculer l'intensité i et de déduire de celle-ci le poids d-hydrogène h dégage en i minute. Les déterminations de celte limite sont d'ailleurs approximatives, comme toute mesure relative aux débuts d'un phénomène On trouvera des détails plus étendus dans le Mémoire complet- je me bornerai à reproduire ici des Tableaux qui résument les mesures. ' I- — AciDB SULFURIQUE SEUL DANS LE VOLTAMÈTRE. » 1. Pression extérieure variable dans le voltamètre. 2 Daniells. Tempé- rature, 2o°. - J'appellerai force électromotrice déterminante l'excès de la force électromotrice de la pile sur celle qui détermine la réaction dans le voltamètre : soit, pour la pile employée, 2™'^24 — i^°'t, 6o=o^°'t 64 R est la résistance extérieure. La liqueur du voltamètre renferme 106^ de SO'H^ par litre. Électrolyse. R. Nette. m Pression 0,760. . . 0,200. o,o5o. o , oo5 . ohms, j- ^ o»'^P,OOo3(') 3000. ■ ■< , ^ ' h =z o"8, 000 79 i = o'""P,oooo6 ( » ) k — o"ê, 000087 (1) i = ©"""PjOoooS h = o"s, ooooig { z= 0^™P, 000021 h ~ o™s, 000014 lOOOO. 20000. 20000 . 3oooo. . 4oooo. . . » La limite de pression répond à une résistance extérieure d'autant 3oooo R- Lente. 3ooo:''.'".1 0'°°o2(^) 0,0001 3 o, 000082 0,000019 0,00002 0,00001 5 0,00001 3 0,000010 (')'^Gaz aux deux, pôles (H'^-f- O) C'fGaz surtout au pôle + (H-'). SÉANCE DU 29 SEPTEMBRE 1902. 4^7 plus grande que la pression est moindre. L'étendue des variations de ré- sistance a été de I : i5; celle des variations de pression de i : i52, dix fois plus considérable. » 2. Acide sulfurique seul. Concentration variable. o'",76o : / = 31°. 2 Daniells. Sous la pression Electrolyse. Acide renfermant par l nette litre 3076 I lente . . , , / nette Acide renfermant par l , \ lente litre loos 1 . ,. 0 ( indices: Acide renfermant par ( nette litre is I lente Résistance extérieure. obms 2000 (') 3ooo 2000 3ooo 7000 1000 (') 3ooo (-) Intensité. amp o,ooo32 0,00021 o,ooo3 0,0002 0,0001 0,00064 O , 0002 I Hydrogène par minute. . . .0,00019 . . . 0 , 000 1 3 . . . o , 000 I 9 . . .0,0001 3 . . .o,oooo5 . . .o,ooo38 . . .o,oooi3 )) On voit que la concentration entre 200^ et loo^ d'acide n'influe guère sur les limites. Dans une liqueur très étendue cependant, le dégagement cesse de se produire avec une résistance notablement plus faible. Ceci doit tenir plutôt à un changement dans la cohésion du hquide que dans la con- ductibilité. En effet, les résistances spécifiques des dissolutions d'acide sulfurique, déduites par le calcul des conductibilités mesurées par M. Bouty, répondraient, vers 18" à 20°, aux valeurs suivantes : f. —. gohms^^g pour la solulion à il»' par litre . — o*^^)^ 9^6 Elles varient rapidement avec la température. Toutes ces résistances sont d'ailleurs à jjeu près négligeables vis-à-vis des résistances extérieures mises en jeu dans les présentes expériences. » Donnons encore une expérience exécutée en électrolysant une disso- lution de soude (2o8NaOH = 1') dans le voltamètre, sous la pression o™,76o. On opère avec 2 Daniells. Electrolyse lente. Indices. 1000°'""^ Sooo"'""' O , 0006 O , ooo4 nette. Résistance 5oo°i""' Intensité o"""p,ooi2 Hydrogène par minute . o™e,ooo8 o , 000 I 2 o , 00008 (*) Gaz aux deux pôles (IP-i- 0). (*) Gaz surtout au pôle + (H"). 4^8 ACADÉMIE DES SCIENCES. » La résistance spécifique d'une solution de soude renfermant 25^ au litre, d'après les nombres de Rohlrausch, répondrait à 9°'""% 3 à 18". Ici l'accroissement de résistance spécifique correspond à l'abaissement de la limite. » 3. Acide suljunqiie seul. Force électromotrice déterminante variable. — J'ai fait varier cette force électromotrice déterminante E, depuis celle qui répond à 6 Daniells (G^^'^SB), jusqu'à 2 Daniells (2^""^, 2); soitE, depuis S^^i^jusqu'ào^i'.ô. » Au cours des expériences faites avec des éléments de pile différents des Daniells, E, a même été réduit jusqu'à une valeur voisine de o^"", i. » En ce moment je donne seulement les résultats obtenus avec les élé- ments Daniell, sous deux pressions différentes. » 1" Sous la pression normale o™, 760 : Résistance Intensité Hydrogène Electrolyse. extérieure. limite. par minute. ohms amp m? 2 Daniells j "'^"'^ ^ooo o,ooo3o 0,00019 Ei^G'o'tjô j lente t 3ooo I 0,00020 1 0,00012 ' ( < à 1 '' 1 ^ ( 4000 ( 0,0001 5 ( 0,00010 6 Daniells j nette 20000 0,000 25 0,0001 5 El = S'o^SjO j lente 3oooo 0,00017 0,00010 » 2° Sous la pression o"',oo8 : Résistance Intensité Hydrogène Electrolyse. extérieure. limite. par minute. ... ohms arap tng 2 Daniells nette 3oooo 0,000020 0,000012 E, = o'"''',6 j lente 5oooo 0,000012 0,000007 6 Daniells l nette 200000 o,oooo25 o,ooooi5 Ei = 5'"'"'',o ( lente Sooooo 0,000010 0,000006 » On peut admettre que la limite d'intensité, sous une pression donnée, est sensiblement la même; c'est-à-dire indépendante de la force électro- motrice déterminante. Ce résultat est d'ailleurs conforme à la théorie. II. — Acide sulfurique étendu avec addition de ptrogallol. » Voici maintenant des expériences exécutées avec l'acide sulfurique étendu additionné de pyrogallol, dans le voltamètre. On a opéré avec I Daniell, la force électromolrice de cet élément étant suffisante pour olectrolyser l'eau. SÉANCE DU 29 SEPTEMBRE I902. 489 » 1. Pression variable. — Acide sulfuriqne SO^H^. 106^ par litre, ren- fermant en outre pyrogalloi (CH'^O' : lo*-'); / = 20° Résistance Électrolyse. extérieure, ulims i nette 2000 i 4000 lente | à f 5ooo ( nette 8000 » 0,200 { , ( lente 10000 ( nette loooo » o,o5o l lente 20000 ( indices. . . . 4oooo 1 nette 80000 B o,oo5 \ lente 5oooo ' indices. . . . 80000 » D'après ces nombres, la limite de pression pour laquelle le dégage- ment gazeux est net répond à une résistance extérieure d'autant plus con- sidérable que la pression est moindre, de même qu'avec l'acide sulfurique sans pyrogallol. Les intensités limites avec le pyrogallol sont environ la moitié de celles que l'on observe sans pyrogallol; conformément à la rela- tion des forces électromotrices nécessaires, soit 2,2 — 1,6 = 0^°", 6 avec le voltamètre à acide seul, actionné par 2 Daniells, et i, i — 0,8 = o™", 3 avec le voltamètre à pyrogallol, actionné par un seul Daniell. » 2. Acide sulfurique et pyrogallol. Concentration variable. — Sous la pression o", 760 ; i Daniell ; t= 11°. intensité V. Hydrogène par minute. amp 0,00016 0,00008 Dlg 0,00010 i o,oooo5 f 0,00004 à 0,00006 o,oooo4 0,000082 0,000025 0,000019 0,000082 0,000019 0,000016 0,000010 )} » 0,00001 1 0 , 0000064 0 , 000006 0,0000088 B T> » 1° Acide SO'H= : So;^ par litre. Pyrogallol Pyrogallol 5o. 5o. 5o. 10. 10. 10. Électrolyse. Résistance extérieure. Intensité ('. Hydrogène par minute. nette olims 4ooo amp 0,000064 ni g 0,000088 lente 10000 0,000082 0,000019 indices 20000 » )) nette 5ooo 0,000064 o,oooo38 lente lOOOO 0,000082 0,000019 indices 20000 » » M Les résultats sont à peu près identiques; le pyrogallol n'agissant que pour absorber l'oxygène, et se trouvant en excès. 49» ACADEMIE DES SCIENCES. 2° Acide SO'IP : io6s par litre. lO. Pyrogallol j:o. 1 10. Résistance Hydrogène Eleclrolyse. extérieure. Intensité V. par minute. nette ohms 2000 amp O, 00016 mg 0,00010 lente 5ooo 0 , 00006 o,oooo4 indices 8ooo » » La sensibilité paraît moindre avec cette proportion d'acide. 3° Acide SO* H'' : is par litre. Pyrogallol Pyrogallol Résistance Hydrogène Électrolyso. extérieure. Intensité i'. par minute. / 10 nette obms 1000 amp 0,00082 mg 0,00049 1 :o lente 2000 6000 0,00016 0 , 0000.5 o,ooo38 Ko.... indices 0 , ooooS is j)ar litre. Résistance Hydrogène Électrolyse. extérieure. Intensité i'. par minute. / 100.. . . . . . nette ohms 5 00 2000 5ooo àmp 0 , 0006 0,00016 ï) mg 0 , 0004 0,00010 100... lente 100.. . . indices » » L'électrolyse se fait de moins en moins nettement sous une résistance donnée, lorsque l'excès de pyrogallol devient énorme ; la présence de ce composé modifie sans doute la cohésion du liquide, et par suite la facilité du dégagement des bulles. )) 3. Acide sidfurique et pyrogallol. Force électromotrice déterminante variable. — J'ai fait varier cette force depuis la valeur répondant à 6 Daniells jusqu'à I Daniell ; soit E, depuis 5'°"% 8 jusqu'à 0"°'', o3. » Au cours des expériences, faites avec des éléments de pile différents, E, a été réduit jusqu'à 0^°'', o3 ; les limites ont été trouvées les mêmes. » En ce moment, je donne seulement les résultats obtenus avec les élé- ments Daniell sous deux pressions différentes. » 1° Sous la pression normale o", 760 : I Daniell E, ^o'^'^S 6 Daniells E,= 5'°"% 8 Elec- Résistance Intensité Hydrogène trolyse. extérieure. limite. par minute. obms amp niK nette. .. 2000 0,00016 0,00010 lente. .. 4000 0,00008 o,oooo5 nette. . . 40000 0,0001 5 0,00009 lente. . . 5oooo 0 , 000 I 2 0,00007 SÉANCE DU 29 SEPTEMBRE 1902. 49Ï 2" Sous la pression 0^,005 : Élec- Résistance Intensité Hydrogène Irolyse. extérieure. limite. par minute. nette. . . ohDts 3oooo amp 0,000010 me 0,000006 lente. . . 5oooo 0,000006 0,000004 nette. . . Sooooo 0 , 0000 1 2 0 , 000007 lente. . . 800000 0 , 000007 0 , 000004 I Daniell E,= o'"'',3 ôDaniellsE.r^S'oi'^S » L'intensité limite est sensiblement la tnôme avec i et 6 Daniells, sous une même pression ; ce qui concorde avec le résultat obtenu sans pyro- gallol dans le voltamètre. » Tels sont les faits observés. Assurément, il serait fort inexact de pré- tendre qu'au-dessous de ces limites il n'y ait plus d'électrolyse; mais c'est le terme au-dessous duquel, dans les conditions où j'ai opéré, les gaz pro- duits demeurent dissons. Si l'on prolonge la réaction, ils se difîusent sans manifestation apparente dans les espaces ambiants; ou peut-être s'y recom- binent-ils peu à peu, par l'effet de la polarisation. » Observons ici, pour bien définir les résultats présents, que s'il est vrai qu'un courant électrique, si faible qu'il soit, traverse toujours un liquide conducteur, il paraît cependant, — comme je l'ai établi par mes recherches sur la combinaison de l'hydrogène et de l'oxygène avec le platine ('), métal susceptible d'être employé comme électrode dans les piles; — il paraît, dis-je, que \ énergie chimique nécessaire est, en réalité, toujours pré- sente pour commencer l'action, mais non pour l'entretenir, distinction capi- tale. En eflét, l'énergie voltaïque ne saurait donner lieu à une électrolyse extérieure continue que si elle est entretenue par une réaction intérieure, également continue et susceptible de maintenir une force électromotrice dont la valeur surpasse une certaine limite (-). Autrement le renouvelle- ment d'énergie, attribuableaux phénomènes de diffusion et analogues, est trop petit pour donner lieu à un travail électrolytique continu et mani- feste; tandis que les actions de contact sont au contraire suffisantes pour établir une différence de potentiel entre les deux piles. » Si l'on compare les poids d'hydrogène manifestés dans ces expériences avec les potds d'argent susceptibles d'être précipités par les mêmes inten- sités, on trouve qu'un millionième de nidligrarame par minute d'hydro- (') Annales de Chimie et de Physique, 5" s., t. XXX, i883, p. 587. C) Annales de Chimie et de Physique, 5= série, t. XXVli, 1882, p. 91. 492 ACADÉMIE DES SCIENCES. gène équivaut à un dix-millième de milligramme d'argent, quantité non pondérable et presque insensible. Au bout d'une heure, on aurait un cent- soixantième de milligramme d'argent. Pour un dix-millième de milligramme d'hydrogène, on n'aurait encore qu'un centième *de milligramme d'argent par minute; à peine plus de j milligramme par heure. Le dégagement de l'hydrogène est donc incomparablement plus sensible. » L'ordre de grandeur (ou de petitesse) des réactions des piles définies par ces expériences est celui qui est compatible avec les phénomènes physiologiques normaux, que des réactions d'électrolyse trop énergiques troubleraient profondément. » Il correspond également à la faiblesse des poids de matière trans- formés en acides en 24 heures par le fait des sécrétions, aussi bien qu'avec les quantités presque infinitésimales produites à chaque seconde pendant la durée de chaque onde sanguine qui traverse l'organe sécréteur. Ce sont là des conditions que l'on ne doit pas perdre de vue. » Pour essayer de préciser cette comparaison, envisageons la formation de l'acide chiorhydrique contenu dans le suc gastrique. Soit 0^,100 le poids de cet acide, HCl, renfermé dans le suc sécrété en 24 heures par les parois de l'estomac; ce poids dérive du liquide de 86000 ondes sanguines environ, projetées par le cœur pendant cet intervalle de temps, dans l'hypo- thèse d'une sécrétion uniforme. Chacune de ces ondées aurait fourni à peu près un millionième de milligramme d'acide chiorhydrique, poids dont la mise en liberté par électrolyse répondrait à environ trois cent-millionièmes de milligramme d'hydrogène d'après la loi de Faraday. Or, cette quantité est produite par l'action de plusieurs millions de ces petits appareils à fonc- tion diverse, que nous confondons sous le nom de cellules; la visibilité de la complexité de structure corrélative de ces fonctions échappant à nos sens. Le poids moyen d'acide, engendré par chacun de ces petits appareils aux dépens d'une seule ondée sanguine, équivaudrait dès lors à quelques quadrillionièmesde milligramme d'hydrogène. Cependant l'intégration de cette production d'acide fournit le poids total qui détermine les effets diurnes de la digestion stomacale et spécialement de celle des aliments azotés. On conçoit par là comment la formation des composés contenus dans les sécrétions animales — : acides, alcalis, produits d'oxydation ou de réduction , toxines, venins, vaccins, etc. ; — serait susceptible d'être accom- plie par certaines combinaisons de piles fondées sur des réactions salines; la faiblesse même de ces réactions étant compatible, comme nature et comme intensité, avec le fonctionnement normal de nos organes. » SÉANCE DU 29 SEPTEMBRE 1902. 49^ CHIMIE MINÉRALE. — Préparation et propriélès d'un nouveau sdiciure de vanadium. Noie de MM. H. Moissan et Holt. « Dans une Note précédente (') nous avons indiqué l'existence d'un siliciure de vanadium VSi^ préparé par réduction de l'acide vanadique au four électrique en présence d'un excès de silicium. Nous avons fait remarquer à ce propos que l'équilibre qui se produisait à haute tempéra- ture, entre l'acide vanadique et le silicium, était variable suivant que l'un des deux corps se trouvait en excès dans le mélange fondu. )) Nous avons obtenu un autre siliciure de formule V^Si en maintenant dans la préparation un excès de vanadium; seulement, cette expérience est assez délicate à cause de la facile vaporisation à celte haute tempéra- ture, soit de l'acide vanadique, soit de l'oxyde de vanadium V'O'. » Lorsque l'on chauffe au four électrique un excès de l'oxyde V'O', en présence de silicium, ou obtient un mélange de plusieurs siliciures ren- fermant les composés VSi- et V'Si. Mais comine le siliciure le plus riche en vanadium VSi^ est moins fusible que l'autre, la chauffe doit être pro- longée. Dès lors, l'excès d'oxyde de vanadium est volatilisé et l'on retombe dans les conditions de formation du siliciure VSi% stable en présence d'un excès de silicium. » Un certain nombre d'expériences ont été poursuivies en réduisant par le magnésium un excès d'acide vanadique en présence de silicium. Ce mélange, au contact d'une flamme, devient explosif, mais ne fournit pas de siliciure de vanadium. )) Préparation du siliciure V^Si. — 1° Nous avons pu cependant obtenir ce siliciure en chauffant, dans un creuset, au four électrique un mélange de V^O^ 120*'', Si 14s, au moyen d'un courant de 1000 ampères sous 5o volts. La quantité d'oxyde de vanadium employée dans ce mélange est quatre fois supérieure à celle qui serait nécessaire pour donner ce siliciure d'après l'égalité suivante : 2Y=0' + 5Si = 2V=Si + 3SiO^ « Si l'on répète cette réaction avec l'acide vanadique, il faut employer (') Moissan et Holt, Préparation et propriétés d'un siliciure de vanadium {Comptes rendus, l. CXXXV, 1902, p. 78). C. R., 1902, 2- Semestre. (T. CXXXV, N" 13.) 65 494 ACADÉMIE DES SCIENCES. un poids dix fois supérieur à celui qui est indiqué par l'égalité suivante : o.VH)' + 7Si = 2V^Si + 5SiO^ » Pendant cette préparation, la plus grande partie du vanadium est volatilisée, et il ne reste, si la chauffe n'a pas été trop longue, qu'un petit lingot de siliciure V^Si. A la partie supérieure de ce lingot on trouve tou- jours une petite quantité d'une matière noire, amorphe, non attaquable par les acides et les alcalis, et qui se sépare facilement du siliciure blanc à aspect métallique. On réduit ce siliciure en petits fragments, puis on le chauffe avec de l'acide sulfurique concentré pendant 2 heures. Après lévi- gation à l'eau, on le concasse sous forme d'une poudre grossière qui est maintenue dans une solution bouillante de potasse à 10 pour 100. Enfin, on traite par le bromoforme, pour séparer quelques cristaux de graphite. » 2° Nous avons encore obtenu ce siliciure par l'action du silicium sur le carbure de vanadium (' ). Ce dernier composé, étant stable et peu volatil à la température du four électrique, permet de maintenir à l'état liquide un excès de vanadium en présence du silicium liquide. A cet effet, nous avons chauffé un mélange d'oxyde de vanadium, de silicium et de carbone répondant à l'égalité suivante : 2Y = 0= _j_ 2Si + 3C = 2V-"Si + 3C0% en ayant soin toutefois d'augmenter de ■— le poids de l'oxyde de vanadium. Ce mélange est chauffé dans un creuset de charbon pendant 4 minutes avec un courant de 5oo ampères sous 00 volts. Le culot très bien fondu, retiré du creuset, renfermait un mélange de siliciure V" Si et du carbure de vanadium VC. » Pour obtenir le siliciure pur, la niasse concassée est chauffée plusieurs heures avec de l'acide azotique à 5o pour 100 qui détruit tout le carbure, puis avec une solution de potasse à 10 pour 100. » 3° Enfin, nous avons utilisé le siliciure de cuivre, maintenu à son point d'ébuUition, pour faire réagir un excès de vanadium sur le silicium. » Nous avons préparé tout d'abord le mélange suivant : oxyde de vana- dium, V^0% i5 parties; silicium, 7; cuivre, 2. Nous avons chauffé ensuite ce mélange au four électrique, dans un creuset de charbon, pendant 4 minutes avec un courant de 700 ampères sous 5o volts. Le bain liquide (') H. MoissAN^ Étude de la fonte et du carbure de vanadiurti {Comptes rendus, t. CXXII, 1896, p. 1297, e,\.Le Four électrique, p. 241. SÉANCE DU 29 SEPTEMBRE 1902. 49^ que l'on obtenait ainsi renfermait une solution de siliciure de vanadium V^Si dans un mélange de siliciure de cuivre et d'un alliage cuivre-vana- di.im. Le cidot métallique homogène et bien fondu était concassé en poudre grossière, puis chauffé plusieurs heures au bam-marie avec de l'acide azotique à 5o pour loo. Le siliciure de cuivre et l'alliage cuivre- vanadium sont détruits. Le résidu est ensuite traité par une solution bouil- lante de potasse à 10 pour 100. Enfin, le graphite est séparé par le bromo- forme. Dans cette préparation, le siliciure est toujours mélangé d'une certaine quantité de carborundum. » Propriétés. — Ce nouveau siliciure est cristallisé en prisme et possède une couleur blanche rappelant celle de l'argent. Les cristaux, très bril- lants, présentent un aspect métallique; ils sont cassants et rayent le verre avec facilité. Leur densité est de 5,48 à 17°. Ce siliciure est fusible dans le four électrique à une température plus élevée que le siliciure VSi^ » Ce nouveau composé est insoluble dans l'eau, l'alcool, l'éther et la benzine. » Le fluor n'attaque pas ce siliciure à froid, mais si l'on chauffe légère- ment, il se produit une incandescence assez faible, avec formation d'un résidu brun verdàtre. Le chlore l'attaque facilement au rouge, sans incan- descence, en produisant un liquide qui est un mélange de chlorure de vanadium, VCl* et de chlorure de silicium SiCl\ Le brome l'attaque faci- lement au rouge sans incandescence en donnant un sublimé noir amorphe de bromure de vanadium VBr' et un résidu qui se trouve surtout dans la nacelle et qui est formé de bromure de silicium Si=Br«. A la même tempé- rature l'attaque par l'iode n'est que superficielle. » Vers 1000° la vapeur d'eau ne produit qu'une attaque superficielle; les cristaux prennent une couleur bleutée, et, après cette expérience, lorsqu'on les traite par l'acide azotique, ils produisent un liquide bleu renfermant de l'oxyde V'0\ >, De même, la réaction n'est que superficielle à la température du rouge, en présence de la vapeur de soufre et de l'hydrogène sulfuré. » A la même température, le gaz ammoniac ne fournit aucune réaction avec ce siliciure. ,, Au contraire, le gaz acide chlorhydrique vers 800° l'attaque complè- tement, sans incandescence, en produisant une masse de petits cristaux brillants de couleur brun rouge. Ces cristaux sont de suite décomposés par l'eau, avec formation d'une solution brune qui, par addition d'acide azotique, devient bleu verdàtre. Ces cristaux sont de même décomposés 49^ ACADÉMIE DES SCIENCES. par les acides azotique et chlorhycirique avec dégagement gazeux et pro- duction d'une solution riche en vanadium. Il se forme, dans cette réaction de l'acide chlorhvdrique sur le siliciure de vanadium, un chlorure double de silicium et de vanadium. » Le siliciure de vanadium, chauffé au four électrique, en présence du carbone, est partiellement décomposé et donne naissance à un équilibre entre le carbure et le siliciure, ainsi que nous l'avons expliqué précédem- ment à propos de la préparation. Ce siliciure, de formule V-Si, est stable en présence d'un excès de carbure fondu. » Chauffé au four électrique, au contact d'un excès de silicium liquide maintenu à son point d'ébullilion, il fond, se dissout, puis se décompose, ne pouvant pas exister dans ces conditions : il se transforme complètement en siliciure VSi- qui a élé recueilli et analysé. Cette réaction permet donc de passer de l'un à l'autre des deux siliciures de vanadium. » Le siliciure de vanadium V-Si est décomposé au rouge par le sodium en fusion. De même, en présence d'un grand excès de cuivre fondu au four électrique, il fournit du siliciure de cuivre et un alliage silicium-vana- dium. Il est peu attaqué par l'argent à sa température d'ébullition; cepen- dant, on reconnaît que ce métal, après solidification, abandonne une petite quantité de silicium amorphe. Il en est de même pour l'étain. Le siliciure de vanadium est insoluble dans l'aluminium maintenu à son point d'ébul- lition. Enfin, il est un peu soluble dans le siliciure de cuivre en fusion. » Les acides chlorhvdrique, azotique et sulfurique sont sans action sur ce siliciure; il en est de même d'un mélange d'acide azotique et d'acide chlorhvdrique ou d'acide azotique et d'acide sulfurique. » Au contraire, une solution même étendue d'acide fluorhydrique l'at- taque à froid. » Les solutions alcalines de potasse, de soude et d'ammoniaque n'ont aucune action sur le siliciure, mais la potasse en fusion l'attaque avec faci- lité. Un mélange d'azotate de potassium et de carbonate de sodium le transforme au rouge sombre en vanadate et en silicate. » Analyse. — Les dosages du vanadium et du silicium dans ce nouveau composé ont été faits par les méthodes décrites antérieurement à propos du siliciure VSi^. Nous avons obtenu ainsi les chiffres suivants : Vanadium 78,52 Silicium 20,90 Théorie 2 c 1. pour V^Si, 79' 12 77: ,60 78,46 21, 5i 2 1 ,83 21,54 SÉANCE DU 29 SEPTEMBRE 1902. 497 1) Le premier échantillon renfermait 1,90 de carborundum, le second 4)22, et le troisième 2,80. M Conclusions. — Nous avons obtenu un nouveau siliciure de vana- dium V-Si, plus difficilement fusible au four électrique que le siliciure VSi^. Sa composition, sa densité, sa couleur, son attaque plus facile par le fluor, le chlore, et surtout le brome, l'action de l'acide chlorhydrique, enfin sa facile décomposition par le silicium en fusion suffisent pour le différen- cier nettement du siliciure VSi*. Ces expériences établissent de plus que les lois qui président aux équilibres dans les solutions, à la température ordinaire, s'appliquent aussi aux réactions du four électrique qui se pro- duisent entre le silicium, le siliciure de cuivre et le carbure de vanadium à leur température d'ébullition. » BOTANIQUE. — Sur la double fécondation chez les Crucifères. Note de M. L. Guig.vard. « Les recherches que j'ai publiées dans ces dernières années sur la double fécondation s'étendent actuellement à une dizaine de familles appar- tenant aux divers groupes des Angiospermes. Celles qui font l'objet de cette Note se rapportent aux Crucifères, parmi lesquelles le Capsella Bursa pastoris et le Lepidium sativum m'ont permis de suivre tous les stades du phénomène. » Dans cette famille, l'ovule est, comme on sait, campylotrope et bité- gumenté. Les bords du tégument interne sont étroitement accolés; ceux du tôgument externe, au contraire, laissent entre eux un canal assez large. En se développant, le sac embryonnaire détruit les deux tiers supérieurs du nucelle ovulaire et vient s'appliquer directement contre le tégument interne. Avec la partie basilaire non résorbée du nucelle, il forme une sorte de tube en U, à branches écartées et inégales, dont il occupe la plus grande ainsi que la courbure. » L'appareil sexuel présente la structure normale. L'oosphère se dis- tingue très nettement des synergides par sa plus grande dimension, son noyau plus gros et son aspect spécial; les antipodes ne sont représentées que par leurs noyaux assez petits et situés dans la couche protoplasmique qui repose, à la base du sac, sur la partie persistante du nucelle. Les deux noyaux polaires ne se fusionnent que peu de temps avant l'époque de la fécondation. Dans le Capsella, la fusion paraît être un peu plus tardive que 49^ ACADÉMIE DES SCIENCES. dans le Lepidium ; souvent même, lorsque le tube pollinique arrive sur 1 ovule les noyaux polaires largement accolés ont encore leurs nucléoles respectifs distincts l'un de l'autre. Dans tous les cas, le noyau secondaire volumineux qui résulte de cette fusion, après laquelle il renferma un nu- cléole unique, se trouve toujours très rapproché de l'oosphère et situé a une grande distance de la base du sac. » Le tube pollinique rampe à la surface du funicule ovulaire et son extrémité, après avoir traversé le large canal de l'exostome, se renfle parlois d une façon assez marquée avant de pouvoir s'introduire entre les bords du tégument interne pour arriver jusqu'au sac embryonnaire « C est pendant le trajet du tube dans l'exostome que l'on a le plus de chances d apercevoir à son intérieur les deux gamètes mâles. Déjà formés tout au moins dans le Lepidium, à l'intérieur dn grain de pollen avant sa germmat.on sur le stigmate, ils ont la forme de petits corps ovoïdes, rap- proches 1 un de l'autre et constitués presque entièrement par de la sub- stance nucléaire; c'est à peine si l'on distingue autour d'eux une mince auréole très peu colorable représentant un cytoplasme propre. » La double fécondation s'accomplit suivant la règle déjà connue. Dès que le tube pollinique s'est frayé passage dans l'endostome et a atteint le sac embryonnaire, les noyaux mâles se portent avec une raoidité extrême au contact des noyaux femelles avec lesquels ils doivent s'unir. L'une des synergides est désorganisée par suite de cette pénétration; l'autre, dans la plupart des cas, conserve encore pendant quelque temps sa structure et son aspect primitifs avant de se résorber. Au contact du noyau de l'oosphère et du noyau secondaire du sac qu'ils atteignent presque simultanément, les deux noyaux mâles grossissent et deviennent granuleux. Ici encore, c est la fusion de 1 un des éléments mâles avec le noyau secondaire du sac qui se complète la première, de sorte que la division de la masse commune, qui prélude a la formation de l'albunen, précède la division de l'œuf Parfois cette division du noyau secondaire fécondé est terminée alors que 1 autre élément mâle est encore facilement reconnaissable au contact du noyau de 1 oosphère. » Dans le Capsella et le Lepidium, le premier cloisonnement de l'œuf n a lieu qu après la formation de quatre noyaux d'albumen. Ces noyaux s écartent et se placent à peu près à égale distance les uns des autres dans le protoplasme; ils continuent à se diviser contre la paroi du sac, qui s élargit considérablement au niveau de la courbure dont .1 a été question plus haut; puis leur multiplication devient prédominante autour de l'em- SÉANCE DU 29 SEPTEMBRE 1902. 499 bryon, sans qu'ils cessent d'abord de rester libres dans le protoplasme qui l'entoure. Les cloisons cellulaires n'apparaissent entre eux qu'à une période assez tardive du développement de l'ovule en graine; elles se forment à partir de la périphérie du sac et à peu près en même temps sur tout son pourtour. ). Au cours de son développement, l'embryon digère peu à peu ce tissu d'albumen, dont les assises disparaissent à l'exception de celle qui est située à la périphérie. Cette assise périphérique de l'albumen, que j'ai dé- signé jadis sous le nom d'assise protéique et dont la plupart des auteurs avaient méconnu l'origine, persiste dans la graine mûre chez toutes les Crucifères, comme dans la presqiie totalité des familles dont la grame est dite exalbuminée. » Dates. 1902. CORRESPONDANCE. ASTRONOMIE . — Observations de la comète Perrine-Borrelly à l'équatorial Brûnner de l'Observatoire de Lyon, par M. Comparaisons et positions de la comète. »■« — • Log fact. parall. (1902 b), faites J. Guillaume. Sept. Temps moyen de Paris. h m s It.54.47 i3. 5.14 1 1.22.43 12.26.45 i3.i5.23 11.48.56 12.52. O 10. 3o. I 12.12.29 Aa. m s +0.36,27 -t-o.33,o5 +0. 5,08 — o.3o,6o -o. 1,43 — o. 9,62 — o.i4,68 — o. 7,47 — 0.20,54 Nombre de comp. - 0.18,8 -h 0.55,5 — i.i4>o — to.34,0 + .. 5,. — 8.3i,i — 7- 5,7 + o. 4,2 — 0.20,2 2.2 2.2 2.2 2.2 2.2 2.2 2.2 2.2 2.2 a app. i.iCd,2,']& —9,665 3.15.29,54 —9,576 3.11.48,29 -9,686 3.11.44,56 —9,620 3.11.41,78 -9,534 3. 8.29,75 —9,659 3. 8.24,69 —9,565 3. 6.41,12 —9,714 3. 6.32,38 —9,625 6 app. +35.38.42,8 +35.39.57,1 +37. o. 5,5 1.24,5 2.24,6 2.12,7 3.38,1 38.33.32,7 38.35.58,1 +37. +37. + 38. +38. Log. fact. parall. +0,56o +o,43i +0,573 +o,45o +0,349 +0,488 +o,35o +0.620 +o,4i5 (>) Comparée à DM + 35,669 ^'^^'^ "" grossissement de 70 fois, la position de l'étoile a est plus faible de — oSi7 en a et de — 1",6 en 8 que celle indiquée ici. a a c d c e e Positions moyennes des étoiles de comparaison pour 1902,0. Réduction Réduction Asc. droite au Déclinaison au ^. Désignation. moyenne. jour. moyenne. jour. Autorités. hms s o.if ■' '»!. a(i) Anonyme9%5 3.i4.52,49 +4, 00 +35.39.0,4 +1,2 Rapportée a 6. b DM+35,680 3.17.51,71 » +35.40.14,6 » AG. Lund, 1747- c Anonyme lo'' 3. 11.89,04 +4, 17 +37. i.i8,o +i,5 Rapportée à af. d DM + 37,752 3.12.10,99 +4,17 +37.11.57,1 +1,4 AG. Lund, 1704. 5oo ACADÉMIE DES SCIETiCES. Réduction Réduction Asc. droite au Déclinaison au *• Désignation. moyenne. jour. moyenne. jour. Autorités. h m s s o , H e DM + 37,734 3. 8.35,07 +4,3o 4-38.10.42,0 -i-i',8 Rapporléeà/. / DM + 37,739 3.9.23,15 » +38.9.12,1 » AG. Lund, 1678. g DM4- 38, 661 3.6.44,24 +4,35 +38.33.26,5 +2,0 AG. Lund, i653, h DM + 38,662 3.6.48,67 +4,35 +38.36. 16, 3 +2,0 AG. Lund, i654. » Ces observations ont été faites au micromètre à fils fins, brillants, avec un gros- sissement de 100 fois. » Une comparaison est la moyenne de quatre pointés sur chaque astre. » Remarques. — Le 3, le noyau de la comète est estimé de 9% 5 environ. Le 6, la présence de cirrus gêne souvent et cause une interruption dans la première série; à la deuxième série, le voisinage de l'étoile c gêne les pointés. L'aspect de la comète est celui d'une nébulosité en éventail de 2' à 3', avec condensation autour d'un noyau stellaire de lo^-ii' grandeur; queue naissante vers l'angle approché de 223°; l'éclat total est celui d'une étoile de 9' grandeur. Le 8, des cirrus gênent fréquemment. La comète mesure une largeur moyenne de 3'; queue divisée en trois, dont l'aigrette principale, celle du milieu, s'étend sur 5' à 6' vers l'angle de aSg". Vue avec un gros- sissement de 25o, la nébulosité est très réduite, le noyau est nébuleux, allongé dans l'axe principal, avec deux cornes en avant qui s'évasent; un point stellaire de 12= au plus se devine un peu après le milieu et donne à l'ensemble l'aspect d'une petite comète de i" sur 2", 5 environ, dont la queue est dirigée à 180° de l'autre. Le 9, des cirrus rendent parfois la comète très faible et les pointés sont difficiles. A la deuxième série, le voisinage d'une étoile de 9", 5 gêne une partie des mesures. » ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Organisation, à V Observatoire de Meudon, des spectre graphes automatiques dits des vitesse.s, qui enregistrent les mouvements radiaux et r épaisseur de la chromosphère solaire. Note de M. H. Deslandres. « Dans une Note Aes Comptes rendus de iSgS, t. CXYII, p. 716, inti- tulée Sur l'enregistrement des éléments variables du Soleil, j'ai réclamé l'en- registrement continu : 1° de la surface même du Soleil ou photosphère avec les appareils photographiques ordinaires; 2° de la chromosphère entière et de ses plages brillantes, avec les spectrographes automatiques à mouvement continu, dits spectrographes des formes; 3° des vitesses radiales de la chromosphère entière avec d'autres spectrographes dits des vitesses, automatiques et à mouvement discontinu, qui donnent en plus l'épaisseur de la chromosphère au bord. » Ces deux spectrographes, des formes et des vitesses, sont le résultat des découvertes qui ont révélé de 1891 à 1898 la chromosphère entière SÉANCE DU 29 SEPTEMBRE ig02. 5oi du Soleil d'après les recherches simultanées faites par Haie à Chicago et par moi-même à Paris. Jusqu'alors la chromosphére et les protubérances étaient relevées seulement à l'extérieur du bord solaire, d'après la méthode spectrale de Janssen et Lockyer, et par l'observation oculaire. Les nou- velles méthodes photographiques la décèlent dans la partie entière qui est projetée sur le disque, à l'intérieur du bord, et sur une surface cent fois plus grande qu'auparavant. )) Mais le manque de ressources n'a pas permis encore de réaliser d'une manière complète le plan précédent, qui doit fournir le relevé exact des variations incessantes du Soleil et de son atmosphère, et élucider, en par- ticulier, les relations supposées avec le magnétisme terrestre. » Cependant, j'ai organisé à Paris, en iSgS, un spectrographe des formes (') qui, jusqu'en 1898, a fourni journellement au moins une image de la chromosphère entière (intérieure et extérieure au bord) avec les protubérances. » De même, en 1894, j'ai organisé à Paris un spectrographe des vitesses, qui a été en service pendant une année au moins (^Bulletin astronomique, octobre 1894)- » Puis, en 1898, ayant été nommé astronome à l'Observatoire de Meu- don, je me suis proposé d'y installer les mêmes appareils et dans des con- ditions encore meilleures. » A l'aide d'un crédit spécial accordé par l'Académie, j'ai organisé d'abord en 1899 un spectrographe automatique des formes, qui donne une image de la chromosphère solaire deux fois plus grande que l'appareil de Paris {Comptes rendus, t. CXXIX, p. 1222). » Or, cette année, j'ai pu organiser un spectrographe automatique des vitesses dont le besoin s'était fait nettement sentir à l'occasion de la per- turbation coronale relevée par Perrine dans la dernière éclipse totale du Soleil. L'épreuve de la couronne faite à Sumatra, le 18 mai 1901, a été rapprochée utilement des épreuves de la chromosphère entière obtenue le même jour à Meudon. Le rapprochement evA été complet si l'on avait eu en même temps les vitesses radiales (Comptes rendus, t. CXXXIV, p. 1283). » J'ai j)rofité de l'expérience acquise avec l'appareil précédent de 1894, et j'ai été conduit à organiser deux spectrographes des vitesses distincts; à savoir : un spectrographe A, à faible dispersion et à pose courte, qui (') On appelle aussi parfois ces speclrograplies des formes spectrographes enre- gistreurs à deux fentes ou encore spectrohèliog raphes. G. R., 1902, 2° Semestre. (T. CXXXV, ^» 13.) 66 502 ACADEMIE DES SCIENCES. n'est autre que le speclrographe des formes adapté rapidement à ce nou- vel usage, pour la chromosphère extérieure au bord et les protubérances; et un speclrographe B, à grande dispersion et à longue pose, pour la cbro- mosphère intérieure au bord. » En effet, d'après les résultats de 1894, la vitesse radiale des protubé- rances est notable, et d'autant plus grande que la protubérance est plus haute; elle s'accommode d'une faible dispersion; mais avec la chromo- sphère intérieure, dont l'image est formée surtout par les parties basses, il faut employer une forte dispersion qui, seule, peut d'ailleurs donner tous les détails. » Ces spectrographes des vitesses juxtaposent, comme on sait, les spectres de nombreuses sections équidistantes faites dans une image fixe du Soleil, fournie par un objectif astronomique et un héliostat polaire. Or, la transformation du spectrographe des formes en spectrographe des vitesses A a été réalisée d'une manière sim|)le et rapide. La fente du col- limateur n'est pas changée, mais celle de la chambre est élargie jusqu'à o"™,9, de manière à isoler non plus seulement la raie brillante K, émise fortement par la chromosphère, mais en plus une petite portion du spectre continu dû à la phoLusphère. D'autre part, la clepsydre, qui produit le mou- vement continu du spectrographe des formes, est écartée, et Ion met en œuvre à sa place une sorte d'horloge, dont la description ici serait trop longue, mais qui, à des intervalles réguliers de 6 secondes, déplace brus- quement le speclrographe entier de o™™,33 devant l'image fixe du Soleil; en même temps, la plaque [)holographique se déplace de i'"'". » Ces déplacements ont lieu au commencement de l'intervalle, la fenlo du collimateur étant masquée par un petit écran; puis, vers la troisième seconde, l'écran s'écarte automatiquement et laisse passer la lumière so- laire qui agit avec une pose variable de 2 à 4 secondes, suivant l'état de l'atmosphère; à la fin de l'inlervalle, l'écran masque de nouveau la fente. Bref, l'image finale comprend 90 petits speclres qui donnent les vitesses radiales et l'épaisseur en 180 points du bord. De plus, ces points sont réunis sur un cercle qui a exactement le même diamètre (gS™™ environ) que l'image continue donnée par l'appareil fonctionnant comme speclro- graphe des formes; et l'on a crt avantage important d'avoir deux images des formes et des vitesses très aisément comparables. » Le second spectrographe B, qui utilise le spectre de quatrième ordre d'un grand réseau Rowland, est placé sur la même table mobile que le pré- cédent et est déplacé par la même horloge. Mais la durée des intervalles SÉANCE DU 29 SEPTEMBRE i()02. 5o3 successifs est portée à 12 secondes, et la fente de la chambre à 2"'" . L'image finale comprend encore 90 petites sections, réparties non plus sur un cercle, mais sur une ellipse, ainsi que dans le spectrographe de 1894. » Telles sont les dispositions générales adoptées pour le relevé quoti- dien des formes et des vitesses de la chromosphère ; mais l'enregistrement n'est pas continu, la dépense de temps et d'argent étant trop grande. Pour le réaliser complètement, d'ailleurs, il faudrait organiser les mêmes appa- reils en d'autres points du globe. )> Ces deux spectrographes des formes et des vitesses de Meudon sont actuellement les seuls en service dans le monde entier; car le spectrographe des formes, ou spectrohéliographe, réalisé par Haie à Chicago, n'a pas été remonté lors de son transfert a l'Observatoire Yerkes en 1897. Mais j'ai appris récemment que les Anglais, sur l'initiative de Sir Normann Lockyer, ont commandé deux séries d'appareils similaires, qui seront placées en Angleterre et aux Indes. » A ce propos, je dois signaler l'initiative prise par la Société astrono- mique de France, qui se projiose de centraliser les observations du Soleil faites par tous ses membres répartis sur le globe entier. La Commission solaire dont je suis le président a réclamé l'adoption d'images ayant les mêmes dimensions ou des dimensions dans un rapport très simple pour toutes les observations du Soleil et de son atmosphère. » GÉOMÉTRIE. — Su?- la déformation continue des sur/aces. Note de M. G. TzrrzÉicA. « Si les fonctions x{u, i>), y{u, v), z(ii, i>) satisfont à l'équation \ / dudv Ou ôv aelb étant des fonctions de u et v, le point {x,y,z) décrit une surface sur laquelle les courbes M=:const., c=const. tracent un réseau conjugué. Supposons, de plus, qu'il y ait une solution R de (i), telle que x'+Y^+z' - R^ en soit aussi une solulioii; on peut alors déduire un système cyclique et, par conséquent, une surface sur laquelle on a un réseau conjugué qui reste invariable dans une déformation (DARBOix, Leçons, t. II et IV). / 5o4 ACADÉMIE DES SCIENCES. » Je me propose d'indiquer ici dans quel cas le dernier réseau conjugué reste invariable dans une déformation continue. » Il faudra d'abord étudier les différents cas qui peuvent se présenter dans la recherche de la solution R, ce qui conduit à examiner le système formé par (i) et (2) j- T- = ^. ^ ^ au âv dx dx dy dy dz dz ^ 1 i- . 1 • i . i> • ouc^^i — ^ — l-i^^r — I — ï — r- On est encore obliçe de considérer 1 equa- ou av au ov au av ° ^ tion « a(^)Vb(^)=c. A, B, C étant certaines expressions formées à l'aide de a, b, c et de leurs dérivées. Voici les résultats qu'on tire des équations (i), (2) et (3) : » 1° La solution^- n'existe pas; 2° la solution R dépend d'une constante arbitraire (en dehors de la constante additive) : ce cas correspond à A = B ^ C = o; 3" il y a une seule solution R; 4° H y « deux solutions R distinctes; B" ily a deux solutions R confondues : dans ce cas, la solution R satisfait aussi à l'équation et réciproquement. M Cherchons maintenant dans quel cas on a un réseau qui reste inva- riable dans une déformation continue. Il faudra que dR dx dR dx dRà^ _ dR dy df\ dz dR dz dv du du dv dv du du dv dv du du dv ,, ., . , , dR d^ dRd^ . ,^ ^ , ,. , ou, Q une manière générale, -^ — -, ^ — r-, b étant une solution quel- o de du du dv ^ conque de (i), satisfasse à une équation de Laplace à invariants égaux. Or, cette condition exige que R soit une solution de (4). Par conséquent, ou bien A ^ B = o et, en vertu de (3), C = o, et alors on se trouve dans le cas 1° ; ou bien on se trouve dans le cas 5°. Ce sont là les seuls cas qui conduisent à des réseaux conjugués invariables dans une déformation continue. Le cas 5" est très difficile à étudier. Je vais donner sur le cas 2° quelques aperçus généraux. » J'ai déjà démontré {Bulletin de M. Darboux, 1900) que l'équation (i), SÉANCE DU 29 SEPTEMBRE I()02. 5o5 si A = B = C ^ o, conduit, à l'aide de la transformation _ cm ^ _ dR ^ t>c âii du dv à une équation de Laplace à invariants égaux. A l'aide des résultats que j'ai communiqués à une autre occasion (^Comptes rendus, septembre igoo), on démontre que, pour la recherche des réseaux que nous avons en vue, on peut prendre, à la place de l'équation générale (i) pour laquelle on a A ^ B ^ C = o, l'équation suivante 2(11 — V)-. — r + 1 r = o- ^ -^ ou at' au av » Il faudra ensuite déterminer trois solutions x\u, v), y'{ii, v), z'(u, ^')de cette équation, telles que l'on ait àx' ôx' dy' dy' d:' àz' \- ^ -^ + -— -- = const. ou Ov ou de ou av » On tirera de la surface décrite par (r', j', s') un réseau jouissant des propriétés requises. Si l'on prend x =^ k'sl(^a-\- u){a -\-v), y = BV(è + w)(^ + 0. Z' — V,'\J{c ->r- U)(C + V), on trouve la surface 11 11 Al X =■ S.{a ^ a)- {a + vy , j = B(6 + M)'(i 4- (')% z = C{c + 11)'' {c + uY , sur laquelle les courbes {u, t») tracent uu réseau qui reste invariable dans une déformation continue (^Comptes rendus, 1901, 1902). » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'acide nitropyromucique et son éther élhy- lique. Sur le dinitrofurfurane. Note de M. R. Marquis, présentée par M. H. Moissan. « L'emploi du mélange nitrant d'acide azotique fumant et d'anhydride acétique (')s'étant montré avantageux dans le cas du furfurane, je l'ai (') J'ai inclii[iié, il y a 2 ans environ, ce mélange, que j'ai élé amené à employer à cause de son caractère spécial de mélange nitrant anhydre. Je me propose de l'appliquera 5o6 ACADÉMIE DES SCIENCES. étendu à deux composés de la même série, le pvromiicate d'élhyle et le furfurol. M Je décrirai ici les résultats obtenus avec le pvromucate d'éthvle. » La nilration de ce composé s'effectue d'une façon en tout semblable à celle qui a été décrite pour le furfurane ('); le produit de la réaction est un liquide jaunâtre, insoluble dans l'eau, réduisant la liqueur de Fehiing, tout à fait analogue à l'acétine de l'aldéhyde nitrosuccinique qui constitue le produit de la nitralion du furfurane. » Si l'on additionne ce composé de son volume environ de pyridine, qu'on chauffe quelques minutes au bain-marie et qu'on verse le tout dans l'eau froide, on observe la précipitation d'un nouveau produit cristallisé qui, après essorage et lavage, peut être purifié par cristallisation dans l'alcool. » Les cristaux obtenus sont des tables d'un blanc jaunâtre et fondent à ioi°. Leur composition (C : 45 ,48 ! H : 3,91) et leur poids moléculaire ( M = 189) sont ceux, d'un éther nitropyromucique (C : 45, 4o; H : 8,78; M =; i85). » Cet élher est altéré profondément par les alcalis caustiques; ceux-ci le dissolvent en donnant une solution rouge qui contient un azotile alcalin. » On le saponifie très facilement en le chauffant, en tubes scellés, avec de l'eau, à 180°. » Uacide nitropyromucique ainsi formé fond à iSS" (corr.). » Il est identique à l'acide nitropyromucique déjà obtenu par MM. Hill et Pal mer (-), Klinkhard (') et Priebs ('•)• » L'identification a été faite par la comparaison des points de fusion des deux acides, en vérifiant que, par leur mélange, il n'y avait pas de variation dans le point de fusion. La même opération a été faite avec les éthers éthyliques. » Dans un Mémoire paru dans Y American chemical Journal du mois de mars 1902, et dont je n'ai eu que récemment connaissance, MM. H.-B. Hill et G.-R. White attri- buent à l'acide nitropyromucique (qu'ils préparent en traitant l'acide sulfopyromucique par l'acide nitrique) la constitution d'un acide ô nitré : CH — CH Il II AzO^-C C-GO'H \ / O quelques cas particuliers, en dehors de la série du furfurane. Tout récemment, MM. A. Pictet et Genequand {Bull. Soc. Chim., t. XXVII, p. 863) oiit montré que l'action de l'acide azotique sur l'anhydride acétique donne naissance à un anhydride mixte, l'acide diacétylorthonilrique. (') Comptes rendus, t. CXXXII, p. i4o. C) American chemical Journal, t. X, p. 38o. (') Journal fiir praktische Chemie, t. XXV, p. 4i- (') BericlUe, t. XVIII, p. i363. SÉANCE DU 29 SEPTEMBRE 1902. 5oj » Or, étant donnée l'analogie complète du mécanisme des nitrations du furfurane et du pyromucate d'élhyle, étant démontré d'autre part (') que le nilrofurfurane possède son groupe AzO* en p, il est nécessaire d'admettre que l'acide nitropyromu- cique possède le groupe AzO'- en p ou en ■( et de modifier la formule de MM. Hill et White selon l'une ou l'autre des formes suivantes : AzO^-C-CH CH-C-AzO^ Il II II II GH C-CO=H CH G-CO=H o o » Dans le même Mémoire, les auteurs mentionnent un dinitrofurfurane jaune pâle, fusible à toi", qu'ils obtiennent en traitant l'acide nitropyromucique par l'acide nitrique; ils admettent que, dans ce corps, les deux groupes AzO' sont en a et a,. » Il n'en saurait être ainsi, puisque nous venons de voir que l'acide nitropyromu- cique possède le groupe AzO^ en p. » D'autre part, j'ai obtenu, en traitant le p-nilrofurfurane par l'acide nitrique de densité 1,2, à cliaud, un composé jaune pâle, possédant la composition d'un dinitro- furfurane (^), et évidemment identique au produit de MM. Hill et White. » Ce dérivé dinitré ayant certainement, à cause de son origine, un AzO= en p, la constitution donnée par les auteurs américains doit être modifiée, sans toutefois que l'on puisse faire d'hypothèse sur la position du second groupe AzO'. » Je me propose de continuer l'étude des composés décrits dans cette Note. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la saponification des éthers nitriques. Note de MM. Léo Vigxo\ et I. Bay. « Certains éthers nitriques, traités (i ir la liqueur cupro-potassique, accusent un pouvoir réducteur considérable ('). C'est le cas de la télra- nitroérythrite, de l'hexa- et la ()entaiiilromannite, l'hexanitrodulcite, la rf-aral)ite et la rhamnite pentanitrées. La liqueur cupro-potassique, à la vérité, n'agit pas sur ces composés, seulement par oxydation; la potasse qu'elle contient détermine la saponification plus ou moins rapide des éthers nitriques traités. Le phénomène de réduction est sans doute corré- (') Comptes rendus, t. CXXXIV, p. 776. C^) Trouvé : G : 3o,44; H : 1,61; Az : 17,65; M = i63. — Théorie : G: 3o,38; H : 1,26; Az: 17,72; M = 1 58. {') Comptes rendus, 7 octobre igor. 5o8 ACADÉMIE DES SCIENCES. latif de cette saponification (' ). Il était dès lors indiqué d'élndier l'action des alcalis sur les éthei's nitriques et, pour généraliser la question, la sapo- nification des élhers nitriques par l'eau, les acides et les alcalis. Nous avons l'honneur de présenter à l'Académie les résultats de cette élude. » Avant de procéder aux expériences de saponification, nous avons dû rechercher un procédé de dosage exact de l'acide nitreux pouvant être formé par la saponification. » Dosage de l'acide nitreux. — Trois méthodes nous ont donné des résultats sen- siblement concordants : » a. Méthode Tromsdorff, à l'iodure d'amidon; » b. Méthode par la métaphénylène-diamine ; » c. Méthode à l'aniline, que nous décrirons seule, les deux premières étant connues. » 5*^"' de la solution en expérience sont refroidis à — lo"; au moyen d'une burette graduée, on verse peu à peu dans cette solution, en agitant, une solution aqueuse de chlorhydrate d'aniline, titrée par diazotation avec AzO-Na normal, contenant un excès d'acide chlorhjdrique {6HCI pour C''H°,AzH^), jusqu'à ce que des touches d'épreuve ne donnent plus de coloration bleue sur le papier iodo-amidonné. t> Saponijication par l'eau. — Ethers nitriques des alcools méthylique, éthylique, glycérine, érythrite, penlaérythrite, mannite, dulcite. » On a chaufTé 55 de chaque éther et 3oo'^°'' d'eau distillée, dans un ballon de verre muni d'un réfrigérant à reflux; au bain-marie, la saponification est nulle après 24 heures. En opérant à l'ébuUition, par chaufTage à feu nu, on ne constate, après 12 heures, la présence de l'acide nitreux dans aucune saponification. » En tube scellé, par chauffage de isd'éther avec 20? d'eau distillée pendant 1 heure, à iio°-i20°, les essais ayant porté sur l'érjthrite, la mannite et la dulcite nitrée, on constate que les élhers se sont dissous complètement, avec formation d'acide nitrique, d'acide nitreux et d'azote libre. » Saponification sulfurlque. — 5" de chaque élher ont été traités, à l'ébuUition, par 3oo'^°'° d'un mélange de g5 pour 100 d'eau et 5 pour 100 d'acide sulfurique; on a dosé l'acide nitreux formé : Acide nilreux formé après Ethers traités. I licurc. 2 licures. 4 heures. ï e e Nitrate de mélhyle o o o, ig5 » d'éthyle o o 0,210 Nitroglycérine 0,209 0,220 o,35o Nitroérylhrile 0,210 » » Nitropentaèrylhrile o o o Nitromannite o traces 0,200 Nitrodulcite 0,280 0,282 0,298 (') Comptes rendus, 21 octobre 1901. SÉANCE DU 29 SEPTEMBRE 1902. 309 » Saponification par la soude. — On a chauffé au bain-marie, à l'ébullilion, dans un ballon muni d'un réfrigérant ascendant : 56 d'éther, Soo'^'"' d'eau distillée contenant ']','] NaOlI; l'acide nilreux a été dosé à divers intervalles de temps; on a dosé aussi l'ammoniaque qui se forme dans certaines saponifications : Acide nitrcux formé après Éthers traités. 1 heure. 4 licures. 8 heures. Ammoniaque. e c K B Nitrate de méthyle o o,o5o o,o25 o » d'éthyle o o o,o3o o Nitroglycérine 0,20.5 o,2o5 o,2o5 0,260 Nitroérythrite 0,206 0,481 o,2o5 0,200 Nitropentaérythrile o 0,182 o.oSg o Nitroinannile o,4i3 o,4i3 0,206 o,25o Nilrodulcite o,4i2 o,2o5 o,2o5 0,200 Nitrocellulose 0,206 0,206 » o,3io » On constate également la formation d'une certaine quantité de bioxyde de sodium dans toutes les saponifications, à l'exception de celles qui correspondent aux nitrates de méthyle et d'éthyle : c'est l'indice d'une réaction réductrice, exercée par la soude en excès sur le nitrate de sodium provenant de la saponification. » En résumé, la saponification des éthers nitriques s'accomplit suivant (les règles particulières. Ces règles sont complexes : elles sont déterminées, en effet, autant par la réduction facile de l'acide nitrique, pouvant aller de l'acide nitreux jusqu'à l'azote libre et l'ammoniaque, que par l'oxydabilité, variable pour chaque terme, de l'alcool régénéré par la saponification. » PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur l' Utilisation des principes minéraux par les plantes greffées. Note de MM. Lucie.v Danul et V. Thomas, présentée par M. H. Moissan. « Le rôle du bourrelet dans la nutrition des plantes greffées a été pres- senti par Jacques Boyceau au xvii* siècle (') et l'on sait, d'ailleurs, que la plupart des naturalistes physiciens de cette époque considéraient cette partie comme une sorte de glande végétale, un filtre analogue à ceux qu'ils supposaient exister dans la queue des fruits et qui avaient pour mission de rendre douce, dans le fruit, la sève amère fournie par les tiges et les (') J. Boyceau, Traité du jardinage, année 1639. G. R., 1902, 3« Semestre. (T. CXXXV, N" 13.) 67 5lO ACADÉMIE DES SCIENCES. feuilles. Le célèbre Duhamel précisa (ty'^o) la question en étufliant la structure anatomique du bourrelet. Il montra le premier que, à ce niveau, les vaisseaux du bois sont moins nombreux, s'enchevêtrent et subissent un changement de direction. Pour lui, cette espèce de ganglion joint son action à l'altération que la sève doit subir en passant d'une espèce d'arbre à l'autre et aux modifications produites par le mélange de sèves. Cepen- dant, on sait aussi que l'on fait passer facilement les solutions colorées du sujet au greffon, et Bonnet fit ainsi passer de l'encre qui n'avait pas, dit-il, subi de modification ( * ). » Récemment, l'un de nous a montré théoriquement, en se fondant sur l'Anatomie et sur les lois de la capillarité, que le régime de l'eau dans les plantes greffées est considérablement modifié par le bourrelet : il a donné une théorie de greffage, fondée sur la différence des capacités fonctionnelles entre le sujet et le greffon et sur les variations de nutrition causées par le bourrelet C); mais, jusqu'ici, il n'existe pas, à notre connaissance tout au moins, d'expériences précises sur ce sujet. » Considérant le problème dans toute sa généralité, nous avons entre- pris une série de recherches expérimentales à l'effet de déterminer la nature des modifications de la nutrition dans les plantes greffées, modifir- cations que la théorie permet de prévoir et dont la pratique permet de constater souvent les résultats. Dans cette première Note, nous donnons les résultats d'expériences relatives : i°à la transpiration; 2° à l'absorption des matières minérales fixes. » Disposition des expériences et résultats. — Les plantes sur lesquelles nous avons opéré sont les haricots des variétés Noir de Belgique et Soissons gros. Ces plantes ont été élevées en serre, dans des conditions identiques, dans une même solution nutri- tive, de composition chimique déterminée qui, seule, pouvait subvenir à leurs besoins. Les unes ont été conservées comme témoins, les autres ont été greflées par le procédé de greffage sur germination dont la découverte est due à l'un de nous ('). Le Tableau suivant résume ces premières expériences, dont la durée s'est étendue depuis le 1'^'' juin jusqu'au 8 juillet. (') Bonnet, OEuvres d'Histoire naturelle, t. III, année 1762. (-) L. Daniel, La variation dans la greffe et l'hérédité des caractères acquis, 1899- (^) L. Daniel, Sur la greffe des plantes en voie de germination {Comptes rendus de l'Association française pour l'avancement des Sciences, 1892). SÉANCE DU 29 SEPTEMBRE 1902. Première série. Haricols Noir de Belgique. Témoin. Deuxième série. Haricots Soissons gros. Témoin. Nombre des expériences. . . . Nombre moyen de feuilles complètement développées. Volume de la solution nutri- tive employée Volume total de la solution nutritive employée Volume total de la solution nutritive après l'absorption. Moyenne de l'absorption. . . . i' de la solution nutritive pri- mitive laisse après l'absorp- tion un résidu fixe de ( ' ) • • 65o" i/jSâo'^"' laSiS'""' 226'^"'° os, 916 1 650'-"' 14850""' 1 1 «35'="'' o.'î.'î'^'"'' 08,895 Troisième série. Haricots Soissons gros greffés sur haricots Noir de Belgique. 4 1 6.50"°" 6800"""' 572/J™' 219 08,972 Quatrième série. Haricots Noir de Belgique greffés sur haricots Soissons gros. 4 1 6.50°°" 8250'-'"' ■104 21 3^' » Nous ferons remarquer, en outre, que les plantes en expérience sont devenues chlorotiques ; mais, sous ce rapport, nous avons observé de notables différences suivant les séries considérées. » Dans la première série, les plantes sont devenues chlorotiques avant la chute des cotylédons. Les deux feuilles opposées seules ont achevé leur complète végétation. La troisième feuille a subi un arrêt de développement; déjeunes pousses décolorées ont apparu à l'aisselle des premières feuilles et l'axe principal, chlorotique lui-même, n'a donné que des pousses rudimentaires. Les feuilles nouvelles, peu développées, ont jauni, puis, rongées par places, sont devenues plus velues et finalement recroquevillées. A la longue, les bourgeons se sont flétris, en laissant adhérent à la tige un moignon légèrement renflé. Dans la deuxième série, les cotylédons, plus riches en fer, ont per- sisté plus longtemps. Les feuilles opposées ont acquis une dimension plus forte que dans le sol et leur verdeur était remarquable. Quelque temps après la chute des coty- lédons, la chlorose est apparue, mais avec moins d'intensité que dans les haricols de la première série. Plusieurs feuilles nouvelles ont pu se développer à peu près norma- lement dans la plupart des échantillons; mais, au bout d'un certain temps, la chlorose des jeunes pousses a été suivie de dessiccation. Dans la troisième série, les greffons sont restés verts, quoique de petite taille. Ils ont poussé presque normalement pendant toute la durée de la végétation, sauf au moment des chaleurs excessives de juillet qui ont amené une chlorose légère dans plusieurs échantillons. Dans la quatrième série, les greffons ont acquis à peu près la taille de témoins greffés en terre; la chlorose est (') Ces déterminations ont été faites sur di- quantités de liquide considérables. La quantité de résidu pesée à la balance n'a jamais été inférieure à Ce. 5l2 ACADÉMIE DES SCIENCES. apparue sur tous les échantillons plus rapidement que dans la troisième série, mais plus tardivement que dans la deuxième. )) Conclusions. — De l'ensemble de ces faits nous pouvons conclure que dans nos expériences : i° la transpiration moyenne est plus grande dans les témoins que dans les plantes greffées; 2" la quantité totale de matière minérale absorbée est considérablement modifiée par suite du greffage; 3° le phénomène de la chlorose se trouve aussi, par le seul fait de la greffe, profondément modifié. » BOTANIQUE. — Sur les Landolphiées donnant œ caoutchouc des herbes au Congo français. Note de M. Auguste Chevalier ('), présentée par M. Giiignard. « Sur les plateaux déboisés de l'Afrique intérieure, brûlés périodique- ment par les feux de la brousse, on rencontre des Landolphiées présentant un genre de vie très différent de celui des lianes des forêts. Leur système souterrain (racines et rhizomes) acquiert un très grand développement; au contraire, leur tige aérienne brûlée périodiquement est devenue annuelle ou bisannuelle; elle reste naine, souvent herbacée et, comme elle n'a pas besoin de s'accrocher aux arbres, elle est dépourvue de vrilles. » Ces Landolphiées constituent les lianes des herbes fournissant le caout- chouc des racines dont on a beaucoup parlé depuis quelque temps sans en connaître la véritable origine botanique. » Sur les plateaux avoisinant Brazzaville, nous avons observé trois espèces de lianes des herbes appartenant à la tribu des Landolphiées. » La plus répandue est le Carpodinus lanceolatus K. Scbum., dont les liges herbacées, longues de i5"™ à 40*^™» couvrent tous les plateaux secs avoi- sinant le Stanley -Pool. » Cette espèce est mélangée aux Graminées basses appartenant surtout à la tribu des Andropogonées ; le Sinilax Kraussiana et une grande asperge à tige épineuse sont fréquents dans ce genre de station; le Plcris aquilina y îoiionne.^ntxn,. on y trouve, en quantité un peu plus faible, les deux. Landolphia décrits ci-après. Toutes ces plantes ont des rhizomes vivaces enfoncés profondément en terre. A la fin de la (') Je remercie mes collaborateurs, MM. Courtet et Martret, pour la participation qu'ils ont apportée à ce travail. Je remercie aussi M. Luc, directeur du jardin d'essai de Brazzaville, qui nous a fait récolter les premiers échantillons de Carpodinus. SÉANCE DU 29 SEPTEMBRE 1902. 5l3 saison sèche, les parties aériennes de toutes ces plantes sont flambées, par les feux de la brousse; les graines elles-mêmes sont souvent sacrifiées; aussi, la plupart des espèces végétales (et les Landolpliiées en particulier) portent à l'extrémité d'une tige très grêle un ou deux gros fruits lourds qui, à maturité, font courber la tige pour venir toucher le sol. Au moment des incendies, la cendre des herbes et les débris végétaux les recouvrent et forment un matelas protecLeur qui les empêche de brûler. Les graines ainsi enterrées se trouvent dans d'excellentes conditions pour germer. M Le Carpodinus lanceolatus R. Schiim. a été déjà en partie décrit. » Les jeunes pousses sont d'un beau vert bleuâtre; les fleurs terminales, au nombre de I à 6 par tige, sont blanches et se développent en juillet; les fruits mûrissent en août et septembre. Us sont jaunes, de la taille et de la forme d'un gros citron, mame- lonnés au sommet, parfois presque sphériques. L'exocarpè est parfois lisse, mais plus souvent verruqueux; les graines, au nombre de 5 à 12, sont entourées d'une pulpe comestible. Outre le type habituel, nous avons observé les deux variétés suivantes : » Var. angustifolia var. nov. — Feuilles adultes linéaires, longues de 7'^"" à io=", larges de 8""" à lo""", longuement décurrentes à la base, pointues au sommet, 8 à 9 fois plus longues que larges. Mélangé au type, à Brazzaville. » Var. latifolia var. nov. — Feuilles adultes oblongues-lancéolées, longues de 9"=" à 12'^"", larges de 2''™ à S""", 4 fois plus longues que larges. Mélangé au type, à Brazzaville. » C'est par erreur qtie le Carpodinus lanceolatus K.. Schiim. a été regardé comme plante à caoutchouc. Le latex de ses racines et de ses tiges ne donne par coagulation que de la résine. M La liane des herbes du Congo la plus riche en caoutchouc est le Lan- dolphia Tholloni, décrit par A. Dewèvre en iSgS. Elle a été nommée plus tard Clitandra gracilis. Nous avons signalé l'an dernier cette espèce connne plante à caoutchouc (' ). » Le Landolphia Tholloni est un petit arbuste suffrutescent, à tige aérienne très rameuse, haute de iS"^™ à So"^", et dépourvue de vrilles. » Les feuilles pétiolées, petites, sont oblongues-lancéolées, longues de So""" à 65""°, larges de 8"™ à lô""™, finement velues en dessus, glabres en dessous. Les fleurs sont en corymbes pauciflores, de i à 10 fleurs blanches, les ovaires jeunes subconiques velus, surmontés d'un style glabre. Fruit presque sphérique à maturité, de 5'^"' de diamètre, parfois couvert de petites plaques de liège dues à l'action des feux des incendies. Graines entourées d'une pulpe sucrée comestible. » Les rameaux aériens ayant seulement t™™ à 2'"™ de diamètre sont dépourvus de caoutchouc dans leur latex; au contraire, les parties souter- (') Cf. Bulletin du I\Iuséum, 1901, p. 426. 5l4 ACADÉMIE DES SCIENCES. raines âgées contiennent cette substance en abondance. Elles se com- posent de longs rhizomes atteignant jusqu'à 6" à lo" de long, et courant horizontalement dans le sol, en émettant de distance en distance des tiges dressées aériennes. Le diamètre de ces rhizomes varie de 4""™ ii 10°"". Le latex existe dans l'écorce oîi il se coagule après dessiccation en donnant d'excellent caoutchouc jusqu'à ce jour inexploité. L'abondance de cette plante est telle que les rhizomes forment en certains endroits un lacis inextricable dans le sol. Nous avons recueilli jusqu'à 4''^ de racines fraîches sur une surface de G"', et une partie se sont brisées et sont restées enter- rées. Cette plante constitue donc une richesse latente dans toutes les parties du Congo où elle existe. » La troisième espèce est aussi caoutchoulifère. M. Schlecliter, qui l'a signalée le premier, l'a nommée Landolphia humilis R. Schlechter nom. nud. » Tige souterraine horizontale, enterrée à i5'='" ou ao™ de profondeur, ayant de 4""" à 20"°" de diamètre, émettant de dislance en dislance des tiges aériennes grêles et courtes de o™,3o à o™,5o de hauteur, grisâtres, ponctuées de très nombreuses lenticelles, presque toujours dépourvues de vrilles, tomenteuses au sommet; feuilles pétiolées, coriaces, ovales-lancéolées, à sommet obtus, longues de 8"^™ à lo''" sur 4°", 5 à 5'=™ de largeur, à pétiole long de 4™" à 6™", toujours brièvement tomenteux, surtout en dessus. Dessus du limbe luisant complètement glabre, dessous un peu velu, surtout sur la moitié inférieure de la nervure médiane. » Inflorescences subcorjmbiformes renfermant de 5 à 3o fleurs; pédoncules, bractées, calices tomenteux, veloutés, couverts de poils roussâtres. Corolle à tube de 5°™, velu, d'un blanc jaunâtre clair, renflé vers le milieu; lobes blanc jaunâtre, longs de 5™™, oblus; intérieur du tube glabre jusqu'à la base des élamines, velu au-dessus, présen- tant en son milieu cinq dépressions dans lesquelles sont logées les anthères; ovaire ovoïde, velu, rougeâlre en dessus, surmonté d'un style glabre de 2™" de long. Fruits mûrs d'un jaune-orange, solitaires ou groupés par deux ou trois, subspliériques, ayant ^cm à 5'^™ de diamètre longitudinal sur 3'™, 5 de diamètre transversal. Le fruit est atténué à la base et inséré à un pédoncule accrescent, élargi en disque couronné des cinq lobes persistants du calice. De quatre à six graines par fruit, environnées d'une pulpe sucrée comestible. Très commun à Brazzaville, plateaux déboisés. Espèce du groupe Eu landolphia, voisine de L. Heudelotii e.\. L. owaricnsis. C'est indubitable- ment à cette espèce qu'il faut rapporter la plante indiquée par Hallier au Stanley-Pool sous le nom de L. Heudelotii. » On pourrait, au contraire, confondre avec le L. owaricnsis la variété suivante, qui se relie au type par divers termes de passage : » L. humilis Schlechter var. umbrosa var. nov. — Tiges s'élevant jusqu'à 3" de hauteur et présentant des vrilles. Feuilles grandes, ovales-lancéolées, ayant en moyenne SÉANCE DU 29 SEPTEMBRE 1902. 5l5 i3'="' de long sur 6"" de large (mais pouvant atteindre 17™ sur 7"^™ dans les formes extrêmes), très coriaces et d'un vert sombre à l'état adulte. Pétiole et limbe complè- tement glabres dans les formes extrêmes. Inflorescences les unes corymbiformes, les autres cirriformes. Fruits ressemblant à ceux du L. owariensis, mais plus petits. Brazzaville ; commun dans les lieux ombragés et sur la lisière des forêts. » Le Landolphia humilis et ses variétés ne contiennent pas de caoutchouc dans les parties aériennes; ils en contiennent, au contraire, dans les parties souterraines, quoique en moins grande quantité que dans le L. Tholloni. » Des analyses ultérieures nous fixeront d'ailleurs sur !a valeur indus- trielle de ces plantes. » PHYSIQUE DU GLOBE. — Le tremblement de ten-e de Salonique. Note de M. Christomanos, transmise par M. Fouqué. « Ayant visité plusieurs fois les contrées métallifères de la presqu'île Chalcidique, atteintes par le dernier tremblement de terre de Salonique, je me permets de vous soumettre mes observations sur ce sujet. » On sait qu'il existe deux sortes de treiublements de terre, les uns en relation avec les éruptions volcaniques, les autres indépendants de ces manifestations; les premiers sont désignés par l'épithète de volcaniques; les autres, dont nous connaissons plusieurs catégories, parcelle de tecto- niques. Ces derniers sont plus fréquents et plus étendus que ceux de l'autre type. )) A cette seconde catégorie appartiennent les tremblements de terre de Zanle du 3i janvier 1893 et de Samothrace du 9 février de la même année, celui de Locris du mois d'avril 1894 avec ses paroxysmes du 20 et du 27 avril, et celui du 5 juillet de l'année courante, dont l'épicentre doit être entre Salonique et Gouvesno. M Ce dernier tremblement de terre a eu une très grande extension, car on en a ressenti les effets à Pola et à Laibach en Autriche, à Salonique, Verria, Vodena, Gevgueli, Velessa, Stroumnilza, Zelahova, Nevrocôpe, Petrovits, Rascova, Marecostinovo, Sfetibrazzi, Mélénique, Dencir-Hissar, Serrés, Dramah et Andrinople. Il est probable d'après cela que le foyer séismique a été situé à une grande profondeur. Non seulement le mou- vement s'est propagé au loin, mais il a duré, avec interruptions, plusieurs 5l6 ACADÉMIE DES SCIENCES. jours. On doit l'altribuer an déplacement des bords de l'une des failles qui sillonnent les rivages de la mer Egée et aux chutes souterraines qui en ont été la conséquence. A la suite de tels glissements et de tels effondrements, il s'établit un certain état d'équilibre qui peut durer plus ou moins longtemps, mais qui pourtant n'a jamais qu'une durée limitée. L'histoire géologique du sol hellénique est donc ainsi caractérisée par une succession indéfinie de périodes tranquilles et de périodes de trouble. » La constitution du sol aux environs de Salonique explique du reste la fréquence des tremblements de terre de la région. La presqu'île Chalci- dique, si curieuse au point de vue purement géographique, n'est pas moins intéressante sous le rapport tectonique. A 3 heures de marche de la ville de Salonique commence la haute chaîne du mont Holomonda dont les prolongements méridionaux croisent jusqu'à Stagyra et Isvoro toute la presqu'île et aboutissent à ses deux promontoires orientaux, celui du mont Athos et celui de Longos. » La chaîne en question est composée presque exclusivement de roches anciennes très fortement redressées, granité, gneiss et schistes cristallins, sur le prolongement desquels se trouvent des gîtes riches métallifères (Ma- démochoria). Quant au troisième promontoire, celui de Cassandra, qui est le plus occidental, il a une constitution toute différente; il est formé de roches tertiaires et quaternaires, d'alluvions de date encore plus récente qui s'étalent presque horizontalement depuis le bourg de Polygeros jus- qu'aux sources chaudes de Sédès, les Thermes de l'antiquité, d'où le golfe de Salonique tire son nom ancien de golfe thermaïque. M II y a là par conséquent l'indication d'une discordance de stratifica- tion et d'une faille éminemment favorables à la production des mouvements séismiques. » M. P. Le Goaziou demande l'ouverture d'un pli cacheté déposé le 22 septembre 1902, et inscrit sous le n° 6537. Le contenu de ce pli, relatif à un « Anémoscope électrique », est ren- voyé à l'examen de M. Mascart. M. Th. Descomps adresse uue Note sur le « Blak Rot atmosphérique ». (Renvoi à l'examen de M. Prillieux.) SÉANCE DU 29 SEPTEMBRE 1902. 617 M. Odier adresse un Appendice à son précédent Travail sur les « Conso- nances et dissonances musicales n. (Commissaires : MM. Mascart, VioUe.) M. H. PoDEUK adresse un Mémoire sur la « Direction des ballons ». (Renvoi à la Commission des Aérostats.) La séance est levée à 3 heures trois quarts. G. D. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. OuVRAGIîS RKÇUS DANS LA SÉANCE DU 23 AOUT I9O2. Comptes rendus hebdomadaires des Séances de V Académie des Sciences, publiés par MM. les Secrétaires perpétuels. T. CXXXIII, juillet-décembre 1901. Paris, Gaulhier-Villars, 1901; i vol. in--'i°. Travaux géographiques autour du massif central de Madagascar, par le P. Colin. (Extr. des Comptes rendus des Séances de l'Académie des Sciences, t. CXXXIV, p. 958.) Paris, Gaulhjer-Villars, 1902, i fasc. in-l\°. Carie lilhologique sous-marine des Côtes de France, par M. Tuoulet. Paris, A. Challamel ; 22 feuilles grand aigle, en couleurs. L'Ile de Samolhrace et le tremblement de terre du 2% janvier {^ février) 1898, par Anast.-K. Christomanos. Athènes, 1899; i fasc. in-S". (Transmis par M. le Ministre de l'Instruction publique.) Sulla velocila minima nella trajettoria d'un grave, Nota del tenenle Luciano Orlando. Messine, 1902; i fasc. in-8°. Recueil d'études paléontologiques sur la Faune crétacique du Portugal. Vol. I : Espèces nouvelles ou peu connues, par Choffat, 3= et 4° séries. Lisbonne, jgot-igoa; I fasc. in-4". Ergebnisse der Polhôhenbestimmungen in Berlin, ausgefiihrt in den Jahren 1889, 1890 u. 1891, am Universal-Transit der kônigl. Stermvarte, von D' Adolf Marcuse. Berlin, 1902; i fasc. in-4". Zur Geschichte der Schutzmittel wider Hagelschlàge. (Publié par le « K. k. Centralanslall fiir Météorologie u. Erdinagnelismus », à Vienne, à l'occasion du Congrès réuni à Gratz du 20 au aS juillet 1902.) 1 fasc. in-4°. Report of the meteorological service of Canada, by R.-F. Stupart,/o/' Ihe year ended 3i december 1899. Ottawa, 1901; i vol. in-4°. C. R., 1902, i' Semestre. (T. CXXXV, N" 13.) ^8 5l8 ACADÉMIE DES SCIENCES. Obsen'alions jnade at the Hongkong Obser^alory in Ihe year 1901, Ijj \V. DoBERCK, Hongkong, 1902; i vol. in-4°. Studies in the physiological funclions of anlipodals and Ihe phenomena of ferlilization in Liliaceœ. 1. Tiicyrtis hirla, by T. Ikeda. Tokyo, 1902; i fasc. in-8". Conférence internationale pour l'unification de la formule des médicaments héroïques, se réunissant à Bruxelles le i5 septembre 1902. Bruxelles, 1902; i fasc. in-4°. Upsala Làkarefôrenings Forhandlingar; ny Foljd. Bd. VII. Supplemenlhiifte. Upsal, 1902; I fasc. in-8°. The Chicago Acadeniy of Sciences. The nalural history Suryey. Bulletin n" IV. Part 1. Chicago, 1900; i fasc. in-8". Memoirs of the national Academy of Sciences, vol. VIII, sixlh Memoir. Washing- ton, 1902; j fasc. in-4°. Ouvrages reçus dans la séance du 1"=' septembre 1902. Les hypothèses scientifiques émises par Zénobe Gramme en 1900. Paris, imp. générale Lahure, 1902; i vol. in-S". (4o exemplaires offerts en hommage par M"" A. Gramme. ) Les deux formes larvaires de Laria oblecta {Say), par Gaston Darboux et Galien MiGNAUD. (Extr. du Bulletin de la Société d'étude des Sciences naturelles de Nîmes, 1901.) Nîmes, 1901; I fasc. in-S". (Hommage des Auteurs.) Actualités scientifiques, par IMax de Nansouty. Paris, Félix Juven, s. d.; i vol. in-i2. Mémoires de V Académie de Stanislas, 1901-1902; CLII'^ année, 5" série, t. XIX. Nancy, imp. Berger-Levrault et C'% 1903; i vol. in-S°. Sulla fotosintesi fuori dell'organismo e sul suo primo prodotlo. Nota preventiva del Doit. LuiGi Macchiati. Naples, 1902 ; i fasc. in-S". (Hommage de l'Auteur.) L'assimilazione contemporanea del carbonio, deW idrogeno e dell'ossigeno e una spéciale fermentazione promossa dall'atti<.ita vitale di una diastasi, segregata dalle cellule contenenti pigmenti clorofillici. Nota di L. Macchiati. (Extr. du Bull, délia Societa botanica italiana.) s. 1. n. d.; i fasc. in-S". (Hommage de l'Auteur.) Archives du Jlhisée Teyler, série II, vol. VIII, i'» Partie. Harlem, 1902 ; i fasc. in-4°. Natuurkundig tijdschrift voor JXederlandsch-Indië. Deel LXI. Amsterdam, 1902; I vol. in-8'>. Twenty-first annual report of the United States geological Survey to the Secre- tary of the Interior, 1899-1900, Charles-D. Walcott, Direclor, in seven parts; part V : Forest réserves; part VII : Texas. Washington, 1900; texte, 2 vol. in-4'', et atlas, I vol. in-4°. Reconnaissances in the Cape Nome and Norton Bay régions, Alaska, in 1900. Washington, 1901 ; i vol. in-4°. The Geology and minerai resources of a portion of the Copper River district SÉANCE DU 29 SEPTEMBRE 1902. 5îg y4/aiAa, by Frank-Charles Schrader and Arthur Coe Spencer. Was}iinglon, 1901; I vol. in-4°- Ouvrages reçus dans la séance du 8 septembre 1902. .Sur l'éruption de la Martinique, par MM. A. Lacroix, Rollet de l'Isle et Gihald, délégués de l'Académie. (Extr. des Comptes rendus des séances de l'Académie des Sciences, l. CXXXV, p. 877.) Paris, Gaulhier-Villars, 1902; 1 fasc. in-4''. Monographie des Pectinidés néogènes de l'Europe et des régions voisines, par Cb. Depéret el F. Romas; i" Partie : genre Pecten; planches 1 à VIII. {Mémoires de la Soc. géologique de France : Paléontologie; t. X, fasc. 1.) Paris, 1902; i fasc. in-4''. Les manifestations volcaniques et sisniiques dans les Antilles, par F. de Montessus. {Revue générale des Sciences pures et appliquées, i3^ année, n" 14, 3o juillet 1902, p. 669.) Paris; i fasc. in-4°. (Hommage de l'Auteur.) L'Erzgebirge géologico-sismique, par F. de Montessus de Ballore. (Extr. des Arch. des Sciences phys. et nat., 4" période, t. XIII, avril 1902, p. 370.) Genève, I fasc. in-S". Erdbebenstudien des Grafen de Montessus de Ballore, von F. -M. Bernard. Laibach, 1902; i fasc. in-8°. Ueber den Einjluss des Hôhenklimas auf die Zusammensetzung des Blutes, v. Emil Abderhalden. Munich, 1902; i fasc. in-8°. Assimilation des Eisens, v. E. Abderhalden. {ZeitschriJ't fiir Biologie, Bd. XXXIX, H. 2, 1900, p. 1940 s. 1.; I fasc. in-S". Cinq opuscules sur divers sujets de Chimie physiologique, par E. Abderhalden. Strasbourg, 1899-1902; 5 fasc. in-8°. Mission scientifique du Katanga; Seizième Mémoire : Observations altimé- triques, par le capitaine Lemaire Charles. Publications de l'État indépendant du Congo. Bruxelles, s. d. ; i fasc. in-4°. Report of the Direclor of the Botanical Survey of Indiafor Ihe year 1901-1902, s. 1.; I fasc. in-4''. Over het oogsten van Deli-Tabak op verscliillende Tijden van den dag, door D'^ E.-C.-JuLius MoDR. Batavia, G. Kolf et C'", 1902; 1 fasc. in-8°. Archives de l'Institut botanique de l'Université de Liège, vol. II et III. Bruxelles, 1900-1901; 2 vol. in-S". Annales du Musée du Congo : Botanique; série IV : Etudes sur la Flore du Katanga, par Em. de Wildeman; fasc. 2, p. 26-80, planches VII-XXVIII. Bruxelles, 1902 ; I fasc. in-f". Observations made at the Royal magnetical and meteorological Observatory at Batavia; vol. XllI, 1900. Batavia, 1902; i vol. in-f". Bulletin de la Société physico-mathématique de Kasan ; 1" série : t. XI, n"' l-V; l. XII, n» 1. Kasan, 1902; 5 fasc. in-S". Slatistiek van het koninkrijk der Nederlanden. Bescheiden belreffende de gcld- middelen; XXVI"'' stuk, i'^"' gedeelte ; 1901. La Haye, 1902; 1 fasc. in-4''. ^^'^ ACADÉMIE DES SCIENCES. Censo gênerai de la Republica mexicana, verificado el 28 de octubre de 1900 Estado deMorelos; Estado de Durango. Mexico, 1902; 2 vol. in-4». ERRATA. (Séance du i5 septembre 1902.) Note de MM. Ph.-A. Guyeel F.-Louis Perrot, Sur la formation des gouttes liquides et les lois de Tate : Page 460, ligne 6, au lieu de composant, lisez comparant. On souscrit à Paris, chez GAUTHIER-VTLLARS, Quai des Grands-Aiignstins, n° 5j. 1 |S3 j les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Ils forment, à la fin de l'année, deux volumes in-^". Deux i[ii- par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement e&l annuel } i" Janvier. Le prix de Vabonnemint est fixé ainsi qu'il suit : Paris : 20 fr. — Départements ; 30 fr. — Union postale : 34 fr. On souscrit, dans las Départements, chez Messieurs : Ferran Irères. : Cbaix. •' JourdaD. I Ruff. Courtin-tlccquet. ( Germain elGrassin. ' Gaslineau. Jérôiïie. Régnier. I Ferel. Laurens. ' Muller (i;.). Renaud. ' Derrieii. \ F. Koberl. Oblin. ' Uzel frères. Jouan. - Perrio. i Henry. r ' ( Marguerie. „ l Juliot. Ferr.. [ Bouy. , Nourry. Ratel." ' Key. 1, Lauverjal ' Degez. ( Drevel. I Gralier et G". Ile Fouclier. ^ Bourdignon. ( Dombre. I Thorez. ( Quarré. chez Messieurs ; i Baumal. Lorienc ' M"* Texier. ' Bernoux et Cumin. \ Georg. , ElTanlin. I Savy. Ville. Kuat. , Valat. * Coulel et fils. Martial l^lace. . Jacques. l\aucy ' Grosjean-Maupin. ! Sidot frères. j Guisl'liau. ' Veloppe. y Bariiia. ( Appy. Mmes Tbibaud. Orléans . . . • . LodJé. y Blanchier. / Lévrier. Bennes Plibon et Hervé, Rochefort Girard (M"") /->-on Marseille.. yiontr,etlici .M iulms . . . yniitei Nice . . . Poiriers. I ! ftouen. Langlois. ( Leslringant. S'- É tienne ... .. Chevalier. ( Ponleil-Burles. / Piuinèbe. ( Giniet. / Privât. Boisselier. Tours ) Pèricat. ' Suppligeon. \ Giard. ( Lemaltre. Toulon. . . Toulouse. Valenciennes. On souscrit, à l'Étranger, Amsterdam . chez Messieurs : I Feikeiiia Caarelsen / et C". Athènes Beck. Barcelone Verdaguer. , -\sher et C". •Berlin Berne . . Bologne. . Bruxelles.. Bucharesi . 1 Daines. Friedlander et fils. ' Mayer et Miiller. Schmid Francke. Zauiclielli. Lanierlin. . Mayi)lezet Audiartc. ! Lcbcgoe et C". I Sotchek et C°. ■ ' AlcHlay. Budapest Kilian Cambridge.. . l'oislU'ui, lielUtC". Christiania Cdiiiiueriiieyer. Consfantiiiople. . <'Ulo Keil. Copenhague H.ist et lils Florence Seebcr. Gand Iloste. Gènes Beuf. ; Cherbuliez. Genève Georg. { Stapelmohr. La Haye Belinfanle frères. { lienda. ^«""«'""^ (Payot elC". Barth. \ Brockliaus. Leipzig , Kœhler. / Lorentz. Twietmeycr. ( Uesoer. ^'«■^« ••(Gnusé. chez Messieurs : ( Dulau. Londres Hachette et C'-. 'Nuit. Luxembourg. .. V. BUck. . Ruiz et C'v .Uadrid ' R""»" y l^'ussel. j Capdeville ' F. Fé. l Bocca (rére». ' llœpli. ; .Moscou Tastevin. .Milan. 'Varies . ^ Marghieri di Gius. ( Pellerano. /Ven'- york Dyrsen et Pfoiiïer. Stecheri. Lemckeet Buechi. er Kousseau. Odessa Ox/ord Parker et c '". j Falerme Rcber. i Porto .Magalhaés ei Munii 1 Prague Kivnac. Ftio-Janeiro Garn ier. i Bocca frères. Rome , ( Loescheret C". Rotterdam Krainers et fils. Stockholm. Nordiâka Co^'lianJel. „ , , à Zinserling. S'-Petersbourg..^^^,^^^ , Bocca frères. j Brero. \ Clausen. ( KosenbergetSellier. Varsovie Gebethner et WoKL Vérone Drucker. ( Frick. ■ ■ ■ i Gerold et C'-. ... Meyer et Zeller. Turin . j Vienne . . t I Ziirich. . ES GÉNÉRALES DES COMPTES RENEDS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. Tomes 1" à 31. — (3 Août i835 à 3i Décembre i85o.) Volume in-4° ; i853. Prix.. 15 l'r. Tomes 32 u 61. — i i" .laiivier iS5i à 3i Déccmlirc i8G5.) Volume in-4°; 1870. Pri.\ 15 fr. Tomes 62 à 91. — (,1'' Janvier 1S66 à 3i Décembre 1880.) Volume in-4"; 1889. Prix 15 fr. Tomes 92 a 121. — (1" Janvier 1881 à 3i Décembre 1893.) Volume in-4°; 1900. Prix... 15 fr. LÉMENT ADX COMPTES RENDUS DES SEANCES DE L ACADÉMIE DES SCIENCES : I • Wén.oirc sur quelques points de la Physiologie des Algues. ,...r MM. A. Ulkues et A.-J.-J. Solilr. - .Mémoire sur le Calcul des Perturbations vent les Comètes, par M. Hansen. - Mémoire sur le Pancréas et >ur .e rôle du suc paDcrcalique dans les phénomènes digestifs, particuliercmcnt^dan^ ion des matières srasses. par .M. Claude Bernard. Volume in-4% avec 32 planches; iS5G ■ ,,''"V. ■ . II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Benedex. - Essai d'une réponse a lu question de Prix proposée en .800 par 1 Académie des pour le concours de i853, et puis remise pour celui de .856, savoir : « Etudier les lois de la dislribulioû des corps organises fossiles dans le, diucrenis ,s sédimentaires, suivant Tordre de leur .uperposilion. - Discuur la qucs.ici, de leur ap, ariticn ou de leur disparition successive ou simultanée - rcher la nature des rapports qu, existent entre l'état actuel dn régne organique et ses étals antérieurs », par M. le 1 rofesscur ijroxn, ^ m-^, planches; 1861 a même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences et les Mémoires présentés par divers Savants à lAcadémie des Sciences. W 13. . TABLE DES ARTfCLES. (Séance du 29 septembre 1902. MEMOIRES ET COMMUIVIGATIOIVS DES MEMBliKS ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. Pages. M. Berthelot. — Nouvelles expériences sur la limite d'intensité du courant d'une pile qui correspond à la manifestation d'un débit éleclrolytique extérieur, apparent dans un voltamètre ^§5 Pages. MM. H. Morss.iN et IIolt. — Préparation et propriétés d'un nouveau siliciure de va- nadium ^g3 M. L. GuiGx.vno. — Sur la double féconda- lion clicz les Crucifères l^q-. CORU ESPOIVD ANCE . 499 .5 00 AI. .1. GuiLLAiJMF,. — Observations de la comète Perrine-Borrelly (1902 è), faites à l'équatorial Briinner de l'Observatoire de Lj'on M. H. Deslandres. — Organisation, à l'Observatoire de Mcudon, des spectrogra- phes automatiques dits des vitesses, qui enregistrent les mouvements radiaux et l'épaisseur de la chromosphère solaire . . . M. G. TziTZt-iCA. — Sur la déformation con- tinue des surfaces 5o3 M. R. Marquis. — Sur l'acide nitropyro- mucique et son éther éthylique. Sur le dinitrofurfurane 5o5 MM. Léo Vignon et I. Bay. — Sur la saponi- 1 1 fication des éthers nitriques Fx>~ MM. LuciKN Uanikl et V. Thomas. — Sur Bulletin B[bliographiquk Errata. 1 utilisation des principes minéraux par les plantes greffées M. Auguste Chevalier. — Sur les Landol- phiées donnant le caoutchouc des herbes au Congo français M. Christomanos. — Le tremblementdc terre de Sa Ionique M. P. Le Goaziou. — Ouverture d'un pli ca- cheté, relatif à un « Anémoscope élec- trique >' M. Th. Descomps adresse une Note sur le « Blak Rot atmosphérique » M. Odier adresse un .\ppendice à son précé- dent travail sur les « Consonances et dis- sonances musicales « M. H. PoDEUR adresse un Mémoire sur la a Direction des ballons » -jog ïy\i .5i5 ■5 16 5i6 5.7 .517 520 P A II I s. — I M P R I M K K I E G V U r 1 1 ( lî K - V I L L A R S , Quai des Grands-Augustins, bb. fe Gérant: CiAUTniER-VlULAns. OCT 1902 -sb'àj^ SECOND SEMESTRE. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. TOME CXXXV. NM4(6 Octobre 1902). PARIS, GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, Quai des Grands-Auguslins, 55. 1902" RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDl Adopté dans les séances des aS juin 1862 et 24 mai 1875 Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie se composent des extraits des travaux de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes présentés par des savants étrangers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. 26 numéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. Article i". — Impression des travaux de l'Académie. Les extraits des Mémoires présentés par un Membre ou par un associé étranger de l'Académie comprennent au plus 6 pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o pages par année. Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans le Compte rendu àçi Ja semaine que si elle a été remise le jour même de la séance. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par les Correspondants de l'Académie comprennent au plus 4 pages par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de 32 pages par année. Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis- cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca- démie ; cependant, si les Membres qui y ont pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les re- mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion. Les Programmes des prix proposés par l'Académie sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap- ports relatifs aux prix décernés ne le sont que l'Académie l'aura décidé. Les Notices ou Discours prononcés en s blique ne font pas partie des Comptes rendu Article 2. — Impression des travaux des étrangers à V Académie. Les Mémoires lus ou présentés par des qui ne sont pas Membres ou Correspondant demie peuvent être l'objet d'une analyse oi sumé qui ne dépasse pas 3 pages. Les Membres qui présentent ces Mém( tenus de les réduire au nombre de pages r Membre qui fait la présentation est toujour; mais les Secrétaires ont le droit de réduire c autant qu'ils le jugent convenable, comme pour les articles ordinaires de la correspond cielle de l'Académie. Article 3. Le bon à tirer de chaque Membre doit êtr. l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plu jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis le titre seul du Mémoire est inséré dans le Corn actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte ri vaut et mis à la fin du cahier. Article 4. — Planches et tirage à par. Les Comptes rendus ne contiennent ni plai figures. Dans le cas exceptionnel où des figures autorisées, l'espace occupé par ces figures c pour l'étendue réglementaire. Le tirage à part des articles est aux frais teurs; il n'y a d'exception que pour les Rap les Instructions demandés par le Gouvernera ; Article 5. Tous les six mois, la Commission administra un Rapport sur la situation des Comptes rendu l'impression de chaque volume. Les Secrétaires sont chargés de l'exécution sent Règlement. au Plus tard le Samedi qu, précède la séance, avant 5^ Autrement la présentation sera remise à la séance OCT ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 6 OCTOBRE 1902. PRÉSIDENCE DE M. BOUQUET DE LA GRYE. 3IEMOIRES ET COMMUNICATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. Appell, en présentant à l'Académie la fin du Tome troisième et der- nier de son Trai(é de Mécanique rationnelle (fascicules II et III), s'exprime comme il suit : « Ces deux fascicules se rapportent à la Cinématique des milieux con- tinus, à l'Hydrodynamique et à l'Élasticité. Dans l'étude géométrique de la déformation d'un milieu continu, les six fonctions caractéristiques d'une déformation sont définies en partant de la considération de l'élément linéaire de l'espace, d'après la méthode suivie par MM. Cosserat dans leur Mémoire des Annales de la Faculté de Toulouse, Tome X. La Cinématique des milieux continus est traitée ensuite avec divers systèmes de variables; le fait que Cauchy a été le précurseur de Helmholtz et de Kirchhoff dans leurs belles découvertes sur la théorie des tourbillons se trouve mis en évidence ('). Un paragraphe est consacré à la théorie de Hugoniot sur les discontinuités dans les mouvements des fluides et aux recherches de M. Hadamard sur l'extension des résultats de Hugoniot à des discontinuités d'ordre quelconque et sur l'interprétation géométrique des conditions de compatibilité (^). » En Hydrodynamique sont exposées les théories classiques, entre (') Maurice Lévy, L'Hydrodynamique moderne et l' hypothèse des actions à dis- lance (Revue générale des Sciences pures et appliquées, i5 décembre iSgo). (-) Hauamard, Sur la propagation des ondes {Bulletin de la Société nuilliéma- tique, 1°'' fascicule 1901). C. R., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N° 14.) % 522 ACADÉMIE DES SCIENCES. autres la démonstration donnée par Cauchy du théorème de Lagrange sur le potentiel des vitesses, la généralisation de ce théorème telle qu'elle résulte des équations de Cauchy, les équations de Weber et celles de Helmholtz; vient ensuite l'étude du mouvement permanent et particuliè- rement du mouvement permanent irrotationnel. » Un Chapitre est consacré à la théorie des tourbillons en général. L'étude des mouvements parallèles à un plan fait l'objet d'un Chapitre spécial : on y étudie d'abord les mouvements irrotationnels d'un liquide et en particulier les mouvements ondulatoires d'un liquide pesant, puis les mouvements tourbillonnaires des liquides et comme exemple les ondes trochoïdales de Gerstner, qui constituent le phénomène de la houle (' ). » Un court Chapitre renferme les éléments de la théorie de l'élasticité pour les déformations infniiment petites, avec l'exposé des applications classiques déjà données par Lamé; ce Chapitre contient en outre des indications sur quelques recherches récentes, notamment sur les re- cherches de MM. Cosserat qui, en considérant les valeurs des déplace- ments dans l'équilibre élastique comme des fonctions du nombre E = - + I, et en étudiant les singularités de ces fonctions, ont été conduits à de nou- veaux cas d'intégration (Comptes rendus, 1898 et 1901). Enfin, le dernier Chapitre renferme les équations du mouvement des fluides visqueux. » NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de deux de ses Membres qui devront être désignés à M. le Ministre de la Guerre pour faire partie du Conseil de perfectionnement de l'Ecole Polytechnique pendant Tannée 1902-1903. MM. H. PoiJiCARÉ, Haton de la G0UPIL1.1ÈRE réunissent la majorité des suffrages. (') f o//- GuYOU, Théorie du Navire. Berger-Levraull, 1894. SÉANCE DU 6 OCTOBRE 1902. 523 CORRESPONDANCE . M. ie Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance, les « OEuvres complètes de J.-C. Galissard de Marignac, Tome I, 1 840-1860 ». ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Observations Ju Soleil faites à V observatoire de Lyon (^équatorial Brunner de o™, 16), pendant le premier trimestre de 1902. Note de M. J. Guillaume, présentée par M. Mascart. « Par suite de la continuation du mauvais temps qui a sévi durant le précédent trimestre, le nombre des jours d'observation n'est que de /|2. » Les principaux faits qui en résultent sont les suivants : » Taches. — Les groupes de taches observés, au nombre de 4, ont une surface moyenne totale de , J'^u^^^ (les 5 groupes enregistrés dans le der- nier trimestre de 1901 avaient donné , oùuuuo)' ^^ ^^^^ répartition entre les deux hémisphères est de 2 de part et d'autre de l'équateur. )) Le nombre des jours où le Soleil a été vu sans taclies est de s^'j^^d'où il résulte un nombre pi'oportionnel de 0,60 au lieu de 0,70 obtenu précé- demment (^Comptes rendus, t. CXXXIV, p. 892). » La notable augmentation de l'aire tachée est due principalement au groupe qui a traversé le disque du 3 au i4 mars, à ■+- 24° de latitude; ses changements de forme et de dimension ont été très rapides, puisque 5 jours après sa formation il était devenu visible à l'œil nu, le 8, jour de son pas- sage au méridien central; sa surface réduite était alors de , 000 ooo- ^^ ^^^' nier groupe observé antérieurement qui lui soit comparable est celui de mai 1901, à -)- 9° de latitude, qui a atteint nrfïTïïô- » En janvier, on a eu, à — 8° de latitiule, un groupe assez important aussi, mais un peu moindre: son étendue superficielle a atteint xYa^Ta- » Une particularité intéressante s'est présentée le 3 mars, jour où il y avait trois groupes de taches à la surface du disque solaire. Le fait de la présence simultanée de trois groupes est, actuellement, assez rare pour mériter d'être signalé puisqu'il ne s'était pas présenté depuis 18 mois (7 septembre 1900), mais son importance résulte surtout de la diflérence de position, aux deux époques, de ces groupes de taches par rapport à l'équateur du Soleil; en effet, tandis que les premiers étaient à — 4°» — 8° 524 ACADEMIE DES SCIENCES. et + 8°, les derniers observés étaient aux latitudes plus élevées de — 26", + 24° et -I- 24°, or, d'après la loi des zones, on conclut : 1° qu'ils n'appar- tiennent pas au même cycle d'activité des taches; 2° que le groupe de janvier, à — 8", a été une des dernières manifestations de l'activité du der- nier cycle; 3° que l'époque du minimum était alors passée. Nous revien- drons plus tard sur cette époque et sur le commencement du nouveau cycle. » Régions d'activité. — Le nombre des groupes de facules notés est moindre que dans le précédent trimestre, 68 au lieu de 76, mais leur sur- face totale est un peu supérieure; ou a en effet f^ au lieu de 7—^- » De même que les taches, les facules sont rares au voisinage de l'équa- teur, et elles augmentent en nombre dans les hautes latitudes. » Leur répartition entre les deux hémisphères est de 44 su sud au lieu de 34, et de 24 au nord au lieu de 42. Tableau I. — Taches. Dates extrêmes d'observ. Nombre Pass- Latitudes moyennes Surfaces d'obser- au mer. vations. central. moyennes réduites. Dates Nombre Pass. Latitudes moyennes Surtaces extrêmes d'obser- au mer, - — ^» ■ moyennes d'oliserv. vations. central. S. N. réduites. Janvier 1902. — 0 00 Mars j 902. — 0 48 6- -i5 0 9,7 - 8° 210 3- 7 2- 3 4-14 5 2 9 21 j. 3,5 4,0 8,3 —26° +24° + 24" 29 8 392 2J. — S°,0 Février 1902. — i 00 — 26",0 -1-24",0 9J- » Tableau II. — Distribution des taches en latitude. Sud. Nord Surfaces 1902. 90 . 40°. 30". 20°. 10° . 0°. Somme. S( I mme. 0°. 10 20 '. 30". 40°. 90°. iitenâuels. I réduites. Janvier. » » n ï> 1 0 >) ]> U » u 210 Février. » » » » » 0 0 » » » » » » » Mars.. . » 1) 1 » )> I 2 » » •2 » )> 3 429 Totaux.. 639 1902. Janvier.. . Février.. . Mars.. . . , Tableau IIL — Distribution des facules en latitude. Totaux. 14 26 40". 30°. 20". » I 5 » 3 '. 3 2 1 Somme. 5 18 21 44 9 6 9 24 30". 40°. 90°. 4 2 3 Tuiaux monsuels. • 4 24 3o Surfaees mensue les réduites. 4,7 5,6 ii.9 22,2 SÉANCE DU 6 OCTOBRE 1902. 525 ASTRONOMIE. — Comparaison des Tables de Vesta avec les observations méri- diennes faites de 1890 à 1900. Note de M. Gustave Leveau, présentée par M. I.*ewy. « Par l'emploi de mes Tables de Vesta, publiées dans le XXIP Volume des Annales de l'Observatoire de Paris et de la Connaissance des Temps, j'ai calculé des éphémérides qui, comparées aux observations méridiennes, m'ont donné pour les différences Observation — Calcul les valeurs suivantes. J'y ai joint la comparaison des observations avec les éphémérides calculées par le Nautical Almanac, d'après les éléments de M. Farley. m. -ai,. P„-P,. Naut Observ. 1890. De janv. 8 à jan v. 3 1 11 De févr. i à févr. 19 ig De févr. 24 à mars 18 20 De mars 25 à avril 5 i5 1891. De juin 11 à juill. 2 i3 De juin. 4 à juill. 27 i5 De août 4 à août 19 6 1892. De déc. 10 à déc. 3o. 10 1894. De mars 8 à mars 22 10 De mars 23 à avril 7 10 De avril 9 à mai i 9 1895. De juill. 19 à juill. 24 4 De août 19 à sept. 4 10 De sept. 9 à oct. 4 8 De oct. 18 à nov. 18 6 1896. De nov. 3o à déc. 12 2 1897. De janv. 23 à janv. 26 2 De févr. 16 à févr. 26 10 De févr. 27 à mars 9... . 10 1898. De avril i5 à mai 18 8 De mai 21 à juin 22 9 1899. De oct. 2 à oct. 16 7 De nov. 6 à nov. 29 4 De déc. 8 à déc. 3o 3 Nautical Tables Nautical Tables Almanac. Leveau. Almanac. Leveau. + i',i8 +o,o3 + 0,9 -+■o\^ 4-1,17 -t-o,o3 + 0,5 +0,6 + 1 ,02 +o,o3 + 0,5 +0,6 +0,89 +0,02 + 0,3 +0,3 + 2,51 +0,21 + 3,9 —0,4 +2,38 +0,23 + 5,9 0,0 + 1,95 +o,i4 + 5,4 +0,5 + 1 ,00 +0,01 — 5,8 +0,5 + 1,73 + 0,25 + 8,9 +2,0 + .,65 +0,25 + 8,2 + 1,9 + i,5i +0,16 + 7.3 -*-'.7 + 2,l3 +0,07 — 'o,9 -0,9 + 2,54 +o,o5 — '0,9 —0.7 +2,34 +0,06 — 9.5 — 1,1 + 1,65 — o,o3 — 5,9 +0,3 + 1,71 +0,06 — 2,0 + .,5 + r ,65 +0,16 — 4,3 —0,2 + 1 ,3i +0, 1 1 — 3,9 0,0 + 1,18 +0,06 — 3,6 +0,2 +2,91 +0,19 + i6,3 + 1,0 +2,55 +0,18 + i5,3 + 1 ,2 +2,17 +0,06 — i5,i — 1,0 + 1,92 +0,11 — 11,5 +0,4 + 1,52 +o,o3 — 9.8 +0,2 SaH ACADÉMIE DES SCIENCES. » Les différences Observation — Calcul correspondant à chaque obser- vation, ainsi que les positions normales conclues des observations, seront publiées dans le Bulletin astronomique. » MÉCANIQUE RATIONNELLE. — Remarque sur un problème de Clebsch sur le mouvement d'un corps solide dans un liquide indéfini et sur le problème de M. de Brun. Note de M. W. Stekloff, présentée par M. Appell. « Le problème de M. de Urun s'énonce comme il suit : » Trouver le mouvement d'un corps solide dont les molécules sont attirées par un plan fixe proportionnellement à la distance, en supposant que le corps ait un point fixe dans le plan attirant. » Dans le problème de Clebsch, il s'agit de trouver le mouvement d'un corps solide dans un liquide indéfini (^idéal et incompressible), en l'absence de toute force accélératrice, en supposant que la force vive T du corps ait l'expres- sion suivante : ■2.1 = a,x] + a.x^l + 03^^; + b,y\ + b.,yl + b^^y;, a^, 6j (5 =: 1 , 2, 3) étant des constantes positives satisfaisant à la condition X,, Vi(5= 1 , 2, 3) étant les variables de Clebsch (Mathemat. Annalen, Bd. III). » Je dis que ces deux problèmes ne constituent au fond qu'un seul et même problème. » En eOet, le problème de Clebsch se ramène à l'intégration des équa- tions suivantes : ( 2 ) ^' = oc.,b,y, - X, l,y., . (3) -^ :■ • {a^ - a^)x.^x^ -\- (b, — b._)y.,y,„ . . , t désignant le temps. Dans ces équations, 6,^,, b.,y.,, b^y.j désignent les composantes jo, q, rde la rotation instantanée suivant les axes invariable- ment liés au corps, et x,, Xn, X3 sont égaux à ky^, A"y„, kj-^, k étant une constante arbitraire et yi, YaiTa représentant les cosinus des angles que font les axes moljiles avec l'axe fixe des X,, choisi convenablement. Substi- tuant, dans (2) et (3), p, q, r, y,, y^, y^ au lieu de x,, y, (i = i, 2, 3) et SÉANCE DU 6 OCTOBRE I902. t^2'J désignant par A, B, C les inverses de />,, h.-., b.^, on trouve (4) . 5l^-,V-y„7, .... ('5) A;| = (B-C),(('. — A), 1 étant une constante. Ces relations auront lieu toujours, pourvu que les constantes a„ b^(s =: i, 2, 3) satisfassent à la condition de Clebsch (i). » Les équations (3) [on (5)] peuvent donc s'écrire comme il suit : (6) Af -(B-C)(./r-i-l,i-^y,yO. •■•• » Ces équations, jointes aux équations (4), sont identiques aux équa- tions différentielles du problème de M. de Brun. On peut donc énoncer la proposition suivante : » Le mouvement de rotation autour (/e l'origine des coordonnées, invaria- blement liées au corps solide, dans le problème considéré de Clebsch, est le même que le mouvement d'un corps solide autour d'un point fixe dans le pro- blème de M. de Brun (ou inversement). » Le problème de Clebsch, connu depuis longtemps, a été déjà étudié par divers auteurs; il suffit de citer les recherches de Clebsch, de M. H. Weber et de M. F. KoLter (^Malhem. Annalen, 1871, 1878; Crelle's Journal, Bd. 109). On sait que les équations du mouvement (5) dans le problème de Clebsch admettent, outre les trois intégrales de Kirchhoff, une quatrième intégrale de la forme A=^-+ B-(/-+ C-/-- + XF(BCy^+ CAy^+ ABy;) = const., qui est identique à la quatrième intégrale du problème de M. de Brun. D'une façon générale, tous les résultats obtenus par les géomètres que nous venons de citer s'étendent, sans modification, au problème de M. de Brun. Ainsi, il est connu que les variables jo, q, r, y,, yj, y, dans le pro- blème de Clebsch s'expriment en fonctions ultra-elliptiques S de deux ar- guments qui dépendent linéairement du temps : les mêmes variables dans le problème de M. de Brun ont les mêmes expressions. » D'autre part, M.G.Kobb a démontré, dans le Tome XXIII du Bulletin de la Société malhéniatiqac de France, que la solution générale du problème 528 ACADÉMIE DES SCIENCES. de M. de Brun peut s'exprimer à l'aide de trois intégrales de différentielles totales, attachées à une surface algébrique. Il en est de même, d'après ce qui précède, de la solution générale du problème de Clebsch. Ici nous avoiîs un autre exemple, où les intégrales, introduites dans la Science par M. E. Picard, se présentent dans l'étude d'un problème de Mécanique. » En terminant ma Note je profite de l'occasion pour indiquer une solution particulière du problème de Clebsch et, par conséquent, de celui de M. de Brun. La condition (i) peut être remplacée par les suivantes : "l = '-'• + P ^2 ^3. ^2= U. + p/^s^,, a3=y. + p^,i2, p, et p étant des constantes arbitraires. Ces conditions étant remplies, on peut satisfaire aux équations (2) et (3) en posant 1 - Q . 1 - ^ 1 - Q Q= = (^ + p è, ) (g + p Z;,) (g + p b,), a étant une constante arbitraire. Le problème se ramène à l'intégration de trois équations bien connues : » Les variables x„y^[s = i, 2, 3) ou {p, q, r; y,, yj, yj) s'expriment en fonctions elliptiques de t. Le mouvement de rotation se réduit à un mouvement de Poinsot. La solution contient quatre constantes arbitraires. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur un théorème de M. Frobenius. Note de M. de Séguier, présentée par M. Jordan. « Dans ma Note du 24 mars dernier les deux propositions suivantes sont restées sans démonstration : >) I. Si un gab(') (a premier àb) G a exactement a e(„, tels que a, , aj, ... (') J'écris g,„ pour groupe d'ordre m, g" pour groupe de degré n, g"„, pour groupe d'ordre m et de degré n, ej^) pour élément dont l'ordre divise k. Je dis que Q a un groupe A, si A divise G, que l'ensemble des symboles permutés par un groupe de substitutions est son champ, enfin que deux groupes de substitutions (comme SÉANCE DU 6 OCTOBRE 1902. Sag formant un g, k et b e,,, tels que ^. „%,..., G a un g,. {On sait d'ailleurs que gj.p^ _ p,^oc,). La proposition étant évidente quel que soit b pour a = i, on peut l'admettre quel que soit b pour les valeurs de a plus petites que celle considérée. Soit D le plus grand commun diviseur de j p,, . . ., Pi | = B et de A. Si D = I , la proposition est démontrée. Si D est un g:„ < A, B conte- nant 66(4, et a'e^a) qui forment un ^j est d'ordre ba' et a un gj. Soit donc D = A. Si A (qui est ici abélien) a un g„'A'>i et < A(a = a'a"), A' sera normal dans G, et l'on peut admettre que G | A' d'ordre ba" , qui contient un g„//AlA' formé de ses e„«, et è e,^, (les A'p,-, tous distincts puisque leur nombre est multiple de b),a. un gj auquel répond dans G un gj«, G' = 2A^; contenant un gj. Soit donc A simple, donc a premier = p. Considérons la représentation régulière g de G et soit, dans q, \s\=zX [^ = n,*,-, s^.= (a,, ...a,y,)' ^es ^ik ^^^""^ ^P symboles; le champ de St sera désigné par 5,] la représentation de A. g divisera \x',è\ en posant .1,'= j^,, ...j^^j, S = 2i, t = lL''jk, ï;t (formée avec a a. •••>«« comme/, avec a,,, .... a^,) parcourant le symétrique de champ a, a, ■ . ., «w Soit q = \A.Xç où l'on peut supposer que x^ est un en solution acétique, possède un certain pouvoir oxydant. C'est ainsi que ce corps oxyde facilement l'acide iodhydrique, transforme le diphénopyranol en diphénopyrone. ^ » L'action du dinaphtopyranol sur quelques réactifs, la poudre de zinc, l'alcool, le pyrogallol, les iodures alcahns, montre nettement que ce corps en solution acétique ne peut être considéré comme un alcool, un pyranol : CHOH () SÉANCE DU 6 OCTOBRE 1902. 53 l mais comme un dérivé de l'eau oxygénée, comme un hydrate île per- CH \ oxyde : /■ O -OH „ AcUon de la poudre de zinc. - Si l'on ajoule quelques centigrammes de ce réactif à une solution acélique de pyranol, à l'ébullition, on voit en très peu de temps la liqueur, primitivement rouge, se décolorer et déposer une substance blanche qu,, purifiée par cristallisation dans le toluène, paraîL identique d'après son mode de for- mation, son point de fusion élevé et sa solubilité, au bis-dinaphlopyryle (bis-dinapluo- xanthène) (') déjà obtenu par nous au moyen de la poudre de zinc sur le bromure do dinaphtopyryloxonium (''). ,.,,., n-.- » Action de l'alcool. - Si, à une solution acétique rouge de pyranol, a 1 ebull.tion et au reflux, on ajoute quelques centimètres cubes d'alcool, on voit peu à peu la solu- tion se décolorer. Les vapeurs échappées du réfrigérant, condensées, fournissent les réactions caractéristiques de l'aldéhyde éthylique. , La solution acélique, faiblement teintée en rouge, est traitée par 1 eau. « Le précipité formé, séché, est dissous dans le benzène chaud, d'où par refroidis- sement cristallisent des aiguilles groupées, fondant à 201°. La solution benzenique de ce corps, additionnée d'une solution également benzénique d'acide picrique, donne un précipité rouge orangé, qui, recristallisé et séché, fond, en tube étroit, vers .7^", en un liquide rouge foncé. „ Le corps formé dans l'action de l'alcool sur le dinaphtopyranol n est autre chose que le dinaphtopyrane. » L'équation de celte curieuse réaction est la suivante : GH0 - OH + C^H^O = C^H^O + IPO + CFP, Dans mes recherches j'ai étudié exclusivement l'action du phényl- bromure de magnésium sur les divers éthers; seul le formiate d'éthyle m'adonne un alcool secondaire, le benzhydrol (C«H^)^CHOH fondant à 68°, les éthers des autres acides fournissent des alcools tertiaires de forme(C''H=)^COH- R. ,) Ces alcools sont pour la plupart cristallisés; ils ne peuvent être distillés même dans le vide sans perdre de l'eau; la distillation à la pression ordinaire conduit direc- tement aux carbures éthyléniques correspondants. Ces carbures sont le plus souvent cristallisés, ils fixent 2 atomes de brome en donnant des dérivés dibromes liquides; par oxvdatlon ils fournissent de la benzophénone et des acides ayant un carbone de moins que les acides générateurs. L'hydrogénation par l'alcool et le sodium conduit aux carbures saturés correspondants comme l'a montré également M. Klages pour deux de ces carbures. .. Le diphénylmélhylcarbinol (C^H^)^ = COH.CH' [décrit par M. TilTeneau, But. 5oc.c/iim., (3), t. XXVIl, p. 293] fond à 81°. „,,.,. Q.,,ç. „ Le diphényléthylène bout à 270^-27 ." et fond vers 6" [Red.ko indique + 8» (7. Soc. ch. r., t.. XXII, p. 365) et M. Klages le décrit liquide]. » Le diphényléthane bout à i37° sous 12™°. „ Le diphényléthylcarbinol (C«IP)^ = COH.CPP.CIP fond à 9.0-92". „ Le diphénylpropylène (C»H^)'= C = CH.CIF fond à 5.", bout à 2800-281". „ Le diphénylpropane 1.. (C«H^)^ = CH.CIP.CIP bout à i42° sous ,0-. 534 ACADÉMIE DES SCIENCES. » Le diphénylpropylcaibinol (C''H5)2=: COH.CH^CIP.CHMjout vers iSS» sous i5" » Le diphénylbutyléne (OH^)*— C r= CH.CII-.CH» bouta 2910-292°. ,. Le diphénylbutane i.i {G«IP)^= CH .CH'^ CPF. CIP bouta iSo" sous 10""". .. Le diphénylpenlylcaibinol (C'''H»)2 =: COH . (CH'^j'.CIP fond à 46°-47°. » Le diphénylhexylène (C«H5)'= G = CH.(CIP)'CH3 bouta 314°. » Le diphénylhexane i.i {C'H'y- CH.(CH')*.CH3 bout à i64° sous lo-"-". .. CHIMIE. — Sulfates cupro-ammo niques anhydres. Noie de M. Iîouzat. « J'ai étudié dans une Note précédente (Cow/)/«re«rfM5, t. CXXXV, n°.5) les chlorures cuproammoniques anhydres. Je me propose d'examiner maintenant les sulfates, jjour comparer leui-s chaleurs de formation à celles des chlorures. On sail, en elîet, que les différents sels cuivriqnes dissous dégagent la même quantité de chaleur en se combinant à l'ammoniaque et que cette relation permet de conclure à l'existence de radicaux com- plexes, se transportant sans altération d'un se! cuproammonique dans v\n autre, par exemple du chlorure dans le sulfate correspondant {Comptes rendus, t. CXXXIV, n° 21). Il importait de rechercher si \-\ même théorie peut être appliquée aux sels solides. » On a déjà signalé plusieurs combinaisons du sulfate cuivrique et du gaz ammoniac. Rose a fait connaître l'existence de SO'Cu 5AzH' ; Graham et Rane, celles de SO*Cu 2AzH' et SO'Cu AzH*. J'ai préparé ces corpsà nouveau et j'ai trouvé qu'il y en a un autre bien défini SOHJn 4 AzIP. » La préparation de ces différents composés est tout à fait analogue à celle des chlorures correspondants. Pour avoir SO'Cu 5AzH^ on liquéfie du gaz ammoniac complètement privé d'eau sur du sulfate cuivrique anhydre; on laisse ensuite l'ammoniac en excès se dégager pendant que le tube revient à la température ordinaire; le produit qui reste a pour for- mule SO*Cu 5 AzH'. C'est encore ce même sel que l'on obtient si l'on main- tient la température à — So" pendant l'évaporation de l'ammoniac non combiné. SO^'Cu SAzH' est dissociable en AzH' et SO^Cu 4 AzfP; la tension de dissociation devient égale à la pression atmosphérique vers 90°. S0*Cu4AzfP est dissociable à son tour en 2AzfP et S0''Cu2AzFF; la tension de dissociation devient égale à la pression atmosphérique vers i5o**. Enfin, SO^Cu 2AzH' est dissociable en AzH' et SO^ CuAzH^ On prépare SO*CuAzH^ en chauffant SO^Cu 2AzH^ à 260° dans le vide fourni par une trompe à eau. » SO'' Cu AzH^. — C'est une poudre verte, qui donne avec l'eau un précipité de sulfate basique. SÉANCE DU 6 OCTOBRE 1902. 535 » Chaleur de formation : i" SO'CuAzH'sol.+ 27AzH'diss.(i8')=;SO^Cu28AzH'diss.(i8M . . . +22"', 08 d'où SO'Cusol.-t- AzIPgaz. =z:SO'CuAzFI3sol f-23"',47 ■)." SO'CuAzH'sol.-t-7AzH^diss.(8') = SO»Cu8AzH^di5s.{8'j 1-21"', 76 d'où SO*Cusol.+ AzH'gaz= SO'CuAzJPsol , +■ 23<^"',5o » S0''Cu2Az/P. — C'est, comme SO'CuAzH^, une poudre verte, qui donne avec l'iMu un précipité de sulfate basique. » Chaleur de formalion : î° SO*Cu 2 AzH' sol.-h 26AzH' dis?. (18') = SO'-Cu 28AzH3 diss.(i8i) . . hi i"',o2 li'où SO*Cusol.+ 2AzH3gaz = SO'CuaAzH'sol -h43"',3o 2° SO*Cu 2AzH' sol. + 6AzH-'' diss. (8') = SO'Cu 8AzH' diss.(8') +io"',92 d'où SO*Cusol.-+-2AzH-'gaz = SO'Cu2AzH3so] +43"', i4 » SO' Cu liAzH^. — C'est une poudre d'une couleur bleu violet, très diflférente de la couleur que possèdent les sels cuivriques en solution ammoniacale. Il est soluble dans une petite quantité d'eau; la solution laisse déposer un précipité de sulfate basique quand on l'étend. » Chaleur de formalion : 1° SO*Cu4ÂzH'sol.-H24AzH'diss. (i8i) = SO*Cu28AzH'(i8') — i"',82 d'où SO*Gusol.+ 4AzH'gaz = SO'Cu4AzH'sol +73"', 74 2° SO»Cu4AzH'sol.+ 4AzH='diss. (8') = SO''Cu8AzH3diss. (8') - 2'^', 10 d'où SO»Cusol.-+-4AzH=gaz = SO'Cu4AzH»sol +73"', 70 1) SO'' Cu 5 Az/P. — C'est une poudre d'une couleur bleu violet analogue à celle de S0*Cu4AzFF. Il est soluble dans l'eau; la solution étendue laisse déposer un pré- cipité de sulfate basique. Il n'est pas soluble dans l'ammoniac liquéfié. 1) Chaleur de form.ation : » L'emploi de l'ammoniac liquéfié ne permettant de préparer le corps SO'Cu 5 AzH^ 536 ACADÉMIE DES SCIENCES. qu'en petite quantité, on s'est servi pour déterminer sa chaleur de formation du mé- lange de SO'Gu/jAzIP et de S0*Cu5AzIP qu'on obtient par l'action à froid du gaz ammoniac sur le sulfate cuivrique anhydre. SO^Cu4,8AzPPsol.-t- 23,aAzIPdiss. (18') =:SO'Cu aSAzH^diss. {18').. — 6"',35 d'où SO»Gu sol. + /i,8AzH' gaz = SO*Cu 4,8AzH' sol -t-85<^''i,i » Comme à partir de SO*Cu 4 AzIP la quantité de chaleur dégagée est proportion- nelle à la quantité d'ammoniaque fixée : SO*Cusol. + 5AzH'gaz=:SO''Cu5ÂzH3soI +87'==', gS » Un autre composé, SO'Cu 4,72 AzH', a conduit au nombre 88"', 3o. » Si nous comparons les chlorures et les sulfates cupro-ammoniques anhydres, nous voyons que les chlorures renferment 2, 4 et 6 molé- cules d'ammoniaque et les sulfates i, 2, 4. 5. Les chlorures et les sulfates qui se correspondent sont ceux qui contiennent 2 et 4 molécules d'ammo- niaque. Or CuCPaAzH' et SO*Cu 2AzH' sont formés à partir de l'ammo- niaque et du sel cuivrique avec des dégagements de chaleur respectifs de 45"*', 5 et 43'^*', 2; CuCP4AzH'et S0^Cu4AzH', avec des dégagements de 72*^"', I et 73"', 7. Les chaleurs de formation des deux sulfates à partir du sel de cuivre et de l'ammoniaque sont sensiblement égales à celles des deux chlorures. D'après les lois thermochimiques des substitutions, on doit admettre l'existence dans ces sels de radicaux complexes qui se trans- portent de l'un à l'autre à la façon d'un corjjs simple. » De même que les chaleurs de formation sont à peu près égales, les tensions de dissociation à la même température paraissent être très voi- sines. Les tensions de dissociation de S0*Cu4AzH' et de CuCP4AzH' at- teignent la valeur de la pression atmosphérique respectivement vers i5o° et i4o°; celles de S0*Cu5AzH' et CuCl-6AzH% toutes deux vers 90°. » CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur la recherche et le dosage de l'extrait de châtai- gnier en mélange avec l'extrait de chêne. Note de M. Ferdinand Jean, présentée par M. Amagat. « J'ai reconnu que si l'on agite à froid une solution d'extrait de bois de châtaignier avec une solution d'acide iodique, une certaine quantité d'iode est mise en liberté, tandis qu'avec l'extrait de bois de chêne on n'observe SÉANCE DU 6 OCTOBRE 1902. 537 rien de semblable. La réaction est également négative avec les solutions de québracho, palétuvier, mimosa, sumac, canaigre, lentisque, fustel, épine-vinette; le campêche fait exception et met en liberté une faible quantité d'iode. » Les extraits de bois de chêne, destinés à la tannerie, étant fréquem- ment falsifiés avec de l'extrait de châtaignier, il était intéressant d'arriver à déceler celte fraude, qui est pratiquée impunément; car on n'a pas de procédé chimique permettant de la reconnaître. „ Nous avons appliqué la réaction de l'acide iodique à la recherche et au dosage de l'extrait de châtaignier en mélange dans l'extrait de chêne. On procède à la recherche qualitative en mélangeant par retournements successifs dans une boule a robinets la solution d'extrait suspect avec une solution d'acide iodique et du sulfure de carbone; si le sulfure de carbone présente une coloration violette, c'est l'indication de la pré- sence de châtaignier dans l'extrait examiné. Le sulfure de carbone peut être remplace par le tétrachlorure de carbone, la benzine, le chloroforme, etc. „ Pour déterminer la teneur d'un extrait tannique en châtaignier on opère sur 2cm3 OL. 3'"" d'extrait dissous dans 5o™' d'eau distillée, que l'on passe dans une boule à robinets ; on agite avec 5'="" d'une solution d'acide iodique à 5 pour 100 et 4™' à S""' de sulfure de carbone; après repos, on soutire le sulfure de carbone dans un flacon bouché à l'émeri et Ton renouvelle l'opération dans la boule, jusqu'à ce que le sulfure de carbone ne se colore plus. L'iode dissous dans le sulfure est ensuite titrée par agi- tation dans le flacon avec une solution titrée d'hyposulfite de soude, qu'on ajoute jusqu'à disparition complète de la coloration rose. On peut aussi faire le titrage en ajoutant dans le flacon un peu de solution d'iodure de potassium ; le point final est indiqué par la décoloration complète du sulfure de carbone. ,, Sachant que i d'iode, mis en liberté, correspond en moyenne à 6,20 d'extrait sec de châtaignier, à 19 d'extrait à ao" Baume et à 16 d'extrait à 25° Baume, il est facile de calculer très approximativement la teneur d'un extrait tannique en extrait de châtaignier. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la fermentation pectiqiie. Note de M. Goyaud. (Extrait.) « Lorsqu'on ajoute à une solution aqueuse concentrée et neutre de pec- tine certains sucs végétaux (carottes, trèfles, luzernes, etc.), le mélange se prend en masse gélatineuse. Ce phénomène est produit par une diastase : \^pectase. On admet que la pectase n'agit qu'en présence des sels de cal- cium et en liqueur peu acide. J'ai voulu m'assurer si, en l'absence des sels de calcium, la pectase n'avait aucune action sur la pectine. »... J'ai reconnu que la pectase transforme la pectine en acide pectique. G. R., 1902, 2- Semestre. {T. CXXXV, N» 14.) V 538 ACADÉMIE DES SCIENCES. même en Tabsence des sels de calcium. Ceux-ci rendent le phénomène visible par siiile de la formation de pectate de calcium insoluble. Mais, si l'on remplace dans le jus de trèfle la chaux par la potasse (ce à quoi l'on arrive par l'addition d'oxalate de potassium), il se produira du pectate de potassium soluble dans l'eau. » Ces expériences ont été reprises avec des jus de trèfle dans lesquels la chaux a été précipitée par l'oxalate de sodium et d'ammonium. Les résul- tats ont été de tous points semblables. » Il existe d'ailleurs un moyen de vérifier la conclusion précédente. Si, en effet, une molécule neutre de pectine fournit une ou plusieurs molé- cules acides d'acide pectique, l'acidité du milieu va augmenter. Pour vérifier cette hypothèse il est bon de n'employer que des proportions de pectase assez faibles pour que les transformations ne soient pas trop rapides.... » Les résultats obtenus sont résumés dans les Tableaux suivants; les acidités sont comptées en o™',i de Hqueur titrée : y ■oportton de ^ /us potass que : 20 pour 100. Proportion de jus potassique : 4" pour 100. Date Acidité Accroissement Date Acidité Accroissement des mesures. sur 5cm'. Temps. d'acidité. des mesures. sur 5cm'. Temps. d'acidité. h m h m iSjuin, g.iîo m. 7,5o 0 0 20 juin, 9. 0 m. 12,25 0 0 » 10. 0 m. 8,73 0,5 I ,25 » 9 ■ 3o m. 14.25 0,5 2 » 10. 3o m. 10 I 2,5o » 9.45 m. 1 5 , aS 0,75 3 » II. o m. 1 1 1,5 3,5o » 1 0 . 1 5 m. 17,50 I ,25 5,25 » 1 1 .3o m. 1 1 , 5o 2 4 » 10. 3o m. iS 1 ,5o 5,75 )) I2.3o m. I 2 , 2.5 3 4,73 » 1 1 . 0 m. 18,75 2 6,5o » 2. 0 s. . i3 4,5 5,5o » II. 45 m. 19,25 2,65 7 )> 4. o s. . 13,75 6,5 6,25 » 2.0 s. . 21 5 8,75 » 9- o s.. l4,25 9'5 6,75 » 4- 0 » 7 • 0 21 juin, 10. 0 s. . s.. m. 22 23 24 7 10 25 9.75 10,75 11,75 » Si l'on remplace le jus potassique par du jus potassique bouilli on n'observe aucun changement dans l'acidité du mélange. » Conclusion : La peclase forme de i acide pectique aux dépens de la pec- tine. Le phénomène n'est pas influencé qualitativement par la présence ou l'absence des sels de calcium. » SÉANCE DU 6 OCTOBRE I902. SSq PHYSIOLOGIE ANIMALE. ~ L'élaboration du vénogène et du venin dans la glande parotide de la Vipera Aspis. Note de M. L. Launoy, présentée par M. Edmond Perrier. « 1° Structure d'une cellule à venin élaboré. — Dans une cellule venimeuse, sans inclusions cytoplasmiques, le noyau jamais en contact avec la vitrée contient un nu- cléole unique, généralement central, bien limité; ailleurs le nucléole offre l'aspect d'une masse polygonale dont les limites s'estompent dans le caryoplasme ambiant; il est, en tous les cas, réuni au réseau par.de fins Iractus chromatiques; souvent on trouve le nucléole entouré d'une zone plus claire, à la périphérie et à l'intérieur même du territoire nucléolaire, il est constant d'observer la présence de granulations à baso- pliilie très accentuée; le caroyplasme clair, très finement granuleux, présente assez fréquemment des vacuoles incolores emprisonnant un grain de chromatine. Le cyto- plasme granuleux, uniformément coloré en violet sur des coupes fixées au Lindsay et traitées au Magenta-Benda ou par la safranine-lichtgriin, n'offre rien de particulier. » 3° Cellule à granulations basophiles : cellules à vénogène. — Le noyau répond sensiblement à la description précédente, mais le cytoplasme est ici clair, granuleux, moins dense que dans les cellules à venin élaboré et caractérisé par la présence de granulations spéciales, très réfringentes que l'on met en évidence par la safranine, le Magenta, le bleu de Unna, la laque ferrique d'IIeidenhain, le carmin ammoniacal ('). Sur des coupes colorées au Mageuta-Lichtgriin, ces granulations de volume et de nombre variable dans chaque cellule sont essentiellement définies par leur forme ronde, parfois cunéiforme, sans habitat spécial; elles peuvent, très petites, cribler le cytoplasma d'un piqueté rouge vif ou, plus grosses, être réunies en plages; elles ne sont ordinairement pas libres, mais enrobées dans une vacuole de substance achro- matique ou faiblement basophile; il est probable que, dans les cellules à grosses granulations, celles-ci proviennent de la fusion d'un plus grand nombre de petites, comme semblent l'indiquer les aspects suivants : plusieurs inclusions peuvent être tangentes par leurs vacuoles ou fusionner celles-ci, les granulations restant libres; autour d'une grosse granulation centrale peuvent graviter 5, 6, 8 granulations plus petites; sans doute ce sont là des moments dans le travail physique d'attraction molé- culaire donnant lieu aux grosses granulations; moins fréquemment les vacuoles seules fusionnent, les grains basophiles étant rejetés dans le cytoplasma. (') Meyer, dans Ueber den Giftapparal der Sehlangen (1869), a le premier parlé de ces granulations réfringentes dans la glande de la Vipera berus. Lindemann, dans Ueber die SecreLionserseheinungen der Gif Idriise der Kreuzotler {Arc/i. /■ mikr. Anat., 1898), qui a étudié le même animal, semble avoir dédaigné ces forma- lions, il ne les figure pas. AL le Professeur Ilenneguy, dans les Leçons sur la cellule (1896), avait pourtant déjà donné une figure (p. 235) qui répond au stade des cellules à vénogène. 54o ACADÉMIE DES SCIENCES. » Si l'on provoque des mouvements de défense chez les animaux en expérience et fixant les glandes après i, 2, 3, ..., n piqûres, on suit facilement la marche régressive des inclusions safranophiles dans une glande en sécrétion normale active; alors on les voit se transformer en produits qui perdent leurs affinités chromatiques, se confon- dent ou se combinent avec le cytoplasma ambiapt pour donner lieu au produit de sécrétion, lequel, excrété dans la lumière du tube glandulaire, est une masse granuleuse homogène à réactions cytoplasmiques. Aux granulations safranophiles je propose de donner le nom de grains vénogènes. Quelle est leur origine? D'un très grand nombre d'observations il m'apparaît que leur origine est nucléaire, le grain de vénogène résultant de l'exode de la chromatine du noyau dans le cytoplasma; le caryoplasme, à mon avis, participe à l'exode des grains de chromatine. Dans une cellule qui se recharge de vénogène il faut noter en effet l'existence au pôle antérieur du noyau d'une zone hjaline, réfringente, à très faible électivité pour les colorants nucléaires; celte zone hyaline peut être concentrique à la sphère nucléaire. Cette formation n'est pas un artefact; elle est visible avec le Lindsay, le IlgCl-, le Bouin ; j'ai vu, de cette zone antépérinucléaire, partir des prolongements dans l'intérieur du cytoplasme, des granulations basophiles reposaient sur ces travées. Il n'y pas lieu de penser que ce soit une différenciation cytoplasmique; si, au contraire, nous rapprochons les réactions histo-chimiques et les aspects physiques de cette formation avec ceux donnés par le caryoplasme, on conçoit que l'on puisse se trouver ici en présence de l'émission, à travers la membrane, du caryoplasme ou d'un produit élaboré au sein du caryoplasme. » En résumé, dans les cellules de la glande parotide de la Vipera Aspis, l'élaboration du venin est soumise aux phases suivantes : 1° phase nu- cléaire : la chromatine, le caryoplasme, le nucléole y participent ; ce dernier ne disparaît jamais totalement; elle donne lieu à l'émission, dans le cyto- plasme, de granulations safranophiles enLourées d'un halo de substance hyaline qui paraît être du caryoplasme; ces granulations constituent les grains de vénogène; 1'^ phase cyloplasmique : les grains de vénogène émigrés dans le cytoplasme s'y accumulent; au moment de l'activité glandulaire, les réactions cyto-chimiques transforment le vénogène en venin élaboré. )i N. B. — U y a lieu de rapprocher ces phénomènes de ceux déjà décrits dans les cellules à zymogène des glandes gastriques de la Vipera berus. » PALÉONTOLOGIE. — Recherches paléonLologiques en Patagonie. Note de M. André Tournoitëk, présentée par M. Albert Gaudry. « Au moment de repartir en Patagonie pour achever de remplir la mission paléontologique que le Ministère de l'Instruction publique et le SÉANCE DU 6 OCTOBRE 1902. 54 I Muséum d'Histoire naturelle m'ont confiée, j'ai l'honneur de donner à l'Académie des indications sur les travaux déjà exécutés. » Ayant acquis, pendant mon séjour de dix années dans la République Argentine, quelques connaissances sur l'Amérique du Sud, j'ai pensé que je pourrais rendre service à la Science française en explorant la Patagonie où de si curieuses découvertes paléontologiques ont été faites dans ces dernières années. Depuis les anciens travaux d'Alcide d'Orbigny, Darwin, Richard Owcn, Flower, Burmcister, de très nombreux ossements de Mammifères de plusieurs âges géologiques ont été étudiés par MM. Flo- rentino Ameghino, Moreno, Mercerat, Roth, Lydekker, Smith Woodw^ard. La France, jusqu'à présent, ne possédait presque aucun reste de ces animaux qui ont intéressé tout le monde S3"ant et ont été l'objet de vives discussions. M. Florentino Ameghino, directeur du Musée national de Buenos-Ayres, a eu la bonté de me donner les plus précieux renseigne- ments ; je lui en témoigne toute ma reconnaissance. » Ma première exploration paléontologique en Patagonie a eu lieu de novembre 1898 à mai 1899. J'ai longé les Cordillères depuis Mendoza (lati- tude 32) jusqu'au Rio Senguerr (latitude 46)- J'ai fait ensuite des recherches sur les bords du Coli-Huapi (lac Rouge); c'est là que j'ai rencontré les plus grandes difficultés, cette région étant absolument déserte et privée de végétation, à 60"^™ de lieux habités; il a fallu tout emporter avec moi pour ma nourriture et celle de mes gens. J'ai fait don au Muséum des échan- tillons recueillis. » Ij' Astrapotherium estle genre dominnit au Coli-Huapi. Outre l'énorme Asirapolheriurn magnum, j'ai rencontré un atlas, une portion distale de fémur, une défense d'une espèce encore plus gigantesque que le Pyrolhe- rium trouvé plus tard au Rio Deseado. » Ma seconde expédition a eu lieu de septembre 1899 à juin 1900. J'ai visite Punta-Arenas, les bords du Rio Gallegos, fouillé au mont Leone, près du Rio Santa-Cruz, dans les couches terrestres santacruziennes. Comme M. Carlos Ameghino, j'ai vu ces couches très nettement reposer sur les dépôts marins du Patagonien. Le Nesodon est le fossile le plus caractéristique du Santacruzien; il devait vivre en troupeaux : j'en ai rap- porté au Muséum assez de pièces pour qu'on puisse se rendre compte de la forme des membres, aussi bien que de la tète de ce type si différent de nos fossiles européens. » Mon troisième voyage, fait sous les auspices du Ministère de l'Ins- truction publique et du Muséum, a commencé en août 190 r. J'ai complété 542 ACADÉMIE DES SCIENCES. l'étude du Santacruzien par des recherches au Rio Coylet. J'ai pu ainsi envoyer au Muséum un ensemble considérable de la faune de cet étage : des Ongulés, tels qn Astrapotherium, Nesodon, Homalodontheriiim, Theoso- don, Diadiaphoms, Hegelotherium, Prolypotherium, etc.; des Édentés comme Nematherium, Hapalops, Eulatus, Peltcphilus, Propalœohoplopliorus ; des Rongeurs, comme Myopolamus, Eocardia, Acaremys, etc. ; des Car- nassiers subdidelphes {Borhyœna) et didelphes {Prothylacynus); l'inté- ressant Abderites, peut-être voisin des Ranguroos-rats et l'énigmatique Epanorthus, etc. » Après mes fouilles dans le Santacruzien, je me suis rendu dans la ré- gion du Rio Deseado oîi j'ai entrepris l'examen des couches à Pyrotherium que M. Ameghino place plus bas que ce\\eskAslrapotheriumà\iCo\[-Rnai'ç>'\; j'ai retrouvé Y Astmpotheriimi au Deseado comme au Coli-Huapi et au Rio Coylet; mais je n'avais pas au Coli-Huapi trouvé le Pyrotherium du Deseado. » J'ai interrompu mes travaux en 1902 pour rapporter moi-même des pièces de Pyrotherium qui me paraissent avoir une grande importance. » En résumé, les fossiles que j'ai recueillis, et que l'on peut voir dans le laboratoire de Paléontologie du Muséum, appartiennent aux étages sui- vants de M. Ameghino : » Étage terrestre à Nesodon (Santacruzien) ; » Etage marin (Patagonien); » Étage terrestre du Coli-Huapi à Astrapotherium et à Colpodon (Pata- gonien terrestre); » Étage terrestre du Rio Deseado à Pyrotherium. » De nouvelles observations me semblent nécessaires pour admettre que l'étage du Coli-Huapi est différent de celui du Rio Deseado, car j'ai rap- porté des couches du Rio Deseado : des pièces bien conservées de V Astra- potherium, de grandes mâchoires qui ressemblent à celles du Coli-Huapi, se rapprochant, selon moi, soit de celles du Leontinia, soit de celles de V Homalodontherium , de petites mâchoires qui ressemblent à celles du Colpodon du Coli-Huapi, un morceau de métacarpe de Diadiaphorus, un cal- canéum qui rappelle le Theosodon et des os d'Édentés, etc., toutes pièces bien voisines de celles du Coli-Huapi. » Les faunes tertiaires de Patagonie forment un tel contraste avec celles de l'hémisphère boréal que l'on se demande s'il n'y aurait pas eu un con- tinent austral où la marche de la vie aurait été, à certains moments, différente de celle de l'hémisphère boréal. M. Ameghino croit que le Santa- cruzien est de l'Éocène; M. Albert Gaudry et moi nous pensons qu'il SÉANCE DU 6 OCTOBRE 1902. 543 pourrait monter jusqu'à l'Oligocène; mais pour faire celte supposition, nous sommes obligés d'admettre cjue l'évolution du grand ordre des Rumi- nants aurait été plus tardive en Patagonie que dans nos contrées. » PALÉONTOLOGIE. — Sur un Carnassier gigantesque trouvé dans l'argile plastique de Vaugirard, près de Paris. Note de M. Maucellix Boule, présentée par M. Albert Gaudry. « Jusqu'à présent on ne connaissait dans l'Éocènc inférieur que des Carnassiers de petite taille. La découverte que j'ai l'honneur de communi- quer à l'Académie nous apprend qu'à l'époque de l'argile plastique il y avait, dans le bassin de Paris, de puissants Carnassiers. » En 1897, les ouvriers de la carrière de Vaugirard, près d'Issy, ren- contrèrent, vers la base de l'argile plastique, au niveau du conglomérat de Meudon ou très peu au-dessus de ce niveau, quelques dents et de nombreux fragments d'os. Ces débris furent recueillis par M. Eugène Elleau, rédacteur au Ministère des Travaux publics, qui voulut bien me les remettre pour les collections du Muséum. Deux dents intactes me frappèrent d'abord par leur forme et leur dimension. Elles ne pouvaient avoir appartenu qu'à un Mammifère carnassier énorme, différent de ce que nous connaissions en Europe. Avec beaucoup de patience et de temps, j'ai rapproché les frag- ments et obtenu des portions considérables d'une même mâchoire infé- rieure; j'ai pu la restaurer dans son entier en complétant avec du plâtre les parties absentes. )) M. Munier-Chalmas, à qui j'ai montré cette reconstitution, a bien voulu me remettre des os des membres recueillis par lui de 1894 à 1896 sur le même point de la carrière. M. Marcel Bertrand a, de son côté, trouvé quelques fragments. Il n'est pas douteux que tous ces débris se rapportent à une même espèce et probablement même ils proviennent d'un même individu. » La mâchoire inférieure trouvée à Vaugirard mesure 47*^"" de longueur. Lu mâchoire inférieure du Lion des cavernes, qui était plus grand que le Lion actuel, ne dépasse guère 28'='°. Celle du grand Ours des cavernes, beaucoup plus gros que les Ours actuels, atteint exceptionnellement 40"". » Ij'animal de Vaugirard présente les caractères de ce groupe de Mam- mifères tertiaires que les paléontologistes américains désignent sous le nom de Créodontes et que les paléontologistes français appellent volontiers 544 ACADÉMIE DES SCIENCES. des Subdidelphes. Ce dernier terme est plus expressif, car il rappelle un certain nombre de caractères rapprochant ces Carnassiers primitifs des Marsupiaux actuels. On retrouve ces caractères sur notre mâchoire. Comme dans les Marsupiaux carnivores actuels, par exemple dans le Thv- lacyne, les molaires ne sont pas différenciées en carnassière et tubercu- leuse, et l'angulaire présente une forte inversion. » Nous n'avons pas de renseignements sur les incisives. La canine, à en juger par l'alvéole, était grande, forte, de section ovale. Immédiatement après, sans diastème, venait la première prémolaire à une seule racine. Les six autres molaires avaient deux racines. Elles étaient très semblables entre elles, toutes formées d'un lobe antérieur, d'un lobe médian plus élevé et d'un lobe postérieur ou talon à une seule pointe. La première arrière-molaire, c'est-à-dire la dent qui représente la carnassière des vrais Carnivores, ne différait guère de la quatrième prémolaire qui la précédait et des arrière-molaires qui la suivaient. Pourtant, la deuxième arrière- molaire gauche, qui est bien conservée, offre à son lobe moyen, du côté interne, un petit tubercule qui paraît représenter, dans un étal de très grande réduction, le denticule interne des carnassières de certains Carni- vores tictuels. )> Ces caractères ne se trouvent chez aucun autre fossile européen. Mais, en Amérique, on connaît depuis longtemps des animaux tout à fait semblables. Dans un grand Ouvrage sur les Vertébrés tertiaires, Cope a figuré la mâchoire d'un Carnassier provenant de la formation de Wasatch, c'est-à-dire à peu près de même niveau que notre argile plastique et qu'il a nommé Pachyhyœna ossifraga. Quoique d'une taille considérable, cet animal était plus petit que celui de Vaugirard. La mâchoire n'avait que o™,35 de longueur. M En 1892 MM. Osborn et Wortmann donnèrent le nom de Pachyhyœna gigantea à quelques molaires isolées provenant également des Wasatch et dénotant un animal beaucoup plus grand. Tout récemment M. Matthew a fait connaître une partie de la mâchoire inférieure du Pachyhyœna gigantea. Autant qu'on puisse en juger par des figures, ce fossile ressemble bien à celui de Vaugirard. » Les quelques os du squelette recueillis par M. Munier-Chalmas sont très curieux. Ils nous ap])rennent d'abord que le Pachyhyœna de Vaugi- rard, comme ses congénères d'Amérique, avait, proportionnellement, la tête beaucoup plus grande que le corps. Ils accusent un animal de la taille d'un Lion ou d'un Ours actuel. Nous avons un tibia, deux morceaux SÉANCE DU 6 OCTOBRE 1902. 5/(5 de cubitus, des fragments d'un calcanéum, d'un astragale, plusieurs métacarpiens et phalanges. » Ces os sont fort différents de ceux des divers groupes des Carnassiers actuels. Les pattes du Pachyhyœna se rapprochaient plus des pattes des Ongulés que de celles des Onguiculés ; les surfaces d'articulation des pha- langes, moins arrondies que chez les Carnassiers actuels, ne se prêtaient pas à des mouvements aussi étendus. Les jjhalanges unguéales, au lieu d'être comprimées latéralement, sont élargies et fendues à leur extrémité. Ce sont plutôt des sabots que des griffes. n Les rapprochements que l'animal de Vaugirard nous permet de faire sont intéressants. Si l'on se rappelle que le Coryphodon et le Palœornctis, décrits d'abord en Europe, ont été trouvés ensuite en Amérique sur le même niveau géologique, on verra qu'une parenté de plus en plus étroite s'affirme entre les formes de Mammifères de l'Europe et de l'Amérique du Nord pendant l'Éocène inférieur. Dépareilles ressemblances sont connues depuis longtemps pour ce qui concerne l'Oligocène. » M. P. Le Goaziou demande l'ouverture d'un pli cacheté, déposé le 29 septembre 1902 et inscrit souâ le n° 65G8. Le contenu île ce pli, relatif à l'expérience du pendule de Foucault, est renvoyé à l'examen de MM. Appell et Violle. M. Th. Tommasina adresse une Note « Sur les charges oscillantes des surfaces radio-actives ». (Commissaires : MM. Mascart, H. Becquerel.) MM. Th. Simon et J.-Cu. Roux adressent une Note « Sur un nouvel ergomètre ». (Commissaires : MM. Marey, Lannelongue.) M. Balland adresse une Note « Sur les principales plantes fourragères » . A 4 heures, l'Académie se forme en Comité secret. La séance est levée à 4 heures et demie. M. li. C. K., KJ02, 2- Semestre. (T. CXXXV, N» 14.) 5A6 ACADÉMIE DES SCIENCES. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. OUVHAGES REÇUS DANS LA SÉANCE DD l5 SEPTEMBRE I902. Sur l'éruption de la Marliniqua, par MM. A. Lacroix, Rollet de l'Isle et Giraud. (Extrait des Comptes rendus des séances de l' Académie des Sciences, t. CXXXV, séances des i'"' et 8 septembre 1902.) Paris, Gauthier-Villars ; i fasc. in-4''. Annales de mon Observatoire, par L. -Lucien Libert; n""* 3, k, 6. Le Havre, Paris, 1902; 3 fasc. in-S". Die Gewinnung des Aluminiums und dessen Bedeutung fiir Handel und Indus- trie, von Adolphe Minet, in deulsche iibertragen von D'' Émil Abel, mit 67 Figuren und 16 Tabellen im Te\\.. {Mo no graphie n ilber angcvandle EleAtrochemie, Bd. IL) Halle s. S., Wilhelm Knapp, 1902, i vol. in-S". Martinique and seine Vulkanismus, von D' E.mil Deckert ; mil Karte. (Extr. de D' A. Petermanns Georg. Mitteilungen, 1902, fasc. VL ) i fasc. in-4°. Die westindische V ulkankatastrophe und ihre Schaupldtze, von D' Emil Deckert. (Extr. de Zeitschr. der Gesellschaft filr Erdkunde zu Berlin, 1902, n° 5.) i fasc. in-S". Die Erdbebenherde und SchiiCtergebiete von Nord-America in iliren Beziehungen zu den morphologischen Verhàltnissen, von D'' Emil Deckert, hierzii Tafel 4-7. (Extr. de Zeilschrift der Gesellschaft fàr Erdkunde zu Berlin, 1902.) i fasc. in-S". (Hommage de l'Auteur.) List of members of llie « Brilish asCronomical Association », September 1902. Londres, 1902; i fasc. in-S". Anales de la Sociedad cientijîca argentina, julio 1902. enlrega L lomo LIV. Buenos-Ayres, 1902; i fasc. in-S". Ouvrages reçus dans la séance du 22 septembre 1902. Les Bathy nomes, par Alphonse Milne-Edwards et E.-L. Bouvier. {Memoi/s of the Muséum of comparative Zoôlogy at Harvard collège; Vol. XVH, n" 2 : Reports on the results of dredging, unter the supervision of Alexander Agassiz, in the gulf of Mexico (1877-1878), in the Caribbean sea (1878-1879), and along the Atlantic coast of the United States (1880), by the U. S. coast survey steamer Blake, XL.) Cambridge (États-Unis), 1902; i fasc. in-4''. L'esthétique dans les sciences de la nature, par Ch. Janet. Paris, 1900; i fasc. in-8°. Les habitations à bon marché dans tes villes de moyenne importance, par Charles Janet. Limoges, 1900; i fasc. in-S". Essai sur la constitution morphologique de la ^é^c f/e /'/«5;C.'e, par Charles JA^ET. Paris, 1899; 1 fasc. in-S". SÉANCE DU 6 OCTOBRE 1902. 5/47 Dix opuscules sur les fourmis el les guêpes, par Charles Janet; 10 fasc. .. - Essai d'une réponse à la quesUon e ^^^^^^^^J^^^^ Tns ts d fférents pour le concours de x853, et puis remise pour celui de .856, savo.r : « Etud.er les lo.s de la ^'^'^^'^'^^r^^^^^^'J^^^tZ s mullanée. - .s sédimenlaires, su.vanl l'ordre de leur superposition. - Discuter la question de leur appanl.on ou de leur '^''11'''!^'' l^'^'^slear Bro.n, in-4» rcher la nature des rapports qui existent entre l'état actuel du règne organique el ses étals antérieurs », par M. le Professeur , ^^ ^ planches; 186. a même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences'^s Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences. N" 14. TABLE DES ARTICLES. (Séance du 6 octobre 1902.) MEMOIRES ET COMMUIVICATIOIVS DES MEMBliPiS ET DES CORRESPONDANTS ,DE L'ACADÉMIE. Pages. M. ApPELL. — Présenlalion de la fin de son Traité de Mécanique rationnelle 52i NOMirVATIONS. MM. H. PoiNCARÉ, HatON de la GOUPILLIÈUE sont désignés à M. le Ministre de la Guerre pour faire partie du Conseil de perfec- tionnement de l'École Polytechnique pour l'année 7902-1903 522 CORRESPOIVDAIVCE. M. le Seorétaihe perpétuel sigaale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance, les K OEuvres complètes de J.-C. Galis- sard de Marignac, Tome I, 1840-1860 ». 523 M. J. Guillaume. — Observations du Soleil faites à l'Observatoire de Lyon pendant le premier trimestre de 1902 SaS M. Gustave Leveau. — Comparaison dos Tables de Vesta avec les observations méridiennes faites de 1890 à 1900 5.îj M. W. Stekloff. — Remarque sur un pro- blème de Clebsch sur le mouvement d'un corps solide dans un liquide indéfini et sur le problème de M. de Brun 526 M. DE Seguier. — Sur un tbéorème de M. Frobenius 5s8 M. R. Fosse. — Sur un dérivé de l'eau oxygénée 53o M. H. Masson. — Synthèse de quelques alcools tertiaires (II). Diphénylcarbinols. 533 M. Bouzat. — Sulfates 'cupro-ammoniques anhydres 534 Bulletin bibliographiquu: M. Ferdinand Jean. — Sur la recherche et le dosage de l'extrait de châtaignier en mélange avec l'extrait de chêne M. Go^'.iUD. — Sur la fermentation pectique. M. L. Launoy. — L'élaboration du vénogène et du venin dans la glande parotide de la Vipera Aspis M. André Tournouiîr. — Recherches palé- ontologiqucs en Patagonie M. Marcellin Boule. — Sur un Carnassier gigantesque trouvé dans l'argile plastique de Vaugirard, près de Paris M. P. Le Goaziou. — Ouverture d'un pli cacheté relatif à l'expérience du pendule de Foucault M. Th. Tommasina adresse une Note « Sur . les charges oscillantes des surfaces radio- actives » MM. Tii. Simon et .T.-Ch. Roux adressent une Note u Sur un nouvel ergomètre » M. Balland adresse une Note 0 Sur les principales plantes fourragères » 53G 537 539 540 543 545 545 545 545 546 PARIS.— IMPRIMERIE G A UT III E R - V IL L ARS, Quai des Grands-Augustins, 55. Le Gérant: Gauthier-Villars. NOV lr^ r -' 1902 ^dO.^ SECOND SE3IESTRE. COMPTES RENDUS I HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. TOME CXXXV. N 15(13 Octobre 1902). '' PARIS, GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, Quai des Grands-Auguslin=, 55. 1902 RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES REND Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1873 Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie se composent des extraits des travaux de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes présentés par des savants étrangers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne, 26 numéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. Article i". — Im.pression des travaux de l'Académie. Les extraits des Mémoires présentés par un Membre ou par un associé étranger de l'Académie comprennen t au plus 6 pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o pages par année. Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans le Compte rendu di& la semaine que si elle a été remise le jour même de la séance. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires ; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par les Correspondants de l'Académie comprennent au plus 4 pages par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de Sa pages par année. Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis- cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca- démie ; cependant, si les Membres qui y ont pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les re- mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion. Les Programmes des prix proposés par l'Académie sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap- ports relatifs aux prix décernés ne le soi que l'Académie l'aura décidé. Les Notices ou Discours prononcés e blique ne font pas partie des Comptes rei Article 2. — Impression des travaux i étrangers à l'Académie. Les Mémoires lus ou présentés par d qui ne sont pas Membres ou Correspond demie peuvent être l'objet d'une analyse^ sumé qui ne dépasse pas 3 pages. Les Membres qui présentent ces Mé tenus de les réduire au nombre de pagei Membre qui fait la présentation est toujo mais les Secrétaires ont le droit de réduir autant qu'ils le jugent convenable, comn pour les articles ordinaires de la correspo cielle de l'Académie. Article 3. Le bon à tirer de chaque Membre doit > l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au jeudi à 10 heures du matin; faute d'être rei le titre seul du Mémoire est inséré dans le C actuel, et l'extrait est renvoyé au Compl vaut et mis à la fin du cahier. Article 4. — Planches et tirage à^ Les Comptes rendus ne contiennent ni ] figures. Dans le cas exceptionnel oîi des figu autorisées, l'espace occupé par ces figure pour l'étendue réglementaire. Le tirage à part des articles est aux f leurs; il n'y a d'exception que pour les^ les Instructions demandés par le Gouverr Article 5. Tous les six mois, la Commission admini un Rapport sur la situation des Comptes n l'impression de chaque volume. Les Secrétaires sont chargés de l'exécut sent Règlement. Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels soi déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5'. Autrement la présentation sera remise à la 88 ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 15 OCTOBRE 1902. PRÉSIDENCE DE M. BOUQUET DE I.A GRYE. MEMOIRES ET COMMUiMCATIONS UES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'AGADÉMJE. HISTOIRE DES SCIENCES. — Sur les Registres de laboratoire de Lavoisier; par M. Berthelot. « Le Journal de laboratoire de Lavoisier a été donné par sa veuve, M""* de Rumford (morte en i836), à Arago, qui l'avait mis en i843 à la disposition de la Commission chargée de publier les OEuvres de notre illustre Confrère, à la suite d'une lettre de M. Villemain, ministre de ITustruclion publique, qui avait consulté l'Académie sur l'intérêt qu'il y aurait de faire cette publication aux frais de l'État ('). Voici bientôt soixante ans que le dépôt fait par Arago est conservé dans les Archives de l'Académie. » Ce Journal consistait principalement en quatorze grands Registres, dont treize seulement se sont retrouvés après la mort d'Arago, survenue (') On lit dans les Comptes rendus des Séances de V Académie, tome XVII, p.43i, séance du 28 août i843 : « M. Arago annonce qu'il mettra à la disposition des per- » sonnes que l'Académie désignera pour diriger cette publication, les papiers de )i Lavoisier, qui lui ont été donnés par la veuve de cet illustre chimiste, n La table du Volume reproduit cette indication en la précisant par les mots : « les manuscrits de ce » savant (Lavoisier) qui sont en sa possession ». Dans le même Volume, on lit encore à la page 458 : « M. Arago dépose sur le bureau » le Journal du Laboratoire de Lavoisier, afin que la Commission nommée par l'Aca- )i demie y puise ce qu'elle trouvera propre à figurer dans l'Edition projetée des » OEuvres de ce célèbre chimiste. » On verra d'ailleurs plus loin qu'Arago, se regardant comme possesseur régulier, a cru pouvoir faire cadeau de l'un de ces Registres. G. R., i()Oi, 2* Semestre. (T. CXXXV, N» 15.) 73 55o ACADÉMIE DES SCIENCES. en i853. J'en ai publié en 1890 l'analyse, qui occupe 102 pages, dans mon Ouvrage intitulé : La Révolution chimique : Lavoisier {'). « J'ai été chargé d'ailleurs, en 1891, par un arrêté du Ministre de l'In- struction publique, de la publication de ces Registres. Ils n'avaient pas été compris dans le plan des éditeurs (Dumas, Debray, Grimaux)des OEuvres de Lavoisier, qui ont exécuté leur travail de 1861 à iSgS, en réunissant dans six Volumes les Traités et Mémoires imprimés autrefois dans diffé- rents Recueils et en y ajoutant un certain nombre de documents, tirés des papiers manuscrits de Lavoisier, mis à leur disposition très libéralement en 1846 par M. Léon de Chazelles, aussi soucieux que l'Académie de la mémoire du grand homme, à la famille duquel il était allié {-). » Aucun examen de ce Journal de Laboratoire ne paraît avoir été publié avant l'époque où j'ai eu occasion de le consulter dans nos Archives, à l'occasion de la Notice historique sur notre célèbre Confrère, que j'ai lue à l'Académie, dans sa séance publique, en décembre 1889, pour accomplir un devoir traditionnel, qui ne l'avait pas été jusque-là dans l'enceinte de l'Institut. Les résultats consignés dans ces Registres sont exclusivement d'ordre scientifique; ils ne renferment d'ailleurs rien d'essentiel, qui soit demeuré inédit parmi les découvertes de Lavoisier : ce clair et méthodique génie ayant pris soin de pousser à bout toutes ses recherches de quelque importance et de les publier de son vivant, dans les Recueils de l'Académie et dans ses propres Ouvrages. Un Journal de Laboratoire n'en offre pas moins un intérêt notable pour les personnes curieuses de l'histoire de la Science et qui désirent connaître l'origine et la progression des idées direc- trices des génies inventeurs. Je me suis efforcé de les mettre en évidence dans l'analyse que j'ai publiée du Journal de Lavoisier (' ). Cependant, cette analyse était demeurée incomplète. En effet, je n'ai eu en maui que 'treize de ces grands Registres; le second, relatif aux expériences exécutées entre le 28 août 1773 et le ^3 mars 1774, n'ayant pas été retrouvé après la mort d'Arago, survenue en i853. J'ai pu reconnaître seulement qu'il devait renfermer le récit des expériences sur la combustion du diamant et sur la calcination de l'étain dans des vases fermés. » Or, au mois d'août dernier, M. Brocard, correspondant du Ministère (') Alcan, éditeur. La seconde édition a paru récemment. (^) M-=de Chazelles était la petite-fille de l'un des frères de M-" de Rumford, veuve de Lavoisier; elle fut sa légataire universelle. {^) La Révolution chimique : Lavoisier, p. 210 et 249. SÉANCE DU l3 OCTOBRE 1902. 55 J de l'Instruction publique, a bien voulu m'annoncer qu'il avait trouvé mention de ce Registre dans le Catalogue général des Monuments des BibliolJièqties publiques de France, t. XITI, édité en 1 891. I.a note qu'il m'a envoyée ces jours-ci sera imprimée plus loin (p. 574) dans le présent numéro des Comptes rendus. » Ce Registre appartient aujourd'hui à la Bibliothèque de Perpignan, à laquelle Arago, qui le possédait, en avait fait don par écrit autographe et signé, à une époque qu'il n'a pas été possible de préciser. Le Ministre de l'Instruction publique a bien voulu le faire venir à Paris et je vais donner brièvement les résultats de mon examen, afin de compléter mes analyses antérieures. » Ce Registre, de même que les autres (à l'exception du dernier), est relié en veau plein, avec fleurons dorés au dos, rappelant la fleur du char- don. Il porte au verso de la feuille de garde une inscription similaire aux autres : « Tome second du 9 7''™ 1773 au 5 Mars 1774- " Sur la feuille suivante on lit, de la main de Lavoisier : « Registre pour les expériences » chimiques commencé le 9 7*^'" 1773. » Au-dessous de ces deux titres sont les Notices relatant le don fait par Arago, avec sa grosse et belle écri- ture et sa signature. Observons seulement que l'indication suivante qui y est inscrite : « De la feuille 8 à la feuille 29, les notes sont de la main de » Macquer; il en est de même des feuilles 85, etc. » est erronée. En effet, l'écriture de ces notes n'est pas celle de Macquer, comme je m'en suis assuré en les coUationnant avec des lettres authentiques (') de Macquer, qui existent à la Bibliothèque nationale (Macquer, Correspondance, t. II, f. 3; ms. nouv. acq. franc. 2761). L'écriture claire et nette de Macquer n'a aucun raj)port avec l'écriture grosse, lourde, un peu imparfaite, fort lisible d'ailleurs, du Registre de Lavoisier. En fait, celte écriture est celle de M'"* Lavoisier, comme on peut le vérifier sur les autres Registres et notamment sur l'Index alphabétique placé en tête du Registre n° 1. Elle avait coutume de transcrire les résultats des expériences sur ces Registres, concurremment avec Lavoisier lui-même, auquel elle servait de secré- (') J'avais espéré trouver quelque autre certitude à cet égard dans les Rapports manuscrits, signés de Macquer, qui existent aux Archives de l'Acadéaiie des Sciences. Mais il ne m'a pas été possible d'en tirer quelque lumière à cet égard, parce qu'ils ont été écrits, en réalité, par cinq ou six personnes ou secrétaires distincts, dont les écritures diffèrent entre elles et ne diffèrent pas moins de celle des lettres authen- tiques de Macquer. 11 faut beaucoup de prudence en pareille matière. 352 ACADEMIE DES SCIENCES. taire. M"'' Lavoisier a pris soin de se montrer en action dans une sépia, que j'ai re[)rodnite en tête de ma RévoUtlion chimique. Pour compléter la certitude à cet égard, j'ià cru utile de prendre comme terme de comparai- son une lettre authentique de M™* Lavoisier, adressée au Comité de sûreté générale en novembre 1793 et qui existe aux Archives nationales, F' 4757. » Ce qui a causé l'erreur d'Arago, c'est l'indication suivante du Re- gistre (f. 9) : « Rédigé par M. Macquer ». Il est probable que la page dont il s'agit a été copiée sur les indications d'un Rapport de Macquer, qui collaborait aux expériences qui y sont relatées. Mais cette copie n'est pas de son écriture et elle en diffère même beaucoup. » A la fin du Registre actuel se trouve une table alphabétique des ma- tières, d'une troisième écriture, fort différente du reste, et qui est l'œuvre soignée d'un secrétaire calligraphe. » Venons aux sujets traités dans le Journal de Lavoisier. » Les feuilles 1, 3, 3 sont blanches. » Feuille 4. « Du 27 septembre 177^. Effet de l'eau imprégnée d'air » fixe (') sur les dissolutions métalliques. » » Ces expériences, pour la plupart négatives, ont été résumées dans les Opuscules (OEUVRES, t. I, p. 636); les mots « air fixe » y sont remplacés par « fluide électrique ->. » 5. I' Dissolutions métalliques combinées avec une dissolution de terre » calcaire dans l'air fixe. » Même Volume, p. 637, 638. » 6. « Déterminer la pesanteur spécifique de l'acide nitreux fumant. » On appelait alors acide nitreux notre acide nitrique. D'après les poids indi- qués, cette pesanteur était 1 ,26 pour l'échantillon examiné. » 6, 7. « Acide nitreux sous une cloche, 4 septembre 1773 » (avec addition d'esprit-de-vin). La cloche était placée sur l'eau. L'action a été lente. Au bout de 8 jours, on a obtenu un air qui activait la flamme et tuait sur-le-champ les animaux (^). » 9 à 15, 57. « Vérification des expériences de M. Lavoisier sur la fixa- » tion de l'air dans les corps et sur le fluide élastique qui s'en dégage dans » plusieurs circonstances, en présence de MiVT. Trudaine, Le Roi, deMonti- )) gny, Macquer et Cadet, le samedi 24 septembre 1773. — Rédigé par » M. Macquer. » — C'est la reproduction des expériences décrites dans les (') Noire acide caibonif|ue. (-) Notre jjroloxyde d'azote, mêlé probablement de bioxyde. SÉANCE DU l3 OCTOBRr: 1902. 553 Opuscules (OEUVRES, t. I, p. 559 ^^ suivantes), expériences entreprises pour vérifier les observations et les théories de Black ( ' ), prélude de celles de Lavoisiei' sur les métaux. )) 17, 18. Suite : OEuvres, t. I, p. 389. » 15, 16, 24. « Combustion du phosphore dans un vaisseau clos » (.sur le mercure). Reproduction de l'expérience des Opuscules (OEuvres, t. I, p. 641). L'augmentation de poids est estimée par un procédé peu précis : OEuvres, t. I, p. 65o. » 19. « Précipitation de l'eau de chaux par la vapeur du charbon » (après combustion). Vérification d'une expérience de Cavendish : OEuvres, I. I, p. 4^1 • » 20, 21, 22, 32, 47, 48. « Dégagement du fluide élastique du » minium (-) par suite de sa réduction en plomb et effets de ce fluide. » (OEuvres, t. I, p. 600, 604, Gi3.) » 23. « Du mercredi 29 septembre 1773. Distillation du charbon dans » les vaisseaux clos. » (OEuvres, t. I, p. 609.) Le produit trouble l'eau de chaux (^). « Expérience à revoir », écrit Lavoisier. » 25. « Expériences faites au Jardin de l'Infante (') le i5 octobre 1773 » avec la lentille de l'Académie. » « Calcination du marbre au verre ardent. » » 26. « 16 octobre 1873. Évaporation du diamant sous une cloche » renversée sur l'eau distillée. Réduction du diamant en charbon. » Ce litre a été ajouté de l'écriture de Lavoisier. — La rédaction est écrite par M'°' Lavoisier. » Les expériences qui suivent, poursuivies en partie avec le concours de Macquer el de Cadet, sont celles qui figurent dans le Mémoire intitulé : Destruction du diamant par le feu. (OEuvres, t. L p- 38 à 88, principalement depuis la page 64-) » 30. « Calcination delà craye au verre ardent. » « 31, 45, 46, 47. « Calcination du charbon par le feu des four- » neaux. » (') La /{évolution cininique, p. Z']. (') Mêlé de charbon. (') Ce qui s'explique par la présence d'une certaine quantité d'air ordinaire dans le vase. (*) Devanl le Louvre. 554 ACADÉMIE DES SCIENCES. » 33. Suite. — 35, 36, 37. « Évaporation du diamant dans l'air » fixe. » (OEuvREs, t. II, p. iSo.) » 34. « Du 28 octobre 1773. Combustion de l'esprit de vin par l'acide » phosplîorique. » » 38. « Charbon. Son évaporation dans l'air fixe au verre ardent. » (OEuVRES, II, 82.) » 40. « Malachite au verre ardent. » « Lapis lazuli au verre ardent. » » 41, 42. « Charbon exposé au verre ardent sous une cloche ren- » versée dans du mercure. » (OEuvres, t. II, p. 84.) '> 43, 44, 45. « Calcination du plomb sous une cucurbite renversée » dans du mercure » (avec le verre ardent). (OEuvres, t. I, p. 6r4, 617.) » Les feuilles suivantes, de 48 à 56, puis 82, 83, 84, 90, 92, 93, renferment des expériences sur l'acide phosphorique, ses combinaisons, ainsi que le sel d'Epsum (sulfate de magnésie et les sels magnésiens); expériences sans grande importance. Celles qui concernent l'acide phos- phorique sont reproduites : OEuvres, t. II, p. i4i, i52; voir aussi p. 271. » 57. « Dégagement de l'alkali volatil du sel ammoniac par la chaux » faite par la voie humide. » « M. de Trudaine m'ayant fait naître quelqu'inquiétude sur le dégage- » ment de l'alkali volatil du sel ammoniac par les terres calcaires précipi- » tées sous forme caustique et non caustique, j'ay répété de nouveau toutes » les expériences. » » 59, 60, 64, 65, 69. Expériences sur le « spath phosphorique » (fluorure de calcium) et sur son acide (appelé spalhique) — peu signifi- catives. » 62, 63, 68, 75. « Base du sel d'Epsum, etc. « (Ce n'est pas notre magnésie caustique qui est désignée par ces mots, mais son carbonate.) » 65. « Effets de la vapeur d'eau bouillante sur les corps en flammes. » Elle n'entretient pas la flamme, dont l'air « est un aliment nécessaire ». C'est une vérification d'une vérité connue. » 66. C'est la seule feuille qui renferme quelques réflexions générales : « Projets d'expériences » sur la pesanteur de la matière du feu. « « M. de Bufon paraît avoir prouvé par des expériences qu'il regarde » comme décisives que la matière du feu pèse et qu'un corps parvenu à » l'état d'incandescence en contient entre jb ^t ^ de sa masse. Cette SÉANCE DU l3 OCTOBRE I902. 555 » quantité est assez considérable pour pouvoir être appréciée et il est aisé » de répéter l'expérience de M. de Bufon avec des corps très fixes qui ne » laissent aucun doute. » Mais si la matière du feu pèse, voilà un moyen de connaître ce qui se » fixe de matière du feu dans un mélange, ou ce qui s'en dégage; le poids » du corps doit être plus ou moins pesant, suivant que la quantité fixée ou » dégagée est plus ou moins grandi^. » Une première expérience à faire est la combustion du phosphore dans » une bouteille vide. On en peut brûler quatre ou cinq grains. Mais il faut n que la bouteille soit assez forte pour résister dans le premier moment à » la dilatation intérieure de l'air de la bouteille. » » Cette question de la pesanteur de la matière du feu a été l'objet d'une multitude d'expériences au xviii* siècle : la théorie du phlogistiquey con- tluisait naturellement. Boerhave avait constaté qu'une barre de fer rougie ne change pas de poids. Ces expériences, en Chimie surtout, étant donné l'état des connaissances de l'époque, comportaient un grand nombre de causes d'erreurs. C'est Lavoisier qui l'a résolue d'une façon définitive ('). » Cependant, il n'existe pas, à ma connaissance, dans les OEuvres imprimées de Lavoisier, aucun endroit où il ait parlé de celte opinion propre de Bulfon, qui semblait se présenter dans sa discussion relative à la théorie du phlogistique : ce qui s'explique d'ailleurs par une question de courtoisie, Buffon ayant vécu jusqu'en 1 788. » 70 à 74. « Des 25 et 26 décembre 1773. Air dégagé dans la combi- » naison de l'acide nitreux (-) et de l'esprit de vin. » — L'auteur effectue l'attaque de l'alcool par un acide nitrique pesant 1,26. — Il décrit assez con- fusément la formation de l'acide carbonique, accompagné par une certaine quantité d'un gaz inflammable (notre éther nitreux?) et celle de divers autres produits. Le problème était trop compliqué pour être abordé à cette époque. ). 76-77-78, 81, 88, 89, 91. - En blanc. » 79, 80. « Décomposition du bleu de Prusse par l'eau de chaux. » — Peu net. » 85 à 87. '( Du 27 janvier 1774. Acide du citron. Sa préparation. » Expériences imparfaites. (') Voir La Révolution cliiniujue : Lavoisier, p. i3, 84, 89, go et passim. (^) Notre acide nitrique. 556 ACADÉMIE DES SCIENCES. » 94. « Dégagement de la vapeur du foye de soufre. Elle est inflam- mable. » .Sulfure de calcium et acide sulfurique étendu. » 95 à 115. « La calcination du plomb et de l'étain dans des vaisseaux » scellés hermétiquement; du 5 février au 5 mars 1774- « » Ces expériences offrent une importance de premier ordre. Aussi Lavoisier les a-t-il transcrites à peu près intégralement dans son Mémoire lu à la rentrée publique de l'Académie, à la Snint-Martin 1774 et publié en 1777 dans les Mémoires de l'Académie. Ce Mémoire figure dans les OEuVRES, t. II, ]). io5-i2i ('). » 116 à 117. « Acide nitreux destiné à faire un grand nombre d'expé- » riences; i5 mars 1774- » » Il était préparé par l'action de l'argile sur le salpêtre, afin d'éviter la présence de l'acide vitriolique; il ne précipitait pas la dissolution d'argent, et sa pesanteur spécifique, mesurée à l'aréomètre, à ii°R., était i,3i6. » 118 à 122. « Table alphabétique. » » Tel est le résumé du second Registre de Laboratoire de Lavoisier. Il renferme moins de réflexions originales que le premier et le troisième. Il offre cette importance de compléter le Journal de ses travaux, pendant une période où le détail en faisait défaut. On y voit que cet esj^rit curieux et pénétrant, encore au début de ses recherches (il avait 3o an.s), a poussé ses essais dans des directions multiples, ouvertes de son temps; il cher- chait sa voie, non seulement dans l'étude des phénomènes d'oxydation, mais aussi dans l'examen des problèmes de saturation soulevés par la multiplicité des sels que l'acide phosphorique forme avec la chaux; par l'étude des sels magnésiens dont la nature propre, par rapport aux autres terres, n'était pas encore complètement définie; par celle du bleu de Prusse, de l'acide spalhiquc, de l'acide citrique, composés étudiés à la même époque d'une façon plus profonde par Scheele. Mais bientôt, au lieu de disperser ses efforts dans des directions aussi variées que difficiles, il eut la sagesse de les concentrer sur la question fondamentale de l'oxydation et de la conser- (') Il ne contient pas les essais relatifs au jjlomb qui figurent au Registre. Ces derniers essais laissent à désirer, comme Lavoisier le déclare; probablement à cause de l'altération du verre, par l'elTet de la haute température nécessaire pour fondre et calciner le plomb, jointe à l'attaque du verre par l'oxyde de plomb, lequel ne pouvait plus être recueilli ensuite séparément. SÉANCE DU l3 OCTOBRE 1902. 557 vation du poids de la matière, où il a trouvé le nœud du problème pon- déral, jusque-là insoluble, et la base inébranlable de In Chimie moderne. » ASTRONOMIE. — Sur quelques parlicularités de la théorie des étoiles fdanles. Existence de points radiants stationnaires par 45° de latitude. Note de M. O. Callaxdreau. « I.a question des points radiants, dils stationnaires, sollicite toujours l'attention des astronomes. S'il est nécessaire que les observations mettent les faits en lumière, le besoin d'essais théoriques, pour préciser les points en discussion, se fait aussi sentir. I.a difficulté tient surtout à l'igno- rance où l'on est sur la vitesse avec laquelle les météores entrent dans l'atmosphère. Après les mémorables découvertes de Schiaparelli, les astronomes furent naturellement conduits à admettre que la vitesse des météores ne différait guère de la vitesse parabolique, en d'autres termes, qu'il y avait un lien intime entre les météores et les comètes. Mais la suite a montré que la dépendance entre les deux espèces de corps n'était peut-être pas aussi évidente et aussi générale qu'on l'avait d'abord constaté. » En fait, il y a des exemples de corps se mouvant avec une vitesse plus petite ou plus grande que la vitesse parabolique; il convient de distinguer chaque hypothèse et de reprendre en particulier celle des vitesses faibles, qui concorde avec les nombres obtenus récemment par le D'' Elkin au moyen d'appareils photographiques enre2;istreurs offrant sans doute plus de garanties que les simj>l'>s évnJuations de vitesse. » Ayant formé, on partant du Catalogue de M. Rleiber, comprenant les 918 points radiants déterminés par M. Denning, le Tableau des centres de radiation pour chaque degré de longitude entre 4o° et 5o° de latitude, j'ai constaté une tendance manifeste à la condensation par groupes des points radiants; il paraît impossible d'attribuer cette répartition entièrement au hasard et de nier le fait expérimental d'une radiation persistante entre les latitudes indiquées. On peut prendre, comme latitude moyenne des radiants considérés, 45°, parce que leur nombre est maximum pour cette latitude. » Or il est facile de montrer qu'un faisceau d'orbites ayant une durée de révolution peu différente de celle de la Terre donne lieu à une radiation G. R.. 1902, 2« Semestre. (T. CXXW, N" 15.) 74 558 ACADÉMIE DES SCIENCES. stationnaire en longitude si les directions des périhélies de ces orbites pré- sentent une conflensatinn ('). » Prenons, en effet, les intégrales du mouvement elliptique appelées intégrales de Laplace (^Mécanique céleste, t. I, p. 35o) qui s'écrivent ^ k'-.r dr f. dz /• ' dt ^^'dt o — / H r- -1- -, dx ' dt dz i posant dz dr -'dï' dv d.v -y^t = k \p cos;. » Pour le point de rencontre des météores avec la Terre, :; = o, dz „ dz /■ dz''\ k' df- J ' ' dt r dz-'X /,- dt' J dx les équations ci-dessus deviennent » Si on les rapproche des équations de la théorie des étoiles filantes qui servent à déterminer la longitude L et la lalilude B du point radiant d'un essaim : — ff cos B cos L = — - -f- X- -^ , ° dt r — s; cos B si n L = -f- — k-^ * dt r * dt on trouve aisément que, dans l'hypothèse d'une vitesse égale à la vitesse de translation de la Terre et d'une latitude B = 45°, et en général si V -''-kdF'' (') Il convient de rappeler que Tisserand (Comptes iundus, t. CIX, p. 344) a énoncé le résultat que, dans l'hypotliùse de la radiation stationnaire, les plans des orbites développent un cône du second degré. SÉANCE DU l3 OCTOBRE 1902. SSg les équations qui déterminent la longitude du point radiant ne diffèrent pas des intégrales de Laplace, et tangL = y, ne dépend que de la longitude de la projection du périhélie de l'orbite sur le plan fixe. » Le fait d'une condensation des périhélies dans une famille d'orbites n'a rien d'inadmissible. Le point essentiel serait, il me semble, de faire des comparaisons de vitesses, afin de voir si celles correspondant aux radiants stationnaires sont moindres que la vitesse parabolique. » OPTIQUE. — Démonstration générale de la construction des rayons lumineux par les surfaces d'onde courbes. Noie de M. J. Bodssinesq. « I. Huygens et Fresnel ont admis qu'un rayon lumineux, constitué par des ondes planes limitées latéralement et se propageant dans un milieu homogène, pouvait se construire en menant, autour d'un quelconque de ses points, la surface enveloppe d'ondes planes de toute direction passées simultanément par ce point, et enjoignant celui-ci au point de contact de cette surface avec l'onde plane qui lui est tangente parmi les proposées. Ce théorème a été, depuis longtemps, démontré dans le cas ordinaire où les équations du mouvement expriment l'égalité des trois dérivées secondes, en t, des déplacements vibratoires c,, ■/■,, i^ suivant les r, y, :;, à trois fonc- tions linéaires homogènes des dérivées secondes de c„ •/), 'Ç, par rapport aux coordonnées d'équilibre ou moyennes x, y, z ('). Mais, à l'exemple de Fresnel dans ses vues sur la double réfraction circulaire, confirmées par ses propres expériences, les physiciens appliquent le môme théorème à des cas où les équations du mouvement sont d'ordre supérieur au second. Il y a donc lieu de le démontrer généralement. » C'est ce que je me propose de faire ici pour des équations de mouve- ment linéaires et à coefficients constants, contenant ;, ri, X, avec leurs dérivées d'ordres quelconques en x,y, z, t, du moins dans le cas d'ondes planes courantes à vibrations périodiques pendulaires, où l'on sait, depuis Cauchy, que les déplacements sont les parties réelles de solutions symbo- liques de la forme (i) (^, r,,^) = (L,M,N)e*;'-'»'^'^, avec t, = Ix -\- my -h nz. (') Dans l'hypothèse, toutefois, que leurs coefficients vérifient les relations assu- rant la conservation des forces vives. 56o ACADÉMIE DES SCIENCES. » II. Dans ces formules, d'une part, le temps tç, employé par les ondes à atteindre le point (^x,y,z'), après leur passaije à l'origine, est une fonc- tion réelle et linéaire de x,y, z, à coefficients /, m, n ayant entre eux des rapports arbitraires donnés, d'autre part, les coefficients d'amplitude L, M, N, généralement imaginaires, sont trois constantes, dans un système d'ondes indéfinies, mais lroi<, fonctions de x\ y, z, à variations très lentes, quand les ondes se trouvent latéralement limitées. Les dérivées de L, M, N, que nous écrirons }, ' ' — ~, seront donc petites et, ne variant de fractions notables de leurs valeurs que sur de longs parcours, auront leurs propres dérivées négligeables. Dès lors, chaque différentialion en x,y, z, effectuée sur les expressions (i) de t, t), 'C ou sur leurs dérivées, revient à introduire devant l'expression différentiée (abstraction faite de l'exponentielle) le facteur symbolique correspondant — k(l,/n, n^sj— i H — r— — ^^ ou /»■ ax k Oy k dz (2) — Â\ — i( /-+- ^— ; — ^-! «i + ^— ; —' n M Les symboles ^—7 z-, r ajoutés, dans ces formules, à /, m, n, et que suivra finalement L, M ou N, pourront, dans les combinaisons d'opérations, êlre assimilés à des accroissements 1res petits de /, m, n, et désignés par Ol, dm, On, en ce sens que leurs carrés et produits symboliques se trouveront négligeables, chacun d'eux indiquant une dérivation très rapetissante à effectuer sur la quantité qui suit. » III. Cela posé, si 9, /.d*,©,, y,, 'h,, 9^, y.,, ']/., sont, dans le cas d'ondes planes indéfinies, les polynômes en /, m, n résultant de la substitution des expressions (i) dans les divers termes, respectivement en \, -n, ^, des équa- tions proposées du mouvement, les équations obtenues en /, m, n et L, M, N s'écriront, après suppression de l'exponentielle, i oL+ -JjSl + ^|;N =0, (3) o,L + -/,,M+4.,N = o, ( (p.L + x.M + ^-.N = 0; et elles entraîneront, outre la proportionnalité de L, M, N à trois poly- nômes \, [h, V en /, TU, n, l'équation entre /, m et n qu'exprime l'annulatio:» du déterminant de ce système homogène. » Si, au contraire, les ondes étant latéralement limitées, L, M, N varient SÉANCE DU l3 OCTOJÎRE 1902. 56 1 lentement d'un point à l'aulre, /, m, n seront accompagnés, dans -p, y, '-f-o,;/H-cp.v' = o, y?^' -+-'/,! [J-' -^'/y' = 0, '\il' -h'\i,[J.' + 4^...)n],«^... » Mais, d'après les équations (3), les rapports mutuels deL, M, N sont, à une première approximation, égaux à ceux de 1, ,u., v; et, dans les petites dérivées premières de L, M, N, on peut, sauf erreurs négligeables de l'ordre des dérivées secondes, supposer proportionnelles à L, M, N eux-mêmes leurs variations simultanées; de telle sorte que, si I désigne un coefficient quelconque d'amplitude, par exemple, le rapport commun de L, M, N à X, , ,. . , ô{h, M,i\') [y., V, les dérivées -^— — _ vaudront les produits respectifs de L, M, N par I d{x,y,z)' » Si donc on appelle P, Q, R les trois quantités entre crochets, dans la seconde équation ( 7), après substitution de \, y., v à L, M, N, ces deux rela- tions deviendront /«\ i' à\ , (} (Il R ôl ,. „ - , .(^) ï ^ ^ t dy + T dz = "• ' '^^ + ^^ '^'" + ^ '^'' = <^>- » La première montre que l'amplitude I se conserve, dans chaque onde plane, suivant la direction (P, Q, R); et la seconde, rapprochée de l'équa- tion xdl+ydm + zdn — o, fait voir que les coordonnées ^,j, s du point de contact de cette onde avec son enveloppe sont proportionnelles à P, Q, R, ou que le rayon vecteur tiré de l'origine au point de contact a bien cette direction siiwant laquelle le mouvement se transmet, en d'autres termes, qu'il trace le rayon lumineux. » V. Il suffit, on le voit, que l'équation en l,m, n soit débarrassée du symbole y/— 1, et qu'elle admette des racines réelles quand /,w,/i reçoivent les rapports mutuels soit donnés, soit voisins de ceux-là, pour que des ondes planes persistantes, ou d'une amplitude I se conservant à toute àtëlancQ dans le sens des rayons, soient possibles. Elles seront, de plus, déli- milables latéralement d'une manière arbitraire; car, dès quel sera inva- riable le long des rayons, ou que la première équation (8) se trouvera vérifiée, les relations (4) se réduiront à deux distinctes; et l'on y satisfera, quelles que soient les petites dérivées ^ '^ ' ' -)' P^*" d'imperceptibles 1 o. o. SÉANCE DU l3 OCTOBRr: 1902. 563 altérations des rapports mutuels de L, M, N, c'est-à-dire par d'insignifiants changements des trajectoires de l'éther ou d<'s différences de phase qu'y offre le mouvement projeté sur les divers axes. » CHIMIE MINÉRALE. — Étude du pentaftuorure d'iode. Note de M. Henei 3InissAiv. « L'étude fie l'action du fluor sur l'iode présentait un certain intérêt pour établir la valence de l'iode. Gore avait indiqué que l'on pouvait obtenir un pentafluorure d'iode en chauffant un mélange de fluorure d'ar- gent et d'iode dans un tube de platine ('). Cette réaction a été étudiée ensuite par Macivor (^). Mais les constantes physiques du composé ainsi obtenu sont loin de répondre, comme nous le verrons plus loin, à celle du pentafluorure d'iode. » Préparation. — Pour obtenir ce nouveau composé, nous nous sommes servi d'un tube horizontal en verre, au milieu duquel se trouvait une nacelle de platine contenant de l'iode pur et sec. Un petit tube de platine amenait le courant de fluor exempt d'acide fluorhydrique au milieu même de la nacelle. Le tube de verre était légèrement incliné et son extrémité étirée, puis courbée à angle droit, se rendait dans un tube en U main- tenu à 0°. A la suite de ce tube en U se trouvait une série de tubes à ponce sulfurique pour éviter toute rentrée de l'humidité atmosphérique. » Aussitôt que le fluor arrivait au contact de l'iode, il se produisait une flamme peu éclairante, et, pour éviter une trop grande élévation de tem- pérature qui aurait volatilisé de l'iode, on avait soin d'entourer la partie du tube de verre dans laquelle se produisait la réaction d'un petit serpen- tin de plomb traversé par un courant d'eau froide. Tout cet appareil devait avoir été séché avec le plus grand soin, de façon que le fluor n'agisse pas sur le verre. Dès que la réaction se produit, on voit des stries liquides se condenser en abondance sur les parties froides du tube. » On recueille dans le tube en U un liquide incolore, dense, qui, aux environs de son point de solidification, présente une consistance légère- ment sirupeuse et qui ne tarde pas à se solidifier au contact de la paroi de verre refroidie. » Le courant de fluor doit être continu, sans cependant avoir une vitesse (') Gore, Cliem. Navs, t. XXIV, 1871, p. 291. ( = ) Mac IvoR, Chem. Ne) Roscoff. — 6 Syngnathus (sp.?), 1 Ortliagoriscus mola, 3 Gunnellus vulgaris, (') Notons en outre que sur 9 Anguilla vulgaris capturées au bord de la mer, à RoscolT, une renfermait le Trypanosome découvert par Sabrazès et Muratet et que nous avons retrouvé nous-mêmes chez des Anguilles pèchées en eau douce; nous le décrivons sous le nom de Tryp. granulosum dans notre Mémoire des Archi^' fur Protisten k un de . (') Dans notre Note de igoi {^loc. cit.), cette espèce a été désignée, par erreur, sous le nom de Bl. gaUorugine. 570 ACADÉMIE DES SCIENCES. 2 Lophius piscatorius, 2 Mullus surmuletus, 5 Trigla, 10 Cottus biihalis, i Chry- sophrys aurata, 5 Labrus, 5 Crenilabrus melops, 7 Ammodiles tobianus, 2 Gat/w^ pollachius, 4 Motella tricirrata, 7 Pleuronectes (5/?. vs/vœ), 3 Lepadogaster Goua- ini, 4 Conger conger. » Modes d'infection. — Les Trypanosomes el les Hématozoaires endo- globulaires se présentent, dans le sang des Poissons, avec des formes analogues à celles que l'on rencontre chez les Vertébrés à sang chaud. Il y a donc lieu de supposer que la contagion se fait, chez les premiers comme chez les derniers, par l'intermédiaire de quelque Invertébré sanguicole. » Nous avons trouvé sur la peau de toutes les Soles infectées, à Roscoff, de très nombreuses sangsues {Hemibdella soleœ v. Ben. et Hesse) gorgées de sang. Nous pensons d'autant plus volontiers que les Ichthyobdellides jouent un rôle dans la transmission des Hématozoaires, qu'il y a déjà longtemps que Leydig (< ) a signalé dans le tube digestif de Piscicola el de Pontohdella (^) des Flagellés à membrane ondulante, probablement des Trypanosomes. » Nous n'avons jamais remarqué de parasites sur la peau des nombreuses Blennies que nous avons examinées. Peut-être la contagion se fait-elle, chez ces Poissons, par l'intermédiaire des parasites des branchies; nous n'y avons trouvé que des Trichodina. Maison sait que les Blennies hébergent temporairement, sur leurs branchies, des Crustacés Isopodes du genre Praniza; dans les mares à Lilhothamnion de l'anse Saint-Martin, ces Crus- tacés sont très abondants à côté des Blennies. Il y a là tout un programme de recherches très intéressantes que nous signalons aux Zoologistes et que nous comptons nous-mêmes aborder à la première occasion. » PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Vacide carbonique comme agent de choix de la parthénogenèse expérimentale chez les Astéries. Note de M. Yves Delagë. « Dans les expériences de parthénogenèse artificielle exécutées avec les divers agents proposés par Lœb ou par moi-même, on observe toujours une grande inconstance dans le résultat. Dans les expériences les mieux (') Leydig, Lehrbuch der Histologie, 1857, p. 346. (') Les Pontobdella muricata ne sont pas rares sur la peau des Raies, souvent parasitées, comme les Soles. SÉANCE DU l3 OCTOBRE 1902. 5-]! réussies, il reste toujours un nombre considérable d'œufs qui ne se déve- loppent pas et qui, pourtant, ne diffèrent en rien, par l'aspect, de ceux qui obéissent à l'action du réactif. La proportion des œufs qui se développent est très variable dans les diverses expériences faites avec un matériel en apparence identique. Le nombre des segmentations que j'ai obtenues des Astéries varie de o à 5o pour too; la proportion habituelle est de 3o pour 100 dans les expériences satisfaisantes. Lœb et Neilson déclarent n'avoir obtenu que 20 pour 100. Une seule fois je suis arrivé à gS pour 100. De ces œufs segmentés, un petit nombre seulement arrivent à l'état de blas- tule nageante. La proportion habituelle dans les expériences satisfaisantes est de 10 à 20 pour 100 des œufs segmentés. On arrive parfois à 25 pour 100, plus souvent on reste à 5 pour 100. El il n'y a pas proportionnalité entre le nombre des segmentations et celui des blastules. Dans l'expérience où j'avais obtenu gS pour roo des premières, je n'ai eu finalement que 3 pour 100 des dernières. » Tout cela indique nettement que l'on est encore bien loin du but qui serait de remplacer l'intervention du spermatozoïde par un agent physico- chimique de même valeur; bien loin aussi d'obtenir par ces moyens des larves en état de vivre assez longtemps pour former l'animal parfait. Il y avait donc à chercher un agent qui donnât des résultats plus constants et plus comparables à ceux que donne le spermatozoïde dans la fécondation normale. C'est ce problème que j'ai cherché à résoudre celte année au laboratoire de Roscoff. » Guidé [)ar certaines considérations théoriques, je me suis adressé à l'acide carbonique, qui s'est trouvé répondre à tout ce que l'on peut demander à un agent parfait. » Le mode opératoire est d'une simplicité extrême et l'expérience peut être refaite par n'importe qui. Elle réussit absolument toujours. On fabrique de l'eau de Sellz avec de l'eau de mer et l'on dépose dans ce liquide, à la pression de l'atmosphère, les œufs arrives k ce stade de maturation commencée que j'ai fait connaître dans un précédent travail sous le nom de stade critique. Les œufs arrivent d'eux-mêmes à ce stade quand, extraits des ovaires mûrs, ils sont déposés dans l'eau de mer. Il suffit de les sur- veiller en en examinant, de temps à autre, quelques-uns sous le microscope. Le meilleur moment est celui où le premier globule polaire commence à se montrer. >) Après I heure de séjour dans l'eau de mer chargée de C0% ce liquide est remplacé par de l'eau de mer naturelle. Quelques heures après, tous 572 ACADÉMIE DES SCIENCES. sont en segmentation ; le lendemain, tous sont transformés en blastules ciliées qui nagent clans les cuvettes. Ce n'est plus, comme avec les autres réactifs, 3o à [\o pour 100 de segmentation et 5 à 10 pour loo de blastules nageantes; c'est 100 pour 100 ou à peu près. Il y a toujours, comme dans les fécondations normales, quelques rares œufs qui ne se développent pas : des œufs malades, sans doute, ou trop mûrs, ou ay-int subi quelque altération. Il y a toujours aussi un certain nombre d'œufs qui ne se sont pas développés parce qu'ils n'ont pas mûri et ont conservé leur vésicule germinative. Il faut les défalquer, car, mis en présence du sperme, ils ne se développent pas davantage. Il est naturel que, dans des œufs pris dans l'ovaire, avant le moment où ils eussent été normalement pondus, un cer- tain nombre ne soient pas assez avancés pour parcourir les stades de cette maturation hâtive, précoce, que détermine le contact de l'eau de mer. )> Ainsi CO" se montre agent de développement aussi efficace que le spermatozoïd e . » A ceux qui seraient tentés de croire qu'il y a dans celte formule quelque exagération, je répondrai par les remarques suivantes. » J'ai toujours pris des précautions extrêmes pour écarter les spermato- zoïdes qui auraient pu s'introduire auprès des œufs en expérience et faire croire à un développement parthénogénétique là où il v aurait eu fécondation. Les mains sont lavées à l'eau de pluie et au savon et ne touchent, pendant l'expérience, ni l'eau de mer naturelle ni les Astéries, qui sont maniées par un aide; les cuvettes et instruments sont lavés à l'eau de pluie et flambés; l'eau où sont déposés les œufs a été stérilisée par chauffage à 60°; les Astéries sont plongées dans un grand baquet iVeau de pluie; leurs ovaires sont saisis sous cette eau avec des pinces, transportés dans de l'eau distillée où ils sont lavés de nouveau, puis dans l'eau de mer stérilisée où ils sont enfin dilacérés. Eh bien, ce spermatozoïde, contre lequel je prenais ces précautions excessives, est beaucoup moins actif que mon acide carbonique; car, le jour où j'ai voulu avoir, pour com- paraison, des œufs fécondés, je n'ai jamais pu en obtenir plus de 3o à 40 pour 100. Tel est le fait. » Il ne faudrait pas en conclure que des œufs parfaitement mûrs, nor- malement pondus par la mère, ne sont pas à peu près tous fécondables et ne donneraient pas des larves égales, sinon supérieures, à celles que fait développer l'acide carbonique. Mais, pour les œufs que j'avais à ma dispo- sition, incomplètement mûrs et fournis par des individus arrivés à l'arrière- saison sans avoir pondu ou n'ayant émis qu'une partie de leur ponte, le SÉANCE DU l3 OCTOBRE 1902. !ij3 fait est incontestable : CO" est deux à trois fois plus efficace que le sperma- tozoïde. » Ce n'est pas seulement par la quantité mais aussi par la qualité que ces larves carboniques (qu'on me permette de les appeler ainsi |)our abré- ger) se distinguent de celles que donnent les autres agents parthénogéné- tiques. Avec ces derniers je n'ai obtenu le plus souvent que des blastules un peu rabougries, faibles, à paroi blastodermique épaisse, à cavité peu développée, d'ordinaire occupée par un résidu granuleux opaque qui gêne plus ou moins l'invagination et qui est pathologique, car il n'existe pas chez les blastules provenant de la fécondation. Les blastules carbo- niques au contraire sont grosses, sphériques, bien turgescentes, à paroi mince, à cavité de segmentation vaste et parfaitement libre; en somme, ne diffèrent en rien de celles qui proviennent d'œufs fécondés. Ces blastules s'invaginent avec la plus grande facilité; au bout de 36 heures elles sont devenues gastruies. Dès le troisième jour elles ont formé leur mésenchvme et commencent à développer leurs vésicules entérocœliennes. Le cin- quième jour la bouche et l'hydropore sont ouverts et la forme caractéris- tique de V Auricularia se dessine. » Au moment où. j'ai quitté Roscofî les plus vieilles étaient âgées de 32 jours et étaient des Auricularia typiques, parfaitement agiles, en tout semblables à celles provenant de la fécondation. J'en ai laissé un bon nombre que j'ai placées dans des conditions variées et dont je compte surveiller l'évolution. Je n'ai guère d'espoir cependant de les conduire jusqu'à la métamorphose, car la phase larvaire est très longue et il est extrêmement difficile de leur procurer, pendant un temps si prolongé, les conditions délicates qu'elles réclament. On n'y est pas arrivé non plus pour les larves provenant d'œufs fécondes. Je n'avais même jamais réussi, jusqu'ici, à conserver ces dernières au delà de trois semaines, et à cet âge elles ne montraient aucune irace de la future Astérie. Je compte poursuivre l'observation des larves en expérience tant que je pourrai les maintenir vivantes, et, si j'arrive à quelque résultat, j'aurai l'honneur de le soumettre à l'Académie. » Dans une prochaine Communication j'étudierai le mode d'action de l'acide carbonique. » C. R., 1902, 1' Semestre. (T. CXXXV, N° 15.) 7 6 574 ACADÉMIE DES SCIENCES. CORRESPOND AI\ CE . M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance, divers Ouvrages de M. A. Korn, portant pour litres : « Lehrbuch der Potenlialtheorie (2 vol.); Abhandlungen zur Potential- theorie; Eine mechanische Théorie der Reibung; Eine Théorie der Gravi- tation und der electrischen Erscheinungen ». (Présentés par M. E. Picard.) HISTOIRE DES SCIENCES. — Les quatorze grands Registres de laboratoire de Lavoisier. Le Registre II signalé perdu et nouvellement retrouvé. Note de M. H. Brocard, présentée par M. Berthelot. « Je désire appeler la bienveillante attention de l'Académie sur un ré- sultat inattendu et très important d'une investigation du Catalogue général des Manuscrits des Bibliothèques publiques de France. En j)arcourant le Tome XIII, édité en i8gi, où se trouve le Catalogue des Manuscrits de la Bibliothèque de Perpignan, un heureux hasard de lecture m'a fait ren- contrer sous le n° 61 (p. 102) l'indication d'un Registre de laboratoire de Lavoisier. Le souvenir d'une description des Registres de Lavoisier me donna aussitôt l'idée de me référer à l'Ouvrage de M. Berthelot où je l'avais remarquée : La Révolution chimique : Lavoisier (Pa.ris, Alcan, 1890). Deux paragraphes (j). 2(3-2i4 et 249-200) se rapportent au Registre II et nous apprennent qu'il devait être considéré comme perdu depuis plus de 4o ans. » Nous pouvons aujourd'hui indiquer la destination qu'il avait reçue. Voici, en effet, la mention qui en est faite p. 102 du Tome XIII du Ca/a/o^«e général : B N°'G1 (anc. 59) « Registre pour les expériences chimiques », Tome second, du 9 septembre 1778 au 5 mars ijji. « Journal d'expériences, tenu au laboratoire de Lavoisier. » » Le litre est de la main de Lavoisier, le sous-titre et la note qui suit ont été écrits par François Arago. » Ce cahier renferme les célèbres expériences sur la calcination des métaux en vases clos, et les premières tentatives de Lavoisier sur la combustion du diamant [signé] F. Arago. » SÉANCE DU l3 OCrOiîRR l()02. 57$ » En face, de la même main : « Journal manuscrit de Lavoisier offert respectueuse- ment à la Bibliothèque publique de la ville de Perpignan, par F. Arago. » » xviii' siècle. Autographe. Papier, 122 feuillets. Si;"™ sur 200"". Rel. veau (6494). » En attendant un résumé de ce Regi.stre, sa description paraît justifier les prévisions formulées à son sujet par M. Berthelotet faire admettre qu'il renferme les expériences sur la calcination du diamant et sur lacalcination de l'étain dans des vases fermés, dont Lavoisier a exposé les résultats le 22 octobre 1773 et le 11 novembre 1774- )) Différentes bibliothèques de Paris et des départements possèdent d'autres manuscrits de Lavoisier. La liste en a sans doute été dressée parla Commission académique chargée de l'édition des OEuvres complètes de Lavoisier; aussi me bornerai-je à indiquer très succinctement les références bibliographiques. » Paris. A/chàes nationales, n" 818. Rapport de MM. Maquet et Lavoisier, etc. — On a imprimé Maquet, vraisemblablement pour Macquer. » Archives nationales , n" 2279. » Bibliothèque de l'Arsenal. — Voir au Catalogue. » Bibliothèque nationale. — Ancien Supplément français. N° 32305-6. » Bibliothèque nationale. — Nouvelles acquisitions françaises. N" 5153. » Avignon. — Collection Requien. » Clermont-Ferrand. — Collection de Chazelles. ). Lyon. — Palais des Arts. Collection Delandine. N° 195, f. 219. Résultat de quelques expériences faites sur le diamant, par MM. Macquer, Cadet et Lavoisier, 1772. — On a imprimé, sans doute par erreur, MM. Macquer cadet et Lavoisier. a Nantes. — Une lettre de 1791. » RoL'EN. — Collection Duputel. » Rouen. — Collection Girardin. » GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Sur i habillage des surfaces. Note de M. M. Servant. » Habiller une surface consiste à ramener son élément linéaire à la forme (i) ds^ = d7:- + dfj''-^ icos<ùdct.d^. » Nous nous proposons d'indiquer un rapport intéressant qui existe entre ce problème et celui de la déformation des quadriques générales, et nous en déduirons des éléments linéaires particuliers pour lesquels on peut résoudre d'une façon complète le problème de l'habillage, c'est-à-dire pour 576 ACADÉMIE DES SCIENCES. lesquels on peut, de toutes les façons possibles, ramener l'élément linéaire à la forme (i). » Soient u et v les paramètres des génératrices rectilignes d'une qua- driqiie quelconque et a, p les paramètres des asymptotiques d'une surface applicable sur celte quadrique. Nous avons montré (S. M., i9oi-i902)que les équations du problème de la déformation des quadriques peuvent se mettre sous la forme àa doi - ô? û? ^-H"' ''); ces équations expriment, comme on le voit de suite, que la forme quadra- tique / \ du de (2) -7^' rapportée aux variables ce et p, prend la forme (i). Par conséquent la défor- mation des quadriques et l'habillage de la forme quadratique (2) sont deux problèmes équivalents. » Examinons maintenant quelques cas particuliers : si la quadrique est un paraboloïde, on aura Q = Eb- F-. » La forme quadratique (2) deviendra, pour un paraboloïde général d'élément linéaire (2') ds- = (ç^ — i)du- + i{uv -\- b) du dv + (m- — i) dv- , dudv 1 — u^ — V- — ibuv — b'-' or on sait que la déformation du paraboloïde général se ramène à celle de la sphère; l'habillage de (2') se ramènera donc également à la déformation ou, ce qui revient au même, à l'habillage de la sphère. On sait déformer d'une façon complète les paraboloïdes d'éléments linéaires : ds- = du^ + IV du dv -\- 111 dv'- , ds^ — ç- du- -+- i{uv + h) du dv + u'-dv'- (paraboloïde de révolution), / .. > ; 1 , / /ON , , / 2 7.7, /paraboloïde à plan di- ds-—v-du--h2.(uv-i-/r)dudv-i-(u^ — /r)dv- (' . ^ ^ \ recteur isotrope iu— v"^ du dv luv ^ h' du di' SÉANCE DU l3 OCTOBRE 1902. 577 on saura donc habiller les formes quadratiques , , ^ du dv (4) (5) Remarquons en particulier que la forme quadratique (5) est l'élément linéaire d'une surface de révolution dont on déterminerait facilement le méridien. » ÉLECTRICITÉ. — La déviation magnétique et électrique des rayons Becquerel et la masse électromagnétique des électrons. Note de M. VV. Kaofma.nn, présentée par M. Mascart. « Dans une publication antérieure (') j'ai montré que le rapport - de la charité s à la masse a des électrons va en diminuant quand la vitesse q s'approche de la vitesse c de la lumière. Cela veut dire qu'en supposant constante la charge t, la masse [;. augmente et devient infinie pour q = c, résultat prévu par la théorie électromagnétique. M Les considérations théoriques de M. Max Abraham (-) permettent de comparer quantitativement les résultats de l'expérience et de la théorie. Pour la « masse transversale », c'est-à-dire la masse correspondant à des accélérations qui sont perpendiculaires à la vitesse de l'électron, M. Abraham donne l'équation suivante : (i) t^ = p-o^K^). où [Afl représente la valeur de [j. pour de petites vitesses, ^ = '_ et » La méthode que j'ai employée pour mesurer simultanément - et ^ peut être nommée méthode des spectres croisés. (•) Nachrichten d. Ges. der Wissenschaften zu Gôttingen, 1901, n° 2. (') Ibidem, 1902, n° 1. 5^8 ACADÉMIE DES SCIENCES. >i Une légère parcelle de matière radioactive se trouve sur le fond d'une petite caisse de laiton. Les rayons émanant de cette parcelle passent entre deux lames de laiton parallèles et isolées. Ils tombent sur un diaphragme de platine pourvu d'un trou d'un diamètre d'environ o""", 2, qui en laisse passer un faisceau étroit ; ce faisceau impressionne la plaque photographique, enveloppée dans une feuille mince d'alumi- nium battu. [Distance de la source radioactive au diaphragme ainsi que celle du diaphragme à la plaque photographique : environ 2"°; dislance des deux lames : environ i"",2.] » Quand tout l'appareil est placé dans un tube à vide on peut charger à 2000- 5ooo volts l'une des lames, l'autre étant à terre. Les rayons ayant traversé le cliamp électrique sont dispersés en un spectre électrique sur la plaque photographique. En superposant au champ électrique un champ magnétique provenant d'un électro- aimant, entre les pôles duquel l'appareil est placé, on obtient un spectre magnétique perpendiculaire au spectre électrique; l'ensemble des deux spectres forme une courbe/=/(-), où y signifie la déviation électrique et z la déviation magnétique. Sauf quelques petites corrections (') on peut poser : (3) p = /-, -, (4) V- y ou, à cause de (1) et (2), (5) y _ ^^ik^) (A'i, A-, et k étant des constantes). » L'équation (5) est l'équation de la courbe photographique, qui peut être mesurée directement; on cherche la valeur de A-, qui rend minimum l'expression c'est-à-dire la somme des carrés des différences entre les k^ et leur moyenne arithmé- tique A'j. » Si ces différences sont petites et qu'elles ne montrent pas de marche régulière, on peut regarder la théorie comme vérifiée. » Les épreuves photographiques qui avaient servi pour ma publication antérieure ne permettaient que des mesures relativement peu précises, parce que l'activité du radium que j'avais employé était trop faible. » Je dois ma plus grande reconnaissance à M. et M""= Curie qui ont mis à ma disposition quelques parcelles de leur chlorure de radium pur, (') Voir W. KAUFMiNN, Nachrichten d. Ges. der Wissensch. zii Gôtt.. 1902, n" a. SÉANCE DU l3 OCTOBRE 1902. 579 ainsi qu'à l'Académie des Sciences avec la subvention de laquelle cette matière si rare a été préparée. » Les plaques obtenues avec cette substance sont assez bonnes pour permettre des mesures d'une précision très satisfaisante. » Les résultats des mesures de plusieurs plaques (') étaient tout à fait conformes à la théorie de M. Abraham; les écarts moyens ne dépassent pas I à 1,4 pour 100. » On doit donc regarder comme prouvé que la masse de l'électron est entièrement électromagnétique; cela veut dire que V électron n'est autre chose qu'une charge électrique distribuée sur un volume ou une surface de dimensions très petites (^environ io~" centimètre). » Si l'on calcule — on obtient |-«-o — = 1,84- 10' (el. magn. un.), résultat conforme à celui trouvé pour les rayons cathodiques par M. S. Simon (-) : — = 1,865. 10'. » PHYSIQUE. — Sur une conséquence de la théorie cinétique de la diffusion. Note de M. J. Thovert, présentée par M. J. Vioile. « Le mouvement de la matière diffusante étant considéré comme pro- portionnel à la vitesse moyenne de la molécule, l'application de la théorie cinétique aux substances dissoutes dans un même dissolvant fait prévoir que, à température constante, le produit MD^ doit être constant, M dési- gnant la masse de la molécule, D la constante de diffusion. » Nous avons obtenu, parle procédé d'observation décrit dans une Note précédente, les constantes de diffusion tl'un certain nombre de substances non électrolytes, dissoutes dans l'eau. » Le Tableau suivant rassemble les résultats des expériences, effectuées à des températures voisines de 18"; les constantes de diffusion ont été (') Les résultats seront publiés prochainement dans la Physikalische Zeitschrift. (^) Wiedeniann's Aniialen, 1899, p. 689. 58o ACADÉMIE IJES SCIENCES. ramenées à celte température par une correction de o, o3 par degré. Dans toutes ces expériences la concentration moyenne était de 2^,5 par litre. Substances. M. D X I0^ MD'xio'». Alcool méthylique 82 1 137 60 » éthylique 46 1,11 5y » allylique 58 Oi99 ^7 » propyliqiie 60 0,98 58 Urée 60 1,01 61 Alcool butylique 74 0,88 Sy « amyliquc 88 0,88 68 Uréthane 89 0,87 67 Glycérine 92 0,79 57 Phénol 94 0,80 60 Hydroquinone iio 0,78 Sg Résorcine 110 0,75 62 Pyrogallol 126 0,66 55 Glucose 170 0,57 55 Mannite 182 o,55 55 Anlipyrine 188 0,57 61 Maliose 342 0,4' 57 Lactose 342 o,4' Sy Raffinose 5oo o,355 63 » On constate une assez bonne vérification de la loi cinétique MD- = const. » Il en résulte alors un procédé commode pour la détermination appro- chée des masses moléculaires, puisque la méthode d'observation que nous avons proposée, de pratique très simple, s'applique à des dilutions suffi- santes pour utiliser les calculs de la théorie cinétiqiie, lorsque le corps dissous n'est pas un électrolyte. » Le procédé a ceci de particulier qu'il comporte seulement des me- sures de longueur et de temps, conformément à l'équation de dimensions de la constante de diffusion, L-T~'. » CHIMIE VÉGÉTALE. — Le mêthylanthranilate de méthyle dans l'organisme végétal. Note de M. Eugène Cuarabot, présentée par M. Haller. « La présence d'éthers d'acides amidés, l'anthranilate de méthyle et le mêthylanthranilate de méthyle, a été signalée déjà dans un certain nombre SÉANCE DU i3 OCTOBRE 1902. 58l d'huiles essentielles. En particulier, IM. Walbaum [Journ. prakt. Chem., (2), t. LXII, p. i35] a rencontré un j^en de mcthvlanlhranilatede mélhyle dans l'essence extraite des zestes de mamiarines. Mais jusqu'ici ces substances n'avaient été trouvées qu'en très faible pro[)ortion. Mes études sur le chi- misme végétal m'ont conduit à examiner l'essence élaborée par la feuille du mandarinier (Ci'^nw madurensis) et à constater qu'il s'agit là d'une véritable source naturelle de méllivlantliranilate de méthyle. » Celte essence, obtenue par distillation avec la vapeur d'eau, se présente sous la forme d'un liquide fluorescent, doué d'une odeur forte, déviant de + &°l\o' le plan de polarisation de la lumière sous une épaisseur de 100""". Elle a comme coefficient de saponification 160. Après ébuUilion avec l'anhydride acétique, en présence d'un peu d'acétate de sodium fondu, le coefficient de saponilicalion s'est trouvé sensiblement réduit. Cette constatation singulière m'a fait soupçonner la présence d'un éther d'acide amidé. » A i'^'"' d'un mélange renfermant 1'°' d'acide sulfurique concentré et 5"°' d'étlier, j'ai ajouté o'^'jS d'huile essentielle; aussitôt des cristaux, se sont formés et finalement le produit s'est pris en masse. Les cristaux ont été essorés rapidement, lavés à l'alcool et à l'éther, puis décomposés par la soude; ils ont donné naissance à une huile qui s'est concrélée par refroidissement avec de la glace. » Pour isoler la combinaison aniidée dont la présence se trouvait ainsi démontrée, j'ai agité 6os d'huile essentielle avec aSoS d'acide sulfurique à 25 pour 100. La partie insoluble pesait 3ob, ce qui montre que l'essence de feuilles de mandarinier renferme 5o pour 100 environ du composé azoté dont je vais faire connaître la nature. La solu- tion sulfurique a été filtrée, puis additionnée de soude jusqu'à réaction alcaline, en ayant soin de refroidir avec de la glace; l'éther d'acide amidé ainsi remis en liberté a été séparé par agitation avec de l'éther, puis purifié par cristallisation, en refroidis- sant à — i5° sa solution dans l'éther de pétrole. 1)11 se présente sous la forme d'une masse cristalline nacrée fusible à H- 19°; ses solutions, même extrêmement diluées, possèdent une superbe fluorescence violacée. » Soumis à l'analyse, ce corps a fourni les résultats suivants : C,65,88 pour 100; 11,0,91 pour 100. Ces nombres, ainsi que le point de fusion du composé, corres- pondent au mélhylanthianilate de méthyle (calculé pour C^H"02Az : C, 65,45 pour 100; H, 6,67 pour 100). » Pour identifier cet éther d'une façon plus rigoureuse, je l'ai saponifié en le chauf- fant pendant six heures au bain-marie avec un excès de potasse alcoolique ; j'ai ensuite distillé l'alcool et, par addition d'acide acétique, mis l'acide amidé en liberté. Celui-ci a été recueilli sur un filtre, essoré à la trompe et soumis à la cristallisation dans l'alcool bouillant. 11 se présente sous la forme d'aiguilles sublimables, fusibles à 179°, communiquant aux divers dissolvants une fluorescence violacée. L'analyse permet do lui assigner la formule C'H"0-Az. » L'identification de cet acide avec Yacide méthyUtntliraiiilirjiie a été complétée par la détermination du point de fusion, 186°, de son dérivé acétylé, composé décrit par M. Fortmann {Jour, prakt. Chem., 1"- série, t. LV, p. laS). C. U., 1902, 2' Scmesirc. (T. CXXXV, N° 15.) 77 582 ACADÉMIE DES SCIENCES. » Ces observations permettent de conclure que l'essence de feuilles de mandarinier renferme environ 5o pour loo de méthylanthranilate de méthyle COOCH' AzH — CH^ \/ » Jusqu'ici, des proportions aussi notables d'étber d'acide amidé n'avaient jamais été signalées dans les huiles essentielles. L'abondance du méthylanthranilate de méthyle dans un organe, la feuille, de première importance physiologique, permet de supposer que ce corps doit jouer, dans le mUieu assimilateur du mandarinier, un rôle des plus intéressants. » CHIMIE ORGANIQUE. - Sur l'essence de bois de Cèdre de l'Atlas. Note de M. Ëmiliem Grimal, présentée par M. A. Hâller. « L'essence dont je me suis occupé a été retirée, par distillation avec de l'eau, du bois de Cèdre de l'Atlas, Cednis Allanùca, variété algérienne du Cèdre du Liban, Cednis Libani, tribu des Abiétinées, famille des Conifères. » L'échantillon que j'ai soumis à l'analyse présentait les caractères suivants : » Soluble dans 8,5 parties et plus d'alcool à 90°, dans ii5 parties d'alcool à 70°: Poids spécifique à 1 5° d =o,g5o8 Indice de réfraction à 20° «j, =1,51191 Pouvoir rotatoire spécifique à 20° [a]£,=z-|- 6o°32' » Indice d'acide libre : 1,16; » Indice de saponification : 6,92; » Indice de saponification après acétylation : 33,84. » L'essence refroidie à — 16°, avant comme après acétylation, ne se solidifie pas. » Un premier essai de distillation, à la pression ordinaire, a fourni 80 pour 100 de dislillatum entre 270° et 296°. » J'ai soumis alors a''?, 800 d'essence primitive à la distillation fractionnée, sous pression réduite (16""), entre des limites de température de 50° à 175° et j'ai ainsi recueilli six fractions. » La première partie, la plus volatile, a été soumise, à son tour, à une série de frac- tionnements à la pression ordinaire. Les parties les plus volatiles, passant entre 55° et 78°, contenaient de l'acétone ordinaire en très faible quantité. De 180° à iib° il a été recueilli 4o8 d'une huile ayant une odeur très pénétrante qui rappelle exactement celle de l'essence primitive. SÉANCE DU l3 OCTOBRE 1902. ,'>83 » Elle contient une cétone C'H"0, qui a été caractérisée par la formation de sa semicarbazone et de son oxime bromée. » La semicarbazone fond à i59°-i6o°; les résultats analytiques conduisent à la for- mule C"'WO\z\ )) L'oxime de cette cétone n'a pu être obtenue à l'état cristallisé; mais, en la soumettant à l'action successive du chlorhydrate d'hydroxylamine et du brome, il se forme des cristaux d'oxime bromée, C'H"OAzBr^ laquelle fond à i32°-i33°. » Le fractionnement de la portion II, passant entre i32° et i36°, à la pression de iG™", fournit à la distillation, sous pression ordinaire, entre 271° et 276", uniiquide de densité 0,926 à i5°, dont l'indice de réfraction est i,5i2i et le pouvoir rotatoire +58° 34', et dont l'analyse a donné des résultats compris entre ceux que donnent un sesquiterpène et un alcool sesquiterpénique. » Pour obtenir le sesquiterpène je l'ai isolé à l'état de dichlorhydrate cristallisé; pour cela, le liquide dextrogyre précédent, dissous dans deux fois son volume d'élher et refroidi par de la glace, a été saturé d'acide chlorhydrique pur et sec. Par éva|)oration spontanée de l'éther il s'est formé de nombreux cristaux qui ont été essorés à la trompe, puis des- séchés sur des plaques poreuses, lavés à l'alcool froid et redissous dans l'éther acétique chaud, d'où ils se sont reformés par refroidissement. » Ces cristaux, constituent le dichlorhydrate de cadinène; ils fondent, en effet, à Ii7''-ii8°; le poids moléculaire, déterminé par la cryoscopie en solution benzénique, est 275,6 (calculé 277). » En chauffant ce dichlorhydrate avec un mélange d'acide acétique glacial et d'acé- tate de sodium, j'ai régénéré le sesquiterpène, lequel bout à 274°-275" ; il possède donc un point d'ébuUilion identique à celui du c;idinène isolé, par Wallach, de l'huile de cade. )> De cette même portion II j'ai obtenu un dibromhydrate cristallisé en aiguilles fusibles à i24°-i25° qui est le dibromhydrate de cadinène. » La cinquième fraction, redistillée à la pression ordinaire, donne, entre 291° et 295", une huile très épaisse, qui paraît contenir un ou plusieurs alcools sesquiler- péniques dont je poursuis l'étude. » En résumé, j'ai isolé, de l'essence de Lois de Cèdre de l'Atlas, du cadinène C'Ml'^', une cétone G" H'^O à huiuelle l'essence doit son odeur spéciale, et des traces d'acétone ordinaire. » 584 ACADÉMIE DES SCIENCES. CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur une nouvelle réaction du formol, permellant sa recherche dans les denrées alimentaires. Note de MM. Maxget et Mariox, présentée par M. A. Haller. (Extrait.) « L'emploi du formol se généralisant de i)lus en plus jioiir la conserva- tion des substances alimentaires, les efforts des chimistes se sont portés sur la recherche de procédés susceptibles de caractériser sa présence. La plu- part agissent sur le produit de la distillation Le procédé que nous pro- posons a l'avantage d'agir directement et d'êlrc plus sensible. Il consiste : » Pour le lait : A saupoudrer légèrement la surface d'amidol ou d'ami- dophénol; observer après quelques minutes. Le lait normal, carbonate ou borate, développe une coloration saumon. Le lait formolé, une coloration jaune-serin, sensible au -~,-^. » Pour les gelées de viande : Prélever dans un tube un peu de bouillon liquéfié; ajouter quelques cristaux d'amidol; agiter. Le bouillon formolé développe une coloration jaune, virant au jaune sale par addition d'une goutte d'ammoniaque. Le bouillon non formolé, une coloration brtiii rosé, virant au bleu dans les mêmes conditions. » PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Les excitants et les poisons du nerf. Note de M. N.-E. Wedensky, transmise par M. Marey. « Dans mes premières recherches sur la narcose du nerf, j'ai trouvé que, avant de produire cet état dans le nerf, chaque agent narcotique le fait passer par trois stades successifs : a. Lé stade de transformation du rythme des irritations appliquées au nerf; b. Le stade paradoxal, oîi la conductibilité des excitations fortes est déjà suspendue, celle des excita- tions faibles étant encore possible; c. Le stade inhibitoire, qui s'exprime par une action déprimante des ondes d'excilation nées dans des points normaux du nerf sur la partie narcotisce. Pendant la restitution du nerf, on voit ces stades se siuvre dans l'ordre inverse ('). » Da^is mes recherches ultérieures, j'ai constaté que tous les excitants (') Arcliives de Pjliiger, t. lAXXII : Compte rendu du Alli' Congrès l'nlerna- lional de Médecine à Paris. SÉANCE DU l3 OCTOBRE 1902. 585 communs, ;ippliqués avec nnc certaine intensité et une certaine durée, jjroduisent eux aussi, dans le nerf, les mêmes modifications fonctionnelles. En effet, c'est ce qu'on peut reproduire avec l'irritation chimique usuelle, avec les températures plus élevées, avec la faradisation intense et dans la modification électrotonlque produite parle courant constant. Tout récem- ment, le même fait a été établi par M. Sémcnoff sur le nerf soumis à une comj)ression mécanique. » En raison des conditions si différentes qui amènent toutes, dans le nerf, un état tout à fait analogue à la narcose, je l'ai désigné par une déno- mination plus générale qui, tout en ne mentionnant pas les causes éven- tuelles de son origine, ne signale que l'état lui-même : par l'expression de parabiose. Au point de vue théorique, je me la représente comme un état d'excitation singulière, locale et stabile, rappelant la contraction idio- musculaire du muscle ('). » Dès lors, il est naturel de poser la question de savoir si tous les agents chimiques, les poisons de toute espèce, quelle que soit leur consti- tution, peuvent tous être ramenés au schéma indiqué par les recherches précédentes. 1) Pour étendre l'étude au plus grand nombre possible de substances chimiques, j'ai invité jibisieurs collaborateurs à prendre part à ce travail (Bourdakoff, Chapote, Solovieff, Soudakoff, Vorembsky). M Le résultat de nos recherches coopératives donne une réponse tout à fait affu-malive à la question posée : tous les agents chimiques soumis à cette étude jjrovoquent, dans le nerf, l'état de la parabiose, en le foisant préalablement passer par les trois stades Lypiqiics. » Toutefois, en ce qui concerne le sort ultérieur du nerf, les substances étudiées doivent être subdivisées en deux grands groupes : » I. Les substances produisant la parabiose révocable ; )) II. Les substances produisant la parabiose irrévocable. » Dans le premier cas, il suffit de faire disparaître l'atmosphère d'un gaz nuisible, ou bien de laver, avec la solution physiologique, la partie para!)io3ique, pour que le nerf revienne à l'état fonctionnel normal. Dans le deuxième cas, la parabiose passe toujours dans la mort du nerf; néan- moins, en raison de ce que toutes les modifications fonctionnelles qui pré- cèdent l'installation de l'état parabiosiquc s'observent ici avec les mêmes (•) ExcUation, inhibition et narcose; Sainl-Péteisboiirg, 1901 {Compte rvnf/ii du V Congrès international de Physiologie à Turin). 586 ACADÉMIE DES SCIENCES. caractères que dans le premier cas, il est juste de le désigner aussi comme la parabiose. » Quant à la manière dont s'exprime l'action initiale des substances étudiées, elles peuvent être divisées en trois catégories : a. Les substances qui excitent le nerf, avant qu'elles commencent à provoquer l'état de la parabiose; h. Les substances qui n'accusent au début de leur action qu'une augmentation de l'excitabilité; c. Les substances qui débutent directe- ment par la diminution de l'excitabilité du nerf. » Cependant, ces catégories ne peuvent pas être rigoureusement déli- mitées. Une substance de la catégorie a, appliquée en solution plus faible, agit comme h\ ou bien, exerçant son action sur une jjartie très courte, elle agit comme b, tandis que, sur une partie beaucoup plus longue, elle agit comme a. Pour les substances de la catégorie c, il est toujours pos- sible d'admettre que, elles aussi, appliquées avec une certaine intensité, laisseraient observer une phase, ici très courte, de l'excitabilité augmentée. » Ces trois catégories se retrouvent d'ailleurs dans les deux grands groupes. Je ne citerai que les exemples les plus caractéristiques : » I. a. Les alcalis, les sels des alcalis, les sels de Ba, St, Ni, Zn; b. Vératrine, éther^ chloroforme, azotate de Ca, sulfates de Fe, Cii, acétate neutre de PI; c. Am- moniaque, acide phénique, hydrate de chloral, cocaïne. » De tous les poisons étudiés le nerf se montre surtout impression- nable par la vératrine, qui exerce déjà son action en solutions extrême- ment faibles; au contraire, la strychnine, si vénéneuse pour les centres nerveux, n'agit sur le tronc nerveux qu'en concentrations assez considé- rables et devrait être rangée plutôt dans la catégorie c, c'est-à-dire à côté de l'ammoniaque et du phénol. Ces deux substances ont été regardées jusqu'ici comme tuant le nerf sans l'exciter : en réalité, leur action est analosrue à celle de la cocaïne. » II. a. Acides organiques et inorganiques, azotate d'argent ; b. Les mêmes sub- stances dans des solutions faibles; c. Sublimé corrosif. » Les acides à part, les représentants du groupe II sont beaucoup moins nombreux que ceux du groupe I. » Or, à proprement parler, les substances II devraient seules être envi- sagées comme vrais poi'sons du tronc nerveux; ce sont seulement elles qui produisent des altérations irréparables (il s'agit toujours du nerf extrait du corps) de sa constitution chimique et de son intégrité fonction- SÉANCE DU l3 OCTOBRE 1902. $87 nelle. Tous les autres agents chimiques ne diffèrent en rien, dans leur action, des excitants physiques en général, et du plus typique d'entre eux, du courant électrique en particulier. En effet, toute la variabilité de leurs actions se réduirait à ce que, dans certains cas (a), ils exercent leur action à la manière du, courant faradique; dans les autres {b et c), à la manière du courant constant s'insinuant très lentement. C'est là plus qu'une com- paraison: c'est une formule générale, qui peut nous guider à travers les manifestations si variées dont le nerf soumis à l'influence des agents chi- miques est le siège. » ZOOLOGIE EXPÉRIMEPOTALE. — Sur le centre nerveux qui innerve, la périphérie du manteau chez le Pecten. Note de M. Louis Boutan, présentée par M. Yves Delage. « On ne reconnaissait jusqu'à présent comme centres distincts chez les Acéphales que les ganglions cérébroïdes ou sus-œsophagiens, les ganglions pédieux et les ganglions palléo-viscéraux. Les expériences que j'ai faites, cette année, au laboratoire de Roscoff, m'ont permis de constater l'exis- tence d'un nouveau centre distinct des trois précédents. Ce centre nerveux autonome a sous sa dépendance les organes sensoriels, si développés chez le Pecten, à la périphérie du manteau. Il est en relation, avec les ganglions cérébroïdes et les ganglions palléo-viscéraux, par des branches nerveuses, chez les sujets normaux ; mais, si on l'isole de ces centres, il conserve son intégrité fonctionnelle: on ne peut donc pas l'assimiler à un ganglion de renforcement. » Ce centre nerveux, qu'on désignait jusqu'ici sous le nom de nerf péri- phérique du manteau, est constitué par un manchon de cellules nerveuses entourant la substance fibrillaire; il représente, à lui seul, une masse au moins dix fois plus volumineuse que tous les autres centres réunis. » Il est vraisemblable qu'il existe, plus ou moins développé, chez les autres Acéphales et qu'il est homologue au cordon nerveux périphérique que j'ai signalé chez la Fissurelle et que l'on retrouve chez d'autres Gasté- ropodes archaïques. » Voici par quelles expériences on peut établir que ce soi-disant nerf phériphérique du manteau est un centre autonome. » Le Pecten possédant un manteau ouvert sur toute la face ventrale, on peut, en écartant les valves avec un coin assez épais, apercevoir à l'œil nu les centres que j'appellerai classiques. 588 ACADÉMIE DES SCIENCES. » Première expérience. — Si l'on suppiime avec un fer rouge les ganglions palléo- viscéraux, ou si l'on se contente de sectionner à droite ou à gauche le tronc commun que représente l'ensemble des nerfs qui se rendent dans un des lobes du manteau, on constate, dans l'un et l'autre cas, que les organes sensoriels delà périjjliérie réagissent à l'excitation comme chez le sujet normal. » Deuxième expérience. — Si l'on pratique la même opération sur les ganglions cérébroïdes, le résultat est le même, mais l'animal ne survit que peu de jours à l'opé- ration. » Troisième expérience. — Si l'on sectionne d'un côté le tronc commun des nerfs, se rendant à l'un des lobes du manteau et si l'on isole, en haut et en bas, ce lobe du manteau par deux larges incisions, les organes sensoriels de la périphérie du manteau continuent à réagir à l'excitation, et cela plus de trois semaines après que l'opération a été effectuée. » On doit noter que cette troisième expérience est la plus concluante, puisque, dans ce dernier cas, le centre nerveux qui innerve la périphérie du manteau se trouve com- plètement isolé de toute communication nerveuse avec les autres centres. » L'étude histologique de ce centre, que l'on peut appeler circum-palléal, semble confirmer ces résultats, lorsqu'on la pratique sur des animaux opérés depuis i5 jours ou 3 semaines; tous les nerfs qui partent de ce centre pour se rendre aux organes périphériques sont conservés en bon état; ceux, au contraire, qui représentent les branches d'union avec le centre palléo-viscéral semblent en dégénérescence (' ). )) Si les expériences rapportées plus haut déinontrent l'existence d'un centre nerveux autonome, innervant les organes sensoriels du manteau, on ne doit pas en conclure cependant que les ganglions palléo-viscéraux n'innervent pas, eux aussi, le manteau. Rien ne serait plus faux, ainsi que le prouve une dernière ex])érience. » Si, au lieu de détruire complètement les ganglions palléo-viscéraux, oii supprime le centre nerveux d'un seul côté, l'animal peut survivre à l'opération. En l'ouvrant six mois après on constate que le lobe du man- teau correspondant au ganglion lésé est presque complètement atro[)hié. Il n'est plus représenté, sur le pourtour du muscle, que par une mem- brane de quelques millimètres, et la portion correspondant au capuchon est seule représentée dans son intégrité. M Cette expérience prouve que le champ d'innervation des ganglions palléo-viscéraux situés sur le muscle adikic'.eur inférieur ne s'étend pas (') Je dis semblent en dégénérescence parce que les caractères de la dégénérescence des nerfs chez les Mollusques sont encore trop mal connus pour permettre une affir- mation plus catégorique. SÉANCE DU l3 OCTOBRE 1902. 089 sur toute la surface du manteau, puisque le capuchon céphalique est con- servé après leur suppression. Cette constatation m'a conduit à étudier, sur des coupes, la disposition des ganglions ccrébroïdes et m'a permis de con- stater que, chez le Pecten, chacun de ces ganglions est formé de deux moi- tiés séparées par un étranglement : la moitié supérieure fournit les nerfs des lèvres et la commissure sous-œsophagienne, la partie inférieure donne l'ensemble des nerfs qui innervent le capuchon. » D'après ce que l'on sait déjà de la disposition des ganglions palléo- viscéraux chez d'autres Acéphales, tels que Nucula, par exemple, on peut en conclure que cette moitié inférieure, regardée jusqu'ici comme faisant partie des ganglions cérébroïdes, représente un ganglion du système palléo-viscéral très rapproché du ganglion cérébroïde. » ZOOLOGIE. — L'excrétion chez les Crustacés supérieurs. Note de M. L. BuuxTz, présentée par M. Yves Delage. « Rovalevsky (1889), dans ses belles études sur l'excrétion par le pro- cédé des injections physiologiques, a découvert chez les Crustacés beaucoup de faits nouveaux et intéressants, mais il a surtout noté les résultats les plus apparents sans beaucoup approfondir, et il a lui-même fait remarquer que ce sujet devait être repris. Juscpi'ici le seul groupe étudié complètement est celui des Décaj)odes, chez lesquels M. Cuénot (189.5) a trouvé trois types d'organes excréteurs : 1° le rein antcnnaire (saccule et labyrinthe); 1° les reins branchiaux, néphrocytes à carminate accumulés dms les canaux branchiaux; 3° les cellules vacuolaires du foie. » Mes recherches, laites au laboratoire de Roscoff, ont porté sur tous les autres groupes de Crustacés; j'ai utilisé la même méthode des injections physiologiques de liquides colorés et j'ai pu me convaincre que tous les Malacostracés étudiés possédaient les divers organes excréteurs indiqués pour les Décapodes; j'y ajouterai les reins cépiialiques des Edrioplhaluies et un organe péricardial chez les Amphipodes. » 1° Rein anlcnnairc et rein tnaaillaire. — A l'état larvaire on sait que les Crustacés possèdent deux paires de glandes situées : l'une, dans le premier article de la deuxième paire d'antennes; l'autre, dans le segment du corps correspondant à la deuxième paire de mâchoires; à l'état adulte on ne retrouve que rarement les deux glandes (Nébaiie); c'est le plus souvent la première qui persiste, tandis que c'est la seconde chez les Isopodes. Mes expériences m'ont permis de constaler que, ciiez tous, l'épithéliurn du saccule de la glande qui a persisté élimine le carminate, ainsi que le tournesol qui, virant au rouge, indique une réaction acide. Chez la Nébaiie les deux G. R., 19UJ. 3° Semestre. (T. CXXXV, N« 15.) 78 590 ACADÉMIE DES SCIENCES. glandes sont fonclionnelles, d'après Clans. Quant au labyrinthe, canal urinaire plus ou moins contourné dans lequel débouche le saccule et qui lui-même s'ouvre à l'extérieur, il a bien probablement un rôle dans l'excrétion, mais il n'élimine aucune des couleurs employées. » 2° /?em.ç branchiaux. — J'ai de même constaté que leur existence était géné- rale. Ce sont des organes clos, de forme variable, constitués par de grosses cellules conjonctives à un ou plusieurs noyaux, à réaction acide et éliminant le carminate. » Chez les Leptostracés (Nébalie), ils sont situés à la base des lames branchiales et sont, par conséquent, au nombre de huit paires. Les coupes montrent que ces néphro- cytes sont localisés dans le sinus sanguin du coxopodite et lui forment un revêtement incomplet, disposition nécessaire pour que le sang puisse avoir libre accès dans les lames respiratoires de l'épipodite et de l'exopodite. » Ces reins sont plus nombreux chez les Amphipodes (Talitre, Gammariis, Pro- tella); ils ont été signalés par Délia Valle. On les trouve à la base de chaque anneau du corps; les plus importants sont à la partie antérieure : ils s'avancent dans les lames épimériennes des pattes thoraciques, tandis que, dans l'abdomen, ils ont une tendance à s'étendre en hauteur. Les coupes montrent que ces organes sont situés dans les lacunes qui constituent les vaisseaux péricardiques. » Les Isopodes possèdent un nombre variable de reins branchio-abdominaux. Il y en a généralement cinq paires; on n'en rencontre que trois chez le Sphérome et une chez l'Aselle. Les néphrocytes qui les composent peuvent être groupées, comme le montrent les coupes, en amas à l'extrémité des lacunes qui constituent les vaisseaux branchio-péricardiques, ou bien les remplir dans toute leur étendue et même s'étendre dans le péricarde et le telson comme chez les Bopyres. » Les Schizopodes (M/sis) possèdent huit paires d'organes analogues; les six der- niers sont situés dans les articles coxaux des six pattes thoraciques ambulatoires. Les cellules qui les constituent tapissent seulement le côté interne et un peu les bords des canaux cruro-péricardiques. A la base des deux paires de pattes-mâchoires l'on ren- contre deux paires d'amas semblables, plus petits. » 3° Reins céphaliqties. — Les injections de carminate d'ammoniaque m'ont révélé, chez les Amphipodes et les Isopodes, un autre organe excréteur clos. Des coupes faites dans la tête, montrent deux amas symétriques de grosses cellules, placées à la base des antennes de la deuxième paire; allongés dans le sens de l'antenne chez les pre- miers, plus arrondis et plus importants chez les seconds, ils reposent sur la calotte de tissu conjonctif qui forme le sommet de la tête de l'animal. Ils sont bordés latérale- ment: du côté externe, par l'épithélium articulaire; du côté interne, par le muscle releveur de l'antenne, sur lequel ils sont à cheval. Les cellules qui les constituent ne sont pas analogues à celles des organes précédents. » 4° Cellules cardiaques des Amphipodes. — Chez les Crustacés de ce groupe, des coupes transversales montrent autour du cœur, intérieurement et extérieurement, un tissu spécial composé de grosses cellules éliminant le carminate; on en trouve aussi sur les brides conjonctives qui soutiennent le cœur. Ces cellules excrétrices possèdent aussi la fonction phagocytaire et capturent l'encre de Chine injectée dans le cœlome. » 5" Foj'e. — Kovalevsky a constaté chez la Squille que le foie élimine l'indigo-car- min. J'ai reconnu la même propriété excrétrice au foie de tous les Malacostracés cités. SÉANCE DU l3 OCTOBRE 1902. Sqi L'élimination se fait très rapidement, ce qui montre l'importance du foie en tant qu'organe excréteur. Les cellules hépatiques excrétrices sont les plus petites, à cyto- plasme granuleux, renferment quelques vacuoles et correspondent, si l'on peut géné- raliser, aux Leberzellen, de Frenzel. » ZOOLOGIE. — Sur un Cérianthaire pélagique adulte . Note de M. Ch. Gravier, présentée par M. Edmond Perrier. « Les pêches pélagiques pratiquées de juillet à septembre dans l'Atlan- tique nord, dans la Manche et dans la mer du Nord, donnent fréquemment diverses formes jeunes d'Actinies, que l'on désigne sous le nom à'Arach- nactis et que l'on considère comme des larves de Cérianthes. La grande expédition scientifique allemande (Plankton-Expédilion) de 1889 re- cueillit à la surface de l'océan Atlantique de nombreuses formes larvaires nouvelles de Cérianthaires, mais aucun individu adulte. Il semble donc que ces animaux abandonnent, à un stade plus ou moins précoce de leur déve- loppement, la vie à la surface, pour gagner le fond de la mer où on les drague. Or, en explorant le golfe de Californie, M. Léon Diguet a eu récem- ment la bonne fortune de capturer des Cérianthes qui nageaient en nombre considérable dans les couches superficielles. Ces actiniaires, qui présentent des caractères non signalés chez les espèces actuellement connues, con- tiennent, pour la plupart, des éléments reproducteurs parvenus à un état très voisin de la maturité. » La colonne, éminemment contractile, mesure, chez les exemplaires à l'état de complète extension, de /^o™" à So™"" ; translucide à l'état vivant, elle est incolore, sauf à l'extrémité inférieure un peu renflée, terminée en pointe mousse et perforée, où l'on observe une légère pigmentation de couleur ocre, de même qu'à la face interne des tentacules labiaux. Les tentacules marginaux, subniés, de même longueur que la colonne et incolores comme elle, sont sensiblement insérés sur un même cercle; ils ne forment pas, en tout cas, des cycles nettement distincts, comme chez certains types du même ordre. Leur nombre varie de 28 à 26 ; le nombre le plus fréquemment réalisé est 25. Celui d'entre eux qui est situé dans le plan de symétrie et qui correspond au siphonoglyphe, est toujours de dimensions réduites. Les tentacules labiaux sont dis- posés en deux cycles, autour de l'orifice buccal allongé dans le sens du plan de symé- trie. Dans ce plan et du côté du siphonoglyphe, le tentacule labial manque; à l'extré- mité diamétralement opposée, cet appendice est rudimentaire. Tous les autres tentacules sont de longueur presque uniforme, cylindriques, alternant régulièrement d'un cycle à l'autre, beaucoup plus courts que les tentacules marginaux. Le plus sou- vent il y a, de part et d'autre du plan de symétrie, 12 tentacules d'un côté, 11 de l'autre, ce qui fait en tout, avec le tentacule médian, 24 tentacules labiaux correspon- dant à 25 tentacules marginaux. 5()2 ACADEMIE DES SCIENCES. )) Les cloisons qui s'attachent au siphonoglyphe et que Edouard van Beneden ('), dans son magistral Mémoire sur Les Anthozoaires de la Plankton-E.vpedidon, appelle cloisons directrices, s'avancent assez loin vers le pôle aboral. Le premier couple de cloisons latérales ofTre des caractères spéciaux. A la dilTérence de ce qu'on observe chez les Cérianlhes les mieux connus (C. rnembranaceus Gmelin, C. Lloydii Gosse), elles s'approchent beaucoup moins du pôle arborai qu'un certain nombre de cloisons des couples suivants. Elles se distinguent de toutes les autres par les carac- tères de leur bord libre. Jusqu'au milieu environ de leur longueur, ce bord présente deux bourrelets de teinte brun foncé, pourvus d'un grand nombre de nématocystes et de cellules glandulaires et séparés par une gouttière médiane ; à ce niveau est un court peloton formé par l'entéroïde; au-dessous de ce dernier, le bord libre est mince et simple, comme celui des cloisons directrices et des cloisons stériles. » Les cloisons du second couple, avec leurs gros pelotons entéroïdaux à la partie supérieure, au-dessous du pharynx, sont plus longues que celles du couple précédent. A partir des cloisons du second couple, les cloisons fertiles et les cloisons stériles alternent régulièrement. Les cloisons fertiles du troisième et du cinquième couple méritent une mention spéciale. Elles sont les plus longues de toutes; elles se distin- guent de toutes les autres en ce qu'elles portent, un peu au-dessus de leur extrémité inférieure, un petit renflement dépendant de l'entéroïde et en forme de saucisse. Le double bourrelet pigmenté en brun du bord libre s'arrête au niveau de l'insertion de ce peloton de l'entéroïde. Il s'étend sur une moindre longueur dans les autres cloisons fertiles, qu'il permet de distinguer des stériles à première vue. » A partir des cloisons du sixième couple, plus longues que celles du quatrième, la décroissance de longueur se poursuit régulièrement jusqu'aux cloisons de formation la plus récente. Les cloisons d'un même couple montrent, en général, une inégalité frappante; cela tient à ce que ces cloisons n'apparaissent pas en même temps, celles de droite étant toujours en avance sur celles de gauche. » Aucune cloison ne porte de prolongements ramifiés de l'entéroïde, ni de bothruc- nides, ni de cnidorages. » Les caractères des cloisons et en particulier ceux des cloisons direc- trices et de celles des premier, deuxième, troisième et cinquième couple, différencient nettement ce Cérianthaire de tous ceux qui sont actuellement décrits. Les cloisons ne présentent pas, à proprement parler, la disposition quatroseptale que Faurot(-) a mise en évidence chez le Cerianthus rnembra- naceus. Elles se laisseraient plutôt grouper en biseptes, simplement. » De toutes les larves recueillies par le National, dans l'Atlantique, c'est de celle décrite par Ed. van Beneden sous le nom de Dactylactis que le Cérianthaire dont il est question ici parait s'tloigner le moins. (1) Edouard VAN Beneden, Les Anlhozoaires de la Planhton-Expedilion, 1898, avec 16 planches, i carte et 69 figures dans le texte. (2) L. Faurot, Éludes sur l'analomie, l'histologie et le développement des Acti- nies {Arch. de Zool. expér. et gén., 3= série, t. III, 1895, p. 43-262, PL 1-A'll). SÉANCE DU l3 OCTOBRE 1902. 5g\\ » La découverte de cette forme sexuée n;igeante, la première qui ait été signalée jusqu'ici ('), et dont une élude approfondie sera prochaine- ment |nibliée, montre que la vie pélagique, qui est la règle dans le jeune âge chez les Cérianthaires, peut persister ou tout au moins réapparaître à l'âge adulte chez certains d'entre eux. » CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur la composition des hydrates de carbone de réserve de l'albumen de quelques Palmiers. Note de M. E. Liénard, présentée par M. L. Guignard. (i Sur les conseils de M. le professeur Bourquelot j'ai étudié la nature des hydrates de carbone de réserve contenus dans les graines de plusieurs plantes appartenant à la famille des Palmiers. J'ai choisi à dessein six graines appartenant à des tribus différentes et les ai traitées par les méthodes d'hy- drolyse actuellement connues. » Ces graines proviennent des espèces suivantes : » Areca calcchu L., Chamœrops excelsa Thiinb., Astrocaryiiin vulgare Mart., OEnocarpus bacaba Mart., Erythea edulis S. Wals, et Sagus Rumplni Willd. » Nous avons d'abord recherché le saccharose par la méthode de M. Bourquelot (^), et voici comment nous avons opéré sur les graines de Chamœrops excelsa. » i25s de poudre de graines ont été épuisés pendant une demi-lieure au bain-marie par 5oo^°'' d'alcool à 80° bouillant. Après refroidissement le liquide a été ramené à son volume primitif et filtré à la trompe. On a prélevé un volume déterminé de cette solu- tion et, après addition de carbonate de chaux, évaporé en consistance d'extrait mou. Le résidu a été repris à froid par 100''°' d'eau ihymolée saturée, puis on a fait, avec le liquide filtré, les mélanges suivants : „ , . . ( Li(inide filtré : 20™'. Solution A < „, , ( lliymol en excès. 1 Liquide filtré : 80™'. Solution B I Levure de bière tuée par l'alcool el desséchée : 0^,25. f Thymol en excès. (') Les exemplaires sexués de 40""" de longueur que Cari Vogt trouva à la surface de la mer, entre l'Ecosse et l'Islande, et qu'il rapporta au genre Arachnactis [Des genres Arachnactis et Ceriantlius )Arclt. de Biol., t. VIII, 1888, p. i-43, PI. l-lll)'\ sont, en réalité, des Halcanipa, ainsi que l'a montré Th. Boveri [ Veber Entwickelung und Verwandlschaftsbezlehungen der Aclinicn {Zeitsch. fiir wiss. Zool., Bd. 'i9, 1889, p. 46i-5o2, PI. AAl-Aril/f)]. (-) Bourquelot, Comptes rendus, t. CXXXIil, 1901, p. 690. 594 ACADÉMIE DES SCIENCES. » Ces deux solutions ont été abandonnées à la température du laboratoire (17°) pen- dant 4 jours; examinées alors au polarimètre (/=:2) et analysées à la liqueur de Fehling, elles ont donné les résultats suivants : Déviation -H 44' à -)- 46' ( Sucre réducteur pour 100 o» _ ( Déviation — 46' à — 4 ( Sucre réducteur pour 100 0^,961 » Il s'est donc formé ofc',g6i de sucre réducteur (sucre interverti) qui représentent à 17°, pour «!)= — 19°, 5 une déviation gauche de — o°,364 ou — o°2i',8; alors que les 06,912 de saccharose dont ils proviennent représentent une déviation à droite de -t- 1°, 2i4 ou -t- 1° 12' pour a£, = -i- 66°, 6. » Or, s'il y a du sucre de canne dans la solution A, la déviation primitive a dû dimi- nuer de la somme de ces deux déviations, soit de 98'. Et l'observation nous a donné une diminution de 92'; nous pouvons donc conclure à la présence du sucre de canne dans les graines de Chamœrops excclsa. D'autre part, un essai particulier nous a montré que ces graines ne renfermaient pas de glucoside dédoublable par l'émulsine. » Pour étudier les autres hydrates de carbone nous avons employé la méthode d'hydrolyse fractionnée. » Première hydrolyse. — Dans un des cas, par exemple celui du Chamœrops excelsa, on a effectué le mélange suivant : / Albumen séché à 100° (résidu provenant de la recherche du saccharose). 20S } Acide sulfurique 6? ( Eau distillée, quantité suffisante pour 200*^"' » On a porté à l'autoclave à la température de 110° pendant 45 minutes à deux reprises différentes. On a constaté qu'il s'était formé, en tout, 3s, 74^ de sucre réduc- teur (exprimé en dextrose), dont 3?, i3 de mannose et o5, 166 de galactose. » Deuxième hydrolyse. — Le résidu de l'opération précédente, après avoir été lavé à l'eau distillée, à l'alcool et séché à l'étuve, a été traité de la même façon avec aSo""' d'acide sulfurique à 4 pour 100 pendant i heure 3o minutes. Dans celte opération on n'a obtenu que 16,611 de sucre réducteur et celui-ci renfermait is,4oo de mannose et pas trace de galactose. B Le résidu de la seconde opération a été mis en contact avec de l'acide sulfurique à 75 pour 100; on a ensuite étendu d'eau de façon à avoir une liqueur renfermant 2,5 pour 100 d'acide sulfurique, et l'on a fait bouillir pendant 2 heures. » La liqueur renfermait 76,718 de sucre réducteur, dont 66,871 ont pu être carac- térisés à l'état de mannose. Elle ne contenait pas trace de galactose. » On peut donc admettre, de ce qui précède, que le mannose obtenu provient de mannanes diversement condensées, dont les plus résistantes ne peuvent être hydrolysées que par le procédé Braconnot-P'lechsig. ■» Si l'on veut obtenir en une seule fois tout le mannose, on peut em- ployer le procédé de MM. Bourquelot et Hérissey. SÉANCE DU l3 OCTOBRE T902. ^9^ „ Pour cela, on prépare le mélange suivant : lOOS Albumen sec Acide sulfurique à 70 pour 100 '^°^ „ A„ bout de .2 heures on ajoute une quantité suffisante d'eau pour faire .oooc- On chauffe ensuite à l'autoclave pendant , heure 3o minutes à . .0" en deuv fo,s. L liquide obtenu renfermait 54^,^876 de sucres réducteurs dont 48*^,75 de mannose. » La liqueur ne contenait pas de galactose. » En résumé loo? de graines ont fourni : cm 3 e 11,378 Eau - Matières grasses solubles dans l'éther 2,09^ Sucre réducteur initial Saccharose o 0,91c Totalité des sucres réducteurs fournis par les trois hydrolyses, dans trois essais comparatifs. Méthode _ ,111 deMM. Bourquelot ji^ B. C. et Hérissey. Sucres réducteurs (en totalité) ) ^g^^^ 55^85 56'o2 47.85 (exprimés en dextrose) ) , o / /q /o '^o Sucresréducteursca-( mannose.. 49-74 49,o8 49-48 4^,50 ractérisés comme.. ) galactose . 0,723 0,741 0,7^0 „ J'ai opéré de la même façon sur les attires graines et les réstdtats fournis, comme le montrent les Tableaux suivants, sont à peu près ana- logues : Eau Matières grasses Sucre réducteur initial Saccharose Sucres réducteurs (totalité fournie j ^^3g par les hydrolyses successives) 3ie,43 ^^^-o» •'•^ ' (exprimés en dextrose) 1 Sucres réducteursca- ( mannose.. 238,85 ractériséscomme.. | galactose. 06,687 „ Conclusions : L'albumen des Palmiers renferme donc : „ ," Assez souvent du sucre réducteur en petite quantité ; „ 2° Du saccharose en faible proportion; „ 30 Des mannanes diversement condensées et s'hydrolysant success.- vement ; » 40 Une galactane. « Areca. Aslrocaryum. CEnocarpus. Erythea. Sagus. 6, 3i2 7,65 1,340 i,o38 II, 4o 7,25 59,52 i,3o 10, 3o 0,376 0,263 0 0 0,221 0 0,336 i,6i3 0,683 1,061 I, 102 3i5,97 4i5,77 36 33,7?, os,758 i?,oo7 1,003 06,646 SgH ACADÉMIE DES SCIENCES. GÉOLOGIE. — Sur la constitution géologique des environs d' Alexandrie (^Egypte). Note de MM. R. Fourtau el D.-E. Paciiundaki. présentée par M. Albert Gaudry. « Des recherches récentes dans cette région si peu étudiée par les géo- logues qui se sont occupés de l'Egypte, et les déterminations de nos récoltes par notre savant confrère M. Paul Pallary nous ont permis de constater uiï certain nombre de faits nouveaux et intéressants à signaler. » La côte alexandrine, depuis le Mariout jusqu'à Aboukir, est essentiel- lement formée par trois couches bien distinctes: le calcaire du Mex, le tuffeau coquillier et les sables gréseux à Hélix. » Le calcaire de Mex forme depuis le golfe des Arabes une ligne de hauteurs lon- geant la côLe à un demi-kilomètre environ du rivage el disparaît sous le tuffeau coquillier à la hauteur du village de Gabbary, à Touest d'Alexandrie. 11 est exploité surtout au Mex comme pierre de construction pour la ville d'Alexandrie. Sa position stratigraphique était incertaine jusqu'à ce jour, car on ne lui connaissait, à part quelques Foraminifères cités par Ehrenberg, aucun fossile. Nous y avons découvert une faunule de coquilles microscopiques mêlées à des radioles d'Oursins et à des fragments de Bryozoaires. L'élat un peu fruste de nos spécimens n'a malheureusement permis, en généi'al, qu'une attribution générique. Voici l'énuméralion de nos récoltes: Rissoa similis, Rissoa sp., Bittium rcticulatum, Blttiuin sp., Pleiuotonia sp., Pyrenella sp., Nassas\)., Caecum sp., Cardita trapezia, Pectuiiculus sp., Corbula sp., Arca sp-. » Le tuffeau coquillier, qui forme la côte et, près du Mex, les quelques rochers connus sous le nom d'(7e5 des Sirènes, est une formation littorale grossièi-e, et gréseuse par places: il forme la majeure partie du sous-sol d'Alexandrie et du faubourg de Ramleli jusqu'au cap d'Aboukir et l'île Nelson. Il est en général absolument pétri de débris de Bivalves qui forment par places une véritable lumachelle d'écaillés, épaisse de o",i5 à G"', 25. On n'y rencontre que très peu de fossiles en bon état et nous ne pouvons citer qu'un Arca un peu fruste, très voisin d'^l/crt barbota. » Les sables gréseux à Hélix surmontent IndilTéremment le calcaire du Mex et le tuffeau coquillier, mais surtout ce dernier. Cette couclie a été signalée la première fois par Fraas qui avait attribué les fossiles récoltés par lui à Hélix candidula, d'où il avait conclu à un changement de climat qui, depuis l'époque quaternaire, avait obligé cette espèce des pays froids et pluvieux à émigrer vers des régions plus septen- trionales. AL Max Blanckenhorn a contesté depuis la détermination de Fraas qui serait pour lui //. vestalis el il aurait récollé en outre dans cette couche H. pisana ex. Hélix sp. Nous y avons récolté, pour notre part, un bien plus grand nombre de fossiles qui don- neront une idée exacte de cette curieuse formation littorale, véritable dune fossile dont les sables agglomérés et formant par places un grès assez résistant contiennent une faune terrestre, vivant encore aujourd'hui aux environs d'Alexandrie, mélangée aux espèces marines rejetées sur la côte par la tempête. Nous n'avons pas retrouvé ^. crt«- didula dont parle Fraas; en revanche, la liste suivante donnera une idée exacte de SÉANCE DU l3 OCTOBRE 1902. ^97 celte formation que l'on peut admirablement étudier aux environs du casino du Mex. Avec de très nombreux exemplaires à^IIelLv mexensis Bgt., nous avons récolte //. ves- talis, H. nucula Parreys, H. Hamyi Bgt., //. Ehrenbergi, H.iAerophda) sp Rumina decollata, Pupa sp., BuUminus Gaillyi Bgt., r^.U.. Trochocochlea tu,- biformis V. Sal., Cerithiam sp., Pyrenella conica Blainv., ColumbellarusUca L., Nassa Cu.ieri, Pectuncalus pilosas. Oslrea lamellosa, Parmacella alexan- drina Ehr. ,, Celte formation s'étend aussi à l'intérieur du pays où l'un de nous a retrouvé sur les collines, au sud-ouest du lac Mariout, des grès très tendres à Rumina decollala et Hélix sp. La dune ne semble pas avoir pu se main- tenir sur les collines du Mex, mais on trouve dans la patine siliceuse qui couvre les parties inexploitées des exemplaires à' Hélix mexensis et de Rumina decollata. ,, Nous signalerons enfin un faciès particulier de cette formation, que l'on rencontre au bord de l'ancien rivage du lac Mariout au sud du Rarm et Sidi Rhrer. La dune est là couverte de cristaux de gypse en fer de lance et contient une faune où les espèces marines saumâtres et terrestres sont mélangées, indiquant ainsi les diverses modifications qu'a subies la région; nous y avons récolté : Donax trunculus. Venus verrucosa, Tellina incarnata, Cardium edule, Melania tuberculata, Cleopatra bulimoides, Paludina unicolor et Hélix luberculosa Conrad. « Pour nous, le calcaire du Mex représente une formation à la limite du Pliocène supérieur et du Quaternaire inférieur. Malgré leur état un peu fruste, les fossiles semblent différer des espèces vivant aujourd'hui sur la côte et nous sommes plus portés à la dater du Pliocène supérieur. Le Quaternaire inférieur nous paraît être bien suffisamment représenté par le tuffeau coquillier. Quant à la couche à Hélix, elle appartient sans conteste au Quaternaire supérieur. Au Gabbary, recouverte par la terre végétale et souvent par 3" à V" de détritus de carrière solidement agglomérés, elle paraît, au premier abord, plus ancienne : ce qui peut expliquer l'erreur de Fraas. » En résumé, la barre rocheuse qui forme la côte Aiexandrine et pro- tégea la formation du Delta nilotique contre la haute mer poussée par les vents du nord-ouest est d'époque quaternaire et s'appuie sur des calcaires du Pliocène supérieur; de plus, les espèces fossiles et subfossiles que l'on y rencontre n'indiquent aucunement que le climat à l'époque quaternaire fût différent du climat actuel. » G. R., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N« 15.) 79 SgS ACADÉMIE DES SCIENCES, PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur les causes générales d'instabilité sismique dans l'Inde. Note de F. de Montessus de Ballore, présentée par M. de Lap- parent. « Dans les rapides éludes que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie, en attribuant l'instabilité sismique de certaines régions à tel ou tel accident géologique d'origine plus ou moins ancienne, faille ou plissement, je ne prétends pas dire^que ces accidents jouent réellement encore lors d'un tremblement de terre, bien que cela arrive, pour les failles notamment, mais seulement que leurs causes antérieures conservent un reste de vitalité sous la forme atténuée de séismes. C'est qu'ils ne sont pas plus que ceux-ci des causes, mais des effets. Aussi les épieentres sont-ils souvent placés latéralement à la faille, c'est-à-dire du côté de l'effor t antérieur de rupture ou de plissement, suivant les cas. Et encore ne doit-on pas, pour nier l'influence sismique d'une faille, arguer de l'absence d'augmentation observable du rejet de ses lèvres, cette modification ne se présentant que pour les grands séismes. » Il faut, en résumé, considérer les tremblements de terre comme le critérium de la survivance ou de la cessation, suivant qu'ils se présentent ici et non là, des efforts dynamiques qui, en des temps plus ou moins anciens, ont donné lieu aux traits géologiques auxquels on les rapporte. » Dans l'Inde, considérée ici à l'ouest du Brahmapoutre et de l'Himalaya au cap Comoriu, l'instabilité sismique est nettement limitée à un petit nombre de régions pour lesquelles on va donner ici les causes géologiques générales, en réservant les détails pour un Mémoire publié par le Geological Survey of India. » Les environs de Caboul, de Kandahar et de Jellaliabad sont très instables. Mais, si la géologie de l'Afghanistan est encore bien imparfaitement connue, on sait cepen- dant qu'il s'y rencontre une très importante série éruptivede l'époque secondaire, que les roches porphyriques dont les débris ont formé la plus grande partie du Néocomien ont largement percé le Jurassique, que le Crétacé a été métamorphosé en grand par des granités syéniliques jusqu'à l'Éocène, qu'au moins depuis le Garboniférien le rivage méridional de la mer intermédiaire entre les vieux continents boréal et austral a oscillé au travers de l'Afghanistan, et qu'enfin les chaînes secondaires occidentales ont subi un violent rebroussement qui a formé la muraille de l'IIindou-Kouch. On ne manque donc pas de base pour trouver, au milieu de ces vicissitudes grandioses, l'explication locale des centres d'instabilité. » La chaîne béloutche du Khojak est très instable, et eu 1892 une ancienne faille s'est rouverte près d Old Chaman, à la suite d'un grand séisme. » La surreclion de l'Himalaya a dû se continuer au moins jusqu'au Pliocène, et ce mouvement gigantesque de l'écorce terrestre ne semble pas encore avoir dit son der- SÉANCE DU l3 OCTOBRE 1902. Sqq nier mot. En tout cas, rinstabilité est considérable sur tout son flanc méridional, du Cachemire au Népaul, et de Rawal-Pindi à Davjeeling, tandis que son versant septen- trional est très stable. Plissements, failles, injections plutoniques, actions djnamomé- tamorpliiques, etc., rien ne manque comme causes locales d'instabilité. On se conten- tera de dire ici que, si la grande faille Muzafirabad-Murrec-Kohat semble avoir une influence sismique évidente, cela est moins net pour celle de Konain-Mudhaul ; enfin le Sait Range est aussi instable que devait le faire prévoir la complexité de ses dislo- cations tectoniques. I) Le grand synclinal, maintenant recouvert par les dépôts de l'Indus et du Gange, et par où a passé pendant de longues périodes le rivage méridional de la mer qui bor- dait au nord le vieuxconlinent gondwanien, est plutôt stable, sauf en certains points où quelques séismes décèlent des dislocations cachées sous les alluvions. En tous cas, ceux de Delhi ne doivent pas être attribués aux plissements présiluriens trop anciens de l'Ara- vali Range, chaîne absolument stable, ni à la grande faille entre la Chamba et la Jonina. 1) D'une façon générale, le bas Indus est très instable. Le centre sismique secondaire Shapoor-Jacobaliad doit être attribué aux dislocations des Murri-llills. C'est par le bas Indus que la mer jurassique a entraîné le continent gondwanien, dont l'alTaissement se joint ici aux plissements postcrétacés du Sindli, comme phénomènes survivant sous formes de séismes. C'est là qu'en 1819 s'est formée sismiquemenl la grande faille de l'AUah-Bund dans le Rann de Catch. » L'instabilité disparaît dans la presqu'île do Kathyawar, pour renaître de l'autre côté du golfe de Cambaj, d'Ahmenabad à Bombay et jusque dans le Khandesh. Si de sérieux indices de soulèvements récents se montrent sur les rivages de ce golfe, comme ces mouvements superficiels semblent rarement liés directement à l'instabilité sis- mique, on en est réduit à invoquer très hypolhétiquement les dislocations fort anciennes à la suite desquelles la mer vindhyenne ayant, dans les basses vallées de la Tapti et de la Nerbudda, entamé le massif archéen, a ensuite laissé s'efTectuer les dépôts gondwaniens d'origine terrestre, ou bien les dislocations de ces mêmes couches entre les inférieures et les supérieures. Une telle suggestion doit d'ailleurs être faite sous les plus expresses réserves. » Il semble bien que les immenses coulées de laves du Dekkan nord-est correspondent à une émission fort tranquille. Cette absence de paroxysmes se continue de nos jours, par l'extrême rareté des séismes dans toute la pénéplaine archéenne de l'Indoustan, et concorde aussi avec l'énorme durée depuis laquelle la presqu'île au sud des bouches de l'Indus et du Gange forme une masse continentale. Cette stabilité sismique est un fait d ordre très général, commun aux grandes coulées analogues de l'Atlantique boréal et du nord-ouest de l'Amérique, comme aussi aux fragments du continent gondwa- nien, Arabie et Afrique. » Quelques rares séismes de la côte de Malabar et de Ceyian peuvent correspondre à une survivance atténuée des efforts qui ont elFondré une partie de l'océan Indien, tandis que ceux, tout aussi rares, du flanc sud-est des Nilgherry et des collines de Cardamum se rattaclient peut-être à l'invasion de la mer tertiaire supérieure, tant aux environs de Quillon que dans la basse vallée de la Cauwery. » Enfin, les ghates de Vellakonda sont assez instables, relativement du moins, sur leur flanc oriental seulement. Formant un grand croissant de strates vindhyennes, elles ont été, à l'époque carboniférienne, plissées par un effort venant de l'est et sont tombées à l'ouest dans une grande faille de l'Archéen, ce qui les a sauvées de la dénu- 6oo ACADÉMIE DES SCIENCES. dation. Les séismes ne se manifestant guère que sur leur flanc oriental, on peut les attribuer à une survivance de l'efTort de plissement, mais non de celui de rupture. » Tant pour l'Himalaya que pour les chaînes afghanes et béloutches, aussi bien pour les gathes de Vellakonda que pour la pénéplaine indoustanique, la loi de plus grande instabilité du versant le plus raide se vérifie, car c'est le plus disloqué. » On notera enfin que ni les volcans éteints découverts par Mac-Mahon dans le Béloutchistan, ni ceux des environs du grand coude du Gange, ne coïncident avec des régions instables. « MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Sur lin nouveau procédé destiné à faciliter l'écri- ture et le calcul aux aveugles ('). Note de M. Dussacd, présentée par M. Ad. Carnot. « J'ai l'honneur de présenter les résultats obtenus avec un nouveau procédé destiné à faciliter l'écriture et le calcul aux aveugles. Ce procédé consiste dans l'emploi d'une machine à écrire, simple et portative, que je Anens de réaliser de la manière suivante : x Une plaque rectangulaire horizontale reçoit la feuille de papier qui y est fixée par deux pointes. y> Cette plaque rectangulaire possède en dehors du papier, sur chacun de ses bords verticaux, 22 trous équidistanls et se correspondant deux par deux. » Une règle plate, munie aux extrémités de sa partie inférieure de deux pointes s'ajustant dans les trous des bords verticaux de la plaque rectangulaire, peut être amenée successivement dans 22 positions horizontales correspondant à 22 lignes d'écri- ture sur la feuille de papier. Cette règle plate, qui glisse sous le papier en le dépassant de chaque côté, porte 182 petits cônes; de plus, elle est reliée par une charnière à une crémaillère qui vient la recouvrir au-dessus du papier. » Cette crémaillère a 22 dents correspondant aux 22 distances nécessaires à la for- mation d'une lettre. Sur cette crémaillère glisse un petit chariot portant 6 leviers ter- minés par des touches. Ces leviers abaissent à volonté 6 clefs de montre sur le papier, lequel se trouve embouti entre lesdites clefs de montre et les petits cônes qui se trouvent au-dessous de lui. » A chaque lettre écrite, le chariot est avancé d'une dent sur la crémaillère. » L'aveugle peut donc avec 6 doigts, par le choix des leviers nécessaires, obtenir d'un seul coup et en relief tous les signes de l'écritttre, du calcul et de la musique, puisqu'ils sont formés de 6 points au plus. » L'aveugle a toujours devant lui ce qu'il a écrit, il peut se relire et se corriger à mesure, ainsi que calculer. » La séance est levée à 4 heures. G. D. (') Voir Comptes rendus, 10 février 1902, t. CXXXIV, p. 370. On souscrit à Paris, chez GAUTHIER-VILLARS. Quai des Grands-Augustins, n° 5^. • «,. ,.= rnwPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulicrement le Dimanche. Ils forment, à la fin de l'année, deux volumes in-4». Deux "iVne par ordr!!lphabïïque d?m^ Faut/e par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annud ,du i" Janvier. le prix de l'abonnement est fixé ainsi qu il suit : || Paris : 20 fr. — Départements : 30 fr. — Union postale : 34 fr. On souscrit, dans les Départements, chez Messieurs : Ferran frères. 1 Chaix. ( Jourdan. f Ruff. Courtin-Hecquel. Germain et Grassin. Gastineau. ne Jérôme. on Régnier. I Feret. lux Laurens. ( MuUer (G.). es Renaud. ( Derrien. F. Robert. I Oblin. ( Uzel frères. Jouan. Perrin. i Henry. ( Marguerie. j Juliot. I Bouy. Nourry. Ratel. (Key. \ Lauverjat. I Degez. l Drevet. i Gralier et G". ochelle Foucher. Bourdignoo. Dombre. Thorez. Quarré. LorienC. Lyon . chez Messieurs : i Baumal. ( M°" Texier. [ Bernoux et Cumin. ^ Georg. ( EfTantin. I Sayy. \ Vitte. Marseille Ruai- j Valat. j Coulet et fils. Martial Place. Montpellier . Moulins.. .. bcry.. onl-Ferr. Nantes Nice.. Me. I Jacques. Kancy | Grosjean-Maupm. ( Sitlot frères. ( Guist'liau. ( Veloppé. Barma. Appy. Nimes....: Thibaud. Orléans Loddé. ( Blanchier. Poitiers (Lévrier. Bennes Plihon et Hervé. Rochefort Girard (M""). j Langlois. ^o"«" f Lestringant. S'-É tienne Chevalier. 1 Ponteil-Burles. Toulon Toulouse On souscrit, à l'Étranger, Amsterdam . Berlin. I A.sh \ Dar Bucharest . Rumébe. Gimet. Privât. / Boisselier. Tours Péricat. ' Suppligeon. \ Giard. i Lemaître. Valenciennes. chez Messieurs : j Feikema Caarelsen I et G". Athènes Beck. Barcelone Verdaguer. Asher et G'*. mes. Friediander et fils. Mayer et Muller. Berne Schmid Francke. Bologne Zanichelli. ( Lamerlin. Bruxelles Mayolezet Audiarte. ( Lebégue et C". j Sotchek et G». i Alcalay. Budapest Kilian. Cambridge Deighton, Bell et G'. Christiania Cammermeyer. Constantinople. . Otto Keil. Copenhague Hôst et fils. Florence Seeber. Gand Hoste. Gênes Beuf. Cherbuliez. Genève j Georg. ( Stapelraohr. La Haye Bel infante frères. j Benda. ! Payol et C'. Barth. Brockhaus. Leipzig , Kœhlcr. i Lorentz. Twietmeyer. ^ Desoer. ( Gnusé. Lausanne. Liège. chez Messieurs : Dulau. Londres Hachette et G". Nutt. Luxembourg. . . V. Buck. / Ruiz et G". Madrid ... 1 Romo y Fussel. ) Capdeville. ' F. Fé. Milan ( Bocca frères. I Hœpli. Moscou Tastevin. Naples ( Marghieri di Gius. ( Pellerano. ; Dyrsen et Pfeiffer. l\'etv-york . Slechert. ' Lemckeet Buechner Odessa Rousseau. Oxford Parker et C". Palerme . Reber. Porto Magalhaès et Mouiz. Rio-Janeiro . . . . . Garnier. ( Bocca frères. ) Loescheret G". Rotterdam . Kramers et fils. Stockholm Nordiàka Bogbandel. S'-Petersbourg i Zinserling. ' ( Wolflf. / Bocca frères. ) Brero. \ Glausen. [ RosenbergeiSellier. .. Gebethner et WolS. . . Drucker. Frick. ■■ Gerold et C". ZUrich .. Meyer et Zeller. I 15 fr. -(."Janvier iS5i à 3i Décembre 1 865.) Volume in-.,"; isyo- "|^ ^ ^^ _ (1" Janvier iS66 à 3i Décembre i8So.) Volume in-4"; iSSg- Pris- • • • ' i - (1" Janvier i88i à 3i Décembre 1895.) Volume in-4"; 1900- P"" &BLES GÉNÉRALES DES COMPTES. RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. Tomes i" à 31. - (3 Août .835 à 3i Décembre i85o.) Volume m-4° ; i853. Pnx^ Tomes 32 à 61. - ( ." Janvier .85. à 3. Décembre .865.) Volume in-4°; .870. Pns _ • Tomes 62 à 91. Tomes 92 à 121. — (1 UPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES : „:ne I : Memo.re sur quelques point, de la ^^^^^J^J^:i Z ^l^^.uZll.^^^^n^ dans les phénomènes digest.fs, part>cu..ereme..^., 3 Etudier les lo'is de la distribution des corps orga Mémoire sur le Calcul des Perturbali" ^ digestifs, particulièrement dan- prouvent les Comètes, par M. Ha^sen. - Mémoire sur le Pancrea, ev »u.- .c .o.. "" ="-- ^" ^-. ■ 15 fr. ïesUon des matières '/rasses. par M. C.uo. Bb«...... Volume .n-4" avec '^^^^^ ^^^ ': \--,;: ,, P,,. proposée en .85o par l'Académ.e des ;=tr-^= rc;r;i: ^:t::r:::^';^arJ:r: ^ c 27 planches; 1861 • A la même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences. W 15. TABLE DES ARTICLES. (Séance du 13 octobre 1902.) MEMOIRES ET GOMMUIVICATIOrVS DES MRMBIIKS ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. Pages labo- 3^9 \1. Hertiielot. — Sur les Registres de ratoire de Lavoisier M. 0. Callandukau. — Sur quelques parLi- cularités de la ihéorie des étoiles filantes. Existence de jjoints radiants stationnaires par 45" de latitude 557 M. J. BoussiNESQ. - DénionstratKju générale de la construction des rayons lumineux Pages. par les surfaces d'onde courbes SSg M. Henri Moissan. — Etude du pentalluo- rure d'iode .563 MM. A. Laveuax et F. Mesml. — Sur les Hématozoaires des Poissons marins 567 M. Yves Delage. — L'acide carbonique comme agent de choix de la parlhéno- . genèse expérimentale chez les Astéries... ô-.o COllRESPOlVDArVCE. .\l. le Secrétaire terpétuel signale divers Ouvrages en allemand de M. A. Kor/i M. H. BadCARD. — Les quatorze grands Piegistres de laboratoire de Lavoisier. Le Registre II signalé perdu et nouvellement retrouvé M. M. Servant.— Sur rhabillage des surfaces M. W. Kaufmann'. — La déviation magné- tique et électrique des raj'ons Becquerel et la masse électromagnétique des électrons. M. J. TiioVERT. — Sur une conséquence de la théorie cinétique de la diiïusion j\I. Eugène Charabot. — Le méthylanthra- nilate de méthyle dans l'organisme végétal. M. Émilien Grimal. — Sur l'essence de bois de Cèdre de l'Atlas MM. Manget et Marion. — Sur une nou- velle réaction du formol, permettant sa recherche dans les denrées alimentaires.. M. N.-E. Wedensky. — Les excitants et les 5-9 5So 582 584 poisons du nerf M. Louis Boutant. — Sur le centre nerveux qui inuervc la périphérie du manteau chez le Peclcn M. L. Bkuntz. — L'excrétion chez les Crus- tacés supérieurs M. Cil. Gravier. — Sur un Cérianthaire pélagique adulte M. E. LiENARD. — Sur la composition des hydrates de carbone de réserve de l'albu- men de quelques Palmiers MM. R. FouRTAu et D.-E. P.achundaki. — Sur la constitution géologique des environs d'Alexandrie ( Egypte ) M. F. DE -M0NTES.SUS DE Ballore. — Sur les causes générales d'instabilité sismique dans l'Inde M. DussAUD. — Sur nn nouveau procédé destiné à faciliter l'écriture et le calcul aux aveugles 5S4 .587 58f, 591 59.3 096 538 600 GAUTHIER-VILLARS, Imprimeur-Éditeur, yiAI Di;S GRANDS-ALGUSTINS, 55, A l'\RIS(6'"). CHANGEMENT DE PRIX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, PUBLIÉS PAR LES SECRETAIRES PERPÉTUELS. Par déci.sion de l'Académie des Sciences, les prix de raljonneraent et des collections sont désormais fixés ainsi qu'il suil : PRIX DE L'ABONNEMENT : Paris 30 fr. | Uepartements 40 Ir. j Étranger 44 fr. Chaque année, saui i845, 1S78 à 1892, 1S96 à J898, se vend séparément 25 fr. Chaque volume, sauf les Tomes 20, îl, 70 à lOS, 110, 112, Ui, 115, 122 à 127, se vend sépa- re ment . 15 fr. TABLES GÉNÉRALES. TABLE GENER.\LE des Tomes là 31 (iS35-i85o) 25 fr. Tomes 32 à 61 (i85i-i865) Tomes 02 à 91 (1866-1880) , To.iiES 92 à 121 (1881-1895) 25 fr. 25 fr. 25 fr. Chaque Volume des Tailles gôni'-r.Tles coiMpreiul iiiU' Table par ordre tilphaictîquc d'auteurs el inie Table par luatnres ti't'S clôlailloc. PARIS. — I M P K l M IC lÀ I H li V U 1' 1 1 I li 1; - V I L L A R S , Ouai des Grands-Augustins, 55. Le Gérant: Gautuier-Villars. ^ç>0j^ IS*^^ SECOND SEMESTRE. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. TOME CXXXV. W 16 (20 Octobre 1902 PARIS, GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBKAIRE DES COMPTES RENDUS DES SÉA.?^GES DE L'AGADÉMIl!; DES SCIENCES. Quai lies Grands-Augustins, 55. 1902 RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875 Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de l' Académie se composent des extraits des travaux de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes présentés par des savants étrangers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. 26 numéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. Article i". — Impression des travaux de l'Académie. Les extraits des Mémoires présentés par un Membre ou par un associé étranger de l'Académie comprennent au plus 6 pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o pages par année. Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans le Compte rendu àe la semaine que si elle a été remise le jour même de la séance. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par les Correspondants de l'Académie comprennent au plus 4 piîges par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de Sa pages par année. Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis- cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca- démie ; cependant, si les Membres qui y ont pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les re- mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion. Les Programmes des prix proposés par l'Académie sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap- \ M ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'; que l'Académie l'aura décidé. Les Notices ou Discours prononcés en séanci blique ne font pas partie des Comptes rendus Article 2. — Impression des travaux des Sami étrangers à l'Académie. Les Mémoires lus ou présentés par des peil^ qui ne sont pas Membres ou Correspondants de 1 demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'u sumé qui ne dépasse pas 3 pages. Les Membres qui présentent ces Mémoires! tenus de les réduire au nombre de pages requi Membre qui fait la présentation est toujours noij mais les Secrétaires ont le droit de réduire cetE^ autant qu'ils le jugent convenable, comme ils li pour les articles ordinaires de la correspondancj cielle de l'Académie. Article 3. Le bon à tirer de chaque Membre doit être l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus ta! jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à te'' le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compte, actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendi\ vaut et mis à la fîn du cahier. Article 4. — Planches et tirage à part. Les Comptes rendus ne contiennent ni planché figures. Dans le cas exceptionnel où des figures seP autorisées, l'espace occupé par ces figures comi pour l'étendue réglementaire. Le tirage à part des articles est aux frais de teurs; il n'y a d'exception que pour les Rappol les Instructions demandés par le Gouvernement Article 5. Tous les six mois, la Commission administràtiv un Rapport sur la situation des Comptes rendus i l'impression de chaque volume. Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du sent Règlement. Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés ' déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède !a séance, avant S*". Autrement la présentation sera remise à la séance suii ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 20 OCTOBRE 1902. PRÉSIDENCE DE M. BOUQUET DE LA GRYE. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DKS CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. CHIMIE AGRICOLE. - Études sur la terre végétale. Note (le M. Tu. Schlœsing. « Dans ma Communication du 17 mars de cette année j'ai présenté les résultats d'une étude sur la répartition de l'oxyde de fer entre les éléments minéraux de diverses terres végétales, classés en plusieurs lots selon l'ordre décroissant de leurs dimensions, et j'ai montré que la proportion de cet oxyde croît rapidement dans la série des lots, à mesure que les dimensions des éléments diminuent, ce qui m'a conduit à supposer que l'oxyde de fer se trouve, au moins en partie dans les terres où il abonde, et même en totalité dans celles qui n'en renferment que quelques cen- tièmes, à l'état d'enduit revêtant toutes les surfaces apparentes des clé- ments. ,1. „ L'idée qu'une même substance peut enrober tous les éléments miné- raux d'un sol n'est pas nouvelle. Depuis longtemps M. Masure a mis celait en évidence pour des matières organiques de couleur brune procédant du terreau; il a montré que ces matières sont si bien fixées sur les surfaces des éléments qu'elles n'en peuvent être détachées ni par des lavages avec l'eau ou avec des acides étendus, ni par les frottements produits au cours des séparations mécaniques. „ Les démonstrations de M. Masure remontent à une époque ou les notions sur la constitution des argiles, qui ont permis de perfectionner le classement des éléments des sols par ordre de grandeur, n'étaient pas encore acquises; aussi sont-elles très sommaires, comme la méthode de lévigation employée par l'auteur. Après avoir séparé les cadloux et gra- C. K., 190Î, 2" Semestre. (T. CXXXV, N" 16.) 6o2 ACADÉMIE DES SCIENCES. viers, el détruit le calcaire par un acide étendu, M. Masure divisait ses terres en deux lots, l'un sableux, l'autre argileux; après les avoir sèches et pesés, il les calcinait en vase clos d'abord pour prouver l'existence d'une matière organique par l'apparition d'une couleur variant du gris au noir et due à du charbon, puis il achevait la calcination à l'air et dosait les ma- tières organiques par les pertes de poids. » Me proposant d'étendre à d'autres substances la faculté d'enrober les éléments des sols, j'ai pensé qu'il serait utile de confirmer d'abord les observations de M. Masure, par quelques expériences dans lesquelles je mettrais à profit les progrès de l'analyse des terres. Je vais parler briève- ment de ces expériences. » Au cours de mes récentes recherches sur la répartition de l'oxyde de fer parmi les éléments des sols j'avais toujours observé que, après la disso- lution de l'oxyde par l'acide chlorhydrique bouillant, mes lots prenaient des teintes grises d'autant plus foncées que les dimensions des éléments étaient moindres. » Ces teintes étaient dues uniquement à la matière organique, car tous les lots devenaient blancs après leur calcination au contact de l'air. Ainsi, la proportion de cette matière, à en juger par les colorations, allait en croissant dans les séries des lots, à mesure que décroissaient les dimensions des éléments. Mais des observations fondées sur une coloration ne sont pas assez probantes, parce que les sols contiennent, outre la matière brune enrobant ses éléments, un grand nombre de parcelles de terreau qui se distribuent entre les lots et peuvent se trouver en plus grande abondance dans les éléments les plus fins. » Je me suis donc attaché à affranchir mes lots de ces parcelles; cela est facile pour les sables qui se déposent au cours d'une première heure de repos : agités avec peu d'eau dans une capsule, ils se réunissent au fond avant le terreau qui peut être dès lors entraîné par des lavages superficiels; mais le lot qui se dépose de la première à la vingt-quatrième heure ne se prête pas à cet entraînement, il contient beaucoup de terreau extrêmement fin que je n'ai pu réussir à séparer du sable. Quant aux éléments qui demeurent encore en suspension après a/j heures et qui constituent l'argile dite rurale, ils sont à très peu près dépouillés de terreau; mais il faut se garder de les précipiter en les coagulant avec un sel de chaux ou un acide étendu, sous peine d'entraîner avec eux l'humate alcalin qui les accompagne. On doit recourir au chlorure de potassium (5^ par htre de liquide) qui coagule l'argile sans précipiter l'humate. SÉANCE DU 20 OCTOBRE 1902. 6o3 » Il reslc à sécher tous les lois et à y déterminer les proportions de matière organique, non par les pertes de poids dues à la calcination, mais par une méthode directe, en brûlant des poids connus de ces lots dans un tube à oxyde de cuivre, et dosant l'acide carbonique produit. On peut admettre, sans erreur importante, que la matière organique consumée' contenait 5o pour 100 de carbone. » En pratiquant les opérations que je viens de résumer sur des terres de natures diverses, j'ai eu la satisfaction de confirmer, de la façon la plus nette, les observations de M. Masure. A titre d'exemple, et pour fixer les idées sur la progression de la matière organique enrobante en sens inverse des dimensions des éléments, je citerai les résultats que m'ont fournis les sous- sols de deux terres, celle de Boulogne-sur-Seine très riche en cal- caire et celle de Neauphle-le-Château, argilo-sableuse, qui en est presque dénuée. Ces terres ont été largement fumées depuis longtemps et sont très riches en terreau ; mais leurs sous-sols en sont beaucoup moins pourvus et, par conséquent, se prêtaient mieux aux démonstrations que j'avais en vue. Sous-sol de la terre de Boulogne. Poids Pour 100 de matière : employé Acide ""■■ -~ — --" pour carbonique Matière l'analyse. trouvé. Carbone. organique. g mg Sable grossier déposé en 10 secondes . . 2,917 11 0,2 0,40 Sable fin déposé en 5 minutes 1,718 20,7 o,33 0,66 Sable très fin déposé en I heure i,(J25 71,8 1,20 2,4o Sable surfin déposé en 24 heures i,G38 235,5 3,92 7,84 Argile resiée 24 heures en suspension. . i,i4' ii4)4 2,73 o,46 Sous-sol de la terre de Neauphle. Sable grossier déposé en 10 secondes. . 3,096 9,7 0,073 0,10 Sable fin déposé en 5 minutes 3,233 10,6 0,089 0,18 Sable très fin déposé en 1 heure 2,545 32,4 o,35o 0,70 Sable surfin déposé en 24 heures i >^^1 216,8 3,56o 7,12 Argile restée 24 heures en suspension.. 2,2dD 171,0 2,070 4ii4 » Comme je devais m'y attendre les doses de matière organique ont été considérablement exagérées par la présence du terreau dans les lots de sable déposé en 24 heures, mais tous les autres chiffres se rangent bien en deux progressions rapides, dco,/j à 5,4 pour une terre, de o,i5 à 4,i4 pour l'autre. 6o4 ACADÉMIE DES SCIENCES. » Je vais maintenant essayer d'expliquf^r l;i formation sur les surfaces des éléments des sols et la persistance d'enduits composés des substances extrêmement peu solubles, telles que la matière organique brune, l'oxyde de fer, et d'autres encore. » Il semble évident que le phénomène s'est produit au sein de l'eau et par son intermédiaire, c'est-à-dire que les matières destinées à former les enduits ont d'abord été dissoutes, puis déposées sur les éléments des sols. » Je commence donc par considérer la dissolution existant dans une terre végétale. Elle contient des composés franchement solubles, comme les nitrates, les chlorures, et d'autres très peu solubles ou même réputés insolubles : la matière brune qui procède du terreau, les carbonates et bi- carbonates de chaux, de magnésie; des phosphates terreux, de la silice, de l'alumine, de l'oxyde de fer, de l'oxyde de manganèse. Son volume varie continuellement, sous les influences contraires de l'évaporalion et des apports d'eaux de pluie ou d'irrigation. Pendant les variations de son volume, les composés très solubles, presque toujours en quantités relativement faibles, demeurent dissous en totalité, sauf le cas de séche- resse extrême; mais il en est autrement des substances très peu solubles. » Le sol en possède des réserves qui sont considérables par rapport aux quantités de ces substances existant à l'état dissous, et ces réserves sont partout disséminées, en sorte que la dissolution est, pour ainsi dire, en tout point en contact avec elles, et tend constamment à s'en charger dans les mêmes mesures. C'est ce qu'a observé et expliqué M. Schlœsing fds, en ce qui concerne l'acide phosphorique dissous. » Dans de (elles conditions, la dissolution, toujours à peu près saturée des substances très peu solubles, doit en laisser déposer ou en dissoudre davantage, selon qu'elle est en voie de diminution ou d'accroissement de volume. On conçoit sans peine que, pendant les périodes de diminution, les substances qu'elle abandonne se déposent sur les surfaces des corps qu'elle baigne, c'est-à-dire sur les éléments du sol, sous la forme de couches extrêmement minces. Mais ces couches seraient éphémères et disparaî- traient pendant les périodes d'accroissement, si quelque cause n'interve- nait pour les maintenir. » Cette cause, je la vois dans une certaine attraction exercée jjar les élé- ments du sol sur les substances déposées à leurs surfaces. Je n'ai pas besoin de lui prêter l'énergie de celle qui préside aux phénomènes de teinture, où des matières colorantes solubles perdent absolument toute solubilité SÉANCE DU 2(> OCTOBRE Iii02. 6o5 en se fixant sur des fibres. Il stifiit qu'elle agisse à la façon de la capilla- rité, quand celle-ci, attirant les couches très minces d'eau qui enveloppent les particules d'un corps en poudre humide, diminue leur tension de va- peur. Que l'attraction supposée diminue, si peu que ce soit, la solubilité des substances déposées sur les éléments d'un sol, il n'en faut pas plus pour que l'on comprenne la formation des enduits dont il s'agit. )> Car du moment que les substances déposées sur les éléments du sol sont devenues moins solubles, la dissolution s'est trouvée plus que sa- turée à leur égard, et quand son Aolume est entré en accroissement, c'est à leurs réserves qu'elle s'est adressée pour compléter son approvision- nement; et ainsi, par des alternatives d'emprunts faits aux réserves et de dépôts sur les éléments du sol, un transport s'est établi des unes aux autres, jusqu'à ce que l'enrobage ait acquis l'épaisseur au delà de laquelle l'attraction n'a plus agi. » L'hypothèse sur laquelle reposent ces explications se prête à des véri- fications expérimentales ; il est, en effet, fort possible d'enrober artificiel- lement des sables ou les éléments d'une urgile avec des quantités déter- minées d'alumine, d'oxyde de fer, de silice, de phosphate peu soluble... et de voir si la solubilité de ces substances dans des dissolvants appropriés est modifiée par l'état physique qu'on leur a imposé. » J'ai exécuté dans cette voie quelques essais qui m'encouragent à pour- suivre ce nouveau genre d'études; j'aurai l'honneur d'en rendre compte à l'Académie quand ils me paraîtront dignes d'être publiés. » BIOLOGIE. — Sur le mode d'action de l'acide carbonique dans la parthéno- genèse expérimentale. Note de M. Yves Delage. « J'ai montré dans la Note précédente (séance du i'^ octobre 1902) que l'acide carbonique communiquait à l'eau de mer dans laquelle il est dissous la propriété de faire développer parthénogénétiquement les œufs vierges à' Asterias. Il y avait intérêt à déterminer par laquelle de ses propriétés cet agent intervient pour produire les effets observés. » CO^ est acide, anesthésique. il n'entretient pas la respiration, il augmente la pression osmotique de l'eau dans laquelle il est dissous. Exa- minons-le successivement sous ces divers aspects. » 1. Acidité. — Parmi les acides, llClscui, employé à dose extrêmement faible (i pour 5ooo à 10 000), détermine la parthénogenèse chez les Asté- 6o6 ACADÉMIE DES SCIENCES. ries. Mais son action est incomparablement moins efficace que celle de CO*. Les autres acides que j'ai essayés n'exercent aucune action de ce genre. L'acidité seule ne suffit donc pas à déterminer la parthénogenèse. » 2. Aneslhésie. — J'ai essayé les autres anesthésiques : le chloroforme, le chloral, la morphine, la cocaïne, même l'acide phénique. Aucun ne m'a donné de résultats. » Pour être sûr d'employer des doses suffisantes et non exagérées, j'ai fait des essais gradués jusqu'à ce que j'aie trouvé la solution la plus forte qui n'altère pas les œufs et la plus faible qui manifeste encore une action. La dose critique est obtenue quand, dans une même solution, on aune partie des œufs impressionnée par le réactif et l'autre non modifiée. Or, toujours les œufs non modifiés (en ce qui concerne l'as- pect microscopique) ont été incapables de se développer parthénogénéliquement, et les œufs impressionnés ont été tués. » On pourrait objecter que ce qui est anesthésique pour un animal peut ne pas l'être pour d'autres et que GO- peut produire, en tant qu'anesthésique, des effets que les autres anesthésiques ne produiraient pas parce qu'ils ne seraient pas anesthésiques pour les œufs en expérience. Cette objection ne serait pas fondée, car le chloroforme, le chloral, la cocaïne sont anesthésiques pour la généralité des Invertébrés à l'état adulte; et, en ce qui concerne les œufs d'Echinodermes, Hertwig a montré que le chloroforme les anesthésie effectivement et les met en état d'accepter la polyspermie. » 3. Asphyxie. — Ce n'est pas simplement en contrariant la respiration des œufs que CO" agit, car l'eau de mer privée d'air par ébuUition et ramenée à la concentration normale par addition d'eau distillée bouillie ne fait point développer les œufs. » 4. Pression osmotique. — Pour reconnaître si c'est en augmentant la pression osmotique, comme on l'a dit pour les agents salins, que CO" fait développer les œufs, j'ai annihilé cette augmentation de pression par addi- tion d'eau distillée. Il en faut, au plus, i3 pour loo. Or une addition de i5 pour loo, non seulement n'empêche pas la parthénogenèse, mais la favorise. Le réactif fournit dans ces conditions des larves plus belles, plus parfaites que la solution non diluée. » Détermination de la quantité d'eau distillée nécessaire. — Dans le siphon, où la pression est, paraît-il, de 5^'™ à 6"™, l'eau doit contenir, par litre, 5' à 6' de GO". Quand elle est versée dans le vase où sera faite l'expérience, la plus grande partie se dégage tumultueusement, mais on sait bien qu'il en reste une notable quantité et qu'un temps fort long est nécessaire pour que la teneur touche à la quantité insigni- fiante correspondant à la pression de GO- dans l'air quand l'équilibre est établi. Le calcul ne nous renseigne pas à cet égard : il faut des dosages. Ils ont été faits par mon fils, M. Marcel Delage, par le procédé à l'eau de baryte. » Après 3 minutes, le liquide non agité contient, par litre, 3s, 48; après 3o minutes SÉANCE DU 20 OCTOBRE I902. 607 il en conticnl 12,71 ; nprès i heure, ib,36. L'agitation et la filtration liaient le déga- gement. » Admettons que l'eau contienne 3s, 5, cliifTre supérieur au maximum observé. La solution normale contenant 44°j '^i concentration du liquide qui en contient 3s, 5 3 5 est -^ ^ 0,080; et, comme il n'y a pas d'ionisation, ce chiffre vaut pour la pression 44 osraotique. La pression de l'eau de mer naturelle (tant, d'après les données de Loeb, 0,625, celle de la solution carbonique est o,-o5. Pour la ramener à 0,620 il faut ■ . 1, !• -11. II 70'^ ^'^^ it • o aiouter une nuantite d eau distillée x telle que ^ ; aouj;=r2i5. '' ' 1000 4- X looo' Disons i3o pour tenir compte de ce que CO- en S(; dissolvant passe, peut-être, à l'état de CO' H- et, pour cela, retire à la solution i8s d'eau distillée pour 44° de CO^, soit 16,44 pour 3e, 5 de C0«. » On voit qu'en ajoutant iSpour 100 d'eau distillée on rend la pression du liquide immédiatement inférieure à celle de l'eau de mer normale; et cette infériorité va en s'accroissant rapidement jusqu'à la fin de l'expérience. » Augmentant la quantité relative d'eau distillée, j'ai constaté que, jusqu'à 20 pour 100 (correspondant, par rapport à la pression de l'eau de mer normale, à un abaissement de pression de plus de 6 pour 100) cette addition est favorable, en ce sens que les larves mettent moins de temps à parvenir au stade Auricularia. Pour qu'un effet nocif se fasse sentir il faut mettre plus de 3o pour 100 d'eau distillée (produisant un abaissement de pression de plus de i3 pour 100). » Il est ainsi démontré que ce n'est pas en accroissant la pression osmo- tique que CO" détermine la parthénogenèse. » Comment donc agit-il? » Dire, comme on l'a fait pour les ions métalliques, qu'il intervient par une action spécifique (slimulante) ou catalytique (accélératrice), c'est répondre par un mot là où il faudrait une idée. Mieux vaudrait avouer que nous n'en savons rien. » Toutes les théories dans lesquelles on explique la parthénogenèse par une action excitante ou accélératrice de l'agent qui la détermine sont passibles d'une même objection fondée sur ce fait que l'évolution de l'œuf ne se produit pas dans le réactif (sauf, dans ciuelques cas^ un petit nombre de segmentations, comme aussi d'ailleurs, à la longue, dans l'eau de mer normale), mais seulement après qu'il a été remplacé par l'eau de mer naturelle. Or ce n'est pas là le mode habituel des excitants ou des agents quelconques produisant leurs effets par une action directe. Ce n'est pas après avoir été éliminés de l'organisme que la caféine, l'alcool, la mor- phine, la cocaïne produisent leurs effets bleu connus. Ce qui se produit, 6o8 ACADÉMIE DES SCIENCES. dans le cas de VAsterias tout au moins, le seul que je veuille examiner ici, c'est une action inhibitrice, un arrêt de la division commencée. » C'est, en effet, au moment où les œufs sont en voie de division pour l'expulsion des globules polaires que je les place dans le réactif, et là, la division s'arrête, par suite d'une action non excitante, accélératrice, mais, au contraire, inhibitrice, stupéfiante : il y a suspension de l'activité caryo- cinélique. Puis, quand l'œuf est replacé dans l'eau naturelle, CO^, qui n'a produit aucune altération profonde, s'élimine rapidement et l'œuf reprend son activité. Il avait commencé à se diviser, il continue à le faire; mais, comme il n'est plus dans l'état très spécial et très précis qui est la condi- tion des divisions maturatives et de l'expulsion des globules polaires, il fait une division ordinaire; au lieu d'achever une division très inégale qui four- nirait un globule polaire, il fait une division égale suivie de toute une série qui se poursuit et constitue la segmentation. » En faveur de cette opinion je ferai valoir ce fait que : après traitement par le réactif, les œufs n'ayant pas commencé à se diviser, ayant leur vési- cule germinative intacte, ne se développent pas ; ceux qui sont à une phase quelconque des deux divisions maturatives, évoluent; ceux qui viennent d'achever leur maturation, qui ont émis leurs deux globules mais dont le pronucléus ne s'est pas reconstitué à l'état de repos, évoluent aussi; enfin, ceux qui ont émis leurs deux globules depuis quelques heures, et dont le noyau est retombé en état d'inertie, ne se développent pas. » Les agents parthénogénétiques, quels qu'ils soient, agissent comme des poisons temporaires ; ils sont efficaces dans la mesure où ils jouissent de cette double qualité. Ceux qui ne sont pas assez nocifs pour arrêter la ma- turation sont inefficaces, ceux qui sont des poisons trop forts ou dont l'ac- tion est permanente ou simplement de trop longue durée tuent les œufs. CO^ est un agent parfait parce qu'il empoisonne complètement les œufs, mais que son action est absolument passagère, qu'il s'élimine complètement et ne laisse après son élimination aucune altération du protoplasme. » C'est une théorie basée sur l'observation des phénomènes, mais ce n'est qu'une théorie; qu'on la prenne pour ce qu'elle vaut. En tout cas, elle ne s'applique pas au cas où les œufs qui se développent parthénogéné- tiquement sont complètement murs et à l'état de repos au moment de leur immersion dans le réactif, comme c'est le cas pour les Oursins. Mais chez eux, CO^ ne réussit absolument pas. J'exammerai ultérieurement le mode d'action des solutions salines et en particulier de celles au chlorure de man- ganèse sur les œufs de cette catégorie. » SÉANCE DU 20 OCTOBRE iq02. 609 ZOOLOGIE. — Sur quelques Protozoaires parasites d'une Tortue d' Asie ( Damonia Reevesii). Noie de MM. A. Laveran et F. Mesxii.. » T.a Torliic d'enn qui domine de beaucoup sur le marché de Paris est Emys lularia; au mois de juillet dernier nous avons acheté, à Paris, des Tortues d'eau qui difTéraicut l)eaucoup |i;ir leurs caractères extérieurs de Emys lutaria et qui, au dire du marchand, |)rovenaient de C^eylan. Une (h^ ces Tortues a été remise pour hi détermination au hiboratoire deM. le pro- fesseur Vaillant au Muséum. D'après M. le [)■■ .T. Pellegrin, il s'agit de Damonia Reevesii Gri\\ , espèce asiatique mais plutôt originaire de Chine on du Japon que de Ceylan. Il se |ieut fort bien que le renseignement fourni par le marchand sur la provenance des Tortues soit inexact. » Nous avons trouvé chez ces Damonia plusieursProtozoaires parasites : deux Hémogrégarines, un Trypanosome parasite du sang, une Coccidie du tube digestif, une Mvxosporidie parasite des reins. » La Myxosporidie nous a paru être identique à My.ridium Dandeivskyi, très commun dans les reins de Emys lutaria et décrit |iar Vnr, de nous ('); les autres jiarasites appartiennent à des espèces nouvelles. » L'une des Hémogrégarines appartient à une espèce très voisine de //. Stepanowi, parasite commun de Emys lularia; nous lui donnerons le, nom de H. siepanoniana ; l'autre espèce diffère notablement des Hémogré- garines ordinaires des Reptiles et des Chéloniens; nous lui donnerons le nom de H. rara. » Hœmogregarina xLepanoiviana n. sp. — l>e3 formes jeunes, endoglobulaires, ont la plus grande ressemlslance avec les formes jeunes de H. Slepanowi. Le parasite se présente sous l'aspect d'éléments ovalaires ou réniformes {ftg. i); lorsque le para- site augmente de volume, le no^au de l'hématie est souvent lefoulé {ftg. 2). Sur les préparations colorées on distingue, à la partie moyenne de chaque élément parasi- taire, un noyau constitué essentiellement par des granulations de chromaline de \ûlume variable. Le protoplasme est finement granuleux. I) En examinant des éléments parasitaires endoglobulaires ou libres, arrivés à leur développement complet, on arrive facilement à se convaincre que celle llémogrégarine diffère notablement de //. Stepnno»i. » //. .Sn SÉANCE DU 20 OCTOBRE 1902. Gl3 « On ne connaîL jusqu'ici que deux Coccidies des Chélonieus : Cocci- dium Delagei Labbé (tube digestif A' Emys lutaria), et C. Legeri Simond (foie de Crvplopus granosiis). » Nous avons trouvé, dans le tube (bge^Lif de Z). Hee^esic, une Coccidi»; qui a|)|)arlient comme les deux précédentes au genre Coccidùun, mais q en difTcre notablement par la forme des kystes et surtout jxir son é^'ulul exlracellulaire. Nous l'appelous C. inilrariani. » Coccicliuni milrariam, 11. sp. — Dans le lerluiii de deuK Danionia sacrifiées en juillel, nous avons Iruiivé de nonibieux kvstes à tous étals de matiu'alion, de forme 1res spéciale, rappelant celle d'une mitre {Jig. rJ-i4)- '^a surface du kvsle présente, par une evceplioii unique chez les Coccidies, des ornements en relief, coniques, au nombre de 4 (lareinent 3). L'un d'eu\, toujours isolé, marque un pôle de la Coccidie ; l'autre pôle est tronqué et la base plane porte les 3 (ou 4) autres ornements à son pour- tour. Les figures 12 à i4 donnent une idée de la fmme des kystes et de ses variations; il y a aussi des variations de volume, le diamètre pouvant avoir de 10!^ à \^V-. » Nous avons suivi, sur les préparations fraiches, les changements qui se jiro- duisent à l'intérieur de la membrane kystique : rétraction du protoplasme qui aban- donne d'abord la cavité des ornements {fig. 12), puis devient une sphère n'ayant plus de contact avec la paroi kystique; division de cette sphère en quatre sporoblasles, sans reliquat {fig. i3); transformation des sporoblasles en sporocysles ovoïdes, avec deux sporozoïles et un reliquat {Jig. 14). » On trouve dans l'intestin grêle : 1° des schizonles dont le diamètre atteint lof à lal'- et qui donnent une vingtaine de mérozoïtes fusiformes de 3H- à ÔV- de long, avec un petit noyau central; 2° des microgainéloblasles, de ici'- à iSt'de diamètre, à la surface desquels se forme un fin chevelu de micro gamètes dont la partie chromatique a SS'- à G''' de long; 3° des inicrogamèles, à tous les stades de croissance, remplis de granules à reflet \erdàtre. » Ce qui fait l'intérêt de cette Coccidie, c'est que l'évolalion de loiilcs ces formes est exlracellulaire. Sur coupes de l'intestin grêle, on les voit, à tous les étais de croissance et de différenciation ('), plus ou moins intimement accolées aux cellules épithéliales dont le plateau paraît alors manquer et qu'elles dépriment; souvent, le parasite pi'end une forme allongée en s'étalant le long de la surface épitliéliale. Il 11 est probable que la Coccidie se nourrit aiiv dépens de la cellule épitliéliale par l'intermédiaire de pseudopodes, elles ornements du kysle en so;il peut-être les repré- sentants chitinisés. » La découverte d'une Coccidie à croissance exlracellulaire montre une ( ' ) Nous avons cherché vaiiieiiient des stades intracellulaires ; si ces stades existent, ils doneiil a\ojr une très cnui le durée. 6r4 ACADÉMIE DES SCIENCES. fois de plus qu'il n'y a, au point de vue du mode et du degré de parasi- tisme, aucune différence essentielle entre Coccidies et Grégarines ('). » MÉCANIQUE. — Sur le prohlenw des hrachistochrones. Note de i\1. Haton dk i.a fJotPiLi.ifcuE. « 1. J'ai montré, {\i\n?< wn MémoWe \x\sérc m\ Recueil des Savants étran- gers (-), que si un point matériel, présentant l'unité de masse, se meut dans un plan, en supposant l'existence d'une fonction analytique T des forces dans l'équation du travail : (i) ^^-^o=2|>elail une fonction isotherme ('). Mais 011 remarquera avec soin que ce caraclcrc toiidameiilal appartient à Log U et non pas à LogT, de telle sorle que c'est spécialement LogU qui constitue \6 paramètre thermo- métrique, suivant rex|)ression de Lamé. La fonction des forces T est ordi- nairement incomplètcinenl délenninée, cl l'on peut lui adjoindre une constante quelconque dans celles de ses applications qui consistent à faire connaître les composantes de la force par ses dérivées partielles, ou à fournir les courbes de niveau lorsqu'on l'égale à un paramètre arbi- traire. Au contraire l'expression U ne renferme rien que de bien déterminé, et la constante en question a disparu dans la soustraction T — ï„. » 2. Intégrons l'équation (4) sous la foiiue (5) LogU = (p(/^) + ^(r/), en faisant, pour abréger, p — X -\- iy, (j^x — iy, et représentant suivant l'usage par i le symljole imaginaire \/ — i . Nous nous assujettirons d'ailleurs, en vue d'obtenir dans l'application des expressions essentiellement réelles, à tiesigner pur 0 et (y). » Cette relation est essentiellement réelle, car la forme (6) des fonc- tions arbitraires montre que le second membre renferme en factenr i, qui disparaît ici de part et d'autre. » 3. La première intégration étant ainsi effectuée une fois pour toutes, la seconde peut être, dans chaque cas, ramenée aux quadratures. » On a, en effet, dy I e-'"' — I I e?(/')-'l'('y)-2'=' — i i ^çf/jJ-''^ — g'{;(7)-i-ia ■^ — 1 a n *'^ to = — = " =^ i ' dx ^ i e-"' -h I ( g9(/))-'l'(7)-2/a _^ , i g-ni>)-i% _ gtj/iïj+ia On tire de là dx [e?) -{dx- idy) ■^{q) = o, ce qui donne (5), dy_ _ dx .'/(/.) -.y(7) rfLogU dv d\} dy dx _ dy •^'{p)+'i\ 2î(co"+ a") = o(p) — Kî')- les valeurs de to difïérant seules d'une équation à l'autre pour ce point. On déduit de là co 4- a = oj + 0. , -w'=a' — oc" Mais o/- co' est l'angle formé par les tangentes des deux courbes, ce qui confirme l'énoncé. » 6. La plus simple des équations (8) correspondra à la valeur spéciale du paramètre a ^ o. Appelons en particulier, pour ce groupe, b le paramètre des diverses lignes qui le constituent; elles auront pour équation (9) Te-^f-P' dp - Te-*"" dq = 2 ib . » Nous citerons en second lieu l'hypothèse a = -7 e — Il 2 c« . qui donne pour équation (10) fe-'^^P^ dp +y e-'>(î> f/7 = 2 B, en appelant B le paramètre des courbes de ce second groupe. » Cette nouvelle fiuniUe sera formée, d'après le théorème précédent, des trajectoires orthogonales de la première (9). » Tout autre système pourra ensuite être représenté d'une manière fort simple au moyen des paramètres spéciaux de ces deux groupes fondamen- taux. Leur équation générale (8) se met en effet sous la forme (cos* + isinoc)(B -t-i'è) — (cosa - isina)(B — ib)= 2«|3, ou, en efifectuant toutes les réductions, Bsin«-I- ècosa = p. » SÉANCE DU 20 OCTOBRE 1902. (ilf) M. 1». Zkiller, en préseiiLaiit à l'Acailémie un Iravail qu'il vient de publier dans la Palœonlologia Indica, sons le titre : « Observations sur quelques plantes fossiles des Lower Gonlwanas », s'exprime comme il suit : « Ce travail est consacré à la description d'une série de fossiles végé- taux des couches à combustible de la portion inférieure du svstème de Gondwana, que le Geological Survey of liidia m'a fait, en 1897, l'bonneur de me communiquer en me demandant de les étudier, à titre de complé- ment aux travaux du regretté D'' Ottokar Feistmantel sur la flore fossile de l'Inde. Les échantillons que j'ai eus en mains m'ont permis de compléter la connaissance de quelques types intéressants, notamment, parmi les Fougères, les G/o^io/j/erà et leurs rhizomes les Verlebraria.'ie signalerai en outre deux espèces nouvelles d'Equisétinées appartenant aux genres Sc/»;o- ncura eX. Phyllotheca, un Araucarites rappelant beaucoup certaines formes vivantes du sous-genre Colymbea, et un très curieux type de feuille orbi- culaire à bord denté, à long pétiole, dont les affinités me paraissent être avec les Salisburiées et que j'ai dédié au D"' O. Feistmantel sous le nom générique d'Oilokaria. » M. Albert Gaudry fait hommage à l'Académie d'un Opuscule qu'il vient de publier sous le titre « Recherches paléontologiques de M. André Tournouër en Patagonie ». [Extrait des PrDcés-verbaux de la Société d'His- toire naturelle d'Auliin (année 1902).] MEMOIRES PllESENTES. M. DE Saintigxox adresse un travail intitulé : « Sur les tremblements de terre; le mouvement différentiel />. (Renvoi à la Commission des Antilles.) iVT. N. Tasibo.v demande l'ouverture d'un pli cacheté, déposé le 5 mai 1902 et inscrit sous le n" 6518. Ce pli contient un Mémoire intitulé : « Nouvelles méthodes d'atialvse |Kiur reconnaître les falsifications des huiles d'olive (comestibles et industrielles) et en général des huiles les unes par les autres ». (Commissaires : MîM. TroosI, Guignard.) 620 ACADÉMIE DES SCIENCES. CORRESPONDANCE M. le MisisTRË DE l'ïxstritctiox publique Iransmet à l'Académie une Lettre adressée à M. le Ministre des Affaires étrangères, concernant l'éruption volcanique qui s'est produite à l'ile Torishima, dans le groupe des îles japonaises de l'Océan Pacifique (Iles Bonin, etc.): « M. J3UBAIL, Ministre de France à Tokyo, à M. Delcassé, Minisire des Affaires étrangères. » Un paquebot de la Compagnie japonaise, Nippon Yi/sen Kais/ia. qui fait le service des îles japonaises de l'Océan Pacifique (îles Bonin, elc), apportait l'aulre jour à Yokohama la nouvelle qu'une éruplion volcanique venait de se produire dans l'île de Torishima. Le navire n'aurait pu approclior du volcan qui était en pleine éruplion; au dire des officiers, des phénomènes extraordinaires se produisaient en même temps dans le voisinage de la mer : des colonnes d'eau auraient été projetées dans les airs et le paquebot dut continuer sa route sans pouvoir porter aide aux habitants qui ont sans doute péri. 1) L'île de Torishima est située entre le 3o° 2826 latitude nord et i^o" 1^02 lon- gitude est. La circonférence de l'île est de 7'"",5oo et la superficie de 3'""', 5. Elle est séparée de Yokohama par une dislance de 3 12 milles marins. » La population est de -jo hommes et de 52 femmes se livrant à la chasse aux oiseaux, à la j)èche, etc., tous employés au service d'un particulier japonais qui a obtenu la concession et l'exploitation des richesses de l'île. » La nouvelle de cette catastrophe a produit une grande impression et le Gouver- nement a envoyé de suile un liàlimcnlde guerre sur les lieux. Peu après, un paquebot s|)écialemenl afiVèlé pour la circonstance emportait des vivres, des instruments de toutes sortes et une mission chargée d'étudier ces phénomènes et leurs causes. » Les résultats de celte expédition ne seront connus que dans quelques jours; je ne manquerai pas d'en faire part à Votre Excellence. » Veuillez agréer, etc. » Signé : Dubajl. » M. le Secrétaire perpétuel signale une Lettre de M. ^er^e^e// relative aux résultats obtenus au moyen des ballons-sondes, résultats qui seront publics à l'aide de crédits accordés par le Gouvernement allemand. SÉANCE DU 20 OCTOBRE ig02. 62 I PHYSICO-CHIMIE. — Sur la formai ion des goultes liquides el les lois de Taie. Note de MM. Ph.-A. Guye et F.-Loms Perrot. (( Comme suite aux travaux résumés dans une Note récente ('), nous avons cherché à mettre en évidence les phénomènes complexes qui régis- sent la formation des gouttes issues cà l'extrémité de tubes cylindriques à canal capillaire, en étudiant les formes successives par lesquelles elles passent avant la chute. Dans ce but, après des observations directes, faites à l'reil, au besoin aidé de la loupe, nous avons adopté un procédé photo- graphique rendant nos constatations tout à fut indépendantes des illusions rétiniennes. Des résultats partiels intéressants ont déjà été obtenus par des procédés analogues, notamment par MM. Lenard ('■'), Th. Lallin (' ), Ch. Lansiaux (*). ,, Sur nos indicalions, MM. A. et L. Lumière, à Lyon, oalbien voulu nous préparer des bandes de clichés cinématographiques relatifs à la formation de gouttas à^eau, de benzène et A' aniline, Issues de tubes cylindriques de diamètre exlér. < 4""". Les clichés ont été obtenus soit dans les conditions où les gouttes se forment lentement {gouttes statiques) et où, par conséquent, leur poids est indépendant de leur durée de forma- tion, soit dans des conditions de formation de plus en plus rapide {gouttes dyna- miques). Ces documents graphiques ont été étudiés à la loupe; puis, par projection sur un écran, des épreuves agrandies ont pu être prises des plus caractéristiques figures. L'étude de ce matériel d'observation fera l'objet d'un Mémoire détaillé, en préparation. Nous ne reproduisons donc ici que nos conclusions finales relatives aux gouttes statiques d'abord, puis aux gouttes dynamiques. » Les figures agrandies i à 8 représentent le processus de formation des gouttes statiques (benzène; diam. extér. du tube = 3">'",i7). » La goutte apparaît sous forme d'un ménisque à courbure sphéroïdale, puis ce mé- nisque s'allonge grâce à l'afllux de nouvelles quantités de liquide. Un étranglement se dessine lentement entre la goutte proprement dite et le liquide adhérant au tube; on le retrouve dans les figures de M. Worthington. Ensuite l'allongement de la goutte se précipite de telle façon que, si la bande présentait plus de.cent clichés entre la figure 1 et la fio-ure 2, les clichés 3 à 7 se succèdent par contre immédiatement. Enfin, l'étran- glement se résout {fig. 7) en un filament qui, après avoir subi un étirement, se rompt (') Comptes rendus, t. CXXXV, p. ^Sg. (2) Pli. Lenard, Wied. Ann., t. XXX, 1887, p. 209. (') Th. Luixin, Archives de Genève, t. II, 1S96, p. 201. (') Cii. Lansiaux, Revue suisse de Photographie, 7= année, iSgS, p. 86. 022 ACADÉMIE DES SCIENCES. en donnant généralement une gouttelette qui succède à la gouHe principale, goutte- lette déjà observée par Savart, Maguus et Lenard. Au moment où la goutte se détache, SÉANCE DU 20 OCTOBRE 1902. 628 elle est grossièrement spliérique; mais, comme l'a constaté M. Leiiard, elle est animée, dans sa chute, d'un mouvement oscillatoire, son -rand axe prenant alternativement une position verticale puis horizontale, comme si le filament s'était rompu a la façon d'un ressort. » Le détachement de la goutte présente donc une grande analogie avec la rupture des fils métalliques sous les efforts de traction : un allongement filiforme précède la séparation. » La rigidité du liquide est, par conséquent, un des éléments du pro- blème, ainsi que nous l'avions indiqué dans notre Mémoire de 1901 {Archives, t. XL p. 385 et 388). Sur ce point, nous sommes donc d'accord avec les idées émises par MM. Leduc et Sacerdote. » Quant aux gouttes dynamiques, leurs formes sont reproduites schématiquement dans les figures 9 à 18. » En remontant de la figure i5 à la figure 9, on voit que, à mesure que la durée de formation décroît, la goutte, primitivement semblable aux gouttes statiques, apparaît ensuite avec un appendice caudiforme à sa partie inférieure, d'autant plus prononcé que la durée est plus courte. Le liquidé afiluant paraît exercer, par pression, une déformation sur la membrane superficielle. L'aflluence devenant encore plus rapide, la goutte est comme traversée par un jet de liquide; enfin, la succession des gouttes devient assez rapide pour donner lieu à une veine. M Nous résumant, nous concluons une fois de plus que les relations classiques de Tate ne correspondent pas à la réalité et doivent être aban- données; que la rupture de la goutte ne se fait point suivant un cercle de gorge d'un diamètre voisin de celui du tube; que la chute de la goutte, précédée de la formation d'un filament, doit plutôt être comparée aux phénomènes de rupture de fds métalliques sous les effets de traction, et que, par conséquent, la rigidité des liquides doit y jouer un rôle qui reste à étudier. » ÉLASTICITÉ. — Sur les paramètres élastiques des fils de soie. Note de M. F. Beaulard, présentée par M. Lippmann. « Malgré l'emploi fréquent des fds de soie dans les suspensions bifilaires, les paramètres élastiques de celte substance n'ont jamais été déterminés, à ma connaissance du moins, et, comme la valeur numérique du module d'Young est nécessaire pour effectuer la correction de rigidité, j'ai été b24 ACADEMIE DES SCIENCES. amené, en vue de celle correclion, à cfTectuer la flélerniiiialion des cocl'fi- cienls d'élasticilé des fils de soie. » Soient : » c le moiuenl du couple de torsion; |;. le coefficient de Coulomb, c'est-à-dire l'expression numérique d'un couple capable de tordre d'un radian un cylindre de i"" de diamètie et de i'™ de hauteur; a l'allongement de l'utjité de longueur d'un fil de section unité, sous l'unité de charge; E r= - le module d'élasticité de traction; ç. le module d'élasticité de torsion, ou coefficient de rigidité ; [î la contraction latérale, c'est- 0 à-dire la diminution de l'unité de longueur dans le sens transversal; a =:z — le coeffi- =■ ' a cienl de Poisson. » Entre ces quanlilcs on a les rclalions suivantes : cl 32 I ,, u. = -7, ' ? = — a, i -\- r: = , B = tz. » L'expérience permet de déterminer c par la méthode des oscillations, et a parla mesure des allongements sous des charges données; et, par suite, de calculer [j., rp, a et [i. J'ai opéré avec un fd formé de 20 brins tirés d'un même écheveau de soie écrue et trouvé c=: 0,164 ^^ 0^=1,288.10'"; mais la détermination de E présente quelques particularités intéressantes, qui font l'objet de cette Note. » On constate, en effet, qu'il n'y a pas, à proprement parler, de coeffi- cient d'élasticité de traction E, diminuant quand la charge augtnente; on constate également que [3 diminue très rapidement, pour atteindre une valeur constante dès que la charge atteint quelques grammes; cela résulte du Tableau suivant, extrait d'un Tableau plus étendu : 4o V. — 13,17. 10" a = 002 ? = 3,81.10 120 7.90 3oi 3,81 200 5,23 •99 3,80 280 3,74 129 3,46 » On vérifie en outre que, par le retour à une charge nulle, le fil ne reprend pas sa longueur primitive L^, ; il y a un allongement résiduel L'„ — Lq qui peut atteindre le ^ de la longueur initiale. » Si l'on répète une deuxième série de mesures, sur le même fil, on constate que les variations de E sont déjà moins marquées, et que l'allon- SÉANCE DU 20 OCTOBRE 1902. 625 genient résiduel L", — h'„ est moindre que dans le premier cas; on trouve, par exemple, p= 4o E = : 2,008. 10" 5 =r 76 P- = 3,77.10- 80 2,008 76 ■ 3,77 120 2,092 79 3,77 160 i,95i 73 3,73 200 i,626 70 3, -fi » Ce résultat permet déjà de penser que le fil de soie est affecté d'hys- térésis et susceptible par suite de déformations permanentes, conformé- ment aux idées développées à ce sujet par M. P. Duhem ('), et vérifiées par M. E. Lenoble C) pour les fils métalliques. C'est ainsi que j'ai été amené à soumettre le fil à des variations cycliques, par charges croissantes et décroissantes, de façon à revenir à une charge nulle, pour recommencer ensuite un deuxième cycle, etc. » Si la durée d'action de la charge est courte, il arrive que le fil continue à s'allonger sous une charge moindre que la charge maxima, mais voisine de celle-ci; pour éviter cette complication, dans les expériences qui suivent, la durée d'action a toujours été suffisante pour que l'état perma- nent correspondant à une charge donnée soit atteint (à ^^ de millimètre près); si l'on porte en abscisses les charges et en ordonnées les longueurs du fil, on constate : 1° que la première courbe descendante du premier cycle coupe en un seul point la courbe ascendante du deuxième cycle; 2° qu'à chaque cycle l'allongement résiduel L^ — Lo diminue et tend vers une valeur nulle; 3° que, dès le troisième ou quatrième cycle, ascendantes et descendantes sont linéaires et se superposent; dans ces conditions, et lorsque le fil a atteint cet état pseudo-limite, E a une valeur constante, indépendante de la charge ; le calcul donne les résultats suivants : E= 2,52.10'", -7 = 95, 13 = 3,78.10-». » Après un long repos (2 mois) le même fil donne, pour le troisième cycle : p = = 4o E: =: 2,23. 10'» T=86 P = = 3,86.10-' 80 2,23 88 3,87 100 2,06 80 3,86 120 2,o3 78 3,86 (') P. DuiiEM, Société des Se. phys. et. nat. de Bordeaux, 18 mai 1899. (2) E. LimoBLE, Sur les déformations permanentes des fils métalliques (Thèse). Bordeaux, 1900. C. R , 1902, 2- Semestre. (T. CXXXV, N° 16.) 83 626 ACADÉMIE DES SCIENCES. c'esl-k-dire en moyenne E=2,i5.io"', c = 83, ^i = 3,8G.Io-^ * » En adoptant la valeur E -= 2,52.io'° et appliquant la formule de cor- rection de Kohlrausch, pour tenir compte de la raideur du fil, qui agit sur le bifdaire comme si les fils étaient raccourcis de (5, on trouve S = o'='",443 pour une suspension de longueur égale à 87''°. La correction atteint donc seulement o, 5 pour 100, à peu près. » ÉLECTRICITÉ . — Lames minces métalliques obtenues par projection cathodique. Note de M. L. Hocllevigue, présentée par M. Mascart. « On sait que, lorsqu'on produit l'effluve dans un gaz raréfié, la sub- stance de la cathode est projetée en tous sens dans l'espace environnant; cette propriété a déjà été utilisée en Amérique pour obtenir des miroirs et des résistances de platine. J'ai constaté qu'elle permet de déposer sur un support quelconque (verre, fibre, lame métallique, etc.) des couches minces adhérentes des métaux suivants : platine, palladium, fer, nickel, cobalt, cuivre, bismuth; les autres métaux, qui n'ont pas encore été essayés, se prêteraient vraisemblablement à l'application du même pro- cédé ; seul, le charbon n'a donné, après 7 jours d'essais, aucun dépôt visible. » Les pellicules déposées sur verre sont les plus intéressantes à étudier. » Pour les obtenir, on place la lame de verre à métalliser, de 20'"' environ dans mes expériences, sur une large anode horizontale en aluminium; à 12'"™ ou i5""" au-dessus se trouve une lame horizontale du métal à déposer, qui constitue la cathode, et le tout est placé dans un récipient où le vide est fait à la trompe jusqu'à quelques centièmes de millimètre. Le flux est fourni par le secondaire d'une bobine liuhmkorfl" (type Ducretet à interrupteur indépendant); alors l'espace sombre de Hiltorll' qui entoure la cathode vient à peu près au contact- de la lame de verre à métalliser. » Le flux électrique commence par purger la cathode des gaz occlus ; cette première période est particulièrement longue avec le platine et surtout avec le palladium ; lorsqu'elle est terminée, la substance propre de la cathode est projetée à son tour et va se fixer, partie sur la lame de verre placée en regard, partie sur l'anodemétallique. Quand le dépôt est jugé d'épaisseur convenable, on arrête l'opération, on laisse refroidir l'appareil, on fait rentrer l'air et l'on retire la lame métallisée. » Les dépôts obtenus peuvent présenter tous les degrés de transpa- rence ou d'opacité, suivant la durée de l'opération (quelques heures ou SÉANCE DU 10 OCTOBRE I902. 627 plusieurs journées); leur épaisseiir n'est pas rigoureusement uniforme et, avec le dispositif employé, s'est montrée plus faible au centre et suivant les diagonales de la lame. Ils présentent (surtout les dépôts de cuivre) les irisations des lames minces; leur pouvoir réflecteur est considérable, et ils sont assez adhérents pour pouvoir être essuyés avec un blaireau ou du papier de soie. » J'ai pu faire avec les pellicules ainsi obtenues les essais suivants : » 1° Une lame de bismuth préparée par ce procédé, et placée normalement dans un ciiarap magnétique égal à 2260, n'a éprouvé aucune variation dans sa résistance élec- trique, égale à 26'", 90. M. Leduc avait observé déjà que le bismuth est d'autant plus sensible au magnétisme, que sa texture cristalline est plus accusée. Or, il semble bien que le bismuth obtenu par projection cathodique soit complètement amorphe; des essais pour lui donner le grain cristallin par recui» à 35o" ont échoué, le métal ayant été altéré par cette opération. » :i" Les lames transparentes de fer, placées normalement au champ d'un électro- aimant de liuhmkorff, permettent de constater aisément l'existence du pouvoir rota- toire magnétique: une variation de champ égale à 12200 unités a produit une rota- tion positive égale à 1° 18', déduction faite de la rotation due à la lame de verre qui sert de support. » En revanche, je n'ai pas encore réussi à observer sur le même métal, placé parallèlement au champ magnétique, l'existence de la double réfrac- tion signalée par Righi; le dispositif employé pour cet essai était celui du polariscope de Bravais à teinte sensible, avec interposition d'une lame derni-onde sur une des moitiés du champ. » CHIMIE ORGANIQUE. — AcUon des combinaisons organomagnésieniies tnixtes sur les èlhers d'acides cètoniques (II). Note de M. V. Grig.vard, présentée par M. H. Moissan. « ]'ai montré précédemment (' ) que les éthers ^-cètoniques donnent, en général, avec les combinaisons organomagnésiennes, des réactions anor- males dans lesquelles se manifeste surtout la présence de la forme éno- lique. Il n'en est plus de même avec les autres éthers cètoniques, qui sont susceptibles de réagir normalement par leurs deux groupements fonc- tionnels. Mais, comme on pouvait le prévoir, ces deux groupements ne (') Cnmplfs rendus, l. CXXXIV, p. 8/19. 628 ACADEMIE DES SCIENCES. présentent pas la même vitesse de réaction, le caibonyle réagit toujours avant le carboxyle, si bien que la méthode permet d'obtenir des acides alcools tertiaires ou des glycols bitertiaires, suivant que l'on fait réagir 1"°' ou 3™°' de composé organomagnésien sur 1"'°' d'éther cétonique. » Je me suis occupé surtout de la synthèse des acides-alcools, qui pré- sentait le plus d'intérêt. A ce point de vue, il fallait éviter à chaque instant la présence d'un excès du composé organométallique, qui n'aurait pas manqué, sans doute, de réagir sur le carboxalkyle, et, pour cela, il était nécessaire de faire tomber peu à peu le composé magnésien dans l'éther cétonique. J'y suis arrivé, sans perte ni altération de la combinaison organo- métallique, en transvasant sa solution éthérée au moyen d'un siphon de verre à robinet, amorcé avec de l'éther anhydre. M Mes expériences ont porté sur le pyruvate d'isoamyle ('), le phényl- glyoxylale d'éthyle, le lévulate d'éthyle et l'acétylsuccinate d'élhyle. Voici, brièvement (-), les résultats obtenus : » I. Éllier pyriivique. — 1° Avec CH'Mgl, l'a-oxyisobulyrate d'isoamyle, liquide incolore, assez mobile, d'odeur âpre, peu agréable, qui bout à igS^-igS» sous 753°"°. ^17,8 — o,94o5, «i''» = i,4233o. » 2° Avec «-C^H"MgBr, l'acide méthylisoamylglycolique, insoluble dans la ligroïne légère et cristallisant, dans l'alcool à 25 pour lôo, en fines aiguilles fusibles à 72°-73''. » 3" Avec a-C'H'MgBr, l'acide a-naphtylniélhylglycolique, insoluble dans la ligroïne et dans le benzène, cristallise dans l'alcool à 5o pour 100 en buissons de fines aiguilles qui contiennent |H^O et fondent à i43". )) Rendement mojen dans ces trois expériences, 25 pour lOo. » II. Phénylglyoxylate d'éthyle. — 1° Avec CH'Mgl, l'atrolaclate d'éthyle, liquide jaune-paille, assez mobile, d'odeur faible, agréable, qui bout à i29°-i3o° sous i3""" et à 258"-26o" sous 752°"°. c?*, =1,100, «i' = 1,50997. Rendement, 60 pour 100. » L'acide atrolactique (phénylméthylglycolique), qui en dérive par saponification barytique, cristallise dans l'eau en lamelles nacrées qui contiennent itPO et fondent régulièrement à ôyo-ôS" et non à 91°, comme l'ont indiqué Fittig et Wurster (*), puis Tiemann et Kôhler (*). » 2» Avec C-IPMgBr, le phénylélhylglycolate d'éthyle, liquide jaune-paille, peu ( ' ) J'ai choisi cet éther pyruvique, d'après les indicalions de Simon ( Thèse de Paris, 1895), comme étant le plus facile à obtenir dans les meilleures conditions de pureté et de rendement. {"-) (jBS expériences seront publiées en détail dans les Annales de Chimie et de Pltysique. (') Liebig's Ann., 1879, p. i54. (») Berichte, 1S81, p. 1980. SÉANCE DU 20 OCTOBRE 1902. 629 mobile, d'odeur forte, peu agréable, qui bout à i42''-i45° sous 18"™. Rendement, 82 pour 100. » L'acide phényléthylglycolique, insoluble dans la iigroïne, facilement soluble dans l'alcool et le benzène, cristallise anhydre dans l'eau en aiguilles fusibles à 126°. » III. Lés'ulate d'élhyle. — Je n'ai pu isoler dans aucun cas l'éllier prévu par la théorie, mais, directement ou par saponification, la lactonequi en dérive et, en même temp^, un peu du glycol biterliaire correspondant: I » 1" Avec C^H^MgBr, la méthyl-4 hexanolide-i-4, C^H=- C — GIF - CHS I I o co liquide incolore, mobile, d'odeur faiblement élhérée, qui bout à io5°-io6° sous iS"". c?J^ , =1 i,oo85; /JÛ''''' =11 ,44320. Rendement, 35 pour 100. ). Le glycol ^" )C(OH)G=H'C(OH)( „ , bouta i38°-i4o'' sous i4'>^n' et cris- tallise dans le benzène en aiguilles fusibles à 61°. Rendement, 63 pour 100, en le pré- parant spécialement. » 2° Avec i'-C^ H"MgBr, la diméthyl-4-7 oclanoIide-i-4, liquide incolore, assez mobile, d'odeur forte, qui bout à i33°-i34° sous iS""". Rendement, 25 pour 100. ^lr,.9 = o>9â66; ni^''-'=: 1,44964. CH' \ /G' H" » Le glycol psrii, /C!(OH)G-Il*C(OII)s _ , liquide extrêmement visqueux, bout à 2o5<'-2o8° sous i5™"; son oxyde G-'H^'O est peu visqueux et bout à i75°-i78" sous 20™™. » 3° Avec C'H^MgBr, la phényl-4 pentanolide-i-4, liquide jaunâtre, peu mobile, qui bout à i68°-i7o° sous i6""". Rendement, 3o pour 100. rf},)— 1,1173; ni''" — 1,52996. » On obtient en même temps l'oxyde du glycol correspondant ^"' \g G^H' r ^'"' liquide très visqueux qui bout à 245°-25o° sous 17™'". » IV. Acétylsuccinate d'étliyle. — On sait que ce composé ne présente pas les caractères habituels des éthers p-cétoniques ; on pouvait espérer qu'il en serait de même ici et que, en présence de GIPMgl, il se comporterait comme un éther Y-céto- nique et fournirait ainsi un procédé commode de synthèse de l'acide térébique. Mal- heureusement, il n'en a rien été. Quelque soit le mode opératoire employé, on obtient un produit cristallisé très abondant qui, par l'action de l'eau, régénère la presque totalité de l'éther acétylsuccinique employé. Get éther a donc vraisemblablement réagi sous sa forme énolique. On peut isoler cependant une faible portion supérieure dont la saponification fournit une minime quantité d'acide térébique. » Je me piojDOse de montier ultérieurement que la mélliode de syn- 63o ACADÉMIE DES SCIENCES. thèse d'acides-alcools tertiaires cj«e je viens de décrire peut être complétée an moyen du chlorure d'éthyloxalvle, qu'il est possible de faire réagir uni- quement par sa fonction chlorure d'acide. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les dérives de l'ëther pyruvylpyruv'uiuc (II). Hydrazones sléréo-isorncres. Note de M. L.-J. Simon, présentée par M. H. Moissan. « Les actions consécutives de l'aniline et de l'acide sulfurique concentré sur le pyruvate d'éthyle m'ont conduit à un corps auquel j'ai assigné la formule CH' - C CO - CH- - CO - CO-C-IV II Az-C«H= qui en fait un dérivé phényliminé de l'éther pyruvylpyruvique {Comptes rendus, t. CXXXIV, 1902, p. io63). » Pour contrôler le caractère cétonique de cette combinaison, je l'ai soumise à l'action des réactifs caractéristiques de cette fonction, et d'abord à l'action de la phénylhydrazine. » I. La phénylhydrazine réagit très facilement sur l'élher cétonique ; il se produit, en quantités très inégales, deux hydrazones isomériques qui se distinguent par les pro- priétés suivantes ; » L'hydrazone a, qui se produit presque exclusivement, fond à igS'-jgô" sans altéra- lion apparente. Elle cristallise en petites lames hexagonales ou en cristaux massifs, d'un blanc jaunâtre. Elle renferme 1"°' d'eau de cristallisation qu'elle perd à 110° et qu'elle reprend par refroidissement à l'air humide. 1) L'autre combinaison, l'hydrazone p, se produit en quantité très minime. Elle fond à iSS" sans décomposition et cristallise en fines aiguilles jaune d'or toujours anhydres. » Les deux corps sont insolubles dans l'eau, dans la potasse aqueuse et dans l'acide chlorhydrique concentré. Dans les solvants organiques, alcool ou acétone, ils sont tous deux solubles, mais l'hydrazone |3 l'est davantage et elle a été rencontrée dans les eaux mères de cristallisation de la première. I) Passage de l'isomère a à l'isomère [i. — Lorsqu'on chaufl'e l'hydrazone a à 1 10°, elle perd 1"°' d'eau, mais sans se modifier, puisqu'elle la reprend spontanément après refroidissement. Si on la maintient pendant quelque temps à une température supé- rieure à sa température de fusion, à 200° par exemple, on n'obtient plus, après refroi- dissement et cristallisation dans l'alcool, qu'un mélange des deux isomères oit domine la forme p. » Cette transformation se produite une température inférieure à la température de fuhion. Dans une étuve à vapeur d'aniline, l'hydrazone a ne tarde pas à se tluidifier, ce qui est l'indice d'une transformation que l'on prouve en isolant l'hydrazone p. SÉANCE DU 20 OCTOBRE tgoa. 63 l » Cette isomérisation se trahit d'ailleurs déjà par des irrégularités dans la tempéra- ture de fusion, suivant la rapidité avec laquelle on élève la température pour la déter- miner. On sait que les osazones des sucres se comportent de même et vraisemblable- ment pour une cause du même ordre. )) Passage de l'isomère p « V isomore a. — On peut également passer de la forme p à la forme a. Il suffit pour cela de la soumettre en solution alcoolique à l'action du gaz chlorhydrique. Un second procédé consiste à saponifier par la potasse alcoolique la fonction étlicr de l'hydrazone ^. Elle fournit alors un acide qui paraît identique à celui que l'on obtient en effectuant sur son isomère la même opération. Ces deux acides cristallisent en fines aiguilles jaune clair, se décomposant à i5i°-i53° en se boursou- flant, et, par élhérification, ils régénèrent tous deux l'hydrazone a à point de fusion élevé. S'il y avait un léger doute, il porterait sur leur teneur respective en eau de cristallisation. » La production simultanée des deux hydrazoncs et leur transformation mutuelle constituent bien les caractères d'une isomérie sléréocldmique. — Cet exemple est à rapprocher de celui que j'ai déjà signalé antérieurement ( 6'ow/j5, A PARIS (6' ). COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, PUBLIÉS PAU LES SEC U i, T AIRES PERPÉTUELS. Par décision de l'Académie des Sciences, les (uix de l'abonnement cl des collections sont désormais fixés ainsi qu'il suit : PRIX DE L'ABONNEMENT : Paris 30 fi-. | Hkpautements 40 fr. | Kthangeu Utv. Cliaque année, sauf i845, 187.S à 1892, 1S96 à iSçiS, se vend séparément 25 (r. Chaque volume, sauf les Tomes IW. îl, 76 à lOS, I HI. IH, 114, 115, 12Î à 127, «e veiul sépa- rément 15 fi- . TABLES GÉNÉRALES. TABLE GÉNÉRALE (les ToMKS là :il {iSS.'i-is." ' 25 fr. - Tomes 32 à Cl {i85i-i8(i.'i 1 25 fr. _ Tomes (32 à (Il (18G6-18S0) 25 fr. Tomes 92 à 121 (iSSi-iS,,:, , 25 fr. Clinquo Volume des T.ibles géniM-alc^ compr.n,! imo Table par ordre alphuWli.inc d'anUiirs et une Table par malirres tl-cs détaillée. TABLE DES ARTICLES. (Séance du 20 octobre 1902.) MEMOIRES ET COMMUrVIGATlOIVS -DES MEMBUKS ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. Pages. iM. Th. SiiiiLŒSiNG. — Études sur la terre végétale 6oï M. VVES Delagk. — Sur le mode d'action de l'acide carbonique dans la parthénogenèse expérimentale 6o5 MM. A. Laveras et F. Mesxil. — Sur quelques Protozoaires parasites d'une Tor- tue d'Asie ( Darnonia Beevesii) 609 M. Hatox de la GouPiLLiiiRE. — Sur le Pages. problème des brachistochrones 6i4 M. H. Zeiller présente un travail intitulé ; « Observations sur quelques plantes fos- siles des Lower Gondwanas » 619 M. Albert Gaudry fait hommage à l'Aca- démie d'un Opuscule intitulé : « Hecher- ches paléontologiques de }A. André Toiir- nouër en Patagonie " 619 MEMOIRES PRESEÎVTES. .\L DE Sai.ntigno.n adresse un travail inti- tulé : Il Sur les tremblements de terre; le mouvement différentiel » fiig M. N. Tameon demande l'ouverture d'un pli cacheté contenant un Mémoire intitulé : « Nouvelles méthodes d'analyse pour re- connaître les falsilications des huiles d'olive, et en général des huiles les unes par les autres « tiig CORRESPOIVDANCE. M. le Ministre de l'Instruction publique transmet à l'Académie une Lettre concer- nant l'éruption volcanique survenue à l'Ile Torishima ( Japon ) G20 M. le Secrétaire perpétuel signale une Lettre de .M. Hergesell relative aux ré- sultats obtenus au moyen des ballons- sondes 620 MM. Ph.-A. Guve et F. -Louis Perrot. — Sur la formation des gouttes liquides et les lois de Taie f>i>i iNL F. Beaulard. — Sur les paramètres élas- tiques des fils de soie 623 .Al. L. H0ULLEVIGUE. — Lames minces mé- tajliques obtenues par projection catho- dique 626 .M. V. Grignabd. — .action des combinai- sons organo-magnésiennes mixtes sur les éthers d'acides cétoniques ( II ) G27 M. L.-J. S1.MOX. — Sur Jes dérivés de l'éthcr pyruvylpyruvique (II). Hydrazoncs sté- réo-isomères M. Pierre Lesage. — Germination des spores de Sterigmatocystis nigra dans la tra- chée de quelques oiseaux M. Pierre-Paul Richer. — Expériences sur la germination des grains de pollen eu présence des stigmates M. RAPiiAi-:L DuDois adresse une Note « Sur le mécanisme intime de la fonction pho- togénique; réponse à M. James Dewar ». M. Max Wolf adresse une Note relative à des " photographies stéréoscopiques de la comète Perrine-Borrelly » M. Fraiciiet adresse le résumé d'un travail ■( Sur la variation de résistance magné- tique d'un barreau de traction » M. Ed. Eldi.v adresse une Note i-elative aux causes de la catastrophe survenue à l'aé- roslat " Le Bradsky » Bulletin bibliographiquis. Errata 63o 632 63 '( 636 637 637 63; 04 o PAKIS. — IMPRIMERIE GVUTIUIÎR-VILLARS, Quai des Grands-Augustins, 56. Le Gérant: G,\utuier-Villars. NOV 15 1902 1902 7 ,, 0. SECOXD SEMESTRE. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. TOME CXXXV. W 17 (27 Octobre 1902). i ^ PARIS, GAUTHIEK-VILLARS, IMPRIMliUR-LlBRAlRE DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, Quai des Grands-Auguslins, 55. 1902 RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES REND Adopté dans les séances des 2.3 juin 1862 et 24 mai 1875 I Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie se composent des extraits des travaux de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes présentés par des savants étrangers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. 26 numéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. Article l"^. — Impression des travaux de l'Académie. Les extraits des Mémoires présentés par un Membre ou par un associé étranger de l'Académie comprennent au plus 6 pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o pages par année. Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans le Compte rendu de la semaine que si elle a été remise le jour même de la séance. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par les Correspondants de l'Académie comprennent au plus 4 P^gss par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de Sa pages par année. Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis- cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca- démie ; cependant, si les Membres qui y ont pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les re- mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion. Les Programmes des prix proposés par l'Académie sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap- ports relatifs aux prix décernés ne le son que l'Académie l'aura décidé. Les Notices ou Discours prononcés en blique ne font pas partie des Comptes rendu Article 2. — Impression des travaux des étrangers à l'Académie. Les Mémoires lus ou présentés par des j qui ne sont pas Membres ou Correspondants demie peuvent être l'objet d'une analyse on sumé qui ne dépasse pas 3 pages. Les Membres qui présentent ces Même tenus de les réduire au nombre de pages r Membre qui fait la présentation est toujour: mais les Secrétaires ont le droit de réduire ( autant qu'ils le jugent convenable, comme pour les articles ordinaires de la corresponc cielle de l'Académie. Article 3. Le bon à tirer de chaque Membre doit ètr l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au pli jeudi à 10 heures (lu matin; faute d'être remi le titre seul duMémoire est iiiséi'érdans le Cor. actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte t vant et mis à la fin du cahier. Article 4. — Planches et tirage àpa. Les Comptes rendus ne contiennent ni ph figures. Dans le cas exceptionnel où des figure; autorisées, l'espace occupé par ces figures pour l'étendue réglementaire. Le tirage à part des articles est aux fra teurs; il n'y a d'exception que pour les Rt les Instructions demandés par le Gouvernei Article 5. Tous les six mois, la Commission adminisl un Rapport sur la situation des Comptes ren l'impression de chaque volume. Les Secrétaires sont chargés de l'exécutio sent Règlement. Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont , avant 5\ Autrement la présentation sera remise à la séai ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 27 OCTOBRE 1902. PRÉSIDENCE DK M. BOUQUET DE LA GRYE. MEMOIRES ET COMMUIVICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDA.NTS DE L'ACADÉMIE. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Démonstration de l'irréductibilité absolue de V équation y" = (ly- -+- x. Note de M. Paul Paislevi';. « l. Je suis parvenu récemment à démontrer V irréductibilité absolue i]e l'équation la pins simple des équations différentielles du second ordre qui définissent dfs transcendanfes uniformes nouvelles. 1) Précisons d'abord le problème qui se pose. Considérons une équation quelconque de la forme (2) -j-4^R(^, J') (R rationnel en .r,r), que nous écrirons ainsi : (3) £==. £ = ^(--'-)- 1) Soient uÇx,y,z), {>{x,y,z) deux intée;rales premières (distinctes) de (2); elles vérifient les équations équations compatibles avec la suivante (qui résulte de la connaissance C. R., 1902, 2- Semestre. (T. CXXW, N« 17.) H5 642 ACADÉMIE DES SCIENCES, (l'un dernier mulliplicateur) : (^) :^-Z^-^z^=i. du Je (ht 6*1' dz dv à Y àz » Il est clair que des systèmes (4), (5) on peut en déduire une infinité d'autres (algébriques) en efTectuant sur u, v une transformation ponctuelle telle seulement que le jacobien de la transformation soit algébrique par rapport aux nouvelles variables u, <^. Plus généralement, on pourra rem- placer l'équation (5) par la suivante : D(j,.)-^<"''> A(h,(') vérifiant un système (compatible) arbitrairement choisi d'équa- tions algébriques en u. c, -^, —, V^ ' ••■" ^'^''^ - "" quelconque de ces o i au Ov du' ' systèmes : il est évident que l'intégration d'un système 1 exige, au préa- lable, celle du système (4) et (5). T.'équation (2) n'esl donc réductible que ,,.,,,. du dv d^ii s il existe des équations algébriques en r, y, :■, u, c, ^. '"' J^' J^^' •■•' qui soient compatibles (') avec les équations (4) sans en résulter, et qui forment avec (4) «n système distinct de tous les systèmes 1. Dans le cas contraire, l'intégrale générale de l'équation (2) ne peut être définie par aucun sysléme différentiel plus facile à intégrer que le système (4), (5) ou d'ordre différentiel moindre; le groupe de rationalité de l'équation (2) est alors le groupe infini u, = ,(u,v), .,^K"."). g{î:î^-'- . )> 2. Ceci posé, je vais montrer que l'équation (r) est irréductible. Si Ton veut encore, au point de vue de l'intégration /or«2p//p, elle appartient à la classe d'équations (2) la plus générale. En |)arliculier, il est impossible qu'une intégrale première u{x, y, s) vérifie une équation algébrique en .t, j, - n _ , _ , ",'_",..., qm ne soit pas une conséquence de l' équation ' ' dx dy dz d.r'' ' du du , clu,p , ^ _ + Z + -TZ (6,r -t- a-) = o. dx dv dz ^ ' (') J'entends par là que ces équations ont. avec (4), au moins une solution coni niune (/, r, où //, c sont deux foiiclions dlsliiiotcs de ;r, y, z. SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. 6/(3 » La démonstration repose essentiellement sur le théorème de M. Dracli, sans lequel le problème serait inabordable. Ce théorème (combiné avec l'énumération des groupes continus à deux variables qu'a donnée S. Lie) conduit aussitôt à la conclusion suivante : et Si une équation (2) est réductible : » 1° Ou bien il existe un système linéaire en u(j:-, y, z) dont l'intégrale n générale est de la forme u = xu, -h ^u.,-i-v [a, fi, y sont des constantes » arbitraires; u,, w^ deux intégrales premières distinctes de (2)]. Autrement » dit, le groupe de rationalité de l'équation (2) est linéaire, et même » linéaire spécial. » 2° Ou bien une intégrale première a(x,y, z) vérifie le système » rationnel Ou Ou Ou , , àx Oy dz Nous allons voir que ces deux hypothèses sont inadmissibles pour l'équa- tion (1). 3. L'hypothèse 1° peut être écartée par une discussion où intervient le développement d'une solution quelconque y{x) de (i) autour d'un de ses pôles Xq, à savoir(') : ( y(^) = - — î — - — ^{x - x,y - Ux - x,y ( -\- h{x — x^y + {x — x^yi. ..), (A constante arbitraire). » Mais une remarque intuitive, qui m'a été communiquée par M. Drach, évite toute discussion : si le groupe de rationalité de (i) est linéaire, il en va de même pour l'équation "-r^ = 6/^ + V.X + [i (a, fi constantes quelconques) qui se déduit de l'équation (i) en changeant y en -^^ et x en {eux -H y) > et en particulier pour l'équation j''^ Gy- + [i. Or, le groupe de cette dernière équation est connu, et (pour fi j^ o) peut recevoir la forme W, =: W, Vi — V -\- ac, (u) ■+- bM.,(u) -+- c (a, b, c paramètres du groupe; oj, et w^ périodes de l'intégrale elliptique (') Bulletin de la Société mathématique de France, t. XXVIII, 1900, p. 28. 644 ACADÉMIE DES SCIENCES. lie module u). Comme ce groupe resle IraiiscendanL après n'importe ipielle Iransformalio!! ponctuelle, il ne saurait être semblable à un groupe linéaire. » 4. Éludions l'iiypothèse 2". U est loisible d'admettre que, dans les égalités (6), Met N sont des polynômes premiers entre eux, L étant donné par la relation : L + M i: + ^(t>y" -h x i^ o. » La conilition de com])alibiliLé des équations (6) s'écrit aussitôt àU ÛM (^iVl ,. , , -, II./; a y oz ' M -i h -T- 5 + -^ (6 v2 + j' ^- M \\ ou encore (la fraction -j^ étant irréductible) : \'J^^'dy'''^Vz C^y + -^.^ ^- ' 27N = n{x,y, z.)M, (dl-^ôy^-^ ^(6j-'+a;) + M =H(^,j,z)N, ' H désignant un polynôme ; il sutfit de comparer les degrés des deux mendjres des deux égalités (8) |)our voir que H est au plus du premier degré en z, et du second en j. » Les conditions (8) expriment que M, N. H, quand on y remplace y par une solution arbitraire y{x) de (1) et - par -.— , deviennent des fonc- tions M, (>r), N,(a;), H,(jr), qui vérifient les équations '^ -1- i2y(a-)N, = H, M., '-^ + M, = H.N., et, par suite. dx- SI donc on pose (9) l', = N,eJ". '""■', il vient ('o) ^l=^i-iy{x)\\. SÉANCE DU 27 OCTOBIUC 1902. 645 » Dans le voisinage d'un pôle a:; = .r„ (]ey(a;), celte équulion (10), 1res analogue à une équation de Lanié, a son intégrale générale méronior()he [en vertu de la formule (7)], ce qui exige [d'après (9)] que H,(x-) n'ait que des pôles simples. Or, H, est de la forinu et, si l'on remplace j et 7' d'après (7), on voit que les pôles de H, sont au moins doubles, à moins que H ne se réduise identiquement à a(x). En définitive, si l'équation (1) est réductible, il existe un polynôme en y, z, holomorphe en x, — à savoir \^{x,y, z) = N(a;,7, 5 )eJ''" '■'■"'■'■, — qui satisfait à la condition (10), où P, désigne la fonction de x obtenue en remplaçant {dans V) y et z par une solution arbitraire y{x) de (i) et sa dérivée. Toute la difficulté est de montrer qu'une telle expression P n'existe pas. » 5. A cet effet, je change x en a.x, yen ^„, z eu —^- L'équation (i) devient (.1) g=.6j=+[i^ {'^ = o-')> et l'intégrale générale de (11) se laisse développer sous la forme {loc. cit., p. 2.T) : (12) j J = JH-^ + ^■. o. - -^l^) + U l'<^'^'J'' + ^'''•' + 2a;j3=] + ':.'[...-]+... f ^p -\-[i-/ + .. . (h, k constantes arbitraires). D'autre part, le polynôme P( multiplié par une puissance convenable de a) devient (i3) P = Q(.r, v,s) + 'y/R(^, V, =) + a^'"'(. • •); Q, K désignent des polynômes en x, y, z, et Q se reproduit (multiplié par une puissance convenable de a) si l'on y change x en (/.x, y eu ;^, z en ^- Quand, dans P, on remplace/ et z par le développement (12) et le développement dérivé, la fonction P,(x, /«, ^^ a) ainsi obtenue vérifie identiquement la condition ('^> S = ' - ^'< [P('^" + ''^ "' - -^^ -*- f^x + ■ • •]• Tout d'abord, il est loisible d'admettre (comme on le voit aisément) que x Gif) ACADÉMIE DES SCIENCES. ne figure que par les puissances c'e a* dans l'égaliu^ (i3). De plus, pour a = o, la fonction Q, (a^)^Q[jr, p(x + i, o, — 2h\ p' (x -t- h, o, — 2 A)] vérifie l'équaLion (.5) '^i =^ vip{x -^ k,o, ^ ■^h)q,{x), équation dont l'intégrale générale (lue. cit., p. 23) s'écrit C,{xp'-'^-2p)-^C,p'\ il suit (le là aussitôt [en tenant compte de l'homogénéité spéciale de OÇx, y,z)\ que Q coïncide (à un facteur niJmérique])rès qu'on prend égal à l'unité) avec une des deux expressions ou (a-; + 27)^-27 3 Dans le premier cas, on a P. (o-, h, k, a) = h"'p'{x, o, - -ih) 4- [î(w + p) ^ ^=(. . .), avec et Téquation (i4) entraîne la relation ri- n (16) ^ -I2pp = I2pn+I2A"'jy/ -W". Le premier membre de l'équation (16) est un polynôme en ;r, p, p' ; le second membre (d'après les expressions de / et de ra) est de la forme iX, + 1^., >. et [j. étant des polynômes en x, p, p' , et le coefficient X n'étant pas identiquement nul, comme on le vérifie immédiatement. La fonction 'C(a-) de Weierstrass s'exprimerait donc rationnellement en x, p, p', résultat absurde. )) Le même raisonnement s'applique sans modification à la seconde expression possible de Q. La démonstration est terminée. » 6. L'équation (i) est donc irréductible au sens le plus absolu du terme, quant à son intégrale générale. Mais,on pourrait penser que certaines solu- tions exceptionnelles y (^x) échappent à cette conclusion. 11 n'en est rien. Imaginons, en effet, que l'on connaisse un système différentiel algébrique (d'ailleurs quelconque) définissant certaines solutions j'(^) de(i), mais non l'intégrale générale : ou bien ces solutions exceptionnelles seront iso- lées, et alors elles seront sûrement algébriques (ce que l'on sait impossible) ; SÉANCE DU 27 OCTOBRE T902. 647 OU bien elles dépendront d'une seule constante arbitraire, et une famille de ces solutions vérifiera une équation algébrique P(.r,j, y') = o, ce que l'on sait encore impossible {loc. cit., p. /jo). Aucun procédé d'intégralion formelle, quel qu'il soit, ne saurait donc simplifier la recherche de l'inté- grale générale de(i), ni la recherche de solutions particulières. En défini- tive, l'équation (i) comporte, de par l\ théorie des fonctions, une intégra- tion aussi parfaite que celle de l'équation de Jacohi par les fonctions elliptiques, tandis qu'elle n'est attaquable par aucune méthode r/'iNTÉGRATioN formelle. C'est le premier exemple connu d'équation difrérentielle qui possède cette remarquable propriété. » 7. Les mêmes conclusions s'appliquent à l'équation -^ = 2v' -4- a"V + « (a const. quelconque); toutefois, pour des valeurs exceptionnelles de a, certaines solutions parti- culières J'(ir) vérifient une équation de Riccati. Le troisième type d'équation qui définit dos transcendantes méromorphes de genre infini, est, lui aussi, absolument irréductible. » CHIMIE MINÉRALE. — Synthèse des hydrosulfites alcalins et alcalino-terreux anhydres. Note de M. Henri Moissax. « Schœnbein avait remarqué qu'une solution aqueuse d'acide sulfu- reux produit, au contact du zinc, un liquide qui possède la pro])riété curieuse de décolorer l'indigo et la teinture de tournesol ('). En 18G9, SchiUzenberger (^), dans un très intéressant Mémoire, a démontré qu'il se produisait, dans ces conditions, un sel de zinc d'un nouvel acide du soufre auquel il donna le nom à'acide hydrosulfureux. » Schùtzenberger, en étudiant cette réaction, a préparé un sel bien (') Schœnbein, Journal f tir praktische Chemie. t. LXI, p. 198. (■-) ScHLTZENBF.RGF.R, S iir lin noilvel acide du soufre {Comptes rendus, l. LXIX, p. 19O, et Annales de Chim. et de P/iys., 4" série, t. XX, p. 35i). 648 ACADÉMIE DES SCIENCES. cristallisé, l'hydrosiilfite de sodium, auquel il nssiîjna la formule SO=NaH + H*0, formule correspondant à l'acide SO^H-. » D'après ce savant, cet acide se formait suivant les réactions S0= + H=0 ^ Zn = SOV.n + H-, SO= + H-=SO-H^ )) En 1880, M. Bernthsen ('), ayant ropris l'étude de cette question, émit des doutes sur la formule de rhydrosnlfite de sodium. Schijtzen- berger répondit par la publication de nouvelles analyses et maintint ses conclusions (-). Après avoir poursuivi ses expériences, M. Bernthsen (') donna, comme formule du sel de sodium de ce nouvel acide, NaSO", ou plutôt, en doublant la formule, Na^S^O". » A propos de cette discussion , différents auteurs entreprirent des recherches sur ce sujet. M. Grossmann (*), puis M. Prud'homme (') admirent la formule de Schiilzenberger. M MM. Bernthsen et Bazlen reprirent ensuite l'étude de la préparation de l'hydrosulfite de sodium, et par une heureuse modification (addition d'une quantité d'acide sulfureux libre égale à la moitié de celle que ren- ferme le bisulfite) ils obtinrent ce sel en abondance, sous forme de très beaux cristaux. Après en avoir fait une analyse très exacte, ils ont main- tenu la formule indiquée précédemment par M. Bernthsen ("). » Récemment, en 1899, M. Arnold Nabi, poursuivant une idée indiquée par Schûtzenberger dans son Mémoire publié aux Annales de Physique et de Chimie, a préparé l'hydrosulfite de zinc par l'action de l'anhydride sulfureux en solution dans l'alcool sur la poussière de zinc. L'analyse de cet hydrosulfite le conduisit à la formule ZuS-0'. (') Bernthsen, Berichte, l. XIII, p. 2277, el Ann. der Chemie. t. CCVIII, p. i^a, et t. CCXI, p. 285. (■-) ScBiJTZENBERGER, SiiT l' liYdrosulfite de soude {Comptes rendus, t. XCII, 1881, p. 875). (^) Bernthsen, Sur la composition de l' hydrosulfite de soude et de l'acide hydro- sulfureux {Comptes rendus, t. XCIII, 1881, p. 74). (') Grossmann, Journ. of the Soc. of cheni. indust., 1898, p. 1109, el 1899, p. 452. (^) Prud'homme, Bul. Soc. de Mulhouse, 1899, p. 216. (*) Bernthsen et Bazlen, Berichte. t. XXXIII, 1900, p. 126.- SÉANCE DU 27 ocTor.Ri; 1905. 649 » En résumé, cette discussion portait sur le choix à faire entre deux formules Na'^SH)* et XaMFS^O'. » Ce choix, du reste, est assez difficile à élal)lir au moyen d'une analyse, par suite du poids peu élevé d'ime molécule d'hydrogène. » Nous avons pensé que les réactions nouvelles, présentées par les hy- drures alcalins, pourraient nous aider à résoudre cette queslioii, en nous appuyant non plus sur le poids de l'hydrogène, mais sur son volume. Toutes les réactions dans lesquelles l'hydrogène peut être mesuré en vo- lume prennent de suite une exactitude très grande. » Nous avons fait voir précédemment que l'aciile carbonique se fixait, à la température ordinaire, sur les hydrnres alcalins pour donner un for- miate ( ') CO- + RH = H COMi. » Par analogie, nous avons fait réagir l'anhydride sulfureux sur l'iiy- drure de potassium. ') A la température de — 74°» l'anhydride sulfureux ne réagit pas sur l'hydrure de potassium ou, du moins, si la réaction commence, elle est très vite limitée par la formation d'une couche mince de sel insoluble dans l'acide sulfiu'oux. » Lorsque l'on condense de l'anhydiide sulfureux liquide dans un tube renfermant de l'hydrure de potassium à une température de — 4"°. '' se produit, après quelques instants de contact, nue détonation violente. Cette explosion est accompagnée d'une flamme. M Pour modérer la réaction, nous avons fait arriver lentement un courant de gaz anhydride sulfureux sur l'hvdruie de potassium, dans le tube même où ce composé avait été préparé. La combinaison se produit à la tempé- rature ordinaire, l'hydrure s'échauffe beaucoup, souvent même devient incandescent. Si l'élévation de température n'a pas été tro[) grande, il est facile d'établir qu'il s'est formé dans ces conditions un mélange d'hydro- sulfite, de sulfate et de sulfure alcalin. Eu opérant avec lenteur, on peut éviter la production du sulfate et du sulfure. » HydrosulfUe de potassium. Préparation. — Pour obtenir cet bydrosuL fite anhydre, on prend le tube de verre dans lequel l'hydrure de potassium (') MoiSSAN, Su/- une nouvelle synthèse de l'acide fonniiiue {Comptes rendus. l. t^XXXlN', 1902, |j. 36r). C. H., 1902, 2- Semestre. (T. C\.\\V, N° 17 ) 8^> 65o ACADÉMIE DES SCIENCES. a été préparc par un procédé que nous avons décrit précédemment ( ' ), et l'on fait arriver dans ce tube l'anhydride sulfureux sous pression réduite ou à la pression atmosphérique, à la condition de l'avoir dilué dans son propre volume d'hydrogène. La réaclion se poursuit alors lentement à la température ordinaire, avec un léger dégagement de chaleur, mais sans incandescence. La décomposition n'est complète qu'après 5o à 60 heures environ. » On obtient ainsi un sel blanc qui, repris par une petite quantité d'eau exempte d'oxygène, fournit par simple évaporation à l'abri de l'air de fines aiguilles transparentes ou de petits cristaux aciculaires groupés en étoiles. » Propriétés. — Le sel formé par l'action de l'anhydride sulfureux sur l'hydrure de potassium, dissous dans de l'eau bouillie saturée de gaz azote, puis acidulé par quelques gouttes d'acide chlorhydrique, nous a donné à l'abri de lair les réactions suivantes : » 1° Réduction du sulfate de cuivre ammoniacal avec formation de cuivre et d'hydrure de cuivre à la température de + So". » 2" Décoloration de l'indigo et de la teinture de tournesol. Ces solu- tions, par agitation avec l'air, reprennent à froid leur teinte primitive. » 3" Le chlorure mercurique est ramené à l'état de chlorure mercureux à froid, avec un faible dépôt gris de mercure métallique. » 4° L'azotate d'argent, le chlorure d'or et le chlorure de platine sont réduits à la température ordinaire avec dépôt instantané de métal. » 5" Avec une solution d'acide chlorhydrique au cinquième, la liqueur devient jaune sans dépôt de soufre; » 6° Une solution de ce sel absorbe l'oxygène à froid avec rapidité ; " 7° Réduction instantanée du permanganate. » Toutes ces propriétés répondent bien à celles d'un hydi'osulfite alcalin. » Synthèse et analyse. — Un tube do verre coiUenanl l'hydrure de potassium et rempli de gaz hydrogène est^pesé. Puis on fait agir lentement l'acide sulfureux sous pression réduite pendant] un temps suffisant pour que la réaclion soit complète ('). (') H. MoissAN, Préparation et propriétés de l'hydrure de potassium {Comptes rendus, t. CXXXIV, 1902, p. 18). — Préparation et propriétés de l'hydrure de so- dium {Comptes rendus, t. CXXXIV, igoa, p. 71). (-) Si la réaction n'est pas complète, on peut faire le vide dans le tube en verre après l'avoir pesé plein d'hydrogène, puis dissoudre lentement le sel dans l'eau. L'hj- druic non attaqué fournit alors de rhych-ogène Kll 4- IPO = KOll 4- 11-. Au moyen SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. 65l Lorsque la réaction est terminée, on fait passer un courant d'hvdrogène et Ton pèse le tube. L'augmentation de poids donne la f|u:inlilc d'anliydride sulfnreuK fi\c par rtiydrure en tenant compte de la perte d'hydnij;iMU'. )) On lave ensuite le tube de verre à l'eau Ijouillie et, après l'avoir bien desséché, il est pesé de nouveau, plein d'iivdrogènc. On obtient ainsi par dilTérence le poids de l'hjdrure mis en réaction. » Après celte synthèse, on procède ii l'analyse de la solution, qui est tout d'abord oxydée par l'acide azotique. Le soufre est dosé à l'état de sulfate de baryum et le potassium sous forme de sulfate neutre. Nous avons obtenu ainsi les chiflVes suivants : Théorie pour pour S par synthèse. . . 1 . 3i .17 0 3i 9 , 10 K par synthèse. . • 3;, '77 37: ,93 S par analyse . . . . 3o. 76 3o, ,8.-. K par analyse . . . . 38 ,5i 38 /.9 3o,77 3i,o7 37 , 5o 37 , 86 ,93 » Ces analyses rapprochent l'iiydrosulfite préparé par synthèse de l'hydrosulfile de Bernthsen. Mais, pour qu'il ne reste aucun doute sur l'établissement de celte formule, il éUut indispensable de recueillir l'hydrogène qui devait se dégager dans la réaction. Pour cela, nous nous sommes assuré, tout d'abord, qno, par l'action de l'anhydride sulfureux absolument sec sur l'hvdrure de potassium, il se dégageait bien de l'hydro- gène et que son volume était d'autant plus grand que le poids d'hydrure mis en réaction était plus élevé. » Pour déterminer la réaction d'une façon complète, nous avons fait circuler, au moyen d'une trompe à mercure, un certain volume d'acide sidfureux au travers d'un tube de verre contenant un poids déterminé d'hydrure de potassium. Dans ce circait se trouvait une cloche à robinet de 80*=™ de haut qui permettait, à un moment donné, d'isoler et de recueillir les gaz. La durée de l'expérience était comprise entre 36 et 60 heures. Le volume de gaz variait peu pendant la réaction. A la fin de l'expérience, le gaz, recucdli à la trompe, était porté sur la cuve à mercure, et l'excès d'anhydride sulfureux était absorbé par la potasse. Le gaz restant était de l'hydrogène pur, ainsi que la combustion eucliométrique l'a établi. De cette première partie de l'expérience nous pouvons conclure que, dans la réac- tion lente de l'anhydride sulfureux sur l'hydrure do potassium, il se dégage du volume d'hydrogène dégagé on peulcalculer le poids d'hydrure qui n'est pas entré en réaction. G52 ACADÉMIE DES SCIENCES. un volume d'hvclroscne sensiblement égal au volume d'acide sulfureux absorbé. La fominlp df M. Bernthsen se trouve ainsi complètement vérifiée. » Mais cette expéi-ieiioe a été exécutée d'une façon plus précise. Le tube à liydrure, après fixation de l'acide sulfureux, a été pesé à nouveau et nous a donné les résultats que nous indiquons ci-dessous : » Piemiève expérience. — Anhydride sulfureux absorbé, ob,835; hydrogène dégagé, i^o'^"' à o" et à 760"""; hydrure de potassium mis en réaction, oS,622. D'après la quantité d'hydrure, l'anhvdride absorbé aurait dû être de 0^,835^ et l'hydrogène dégagé 146''"'' pour satisfaire à l'égalité S''0* + 2KH=:K2S^O'-hH^ » Deuxième expérience. — Anhydride sulfureux absorbé, os, 3-G; hydrogène dégagé, 63"^™' à 0° et à 760™'"; hydrure mis en réaction, 08,2369. D'après la quantité d'hydrure, l'anhydride absoPbé aurait dû être o", 0789 et l'hydrogène dégagé 66""'. » Une troisième expérience a donné des résultats identiques : anhydride sulfureux absorbé, i«, 157; hydrogène dégagé, 199'^"'' à o" el 3760"""; hydrure mis en réac- tion, oS,7 145. D'après la quantité d'hydrure, l'anhydride absorbé aurait ilù être is,i432 et l'hydrogène dégagé 201'"'", 98. » Hydrosuljile de sodium. — L'anhvdride sulfureux réagit plus énergi- quement sur l'hydrure de sodium que sur l'hydrure de potassium. Si l'on n'a pas soin de diluer l'acide sulfureux dans l'hydrogène, il se produit tou- jours une quantité notable de sulfure et de sulfate. » Lorsque l'on reprend par une petite quantité d'eau bouillie l'hydrosul- fite de sodium anhydre, on obtient tout d'abord des prismes bien cristal- lisés ou des houppes soveuses assez longues. On rencontre aussi dans la solution, lorsqu'elle est saturée, de petits ])rismes surmontés de pyramides, mais le lendemain ces ,5; une autre, SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. 655 ou 1901, 1 3'i,8; en 1902 nous avons obtenu 23'' de la purcelle 53 et 32'i de la parcelle 5, l'une el l'autre sans engrais depuis 1875. » La tormalion des nitrates dans le sol a été telle qu'elle a enlevé toute efficacité à l'épandage de ces engrais ; les parcelles qui les ont reçus ont à peine fourni i'' déplus quecelles qui en ont été privées. » L'abondance de la pluie au printemps n'a pas été favorable seulement à la nutrition azotée du blé ; elle a, en outre, maintenu longtemps actives les cellules à chlorophylle ; la racine a fourni aux feuilles assez d'eau pour qu'elles aient résisté aux radiations solaires, pour que la formation inces- sante de vapeurs ail empêché leur échauifcmcnt et leur dessiccation ; elles ont longtemps prolongé leur travail, et la formation de matière végétale est devenue considérable. » On en jugera par les nombres suivants, dans lesquels nous avons dis- tingué non seulement les diverses variétés semées à l'automne de 1901, mais encore la grosseur des grains employés aux ensemencements, pour voir l'influence qu'elle exerce sur les rendements. Rendements du blé à l'hectare au champ d'expériences de Grignon en 1902. Poids Grosseur de loo grains Poids Poids Moyenne. des grains desséchés du grniii de lu - — ■' — „■ ■■ — ^ Variclcs. semés. à iio». obtenu. paille. Grain. Paille. SIlirell \ Gros ,. 3,990 4o,r> 8S,i ^ ,, ,i6o 40,1 92,0 ) •" ( Gros 3,700 43,5 QQ,4 / Massy. ,, ., ^'ij , ' ^Z'I 43,1 97,6 / PetUs o,3oo 42,8 9D,8 i , , \ Gi'os 4i43o 5i,7 86,0 ) Japliet. i ;. o 30|i 87,9 ' ( Petits 2,83o 48)^ 89,0) '^ ., \ Gros 4.342 44)2 90,1 / ,., , '''°y'""''- I Petits 3,4 42:7 90:2 i ^^'^ y°'' » On voit que, pour toutes les variétés, les semis de gros grains ont rendu davantage que ceux qui ont été faits avec des petits, mais que c'est seulement quand la ililTcrence de poids des semences a été notable, comme pour le Japhet, que les rendements des gros grains ont été nota- blement plus forts que ceux des petits. » Le i5 juillet, un violent orage s'est abattu sur les environs de Paris; à 656 ACADÉMIE DES SCIENCES. Grignon toute la rccoUe a été couchée, on n'a pu conper le blé à la machine, et les dépenses de la moisson ont été notables. )) Nous avons voulu savoir si cette verse tardive aurait une influence fâcheuse sur la maturation, et nous avons prélevé 4°' du blé droit ou versé que portait une parcelle de Massy, le lendemain de la verse le i6 juillet; puis nous avons fait un nouveau prélèvement en quatre autres points le 6 août; les pesées et les analyses ont montré que le blé plié, partielle- ment couché, mais non aplati par terre avait bien mûri, qu'il présentait une composition semblable et donnait un rendement égal à celui du blé droit. » Cette année, la verse tardive n'a donc causé d'autres dommages que d'augmenter les frais de la jnoisson ; on cherche toujours cependant à éviter cet accident, soit parle choix des variétés semées, soit par l'emploi des engrais. Bien que quelques pailles soient plus rigides que d'autres, il n'existe pas de blés inversables; tel que l'ont fait des siècles de culture, le blé est aujourd'hui une plante mal équilibrée; l'épi, trop lourd, est porté par une tige trop haute et trop grêle, et un vent violent en a toujours raison. La verse est d'autant plus à craindre que la fumure a été |j1us abondante; cette année, à Grignon, les pai'celles restées sans engrais depuis plusieurs années ont résisté; il en a été de même pour celles qui ont reçu comme engrais des scories de déphosphoratiou ; ces engrais n'ont pas augmenté le rendement, mais la verse ne s'est pas produite. » Nous avons trouve, l'an dernier, un léger avantage à concentrer le fumier sous les poquels de pommes de terre ou sous les lignes de bette- raves au lieu de le distribuer uniformément sur toute la surface des pièces; toutefois, avant de recommander ce mode de fumure il fallait connaître son action sur le blé succédant à la plante sarclée. Le semis sur des champs ainsi préparés en 1901 eut lieu à l'automne dernier; au cours de la végé- tation, nous avons eu quelques inquiétudes, car le blé resta quelque temps inégal, plus fort au-dessus des poquets et des lignes qu'aux autres places; puis peu à peu ces différences s'effacèrent, et en juillet on ne distinguait plus les pièces au mode de fumure qu'elles avaient reçu. » Au battage on a obtenu les chiffres suivants : Blé Dattel recueilli à l'hectare. Fumure uniforme Sgôe'^s de grain 75io''5 de paille Fuiuure sous les lignes de betleraves 4020'^s u ygio*^? » » I,a fumure concentrée présente donc un très léger avantage. SÉANCE DU 27 OCïOLîRE 1902. 637 » En résumé, et c'est là le point sur lequel nous voulons insister, le champ d'expériences de Grignon a fourni cette année une récolte exceptionnelle, et cela grâce à la pluie du mois de mai. Les cultivateurs qui tiennent des terres filtrantes et qui sans de grandes dépenses peuvent y amener des eaux d'arrosage feront bien de les répandre sur le bié au printemps, car l'expérience de cette année montre à quelle admirable récolte conduit, dans ces sortes de terre, l'abondance des eaux. » MÉCANIQUE. — Quelques cas d'intégration de l'équation des brachislochrones. Note de M. Haton de la (iocpiLuÈRE. « J'ai donné précédemment (') une méthode pour l'intégration de l'équation de la brachistochrone, dans un cas spécial d'une assez grande généralité. J'ai cherché depuis à en éclairer l'esprit, en l'appliquant à des problèmes déterminés. C'est l'objet de la présente Note, dans laquelle je conserverai les notations de la première. » Exemple I. — Supposons, en premier lieu, que la fonction des forces se présente sous la forme (11) U = A/-", avec un exposant quelconque : entier, fractionnaire ou incommensurable, positif ou négatif. » On a identiquement, pour l'expression du rayon vecteur. r = Va^--+-j' = v'(^ + iy) {x - iy) = ^pq. Nous rentrons donc dans le cas d'intégrabilité (5) en prenant n n » Il s'ensuit Mais comme on a, en coordonnées polaires, p ^^ X + iy ^^ r(cosô + i sin6) = re'\ (') Comptes rendus, t. GXXXV, p. 6i4. C. R., 1902, 2- Semestre. (T. CXXXV, N» 17.) 87 658 ACADÉMIE DES SCIENCES il vient 2 — n ( 2 — n ) * 0 r ' e 2 ;t d et oe même fe-'^^i^dq (2 — n) \Jk „ 1—n 1 2 — n 1 (• ( r ^ e (2 — n) y/ » L'équation (8) devient, d'après cela, r ^ le l ^ J — eL2 1^^ const. , c'est-à-dire enfin r ' sin ( 9 + a ) = const. On obtient ainsi, comme brachistochrones, les spirales sinusoïdes d'ordre » Il est facile d'interpréter la condition que cette formule (i i) impose aux forces. » Comme les courbes de niveau représentées par cette équation (ii) sont des cercles concentriques, les forces F concourent à l'origine. » L'expression U du travail étant, dès lors, / ¥ dr, on a dU . . F = -j- = nkr" ' . dr Le cas qui nous occupe est donc relatif aux forces centrales propor- tionnelles à la puissance n — i de la distance, mais toutefois avec une restriction spéciale qu'il est bien essentiel de ne pas perdre de vue. » L'équation des forces vives (i) donne, en effet, ç-=i\] =^ 2Ar". Cette relation doit donc avoir lieu en particulier entre la vitesse ini- tiale i'g et la distance r„ pour laquelle celle-ci se trouve imprimée au mobile. On a ainsi à la fois : Fo = nArr, 71 = -^^^ SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. ÔSg d'où, en éliminant le coefficient A, F„/-„ n — ) 2 relation nécessaire des trois données F^, v„, r„. » Si la force est attractive, elle entre négativement dans l'expression U du travail, et comme r„ et i'I sont positifs, on doit avoir « <^o. La force attractive devra ilonc être décroissante quand la distance augmente. Si, au contraire, l'action est répulsive, on se trouve conduit de même à la condi- tion « ^ o, et l'intensité devra croître avec l'éloignement. La limite n =^0 qui sépare l'un de l'autre ces deux cas correspond à une force nulle et à une trajectoire rectiligne. » Exemple II. — Pour envisager une seconde application, désignons par p et p' les distances du mobile à deux points fixes. Nous pouvons toujours, pour plus de simplicité, placer ces foyers sur l'axe des abscisses, à des distances égales de l'origine, que nous prendrons pour unité. Suppo- sons, comme définition du problème que nous voulons traiter : U = pp'. Les courbes de niveau seront alors des lemniscat.es ayant pour foyers les deux points fixes. » On a d'ailleurs identiquement : = {x^ 4- y- -f- !)'■' — 4^^ = (i~r)(i-9V)- Il vient d'après cela valeur qui satisfait à la condition d'intégrabilité (5) si l'on prend Il suit de là, sauf le signe qui reste indifférent, fe-^^P'>dp = I ^ — arccoso, J ^ J \/^-p' q - — arccos< 2 ' 66o ACADÉMIE DES SCIENCES. » On aura ainsi pour le groupe spécial (lo^ de brachistochrones arccosjD -f- arccosy := 2B. Pour en discerner la nature géomélrique, prenons le cosinus des deux membres ^^^ COS2B —pq— '^{'i — P' ) {'^ — T) ^ ^"^ — ??' 1 d'où ( ;-— cos2B/= p p , et, d'après le théorème de Côtes, r"— 2r-cos2B + cos=2B = r^— 2r^cos2Ô 4- i, d'où, en réduisant, 2/--(cos20 — C0S2B) = sin°2B, /•==[(cos'9 — sin='0) - cos2B(cos=6 -h sin=6)] =isin='2B, /•=cos=6(i — COS2B) -7^sin=e(i + cos2B) = 2sin=Bcos=B, et enfin •'- — — I . co s^B sin-B On voit que la somme des dénominateurs est égale à l'unité, c'est-à-dire au carré de la distance du centre à chacun des deux foyers fixes. Par suite cette première famille de brachistochrones est formée des hyperboles homofocales aux lemniscates. )> La seconde (9) comprendra, d'après le théorème 6, leurs trajectoires orthogonales, c'est-à-dire les ellipses qui admettent encore les mêmes foyers. Enfin tous les autres groupes seront formés des trajectoires de ces coniques homofocales sous un angle constant quelconque. « Il reste à déterminer la loi qui régit la force dans le cas que nous venons de traiter. » Nous connaissons déjà sa direction, qui est normale aux lemniscates, et par suite tangente aux hyperboles équilalères concentriques qui passent par les foyers de ces courbes. )) On a d'autre part pour son intensité F==-(5ï-) +UJ ==UJ +Uj. _ /dU _ dvy _ /du _ ^y ~ [d]'? '^ dq) [dp dq ) _ , dU_ dU __ pq ^ r^^ — "* dp dq ~ y/(i — /5^) (i-g-2) Pp'' SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. 661 et en6n La force varie donc à la fois proportionnellement à la distance au centre et en raison inverse de la moyenne géométrique des distances aux deux foj'ers. » Elle est d'ailleurs dirigée de l'intérieur à l'extérieur des lemniscates, puisque l'expression du travail est positive. » Quant à la condition spéciale imposée aux données initiales, elle dérive de l'équation (i) : i>^ — 2U = 2pp'. » On a donc à la fois F„ d'où, en éliminant popj,, v/poPo ' n 2pOpo » Exemptée III. — Prenons enfin, pour fonction des forces, le carré de celle de l'exemple précédent U = P^p'^-(/>=-i)(y -I). /"-'"■*-/;;*T-i'-s(;T^)- )» La première famille (10) de brachistochrones aura pour équation 2B ^ i \.OoU--) + - \^O.i'i^ , d'où 4B ^ (P — ')(?-') ^ fl (y9-hi)(^ + i) p'=' et enfin l_ _ ^28 p'" Elle est donc formée des cercles qui sont les lieux géométriques des points dont le rapport des distances aux deux foyers fixes reste constant. » La seconde famille (9), qui est constituée par les trajectoires orthogo- nales des précédentes, comprend d'après cela les cercles qui passent par les deux foyers fixes. 662 ACADÉMIE DES SCIENCES. M Les autres systèmes de brachistochrones seront composés des trajec- toires sous un angle constant quelconque des lignes précédentes. » Les courbes de niveau ayant pour équation pp' =; const. sont encore des lemniscates homofocales. Les forces seront donc normales à ces lemniscates comme dans le cas précédent. M Quant à leur intensité, elle sera fournie par la formule F' = ^^^ = ^^^yU = i6r=p>p-, F.= 4^PP'. Elle est en raison composée des trois distances au centre et aux deux foyers. » La relation paramétrique des données initiales dérive des formules t'„'==2u„ = 2p'„p;% F„ = 4/-„p„p„, qui donnent, en éliminant pop',,, F. /- — = 2V2. » NAVIGATION. — Sur la cavitation dans les navires à hélices. Note de M. J.-A. Normand. « L'attention des Ingénieurs maritimes s'est portée récemment sur un ■phénomène qui se manifeste parfois aux vitesses extrêmes dans le fonc- tionnement de l'hélice propulsive. Son importance, longtemps insoup- çonnée, parait dépasser celle de toutes les autres causes de pertes d'effi- cacité : en effet, suivant qu'il se produit, même partiellement, ou qu'il ne se produit pas, la puissance nécessaire pour imprimer au navire une vitesse maxima déterminée peut varier de 3 à 2 ou même de 2 à i. S'il se pro- duisait complètement,aucune augmentation de puissance, si grande fût-elle, ne pourrait accroître la vitesse. » Ce phénomène que j'appelais, il y a 9 ans, à la suite d'essais au point fixe qui le mettaient en évidence : Rupture des cylindres d' eau actionnés, est connu aujourd'hui sous le nom plus simple de cavitation. Voici en quoi il consiste : ). La vitesse de l'eau dans le conduit d'aspiration d'une pompe, telle SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. 663 qu'une pompe centrifuge, ne peut pas dépasser une certaine valeur, qui dépenri surtout de la hauteur d'aspiration. Quand cette hauteur est nulle, la vitesse maxima théorique est celle de l'eau qui s'écoule dans le vide sous la pression génératrice de l'atmosphère, soit i4™ pai" seconde. Ce chiffre n'est, du reste, jamais atteint, à cause des pertes de charge inévi- tables. La vitesse de rotation augmente-t-elle au delà de celle pour laquelle la pression de l'eau à l'entrée de la pompe est égale au vide, la rupture de la colonne d'aspiration se produit et la piiissance est dépensée en tour- billons. » De même, dans un navire, l'eau se précipite vers l'hélice, en vertu de la pression atmosphérique augmentée de celle qui est due à la hauteur de la flottaison au-dessus du point de l'hélice considéré. » Le cylindre d'eau aspiré, d'une section égale à la surface du cercle circonscrit à l'hélice, reste entier et continu tant que la vitesse absolue avec laquelle il se dirige vers l'hélice qui l'aspire ne dépasse pas une certaine valeur : au delà, des cavités se forment et la puissance est gaspillée en remous et tourbillons. » Il existe, toutefois, deux différences importantes entre la pompe et l'hélice : d'abord, le canal d'aspiration de celle-ci n'est pas fermé et, ensuite, l'accélération que l'hélice imprime à l'eau n'est pas égale pour toutes les parties du cylindre actionné. Aussi la vitesse moyenne d'aspi- ration pour laquelle des ruptures se produisent est-elle beaucoup plus éloignée de la vitesse théorique que dans la pompe. » Remarquons, incidemment, que les choses se passent tout autrement dans un ventilateur et dans un propulseur aérien, à cause de la compres- sibilité de l'air. » La quantité de mouvement imprimée à l'eau par l'hélice mesure la résistance du navire. Si la vitesse qui forme l'un des facteurs de cette quan- tité de mouvement est assez grande pour que la cavitation se produise, on est conduit à augmenter l'autre facteur : la masse liquide, qui est propor- tionnelle à la suriace propulsive. » Les considérations qui précèdent m'ont conduit (') à cette règle fort simple : » La surface propulsive doit être proportionnelle au produit de la surface résistante par ta vitesse, ou plus exactement au quotient de la puissance par le carré de la vitesse. (') Règles approximatives pour le calcul de la surface propulsive {Bulletin de l'Association technique maritime, 1899). 664 ACADÉMIE DES SCIENCES. » On a ainsi l'équation suivante, dont le premier membre représente approximativement la surface propulsive : ^ . F n, le nombre d'hélices supposées identiques; A, le diamètre des hélices en mètres; r, le rapport de la surface totale développée des ailes d'une hélice à celle du cercle circonscrit; F, la puissance maxima en chevaux de ■yS'^'"; V, la vitesse correspondante du navire en nœuds. » L'expérience montre que le coefficient y, qui doit être d'autant plus grand que l'acuité de la carène relativement à la vitesse est moindre, ne doit jamais être inférieur à 0,60. Il peut dépasser avec avantage 0,80. » Depuis plus de 3 ans, cette règle a reçu de nombreuses vérifications. Elle a permis d'expliquer tantôt des chutes anormales, tantôt des valeurs exceptionnelles d'utilisation que l'examen des formes de la carène ne jus- tifiait pas. » En voici un exemple : Dans une marine étrangère, trois croiseurs identiques de 14300*^ et de Siooo'^''^ sont essayés avec des hélices sem- blables, sauf le pas. Ils fournissent des vitesses maxima sensiblement égales; en même temps, la courbe des utilisations en fonction de la vitesse accuse une chute anormale à la vitesse maxima et montre qu'une augmen- tation d'un nœud exigerait une augmentation de puissance de i5ooo'=''^ à 20000'^''''. Sur le dernier de ces bâliments, on remplace les hélices primi- tives par d'autres, d'une surface propulsive considérablement augmentée. Un supplément de plus d'un nœud est obtenu sans augmentation de puis- sance, et sans que la courbe d'utilisation présente de chute anormale. Évidemment la cavitation se produisait avec les premières hélices. J'ajou- terai qu'elle pouvait être prévue; le coefficient/ de la formule ci-dessus ne dépassait pas, en effet, o,43, tandis qu'il atteint 0,60 avec les hélices agrandies. » Ainsi, un simple remplacement d'hélices, dont le coût représente à peine ^ de la valeur totale du bâtiment, a suffi à fournir un résultat qui eût coûté, au minimum, trente fois davantage s'il avait dû être obtenu par augmentation de la puissance et des dimensions du navire. » On peut trouver étrange qu'un phénomène aussi important que la SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. 665 cavitation soit resté si longtemps inconnu. Les causes de ce t'ait sont les suivantes : » 1° Depuis quelques années, les vitesses ont considérablement aug- menté, et cependant on a souvent cru pouvoir conserver, en vertu d'une ancienne règle, les valeurs oniinaires, jusqu'alors très suKLantes, du rapport de la surface propulsive à la surface résistante du navire, tandis que ce rapport doit varier comme la vitesse maxima. « Il en est résulté que la vitesse absolue de l'eau dans le canal d'aspi- ration a augmenté dans les navires très rapides; or, c'est presque invaria- blement sur ceux-ci que la cavitation s'observe. » 2° Plusieurs ingénieurs éminents, en se basant sur des considérations très exactes en apparence, mais en négligeant la question alors inconnue de la cavitation, ont professé que les reculs habituels étaient trop faibles. M. W. Fronde, auquel on asse : à chaque courant de rupture de la bobine d'induction, la différence de potentiel entre H et H' atteint une valeur suffisante pour que le tube fonctionne; puis, cette différence de potentiel continuant à croître, l'étincelle éclate à l'excitateur : le tube, privé subitement d'alimentation, s'éteint, tandis que la décharge oscilla- toire de l'excitateur se poursuit et s'achève. » Supposons d'abord que l'on ait disposé le tube tout près de l'excita- teur, les fils AH et AH' étant aussi courts que possible (o",i t). Portons en abscisses (Jig. 2) les temps, comptés à partir du moment où l'étin- Fig. 2. celle éclate dans l'huile, et en ordonnées les différences de potentiel entre A et A'; nous avons ainsi, comme on sait, une sinusoïde rapidement 668 ACADÉMIE DES SCIENCES. amortie MNPQ Une fois l'appareil réglé, le potentiel nécessaire pour faire fonctionner le tube n'est inférieur que de peu an potentiel explosif de l'excitateur: il suffit, en effet, de diminuer très peu la distance explosive de celui-ci pour que la décharge ne traverse plus le tube, mais passe entiè- rement par l'excitateur. Cette particularité a ici une importance capitale: il en résulte que le tube s'éteint dès que le potentiel a diminué un peu au débul de la décharge oscillante, et, par suite, au bout d'un temps inférieur au quart de la période de l'excitateur; la courbe représentative de l'inten- sité des rayons X est donc formée d'une portion presque horizontale RS, antérieure à la décharge de l'excitateur, suivie d'une portion brusquement descendante SU. La longueur d'onde de l'excitateur ayant été trouvée égale à i'",i4. sa période est x ^ sec, et, par conséquent, (JU est de beaucoup inférieur à ;; j^, — y sec. i 3 X io"'x 4 J )) Construisons la courbe ayant pour ordonnées la valeur de la force électrique produite à la coupure du résonateur par la décharge de l'exci- tateur. L'ordonnée de cette courbe est nulle tant que toute la décharge passe par le tube focus, par conséquent jusqu'à l'origine des temps sur le diagramme; elle n'atteint une valeur notable qu'à une époque où l'excitateur est déjà en partie déchargé, et le maximum de cette force électrique n'a lieu que lorsque l'excitateur s'est rechargé en sens contraire, c'est-à-dire au bout d'une demi-pério.le, durée représentée par l'abscisseOZ. Il suit de là que, quand le résonateur commence à osciller, les rayons X sont déjà éteints : par conséquent, il ne peut y avoir d'action du tube sur l'étincelle secondaire ('). C'est ce que l'expérience vérifie, car si l'on inter- pose une lame de plomb entre le tube et la coupure, de manière à inter- cepter les rayons X, l'étincelle ne change pas d'aspect. » Laissant le tube focus à la même place, remplaçons les fils courts AH, A'H' par des fils de 25'="', repliés sans coudes brusques; cet allongement des fils, en relardant l'extinction des rayons X du temps que les ondes hert- ziennes emploient pour parcourir (20 — ii)™= i4'^'", va avoir pour effet de retarder d'autant la disparition des rayons X à la coupure et de laisser ainsi à ces rayons le temps d'agir sur l'étincelle : c'est en effet ce que l'on constate, car l'interposition d'une lame de plomb rend l'étincelle manifes- tement moins éclatante. Cette action des rayons X augmente si l'on aug- (') Voir, sur celle aclion, R. Blonolot, Comptes rendus, t. CXXXIV, 1902, p. ibog. SÉANCE DU 27 OCTOBRE I902. 669 mente la longueur des fils de transmission AH et A' H' : pour des longueurs de 33*^™, de 80'''", de i3o'™, elle est de pins en plus marquée. » Ces expériences montrent que, dans mon appareil, les rayons X s'éteignent dès que !a décharge électrique a cessé dans le tube. En effet, dans l'expérience avec les fils très couils (ii"°), on n'a constaté aucune action, tandis qu'il a suffi de les allonger de i^"" pour obtenir une action visible; si, par conséquent, il existe une prolongation de l'émission des rayons X, ou encore une prolongation de leur action à la coupure après leur cessation, leur somme est très petite vis-à-vis de , ^.^ sec. ( ' ). » Prenons des fils de transmission rejjliés, que nous laisserons d'un-», longueur invariable, o™, 5o par exemple, puis éloignons peu à peu le tube de la coupure; en vertu de cet éloignement, les rayons X éprou- vent un relard égal au temps qu'ils mettent à franchir la distance du tube à la coupure; leur disparition à la coupure est retardée d'autant, et, si leur vitesse est comparable à celle des ondes hertziennes, l'effet de l'éloi- gnement du tube va être analogue à celui d'un allongement des fils, c'est-à-dire une amélioration dans la coïncidence de l'époque où la force électrique existe à la coupure avec l'époque où les rayons X y sont pré- sents, et, par suite, une augmentation de l'action de ces rayons sur l'étin- celle. On est ainsi amené à cette prévision paradoxale : le tube devrait agir plus de loin que de près. A ma grande surprise, cette expérience réussit complètement : l'éclat de l'étincelle augmente à mesure que l'on éloigne le tube; c'est un fait certain et constant. L'augmentation est bien due aux rayons X, car, si l'on place un petit disque de plomb contre la lame d'aluminium interposée entre la coupure et le tube, l'effet dispa- raît : l'étincelle devient aussitôt plus faible et demeure invariable, quelle que soit la distance du tube. Ce fait surprenant est une première vérifica- tion de notre supposition initiale : la vitesse de propagation des rayons X est comparable à celle des ondes hertziennes. (') M. Colardeau avait déjà trouvé que la durée d'émission des rayons X est infé- rieure à yôoôV ^^ seconde, « et bien moindre que ne le feraient croire las expériences réalisées de prime abord ». {Bulletin de la Société française de Physirjue, 1901; 7.^ fascicule, p. 117.) Un échange de vues sur ce sujet a eu lieu entre MM. Brunlies et Colardeau, à la séance de la Société de Physique du i5 mars 1901 : le désaccord entre les résultats obtenus par ces deux physiciens tient à ce que les conditions de leurs expériences ne sont pas les mêmes. Les miennes se rapprochent de celles de M. Colar- deau. 670 ACADÉMIE DES SCIE^XES. » Prenons maintenant des fils de transmission d'une plus grande lon- gueur, 80™ par exem|)le. Quand on éloignera le tube, il arrivera, pour une certaine distance, que les rayons X posséderont à la coupure leur pleine intensité pendant tout le temps que la force électrique à la coupure conserve une valeur notable {fig. 3) : l'efficacité des rayons X sera alors aussi grande que le permet leur intensité. Fig. 3. )) Si l'on continue à éloigner le tube, on n'améliorera plus la coïnci- dence entre la présence des rayons X et celle de la force électrique à I 1 coupure, et l'on perdra de plus en plus comme intensité des rayons X; par conséquent, leur action aura passé par un maximum. C'est ce que l'on constate effectivement : l'élincelle passe par un maximum lorsque le tube est à environ 53*^'" de la coupure. Ce maximum est bien dû aux rayons X, car il disparaît par l'interposition d'un petit disque de plomb. » Ainsi, la supposition que la vitesse des rayons X et celle des ondes hertziennes seraient de même ordre de grandeur nous a conduits à prévoir l'existence d'un maximum; cette prévision s'est trouvée vérifiée par l'expé- rience. Comme, d'ailleurs, il paraît impossible d'expliquer autrement ce phénomène paradoxal, on est amené à conclure que /a w/Ze55e rfe/jro^a^a- tion des rayons X est bien du même ordre de grandeur que celle des ondes hertziennes. Je me propose d'expliquer incessamment connnent L'étude de ce maximum m'a fourni le moyeu de déterminer le rapport des deux vitesses. » SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. 67 I CORRESPONDANCE. M. le MixisTRE DE i,'IxsTnucrio\ publique et des Beaux-Arts transmet à l'Académie, au nom de M. le Ministre des Affaires étrangères, un Mémoire de M. Ryder, capitaine de frégate de la Marine danoise, résumant les études entreprises sur les courants entre la Norvège, l'Ecosse et le Groenland. M. le général Bassot présente à l'Académie, au nom du Bureau des Longitudes, le Volume de la Connaissance des Temps pour Van iqoS, le 227^ d'une éphéméride qui n'a jamais souffert d'interruption depuis la publication du premier Volume, en 1(379, P'""" Picard, et dont est chargé le Bureau des Longitudes depuis sa fondation en 1795. « Le Volume de 1900 est en tout conforme à ceux qui le précèdent depuis 1901 (année où l'on a adopté, pour les quatre principales éphémé- rides astronomiques, un môme système de constantes et un même Cata- logue d'étoiles fondamentales), sauf en ce qui concerne les dislances lunaires, qui sont pour la première fois et demeureront désormais sup- primées. Le Bureau des Longitudes, après un examen approfondi, a, en effet, reconnu que la publication des distances lunaires ne présentait pis une utilité suffisante et ne réjKmdait plus aux besoins actuels de la navi- gation. Par suite, il a été décidé, après avoir pris l'avis de M. le Ministre de la Marine, de ne plus insérer dans la Connaissance des Temps, à partir de 1905, l'éphéméride des distances lunaires. > M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance : 1" Un Opuscule de M. Giiio Loria, intitulé : « l'OEuvre mathématique d'Ernest de Jonquières » (Extrait de Bibliolheca malematica, 1902). 2° Une Brochure intitulée : « Léonard de Vinci, peintre, ingénieur, hydraulicien; par M. A. Ronna ». (Présenté par M. Haton de la Goupil- lière.) 3° Un Volume de M. L. Dumas, intitidé : « Recherches sur les aciers au nickel à haute teneur x^. (Présenté par M. Jl. Moissan.) 4° Un Volume de M. Stanislas Meunier, intitulé : « la Géologie générale ». (Présenté par M. Albert Gaudry. ) 672 ACADÉMIE DES SCIENCES. PHYSIQUE DU GLOBE. — Nouvelles observa/ions sur les éruptions volcaniques de la Martinique. Extrait d'une Lettre de M. A. Lackois à M. Michel Lévy. « Le désastre du 3o a été épouvantable à cause du nombre des victimes, mais la région dévastée est loin d'avoir l'étendue qne l'on disait. )) Dans cette région dévastée, à part bien entendu les flancs de la Mon- tagne Pelée, les phénomènes mécaniques correspondent en moyenne à ceux de la zone intermédiaire de Saint-Pierre. Beaucoup de maisons an Morne Rouge sont absolument intactes et les habitants qui y étaient enfermés n'ont pas souffert. L'incendie n'a été que local, beaucoup d'arbres n'ont pas été renversés; mais il y a eu, d'autre pari, des phénomènes de transport curieux. Vous verrez dans une de mes photographies ci-jointes un gros palmiste traversé par des poutres de bois. Sur une autre, nn fragment de toiture en lôie est accroché à un arbre. Notez d'ailleurs que la plupart des maisons au Morne Rouge n'avaient qu'un soubassement en pierre, tout le reste était en bois; c'est le cas notamment de la maison où nous avions passé quelques jours en juillet et dont il ne reste plus que les fondations. Nous avons retrouvé, dans les déblais, de petits verres à liqueur à moitié fondus et qui étaient sur la commode de notre chambre. » Il n'est pas douteux que la destruction ne soit due à l'action d'un nuage de vapeur d'eau très riche en cendre chaude. Il n'y a pas à songer à aucun gaz combustible ; les arbres ne sont pas brûlés et les palmiers dont les feuilles n'ont pas été arrachées montrent que celles-ci ont été simplement desséchées. » Des phénomènes électriques ont, comme toujours, accompagné l'érup- tion, nuiis n'ont joué qu'uîi rôle accessoire. J'ai examiné avec grand soni les nombreuses grilles en fer, les ])oteaux téléphoniques en fer, et je n'y ai vu nulle part la trace de coups de foudre. )> Quant à la cause de l'agrandissement de la zone dévastée par le volcan, elle est facile à distinguer. Dans notre Rapport précédent, nous avons parlé d'im talus, que l'on voyait par l'échancrure sud-ouest du cratère. Il représentait un des côtés d'un cône qui s'est très rapidement élevé dans le cratère pendant le mois d'août et qui, actuellement, dépasse le sommet de la montagne. » Dès que cela nous sera possible, nous tenterons l'ascension du sommet de la Montagne Pelée (') et de l'un quelconque des bords du cratère que (') Un récent câblogramme annonce que M. Lacroix, a pu faire cette ascension. SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. 673 nous avions gravis en juin et juillet; nous serons extrêmement près du sommet de ce cône. Il semble que c'est de l'intervalle situé entre les parois du cratère et la base de ce cône, ainsi que des flancs de celui-ci, que sortent actuellement les colonnes de gaz et de vapeurs qui, les jours de calme, montent verticalement à une hauteur prodigieuse. » Ce cône, vu à la lorgnette, ne me paraît pas entièrement constitué par des blocs de projection; il est formé de dents très aiguës à parois verti- cales paraissant s'écrouler continuellement; celles-ci me rappellent le front des couléesdes andésites de Santorin; il est possible qu'il s'élève là une sorte de cumulo-volcan, mais je vous donne cela sous toutes réserves, en atten- dant que je puisse le voir de près. La question passionnante est de savoir ce qu'il va arriver de ce cône. Quoi qu'il en soit, on comprend maintenant pourquoi les produits de projection, au lieu de prendre comme jusqu'en fin juillet la direction de l'ouest et du sud-ouest, retombent en gerbes sur tous les flancs de la Montagne Pelée. Nous n'avons jusqu'à présent constaté aucune fissure nouvelle, et, d'après les renseignements que j'ai recueillis, la fumerolle de Trianon, au voisinage de l'Ajoupa-Bouillon, n'aurait émis des vapeurs que d'une façon insignifiante et intermittente. » J'ai choisi la place de l'Observatoire principal (vous la trouverez facilement sur la Carte de Challamel); c'est sur un morne situe sur la rive droite de la rivière du Carbet, exactement au nord de la lettre F de Fond- Saint-Denis écrit en gros caractères. Le village de Fond-Saint-Denis est inexactement placé sur cette Carte ; la mairie est, en effet, au col situé à l'ouest du dernier lacet de la route, sur le versant de Saint-Pierre. )) Ce morne, dont l'altitude est d'environ 5 io'°, domine au nord toute la région dévastée depuis le Prêcheur, le cratère, le Morne Rouge. Il est à quelques centaines de mètres en arrière de la zone dévastée par la dernière éruption. Je fais faire une petite casemate se fermant hermétiquement et qui nous permettra de nous terrer en cas de grosse éruption. Il n'y aura qu'une fenêtre du côté du volcan, et les dégagements auront lieu sur la rivière du Carbet. La difficulté va consister dans le ravitaillement; il faut en effet faire lô""" dans la direction des pitons du Carbet pour trouver le camp de Colson, toute la région étant actuellement évacuée. » Nous allons partir demain à la recherche d'un autre poste, destiné à surveiller le côté oriental du volcan. Nous le trouverons sans doute aux alentours du kilomètre 7 sur la route des Deux-Choux au Gros Morne (sur la Carte de Challamel, vous trouverez le plan des Deux-Choux à la C R., 1902, 3« Semestre. (T. CXXXV, N» 17.) °9 674 ACADÉMIE DES SCIENCES. croisée des trois routes, exactement à la place du grand D de Fond-Saint- Denis). » En relisant ma lettre, je m'aperçois que j'ai oublié de vous parler du ras de marée du 3o août. Il a été insignifiant à Fort-de-France (i™ environ), et si la mer est venue à l'entrée de la rue Victor-Hugo, c'est par le débor- dement d'un caniveau et non pas par la savane. Des secousses de tremble- ment de terre très nettes ont été ressenties le 24 août, et désormais nos appareils nous permettront, s'il s'en produit de nouvelles, de les étudier avec soin. » ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Observations du Soleil, faites à l'Observatoire de Lyon (^équatorial Brûnner de o^.iô) pendant le deuxième trimestre de 1902. Note de M. J. Guillaume, présentée par M. Mascart. « Il y a eu 67 jours d'observation dans ce trimestre. » Taches. — Comparativement aux résultats du premier trimestre (pré- sent Tome des Comptes rendus, p. 523), on a noté un nombre de groupes plus fort (H au lieu de 4; et une surface totale moyenne moindre (i 12 mil- lionièmes au lieu de 689). » La répartition de ces groupes entre les deux hémisphères est de i au sud et de 5 au nord, au lieu de 2 de part et d'autre, notés précédemment. » Le nombre des jours sans taches est de 53, soit un nombre propor- tionnel pour ce trimestre de 0,79 au lieu de 0,60 dans le précédent. A cet égard, on remarque l'absence de taches durant 49 jours consécutifs, du 1 5 mars au 2 mai ; la période antérieure la plus longue, du minimum actuel, a été de 89 jours (12 mars-19 avril 1901). » Le groupe le plus important s'est montré dans sa période de décroissance, à +16° de latitude, du 28 mai au 4 juin; de ï-ô-ooIfô. son étendue superficielle est allée en diminuant, et elle était 12 fois moindre à la dernière date qu'à la première. Une parti- cularité intéressante de ce groupe est qu'il appartient à la même région d'activité (alors à son quatrième retour) que le grand groupe de taches du mois de mars. A sa deuxième rotation (29 mars-ii avril), cette région n'a pas montré de tache propre- ment dite, mais seulement une petite tache voilée à -^27°, 5 de latitude, le 2 avril; à la rotation suivante, la troisième (26 avril-7 mai), elle n'a présenté que des facules et quelques pores gris de durée éphémère. Au cinquième retour (20 juin-i" juillet), la même région n'a montré que des facules. Nous avons déjà remarqué plusieurs fois des faits semblables, à savoir : des taches reparaissant par intermittences dans une même région d'activité. SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. 675 » Régions d'activité. — Le nombre des groupes de facules notés est de 90 avec une surface totale de 29,0 millièmes; le précédent trimestre avait donné 68 groupes et 22,2 millièmes. )) Leur répartition entre les deux hémisphères est de 49 groupes au sud au lieu de 44» et de 4' ^iu nord au lieu de 24. Tableau L — Taches. Dates Nombre Pa«8- Latilade» moyenne* Surfacei extrèmei d'obser- au mér. -» — -^ ^^ moyennes 4'obaerT. Talions, central. S. N. réduitei. Avril 1902. — 1,00 17J. » » Mai 1902. — 0,57 5 I 1,5 5 I 6,2 23 I 20,0 H-20,5 -H 27 -16,5 Datea Nombre Pass. Latitudes moyeones Surfaces extrême» d'obser- au mêr. - — n^ -^ - i moyenne» d'obserT. vatlons. centraL S. M. réduites. Mai 1902. — 0,67 (suite) 21 I 23,3 +23,5 12 23-4 II 29,6 -t-26 84 23 22J. —16°, 5 +24°, 2 Juin 1902. — 0,85 I 28,4 +28 27 j. >' 4-28°, o Tableau II. — Distribution des taches en latitude. Sud. Nord. ,- 1^ ^^ —, „.— ^ ■■ -, Totaux 1W2. 90'. fcO'. 30". 20'. to*. 0°. Somme. Somme. 0'. to'.- 20°. 30'. Vû°. 90°. mensuels. Avril » )> » » » O O » » » u u u Mai » I) » I » I 4 » )j 4 » u 5 Juin » » » » » o I » » I DU 1 Totaux.. » » u I » I 5 » n 5 » » 6 Tableau III. — Distribution des facules en latitude. Snd. Nord. ,^^ — ^^^ _ — -^ — ~_^ — Totaux tflCÎ. 90*. 40°. 30°. 20". 10°. 0°. Sommo. Somme. 0°. 10°. 20°. 30°. 40°. 90°. mensuels. Avril 8 I I I I 12 7 i r 3 » a ig Mai 7 12 4'^ i6 ig 23635 35 Juin 1 2 I 4 I >^ 21 1 5 21624 36 Totaui... 27 3766 4g 4i 55i55n go Surfacei mensuelles réduites. 108 4 Surfacei mensuelles réduites. 5,6 '3)9 9,5 2g, o 6^6 ACADÉMIE DES SCIENCES. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la théorie des fonctions algébriques. Note de M. Ludwig Schlesixger, présentée par M. Poincaré. « Le problème de déterminer une fonction algébrique y de la variable complexe ce, uniforme sur une surface R de Riemann donnée, a été traité par Riemann lui-même à l'aide du principe deDirichlet et, plus tard, par MM. Schwarz et Neumann par d'autres méthodes transcendantes. Je me propose de donner une solution purement algébrique dudit problème, en poursuivant une méthode que j'avais indiquée autrefois (Journal de Crelle, t. 105) pour un cas particulier. » Soit R une surface de Riemann à m feuillets et aux points de ramifica- tion a,, . . ., a^ que nous supposerons tous simples ; il s'agit de déterminer les coefficients de l'équation (i) F(x,y):='^y^Aa^^-y"'~'<=o (Aa=i), de telle façon que la fonction y de x définie par cette équation soit uni- forme sur R. Le discriminant Q de l'équation (i) par rapport à y sera un polynôme de degré ■2(111 — i) des A^^) et de degré 2v(//2 — i) en a;. D'ailleurs, on doit avoir (•-i) Q=^{cc-a,)...(x-a,)\\ X étant un polynôme de degré c? ^ (m — 1) (v — i) — yo en x, où le nombre/?, défini par l'équation a — im = 2/? — 2, désigne le genre de la surface R. En comparant dans les deux membres de l'équation (2) les coefficients des mêmes puissances de x, on obtient un système de 2v(m — i) -I- I équations pour les (m 4- i) (v + i) — i coefficients A^ et les d -\- i coefficients de X; dans ce système, que nous désignerons par (M =0), le nombre N = 2Wv — p -\- 'i des inconnues surpasse donc de 2v — /?+ I celui des équations. Suivant le procédé indiqué par Kro- necker au § 10 de sa Festschrift, décomposons le système (M) = o en fac- teurs de divers rangs (Stufe). Nous cherchons une fonction y uniforme sur R, qui reprend m fois chaque valeur; cette fonction doit donc con- tenir 2v— ^-f- I paramètres arbitraires. Nous n'avons donc besoin de nous occuper que du facteur de rang N — 2v -\-p — i du système (M) ^^ o, SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. 677 facteur que nous désignerons désormais par (M') = o. Dans le domaine de rationalité déterminé par les a a^, considérées comme variables indéterminées, décomposons (M') = o en facteurs irréductibles (MJ) = o, (M") = 0, . . .; chacun de ces facteurs définit les N inconnues et en parti- culier les kk\ comme fonctions algébriques des a,, . . ., «our points de ramifi- cation simples proviennent l'une de l'autre par monodromie des pointsde ramification. Il faut donc que la surface II, donnée d'avance, se retrouve entre les surfaces R,, . . ., R^et, par suite, qu'une des équations F, =0, ..., Fy= o appartienne à la surface R; le problème proposé est donc résolu. M Mais il s'ensuit de cette résolution qu'au point de vue algébrique il soit indispensable de considérer non une surface de Riemann R spéciale, mais à la fois toutes les surfaces R,, ..., R^ provenant de R par mono- dromie des points de ramification, c'est-à-dire que, au lieu d'examiner, comme le fait Riemann, la fonction j appartenant à une surface R donnée, il faut envisager l'ensemble de toutes les fonctions j,, • . ., J^ appartenant aux diverses surfaces R,, . . ., R^. Cet ensemble constitue une seule fonc- tion monogène, si on la regarde comme fonction des a -+- i variables X, a,, ..., a„, car toutes les j,, . . ., y^ et ces fonctions seules proviennent de l'une d'entre elles, en faisant varier de toute manière possible ces c -+- 1 678 ACADÉMIE DES SCIENCES. variables. C'est surtout celte généralisation de la conception classique de Riemann qui noussemble mériter l'allenlion des géomètres, gcnéralisalion qui, d'ailleurs, s'approuve aussi dans les autres Chapitres de la théorie des fonctions algébriques, par exemple dans la théorie des équations différen- tielles linéaires auxquelles satisfont, selon Fuchs, les modules de pério- dicité des intégrales abéliennes. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur V équalion de Bessel avec second membre. Note de M. Alexandre-S. Chessi.v, présentée par M. Appell. « On est souvent amené, dans les applications de la Physique mathé- matique, à l'équation (0 Ê + iS + ('-5)^=/(^)' qui se ramène à celle de Bessel quand le second membre se réduit à o. On sait que (2) j = AJ„(a;) -f- BR„ (a;) (n = entier), (2') y = K'i„{x) + '&i_„{x) (/i r^^ entier) donnent la solution générale de l'équation (1) sans second membre. En appliquant la méthode de la variation des constantes arbitraires, on aura, pour déterminer A et B, les équations ! dK _ K„(x)f{x) dx , di„(x) - dK„(.r) , „ . , dx dx , , . . (3) { , / (« = entier). ^ ^ ^ ^ ^ -i,{x)f{x) ( ^ ^ ^'^^^^-dl-'^-^^'^^ùr' d^ ^ 3-,.(x)f(x) dx dJ„(x) dJ_„(x) ( 3 ) / } («^t entier). ^ ^ ^ dn^ -JAx)f(x) ! y -r dx d}„(x) . , ^^di_„Ax) ^-"^^''^û- ^"^ ' dx » Or, il est aisé de s'assurer qu'on a les relations suivantes entre les SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. 679 fonctions de Bessel de première et de seconde espèce : (4) K„(.)^-J„(.)^^=-i (. = entier). (4') J-.(-)^-M-)^^-'^4^ (.^entier). » On aura donc Ia = A'- fxK„(x)/(x)dx (5) -^ (« = entier), iB = B'+ xJ„(x)/(x)dx ( A = A' H :^ — f^J-n( a?) f(x) dx (5'; \ («7^ entier), / B==B' ^ — xJJx)/(x)dx et il ne reste qu'à substituer ces expressions pour A et B dans les for- mules (2) et (2') pour obtenir la solution générale de l'équation (i). » MÉCANIQUE RATIONNELLE. — Sur un exemple de transformation corrélative en Mécanique. Note de M. Pacl-J. Suchar, présentée par M. Appell. « M. Painlevé a étudié des transformations générales de mouvement qui constituent la généralisation de la transformation homographique en Mécanique, indiquée par M. Appell. Je me propose, dans cette Note, d'in- diquer un exemple de transformation corrélative. » Soient r, 0, v les coordonnées polaires et la vitesse d'un point maté- riel M de masse i, a l'angle de la vitesse avec l'axe polaire et J une force centrale passant par l'origine des axes, enfin M' le point correspondant à M sur la courbe hodographe. » Considérons un second point matériel de même masse que le premier, sollicité par une force centrale J' passant aussi par l'origine. Je suppose que la constante des aires due à J' est la même que celle qui est due à J. Je cherche la relation liant J et J' et la correspondance existant entre les temps t et t' des deux mouvements, par la condition que la trajectoire du second mouvement soit la courbe hodographe du premier mouvement; quant au sens de ce second mouvement, nous disposerons des conditions initiales de manière qu'il soit le même que celui du point géométrique M' 68o ACADEMIE DES SCIENCES. correspondant au point matériel M. On remarque que la vitesse du second point matériel est égale au rayon vecteur r du point qui lui correspond sur la première trajectoire, puisque la constante des aires est la même dans les deux mouvements. De cette remarque et de riiypothèse faite sur le sens du mouvement, il résulte que l'hodographe correspondant au second mouvement est une courbe symétrique par rapport au centre attractif de la trajectoire du premier mouvement, ou cette trajectoire elle-même, sui- vant que la force J est attractive ou répulsive. « Si nous désignons par s et *' les arcs des trajectoires dans les deux, mouvements, on aura, en se reportant à la définition de la courbe hodo- graphe, (0 d'où (2) ds' __ -.dt _ dl' J.J': ds _ ydt' _ rc. » On obtient ainsi la correspondance existant entre / et /' et la relation liant J et J'. )) La formule bien connue de Binet nous donne pour ces deux mouve- ments, en ayant égard à (2). (3) (4) II résulte encore de la formule :..: J. M' 7 cette autre formule » Enfin de la formule pv = c. (5) où p est la distance de l'origine à la tangente à la trajectoire, il résulte la SÉANCE DU 27 OCTOBRE 19O?. 681 formule (r>) n'r = c, ayant la même signification que la premièro, et où p' est la distance de l'ori- gine à la tangente à l'hodographe au point M'. » Si la loi de la force est en général de la forme la formule (3) est l'cqnalion différentielle de la trajecioire, on, en avant égard à (6), on obtiendra aussi l'équation difCérentielie de la courbe hodo- graphe en coordonnées tangentielles. I.a formule (4) nous montre alors que, si la loi de la force est de la forme •T = D'ailleurs, la substance qui compose chaque filament se comporte comme un corps visqueux, incomplètement solidifié, dénué de toute élas- ticité proprement dite et très hygroscopique. 1) Suivant les variétés de ver(et elles sont très nombreuses) la section de chaque filament peut varier du rectangle aplati au carré. Les dimensions du filament sont de l'ordre du -~ de millimètre. » Ces particularités bien connues permettent de comprendre la façon dont le fil de cocon réagit contre la torsion et la traction. » 1° Filament simple. — On peut, par un lour C(SII) — O une Note précédente ('), M. Maquenne et moi avons montré que le sulfure de car- bone attaque les polyoxyamines à chaud, en donnant des combinaisons cycliques à un seul atome de soufre, qui appartiennent vraisemblablement à la famille des oxazolines. » La galactamine ainsi traitée par le sulfure de carbone donne une mercapto-bu- tyltélrol-oxazoline, que je désigne sous le nom de mercapto-galactoxazoline, pour la distinguer de son isomère dérivé du glucose, lequel doit être désigné sous le nom de mercapto-glucoxazoline. » Ce corps cristallise en lamelles ayant la forme d'un rectangle accolé par un côté à la base d'un triangle; ce qui leur donne l'aspecl d'une enveloppe ouverte. Il est très soluble dans l'eau et peu soluble dans l'alcool. Il fond à i85°-iS6°, sans décomposition. C'est un corps très stable, comme son isomère dérivé du glucose, avec lequel il pré- sente de grandes analogies. Cependant, il ne donne pas comme lui de combinaison cristallisée avec le nitrate d'argent. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur un nouveau composé du groupe de Vhexamé- thyléne-télramine. Note de M. Marcel Descudé, présentée par M. A. Haller. « Action de l'ammoniac sur le dibenzoate de méthylène. — Le dibenzoate de méthylène se comporte, vis-à-vis du gaz ammoniac, comme les éthers- sels; il se forme, d'une part, de la benzamide; d'autre part, le glycol (•) Comptes rendus, t. CXXXIV, p. iSBg. 694 ACADÉMIE DES SCIENCES. méthvlénique : CIP. \0H CH' - CO - 0\ç,^, ^ 2AzH' = 2(C°H^ - CO AzH=) 4- CH^^^ H OH .) Ce glycol instable se dédouble en eau et aldéhyde formique, ce qui complique la réaction. L'aldchvde formique réagit sur l'ammoniac en excès pour donner Y hexaméthyléne-tètramine et une nouvelle quantité d'eau : (CH='0)'' + 4AzH' = 6H=0 + (CH=)''A7/. 1) Enfin, une certaine quantité de dibenzoate est saponifiée : C"H'-C0-0\ç,jj,^2^^jj3^2H-0 = 2(C«H-C00Azir') + CH^/'^ c"n^-co--o/ \ H OH » De sorte que, lorsque la réaction est terminée, on obtient un mélange do benzamide. de henz-oate d'ammonium eX. d'hexaméthylcne-têtramine. » J'ai réalisé l'expérience en présence d'un grand e\cès d'alcool absolu et, après avoir chassé celui-ci, à froid, par distillation dans le vide, j'ai pu séparer, dans le résidu, les trois produits précédents. Dans le cas du dibenzoate, l'hexaméthylène- amine ne se forme que dans de faibles proportions; mais en opérant avec le diacétate de méthylène, il s'en forme une notable quantité; de plus, il est ici possible d'opérer en présence d'une faible quantité d'alcool, et l'hexaméthylène-amine se dépose, presque entièrement, sous forme de beaux cristaux, très limpides. C'est même là un procédé très rapide pour obtenir cette base à l'éîal de pureté. » Lorsque l'action de l'ammoniac sur le dibenzoate est terminée, on a une solution alcoolique limpide, qui ne renferme que les corps indiqués plus haut. Si, au lieu de distiller cette solution dans le vide, on chasse l'alcool par évaporation au bain-marie, il se produit de nouvelles réactions. Au bout de 12 à i. 5 heures environ, on obtient un produit à peu près sec qui, épuisé par l'eau bouillante, laisse un résidu très notable (près d'un tiers), alors que les produits primitifs étaient tous solubles. On le recueille sur le filtre et on le lave à l'eau himWUnle, j uxq 11' à ce qu'il ne se dis- solve pins rien. On le sèche et on le reprend par l'alcool bouillant. ]\nr refroidissement, il se dépose sous forme de paillettes brillantes ron^tiuiées par des octaèdres clino- rliombiques. )i Propriétrs. — Ce corps, inodore, est complètement insoluble dans l'eau, même à chaud. Il est à peu près insoluble dans l'éther, le sulfure de carbone, l'acétone, la benzine. Il est peu sojuble dans l'alcool : loo? d'alcool absolu en dissolvent os, 53i à 18°; l'alcool bouillant en dissout environ huit fois plus. L'acétate d'éthyle se com- porte de même. Le chloroforme et l'acide acétique le dissolvent assez bien. » Action de la chaleur. — Il fond vers 187°, en un liquide incolore qui brunit SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. Ôgo rapidement pour peu qu'on dépasse colle lempéialuie. Par refroidissemeiil, il conserve sa transparence et. présente alors l'aspect d'un morceau de verre. Sous cet étal, il est cassant et très léger; Dr= 1,240 maintenu pendant quelque temps dans l'eau, û devient opaque, par suite d'une transformation qui s'opère de la surface au centre; et, si l'on casse un morceau ainsi altéré, on constate qu'il n'a perdu sa transparence que sur les bords. Si l'on cherche à le sublimer, il se décompose; il se forme de légers llocons vers i25° (probablement de la beui^amide). » Action des acides étendus. — L'action des acides sur ce composé est particulière- ment intéressante, car elle va servir à établir sa formule de constitution. Tous les acides minéraux, en solution aqueuse même très étendue, le transforment en queli|ues instants, à l'ébullilion, en méthylène-dibenzaniide; à côté de ce produit, très facile à caractériser, il y a mise en liberté d'aldéhyde formique et d'ammoniac. ') Les analyses el la fryosco!)ie coiuUiiseiit à la formule biiile qui peut s'écrire, en meltant en relief les divers groupements, (CIP- COAzH)'(GIl-)^Az, el la formule de constitution qui paraît la plus vraisemblable est Cii'-COAzH-CIPX (,) C'ii^-COAzH-ClP- Az. (,«H*-COAzH-CHV ). Le mode de formation de ce corps s'accorde, d'ailleuis, avec celte formule. J'ai pu, en effet, le reproduire en faisant réagir directement la hen- zamide sur l'hexaméthylène-létrainine ou sur un mélange d'aldéhyde formique en solution aqueuse et d'ammoniaque. Daus ce dernier cas, le mécanisme de la réaction peut se concevoir très simplement de la façon suivante : /HO/ OH H /HZ+CH- -f-AzH-CO-CH^ ^ /CH^^-AzH-COCH^ Az_H +CH^(OH)= + AzH-CO-CMl=-:GH^O + Az-ClF-AzH-COC"H\ \H -t-CH^(OH)^-+-AzH-CO-C''H^ \ GIF - AzH - COC°H^ )- Les acides en solution diluée, agissant comme agents d'hydratation, produisent la réaction inverse. La moitié de l'aldéhyde réagit sur la Az- 696 ACADÉMIE DES SCIENCES. benzamide formée pour donner naissance au méthylène-dibenzamide : ^ ^ \AzH — COC^IP et l'autre moitié se retrouve à l'état libre. M D'ailleurs, l'hexamélbylène-tétramiae elle-même peut prendre nais- sance par un mécanisme semblable : /ho OH H H HO H /' H H CH= -Az, 4- CH=(OH)-+AzH^ •CH-(OH)=+AzH' .4 HO /CH=-Az = CH- CH-(0H)= = i2H-=0-hAz-CIP— Az = CH2 CH-(OH)^ \CH=-Az = CH= » On voit donc que ce nouveau composé, que j'appellerai Vazotnmé- ihylène-lribenzamide , peut être dérivé de l'hexaméthylène-tétramine. Et comme, d'autre part, il semble difficile, d'après ce qui précède, de lui attribuer d'autre formule que la formule (i), on doit voir là une preuve nouvelle à l'appui de la formule de constitution de l'hexaméthylène- tétramine, constitution qui fut récemment l'objet d'une très longue discussion. » CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur l'acide solide de l'huile J'Eheococca vernicia. Note de M. L. Maquenne, présentée par M. P. -P. Dehérain. « D'après Cloez, à qui l'on doit la découverte des corps qui nous occupent, l'huile normale d'Elœococca renferme, à l'état de glycéride, un acide cristallisable particulier, V nclde élœomargarique C' WO' , qui foud à 48° et est éminemment siccatif. » Ce composé ne se rencontre que dans l'huile fluide, préparée par pres- sion ou par épuisement à l'élher. L'huile concrète, que l'on obtient par le sulfure de carbone ou qui se forme spontanément par insolation de l'huile liquide, fournit un autre acide, également cristallisable, qui présente la même composition que le précédent, mais n'entre en fusion qu'à 71° et se dissout en moindre quantité dans l'alcool. Cloez a donné à ce second corps SÉANCE DU 27 octobre; 1902. 697 le nom A' acide élœostéarique et a admis qu'il résulte de la polymérisation du premier ('). » La présence, dans un corps gras naturel, d'un acide renfermant 17=" de carbone paraissant a priori quelque peu anormale, il nous a semblé utile de reprendre cette étude. » Les recl\erclies qui suivent ont porté surun écliantillon d huile authentique, fraî- chement extraite par pression des graines à'Elœococca, encore parfaitement limpide et seulement teintée de jaune clair. » I. IsomérisalLon de l'acide élœomargariqne. — La transformation, au contact du sulfure de carbone, de l'acide éiœomargarique fusible à 48° en acide élaeostéarique fusible à 71° ne doit pas, comme le pensait Cloez, être attribuée à la seule influence de ce dissolvant, mais bien à celle du soufre libre qu'il renferme habituellement en dissolution. Une trace de ce métalloïde, ajoutée à l'huile normale ou à l'acide élaîo- margarique fondu, suffit en effet pour la provoquer, et l'on a là un mojen excellent pour préparer rapidement et à l'état pur l'acide fusible à 71°. » L'iode agit de même, ce qui montre que la transformation dont il s'agit est en rapport avec la production passagère de quelque composé d'addition indéterminé. » L'acide nitreux, ainsi d'ailleurs que le brome, donne lieu à une attaque plus profonde dont les produits n'ont pu être isolés; néanmoins il nous a paru logique de rapprocher cette influence du soufre de celle bien connue qu'exercent les produits nitreux sur l'acide oléique ou l'acide érucique. Si ce rapprochement est légitime, les acides élœomargarique et éleeostéarique doivent être isomères et non polymères; c'est ce qui a lieu en effet, ainsi que nous avons pu nous en assurer par ébullioscopie dans l'éther : les poids moléculaires de ces deux corps ont été trouvés respectivement égaux à 295 et 394, c'est-à-dire identiques (-). » IL Composition. — L'analyse de ces produits présente de sérieuses difficultés, à cause de la rapidité avec laquelle ils s'oxydent, même à froid; il est d'ailleurs impos- sible d'établir leur véritable composition par voie indirecte, car ils ne fournissent aucun dérivé défini sous l'action des réactifs usuels : l'acide sulfurique et l'acide iodhydrique concentrés les charbonnent instantanément; le brome donne par addition directe un dibromure qui noircit dès qu'on évapore ses dissolutions; enfin, leurs com- binaisons métalliques et leurs phènylhydrazides, qui sont crislallisables, s'allèrent aussi rapidement que les acides libres, sans offrir, par conséquent, de plus grandes garanties de pureté. » Lorsqu'on analyse un produit simplement séché dans une cloche à vide ou dans une atmosphère d'acide carbonique, dont il est difficile d'éliminer les dernières traces d'oxygène, on arrive à des nombres qui concordent sensiblement avec la formule de {') Cloez, Comptes rendus, t. LXXXI, p. 469; LXXXII, p. Soi elLXXXIIl, p. 943. (-) Cette valeur dépasse notablement celle du poids moléculaire vrai de l'acide élseostéarique ; l'écart tient à ce que l'expérience a porté sur des acides préparés sans précautions spéciales et qui, bien que maintenus dans une atmosphère d'acide carbo- nique, avaient déjà subi un commencement d'oxydation. C. R., 1902, 1' Semestre. (T. C.\XXV, N» 17.) 92 6g8 ACADÉMIE DES SCIENCES. Cloez, mais si l'on a soin d'elTecUier la dessiccation dans le vide de la trompe à mer- cure, en opérant sur un produit fraîchement cristallisé et assez vite pour qu'il ne s'écoule pas plus de l\o à 45 minutes entre le début de la dissolution dans l'alcool du corps brut et la mise en ampoules du corps pur, on trouve régulièrement o,5 pour loo de carbone en plus et à peu près autant d'hydrogène en moins ('). )> Il en résulte quela véritable formule des acides en question doit s'écrire C* H"0', el, en conséquence, que ces corps doivent être rangés dans la série stéarique, à côlé de l'acide linolénique qui, d'après Hazura, présente la même composition. » III. Oxydation. — L'acide élaeostéarique fusible à 71° est vivement attaqué par le permanganate de potassium; en opérant comme nous l'avons dit autrefois, à propos de l'oxydation de l'huile de ricin ( = ), on voit se former à peu près uniquement de l'acide azélaïque, fusible à io5°-io6°, el de l'acide valérianique normal, qui a été caractérisé sous forme d'étlier élhylique, bouillant à 145". Le reste de la molécule, qui comprend encore 4"' cle carbone, est entièrement détruit, ce qui laisse indécise la question de savoir si l'acide élœostéarique renferme deux ou trois liaisons nuilliples ; en d'autres termes, s'il est éthylénique et acélylénique ou iriéthylénique. » Le seul fait certain qui découle des résultats précédents c'est que l'acide élaeo- stéarique possède deux lacunes dans les positions 5 el 9. » L'acide fusible à 48° donne, ainsi que nous l'avons expressément vérifié, les mêmes produits d'oxydation que son isomère. » Conclusions. — 1° Les deux acitles signalés par Cloez dans son étude de l'huile à E/œococca sont des stéréoisomères, présentant entre eux les mêmes rapports qui existent entre l'acide oléique et l'acide élaïdique. » 2° Us appartiennent à la série stéarique et possèdent la mêiîie formule QI8JJ30Q2 ^jjg l'ncide linolénique des huiles de lin et de chénevis. » 3° Le nom d'acide éiœomargariqiie, ne répondant plus à aucun des caractères du corps qu'il désigne, devra être désormais supprimé. Nous proposons de le remplacer par celui d'acide élœosléarique a, tout en con- servant pour son isomère fusible à 71" la dénomination adoptée par Cloez, à laquelle il suffira, pour éviter toute confusion, d'ajouter le sjmbole p. )i CHIMIE ANIMALE. — Sur la musculamine, hase dérivée des muscles. Note de MM. A. Etard et A. Yila, présentée par M. Roux. « I. Depuis de nombreuses années on s'efforce de connaître la consti- tution chimique des groupes dont l'ensemble forme pendant la vie les tissus (') Carbone trouvé : 77,60 el 77,67; calculé : 77,70. Hydrogène trouvé : 10,89 el 10,86; calculé : 10,79. L'analyse a porté seulement sur l'acide fusible à 71°, qui paraît être un peu moins altérable que son isomère. (2) Bull. Suc. chim., 3» série, t. XXI, p. 1061. SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. 699 et les humeurs de l'organisme. De ces études chimiques sortira quelque jour une connaissance plus complète des mutations cellulaires; aussi un intérêt particulier s'attache à l'isolement de matières nouvelles dérivées des protoplasmides. Après avoir hydrolyse du muscle de veau et séparé les matériaux connus tels que tyrosine , glycocolle , leucine et acide gluta- mique, il reste un sirop très complexe soluble dans l'alcool raéthylique pur. L'acide phosphotungstique précipite abondamment ce sirop, mais ce der- nier peut contenir bien des principes divers. Nous avons pensé que, parmi les alcaloïdes pouvant exister, une différence de basicité pourrait se manifester vis-à-vis du chlorure de benzoïle. En milieu anhydre selon la méthode de Gerhardt, le chlorure benzoïque réagit avec trop d'intensité. La même réaction en solution potassique (Schotten-Baumann) ne nous a pas donné de résultats très pratiques. » Il nous a paru préférable de mélanger une solution de notre matière avec des cristaux d'hydrate de baryum qui, en se dissolvant en présence de doses successives de chlorure de benzode, maintient le mélange froid et en tout cas forme moins vite de l'acide benzoïque. « Dans ces conditions il se fait rapidement par agitation une masse caséeuse légère de dérivé benzoïle facile à séparer par filtration des matériaux, organiques en solution alcaline et de benzoate de baryum très soluble. » Il est à remarquer qu'on sépare autant de produit benzoïle, sinon plus, que de leucine. En tout cas la séparation est assurément plus aisée. « Par Taclion de l'eau bouillante alcaline on amène le dérivé benzoïle à l'état de fines aiguilles dont la solubilité à froid n'est plus que de o, i5 pour 100. Calculé pour Analyse. I. II. III. IV. C-^WXi'OK c 73,3 73,6 73,5 73,4 73,8 H 7,1 7,0 7,1 7,6 7,0 Az 8,7 8,8 8,6 8,9 » Le nouveau dérivé benzoïle est soluble dans l'alcool et les échantillons I et II n'ont été purifiés que par ce moyen. La purification par l'eau a fourni l'analyse IV. Enfin, propriété remarquable, ce corps bout sans décomposition notable au-dessus de 36o" alors que le verre déjà mou teinte la flamme en jaune. C'est là un moyen de purification rapide, car la matière distillée recristallise bientôt et se dissout dans l'eau, elle a servi à établir l'analyse III. I) Le dérivé caractérisé par les nomlires ci-dessus soumis à l'hydrolyse a donné une quantité d'acide benzoïque compatible seulement avec la formule d'un trisubstilué, et dés lors l'alcaloïde isolé du muscle doit avoir la formule C'H-'Az^. Cette première partie du travail se suffit à elle-même. Il existe une base en Az'' non oxygénée. Nous avons eu 400? de son tribenzoïlé. ■700 ACADÉMIE DES SCIENCES. » II. Une nouvelle quanlité de benzoïle dérivé a été hydrolysée et la base libre isolée par l'élher d'une solnfion 1res riche en soude. » C'est un liquide épais, 1res soluble dans l'eau, d'odeur spermatique, se carbonalant énergiquemenl à l'air. Son clilorliydrate cristallise fort bien et correspond à la formule C'IP^Az', 3HC1. Le chlorure de platine en présence d'un excès de chlorhydrate a donné des cristaux volumineux, couleur de bichromate de potasse; avec un excès de sel de platine on a obtenu un précipité immédiat d'aiguilles mordorées. Tous deux ont même composition : Calculé Analyse. pour . C«H='Az3,3HCl. C 11,3 11,7 12,4 H 2,6 3,0 3,1 Pt 37,6 36,9 37,5 » Par une seconde voie, indépendante, on démontre que la nouvelle base, qui peut se nommer provisoirement miisculamine, est Iriazotée, les trois azotes agissant de même que trois (OH) voisins de A. culicifacies Giles, cependant ils possèdent assez de caractères spéci- fiques pour mériter une place à p;irt et nous proposons de les appeler Anophèles mul- ticolor « et p. » Deuxième espèce. — • Culicide très noir dans son ensemble, o^ S"" de long; C? inconnu. » Tète et ses appendices uniformément noirs. » Palpes un peu plus courts que la trompe, très squameux, avec un léger anneau blanc à cheval sur la troisième articulation et une tache claire à l'extrémité apicale du dernier article. Moitié externe de l'aile entièrement sombre, sauf une petite tache jaune sur le costa, un peu en dehors de son milieu, et une autre qui coupe plus loin le Costa et les deuxième et troisième nervures. » Fémur de la première paire de pattes en forme de massue. Extrémités apicales des tibias et des trois premiers articles du tarse cerclés de blanc; quatrième et cin- quième articles des tarses des pattes postérieures entièrement blancs. Ongles : 00-00-00. » Ce Culicide présente plusieurs caractères qui le rapprochent àe Anophèles Theo- baldi Giles. 1) Troisième espèce. — Il s'agit de A. Pharoensis Theobald. Nous avons pu étudier cette espèce ab ovo et compléter, sur plusieurs points, les descriptions qui en ont été déjà données. » La femelle de A. Pharoensis dépose sur l'eau, en ordre éparpillé, i.5o à 200 œufs fusiformes, gris clair. Les larves se développent très bien dans un bocal d'eau claire additionnée de limon du Nil et de végétaux frais. Elles se métamorphosent en nymphes, après 1 1 jours, à une température minima de 20°, beaucoup plus lentement au-dessous. Elles atteignent 5"'™ à 6"" de long. Les six anneaux intermédiaires de l'abdomen des larves sont garnis, de chaque côté de la ligne médiane, d'un bouquet qui bien étalé et grossi ressemble à une fleur de lotus. Les nymphes évoluent en 2 ou 3 jours, les mâles d'abord. » A. Pharoensis ailé est un Culicide à coloration générale grisâtre, plus claire chez cf. Il a une forme fuselée et ses appendices buccaux redressés lui donnent un air menaçant, p 8"" de long, cf to'"™. » Front large, yeux écartés en dessus. » Palpes de la femelle moins grands que la trompe de la longueur de l'olive; ceux du mâle de même dimension que la trompe et s'écartant à la manière d'une lyre, à partir de leur milieu. Leurs bords latéraux sont garnis de squames perpendiculaires à l'axe qui les font paraître plus larges. •• » Thorax : gris cendré, avec trois raies longitudinales et deux taches de couleur brune très caractéristiques. » Pattes : anneaux clairs aux extrémités distales des trois premiers articles tarsiens et une large bande blanche couvrant la moitié du quatrième article tarsien et tout le cinquième, aux pattes postérieures. Ongles Qj 00 — 00 — 00; cf 2 — 00 — 00. » Ailes grises avec six taches noires sur le bord antérieur. » Abdomen marron, couvert de squames qui s'accumulent en toufles sur les flancs des six anneaux médians. » A. Pharoensis attaque à toute heure, mais de préférence au coucher du soleil; sa piqûre est très cuisante. C. R., 1902, 2" Semestre. (T. CXXXV, N» 17.) 9 yo6 ACADÉMIE DES SCIENCES. » Ajjrès des recherches multipliées, nous nous croyons autorisé à exprimer l'opinion que les A. P/iaroensis peuvent être transportés en masses, par les grands vents, à des distances de ao'^'" à 3o'"°, lorsque aucun obstacle ne s'y oppose. Cette proposition hcurle, nous le savons, les convic- tions les plus autorisées et demanderait à être démontrée, mais cela nous entraînerait à des développements qui ne peuvent pas prendre place dans cette Note; nous reviendrons sur cette question dans un travail ultérieur. » PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. - Conditions physiques de la tubérisaiion chez les végétaux. Note de M. Noël Bernard, présentée par M. Gaston Bonnier. « E. Laurent a signalé incidemment, dans ses Recherches expérimentales sur la formation d'amidon dans les plantes, qu'on pouvait obtenir le déve- loppement en tubercules des bourgeons d'une tige aérienne de pomme de terre coupée et plongée par sa base dans une solution de saccharose suffisamment concentrée. Les boutures ainsi traitées peuvent vivre plus d'un mois sans développer de racines; elles absorbent directement la solution dans laquelle elles plongent par l'ouverture de leurs vaisseaux sectionnés. L'expérience réussit encore quand on assure par des procédés convenables l'aseptie de la solution et de la partie de la tige qui s'y trouve plongée. ), La théorie parasitaire des phénomènes de tubérisation chez les végé- taux, que j'ai antérieurement développée, et qui consiste à admettre que « le développement des bourgeons en tubercules est le symptôme apparent » d'une modification générale du milieu intérieur d'une plante par l'action » de champignons endophytes vivant dans ses organes absorbants », se trouve en apparence contradictoire avec ce cas. J'ai repris de semblables expériences et me propose ici de préciser, d'étendre et d'interpréter leur résultat. » J'ai expérimenté avec des pommes de terre de la variété précoce dite Victor ; chacune était plongée par sa base dans un flacon contenant 5o'='"° de la solution em- ployée, après qu'on avait coupé le bourgeon terminal, et toutes les boutures d'une même série d'expériences étaient mises ensemble sous une grande cloche, à la lumière diduse, dans une serre dont la température restait comprise entre 15° et 20°. » Je me suis borné, pour maintenir la constance des propriétés des solutions employées, à les renouveler fréquemment et à couper la portion immergée des boutures pour immerger une portion nouvelle, chaque fois que des moisissures s'y développaient en quantité appréciable. La durée des expériences est de i5 jours à un mois. SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. 707 » I" En employant des solutions aqueuses de saccharose, de glucose, de glycérine et de chlorure de potassium, j'ai reconnu qu'on pouvait obtenir, ai'ec toutes ces substances, des tubercules sur les boutures qui y sont plongées. Il existe pour chacune une concentration critique au-dessous de laquelle on obtient régulièrement le déve- loppement des bourgeons en rameaux feuilles et au-dessus de la(]uelle on obtient toujours des tubercules. La concentration minimum nécessaire pour l'oinention des tubercules varie avec diverses circonstances et uoLamment paraît diminuer (]uand on prend (pour plusieurs séries d'expériences faites avec les solutions d'une même substance) des boutures sur des pieds de plus en plus âgés. » 2° Je me suis proposé de comparer les concentrations critiques pour différentes solutions en opérant sur des boutures aussi exactement comparables qu'il est possible. Pour cela j'ai récollé les tiges à mettre en expérience au même moment (2 juillet 1902) sur des plantes de même âge (^7 jours) provenant de la plantation d'un lot de tubercules qui avaient été récoltés en igoi sur un même pied. Les substances employées ont été le glucose et le chlorure de potassium; j'ai fait de chacune une série de solutions de concentrations graduellement croissantes. J'ai pu ainsi déter- miner pour chacune une limite inférieure et une limite supérieure de la concentration critique qui correspondent respectivement à la plus concentrée des solutions où l'on obtient le développement des bourgeons en rameaux feuilles et à la moins concentrée de celles où l'on obtient le développement des bourgeons en tubercules. Les données relatives à ces concentrations critiques, seules utiles à reproduire, sont indiquées dans le Tableau suivant : ^, , , ■ Glucose. Clilorurc de potassium. Limite Limite Limite Limite inférieure, supérieure. inférieure, supérieure. Poids dissous dans 1000"' de solution.. . i'',8 2K,7 oS,49 os,73 Abaissement du point de congélation de la solution 06,22 os,33 0^24 os,36 » Les valeurs limites des points de congélation sont assez rapprochées pour qu'on puisse admettre que le point de congélation de la solution critique est le même dans les deux cas ; l'incertitude possible de un dixième de degré paraît inévitable dans de semblables expériences. .) Ces expériences m'amènent à conclure que l'obtention expérimentale (le tubercules, sur des boutures plongées dans une solution à partir de laquelle se con;,titue directement leur milieu intérieur, paraît dépendre non des propriétés spécifiques de la substance dissoute, mais de la con- centration de la solution en substances dissoutes quelles qu'elles soient. Des solutions renfermant le même nombre d'unités physiques (molécules ou ions), ayant le même point de congélation et, par suite, la même ten- sion de vapeur et la même pression osmotique, agissent de la même manière pour des boutures comparables. .) Il devient, dès lors, vraisemblable que la lubérisation des bourgeons 7o8 ACADÉMIE DES SCIENCES. sur une plante, à un moment déterminé de sa vie, dépend immédiatement de la réalfsation d'un certain degré de concentration de la sève qui les nourrit en substances dissoutes quelles qu'elles soient. M La présence, dans les tissus de la plante, de parasites capables de pro- voquer par leurs sécrétions diastasiques le dédoublement d'édifices molé- culaires complexes et d'augmenter ainsi le nombre des unités physiques du milieu est une des conditions qui peuvent amener cet état. Dans les conditions naturelles de la vie celte action peut être prépondérante, et paraît l'être au moins dans certains cas. )) Mais il devient logique de penser que d'autres conditions, en parti- culier celles qui règlent la transpiration, puissent intervenir. L'expérience de E. Laurent n'est pas contradictoire avec la théorie parasitaire que j'ai proposée; elle amène, au plus, à croire qu'il peut être aussi difficile de coordonner, par une théorie exclusivement parasitaire, les phénomènes de prolifération et d'hypertrophie cellulaire qui aboutissent chez les végétaux à la formation de tubercules qu'il l'a été, jusqu'à présent, d'édifier une théorie parasitaire générale des tumeurs chez les animaux. » BOTANIQUE. — Observations sur la germination des spores du Saccharomyces Ludwigii. Note de M. A. Guilliermond , présentée par M. Gaston Bonnier. « Hansen (') a constaté, dans les spores du S. Ludwigii, un mode de germination très particulier qui diffère de celui de toutes les autres levures; les spores, au lieu de bourgeonner en des endroits quelconques à la façon des cellules végétatives, germent en un seul point en produisant un tube germinatif qu'il désigne sous le nom de promvcélium ; c'est de ce promycé- lium, lorsqu'il a atteint une certaine longueur, que naissent les nouvelles cellules par formation de cloisons médianes. En outre, presque constam- ment les spores se fusionnent deux à deux avant de donner ce promycélium. L'auteur, n'ayant pas étudié le noyau, n'a pas pu donner une interprétation certaine sur la signification biologique de ce phénomène. Cependant, cette fusion servirait, d'après lui, « à mettre les spores en état de développer un » nombre relativement plus grand de cellules de levures; on ne saurait la » considérer comme un véritable acte sexuel ». (') IIansiîn, Sur la germination des spores chez les Saccliaromyces {Comptes rendus des travaux du laboratoire de Carhberg, 3' Vol., f^Livr.; iSgi). SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. 709 » Nous avons montré dans une précédente Note (') que cette fusion n'avait pas le caractère général que lui attribuait Hansen et qu'il existait des variétés de S . Ludwigii qui m'aient complètement perdu cette singulière pro- priété. Nous en avons, en effet, étudié une dont les spores produisaient tou- jours isolément leur promycélium sans jamais subir de fusion. Depuis, M. le professeur Momsen a eu l'obligeance de nous envoyer une autre variété dans laquelle nous avons constaté ces phénomènes de fusion. Cette dernière dif- férait peu de la précédente; ses cellules étaient cependant plus allongées et de formes plus irrégulières; mais, tandis que la première sporulait très dif- ficilement, celle-ci ne fournissait que très peu de spores; il n'y avait guère que 10 pour 100 des cellules qui se transformaient en asques. )> Nous avons suivi la germination de cette levure. Elle s'effectue suivant le mode décrit par Hansen; les spores, ordinairement au nombre de quatre dans chaque asque et disposées par groupe de deux, se gonflent, puis se fusionnent deux à deux : cha- cune produit un petit bec et les deux becs formés par deux spores d'un même groupe se soudent; la cloison qui les sépare se résorbe, ce qui détermine ainsi un canal de communication. Dans la suite, le canal de communication s'allonge et donne naissance au promycélium. Le plus souvent cette fusion s'établit entre deux spores d'un même groupe ; exceptionnellement, par suite de dégénérescence de l'une d'elles, la fusion peut s'accomplir entre des spores non contiguës; parfois même nous avons observé des fusions entre spores appartenant à des asques différents, voisins l'un de l'autre. » Ces phénomènes de fusion étaient très généraux et s'effectuaient presque constam- ment pendant la germination des spores; quelques spores cependant naissaient iso- lément. » Nous nous sommes attaché particulièrement à nous rendre compte de la façon dont se comporte le noyau pendant ce phénomène. Chacune des spores, au moment de germer, possède un noyau sous forme d'une petite masse sphérique et homogène, accolée à la membrane, et une vacuole renfermant un certain nombre de grains rouges de Bulschli : au moment où elles se préparent à la fusion, le noyau se porte ordinai- rement dans le petit bec, puis l'on trouve des stades avec deux noyaux séparés par la cloison, et d'autres où, cette cloison étant dissoute, il n'existe plusqu'(//t seul noyau. Les vacuoles subsistent dans les deux spores et le canal de communication est ordinai- rement rempli d'un cytoplasme très dense, qui ne se vacuolise que plus tard, lorsque le promycélium commence à se former. Le noyau unique reste quelque temps au milieu du canal de communication, et ce n'est que lorsque le promycélium a atteint une cer- taine longueur qu'il s'y engage et se divise pour donner naissance aux nouvelles cellules. (') Guillieumond, Considérations sur la sexualité des levures^ {Comptes rendus, 23 décembre 1901). Recherches cylologiques sur les lei'ures {Thèse de Doctorat de la Faculté des Sciences de Paris: 1902). 7IO ACADÉMIE DES SCIENCES. » Les colorations présentent de sérieuses difficultés, par suite du petit nombre des spores, de la petitesse des spores et du n03'au ; néanmoins, nous avons obtenu, à l'aide de rhémaloxyline de Heidenhain, des préparations très nettes, et nous avons pu con- trôler les résultats ainsi obtenus avec l'hémalun. Ce réactif difTérencie bien le noyau, qui se colore en bleu mat, des grains rouges qui prennent une teinte rouge vineux. Il ne paraît donc y avoir aucun doute sur la fusion nucléaire; l'existence de stades à un seul noyau après la résorption de la cloison séparatrice ne peut sexpliquer autre- ment, et il semble bien qu'on doive considérer ces phénomènes de fusion, non comme de simples anastomoses, telles qu'on en rencontre souvent chez certains champignons, mais comme une véritable conjugaison par isogamie. » Nous avons signalé antérieurement des phénomènes de conjugaison précédant la formation de l'asque dans les Schizosacrliaromycètes. Barker, de son côlé, en a constaté d'analogues dans son Zygosaccharomyces. Le S. Ludwi gii &\\h\i un acte sexuel qui s'effectue par un procédé très voisin, mais qui, au lien de s'o])érer avant le développement de l'asque, s'accomplit à un slade ultérieur entre les spores. » Quelque étranges que puissent nous paraître ces faits, ils n'ont cepen- dant rien qui doive nous surprendre outre mesure, car des exemples de conjugaisons, se produisant dans un même groupe à des stades différents du développement, ont été déjà observés chez les Protozoaires. » BOTANIQUE. — Sur le pollen des Asclépiadées. Note de M. Paul Dop, présentée par M. Gaston Bonnier. (( J'ai étudié le développement du pollen et la formation des pollinies dans les Asclépiadées suivantes: Asclepias mexic'ana Cav., Vincetoxicum nigrum Mœnch, Gomphocarpus /ruticosus R. Br., Marsdenia erecta R. Br., Ar auj'ia abbeus h. , Stapelia variegalah. Pour loutes ces plantes, en employant des méthodes décoloration nouvelles, j'ai obtenu des résultats comparables à ceux que M. Chauveaud(') a obtenus dans l'étude du Vincetoxicum officinale. » Contrairement à l'opinion de Corry ('■'), qui faisait dériver les cellules (' ) G. Chauveaud, De la reproduction chez les Dompte-Venin {Thèse de Doct. en médecine de la Faculté de Paris, 1892 ). (-) GoRiiV, On the mode of developnient of the pollinium in Asclepias Cornuti ( The Transac. of the Linn. Soc. of London, Vol. il, 1 884). — On the structure and development of the gymnostegiam, and the mode of fertilization in Asclepias Cornuti {Transac, Vol. II). SÉANCE DU '.17 OCTOBRE 1902. 7M mères primordiales du pollen, dans le genre Asclepias, du cloisonnement d'une cellule unique Vaichesporium, j'ai établi que ces cellules provenaient, dans tous les cas étudies, du cloisonnement de plusieurs cellules d'une assise sous-épidermique, comme M. Chauveaud l'a déjà montré dans le Vinceloxicuni officinale. n Le nombre des cellules mères primordiales ainsi différenciées est variable; on en trouve, sur une section transversale, trois ou quatre dans les G. Vinceloxicum, Ascle- pias, Gomphocarpus et Marsdenia; huit à dix dans les G. Stapelia et Araiijia. Ces cellules se divisent directement par cloisonnements successifs, comme chez, les Mono- colylédones, en quatre cellules filles qui deviennent les grains de pollen. Ce cloisonne- ment se fait suivant deu\ modes : dans les G. Asclepias, Vincelojcicum. Gompho- carpus et Marsdenia, des cloisons tangenlielles et radiales, par rapport à l'axe de la fleur, découpent des grains de pollen parallélépipédiques. Dans les G. Stapelia et Araujia il n'existe jamais de cloisons tangenlielles. » J'ai observé uniquement des cloisons radiales, les unes passant par les axes de la fleur, les autres perpendiculaires à cet axe. Il en résulte que les grains de pollen ont la forme de prismes allongés de la face ventrale à la face dorsale du sac pollinique et que leurs noyaux sont tous situés dans un plan qui divise le sac pollinique en deux parties symétriques, une dorsale et une ventrale. Dans les deux cas, les parois mitoyennes de ces grains ne se dédoublent jamais, de telle sorte que l'ensemble de la pollinie forme un véritable massif cellulaire dans chacun des deux sacs de Tétamine. )) La formation des parties annexes de la pollinie se fait de la façon suivante : l'en- veloppe cireuse est sécrétée par les cellules de l'assise nourricière, qui jouent ainsi un double rôle. Formée d'une seule couche de cellules dans les genres Vinceloxicum, Asclepias et Stapelia, celte assise comprend trois ou quatre couches dans le genre Marsdenia et cinq ou six dans les genres Araujia et Gomphocarpus. Ces cellules, de forme irrégulière, présentent à l'état jeune un proloplasma épais, qui se colore vivement par l'hématoxyline, ainsi qu'un noyau volumineux. )) Quand ces cellules ont acquis leurs dimensions définitives, l'action de certains réac- tifs, du Sudau III en particulier, permet de reconnaître dans leur protoplasraa la pré- sence d'une matière cireuse qui n'existe jamais dans le pollen et qui se retrouve plus tard à l'extérieur de l'assise nourricière intimement accolée contre le pollen. Cette sub- stance est donc sécrétée par le protoplasma des cellules de l'assise nourricière; elle traverse leur membrane et vient constituer le revêtement de la pollinie. Ce n'est ni de la callose, ni de la pectose, car elle nese colore ni par le bleu d'aniline, ni par le bleu brillant, ni par le rouge de ruthénium. Par contre, la coloration rouge qu'elle prend sous l'action du Sudau III montre qu'elle est formée par des éthers d'acides gras, c'est-à-dire qu'elle est analogue à une cire. B Après cette sécrétion, le contenu de la cellule s'éclaircit; il prend, sous l'action de l'hématoxyline, une teinte gris clair et son noyau se fragmente eu petits grains chromatiques épars çà et là. Finalement la cellule se détruit. C'est là d'ailleurs un phénomène normal dans toutes les assises nourricières. )> Les caudicules et les rétinacles sont sécrétés par des cellules épidermiques du ']\-l ACADEMIE DES SCIENCES. stigmate, dont la disposition est en rapport avec la forme des pollinies. C'est ainsi que dans les genres à pollinies pendantes {Araujia, Gomphocarpits, Asclepias, Vince- toxicum) les cellules qui sécrètent les rétinacles sont placées soit sur les faces du stig- mate, soit sur des expansions de ce dernier, mais toujours au-dessus des sacs polli- niques. Dans les genres à pollinies dressées {Marsdenia, Stapelia) le tissu sécréteur est placé au-dessous des sacs polliniques. Les cellules qui constituent ce tissu sont des cellules épidermiques allongées radialement de façon à prendre l'aspect d'un paren- chyme en palissade. La substance sécrétée parle protoplasma, colorable d'ailleurs à l'intérieur des cellules par le Sudau III, s'accumule dans la zone externe, reléguant le noyau à la partie basale. Ce déplacement du noyau est surtout net dans les cellules qui sécrètent les parties les plus épaisses, c'est-à-dire les rétinacles. Après l'expulsion, au travers de la membrane, de la matière cireuse qui est analogue à celle qui entoure les pollinies, les cellules ne meurent pas immédiatement; elles vivent un certain temps, mais leur noyau finit par se fragmenter. Sécrétés par des bandes de cellules analogues, les caudicules se développent jusqu'au contact des sacs polliniques. La déliiscence de l'étamine s'accomplit toujours dans une région où l'assise nourricière n'est séparée du stigmate que par une ou deux assises cellulaires. Cette déliiscence poricide s'accomplit parfois par l'intermédiaire d'une assise mécanique {Marsdenia, Vincetoxicum). Dans tous les cas, après la déhiscence, la pollinie fait saillie à l'extérieur comme si elle subissait un accroissement et vient se coller au caudicule voisin. )) En somme, dans toutes les Asclépiadées que j'ai étudiées, j'ai observé des cellules mères primordiales provenant, comine dans le cas normal, du cloisonnement de cellules sous-épidermiques. Ces cellules donnent direc- tement le pollen en se divisant en quatre. Déplus, j'ai montré que la couche nourricière, formée d'une ou plusieurs assises, sécrète la couche cireuse qui entoure la pollinie, et que les cauflicules et les rétinacles sont sécrétés par des cellules épidermiques du stigmate. Enfin, j'ai établi qu'après la déhiscence du sac pollinique la pollinie faisait saillie à l'extérieur du sac et venait se souder aux caudicules. » AÉRONAUTIQUE. — Nouvelles expériences d' Aéronautique maritime. Note de M. H. Hervé, présentée par M. L. Cailletet, « M. le comte de La Vaulx, poursuivant ses recherches destinées à rendre la mer praticable aux aérostats et à obtenir de ceux-ci les services spéciaux que comportera le développement de celte nouvelle branche de la locomotion, avait transporté cette année à Palavas, près Montpellier, sa station d'essais, dont les abords étaient ici complètement dégagés. » Le cube de l'aérostat, légèrement augmenté, était de 3400"°'. Gonflé au gaz hydrogène, sa force ascensionnelle totale atteignit S^^o'-s, soit i'-«,ioo SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. 718 par mètre cube, et cette bonne qualité du gaz permit d'emporter non seulement tous les appareils à expérimenter (contrairement à ce qui avait eu lieu dans l'ascension précédente), mais encore une réserve normale d'environ 8oo''s de lest. » Le but de ce second voyage du Méditerranéen était la vérification des qualités aéronautiques des engins employés et des méthodes particulières usitées dans les expéditions antérieures du National eX. du Méditerranéen, avant d'aborder l'étude d'un nouveau moyen d'action, que nous avons appelé la déviation automobile et qui comportera l'emploi d'un moteur et d'un propulseur. L'addition prématurée de ces derniers appareils à l'ancien matériel eût jui donner lieu à de réels dangers résultant à la fois d'une connaissance insuffisante des organes ou de leur manœuvre et de la com- plexité du système. » Le départ s'effectua le 22 septembre a 3'' 45" du malin. Après 36 heures d'expériences en mer, l'aérostat atterrit à Capite, près l'étang de Thau, à la suite d'une ascension libre exécutée à la fin du voyage par le soulève- ment général des engins maritimes et avec plusieurs centaines de kilo- grammes de lest résiduel abord. » Le déviateur aminima, bien que réduit dans cette expédition à i'"*',6o et à 23*^8^ fournit encore, cependant, 28° à 3o° de déviation moyenne. L'emploi du déviateur a maxima permeltaut, d'autre part, d'obtenir jusqu'à 60° par beau temps, comme il a été constaté lors des essais du National, en 1886, la supériorité considérable de ces dispositifs sur la méthode de la voile, notamment (dont l'efficacité, d'ailleurs contestée, n'aurait pas dépassé 8" dans les expériences de M. Strindberg, en 1896), demeure établie. » Le système stabilisateur comprenait simultanément les engins du type flexible et du type articulé. Leur puissance totale, portée à dessein à près de Soo'^s^ mit en lumière leurs propriétés respectives, grâce à la compa- raison de leur mode d'action dans les mêmes circonstances, et procura les plus utiles indications sur les valeurs à attribuer à leurs principales carac- téristiques : intensité, flottabilité, flexibilité, etc. La sécurité et la durée (comprise entre 24 et4i heures) des trois ascensions de ballons à dévia- teurs leur sont en grande partie attribuables. M Un certain nombre d'autres organes peuvent être considérés comme ayant fait aujourd'hui leurs preuves; ce sont : la suspension articulée, la nacelle à magasin, les treuils, les compensateurs, le cône d'écoulement G. R., 1902, 2- Semestre. (T. CXXXV, N» 17.) 94 ^14 ACADÉMIE DES SCIENCES. appliqué pour la première fois en 1886 au National, divers appareils de mesures, etc. » Nos études sur les rapports éventuels des navires et des aérostats nous ont conduits à réaliser diverses manœuvres de remorquage du Méditerra- néen par le contre-torpilleur l'Épée mis gracieusement à notre disposition par M. le Ministre de la Marine, et qui furent pour nous la source de ren- seignements précieux, dont nous sommes aussi redevables au concours dévoué de M. le Commandant MouUé et des officiers de VÉpée. » I/équipage du Méditerranéen se composait de MM. le comte de La Vaulx, le comte de Caslillon de Saint-Victor, l'enseigne de vaisseau Laignier, Henri Hervé, Duhanot, constructeur. » Qu'il nous soit permis de terminer cette relation par quelques consi- dérations sur la technique des ascensions aéromaritimes en général et sur notre programme d'expériences en particulier. » Les principes de l'équilibre et de la dirigeabilité sont les mêmes pour les ballons terrestres et pour les ballons maritimes (équilibre stable à toute altitude requise, vitesse propre horizontale supérieure à la vitesse des vents ordinaires). » Mais il est nécessaire d'établir, en ce qui concerne l'aéronautique maritime, une technique spéciale en raison de la nature liquide de cette partie du globe qui, dans le cas d'un contact, présente des avantages et des dangers particuliers, et il est indispensable de recourir à une méthode également spéciale d'expériences, à cause de la vaste étendue des mers et, par conséquent, de la durée considérable exigible du voyage, durée inti- mement liée à la solution des problèmes d'équilibre. » Ainsi les problèmes de stabilité en altitude prennent ici une impor- tance prépondérante puisque d'eux dépend la sécurité. Nos premiers essais furent donc relatifs à des engins stabilisateurs fonctionnant au voisi- nage de la mer. » Pour l'étude des problèmes de direction, nous avons éliminé provi- soirement les difficultés relatives à la stabilité longitudinale et à l'emploi des moteurs, par l'utilisation des aérostats sphériques et l'application d'ap- pareils purement passifs appelés déviateurs. » En attendant les progrès de l'industrie des moteurs légers absolument insuffisants en 1886, nous nous sommes préoccupés de perfectionner, depuis cette époque, toutes les parties du matériel maritime actuel, suspension, nacelle, treuils, forme, organes de prise d'eau, etc. » Les moteurs à pétrole étant enfin devenus simples et légers, nous SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. yiS tenterons, dans de prochains essais, de réaliser, mais encore avec les ballons sphériques, la déviation aulomohile, en même temps que nous aborderons les problèmes d'équilibre dans les régions moyennes de l'atmosphère. » Ce n'est que plus tard, après une longue pratique des moyens précé- dents, qu'il conviendrait de s'attaquer aux difficultés inhérentes à l'emploi de la forme allongée et à l'obtention d'une vitesse propre suffisante pour procurer la dirigeabilité absolue, les engins primitifs de stabilisation et de déviation passant alors, sans disparaître, à un rôle purement auxiliaire et éventuel. » Alors seulement les traversées maritimes seront significatives, parce qu'elles pourront être renouvelées dans la plupart des circonstances atmosphériques habituelles. Mais auparavant, nous l'espérons, bien des problèmes susceptibles d'utiles et immédiates applications auront pu être résolus à l'aide de laboratoires aériens tels que le Méditerranéen. » M. GoYACD adresse une nouvelle Note « Sur la fermentation pectique ». De nouvelles expériences, effectuées avec des réactifs privés de chaux, conduisent l'auteur à cette conclusion que « des doses faibles d'acide chlorhydrique ralentissent l'action de la pectase; une proportion suffisante peut même empêcher la fermentation de s'établir ». A 4 heures et demie l'Académie se forme en Comité secret. COMITE SECRET. L'Académie décide de compléter la Commission d'Aéronautique, qui se trouve ainsi composée : MM. Marey, Mascart, Maurice Levy, Marcel Deprez, Léauté, Appell et les Membres composant le Bureau. La séance est levée à 5 heures. G. D. ^16 ACADEMIE DES SCIENCES. BULLETIN BIBLIOGUAPHIQUE. OuVr.AGES REÇUS DANS LA SÉANCE DU 20 OCTOBRE 1902. (Suite.) Tycho Brahé, esquisse biographique et compte rendu de la découverte de la dépouille mortelle de Tycho Brahé, par Jean Hérain et Henri Matiegka, avec i4 gravures et illuslralions, dont 8 dans le texte et 6 hors texte. Prague, irap. Al. Wiesner, 1902; i fasc. in-S". (Hommage de la Société des Amis des antiquités bohèmes.) Sui fenomini acustici dei condensatori ; Memoria del prof. Augusto Righi. Bologne, imp. Gamberini et Parraeggiani, 1903; i fasc. in-8". Sur les réseaux à nœuds hélicotétraédriques, à propos d'études récentes sur la constitution du quartz; Mémoire préliminaire par François de Memme. Genova (Italie), imp. Pellas, 1902; i fasc. in-8°. The action of copper on leaves, with spécial référence to the injurious effects of fungicides on peach foliage; a physiological investigation, by Samuel-M. Bain. {Bul. of the agricultural experiment Station of the Vniversity of Tennesse, vol. XV, n" 2, avril 1902.) (Hommage de l'auteur.) Note sur des formules d'introduction à l'Énergétique physio- et psycho-socio- logique, par Ernest Solvay. Bruxelles, Henri Lamertin, 1902; 1 fasc. in-S". Fog-signal Edem, par Éhile de Meulemeester, contenant 5 planches. Bruxelles, imp. Ch. Bulens, s. d.; i fasc. in-8". ERRATA. (Séance du 20 octobre 1902.) Note de MM. Laveran et Mesnil, Sur quelques Protozoaires parasites d'une Tortue d'Asie (Damonia Reevesii) : Page 6i3, ligne 11 en remontant (sans compter la noie), au lieu de microgamètes, lisez macrogamètes. GAUTHIER -VILLARS, Imprimeur-Éditeur, gUAI DES GRANDS- VIGISTINS, 55, A PARIS ( 6'^). COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, PUBLIÉS PAR LES SECHÉTAIRES PERPÉTUELS. Par décision de l'Acadéuiic des Sciences, les prix de rabonnejneiU ol dos collections sont désormais fixés ainsi qu'il snil : PRIX DE L'ABONNEMENT : |>,yl„ 30 IV. 1 IJlil-AUTEMENIS 40 fr. I ÉTIÎANGKII 44 IV . Cliaque année, sauf i8',5, 1.S7S à 1892, 1896 à i8y8, ^e vend séparément 25 iV. Chaque volume, sauf les Tomes ÎO, 21, 7f. à 108, 110, \\1. Ili, 115. m à m, se vend sépa- rément *^ ' '' • TABLES GÉNÉRALES. TABLE GÉNÉRALE des Tomes là 31(iS3J-i-. 2& . _ Tomes 3-i à 61 (i85.-i», ) > "^ ' _ Tomes 02 à 91 (i8<)6-i88o) '.. Tomes 92 à 121 (.88i-iSe// et les .Membres composant le Bureau.. . 716 BULLEII.N BlISMOaUAPHIQl 1; _■ 7'*^ t. \TA 7 ' l' PARIS. — IMPRIMIÎIUE G V UT H l IC R - V I L L AR S, Quai des Griinds-.\.uguslins, 'ib. i€ Gérant: GAUTHIER- VlLLAR-S =0? ^.xs ^ 1902 SECOND SEMESTRE. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. TOME CXXXV. NM8 (3 Novembre 1902). - PARIS, GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE DES COMPTES RENDUS DES SÉA.MGES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, Quai des Grands-Auguslins, 55. 1902 RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875 Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de l' Académie se composent des extraits des travaux de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes présentés par des savants étrangers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. 26 numéros composent un volume. II y a deux volumes par année. • Article ^*^ — Impression des travaux de l'Académie. Les extraits desMémoires présentés par un Membre ou par un associé étranger de l'Académie comprennent au plus 6 pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o pages par année. Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans le Compte rendu àe la semaine que si elle a été remise le jour même de la séance. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par les Correspondants de l'Académie comprennent au |)lus 4 pages par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de Sa pages par année. Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis- cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca- démie ; cependant, si les Membres qui y ont pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les re- mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion. Les Programmes des prix proposés par l'Académie sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap- ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autant que l'Académie l'aura décidé. Les Notices ou Discours prononcés en séance puj blique ne font pas partie des Comptes rendus. Article 2. — Impression des travaux des Savants étrangers à l'Académie. Les Mémoires lus ou présentés par des personnes'^ qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca- démie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré- sumé qui ne dépasse pas 3 pages. Les Membres qui présentent ces Mémoires sont tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le Membre qui fait la présentation est toujours nommé; mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le font pour les articles ordinaires de la correspondance offi- cielle de l'Académie. Article 3. Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis à l'Imprimerie le mercredi aU soir, ou, au plus tard, le jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à temps, le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compte rendu actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui- vant et mis à la fin du cahier. Article 4. — Planches et tirage à part. Les Comptes rendus ne contiennent ni planches, ni figures. Dans le cas exceptionnel oij des figures seraient autorisées, l'espace occupé par ces figures comptera pour l'étendue réglementaire. Le tirage à part des articles est aux frais des au- teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports et les Instructions demandés par le Gouvernement. Article 5. Tous les six mois, la Commission administrative fait un Rapport sur la situation des Comptes rendus après l'impression de chaque volume. Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré- sent Règlement. Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi cfui précède la séance, avant 5^ Autrement la présentation sera remise à la séance suivante- 1 ^(J7 ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 5 NOVEMBRE 1902. PRÉSIDENCE DE M. BOUQUET DE LA GRYE. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. ZOOLOGIE. — Au sujet de deux Trypanosomes des Bovidés du Transvaal. Note de M. A. Laveran. « Dans une Note communiquée à l'Académie le 3 mars dernier, j'ai décrit, sous le nom de Tr. Theilen, un Trypanosome découvert par M. Theiler, vétérinaire à Pretoria, chez des Bovidés provenant de différentes régions du Transvaal. Depuis le mois de mars M. Theiler m'a envoyé, à plusieurs reprises, des renseignements complémentaires sur ce Trypano- some, et il m'a adressé de nouvelles préparations, dans lesquelles les para- sites étaient plus nombreux que dans les premières. Je suis donc en mesure de compléter, sur plusieurs points, ma Note antérieure concernant Tr. Theileri. » La maladie produite par ce Trypanosome est très répandue dans toute l'Afrique du Sud, où elle est désignée sous différents noms, sous celui de Galzieklé (maladie de la bile) notamment. » La maladie est inoculable de Bovidé à Bovidé; d'après M. Theiler, les inoculations de sang défibriné faites contre la peste bovine ont dû faciliter son extension. A la suite de l'inoculation, il se produit une poussée fébrile; les Trypanosomes apparaissent dans le sang, mais presque toujours en petit nombre; parfois même l'examen histologique du sang ne suffit pas à déceler leur présence. 1) Tr. Thcikri a été inoculé sans succès au cheval, au mouton, à la chèvre, au cobaye, au lapin, au rat, à la souris; il semble donc bien qu'il soit spécial aux Bovidés. Chez quelques moutons et chez quelques chèvres inoculés avec le sang contenant le Trypanosome, Theiler a observé une C. R., iyo3, 2' Semestre. (T. C\XXV, N" 18.) 9^ 7l8 ACADÉMIE DES SCIENCES. réaction fébrile, mais il n'a jamais constaté l'existence de Trypanosomes dans le sang. » Le Trypanosome vit de 5 à 7 jours dans le sang défibriné pur ou mélangé à du sérum de cheval ou à de l'eau physiologique; l'eau ordinaire le détruit rapidement. » Dans ma Noie antérieure j'ai donné, comme dimensions du parasite, Sof- de long sur 3H- à 4^^ de large; je n'avais mesuré qu'un petit nombre d'individus. Depuis lors, j'ai pu mesurer un grand nombre de parasites et j'ai constaté que la longueur pouvait varier de Sol'- à 65i^ et la largeur de al'- à 4'^-. Les formes les plus longues et les plus larges 'sont généralement en voie de division. » L'extrémité du Trypanosome est effdée {Jiff. i), le centrosome (c) est toujours assez éloigné du noyau («); la membrane ondulante (/w) est bordée par le flagelle qui devient libre à la partie antérieure ( /). Fig. I et 2, Tr. Theileri. La figure 2 représente Te Trypanosome en voie de division. — Fig. 3-5, Tr. transvaaliense. La figure 4 représente un Trypanosome au dernier stade de la division ; la figure 5, une petite forme envoie de division. Gr. : 1700 D. environ. )' La multiplication se fait par bipartition ; le centrosome et le flagelle, à son extrémité centrosomique, se divisent en général les premiers; !e noyau se divise ensuite en même temps que le reste du flagelle, enfin a lieu la division du protoplasme. » La figure 2 représente un Trypanosome à la première phase de la bipartition ; le centrosome est divisé ainsi que la base du flagelle. » Il n'est pas rare de trouver dans le sang des Bovidés du Transvaal, en même temps que Tr. Theileri, des Hématozoaires de la fièvre du Texas, Piroplasina higeininuin ; chez l'un des Bovidés dont j'ai examiné le sang il SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1902. 719 y avait de petits Spirilles de 71^ à 10!^ de long; M. Theiler n'a rencontré ces Spirilles que dans ce cas. » Les hématies présentent des altérations déjà décrites dans ma Note antérieure; la plus caractéristique de ces altérations est l'existence de fines t;ratiuIations basophiles dans un certain nombre d'hématies; cette altéra- lion paraît intimement hée à la présence des Trypanosomes (Theiler). " La manière dont la Gaiziekié se propage est encore douteuse. M. Thei- ler émet des doutes sur le rôle des tiques; il constate cependant que les tiques étaient nombreuses sur les animaux malades; il s'agit de Rhipice- phalus decolorcUus Koch. M. Theiler m'a envoyé des tiques recueillies sur des animaux atteints de Galziekté; malheureusement ces tiques sont mortes ])endant le voyage et leurs œufs ne sont pas arrivés à éclosion. « Au mois d'août 1902, M. Theiler m'a envoyé de Pretoria des prépara- tions de sang d'un bœuf dans lesquelles on voyait des Trypanosomes assez nombreux appartenant à une autre espèce que Tr. Theilen. Je donne à ce nouveau Trypanosome le nom de Tr. Uaiisvaaliense. » Tr. Iransvaaliense a des dimensions assez variables; dans une même préparation, on peut distinguer de petites formes qui mesurent, en moyenne, 18^^ de long (flagelle compris); de grandes formes qui atteignent 40*^ et jusqu'à 5o'' de long sur C' de large; enfin des formes moyennes, les plus communes, qui ont So'^ de long environ sur 4"^ à S^ de large. » L'extrémité postérieure est en général très effilée. « Le noyau, ovalaire, est situé vers la partie moyenne du corps du Try- panosome. » La situation du centrosome par rapport au noyau est caractéristique. » Dans tous les Trypanosomes connus jusqu'ici, le centrosome était situé loin du noyau, à peu de distance en général de l'extrémité posté- rieure; c'est même là une objection qui a été faite à l'interprétation que nous avons donnée, M. Mesnil et moi ('), du corpuscule cJiromatique auquel vient aboutir le flagelle chez les Trypanosomes. )) Chez Tr. Iransvaaliense, le centrosome, relativement volumineux et par suite facile à voir, est toujours près du noyau, souvent accolé à ce dernier comme cela est indiqué dans la figure 3. Le centrosome a, d'ordi- naire, une forme allongée; il se colore plus fortement que le noyau par la méthode que je préconise pour la coloration des Hématozoaires. (') Soc. de Biologie, 28 mars 1901, et Comptes rendus, i3 juillet 1901 720 ACADÉMIE DES SCIENCES. » L'objection tirée de la situation périphérique du corpuscule chroma- tique, que nous avons assimilé à un centrosome, tombe dans ce cas; or, il n'est pas douteux que les corpuscules chromatiques auxquels aboutissent les flagelles des autres Trypanosomes soient de même nature que le cen- trosome de Tr. transvaaliense. n Par suite du rapprochement du noyau et du centrosome, vers la partie movenne du corps, la membrane ondulante a, chez Tr. transvaaliense, beaucoup moins de développement que chez les autres Trypanosomes, Tr. Theileri notamment. » Le protoplasme, finement granuleux, se colore moins que celui de Tr. Theileri. » Tr. transvaaliense se multiplie par bipartition comme Tr. Theileri, mais les formes de division sont plus variées que dans cette dernière espèce. La figure 4 représente un Trypanosome de dimensions moyennes à la deriiière phase de la bipartition. On distingue : deux novaux, deux cenlrosomes, deux flagelles, deux membranes ondulantes; le protoplasme lui-même a commencé à se diviser. La figure 5 représente une petite forme au début de la bipartition ; la division ne porte que sur le centrosome et sur l'extré- mité attenante du flagelle. )) Le flagelle se divise dans toute sa longueur. » Quelques-unes des préparations avaient été faites avec du sang con- servé depuis 2'i heures. Dans ces préparations, beaucoup de Trypano- somes étaient agglutinés en rosaces plus ou moins régulières; l'aggluti- nation se fait par les extrémités postérieures comme chez Tr. Lenisi et Tr. Brucei. Le protoplasme de ces Trypanosomes, déjà altérés, contenait de grosses granulations chromatiques. )) Les hématies ne présentaient pas, dans ce cas, les altérations qu'on rencontre chez les animaux infectés par Tr. Theileri; on ne voyait pas de granulations basophiles dans les hématies. M Beaucoup de Trypanosomes étaient en mauvais état, même dans les préparations de sang desséché aussitôt après la sortie des vaisseaux, ce qui semble indiquer que le parasite est très fragile. » Le Bovidé porteur de ces Trypanosomes était infecté en même temps de Piroplasmose {P. bigeminum rares dans le sang) et de Peste bovine; on s'explique donc qu'il ait été impossible de faire la part des différentes infections dans les accidents observés. » On devait se demander si les éléments parasitaires que je viens de décrire ne correspondaient pas simplement à la phase de multiplication de Tr. Theileri; on sait que, chez Tr. Letvw' par exemple, on observe, pendant SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1902. 72 1 la i)hase de multiplication, des formes très différentes de celles qui existent dans le sang, cette phase terminée. J'ai écarté cette interprétation parce que l'accolement du centrosome au noyau ne s'observe jamais chez Tr. Theileri, même au moment de la division. 11 serait fucile de citer d'autres différences entre ces Trypanosomes (dimensions, variabilité des formes chez Tr. Iransvaaliense, altérations des hématies constantes dans un cas, faisant défaut dans l'aulre, etc.); le caractère tiré de la situation des centrosomes par rapport aux noyaux me paraît suffire pour justifier la création de deux espèces. » On a vu que Tr. Theileri était spécial aux Bovidés; il y aura lieu d'étu- dier à ce point de vue Tr. Iransvaaliense et de rechercher s'il est inoculable à d'autres animaux. » PHYSIQUE. — Sur l'égalité de la vitesse de propagation des rayons X et de la vitesse de la lumière dans l'air. Note de M. R. Bloxdlot. » Reprenons l'appareil décrit dans une Note précédente (' ), les fils de transmission ayant une longueur de 80*=™; comme nous l'avons vu, l'étin- celle du résonateur présente un maximum d'éclat lorsque le tube est à SS*^"" de la coupure. Nous laisserons de coté l'analyse théorique du phénomène |)our ne retenir que le fait observé, admettant seulement, ce qui est indu- bitable, que le maximum est dû à ce qu'il y a une distance du tube pour laquelle les rayons X illuminent la coupure pendant l'existence de la force électrique à cette coupure avec plus d'intensité que pour les autres distances. Nous désignerons par V- — ^ et V '- les vitesses de propa- sec. ScC» gation respectives des ondes hertziennes et des rayons X. M Après avoir déterminé la position du tube donnant le maximum d'étin- celle, allongeons les fils de transmission do a centimètres : la cessation des rayons X à la coupure est ainsi retardée de ^ sec; il faudra donc, pour rétablir la coïncidence des temps et retrouver le maximum, diminuer la Sa,, distance du tube à la coupure d'une longueur p telle que^r, = y- L'expé- 3 ^ Y rience donne ^, et par cela même, en vertu de l'égalité précédente, -^r (') Voir \\. I'loxdlot, Comptes rendus, t. (>XXXV, 1902, p. 666. ^22 ACADEMIE DES SCIENCES. » Des déterminations extrêmement nombreuses, dans lesquelles on a fait varier oc dans des limites aussi étendues que cela était possible, ont donné invariablement p = a. ; d'où il résuite que V — V au degré d'approxi- mation que comporte la détermination de la position du tube qui rend l'étincelle maximum. » Le Tableau ci-dessous contient les résultats d'une série d'expériences: la première colonne donne les valeurs de a; la seconde les valeurs corres- pondantes de p déterminées par mon aide M. Virtz; la troisième les valeurs de p déterminées par moi ; la quatrième les moyennes des valeurs précé- dentes de p. Chacun des nombres de la seconde et de la troisième colonne est la moyenne de cinq mesures. a. Virtz. Biondiol, Moyenne. - 7 - 6,5 — 5,9 - 6,2 + 9 + 8,9 -!- 1 0 , 5 + 9>7 -M 2, 5 + 1 a , 6 -I-I2 -(-12,3 + i5 +•4,5 -Hl5,I + i4,8 -1-25 -^24,5 -+-25.3 + 24,9 -l-3o -+-3o -l-3i ,0 -l-3o,5 -l-4o 4-89,6 -4-39,3 +39,4 -1-25 -+-23,2 + 2^,6 4-23,9 » On voit que les nombres de la quatrième colonne différent assez peu des nombres correspondants de la première pour que les différences puissent être attribuées à l'impossibililé de déterminer d'une manière très précise la position du tube qui rend l'étincelle maximum. La série des expériences, au nombre de 80, résumées dans le Tableau précédent, donne le résultat définitif suivant : en remplaçant a et [î par les moyennes de leurs valeurs, on trouve -^ = "fiTV D'autres séries d'expériences ont donné ^-^> -4t' Ces quotients sont très voisins de l'unité : ios mesures 139 i44 ^ isolées présentent parfois des écarts assez notables, comme on peut le voir sur le Tableau ci-dessus, mais l'influence de ces écarts a toujours disparu dans les moyennes d'un grand nombre de déterminations. J'ai vérifié que les valeurs de fi sont indépendantes de la grandeur et de la forme du réso- nateur. » Voici maintenant un autre genre d'expériences : dans celles-ci, on compense encore le temps que les rayons X enij)!oient pour franchir un certain espace par le temps que les ondes électromagnétiques emploient SÉANCE DU 3 NOVEMBRE [902. 728 pour parcourir une certaine longueur de fil; mais ici ce ne sont plus les fils de transmission que l'on allonge ou raccourcit, c'est le fil du résonateur. Les extrémités du résonateur étant écartées l'une de l'autre d'envi- ron o'^™,3, on leur soude respectivement les deux fils d'une petite ligne de transmission; à l'extrémité de celte ligne est adapté le micromètre à étin- celles, la nouvelle coupure étant ramenée à la position de l'ancienne en repliant la petite ligne sur elle-même. L'action de l'excitateur sur le réso- nateur y produit une onde hertzienne qui doit parcourir une certaine lon- gueur de fd pour aboutir à la coupure et y produire l'étincelle. Si donc on a allongé chaque moitié du résonateur de a centimètres, l'étincelle est retardée de y sec. et, pour obtenir le maximum d'étincelle, il faudra que la distance du tube à la coupure soit augmentée d'un nombre b de centimètres, tel que ^7 = y- La valeur observée de - donne celle de y* On remplace dans ce calcul h ci a par leurs valeurs moyennes dans les différentes expériences. Celles-ci, très nombreuses et concordantes, dans y lesquelles on a fait varier a de 0'='" à 25'='", ont donné Y = 0,93. Cette valeur s'accorde suffisamment avec les résultats de la première méthode, qui semble d'ailleurs plus précise, parce que le retard des ondes hertziennes y est mieux défini. » L'ensemble des résultats expérimentaux obtenus, tant par l'une que par l'autre méthode, peut se résumer ainsi : si à la longueur des fils de transmission on ajoute la distance du tube à la coupure qui donne le maxi- mum d'étincelle, et que l'on en retranche, s'il y a lieu, la longueur de la petite ligne ajoutée au résonateur, on obtient la longueur constante i33'='". » Remarquons que, dans l'une comme dans l'autre des méthodes décrites, le rapport -rr est obtenu sans que l'on ait besoin de connaître le détail des phénomènes : ce sont des méthodes de substilulion, analogues à la méthode de Borda pour les pesées. Il y a toutefois une complication : la position du tube qui donne le maximum d'étincelle est plus rapprochée de la cou- pure que si l'intensité des rayons X ne décroissait pas avec la distance; la décroissance de l'intensité suffit en eirel pour rendre décroissante une action qui sans cela ne croîtrait que très lentement avec la distance. Ce rapprochement est plus grand pour les petites distances que pour les grandes parce que la décroissance de l'intensité est plus rapide pour les petites distances. L'augmentation de b ou de p produite par celte cause ne ^24 ACADÉMIE DES SCIENCES. peut être calculée a priori, mais la concordance finale de tous les résultats indique qu'elle ne surpasse pas les erreurs d'expérience. » Résumons le contenu de cette Note et de la précédente : » En supposant «jono/-/ l'égalité des vitesses de propagation des rayons X et des ondes hertziennes, on a été conduit à prévoir que le renforcement produit par le tube sur l'étincelle devait passer par un maximum pour une certaine distance du tube. L'expérience a confirmé cette prévision . La même supposition a permis de calculer d'avance les déplacements que la position du tube correspondant à ce maximum devait éprouver, soit par l'allonge- ment des fils de transmission, soit par l'annexion d'une petite ligne au détonateur : on devait, en effet, pouvoir compenser le temps que les ondes électriques emploient pour parcourir une certaine longueur de fil par le temps que les rayons X emploient pour franchir une distance égale. Cette compensation s'est produite en réalité : des deux méthodes employées l'une a donné pour le rapport des vitesses 0,97 ('), l'autre 0,93. — D'autre part, il paraît impossible de donner une autre explication du maximum d'éclat de l'étincelle, de ses déplacements et des autres circonstances de ces phénomènes. L'ensemble de tous ces faits conduit donc à cette conclusion : La vitesse de propagation des rayons X est égale à celle des ondes hertziennes ou de la lumière dans l'air. » Il me reste à indiquer certaines observations faites au cours de ces recherches, et à décrire quelques expériences qui en confirment les résul- tats. » PHYSIQUE DU GLOBE . — Sur les lueurs crépusculaires récentes. Note de M. Peurotix. « Les crépuscules rouges de ces jours derniers ont été vus à Nice dès le commencement de la semaine dernière : l'Observatoire Bischoffsheim les a notés le 27 octobre, au soir, pour la première fois, en dépit d'un ciel très nuageux qui ne permettait guère de distinguer le phénomène qu'à la faveur de rares éclaircies . » Les 28 et 29 octobre, les conditions ne furent pas plus favorables et c'est seulement le 3o, par un ciel découvert, qu'il fut possible de l'étudier dans ses phases successives. (') Après une correction relative au revêtement isolant des fils de transmission. SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1902. 7^3 » Ce qui frappa, tout d'abord, c'est la couleur du Soleil au moment de sou coucher; le disque en était d'un rouge vif très accentué ; sans aucune déformation dans l'image, d'ailleurs. Il en avait été de même les jours précédents. » On vit ensuite un crépuscule extraordinairement lumineux, teinlé de bleu et de rose; suivi, enfin, vers l'ouest, d'un embrasement général de l'horizon, dont l'aspect rappelait, d'une manière frappante, les lueurs rougeâtres d'un immense incendie qui prend, dès le début, une extension rapide. » A l'instant de son plus grand éclat, la nappe lumineuse rouge, de forme à peu près circulaire (sans rayons, comme pour les aurores boréales), mais semblant plus étendue dans l'horizon, s'élevait de 20" à 25° au-dessus du Soleil couchant ( '), autant que per- mettaient d'en juger les limites nécessairement coid'uses et mal définies de l'apparition lumineuse. » Le maximum avait lieu 45 minutes, la fin de i'>20" à ii-So"^ après le coucher du Soleil. » Ces illuminations singulières nous ont remis en mémoire celles de novembre et décembre i883, janvier 1884, qui turent observées en divers points du globe et donnèrent lieu à une polémique d'autant plus intéres- sante qu'elle était très documentée. » Les uns, et non des moins autorisés, soutenaient qu'elles avaient pour cause des conditions météorologiques particulières de l'atmosphère ; quelques-uns en trouvaient l'origine dans les poussières cosmiques qui flottent en permanence, parait-il, dans les régions élevées de cette enve- loppe aérienne; d'autres, plus hardis et plus téméraires, les attribuaient aux poussières lancées, quelques mois auparavant, dans l'air, par la formi- dable éruption du Krakaloa. » Nous-même, invité par M. Dumas, alors à Cannes, à faire une enquête détaillée sur ce sujet et à prendre parti dans la question, publiâmes, en collaboration avec le regretté ThoUon, dans les Annales de Chimie et de Physique de 1884 (voir aussi Tome II des Annales de l'Observatoire de Nice), le résultat d'un travail qui concluait à un phénomène de diffraction, produit par les poussières extrêmement ténues projetées, quelques mois auparavant, par le trop fameux volcan du détroit de la Sonde. « Il faut convenir que les apparitions actuelles, si elles sont générales, rapprochées d'événements récents dont tout le monde a conservé le pénible souvenir, semblent donner raison aux partisans des causes volca- niques. » D'un autre côté, il faut reconnaître que les crépuscules rouges de 190a (') M. Javelle estime cette hauteur un peu plus grande. C. R., jyo2, i' Semestre. (T. CXXXV, N» 18.) 9" ^26 ACADÉMIE DES SCIENCES, ont lieu dnns les mêmes mois de l'année que ceux de i883, ce qui vient à l'appui des causes exclusivement météorologiques. M Toutefois, il existe, entre les phénomènes des deux époques, un caractère commun qu'il importe de faire ressortir. Dans les deux cas (la durée du crépuscule rouge du 3o octobre le montre clairement) le phéno- mène lumineux semble intéresser des régions de l'atmosphère dont cer- taines sont à 5o'*™, au moins, au-dessus du sol. » Est-il possible d'admettre qu'il existe de l'eau à celte altitude, sous une forme quelconque; à l'état vésiculaire, par exemple, comme il le faudrait? La chose est peu probable. » Espérons que les observations de ces jours-ci nous apporteront sur cette question de précieux renseignements. Les particularités signalées par les observateurs les moins prévenus ne seront pas les moins utiles; leur publication immédiate rendra plus facile la discussion des données qu'elles pourront contenir. » Malheureusement, les crépuscules rouges paraissent devoir durer moins longtemps, cette fois, qu'en i883; car, hier au soir déjà, i" no- vembre, le phénomène était, du moins à Nice, tout à fait sur son déclin et, chose curieuse, le centre d'illumination semblait notablement reporté au nord du point de l'horizon où le Soleil s'était couché. » Quoi qu'il en soit, il nous a paru opportun de rapproclier, dès main- tenant, les crépuscules étranges de 1902 de ceux de i883 et de rappeler les circonstances tristement célèbres qui ont précédé les uns et les autres. » S. A. le Prince de Moxaco fait hommage à l'Académie d'un Volume portant pour titre : « La carrière d'un navigateur, par Albert I"" , Prince de Monaco ». MÉMOIRES PRÉSENTÉS. CHIMIE ANALYTIQUE. — Analyse de neuf échantillons (fair recueilli dans les galeries d'une mine de houille, par M. Nestor Gréhaxt. « En poursuivant les recherches que j'ai entreprises sur la composition de l'air confiné, j'ai eu l'occasion d'analyser de l'air pris dans les galeries d'uiie mine de charbon en exploitation. » Voici le procédé qui a élé employé, suivant mes indications, pour faire les prises SÉANCE DU J5 NOVEMBRE 1902. 727 de "az ; ringéiiieur de la mine, en divers poinls des galeries, du i j octobre au 23 octobre, entre 8^ et lo*" du malin, vidait un flacon numéroté plein d'eau, puis introduisait dans coi la luvère d'un soufflet dont les manœuvres faisaient pénétrer dans le flacon de l'air ayant exactement la composition de l'atmosphère ambiante; aussitôt des bouchons de caoutchouc étaient enfoncés et maintenus à l'aide de fds de fer. » Dans tous les flacons il y avait une pression positive, qui déterminait sous l'eau l'expulsion de quelques bulles de gaz quand on enlevait le bouchon. » Dans chaque flacon, immergé dans l'eau, on a introduit un bouchon de caoutchouc, traversé par un tube de verre uni à une pompe à mercure, et Ton a recueilli, dans une cloche pleine de mercure et dans une cloche pleine d'eau, deux échantillons de gaz. » Le premier a été traité sur le mercure par la potasse et par l'acide pjrogallique, pour doser l'acide carbonique et l'oxygène; le second a été introduit dans mon gri- soumètre, qui est si sensible que i"^'"' de fomiène donne une réduction de 22 divisions. » 'Voici le Tableau des résultats ([ue j'ai obtenus : Flacons. carbonique. Oxygène. l-'ormcne. Azolc. 1 1,3 17,3 3,5 77,9 2 1,1 17,6 6,1 70,2 3 1,1 i7>6 4,6 76,7 i 1,2 16, 1 7,5 75,2 5 1,8 17,1 4,1 77>o (i 1,0 17,2 6,3 75,5 / 1,0 i8,o 4,6 76,4 8 1,1 17,7 4,7 76,7 9 1,1 17,8 4,4 76,7 » L'examen Jes chiffres montre, et c'est le résultat le plus important, que la proportion de formène a varié entre 3,5 et 7,5; or, le chiffre 3,5 pour 100 est déjà le double de cehii 1,87 que M. le Professeur Chesneau regarde comme une teneur exorbitante pour un puits de retour d'air; le chiffre 7,0 indique un véritable mélange détonant, puisque l'Inspecteur général des Mines Mallard a montré qu'il y a inflammation quand la pro- portion de grisou dans l'air est égale à 6 pour 100. » L'acide carbonique a varié entre i et 1,8 pour 100 : c'est une quantité qui diminue sensiblement l'exhalation pulmonaire de l'acide carbonique, comme l'ont démontré mes recherches sur ce sujet. » Enfin, la proportion d'oxygène était notablement abaissée, puisqu'elle était comprise entre 16,1 et 18, c'est-à-dire de 4,7 à -'-i^ an-dessous de la teneur de l'air pur, 20,8. » Je conclus qu'il me paraît utile d'établir, dans toute mine de charbon, un Laboratoire d'analyses eudiométriques et grisoumétriques, qui permet- nsS ACADÉMIE DES SCIENCES. trait de régler la venlilation pour que l'atmosphère flans laquelle vivent et travaillent les ouvriers mineurs soit aussi purifiée que possible. » CORRESPONDANCE . ASTRONOMIE. — Sur la résolution nomo graphique du triangle de position pour une latitude donnée. Note de M. Mairice d'Ocagne, présentée par M. Callandreau. « Nous avons fait voir (*) que tous les cas de résolution des triangles sphériques pouvaient se ramener à un abaque unique qui, par conséquent, s'il était construit à une échelle suffisante, résumerait à lui seul toute la Trigonométrie sphérique. Cela ne supprime pas l'intérêt de solutions spé- ciales applicables à tel ou tel cas particulier. Nous en avons déjcà signalé quelques-unes dans notre Traité de Homographie (°). En voici une, fort simple (puisqu'elle repose sur le simple alignement de points à une cote), qui s'applique à la résolution du triangle de position pour une latitude donné cp. » Si, posant, pour simplifier l'écriture. SI no = A, coso = k ('), on appelle, suivant l'usage, "( la dislance zénithale, M l'angle horaire, (D la déclinaison, on a, entre ces variables, l'équation (i) coss = Asin(D + AcostO cos.H. » Cette équation rentre dans un type bien connu auquel s'applique la méthode des points alignés avec deux échelles rectilignes et une échelle curviligne (") (dont le support est ici une ellipse). (') Bulletin astronomique, t. XI, 1894, p. 5, et Traité de Noniographie, p. 829. (^) Voir notamment p. 56, i'\(), 827. (') Pour I^aris, on a : /; = 0,75278, /,• =r o, 65822. (') Traité de Noniographie, p. 182. Un abaque à droites entre-croisées, obtenu par anamorphose, a été donné pour cette équation par M. Bigourdan dans ses Instructians sur l usage de l'équatorial (p. 5 et PL III). Sous peine d'offrir à la vue un enchevê- trement inextricable, cet abaque a dû être fractionné en trois. La méthode des points alignés écarte, dans tous les cas, la nécessité d'un tel IVactionnement. SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1902. 729 » L'amplitLKle de l'échelle (/H) étant double de celle de l'échelle ("C) (puisque Ai varie dans toute la circonférence, tandis que ^ ne varie que de 0° à 90°), nous prendrons ici pour la seconde un module double de celui /, d'ailleurs quelconque, de la première; et nous poserons donc u = — /cos.ll, if = 2/cOs'(, ce qui, si l'on se reporte à l'endroit cité ('), montre que l'équation (i) exprime, en appelant ^ un second module également quelconque, l'ali- gnement des trois points à une cote : (Al) x=-^, y= — lcosM, (^) x = c, r=2/cosC, _ ^ I — 2 /, cos tO _ ilhsinS) VV ^ — '^,H-o,/,C0S(0' -■*'— I + 2A-COSC0" » Les échelles rectilignes (Al) et (K), portées sur deux droites Am et Bf parallèles à Oj et équidistantes de cet axe, sont celles de \a fonction cosinus, construites avec deux modules, dont l'un est la moitié de l'autre. Si l'on appelle A et B les points de rencontre de Aw et Bc avec Ox, on voit que, ayant construit l'échelle (^) de o" à 90", on aura l'échelle (M) entre les mêmes limites en projetant la première à partir du point P de Ox, tel qnePB = — 2PA (-). La seconde partie de l'échelle (Al) est d'ailleurs symétrique de la première par rapport au point A, les cotes correspon- dantes étant supplémentaires. » L'échelle curviligne (ûô) pourra, suivant le procédé déjà employé pour l'équation de Kepler C), être engendrée au moyen de deux de ses projections, l'une (lD), faite sur Ox parallèlement à Oj, l'autre ([n(£i, ainsi qu'on le voit bien aisément en cherchant l'ordonnée à l'origine de la droite unissant le point ((3S) au point A. Comme on peut écrire y = - 2/cos(9o° — (O), on voit que l'échelle (tD)^ s'obtient en projetant l'échelle (C) sur Oy, a partir du point C de Ox tel que CO = - CB, les cotes étant en même temps remplacées par leurs compléments. » Finalement, les échelles (tO), et (10)2 étant obtenues, ainsi qu'on vient de le montrer, par projection de la seule échelle (C) [qui, déjà, avait donné l'échelle (-«)], les parallèles à Oj menées par les points de la première et les divergentes unissant le point A aux points de la seconde donnent, par leur rencontre, les points (cO) cherchés. » Nous nous proposons de construire effectivement, pour la latitude de Paris, le nomogramme dont la théorie précède. » (') Traité de Nomographie, p. i4. Le centre de projection s'obtiendra au moyen de deux points particuliers de l'échelle (ÛO), construits directement et joints aux points de même cote de l'échelle (Ç) : par exemple, ceux qui correspondent à ô) = 0° et (JD =^ 60°, pour lesquels on a ^ I — ik ^ I — A' X ^^ rj r «l ^' = 6 , ■ 1 -h 3 A 1 + k SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1902. 73 I ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les transcendantes Uniformes définies par les équations différentielles du second ordre. Note de M. R. Liorvii-Li: . « Dans une Noie présentée à l'Acaflémie le 8 septembre dernier et qui, par suite de circonstances particulières, n'est venue sous mes yeux que tout récemment, M. Painlevé s'est attaché à démontrer que l'analyse que j'avais indiquée, pour l'étude de certaines équations différentielles du second ordre, est illusoire. » M. Painlevé m'attribue cette conclusion : les équations pourraient être remplacées algébriquement par un système (f-Y I d:\ . d-z „/ d: (-) U = ''{'•' y--' Z-r)' Z^=Q(^-^''^'^ dont les équations intégrales peuvent être mises sous forme linéaire à l'égard des constantes arbitraires. » Il suffit de lire ma Note du i*''' septembre pour s'apercevoir que le mot algébriquement ne s'y trouve pas, en sorte que iM. Painlevé peut, sans me toucher en rien, regarder comme illusoire une conclusion qui n'est pas la mienne. » M. Painlevé insiste sur le nombre des fonctions arbitraires que com- porte l'intégration générale du système (2), tel que je l'ai voulu construire. Celle circonstance est tout à fait analogue à celle qu'on rencontre pour les intégrales d'un système diflérenliel quelconque; elle n'a rien qui s'oppose à la recherche d'un système (2), algébrique ou dépendant de transcen- tlantes déjà connues, s'il en existe un. » Celte recherche, à laquelle faisait allusion la fin de ma Note du i" sep- tembre dernier, n'est pas encore terminée. J'ajouterai que la question dont je me suis occupé ne coïncide pasavec celle qui a été traitée dans une Note récente. » Pour préciser, il n'est ni démontré, ni vraisemblable, que toute équa- tion irréductible, au sens de M. Drach, adopté par M. Painlevé, le soit aussi au point de vue que j'ai voidu étudier. » Il s'agit, dans le premier cas, de savoir s'il existe entre les variables, ■^32 ACADÉMIE DES SCIENCES. les deux intégrales de l'équalion proposée et leurs dérivées partielles, une équation algébrique, outre celle qui se déduit de la connaissance du der- nier multi})licaleur : c'est une propriété à laquelle les intégrales de l'équa- tion proposée sont seules intéressées. » J'introduis, au contraire, un système différentiel, réductible par sa construction même à la forme linéaire et dans lequel l'équation proposée se trouve comprise. Si l'on cherche à choisir ce système de telle façon que ses coefficients soient algébriques ou s'expriment à l'aide de transcen- dantes déjà connues, cette condition n'intéresse pas seules les intégrales de l'équation proposée, mais bien unensemhle de trois fondions, liées aux inté- grales du système différentiel qui contient celte équation. » Une même condition est donc appliquée, dans les deux cas, à des éléments de natures différentes. » PHYSIQUE. — Sur la formation des gouttes liquides et la loi de Tate. Note de MM. A. Ledcc et P. Sacerdote ('). (Réponse à MM. Pli.-A. Guye et L. Perrot.) « MM. Guye et Perrot partagent, comme on peut le voir, nos idées sur la formation des gouttes. Nous n'avons donc à répondre qu'à deux critiques relatives à nos expériences : » 1° Comme ces auteurs, nous avons observé que la masse des gouttes tombées augmente avec la rapidité de l'écoulement (-). )> Des usesures faites avec des vitesses d'écoulement quelconques n'ont aucun sens : aussi, nous sommes-nous bien gardés d'en faire de semblables. Dans nos expériences les gouttes se formaient toujours len- tement, aussi bien avec le mercure qu'avec l'eau; il ne faut donc pas chercher dans l'exagération de la vitesse d'écoulement l'explication du relèvement de notre courbe le long de l'axe des y. » 2° Contrairement à ce que l'on pourrait penser d'après une phrase des auteurs (p. 46i , lignes 8 et suiv. ), nos expériences ne constituent pas une (') Voir Guye et Perrot, Comptes rendus, t. CXXXV, p. 458 et 621, et Ledlc et Sacerdote, Comptes rendus, t. CXXXV, p. 96. (^) Nous n'avons pas signalé celte influence, que nous croyions bien connue. Pour le même motif, nous n'avons point parlé de l'influence de l'électrisalion, qui est éga- lement importante. SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1902. 733 vérification plus ou moins imparfaite de la loi de Tate. Elles montrent, au contraire, que cette loi ne se vérifie approximativement que dans certaines limites assez restreintes. On verrait encore, en se re|)ortant à notre Note, que nous n avons pas admis comme hypothèse la proportionnalité entre les masses des gouttes tombées et les tensions superficielles : c'est V expérience qui nous a montré qu'à égalité de diamètre d'orifice le rapport desdites masses était, pour le mercure et l'eau, 6,3 environ. » En raison de la variabilité bien connue des propriétés superficielles, ce nombre G, 3 nous a paru représenter suffisamment bien le rapport des tensions superficielles du mercure et de l'eau, et nous n'avons, d'ailleurs, dans tout ce travail, attaché aucune importance à des écarts de quelques centièmes. « ÉLECTRICITÉ. — Remarque au sujet d'une Note récente de M. Ponsot, sur la force électromotrice d'un élément de pile thermo-électrique, par M. H. Pellat. « Dans la Note dont il s'agit (^Comptes rendus, 27 octobre 1902) se trouve le passage suivant : M La détermination des températures absolues au moyen de la mesure » dey (4) (Pellat) demanderait la détermination de deux constantes et )) la connaissance de deux températures absolues, l'une d'elles ayant une » valeur donnée. » » Ce passage pourrait faire croire que la méthode que j'ai proposée : Méthode permettant d'évaluer en valeur absolue les 1res basses températures (^Comptes rendus, t. CXXXIII, 1901, p. 291) est identique à celle qui repose sur la relation (4) de la Note de M. Ponsot. Or, ma méthode est différente, car elle ne nécessite pas l'emploi de deux températures connues en valeur T absolue. Elle donne, en effet, directement le rapports^ de deux tempéra- tures absolues quelconques; par conséquent, il suffit d'avoir à sa disposi- tion une seule température fixe, connue en valeur absolue, celle de la glace fondante, par exemple, égale à 273 sur l'échelle centigrade, pour pouvoir déterminer sur celte échelle n'importe quelle autre température. » C. R., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N» 18.) 97 7^4 ACADÉMIE DES SCIENCES. ÉLECTRICITÉ. — Sur la résistance éleclriqne du sulfure de plomb aux très basses températures. Note de M. Edmoxd vax Aubel, présentée par M. Lippmann. « Les expériences ont été faites sur une tige de sulfure de plomb, obtenue en coulant le produit pur fondu dans une lingotière cylindrique au préalable fortement chauffée. Cette tige était ensuite limée et usée avec précaution, de manière à réaliser un cylindre qui avait 5™'", 9 de diamètre. Cette petite baguette de sulfure de plomb était munie à ses deux extrémités de pinces en laiton, qui permettaient de mesurer la résistance électrique de la tige par la méthode de Lord Kelvin. Pour assurer un contact plus certain encore on avait entouré, d'une étroite bandelette de feuille d'étain, les deux extrémités de la baguette de sulfure, avant de la fixer dans les pinces. « Les diverses températures ont été réalisées et mesurées, comme il a été indiqué dans ma précédente Note ( ' ). » Yoici les résultats des mesures, dans l'ordre où ils ont été obtenus : Températures. + 23° 3 + 44,4 + 61,55 + 81, 85 ( 20 août 1902) H- 20,2 — 74,9 — 62 — 53,1 — 44,6 — 3i,8 — 29,6 (27 août 1902) + 20,21 — .87,2 (28 août 1902) -+- 20,7 icsistances électriques de la tige en ohms. I0-»X 4:4 lO-'^X 5i6 10-=* X 55i 10-^ X 588 io-«x 46. 10-° X 278,5 lo-'x 3oi lO-^X 3i6 10-^ X 33i I0~^ X 354 10-^ X 358 10-5 X 469 io-° X 107,5 io-»x 47a » La résistivité du sulfure de plomb pur et coulé est donc 289,88 mi- cro/i/n.j-centimètre à la température de + 20°, 7 C. Cette résistivité diminue (') Comptes rendus, i5 septembre 1902. \^. 456. SÉANCE DU 3 NOVEMBRE igo2. 735 toujours à mesure que la température devient plus basse, en sorte que, clans l'air liquide, la résistance électrique de la tige étudiée est inférieure au - de sa valeur à la température de ■+- 20°, 7. Le sulfure de plomb coulé se comporte donc, entre les limites de température considérées, comme les métaux purs, et sa résistivité électrique est considérablement plus faible que celle de la pyrite naturelle FeS^ dont la résistance diminue quand la température s'élève : RésistiviLé électrique. Pyrite naturelle i3i3 x 10' microhms-centimètre à -t-ao" C. Sulfure de plomb 289,88 microhms-centimètre à -1-20°, 7 C. )) Si l'on trace la courbe qui exprime la variation de la résistance élec- trique avec la température, on constate qu'elle ne présente pas une forte courbure et que la quantité — est d'autant plus grande que l'on s'écarte davantage du zéro absolu. Enfin, après avoir été refroidi dans l'air liquide, le sulfure de plomb a repris sensiblement sa résistance électrique à + 20°, 7. » J. Guinchant (' ) a étudié le sulfure de plomb pur et coulé entre — aS" et H- 920°. D'après lui la résistivité peut être représentée de — 25° à -h 100° par la relation p, =z= 0,000298 (i + o,oo5oi^). « D'après mes expériences, la constante physique que nous étudions varie à peu près proportionnellement à la température, entre — 29°, 6 et -I- 81", 85. Toutefois, suivant J. Guinchant : » L'allure de la courbe entre -h 900° et — 25° fait prévoir une tangente horizontale et, par conséquent, un minimum de résistivité, mais à une température très basse, probablement inférieure à — 100". )) Mes mesures n'ont pas indiqué l'existence d'un tel minimum. » D'autre part, F. Streintz (-) a réalisé une tige, par compression de la poudre de galène (PbS). Entre + 3o° et + 200°, la conductibilité pouvait être obtenue par la formule R = a X T% dans laquelle T est la température absolue, a et a deux constantes. La C) Comptes rendus, séance du 26 mai 1902, p. 1224. (*) Sitzungsber. der Akad. der Wissens. Vienne, «éance du 6 mars 1902, p. 36i. 736 ACADÉMIE DES SCIENCES. résislivité diminuerait donc quand la température s'élève, contrairement aux mesures faites par J. Guincliant et aux nôtres. En outre, la galène ayant été placée par F. Streiniz dans l'air liquide, la résistance électrique est devenue considérable. Ainsi une tige vieillie de galène ayant 2'^" de lon- gueur eto'""',5 de section avait 28 ohms de résistance à +22° et 67 000 ohms environ dans l'air liquide. » J'ajouterai que la tige de sulfure de plomb coulé, utilisée pour mes mesures, était absolument massive et ne présentait aucune soufflure. » CHIMIE MINÉRALE. — Sur un chlorosulf aie d^ aluminium. Note de M. A. Recoira. « Dans une Note précédente (Com/?/« rendus, 21 juillet 1902) j'ai montré que, lorsqu'on porte à l'ébuUition une solution de sulfate de sesquioxyde de chrome additionnée d'un grand excès d'acide chlorhydriquc, la molé- cule de sulfate abandonne une partie de son acide sulfurique, comme elle le fait dans l'eau pure, et que ceux des hydroxyles de l'hydrate chromique, ainsi devenus libres par la séparation de l'acide sulfurique, fixent de l'acide chlorhydriquc, de sorte que l'on obtient un sel polyacide dans lequel les hydroxyles de la base sont saturés, les uns par de l'acide sulfurique, les autres par de l'acide chlorhydriquc. La solution abandonne en effet à la cris- tallisation un chlorosulfale CrSO^CI, 6H^O, dont j'ai décrit les curieuses propriétés. » Il était intéressant de savoir si le sulfate d'aluminium se comporterait de la même façon. J'ai obtenu dans les mêmes conditions, c'est-à-dire par cristallisation d'une solution de sulfate d'aluminium faite dans l'acide chlorhydrique bouillant, un composé tout à fait semblable, c'est-à-dire le chlorosulfate d'aluminium AlSO''Cl, 6H*0 ('). Sa préparation est calquée sur celle que j'ai décrite pour le chlorosulfate de chrome. On obtient ainsi un sel très soluble dans l'eau et à peu près insoluble dans l'alcool. On remarquera que l'on trouve dans ce composé les G"""' d'eau qui existent dans le chlorure d'aluminium AlCl', 6H-0, de même que l'on trouve dans le composé correspondant du chrome les 6™°' d'eau du chlo- rure chromique. » On peut se demander si le composé ainsi obtenu est bien un sel (') Trouvé : Al = I ; S0'=; 0,999; *-■' ^^ ' j002; H^O := 5,9. SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1902. 787 polyacide AlSO'Cl, on bien si c'est un sel double AP3SO'',AlCP pro- venant de l'union d'une molécule de sulfate d'aluminium avec une molé- cule de chlorure. Dans le cas du composé chromique, les propriétés du corps et les mesures cryoscopiques ne laissent aucun doute à cet égard, ainsi que je l'ai fait voir. Elles montrent que la solution aqueuse de ce sel renferme bien, au début, le composé CrSO*Cl, mais que ce corps instable est détruit peu à peu par l'eau, et que, au bout de quelques jours, elle ne renferme plus qu'un simple mélange Cr-3S0* 4- CrCP. » Dans le cas du composé aluminique, les mesures cryoscopiques montrent que sa dissolution dans l'eau n'est, même dès les premières minutes, qu'un simple mélange de sulfate d'aluminium et de chlorure. En effet, l'abaissement du point de congélation de la solution aqueuse de ce com- posé est la somme des abaissements du sulfate et du chlorure qu'il ren- ferme ('). Ainsi donc, tandis que le chlorosulfate de chrome n'est détruit que lentement par l'eau, celui d'aluminium est détruit en quelques instants. Par conséquent, l'étude de la dissolution ne permet pas de résoudre la question de la constitution du composé solide. » Mais, étant donné qu'il se produit exactement dans les mômes condi- tions que le composé chimique, qu'il a exactement la même composition que lui, on peut considérer comme vraisemblable qu'il a la même consti- tution, c'est-à-dire que c'est un sel polyacide. » Cette manière de voir est d'ailleurs confirmée par le fait suivant : si le composé était un sel double, on l'obtiendrait vraisemblablement en faisant cristalliser un mélange de sulfate et de chlorure dissous dans l'eau. Or, dans la cristallisation d'un tel mélange, il ne se forme pas trace de chloro- sulfate d'aluminium ; les cristaux que l'on obtient sont un mélange en pro- portions variables de sulfate et de chlorure, mélange qui, traité par l'alcool, lui abandonne la totalité du chlorure qu'il renferme, tandis que le chloro- sulfate est iniiécomposable par l'alcool dans les mêmes conditions. » Pour toutes ces raisons, on peut donc admettre que le chlorosulfate d'aluminium AlSO'Cl, GH-O a la même constitution que le chlorosul- fate de chrome CrSO^Cl, 6H-0. Or, j'ai fait voir que ce dernier corps est un composé complexe, que le chlore y est dissimulé et que, dans le même composé à 5*""' d'eau, l'acide sulfurique, lui aussi, est dissimulé. Il (') En ell'el, une solution renfermanl 4» du composé se congèle à — o", 5o. Or les quanlilés de sulfate et de chlorure qu'ils renfeiiiient produisent, à la même dilution, des abaissements qui sont respectivement o°,22 et o'',3o et dont la somme est o°,52. y38 ACADÉMIE DES SCIENCES. est donc probable qu'il en est de même dans le composé aluminique. Mais, tandis qu'on peut le constater pour le composé cliromique parce qu'il n'est décomposé que lentement par l'eau, on ne peut pas le faire pour le com- posé aluminique, puisqu'il est instantanément détruit par l'eau. )) Il en est de même pour toute la série des composés complexes du chrome que j'ai étudiés. On peut mettre en évidence leurs propriétés, parce que, quoique fragiles, la dissolution ne les détruit pas immédiate- ment. Il n'est pas improbable que des composés analogues existent pour l'aluminium, mais il est vraisemblable que ces composés, comme le chloro- sulfate d'aluminium, sont très rapidement détruits par la dissolution. » On devait s'attendre à ce que le sulfate ferrique donnât naissance à un composé analogue. Il n'en est rien. Dans les mêmes conditions, le sulfate ferrique donne naissance, non pas à un chlorosulfate, mais, d'une part, à du chlorure ferrique et, d'autre part, à un sulfate acide Fe*3S0%S0ni-, «H-O dont je poursuis en ce moment l'étude. » CHIMIE MINÉRALE. — Sur un procède général de formation des azotures métalliques. Note de M. Guxtz, présentée par M. A. Haller. « J'ai mesuré autrefois la chaleur de formation de l'azoture de lithium, et j'ai trouvé que Li' sol. -+- Az gaz. = Li^\z sol. -+- 4;^ ^', 5 ( ' ). » Si l'on fait réagir sur ce composé un chlorure métallique MCI, on a, pour la réaction, LiUz + 3MC1 = M'Az -f- 3Li Cl -t- Q calories. et ce nombre Q est en général très considérable car le chlorure de lithium est un des chlorures formés avec le plus grand dégagement de chaleur. Ainsi, pour la réaction suivante, six est la chaleur de formation de l'azo- ture ferreux, on a 2Li'Az H- 3FeCr- = Fe' Az- -4- 6 Li Cl + 24iC='',8 -h x. (') GuNTZ, Comptes rendus, t. CXXIII, p. 99J. SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1902. 739 » Il V a donc un excès considérable de chaleur disponible permettant la formation de Tazoture ferreux. » J'ai donc essayé cette réaction à cause de l'intérêt que présentent ces composés. La combinaison de l'azote avec le fer a été en effet très étudiée, et l'on a proposé de nombreuses formides pour représenter la composi- tion des produits obtenus; ainsi, notamment, les recherches récentes de M. G.-J. FoNvIer (') semblaient donner la formule Fe-'Az. « On obtient cependant facilement les azotures Fe'Az^,FeAz. » Pour obtenir razolure ferreux j'ai cliaufFé, en un point, dans une nacelle en fer, 18 de Li^Az avec los du chlorure double aKClFeCl*. L'incandescence se produit dans la partie chauffée et se propage dans toute la masse; je n'ai pas employé FeCl' pur, car la réaction est trop énergique. » On lave le produit obtenu dans une atmosphère de CO*, car il est très oxydable, et l'on obtient de l'azoture ferreux pur. C'est une poudre noirâtre, très oxydable à l'air et par l'eau aérée, soiuble dans H Cl étendu. » La réaction de Li^\z sur FeCl'KCl s'opère de la même manière, mais elle est plus énergique encore ; il faut pulvériser séparément les deux produits et les mélanger doucement dans la nacelle. Si l'on ne prend pas cette précaution, le mélange prend feu en projetant des étincelles, et le mortier est souvent brisé par suite du grand dégagement de chaleur. » Après refroidissement, le contenu de la nacelle est lavé à l'eau bouil- lante, puis séché à 100"; l'analyse montre que l'on a obtenu de l'azoture ferrique FeAz pur, composé noir qui, chauffé sur une lame de platine, devient incandescent en se transformant en oxyde de fer; il est beaucoup moins oxydable que l'azoture ferreux. » La réaction de Li'Az sur le chlorure chromique CrCP est également très énergique; en opérant comme pour FeCP, on obtient l'azoture de chrome Cr Az pur dont les propriétés sont celles indiquées par M. Ferée ( ^). » La stabilité de l'azoture de chrome m'a engagé à remplacer Li'Az par l'azoture de magnésium et l'expérience m'a montré que la double décom- position se produit de la même manière et est même plus facile à opérer. » Ce mode de formation des azotures me semble général et je compte le vérifier pour d'autres composés. » L'hydrure de lithium semble se comporter comme l'azoture dans ces doubles décompositions. (') G.-J. FowLER, Proceedings of the chemical Society, t. CCXVI, p. 309. (■-) Ferék, BuLlclin de la SociéCé chimique, 1901, p. 618. 74o ACADÉMIE DES SCIENCES. » Lorsqu'on cliaufl'e uu chlorure avec de l'hydrure de lithium, il y a, la plupart du temps, réaction et quelquefois avec explosion. » En chauflTant, par exemple, Li H -+- MgCl-, il y a réaction ; mais, en même temps, l'hydrure de magnésium se décompose presque complètement, par suite de la tempé- rature élevée de la réaction; avec le chlorure de palladium, la réaction se produit et le mélange prend feu, rien que parle mélange des substances. » Je m'occupe de détermiiier les conditions assez délicates permettant d'obtenir les divers hydrures métalliques, notamment en opérant sous de fortes pressions d'hydrogène. » CHIMIE MINÉRALE. — Sur le baryum-ammonium et Vamidure de baryum. Note de M. Mentrel, présentée par M. Haller. « M. Guntz a montré (') que le baryum et le strontium métalliques se dissolvent dans l'ammoniac liquide pour donner des composés mordorés semblables aux autres ammoniums préparés par M. Joannis (-) et par M. Moissan ('). » Nous avons étudié les conditions de formation du baryum-ammonium et ses propriétés. » Lorsqu'on fait passer du gaz ammoniac sur le baryum, on constate que ce métal ne s'attaque pas au-dessus de M- -iS". Au-dessous de cette température il se forme un produit solide rouge mordoré se transformant en un liquide bleu lorsque la tempéra- ture baisse au-dessous de — 23°. Vers — 5o° il se sépare un liquide huileux bleu foncé, peu soluble dans l'ammoniac liquide qu'il colore en'bleu pâle. » Au-dessous de — 23» ces composés sont stables; à partir de — iS", ils se trans- forment en amidure d'autant plus rapidement que la température est plus élevée. » Voici les tensions de dissociation du baryum-ammonium que nous avons observées en opérant toujours en présence d'un excès de baryum : Tensions en millimètres Température. d( ; mercure. —63 '9 -3r 38 -19 59 0 108 -I-19 5o7 -1-38 78.5 (') GuiVTz, Bull. Soc. des Sciences de Nancy. 1902. (■-) J0AN.MS, Comptes rendus, t. CIX, p. 900, 960; t. CXII, p. 392; t. CXllI, p. 790; t. CXV, p. 820. (^) Moissan, Comptes rendus, t. CXXVII, p. 685. SÉANCE DU 3 NOVEMBRE rgoa. 7^1 » Nous avons analysé ce composé par la méthode de M. Jonnnis, en rlierchant à diserses températures la composition du produit limité qui, en perdant une trace d'ammoniac, donne du baryum libre. On trouve ainsi : à o", Ba -+- 6, i Az H' ; à — 23°, Ba+6,3AzH^; à — 5o°, Ba + 6,97 Azll', les lensionsde ces composés étant, à tempé- rature égale, les mêmes que les tensions de dissociation indiquées précédemment. » A basse température, le baryum-ammonium renferme donc un léger excès d'am- moniac provenant de la dissolution de ce gaz dans le composé solide dont la formule semble être Ba(AzH')^ M. Moissan avait trouvé pour le composé analogue du cal- cium la formule Ca(AzH^)'. » Il semble donc que la proportion du gaz ammoniac combiné avec les métaux de cette famille augmente avec le poids atomique; pour le vérifier, nous nous proposons de déterminer la formule du strontittm- ammonium. » Les propriétés du baryum-ammonium sont semblables à celles des autres ammoniums; il prend feu au contact de l'air, se décompose très vivement par l'eau. « L'oxygène à basse température est absorbé en donnant un mélange de bioxyde de baryum et de baryte. » Avec le bioxyde d'azote, nous avons obtenu l'hypoazotite de baryum, solide blanc Ba (AzO)^. » L'action de l'oxyde de carbone sur la solution ammoniacale de baryum- ammonium nous a permis de préparer un composé nouveau, le baryum- carbonyle Ba (CO)-, corps solide, jaune, se décomposant sans explosion au contact de l'air et par la chaleur, soluble dans l'eau avec décomposition. » En faisant passer du gaz ammoniac sur le baryum chauffé dans une nacelle en fer, on constate que l'attaque a lieu à 280°. 11 se forme un liquide gris devenant vert, puis rouge lorsque la température augmente. Il se forme de l'amidure de baryum : Ba -t- 2 Az H'=: Ba ( Az H= )2 H- J1-. » A 460°, l'amidure fondu bout en dégageant un mélange d'azote et d'hydrogène dans le rapport -— = 3. » A 65o°, il se forme un produit solide, jaune orangé, fusible seulement à 1000°. En abaissant la température et en opérant toujours dans un courant d'ammoniac, les phé- nomènes inverses se produisent; le composé redevient liquide vers 1400°, puis se soli- difie à 280°. » Ces changements curieux sont dus à la transformation, par la cha- leur, de l'amidure Ba(AzH^)^ en azoture Ba'Az=, et, par refroidissement, de l'azoture en amidure, comme les analyses nous l'ont montré, ces réac- C. K., 1902, a' Semestre. (T. CXXXV, N" IS ) 9" 742 ACADÉMIE DES SCIENCES. lions étant accompagnées d'une décomposition illimitée de l'ammoniac en ses éléments. » En opérant dans le vide, nous avons obtenu de l'azotnre de baryum pur et exempt de fer. Il se produit donc, à chaque température, un équi- libre entre Ba'Az' et Ba(AzH*)-, d'après la réaction 3Ba(AzH-)-;^Ba^Az- + 4AzH'. » Nous avons vérifié que l'amidure de lithium donne nettement une transformation analogue, qui, probablement, se produit aussi pour l'ami- dure de sodium, mais en très faible proportion, aux températures où l'on peut opérer dans le vide sans dissocier totalement Na AzH^. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur quelques produits d'oxydation de l'aniline par l'oxygène de l'air. Note de M. C.-I. Istrati, présentée par M. Arm. Gautier. « On sait depuis longtemps que l'aniline brunit à la longue au contact de l'air et finit même par se résinifier. Quelle que soit la multiplicité des méthodes qu'on a employées pour essayer d'oxyder l'aniline, les résultats que nous allons faire connaître semblent prouver que la liste des corps résultant de l'oxydation de cette substance est bien loin d'être close. » L'air a une action 1res grande sur l'aniline portée à l'ébullition ; en même temps qu'elle s'unit à l'oxygène, elle se condense en différents groupements nouveaux. Pendant la réaction, on observe la production d'eau en quantité et, chose plus curieuse, d'un peu d'ammoniaque. » Dans un ballon surmonté d'un appareil réfrigérant, on introduit 25oS d'aniline pure. L'air préalablement séché y pénètre par un tube en verre; il est aspiré au moyen d'une trompe, réunie au tube abducteur du réfrigérant à reflux. » Après lo heures de chauffage, l'aniline se colore déjà en brun. Après lo jours, le liquide est noir et visqueux. Peu à peu il dépose, pendant la nuit, des cristaux noi- râtres. La masse est complètement solide à partir du vingt-cinquième jour. )) Cette masse, confusément cristalline, est jetée sur un filtre et lavée à l'alcool froid. Il reste sur le filtre une masse rouge brunâtre (A); à travers le filtre passe un liquide noir qui entraîne aussi l'aniline non oxydée (B). » On reprend à froid la masse (A) par le chloroforme qui dissout facilement une substance rouge foncé (C), et laisse sur le filtre une substance grisâtre franchement cristallisée (D). » Cette dernière partie est reprise dans un appareil à extraction, à chaud, d'abord par l'alcool, qui enlève une substance plus ou moins colorée en noir, cristallisable en SÉANCE DU 3 NOVEMBRE igo2. -J^'i longues aiguilles. Après plusieurs cristallisations et décolorations par le noir animal, on l'obtient en belles aiiiuilles incolores longues de plusieurs centimètres et fondant à 238°-239° : » L'analyse de ce corps a donné pour too : C =174,43; H = 5,96; Az -=13,23. A froid (So^-Sr). Arébullition. loos d'alcool en dissolvent 06,88 4'» 25 1005 de chloroforme en dissolvent os,o65 o^, i4i » L'acide azotique attaque ce corps et donne avec lui un mélange de plusieurs dérivés nitrés. » La partie facilement soluble dans l'alcool est extraite par le chloroforme. Après plusieurs cristallisations dans le toluène, on obtient un corps fusible à 25i°, en petites écailles incolores, luisantes et ressemblant au carbazol. » Le corps est indifférent, brûle difficilement pendant la combustion et paraît s'ap- procher de la formule O 11 //Az — C«1P\^ ' \\Az — CMl'' II o qui veut pour 100 : Cr=:-0,53; 11=4,24; Az:=II,7g, nous avons obtenu à l'anah se, pour 100 : 0=170,57; H=:5,i9; Az^ii,54. A froid (3i°-3a»). A l'ébullition. loos d'alcool en dissolvent ob,oio 06,842 loos de chloroforme en dissolvent os, 187 o?, 5o8 n Le dérivé nitré fusible à 347°, soluble dans l'alcool, contient pour 100 : C = 89,61 ; 11 = 2,98; Az = i9,54. » La partie soluble dans le chloroforme (G ) avec une forte couleur rouge est extraite à plusieurs reprises par l'alcool. On obtient aiii>i un corps cristallisé soyeux, de cou- leur rouge violacé, fusible entre 207° et 208°. » L'analyse a donné pour 100 : C = 80, 24 ; 11 ^ 6, 87 ; Az =r 1 1 ,45. » Cô corps paraît répondre à la formule (C«H5— AzH)»EEE C«H- _ O — CM1'= (Azli — G«H°)% qui veut pour 100 : 0 = 80,87; H = 5,68; A/. = 11, 75, et qui explique en même temps le caractère neutre de la substance. A froid (3i«-32°). A l'ébullition. roo*^ d'alcool en dissolvent o*,o57 o',34 loo'* de chloroforme en dissolvent. . o^,3S 8«, 26 744 ACADÉMIE DES SCIENCES. » Traité par le nilrite de sodium, en solution acétique, ce corps se colore iramédia- leinent en rouge de sang et se dissout plus facilement. Précipité par l'eau, on isole un composé cristallisé rouge, plus soiuble dans le chloroforme que dans l'alcool. Ce dérivé nitroséfond à 190°- 197°; l'analyse a donné pour 100 : 0 = 68,83 ; H = 4, 91 ; Az =1 1,96. » La partie (B) est distillée d'abord directement pour extraire l'alcool, puis dans un courant de vapeur d'eau pour chasser l'aniline. Le résidu est traité de la même manière que le corps (A). Des restes plus solublcs dans l'alcool on peut extraire, par l'eau, un corps incolore cristallisant en belles lamelles fusibles à iiC-iia". » L'analyse nous donne pour 100:0 = 69,76; ll = 6,8i;Az = io,2i. » Cette substance est très instable. Pendant la concentration des eaux mères au bain-marie, elle s'oxyde et se transforme en une masse rougeâtre, insoluble dans l'eau, qui paraît être le corps fusible à 207"-2o8°. » Quant an rendement, le corps rouge violacé se produit en très grande quantité; les corps fusibles à 25 1° et à i3g° se produisent presque en même proportion : approximativement 5 pour roo par rapport au composé rouge. Le corps fusible à iio"-! 12" se produit en très petite quantité. » Je me propose de présenter la suite de celte étude dans une Commu- nication ultérieure. » CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur une matière albuminoïde extraite du grain de maïs. Note de MM. E. Do\AnD et H. Labbk, présentée par M. A. Ditte. « Seul, parmi les matières albuminoïdes des céréales, le gluten des froments a fait, jusqu'à présent, l'objet d'études approfondies. Ritt- hausen (') a considéré le gluten comme un produit complexe formé de trois matières protéiques distinctes : la gluten-fibrine ou gluténine, la gliadine et la mucèdine. Ces matières se différencient surtout les unes des autres par leurs inégales solubilités dans l'alcool éthylique à diverses concentrations. M. Fleurent (^) a tiré un heureux parti de ces propriétés pour réaliser le dosage des proportions relatives de gluténine et de gliadine dans les diverses farines. » Par de l'alcool convenablement dilué et à l'aide d'épuisements métho- diques, on peut aussi, suivant Rilthausen ('), retirer du mais un mélange de matières albuminoïdes présentant un aspect analogue à celui des consli- (') Les corps protéiques des céréales. Bonn, 1872. (^) Comptes rendus, t. CXXIII, p. 827 et 754. (') Les corps protéiques des céréales, Bonn, 1872, p. ii5-ii-. SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1902. 745 tuants (lu gluten de blé, mais qui jouissent de propriétés chimiques les différenciant complètement des glutens de blé. » Ayant cherché à réaliser une méthode qui permît l'extraction des matières protéiques du maïs, non plus sous la forme visqueuse et gluante, plus ou moins facile à dessécher, que leur assigne Ritthausen, mais sous un aspect physique convenable et dans un état de pureté chimique absolu, nous avons reconnu la solubilité à chaud dans l'alcool iso-amylique d'une partie des matières protéiques du grain de maïs, parallèlement avec l'inso- lubilité absolue du gluten de blé dans le même solvant. » Du maïs réduit en farine est préalablement desséché et privé de son huile par un épuisement à la benzine cristallisable; on le souiiiet ensuite à l'épuisement à chaud par son poids environ d'alcool amylique anhydre. Au bout de 8 heures, la solution amylique estprécipitée par un excès (environ Uois fois son volume) de benzine cristal- lisable. La matière albuminoïde, à peu près complètement insoluble dans ce mélange, forme un précipité floconneux que l'on jette sur un filtre et qu'on lave à la benzine jusqu'à ce que les liquides de lavage ne contiennent plus trace d'alcool amylique. On sèche ensuite la matière dans le vide sec à basse température ou on l'étend sur du papier à filtre. Par évaporation de la benzine qui l'imprègne, il reste finalement une substance pulvérulente que l'on achève de priver de benzine dans l'étuve à 100°. » Si l'on extrait, par le procédé de Ritthausen, la masse impure des albuminoïdes du maïs, et qu'on traite celle-ci par l'alcool amylique, on la sépare en deux parties : l'une rigoureusement insoluble, l'autre soluble à chaud dans cet alcool. La dernière s'identifie complètement avec la matière extraite du maïs lui-même par le procédé décrit ci-dessus. Nous reviendrons ultérieurement sur les conditions de cette analyse immédiate. » La matière obtenue par l'une et l'autre méthode, que nous désignons sous le nom de maïsine parce que nous ne l'avons pas encore rencontrée dans les autres céréales ou légumineuses (sauf une minime proportion dans le sorgho), se présente sous l'aspect d'une poudre blanche, extrêmement fine et légère, ayant la composition centésimale suivante : C: 54,72; H: 7,63; Az: 16,90; S: 0,80; cendres : 0,06. » Du poids du soufre on déduit, pour la molécule, un poids minimum de 4000 qui correspondrait à une composition : C'"*H"'"Az'"0^' S. Cette formule exige les pourcentages suivants des éléments : C: 54,80; H : 7,5; Az : 16,00; S: 0,8. » La maïsine est insoluble dans l'eau à froid comme à chaud, ainsi que dans les diverses solutions salines. Cependant, par une longue ébuilition avec l'eau, elle s'hydro- lyse faiblement et donne à l'évaporation un léger résidu soluble. ^46 ACADÉMIE DES SCIENCES. » Elle est soluble dans les alcools niéthylique et élhylique et dans l'acétone. Sa solubilité est beaucoup plus grande à chaud et ses solutions dans ces divers solvants précipitent par refroidissement. La maïsine précipite également de ces solutions par Féther hydraté ou absolu, la benzine, les hydrocarbures, mais dans un état d'hydra- tation qui la transforme en une matière gluante se collant aux vases et donnant, par dessiccation, une matière jaune translucide et cornée. La maïsine est également soluble dans l'acétate d'amvle bouillant en très petite quantité, et ce dernier la laisse déposer à froid en poudre blanche. » Insoluble dans les solutions aqueuses acides (acide acétique à 2 et 5 pour 100), elle développe une odeur spéciale par ébullition au sein de ces dernières. Elle est soluble, au contraire, dans les solutions aqueuses de soude ou de potasse à i ou 2 pour 100 ou même plus faibles (vôVô)- Les solutions alcoolo-potassiques extrêmement étendues la dissolvent aisément. » Dans les alcools supérieurs, propyliqne, isobutylique, la maïsine est soluble comme dans l'alcool amylique. Ce dernier ne dissout, à froid, que des traces de maïsine; à chaud, au contraire, les quantités d'albuminoïde dissoutes atteignent 11 à 11,5 pour 100 du poids de l'alcool employé. » La teneur des maïs en maïsine est de 4 à 4» 5 pom- 100 environ. » L'étude des diverses céréales, légumineuses et maïs, relativement à leur teneur en maïsine, et, d'autre part, l'étude des propriétés chimiques et biologiques de cette dernière feront l'objet de prochaines Communica- tions. » CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur le dosage de l'oxyde de carbone et de V acide carbonique dans les airs viciés. Note de M. Ferdinand Jean, présentée par M. Amagat. « A côté d'intoxications aiguës et mortelles causées par l'oxyde de car- bone et l'acide carbonique, doat les exemples répétés et récents ont ému le public, les intoxications lentes, résultant d'un manque de venti- lation, de foyers de chauffage défectueux, de fissures ou de crevasses dans le corps des cheminées, ne sont pas moins dangereuses pour la santé; car, ces gaz n'affectant pas l'odorat, on n'en peut déceler la présence que par une analyse compliquée de l'air suspect, ou une expérimentation physiolo- gique très délicate. » Nous avons pensé que le corps médical ferait bon accueil à un appareil simple et pratique qui permettrait de faire rapidement, au point de vue de l'oxyde de carbone et de l'acide carbonique à dose anormale, l'examen des airs confinés, viciés ou suspects. SÉANCE DU 3 NOVEMBRE T902. 747 » L'appareil qui fait l'objet de cette Note nous paraît répondre aux con- ditions que comportait la solution de la question; il permet, en effet, non seulement de déceler la présence de traces d'oxyde de carbone, mais encore de déterminer quantitativement la dose d'oxyde de carbone et d'acide carbonique contenus dans l'air vicié, et cela automatiquement, sans exiger de l'opérateur des connaissances scientifiques, ni l'habitude des manipulations. » Notre appareil est constitué par trois flacons laveurs en verre, A, B, C, conte- nant chacun un réactif. Ces laveurs sont raccordés par un tube de caoutchouc à un aspirateur double, à renversement, de 10' de capacité, muni d'un niveau gradué par demi-litres, et dont le débit est réglé de façon à faire passer lentement l'air dans les laveurs, à raison de 10' par heure. » Le laveur C porte un petit tube de verre garni de ouate hydrophile, destinée à retenir les poussières en suspension dans l'air, sur lequel on fixe le tube de caoutchouc qui sert à puiser l'air, par aspiration, dans la pièce dont il s'agit d'étudier l'air. » Le laveur A renferme So"^"'" d'une solution de chlorure de palladium au millième, aussi neutre que possible. Sous l'action d'une certaine quantité d'oxyde de carbone, il se forme du palladium reconnaissable au dépôt noirâtre qui se produit d'abord, sur les parois des tubes, à la partie supérieure du laveur; on observe ensuite, si l'on pousse l'opération, la formation d'une poudre noire, et la décoloration partielle du réactif. » Le chlorure de palladium peut être remplacé, dans le laveur A, par une solution de nitrate d'argent ammoniacal, au centième, que l'on prépare en ajoutant, dans la solution ammoniacale de nitrate d'argent, du nitrate d'argent jusqu'à formation d'un commencement de précipité d'oxyde d'argent. » Nous avons constaté qu'une semblable solution filtrée, employée à froid, possède, à l'égard de l'oxyde de carbone, exactement le même degré de sensibilité que le chlo- rure de palladium. Sous l'action de l'air contenant de l'oxyde de carbone, ce réactif prend une légère coloration violacée, puis forme un précipité noir, si l'on fait passer un plus grand volume d'air contenant des traces d'oxyde de carbone. « Nous avons déterminé expérimentalement la sensibilité initiale de ces deux réactifs en faisant passer, dans le flacon laveur, de l'air mélangé avec des volumes déterminés d'oxyde de carbone, et nous avons constaté que les réactifs indiquaient la présence de l'oxyde de carbone lorsque S'"' à lo'"" d'oxyde de carbone dilués dans l'air avaient traversé le flacon laveur. )) Le deuxième flacon B contient S"^' de soude ou de potasse demi-normale, dans 45"^""' d'eau, colorée assez fortement avec du bleu d'iB. Expérimentalement, nous avons reconnu que, pour faire virer au bleu franc la teinte rouge violacé de l'indicateur, il fallait faire passer dans le laveur SS*^""' d'acide carbonique mélangé dans n'importe quel volume d'air. » C'est à dessein que nous avons diminué la sensibilité du réactif, afin de ne pas avoir à tenir compte de l'acide carboni4ue contenu normalement dans l'air, ou qui peut s'y trouver à petite dose ; l'air confiné ne devenant impropre à la combustion des 748 ACADÉMIE DES SCIENCES. bougies qu'à la dose de 4 à 5 pour loo on volume, il élait, en effet, inutile de déter- miner des doses d'acide carbonique inférieures à i pour loo. » Le laveur G contient de l'acide sulfurique à 66° Baume ; il est destiné à retenir les carbures d'hydrogène et autres composés organiques volatils, que l'air vicié par la respiration ou la combustion renferme souvent en petites quantités; la présence de ces corps est indiquée par la coloration jaune plus ou moins foncée que prend l'acide sulfurique au cours du barbotage de l'air dans le laveur. » L'a])pareil étant monté et mis en communication dune part avec l'aspirateur d'air et, d'autre part, au moyen d'un tube en caoutchouc, avec la pièce dont on se propose d'analyser l'air, il suffit d'ouvrir le robinet de l'aspirateur et de noter, d'après le nombre de litres d'eau écoulés, le volume d'aii- ayant passé dans les laveurs, pour que le réactif A indique la présence de l'oxyde de carbone et le volume d'air qui a été nécessaire pour faire virer au bleu le réactif B. » Sachant que 8™' à lo™' d'oxyde de carbone et SS'"' d'acide carbonique sont nécessaires pour influencer les réactifs A et B et connaissant les volumes d'air qui ont traversé le système de laveurs, pour produire ces lésultals, il devient très simple de calculer la teneur en oxj'de de carbone et en acide carbonique de l'air analysé. » Si, par exemple, il a fallu, pour influencer le réactif A, faire passer 20' d'air, on saura que cet air renferme de xôoôô ^ Tôfoô d'oxyde de carbone. Si, pour faire virer le réactif B, il a fallu 3' d'air, c'est que l'air analysé renferme 2,9 pour 100 d'acide car- bonique en volume. » Les essais qui ont permis d'établir la sensibilité initiale des réactifs ayant été faits avec de l'air à 18° C, on peut ramener les données analytiques fournies par l'appareil au volume d'air à o°G., ou, par application de la formule de dilatation de l'air, si l'analyse a porté sur de l'air à une terajjéralure différente de 18° C, au volume d'air à iSoQ. . » On voit que cet appareil permet de doser de,s quantités très faibles d'oxyde de carbone et d'acide carbonique, dans les airs viciés, par simple mesure du volume d'air ayant traversé l'appareil, résultats qu'on ne peut obtenir par les méthodes d'analyse gHZométrique les plus compliquées, au moins en ce qui concerne l'oxyde de carbone. » ZOOLOGIE. — Recherches sur le bourgeonnement de Rhabdopleura Nor- manni .1//. Note de MM. C. Vasey et A. Coxte, présentée par M. Alfred Giard. « Le bourgeonnement de Rhabdopleura Normanni aboutit soit à l'accrois- sement normal de la colonie, soil au remplacement d'individus déo;énérés. Dans les deux cas, l'évolution du bourgeon est identique. SÉANCE DU 3 NOVEMBRE T902. 749 » Dans le premier cas, le pédoncule d'un individu donne iatéralemenl un bourgeon plein, qui se développe en dehors de l'enveloppe cliilineuse et ne tarde pas à présenter deux régions : une région ovoïde, très volumineuse, qui formera l'épistome et, à la base de celle-ci, une masse pleine en forme de V inséré par la pointe, dont chaque branche est ie rudiment d'un des bras du lophophore. Plus tard, vers ce point d'inser- tion, le pédoncule se renfle latéralement, pour donner une masse allongée dans laquelle le rudiment du tube digestif apparaît sous forme d'une lumière contournée. Sur des coupes, ce bourgeon présente un épilhélium externe chargé de granulations pigmen- taires et entourant une masse mésenchymateuse dont les cellules forment la paroi du tube digestif. Le pédoncule s'allonge et l'animal sécrète son tube. » Dans le second cas, un individu adulte subit une dégénérescence analogue à une dégénérescence adipeuse. Il se charge de globules réfringents qui restent groupés plus ou moins longtemps. Celte dégénérescence commence par le lophophore, dont les ten- tacules secondaires disparaissent rapidement; puis elle gngne tout l'individu. Elle peut se limiter au lophophore, l'épistome et la masse viscérale. Alors le pédoncule régénère à son extrémité un nouvel individu. Le plus souvent, cette dégénérescence gagne le pédoncule et se continue jusqu'à la base de la loge dans laquelle vivait l'in- dividu primitif. En ce point, le pédoncule forme un bourgeon plein qui se développe à l'intérieur du tube et finit par reconstituer un nouvel individu. » Au cours d'une dégénérescence, il arrive que le tube s'enroule plus ou moins sur lui-même et que, dans son intérieur, les produits de la dégénérescence restent groupés en masses sphériques ou ovoïdes. Ces masses ainsi disposées ont été regardées à tort comme des statoblasles ou des hibernacula ; il est facile de se convaincre de leur carac- tère résiduel. » En résumé, une régénération des individus et nti bourgeonnement latéral de leur pédonoiile concourent à la conservation et à l'accroissement des colonies de lihabdopleura. Dans aucun cas nos exemplaires n'ont pré- senté d'individus blastogènes incomplètement développés et donnant sur leur pédoncule une série de bourgeons, ils diffèrent en cela de ceux étudiés [>ar Ray-Lankcster. » En ce qui concerne les affinités de H. Normanni, nous pensons que celte espèce doit être rapprochée des Bryozoaires endoproctes. La pré- sence d'une enveloppe tubulaire chitineiise sur le pédoncule est un carac- tère que l'on retrouve chez les endoproctes marins, tels que ceux du genre Barensia Hincks. Comme chez ces derniers, l'espace compris entre les vis- cères et la paroi du corps est comblé par un tissu mésenchymateux. Cer- tains caractères divergents, tels que ceux tirés de l'absence de néphridies et de la disposition des organes génitaux, peuvent résulter de ce fait que R. Norman /li est une espèce entièrement fixée sur un support rigide et dont la mobilité est limitée au calice qui sort ou rentre dans sou tube. C. B., 1902, 2' Semestre (T. CXXXV, N' 18.) 99 •joo ACADEMIE DES SCIENCES. Quanta la présence d'un tube sécrété par l'épistome, c'est là un caractère acquis secondairement, comme cela se voit dans divers groupes : Annélides, Rotifères, etc. )) Dans les phénomènes de reproduction, l'existence d'une régénération des individus rappelant la régénération périodique signalée chez Pedicelbna est encore un caractère de rapprochement entre les deux groupes. » ANATOMIE ANIMALE. — Sur la continuité ftbrUlaire des cellules èpithéliales et des muscles chez les Nebalia. Note de M. Ai-phoxse Labbé, présentée par M. Y. Delage. « On connaît un certain nombre d'exemples de fusions de cellules èpi- théliales et de fibres musculaires, mais diversement interprétées. Pour certains histologistes (Rohde, Frenzel, Nicolas, Manille Ide, etc.), il n'y a que des relations de contiguïté : les fdjrilles musculaires s'épanouissent entre les cellules èpithéliales pour s'insérer sur la cuticule. Pour d'autres auteurs (Leydig, Berlkau, Dubosq, etc.), il y a continuité de substance entre la cellule épilhéliale et la fibre musculaire. Nils Holmgren a trouvé récemment (1902) des exemples de continuité et de contiguïté chez le même animal. » J'ai trouvé chez Nebalia, où, du reste, Claus (') les avait déjà figu- rées en les interprétant différemment, des cas de continuité directe entre les fibrilles musculaires et les fibrilles èpithéliales, de sorte que les muscles semblent s'insérer directement sur la cuticule chitineuse : le fait, qui est surtout net pour le gros muscle adducteur de la carapace, serait banal en lui-même si je n'avais pu pousser plus loin celte étude, dont voici les prin- cipaux résultats : » Indisculablemenl, chez Nebalia, la fibrille épilhéliale est la conlinualioii directe de la myofibrille. Chaque fibrille épilhéliale se prolonge jusqu'à la culicule chitineuse et se termine à la limitante par une partie un peu plus élargie. Dans les cellules èpi- théliales qui sont en rapport avec de gros muscles, comme le muscle adducteur, les (') Clacs, Veber dcn Orgaiiismus der Nebaliden luid die systemallsche Stellung der Leptostraken {Aib. Iiist. Wien. t. VIII, PI. A'I,fig. 7). PourClaus, les fibrilles musculaires passent entre les cellules èpithéliales, ce qui n'est pas exact. SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1902. 75 I fibrilles sont résistantes, presque parallèles et ont la valeur de lono fibrilles. Je ne crois pas qu'elles soient chitinisées; en tous cas, dans la mue, elles persistent après le détachement de la cliitine. Dans d'autres cas, les fibrilles sont plus minces, et peuvent même se dicliotomiser. La cuUule épithéliale reste normale; les noyaux même per- sistent, quoique souvent atrophiés; ils sont toujours interfilaires. La fibrillalion, ici, n'est qu'une exagération de la dilTérenciation qu'on observe dans les autres parties de l'épilhélinm non en rapport avec les muscles. » L'épithélium cutané est liniité intérieurement par une basale mince, qui n'est qu'une simple limitante, et n'est nullement chitinisée (comme Glaus l'a observé chez Brancliipiis et Arternia). Au premier abord, la limitante basale semble se continuer très nettement au niveau du muscle, et, cependant, on voit très nettement chaque rnyo- fibrille se continuer directement par une tonofibrille. i> En examinant celte région de plus près, on voit que c'est au niveau des disques minces que se trouve la basale ; d'une façon constante, le dernier disque obscur est à la même distance du dernier disque mince que de la basale ; il est difficile de ne pas admettre que la basale n'est pas formée à ce niveau par les disques minces. Quel que soit l'état de contraction du muscle, la relation est la même. La dilférenciation du complexe histologique se fait donc au niveau du disque mince qui équivaut à la basale ; c'est là que se fait la séparation entre la tonofibrille épithéliale, non contrac- tile, et la myofibrille, contractile, et l'épithélium entier fonctionne comme un tendon non contractile ('). » Nous retrouvons ici un cas de inétamérie protoplasinique, suivant l'expression de M. Heidenhain (il serait mieux de dire inétamérie Jibfillaire), analogue à celui que ce dernier auteur vient d'étudier dans les lignes cimentantes d'Eberth ou mem- branes Z du muscle cardiaque (^). Là, comme chez Nebalia, ce sont les disques minces qui établissent la inétamérie. Seulement, pour le muscle cardiaque, la séparation se fait sur le trajet d'une myofibrille, tandis que, dans mon observation, le disque mince sépare la myofibrille d'une tonofibrille. En tous cas, nous trouvons ici une parenté nouvelle entre des formations qui semblent aussi différentes que les disques minces des myofibrilles, c'est-à-dire des microsomes, et les limitantes cellulaires. » Nous pouvons résumer ainsi les faits précédents : » a. Chez Nebalia, il y a continuité de substance entre la tonofibrille épithéliale et la myofibrille ; (') Je n'ai pas la prétention de donner ces faits comme une règle générale: il y a peut-être là un cas particulier, car d'autres auteurs, Dubosq par exemple, voient la striation musculaire commencer à une certaine distance, très variable, de l'épithé- lium ; mais, dans ce dernier cas, il serait intéressant de voir ce que sont devenus les derniers disques minces. (^) M. Heidenhain, Ueber die Slruktur des menschliclien Iferzniuskels (Anat. An:., t. XX, igoi, p. SS-jS, i3 fig., 2 pi., et lir^ebn. Anat., l. X, igoi,p. ii.5-2i4) 7^'-2 ACADÉMIE DES SCIENCES. " /', J^a séparation se fait au niveau des derniers disques minces, ceux-ci établissant nue vraie limitation fonctionnelle sur le trajet de la fibrille ; » c. Les derniers disques minces forment une membrane en continuité avec la hasale de l'épithéliiim qui n'est pas interrompue ; )> (I. L'épithélium entier fonctionne comme tendon du muscle. » PHYSIOLOGIE ANIMALE. — Le rythme vital. Note de MM. Vaschide et Cl.. Vl'RPAS. (i A la suite de recherches entreprises sur les modalités de l'automa- tisme soit biologique, soit psychologique, il nous a paru que, lorsque la vie semblait soustraite à l'action des centres supérieurs, elle se manifestait sui- vant un rythme périodique de dynamogénie et de repos se succédant régu- lièrement. » Nos recherches ont porté d'abord sur le système vaso-moteur. De courbes plétysniographiques obtenues lorsque l'action du cerveau sem- blait inactive ou diminuée, il semble résulter que, successivement et ryth- miquement, se font suite des périodes, caractérisées par des états de con- striction et de dilatation vasculaires, accompagnées de modifications concomitantes du pouls capillaire. Nos tracés ont été enregistrés dans divers états. Les uns ont été recueillis pendant le sommeil physiologique, d'autres ont été pris chez une hémiplégique du côté paralysé, le surlende- main de l'ictus; les autres ont été obtenus chez une .alcoolique, quelques jours après la cessation des accidents toxiques. Nos tracés facilitent l'intel- ligence du problème, par ce fait de la présence de modifications typiques, survenant d'une façon exacte et continue. Il s'agit d'une physionomie toute particulière de l'état des vaso-moteurs qui, indépendamment des modifi- cations physiologiques et psychologiques, paraissent évoluer selon leur manière d'être biologique. » Le type respiratoire de Cheyne-Stokes, lorsque l'action du cerveau est suspendue, semble définitivement admis aujoin-d'hui. Nous l'avons d'ail- leurs vérifié plusieurs fois, soit cliniquement à la suite de lésions trauma- tiques de l'encéphale (écrasement d'un hémisphère par un traumatisme crânien) et chez lui anencéphale, soit expérimentalement dans des cas de compression cérébrale provoquée par l'injection de liquide dans la cavité ventriculaire chez des chats. SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1902. ^SS » Dans un c,\s d'anencéphalie, qu'il nous a été donné d'observer chez un enfant (') qui vécut 2 jours environ, le cœur battait par salves ryth- miques périodiques. » L'examen de l'élat moteur chez certains aliénés nous a révélé, dans les divers groiqjes de la pathologie mentale (paralysie générale, démence, manie, stupeur, etc.), certains mouvements, gestes ou attitudes, certaines expressions mimiques, certains mots, certaines phrases, revenant pério- diquement et rythmiquement, et trailuisant le déséquilibre psychique, l'absence d'une coordination maîtresse de l'activité mentale. Voici, sous forme de Tableau, la périodicité observée dans la réapparition rythmique et successive des divers états psycho-musculaires enregistrés. » Démente. — Attitude de défense, revenant toutes les 9 minutes. » Démente. — Claquement des lèvres et de la bouche, revenant toutes les 3o secondes. » Paralytique générale. — Répétition d'une même série de chiffres, revenant toutes les 2 minutes. » Délirante systématique. — Geste de colère avec plainte, revenant toutes les 4 minutes. M Mélancolique anxieuse. — Masque du pleurer, revenant toutes les 2 minutes. » Maniaque. — Renversement de la paupière en dehors, avec grimace de la bouche, revenant toutes les 2 minutes. » Le rythme et la périodicité semblent de la sorte traduire les manife^- tations rudimentaires-de la vie biologique et mentale, lorsque les éléments qui la composent évoluent pour leur propre compte et semblent soustraits à l'action d'un centre coordinateur et régulateur. On peut rap|)r(icher nos expériences des résultats si intéressants obtenus par MM. A. Broca et Ch. Richet sur la période réfractaire des centres nerveux (-) et de leur conception vraiment nouvelle de la vibration nerveuse. Nous avons d'ailleurs pu confirmer expérimentalement leurs résultats. (•) Vaschide et Vlhpas, Contribution à l'étude psycho-physiologique des actes vitaux en l'absence totale du cerveau chez un enfant {Comptes rendus, séance du lundi II mars 1901, p. 64i)- — ^"^ "'*^ biologique d'un anencéphale {Revue géné- rale des Sciences, 1901, p. 378-381). (^) Andkè BiiocA et Ch. Hicuet, Période réfractaire dans les centres nerveux {Archives de Physiologie, 1897, p. 864-88o). .^54 ACADEMIE DES SCIENCES. » Le rythme et la périodicité seraient ainsi la caractéristique propre de la vie, de cet équilibre toujours instable, et seraient la traduction exté- rieure de ces deux qualités qui expriment l,i vie, à savoir la dynaiiX.sîénie et !e repos, se succédant périodiquement et rylhmiquement. Los centres supérieurs auraient un rôle de coordinateur psycho-dynamique, réglant la machine vitale selon un équilibre ()ius stable, grâce à cette propriété supé- rieure et véritablement spécifique, réelle force active, qui est Yinhibition. » M. H.-L. Malkcot adresse une Note intitulée : « De l'équilibre du ballon libre et indépendant, réalisé à toute altitude, sans communications avec la surface terrestre ». (Renvoi à la Commission de l'Aéronautique.) M. CiPRiAxi adresse une nouvelle Note relative aux volcans. A 3 heures trois quarts l'Académie se forme en Comité secret. COMITÉ SECRET. T/Aradémie décide d'adjoindre à la Commission de l'Aéronautique MM. Jaxssex, Bouquet ue la Grye, Violle. La séance est levée à 4 heures un quart. M. B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Ouvrages reçus dans la séance du 27 octobre 1902. Connaissance des Temps on des mouvements célestes pour le méridien de Paris, à l'usage des astronomes et des navigateurs, pour l'an 1903, publiée par le Bureau des Longitudes. Paris, Gautliier-Villars, 1902; i vol. in-8". (Présenté par M. le Général Bassol. ) SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1902. ']^5 Annales de l'Observatoire astronomique, magnétique et météorologique de Toulouse, t. V, publiées sous la direction de M. B. Baillaud, Directeur de l'Observa- toire. Toulouse, E. Privai; Paris, Gauthier-Villars, 1902; i vol. in-4''. (Présenté par M. B. Baillaud.) Léonard de Vinci, peintre-ingénieur hydraulicien, par M. Â. Ronna. Paris, Ph. Renouard, 1902; i fasc. in-4°. (Présenté par M. Haton de la Goupillière.) La Géologie générale, par Stanislas iMeunier, avec ta gravures dans le texte. Pans, Félix Alcan, 1908; i vol. in-8°. (Présenté par M. Mbert Gaudry.) Recherches sur les aciers au nickel à haute teneur, par L. Dumas. (Présenté par M. H. Moissan.) Les archiatres normands, par Louis Duval. Caen, imp. E. Lanier, 1901 ; i fasc. in-8°. Annales de la Société d'émulation du département des Vosges, 78' année, 1902. Épinal, Ch. Hugenin; Paris, Aug. Goin, 1902; i vol. in-8°. L'œuvre mathématique d'Ernest de Jonquières, par GiNO Loria. (Extrait de Bibliolheca matematica; Fo\ge 111, Heft 3.) Leipzig, B.-G. Teubner, 1902; i fasc. in-S". (Hommage de l'auteur.) Elenco délie pubhlicazioni matematiche di Ernesto de Jonquières. (Extrait du Bollettino di bibliografia e sloria délie Scienze matematiche, juillet-sept. 1902). Turin, G. Claussen; i fasc. in-8°. Some investigations relating to the océan currents in the sea between Norway, Scotland and Greenland, by G. Ryder. (Extrait de The nautical-meteorological annual of the Danish meteorological Institute. 1901.) i fasc. in-/»". (Transmis à l'Académie par M. le Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, au nom de M. le Ministre des Affaires étrangères.) Discurso leido en la Universidad central, en la solemne inauguracion del curso academico de 1902 a igoS, por el Doctor D. Blas Lazaro e Ibiza. Madrid, 1902; I fasc. in-S". Yearbook of the United States department of Agriculture, 1901. Washington, 1902; I vol.in-S". Alm.anaque nautico para el ano 1904, calculado de ordende laSuperioridad, en el Inslituto y Observatorio de Marina de San Fernando. San Fernando, 1902; I vol. in-4». Anales de la Oficina meteorologica argentina, por su Director Gualterio G. Davis; t. XIV. Buenos-Ayres, 1901 ; i vol. iii-4". Report of the chief of the Weather Bureau . 1900-1901 (in two volumes), Vol. 1. Washington, 1901 ; i vol. in-4°. Annuario publicado pelo Observatorio de Rio de Janeiro, para o anuo de 1902; anno XVIII. Rio Janeiro, 1902; i vol. in-12. TvK'cnty-fifth anniver sa ry of the American chemical Society; New-Vork city, april 1901. Easton, Pa., 1902; i vol. in-8°. 756 ACADÉMIE DES SCIENCES. Ouvrages ufçus dans la séance bi: 3 novembre 1902. La carrière d'un navigateur, par Albert I"""", Prince de Monaco. Paris, Plon- Nourrit et C'", 1902; i vol. in-8". (Hommage de l'auleur.) La fièvre (juarle; étiologie, (h-olulion, irailemenl. formes dissociées de l'accès quarte, par le D' Emile Legrain. Paris, Maloine, 1902; 1 fasc. in-S". Célébration du centenaire de Michel Basilevilch Ostrogradski. Poliava, 1902; j fasc. in-S". On some phenomena which suggert a short period of solar and meteorolngical changes, by Sir Norman Lockyer and William J.-S. Lockyer. (Extr. des Proceedings of the Royal Somety, Vol. 70.) i fasc. in-8". Recherches géologiques et pétrographiques sur l'Oural du Nord, dans la Rastesskaya et Kizelowskaya-Datcha (Gouvernemenl de Perni), par Louis Duparc et Francis Pearce; I"' Partie, avec 3o figures, i carte, 3 planches et 16 clichés dans le texte. Genève, W. Kundig et fils, 1902; i fasc. in-4°. (Hommage des auteurs.) Catalogue of Canadian plants; part VII : Lichen.es and Hepaticœ, by Joun Macoun. Ottawa, 1902; 1 vol. in-8°. Die Patina, ihre naliirliche und kïtnstliche Bildung auf Kupfer und dessen Legierungen, bearbeilet v. L. Danino u. E. Seitter. Vienne, A. llartieben, igoS; I fasc. in-i2. Chronographical table for tabacco, by D'' Prof. O. Comes. Naples, 1900; 5 feuilles in-f°. (Hommage de l'auteur.) Archives italiennes de Biologie, revues, résumés, reproductions des travaux italiens, sous la direction de A. Mosso ; t. XXXVIII, fasc. 1. Turin, 1902; i fasc. in-8°. Quensland geographical journal, 17''' session, 1901-1902; Vol. XVII. Brisbane, 1902 ; I vol. in-8". Miltheilungen der naturhisv '-' 'len Gesellschaft in Colniar ; neue Folge, Bd. VI, Jahre 1901 und 1902. Colmar, Decker, 1902; i vol. in-S". Wiener Luftschiffer-Zeitung, herausgegeb. v. Victor Silberer ; Jahrgang I, Num. '2, 3, '1, !). Vienne, 1902; 4 fasc. m-ti". {A suivre.) GAUTHIER-VILLARS, Imprimeur-Éditeur, QUAI ni;.s GnANns-.VLGusTixs, J">. V pvnis ( fi''). COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, PUBLIÉS PAR LES SliCR É ï AI H i: S PERPÉTUELS. Par décision do l'Académie des Sciences, les prix iV- l'abonnement et des collections sont désormais fixés ainsi qu'il suit : PRIX DE L'ABONNEMENT : Paris . 30 fr. | Départements 40 fr. | Étranger 44 fr. Chaque année, sauf i845, 1878 à 189a, 1896 à 1898, se vend si parement 25 fr. Chaque volume, sauf les Tomes 20, îl, 70 à 108, 110. 112, I 11, 11^, 122 i" S'^l.se vend sépfi- remeiit , ^ TABLES GÉ TABLE GÉNÉB\LE des Tomes 1 à :il (iS3J-i8r) _ Tomes 3'2 à 61 (i85[-i86. -'• — Tomes 62 à 91 (1 866-1 88^ — Tomes 92 à 121 (1881-189 Chaque Volume iks Tables générales compren ot une Table par mat W 18. TABLE DES ARTICLES. (Séance du 5 novembre 1902.) MEMOIRES ET COMMUIVIGATIOIVS OKS MRMRliKS ET DES CORRESPONDANTS DB L'ACADÉMIE. Pages. M. A. L.WERAN. — Au sujet de deux Trypa- nosomes des Bovidés du Transvaal 717 M. R. Bloxdlot. — Sur légalité de la vitesse de propagation des rayons X et de la vitesse de la hiniière dans l'air 721 M. Permtik. - Sur les lueurs crépuscu- Pagcs lalres récentes 7 '4 S. A. le Prince de Monaco fait hommage à l'.\cadémie d'un Volume ayant pour titre : « La carrière d'un navigateur, par Al- bert /"■. Prince de Monaco >> 726 MÉMOIRES PRESENTES. M. Nestor Gbéhant. — Analyse de neuf échantillons d'air recueilli dans les gale- ries d'une mine de houille 726 CORRESPONDANCE. M. Maurice d'Ooacke. — Sur la résolution nomographique du triangle de position pour une latitude donnée M. R. LiouviLLE. — Sur les transcendantes uniformes définies par los équatrons aiffé- rentiilles d" second ordre M. ,\. Lciiuc et P. Sacerdote. — Sur la formation des gouttes liquides et la loi de Tatc M. H. Pellat. — Remarque ai: sujet d'une ^'ote de M. Ponsot, sur la force électro- motrice d'un élément de pile thermo-élec- trique M. Edmond van Aubel. — Sur la ré>istance électrique du sulfure de plomb aux très basses températures ■ . ■ M. \. RECotrRA. — Sur un chlorosulfate . d'aluminium M. GUNTZ. — Sur un procédé général de for- mation des azolures métalliques .M. Mentrel. — Sur le baryum-ammonium et l'amidure de baryum M. C.-L IsTliATi. — Sur quelques produits 781 732 733 736 73s 740 d'oxydation de l'aniline par l'oxygène de l'air MM. E. DoNARD et H. Labbi;. — Sur une ma- tière albuminoïde extraite du grain de mais M. Ferdinand Jean. — Sur le dosage de l'oxyde de carbone et de l'acide carbo- nique dans les airs viciés MM. C. Vaney et A. Conte. — Recherches sur le bourgeonnement de Rhabdopleura Nornianni Ail M. Alphonse Labbé. — Sur la continuité fibrillaire des cellules épithéliales et des muscles chez les Nebalia M.M. Vaschide et Cl. \uri'as. — Le rythme vital M. H.-L. Malécot adresse une Kote inti- tulée : » De l'équilibre du ballon libre el " indépendant, réalisé à toute altitude, sans communications avec la surface terrestre. .M. Cipriani adresse une nouvelle Note rela- tive aux volcans 742 7^» 7J0 753 75-i 754 COMITE SECRET. M'-mbrfS adj"ints à la Commission de l'Aéro- - nautiqi"^ : M-^L Janssen, Bouquet de la HullC''^' bihliouhapiiioi k Orye. V'iolle 754 754 P VIUS. - IMPRIMERIE GA.UrrIIER-VILLARS, Quai des Grands-Augusiins, 55. le Cérant: Gautuibr-Villars. ^02 1902 -^oU,^ SECOIVD SEMESTRE. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES Séances" DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. TOME CXXXV. ISM9 (10 Novembre 1902). ^^ PARIS, GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, Quai des Grands-Augustins, 55. 1902 RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875 Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de r Académie se composent des extraits des travaux de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes présentés par des savants étrangers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. 26 numéros composent un volume. Il y à deux volumes par année. Article ^•^ — Impression des travaux de l'Académie. Les extraits des Mémoires présentés par un Membre ou par un associé étranger de l'Académie comprennent au plus 6 pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o pages par année. Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans le Compte rendu àe la semaine que si elle a été remise le jour même de la séance. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires ; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par les Correspondants de l'Académie comprennent au plus 4 pages par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de Sa pages par année. Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis- cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca- démie ; cependant, si les Membres qui y ont pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les re- mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion. Les Programmes des prix proposés par l'Académie sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap- ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'au que l'Académie l'aura décidé. Les Notices ou Discours prononcés en séance .blique ne font pas partie des Comptes rendus. Article 2. — Impression des travaux des Savan étrangers à l'Académie. Les Mémoires lus ou présentés par des persoi qui ne sont pas Membres ou Correspondants de 1' demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un sumé qui ne dépasse pas 3 pages. Les Membres qui présentent ces Mémoires tenus de les réduire au nombre de pages requis Membre qui tait la présentation est toujours nom mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Ex autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le pour les articles ordinaires de la correspondance cielle de l'Académie. Article 3. Le bon à tirer de chaque Membre doit être ren l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tan jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à ter le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compte re actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu vaut et mis à la fin du cahier. Article 4. — Planches et tirage à part. Les Comptes rendus ne contiennent ni planches figures. Dans le cas exceptionnel où des figures sera autorisées, l'espace occupé par ces figures comp pour l'étendue réglementaire. Le tirage à part des articles est aux frais des teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapport les Instructions demandés par le Gouvernement. Article 5. Tous les six mois, la Commission administrative un Rapport sur la situation des Comptes rendus aj l'impression de chaque volume. Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du ( sent Règlement. Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés d déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5\ Autrement la présentation sera remise à la séance suivi •02 ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 10 NOVEMBRE 1902. PRÉSIDÉE PAR M. ALBERT GAUDRY. MÉMOIRES ET COMMUIVICATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les transcendantes uniformes définies par l'équation y" = 6 y- -h x. Note de M. Paul Pai\levé. « 1. Avant de développer quelques conséquences de V irréductibdité absolue de l'équation d' y dz ,, ., (dy \ je voudrais répondre brièvement à la dernière Communication de M. R. Liouville. » M. Liouville pense que la question reste ouverte de savoir si l'équa- tion (i) n'est pas réductible en un certain sens qu'il introduit, et il se pro- pose de continuer ses recherches h. ce sujet. Mais il se trompe : cette question, comme toutes les questions analogues, est tranchée définitivement par ma Note du 27 octobre. M. Liouville peut poursuivre ses calculs dans la voie qu'il tente ou dans toute autre voie : il ne saurait aboutir qu'à un résultat négatif. 1) Mais il ne s'agit pas des recherches que M. Liouville compte faire. Il s'agit de celles qu'il a faites. » Dans sa Note du i^"" septembre 1902, M. Liouville a prétendu démontrer que L'équation (1) est réductible à une équation linéaire du qua- trième ordre, ainsi d'ailleurs que toutes les équations nouvelles, à intégrale uniforme, que j'ai formées. » Maintient-il cette affirmation? » Si oui, qu'entend-il exactement par là? G. R., 1902, 2- Semestre. (T. CXXXV, N« 19.) lOO ^58 ACADÉMIE DES SCIENCES. » Quelque forme ([ii'il donae à sa proposition, M. Lioinitle n'a le choix qu'entre un truisme (évident pour n'importe quelle équation différentielle) ou une erreur. » J'arrive maintenant à quelques propriétés de l'équalion (i) qui découlent de son irréductibilité. » 2. De l'intégrale de l'équation (i ) considérée comme fonction des con- stantes. — Soient a^, v^,, ;,, les valeurs initiales qui définissent une solu- tion y(jc) de ré(]nation (i). J'ai montré (') que j(a) est le quotient de deux fontions e«^«'e>« H, R dea;, a-„, y,,, r„; ces fonctions sont représen- tables par des séries de polynômes en a-, r,,, \\, :-^, séries qui convergent pour toutes les valeurs des variables et dont les coefficients s'obtiennent par des dérivations successives effectuées sur (i). Une conséquence immé- diate de madernicre Communication, ceslqxnt la fonction y regardée comme fonction de y„ seul (ou de :■„) ne vérifie aucune équation différentielle algé- brique. La même proposition s'applique à :-, ainsi qu'aux fonctions en- tières H, R. Voici donc, introduites par la théorie même des équations différentielles, des fonctions méromorphes telles que y = o(j„), ou holo- morphes, telles que H(j„), qui, de même que la fonction T, sont « trans- » cendentallv transcendental », j'entends ne satisfont à aucune équation différentielle algébrique (d'ordre si élevé qu'elle soit). D'une façon plus précise encore, soit y = ç(a-,a-„, _}■„, ;„ ), z ^ij(x,x^^, y^,z^) l'intégrale générale de (i), où nous donnerons à x„ une valeur numérique a : les fonctions jy, z de a-, y„, :;„ vérifient le système ^ ^ dx "" dx -^ ' . dY„ dzt, d:„ djo ^ , , 1 ■ ■ à^' ày ày à: Oz dz à- y » Toute équation al^ebnque en x, y,z, -t— » -f ' :5~ ' x~' tt' 'â~ ' T7^' ' ' '' " o / '" Ox oj\ dz„ dx dvo oz„ OJ.- analytique en y„ , s „ , que vérifient les fonctions y= o{x,a, y„,z„), z = i(a, a, y^, ;•„), est une conséquence des équations (2). « Une conclusion analogue s'applique si l'on remplace y,,, ;„ P»'' ^les constantes quelconques, liées analytiquemenl àj», =„. )) 3. De la représentation de y(x) à l'aide de fonctions entières. — Une intégrale quelconque j(a') de (i) s'exprime (loc. cil.) à l'aide d'une fonc- (') liidlelia de la Société mathàinalique de France, l. XXVIII, 1900, \). 48. SÉANCE DU lo XOVEMBRi; 1902. 759 tion entière /-(-î*) sous la forme : (3) j(.r)A''^I^ = --V. la fonction v.(.v) vérifiant l'équation du troisième ordre : //'- — /|r," — ixr,' — 2r, = o, avec r, = » Le genre, le mode de croissance pour a- = 20 de la fonction /. sont aujourd'hui connus. Une solution y{x) étant définie par des conditions initiales données a-,,, r,,, ?„, si l'on se propose de la calculer dans un cercle donné avec une approximation donnée, on sait limiter le nombre de termes qu'il faut prendre dans la série entière qui représente /. pour que la for- mule (3) fasse connaître r{r) avec l'exactitude imposée. L'intégration de l'équalion (i) est donc ainsi effectuée d'une façon parfaite à l'aide de la fonction entière ■/,. Mais il est naturel de se demander s'il n'existe pas de représentation analogue plus simple, j'entends une représentation à l'aide d' une fonction entière que vérifie une équation différentielle d'ordre moindre que 3. D'une façon précise, est-il possible d'exprimer 7(3;) algébrique- ment à l'aide de X, Yi{x), W(x), oîi H(^) désigne une fonction entière qui vérifie une équation difféicutielle (algébrique) du deuxième ordre (au plus)? Je vais montrer que la chose est impossible. » Tout d'abord on voit aisément que, si une telle représentation existe, l'équation que vérifie H ne peut être d'ordre moindre que 2, et ensuite qu'une certaine expression algébrique A(.r, j, z) devient une fonction en- tière A, de X quand on y remplace y par une solution quelconque y{x) de (1) et z par sa dérivée. Une telle expression A ne peut être d'ailleurs qu'un polynôme en y, z ; autrement, la relation algébrique ?){x,y, z) = o, qui définit les singularités (critiques ou polaires) de A, serait une intégrale première particularisée de (i), ce qu'on sait impossible. Ceci posé, chan- Y Z eeons, dans A, v en - et = en -,-; A prend la forme ^[A„(a;, Y,Z) + aA„_.(.ï-. Y,Z)+...j, A„ désignant un polynôme en Y, Z qui se reproduit multiplié par — quand on V change Y en -, et Z en , • Je conviens d'appeler n l'ordre de A. Tous les polynômes en v, z d'ordre « sont des combinaisons linéaires (à coelfi- 760 ACADÉMIE DES SCIENCES. cients arbitraires en ce) d'un nombre fini q d'entre eux, soit B,, B,, ..., By. » Si maintenant je tais le nouveau cliangement de variable x — xX-h^, l'équation (i) devient et l'expression A prend la forme ^^ I A„(^. Y. Z) + -/(-...)]. ' » Par hypothèse, A„(p, Y, Z) doit être une fonction entière de X quand on y remplace Y et Z par p(X, o, //) et p'(X, o, h) et, par suite, doit se réduire à une constante; autrement dit, A„(^, Y, Z) est une intégrale pre- mière de l'équation (4) pour a = o, et (en vertu de son homogénéité spé- ciale) coïncide avec une expression de la forme a(P)(Z=-4Y^)"' {n^6m). On voit ainsi que A(.r, j, z) peut s'écrire A = a(a;)(..^ - 4j=r-f- B(.r, r, c), B étant d'ordre (n — i) au |)lus. Si maintenant on calcule-^; on trouve aussitôt -^ = ■2mz.xa{x)(z'-- /iy')""< + a'(x)(z^- ^ liy^y A' étant un polynôme en y, z d'ordre n au plus. Comme -— est holo- morphe en même temps que A,, on peut raisonner sur A' comme sur A, et ainsi de suite q fois. On forme ainsi (y + i) équations dont les premiers membres sont A,, -j-^. •■■■> -~j—^> et dont les seconds membres sont de la ciic dxi forme : a,(,r)B, +. . .+ a^{x)^^+ rt^^,(a-). En éliminant lesB, on obtient une équation différentielle linéaire que vérifie A, (a-), résultat absurde, car il entraîne presque immédiatement cette conséquence quej'(a') ren- fermerait algébriquement ses constantes. -5 C.Q.F.D. » Le raisonnement, à peine modifié, conduit même à ce théorème plus général : Il est impossible d' exprimer V intégrale générale y{x) de (i) sous la x,}\, ~Y OÙ y désigne une fonction algébrique de H, ^i SÉANCE DU lO NOVR^rBRH 1902. 761 analytique en X, el\{{x) r intégrale d'une équation du second ordre, algé- brique firt H, H', H", analytique en x, el dont toutes 1rs singularités (polaires ou autres) sont fixes. » Parmi toutes les représentations possibles de yix) à l'aide de fonctions entières, la représentation qu'effectue la formule (\) à Vaide de la fonction /. est donc lu plus simple. » MÉCANIQUE. — Sur tes quasi-ondes. Note de M. P. Diiiem. « On traite ordinairement la propagation des ondes dans un fluide par- fait en supposant ou bien que le fluide est parfaitement conducteur de la chaleur, cas auquel le mouvement est isolhermique, ou bien que le fluide est absolument dénué de conductibilité, cas auquel le mouvement est isen- tropique. Dans le premier cas, la vitesse de propagation est la vitesse V^ donnée par la formule de Newton; dans le second cas, la vitesse de propa- gation est la vitesse V,,-» donnée par la formule de Laplace. Dans l'air et les autres gaz qui, sans être dénués de conductibilité, sont fort peu conduc- teurs de la chaleur, l'expérience montre que la vitesse de propagation est C très voisine de Vp,-; cette conséquence de l'observation semble aisée à accorder avec la théorie incomplète donnée jusqu'ici. » Des difficultés se présentent, au contraire, pour accorder les résultats de l'expérience avec ceux de la théorie complète de la propagation des ondes dans les fluides parfaits. Cette théorie complète, que nous avons donnée pour la première fois ('), conduit, en effet, aux propositions que voici : » Si le coefficient de conductibilité K est différent de o, quelque petite QUE SOIT SA VALEUR, tcs ondes se propagent avec la vitesse donnée par la for- mule de Newton; c'est seulement dans le cas où le coefficient de conductibilité K. est RIGOUREUSEMENT NUL quc la vitcssc de propagation des ondes est donnée par la .formule de Laplace. » Le coefficient de conductibilité de Tair et des autres gaz est très petit, mais il n'est |)as nul. Les ondes s'y propagent donc avec une vitesse donnée (') Comptes rendus, t. GXXXII, 3 juin 1901, |>. i3o3. — Recherches sur V Hydro- dynamique, 2« Partie, Chapitre IV {innalts de la Faculté des Sciences de Toulouse. 2" série, t. IV^; 1903). 762 ACADÉMIE DES SCIENCES. par la formule (le Newton, tandis que l'expérience semble indiquer qu'elles s'v propagent avec une vitesse donnée par la formule de Laplace. Il y a là une apparente contradiction qui doit être levée. » On peut parvenir à la lever en étudiant la propagation des quasi- ondes. » Considérons deux surfaces S,, S, dont la distance s est, partout, très petite; par un point M, de la surface S, menons à cette surface une nor- male qui rencontre en Ma la surface S,. Supposons que les valeurs f^, /,, prises en M,, Mj, par une fonction f(^œ, y, :■) aient une différence de l'ordre de s; mais qu'en passant du point M, au point M^. l'une au moins des dérivées -y-> -t-> ^ subisse une variation finie, très grande par rapport à e; l'ensemble des surfaces S,, So formera, pour la fonction /, vme quasi- onde du premier ordre. )) Une telle quasi-onde est soumise à deux lemmes analogues aux lemmes d'Hugoniot. » Pour l'expérimentateur, une quasi-onde ne saurait être distinguée d'une onde. Il n'en est pas de même pour le théoricien. » Une méthode analogue à celle que nous avons employée pour étudier les ondes proprement dites conduit, en effet, aux propositions suivantes : » Au sein d' un Jluide parfait très peu conducteur, on peut observer : » 1" Des quasi-ondes sensiblement transversales. Elles ne se propagent pas. » 2" Des quasi-ondes sensiblement longitudinales. Celles-ci sont de deux sortes : » A. Les unes ont une épaisseur i du même ordre de grandeur que le coef- . C fiaient de conductibilité K ; leur vitesse de propagation est la vitesse Y y — , donnée par la formule de Laplace; » B. Les autres ont une épaisseur i très petite par rapport au coefficient de conductibilité K ; leur vitesse de propagation est la vitesse Y^^, donnée par ta formule de Newton. Ces dernières ont pour limites les ondes proprement dites. » On voit que toute contradiction entre la théorie et l'expérience dis- paraîtra si l'on admet que l'observateur n'a jamais affaire ni à des ondes proprement dites, ni à des quasi-ondes d'épaisseur s très faible par rapport an coefficient de conductibilité K. Mais il reste à expliquer pourquoi il en est ainsi. On y parvient en tenant compte de la viscosité très faible, mais non pas rigoureusement nulle, de l'air et des autres gaz. » Tout d'abord la viscosité, si faible soit-elle, rend absolument impos- sible la propagation d'ondes proprement dites ; mais en outre, dans un SÉANCE DU lO NOVEMBRE 1902. 76.3 fluide dont les coefficients de viscosité \ et \j. sont très petits, une quasi-onde dont l'épaisseur s est très petite par rapport à 1 et u. ne peut se propager; les seules rjuasi-ondes qui puissent se propager sont celles dont l'épaisseur e est du même ordre. que 1 et y.. » La considération des quasi-ondes résout donc complètement la con- tradiction qui semblait exister entre rex|)crience et la théorie. » Celte considération conduit à une dernière remarque : » Beaucoup d'esprits sont enclins à croire que toute action physique qui se propage, se propage nécessairement par ondes, avec une vitesse déterminée; ils répugnent à admettre que la propagation puisse, dans cer- tains cas, dépendre de fonctions entièfement analytiques de x, y, z, t, sans ondes ni vitesse de propagation. Il est curieux de constater que la propagation du son dans l'air, qui semble l'exemple le plus simple d'une propagation par ondes, possédant une vitesse déterminée, n'est telle qu'eu apparence et par approximation; qu'en réalité cette propagation se fait par fonctions entièrement analytiques, sans ondes et sans vitesse de pro- pagation. » PHYSIQUE. — Observations et expériences complémentaires relatives à la détermination de ta vitesse des rayons X. Sur la nature de ces rayons. Note de M. U. Blondlot. « I. Dans les expériences que j'ai décrites récemment ('), d faut, pour que l'éclat de l'étincelle soit maximum, qu'il s'écoule entre le début de la décharge de l'excitateur et l'extinction du tube focus un temps égal ,33 à -y- sec. Comme la longueur d'onde de l'excitateur est égale à 1 14"^^'". cet intervalle de temps correspond à un peu plus de 3 élongations de l'excita- teur. D'après la théorie que j'ai développée dans une Note antérieure, cela conduit à admettre que les trois premières élongations ont seules une amplitude notable. Il est intéressant de constater que cette conséquence est bien d'accord avec ce que l'on sait de l'amortissement dans les excita- teurs. » II. Lorsque l'on rapproche progressivement le tube focus de la coupure, à partir de la position qui donne le maximum d'étincelle jusqu'au tube lui- (') H. Blo.nuloi-, Comptes rendus, l. GX.VW , 1902, p. 666 et p. 721. 764 ACADEMIE DES SCIENCES. même, on voit l'éclat de l'étincelle diminuer, passer par un minimum, puis augmenter. L'explication paraît être la suivante : quand le tube est très voisin de la coupure, celle-ci reçoit des rayons X extrêmement intenses, et alors la diminution de concordance dans le temps est compensée et au delà par l'intensité des radiations; de là une recrudescence d'action quand le tube est tout près et la production d'un minimum pour une distance un peu plus grande. Je me suis assuré que cette explication est mathémati- quement possible; cet examen se fait aisément en portant en ordonnées les logarithmes des fonctions à étudier. » III. Afin d'éviter les aigrettes, les fils de transmission étaient recou- verts de gutta-percha et engainéi dans des tubes de caoutchouc. Pour reconnaître si ce revêtement ne diminuait pas notablement la vitesse de propagation des ondes le long des fils électriques, j'ai comparé par une méthode d'interférences la vitesse de propagation de ces ondes le long de fils ainsi revêtus et le long de fils nus. La différence de ces vitesses s'est trouvée presque inappréciable, et, en tout cas, la perturbation qui en I 5 résulte ne peut causer une erreur relative de -^ sur les résultats définitifs. ^ 100 » Je vais encore décrire quelques expériences qui, tout en étant seu- lement qualitatives, ont cependant un certain intérêt comme variantes, et dont les résultats, prévus grâce à la théorie que j'ai exposée précédem- ment, en apportent une nouvelle confirmation. » 1° Les fils de transmission étant engainés dans des tubes de caoutchouc à vide, on les a rapprochés et liés ensemble sur une longueur de 40"™; la vitesse de la propagation des ondes devait être diminuée, puisqu'elle avait lieu principalement dans le caoutchouc : la position du tube donnant le maximum s'est, en effet, rapprochée de 1 1''™ ou 12'". » 2° Un condensateur formé de deux plaques de clinquant d'environ 100""' de surface, séparées par une lame d'éhonite de o'^^^jS d'épaisseur, fut placé en dérivation sur la ligne de transmission; cette fois, le retard devait être encore plus grand, et, en effet, on constata que le maximum avait disparu et que l'étincelle diminuait constamment d'éclat à mesure que l'on éloignait le tube. » 3° Les fils de transmission, longs primitivement de So*^™, ayant été allongés de 5-]"^, longueur supérieure de 4*^'" à la distance de la coupure à la position du tube qui donne le maximum dans le cas de fils de So*^"", on constata que l'étincelle dmiinuait constamment lorsqu'on éloignait le tube. SÉANCE DU lO NOVEMBRE 1902. 765 » 4° L«i longueur totale des fils étant réduite à 64™, l'étincelle augmen- tait au contraire au fur et à mesure que l'on éloignait le tnbe, à partir de la position donnant le minimum, jusqu'à ce que les fils fussent tendus. Même résultat avec des fds plus courts. )) Toutes ces observations sont bien conformes aux prévisions. » En terminant l'exposé de ces recherches sur la vitesse de propagation des rayons X, j'adresse mes remercîments à M. Virtz, mécanicien à la Faculté des Sciences de Nancy, qui a répété avec le plus grand soin toutes les expériences, et, en particulier, les déterminations si délicates des dis- lances du tube qui donnent à l'étincelle le maximum d'éclat ('). » Il résulte immédiatement de l'égalité des vitesses de propagation des rayons X et de la lumière dans l'air que les rayons X doivent être ra|>pro- chés des radiations spectrales. Des hypothèses qui ont été émises relati- vement à leur nature, deux seulement peuvent subsister : 1° celle qui les considère comme des radiations de très petites longueurs d'onde; 2° la théorie proposée par E. Wiechert (^) et par Sir George Stokes (') et dont voici le principe : les rayons Rontgen consistent en une succession de pulsations indépendantes partant des points où les molécules projetées de la cathode rencontrent l'anticathode, et commencent à l'instant même de celle rencontre; ces pulsations sont transversales et se propagent dans l'éther comme les vibrations de la lumière et avec la même vitesse. Ce qui distingue les rayons Rontgen des radiations spectrales, c'est qu'ils con- sistent, non en vibrations continues de l'éther, mais en pulsations isolées extrêmement brèves. Sir George Stokes a développé cette théorie dans une Conférence à la «Manchester lilterary and phiiosophical Society (^) ». De cette Conférence j'extrais le passage suivant : « Supposons qu'une pluie » de molécules tombe sur l'anticathode et que, après avoir duré quelque H temps, elle cesse brusquement. Suivant les vues que je viens d'exposer » sur la nature des rayons Rontgen, ces rayons commencent à prendre » naissance en même temps que la pluie de molécules, continuent à se (') Je publierai ailleurs une série d'indications relatives à l'exécution de ces expé- riences, afin d'épargner aux personnes désireuses de les répéter les longs tâtonne- ments après lesquels seulement j'ai pu obtenir des résultats bien visibles et certains. (-) Abk. der phys.-œkon. Geseilschaft zu Konigsberg et Wied. Anii., Bd. 59, 1896. (') Procecdings of the Cambridge phil. Soc, t. IX, 1896, p. 2i5. (') Meinoirs and Proceedings of the Manchester Ut. and phiiosophical Society, t. XLI, 1897. G. R., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N» 19.) lOI ■^66 ACADÉMIE DES SCIENCES. » produire tant que celle-ci dure et cessent en même temps qu'elle ». Comme, d'autre part, les rayons cathodiques ont la même durée que le courant qui traverse le tube de Crookes, puisqu'ils forment eux-mêmes un segment de ce courant, il s'ensuit que les rayons X doivent s'éteindre dès que la décharge a cessé dans le tube. Or. c'est précisément ce que j'ai constaté ('). » Dans la même Conférence, Sir George Stokes montre que son hypo- thèse fournit l'explication des propriétés caractéristiques des rayons X : absence de réflexion et de réfraction, etc. » M. A. Sommerfeld a fondé sur cette hypothèse une théorie de la diffraction des rayons X qui rend compte des curieuses expériences de MM. Haga etWind relatives à cette diffraction (-). » Enfin, en partantdes mêmes idées, le professeur J.-J. Thomson a relié théoriquement les rayons cathodiques et les rayons Rontgen ( ^). » En résumé, l'hypothèse de E. Wiechert et Sir George Stokes rend compte de tous les faits connus jusqu'à présent. » MÉTÉOROLOGIE. — Étude sur le climat de Toulouse de i863 à 1900. Note de M. B. Baillaud. « J'ai l'honneur de faire hommage à l'Académie du Tome V des Annales de l'Observatoire de Toulouse, consacré à une Étude du climat de Toulouse, que j'ai récemment terminée avec le concours de calculateurs auxihaires, et qui résume les observations météorologiques faites à l'Observatoire de Toulouse de i863 à 1900. Je demande la permission de commmuniquer ici les résultats principaux. » Je me bornerai aux moyennes générales relatives aux divers mois de l'année. Janv. Fév. Mars. Avril. Mai. 747,6 47,0 44>o 43,7 44,4 40,9 6,6 8,5 11,9 i5,5 (') Voir Comptes rendus, t. CXXXV, 1902, p. 669. (2) Zeitsduift fur Math. u. Physik, Bd. 46, 1901, |i. {■') Pldl. Mag.. b' série, l. XLV, 1898, p. 172. Baromètre. Juin. Juin. Août. Sept. Cet. Nov. Dec. Année. 46,1 46,4 46,1 46,4 45,1 45,9 47,0 45,81 Thermomètre. 19,1 21,7 21,5 ■8,7 • 3,4 8,7 5,2 12,96 SÉANCE DU lO NOVEMBRli 1902. 767 Hygromètre. 88 82 74 71 69 67 63 63 69 77 85 89 74,6 Hauteur de pluie {en millimètres). 45 4t> 48 72 70 80 4i 46 47 56 5o 45 623 Nombre de jours pluvieux. 10 9 12 i3 12 II 8 8 9 12 II II 120 » Les vents dominants sont : Sud-Esl( vent d'autan), Ouest, Nord-Ouest. Ces trois directions moyennes sont à peu près d'égale fréquence et chacune d'elles se présente aussi souvent que l'ensemble des cinq autres directions de la rose des vents. )) Il y a, sans doute, intérêt à donner ici quelques renseignements sur la suite des observations météorologiques faites à l'Observatoire de Tou- louse. » Ces observations, commencées en iSSg par Frédéric Petit, correspon- dant de l'Aciidémie, fondateur et premier directeur de l'Observatoire, ont été poursuivies par lui jusqu'à sa mort, en 1866. La hauteur de la cuvette du baromètre au-dessus du niveau de la mer a été, depuis cette époque, 194™. Jusqu'en 1880, l'abri météorologique fut établi à 6™ au nord du bâtiment principal de l'Observatoire. » Après i866, les observations furent continuées pendant quelques mois par Despeyrous, puis jusqu'au 3o novembre 1870 par Daguin. Les obser- vations faites de i863 à 1870 n'avaient pas jusqu'ici été publiées régu- lièrement. » A la suite de la démission de Daguin , l'Observatoire de Toulouse fut sans directeur du i*' décembre 1870 au l'^juin 1873. L'Académie sait comment, grâce aux efforts de plusieurs de ses membres les plus illustres et de la municipalité de Toulouse, cet Observatoire fut reconstitué sous la direction de Félix Tisserand, auquel j'ai eu l'honneur de succéder le i"octobre 1878. » Les observations météorologiques réorganisées par Tisserand et reprises le i*"" juin 1873 ont été, depuis, continuées sans interruption. Le développement progressif de l'Observatoire a cependant rendu néces- saires, à diverses dates, des changements dans les heures des observations et des déplacements de l'abri météorologique. Les études minutieuses aux- quelles je me suis livré m'ont montré que ces changements ont été sans 768 ACADÉMIE DES SCIENCES. iiiconvénienls sérieux. Ilsontélé, au reste, inévitables. Notamment l'abri météorologique a été transporté en 1880 clans la partie nord du jardin, à 25"" du bâtiment principal, et, en iSgS, à la suite d'un agrandissement considérable du terrain de l'Observatoire, vers l'est, au milieu d'une pelouse de 4o°' de côté. « Depuis 1880, la station météorologique a été pourvue d'instruments enregistreurs qui ont fonctionné d'une manière à peu près satisfaisante pendant les dix premières années et de la façon la plus régulière, depuis. Les graphiques fournis par ces instruments, ont permis de compléter, à l'occasion, les lacunes qu'ont pu, accidentellement, offrir les observations trihoraires. Il m'a été impossible, en l'état du personnel et du budget de l'Observatoire, de les utiliser plus complètement dans mon étude du climat. » I^es observations, depuis iSyS, ont été faites par les astronomes de l'Observatoire : MM. Perrotin, Jean, Bigourdan, Saint-Blancat, Fabre, Rey, Andoyer, Cosserat, Bourget, Montangerand, Rossard, Besson et par divers auxiliaires. Les astronomes dont je viens de citer les noms ont été trop absorbés par leurs travaux astronomiques pour qu'il fût possible de leur demander le relevé des graphiques des instruments enregistreurs. Ce tra- vail sera fait dès que les ressources de l'Observatoire le permettront. » Petit a publié, en 1866, un volume d'Annales renfermant, avec divers travaux astronomiques, une élude du climat, résumant les observations faites par lui de 1889 à 1862. Cette étude et le travail dont j'ai l'honneur d'entretenir aujourd'hui l'Académie, conduit d'après le même plan, forment un ensemble à peu près homogène comprenant une période de soixante années. Le même travail sera désormais continué d'année en année, en la même forme, et publié chaque année dans le Bulletin de la Commission météorologique de la Haute-Garonne, dont M. Mascart m'a fait 1 honneur de présenter, au mois de juin dernier, le premier fascicule à l'Académie. » M. Hato\ de la Goupillière, à propos de la Communication faite par M. Giéhant dans la dernière séance, présente les observations sui- vantes : « L'Académie a entendu, dans la séance du 3 novembre dernier, une lecture de l'un des savants professeurs dont elle apprécie le talent, M. Gréhant, sur des analyses d'échantillons d'air grisouteux recueillis dans une mine de houille. Ce travail doit conserver aux yeux de l'Académie SÉANCE DU lO NOVEMBRE 1902. 769 tout son mérite scientifique; mais nous croyons devoir rassurer l'auteur, en même temps que nos Confrères, sur la portée administrative qu'il enlre- voit à roccasion des résultats révélés par ses essais. » Nous nous garderons bien de lui demander le nom d'une exploitation qui semble aussi gravement en opposition avec les dispositions réglemen- taires; carie Règlement type préparé, dès 1895, par une Commission spé- ciale, adopté après délibération par le Conseil général des Mines, et suc- cessivement mis en application par des arrêtés préfectoraux dans toutes les houillères qui paraissent le réclamer, ne tolère au maximum, par son article gG, que i à i4 pour 100 de grisou dans les traçages, et ^ à i pour 100 dans tous les autres courants d'air. » En outre son article 98 va au-devant du désir exprimé in fine par l'auteur de la Communication, car il prescrit des analyses quotidiennes dans les mines franchement grisouteuses, et hebdomadaires dans les houillères faiblement contaminées. Il ajoute, pour arriver à ce résultat, que toute mine à grisou doit avoir au moins deux indicateurs grisoumétriques et un appareil de dosage. » Les résultats tout à fait excessifs qui se trouvent cités dans la Note en question n'incriminent pas du reste d'une manière absolument nécessaire la houillère qui a été le théâtre des prises d'essai, si celles-ci n'ont pas été faites avec tous les soins indispensables: car dans une cloche, dans le remous du chapeau d'un boisage, il peut se trouver accidentellement de petites poches abusivement contaminées. Mais le devoir étroit de l'exploi- tant est de s'attacher scrupuleusement à les faire immédiatement dispa- raître avec les précautions voulues (articles 102 et io5) dès que l'atten- tion s'y trouve portée. » M. Zeiller fait hommage à l'Académie, en son nom personnel et au nom de M. Michel Lévy, directeur du Service des topographies souterraines, de l'Atlas de la Flore fossile des gîtes de charbon du Tonkin, qu'il vient de publier dans la série des Études préparées parce Service, et à l'exécution duquel le Gouvernement de l'Indo-Chine a bien voulu contribuer. 11 espère pouvoir d'ici peu de mois présenter à l'Académie le texte du même ouvrage, actuellement à l'impression. Il ajoute qu'il a réuni dans cet Atlas, composé de 5G planches photo- typiques in-4'', les figures de toutes les espèces recueillies jusqu'ici dans les gîtes charbonneux du Tonkin, ainsi que dans les gîtes similaires du sud 770 ACADÉMIE DES SCIENCES. de la Chine explorés par M. l'Ingénieur en chef des Mines Leclère. L'étude (le ces espèces lui a permis de classer définitivement dans l'étage rhétien la formation des dépôts de charbon du bas Tonkin ainsi de la plupart de ceux du sud de la Chine, notamment du gisement de Taï-Fin- Tchang, au nord du Yun-Nan, tandis que les charbons de Yen-Baï, sur le haut fleuve Rouge, doivent être rapportés à la période tertiaire. M. Zeili.er fait également hommage à l'Académie d'une Note qu'il vient, sur la demande de M. Vidal, l'éminent géologue de Barcelone, de faire paraître, en espagnol et en français, dans les Mémoires de l'Aca- dérnie des Sciences de Barcelone sous le titre : « Sobre algunas impresio- nes végétales del Kimeridgense de Santa Maria de Meya. — Sur quelques empreintes végétales du Kimméridien de Santa Maria de Meya, province de Lérida ». M. H. PoixcARÉ fait hommage à l'Académie de son Ouvrage intitulé : La Science et l'Hypothèse, où il a exposé ses idées sur la méthode des Sciences mathématiques et celle des Sciences physiques. M. le D"" Zambaco-Pacha, Correspondant, fait hommage à l'Académie, par l'entremise de M. Lannc longue, d'une brochure intitulée : « Les monu- ments mégalithiques de l'Armorique et leurs sculptures lapidaires ». (Extrait de la Revue d' Europe.) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Instruction publique ei' des Beaux- Arts transmet à l'Académie une Lettre adressée, de Sydney, à M. le Ministre des Affaires étrangères, et contenant des documents relatifs à un tremblement de terre d'une certaine violence, qui s'est produit dans l'État de South Australia le 19 septembre dernier. D'après la presse locale, les oscillations se seraient propagées sur une étendue considérable; le choc aurait été ressenti dans 24 villes de cet État. C'est dans la capitale, Adélaïde, et aux environs, que le phénomène aurait atteint son maximum d'intensité; le phare de la pointe de Trou- SÉANCE DU lO NOVEMBRE 1902, 77 1 bridge, en face de la ville, s'est écroulé et a dû être remplacé par un feu provisoire. PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur i état actuel du volcan ae la Montagne Pelée, à la Martinique . Extrait d'une Lettre de M. A. Lacroix à M. Michel Lévy. «... Nous avons délimité la zone de dévastation du cc)té du sud-est, de l'est et du nord. En partant du Morne Rouge, elle va rejoindre la rivière Capot, ne dépasse que fort peu sa rive droite, avec, cependant, une petite avancée au Fond-Capot, puis s'incline vers le nord-ouest, passe à environ 200" au sud de l'Ajoupa-BouilIon, en laissant intacte la partie principale de ce bourg, puis enfin suit de loin la côte, en laissant sur le bord de celle-ci une zone intacte de 2""" à 3''™. Dans cette zone, la végétation est restée extrcmemént verte, et seules les habitations situées à l'embouchure des rivières ont eu à souffrir des débordements. Les atterrissements ont été assez considérables pour remblayer le long de la Basse-Pointe (bords de la rivière) jusqu'au toit des maisons, et pour nous permettre de suivre à cheval sur le bord de la mer, le long des falaises abruptes, la côte entre Macouba et Grande-Rivière, où l'on ne passait pas jadis, au moins faci- lement. Quant aux effondrements de la côte près de Basse-Pointe, quant à la soi-disant crevasse qui se serait ouverte près de ce village et aurait tout brûlé, quant au cratère de l'Ajoupa-Bouillon dont on a parlé au lendemain du 3o août, rien de tout cela n'existe. Il y a en haut de la rivière Falaise de petites fumerolles faiblement actives, et peut-être y en a-t-il eu sur la montagne à la source de la rivière de la Basse-Pointe ; je vous parlerai de cela dans une prochaine lettre. » Nous avons fait l'ascension du sommet du cratère, en partant de l'habitation Assier (côté nord-est). Pris, comme toujours, par le brouillard à 100™ du sommet, nous avons trouvé le lac des Palmistes dans le même état qu'au mois de juin : il est rempli de cendres avec quelques grosses bombes. De nombreuses rigoles le sillonnent, se déversant vers toutes les rivières de la côte est; leur coupe montre des lapillis de toute dimension avec des enduits de soufre et des croûtes d'alunogène. La tem- pérature n'y dépasse pas 70°C., par places, et ce n'est qu'au moment de la pluie que l'.on voit s'en échapper un peu de vapeur d'eau. » Nous sommes arrivés facilement jusqu'au bord du cratère; nous étions dans un épais brouillard, nous empêchant de rien voir, mais des vapeurs 772 ACADÉMIE DES SCIENCES. suffocantes d'acide sulfureux parvenaient, par moments, jusqu'à nous, nous forçant à reculer, et un bruit vraiment infernal se produisait de tous côtés devant nous; nous distinguions, sans pouvoir préciser, des détonations accompagnées d'éboulements de pierres, rendant un son comparable à celui de bris de verre. Nous commencions à nous désespérer, lorsqu'une pluie torrentielle s'est produite; un éclair éblouissant descendant verti- calement sur le bord du cratère, accompagné par un coup de tonnerre, nous a pendant quelques secondes arrêtés ; nous nous demandions si ce n'était pas une explosion du volcan ; ce n'était heureusement que de l'orage. Le ciel s'est alors découvert et nous avons eu le spectacle le plus impres- sionnant que l'on puisse imaginer. Le cratère était entièrement découvert et devant nous, à loo" à peine et nous dominant de plus de So™, se dressait un cône, entièrement constitué par des rocJtes solides. Celles-ci sont extra- ordinairement fendillées, toutes les fissures laissent échapper soit tran- quillement, soit par explosion, des bouffées de vapeurs blanches ou des fumées bleuâtres d'acide sulfureux; ce sont ces explosions qui déter- minent les éboulements dont le bruit nous assourdissait. Les quartiers de rochers qui dégringolent ainsi vont peu à peu obstruer la rainure que Ton observe entre ce cône et les parois verticales du cratère. J'estime qu'actuel- lement cette rainure n'est pas à plus de i5o™du sommet du cratère. Celui-ci a probablement 600™ à 800™ de grand diamètre. » Ce cône n'a certainement pas de cheminée centrale; quand il y a peu de vent, toutes les fumerolles qui sortent de ses flancs s'élèvent verticalement et donnent l'illusion d'un panache terminal. Quant aux grosses colonnes de vapeur qui montent parfois à plusieurs kilomètres de hauteur, celles que nous avons vues partaient surtout de la rainure du cratère; par moments, elles nous cachaient entièrement cône et cratère qui, de temps en temps, apparaissaient en tout ou partie donnant à ce paysage un aspect vraiment fantastique. » Après 3 heures d'observation, le brouillard est devenu permanent et nous avons eu quelque peine à retrouver notre route pour descendre; inutile de vous dire que le nègre que nous avions amené comme porteur avait énergiquement refusé d'avancer sur le sommet et décampé dès que nous avons eu le dos tourné. Nous avons pu reconnaître les points où nous étions arrivés lors des quatre ascensions de notre dernier voyage; nous étions arrivés au but sans en être sûrs et sans voir grand'chose. Je ne puis donc savoir quel a été l'accroissement du cône central qui, pendant toute notre précédente mission, ne s'est jamais montré à nous que couvert au SÉANCE DU lO NOVEMBRE 1902. 778 sommet; les habitants des revers sud et est de la montagne, que nous avons interrogés, sont très affirmatifs pour assurer que ce cône n'était pas visible, au commencement d'août, de la réi,'ion fjii'ds habitaient, alors que maintenant, comme nous l'avons constaté nous-mêmes, il se distingue net- tement. Ils assurent qu'ils l'ont vu changer de forme depuis cette époque. J'ai pris mes dispositions pour entreprendre dès à présent des mesures qui permettront de suivre toutes les variations de ce cône. Il se présente actuellement très irrégulier, allongé dans la direction du NNO, terminé par des aiguilles extrêmement aiguës; et à ce propos je dois faire une recti- fication à notre premier Rapport. Nous avons dit que nous avions vu un jour à travers les nuages apparaître un sommet déchiqueté d'une altitude de iSSS"* que nous avons pris pour un reste du Morne La Croix; cela était inexact, et ce sommet appartenait certainement au cône en question. En faisant le tour du cratère, nous avons constaté que, du côté nord-est, le point le plus élevé est actuellement le petit rocher d'andésite, de 1270"^ d'altitude, dont nous avons parlé dans le même rapport; si donc l'indica- tion i35o"' portée sur la Carte pour le Morne La Croix était exacte, il s'est écroulé en partie et n'est plus le point culminant de la montagne; celui-ci (cône à part) serait formé par une arête dominant Macouba et dont je déterminerai l'altitude précise à ma prochaine ascension. » Nous avons fait ensuite une ascension de la montagne par la rivière Blanche; l'heure du courrier me presse, je vous écrirai à ce sujet par le courrier français qui part dans quelques jours; je me contente de vous signaler que l'échancrure qui s'ouvrait au devant du cratère, du côté du sud-ouest, au-dessus de la rivière Blanche, s'est agrandie d'une façon extraordinaire le 3o août : elle permet maintenant, au talus d'éboulis qui se trouve à la base du cône, de descendre librement dans la vallée de la rivière Blanche. I/énorme quantité de matériaux anciens qui a ainsi sauté, jointe aux cendres de l'éruption du 3o août et aux débris du cône, a consi- dérablement modifié la topographie de la vallée de la rivière Blanche, dont toute la partie inférieure a été remblayée. Presque toutes les traces des éruptions antérieures y ont maintenant disparu jusqu'à 2""" de la côte; la petite plage sur laquelle nous débarquions en fin de juillet est aujourd'hui remplacée par une falaise d'une quinzaine de mètres de hauteur, minée d'ailleurs par l'action de la mer. Aucune fumerolle ne fonctionnait active- ment ces jours-ci dans la vallée de la rivière Blanche. » C. R., 1902, 2» Semestre. (T. CXXXV, N° 19.) 102 774 ACADÉMIE DES SCIENCES. PHYSIQUE DU GLOBE. — La pesanteur le long du parallèle moyen. Note de M. J. Collet, présentée par M. Lœwy. « Depuis près de dix années j'ai entrepris, avec le concours de M™" Collet, une étude méthodique de la pesanteur le long du parallèle moyen. J'ai déjà adressé à l'Académie plusieurs Notes sur ce sujet (' ). Je me propose actuellement de résumer, dans leur ensemble, les résultats obtenus. Cette publication, qui aurait pu être faite plus tôt, a été retardée, d'abord par des recherches que j'ai dû faire sur l'évaluation de Vattraction lopogra- phique, sensible en plusieurs stations; puis par des expériences de contrôle sur l'invariabilité du pendule; enfin par une revision générale de toutes les expériences et de tous les calculs. Comme conséquence de ces opéra- tions multiples, j'ai dû apporter quelques très légères modifications aux résultats antérieurement publiés. » Je rappelle que j'ai procédé par déterminations relatives de la pesanteur, suivant la méthode Defforges, en prenant Paris (Observatoire) comme station de départ. J'ai ainsi relié mes opérations à celles du Service géo- graphique de l'Armée. Marseille m'a fourni, d'autre part, une vérification précieuse, en me permettant de retrouver une valeur de g concordante avec celle que le commandant Defforges y avait obtenue. » Le long du parallèle moyen qui, de l'Océan à Turin, traverse les régions les plus diverses, avec de très grandes altitudes, j'ai choisi dix sta- tions caractéristiques. On a donc opéré, en somme, en douze stations, et plusieurs fois dans certaines d'entre elles. » Je ne m'occuperai aujourd'hui que de la partie des observations qui concerne la durée des oscillations pendulaires, et de la recherche de leur degré de précision. Tableau des observations de la durée d'une oscillation pendulaire (-). T. T — T'. T,. 6. T... Paris 1893 0,71 121 12 1688 io4i 1082 0,7113659 3294 17,28 II ,29 0,71 i35i I 3535 Paris 1901 (') Comptes rendus, l. CXIX, p. 634; t. CXXII, p. i265; t. CXXIV, p. 1088; t. CXXX, p. 642; l. CXXXl, p. 654 et p. 742. (^) Dans ce Tableau : T désigne la durée moyenne, en secondes sidérales, déduite des quatre séries d'observations faites, le poids lourd en bas, PLB ; T' la durée ana- T. T-T'. t9- 6. Tis- 0,7113482 io32 o,7ii5oi7 12,62 0,71 16172 3858 96.5 5290 25,17.5 4629 3374 io54 494' i5,28 4923 4026 985 5491 19,62 5I9I 365o 1062 5229 i6,8o 5i 12 4172 1067 5759 18, o5 556 1 4'49 1066 5734 17,62 5564 3762 1018 5267 5o,59 4903 3474 1024 4997 14,69 5017 3972 994 5450 22,26 4978 5o64 I032 6599 i7'59 643 1 4718 1097 6349 9.59 6701 3o46 1075 4645 9,3o 5oi55 SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1902. 775 Marseille 1894- CapFerret 1895 Bordeaux 1894 Aurillac 1895 S'-Pierre-le-Chastel. 1895 Saint-Agrève 1898 Saint-Agrève 1899 Valence 1893 Grenoble 189i Grenoble 1897 LaBérarde 1893 Le Lautaret 1899 Turin 1896 » En partant de la formule Defforges ï — T'= A — p6, on peut déter- miner le degré de précision des résultats obtenus. En posant a = 6, 6 =1, c =: T — ï', x ■= — ■ ^, y = A, on aura i4 équations (i) ax ■+- by — c — o, qui, résolues par la méthode des moindres carrés, donneront ^. ^ ^=-^ = -6,70; (2) ^ ^ ( j = A = ii5o; et (3) T-T' = ii5o -6.70e.. \J erreur moyenne des déterminations de T — T' sera e = 24; et, pour les erreurs moyennes de x et de y, on aura, suivant des notations usuelles, e^=ey/Q, e^ = fi\/Q'j, où Q = o,oo3497 et Q, =r,oo8; d'où e^ = i,4i6, fi^= 24,19. » Enfin l'erreur moyenne e, de T — T' sera e, = v/«' -^x -+- <• = ^• Pour 6 = 20°, on a e, = e X 1 ,55. » On voit par là que l'ensemble des valeurs observées pour T — T' est logue PLH; tq la durée d'oscillation, à 6°, du pendule simple d'une longueur égale à la distance des couteaux; et 1,5 celle durée réduite à i5°. ■776 ACADÉMIE DES SCIENCES. neltement préférable à l'ensemble des valeurs calculées. C'est pourquoi, dans le calcul des valeurs de T9 par la formule (4) - = T + ^(T-T'), dans laquelle h et h' sont les distances du centre de gravité du pendule aux arêtes des couteaux, on a conservé les valeurs de T — T' fournies par l'observation, au lieu de faire leur nivellement à l'aide de la formule (3). » Celte formule peut être cependant 1res utile dans certains cas, et nous l'avons employée, en particulier, pour le calcul de t à f^a Bérarde. Ayant constaté une anomalie manifeste dans une série PLH, nous n'avons retenu de l'expérience que la valeur de T, et c'est la valeur de T — T', calculée à l'aide de la formule (3), qui figure dans notre Tableau. » Pour T et T', en remarquant que les poids de ces déterminations sont 5 à peu près dans le rapport de 6 à 5, on aura les valeurs probables T H e et T' e; d'où, pour l'erreur de t, At = (A + ^^^^)e = 1,94^ = 46,56 (^ = ,,487). L'erreur correspondante, pour la valeur de g, sera A^ = o,oooi3. » GÉOMÉTRIE. — Sur les substitutions crémoniennes dans l'espace. Note de M. Léon Autoxne, présentée par M. Jordan. « Dans la présente Communication, je me propose de continuer les rechercbes commencées dans la troisième Partie (Substitutions crémo- niennes) tie mon travail Sur les formes quaternaires à deux séries de variables. — Applications à la Géométrie et au Calcul intégral, inséré dans le Recueil des Mémoires couronnés et Mémoires des savants étrangers publiés (T. LIX, 1901) par l'Académie royale des Sciences de Belgique. » Ce n'est du leste que l'extension à l'espace des théories données, pour la Géométrie plane, dans des Mémoires déjà anciens, publiés au Journal de Mathématiques, savoir : » 1887. Recherches sur les groupes d'ordre fini contenus dans le groupe des substitutions linéaires de\contact. SÉANCE DU lo NOVEMBRE 1902. 777 » 1888. Recherches sur les groupes d'ordre fini contenus dans le groupe quadratique crémonien : » Premier Mémoire : Étude d'une substitution crèmonienne isolée. » Deuxième Mémoire : Multiplication des crémoniennes ; groupes quadra- tiques; groupe directeur. » Conservons toutes les définitions et nol;itions de mon Mémoire de Belgique, notamment ce qui est relatif à Vêlement, à Y élément-image, aux variétés primordiales, etc. » Prenons :?, et u:^, ( i = i , 2, 3, 4 ) des coordonnées-points et coordonnées- plans courantes, avec ids = o, et considérons une crèmonienne 5 = a = 0; m m '• i\' n «' z IV m m n u' P P <1 '/' W: P P Z II' q q' z tv /' P 'I 1' m m n n' les huit entiers non négatifs m, ..., q' désignant les dimensions auxquelles figurent les variables z-^ ou (i^, dans les formes biquaternaires 9, 'b, 0 et y). » Au Mémoire, on a exposé les propriétés générales des crémoniennes. On passera maintenant à la construction effective des crémoniennes d'un type /' /'■ donné. m m n n' '/ '/ » On ne considérera bien entendu pas comme distinctes les crémoniennes obtenues en multipliant une crèmonienne donnée, devant ou derrière, par des collinéations quelconques, avec ou sans intervention de la dualité (transformation par polaires réci- proques, par rapport à une quadrique). » Reprenant et achevant une discussion entamée aux Chapitres VIII et IX du Mémoire (troisième Partie), j'ai construit toutes les crémoniennes qui possèdent la propriété suivante : » Entre une série de coordonnées .r, ou ii,- de l'élément (x, u) et une série de coordonnées j,- ou c,- de l'élémenl-image (/,(')• existent deux et seulement deux relations distinctes, obtenues tn annulant deux formes biquaternaires bilinéaires. 778 ACADÉMIE DES SCIENCES. » On trouve la crémonienne unique Zt — z,w^ z^ — --^Wi ~-3 z„ w.^ + :;3 w^ ^4 z,w.. IV, ZzW^ + Z,W, w.. z._w^ w. z.w. Théorème. La crémonienne s est le seul représentant des types ou » Une dernière observation n'est pas inopportune, quoique étrangère à l'objet de la présente Communication. Dans la seconde Partie de mon Mé- moire de Belgique, consacrée aux connexes dans l'espace, se trouvent plusieurs résultats, déjà découverts depuis longtemps par M. Fouret. On les trouvera dans les Notes que ce géomètre a insérées aux Comptes rendus (t. LXXIX à LXXXV). Je les avais ignorées lors de la rédaction du Mé- moire. Ils se rapportent à l'équation de Jacobi dans l'espace, au nombre des éléments fondamentaux d'un connexe (implexe, de M. Fouret) de classe un, .... Qu'il me soit permis d'ajouter que, le plus souvent, ma so- lution comporte une discussion plus complète que celle de M. Fouret. » MÉCANIQUE. — Sur la rupture et le déplacement de l'équilibre. Note de M. JouGUET, présentée par M. G. Jordan. « Dans une Note antérieure ('), nous avons insisté sur quelques cas particuliers des lois de la rupture et du déplacement de l'équilibre. (') Comptes rendus, t. GXXXIV, 16 juin 1902, p. i^iS. Quelques erreurs d'im- pression se sont glissées dans cette Note, s désigne l'entropie et non l'énergie. Il faut lire, à la ligne 17, du = —- ds l au lieu de dit ; as Os et à la ligne 27 ^(«. P,*. V),x(a, p,;ç,/^) au lieu de s(=l, ^,\), •/^{a, o. Au contraire, At,,V<; o. Une diminution de pression doit donc produire une condensation si elle est adiabatique, une vaporisation si elle est isother- mique. C'est là un phénomène classique. » D'une manière générale, c'est au voisinage de I et du côté convenable qu'on a le plus de chances d'observer ces effets inverses. MM. Tammann les a déjà recherchés dans le phénomène de la fusion. Il résulte de ses expériences qu'on ne pourra réussir à les observer dans ce cas qu'en se plaçant très près du point T ('). » Application des théorèmes (8) et (9). — L'effet d'une addition de cha- leur dépend du signe de A^.,,* si elle est faite à pression constante, de A^v* si elle est faite à volume constant. (Le calcul de At,v* exige, en général, comme plus haut, celui de A,,/,V, qu'on fasse appel aux phénomènes de surchauffe, surfusion, etc.) En I, ces quantités sont égales. Mais ailleurs, notamment au voisinage de II et du côté convenable, il peut arriver que àfpS . Ax,v*"< o. Dans ce cas, si l'on chauffe le système, on observe un phé- nomène chimique différent suivant qu'on maintient invariable le volume ou la pression. Ce fait pourrait sans doute être observé sur certains sys- tèmes univariants, étudiés par MM. Roozeboom et Smits, et formés de deux composés (sel et eau) répartis en trois phases : le point II existe pour ces systèmes. » Remarque. — On peut présenter un peu autrement les théorèmes de notre précédente Note. Prenons, par exemple, (8) et (9). Imaginons qu'on chauffe le corps assez vite pour que, d'abord, d ne se produise aucune modification chimique; seule la température varie et s'élève. On cesse ensuite de chauffer et on laisse le corps sans échange de chaleur avec l'extérieur. (8) et (9) apprennent qu'il se proiluit alors une modification chimique qui fait baisser la température. Si l'équilibre adiabatique est stable, nous admettrons que cette modification amène le corps à une nou- velle position d'équilibre. » La température a donc d'abord crû, puis décru. On peut se rendre compte que l'effet final est une augmentation de température si l'équilibre isothermique est stable (pour les systèmes invariants, si l'on opère à volume constant ailleurs qu'en I), un retour à la température initiale si (') Annalen der Physik, vierte Folge, Band I, p. 276. SÉANCE DU lO NOVEMBRE 1902. 78 I l'équilibre isothermique est indifférent et l'équilibre atliabatique stable (pour les systèmes invariants, si l'on opère à pression constante ailleurs qu'en II ou à volume constant en I). » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur l'équivalence des systèmes différentiels. Note de M. E. Cautax, présentée par M. E. Picard. « Le problème qui consiste à trouver les invariants d'un système d'équations aux dérivées partielles ou d'un système de Pfaff par rapport à un changement de variables quelconque, ou par rapport à un groupe de transformations fini ou infini dont on donne les équations de définition, autre- ment dit le problème de l'équivalence des systèmes différentiels, celui qui consiste à reconnaître le degré d'indétermination de la transformation qui transforme entre eux deux systèmes équivalents ou la nature du groupe fini ou infini qui laisse invariant un système donné, tous ces problèmes peuvent se ramener au suivant, plus général : » Étant données n expressions de Pfaff indépendantes Cl) , , tO 2 , • • . , *-^tl à n variables Ou ^ , OC 2 9 • ' ' î ^rt> étudier les invariants du système (w, , w, o„ ) par rapport au groupe de transformations (^inconnu) le plus général qui laisse invariantes un certain nombre de fonctions données y, , . . . , r,„ des x, et, de plus, effectue sur o) , oj„ une substitution linéaire appartenant à un groupe linéaire donné G dont les équations ff nies peuvent dépendre (panimétriquement) des y et dont les constantes arbitraires doivent être regardées comme des fonctions arbitraires des X. n Dans tous les problèmes énoncés plus haut, les transformations infini- tésimales de G sont connues. » J'ai trouvé une méthode générale permettant de résoudre ce problème et reposant sur le même principe que la méthode d'intégration que j'ai exposée récemment dans deux Notes à l'Académie ('). (') Sur l'intégration des sytèmes différentiels complètement intégrables {16 juin et 3o juin 1902). C. R., 1901, 2' Semestre. (T. CXXXV, N« 19.) ïo3 782 ACADÉMIE DES SCIENCES. » Si 1.2, (i) i>\f^ ^ ^-iA.t-/ jf- (^ = 1 , 2, ^. ., a^) i,k sont les r transformations infinitésimales de G, les a désignant des fonc- tions des j, la méthode consiste à introduire /• expressions de PfafF auxi- liaires cj, , n.,, . . ., Ur et des coefficients A,^, définis par les covariants bili- néaires des to, s = l r (2) t'V =2 -^,7<","V + "^ 5'-M.oj,(o, (X: = 1 , 2 n). i.î 1 = 1, ...,n M Les A,y;i sont alors transformés entre eux par le groupe considéré, ce qui permet, par la considération des formes réduites, de réduire, dans certains cas, le groupe G à l'un de ses sous-groupes et peut conduire aussi à de nou- velles fonctions invariantes àex. Lorsque aucune de ces réductions n'est plus possible, le problème de l'équivalence est résolu si le groupe G final satisfait à certaines conditions numériques qui se rattachent à la théorie des conditions d'involution d'un système de Pfaff à n variables indé- pendantes. » Si le groupe G ne satisfait pas à ces conditions, on raisonne sur le système des n -\~ r expressions de Pfaff dont on met les covariants bilinéaires sous une forme analogue à (2), le groupe G étant remplacé par un nouveau groupe à r -h r paramètres qui introduit r' nouvelles expressions de Pfaffauxiliaires y,, ..., y/, et ainsi de suite. Ces opérations ont une fin et les formules finales indiquent le degré d'indétermination de la transformation qui transforme l'un dans l'autre deux systèmes équivalents. » Si les équations finies du groupe linéaire primitif G sont connues, le problème général est obtenu sans intégration. » Si le groupe final se réduit à la substitution identique et si, pour fixer les idées, aucun invariant ne s'est présenté, chacun des systèmes étudiés admet un groupe fini dont la structure est donnée par les constantes A,^^ et les constantes analogues. M Si le groupe final ne se réduit pas à la substitution identique, chaque ivstème admet un i;roupe infini et les formules (2) et analogues />e/7we//e«/ SÉANCE DU to NOVEMBRE U)02. 7^^ aussi de définir la structure de ce groupe infini; c'est un point important sur lequel je me propose de revenir dans une prochaine Noie. 0 Comme conséquence importante, je signalerai le théorème suivant : ,, Si un système d'équations aux dérivées partielles admet des caractéristiques dépendant d'un nombre fini de constantes arbitraires, on peut, sans intégra- tion, ramener la détermination de ces caractéristiques à l'intégration d'un système d'équations différentielles de Lie associé à un groupe de structure connue, à supposer toutefois que le système donné n'admette pas de groupe infini. » Par exemple, les systèmes en involutiou de deux équations aux déri- vées partielles du second ordre à une fonction inconnue de deux variables indépendantes dont les caractéristiques n'admettent aucune intégrale pre- mière de la forme ¥(x,y, z, p, r/) = const., n'admettent jamais de groupe infini de transformations (en x, y, z,p, q). Le plus grand nombre fini qu'un tel système puisse admettre est le groupe simple à i4 paramètres qui a été signalé par M. Engel et moi; sinon d admet au plus un groupe à 7 paramètres, qui est intégrable. Dans ces deux cas la solution générale dépend de -, f{^y f'i^h n^'h j\f"\-)^ii"''(-)+"'f'i-)\'^''-' a désignant une variable auxiliaire,/(a.) une fonction arbitraire de a. Dans le premier cas, /et m sont nuls; dans le second cas, ce sont des constantes qui n'interviennent d'une manière essentielle que par la combinaison -• >> ANALYSE MATHÉMATIQUE. - Sur certaines égalités remarquables. Note de M. W. Stekloff, présentée par M. E. Picard. « 1 Au début du Mémoire de M. Hurvvitz, qui vient de paraître dans le dernier Cahier du .Journal de l'École Normale (septembre 1902), j'ai trouvé une démonstration nouvelle de la formule suivante : ^i) irf'{x)dx^ibl + ^{al+bly 7^4 ACADÉMIE DES SCIENCES. I r^'^ ^« = ^ / /(^) cosnx dx, ayant lieu, quelle que soit la fonction /(a;), bornée et intégrable dans l'in- tervalle (o, 27t). » Je me permets de remarquer d'abord que cette formule a été établie pour la première fois par M. Liapounoff en 1896 (<), comme je l'ai déjà signalé dans ma Note Sur un problême de la théorie analytique de la cha- leur {Comptes rendus, 4 avril 1898). Voir aussi mon Mémoire Sur /e^/onc- tions harmoniques de M. H. Poincaré {Annales de Toulouse, 1901, p. 290). >> J'indiquerai ensuite que diverses égalités, analogues à celle de M. Lia- pounoff, résultent immédiatement d'un théorème général que j'ai démontré dans mon Mémoire : Problème de refroidissement d'une barre hétérogène {Annales de Toulouse, 1" série, t. III, 1901). « 2. Soient p &l q deux fonctions de la variable réelle x, continues et positives dans l'intervalle àe x = a k x = b{b^ a). Supposons que/; ne s'annule pas dans cet intervalle. Désignons par k„{n = i, 2, 3, . . .) une suite de constantes déterminées positives ne dépendant que de p, q et de l'intervalle {a, b); par V„(/i = i, 2, 3, . . .) une suite de fonctions corres- pondantes vérifiant les équations V'I + {k„p - y) V„ = o, a < a: < è, jointes aux conditions fpYldx = i, "J a V'„(«) - hN„{a) = o, VK^-) + HV„(6) = o, A et H étant des constantes positives. » Dans le Mémoire cité (p. 3o6), j'ai énoncé la proposition suivante : Quelle que soit la fonction/, continue dans l' intervalle {a, b), on a toujours / pp dx = 21 ^« ' K= f pf\n dx. (') Communications de la Société malliématique de Kharkow {Extrait des Pr, verbaux, t. VI, n° 6; séances des i3 décembre 1896, 20 janvier et 7 mai 1897) oces- SÉANCE DU lO NOVEMBRE 1902. 780 » Mais la condition de la continuité n'a rien d'essentiel. » On peut s'affranchir de celte restriction en employant la méthorle que j'ai exposée dans mon Ouvrage : Les méthodes générales pour résoudre les problèmes fondamentaux de la Physique mathématique (Kharkow, 1901, p. 255-257). ^oi'' aussi mon Mémoire Sur les fonctions harmoniques de M. U. Poincaré (^Annales de Toulouse, t. II, 1900, p. 282-U84). » Nous obtiendrons ainsi ce théorème général : » Théorème. — Quelle que soit la fonction f bornée et intégrable dans l'intervalle donné (a, b), on a toujours / Pf dx = 2 K' K -/ fp^„ dx. ' n = l " » 3. Considérons maintenant deux cas particuliers (0 A := H = 00, (=^) A = H = o. » En posant p^i, q=^o, a = 0, 6 := TC, on aura respectivement [pour(i)] V„= y/^sinrtr, [pour(2)] V„^y/i, V„= y/^cos«a;. » Posant ensuite on aura a = o, ô = 2-, I . nx [pour (i)] V„= — siu nx [pour(2)J V„=^cos ^ » Appliquons maintenant le théorème général à ces cas particuliers. On ^86 ACADÉMIE DES SCIENCES. trouve les formules suivantes, analogues à (i), ~ j f-dx = 2 ««) """^ T.J ^^^" " ^ ^^^' 1 rydx =. ç+iè;;, b:=Lffcos'2^dx, ayant lieu, quelle que soit la fonction /, bornée et intégrahle dans l'intervalle (O, 277). » Le théorème énoncé plus haut est susceptible des autres applications intéressantes que j'indiquerai, si l'Académie me le permet, dans une autre Communication. » PHYSIQUE. — Sur le phénomène de Hall et le pouvoir thermo-électrique . Note de M. Edmond van Aubel, présentée par M. Lippmann. « Suivant A. von Ettingshausen et W. Nernst ('), le phénomène de Hall serait lié au pouvoir thermo-électrique des métaux. D'autre part, Edmond Becquerel (-) a constaté que l'alliage renfermant lo parties de bismuth pour i partie d'antimoine et le mélange de bismuth et sulfure de bismuth, fondus ensemble à poids égaux, ont un pouvoir thermo-électrique bien supérieur à celui du bismuth pur. » Je me suis proposé de vérifier la conclusion de A. von Ettingshausen et W. Nernst, en étudiant l'effet Hall successivement dans le bismuth pur, un alliage de 8s, 35 d'antimoine pour 918,63 de bismuth et un mélange de bismuth et sulfure de bismuth contenant 4,36 parties en poids de soufre pour 96,64 de bismuth ('). ( ') SUzungsberichteder Akademie der Wissenschaften. Vienne, vol. XCIV, 1886, p. 56o. (2) Annales de Chimie et de Physique, 4° série, t. VIII, 1866, p. 4i3- (3) Ces compositions ont été déterminées, sur l'alliage et le mélange, par des ana- lyses pour lesquelles je liens à exprimer ici mes remercîments à M. Maurice Duysk. SÉANCE DU lO NOVEMBRE ig02. 787 » Les électrodes de Hall étaient réunies aux bornes d'un galvanomètre Deprez- d'Arsonval très sensible, dont les déviations du miroir étaient observées avec une lunette, lorsque la plaque étudiée était placée normalement aux lignes de force du champ magnétique. Les deux électrodes de Hall n'étant pas placées exactement sur deux lignes équipotentielles, le miroir du galvanomètre déviait lorsque le courant primaire traversait la plaque étudiée. Cette déviation n'a pas été annulée par compen- sation, suivant le procédé habituel, puisqu'on ne recherchait, provisoirement, que des comparaisons approximatives. Résultats. » 1. Plaque de bismuth pur. Epaisseur : i™"", 25. » Intensité du courant traversant l'électro-aimanl : 27,8 ampères. » Intensité du courant primaire dans la plaque : i,44o ampère. » Lectures des positions du miroir du galvanomètre : a. Position initiale 10,00 b. Courant primaire dans la plaque 1 1 ,03 _ ,, . , ,,,, . i un sens d'aimantation (A). .. . 10,20 c. Sous 1 action de lelectro-aimant • ,, . . ,' , .. / autre sens d aimantation (b). . 12, 35 Effet Hall proportionnel à 12, 35 — 10,20 ^ 2, 1 5. » 2. Plaque de l'alliage de bismuth et d'antimoine. Epaisseur : i™",55. » Intensité du courant traversant l'électro-aimant : 20,5 ampères. » Intensité du courant primaire dans la plaque : i,435 ampère. )i Lectures des positions du miroir du galvanomètre : a. Position initiale 10,0 b. Courant primaire dans la plaque 10,82 _ ,, ■ , ,,., . l un sens d'aimantation (A) .. . 7,06 c. aous 1 action de 1 electro-aimant ■ ,, . • ,. ^ ^.. / autre sens a aimantation (13). i3,85 Effet Hall proportionnel à 1 3 . 85 — 7 , 96 = 5 , 89. » 3. Plaque du mélange de bismuth et sulfure de bismuth. Epaisseur : i™'°,6o. » Intensité du courant traversant l'électro-aimant : 28,2 ampères. )i Intensité du courant primaire dans la plaque : i ,44o ampère, » Lectures des positions du miroir du galvanomètre : a. Position initiale 10,0 b. Courant primaire dans la plaque 10, 32 „ 1 ■ 1 ,,., • l un sens d'aimantation (A). . . 7,i5 c. bous I action de 1 electio-airaant \ ,, . ■ ^ \ autre sens daimantation (B). 13,72 Effet Hall proportionnel à 13,72 — 7,15 = 6,57. » Ces résultats montrent que l'effet Hall est le plus intense dans le mélange de bismuth et de sulfure de bismuth. Dans cette plaque, le phé- nomène a une intensité triple de celle que donne la lame de bismuth pur, 788 ACADÉMIE DES SCIENCES. bien que l'épaisseur soit notablement plus forte. L'alliage de bismuth el d'antimoine considéré donne également lieu à un effet Hall très intense, plus que double de celui observé avec le bismuth pur, qui est, de tous les corps étudiés jusqu'ici, celui dont le coefficient rotatoire de Hall est négatif et de beaucoup le plus élevé. D'ailleurs ce pouvoir rotatoire a le même signe dans les trois expériences. » Ces mesures confirment la conclusion de A. von Ettingshausen et W. Nernst; elles m'engagent à étudier un mélange de bismuth et sulfure de bismuth contenant une plus grande quantité de ce dernier, et des sulfures dont le pouvoir thermo-électrique est très élevé. » Les expériences dont il a été question jusqu'ici ont été faites en pla- çant les lames dans l'air, à la température du laboratoire. Je me suis pro- posé ensuite de comparer les intensités de l'effet Hall, à la température du laboratoire et dans l'air liquide, pour la plaque formée par le mélange bismuth et sulfure de bismuth. » Les pôles de l'électro-aimant ont donc été écartés jusqu'à être distants de 53°"°, afin qu'il fût possible de placer entre eux une éprouvette en verre à doubles parois de Dewar, contenant l'air liquide. En opérant comme précédemment, j'ai trouvé que, si l'on mesurait l'efiTet Hall par la déviation double observée au galvanomètre, on obtenait 2,35 à la température du laboratoire el 8,76 lorsque la plaque était placée dans l'air liquide. L'intensité du phénomène de Hall devenait donc, pour le mélange considéré, plus de trois fois plus grande dans l'air liquide. » J'ai l'intention de continuer les recherches dont je viens d'indiquer les premiers résultats, pour prendre date. Des expériences sur la rési.s- tance électrique dans le champ magnétique et sur les phénomènes thermo- et galvano-magnétiques, pour ces alliage et mélange, sont actuellement en cours d'exécution. » PHYSIQUE. — Sur la conductibilité des dissolutions aux basses températures. Note de M. J. Kuxz, présentée par M. J. Vioile. « Jj'affaiblissement considérable de la conductibilité électrolylique aux basses températures peut provenir de deux causes. Elle peut êtie attribuée soit à l'abaissement du degré de dissociation, soit à la viscosité croissante que le milieu oppose aux ions. » Rohlrausch (') a reconnu que les formules empiriques qui repré- (') KoHLRAUSCH, Sitzungsbcrichte Akad. d. Wiss. Berlin, t. XLII, 1901 SÉANCE DU lO NOVEMBRE 1902. 789 sentent bien les observations de Desguinc ('), faites au-dessus de zéro, indiqueraient, si l'extrapolation était permise, une conductibilité tombant à zéro, pour tous les électroly tes indistinctemerjt, à la température de — 3g°. S'il en était réellement ainsi, il est clair que la cause devrait en être cherchée dans l'état du dissolvant commun à tous les électrolytes. On peut encore trouver un argument à l'appui de cette manière de voir dans les valeurs numériques assez voisines du coefficient de variation ther- mique de la conductibilité des dissolutions et de celui de la viscosité de l'eau, mesuré directement. » Je me suis proposé de soumettre ces vues de Rohlrausch au contrôle de l'expérience, par des mesures de conductibilités électrolytiques à des températures aussi basses que possible. Après bien des essais infructueux sur les électrolytes surfondus, j'ai àù restreindre mes recherches aux dissolutions concentrées, à point de congélation très bas, d'acide sulfu- rique, de soude caustique et de chlorure de calcium. J'ai pu atteindre, avec les solutions d'acide sulfurique de 45 à ■^o pour 100, des températures inférieures à — 70°. )) Les résistances onl été déterminées par la méthode de Kohlrausch, avec un pont à fil exactement calibré. Les températures, jusqu'à — 35°, ont été mesurées avec un ther- momètre normal de Pernet, et, au-dessous, au uioyen du couple constantan-fer, préalablement étalonné. Les trois causes d'erreur de la méthode, la self-induction, la capacité et la polarisation, ont été éliminées par des procédés connus. Je donne, dans le Tableau suivant, un extrait des mesures sur l'acide sulfurique : A est la conducti- bilité en unités C. G. S. ig, I pour 100. Température.. 0° — 5°, 7 — 10°, 7 — i5°,2 — 18°, 4 10^ X/. 519 478 370 266 (») 194 (-) 32,66 pour 100. Température.. o" — 9°, 4 — i4°,2 — 19°, 8 — 34°, 1 — 44°>6 10' X A- 5oo 398 342 .3oi 168 66,0 (') 42, o5 pour 100. Température. . 0° lo^X A- 447 10", 9 — 20°, 5 - 28°, 3 — 59°, 5 -74°, 3 335 261 203 28,0 4,7 (') Desguine, Thèse, Strasbourg, iSgS. (-) La solution était congelée. {■') La solution se congela aussitôt après la mesure. C. a., iyo2, 2' Semestre. (T. CXXXV, N" 19.) ' o4 790 ACADÉMIE DES SCIENCES. 5o,86 pour loo. Tempéralure. . o" — io°,5 — 200,6 — 28", 6 — 49°,' — Gô^-iC) lo'x/.' 357 270 194 140 39,2 4,6 60,90 pour 100. Température.. 0° — 10», 5 — 20°, 3 — 33°, 4 — 5i°,9 — 69°, 9 lo'x/. 232 171 124 71,8 19,4 i,3i 63,76 pour 100. Température.. 0° — 10°, 2 — 20°, 2 — 28", 6 — 56°,! — 65°, 9 lo'xA- 193 143 T02 7', 9 5,87 0,66 » La conductibilité tracée pour les diverses solutions d'acide sulfurique à la température de 0° concorde bien avec les observations antérieures de M. Bouty. » Les courbes représentant la conductibilité en fonction de la tempéra- ture ne rencontrent pas l'axe des abscisses à — 39", comme l'avait supposé Kohlrausch, en extrapolant. Elles semblent, au contraire, ne devoir l'at- teindre qu'au zéro absolu. Mais la similitude d'allure de ces courbes vient corroborer l'idée qui est à la base de cette hypothèse, à savoir que la cause principale de la radiation thermique réside dins la viscosité' du milieu pour les ions. n Ces expériences montrent aussi bien clairement le contraste des pro- priétés des électrolytes et des métaux. Tandis que la résistance de ceux-ci s'annule au zéro absolu, c'est la conductibilité des électrolytes qui semble y tendre vers une valeur nulle. » PHYSIQUE APPLIQUÉE. — 'Nouvelles expériences sur la résistance électrique du sélénium et ses applications à la transmission des images et des impres- sions lumineuses. Note de M. Dussaud, présentée par M. L. Cailletet. « Dans sa séance du 27 octobre dernier, M. Coblyn a présenté à l'Aca- démie une Note sur la vision à distance par l'Electricité. Depuis longtemps je m'occupe des mêmes expériences et, pour les réaliser, je me sers de deux postes reliés par un courant électrique. (' ) La solution se congela aussitôt après la mesure. SÉANCE DU lO NOVEMBRE 1902. 791 » Le poste transmetteur se compose d'une surface plane, non conduc- trice, divisée par de légères cloisons en carrés égaux d'environ 5'^'" de côté, dans chacun d'eux est disposée une bobine, formée d'une lame en matière isolante, sur laquelle sont enroules deux fds de cuivre de petit diamètre, noyés dans une couche de sélénium préparée de manière à lui assurer le maximum de sensibilité, en me basant sur mes expériences antérieures. Un de ces fils est parcouru par un faible courant électrique d'ordre téléphonique. » Lorsqu'on éclaire la couche de sélénium, celle-ci acquiert une conduc- tibilité d'autant plus grande que l'éclairage est plus intense et laisse passer une partie du courant dans le second fil. » Ce dernier est relié à une bobine munie d'un contact, faisant l'office d'un servo-moteur, destiné à agir sur un courant local d'une énergie suffi- sante pour allumer des lampes à incandescence au poste récepteur, qui se compose, ainsi que le poste transmetteur, d'une surface plane divisée aussi par des cloisons en un même nombre de cellules carrées contenant chacune une lampe à incandescence. » Lorsqu'au poste transmetteur on éclaire une ou plusieurs bobines recouvertes de sélénium, la conductibilité ([ui se développe permet à un faible courant de traverser le second fil relié au servo-moteur; on voit alors s'éclairer, au poste d'arrivée, les hunpes correspondantes à celles frappées par la lumière au poste de départ. » Je dois conclure, en terminant, que, d'après mes expériences, il sera possible de transmettre des impressions lumineuses et des images à de grandes distances. » CHIMIE MINÉRALE. — Production artificielle du rubis par fusion. Note de M. A. Verneuil, présentée par M. H. Moissan. « Malgré ses persévérantes recherches, A. Gaudin n'a pas obtenu l'alu- mine fondue à l'état transparent. » La cause de cet insuccès résidait dans l'emploi d'une température trop élevée, car, si l'on dépasse sensiblement son point de fusion, cet oxyde cristallise en donnant un produit opaque. » De là résulte l'impossibilité d'affiner une masse d'alumine sur une profondeur un peu notable, à l'aide du chalumeau oxhydrique, puisque ce n'est qu'en surchauffant la couche supérieure que l'on peut liquéfier les 792 ACADÉMIE DES SCIENCES. parties plus profondes. Si l'on remarque enfin que l'alumine transparente obtenue est toujours sillonnée d'une multitude de craquelures, dues au contact de l'enduit fondu avec l'aUimine sous-jacente, il faudra conclure de ces données que le problème posé ne peut se résoudre qu'en observant les conditions suivantes : » i" Maintenir le produit fondu dans une région de la flamme toujours identique. » 2° Produire l'accroissement par couches superposées de bas en haut afin de réaliser l'affinage sur une série de couches minces; » 3° Obtenir la fusion dans des conditions où le contact du produit fondu avec le support soit réduit à une surface extrêmement petite. » La première de ces conditions se trouve réalisée par l'emploi d'un chalumeau oxhy- drique vertical dont la flamme est dirigée sur un support mobile de haut en bas et qui peut être abaissé par le jeu d'une vis à pas très serré, permettant ainsi d'éloigner du chalumeau le produit fondu à mesure qu'il s'élève et de le ramener dans la zone convenable de fusion, lorsque celle-ci se sera éloignée du bout du chalumeau par l'augmentation progressive donnée à l'intensité de la flamme. » J'ai réalisé la formation de la masse fondue constituée par des couches minces superposées de bas en haut, conformément à la deuxième condition énoncée, à l'aide d'une méthode que l'on peut appeler procédé de seniage et qui consiste à entraîner la poudre d'alumine chromée ou le rubis naturel pulvérisé par le courant d'oxygène^ qui alimente le chalumeau. La matière, placée dans un panier en toile métallique suspendu dans une chambre qui surmonte le tube central du chalumeau, est lancée dans le courant d'oxygène par l'effet des chocs d'un petit marteau actionné mécani- quement. Les grains d'alumine (M ou de rubis, ainsi "distribués dans toutes les parties de la flamme, subiront la fusion dès qu'ils parviendront dans la zone suffisamment chaude, coïncidant dès l'origine du travail avec le support destiné à recevoir la masse fondue. » Ce support, formé d'un petit cylindre d'alumine agglomérée au rouge avec quelques centièmes de carbonate de potasse, est placé très exactement dans l'axe du chalumeau, et sa surface est portée, par la flamme convenablement réglée, à une tem- pérature un peu inférieure à celle de la fusion de l'alumine afin d'agglomérer seule- mentles grains qui tombent sur cette surface et forment bientôt un cône dont le sommet parvient peu à peu dans la partie de la flamme suffisamment chaude pour en effectuer la fusion. A partir de ce moment, tous les grains qui tombent sur la pointe fondue s'y liquéfient, et le filament obtenu, qui réduit ainsi à une très petite surface le contact de la matière avec le support, augmente peu à peu de diamètre à mesure qu'il s'élève et gagne une zone plus chaude et plus large de la flamme, en se transformant à son sommet en une sphère dont il faut maintenant accroître le diamètre le plus possible, (') L'alumine précipitée avec 2,5 pour loo d'oxyde de chrome et calcinée est la meilleure forme sous laquelle on puisse l'employer. SÉANCE DU lO NOVEMBRE 1902. 798 ce que l'on obtient en augmentant progressivement l'arrivée de l'oxygène dont le débit est commandé par un robinet à vis d'un pas très serré. » Le gaz d'éclairage ayant été admis en grand excès dès le début de la fusion, l'augmentation du débit de l'oxygène entraîne le déplacement de la zone convenable de fusion qui s'éloigne progressivement du bout du chalumeau; il faut donc, en abais- sant le support qui porte la masse, ramener dans cette zone la partie supérieure de la sphère fondue : le bouillonnement caractéristique qui s'opère sous l'influence de la flamme trop chaude ou trop riche en oxygène est un indice qui permet de ramener toujours le produit dans la région voulue. » Pour maintenir la fixité de la flamme et régulariser le rayonnement, l'opération s'exécute au milieu d'un petit four cylindrique en argile portant un regard permettant de suivre les phases de la fusion. En emplojant un ciialumeau possédant un bout de Il de millimètre (dimension au-dessus de laquelle il devient difficile de former à l'ori- gine une pointe fondue suffisamment fine), il est possible d'obtenir en 2 heures une masse ovoïde parfaitement affinée et d'une coloration bien homogène pesant 28,600 à 38, c'est-à-dire environ 12 ou i5 carats. Une telle masse présente S"""' à 6™™ de dia- mètre lorsqu'elle est sphérique. » Dès que l'on est parvenu à obtenir ces dimensions, vers la fin du travail, on sup- prime brusquement l'arrivée des deux gaz afin d'obtenir une trempe énergique du produit. A cette condition seulement et si la masse a été bien centrée et également chaulTée, elle se fend exactement en deux parties suivant un plan vertical. Chacune de ces deux demi-sphères, taillées à l'aide des procédés employés par les lapidaires, donne un rubis semblable à celui que je soumets à l'Académie. » Ces rubis, qui possèdent une magnifique fluorescence rouge, ont pour densité 4. oi) et tous les lapidaires auxquels ils ont été soumis ont trouvé qu'ils présentaient la même dureté que le rubis naturel et pouvaient prendre son beau poli. » Lorsqu'ils sont parfaitement réussis, il me paraît impossible de les distinguer des plus beaux rubis naturels, mais souvent, et surtout dans le cas des grosses pierres, ils présentent deux défauts qui indiquent leur ori- gine artificielle et qui tiennent à la réelle difficulté qu'on éprouve à con- duire correctement une fusion : l'alfinage imparfait en quelques points se traduit par des groupes de petites bulles que l'on distingue avec une forte loupe. Leur formation est due soit à un semage exagéré, soit à l'emploi d'une flamme trop oxygénée. » Le second défaut, plus caractéristique encore, réside dans la présence de zones rubannées dues à la décoloration de certaines portions, par la volatilisation du chrome, lorsque le semage a été trop ralenti. Ces défauts, qui n'altèrent pas sensiblement, du reste, la beauté de ces pierres lors- qu'elles sont montées, s'atténuent et peuvent même disparaître lorsque, 794 ACADÉMIE DES SCIENCES. par un travail convenablement suivi, il est devenu possible de se rendre tout à fait maître du semage ( ' ). » CHIMIE. — Sur les alliages de cuivre et de magnésium. Note de M. O. Boudolard, présentée par M. Troost. « D'après Parkinson ( - ), en fondant 2oo« de cuivre et So^ de magnésium pendant 7 minutes, on obtient un alliage rouge jaunâtre ou couleur or, selon la proportion centésimale de magnésium (la perte est environ 1,7.5 pour 100). Cet alliage s'oxyde lentement; Iors(|u'on le rompt, il a une apparence vitreuse; il est très cassant : i pour 100 de magnésium rend le cuivre cassant; le métal à i5 pour 100 de magnésium, dont la densité est 5,95, peut être pulvérisé au mortier. J'ai repris l'étude des alliages de cuivre et de magnésium et j'ai l'honneur de présenter à l'Académie les résultats relatifs à leur fusibilité et à leurs propriétés mécaniques. » Quoique le point de fusion du cuivre soit assez élevé (io85°), j'ai pu employer le procédé qui m'avait servi dans les recherches sur les alliages du magnésium avec l'alu- minium et le cadmium pour déterminer le point de solidification des mélanges conte- nant jusqu'à 75 pour 100 de cuivre ('); le Tableau ci-dessous monti-e en effet que ces mélanges fondent au-dessous de 600". Pour les teneurs supérieures à 76 pour 100, j'ai fondu les métaux sous le sel marin, le tube en verre destiné à protéger le couple thermo- électrique étant remplacé par un tube semblable en porcelaine. Voici les résultats obtenus : Magnésium pour loo Cuivre pour inu en poids. 100 90 80 70 60 5o 45 4o (') Je suis heureux de remercier mon élève M. Marc Paquier de l'aide très active qu'il m'a donnée pendant ce long travail. {^) Chemical Society, 2" série, t. V, p. i 17. (3) Comptes rendus, t. CXXXII, p. iSaô. poids. Températures. » 635 fO 610 20 56o 3o 475 4o 53o .5o 55o 55 55o 60 545 SÉANCE DU lO NOVEMBRE 1902. 795 Magnésium pour 100 Cl iivre pour 100 en poids. en poids. Températures. 3o 70 0 540 27,8 72,2 585 25 75 575 20 80 9,5 10 90 890 » 100 io85 » Si l'on construit la courbe en portant comme abscisses les proportions en poids de cuivre et en ordonnées les températures, on remarque que cette courbe présente trois maxima (55o°, 585» et giS") et quatre minima (470°, 54o°, 575° et 890°). On voit également que le magnésium et le cuivre donnent des alliages extrêmement fusibles : de o à 75 pour 100 de cuivre, le point de fusion est inférieur à celui du magnésium. Enfin, les trois points maxima mettent en évidence l'existence de trois combinaisons définies : CuMg", CuMg et Cu-Mg, dont je poursuis l'étude. » Les alliages de cuivre et de magnésium conservent leur couleur blanche, plus ou moins brillante, jusqu'à la teneur de 70 pour 100 de cuivre, où l'on commence à voir apparaître une légère teinte jaunâtre; l'alliage à 80 pour 100 est jaunâtre, et celui à 90 pour 100 est franchement jaune. Le cuivre perd donc sa couleur lorsque sa proportion est inférieure à 80 pour 100; on peut rapprocher ces faits de ceux qui ont été observés par Debray avec l'aluminium (') : avec ce métal, la couleur du cuivre disparaît pour une teneur de 82 pour 100 de cuivre, qui correspond à la combinaison Cu'-Al; avec le magnésium, elle disparaît pour la teneur cor- respondant à Cu" Mg. » Le magnésium contenant 10 pour 100 de cuivre est encore malléable; au delà de 10 pour 100, il devient cassant, et la fragilité augmente pro- gressivement jusqu'à la proportion de 70 pour 100 de cuivre : l'alliage peut alors être brisé entre les doigts. La fragilité diminue ensuite jusqu'au cuivre pur. L'alliage à 90 pour 100 de cuivre casse sous le marteau ; cette cassure est d'apparence grenue. Si l'on compare les propriétés mécaniques des alliages de cuivre et de magnésium à celles des alliages de cuivre et d'alu- minium, telles qu'elles ont été indiquées par Debray, on est frappé du pa- rallélisme qu'elles offrent; il n'y a de différence que pour le métal conte- nant 90 pour 100 de cuivre qui, dans le cas de l'aluminium, a pu recevoir des applications industrielles à cause de sa malléabilité et de sa dureté (') Comptes rendus, t. \LI1I, p. 925. 796 ACADÉMIE DES SCIENCES. (bronze d'aluminium). Au point de vue de la couleur, les alliages du cuivre avec 10 pour 100 de magnésium ou d'aluminium sont analogues : ils sont jaunes et susceptibles d'un beau poli. » CHliMlE ORGANIQUE. — Sur la présence de lavolémite dans quelques Primu- lacées. Note de MM. J. BouGAULret G. Allard, présentée par M. A. Haller. « En étudiant les principes immédiats des parties souterraines (racines et rhizomes) du Primula grandijîora Lam., nous avons isolé un composé cristallisé, présentant les propriétés d'un alcool polyatomique, auquel nous avons tout d'abord donné le nom de primulite ; mais que nous avons pu ensuite identifier avec la volémite, iilcool lieptatomiqne découvert par M. BourqueloL ( ' ) dans un champignon, le Lactarius volemus Fr. M Pour isoler ce composé nous suivons le mode opératoire suivant : » Les rhizomes et les racines desséchés et pulvérisés grossièrement sont traités à l'ébuUilion pendant 2 heures par 5 parties d'alcool à 85°. Après refroidissement, on exprime et l'on filtre. On distille pour séparer l'alcool, puis le liquide résiduel est précipité par le sous-acétate de plomb. La liqueur filtrée est débarrassée de l'excès de plomb par l'hydrogène sulfuré, filtrée de nouveau et évaporée en consistance siru- peuse. La primulite cristallise par refroidissement. On purifie par cristallisations dans l'alcool à 85° bouillant. » Le produit ainsi obtenu possède les propriétés suivantes : » Il est très soluble dans l'eau, peu soluble dans l'alcool, insoluble dans l'élher. Point de fusion i54°-i55° (volémile: i40°-i42°, Bourquelot; i5i°-j53°, E. Fischer). » Le pouvoir rolatoire est légèrement dextrog\-re et ne varie pas, en solution aqueuse, avec la concentration ; nous avons trouvé ai)=: -I- 2°, 65 (volémite : + i°,99 et -h 2°,4o, Bourquelot; -i-i°,92, E. Fischer). L'acide borique ne le modifie pas: is, --j de pri- mulite et 08,70 d'acide borique dissous dans l'eau, sous un volume de 2-"'', 8, ont donné ap ^ -H 2°, 59 ( volémile : -H 2°,5o, Bourquelot ). Le borate de soude exalte au contraire notablement le pouvoir rotatoire : o?, 7955 de primulite et 2? de borate de soude, dans un volume de 2-"'"', 6, ont donné an =-)- 20'',83 (volémite: -t-22°,i, Bourquelot). » L'analyse élémentaire s'accorde avec la formule C'H"^0''. » La détermination cryoscopique du poids moléculaire a donné le chiffre 209.1 (théorie pour C"H"0'', 212). » L'acétal éthylique fond à 206° (acétal éthylique de la volémite : 190°, Bourquelot). II dévie à gauche la lumière polarisée; en solution chloroformique, a,, = — 46°, 4o. » L'éther acétique fond à 62°. (') Jourii. de Pharm. et Cliim. [6], t. 11, 1890, p. 385 et 390. SÉANCE DU lO ÎSOVEMBRE I902. 797 » Si l'on compare les constantes trouvées pour la primulite et son acétal éthvliqiie, et celles indiquées par M. Bourquelot pour la volémite, on constate à la vérité quelques différences; mais ces différences ont pu être expliquées facilement. Elles tiennent à ce que la volémite de M. Bourquelot n'était pas absolument pur^, et probablement mélangée d'un peu tie man- nite. Cette explication n'a pas pu être contrôlée par la séparation de la niannite; elle est cependant assez vraisemblable, car elle rend compte des différences constatées et elle explique en outre que M. Bourquelot ait obtenu, en préparant l'éther acétique de lu volémite, une petite quantité d'un éther acétique possédant le point de fusion et le pouvoir rotaloire de l'élher acétique de la mannite. » Quoi qu'il en soit, M. Bourquelot ayant eu l'obligeance de mettre à notre disposition une quantité suffisante de sa volémite, nous l'avons purifiée par de nombreuses cristallisations dans l'alcool, et avons pu obtenir un produit possédant toutes les propriétés de la primulite. Nous avons également préparé, avec la volémite de même origine, un acétal éthylique et un éther acétique, et avons constaté leur identité avec les dérivés correspondants de la primulite. » Nous en concluons que les parties souterraines du Priniula grandi- JloraLsVun. contiennent le principe appelé volémite par M. Bourquelot, mais qu'il y a lieu de modifier légèrement les constantes indiquées tout d'abord pour ce corps. » Diverses espèces de Primula voisines de la précédente, entre autres le Primula elatior Jacq. et le Primula officinalis Jacq., nous ont également fourni de la volémite, ainsi qu'une variété de Primula à fleurs rouge foncé, communément cultivée dans les jardins. La proportion contenue dans ces diverses espèces est sensiblement la même et voisine de ij pour 1000 de la plante sèche. » CHIMIE INDUSTRIELLE. — Essais sur la constitution chimique des copals. Note de JM. Marcel Guédras. (Extrait.) « Dans ces essais, j'ai porté mes investigations sur l'huile obtenue lors de la pyrogénation des copals en vue de les rendre solubles pour la fabri- cation des vernis. Mes essais ont porté sur trois variétés de gommes : 1° le copal de Madagascar; 2° le copal de Zanzibar; 3° le copal de Rauri. C. R., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N- 19.) ïo5 79''^ ACADÉMIE DES SCIE^'CES. » Madagascar. — Dans une cornue tubulée, j'ai chaufTé loo? de copal. Le réser- voir à mercure du thermomètre plongeait dans la matrice. » J'ai constaté : à 5o" C, émission de gaz; à iSo", fusion de la gomme; à 270", com- mencement de la distillation. )) La distillation est assez abondante jusqu'à Soc", elle augmente jusqu'à 350°, puis la température monte lentement à 355°, et à ce chiffre la distillation diQiinue considérablement. » Le distillalum est formé de deux couches : la première, aqueuse et pesant iqs, 25o; la seconde, huileuse, de couleur jaune paille et d'un poids de 1 5s, 700. » Le chiffre de l'acide de la gomme est i43 ; » Le chiffre de l'acide de l'huile est de 80. » Congo. — La distillation a eu lieu dans les mêmes conditions que ci-dessus. )i A 3o°, émission de gaz; à io5°, commencement de la fusion, etc. » Le distillatum est formé d'une couche aqueuse pesant 6s,4oo, et lluiile, de cou- leur jaune paille, pèse 8s, 600. Il Le chiffre de l'acide est, pour la gomme, 35,55; » Le chiffre de l'acide est, pour l'huile, "x'j,. » Kauri. — Le distillatum est en deux couches : la première, aqueuse, pèse 8s, 260 ; la seconde, huileuse, de couleur jaune pâle, pèse 75,740. » Le chiffre de l'acide est, pour la gomme, 69,70; » Le chiffre de l'acide est, pour l'huile, 36. » Plus un copal est dur, plus la quantité d'acide est élevée. )) Les huiles sont solubles dans l'alcool, l'éther, le benzène, le sulfure de carbone; insolubles dans les carbures térébéniques. » En traitant ces huiles par l'acide nitrique, on obtient une résine jaune, solubledans les solvants cités ci-dessus, ainsi que dans les huiles végétales. On n'a réu.ssi à isoler ni les acides cinnamique ou benzoïque, ni leurs dérivés nitrés. » L'odeur caractéristique de la terpine dans le dislillatum de l'huile oxydée par AzO'H, et la présence de gouttelettes huileuses à odeur cam- phrée, qui sont constituées probablement par du raonochlorhydrate de térébenthène C'^H'^HCI, me font supposer que les copals sont constitués en partie par des terpines à certains degrés d'oxydation. » MINÉRALOGIE. — Sur tes groupements de cristaux d'espèces différentes. Note de M. Fréd. Wallerant, présentée par M. de Lapparent. « L'étude de ces groupements tire son intérêt de ce qu'elle étend le champ de nos connaissances sur les actions que les molécules d'un corps peuvent exercer sur les molécules d'un autre corps. Celte action réci- SÉANCE DU lO NOVEMBRE 1902. 799 proque de molécules différentes, et, en particulier, l'action d'orientation, est bien connue depuis les expériences de M. Gernez sur la cristallisation de solutions sursaturées sous l'influence de cristaux de corps isomorphes du corps en dissolution. Elle est encore mise en évidence par la possibilité d'obtenir des cristaux formés de couches superposées de corps isomorphes: il en résulte que, dans ce cas, les molécules de l'un des corps agissent sur les molécules des autres comme elles agissent entre elles. Mais cette influence, dans le cas de substances isomorphes, ne saurait nous étonner, puisque la propriété de former des mélanges isomorphes implique déjà cette action d'orientation. » Ce qui peut surprendre, c'est de voir des cristaux n'ayant aucun rap- port, au point de vue chimique, ni, tout au moins en apparence, au point de vue cristallographique, s'orienter réciproquement : c'est ainsi que, si l'on fait cristalliser de l'iodure de potassium sur une lame de mica, les octaèdres d'iodure s'orientent de façon qu'un de leurs axes ternaires soit parallèle à l'axe quasi-ternaire du mica et qu'un de leurs axes binaires soit parallèle à l'axe binaire de ce dernier minéral. Les deux cristaux s'orientent donc parallèlement, et les molécules du mica agissent sur les molécules de l'iodure comme elles agissent entre elles. Les octaèdres peuvent d'ailleurs prendre deux positions à 180" l'une de l'autre, comme cela a lieu dans les groupements autour des axes ternaires. Ce mode d'association peut être àil parallèle ou symétrique ; c'est lui que l'on retrouve le plus souvent réalisé dans les cristaux naturels. )) Mais il est d'autres modes d'associations paraissant plus complexes et satisfaisant tous à la même loi, facile à énoncer : si nous désignons sous le nom à' éléments de la forme primitive ses arcles, ses diagonales et les diago- nales de ses faces, on peut dire que les cristaux s'associent de façon qu'au moins deux éléments de la forme primitive de l'un coïncident avec deux éléments de la forme primitive de l'autre. Bien entendu, dans certains cas, la coïncuience de ces deux éléments peut entraîner la coïncidence d'autres éléments, comme cela a lieu dans le cas du parallélisme. On voit donc, d'après les résultats publiés dans une Note précédente, que les minéraux s'orientent de façon que, au moins suivant deux directions, les actions exercées par les particules complexes de l'un sur les particules de l'autre soient des forces centrales. Mais la position des deux minéraux, dans ces associations, n'est pas rigoureusement déterminée comme celle de deux cristaux de même espèce dans un groupement : souvent, en effet, les élé- ments qui tendent à se mettre en coïncidence ne font pas entre eux abso- 8oO ACADÉMIE DES SCIENCES. lument le même angle dans les deux cristaux, de sorte que la coïncidence complète n'est pas possible : on constate alors un léger flottement dans la position relative des deux cristaux. » Comme exemple, je citerai l'association de l'amphibole et de la cal- cite : l'amphibole s'oriente de façon que son arête verticale soit parallèle à ime arête culminante de la calcite et que son axe binaire soit parallèle à un axe binaire de ce dernier minéral. Or j'ai montré que la forme pri- mitive de l'amphibole était un parallélépipède voisin d'un rhomboèdre de 8o°5o'; il est, par suite, facile de constater que l'arête de ce parallé- lépipède, située dans le plan de symétrie commun, coïncide précisément avec l'axe ternaire de la calcite; par conséquent, une arête de la forme primitive de l'un coïncide avec une diagonale de la forme primitive de l'autre. )) Dans l'association de calcite et d'aragonite, étudiée par G. Rose, la microdiagonale de l'aragonite, qui est un axe binaire de sa forme primi- tive, coïncide avec un axe binaire de la calcite, tandis que la macrodia- gonale est parallèle à l'arête du scalénoèdre (2 i 3 i). Il en résulte, comme le montre facdement le calcul, que l'axe vertical de l'aragonite, qui est un axe quasi-ternaire^ coïncide avec l'arèle du rhomboèdre primitif de la calcite. » Un autre exemple, intéressant à signaler, est celui de la pegmalite graphique. Si les cristaux de quartz, englobés dans l'orthose, ont même orientation, cela provient simplement de ce que leur position est déter- minée par rapport au feldspath. Cette relation de position des deux miné- raux a pu échapper, parce qu'il y a plusieurs orientations possibles, mais toutes satisfont à la loi énoncée plus haut. Pour ne citer que deux modes d'association, tantôt un axe binaire du quartz coïncide avec l'axe binaire de l'orthose et il y a parallélisme entre la diagonale de la face (10 i i) et l'arête/?^' du feldspath, qui est un axe quasi-quaternaire; tantôt les axes binaires coïncidant encore, la diagonale de la face (loi 1) du quartz est parallèle à l'arête A'^' du feldspath, qui a im axe quasi-ternaire. » BOTANIQUE. — Sur le développement de r ovule des Asclépiadées . Note de M. Paul Dop, présentée par M. Gaston Bonnier. « L'ovule des Asclépiadées n'a été jusqu'ici l'objet que d'un nombre restreint de recherches. Dans son Mémoire sur la reproduction du Dompte- SÉANCE DU lO XCV1£MBRE I902. 80 r Venin, Chaiiveaud (') a montré que le sac embryonnaire provenait du développement d'une cellule sous-épidermique, qui grandissait sans jamais se cloisonner et dont le noyau, par bipartitions successives, donnait naissance aux deux tétrades suivant le schéma classique de Strasburger. » Vesque (^), au contraire, pense, d'après la considération de l'ovule adulte, que le sac embryonnaire du Ceropegia Sandersoni s« développe comme celui des Apocynées, c'est-à-dire par fusion des trois cellules qui proviendraient de la segmentation de la cellule mère primordiale du sac. )) D'Hubert (^) a récemment décrit le sac embryonnaire adulte du G. Stapelia, sans étudier son développement. ■ » J'ai continué ces recherches et j'ai vu que le cas signalé par Chauveaud était exceptionnel et que le sac embryonnaire des Asclépiadées avait un développement comparable à celui que Vesque a décrit dans les Apocynées. » J'ai employé la méthode des coupes en séries après inclusion à la paraffine. J"ai coloré la cellulose par l'hématoxyline de Bôhmer, le protoplasma par l'éosine, et les noyaux, par l'Iiénialoxyline à l'alun ammoniaco-ferrique. La safranine ne m'a jamais donné de bons résultats, la fixation au liquide de Flemming étant rendue impossible par la présence de globules gras dans le sac embryonnaire. Pour préciser je décrirai le développement de l'ovule du Stapelia variegata. » L'ovule naît comme une excroissance du placenta sans jamais offrir de tégument; aussi dans son ensemble est-il comparable au nacelle des ovules normaux. Latérale- ment une cellule sous-épidermique se différencie, c'est la cellule mère primordiale du sac. Elle s'allonge et ne tarde pas à s'enfoncer dans l'épaisseur du mamelon ovulaire grâce au mécanisme suivant : la cellule épidermique placée au-dessus d'elle se divise par 2 cloisons radiales en 3 cellules. Ces 3 cellules s'allongent en se cloisonnant tan- genliellement, elles forment ainsi trois bandelettes cellulaires d'origine épidermique, qui jouent le rôle d'une calotte en séparant la cellule mère primordiale de l'extérieur. Plus tard la file moyenne de ces cellules disparait. 11 se forme ainsi un canal qui jouera, dans la pénétration du tube poUinique, le même rôle qu'un micropyle, mais dont l'origine est toute dilïérenle. Lorsque la cellule mère primordiale s'est ainsi enfoncée, elle se divise en 4 cellules filles par 3 cloisons perpendiculaires à son grand axe. La première cloison formée divise la cellule en 2 cellules égales. De ces 2 cel- lules, celle qui est la plus rapprochée du micropyle se divise à son tour en deux. Enfin la dernière cloison s'établit de façon à diviser en deux celle des 3 cellules ainsi formées qui avoisine le micropyle. En résumé les 3 cloisons se forment successivement du milieu de la cellule mère primordiale du sac, vers son extrémité micropylaire, et la (') Chauveaud, La reproduction chez les Dompte-Venin ( Thèse de In Faculté de médecine de Paris, 1S72). (2) Vesquk, Annales des Sciences naturelles, 6" série, t. Mil, p. 365. (') D'Hubert, Thèse de la Faculté des Sciences de Paris. 1896, p. 108. 8o2 ACADÉMIE DES SCIENCES. cellulose qui les constitue se gélifie immédiatement après leur formation. J'appelle a la cellule qui est au contact du micropyle; b, c, d les cellules suivantes; o? étant la plus éloignée de a. Au début ces 4 cellules sont inégales : d est très grande \c,b,a petites. A partir de ce stade on voit que les dimensions de d et de c ne se modifient pas, tandis que b el a s'allongent, cet allongement étant très grand pour la cellule a. Au début ces 4 cellules possèdent chacune un seul noyau, nuiis bientôt le noyau de la cellule a se divise en deux. J'appelle ces 2 noyaux an^ et a/i^. Ils ne restent pas côte à côte; l'un, an., par exemple, se place à l'extrémité micropylaire de la cellule; l'autre, ««,, au contact de la paroi basale de cette même cellule. » Pendant que ces modifications se produisent dans la cellule a, on voit la cellule d se diviser en 2 cellules di et d^, par une cloison parallèle au grand axe du sac embryonnaire. Il en résulte que cette extrémité du sac est formée de 3 petites cellules f/,, c/., el c qui est restée indivise. Ce sont les 3 cellules antipodes. » Pendant que ce groupe cellulaire se constitue^ on voit le noyau de la cellule b, que j'appelle bn, se déplacer de façon à venir s'accoler à la membrane devenue concave qui sépare celte cellule de la cellule a, et comme nous avons vu que l'un des noyaux de la cellule a, an^, s'était déjà accolé à cette cloison, il en résulte qu'à la limite des cellules a el ft on observe 2 noyaux accolés chacun à une des faces de la membrane séparative. Cette membrane disparaît peu de temps après et une conti- nuité s'établit entre les protoplasmes des 2 cellules. En même temps, dans la cel- lule a, les 2 noyaux ««, et an,, se sont divisés chacun en 2 autres. Le noyau ««,, qui est logé à la partie basale de la cellule, se divise en 2 noyaux an\ et an'[, A ce stade le contraste entre ces 2 noyaux et le noyau de la cellule b, qui, par suite de la mise en continuité des protoplasmas des 2 cellules, est arrivé à leur contact, est parti- culièrement net. » an\ et an'[ ont un nucléole petit, une masse chromatique peu dense et claire, un contour sphérique; par contre le noyau de b, bn, a un nucléole volumineux, une épaisse charpente chromatique et une foime légèrement en croissant. L'un de ces noyaux, an\ par exemple, devient le noyau de Voosphère, et l'autre, an'[, se logeant dans la concavité du noyau bn, s'unit à lui pour former un gros noyau à 2 nucléoles, qui n'est autre chose que le noyau secondaire du sac. En même temps le noyau an, s'est divisé en 2 noyaux an'^ et an\ qui oui les mêmes caractères que les noyaux an\ el ari\ . Ils deviennent les 2 noyaux des svnergides. Finalement il s'est constitué un sac embryonnaire normal à 3 cellules antipodes, un noyau secondaire du sac, I oosphère et 2 svnergides. Mais l'ordre des cloisonnements el des bipartitions n'est pas le même que celui qui est généralement admis. » En résumé j'ai éUibli que, dans le genre 5/ayoe/ja, l'ovule est réduit à son nucelle, que la pénétration du tube jjoUinique est facilitée par l'existence d'un canal creusé dans un tissu spécial d'origuie épidermique. J'ai montré, en outre, que la cellule mère primordiale donne d'abord naissance à 4 cellules filles; que 2 de ces cellules se fusionnent en une cellule où se forment l'oosphère, les 2 synergides et le noyau secondaire, tandis que les 2 autres donnent naissance aux antipodes. A quelques détails près, SÉANCE DU lO XOVEMBKK 1902. So'^ l'étude des sacs embryonnaires d'Araujia, de Marsdenia et de Gompho- carpus, m'a fourni des résultats analogues. » GÉOLOGIE. — Sut le Grès niilnen. Note de M. R. Fourtau, présentée par M. Albert Gaudry. « La question de la place stratigraphique des grès sans fossiles, connus généralement sons le nom (\e grès nubiens, est une des plus importantes pour la géologie de l'Egypte et des régions voisines. Tous les savants qTii, jusqu'à ce jour, ont traité cette question diffèrent sensiblement d'opinion. On fut porté d'abord à les considérer comme l'équivalent du new red sandstone des géologues anglais; puis Lartet démontra qu'en Syrie ils étaient albiens; M. Ziltel, dans les oasis du désert libyque, y vit du Sénonien; en 1886, Schweiniurth découvrit dans l'ouady Arabah une bande de grès contenant des fossiles paléozoïques que Beyrich détermina comme carbonifériens; plus lard, ,T. Walther, au Sinaï. trouva une faune un peu plus récente attribuée à l'Artinskien, opinion que semble partager M. deMorgan. Enfin, tout récemment, M. Blanckenhorn admel, pour la partie inférieure, un âge paléozoïque, tandis que la partie supérieure de ces grès appartien- drait, d'après lui, au Cénomanien. » Cette dernière théorie, la plus récente en date, d'ailleurs, paraît admettre dans la série sédimentaire de l'Egypte un hiatus considérable qui ne s'explique pas. » Mes excursions dans la vallée du Nil et dans le désert arabique, ainsi que dans la partie occidentale de la presqu'île du Sinaï, m'ont bien sou- vent mis à même d'étudier ces grès, et, de mes observations dans diffé- rentes localités, j'ai pu dégager une conclusion intéressante, qui paraîtra tout d'abord paradoxale : c'est que tous les auteurs précités ont raison pour la localité qu'ils ont étudiée, mais qu'ils ont eu l'imprudence de géné- raliser, pour une formation d'une immense étendue, des observations exactes sur un seul point. » En réalité, nous devons considérer la formation gréseuse qui couvre de si vastes espaces de terrain depuis la Palestine jusqu'au Soudan égyptien et au désert libyque, comme un véritable désert fossile semblable au désert actuel et dont la limite a avancé ou reculé suivant la transgression ou la régression des mers primaires et secondaires. Ces grès ne furent au début que le produit de l'érosion du bombement archéen dont les restes forment 8o'j ACADÉMIE DES SCIENCES. aujourd'hui le massif central du Sinaï et de l'Etbaye; plus tard, à cette érosion directe du granit est venue s'ajouter l'érosion des couches de grès plus anciennes, remaniemenlsqui donnèrent des bandes gréseuses au grain de plus en plus serré. Les découvertes de Schweinfnrth et de Walther prouvent que le rivage des mers à la fin de l'époque primaire et au com- mencement du secondaire se trouvait sous le parallèle de l'ouady Arabah, en Egypte, et de l'ouady Chellal au Sinaï, tout comme la bande fossdifère de l'ouady Molir nous fixe définitivement la limite de la transgression cénomanienne en Egypte. La mer sénonienne a poussé plus au sud, comme le prouvent les grès fossilifères de l'ouady Haouaschich et des en- virons d'Esneh, et si Zittel a fait sénoniens les grès des oasis, c'est qu'il les a vus disparaître sous la craie blanche la plus supérieure. Enfin, la décou- verte de Lartet en Syrie nous indique la limite nord de ce même désert à l'époque albienne. )) De même, aujourd'hui, s'il se produisait une nouvelle transgression marine dans le plateau libyque, l'immense nier de sables qui arrêta la marche vers l'ouest de Zittel et de Rholfs donnerait, sans nul doute, nais- sance à une nouvelle bande de grès que l'on aurait de la peine plus tard à discerner de celles de l'ouady Reneh et du nord du désert arabique. » Nous ne devons donc accepter les termes de grès nubien ou de grés du désert que comme de simples expressions pétrographiques, analogues au Jlysch des auteurs allemands et sans aucune valeur stratigraphique, car, pour le géologue qui étudie l'Egypte et les régions voisines, cette formation gréseuse comble une lacune, mais ne justifie pas un hiatus. » PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — De la nature des courants électriques du nerf. Note de M. IV. -E. Wedeîïsky, présentée par M. Marey. « La théorie la plus explicite des phénomènes électriques observés sur le nerf et le muscle est sans doute celle d'IIermann. Néanmoins elle ne fournit pas de solution satisfaisante sur quelques points assez importants. Par exemple, pourquoi le courant idérables, mais qu'elles étaient intermittentes et sujettes à des variations saisonnières : nous avons, depuis, vérifié cette loi pour beaucoup d'autres animaux, et avons cherché à en déterminer la signification phy>iologique. » Une première hypothèse établit un rapport entre cette fonction et l'état delà température; c'est, en effet, presque toujours au printemps, lorsque la température s'élève, que la graisse est particulièrement abon- dante. Mais, d'une part, certams animaux, tels que iVytilus edulis, Pecten asper, ont des réserves adipeuses considérables en hiver; d'autre part, les expériences que nous avons faites relativement à l'influence de la tempé- rature sur la teneur en graisse du foie ne sont pas favorables à cette ma- nière de voir : c'est ainsi que des Escargots bien alimentés, mis pendant 10 jours à l'étuve à 89° après y avoir été progressivement habitués, n'ont plus présenté, après ce laps de temps, aucune trace de graisse hépatique. La transformation artificielle de ces Mollusques en animaux à sang chaud a donc suffi pour faire disparaître les réserves graisseuses. )) Une deuxième hypothèse consiste à établir un rapport entre l'alimen- tation de l'animal, plus intense au printemps, et les réserves adipeuses. Il doit y avoir une grande part de vérité dans cette hypothèse ; car, dans nos expériences, les animaux soumis au jeîine consomment la totalité de leurs réserves hépatiques; et, inversement, certains animaux, particulièrement bien nourris, les Mytilus par exemple, accumulent, pendaîit toute l'année, des réserves adipeuses et glycogéniques. » Il semble donc bien que la fonction adipogénique du foie ait essen- tiellement pour but d'accumuler des réserves nutritives, provenant de la suralimentation, et destinées à des besoins ultérieurs. A ce point de vue, la fonction adipogénique doit être comparée à la fonction glycogénique, beaucoup moins développée chez les Invertébrés, et qu'elle supplée en partie. 8o8 ACADÉMIE DES SCIENCES. » Néanmoins la fonction adipogéniqiie nous a paru avoir une autre signification plus spéciale : en effet, le foie de certains animaux n'est riche en graisse que pendant un intervalle de temps beaucoup plus court que celui de la suralimentation ; or, ce temps coïncide avec la période de for- mation des œufs. C'est ainsi que l'He/ix pomatia ne possède une glande hépatique riche en graisse que pendant les mois de mai et de juin, c'est- à-dire au moment de l'ovulation; la graisse disparaît, par contre, au mois de juillet, alors que la nutrition de l'animal est tout à fait favorable. » Ces faits semblent démontrer que la fonction adipogénique est inti- mement liée à la fonction génitale; on peut su|)poser, par exemple, que la glande hépatique emmagasine d'abord des réserves adipeuses pour en charger secondairement les œufs au moment de leur développement. » En faveur de cette hypothèse, nous ferons remarquer l'intrication très intime des glandes Iiépatiques et génitales chez les Mollusques; sur une même coupe, on observe fréquemment des ovules à différents étals de dévelo|jpement en plein tissu hépatique; on voit alors, à certains moments particulièrement favorables, les réserves adipeuses du foie diminuer au fur et à mesure que la périphérie des ovules se surcharge de graisse; les lacunes de communication entre les deux organes contiennent d'ailleurs assez souvent des granulations adipeuses qui démontrent le passage de la graisse de la glande hépatique à la glande génitale : nous avons constaté particulièrement ce fait chez Donax trunculiis, Tapes pullaster. Cardium ediile, Chilon tnarginalits; ces animaux ont été recueillis en septembre, au laboratoire de Wimereux. » Chez les Astéries, on constate un phénomène du même ordre : les glandes hépa- tiques et génitales se succèdent à la même place dans le prolongement des bras; au fur et à mesure que la glande hépatique diminue de volume, les glandes génitales se déve- loppent; ajoutons que les glandes hépatiques de VAsterias rubens sont particuliè- rement riches en graisse. » Chez les Crustacés, et en particulier chez V Aslacus Jliiviatilis, nous avons re- marqué que le foie était très riche en graisse avant la ponte des œufs et que la graisse diminuait notablement aussitôt après celle-ci. )) En résumé, la glande hépatique des Invertébrés est un entrepôt de réserves nuti'itives, ainsi tl'ailleurs que l'organe similaire des animaux supérieurs; mais, tandis que chez les animaux à sang froid ces réserves sont essentiellement constituées par des graisses, chez les animaux supé- rieurs elles sont plutôt constituées par du glycogène. Ce fait n'en établit pas moins, malgré leur différence de structure, une analogie fonctionnelle évidente entre ces organes. » Les léserves adipogéniques du foie, économisées pendant la saison SÉANCE DU lO NOVEMBRE 1902. 809 favorable à la suralimentation, servent non seulement à l'individu, mais aussi à sa descendance; elles se transmettent, en effet, en grande partie, au moment de l'ovulation, aux produits sexuels qui se constituent, et leur assurent ainsi les provisions nutritives indispensables aux premiers temps de leur développement. » CHIMIE ANIMALE. — Sur T existence de l'arsenic dans la se'ne animale. Note de M. Gabriel Bertrand, présentée par M. Roux. « A la suite des expériences que j'ai décrites concernant la recherche de petites quantités d'arsenic et l'existence de ce métalloïde dans l'orga- nisme de plusieurs Mammifères ('), il m'a paru nécessaire d'examiner si l'arsenic se rencontre aussi chez d'autres animaux et même de poursuivre cette recherche jusque chez les types les moins élevés en organisation. » Le problème se pose, en effet, de savoir si l'arsenic est un élément primordial de la cellule vivante, ou bien s'il répond seulement au besoin d'une fonction particulière, apparue à un certain degré de l'échelle animale. » Pour résoudre ce problème d'une manière satisfaisante, et pouvoir tirer des nouvelles recherches tout l'enseignement qu'elles comportent, il était indis|)ensable d'opérer dans des conditions aussi rigoureuses que possible, c'est-à-dire sur des animaux vivant dans un milieu normal, éloi- gnés, par conséquent, de toutes ces causes de contamination qui résultent du contact plus ou moins direct avec l'industrie moderne. w Les Cétacés, certains Oiseaux, des Poissons et d'autres animaux qui fréquentent les abîmes de l'Océan, présentent, à ce point de vue, les meil- leures garanties. Ce sont eux que j'ai choisis, et, grâce à la générosité de S. A. S. le prince de Monaco, ce sont eux que j'ai pu étudier. » Toutes les captures, et même une |)artie des recherches chimiques (destruction de la matière organique et séparation du métalloïde) ont été effectuées au cours d'une croisière scientifique entreprise cette année, du 18 juillet au 17 septembre, à bord du yacht Princesse- Alice. )) A l'exception d'un Mouton, qui provient des pâturages du mont Pico, et de l'Orque, harponnée par le prince en Méditerranée, les autres maté- riaux d'études ont été recueillis en plein Atlantique, quelquefois à 1800'" (') Comptes rendus, t. CXXXIV, 1902, p. tl\'i\- 8io ACADEMIE DES SCIENCES. de profondeur, dans une zone comprise entre Gibraltar, les Açores et l'ou- verture de la Manche (exactement le banc de la Petite-Sole). ■» Tontes les expériences faites pendant la croisière ont été reproduites au retour dans le laboratoire de l'Institut Pasteur. Aussi avait-on prélevé de chaque animal, ou partie d'animal, un échantillon de poids connu, qu'on a conservé dans une quantité à peu près égale d'alcool exempt d'arsenic. » L'acide nitrique, employé pour la destruction des matières organiques, était encore plus pur que celui ayant servi dans mes précédentes recherches. Il en fallait 3ooe pour donner, avec 3os d'acide sulfurique et 25f>' de zinc, un anneau d'un demi- millième de milligramme, c'est-à-dire pour atteindre la limite de sensibilité de la mé- thode, telle que je l'ai modifiée. Dans aucune expérience, d'ailleurs, on n'a employé une aussi grande quantité de réactifs pour rechercher l'arsenic. » Ne pouvant donner ici de détail.de chaque expérience, je résumerai, en un Ta- bleau, les principaux résultats que j'ai obtenus (') : Organes Noms des espèces ('). examinés. Mouton ( Oi'is aries L.) cornes r\ , ^ 1 ,■ T ^ \ glande Orque ( Urca sladiator L. ) ,° ^ ° ' ( thyroïde » » peau Pétrelle {Procellaria pelagica L.). plumes Tortue {Thallassocheljs careltal^.). écaille Serran {Serranus atricauda Gùni.). peau » » . muscles » » . écailles Grondin {Trigla Plni Bloch) peau )> » muscles Germon [Thunnus alalonga Gm.). peau Roussette (Scylliurn canicula Cuv.). peau Squale {Centrocynurus cœlolepis 1 oc. ) ( c • u / c • yy • /• T ^ l corpsentier, Seiche (oepia ojhcinalis L. ) l . '^ -^ ' moins 1 os Matière sèche soumise à l'expérience. s 20 5o à l'état frais 4o,o 34,0 20,0 22,2 17.1 environ 20s 32,7 3o, I 26,0 22,7 12,5 4o,8 Poids des acides employés dans l'attaque : azot. sulfur. s 5o,5 45 86,5 43,0 4o,5 45,0 33,0 » 36, G 71,0 10,5 19.5 i5,o 9>5 12,0 8,0 » i4,o i4,o Arsenic obtenu (^) en milligrammes. o,oo4 0,0025 o,oo35 0,0025 o,oo35 0,001 0,001 0,001 o,oo5 o , 00 I 5 180,0 4o,o o,oo35 à o,oo4 45,0 i5,o o,oo2D à o,oo3 16,0 7,0 il ,0 i4iO o , 00 1 .D 0,002 (') Pour tous les détails, voir le Mémoire publié dans les Annales de Vlnsliiitl Pasteur. (') Presque toutes ces espèces ont été déterminées par M. le D'' J. Richard. La détermination de l'éponge est due à M. Topsent. (') Ces poids d'arsenic se rapporlenl à ceux de matières sèches mis eu expérience. SÉANCE DU lO NOVEMBRE 1902. 81 I Poids des acides employés Arsenic Matière sèche dans l'attaque: obtenu Organes soumise - — »_--^ — en Noms des espèces. examines. à rcxpérience. arot. sulfur. milligrammes. ( corps, moins ) r, ^ ^ , ^ c" Anaùfe (Lepas anatifera h.) , "^ ... 3i,5 147,0 26,0 0,002 ^ '^ -^ /les coquilles ) Hololhurie (StichopiisreffalisCuv.). entière 81,8 72,0 i.5,o o,oo3 Oursin ( Slron^ylocentrotiis drôba- ) . „ . î„ i; 05 e „ /k \ "/ > entier 00,4 02, o 60, t> 0,0043 chensis Agassiz) ) ÈloWe àe mer (Pedicellaster sexra- ) .. / ;; .„ k / entière 29,0 40, .5 19,0 0,002 diatiis Perrier) ) Actinie (?) entière i3,i 18,0 7,0 0,002 Èponse (Desmacidoii frulicosaMon- } ., „. a„ t; ,_ s „ te r >^ '^ J entière 06,7 07,5 17,» o,oo.5 tagu) \ » Comme on le voit par ces résultats, tous les animaux examinés, depuis les Vertébrés supérieurs jusqu'aux Spongiaires, renferment de petites quantités d'arsenic. » La présence de ce métalloïde n'est donc pas, comme celle d'autres éléments, en quelque sorte caractéristique de certains groupes d'êtres. Tandis que l'acte respiratoire, par exemple, s'accomplit avec le concours du cuivre chez des Crustacés et des Mollusques, avec celui du fer cliez les Vertébrés, la différenciation morphologique et fonctionnelle s'est poursui- vie, chez les animaux, sans s'accompagner, en ce qui concerne l'arsenic, d'aucune différenciation chimique élémentaire. » Il ressort en outre de mes recherches qu'au lieu d'être localisé dans certains organes, où il peut toutefois, dans certains cas, exister en plus grande proportion, l'arsenic se retrouve, au contraire, dans tous les tissus. Ce métalloïde serait donc, au inême titre que le carbone, l'azote, le soufre et le phosphore, un élément fondamental du protoplasme. » Une telle conclusion comporte des conséquences importantes dont l'une des plus immédiates s'applique à la médecine légale. M. A. Gautier a montré qu'une petite quantité d'arsenic existe, chez l'homme, dans la glande thvroïde ; qu'il y en a aussi des traces dans le cerveau, dans la peau et ses annexes ('). Cette découverte de M. A. Gautier se trouve aujour- d'hui non seulement appuyée par des faits d'une signification très générale, mais encore étendue à tous les tissus de l'organisme. On peut dire que des (') Comptes rendus, t. CXXIX et CXXX. 8l2 ACADÉMIE DES SCIENCES. traces d'arsenic isolées du corps de l'homme, même du tube digestif, du foie ou des muscles, peuvent avoir une origine exclusivement normale. On devra donc toujours, en cas d'expertise médico-légale, baser ses conclu- sions sur des dosages et non pas, comme on l'a malheureusement fait quelquefois, se contenter de simples recherches quahtalives. » M. Armand Gautier, à propos de la Note de M. G. Bertrand, présente les observations suivantes : « Les intéressantes observations de M. G. Bertrand établissent la géné- ralité de la présence et du rôle de l'arsenic chez les animaux sauvages et marins, comme je l'avais déjà fait moi-même pour les domestiques et ter- restres; mais je suis loin de croire que cet élément soit, chez eux, uni- formément répandu. Je pense avoir démontré, au contraire, par de très nombreuses expériences, qu'il n'existe pas, ou n'existe qu'en quantités infinitésimales, dans beaucoup de tissus. » Guidé par mes premières constatations que l'arsenic se localise surtout dans les organes ectodermiques , j'ai retrouvé ce métalloïde dans la peau et ses annexes : cheveux, cornes, barbes de plumes, etc. Je n'ai pu en trouver dans les muscles, le tissu adipeux, le foie et la plupart des glandes des Mammifères terrestres. » D'ailleurs, l'arsenic n'est pas exclusivement propre au règne animal ; je l'ai rencontré aussi dans toutes les Algues à chlorophylle, terrestres ou mannes. » Enfin je me suis assuré que l'eau de mer elle-même est arsenicale. » Je donnerai une Note à ce sujet dans la prochaine séance. » TÉRATOLOGIE. — Un nouveau genre de Tératopage, les Hypogastropages de type opérable. Note de M. Marcel Baudouix, présentée par M. Lanne- longue. « Au cours d'un examen récent de la vitrine consacrée aux Monstres doubles, au Musée d'Analomie pathologique de la Faculté de Médecine de Paris, nous avons trouvé, dans un bocal portant le n" 114*, un spécimen de Tératopage, constituant un genre nouveau, non signalé dans les Traités classiques de Tératologie. SÉANCE DU lO NOVEMBRE 1902. 8l3 » a. L'étiquette du bocal porte cette seule indication : « Deux fœtus réunis par la » partie supérieure du corps et confondus inférieurement; le cordon et le foie étaient » uniques; il y avait deux estomacs », etc. Un procès-verbal donne des détails sur l'accouchement (Creulher, chirurgien à Luçon, i835). Le registre du Musée (article Tératologie, 114'^) donne une phrase en plus, après le mot accouchement. La voici : « et une description sommaire des fœtus ». Mais cette étiquette ne nous a pas paru correspondre au monstre qu'elle désigne actuellement. » Nous avons mis tout en œuvre pour retrouver, à Luçon, des documents sur le monstre correspondant à cette étiquette; mais notre correspondant, M. le docteur Choyau, n'a rien pu découvrir relativement à la naissance de ce sujet. » b. En ce qui conc"erne le sujet, il s'agit d'un Page élémentaire et très simple dans lequel l'union, au lieu de se faire entre l'ombilic et l'appendice xiphoïde, autrement dit dans la région épigastrique comme dans les Xiphopages (d'où le nom proposé par nous di'Epigaslropage pour ce genre de monstruosité), se trouve correspondre à l'hypogastre, c'est-à-dire est étendue de l'ombilic à la région prépubienne. On peut, par suite, donner à ce genre nouveau le nom A' Hypogasliopage. » Après avoir relu la description d'un cas publié jadis par Depaul ('), nous avons conclu, de la comparaison de cette pièce et de ce document, que le bocal 114'^ devait contenir le sujet décrit il y a 45 ans par l'illustre maître. M Nous ne donnerons donc pas ici une description nouvelle de ce type d'Hypogastropage, renvoyant à la Note de Depaul (-). Nous nous borne- rons à signaler que les deux fœtus sont bien de même sexe, comme de règle, et du sexe masculin, et qu'il n'y a qu'un seul testicule descendu dans chaque scrotum : ce qui n'avait pas été indiqué. » Le pédicule d'union a environ 4"" de hauteur, et l'on voit, à la partie médiane de son bord supérieur, une petite cicatrice de la largeur d'une lentille, correspondant à l'insertion du cordon ombilical, qui était, bien entendu, unique. » Dans le Mémoire que nous consacrerons ultérieurement à ce monstre, si nous obtenons la permission de le disséquer, nous insisterons sur la disposition des organes internes conservés, dont Depaul n'a pas parlé. » Ce type de Tératopage est viable, puisque le sujet de Depaul a vécu Il jours, malgré une anomalie anale, très rare, semblant devoir à brève échéance entraîner la mort, et constituée par une imperforation anale chez les deux composants (•'). (') Depaul, Bulletin de la Soc. anatoniique de Paris, t. XXXII, 1857, p. 283-285. (^) Depaul a ouvert les deux sujets; mais les cavités abdominales sont aujourd'hui refermées. (') La mort n'a pas eu lieu au moment de l'accouchement, parce que la mère était C. R., igo2, 2* Semestre. (T. CXXXV, N» 19 ) 'O? 8l4 ACADÉMIE DES SCIENCES. » Qui plus est, il est opérable, mênae dans le cas en question, qui ne doit pas, croyons-nous, représenter l'espèce typique. Il aurait suffi, en effet, de faire en ces circonstances, après section du pont cutané d'union, deux anus hypo gastriques, plus ou moins provisoires ( ' ). » Les Hypogaslropages, dont nous connaissons désormais au moins une observation C), ne sont en réalité que des Pages unis au-dessous de l'om- bilic, tandis que les Xipliopages (ou Epigastropages) sont des monstres soudés au-dessus de l'ombilic. Comme chez ces Pages bien connus, qui vivent parfaitement et qui sont opérables (■''), la soudure correspond à la face antérieure du corps; par suite le mode de formation de ce nouveau type de monstruosité double doit être comparable à celui des autres Téra- topages abdomino-thoraciques. » Il n'est pas probable qu'il y ait de l'inversion des viscères {''), mais c'est à vérifier par l'examen des cœurs (grâce à la radiographie), par exemple. » C'est un genre évidemment intermédiaire entre les Xiphopages et les Ischiopages, d'où dérivent les Ischioxiphopnges, inconnus jadis. La dé- couverte de ce genre est une preuve de plus de ce fait que, en Tératologie des monstres doubles, on doit trouver tous les intermédiaires possibles entre les types éloignés les uns des autres. » VITICULTURE. — Sur la préparation d^un soufre pulvérulent directement miscible aux- bouillies cupriques, et sur l'efficacité d'un traitement simul- tané des visnobles contre l'oïdium et le mildew. Note de MM. M. et A. Campagne. « Sans contester ce que peut avoir d'original la Note du 28 juillet 1902, de M. Guillon, relativement au traitement, par un même liquide, du mil- diew et de l'oïdium, nous croyons devoir informer l'Académie qu'un bre- une multipare, et parce que le pédicule d'union est tel, dans ces cas, qu'il gêne peu le travail, comme dans la xiphopagie. (') Si les sujets avaient guéii on aurait pu, plus tard, transformer ces anus. (^) Il est probable que, en cherchant dans la littérature médicale, on trouvera d'autres faits comparables. (') M. Baudouin, Les monstres doubles autositaires opérés et opérables. {Revue de Chirurgie, mai 1902. Tiré à part; Paris, 1902, in-8°.) (*) Il n'est pas parlé d'inversion dans le fait de Depaul. SÉANCE DU lO NOVEMBRE 1902. 8rfî vet, en date du 24 avril 1902, établit pour nous la priorité de fabrication du soufre /nowj7/ai/e directement par l'ean, base essentielle des essais de M. Guillon. » Ce soufre, mélangeable à toute bouillie cuprique, est dans le com- merce depuis avril 1902 et a, du reste, été communiqué, sur sa demande, à M. Guillon, en date du 5 mai 1902. » HYDROLOGIE. — Sur le fonclionnement et V alimenta lion de la fontaine de Vaucluse. Note de M. E.-A. Martel. « Il est généralement admis que Vaucluse (voir Comptes rendus, 27 jan- vier 1902) constitue « le trop plein d'une vaste nappe d'eau souterraine » (Carte géologique au -^^^, feuille de Forcaiquier, 1892), formant une » réserve d'au moins looooooo"' d'eau » (Marius Bouvier, Comptes rendus de l'Assoc. franc, pour l'avancement des Sciences, 1879), etc. » Or, Vaucluse est simplement le débouché d'un fleuve souterrain, dont l'écoulement a lieu par de longs et hauts canaux renflés au milieu, où de considérables variations de niveau se produisent sous la double influence : 1° du jeu irrégulier des précipitations atmosphériques et des infdtrations qui en résultent; 1° des rétrécissements, siphonnements et éboulements intérieurs, agissant comme des vannes retaidatrices et transformant ces canaux en réservoirs temporaires étroits. Ces variations, engendrant de grandes différences de pression hydrostatique, provoquent une mise en charge plus ou moins considérable des veines liquides ramifiées sous terre; et la répercussion de cette pression variable sur le dernier vase communicant qui forme, dans une faille, l'émergence de Vaucluse amène les écarts de niveau et de débit de la fontaine. )) Telles sont l'allure et la disposition du système hydraulique de Vau- cluse; j'ai essayé de les schématiser sur la planche ci-contre, en y conden- sant tous les éléments du problème. Seules quelques-unes des coupes d'avens y correspondent à la réalité des choses matériellement constatées; mais le surplus des profils ne fait que reproduire des formes expérimenta- lement relevées ailleurs. Cette synthèse n'est donc théorique que pour partie. Et, si l'on entreprend jamais le colossal travail de la désobslruction des avens, pour parvenir aux collecteurs de Vaucluse, on leur rencon- trera certainement des coupes et profils analogues. SÉANCE DU lo NOVEMBRE 1902. 81 7 » Mon h\polhé.se d'ailleurs satisfait pleinement aux données recueillies, depuis 1873, parla Commission météorologique de Vaucluse. » I " La cavité la plus proche de l' émergence n 'est pas d'une grande capa- cité, à cause des parlicularilés météorologiques constatées : d'une part, en effet, la température moyenne annuelle de la fontaine s'est toujours mon- trée de 2° inférieure (exactement i^.gS) à celle de l'air; d'autre part, la température de l'eau, chaque année, varie en moyenne de i'',5. Donc, jusqu'au voisinage immédiat de l'émergence, le courant souterrain se manifeste, et l'arrivée des esux froides , descendues des hauts plateaux du Ventoux, de Lure, etc., empêche la fontaine d'équilibrer sa température avec celle de l'extérieur et d'acquérir la stabilité thermique que devrait lui communiquer un réservoir vaste et profond. Au surplus, il est établi que, dans les années les moins pluvieuses (à infiltrations réduites au mi- nimum), les variations de température de la fontaine sont les plus faibles. » 2° Les caprices du débit (minimum, 4"' par seconde; maximum, iSo"' par seconde) sont expliqués par les étranglements et siphonnements (Jîg. 2) qui j)rovoquentles mises en charge, après les pluies, et ralentissent l'écou- lement lors des sécheresses pour assurer un étiage rarement inférieur à 6-"' ou 8"". » 3" Après les pluies abondantes et longues le débit de la source ne diminue que très lentement, grâce à ce retard dans la vidange des collecteurs. » 4° Les pluies des régions voisines de la source se manifestent plus rapide- ment que celles des localités éloignées, parce que leur trajet souterrain est moins long et entravé par moins d'obstacles. » Les figures 3 à 5, donnant, toujours d'après des exemples empiriques, le profil probable des collecteurs, fournissent la clef des trois dernières lois établies par la Commission météorologique de Vaucluse, savoir : » 5° Les pluies influent lentement sur le débit de la fontaine quand elle est très basse, parce que la partie inférieure et très étroite (a) des collecteurs est seule remplie à l'étiage, et qu'il faut aux infiltrations le temps de s'élever dans le renflement {b) delà partie moyenne. » 6° La fontaine grossit rapidement dés quelle atteint une certaine hauteur, parce que le remplissage de (b) augmente la mise en charge et accroît promptement le débit de l'émergence. » 7° I^es pluies fortes et prolongées font croître la source, également à cause de l'élévation du niveau et de l'augmentation de pression hydrostatique. » Ainsi, toutes ces manifestations s'expliquent très facilement, en appli- 8l8 ACADÉMIE DES SCIENCES. quant au réseau hydrologique souterrain de Vaucluse les configurations de courants intérieurs, dont les exemples se multiplient chaque année parmi les régions calcaires, avec une similitude de plus en plus générale. » Et il convient de conclure à l'abar-aou défiuitif, en matière d'alimen- tation de sources, du terme incohérent et fautif de nappe vauclusienne ; l'usage d'une association de mots aussi peu conforme à des lois naturelles maintenant dûment établies ne peut que conduire les géologues à de flagrantes erreurs et les hydrologues à de fâcheux mécomptes. » A 4 heures un quart, l'Académie se forme en Comité secret. La séance est levée à 4 heures trois quarts. G. D. BULLETIN BIBUOGRAPHIQLE. Ouvrages reçus dans la séance du 3 novembre 1902. (Suite.) Jahrbuch der kônigl. sàchsischen meteorologischen Inslitutes. 1899; Jahr- gang XVII, Ablheil. 1, 3. Cliemnitz, 1901-1902; 2 fasc. in-^". Census of hxdia 1901. Vol. VIII, paris 1-3; Vol. IX, parts 1-3 ; Vol. XIII, parts 1-2. Bombay et Singapour, 1902; 8 vol. in-4''. Account of the opérations of the Great Irigonometrical Sur^'ey of India; Vol. XVI. Dehra-Douii, igoi ; 1 vol. in-zj"- Publications de l'Institut royal géologique de Suède : série Ka, n"" 115 et 117 sér. Ac, n°^ 1-4, 6; sér. B«, n" 6; sér. B6, n" 9; sér. C, n<" 172, 180, 183-192 sér. C(7, n°' 1, 2. Stockholm, 1901-1902; 18 fasc. in-8°, 3 fasc. 10-4°; i fasc. in-f° i3 feuilles h. t. in-f". Memorie del reale Istituto lombardo di Scienze e Letlere. Classe di Scienze math, e nal.; Vol. XIX, fasc. V-VIII. Milan, 1902; 3 fasc. in-4''. Reale Istituto lombardo di Scienze e Letlere : Rendiconli ; série II, Vol. XXXIV. Milan, 1901 ; 1 vol. in-8°. Memorie del reale Istituto veneto di Scienze, Leltere cd Arti ; vol. XXVI, n"' 6-8. Venise, 1901-1902; 3 fasc. in-4''. SÉANCE DU U) NOVEMBRE 1902. 819 Aui del reale Istituto veneto di Scieiize. Lettere ed Arti : Anno 1899-1900; t. LIX, disp" 3-10. Venise; 7 fasc. in-8°. Anno 1900-1901 ; t. LX, disp^ I-IO. Venise; 10 fasc. in-S". Anno 1901-1902; t. LXI, disp^ 1-9. Venise; 9 fasc. in-S". Pubblicazioni délia Specola vaticana; Vol. VI. Rome, 1902; 1 vol. in-8°. R. Universita roniana. Scuola d'applicazione per gl'ingeneri. Annuario per l'anno scolastico 1902-1903. Rome, (902; i vol. in-ia. Ouvrages reçus dans la séance du 10 novembre 1902. Ministère des Travaux publics. Étude des gîies minéraux de la France. Colonies françaises. Flore fossile des gîtes de charbon du Tonkin, par R. Zeiller, Membre de l'Institut : Atlas. Paris, Imprimerie nationale, 1902; i vol. in-4°. (Hommage de l'auteur.) Sur quelques empreintes végétales du Kimniéridien de Santa Maria de Meya, province de Lérida en Catalogne {Espagne), par R. Zeiller, Membre de l'Institut. {Memorias de la Real Academia de Ciencias y Artes; 3« série. Vol. IV, n» 26.) Barcelone, 1902; i fasc. in-/,". (Hommage de l'auteur.) La Science et l'Hypothèse, par H. Poincaré. Paris, Ernest Flammarion, s. d.; i vol. in-i2. (Hommage de l'auteur.) Glossaire médical, gSoo mots, noms ou expressions, 426 figures et 5 cartes, par L. Landouzy et F. Javle. Paris, C. Naud, 1902 ; 1 vol. in-S". (Présenté par M. Bouchard. Hommage des auteurs.) Les monuments mégalithiques de l'Armorique et leurs sculptures lapidaires, par le D"' Zambaco-Pacha, Correspondant de l'inslilut. Paris, F.-R. de Rudeval et C"=, s. d.; 1 fasc. in-S". (Présenté par M. Lannelongue, Hommage de l'auteur.) Ministère de l'Agriculture. Rapport sur la limitation des doses d'acide suif ureux dans les vins, par M. S. Mathieu. Paris, Imprimerie nationale, 1902; i fasc. in-8°. (Hommage de l'auteur.) La tuberculose dans l'Aisne, statistique et étiologie, par Emile Loncq. Laon, 1902 ; I fasc. in-8°. Rapport sur les travaux : 1° du Conseil central d'hygiène publique et de salu- brité de la ville de Nantes et du département de la Loire-Inférieure; 2° des Conseils d 'hygiène des arrondissements; 3" des médecins des épidémies, etc. pendant l'année 1901. Nantes, 1902; i vol. in-8°. Rapport sur les travaux du Conseil central de salubrité et des Conseils d'arron- dissements du département du Nord, pendant l'année 1901 ; n" LX. Lille, 1902; I vol. in-8°. Matériaux pour la Carte géologique de la Suisse; nouvelle série, i3= livraison : Étude géologique de la Côte-aux-Fées et des environs de Sainte-Croix et Baulmes, avec carte au Yïiôô' profils et croquis, par Tii. Rittener. Berne, 1902; i fasc. in-4''. Geologische Karte der Schweiz, herausgegeb. v. der geologischen Kommission der Schweizer. Naturforschenden Gesellschaft, auf Kosten der Eidgenossenschaft : 020 ACADEMIE DES SCIENCES. Geologische Karle der Làgernkette. Carte tectonique des environs de Moutier {Jura bernois). Carte tectonique des environs de Bellay {Jura bernois). Winler- thur, 1901 ; 3 feuilles in-f". Erlàulerungen zur geologischen Karte der Làgernkette in yîoVô' ^o" ^- Muulberg. Berne, A. Francke, 1902; i fasc. in-8°. Tlie niean rigiit ascension and proper motions of 254 stars, by H.-B. Evans. (A ihesis présentée! to ihe Facully of Philosophy of ihe University of Pennsylvania. ) s. 1. n. d.; I fasc. in-4°. Quelques recherches sur la couverture de neige, par MM. Jansson et J. Westman. Upsal, s. cl.; I fasc. in-8°. Transactions of the clinical Society of London; vol. XXXV. Londres, Longmans, Green et C'"^, 1902; i vol. in-8°. VerofTentlichung der kgl. wiirtembergischen Kommission fiir die internationale Erdmessung. Relative Schwermessungen, aiisgefdhrt im Auftrag der kgl. Minis- leriums der Kirchen- und Schulwesens; II. Messungen auf \o Stalionen der Pariser Parallel {]io[>C\ugen, Aalen, etc.), v. K.-R. Koch; mit einem Anhang : Ein Hypso- meter mit elektrischer Temperalurmessung. Slultgard, 1902; i fasc. in-8°. Anzeiger der kaiserlichen Akademie der Wissenschaften. Mathemalisch-natur- wissenschaftliche Classe; Jahrgang XXXVIII, 1901 ; n°' I-XVII. "\"ienne, 1901 ; i fasc. in-8''. Department of Marine and Fisheries. Report of the meleorolo gical Service of Canada, by R.-F. Stupart, Dlveclor, for the year ended december 3i , 1900. Ottawa, 1902 ; I vol. in-4°. Société industrielle de Mulhouse. Programme des pria; proposés, en assemblée générale les 28 mai et 25 juin 1902, à décerner en 1903. Mulhouse, 1902; i fasc. in-8°. GAUTHIER-VILLARS, Imprimeur-Éditeur, yUAI DES GIIANDS-AUGIISTINS, 55, A PARIS ((V). COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, PUBLIÉS PAR LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. Par décision de l'Académie des Sciences, les prix de l'aboiiiiemoiU et des collections sont désormais fixés ainsi qu'il suit : PRIX DE L'ABONNEMENT : Paris 30 fr. | Départements 40 fr. | Étrangeh 44 fc. Cliaqiie année, sauf i8'(.'), 1S78 à i8y >, i8y6 à i8y8, se rend séparément 25 Ir. Cliaque volume, sauf les Tomes 20, 21, 70 à 108, 110, 1 12, 1 l'i, 115, 122 à 127, se vend sépa- rément J5 ||. TABLES GÉNÉRALES. TABLE (WiMÉRALE dos Tomes 1 à ?,[ (iS3,J-i8:.n , 25 1V. — Tomes 32 à 61 (i85i-i8fi.'.) 25 fr. — Tomes 62 à 91 (1866-1880) 25 fr. Tomes 92 à 121 (18S1-1S9J) 25 fr. Cliaque Volume des Tables génoralcs compieud iiii.j Table par ordre alphabctùjiic d'auteurs et uiiu Table par fnatu-r,s très détaillée. K 19. TAHLK DES ARTICLES. (Séance du 10 itovembre 1902.) MEMOIRES ET GOMMUiXICATIOIVS DKS MRMBHF.S ET DES CORRESPOiNDANTS DE L'ACADÉMIE. Pages. M, Paul Painlevi-;. — Sur les transcen- ilanles uniformes définies par l'équation y-6y-+x 707 M. P. DuHKM. — Sur les quasi-ondes 761 M. R. Blondlot. — Observations et expé- riences complémentaires relatives à la détermination de la vitesse des rayons X. Sur la nature de ces rayons 763 i\I. B. Baillaud. — Étude sur le climat de Toulouse de i863 à igoo 766 iM. Haton de la GoupiLLiiiRE. — P.emarques au sujet d'une Communication récente de M. Gréhant 768 iM. Zeiller fait liommage de son Atlas de "itcs de Pages, harbon du la o Flore fossile des TonUin » M. Zeiller fait hommage d'une Note, pu- bliée en espagnol et en français, « Sur quelques empreintes végétales du Kinimé- ridien de Santa .Maria de iMeya, province de Lérida ( Espagne ) » M. 11. P01NCARÉ fait hommage de son Ouvrage inlitulé : « La Science et l'Hy- potlièse '■ M. Za.mbaco-Pach.^ fail hommage d'une brochure intitulée : •' Les monuments mégalithiques de l'.^rmorique et leurs sculptures lapidaires >' 769 CORRESPONDAIVCE. 1\L le Ministre de l'Instruction tublique transmet à l'Académie une Lettre relative à un tremblement de terre survenu dans l'État de South Auslralia M. A. Lacroix. — Sur l'état actuel du volcan de la Montagne Pelée à la Martinique... M. J. Collet. — La pesanteur le long du parallèle moyen M. LÉON Autonne. — Snr les substitutions crémoniennes dans l'espace M. JouGUET. — Sur la rupture el le dépla- cement de l'équilibre I\r. E. Cartan. — Sur l'équivalence des sysstèmes différentiels iM. W. Stekloff. — Sur certaines égalités remarquables jM. Edmond van .\ubel. — Sur le phénomène de Hall et le pouvoir thermo-électrique.. M. J. KuNZ. — Sur Ja conductibilité des disso- lutions aux basses températures M. DussAUD, — Nouvelles expériences sur la résistance électrique du sélénium et ses applications à la transmission des images et des impressions lumineuses M. A. Verneuil. — Production artificielle du rubis par fusion M. 0. BouuouARD. — Sur les alliages de cuivre et de magnésium MM. J. BoUGAULT et G. .'\llard. — Sur la Bulletin" bibliosraphiqiiî 776 77S 781 78.3 'M 790 79' 794 présence de la volémite dans quelques Primulacées M. Marcel Guédras. — Essais sur la constitution chimique des copals ^\. Fred. Wallerant.— Sur les groupements de cristaux d'espèces différentes M. Paul Dop. — Snr le développement de l'ovule des Asclépiadées M. H. Fourtau. — Sur le Grès nubien AL N.-E. Wedensky. — De la nature des courants électriques du nerf M"" C. Deflandre. — Bolc de la fonction adipogénique du foie chez les Invertébrés.. M. Gabriel Bertrand. — Sur l'existence de l'arsenic dans la série animale M. .Vrmand Gautier. — Observations à propos de la Note de IM. G. Bertrand... M. Marcel Baudouin. — l!n nouveau genre de Tératopage, les Hypogastropagcs de type opérable MM. M. et .\. Campagne. — Sur la prépa- ration d'un soufre pulvérulent directement miscible aux bouillies cupriques, et sur reflicacitc d'un truitement simultané des vignobles contre l'oïdium et le mildew... M. E.-.V. Martel. — Sur le fonctionnement et l'alimentation de la fontaine de \au- chfrc 796 797- 798 800 8o3 80^ 807 S09 8l2 8i4 8i5 818 PAIUS. - niPRlMlîRIE li VU nm: li- VILLABS, Quai des Grands-.A.uguslins, 65. Le Gérant: Gauthier-Villars. -hm 1902 SECOND SEMESTRE. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. T03IE CXXXV. N^20 (17 Novembre 1902). ^PAIUS, GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMIÎUR-LIBRAIRE DES COMPTES RENDUS DES SÉA.XCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, Quai des Gramls-Auguslins, 55. 1902 RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875 Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de l' Académie se composent des extraits des travaux de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes présentés par des savants étrangers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. 26 numéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. Article i". — Impression des travaux de l' Académie. Les extraits des Mémoires présentés par un Membre ou par un associé étranger de, l'Acrdémie comprennent au plus 6 pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o pages par année. Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans le Compte rendu à& la semaine que si elle a été remise le jour même de la séance. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par les Correspondants de l'Académie comprennent au plus 4 pages par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de 32 pages par année. Les Comptes rendus ne reproduisent pas les ilis- ■ eussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca- démie ; cependant, si les Membres qui y ont pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les re- mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne préjudicie en rien aux droits qu'ont ci s Membres de lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion. Les Programmes des prix proposés par l'Académie sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap- ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autan que TAcadéniie l'aura décidé. Les Notices ou Discours prononcés en séance pu blique ne font pas partie des Comptes rendus. Article 2. — Impression des travaux des Savants étrangers à l'Académie. Les Mémoires lus ou présentés par des personnel qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'ua ré- sumé qui ne dépasse pas 3 pages. Les Membres qui présentent ces Mémoires sont tenus de les réduire au nombre de pages requis. Lu Membre qui tait la présentation est toujours nommé» mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait autant qu'Us le jugent convenable, comme ils le fopi pour les articles ordinaires de la correspondance ofiHI cielle (le l'Académie. Article 3. Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis rim[)rimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, 1» jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à tempst le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compte rende actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sut vant et mis à la fin du cahier. Article 4. — Planches et tirage à part. Les Comptes rendus ne contiennent ni planches, n figures. Dans le cas exceptionnel où des figures seraieni autorisées, l'espace occupé par ces figures compter) pour l'étendue réglementaire. Le tirage à part des articles est aux frais des au teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports :e les Instructions demandés par le Gouvernement. Article 5. Tous les six mois, la Commission administrative fai un Rapport sur la situation des Comptes rendus aprè l'impression de chaque volume. Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré sent Règlement. ; Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de le déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5*'. Autrement la présentation sera remise à la séance suivant! ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 17 NOVEMBRE 1902, PRÉSIDÉE PAR M. ALBERT GAODRY. MEMOIRES ET COMMUIVICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. CHIMIE. — Sur les impuretés de l'oxygène comprimé et sur leur rôle dans les combustions opérées au moyen de la bombe calorimétrique; par M. Berthelot. « 1. J'ai montré comment l'emploi de l'oxygène comprimé et de la bombe calorimétrique (') constituait une méthode universelle, d'une exé- cution facile et d'une précision très grande, dans les mesures relatives à la chaleur de combustion, tant au point de vue de la science théorique que des applications industrielles. Il en est ainsi à la condition que l'oxygène soit absolument exempt de toute substance combustible, condition qui n'est pas toujours réalisée, ainsi que je vais le rappeler. J'indiquerai d'abord comment on peut vérifier la pureté de l'oxygène à ce point de vue; puis je dirai comment on doit procéder dans les cas où elle est suspecte, spécialement avec l'oxygène comprimé vers 1 20 atmosphères que l'industrie fournit aujourd'hui aux laboratoires. » 2. Observons que la présence de la vapeur d'eau et de l'acide carbo- nique (ce dernier en petites quantités) n'offre aucun inconvénient pour les déterminations calorimétriques des chaleurs de combustion. Il est même utile, comme je l'ai expliqué, de saturer l'oxygène de vapeur d'eau, dans la bombe elle-même, avant la combustion; ce qui rend négligeables les effets calorifiques dus à la réduction en vapeur de l'eau produite par la combustion elle-même. Si l'on opérait avec de l'oxygène sec, il faudrait, (') Trailé pratique de Calorirnétrie chimique, p. 127 et suiv. G. R., 1902, 1' Semestre. (T. CXXXV, N<> 20.) ^°° 822 ACADÉMIE DES SCIENCES. en effet, tenir compte de la chaleur absorbée par cette vaporisation. On y obvie en plaçant à l'avance quelques grammes d'eau liquide dans l'inté- rieur de la bombe. » 3. Je ne parlerai pas davantage de l'existence, constante d'ailleurs, d'un peu d'azote dans l'oxygène : ce qui fournit au cours des combustions une trace d'acide azotique, que l'on dose chaque fois, et dont on fait entrer la chaleur de formation comme correction dans les calculs ('). » 4. Si l'on employait la combustion dans la bombe comme méthode de dosage du carbone et de l'hydrogène, ainsi que je l'ai indiqué, dans ce cas, il faudrait opérer avec de l'oxygène exempt d'acide carbonique et de vapeur d'eau, ce qui est d'ailleurs facile, et même d'azote, ce qui est plus délicat. Ces précautions sont inutiles pour les déterminations calori- métriques. » 5. Il convient d'envisager spécialement la présence de l'hydrogène et des gaz ou vapeurs combustibles, résultant de la préparation ou de la com- pression de l'oxygène : la combustion de ces gaz dégage une certaine quantité de chaleur, qui devrait être retranchée des nombres observés. » G. Un tel accident est susceptible d'être observé lorsqu'on comprime soi-même l'oxygène à l'aide d'une pompe; ainsi que je le faisais il y a 20 à 25 ans, lors de mes déterminations relatives à la chaleur de combustion des gaz en particulier. En effet, j'ai signalé la formation, pendant cette compression, de petites quantités de vapeurs combustibles, aux dépens des matières grasses des soupapes de la pompe. )) 7. J'ai montré comment cette cause d'erreur pouvait être écartée, en faisant passer lentement l'oxygène comprimé à travers un tube de cuivre rouge très épais et maintenu à la température rouge. En opérant ainsi, l'hydrogène, l'oxyde de carbone, les vapeurs hydrocarbonées, si faible qu'en soit la proportion, sont brûlés exactement, sous les influences simultanées de l'oxygène et de l'oxyde de cuivre. Le gaz qui sort du tube est refroidi en traversant une spirale immergée sous l'eau, puis dirigé dans la bombe. Ce gaz est exempt de toute matière combustible; je m'en suis spécialement assuré. » 8. Pour le succès de cette manipulation, il est indispensable que toutes les jonctions, depuis la pompe jusqu'à la bombe, soient exécutées avec des pièces de cuivre vissées, sans le moindre emploi de matières or- ganiques, luts, etc. Le caoutchouc spécialement doit être évité, à cause de (') Traité de Caloriinclrie chiniicjue. p. 127. SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 823 sa perméabilité aux gaz atmosphériques et à l'eau hygrométrique, et de son altérabilité par l'oxygène, même à la température ordinaire. » 9. Depuis l'époque où l'oxygène comprimé a été livré couramment par l'industrie, je m'en suis servi d'ime façon à peu près exclusive. Mais cet emploi ne va pas sans quelques risques, comme il va être dit, et je ne sais si les précautions nécessaires ont toujours été prises par les opérateurs; ce qui m'engage à entrer dans quelques détails à cet égard. » 10. L'oxygène industriel a été tiré principalement, à ma connais- sance, de trois sources : deux, le bioxyde de baryum, l'oxyde de manganèse joint à un hydrate alcalin, permettent de l'extraire d'une façon continue de l'air atmosphérique par un simple jeu de températures inégales. Depuis ces dernières années, on a eu recours de préférence à l'électrolvse de l'eau, dans des appareils munis de diaphragmes, de façon à séparer les deux gaz composants : oxygène et hydrogène. » 11. Lorsqu'on opère avec les premiers agents et le concours de la chaleur, les impuretés peuvent consister dans des doses plus ou moins notables d'oxyde de carbone et des autres gaz de la combustion, mélangés après coup au sein des récipients. On en constate l'existence (après éli- mination préalable de l'acide carbonique et de la vapeur d'eau) par les moyens connus, c'est-à-dire en pesant l'acide carbonique et l'eau régé- nérés, au sortir du gros tube de cuivre rouge. » Le passage lent au travers de ce tu])e élimine les gaz combustibles, et l'oxygène sortant peut être mis en œuvre dans la bombe calorimétrique pour déterminer les chaleurs de combustion des corps renfermés dans celle-ci, par la méthode générale. Mais il f.iul recourir au tube de cuivre rouge dans chaque expérience ; ce qui la complique et la ralentit beaucoup. » 12. Reste l'oxygène électrolytique : celui-ci est exj)osé à contenir de l'hydrogène, en dose variable et qui dépend du fonctionnement plus ou moins parfait des diaphragmes. Le procédé qui précède demeure évi- demment applicable. Mais, quand la dose de l'hydrogène est très petite, il est préférable de la déterminer, une fois pour toutes les expériences de com- bustion exécutées avec le même tube à oxygène comprimé, et d'en déduire un coefficient de correction, faible d'ailleurs, applicable à ce groupe d'expériences. » 13. Les essais qui suivent préciseront la marche dans les cas de ce genre. )) L Vérifications . — 4" d'air, sous la pression normale, séché et privé de CO" préalablement par le passage à travers les tubes ordinaires, puis (S24 ACADÉMIE DES SCIENCES. dirigé à travers le tube de cuivre chauffé au rouge, pendant 3 heures. 2 expériences : Tubes à ponce suU'uiique .... Perte : o,oooj Gain Tube à KOH concentrée Perte : — 0,0124 » 2' lul)e à CaO sodée Gain : +0,0121 » 0,0006 Eau formée nulle. -0,0118 j conformé nul. +0,01 10 ) » II. Oxygène comprimé. — Préparé par les anciennes méthodes, 8', sous la pression o'",76, en 5 heures. Ce volume de 8' représente le poids d'oxygène comprimé que renfermerait la bombe sous la pression de 20 at- mosphères. Eau Gain : +o,ooo5 CO^ Nul. » III. Oxygène èlectroly tique comprimé. — 8' (sous la pression o™,76) en 5 heures. Trois essais distincts : ] 2 3. Moyenne. Eau of,oo4i o5,oo46 o6,oo/i8 o8,oo45 nfv T 1 • i, !■ 0 \ i"' lubeà KOH liq.. — o,o554 ] L.U-, lubeacnaux sodée.. -t-os,ooo2 +0,0005 ) , ,-. /-v 1 - , ^ „kc„ f bensible- ' I 2= tube a CaO sodée. +o,o5bo \ I ment nul. +0,0006 ) )) Il résulte de ces chiffres que la quantité d'oxygène, susceptible d être introduite dans la bombe par une combustion régulière, ne fournit qu'une dose nulle ou négligeable d'acide carbonique pendant la combustion; tandis qu'elle renferme o^, ooo5 (un demi-milligramme) d'hydrogène libre. Ce poids est susceptible de développer i7'^''',2 par sa combustion, soit 2 à 3 millièmes des quantités de chaleur qui s'observent le plus communé- ment : dose faible, mais non négligeable. Elle doit varier d'ailleurs sui- vant les échantillons; sa détermination est donc nécessaire. » ASTRONOMIE. — Sur les récentes publications émanant de V Observatoire de Paris : Catalogue slellaire (IV* Partie); Catalogue photographique (I" Volume); Annales, Observations de 1898; Mémoires (Tome XXIII); Bulletin du Comité international (Tome III). Note de M. Lœwy. « J'ai l'honneur de faire hommage à l'Académie d'un ensemble de publi- cations émanant de l'activité de l'Observatoire de Paris et renfermant des travaux astronomiques d'une nature très variée. SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 820 » Voici d'abord les deux derniers des huit Volumes d'un vaste Ouvrage dont l'exécution a été décidée sous la direction de l'amiral Mouchez, il y a une vingtaine d'années. Pour faire comprendre toute la portée de celte œuvre, il convient de fournir quelques renseignements sommaires sur les raisons scientifiques qui ont déterminé son exécution. » On sait que, sous la direction de Jérôme de Lalande, une exploration du Ciel boréal par zones fut entreprise il y a plus d'un siècle à l'Observa- toire de l'Ecole militaire. Munis de faibles ressources, à l'aide d'un objectif de petite ouverture, Lalande et ses collaborateurs parvinrent, grâce à un labeur infatigable, à effectuer, de 1791 à 1801, 47390 observations dont la précision est véritablement remarquable. Elles ont été publiées telles qu'elles figurent aux carnets-minutes, dans le Tome I de VHistoire céleste, entachées encore des erreurs physiques et instrumentales qui font pa- raître les astres dans une situation autre que celle qu'ils occupent réelle- ment dans le Ciel. Mais les astronomes n'en reconnurent pas moins la très haute importance de ces documents. Les plus illustres savants de l'Alle- magne, Bessel, Encke, Schumacher, Hanse», se mirent les premiers à l'œuvre en préparant des Tables destinées à faciliter les calculs de réduc- tion à une origine commune. C'est finalement à l'Association britannique que revînt l'honneur de mener à bien cette entreprise à laquelle fut affectée une somme d'environ 45ooof'' et dont l'exécution fut confiée à Francis Baily. Après la mort de ce dernier, plusieurs astronomes anglais conti- nuèrent les travaux, et le Catalogue définitif, ramené à l'équinoxe moyen de 1800, parut en 1847. )) Les anciennes observations, comme celles dont il vient d'être ques- tion, constituent des témoins irrécusables de l'état du Ciel dans le passé; leur utilité ne peut qu'augmenter avec le temps. En les comparant avec d'autres observations obtenues à des époques ultérieures, on aura la faculté d'aborder quelques-uns des problèmes les plus curieux de la Cosmogonie. On parviendra à acquérir des notions plus exactes sur les mouvements particuliers des astres ou sur les déplacements d'ensemble des constella- tions, sur la marche de notre système planétaire à travers les espaces célestes. Ces mouvements sidéraux auront d'autant plus d'amplitude, et leur élude acquerra d'autant plus d'intérêt que l'intervalle écoulé entre les séries d'observations conjuguées sera plus considérable. » C'est pour permettre aux savants de faire servir à des investigations d'un caractère si élevé les matériaux si précieux, légués par Jérôme et Michel de Lalande, que Le Verrier décida la réobservation des étoiles de 826 ACADÉMIE DES SCIENCES. V Histoire céleste. Cette recherche, inaugurée en i854, et à laquelle ont par- ticipé tous les astronomes qui se sont succéflé à l'Observatoire de Paris, a été définitivement close en 189g. Mais ces nouvelles séries d'observations, accomplies au prix de tant d'efforts, semblables à celles de VHistoire céleste, ne se prêtaient que très difficilement aux applications scientifiques et res- taient à moitié réduites, ensevelies dans les Annales de l'Observatoire. » Dès son arrivée à la directiou de l'Observatoire, l'amiral Mouchez fut instruit de ce fâcheux état de choses, et, pour y remédier, conformément à l'avis des astronomes, la construction d'im grand Catalogue reposant sur l'ensemble des données recueillies de 1837 à 188 1 fut alors décidée. Cette entreprise, qui a sollicité durant une vingtaine d'années les efforts inin- terrompus d'une partie du personnel du Bureau des Calculs, se trouve aujourd'hui menée à bonne fin par la publication des deux Volumes que je viens de mettre sous les yeux de l'Académie. » Le plan de ce travail important est dû à M. Gaillot, sous-directeur de l'Observatoire, qui, depuis 1882, en a poursuivi sans relâche la réalisa- tion. Dans cette tâche si complexe, il a été secondé de la manière la plus efficace par M. Bossert, chef du Service des Calculs. » Les astronomes ont désormais à leur disposition deux œuvres consi- dérables, dues à l'activité des astronomes de Paris, et se rapportant à des séries d'observations séparées les unes des autres par un intervalle de près d'un siècle. Le Catalogue fournit les résultats de 887 474 observations effectuées sur 34733 étoiles; 221369 observations ont été obtenues en ascension droite et 166 io5 en distance polaire. » Voici maintenant le premier Volume du Catalogue photographique du Ciel. Il ne convient pas de retracer, en cette circonstance, l'historique des faits qui ont déterminé l'exéculion de la vaste entreprise internationale dont cette publication fait partie. Je me bornerai seulement à rappeler que la tâche imposée à chaque observatoire était double. » Il s'agissait, en premier lieu, de dresser une Carte du Ciel à l'aide de clichés à longue pose; on avait ainsi en vue d'obtenir de l'état actuel du Ciel une représentation fidèle comprenant tous les astres jusqu'à la i4* grandeur, c'est-à-dire les images d'objets célestes possédant à peine la millième partie de l'éclat de la plus faible étoile visible à l'œil nu. L'Aca- démie a déjà reçu, dans le courant de cette année, une nouvelle série de feuilles de cette Carte. Cet Atlas du Ciel dont on peut, d'une manière cer- taine, prévoir l'achèvement, se composera de 22o54 feuilles et offrira une richesse de renseignements précis à laquelle rien ne saurait être comparé SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 827 dans le passé; il en résultera un nouvel essor pour l'étude des grands pro- blèmes relatifs à la structure de l'Univers sidéral. » La seconde section de l'œuvre photographique, dont je mets aujour- d'hui le commencement sous les yeux de l'Académie, est appelée à rendre des services non moins importants pour l'étude du Ciel. Il s'agit ici de fixer les positions d'environ trois millions de repères dans l'espace céleste et de décupler ainsi en étendue les résultats acquis jusqu'à ce jour dans cet ordre de recherches. C'est à ces repères qu'on rattachera les coor- données de tous les astres de notre système solaire. En même temps, à cause de l'extrême précision que comporte la mesure des images stellaires, on aura bientôt la faculté de déduire les mouvements propres de ces som- mets de la triangulation céleste par la comparaison faite avec les travaux similaires effectués ultérieurement. » L'exécution du travail dévolu à l'Observatoire de Paris, et relatif à la zone de l'espace comprise entre -i- 18° et + 24° de déclinaison nord, a été confiée à M. Prosper Henry, qui a été puissamment secondé dans cette tâche par son frère, M. Paul Henry. Grâce à leur activité persévérante, les diverses parties de l'Ouvrage se succéderont désormais très régulière- ment. Le premier Volume, actuellement édité, renferme les coordonnées rectilignes de 64264 étoiles comprises dans une zone de deux degrés de largeur et dont le centre est situé par -t- 24" de déclinaison boréale. » L'Académie sera sans doute désireuse de connaître le degré de précision que possèdent les positions de tous ces astres. J'ai entrepris toute une série de recherches particulières consignées dans plusieurs Mémoires pour arriver à fixer d'une manière très approchée le véritable degré d'exacti- tude réalisé dans la construction du Catalogue photographique. » En étudiant de très près la série des opérations de mesure et des causes susceptibles de les altérer, nous avons trouvé que l'exactitude avec laquelle on peut déterminer les coordonnées rectilignes des nuages stel- laires, par rapport au centre de la plaque, est considérable. L'erreur probable, en ce cas, est de ±0", 16. D'autre part, nous avons examiné le degré d'exactitude avec lequel on peut tirer, de l'ensemble de tous les catalogues stellaires existants, les positions des étoiles de repère photo- graphiées sur les clichés, positions sur lesquelles on est obligé de s'appuyer pour calculer celle qui correspond dans l'espace au centre du cliché. » L'ensemble de ces documents n'est pas homogène; les positions y sont souvent fondées sur un nombre d'observations variant d'un catalogue à l'autre; certains d'entre eux ont une supériorité incontestable sur 828 ACADÉMIE DES SCIENCES. d'autres, et il n'a été que très rarement possible de rencontrer les données nécessaires dans les meilleurs catalogues. Pour arriver, dans ces condi- lions, à la connaissance approchée de l'erreur probable d'une position déduite d'un ensemble de ces documents, on a choisi 100 étoiles symétri- quement distribuées sur les 24 heures d'ascension droite de la zone consi- dérée, astres dont les coordonnées se sont trouvées enregistrées dans un nombre notable de catalogues. En comparant à leur moyenne les diverses positions relatives à un même astre, on a trouvé, à l'aide de la méthode des moindres carrés, zto",8o pour l'erreur probable des coordonnées d'une étoile de repère de grandeur 8* à 9*, empruntées à un catalogue dont les positions sont basées sur deux ou trois observations méridiennes. En considérant que les coordonnées de 21 étoiles de repère environ, tirées de 6 catalogues différents, sont intervenues dans le calcul des constantes des clichés, il a été facile d'évaluer, grosso modo, la précision qui en résulte pour les coordonnées équatoriales des centres des clichés. Dans ce but, le poids à attribuer à la moyenne des positions de « étoiles de repère tirées d'un même catalogue a été calculé à l'aide de la formule "" • On a ainsi conclu l'erreur probable dzo",26 affectant la movenne de 21 coordonnées empruntées à 6 catalogues. » La confrontation des deux nombres rh o", 16 et ± o", 26 est instruc- tive. On remarque immédiatement que la précision avec laquelle on parvient à rattacher les coordonnées rectilignes des images stellaires au centre des plaques dépasse celle que l'on peut, dans l'état actuel des choses, réaliser dans la détermination des positions absolues corres- pondant dans l'espace aux centres choisis des clichés. Il faudrait pouvoir disposer de 36 positions d'étoiles de repère empruntées à 18 catalogues pour obtenir une précision équivalente entre les deux catégories d'erreurs probables. Ce contraste si frappant entre ces deux ordres de grandeurs s'explique aisément et ne saurait jeter un discrédit sur la valeur des cata- logues employés. La solution du problème, que l'on réclame aux méthodes méridiennes, est d'une nature très complexe : il s'agit de fixer les positions absolues d'astres occupant toute l'étendue de la voûte céleste, cas où l'on se trouve en présence d'un grand nombre d'inexactitudes redoutables. Il n'en est pas de même en ce qui concerne la méthode photographique, qui a pour tâche de reproduire avec fidélité les images d'astres voisins les uns des autres et dont les situations relatives ne subissent qu'une influence atténuée des causes d'altération. SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 829 » Bien que ces difficultés soient inhérentes à la nature des choses, il est cependant difficile de se contenter des constantes de réduction dont la précision n'est pas en harmonie avec la perfection du travail photogra- phique. Pour tirer de l'œuvre entreprise tout le profit qu'elle comporte et remédier, d'une manière efficace, au défaut d'homogénéité entre les deux catégories de données dont dépendent les coordonnées astronomiques tirées des clichés, nous avons décidé d'effectuer de nouvelles observations méridiennes des étoiles de repère afin d'obtenir avec exactitude leurs posi- tions, à l'époque moderne : ce qui nous permettra de corriger d'une ma- nière très efficace les éléments de réduction actuellement employés. L'effet combiné des deux inexactitudes qui viennent d'être indiquées conduit à évaluera ±o",3i l'erreur probable totale d'une coordonnée astronomique tirée du présent Volume. On se rendra compte d'une manière tangible de la précision ainsi obtenue quand on saura que l'exactitude d'une telle coordonnée équivaut à celle qu'offre la moyenne d'environ 10 positions d'étoiles de repère empruntées à 5 catalogues. Il en ressort ainsi avec évi- dence que la méthode photographique réalise, de la manière la plus satis- faisante, les espérances qu'on avait fondées sur son efficacité. » Le Volume suivant renferme les observations accomplies à l'Observa- toire de Paris dans le courant de l'année 1898; elles sont relatives à hi revision des étoiles de Lalande, à la détermination de la latitude de notre établissement et des positions des astres de notre système solaire, effec- tuées à l'aide des instruments méridiens ou des instruments équatoriaux. On y rencontre également la suite des recherches de M. Bigourdan sur les nébuleuses. Ces travaux réguliers, exécutés avec habileté, suivant un plan mûrement élaboré, et convergeant durant de nombreuses années vers un même but, finissent par constituer des œuvres d'une portée con- sidérable, comparables à celles dont je viens d'entretenir l'Académie. » Le XXIIi* Volume des Mémoires a paru en même temps que le précé- dent. Il contient uniquement des recherches théoriques relatives en ma- jeure partie à des questions de Mécanique céleste. Ces études sont dues à MM. Andoyer, Bigourdan, Callandreau, Lebeuf, J. Mascart. M Voici, en dernier lieu, le second fascicule du Tome III du Bulletin du Comité international de la Carte du Ciel, rédigé par l'Observatoire et publié sous les auspices de l'Académie des Sciences. » Il renferme tout un ensemble de recherches nouvelles possédant une importance de premier ordre pour la construction de la Carte et du Cata- logue photographiques et pour la détermination de la parallaxe solaire C. R., igoa, 2» Semestre. (T. CXXXV, N» 20.) I «9 83o ACADÉMIE DES SCIENCES. au moyen de la planète Eros. La seule énuméralion des matières qui y figurent fait voir que la publication du Bulletin a puissamment contribué au succès des deux belles entreprises internationales auxquelles colla- borent 55 observatoires. On y trouve une étude [Jiirticulièrement intéres- sante : elle met en lumière que la Carte conduit à des applications qu'on n'aurait jamais osé prévoir. Il est prouvé maintenant que, malgré toutes les déformations subies par le papier des feuilles, on pourra relever sur la Carte les positions des astres jusqu'à la i4' grandeur avec une précision comparable à celle des meilleures observations méridiennes. » Voici l'objet des divers Mémoires contenus dans le présent fascicule, et sur lesquels je me permets d'appeler l'attention de l'Académie : 1) 1" Dispositions adoptées dans les Observatoires français pour la pu- blication de la Carte et du Catalogue photographiques, par M. Lœwy; » 2° Documents relatifs à l'organisation des travaux d'observation delà planète Eros {Circulaires n°^ 7, 8 et 9), renfermant en particulier : » Des études sur l'influence des traînées produites par le mouvement propre des astres; » Deux Mémoires de M. Comstock sur la réduction des observations et la précision des mesures micrométriques d'Éros; » Une Notice de M. Hermann Stnive sur la précision des mesures micro- métriques effectuées à l'Observatoire de Kœnigsbi^rg; » Les recherches de M. Prosper Henry relatives à l'influence présumée de la dispersion atmosphérique sur la position des astres; H Un travail de M. Hinks sur les conditions géométriques du problème de la parallaxe ; M Une première étude de M. Lœwy concernant la précision que com- portent les mesures des coordonnées rectilignes et l'évaluation de la dis- tance des traits imprimés sur les clichés; deux autres Mémoires du même auteur sur la détermination des coordonnées astronomiques des astres photographiés et l'exactitude des positions relatives de leurs images; » 3° Les recherches de M. Trépied sur l'exactitude des coordonnées des astres, tirées des feuilles de la Carte du Ciel ; » 4" Une Note de M. André concernant les expériences faites à l'Ob- servatoire de Lyon, sur la variation d'éclat de la [danète Eros. » SÉANCE DU 17 NOVEMBUE 1902. 83 I PHïSIQL'E. — Sur lainsêe d'une surface de mercure éclairée par un faisceau de lumière horizontal. Note de M. C Lippmax.v. n On sait qu'il est difficile de pointer une surface de mercure. Cette sur- face forme Tin miroir si parfaitement poli qu'on ne Je distingue pas : on ne A'oit que l'image plus ou moins surbaissée des objets placés au delà; le contour apparent que l'on croit apercevoir n'est que la limite de cette image réfléchie. » Quand la surface du mercure est courbe, il ne paraît pas y avoir de bonne mélhode pour en pointer le contour. Quand une partie de la surf;ice est plane, on se sert d'un artifice connu : on vise successivement une pointe voisine de la surface, et son image réfléchie : la moyenne des deux lectures donne la position du miroir mercuriel. » Un second artifice, qui fournit également de bons résultats, consiste à appliquer sur la surface du mercure un fil de verre très fin et très flexible : il se colle sur la surface, et il peut être pointé sans difficulté. » Mais il y a des cas où l'on ne peut (') faire usage d'aucune de ces méthodes : notamment quand on ne peut mettre au point sur les points ni sur le fil de verre. Il faut alors a\oir recours à un nouvel artifice, que je vais indiquer. )i Au lieu de s'éclairer à la lumière diffuse, on éclaire le champ de l'in- strument d'observation par un faisceau de lumière horizontal, fourni par un collimateur placé à peu près sur le prolongement de la lunette. On voit alors le mercure se profiler sur fond clair sous forme d'une masse noire à contour net. Cette netteté subsiste quand on observe à travers un micro- scope micrométrique; elle est suffisante pour donner dans ces conditions des pointés dont les valeurs extrêmes (sur dix pointés successifs) nedif- (') Ce cas se présente lorsque ion mesure la cnnslanle capillaire d'un liquide par la métliode de la large goutte, et en faisant usage d'un microscope pour trouver la distance verticale entre l'équateur et le sommet de la goutte. Avec la lunette d'un catliéloinètre ordinaire, on peut se mettre assez loin pour être au point à la fois sur l'équateur et le sommet. Si 1 on vise avec un microscope, la tolérance de mise au point disparaît. Dans ce cas on met au point seulement sur l'équateur, et l'on éclaire le soinmel en lumière horizontale, ce qui permet de voir nettement le niveau sans le mettre au point, comme je le montre plus loin. 832 ACADÉMIE DES SCIENCES. fèrent au plus que de ^ de millimètre; l'erreur moyenne est donc voisine de tI- de millimètre. » Le contour du mercure, comme de tout autre objet visible dans le champ, est bordé d'une série de franges de diffraction. On pourrait donc se demander si le contour apparent n'était pas en réalité le bord d'une pre- mière frange de diffraction, et s'il ne faudrait pas de ce chef faire une cor- rection aux lectures. , » La théorie des franges de diffraction, produites par l'interposition d'écrans à trois dimensions, n'a pas encore été faite. Il était donc néces- saire de recourir à l'expérience pour résoudre cette question. Je me suis assuré que le niveau du mercure, déterminé par la visée en lumière hori- zontale, est bien le même que celui que l'on obtient par l'une ou l'autre des méthodes rappelées au commencement de cette Note. La diffraction n'intervient donc pas pour déplacer d'une manière sensible le profd du liquide. » PHYSIQUE. — Pendule de Foucault simplifié. Note de M. d'Arsonval. « La réinstallation du pendule de Foucault, au Panthéon, par MM. Berget et Flammarion, a excité l'ingéniosité des constructeurs. Parmi ces derniers je dois citer M. Cannevel, qui a résolu le problème d'une façon simple et précise. » L'appareil que j'ai l'honneur de faire fonctionner devant l'Académie se compose d'une sphère en plomb, enveloppée de cuivre, pesant laSo^, pouvant fonctionner pendant 3 heures et s'accrochant au plafond par un simple clou. » La partie intéressante est la suspension du fil. Ce fd d'acier a -^ de millimètre, il est pincé à la partie supérieure dans un bloc métallique percé d'un trou de fdière à travers lequel passe le fil. Un simple coup de balancier l'immobilise dans le bloc, que l'on fixe au j^lafond par une vis. » Tout l'appareil tient dans une petite boîte de bois qu'on peut presque mettre dans la poche. La boîte sert à contenir le tas de sable sur lequel le pendule laisse sa trace. » Le fil peut recevoir une longueur appropriée à la hauteur dont on dispose. » Un petit support en bois, mobile autour d'un axe vertical, porte un petit pendule auxiliaire qui sert à démontrer le principe de l'appareil, c'est-à-dire l'invariabilité du plan d'oscillation. SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 833 )) Malgré sa simplicité, l'appareil de M. Cannevel fonctionne avec une régularité qui a valu à son auteur l'entière approbation de MM. Berget et Flammarion. » Un autre grand avantage de ce dispositif est son bas prix (?o'^'' et au-dessous), qui le met à la portée du public et des écoles, et permet ainsi de vulgariser la remarquable démonstration de Foucault que tout le monde ne peut aller voir au Panthéon. A ce titre, j'ai cru intéressant de le sicyialer à l'Académie. » CHIMIE BIOLOGIQUE. — Localisation fie l' arsenic normal dans quelques organes des animaux et des plantes. Ses origines. iVote de M. Armaxd Gautier. « Après avoir, en 1899, reconnu que l'arsenic existe normalement chez les animaux domestiques et chez l'homme, j'essayai, autant que le per- mettait la méthode déjà très précise et très délicate que j'ai suivie alors, et que j'ai depuis encore perfectionnée, de déterminer les localisations de ce métalloïde dans l'économie. J'observai qu'il se rencontre surtout dans les organes d'origine ectodermique : la peau et ses annexes, la glande thy- roïde, le thymus, la glande mammaire, le cerveau, ainsi que dans les os, mais qu'on n'en trouve pas, ou des quantités inférieures au ^^^^^J^^^^^^^^ du poids de la substance examinée ( ' ), quand on s'adresse aux autres organes : muscles, rate, foie, pancréas, rein, tissus cellulaire et adipeux, glandes les plus diverses y compris l'ovaire et le testicule, sang, urines, etc. (voir Comptes rendus, t. CXXX, p. 286 et 290). En même temps j'établissais que l'arsenic s'élimine surtout par les poils, les cheveux et les cornes (Ibid., p. 285), ainsi que par le sang menstruel chez la femme (Comptes rendus, t. CXXXI, p. 36 1, et Comptes rendus du Congrès international de Médecine tenu à Paris en 1900; Section de Physiologie, p. 98). » Arsenic chez les oiseaux et les poissons. — Je n'ai pas borné mes recherches aux mammifères. Dès le début, j'examinai divers organes et tissus des oiseaux et des poissons : œuf de poule, œufs et laitances de poissons, chair de poissons, sans y trouver d'arsenic. S'il y existe, c'est en quantité très inférieure à celle des organes moyennement arsenicaux et inférieure au vingt-millionième du poids de l'organe frais. » Depuis j'ai cherché l'arsenic dans les plumes de l'oiseau, qui me {') Soit moins de o™s'",oo5 pour 100 grammes de substance fraîche, limite de sen- sibilité de la méthode suivie à celte époque. y 834 ACADÉMIE DES SCIENCES. semblaient correspondre aux poils et cornes des mammifères. L'arsenic existe fn effet dans les plumes, mais il y est très particulièrement localisé. Voici d'abord le résumé de mes expériences à ce sujet : Poids Arsenic QuantiK's approximatif en milligrammes traitées. de l'arsenic pour roo'' (Etat frais.) en milligrammes, de malicre fraiclie. . Kl- m!;r mgr Duvel ventral de 1 oie 25o o,o3o o, 12 Canons des plumes de poulet 100 nul nul Barbes de plumes de poulet 200 nul nul Plumes de poulet complètes aSo nul nul Canons des plumes de la queue du paon. 12 nul nu! Barbes des œils des grandes plumes de la queue du paon 22 o,o55 o,25 » Il suit de ces constatations que l'arsenic existe bien dans le duvet de l'oiseau, qui est plus particidièrement en rapport avec le fonctionnement de la peau et qui semble seul correspondre au poil des mammifères, tandis qu'il est ordinairement absent des plumes banales des ailes ou de la queue, simples org'anes de locomotion. Celles au contraire qui servent d'orne- ment au mâle et font sa parure au prinlemps, telles que les belles plumes de la queue du paon, contiennent de l'arsenic. Toutefois, même dans ces plumes, l'arsenic n'existe pas dans le canon; il est entièrement localisé dans les barbes colorées chatoyantes de l'œil qui les termine. A[)rès la sai- ,son des amours, l'arsenic s'élimine par la chute de ces plumes ornemen- tales. Celte observation rappelle celle que j'ai déjà faite chez les mammifères de l'accumulation de l'arsenic dans les poils et les cornes du mâle, et de son élimination par perte de ces poils, ainsi que par les sécrétions sexuelles de la femelle au moment du rut. » Ce fait que l'arsenic est absent des canons de la plume du paon, et des plumes banales des oiseaux, alors qu'on le retrouve dans les barbes colorées qui ornent le mâle, ou dans le duvet qui recouvre leur peau, suffirait à démontrer que ce métalloïde est bien localisé dans certains organes ou parties d'organes et en corrélation avec leur fonclionne- ment, et non pas uniformément répandu dans tous. Chez les animaux, il est en corrélation étroite avec le fonctionnement de la peau, du cerveau et des organes de la reproduction. » Arsenic chez les vt'gé taux, particulièrement clicz les algues. — En 1900, j'avais inutilement cherché l'arsenic dans le pain {Comptes rendus, t. CXXX, SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 835 p. 16). Ces essais négatifs méritent toutefois d'être repris avec une méthode encore plus sensible. J'y reviendrai. » Guidé par diverses considérations théoriques, j'ai pensé que je retrouverais, sans doute, l'arsenic plus particulièrement localisé chez les végétaux riches en iode, et particulièrement dans les algues marines et terrestres ( ' ). » L'expérience a vérifié cette hypothèse. Voici mes dosages : ils sont tous rapportés à 100 parties de substance telle qu'elle est après qu'on l'a laissée quelques jours à l'air vers 1.5° : l'oids en nigr Hoids d'arsenic Quantités d'arsenic par loos' «.— Algues marines. en expérience. obtenu. de substance. Fucus vesiculosus iSy o,25 0,169 Fucus digitalus 120 o,25 0,208 Fucus serraUis 85 0,07 0,082 b. — Algues d'eau douce. Spyrogyia 25 0,010 o,o4o Cladopliora 80 o , 007 o , 008 Id. 35o o,o3o 0,008 C^) » On voit que l'arsenic, comme l'iode, abonde surtout dans les algues de mer. Ces deux éléments semblent bien s'accompagner, comme je l'ai déjà souvent remarqué pour les organes des animaux (thyroïde, peau, cheveux, etc.) » M. B. Renault, le savant paléontologiste du Muséum d'Histoire natu- relle de Paris, a démontré que les boghead (ou charbons de houille à longue flamme) d'Autun et d'Australie sont uniquement formés de débris, tout particulièrement, de spores d'algues d'eau douce. J'ai eu la curiosité de chercher l'arsenic dans ce charbon d'algues fossiles, j'ai trouvé : Quantités Poids Arseuic mises d'arsenic pour loos' en e.\pcriencc. en mgr. de substances, gr mgr mgr Boghead de Lorme d'Autun 10 0,20 2,00 » 10 0,26 2,5o „ 10 o , 20 2 , 00 » d'AusUalie 10 o,o3 o,3o (') Voir mon Mémoire Sur la présence de l'iode dans toutes les algues à chloro- phylle et dans les suif uraires {Comptes rendus, t. CXXIX, p. 189). (2) Cet échantillon contenait, à l'état frais, o"6'-,o66 d'iode pour 100 grammes. 836 ACADÉMIE DES SCIENCES. » On voit que l'arsenic se rencontre aussi bien dans les algues géolo- giques que dans les algues modernes. » Ce métalloïde peut se trouver aussi dans les algues non chlorophyl- liennes. On sait que l'on a sigaalé depuis longtemps une trace de cet élément dans les eaux sulfureuses ('). Dès que j'eus reconnu l'existence de l'arsenic dans toutes les algues, je pensai que dans les eaux sulfureuses l'arsenic devait, comme l'iode, se trouver plus particulièrement condensé dans les éléments figurés de ces eaux : sulfuraires, gkirine et barègine. En effet, iSot"' de glairine (de Luchon), pesée à l'état humide ('), m'ont donné o^sr.oiS d'arsenic, soit o^sr^ocya pour loo de matière humide et o^sr^se pour loo de matière sèche. La majeure partie de cette matière fixe des sulfuraires étant formée de soufre, on voit combien est riche en arsenic la substance du protoplasma de ces algues. » Eau de mer. Roches primitives. — Puisque l'arsenic existe dans toutes les algues, surtout dans les marines, il doit se rencontrer dans les algues minuscules ou microscopiques qui, avec quelques autres êtres vivants, forment la partie principale du plankton des eaux de la mer. Il faut même que l'arsenic existe dans ces eaux, dissous à l'étal organique ou minéral, puisque les végétaux et animaux qui y vivent ne sauraient le retirer que de ce milieu. » Pour m'en assurer, 1175© cent, cubes d'eau de mer, puisée en no- vembre 1899 avec toutes les précautions nécessaires aux environs du phare de Roche-Douvres, à 4o kilomètres des côtes de Bretagne, furent filtrées sur biscuit à grain serré de porcelaine de Sèvres. A la surface de ce petit filtre, il se fît un dépôt glaireux brun rougeàlre. Après lavage à l'eau dis- tillée salée à 25s'' de sel marin au litre, le filtre et son dépôt furent traités par les acides nitrique et sulfurique, comme pour une recherche ordinaire. L'arsenic trouvé pesa environ o'"S'',o3, soit o^^',ooiS pour l'arsenic du plankton de i litre d'eau de pleine mer, quantité énorme relativement au poids de la matière organisée, très inférieure à 10 milligrammes par litre ('). )) Quant à l'eau de mer privée de ses éléments figurés par filtration sur (') Tripier, Ann. de Cliim. et Phys., 3" série, t. I, i84i, p. 349. (2) Elle contenail, à l'état humide, 98 pour 100 d'eau et o^s^cooS d'iode. (3) On peut apprécier que cette quantité d'arsenic s'élève à près du 80000' du poids du plankton, alors qu'on n'en a trouvé que un 5ooooo= environ dans le fucus digitatus, l'une des algues de mer les plus iodées et les plus arsenicales. SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. S'ôj biscuit de porcelaine, je me suis assuré qu'elle conlient aussi de l'arsenic. » Pour le doser, je concentrai à i litre environ les 11 750 cent, cubes d'eau de mer fdtrée sur biscuit, et, après avoir refroidi dans la glace et séparé les cristaux par essorage et lavage, j'introduisis la liqueur dans une cornue de verre réunie à un récipient rodé, cornue oia l'on avait eu le soin de faire bouillir au préalable un mélange d'acides suUurique et nitrique. L'eau y fut distillée et le résidu fut attaqué par les acides nitrique, puis sulfurique, suivant la méthode ordinaire, pour détruire toute matière orga- nique. I-es vapeurs et gaz non condensés dans le récipient refroidi traver- saient unbarboteur muni dépotasse pure, étendue et chaude, pour détruire et arrêter le chlorure d'arsenic qui pouvait s'échapper. On chercha l'ar- senic dans l'ensemble des parties mélangées. On obtint un faible anneau caractéristique qui ne fui pas dosé. » Ainsi l'arsenic existe dans l'eau de mer soigneusement fdtrée, aussi bien que dans les algues et autres constituants de son plankton. Il nous a paru, dissous dans cette eau principalement à l'état organicfue comme l'iode qui l'accompagne. C'est à cette source que l'empruntent tous les animaux et végétaux marins qui se développent donc dans un milieu arsenical. » Essayant de poursuivre jusques au bout le cycle suivi par l'arsenic pour arriver aux plantes et aux animaux, j'ai pensé que cet élément ne pourrait avoir été initialement fourni à la mer et aux terrains de sédiment que par les roches primitives. » Il est facile de s'assurer qu'en effet l'arsenic accompagne toujours l'iode, l'azote et le phosphore dans ces roches, quelquefois abondamment, et que telle est bien son origine première. Cent grammes de granit de Vire (Bretagne) pulvérisés sur le granit et l'agate, puis additionnés de 5o grammes de sel marin, traités par ma méthode en cornue fermée, fournirent un anneau répondant à o™k'",o6 d'arsenic. D'autres granits d'Auvergne et des Pyrénées ont donné des résultats semblables. On sait du reste que toutes ces roches sont ferrugineuses, et que l'arsenic accom- pagne généralement le fer dans les couches sédimentaires et les eaux. » L'arsenic parait donc jouer un rôle universel, comme l'azote et le phosphore. Il existe en petite proportion, mais sans exception, dans les roches primitives, les terres, la mer, les végétaux, et parliculièremenl les algues, les animaux terrestres et matins. Chez ceux-ci, il se localise surtout dans les organes d'origine ectodermique qui président aux sensations et à C. R., 190a, 2' Semestre. (V. C\.\.\V, N" 20 ) ' lO 838 ACADÉMIE DES SCIENCES. la reproduction. Il semble jouer dans les cellules où on le trouve un rôle analogue à celui du phosphore, mais à un degré éminent. » Il reste maintenant à se demander, d'une part, sous quelle forme spécifique se font ces localisations de l'arsenic; de l'autre, par quels ali- ments cet élément s'introduit dans nos organes. Ce sont deux questions que j'ai mises à l'étude. » MÉDECINE. — Le h^agana et le Mal de caderas sont deux entités morbides bien distinctes. Note de MM. A. Laveran et F. Mesml. « Les plus répandues des épizooties produites par des Trypanosomes sont : aux Indes, le Surra; en Afrique, le Nagana; dans l'Amérique dn Sud, le Mal de caderas. Ces maladies ont entre elles de grandes ressemblances et les Trypanosomes qui les produisent sont évidemment très voisins; on pouvait donc se demander si les noms de Surra, de Nagana et de Mal de caderas ne désignaient |)as une même maladie, ou du moins de simples variétés d'une même maladie. » Nous avons réussi à nous procurer, .i l'état vivant, des Trypanosomes du Nagana {Tr. lirucei) et du Caderas (Tr. equinum) ('), ce qui nous a permis de faire une élude comparée de ces parasites et des accidents qu'ils produisent. Dans cette Noie, nous nous bornerons à résumer les faits qui démontrent que le Nagana et le Caderas sont deux maladies bien distinctes. » Les mêmes espèces animales sont sensibles à Tr. Brucei el à Tr. equi- num, les mêmes sont réfractaires ; c'est à tort que Vogesa cité des oiseaux parmi les animaux pouvant être infectés de Caderas. M L'évolution du Caderas est plus lente que celle du Nagana chez (') La dénoininalion 7V. equina a été employée par O. Voges {Berliner Thierârztl. Wochenschr., 3 octobre i<^oi , &V Zeitschr.f. Hygiène, 1902, 89= vol., 3=fasc.). Poslé- rieuremeiu, M. Lignières a employé, pour le même parasite, la dénomination de Tr. Elmassiani (Recista de la Sociedad tnedica argentina, 1902, t. X, p. 48i). Cette dernière dénomination rappelle, très justement, que la découverte du Trypanosorae est due à Elmassian, mais nous croyons devoir nous conformer aux règles de la nomen- clature en adoptant le mot le plus ancien; nous transformons seulement equina &n equinum, Trypanosoma étant du neutre. La dénomination de Caderas nous paraît pouvoir être substituée à celle, trop longue, de Mal de caderas, et nous proposons de créer l'adjectif cadéré pour indiquer l'infection produite par Tr. equinum. SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 889 quelques espères animales, chez le cobaye notamment, et, clans certains cas, chez le chien. » La symptomatologie des deux maladies présente quelques différences: la paralysie du train postérieur est plus marquée d'ordinaire, chez les Eqiiidés, dans le Caderas que dans le Nagana; l'hémoglobinurie commune dans la première de ces maladies est très rarement notée dans la deuxième. » Ces dii'férences dans la durée de l'évolution et dans les manifestations morbides seraient d'ailleurs tout à fait insuffisantes pour conclure, car, à côté des différences, on pourrait citer beaucoup d'analogies: celle-ci, entre autres, que l'acide arsénieuK et le sérum humain exeicent la môme action sur les deux Trypanosomes. » Les faits sur lesquels nous nous appuyons pour dire que le Nagana et le Caderas sont deux entités morbides bien distinctes se résument dans les trois propositions qui suivent: 1° Il existe des différences morpholo- giques constantes entre Tr. lirucei et Tr. equinum; 2° les animaux immu- nisés contre le Nagana sont sensibles au Caderas ; 3° le sérum des ani- maux immunisés contre le Nagana n'a pas, pour Tr. eqiiinum, l'activité qu'il possède pour Tr. Brucei; ces derniers faits sont d'ailleurs connexes. » 1° Différences morphologiques. — Tr. Brucei el Tr. equiiium onl, à 1res peu près, les mêmes dimensions et la même forme et, lorsqu'on les e\amine dans le sang frais, il n'est pas possible de les distinguer l'un de l'autre ; sur des préparations de sang desséché et bien coloré (bleu Borrel-éosine-tannin), la distinction devient au contraire facile. » Le protoplasme, le noyau, la membrane ondulante, le flagelle ont, dans les deux Trypanosomes, la plus grande ressemblance; il n'en est pas de même des centro- somes. » Le centrosome de Tr. Brucei se colore facilement et fortement ; il mesure environ \ |j. de diamètre; le cenlrosome de Tr. equinuni ne mesure que ^ ou i de jx de dia- mètre; il se colore en rose, comme le llagelle, et non en violet, comme le cenlrosome de Tr. Brucei ; eniin, on trouve souvent à son voisinage des granulations chromatiques qui gênent l'examen. On s'explique que quelques observateurs soient arrivés à con- cluie que le cenlrosome faisait défaut chez Tr. equiiium. » Dans des préparations colorées du sang de souris infectées simultanément de Nagana et de Caderas, nous avons réussi à distinguer les deux espèces de Trypano- somes, grâce à cet aspect si différent des centrosomes. » Les formes de multiplication sont les mêmes, la bipartition est la règle; on observe parfois de grandes formes de division en trois ou en quatre qui sont un peu plus communes pour T r. equinum que pour Tr. Brucei. » 2° Les animaux immunisés contre le Nagana sont sensibles au Caderas. — L Une chèvre guérie du Nagana depuis 8 mois environ, et ayant reçu, dans cet inter- valle, i5inoculations de lo™' à ôo"""' de sang de cliien nagané, sans contracter de nouvelle 84o ACADÉMIE DES SCIENCES. infeclion, est inoculée sous la peau avec i""' de sang dilué de rat cadéré. Du sang de la chèvre, retiré 5 jours après celte dernière inoculation, est injecté dans le péritoine d'un rat et de trois souris. » Le rai, qui reçoit 3"°' de sang, est pris après une incubalion de [\ jours. » Une souris, qui reçoit i"^™' de sang, est prise après une incubation de 4 jours. » Une souris, qui reçoit o'^"', aS de sang, est prise après une incubation de 3 jours. » Une souris, qui reçoit o™',o5 de sang, est prise après une incubation de 5 jours. » II. Un mouton, guéri du Nagana depuis i mois environ, et qui a reçu dans ce mois deux inoculations de io<''"' et 20""' de sang de chien nagané, est inoculé sous la peau avec o'^"'',5 de sang dilué de souris cadérée. » Le sang de ce mouton, retiré 5 jours après cette dernière inoculation, et injecté dans le péritoine d'un rat (à la dose de 3''"'') et de deux souris (à la dose de o'^°'',25), donne à ces animaux une infection à Trypanosomes du Caderas, avec moins de 4 jours d'incubation. » Retiré i5 jours après rinoculation du Caderas et inoculé dans le péritoine d'un rat à la dose de 3^"'' et d'une souris à la dose de \ de centimètre cube, le sang donne à ces animaux une infection avec respeclivemenl 4 jours el 6 jours d'incubation. » Le sang d'un mouton n'ayant jamais reçu d'injection de Trjpanosomes du Nagana, éprouvé 5 jours et i3 jours après l'inoculation du Caderas à l'animal, a montré sensi- blement la même virulence que le sang du mouton guéri du Nagana et infecté avec le Caderas. » 3° Le sérum des animaux immunisés contre le Nagana, actif sur Tr. Brucei, est sans action sur Tr. equinum. — I. Le sérum de la chèvre immunisée contre le Nagana, dont nous venons de parler, mélangé, à la dose de i'^"', à des doses de sang à Trypanosomes du Caderas, variant de | à jj de centimètre cubf, n'a eu aucune action sur l'incubation, ni sur la marche de l'infection des souris inoculées avec ce mélange. » La même quantité de ce sérum, mélangée à des doses correspondantes de sang à Trypanosomes du Nagana, allongeait de 5 jours en moyenne l'incubation de la ma- ladie des souris. » II. Le sérum du mouton guéri du Nagana, dont nous avons déjà parlé, mélangé, à la dose de 1'"° el même de 1'-'^', à des doses de sang dilué de chien à Trypanosomes du Caderas, variant de j-^à. j^à& centimètre cube, n'a eu aucune action sur l'incubation, ni sur la marche de l'infection des souris inoculées avec ce mélange. » Le même sérum, à la dose de o'''"\5, mélangé à j^j de centimètre cube de sang dilué de chien (comparable comme nombre de parasites au sang du chien cadéré), prévenait toute infection chez les souris inoculées avec ce mélange. Il agissait de même mélangé à la dose de i'^'"' avec o'^°'',5 du même sang dilué. » Ces constatations expérimentales, jointes aux observations micro- sco|)iqiies que nous avons consignées au début de cette Note, prouvent manifestement que le Nagana et le Caderas, malgré leurs très grandes ressemblances, sont deux maladies spécifiquement distinctes. » SÉANCE DU l-J NOVEMBRE 1902. 84 1 ZOOLOGIE. — Effets de l'excision du madréporile cJiez les Astéries . Note de M. Y. Delage. « L'appareil acpiifère des Astéries, comme celui de la plupart des Échi- nodermes, communique avec le fleliors par le canal liydrophore et le madréporile. Il n'y a aucun doute relalivement à l'existence anatomique de cetle communication. Mais, les pores du madréporite étant microsco- piques, on peut se demander si cette cominunicalion-ci a des effets physio- logi(|ues, si elle permet des échanges de liquide entre le système aquifére et l'eau ambiante. Si ces échanges sont réels, ils sont si lents qu'où n'a pu déterminer, par une expérience permanente et parfaitement démonstra- tive, dans quel sens ils ont lieu, et l'on eu est réduit à des déductions bien incertaines, d'jprès la direction des cils vibratiles dans les conduits. » J'ai cherché à jeter quelque lumière sur ces points obscurs |)ar une expérience décisive consistant à exciser le madréporite, seule porte par où puissent s'opérer les échanges eu question. » On produit ainsi une large plaie béante au fond de laquelle le canal hydrophore est librement ouvert. J'espérais que la plaie se cicatriserait par- dessus le canal et interromprait toute communication entre ce dernier et le dehors. Dès lors, si les pores du madréporite servent à introduire de l'eau, le système aqnilère étant privé de cet apport, les ambnlicres doivent peu à peu tomber eu état de flaccidité complète; si, au contraire, ils servent à évacuer un excès de liquide, cet excès s'accumulant dans le système, les ambulacres doivent arriver j)eu à peu à un étal d'éreclion permanente. » Les choses se sont passées d'une manière toute flifférenle et absolu- ment inattentluc. Dès le lendemain, on an plus au bout de 2 ou 3 jours, le processus de cicatrisation est complet : la plaie s'est rétrécie f)rogres- sivement, puis refermée, mais il est reste en son centre xia orifice de la grosseur d'une é|ungle, conduisant dans le canal hydrophore ; en sorte que la communication du système aquifére avec le dehors, non seulement |)er- siste, mais se rétablit plus large, plus facile qu'auparavant. Dès lors, aucune modification dans l'habitus des andjnlacres ne peut sa [u-odnire. » Les connexions du système aquifére avec le dehors chez les animaux opérés se trouvent ainsi rétablies, non telles qu'elles sont chez l'adulte, mais telles qu'elles étaient chez les larves de tous les Échinodermes, par le moyen d'un orifice unique, X'hydropore. 842 ACADÉMIE DES SCIENCES. » On pourrait être tenté fie voir là un p.irallélisme de la régénération avec l'ontogenèse. Mais, tnème si le phénomène pouvait être interprété ainsi, il faudrait remarquer que ce parallélisme ne serait que partiel, puisque cet hydropore ne se transforme pas ultérieurement en madréporite. Mes animaux, opérés depuis plusieurs mois, se portent parfaitement et ne [)ortent aucune trace de régénération du madréporite, » On potu-rait être tenté aussi de faire un rapprochement entre les Astéries transformées expérimentalement en Échinoderiues à hydropore unique et les Éi hinodermes qui n'ont, normalement, qu'un hydropore unique, comme les Ophiures ou VEchinocyamus pusillus. » La chose est, à mon sens, beaucoup plus simple et n'implique l'inter- vention d'aucune des prétendues forces directrices de l'ontogenèse ou de la phylogenèse. Il se fait une cicatrisation normale; mais, comme au voisinage de la plaie cutanée se trouve un canal dont l'extrémité a été excisée et doit se cicatriser, les deux épithéliums de la peau et du canal se soudent et empêchent la cicatrisation d'obturer la lumière du canal. Il n'y a là qu'un processus physiologique comparable à celui qui intervient dans l'anus contre nature ou dans les fistules. » Dans de prochaines expériences je chercherai à obturer l'hydropore ainsi obtenu et à déterminer l'effet de celte obturation sur l'habitus des ambulacres. » BALISTIQUE. — Sur la loi des pressions dans les bouches à feu. Note de M. E. Vallier. <( Dans la série de recherches que j'ai soumise à l'Académie au cours de ces trois dernières années, je me suis efforcé de reproduire le régime des bouches à feu dans le tir par des, formules assez simples pour être utilisées par les constructeurs et j'ai énoncé, sans autres explications théoriques, que l'on pouvait pratiquement représenter la pression élémentaire P^, appliquée au culot du projectile à l'instant /, par la formule (i) P,=.P,?P(-.), où P, représente la pression maximum, P un exposant convenablement choisi o (s) := ze*"'' et SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 843 6 étant la durée écoulée depuis la mise en marche jusqu'à l'instant de la pression maximum. X De cette formule j'ai déduit tout un système de relations et de fonc- tions numériques pour la résolution des problèmes de la pratique, et qui sont réunies aujourd'hui dans une Note insérée au Mémorial des Poudres et Salpêtres, Tome XI. » Enfui, du rapprochement des formules ainsi établies avec des résul- tats de tir, j'ai conclu uiie relation entre l'exposant ^ et le coefficient de fatigue a qui définit chaque tir, de manière à permettre de déduire de ce paramètre a la forme la plus probable de la courbe des efforts produits à chaque instant dans l'âme. » Cette relation, purement expérimentale, s'écrit (2) (a.-l)[i = 2. » L'utilité de ces formules au point de vue des applications me con- duit aujourd'hui à les rapprocher des indications de la théorie. » On sait que les courbes des pressions en fonction du temps s'élèvent très rapidement jusqu'au maximum pour décroître ensuite en prenant une allure asymptotique à l'axe des temps. » La forme analytique la plus simple pour représenter ce genre de courbes m'a semblé être la fonction » Cela posé, de même qu'il est fait emploi de termes trigonométriques pour figurer des lois d'allure périodique, de même il m'a semblé opportun de représenter ces pressions par des fonctions

-. (Commissaires : MM. Maurice Levy, Boussinesq, Sarrau.) CORRESPONDANCE . M. le Ministre de l'Instrcctiov publique invite l'Académie à lui pré- • senter une liste de deux candidats pour une place de Membre titulaire du Bureau des Longitudes, 'devenue vacante par suite du décès de M. Cornu . (Renvoi à une Commission composée des Sections d'Astronomie, de Géographie et Navigation, et de Géométrie.) M. AsîDOYER, M. P. PuisEux pHcnt l'Académie de vouloir bien les com- prendre parmi les candidats à la place devenue vacante, dans la Section d'Astronomie, par le décès de M. Paye. (Renvoi à la Section d'Astronomie.) MÉTÉOROLOGIE. — Sur les récentes lueurs crépusculaires observées à Bordeaux . Note de M. E. Esclaxgo.v. < Les récentes lueurs crépusculaires ont de nouveau attiré l'attention sur ce phénomène dont les causes restent obscures et sur lequel des opi- SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 847 nions diverses ont été émises. Ces lueurs ont été observées régulièrement à Bordeaux dès leur apparition. Cette apparition n'a pas été soudaine; elle est passée inaperçue jusqu'au moment où l'intensité du phénomène est devenue vraiment considérable. » Dès le 28 octobre, et les jours suivants, j'avais remarqué que le ciel était forte- ment coloré après le coucher du Soleil ; mais, comme l'horizon se montrait brumeux, je n'avais attaché au phénomène aucune importance particulière. Le ciel est resté couvert le 26 et le 27; mais, le 28, le ciel étant redevenu beau, les lueurs ont apparu avec une intensité extraordinaire qui, ce jour-là, a attiré l'attention générale. Le 29 et le 3o, l'intensité n'avait que peu varié. Les lueurs apparaissaient un peu avant le coucher du Soleil. Le ciel tout entier se montrait illuminé, teinté de rose ou rouge clair. Après le coucher du Soleil, la coloration s'accentuait; près de l'horizon, la teinte d'abord un peu jaunâtre virait au rouge et, en se dégradant, s'étendait jusqu'au zénith. A mesure que le jour baissait, la limite des régions illuminées s'accentuait et marchait vers l'ouest, pour disparaître finalement sous l'horizon avec une netteté parfaite. Le 3i, le ciel était couvert, mais le i"' et le 2 novembre l'illumination était encore considé- rable, quoique plus faible. Le 3 novembre, // n'y avait plus trace d'illumination, et pourtant ce jour-là le ciel était d'une remarquable pureté. La disparition du phéno- mène a donc été brusque, et cette circonstance est particulièrement importante, eu égard à l'opinion qu'on peut se faire sur la cause de ces lueurs anormales. Mais il y a plus : les lueurs crépusculaires du soir ont cessé de se montrer après le 2 novembre, tandis qu'elles continuaient à paraître le matin. Dans les matinées du 5, du 8 et du II novembre, le ciel s'est montré très vivement et très richement coloré; la teinte seulement était un peu plus jaune. A partir du 3o octobre, j'ai fait quelques observa- tions sur la polarisation atmosphérique. Le 3o, au Soleil couchant, dans l'azimut du Soleil et à 90° de cet astre, j'ai trouvé o,3£3 comme proportion de lumière polarisée. Le 3 novembre, cette proportion était un peu plus grande : o,46. Ces chiffres n'ont rien en somme d'anormal. Il eût été intéressant d'étudier les déplacements des points neutres, mais l'appareil dont je disposais ne permettait pas de faire commodément ces observations. » Les circonstances les plus intéressantes du phénomène paraissent être ici : 1° la cessation brusque des lueurs du soir; 2° leur continuation par les lueurs du matin. » Elles paraissent difficilement conciliables avec l'hypothèse des pous- sières cosmiques d'origine quelconque; le phénomène devrait, dans ce cas, se montrer indifféremment le soir et le matin. Il semblerait préfé- rable d'adopter l'opinion d'après laquelle ces lueurs seraient dues à la suspension, dans les régions élevées de l'atmosphère, d'une poussière de glace. La disparition subite du phénomène s'expliquerait alors par un réchauffement subit qui aurait anéanti ou transformé ces nuages de glace, la température devenant le matin as.sez basse pour reproduire le phéno- 848 ACADÉMIE DES SCIENCES. mène. Quoiqu'il puisse n'y avoir qu'un rapport éloigné entre les tempé- ratures des régions élevées et les températures observées au niveau du sol, voici un Tableau qui semble assez significatif : Dates. Températur moyenne. 29 octobre 8,4 3o » 5,1 3l » 6,4 I'"' novembre. . . . 6,3 2 » .... 6,3 3 » .... 11,3 4 » .... 16,6 5 » .... 17. 1 6 » .... i5,. 7 » .... 10,2 8 » .... 12,2 Intensilé maximum des lueurs. Dernier jour de visibilité. » On voit avec quelle netteté le saut brusque des températures coïn- cide avec la disparition des lueurs -du soir. Quant à la coïncidence des époques d'observations de lueurs crépusculaires et des chutes d'étoiles filantes, elle pourrait aussi s'interpréter en disant que les lueurs crépus- culaires constituent un phénomène météorologique qui, comme les brouil- lards, par exemple, se manifeste de préférence vers la mi-automne. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la représenlalion approchée des fonctions. Note de M. W. Stekloff, présentée par M. E. Picard. (( SoiL <\i une fonction de oc, continue, admettant la dérivée du premier ordre dans liulervalle donné (a,b) et s'annulant pour a; = a, y =: 0; soit

<}-c?a;:==, Théorème. — On peut irouyer une suite finie ^„ = A, V. -+- A, V2 -h . . . -i- A„ V„ SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 85 1 telle que la fonction donnée f, continue dans un intervalle quelconque (a. h). puisse être représentée dans cet intervalle par Cela étant, deux groupes G et G, seront dits isomorphes s'il existe, dans un même nombre de variables, deux groupes G' et G', semblables, qui résultent respectivement du prolongement holoédrique de G et de G,. Le groupe G sera dit isomorphe mériédrique du groupe Q^ si G', seul est le prolongement holoédrique de G, et si, de plus, G et G, ne sont pas iso- morphes holoédriques. » Cette définition de l'isomorphisme concorde avec la définition ordi- naire dans le cas des groupes finis; en particulier, tout groupe fini intransitif est isomorphe d'un groupe fini transitif. « Or, d'après la théorie dont il est question au début de cette Note, on peut toujours prolonger holoédrignement un groupe fini, de manière qu'il laisse invariantes /expressions de Pfaff, oj,, i.o.,_, . . ., w^, formant un système complet fermé (' ), et alors les covarianls de ces r expressions sont de la forme (i) w^= 2 f^iks^i^/, {s = 1, 2,...,r), i. * OÙ les c^f sont des constantes assujetties à certaines relations. On retrouve la représentation ordinaire de la structure des groupes finis. » Si le groupe est infini et, pour fixer les idées, transitif, il se passe quelque chose d'analogue. On peut toujours le prolonger holoédriquement de manière à le définir comme le plus grand groupe laissant invariantes r expressions de Pfaff, co, , w^, . . . , lo,., formant encore un système complet, mais quin' est plus fermé; ces r expressions s'obtiennent très facilement si l'on connaît les équations de définition du groupe. Les covariants de ces r expressions sont alors de la forme X = i p i, h 1, X (') Cela sigoifie que le système lOj = 0)3 =1 . . . rr (1),.= o est complèlement intégrable et que les covariants bilinéaires des w sont des expres- sions bilinéaires en u),, . . ., to^ seulement. SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 853 les CTx désignant p nouvelles expressions de Pfaff. Les Qa^ et- les v-n, sont encore des constantes. Si le groupe est intransitif, il en est de même, sauf que les coefficients c et a peuvent être des fonctions des invariants du groupe. )) Ces quantités c et a ne sont d'ailleurs pas arbitraires. Je n'énonce pas les conditions nécessaires auxquelles elles doivent satisfaire ; je me contente de signaler ce fait important que les p transformations infinitésimales =>lis^'^i PL (>— I. 2, ..., p) forment un groupe linéaire G que nous disons associé au groupe infini considéré. » D'ailleurs le système (w,, ..., o^) n'est pas unique; mais il est très vrai- semblable, et cela est certain pour les groupes transitifs simples dont il sera question plus loin, qu'il existe une valeur minima de /• et un système unique déterminé d'où tous les autres peuvent se déduire par des procédés simples. Ce nombre minnnum r définit Yordre du groupe. » Pour les groupes infinis il y a une différence essentielle, au point de vue de la structure, entre les groupes transitifs et les groupes intransitifs. Certains groupes inlransitifs ne sont isomorphes à aucun groupe transitif : par exemple le groupe x'=x, y' = y-A-f{x). » D'une manière plus précise, considérons le système y^a.xis^i=o ().= I, ..., p; 5 = I, 2, ..., r) : i Ce système est complètement intègrable; ceux des invariants du groupe qui sont des intégrales de ce système ne peuventpas être éliminés; les autres peuvent l'être sans changer la structure. » Il se produit alors ce fait remarquable que, tandis que la structure des groupes transitifs ne dépend que de constantes, celle des groupes intransitifs peut dépendre, en outre, de fonctions ; je citerai les deux groupes suivants : (3) x' = x, y'=f{y), "=4/'0')]"+?(^'7); (4) x':=x, y=yf{oc) + '^{x), z'^zy{x)Y+^{x). » Les applications que l'on peut faire des groupes à la recherche des c. R., 1902, 2* Semestre. (T. CXXXV, N° 20.) ' I- 854 ACADÉMIE DES SCIENCES. caractéristiques des systèmes différentiels (lorsqu'elles ne dépendent que de conslanles arbitraires) montrent une fois de plus l'importance des groupes simples, définis comme des groupes n admettant aucun groupe qui leur soit isomorphe mèrièdrique, ce qui n'exclut pas d'ailleurs l'existence possible de sous-groupes invariants. On est ramené à des problèmes dont chacun est caractérisé par un groupe transitif simple, et ces différents groupes simples sont aussi facilement déterminables d'après les for- mules (2) que dans le cas des groupes finis. » Comme résultats intéressants je signalerai les suivants : » Le seul groupe transitif simple dont les équations dépendent d' une fonc- tion arbitraire d un argument est isomorphe au groupe général à une variable. Il n'y a pas de groupes transitifs simples dont tes équations dépendent de deux fonctions arbitraires d'un argument. » Tous les groupes infinis d'ordre i, 2, 3 se déterminent sans aucune difficulté; ils ne fournissent aucun groupe transitif simple qui ne soit bien connu. » ÉLECTROCHIMIE. — Sur les électrodes bipolaires. Note de MM. Anork Brochet et C.-L. Bakii.let, présentée par M. Moissan. « Nous avons été amenés à étudier comment se comporte une électrode bipolaire lorsqu'elle ne forme pas cloison étanche et, d'une façon géné- rale, quelle est l'influence d'une masse métallique placée dans un élec- trolyseur et ne communiquant pas avec les électrodes. » Dans une première série de recherches nous avons pris comme élec- trolyte le sulfate de cuivre, en raison de la facilité de sa décomposition et de l'exactitude avec laquelle on peut se rendre compte qualitativement et quantitativement de la marche de l'électrolyse. » L'augmentation de poids de la cathode permet de déterminer la quantité d'électricité quia traversé l'électrolyseur. Les résultats que nous publions aujourd'hui ont été obtenus au moyen d'une électrode bipolaire en platine, l'interélectrodc, le côté de cette lame en regard de l'anode étant l'intercathode, le côté face à la cathode, l'interanode. » L'augmentation de poids de la lame de platine correspondant au cuivre déposé sur l'intercathode permet d'évaluer la quantité d'électricité ayant traversé cette lame. » Pour une surface déterminée de 1 interélectrode en rapport avec les SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 855 conslanles de l'électrolyseur, on remarque qu'il ne se forme, au-dessous d'une certaine densité de courant, aucun dépôt sur la lame de platine, celle-ci se comportant comme une lame non conductrice et n'ayant d'autre résultat que d'augmenter la résistance ohmique du bain et la tension aux bornes de l'électrolyseur. Mais à partir d'une densité de courant déter- minée, correspondant dans tous les cas à une différence de potentiel aux bornes supérieure à la tension de décomposition du sulfate de cuivre, une certaine quantité d'électricité traverse la lame de platine, ce qui est démontré par le dépôt de cuivre sur l'interanode et un dégagement gazeux sur l'intercathode. » Le dépôt de cuivre affecte des contours variables suivant la déforma- tion du flux de courant produite par l'électrode bipolaire; dans les condi- tions des expériences présentes nous avons toujours eu un cercle au centre de l'intercathode. » Si nous augmentons le rapport entre la surface de la lame et la sec- tion de l'électrolyseur, on remarque que pour une même densité de cou- rant le dépôt sur l'intercathode et la différence de potentiel aux bornes sont plus considérables. » Il ne suffit pas que la différence de potentiel aux bornes soit supé- rieure à la tension de décomposition pour que le courant traverse la bipo- laire, il faut encore que le rapport des surfaces soit assez élevé; d'ailleurs, sauf le cas où ces surfaces sont presque de mêmes dimensions, le rapport entre la quantité d'électricité traversant la bipolaire et la quantité fournie à l'électrolyseur est toujours très faible, ce qui se conçoit aisément, les lignes de courant passant de préférence par le conducteur liquide, en raison de la résistance apparente présentée par l'interélectrode, du fait de la tension de décomposition et autres phénomènes dus à la polarisation. » Dans le Tableau ci-dessous nous avons réuni quelques résultats obtenus pour un écart de 4*^", S*^™ et 12"" entre des électrodes de i3'^'",5 de côté. » Les valeurs placées dans les colonnes U indiquent les tensions aux bornes en volts; les valeurs des colonnes D indiquent, en millimètres, le diamètre du cercle de cuivre. Il y a lieu de remarquer que les dépôts obtenus avec moins de 2 volts sont insignifiants comme épaisseur. 12- I. u. D. L. D. U. D. amp 4,0 vulU 3,4 Dyu 5o' 2,82 UlDl DO ÏOllS 1,80 mm 3o 3,5 » » )> » 1,66 a5 856 ACADÉMIE DES SCIENCES. 12=.. go. I. u. D. U. D. U. D. amp 3,0 volts 2>7 mni 25 vulls 2,16 mm iS volls 1,34 i5 2,5 2,0 » 1,83 » 17 i'79 1,45 jnsi i;nifiant » » » 1,5 1,38 insi£;n: m ant )) )) » » » Quant à la quantité d'électricité qui a traversé l'interélectrode, elle est toujours très faible. C'est ainsi qu'avec une distance de 12*^"" entre les électrodes et pour une intensité de 4 ampères, c'est-à-dire dans les meil- leures conditions du Tableau précédent, le dépôt pendant i heure n'est que de o^, 1 1 sur l'interélectrode, alors qu'il est de 4^. 46 sur la cathode. Il n'est donc passé au travers de la bipolaire que 2,5 pour 100 du courant fourni à l'appareil. Avec un électrode n'ayant que 7*^", 5, le dépôt n'est que 0^,02, ce qui correspond à moins de o,5o pour 100 du courant total. » Passons brièvement en revue quelques points intéressants que nous étudierons plus complètement dans une autre publication, en y joignant le détail de nos expériences. » i'^ Si au lieu d'une électrode bipolaire nous en mettons deux, à den- sité de courant égale la tension est plus élevée et le dépôt plus faible. De plus, ce dépôt est plus important sur l'interélectrode voisine de l'anode. » 2° Si l'on déplace un électrode bipolaire soit vers l'anode, soit vers la cathode, on constate que la tension aux bornes diminue. )) 3" Si l'on déplace une électrode bipolaire en maintenant l'intensité constante, on remarque que la surface du dépôt augmente et que son épaisseur diminue si on la rapproche de l'anode; au contraire, la surface du dépôt diminue, mais son épaisseur augmente si on la rapproche de la cathode. » 4° Si l'on prend comme interélectrode une lame de platine dont le côté anode a été recouvert préalablement d'une couche de cuivre, l'inter- anode agissant comme électrode soluble, il se forme sur l'intercathode un dépôt sensiblement uniforme, puis, lorsque le métal anodique est complè- tement disparu la tension aux bornes s'élève presque instantanément et le cuivre déposé sur les bords de l'intercathode se dissout peu à peu ; finale- ment il reste sur l'intercathode un cercle plus grand que celui obtenu par dépôt direct. Entre le cercle ainsi rongé et le cercle formé par le dépôt pendant la marche régulière se trouve un anneau correspondant à une zone neutre. Ce fait s'explique également d'après ce que nous avons dit SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 857 précédemment : une ligne de courant, pénétrant par la partie centrale de la lame de platine par le côté intercathode, sortira plutôt par les bords de cette face, lorsqu'il s'y trouve encore du cuivre, que par le côté interanode insoluble. » 5° Si l'on répète l'essai précédent dans des conditions telles que la tension aux bornes soit inférieure à la tension de décomposition du sulfate de cuivre, le même fait se produit, et le cuivre s'accumule au centre de l'intercathode, puis l'action s'arrête, le poids de la lame restant invariable pendant la durée de l'expérience. » Dans une prochaine Note nous étudierons ce qui se passe dans le cas d'une interanode soluble. » RADIOACTIVITÉ. — Sur la constante de temps caractéristique de la disparition de la radioactivité induite par te radium dans une enceinte fermée. Note de M. P. Curie, présentée par M. A. Potier. « Dans des recherches antérieures nous avons, M. Debierne et moi, étudié les conditions dans lesquelles se produisent les phénomènes de la radioactivité induite ('). Dans cette Note j'examinerai la manière dont disparait la radioactivité induite quand on a supprimé l'action du radium. » Une enceinte fermée renferme un sel solide ou une dissolution de sel de radium. Tous les corps placés dans l'enceinte deviennent radioactifs. Si l'on retire de l'enceinte un corps solide qui y a été activé, il perd à l'air libre son activité suivant une loi d'allure exponentielle, l'activité radiante diminuant de moitié pour des temps de l'ordre de grandeur d'une demi- heure. » Une enceinte en verre s'active intérieurement lorsqu'elle est mise en communication par un tube avec un flacon renfermant un sel de radium. On peut séparer l'enceinte activée du radium en fermant à la lampe le tube de communication; l'activité des parois de l'enceinte fermée ainsi séparée diminue aussi avec le temps, mais suivant une loi exponentielle bien moins rapide que dans le cas de la désactivation à l'air libre. L'activité décroît alors de moitié en 4 jours. » Dans cette deuxième expérience, de l'air radioactif a été enfermé dans l'enceinte ; c'est lui qui entretient l'activité des parois. On peut se rendre (') Comptes rendus, t. CXXXIi, 1901, p. 548 et 768; l. CXXXIII, p. 276 et 981. 858 ACADÉMIE DES SCIENCES. compte qu'il en est bien ainsi : si l'on ouvre l'enceinte activée et que l'on chasse l'air qu'elle renferme, les parois de l'enceinte se désactivent à partir de ce moment suivant le mode rapide de désactivation, l'activité baissant de moitié en un temps de l'ordre de grandeur d'une demi-heure. On obtient encore la même loi de désactivation avec l'enceinte fermée si l'on a retiré l'air actif en faisant le vide. Le résultat est encore le même si, après avoir fait le vide, on laisse rentrer l'air non actif dans l'enceinte maintenue ensuite fermée. Donc, de toute façon, lorsqu'on a enlevé de l'intérieur du tube l'air modifié par le radium, on obtient le mode rapide de désactivation des parois. » Je ne m'occuperai dans cette Note que de la loi de désactivation dans le cas d'une enceinte close, renfermant des gaz activés. J'emploie le plus souvent, comme enceinte close, un tube de verre scellé à la lampe. Ce tube de verre est placé dans lecylindre intérieur d'un condensateur cylindrique en aluminium. Les rayons émis par le tube traversent l'aluminium et rendent conducteur l'air entre les armatures du condensateur. On mesure le courant limite que l'on obtient entre les deux armatures, lorsqu'on maintient entre elles une différence de potentiel suifisante (45o volts). Le rayonnement, ainsi mesuré, est dû exclusivement à la radioactivité des parois, car, lorsqu'on retire rapidement l'air actif du tube, le rayonnement mesuré immédiatement après est le même qu'avant. )) La loi de désactivation d'une enceinte fermée est remarquablement simple. L'intensité du rayonnement I est exprimée en fonction du temps t par une loi exponentielle i = i„fi ^ !„ étant l'intensité initiale, e la base des logarithmes népériens et 6 une certaine constante qui représente un temps. » En portant le logarithme de I en ordonnées et t en abscisses, les points représentatifs des expériences viennent se placer sur une droite, les écarts n'ayant pas de caractère systématique et ne dépassant pas l'erreur possible des expériences (i pour loo sur la valeur de I). » Certaines séries de mesures ont été poursuivies pendant 20 jours; l'intensité du rayonnement était devenue, au bout de ce temps, vingt-sept fois plus faible qu'au début, et la loi de désactivation s'appliquait toujours. » J'ai fait des expériences dans des conditions extrêmement variées, et cependant elles ont toutes donné la même valeur pour la constante de temps 6, La valeur moyenne, qui résulte des déterminations concordantes SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. S5g obtenues dans 24 séries d'expériences, est : 0 = 4>97oX 10' secondes (5,752Jonrs). » D'après celte valeur de 6, l'intensité du rayonnement baisse de moitié en 3 jours 23 heures 42 minutes, soit sensiblement en 4 jours. » La constantes reste la même : 1° en employant, pour activer les tubes, des solutions de sels de radium d'activité très différente; 2° en employant, pour activer, le chlorure de radium solide; 3° en faisant varier les dimen- sions des enceintes activées (de 3""' à aoûo™'), ainsi que la forme de ces enceintes; 4° en faisant varier l'épaisseur du verre; 5° en employant des enceintes à parois de cuivre ou d'aluminium au lieu d'enceintes en verre; 6" en activant par l'intermédiaire de tubes larges et courts ou longs et capillaires; 7° en faisant varier le temps de l'activation par le radium entre i5 minutes et i mois; 8° en activant sous des pressions d'air plus faibles que la pression atmosphérique jusqu'à une pression de 2"=™ de mercure et en laissant le tube se désactiver scellé sous cette pression réduite; 9° en opérant avec de l'hydrogène ou avec de l'acide carbonique au lieu d'air à l'intérieur des tubes activés. » Enfin, j'ai opéré dans des conditions bien différentes en prenant comme mesure de l'activité l'intensité du courant électrique passant entre deux électrodes situées dans l'intérieur des tubes activés. La loi de désac- tivation est encore la même; cependant, dans ce cas, la conductibilité que l'on mesure est due à la fois à la radioactivité des parois et à celle du gaz de l'enceinte. » Il résulte de ces nombreuses mesures que la constante de temps qui caractérise la diminution de l'activité d'une enceinte activée fermée n'est nullement influencée par les conditions de l'expérience, par la nature du gaz qui remplit l'enceinte ou de la matière qui en constitue les parois. » La constante de temps 0 est donc une constante qui ne comporte aucun caractère spécifique, et, par suite, elle doit avoir une importance d'ordre général. Les mesures se font dans des conditions telles que j'estime que cette constante est susceptible d'être déterminée avec une très grande précision. » Dans des Notes antérieures nous avons admis, M. Debierne et moi, que chaque atome de radium fonctionne comme une source d'énergie qui se dissipe par rayonnement ou par conduction de proche en proche dans des corps fluides. Les expériences actuelles montrent que dans les gaz l'énergie est emmagasinée sous une forme spéciale qui se dissipe suivant une loi exponentielle. On peut admettre que cette énergie s'épuise parce qu'elle est utilisée à entretenir la radioactivité du gaz et des parois. » 86o ACADÉMIE DES SCIENCES. PHYSIQUE. — Sur l'hydrogène atmosphérique. Noie de M. Axatole Leduc, présentée par M. Lippmnnn. « La publication récente (rex|)éripnces de lord Rayleigh (') sur la présence de l'hydrogène dans l'atmosphère m'a incité à présenter une remarque qui me semble maintenant décisive. » Je rappellerai d'abord que j'ai déterminé par une méthode directe, en poids, la masse d'oxygène contenue dans i» d'air atmosphérique préa- lablement traité par la potasse et les desséchants. J'ai dit comment je me suis assuré de la fidélité de la méthode et montré que l'erreur qu'elle comporte ne peut guère dépasser ,-—7^ (■). » J'ai trouvé que l'air de Paris et des environs contient de o,23i8 à 0,2823 d'oxygène. » D'autre part, on peut déduire la composition de cet air de la connais- sance des densités par rapport à lui de l'oxygène et de l'azote atmosphé- rique. » On écrit, en désignant par d et d' ces densités, et par x la teneur de l'air en oxygène, en volume : (1) œd -\-{\ — x)d' ^ \. » On en tire aisément la teneur en poids xd. Or, en remplaçant d et d' par les nombres provenant de mes déterminations, on trouve xd =^ 0,2322 (par excès), qui concorde parfaitement avec la moyenne des résultats obtenus par pesées. » Mais : 1° Cette équation, dite c?eî ma^^e^, admet implicitement la loi du mélange des gaz de Dallon ; » 2° Elle ne tient pas compte des gaz qui, comme l'hydrogène, existent dans l'air et non dans l'azote atmosphérique préparé au moyen du cuivre, avec les précautions que j'ai indiquées. » La première cause d'erreur est ici négligeable; mais il n'en serait pas (') Lord Ratlkigh, On the question of hydrogen in Ihe atmosphère {Philos. Magazine, 6' série, t. III, p. 4'6-422). (') A. Leduc, Comptes rendus, t. CXI, p. 262; t. CXIII, p. 129, et i. CXXIII, p. 8o5, et Annales de Chimie et de Phys., 7" série, t. XV, p. 91 et suiv. SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 86 1 de même de la deuxième si l'hydrogène était aussi abondant dans l'atmr - sphère que l'indiqueraient les expériences de M. A. Gautier (') : i'"' dans 5". » En effet, soient s la proportion en volume de ce gaz ttd" sa densité. L'équation des masses devient (2) xd -\-(j ~ X — i)d' -h id" = \ , d'où l'on tire j d{i-d') [ d'^d' » Si l'on admet, avec M. Gautier, ■ = 0,0002, on trouve a?r/ = o,2336. » Il faudrait donc supposer, ou bien que mes densités de gaz sont assez fortement erronées, ainsi d'ailleurs que celles de lord Rayleigh, ou bien que ma méthode en poids comporte une erreur systématique quinze fois plus forte que je ne l'ai admis : j^,, en moyenne. 1) Il résulte lùen, cependant, de la discussion de mes déterminations que la valeur de a;f/ calculée au moyen de l'équation (1) ne peut pas des- cendre au-dessous de 0,2317, tandis que la valeur moyenne déterminée directement ne peut dépasser o,2322 i'-^''. » A supposer qu'il n'y eût point de formène dans l'atmosphère, la for- mule (3) donnerait, avec ces valeurs extrêmes, 0,00006, au lieu de 0,0002 ('). )) Les expériences de lord Rayleigh tranchent la question. On sait qu'il arrive, par des moyens variés, à cette conclusion : que la proportion de l'hydrogène libre dans l'air des campagnes est au moins six à huit fois plus faible que celle trouvée par M. Gautier. » Or, si nous reprenons la formule (3) avec ces nouvelles valeurs de £. nous trouvons que la proportion de l'oxygène est voisine de o,2323. iMes conclusions relatives à l'accord des deux méthodes restent donc entières. » (') A. Gautier, Comptes rendus, t. CXXXI, p. i3, 86 et 535. {^) Avec les nombrei de lord Rayleigh, qui dilïeient à peine des miens, on arrive à une teneur liés légèrement inférieure. Cela tienl. ainsi que je l'iii montré, à ce que l'air de Londres est un peu moins riche en oxygène que celui de Paris. (') On voit aisément qu'un égal volume de formène causeiait une erreur plus de deux fois moindre. C. K., 190a, i' Semeslrt. (T. CXXXV, N» 20.) i l3 863 ACADÉMIE DES SCIENCES. CHIMIE MINÉRALE. — Sur les oxalomolyhdiles . Note de M. Bailhache, présentée par M. Haller. « Ces oxalates complexes s'obtiennent en partant du sulfate de molyb- dène Mo^O* 2SO', que j'ai décrit dans une Note antérieure ('). I) Après avoir dissous dans l'eau le composé Mo^O^ aSO^, on y ajoute 2"°°' d'acide oxalique, pour chaque molécule de sulfate en expérience; on porte à l'ébullition, et l'on précipite tout l'acide sulfurique par une quantité calculée d'hj'drate de baryum; la liqueur filtrée est additionnée de 1™°' de carbonate de potassium, qui s'y dissout avec effervescence, et concentrée dans un courant d'acide carbonique. 11 se dépose par refroidissement des cristaux rougeâlres d'oxalomolybdite de potassium. )i Ce sel est recueilli, lavé à l'eau distillée et mis à sécher dans le vide, où il perd son eau d'hydratation, en même temps que sa couleur passe du rouge au jaune orangé. >j Ainsi désliydralé, il a donné à l'analyse : 65, 80 pour 100 de dimolybdate de potassium; 24, 5o pour 100 de C'^'O'; 16,20 pour 100 d'oxyde de potassium K'O el 12,27 poi^i' loo d'eau. » L'oxygène nécessaire pour l'ox-ydaliou totale tant de l'acide oxalique que du molybdène est de 8, 22 pour 100. Cette détermination a été faite en solution sulfu- rique, à l'aide d'une liqueur titrée de permanganate de potassium. Ces chiffres répon- dent sensiblement pour le sel jaune à la formule MoO(OH)'C'=0^(OH)K. » Les cristaux rouges perdent dans le vide une quantité d'eau variable d'une pré- paration à l'autre, par suite de la formation de plusieurs hydrates que je n'ai pas obtenus isolés. " Pour comprendre la formation de ce sel à partir du sulfate Mo^O'' :2S0', il me fallut étudier à nouveau les réactions données par les solutions dans l'eau de ce composé. Non seulement la potasse ou la soude, ou les carbo- nates correspondants produisent, dans cette solution, un précipité ressem- blant à l'hydrate ferrique, mais il en est aussi de même avec les sels les plus divers, tels que le chlorure d'amiuonium, le sulfate ou l'acétate de sodium. J'avais cru d'abord obtenir ainsi du bioxyde de molybdène hydraté, mais un examen plus attentif a infirmé cette hypothèse. » J'ai particulièrement examiné le précipité obtenu par l'acélate de sodium, en opérant dans un courant d'hydrogène. On le lave avec une solution de ce sel que l'on (') Comptes rendus, t. CXXXII, février 1901. SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 863 élimine ensuite par l'alcool. Ce précipité, séché dans le vide, donne, il est vrai, des proportions de métal et d'oxygène qui varient d'une expérience à l'autre; mais la quantité d'oxjgène nécessaire pour faire passer tout le molybdène qu'il renferme, à l'état d'acide molybdique, déterminée par le bichromate de potassium, est toujours très inférieure à celle qui serait exigée pour l'oxydation du bioxyde. » Ce fait s'explique aisément en admettant qu'on se trouve en présence fl'un mélange variable de bioxyde de molybdène hydraté et d'un autre hydrate Mo-O'^SH^O = 2MoO(OH)% qui n'est autre que l'hydrate de molybdenvle de M. Peter Klason ('). C'est lui que l'on devrait obtenir seul, s'il n'était très facilement dissocié, en cours de préparation, en bioxyde de molybdène el en acide molybdique. » Les réactions données par la solution aqueuse du sulfate de molyb- dène confirment cette manière de voir. En effet, additionnée de chlorure d'ammonium et saturée d'acide chlorhydrique gazeux, elle laisse déposer des cristaux vert d'herbe du chlorure double de molybdényle et d'am- monium. » Cette réaction caractéristique, l'oxalomolybdite de potassium la donne également en dissolvant à chaud un mélange de ce sel et de chlorure d'ammonium dans l'acide chlorhydrique concentré : MoO(OH)'C^O'(OH)K + aAzIi'Cl -h 4HCI =rMoOCl'2AzH'Cl-hKG) 1 L^O'H' -h SHK). « Traité par l'acide azotique étendu, roxaloniolybdite de potassium se transforme en oxalomolybdate appartenant à la série des corps découverts par M. Péchard (^) : 2[MoO(OH)^C=0'(OH)Iv] + 0 = 2[MoO'C^O*HKH=0] + H^O. » L'oxalomolybdite de potassium ne commence à perdre son eau de constitution que vers + 1 15", et il faut le porter à -f- 180° pour le déshy- drater complètement, mais il est déjà altéré, et la décomposition s'accélère, à mesure que la température s'élève, suivant l'équation 2[MoO(OH)»C2 0'(OH)R] = MoO^ + MoO^K^ + 2CO + 2C0= + 4H»0. » C'est en raison de celte union inlime de l'eau dans ces sels, que j'ai supposé quel'hydrate de molybdényle entrait tout entier dans la molécule. {') D. ch. G., t. XXXIV, p. 148. (^) Comptes rendus, t. CVIll, p. 1022. 864 ACADÉMIE DES SCIENCES. comme M. Wyrouboff a proposé de l'iulmeHre pour les hytlralos de sesquioxyde ( ' ). " L'oxalomolybdile d'amiiioiiiuin se prépare par le iiiênie procédé. Ce sel forme un livdrate rougeàlre qui ne renferme qu'une seule molécule d'eau, qu'il perd dans le dessiccalenr, en même temps (jue sa nuance passe du rouge au jaune. Ce sel jaune a la même constitution que le sel correspondant de potassium : MoO(OHy'(C^O')(OH)AzlP. » Il donne, d'une façon générale, les mêmes réactions que ce dernier sel; mais, décomposé par la clialeur, il laisse un résidu de sesquioxvde de molybdène, qui retient une quantité importante d azote. Cette décomposition est accompagnée d'un phéno- mène d'incandescence subite, qui se communique de pioche en proche à toute la masse, avec une légère déflagration. ); Ces deux oxalomolybdiles donnent, avec les sels de baryum, un préci- ])ilé cristallin peu sohible dans l'eau. Cet oxalomol\bdile de baryum s'obtient d'ailleurs avec la ])lus grande facilité, en suivant la méthode quia servi pour le sel de potassium, à cette diflérence près que, après avoir éli- miné l'acide sulfuri |ue, on additionne la liqueur refroidie d'une solution de chlorure de baryum très diluée, en petit excès et légèrement acidifiée par l'acide chlorhydrique. En prenant ces précautions il se dépose lentement de forts beaux cristaux d'une nuance rouge foncé tirant sur le grenat, de la composition suivante : MoO(OH)=G-0*H= MoO(OH)'Cn3'Ba ) IPO. » Il ne ])erd |)as d'eau dans le vide et il ne conmience à se déshydrater à l'étuve que vers la température de + i io° à -f- 1 15°. On peut avec l'oxa- lomolyb lite de baryum obtenir également le chlorure double de molybdé- nyle et d'ammonium : on le dissoat dans l'acide chlorhydrique, la liqueur refroidie laisse déposer le chlorure de baryum, ou la décante et l'on y ajoute du chlorure d'ammonium en chauffant légèrement; par refroidissement, il se forme des octaèdres vert d'herbe caractéristiques. » Grâce à 1 insolubilité di l'oxalomolybJita de baryum on peut faire l'expérience inverse, c'est-à-dire partir du chlorure double de molybdé- nyle et d'ammonium pour le préparer. Vient-on, en effet, après avoir dis- sous les octaè.lres verts tlaas de l'eau contenant de l'acide oxalique, à (') Bulletin de la Société chimique, juillet 1902, p. 666. SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 865 verser dans la liqueur une solution barytique, l'on obtient à nouveau un précipité li'oxalomolvbdile de baryum : 2MoOC[^2AzH'C! + 2C=0*H=' + BaCP + -jWO , = [(CMoO)^(OH)"(C'0*V-H=Ba,n=0] + 4ÂzTrCl-i-8HGl. « Ce sel se prête très aisément à la double décom|Josilion, et l'on peut, en faisant réagir sur lui les différents sulfates solubles, obtenir d'autres oxalomolybdites. Je poursuis l'étude de ces composés. » CHIMIE ANIMALE. Quelques remarques sur la musculaminc, base dérivée des muscles. Note de M. S. Posterxak. « Dans une des dernières séances de l'Académie, MM. Étard et Vila (') ont décrit, comme étant inconnue jusque-là, une base qu'ils avaient isolée des produits d'hydrolyse des muscles de veau. Cette base, pour laquelle ils proposent le nom de rnusculamine, posséderait la composition C*Il-'Az^ et serait le premier exemple d'une Iriamine parmi les produits biologiques. » Je crois nécessaire de faire remarquer à ce propos que les propriétés et les nombres d'analyse de la nouvelle base ne laissent aucun doute sur son identité avec la cadavérine C^H''Az-, découverte par M. Brieger (^) dans les muscles des cadavres et par son élève Bocklisch ( j dans la chair des poissons putréfiés. Celte même base fut retrouvée plus tard par MM. Udransky et Baumann (') dans les urines d'un cystinurique et par MM. Winteislein et Thonv (^) dans le fromage mûr d'Emmenthal. » D'après M. Ladenburg ("), la cadavérine présente la constitution d'une pentamélhylènediamine . » Nous savons aujourd'hui, grâce aux recherches de M. Ellinger (' j que le chaînon de la molécule alburainoïde, qui donne naissance à la pentamé- lhylènediamine, pendant la putréfaction, est le même que celui de l'acide (') Comptes rendus, l. CXXXV, p. 698. (*) Weitere U ntersuchungeii iiber Ptoniaùie. Berlin, i885. (') Ber. d. d. chem. Gesel., l. XVIII, i885, p. 1922. (') Zeitsch. f. physiol. Client., t. XIII, 1889, p. 502. (3) Ibidem, t. XXXVI, 1902, p. 28. (') Ber. d. d. chem. Gesel.. l. XIX, 1886, p. 2585. (') Zeitsch. f. physiol. Ck., t. XXIX, 1900, p. 334. 866 ACADÉMIE DES SCIENCES. diaminocaproïque (la lysine fie Drechsel) qui se forme régulièrement lors de la décomposition des différentes matières albiiminoïdes à l'aide des acides ou des alcalis. :> Il semble ressortir, en ontre, des travaux récents de MM. Zawrow (' ) et Langstein (-), que la pentaméthylènediamine remplace la Ivsine égale- ment dans les produits résultant de la digestion pepsique très prolongée des albuminoïdes, alors même qu'on opère dans des conditions d'asepsie parfaite. » L'observation de MM. Etard et Vila pourrait donc devenir d'une cer- taine importance, s'ils réussissaient à démontrer que leur mélange des pro- duits de décomposition des muscles de veau n'avait subi, au cours des manipulations, aucune modification microbienne profonde. Dans ce cas, nous aurions eu le premier exemple de la formation directe de la cadavé- rine par hydrolyse d'un albuminoïde au moyen des acides. » PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur la variation des réserves hydrocarbonées dans la tige et la racine des plantes ligneuses. Note de M. Leclerc du Sablox, présentée par M. Gaston Bonnier. (I Je me suis proposé d'étudier de quelle façon les sucres et les matières amylacées variaient, dans le courant de l'année, à l'intérieur des plantes ligneuses. Pour cela j'ai dosé ces substances à différentes époques de l'année dans les tiges, les racines et les feuilles de certaines espèces. » Afin d'avoir des résultats comparables, j'ai opéré sur des plants de même âge et cultivés les uns à côlé des autres dans les mêmes conditions. Tous les 4o jours environ, l'un de ces plants était arraché ; les tiges, les racines et, s'il j avait lieu, les feuilles formaient trois lots distincts qui étaient desséchés à 90°, puis réduits en poudre. Les dosages étaient efTectués sur environ 3s de la matière. Les substances grasses, qui n'existent en quantité assez considérable que dans la feuille, étaient extraites par l'élher; puis les sucres étaient extraits par l'alcool à 90°, ils étaient dosés après avoir été transformés en glucose. La matière épuisée par l'éther et par l'alcool était additionnée d'eau, chauffée pendant 2 heures à iiS" dans un autoclave, puis traitée par l'acide chlorhydrique étendu pour transformer les matières amylacées en glucose. Après quelques tâtonnements, j'ai reconnu que la quantité de glucose obtenue était la plus grande lorsque le liquide renfermait 10 pour 100 d'acide du com- (') Zeitsch.f. physiol. Ch., t. XXXIII, 1901, p. 3i2. (^) Beitràge zur chem. Physiologie u. Pathologie, t. II. 1902, p. 228. SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 867 merce et que l'ébullilion était prolongée pendant i heure. Dans ces conditions on peut admettre «jue toutes les substances hydrocarbonées pouvant jouer le rôle de réserve sont transformées en glucose. » En opérant de cette façon j'ai obtenu les résultats suivants, pour la tige et la racine du Châtaignier; je reviendrai plus tard sur la feuille : Sucres. Mat. amylacées. Total. Tige. Racine. Tige. Racine. Tige. Racine. 11 janvier !\,o 1,9 20,7 25,3 24,7 37)2 26 février .^,3 4i7 20,4 2t,o 24,7 26,9 28 mars 2,7 3,3 18,8 21, 4 21, 5 24,7 20 mai 2,3 3,i 17,6 16,7 I9i9 iQiS 22 juin 2,1 3,6 18,3 j8,a 20,4 21,8 27 juillet 2,6 3,6 18,5 20,7 21,1 24,3 12 septembre. .. 2,2 1,8 23,7 28,5 26,9 3o,3 19 octobre 2,2 1,6 24,2 27,5 26,4 29,1 22 novembre.... 3,2 1,1 2r,.5 27,8 24,7 28,9 26 décembre. .. . 3,7 1,9 ig,3 25,4 23, o 27,3 -. Tous les nombres contenus dans le Tableau précédent se rapportent à 100 parties de matière sèche. Ainsi, le 1 1 janvier, 100^ de matière sèche de la tige renfermaient 4* ) Inllorescences presque sessiles au-dessus de la dernière paire de feuilles, à élé- ments serrés, à bractées persistantes, au lieu d'être pédonculées à bractées caduques. Il ne s'agit pas là de la différence bien connue que peuvent présenter les inflorescences de Landolphia chez une même espèce suivant le degré d'élongation de leur ave prin- cipal; les nombreux échantillons que nous avons eus entre les mains nous montrent la condensation de l'inflorescence comme un caractère habituel, et, d'ailleurs, la persistance des bractées est à remarquer, alors que le L. owariensis a toujours les bractées promptemenl caduque?. SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 869 » Calice à sépales oblongs, moins serrés et ne présentant pas dans leur ensemble l'aspect subsphériqiie on conrtement ellipsoïdal caractéristique chez le L. Oivariensis. » Corolle à tube allongé, fusiforme, dont la partie libre au-dessus du calice, fine- ment pubescente, est deux à trois fois plus longue que les lobes étroits, alors que ceux-ci, plus larges, égalent la portion libre du tube chez le L. otrai'iensis. » Étamines à filets velus à la base, insérés au-dessus du milieu du tube, à anthères émarginées au sommet. » Ovaire turbiné, glabre inférieurement, poilu sur son toit, qui est plus allongé en cône chez le L. Pierrei, plus plat chez le L. owariensis. » Fruit globuleux, légèrement allongé de la base au sommet (6''"' de diamètre lon- gitudinal sur 5=" de diamètre transversal) : jaune foncé, noircissant par la dessiccation et prenant une teinte bleuâtre due à la fine couche cireuse blanche qui le revêt. La surface est uniformément lisse, sauf de très fines lenticelles. Le L. oivariensis, d'après des échantillons très authentiques du Dahomey, dus à M. Le Testu, a des fruits à peu près de même taille, mais dont liiémisphère apical est côtelé grossièrement. Nous ne saurions affirmer absolument, dans l'état de nos connaissances, si ce caractère est essentiel : il pourrait y avoir des variétés d'une même espèce à fruits lisses ou à fruits bossus. » Graines, au nombre d'une quinzaine chez les fruits considérés, irrégulières, angu- leuses, épaisses. Elles sont plus grosses que celles du L. owariensis ayant 15""" k 20""™ de longueur, sur 10""" à 12""" de largeur, et 7""" à 9""" d'épaisseur, au lieu de 12""" à 18°"" sur 7""° à 9™"' et 4"™ à 5""". )) Les parties jeunes sont couvertes de poils assez longs, qui persistent longtemps, au moins sur les pétioles; néanmoins, les rameaux recueillis à l'époque de la fructifi- cation en sont ordinairement dépourvus. » Le Landolphia Pierrei a été trouvé aux environs de Libreville, au mont Houet (R. P. Rlaine, n. 286! 454! '"^ Herb. mus. Par.; 544' 926! 1357! iSgo! 1934 /•'w! >972! in Herb, L. Pierre) et clans la forêt de Sibang (BÛTTNER, n. 497 '■ distribué par le musée de Berlin sons le nom de L. owa- riensis P. de B.). » La floraison est à son maximum en août; la maturation des fruits se fait en janvier-février. » Nous n'avons pas à attirer l'attention sur les différences qui séparent notre espèce du L. Klainii, avec lequel, faute d'attention suffisante, on pourrait le confondre à l'état stérile. Les énormes fruits de ce dernier, l'allongement des ovaires et des stigmates suffisent, entre autres carac- tères, à empêcher toute confusion. » Ces distinctions spécifiques n'intéressent pas seulement les botanistes. Tous ceux qui connaissent l'importance industrielle de la production des caoutchoucs dans nos colonies peuvent y trouver la clef de certaines divergences d'appréciation sur la valeur du produit de telle ou tel le espèce.» C. K., 1902, 2- Semestre.lCV. CXXXV, N» 20 ) ' '4 870 ACADÉMIE DES SCIENCES. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Influence des matières organiques sur le dévelop- pement et la structure anatomique de quelques Phanérogames. Note de M. Jules Laurent, présentée par M. Gaston Bonnier. « J'ai montré, dans plusieurs Communications antérieures ('), que cer- taines matières organiques, glucose, saccharose, sucre interverti, consti- tuent d'excellents aliments pour les plantes vertes; je puis étendre actuel- lement ces résultats, non seulement à la glycérine, mais à Vacide humique qui, absorbé sous forme d'humatede potassium, modifie les échanges gazeux de manière à activer V assimilation du carbone. » Les solutions étendues de ces diverses substances n'exercent guère d'action bien appréciable sur les caractères de la plante, mais il n'en est pas de même pour les solutions concentrées qui agissent à la fois sur la forme extérieure et sur la structure anatomique de toutes les espèces étu- diées : Pois, Lentille, Maïs, Blé, Seigle. )) Afin de mettre en évidence, d'une part, les modifications provoquées par la concentration du milieu et, d'autre part, celles qui doivent être attri- buées à l'action spécifique exercée par la matière organique, j'ai cultivé Pisum sativum sur des solutions contenant par litre, outre les sels minéraux de la liqueur Detmer, des poids de glucose et de glycérine respectivement isotoniques de 10, i5, 20, 23, 3o centièmes du poids moléculaire de AzO'K, et, comme des expériences préliminaires m'avaient montré ime certaine analogie entre les cultures sur glycérine et les résultats obtenus par Lesage avec le sel marin , j'ai employé également, en solutions isotoniques des pré- cédentes, le chlorure de sodium et l'azotate de potassium. » Je résume ci-dessous les conclusions auxquelles m'ont conduit ces expériences : » 1° La plante peut s'adapter à des pressions osmotiques beaucoup plus élevées avec les substances organiques étudiées qu'avec les sels miné- raux; alors que les liqueurs isotoniques de o,i5 AzO'K (p. m.) lui sont déjà nuisibles lorsqu'il s'agit de salpêtre ou de sel marin, elle supporte très bien les solutions de glucose et de glycérine isotonique de o.aS et même o,3o AzO'K (p. m.). M 2° Comme l'avait montré Stauge (-), la croissance en longueur se trouve ralentie à mesure qu'on augmente la concentration du milieu ; mais (') Comptes rendus, 29 novembre 1897, i4 novembre 1898 et 19 novembre 1900 (-) Bot. Zeitung, 1892. SÉANCE DU 17 NOVEMBRE I902. 87 1 on observe en même temps un accroissement de diamètre beaucoup plus apparent avec le chlorure de sodium et surtout la glycérine qu'avec le glu- cose et l'azotale de potassium. » 3° Dans les Imiiles de mes expériences, le poids sec des plantules croit constamment avec la concentration des solutions de glycérine; avec le glucose, il passe par un maximum, pour les solutions isotoniques, de 0,20 AzO'K (p. m.); il est alors deux fois plus élevé que dans la liqueur Detmer seule. Les résultats sont tout différents avec les sels miné- raux et même pour des concentrations comprises entre o,o5 et o.ioAzO'K (p. m.), le poids sec diminue constamment et d'autant plus que la pression osmotique est plus grande. )) 4° La proportion pour 100 de matière sèche augmente avec la con- centration, aussi bien dans les solutions minérales que dans les solutions organiques. » 5° Pendant la période de germination, la consommation des réserves de la graine est d'autant plus lente que la pression osmotique est plus élevée. » 6° Van Rysselberghe (') a montré que la cellule réagit aux concen- tratious élevées en augmentant son pouvoir osmotique normal ; cette élé- vation du pouvoir osmotique se traduit par une augmentation dans la pro- portion des acides libres et, en général, des substances dissoutes dans le suc cellulaire. L'acidité atteint des valeurs plus élevées dans les cultures sur glucose que dans les cultures sur glycérine. » 7° Enfin, si les solutions isotoniques de glucose et de glycérine donnent des plantes très comparables par leur mode de développement et par leurs caractères extérieurs, la pression osmotique n'intervient pas seule dans les modifications observées, mais chaque substance exerce une action spécifique, de nature très différente selon qu'il s'agit de substances organiques ou de sels minéraux. » Quant aux différences dans la structure anatomique, elles portent à la fois sur le diamètre des cellules et sur la différenciation des tissus. » Quelle que soit la substance étudiée, le diamètre des cellules croît avec la pression osmotique du milieu de culture ; mais le phénomène est surtout apparent dans les solutions de glycérine oii les cellules du paren- chyme cortical se rapprochent progressivement de la forme sphérique, aussi bien dans la tige que dans la racine. Si l'on remarque que le nombre (') Vax Rysselberghe, Réaction osmotique des cellules végétales à la concentra- tion du milieu, Bruxelles, 1899. 872 ACADÉMIE DES SCIENCES. (les assises cellulaires se maintient à peu près constant pour toutes les sub- stances expérimentées, on peut conclure que les liqueurs concentrées ne modifient pas le mode de cloisonnement des initiales de iécorce. » Les solutions de glucose et de saccharose provoquent, en général, un épaississement des membranes et une lignification plus intense ; avec le Pois et la Lentille, les fibres ligneuses sont plus nombreuses dans le bois secon- daire; elles ont des parois très éjjaisses et leur cavité est réduite; il en est dé même pour le sclérenchyme libérien de la tige et de la racine. Le glu- cose n'est pas seulement utilisé pour la croissance en épaisseur des mem- branes ; mais des réserves d'amidon s'accumulent dans la plupart des tissus et on les retrouve même dans les cultures à l'obscurité. » Ces réserves sont plus abondantes dans les cultures sur glycérine ; par contre, la lignification est moins intense et la différenciation plus tardive; il semble ainsi que, chez les Légumineuses tout au moins, la plus grande ])artie de la glycérine absorbée soit mise en réserve avant d'être utilisée. » Il n'en est plus de même chez le Mais, dont la racine et la tige n'accu- mulent d'amidon que dans leur méristènie terminal, et l'utilisation de la glycérine y est immédiate; cette substance favorise l'épaississement des membranes et la lignification, déterminant une sclérose hâtive du péricycle et de tous les éléments conjonctifs qui avoisinent le bois primaire. » Les substances organiques étudiées déterminent donc chez les végé- taux des modifications de structure du même ordre que celles qui ont été observées par Dassonville (') en faisant varier l'aliment minéral de la plante. » GÉOLOGIE. — Analogie entre les Carpathes et les Alpes. Note de M. Mauuice Lugeo.\, présentée par M. Marcel Bertrand. « Dans un travail récent (-) j'ai montré que le front nord de la chaîne des Alpes, à partir de l'Arve vers l'Est, n'était pas formé par un plissement autochtone de l'écorce terrestre, mais par les plis frontaux de grandes nappes de recouvrement venues de l'intérieur de la chaîne. » D'autre part, M. Suess (') a montré que les Carpathes débordaient (') Ch. Dasso.wille, Action des sels minéraux sur la forme et la structure des végétaux {Revue générale de Botanique, 1898). (-) LuGEON, Les grandes nappes de recouvrement des Alpes, du Chablais et de la Suisse (Bull. Soc. géol. de France, 4" série, t. I, 1901). (^) SuESS^ La face de la Terre, l. I, p. 286-248. SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 878 sur la plate-forme russe et les Sudètes. Dans les deux cas, l'avant-pays s'enfonce sous la région plissée. » Il y a donc lieu de nous demander si de grands plis couchés super- posés, dirigés vers l'extérieur de la chaîne, ont aussi contribué à la marche de la vague carpathique vers le Nord. » A la suite d'une étude très détaillée et magistrale sur le Haut-Tatra, M. Uhlig (') est arrivé, antérieurement il est vrai à l'établissement de notre théorie, à une démonstration inverse de celle que j'ai faite pour les Alpes. L'auteur conclut que les plis duTatra, au nombre de quatre, sont dirigés vers l'intérieur de la chaîne, soit vers le Sud. » Les deux anticlinaux nord forment la zone subtatrique, dont les ter- rains présentent des faciès différents de ceux de l'anticlinal haut-tatrique et du quatrième pli constituant la haute chaîne cristalline. Le troisième pli contenant deux noyaux de gneiss et granit, M. Uhlig conclut que l'inten- sité du plissement a été croissante du Nord au Sud. Enfin la haute chaîne semble bordée au Sud par une grande faille qui limite les gneiss, et au delà de laquelle on trouve dans le Flysch des lambeaux épars de terrains sem- blables à ceux de la zone subtatrique. » Ces plis, tournés vers le Sud, contrairement à ce que semblent exiger les démonstrations de M. Suess, contrairement à l'allure générale arquée des Carpathes, sont encore en désaccord avec l'ensemble des Alpes. » Je propose donc aujourd'hui, pour expliquer les chaînes calcaires du Haut-Tatra, une théorie analogue à celle des Alpes. » Cette nouvelle interprétation se base sur un certain nombre de faits péremptoires. » L'inclinaison des couches vers le Nord n'est pas une preuve en faveur du plissement vers le Sud, puisque nous connaissions l'existence de plis plongeants. Or, il est possible de démontrer que les trois anticlinaux de la chaîne calcaire du Taira sont des têtes anticlinales plongeantes de grands plis couchés vers le Nord. » Les charnières frontales, qui devraient se fermer vers le Sud dans l'hypothèse de M. Uhlig, sont inconnues sur le terrain, aussi bien dans les régions supérieures que dans les parties profondes des vallées, comme par exemple le long de la Bialka et de la Jorzebica. M Au contraire toutes les charnières conservées indiquent régulièrement des mouvements vers le Nord; ainsi les plissements au Tomanova-Pass qui laissent voir des charnières anticlinales et synclinales. (') Uhlig, Die Géologie des Tatragebirges. Wien, 1897-1899. 874 ACADÉMIE DES SCIENCES. » La démonstration péremptoire peut être faite par l'analyse de la coupe que montre le flanc gauche de la haute vallée de la Sucka-Woda, qui coupe la région haut-tatrique. » Cette région présente un grand noyau anticlinal de gneiss et de granit reposant sur des calcaires jurassiques visibles dans les pentes, et qui, avec le Permien et le Trias, contournent au Nord complètement le noyau de roches primitives par une charnière anticlinale. » Ainsi le petit massif granitique de Goryczkowa, de même que celui de Zamky, forment le noyau anticlinal d'un grand pli venu du Sud et consti- tuant toute la zone haut-tatrique. » Les petites masses granitiques et triasiques des environs de Malo- laczniak doivent être considérées comme de petits lambeaux de recouvrement. » Comme la région îiaut-talrique est aiusi une zone sans racine et comme elle s'enfonce sous la bande subtatrique, il s'ensuit que celle-ci forme les deux replis frontaux, plongeants, d'une deuxième nappe de recouvrement venue aussi du Sud, supérieure à la précédente. » Ainsi, grâce aux recherches de M. Uhlig, nous pouvons montrer que le bord nord du Tatra se comporte comme le bord nord des Alpes. Il est formé par des nappes empilées dont la plus lointaine au iS^ord vient de la région la plus méridionale. » On sait que M. Uhlig a considéré la grande zone archéenne comme un quatrième anticlinal. Nous pouvons, pour la même raison que celle invo- quée, nous demander s'il s'agit d'une nappe inférieure aux précédentes. Cette question ne peut pas être résolue, car la vraie nature de la ligne limite de la grande zone gneissique au Sud n'a pu, malgré les efforts de M. Uhlig, être connue. S'il y a charriage de la zone ancienne, les lambeaux méso- zoïques du Sud devraient être considérés comme des débris restés en arriére du front égrené de la nappe subtatrique; s'il y a réellement faille, ces lambeaux nous indiqueraient d'où provient cette nappe puisque les faciès sont identiques. » ÉLECTROBIOLOGIE. — L'étCCtrolyse des sels métalliques séjournant dans les tissus. Note de M. André Poëy. (Extrait.) « A la séance du 2g janvier i855, M. Dumas présentait à l'Académie, en mon nom, une Note ayant trait à l'application de l'Electrochimie à l'ex- traction des métaux introduits et séjournant dans l'organisme, d'après les expériences faites à New-York, en iBSa, en collaboration avec M. Vergnès. On se trouvait ainsi en présence d'une vraie électrolyse humaine, et l'or- SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. - 875 ganisme pouvait être assimilé à une solution éleclrolytique dans ce con- ducteur hétérogène, dont la capacité électrique est considérable. » Ce fait était inexplicable tant que la théorie électrochimique de Grotthuss (i8o5) subsistait, basée sur la décomposition et la recomposition de proche en proche des molécules électrolysées. Il a fallu arriver au prin- cipe du transport des ions, d'aprèsles données que je demande la permission de rappeler à l'appui. » La première expérience de transport voltaïque au travers des diaphragmes serait due à R. Potter (1816). Elle fut formulée en lois par Wiedemann (iSSa), puis confir- mée par Hitlorfr(i853-i858) et reprise de nos jours par Kuschel, Bouty, Chassy, PavlinofT, Labatut, Leduc, Weiss, Ilermann, Destot, etc. » D'autre part, Clausius (iSSy) ayant assimilé les mouvements des molécules en solution aux mouvements des molécules gazeuses, l'action du courant voltaïque ne serait autre que celle d'imprimer une direction commune aux mouvements irréguliers des ions préalablement dissociés, composant l'électrolyte, ensuite à les transporter à l'anode et à la cathode, suivant les lois de Faraday (i833). » Enfin, Svante Arrhénius (1887) formule la nouvelle théorie de l'ionisation des solutions chimiques et de la conductibilité des électrolytes, en s'appuyant sur l'analogie trouvée par M. Van t' HofT entre les lois de la pression des gaz et les lois de la pression osmotiquë. » 11 résulte donc qu'un courant voltaïque, traversant le circuit humain, produit une électrolyse interstitielle sur tout son parcours, accompagnée d'une action endosmo- tique (Dutrochet, 1828-1878), et d'un transport mécanique [du Bois-Reymond (1860), Munk (1873)] des ions dissociés, dans le sens du courant, qui se déposent à la cathode, d'après les lois qui régissent l'électrolyse des solutions salines, en rapport avec leurs poids équivalents (Faraday, Bouty, Chassy). » Mais, dès i852, nous étions pratiquemeat arrivés à l'extraction des sels métalliques de l'organisme, à l'aide du dispositif suivant : » Une baignoire en fonte éniaillée, de préférence, est isolée du sol par quatre pieds en verre ; elle contient de l'eau chaude étendue d'acide suifurique pour l'extraction du plomb, et d'acide azotique pour l'extraction du mercure et autres métaux. Sur un banc pourvu d'un dossier, également isolé de la baignoire, le patient s'étend dans toute sa longueur, plongeant dans l'eau jusqu'au cou. Il lient alternativement des deux mains l'électrode positive terminée par un réophore en fer cylindrique et creux, enveloppé d'un linge maintenu humide, les bras reposant sur des supports. L'élec- trode négative est fixée à une large plaque située aux pieds de la baignoire, n'ayant aucun contact direct avec le corps du patient. » En vertu de ce dispositif, on force le courant positif à traverser librement l'élec- trolyte humain dans toute la profondeur de ses tissus, lequel va se fermer sur la plaque négative où il dépose sa charge d'ions dissociés ramassés sur son parcours, pendant que les ions d'un plus grand poids coulent au fond de la baignoire. » On peut, t-n moyenne, employer de i5 à 24 éléments fournissant 876 ACADÉMIE DES SCIENCES. de 8 à 20 milliampères npproximativement; car, par le fait de la inélhode monopolaire et de l'état pathologique de l'intoxiqué, le potentiel élec- trique éprouve certaines variations de modalités, en désaccord avec les prévisions théoriques. » PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Appareil pour déterminer la durée des impressions lumineuses sur la rétine. Note de M. ^Iachice Di'poxt, pré- sentée par M. Bouchard. « Au cours des recherches que j'ai entreprises au laboratoire de M. le Professeur Joffroy, à Sainte-Anne, pour l'étude du réflexe lumineux qui joue un rôle si important dans le diagnostic des maladies du cerveau, j'ai été amené à étudier la physiologie normale et pathologique de la rétine au point de vue de la durée des impressions lumineuses. » C'est une notion classique, qu'une excitation lumineuse perçue par les centres nerveux persiste uu certain temps, et que cet ébranlement moléculaire offre une durée, puis s'amortit, si bien que la cellule peut de nouveau subir une nouvelle excitation vibratoire. » Les phénomènes optiques auxquels donne lieu cette propriété des cellules nerveuses sont trop connus pour qu'il soit nécessaire de les rap- peler ici, mais étant donnée cette particularité physiologique, il est permis de supposer que la durée d'une impression lumineuse doit être subor- donnée à l'état d'intégrité des centres nerveux et que le temps peut varier en plus ou en moins suivant l'état pathologique de la cellule, si bien que des variations dans la durée d'une impression lumineuse d'une intensité donnée peuvent être interprétées comme un signe nouveau et rapporté à des lésions déterminées. » La physiologie pathologique de la rétine n'ayant pas été étudiée à ce point de vue, j'ai été conduit à établir un appareil et une technique que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie pour déterminer : 1° la durée nor- male des impressions lumineuses sur la rétine; 2° pour rechercher les variations pathologiques qui peuvent se produire. » Au lieu d'emploj'er les procédés chronométriques sujets à variations, il m'a paru plus intéressant d'utiliser un agent physique, le diapason, pour calculer le temps d'une façon constante. Ce diapason remplaçant le chronomètre, des curseurs con- stituent le régulateur, et une graduation sur les branches indique le nombre de vibra- tions par rapport à la place occupée par les curseurs. » Afin d'obtenir un nombre de vibrations excessivement faible sans exagérer la lon- gueur des branches, j'ai augmenté progressivement la cArt/'^e jusqu'au poids de 1 1 ''s. SÉAiNCE DU 17 NOVEMBRr: 1902, 877 » 1° L'appareil se compose d'un diapason dont l'une des branches porte un écran, lin arrière de l'écran se trouve une lampe électrique enfermée dans une lanterne percée d'un orifice; en avant de l'écran, un microscope pour observer le point lumineux. » L'écran porte sur le côté un petit prisme coloré qui, au repos, masque le fover. Le diapason est mis en activité par un électro-aimant. Il est gradué en deux, octaves- la note la plus basse correspond à quatre vibiatinns, soit : iu-^\ so/rr 6 ut= S .loi = I a r<- = 4,5 la =^ 6, 6.5 rc= 9 la-^ i3 m i =: 5 i(=7,5 mi= ro si—. i5 /7 = 5,33 fa— 10, 65 ut— 16 » En plaçant les deux curseurs au niveau de chaque graduation, on obtiendra le nombre indiqué de vibrations. » Au repos l'œil aperçoit une image colorée réfractée dans le prisme; le diapason vient-il à vibrer, le piisme se déplace, et déninsque le foyer d'où émane une ima^e directe non colorée. Admettons que le nombre de vibrations soit de 4, soit î de seconde. Pendant la moitié de la vibration le foyer sera découvert; pendant l'autre moitié, caché. L'image directe sera aperçue pendant J de seconde et l'image réfractée pendant J- de seconde. De plus une vibration verticale se produit à l'extrémité de la course. Si l'excitation de la rétine persiste un temps inférieur à | de seconde il va se produire que l'image réfractée, qui est aperçue encore lorsque l'image directe apparaît, vAsaater verticalement puis disparaître pendant le temps où l'image directe est vue. On voit ainsi les imatges jongler, et, si le mouvement se ralentit, une disparaît et l'autre repa- raît : le temps qui s'écoule entre le passage de chaque image est donc supérieur au temps pendant lequel chaque image persiste sur la rétine. Mettons les curseurs sur sol=i 12. » L'œil aperçoit deux images simultanées et fixes, il n'y a plus de sautillement ; lorsque la seconde image apparaît réfractée sur le prisme, la première, directe, n'a pas eu le temps de disparaître sur la rétine, qui les perçoit en même temps; les images ne jonglent plus; donc le temps qui s'écoule entre chaque vibration est inférieur au temps pendant lequel une impression persiste sur la rétine. » 2° L'observation peut être faite avec l'écran seul, qui détermine des variations du côté du foyer moins faciles à apprécier que les variations obtenues avec le prisme. De même en employant l'orifice au centre de l'écran qui doit être placé dans l'axe rayon du visuel. » 3° Un autre procédé consiste à placer sur le côté de l'écran un contact d'où jaillit une étincelle d'induction à chaque oscillation de l'écran. Tant que l'étincelle paraît intermittente, les curseurs indiquent que le temps écoulé entre chaque vibration est supérieur à celui de l'impression lumineuse sur la rétine. Lorsque l'étincelle paraît continue, le temps de l'impression rétinienne égale celui de la vibration. Ici il faut noter le temps d'une vibration entière, puisque l'étincelle n'apparaît qu'à chaque retour de l'écran. » 4° La même recherche peut être faite avec les couleurs complémentaires dispo- sées sur le foyer et sur l'écran. » Enfin la projection de l'image peut être faite sur un écran avec un fover suffisant. C. R., 1902, 2- Semestre. (T. CXXXV, N° 20.) 1 I ,î 8^8 ACADÉMIE DES SCIENCES. » La graduatioD de re diapason ('), non exemple de difficiillés, a été réalisée d'une façon absolument exacte par la méthode de Lissajous au moyen d'un comparateur spécial. Vu le chilTre des vibrations obtenu, je ne sache ])as qu'il ait été encore construit de diapason donnant un nombre aussi faible de vibrations. » En résumé, j'ai entrepris, au moyen de cet apjiareil nouveau, tine série de recherches afin de déterminer les variations normales et pathologiques que peut présenter la durée de la persistance des images sur la rétine pour les rapporter à des lésions déterminées en passant en revue succes- sivement les rayons colorés du spectre, pour attacher à chacun d'eux un coefficient particulier. Le même procédé permet de calculer le temps mi- nimum nécessaire pour qu'une impression lumineuse soit perçue. » PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Production du sommeil et. de l'anesthésie générale par les courants électriques . Note de M. Stéphane Leduc, présentée par M. d'Arsonvai. « Dans une Note précédente {Comptes rendus, 2r juillet 1902), nous avons indiqué coinment, avec 10 à 3o volts, et des courants interrompus i5o à 200 fois par seconde, on pouvait réaliser, chez les animaux, l'inhibi- tion des hémis]jhères cérébraux, et produire le sommeil et l'anesthésie générale. Le procédé avait l'inconvénient d'occasionner, pour la mise en sommeil, des contractures ou des convulsions cloniques élevant la pres- sion sanguine, provoquant l'évacuation de la vessie et de l'intestin, et causant un arrêt momentané de la respiration. » Ces inconvénients sont atténués par l'emploi, dans le circuit, d'un rhéostat sans self-indtjction, permettant, par une augntentation graduelle, d'atteindre en 3 à 5 minutes l'intensité nécessaire. Cette méthode exise la mise préalable dans le circuit d'une force électromotrice au moins égale à la force maxima à atteindre, alors que les résultats sont d'autant plus par- faits que la force électromotrice employée est moindre. » En employant un réducteur de potentiel sans self-induction, de façon à élever régulièrement, dans 3 à 5 minutes, la force électromotrice au chiffre nécessaire, les animaux passent doucement, progressivement, sans un mouvement de défense ou de fuite, sans un cri, sans changement dans les mouvements de la respiration et du cœur, de l'état de veille à l'état de sommeil tranquille, régulier, et d'anesthésie générale absoluf\ Le chien fléchit d'abord la tête comme assoupi, s'assied, se couche sin- le flanc, (') Cet appareil a été construit, sur mes indications, par M. Lancelot. SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. Sji) s'endort d'un sommeil en apparence reposant, sans avoir donné le moindre signe de protestation ou de douleur. » PHYSIQUE. — Reprofluctinn en nombre illiinité des phono grammes en cire, pour musées phonographiques, par le moulage gahanopknlique . Procédé par fusion et procédé par compression et chaleur combinées. Note de JM. L. AzouLAv, présentée par M. Marey. « Les musées phonographiques, tels que ceux de l'Académie des Sciences de Vienne et celui de la Société d'anthropologie de Paris fondé sur mon initiative, ne peuA'cnt exister et se multiplier que si les documents ori- ginaux restent indélébiles. Par le procédé mécanique du doublage par une sorte de pantographe, le phonogramme original est tellement altéré par les copies successives qu'il n'est plus utilisable au bout de quelques cen- taines de copies. Dans les deux procédés que je vais décrire sommairement, 'le phonogramme original demeure intact; le moulage métallique que l'on en fait et les copies tirées ne l'allèreiit que fort à la longue. )) Le phonogramme original (dans l'espèce, un cylindre) est moulé en cuivre rouge par la galvanoplastie. Débarrassé par fusion du cylindre enregistré qui l'a fourni, nettoyé et nickelé le cas échéant, le moule métal- lique, dont l'épaisseur doit atteindre a"*" a i'"", est la base des opérations des deux procédés. » Dans le procédé par fusion, le moule métalliciue est centré sur un noyau ou mandrin tronconique reposant sur sa grande base; mis à l'étuve sinuillanéinent avec la cire qui doit y être versée, laissé là jusqu'à la température de fusion de cette cire, environ 120". Alors on y verse la matière en fii?ioM très également et l'on juge, par la consistance croissante de la cire, du moment où il faut enlever le mandrin, car si on l'enlève pendant que la cire est encore assez malléable, le mandriji nesortjdus, retenu par la puissance de rétraction de la matière. On essuie le mandrin et on le remet, cette fois-ci, le petit bout en bas. On enferme le tout dans une enveloppe mauvaise conductrice de la chaleur et à condition d'enfoncer de temps en temps le mandrin dans le cylindre de cire, on retire après refroidissement, et le mandrin enlevé au préalable, un cylindre bien calibré reproduisant fidèlement le texte original. Il suffit de le polir sur le phonographe à l'aide d'une peau de chamois pour qu'il soit prêt à être entendu. » Second procédé par compression et chaleur combinées. — Le moule métallique reçoit à l'intérieur, à basse température, un cylindre de cire, parfaitement raboté, vierge, un peu plus court et plus étroit que le moule (à cause de l'allongement de la cire sous la chaleur). On introduit ensuite, dans le cylindre de cire, un sac de caout- chouc dévulcanisé, tronconique ou cylindrique, muni d'une valve et l'on serre le tout dans un étui de forte tôle d'acier. On introduit l'appareil dans une étuve réglée inva- 88o ACADÉMIE DES SCIENCES. riablement sur une lempéralure de 5° environ inférieure à celle du début de la désin- tégration de la cire (le début est à environ la moitié de la température de fusion de la cire, d'après mon expérience). On attend l'équilibre certain de la température et, à l'aide d'une pompe munie d'un manomètre, on comprime dans le sac de l'air chauffé (plutôt que froid) à une pression de S"'" et au delà (en raison de l'épaisseur du moule). (La pression pourrait être mécanique ou hydraulique avec avantage, pour les disques surtout.) On attend i heure ou plus, et d'autant moins que la pression a été plus forte. L'appareil maintenu toujours à la même température, on ouvre la valve, on sort de l'étui le moule et le cylindre y adhérant; on y introduit, pour maintenir la cylindricité, un mandrin chauffé dans la même étuve, et on les enferme dans une enveloppe mauvaise conductrice de la chaleur jusqu'à refroidissement complet. On opère ensuite exactement comme dans le premier procédé. )) Ces deux techniques sont applicables aux phonogramrnes sur disques. T.a Commission des Archives phonograpJwjues de l'Académie des Sciences de Vienne a pid)lié intégralement, en juillet dernier, le procédé par fusion qu'elle emploie pour ses disques. Je publie aujourd'hui le procédé pour les cylindres, car les manipulations sont de dilTiculté différente. Le pro-. cédé par compression et chaleur combinées est le plus facile et le plus sûr quand on dispose d'un matériel. » CHIMIE INDUSTRIELLE. — Producùun de couleurs fixes sur tous genres de cuirs, par l'emploi de sels de molybdène combinés à des matières tannantes ou à des couleurs mordantes végétales. Note de M. Emm. Pozzi-Estor. (Extrait.) « En résumé : L'emploi des sels de molybdène permet un nouveau procédé de tannage, identique au procédé Draeher; la laque molybdène- tannin est soluble et \)ossè(\e une très grande affinité pour le cuir et les fibres animales; elle possède par elle-même une couleur jaune foncé très agréable, que l'on peut nuancer par l'addition d'extraits de bois de tein- ture, avec lesquels ces molybdales donnent aussi une laque, ce qui permet d'obtenir une très grande variété de tons. » A 5 heures l'Académie se forme en Comité secret. La séance est levée à 5 heures et demie. M. B. ■ N^ 20. TABLE DES ARTICLES. (Séance du 17 novembre 1902.) »IE»IOIUES ET COWMUNIGA TlOrVS IlKS MliMIillKS ET DES COKKKSPONOANTS DE L'ACAI-ÈMIE. Pages. I Pages M. Bertiielot. — Surlesiriipui-elcsde l'oxy- | l'arsenic iioi'nial dans (juclques organes gène conipiimé et sur leur rolo dans les | des animaux et des plantes. Ses origines. Soi combustions oi)t-rées.au moyen di- la bombe . ! MM. A. Laveran et F. Me.sml. — Le Na- caloriniétrique 821 gana et le Mal de caderas sont deux enli- M. LœwY. — Sur les récentes publications | tés morbides bien distinctes " S3,s émanant de l'Observatoire de Paris : Cata- i M. Y. Delage. — Effets de l'excision du logue stellaire ( IV° Part.); Catalogue plio- ! madréporite chez les Astéries K'ii toyraphique (I" Vol.); Annales, Observa- | M. E. Vallieb. — Sur la loi des pressions lions de 1898; Mémoires (T. XXUI); i dans les bouches à feu X\.! UuUean du Comité International (T. ni). 834 1 M. P. DniEM. — Sur l'analogie entre les M. G. Lin-MANX. — Sur la visée d'une sur- | rayons X et les oscillations hertziennes.. N'p face de mercure éclairée par un faisceau : M. Gaston Bonnier fait hommage à l'Aca- de lumière horizontal 83i . î demie du deuxième fascicule du « Cours M. D'AnsoNVAL. — Pendule de l'oucaull ' de Hotanique >. publié par lui en collabo- simplifié 832 ration avec M. Leclerc du Sabloii f< V' M. Armand Gautier. — Localisation de i MÉMOIRES PRESENTES. M. I!. Leuoi'ez adresse un Mémoire « Sur une extension de la théorie analytique de la chaleur de Fourier au cas de la cong lation » ^'.n CORRESPOrVDAlXCE. M. le Ministre de l'Instruction i>ublique invite r.\cadémie à lui présenter une liste de deux candidats pour la place de Membre titulaire du Bureau des I..ongitudes, va- cante par le décès de M. Cornu 84*> M. Andoyer, m. p. Puiseu.x prient l'Aca- démie de les comprendre parmi les candi- dats à la place vacante, dans, la Section d'.Vslronomie, par le décès de M. Faye.. . 84'i M. E. EscLANGON. — Sur les récenlcs lueurs crépusculaires observées à Burdeaux S'iH M. \V. Steki.oI'I'. — Sur la représentation approcUce des fonctions 848 .M. E. Cartan. — Sur la structure des groupes infinis 85i M.M. Andriî Urochet et C.-L. Barillet. - Sur les électrodes ijipolaires 854 M. P. Curie. — Sur la constante de temps caractéristique de la disparition de la ra- dioactivité iiuluite par le radium dans une enceinte fermée 807 M. Anatole Leduc. — Sur l'hulrogène atmos[)hciiqur 8fio M. nAiLHAi:iiE. - Sur les ■pxalomolybditcs. Nljj M. S. PosTERNAK. — Quelques remarques sur la musculamine, base dérivée des muscles 86j Al. Leclkrc du Sablon. — Sur la variation lies réserves hydrocarbonées dans la tige et la racine des plantes ligneuses 8f)l> M. Henri Hua. — Le Landolphia Pieirci, espèce nouvelle du Gabon, considérée comme pouvant fournir du caoutchouc. 8().S M. Jules Laurent. — lulluence des matières j.iganiques sur le di'vcloppement et la -Iructure anatomique de quelques Phanc- icj;;ames ^7" \1. .Maurice Luoeox. — Analogie onlre les Carpalhes et les VIpes ^Z'- .M. André Poijy. — L'électrolyse des sels iiiélalliqucs séjournant dans les tissus. . . . '^7'i M Maurice Dupont. — .Vppareil pour déter- miner la durée des impressions lumineuses >ur la rétine ■ '''7'' .M. StêI'IIANE Leduc. — Production du som- meil et de l'anesthésie i:énéralc par Ic'i r 20. SUITE DE LA TABLE DES ARTICLES. Pages. rourants cleclriqucs 87S iM. L. AzoULAY. — RepiutlucliiiH en nombre illimilé des plionogiamnies en cire, pour musées phonographiques, par le moulage galvanoplaslique. Procédé par fusion ot procédé par couiprcssiou cl clialeur com- biaées Pages 79 M. Emm. Pûzzi-Escot. — Production de cou- leurs fixes sur tous genres de cuirs, par l'emploi de sels de molybdène combinés à des malicres tannantes ou à des couleurs mordanles vésétales SSo GAUTHIER-VILLARS, Imprimeur- Editeur, OlIAI DES GRANDS-AUGUSTINS, 55, A PARIS (6'). COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, PUBLIÉS PAU LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. Par décision de l'Académie des Sciences, les prix de l'abonnement et des collections sont désormais fixés ainsi qu'il snil : PRIX DE L'ABONNEMENT : Paris 30 fr. | Départements 40 fr. | Étranger 44 fr. Chaque année, sauf i845, 1S78 à 1892, 1896 à 1898, se vend séparément 25 fr. Chaque volume, sauf les Tomes 20, 21, 76 à 108, 110, 11'2, lU, 115, 122 A 127, se vend sépa- rément ._ ■ 15 fr . TABLES GÉNÉRALES. TABLE GÉNÉKALE des TcMES là 31 (iS35-iSJo) 25 fr. - Tomes 32 à 61 (i85i-.865) 25 fr. - T0.MES 62 5 91 (1S66-1880) 25 fr. Tomes 92 à 121 (1881-1895) 25 fr. l'h;iqur? Volumo d-'s Tiibles générales comprend une Tahte par ordre atphabéti:]iie d'auteurs el nnn Table par matières très détaillée. PARIS. - IMPHIMRKIE (î \ UT 11 [ U K - V I L L A R S, Quai des Grands-Augustins, bb Le Qérant : Gauthier- Villars. IjOM 1902 SECOND SEMESTRE. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L*ACADÉMIE DES SClExNCES PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. TOME CXXXV. N'21 (24 Novembre 1902). ^PARIS, GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, Quai des Grands-Auguslins, 55, 1902 RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS Adopté dans les séances des z3 juin 1862 et 24 mai 1875 Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie se composent des extraits des travaux de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes présentés par des savants étrangers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. 26 numéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. Article l". — Impression des travaux de l'Académie. Les extraits des Mémoires présentés par un Membre ou par un associé étranger de l'Académie comprennent au plus 6 pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o pages par année. Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans le Compterenduàe la semaine que si elle a été remise le jour même de la séance. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans lès 5o pages accordées à chaque Membre. Les rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par les Correspondants de l'Académie comprennent au plus 4 pages par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de Sa pages par année. Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis- cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca- démie ; cependant, si les Membres qui y ont pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les re- mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion. Les Programmes des prix proposés par l'Académie sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap- ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu' que l'Académie l'aura décidé. Les Notices ou Discours prononcés en séan< blique ne font pas partie des Comptes rendus. Article 2. — Impression des travaux des Savû étrangers à l'Académie. Les Mémoires lus ou présentés par des pers qui ne sont pas Membres ou Correspondants de demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d't sumé qui ne dépasse pas 3 pages. Les Membres qui présentent ces Mémoires tenus de les réduire au nombre de pages requ Membre qui fait la présentation est toujours noj mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet E autant qu'ils le jugent convenable, comme ils h pour les articles ordinaires de la correspondanci cielle de l'Académie. Article 3. Le bon à tirer de chaque Membre doit être re)i l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tai jeudi à i o heures du matin ; faute d'être remi-s à te le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compter actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu\ vaut et mis à la fin du cahier. Article 4. — Planches et tirage à part, m Les Comptes rendus ne contiennent ni planche! figures. Dans le cas exceptionnel où des figures sen autorisées, l'espace occupé par ces figures comp pour l'étendue réglementaire. Le tirage à part des articles est aux frais des teurs ; il n'y a d'exception que pour les RapporI les Instructions demandés par le Gouvernement. Article 5. Tous les six moisj la Commission administrative un Rapport sur la situation des Comptes rendus aj l'impression de chaque volume. Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du | sent Règlement. dâî;!L?Jrl'.rlr°^!" * l-Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés d déposer, au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5^ Autrement la présentation sera remise à la séance suiv.t ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 24 NOVEMBRE 1902, PRÉSIDÉE PAR M. ALBERT GAUDRY. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES GORRESPONDA.NTS DE L'ACADÉMIE. ASTRONOMIE. — Vitesse de la lumière; parallaxe solaire. Note de M. Perrotix. « L'an dernier, à pareille date, à l'occasion d'une Note traitant d'un tout autre sujet, j'avais l'honneur d'informer l'Académie que l'Observatoire de Nice était à la veille d'entreprendre une nouvelle série de mesures de la vitesse de la lumière, par la méthode de la roue dentée de Fizeau, et que les stations choisies étaient la grande coupole de l'Observatoire et le mont Vinaigre, dans l'Estérel, à 46'"" l'une de l'autre, distance qui n'avait" pas été atteinte jusqu'à ce jour. » Les opérations que j'annonçais alors sont aujourd'hui terminées, et c'est le résultat auquel elles conduisent qui se trouve consigné dans la pré- sente Note. » Les mesures n'ont pas duré moins d'une année et non moins longues avaient été les études préliminaires auxquelles elles avaient donné lieu. )> Celles qui furent faites auparavant, à 12'"°, et dont les Comptes rendus de la séance du 5 novembre 1900 donnent les conclusions, ne nous avaient donné que de vagues indications sur les difficultés instrumentales ou atmosphériques, de réfraction notamment, que l'on rencontre avec une distance qui est presque quatre fois celle-là et une image fournie par nu faisceau de rayons lumineux qui, tout en restant à une faible hauteur au-dessus du sol, traverse une couche d'air dont l'épaisseur, eu comptant l'aller et le retour, est, en somme, de 92'^"°. Après bien des tâtonnements, des déceptions de toute nature, nous sommes parvenu à surmonter la plu- part des obstacles qui nous avaient longtemps lenu en échec, eu mettant G R., 1902, a» Semestre. (T. CXXXV, N° 31. Il6 SB- ACADEMIE DES SCIENCES. à contribution les instruments les plus puissants de l'Observatoire : l'ob- jectif de o™, 76 de diamètre comme lunette d'émission, et celui de o", '38 comme collimateur ( ' ). » Cette heureuse circonstance nous permet de soumettre aujourd'hui à l'Académie le Tableau résumé de iioo mesures qui, obtenues dans des conditions très variées de l'état de l'atmosphère et du fonctionnement des appareils, se trouvent peu affectées, dans leur moyenne défmitive, par les causes d'erreurs systématiques. » Les mesures, qui ont porté sur dix-sept ordres différents de phéno- mènes, sont résumées dans le Tableau ci-après : Ordres. XVI. . . . XVII . . . XVIII . . XIX... . XX . . . . XXI. . . . XXII... XXIII . . XXIV.. XXV... XXVI . . XXVII . XXVIII. XXIX . . XXX . . . XXXI . . XXXII.. Vitesse dans le vide en milliers Nombre de kilomètres. d'observations. Poids 3oo,52 3o 288 299,72 35 38i 399,60 32 392 3oo,3i 39 534 3oo,i3 76 1x56 299,55 66 1109 299,88 4i 758 299,58 75 i5i9 299,86 86 1900 3oo,o3 i4i 3385 299,89 80 2081 300,2i4 49 1376 299,72 48 l452 3oo,38 36 1 170 3oo,52 52 iSio 299,73 76 2828 299,50 '47 5834 'otal II 00 obs. )> On en déduit, par la moyenne pondérée, pour la vitesse exprimée en milliers de kilomètres et dans le vide. 299,86 ± 0,08. {')Ce qui nous donnait une supériorité évidente sur les expériences de 1874 (M. Cornu ). SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1902. 883 )) Ce nombre diffère pende celui que nous avions obtenu par i5oo me- sures avec la station de la Gaude : 299,90 ± 0,08. M Cette élude, qui n'a pas exigé, moins de trois années d'un travail très attachant, sans doute, mais aussi parfois très pénible, et qui n'a pas été exempte de mécomptes, n'aurait pas abouti sans les précieux conseils de M. Cornu, l'éminent physicien dont la Science déplore la perte et dont la mémoire est particulièrement chère aux astronomes de Nice, ses encou- ragements répétés, et sans l'appui bienveillant qu'il est superflu de dire que l'on trouve toujours auprès du fondateur de notre observatoire en pareille circonstance ( ' ). » En résumé, l'ensemble des opérations précédentes conduit, pour la valeur de la vitesse de la lumière, au nombre 299,88. dont l'incertitude ne dépasse pas So""". )) Il nous a paru opportun de rapprocher ce résultat de celui que les observations de la planète Éros viennent de nous fournir pour la valeur de la parallaxe solaire. » Le nombre 8",8o5(^)±o",oii auquel nous conduit la résolution de quarante équations de condition, basées sur quarante soirées de mesures faites avant et après le passage de la planète au méridien, combiné avec celui qui précède, donne, par une (') M. Prim a fait lui-même un certain nombre de mesures, en partie réduites, qui l'ont conduit au nombre provisoire 299-92; d'autre part, sur les données fournies par le général Bassot, M. Simonin, assisté de M. Colomas, a, par deux fois, rattaché l'observatoire au réseau géodésique delà Carte de France, et M. Javelle nous a, comme toujours, assisté avec un dévouement et un désintéressement scientifiques que nous ne saurions trop reconnaître. (^) Ce nombre est fourni par la méthode des moindres carrés; en donnant le même poids à chaque soirée, on aurait 8", 789. lequel est également possible. 884 ACADÉMIE DES SCIENCES. relation bien connue, pour la valeur du coefficient de l'aberration an- nuelle : 20", 465. » C'est le nombre adopté par la Conférence astronomique internationale de 1896 sur la proposition de MM. Lœwy et Newcomb. » Cette vérification, qui intéresse trois constantes fondamentales de l'Astronomie ou de la Physique et sur lesquelles deux ont été déterminées à nouveau par l'Observatoire de Nice, était utile à faire. » C'est, peut-être, en somme, la confirmation pure et simple de résultats récemment acquis, tout au moins en ce qui concerne la parallaxe solaire; mais, dans l'espèce, les preuves ne sauraient être ni trop nombreuses ni trop indépendantes; celle que nous apportons aujourd'hui repose sur une opération qui a été longue, laborieuse, souvent pénible, toujours difficile, il faut le reconnaître; mais exécutée sans idée préconçue, avec le désir de très bien faire, à une très grande distance et à l'aide d'instruments d'une puissance optique considérable et dont nous avons eu la rare bonne for- lune de pouvoir disposer. » Cette double circonstance justifiera peut-être, à elle seule, la publi- cation actuelle. » PALÉONTOLOGIE. — Sur l'origine et la dispersion géographique (lu La^omvs corsicanus. Note de M. Cii. Depéret. « La petite famille des Lagomydès ou lièvres à oreilles courtes comprend, à l'époque actuelle, une quinzaine d'espèces qui habitent les steppes de l'Asie et de l'Amérique du Nord; l'une d'elles, le Lagomys pusillus, étend son habitat jusqu'à la Russie orientale. » Pour bien comprendre l'histoire de ce groupe, il convient de le sub- diviser en deux petits genres : 1° les vrais Lagomys Cuvier, caractérisés par leurs deux prémolaires d'en haut de forme transverse, avec un simple pli d'émail en avant, et par leur première prémolaire d'en bas allongée et relativement étroite; 2° les Prolagus Pomel ou Myolagus Hensel, dont les deux prémolaires d'en haut sont en prisme triangulaire avec un double repli d'émail en dehors, et dont la première prémolaire inférieure est éga- lement triangulaire, très forte, et détermine une gibbosité sur la face externe de la mandibule. » Le genre Lagomys est un groupe essentiellement septentrional, qui ren- SÉANCE DU 24 NOVEMBRE I902. 885 ferme toutes les espèces actuelles de l'Ancien et du Nouveau Monde; à l'époque quaternaire, l'une d'elles, le L. piisillus, poussait son habitat jusqu'en Allemagne, dans le bassin de Paris et en Angleterre. » Le genre Prolagus ou Myolagus est, au contraire, un groupe méridional ou méditerranéen, qui possède des racines anciennes dans le Tertiaire de nos contrées. A l'époque miocène, le P. Meyeri Tschudi était répandu depuis la Bavière (Gïuisburg) et le Wurtemberg (Steinheim) jusqu'aux Pyrénées (Sansan), en passant par la Suisse (OEningen, Vermes) et la vallée du Rhône (La Grive-Saint-Allan, Mont-Ceindre). Il est intéressant de remarquer que cette zone d'habitat suit assez exactement le bord septentrional de l'ancienne Méditerranée miocène, dont un bras important contournait au nord la chaîne des Alpes. » Le Lagomys corsicanus de Cuvier appartient au même groupe. Signalé tout d'abord par Cuvier dans les brèches osseuses quaternaires de Bastia('), il a été ensuite retrouvé dans le quaternaire de Sardaigne par Hensel qui lui a donné le nom de Lagomys sardus. La présence exclusive de ce petit rongeur dans ces deux îles de la Méditerranée occidentale constituait une véritable énigme au point de vue de son origine. Ce pro- blème zoologique me semble pouvoir maintenant être éclairci par les faits suivants : « Dans mon Mémoire sur les Animaux pliocènes du Roussillon, j'ai décrit dans le Pliocène moyen de ce pays un Ligomydé tellement voisin du type de Corse, que j'ai dû l'inscrire sous le même nom de Prolagus corsicanus, malgré la différence assez grande de niveau géologique. Ce fait laissait pressentir déjà l'origine continentale du Lagomys de Corse et de Sardaigne. » Cette hypothèse vient de recevoir une confirmation décisive, grâce à une découverte faite par M. l'abbé Aimera. Ce savant confrère vient de m'envoyer une série d'ossements enfouis dans une brèche rougeàtre qui remplit une petite grotte à Gracia, aux portes de Barcelone. J'ai reconnu, dans ces débris, de nombreux ossements et des mâchoires du L. corsicanus parfaitement typique, associé au Rhinocéros Mercki, à une petite race du Cerf élaphe, et à des Tortues de terre assez spéciales. Cette faune se rap- porte, sans hésitation, à l'époque du Quaternaire ancien. (') J'ai même signalé récemment, d'après les documents que m'ont envoyés MM. Caziot et Ferton, l'existence d'une traînée de poches à Lagomys dans le sud de l'île de Corse, aux environs de Bonifacio. 886 ACADÉMIE DES SCIENCES. » La découverte de M. Aimera ne restera sans doute pas isolée et l'on retrouvera le Lagomys de Corse sur tl'autres points du littoral méditer- ranéen; mais il est dès maintenant facile de suivre l'émigration géologique de ce rongeur depuis le Pliocène de Perpignan, en passant par le Quater- naire ancien de Barcelone, jusqu'au Quaternaire récent de Corse et de Sardaigne. » Quant à l'époque à laquelle il a pu passer dans ces îles, je dois renvoyer à mon travail sur Quelques Mammifères pléistocènes de l'île de Corse où j'ai essayé d'établir, par des arguments à la fois géologiques et paléonto- logiques, que cette île, unie à une partie de la Sardaigne, formait, jusqu'à la fin des temps pliocènes, une longue péninsule, sorte d'Italie en minia- ture, rattachée au continent provençal des Maures. C'est par cette voie qu'a pu passer en Corse un Cerf que j'ai nommé Cervus Cazioti, qui diffère entièrement du Cerf actuel de Corse et dont j'ai montré les affinités avec les espèces du Pliocène STipérieur d'Angleterre et d'Italie. » C'est ce même pont qu'a emprunté le Lagomys corsicanus pour prendre possession de ces contrées, aujourd'hui insulaires, où son aire de dispersion a été dissociée, grâce à des effondrements survenus sur la fin du Pliocène ou au début du Quaternaire. Il est curieux de noter que ce ron- geur semble, dans l'état de nos connaissances, s'être éteint dans le conti- nent après la première partie des temps quaternaires, tandis qu'il a pu se maintenir dans les îles jusqu'à une époque assez récente, contemporaine de l'homme néolithique. » MEMOIRES PRESENTES. M. Cailletet est adjoint à la Commission de l'Aéronautique. M. L. Fraicuet adresse un Mémoire portant pour titre : « Méthode d'essai des métaux, basée sur la variation de la réluctance d'un barreau de traction ». (Commissaires : MM. Maurice Levy, Sarrau, Potier.) M. GuEBDER adresse un Mémoire intitulé: « Etude clinique sur une anti- toxine tuberculeuse. Résultats thérapeutiques dans les tuberculoses localisées ». (Renvoi à l'examen de M. Roux.) SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1902. 887 CORRESPONDANCE. M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance : i" Un Volume de M. V. Bjerknes, de Stockholm, portant pour titre : « Vorlesnngen ûber hydrodynamische Fernkrafte ». (Présenté par M. H. Poincaré.) 2° La deuxième livraison du « Répertoire graphique des repères du nou- veau réseau fondamental du Nivellement général de la France », adressée par M. Ch. Lallemand. 3° Les premiers numéros du a Bulletin mensuel de l'Observatoire de Belgrade », adressés par M. Milan Nedelkovitch, directeur de l'Observatoire. (Présenté par M. Mascart.) 4° Un Volume intitulé : « La faune momifiée de l'ancienne Egypte, i"= série » ; par MM. Lorlet et C. Gaillard. (Présenté par M. Chauveau.) M. LœwY fait hommage à l'Académie au nom de M. Cruls, Directeur de l'Observatoire de Rio-de-Janeiro, d'un Rapport sur les travaux accomplis en 1901 par la Commission brésilienne chargée, sous la direction de M. Cruls, de procéder à l'exploration des sources principales du Javary et à la détermination des coordonnées géographiques de divers points de cette région située aux limites communes du Brésil, du Pérou et de la Bolivie. ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Observations du Soleil, faites à l'Observatoire de Lyon {èquatorial Briinner de o", 16), pendant le troisième trimestre de 1902. Note de M. J. Guillaume, présentée par M. Mascart. « Nous avons, pendant ce trimestre ( ' ), 79 jours d'observation, dont les principaux résultats sont les suivants : » Taches. — Le nombre des groupes de taches, de même que leur sur- face moyenne totale, a augmenté : on a noté 1 1 groupes mesurant ensemble une aire de 821 millionièmes, contre 6 groupes et 112 millionièmes dans le trimestre précédent (voir présent Tome des Comptes rendus, p. 674). (') Les observations de la deuxième quinzaine de septembre, au uombre de 11, ont été faites par M. Luizet. 888 ACADÉMIE DES SCIENCES. » La répartition de ces groupes entre les deux hémisphères est de 3 au sud au lieu de i, et de 8 au nord au lieu de 5. )) Le nombre des jours où le Soleil a été vu sans taches est de 62, d'où il résulte un nombre proportionnel de 0,78, sensiblement le même que celui du trimestre précédent (0,79). » Régions d'actwite. — Le nombre des groupes de facules a continué à augmenter : on a eu i48 groupes au lieu de 90; mais leur surface totale (27, o millièmes) est un peu moindre que dans le deuxième trimestre (29, o). On en compte d'ailleurs dans l'hémisphère sud 57 au lieu de 49. et 91 au lieu de 4i dans l'hémisphère nord. Tableau I. — Taches. Dates Nombre Pass. Latitudes moyennes Surfaces extrêmes d'obser- au mér. -■- — -. — -** — - moyennes d'obserï. Talions, central. S. N. réduites. Jtiillet 1903. 1,7 6,6 — ; 0,7 o,g3 +23 +28 27J- — 3o",o +25",5 Août 1903. — 0,74 2 4)6 — 32 17-18 20,3 21,3 23,0 + 23 +21 ,5 +17,5 Dates Nombre Pass. Lalilndes moyennes Surtaces extrêmes d'obser- au mér. - — ^-. ^ ■ moyennes il'obsery. Tations. central. S. N. réduites. •^9 Août 1902. — 0,74 (suite) I 23,5 +23,5 ■^•7J- — 32", 0 +21°, 9 Septembre 1902. — 0,1)8 iS- 22 4 19,9 +22 32 22-1 0' •3 27,9 — 22 189 22-23 2 28,0 -t->9 65 25j. -20'',5 Tableau II. — Dislribiilion des lâches en latitude. Sud Nord. Surraccs 1902. 90" 1,0' n 30' I 2o^ » 10" 0". » Somme. I Somme. 0° 2 10" 20" 30\ 40" 90°. nieasaels. 3 réduites. Juillet ,) j) 2 n » 12 Août » I » )) » I 4 » I 3 n » 5 23 Septembre » » 1 » )> I 2 )) I I )) » 3 286 _ — — _ — — — — — — ■ Totaux.. » I 2 » » 3 8 )) 2 6 )) » ÏI 321 Tableau III. — Distribution des facules en latitude. Sud. Nord. Surlaces 1902. 90". 40 . 30 Û-. 10" . 0". Somme. Somme. 0". 10 '. 20" 30° 40" . 90". mensuels. réduiles. Juillet.... S I 8 2 2 21 3o 1 5 5 4 i5 5l 8,4 Aoiii 4 4 / 3 2 20 36 4 2 7 3 20 56 9,8 Septembre 2 3 4 4 3 16 25 3 '2 4 4 12 41 8,8 Totaux.. '4 8 19 9 7 37 91 8 9 16 1 1 47 14s 27,0 SÉANCE DU 24 NOVEMBRE I902. 889 ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les fonctions monodromes à point singulier essentiel isolé . Note de M. Edmond Maillet, présentée par M. Jordan. « On peut toujours, grâce à un changement de variables, faire en sorte que ce point critique soit co. » Soit donc F (s) une fonction monodrome dans une région R compre- nant tous les points du plan des z à l'extérieur d'une courbe fermée r con- tenant l'origine ( ' ). On a dans R, d'après la série de Laurent, ç(M restant fini dans R, ainsi que ses dérivées et tendant même vers o, avec -) (po(^) étant une fonction entière. M II est naturel de classer la croissance de F(g) comme celle de 90 (^)- F et (p seront en même temps d'ordre fini on infini pour ^ := ce. Nous dirons que F(:;) est une fonction quasi-entière dans Rpour z ^ yz. » On obtient alors, en appliquant à F (s) des raisonnements semblables à ceux de la théorie des fonctions entières, les résultats suivants : » I. On a dans R F(.-)=.cp(i)+?„(.) = ^'^Q(s)e')'<=) oîi k est un entier nul ou positif, Q(-) une fonction entière, '|(-) une fonction monodrome et finie dans R. » F, tpo, Q sont simultanément d'ordre fini ou infini. » II. I^a contiilion nécessaire et suKisanle poin- que la croissance de F(r), supposé d'ordre fini pour s ^ co, soit régulière, pour 5 = co, est que la distribution de ses zéros soit régulière aux environs de ce point; il en est alors de même pour 9,, (2). » III. Supposons que F(s) soit réelle, d'ordre ^2 pour j3 = ce, et n'ait dans R qu'un nombre limité de racines imaginaires. » Si F(z) a une infinité de racines réelles, il en est de même de sa dérivée, et, dès que (:;) dépasse une limite déterminée, entre deux racines (') On peut également le supposer grâce à un changement de variables. C. R., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N« 21.) I 17 8qo ACADÉMIE DES SCIENCES. de r(-) il y a une et une seule racine réelle de F' (s) : de plus F'(-) n'a qu'un nombre limité de racines imaginaires. ))• Si la fonction F(i;)n'a qu'un nombre limité de racines, la dérivée a un nombre limité de racines. » IV. Si F est d'ordre p et donné, parmi toutes les fonctions Fç — ç, où tp et (p, sont des fonctions quelconques de même nature mais d'ordre < p, il y en a une au plus d'ordre réel inférieur à p. » Parmi les équations F — - ~ o il y en a une au plus telle que l'expo- sant de convergence de la suite de ses racines soit inférieur à p. » V. Si F est donné et tel que F < /'■■" {m constante) pourr= 1:;|, et si (p, cp,, A, i, sont des fonctions d'ordre fini dans R telles que çA, — ij/©, ^ o, les deux fonctions où F est donné et d'ordre infini, il y en a au plus une telle que la suite de ses racines ait un exposant de convergence fini. )) On retrouve ainsi, dans les deux cas particuliers que l'on peut consi- dérer comme les plus importants, un ihéorèmeremarquable de M. Picard ('), sur les racines d'une fonction monodrome aux environs d'un poinlessentiel. » VI. Une fonction quasi-méromorjihe $ dans R pour z = co (c'est-à-dire qui n'y a que des zéros et des pôles en dehors de 00) est le quotient de deux fonctions quasi-entières dans R pour z = c^. » L'ordre de $ sera le plus grand dos ordres de ces deux fonctions. )) VII. Parmi toutes les fonctions <î> — o d'ordre fini p, © étant une quel- conque des fondions analogues à 4>, mais d'ordre < l'orilre p de , il y en a une au plus d'ordres réels tous inférieurs à ceux de $, deux au plus telles que les exposants de convergence des suites des modules de leurs racines soient inférieurs à p (^). (') Traité cT Analyse, t. III, p. 3iJ6. (-) Comp., pour tout ce qui précèrle, Borel, Leçons sur les fonctions entières (Paris, 1900) et Annales de l'École Normale, 1901, p. an, et notre Comiiiunicalion du 17 février 1902. SÉANCE DU 2/i AOVEMBRE 1902. 891 » En résumé, beaucoup des propriétés des fonctions entières et quasi- entières s'étendent, souvent avec des démonstrations semblables, aux fonc- tions monodronies à point singulier essentiel, aux environs de ce poinl, principalement les propriétés asymptotiques. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une extension de la notion de périodicité. Note de M. E. Escla\go\, présentée par M. Painlevé. " On rencontre dans un certain nombre de problèmes des fonctions qui peuvent se mettre sous la forme de fonctions de fonctions périodiques de périodes différentes. Il est possible de faire parmi ces fonctions une classi- fication spéciale, en montr.,al qu'elles appartiennent à une classe plus générale de fonctions, dont les propriétés tiennent à une extension nou- velle de la notion de périodicité. Ces fonctions peuvent se rencontrer dans des problèmes divers où se mêlent en quelque sorte des éléments pério- diques différents et semblent y jouer un rôle important. Je me bornerai dans celte Noie au seul cas des fonctions de variables réelles ; et je me ser- virai de quelques propriétés très simples et faciles à établir. » Soit F(.T,, a-o, . . ., oc„) une fonction continue des variables a?,, a:.,, ..., x„. On dit que les nombres réels oc,, v..,, ...,«„ sont les éléments d'une période w si l'on a identiquement F(x, + a,,a7, -t-Co, . . .,a3„+ a„) = Y(Xf,x.., . . .,x„), le nombre sja.', -+- o,^ -h . . . -f- c^, est le module de la période considérée. » La fonction F(x,, X2, ■ . ■ , x,,) est dite linéairement irréductible si, par toute substitution linéaire sur ce,, x.^, ..., a;„ d est impossible de la ramener à une fonction d'un nombre moindre île variables; si elle est réductible, on peut la ramener à une fonction .^, . . ., "X,, désignent des coefficients rationnels positifs ou négatifs. )) Si a^, Oo, . . ., a„ sont des périodes indépendantes, je dirai que la pé- riode a appartient au corps de ces périodes, quand elle est dépendante avec a,, «„, ..., a„. L'ensemble des périodes a définit un corps périodique d'ordre n. » Si a^, f/o, . . ., «„ sont des périodes dépendantes, on peut toujours les considérer comme des éléments d'un corps d'ordre/? <| n. » Soient a,, a,» • • •» <^n» ^^ périodes indépendantes ou non, je dirai que x^, x^, . . ., Xn définissent un. élément du champ absolu des périodes, s'il existe un nombre x et des entiers m^, rriç,, . . ., m„ vérifiant X -h m,a,r= X,, X -h m., a^ = x.,, . . . , x -h 7n„ «„ = .r„. » Le champ absolu est un ensemble d'éléments dont les éléments limites constituent le champ total, et j'établis le théorème suivant : Si les périodes a,, a.,, . . ., a„ sont indépendantes, le champ total se compose de toits les points de l'espace à n dimensions; en d'autres termes, x^, x^, . ■ ., x„ étant arbitrairement choisis, on peut trouver x et des entiers m^, m„, . . ., m^, tels que les différences x + m^a^ — x^, x + m.;^a^— x^, x -h m^an— x^ soient aussi petites que l'on veut. Si a,, «o, . . . , a„ sont dépendantes, ces différences ne peuvent être rendues infiniment petites que s'il existe entre X,, x„, ..., x,^ certaines relations linéaires qui se déduisent aisément de celles existant entre les périodes. Dans tous les cas, le nombre des variables X,, Xç,, ..., x„ qui peuvent être arbitrairement choisies est égal à l'ordre du corps des périodes a, , a,. • • • . o„. » (Jcci posé, soient /(a-) une fonction continue pour toute valeur x ; a,, a^, ..., a^ des périodes indépendantes ou non ; a;, j o;,, . . . , a;„ un élément SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1902. 898 quelconque du champ total. Par hypothèse même, les différences a.- -f- /M, «, — .r, , . . ., oc -h rn,^a„ — x„ peuvent êlre rendues infiniment petites. » Nous dirons quej (x ) est une fonction quasi-périodique si, étant donné s aussi petit que l'on veut, on peut trouver S tel que, sous les conditions I a? -h TO, a, — a;, I < ^, .... |a; + m„rt„— a7„|< ^, on ait \/(x)-h(x,,x,, ...,a;„)| L'ouverture additionnelle peut donc être réalisée pratiquement en disposant sur l'aire de la section z un tiroir se déplaçant proportionnelle- ment aux valeurs de H. » Mécaniquement, cette solution est obtenue en faisant mouvoir ce tiroir par un piston sans frottement soumis à l'action de la pression H d'une part et à celle d'un ressort convenablement calculé d'autre part. Fis. I. 0 Hh Hm » On constate, dans la pratique, que la section additionnelle d'entrée d'air, telle qu'elle vient d'être déterminée, est insuffisante. Il y a, en effet, une cause perturbatrice due à ce que l'écoulement du liquide ne se fait pas exactement comme celui de l'air. Ce dernier est, à chaque instant, pro- portionnel à la vitesse du pislon, c'est-à-dire possède des variations de formes sinusoïdales, tandis que l'écoulement du liquide ne suit jias la même loi lorsque les battements de l'aspiration sont très rapides, ce qui est le cas pour les moteurs qui nous occupent. Le rapport des quantités écoulées, qui devrait être — . tend à devenir — -■ On introduira dans l'équation (i) un terme de correction de la forme ^- 896 ACADÉMIE DES SCIENCES. » a est déterminé par la condition que le coefficient soit égal à l'unilé pour H,„. On a alors ■ — /( dont la dérivée est 2U\/[i-h\\/H H / » Ces deux courbes sont représentées en pointillé. » Ce terme de correction n'est pas absolu, il n'est qu'approché; car la pression H n'est pas toujours proportionnelle au nombre de tours. En outre, tel qu'il est constitué, ce terme de correction ne peut être employé que pour des moteurs dont la vitesse minima ne tombe pas au-dessous de i5o tours environ par minute. » Il serait trop long d'exposer ici les considérations ayant trait à réta- blissement du terme de correction applicable à des moteurs à allures lentes. Pour le moment, nous n'avons en vue que des machines dont le nombre de tours varie de i5o à 1200 et au delà. Dans ce cas, la solution indiquée est pratiquement exacte, parce que le rapport G, que nous avons supposé constant, peut varier entre des limites qui permettent un écart de carburation plus grand que celui résultant de l'erreur commise par le terme de correction introduit. » D'après la figure 2, la vitesse du moteur est réglée par la position du piston F venant obturer plus ou moins la lumière du conduit J. La chambre C est soumise à nue dépression qui détermine l'écoulement de l'air par A, et celui du liquide par D. Le piston P supporte cette même dépression par le conduit L; il appuie donc sur le ressort R et force le tiroir K à découvrir les orifices M proportionnellement à celle dépression. L'ouverture additionnelle ainsi créée laisse entrer la quantité d'air néces- saire pour maintenir constant le rapport des poids d'air et de liquide qui se rendent aux cylindres par la lumière du conduit J. )) L'exactitude pratique des considérations qui ont servi de base à celte étude d'un carburateur automatique a été vérifiée par l'expérience. Un appareil, construit d'après les formules ci-dessus et appliqué à un mnteur, a permis immétiialement de faire varier la vitesse de ce moteur dans de très grandes limites en conservant, au besoin, la même puissance au coup SÉANCE DU 24 NOVEMBRE (902. 897 moteur. Ce résultat prouve que la constance du mélange g. Z3ux est obte- nue par notre dispositif. » Fig. 2. A, Entrée d'air de section constante. G, Chambre de pulvérisation. D, Gicleur pour le liquide; ce dernier est maintenu au moyen d'un vase à niveau constant à 8»" environ au-dessous de l'orifice supérieur. Registre d'admission du mélange se rendant aux cyliiidres. Lumière et conduit allant aux cylindres. Tiroir d'entrée d'air additionnelle. L, Cylindre mettant en communication, avec la chambre G. le piston P et les orifices M, lorsqu'ils sont découverts. Orifices d'entrée additionnelle d'air. Piston sans frottement, logé dans le cylindre G. Membrane élastique formant joint à déroulement. Ressort équilibrant la dépression d'aspiration et assurant les déplacements du tiroir K propor- tionnellement à cette dépression. Orifice de communication avec l'atmosphère de la partie supérieure du piston P, formant, par sa petite dimension, amortisseur de vibrations. F, S, K, M, P, Q> K, C. R., 1902, 2* Semestre. (T. CXXXV, N» 21) llô 89H ACADÉMIE DES SCIENCES. ÉLASTICITÉ. — Sur la construction d' électrodiapasons à longues périodes variables. Note de M. E. Mercadier. « Dans le numéro du 17 novembre des Comptes rendus, M. Maurice Diiponl décrit un diapason susceptible de donner, à l'aide de curseurs, des nombres de variations variant de 4 à 16 par seconde, et il dit à ce sujet (p. 878) : « ... vu le cbiffre des vibrations obtenu, je ne sache pas qu'ilait » été encore construit de diapason donnant un nombre aussi faible de » vibrations ». )) J'ai fiiit construire, il y a tléjà 25 ans, un diapason de ce genre, pour le laboratoire de l'École supérieure de Télégraphie. Il a environ So*^™ de longueur. S*"™ d'épaisseur, et il est en fonte malléable, ce qui facilite beaucoup la construction. Son mouvement était entretenu électriquement par le procédé que j'ai indiqué en 1873. A l'aide de deux curseurs pesant environ 2'*^ chacun, glissant le long des branches, on pouvait faire varier les nombres de vibrations de 4 à 10 ou 12. La graduation d'un appareil de cette espèce se fait aisément en enregistrant les oscillations sur un cylindre recouvert de papier enfumé, en même temps que celles d'un pendule battant la seconde. » Je n'ai rien publié à ce sujet, les expériences pour lesquelles cet in- strument devait être utilisé n'ayant pas été faites. » PHYSIQUE. — Sur l'ionisation d'une flamme salée. Note de M. Georges Moreau, pi'ésenlée par M. Mascart. u A température constante, la conductibilité d'une flamme salée, par vaporisation d'une solution alcaline, dépend de la force électromotrice E, de la dislance des électrodes plongées dans la flamme et de la concentration de la solution. Si E seule varie, la conductibilité, d'abord proportionnelle à E, tend vers une valeur limite dite de saturation. » D'après Arrhénius, la conductibilité serait due à l'ionisation des mo- lécules salines par la chaleur. D'après Wilson (' ), l'ionisation serait loca- (') WlLSON, Philos. Trans., 1899. SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1902. 899 Usée avec deux électrodes. Les expériences suivantes m'ont permis de préciser le mécanisme de la conduction des flammes. )) I. Deux petits condensateurs plans en platine sont superposés dans une flamme salée. On charge le condensateur inférieur à une forte difTérence de potentiel, et l'on observe avec un galvanomètre la conductibilité du second. Elle ne varie pas, que le premier soit ou non chargé. Donc, la dissociation n'existe pas dans la vapeur saline avant l'introduction des condensateurs, car le condensateur inférieur chargé absorbe- rait tous les ions. » II. De part et d'autre d'une flamme salée B brûlent, en contact avec elle, deux flammes non salées de mêmes dimensions, A et C L'une des armatures d'un conden- sateur est fixée dans C, l'autre a est, à la même hauteur, mobile à travers les trois» flammes. L'armature a étant positive ou négative, on détermine, pour chacune de ses positions et avec un champ électrique constant, la conductibilité du système. Aussitôt que a touche la flamme salée, la conductibilité s'accroît brusquement : considérable- ment si a est négative et faiblement si elle est positive. La conductibilité d'une flamme salée est donc nettement unipolaire, et l'ionisation surtout active autour de l'armature négative. » IIL Pour connaître l'ionisation autour de l'armature négative, on étudiera la variation de la conductibilité d'une flamme salée avec la distance des armatures d'un condensateur plongé dans la llanime, la température des deux lames restant constante. On opérera avec un champ électrique invariable, assez élevé pour produire à peu près le courant limite. Alors presque tous les ions formés concourent à la décharge et l'on n'a pas à se préoccuper de ceux qui disparaissent par recombinaison ou entraînement de la flamme. » Si j; est la distance des électrodes, on trouve que le courant est très exactement représenté par la formule (>) I = I„(i-e-'-), e base des logarithmes népériens, I,, fonction croissante du champ, de la température des électrodes et de la nature du métal du sel ; A est indépendant du sel et du champ et varie lentement avec la température. Enfin I,, et k ne dépendent pas de la nature des armatures du condensateur. » La formule (1) donne, pour l'ionisation dans une tranche-unité à la distance x de l'armature négative, en dx (2) =AI„e-*-. » L'ionisation décroît donc suivant une exponentielle de la distance x. » Conclusion. — D'après l'expérience II, la conductibilité unipolaire d'une vapeur saline est analogue à celle d'une masse d'hydrogène qui entoure un filament de carbone incandescent ou à celle d'une masse gazeuse qui touche un métal illuminé par des radiations ultra-violettes. r)00 ACADÉMIE DES SCIENCES. » Dans ces deux cas, les expériences de Thomson ont établi la pro- duction de corpuscules négatifs à la surface de contact du métal et du gaz. Pour une flamme salée, il semble naturel d'admettre que ces corpuscules se forment aussi au contact d'une électrode négative incan- descente. Ils seront détachés des molécules salines probablement grâce à l'énergie cinétique que celles-ci reçoivent de la surface du métal. Une charge négative activera leur séparation, une charge positive la retar- dera. Ces corpuscules lancés dans la flamme ionisent la vapeur du sel à la façon des radiations uraniques (' ), d'où la formule (2). » Une des conséquences de cette interprétation a élé observée par Arrhénius : la conductibilité est proportionnelle à la dissociation corpus- culaire négative, c'est-à-dire à l'énergie absorbée par la couche gazeuse superficielle; elle sera donc proportionnelle à l'intensité des radiations émises par la vapeur saline et, par suite des expériences de M. Gouy (-), à la racine carrée de la concentration de la solution vaporisée. » CHIMIE MINÉRALE. — Quelques observations sur l'oxyde uraneux. Note de M. OEcHsxER de Comnck, présentée par M. H. Moissan. « Si l'on calcine à l'air le chlorure d'uranyle, il perd son chlore et se transforme en oxyde vert U0=Cl- = U0»-l-2Cl 3UO=' + 20 = W0\ » J'ai répété cette expérience avec du bromure d'uranyle et j'ai constaté que, même en prolongeant la calcination, les choses ne se passaient pas de la même manière. » Le bromure d'uranyle perd tout son brome et le radical UO^ restant se transforme en une masse rouge brique, qui demeure stable à haute tem- pérature. Pensant que j'avais peut-être affaire à un oxyde nouveau, j'ai essayé de faire la réduction à chaud, dans un courant d'hydrogène pur et sec. Dans ces conditions, l'oxyde rouge brique ne perd que des traces d'eau (0^,0026 et 0^,0023) et se transforme peu à peu en une modification noire. On voit donc : 1° que l'oxyde uraneux, engagé dans la combinaison (') RuTHERFORD, P/iilos. Mag., 1899. (') Gouy, Annales de Chimie et de Physique, 1879. SÉANCE DU 2^1 NOVEMBRE 1902. goi avec le brome, se transforme d'abord en une modification rouge brique, puis en une modification noire; 2° que l'oxyde uraneux, qui existe dans le chlorure d'uranyle à l'état de radical, est différent en ce qu'il est moins stable et se transforme en oxyde vert par l'action de la chaleur. » Dans la calcination (ki bromure d'uranyle, le départ du brome est très net; cette réaction permet donc de vérifier expérimentalement le poids moléculaire tie l'oxyde uraneux et le poids atomique du brome : I. Poids de UO-Br-= o5,QOQ / „ ^ . , , • .• „ c rapport : i ,5i.): Apres calcination := os, 000 '^'^ UO^Br" _432 UO^ ~ 272 1,588. II. PoidsdeU02Br2=o5,8i8o i ..... „ J rapport : i ,570. Apres calcination ^ os,5i79 ] ' '^ ' •' III. Poids de UO'^Br^ =06,6544 ) UO^Br^-UO^ = os,24.3 i '-apport: 2,7.; UO'Br^ 433 UO^Br^— UO2 160 ^ 2. 70. IV. Poids de U0^Br5 = 08,8180 I UO^Br^-UO^=o.,3ooi j ■•^'■'^2,72. » L'expérience (III) donne, pour Br, 79,6; l'expérience (IV) donne 79,2. Moyenne = 79,4- L'approximation est suffisante. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les combinaisons des cyanures complexes avec les aminés de la série grasse. Note de M. P. Chrétien, présentée par M. A. Ditte. « Quelques-unes de ces combinaisons ont été décrites. M. L. Barth (') a obtenu le ferrocyanure de tétraméthvlammonium en paillettes jaunes hexagonales ayant pour composition FeCy*^ [Az(CH')']'' -+- t3H-0. M. Fis- cher (') a reconnu le pn^mier que les aminés teitiaires donnent des ferro- cyanures acides peu solubles dont il a préconisé l'emploi pour la séparation de ces bases. La triéthylamine donne, d'après ce savant, une combinaison (1) Berichte, t. VIII, p. 1484. {^) Berichte, t. XXXI, p. 4i4. 902 ACADÉMIE DES SCIENCES. facilement altérable à l'air, dont la composition, établie à l'aide du dosage du fer, répond à la formule FeCy"H\ 2 [(G^H ')' Az]. Ce sel ainsi que quelques autres sont obtenus par la réaction du ferrocyanure de potassium sur des solutions très acides des sels d'aminés. Le même procédé a permis à MM. C. Wursterch, L. Roser (')de préparer quelques sels acides avec les dérivés nitroscs des aminés, sels qui ont une composition analogue à la précédente; il en est de même des sels préparés par M. Eisenberg (-). » La saturation méthodique des acides ferrocyanhydrique et ferricyan- hydrique par les uoamy lamines primaire, secondaire et tertiaire m'a permis d'obtenir une série de sels bien cristallisés. L'acide ferrocyanhydrique préparé par la méthode connue, en passant par la combinaison élhérée, était employé soit en solution aqueuse, soit en solution alcoolique; l'acide ferricyanhydrique, préparé par action de l'acide sulfurique sur le sel de baryum, était employé en solution aqueuse. J'ai fait agir successivement I, 2, 3 et 4 molécules d'aminés sur i molécule du premier de ces acides; I, 2 et 3 molécules sur i molécule (FeCy°H') du second. )) Tous les sels obtenus ont été desséchés sur l'acide sulfurique avant l'analyse. » hHsoamylarnine primaire a donné un seul sel acide très bien cristallisé, souvent en très gros cristaux, à peine teintés de jaune, qui verdissent rapidement au contact de l'air; leur composition est représentée par la formule FeCy'H*. 2 C»Ii" AzH^, H^O. Ce sel est soluble dans l'eau et l'alcool. B Le sel saturé est également très soluble; il s'obtient facilement en lamelles presque blanches et répond à la formule FeCy^H*, 4C^H"AzH-. » L'acide ferricyanhydrique donne également deux sels : le premier est un sel acide de formule FeCy'H% 2CM1" AzHMonnant des cristaux d'une couleur jaune rougeâlre; le second est le sel saturé, il cristallise également bien, est jaune et a pour formule FeCyMP, 3C^H" AzH^. » L'isoamy lamine secondaire donne immédiatement, avec l'acide ferroc^anique, un précipité blanc cristallin. Ce sel est extrêmement peu soluble dans l'eau et dans l'alcool; il se dissout uu peu mieux dans l'alcool méthylique où il donne de très beaux cristaux d apparence cubique, presque incolores, mais se ternissant et prenant rapide- ment une teinte verle au contact de l'air. C'est un sel acide dont la formule est FeCy»H',(CMl")-AzH. L'action de 2 ou 3 molécules de la base sur i molécule de l'acide donne également un I (') Berichte, t. XXXIV, p. 896. (-) Liebig's Annalen, t. CCV. SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1902. 90'') précipilô blanc semblable au précédent, moins abondant toutefois, et une liqueur jaune; cette dernière se produit seule quand on fait agir 4 molécules de base. Elle constitue probablement une solution du sel saturé; mais, soumise à l'évaporation dans le vide sur l'acide sulfurique, elle se réduit à une sorte de gomme qui ne cristallise jamais, quels que soient les moyens employés à cet effet. Toutefois, après plusieurs dissolutions et évaporations, au cours desquelles on voit apparaître un précipité vert, indice de décomposition partielle, on finit pnr obtenir de beaux cristaux prismatiques jaunes qui ne sont plus formés par un ferrocyanure, mais bien par le ferricyanure saturé. « Quant au ferrocyanure saturé il paraît être incristallisable. » La saturation de l'acide ferricyanhydriqiie donne deux sels : l'un est le sel saturé dont il vient d'être question, il se dépose en très beaux cristaux jaunes qui sont quel- quefois des aiguilles et souvent d'assez gros prismes répondant à la formule FeCy^ïP, 3(C^ll")='AzH; ce sel est soluble dans l'eau et l'alcool. » L'autre ferricyanure, le sel acide FeCyHP, 2(C'>H")2 AzH, se présente sous la forme de très petites aiguilles jaunes groupées en houppes, solubles également dans l'eau et l'alcool. I) La tiiisoamy lamine donne avec l'acide ferrocyanhydrique un précipité blanc cristallin qui paraît encore plus insoluble que le sel correspondant de la base secon- daire; l'alcool méihylique n'a pas permis de le faire cristalliser. Ce sel acide, qui verdit à l'air, a pour formule FeCy«H»(G'^H")' Az. » Il m'a été impossible d'obtenir d'autres ferrocyanures cristallisés. L'acide ferri- cyanhydrique a donné deux sels solubles, qui sont jaunes l'un et l'autre. L'un est le sel saturé FeCy'lP, 3 (C'H'»)^Az, l'autre est un sel acide dont la composition peut être représentée par la formule FeCy"H% (C^H")' Az, FPO. » Les ferricyanures acides de ces bases sont peu stables; pendant la cristallisation ils subissent une décomposition plus ou moins avancée qui se traduit par l'odeur de l'acide cyanhydrique et la formation d'un dépôt bleu; ils tendent à redonner le sel saturé. )) L'existence de ces sels semble montrer une différence bien nette dans l'action des aminés secondaires et tertiaires sur les acides ferrocyanhydrique et ferricyanhydrique. Pour le premier, les sels acides, très peu solubles, s'obtiennent facilement; pour le second c'est, au contraire, le sel saturé qui tend toujours à se produire par suite de la décomposition des sels acides qui sont solubles. )) Les lacunes qui existent dans cette série de sels seront comblées, je l'espère, par l'étude que j'ai entreprise des sels formés par les propyl- amines. » CHIMIE INDUSTRIELLE. — Procédé de dosage de la glycérine dans le mn. JNote de M. A. Trillat, présentée par M. Arm. Gautier. « Ce procédé repose sur la propriété que possède l'éther acétique, dé- barrassé de ses impuretés, de dissoudre la glycérine dans une proportion 904 ACADÉMIE DES SCIENCES. d'environ 9 pour 100 à la température ordinaire, à l'exclusion des autres éléments contenus dans l'extrait sec d'un vin. » Parmi les nombreuses méthodes jjréconisées pour le dosage de la glycérine, basées les unes sur l'extraction directe du produit par divers dissolvants, les autres sur l'entraînement de la glycérine et son évaluation par voie colorimélrique, celle qui donne les résultats les plus constants consiste dans l'extraction par le mélange élhéro-alcoolique que tous les chimistes connaissent. Mais la glycérine extraite par ce procédé est très impure : c'est ainsi qu'un vin, traité avec tous les perfectionnements apportés à cette méthode, a donné une glycérine qui, à l'analyse, a fourni les chiffres suivants : Glycérine extraite. Théorie. Carbone 4^ Sg, i3 Hydrogène 9,10 8,70 Oxygène (par difl'.).. . . 48,90 52,17 100,00 100,00 » Ce n'est pas tout : la glycérine ainsi extraite laisse un résidu minéral relativement considérable, qu'on peut évaluer de 5 à 12 pour 100 de son poids. » Il est facile de se rendre compte, par expérience, de la cause de ces résultats. L'alcool, même absolu, dissout, à la faveur d'une très petite quantité de glycérine, certaines matières extractives et une notable pro- portion de sels minéraux : la présence de l'éther ne fait qu'amoindrir ces inconvénients sans les supprimer. Il en résulte que, quelles que soient les proportions du mélange éthéro-alcoolique, on obtient toujours un produit impur, d'aspect jaunâtre, à peine édulcoré, et dont la composition est très éloignée de celle de la glycérine. L'emploi de l'éther acétique dans cer- taines conditions déterminées supprime ces inconvénients. » Description de la mélhode. — On mesure So"'' de vin et on les verse dans une petite capsule en argent placée au bain-marie. On évapore avec précaution, à une tem- pérature d'environ 70°, les | à peu près du liquide. A ce moment, on ajoute dans la capsule 5e de noir animal pulvérisé, on mélange intimement avec le résidu et l'on con- tinue d'évaporer jusqu'à siccilé complète. Le résidu, après refroidissement, est broyé dans un mortier avec 56 de chaux vive. Le mélange se présente alors sous forme d'une poudre grise ne s'agglutinant pas et n'adhérant pas aux doigts. Cette poudre est placée dans un flacon et fortement agitée pendant quelques minutes avec So"'""' d'éther acétique desséché et débarrassé d'alcool. On filtre en décantant et en ayant soin de repasser les premières portions du liquide qui entraîne un peu de chaux au début et l'on recommence une deuxième fois le même traitement. On obtient ainsi un liquide SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1902. 9o5 absolument clair (') contenant en dissolution la totalité de la glycérine qu'il s'agit maintenant de séparer. Dans ce but, l'éther acétique est évaporé en plusieurs fois dans une capsule tarée semblable à celle dont on se sert pour les extraits de vin, d'abord au bain-marie pour chasser la plus grande partie de l'éther acétique, puis à l'étuve à 60° jusqu'à poids constant (i''3o™ environ). » 11 reste à peser la capsule munie de son couvercle et à évaluer par différence le poids de la glycérine en prenant des précautions que nécessite la grande hygroscopicité du résidu. » La glycérine ainsi obtenue est à peine colorée en jaune paille, elle a un goût franchement sucré : ce résultat n'est donné par aucune autre méthode. » La combustion d'une glycérine extraite d'un vin traité parla méthode précédente a donné les chiffres suivants : Carbone ". 38,86 Hydrogène 8,62 Oxygène (par différence) 52,52 » Le résidu minéral n'atteint pas i pour 100 du poids de la glycérine : on peut le négliger dans les cas ordinaires. » L'éther acétique doit être soigneusement deshydraté et débarrassé par distillation de l'alcool qu'il contient presque toujours comme impureté. » La chaux en poudre a pour but d'enlever les dernières portions d'humidité et de neutraliser l'acidité de l'extrait. Dans des essais à part, j'ai constaté que la chaux vive (^;, dans les conditions où elle est employée, n'avait aucune action cliimique sur la glycérine. Il est nécessaire d'opérer en l'absence complète d'humidité. » Si l'on a plusieurs dosages de glycérine à effectuer, on peut récupérer facilement par distillation les ^ de l'éther acétique employé. » Je me sers depuis plusieurs années de cette méthode pour évaluer la glycérine dans les vins et môme dans le cas de vins glucoses à 3os par litre. Elle présente l'avantage sur les autres procédés d'être d'une exécution rapide en permettant d'isoler le produit à doser à un degré suffisant de pureté. » (') L'addition d'élher ordinaire dans la solution de glycérine la précipite immédia- tement et complètement. J'ai utilisé pendant quelque temps cette propriété pour doser volumétriquement la glycérine. Mais, pour le vin, j'ai reconnu que cette méthode n'offrait aucun avantage sur la méthode pondérale. (^) Divers autres déshydratants, tels que le chlorure de calcium, le carbonate de potasse, la baryte, le sulfate de chaux, ont été essayés. Ces produits ont donné de moins bons résultats que la chaux vive. C. R., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N» 31.) "9 9o6 ACADÉMIE DES SCIENCES. ANATOMIE COMPARÉE. — Sur la structure des muscles de l'Anomia ephippium. Note de M. Jobeut, présentée par M. Alfred Giard. « Une fois fixée par son byssus lamellaire qui, plus tard, deviendra l'ossicule, l'Anomie paraît condamnée, sauf accident, à l'immobilité; mais, si elle ne peut exécuter de mouvements de translation, elle s'ouvre cepen- dant et reste même, le plus souvent, ouverte, comme on peut s'en assurer quand on l'observe dans une eau tranquille. Les bords du manteau s'avancent jusqu'au bord de la coquille et le pied si grêle s'allonge, se meut, dans tous les sens, explorant l'extérieur comme le ferait un organe tactile volontaire. A la moindre agitation, vite le pied se rétracte et la valve inférieure plate vient brusquement s'appliquer sur la supérieure; l'animal se ferme mais ne tarde pas cependant à s'ouvrir de nouveau. Mais, outre ce mouvement de défense, la valve en exécute d'autres semblables à des intei'valles presque réguliers, et si, après avoir détaché l'Anomie, on la place soit dans l'eau, soit même à l'air libre, on constate l'ouverture lente et la fermeture toujours brusque de la valve plate. Cette manœuvre persiste pendant longtemps. Nous avons dit que la fermeture était toujours rapide et brusque; si l'on dégage le muscle adducteur des valves du manteau qui l'entoure, on peut, en l'excitant, constater sa contraction brusque qui entraîne la valve plate et opère la fermeture. » La structure de ce muscle est intéressante à connaître. » Comme tous les muscles analogues des Acéphales, il est formé d'une partie franchement musculaire accolée à un faisceau blanc nacré formé de tissu élastique fibrillaire; la partie musculaire offre à considérer deux ordres d'éléments. » 1° Des faisceaux de fibres striées formés de fines fibrilles peu adhérentes entre elles; les disques obscurs et clairs y sont admirablement définis, le disque mince est fort difficile à voir; cependant il existe. Ces faisceaux de fibrilles, entre lesquelles on ne voit pas de noyaux, ne paraissent pas avoir de sarcolemme, mais autour d'un certain nombre d'entre eux se trouve une membrane, et l'on constate à ce niveau la présence de noyaux qui se colorent vivement par le carmin. » 2° A côté des faisceaux de fibres striées se trouvent des faisceaux de longues fibres lisses fusiformes à double contour, offrant sur leur trajet une série de renfle- ments et d'étranglements, véritables muscles lisses polygastriques composés de fibrilles parallèles très nettement visibles après l'action du carmin ou du picrocarmin qui colore vivement les renflements en rouge. » Le muscle de l'ossicule qui, chez les Anomies adultes, est un vrai digastrique, possède également une structure particulière. A l'œil nu on voit à sa périphérie des SÉANCE DU l4 NOVEMBRE I902. 907 bandes blanches nacrées alternant avec des bandes sombres; les premières sont for- mées de tissu élastique et conjonctif ; les autres, de faisceaux striés à fibrilles comme dans l'adducteur des valves, et de fibres lisses sans renflements. » Les grosses fibres conjonctives sont constituées par la réunion de fibrilles extrême- ment fines; elles sont repliées sur elles-mêmes; les replis sont tellement appliqués les uns sur les autres qu'au premier abord on les prendrait pour des fibres musculaires striées : hypothèse qui ne résiste pas à l'examen, car on peut voir ces faisceaux de fibrilles absolument dépliés dans une partie de leur trajet. » Telles sont les dispositions anatomiques constatées dans le muscle adducteur et ceux de l'ossicule. Aux fibres striées paraît dévolue la ferme- ture brusque de la valve ; au tissu élastique, aux fibres lisses, à contraction lente, la fermeture permanente. Les malacologistes ne sont pas encore aujourd'hui bien d'accord sur la place que doit occuper l'Anomie dans le cadre zoologique. Quelques auteurs l'ont rattachée aux Pectinidés. Or il est à remarquer que chez les Pectinidés, le fait est depuis longtemps connu, les muscles adducteurs des valves ont une striation absolument identique à celle que j'ai rencontrée chez l'Anomie. Le Pecten varias offre à cet égard un excellent sujet d'étude. » ZOOLOGIE. — Sur des formes nouvel/es ou peu connues de Rhabditis. Note de M. Aug. Michel, présentée par M. Alfred Giard. « En faisant des cultures pures de certains Rhabditis, je fus amené par un caractère remarquable à distinguer deux types, que j'avais d'abord con- fondus à l'aspect : l'un ne présentait que des femelles hermaphrodites, c'est-à-dire des individus, femelles par la forme, mais produisant avant les ovules des spermatozoïdes destinés à une autogamie; l'autre était dioïque, les mâles et les femelles étant complètement unisexués, s'accouplant ou, par isolement, restant stériles, d'ailleurs avec une forte proportion de mâles (i-3 pour 2 femelles). » La plupart des caractères de ces deux types sont semblables. La taille des individus tout à fait adultes varie ordinairement autour de 2""™; quelques femelles peuvent atteindre S""". Les lobes buccaux sont peu sail- lants, chacun avec une très petite papille (peut-être avec moins de con- stance dans le type dioïque) ; la cavité buccale est longue d'environ 20'', et l'œsophage a en moyenne 25oi^ à 3ooi^; l'intestin, par ses granules et sphé- rules, apparaît noirâtre à la lumière diaphragmée; ses'cellules sont bien distinctes grâce à leur limite claire. Le pore excréteur a sa position moyenne 9o8 ACADÉMIE DES SCIENCES. au niveau du milieu du bulbe postérieur, mais peut se déplacer soit un peu en avant, soit davantage (notamment par compression) en arrière de ce bulbe. La queue se rétrécit assez rapidement et se termine par un fdament plus ou moins court; vers la base de la queue, là où le rétrécissement s'accentue, on voit de chaque côté un prolongement de la substance gra- nuleuse du corps s'étendre à travers la cuticule claire jusqu'à la surface du corps. Les femelles, chargées d'œufs nombreux, sont ovovivipares, et, à la fin des pontes ou par insuffisance de nourriture, vivipares et matri- cidées. )) Cependant, malgré la similitude générale de ces deux types, j'ai pu découvrir, à côté du caractère important du mode de sexualité, quelques caractères distinctifs tirés de la forme du hulhe antérieur, de la longueur relative du rectum, et de la disposition des cellules dans X ovaire. Dans le type hermaphrodite : le bulbe extérieur est toujours en renflement pro- noncé, court et assez limité; le rectum est court; l'ovaire est composé de cellules qui, pendant leur accroissement, restent d'abord en massif et polyédriques pour ne prendre que vers le coude de cet organe la disposi- tion en série unique de cellules cubiques, puis allongées. Dans le type dioïque : le bulbe antérieur est en fuseau allongé et peu accentué; le rec- tum dépasse notablement en longueur la largeur de l'intestin; les cellules de l'ovaire, qui, à son extrémité, contournent une sorte de rachis granuleux, sont déjà, loin du coude et sur le bord externe de l'organe, disposées en une série de cellules, d'ailleurs plates à noyau élargi, avant de prendre au coude la forme cubique, puis allongée. » Enfin, à défaut du mâle de la forme hermaphrodite, encore inconnu, mais sans doute seulement rarissime, comme chez la plupart des Rhab- ditis hermaphrodites (Maupas), j'indiquerai pour la forme dioïque les caractères spéciaux du mâle, si employés pour la spécification. Le type en est leptodérien ; la bursa assez développée présente ordinairement neuf papilles de chaque côté, disposées en trois groupes ternaires, parfois dix par l'existence de quatre papilles en avant; elles sont écartées entre elles dans le groupe antérieur (la première étant souvent très petite), rappro- chées entre elles dans les autres groupes situés, le moyen immédiatement après l'orifice mâle, le postérieur près de la queue. Les spicules ordinaire- ment de 5ot^ à 6oi^ sont jaunâtres. J'ajoute que j'ai retrouvé dans le sperme de certains mâles les aiguilles problématiques déjà signalées dans trois autres espèces par Claus, Bùtschli et Maupas; de taille diverse, elles me parurent brisées, comme l'avait observé Maupas, caractère qui rend plus SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1902. gOQ invraisemblable l'assimilation, faite par les deux premiers auteurs, à des spermatozoïdes, dont cependant la forme ordinaire chez les Nématodes est si différente. » Ainsi, la ressemblance des deux formes est telle que, en dehors de la présence de nombreux mâles (facilement reconnaissables) dans les cul- tures du second type, il me paraît difficile de les distinguer au seul aspect; mais un examen attentif des animaux au repos permet, en outre du mode de sexualité, de fixer les caractères spécifiques pour chacune de ces deux formes. » L'espèce hermaphrodite me paraît identique à celle qui a été bien figurée par Vernet (Ann. Se. phys. nat. de Genève, 1872) sous le nom de Rhabditis terricola donné par Dujardin {Suites à Bufjfon : Helminthes, iS/jS); l'espèce de Vernet étant hermaphrodite, celle de Dujardin dioïque, c'est avec raison que Maupas a remplacé le nom de R. terricola par celui de R. Verneti. » Quant à l'espèce dioïque, il est difficile de dire si elle est le vrai Rh. terricola de Dujardin, ,1a vieille description de cet auteur étant très insuffi- sante : certains des caractères donnés par lui conviennent à la plupart des Rhabditis ; son minimum de taille (5ooi^) est beaucoup trop petit pour un adulte, et trop grand pour un jeune à l'éclosion ; ses maxima (a"™ pour les femelles, i°"',o5 pour les mâles) sont notablement trop petits; ses autres nombres n'ont avec les miens qu'une coïucidence trop vague pour servir de preuve pour l'identification ; enfin, pour la bursa, Dujardin indique seu- lement la présence de 7-8 « côtes », au lieu de 9-10. Il est donc difficile d'identifier avec certitude mon espèce dioïque au Rh. terricola, type pri- mitif sous lequel on a, d'ailleurs, dû confondre même plus de deux espèces. Le Rh. dolichara présenterait aussi quelque rapport avec l'espèce en ques- tion, notamment par son bulbe antérieur presque indistinct et son long rectum; mais il s'en dislingue nettement surtout par sa taille beaucoup plus petite (i°"°) et son oviparité. » L'une des formes rencontrées dans mes cultures me paraît répondre au Rh. elegans Maupas, trouvé deux fois par Maupas aux environs d'Alger; or je l'ai souvent rencontré aux environs de Paris en appâtant avec de la viande des échantillons de terre provenant de diverses localités. Cette forme est très agile et très envahissante : dans les cultures, elle supplantait les autres espèces; plus encore, dans la même chambre humide, elle ne tardait pas par ses migrations à infester d'autres cultures. » Enfin, vu l'importance du Rh. Schneideri en. tant qu'espèce parthéno- 9IO ACADEMIE DES SCIENCES. génétique (pas de mâles, et femelles sans spermatozoïdes), je signalerai l'existence, aux environs de Paris, de celte espèce déjà observée par Schneider, puis par Bûtschli en Allemagne et par Maupas en Algérie. » BOTANIQUE. — La théorie des phytnns chez les Gymnospermes. Note de M. G. Cuauveaud, présentée par M. Van Tieghem. « Dans ces dernières années, un certain nombre de botanistes ont essayé de remettre en honneur la vieille théorie des phytons, en prenant comme point de départ la structure de la feuille pour expliquer la structure de la tige et celle de la racine. » En suivant le développement de l'appareil conducteur, nous avons constaté qu'il s'accomplit précisément en sens inverse, sa première phase étant caractérisée par l'alternance de ces deux sortes d'éléments, telle qu'on l'observe dans la racine. » Depuis, nous avons fait connaître, en détail, la marche de ce déve- loppement, dans plusieurs exemples particuliers, choisis tous parmi les Angiospermes ('). Or, c'est surtout aux Gymnospermes que la théorie des phytons paraît le mieux s'appliquer, d'après l'un de ses partisans, qui s'exprime ainsi : « La notion du phyton est si évidente chez les Conifères, » au point de vue morphologique, qu'il serait oiseux d'y insister. ... Au » point de vue anatomique, notre travail n'est que le développement, 0 sous toutes ses formes, de ce que nous considérons comme la base de )> l'Anatomie végétale En résumé, la notation anatomique a été établie I) en considérant d'abord la tige; on a ensuite donné le même nom aux » parties qui se retrouvaient dans la feuille. Nous pensons que la marche » inverse seule est rationnelle, . . » (-). » Dans la présente Note, nous nous proposons de montrer que cette théorie ne s'applique pas davantage aux Gymnospermes, le développement de l'appareil conducteur ayant toujours ici son point de départ dans la racine. Pour cela, nous choisirons comme exemple le Pin maritime ÇPinus (') G. CHAnvEAUD, Passage de la position alterne à la position superposée de l'ap- pareil conducteur, avec destruction des vaisseaux centripètes primitifs dans le coty- lédon de l'Oignon {Allium Cepa) {Bulletin du Muséum d'Hist. nat., 1902, p. 52). {''■) Dangeard, Recherches sur les planlules des Conifères {Le Botaniste, 3= série, p. 197 et 199). SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1902. 91 1 maritima), où la structure de la racine persiste dans la tigelle, ainsi que cela a été déjà signalé, dans plusieurs espèces voisines, par mon excellent maître M. Van Tieghera ('). » Dans celle plante, le faisceau ligneux primilif, au lieu de se modifier brusque- menl, au-dessous des cotylédons, comme on le croyait, se continue directement, ainsi que son canal sécréteur externe, à l'intérieur du cotylédon, où on le voit en alternance avec deux faisceaux libériens fournis chacun par l'un des faisceaux libériens voisins de la radicule. Au début de la plantule, la munie structure alterne se continue donc dans la radicule, la tigelle et le cotylédon. )i A mesure qu'on s'élève au-dessus de la radicule, on constate une réduction du faisceau ligneux primitif, en même temps qu'une apparition plus hâtive des formations intermédiaires et secondaires. Plus tard, dans sa partie supérieure ainsi réduite, ce faisceau primitif subit une atrophie progressive, ses vaisseaux sont résorbés peu à peu, puis disparaissent; les vaisseaux intermédiaires qui leur font suite, de part et d'autre, disparaissent à leur toui-. Désormais, on ne retrouve plus, à la base du cotylédon, que les derniers vaisseaux formés, qui, de chaque côté, sont opposés au liber avec lequel ils forment un faisceau libéro-ligneux. On a donc, à la fin du développement, deux faisceaux libéro-ligneux séparés, sur la ligne médiane, par le canal sécréteur qui per- siste après le faisceau primilif. Telle est la manière dont se fait le passage de la dis- position alterne à la disposition opposée à l'intérieur du cotylédon. » On s'assure facilement que ce ne sont point les vaisseaux externes, dans la portion inférieure du faisceau primitif, qui se déplacent vers l'intérieur, à mesure qu'on s'élève, car on les voit disparaître après résorption sur place. Il s'agit bien là d'une succes- sion de phases, dont la dernière subsiste seule dans le cotylédon complètement déve- loppé. » Quand le nombre des cotylédons est égal à celui des faisceaux de la radicule, chaque cotylédon reçoit un de ces faisceaux primitifs, comme nous venons de l'indi- quer, et tous les cotylédons ont même structure. Mais, dans la plupart des cas, le nombre des cotylédons est supérieur à celui des faisceaux radiculaires ; alors, les coty- lédons qui ne correspondent pas à ces faisceaux en reçoivent d'autres qui prennent forcément naissance au-dessus de la radicule. D'après notre manière de voir, les fai- sceaux nés en dehors de la radicule sont plus récents que les précédents ; ils ne possèdent pas par conséquent la disposition alterne primitive. Si notre interprétation est exacte, il doit donc exister une différence de structure entre les cotylédons de la même plantule. » Cette différence est, en effet, facile à constater; ces derniers cotylédons présentent à leur base, dès le début, des éléments conducteurs opposés formant ensemble un unique faisceau libéro-ligneux dépourvu de canal sécréteur. Cela confirme, d'une façon remarquable, l'interprétation qui nous conduit à attribuer à ces derniers coty- lédons une origine plus récente. (') Ph. Van Tieghem, Sur la structure primaire et les affinités des Pins {Journ. de Bot., 1891, p. 282). 912 ACADÉMIE DES SCIENCES. » Nous avons déjà signalé une différence tout à fait comparable entre le cotylédon et la première feuille de l'Oignon ('). Les cotylédons à double faisceau du Pin cor- respondent seuls au cotylédon de l'Oignon, les autres à faisceau unique correspondent à sa première feuille; or, il est évident, pour tous, que la première feuille de l'Oignon est de formation plus récente que son cotylédon. )) Le canal sécréteur, qui accompagne le faisceau primitif, a une origine très ancienne, puisqu'il naît avant les premiers vaisseaux. Cela explique pourquoi on ne le trouve pas au dos des faisceaux nés au-dessus de la radicule et, en particulier, dans les nouveaux cotylédons. Ce canal sécréteur dans la tigelle a été regardé par M. Van Tieghem comme une continuation, vers le haut, du système sécréteur de la radicule (-). Celle opinion a été critiquée par les partisans de la théorie des phytons, mais nous voyons, par ce qui précède, combien sa justesse se trouve confirmée. » Si nous avons choisi pour exemple le Pin maritime, c'est parce que, dans cette espèce, le développement se fait lentement, ce qui nous a per- mis de suivre, à l'intérieur du cotylédon, le passage de la disposition alterne à la disposition opposée. Dans la plupart des autres Gymnospermes, l'ac- célération du développement est plus rapide, les premières phases sont supprimées plus ou moins tôt, au-dessus de la radicule, de telle sorte que les cotylédons, quel que soit leur nombre, ont tous la même structure opposée. )) En résumé, chez les Gymnospermes, aussi bien que dans les Angio- spermes, la théorie des phytons est inexacte et la léuille ne représente que la dernière phase du développement de l'appareil conducteur, dont le point de départ se trouve dans la racine. » BOTANIQUE. — Sur le mode de i^ègétation et de reproduction de /'Amylomyces Rouxii, champignon de la levure chinoise. Note de M. J. Turquet, pré- sentée par M. Van Tieghem, « M Amylomyces Rouxii, Champignon qui saccharifie l'amidon, a été isolé en 1892 par M. Calmette, de la levure chinoise, préparation complexe utilisé comme ferment. Il sécrète une diastase identique à celle de l'orge germé, l'amylase, transformant l'amidon en sucre, et une autre diastase, la zymase, qui transforme ce dernier en alcool et en acide carbonique. » Grâce à ces propriétés, la levure chinoise, dont ce Champignon est le (') Ph. Van Tieghem, Sur la structure primaire et les affinités des Pins [Journ. de Bot., 1891, p. 282). (') Loc. cit., p. 281. SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1902. 9l3 principe le plus actif, sert à la fabrication des vins et alcools de riz dans les pays d'Extrême-Orient et notamment en Inilo-Chine et en Chine. I.'étude que M. Calmette (') a faite de VA. Rouxii, en le cnltivant sur des milieux de culture liquides et solides, peut se résumer de la manière suivante : » 1° Sur les milieux, liquides et solides, le Champignon forme « un mycélium aérien » qui ne se termine jamais par des zygosporos, comme chez les Mucorinées, m par » les capitules chargés d'ascospores, comme chez les Aspergillus ou Euroliuin ». » 1° Dans les cultures en cellule, sur du moût de bière « au contact de l'air, sur » les bords de la gouttelette pendante, le tube mycélien se divise en cloisons trans- » versâtes au niveau desquelles le protoplasma très réfringent s'amasse pour former » des conidies. Au début, ces conidies ont une forme cubique, puis elles s'arron- » dissent mais ne s'isolent pas du rameau qui les a fait naître, et qui se prolonge » au-dessus d'elles pour former un peu plus loin une ou plusieurs conidies sem- » blables ». » 3" Quel que soit le substratum sur lequel on cultive la moisissure, on n'observe aucune sporulation à l'extrémité des filaments mycéliens; c'est toujours dans leur continuité que se montrent les conidies. » 4" « Dans les liquides sucrés ou amylacés, la plante ne produit pas de cellules » ovales ou sphériques en forme de levures ». » 5° « Le mode de reproduction est exclusivement asexué par spores endogènes ». » Les idées de M. Calmette sur le mode de végétation et de multiplication du Champignon sont adoptées plus lard par M. Sanguineti (-), puis par M. Fernbach ('). ,) Plus récemment, M. Duclaux (*) accepte et décrit pour V Amyloniyces Rouxii le seul mode de reproduction asexué par spores d'origine endogène, admis par les auteurs précités. Plus récemment encore, M. Neuville ( = ) n'attribue à celte espèce que des spores mycéliennes. )> Ainsi, d'après les auteurs précédents, dont l'opinion est conforme à celle de M. Calmette, VAmylomyces ne possède qu'un seul mode de repro- duction asexuée : la formation de spores endogènes ou coniiies dans la continuité des fdaments mycéliens. » Or les recherches que j'ai entreprises m'ont montré que, contraire- ment à l'interprétation adoptée par ces savants, la reproduction asexuée s'elfectue, chez celte plante, par des éléments de deux sortes : » 1° Par des spores nées dans des sporanges, ceux-ci étant portés à (') Aiin. Inst. Past., 1892. (-) Anii. Inst. Pasteur, 1897. (') Ann. de la Brass. et de la Dist., 1898. (*) Traité de Microbiologie, t. III, 1900. (^) Bull, de la Soc. d'Acclim. de Fr., 1902. C. R., 1902, 2" Semestre. (T. CXXXV, N° 21.) ' 20 C)i4 ACADEMIE DES SCIENCES. l'extrémité de pédicelles issus des filaments mycéliens. C'est là le mode normal de reproduction asexuée des espèces du genre Muco?\ » 2° Dans la continuité des filaments se forment des chiamydospores, qui ne sont que des éléments accessoires de reproduction asexuée do l'espèce et constituent un deuxième mode démultiplication; ce sont là les conidies ou spores endogènes de M. Calmetîe. » Sur les milieux de culture solides ou liquides très favorables au déve- loppement de l'appareil sporangifère des Miicors, carotte, riz cuit, jus d'orange, macération de crottin, bouillon mannité, etc., V Amylomyces développe abondamment des pédicelles ramifiés en cymes sympodiques et terminés par des sporanges. Sur pomme de terre, il forme un fin gazon qui s'affaisse bientôt et oi\ les sporanges sont très rares ou même peuvent manquer. Sur moût de bière gélose, la partie aérienne du thalle est encore moins apparente, et sur ce substratum on n'observe peu ou pas de spo- ranges, tandis que la formation des chiamydospores y est très active. » Cultivée sur moût de bière, en goutte pendante, la spore issue du sporange germe en augmentant de volume et devient sphérique en même temps quelle émet un ou plusieurs bourgeons qui s'allongent en filaments ramifiés et forment un thalle où les pédicelles sporangifères sont rares, ce qui explique qu'ils aient échappé à une observation même très attentive. Sur les branches du thalle et surtout sur les fins rameaux, il se forme, par contre, beaucoup de chlamytlospores. » Sur les autres milieux liquides ou solides ci-dessus indiqués, celles-ci deviennent plus rares, tandis que l'appareil sporangifère est au contraire plus développé. » Sur les milieux les plus favorables, carotte, jus d'orange, macération de crottin, l'appareil sporangial comprend : » 1° Des pédicelles incolores ou blanchâtres dressés, fins, ramifiés en cyme symj)odique à deux ou trois branches, dont chacune est terminée par un sporange : la hauteur des pédicelles varie de o*^'", t à 3™\ » 2° Des sporanges de forme ordinairement sphérique dont le diamètre varie de loi^ à do^. Leur membrane, d'abord incolore, devient d'un blanc pâle, puis brunâtre à surface rugueuse, parfois bosselée par la saillie des spores, mais on n'y voit point de spicules calcaires; la déhiscence de cette membrane a lieu par diftliience. » 3° A l'intérieur du sporange est une columelle claire, à surface lisse, ordinairement sphérique, parfois ovoïde ou presque hémisphérique. Après la déhiscence, elle présente à sa base une collerette très peu apparente. SÉANCE DU 24 NOVEMBRE I902. giS » 4" I-ies spores, d'ordinaire très nombreuses dans le sporange, sont très petites, claires, de forme ovale, parfois sphériques. Leurs dimensions varient de -j.^ à S''' sur '5^ à 4'*- M Cultivée dans les liquides sucrés ou amylacés, à surface bien aérée, la plante forme un thalle à filaments très ramifiés, où l'on ne distingue que de rares rameaux présentant un bourgeonnement en levure. » Je dois ajouter que, dans mes cultures, je n'ai pas observé la formation de zygospores. )) Ainsi, par son mode de végétation et de reproduction asexuée, VAmy- lomyces Rouxii doit rentrer dans le genre Mucorel prendre place à côté des Mucor racemosus et circinelloides . Ce sera donc désormais \e Mucor Bouxii . Ces résultats de mes recherches viennent donc confirmer ceux déjà obtenus par M. Wehmer ( ' ) en 1 900. » GÉOLOGIE. -- Production actuelle de soufre natif dans le sous-sol de la place de la République, à Paris. Note de M. Stanislas Meunier. ( Extrait.) « Le tunnel du chemin de fer métropolitain, dans sa partie située place de la République, au droit de la rue Meslay, traverse, à 8"" environ sous le pavé, une terre noire très argdeuse renfermant des débris de bois et pré- sentant des veinules, de |)etits amas et des géodes de soufre cristallisé. » Pour comprendre l'origine de ce soufre cristallisé, il faut considérer la situation relative des masses constitutives du sol. » La voie dans le tunnel sera établie sur des couches sableuses et caillouteuses, recoupées sur 6"' environ d'épaisseur, et renfermant des fossiles roulés du Calcaire grossier. On doit les regarder comme quaternaires; elles représentent d'anciens dépôts de la Seine, dont elles ont le niveau (■22'" à 28'"). » Sur ces sables et dans une dépression qui atteint son maximum de |)rofondeur eu face de la rue Déranger, sont tlisposées les argiles sulfuriléres. Les substructions qu'on y a rencontrées et spécialement celles qui soutenaient la « Porte du Temple » au xiv^ siècle, montrent que ces argiles constituaient, au temps de Charles V, un marais qui a donné son nom au quartier. On rencontre en abondance, dans ces argiles, des coquilles lacustres, Ijmnées, planorbes, physes et avec elles des coquilles terrestres, telles que des hélices. A divers niveaux, les débris végétaux à peine altérés sont si abondants que la masse prend l'aspect tourbeux. Les fouilles ont montré qu'à l'époque dont il s'agit les terres noires étaient traversées,; en face de la rue du Temple, par un égout. » Les ai'giles palustres sont séparées de la surface actuelle du sol par des remblais (') Centralblalt fiir Bakteriologie, 3o mai 1900. (.jQ ACADEMIE DES SCIENCES. dans la composition desquels sont intervenus les matériaux les plus hétérogènes. Les plâtras y dominent, avec des débris calcaires et des terres plus ou moins sableuses, et dans le tout sont disséminés des restes d'animaux, comme des cornes et des os de ru- minants, des fragments de cuir et d'autres résidus. » On sait qu'en 1670 on a comblé les anciens fossés établis le long des remparts, qui sont devenus le boulevard Saint-Martin, à l'aide des matériaux de démolition provenant du voisinage. C'est aux plâtras qu'il faut attribuer l'origine du soufre mis au jour en ce moment, et à ce sujet, il convient de rappeler que M. Daubrée a sio-naié en 1881 (') 'a trouvaille de soufre cristallisé au sein des vieux plâtras enfouis dans la rue Meslay et sur la place de la République. » Le fait actuel se rattache évidemment à celui-là; mais concernant des roches plus profondes, il vient y ajouter des particularités nouvelles. En effet, ce n'est plus dans la substance artificielle des plâtras que le soufre s'est constitué, mais dans des couches normales déposées au fond d'une pièce d'eau où vivaient toute une faune et toute une flore. Jusqu'à la fin du xvil° siècle, ces dépôts n'avaient rien qui pût les distinguer des formations lacustres ordinaires. C'est à partir de cette époque que les eaux d'infiltra- tion se chargeant de sulfate de chaux dans les régions superficielles du sol, ont imprégné les vases sous-jacenles d'une matière saline sur laquelle les substances organiques ont exercé leur influence réductrice. 11 a suffi de deux siècles de cette action pour que les géodes de soufre aient acquis les dimensions que nous observons. » C'est un exemple de l'aclivilé avec laquelle des changements peuvent se déclarer au sein d'une formation déjà constituée et lui donner des caractères à la production desquels les conditions du milieu générateur initial ont été étrangères. » CHIMIE BIOLOGIQUE. — Théorie générale de l'action de quelques diastases. Note de M. Victor IIexri, présentée par M. Roux. « Les actions diastasiques diffèrent par beaucoup de points des actions produites par les acides; plusieurs auteurs, MM. Duclaux, Tammann, Brown, etc., en ont déduit que les lois de la Chimie généi'ale et avant tout la loi de l'action des masses de Berthollet, Guldberg et Waage n'étaient pas applicables aux réactions diastasiques. J'ai repris l'étude de cette question pour l'invertine, l'émulsine et l'amylase. » Voici d'abord les principaux résultats expérimentaux qui doivent servir de point de départ : » 1° Lorsque l'on étudie la vitesse d'inversion du saccharose (c'est-à-dire le nombre de grammes intervertis par minute), produite par une même quantité d'in- verline dans des solutions de concentrations croissantes en saccharose, on trouve que (') Comptes rendus, t. XCII, p. ici et i44o. SÉANCE DU 2.4 NOVEMBRE 1902. 917 cette vitesse augmente d'aljord avec la concentration pour les solutions diluées (au- dessous de 0,1 normale), mais qu'à partir d'une certaine concentration moyenne (environ 0,1 normale) la vitesse d'inversion est presque indépendante de la concen- tration en sucre; » 2° Le résultat est exactement le même pour l'action de l'émulsine sur la salicine et pour l'action de l'amylase sur l'amidon ou sur la dexlrine; » 3° La vitesse de la réaction est, pour l'invertine, l'émulsine et l'amylase, propor- tionnelle à la quantité de ferment; » 4° L'addition de sucre interverti à un mélange de saccharose et d'invertine ralentit la réaction. Pour l'addition d'une même quantité de sucre interverti, le ralen- tissement est d'autant plus faible que la concentration en saccharose est plus grande. Ce ralentissement est produit presque uniquement par le lévulose contenu dans le sucre interverti ; ce résultat est à rapprocher du fait que l'invertine agit sur les sucres qui donnent par hydrolyse le lévulose. » 5° Lorsqu'on ajoute une certaine quantité de saligénine -+■ glucose à un mélange de salicine et d'émulsine, la vitesse de la réaction est diminuée, et celte diminution est d'autant plus forte que la quantité de salicine est plus faible. » Le résultat est le même si, à un mélange d'amidon -t-amylase, on ajoute les pro- duits de l'hydrolyse de l'amidon. » 6° Si l'on étudie la marche de l'inversion d'une certaine quantité de saccharose par l'invertine depuis le début jusqu'à la fin, on trouve que la réaction se produit suivant une loi plus rapide que dans le cas des acides. » 7° La vitesse d'hydrolyse de la salicine par l'émulsine se produit plus lentement que d'après la loi des acides. » 8° La vitesse d'hydroljse de l'amidon par l'amylase du malt et par l'amylase du suc pancréatique se produit suivant une loi très voisine de la loi logarithmique des acides. » En étudiant les résultats de mes expériences sur l'invertine ('), M. Bodenstein, auquel je dois un grand nombre de conseils précieux, proposa une première interpré- tation de l'action de l'invertine. D'après lui, l'activité du ferment est influencée par le saccharose et par le sucre interverti; l'action inhibitrice produite par le saccharose est plus forte que celle du sucre interverti. Si, à un moment donné, ou a dans la so- lution a — JT saccharose et a; sucre interverti, l'activité du ferment F est diminuée dans la proportion m (a — a-) -h nx, où m et «. sont deux constantes. » La vitesse de la réaction étant proportionnelle à la quantité de saccharose, c'est- F à-dire à la valeur a — x, et à l'activité du ferment, laquelle est égale à , ^ ° m{n — x) + nx on obtient, pour l'expression de la vitesse, — 7- = K, — ; (a — j;), dl m {a — x) -\- nx ^ ' (') V. Henri, Ueber daa Geselz cler Wirkung des Inverlins {Zeit. physik. C hernie, 1901)- 91 8 ACADÉMIE DES SCIENCES, d'où l'on déduit pour la constante K, l'expression , - a [ m — n a ' h-i — 7 X n- ri log » Dans le cas de l'invertine, en posant m^^i et « = i, on trouve pour Kj des valeurs qui restent constantes, d'une part, depuis le début jusqu'à la fin d'une réaction et, d'autre part, lorsque l'on compare les réactions pour des solutions de difTérentes concentrations en saccharose, qui sont comprises entre o,i normale et o,5 normale. » Mais, pour les solutions diluées, pour, lesquelles les lois de la Chimie physique s'appliquent le mieux, la formule de M. Bodenstein fait défaut. » Théorie. — Supposons que nous ayons un mélange d'une quan- tité a — X di\ corps à transformer (saccharose ou salicine) et d'une quan- tité X des produits de l'hydrolyse ; à ce mélange nous ajoutons la quantité 4> de diastase. )) Je suppose qu'une partie z de ce ferment se combine avec une partie du corps à dédoubler; qu'une autre partie y du ferment se combine avec une partie des produits de l'hydrolyse; et enfin qu'il reste une portion X du ferment qui reste libre. Je suppose, en plus, que ces combinaisons se produisent suivant la loi de l'action des masses. On obtient ainsi les trois équations suivantes : {a — x)lL = ^z, xlL=^ jj, (î>:=x + vH-G. » De ces équations on déduit les valeurs de X et de z. » Deux hypothèses différentes peuvent être faites : » 1° On peut supposer que c'est la partie du ferment non combiné X qui agit sur les corps à dédoubler; dans ce cas la vitesse de la réaction est proportionnelle à X et à a — a;; donc on a dx K$ [a — x) (-) cH i -\-m{a » 2° On peut supposer, au contraire, que la combinaison z entre le corps à dédoubler et le ferment est une combinaison intermédiaire instable, qui se décompose en régénérant une partie du ferment. Dans ce cas la vitesse de la réaction sera proportionnelle à la quantité de cette combi- naison z; donc on aura (2) dx K*(« — x) dl 1 4- 7?? ( o — x) -\- nx Il est remarquable que ces deux hypothèses différentes conduisent à la même loi. SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1902. 919 » L'expression (i) contient deux constantes m et n c.iractéristiques du ferment et des conditions de température et de milieu; une fois les valeurs de ces constantes choisies on devra obtenir pour R la même valeur pendant toute la durée d'une réactiou et quelles que soient les concentra- tions des corps à dédoubler et des produits de l'hydrolyse. » L'étude des résultats expérimentaux de plusieurs centaines de séries donne des résultats très satisfaisants pour l'invertine et l'émulsine. » Exemples : i" mai iQO!. — fn^'crsion du .'saccharose par l'invertine. Concentrations de saccharose. 0,01 n. o,025n. o,o5n. o,in. o,25n. o,5n. m. Valeurs de K, (Bodenstein).. 100 2^3 358 5i3 65o 65o 545 Valeurs de K 802 910 955 1026 1078 ioo4 829 II janvier 1901. — Action de l'invertine sur le saccharose plus sucre interverti. Concentration?. o,in. 0,1 n.M-o,i n.s.i. o,2n. o,3n. o,2n.-l-o,3n.--.!. o,3n. +o,2n.s.i. o,5n. Valeurs de K. . , 9^8 992 996 gSi 928 960 gSo S mai 190"». — Inversion du saccharose par l'invertine. Concentrations 0,023 n. o,o;jn. 0,1 n. 0,2 n. o,5n. Valeurs de K 1 07 119 ni i o i gS 10 octobre 1902. — Hydrolyse de la salicine par l'émulsine. Concentrations de salicine o,i4n. o,io5n. 0,07 n. o,o35 n. Valeurs de K 23i 245 245 269 M L. GossuiN adresse, par l'entremise de M. Mascart, une Note annon- çant qu'une secousse de tremblement de terre s'est produite à Busselino le 21 novembre à 9'' du matin (heure d'Italie), et a duré 4 à 5 secondes. M. R. Sberra adresse, de Montevideo, une Note écrite en espagnol et relative à la Navigation aérienne. (Renvoi à la Commission d'Aéronautique. ) M. A. DuBOiiv adresse une Note « Sur la production du rubis par fusion ». M. Aufi. ConET adresse deux Notes, sur un mode de suspension du pendule, et sur un projet de pendule de Foucault « à force vive ». (Renvoi à l'examen de M. Léauté. ) A 4 heures l'Académie se forme en Comité secret. 920 ACADEMIE DES SCIENCES. COMITE SECRET. La Section d'Astronomie présente la liste suivante de candidats, pour la place laissée vacante par le décès de M. Paye : En première ligne En seconde ligne, par ordre alphabétique . . Les titres de ces candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la prochaine séance. La séance est levée à 6 heures un quart. ERRATA. M. BlGOlRDAN. MM. Andoyer, Deslandres, Hamy, p. PUISECX. G. D. (séance du 27 octobre 1902.) Note de M. Blondlot, Sur la vitesse de propagation des rayons X : Page 667, ligne 1, au lieu de 8'='" de diamètre, Use:. S™'" de diamèlre. Noie de M. A. Guilliermond, Observations sur la germination des spores du Saccharomyces Ludwigii : Page 709, lignes 5 et 6, au lieu de M. le professeur Momsen, lisez M. le professeur Hansen. Même page, lignes 9 et 10, au lieu de sporulait très difficilement, lisez sporulait très facilement. (Séance du 3 novembre 1902.) Note de M. Rlondlot, Sur l'égalité de la vitesse de propagation des rayons X et de la vitesse de la lumière dans l'air : Page 72/4, ligne 1 1, au lieu de détonateur, lisez résonateur. W 21. TABLE DES ARTICLES. (Séance du 24 novembre 1902.) MEMOIRES ET COMMUIVIGATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. Pages. M. Perrotin. — Vitesse de la lumière; pa- rallaxe solaire 881 M. Cu. Depèret. — Sur l'origine et la dis-- Pages, persion géographique du Lagoniys corsi- canus 88'| MEMOIRES PRESENTES. M. Cailletet est adjoint à la Commission de l'Aéronautique 886 M. L. Fraioiiet adresse mi Mémoire portant pour titre : « MétUode d'essai des métaux, basée sur la variation de la réiuctance (l'un barreau de traction >> 886 M. (luERDER adresse un Mémoire intitulé : « Etude clinique sur une antitoxine tu- berculeuse. Résultats thérapeutiques dans les tuberculoses localisées " 886 CORRESPONDANCE. M. le Secrétaire perpétuel signale divers ouvrages et publications adressés par M. V. Bjerknes. M. Cli- Lallemand, M. Nedel- kovitch, MM. Lortet et. C. Gaillard 887 M. Lœwy fait hommage à l'Académie, au nom de M. Cruls, d'un Kapporl sur les travaux accomplis en 1901 par la Commis- sion brésilienne chargée de procéder à l'exploration des sources principales du Javary 887 M. J. Guillaume. — Observations du Soleil, faites à l'Observatoire de Lyon ( équato- rial Brunner de o",i6), pendant le troi- sième trimestre de 1902 887 M. Edmond Maillet. — ' Sur les fonctions monodromes à point singulier essentiel isolé 88g M. E. E30LANGON. — Sur une extension de la notion de périodicité 891 M. A. Krebs. — Sur un carburateur auto- matique pour moteurs à explosions 894 M. E. Mercadier. — Sur la construction d'électrodiapasons à longues périodes va- riables 898 M. Georges Moreau. — Sur l'ionisation d'une flamme salée 89S M. OEcHSNER DE CoNiNcK. — Quelques observations sur l'oxyde uraneux 900 M. P. CmiÉiiEN. — Sur les combinaisons des cyanures complexes avec les aminés de la série grasse 901 M. A. Thillat. — Procédé de dosage de la glycérine dans le vin 9o'> M. Jobert. — Sur la structure des muscles lie VAnomia ephippium 906 M. AuQ. Michel. — Sur des formes nou- \elles ou peu connues de Rhabditis 907 M. (i. CiiAUVEAUD. — La théorie des phytons chez les Gymnospermes 910 M. J. TURQUET. — Sur le mode de végéta- tion et de reproduction do V Amylomyces liouxii, champignon de la levure chi- noise 91 'J M. Stanislas Meunier. — Production acluelle de soufre natif dans le sous-sol de la place delà République, à Paris.... gi-ï M. \ICT0R Henri. — Théorie générale de l'action de quelques diastases 916 M. L.. GossuiN adresse une Note sur un tremblement de terre à Busselino (Italie). 919 M. K. Sberra adresse une Note relative à la Navigation aérienne 919 M. A. DUBOIN adresse une Note « Sur la production du rubis par fusion » 919 M. AuG. CoRET adresse deux Notes, sur un mode de suspension du pendule, et sur urL projet de pendule de l-'oucault « à force vive » 9'9 r 21. SUITE DE LA TABLE DES ARTICLES. COMITE SECRET. Pages. Liste de caiididals pour la plare laissée va- cante, par le décès de M. Faye. dans la Section d'Astronomie : i° M. Bigourdan, I Errata • 9^° Pages, a" M.M. Andoy^r, Deslandres, Hainy, Puiseux . , 920 GAUTHIER-VILLARS, Imprimeur-Éditeur QllAl DIÎS GRANDS-AUGUSTINS, 55, A PARIS {(>'). COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, PUBLIÉS PAR LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. Par décision de l'Académie des Sciences, les prix de l'abonnement et des collections sont désormais fixés ainsi qu'il siiil : PRIX DE L'ABONNEMENT : Paris 30 fr. 1 Départements 40 fr. | Étranger 44 fr. Chaque année, sauf 1845, 1878 à 1892, 1896 à 1898, se vend séparément 25 fr . Chaque volume, sauf les Tomes 20, 21, 76 à 108, 110, 112, 114, 115, 122 à 127, se vend sépa- rément . 15 fr. TABLES GÉNÉRALES. TABLE GÉNÉRALE des Tomes là 31 (iS35-i856) 25 fr. — TOMES 32 à 61 (i83i-i865) 25 fr. — Tomes 62 à 91 (1866-1880) 25 fr. — Tomes 92 à 121 (1881-1895) 25 fr. Chaque Volume des Tables générales comprend une Table par ordre alphabétique d'auteurs et une Table par matières très détaillée. PARIS. - IMPRIMERIE GAUTHIER-VILLARS, (juai des Grands-Augustins, 55. Le Gérant: Gauthier-Villars. 1902 SECOND SEMESTRE. COMPTES RE>îDUS HEBDOMADAIRES 'des séancei DE L'ACADÉMIE DESi SCIENCES PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. TOME CXXXV. N' 22 (1" Décembre 1902), PARIS, GAUTHIER-VILLARS. IMPRIMEUR-LKAIRE ,. ,^^.c iiïiMrFS DE l'âgadèr; des sciences, DES COMPTES RENDUS DES SEA.NCKb vv. | QuaidesGrands-Auguslins, 55. 1902 RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDIS Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875 Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie se composent des extraits des travaux de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes présentés par des savants étrangers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenner. 26 numéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. Article ^•^ — Impression des travaux ce l'Académie. Les extraits des Mémoires présentés pir un Membre ou par un associé étranger de l'Académiecomprennen t au plus 6 pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peit donner aux Comptes rendus plus de 5o pages par ariée. Toute Note manuscrite d'un Membr-SEX, Méthodes gazométriques. Phénomènes de combustion des gaz. (^) Joubert, Annales de l'École Normale, t. III, 1874, p. 209. SÉANCE DU l" DÉCEMBRE 1902. 928 ■ Un diamant transparent du Cap, du poids de 162™^, a été chauffé dans ces conditions. La température s'élevait lentement, et, après i5 minutes de chauffe à 710", l'eau de baryte ne s'élnit pas troublée. En continuant à élever la température, on reconnut netlomeut qu'à 720° il se produisait un très léger louche indiquant la formation d'une peiite quantité d'acide carbonique. Ce louche continue à augmenter, mais avec lenteur, à ySo", puisa 740° et 750°, sans que lo diamant ail commencé à brûler. Ce diamant était de la même couleur que le tube chauffé et n était entouré d'aucune flamme. En continuant à élever progressivement la température donnée par la pince thermo-électrique, il est facile d'arriver jusqu'il 790°. dès lors, le dégagement de l'acide carbonique est assez abondant sans que le carbone présente le phénomène de l'incandescence. En continuautencorc à élever la température, on voit tout d'un coup, à 800°, le diamant s'en- tourer d'une flimme, devenir incandescent, atteindre avec rapidité le blanc éblouissant, et, dès lors, le dégagement de l'acicle carbonique est beau- coup plus rapide. » A partir de ce moment, même si l'on éteint la grille, le dégagement de chaleur produit j)ar la combustion rapide du diamant dans l'oxygène est suffisant pour que l'opération se continue jusqu'à la destruction com- plète du carbone. » Cette expérience a été répétée un grand nombre de fois, et les résul- tçits ont été toujours les mêmes. En faisant varier les échantillons, la tem-i pératqre d'inflammation j.eut s'élever plus ou moins, atteindre 820° à 850°, indiquant par là l'existence de plusieurs variétés de diamant, mais la réaction vive est toujours jirécédée d'une réaction lente qui se produit à lOQ ou lûo*" a\ant la température d'incandescence. )) Nous avons pu encore démontrer cette réîiclion lente en maintenant, pendant 4 heures, un diamant du poids de 0^,1096 df(ns un courant d'oxy-: gène à 780", c'est-à-dire à une température inférieure de 20° à sa tempé- rature d'inflammation. Dans ces conditions, ce diamant a perdu, sous forme d'un lent dégagement d'acide carbonique, ^\,i^ pour ï^o de son poids, sans devenir incandescent. » Nous avons cherché, de plus, si, dans la réaction lente on dans 1^ reaction vive de l'oxygène sur le diamant, il se formait, au moment delà combustion, une dépolymérisalion, et si le dianiant présentait des plages noires d'une autre variété de carbone. Nous n'avons jamais pu saisir la transformation du diamant en une autre variété de carbone, soit en pro- duisant une combustion incomplète, soit en laissant tomber brusquement Ç)2'| ACADEMIE DES SCIENCES. lin diamant incandescent dans de l'eau froide Du reste, dans les condi- tions où nous opérions, nous maintenions toujours le diamant en présence d'un grand excès d'oxygène, et il nous paraît difficile que la production d'une autre variété de carbone, plus facilement combustible que le dia- mant, pût être décelée dans cette expérience. » Combustion du graphite. — Cette combustion a été reproduite dans les mêmes conditions que la précédente. Le premier échantillon que nous avons étudié était un graphite de synthèse très bien cristallisé, produit par l'action du silicium en fragments sur une fonte de fer riche en carbone maintenue liquide dans notre four électrique ('). )) Par une élévation graduelle de température, ce graphite a com- mencé à produire un louche très faible dans l'eau de baryte à la tem- pérature de B-jO". La quantité d'acide carbonique produit est devenue plus abondante à 600°, et le graphite est devenu subitement incandescent à 690°. A cette température, l'incandescence est très vive et la combustion violente. )) L'expérience a été répétée quatre fois sur cet échantillon, et les résul- tats sont concordants. Ici encore, combustion lenle s'accusant par un dégagement 1res faible d'acide carbonique à une température inférieure de 120° au point d'inflammation. » Une autre expérience a été faite avec un échantillon de graphite pré- paré de la façon suivante : Un diamant de 3 10™^ a été chauffé dans un petit creuset de graphite pur, muni de son couvercle, au moyen d'un cou- rant de 1000 ampères sous 60 volts. Dans ces contlitions, le diamant se transforme entièrement en graphite. Ce dernier avait une densité de 2 , 25 ; par sa combustion dans un courant d'oxygène sec, il a commencé à donner des traces d'acide carbonique à la température de 5 10°. Sa température d'incandescence a été trouvée égale à 690°. » L'incandescence, c'est-à-dire la réaction vive, est donc précédée d'une réaction lente qui se produit au moins à iSo"' du point d'inflammation. )) Combustion du carbone amorphe. — Nous avons choisi comme échan- tillon de carbone amorphe une braise de boulanger obtenue au moyen de bois de bouleau. Cette variété de carbone est produite par une combustion aussi complète que possible; de plus, la température à laquelle elle a été formée n'a pas été trop élevée. Nous évitons ainsi une trop grande poly- (') H. MoissAN, Déplacement du carbone par le bore et le silicium dans la fonte en fusion {Comptes rendus, t. CXIX, 1894, p. 1172). SÉANCE DU l'"'' DÉCEMBRE 1902. 9'i5 mérisation fin carbone mise en évidence clans les importantes recherches de M. Berthelot sur ce sujet. )) Si l'on chauffe cette braise, telle quelle, dans un courant d'oxygène sec ou humide, dès la température de 100° à 110°, on recueille de l'acide car- bonique. Mais, selon nous, l'expérience n'est pas concluante, parce que cette variété de carbone est poreuse et retient physiquement un assez grand volume d'oxyde de carbone et d'acide carbonique. » Nous avons donc commencé par chauffer cette braise dans une étuve à huile pendant 12 heures à la température de 160°. On l'a laissée ensuite refroidir sous une cloche pleine d'air eu présence d'anhydride phospho- rique. La braise, placée alors dans un tube de verre, a été soumise à l'action du vide, pendant plusieurs heures, au moyen d'une bonne trompe deBerlemont à trois chutes. On recueille, dans ces conditions, un mélange gazeux contenant de l'acide carbonique. » La braise était portée ensuite à la température de 400" et l'on obtenait, en faisant le vide, une nouvelle quantité de gaz qui, pour 100, avait la composition suivante : acide carbonique 62, 5o, oxyde de car- bone 3i,43, oxygène 2,85, azote 2,90. Nous nous sommes assuré, par l'analyse eudiométrique, que cet azote ne renfermait que des traces d'hy- drogène. Cette expérience était poursuivie jusqu'à ce que le charbon ne dégage plus aucun gaz. » Ainsi préparée, cette braise était placée dans un tube en U en verre qui pouvait être chaufTé extérieurement [)ar un bain-marie à température constante ('). Pour être bien certain que la braise n'avait entraîné aucun gaz, on faisait le vide dans l'appareil à la température de 200°, puis on laissait refroidir le carbone dans le vide. Ce tube en U était rempli d'oxygène pur et sec, et mis ensuite en communication avec un barboteur renfermant de l'eau de baryte. Nous faisions enfin passer dans l'appareil un courant d'oxygène sec. » Si l'on élève lentement la température, l'eau de baryte reste absolu- ment limpide à 200°, et l'on ne voit se produire un léger trouble que lorsque la braise est portée à 23o°. Ici encore la réaction lente se manifeste bien avant l'incandescence. Par des élévations de température lentes et successives, le dégagement d'acide carbonique augmente et l'inflamma- tion se produit à 345". L'expérience a été répétée plusieurs fois. (') Nous avons employé dans ces expériences un bain d'huile et des bains de niu-ales. Ç)'2G ACADÉMIE DES SCIENCES. » Nous avons aussi, de même que pour le diamant,, brûlé o,oo45, de braise dans l'oxygène sec à une tempéraliirc tle 330" sans qu'il y eût le moindre phénomène d'incandescence. Mais la formation d'acide carbo- nique est, dans ce cas, lrèsf;iible et cetie réaction lente a exigé 44 heures. « Toutes ces expériences établissent donc que la combinaison des diffé-. renies variétés de carbone, avec l'oxygène, se produit d'une façon lente bien avant la température d'inflammatioi!. » Il était vraisemblable que le temps devait intervenir dans la réaction, ainsi que MM. Berthelot et Péan de Saint-Gilles Font démontré dans leurs beaux travaux sur l'éthérification ('). Nous avons donné alors à nos expé- riences une autre forme. » Nous avons placé celte braise de boulanger, cbauffée dans le vide avec les procautions que nous avons indiquées précé lemment, dans un tube de verre scellé en présence d'oxygène sec ou humide. Nous disposions deoS,4 à os,5 de braise en présence de aj"""" à 35'"'' d'oxygène. Au moment où le tube était scellé, on prenait la tension du gaz, de façon à déterminer approximativement la pression pour la température à laquelle le tube scellé devait être porté. » Nous avons ainsi préparé une série de soixante tubes qui ont été main- tenus à des températures différentes pendant des temps variables. Nous avions dans ces tubes un système hétérogène formé de gaz et d'un solide poreux, et nos (expériences ne pouvaient avoir d'autre prétention que de déterminer la température inférieure à laquelle l'acide carbonique peut se produire dans ces conditions. Un cerlain nombre de ces lubes ont été maintenus à la température ordinaire, à l'obscurité, et, en recueillant les. gaz à la trompe après une année, nous n'avons j>as rencontré d'acide car- bonique pouvant élre décelé jiar l'eau de baryte. » Une série de tubes maintenus à la lumière solaire, pendant le mois de septembre et à la température ordinaire, ne nous a pas donné trace de réaction lente. )) Il en a été de même pour les tubes maintenus, pendant 3oo iieures, à la température de 5o°. Mais, au contraire, les lubes qui contenaient de la braise en présence d'oxygène, soi! sec, soii humide, maintenus k la tempes rature de loo" pendant i4o heures, nous ont donné un louche net avec (') Bertsielot v.L Péan de Saint-Gh-LES, Bec/ierc/ies sur les affinilAs : De la forma- lion et de la décomposi'.ion des éthers {Ar.n. de Ch. et de Plu, 3= séii-^ l. LX\'. 1862, p. 385, cl t. LXVi, iS63, p. 5). SÉANCE DU !'■' DÉCEMBRE igo2. 927 Teau tle baryle indiquant la formation d'une petite quantité d'acide carbo- nique. Et, si nous élevons légèrL' nient la température aii-dessus de 100°, nous voyons, entre lo/i^ et lio", l'acuic carbonique augmenter lentement, mais nous fournir déjà, après 200 heures, une proportion de 10 pour 100 diacide carbonique par rapport au volum > total. Cette combustion lente se poursuit de même à des températures plus élevées, et à 198° après 24beiires il s'est formé une proportion de 5o pour 100 d'acide carbonicpie. » Les résultats sont identiques pour la braise de boulanger et l'air atmosphérique. A une tiempérature de lo'j", après 264 heures, nous avons trouvé une quantité d'acide carbonique de 4» 44 pour 100. w Si nous employons une autre variété de carbone tel que le noir d'acé- tylène que nous avons étudié précédemment tlans nos recherches sur les carbones amorphes, nous reconnaissons que cette variété, déjà plus poly- mérisée, ne fournit lentement des traces d'acide carbonique en présence de l'oxygène humide eu tube scellé qu'à une température de i5o°. » Ce noir d'acétylène, chauffé dans un courant d'oxygène sec au moyen de l'appareil décrit précédemment, donnait visiblement des traces d'acide carbonique à 240° et ne devenait incandescent qu'à 635°. » L'eau intervient dans nos expériences d'une façon très nette pour aidera l'oxydation. La surface du charbon intervient aussi, et l'oxydation est d'autant plus prononcée que le charbon est en poudre plus fine. » A la température de 100° et à une pression voisine de la pression atmo- sphérique, la braise Le i6 novembre, les lapins .\ et B sont bien portants, le lapin G également, mais son urine contient du sucre. » Le 18 novembre, le lapin A supporte bien l'injection intra-veineuse de o"'s, 2 par kilogramme; après une parésie passagère, il reprend son état normal. Les lapins B et C, auxquels on a injecté de même o™s,2 par kilogramme sous la peau et dans le péritoine, ne présentent aucun accident; le lendemain le lapin C a de nou- veau du sucre. Cette glycosurie n'est plus constatée dans les urines du ig. » Le 22, nouvelles injections de o'^s^S par kilogramme dans les mêmes condi- tions aux trois animaux. Mais, le lendemain, B et C ont beaucoup de sucre dans leurs urines; le 24 le sucre a disparu. » Le 25 on injecte o'"8,4 au lapin A, qui ofTre une légère parésie et se remet, et à B etCo"'E,5 par kilogramme. Le lendemain, le lapin B (voie sous-cutanée) présente seul de la glycosurie. » Expérience VI. — Le 22 novembre on llxe à la paroi abdominale la vessie d'un lapin de 2''e, 18. On l'ouvre pour recueillir les urines complètement; puis on injecte dans le péritoine o"s, 2 par kilogramme; on prélève quelques gouttes d'urine dans la vessie toutes les 10 minutes. A la troisième prise, c'est-à-dire moins d'une demi- heure après l'injection, la présence de sucre est constatée dans l'urine. Le glvcose apparaît donc entre 20 minutes et une demi-heure après l'injection intra-péritonéale. » Plusieurs faits se dée^agent de ces expériences : » 1° Dose mortelle pour le lapin de l'adrénaline injectée en solution dans les veines. — Si l'on se reporte aux cinq expériences dans lesquelles la so- lution d'adrénaline a été injectée directement dans la veine, on voit que l'on a déterminé rapidement la mort de l'animal avec o'"ô',5 d'adrénaline (expér. II) par kilogramme, et même o'"''',2 (expér. I). D'autre part nous avons vu l'animal survivre après l'injection de 0""^, i par kilogramme (expér. V). La dose mortelle paraît donc être intermédiaire entre o'^s,! et 0""^, 2 par kilogramme. » 2° Causes de la mort dans l'intoxication adrénalique. — La mort paraît due à deux ordres de causes : troubles nerveux dont l'expression la plus simple est la parésie des membres poster, eurs qu'on observe pendant quelques minutes chez les aniniaux qui survivent, et dont l'expression la plus élevée est représentée par ces convulsions cloniques et toniques avec opistliolonos et mydriase que nous avons notées dans l'expérience I ; troubles c. R., 1902, 1' Semestre. (T. CX.WV, i\° 22.) i22 9^0 ACADÉMIE DES SCIENCES. cardio-pulmonaires caractérisés par une respira lion accélérée lout d'abord, puis très ralentie aux approches de la mort ; la production d'un œdème pul- monaire signalé par un peu d'écume et de bave, dans les cas où les symp- tômes sont seulement ébauchés, par le rejet d'une quantité considérable d'écume rosée sanguinolente dans les cas rapidement mortels. A l'autopsie, les poumons sont roses, distendus par cette mousse sanguinolente et cou- verts d'infarctus; les plèvres contiennent souvent du sang. Le cœur est dilaté et reste en diastole animé de contractions longtemps persistantes. )) Les autres lésions de moindre importance sont les ecchjmoses péri- cardiques, diaphragmatiques et des capsules surrénales; enfin l'état d'anémie très prononcé des différents viscères (estomac et intestin sur- tout) et la turgescence des gros vaisseaux veineux. » 3° Accoutumance au poison. — Il est possible de diminuer la suscepti- bilité des animaux à l'adrénaline et de ci-éer une accoutumance qui permet de supporter les doses toxiques. Dans l'expérience IH, l'animal qui reçut le 29 octobre un peu moins de o™s,io d'adrénaline sous la peau par kilo- gramme survécut sans présenter de symjjtômes, et huit jours plus tard on put lui injecter o"'s^5 d'adrénaline par kilogramme dans la veine sans déterminer la mort immédiate comme dans l'expérience IL II présenta la paralysie des quatre membres, mais n'eut pas de phénomènes d'œdème aigu du poumon et ne succomba que dans la nuit. » L'expérience V est plus concluante. Le lapin A a reçu successivement à quelques jours d'intervalle o^t-^io, puis o'^^.ao, puis o"'",3o et même 0""^, 4o par kilogrannne sans présenter d'autres accidents qu'une parésie passagère, alors que la dose mortelle est entre o™s^io et o™s^2o. » Li° Différences d' action suivant la voie d' introduction du poison. — Si l'on injecte sous la peau et dans le péritoine les mêmes quantités qui ont déter- miné les accidents que nous connaissons après injection intra-veineuse, on n'observe ni troubles nerveux, ni troubles respiratoires, même à la dose de o™Sj5 par kilogramme. Toutefois l'injection intra-péritonéale e^t suivie d'une glycosurie des plus manifestes, même après introduction de faibles doses, o'^s^io par kilogramme. Cette glycosurie semble apparaître, d'après l'expérience VI, dans laquelle l'urine a été recueillie de 10 minutes en 10 minutes, entre 20 minutes et 3o minutes après l'injection iutra-périto- néale. La durée est i>lus diliicileà préciser : d'après l'expérience VI, il n'y aurait plus de sucre 24 heures après, mais dans ce cas l'animal était dans des conditions pathologiques; d'après l'expérience V, le la'pin C n'aurait plus eu de sucre dans ses urines que le surlendemain de l'injection. SÉANCE DU l" DÉCEMBRE 1902. qS I » Enfin, l'introduction de l'adrénaline sous la peau, qui n'avait pas pro- duit de glycosurie après l'injection de o'»e, i, o'"e,2, a déterminé une gly- cosurie manifeste après l'absorption de o"'s,5 par kilogramme. Ajoutons encore que, dans la région où a été faite l'injection sous-cutanée, on voit apparaître une escharre sèche. » L'apparition de la glycosurie après l'injection sous-cutanée d'adréna- line est favorisée par l'introduction antérieure de l'adrénaline par la voie ]iéritoréale, intervention qui a déterminé une glycosurie transitoire. » Deux lapinsreçoivent la même quantité d'adrénaline par kilogramme; chez l'un, l'injection est faite sous le périloine; chez l'autre, elle est prati- quée sous la peau; on observe pendant 24 heures une glycosurie marquée chez le premier, rien chez le second. Au bout de 2 jours, il n'y a plus de glycosurie ni chfz l'un ni chez l'autre. On injecte alors une dose plus élevée, o"s,25 par kilogramme, par exemple, chez les deux lapins et sous la peau. Le lapin qui a déjà eu de la glycosurie antérieurement présente seul du sucre dans ses urines. » D'autres expériences en cours nous ont montré que les animaux qui ont eu celte glycosurie après l'injection intra-péritonéale répétée à doses croissantes pendant quelques jours, n'ont plus de sucre dans les urines lorsqu'on injecte plusieurs fois de suite la même quantité d'adré- naline. » Tels sont les premiers résultats des recherches que nous poursuivons sur les propriétés de l'adrénaline. » PHYSIOLOGIE. — Le cœur à Vêlai normal el au cours de la grossesse; par MM. Ch. Bouchard et Baltiiazard. « Le procédé de GuilleminoL (') permet d'obtenir sur l'écran fluorescent un tracé exact de la projection orthogonale du cœur à l'aide des rayons X. Ce tracé est reporté à l'aide d'un papier calque sur une feuille de papier, et l'aire est évaluée en centimètres carres à l'aide du planimètre d'Amsler. » 49 sujets normaux ont été examinés : i3 hommes, 36 femmes dont 9 enceintes. La moyenne de la surface du cœur chez ces sujets est de 8 1 ""', 5 ; le plus petit cœur a une surface de 66™' ; le plus grand, de 104""', 5. M Réservant les femmes enceintes, la moyenne de la surface du cœur (') Comples rendus, 28 juin 1903. gSa ACADÉMIE DES SCIENCES. chez l'homme est de 89™', 5 avec des écarts de 78'"' à io4""'\5; de 76"""' chez la femme avec des écarts de 66'"' à 96""'. » La petitesse du cœur chez la femme pourrait être rapportée à une influence de sexe; en réalité, elle dépend de la laille plus petite, de la complexion plus grêle, de la musculature plus faible chez la femme que chez l'homme. S S S S « Pour le démontrer, il suffit d'envisager les rapports vy» =,> pi -r- de la surface du cœur à la taille, à la surface de section du thorax ('), au poids et à l'albumine fixe normale. Les moyennes de ces valeurs ont élé les suivantes : s s s s h' '1- p A, 5,34 0;'99 1,53 9-84 4,92 0,2l3 ",48 9>49 Chez l'homme 89i5 Chez la femme 76 » Comme on le voit, il est alloué pour chaque décimètre de taille une surface cardiaque moindre chez la femme que chez l'homme, ^""',^2 au lieu de 5"'', 34- Mais les femmes examinées étaient, à taille égale, plus grêles S S que les hommes, et les différences disparaissent pour les rapports p. -^j qui sont sensiblement égaux chez l'homme et chez la femme. S » L'examen du rapport ^ montre qu'il est plus élevé chez la femme; c'est que chez elle le développement du thorax est relativement moindre que celui des organes abdominaux et du bassin. Une femme, comparée à un homme de même laille et de même poids, doit avoir la même surface cardiaque, bien que la surface thoracique soit plus faible et que le rap- port ™ soit plus élevé. » Quant aux varialions individuelles, elles portent également, et dans S S S S les mêmes limites relatives, sur S et sur les coefficients yj, ^, p> j-; elles peuvent atteindre, pour chacune de ces valeurs, le quart de la valeur moyenne, et dans des cas exceptionnels la moitié de ces mêmes valeurs. » La pression artérielle a été mesurée à l'aide de l'appareil de del Riva- (') La surface de seclloii frontale thoracique est re(3réseiUée par le produit delà largeur du thorax au niveau de la pointe du cœur, mesurée sur l'écran radioscopique, par la distance de la fourchette sternaie au diaphragme. SÉANCE DU l" DÉCE^rBRE 1902. 933 Rocci modifié, qui donne des valeurs un peu inférieures à celles que fournit le sphygmomanomètre de Potain. Celle jiressiona éléen moyenne de 16*^™, 3 chez l'homme comme chez la femme. 1) Chez les femmes enceintes, les mêmes délerminalions ont fourni les résultats suivants : £ s s _s s. h' t' p' â;' 86°""', 6 5,5o 0,225 i,45 10,00 » Ces nombres doivent être comparés à ceux qui ont été obtenus chez les femmes normales. La comparaison montre que la surface cardiaque est accrue en valeur absolue pendant la grossesse, qu'il en de même des rap- S S S . , ports Y7 et 7p- Il n'en est plus de même du rapport p, qui n'a guère changé, et qui a même un peu diminué; c'est qu'en effet le poids de la femme a augmenté du poids du fœtus et de ses enveloppes, à peu près dans les mêmes proportions que la surface cardiaque, et même un peu plus vite. Par contre, l'albumine fixe correspondant au poids normal, A^^, n'a pas S varié, aussi le rapport -j- est-il nettement accru. » L'examen des tracés chez les femmes enceintes montre au niveau du ventricule gauche une dépression ou encoche qui se substitue à la saillie habituellement observée; cette dépression paraît liée au relèvement de la pointe par l'abdomen distendu; elle est constante [lendant la grossesse et ne se rencontre qu'exceptionnellement en dehors d'elle. » La moyenne des pressions artérielles pendant la grossesse est de 16*=", chiffre inférieur à la valeur trouvée chez les individus normaux. " En résumé, chez les individus normaux, la surface de projection ortho- gonale du cœur est indépendante du sexe; elle s'accroît avec la taille, mais non proportionnellement. Elle dépend surtout du poids de l'albumine fixe des tissus, ou, ce qui chez les sujets normalement conformés est sensible- ment la même chose, du poids du corps. Mais ces conclusions ne sont vraies que pour les valeurs extrêmes, et souffrent de nombreuses excep- tions pour les valeurs rapprochées. Des sujets normaux de même taille, de même poids, peuvent présenter des surfaces cardiaques assez diffé- rentes; ce fait n'est pas indifférent au point de vue des prédispositions morbides. » Il faut également tenir compte de la phase de croissance; chez les q34 académie des sciences. enfants, le cœur est relativement beaucoup plus développé que chez les adultes. Cet organe semble avoir atteint son entier développement vers l'âge de 20 à 22 ans, tandis que le reste de l'organisme continue de s'accroître jusqu'à 3o ans. » Chez les femmes enceintes, enfin, se manifeste une hypertrophie que l'on était en droit de suspecter, puisqu'en dehors de l'investigation clinique, jusqu'ici imparfaite, elle n'avait pu être étudiée qu'à l'autopsie; c'est seu- lement, par suite, dans des cas pathologiques qu'elle avait été constatée. Hommes normaux : i3. S S S S ïi' ï" F' v;' P»M (')• io4,5 6,0-'i 0,200 1,44 9>73 18 92 6,01 0,189 2,35 i3,23 i5 80,7 4>48 o,i85 1,22 8,10 16 78 5, 0,212 1,75 10,75 i3 84 5,1 5 0,194 1,55 10,62 16 io4 5,58 0,198 1,62 9,28 80 5,63 o,3oo 1,84 1.5,22 i4 Enfant i5 ans. 82 4)66 0,1 56 1,32 7,45 16 82,7 5,07 0,161 i,i4 8,32 18 90,5 5,i5 0,170 1,06 8,72 18 EnfaniiSans. 98 5,43 0,221 1,55 8,10 16,5 99 5,02 o,2o4 1,59 10, o3 17 93 5,4i 0,195 i,5o 8,46 17 fi63,4 69,43 2,585 19,93 128,01 211,5 89,5 5,34 0,199 ''^^ 9>84 16,3 ... 1 -^ , I . T S 2,35 — 1,06 _, » L écart relatif entre les valeurs extrêmes de 7- est — zr^ r=r o,b42, F 1 ,33 S 5,78 I) -j- » — ^ = o,58o A 9,84 si l'on néglige la valeur i5,22 relative à un enfant de i5 ans. ,,. ,.r S 6,o4 — 4i48 o » L écart relatif sur -r^ est ^-jtl = o , 267. H 0,43 » Taille moyenne : 16,8. (') PaM) pression artérielle maxima. SÉANCE DU l" DÉCEMBRE 1902. 935 Femmes normales : 1']. S. 7'- 96 94 87 87 85,5 83 79 76 75 75 74,5 73 72 72 70,5 70,5 70 69 69 69 67 66 66 86 70 76 2o5o,o 76 s s s S h' t' ?' a/ 4,80 0,2l5 I ,53 8,96 6,27 0,2l4 I ,68 11,80 5,98 0,202 I ,44 9,58 5,4o 0,217 I ,45 8,48 5,65 0,243 I ,72 10, 5o 5,37 ■0,236 1 ,49 9,20 5,42 0,219 1 ,38 9,85 5,o3 0,238 1 ,79 11,62 5,00 0,2o4 ,52 9,32 5,06 0,236 ,60 10,80 4,83 0,228 1 ,34 8,89 4,90 0,180 ,52 9,75 4,42 o,i54 1,29 7,34 4,93 0,226 1 ,62 10, .8 4,68 0,179 ,33 9,24 4,73 0,210 ,46 10, 3o 4,4r 0,188 ■,47 7,80 4,57 0,171 ,64 8,32 4,3i o,i83 1,21 8,3o 4,45 0,243 .,64 9,86 4,48 0, 190 .,44 9,'o 4,53 0,246 .,45 9,38 4,28 0,173 .,37 7,87 4,48 0,252 I ,52 • 9,72 5,58 0,261 .,5i . . ,5o 4,43 0,248 .,43 9,49 4,8. 0,199 5,755 4 1,29 0, .3 9,20 32,80 256,36 4,92 0,2 13 .,48 9 ,49 Pam. .8 '7 22 .6 .3 .8,5 .6 .5 '7 i3 '9 16 16 .5 .5 20 .4 i5 .6 18,5 16 .8 16 ■4 .6 442,0 .6,3 I •/■ S , 1,79 — 1,21 )i Lecail lelalif sur tt clonne — ,-,, - P 1,48 S  S H » Taille nuiNenne : i5,5. 0,893. j I ,80 — 7,34 , — ■—- — =0,472. 9,49 6,27 —4 ,28 , r ' '- — J— - =o,4o5. 4,92 936 ACADEMIE DES SCIENCES. Femmes enceintes non tuberculeuses : 9. S. s II' s t' S S A,' P».. Epoque de la grossesse, 83,5 5,09 0,188 i,'9 8,95 16 2 mois. 83,5 5,45 0,219 1 ,5o 9,92 16 4 mois. 92,5 5,85 0,245 1,74 1 0 , 1 5 18 4 mois i. 77 5, 10 0,233 1,85 9.45 j5 5 mois J. 92 5,86 0,192 1,48 10,22 16 6 mois. 97.5 6,25 0,286 1,54 II ,3o i5 8 mois. 81,5 4,9' 0,2l3 1,16 10,19 16 8 mois. 95 5,78 0,243 I ,32 10,04 M à terme. 77.5 5,20 0,208 I ,25 i3,o3 9,80 i4 .43 à terme. 780,0 49.49 2,027 90,02 86,6 5,5o 0,2 1,45 10,00 16 » Taille moyenne : i5,7. PHYSIOLOGIE. — Observations à propos des injections physiologiques; par M. Yves Dei.age. « Heidenhain, en 1874» a eu le premier l'idée d'injecter dans l'orga- nisme des substances colorantes et d'observer le lieu où elles sont éliminées pour localiser avec plus de précision la fonction excrétrice. Cette idée a été reprise, quelques années plus tard, par Kovalevsky qui l'a appliquée à beaucoup d'Invertébrés, et, dans tous les pays, un grand nombre de travailleurs, imitant son exemple, ont soumis à ce genre d'expériences la plupart des types du règne animal. « Le procédé consiste à injecter des substances colorantes, généra- lement le carminate d'ammoniaque et le carmin d'indigo : là où ces sub- stances se localisent, on déclare qu'il y a excrétion ; là où elles n'appa- raissent pas, on affirme que la fonction excrétrice fait défaut. 1) Il y a là, à mon sens, un vice de raisonnement qui n'attire pas l'at- tention parce que, dans la plupart des Mémoires, l'induction fautive reste implicite, n'est pas formulée, mais qui apparaît nettement dès que l'on va au fond des choses. » Le carminate d'ammoniaque, le carmin d'indigo et les autres sub- SÉANCE DU 1*"' DÉCEMBRE 1902. 937 stances usitées pour ces expériences ne sont pas des -produits de l'excrétion normale. De ce que l'on a constaté chez bon nombre d'animaux que les unes ou les autres sont éliminées par des organes de l'excrétion normale, on n'a pas le droit de conclure qu'il en sera partout de même. Le fait que divers organes excrètent soit le carminate d'ammoniaque, soit le carmin d'indigo à l'exclusion l'un de l'autre, montre que tel parenchyme qui excrète une substance est sans action sur une autre. Dès lors, de quel droit admet-on a priori que telles cellules, parce qu'elles éliminent telles sub- stances étrangères à l'organisme, artificiellement introduites, élimineront aussi des produits normaux très différents des précédents; et, inversement, que, parce qu'elles n'éliminent pas les premières, elles seront sans action sur les derniers? )) On est arrivé à un tel abus que l'on considère aujourd'hui, sans autre vérification, comme organes excréteurs des parenchymes dépourvus de canal excréteur et ne faisant pas partie d'une surface libre, c\yi\ fixent sim- plement les matières colorantes injectées, sans les éliminer, en les compa- rant à un rein d'accumulation. Or toute la pratique des colorations vitales, pour ne rien dire des colorations histologiqiies sur tissus morts, prouve que l'affinité des divers protoplasmes et substances de l'organisme pour les diverses matières colorantes est surtout spécifique, que tel protoplasme qui fixe telle matière colorante ne fixe pas telle autre : dès lors, de quel droit conclure de ce qu'il fixe la première qu'il fixera aussi des substances excré- mentilielles d'une nature toute différente? A ce compte, il faudrait dire que le système nerveux est excréteur parce qu'il fixe le bleu de méthylène! » Ces réflexions m'ont paru utiles, non pour condamner la méthode pré- cieuse des injections physiologiques, mais pour attirer l'attention sur l'abus que l'on commet en donnant, sans vérification, à ses résultats une extension qu'ils ne comportent pas. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur l'intégrale de Laptace-Abel. Note de M. G. Mittag-Leffler. , i) = F(coa?), et qu'on obtient en même temps FA(a;) = lim f e-"F(.r, co, y.) da Celte égalité a lieu partout à l'intérieur de l'étoile A, qui est encore une étoile de convergence pour l'intégrale de Laplace-Abel modifiée lim / e-"'Y{x, «>, 7.)r/(.o. » Au moment de terminer mon travail, j'ai eu connaissance d'un beau résultat de M. Le Roy [Sur les séries divergentes et les fondions définies par un développemement de Taylor {Annales de la Faculté des Sciences de Toulouse, t. II, année 1900, p. 322-328)], à savoir que l'égalité ¥k{x) = lim^ y^^^'^ c^x" (t positif, réel, plus petit que i) a lieu partout à l'intérieur de l'étoile principale A. En s'aidant de cette expression, on peut modifier (d'une autre manière que celle que j'ai em- ployée dans ma Note 4) l'intégrale de Laplace-Abel, de manière à repré- senter la totalité de la branche fonctionnelle FA(a;). On obtient en réalité FA(a;) = lim f e-'^F(m'x) di^, égalité valable partout à l'intérieur de A. SÉANCE DU l*""^ DÉCEMBRE 1902. 989 » L'étoile A est-elle encore une étoile de convergence pour les deux expressions 00 lim y '^j"^^\^ c,x" et lim f" e-'^FU' x) clw ? 0 Cette question me paraît être d'un grand intérêt. Je termine en remar- quant que les expressions que je viens d'écrire sont évidemment, toutes les deux, des expressions limites triples. » MÉCANIQUE. — Sur les conditions nécessaires pour la slabilité de V équilibre d'un système visqueux. Note de M. P. Dchem. « Un .système matériel admet une énergie utilisable A toutes les fois que des modifications réelles du système vérifient l'égalité rfSe + = «. » Nous aurons (') Liapounoff, Journal de Mathématiques, 5^ série, t. III, 1897, p. 8. (^) Hadamard, Journal de Mathématiques, 5" série, t. III, 1897, p. 33i. SÉANCE DU l'"'^ DÉCEMBRE tgoa. g^l OU bien (2) ^ = -42S,E,E'^-F + etc. Nous aurons ensuite -^ = - 42S^;; - 4iSpÇ/,ç^- ^- + etc. = - 4 2 S^^'; - 2 [ 4 S/;,, + 2 ( r, , r, + . . . + V ^« )] '"'r + ^t^. . ou bien (3) ^ = - 42:S,,E^^ - 2(2S^E^+ v^,l\ + . . . + (v„e'„? + etc. » Aux valeurs absolues des ^, ^', on peut assigner des limites supérieures 1, V telles que —rj ait le signe des termes explicitement écrits en l'éga- lité (3), c'est-à-dire le signe +. » D'autre part, on peut prendre les valeurs initiales des E, ^' assez voi- sines de O pour que le signe initial de -j- soit le signe des termes explici- tement écrits en l'égalité (2); on peut en outre prendre les valeurs ini- tiales des rapports - assez voisines de O pour que F soit négligeable par rapport à iS^lpC,' . Le signe initial de -y- sera alors le signe 4-. Quant à V, sa définition (i) le montre essentiellement positif. » Dès lors, l'une au moins des valeurs absolues des E, l' surpassera celle des limites 1, 1' qui lui correspond. » En effet, si la valeur absolue d'aucune des quantités ?,, ?,' ne surpas- sait sa limite, on pourrait assigner à la quantité essentiellement positive V une limite supérieure; mais, d'autre part, on aurait sans cesse -77?- !> o et, comme la valeur initiale de -j- est positive, V croîtrait au delà de toute limite avec le temps /; on aboutirait donc à une contradiction. » Le théorème énoncé est donc démontré. On remarquera que la démonstration ne fait aucun usage du signe de la fonction dissipative, que l'on sait être une forme définie positive. » 9^2 ACADÉMIE DES SCIENCES. BALISTIQUE. — Tracé des courbes de pressions. Note de M. E. Vallier. « Je donne aujourd'hui les éléments nécessaires au tracé de la courbe des pressions. » En fonction des temps, la courbe pour p > i est tangente à l'origine à l'axe des temps, passe par un maximum pour ;; — i, et s'abaisse ensuite vers l'axe des temps. Elle présente deux points d'inflexion pour les va- leurs de =-v4- » Le calcul des ordonnées se fait immédiatement par la formule et celui des inclinaisons par tang6 = p^^P(:;). » Les tracés en fonction des espaces sont d'un calcul un peu plus com- pliqué, mais d'une exécution tout aussi facile. » Il suffit d'indiquer que la courbe, tangente à l'origine à l'axe des pressions, passe par son maximum en un point donné par ii, = U*,('x). et par un point d'inflexion où l'on a «(l) -^ ^ z., étant donné par l'équation et P3=P.P(^,). Enfin, à la bouche de la pièce, on aura P3--=P,P(a) et SÉANCE DU !*•' DÉCEMBRE 1902. 3P, l — z P(a) tango, = V X -^ ^^ 943 » Ces relations seront utilisées lorsque a, et p auront été déterminés séparément, et en se reportant aux Tables des fonctions construites avec l'araiiiment fi. « Lorsque Ton admettra la relation probable entre les deux caracté- ristiques (a-l)[i=2. on fera usage du Tableau ci-dessous dans lequel on suppose les échelles des pressions et des espaces choisies de telle sorte que les unités respec- tives P, et U soient représentées par la même longueur. » S'il n'en était pas ainsi, les valeurs numériques indiquées pour les P tangentes seraient à multiplier par le rapport métrique des unités -g-- Sommet. Inflexion. a. p,. *,. lange,. P: *,. tangBj. P,. * 3. tange,. 1,3 I 0,200 0 0,798 —0,545 -0,82 0,454 1 — 0,60 1,4 I 0, i65 0 o,8o3 0,453 0,92 o,38o I 0,57 1 ,5 1 0,134 0 0,808 0,375 I ,o3 o,3o8 0,53 ,,6 I 0, I i3 0 0,818 0,025 i,i4 0,257 1 0,49 «.7 1 0,097 0 0,837 0,279 I ,25 0,229 0,45 1,8 1 0,084 0 o,835 0,245 1,36 0,189 0,40 1,9 1 0,075 0 0,842 0,218 1,47 0, i63 o,36 2,0 I 0,067 0 o,85o 0,196 1,58 o,i4o 0,33 2,1 ! 0 , 06 I 0 o,856 0,174 1,69 0, 123 0,32 2,2 1 o,o55 0 0,863 o,i58 ■ ,8i 0, 109 o,3o 2,3 I o,o5o 0 0,867 0,145 ■,93 0,097 0,28 2,4 1 0,045 0 0,871 o,i35 3,25 0,086 i 0,27 2,5 1 o,o4i 0 0,874 0, 128 2,18 0,076 0,25 3,0 I 0,026 0 0,880 0,081 2,74 o,o44 I o,i4 944 ACADÉMIE DES SCIENCES. NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la formation d'une liste de deux candidats qui doit être présentée à M. le Ministre de l'Instruc- tion publique pour la place laissée vacante au Bureau des Longitudes par le décès de M. Cornu. Au premier tour de scrutin, destiné à la désignation du premier can- didat, M. Darboux obtient 52 suffrages M. Hatt » 4 M. Maurice Levy » i » Il y a 2 bulletins blancs. Au second tour de scrutin, destiné à la désignation du second candidat, M. Hatt obtient Bi suffrages M. Appell » I )i Il y a 6 bulletins blancs. En conséquence, la liste présentée par l'Académie à M. le Ministre de l'Instruction publique comprendra : En première ligne M. Darboux. En seconde ligne M. Hatt. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à l'élection d'un Membre de la Section d'Astronomie, pour remplir la place laissée vacante par le décès de M. Faye. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant Sg, M. Deslandres obtient 32 suffrages M. Bigourdan » 25 » M. Andoyer >- i « M. Puiseux » 1 » SÉANCE DU l" DÉCEMBRE 1902. 945 M. Deslaxdres, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est pro- clamé élu. Sa nomination sera soumise à l'approbation du Présideot de la Répu- blique. MÉ3IOIRES PRÉSENTÉS. M. J. Balondrade adresse une Note relative à des « Bombes et fusées paragrèles ». (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) M. J. Valetos adresse une Note sur « la Locomotion aérienne par les aéroplanes ». (Renvoi à la Commission de l'Aéronautique.) M. BoucAUD adresse une Note relative à l'Aérostation. (Renvoi à la Commission de l'Aéronautique.) M. Hexri Villard soumet au jugement de l'Académie les résultats d'expériences qu'il a effectuées avec de grandes hélices à très petit pas. (Commissaires : MM. Maurice Lévy, de Bussy.) CORRESPOIVDAIVCE. M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspon lance, une brochure de M. Icilio Guareschi, aynnt pour litre : « Fauslino Malaguti e le sue opère ». M. LiŒwv fait hommage à l'Acadéinie, au nom de M. Hepites, Direc- teur de l'Institut météorologique de Bucarest, d'un Essai historique sur les travaux astronomiques exécutés en Roumanie jusqu'à la fin du XIX* siècle, et fournit quelques renseignements sur le contenu de cette intéressante Notice. Elle fait connaître que les premières observations C. R., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N° 21.) 12^ 946 ACADÉMIE DES SCIENCES. astronomiques ont été faites avant 1716 par Christantie Novara, un élève de Cassini, à qui l'on doit les positions géographiques de Bucarest et de Targovistea. M. Hepitesy rend compte de toutes les études astronomiques et géodésiques accomplies dans son pays depuis cette époque lointaine, et il signale que c'est également un astronome, ancien élève de l'Observa- toire de Paris, le colonel Capitaneanu, qui, le premier, a introduit en Rou- manie les méthodes de haute exactitude de l'Astronomie moderne. Il a joint, à cette esquisse historique très instructive, une biographie de cet éminent officier auquel ce pays est redevable de la plus belle partie de sa triangulation. En terminant, M. Hepites fait ressortir avec raison certains travaux de théorie pure, effectués en Roumanie dans ces derniers temps par deux savants de grande valeur sortis de nos hautes Écoles, Gogou et Haretu, qui ont traité quelques-uns des problèmes les plus intéressants de la Mé- canique céleste. Ce tableau de l'activité astronomique en Roumanie met en lumière d'une manière incontestable que ce pays est, à l'époque actuelle, le théâtre d'un remarquable essor scientifique. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur quelques conséquences de certains dévelop- pements en séries analogues aux déi>eloppements trigonométriques . Note de M. W. Stekloff, présentée par M. Picard. « 1. Nous allons indiquer, dans cette Note, les applications nouvelles du théorème général énoncé dans ma Note précédente. » Désignons par V„ («:=i,2, 3, . . .) les fonctions, assujetties aux conditions V,, -H /{•„¥„ = 0, V„(a) = o, V„(è) = o. On a évidemment , . , Tc^/i^ -r / 2 . mz(x — a) (0 ^"-Ib^T^^^ V„=y/^-^sm-A___J. » Soit /"une fonction continue avec sa dérivée du premier ordre dans l'intervalle (a, />) et s'annulant pour les limites de cet intervalle. Posons (2) /=A.V, -^A,V,+...+ A„V„ + R,„ A,= f /\,dx. SÉANCE DU l'' DÉCEMBRE T902. 94? On trouve, en tenant compte du théorème de ma Note précédente, h " (3) T,^^ f Ridx<-^ — _ = j:;i_<:^i^ — < "n-rl M, désignant le maximum de module/'(a;) dans l'intervalle (a, b). » L'égalité (2) montre que R„ est une fonction de x, continue avec sa dérivée à l'intérieur de l'intervalle («, h) et s'annulant pour les limites de cet intervalle. On a donc d'où, en vertu de (1) et de (3), R„(a-)< 2 VT„T„ < -z^TTTT)"" » On obtient donc le théorème suivant : » Théorème. — Toute fonction f, continue, admettant la dérivée du pre- mier ordre dans l'intervalle donné (a, b) et s'annulant pour les limites de cet intervalle, se développe en série uniformément convergente de la forme suivante : / = > sui — j / / sm — ^ ax. 2-' ^ b — a J ' b — a * = i » La valeur absolue du reste de cette série ne surpasse pas la quantité {b — a)\/2 M| M, désignant le maximum du module def'{x) dans l'intervalle donné. » Ce théorème n'est qu'un cas particulier d'un théorème plus général qui s'énonce comme il suit : M Théorème. — Toute fonction f, satisfaisant aux conditions du théorème précédent, se développe en série uniformément convergente de la forme sui/^ante : (4) f=^y^A,y„ A,^fpfw,dx, 948 ACADÉMIE DES SCIENCES. OÙ Y^ sont les fonctions définies par les conditions y"„ + k,pY„ = o, V„(a) = o, Y„(b) = o, p étant une Jonction positive ne s annulant pas dans l'intervalle (a, è). M La valeur absolue du reste de la série (li) ne surpasse pas le nombre \j2(b — a)M, \/Po V^^«+i /'„ étant le minimum de p. » 2. Supposons que / admette les dérivées de deux premiers ordres dans l'intervalle (a, b). On trouve r, = -f''KR,,dx, c'est-à-dire n. ■p'" X': X' X' X, xr. ^ ,., CVfj ^o (modp). » On en déduit la solution du cas général. Expliquons-le sur un exemple simple. » Soit à résoudre le problème dans le cas de deux inconnues x, y, pour r = 2. » On fera, dans le déterminant qui précède, m = 5, x^=^ x'-, x.^^^ xy, x^^ y , x^ = X, x^=^ y. » On trouve X ^p' _ x^p' xP'yP" — xPyp" y 2/)' •/■ 2/-' x^p' — x^P' xPyP' — xP'yP' y^P' — y'^P' X^P'—X^'P" xPyP'-xPyP' y^P'-y'-P' x^P — x-P xPyP — xPyP x^ xPyP — xy X •ip y'"'- y'" -y -f xP' - xP' yP' - yP' xP' — xP' yP' — yP' xP' — xP' yP' — yP' xP'—xP yP'—yP xP — X y^ — y o (mod/>). » On peut ensuite se projioser de trouver le produit des congruences irréductibles d'ordre r. Soit P^-^o (modp) la congruence obtenue en faisant le produit de toutes les congruences dont le degré ne dépasse pasr. On fera d'abord le quotient de P^ par P, , (mod/>) et l'on n'aura plus qu'à chercher l'ensemble des facteurs simples du quotient obtenu par les méthodes connues. » Ainsi, en divisant le premier membre de la congruence précédente par xP- -P xP X y^ -y x^" — X y'' ^ y on aura le produit des congruences irréductibles de degré 2 en x, y. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la généralisation des fractions continues. Note de M. Auric, présentée par M. Jordan. « Considérons k + i quantités réelles ou complexes flo, a,, «2, a-i, ..., «A-i > (^ki SÉANCE DU I*'' DÉCEMBRE 1902. gSl que nous supposons rangées par ordre décroissant des modules. » Posons a 1/, étant l'entier le plus rapproché du quotient Ct/g » On aura aie sont complexes. » On posera également < - si les nombres considérés sont réels et <' - s'ils S/^ .;i puis et ainsi de suite. » Il est clair que les quantités a^+o ^a+2' '^a+3> • •• diminuent indéfini- ment en valeur absolue et ont pour limite zéro, limite qui est effectivement atteinte lorsque les quantités considérées sont réductibles dans le domaine des nombres entiers. » On établit aisément la relation ai = Q'„a„ + Q;,^, a„^, +. . . + Q;,^,_, a„^,_, + (- i)<*Q'„^, a„^, avec les formules récurrenes Ql=VAQr*+(-i)*Q;;*^'. » On peut établir que, lorsque ï étant fixe et n augmentant au delà de toute limite, les expressions et restent finies et comprises entre deux limites fixes | Ka,| et | R'ar, |, en valeur absolue. M II en résulte que le vecteur Q", Q", Q", .... QJ^' a une limite bien déterminée et que ce vecteur limite est normal au vecteur a„, a,, «2- •••• ^k- » Le théorème de Lagrange a pour corrélatif le suivant : » Considérons k formes quadratiques des k -t- i variables a^,a,, a.,, ..., U;^; Ç)5i ACADEMIE DES SCIENCES. au moyen des substiuitions étudiées ci-dessus ces formes peuvent s exprimer en fonction des variables a„, a„+f, a„+o, ..., «„+/j- » Le théorème fondamental consiste en ce que les coefficients de ces formes "successives restent tous inférieurs en valeur absolue à des nombres fixes, de sorte qu'au bout d'un certain nombre d'opérations on retombe sur les formes dont on est parti ou sur des formes déjà envisagées; en d'autres termes, la suite des 1 est périodique simple ou mixte suivant le cas. M La méthode décrite permet donc de se rendre compte si un vecteur quelconque donné a„,rt,, «2, ....fl;; est une solution d'un système de formes quadratiques de k -\- i variables à coefficients entiers. » Elle permet, en outre, de généraliser la notion d'équivalence de Dedekind, ainsi que les recherches de Dirichlet. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur ks transcendantes uniformes, définies par des équations différentielles du second ordre. Note de M. R. Liouville, présentée par M. Jordan. H J'ai quelques mots à répondre aux nouvelles observations de M. Pain- levé : Je n'aurais, paraît-il, que le choix entre une erreur et un truisme. » L'erreur qui m'a été reprochée n'est pas de moi et ma Note citée ne laisse ni doute possible, ni choix à faire. » Quanta la proposition que M. Painlevé semble aujourd'hui regarder comme un truisme, c'est celle qu'il énonçait, dans sa Note du 8 septembre, comme étant la seule, en réalité, démontrée par mon analyse. L'énoncé qu'il en a donné, en croyant me rectifier, ne diffère en aucun point essen- tiel de celui que j'avais indiqué moi-même. » Pour l'établir comme je l'ai fait, on ne rencontre aucune difficulté. S'ensuit-il que ce soit un truisme? Il importe peu que mon raisonnement puisse être étendu à toutes les équations différentielles du second ordre, car il n'y a en ceci aucune absurdité, lorsqu'on ne modifie pas mon énoncé, et ma première Note a d'ailleurs mentionné que je n'avançais rien encore de spécial aux équations à points critiques fixes. » [/analyse très brève que j'ai présentée introduit les véritables élé- ments de la question que j'avais en vue, et l'on n'arriverait guère, en cherchant à lui substituer une prétendue évidence, qu'à sous-entendre des restrictions importantes. SÉANCE DU l" DÉCEMBRE 1902. gSS » L'appréciation de M. Painlevé sur tous ces points se ressent, je le crains, de l'erreur qu'il ni'altribuait d'abord. » Au lieu du couple d'intégrales de l'équation différentielle dont il s'agit, je considère trois solutions d'un système d'équations aux dérivées partielles. Ces solutions, dont la connaissance permettrait d'intégrer l'équation proposée, n'en sont nullement des intégrales, bien qu'elles jouent nn rôle analogue. » En disant que la question ainsi posée se trouve résolue par sa Note du 27 octobre, voici en définitive le théorème que M. Painlevé donne indi- rectement comme démontré : » Soient .T , = -; ) X, = dxi ^ il XI ' ■' dx'] de sorte que a?,, x-^ sont des fonctions do ^,, x.,, a;,, données en vertu de l'équation diUérentielle qu'd s'agit d'étulior. » Si l'on désigne par h, h! , h" les indices i, 2, 3 placés dans un ordre quelconque et que l'on pose /':^=-ihf4'^r!i (',/t=.,2,3),- en représ(Mit-Mit |);!r z,,Z2»-3 trois fonctions inconnues de a;,, x.^, x^; par z^^'\ :"'', ... leurs dérivées partielles des deux premiers ordres, les équations 2 (*'?/'<■•*— ^2/'S)-^<><'^AM + a:-,, = o, [i.k\ définissent les z et, comme conséquence, les pfl- » Quand l'équation différentielle proposée est irréductible, au sens adopté par M. Painlevé, c'est-à-dire quand il n'existe, entre deux intégrales distinctes et leurs dérivées partielles d'ordre fini, aucune relation algé- brique différente de celle qui se déduit de la connaissance du dernier multiplicateur, il arriverait toujours que, parmi les fonctions pfl, l'une au moins fût transcendante. » Cette proposition, supposée exacte, traduirait une propriété des fonc- tions 3, qui n'étant, pour l'équation proposée, ni des intégrales, ni des G. R., 1902, 1' Semestre. (T. C\X\V, N" 22.) 125 ()54 ACADÉMIE DES SCIENCES. solutions particulières, éch;ippent entièrement à l'analyse employée par M. Painlevé dans sa Note du 27 octobre. » Mais M. Painlevé va plus loin encore : dans cette voie, ni dans aucune autre, on ne pourrait aboutir à un résultat positif. » En d'autres termes, on ne saurait concevoir aucun mode de réducti- bilité qui ne soit compris dans celui dont M. Painlevé a fait l'étude. » Je n'ai pu découvrir les bases mathématiques de cette opinion, un peu isolée, de sorte que je me vois obligé d'abandonner là, et d'adleurs d'une façon définitive, toute cette discussion, devenue sans objet précis. » THERMODYNAMIQUE. — Méthode pour évaluer les lempéraLures dans l'échelle thermodynamique centigiade. Note de M. Pon-sot, présentée par M. Lippmann. « Dans une Note récente (^Comptes rendus Au 27 octobre 1902) sur la force électromotrice d'un élément de pile thermo-électrique, j'ai indiqué les conditions nécessaires pour pouvoir calculer les températures dans une échelle thermodynamique, soit avec la valeur de cette force électromotrice, e, mesurée par les procédés ordinaires, soit avecla valeur dey, c'est-à-dire du phénomène de Peltier, mesurée par le procédé donné par M. Pellat {Comptes rendus, t. CXXXIII, igot, p. 921). » M. Pellat {Comptes rendus du 3 novembre 1902) a fait remarquer que la méthode qu'il a proposée pour évaluer en valeur absolue les basses tem- pératures n'est pas identique à celle qui repose sur la mesure de q, et no- tamment qu'elle n'exige pas l'emploi de deux températures connues en valeur absolue. » ].a méthode de M. Pellat repose, en effet, sur la mesure simultanée de trois grandeurs : la force électromotrice, e, d'un élément, le phénomène de Peltier, q, à l'une de ses soudures, et la température t de cette soudure dans une échelle thermométrique ordinaire. » En tenant compte des résultats théoriques que j'ai établis dans ma Note précédente, je vais décrire succinctement une méthode plus simple et plus précise que celle de iVI. Pellat, puisqu'elle n'exige que la mesure de deux grandeurs e et q, et qu'on n'y emploie aucune relation empirique. » 7^ et 7^ étant constants, on a, pour la force électromotrice d'un élé- ment, SÉANCE DU l"' DÉCEMBRE I902. gSS » Si la température 0 reste fixe, q esL im.iriable. dK — B. » Mode opératoire. — La soudure chaurle sera portée à une température inva- riable 0, supérieure à la température d'ébullitiou de l'eau. L'autre soudure sera d'abord portée à la température de ioo° centigrades; on mesurera e' et q', dont la somme S' correspondra à la température absolue 6'. « Cette soudure sera ensuite portée à la température du zéro centigrade, on me- surera e" et q", dont la somme S", correspondra à la température absolue 0". » L'échelle qu'on a choisie pour les températures absolues étant celle où l'intervalle fondamental est également de 100°, on a S" S' La soudure froide étant portée à une autre température inférieure à 6, si l'on trouve comme mesures e et q, dont la somme est S, celte température, repérée dans l'échelle centigrade, sera S -S" Cette température, évaluée dans l'échelle thermodynamique dont l'échelle centigrade fait partie, est t -+- 8". » Pour déterminer 6", on résoudra par tâtonnements l'équation suivante, en posant 6'=0"+ 100, |^ + BLogO" = ^+BLogO'. » A3'ant ainsi simultanément mesuré la force électromotrice de l'élément thermo- électrique et évalué la température de l'une des soudures dans l'échelle thermodynamique adoptée, puis répété ces mesures et évaluations dans des limites de température aussi étendues que possible, on pourra déterminer les constantes de la relation que j'ai donnée entre la force électromotrice et la température absolue. » Il suffira alors de mesurer cette force électromotrice pour la déleimination des températures absolues, dans les limites de température dépendant de la nature des métaux formant l'élément thermo-électrique. Cet élément servira de thermomètre étalon. » On pourrait également, après avoir obtenu dans le calcul de 0" la deuxième con- stante de la relation enl^e q et la température absolue, utiliser seulement la mesure de q. » Le critérium de l'exactitude de la méthode sera que les valeurs de e et de ^, utili- sées séparément, devront donner des indications de température concordantes et indépendantes de la composition de l'élément thermo-électrique. * » M. Pellat a décrit un procédé pour mesurer q, du phénomène de Peltier : il a calculé et indiqué l'erreur maximum de sa méthode. L'expé- rience juslifiera sans doule ses prévisions, et il est à espérer que, par la pratique, ce savant pourra beaucoup diminuer les erreurs méthodiques. 956 ACADÉMIE DES SCIENCES. » Quelle sera la précision de la mélhode (jue je propose? Quels écarts présenleronl les résultats de cette méthode et ceux qu'on obtient avec le thermomètre à gaz? L'expérience seule permettra de répondre à ces questions. » C'est pour des considérations de précision que je m'abstiens de déve- lopper une antre méthode de détermina! ion des températures dans l'échelle thermodynamique centigrade : cette méthode reposerait sur la mesure de s. ou de ses variations dans les points d'un conducteur métallique à des tem- pératures différentes, et dans des conditions phis faciles à concevoir qu'à réaliser. » PHYSIQUE DU GLOBE. — La pesanteur le long du parallèle moyen. Note de aI. J. Collet, présentée jiarM. Lœwy. « Après avoir exposé, dans une Note précédente, la partie de mes observations qui concerne les durées des oscillations du pendule, je vais maintenant considérer les déterminations corres^onànnles de la pesanteur. M Le Tableau suivant donne, en mètres, les valeurs de ^, aux diverses stations, déduites de la valeur déterminée au rez-de-chaussée de l'Obser- vatoire de Paris, par le commandant Defforges, dans la salle des expé- riences pendulaires. Pour les valeurs de t,; qui ont servi à ce calcul, lorsque plusieurs expériences ont eu lieu dans une même station, on a ])ris la moyenne des résultats obtenus. Le Tableau renferme, en outre, les éléments du calcul de la gravité g^ au niveau de la mer, ainsi que les ano- malies gg — g, que fait apparaître la comjjaraison de g^ avec la valeur théorique normale g,. Tableau des pesanteurs observées et réduites au niveau de la mer. Paris o,7ii3523 9,81000 9,(Sioi3 9,81080 — 0,00017 Marseille Siya 9,8054:3 9,8o556 9,8o536 +0,00020 Cap Ferrele 4629 9,80695 9,80696 9,80636 +o,ooo4o Bordeaux 4923 9,80614 9,8o63i 9,80678 —0,00042 Aurillac 5 191 9,80940 9,80664 9,80682 —0,00018 Saint-Pierre-le-Chastel.. • 5ii2 9,8096a 9,80708 9,80752 — o,ooo44 Saint-Agrève 5563 9,80488 9,80648 9,80689 — o,ooo46 Valence " 49o3 9,80619 9,80646 9,80682 — o,ooo36 Grenoble 4998 9180093 9,8o635 9,80705 — 0,00070 La Bérarde 643i 9,80200 9,80537 9,80682 -'0,ooi45 Le Lautarel 6701 9,80124 9,8o524 9,80688 — o, 00164 Turin o,7ii5io55 9,8o588 9,80640 9,80694 — o,ooo54 SÉANCE DU l" DÉCEMBRE 1902. 957 Eléments de la réduction au niseau de la mer. Paris Marseille Cap Ferrel Bordeaux AuriJlac Saint-Pierre-le-Chaslel . Saint-Agrève Valence Grenoble La Bérardo 1788 Le Lautarel 20j8 Turin » Pour la réduction au niveau de la mer, on a employé la iormule de Boueriier il? Allilude h. l.alitude A. Densité 5 m 60 48.5o.li 2 61 43.18.17 2,6 6 44.38.49 3 74 44.5o.i8 2 640 44.56.46 2.73 753 45.48 2,73 io58 45. 0.36 2,7 125 44.56 '-9 210 45. 11.22 2,6 1788 44-56 2-7 20j8 45. 2.5 2,7 233 45. 4-8 2 t,o ih f 3 3\"1 H V 4 . dans laquelle â est la densité moyenne du sous-sol de la station; A, celle de la Terre, soit 5,5 ; h, l'allitude de la station ; et, enfin, R le rayon de la Terre. » Les valeurs de S résultent des indications autorisées des géologues les plus compétents. Elles sont justifiées par les coupes géologiques qui ren- ferment mes Notes antérieures insérées dans les Comptes rendus. )) Le calcul des valeurs normales g, de la gravité a été fait à l'aide de la formule Defforges o-, = 9,78124(1 + o, 005243 sin->.). » En dehors même de tout examen ciitique des diverses formules em- ployées en Géodésie, pour le calcul de g,, le choix de la formule précé- dente s'imposait ici, en raison de la coordination de mes observations avec celles du Service géographique ('). » Les valeurs g„ — g, des anomalies exigent encore, dans certaines sta- tions,une dernière correction, celle âaY attraction topograp/iic/ue (*). Cette correction, qui demande de très laborieux calculs, vient diminuer le déficit (') Voir, sur ce point, le Mémorial du Dépôt de la Guerre, t. XV, p. 16. (^) Comptes rendus, t. CX^XXI, p. 654 et 742. pSS ACADÉMIE DES SCIENCES. appiirent fie la pesanteur. Sa valeur est 0,00018 à la Bérarde, et 0,00006 au Laularet, ce qui réduit le déficit aux valeurs suivantes : » 0,00127 à la Bérarde, o,ooi58 au Laufaret. Quanta Va flexion du pen- dule, signalée par M. Helmert, et calculée j)ar lui, elle est sans influence sur les déterminations relatives de la pesanteur. » En examinant la suite des valeurs de gg — g,, on voit qu'on n'a observé des excédents de pesanteur que dans dcix stations, l'une près du bord de la mer (Observatoire de Marseille), l'autre (Phare du cap Ferret) dans une situation insulaire, l'excédent, dans ce dernier cas, étant double du premier. Partout ailleurs on a constaté tin déficil croissant en même temps que le relief du sol devient plus considérable. » Ce défaut de pesanteur, au niveau de la mer, sous les massifs monta- gneux, est l'indice d'une constitution spéciale de la croûte terrestre qui, sous les masses en relief, doit avoir une densité moyenne plus faible que sous les plaines, au même niveau, et surtout que sous les mers et les océans. I PlanJ) lin Cantal jSSS S*Flour ~t2 Courôe^das- anomaii&y ! LePirf ! eue Clïobertov 'i MonchcioVe TaÉc&rf %.?r« ^ -^^ leMfionc -'/•Si i laQ:apeIle/ \^ ■izS Ar.cmalies de laPesraiteiir le long du Parallèle mojon. SJicSs, des Zf-r.//ioairs ITcaiti^rrj dev^xjùis dca^)lccs. » La fleure précédente rend sensible aux yeux la corrélation existant entre le relief du sol et les anomalies de la pesanteur. Elle fait apparaître SÉANCE DU l" DÉCEMBRE 1902. gSg quelques particularités remarquables sur lesquelles je me propose de revenir dans le Mémoire que je compte rédiger sur l'ensemble de mes expériences pendulaires. » CHIMIE. — Sur la composition des hydrates de gaz. Note de M. de Forcradn. « J'ai indiqué (') comment on peut, au moyen de ma relation générale ^ = 3o, déterminer la composition des hydrates de gaz qu'il est presque toujours impossible de fixer exactement par l'analyse directe, et j'ai donné deux méthodes pour obtenir ce résultat. J'ai déjà appliqué ces règles (^) à l'hy- drate de chlore, qui a pour composition : Cl-+ 7H-O. M Dans la plupart des autres cas, la première méthode seule est appli- cable, parce qu'on ne connaît pas la chaleur de solidification totale (L + S) de la molécule gazeuse. Mais la précision de celte méthode est toujours suffisante pour savoir si l'hydrate est à 6, 7 ou 8 H^ O. » J'ai fait les calculs de Q', de T' et de n pour tous les hydrates dont on a déterminé les courbes de dissociation, en me reportant aux travaux de M. Villard, M. Roozeboom, MM. Cailletet et Bordet, et à ceux que j'ai faits moi-même. « Le Tableau suivant donne les résultats obtenus. Les valeurs de Q' sont souvent des moyennes de quinze ou vingt résultats donnés par la for- mule de Clapeyron appliquée aux courbes. Formule Formule T. r. Q'- Q- calculée. probable. Cal tol Az. . . . 0 — 187 ou 86°abs. -43 "s ou 229,2 i3,3o 6,87 Az + 4,5 H^O 4 OU SH^O CH*. . -i64 109 abs. —29 244 iô,35 7,32 CH*+6,3iH^O &W0 CO^ . - 78,2 194,8 — 21 , 2 25i,8 16,16 7,55 CO-'-h6,o2H^O &W0 Az'O. - 88 i85 — 19'3 253,7 16,29 7,61 Az^O + 6,o6H20 6H^0 C^H«. — 85 188 — 15,8 257,2 i7>7' 7,71 C=H«+6,99H20 7H2O C^H^. - 85 188 -i5,4 257,6 '5,92 7,73 C2H^+5,73H20 6H'-0 C^H». — io4 169 -i3,4 259,6 18,34 7,76 C=H*+7,37H'-0 7H-^0 PH'. . - 85 188 - 6,4 266,6 .6,^4 8,00 PH'-l-5,9oH^O 6H-0 (>) Comptes rendus, t. CXXXIV, p. 836. (2) Comptes rendus, t. CXXXIV, p. 991. 960 ACADEMIE DES SCIENCES. Formule Formule T. T' Q'. Q- calculée. probable. ÏPS. . - 62' ou 21 1 u -t- 0,35 OU 273,35 Cal 16,34 Cal 8,20 H'S-h5,69H'-0 6H=0 C'H^F - 32 241 H- 3,7 276,7 20, 12 8,3o C^FPF+8,27H'-0 StPO SO'... — 10 263 + 7 280 19,83 8,40 SO=-i-8,o6H2 0 8H^0 CH^Cl - 23 2.30 4- 7,5 280,5 18, 83 8,4i CH'Cl+7,28H-^0 7H^0 W'Se . - 42 23l + 8 281 16,82 8,43 H^Se + 5,87H20 GH^O Cl^ . . . - 34, 6 238,4 + 9,6 282,6 18, 36 8,48 CI2+7 H=0 7H^0 Bt\.. + 09 332 > 9,6 >282,6 9 ? Br2 + ,o H^O loH^O » Dans cette liste, le.s divers hydrates étudiés figurent dans l'ordre de stabilité croissante (T' augmente). On remarquera que cet ordre est à peu prés le même que celui de la volatilité décroissante des gaz anhydres. » Pour l'hydrate d'argon, les données sont au nombre de deux seulement et un peu incertaines, M. Villard, qui l'a décrit, disant (') que la tension est de loS*'" vers 0°, et de 210''*" à + 8°C. » Il suffirait d'admettre + o°,5 pour loS""", au lieu de 0°, pour trouver Az4-5,27H-0. » Pour l'hydrate de brome, aucun calcul de Q', Q ou T' n'a pu être fait; le brome étant liquide à la température des expériences, et ordinai- rement en excès, ne permet plus de raisonner comme pour les autres hydrates. Le système n'est plus monovariant (^). » A part ces deux cas extrêmes, les courbes sont assez régulières pour permettre le calcul. Il arrive cependant que pour plusieurs des ces hydrates les valeurs données pour les tensions aux deux ou trois températures les plus élevées doivent être écartées, car elles fourniraient pour Q' des nombres manifestement trop élevés et qui ne concordent plus du tout avec les autres. » On remarquera que, dans la moitié des cas, la formule probable déduite de ces calculs est : M + 6H-0. » M. Villard a précisément vérifié que c'est bien la composition des hydrates de CO-, de Az-0, de C-H^. Il avait même proposé d'étendre celte règle à tous les hydrates ('). Mais cette règle n'est pas aussi générale (') Comptes rendus, t. CXXIII, p. 377. (*) Aussi la formule que j'ai inscrite dans le Tableau : Br^4- loH^O, est celle qui a élé obtenue par M. Roozeboom au moyen de l'anahse directe des cristaux. (') Élude expérimentale des hydrates de gaz. (Thèse de Doctorat es sciences.) Paris, 1896, p. 96. SÉANCE DU 1'=' DÉCEMBRE 1902. 961 qu'il le pensait, et, en réalité, dans l'autre moitié des cas, le nombre des molécules d'eau fixées est ou inférieur (argon?), ou certainement supé- rieur à 6 H^O (C=H«, C=H\C^H=F, SO-, CH=Cl,Cl%Br=). » Malgré quelques irrégularités, il semble que les hydrates contiennent d'autant plus d'eau qu'ils sont plus stables. » La différence qui existe entre T' et T est toujours du même signe (T' >■ T), mais varie beaucoup comme valeur absolue, et diminue à mesure que le gaz devient plus facilement liquéfiable. Elle est de 142°, 6 pour l'argon, et de 17° seulement pour SO^,de sorte que le point de décomposi- tion de l'hydrate T' varie peu (de — 43°, 8 pour l'argon à +9°, 6 pour Cl") : M Ce qui porte à penser que les gaz les plus volatils, tels que l'azote, l'oxvgène, l'hydrogène, l'hélium, doivent s'hydrater aussi et donner des hydrates cristallisés d'une stabilité à peine inférieure à celle de l'hydrate d'argon. En fait M. Villard a signalé des hydrates d'azote et d'oxygène ( ' ). » Enfin, puisque T' varie peu, et que la composition même des hydrates est assez voisine, leur chaleur de formation Q' ou Q doit être presque la même, ainsi qu'on le remarquera sur le Tableau précédent. Les valeurs de Q' varient seulement de 2*^^' du formène au chlore. » CHIMIE MINÉRALE. — Transjormation de l'acide pyrophosphorique en acide orthophosphorique. Note de M. H. Girax. « J'ai publié, dans une précédente Note (^Comptes rendus , t. CXXXIV, p. i5oo), les résultats thermiques suivants : P-0'HMiq.-t-aq. = P20'H*diss -fioC>i,22 P20"H*sol. + aq. =P-0''H*diss + ^cai'yS » L'acide pyrophosphorique solide employé pour cette dernière déter- mination était mélangé à une grande quantité de chlorure d'argent, d'où des corrections et quelque incertitude dans la mesure. » Depuis lors, j'ai obtenu de l'acide pyrophosphorique pur, cristallisé, en soumettant, pendant trois mois, de l'acide sirupeux, possédant exacte- ment la composition théorique P'O'H*, à l'action continue d'une tempé- rature d'environ — 10°. Dans ces conditions, cet acide cristallise en petits grains blancs, opaques, d'aspect sphéroïdal, sans forme cristalline déter- (') Comptes rendus, t. CXXIII, p. 377. C. R., igoa, a* Seneslre. (T. CXXXV, N» 22.) 120 962 ACADÉMIE DES SCIENCES. minable. Cependant j'ai pu constater qu'une partie, qui était restée adhé- rente aux parois du flacon, y avait cristallisé très nettement sous la forme de fines aiguilles, plus ou moins contournées sur leurs bords, et offrant, en ces points, l'aspect de très belles bafbes de plume. » La mesure directe de la chaleur de dissolution de cet acide cristallisé m'a donné P^O^H» crist. -+- aq. = P^O'H' diss +7*^"', 93 nombre peu différent de celui que j'ai donné précédemment (7^*', 78). » Cet acide cristallisé ne fond plus qu'à la température de -+-61". Revenu à la température ordinaire, il conserve l'état liquide et ne se solidifie de nouveau qu'au contact d'un cristal. Cette solitlification est très lente; on la facilite en agitant fréquemment. » Je me suis proposé de rechercher quelle est la chaleur dégagée dans la transformation de l'acide pyrophosphorique solide, liquide ou dissous, en acide orthophosphorique. » Pour y arriver, je plaçais ud poids connu d'acide pyrophosphorique solide ou liquide (surfondu) dans un pelit ballon en verre mince avec 10™' d'acide sulfurique à 71 pour 100 de SO'H^. Une expérience préliminaire m'avait montré que, dans ces conditions, l'acide pvrophosphorique se transforme, en quelques minutes, en acide orthophosphorique. Le ballon, bien bouché, était placé dans l'eau du calorimètre. J'agitais le tout jusqu'à ce qu'il ne se produisît plus de dégagement de chaleur. Je brisais alors le ballon dans le calorimètre; la température s'élevait aussitôt par suite de la dissolution de l'acide sulfurique et de l'acide orthophosphorique formé pendant la première partie de l'expérience. Une expérience supplémentaire, faite avec io'^™'du même acide sulfurique, m'indiquait quel était le dégagement de chaleur produit par cet acide seul. •n J'ai ainsi obtenu les résultats suivants : P^O'H'liq. + H"-01iq. + aq. = 2P0'HMiss... + i^^'^^J P^O' H' sol. + H^O liq. + aq. = 2 PO* H' diss. . . +1 2<^^\ 35 La différence de ces deux nombres nous donne la chaleur de fusion de l'acide pyrophosphorique, soit — 2*^^', 12; on peut aussi l'obtenir en faisant la différence des chaleurs de dissolution des acides solide et liquide, ce qui donne — 2^"', 2g. Ces deux valeurs de la chaleur de fusion, obtenues par deux méthodes différentes, sont sensiblement concordantes. » On déduit aisément des résultats ci-dessus, en tenant compte de PO*H'sol. + aq.^PO'HMiss... + 2<:=',69 (Thomsen) P + 0*+H3=PO*H3sol +3o4«:^',i (Thomsen) SÉANCE DU l" DÉCEMBRE 1902. 903 les conséquences suivantes : Cal P^O'' H' sol. 4- H2 0 liq. = 2P0*H' sol -H 6 ,97 P^ O'H' liq. 4- 11^0 liq. = 2 PO* H' sol +9-09 P* O' H* diss. + H^O liq. = 2P0'H3 diss + 4 , 25 p2+ 0'+H* = P-0'H'crist. : h-532C^',23; liq. : -+ 529C'',94 ; diss.: -h 540^=1,16. » Pour le calcul de la chaleur de formation de l'acide pyrophospho- rique à partir de ses élénieiils, j'ai dû faire intervenir celle de l'acide orthophosphorique, déterminée par Thomsen. Or, comme le fait remar- quer M. Berthelot dans sa Thermochimie (t. Il, p. ii5), la complication et l'incertitude des réactions utilisées par le chimiste danois ne permettent de regarder son résultat que comme approximatif. Il y a donc lieu de faire les mêmes réserves sur la chaleur de formation de l'acide pyrophospho- rique. » CHIMIE MINÉRALE. — Aluminate de manganèse : Al^O^Mn. Note de M. Em. Dufau, présentée par M. H. Moissan. « En 1847, Ebelmen réalisait la combinaison de l'alumine et de l'oxyde de manganèse en chauffant, dans un four à porcelaine, un mélange des deux oxvdes additionné d'anhydride borique. » Après plusieurs heures de chauffe, il obtint une matière « brun-noir, » huileuse, présentant dans les cavités de larges lames brunes triangulaires » paraissant appartenir au .sy.stème régulier (') ». » L'analyse de ce produit ne fut pas faite, et c'est sur la seule considé- ration des proportions d'oxydes mis en présence qu'Ebelmen lui attribua la formule ( Al- O'.MnO). » L'emploi du four électrique de M. Moissan nous a permis de repro- duire facilement cette combinaison et d'en faire une étude détaillée. » Nous avons chauffé, pendant 3 minutes, avec un arc de 1000 ampères sous 60 volts, un mélange intime de 100 parties d'alumine et 23o parties d'oxyde salin de manganèse. » On obtient ainsi une masse boursouflée, d'un brun noir, à reflet métallique. La cassure, très irrégulière, est d'un beau vert clair et montre de nombreuses géodes brunes tapissées de cristaux brillants à pointements octaédriques. » Pour purifier ce produit, on le concasse, puis on le traite par l'acide chlorhy- (') Ebelmen, Ann. de Phys. et de Chim., 3' série, t. XXII, 18/47, P- ^aS. 964 ACADÉMIE DES SCIENCES. drique à chaud ; il se dégage des gaz carbures et du chlore en même temps que l'acide prend une teinte brune. En prolongeant les traitements à l'acide chlorhydrique bouil- lant, la teinte primitive du composé s'atténue progressivement faisant place à une teinte définitive yflM/ie c/ff/r. La poudre cristalline ainsi obtenue retient encore des parcelles de graphite que l'on sépare facilement, grâce à la différence de densité des deux corps, en projetant la poudre dans l'iodure de méthylène. » Analyse. — Pour en déterminer la composition, le produit finement pulvérisé est attaqué, dans un creuset de platine, par un mélange de carbonate de potassium et de carbonate de sodium en fusion; l'attaque est lente et donne lieu à la formation d'aluminate et de manganate alcalins. » En reprenant par l'eau et faisant bouillir quelques instants en présence d'une petite quantité d'alcool, tout le manganèse se trouve précipité. Après lavages, l'oxjde dissous dans H Cl est précipité à l'état de carbonate et pesé en oxyde salin. )) Enfin, l'aluminate alcalin est décomposé par le chlorhvdrate d ammoniaque, l'alu- mine précipitée, lavée et pesée. » L'analyse ainsi conduite a donné les chiffres suivants : Al'O' , MnO. Théorie I. II. m. pour APO'Mn. 58, t8 58,02 58,73 58,98 » 40,62 4i ,o3 4l,02 » L'aluminate de manganèse se présente sons la forme de petits cris- taux jaune clair et transparents, ayant l'aspect d'octaèdres, modifiés sur les arêtes et sur les angles ; sa densité est de 4, 1 2 (20°), il est plus dur que le quartz, sa poudre est d'un jaune très clair. » Parfaitement stable dans les conditions normales de température, cet aluminate s'oxyde avec facdité lorsqu'on le chauffe au contact de l'air; c'est ainsi qu'au rouge il se colore progressivement en brun foncé, s'éclair- cissant légèrement par refroidissement, reprenant ainsi l'ajjparence du produit primitif non encore traité par l'acide chlorhydrique; dans l'oxy- gène cette oxydation, qui n'est que superficielle, est plus rajjide et se produit bien au-dessous du rouge. Le soufre n'agit pas sur ce composé à la température de fusion du verre. » Le fluor l'attaque^ avec incandescence au rouge, mais le brome et l'iode sont sans action marquée à la température de fusion du verre. )) Insoluble dans l'acide chlorhydrique, l'aluminate de manganèse se laisse attaquer par les acides nitrique et fluorhydrique et plus facilement par l'acide sulfurique. Enfin, les oxydants : chlorate, nitrates alcalins en fusion et surtout les oxydes et carbonates alcalins, le désagrègent sans difficulté. » SÉANCE DU l"'' DÉCEMBRE 1902. gGS CHIMIE ANALYTIQUE . — Sur k domge du manganèse. Note de AI . H. Baubigxy, présentée par M. Troost. « Hugh Marshall avait indiqué notamment la transformation des sels de protoxyde de manganèse en peroxyde insoluble, par l'action de ces com- posés. Ayant eu à opérer dans ces dernières années quelques dosages de ce métal, j'avais reconnu que la réaclion pouvait être totale, mais je ne signalai pas le fait, croyant que Hugh Marshall l'avait entendu ainsi en re- latant ce phénomène d'oxydation. Ce n'est que lors de sa dernière publi- cation ('), en 1901, que je connus ma mé])rise. En toute équité, la prio- rité reste cependant acquise à ce savant et les inilications données sur ce même sujet (^) peu de temps après par G. v. Rnorre n'en demeurent aussi que la confirmation. » Seulement, à l'époque de ces publications, j'avais déjà constaté que l'oxydation des sels de manganèse par les persulfates pouvait se produire en un milieu même très fortement acide, et je poursuivisquand même mon étude en comparant ce procédé à ceux déjà connus. » Mes recherches ne sont pas encore terminées, et, si je donne aujour- d'hui quelques-uns de mes résultats, c'est par suite de la publication toute récente d'un premier travail de Dittrich et Hassel (^) qui se rapproche du mien. Je le fais d'autant plus librement que leurs observations et les miennes ne marchent pas absolument d'accord. » On sait que le peroxyde de manganèse se comporte comme un acide faible (*) et que si, dans la solution où il se forme, il existe des sels d'autres métaux, on retrouve dans le précipité de manganèse une partie de ces métaux, en quantité plus ou moins importante, suivant la nature et les proportions de ces métaux et les conditions de l'expérience. » C'est là, au point de vue des déterminations gravimélriques, le grave défaut de ce mode de séparation du manganèse. Les procédés de précipi- tation en liqueur acide tirent tlonc leur importance de ce qu'on peut (') Cheni. News, l. LXXXIII, p. 76. (') Cent!-, bl., t. II, 1902, p. 1278. (') Ber. deuls. ch. Ges., t. XXXV, p. 3266. (*) GoRGEU, Sur l'acide manganctix {Rép. Clnni. pure. 1862, p. 4'5). 966 ACADÉMIE DES SCIENCES. espérer éviter cet écueil et, quand on ne veut que la teneur en manganèse d'un alliage, s'affranchir de la marche usuelle. » Pourtant, même en milieu acide, jusqu'à ce jour l'opération n'a pas encore été couronnée d'un plein succès. » Vohlard a, en effet, montré (') en 1879 que, dans la réaction décou- verte par Guyard, 2MnO*R + 3MnSO-=.^iMnO--t- SO^R- -f- aSO'H", le peroxyde qu'on obtient contient toujours du protoxyde à l'état de com- posé salin, bien que la quantité d'acide libre (sulfurique, dans l'exemple choisi) augmente progressivement au fur et à mesure que la réaction s'ac- centue, et montre qu'il en est encore de même pour tout autre métal en présence. » Il n'est pas jusqu'au procédé d'Hannay, où le solvant est de l'acide ni- trique concentré pur {d= i,4). qui ne donne des mécomptes à ce point de vue. Très souvent, l'oxyde MnO- qu'il fournit renferme des quantités appréciables d'autres métaux, notamment du peroxyde de fer, s'il s'agit d'analyses d'acier ou de fer manganésifère, et d'autant plus que la teneur de la liqueur en ces métaux étrangers est elle-même plus élevée. » Il n'était donc pas vraisemblable que le procédé au persulfate, même en solution acide, fût lui-même plus indemne que les autres. C'est ce que je me propose de montrer en commençant avec les sels alcalins, dont, au- jourd'hui encore, la séparation avec le bioxyde de manganèse est consi- dérée comme presque impossible. » Je le ferai pour prouver que cet entraînement des alcalis a lieu même en liqueur acide et aussi pour donner, dès le début, un procédé simple permettant de purger le peroxvde de manganèse de toute trace d'alcali fixe ; j'en profiterai pour établir que, même en opérant avec un excès d'acide libre, sulfurique ou nitrique, ce ne sont pas les sels alcalins, comme le disent Dittrich et Hassel, mais seulement les alcalis qui sont retenus par le bioxyde de manganèse. » Avant toute relation d'expériences appuyant ma critique, je dois en quelques mots indiquer mon mode opéraloire. Le sel de manganèse dissous, on acidulé, puis on ajoute la solution de persulfate (-) préalablement filtrée des quelques impuretés inso- (1) Ann. der Chem. u. Ph., t. CXCVllI, p. 3i8. (') Celui d'ammonium de préférence à celui de potassium, à cause de sa plus grande solubilité et de son action plus rapide. SÉANCE DU l" DÉCEMBRE 1902. 9^7 lubies qui y sont contenues. Quant à la quantité, elle varie, comme nous le verrons, suivant les conditions. On porte alors à 100" au bain-marie. Le persulfate se décom- pose et se transforme en bisulfate; la liqueur a donc toujours une réaction acide après l'oxydation. On cesse de chauffer quand le dégagement d'oxygène (ozonisé) se ralen- tit, et Ton refroidit en plongeant, si l'on veut, le vase dans l'eau froide. S'il y a trace de permanganate formé, on ajoute « froid (j'en donnerai plus tard les raisons) 4 à 5 gouttes d'alcool, on agite et l'on abandonne jusqu'à décoloration. On filtre, on lave, on sèche et l'on calcine, puis on pèse l'oxyde salin IMn'O'*. » L'oxydation s'effectue dans une fiole conique de Bohème, de capacité double du volume liquide et fermée par un simple verre de montre pour parer à toute projection. La chauffe peut ainsi se faire assez rapidement par immersion dans le bain-marie, condition qui me parait plus simple que l'emploi d'une grande capsule de platine, selon la pratique de Diltrich et Hassel. En 20 à aS minutes l'oxydation est terminée, sans qu'il y ait avantage à chauffer 2 heures pour décomposer complètement le reste du persulfate, comme le recommandent ces auteurs. » J'ai pu, en opérant ainsi, ajouter préalablement jusqu'à 2'"" d'acide sulfurique concentré SO*H- {cl— 1,8) par 100""' de liqueur de manganèse, sans que la précipitation de ce métal cesse d'être totale, du moins à o™^^ i ou o™K, 2 près, car on en retrouve toujours des traces de cet ordre de gran- deur dans les eaux mères, même dans le cas de liquides peu acides. Il y a donc un écart sensible avec les proportions indiquées par Dittrich et Hassel, qui n'emploient que 5"°' d'une solution d'acide sulfurique au -^ par xdo""' à 200'''"', soit 6 à 8 fois moins. » CHIMIE ORGANIQUE. — Aciion dit chlore cl. du brome sur les vératrols mono- nilrés. Note de M. H. Cousix, présentée par M. Moissan. « Dans une Note insérée aux Comptes rendus {*) j'ai décrit un véralrol mononitré trichloré et un vératrol mononitré tribromé obtenus dans l'action de l'acide nitrique fumant sur les vératrols tribalogénés corres- pondants; dans le but de déterminer la formule de constitution de ces corps, j'ai étudié l'action du brome et du chlore sur les vératrols mono- nitrés. Ceux-ci sont au nombre de deux : le vératrol mononitré a. ayant pour formule C«H^ - OCH' — OCH' - AzO^ et le dérivé p 12 3 C H^ - OCH= - OCH' — AzO' ; 1 2 4 j'ai fait réagir le brome et le chlore sur chacun de ces corps. (') Comptes rendus, t. CXXXIV, 1902, p. 290. 968 ACADÉMIE DES SCIENCES. » Action du brome sur le vératrol mononitré a. — Dans un travail antérieur (') j'ai obtenu, dans l'action du brome sur le vératrol nitré a, un dérivé mononitré dibromé de formule C/H — OCH'— OCtP— AzO'— Br — Br; 12 3 dans le but d'arriver à un dérivé trisubstitué j'ai traité ce corps par le brome en pré- sence d'acide sulfurique. » los de vératrol mononitré dibromé sont mis en contact avec 20""' d'acide sulfu- rique pur; au bout de 24 heures j'ajoute 5""' de brome et je chauffe 10 heures au bain-marie, puis le produit de la réaction est versé dans une solution étendue de bisulfite de soude : il se dépose une masse cristalline qui, après dessiccation, est traitée, par l'alcool absolu ; le vératrol mononitré dibromé, peu soluble, reste comme résidu, et l'alcool évaporé laisse un corps qui est purifié par cristallisation dans l'alcool à 90°. J'obtiens finalement des aigriilles blanches à jieine colorées en jaune, formées de prismes allongés et aplatis, insolubles dans l'eau, solubles dans l'alcool, l'éther, le chloroforme. Leur point de fusion est ii6"-i 17°. H résulte des analyses que ce corps est un vératrol mononitré Iribromé de formule C« — OCH' — OCH^ — AzO'' — Br — Br — Br. 1 2 3 ; 5 6 )i J'ai comparé ce corps au vératrol iribromé mononitré obtenu dans l'action de l'acide nitrique fumant sur le vératrol tribromé. L'aspect microscopique, les propriétés sont exactement les mêmes pour les deux corps, les points de fusion sont identiques; il en résulte qu'on arrive au même dérivé soit dans l'action du brome sur le vératrol nitré a, soit dans l'action de l'acide nitrique fumant sur le vératrol tribromé. » Cette réaction fixe la formule de constitution du vératrol tribromé qui est OH-OCH' — OGH^- Br — Br — Br. 1 2 I> â 6 » Le gaïacol tribromé qui, traité par l'iodure de méthyle et la potasse, donne le véra- trol tribromé, possède une des deux formules suivantes : C^H — OH — OCtP-Br- Br-Br ou G«H - OCH^- OH - Br — Br - Br. 12 456 1 2466 » Action du brome sur le vératrol nitré-l\. — J'ai décrit antérieurement (^) un dérivé monobromé mononitré obtenu dans l'action du brome à froid sur le vératrol nitré p. L'action de l'halogène à chaud, soit seul, soit en présence d'acide sulfurique, m'a donné un mélange de vératrol mononitré monobromé et de vératrol télrabromé : somme toute peu de résultats intéressants. » Action du chlore sur le vératrol nitré a. — Le chlore ne réagit pas sur ce vératrol nitré en solution acétique même à la température de 60°; il n'en est pas de même en présence d'acide sulfurique. 2§ de vératrol nitré-3 sont mis en contact (') Annales de Chimie et de Physique, 7' série, t. XIH, p. 5o5. (') Ibid., 7» série, t. XHI, p. So/l. SÉANCE DU l"' DÉCEMBRE 1902. 969 avec lo""' d'acide sulfurique et 20'''"' d'acide acétique pur, puis la solution est traitée par un excès de chlore; le produit de la réaction versé dans du bisulfite de soude étendu donne une masse cristalline qui est purifiée par cristallisation dans l'alcool. » Le produit obtenu est un mélange de deux corps qu'il est facile de séparer au moyen de l'éther de pétrole. Le premier, insoluble dans ce dissolvant et purifié par cristallisation dans l'alcool, est formé de prismes ou de lames aplaties de couleur blanc jaunâtre, insolubles dans l'eau, solubles dans l'alcool, l'éther, la benzine, inso- lubles dans l'éther de pétrole; le point de fusion est i io"-i 1 1°. Les analyses montrent que ce corps est un vératrol mononitré dichloré ayant par conséquent pour formule CH — OCH'-OCH=-AzO^-Cl-Cl. 1 2 3 » Le deuxième corps, soluble dans l'éther de pétrole, est en aiguilles blanches, fusibles à 88°. Il est exempt d'azote et n'est autre chose que du vératrol tétrachloré. » Action du clilore sur le vératrol nitré-!\. — 20s de vératrol nitré sont triturés avec 20'^'"' d'acide sulfurique; le mélange coloré en rouge est dissous dans 40"""' d'acide acétique, et cette dissolution est traitée par un courant de chlore en excès jusqu'à décoloration ; le produit de la réaction, versé dans du bisulfite de soude étendu, donne un corps huileux qui se solidifie peu à peu; pour purifier le produit, on le met en dissolution dans l'alcool à 90°, et cette dissolution, évaporée lentement sur l'acide sulfurique, laisse une masse cristalline jaune pâle, formée de longues aiguilles aplaties. Ce corps est insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool, l'éther, d'où il cristallise difficilement; il en est de même pour le chloroforme, la benzine, etc. Son point de fusion est [^Q°-t^']°. Les analyses montrent que ce corps est un vératrol mono- nitré dichloré de formuleC'H — OCH'— OCH' — AzO^-Cl — Cl. 1 2 i> « L'action du chlore sur les vératrols nitrés ne m'a pas donné de vératrol mononitré trichloré que j'aurais pu comparer au corps obtenu dans l'action de l'acide nitrique fumant sur le vératrol trichloré. Etant donné, toutefois, que les vératrols trichloré et tribromé sont obtenus dans des conditions identiques (méthylation des gaïacols trisub- stitués préparés par l'action directe des halogènes sur le gaïacol); étant donné, d'autre part, que les produits chlorés et bromes, obtenus dans deS conditions ana- logues, possèdent des formules de constitution identiques, il est extrêmement probable que la formule de constitution du vératrol trichloré est analogue à celle du dérivé brome, c'est-à-dire C«H — OCH'— OCH'— Cl — Cl — Cl. 1 2 V 5 6 » J'ai décrit une pyrocatéchine trichlorée (') qui, traitée par l'iodure de méthyleet la potasse, donne le vératrol trichloré. La formule de ce corps est très vraisemblable- ment C«H — 011 - OH - Cl — Cl — Cl. 1 2 1 s 6 » En résumé, dans ce travail, j'ai déterminé la formule de constitution d'un certain nombre de dérivés trisubstifués de la pyrocatéchine ou de ses éthers méthyliques, et j'ai décrit deux corj)s nouveaux : un vératrol dichloré nitré-3 et un vératrol dichloré nitré-4. " (') Annales de Chimie et de Physique, 7^ série, t. XIII, p. 483. C. K., 1903, 2» Semestre. (T. CXXXV, N° 32 ) 127 97° ACADEMIE DES SCIENCES. CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l' hydrogénation de Vacétol. Noie de M. Amdré Kling, présentée par M. Troost. « L'acétol, encore appelé alcool pyruvique, découvert par M. Louis Henry, n'a été longtemps connu qu'à l'état de solution aqueuse. Les solu- tions d'acétol étaient obtenues par hydratation de l'alcool propargylique, ou par la saponification des chloracétone, bromacétone, ou acétate d'acétol. » Perkin junior, le premier, parvint à l'isoler en nature ; il en donna les constantes physiques ainsi que quelques propriétés. » Ultérieurement, M. Louis Henry obtint de nouveau cet alcool en dé- composant le formiate d'acétol par l'alcool méthylique, alcool fort, qui déplace l'acétol, ûcooX faible . » Enfin je l'ai préparé par l'oxydation du propyiglycol (i, 2), à l'aide des ferments oxydants ou des hypobromites. » Comme dérivés de l'acétol, on n'a guère décrit que quelques éthers sels ou oxydes, l'hydrazone, l'osazone, l'oxime, enfin les produits d'oxyda- tion et de réduction. » L'oxydation de l'acétol, effectuée à l'aide d'oxydants énergiques, tels que le mélange chromique, donne les acides carbonique et acétique. L'oxyde de cuivre, en solution alcaline, conduit à l'acide lactique. Celte dernière réaction est inexplicable si l'on attribue à l'acétol la formule CH'COCH^'OH, ainsi que l'ont fait jusqu'ici tous les auteurs qui se sont occupés de ce com- posé. La formation d'acide lactique CH'C COOH, en effet, implique \0H H I dans la molécule d'acétol la préexistence d'un groupement R — C — R' ou OH d'un radical susceptible de lui donner naissance et dont on ne voit nulle part la représentation dans la formule adoptée jusqu'ici pour l'alcool pyruvique. » J'ai donc recherché si, tout au moins dans certaines conditions, l'acétol, qui peut être considéré comme l'un des sucres les plus simples, ne pouvait [)as exister sous diverses formes tautomériques. SÉANCE DU l" DÉCEMBRE I902. 97 1 » Je ne m'occuperai ici que de la réduction de l'acétol, me réservant de compléter ultérieurement l'étude de cet alcool, de ses homologues et de leurs isomères. » Perkin junior, en réduisant l'acétate en solution aqueuse (10 pour 100) par l'amalgame de sodium (2,f) pour 100), montra que, dans cette hydrogénation, il se fait du propylglycol, CH'CHOH — CH=OH, et pro- posa, pour rendre compte de cette réaction, la formule (2) CH'CO — CH=0H4-H= = CH^CH0H — CH-OH. )) Dans l'itléedecet auteur, le propylglycol devait être le seul produit de la réaction. Or, si l'acétol existe sous plusieurs formes tautomériques, il en résulte que la réaction ne doit plus se faire suivant l'équation (2), mais suivant une autre plus compliquée, dans laquelle interviennent d'autres termes que le propylglycol. » J'ai recherché si des produits volatils n'avaient pas échappé à Perkin. )) J'ai suivi, pour la réduction, les indications données par cet auteur, mais l'hydrogénation a été effectuée dans une fiole munie d'un réfrigérant ascendant. Lorsque le liquide à réduire cesse d'agir sur la liqueur de Fehling, on neutralise, s'il y a lieu, le liquide réduit par HCl, puis on le distille à la colonne en recueillant à part les diverses fractions. » J'ai opéré la réduction : )) 1° k froid, en milieux alcalins, neutres ou acides; 2° à chaud, en milieu alcalin. » 1° Hydrogénation par HgNa (à 2,5 pour 100) en milieu alcalin froid. — Opé- rant comme il a été dit, j'ai obtenu à la distillation : » a. Produits de tête (environ -pj du produit total); » b. Produits de cœur (environ yô du produit total); » c. Produits résiduels (environ ■;% du produit total). )) La portion b ne contient à peu près que de l'eau. La portion résiduelle c, traitée par l'alcool et l'éther, abandonne à ces solvants du propylglycol qu'on a isolé par distillation. » Quant aux produits de tête «, si on les sursature par CO'K^, ils laissent monter à leur surface un liquide à odeur alcoolique, représentant environ î à \ du poids de l'acétol mis en œuvre. Ce liquide, desséché et distillé, bout à 81°; il a été identifié avec Valcool isopropylique CH'CHOH — CH^ par un dosage de C, de II et par la réaction de Meyer. » a" Hydrogénation par HgNa en solution HCl à froid. — Elle est jilus difficile qu'en milieu alcalin; elle fournit du propylglycol et de V acétone CtP — COCH'. » 3° Hydrogénation par l'amalgame d'aluminium, en solution neutre, à froid. 972 ACADEMIE DES SCIENCES. — La réduction terminée, on sépare Al-(OH)* et l'on termine l'opération comme ci-dessus. Les produits de réduction ont été \e propy/glycol et l'acétone. » 4° Hydrogénation par Na Jlg en solution alcaline. — A l'ébullition, cette réduc- tion, opérée dans les conditions de milieu où se trouvaient, ^ourVoxydation, Breuer et Zincke lorsqu'ils transformèrent l'acétol en acide lactique, devait montrer si l'acétol subissait une taulomérisation et fournissait d'autres produits de réduction. Il n'en est rien ; ici encore on a obtenu : propylglycol et alcool isopropylique. » Tous ces résultais, fournis par l'acétol obtenu par le procédé Henry, ont été contrôlés par ceux auxquels conduit l'emploi de l'acétol de saponi- fication. » Conclusions. — L'acétol libre, en solutions alcaline, neutre ou acide, froides ou chaudes, existe, au moins parliellement, sous un état qui n'a pas la constitution représentée par la formule CH'CO CH^ OH, mais plutôt celle qui en ferait un alcool secondaire éther oxyde interne : CH'C(OH) CH% L'hydrogénation de cet alcool éther oxyde ^e ferait alors de la façon suivante: CH'C(OH ) - CH'OH propylglycol. CH'C(OH)- CH- yf \ cwc ^H (OH) ^OH -GH= hydrate d'acétone : » L'hydrate d'acétone conduisant à l'acétone ou à son produit d'hydro- génation, l'alcool isopropylique. » CHIMIE ORGANIQUE. — Aclion des umines grusscs sur le dibenzoate de méthylène. Note de M. 3Iarcel Desccdé, présentée par M. A. Haller. « J'ai montré (') que l'ammoniaque réagit sur le dibenzoate de méthy- lène en donnant de la benz:imide CH* C«H=-COo)^"'"^-'^^"'=-^°"'"^^'^'^'"^^"'(^ H OH (') Comptes rendus, 26 octobre 1902. SÉANCE DU l" DÉCEMBRE 1902. 978 » Cette réaction principale est accompagnée de deux réactions secon- daires du fait de la mise en liberté à' eau et à' aldéhyde formique . Il en ré- sulte du benzoate d'ammonium et de l'hexamétliylène-tétramine; de sorte qii'j/ n'y a pas d' aldéhyde formique à l'état libre. » En substituant à l'ammoniac les aminés grasses, la réaction s'effectue dans le même sens; les aminés secondaires réagissent beaucoup moins facilement que les aminés primaires; quant aux aminés tertiaires, elles ne réagissent plus du tout, ce qui était à prévoir puisqu'elles ne renferment plus d'hydrogène ammoniacal. » Les réactions qui se produisent sont les suivantes : )) Aminés primaires : » Aminés secondaires : C« H^ — CO — 0\ „ m2_ A r H ^ — o /^re 1 is_ r.n._\,/^\ _ r.H^/ ^ O OH CH-24-2 (R2- AzH) = 2 (^G'il^- CO -Az/^^ ^ CHî H OH » Il se forme en même temps du benzoate de l'aminé employée. Quant à l'aldéhyde formique, on la retrouve à l'état de liberté. » On obtient ainsi les dérivés mono et dialkylés de la benzamide. Ceux de ces corps qui correspondent aux méthylamines et aux élhylamines ont déjà été préparés, soit par M. Hallmann('), soit par M. Van Romburgh(-), et il m'a été facile de les identifier avec les produits résultant des réac- tions précédentes. J'ai ensuite étendu la réaction à d'autres aminés grasses, pour en montrer la généralité. Je me suis borné, d'ailleurs, au cas des aminés primaires, qui conduisent à des composés très bien cristal- lisés, tandis que les dialkylbenzamides sont des liquides à points d'ébuUi- tion élevés et dont la séparation à l'état de pureté est difficile. » Propylamine. — On opère en présence d'alcool et l'on met un excès d'aminé : jmol (ig dibenzoate pour 3"°' d'aminé. A froid et en agitant fréquemment, le diben- zoate finit par disparaître au bout de 3 ou 4 heures. A chaud, la réaction s'effectue en quelques minutes, et l'on reconnaît qu'elle est complète à ce que, par refroidissement, il ne se dépose pas de cristaux. On a alors une solution incolore, limpide, dont une goutte réduit énergiquement l'azotate d'argent ammoniacal, à chaud. Elle ren- ferme de l'aldéhyde formique en même temps qu'un excès d'aminé. Cette solution (') BcriclUe, t. IX, p. 846. (2) Recueil des Travaux chimiques des Pays-Bas, t. IV, p. 38; et 390. 974 ACADÉMIE DES SCIENCES. est évaporée à siccité, dans le vide, et le résidu solide est repris par l'eau froide qui dissout le benzoate de propylamine et laisse la/) royD//èe«3(7»)iWe. Celle-ci est dissoute dans l'éther anhydre, qui l'abandonne, par évaporation très lente, sous forme de ma- gnifiques octaèdres quadratiques. La propylbenzamide fond à 83°. Elle est très soluble dans l'alcool; assez soluble dans les divers dissolvants organiques; presque pas dans la ligroïne et dans l'eau. » Isobutylhensamine. — On opère exactement comme dans le cas précédent, et l'on observe les mêmes particularités. Lorsque la réaction est terminée, on évapore à une douce chaleur jusqu'à ce que la presque totalité de l'alcool ait été chassée. On reprend alors par un excès d'eau froide et il se sépare un liquide lourd qu'on décante. On le place dans le vide sur l'acide sulfurique et, après quelques jours, il se développe des cristaux très durs constitués par de Yisohutylbenzamide. Ces cristaux sont puri- fiés par cristallisation dans la ligroïne, qui en dissout beaucoup à chaud et très peu à froid. L'isobutylbenzaraide se présente sous forme d'aiguilles brillantes fondant à 54". Il est extrêmement soluble dans l'alcool et l'éther, presque insoluble dans l'eau. » Benzylamine. — Même mode opératoire; la réaction terminée, on verse la solu- tion dans l'eau froide. Il se sépare de la hetizylbenzainide qu'on fait cristalliser soit dans la ligroïne, soit dans l'éther ou dans l'eau. Ces corps la dissolvent un peu à chaud et presque pas à froid. La benzylbenzamide est en fines aiguilles ou en paillettes, fon- dant à io4°-io5''. Elle est très soluble dans l'alcool, l'acide acétique, etc. » Les benzoates cV aminés qui se forment en même temps que les alkyl- benzamides ne semblent pas avoir été décrits et sont, pour la plupart, des corps bien cristallisés. Je les ai reproduits directement, et plusieurs d'entre eux peuvent s'obtenir aisément sous forme de gros prismes limpides appar- tenant au système monoclinique. Tels sont, en particulier, le benzoate neutre de dipropyiamine [CH' — COOAzH=(C'H')-] et le benzoate acide de dibenzylamirie, C''H^-COOAzH2(CH=-C''H*)= + C°H^-COOH. » Ces composés, qui présentent certaines particularités intéressantes, seront décrits ultérieurement. » CHIMIE ORGANIQUE. — Action des clhers halogènes sur le thiosulfocarhamate d'ammonium. Note de M. Marcel Delépine. » J'ai étudié antérieurement l'action des éthers halogènes sur les com- binaisons sulfocarboniques des aminés secondaires et primaires ('). J'ar- (') Comptes rendus, t. CXXXII, p. \!\\Ç>\ t. CXXXIV, p. io8, 714 et 1121. SÉANCE DU l" DÉCEMBRE 1902. g-j^ rive enfin à l'action de ces mêmes éthers sur la combinaison sulfocarbo- nique de l'ammoniaque ou thiosulfocarbamate d'ammonium AzII-.CS.SAzH^ » Une seule molécule de ces éthers conduit aux éthers thiosulfocarba- miques ou dithio-uréthancs non substitués à l'azote; une deuxième, aux sels des éthers imidodithiocarboniques également non substitués. Les réactions sont de tout point parallèles à celles décrites pour les aminés primaires : I. AzH=.CS.SAzH" + RX = AzH=.CS.SR+AzH\X; " II. AzH=.CS.SR +R'X = AzH:C(SR)(SR'),HX. » Jusqu'ici on n'avait préparé que deux des premières combinaisons en fixant l'hydrogène sulfuré sur les éthers sulfocyaniques, suivant une réac- tion effectuée, en i863, par Jeanjean, de Montpellier : H=S + Az = CS.R=: AzH-.CS.SR. » Le même auteur avait signalé l'existence ue la deuxième réaction, mais sans établir la formule des produits, n'ayant émis que l'opinion qu'ils étaient sans doute de la nature des sulfines ('). » 1° J'ai préparé par mon procédé ]es dilhio-uréllianes : AzFP.CS.SGH^ fus. à 4o°-42'> AzH=CS.SCH(CH3)^ fus. ù 970 » OH' » 42° » CH^C=H5 „ go» CH^C-H=. » 58» » CH^C«H»(AzO--')(^,. ,, 135° » Ce sont des substances bien cristallisées, insolubles dans l'eau, mais très solubles dans l'élher, l'alcool, le benzène, le chloroforme, moins dans l'élher de pétrole. Elles ne distillent pas, mais se décomposent en donnant un peu d'hydrogène sulfuré et d'éther sulfocyanique, davantage de sulfure de carbone et surtout de mercaptan. » Comme l'a indiqué Jeanjean, les alcalis les dédoublent en mercaptan et sulfocya- nale; il en est de même des aminés. » Les anhydrides et les chlorures d'acides les transforment en dérivés acidylés iden- tiques à ceux que l'on obtient en fixant les acides thioliques sur les éthers sulfocya- niques d'après une réaction découverte par Chanlaroff ('). Exemple : AzH=.CS.SCH3-t-(CH5CO)20 = CH='CO.AzH.CS.SCH^-HCH3CO"-H; Az = CSCH'-i-CH3CO.SH = CH3CO.AzH.CS.SCH^ (') Acad. de Montpellier, t. XII, p. 26. (-) D. chern. G., t. XV, p. 1987. 976 ACADÉMIE DES SCIENCES. aH'O.Az:G(SH)(SCH'). » Ces dérivés acidjlés ne s'unissent pas à l'iodure de métbyle. » 2° Les sels des étliers imidodilliiocarboniques s'obtiennent facilement en opposant un éther halogène à la dilhio-urélbane dissoute dans un liquide indifTérent. J'ai préparé lesiodhydratesdeAzH:C(SCH')'-; AzH:C (S C^H-^)^ Az H:C (S CH^) (S CH^C-H^). Ce sont des sels incolores, jaunissant à l'air, fondant mal, présentant vis-à-vis du tour- nesol et delà pbtaiéine une acidité égale à celle de tout l'hydracide qu'ils contiennent. » Les alcalis fixes et l'ammoniaque séparent de ces sels des bases liquides, incolores, d'une odeur indéfinissable, désagréable, tenant du mercaptan, de l'acide cyanhydrique et du cbloroforme; ces bases sont insolubles dans l'eau, solubles dansl'éther, l'alcool, le cliloroforme. Elles sont instables et sous ce rapport dilTérent beaucoup des élhers imidodithiocarboniques substitués à l'azote. » Chauffées, elles se scindent en mercaptan et éther sulfocyanique, AzH:C(SR)(SR') = Az = C(SR)-i-HS.R'. » Avec le premier terme, l'éther sulfocyanique se trimérise en éther sulfocyanurique; avec le dérivé mélhylbenzylique, on constate que c'est le sulfocyanate de benzyle qui se forme et non celui de méthyle. » Si, lors de la séparation de la base par un alcali fixe, on laisse le contact se pro- longer avec un excès d'alcali, le sulfocyanure subit la décomposition bien connue en bisulfure, cyanure, cyanate et mercaptan, de sorte que les dérivés diméthyl- et diélhy- lique fournissent des liquides exempts d'azote, bouillant à 1 10° et à i54°. Cette réaction explique pourquoi l'on observe une coloration rouge intense si l'on ajoute un alcali aux picrates de ces éthers; il y a, en effet, coexistence d'un cyanure et d'acide picrique. » Les solutions aqueuses des sels, chauffées à 100° et même moins, se troublent rapi- dement; il y a une décomposition d'une remarquable netteté en iodure d'ammonium et éther dithiocarbonique ; exemple : AzH : C(SC^H5)% HI + H^0 = Az H'I -+- CO (SC^H')^ » (Cette réaction, entre parenthèses, se produit avec la même netteté avec les sels des éthers alkylimidodithiocarboniques ; toutefois, un peu plus lentement.) » L'anhydride acétique attaque aussi ces sels ; il en chasse l'iodure alcoolique de poids moléculaire le plus élevé et laisse une acidyldithio-uréthane : Az H : C (SR) (SR'), HI + (CHMJO)'O = CH'CO. AzH.CS.SR 4- R'I + CH'CO^H. » Cela explique pourquoi les iodures alcooliques ne réagissent pas sur les acidyl- dithio-uréthanes ; c'est la réaction inverse qui a lieu. » Enfin, la nature base secondaire des éthers imidodithiocarboniques dérivés de l'ammoniaque se révèle facilement en faisant réagir l'azolite de sodium sur une solu- tion chlorhydrique de ces élhers ; il se forme un dérivé nitrosé de couleur bleue intense, soluble dans divers véhicules qu'il colore fortement. Ces dérivés nitrosés sont malheureusement très instables. SÉANCE DU l" DÉCEMBRE I902. 977 » Tous les faits ci-dessus concordent avec les formules adoptées et montrent ainsi la généralisation des réactions qui ont été exposées dans les Notes antérieures rappelées au début. Les détails expérimentaux seront publics plus longuement au Bulletin de la Société chimique ( ' ). » ZOOLOGIE. — Sur la faune ichthyologique des eaux douces de Bornéo. Note de M. Léon Vaillant, présentée par M. Edmond Perrier. « Les travaux de MM. Max Weber, Boulenger, Steindachner, ont beau- coup étendu nos connaissances en ce qui concerne les Poissons dulça- quicoles de Bornéo, depuis l'époque à laquelle je présentais quelques considérations sur ce sujet à l'Académie (-). C'est toutefois dans ces derniers temps que les matériaux d'étude ont été accumulés dans des proportions considérables à la suite des recherches faites par MM. Buttikofer, Nieuwenhuis et Moret, membres de la Mission envoyée dans la grande île par la Société pour l'encouragement à l'exploration scientifique des Colonies néerlandaises, et spécialement chargés de ce qui concernait les recherches zoologiques. » Ces voyageurs ont exploré le cours entier du Rapoeas, puis, passant la ligne de faîte, l'un deux gagna sur le versant opposé le Bloeoe, affluent du haut Mahakam, fleuve qu'il descendit dans toute son étendue, tra- versant ainsi Bornéo de l'ouest à l'est. » Les collections ichthyologiques rapportées au Musée de Leyde et que j'ai pu étudier grâce à l'obligeance de M. le professeur Jentink, com- prennent plus de sept cents individus, représentant environ cent-cinquante espèces. Vingt et une de celles-ci seraient nouvelles, dont quatre types de genres spéciaux : Pseudolais tetranema, Sosia chamœleon, Gyrinocheilus pustulosus, Parhomaloptera obscura; les deux premières aj^partiennent à la famille des Siluridœ, les deux autres à celles des Cyprinidœ. » Parmi les résultats zoologiques que nous fournissent ces collections. (') Pendant que j'achevais ces recherclies, M. Braun a publié un article sur les dilhio-uréthanes dans les Berichte du 20 octobre 1902. Pour ce qui est des divers types de ditiiio-urélhanes, je rappellerai que j'ai exposé verbalement leur préparation et leurs propriétés fondamentales dans une Communication à la Société chimique, le 23 février 1902 (Cf. Bull. Soc. chim., 1902, t. XXVII, p. 228). (2) Comptes rendus, t. GXVIII, 22 janvier 1894, p. 202. G. B., 1902, 2- Semestre. (T. CXXXV, N" 22.) '20 978 ACADÉMIE DES SCIENCES. je crois devoir ciler la découverte d'une seconde espèce du genre critiqne Aperioptus, très imparfaitement décrit en 1848 par Richardson et dont les rapports, qnoicpie exactement entrevus par M. Gûnther, étaient restés douteux, l,' Aperioptus megalomycter nous montre que l'orifice buccal n'est pas entouré de lambeaux cutanés, comme l'indiquait le dessin, seul document fjui fût resté de l'espèce typique, mais constitue une véritable trompe protactile en cône tronqué, qu'on peut comparer à celle de l'Estur-çeon. » En ayant égard aux espèces découvertes ou décrites depuis iBgS, comme habitant les eaux douces du Bornéo, et y joignant ce que nous apportent ces nouvelles collections, aux trois cent vingt-deux espèces relevées à celte époque dans le Mémoire paru aux Nouvelles Archives du Muséum, s'en ajoutent soixante-trois réparties eu dix familles. Deux do celles-ci seulement méritent d'être citées comme importantes : ce sont, on pouvait s'y attendre, celle des Siluridœ avec vingt et une, celle des Cyprinidœ avec trente-deux espèces. » L'intérêt de ces nouvelles acquisitions est surtout de nous faire connaître la faune dulçaquicole de points sur lesquels les renseignements étaient très peu complets. Il suffira, pour s'en convaincre, dejeter les yeux sur le Tableau ci-dessous. Repi'enant la division purement topographique proposée dans le précédent travail et établie d'après les principaux bassins, l'île y est partagée en cinq régions; pour chacune, le nombre des espèces qui nous était connu en 1898 et celui qui nous est connu aujourd'hui sont les suivants : Réeions 1893. 1902. ouest. sud-est. est. nord, nord-ouest. 280 179 2 7 29 263 179 33 18 63 » Les conclusions données précédemment se trouvent d'ailleurs plei- nement confirmées. La faune dulçaquicole de Bornéo, en premier lieu, se montre dans son ensemble essentiellement homogène, les recherches faites par M. Nieuwenhuis dans le haut Mahakam, jusqu'ici complètement inexploré, justifient cette proposition, aussi bien que les travaux de M. Boulenger et de M. Steindachner portant sur les parties nord et nord- ouest. Cette fauiie dulçaquicole d'un autre côté offre les plus grandes ana- logies avec la faune indo-chinoise. Ces deux points peuvent être regardés comme définitivement acquis. SÉANClî DU l" DÉCEMBUE 1902. 97<> » I^a richesse des collections rapporlétis par l'Expédition néerlandaise, le soin avec lequel ont été prises les localités m'ont permis de tenter l'étude de la répartition des espèces de Poissons suivant la hauteur de leur habitat dans les cours d'eau. Pour ces recherches potamhypsologiques il est rare en effet de réunir des éléments de telle valeur dans des fleuves aussi importants que le Kapoeas et le Mahakam, encore voisins de l'état de nature, au moins dans leurs parties hautes. Dans celui-là des pêches ont été faites en des points variés sur toute la hauteur du fleuve; pour le Mahakam, seidement dans les j)arties hautes et le cours moven, ce qui présentait d'ailleurs le plus d'intérêt, les recherches anciennes de Bleeker nous fournissant quelques données sur la faune de son embouchure. » Toutes réserves faites sur ce que des recherches ultérieures pourront ajouter à nos connaissances évidemment encore très incomplètes, la répar- tition des es|)èces indique une grande homogénéité, que trouble seulement dans le bas fleuve la présence de quelques espèces marines, dans le haut fleuve la prépondérance relative de certains groupes. La famille des Cyprinidœ, de beaucoup la plus importante, puisqu'elle ne comprend pas moins de 4o à 5o pour 100 du nombre total des espèces, donne sur ce dernier point des indications démonstratives. A l'embouchure du Kapoeas on en rencontre neuf espèces, dont sept Cyprinina et deux Cobiudina. Ces deux sections sont représentées dans le cours moyen par vingt-deux espèces pour la première, six pour la seconde. Dans le haut fleuve les chiffres respectifs sont trente-deux et quatre, mais là s'ajoutent quatre espèces de la secûod de^ Homaloplerina. L'organisation de ces derniers Cyprinides, munis de nageoires paires disposées, d'habitude avec la bouche et les parties inférieures du corps, de manière à constituer un puissant organe d'adhérence, qui leur permet de se fixer au soi, parfois d'y ramper à la manière des Limaces (Gaslromyzon), explique leur présence dans ces parties souvent torrentielles du cours d'eau. Les observations faites sur le Mahakam concordent avec les précédentes; pour le haut fleuve les trois sections se trouvent représentées par six Cyprinina, quatre Homalopterina et quatre Cobilidina; pour le cours moyen la section intermédiaire fait défaut, les deux autres comptent celle-là six, celle-ci deux espèces, dans les collections recueillies. » L'étude de quelques-uns de ces Poissons confirme d'une manière frappante et dans des conditions spéciales les rapports reconnus avec la faune indienne. Parmi les espèces indiquées comme nouvelles dans les collections du Musée de Leyde, trois entre autres : Glyptosternon Nieu- gSo ACADÉMIE DES SCIENCES. wenhuisi, Homaloptera orlhogoniata, Nemachilus obesus, nous offrent des types remarquablement voisins des Glyptosternnn dorsalis Vinciguerra, Homaloptera hillneala Blyth, Nemachilus Evezardi Day, de l'Inde et de Birmanie. Trouvées dans les parties élevées des fleuves, on doit les consi- dérer comme espèces représentatives d'une faune d'altitude alpine ('). » ZOOLOGIE. — Sur les Poissons du genre Chondrostome dans les eaux douces de la France. Note de M. Louis Roule, présentée par M. Edmond Perrier, « Les Chondrostomes, parmi les Cyprinides de nos pays, sont dignes de remarque à plusieurs titres. Le caractère principal du genre, qui lui a valu son nom, lui est donné d'après la nature des lèvres buccales, résis- tantes et dures au lieu d'êtres molles. On les trouve dans la plupart des cours d'eau, et les auteurs les signalent souvent, mais ils ne s'entendent point sur le nombre des espèces qu'ils leur attribuent. Les uns, à l'exemple de Blancbard (^Les Poissons des eaux douces de France) distinguent en eux trois et même quatre espèces; d'autres n'en signalent qu'une. Cette dernière opinion semble prédominer aujourd'hui. Un travail récent (Belloc, Bulletin de la Société centrale d' Aquiculture et de Pêche, 1898) ne mentionne qu'une seule espèce, Chondrostoma nasus L. dite Nase ou Hotu. Pareil avis ne concorde guère, cependant, avec les assertions des pêcheurs et des anciens auteurs. Les premiers estiment que le Nase est en France d'importation récente. Venu d'Allemagne, voici un demi-siècle au plus, il gagne tous les bassins de proche en proche, grâce aux canaux de commu- nication, et il étend progressivement son aire de distribution géographique à notre pays entier. D'autre part les seconds, à en juger d'après leurs descriptions, connaissaient le Chondrostome. Ce Poisson serait donc indigène, et non pas récemment importé. Du reste, plusieurs des termes locaux qui servent à le désigner dans le Midi appartiennent à de vieux patois; à moins d'admettre un changement d'acception, ce fait contribue à rendre la seconde assertion plus plausible. » La difficulté de se prononcer d'après les données acquises m'a engagé à étudier directement la question. Mes observations conduisent à admettre la coexistence, dans notre pays, de deux types principaux, appartenant à (') Le travail doit êlie publié dans les Notes from tlie Leyden Muséum. SÉANCE DU l" DÉCEMBRE 1902. 98 1 ce genre. L'un est indigène, l'autre est importé. Les auteurs se sont basés souvent, pour distinguer entre les espèces des Chondrostomes, sur des caractères qui ne sauraient être invoqués désormais, car ils manquent de précision. » La forme du corps, et siirlout le nombre des dents pharyngiennes, sont sujets à trop de variations. Les diiïerences essentielles doivent se déduire, à mon avis, de la forme de la bouche, et des dimensions de l'espace prébuccal. Dans le type importé, la bouche est presque rectiligne, ou à peine arquée; si l'on joint les deux commissures buccales par une ligne droite représentant la corde de l'arc que décrit la bouche, la flèche de cet arc mesure à peine le septième ou le huitième de la corde; de plus, l'espace prébuccal compte plus du tiers de l'espace préorbilaire. Dans le type indigène, la bouche est franchement arquée; la flèche égale plus du tiers et moins de la moitié de la corde; quant à l'espace prébuccal, plus petit, il mesure le quart en moyenne de l'espace préorbitaire. » La forme importée correspond vraiment au Chondrostoma nasus L. des auteurs allemands. Il a pénétré, en France, par le bassin du Rhin, dans ceux de la Seine et du Rhône; il commence, depuis plusieurs années, à entrer dans celui de la Loire; il ne va pas encore plus loin. Tous les indi- vidus que j'ai eu l'occasion d'étudier, venus de diverses localités, se res- semblaient et ressemblaient également au type de l'Europe centrale. Tel n'est point le cas de la forme indigène. Limitée au midi de la France, aux deux seuls bassins de la Garonne et du Rhône, car elle manque à celui de l'Adour, elle se différencie en plusieurs variétés, deux au moins, dont Blanchard {loc. cit.) avait fait des espèces distinctes. Dans la réalité, celte forme doit être rapportée au Chondrostoma Ge/z« Bonaparte, comme plu- sieurs naturalistes, Siebold et Gûnther notamment, l'ont déjà reconnu par l'une de ses variétés, le Ch. rhodanensis de Blanchard. » L'étude comparative de ces deux espèces m'a permis de faire quelques observations complémentaires qui intéressent la Biologie générale. L'une réside dans l'opposition curieuse qui s'établit entre ces deux types au sujet de leur habitat. Les conditions extérieures étant identiques, le Ch. nasus progresse sans arrêt, alors que le Ch. Genei demeure dans ses anciennes limites et ne les franchit point. La première espèce, introduite chez nous depuis peu de temps, conserve encore son unité, alors que la seconde, établie depuis une époque plus reculée, s'est subdivisée, suivant les bas- sins, en variétés que l'on peut considérer comme autant d'espèces commençantes. Enfin, l'extension progressive du Nasa entraîne des consé- quences dignes de remarques. Ce Poisson, dès son arrivée dans une rivière. g82 ACADÉMIE DES SCIENCES. pullule, souvent de façon telle, en peu d'années, que les autres espèces de Cyprinidées, ayant les mêmes habitudes que lui, diminuent fortement et lui laissent prendre la prépondérance. Plus tard, elles regagnent une part du terrain perdu, le Nase diminuant à son tour; mais elles ne rt-viennent point à leur ancienne abondance, du moins dans la plupart des cas. En somme, le nouveau venu s'établit, non pas en supplément, mais au détri- ment des Poissons indigènes. Comme les qu;ilités de sa chair ne valent point celle de ces derniers, le rendement des cours d'eau où ce fait se pro- duit, et ils sont nombreux, subit une dépréciation notable. La chose est à retenir, car elle n'est point particulière au Nase et se manifeste toutes les fois qu'une nouvelle espèce, importée naturellement ou acclimatée par l'homme, s'inslalle dans les eaux douces. L'acclimatation s'accomplit presque toujours aux dépens des anciennes espèces; aussi faut-il examiner au préalable, dans chaque cas, si son avantage est supérieur à ses inconvé- nients. Souvent la réponse sera-t-elle négative. Mieux vaut améliorer les poissons indigènes et veiller à leur conservation qu'introduire des espèces exotiques. Les conditions biologiques, propres au milieu des eaux, donnent à l'acclimatation un caractère spécial, dont le milieu terrestre, plus aisé- ment surveillé par l'homme, est dépourvu. » ZOOLOGIE. — Variations morphologiques et. anatomiques présentées par le gésier chez quelques Coléoptères ('). Note de M. L. Bordas, présentée par M. Edmond Perrier. « Le ^e*/er atteint un déveloj)pement considérable chez les Carabides et les Dyliscldes. La présence de bourrelets triangulaires, de denticules cou- verts de plaques chitineuses portant de longues soies cornées, indique qu'il a pour foiiction d'aider à la trituration des substances alimentaires et aussi de les fdtrer avant leur passage dans l'intestin moyen. Les descrip- tions relatées dans la présente Note se rapportent à divers Carabes (Cara- bus purpurescens Fabr., C. auratus]j., C. nemoralisllhg.), au Calosorna syco- phanta L. et au Procrustes coriaceus \,. » Le gésier des Carabus auratus et C. nemoralis présente une forme à peu près cylindrique ou légèrement ovoïde. Il se continue directement en avant avec l'œso- phage, et se rattache en arrière, par un court pédoncule, à l'intestin moyen. (') Extrait d'un Iraviiil, actuellement en préjiaralion, intitulé : Recherches anato- miques et pliysiologiques sur l'appareil digestif des Coléoptères. SÉANCE OU i"^' DÉCEMBRE ly02. 98^ » La face antérieure de l'organe est à peu près plane et présente, en son milieu, une ouverture en forme de croix de Malte, très caractéristique. Aux quatre extrémités des bras de la croix existent de petits bourrelets, à pointe dirigée intérieurement, que nous avons désignés sous le nom do denticules. Entre ces derniers se trouvent de larges plaques chitineuses de forme triangulaire se prolongeant dans l'intérieur du gésier et appelées dents. La musculature du gésier est puissante. » La face supérieure de chaque dent est légèrement convexe et son bord externe recourbé. Ce dernier se continue avec la membrane du jabot, après avoir effectué une petite inflexion en arrière. L'ensemble de ces courbures constitue un petit repli annu- laire postérieur, entourant l'origine du gésier. Le bord interne des dents et celui des denticules sont garnis de longues soies cornées, à pointe recourbée en arrière. Ces soies, s'entrecroisant en tous sens, jouent le rôle de filtre et arrêtent, au passage, les corps trop volumineux ou incomplètement broyés. De plus, les dents constituent un appareil broyeur très compliqué, d'où le nom à'organe masticateur sous lequel on peut encore désigner le gésier. L'éjjaisse couche de muscles circulaires qui l'entoure, par ses contractions énergiques, rapproche ou écarte les dents et les denticules, de façon à rétrécir ou élargir ainsi sa cavité. » Les dents et les denticules ne sont pas uniquement constituées par une masse compacte de substance chitineuse, mais bien par un petit épaississement lanielleux, de couleur brunâtre, sur lequel sont implantées d'innombrables soies cornées, de taille et de forme diverses. » Les dents, au nombre de quatre, alternent avec les denticules. Elles afTectent la forme d'une pyramide triangulaire dont la base, légèrement bombée, est tournée vers la cavité du jabot, et les faces latérales, plus ou moins inclinées, forment un angle dièdre interne, placé un peu en dehors de l'axe du gésier. Quant à la face externe, légèrement convexe, elle est directement appliquée contre la puissante musculature de l'organe. A l'état de repos, les bords internes des dents et des denticules sont paral- lèles et ont une direction à peu près rectiligne ne laissant enti-e eux qu'une fente, irrégulière et étroite, en forme de croix. Un peu en arrière, la cavité du gésier s'élargit et présente un orifice, à bords sinueux, établissant une communication avec l'intestin moyen. » Chaque dent est recouverte d'une lamelle chitineuse qui tapisse les deux parois latérales du prisme, constitue la plaque basilaire et se continue avec l'intima interne du jabot. C'est sur le bord de cette plaque que sont implantées d'innombrables soies chitineuses, formant d'abord une couronne supérieure qui se continue, sur les faces latérales, en une toison compacte. La dent se termine, vers le tiers postérieur du gésier, par une pointe conique mousse, suivie d'un repli interne, continué par un bourrelet plissé aboutissant à l'orifice antérieur de l'intestin moyen. » Toute la masse comprise entre les faces latérales des dents est occupée par un massif musculaire que nous avons étudié au point de vue histologique. » Les denticules, au nombre de quatre, sont situées aux extrémités des bras de la fente cruciale, constituant l'orifice du gésier. Elles sont moins longues et plus aplaties que les dents et afi'ectent, comme ces dernières, une forme de prisme triangulaire. La lamelle chitineuse recouvrante présente la même disposition que celle des dents et est également recouverte dune abondante toufi'e de soies cornées. Ces soies forment, vers 984 ACADÉMIE DES SCIENCES. le milieu de l'organe, deux bandelettes transversales de teinte noirâtre. En arrière, sont disposés de puissants faisceaux musculaires longitudinaux. i> L'orifice postérieur du gésier est muni d'une valvule à bords frangés. » Observations physiologiques. — Il nous a été donné, maintes fois, au cours de nombreuses vivisections, faites sur des Procrustes ou de gros Carabes, d'observer certaines fonctions physiologiques du gésier, fonctions qui s'exercent concurremment avec celles du jabot. » Fréquemment l'intestin antérieur est rempli d'une matière noirâtre, plus ou moins liquide, provenant des substances alimentaires ingérées. Quand l'animal est récemment ouvert, on voit parfois le gésier animé de contractions rythmiques, s'efFectuant à intervalles à peu près égaux. » Les gros muscles circulaires du gésier se contractent, d'arrière en avant, à partir de l'intestin moyen. Le contenu de l'organe est brassé éner- giquement et poussé dans le jabot, qui se dilate sous l'afflux du courant semi-liquide. Le jabot se contracte à son tour par une série d'ondulations vermiforraes qui se poursuivent fort en avant, jusqu'au milieu de l'œso- phage. Le contenu intestinal, chassé incomplètement du gésier, y revient brusquement, par suite de la dilatation de ce dernier, et le retour est même si rapide que l'organe paraît toujours en partie gonflé. » Les mêmes contractions réapparaissent et se poursuivent vers l'avant, rapprochant les dents et les denticuleset soumettant ainsi la bouillie intes- tinale à une trituration complémentaire. Elles durent parfois plusieurs heures. Mais, peu à peu, ces contractions deviennent plus lentes, moins énergiques et, quand les matières sont suffisamment triturées et malaxées, on voit, de temps à autre, de petites contractions se produire en sens inverse des premières et certaines portions de la bouillie alimentaire fran- chir la valvule postérieure du gésier et passer par saccades dans l'intestin moyen. » ZOOLOGIE. — Sur les Annélides polychèies d'eau douce. Note de M. Ch. Gravier, présentée par M. Edmond Perrier. « C'est dans les mers qui ont couvert autrefois toute la surface de la terre que se sont développés les premiers êtres vivants. Certains groupes zoolo- giques sont restés localisés dans leur milieu d'origine, mais la plupart d'entre eux ont fourni des formes qui se sont accliinatées à l'eau douce ou à la vie terrestre. Jusqu'à une époque relativement récente, les Annélides SÉANCE DU l'"' DÉCEMBRE 1902. gSS polychètes ont été considérées comme faisant partie de la première caté- gorie, c'est-à-dire comme des animaux essentiellement marins. On con- naît maintenant un certain nombre de Polychètes adaptés complètement à l'existence dans l'eau douce; ces Annélides se rapportent à quatre familles distinctes, celles des Néréidiens, des Euniciens, des Capilelliens et des Serpuliens. » Parmi les Néréidiens, c'est le genre Lycastis Aiidouin et M. Edwards qui paraît le mieux s'accommoder des degrés de salure les plus divers. C'est ainsi qu'une espèce delà Guyane que j'ai fait connaître récemment ('), le Lycastis ouanaryensis Gravier, vit à la fois en milieu saumàtre, en compagnie de tarets, dans la mer, sur les côtes (Guyane française), où l'on peut la recueillir sous les pierres, à marée basse, et dans l'eau complètement douce, dans les criques du haut Ouanary (petit fleuve qui se jette dans la baie de l'Oyapok), ou dans les ruisseauv des marais de la région. J'ai pu exa- miner deux femelles remplies d'ovules voisins de l'état de maturité; elles ne présen- taient aucune transformation ni dans le prostomium, ni dans les parapodes tout gon- flés par les éléments sexuels ; il ne paraît donc pas y avoir de phénomènes d'épigamie. » La présence de ces formes sexuées en eau douce indique d'ailleurs que l'espèce est parfaitement acclimatée dans ce milieu. On sait, en efl"et, que lorsque des animaux marins, qui peuvent s'adapter à l'eau douce, sont trop brusquement amenés dans ce liquide, ils ne forment ni œufs ni spermatozoïdes, et même résorbent ceux qu'ils possédaient avant l'expérience. Il serait désirable d'observer un grand nombre d'in- dividus, avec des éléments génitaux à divers degrés de développement, pour voir si les deux sexes sont absolument séparés. Il y aurait également intérêt à étudier l'in- fluence du changement de milieu sur le développement de ces animaux. Le passage de la vie marine à l'existence dans l'eau douce on sur la terre s'accompagne toujours d'une tachygenèse ou accélération embryogénique plus ou moins intense. En tout cas, la transformation épigamique paraît ici supprimée. )- On ne connaît actuellement qu'un Eunicieii d'eau douce : c'est un Liimhri- conereis (sp.?) qui a été trouvé par J. Kennel dans le fleuve Orloire, à la Trinité. » Le seul Cnpilellien d'eau douce qui ait été mentionné jusqu'ici est VEisigella ouanaryensis Gravier, qui a été recueilli dans les ruisseaux d'eau douce des marais du Ouanary. G. Ferronnière, en plongeant directement dans l'eau douce le Capitella capitula Fabricius, constata que ces animaux mouraient au bout de quelques minutes. Or, H. Eisig a réussi à faire vivre la même espèce dans de l'eau de mer de plus en plus diluée, à les conserver pendant 4 niois, dans un mélange contenant finalement 400''°' d'eau de mer pour iooo*">' d'eau douce, le poids spécifique s'abaissant de i ,o34 à I ,0088. » Parmi \Qi Serpuliens, la tribu des Sabellides ne compte pas moins de quatre espèces réparties en trois genres, adaptées à l'eau douce : Manayunkia speciosa Leidy, (') Ch. Gravier, Sur trois nouveaux Polychètes d'eau douce de la Guyane française {Bull, de la Soc. d'Êist. natur. d'Autun, t. XIV, 1901, p. 353-372). C. R., .902, 2« Semestre. (T. CXXXV, N- 22.) 1 29 986 ACADÉMIE DES SCIENCES. Caobangia Billeti Giard, Dybowscella Godlewshii et Dybowscella baicalensis J. Nusbaura. » Les Polychèles d'eau douce, relativement très rares, présentent un intérêt excejDtionnel, au point de vue de l'étude du mécanisme du passage de la vie en milieu salin à la vie dans l'eau douce, et du retentissement de ce changement d'ambiance sur tout l'organisme (développement avec ou sans métamorphoses, sexualité, etc.). » Un grand nombre de naturalistes ont recherché la cause de la mort et observé les phénomènes qui la précèdent chez les animaux marins que l'on immerge dans l'eau douce et réciproquement; ils ont montré l'influence, à ce point de vue, de la température du milieu, de la taille et de l'état phy- siologique des individus soumis à l'expérience. Les phénomènes osmotiques auxquels donnent lieu les changements de milieu exercent une action directe sur le sang, tant sur le plasma que sur les éléments figurés; lorsque cette action est brusque et violente, la nutrition générale est arrêtée soudainement et la mort est presque immédiate. Mais si les modifi- cations sont réalisées peu à peu, les hématies peuvent acquérir une certaine résistance; il se produit une accoutumance qui permet à l'animal. de vivre dans un milieu défavorable à l'origine, et l'immunité ainsi acquise n'est peut-être pas sans analogie avec celles que peuvent conférer des inocula- tions appropriées contre les toxines microbiennes. » J. Gogorza y'Gonzàlez observant, comme ses devanciers et notamment comme Paul Bert, que la résistance d'un animal marin plongé dans l'eau douce est plus grande quand la température s'abaisse, pense qu'il est vrai- semblable d'admettre que l'adaptation des animaux marins à l'eau douce s'est faite de préférence aux époques de refroidissement du globe terrestre. Cette hypothèse ne paraît guère plausible, d'après ce que nous voyons se produire actuellement dans l'Amérique tropicale, où la tempéra- ture est constamment élevée et où une même espèce, le Lycastis ouana- ryensis Gravier, s'accommode aussi bien de l'eau de mer que de l'eau douce et de tous les intermédiaires. » L'histoire de ces Annélides polychètes d'eau douce peut jeter quelque lumière sur^l'origine des Oligochèles qui se relient probablement aux Poly- chètes par plusieurs phylums distincts. H. Eisig a d'ailleurs montré que la séparation des deux groupes de Chétopodes n'est rien moins qu'absolue. » SÉANCE DU l" DÉCEMBRE I902. 987 ZOOLOGIE. — L'excrétion chez les Cirripèdes. Note de M. L. Bruntz, présentée par M. Y. Delage. « La méthode des injections physiologiques m'a donné, sur les organes excréteurs des Crustacés supérieurs, quelques résultats intéressants rap- portés dans une Note précédente ('). J'ai a|)pliqué la même méthode au groupe des Cirripèdes pendant mon séjour au laboratoire de Roscoff, où j'ai étudié les formes : » Thoraciques : 1° Pédoncules : Lepas anaiifera L., PoUicipes comucopiœ Leach; 2° Operculés : Balanus tinlinabulum chenu; » Bhizocéphales : Saccnlina Carcini Thomps. » Chez les premiers, j'ai reconnu trois organes excréteurs : y> 1° Le rein maxillaire; » 2° Un organe céphalique clos; » 3" Une des glandes annexes du tube digestif (glande brune de Nus- baum). » 1° Rein maxillaire. — Connu déjà par Darwin et Iloeck, c'est seulement Nus- baum qui lui donne son nom. Les descriptions que nous eu possédons sont de Koehler et Gruvel. Tous s'accordent à reconnaître dans l'organe rénal un sac clos; les deux derniers auteurs concluent même à la présence d'un rein d'accumulation. Tous aussi ont considéré les deux grandes lacunes qui bordent intérieurement le rein comme des parties de la cavité générale; chacune communiquant, ce qui est vrai, directement avec l'extérieur par un fin canal débouchant sur la dernière des pièces buccales. Ma méthode m'a facilité l'étude de cet organe, le carminale d'ammoniaque est éliminé par l'épithé- lium rénal; de ce fait il a une belle teinte rose qui en délimite nettement les contours sur les coupes et permet d'en étudier facilement les relations. Ces cellules sécrètent des boules qui tombent dans la cavité du sac rénal, ce qui prouve quil ne peut être question de rein d'accumulation. » Ces boules sont naturellement colorées en rouge par le carmin éliminé. Nous les retrouvons dans les lacunes que les auteurs appelaient cavité générale et que désor- mais j'appellerai labyrinthe par analogie avec les reins antennaires et maxillaires des Crustacés supérieurs. C'était donc la meilleure preuve qu'une communication existait entre le rein, qui devenait comparable à un saccule, et le labyrinthe. Sur des coupes rigoureusement sériées, nous avons constaté la présence de cet orifice du côté interne de la grande corne dorsale. Tout autour, les cellules épithéliales sont plus petites et n'éliminent plus le carmin. J'ai eu la chance de trouver dans mes préparations une boule excrétée qui traversait l'orifice. (',) L. Bruntz, L'excrétion chez les Crustacés supérieurs {Comptes rendus. i3 octobre 1902). 988 ACADÉMIE DES SCIENCES. » 1° Organe céphalique clos. — Cet organe élimine le carminate. Il est composé de deux amas de cellules situés symétriquement dans la partie céphalique, au-dessus du niveau des pièces buccales, à l'endroit même où le manteau se rattache au corps. Ils ont une forme lenticulaire, sont placés dans le tissu conjonctif entre l'épithélium culiculaire et de gros diverticules de la glande blanche de Nusbaum. Les cellules qui le constituent sont nombreuses, très grosses, plus ou moins régulières, munies d'une membrane et possédant toutes de trois à cinq petits noyaux sphériques. Le cytoplasme granuleux contient lexarmin précipité uniformément dans sa masse. Je n'ai pas trouvé mention de cet organe dans la littérature. » 3" Glande hépnlique. — A])rès injection de couleurs d'aniline dans le pédoncule de Lepas, on retrouve après élimination la matière colorante dans le tube digestif, où elle colore les matières qu'il contient. La même couleur se retrouve aussi dans beau- coup de cellules de la glande brune de Nusbaum, glande hépatique de Gruvel, ce qui semblerait indiquer qu'elles ne sont fonctionnelles que par groupes. Le pigment qu'elles contiennent est peut-être le produit d'excrétion normal. » Quant aux Rizocéphales, M. Y. Delage ('), dans sa belle étude anato- mique et physiologique de la Sacculine, dit qu'il n'existe pas d'organe excréteur différencié, mais il pense que les parties légèrement différenciées de l'extrémité des racines, les follicules lagéniformes, peuvent jouir de cette fonction. Mes expériences ne confirment pas cette supposition. Les matières colorantes semblent s'éliminer par osmose à travers la surface entière des racines, car jamais nous n'avons pu constater que les follicules lagéniformes soient devenus plus colorés que d'autres parties, et cela même après élimination presque totale, ce qui cependant n'eiit pas manqué d'avoir lieu si ces parties avaient eu pour rôle de soutirer, pour les éli- miner, les matières colorantes injectées. J'ai eu l'occasion de montrer que le produit éliminé était une base analogue à la méthylamine (-). » BIOLOGIE GÉNÉRALE. — Application d'un caractère d'ordre éthologique à la classification naturelle. Note de M. L. Matruciiot, présentée par M. Gaston Bonnier. « On sait, depuis les recherches de Brefeld et de Van Tieghem, que les Piplocephalis (qu'on rencontre dans la nature, vivant en parasites sur des (') Y. Delage, Évolution de la Sacculine {Arcli. de Zoologis expérimentale, 2= série, t. Il, iSgJ). (^) L. Bruktz et J. Gautrelet, Étude comparée des liquides organiques de la Sacculine et du Crabe {Comptes rendus, 18 août 1902). SÉANCE DU 1" DÉCEMBRE 1902. 989 Mucorinées) soni nécessairement parasites ; que, de [)lus, leur parasitisme ne s'exerce qtrnux dépens de certaines Mucorinées, à savoir les Muco- racées (Pilobolées et Mucorées); enfin, que toutes les Mucoracées sont susceptibles d'être parasitées par les Piptocephalis . » I. S'il était démontré que les Piptocephalis ne peuvent vivre sur aucune espèce de Champignon hors du groupe des Mucoracées, le fait de pouvoir servir d'hôte à un Piptocephalis devrait dès lors être considéré comme mie caractéristique absolue des Mucoracées. » C'est ce premier point que j'ai cherché d'abord à établir : » A la vérité, pour faire celte démonstration, il ne saurait être question de tenter la culture des Piptocephalis successivement sur toutes les espèces de Champignons connues. Mais j'ai opéré sur un tel nombre d'espèces fongiques, appartenant aux groupes les plus divers, que la conclusion s'impose avec toute la rigueur désirable. » J'ai cherché, en effet, à faire vivre en parasite un Piptocephalis déterminé (P. Tieghemiana Matr.) sur près de cent espèces, appartenant aux divers ordres de Champignons, depuis les Myxomycètes jusqu'aux Basidiomycètes les plus élevés en organisation ('). Tous les essais ont été effectués par la méthode des cultures pures simultanées, et, comme l'essai de chaque espèce a porté sur quatre à cinq cultures au moins, tout résultat, même négatif, doit être considéré comme concluant. (') La liste des espèces sur lesquelles j'ai opéré est trop longue pour pouvoir être donnée ici. Je ne citerai que les genres ou espèces les plus typiques : Myxomycètes. — Dictyostelium mucoroides, vivant lui-même en symbiose avec une Bactérie (culture pure). OoMYCÊTES. — a. Mucoracées : Pilaira, Mucor, Rhizopus, Absidia, Sporodinia, Phycomyces, Chœtocladium, Thamnidium, Helicostylum, Chœtostylum.— 6. Autres Mucorinées : Morlierella (quatre espèces). — c. Entomophthorées : Boudierella coronata et une Entomophlhorée non déterminée. — d. Péronosporées : Phylo- phthora infeslans. AscoMTCÈTES. — a. Discomycètes : Pyronema confluens, Morchella esculenta et rimosipes, Geoglossum, Bulgaria, Spathularia Jlavida, Nectria, Mollisia, etc. — b. Pyrénomycètes : Sordaria, Chœlomium, Claviceps purpurea, Hypocrea alu- tacea, etc. — c. Périsporiacées : Eurotium repens, Gliocladiurti penicillioides, etc. Basidiomycètes : Lepiota procera, Armillaria mellea, Tricholoma nuduni, Collybia sp., Psalliota campestris, Pleurotiis oslreatiis, Coprinus conuUus et ephe- merus, Matruciiotia varians, etc. FoNGi IMPERFECTI : Amblyosporium urnhellattim, Gliocladium viride; Sterig- matocystis. Aspergillus, Pénicillium et Coremiuni variés ; Arthrobotrys, Cephato- thecium; Cladosporium, Alternaria, Macrosporium; Verticilliu/n, Daclylium Acrostalagmus, Diplocladiuin, Fusarium, VoluCella; Isaria, Cordyceps sp., Spo- lotrichum globuliferuni; Bolrylis cinerea, Polyactis, Trichopliyton divers, etc. 99° ACADÉMIE DES SCIENCES. » Or les résultats de cette série d'expériences sont particulièrement frappants : 1° toutes les cultures de P. Tieghemiana sur Mucoracées ont réussi; 2° toutes les cultures sur Champignons autres que les Mucoracées ont échoué. » En conséquence, Piptocephalis Tieghemiana doit êlre considéré comme pouvant caractériser, d'une façon précise, les Mucoracées par rapport à tous les autres Champignons. Il constitue, en quelque sorte, un réactif àe?, Mucoracées, et il permet de les définir éthologiquemenl par cette propriété qu'elles ont de lui pouvoir servir d'hôte, et qu'elles sont seules à posséder. » II. Ayant à ma disposition un instrument de contrôle d'une si rigou- reuse précision, j'ai cherché à en faire l'application à une moisissure d'origine africaine, Cunninghamella africana Matr., non encore décrite et classée. Cette moisissure ne présente aucun des organes de reproduction (œufs ou sporanges) caractéristiques des Mucoracées; elle possède, au contraire, d'abondantes spores exogènes, lesquelles sont inconnues chez les Mucoracées. Mais son appareil végétatif me paraissant offrir d'étroites affinités avec le mycélium des Mucoracées, j'estimai être en présence d'une Mucoracée aberrante. » Cunninghamella africana s'est développée spontanément et en saprophyte sur du crottin de chameau recueilli à l'état sec dans le Soudan français, expédié à cet état en France, et placé aseptiquement dans une enceinte humide. » C'est un Champignon à mycélium non cloisonné, comme les Mucoracées; mais, pas plus à l'état spontané que dans les conditions de culture les plus variées, il n'a jamais donné ni sporanges ni œufs, mais bien uniquement des conidies. » Ces conidies naissent solitaires sur des têtes sphériques terminant les branches d'un arbuscule assez ramifié. L'aspect général est celui d'une fructification à'OEcloce- plialum à pied ramifié, et c'est sans nul doute parmi ce genre de Mucédinées qu'on rangerait C. africana si l'on ne faisait appel qu'à des caractères tirés de la morpho- logie et du développement. » Mais (et à mes jeux c'est ici un point capital) C. africana se montre propre à servir d'hôte à Piptocephalis Tieghemiana. » En conséquence, malgré l'absence d'œufs et de sporanges, Cunning- hamella africana doit être classé parmi les Mucorinées, au voisinage ou dans le groupe des Mucoracées ('). Il constitue le premier type connu de Mucorinée à végétation uniquement conidienne. (') Il convient d'ailleurs de remarquer que par son appareil végétatif, son mycélium à structure continue et à courants protoplasmiques très nets, ses rhizoïdes différen- ciés, etc., C. africana se rapproche effectivement des Mucoracées. SÉANCE UU l" DÉCEMBRE 1902. 991 » III. Le caractère d'ordre élhologique dont il vient d'être fait usage doit être considéré comme un caractère taxonomique de premier ordre. Il suppose, chez les êtres qui le présentent en commun, les affinités les plus étroites. Non seulement la structure et les propriétés de la membrane sur laquelle s'implante le parasite doivent être les mêmes; mais la structure, les propriétés, la vie même du protoplasma doivent être bien semblables chez des plantes hospitalières qui fournissent à un être aussi étroitement exigeant qu'un Piptocephalis les conditions nécessaires à son existence. » A ma connaissance, il n'a jamais été fait usage, pour la classification des Végétaux, de caractères éthologiques de cette nature. Il semble que, dans des cas aussi précis que celui-ci, il y ait toute sécurité à y faire appel. Peut-être même faudrait-il voir là une méthode assez générale, susceptible de fournir, dans certains cas, de nouvelles indications utiles à la recherche de la classification naturelle des êtres vivants. » BOTANIQUE. — De la répartition des sphérulins dans les familles végétales. Note de M. Louis Petit, présentée par M. Gaston Bonnier. « Dans une précédente Communication ( ' ) j'ai montré qu'il existe, dans les cellules chlorophylliennes de certaines feuilles, un petit globule (rare- ment deux ou plus) se colorant fortement parla teinture d'alkanna comme les graisses, les cires, les résines, et auquel j'ai donné le nom de sphérulin. Mes premières recherches, qui avaient porté sur les Gamopétales et les Dialypétales, en me montrant la disparition graduelle des sphérulins, au fur et à mesure que l'on s'abaisse dans l'échelle végétale, m'avaient fait peuser que ces petits corps devaient être fort rares dans les familles infé- rieures, c'est-à-dire appartenant aux Apétales et aux Monocotylédones. L'étude de ces groupes a justifié mes prévisions. )) Voici la liste des familles examinées et le nom des rares espèces où j'ai rencontré des sphérulins. Le chiffre entre parenthèses, qui suit chaque nom, indique le nombre des genres étudiés. 1) Apétales inférovariées. — Cupulifères (7). Juglandées (2). » Apétales supérovariées. — Gliénopodiacées (7). Poljgonées (5). Urlicacées (6). Pipéracées (3) : Piper, Peperomia, pas de sphérulins. Saururus cernuus, sphérulins. Salicinées (2). Plalanées (i). Myricacées (i). (') Comptes rendus, 23 décembre 1901. 992 ACADÉMIE DES SCIENCES. » MONOCOTYLÉDONES, Iridinées. — Orchidées (3). Scitarainées (7). Bromé- .liacées (2). Héniodoracées (i). Iridées (4) : Gladiolus psittacinus, sphérulins. Schizoslylis coccinea, petits spliérulins. Dioscoréacées (3). Amanilidées (5). » LiLiiNÉES. — Liliacées (8) : Aslelia Banksli, sphérulins. Pontédériacées (i). Com- mélinacées (2). Alismacées (i). » JoNCiNÉES. — Joncacées (3) : Juncus glaucus, J. ejfiisiis, petits sphérulins. Pal- miers (3). » Graminidées. — Pandanées (i). Typhacées (2) : Sparganium raniosum, petits sphérulins. Aroïdées (6). Naïadacées (i). Cypéracées (3). Graminées (8) : Arundo Doiiax, Melica pyramidalis, sphérulins. )) On voit que, d'une manière générale, les sphérulins manquent dans les Apétales et les Monocotylédones. Parmi les Pipéracées, il est possible que les Saururées en possèdent et que les Pipérées en soient dépourvues. Les Iridées en renferment peut-être aussi dans un certain nombre de genres. Mais, malgré les deux réserves précédentes, je ne crois pas qu'une seule famille d'Apétales ou de Monocotylédones renferme une majorité de genres à sphérulins. » N'étant pas encore bien fixé sur la substance des sphérulins (qui est peut-être variable), je me bornerai à faire connaître une réaction qu'ils présentent communément. Si l'on traite successivement les coupes, qui les renferment, par de l'eau de Javel, de la teinture d'iode et finalement par de la glycérine, ils se colorent en marron. » GÉOLOGIE. — Élat actuel du volcan de la Martinique. Note de M. Lacroix, présentée par M. Fouqué. « J'ai envoyé déjà à l'Académie quelques renseignements préliminaires sur le cratère de la Montagne Pelée. A la suite d'une nouvelle ascension, effectuée le 8 novembre, dans de meilleures conditions que les précédentes, e me propose aujourd'hui de compléter ces premières données et de pré- ciser la nature du cône central formé au milieu du cratère; ce n'est pas un cône de débris, édifié par projections, c'est un cumulo-volcan, constitué par des roches cohérentes, s'éboulant sans cesse, mais continuant à s'élever tranquillement, presque à vue d'œil, sous l'influence de la poussée interne. » Le cratère. — L'éruption actuelle a sensiblement modifié la topogra- phie du sommet de la Montagne Pelée. Le point culminant de celui-ci était en effet autrefois constitué par le morne La Croix, dominant au Sud-Est SÉANCE DU l"' DÉCEMBRE 1902. 998 un petit plaleau, creusé d'une cavité peu profonde (le lac des Palmistes). Ce lac était, du côté du Nord-Ouest, dominé par un morne (reste d'une ancienne coulée d'andésite), que l'éruption n'a pas entamé et qui, le cône mis à part, forme maintenant le point le plus élevé de la montagne. » Au pied Sud-Ouest du morne La Croix s'ouvrait une large cuvette de 800" environ de diamètre, au fond rétréci de laquelle (Soo™ environ de diamètre) se trouvait à 700"" d'altitude environ l'Étang Sec (200" de diamètre). Les crêtes qui le dominaient étaient constituées parle morne Paillasse au Nord, le Petit Bonhomme à l'Ouest, la Petite Savane au Sud. Du côté du Sud-Ouest, entre le Petit Bonhomme et la Petite Savane, s'ou- vrait une déchirure dominant la haute vallée de la rivière Blanche. C'est cette cuvette profonde qui constitue le cratère actuel. La déchirure Sud- Ouest a été en s'agrandissant depuis le 5 mai, date de l'effondrement du barrage de l'Etang Sec, et forme maintenant la prolongation, sans escarpe- ment, de la haute vallée de la rivière Blanche. » J'ai pu faire le tour de près des trois quarts de la crête du cratère; celle-ci est d'allitude irrégulière; sa partie Norti-Ouest est la moins élevée, sa partie culminante est constituée par ce qui reste du morne La Croix. Depuis noire précédente ascension, il semble que celui-ci se soit encore éboulé; son altitude, mesurée à l'aide d'un baromètre holostérique, est en efifet (9 novembre) de 1220"" (i 5™ seulement plus élevé que l'emplacement occupé jadis par le lac des Palmistes). La partie éboulée représente donc environ iSo™ depuis le commencement des éruptions. Le sommet qui sur- plombe le bord du cratère est extrêmement fendillé et parcouru par un courant d'air chaud; le thermomètre, placé dans une fente do ce rocher, indique + 62° C. )) Les bords du cratère, sauf ceux du côté Est et dans les parties rocheuses (morne La Croix, Petit Bonhomme), sont formés par une arête vive dont la pente extérieure est, |)ar places, suffisamment raide pour cpi'il soit diffi- cile d'y circuler. Le bord Est, au contraire, est en partie constitué par un petit plateau, prolongation vers le sud du lac des Palmistes aujourd'hui remblayé. » Les parois intérieures sont presque partout absolument verticales : c'est le cas, notamment du côté Nord, oii cette paroi semble avoir été taillée dans le tuf, comme avec un couteau. Il résulte de cette disposition que toutes les eaux qui tombent sur le sommet de la montagne s'écoulent extérieurement au cratère, à l'exception de celles qui tombent sur le pla- teau Est et qui sont en partie déversées dans le cratère lui-même, déter- C. K., 1902, j- Semestre. (T. C.VXXV, N" 22.) l'O 994 ACADÉMIE DES SCIENCES. minant des érosions assez intenses sur la paroi de celui-ci. Des fissures nombreuses, disposées parallèlement auK bords du cratère, montrent que ceux-ci s'élargissent peu à peu par effondrement, mais cet élargissement me semble avoir été peu important depuis la fin de juin. » La surface des bords du cratère est uniformément recouverte d'une couche de cendres très fines; grâce à l'absence de grandes explosions depuis le commencement de septembre, la surface de celle-ci est rougie par oxydation, mais il suffit de la gratter pour faire apparaître la couleur gris verdàtre de la cendre humide. Cette cendre est stratifiée et constituée par des alternances de lils compacts et d'autres, uniquement formés par de petits pisoliles de cendres qu'il est facile, par le moindre choc, de détacher les uns des autres. Cette structure me parait due à l'action combinée de la pluie et d'une rapide dessiccation sur des cendres fines; je l'ai observée non seulement sur les cendres du sommet de la montagne, mais encore sur toute la côte, entre le Prêcheur et Saint-Pierre; elle se produit aussi aux dépens des parties les plus fines des tufs ponceux anciens, désagrégés par les eaux, et s'uccumulant dans les anfractuosités du sol. » La cendre du sommet de la Montagne Pelée, grâce à la finesse de ses éléments, se délave avec la plus grande facilité et une rapidité non moins grande. Quelques minutes de pluie suffisent pour transformer en boue le sol, sur lequel on circule facilement après quelques instants de soleil. On comprend aisément, lorsqu'on a assisté à quelques-unes de ces averses sur la montagne, quelle est l'origine des torrents d'eaux boueuses noires ou jaunes qui sont si caractéristiques des périodes d'éruption (le Prêcheur, Basse-Pointe, rivière Blanche, etc.). » Toutes les rigoles creusées par les eaux dans ces cendres mettent à découvert au-dessous d'elles un cailloulis de petits fragments anguleux de projection (andésite compacte, vitreuse ou ponceuse), mélangés à des bombes. » Quant aux grosses bombes, elles sont relativement peu abondantes au Nord et à l'Est, elles deviennent plus nombreuses au Sud-Est et au Sud, et, dans cette partie, les fragments d'andésite ancienne arrachés au sous- sol ont paru y être en plus grand nombre qu'ailleurs. Cette observation est conforme d'ailleurs à celles que j'ai faites dans la vallée de la rivière Blanche et qui montrent que c'est dans le secteur Sud-Ouest que s'est, sans exception, produit le maximum d'intensité de toutes les éruptions . » Je n'ai observé, sur les crêtes, aucune fumerolle localisée, mais le sol est tiède; il suffit de creuser un trou de quelques centimètres pour que le SÉANCE DU I^' DÉCEMBRE 1902. 995 thermomètre y atteigne jusqu'à 82° C. Les petits fragments de roche y sont recouverts de cristaux de soufre et de gypse imprégnés de pyrite ou recou- verts de concrétions d'alunogène. )) Le fond du cratère est actuellement à i 5o'" environ au pied du sommet du morne La Croix; il paraît plus bas du côté du Sud, plus élevé du côté du Nord. La cavité cratériforme est réduite à un étroit couloir circulaire qni entoure de toutes parts le cône central ; cette sorte de rainure commu- nique librement avec la vallée de la rivière Blanche par la déchirure Sud-Ouest du cratère. » Le cône. — Le cône central est constitué par de la lave compacte, for- mant des fîdaises à parois verticales, qui, en un point du côté Est, sont visibles jusqu'au fond même du cratère; partout ailleurs, la base du cône est formée par un talus d'éboidis qui, par l'échancrure Sud-Ouest du cra- tère, descend jusqu'à la rivière Blanche, alors que, dans toutes les autres directions, il va, comblant peu à peu ce qui reste de la cavité cratéri- forme. » Toutes les observations que nous avons pu faire sur ce cône montrent que celui-ci est en voie d'accroissement assez rapide, malgré les éboule- ments incessants qui s'y produisent. Cet accroissement peut être étudié facilement du Sud et de l'Est de la montagne ; c'est vers le 1 1 août que, du Morne-Rouge, on l'a vu pour la première fois émerger du profil de la mon- tagne. C'est à peu près à la même époque qu'on a pu l'apercevoir d'Assier on est installé l'un de nos postes, d'où nous l'observons jour et nuit. )) Le 10 octobre, on le voyait d'Assier sous la forme d'un petit bourrelet, semblant avoir la même élévation que le morne La Croix auprès duquel il émergeait. Pendant les jours suivants, il s'est accru rapidement, s'étalant vers le Nord et le Sud et atteignant 90"" d'élévation environ au-dessus du bord du cratère; c'est à peu près la dimension qu'il a actuellement (10 novembre), bien que sa pointe la plus aiguë se soit écroulée il y a quelques jours. » Lors de notre ascension du i5 octobre, le sommet, vu des bords du cratère, se présentait sous la forme d'une crête dentelée, dirigée à peu près Nord-Sud, son piton notablement plus élevé que les autres ; celle crête dépassait d'environ 50™ le bord du cratère. Aujourd'hui, au milieu de celle-ci, se dresse, d'un seul jet, un énorme piton, à paroi verticale, à sur- face lisse du côté de l'Est par suite du décollement; il a une centaine de mètres de hauteur, il n'est pas placé au milieu du cône, mais sur sou bord qq6 ACADEMIE DES SC1E^XES. Nord-Esl, à inie centaine de mèlres seulement du iiiorne La Croix et vis-à-vis de celui-ci. » Ce cône esl fissuré dans tous les sens ; des bouffées de gaz et de vapeurs s'en échappent sans interru|)lion, soit verticalement, soit horizontalement. Elles sont accompagnées d'cboulements considérables produisant un très grand fracas ; les blocs tombant les uns sur les autres rendent généralement un son comparable à celui de bris de verre, ce qui est du resie conforme avec la structure très vitreuse des blocs que l'on trouve éboulés dans la vallée de la rivière Blanche ou projetés sur le sommet de la montagne. » 11 n'existe pas de cheminée centrale ; il semble parfois, lorsqu'on examine le volcan de loin, qu'un panache de vapesurs se dégage du piton le plus élevé, mais l'examen attentif que nous en avons fait depuis 1 5 jours, du poste d'Assier, permet d'assurer qu'il s'agit là, ou bien de la réunion des vapeurs des fissures superficielles du cône, ou bien de bouffées partant de hi rainure, en avant ou en arrière du piton central et montant lente- ment le long de celui-ci. C'est d'ailleurs principalement de cette rainure du cratère, et en particulier au voisinage de l'échancrure Sud-Ouest, que partent les grandes poussées de vapeurs qui, les jours où il y a peu de vent, montent verticalement à plusieurs kilomètres de hauteur. )) La structure de ce cône ne laisse aucun doute sur son mode de for- mation. On ne peut s'arrêter un instant à l'hypothèse d'un cône de débris; la quantité de blocs projetés sur les bords du cratère, à loo"" seulement du (ône, est d'ailleurs négligeable, comparée à la masse de celui-ci; il n'en serait pas de même si l'on avait affîure à un cône de débris. Il n'est pas douteux, à mon avis, qu'il s'agit là d'un cumulo-volcan, d'un énorme bour- relet de lave andésitique qui s'édifie à la bouche d'une ouverture souter- raine. Celui-ci, grâce à la lenteur de la poussée, à sa continuité età la faible fusibilité du niHgma, se consolidant dès son arrivée à la surface, peut con- server sa forme actuelle, au lieu de donner naissance à une coulée, comme cela arriverait vraisemblablement si l'afflux de matière profonde se faisait beaucoup plus rapidement. » Les éboulements continuels se produisant dans toutes les parties du cône me paraissent hors de proportion avec les bouffées gazeuses qui les accompagnent et dont la sortie ne peut en être seule la cause. J'y vois plutôt un effet de l'action continue de la matière fondue ascendante, dislo- quant des roches fendillées par un refroidissement brusque. M Cette opinion est légitimée par les phénomènes lumineux visibles la SÉANCE DU l" DECEMBRE 1902. 997 niiil chaque fois que la montagne n'est pas couverte de nuages. Le cône est alors irrégulièrement éclairé : il ne s';igit pas là de flammes, mais de lueurs très vives, très bien délimitées, d'un rouge comparable à celui d'un feu de forge. » Ellesapparaissent d'abord, très brillantes, puis perdent progressive- ment leur intensité. Dans la nuit du 9 au 10 novembre, j'ai vu nettement cette lueur partir de la base du cône (visible d'Assier), n)onter suivant une \is.ne sinueuse, avec localementdebrusquesaugmentalions d'intensité, atteindre le sommet et envoyer des branches latérales. Au bout d'une demi-heure environ, ce phénomène avait ûispar a progressivement. Il ne me paraît guère possible d'expliquer ce qui vient d'èlre décrit, autrement que par la montée, puis le refroidissement progressif, du magma andésitique fondu dans les fentes de retrait de parties déjà consolidées de la même lave. On peut expliquer également, par la brusque mise à découvert d'une por- tion incandescente du cône, une vive illumination d'une large surface de celui-ci, survenue quelques nuits auparavant, peu d'heures avant que je ne constate, à la même place, la chute d'une des aiguilles terminales du cône. » Nos deux postes d'observation, dont le second va incessamment fonc- tionner d'une fiiçon régulière, vont me permettre de coordonner des obser- vations faites heure par heure des deux côtés opposés du cône; je ferai connaître à l'Académie toutes les particularités qui paraîtront dignes de son attention. î) Comme conclusion, je ferai remarquer que, bien que, depuis près de deux mois et demi, il ne se soit produit à la Montagne Pelée aucune grande explosion, les manifestations de l'activité volcanique ne s'en poursuivent pas moins silencieusement et d'une façon continue ; aussi ai-je engagé vive- ment l'administration de la colonie à maintenir intégralement toutes les mesures d'évacuation préventive du voisinage du volcan, qui me paraissent toujours indispensables. » EMBRYOGÉNIE. — Sur révolution de la spc-r/nalide chez le Notonecta glauca. Note de MM. J. Paxtel et R. de Sisêty, présentée par M. Alfred Giard . « Les stades que nous distinguerons ne sont pas définis par une discontinuité de l'évolution, et beaucoup d'entre eux ont un caractère très 99^^ ACADÉMIE DES SCIENCES. artificiel; nous ne les adoptons provisoirement que pour la rapidité de la description. » I. État initial de la spermatide {fig. 2). — Le noyau est pelil, la chromatine peu abondante et en granules isolés. Le corps cytoplasmique, à trame réticulée, est rendu très hétérogène par la présence de nombreuses enclaves, savoir : » a. Le matériel nebenkernicn c.mi, déjà observable dans le spermatocvte de 1, spermatocyte de deuxième ordre; 2-11, spermatide; 12, spermatozoïde presque mùr.— A, acrosome; I, idiozome; N, noyau; tik, A'ebenkern; Q, queue; é, blépharoplaste: ca, calotte; c.chr, cor- puscules chromatinifères; c.mi, condensations mitochondriennes; es, caryosome; di, différencia- tions idiozomiques; e.hy, excrescences hyalines; ;'', i", corpuscules idiozomiques principaux et secondaires; ps, plasmosomes. premier ordre en prophase sous la forme de condensations qui peuvent constituer une zone périnucléaire plus ou moins complète; aux télophases des divisions maturatives cette zone s'ouvre largement du côté du pôle, expulse, pour ainsi parler, le noyau et se masse derrière lui autour du reste fusoriel; » b. Les corpuscules idiozomiques secondaires i" : nous désignons ainsi une catégorie d'enclaves arrondies ou cuboïdes, d'abord très petites, arrivant par croissance à une taille médiocre uniforme, homogènes, avec une zone membraniforme plus dense à la jjériphérie ; on peut les suivre au travers des cinèses maturatives jusque dans les spermatocj'tes de premier ordre en prophase ; » c. Les corpuscules chromatinifères ccA/., autre sorte d'inclusions de même SÉANCE DU l'^' DÉCEMBRE 1902. 999 ancienneté, petites, ayant la forme d'écaillés, de lentilles, de masses arrondies: on y distingue généralement une partie très chromatophile et une autre, non ou à peine colorable ; » d. Des plasmosomes érnigics ps, en nombre variable; il s'en trouve d'ailleurs dans les spermatocyles au cours des divisions raaturatives, soit dans le corps cellu- laire, soit dans ses expansions pseudopodiques {excrescences hyalines de Platner, ftg. I, e.hf). » II. Apparition des corpuscules idiozoniiipies principaux (^fig. 3, i'). — Les élé- ments qui doivent former la masse fondamentale de l'idiozome ne tardent pas à se montrer sous la forme de globules hyalins, acliromatophiles, homogènes, d'abord petits et nombreux, successivement plus rares et plus volumineux, vraisemblablement par suite de coalescences; ils paraissent exercer sur les corpuscules secondaires men- tionnés plus haut une sorte d'attraction (chimiotaclique?), par suite de laquelle ils en sont fréquemment environnés; le Nebenkern, NA', a pris une structure lamellaire; les petites formations chromatinifères se portent les unes sur les autres et se soudent en masses d'apparence spongieuse. » III. Constitution de V idiozome définitif {fig. 4 et 5, I). — La confluence directe ou indirecte de la substance hyaline précédemment distribuée en sphérules donne un corps unique, globuleux, qui s'accole au noyau du côté opposé au Nebenkern. Les corpuscules idiozomiques secondaires demeurent assez longtemps groupés autour de cette masse en une zone concentrique régulière qui apparaît dans les coupes comme une guirlande moniliforme, puis se fusionnent graduellement et individuellement avec elle. Des différenciations ne tardent pas à se montrer à l'intérieur. Outre une constellation de très petites granules, outre des inclusions vacuoliforraes de substance sidérophile, de nombre, de grandeur et de rapports variables, il y a une formation jusqu'ici énigmatique, peut-être en relation avec le développement de Facrosome, en tout cas remarquable d'allure et de constance. Elle est périphérique. A sa première apparition l'on voit un petit disque chromatophile, accolé par son plat interne à une masse ovalaire ou sphérique, bien limitée mais à peine distincte du fond général comme colorabililé, tandis qu'il s'applique par son plat externe sur la surface de con- tact de l'idiozome avec le noyau {fig. 5, di). Plus tard une nouvelle masse chromato- phile, en forme de lentille biconcave (étranglée en biscuit sur les vues de profil), s'interpose entre les deux corps précédents {fig. 6). » Les corps chromatinifères, en nombre réduit et de dimensions corrélativement accrues, sont venus s'appliquer sur le noyau sous la forme de calottes, ca; leur ma- tière chromatique émigré manifestement de l'extérieur vers l'intérieur et passe dans le noyau, où l'on ne tarde pas à la retrouver sous la forme d'amas plus ou moins denses, estompés dans leurs contours. Les calottes disparaîtront un peu plus tard (par résorption?). » L'élément nucléinien, devenu successivement plus insensible aux colorants ordi- naires, tend à se condenser en un volumineux caryosomeci. Les plasmosomes /is émi- grent dans le cytoplasme, où ils se dissolvent {corps chromatoïde de Benda ) ; il n'est pas rare de les saisir sur le fait de leur passage au travers de la membrane, laquelle les retient quelque temps comme enchâssés {fig- 4)- jOOO ACADÉMIE DES SCIENCES. » Le Nebenkern est partagé en deux moitiés accolées el engrenées formant un tout à contour arrondi. » IV. Nuiation de la spermadde. — Un premier mouvement, dans lequel tout se passe comme si le noyau tournait sur lui-même en entraînant l'idiozome qui se trouve ainsi temporairement rapproché du Nebenkern {fig. 6 et 7), est bientôt suivi du redressement de la spermalide. Celte sorte d'oscillation mar(|ue un stade très carac- téristique peut-être en relation avec l'allongement du Mebenkern. » Le blépharoplaste, assez généralement, se voit déjà à la base du Nebenkern {fig. 7, b). La surface de contact du Nebenkern et du noyau montre une tendance marquée à fixer l'hémaloxyline ferrique. » ANATOMIE. — Sur la présence des corpuscules acidophiles paranucléolaires dans les cellules du locus niger et du locus cœruleiis. Note de M. G. Mahinesco, présentée par M. Bouchard. )> En examinant les cellules du locus niger et du locus cœruleus avec différents procédés de coloration, tels que la méthode de Romanowski, les liquides de Blondi, d'Erlich, ou des couleurs combinées, acides et basiques, j'ai trouvé constamment chez l'adulte, à l'intérieur du noyau des cellules du locus niger et fréquemment dans celles du locus cœruleus, des corpuscules en nombre variable, situés au voisinage du nucléole. Ces corpuscules prennent toujours la couleur acide. » C'est ainsi que par la méthode de Romanowski ils se colorent habituellement en rouge brique, quelquefois en rouge vénitien, d'autres fois encore en rouge orange. Si on emploie une couleur acide simple, non composée, telle que la fuchsine, la francéine ou l'érythrosine, on constate ce fait remarquable que le nucléole et les corpuscules paranucléolaires ne se teignent pas de la même manière, la fuchsine colore le nucléole en rouge pourpre, tandis que les corpuscules paranucléolaires, plus compacts, se colorent en violet. 11 en est de même pour la francéine ('), laquelle donne une teinte rouge pourpre au nucléole pendant que les corpuscules sont colorés en rouge brique. On observe le même phénomène dans les pièces traitées par l'érythrosine. Dans les pièces traitées par la méthode de Nissl, les corpuscules apparaissent avec une teinte jaunâtre plus ou moins visible. » Le nombre de ces corpuscules varie depuis un jusqu'à six et généralement ils sont un, deux et souvent trois. Lorsqu'ils sont nombreux, nous les retrouvons ramassés en groupe dans le suc nucléaire et la place qu'ils occupent par rapport au nucléole est également variable. Tantôt ils sont situés au voisinage de ce dernier; (•) Cette couleur acide a été découverte, il y a déjà i5 ans, par le professeur Islrati, de Bucarest, qui a bien voulu en mettre un échantillon à ma disposition. SÉANCE DU l" DÉCEMBRE 1902. lOOI tantôt ils s'en écartent et peuvent même siéger aux deux pôles du noyau. En ce qui concerne leurs dimensions relatives, ils dépassent rarement le volume du nucléole, parfois ils peuvent avoir des dimensions presque égales, généralement ils sont plus petits que ce dernier, surtout lorsqu'ils sont nombreux. Le grand diamètre des cor- puscules paranucléolaires peut atteindre 7^-. » Le volume de ces corpuscules ne paraît pas être en rapport avec l'âge, car le plus grand diamètre que nous ayons trouvé a été chez un homme âgé de 3o ans. D'une manière générale, ils sont plus nombreux chez l'adulte et chez le vieillard que chez les jeunes personnes. Chez ces dernières, en effet, on les rencontre plus rarement et ils font défaut chez les enfants. Nous les avons encore retrouvés chez une femme âgée de 117 ans, tandis qu'ils n'existaient pas chez une jeune fille âgée de i3 ans. » La méthode de Pal ne colore pas les corpuscules paranucléolaires ; l'acide osmique simple, ou' bien associé au bichromate de poiasse, n'a pas d'affinité pour ces corpus- cules. J'ai pu faire la même remarque pour le Sudan. En tenant compte de ces réactions, on peut éliminer la nature graisseuse et lécithinique de ces corpuscules; de plus, nous avons vu qu'ils siègent habituellement à l'intérieur du noyau. Cependant, j'ai rencontré quelquefois des corpuscules acido|)hiles en dehors du noyau, mais comme ils présentent quelques caractères diflTérenliels, je me suis demandé s'il était possible de les assimiler aux corpuscules inlranucléaires. C'est ainsi que parfois j'ai pu voir dans la masse du pigment noir des corpuscules colorés en rouge brique ou en rouge vénitien par la méthode de Romanowski, corpuscules qui, cependant, sont plus volumineux que ceux que l'on voit à l'intérieur du noyau. En outre, ils sont entourés d'une large auréole. Les corpuscules paranucléolaires sont d'aspect homogène, ils offrent néanmoins parfois des vacuoles ou bien l'apparence d'un autre corpuscule beaucoup plus petit, coloré d'une façon plus intensive. » Quelle est. la signification des corpuscules paranucléolaires? — La pre- mière idée qui s'est présentée à mon esprit a été de les considérer comme des granulations acidophiles analogues à celles que l'on rencontre en nombre plus ou moins considérable à l'intérieur du noyau de beaucoup de cellules. Mais l'aspect morphologique et les réactions chimiques ne parlent pas en faveur de cette opinion. En effet, je n'ai jamais rencontré d;ms les autres cellules du système nerveux central des corpuscules si gros, si con- sidérables, dépassant en grosseur, ainsi que je l'ai dit, le volume du nucléole. On pourrait supposer, d'autre part, que les corpuscules paranucléolaires représentent des noyaux accessoires, mais alors leur réaction ne devrait pas être différente de celle du noyau principal et l'on devrait les retrouver également chez l'enfant, tandis qu'ils semblent n'apparaîlre qu'à un cer- tain moment de la vie. Il est vrai qu'un élève de von I.enhossek, M. Tume- feerr, a constaté, dans les ganglions .«spinaux et sympathiques des oiseaux, la présence de deux nucléoles dont l'un à réaction basophile et l'autre à G. R., >903, 2- Semestre. (T. CXXXV, N" 22.) j3l I002 ACADEMIE DES SCIENCES. réaction acirlophile. Le nucléole acidophile siège tout près de l'autre et même le touche. Ils ont tous deux le même volume. » Au contraire, nos corpuscules paranucléolaires sont nombreux, ils (liffèreatdu nucléole basophile par leur voliune; ils sont plus éloignés de ce dernier et ils ne se retrouvent, tout au moins jusqu'à plus ample informé, que dans des cellules spéciales, pigmentées, c'est-à-dire dans celles du locus niger et celles du lociis cœruleiis. Étant donné que ces cor- puscules siègent précisément dans les cellules qui sont [)ré|)osées à la création du pigment, et, d'autre part, qu'ils présentent certaines propriétés physico-chimiques analogues à celles du pigment de ces cellules, je serais tenté d'admettre qu'il existe une relation entre la formation du pigment et la présence de ces corpuscules paranucléolaires. Si je ne donne cette opi- nion qu'à titre d hypothèse c'est que le pigment préexiste à ra[)parition des corpuscules |)aranucléolaires. » Dans le cytoplasma des cellules pigmentées du locus niger j'ai trouvé, en dehors du pigment, des granulations colorables analogues à celles qui ont été décrites par Olmer sous le nom de granulations amphophiles dans les cellules du locus cœruleus. Olmer les avait vainement chercliées dans le locus niger. J'ai pu les déceler, non seulement chez l'enfant, mais encore chez l'adulte et même chez le vieillard. J'ai de même pu colorer ces granu- lations à l'aide de la méthode de Romanowski, avec Biondi simple, et Biondi acidifié, avec la fuchsine acide et la trancéine. Cette dernière colore ces granulations en rouge pourpre. » PHYSIOLOGIE. — Rapport du poids du foie au poids total de l'animal. Note de M. E. Mauuel, présentée par M. Bouchard. » Les recherches utilisées dans ce travail comprennent : des recherches personnelles f.iites sur \e poulet et le pigeon ('); celles faites en collabora- tion avec le D'' I^agriffe sur le hérisson (^) el sur le lapin (^); celles du D'' Baylac sur ce dernier animal (^); celles du D'' Alezais sur \e cobaye {^)\ et enfin celles sur le chien [)ubliées MM. Athanasiu et Carvallo C^). (') Société d' Histoire naturelle de Toulouse (juillet 1900). (-) Ibid. (7 mars 1900). (^) Ibid. (2 mai 1900). (*) Ibid. (17 mai 1900). (*) Article cobaye du Dictionnaire de Physiologie de Richet. (') Article chien » » SÉANCE DU I*^' DÉCEMBRE 1902. lOoi » Je résume ces différentes recherches dans le Tableau suivant qui contient les moyennes de ces diverses pesées. Rapport du poids du foie au poids total de ranimai. Animaux. Poids total moyen de l'animal. Poids total du foie. Poids du foie par kil. d'animal. Animaux jeunes. ^ , i de 35oe ) . „ , Cobayes ... 166, 5o 4i« •' I a 4306. ) i Au-dessous / »t„ ,, , „ , Lapins , , .o58,33 478,14 ' ( de i4oos. \ , . l Au-dessous ) „ ^ Hérissons , . i7S,.oo 67s, a^ ( de ooos. ) \ Au-dessous ) „ „ „, Poulets , o 206,62 346 ( de 800S. ) „. l Au-dessous ) ., ., _ Pigeons ^ 0- , '08,70 306,90 ° de 3oos. \ Poids total moyen de l'animal. Poids total du ("nie. Chiens de petites tailles de 4''5 à 10''". de 4'^... 2596,00 406, '17 2H8,00 028,8 de 6oo5 j à 9006. \ Au-dessus ( de 18006. i Au-dessus ( de 5oos. ( Au-dessus lie 1 1006. .Au-dessus de 4oos. .\nimaux adultes. 28s 79'^. 39 396 356, 12 l38, I 1 Poids du foie par kil. d'animal. 376, 3o 386,07 55s 286,80 3l6 Chiens de grosses tailles, de 4o''S à 3o''6. de 4o''5 8368 20s, 90 7736 216,90 » Or, de l'examen Le cobaye adulte a 876,30 de foie par kilogramme, et le jeune en a 45?; le lapin adulte en a 38», 07, et le jeune 47^; le hérisson adulte en a 555, et le jeune 676,22; le poulet adulte en a 286,80, et le jeune 346; le pigeon adulte en a 3i-' et le jeune 356,90. » 1° Pour la même espèce animale, quand elle présente des diffi'rences de volume dépendant des variétés, comme pour le chien, la quanùlé de foie par kilogramme d animal est d'autant plus élevée que l'animal est plus petit. n Les chiens de 4o''6 à 3o''6 n'ont que 218, 18 de foie par kilogramme, tandis que ceux entre io^b et 4'''', en ont 40^. Comme on le voit aussi sur le Tabkau, pour des poids dix fois supérieurs, de 4o'''^ à 4''"> 'a proportion de foie peut varier de 2 à 5 : 526,8 pour celui de 4''6 et seulement 20«,go pour celui de 4o''". IOo4 ACADÉMIE DES SCIENCES. » 3° La proportion du foie par kilogramme varie avec la nature de l'ali- mentation. C'est à l'alimentation animale que correspond la plus grande pro- portion et à l'alimentation par les graines que correspond la proportion la plus Jaible. » En nous en tenant à la période adulte de ces divers animaux, nous voyons que le hérisson, qui a une alimentation presque exclusivement animale, a 55» de foie par kilogramme, tandis que le cobaye et le lapin n'en ont que 875 et 38s. Enfin le pigeon et le poulet, qui vivent surtout de graines, n'en ont que Si^ et 288,80. » Quant aux chiens, qui sont également surtout carnivores, même en descendant à ceux de 4'^°, leur poids est encore trop supérieur à ceux des autres animaux pour qu'on puisse les comparer avec eux. La proportion de 52R,8o, déjà élevée, serait encore aug- mentée pour ceux de 3''8, 2''? et i''s. Celle loi de riufUience de l'alimentation sur le volume du foie se vérifie donc pour le chien comme pour les animaux précédents. » 4° L'augmentation de la proportion du foie chez le hérisson et chez le chien paraît bien tenir à V alimentation animale. — Dans deux séries d'expé- riences de 10 mois et de 6 mois de durée, les proportions du foie par kilograinme d'animal ont alteint [\è^,[\o et 34^ chez des lapins nourris avec du fromage, tandis qu'elles sont restées à 3os et 25''' chez les lapins témoins ayant été nourris avec de l'herbe ( '). » 5° La nature animale de l'alimentation me paraît agir plus que la com- position azotée . — Les deux granivores, le poulet et le pigeon, n'ont que 28^,80 et 3isde foie par kilogramme d'animal, tandis que le lapin et le cobaye, qui sont herbivores, en ont 38^,07 et 3pe^3g. » Il se pourrait donc que l'hvgiène et la thérapeutique trouvent un sérieux avantage à employer l'alimentation par les graines, quand la fonc- tion hépatique est diminuée. » 6° Enfin la proportion plus grande du foie chez le hérisson ne me paraît pas tenir à des dépenses plus considérables. » A volume égal, le cobaye a sensiblement les mêmes dépenses que le hérisson. C'est, en effet, ce qui résulte des chiffres suivants que je prends dans mes recherches sur l'influence des saisons sur les dépenses de l'orga- nisme (-). (') Influence d'un régime fortement azoté sur le volume du foie des Herbivores {Société de Biologie, novembre i884). ( ') Influence des saisons sur les dépenses de l'organisme [Expériences faites sur le hérisson (Languedoc médico-chirurgical, janvier et lévrier 1900)]. SÉANCE DU l" DÉCEMBRE 1902. 'Oo5 Poids Températures. total. t) 0 ,« 16 à 17 7i4 30 a 22 70.5 2.5 à 26 779 lyes. 1 périssons. Dépenses par kilogramme PoiJs Dépenses par kilogramme en calories. Cal .39 116 98,. 5 total. s 787 72D en calories. Cal 128 lOI » Comme on le voit, pour des poids compris entre 700^ et 800^, le kilo- gramme de cohaye a dépen^é i39^*' et celui de hérisson i44^*' aux tempé- ratures de iG" à 17°. Aux températures de 20" à 22°, ces dépenses se sont élevées à iiH^"' pour le premier et à 128^"' pour le second; et enfin, aux températures de 25° à 26°, le premier a dépensé 98^^', 5 et le secomi loi'^"', c'est-à-dire toujours des quantités aussi rapprochées l'une de l'autre que possible. » CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur les variations du phosphore minéral, conjugué et organique, des lissas animaux. Note de M. A.-L. Percival, présentée par M. A. Gautier. « C'est aujourd'hui une notion définitivement acquise que le phosphore qui existe dans l'organisme animal y est sous trois formes, savoir : phos- phore complètement oxydé ou phos|)hore minéral, phosphore conjugué (lécithines, nucleines, etc.) et phosphore organique. » Je viens de terminer à la Faculté de Médecine de Paris, dans le labo- ratoire de M. le Professeur A. Gautier et avec ses conseils, une série de recherches sur les proportions relatives de ces trois combinaisons du phosphore dans les org.mes des animaux. » La méthode employée à é.té la suivante : » L'organe frais, privé autant que possible de sang, était finement broyé. On oxydait une première portion A (los à 20e) par la méthode de Marie (') et l'on dosait le phos- phore total. Une deuxième portion (25?-5os) était épuisée à froid par l'eau chlorhy- drique à o,. 5 pour 1000; après 24 heures on filtrait à la trompe, ou mieux, on centrifu- geait en ayant soin de bien laver plusieurs fois le résidu : le liquide B ainsi obtenu contenait le phosphore minéral. La pulpe résiduelle était ensuite attaquée à l'ébullition, pendant 2 heures, avec une solution d'acide chlorhydrique à 5 pour 100 pour dédou- bler les lécithines et nucleines, etc. On filtrait, on lavait abondamment et l'on obtenait ainsi une troisième liqueur C contenant le phosphore conjugué. Les liquides B et C étaient évaporés, et le résidu, ainsi que celui de la filtration précédente qui contenait (') Comptes rendus, t. CXXIX, 1899, p. 766. ioo6 ACADÉMIE DES SCIENCES. le phosphore organique, était ensuite séparément traités par les oxydants pour faire passer le phosphore à l'état de P-C*. » Les liqueurs nitriques, filtrées à froid pour éliuiiner les graisseset l'oxyde de manganèse, étaient traitées par la solution nitromolybdique et le précipité redissous dans l'ammoniaque, précipité par la mixture magnésienne. ;s di )) Les résiillals (|iie i ;ii obtenus sont consignes dans les iableaux sui- vants: j'v donne les moyennes de jilusieurs déterminations bien concor- dantes. Les nomlires sont tons rapportés à looo^ de substance fraîche et sont calculés en P^O'. P-O' du phosphore H'O Organes. pour looo. e Muscles (bœuf) 729,7 Cœur (mouton) 77"'i^ Intestin de porc (raclure). » Rate (bœuf) 700,3 Foie (id.) 689,9 Pancréas ( mouton ) 692 , 1 Thymus Thyroïde Poumon Cerveau Rein (id.) 765,6 (id.) 7.6,6 (id-) (id.) 767>5 (id.) 79'ti Testicules (veau). 860. Testicules (taureau ) 863,9 Ovaire (vache) '> Corps jaunes ( vache) » Mamelle (id.) 667,8 total pour 1000. 5,067 10, I I 2,93 5,70 5,61 7,49 12,23 3,69 7,45 6,38 4,58 5,17 4,70 4,29 8,42 4,i4 minéral pour 1000. 1; 2,17 3,80 1.08 '.-6 2,64 3,66 4.54 2,1 5 3,47 1 ,48 ■î . 32 2,08 2.3o 1,38 ',99 conjugue pour 1000. 0,95 3,o5 2,35 3,69 7,33 0,87 3,28 3,70 •,92 2,81 1.59 2,86 1,58 organique pour 1000. g 1,93 2,68 0,38 o,56 0,62 o,i3 0,25 0,66 0,70 i,i5 o,3o 0,27 0:79 I . 2 2,82 o,4o ■Jes organes examinés est assez » La différente richesse en phosphor grande et ressort bien plus clairement f ncore du Tableau suivant où ces organes sont inscrits suivant l'augmentation du phosphore : P'-O^ du phosphore total. Intestin (raclure). 2,93 Thyroïde 3,69 Mamelle 4 , '4 Ovaire 4,29 Rein 4,54 Testicules (taur.). 4,70 Muscles 5,06 Testicules (veau). 5,17 P=Os du phosphore minéral. Intestin (raclure) Ovaire Cerveau Rate 1 ,08 1,38 1,43 1,76 Mamelle i ,99 Foie 3,o3 Testicules (veau). 2,08 Thyroïde 2,1 5 P=0' du phosphore conjugué. s Thyroïde 0,87 Muscles o,g5 Intestin (raclure). i,46 Mamelle i,58 Testicules (taur.). 1,09 Ovaire ' jSg Rein I 192 Foie 2,35 du phosphore organique. e Pancréas o, i3 Thymus o,25 Testicules (veau ). 0,27 Rein o, 29 luiestin (raclure). o,38 Mamelle o,4o Rate 0,55 Foie 0,62 pîO> du phosphore total. Foie 5,6i R;ae 0,70 Cerveau 6,35 Poumon 7,4'^ Pancréas 7'49 Corps jaunes ... . 8,42 Cœur 10, 1 1 Thymus 1 2 ,23 SÉANCE DU l" DÉCEMBRE 1902. P=0=' rlu phosphore conjugué. e Tesliciiles { veau ). 2.17 Corps jaune 2,86 Cœur 3.o5 Rate 3,0.5 Poumon 3,28 Pancréas 3,6g Cerveau 3 ,70 Tlivnius 7 > 33 100 piQ' du phospore minéral. s Muscles 2,17 Testicules (taui-.). 2,3o Rein 2 ,32 Corps jaunes 2,78 Poumon 3,47 Pancréas 3,66 Cœur 3,80 Thvmiis 4)54 du phosphore organique. Tlivroïde 0,66 Poumon 0,-0 Testicules (taur.). 0,79 Cerveau i , i5 Ovaire i ,32 Muscles I ,ç)3 Cœur 2,68 Corps jaunes 2,82 » Ces nombres montrent qu'on ne peut pas c laliln- de rapports con- stants entre le phosphore total et les autres combinaisons du phosphore. » Lais.sant de côté le phosphore minéral qui, étant déjà sons une forme totalement oxydée, a nne importance moins grande que le |)hosphore orga- nique, on voit que le phosphore conjugué abonde dans les tissus jeunes en voie d'évolution (testicules de veau, thymus, ovaire), et dans les tissusqui ont à accomplir un travail notable (cerveau, poumon, cœur), tandis que pour la rate, sa richesse en phosphore conjugué pourrait être en rapport avec sa fonction hémolytique. La pauvreté au contraire de la thyroïde en phosphore conjugué nous autorise, peut-être, à croire à l'existence de nucléines combinées à d'autres éléments dont le rôle, tel que celiu de l'ar- senic, pourrait n'être pas moins itnporlant que celui du phosphore. » La raclure d'intestin, le pancréas, la mamelle, sans doute à cause de leurs fonctions physiologiques si importantes, contiennent aussi de grandes quantités de phosphore conjugué, la moitié presque du poids du phosphore total. » Les variations du phosphore organique .sont bien plus fortes que celles du phosphore conjugué, soit comme quantité absolue, soit relative- ment au phosphore tot;d. » Le thymus et les testicules de veau, très riches en phosphore con- jugué, contiennent respectivement en phosphore organique le ^ et le ^ du phosphore total. » Très peu riches aussi sont les organes de la digestion dans lesquels le phosphore organique est, par rapport au phosphore total, le gy dans le pancréas et le -pj dans la rate, le foie et l'intestin. Les plus grandes quan- tités de phosphore organique, soit absolument, soit relativement au phos- phore total, existent dans les muscles, l'ovaire, le cerveau et le cœur. » IOo8 ACADÉMIE DES SCIENCES. PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Recherches physiologiques sur les effets de la sympathicectomie cervicale. Note de MAI. 3Eocssu et Charrix, présentée par M. Bouchard. « Dans ces dernières années, on s'est beaucoup occupé d'une interven- tion chirurgicale dirigée soit contre certains accidents de \a mnladie de Basedow, soit contre l'épilepsie : la sympathicectomie. Les uns lui ont attribué des effets merveilleux, des résultais inespérés; d'autres, sans tou- tefois préciser leurs griefs, l'ont accusée des plus grands méfaits. » 11 nous a semblé, avant de choiMr entre des opinions si différentes, qu'il y avait là une question de Physiologie pathologique à élucider; abstraction faite de sa non-efficacité possible, le plus grave reproche adressé à la sympathicectomie a été de provoquer des troubles trophiques variés, troubles d'autant plus manifestes qu'ils portaient sur la région céphalique, la face ou le crâne (*). Pour juger dans quelles mesures ces reproches étaient fondés, nous avons expérimenté sur des animaux tout jeunes, en voie de développement ou tie croissance, par conséquent jiar- faitement aptes, s'il devait s'en produire, à permettre d'enregistrer ces troubles trophiijues; chez les adultes, dont l'architecture est liéfinitive, ces désordres se réalisent, en effet, plus difficilement. » Le i4 octobre 1900, chez des cliiens âgés de 2 mois, nous avons réséqué, à Tun a''™ du sympathique gauche, à l'autre 2=" du sympathique droit. Le même jour, sur une chevrette de 5 mois, nous avons également pratiqué des résections de 2™ du sym- pathique et du pneumogastrique gauches, pendant que, chez une agnelle de 4 mois, ces résections portaient sur ces mêmes nerfs, mais du côté droit.— Dès le 25 octobre, les chiens ont présenté des dilTérences dans la physionomie; chez l'un et l'autre, l'œil correspondant à la section paraissait plus petit et plus enfoncé dans la cavité orbilaire; la fente palpébrale était moins grande, les paupières moins ouvertes; le myosis était incontestable. » Avec des signes aussi nets et des désordres aussi rapides, on aurait pu s'attendre (') Bien souvent, on a pratiqué des sections du sympathique, mais on a surtout eu pour but l'élude des modifications vasculaires ou des dégénérescences des fibres; plus rarement, comme dans les faits publiés par Arloing, Morat et Doyon, etc., on a signalé quelques troubles trophiques discrets, de préférence oculaires. Un élève de Doyon, Bevne, tenant compte des âges, du développement, se plaçant au même point de vue que nous, aboutit, dans des recherches inédites, à des conclusions analogues aux nôtres. SÉANCE DU !*■■ DÉCEMBRE 1902. 1009 à des troubles Irophiqnes consécutifs as=;ez maraués, aboutissant à l'asymétrie cépha- lique. En réalité, ces troubles n'ont jamais acquis d'importance et lorsque, en avril igor, les rleux cliiens furent sacrifiés, pas plus sur la région crânienne que sur la région faciale il n'y avait d'Iiéminlroiiliie bien marquée. Les modifications extérieures elles- mêmes n'avaient pas la valeur que tout d'abord on aurait pu leur allribuer; l'œil, qui semblait plus petit du côté opéré, avait, en réalité, à quelques niilliniélres près, les mêmes diamètres que l'œil opposé; sa rétraction au fond de l'orbite était la cause de son aspect extérieur. » Chez la chevrette et chez le mouton, nous avons enregistré des changements de tous points identiques à ceux de nos chiens, mais moins accusés. A l'autopsie, égale- ment pratiquée en avril 1901, il nous sembla cependant qu'il v avait une légère asy- métrie céphalique, à la vérité peu appréciable; comme le montre la photographie, cette asymétrie, pour être aperçue, réclamait un examen attentif; pourtant, chez un mouton, la moitié droite de la voûte palatine était nettement plus étroite et l'hémi- sphère cérébral du même côté plus aplati. » Le 7 janvier 190 1, sur deux lapins âgés de 1 mois, nous avons réséqué, à l'un o'=",5 du sympathique droit, à l'autre o'^'",5 du sjmpathique gauche. Les résultats ont été identiques à ceux que nous ont offerts les chiens : mêmes modifications de l'aspect extérieur de l'œil, des paupières, de l'ouverture pupillaire. Cet aspect extérieur per- mettait facilement de reconnaître le côté de la section ; mais, à l'autopsie, sur le sque- lette ou le cerveau on n'a relevé aucun trouble trophique de quelque importance. » Tous ces opérés avaient donc présenté des résidtats absolument com- parables; cependant, malgré leur jeune âge, à l'époque de ces diverses interventions leur développement était en partie effectué; aussi nous avons fait porter nos expériences sur une seconde série d'animaux très voisins de leur naissance. » Le 9 juin 1903, nous avons soumis à la même opération un jeune bouc né depuis i5 jours et une chevrette du même âge, puis, le 18 juin, une chienne et un chien respectivement âgés de 10 jours. Or, chez deux de ces sujets il est actuellement aisé de relever toutes les modifications extérieures précédemment signalées : du côté de la résection, œil plus petit, du moins en apparence, fente palpébrale moins grande, paupières moins ouveiles, pupille contractée. Peut-être pourrait-on mentionner éga- lement un semblant d'asymétrie céphalique? iNéanmoins, ces modifications ne sont certainement pas plus accentuées chez ces animaux tout jeunes que chez les premiers. » Tout faisait prévoir qu'à l'autopsie de ces sujets, dont à 6 mois la croissance est déjà avancée, on ne trouverait pas d'asymétrie évidente; c'est ce que cette autopsie a confirmé. » Il nous semble donc que, dès aujourd'hui, nous sommes autorisés à dire : » 1° Que la sympathicectomie provoque, chez les opérés, une modifi- cation indéniable, mais uiiiunie, de la physionomie; C. R., 1902, 2- Semestre. (T. CXXXV, N' 22.) l32 lOIO ACADEMIE DES SCIENCES. » 2° Que cette inodificalion de l'aspect extérieur ne comporte pas de troubles trophiques constants et importants. » Sans vouloir établir un étroit rapprochement entre ce qui a été enre- gistré chez nos animaux et ce qui peut se passer dans l'espèce humaine, il est évident que les changements relevés à titre expérimer.tal doivent être plus sensibles et peut-être plus gênants clu'Z 1 homme, dont la face est plus complexe. Toutefois, comme les désordres sont relativement de peu de valeur, nous estimons que, si dans cei lains étais pathologiques la sympathicectomie devait donner de très grandes améliorations, la crainte des troubles trophiques ne constituerait peut-ôlre ])as un motif suffisant d'abstention. » MÉDECINE. — Hcmoglohinurie musculaire. Note de MM. .Heax Camus et 8*. Pagmez, présentée par M. Bouchard. « Dans la séance de l'Académie les Sciences du ii août 1902 nous avons apporté une noisvelle explication de j'hémoglobinurie appuyée sur des laits tirés de l'expérimentation, de la njcdecine vétérinaire et de la pathologie humaine. Nos recherches montraient que des injections de suc musculaire dans les veines et des lésions musculaires provoquées occasion- naient de l'hémoglol-inurie sans modifications appréciables de la couleur du plasma sanguin. On sait que, dans les hémoglobinuries causées jiar la destruction de globules rouges dans le sang circulant, le plasma est teinté en rouge. » Les expériences suivantes nous montrent que c'est bien l'hémoglo- bine du muscle qui passe sans addition d'hémoi^lobine globulaire : » )° Le suc de muscles de ctiien, débari-assés de leur sang par le passage de plusieurs litres d'eau salée dans Faorle abdominale, donne de rhémoglobinurie par injection intraveineuse de quanlilé minime (l'exU-ait de muscle cardiaque ne se comporle pas di Itérera ment de celui des autres muscles). » 3° l^e suc musculaire, débarrabsé de son hémoglobine par l'ébullilion ou par le noir animal, ne donne plus d'Iiémoglobinurie. » 3° Ce même suc, décoloré et additionné de quantité notable d'hémoglobine glo- bulaire, ne donne pas d'hémoglobinurie. )j 4" On sait que le lapin possède des muscles rouges chargés d'hémoglobine et des muscles blancs qui n'en contiennent pas : » a. Le suc de muscles rouges de lapin injecté au chien donne de l'hénioglobinurie ; » h. Le suc des muscles blancs n'en donne pas ; SÉANCE DU I" DÉCEMBRE 1902. lor i » c. Le suc de muscles blancs, additionn.- d'Ii.^moglobine globulaire, n'occasionne pa^ d'hémoglobJnurie. » 5° La démonstraiion peut en être faite par dosage : >. a. On fait une injection inlra-veineuse d'une petite quantité de suc musculaire pur; ri,é.noglobinurie apparaît, puis après 1 heure environ l'urine est redevenue normale. On dose au coloriinètre la quantité .riu'moglobine qui a passé dans l'urine par rapport à la quantité injectée. .. b. Sachant la quantité d'hémoglobine qui a passé en a, on injecte exactement la même quantité de suc musculaire que la première fois, mais additionnée d'une forte proportion d'hémoglobine globulaire ; on dose de nouveau au colorimètre l'bémo-lo- b.ne totale qn, a traversé le rein, et l'on voit ,,ue celte quantité est à peu près iden- tique à celle de a. » L'addition d'hémoglobine globulaire n'a modifié en rien l'intensité de l'hémoglo- buuirie; c'est donc l'hémoglobine du muscle ,pii a passé seule dans les deux cas. » Si l'on suppose que le passii-e de l'hémoglobine musculaire est favorisé p;ir une autre substance, il fa.it a.imettre que celte dernière est spéciale au muscle et intimement unie à l'Iiémoglobine du muscle. » Les injections d'extrait de rate, de foie, ne nous ont pas donné d'hémo- globinurie à des doses beaucoup plus fortes que celles du suc muscul:.ire. » Les solutions d'hémoglobine globulaire n'ont occasionné d'hémoglo- binurie qu'à de hautes doses (± du poids du sang environ : chiffre de Poufi( k). tandis que arce qu'elles trouvent lein- application dans la préparation des sérums thérapeutiques antitoxiques et antimicrobieiis. » A 4 iieures et ihiaiie l'Acailemie se forme en Comité secrel. f^a séance est levée à 5 he ires. VI. B. Brr.LETIN BIUl.lOCKAPtlIQUE. Ouvrages reçus dans la séance du 17 novembre 1902. M. Lœwy, Directeur de l'Observatoire de Paris, présente en liommage à l'Académie les publications suivantes : Catalogue de l'Observatoire de Paris : Etoiles observées aux instruments méri- diens de 1837 a 1881. Positions observées des étoiles de 1887 à 1881. T. IV (xviii*" à x.vivii). Paris Gauthier-Villars, 1902-1908; 2 vol. in-4". Observatoire de Paris. Catalogue photographique du Ciel : Coordonnées recti- lignes. T. I : Zone -+-28'' à -|-25°. Paris, Gautliior-Viilars, 1902; i vol. in-4<>. Institut de France. Académie des Sciences. Bulletin du Comité international lOlfi ACADEMIE DES SCIENCES. permanent pour l'exécution photographique de la Carte du Ciel. T. III, 2" fasc. Paris, Gaulhier-Villars, 1902; i vol. in-4°. Annales de l'Observatoire de Paris, publiées sous la direction de M. Maurice LœwY, Directeur de l'Observatoire : Mémoires, t. XXIII; Observations, 1898. Paris, Gaulhier-Villars, 1902; 2 vol. iu-4''. Institut de France. Science et Poésie, par M. Janssen, délégué de l'Académie des Sciences : Lu dans la séance publique annuelle des Cinq Académies du 23 octobre 1903. Paris, Firmin-Didot et G'«, 1902 ; i fasc. in-Zj». (Hommage de l'auteur.) {A suivre.) ERRATA. (Séance du 10 noveml)re 1902.) Noie de M. E. van Aubel, Sur les phénomènes de Hall et le pouvoir thermo-électrique : Page 786, ligne i en remontant [note (')], au lieu de M. Maurice Duysk, lisez M. Maurice Dujk. (.Séance ài\ 17 novembre 1902.) Note de M. Azoulav, Repro lucrion en nombre illimité des phono- grammes en cire, etc. : Page 879, lignes 2:5 et 26, au lieu de si on l'enlève, lisez si on ne l'enlève pas. Page 880, ligne 10, après un mandrin cliaullé dans la même étuve, ajoutez (pas oujours nécessaire). K 22. T/VBLK DES A.ÏITICLKS. (Séance du 1- décembre 1902.) MESIOIRES ET COMMUNlCATlOrVS DKS MHMUUKS ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. Pases. M. Henri Moissan. — Sur la température trinlUimmation et sur la conibusticn, dans l'oxygène, des trois variétés de carbone.. M^l. Cil. Bouchard et Henri Claude. — Re- (cherches expéiimenlales sur l'adi-énaline. MM. Cu. Bouchard ol Balthazard. — Le cœur à l'état normal cl au cours de la grossesse M. Yves Delage. — Observations à propos 921 928 93, des injections physiologiques -M. G. Mittag-Leffler. — Sur l'intégrale de Laplace-Abel M. P. Duhe.m. — Sur les conditions néces- saires pour la stabilité de l'équilibre d'un système visqueux M. E. Vallier. — _Tracé des courbes de . pressions : Pages. 9.3(1 94:^ IVOMIIVATIOIVS. Liste de candidats présentée à M. le .Mi- nistre de l'Instruction publique pour la place laissée vacante, au Bureau des Longitudes, par le décès de M. Cornu : 1° M. Darboux, 2° M. Hatl ,J,\ iM. Deslandre.s est élu Membre de la Sec- lion d'Astronomie, eu remplacement de "• ^^^ 94s MEMOIRES PRÉSENTÉS. M. J. Balondrade adresse une Note relali\c à des « Bombes et fusées paragrèles »... ^/(S M. J. Valeïon adresse une Note sur « la lo- comotion aérienne par les aéroplanes »... g.'i.') M. BoucAUD adresse une Note relative à l'Aérostation M. Henri Villard soumet au jugement de l'Académie les résultats d'expériences qu'il a ellecluées avec de grandes hélices à très pitit pas CORRESPONDArVCE. M. le Secrétaire perpétuel signale un brochure de ,M. Icilio Guareschi. ayant pour titre : .< Faustino Malaguti e le sue opère .) M. Lœwy fait hommage à l'Académie, au nom de AL Hepites, d'nn Essai historique sur les travaux astronomiques exéculés en Roumanie jusqu'à la fin du xix° siècle. M. \V. Stekloi'e. — Sur quelques consé- quences de certains développements en séries analogues aux développements tri- gonomélriques M. R. Levavasseur. — Sur les congruences à plusieurs inconnues relativement à un nombre premier impair M. AuRic. — Sur la généralisation des frac- tions continues M. R. LiouviLLE. — Sur les transcendantes uniformes, déhnies par des équations diderentielles du second ordre M. PoNSOT. — Méthode pour évaluer les températures dans l'échelle thermodyna- mique centigrade M. J. Collet. — La pesanteur le long du parallèle moyen M. DE FoRCRAND. — Sur la composition dc^ 9 15 94'.) 95u 9J-' 956 hydrates de gaz M. H. GiRAN. — Transformatio]) de l'acide pyrophosphorique en acide orthophospho- rique M. Km. Dufau. — Aluminate de manganèse : VI-O'Mn M. II. Baubiony. — Sur le dosage du man- ganèse M. H. Cousin. — Action du chlore et du brome sur les vérutrols mononitrés M. André Klino. — Sur l'hydrogénation de l'acétol M. Marcel Desoude\ — Action des aminés grasses sur le dibenzoate de méthylène .. M. Marcel Delépine. — Action des éthers halogènes sur le thiosulfocarbamatc d'am- iMcinium M. Léon Vaillant.— Sur la faune ichlhyo- logique des eaux douces de Bornéo .M. Louis Roule. — Sur les Poissons du genre Chondrostomc dans les eaux douces de la France .M. L. Bordas. — Variations morpholo- giques et anatoniiques présentées par le gésier chez ((uelques Coléoptères. . ■ .^ M. i'.». Gravier. — Sur les Annélides p"- 91^ gj'.) 9(ii 96.J yl,,5 9'J7 97" 97-' 97 1 977 9S,, 98: N^ 22. SUITE DE LA TABLE DES ARTICLES. - Ivchètes d'eau douce y ['"A" M. L. Brunïz. - L'excrétion chez les C.i- ripèdes ■" " a, „\ M. L. Matruchot. - Application d un ca- ractère d'ordre éthologique à la classifica- tion naturelle : ■. ' ' ' M Louis Petit. - De la répartition des 'sphérulins dans les familles végétales . .. M. Lacroix. - État actuel du volcan de la Martinique ^" ",<'■' " MM. J. Pantel et R. de Sinety. - sur 1 évo- lution de la spermatide chez le Noto- necta glauca •■ ; ,• • M. G. Marinesco. - Sur la présence des corpuscules acidophiles paranucléolaires Bulletin biblioqraphiquiî _• ■ Errata . . • • Pages. 984 987 99» 992 997 5 Pages dans les cellules du locus niger et du locus cœridcus .."."V' M. E. Maurel. - Rapport du poids du foie au poids total de l'animal ■ • ■ "» M A.-L. Percival. - Sur les variations du phosphore minéral, conjugué et orga- nique, dans les tissus animaux • • • MM. Moussu et Charrin. - Recherches physiologiques sur les effets de la sympa- thicectomie cervicale ■ • ■ '°° MM. Jean Camus et P. Pagniez. - Hemo- globinurie musculaire • • '°'° MM A. Calmette et E. Breton. — Sur la formation des anticorps dans le sérum des animaux vaccinés '°' ioi5 1016 GAUTHIEK-VILLARS, I mpr im e u r - É di t e ur , QUAI DES GRANDS-AUGUSTINS, 55, V PARIS (6'). COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, PUBLIÉS PAR LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. Par déoisio. de l'Académie des Sciences, les prix de l'abonnement et des collections sont désormais fixés ainsi qu'il suit : PRIX DE L'ABONNEMENT : p,,.3 ...: 30 fr. I DEPARTEMENTS 40 fr. i ETRA.aER 4^ J^ f iii\ ,«-s à iSa-î linià k i^i, se vend séparément iment TABLES GÉNÉRALES. 25 fr. ■.•„l E GÉNÉRALE des Tomes là 31 (i835-i83o) ^^ ^5 fr. _ Tomes 32 à 61 (i85i-i86o) 25 fr. _ Tomes 62 i» 91 (1866-1880) 25 fr _ Tomes. 92 à 121 (iSS.-iSgS) Chaque Volu.10 des Tables générales comprend une T.Heparor.re aipkaléa.ue ,'auUur. et une raWeiJfl'- ma(îVr« très dctaïUee. w^>^m< PARIS. - IMPRIMERIE GAUTH lE R-V IL L A RS, Quai des Grands-Augustins, 55. Le Gérant: GaUTHIER-Villars. '^^'^ SECOND SEMESTRE. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. TOME CXXXV. N° 23 (8 Décembre 1902). ^ PARIS, GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMKUR-LIBKAIRE DES COMPTES RENDUS DES ÏÎÉANGES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, Quai lies Grancis-Augustins, 55. 1902 RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875 ■ ^ —- — «?^? Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de l' Académie se composent des extraits des travaux de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes présentés par des savants étrangers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. 26 numéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. Article i". — Impression des travaux de l'Académie. Les extraits desMémoiresprésentéspar un Membre ou par un associé étranger de l'Académie comprennent au plus 6 pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o pages jjar année. Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans le Compte rendu àe, la semaine que si elle a été remise le jour même de la séance. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par les Correspondants de l'Académie comprennent au plus 4 pages par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de Sa pages par année. Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis- cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca- démie ; cependant, si les Membres qui y ont pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les re- mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne préjudicie.en rien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion. Les Programmes des prix proposés par l'Académie sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap- ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu' que l'Académie l'aura décidé. Les Notices ou Discours prononcés en séan blique ne font pas partie des Comptes rendus. Article 2. — Impression des travaux des Savi étrangers à l'Académie. Les Mémoires lus ou présentés par des per; qui ne sont pas Membres ou Correspondants de demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'i sumé qui ne dépasse pas 3 pages. Les Membres qui présentent ces Mémoire tenus de les réduire au nombre de pages reqt Membre qui fait la présentation est toujours ne mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet! autant qu'ils le jugent convenable, comme ils I pour les articles ordinaires de la correspondam cielle de l'Académie. Article 3. Le bon à tirer de chaque Membre doit être n l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plust; jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à t le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compte actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rend vant et mis à la fin du cahier. Article 4. — Planches et tirage à part. Les Comptes rendus ne contiennent ni plancli figures. Dans le cas exceptionnel oîi des figures se autorisées, l'espace occupé par ces figures con pour l'étendue réglementaire. Le tirage à part des articles est aux frais d teurs ; il n'y a d'exception que pour les Rappc les Instructions demandés par le Gouvernemen Article 5. Tous les six mois, la Commission administratif un Rapport sur la situation des Comptes rendus l'impression de chaque volume. Les Secrétaires sont chargés de l'exécution di sent Règlement. Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède fa séance, avant 5'. Autrement la présentation sera remise à la séance «« ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 8 DÉCEMBRE 1902, PRÉSIDENCE DE M. BOUQUlîT DK LA GRYE. MEMOIRES ET COMMUNICATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. En annonçant à l'Académie les pertes doiiioureuses qu'elle vient de faire dans la personne de M. Dehérain, Membre de la Section d'Économie rurale, et dans la personne de M. Eaulefeuille, Membre de la Section de Minéralogie, M. le Président s'exprime en ces termes : « Mes chers Confrères, » La mort avait déjà frappé cinq fois cette année à la porte de l'Aca- démie, et j'espérais bien, à cette date du 8 décembre, que d'autres deuils nous seraient épargnés, lorsque j'ai appris ce matin la mort de M. Dehérain et, en entrant en séance, celle de M. Hautefeuille. » M. Delif-rain passait à juste titre pour une des lumières de la science agronomique; il était des nôtres depuis l'année 1887, et tout le monde se souvient de la clarté de ses Communications, du soin avec lequel ses expériences étaient conçues et exécutées, et des profits qu'en tiraient les agriculteurs. » M. Dehérain n'avait ici que des amis et, lorsqu'il tomba malade, il y a i5 jours, nous faisions tous des vœux ardents pour son rétablissement. » L'Académie s'associe pleinement au deuil de sa famille. » M. Hautefeuille a été frappé ce matin en pleine santé; lundi dernier il était encore des nôtres, et personne ne pouvait penser à une fin aussi proche*. » En sortant de l'Ecole Centrale, il était entré dans le laboratoire de M. Sainte-Claire Deville, dont il était devenu l'un des plus brillants élèves et l'ami. G. R., 1902, 1' Semestre. T. CXXXV, N" 23.) I 33 I0l8 ACADÉMIE DES SCIENCES. » Ses recherches l'avaient amené à pouvoir reconstituer des cristaux mesurables des pierres rares, et les minéralogistes, lors de la dernière Exposition, regardaient avec admiration la belle collection qu'il avait présentée. » Notre Confrère meurt jeune, en pleine possession de toutes ses facultés; l'Académie s'associe à la douleur de sa famille et de ses amis. » La séance est levée en signe de deuil immédiatement après le dépouille- ment de la Correspondance. CHIMIE. — Sur la transformation du diamant en carbone noir (charbon) pen- dant son oxydation, et sur les changements isomèriques des corps simples pendant les décompositions et combinaisons ; ])ar M. Bkrtiielot. « Les très intéressantes expériences publiées par M. Moissan, dans la dernière séance de l'Académie, sur la combustion du diamant, m'engagent à rappeler les phénomènes suivants, qu'il ne paraît pas avoir eu l'occasion de rencontrer. )) Dans le cours de ses expériences sur la combustion du diamant dans l'air, provoquée au moyen du verre ardent (lentille concentrant la chaleur solaire), Lavoisier en a décrit plusieurs, dans lesquelles la combustion du diamant, avant qu'elle fût complète, avait été accompagnée par la for- mation d'une substance charbonneuse superficielle, qui subsistait après refroidissement des fragments non brûlés; d'où il a conclu que le diamant est susceptible de se réduire en charbon dans quelques circonstances {OEuvres, t. II, p. 72 (')]. » Au cours de mes propres expériences, faites il y a quelques années pour déterminer la chaleur de combustion du carbone pris sous dilTérents états, et notamment celle du diamant, j'ai eu occasion de reproduire ces observations, en brûlant incomplètement dans l'oxygène sec et pur le dia- mant déposé dans une nacelle, au sein de tubes de porcelaine et même de tubes de verre dur. La dose de carbone amorphe ainsi régénéré était d'ailleurs extrêmement faible; ce qui ne m'a pas permis d'en étudier l'état isomérique. Cependant il [)araît probible que ce carbone renferme du (') Dans ma Notice récente Sur le second registre de laboratoire de Lavoisier, une faute d'in)pres5ion indique à cet égard le Tome I, au lieu du Tome II de ses OEuvres. SÉANCH nu 8 UÉCKMBRE KjOI. 1019 graphite : le graphite se produit en effet pendant la combustion vive du carbone amorphe dans l'oxygène, d'après mes observations ('). » Cette transformation résulte-t-elle de l'action seule de la haute tem- pérature développée pendant les combustions, ou bien d'un changement d'état isomérique, opéré au moment de la combinaison, par le fait même de cette combinaison ; tel que je l'ai observé, notamment pour le soufre ordi- naire attaqué par l'acide azotique bouillant (") et en sens inverse, pour le soufre insoluble attaqué par les sulfures alcalins (') ou l'hydrogène sulfuré, ainsi que pour l'argent pur, mis en présence de l'oxygène (') vers doo°? ]^e contact même de certains corps éleclronégatifs, au moment de la décomposition d'un composé carboné, suffit pour déterminer (au moins partiellement) l'état du carbone qui se sépare; ainsi que je l'ai constaté en observant la production du graphite dans la décomposition pyrcgénée, à la température rouge, du chlorure de carbone (^) et des composés iodés et spécialement dans la dissociation (") du sulfure de carbone. » Je rappellerai que les diversités si nettes, reconnues par M. Moissan dans la combustion par l'oxygène libre des différentes variétés de carbone, se manifestent également lorsqu'on oxyde par voie humide ces mêmes variétés ('). Par exemple, en les traitant par l'acide azotique pur, ou associé au chlorate de potasse : ce qui fournit, suivant les états du carbone, dif- férents oxydes graphitiques; ou bien certains composés, de l'ordre des acides humiques, transformables ensuite en carbures d'hydrogène diver- sement condensés par l'acide iodhydrique ('); tandis que le diamant n'est nullement attaqué par les mêmes voies humides. (') Aiinaies de Chimie et. de Pliyaique, 4" série, t. XIX, p. 4i8; 1870. (-) Le so;ifie oïdinaire fond ainsi cl s'atLit(|ue; si on laisse rel'roidir le tout lente- ment, le glolndede soufre solidifié se trouve recouverl d'une couche de soiiire inso- luble que la sinijjle fusion du soufre à celle leuipérature ne produit jamais. — On observe aussi la transformation de la variété de soufie insoluble, isolée par refroidis- sement brusque, eu variété plus stable par sou contact prolongé, même à froid, avec l'acide azotique, ou avec l'acide sulfureux. — Annales de Chimie et de Physique, 3" série, t. XLIX, p. 485; 1857. — Même Recueil, 4" série, t. I, p. 893 et 394; 1864. (3) Même I^ecueil, 3'= série, t. XLIX, p. 436, 4^9, 443; 1857. (*) Même Recueil, ']" série, t. XXII, p. 289 et 3io; 1901. (^) Même Recueil, 4= série, t. XIX, p. 422,4^3; 1870.— Le formène n'en donne pas. («) Même Mémoire, p. 423, et t. XVIII, p. 168. C) Même Mémoire, p. 4oi tl passini. [^ ) Mèuje Mémoire, p. 4o5 el 4 '5. I020 ACADEMIE DES SCIENCES. » De même le carbone amorphe pur, exempt de cendres et d'hydrogène, tel qu'il est obtenu en traitant le charbon de bois au rouge vif par un cou- rant prolongé de chlore, ce carbone pur, dis-je, traité ensuite à froid par une dissolution d'acide chromique, fournit de l'acide carbonique et de l'acide oxalique ('). » ANALYSE MATHÉMATIQME. — Sur ï irréduclihililé de V équation : Note de M. Paul Paixlevé. V 1. Dans les Comptes rendus du i*'' septembre, M. R. Liouville a publié, sur l'équation une Note dont voici la conclusion textuelle : » L'intégration de l'équation (i) est ainsi réduite ^ à celle d'un système linéaire (^ du quatrième ordre) (loc.cit., p. 394» lignes 11 et 12 à partir du bas). )) Dans une Note du 8 septembre, j'ai répondu que M. Liouville n'avait rien démontré sur l' équation (i) qui ne fût évident pour toute équation diffé- rentielle du second ordre. » Dans ses Notes récentes, M. Liouville déclare (\nil n'a ni énoncé ni démontré sur r équation {\) aucun résultat qui ne s'applique, en effet, aune équation quelconque du second ordre. » Par conséquent, M. Liouville aurait aussi bien pu donner à sa con- clusion cette forme : M L'intégration d'une équation différentielle quelconque du second ordre est ainsi réduite à celle d'un système linéaire du quatrième ordre. » Ce dernier énoncé suffit, je crois, à décider si j'ai eu raison de quali- fier d'illusoire la réduction imaginée par M. Liouville. Toutefois, comme il m'importe beaucoup de ne laisser aucun crédit à l'opinion d'après laquelle l'équation (i) serait ramenée à une équation linéaire, j'insisterai une der- nière fois sur l'énoncé précis des résultats de M. Liouville. (') Annales de Chimie et de Physique, l^' série, t. XXIII, p. 218; 1871. SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1902. I02I » 2. Ecrivons l'équation (i) sous la forme et soit ii(x,Y,z) une intégrale première de (2). Appelons, d'autre part, système 1 tout système d'équations aux dérivées partielles en n'(x,y,z) dont la solution générale est de la forme j w(x,y,z) = a,w^-ha.ir.,-ha3iV3-^a,w., ^ ' i (a,, a.,, «3, «i constantes arbitraires). Un tel système est linéaire par rapport à w et à ses dérivées premières, et ses coefficients sont des coefficients analytiques deœ,y, z. Ceci posé, le résultat démontré par M. Liouville s'énonce ainsi : )) // existe des systèmes 1 tels que le quotient u=— de deux solutions arbi- traires «',, w. de 1 soit une intégrale première de (2). » Cette proposition est évidente pour n'importe quelle équation du second ordre. Écrivons, en effet, une telle équation sous la forme (4) ^ = -' ^■^^(^'y'^^ (R algébrique en a;, v, s), et appelons système S tout système 1 tel que le quotient de deux solutions quelconques de 1 soit une intégrale première de (4). Pour obtenir un système S, il suffit de choisir arbitrairement une fonction /(a:, y, s) et quatre intégrales premières m,, «2» "s» "» *le (4); si l'on pose w = (a,Uf -h a.Ui-h a^ii.-h a^u.,)J, la fonction w vérifie lui système différentiel 1 qui est un système S, et tous les systèmes S peuvent s'obtenir de celte manière. » Un système S une fois connu, son intégration revient (d'après la mé- thode de Meyer, par e\emp\e) a celle (Vune équation linéaire ordinaire du quatrième ordre. Mais, quand l'équation proposée (4) est quelconque, il est impossible, en général, de construire effectivement un système S. En effet, les coefficients d'un quelconque de ces systèmes sont des fonctions analy- tiques de X, y, z qui vérifient certaines équations (algébriques) aux déri- vées partielles ( ' )', soit T. Or l'intégration de ces équations T revient à celle (») Ces équations T sont les conditions nécessaires et suffisantes : 1° pour que les I022 ACADEMIE DES SCIENCES. d'une certaine équation différentielle ordinaire, du deuxième ordre, qui est de l'espèce la plus générale en même temps que la proposée. D'une façon plus précise, cette équation auxiliaire du deuxième ordre est, en général, exactement équivalente à la proposée (4) : autrement dit, l'intégration d'une de ces deux équations entraîne celle de l'autre, sans intégrations nouvelles. Il n'en est autrement que |)our des équations (4) exception- nelles; par exemple, si l'équation (4) est convenablement choisie, il existera un système S algébrique en x, y, z. « 3. Ces remarques faites, je reviens aux propositions de M. Liouville. Ayant établi pour l'équation (i) l'existence des systèmes S (évidente pour toute équation du deuxième ordre), M. Liouville en conclut immédiate- ment : » L'intégration de l'équadon (i) est ainsi réduite à celle d^unsystème linéaire du quatrième ordre (système S). » Qui ne voit que la conclusion exacte est la suivante : « L'intégration de (i) est ainsi ramenée : \° à la formation effective » d'un système S ; 2° à l'intégration de ce système linéaire » ? M Cet énoncé est vrai pour toute équation (4). Mais l'opération i° est impossible à effectuer si l'équation (4) n'est pas exceptionnelle, et M. Liouville ne montrait nullement (') que l'équation (i) fût (à ce point de vue) exceptionnelle. » C'est là ce que j'ai expliqué en substance dans ma réponse du 8 sep- tembre. M. Liouville objecte que cette réponse ne lui a rien appris. Par conséquent, lorsqu'il a rédigé sa Note du i*"' septembre, M. Liouville savait qu'il ramenait en réalité l'intégration de (i) à deux opérations suc- cessives: 1° formation effective d'un système S ; 2° intégration de ce sys- tème linéaire. Il savait que la première de ces opérations dépend d'une équa- tion différentielle ordinaire du deuxième ordre (équivalente en général à la proposée) qu'il n'avait aucun moyeu d'intégrer. Et, sachant cela, il a écrit: « L'intégration de l'équation (i) est ainsi réduite à celle d'un sys- » tème linéaire du quatrième ordre » (en réservant les calculs pour une équations S soient compatibles [j'entends: aient une solution générale de la forme (3)]; 2° pour que le quotient — ^- de deux solutions arbitraires de S soit une intégrale pre- mière de (4). (') Et ne pouvait le montrer, puisque la chose n'est pas exacte (comme je l'ai établi par la suite). SÉANCE DU H DÉCEMBRE 1902. I023 Communication prochaine). Cette terminologie me semble inadmissible. A quels résultats extraordinaires n'arriver;iit-on pas si on l'admettait? A celui-ci, pnr exemple .• Toute équation du deuxième ordre (ou d'ordre n) est intégrable par quadratures. En etl'et, soient m, (a-, y, z), u.,(x, y, z) deux intégrales premières de (4); il existe évidemment des systèmes de la forme (5) du du du (c, Pj y, fonctions analytiques de .r, y, z), dont la solution générale est w = M, 4- const., c = r/o + coiist. Un tel système (5) s'intégrant par quadratures, l'intégration de (4) est réduite aux quadratures. Tel est exactement le mode de raisonnement de M. Jjouville dans sa Note du i*"" septembre. » 4. Il est une chose encore que je m'explique mal. La Note en question se termine par cette phrase (loc. cit., p. 395) : « Au surplus, l'emploi des considérations qui viennent d'être indiquées » n'est pas limité aux équations du second ordre à points critiques fixes : » les cas dans lesquels s'applique une transformation analogue sont étendus ». )) Pourquoi M. Liouville n'a-t-il pas écrit (pnisiju'il le savait) que sa transformation s'a|)plifpiait, sans la moindre modification, à toutes les équations du second ordre? Autrement dit, qu'il réduisait n'importe quelle équation du deuxième ordre à une équation linéaire du quatrième ordre? Tous les lecteurs eussent compris, du coup, le sens inusité tlans lequel M. J.iouville employait le mot réduction. n Mais je ne veux pas épiloguer davantage sur ces détails. Ce qui im- porte, c'est que nous soyons mnintenant d'accord, M. Liouville et moi, sur les résultats par lui établis. Il est donc bien entendu que tout ce qu'a démon/ré M. Liouville sur l'équation (i) est i-rai pour n'importe quelle équation du second ordre, i'ar conséquent, l'assertion d'après laquelle l'intégration de l'équation (i) serait réduite à celle d'un système linéaire du quatrième ordre est nulle et non avenue. )) 5. De l'irréductibilité absolue de l'équalion (i). — Je dirai maintenant quelques mots d'un sujet qu'a touché M. l^iouviUe dans ses deux der- nières Notes. J'ai montré, dans ma Communication du 27 octobre, que l'équation (i) est irréductible au sens de M. Drach, par suite absolument irréductible. M. Liouville ne pense pas que l'irréductibilité ainsi entendue 1024 ACADÉMIE DES SCIENCES. soit vraimenl absolue, et il pose la question suivante qui ne lui semble pas tranchée par ma Note du 27 octobre : » Parmi les', systèmes linéaires S qui correspondent à l'équation (i), en existe-t-il un qui soit algébrique en œ, y, z, ou dont les coefficients soient des fonctions de x, y, z qui s'expriment à l'aide des transcendantes connues? » Je vais montrer brièvement que cette question se trouve résolue dans le sens négati/piir les résultats que j'ai publiés. Il est exact, en effet, qu'une solution (V (07, y, s) d'un système S [attaché à (1)] n'est pas, en général, une intégrale première de (i), mais le quotient u = «."■■ + ^."'-2 + «3"'3 + «>»V .^^ ^ constantes arbitraires) de deux solutions arbitraires de S est une telle intégrale et, d'autre part, vérifie un certain système différentiel de forme connue, soit S', dont les coefficients sont des combinaisons algébriques des coefficients de S et de leurs dérivées. La question posée par M. Liouville équivaut donc à la sui- vante : « Parmi les systèmes S' correspondant à l'équation (i), en existe-t-il » dont les coefficients soient des fonctions algébriques ou des transcen- w dantes connues en a;, jK, -? » » Admettons, pour un instant, qu'un des systèmes S' attachés à l'équa- tion (i) soit algébrique. L'équation (i) est alors réductible au sens de M. Drach, et le théorème de M. Drach conduit, dans ce cas particulier, à ce résultat singulièrement précis : il existe nécessairement — soit un système linéaire (algébrique) du troisième ordre, dont la solution générale est de la forme u{x] y, z) = educ fait intervenir dans son équation (b). C'est donc par :nadverlance qu'il a identifié ses deux d'. » Pour refaire le calcul de M. Leduc il faut, dans l'équation (b), rem- placer d' par la vraie valeur S de ce terme, c'est-à-dire par la densité de l'azote atmosphérique pur telle que serait c^tle densité si l'on enlevait à cet azote les gaz combustibles qui peuvent l'accompagner dans l'air. Pour calculer la valeur de S, rappelons que j'ai trouvé dans l'air de Paris, où ont été faites les expérierices de Dumas, puis de V. Regnault, environ 19 cent, cubes d'hydrogèns et i3 cent, cubes de gaz méthane CH^ par 100 litres. Dans l'analyse de l'air en poids de Dumas et Boussingault, on conçoit rpi'en pa'^sant sur le enivre porté au rouge, ces gaz combustibles ont dû réduire en quelque mesure l'oxvde de cuivre qui se forme, et envoyer dans l'azote recueilli un peu de vapeur d'eau et d'acide carbo- nique, accompagnés de l'excès d'hydrogène pur et de gaz formène non comburés. Dans leiir détermination de la densité de l'azote extraitjde l'air par le cuivre, J.-B. Dumas ni V. Regn;;ult ne se sont pas préoccupés de cette cause d'erreur. M. Leduc, dans ses recherches postérieures (' ), a retenu, il est vrai, la vai)r>?ir d'eau formée, mais non les autres impuretés gazeuses. De là, dans les expériences de Dumas et Boussingault, mais pour une raison autre q ic celle invoquée par M. Leduc, un poifis d'oxygène un (') RecJierches sur les gaz, p. 3o. SÉANCE DU 8 DÉCKMBRn T()02. IO29 peu faible et d'azole un peu fart, et, pour tous ces expérimentateurs, une densité de l'azote faussée par la présence d'un ensemble de gaz presque tous plus légers que lui. » L'erreur commise est petite, et l'on peut la calculer avec une assez grande iipproximntion. En effet, il résulte des expériences de J. Boussin- gault (') rapprochées des miennes (-) que, lorsqu'on fait passer l'air des villes dans un tube plein de cuivre métallique porté au routée, grâce à la dilution extrême des gaz combustibles existant dans cet air, le sixième environ de son hvdrogène total (H et CH') est brûlé, les | échappant à la combustion. J'ai, d'autre part, établi que pour i cent. cubi> d'hydrogène ainsi transformé en eau il se fait, dans ces conditions, o""'',57 de CO^ provenant du gaz des marais qui ne brûle que partiellement ('). » L'air contenant à Paris en moyenne 19 cent, cubes d'hydrogène libre et i3 cent, cubes de gaz CH^ par 100 litres {loc. cit., p. c)/j). après le passage de ce volume d'air flans un tiib'^ p!'-in fie cuivre au rouge, on recueillera 79 200 cent, cubes fl'azote impur, composé comme il suit d'après ce qu'on vient fie dire : En vapeur. ce. Combiislion du sixième de l'Iiydrosène total de looooo cent. culi. H^O=r 6,6 CO- l'orn)C ri'pondnnt au CH' lirûlé CO" =r 8,76 I de I hydrogène lilire de l'air ])riniitif H rrr 16, i5 CH' restant (1 a'-"''— 3-^', 76) CH- = 8,24 Azote atmosphérique Az =: 79 i65.25 Total 79200,00 » C'est la densité de ce mélange que Dumas a trouvé égale à 0,9720. » Il est facile d'en détluire la vraie densité fie l'azote atmosphérique S; nous avons, en effet, § X 7Q 1 65-+- 0.623 X 0,6 -i- I .fj^o X 3,76-i-o,oo6<)3 Xi6,i5-t-o,o56x8,24 — ^y^ -1 i =: 0,0720, 79200 d'où s = 0,9723 (densité de l'azote atmosphérique corrigée) au lieu de 0,9720 et 0,97208 trouvé par Dumas et par M. A. Leduc pour la A ce stade, l'hématie-hôte a généralement son aspect normal, le noyau est à sa place ou bien il est légèrement refoulé. » Le parasite, à une phase plus avancée de sa croissance, s'allonge en forme de boudin recourbé et arrondi à ses extrémités. L'une des extrémités s'effile ensuite et se replie, comme cela est indiqué dans les figures 5 et 6. )) Le parasite replié à l'intérieur d'une hématie mesure, lorsqu'il est arrivé à son développement complet, 18!^ de long (ce qui représente 26!^ à 26!^ pour le parasite déplié) sur 4^^ de large environ. » Le grand axe de l'Hémogrégarine est, en général, parallèle au grand axe de l'hé- matie, mais le parasite peut se développer aussi dans des positions obliques ou même perpendiculaires par rapport à cet axe. » Le noyau de l'Hémogrégarine reste toujours dans la moitié la plus épaisse du parasite. Le protoplasme ne contient que très peu de granulations chromatiques. » Les hématies qui contiennent des parasites arrivés à leur développement complet s'allon'^ent, comme cela est indiqué dans la figure 6; le noyau de l'hématie est refoulé et assez souvent hypertrophié ; le noyau s'allonge parfois de telle façon qu'il a la même longueur que le parasite, les noyaux hypertrophiés se colorent plus fortement que les noyaux des hématies normales. » L'Hémogrégarine de Crotalus confluenlus est endoglobulaire comme les Hémo- grégarines décrites ci-dessus, mais elle s'en distingue par plusieurs caractères. Les plug grandes formes ont i5i^ à i6i^ de long sur 5!^ à 6t^ de large et le parasite ne paraît pas se replier dans l'hématie. H. crotali est donc à la fois plus courte et plus large que les Hémo^régarines qui précèdent; de plus elle exerce une action constante sur le noyau de l'hématie-hôte qni est toujours hypertrophié et souvent dans des proportions consi- dérables, comme l'indiquent les figures 7, 8 et 9. 11 n'est pas rare de voir des noyaux d'hématies qui atteignent ou dépassent même la longueur des parasites endoglobu- laires arrivés à leur développement complet, soit i6l^ à i8l^ de long. Après destruction des hématies, les noyaux hypertrophiés {fig. 8 et 9 «, «) restent adhérents aux parasites. Les noyaux des hématies parasitées se colorent plus fortement que les noyaux des hématies normales. » Les figures 10 à i3 se rapportent à l'Hémogrégarine du Mocassin d'eau, Ancis- trodonpiscivorus. Je désignerai cette Hémogrégarine sous le nom de //. mocassini. Les formes jeunes {fig. 10) sont étroites, non repliées sur elles-mêmes; les formes plus SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE I902. lo3ç) avancées dans leur développement sont repliées comme l'indiquent les figures n et 12. Le noyau de l'hématie-hôle est refoulé et aplati, il est rarement hypertrophié; l'hématie parasitée s'allonge souvent. Il n'est pas rare de trouver deux, parasites dans une hématie. Les Hémogrégarines repliées dans les hématies mesurent de 12I'' à ijV- de long; libres et dépliées, elles mesurent de 201^ à 25H-. » Ces Hémogrégarines ont évidemment de grandes ressemblances entre elles; faut-il admettre avec Langmann et Lutz qu'elles appartiennent toutes à une même espèce, Drepanidium serpentium Lulz? Je ne le crois pas. Il est très probable que H. crotali, par exemple, est d'une autre espèce que H. najae; ce dernier parasite est plus long et plus grêle que le premier et il n'agit pas comme lui sur les noyaux des hématies-hôtes ('). » Nous sommes, malheureusement, très peu renseignés sur l'évolution des Hémogrégarines des Ophidiens, ce qui rend la différenciation des es- pèces très difficile. » Dans aucune des préparations de sang d'Ophidiens infectés d'Hémo- grégarines que j'ai examinées, je n'ai vu de formes démultiplication de ces parasites. H en est de même pour les Hémogrégarines des Chéloniens. Chez Emys lutaria, c'est dans les viscères et, en particulier, dans le foie qu'il faut rechercher les formes de reproduction endogène de H. Stepanowi (^ ); de même pour H. slepanowiana de Damonia Reevesii ('). » Lutz a trouvé dans les poumons de plusieurs Ophidiens ayant des Hé- mogrégarines et, en particulier, chez Eunectes murinus, des éléments para- sitaires en voie de multiplication qu'il a décrits sous les noms de kystes à macrosporozoï les et à microsporozoïtes. Sur des coupes d'un morceau de poumon à' Eunectes murinus que M. Lutz a bien voulu m'envoyer, j'ai re- trouvé les formes de multiplication décrites par ce savant confrère; l'exis- tence de ces formes n'est donc pas douteuse, l'interprétation des faits est seule discutable. » Les Hémogrégarines qui vont se multiplier augmentent de volume, elles deviennent en outre inoins flexibles ; on comprend donc qu'elles s'arrêtent dans les capillaires : c'est probablement pour cela que les formes (') J'ai déjà appelé l'attention sur ce fait que certains Protozoaires endoglobu- laires déterminent l'hypertrophie du noyau de la cellule-hôte, tandis que des parasites d'espèces voisines sont sans action sur ce noyau. {Soc. de Biologie, 28 avril 1900 et 18 octobre 1902.) (^) Laveran, Soc. de Biologie, 1" et 8 octobre 1S98. (') Lavkkan et Mes.ml, Comptes rendus, 20 octobre 1902. Io4o ACADÉMIE DES SCIENCES. de multiplication ne se rencontrent pas, en général, dans le sang de la grande circulation. )) L'élude des Hémogrégarines ne doit pas être faite seulement dans le sang, il faut la poursuivre dans les organes internes : dans le foie, dans les reins et dans les poumons, sur des frottis ou sur des coupes histologiques de ces viscères. » Il V aura lieu aussi de rechercher comment se fait l'infection. Lang- mann, qui constate que les espèces aquatiques d'Ophidiens sont plus souvent infectées que les autres ( ' ), suppose que ces serpents s'infectent en man- geant des grenouilles. Cette supposition paraît inadmissible; d'une part, les Hémogrégarines des Batraciens appartiennent à d'autres espèces que les Hémogrégarines des Ophidiens; d'autre part, il n'y a pas d'exemple d'une maladie due à des Protozoaires parasites du sang se transmettant par les voies digestive'^. Tons les faits connus sont favorables à une transmis- sion par des ectoparasites se nourrissant de sang. On trouve, chez les Lézards et les Tortues, des Ixodes qui très probablement servent à la pro- pagation des Hémogrégarines; il est probable que, chez les Ophidiens, il existe également des ectoparasites. » PATHOLOGIE VÉGÉTALE. — De l' action inleme du sulfate de cuivre dans la résistance de la pomme de terre au Phytophthora infestans. Note de M. Emile Laurent. « Tels qu'ils sont employés dans la pratique, les sels de cuivre agissent soit en tuant les spores des champignons parasites, soit en paralysant leur développement. » On peut se demander si les matières antiseptiques ne peuvent pas être absorbées par les plantes parasitées elles-mêmes et exercer dans les sucs cellulaires une influence immunisante contre les ennemis crypto- gamiqnes. Il faut pour cela que ces substances soient utilisées à des doses qui ne nuisent pas à la végétation et qu'elles puissent diffuser dans les tissus. » Par leur sensibilité extrême à l'égard des sels de cuivre, les Péro- nosporacées étaient tout indiquées pour des essais de cette nature. (') Billet avait déjà constaté que, au Tonkiii, les Hémogrégarines se rencontrent principalement chez les Ophidiens qui vivent dans la boue des rizières {Soc. de Bio- logie, 19 janvier 1895). SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE r902. I04l » Une expérience commencée en mai 1901 sur la pomme de terre n'a pas fourni de résultats probants parce que celte année la maladie ne s'est pas montrée dans nos cultures. Répété en mai 1902, le même essai a donné lieu à des observations intéressantes. » A 6o''s de terre de jardin on a mélangé 60^ de sulfate de cuivre dis- sous dans l'eau. Le tout a été réparti entre douze pots qui n'étaient rem- plis qu'à moitié afin de permettre de butter plus tard les tiges aériennes. » Six ont reçu des tubercules de la variété Marjolin; dans les six autres on a planté la variété blanchard. Toutes les deux sont très sensibles à la maladie. » Parmi les tubercules employés, la moitié provenait de cultures faites en 1901 dans une terre analogue additionnée de la même dose de sulfate de cuivre. Je me proposais d'examiner si la pomme de terre est susceptible de s'adapter aux sols cuprifères. Aucune observation ultérieure n'a con- firmé cette supposition. » A côté des douze pots contenant du sulfate de cuivre, il y en avait six, trois pour chaque variété étudiée, dans lesquels se trouvait la même terre, mais privée de ce sel. » En juin, on a butté les tiges de pomme en remplissant les pots avec de la terre qui, sauf pour les témoins, avait été additionnée de i pour 1000 de sulfate de cuivre. » Le développement des tiges dans les 18 pots n'a point présenté de différence que l'on puisse attribuer à l'aclion du sel de cuivre ou à l'ori- gine différente des tubercules. » Quand, vers la mi-août, la maladie a yévi dans nos environs, elle a attaqué avec la même intensité les feuillages de toute la série. Le 21 du même mois, on a récolté les tubercules, dont le développement était assez avancé chez la variété Marjolin. Plusieurs furent coupés en deux ; sur chaque moitié on a déposé, la face inférieure tournée vers le bas, une foliole de pomme de terre atteinte par le Phylophlhora. Les moitiés de tubercules ainsi traitées provenaient des pots avec cuivre et sans cuivre; toutes furent maintenues en chambre humide. Après 4 jours, l'infection n'avait respecté aucun des tubercules mis en expérience, mais elle était nettement plus accentuée chez ceux qui avaient été récoltés dans les 'pots privés de sulfate de cuivre. » Les'tubercules qui n'avaient pas été coupés ont été conservés dans des bocaux ouverts; il en restait dix de chaque catégorie. Deux seulement des cultures sans cuivre n'ont pas pourri à la suite de l'infection provoquée G R., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N" 23.) l36 10'42 ACADÉMIE DES SCIENCES. par le Phytophthora. Par contre, il y en avait encore huit bien sains à la fin de novembre parmi les dix récoltés dans les pots avec sulfate de cuivre. » Ce métal a été recherché par la métliode électrolyti^que dans les tubercules ainsi conservés. (>eux qui provenaient de la terre additionnée de cuivre en contenaient -r^, tandis qu'on n'en a pas trouvé de traces dans les témoins. » A la suite de ces résultats, on pourrait supposer que l'on puisse immu- niser des tubercules de pomme de terre en les plongeant pendant un cer- tain temps dans une solution de sulfate de cuivre. Un essai a été fait avec des tubercules de Marjolin cultivés en plein jardin, coupés en deux et immergés pendant 20 heures dans des solutions de ce sel à 2 et 5 pour 1000. On a ensuite la\é les sections à grande eau, puis on y a déposé des folioles atteintes de Phytophthoia. l.e parasite s'est développé aussi vigoureu- sement que sur des tubercules témoins. » MEMOIRES PRESENTES. M. AuG. Berthier soumet au jugement de l'Académie une Note inti- tulée : « Photographie électrolytique; nouveau procédé physique pour obtenir des images photographiques ». (Renvoi à l'examen de M. Lippmann.) Les héritiers de M. Chapoteaut demandent l'ouverture d'un pli cacheté déposé par M. Chapoteaut le 26 juin 1893, et dont le dépôt a été accepté. Ce pli, inscrit sous le n" 4924, est ouvert en séance par M. le Secrétaire perpétuel. Il contient une Note « Sur la préparation du gaïacol et du créosol purs au moyen de la créosote de hêtre », par MM. Chapoteaut et Giraud (Extrait) : .... Les dérivés sodiques de ces phénols possèdent des solubilités très différentes dans la lessive de soude concentrée. Ils sont d'autant moins solubles quela complexilé de leur molécule est plus grande; ainsi, le phénate de sodium est très soluble, les dérivés sodiques de l'orlho- et du paracrésol le sont moins, surtout le dérivé para-; enfin, les composés sodiques du gaïacol et du créosol sont presque entièrement insolubles dans les mêmes condi- tions. . . . (Commissaires : MM. Gautier, Haller.) SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1902. 1043 CORRESPONDAI^CE. M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance : 1° Un Ouvrage de MM. Retzius et Fûrst ayant pour titre : « Beilrâge ziir Antliropologie der Schweden » . 2" Deux brochures de M. Vandeuren intitulées : « La stabilité des murs de barrage » et « Etude sur la tension du fil téléphonique ». (Présentées par M. Maurice Lévy. ) ASTRONOMIE. — Observations de la nouvelle comète Giacohini (digo2), faites à l'Observatoire de Paris à l'èqiiatonal de la tour de l'Ouest, par MM. G. BiGocRDAx et G. Fayet; et ti F équatorial de la tour de l'Est, par M. P. Salet. Communiquées par M. Lœwy. •■c- ^ Nombre Dates. Temps sidiiral — de 1902. Éloil es. de Paris. Aai. A®. compar. Observ. Dec. 4- ■ ■ « h 3. m s 46. 8 m s —0. 6,10 — 2'. 57" 2 4:4 G.B. 4... a 5. 3.27 —0. 7,00 -2.27,9 4:4 G. F. 4... a 5. 26.35 —0. 7,3o —2.17,2 12:4 P. S. 6... b 4- 26.18 +0. 4,42 -8.45,3 4:4 G.B. 6... b 4. 42.57 Asc H-o. 4,o4 Positions des étoiles droite Réduction -8.38,4 Déclinaison 4:4 Réduction G. F. Daics. moyenne au moyenne au 1902. Étoiles. Gr. 1902,0. jour. 1902,0. jour. Autorités. Dec. 4- . ai677BD- — I 9,2 b 7.17 m s s .i5,i2 -1-4.27 - r.4r. 6", 3 — 12,6 2142 Nicolaïew 6. . 61673 BD- -• 9.2 7. ,6 .27,8 +4,32 — -1.17. 42 — '2,9 B.D. Positions apparentes de la comète. Temps Ascension Dates. moyen droite Log.fart. Déclinaison Lo g. fact. 1902. de Paris. a pparente. parallaxe. apparente. parallaxe. Dec. 4 1- 10 m s 54.55 h 7- m s 17.13,29 i,49''- - t'.44' 16; I 0 ,828 4.... 12 .12. I n / * 17.12,39 T,33i„ — r. 43. 46, 8 0 ,83o 4.... 12 .35. 5 n 17.12,09 T,257„ - 1.43 36,1 0 ,83i 6.... II .27. 6 1- 16. 36, 5 T,42i„ — 1 ,26 4i 0 ,829 6.... I I .43.42 7- i6.36,2 T,384« — 1 .26 33 0 .829 I044 ACADÉMIE DES SCIENCES. » Le 6 décembre la comète était une nébulosité de grandeur i3,2, dififuse, vague- ment arrondie, et de 3o" de diamètre. Au centre se trouve une condensation demi- slellaire, demi-diffuse, un peu granuleuse et qui ressort légèrement (G. B.). » ASTRONOMIE. — Éléments provisoires de la comète Giacobini (2 déc. 1902), calculés par M. G. Fayet. Noie présentée par M. Lœwy. « Ces élémenls ont été calculés au moyen des observations faites à Paris, le 8 décembre, par M. Fayet, et à l'aide des observations des 3 et 5 décembre, faites à Nice, et que M. Perrotin a bien voulu nous com- muniquer. » Voici les résultats obtenus : T^rigoS mars 13,98, tl =: 1 19.52.40 Q 1=117.30.21 '^ écliptique et équinoxe moyens de 1902,0, j =: 43.53. 9 ] log^ = 0,45401. i cos p Sa := o", Représentation du lieu moyen : O — C ^ _ [ ûp — ~t~ o . » En outre, une quatrième observation, faite à Paris, le 4 décembre, par MM. Bi^ourdan et Fayet, a été représentée par les éléments précédents de la manière suivante : coi^dl =-1- 7", *-* ■ " ( f^p = - 6", » Ces éléments sont naturellement très incertains, étant donné le petit arc embrassé par les observations. )) Si l'on excepte la comète 1729, la comète actuelle semble celle pour laquelle q (o,454o) est le plus grand. » GÉOMÉTRIE. — Sur les propriétés du plan au point de vue de /'Analysis situs. Note de M. Combebi.\c, présentée par M. Poincaré. « M. Rlein a montré, dans ses Vorlesungen ûber die nicht-euklidische Géométrie, que, dans la Géométrie non euclidienne qui prend pour base l'expression riemannienne de la distance, deux hypothèses, en particulier, sont admissibles pour la convexité du plan, savoir : » 1° Deux lignes droites ne peuvent avoir qu'un point commun, et alors SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1902. lO/jS le plan esL une surface doublement convexe et, en outre, est une surface double; M 2° Deux lignes droites qui ont un point commun en ont toujours un second, et alors le plan est une siu-face à simple convexité. 1) Mais il est évident que ces propriétés sont projectives et par suite indépendantes de toute idée de dislance. On doit donc les rencontrer également, par exemple, dans la conception euclidienne. » En effet, dans ce cas, si nous faisons mouvoir un point P sur une droite D, dans un même sens, lorsque ce point franchit le point à l'infini sur la droite, la droite OP, joignant ce point à un point fixe O extérieur à la droite, coïncide avec la parallèle MN mené à la droite D parle point O. » La continuité exige que le segment 01', qui était compris entre le point O et la droite D, passe de l'autre côté de la parallèle MN, de sorte que ce segment reste infini, lorsque le point P continue son mouvement vers sa position verticale. » Un point de OP passe ainsi d'un côté à l'autre de la droite D sans fran- chir celte droite, et, comme l'on peut supposer que ce point reste aussi voisin que l'on voudra de la droite, on doit conclure de là que le plan est une surface double et à plus juste raison doublement convexe. » Comme l'idée de l'infini, tout comme l'idée parente de l'infiniment petit, ne constitue qu'un procédé d'analyse ne correspondant direclement à aucune réalité géométrique, la conclusion doit être simplement que les deux conceptions envisagées s'accordent également avec les propriétés géométriques à distance finie. )) Dans la seconde de ces conceptions, les points à l'infini de l'espace, c'est-à-dire les points inaccessibles au moyen d'un déplacement euclidien, forment non plus un plan, mais une région à trois dimensions, dans laquelle tout point à distance finie a son correspondant par lequel passent toutes les droites passant par le premier. Les deux régions sont séparées par le plan de l'infini euclidien. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une formule sommaloire dans la théorie des fonctions à deux variables. Note de M. 31arti.\ Kkausk, présentée par M. Appel! . « L Soit /(^, y) une fonction entière algébrique (1) /(o;, v) = ii«,,a7'y% r-^s Lr d:. -^^ dy ) dt. » Pour simplifier le reste à droite dans l'équation (5), nous introdui- rons les fonctions )> Le reste s'écrira alors : m\ J„ \ dx dy dx dy J » Le reste de l'équation (7) sera facile à établir par simple addition. » PHOTOGRAPHIE. — Sur une chambre noire pour la photographie trichrome. Note de M. Prieur, présentée |)ar M. Lippmaiin. « Cet appareil est une chambre du type connu sous le nom A' appareil à main instantané, et par conséquent très facilement transportable. Il est chargé de douze plaques, c'est-à-dire de quatre trios chromatiques; chaque plaque doublée de l'écran convenable est amenée au foyer de l'objectif dans le minimum de temps. » Le problème à résoudre était celui-ci : Trouver un mécanisme qui, à la fermeture de l'obturateur, amenât la chute concomitante de la plaque impres- sionnée et en même temps son remplacement au foyer de l'objectif par la plaque suivante, et ainsi de suite. » L'adaptation à la chambre noire d'un mouvement d'horlogerie qui commande ces diverses opérations a permis de trancher la difficulté. La pression d'une poire pneumatique déclenche ce mouvement d'horlogerie qui détermine la chute de chaque plaque et l'avancée de la suivante. Ces mouvements s'accomplissent sans déplacement de l'appareil. Par une belle SÉANCE nu 8 DÉCEMBRE IQO'i. lo/iQ journée de juillef, de ii'' à S"" de l'après-midi, l'exéciilion de chaque trio chromatique n'a demandé que 2 secondes. » ÉLECTROCHIMIE. — Sur les éleclroiles bipolaires à anode soluble. Note de MM. Andké Brochet et C.-L. Sîarillet, présentée par M. IL Moissan. « Dans une Note précédente (Co/n/)/ei re/ soit 5j jjour 100 du cuivre déposé sur la cathode. » Les résultats que nous avons obtenus, pendant i heure, avec des électrodes distantes de deux fois 3'=™, sont consignés dans le Tableau ci- dessous : Cuivre déposé sur I! Intensité corrigée. la calhocle ( A ). rintercathode (B). P" A' auip g g 0,21 0,248 0,025 10,1 pour loc 0,47 0,555 o,i32 23,8 » C. K., .902, T.' Semestre. (T. GXXXV, N' 23.) iSy la cathode ( ;a). l'inti L-rcathode (B) I ,322 0,427 1 , 582 o,53o 2,l8l 0,817 3,3o9 i>499 B Rapport — • 32 .3 pour 100 33 ,5 )) 37 ,4 )) 45 ,4 » lODO ACADEMIE DES SCIENCES. Cuivre déposé sur Intensité corrigée, amp I , 12 1,34 1,85 2,80 » Les électrodes bipolaires de cuivre, comme celles de platine, tendent donc à s'opposer au passage du courant et déforment le flux dans un élec- trolyseur à sulfate de cuivre. » Sans chercher pour le moment la cause exacte du phénomène, nous sommes naturellement conduits à admettre l'existence d'une résistance apparente due à un phénomène de polarisation. » Un autre fait vient d'ailleurs confirmer cette manière de voir. Si l'on examine l'interéleclrode et l'intercathode, on remarque que le bord des lames n'agit pas du tout, c'est-à-dire qu'il n'y a pas de dépôt sur l'intercathode et que l'intéranode ne se dissout pas. On obtient ainsi une marge variable avec l'intensité du courant. Dans les conditions précédentes, avec une intensité de o^™p, i, cette marge est de i"" environ. » On est donc en droit d'admettre qu'il y a là une force contre-électromotrice de polarisation. D'ailleurs lorsque l'on coupe le circuit d'un voltamètre à cuivre, on constate entre les deux électrodes une légère différence de potentiel due à une force contre-électromotrice de polarisation, donnant naissance à un courant secondaire, inverse du courant primaire. » Récemment, M. Leduc {Comptes rendus, t. CXXXV, p. aS) a établi qu'un fil d'argent placé dans un voltamètre à argent ne subissait aucune action et attribuait ce fait à une force contre-électromotrice de o^°'',o3. Dans le cas du voltamètre cuivre- sulfate de cuivre, cette force électromotrice de polarisation est de l'ordre des milli- volts. » Cette force peut suffire pour expliquer qu'il ne passe rien au travers d'une électrode isolée occupant une portion très minime de l'électrolyseur, elle devient insuffisante pour expliquer des faits de l'ordre de grandeur de ceux que nous signalons. » Pour étudier ce phénomène, considérons une électrode bipolaire parfaite, c'est- à-dire séparant la cuve électrolytique en deux parties, sans aucune communication par l'électrolyte, et considérons, d'autre part, un système anode-cathode bien fixe. » Ce système étant placé dans la cuve, nous mesurons la difl'érence de potentiel cor- respondant à une intensité donnée ; le même système étant placé dans une cuve exac- tement semblable mais sans électrode bipolaire, donnera pour la même intensité une nouvelle valeur plus faible. La différence entre les deux correspond à la chute de potentiel occasionnée par l'électrode bipolaire. » On obtient ainsi une série de valeurs, variables avec l'intensité. » Les phénomènes de polarisation qui se produisent au contact d'une électrode bipolaire parfaite sont évidemment les mêmes que ceux qui se passent pour l'ensemble des deux électrodes, anode et cathode, placées dans les mêmes conditions. La méthode SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1902. Io5l que nousavons indiquée précédemment permet donc de mesurer ces phénomènes aussi bien dans le cas d'anode insoluble que d'anode soluble. » Poggendorf, Lechner, Lenz, etc., remarquèrent aux électrodes un phénomène ana- logue et lui donnèrent le nom de résistance de passage. Rappelons également qu'en 1887 M. Bary signala dans les piles une action de même nature, mais agissant alors comme force pour-électromotrice. » Ce que nous tenons à faire remarquer, c'est l'importance de ce phénomène dans le cas d'anodes solubles, puisque les valeurs que nous avons trouvées atteignent, pour les conditions ordinaires de la pratique, 10 pour loo de la différence de potentiel aux bornes. » De l'ensemble de nos recherches sur les électrodes bipolaires, nous nous avons tiré les conclusions suivantes : » 1° Les électrodes bi|)olaires à anode soluble, à la question d'intensité près, déforment le flux de courant de la même façon que celles à anode soluble, en vertu de pliénomènes importants de polarisation. » 2° La bonne utilisation des électrodes bipolaires exige que celles-ci forment cloison étanche, les espaces réservés à la circulation du liquide devant être aussi restreints que possible pour éviter les pertes par dériva- tion, considérables même avec les anodes solubles. >) 3° Si l'appareil nécessite une agitation énergique que l'on ne peut obtenir qu'en faisant circuler l'électrolvte transversalement entre les élec- trodes dans tous les compartiments à la fois, les électrodes devront être enchâssées dans dgs cadres de grandes dimensionspour que leur utilisation soit rationnelle. » 4° Dans un électrolyseur on pourra employer des pièces métalliques ne communiquant pas avec les électrodes, non seulement si le métal agit comme anode insoluble, mais également s'il agit comme anode insoluble. Aucune règle précise ne peut être donnée à ce sujet; l'essai seul fixera. » CHIMIE MINÉRALE. — Sur le chlorure thaUiquc. Note de M. V. Thomas, présentée par M. Moissan. « Dans une Note que j'ai publiée dans les Comptes rendus du 3 mars 1902, j'ai décrit d'une façon générale les composés halogènes du thallium du type Tl X^ J'ai montré, entre autres, la formation facile des composés cor- respondant aux formules . TlCl%4H^O, TlCl=Br,4H=0, TIClBr^4H^0 et TlBr',4H^0, Io52 ACADÉMIE DES SCIENCES. composés qui sont tous caractérisés par la facilité avec laquelle ils peuvent se combiner avec i™"' d'hydracide. Si les deux termes extrêmes de la série représentent, sans contestation aucune, des individualités chimiques bien nettes, il n'en est plus de même des composés intermédiaires qu'on pour- rait envisager, comme des mélanges de chlorure et de bromure : 3TlCPBr, 4H-0 = 2TlCl^4H=0 + TlBr^4H-0, 3TiCl Br=,4H='0 = 2TI Br=, 4H=0 + Tl GP, 4H=0. » L'étude du trichlorure qui fait l'objet de celte Note m'a permis de décider entre les deux interprétations. )) Propriétés du trichlorure TJ Cl', 4H^0. — Le. triclilorure de thallium, tel qu'on l'obtient en refroidissant ses solutions concentrées, se présente en longues aiguilles transparentes. Lorsqu'on les écrase, elles donnent une poudre blanche qui fond faci- lement en la projetant sur le bloc de Maquenne chauffe à 36°-37°. Ce point de fusion est différent du reste de celui donné par R. Meyer ('). Ce savant a donné successive- ment comme point de fusion 45° et 43°, comme point de solidification 33°. » Abandonné au contact de l'air, le chlorure thallique est hygrométrique, d'apiès R. Meyer, et inaltérable d'après Cushmann (-). En réalité, il se comporte comme un hydrate facilement dissociable à la façon du phosphate de soude et qui, suivant l'état hygrométrique de l'air, absorbe ou non de la vapeur d'eau. Il n'est déliquescent, aux environs de 17°, que lorsque l'état hygrométrique de l'air est supérieur à ~^, ce qui correspond à une tension de dissociation très voisine de 23""" de mercure. » A 17°, la solubilité dans l'eau est de 86,2 pour 100, et la solution saturée à cette même température a une densité de i,85. " » Si, au lieu de laisser le chlorure thallique au contact de l'air humide, on l'aban- donne dans une atmosphère desséchée, on observe un phénomène intéressant. Le chlo- rure subit une sorte de fusion aqueuse, puis peu à peu dans la niasse liquide se séparent à nouveau de gros cristaux formés d'hexagones réguliers. L'expérience peut être faite facilement en abandonnant côte à côte dans un tube de verre scellé à la lampe deux nacelles renfermant, l'une un poids déterminé de soude caustique, l'autue un poids déterminé de chlorure létrahydraté. Dans de telles conditions, j'ai trouvé qu'après 17 semaines le chlorure thallique a^ait perdu la majeure partie de son eau sans /ju' il soit possible de déceler la plus petite perte en chlore : » 08,595 de TICP, 4H^0 ont perdu io4™§, soit 17,47 pour 100 d'eau. La transfor- mation deTICF, 4H2 0 eu TlCl^ H^O correspond à une perle de 14,09 pour 100; la transformation en sel anhydre à 18,82 pour 100. » Que cette transformation en sel anhydre soit possible, cela ne peut être mis en doute. Si, dans l'evpérience que je viens de mentionner, la perte en eau est trop faible, (') Zeit. anorg. Ch., t. XXIV, 1900, p. 32i, et t. XXXII, 1902, p. 72. (") Amer. ch. Journal, t. XXVI, igoi, p. 5o5. SÉANCE DU 8 DÉCEMBHi: 1902. Io53 la raison en est bien simple : après fusion, Je chlorure comnaence à se solidifier à la surface, et la croule qui prend naissance forme un véritable écran qui isole plus ou moins complètement la couche liquide sous-jacente du milieu extérieur desséchant. » En opérant dans le vide, la déshydratation est rendue plus rapide. On observe d'ailleurs les mêmes phénomènes, mais la solidification du chlorure liquéfié se fait ici moins lentement; au lieu de fournir de gros cristaux liexagonaux, la liqueur se prend en une masse de petites lamelles d'apparence hexagonale qui finit bientôt par se des- sécher complètement. On peut du reste vérifier facilement que, même dans le vide fourni par' une trompe à mercure, la déshydratation se fait totalement sans perte de chlore. Trouvé : Perte en eau. . . 18,66 pour 100. Calculé : 18,82 pour 100. » D'autre part l'analyse directe du chlorure ihalliquea fourni : Cl 34,08 Calculé: 84,29 » Propriétés du chlorure thallique anhydre. — Lamelles hexagonales facilement solubles dans l'eau et la plupart des solvants usuels. A l'air humide, (/ se liquéfie rapidement en donnant une solution sursaturée du chlorure hydraté, solution qui, sous la moindre influence, se prend immédiatement en masse. La transformation en chlorure hydraté est parfois si rapide qu'il est souvent impossible d'observer la liqué- faction. Soumis à l'action de la chaleur, le chlorure anhydre fond au voisinage de 25°. A température plus élevée il se décompose facilement. » La déshydratation totale du chlorure hydraté à 4H^0 dans une atmosphère des- séchée aussi bien à pression ordinaire que sous pression réduite ne permet pas de considérer les deux chlorobromures TlCr^Br,4IP0 et TlClBr2,4 H-O comme des mélanges, de tels mélanges devant, dans le vide, entre autres, se comporter comme il suit : 2TlCI^4H«0^-TBr^4H'-0 = 2TlCP + TlBr2^-Br-i- laHUJ, TlCI'-Br,4ii^O ~^TF(]1^¥I^ 3TIBr%4H20 + ïlCP,41I'-0 = 2TlBr'-t-TlCl^-1-2Br-t- \i\VO. TlClBr-^4H2Ô TP&i'ci^ » Or, j'ai montré précédemment que le chlorobromure TIClBr^,4H-0 perd, dans le vide, en même temps du brome et du chlore pour donner TfCl-Br*. D'autre part le chlorobromure TlCl'Br, 4H-0 se comporte d'une façon analogue et conduit à un autre chlorobromure, TI'Cl*Br-, déjà signalé par Wiegand ('). » Si Ton compare les résultats de cette Note avec les travaux publiés récemment par M. R. Meyer (^), on en pourra conclure dès maintenant que deux points paraissent acquis indubitablement à la Science. (') Inaugural dissertation : Berlin, 1899. (-) Zeit. anorg. Cliem., 1902, t. XXXII, p. 72. I054 ACADÉMIE DES SCIENCES. » i" L'existence du trichlorure de thallium anhydre; « 2" L'existence de chlorobromurcs thalliqne.s caractérisés par ce fait qu'ils perdent dans le vide en même temps du chlore et du brome. » CHIMIE MINÉRALE. — Sur le mêtaphosphate manganique inolet de Gmelin. Note de M. Pu. Rarbieu, présentée par M. H. Moissan. « Gmelin (') étudiant l'action de l'acide phosphorique concentré et for- tement chauffé, sur.lebioxyde de manganèse, signale la formation de deux phosphates manganiques : l'un soUible dans l'eau avec une belle coloration violette, analogue à celle du permanganate de potassium, l'autre insoluble, couleur fleur de pêcher, sans en donner l'analyse; il considère ce dernier comme un mêtaphosphate manganique. » D'après Herrmann (^) la dissolution violette mentionnée ci-dessus contient un mêtaphosphate manganique hydraté répondant à la formule M. Laspevre ('), reprenant l'expérience de Gmelin, obtint une masse si- rupeuse violet foncé, soluble dans l'eau avec une coloration rouge rubis; la solution se décolore lorsqu'on la chauffe, en laissant déposer une poudre cristalline gris verdâtre insoluble. Il ne paraît pas avoir observé la formation du phosphate rose A'iolacé insoluble de Gmelin. » C'est une nouvelle étude de cette réaction qui fait l'objet de celte Note. » J'ai réalisé très aisément la prodiiclion du pliospliate de Gmelin en chauiïantdans une capsule en platine une partie de bioxyde de manganèse précipité avec 4,3 parties d'une solution d'acide phosphorique de densité 1,70. On agite constamment jusqu'à ce que la masse devienne presque sèche et prenne la couleur violette; on laisse refroidir et l'on ajoute deux parties d'acide phosphorique. On continue à chauffer; l'opération est terminée lorsque la masse pâteuse a pris la couleur fleur de pécher. » On traite par l'eau froide le produit de la réaction et l'on obtient, comme l'indique Gmelin, une dissolution violette et une poudre rose violacé insoluble que l'on achève de purifier par des lavages prolongés à l'eau distillée froide. » En ce qui concerne la dissolution violelte. j'ai vérifié les observations de H. Laspejre, c'est-à-dire que j'ai constaté que cette dissolution prend, après quelques (') Gmelin, Handb. der Chem., 4" édition, t. II, p. 645. (2) Herrmann, Ann. der Chem. u. Pharm... t. LXXIV, p. 3o3. (^) Lasi'eyre, Joitrn. prakt. Chem., 1" série, t. XV, p. 020. SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1902. Io55 jours, une coloration rubis et que, sous l'influence de l'ébullition, elle se décolore, en laissant déposer une poudre gris verdàtre. » J'ai laissé provisoirement de coté l'examen de cette dernière substance pour étudier de préférence le corps rose violacé de Gmel.in. » Le dosage du phosphore et du manganèse dans ce sel m'a donné les résultats suivants ; P pour 100 3 1,6 O] ' j Mn pour 100 i8,9 18,6 Ces chiffres conduisent à la formule (P^O')^Mn' qui exige : P pour loo 3i ,8 Mn pour 100 18,8 » Cette combinaison est donc bien un métaphosphate ainsi que le prévoyait Gmelin, mais ce métaphosphate ne saurait être confondu avec le métaphosphate hydraté en cristaux rouges signalé par Herrmann : on doit le considérer comme un hexaméta- phosphate manganique. » Il se présente sous la forme d'une poudre couleur fleur de pêcher, insoluble dans l'eau, soluble dans l'acide chlorhydrique avec dégagement de chlore; les dissolutions alcalines le détruisent en mettant en liberté du sesquioxyde de manganèse. » Chaufl'é au rouge dans un creuset de platine, il perd sa couleur et se transforme en métaphosphate nianganeux; fondu en présence de phosphate diammonique, il se dissout entièrement et donne une masse d'une belle couleur violette soluble dans l'eau. » CHIMIE ORGANIQUE. — Dérivés d'addition du cyclohexène.lJ{o\.& de M.Léon Bruxel, présentée par M. A. Haller. » En partant du cyclohexène, obtenu du monochlorocyclohexane comme l'a indiqué Markûwnikoff( '), j'ai préparé plusieurs dérivés nou- veaux: l'éther monoiodhydrique d'un glycol hydroaromatique, l'orthocy- clohexanediol, les éthers méthylique et éthylique de cette iodhydriue et l'orthochloroiodocyclohexane. » I. lodliydrine de l'orthocyclohexanediol : I(,) — C^H'" — OHf^j. — Celui de ces composés qui m'a servi de point de départ a été obtenu par une méthode employée par Lippmann ('^) pour fixer les éléments de l'acide hypoiodeux sur l'amylène. » JvOrsque, à 2"""' de cyclohexène dissous dans l'éther ouïe chloroforme, en présence de i""' d'eau et de 1™°' d'oxyde jaune de mercure, on ajoute peu à peu et en agitant de l'iode, celui-ci disparaît aussitôt. Quand on a employé 4"' d'halogène la liqueur ne se (') Liebig's Annaleii, t. CCCII, p. 27. (") Comptes rendus, t. LXIII, p. 968. Io56 ACADÉMIE DES SCIENCES. décolore plus après une nouvelle addition ; un excès d'oxyde jaune ne modifie pas la réac- tion. Celle-ci donne naissance à l'iodhydrinede l'or lliocycloliexanediol qu'on prépare dès lors de la façon suivante : [\o^ de cyclohexène sont dissous dans i 5o'^'"' d'éther exempt d'alcool, on ajoute 75 à 8e d'eau et 55»' d'oxyde jaune de mercure, puis, par petites por- tions, 1248 d'iode, en agitant après chaque addition d'halogène. La réaction développe de la chaleur et il est nécessaire de refroidir. On filtre à la trompe après décoloration de la liqueur et le biioJure séjDaré est lavé à l'éther. La dissolution élhérée est agitée avec une solution concentrée d'iodure de potassium contenant une petite quantité de sulfite acide de sodium pour enlever l'iodure raercurique et les traces d'iode qui restent. Le liquide est séché sur le sulfate de sodium anhydre; le chlorure de calcium fondu, décomposant le produit, ne doit pas être employé. T^e dissolvant étant retiré par distillation, il reste dans le ballon une matière huileuse. Celle-ci cristallise après refroidissement, par agitation ou amorçage. Les cristaux, séparés par essorage d'une petite quantité de liquide huileux qui les imprègne, sont purifiés par cristallisation dans la benzine ou l'éther anhydre. )i La réaction qui donne naissance à ce corps semble être la suivante : 2CM1">+ HgO 4- P + H=0 = 2(1 - C^H'"- OH) + HgP. » Les analyses concordent avec la formule OH — C^il'" — I, c'est-à-dire la compo- sition de l'éther monoiodhydrique d'un orthocyclohexanediol. D'ailleurs, les réactions de ce corps, sur lesquelles je reviendrai, établissent nettement sa nature. » Cette iodhydrine cristallise en gros prismes orlhorhombiques, incolores, inalté- rables à la lumière et très stables à la température ordi:iaire; elle est insoluble dans l'eau, très soluble dans la plupart des solvants organiques; elle fond à 4'°, 5-42° et se sublime dans le vide dès la température ordinaire. Elle se décompose lorsqu'on la chauffe au-dessus de 100° et est entraînée par la vapeur d'eau avec légère décompo- sition. » H. Ethers oxydes de l'iodliydrine. — Lorsque, dans la réaction précédente, au lieu de se servir d'éther comme solvant, on emploie un alcool tel que l'alcool raélhy- lique ou l'alcool éthylique, le produit obtenu est différent du précédent. » On opère comme il a été dit ci-dessus, et la liqueur alcoolique résultant de la réaction est versée dans une solution d'iodure de potassium additionnée d'une trace de sulfite pour éliminer le biiodure de mercure. Le pioduit réuni au fond du vase est séparé et desséché sur le sulfate de sodium anhydre. » Dans ce cas, c'est-à-dire en présence d'un alcool, la réaction se passe comme si le carbure fixait les éléments de l'éther hypoiodeux de l'alcool eznployé. Par exemple, avec l'alcool méthylique, la réaction serait la suivante : 2C«H'«-H 2CH30H -)- l'-h HgO = 2[CH'0 — C/H"'— I]-t- Hgl--f- H^O. » Éther oxyde méthylique : I,,, — C'H'" — OCHf^,. — On obtient ainsi, avec l'alcool méthylique, l'éther oxyde méthylique de la monoiodhydrine de l'orthocyclo- hexanediol. Il constitue un liquide huileux, mobile, à peu près incolore, de densité I ,565 à i4°, très stable à la température ordinaire, ne se colorant pas à la lumière. II ne peut être distillé à la pression normale sans décomposition ; sous pression réduite, il bout inaltéré à ii4° sous 49""- SÉANCE DU 8 DÉCEMliUE 1902. lo57 » Éther oxyde éthylique : I,,) — CH'" — OCMIf^,. — En opéiaiUde même avec une solulion de cyclohexène dans l"alcool élhjliqiie, on obtient l'éllier oxyde étiiylique de l'iodliydrine du cjclohexanediol. C'est un li([uide luiileux, incolore, de densité 1,484 à 15°, ne se colorant pas à la lumière, bouillant à 118" sous 47™"' sans décom- position. » III. Orthochloroiodocyclohexane : 1(1,0" 1I"'G1|2,. — Toutes les réactions pré- cédentes ont été effectuées avec l'oxyde jaune de mercure. Si l'on remplace dans la préparation de l'iodhydrine l'oxyde de mercure par le bichlorure, la réaction s'opère dans un sens différent et l'on obtient un dérivé chloré et iodé. » L!™"' de cyclohexène étant dissoutes dans l'éllier, on ajoute 1'"°' de bichlorure de mercure puis, en agitant et par petites portions, 4"' d'iode, la préparation étant d'ail- leurs conduite comme celle de l'iodhydrine. Le produit brut reste comme résidu après séparation de l'élher. On le purifie par distillation sous pression réduite. Le composé obtenu est rorthochloroiodocyclohexane. Dans la réaction qui lui donne naissance il y a fixation d'une molécule de protochlorure d'iode sur chaque molécule de carbure. La réaction peut être formulée : 2Cni"4-HgCl=+P = 2[Cl-C''lli»-I] + HgI-. » La présence d'une petite quantité d'eau ne change pas le résultat. Le même corps peut d'ailleurs être obtenu par action directe du protochlorure d'iode sur le cyclohexène. » Pour préparer le chloroiodocyclohexane 1.2 par ce procédé, 4i° de cyclo- hexène sont dissous dans 100""' d'acide acétique cristallisable. On ajoute à cette solution, par petites portions, 81», 5 de prolochlonire d'iode dissous dans 200'^'"' d'acide acétique. La réaction se fait avec dégagement de chaleur, et il est nécessaire de refroidir. La liqueur résultant de la réaction est versée dans un grand excès d'eau contenant une trace de bisulfite. Le composé réuni au fond du vase est séparé el desséché. » Quel que soit son mode d'obtention, le corps obtenu est un liquide huileux, presque incolore, d'odeur camphrée, soluble dans l'éther et dans l'alcool, de den- sité 1,7608 à i4°, très rapidement entraîuable à la vapeur d'eau, avec légère décom- position. Il ne peut être distillé à la pression ordinaire, mais bout sans décomposition à 117° 118° sous i4°""- » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur un dic/ilorliydrale el un dihromhydralc de cadinène, et un cadinëne régénéré dcxtrogyres. Noie de M. ëmilien Gkim.vl, présentée par M. A. Haller. « Dans une Noie précédente, que j'ai eu l'honneur de conimuniquer à l'Académie ('), j'ai montré que l'essence de bois de Cèdre de l'Atlas, (' ) Comptes rendus, séance du i3 octobre 1902. C. R., 1903, 2» Semestre. (T. CXXXV, N" 23.) l38 Io58 ACADÉMIE DES SCIENCES. retirée du Cedrus allantica, renfermait du cadinène, fournissant un dichlorhydrate et un dibronihydrate cristallisés. » Comme, jusqu'ici, les dérivés halogènes du cadinène, droitou gauche, ainsi que le cadinène régénéré, n'étaient connus que sous la seule forme lévo^yre, la orésente Note a pour but de faire connaître nos résultats sur ce sujet. » De cette essence de Cèdre, j'ai pu extraire directement par distillation, grâce à de très nombreux fractionnements, un cadinène dextrogyre dont les caractères sont les suivants : Poids spécillque à i.> '/ = 0,9224 Indice de réfraction à 20" /'u = • jSioj Pouvoir rotatoire spécifique à 20° [o(]j,=-)-48<'7' » Point d'ébuUilion, 273° à 275°, à la pression ordinaire. » Poids moléculaire en solution benzénique, 202,8; calculé pour C^'W-', 20^. » L'analyse donne : Calculé pour cnr-K Carbone 87,9.5 88,24 Hydrogène.... ii,(32 11,76 » Ces caractères et ces résultats analytiques correspondent bien à un cadinène droit. » Ce dernier, en solution dans l'éther bien desséché, sous l'inlluence d'un courant très lent d'acide chlorhydrique pur et sec, donne des cristaux de dichlorhydrate, ainsi qu'il a été indiqué. » Ces cristaux, purifiés par plusieurs cristallisations dans l'éther acétique chaud, présentent les constantes suivantes : Point de fusion 117"-! 18° Poids moléculaire 276,8 » Ils sont identiques, parla, au dichlorhydrate de cadinène de Wallach. Cependant, ils en difTèrent par leur pouvoir rotatoire. » Trois déterminations, en solution chloroformique, ont donné : I. II. III. {a]l" +8''54' +8"5i' -+-8"59' » Ce dichlorhydrate de cadinène, contrairement à tous ceux qui ont été obtenus jusqu'ici, est donc dexlrogyre. » Plusieurs déterminations, en solution dans l'éther acétique, ont donné, en moyenne : [a]ii''=:+25'',4o'. » Pour cette raison, j'ai cherché à régénérer le cadinène. » A cet effet, le rf-dichlorhydrate précédent a été chauffé pendant une demi-heure avec un mélange d'acétate de sodium fondu et d'acide acétique glacial; après refroi- SÉANCE DU 8 DÉCE^[BRE 1902. \o5g dissement, la masse a été additionnée d'eau, sur laquelle est venue surnager une couche huileuse; celle-ci, décantée, a été alors dissoute dans l'éther. Après addition de carbonate de soude pour la saturation de l'acide acétique, la solution éthérée a été desséchée sur du sulfate de soude anhydre. Par évaporation spontanée de l'éther il reste un liquide qui distille entre 272° et 2-4°, sous la pression ordinaire. » Par une deuxième distillation, a été obtenu un cadinéne régénéré droit dont les propriétés suivent : Poids spécifique à i5" d^=o,g2i2 Indice de réfraction à 20" /ij, = i ,6094 » Point débullition, 2~^''-'î~D'' ( à la pression ordinaire). » Pouvoir rotatoire spécifique à 20° [a]b° = -H 47°55'. » Les propriétés de ce corps sont, en général, assez voisines de celles du cadinéne régénéré gauche de Wallach, sauf en ce qui concerne le pouvoir rotatoire. » En résume, j'ai isolé le rt'-dichlorhvdrHle de fi^-cadinène, le r/-dibrom- hydrate de f/-cadinène et le ^-cadinéne régénéré inconnus jusqu'à ce jour. M CHIMIE INDUSTRIELLE. — Sur l' essence fie rètyver.l^ote de MM. P. Gexvresse et G. Langlois. « Malgré le travail intéressant et consciencieux de M. Thetilier (liidl. de la Soc. chim., 3* série, t. XXV, p. 454). on ne connaissait encore rien sur les constituants de l'essence de vétyver, lorsque nous avons entrepris ce travail ; nous pensons avoir résolu en partie la question. » Nous avons opéré sur l'essence de Bourbon qui nous a été fournie par M. Roure Bertrand fils, et sur une essence distillée à Grasse par MM. Tom- barel. » Nous avons rencontré les mêmes substances dans les deux essences, mais en proportions différentes, l'essence de Bourbon contenant plus de sesquiterpène que celle de Grasse. » L'essence de Bourbon avait une densité de o.ggS à 20", et un pouvoir rotatoire de + 23°43 ^n solution alcoolique; celle de Grasse une densité de 1,012 à 20", et un pouvoir rotatoire de -t- 27° 9' à la même température. » LVssence de Bourbon était neutre aux réactifs ; celle de Grasse, acide. » Voici la marche qui nous a donné les meilleurs résultats : Nous entraînons l'essence par la vapeur d'eau. L'entraînement est très lent. I06o ACADÉMIE DES SCIENCES. Il passe (l'abonl une substance moins dense que l'eau, que nous mêlions à pari, el une plus dense. Nous entraînons ainsi à peu près le tiers du liquide. Ce qui reste dans le ballon n'a plus d'odeur; nous y reviendrons. » ]'élr\ène C'^H-'. — Ce qui est plus léger que l'eau est un mélange de sesquiler- pène, d'un alcool sesquiterpénique el de son éllier, le sesquiteipène dominant de beaucoup. Nous isolons ce dernier par la dislillalion fractionnée; il passe d'abord, et nous le purifions en le distillant trois fois sur du sodium; les résultats de sa combus- tion concordent avec la formule C'Mi". La détermination de son poids moléculaire par la méthode de Raoult en solution acétique nous a donné le nombre 197; la théorie pour C'^ H" exigerait 2o4 ; nous sommes donc en présence d'un sesquilerpène; nous l'avons nommé vélyi'ène. « Ce corps est un liquide mobile incolore, n'ayant sensiblement aucune odeur; sa densité à 20° est de 0,9X2, et son pouvoir rotatoire à i5° de -t-iS^ig'. Il bout à i35° sous une pression de 1 5"^" et à 262°-263° sous \ine pression de 740""". » 11 absorbe 4"' de brome, sans dégager d'acide bromhydrique; dès les premières gouttes de brome, le liquide se colore en bleu. » Nous avons essayé en vain de l'identifier avec un des sesquiterpènes connus; l'hydratation nous a donné un liquide plus lourd que l'eau, paraissant ressemblera l'alcool sesquiterpénique dont nous allons parler. >> Vélyvénol : O'W-'O. — Ce corps s'obtient en saponifiant par la potasse alcoo- lique le liquide entraîné plus lourd que l'eau. Nous en avons fait plusieurs analyses qui correspondent toutes à la formule C'^H^^O. » Il se présente sous la forme d'un liquide jaune très clair, visqueux, n'ayant au- cune odeur; sa densité à 20° est 1,011; son pouvoir rotatoire en solution alcoolique et à la même température est -^ 53" 43'. H bout à i69''-i70° sous une pression de i5™"". » Ce corps est un alcool; en effet, traité par l'anhydride acétique en présence de l'acétate de sodium fondu, il nous a donné, quoique un peu impur, un éther acétique. Sous l'influence des déshydratants, il perd de l'eau et donne un sesquiterpène qui nous a présenté les caractères du sesquiterpène contenu dans l'essence; il ne faut pas employer l'anhydride phosphorique qui donne surtout des résines, mais bien l'acide oxalique desséché à 100°. » Ce qui reste dans le ballon est un mélange de l'alcool précédent el d'un acide; il n'a aucune odeur. » Nous retrouvons ce même acide dans la potasse alcoolique qui nous a servi à sa- ponifier le vétyver entraîné par l'eau et plus lourd que cette dernière. »" L'acide n"a pu être obtenu à l'état cristallisé; il est blanc, visqueux, brunissant à l'air, très peu soluble dans l'eau, à laquelle il communique la réaction acide, très peu entraînable par l'eau; son sel de potasse est soluble; son sel d'argent l'est peu. L'ana- lyse du sel d'argent nous a conduits à la formule C'^H^O'Ag^; mais nous ne la donnons que sous toutes réseri-es, n'ayant point obtenu avec cet acide de composé cristallisé; nous pourrions aussi avoir affaire à un mélange d'acides. , » Quant à la substance qui communique à l'essence de vétyver son odeur particu- SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE I902, I061 Hère, il résulte de ce qui prérède que c'est un tllier résultant de la combinaison de l'acide précédent avec le vétvvénol ; il existe en j)elite quantité dans l'essence, au plus un dixième, et il se saponifie très facilement, même par l'eau, comme le démontre le résidu du ballon où a eu lieu l'entraînement. » Conclusion. — Il résiille de ce travail que l'essence de véLyver contient, outre l'éther qui lui donne son odeur, un sesquiterpène et un alcool sesquiterpénique. » ZOOLOGIE. — Sur la mue, V excrétion et la variation du rein chez des Poules carnivores de seconde génération. Note de M. Frédéric HOUSSAY. « Les Poules dont je viens de terminer l'étude anatomique ont été exclusivement nourries depuis leur naissance avec des déchets frais de viande de boucherie (albuminoïdes et graisses crues) et proviennent d'ani- maux nourris dans les mêmes conditions jiendant une année entière à partir de l'âge de 4 ou 5 mois. Pour exprimer en poids ou en longueurs la variation organique de ces derniers, je n'avais publié l'an passé (') que des valeurs absolues, ce qui suffisait parfaitement, vu que les écarts étaient très considérables et les poids des animaux observés peu différents. Sur la seconde génération, que j'étudie celte année, les variations sont d'importance bien moindre; j'ai dû alors examiner les rapports de chaque- organe soit au poids total de l'animal auquel il appartient, soit au poids actif du même animal. Le poids actif se calcule sans peine à l'aide du poids total, pris le jour de la mort, diminué du poids, directement obtenu, des plumes, de la graisse et du squelette minéral. Quant au poids total, si l'on se bornait à prendre celui du jour de la mort, on s'exposerait à de graves mécomptes en raison dix moment choisi pour la (in de chaque expérience annuelle : savoir, un mois ou six semaines après la cessation de la ponte, c'est-à-dire à la fin d'une manifestation complète de l'état adulte. » Or, après la ponte, les Poules subissent, comme il est bien connu, une mue avec perte de plumes et amaigrissement; les mâles perdent les plumes de la queue, mais ne maigrissent pas. La mue est bien plus importante chez les Poules carnivores que chez les granivores, ainsi qu'en témoigne le tableau suivant : (•) Voir Comptes rendus des 9 et 24 décembre 1901. ro62 ACADÉMIE DES SCIENCES. Pourccnlage (lu poids total Perle à hi mue. des femelles. Granivores igi.âo 11,71% Carnivores de première génération 3o4,33 '5j74 » Carnivores de deuxième génération 876. 33 '9j36 >- » En outre, les Poules carnivores de deuxième génération se dépouillent presque entièrement et ne conservent quune partie de leurs grandes plumes aux ailes et à la queue. » Ce résultat est en lui-même fort curieux. La santé générale des animaux en expé- rience semble ne rien laisser à désirer et les poids moyens croissent à chaque généra- tion de la façon suivante ; ib', alors que, pour les bénéfices totaux, on peut avoir, en même temps, bnd, la dépense engagée est complètement récupérée, et l'opération laisse, en outre, un bénéfice. » Si a> Il est inlércs'aiit de mollre en parallèle les résultais obtenus et l'analyse chimique du sol. 1078 ACADÉMIE DES SCIENCES. Analyse chimigue du sol de Mazotle. N« 1. N" 2. N° 3. N° 4. Moyenne. Pour 1000. Puur 1000. Pour 1000. Pour 1000. Pour loOO. Potasse 1,930 i,8r2 1,760 1,980 1,876 Acide phosphorique o,64o 0,728 0,600 0,7/ti 0,677 Azote 1)107 i,23i i,3i6 J,i84 1,209 Calcaire total 2i5,7 249,0 222,5 248,0 233,8 » On constate donc que le sol de Mazotte est plutôt riche en potasse, et cependant les éléments potassiques sont ceux qui ont donné les meilleurs résultats. Il en résulte que l'analyse chimique n'a fourni aucun renseignement intéressant pour indiquer les engrais à expérimenter. I) Si, au lieu de se préoccuper de ce qui manque au sol, 011 étudie ce que la vigne lui enlève, on trouve des observations qui corroborent parfaitement nos résultats. En effet, M. Muntz, dans ses Recherches sur les exigences de la vigne, démontre que, si dans le Midi l'azote est la dominante de la vigne, dans le Sud-Ouest, l'Est et le Nord- Est c'est la potasse, au contraire, qui est absorbée en plus forte quantité. On sait en effet que dans le Midi les engrais azotés sont ceux qui réussissent le mieux. Nous venons de voir que, dans les terrains calcaires du Sud-Ouest, c'était la potasse. » Nous n'avons encore rien constaté en ce qui concerne la richesse saccharine des raisins dans les différents carrés. Par contre, le poids des sarments, pris après la chute des feuilles, est proportionnel à la quantité de récolte pour chacun des lots. » Conclusions. — De ces observations on peut tirer, pour les terrains calcaires des Charentes, les conclusions suivantes : » 1° Les engrais chimiques, appliqués à la culture de la Vigne, ne produisent pas d'effets immédiats ; on peut donc les répandre à une époque quelconque ; )) 1° Les engrais potassiques donnent, dans les terrains calcaires des Charentes, les meilleurs résultats; les engrais phosphatés viennent ensuite et, en dernier lieu, les engrais azotés; » 3° Le fumier de ferme s'y montre comme un engrais de premier ordre ; » 4° L'analyse chimique du sol ne donne pas d'indications suffisantes pour la nature des engrais à appliquer; une expérience poursuivie pendant plusieurs anuées est seule capable de guider le choix des viticulteurs. » SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1902. IO79 ÉCONOMIE RURALE. — Sur quelques Graminées exotiques employées à Calunentation (Ekusine, Paspale, Pénicillaire, Sorgho, Tef). Noie de M. lÎALLAND. « \-,''E le usine (Eleiisi/ie sliicta) est une Graminée de culture facile dont les graines servent à l'alimentation des Hindous, qui en font des galettes. Les graines sont rondes, brunes et très petites (38o dans is). La farine est obtenue à l'aide de petits moulins primitifs à la main. » Les graines de Paspale sont également consommées dans les Indes et surtout en Guinée. On en connaît plusieurs variétés {Paspalum frumentaceuni, P. longi- florum, P. scrobiculatiiin) qui se rapprochent, par leurs caractères botaniques et chimiques, des panics et des pénicillaires. Le poids des grains est très variable suivant les variétés (170 à 2000 dans 16). Les graines dépouillées de leur enveloppe extérieure et désignées en Guinée sous le nom de fonio ont l'aspect d'une semoule grossière; on les mange à défaut de riz. » Le millet à chandelle, petit-mil, Pénicillaire {Penicr'llariaspicata) appatliGnl à la tribu des Graminées-panicées. Il n'a d'importance que dans certaines régions de l'Afrique et dans l'Inde où il est employé aux mêmes usages alimentaires que le sorgho. On en connaît de nombreuses variétés qui portent des noms indigènes particuliers. Les grains affectent différentes formes ( longue, ovoïde, pyriforme, etc.), avec des nuances plus ou moins vertes. Leur poids moyen pour 1000 grains oscille entre 8^,20 et ios,8o. » Les analyses prouvent que la composition des pénicillaires du Congo, de la Guinée, des Indes, du Sénégal et de la Tunisie ne diffère pas sensiblement de celle des millets que nous avons examinés antérieurement (Comptes rendus, 1898) » Le Sofglio {flolcus sorgluiiii) jjaraît originaire de l'Afrique équatoriale avec trans- mission préhistorique en Egypte, dans l'Inde et finalement en Chine, oii la culture ne paraît pas très ancienne, car le premier Ouvrage qui en parle date du iv'^ siècle de notre ère (A. de Candolle). On utilise pour l'alimentation de nombreuses variétés de sorgho dont aucune n'a été trouvée à létat sauvage [Holcus saccliaratus, H. cernus, H. bicolor, H. niger, H. rubens, etc.). Toutes ces variétés se retrouvent notamment dans les plaines chaudes et sablonneuses de l'Afrique où le riz ne peut être cultivé. On mange les graines de sorgho crues, cuites à l'eau ou grillées; la farine sert à pré- parer des bouillies, des couscous et des galettes. » Les analyses effectuées sur 33 échantillons de nos colonies (Algérie et Tunisie, Congo, Dahomey, Guadeloupe, Guinée, Indes, Madagascar, Nouvelle-Calédonie, Sénégal et Soudan) montrent que le sorgho, désigné parfois improprement sous le nom de gros millet, se rapproche beaucoup des millets bien que ses caractères bota- niques le rattachent à une autre tribu des Graminées. Les écarts pour la cellulose tiennent à ce que les graines, dans certaines variétés, sont accompagnées de petites écailles qui se détachent difficilement. )o8o ACADÉMIE DES SCIENCES. » Le Tef paturin d'Abyssinie {Poa abyssinica) donne trois à quatre récoltes par an et produit à foison de toutes petites graines brunes ou blanches (il y a en après de 3ooo dans is) que les Abyssins apprécient beaucoup et avec lesquelles ils font Je tavieta, sorte de galette de luxe. Ils les mangent aussi, non moulues, à la façon du riz. D'après les analyses rapportées plus loin, le tef et l'éieusine présentent, à peu près, la même teneur en azote et en graisse que le seigle et, comme lui, ne donnent pas de gluten à la lévigation. Analyses de produits provenant de l'Exposition nniierselle de Paris de 1900. t'cispnliiin Eau Matières azotées. . . Id. gi'asses . . . Id. amylacées. Cellulose Cendres Poids moyen de 1000 grains. " — lem^tjlvriim. II ,20 Fonio dccortiqae. LIcusinc. i3,5o 1 1 ,3o 10, 5o i3,4o 12,00 9,20 6,76 6,75 •'>,99 8,99 7,00 8,4o 8,36 1 , i5 2,98 2,65 2,45 1,90 2 ,00 1,85 70.94 66,97 67,76 67,9' 76,60 76,55 75,49 4,35 8,85 9,5o 7, -5 o,4o 0.35 1,90 ,3,3o 3,>5 3,60 2,3ô 0,70 100,00 0,70 1 00 , 00 3,20 100,00 100,00 100,00 100,00 100,00 26,64 28,90 56,88 o«,57 » » 08,34 10,70 14,70 9,'o 12,18 2,25 3,85 62,71 72.77 1,35 6,5o 0,80 2,90 Penicillaria spivnta. /lolctis sorghum, iïlînimuiB. Maximum. Minimum. Maximum. Eau 11,00 i4,oo Matières azotées 8,78 16, 10 Id. grasses 2,35 6,25 Id. amylacées 66,07 7'. '7 Cellulose 1,35 3,85 Cendres 0,80 2,10 Poids moyen de 1000 grains 38,20 106,80 16,21 3e, 96 MÉTÉOROLOGIE. — Sur les crépuscules rouges observés à Athènes dans les mois cV octobre et de novembre 1902. Noie de M. D. Eginitis, présentée par M. Lœwy. » Le 25 octobre au soir, par un beau ciel, nous avons observé, pour la première fois, à Athènes, quelques minutes après le coucher du soleil, dans la partie occidentale du ciel, un crépuscule rouge, extraordinaireraent lumineux; le phénomène a attiré vivement l'attention d'un grand nombre de personnes. SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1902. 1081 )) La partie éclairée du ciel offrait, en général, une vive lumière rouge, mais elle était teintée aussi de rose assez intense et de bleu. Cette lumière colorée arrivait jusqu'à la hauteur de ^o" environ à partir de l'horizon et s'étendait du sud-ouest au nord-ouest. Elle n'avait pas de scintillation et avait l'éclat d'une magnifique lueur qui faisait croire à un grand incendie. » Le phénomène crépusculaire s'est affaibli peu à peu et a complètement cessé i''45" après le coucher du soleil. » Depuis, nous l'avons observé un grand nombre de fois, mais beaucoup plus faible, soit à cause de l'état nuageux du ciel, soit aussi parce qu'il s'est affaibli très vite. Il a été vu le 26 et le 29 octobre (par un ciel nuageux), le 2 novembre (ciel beau), le 3, le 5, le 6, le 28, le 24 (ciel beau ), le 26, le 27 et le 29 (ciel beau). Pendant les autres jours, le mauvais temps ne permettait pas, malheureusement, l'observation. » Les dernières observations, faites le 29 novembre, avec un beau temps, font croire que le phénomène se trouve probablement vers sa fin. » Quant à la cause de ce crépuscule extraordinaire, nous avons à remarquer que sa coïncidence, trois fois de suite, en i83i, i883 et 1902, avec les fameuses éruptions de la mer de Sicile, du Krakatoa et de la Martinique, semble venir à l'appui de l'hypothèse volcanique. » A 3 heures et demie l'Académie se forme en Comité secret. COMITE SECRET. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nornination d'un de ses Membres qui devra faire partie de la Commission de contrôle de la circu- lation monétaire au Ministère des Finances. M. TnoosT, qui représentait l'Académie des Sciences dans cette Com- mission et dont les pouvoirs étaient expirés, est réélu à l'unanimité. La séance est levée à 4 heures. G. D. G. R., 1902, 2" Semestre. (T. CXXXV, l\' 23. l/ll Io82 ACADÉMIE DES SCIENCES. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Ouvrages reçus dans la séance du 17 novembre 1902. (Suite.) Cours de Botanique : Anatomie; Physiologie; Classification; Applications agri- coles, industrielles, médicales; Morphologie expérimentale; Géographie botanique; Paléontologie ; Historique ; par MM. Gaston Bonnier, Membre de l'Institut, et Leclerc DU Sablon; à l'usage des Elèves des Universités, des Ecoles de Médecine et de Phar- macie, et des Écoles d'Agriculture. T. I, fasc. 2, 1" et 2" partie. Paris, Paul Dupont, 1901-1902; 2 fasc. in-S". (Hommage des auteurs.) Sur la loi des pressions dans les bouches à feu, par M. E. Valuer, Correspondant de l'Institut. Paris, Gauthier-Villars, s. d.; i fasc. in-8°. (Hommage de l'auteur.) Notice sur les Iravauxlscienlifiques de M. H. Andoyer. Paris, C. Naud, 1002- 1 fasc. in-4''. ' Société protectrice de la vie humaine sur la voie publique, pour aider à la répression de l'abus de la vitesse des automobiles, vélocipèdes et autres véhicules. (Circulaire.) Paris, Paul Dupont, 1902; 2 feuillets in-8°. Bas Universuni als Perpetuum Mobile, die Swer- und Wiederstandskraft sind die Ur- und triebenden Krafte seiner Bewegungen. jWandsbek, C. IBoberz, 1902. I fasc. in-S". (Transmis par les soins de l'Ambassade d'Allemagne.) Bericht der Senckenbergischen naturforschenden Gesellschaft in Frankfurt- am-Main, 1902. Francfort-sur-le-Mein, Knauer frères; i vol. in-S». Astronomisch-geodâtischen Arbeiten des k. und k. Militâr-geographischen Institutes in Wien; Bd. XVIII. Vienne, 1902; i vol. in-4='. Memorie délia Regia Accademia di Scienze, Lettere ed Arti in Modena; ser. 11, Vol. Xll; ser. III, Vol. III. Modène, 1902; 2 vol. in-4<". Mémoires de l'Université de la Nouvelle Russie; t. 89. Odessa, 1902; i vol. in-8°. (En langue russe.) Ouvrages reçus dans la séance du 2^ novembre 1902. Oii était l'embouchure du Jourdain à l'époque de Josué? par M. Ch. Clermont- Ganneau, Membre de l'Institut. {Annuaire de l'École pratique des Hautes Études, 1903, Section des Sciences historiques et philosophiques; p. 5-2 1.) Paris, Imprimerie nationale, 1902. (Hommage de l'auteur.) ^ La faune momifiée de l'ancienne Egypte, par le D^ Lortet, Correspondant de l'Institut, et M. C. Gaillard; i'= série. Lyon, Henri Georg, 1908; i vol. in-f". (Pré- senté par M. Chauveau. Hommage des auteurs.) Ministère des Travaux publics. Nivellement général de la France. Réseau fonda- SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1902. IoH3 mental. Répertoire graphique : Opérations effectuées pendant les campagnes de 1887, 'S^^ ^^ 1889. Nantes, Imprimerie du Commerce, igot ; i vol. in-4°. (Adressé par M. Ch. Lallemand.) Commission française des Glaciers. Rapport sur les variations des glaciers fran- çais de 1900 « 1901, présenté à la Commission française des Glaciers par M. W. KiLUN. Revue de Glaciologie, par M. Ch. Rabot. Mùcon, Prêtât frères, 1902; i fasc. in-8°. (Hommage de la Commission.) Table alphabétique des publications de l'Académie de Stanislas (1750-1900), rédigée par les soins de M. I. Favier, précédée de l'Histoire de l'Académie, par Chr. Pfister. Nancy, Berger-Levrault et C'", 1902; i vol. in-8°. Acide chlorophyllique. sa grande profusion et son râle dans la création : Réponse à la question posée par M. le Docteur Wurtz, l'illustre Doyen de la Faculté de Méde- cine de Paris, Membre de l'Institut. Académie des Sciences, par M. A. Guillemare. Brive, imp. Roche, 1902; i fasc. in-4°. Limites entre o Brazil e a Bolivia; relatorio apresentado ao Exm. Sr. Dr. Olyntho de Magalhaes, Ministro das Relacoes exteriores, pelo Dr. Lliz Cruls. Rio-Janeiro, 1902; i fasc. in-S". (Présenté par M. Lœwy.) Vorlesungen ïiber hydrodynamische Fernkràfte nach C.-A. Bjerknes' Théorie, von V. Bjerknes, Bd. II, mit 60 Figuren im Text und auf Tafeln. Leipzig, Johann Ambrosius Barth, 1902 ; i vol. in-4''. (Présenté par M. Poincaré. Hommage de l'auteur.) Unlersuchungen aus dem hygienischen Institut in Groningen. Versuch einer neuen Bakterienlehre, von D'' A. -P. Fokker. La Haye, H.-L. Sraits, 1902. Geological Survey of Canada. Geological map of the Dominion of Canada {Western Sheet, n" 783); Edition of 1901. i feuille grand in-f". Report on the total Solar éclipse of january 21-22, 1898, as observed at Jeur in Western India, by Kavasji Dadabhai Naegamvala, Director of the Observatory. (Publi- cations of the Maharaja Takhtasingji Observatory, Poona; Vol. I.) Bombay, 1902. (Offert par le Gouvernement de Bombay.) Bulletin mensuel de l'Observatoire central de Belgrade, Vol. I, année 1902, janvier-mai, par Milan Nedelkovitch. Belgrade, Imprimerie royale, 1902; 5 fasc. in-4''. (Présenté par M. Mascart.) Prace mateniatyczno-fîzyczne, t. XHI. Varsovie, 1902; i vol. in-4''. Annalen der k. k. Universitàts-Sternwarle in Wien, herausgegeb. v. Edmund Weiss ; Bd. XIV. XVII. Vienne, igoo, 1902; 2 vol. in-4°. Annuaire géologique et minéralogique de la Russie, rédigé par N. Krischtafo- wiTscn; Vol. V, livr. 6, 7. Novo-Alexandria, 1902; i fasc. in-4''. The S un' s spolted area, 1832-1900 : a statement of the mean daily area in each synodic rotation of the Sun, based upon data collected at the Solar physics Obser- vatory, South Kensington, under the direction of sir Norman Lockïer. Londres, 1902; I fasc. 10-4°. Censo de las estados de Tlaxcala y de Queretaro, del ano 1900. Mexico, 1902; 2 fasc. in-4°. lo84 ACADÉMIE DES SCIENCES. ERRATA. (Séance du 27 octobre 1902.) Note de M. Moissan, Synthèse des hydrosulfites alcalins et alcalino- terreux anhydres : Page 652, ligne i, au lieu de : un volume d'hydrogène sensiblement égal au volume d'acide sulfureux, lisez : un volume d'hydrogène sensiblement égal à la moitié du volume d'acide sulfureux. (Séance du 17 novembre 1902!) Note de M. Bailhache, Sur les oxalomolybdites : Page 865, ligne 4, au lieu de =[{CM.oOY ... , lisez — [{MoOy .. . (Séance du i" décembre 1902.) Note de M. H. Baubigny, Sur le dosage du manganèse : Page 965, ligne 3, au lieu de Hugh Marshall avait indiqué, lisez Hugh Marshall, à propos de l'emploi des persulfates, avait indiqué — W 23. TABLE DES ARTICLES. (Séance du » décembre 1902.) MËMOlllËS ET COMMUJVlCATlOrVS DES MEMBIIES ET DES COKKESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. Pages. M. Bouquet de la Grye, Président, annonce à rXcadémie les décès de MM. Dehérain et Uautefeuillc 1017 M. Bkrthelot. — Sur la transformation du diamant en carbone noir (charbon) pen- dant son oxydation, et sur les change- ments isomériques des corps simples pendant les décompositions et combinai- sons lOiS M. Paul Painlevk. — Sur l'irréductibilité de l'équation y"=6y--i-a; lonn Pages. M. Armand Gautier. — Sur la quantité d'hydrogène lijjre de l'air et la densité de l'azote atmosphérique 1023 M. E.-L. Bouvier. — Sur le développement des Péripatidés de l'Afrique australe io33 jM. a. Laveran. — Sur quelques Hémogré- garines des Ophidiens 006 M. EMILE Laurent. — De l'action interne du sulfate de cuivre dans la résistance de la pomme de terre au Phytopkthora in- festans i o.')0 MEMOIRES PRESENTES. M. Aug. Bertuier soumet au jugeuieut de rAcadémic une Note intitulée : « Photo- graphie électrolytique; nouveau procédé physique pour obtenir des images photo- graphiques » 0_|i MM. Chai'oïeaut et Girauu. — Ouverture d'un pli cacheté renfermant une Note « Snr la préparation du gaïacol et du créosol purs au moyen de la créosote de hêtre » l^l!^■i CORRESPONDANCE. M. le Secrétaire perpétuel signale un Ouvrage de MM. Retzius et Fur-it, deux brochures de M. Vandeuren lo.'i-i .MM. J. BiGOURDAN, G. Fayet et P. Salet. — Observations de la nouvelle comète Giacobini {d 1902), faites à l'Observa- toire de Paris io4 i M. G. Fayet. — Éléments provisoires de la comète Giacoi)ini (2 décembre 1902) lo'ii M. CoMBEBiAC. — Sur les propriétés du plan au point de vue de l'Ana/j'sis situs loV'i M. Martin Krause. — Sur une formule sommatoirc dans la théorie des fonctions à deux variables i"4 ' M. Pbieub. — Sur une chambre noire pour la photographie triclirome lo^S MM. André Brochet et C.-L. Barillet. — Sur les électrodes bipolaires à anode so- lublc in',(j M. V. Thomas. — Sur le chlorure thal- lique io5i M. Ph. Barbier. — Sur le métaphosphate uianganique violet de Ginelin io.'J4 M. Léon Brunel. — Dérivés d'addition du cyclohexène io55 M. Emilien GniMAL. — Sur un dichlor- hydi'ate et un dibruuihydiate de cadinèue, et un cadinéne régénéré dextrogyres . . . . 1037 MM. P. Genvuesse et G. Lanqlois. — Sur l'essence de vétyver J0J9 M. Frédéric Houssay. — Sur la mue, l'excré- tion et la variation du rein chez des Poules carnivores de seconde génération 1061 M. Jean Friedel. — Formation de la chlo- rophylle, dans l'air raréfié et dans l'oxy- gène raréfié io63 M. B. Renault. — Sur quelques nouveaux Infusoires fossiles 1064 M. E. Marchal. — De l'immunisation de la Laitue contre le Afeunier 1067 .\l. A. Lacroix. — Quelques observations minéralogiques faites sur les produits de l'incendie de Saint-Pierre (Martinique).. 106.S M. E.-F. Gautier. — Sur les terrains paléo- zo'iques de l'Oued Saoura et du Gourara. 1071 M. E. Rabaté. — Sur l'appréciation écono- mique des améliorations culturales 1074 MM. i.-M. GuiLLON et G. Gouirand. — Sur l'application des engrais chimiques à la culture de la Vigne dans les terrains cal- caires des Charentes lOyO M. Balland. — Sur quelques Graminées N° 23. SUITE DE LA TABLE DES ARTICLES. Pages, exotiques employées à l'ïilimentalioii (Eleusine, Paspale, Pénicillaire, Sorgho, Tef) 107;, Pages. M. D. EoixiTls. — Sur les crépuscules rouges observés à .\lhènes dans les mois d'oc- tobre et de novembre 1905 1080 COMITE SECRET. M. Troost est réélu membre de la Commis- I taire au Ministère des Finances ... • 1081 sion de contrôle de la circulation moné- I Bulletin bibliogrvpiiiquiî xd^i Errata '084 GAUTHIER-VILIiARS, Imprimeur-Éditeur QUAI DES GRANDS-AUGUSTINS, 55, A PARIS (G"). COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, PUBLIÉS PAR LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. Par décision de l'Académie des Sciences, les prix de l'abonneiTient et des collections sont désormais fixés ainsi qu'il suit : PRIX DE L'ABONNEMENT : Paris 30 fr. | Dki-artements 40 l'r. | Étranger.. 44 fr. Cliaque année, sauf 1845, 1878 à 1892, 1896 à 1898, se vend séparément 25 fr. Chaque volume, sauf les Tomes 23, 1\, 76 à 108, 110, 11'2, 114, 115, ni à 127, «e vend sépa- rément 15 fr . TABLES GÉNÉRALES. TABLE GÉNÉRALE des Tomes là 31 (iS3J-iS5o) 25 fr. — Tomes 32 à 61 (i85i-i865) 25 fr. — Tomes 62 à 91 (1866-.880) 25 fr. Tomes 92 à 121 (1881-1895) 25 fr. Ch.iquo Volume dos Tables générales comprend une Table par ordre alphabélique d'auteurs ot une Table par matières très dc^tailléc. PARIS. — IMPRIMKRIE GAUTHIE R - V IL L AR S, Quai des Grands-Augustins, 55. Le Gérant: Gauthier- Villars. SECOND SEMESTRE. l>0^Ol. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. TOME CXXXV. N^ 24 (15 Décembre 1902). " PARIS, GAUÏHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBKAIRE DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'AG.^DÈVHR DES SCIENCES, Quai des Grands-Auguslins, 55, i902 RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875 Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie se composent des extraits des travaux de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes présentés par des savants étrangers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. 26 numéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. Article ^•^ — Impression des travaux de l'Académie. Les extraits des Mémoires présentés par un Membre ou par un associé étranger de l'Académie comprennent au plus 6 pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o pages par année. Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans le Compte rendu àQ la semaine que si elle a été remise le jour même de la séance. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par les Correspondants de l'Académie comprennent au plus 4 pages par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de Sa pages par année. Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis- cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca- démie ; cependant, si les Membres qui y ont pris part désirent qu'il, en soit fait mention, ils doivent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les re- mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion. Les Programmes des prix proposés par l'Académie sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap- •1 ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'a que l'Académie l'aura décidé. Les Notices ou Discours prononcés en séance blique ne font pas partie des Comptes rendus. Article 2. — Impression des travaux des Savants étrangers à l'Académie. Les Mémoires lus ou présentés par des personr qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Ac demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un r sumé qui ne dépasse pas 3 pages. Les Membres qui présentent ces Mémoires so tenus de les réduire au nombre de pages requis. ' Membre qui fait la présentation est toujours nomm mais les Secrétaires ont le droit de réduire cetExtr autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le fo pour les articles ordinaires de la correspondance of cielle de l'Académie. Article 3. Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à temp le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compte rem, actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu su . vaut et mis à la fin du cahier. Article 4. — Planches et tirage à part. Les Comptes rendus ne contiennent ni planches, figures. Dans le cas exceptionnel on des figures seraier autorisées, l'espace occupé par ces figures compter pour l'étendue réglementaire. Le tirage à part des articles est aux frais des au teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports c les Instructions demandés par le Gouvernement. Article 5. Tous les six mois, la Commission administrative fai un Rapport sur la situation des Comptes rendus aprèi l'impression de chaque volume. Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré sent Règlement. déî"efa^Secma^Ta^L^ht't?^H'"i'^' ^.*""°' "*'' P""^**"''^ >«"" *'''"°'"^ P" """ '«^ Secrétaires perpétuels sont priés de 1., déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5'. Autrement la présentation sera remise à la séance suivant. ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI io DÉCEMBRE 1902, PRÉSIDENCE DE M. BOUQUET DE LA GRYE. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le MixisTRE DE l'Instruction publique adresse une ampliation du Décret par lequel le Président de la République approuve l'élection que l'Académie a faite de M. Deslandres pour remplir, dans la Section d'Astro- nomie, la place laissée vacante par le décès de M. Faye. Il est donné lecture de ce Décret. Sur l'invitation de M. le Président, M. Deslandres prend place parmi ses Confrères. GÉOLOGIE. — Sur la présence de l'argon, de l'oxyde de carbone et des car- bures d'hydrogène dans les gaz des fumerolles du Mont Pelé à la Marli- nique. Note de M. Henri Moissan. « M. Lacroix ayant eu l'obligeance de nous remettre des échantillons de gaz des fumerolles du Mont Pelé, nous en avons fait une analyse aussi complète que possible. » Ces gaz avaient été recueillis avec beaucoup de soin dans une fume- rolle de la rivière Blanche après la terrible éruption du 8 mai 1902 et avant l'éruption du 3o août de la même année. Cette fumerolle laissait échapper d'abondantes émanations à température élevée. M. Lacroix nous a rapporté que des fragments de plomb placés à l'entrée de cette fumerolle fondaient avec rapidité, tandis que le zinc restait à l'état solide. Nous pou- vons donc évaluer à environ 4oo° la température de celte fumerolle à son C. R., 1902, 2- Semestre. (T. C.WXV, ^° 24.) M- Io86 ACADÉMIE DES SCIENCES. point d'émergence dans l'air. Le gaz était recueilli grâce à une aspiration déterminée par un écoulement d'eau, et au moyen d'un tube de porcelaine qui plongeait au milieu de la fumerolle. Les gaz étaient noyés dans une grande quantité de vapeur d'eau, et, sur les bords de l'ouverture de la fumerolle qui s'était produite au milieu ti'un conglomérat, se trouvaient en abondance du soufre et du chlorhydrate d'ammoniaque. » Lorsque les flacons ont été remplis, on les a fermés rapidement au moyen d'un bouchon de verre très bien rodé enduit de cire blanche, procédé commode indiqué par M. Berthelot pour la conservation des gaz. M. Lacroix avait eu soin de couler de la cire liquide dans l'espace annu- laire du goulot et de recouvrir le tout d'un mastic fondu qui en se solidi- fiant devenait très résistant. » Les flacons ont été ouverts sur la cuve à mercure avec facilité et se sont r( mplis à moitié ou au tiers par suite de la diminution de pression provenant de la condensation d'un grand excès de vapeur d'eau. Les quatre échantillons d'un litre que nous avons étudiés se sont conduits de même, et, par suite de cette forte diminution de pression, nous pouvons être à peu près certains de la bonne fermeture de ces flacons. » L'analyse qualitative de ces gaz nous a démontré qu'ils renfermaient de la vapeur d'eau, des traces de vapeur de soufre, une très petite quantité d'acide chlorhydrique, des gaz absorbables par la potasse sans hydrogène sulfuré et formés surtout d'acide carbonique, de l'oxygène, de l'azote, de l'argon et enfin des gaz combustibles ne contenant pas d'acétylène, mais riches en oxyde de carbone, en hydrogène et en méthane. » Les quatre échantillons de gaz nous ont fourni les chiffres suivants : 1. î. •(. 4. Gaz absorbable par KUl! . . . 16,80 Oxygène 1 1,60 Azote et argon ÔQi^o Gaz combustibles 1 1 ,60 » Ces quatre échantillons renferment des gaz combustibles en quantité assez notable. Si l'on fait une étude plus approfondie de ce mélange, après l'avoir traité par la potasse |)our absorber l'acide carbonique, puis parle phosphore à froid pour absorber l'oxygène, il est facile de démontrer, au moyen d'une goutte de sous-chlorure de cuivre ammoniacal, qu'il ne con- tient pas trace d'acétylène. M. Fouqué a déjà mentionné que, dans les éruptions des volcans de Santorin, les gaz dégagés ne renfermaient pas d'acétylène. i3,58 16,42 i5,38 11,11 12, i4 13,67 64,10 60, 53 55,65 1 1 ,00 lu, 64 i5,3o SÉANCE DU 1,5 DÉCEMBRE 1902. 1087 » Ces gaz ne contiennent pas non plus de carbures éthyléniques, car, traités par le brome avec précaution, au moyen du procédé de M. Ber- thelot, le volume n'a pas diminué. Il en a été de même en présence de l'acide sulfurique concentré. Enfin, la quantité d'acide carbonique fournie par la combustion dans l'eudiomètre en jjrésence d'oxygène était, par exemple, dans une de nos analyses, de 0,2 et l'oxygène brûlé 0,8, ce qui nous indique que le méthane était accompagné d'hydrogène. » Ces gaz combustibles renferment aussi de l'oxyde de carbone, dont nous avons démontré nettement la présence grâce à l'action exercée par ce composé sur l'hémoglobine. » Une solution étendue de sang, agitée en effet avec un échantillon de gaz, a donné des bandes caractéristiques et n'a pas fourni la bande de Stockes par l'addition, d'une petite quantité de sulfhydrate d'ammoniaque. L'oxyde de carbone a été dosé au moyen du sous-chlorure de cuivre en solution chlorhvdrique après séparation des gaz absorbables par la potasse et après séparation de l'oxygène. )) Nous avons rencontré dans cet échantillon de gaz une quantité d'ar- gon de o'"^\'ii pour 100 et, après la séparation de cet argon, qui ne ren- fermait pas d'hydrogène, d'après son analyse eudiométrique, nous en avons fait un tube de Plucker, qui nous a donné le spectre caractéristique de ce corps simple. Celte teneur, élevée par rapport à la quantité d'oxygène ou d'azote qui se trouve dans ce gaz, éloigne complètement l'idée d'une absorption accidentelle d'air au moment de la prise d'échantillon. Ce résidu gazeux ne nous a pas fourni le ; -jectre de l'hélium. » D'après ces anaivses nous pouvons établir, de la façon suivante, la composition de l'échantillon de gaz n° 4 : Enu gaz saturé Acide cliloriiydrique traces Vapeur de soufre traces Hydrogène sulfuré néant Acide carbonique 1 5 , 38 Oxygène '3,67 Azote 54,94 Argon 0,71 Acétylène ■ • néant Éthylène néant Oxyde de carbone i ,6û Méthane 5,46 Hydrogène 8,12 Io88 ACADÉMIE DES SCIENCES. » En résumé, les émanations gazeuses recueillies dans les fumerolles (lu volcan du Mont Pelé renferment, à côté des gaz que l'on a mentionnés déjà dans d'autres éruptions volcaniques ('), une quantité notable de gaz combustibles, hydrogène, oxyde de carbone et méthane, et de plus une certaine quantité d'argon. La teneur élevée de ces gaz en oxyde de car- bone les rend très toxiques. Il n'est que trop certain que cet oxyde de carbone a dû faire un grand nombre de victimes lorsque les éruptions gazeuses du Mont Pelé ont été entraînées à la surface du sol. » MÉCANIQUE. — Sur la stabilité de V équilibre et les variables sans inertie . Note de M. P. Duiiem. « Dans une précédente Communication (*) nous nous sommesproposé de démontrer, dans une certaine mesure, la réciproque du théorème de Lejeune-Dirichlet sur la stabilité de l'équilibre, en admettant que le système étudié soit affecté de viscosité. Mais notre démonstration suppose une restriction implicite : nous avons admis que l'expression de la force vive contenait les dérivées par rapport au temps de toutes les variables qui déterminent l'état du système et qui figurent dans l'énergie utilisable. » Il en est sûrement ainsi dans la Mécanique classique, oîi toute variable sert à fixer la figure ou la position de quelqu'une des masses qui composent le système. Mais il n'en est plus de même dans le domaine de la Mécanique générale fondée sur la Thermodynamique; ici, la définition d'une variable qui sert à fixer l'état du système peut fort bien être indé- pendante de la position et de la configuration du système; alors, la dérivée par rapport au temps de cette variable ne figure pas dans l'expression de la force vive, et il en est de même de la variable; on a affaire à une variable sans inertie; l'action d'inertie rehtive à cette variable est identi- quement nulle. » Par exemple, dans une foule de questions de Mécanique chimique, on étudie les changements de densité et de composition des divers éléments de volume qui composent le systèmî en faisant complètement abstraction de la position de ces divers éléments, soit dans l'espace, soit (') FouQUÉ, Saiitorin et ses éruptions. Masson. Paris, 1879. (^) Sur les conditions nécessaires pour la stabilité de l'équilibre d'un système visqueux {Comptes rendus, t. C\XXV, p. 989, séance du 1" décembre 1902). SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 1902. 1089 les uns par rapport aux autres; toutes les variables qui définissent le système sont alors des variables sans inertie. » Si une variable sans inertie était en môme temps sans viscosité, celle des équations d'équilibre qui correspond à cette variable serait à chaque instant vérifiée, ce qui permettrait d'éliminer cette variable des équations du mouvement; ce cas peut donc êtie omis ; dans ce qui va suivre, nous supposerons que toute variable sans inertie est affectée de viscosité. » L'exemple, tiré de la Mécanique chimique, que nous avons mentionné tout à l'heure conduirait à étudier le mou^'ement d'un système défini par des variables qui sont toutes sans inertie et affectées de viscosité; ce problème est ce que nous nommerons le cas de la Mécanique chimique. On peut définir un problème plus général, qui réunit le cas de la Mécanique chimique et le cas de la Mécanique classique; dans ce dernier problème, rélal du système est défini par des variables à inertie dénuées de viscosité et par des variables sans inertie douées de viscosité; en outre, l'énergie utilisable est la somme d'une fonction des premières variables et d' une fonction des secondes. M L'étude du mouvement d'un tel système se scinde en deux autres : les variations dans le temps des variables à inertie dépendent d'équations dif- férentielles du second ordre qui sont celles de la Dynamique classique; les variations des variables sans inertie dépendent d'équations du premier ordre; pour ce qui va suivre, il n'est pas utile de faire cette scission. » La force vive est une forme définie positive des vitesses relatives aux variables à inertie; la fonction dissipative est une forme définie positive des vitesses relatives aux variables sans inertie. » On peut choisir les variables à insrtis ?,, l,, . . ., E,„ et les variables sans inertie r,, , r.^, . . ., r;„ de telle sor te : )) 1° Que l'état d'équilibre corresponde à;, = 0, . . ., S,„ = g, Oi = 0, . . ., •»)«= o; » 2° Que l'on ait (,' ), en cet état, £2 = o ; » 3° Que l'on ait Les équations du mouvement sont alors, pour les variables i, de la (') Nous conservons les notations de notre Note Sur tes con litioni nécessaires pour ta slabilUé de l'équilibre des systèmes visqueux. lOQO ■ ACADEMIE DES SCIENCES. forme (t) s/,^-f-^; = o -+-..., et, pour les variables -n, de la forme (2) 2^^r„_,-|--/;;=0 4-. . .. » Cela posé, je dis que, pour peu rju un seul des coefficients S^, ...,S„,. 1,, . . ., T,, soil négatif, l'équilibre est instable. » Considérons l'expression (3) v=2(v-s.^p-i;-.v la première N s'étendant à tous les indices^ pour lesquels S^ est négatif, la seconde à tous les indices q pour lesquels r;,^ est négatif. Nous aurons ou bien, en vertu de (i) et (2), (4) S=-42;s,y>42;^^:+---- r 7 Nous aurons ensuite dt ^T = -42s,(e; + e,;;) + 82-^X+---' V ou bien, selon (i) et (2), (5) y=42(s;^;-M;)— 62-: %• » La partie explicitement écrite de —r— est essentiellement positive; la démonstration du théorème énoncé s'achève comme en notre précédente Note. » Ce théorème renferme comme cas particulier la proposition de M. Liapounoff et de M. Hadamard, dont la démonstration est ainsi rendue très simple. » On pourrait chercher par la méthode classique des petits mouvements SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 1902. I091 les conditions nécessaires pour qu'un système visqueux soit en équilibre stable; cette méthode, d'ailleurs illégitime en principe, redonnerait préci- sément les résultats énoncés dans cette Noie et dans la précédente. » PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Expériences sur la durée du pouvoir germinatif des graines conservées dans le vide. INole de M. Emile Laurejjt. « Divers auteurs, M. Muntz ('), MM. Van Tieghem et Bonnier (-), M. V. Jodin (^) et M. L. Maquenne (') ont étudié la durée du pouvoir germinatif des graines conservées en vases clos ou dans le vide. Ces deux derniers auteurs, après M. Muntz, ont insisté avec raison sur la faible production d'anhydride carbonique par les graines suffisamment dessé- chées et sur la conservation de la vie chez les semences ainsi traitées. » L'eau contenue dans les graines est-elle le seul facteur qui agisse sur leur vitalité? Ne convient-il pas d'attribuer, ce qui a été pressenti depuis longtemps, un rôle actif à l'oxygène? » Les expériences dont je présente aujourd'hui les résultats ont été entreprises en septembre 1894 dans le but de répondre à cette dernière question. Elles portaient siu- vingt-sept espèces et variétés appartenant à des familles diverses et dont les graines furent introduites dans des ampoules de verre, à l'intérieur desquelles on fit le vide avec soin au moyen de la trompe à mercure. » Voici les espèces soumises à ces essais avec l'indication de l'année de la récolte des semences : » Froment {Trilicum vulgare), 1894. Seigle {Secate céréale), 1894. Orge à six rangs [Hordeum hexastichon), 1894. Avoine {A^'cna saliva), 1894. Maïs {Zea Mais), 1893. Poireau (Alliiiin Ampeloprasuin var. Porruin), 1892. Betterave à sucre {Bêla vttlgaris), 189^. Sarrasin argenté {Fagopyruin esc u le ni 11 m), iSg'i. Épinard {Spinaeia oleracea), 1893. Spergule (Spergula arvensis), 1898. Pavot {Papaver soinniferum), 1894. Cameline (C«we/««a ia Un essai sur la conservation du pouvoir germinatif dans le vide a été fait en août iSgS avec des graines de Coffea arabica, si sensibles à l'action de l'air. J'en avais reçu 223 de M. Delpino, Directeur du Jardin botanique de Naples; aS furent aussitôt semées en terre et germèrent sans exception. De deux lots de 100 graines, l'un fut maintenu dans des tubes à essais bou- chés avec du coton ; l'autre fut mis dans quatre tubes où l'on fit ensuite le vide avec soin. » Après quatre mois de conservation, toutes les graines soustraites à l'air ont germé, tandis que les autres étaient mortes. » M. le Général Bassot présente à l'Académie, au nom du Bureau des \^ong\\.uàes, y Annuaire pour l'an 1908 : « Dans ce Volume, le Tableau des monnaies étrangères a été complété par l'introduction de celles en usage au Pérou et dans l'Indo-Chine, les ren- seignements géographiques et statistiques contiennent les données fournies par le recensement de 1901, les éléments magnétiques ont été ramenés au i" janvier 1908. » Parmi les Notices, il y a lieu de signaler celle de M. Radau sur les étoiles filantes et les comètes, ainsi que celle de M. Janssen sur les travaux exécutés à l'observatoire du sommet du mont Blanc. )) Une réforme importante sera introduite dans la publication de VAn nuairedu Bureau des Longitudes à partir de 1904. Nous croyons nécessaire de l'annoncer et de la justifier : » h' Annuaire a pris un tel développement dansées dernières années par l'introduc- tion de renseignements nouveaux qu'il ne paraît plus possible d'augmenter l'Ouvrage, dont le nombre de pages dépasse aujourd'hui le chiffre de 800, sans en rendre le ma- niement incommode et surtout sans entraîner des frais que le Bureau ne peut sup- porter. » D'autre part, on ne peut songera s'interdire de nouveaux progrès. Pourrait-on, pour faire aux données nouvelles la place qu'elles réclament, pratiquer de larges suppressions? On l'a tenté, quoiqu'à regret, mais non sans soulever de nombreuses réclamations, de sorte que, loin de pouvoir songer à des réductions nouvelles, nous devons plutôt chercher à rétablir ce que nous avions été forcés de supprimer. » En présence de cette silLialion, le Bureau des Longitudes a dû adopter une SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE I902. log^ solution qui paraît devoir concilier tous les intérêts. Parmi les renseignements qu'il publie, les uns ont un caractère variable et doivent nécessairement être réimprimés chaque année; les autres ont, au contraire, un caractère permanent, et il n'y aurait aucun inconvénient à ne les insérer que tous les 1 ans. » Le principe du roulement une fois admis, il restait à en régler l'application : le Bureau a cherchera s'inspirer de l'intérêt du lecteur et à conserver le plus possible au recueil son ancien caractère. Il a voulu d'abord que le lecteur fût certain de trouver le renseignement qu'il cherche, pourvu qu'il eût sous la main deux Annuaires consécutifs, et ensuite qu'il ne pût jamais hésiter pour savoir quel est celui des deux Volumes qu'il doit consulter. » Pour cela, il fallait que le roulement fût régulier et que la loi en fût simple et facile à énoncer. Toutes les considérations de détail devaient céder devant cette nécessité. » La nature des données facilitait d'ailleurs cette répartition. » L'Annuaire (en laissant toujours de côté les Notices) se divise en trois Parties. Partie astronomique. Partie physique. Partie géographique et statistique. » La première est la seule qui contienne des données d'un caractère rapidement variable; d'un autre côté, c'est la plus importante, et elle doit conserver chaque année dans l'Annuaire la place qu'elle occupait jusqu'ici. Elle comprendra 212 pages de renseignements qui seront réimprimés chaque année, soit à cause de leur impor- tance, soit à cause de leur caractère variable, et 118 pages de Tableaux soumis à un roulement bisannuel. Ainsi la Partie astronomique sera chaque année de 33o pages environ comme par le passé, et cependant le lecteur, en consultant deux Annuaires consécutifs, disposera de 448 pages de renseignements distincts. » Pour les deux autres Parties, le Bureau a décidé de les faire alterner en impri- mant la Partie physique (constantes physiques et chimiques) les années paires, et la Partie statistique (géographie, statistique, poids et mesures, monnaies, amortissement, mortalité, etc.) les années impaires. Cette loi étant simple et facile à retenir, le lec- leur saura toujours, sans hésitation, quel est le Volume qu'il doit ouvrir. » Grâce à ce roulement, ces deux Parties pourront être considérablement dévelop- pées et portées de i56 ou 172 pages à 280 ou 3oo. Ainsi, sans que le Volume annuel ait augmenté, le lecteur disposera de 1028 pages de renseignements au lieu de 656. M En résumé : » 1° A partir de X Annuaire de 1904 inclusivement, les renseignements fournis par l' « Annuaire du Bureau des Longitudes » seront publiés, les uns tous les ans, les autres tous les deux ans, de telle sorte qu'un lecteur possé- dant deux Volumes consécutifs soit certain d'y trouver le renseignement qu'il cherche. » 2° Chaque Annuaire contiendra environ 33o pages de données astro- nomiques qui seront publiées, les unes tous les ans, les autres tous les deux ans. 1096 ACADÉMIE DES SCIENCES. » 3° Les données physiques seront imprimées dans les Annuaires de millé- sime pair. » l\° Les données statistiques et géographiques seront imprimées dans les Annuaires de millésime impair. » MEMOIRES PRESENTES. M. Délai RiER adresse une Note ayant pour titre : « Recherches sur la navigation aérienne ». (Renvoi à la Commission d'Aéronautique.) MM. B. Brumies et P. David soumettent au jugement de l'Académie un Mémoire intitulé : « Etude des anomalies du champ magaétique ter- restre sur le Puy de Dôme » . (Commissaires : MM. Bouquet de la Grye, Mascart.) M. GiROD adresse un Mémoire «c Sur une méthode de transposition en musique ». (Commissaires : MM. Mascart, Lippmann.) CORRESPONDANCE. M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance : i" Un Ouvrage, en trois Volumes, ayant pour titre : « La Mécanique à l'Exposition de 1900 ». (Présenté par M. Hatoii de la Goupillière.) 2" Les Cahiers 16 et 17 du Service géographique de l'armée intitulés : « Matériaux d'étude topologique pour l'Algérie et la Tunisie (3® série) et Rapport sur les travaux exécutés en 1901 ». (Présentés par M. le général Bassot.) SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 1902. IO97 MÉCANIQUE CÉLESTE. — Perturbations iiidépendanles de l'excentricité. Note de M. Jean Mascart, présentée par M. Lœwy. « Nous avons montré, précédemment ('), sous quelle forme se pré- sentent les perturbations des petites planètes par Jupiter, lorsqu'on effectue des approximations successives dans les équations différentielles des coor- tlonnées elles-mêmes. Alors, si a et r sont le demi-grand axe et la distance au Soleil de la planète, il est commode d'introduire dans les équations la quantité p, définie par la relation p = — "— > et d'étudier la quantité p, définie en fonction de 0, élongation de la planète troublée par rapport à Jupiter, planète troublante. La quantité p eslde l'ordre de l'excentricité de l'orbite, et le calcul de p — p- + p', en se bornant aux termes du troisième degré par rapport à l'excentricité, permet d'obtenir la courbe décrite par la planète dans un système d'axes mobiles dont l'origine décrit uniformé- ment un cercle de rayon a. » La connaissance de ces courbes est du plus baut intérêt pour la nature des perturbations ; ici nous allons nous borner à indiquer les valeurs numériques des premiers termes «=■21 p — p--h ?' = _^ M,;cos/iO, qui ont été calculés, à 6 chiffres, pour cinquante-trois valeurs réparties tout le long de l'anneau. Ces perturbations sont celles qui sont indépendantes de l'excentricité, ou valables principalement pour une très faible valeur de l'excentricité. )) Nous n'insisterons pas davantage pour le moment : nous donnons seu- lement les huit premiers coefficients, et l'on peut voir combien ils varient peu, près de Jupiter, et d'une façon très rapide sitôt que l'on a dépassé la grande lacune de commensurabilité 2. Ainsi, pour a = 4,2, on a M„ = — 0,004 et la valeur de M,» est encore sensible, 0,000 oo5, tandis que pour a = 2,11 on a M^ = 0,001, mais déjà M5 = 0,000001. Ces coef- ficients permettent d'indiquer les perturbations par les courbes décrites (') Comptes rendus, 17 février 190a logS ACADEMIE DES SCIENCES. K. n. 10» M„. io«M,. loOJl,. iu« Mj. 106 Mi. loMIs. !..« Mj. io« .M,. lo'M,. 1 1 : 3 = 3,667... 4,206 —3912 — 4ii5 — 8689 13838 17415 2839 2743 2984 — 1057, 6 2 = 3 ,.5oo.. . 4,i56 —4666 —3817 — 8537 15788 12532 '994 1824 2370 — 325,4 lo : 3 = 3,333... 4,100 -4524 — 2910 — 8o32 '9/59 5896 1266 806,6 :68i -t- 180,6 i3: 4 =3,230.. . 4,070 —3575 — 2639 - 77<8 23993 48i8 853,7 110,6 .548 + 25o,i 3 • 3,969 biscoDlinuité. 10' H,. 1 1 ■ 4 = 2,-50... 3,845 —47^9 -2iS5 — 7o3o 12220 1496 799,5 32,49 92,20 — 65ii6 8 3 = 2,667... . 3,802 -4397 —1967 — 7062 8062 '494 125,4 188,61 "2,97 - 29884 i3 5 = 2,600.. . . 3,763 -4340 — 1690 -7124 5996 997," '48,2 212,09 112,09 — .5626 0 2 = 2,500.. . 3,700 — 4i36 — 1612 - 7335 4062 716,4 '46,3 189,69 98,34 — 4308 ] 2 5 = 2,400.. . 3,63i -3872 — 1 129 — 7805 2816 742,9 126,6 165,76 80,35 -h 2069 _ 3 = 2,333... 3,58i —3671 — i3i5 — 8352 2223 424,4 109,6 143, 3i 68,56 + 4203 9 • 4 = 2,200... 3,5i5 -3339 — 1181 - 95;'! 2166 282,4 71,64 111,47 53,93 + 5o36 Il : 5 = 2,200.. . 3,4,2 -317S — iit3 — 10878 ■393 i85,5 71,86 102,62 49>'4 + 6843 i3: 6 = 2,167... 3,442 — 3oo5 — 1066 — 12222 I23l 1 o5 , 3 61,81 94,56 45,16 + 7602 i5 : 7 = 2, .42... 3,420 -284l — io4o — 13693 ,i34 26,1 3 52, >9 89,53 43,12 + 8392 2 . 3,276 Di:iContinutlé. 10' M«. 10» Ms. 10' M,. loSM,. 10' '-Mj. l'j '. 9=1,889... 3,i46 — 2225 — 63i,3 + 12391 475,7 — ii5o6 '5444 17683 5821 — 3706000 i5 : 8=1,875... 3,129 — 2382 -621,4 -1- 8592 447,0 — i63,2 22290 i58oo 6677 — 2553ooo i3; 7=1,858... 3, 106 -2394 — 6o3,9 -1- 7004 4'5,' -+- 2934,2 23759 i5332 6464 — 1970000 I ( '. 6=1,833... 3,075 -2372 — 579,6 -h 563o 376,3 + 4326,8 238ii i44i8 6068 — 1452000 9 • 5 = 1,800.. . 3,029 -23r3 - 544,6 -+■ 4273 327.4 + 5548,3 22542 12768 5359 — 97o5oo i6: 9 = 1,778... 2>997 —2266 — 5i8,q + 3609 297,6 -h 5617,1 21253 11659 4860 — 746800 ^ - 4 = 1 ,750.. . 2,956 — 2200 - 492,4 + 2959 264,0 + 5424,6 .9398 I06I8 4243 — 535900 19 : 11 = 1,728... . 2,922 —2143 — 669,1 + 2520 238,7 -t- 5l20,2 '7759 9070 3762 — 4'5200 12 . 7 = 1,714... 2,901 — 2100 - 455,9 -+- 23i5 225,2 -4- 5[53,5 16889 849' 3987 — 359000 in' 10=1 ,700.. . • 2,879 2073 - 44', 6 + 2106 211 ,0 -1- 4698,0 15910 7977 3222 — 303900 5 3 = 1,667... . 2,823 -1986 - 408,3 + 1698 180,6 -i- 4i,38,i i3634 6614 2627 — 205900 ■ 8 II = 1 ,637.. . • 2,771 — 1905 — 379,0 + i4oi '65,9 -T- 3627,7 11694 5473 2l54 — i43ïoo i3 8 = 1,625... • 2,701 — 1875 — 368,1 + i3o7 '47,4 -H 3441,8 ' '019 5i28 '99' — i25ooo ai i3 = 1 ,6i5.. . . 2,733 — i85i — 359,0 -1- I23o 140,4 -h 3286,4 io46i 4816 1988 — m 100 8 5= 1 ,600.. . 2,704 — 1807 - 344,4 + 1118 '29,9 -i- 3o45,i 9600 4352 i665 — 91540 19 12 = 1,583.. . 2,673 —1763 — 329,3 -H 1108 "9,3 -t- 2795,0 8724 3883 1470 — 74560 1 1 7 = 1,571.. . . 2,65o -1731 — 3i8,6 -i- 935,7 111,8 + 2623,1 8099 358 1 1342 — 63ooo i4 9= 1 ,555.. . . 2,618 — 1689 - 3o4,4 + 847,6 102,5 + 24.4,. 7363 3182 1182 — 52120 17 ji = 1,545.. . • 2,597 — 1661 - 295,4 + 795,6 97,08 + 2269,5 6905 2894 1067 — 45020 20 13 = 1,539... . 2,583 — 1643 - 289,3 + 761,5 93,28 + 2179,0 6601 2799 1099 _ 4'46o 23 i5 = 1 ,533.. . . 2,572 — 1629 - 285,1 + 737,1 90,56 + 2.14,3 638 1 2690 983,1 — 08690 3 2 = i,5oo.. . . 2,5oo — 1539 — 256,7 + 596,8 74,88 + 1724,2 5o8o 1935 733,1 - 24370 25 : 17 = i,47o-. . . 2,433 — i46o - 232,7 -4- 493,1 62, 3o -t- '421,1 4089 1598 592,2 — i585o 22 : i5 = 1,467.. . ■ 2,424 —449 — 229,6 + 480,6 60,78 + i383,6 4162 1543 533,6 — i5ooo 19 :i3 = i,46i... . 2,411 — 1436 — 225,3 + 464,6 58,83 + i335,4 3817 '472 507,2 - i383o j6 : 11 = 1,454-:.. • 2,395 — 1417 — 220,0 + 443,5 56,43 + 1271,8 3717 i382 472,6 — 12430 i3 : 9 = i-444..- . 2,370 — 1390 — 212,0 + 4>4,5 52,62 + ii83,i 333i 1257 445,2 — io65o 23 : 16=1,438... 2,353 — 1371 — 206,7 + 395,6 5o,25 + .124,3 3'47 1176 395,6 — 9506 10 : 7 = '>4'''9"- . 2,33i -■347 — 199,9 + 372,2 47,23 H- .o52"6 2920 1078 359,3 — 823i 17 : 12 = i,4i7-- • . 2 , 3oo — i3i5 — '91,0 -+- 342,9 43,57 + 96.,. 2637 956,7 3i5,o - 6767 : 5 = 1,400... . 2,206 —1270 - ■78,7 -H 3o5,2 38,17 -1- 842,6 2345 804,1 260,0 - 5098 18 : 53 = 1, 384... • 2,214 — 1229 — '67,7 + 273,1 34,53 + 74., 4 1970 680,7 216,1 - 3889 1 1 : 8=1,375... . 2,187 — 1203 — 160,9 + 254,5 32,08 + 6S4,o 1795 6io,8 192, 1 — 3246 i5 : 1 1 = 1,363. . . 2,i55 — II72 — i53,o + 233,1 29,38 H- 6.9,0 1025 535,5 '65,7 — 2634 '9 :i4 = i,35s... . 2, 136 — ii55 ■- 148,7 ■+■ 222,8 27,92 -t- 586,9 i5oi 463,9 l52,ù — 2319 23 : 17 = 1,302.. . . 2,123 — ■44 — 145,9 + 2i5,7 26,97 -1- .562,1 '437 47. ,2 .43.7 2l5l 3i : 23 = 1,347... . 2,inS — i i3o — 142,3 H- 207,3 25,85 -h 536,2 1287 442,5 '4o,7 - '943 SÉANCE DU 10 DECEMBRE 1902. IO99 autour de l'origine : près de Jupiter on a une courbe à G boucles; bientôt entre les deux grandes lacunes 3 et 2, une courbe à 4 boucles; bientôt après la lacune une courbe à 2 boucles, puis, assez loin, une courbe ellip- tique qui entoure l'origine. Ces transitions et les points d'inflexion possibles seront ultérieurement indiqués. )> En se reportant à nos précédentes notations, on reconnaît que le terme M„, indépendant de p, q et 9, s'introduit comme facteur de cos^ô + sin^9 et provient des formes suivantes : Spcos^ô + SysinXO, o/j- rjp- — oy" cos2^-0 -I- %p%q ûvi.ik^. La forme de %p et ^q indique assez que les termes M, à Mj, proviennent des mêmes formes et de celles-là seules. Si n et n' sont les moyens mouve- ments de la planète et de Jupiter, la première colonne de notre Tableau donne le rapport de commensurabilité — — — -, = k, et sa valeur numérique, la seconde la valeur correspondante de l'axe a. » Nous compléterons ailleurs par les termes moins essentiels, et nous montrerons l'importance relative de ces perturbations dont on peut ainsi suivre les variations d'un bord à l'autre de l'anneau. » ASTRONOMIE. — Observations de la comète Giacobini (1902 f/), faites à l' Observatoire de Besançon avec l'équatorial coudé. Note de M. P. Chofardet, présentée par m. Lœwy. Temps moyen Nombre Dates. de de 1902. Étoiles. Besançon. A en ai- A en ^. compar. Il m s m s , , Décembre 9 a i G. 20.27 — 0.11,89 — 4-47iO 9*6 9 a 16. 51.57 —0.11,87 — 5. 0,0 9:6 10 b 16. 0.12 —I. 8,84 — 0.87,8 12:9 II c 17. 9.21 -f- 1.39,00 - 4-40,9 12:9 Positions moyennes des étoiles de comparaison pour 1902,0. Ascension Kéduction Réduction droite au Distance polaire au Étoiles. Catalogue. moyenne. jour. moyenne. jour. Il m 9 s 0 . . . a Munich,, 182 1 7.15.86,89 -h4,4o 91. 1.26,8 -l-i3,5 b Munich,, 2482 7.16.10,62 +4,43 90.47.25,6 +18,8 c Muiiiclij, iSoG 7.12.56,35 -1-4,46 90.40.46,9 4-18,7 IIOO ACADEMIE DES SCIENCES. Positions apparentes de la comète. Ascension Dislance Dates. droite Log. fact. polaire Log. fact. 1902. apparente. parallaxe. apparente. parallaxe. Il m s o . ., Décembre 9 7.15.29,40 i,353 90.56.53,3 o,8i6„ 9 7.15.28,92 7,429 90.56.40,3 o,8i6„ 10 7.i5. 6,21 r,3o4 90-47. '16 o,8i5„ II 7.i4-4o,3i 7,4:8 90.36.19,7 o,8i4„ » La coniéle a l'aspect d'une petite nébuleuse, ronde, de 12'^ grandeur; son dia- mètre apparent est d'environ 45". » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur l'intégration d'une équation aux JénWes partielles du second ordre, du type hyperbolique, à plus de deux variables indépendantes. Note de M. R. d'Adhéhar, présentée par M. Emile Picard. « Soit r » 1. Il se pose ^fiur problèmes d'intégration suivant que les données, u et sa dérivée conormale ( ' ), sont portées par une variété à p dimension s intérieure ou extérieure à un cône i> (A„) ^('^-^o)' = (/-'(,)'• 1 M Nous les appellerons Pr. I et Pr. E. » M. Volterra a donné la solution (-) du Pr. E pour A-'' = F. » Généralisant la méthode du savant professeur de l'Université de Rome, M. Tedone a donné la solution ( ^) du Pr. E pour A-"'' = F, mais rien n'a été fait pour le Pr. E pour A^"^''' = F. » J'ai obtenu l'intégrale pour le Pr. E pour A'' = F, ou d'^u d-ii d-u d-ii „/ s (•) Comptes rendus, 11 février 1901. Note de l'auteur. C) Acta malhemalica, t. XVIII, iSgî- (') Annali di Mateniatica, série III, t. I, p. 19. Milan, 1S98. SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 1902. IIOI par un procédé assez nettement différent de celui de M. Volterra. » Je résume ici ma méthode. )) Pour obtenir uÇxg, jo, z^, /„), je considère le cône A" et le plan T" » La surface des données S est analogue, au point de vue de l'Analysis situs, à un cylindre à génératrices parallèles à l'axe O^. S est coupée par A suivant une courbe supérieure C" (variété à deux dimensions) et une courbe inférieure C; et par T suivant une courbe C. Soit (T) la por- tion de T intérieure à C; soient (A") et (A') les portions supérieure et inférieure de l'aire de A (variété à trois dimensions); soient (S") et (S') les portions supérieure et inférieure de l'aire de S; soient W" et W les volumes supérieur et inférieur (variétés à quatre dimensions). » On a, d'après la formule modifiée de Green ( ' ), ayant posé y"_ '■ — (< — '0) (') r- =y (x — XnY, V = ) I /■ \ ^^^: Av; ^,s5) <^^ v/is;, '^^ I -^ 1 i -udxdydz. >i Dèrivanl deux fois par rapport à /„. il -F dx dv dz — I - -jivF ■ ,1», ., /' I /{Pu d-u à''u\ j j j » Or, a, p, y, 0 étant les cosinus de la normale extérieure à S, puisque cos(N, t) = — 0, on a, dans la dernière intégrale, du .^ du du\ 1 du /■bin(N, 0\ dx ^ dy ^ dz ) rd (') Pour ceci et la notation -r^, voir ma Note citée. C. R., 1902, 2- Semestre. (T. CXXXV, N° 24.) I'14 II02 ACADÉMIE DES SCIENCES. V étant l'intersection avec T de la variété à deux dimensions, normale à C. Nous avons alors, dans le plan T, c'est-à-dire dans l'espace ordinaire, à appliquer \a formule classique de Green, et l'on voit que le second membre de (2) est : — 87r(x„, ,y„, =0, /o)- » J'ai supposé que l'on a, sur S, m = o, pour simplifier l'exposition. 1) 2. Il faut bien remarquer que les données qui figurent dans l'expres- sion de u (a'o, j'o, ^0' '0) ne sont pas toutes indépendantes. Ainsi, revenons au Problème extérieur pour A"'*; M. Volterra a montré l'existence d'une condition relative à tous les points du volume d'intégration. » J'établis l'existence d'une autre condition relative seulement à tous les points de la surface d'intégration. n Supposons que S soit un cylindre vertical, et que l'on uit F^o et M = o sur S et, en plus, que l'on donne, sur S, a étant l'angle polaire de la section droite T de S. » La condition de M. Volterra devient rj\..)d.^o. » Ma condition devient «•'0 COS - rt X = o (quel que soit h entre o et 27r) avec laprécédenle, en plus. » La présence de ces conditions, qui ont leurs analogues pour A^'', entraîne les plus grandes difficultés pour la discussion complète du Pro- blème extérieur. » J'aurai à y revenir comme sur certaines questions de convergence des intégrales à la frontière dans le Problème intérieur. On doit exclure cer- taines formes pour la surface portant les données. » SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE I902. I Io3 ÉLECTRICITÉ. — Procédé de séparation éleclrique de la partie métallique d'un minerai de sa gangue. Note de M. D. IVegreano, présentée par M. Lippmann. « I. L'expérience suivante m'a conduit à l'étude d'un procédé de sépa- ration de la partie métallique d'un minerai de sa gangue. )) On coupe dans une plaque métallique un disque central, et l'on réunit, à l'aide des fils métalliques, la plaque et le disque aux deux pôles d'une machine VVhimshurst. Si Ton projette ensuite sur le système, à l'aide d'un soufflet, un mélange pulvérulent de soufre et minium, de façon que le mélange traverse avec frottement les trous très fins d'un disque en bois, on constate que, si le soufre, par exemple, se dépose sur la plaque métallique, le minium sera déposé sur le disque central. Les colorations jaune du soufre et rouge du minium permettent d'observer facilement cette séparation. » La cause de cette séparation est l'électrisation différente du soufre et du minium et le dépôt de ces substances sur les parties métalliques élec- trisées en sens inverse par la machine. )) IL Des expériences analogues ont été faites avec des minerais métal- lifères réduits en poudre. Je donnerai quelques exemples : » Réduisant en poudre fine une roche siliceuse avec des imprégnations de mala- chite et d'oxydes de fer et de cuivre, on constate la séparation de la partie métal- lique de la gangue siliceuse. » Avec une roche quartzeuse contenant de lu limonite, on observe facilement d'un côté la gangue, de l'autre côté la limonite reconnaissable à sa couleur jaune brun. » Opérant sur un minerai de lignite avec riches imprégnations de pyrite, on peut, de même, séparer la lignite de la partie métallique. » IIL Ce procédé de séparation serait peut-être applicable à l'extraction de l'or de sa gangue. Je n'ai pas eu malheureusement à ma disposition des quantités suffisantes de sable aurifère pour essayer l'expérience. » THERMOCHIMIE. Sur le fluorure d'aluminium. Note de M. E. Baud. « T^es dérivés fluorés de l'aluminium ont été assez peu étudiés depuis Sainte-Claire Deville, ce qui doit être attribué sans doute aux difficultés de leur analyse. IIo4 ACADÉMIE DES SCIENCES. » Je me suis proposé d'apporter quelques nouvelles données relatives à ces corps, et principalement de déterminer la chaleur de formation du fluorure d'aluminium et de la cryolilhe ordinaire. » Fluorure d'aluminium hydraté. — En suivant le procédé indiqué par Sainte- Claire Deville, c'est-à-dire en dissolvant l'alumine dans l'acide fluorhvdrique ou dans l'acide fluosilicique et évaporant au bain-marie, je n'ai pu obtenir que du fluorure hydraté insoluble ou très incomplètement soluble. » Il en a été de même en concentrant la solution à froid, sous cloche, en présence d'anhydride phosphorique. » Mais, lorsqu'on ajoute à une solution concentrée et neutre d'alumine dans l'acide fluorhydrique deux fois son volume d'alcool absolu, il se précipite une masse gom- meuse d'abord très fluide, puis épaississant rapidement et prenant enfin, au bout de quelques minutes, une texture cristalline. » Ce produit séché sur plaque poreuse a pour composition Al'F^ 7H'0, et il est facilement soluble ( ' ). C'est le meilleur procédé pour avoir ce composé pur et soluble. Sa chaleur de dissolution dans l'eau vers -(-la" est égale à -f-S*-''. » La dissolution est acide au tournesol et neutre à l'hélianthine. On peut donc, au moyen de cet indicateur, doser l'acide fluorhydrique libre en présence du fluorure d'aluminium. Le fluorure hydraté insoluble dans l'eau a la même composition Al^'F^ 7H-O. Il est un peu soluble dans l'acide fluorhydrique à 19 pour 100. » Sa chaleur de dissolution dans cet acide est de -t-gC^'.SS, tandis que le fluorure soluble en se dissolvant dans le même acide dégage -t- g*^"', 88. La difl'érence -t- 1^21,00 correspond à la transformation du fluorure soluble en fluorure insoluble, due à une polymérisation ou une modification isomérique. >i Déshydratation du fluorure hydraté. — La stabilité de cet hydrate, soluble ou non, est comparable à celle du chlorure Al^Cl^, 12 H'^0. » Maintenu sous cloche en présence d'anhydride phosphorique, il est resté inaltéré. Je l'ai alors chaufTé au bain d'huile dans un courant d'hydrogène. )> Il ne se produit rien avant 100°; il se dégage environ /JH^O entre 110° et 120°, iIl-O entre i5o° et 170°, iH'O entre 210° et 25o°. » Ceci montre déjà que ces dilTérentes molécules d'eau ne sont pas fixées avec la même énergie et qu'il existe, par conséquent, plusieurs hydrates. » Le produit restant a pour composition Al-F^H^O ; il ne se décompose qu'au rouge vif. » Lorsqu'on le chauffe dans un courant d'hydrogène, il se sublime du fluorure anhydre très bien cristallisé; mais le rendement est très mauvais, car il y a dégage- ment d'acide fluorhydrique et formation d'un oxyfluorure. » Ce fluorure anhydre, décrit par Sainte-Claire Deville, est insoluble dans tous les dissolvants et même dans l'acide fluorhydrique concentré. (') J'ai dosé l'alumine en chauffant un poids connu de ce corps, dans une capsule de platine, avec un excès d'acide sulfurique jusqu'à départ complet de l'acide fluorhy- drique, reprenant par l'eau et précipitant par l'ammoniaque. SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 1902. «lOJ » Pour déterminer la chaleur de formation de ce corps avec les données thermiques connues, il manque un nombre essentiel : la chaleur de disso- lution du florure anhvdre ou sa chaleur d'hydratation, quantités impos- sibles à mesurer rigoureusement. » J'ai pu cependant évaluer d'une façon approchée la clialeur d'hydratation, en par- tant du composé A1-F%H^0. » Celui-ci est insoluble dans l'eau, mais un peu soluble dans l'acide fluorhydrique à 19 pour 100. » Sa chaleur de dissolution dans ce véhicule est de H-5iC''i,i5 vers i5", tandis que dans les mêmes conditions l'hydrate insoluble Al^FS 7 H'O dégage seulement -t-8'^''',88, comme je l'ai dit précédemment. » Si l'on admet que ces deux corps, insolubles dans l'eau, sont dans un même état de condensation moléculaire, la dilTérence : 42^°', 2-, représente la chaleur de fixation de 6H^0 sur Al-F^ H-0, soit -+--]''-'\\5 pour chaque H"0 en moyenne. APFS H=0-f 6H=01iq.-= APFS 7H2O insoluble + ^yS'^^i- Ai^FS W-0 ,-6H-01iq. — APF", 7H'0 soluble + /;,r.»i.2-. » La fixation de la première molécule d'eau est celle qui doit dégager le plus de chaleur. » Étant données, d'une part, les analogies thermiques entre les hydrates et les com- posés ammoniés et particulièrement entre AFCl', i2H'-'0 et A1-C1% laAzH'; d'autre part, la stabilité de l'hydrate Al-F% ■jWO, comparable à celle de APCl*, I2H20, on peut admettre, sans risquer de commettre une grosse erreur, que la chaleur de fixation de la première molécule d'eau gazeuse sur Al-F'^ est la même que celle des premières molécules d'ammoniac sur Al-Cl^, c'est-à-dire -1-33'^''', 33 : APP-^sol. -;- H'O gaz. = Al-F^, H'^O sol i-33c»i, 33 Al'F^sol.-HH^OIiq. =A12F%H^Osol -1-23'^"', 68 » Connaissant déjà la chaleur de fixation de 6H-0 liq., qui est de -(-142^"', 27 ou -f- 4i'^'',27, celle de 7 H-0 liq. sera égale à -h 65'^'', 9 j ou -t- 64'^''', gS : Al^Fesol.-^7H^01iq.:=APF%7H^'Osol. \ ''""f"^^' ^J'^'S^ ' ^ '' ( soluble +04'^'', 93 )> Avec celle donnée nouvelle et la chaleur de dissolution de Al- F", 7 H" O jointes aux nombres déjà connus, on peut calculer la chaleur de formation du fluorure d'aluminium anhydre au moyen des deux cycles suivants : Cal 10 H°-f-0'=3H201iq -1-207,00 AP -h F« = Al^ F« sol X APF8sol.-H7H201iq. = APFS7H-0 solide (soluble). -+- 64,96 APF%7H20 sol. 4- «H''0=APFS7H'0 dissous — 3,33 2° APh- O'-t- «H^O = APO'rtH-O -1-395,60 F6-t- IP-t- nH^O = 6HF dissous -(-3oi ,80 Al=0»,«H20-^6HFdissous = APFS7H'Odissous... H- 70,20 TTo6 ACADÉMIE DES SCIENCES. fl'oii a; = 498<'''',98. » C'est le nombre le plus élevé obtenu avec l'aluminium et les halo- gènes : Cal [F' I99-0 M^.J Cl" ^^3,6 ^ 1 Br« 265,9 f P i8i,4 H H est vrai qu'il existe une incertitude pour le nombre 23,68 corres- pondant à la première molécule d'eau fixée sur le fluorure, mais il est cer- tainement assez approché à quelques unités près et, par suite, il n'y a à redouter, pour le nombre 499» qu'une incertitude de quelques centièmes. « CHIMIE MINÉRALE. — Action du chlorure de bore sur le gaz ammoniac. Note de M. A. Joa\nis. « L'action du chlorure de bore sur le gaz ammoniac a été l'objet de diverses recherches : Berzélius indique qu'il se forme le composé 2BoCl%3AzH3; Martius, en chauffant fortement le produit obtenu, a constaté qu'il se transforme en azoture de bore; M. Besson, en opérant à 8°, a constaté que 2™°' de chlorure de bore absorbaient 9™"' d'ammoniac et en a conclu qu'il se formait le composé 2B0CI', gAzH'. » Devant ces divergences, j'ai repris la question et constaté que la ma- tière n'a pas une composition constante, sans doute à cause de la chaleur dégagée qui altère, plus ou moins, le produit formé d'abord. Pour éviter cette complication j'ai dirigé, dans de l'ammoniac liquéfié etmainlenu entre — 5o° et —70°, un courant lent d'hydrogène sec passant sur du chlorure de bore, maintenu lui-même vers o". Dans ces conditions, l'hydrogène n'entraîne que peu de vapeurs de chlorure de bore et, grâce à la présence du gaz ammoniac liquéfié et froid, la température reste très basse. Quand tout le chlorure de bore a disparu, on met le tube qui contient le produit blanc et l'excès d'ammoniac liquide dans un bain de chlorure de méthyle à —23", puis on le relie à un manomètre et à un tube de dégagement fermé par uu robinet; on laisse alors partir tout l'ammoniac qui peut se dégager sous la pression atmosphérique à cette température. On se débarrasse ainsi de SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 1902. II07 l'excès d'ammoniac liquide qu'on a dû employer. A ce moment, i""' de chlorure de bore a fixé i5™"' d'ammoniac. Quand aucune bulle de gaz ne se dégage plus à —23°, on place l'appareil dans la glace, à 0°, et on laisse sortir de l'ammoniac en déterminant, après chaque expulsion de gaz, la tension fixe qui s'établit après quelques minutes; cette tension est de 1041°"° à 0° et se maintient à celte valeur jusqu'à ce que l'on ait enlevé, pour !"">' de chlorure de bore, 9'°°' d'ammoniac (trouvé dans une expé- rience : 8™°', 98.5 au lieu de 9"°'). Celte tension constante est la tension de dissociation du chlorure d'ammonium ammoniacal AzH^CI, 3AzH', dé- couvert par M. Troost. Les g""' d'ammoniac qui se dégagent entre —23° et 0° montrent qu'il s'est formé 3"°' de ce chlorure ammoniacal. Tout le chlore du chlorure de bore se trouve donc à l'état de chlorure d'ammonium. » Pendant l'action du chlorure de bore sur l'ammoniac, on constate qu'il ne se dégage aucun gaz, ni hydrogène, ni azote, en faisant deux expériences, l'une dans un courant d'air sec pour entraîner les vapeurs de chlorure de bore, l'autre dans un cou- rant d'hydrogène. Par conséquent, aux trois groupes AzH* qui se sont unis aux 3»' de chlore correspondent, par compensation, trois groupes amidogènes AzH- qui se sont unis à l'atome de bore. C'est d'ailleurs ce que confirment : 1° l'augmentation de poids de la matière; 2» l'action de l'eau sur la matière, qui se transforme lentement, sans dégagement de gaz, en i"""' d'acide borique et 3™°' d'ammoniaque comme l'in- dique l'analyse du liquide. » Il s'est donc formé du chlorure d'ammonium et de l'amidure de bore. On a à — 23° : BoCl' 4- 15 AzH» = 3(AzH*Cl, 3AzH') 4- Bo(AzH-)', et à 0° : BoCl'-f- 6AzH» := 3 AzH' Cl-! Bo(AzH-)'. » On n'obtient, d'ailleurs, ce résultat que quand on a évité avec soin toute élévation de température. Une fois ce but atteint, si on laisse la température s'élever, de l'am- moniac se dégage lentement sans que l'on ait pu mettre en évidence de tension fixe, soit qu'il n'y en ait pas, soit que la tension de dissociation soit trop longue à s'établir. Entre 0° et 440°, il sort i^^^S d'ammoniac pour i""»' d'amidure de bore, de sorte que l'on peut représenter ainsi la réaction 2Bo(AzH=)='= Bo2(AzH)5-^ 3AzH'. » Cette décomposition est lente. C'est à la présence de cet imidure de bore dans les produits de la réaction, lorsqu'on n'a pas évité toute éléva- tion de température, que sont dus les résultats irréguliers que l'on trouve II08 ACADÉMIE DES SCIENCES. pour le poids d'ammoniac absorbé par un poids donné de chlorure de bore, quand on laisse la température s'élever pendant la réaction. » Dans ce cas, on peut trouver une quantité d'ammoniac fixé, très voisine de 9*°°' pour 2™°' de chlorure de bore (M. Besson). On a alors 2BoCl' + 9AzH'=6AzH^Cl + Bo»(AzH)'. i< D'ailleurs, lorsqu'on ne refroidit pas suffisamment, ou lorsque intentionnellement on chauffe, le chlorure d'ammonium formé ne réagit pas sur l'amidure ou l'imidure de bore; je l'ai vérifié ainsi : ayant chauffé vers 350° le produit brut de l'action du chlorure de bore sur l'ammoniac et l'ayant laissé refroidir, on y a envoyé de nouveau de l'ammoniaque liquide et l'on a déterminé la quantité de gaz ammoniac sortant entre — 28° et 0° et représentant, par suite, l'ammoniac combiné au chlorhydrate; on a trouvé sensiblement le même nombre qu'avant d'avoir chauffé (i 274'°'', 5, par exemple, au lieu de i295'^°'',o dans une expérience; l'écart observé paraît dû à la vaporisation d'une petite quantité de chlorure d'ammonium). » Quel que soit d'ailleurs le produit que l'on obtienne, Bo(AzH^)' ou Bo^(AzH)' ou un mélange de ces deux corps, on trouve toujours, à l'aide de la méthode décrite plus haut, que la même quantité de chlorure d'ammonium a été formée. )) Ces expériences constituent, comme on le voit, une nouvelle applica- tion de la méthode que j'ai indiquée autrefois (') pour étudier l'état des corps qui forment des mélanges complexes dont on ne peut retirer les con- stituants. Cette méthode, qui a depuis été appliquée par d'autres chimistes et par moi-même, n'est d'ailleurs qu'une application immédiate des belles expériences de H. Sainte-Claire Deville et de Debray sur la dissociation. » Je n'ai pu jusqu'à présent séparer l'amidure de bore du chlorure d'ammonium formé simultanément qu'en en perdant la majeure partie: pour cela, on lave le mélange, obtenu comme il a été dit, avec du gaz ammoniac liquéfié qui dissout le chlorhydrate d'ammoniaque beaucoup plus que l'amidure de bore. » Au contraire, l'imidure de bore peut être facilement séparé du chlo- rure d'ammonium à l'aide de l'ammoniac liquéfié; il est en effet très peu soluble dans ce dissolvant. » Cet imidure de bore a d'ailleurs été décrit par MM. Stockes et Blick {D. ch. G., t. XXXIV, p. SoSq), qui l'ont obtenu en chauffant à t2o° un sulfure de bore ammoniacal Bo^S', 6AzH'; on obtient ainsi du sulfure (') Comptes rendus, t. CXII, p. 092. SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 190-2. l 1 09 d'ammonium et de la borimide. On peut se demander, à la suite de cette étude, si le sulfure de bore ammoniacal n'est pas un mélange de sulfure d'ammonium et d'amidure de bore; si, de nième, le bromure de bore et l'iodure de bore ammoniacaux BBr',4AzIP ou 2BBr^9A^IF etBP,5AzH'' ainsi que Bl'', i;')AzH' ne sont pas aussi des mélanges d'amidure de bore et de bromure ou d'iodure d'ammonium. C'est ce que je vérifie en ce moment. » CHIMIE MINÉRALE. — Sur an phosphate ammoniaco-manganique violet. Note de M. Ph. Barbier, présentée par M. H. Moissan. « Dans le cours de mon travail sur le phosphate rose violacé de Gmelin, j'ai réussi à préparer un nouveau phosphate manganique ^' , '\Mn-0 — P = 0 PO 0/ 0 0 OAm isomère du précédent. » Quoi qu'il en soit, la combinaison précédente, que je désignerai sous le nom de dipyrophosphate ammoniaco-manganique, se présente sous forme d'une poudre violette insoluble dans l'eau, soluble dans l'acide chlorliy- drique avec dégagement de chlore. Les alcalis décomposent ce phosphate en mettant en liberté de l'ammoniaque et du sesquioxyde de manganèse. » ChaufFé au rouge dans un creuset de platine, il donne un méta- phosphate manganeux. » CHIMIE ANALYTIQUE. — Séparation des alcalis et du peroxyde de manganèse. Note de M. H. Baubigny, présentée par M. Troost. « Si la présence d'acide sulfurique libre dans le milieu où se forme le peroxyde de manganèse par l'action des persulfates (') n'empêche pas l'entraînement des oxydes basiques, du moins il est en partie atténué. Aussi, lors des essais effectués en présence des sels alcalins, ai-je eu soin (') Comptes rendus, t. CXXXV, p. 965, et aux errata, loc. cit., p. 1084. SÉA^XE DU l5 DÉCEMBRE 1902. IIII d'ajouter de faibles proportions d'acide pour favoriser la surcharge et mieux faire ressortir la rigueur du procédé qui permet d'enlever au peroxyde la totalité des alcalis qui y sont combinés. » Ce point établi, et m'en référant aux indications déjà fournies sur le mode opératoire, il me suffira, pour l'exposé des expériences, de donner pour chacun un simple schéma, en résumant seulement les données variables : la valeur du manganèse étant exprimée en oxyde salin Mn'O^ pour permettre une comparaison rapide avec le résultat. Si, pour la commo- dité pratique, j'ai employé de l'acide sulfnrique dilué (i 1 10 en volume), il reste cependant entendu que l'indication expérimentale se rapporte tou- jours à l'acide SO'H^ (rf = i,84). » Les essais (a) et (6) montrent de suite le degré d'erreur possible en présence de sels alcalins, même en lavant Mn O' à l'eau bouillante. Mais si l'on emploie une solution même moyennement concentrée d'un sel ammoniacal (le nitrate, par exemple) en terminant avec un peu d'eau, on obtient exactement le poids de manganèse mis en expérience, comme l'établissent les essais (c) et (d). Volume SO*H= (AzH«)'S20« (') initial en richesse: K'SO' Mn'O» Mn'O' en cm^. volume. 84 pour 100. pur. initial. trouvé. e e g g (a) 200 -J pour 100 2 12,5 o,20o3 0,2862 (6) 200 l " 2 'S o,20o3 0,2371 (c) 200 i » 2 12,5 o,20o3 0,2001 {d) 200 -i » 2 i8 o,20o3 0,2000 » Le lavage à chaud avec le sel ammoniacal n'est pas nécessaire, puisque dans le dernier c;is (d) on a opéré à froid. » La solution du [problème est donc une simple mise en jeu de la loi des échanges entre un manganite alcalin et un sel ammoniacal à acide fort, procédé bien supérieur au lavage avec de l'eau acidulée, qui toujours re- dissout du manganèse, si l'on prolonge l'action en dehors du persulfate. » Je dis, en outre, que dans les essais (a) et (è) les excès de poids sont dus seulement à la présence de l'alcali et non de son sulfate. » Si l'on dissout, en effet, le produit de (a) dans HCIaq, qu'on évapore presque à sec pour chasser l'excès d'acide, et qu'on redissolve dans un peu d'eau, on n'obtient sensiblement rien par l'addition de i à 2 gouttes d'une solution | N. de BaCP, tandis (' ) Les impuretés solubles de ce persulfate sont du (AzH')^SO* et de petites traces de K'SOS d'oxyde de fer et de silice ; ces deux dernières, les seules pouvant être pré- judiciables, n'excédant paso,oo5 pour 100. II 12 ACADÉMIE DES SCIENCES. que dans la solulion de l'oxyde de (b) on retrouve une quantité très appréciable de potassium. Gela se vérifie en précipitant d'abord le manganèse, après addition d'am- moniaque, par de l'eau oxygénée distillée, filtrant, lavant avec du Az H' Cl ammoniacal et évaporant les eaux à siccité dans une petite capsule de platine, jusqu'à élimination complète des sels ammoniacaux. Le résidu (o-jOSg) soluble dans l'eau colore la flamme en violet; sa solution donne à froid un dépôt cristallin par le perchlorated'ammoniaque, ainsi qu'un précipité abondant par le cobaltinilrite de sodium, réactif (') par excel- lence du potassium. » Ce poids de o^.oSgRCl corresj)Oiidaiit à o''',0246R-0 n'est pas en rapport avec la surcharge ok,o368 de l'essai (b). Mais il n'y a là aucune contradiction. On sait, en effet, d'après Rousseau ( = ), que les polymanga- nites sont stables à haute température et que ce n'est qu'au delà d'environ i3oo"qu'ils se résolvent enMn'O'' et potasse volatile. Partie de la surcharge est donc due à de l'oxygène. » L'aspect du produit est d'ailleurs un renseignement pour l'opérateur. Tandis que Mu'O^ doit être très poreux et possède une teinte brun clair, le peroxyde chargé d'alcali donne, après calcination, des grains noirs à texture compacte comme les jiolymanganites formés au rouge. » Une seconde série de recherches, portant sur des poids plus forts de manganèse, m'a conduit aux mêmes conclusions; car de deux lots de MnO^(Mu^O' = os, 46^4) préparés avec les mêmes solutions, dans des conditions identiques, l'un, qui a servi au dosage de l'acide sulfurique, m'a donné o^jOoagBaSO*, soil os,ooioSO^ et le second, par le mode déjà indiqué, 08,0927X0! ne pouvant renfermer comme impuretés que les minimes traces de fer et de silice apportées par le persulfate. Or, entre ces deux |)oids, oSjOOioSO* et os,o585K-0, correspondant à 05,0927X0!, il n'existe aucune- proportionnalité permettant d'attribuer la surcharge au sulfate alcalin. » Après la calcination de l'oxyde, la. solution du sel ammoniacal n'agit plus qu'im|)arfiiitement, même en opérant à chaud; la raison en est dans l'état physique du produit, dont les grains compacts se laissent mal pénétrer par le liquide, alors qu'avant la dessiccation l'oxyde forme une poudre extrê- mement fine. Au cas oii l'on suspecterait une surcharge alcaline d'après l'aspect du produit, il n'y aurait qu'à le redissoiidrc et à recommencer l'opération. » J'ajouterai (pie les sels ;dcalins semblent agir surtout au moment de (') Ce n'est, en somme, que la réversion île la réaction bien connue du cobalt, ap- pliquée au potassium et sur laquelle de Koninck, le premier, a appelé latlention. (2) Comptes rendus, t. CIV, 1887, p. 786 et 1796. SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE Ippz. 1 l l3 la formation du MnO% car, si on les ajoute après la précipitation, la sur- charge est sensiblement inférieure. » Dans toutes les recherches ultérieures, après avoir d'abord débarrassé le peroxyde d(;s eaux mères acides par qiielcpies lavages à l'emi, nous le traiterons donc toujours |iar un sel ammoni:ic:il (le nitrate de pi-rlérence) pour le purger de toute trace d'alcali ; d'aulaiit |)lus -benzène-azobenzoïque, C/H^Az = Az.C''H".CHO. » Nous avons cherché depuis lors un mode d'obtention de cette aldéhyde qui permît d'éviter la séparation des deux acétnls mixte et symétrique, et nous avons essayé de condenser le nitrosohenzène avec l'aldéhyde p-ami- nobenzoïque, suivant la mélhorle de Mills et de Bamberger (-) : C«H = .AzO + H-Az.C''H\CHO = C»H^ Az = AzC H'.CHO + H=0. » L'aldéhyde />-aminobenzoïque étant difficile à manier à cause de sa facile polymérisation, nous avons cherché à lui substituer un de ses dérivés immédiats tels que l'oxime ou i'acétal. » Ce dernier n'a pas encore été décrit; toutes les tentatives que nous avons faites pour l'obtenir ont échoué jusqu'à présent. » D'une pari, la réduclion de I'acétal /)-aitrobenzoïque au moyen du sulfure d'am- monium alcoolique ne nous a fourni que des matières résineuses se décomposant à la distillation, qui constituent un produit de polymérisation de raldéh3'de aminée. Le groupement acélal est donc saponifié par le sulfure d'ammonium. » D'autre part, il ne nous a pas été possible de transformer l'oxime aminée en acétal au moyen de l'alcool méthylique et de l'acide clilorhydrique, suivant le procédé de Harriès ('). La presque totalité de l'oxime reste inaltérée. ), Enfin, la réduction de I'acétal /i-nitré par l'amalgame d'aluminium, en solution éthérée, ne nous a donné qu'un mélange de dérivés hydroxylaminé et azoxyque sur lesquels nous reviendrons procliainement. » L'oxime />aminobenzoïque peut au contraire être préparé très faci- lement par le procédé de M. Gabriel (*). Toutefois, la condensation de (') Comptes rendus, t. CXXXIV, p. iSog. C) Miu.s,C/iem.Soc., t. LXVlt, p. 929.— Bamberger, D. c/iem. G., t. XXIX, p. io3. {')£>. chem. G., t. XXXIV. (*) D. chem. G., t. XVI, p. .iooi. SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE ig02. III7 cette oxime et du nitrosobenzène se /ait avec un assez mauvais rende- ment. » 36^ de nitrosobenzène et ^5^ d'oxime aminée sont chauffés avec loos d'alcool à 96 pour 100 et 20S d'acide acétique, pendant 5 à 6 heures, au bain-marie. Après refroidissement, la benzène-benzaldoxime se dépose sous la forme de paillettes bronzées qu'on essore et qu'on lave avec un peu d'alcool froid. On obtient ainsi 28e de produit pur (au lieu de 74°)- Les eaux mères en contiennent une petite quantité que l'on peut isoler par l'intermédiaire des sels de sodium ou de potassium; ceux-ci sont en effet très peu solubles dans l'eau froide. » La p-benzène-benzaldoxime, (;"H'Az = AzC/H" CH = AzOH, fond à j43°; elle est peu sokible dans l'alcool froid, très soluble dans l'acétone. Les acides dilués ne la saponifient que très difficilement et incomplète- ment, même à 100°. Lorsqu'on traite par de l'acide chlorliydrique une émulsion du sel de sodium dans l'eau, additionnée de la quantité théo- rique d'azotite de soude, on réussit à détruire partiellement le groupe- ment oximiné; mais il se forme en même temps des produits secondaires que nous étudions actuellement et qui rendent très difficile la purification de l'aldéhvde. )) Il résulte de là que la préparation de cette dernière s'elfectue plus commodément par le procédé indiqué antérieurement (^loc. cit.). » L'aldéhyde p-benzéne-azobenzoïque fournit par oxydation l'acide cor- respondant, qui fond à 238° et qui a déjà été décrit ('). Chauffée à 180" au baiu d'huile avec de l'anhydride acélique et de l'acétate de sodium fondu, elle donne naissance à une petite quantité d'acide p-benzène-azo- cinnamique CH^. Az = Az.C" H^ .CH = CH .CO'H. Ce dernier acide s'ob- tient plus aisément en chauffant pendant quelques heures au bain-marie une solution alcoolique de nitrosobenzène et d'acide j[?-aminocinnamique additionnée d'acide acétique. Mais, dans ce cas encore, les rendements sont loin d'être théoriques. » L'acide benzène-azocinnamique cristallise dans le benzène bouillant en paillettes rosées, très peu solubles dans l'alcool et dans lacide acétique. Il fond en se décompo- sant vers 2^5". Traité par le perchlorure de phosphore en solution benzénique, il fournit un chlorure cristallisé en aiguilles rougeâtres. Ce chlorure a été transformé en amide (lamelles d'un rouge orangé, fusibles à 228°-229'', solubles dans l'acétone), en éllier mélhyliijue (aiguilles rouges, fusibles à i^ô", peu solubles dans i'alcool et le (') Mf.ntha, Heumann, D, chem G., I. Xl\, p. 3o23, — Jkcobsou, Ann. C/œni., t. CCCilI, p. 385. C. R., 190a, 2' Semestre. (T. CXXW, N" 24.) l4t> IIl8 ACADÉMIE DES SCIENCES. benzène) et en rlher rthyliitie (aiguilles prismatiques rouges, fusibles à ioi°-io2°). II esta remarquer que l'ammoniaque alcoolique n'attaque pas l'élher méthjlique à loo", en vase clos. » Nous avons préparé également, à partir de l'acide précédent, le ben- zène-azostyrolène et Vacide benzène-hydrazocinnamique dont nous complé- tons actuellement l'étude. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'acide oxybenzylphnsphinique. Note de !\1. C Marie, |)réseiitce par M. H. Moissan. « Cet acide a été découvert par Fossek {Mon. f. Ch., t. V, p. 121) qui le préparait en faisant réagir le trichlorure de phosphore sur l'aldéhyde benzoïque; eu traitant par l'eau après réaction il obtenait l'acide PO'H'C^H^CHO fusible à 173°. Mes recherches sur les acides dérivés de l'acétone et des acides phosphoreux et hvpophosphoreux m'ont amené à deux nouvelles méthodes de pré|)aration de cet acide. » 1° J'ai montré {Coinples rendus, t. CXXXIV, p. 286) que l'acide PO^H=C^H«0 s'oxydait facilement en doimant l'acide oxyphosph inique correspondant PO^ H' C H* O. Or, Ville {Comptes rendus, t. CX, p. 348) a décrit un acide oxybenz^Uiypophos- phoreux P0-1I'C°H^CH0 qu'il obtenait en faisant réagir PO' H' en solution aqueuse concentrée sur l'aldéhyde benzoïque. Cet acide réduisait HgCI^, mais le produit de la réaction n'a pas été étudié. J'ai pensé que ce produit d'oxydation ne pouvait être que l'acide PO^H'C'^H'^CIIO et c'est en effet ce qui a lieu. Pour réaliser cette préparation par ce procédé voici comment il convient d'opérer : » On prépare d'abord l'acide P0°H^C*H°CHO (je reviendrai d'ailleurs plus tard sur celte préparation) et l'on traite sa solution aqueuse tiède par le brome (') jusqu'à ce que celui-ci soit en léger excès. On évapore à sec la solution pour chasser HBr et l'acide brut obtenu, sensiblement pur d'ailleurs, est recristallisé soit, comme Fossek l'indique, dans un mélange de benzène et d'acide acétique, soit plus simplement dans l'acétone. » 2° Dans la Note citée plus haut, j'ai fait voir que l'acide PO-IPC-'H*0 était sus- ceptible de fixer une molécule d'aldéhjde benzoïque pour fournir un acide mixte PO^H^CH^OCHl^CHO. La facilité de celte réaction comparée avec la difficulté de fixation d'une nouvelle molécule d'acétone m'a amené à penser que l'hvdrogène (') Le brome leniplace avantageusement HgCI-, l'oxydation est immédiate et l'extraction du produit simplifiée autant que possible. SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 1902. II 19 réducteur de l'acide phosphoreux, incapable de fixer l'acétone pourrait être plus actif vis-à-vis de l'aldéhyde benzoïque et donner directement l'acide PO^'H'C'H'CHO. C'est en efTet ce qui a lieu, et pour effectuer cette réaction il suffit de chauffer ensemble l'acide PO'IP et un excès d'aldéhyde à ioo''-iio° pendant une vingtaine d'heures. Peu à peu la condensation a lieu en même temps que le mélange se colore en rouge. Si on laisse refroidir au bout du temps indiqué, le produit se prend en masse. On élimine l'excès d'aldéhyde par le benzène, qui laisse l'acide sensiblement pur. » L'acide obtenu par ces deux procédés a été comparé et identifié avec celtii préparé avec PCP. Il a le même point de fusion iqS". La valeur 173" indiquée par Fossek correspond à un point de décomposition et non à un point de fusion. Pour avoir celui-ci, il faut opérer au bloc Maquenne, en prenant comme température celle à laquelle la substance projetée fond immédiatement. Le chauffage progressif en petit tube donne bien 173°; mais la fusion est accompagnée d'un départ d'aldéhyde. Cette décompo- sition n'est d'ailleurs pas complète et la perte de poids, même par un chauffage prolongé à 3oo°, ne dépasse pas 12 pour 100, alors (jue la réac- tion totale exigerait 56,38. Il reste une substance résineuse jaunâtre, so- luble dans l'eau avec une fluorescence bleue. Son étude n'a pas été poussée plus loin. » Pour déterminer plus complètement la constitution et les propriétés de l'acide oxybenzylphosphinique j'ai préparé quelques nouveaux dérivés de cet acide : son sel d'argent, son éther méthyiique et son dérivé benzoïlé. » Sel d''argent. — L'acide pur ne réduit plus du tout l'azotate d'argent et le sel obtenu en mélaugeant la solution légèrement acide du sel de soude avec un excès d'AzO'Ag est parfaitement blanc et stable. Séclié il correspond à la formule Ce sel m'a servi à identifier plus complètement l'acide obtenu par les trois procédés indiqués précédemment. » Éther méthyiique. — J'ai préparé cet éllier par le sel d'argent et CH'I ou par l'action de Ag-0 sur l'acide en présence d'un excès d'iodure. Dans les deux cas, par évaporation de l'iodure en excès, on obtient un sirop qui ne cristallise que partielle- ment. Par essorage et cristallisation dans l'éther on obtient des cristaux fusibles à 99°. Ceux-ci, d'après leur analyse et leurs propriétés, constituent l'éther P0'H(CH')=C*H5CH0. Ils sont très solubles dans l'eau, l'alcool, l'acétone; peu solubles dans le sulfure de carbone et l'éther. Leur saponification s'effectue nettement en deux phases : une seule molécule d'alcool part d'abord puis il faut de longues heures d'ébullition en présence d'un excès d'alcali pour avoir la saponification complète. Celle-ci est accompagnée I120 ACADEMIE DES SCIENCES. d'une décomposition en aldéhyde benzoïque et phosphite facilement caractérisable dans la liqueur. » Dérivé beiizoïlé. — • On traite l'acide par un petit excès de chlorure de benzoïle à 100°. Après départ de l'HCl théorique on reprend par l'eau et l'on élimine l'acide benzoïque qui se forme toujours en petite quantité par quelques dissolutions et éva- porations à sec successives. » Finalement on obtient le dérivé benzoïle qui cristallise à froid de sa solution aqueuse en aiguilles fusibles à gS" et répondant à la formule P0^1P(C'5H5CHO)(C«H5CO). Ce corps est presque insoluble dans l'eau froide; il est soluble dans l'alcool, i'éther, l'acétone; peu soluble à froid dans le benzène. Comme l'acide PO^H'C^H^CHO mo- noacide à l'hélianthine, il est nettement biacide à la phtaléine. Par ébullition avec un excès d'alcali il est facilement saponifié. » J'espère pouvoir montrer, dans une prochaine Note, que les deux mé- thodes indiquées s'appliquent également aux aldéhydes grasses et consti- tuent par suite deux méthodes générales de synthèse des acides oxyphos- phiniques dérivés des aldéhydes. » CHIMIE u ORGANIQUE. — Sur une nouvelle méthode de chloruration des carbures aromatiques. Note de MM. Seyewetz et Biot, présentée par M. A. Haller. « Le chlorure plombico-amoniacal se décompose facilement, comme on le sait, sous l'action de la chaleur ou des composés réducteurs, en donnant du chlorure de plomb, du chlore et du chlorure d'ammonium. M Nous avons utilisé le chlore naissant dégagé dans cette réaction à la chloruration des carbures aromatiques. » Préparation du chlorure plombico-ammoniacal. — Nous avons préparé ce corps en faisant passer un courant de chlore dans du chlorure de plomb en suspension dans l'acide chlorhydrique (') jusqu'à ce que la dissolution soit complète. Le liquide rouge orangé ainsi obtenu est additionné de la quantité théorique de chlorure d'am- monium dissous dans di.v fois son poids d'eau (2AzH*Cl pour iPbCl-). Il se forme aussitôt un précipité jaune cristallin qui est le chlorure plombico-ammoniacal PbCl*H- 2AzH'Cl; on l'essore et on le sèche vers 70°-iào". )) Chloruration du benzène. — A la pression ordinaire, le benzène chauffé plu- sieurs heures à sa température d'ébullition avec le chlorure plombico-ammoniacal ne (') Friedericu, Bcrichte dur deulsch. cheniisch. Gesellschaft, t. \XVI, p. i434- SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 1902. II2I donne lieu à aucune réaction. En tubes scellés le composé plombique réagit sur le benzène vers iSo". A l'ouverture des tubes on constate, outre la décoloration com- plète du dérivé plombique, une forte pression avec dégagement d'acide chlorhydrique. » Le contenu du tube est lavé au benzène pour séparer le chlorure de plomb. La solution benzénique est rectifiée. La portion principale est recueillie vers i3i°-i32<'. Ses propriétés et le dosage du chlore permettent de l'identifier avec le chlorobenzène : Calculé Trouvé. pour C«H=^CI. Cl pour 100 3i ,32 Si ,55 )i Chloruralion du toluène. — Le chlorure plombico-ammoniacal réagit facilement sur le toluène à la température d'ébullition de ce carbure. On maintient au réfrigérant à reflux le toluène avec ^ seulement de la quantité théorique de composé plombique, afin que la masse ne soit pas trop pâteuse. Il se dégage peu à peu de l'acide chlor- hydriqui- et le chlorure plombique se décolore lentement. Au bout de quelques heures, celte décoloration étant complète, on essore le chlorure de plomb, on le lave avec un peu de toluène, puis on ajoute la deuxième portion de chlorure plombico-ammoniacal. La réaction se continue alors comme dans la première phase, bien qu'un peu plus lentement. Lorsque tout le composé plombique est décoloré, on l'essore et on le lave comme le premier, puis on rajoute au liquide la dernière portion de composé plom- bique et l'on arrête l'opération dès qu'on a obtenu la décoloration complète de ce dernier. » Le résidu solide est essoré, lavé avec un peu de toluène, et le liquide est rectifié. On sépare d'abord une petite quantité de toluène non chloré, puis on recueille la portion principale vers iSô^-tôS". Les propriétés de cette portion et le dosage du chlore permettent de l'identifier avec l'orlhochlorololuène. Oxydée par le permanganate de potassium étendu, elle donne l'acide orthochlorobenzoïque fondant à i36°-i37"'. » Dosage du cidore . Calculé pour es H* ^^^ Trouvé. \CH^ " Cl pour 100 .27,6 28,06 « Chloruration du paraxylène. — La chloruration du paraxylène a lieu plus rapi- dement que celle du toluène, probablement parce que sa température d'ébullition, plus élevée que celle du toluène, favorise la décomposition du composé plombique. On opère dans des conditions identiques à celles que nous avons indiquées pour le toluène. Le produit final de la réaction est lavé à l'eau jusqu'à élimination totale de l'acide chlorhydrique dissous, puis il est séché et rectifié. La fraction principale est constituée par un liquide bouillant à 186° qui a pu être identifié par ses propriétés et /CtP(.) le dosage de son chlore avec le paraxylène orlhochloré C'IP — Cl (2): \CIP(4) 1122 ACADEMIE DES SCIENCES. Calculé pour /CH-» C«H^ —Cl . Trouvé. \CH' Cl pour loo 24,92 26,26 On a recueilli également une petite quantité d'un mélange des autres isomères mono- chlorés. » Chloruration du naphtalène. — On mélange intimement le naphtalène avec le double de la quantité théorique de chlorure plombico-ammoniacal. Cet excès de chlo- rurant est nécessaire pour former le dérivé monochloré, car une partie du chlore échappe à la réaction. Le mélange est chauffé dans un ballon et maintenu au bain de paraffine vers i4o°-i5o° (température extérieure) : il se produit un abondant dégage- ment d'acide chlorhydrique dont la cessation indique ici fin de la réaction. Le résidu solide est épuisé par un mélange à volumes égaux, d'alcool et d'éther qui laisse inso- luble le chlorure de plomb. » Le dissolvant est alors distillé, puis on rectifie le résidu. On recueille d'abord une petite quantité de naphtalène non attaqué, puis, vers 286°, il distille un composé chloré qui constitue la fraction principale et peut être identifié par ses propriétés et le dosage de son chlore avec l'a-monochloronaphtalène : Calculé Trouvé. pour C'»H'C1. Chlore pour 100 21,67 21,8 » Chloruration de l'anthracène. — On chauffe vers 200°, au bain de paraffine (température extérieure), un mélange intime de chlorure plombico-ammoniacal et d'anthracène employés en quantités équimoléculaires jusqu'à cessation de dégagement d'acide chlorhydrique. Le résidu est épuisé par le benzène bouillant qui sépare le chlorure de plomb. En distillant le benzène, il reste un résidu brun qui, soumis à la sublimation, donne, en chauffant peu, d'abord de l'anthracène en paillettes blanches, puis, en élevant la température, des aiguilles jaunes fondant à lôS". » Les propriétés de cette substance et le dosage de son chlore permettent de l'iden- tifier avec l'a-tétrachloroanthracène C'H'Cl* : Calculé Trouvé. pour C'»H«CI*. Chlore pour 100 44,5 44)9 » Conclusions. — Le chlorure plombico-ammoniacal paraît donc consti- Luer une source de chlore naissant permettant de substituer cet halogène d'une façon générale dans les noyaux aromatiques des hydrocarbures benzéniques. » SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 1902. I I 23 ZOOLOGIE. — Grégarine cœlomique chez un Coleoptêre. Noie (le M. L.-F. Rlanciiard, présentée par M. Alfred Gianl. « Tandis que des Grégarines cœlomiques ont été observées et étudiées dans certains groupes d'Insectes, tels que les Orthoptères, les Névroptères, les Hémiptères et les Diptères, ces parasites semblent beaucoup plus rares chez les Coléoptères. Les seuls cas qui aient été relatés à notre connais- sance sont ceux que L. Léger nous a fait connaître chez les larves à'Oryctes nasicornis L. et de Geotrupes stercorarius L. ('), déjà infestés d'ailleurs par une Grégarine intestinale et montrant îles kystes cœlomiques saillants à la surface de l'intestin et renfermant de nombreux sporocystes. » Nous ferons connaître ici un autre cas de Grégarine cœlomique bien plus caractéristique que les précédents, car les parasites se montrent libres dans le cœlome non seulement à l'état enkysté, mais même pendant leur vie végétative. » Nous avons observé fréquemment cette Grégarine l'été dernier dans des Carabus auratus L. provenant des environs immédiats de Grenoble. « C'est sous la forme de Itystes mûrs que le parasite s'observe le plus souvent. Ces kystes peuvent atteindre des dimensions considérables (jusqu'à i^^jS), au point de comprimer les organes, lis sont complètement libres dans la cavité générale. Leur couleur est d'un blanc mat et leur forme est ovoïde ou subsphérique. A l'intérieur de ces kystes, dont la paroi est constituée par une membrane propre à la surface de laquelle se voient quelques débris nucléaires aplatis (représentant sans doute des amibocytes dégénérés), se trouvent les sporocystes en quantité innombrable, avec quelques amas de granulations résiduelles. » Les sporocystes sont ovoïdes, biconiques, comme ceux des Actinocéphalides typiques. Us sont lisses, sans aucun appendice, et montrent une enveloppe interne épaisse recouverte par une enveloppe externe. I^es dimensions de ces sporocystes sont iil^X 7^^. Chaque sporocj'ste renferme huit sporozoïtes disposés suivant des méri- diens et étroitement tassés. Les sporozoïtes sont des vermicules de <^V- à loH- de long, montrant un noyau allongé suivant le grand axe du sporozoïle et remplissant à peu près toute la largeur de celui-ci sur une longueur de il^,6. » Les états végétatifs, qu'on rencontre également dans le cœlome, sont représentés par des Grégarines monocystidées en forme de toupie, c'est-à-dire avec un pôle un peu plus pointu que l'autre. Nous n'avons pu orienter la Grégarine, car elle nous a toujours paru immobile. Ces formes monocystidées, qui existent parfois en très grand (') Léger, dans Tabl. ZooL. v. 111, p. 106. t. 7. lia'! ACADÉMIE DES SCIENCES. nombre dans le même Carabe, sont toujours plus petites que les kystes. Nous en concluons que ceux-ci résultent, comme chez les autres Grégarines, de l'accolement de deux individus, mais nous ne pouvons l'affirmer, car nous n'avons pas encore observé les premiers stades de Tenkystement. )) En raison de ce que nous savons anjourd'lnii sur le développement des Grégarines cœlomiques du Grillon domestique, et nous basant sur la présence de stades végétatifs monocvstidés libres dans le cœlome du Carabe, il nous paraît probable que la forme que nous venons de décrire est une, forme cœlomique pure. Mais comme, d'autre part, il existait dans l'intestin des Carabes infestés par la Grégarine cœlomique une Grégarine intestinale, Ancyrophora gracilis Léger, nous pensons qu'il est nécessaire de vérifier celte assertion au moyen d'infections expérimentales que nous poursuivons en ce moment. » Par les caractères morpholoe;iques de ses états végétatifs, notre Gré- garine cœlomique doit rentrer dans le genre Monocystis. Nous la désigne- rons donc sous le nom de Monocystis Legeri, la dédiant à notre maître et ami le professeur Louis Léger. » EMBRYOGÉNIE. — Sur l'évolulion de l acrosome dans la spermatide du Notonecle. Note de MM. J. Paxtel et R. de Sixéty, présentée par M. Alfred Giard. « Développement de l'acrosome. — Après la nutation, quand la presque totalité du cytoplasme est résorbée, on trouve des cellules où l'idiozome est tout à fait terminal, homogène, simple ou bilobé (fig. 8) ('). Sur la figure 9, relative à un stade légèrement plus avancé, on voit qu'il tend à envelopper le noyau par sa base, tandis qu'il émet par son extrémité apicale un prolongement conique. D'autres cellules, encore plus avancées et plus favorables pour suivre la marche des phéno- mènes {Jig. 10), laissent distinguer une masse très chromatophile, de forme irrégulière, enveloppant le noyau sur une grande étendue et le plus souvent d'une manière asy- métrique, tandis que le reste de l'idiozome, sous l'action d'une sorte de caryotropisme négatif, s'allonge et s'atténue. L'ensemble présente durant quelque temps un contraste de parties plus colorables et de parties moins colorables, puis la substance chroma- tophile se répartit uniformément et l'acrosome constitué apparaît comme un long cône homogène, fixant énergiquement les colorants nucléaires (Jig. 11). » Pendant ces transformations le noyau a subi à son pôle inférieur d'iniporlaïUes (') Le lecteur est prié de se reporter, pour les figures, à notre Communication sur la spermatide du iSotonecte {Comptes rendus, \" décembre 1902, p. 997)- SÉANCE DU l") DÉCEMBRn 1902. II25 modifications. Pour traduire les images on dirait volontiers que, à la suite d'une dépression survenue autour du point d'insertion tlu filament axile, la région sidéro- phile de la membrane nucléaire, plane à l'origine {fig. 8), se trouve transformée en un entonnoir très évasé dont la douille constitue un court manchon autour du filament {fig. 9). On a là l'ébauche du segment inlerniédiaire. » Dffiérenciation de la tête du spermatozoïde {fig. 11 et 12). — L'acrosome formé, le noyau s'allonge rapidement, tandis que l'élément nucléinien, représenté presque tout entier par un volumineux caryosome, semble subir une sorte de réso- lution granuleuse. Bientôt après commence la contlensation définitive. Le phénomène débute de préférence par la région postérieure; il se constitue une sorte de colonne axiale de chromatine homogène qui demeure quehjue temps isolée de la membrane par une auréole claire, puis grandit de manière à remplir toute la cavité nucléaire. Il est tout à fait digne de remarque que l'acrosome perd corrélativement sa chronia- tophilie en même temps qu'il s'allonge et s'atténue de plus en plus {fig. 12). » Le segment intermédiaire apparaît dans son ensemble comme une pièce tronc- conique dont l'enveloppe, épaisse et très chromatophile, représente l'entonnoir mentionné au stade précédent; dont le contenu, homogène et fort peu colorable, laisse voir suivant l'axe, à la partie inférieure, le bout proximal du filament axile. » Jusqu'ici nous avons énoncé les faits sans autre préoccupation que d'en donner la suite à peu près chronologique; nous croyons devoir isoler maintenant, pour nous y arrêter quelque peu, un certain nombre de points qui paraissent avoir plus d'importance ou qui demandent à être rapproches des résultats publiés dans des tr.ivaiix récents ('). » Origine et manière d'être de l'acrosome. — Les auteurs qui se sont appliqués à préciser la provenance de l'acrosome se partagent en deux groupes : ceux dont les recherches ont porté sur les Vertébrés en font un dérivé idiozomique [Meves (1H97, 1899, Salamandre, Cobaye), Me Gregor (1899, Amphiuma), Von Rorff(i902, Pha/angista)]; tandis que les entomo- tomistes le rattachent au Nebenkern [Paulmier (1899, Anasa)\, ou recon- naissent qu'ils n'ont pu remonter jusqu'à son origine [Baumgartner (igo2, Gryllus)]. » Nous considérons comme l'un des résultats principaux de notre étude d'avoir pu constater la nature idiozomique de l'acrosome chez le Notonecta. Par ce trait, la réduction des processus spermatogéniques des Insectes à ceux des Vertébrés, observée déjà par l'un de nous(-) pour les cinèse-i maturatives, se poursuit dans les métamorphoses de la spermatide. (') Une revision bibliographique générale, même réduite aux publications récentes, est incompatible avec le caractère de cette Note préliminaire; nous nous bornerons à mentionner les Mémoires qui intéressent plus directement nos résultats. (-) H. DK SmÉTY, Reclierchex sur les Phasines {Thèse de la Sorbonne), Lierre, igor. G. K., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N- 24.) l47 1126 ACADÉMIE DES SCIENCES. » L'identification de notre idiozome avec celui de Meves repose sur un ensemble de caractères dont deux fondamentaux : la structure générale et la polarité. Il faut y ajouter certaines particularités qui, pour n'avoir pas une signification jusqu'ici assignable, n'en sont pas moins des indices très nets d'identité morphologique. Telles sont, par exemple, les minuscules granulations visibles dans notre figure 4. évidemment identiques à celles que INiessing et Meves ont rencontrées dans la sphère des Mammifères. » Ce fond commun ne permet pas de douter que nous n'ayons affaire à la formation décrite par Meves; nous devons pourtant nous séparer de cet auteur sur un certain nombre de points. » Nous concevons autrement que lui la première origine de l'idiozome, Chez le Nolonecla il se constitue, graduellement et en deux temps, de deux sortes de corpuscules, dont une peut être suivie jusque dans la cellule mère {corpuscules iodozomiques secondaires). Rien, dans le processus, n'im- plique une origine sphérienne du premier matériel, tout semble indiquer une différenciation graduelle du cytoplasme, comme chez les Vertébrés supérieurs (Lenhossék). )) Nous nous séparons encore de Meves dans l'appréciation des rapports qui s'établissent plus tard entre le noyau et l'acrosome, n'ayant jamais rencontre dans nos préparations une véritable fusion des deux corps, et la membrane nucléaire nous ayant paru persistante. » Enfin, les inclusions chromatophiles très spéciales que nous avons signalées dans l'idiozome de Nolonecla paraissent constituer un trait d'or- ganisation jusqu'ici particulier. « HISTOLOGIE. — La télèomitose chez /'Amœba Gleichenii Dujard. Note de M. P. -A. Dangeard, présentée par M.L. Guignard. « Il résulte de certaines observations, pour la plupart incomplètes il est vrai, que la division nucléaire dans le genre Amœba présente des difïé- rences marquées chez plusieurs espèces; cette constatation a une grande importance si l'on considère que les Amibes occupent l'un des derniers échelons de la série animale. » Nous avons été conduit à entreprendre une étude d'ensemble de ce genre et nous indiquerons les résultats obtenus avec V Amœba Gleichenii. » On sait que la détermination des Amibes a été presque impossible jus- qu'ici; les études histologiques auront ce premier avantage de permettre SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 1902. I 1 27 l'établissement de sections dans le genre en s'appuyant sur le mode de di- vision nucléaire : ainsi, parmi les espèces qui possèdent la téléomitose, on pourra distinguer un premier groupe caractérisé par la disparition du nucléole à la prophase; dans un second groupe, le nucléole se sépare en deux et chaque moitié persiste aux pôles du fuseau jusqu'à l'anaphase. » UAmœba Gleichenii pourra être choisie comme type du premier groupe; elle se développe dans diverses infusions; ses dimensions ordinaires sont de Sot"- à 4ol^; le sar- code est hyalin et la distinction en ectoplasme etendoplasme très visible sur le vivant; l'endoplasme renferme des granulations nombreuses : il n'existe qu'une vacuole con- tractile. Cette espèce se présente avec plusieurs aspects; sous la forme arrondie, la surface est couverte de nombreux pseudopodes courts, épais et obtus à leur extré- mité : souvent aussi le corps s'aplatit, et il n'existe alors qu'un ou deux larges pseu- dopodes. » Le développement comprend une bipartition ordinaire et un enkystement; contrairement à ce que nous avons observé chez d'autres espèces, il se produit une division de noyau dans le jeune kyste, si bien que tous les kystes .«ans exception possèdent finalement des noyaux. » Nous avons suivi la division nucléaire pendant la bipartition du corps et lors de l'enkystement; les choses se passent exactement de la même façon dans les deux cas. » Le noyau au stade de repos est muni d'une membrane nucléaire et d'un gros nucléole central; l'iutervalle compris entre les deux est rempli par du nucléoplasme sensiblement homogène. » Le nucléole, à la prophase, se vacuolise, devient spongieux; le noyau augmente beaucoup en diamètre; dans le nucléoplasme se différencie un cordon nucléaire enroulé ou spirème. Après disparition complète du nucléole, il y a segmentation du spirème en petits rubans entremêlés dans une substance homogène, achromatique, qui va former le fuseau ; la membrane nucléaire cesse d'être visible à ce moment, il n'existe pas de centrosomes. » Les chromosomes, à ce stade de la plaque équatoriale, se groupent sur le plan médian du fuseau en devenant globuleux; nous en avons compté environ vingt-cinq sur la plaque vue de face. » La métaphase représente des modifications eu sens inverse de celles qui viennent de se produire; les chromosomes se séparent en deux groupes qui s'éloignent l'un de l'autre; le tonnelet s'allonge beaucoup; dans le kyste, ses deux extrémités viennent toucher à la paroi cellulaire. Les chromosomes se disposent finalement en une masse arrondie qui s'entoure d'une membrane; de granuleux, ils deviennent fibrillaires; le spirème se reforme et le nucléole ne tarde pas a se montrer au centre de chaque nouveau noyau; ceux-ci ont repris la structure du stade de repos. )> En résumé, la division du noyau chez V Amœba Gleichenii est une téléo- mitose ne présentant aucune différence sensible avec celle que nous observons dans la cellule des organismes supérieurs; cette espèce nous II 28 ACADÉMIE DES SCIE-NCES. conduit aux Téléomonadiens; elle est le prototype de la série des Méta- phvtes et des Métazoaires. » Les résultats que nous avons obtenus avec d'autres espèces d'Amibes et de Flagellés nous permettent d'afHrmer qu'il existe d'autres prototypes se rattachant directement aux Haplomonadiens et Haplozoïdes (' ). » PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur la photosynthèse en dehors de l'organisme. Note de M. Luigi Macchiati, présentée par M. Gaston Bonnier. (I Plusieurs auteurs, parmi lesquels M. Baranelsky, ont pensé que l'assimilation chlorophyllienne était produite par un ferment chimique (enzyme). » M. Jean Friedel a annoncé (^) qu'il avait obtenu ce phénomène en dehors de l'organisme, sans l'intervention du protoplasma vivant, par l'action d'une uiastase qui utilise l'énergie des rayons solaires. J'ai été le premier à donner une confirmation de cette très importante découverte ('). Peu après jjarurent les Communications de M. Harroy et de M. le D' Her- zog, mais les résultats furent négatifs comme ceux de quelques nouvelles expériences faites un peu auparavant par M. Friedel à une époque tardive de la végétation. » Mes recherches ultérieures ont donné des résultats très nets que j'ai communiqués à la Société des Naturalistes de Naples (*), à la séance du 20 juillet 1902, et à la Société botanique italienne à la séance du 9 no- vembre. » Je prépare, avec des feuilles lavées à l'eau dislillée, un extrait glycérine contenant de l'eau et de la glycérine mêlées à volumes égaux. Suivant la plante la couleur de l'extrait varie du jaune pâle au jaune orange. Avec du benzène on peut retirer de cet extrait l'agent de lassimilation pliolosjntliétique; par évaporation du benzène le fer- ment précipite sous forme d'une substance blanche floconneuse et amorphe, finement réticulée. (') Cf. P. -A. Dangeard : Recherches sur les Eugléniens {Le Botaniste, 8" série, juin 1902). (■") Comptes rendus, t. CXXXII, n° 18 (6 mai 1901). (^) BuUetino délia Societa bolanica italiana. Séance tenue à Florence le i3 oc- tobre 1901. (*) Anne XVI, Vol. XVI (1902, p. i65). SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 1902. II29 » Avec d'autres feuilles de la même plante, maintenues 3 heures dans une étuve à sec à 100°, j'ai préparé une poudre verte très fine. Cette poudre contient les pigments chlorophylliens qui n'ont pas été altérés, et le même ferment que la feuille vivante (plusieurs diastases supportent longtemps la température de 100°). » On peut extraire l'enzyme de cette poudre, comme de la feuille fraîche, au moyeu de glycérine. On peut débarrasser complètement la poudre de son ferment par une série de lavages successifs, à la glycérine, puis à l'eau distillée. » L'appareil dont je me sers est très simple; il est constitué par un vase de verre que je remplis, suivantlescas, d'eau distillée et de poudre de feuille desséchée à 100", avec ou sans ferment, ou bien d'extrait glycérine seul ou additionné de poudre. J'y plonge un entonnoir renversé sur lequel je retourne une éprouvette graduée remplie du même liquide que le vase. J'expose ensuite l'appareil aux rayons solaires. » L'extrait glycérine seul est incapable d'accomplir la photosynthèse; la poudre seule, mise dans l'eau distillée, donne toujours un dégagement d'oxygène avec formation corrélative d'aldéhyde formique. Ce dernier corps est mis facilement en évidence au moyen de codéine dissoute dans l'acide sulfurique (coloration rose violet). » La photosynthèse n'a jamais lieu avec la poudre débarrassée de ferment, mais elle se manifeste immédiatement si l'on ajoute une petite quantité de ferment. » Dans mes expériences, le dégagement gazeux a toujours été propor- tionnel à l'intensité des rayons lumineux. La photosynthèse n'a lieu que si la feuille est récoltée en une saison favorable. » Voici un résultat numérique, au milieu des résultats très nombreux que j'ai obtenus. Le 3 septembre 1902, à 3''3o™, j'ai employé 2s de poudre d'Acant/ms mollis dans 1256 d'eau distillée; au bout de 24 heures, j'avais recueilli i^"^""' de gaz dans l'éprouvette, » Dans toutes mes expériences, après avoir absorbé l'oxygène récolté dans l'éprou- velte par de l'acide pyrogallique en solution alcaline, il reste toujours une petite quantité de gaz qui contient le matin des traces d'anhydride carbonique, et qui n en contient pas dans la journée, après une courte exposition aux raj'ons solaires. )) Mes recherches confirment indubitablement que l'agent principal de l'assimilation chlorophyllienne dans la plante verte, et de la proLosynthèse en dehors de l'organisme est un ferment soluble (enzyme), et que le pigment chlorophyllien semble fonctionner comme un sensibilisateur chimique. » Il3o ACADÉMIE DES SCIENCES. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — La maturation des graines et l'apparition delà faculté germinative. Note de M. P. Mazê, présenlée par M. Roux. « La maturation des graines, considérée au point de vue de l'acquisition du pouvoir germinatif, a fait l'objet d'un grand nombre de travaux. La science possède sur cette question des renseignements variés. L'impression qui s'en dégage c'est que la faculté de germer est acquise, le plus souvent, bien avant que la graine ait atteint son volume définitif. » J'ai repris l'étude de cette question dans le but de fixer les causes auxquelles on doit attribuer les particularités observées, en me plaçant exclusivement sur le terrain de la Physiologie. » Mes premiers essais ont porté sur le pois et le mais; les graines prises dans la gousse ou sur l'épi, au moment oîi elles sont encore laiteuses, sont réparties immédiatement, une à une, dans des tubes à essai munis de deux tampons de coton, l'un servant de support à la graine à la surface de l'eau distillée qu'ils renferment, l'autre destiné à intercepter l'accès des germes de l'air, toutes les précautions ayant été préalablement prises pour éviter la présence des microbes. » Dans ces conditions, les graines germent après un séjour plusou moins long à l'étuve à 3o°. Le maïs donne toujours naissance à des plantules normales qui se développent vigoureusement; le pois ne fournit, le plus souvent, que des plantules chélives dont la racine, incapable de rompre les enveloppes de la graine, pousse entre le testa et les cotylédons. Un grand nombre de pois ne germent pas. » Si, au lieu de faire germer immédiatement les graines, on les dessèche au contact de l'air, sur de l'acide sulfurique concentré, pendant vingt- quatre ou quarante-huit heures à So", la germination s'accomplit chez le maïs comme chez les graines parfaitement mûres; les pois germent aussi en donnant des plantules normales; quelques-uns seulement ne se déve- loppent pas. » Je donnerai ici quelques essais effectués avec le maïs : » On détache de l'épi deux, rangées longitudinales de graines; celles-ci renferment 45,6 pour 100 d'eau, du poids humide; le premier lot, constitué par une rangée, comprend 20 graines qui sont mises immédiatement à germer, après avoir été débar- rassées des microbes qu'elles pouvaient porter à leur surface. Le deuxième lot a été séché sur l'acide sulfurique concentré pendant 4S heures à 3o°; celui-ci comprenait dix-neuf graines. SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 1902. Il3l » Les observations faites sur ces deux lots sont réunies dans le Tableau suivant qui s'explique de lui-même: Lot n" 1. Tableau I, ■ai Lot n»î. Nombre de ;raines germ ées. lu Temps après lequel germination a di •buté. gi Nombre de nés germées. Temps après lequel la germination a débuté. 3 7 jours 16 I jour '/a 4 10 "J 2 6 i4 7 8 1 1 '7 '9 22 1 5 20 18 24 2(i '9 28 20 3o » Un deuxième essai a été fait avec les lots suivants : » Premier lot. — Une rangée longitudinale comprenant 20 graines. Humidité : 53, 1 pour 100 du poids humide. » Deuxième lot. — Une rangée longitudinale comprenant 20 grain-îs. Humidité : 39,58 pour 100 du poids humide. » Troisième lot. — Une rangée longitudinale comprenant i5 graines. Humidité : 37,41 pour 100 du poids humide. » Ces trois lots provenaient du même épi ; le premier avait été réparti dans les tubes immédiatement après la cueillette; le deuxième avait été conservé pendant 8 jours au laboratoire et avait perdu, de ce fait, une partie de son eau ; le troisième fut desséché modérément à l'étuve à So" sur de l'acide sulfurique de faible concentration pendant 8 jours. Les résultats qu'ils ont fournis sont réunis dans le Tableau H. Tableau II. Pre tnier lot. Temps Deux Nombre iémc loi. Tro Nombre isiéme lot. Nombre Temps Temps de après lequel de ap rès lequel de après lequel graines la germination graines 1 ;' g ei-mination graines la germination germées. a débuté, jours germées. a débuté, jours germées. a débuté, jours I 10 5 2 9 2 2 i4 9 3 i5 3 2 34 12 i5 16 ' 7 18 20 4 5 6 10 1 2 i4 II 32 ACADÉMIE DES SCIENCES. ') Les graines, qui germent très mal au moment où elles sont cueillies, acquièrent rapidement la faculté de germer lorsqu'on les dessèche plus ou moins rapidement. On voit également que la température de dessiccation agit, dans une certnine mesure, dans le même sens que la dessiccation; ceci résulte de l'examen des lots n"* 2 et 3 du Tableau IT. » GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. — Sur le l'Ole des lourhillons dans l'érosion èoUenne. Note de M. Jean Bru\hes, présentée par M. de Lapparent. « J'ai montré précédemment (') quel rôle doit être attribué aux tour- billons dans l'action érosive des eaux courantes. C'est encore par le moyen des mouvements tourbillonnaires que doivent être expliqués un grand nombre des faits d'érosion produits par le vent (^érosion coUenne^. » Les mouvements tourbillonnaires du vent sont encore moins fixes et constants que ceux des eaux courantes; et leurs effets sont en général plus rares et plus souvent oblitérés. Aux points où ils rencontrent le sol et les roches, les courants atmosphériques se heurtent et se déplacent, trouvant dans ce manque de fixité et ces incessantes varia- tions de direction et d'intensité des causes de faiblesse; d'autre part, ils ont l'avantage de rencontrer pour ainsi dire partout à leur portée, dans la plupart des régions déser- tiques, les instruments d'attaque dont ils ont besoin, é'est-à-dire les grains ou la poussière de sable sec; et leurs moindres petits tourbillons, quoique incessamment interrompus, peuvent en tous points se mettre instantanément à l'œuvre. Ainsi la copieuse dispersion et distribution de l'instrument nécessaire compense l'inconstance de la force qui le manie. » En outre, il faut le remarquer, une cavité même minuscule, une fois amorcée, est une poche qui retient et garde les particules de sable; dès que le courant agissant s'évanouit ou émigré, les grains de sable cessent d'user; mais, immobiles, ils restent toujours là; et, dès qu'un nouveau courant éphémère survient, le travail reprend. Bien mieux, la cavité rigide impose souvent aux courants inconstants qui l'abordent un mouvement de giration analogue à celui des tourbillons antérieurs : en vertu de leur propre instabilité et variabilité, les courants qui viennent aboutir à la cavité s'adaptent vite et aisément aux conditions imposées par cet atelier en miniature. En fin de compte, la succession multipliée de petits courants, se pliant aux exigences du travail déjà effectué et coopérant ainsi à la poursuite du môme travail, équivaut à l'action longtemps poursuivie d'un même courant qui serait égal et constant ; et le total de ces petits effets coordonnés équivaut à un effet beaucoup plus un et beaucoup (') Voir Comptes rendus, i4 février 1898, 7 août 1899, 20 mai 1902. Voir aussi: Le travail des eaux courantes : la tactique des tourbillons {Mémoires de la Soc. fribourgeoise des Se. nat., géol. et géog., t. Il, fasc. 4, 1902, -2 p., i4 fig. et 2 cartons). SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 1902. Il33 plus continu (|ue la nature même de l'énergie colieniie n'aurait peruiis de le supposer. » Ainsi s'expliquent des phénomènes d'érosion tourbillonnaire sem- blables à ceux que représente un échantillon de calcaire très compact et très dur, par moi recueilli dans le désert de Nubie, aux environs de la deuxième cataracte du Nil. Cette roche est traversée de part en part par des trous allongés semblables à des tuyaux d'orgue, de 12"^" de longueur et d'un diamètre à peu près constant variant de 1^7'""' à 20""; les parois extérieures portent des cannelures régulières qui ne sont autre chose que des trous du même ordre aux parois partiellement usées ou brisées ('), Les uns et les autres résultent en toute évidence de la perforation exécutée par des tour- billons de l'air manœuvrant des grains de sable : toutes les parois de ces divers accidents d'érosion ont, en effet, le poli luisant qui caractérise l'usure produite par le sable sec. Ces parfaites marmites tourbillonnaires doivent être portées sans conteste au compte du vent. » Il est assez rare, comme nous le disions au début, que les actions du vent se traduisent par des effets aussi caractérisés que ceux de l'échantillon; mais à voir de pareils spécimens de l'usure par les tourbillons éoliens, on est en droit d'invoquer leur rôle pour expliquer la plupart des grandes actions destructives produites par le vent. Comme pour les eaux courantes, les tourbillons provoquent à titre d'agents exceptionnels beaucoup de faits dont l'aspect actuel ne révèle même plus leur directe intervention. Tous les curieux phénomènes que Johannes W allher a groupés sous le nom de Déflation, et qu'il a décrits dans ses deux Livres, Die Demulation in der Wiisle et Das Geselz der WHstenbililung ÇP ilzfelsen, Sdulengdnge ou Sàulen- gallerie, Sleingiller, Verwilterungsglôchern, elc),sont les résultais du travail du vent qui attaque les roches, soit pour les démolir, soit pour les sculpter ; mais les effets énormes de ce travail ne sauraient se comprendre que par l'intervention indéfiniraent renouvelée et multipliée des tourbillons. Parla même tactique tourbillonnaire, le vent détermine les phénomènes les plus considérables d'évidement et de creusement : ainsi doit être expliqué par exemple, de la manière la plus simple et la plus naturelle, le fait qui était signalé ici même il y a i3 ans par le géologue Contejean, je veux dire : ce « singulier tunnel », voisin de l'ancienne Corinlhe, et creusé dans le grès (') Des photographies de cet échantillon seioul publiées prochainement dans les Acta de la Pontificia Accadeinia dei Niiovi Liacei, G K., 1902, 2" Semestre. (T. CXXXV, N° 24 ) ^'l^ II 34 ACADÉMIE DES SCIENCES. au-dessous d'une couche de calcaire très dur, par les souffles répétés et coutumiers du vent du Nord ( ' ). » GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. — Sur le courant et le littorat des Landes. Note de M. L.-A- Fabue, présentée par M. de Lapparent. « Un courant marin, constant et collé à la côte, longe du nord au sud le littoral landais. On l'attribue à une composante, vers le sud, du courant superficiel du nord-ouest qui, sous l'action des vents dominants, porte à la côte : j'attribue sa permanence à une autre cause. » L'onde des marées atteint simultanément notre littoral océanique, du Socoa à Audierne. Mais, tandis que les variations d'amplitude de la pleine mer sont sensible- ment les mêmes au nord et au centre (Lorienl : !\'^,o, Royan : 4'", 7), elles atteignent leur minimum au sud, vers Bayonne (2", 8). » La ligne cotidale dessine donc, de Cordouan au fond du golfe, et à l'instant de la pleine mer, une pente sensible qui explique la constance et l'intensité du courant observées depuis longtemps pendant le jusant. Aujourd'hui, les sables qu'entraîne ce courant s'alignent en llèclies, obstruant les passes et boucaux du littoral. Une fois atterris, ils sont chassés vers l'est par les vents du large qui les dressent en dunes. » Lors du Pliocène, les torrents fluvio-glaciaires pyrénéens, issus du Plateau de Ger, évacuaient directement dans l'Océan, par une suite d'estuaires dont certains étangs côtiers sont les restes, leurs sables argilo-caillouteux étalés sur un subslratum A' argiles bigarrées e.1 àQ sables fauves \ie\\èû&n?,. On trouve le cailloutis du Dec- kenschotter à la base du sable des Landes, sur le plafond de divers étangs côtiers, dans tous les sondages de la région. Les galets so/it mélangés aux sables de plage sur tout le littoral, à l'ouest duquel les caries lithologiques sous-marines mentionnent d'importants gisements caillouteux. Les dragages ont fait retrouver des cailloux pyré- néens très au large du golfe sur la plate-forme préconlinentale. » Le phénomène du déplacement des thalwegs vers l'est et celui des captures, étudiés en haute Gascogne, expliquent la formation de la Pénéplaine landaise : les buttes d'argiles bigarrées, qui surgissent ça et là au milieu des sables pléistocènes, sont les témoins de cette abrasion. La capture des réseaux fluvio-glaciaires de Ger et d'Orignac par le Gave de Pau isola la Pénéplaine de toute attache hydrographique pyrénéenne au fur et à mesure qu'elle s'alluvionnait par le retour éolien des sables littoraux et que se constituait son réseau hydrographique consé/juent (^). » Parallèlement à l'érosion continentale, et sous l'influence combinée de (') Érosions éoliennes {Comptes rendus, t. CVlll, 188g, p. 1208-1209). (^) L.-A. Fabre, L'Adour et le Plateau landais {Bull, de Géographie hislor. et descript., n° 2, 1901). SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE igo-î. II 35 l'érosion marine et du courant des Landes, les indentations du rivage |)lio- cène tendaient à s'aligner; les sables y édifiaient une première formation de dunes dites anciennes, orientées suivant les sinuosités de la côte pri- mitive. » Peu à peu, les progrès de l'alignement et la réduction des apports aré- nacés girondins, consécutive à l'atténuation des pluies pléistocènes et à l'action de la végétation continentale, ralentirent les ensablements et per- mirent la fixation spontanée des dunes anciennes par le boisement. » Dans la suite, après le peuplement du bassin, la dénudation culturale ouvrit une ère nouvelle de charriages arénicés, d'ensablem ents littoraux. Les Aunes modernes s'édifièrent du nord au sud le long de la côte désormais rectiligne sur près de 200''™. » Cet alignement se maintient tel aujourd'hui par deux causes essen- tielles : le courant permanent du littoral des Landes et l'évacuation solide croissante de la Gironde. )i Le triage des troubles du fleuve et leur orientation par les courants littoraux, qui en atterrissent une grande partie, s'opère sur les hauts fonds voisins de l'estuaire. Au nord, les vases légères, dites Terre de Rri, vont aligner l'ancien persiliage des côtes saintongeoise et poitevine. La masse des sables lourds dirigée au sud, vers les Landes, prolonge les flèches et exhausse les fonds précontinentaux; les travaux de défense et de boisement littoraux ne permettent plus à ceux qui s'atterrissent de cheminer vers l'est ('). » Le littoral d'Aquitaine perd actuellement moins par l'érosion marine qu'il ne gagne par le fait des progrès de l'érosion continentale . « GÉOLOGIE. — Sur r origine de la coupure transversale de la Kosva {Oural du Nord). Note de M. Loris Duparc, présentée par M. Michel Lévy. « La Rosva, en amont du village de Verkh-Rosva, coule sur une longueur de plusieurs kilomètres dans une vallée transversale, profondé- ment encaissée, plus ou moins analogue à une cluse du Jura, mais beau- coup plus étendue. La rivière, si calme d'habitude, présente à cet endroit des rapides appelés, par les gens du pays, louloum, qui sont disposés selon deux barres distinctes, distantes l'une de l'autre de 3'"'" à /i""" environ. Le cours de la rivière, entre ces deux lignes de rapides, est relativement peu (') L.-A. I<"abre, La rnagaétUe pyrénéenne dans les sables gascons (Bull, de Géo- graphie hist. et descript.. n" 1, 1902). ,j36 ACADÉMIE DES SCIENCES. accidenté. Celte coupure transversale de la Kosva est entièrennent com- prise dans la grande zone des quarlzites et conglomérats qui, sur la Carte géologique de Russie (feuille Solikamsk-Tscherdyn) a été séparée des formations du dévonien inférieur. D'après Krotow, cette zone forme une grande voûte unique, dont le cœur est constitué par des quartzites compactes et des conglomérats siliceux, et les flancs par des variétés schisteuses re])résentées par des quartzites schisteuses et micacées, voire même des schistes chloriteux ou séricitiques d'origine détritique. » Les travaux que je poursuis depuis 3 années sur le bassin supérieur de la Rosva ont démontré que cette zone des quartzites et conglomérats était plus Compliquée que je ne l'avais supposé tout d'abord, et forme, en réalité, plusieurs anticlinaux distincts, qui sont généralement déjetés vers l'Ouest, présentent une grande régularité et se poursuivent souvent sur une assez grande longueur. » Les anticlinaux sont généralement formés par les quartzites et par les conglo- mérats compacts, les synclinaux par les liorizons schisteux représentés par des quartzites micacées et cliloriteuses, des scliistes détritiques, voire même des schistes argileux noirâtres, qui ne se distinguent en rien de ceux du Dévonien inférieur. Sur la rive droite de la Ivosva, les quartzites et les conglomérats forment deux anticlinaux distincts, celui de FOstry vers l'Ouest et celui du Tscherdyn^Ky vers l'Est; ce dernier se complique d'un petit repli secondaire qui, vers le Nord, prend une importance plus grande et forme la montagne du Soukhoï qui paraît terminer ladite zone de ce côté. Ces deux anticlinaux se retrouvent sur la rive gauche de la Kosva avec des caractères identiques. L'Ostry se continue par l'anticlinal du Diknr, et leTscherdynsky par celui du Sloudky; Is synclinal, assez resserré entre l'Ostry et le Dikar, s'élargit considérablement sur la rive gauche de la Kosva, il est occupé par les formations schisteuses du niveau supérieur aux quartzites et conglomérats, lesquels forment le cœur des anticlinaux. Les deux lignes de rapides indiquées, formées par des bancs disloqués de quartzites et conglomérats, s'alignent selon les axes des deux anticlinaux, la région du cours de la Kosva, comprise entre ces deux lignes, y est peu accidentée et coïncide avec celle du développement du synclinal dont les formations érodées par la rivière sont moins résistantes. L'élude de ces plis montre clairement que leurs axes s'abaissent rapidement aux approches de la Kosva. En effet, sur les éperons rocheux qui terminent l'Ostry et le Dikar vers le Sud et vers le Nord, on voit que les plis plongent en profondeur de part et d'autre de la Kosva. Cette disposition explique pourquoi cette rivière, dont le niveau en cet endroit est à peu prés de 700" au-dessous du sommet du Tscherdinsky, n'érode cependant pas des formations inférieures à celles qui forment les anticlinaux de l'Ostry et du Tscherdinsky. » Il résulte de ces observations que la coupure transversale de la Kosva n'est autre chose qu'un ancien synclinal plus ou moins orthogonal SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE ipoa, II 87 sur la direction des plis. Ce phénomène est analogue à celui qui a été observé dans certaines vallées alpines (vallées de l'Arve, du Borne, etc.) et il n'est pas impossible que les coupures transversales analogues, ren- contrées sur d'autres cours d'eau de l'Oural, aient une même origine. » GÉOLOGIE. — 5m;- des gîtes de phosphate de chaux de la Craie à Rélemnites, formés avant le soulèvement du Bray. Note de M. IV. de Mercey, présentée par M. Michel Lévy. « Des gîtes de phosphate de chaux, qui viennent d'être reconnus dans la Craie à Bélomnites, sur le bord même de la grande faille du Brav, à la hauteur d'IIauvoile, près de Songeons (Oise), fournissent une preuve évi- dente du dépôt de cette craie sur le Bray à une époque antérieure à son soulèvement. » Déjà M. de Lapparent (') avait ailrais avec moi que la limile actuelle de la Craie à Bélemnites, prolongée du Vexin jusqu'aux environs de Péronne, résultait évidem- ment de rablation d'un dépôt qui s'étendait plus loin vers l'Ouest. La Craie à Bélem- nites n'avait offert un aspect littoral que sur trois points situés très en dehors de cette limite, à Hardivillers, près de Breteuil ; à Beauval, près de Doullens et à Dreuil-Hamel, près d'Abbevilie où j'avais découvert des gisements du même étage dans lesquels la craie était grise, grenue, et n'avait plus les caractères typiques d'un dépôt de haute mer. Il était impossible de dire si des dépôts de ce genre s'étaient également formés en Normandie d'où lérosion les aurait fait ensuite disparaître. » Cette craie grise, indépendamment de ses caractères littoraux, possédait, comme je l'avais indiqué, une teneur en phosphate de cliaux susceptible d'amener son exploi- tation comme matière d'engrais. » On sait quelle a été, depuis une quinzaine d'années, l'importance des recherches visant en Picardie la découverte de cette craie phosphatée et des sables riches qui en dérivent. » Il semblait })ossible d'établir, au moyen de ces découvertes, deux lignes de rivages de la mer de la Craie à Bélemnites. » La />/(?/?u'è/-e, bien jalonnée sur une longueur de /68^">, du Nord-Ouest au Sud-Est, par de nombreuses exploitations, partait du nord d'Auxy-Chàteau pour passer notam- ment par les gîtes de Beauval, Ribemont-sur-l'Ancre, Éclusier-Vaux, Hardécourt, Templeux-la-Fosse, Hargicourt, Étaves, Ribemont-sur-l'Oise, etc., pour aboutir à Villers-devanl-le-Thour, au nord d'Asfeld, aux confins de la Champagne. » La seconde ligne, formant le littoral sud-ouest de cette mer de la Craie à Bé- lemnites sur une longueur de 75''", n'était déterminée que d'une façon incomplète; (') Le Pays de Bray, 1879, p. i52. I i38 ACADÉMIE DES SCIENCES. car, partant de Crécy-en-Poiithieu et Marcheville pour passer par Gorenflos et le groupe des gîtes de Sorel, Wanel, Hallencourt et Dreuil-Hamel, sa trace, après une lacune de 4o''", disparaissait complètement au delà des gîtes d'Hardivillcrs. » Les gisements, qui vienneat d'être reconnus à Hanvoile et aux envi- rons, constituent donc, à une distance de 27''"', au sud-ouest du dernier gisement connu, un nouveau jalon qui, en raison de son emplacement sur le bord même du Bray, vient confirmer les prévisions géologiques anté- rieurement formulées. » Il a, de plus, l'avantage, tout en conduisant à compléter les recherches dans cette partie de la Picardie, d'ouvrir, au delà du Bray, un nouveau champ d'explorations pénétrant en Normandie. » Et même il ne semble pas impossible d'espérer que le contour de ce littoral ne puisse être poursuivi, un jour, à travers la Champagne, pour venir rejoindre Asfeld, en fermant le tracé de ce golfe de la Craie à Bélem- nites. » Il est donc bien démontré que le Bray a été recouvert par la mer de la Craie à Bélemnites, tout au moins dans sa partie orientale. Il n'est pas possible de dire s'il existait déjà un dô-ne; mais, ce qui est certain, c'est que l'épaisseur des couches de Craie à Micrasler Cor-anguinum et à Micrasler Cor-testudinarium est très faible. » C'est au voisinage des affleurements de la Craie à Micrasler breviporus qu'ont été effectuées des recherches ayant fait reconnaître divers gîtes composés de craie et de sables phosphatés tout à fait analogues à ceux antérieurement connus. « HYDROLOGIE. — Sur l'origine des lapiaz et leur rela'ioi a^ec les abîmes et l'hydrologie souterraine des calcaires. Note de M. E. -A. Martel, présentée par M. Albert Gaudry. « Les lapiaz, rascles, karren, schratten, etc., des calcaires, que l'on rencontre aussi dans les schistes, le gypse, le grès (de Martonne, Comptes rendus Soc. géologique, 23 janvier i899) et le granité (chérats du mont Pilât) sont généralement attribués à l'action chimique ou corrosion des pluies et neiges, chargées d'acide carbonique (V. Heim, Tietze, Neumayr, Becker, Ratzel, Van den Broeck, Bougert, Chaix, Eckert, Duparc, etc.). » Sans nier l'importance du facteur chimique, je pense, après avoir, depuis 1882, examiné les principaux lapiaz des Alpes et de la France, qu'ils ne doivent pas leur origine entièrement à la corrosion, mais que le rôle mécanique >^& l'eau courante, même contemporaine, est très influent. SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 1902. I iSg » En effet, on n'a jusqu'ici étudié les lapiaz que dans les régions alpestres élevées. » Or, il en existe de véritables dans des plaines, plateaux et fonds de vallées de faible altitude. » Comme lapiaz de rivières, ou des fonds de vallées, il faut citer ceux du pont des Ouïes près Bellegarde (Ain), de la sortie des gorges du Fier (Haute-Savoie), des gorges de l'Ardèche près Saint-Marcel (Ârdèche), des cataractes du Sauladet près Bagnols (Gard) (voir F. Mazalric, Spelunca, 1900, p. 3i),de Bétharram et d'Orthez (Basses-Pyrénées), etc., qui montrent clairement comment la Valserine, le Fier, l'Ar- dèche, la Cèze, le gave de Pau sont, de nos jours encore, activement occupés à creuser mécaniquement, dans les calcaires du crétacé inférieur, les détails de ciselure des karren alpestres, avec des gouffres plus ou moins remplis d'eau, atteignant jusqu'à Se"» et 4o™ de profondeur. Dans le granit, M. J. Brunlies a trouvé des manifestations analogues, à la première cataracte du Nil, à Assouan (voir Comptes rendus, 7 avril 1899, et Société frihourgeoise des Sciences naturelles, i. II, 4" série, 1902). » La mer, elle-même, a érodé des reliefs lapiazés dans les schistes ardoisiers de Kilkee (Irlande); les porphyres de l'Estérel (^ar); les schistes de Saint-Jean-de-Luz (Basses-Pyrénées); les calcaires miocènes de la côte sud-est de l'île Majorque (Baléares), etc., etc. Enfin les rascles à''érosion abondent dans toutes les rivières sou- terraines. » On ne peut donc pas soutenir que la force vh-e et le frottement des eaux courantes et des matériaux qu'elles enti'aînent soient moins destruc- tifs que l'usure lente produite par la morsure des pluies et des ruisselle- ments acidulés. » D'ailleurs, les trois grands chaos rocheux de Mourèze (Hérault) (altitude 200"), du bois de Païolive (Ardèche) (altitude 200"), de Mont- ])ellier-le-Vieux (Aveyron) (altitude 75o™), sont aussi d'immenses lapiaz exagérément développés. » Les dolomies jurassiques y ont été rascléesde 3o" à 100™ de profon- deur par les rivières, jadis beaucoup plus puissantes, de la Dourbie (Mou- rèze) et du Chassezac (Païolive) et par le grand courant, sans doute tertiaire qui a jadis traversé le Causse Noir et affouillé Montpellier-le-Vieux. » Similairement j'ai constaté que les classiques lapiaz de sommets du Parmelan et du désert de Plate (Haute-Savoie), des Silbern et Karren Alp (Gliirnisch, Suisse), du Steinernes Meer et du Dachstein (Autriche), représentent topo graphiquement des parlions nettement dessinées d'anciens thalwegs desséchés, avec une pente souvent très accentuée vers des vallées actuelles plus profondes. » Les mouvements tectoniques tertiaires et même pléistocènes qui ont provoqué la surreclion des Alpes et, selon les théories de MM. Marcel Il4o ACADÉMIE DES SCIENCES. Bertrand, Schardt, Lugeon, les plissements et le charriage des Préalpes calcaires, permettent de comprendre comment ces tronçons de thalwegs se trouvent maintenant suspendus sur leur socle à plusieurs centaines de mètres en l'air, tandis que leurs portions disparues ont été détruites par les effets des dislocations ou par des dcnudations postérieures. » Au Parmelan même il y a eu double intersection de la vallée primi- tive, à looo" environ plus haut que les torrents actuels delà Fillière au nord et du Fier, au sud, et ce lapiaz occupe aujourd'hui un large berceau ou gouttière fortement penché vers le nord et représentant la partie médiane du thalweg, où de puissants courants ont dû circuler avant la j)résente période géologique. » Au surplus, j'ai, sans exception aucune, trouvé, parmi tous les lapiaz suivants, ces puits naturels et points tl'absorption des eaux superficielles, qui ont progressivement, et dans toutes les formations calcaires, substitué une circulation souterraine au primitif ruissellement extérieur, et créé les résurgences, dites à iort fontaines vauclusiennes , savoir : » Lapiaz de la forêt des Arbailles (Basses-Pyrénées), avec les lesias ( gouffres) d'Aluisqiiy, etc., el les sources de la Bidouse, d'Aussurucq, etc.; rascles des Gras, avec les orc/ii. goules et sources de l'Ardèclie, de la Braunliie (Lot) avec les igiies du Causse deGraniat, et les sources de l'Ouysse; du Venteux avec les avens et la fontaine deVau- cluse; du Dévoluy (atrophiés par les glaciations quaternaires) avec les chouruns et la fontaine des Gillardes, etc. ; de Fondurle, de Lente, de Vassieux, etc. (Drônie), avec les scialets et sources du Vercors ; lapiaz du Parmelan, avec leurs puits à neige qui refroidissent les sources tout autour de la hase du massif; du désert de Plate, avec les gouffres des Verts, etc., et les sources de Magland ; burrens de Galway avec leurs sluggas et turloughs (Irlande) ; rascles de l'île Majorque (Baléares) à Porto-Cristo (Miocène) avec la Cueva del' Drach et à Valldemosa (Jurassique) avec de profonds abîmes inexplorés et la Fuente de la Cova, etc. ; Mon(pellier-le-Vieux et Païolive aussi sont percés d'avens et distill enl des sources, et je viens d'établir l'étroit rapport entre leskarren fissurés des Glarnisch (Fo iV Hi:iM, Ann. Club alpin suisse, 1877-1878, p. 421, et Atlas Siegfried, f. Scjg et t\oo) et l'alimentation de la source du Hôll-Loch ou schleichende Brunnen {Comptes rendus, 4 août 1902); déjà Simony avait reconnu que le massif du Dachstein a des glaciers (Soliladming et Karls-Eisfeld ) sans émissaire aérien, et toute une circulation souterraine (caverne de KoppenbriiU) (voir Z>ac/j- stein-Gcbiet, Vienne, 1891). » Il est indubitable que l'on constatera les mêmes faits auv karren de l'Ifen (Bavière) (voir Eckert, Petcrnis Mittheil., 1898, et Der Gottesacker-Plateau, Inns- bruck, 1902), el du Steinernes Meer [voir II. Grimmer, Pelernis Mittheil., 1897, p. 42 ; et 1902, p. 9). » Cette relation absolue el générale entre les abîmes ou points d'absorp- tion du calcaire et les lapiaz est jdonc une véritable loi géologique et hydro- logique. Elle ne semble pas avoir encore été formulée et, en tous cas, elle SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 1902. Il4l justifierait à elle seule la nouvelle explication que je propose pour la for- mation originaire sinon de tous, du moins d'une grande partie des lapiaz ou karren, tant de rivières que de sommets ; sous cette réserve d'ailleurs qii actuellement ce n'est plus guère que l'action chimique des eaux météo- riques (pluies et neiges acidulées) qui trouve à s'exercer, avec nn faciès différent et sur une échelle bien plus faible, parmi les lapiaz de sommets. » CHIMIE BIOLOGIQUE. — Influence des agents de catalyse sur le fonctionne- ment de V organisme : spermine, cèrèbrine et chloradrénal. Note de M. Alexandre de Poehl, présentée par M. A. Gautier. « D'après Ostwald les agents catalytiques n'influent que sur la durée des processus chimiques, non sur leur nature. Il propose de nommer les corps qui les accélèrent catalyseurs positifs et les corps qui les retardent cataly- seurs négatifs. » Les catalyseurs d'oxydation dans l'organisme sont les oxydases. Parmi elles, la spermine (C'H"'Az', d'après mes recherches), produit de désinté- gration des leucocytes, joue le principal rôle. » J'ai démontré son influence sur les processus d'oxydation par diverses expériences de laboratoire : transformation du magnésium en magnésie, des aldéhydes benzoïque et salicylique en acides correspondants, etc. » Physiologiquement, cette influence a été établie par le Prince Tark- hanoff, les professeurs Senator, Lœwy, Richter, etc., sur des animaux dont l'énergie d'oxydation était abaissée par section de la moelle, infec- tions, intoxications avec le chloroforme, l'oxyde de carbone, le gaz d'éclai- rage, le cyanure de potassium, etc. Ces poisons plasmatiques retardent les oxydations; ils agissent comme catalyseurs négatifs. Leur effet nuisible est neutralisé par l'influence des catalyseurs positifs, la spermine en particulier. » Dans les cas d'intoxications, par suite d'abaissement de la respiration tissulaire, dans la neurasthénie, le tabès, etc., la spermine possède aussi une action très favorable. » D'ailleurs, son influence sur le coefficient d'oxydation azotée qu'elle élève a été démontrée par de nombreuses analj'ses d'urine. » La spermine est bien un catalyseur, car déjà une quantité de 05,00026 par kilo- gramme de poids corporel possède un effet thérapeutique très net. » Dans la respiration tissulaire, en même temps que la spermine, intervient une autre série de ferments constituée par,/le groupe des leucomaïnes du tissu nerveux. Je lui ai donné le nom de cérébrine par suite de la terminologie que j'ai adoptée. » La cérébrine paraît agir sur l'excrétion des produits de déchets par hydrolyse. » En effet, l'excrétion des déchets du tissu nerveux, que je mesure avec Zueizer par G. R., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N« 24.) l49 11^2 ACADÉMIE DES SCIENCES. lerapport de l'azote total à l'acide phosphorique, ne dépend pas seulement de l'énergie des processus d'oxjdalion. Dans certains cas de neurasthénie, d'alcoolisme, certaines phases de l'épilepsie, il se produit une rétention des leucomaïnes, sans que les pro- cessus d'oxydation aient sensiblement diminué. » La cérébriiie, donnée par voie buccale ou sous-cutanée, favorise l'excrétion des leucomaïnes et augmente le rapport de Zuelzer. » Krainsky, Stange, Lion, Pantschenko, Tshetshott ont observé cliniquement les effets favorables de la cérébrine dans l'alcoolisme, la neurasthénie, certaines épi- lepsies, etc. » Les observations de Babès, Conslanlin-Paul, Dufournier, Hammond, Robertson, Romanoff et d'autres, montrent les résultats favorables obtenus en employant opothé- rapiquement la substance cérébrale dans les maladies nerveuses. » On peut en dire autant des effets de destruction du poison tétanique qu'ont ob- servé Wassermann et Takaki. )> Depuis 1895, je donne à l'ensemble des agents actifs extraits d'un organe le nom de cet organe suivi du suffixe ine. J'ai isolé des capsules surrénales la suprarénaline, qui contient, outre Vadrénaline, les autres leucomaïnes de la glande surrénale. L'adrénaline ne contenant pas l'ensemble des bases actives de la glande et étant inso- luble, je propose le nom de chloradrénal à ce principe uni à l'acide chlorhydrique. » Vadrénaline (G'^H'^AzO*) de Takamine, produite en 1901, est la base du cklo- radrénal (C'H'^AzO'HCl) que j'ai isolé et obtenu très pur. » D'après mes recherches, le chloradrénal est un catalyseur de réduction par excel- lence. 11 accélère les processus de réduction, même à la dilution de un millionième. Cet effet peut se constater in vitro sur les sels ferriques, ceux d'or, d'argent, l'acide iodique étendu, etc., qui sont tous réduits. » On sait que l'influence du chloradrénal suv la vasoconstriction est très considé- rable : elle se fait sentir même en employant des solutions à ..alaa- » L'action toxique du chloradrénal est une conséquence de ses propriétés réduc- tives. Chez le lapin, ô^s par voie sous-cutanée produisent une forte glycosurie (2 pour 100) avec un grand abaissement du coefficient d'oxydation azotée. Le professeur Prince Tarkhanoff a constaté qu'une dose de os, 02 à oe,o4 de chloradrénal par voie sous-cutanée provoque la mort du lapin en 20 ou 3o minutes par asphyxie et avec un rapide abaissement de température. Tous ces faits montrent que le chloradrénal est bien un catalyseur de réduction. Ce qui le montre encore, c'est que la spermine, catalyseur d'oxydation, en détruit les effets : on peut prolonger la vie des animaux intoxiqués par le chloradrénal en leur injectant la spermine par voie sous-cutanée (Prince Tarkhanoff). « Dans l'organisme il existe des régulateurs des réactions catalytiques ; c'est ainsi que les processus d'oxydation de la spermine se trouvent en relation avec l'alcalinité du sang. Dans tous les états de fatigue il se fait une accumulation de produits orga- niques acides, tels que l'acide lactique, qui diminuent l'alcalinité du sang et en même temps, comme je l'ai démontré, les effets catalytiques d'oxydation de la spermine. Mais l'alcalinité du sang ne peut jamais dépasser une certaine limite, car, par suite de l'oxydation des acides organiques, la pression de l'acide carbonique dans les tissus se trouve augmentée et l'alcalinité s'abaisse, ce qui constitue un des mécanismes de régularisation des processus d'oxydation. SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 1902. I 143 » Je pense que l'influence téléologique du chloradrénal se manifeste dans la vie cellulaire surtout par son action dans le noyau. Les remarquables travaux du profes- seur Armand Gautier ayant montré que les phénomènes de réduction se passent sans cesse dans le noyau et dans les parties profondes du protoplasme, j'ai cherché le chloradrénal non seulement dans les glandes surrénales, mais aussi dans les autres organes, et j y a. trouvé des substances réductrices qui en sont très voisines Presaue identiques au chloradrénal, ces substances sont évidemment les catalyseurs de ré- duction. •' .. Les capsules surrénales sont-elles chargées d'accumuler seulement le chloradré- nal forme adleurs, comme le veut Battelli? C'est là un point sur lequel mes travaux ne me permettent pas encore de me prononcer. » Je pense que la plupart des ^o^m.. sont des catalyseurs négatifs des processus d oxydation. La cérebnne et la spermine combattent utilement leurs efl-ets. » MÉDECINE. — Les maladies de la déminéralisation organique. Anémie plasmatiqiie. Note de M. Albert Robiv, présentée par M. Arm. Gautier. « Il existe un groupe d'états morbides qui reconnaissent comme l'une de leurs conditions, sinon de leurs causes, soit une déminéralisation de 1 organisme, soit une inaptitude des plasmes et des tissus à fixer les prin- cipes inorganiques de l'alimentation. ). Parmi ces maladies, mes recherches permettent d'individualiser déjà les types suivants comme premiers termes de la série : » a. La phtisie pulmonaire; " b. Le phosphorisme; » c. Une variété particulière d'hémoglobinurie; " d. Diverses albuminuries qui, d'abord fonctionnelles, peuvent abou- tir a la maladie de Bright, comme les albuminuries phosphaturiques et les albuminuries dyspeptiques; >' e. Un groupe important d'anémies, parmi lesquelles certaines pré- sentent toutes les allures cliniques de la chlorose. » h^ chlorose n'est pas une entité morbide, mais bien un ensemble svmptomatique qu. relevé de conditions morbides fort dissemblables réclamant des traitements diffé- rents, puisque ce qu'il faut traiter, ce n'est pas l'expression symptomatique dénom- mée chlorose ou anémie, m^h bien les procédés morbides qui aboutissent à cette expression. » La déminéralisation organique est l'un de ces procédés. Les chloroses et les anémies qui en relèvent offrent certaines particularités cliniques qui permettent de les soupçonner et sur lesquelles je reviendrai plus lard. Mais, pour les reconnaître à coup sur, il faut pratiquer l'analyse comparative de l'urine et du sang. La déminéra- lisation est prouvée par l'augmentation du résidu minéral de l'urine et du coefficient j,,/ ACADÉMIE DES SCIENCES. de déminéralisation el par la diminution corrélative de la minéralisation du sang. , C'est ainsi que, d'une part, le coefficient de déminéralisation ur.naire s eleve à 48 pour 100, au lieu de 3o pour loo, avec o«,4.4 de résidu ino.^an,que par kilo- ..amme de poids et par .4 heures, au lieu de o^,.;», tandis que d autre part, le ré- sidu inorganique du sang s'abaisse à 5.,6 au lieu de la normale de g^. „ L'analyse démontre que cette déminéralisation porte sur le plasma sanguin dont l'équilibre salin est ainsi rompu, ce qui comporte, comme résultante immédiate, ou une altération des globules rouges, ou un retard dans leur renouvellement, ou une diminution de leur activité. De fait, dans le cas qui m'a servi de type >« nombre des globules rouges est tombé à 2829000, avec une valeur globulaire de 0,72, la nor- maie étant l'unité. ,, , . , „ Celte variété d'anémie mérite donc le nom d anémie plasmatique. „ Pour la traiter et la guérir d'une façon pour ainsi dire mathématique, il faut reconstituer l'équilibre salin du plasma sanguin. On y arrive asse^ rapidement par l'emploi d'une association de sels minéraux à divers principes organiques dont 1 en- semble représente une sorte de thériaque minérale. . , . • , -, „ Cette reconstitution minérale du plasma sanguin demande de iD a 5o jouis sui- vant les cas. Elle se traduit par une augmentation de la minéralisation du sang et par une diminution du résidu inorganique de l'urine, malgré l'ingestion journalière des sels minéraux médicamenteux. ! Après traitement, le résidu inorganique de l'urine s'abaisse à C, 36i par 24 heures et par kilogramme de poids; le coefficient de déminéralisation unnaire lo^^e a 35 97 et les matières inorganiques du sang reviennent à la normale avec le chiffre de 8.,85. .En même temp^, la densité du sang monte de io45 à io5o et ses matières orga- niaues passent de 1916,6 à 2o4" par litre. , • j Touand l'équilibre salin du plasma sanguin est rétabli, il convient, dans une se- conde étape thérapeutique, d'instituer la médication ferrugineuse qui agit alors avec une surprenante rapidité sur les signes extérieurs de la chlorose. Mais on peut évite aussi ce second traitement en associant directement, et dès l'abord, les ferrugineux a la médication saline. . j „ Le diagnostic et le traitement de l'anémie plasmatique fournissent une preuve de la certitude qu'acquiert la thérapeutique quand elle est fondée sur les procèdes exacts de la Chimie pathologique. » M. p. DE Viviàs adresse une Note ayant pour titre : « Théorème du point symétrique et quelques-unes de ses conséquences ... A 4 heures et demie l'Académie se forme en Comité secret. La séance est levée à 5 heures. M. B. N" 24. TABLE DES ARTICLES. (Séance du m décembre 1902.) MÉMOIRES ET COMMUNICATIOIVS DES M EMBUES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉAIIE. Pages. M. le MiNISTRK DE 1,'Insthuction publiquk adresse une ampliation du Décret par lequel le Président de la lîépubliquc approuve réieclion de M. Deslandres dans la Section d'Astronomie i o8j M. Henui MoissAN. — Sur la présence de l'argon^ de l'oxyde de carbone et des car- bures d'hydrogène dans les gaz des fu- merolles du Mont Pelé à la Martinique... io85 Pages. M. P. DuiiEM. - Sur la stabilité de l'équi- libre et les variables sans inertie loUS IM. K.MiLB Laurent. — Expériences .sur la durée du pouvoir gerniinatif des graines conservées dans le vide logi M. le Général Bassot présente à l'Aca- démie, au nom du Bureau des Longitudes, V Annuaire pour l'an 1903 1094 MEMOIRES PRESEx\TES. .M. Delauuiek adresse une Note ayant pour titre : « Recherches sur la navigation aérienne » 1096 MM. 15. Brunhes et P. David soumettent au jugement de l'Académie un Mémoire intitulé ; a Ktude des anomalies dû champ m.ignétique terrestre sur le Puy de Dôme». :nf|il M. GiiiOD adresse un Mémoire « Sur une métiiode de transposition en musique ».. 10Ç4IJ CORRESPOrVDAIVCE. M. le Secrétaire PEUfÉTUEL signale un Ouvrage intitulé : » La Mécanique à l'Fxposition de 190(1 »; les Cahiers IG et 17 du Service géographique de l'armée... 1096 M. Jean Mascaht. — Perturbations indé- pendantes de l'excentricilé 1097 M. P. Chofardet. — Observations de la comète Giacobini (igoa rfj, faites à l'Obser- vatoire de BesançOH 1099 M. R. d'Adiiemar. — Sur l'intégration d'une équation aux dérivées pai-tiellcs du second ordre, du type hyperbolique, à plus de deux variables indépendantes 1 100 M. D. Negrkano. — Procédé de séparation électrique de ,1a partie métallique d'un minerai de sa gangue iioS M. E. Baud. — Sur le tluorure d'aluminium. iio3 M. A. .ToANNIB. — Action du chlorure de bore sur le ga?, amnjoniac r 106 M. Ph. Barbier. -. Sur un phosphate animo- niaco-manga nique violet ' 109 M. H. BaIibigny. — Préparation des alcalis et du peroxyde de manganèse 1 1 10 M. K. Garrioou. — La diffusion de l'ar- senift dans la nature 1 1 13 i\L Arm. Gautier. — Observations au sujet de la Note précédente de M. Garrigou. . iii.5 MM. p. Ereundler et de Laiîouderie. — Sur I aldéhyde /)-benzène-azobcnzoïque et ses dérivés 1 1 ili .M. <:. Marie. — Sur l'acide oxybenzylphos- pliiriique I 1 rS ,MM. Seyewetz et BlOT. — Sur une nou- velle méthode de chloruralion des car- bures aromatiques 1 r'o M. L.-F. Blanchard. — Grégarine ccelo- mique chez un Coléoptère ri 23 .M.\I. 1. Pantel et R. de Sinety. — Sur l'évolution de l'acrosome dans la sper- matidc du Notonecte 1 124 M. P ,\. Danqeard. - La téléomitosc chez VAniœba Oteichenii Uajard 1 rifi M. l.iKii Macciiiati. — Sur la photosynthèse eu dehors de l'organisme 1 128 M. P. Mazé. — La maturation des graines et l'apparition de la faculté germinative . ii.io M. .Ikan Bbunhes. — Sur le rôle des tour- billons dans l'érosion éolienne 1 132 M. L.-A. Fabre. — Sur le courant et le littoral des Landes ii34 M. Liiuts DuPARG. — Sur l'origine de la coupure transversale de la Kosva (Oural du Nord ) 1 13.') M. N. DE .Mercey. — Sur des gitcs de phos- phate de chaux de la Craie à Béleninitcs, t'orrnés avant le soulèvenu'ut ii^^ GAUTHIER -VILLARS, Imprimeur-Editeur, QUAI DES GRANI>S-AUGUSTINS, 55, A PARIS {(>'). COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, PUBLIÉS PAR LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. Par décision de l'Académie des Sciences, les prix de l'abonnement et des collections sont désormais lixés ainsi qn'il suit : PRIX DE L'ABONNEMENT : PaKIS 30 fr. I DÉPARTEMENTS 40 fr. | ETRANGER 44 fr. Chaque année, sauf i845, 1878 à 1892, 1896 à 1S98, se vend séparément 25 fr. Chaque volume, sauf les Tomes 20, 21, 76 à 108, 110, 112, 114, 115, 122 à 127,5e vend sépa- . 15 f r . rement TABLES GÉNÉRALES. TABLE GÈNÉKALE des Tomes là 31 (i83j-i85o) 25 fr. Tomes 32 à 61 (i85i-i865) 25 fr. - Tomes 62 à 91 (1866-1880) 25 fr. - Tomes 92 à 121 (1881-1895) 25 fr. Chaque Volume dos T^ibles générales conipread une Table par ordre alphabétique d'auteurs et une Table par matières très détaillée. PARIS. - IMPIUMEIUE G AUT H t E R - V ILL ARS. Quai des Grands-Augustins, 55. I.C Gérant: CtAU l inKK-VlLLAHs. 1902 SECOND SEMESTRE. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. T03IE CXXXV. N^ 25(22 Décembre 1902). ^PAWS, GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, Quai des Grands-Augustins, 55. 1902 RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES REND Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875 Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de V Académie se composent des extraits des travaux (ie ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes présentés par des savants étrangers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. 26 numéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. Article i*^. — Impression des travaux de l' Académie. Les extraits des Mémoires présentés par un Membre ou par un associé étranger de l'Académie comprennent au plus 6 pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o pages par année. Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans le Compte rendu àe, la semaine que si elle a été remise le jour même de la séance. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par les Correspondants de l'Académie comprennent au plus 4 pages par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de Sa pages par année. Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis- cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca- démie ; cependant, si les Membres qui y ont pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les re- mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion. Les Programmes des prix proposés par l'Académie sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Râp- i" I ports relatifs aux prix décernés ne le soiS que l'Académie l'aura décidé. Les Notices ou Discours prononcés en'ai blique ne font pas partie des Comptes rem, . Article 2. — Impression des travaux di^ étrangers à l'Académie. Les Mémoires lus ou présentés par de qui ne sont pas Membres ou Corresponde demie peuvent être l'objet d'une analyse sumé qui ne dépasse pas 3 pages. Les Membres qui présentent ces Ménjn tenus de les réduire au nombre de page; »j Membre qui fait la présentation est toujoiin mais les Secrétaires ont le droit de réduir el autant qu'ils le jugent convenable, comn pour les articles ordinaires de la correspo i cielle de l'Académie. Article 3. Le bon à tirer de chaque Membre doit < l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être rei te titre seul duMémoire est inséré dans le C actuel, et l'extrait est renvoyé au Compt vant et mis à la fin du cahier. Article 4. — Planches et tirage à^ Les Comptes rendus ne contiennent ni ] figures. ; Dans le cas exceptionnel oîi des figu autorisées, l'espace occupé par ces figun pour l'étendue réglementaire. Le tirage à part des articles est aux f teurs; il n'y a d'exception que pour les les Instructions demandés par le Gouveri m Article 5. Tous les six mois, la Commission admin ri un Rapport sur la situation des Comptes ri l'impression de chaque volume. 1 Les Secrétaires sont chargés de l'exéculn sent Règlement. ■ Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels so P déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5^. Autrement la présentation sera remise à la s i' ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE PUBLIQUE ANNUELLE DU LUNDI 22 DÉCEMBRE 1902, PRÉSIDÉE PAR M. BOUQUET DE LA GRYE. M. Bouquet de la Grye prononce l'allocution suivante : « Messieurs, » Il est dans la vie civile, en dehors de la naissance et de la mort, des circonslances qui peuvent se répéter, le Code y pourvoit, l'Eglise catho- lique admet que certains sacrements soient administrés plusieurs fois; on peut être nommé à deux reprises, nous l'avons vu, membre de la même Académie, mais jamais, au grand jamais si la coutume avait été observée, la diL'uité de Président n'aurait été conférée" deux fois à l'un de nos Confrères. » Aucune règle ne porte pourtant pareille interdiction, mais elle se base sur une loi de mortalité qui paraît sérieusement établie, et l'un de nos savants Confrères pourrait seul supputer la probabilité qu'un dernier élu arrivât à la présidence, tandis que le plus âgé des Membres, pour le moins centenaire, deviendrait vice-président. » Messieurs, cet honneur unique rend très fier son titulaire : il lui est donné, quelle que soit !^on humilité, de parler au nom de l'Académie lorsqu'elle applaudit à des succès et aussi hélas lorsqu'elle pleure la mort de Confrères estimés et aimés. » Messieurs, lorsqu'on arrive à la fin de cette présidence et pour mieux dire des deux années que l'on a passées au Bureau, on voit mieux qu'étant assis au milieu de vous, le rôle important que joue dans notre état social l'Académie des Sciences. Ou a vite dit, au dehors : les séances n'ont pour trame qu'une énumération rapide de faits rarement suivis d'une discussion, mais cette collection ininterrompue de découvertes répandues par les Comptes rendus esX le plus puissant des stimulants que l'on puisse donner à la Science. Aussi nos volumes vont-ils en grossissant et la Commission administrative a-t-elle souvent quelque peine à en solder l'impression. G. R., 1902, -i' Semestre. (T. C\XXV, N" 25.) l5o Il46 ACADÉMIE DES SCIENCES. » C'est pendant les deux années passées dans cette Commission, où le pouvoir exécutif est si bien rempli par les deux Secrétaires perpétuels, que j'ai pu juger du soin avec lequel sont gérés les intérêts de la Science et de l'Académie. » Nous pourrons bientôt. Messieurs, saluer le moment où, grâce à deux grosses donations non affectées à des prix, la gêne actuelle va disparaître et l'Académie pourra alors, d'une façon plus efficace, venir en aide à des savants. » Je dis ceci. Messieurs, parce qu'à regarder l'ensemble des prix que nous décernons, on peut nous croire très riche. Leur total s'accroît, en effet, très rapidement: de iioooo'^', en 1874, il a passé, cette année, à 317000'^''. Mais, à la vérité, dans ce chiffre sont compris deux sommes de 100000*^^, dont on ne distribue guère que le revenu, le capital devant être donné, d'une part, à l'astronome qui conversera avec les habitants d'un astre autre que Mars et à celui qui aura trouvé un remède contre le choléra. Si les candidats se sont présentés, ils n'ont pas été agréés. » Messieurs, dans cet ensemble de prix dont on va donner la liste, les Mémoires couronnés pourraient tous attirer votre attention, mais l'analyse en a été faite dans de savants rapports et je ne puis qu'y renvoyer. » Vous m'excuserez pourtant si je vous demande de faire une exception pour ceux qui touchent à la Section de Géographie et de Navigation, ne pouvant me détacher de ce qui a été l'objet des occupations d'une bonne partie de ma vie. ■» La Géographie était assez oubliée au milieu du siècle dernier; le pu- blic ne s'intéressait que peu aux entreprises coloniales, et les testaments des personnes amies de la Science contenaient plutôt des legs en faveur des progrès de la Médecine qu'à des découvertes dans des pays inconnus. » Aujourd'hui, en revanche, être explorateur est un titre qui conduit souvent à un emploi; si quelques voyageurs ont payé leurs découvertes de leur vie, d'autres sont devenus célèbres et, l'an dernier, l'Académie a très justement décerné le grand prix à la Mission Foureau. » Cette année-ci, elle est très heureuse de donner une partie du prix Binoux à M. Marcel Monnier, explorateur en Chine, ayant parcouru Soooo""", dont 12 000'*™ levés à la boussole. 28 Cartes contiennent ce remar- quable levé. » Le prix Gay a été attribué au colonel Berthaut. )) La France, oublieuse de ses gloires, ne connaissait guère les travaux des ingénieurs des camps et armées et le rôle rempli, pendant la première SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. Il47 moitié du siècle dernier, par les ingénieurs géographes. M. Berthaut a ré- haiîilité les uns et les autres et fait surlout connaître que c'est à ces der- niers que l'on doit la triangulation de la France et la mise en train de la Carte au jinTrô- ^^ suppression du Corps de géographes en i832 a été un gros malheur et une lourde faute, et il a fallu 20 ans d'efforts pour les réparer. Nos officiers mesurent à nouveau, à l'heure actuelle, sous le patronage de l'Académie, le méridien de Quito. » Le prix Tchihatchef doit être décerné à des naturalistes qui auront fait des explorations dans le continent asiatique. M. Sven Hedin a rempli ces conditions en parcourant pendant 3 années les plateaux neigeux du Pamir et, pendant 3 autres années, le Turkestan chinois et le Thibet. A deux reprises différentes, il essaya d'atteindre Lhassa, mais fut arrêté par des détachements armés. L'itinéraire de M. Sven Hedin s'étend sur une longueur de loooo'^™ et ses collections forment un ensemble rare de choses inédites. » J'ai placé en dernier lieu le prix extraordinaire de la Marine parce qu'une partie revient seule à la Géographie. Il s'agit du levé de la côte ouest de Madagascar, fait, avec les méthodes les plus précises, par M. Drien- court, ingénieur hydrographe. La portion la plus importante du prix est donnée à M. Romazotti et n'a été l'objet d'aucun rapport. L'Académie récompense ici un ensemble de travaux qui ont permis à notre pays de construire des submersibles ayant rempli toutes les conditions imposées aux ingénieurs. » Messieurs, après la navigation sous la mer, il en est une autre qui passionne à l'heure actuelle les inventeurs de tous les pays, et des catas- trophes successives ne les arrêtent pas. Nombre de Mémoires sur ce sujet arrivent chaque année à l'Académie, et sont renvoyés à une Commission spéciale qui, après avoir été réorganisée, vient de commencer ses travaux. Un Rapport a déjà été publié dans les Comptes rendus, d'autres suivront montrant l'intérêt que porte l'Académie à une science nouvelle. Elle le prouve en donnant, cette année, un prix aux frères Renard. » Vous savez que des initiatives privées ont déjà fourni et promis des subventions pour certaines réalisations dans la marche des ballons, nous croyons personnellement que le problème plus général de l'aviation ne peut manquer d'être bientôt résolu, puisque l'on construit des machines puissantes extra-légères avec lesquelles on obtient des rotations attei- gnant 20000 tours par minute. Dans ces conditions l'air peut être un point d'appui. Il48 ACADÉMIE DES SCIENCES. » Messieurs, l'an dernier nous avions assisté dans l'amphithéâtre de la Sorbonne à une cérémonie où les Savants ilu monde entier étaient venus ajjporter des médailles, des diplômes et des adresses à notre illustre Secré- taire perpétuel, M. Berthelot, à l'occasion du cinquantenaire de ses travaux. )i Cette année une cérémonie plus intime, mais très touchante, a eu lien au Muséum. Il s'agissait du cinquantenaire du professoral de notre Vice-Président et ses élèves, ses collègues et ses amis étaient venus lui dire toute l'estime qu'il leur avait inspirée et combien avait été fructueuse pour la Science sa vie tout entière. » Il est encore tl'autres faits qui ne peuvent être passés sous silence dans nos annales de 1902. Un sinistre effroyable, tel que l'histoire d'aucun pays n'en contient de semblable, est venu frapper une de nos vieilles colonies, faisant en quelques minutes 3oooo victimes, puis quelques jours après de nouvelles hécatombes. )> L'Académie, sur la demande du Ministre des Colonies, a envoyé à la Martinique une mission de trois savants; des rapports ont été remis par eux, expliquant du mieux possible, d'après un ensemble de témoignages, la marche de ce cyclone de feu. M. Lacroix est retourné depuis dans l'île pour organiser des stations autour du volcan, afin de suivre, s'il était pos- sible, la marche du phénomène et de déceler les signes prémonitoires des éruptions. » Hélas! à considérer le passé cela semble bien difficile. La terre que nous foulons est bien peu solide, les géologues nous affirment qu'elle a été autrefois le siège de cataclysmes effroyables et ne répondent nullement que la stabilité du sol soit désormais assurée. Les études faites aux obser- vatoires du Vésuve et de l'Etna n'ont pu donner, jusqu'à présent, de prévisions à longue échéance; pourra-t-on faire mieux a la Martinique? Espérons-le; quoi qu'il en soit, un travail interne paraît se faire, puisque des éruptions sont signalées tout autour du globe, et l'opinion publique en Allemagne et ailleurs s'en préoccupe. » Nous avons reçu, en effet, par voie diplomatique, le vœu formé dans un Congrès, de confier à une institution internationale le soin d'étudier les mouvements du sol d'ordre séismique , ils fout (i'ailleurs l'objei île recherches spéciales dans certains pays. » La Commission de l'Académie qui a été chargée d'examiner cette question, tout en pensant que de pareilles étutles rentrent dans le cadre de celles auxquelles se livre l'Association internationale géodésique, a demandé sur ce sujet l'avis du Bureau international des Académies, organe SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. Il49 dont la création est récente. I^a question avait, en effet, été portée devant plusieurs Académies; il était naturel que leur Association s'en occupât. » Je terminerai, Messieurs, l'exposé de nos travaux en rappelant que M. Donmer, gouverneur général de l'Indo-Chine, nous a proposé d'en- vover au Tonkin une mission scientifique permanente dont la colonie ferait tous les frais. Les statuts de cette organisation sont presque copiés sur ceux d'une institution analogue placée sous le patronage de l'Académie des Inscriptions et Belles-]>eLtres, et qui fonctionne régulièrement; notre Compagnie les a discutés, et ils ont été approuvés par le Ministre. Nous avons, le mois dernier, proposé au nouveau Gouverneur la nomination du Directeur de la Mission, et, ces jours-ci, celle de ses subordonnés; tout nous fait espérer que, comme son aînée, cette création aura des résultats heureux pour la Science française. » Messieurs, me voici arrivé à un point douloureux de ma tâche, je dois rappeler ici le souvenir de ceux de nos Confrères qui nous ont été enlevés celte année, et malheureusement le nombre en est grand. Sept d'entre eux ont disparu en 1902, et c'est un chiffre bien rarement atteint. M. Cornu figure le premier sur cette liste nécrologique; il était entré, en 1860, à l'École Polytechnique et, grâce à son rang de sortie, avait pu choisir la carrière très disputée des Mines. On sait que nombre d'ingé- nieurs de cette Administration sont devenus Membres de notre Académie, la tradition et la nature de leurs travaux les poussent à s'occuper des recherches scientifiques; Cornu avait une véritable passion pour la Piiy- sique, il s'v adonna entièrement. La vie de laboratoire était sa vie : doué d'une habileté manuelle étonnante, il imaginait et construisait constam- ment (le nouveaux instruments pour déceler tels phénomènes compliqués de l'Optique. » Puis ce furent des expériences |)OMr donner un chiffre plus exact de la densité de la Terre. » On sait qu'en utilisant un |)rocédé imrginé par M. Fizeau dont il était l'élève et l'ami, il s'occupa des recherches sur la vitesse de la lumière. Le chiffre qu'il tionna, à la suite des belles expériences faites entie l'Observa- toire et la tour de Montlhérv, est aujourd'hui a(lo|)lé par les physiciens; mais il ne le satisfaisait pas entièrement, il voulait partir de dislances énormes et rêvait de mesurer les temps employés par la lumière pour aller du mont Mouuier eu Corse et eu revenir. » i\iais pour réussir, il fallait opérer par étapes successives, et vous avez Ix5o ACADÉMIE DES SCIENCES. entendu, ces jours-ci, l'habile Directeur de l'Observatoire de Nice donner des premiers résultats qui auraient enchanté M. Cornu. » Notre Confrère, Membre de l'Institut dès 1878, avait été nommé au Bureau des Longitudes en 1886. Sa collaboration était jjrécieuse, il lui avait donné des Notices sur l'électricité et les dynamos, du plus haut intérêt. » M. Cornu est mort en pleine activité scientifique, sa perte est cruelle pour l'Académie et pour sa famille qu'il adorait. )) Après M. Cornu, l'Académie a appris avec un douloureux étonnement la mort d'Henri Filhol ; il n'était des nôtres que depuis 5 ans, mais il y en avait 3o que l'Académie le connaissait. En 1876, elle lui avait décerné le prix Delalande-Guérineau, en 1879 le grand prix des Sciences physiques, et en i883 le prix Petit d'Hormoy, toutes récompenses justement méritées, car Filhol sacrifiait tout à la science qu'il cultivait, jusqu'à une partie de sa fortune. )) Messieurs, j'ai perdu en Filhol un véritable ami, mais l'éloge que j'en puis faire, je l'ai trouvé dans toutes les bouches et partout ou il a passé il n'a trouvé que des sympathies. » Je n'énumérerai pas ici ses travaux, la nomenclature a été faite par le savant Directeur du Muséum ; elle seule non seulement sauverait son nom de l'oubli, mais le placerait à la suite de ceux des Cuvier, des Blainville et des Geoffroy Saint-Hilaire. M Le public peu savant pourra, de son côté, mesurer la reconnaissance que l'on doit à l'organisation de la belle galerie du nouveau bâtiment du Muséum. Filhol est mort d'un excès de travail, fait qui n'est pas rare parmi ceux qui se sont assis dans cette enceinte, et il emporte tous nos regrets. » Messieurs, après avoir frappé deux jeunes Confrères, la mort est venue nous enlever nos deux doyens, MNL Faye et Damour. )) Le premier était Membre de l'Institut depuis 1847 et avait, à deux générations de savants, présenté des Mémoires sur les parties les plus élevées de la Science astronomique. En sortant de l'Ecole Polytechnique où il était entré en j832, il n'avait pns pris une carrière gouvernementale, mais, son père, ingénieur des Ponts et Chaussées, l'avait attaché à une société qui lui fit faire des nivellements et des études dans les landes de Gascogne et dans des terres de même formation en Hollande. » Ces occupations n'allaient qu'à moitié à la nature de son esprit et il fuL heureux d'entrer en 1842 à l'Observatoire dirigé alors par Arago. SÉANCE DU 22 DÉCn:MBRE 1902. Il5l )) M. Faye voyait l'année suivante son nom déjà entouré d'une auréole de bon aloi. Il avait eu la chance de découvrir une comète et le talent d'en calculer tous les éléments. L'année suivante il donnait ceux de la comète de Vico. » Après des travaux sur les mouvements propres des étoiles, M. Faye aborda la détermination de leur parallaxe et trouva pour une étoile de la Grande Ourse le chiffre le plus grand que l'on ait encore obtenu. Celte étoile, si voisine de notre Terre, met pourtant 3 années pour lui envoyer sa lumière. » C'est à MM. Faye et Laugier qus l'on doit d'avoir inauguré, à l'Obser- vatoire, l'Astronomie de précision en étudiant chacune des parties des observations à la lunette méridienne et en réduisant au minimum les chances des erreurs commises. » Une autre question devait alors occuper l'esprit de notre Confrère; la loi de Newton paraissait être en défaut pour certaines comètes à leur passage au périhélie. M. Faye supposa que la chaleur solaire pourrait être répulsive, et cette hypothèse paraît se confirmer. » Nous n'énumérerons pas la longue série des Mémoires qu'il a publiés; . mais il est impossible de ne pas dire que pendant 2i) ans il a été professeur à l'École Polytechnique et que ses leçons publiées forment un Ouvrage classique. » M. Faye a eu une longue, glorieuse et heureuse existence; devenu le doyen des astronomes de l'Europe, tous s'étaient unis pour le féliciter lors du cinquantenaire de sa nomination à l'Institut. M La plus haute distinction de l'ordre de la Légion d'honneur lui fut accordée par le Président de la République, au milieu d'un bal de la Société amicale de l'École Polytechnique. » A un moment donné, M. Félix Faure, entouré de quatre Ministres, me pria d'aller chercher M. Faye et lui annonça la distinction qui, le matin, avait été arrêtée en Conseil des Ministres. Il ajouta qu'il était heureux de le complimenter au milieu de ceux qui, la plupart, avaient été ses élèves et lui donner une juste récompense de ses travaux. » Il dit ensuite les choses les plus aimables à M""" Faye qui, en vérité, était plus que la doublure de l'âme de son mari. Elle n'a pu, du reste, lui survivre. » Messieurs la mort d'un Associé étranger, M. Virchow a suivi de prés celle (le M. Faye. M. Virchow avait été élu Correspondant de notre Aca- démie en 1859, et sa réputation allait croissant en Allemagne et en France, II 52 ACADÉMIE DES SCIENCES. lorsque arrivèrent les événements de 1870. Son patriotisme ful-il à ce nnoment trop démonstratif, le fait est qu'on oublia un instant sa grande valeur scientifique, et ce ne fut qu'en 1897 que l'Académie lui décerna le plus grand honneur qu'elle pût accorder à un étranger. Virchow a été chef d'école, il a cherché dans l'altération de la cellule la première cause de sa maladie, et, en étudiant cette vie cellulaire, il a posé les premières bases de la Science pathologique. » Dans un Congrès tenu l'an dernier à Berlin, Virchow avait pu voir avec quelle unanimité les médecins de tous les pays avaient acclamé son nom. Il est mort très âgé et son pays lui a fait de pompeuses funérailles. li'Aca- démie avait envoyé à sa famille et à ses collègues l'expression de son admiration et de ses regrets. » Messieurs, nous avons perdu M. Damour le 22 septembre dernier ; il s'est éteint à l'âge de 98 ans. Il avait été élu Correspondant en 1862 et Aca- démicien libre en 1878. Cette nomination était une consécration de 5o ans de travaux, et dans le rapport fait par M. Boussingault sur ses œuvres on j)eiit voir combien il était digne ^tl'étre notre Confrère. M. Damour s'était spécialisé dans la recherche et dans l'analyse ) Les premiers travaux qu'il a communiqués à l'Académie datent de i863, mais il ne fut élu Membre qu'en 1897. » En sortant de l'École Centrale, il était entré dans le laboratoire de M. Sainte-Claire Deville et, dans un pareil milieu, sa vocation s'était vite décelée. » Il voulait suivre les traces d'Ebelmeu et de Sénarmont, eu recher- chant la genèse de la production des minéraux, et leur réalisation par des procédés de laboratoire. » Les résultats qu'il obtint dépassèrent toute attente; il produisit des minéraux en cristaux mesurables, et son triomphe fut la |)réseritation, à l'Exposition de 1900, d'une nombreuse série de pierres rares qu'il avait pu faire sortir de ses fourneaux. » M. Hautefeuille est mort jeune; il avait été le collaborateur de MM. Fremy, Troost et Cailletet, et il laisse le souvenir d'un Confrère de relations charmantes. » Sa modestie a demandé qu'on ne fit [)as de discours sur sa tombe, mais M. Sainte-Claire Deville a écrit autrefois sur ses travaux le Rapport le plus élogieux et les minéralogistes conserveront sa mémoire. » Messieurs, en dehors de nos Confrères, l'Académie a perdu un de ses Correspondants, M. Fuchs; parler d'un analyste avec compétence ne saurait appartenir qu'à un Membre de la Section de Géométrie, et je me C. 11., i<)02, j- Semestre. (T. C\X\V, N- 26.) I^' II 54 ACADÉMIE DES SCIENCES. couvre du nom el de la science de M. Jordan en disant que sa mémoire vivra surtout parce qu'il a été le précurseur de M. Poincaré. Notre Confrère a ap\)e\é fonctions fuchsiennes les transcendantes nouvelles dont la décou- verte a commencé sa réputation. » Messieurs, j'ai terminé, l'àme quelque peu assombrie par tant de deuils, par le départ de tant d'amis dont je ne pourrai plus serrer la main. Mais, toute proportion gardée, ne devrait-il pas toujours en être ainsi? On arrive souvent à l'Académie à un âge avancé, portant un bagage scienti- fique qui donne presque la mesure de nos années. Par suite, nous pou- vons ne faire ici qu'un stage; mais, ce qui nous rassure, nous qui aimions l'Académie avant d'en laire partie, et plus encore aujourd'hui, c'est que, grâce à des choix toujours guidés par de hautes considérations scienti- fiques, ceux qui partent sont sûrs d'être bien remplacés; aux maîtres qui s'en vont succéderont des savants devenant m;ùtres à leur tour. » Ici on n'intrigue point pour avoir un gros traitement, on recherche seulement l'honneur, et c'est pour cela que l'Institut, après loo ans écou- lés, est encore toujours jeune, malgré l'âge de ses Membres. L'avenir lui est assuré par les travaux de ceux qui viendront après nous. » PRIX DÉCERNÉS. ANNÉE 1902. GEOMETRIE. GRAND PRIX DES SCIENCES MATHÉMATIQUES. (Commissaires : MM. Jordan; E. Picard, Poincaré, Appell, Painlevé, rapporteurs.) L'Académie avait proposé la question suivante: Perfectionner enun point important V application de la théorie des groupes continus à la théorie des équations aux dérivées partielles . SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE iy02. 1 1 55 Cinq Mémoires ont été présentés au concours. L'auteur du Mémoire ii" 1, portant pour devise Araok bepred, aborde l'étude des systèmes d'équations aux dérivées partielles d'une façon ori- ginale. Considérons une fonction dépendant de n variables indépendantes et d'une infinité de paramètres arbitraires. Il ptjurra se faire que cette fonction satisfasse à un système d'équations aux dérivées partielles indé- pendantes de ces paramètres et que l'on obtiendra par l'élimination de ces paramètres. Réciproquement, l'intégrale i,'énérale d'un pareil système se présentera sous la même forme et dépendra d'une infinité de constantes arbitraires qui seront, par exemple, les valeurs initiales de certaines des dérivées dites fondamentales. Soient a, l'une de ces dérivées et Xi^ l'une des variables indépendantes; prenons pour valeurs initiales xi^=^ x'I et soit a" la valeur de m, pour Xk=: x^. Alors z et, par conséquent, les m, seront des fonctions des Xi,, des x^ et des u" : M, = (,. Le choix des dérivées fonda- mentales peut d'ailleurs être fait de façon que les m; se répartissent en suites ascendantes, et que chacune fl'elles soit la dérivée par rapport à x^ de celle qui vient après elle dans la même suite. L'auteur cherche ensuite si parmi les intégrales il y en a qui corres- pondent à un sous-grou[)e du groupe deDarbouxou à un sous-groupe de K. et dont la présence, par conséquent, puisse faire espérer que le système pro- posé est réductible. Soit U„ une pareille intégrale s'annulant pour £c ^ x^, y = jo, ainsi que ses dérivées des n — i premiers ordres. . , d\]„ ^ d\3„ .• j . . , • Alors, — — et -^ — appartiendront au même sous-groupe, et, si ce sous- groupe est de première classe, pour employer la terminologie de l'auteur, on aura ou nous supposons Or, il arrive que le premier coefficient 7^„ est donné par une équation algébrique tout à fait analogue à Véquation déterminante de Fuchs; cette équation peut en même temps servir à définir les caractéristiques de Monge. Toute racine simple de cette équation nous donnera ainsi un sous-groupe de première classe; malheureusement, nous avons vu que l'existence d'un sous-groupe est une condition nécessaire, mais non suffisante de la réduc- tibilité. Les intégrales U^ forment alors ce que l'auteur appelle un cycle de première classe ; a chaque racine simple de l'équation en Àj, ou à chaque dVn dfo ^ dV,, dV„+; , .^ dl]„+2 = A„ ~T~ '^i ^ -f- A, dx„ dXf, - dxa DUS TT — ^Up+, SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. I I Sy caractéristique simple de Monge correspond donc un de ces cycles; aux racines multiples correspondraient alors des cycles de classe supérieure. La fm du Mémoire est consacrée à l'étude de ces cycles. Il faut maintenant porter un jugement d'ensemble sur ce travail. Pas de résultat complet, quelques incorrections dues aune rédaction hâtive, mais beaucoup de vues originales; peut-être quelques-uns des faits énoncés ne sont-ils pas essentiellement nouveaux, mais ils sont rajeunis au point d'être parfois méconnaissables, ils se groupent d'une façon inattendue et par là s'éclairent mutuellement. Bien que rien ne puisse encore faire prévoir si ces vues ingénieuses seront fécondes, la Commission estune qu'il y a lieu de récompenser les remarquables qualités d'esprit dont l'auteur a fait preuve en lui accordant une mention très honorable. Passons au Mémoire n" 2, qui |)orte pour titre : Sur les invariants d'un système des équations linéaires aux dérivées partielles, par 418727. L'auteur considère un svstème de deux équations linéaires entre deux fonctions y et z de deux variables a;, et x^ et leurs dérivées de premier ordre. Ce système conserve sa forme quand on change de variables indépendantes ou quand on fait subir à j et s, ou aux deux équations, une substitution hnéaire. L'auteur forme les invariants correspondant à ces transformations et en donne une interprétation géométrique ingénieuse. Ces résultats sont importants, mais ils ne présentent pas cependant le même intérêt général que ceux qui sont énoncés dans plusieurs autres Mémoires présentés au Concours. Le Mémoire inscrit sous le n° .3 a paru à la Commission digne d'être signalé. L'auteur étudie les équations linéaires aux dérivées partielles du second ordre avec n variables à deux points de vue principaux : il donne d'abord une classification de ces équations, puis il cherche des méthodes permettant de déduire d'une solution connue une aulre solution. Pour classer les équations, il met leur premier membre sous forme d'une somme de carrés symboliques lX'-(/) suivie de termes du premier ordre, X/( / ) étant un opérateur de la forme il dit alors que l'équation est régularisée. Le nombre des carrés symbo- liques donne la classe de l'équation. L'exposé de la méthode est simplifié II 58 ACADÉMIE DES SCIENCES. par la considération de n vecteurs issus d'un même point dans l'espace à n dimensions : suivant que ces vecteurs sont contenus dans un espace à n, n — I, Ai — 2, . . . , 2, I dimensions, l'équation comprend n, n ^ \, n — 2, . . . , 2, I carrés. Cette décomposition donne un moyeu de trouver un opérateur qui permute les solutions. Si tous les opérateurs qui régula- risent l'équation sont des transformations infinitésimales permutables entre elles, celles-ci définissent un groupe de translation, et l'équation peut être ramenée à avoir ses coefficients constants. Dans un supplément, l'auteur s'occupe en particulier des équations à coefficients constants dont il donne cerlaiues solutions sous forme de séries déduites, par la méthode de Cauchy, de la formule de Fourier et contenant une fonction arbitraire. Ce Mémoire trahit de l'inexpérience et un manque d'érudition : mais il renferme des vues ingénieuses et nouvelles, et la Commission lui aurait volontiers accordé une mention, s'il ne s'écartait pas par trop du sujet pro- posé pour le prix. L'extension des idées de Galois à la théorie des équations aux dérivées partielles a vivement préoccupé les géomètres dans ces vingt dernières années. Pour les équations linéaires ordinaires, cette extension résulte, comme on sait, des travaux de M. Picard et de M. Vessiot. En ce qui con- cerne les équations différentielles ordinaires quelconques ou, ce qui re- vient au même, les équations linéaires aux dérivées partielles, des idées très importantes ont été émises, il y a quelques années, par M. Drach, qui a montré dans quelle voie devait s'orienter la théorie; toutefois, à cause de certaines lacunes dans les énoncés et les démonstrations, il était né- cessaire de reprendre la question. Les deux derniers Mémoires dont il nous reste à parler ont consacré de nombreuses pages à cet important problème. Le Mémoire n° 4 a dû être écarté par la Commission comme inachevé, bien qu'il fût loin d'être dépourvu d'imagination et de vues nouvelles. Mais le tem|)sa fait évidemment défaut à l'auteur pour terminer son travail, et la plupart des démonstrations se réfèrent à une suite du Mémoire qui ne figure pas dans le manuscrit. L'objet du Mémoire inscrit sous le n° 5 est la nature des intégrations aux- quelles conduit l'application de la théorie des groupes aux systèmes diffé- rentiels quelconques. On reconnaît de suite chez l'auteur une connaissance approfondie des travaux de Sophus Lie et des géomètres qui se sont occupés SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. IiSq de la th'^orie des groupes. Une partie étendue du Mémoire est consacrée à un problème au sujet duquel l'illustre géomètre norvégien avait déjà développé quelques idées générales. Quelle est la nature des intégrations auxquelles on sera ramené pour résoudre un système différentiel admettant un groupe continu G de transformations et qui est le plus général parmi ceux qui satisfont à cette condition (système non spécial)? L'auteur montre que le problème peut toujours se décomposer en deux : 1° intégration d'un système auxiliaire ne présentant, au point de vue de la théorie des groupes, aucune particularité; 2° intégration d'un système aulomorphe, c'est-à-dire d'un système liont la solution générale se déduit d'une solution particu- lière quelconque au moyen de la transformation générale de G. En der- nière analyse, on doit trouver un représentant de chaque type de groupes primitifs simples, et discuter l'intégration des systèmes automorphes ayant pour groupes associés les divers groupes types obtenus. Si maintenant on passe à des systèmes spéciaux, on doit se demander quelles sont les simpli- fications que peut présenter l'intégration d'un système automorphe particu- her. On est alors naturellement conduit à chercher à établir, pour fie tels systèmes, une théorie analogue à la théorie des équations algébriques dues à Calois; ici, en effet, le domaine de rationalité dans lequel on veut se mouvoir joue un rôle essentiel, et c'est un point de vue laissé entièrement de côté par Sophus Lie. Avant de s'occuper des équations aux dérivées partielles, l'auteiu' du Mémoire n° 5 revient d'abord longuement sur la théorie même de Galois relative aux équations algébriques; la notion de système automor|)he lui paraît jeter une lumière nouvelle sur la théorie de Galois, en mettant en évidence le lien qui unit le point de vue de l'invariance formelle et celui de l'invariance numérique. Étant donnée une équation algébrique d'ordre n, que l'on regartle comme un système (S) de n équations entre les racines, quel parti peut-on tirer de la connaissance de certaines autres relations (A) entre ces racines, en supposant que l'on reste dans. un domaine déterminé de rationalité? La discussion de cette question amène à la considération d'un système de même nature que le système (S, A). mais automorphe. La théorie de Galois se présente alors sous la forme suivante : il existe un système automorphe rationnel, tel que tout sys- tème (S, A) également rationnel admet toutes les solutions du premier dès qu'il en admet une; le groupe de ce système automorphe est le groujie de Galois. Ceci va s'étendre aux équations linéaires et homogènes aux dérivées Il6o ACADÉMIE DES SCIENCES. partielles à n + i variables indépendantes ^ /, /„. On la considérera comme un système anlomorphe (S) de n équations entre n fonctions indé- pendantes x^, X., x,, (le groupe de ce système automorphe étant le groupe ponctuel i^énéral); pour simplifier, nous supposons que le domaine de rationalité est le domaine naUirel. La question fondamentale, pour notre auteur, est de savoir quel parti l'on peut tirer, |)our l'intégration de (S), de la connaissance de certaines relations (A), entre les fonctions, leurs déri- vées et les variables indépendantes qui sont satisfaites pour quelque solu- tion de (S). Il est ainsi conduit à la considération d'une série de systèmes automorphes dont les groupes associés sont du même type, ces groupes étant en général infinis. On peut d'ailleurs déterminer un système auto- morphe de la série précédente, de telle sorte que Cf système admette une solution donnée de (S), ce qui n'exigera que des opérations rationnelles, si les valeurs des x, pour une valeur particulière / = t„ de t, se réduisent à des fonctions rationnelles de t^,t., .... /„ et, en particulier, k 1^,(2, .... fn< ce que l'auteur appelle la solution principale n^. Après ces préliminaires, il est possible de discuter et de préciser la théorie esquissée par M. Drach, pour le cas oîi l'équation donnée est spéciale, c'est-à-dire où il existe quelque système de relations (A) rationnelles par rapport aux /, aux x et leurs dérivées, qui soit compatible avec (S). L'auteur montre qu'on peut se limiter aux systèmes (S, A) admetlant comme solution une même solu- tion principale a^ de (S) et, parmi ceux-ci, à ceux qui sont aulomorplies. On établit ensuite que, parmi ces derniers, il y en a un dont tous les autres admettent les solutions; à ce système est associé un groupe G. qui est le groupe de rationalité (le l'équation proposée. Le groupe associé à l'un quel- conque des autres systèmes contient G : c'est un théorème analogue au théorème célèbre de Galois. Le groupe G est relatif à la solution princi- pale c;„. Le point qui, pour l'auteur, constitue une différence essentielle entre la solution principale do (ou celles qui s'en déduisent par transtor- malions ratiotuielles) et les autres est que, pour une solution résultant d'une transformation T que nous pouvons appeler Tç„, il n'existe pas, en général, de système rationnel admettant seulement pour solution Tig et ses trans- formées parles transformations du groupe T"' GT. L'auteur attache une grande importance à la considération des solutions principales (ou leurs transformées rationnelles) et écrit même que la théorie peut se faire seule- ment avec ces solutions. On peut émettre quelque doute à ce sujet, et la théorie pourrait probablement être présentée d'une manière plus large ; la notion de groupe de rationalité de l'équation ne s'en trouverait d'ailleurs SÉANCE DU 2 2 DÉCEMBRE 1902. Il6r pas modifiée. Tonte cette partie du Mémoire forme un ensemble très cohé- rent et très complet; il comble entièrement les lacunes qui subsistaient dans l'importante question ouverte par M. Drach pour les équations linéaires aux dérivées partielles. » Avec une équation linéaire aux dérivées partielles, nous avions affaire, en définitive, à un système automorphe dont le groupe était le groupe général. Pour d'autres systèmes automorphes, l'extension de la théorie de Galois présente certaines difficultés signalées par l'auteur. Nous n'avons insisté que sur les grandes lignes du Mémoire très étendu inscrit sous le n" 5. C'est un travail extrêmement soigné, s'attaquant à des questions d'un caractère général, où l'auteur tire un très heureux parti de son érudition considérable dans la théorie des groupes et apporte une importante contribution à cette théorie si fondamentale dans la Science mathématique à notre époque. La Commission est unanime à lui accorder le grand prix des Sciences mathématiques. En résumé, nous proposons d'accorder le grand prix des Sciences mathématiques à l'auteur du Mémoire inscrit sous le n° 5 et portant pour devise : Es liegl in der Naliir der Sache (Sophus Lie), el une mention très honorable au Mémoire inscrit sous le n° 1 et portant pour devise : Araok bepred. Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. M. le Président ouvre en séance le pli cacheté annexé au Mémoire n° 5 qui porte la devise : Es liegl in der Natur der Sache (Sophus Lie). L'auteur du Mémoire couronné est M. Ernest Vessiot, professeur à l'Université de Lyon. Sur la demande de l'auteur du Mémoire inscrit sous le n" 1, il est pro- cédé à l'ouverture du pli cacheté qui s'y trouve annexé. L'auteur de ce Mémoire, qui a obtenu une mention très honorable, est M. Jean Le Roux, Chargé de coursa la Faculté des Sciences de Rennes. C. R., 1902, 2» Semestre, (T. CXXXV, N" 25.) ' -^2 Il62 ACADÉMIE DES SCIENCES. PRIX BORDIN. (Commissaires : MM. Poincaré, Painlevé, Emile Picard, Jordan; Darboux, rapporteur.) L'Académie avait mis au concours, pour le prix Bordin de 1902, la question suivante : Développer et perfectionner la théorie des surjaces applicables sur le parabo- loïde de révolution . Un seul Mémoire a été envoyé au concours. Il porte la devise suivante : Pour vous parler franchement de la Géométrie, je la trouve le plus haut exercice de l'esprit. L'auteur y rattache de la manière la plus ingénieuse et la plus élégante la détermination des surfaces applicables sur le paraboloïde à la considé- ration de certains systèmes orthogonaux dans le plan dont l'étude paraît offrir un réel intérêt. Mais il se contente de déterminer parce procédé nou- veau l'équation en termes finis des surfaces dont l'Académie proposait l'étude aux géomètres. Il retrouve en particulier les formules qui ont déjà été données par l'un de nous; mais il n'aborde la solution d'aucune des questions dont l'Académie espérait la solution : détermination de celles des surfaces qui passent par un contour donné, recherche de celles qui sont algébriques, etc. Pour ces motifs votre Commission ne peut vous proposer de décerner le prix Bordin. Mais, tenant compte de l'élégance et de la symétrie de ses calculs, elle vous propose d'accorder à l'auteur une mention honorable et de maintenir au concours pour 1904 la question qui avait été proposée cette année. Les conclusions de ce Rapport sont adoptées par l'Académie. Sur la demande de l'auteur, le pli cacheté annexé au Mémoire est ouvert en séance par M. le Président. L'auteur du Mémoire est M. de Tannenberg, professeur à la Faculté des Sciences de Bordeaux. SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. I l63 PRIX FRANCOEUR. (Commissaires : MM, Poincaré, Emile Picard, Appell, Jordan; Darboux, rapporteur.) L'Académie décerne le prix Francœur à M. Emile Lemoine, pour l'en- semble de ses travaux de Géométrie. PRIX PONCELET. (Commissaires : MM. Poincaré, Emile Picard, Jordan, Appell; Darboux, rapporteur.) L'Académie décerne le prix Poncelet à M. Maurice d'Ocagne, pour ses travaux Sur la Nomographie. MECANIQUE. PRIX EXTRAORDINAIRE DE SIX MILLE FRANCS. (Commissaires : MM. Guyou, Maurice Levy, de Bussy, Sebert, Bouquet de la Grye.) La Commission propose de donner un prix de quatre mille francs à M. RoMAzoTTi pour l'ensemble de ses travaux relatifs aux bateaux sous- marins, et un prix de deux mille francs à M. Driencourt, Rapport sur les travaux de M. Driencourt, par M. Guvou. Les travaux hydrographiques les plus importants effectués par M. Driencourt ont eu pour objet le levé d'une partie de la côte nord- ouest et de la côte ouest de Madagascar. Les campagnes de 1891 et 1892 ont été consacrées au levé de la partie de la côte nord-ouest qui s'étend de Nosy Lava (à l'entrée de la baie de Il65 ACADÉMIE DES SCIENCES. Narendry) jusqu'au cap Tanjona, sur une longueur de i4o milles marins; en y comprenant les deux grandes baies de Bombétoke et de Mahajamba, le développement total du rivage exploré n'est pas inférieur à 32o milles. Le résultat de ce travail a été la publication de 5 Cartes, dont 3 Cartes d'atterrissage, et d'une Notice hydrognipbique contenant des rensei- gnements sur la climatologie et la navigation. C'est grâce à ces Cartes que l'expédition de Madagascar a pu être entreprise par Majunga, dont la rade n'avait été jusque-là visitée par aucun grand bâtiment. Tout le levé s'appuie sur une triangulation continue comportant une mesure de base, et des observations d'azimut, de latitudes et, à litre de vérification, de longitudes par le transport du temps. Cette triangulation se rattache, à son extrémité nord, à celle que M. l'uigénieur hydrographe Favé avait exécutée antérieurement en partant de Diego-Suarez. Les opé- rations ont présenté des difficultés exceptionnelles résultant de la nature de la côte, souvent boi'dée de palétuviers, en arrière de laquelle s'élèvent progressivement des plateaux couverts d'épaisses forêts qui rendent très laborieuse la recherche des points culminants. Mais ces difficultés n'étaient rien en comparaison de celles que réservait l'exploration du plateau des sondes. Madagascar est entourée d'une sorte de mer intérieure, limitée au large par un récif noyé, en quelques points duquel il ne reste que 3" d'eau à basse mer, et dont les coupures consti- tuent des passes dont il était indispensable de déterminer, avec précision, les limites et la profondeur. En face des baies de Bombétoke et de Maha- jamba, où débouchent les plus grands fleuves de Madagascar, le récif est repoussé au large par les eaux douces et s'écarte jusqu'à 22 milles du rivage. On se rend compte aisément des difficultés que présentait la liaison trigonométrique de points aussi éloignés avec une côte de faible élévation, où l'on pouvait à peine discerner un petit nombre de points saillants. Ces obstacles ont été surmontés avec plein succès; il n'a pas été nécessaire de recourir aux observations astronomiques à la mer, et les Cartes de M. Driencourt présentent toute la précision des levés faits en vue de terre dans les conditions normales. La surface sondée est de 2000 milles carrés; l'espacement moyen des profils est d'un demi-mille. La reconnaissance des côtes de Madagascar, interrompue par l'expédi- tion militaire, fut reprise en 1899 sur la demande du général Galliéni. En abordant le levé de la côte' ouest, on allait se trouver en présence de difficultés analogues à celles qu'avait présentées la côte nord-ouest, mais singulièrement accrues parle plus grand éloignement du récif bar- SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE I902. I l65 rière, qui s'écarte jusqu'à 80 milles du rivage, et par la nature de la côte, basse et marécageuse, qui avoisine le cap Saint-André. C'est à M. Drien- court que fut confiée la mission de commencer ce nouveau travail, qui se présentait dans des conditions si défavorables. Un bâtiment, la Rance, fut armé spécialement pour celte campagne; M. Driencourt s'occupa acti- vement de son installation pour en faire un bâtiment hydrographe offrant tous les moyens de travailles plus perfectionnés. Un matériel considérable de balises flottantes destinées à former, sur les immenses étendues du banc dePracel, un véritable réseau permettant de prolonger la triangulation bien au delà de la vue des terres, avait été construit sur les indications de M. Hanusse; M. Driencourt étudia avec soin, dans tous ses détails, le fonc- tionnement de ces fragiles engins, sur lesquels allait reposer la plus grande partie du travail à la mer. En attendantl'époque favorable pour attaquer la côte ouest, la nouvelle mission fit un levé très détaillé de la côte sud deNossi-Bé et de ses abords, et entreprit la reconnaissance de la grande baie d'Ampasindava, qui fut achevée aux deux tiers. Ce travail fut relié à la triangulation de M. Favé. Avant d'entreprendre les sondes au large du cap Saint-André, il fallait d'abord i)rolonger la triangulation de 1891-1892, qui s'arrêtait à la baie de Baly. Déjà M. Driencourt avait parcouru toute la région basse et insa- lubre du cap Saint-André, de Baly à Nosy-Volavo, placé les signaux et fait les stations provisoires, lorsque, au moment d'entreprendre les observa- tions définitives, il fut terrassé par un accès pernicieux qui mit ses jours en danger, et l'obligea à rentrer en France sans avoir recueilli le fruit des fatigues exceptionnelles qu'il venait de subir. Dans l'exécution de ces importants travaux, M. Driencourt avait pour collaborateurs de jeunes officiers de marine animés de la meilleure volonté, mais manquant d'expérience dans ce genre d'opérations. C'est ainsi qu'il a été conduit à modifier les méthodes classiques en Hydrographie pour leur donner le plus d'analogie possible avec les procédés familiers aux naviga- teurs. L'emploi simultané du calcul et de la construction graphique, que M. Hatt avait inauguré pour la détermination des coordonnées linéaires, a été développé par M. Driencourt, et des abaques destinés à simplifier ou à contrôler les calculs ont été mis en service. D'autre part, la précision des constructions graphiques a été notablement accrue par le perfection- nement de l'abatpie en usage pour la construction des segments capables sur laquelle repose la rédaction de tout le travail à la mer. Sur le terrain, l'action de M. Driencourt n'a pas été moins heureuse. Il Il66 ACADEMIE DES SCIENCES. a perfectionné et systématisé les procédés employés pour l'exploration du relief sous-marin, notamment pour la recherche des têtes de roche dans les régions à courants et dans les eaux troubles, et l'étude des chenaux dans les fonds rocheux. De ses campagnes à Madagascar M. Drienconrt a rapporté de nom- breuses observations de m;irée. Le premier, en France, il a appliqué les méthodes indiquées par M. Darwin pour le calcul des constantes harmo- niques au moyen de courtes périodes d'observations. Les résultats qu'il a obtenus ont permis au Service hydrographique d'entreprendre la publica- tion d'un Annuaire des marées de l'océan Indien. Outre ses campagnes de Madagascar, M. Driencourt a pris part à un grand nombre de missions hydrographiques sur toutes les côtes de France, et en Tunisie. Sur la côte sud de France en particulier, où, pour la pre- mière fois, s'est posé le problème de plans hydrographiques à très grande échelle, il a montré comment les méthodes habituelles permettent, moyen- nant quelques précautions, d'obtenir toute la précision désirable. Enfin, M. Driencourt, en dehors de ses travaux hydrographiques pro- prement dits, a pris part à deux importantes missions entreprises sous les auspices du Bureau des Longitudes. La première, dirigée par M. Bouquet delà Grye, en i885, avait j)our but la détermination des différences de longitude de Dakar, Saint-Louis, Santa-Cruz de Ténériffe et Cadix, ainsi que des latitudes des deux premiers points ; les résultats en ont été insérés dans les Annales du Bureau des Longitudes. La seconde mission, où M. Driencourt collaborait avec MM. Hatt et Perrotin, a déterminé les différences de h ngitude d'Ajaccio, l'Ile-Rousse et Nice. Les résultats ont été publiés dans les Annales de l'Observatoire de Nice. Votre Commission estime que, par cet ensemble d'importants travaux exécutés avec un talent remarquable, M. Driexcourt a rendu de grands services à la navigation en général et en particulier à la marine militaire. Elle vous propose, pour cette raison, de lui décerner un prix sur les fonds mis à la disposition de l'Académie pour récompenser les travaux de nature à accroître l'efficacité de nos forces navales. Les propositions de la Commission sont adoptées par l'Académie. SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. I 167 PRIX MONTYON. (Commissaires : MM. T-éauté, Sarrau, Boussinesq, Sebert; Maurice Levy, rapporteur.) La Commission décerne le prix à M. le commandant Hartmann, pour les expériences à l'aide desquelles il a su faire apparaître à la surface des corps élastiques les lignes de glissement produites dans leurs défor- mations. Les anciennes expériences de Tresca, sur ce qu'il a appelé Vëcoidement des corps solides, ne fournissaient pas directement ces lignes. La méthode de Tresca consistait, en effet, à tracer à la surface du corps soumis à l'épreuve deux réseaux de droites rectangulaires et à observer leurs trans- formées après déformation. Ce sont donc deux séries de lignes choisies arbitrairement qu'il observait. Il a cru pouvoir conclure de l'ensemble de ses observations que les lignes de rupture se produisent lorsque la rési- stance au cisaillement est atteinte ou légèrement dépassée sur tous les points du corps. Cette hypothèse a été développée sous forme mathématique, en 1869, par M. de Saint-Venant, dans le cas des déformations planes, et par deux d'entre nous, dans le cas le plus général et, plus particulièrement, dans celui d'une déformation symétrique autour d'un axe. En i883, M. le capitaine Duguet, dans un Ouvrage remarquable à plus d'un titre, exprime la pensée qu'outre le cisaillement intervient un froUe- ment moléculaire. Mais cette pensée, bien qu'appuyée de considérations plausibles, restait à l'état d'hypothèse. Ce sont les expériences de M. Hart- mann qui ont tranché la question par l'affirmative. En effet, la théorie du cisaillement pur aurait pour conséquence que les deux systèmes de lignes de rupture seraient partout inclinées à 4^° sur une force principale supposée unique. Or, il résulte des observations de M. Hartmann que ces deux systèmes de lignes ont : celles de l'un des sys- tèmes, une inclinaison un peu supérieure et celles de l'autre, une incli- naison un peu inférieure à 45°. Et ceci ne peut s'expliquer que par l'inter- vention du'n frottement intérieur. Depuis, ce frottement s'est montré dans beaucoup de phénomènes élas- tiques, et tout récemment il a été invoqué comme un facteur important et Il68 ACADÉMIE DES SCIENCES. souvent essentiel dans les belles recherches théoriques et expérimentales lie notre Correspondant, M. Considère, sur la résistance du ciment armé. Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. PRIX PLUMEY. (Commissaires : MM. Guyou, Sarrau, Léauté, Sebert; Maurice Levy, rapporteur.) L'Académie décerne le prix Plumey à M. le colonel Rexard, pour l'ensemble de ses travaux. ASTRONOMIE. PRI\ PIERRE GUZMAN. (Commissaires ; MM. Janssen, Lœwy, Callandreau, Wolf, Radau.) Le prix n'est pas décerné. PRIX LALANDE. (Commissaires : MM. Wolf, Janssen, Callandreau, Radau; Lœwy, rapporteur.) L'Académie connaît depuis longtemps les titres scientifiques élevés de M. Trépied, Directeur de l'Observatoire d'Alger. Elle sait qu'il est, parmi les Astronomes français, l'un des plus savants et des plus actifs; elle se souvient d'avoir été à même d'apprécier, en maintes circonstances, la valeur et la portée de ses travaux concernant diverses branches de l'Astronomie. Dans ces dernières années surtout, les services rendus par M. Trépied à la Science française ont été considérables. Une collaboration directe et des plus fructueuses à des œuvres de première importance, telles que la SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE I902. I 169 Carte photographique du Ciel et la recherche d'une valeur définitive de la parallaxe solaire au moyen de la planète Éros, lui a fourni l'occasion d'études personnelles poursuivies avec une persévérante habileté sur des questions délicates et difficiles, par exemple sur la détermination des £;randeurs photographiques des étoiles et les méthodes à employer dans le but de tirer d'un cliché stellaire tout ce qu'il renferme d'utilisable pour l'Astronomie. Nous ne saurions trop insister sur le rôle si important joué par M. Tré- pied, en qualité de Secrétaire général, dans les Conférences où furent posées les bases et discutées les conditions d'accomplissement des deux grandes entreprises que nous venons de rappeler. Par son initiative, par son action incessante et souvent décisive, il a contribué puissamment à réaliser l'entente mémorable qui s'est établie, vers la fin du xix' siècle, entre les savants de toutes les nations, dans le dessein d'étendre el d'enri- chir, avec le secours de la Photographie, le domaine de l'Astronomie stellaire. Enfin, tout récemment encore, M. Trépied a terminé de belles études qui achèvent de mettre en lumière les services que la science du Ciel doit recevoir de la Carie photographique, en montrant les applications nou- velles, inattendues et fécondes, qui en sortiront. La Commission, désirant honorer par un témoignage de haute estime l'ensemble de tous les travaux distingués accomplis par M. Tuépied, vous propose de décerner à cet astronome le prix fondé par Jérôme de Lalande. L'Académie adopte les conclusions de ce Rapport. PRIX VALZ. (Commissaires : MM. Janssen, Callandreau, Wolf, Radau; Lœwy, rapporteur.) M. Hartwig, Directeur de l'Observatoire de Bamberg, a clfectué de nombreux travaux scientifiques d'une grande valeur auxquels il convient d'ajouter la découverte de deux comètes, découverte qu'il a eu la bonne fortune de faire au début de sa carrière. M. Hariwig est l'un des plus habiles observateurs à l'héliomètre, instru- ment d'une nature complexe, aussi précieux que difficile à employer. A l'aide de cet appareil, il a obtenu une déteriiîinalion très exacte des dio- C. K.. 1902, -i- Semestre. (T. CXXXV, N« 25 ) '•'•3 Iiyo ACADEMIE DES SCIENCES. mètres de Vénus et de Mars. Tout récemment, à l'occasion de l'entreprise internationale ayant pour but une nouvelle détermination de la parallaxe solaire, M. Hartwig est parvenu, grâce à la puissance particulière de son héliomètre et à sa grande expérience, à réaliser une belle série de posi- tions précises de la planète Éros, alors que, avec les instruments ana- logues, en raison du faible éclat de la planète, aucune autre tentative n'a été couronnée de succès. L'étude des étoiles variables acquiert de jour en jour une plus haute importance dans la Science astronomique, et M. Hartwig est un des plus assidus et des plus renommés observateurs de ces objets célestes. Il a enrichi ce domaine scientifique de longues séries d'observations, accom- plies dans d'excellentes conditions et qui l'ont conduit à de nombreux résultats intéressants. Dans cet ordre d'idées, il a fourni un contingent notable d'estimations soigneuses de la grandeur de la planète Eros, astre dont l'éclat a présenté des variations très surprenantes. Ce savant publie annuellement, depuis 1892, dans la revue trimestrielle de V Astronomische Gesellschaft, les éphémérides des étoiles variables d'après les éléments basés, en majeure partie, sur ses propres observations, élé- ments qui ont rendu souvent de sérieux services dans la rédaction du Cha- pitre consacré aux étoiles variables dans Y Annuaire du Bureau des Longitudes. La Commission propose de décerner le prix Valz à M. Hartwig, l'émi- nent auteur de ces beaux travaux. L'Académie adopte les conclusions de ce Rapport. PRIX DAMOISEAU. (Commissaires : MM. Callandreau, Radau, Wolf, Janssen; Lœwy, rapporteur, j Le souvenir des recherches si brillantes et si fécondes de Le Verrier, dans le domaine de la Mécanique céleste, subsiste encore dans la mémoire de tous les savants. Les théories planétaires de l'illustre astronome ont été, pendant de longues années, la base unique des éphémérides astrono- miques du monde entier. Aujourd'hui encore, les calculs de la Connais- sance des Temps sont fondés sur ces travaux célèbres qui permettent de calculer, pour une époque donnée, les lieux occupés dans l'espace par les grosses planètes du système solaire. SÉANCE UU 22 DÉCEMBRE 1902. II71 Malheureusement une difficulté sérieuse a surgi, menaçant de détruire l'unité de l'œuvre qui nous a été léguée. La théorie du mouvement de Saturne, achevée dans les dernières années de la vie de Le Verrier, accu- sait certaines imperfections ([ui ont beaucoup préoccupé les astronomes : les positions calculées différaient sensiblement des positions réelles de l'astre. On se demandait si ce désaccord devait être attribué à une erreur théorique ou à une cause physique qu'il fallait découvrir. Après la mort de Le Verrier, M. Gahlot, actuellement Sous-Directeur de l'Observatoire de Paris, entreprit de rechercher les causes des ano- malies constatées. Pour atteindre ce but il fallait non seulement refaire complètement la théorie de Saturne, mais encore l'aborder par une méthode plus efficace, dont Le Verrier n'avait fait malheureusement qu'une application trop sommaire, et qui donne la faculté d'atteindre un degré d'approximation plus élevé. Dans le calcul des perturbations périodiques de Saturne par Jupiter, Le Verrier s'était arrêté aux termes qui sont de second ordre par rapport aux masses, ce qui était insuffisant dans le cas donné. Il était donc néces- saire de pousser l'approximation plus loin. L'emploi de la méthode d'inter- polation a fourni à M. Gaillot le moyen d'arriver à ce résultat. Par une application rigoureuse et complète de cette méthode, il a obtenu, sans aucune omission, l'ensemble de tous les termes du premier, du deuxième et du troisième ordre par rapport aux masses et, en outre, tous ceux d'ordre supérieur au troisième qui dépendent directement du premier et du second. Enfin, par une nouvelle approximation, il a fait entrer en ligne de compte un certain nombre de termes encore sensibles du qua- trième ordre par rapport aux masses. Les Tables des perturbations, basées sur l'ensemble des résultats obtenus par ces deux calculs successifs, lui ont jjermis de représenter le mouve- ment de Saturne d'une manière complètement satisfaisante : les valeurs moyennes des écarts entre les positions calculées et les positions observées de fjSi à 189g ne dépassent guère les limites des erreurs moyennes des observations. Actuellement, toute la partie théorique du travail est complètement terminée et imprimée. Le sujet mis au concours pour le prix Damoiseau se trouve donc traité d'une manière magistrale par M. Gaillot, et le progrès scientifique que l'Académie avait en vue a été réalisé dans des conditions qui fout le plus grand honneur à l'Astronomie française. Pour couronner des efforts aussi II 72 ACADEMIE DES SCIENCES. raùritants !u Commission propose de décerner ii M. Csaillot le prix Damoiseau. L'Académie adopte les conclusions de ce Rapport. PRIX JANSSEN (Médaille d'or). (Commissaires : MM. Lœwy, Woif, Callandreau, Rad.uj. ; Janssen, rapporteur.) Ce prix est accordé à M. le Comte Aymar de la Baume-Pluvinei, pour ses travaux en Astronomie physique et les importantes missions qu'il a exécutées à ses frais, à la demande et avec les instructions de M. Janssen. La carrière scientifique de M. le Comte de la Baume-Pliivinel est déjà longue. Dès I 882, nous le voyons attaché à la mission de notre regretté Confrère d'Abbadie pour l'observation, à l'île de Haïti, du passage de la planète Vénus de 1882. D'Abbadie s'est grandement loué de l'assistance précieuse qu'il reçut en cette circonstance de M. de la Baume-Pluvinel. En 1887, M. de la Banme-Pluvinel ne craignit pas de faire un long et coûteux voyage en Russie, à Tver près de Moscou, pour y observer une éclipse totale. Malheureusement l'état du ciel, au moment du phénomène, ne favorisa pas le dévoué et zélé observateur. En 1889, M. de la Baume-Pluvinel recevait du Bureau des Longitudes la mission d'aller observer aux îles du Salut l'éclipsé totale du 23 dé- cembre 1889. M. de la Baume-Pluvinel fit alors l'importante constatation que la struc- ture de la couronne rappelait celles de 1867 et 1878, ce qui établissait une relation entre les phénomènes extra-solaires et la fréquence des taches, relation que j'avais eu l'occasion de signaler à propos de l'éclipsé de 1 87 1 , observée aux Indes. M. de la Baume-Pluvinel signale à cette occasion la forme curviligne des aigrettes dans la couronne, qu'il considère avec raison comme due à l'existence d'une force de projection combinée avec la rotation du Soleil. Pendant l'éclipsé annulaire du 17 juin 1890, M. de la Baume-Pluvinel nous rapportait un spectre de l'extrême bord du Soleil, lequel, comparé à celui du centie, ne montrait aucune accentuation des bandes d'absorption SÉANCE 2U '!•>. DÉCEMBRE 1902. II73 de l'oxygène, ce qui démontre une fois de plus que, si l'oxygène existe dans le Soleil, il ne s'y trouve pas dans \élal où il existe dans notre atmosphère. En 1893, le 16 avril, une éclipse totale avait lieu au Sénégal. M. de la Baume-Pluvinel, empêché par des affaires de famille d'aller lui-même observer cette éclipse, voulut faire les frais d'une mission que nous con- fiâmes à M. Pasteur, Chef de la Photographie à l'Observatoire de Meudon. M. Pasteur rapporta de cette mission des photographies du spectre de la couronne qui montrent que celle-ci contient incontestablement de la lumière solaire réfléchie par elle et qu'en conséquence elle est bien un objet réel. Le 5 septembre 1898, M. de la Baume-Pluvinel voulait bien, à ma demande, monter au mont Blanc et y obtenait, vers midi, des spectres solaires qui, rapprochés de ceux pris dans les mêmes circonstances à Paris, à Chamonix, montrent incontestablement l'origine tellurique des raies et bandes de l'oxygène. Ajoutons qu'en 1900 et 1902 eurent lieu d'importantes éclipses en Espagne, à Sumatra et en Egypte, qui toutes furent observées par M. de la Baume-Pluvinel. Celle d'Egypte, notamment, donna un très intéressant résultat en confirmant ce que nous savi(ms sur l'extrême rareté de l'atmo- sphère lunaire, s'il en existe une. A la suite de son observation, M. de la Baume-Pluvinel partit pour la haute Egypte, où il fit d'importantes observations d'analyse spectrale. Tous ces travaux, toutes ces missions suffiraient surabondamment pour mériter la médaille que nous prions l'Académie d'accorder à M. de la Baume-Plcvinel, mais nous devons ajouter que l'on doit encore à M. delà Baume-Pluvinel de très intéressants Ouvrages de Photographie théorique et pratique qui ont été grandement appréciés. Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. Encouragement et une médaille Janssen accordés au D*" Jean Bixor. iVI. le D'' Jean Binot, chef de laboratoire à l'Institut Pasteur, a accompli, dans le massif du mont Blanc et au sommet même de cette montagne, des travaux très intéressants de Bactériologie. Des fouilles méthodiques et habilement distribuées dans le massif du mont Blanc lui ont permis de rec.ieillir des échantillons de colonies en- tières de microbes appartenant à des espèces variées. Ces échantillons placés dans des bouillons de culture sont revenus à la II 74 ACADÉMIE DES SCIENCES. vie, ce qui démonlre la vitalité extraordinaire de ces êtres. Il sera d'un haut intérêt de continuer ces études relativement à des colonies existant dans des parties encore plus anciennes du glacier. L'année dernière, une grande éclipse totale avait lieu, comme on sait, en Asie. A ma demande, M. le D'' Binot, muni d'un bon appareil photographique et après s'être exercé à l'Observatoire de Meudon, partit, muni d'une mission gratuite du Ministre de l'Instruction publique, pour l'île de France, où les chances de beau temps étaient les plus grandes, et nous rapporta une belle photographie de la couronne qui a été présentée à l'Académie et figure dans nos Comptes rendus. Ces travaux et ces services rendus à la Science justifient pleinement l'encouragement que l'Académie accorde au D"^ Jeax Bixot. Je demande à l'Académie d'y joindre ma médaille en vermeil. Ces conclusions sont adoptées. GEOGRAPHIE ET NAVIGATION. PRIX BINOUX. (Commissaires : MM. Guyou, Bouquet de la Grye, Grandidier, de Bussy, Bassot.) La Commission partage le prix entre MM. Claude, Marcel Monnier, Delpeuch. Rapport sur les travaux de M. Claude, par M. Gcvor. Les instruments dont disposent les voyageurs et les géographes pour la détermination des coordonnées du zénith sur la sphère céleste, théodo- lite et instruments à réflexion, sont loin d'offrir toute la précision dési- rable. Pour les opérations qui demandent une grande exactitude, on est forcé de recourir aux instruments, tels que le cercle méridien, qui exigent la construction d'un petit observatoire, opération souvent impraticable. Il SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. II75 manquait un instrument à la fois portatif et facile à installer comme les premiers et susceptible, comme les seconds, de donner une grande préci- sion. L'astrolabe à prisme de M. Claude vient combler cette lacune. La méthode à laquelle cet instrument est destiné est celle des hauteurs égales. Cette méthode a été, comme l'on sait, imaginée par Gauss pour s'affranchir, dans les observations au sextant, des erreurs instrumentales. Généralisée par Anger et Rnorr, elle constitue encore actuellement le moyeu théoriquement le plus exact de déterminer à la fois l'heure et la latitude. Mais il s'en faut que le sextant remplisse toutes les conditions imposées par elle pour donner les meilleurs résultats. Le faible grossissement de la lunette et les difficultés que présente l'opc- ration ne permettent pas d'obtenir des observations suffisamment pré- cises, ni en assez grand nombre pour atténuer l'influence des erreurs. Aussi cette méthode a-t-elle été presque complètement abandonnée, malgré les louables efforts tentés par quelques observateurs et notamment en France par le commandant Perrin. L'astrolabe de M. Claude est affranchi de tous ces inconvénients. Il est aussi transportable et facile à installer que le petit théodolite de campagne. L'usage en est assez simple pour qu'une séance suffise pour exercer un observateur. Enfin le grossissement de la lunette, qui peut aller jusqu'à 65 fois, per- met de saisir avec une très grande précision le contact des images d'une même étoile, directe et réfléchie dans un bain de mercure. T/instrument ne peut mesurer, il est vrai, qu'une hauteur déterminée (environ 60"); mais, comme on peut y apercevoir par temps clair jus- qu'aux étoiles de la 'j'^ grandeur, le nombre des étoiles observables dans une séance de i heure est considérable. Il résulte de là que, dans une seule séance relativement courte, l'obser- vateur peut recueillir des observations déjà très précises, individuellement, et dont le grand nombre permet en outre d'atténuer, dans une grande pro- portion, les erreurs accidentelles. Les expériences déjà nombreuses qui ont été faites avec cet instrument, par différents observateurs, montrent qu'il permet de déterminer la posi- tion du zénith sur la sphère céleste à moins de i seconde d'arc, abstrac- tion faite, bien entendu, de l'erreur personnelle. L'astrolabe de M. Claude consiste en un prisme droit de flint, à base triangulaire équilatérale, dont deux faces renvoient horizontalement dans une lunette les rayons émanant d'une étoile et de son image réfléchie dans 11^6 ACADÉMIE DES SCIENCES. un bain de mercure. L'observation consiste à noter l'inslant précis où les deux images passenten coïncidence; grâce au grossissement, le mouvement relatif des deux images est rendu i3o fois plus rapide que celui de l'étoile. L'ensemble du prisme avec la lunette pivole autour d'un axe vertical monté sur un plateau horizontal en aluminium, mobile lui-même autour d'un axe vertical, et qui peut être orienté dans un azimut quelconque à l'aide d'un index et d'un cercle divisé. Le bain de mercure repose sur le plateau horizontal ; cette disposition, qui a beaucoup facilité l'emploi de l'astrolabe, a été suggérée à l'inventeur par M. l'Ingénieur hydrographe Driencourt. L'instrument exige une optique très soignée pour que les images soient bien nettes. Ce résultat est aujourd'hui atteint couramment par M. Vion. Les avantages que nous avons énumérés plus haut font, de l'astrolabe à prisme de M. Claude, l'instrument de voyage par excellence. Les deux [dus importants Établissements géographiques de France, le Service géogra- phique de l'Armée et le Service hydrographique delà Marine, l'ont adopté. Son usage ne peut manquer de se généraliser rapidement à l'étranger. M. Claude a donc rendu à la Géographie le très grand service de la doter d'un instrument nouveau qui, tout en étant aussi maniable que ceux dont disposaient les voyageurs, atteint une précision comparable a celle des grands instruments astronomiques. Votre Commission propose de lui donner un prix sur les fonds du prix Binoux. Rapport sur les travaux de M. Marcel Monnier, par M. Alfhed Grandidier. Déjà connu par ses voyages en Amérique et en Afrique, M. Marcel MoxNiER est parti en novembre 1894 pour l'Asie, où il a successivement exploré l'Indo-Chine, la province chinoise de Kouang-Si, le Japon et la Chine, allant de l'est à l'ouest jusqu'au Tonkin, puis du snd-ouist au nord- est jusqu'en Corée où il a suivi un itinéraire nouveau. Remontant alors le fleuve Amour et traversant le massif de l'Altaï, la steppe Rirghise, le Fer- çhanat, la Perse, le Caucase et la Russie, il est rentré en France en juillet 1898, ayant parcouru sur le continent asiatique plus de 3oooo'''", dont loooo"^'" à cheval. Il a levé à la boussole iSSSi""" : le Yang-tsé (d'I-tchang à Tchoung-Ring) et la route jusqu'au fleuve Rouge, soit 270o'>°'; Soo''™ en Corée, de la mer Jaune à la mer du Japon; 8937''" de Ourga à Babylone, et 1444'^'" du golfe Persique à la mer Caspienne. SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. lf]J C'est \\ série de levers faits pendant ce lonç et intéressant voyage c|ue la Commission dn prix Binoux [)ropose à l'Académie de récompenser. Ces levers ont été publiés sous le patronage de la Société de Géographie, dans un Atlas qui contient :<8 c;irtes, 7 à — '— , 2 à ^^^ et 19 à y^,. Ce sont principalement les feuilles 18 et 19. où est reporté l'itinéraire de M. Marcel Monnier en Corée, et les tciiilles 2.5 à 28 où est tracé son itiné- raire en Perse, qiù ont le plus (l'intérêt géographique. Cet Atlas est accom- pagné d'un petit Volume où l'auteur a condensé les notes et renseignements qu'd a recueillis au cours de ses voyages et a mis une série intéressante d'images photographiques. Dans un Ouvrage publié antérieurement, il a raconté en détail ses pérégrinations. Votre Commission a jugé que ces publications forment un ensemble d'une valeur géographique réelle et propose à l'Académie d'attribuer à M. Marcei, Monmer un prix sur les fonds du prix Binoux. Rapport sur les trmriux de M. Delpeucli, par M. de lîissv. M. le Lieutenant de vaisseau Dei.peucii a publié, sous le titre de La Navi- gation sous-marine à travers les Siècles, une histoire très C()m[)lctc de la navigation sous-marine. Son Ouvrage, fruit de recherches laborieuses, ne constitue pas seulement un livre d'une lecture attachante, il renferme un ensemble de documents dont la connaissance est utile à quiconque veut s'occuper de perfectionner la navigation sous-marine. Les conclusions de ces Rapports sont ado[)tées par l'Académie. PHYSIQUE. PRIX HEBERT. (Commissaires : MM. Lippmann, Becquerel, Violle, Potier; Mascart, rapporteur.) Le prix est décerné à M. C.-F. Guilbeivt, pour son Ouvrage intitulé « liCs générateurs d'électricité à l'Exposition de 1900. » C. K., i.,.j2, 2* Semestre. (T. CWXV, N" 25.) iS/j 1178 ACADEMIE DES SCIENCES. STATISTIQUE. PRIX MONTYON. (Commissaires : MM. Alfred Picard, Rouché, de Freycinet, Laussedat, Rrouardel; Haton de la Goupillière, rapporteur.) Le concours pour le prix Montyon de Statistique a reçu, en 1902, douze envois. Deux d'entre eux ont été écartés par votre Commission, l'un comme insuffisant, l'autre parce qu'il ne rentre pas dans la formule du prix. Sur les dix qui ont été retenus, cinq ont immédiatement frappé notre attention comme des œuvres d'une grande valeur, s'élevant dans la sphère ordinaire de la récompense supérieure. Toutefois, une discussion appro- fondie nous a permis d'établir, parmi ces Ouvrages, les distinctions sui- vantes : Deux de ces productions ont été mises en première ligne; et la Com- mission partage entre elles, par égalité, le prix Montyon de Statistique pour 1902, à savoir : 1° « Étude statistique de la mortalité par gastro-entérite chez les enfants du premier âge en France m, par le D' F. Bordas; 2° « Observations météorologiques de Victor et Camille Chandon de Montdidier », parle professeur H. Duchacssoy. La Commission accorde, en outre, trois mentions exceptionnellement honorables : 3° Elle a d'abord distingué le travail de M. le D'' Liétard intitulé : « La population des Vosges ». Elle engage expressément cet auteur, qui n'a encore publié qu'un premier Volume, à représenter au même concours l'Ouvrage complet, après l'apparition du Tome second, actuellement en préparation; 4° M. Pai'l Dislère a présenté un important « Mémoiresur la colonisa- tion », d'une forme moins directement statistique que les œuvres précé- dentes, mais rempli de vues élevées et de documents utiles présentés avec le grand talent de l'auteur ; SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. II79 5° M le D' Peyrocx a soumis à l'Académie une « Étude sur les causes de la dépopulation d'Elbeuf et sur POEuvre des gouttes de lait » . Ce tra- vail reçoit, comme les deux précédents, une mention exceptionnellement honorable. La Commission décerne enfin cinq mentions aux Ouvrages suivants : 6° « Contribution à l'étude de l'alcoolisme en Normandie >.. par le D'^R. Leroy; , ,, , , 70 « Répartition du goitre en France; statistique de 1 alcoolisme », par leD^L. Mayet; 8° « Coup d'œii sur l'état sanitaire du pays d étangs pendant les vingt- cinq dernières années, mouvement de la population dans quarante com- munes de la Bombes pendant le xix" siècle ... par le D' Passerat; 90 « La cécité en France, statistique, répartition géographique », par le D"^ Trousseau ; ,0° « De l'entraînement et de ses effets sur l'artilleur .., par un Ano- nyme qui a pris comme devise : Primo non nocere. Les Rapports spéciaux qui suivent font connaître avec détails les motifs de ces décisions. Étude statistique de la mortalité par gastro-entérite chez les enfants du premier âge en France, par M. le D^ Bordas. Rapport de M. Brouardel. M le D- Bordas adresse à l'Académie un Rapport très intéressant sur la statistique de la mortalité par gastro-etérnite chez les enfants du premier âge en France. _ , , Ce travail comprend deux Parties. Dans la première, accompagnée de neuf Tableaux graphiques soigneusement tracés, M. Bordas établit que la tuberculose et l'atrepsie des enfants représente 3o pour 100 de la morta- lité totale, que chacune d'elles se partage à peu près exactement ce ch.tire, si bien que, même dans les quelques villes où la natalité dépasse la morta- lité, comme à Lille, la natalité survivante à la fin de l'année est inférieure à la mortalité de l'année. M Bordas montre que les villes de la région du nord de la France ont une mortalité par gastro-entérite qui dépasse le double de celle des villes du Midi, que cette gastro-entérite atteint plus de la moitié de la mortalité ll8o ACADÉMIE DES SCIENCES. infantile dans le Nord, et à peine un tiers dans la région située an-dessous de la Loii-e. Des Tableaux montrent l'influence prédominante des chaleurs pendant les mois de juin, juillet, août et septembre; ils dénotent la sévérité de cette affection dans les arrondissements pauvres de Lille, Paris, Le Havre. Quelle est la cause de cette mortalité prédominante dans le Nord et dans l'Ouest? M. Bordas montre par ses statistiques que ce sont les villes placées dans les régions agricoles qui fournissent les laits les plus renommés qui accusent une mortalité infantile excessive. Il constate que, à Lille, le lait est écrémé de telle façon que la moitié des analyses (694) démontre que le lait ne contient plus 2^ de beurre, que la lécithine passe presque totalement dans la crème enlevée. H reste un produit dont la valeur alimentaire est bien diminuée. M. Bordas a constaté que ces laits écrémés sont des bouillons de cul- ture parfaits pour tous les microbes; que, à ce point de vue, leur valeur augmente pendant l'été, de sorte que 4 heures en été équivalent à 24 heures en hiver. M. Bordas s'élève donc avec énergie contre cet écrémacents et d'adultes. Un septième de ces décès pro\ieut d'affections des voies respiratoires et un autre se|)tième de la tuberculose. L'alcoolisme et la syphilis préparent un excellent terrain de culture à la tuberculose, que SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. Il 87 provoquent ensuite l'insalubrité des logements ouvriers, l'insuffisance de la nourriture et la falsification des aliments. Toutes les déduclions de M. le I)'' Pevronx sont corroborées par des rapprochements entre les statistiques d'Eibeuf et celles d'autres villes, judicieusement choisies. H propose les mesures suivantes : 1° Favoriser et appuyer la ligue antialcoolique locale; 2° Créer une lie^ue antisyphililiqne; 3" Entourer de soins particuliers les ouvrières enceintes; installer des monte-charges dans les usines qui n'en seraient pas encore pourvues; arrêter le travail au huitième mois de la grossesse et assurer aux futures mères un salaire compensateur qui leur permette de rester chez elles pen- dant le neuvième mois; 4° Provoquer l'institution par l'État d'une nouvelle crèche de cin- quante lits, avec obligation pour les mères d'y apporter le matin leurs nouveau-nés, si elles ne justifient d'une garde sérieuse; 5° Remettre, lors des déclarations de naissances, aux déclarants non ouvriers, des instructions concernant l'allaitement et l'élevage du nou- veau-né; 6° Poursuivre la répression sévère de l'alcoolisme des parents; 7° Appliquer rigoureusement la loi Roussel; 8° Lutter contre l'encombrement et l'insalubrité des logements ouvriers; subventionner les comités locaux des habitations à bon marché. 2. L'œuvre des gouttes de lait. Étude du groupe normand. — M. le D"' Pey- roux, (pii avait effleuré dans sa brochure la question de l'œuvre des gouttes de lait, y revient spécialement dans son Mémoire manuscrit. En principe, il reconnaît le but généreux et rationnel de cette œuvre, basée sur la stérilisation du lait animal et sur la modification de ce lait, toujours très différent du lait de femme, c'est-à-dire sur des opérations propres à combattre la cause principale de la diarrhée infantile. Mais, contrairement aux assertions des médecins qui la dirigent dans plusieurs villes, il la considère comme inefficace et comme vouée en fait à l'impuissance. Des statistiques détaillées et minutieuses l'ont amené aux constatations que voici, pour Elbeuf, Fécamp et Le Havre : 1° Loin de diminuer depuis la fondation de l'œuvre, le pourcentage des décès au-dessous d'un an imputables à lafdiarrhée par rapporta l'ensemble Il88 ACADÉMIE DES SCIEN'CES. des décès dans la même limite d'âge, celui des mêmes décès par rapport aux naissances, enfin celui des décès de toute origine au-dessous d'un an par rapport aux décès à tout âge, se sont accrus, sauf une légère exception à Fécamp en ce qui concerne le dernier pourcentage; 1° Malgré la diminution des naissances à Elbeuf, le nombre total des décès d'enfanls au-dessous d'un an et celui des cas mortels de diarrhée avant frappé ces enfants ont augmenté. A Fécamp, oii les naissances sont restées à peu près slationnaires, il y a eu légère diminution du nombre total des décès au-dessous d'un an, mais augmentation de la part de ces décès dus à la diarrhée. Au Havre, où les naissances ont progressé, il s'est produit un accroisse- ment plus rapide des décès au-dessous d'un an et une énorme augmenta- lion de la part imputable à la gastro-entérite. L'inefficacité de l'œuvre s'explique sans peine. C'est le plus souvent un enfant qui vient chercher le lait à l'office de distribution. Bien des fois, il cède à la tentation d'y goûter en cours de roule et de combler le vide par de l'eau prise à la borne-fontaine. Au domicile, le lait subit un transvasement funeste. Le biberon à simple léterelle, qui seul devrait être employé, mais qu'il faudrait tenir à la main, est remplacé par un biberon à long tube. En dépit des recommandations du médecin de la goulle, si le nourrisson pleure, une bouillie indigeste lui est administrée. La malpropreté des parents rend, en outre, parfois difficile le nettoyage des flacons. A tout cela s'ajoute l'irrégularité avec laquelle les enfants sont présentés au médecin de l'OEuvre. Rien n'est malheureusement possible contre de telles pratiques. L'auteur conclut donc à supprimer les gouttes de lait qui ont été inca- pables de faire le bien et qui sont susceptibles de faire le mal, en inspirant une fausse confiance et en détournant les mères de nourrir au sein. Un seul parti s'impose, favoriser l'allaitement mixte et, a fortiori, l'allai- tement maternel. C'est l'unique solution du problème, l'unique sauvegarde du nouveau-né. Les sommes dépensées pour l'achat et la préparation du lait pourraient élre consacrées à des bons de viande et à des primes aux mères dont les bons soins seraient constatés. A cet égard, Rouen vient de donner un exemple remarquable et d'obtenir des résultats merveilleux. SÉANCE UV 22 DÉCEMBRE 1902. II 89 Des consultations de nourrissons surveilleraient l'allaitement maternel. Une fois |)ar semaine, la mère présenterait son enfant au médecin et lui deman- derait, au besoin, conseil pour mener à bien sa noble tâche. Les questions traitées par l'auteur sont de celles qui intéressent au plus haut point l'avenir du pays. Des causes multiples et diverses ont enrayé l'accroissement de la popu- lation française. La puissance et la richesse nationales risquent d'en subir une cruelle atteinte. A défaut d'augmentation de la natalité, il faut au moins prolonger par tous les moyens possibles la vie moyenne. C'est presque un devoir sacré, pour quiconque le peut, de lutter contre les causes d'affai- blissement et de mort prématurée, notamment contre la mortalité infantile, dont les ravages sont si redoutables dans certaines villes. M. le D'' Peyroux a fait œuvre de science et de bien, en consacrant son savoir et son labeur à la cause patriotique qui laisse encore trop d'indiffé- rents. Ses iVIémoires sont empreints d'un esprit d'analyse, d'une habileté d'ob- servation et d'un amour de la vérité, auxquels on ne saurait trop rendre hommage. La Commission lui accorde une mention exceptionnellement honorable. Contribution à l'étude de l'alcoolisme en Normandie ; par M. le D"" Leroy. Rapport de M. E. Rouché. La brochure de M. le D"" Raoul Leroy est relative à l'Étude de l'alcoo- lisme en Normandie et particulièrement dans le département de l'Eure. Elle débute par un avant-propos fort intéressant sur l'abus de l'eau- de-vie et des diverses boissons alcooliques. Contractées d'abord dans les foires et les marchés, ces habitudes déplorables ont passé du cabaret au sein même de la famille où elles ont pénétré si profondément qu'on peut affirmer aujourd'hui que tout Normand, à quelque classe de la Société qu'il appartienne, s'alcoolise à domicile. Cette introduction est suivie de plusieurs paragraphes ayant successive- ment pour titres : « Le développement de la consommation alcoolique et les débits de boissons » ; jIÇ)o ACADEMIE DES SCIENCES. « L'alcool et le cidre ou le vin » ; « L'alcool et la population, l'aliénation et la criminalité m ; « L'alcool et les suicides ou les morts accidentelles ». Les assertions contenues dans ces divers paragraphes sont confirmées par de nombreux renseignements numériques et surtout par des Tableaux graphiques exécutés avec grand soin et remarquables par leur clarté. Médecin de l'Asile des aliénés d'Évreux, M. le D'' Leroy a été, par sa situa- tion, à même de voir le péril alcoolique dans toute son étendue. Il a con- signé dans cet Ouvrage de très nombreux documents permettant d'établir le bilan de l'alcoolisme dans l'Eure pendant le xix* siècle. Nous croyons, en terminant l'analyse sommaire de son excelleat travail, devoir citer ses conclusions : « L'alcoolisme est un mal qui anéantit les forces vives d'une nation. Il tue l'individu et, avant de le tuer, le déprave et l'avilit. En accroissant par la voie héréditaire la foule des faibles esprits, des criminels et des aliénés, le poison contribue, pour une large part, à la déchéance de la race. Ainsi, perte du capital humain par la multi|)lication des morts prématurées, perte du capital intellectuel par l'accentuation de la dégéné- rescence, tel est le bilan de ce fléau. » M. Leroy vient de signaler le danger qui menace un pays qui lui est cher; mais il espère que la saine raison du Normand saura conjurer ce péril redoutable. I^a Commission accorde une mention au travail de M. Raoul Leroy. Répartition géographique du goitre en France. Statistiques de V alcoolisme ; par M. le D'' Mayet (^Lucien). Rapport de M. Brouardel. M. L. Matet, interne des hôpitaux à Lyon, adresse à l'Académie : 1° Une étude sur la répartition géographique du goitre en France. De ce travail, dans lequel les recherches de ses prédécesseurs ont servi de points de comparaison, il résulte que la fréquence du goitre semble avoir notablement diminué, que l'endémie reste assez intense dans une série d'îlots situés dans les Alpes, les Pyrénées, le plateau Central, le Jura et les Vosges. Malheureusement les causes de cette persistance dans les régions mon- tagneuses, et de leur disparition dans les autres régions restent encore inconnues. 2° Des statistiques de l'alcoolisme très étudlé!-.^ dans lesquelles il relève SÉANCE DL 22 DÉCEMBRE ig02. Iigi la production et la consommation des alcools en France, la forme sous laquelle ils sont ingérés, la répartition géographi'iue depuis 1870, le nombre toujours croissant des débits de boissons, et, dans un second Mémoire, il compare l'alcoolisme et la dépopulation, l'alcoolisme et la tubercidose, l'alcoolisme et le suicide. C'est une œuvre très consciencieuse, donnant des indications précieuses sur les questions qui passionnent à juste titre les personnes qui s'inté- ressent à l'avenir de la France. La Commission décerne une mention à son auteur. Coup d'œil sur l'état sanitaire du pays d'étangs pendant les 25 dernières années. — Mouvement de la population dans l\o communes de la Dombes pendant le xix' siècle, par M. le D'' Passera t. Rapport de M. A. Picard. M. le D"' Passerat, de Bourg (Ain), présente, pour le prix Montyon de Statistique (concours de 1902), deux brochures extraites des « Annales de la Société d'émulation de l'Ain » et intitulées : l'une, « Coup d'œil sur l'état sanitaire du pays d'étangs pendant les 10 dernières années » ; l'autre, « Mouvement de la population dans 4o communes de la Dombes pendant le xix^ siècle ». Ces deux opuscules ont trait, l'un et l'autre, à 4o communes rurales de l'arrondissement de Trévoux, dont le territoire est partiellement recouvert d'étangs. Le second ne constitue, en quelque sorte, que le développement du premier. Les étangs dombistes sont, on le sait, des réservoirs artificiels alterna- tivement remplis d'eau, puis mis à sec et cidtivés. Des drainages super- ficiels en assurent l'assainissement pendant les périodes d'a^^ecet iVévo- lage. Beaucoup d'entre eux ont disparu au cours de la seconde moitié du xix" siècle. Après avoir constaté que l'état sanitaire de la Dombes est en progrès depuis 25 ans, que tout en gardant un caractère endémique le paludisme a notablement diminué dans la région et que les accès ont pris le plus sou- vent une allure bénigne, M. le D"' Passerai s'est demandé si ce'le amélio- ration devait être attribuée à la disparition progressive des étangs. Il a entrepris une série d'études iMborieuses et intéressantes, non seulement sur l'évolution et la distribution du paludisme à diverses époques du 1192 ACADEMIE DES SCIENCES. XIX* siècle, mais aussi sur la démographie de la Dombes : naissances, décès, immigration, émigration, mouvement de la population. Les recherches de l'auteur l'ont amené aux conclusions suivantes : i" La population du pays d'étangs a augmenté d'une façon continue jusqu'en 1891 ; depuis, elle est en forte décroissance. Très considérable quand les étangs étaient nombreux, l'accroissement a diminué dès qu'ont été entreprises les opérations de dessèchement, puis a fait place à une réduction quand ces opérations se sont étendues. Durant la première moitié du xix' siècle, l'accroissement de la popu- lation dombiste était trois fois plus forte dans les communes possédant beaucoup d'étangs que dans les communes qui en avaient très peu. La diminution actuelle est plus marquée dans les communes ayant peu d'étangs. 2° Le nombre des naissances en Dombes a crû du commencement au milieu du siècle. Depuis, la natalité est en décroissance. Exception faite de la première décade, le nombre des naissances a tou- jours dépassé celui des décès. L'excédent est plus accentué dans les com- munes couvertes d'étangs que dans celles qui n'en ont presque plus. 3° Alors que les étangs occupaient une vaste superficie, la Dombes béné- ficiait d'une importante immigration. Le fait inverse a succédé au dessè- chement et, de 1891 à 1901, il s'est produit une énorme émigration. 4° La mortalité dans le pays dombiste s'est graduellement abaissée depuis le commencement du xix* siècle. De 3,83 par 100 habitants pen- dant les trente premières années, elle s'est réduite à 2 en 1891, et à i,52 en 1901 . En même temps, l'âge moyen des décédés suivait une progression con- tinue. De 25 ans il montait à 34 pour 1892 et à 4o pour l'année 1901. Ce relèvement est indépendant de la surface desséchée. Il l'est aussi de la proportion entre la surface en eau et la surface totale du territoire des diverses communes. L'auteur considère, en résumé, l'amélioration de l'état sanitaire de la Dombes comme du aux changements survenus dans la nourriture, le vête- ment et l'habitation, ainsi qu'à la multiplication des voies de transport et à la diffusion de l'instruction. Suivant lui, les résultats de ses recherches répondent victorieusement aux accusations portées contre la salubrité du pays et (ournissent une solide défense du système des eaux jadis en faveur. Au premier abord, la thèse de M. le D'' Passerai peut paraître quelque SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. I 198 peu paradoxale. En eiïet, l'un des objets principaux du dessèchement de la Dombes a été de combattre le paludisme, et le résultat semble avoir été atteint. Ce|)endant une étude plus attentive des faits ne tarde pas à montrer que la doctrine de l'auteur s'appuie sur des bases solides. Les fièvres paludéennes se sont atténuées ou ont même entièrement dis- paru, dans nombre de régions du territoire couvertes d'étangs, sans que ces étangs aient été desséchés. Il y a là un effet général des modifications heureuses apportées au régime de la vie : les progrès réalisés en ce qui concerne l'habitation, la nourriture et le vêtement ont constitué la meil- leure prophylaxie contre le paludisme. D'autre part, le dessèchement de la Dombes n'a pas porté les fruits qu'on en attendait, au |ioint de vue de la fécondation du sol. L'ancien svS- tème d'évolages et d'assecs périodiques était particulièrement approprié à la terre, dont les produits ont diminué depuis l'abandon de ce système. En présence de l'appauvrissement manifeste du pays, plusieurs députés ont dû proposer et les Chambres ont voté des dispositions tendant à la remise, au moins partielle, en eau des anciens étangs. Ainsi, l'amélioration de la santé publique ne saurait être comptée avec certitude à l'actif flu dessèchement, et l'opération a eu, sans aucun doute, des conséquences fâcheuses pour le rendement du sol. Les longues et attentives observations de M. le D' Passecat, le discer- nement dont il a fait |)reuve, le courage avec lequel \\ a combattu des idées jadis admises comme un dogme, sont autant de titres à la bienveillance de l'Académie; votre Commission lui accorde une mention. La Cécité en France. — Stalisliques. ~ Répartition géographique, par M. le D' Trousseau. Rapport de M. BnouAnDFx. Ce travail est très intéressant. M. Trousseau relève qu'en France il y a 8 aveugles pour loooo habitants. Une Carte établit leur répartition. Plus de 20 dans le département de la Cor.^e, moins de 4 dans la Gironde, le Puy-de-Dôme, etc. Je ne puis exposer la statistique des causes si nombreuses qui déter- minent la cécité. M. Trousseau les résume ainsi : La vue est menacée : Chez les enfants, par la conjonctivite purulente; C. R., 1902, 1' Semestre. (T. CXXXV, N° 25.) I 56 IIq4 ACADEMIE DES SCIENCES. Chez les adultes, par l'atrophie des nerfs optiques; Chez les vieillards, par le glaucome. M. Trousseau compare ensuite la cécité binoculaire à la cécité mono- culaire. Dans cette dernière, les Iraumatismes comptent pour 20 pour 100. M. Trousseau établit la fréquence des différentes causes dans les diverses régions de la France, puis arrive aux conclusions, c'est-à-dire à la pré- vention. Il estime à 35 pour 100 le chiffre des cécités évitables. Il signale notamment : 1° L'ophtalmie purulente des nouveau-nés, la méthode de traitement de Crédé qui, à la Maternité de Leipzig, a fait tomber le chiffre des ophtalmies purulentes de 10, 8 pour 100 à ^ pour 100 ; 2" La conjonctivite granuleuse ; 3° Les traumatismes, etc. Pour ces différents groupes, le médecin et l'administration peuvent intervenir utilement. La Commission décerne une mention à l'Ouvrage de M. le D' Trousseai'. De r entraînement et de ses effets chez l'artilleur, par un Anonyme. Rapport de M. Laussedat. Le Mémoire manuscrit, présenté sous ce titre au Concours pour le prix Montyon (Statistique), sans nom d'auteur et avec la devise : Primo non nocere, doit être considéré comme un excellent Rapport de Médecine militaire. L'auteur a procédé à toutes les mensurations de nature à faire connaître les effets de l'entraînemeut dans l'artillerie, sur un contingent de 479 recrues, d'abord au moment de l'incorporation et 6 mois après environ, c'est-à-dire à la fin des exercices d'entraînement et avant les fortes chaleurs qui troublent les résultats. Il a examiné séparément les trois catégories de recrues, dans l'état actuel de la loi militaire : dispensés, appelés et ajournés, réparties dans ces trois autres : peloton d'instruction composé des as|)irants au grade de brigadier et à l'avancement ultérieur, des conducteurs ou canonniers à cheval et des servants à pied. Il a constaté, par la comparaison et la discussion de ses mensurations, que l'entraînement avait été généralement favorable aux servants à pied et à SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. 1193 cheval, mais beaucoup moins aux aspirants brigadiers soumis à un véri- table surmenage. Il a aussi donné une explication des didérences révélées principalement par la balance, avant et après l'entraînement pour les diverses catégories, et essayé d'en discuter les causes en tenant compte des origines des recrues, c'est-à-dire de leurs professions et des climats dillérenls auxquels elles appartenaient. Ces différentes recherches et les nombreux Tableaux numériques que renferme le Mémoire ont paru à votre Commission mériter, pour l'auteur, une mention dans le Concours pour le prix iVIoutyou de Statistique. Les conclusions de ces divers Rapports ont été adoptées. CHIMIE. PRIX JECKER. (Commissaires : MM. Troost, Armand Gautier, Moissan, Ditte, Lemoine; Haller, rapporteur.) L'Académie, sur la proposition qui lui a été faite à l'unanimité par la Section de Chimie, décerne cette année le prix Jecker à M. Rosenstiehl. Rapport sur les travaux de M. Rosenstiehl, par M. Haller. Bien que M. A. Rosenstiehl ait mis son savoir au service de l'Industrie pendant la période la plus féconde de sa carrière, l'œuvre purement scientifique qu'il a produite n'en est pas moins remarquable tant par l'ori- ginalité qu'elle revêt que parla continuité avec laquelle elle a été pour- suivie. Il n'est pas de région de ce vaste domaine de la Science chimique où M. Rosenstiehl n'ait porté ses investigations et oii il n'ait montré ses brillantes qualités d'esprit ingénieux et d'observateur sngace. Mais c'est surtout la Chimie organique qui fut l'objet de ses noaibreuses recherches. Son premier Mémoire date de 18G0 et a trait à la préparation des dérivés acèlylés et chlorés de l'hexachlorobenzène. II96 ACADÉMIE DES SCIENCES. A ce Mémoire succéda un travail sur le noir d'aniline, travail qui fut continué dans la suite et amena l'auteur à élucider celte question si complexe et si discutée de la formation de ce noir et du rôle que jouent les quantités infiniment petites de certains sels métalliques nécessaires à la production delà couleur. Des recherches d'un autre ordre, recherches d'une portée plus étendue, et non moins fécondes en résultats théoriques et pratiques que celles qui précèdent, n'ont pas tardé à captiver l'attention de M. Rosensliehl et l'ont conduit à ce bel ensemble de découvertes dans la série des dérivés du triphénylméthane, découvertes qu'il couronna par une théorie aussi simple que séduisante de la fonction des colorants basiques dont le diphé- nylmétliane et le triphénylméthane sont les carbures fondamentaux. Reprenant l'étude de la loluidine, il commença par démontrer que ce composé n'était pas un corps unique, mais que, outre la toluidine solide ou paratoluiditie, elle renfermait un isomère, la pseudo-toluidine ou ortho- toluidine comme on l'appela depuis. Cette découverte l'amena à préparer un grand nombre de dérivés de cet isomère et en particulier le pseudo- ou orlhonitrololuène qu'il isola du nilrotoluène de Deville pour le diffé- rencier du paranitrotoluène de Jaworsky. La synthèse de la parafuchsine, celle de quelques rosanilines isomères ou appartenant à d'autres séries, la préparation de carbures homologues du diphényltoiylmélhane, terminèrent ses premières éludes sur ce groupe important de dérivés du triphénylméthane. Il les reprit quinze ans plus tard dans l'unique but délayer par des expériences et des synthèses nouvelles les conceptions qu'il se faisait de la constitution et de la fonction des colorants basiques dont la fuchsine est le type fondamental, conceptions auxquelles M. de Bœyer, léminent chi- miste de Munich, vient de se rallier. Entre temps, M. Rosensliehl avait porté son attention sur les matières colorantes de la garance et déterminé la part qui revient à chacune dans le phénomène de la teinture. Ses recherches eurent comme consé(|uence lelude (les rapports qui existent entre la pseuiio-[)urpuriueel la purpurine, la synthèse do la jjurpuriue, celle de la nilroalizarine et de divers autres dérivés qui se rallachenl au groupe de l'anthracène. Ses nombreuses études sur les composés azoïques n'ont pas été moins fertiles en résultats. Sa découverte du noir phénylène, celle non moins importante des multiples dérivés d'azoxyamines, qu'il fit en collaboration avec M. Nœlting, et qui devait aboutir à la série des couleurs connues SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. II97 SOUS le nom de rouges de Saint-Denis, les généralisations et les déductions auxquelles ses nouvelles recherches d-junèrent lieu, ont montré que tous les chapitres de la Chimie organique lui sont familiers et qu'à tous ceux qu'il a abordés M. Rosenstiehl a réussi à apporter sa contribution person- nelle. A cette longue énumération de titres il nous faudrait encore ajouter ses travaux sur la Chimie minérale et sur la Chimie physique, ses recherches sur la vision des couleurs, celles plus récentes sur la solubdité de la matière colorante rouge du raisin, sur la stérilité et les conditions de fermentation du jus des fruits, et l'ensemble des innovations et des perfectionnements de toute nature qu'il a introduits dans la pratique si délicate de la teinture et de l'impression. Aussi votre Commission a-t-elle jugé à l'unanimité que l'œuvre, utile et féconde pour la Science, poursuivie pendant plus de quarante ans par M. RosENSTiEUL, méritait une des plus hautes récompenses dont dispose l'Académie et elle vous propose en conséquence de lui accorder le prix Jecker. Les conclusions de ce Rapport sont adoptées par l'Académie. MliVERALOGIE ET GEOLOGIE. PRIX FONTAOTÏES. (Commissaires : MM. Albert Gaudry, Marcel Bertrand, Zeiller, Michel Lévy; cLe Lapparent, rapporteur.) M. DE Grossouvke, Ingénieur en chef des Mines et l'un des [)lus actifs collaborateurs du Service de la Carte géologique de France, vient d'achever la publication d'un magistral Mémoire sur « Les Ammonites de la Craie supérieure ». Cette formation, qui a couvert, en France, de si vastes espaces, s'y fait remarquer, en général, par l'uniformité de ses ca- ractères, qui rend très difficile l'établissement des subdivisions et impose, plus étroitement qu'ailleurs, le judicieux emploi de l'argument paléonto- IigS ACADÉMIE DES SCIENCES. logique. Mais la valeur des conclusions qu'on en tire dépend beaucoup du genre d'animaux fossiles auquel on l'applique; et l'expérience a prouvé, d'une part, que la consiar la gravure sur cuivre, notamment en ce qui concerne la conservation des planches-mères, si bien ménagées aujourd'hui par l'acié- rage et la reproduction galvanoplastique; le perfectionnement des reports sur |)ierre; l'heureuse invention de la zincographie, à la foissi économique et si favorable à la manipulation des planches; enfin les facilités que l'em- ploi des ])rocédés électriques est venu donner pour la correction des cartes. Tout cela est exposé en détail, avec documents à l'appui, dans les Ouvrages du colonel Berthaut; et ce n'est pas une mince satisfaction d'y pouvoir constater quelle part, tout à fait prépondérante, revient à la France dans celte série de conquêtes de l'Art et de la Science. L'auteur met bien en lumière les services rendus, au milieu de difficultés et de déboires de toute nature, par les Ingénieurs géographes, dignes successeurs des Ingénieurs des camps et armées, et si fertiles en ressources devant les exigences à chaque instant suscitées par les guerres du Consulat et de l'Empire. Ajoutons que, par le seul exposé des choses accomplies, cette dernière partie de l'œuvre du colonel Berthaut est bien faite pour raviver, chez les hommes de science, le regret de la mesure désastreuse par laquelle, en i832, la suppression du Corps des Ingénieurs géographes a été décidée. Par là notre pays a perdu lu gramle avance que, depuis Cassini, il avait prise sur toutes les autres nations dans cet ordre de travaux. Du moins il n'en a pas perdu la tradition, et l'on sait que le Service géographique de l'armée est en mesure de procéder à la rapide exécution d'une Carte de détail, qui de nouveau ferait honneur à la France. L'Aca- SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. raoi demie des Sciences a déjà marqué, par son intervention prés des Pouvoirs publics, l'intérêt qu'elle portait à cette œuvre malheureusement encore ajournée. Elle jugera bon d'affirmer une fois de plus ses svmpathies, en décernant le prix Gay au colonel Berthaut, membre distingué du Service dont elle a prisa tâche de seconder les etïorts. Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. BOTANIQUE. PRIX DESMAZIERES. (Commissaires : MM. Van Tieghem, Guignard, Bonnier, Prillieux; Bornet, rapporteur.) M. Roi,A\D Thaxter, professeur de Cryptogamie à l'Université de Har- vard, à Cambridge, Mass., Etats-Unis d'Amérique, était encore élève au laboratoire de M. W.-G. Farlow, lorsque, sur le conseil de son maître, il prit pour sujet d'étude les Champignons parasites des insectes en Amé- rique. Un premier Mémoire sur les Entomophthorées des Etats-Unis parut en 1888 et plaça son auteur au rang des meilleurs observateurs. Le second Mémoire, qui est consacré aux Laboulbéniacées, fait époque dans l'histoire de la Botanique. Quand Montagne et Robin, en i855, établirent le genre Laboulbenia pour une production hétéroclite découverte 5 ans auparavant par Rouget, sur les antennes et les éiytres de divers Coléoptères, ils ne se doutaient pas que ce Champignon était le premier représentant d'une famille des plus extraordinaires qui a pris subitement, entre les mains habiles de M. Thaxter, une extension imprévue. Comme les Laboulbéniacées n'infligent aux insectes sur lesquels elles vivent aucune de ces maladies épidéniiques que déterminent d'autres Champignons, les Entomophthorées, par exemple; que leur habitat et leur dimension exiguë n'attiraient pas l'attention des botanistes, leur connais- sance a progressé lentement. En 1873, 16 ans après la publication faite par Robm, Peyritsch, dans une revue d'ensemble de la famille, en énu- C. R., 1902,2- Semestre. (T. CXXW, N» 25.) iSy I202 ACADEMIE DES SCIENCES. mère 12 espèces; 16 ans plus tard encore, dans une revision nouvelle, M. Berlese n'en cite que i3. Deux espèces seulement avaient été ajou- tées à ce chiffre lorsque, en iSgS, parut la Monographie des Laboulbé- niacées. Le nombre des espèces qui y sont décrites est devenu dix fois plus grand et celui des genres a passé de 6 à 28. Depuis lors, M. Thaxter ayant visité les collections entomologiqiies de plusieurs musées d'Europe, et notamment celles du Jardin des Plantes de Paris, a commencé l'énu- mération des espèces nouvelles qu'il a découvertes. Elles se montent à 289, dont iSg pour le seul genre Laboidbenia . Le chiffre précédemment acquis - est donc presque doublé. 17 genres nouveaux s'ajoutent aux 28 déjà connus. Mais cet énorme accroissement du nombre des espèces n'est pas le seul ni le principal mérite de l'œuvre de M. Thaxter. Il a utilisé ces riches matériaux pour étudier, sous tous les aspects, la structure et la biologie des Laboulbén lacées. En parcourant les figures, dessinées par l'auteur, qui remplissent les 26 planches de la partie de la Monographie déjà publiée, on est frappé de la diversité de modifications de détail que pré- sente le type d'organisation si particulier des Laboulbéniacées. Toutes, en elTet, se composent d'un réceptacle bicellulaire le plus souvent fixé à l'enveloppe chitineuse des insectes par une pointe conique, d'appendices filiformes sur lesquels se développent les anlhéridies, et d'un ou plusieurs périlhèces contenant des tlièques. Parce dernier caractère, elles se placent parmi les Champignons Ascomycètes. Mais, ainsi que H. Rarsten l'a indiqué le premier, et comme le démontre M. Thaxter, ces thèques se développent dans des conditions qui présentent une étroite analogie avec les phénomènes observés chez les Algues de l'ordre des Floridées. En effet, leur appareil femelle, très différencié, est constitué par un procarpe formé de trois cellules superposées : une inférieure carpogène, une médiane trichophorique, une supérieure prolongée en trichogyne. Celui-ci peut être simple ou ramifié, rester indivis ou se cloisonner, suivant les genres où on l'examine. Les anthérozoïdes, immobiles, se fixent sur ce tricho- gyne et s'y soudent. Bientôt après, il se flétrit et disparaît. Alors la cellide carpogène commence à subir une série de divisions ayant |)our résultat de donner naissance aux cellules ascogènes dont le bourgeonnement produit les ihèques. La corrélation entre la disparition du trichogyne et les modi- fications de la cellule carpogène est constante, comme chez les Floridées. Le mode de développement du périthèce des Laboulbéniacées montre aussi beaucoup de ressemblance avec celui du péricarpe de ces Algues. On SÉANCE DU 22 décembrf: 1902. 1 2o3 ne saurait méconnaître la grande importance de la double parenté des Laboulbéniacées avec les Floridées et les Champignons pour la solution des problèmes que soulève l'origine des divers groupes des Thallophytes. Les phénomènes relatifs à la production des anthéridies et des anthéro- zoïdes, à la fécondation, aux états successifs de la formation du fruil sont exposés dans le texte avec une grande lucidité. Ils sont en outre repré- sentés |)ar des figures très claires qui laissent peu de doute sur la réalité de la reproduction sexuelle chez ces végétaux. Toutefois, la difficulté de se jjrocurer une quantité suffisante de matériaux favorables, l'imperméa- bilité presque absolue de la membrane des cellules aux réactifs colorants n'ont pas permis à l'auteur de suivre les noyaux au moment de la fécon- dation, d'en observer les modifications et de compléter la démonstration jusqu'au bout, ainsi qu'on a pu le faire chez les Algues rouges. La morphologie générale et le développement tles Laboulbéniacées, depuis la spore jusqu'à l'état parfait, n'ont pas été étudiés par M. Thaxter avec moins de soin que la reproduction. Les détails qu'il donne sur les variations normales des espèces et sur les causes qui les déterminent, sur le temps nécessaire pour que les jeunes individus atteignent leur croissance, sur les limites de leur existence se lisent avec beaucoup d'intérêt. Des Chapitres sont consacrés à la distribution géographique des Laboulbé- niacées, à la statistique des hôtes sur lesquels elles vivent, à l'énumération des parasites qu'elles hébergent. Dans la partie systématique de sa Monographie, M. Thaxter discute la place des Laboulbéniacées dans la classification et fait connaître les raisons qui l'ont conduit à prendre les organes mâles comme base de l'arrange- ment qu'il adopte. Suivent la morphologie spéciale et la description des genres et des espèces. La méthode, l'ordre et la clarté avec lesquels ce travail a été exécuté font de la Monographie des Laboulbéniacées un Ouvrage fondamental. Il faut ajouter que l'on doit à M. Thaxter des recherches non moins précieuses sur divers Champignons aquatiques nouveaux, mal connus ou critiques, de la famille des Saprolégniées. Sous le nom de Myxobactériacées, il a créé une curieuse famille de Schizomycètes dont les cellules bacillaires ont la projiriété de s'agréger à la manière des plasmodes des Myxomycètes Acrasiés et de produire des colonies plus ou moins compliquées, de formes définies, terminées par des kystes où sont contenus, soit des bâtonnets semblables à ceux qui consti- tuent la masse végétative, soit des spores. La similitude de formes résul- I2o4 ACADÉMIE DES SCIENCES. tant (l'un même processus qui existe chez les colonies de deux groupes de plantes dont les éléments primaires, myxamibes et bacilles, sont si diffé- rents, est aussi intéressante qn'instructiAe. Afm de manifester la haute estime en laquelle elle tient les remarquables travaux de M. Rolaxd Thaxter, la Commission lui décerne le prix Des- mazières pour 1902. Les conclusions de ce Rapport sont adoptées par l'Académie. PRIX MONTAGNE. (Commissaires ; MM. Van Tieghem, Bornet, Guignard, Bonnier, Zeiller; Prillieux, rapporteur..) M. VriLLEMiN, professeur à l'Université de Nancy, a présenté à l'Académie un ensemble considérable de travaux publiés par lui depuis i 5 ans sur la Morphologie et la Biologie des Champignons des types les plus variés, depuis les Mucorinées et les Entomophthorées jusqu'aux Pézizes. L'auteur y a fait preuve des plus remarquables qualités d'observateur; familiarisé avec les méthodes les plus perfectionnées de la Science moderne, il a su faire croître en culture pure les petits êtres dont il a suivi le déve- loppement et utiliser les meilleurs procédés de coloration pour étudier la structure intime des noyaux dont il a observé, dans les Entomophthorées, les multiplications et les fusions successives, si remarquables dans la for- mation des Azygospores. Fort érudit et très au courant des opinions diverses émises sur les plus hautes questions de Biologie végétale, il profite toujours de l'étude des faits de détail qu'il observe pour en tirer quelques consé- quences se rapportant aux grandes questions d'ordre général et particu- lièrement à celles qui touchent à la sexualité et à la fécondation dans la classe des Champignons. Les Mémoires et Notes présentés par M. Vuillemin sont trop nombreux pour qu'il soit possible d'en donner ici une analyse, même sommaire. Un nombre important de ces travaux portent sur des Champignons qui sont causes de maladies de plantes : tumeurs de la Betterave, maladie des Peupliers, chancres des Conifères, etc. En étudiant les Champignons arbo- ricoles, M. Vuillemin a découvert beaucoup de faits nouveaux et fait con- naître des organismes si particuliers qu'il en a pu faire les types d'une famille nouvelle, celle des Hypostoraacées. Comme k son ordinaire, SÉAN'CK m: 2 2 Dl^CE.MBRK 1902. 1 2o5 M. Vuillemin a étendu ces études spéciales à des considérations générales en abordant la discussion des conditions relatives du parasitisme et de la symbiose. Toutes ces recherches, très précises, très délicates et éclairées par un esprit large et généralisaleur, ont paru à votre Section de Botanique justi- fier l'attribution du prix Montagne à M. Vuillemin. Les conclusions de ce Rapport sont adoptées par l'Académie. ANATOMIE ET ZOOLOGLE. PRTX SAVIGNY. (Commissaires : MM. Perrier, Giard, Chatin, Delage, Grandidier.) Le prix n'est pas décerné. PRIX THORE. (Commissaires : MM. Chatin, Delage, Perrier, Ronnier; Giard, rapporteur.) Sous le titre : Recherches sur la biologie et Canatomie des Phasmes, M. R. DE SiNÉTY a présenté au concours, pour le prix Thore, un beau Mémoire (164 pages, 4 planches doubles et une excellente planche en photographie d'après des préparations microscopiques de cellules géni- tales en cinèses maturatives). Ce travail tient plus que son titre ne promet, car l'auteur y a publié de précieuses données sur la spermatogenèse des principales familles d'Orthoptères. Il répond aussi d'une façon très large au programme du prix Thore, puisque, à côté de résultats fort importants obtenus en France par l'éducation et l'observation en captivité de Phas- mides exotiques, M. de Sinéty nous apporte une foule de faits intéressants lelatifs à des Insectes d'Europe : Bacillus Rossti et galUcus, Leptynia atte- nuata, etc. I 2o6 ACADÉMIE DES SCIENCES. La parthénogenèse est connue depuis quelques années déjà chez divers Orthoptères et particulièrement chez les Bacillus. On avait même observé que cette parthénogenèse est généralement thélyloke, c'est-à-dire que les produits nés sans fécondation appartiennent au sexe femelle. M. de Sinéty est allé plus loin. Par des expériences délicates poursuivies pendant 3 années, il a montré que chez Leptynia attenuata le spermatozoïde est le déterminant du sexe mâle. C'est là un résultat bien surprenant et tout à fait opposé à ce que nous connaissons de la parthénogenèse chez les Abeilles. Chez les Phasmides, où les mâles sont normalement nombreux, la non- fécondation entraîne comme conséquences secondaires une réduction de la ponte globale et un abaissement du laux des éclosions. Dans un autre ordre d'idées, M. de Sinéty nous signale un fait biologique non moins inattendu : un mélanisme prononcé peut être provoqué chez Dixippus morosus par le séjour à l'obscurité. On sait que, en général, les animaux élevés à l'abri de la lumière présentent, au contraire, une ten- dance plus ou moins grande à la disparition des pigments. Jusque dans ces dernières années l'anatomie interne des Phasmes était peu connue; nos espèces indigènes, par leur petite taille, se prêtent mal à la dissection, et l'étude par coupes d'animaux à revêtement chitineux très épais est aussi fort difficile. M. de Sinéty ne s'est pas laissé décourager par ces obstacles : il a d'ailleurs confirmé les résultats qu'il avait obtenus chez Bacillus et Leptynia par l'examen d'espèces exotiques de plus grandes dimensions et nous a révélé beaucoup de détails curieux sur l'organisation de ces animaux. L'épithélium du jabot, impropre à l'absorption, sert à l'accumulation de graisse de réserve. Les tubes de Malpighi sont de deux espèces qui se distinguent l'une de l'autre par des caractères embryogéniques, anato- miques et physiologiques. Des carbonates calcaires se trouvent parmi les concrétions d'une espèce de tubes, et chez les femelles seulement. Les formations massives paires, connues sous le nom de ganglions pha- ryngiens anlérieurs et décrites par les auteurs comme des centres nerveux, sont un appareil de soutien et un intermédiaire d'innervation pour l'aorte, qui se termine, comme chez les Diptères, par une sorte de lame voûtée. Je passe sur les constatations nouvelles de M. de Sinéty relativement aux membranes trachéolaires et aux organes génitaux pour signaler plus spécialement les conclusions tout à fait remarquables que lui a fournies l'étude de la spermatogenèse des Orthoptères. Contrairement aux idées admises par la plupart des embryologistes, les SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. 1 207 processus des divisions réductrices se sont montrés de tout point semblables à ceux que Giilgnard et Strassburger ont décrits pour les végétaux. Il n'y a pas de division réductionnelle au sens de Weismann, mais les groupes quaternes doivent leur origine à une double division longitudinale des chromosomes dans les spermatocytes de |)remier ordre. L'insertion des groupes quaternes sur le fuseau achromatique peut affecter plusieurs modalités qui dépendent de leur forme et de leur longueur; les différences d'interprétation qui séjiarent les auteurs tiennent à ce qu'ils ont négligé ce fait fondamental. Gallardo a déjà insisté, d'ailleurs, sur les erreurs qui résultent de la tendance de beaucoup de cytologistes à ne pas chercher à construire dans l'espace les figures cinétiques que le microscope leur fournit en projections. Enfin M. de Sinéty a retrouvé, dans les cellules sexuelles de divers Orthoptères (Acridiens, Locustiens, Grylloniens, Phasmes), le chromosome spécial découvert par Wallace (igoo) chez une Araignée et par Montgo- mery (1901) chez de nombreux Hémiptères. Il a démontré que chez un Locustien (Orpliania) ce chromosome ne se divise pas à la première cinèse sexuelle, mais passe intégralement dans un des spermatocytes de second ordre, de sorte que, sur quatre spermatides formant la descendance d'un spermatocyte, deux se trouvent privilégiés. Il en résulte que, malgré la forme extérieure en apparence identique, il y a chez ces animaux des sper- matozoïdes de deux espèces ddïérentes. La découverte de M. de Sinéty prend, ce nous semble, une signification nouvelle, si on la rapproche des belles recherches toutes récentes de Mewes et si l'on songe au double rôle que le spermatozoïde doit jouer dans la fécondation : 1° comme agent cinétitjue déterminant la division de l'œuf; 2° comme élément destiné à l'apport des plasmas aucestraux. N'est-il pas permis de supposer que ce double rôle peut, dans certains cas, par division du travail, être partagé entre des éléments spermatiques de constitution différente? Cette rapide énumération des résultats d'ordres si divers présentés par M. R. DE Sinéty nous paraît suffisante pour justifier la proposition que vous fait la Commission d'attribuer le prix Thore à ce jeune zoologiste. Les conclusions de ce Rapport sont adoptées par l'Académie. 2o8 ACADÉMIE DES SCIENCES. PRIX VAILLANT. (Commissaires : MM. Chatin, Perrier, Giard, Delage, Grandidier, de Lapparent.) Le prix n'est pas décerné. MEDECINE ET CHIRURGIE. PRIX MONTYON. ( Commissaires : MM. Marey, Guvon, d'Arsonval, Lannelongue, Laveran. Roux, Chauveau, Brouardel; Bouchard, rapporteur.) La Commission accorde les trois prix Montvon à MM. J. Dejerine. G. -H. Roger et P. Ravaut. Sémiologie du système nerveux, par M. J. Dejerine. La sémiologie du système nerveux que M. Dejerine présente, dans un fort Volume de 700 pages, est une œuvre essentiellement originale. Un pareil sujet aurait pu n'être qu'une compilation documentée; il a été traité par l'auteur avec le souci non seulement d'être complet, mais d'apporter partout la note personnelle qui fixe les idées au milieu des opinions par- fois contradictoires. Celte préoccupation était justifiée par la complexité de certaines questions que l'auteur devait aborder en passant en revue les diverses manifestations de la pathologie du système nerveux. Le plan de l'auteur est des plus simples : il étudie successivement les grands symptômes, expression de la perturbation des grandes fonctions des organes de la vie de relation. Tout d'abord les troubles de l'intelligence et du langage, dans lesquels la plus grande place est faite aux diverses formes d'aphasie, sujet des plus délicats et que l'auteur a rendu particulièrement clair grâce à un grand nombre d'observations résumées; les troubles de SÉANCE DU 2 2 DÉCEMBRE 1902. 1209 l'écriture, que Dejerine rend solidnires de l'aphasie, sont l'objet d'une description spéciale. Un long Chapitre est consacré aux troubles de la motilité, dont les mani- festations diverses sont soigneusement analysées et extériorisées par de nombreuses photographies qui donnent une vie intense aux descriptions théoriques. C'est d'ailleurs la caractéristique de l'Ouvrage : toutes les fois que 1 occasion s'en est présentée, l'auteur a joint à son exposé didactique une photographie, un schéma, un dessin tirés de ses collections person- nelles (3oo figures) et qui gravent dans l'esprit du lecteur les particularités des troubles pathologiques relatés, de sorte que ce Traité de sémiolo-ie nerveuse théorique, qu'on aurait pu croire d'une monotonie et d'une ad- dite un peu rebutantes, devient, en quelque sorte, une œuvre de clinique animée. ^ Enfin la sémiologie des troubles de la sensibilité, les topographies ner- veuses, radicula.res, médullaires, segmentaires, la sémiologie des troubles visuels sont étudiés, dans des Chapitres spéciaux, avec une clarté remar- quable et une ongundité de vues justifiée par les travaux personnels de 1 auteur sur ce sujet, ou les recherches entreprises sous sa direction En somme, livre de vulgarisation remarquable par la clarté de l'expo- sition et œuvre scientifique en même temps, pleine d'aperçus nouveaux uUeressant également les psychologues, les neurologues, comme les méde- cms praticiens. L'Ouvrage de M. Roger sur les maladies infectieuses ne constitue pas un Ira.te didactique de ces maladies infectieuses. C'est une étude de Patho logie générale dans laquelle l'auteur, tout en exposant avec les détails nécessaires les travaux faits par les autres, a essayé de mettre en évidence les résultats de ses recherches personnelles. La première partie AVOISIER. L'Académie décide d'attribuer la médaille Lavoisier à M. S. Ca.vnizzaro, professeur de Chimie à Rome, pour l'ensemble des belles recherches qu'il a publiées depuis un demi-siècle. MÉDAILLE BERTHELOT ('). (M. Darboux, rapporteur.) La Médaille Berthelot est décernée à : M. RosENSTiEHi, (prix Jecker) : Travaux de Chimie organique; M. Adolphe Mixet (prix Saintour) : Recherches sur l'aluminium; M. le D'' A. C1.EKC (prix Mège) : Recherches sur les sérums; M. le D'" Imbeaux (prix Bréant) : Etudes sur les eaux potables; M. le D'' F. Bordas (prix Montyon) : Étude sur le lait employé dans l'alimentation des enfants; M. DiSLËRE (mention Montyon) : Etude sur les produits coloniaux et la colonisation; M. le D"' Peyroux (mention Montyon) : Études sur le lait; M. L. Grimbert (prix Barbier) : Etudes de Chimie biologique; M™* CvRiE (prix Gegner) : Recherches sur le radium; M. Grigxard (prix Cahours); M. Fosse (prix Cahours) ; M. Marquis (prix Cahours) ; L'Académie approuve ces propositions. (') L'Académie, dans sa séance du 3 novenfibre 1902, a décidé la fondation de celle Médaille. Chaque année, sur la proposition de son Bureau, l'Académie décernera un certain nombre de « Médailles Berthelot » aux savants qui auront obtenu cette année-là des prix de Chimie ou de Physique; à chaque Médaille sera joint un exemplaire de l'Ouvrage intitulée La synthèse chimique. C. R., 1902, 2" Semestre. (T. CXXXV, N° 25.) 161 rV3/i ACADÉMIE DES SCIENCES. PRIX MONTYON (ARTS INSALUBRES). (Commissaires : MM. Schlœsing, Moissan, Gautier, Haller; Troost, rapporteur.) La Commission a attribué le prix à M. Claude Boucher. Rapport sur les procédés de fabrication mécanique des bouteilles, de M. Claude Boucher; par M. Troost. La fabrication des bouteilles était, jusque dans ces dernières années, considérée comme une des industries les plus meurtrières. Lorsqu'on visi- tait une verrerie à bouteilles, on était frappé par l'agglomération d'ouvriers souffleurs, grands garçons et cueilleurs, entassés sur la plate-forme de travail, à côté du four de fusion, dans une atmosphère suffocante. Ils avaient à peine l'espace pour se mouvoir. Les ouvriers chargés île la confection des bouteilles étaient soumis à un véritable surmenage, dû non seulement à la grande rapidité avec laquelle les bouteilles doivent être façonnées, à la fatigue du soufflage, et au poids du verre, auquel s'ajoutait celui de la canne maniée d'une manière continue, mais aussi aux conditions dans lesquelles ils travaillaient, obligés de se tenir en permanence à proximité du four contenant le verre en fusion, dont le rayonnement leur causait à la longue une grave affection de la vue. Il en résultait que, dans les fabriques de bouteilles, les ouvriers ne pou- vaient exercer leur profession que jusqu'à un âge peu avancé. A 45 a'is, la plupart se trouvaient usés et incapables de continuer le travail. Le recrutement de cette catégorie d'ouvriers était de plus en plus difficile. Frappés de ces inconvénients, un grand nombre d'inventeurs se sont ingéniés à trouver des procédés permettant de remédier à ce qu'a d'épui- sant ce travail de la préparation et du soufflage de la bouteille. Mais les procédés mécaniques imaginés pour éviter aux ouvriers la fatigue du .soufflage à la bouche, et les dangers des graves maladies conta- gieuses auxquelles il expose, ne dispensaient pas d'un long apprentissage, pouvant durer '7 à 8 ans; ils exigeaient toujours une habileté manuelle 3 SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. 123 s'exerçant dans des conditions particnlièrennent pénibles; aussi n'ont-ils qu'imparfaitement répondu an but qu'on se proposait d'atteindre. Il en a été de même de nombreuses inventions destinées à sul)stitiier com- plètement les moyens mécaniques au travail manuel. I.e problème a été pour la première lois résolu, d'une manière com- plète, par M. Claude Boucher, maîlre verrier à Cognac (Charente). Il avait commencé à travailler, à l'âge de 10 ans, dans une verrerie; mettant à profit les observations journalières qu'il avait pu faire dans sa longue pratique, il a cherché 1res judicieusement, et c'est là une des causes de son succès, à se rapprocher le plus possible, par les dispositions méca- niques qu'il adoptait, de la succession des opérations manuelles par les- quelles l'ouvrier façonnait jusqu'alors les bouteilles. A la suite de 5 années d'essais et de tâtonnements, il est parvenu à créer une machine de construction simple et robuste, avec laquelle les ouvriers arrivent, au bout de quelques jours, à être capables de fabriquer les bouteilles, les carafes, les flacons et bocaux les plus divers. M. Boucher a réalisé ainsi la suppression du long apprentissage, jus- que-là indispensable. De plus, les manipulations pénibles et dangereuses ont été supprimées. L'ouvrier chargé de pmser le verre n'a plus maintenant une lourde canne, mais une simple tige de fer très légère; il ne demeure plus pendant de longues heures dans le A'oisinage immédiat du four, il va porter à la machine le verre qu'il a cueilli, et l'y laisse couler dans un moule mesureur préalablement porté à une température convenable. Le mouleur, assis devant sa machine éloignée du four, n'est ni fatigué par une atmosphère surchauffée, ni exposé à perdre la vue par la réver- bération du verre en fusion. Après avoir coupé le verre qui dépasse le moule mesureur, il n'a plus qu'à agir sur des pédales ou des manivelles, pour la manœuvre des différents moules où passe successivement la matière, et pour le réglage de l'air comprimé qu'il emploie, sous deux pressions diflérentes, suivant les phases de la fabrication de la bouteille. Ij'ouvrier verrier, faisant dorénavant un travail beaucoup noins fatigant que par le passé, pourra exercer sa profession jusqu'à un âge plus avancé. Son salaire n'est d'ailleurs pas diminué grâce à ce que dans le même temps on fabrique un plus grand nombre de bouteilles. Le patron y trouve, de son côté, une sécurité plus grande pour l'organi- sation de son travail, et, en particulier, au point de vue des grèves, par suite de la suppression du long apprentissage. i2'i6 ACADÉMIE DES SCIENCES. La machine inventée par M. Boucher fonctionne déjà industriellement ■ non seuleinent en France, mais en Belgique, en Espagne, en Italie et en Amérique. Des licences ont été concédées qui permettront son emploi prochain en Angleterre, en Russie, en Hongrie et au Japon. La Société d'encouragement pour l'Industrie nationale a consacré la valeur de cette invention, au double point de vue de l'industrie et de l'hygiène des ouvriers, en décernant une médaille d'or à son auteur. Le Jury international de la Classe ^3 de l'Exposition universelle de 1900, « reconnaissant à l'unanimité que M. Claude Boucher a, le premier, résolu le difficile problème de la fabrication mécanique des bouteilles, recon- naissant également l'immense service rendu par cet inventeur à l'industrie verrière et à riivgiène des ouvriers verriers, lui a décerné un Grand Prix ». Votre Commission est assurée d'entrer dans les vues du fondateur du prix des Arts insalubres, en vous proposant de décerner le prix Montyon à M. Claude Buuchek. Les conclusions de ce Rapport sont adoptées par l'Académie. PRIX H. WILDE. (Commissaires : MM. Berthelot, Maurice Levy, Marcel Bertrand, Fouqué; Lœwy, rapporteur.) Depuis les mémorables travaux de l'astronome milanais Schiaparelli, qui a montré la connexion intime qui existe entre les comètes et les étoiles fdantes, l'étude de tous les phénomènes se rattachant à ces deux caté- gories d'astres nomades a acquis une importance de premier ordre pour l'Astronomie moderne. Ces études, de nature très diverse, ont pour objet de nous fournir des renseignements sur l'origine de ces corps célestes, sur leur constitution intime, sur le rôle qui leur est assigné dans notre Univers, sur l'influence qu'ils peuvent exercer sur notre globe terrestre, sur tous les faits multiples et si curieux qui accompagnent leur marche à travers l'espace. Ces derniers problèmes relatifs à leur mouvement ont un intérêt tout spécial pour la philosophie naturelle. Nous savons déjà que, lorsque à la suite de leurs conditions de genèse les masses cométaires sont obligées de passer au voisinage du Soleil, les forces répulsives et de toute autre nature qui émanent de ce foyer gigan- SÉANCE DU U2 DÉCEMBRE 1902. 1287 tesque désagrègent ces matières, les séparent quelquefois en plusieurs fragments distincts. On se trouve dès lors en présence de toute une famille de comètes sorties d'un seul noyau cométaire. Ces formations nouvelles, au début, circulent à peu près dans des trajec- toires identiques autour de notre astre central, mais lorsque, dans leurs révolutions successives, elles passent dans le voisinage d'une grosse pla- nète, elles s'en trouvent inégalement attirées et déviées de leur trajectoire primitive. Les divers membres de la famille sont ainsi amenés à suivre des routes tellement différentes, qu'il devient très difficile de reconnaître leur com- munauté d'origine. C'est un problème des plus importants que de recon- stituer l'histoire de ces corps célestes, d'établir leur parenté et d'assigner les circonstances réelles de leur séparation. L'étude de certaines comètes périodiques et des perturbations qu'elles pourront subir s'impose encore à d'autres points de vue. Elle permet de prévoir avec certitude les pluies exceptionnelles de météores en vertu de la corrélation qui existe entre ces essaims et les comètes. Tous ces astres sont sujets à se rapprocher très notablement de l'une ou de l'autre des grosses planètes de notre système, et les perturbations intenses qu'ils éprouvent en pareil cas fournissent un moyen précis pour évaluer la masse de l'astre troublant; d'autre part, des anomalies que l'expérience révèle et qui ne s'expliquent pas par l'action d'une grosse planète, fournissent la démonstration de l'existence soit d'un milieu résistant, soit d'essaims de corpuscules répandus dans l'espace et trop ténus pour pouvoir être aperçus dans nos plus puissants instruments. M. SciicLiioF s'est passionnément attaché à l'étude de ces belles ques- tions; durant près de 3o années les comètes et les étoiles filantes ont été l'objet de ses incessantes et fécondes recherches. Pour reconstituer l'histoire de ces astres, toutes les vicissitudes qu'ils ont subies durant des siècles, il faut à la fois être un érudit, posséder les connaissances théoriques les plus élevées, déployer une sagacité particu- lière et une grande énergie. Aussi, à cause des immenses labeurs que ces études nécessitent, ne con- naissons-nous actuellement que trois on quatre comètes périodiques dont la théorie se trouve dans un état d'avancement satisfaisant. La Science est redevable, dans ce domaine, à M. Schulhof de nombreux travaux de théorie et de calculs exécutés avec un très grand esprit de suite et une puissante logique. Les efforts de M. Schulhof ont été surtout con- 1238 ACADÉMIE DES SCIENCES. sacrés aux trois ordres de recherches suivants : reconnaître les comètes dont les mouvements périodiques étaient ignorés; déterminer, à l'aide d'une discussion approfondie des observations obtenues lors de la décou- verte d'une comète, les éléments de son orbite avec une précision suffi- sante pour permettre de retrouver l'astre dans ses apparitions ultérieures; calculer, enfin, la masse de Jupiter, une des grandeurs fondamentales du Système planétaire, au moyen des perturbations qu'il a provoquées dans le mouvement d'une comète dans l'intervalle de plusieurs révolutions. En ce qui concerne la première série de problèmes, M. Schulhof a calculé les éléments définitifs de 7 ou 8 comètes, et il a eu la bonne for- tune de reconnaître la courte durée de révolution de la comète i858 III. Il a, de plus, déterminé les orbites de tous les astres nouvellement découverts qui lui paraissaient, par certains indices, devoir être elliptiques. Il a mis ainsi hors de doute, d'une manière indépendante des conclu- sions publiées par d'autres astronomes, le caractère elliptique des éléments des 7 comètes suivantes : Tempel 1878 II, Denning 1881 V, Barnard 1892V, Holmes 1892 III, Denning 1894 I, E. Swift 1894 IV, et L. Swift 1895 II. Les efforts relatifs à la seconde catégorie des recherches ont été égale- ment couronnés de succès. Grâce à ses travaux, on a pu retrouver à leur retour les comètes Tempel 1878 II, Finley 1886 VII et Pons 1812. I-es calculs relatifs à ce dernier astre ont été faits en commun avec M. Bossert. Il convient d'insister particulièrement sur la théorie remarquable de M. Schulhof, concernant la comète Tempel 1873 II, en cours de publica- tion; on y trouve à la suite de longs et laborieux travaux, calculées avec rigueur, les perturbations subies depuis 1873 par la comète de la part de toutes les autres planètes. Cette étude a pour but d'obtenir une nouvelle valeur delà masse de Jupiter, astre qui, après le Soleil, joue le plus grand rôle dans notre monde planétaire. Dans trois Mémoires, d'une valeur classique, M. Schulhof résume d'après l'état actuel de la Science l'historique des étoiles filantes et des comètes périodiques. Dans ces Ouvrages on rencontre les résultats de ses recherches propres et des conclusions nouvelles sur les groupes de comètes avant une origine commune. M. Schulhof a publié en outre une histoire très détaillée et très instruc- tive de toutes les comètes en général qui ont paru depuis 1800, quelle que soit la nature de leur mouvement autour du Soleil, ouvrage qui renferme tout ce que l'on sait à l'heure actuelle de ces corps célestes. SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. 1 2.39 Pour témoigner sa haute estime pour le vaste ensemble de beaux tra- vaux dont M. SciicLHOF a enrichi l'Astronomie, la Commission propose de décerner à cet astronome le prix Wilde. Les conclusions de ce Rapport sont adoptées par l'Académie. PRIX CAHOURS. (Commissaires : MM. Moissan, Troost, Gautier, Haller, Berthelot.) Le prix Cahours, pour l'année 1902, est partagé entre MM. Fosse, Grigxard et Marquis. PRIX TCHIHATCHEF. (Commissaires : MM. Perrier, Bouquet de la Grye, de Lapparent, Van Tieghem; Grandidier, rapporteur.) Le D' SvEN Hedix a fait, dans l'Asie centrale, deux voyages qui comptent parmi les plus difficiles et les plus dangereux qui aient été exécutés dans ces régions, théâtre cependant de tant de hardies explorations. Dans le premier, qui a duré 3 années, du 23 février 1894 au 2 mars 1897, il a parcouru les plateaux neigeux de Pamir, franchi les monts Alaï, tenté l'ascension du Mous-tag-ata, le « Père des monts de glace » , dont l'altitude est de 7800"" et qu'il a gravi jusqu'à une hauteur de près de 6000°; se lançant ensuite en plein inconnu, il a traversé la partie occidentale du désert de Takla-Makane, « qui ressemble à une mer gelée, couverte d'im- menses vagues », où il n'y a nulle part de trace de vie, où il n'y a pas la moindre eau et où des vents violents soulevaient des montagnes de sable prêtes à ensevelir les voyageurs. Ce ne fut qu'après aS jours de grandes souffrances et de fatigues considérables que le D"' Sven Hedin est arrivé au Rhotan-Darya, où il a enfin trouvé l'eau qui lui faisait complètement défaut depuis 5 jours. Il avait perdu tous ses bagages, tous ses instruments, tous ses chameaux et deux de ses compagnons; c'est à son énergie qu'il a dû d'échapper et de faire échapper son escorte à la plus terrible des morts. Après quelques mois de repos à Rachgar, il a exploré le sud-est du Pamir et l'Hindou-Kouch et a suivi la route parcourue 600 ans auparavant par Marco Polo. En 1896, il a traversé dans sa plus grande largeur le désert qui s'étend à l'est du Takla-Makane et où il découvrit les ruines de la'Jo ACADÉMIE DES SCIENCES. quelques villes que les sables, qui ne cessent de s'avancer vers le Sud- Ouest sous la poussée continue des vents, ont enfouies dans les premiers siècles de l'ère chrétienne; ce voyage, dur et pénible, a duré 4 inois et demi. Ses études, fort importantes au point de vue géographique, ont porté principalement sur le cours du Rerya-Darya, qui finit par se perdre dans les sables, sur le bassin du Tarim et sur le Lop-Nor. Il s'est rendu à Pékin en traversant de l'Ouest à l'Est, dans le Tibet septentrional et dans la Chine, une contrée en grande partie inconnue. Le second voyage du D"' Sven Hedin a, comme le premier, duré 3 ans, du i8 septembre 1899 au 14 mai 1902, et a aussi été exécuté dans le Tibet. Il a commencé par relever avec beaucoup de soin et en grand détail le cours du Yarkand-Darya, puis il a traversé l'extrémité orientale du désert de Takla-Makane, dont il avait, en avril i8g5, exploré la partie orientale au milieu de souffrances inouïes, et il a étudié à nouveau le bassin du Tarim, le grand fleuve du Turkestan chinois, et exécuté un nivellement de précision entre l'ancien Lop-Nor, qui est aujourd'hui desséché, et le Rara-Rochun. Il a ensuite exploré le nord-est du Tibet, traversant des régions absolument désertes et inconnues où il a fait d'importantes découvertes géographiques, et il s'est acheminé vers Lhassa, déguisé en Mongol; après 9 jours de marche, il a été arrêté par un corps armé de Tibétains qui l'ont contraint à battre en retraite. Une seconde tentative ne réussit pas davantage, et il dut se résigner à gagner le Ladak ; le 20 dé- cembre 1901, à bout de forces et de ressources, ayant perdu presque toute sa caravane, il a atteint Leh, d'où il est allé à Rachgar, fermant le polygone de ses itinéraires. Les levés que le D"" Sven Hedin a exécutés pendant ce second voyage remplissent ii49 feuilles, représentant un itinéraire de plus de 10000'*'°, dont les neuf dixièmes en pays inconnu ; ilss'appuient sur 1 1 4 points déter- minés astronomiquement. Ses études sur le Tarim et les causes des varia- tions annuelles de son débit, sur les déserts du centre de l'Asie, sur les déplacements du Lop-Nor, etc., présentent aussi un grand intérêt pour la Géographie. Ses observations météorologiques embrassent une période beaucoup plus longue que toutes celles faites précédemment dans ces régions. Le D'' Sven Hedin a, en outre, rapporté de ses voyages quelques collections zoologiques et botaniques et surtout une série nombreuse d'échantillons géologiques précieux pour la connaissance de la constitution du sol du Tibet. Ce court et très incomplet résumé des belles et difficiles explorations SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. 1241 du D' Sven Hedin dans l'Asie centrale suffit pour montrer tout l'intérêt scientifique qui s'y attache, et l'Académie ne peut qu'approuver l'attribution que la Commission, à l'unanimité, a faite au D"' Svk.v Hedix du prix fondé par M. de Tchihatchef. L'Académie adopte les conclusions de ce Rapport. PRIX DELALANDE-GUERINEAU. (Commissaires : MM. Grandidier, Gaudi-y, Bouquet de la Grve, Perrier; Bassot, rapporteur.) La Commission décerne le prix à M. Goxxessiat, astronome français, Directeur de l'observatoire de Quito, pour sa collaboration à l'œuvre entre- prise par la Mission géodésique de l'Equateur, dans les opérations astro- nomiques relatives à la mesure d'un arc de méridien dont cette Mission est chargée. Cette proposition est adoptée par l'Académie. PRIX JEROME PONTI. (Commissaires : MM. Berthelot, Darboux, Maurice Levv, Bouquet de la Grye; Albert Gaudry, rapporteur. ) M. André Tourxouër est actuellement en Patagonie, entreprenant pour la quatrième fois des explorations paléontologiques. MM. Ameghino, Moreno et d'autres savants de la République argentine ont découvert dans le sud et le centre de la Patagonie d'admirables gisements de fossiles tertiaires. La France n'en possédait jusqu'à présent aucun débris. M. André Tour nouer, qui a séjourné dans la République argentine, a voulu que notre pays eût sa part des richesses scientifiques cachées dans les terrains de la Patagonie, et il s'est livré à ses frais, avec de grandes f^itigues, à des recherches qui ont eu les plus heureux résultats. Pour ses derniers voyages, il a reçu une Mission du Ministère de l'Instruction publique et du Muséum d'Histoire naturelle. Il a tour à tour fouillé à Coli Huapi, au Monte-Leone, sur les bords du Rio Coyle et enfin au Deseado. Les bêtes fossiles de Patagonie sont si étonnantes par leur physionomie C. R., 1902, 7' Semestre. (T. CXXXV, N" 25.) 162 I 2-^(2 ACADÉMIE DES SCIENCES. particulière que l'on commence à se demander s'il n'y aurait pas eu un vaste continent austral sur lequel la marche de la vie aurait été différente de ce qu'elle a été dans l'hémisphère boréal. Les Mammifères ne rentrent pas dans nos classifications. Par exemple, les zoologistes avaient rangé les Mammifères enMarsu|)iaux et en Placentaires; mais nous ne pouvons plus, avec les Borhycvna et les Prothylacynus de Patagonie, dire où les Marsu- piaux finissent, où les Placentaires commencent. On avait partagé les Pla- centaires terrestres en Onguiculés et en Ongulés, eux-mêmes séparés en Paridigités et Imparidigilés; or Nesodon de Patagonie par ses dents se rat- tache aux Imparidigités, par ses jambes ressemble aux Paridigités, par ses avant-bras rappelle les Lions. Parmi les Onguiculés, on avait réuni sous le nom d'Édentés ceux qui n'ont pas de dents en avant, elyo\c\(\\i(i Peltephilus de Patagonie a une rangée de dents ininterrompue en avant de sa mâ- choire supérieure comme de sa mâchoire inférieure. Le fameux Pyro- therium, d'après ce que nous en connaissons, ne s'intercale pas dans nos classifications; bien qu'il ait certaines apparences des Proboscidiens, des Pachydermes, des Marsurpiaiix, nous ne savons dans quel ordre le placer. Ainsi la paléontologie de la Palagonie soulève de curieuses questions. M. Toi'RxorËR nous aide à les aborder. Votre Commission, à l'unanimité, a pensé qu'un si courageux et si désintéressé explorateur mérite de rece- voir le prix Jérôme Ponti. Les conclusions de ce Rapport sont adoptées par l'Académie. PRIX HOUrXEVIGUE. Commissaires : MM. Berthelot, Darboux, Bouquet de la Grye, Sarrau; Mascart, rapporteur.) Le prix est décerné à M. Teisserexc de Bort, pour ses recherches sur l'état de l'atmosphère aux grandes altitudes au moyen des cerfs-volants et des ballons-sondes. PRIX SAINTOUR. (Commissaires : MM. Berthelot, Poincaré, Guudry, Lippmann; Darboux, rapporteur.) Le prix est partagé entre M. Riquier, pour ses travaux sur l'intégration des systèmes d'équations aux dérivées partielles, et M. Adolphe 3Iinet, pour ses recherches sur la préparation électrolytique de l'aluminium. SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. 1213 PRIX GEGNER. (Commissaires : MM. Berthelot, Bassot, Michel Lévy ; Mascart, rapporteur.) La Commission décerne le prix à M*"* Curie, pour la continuation de ses recherches sur les corps radio-actifs. L'Académie adopte les conclusions de ce Rapport. PRIX TRÉMONT. (Commissaires : MM. Brouardel, Lannelongue, Berthelot, Maurice Levy ; Mascart, rapporteur.) Le prix est décerné à M. Frémoxt. PRIX FONDÉ PAR M™* la Marquise DE LAPLACE. Une Ordonnance royale a autorisé l'Académie des Sciences à accepter la donation, qui lui a été faite par M"* la Marquise de Laplace, d'une rente pour la fondation à perpétuité d'un prix consistant dans la collection com- plète des Ouvrages de Laplace, qui devra être décerné chaque année au premier élève sortant de l'Ecole Polytechnique. Le Président remet les cinq Volumes de Xa Mécanique céleste , {'Exposition du Système du monde et le Traité des Probabilités à M. Aubrux, entré, en qualité d'Élève Ingénieur, à l'Ecole nationale des Mines. PRIX FONDÉ PAR M. FÉLIX RIVOT. Conformément aux termes de la donation, le prix Félix Rivot est décerné à iMM. AuBRU\ et JXiewexglowski, entrés les deux premiers en qualité d'Élèves Ingénieurs à l'Ecole nationale des Mines; et à MM. Barrillon et Bé\ézit, entrés les deux premiers au même titre à l'École nationale des Ponts et Chaussées. 1-244 ACADÉMIE DES SCIENCES. PROGRAMME DES PRIX PROPOSÉS l'OUR LES AMÉES 1903, IWt, I^OIÎ ET 1906. GEOMETRIE. PRIX FRANCOEUR (looo"). Ce prùv annuel sern décerné à l'auleiir de découvertes ou de travaux utiles au progrès des Sciences mathématiques pures et appliquées. PRIX PONCELET (2000"). Ce prix annuel, fondé par M'"* Poncelet, est destiné à récompenser l'Ouvrage le plus utile aux progrès des Sciences mathématiques pures ou appliquées, publié dans le cours des dix années qui auront précédé le jugement de l'Académie. Une donation spéciale de M"'^ Poncelet permet à l'Académie d'ajouter au prix qu'elle a primitivement fondé un exemplaire des OEuvres complètes du Général Poncelet. GRAND PRIX DES SCIENCES MATHÉMATIQUES. (Prix du Budget : 3 000'^'.) L'Académie a mis au concours, pour le grand prix des Sciences mathé- matiques de 1904, la question suivante : Perfectionner, en quelque point important, l'étude de la convergence des fractions continues algébriques. SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. la^p PRIX BORDIN (3ooof'). L'Académie a mis de nouveau au Concours, pour le prix Bordin de 1904, la question suivante : Développer et perfectionner la théorie des surfaces applicables sur le para- boloide de révolution. PRIX VAILLANT (4 000"). L'Académie a décidé que le prix fondé par M. le Maréchal Vaillant serait décerné tous les deuxans. Elle amisau concours, pour l'année 1904, la question suivante : Déterminer et étudier tous les déplacements d'une figure invariable dans les- quels les différents points de la figure décrivent des courbes sphériques. MECANIQUE. PRIX EXTRAORDINAIRE DE SIX MILLE FRANCS, DESTINÉ A RÉCOMPENSER TOUT PROGRÈS DE NATURE A ACCROITRE l'eFFICACITÉ DE NOS FORCES NAVALES. L'Académie décernera ce prix, s'il y a lieu, dans la prochaine séance publique annuelle. PRIX MONTYON (MÉCANIQUE) ijoo'^-). Ce prix annuel est fondé en faveur de « celui qui, au juçjement de l'Aca- » demie des Sciences, s'en sera rendu le plus digne, en inventant ou en » perfectionnant des instruments utiles aux progrès de l'Agriculture, des » Arts mécaniques ou des Sciences ->. 1246 ACADÉMIE DES SCIENCES. PRIX PLUMEY (2 500'^. Ce prix annuel est destiné à récompenser « l'auteur du perfectionne- » ment des machines à vapeur ou de toute autre invention qui aura le » plus contribué au progrès de la navigation à vapeur ». PRIX FOURNEYRON (looo"). L'Académie rappelle qu'elle a mis de nouveau au concours pour sujet du prix Fourneyron, qu'elle décernera, s'il y a lieu, dans sa séance pu- blique de 1903, la question suivante : Étude théorique ou expérimentale des turbines à vapeur. ASTRONOMIE. PRIX PIERRE GUZMAN Uooooo"). jYjme veuve Guzman a légué à l'Académie des Sciences une somme de cent mille Jrancs pour la fondation d'un prix qui portera le nom de prix Pierre Guzman, en souvenir de son fds, et sera décerné à celui qui aura trouvé le moyen de communiquer avec un astre autre que la planète Mars. Prévoyant que le prix de cent mille francs ne serait pas décerné tout de suite, la fondatrice a voulu, jusqu'à ce que ce prix fût gagné, que les inté- rêts du capital, cumulés pendant cinq années, formassent un prix, toujours sous le nom de Pierre Guzman, qui serait décerné à un savant français, ou étranger, qui aurait fait faire un progrès important à l'Astronomie. J^e prix quinquennal, représenté parles intérêts du capital, sera décerné, s'il y a lieu, pour la première fois en igoS. SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. I 247 PRIX LALANDE (54o'"^). Ce prix doit être attribué annuellement à la personne qui, en France ou ailleurs, aura fait l'observation la plus intéressante, le Mémoire ou le travail le plus utile aux progrès de l'Astronomie. PRIX VALZ ( ',Gof>). Ce prix annuel est décerné à l'auteur de l'observation astronomique la plus intéressante qui aura été faite dans le courant de l'année. PRIX G. DE PONTÉCOULANT (700"). Ce prix biennal, destiné à encourager les recherches de Mécanique céleste, sera décerné pour la première fois dans la séance publique annuelle de igoS. PRIX JANSSEN. Ce prix biennal, qui consiste en une médaille d'or destinée à récom- penser la découverte ou le travail faisant faire un progrès important à l'Astronomie physique, sera décerné en 1904. M. Janssen, dont la carrière a été presque entièrement consacrée aux progrès de l'Astronomie physique, considérant que cette science n'a pas à l'Académie de prix qui lui soit spécialement affecté, a voulu combler cette lacune. PRIX DAMOISEAU i^ooo'^). Ce prix est triennal. li' Académie a mis au concours, pour l'année iQoS, la question suivante : // existe une dizaine de comètes dont l 'orbite, pendant la période de visibi- lité, s'est montrée de nature hyperbolique. Rechercher, en remontant dans le passé et tenant compte des perturbations des planètes, s'il en était ainsi avant l'arrivée de ces comètes dans le système solaire. 1248 ACADÉMIE DES SCIENCES. GÉOGRAPHIE ET IVAVIGATÏOIV. PRIX BINOUX (2000"). Ce prix annuel est attribué alternativement à des recherches sur la Géographie ou la Navigation et à des recherches sur V Histoire des Sciences. Ce prix sera décerné, en igo/j, à l'auteur de travaux sur la Géographie ou la Navigation. PHYSIQUE. PRIX HÉBERT ^oocf'). Ce prix annuel est destiné à récompenser l'auteur du meilleur Traité ou de la plus utile découverte pour la vulgarisation et l'emploi pratique de l'Electricité. PRIX HUGHES (2 300^'^). Ce prix annuel, dû à la libéralité du physicien Hughes, sera décerné pour la première fois dans la séance publique de igoS. Il est destiné à récompenser l'auteur d'une découverte ou de travaux qui auront le plus contribué au progrès de la Physique. PRIX GASTON PLANTÉ (Sogo^')- Ce prix biennal est attribué, d'après le jugement de l'Académie, à l'auteur français d'une découverte, d'une invention ou d'un travail im- SÉANCE DU 2 2 DÉCEMBRE 1902. 12 \g jîortant dans le domaine de l'Electricité. L'Académie décernera ce prix, s'il y a lieu, dans sa séance annuelle de igoS. PRIX RASTNER-BOURSAULT (2000^'). Ce prix triennal sera, décerné, s'il y a lieu, en 1904, à l'auteur du meilleur travail sur les applications diverses de l'Électricité dans les Arts, l'Industrie et le Commerce. PRIX L. LA CAZE (locoof^. M. Louis La Caze a légué à l'Académie des Sciences trois rentes de cinq mille francs chacune, dont il a réglé l'emploi de la manière suivante : « Dans l'intime persuasion où je suis que la Médecine n'avancera réel- lement cpi'autant qu'on saura la Physiologie, je laisse cinq mille francs de renie perpétuelle à V Académie des Sciences, en priant ce corps savant de vouloir bien distribuer de deux ans en deux ans, à dater de mon décès, un prix de dix mille francs (loooo fr.) à l'auteur de l'Ouvrage qui aura le plus contribué aux progrès de la Physiologie. Les étrangers pourront concourir i> Je confirme toutes les dispositions qui précèdent; mais, outre la somme de cinq mille francs de rente perpétuelle que j'ai laissée à Y Aca- démie des Sciences de Paris pour fonder un prix de Physiologie, que je maintiens ainsi qu'il est dit ci-dessus, je laisse encore à la même Acadé- mie des Sciences deux sommes de cinq mille francs de rente perpétuelle, libres de tous frais d'enregistrement ou autres, destinées à fonder deux autres prix, l'un pour le meilleur travail sur la Physique, l'autre pour le meilleur travail sur la Chimie. Ces deux prix seront, comme celui de Physiologie, distribués tous les deux ans, à perpétuité, à dater de mon décès, et seront aussi de dix mille francs chacun. Les étrangers pourront concourir. Ces sommes ne seront pas partageables et seront données en totalité aux auteurs qui en auront été jugés dignes. Je provoque ainsi, par la fondation assez importante de ces trois prix, en Europe et peut- être ailleurs, une série continue de recherches sur les Sciences naturelles, qui sont la base la moins équivoque de tout savoir humain ; et, en même temps, je pense que le jugement et la distribution de ces récom- C. R, ino3, 5* Semestre. (T. CXXXV, N- 25.) l63 125o ACADÉMIE DES SCIENCES. » penses par V Académie des Sciences de Paris sera un titre de plus, pour )) ce corps illustre, au respect et à l'estime dont il jouit dans le monde » entier. Si ces prix ne sont pas obtenus par des Français, au moins ils » seront distribués par des Français, et par le premier corps savant de » France. « L'Académie décernera, dans sa séance publique de l'année igo3, deux prix de dix mille francs chacun aux Ouvrages ou Mémoires qui auront le plus contribué aux progrès de la Physiologie et de la Chimie. L'Académie décernera le prix relatif à la Physique dans sa séance publique de l'année igoS. STATISTIQUE. PRIX MONTYON (5oo"^). L'Académie annonce que, parmi les Ouvrages qui auront pour objet une ou plusieurs questions relatives à la Statistique de la France, celui qui, à son jugement, contiendra les recherches les plus utiles, sera couronné dans la prochaine séance publique. Elle considère comme admis à ce concours annuel les Mémoires envoyés en manuscrit, et ceux qui. ayant été imprimés et publiés, arrivent à sa connaissance. CHIMIE. PRIX JECRER (loooof). Ce prix annuel est destiné à récompenser les travaux les plus propres à hâter les progrès de la Chimie organique. Voir page 1249. SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. I25l PRIX L. LA GAZE (loooof). MINERALOGIE ET GEOLOGIE. PRIX DELESSE (1400^). jyjme yve DeJesse a fait don à l'Académie d'une somme de vingt mille francs, destinée par elle à la fondation d'un prix qui sera décerné tous les deux ans, s'il y a lieu, à l'auteur, français ou étranger, d'un travail concernant les Sciences géologiques, ou, à défaut, d'un travail concernant les Sciences minéralogiques. Le prix Delesse sera décerné dans la séance publique de l'année iqoS. PRIX FONTANNES (aocof'). Ce prix triennal est attribué à r auteur de la meilleure publication paleon- tologique. Il sera décerné, s'il y a lieu, dans la séance publique de 1905. PRIX ALHUMBERT (looo''''). L'Académie a mis au concours, pour sujet de ce prix quinquennal à décerner en igoS, la question suivante : Etude sur l'âge des dernières éruptions volcaniques de la France. 1202 ACADEMIE DES SCIENCES. GEOGRAPHIE PHYSIQUE. PRIX GAY (aSoof'). L'Académie rappelle que le prix Gay, qu'elle doit décerner dans sa séance publique de l'année 1903, sera attribué à l'auteur cVun travail ayant pour but la détermination, aussi précise que possible, d'une série de positions géographiques dans une colonie française . PRIX GAY (i5oof'). L'Académie a mis au concours pour sujet du prix Gay, qu'elle doit décerner dans sa séance publique de l'année 1904, la question suivante : Etudier les variations actuelles du niveau relatif de la terre ferme et de la mer, à l'aide d'observations précises, poursuivies sur une portion déterminée des côtes de l'Europe ou de l' Amérique du Nord. BOTANIQUE. GRAND PRIX DES SCIENCES PHYSIQUES. (Prix du Budget : Sooo'"'.) L'Académie rappelle qu'elle a mis au concours, pour l'année 1903, la question suivante : Rechercher et démontrer les divers modes de formation et de développement de V œuf chez les Ascomycétes et les Basidiomjcètes . SÉANCE DU 22" DÉCEMBRE 1902. 1253 PRIX BORDIN (3ooo'-). L'Académie rappelle qu'elle a mis au concours, pour l'année igoB, la question suivante : Démontrer, s'il y a lieu, par l'élude de types nombreux et variés, la géné- ralité du phénomène de la double fécondation, ou digamie, c'est-à-dire de la formation simultanée d'un œuf et d'un truphime, chez les Angiospermes. PRIX UESMAZIÈRES (iGoo"). Ce prix annuel est attribué « à l'auteur, français ou étranger, du meil- » leur ou du plus utile écrit, publié dans le courant de l'année précédente, » sur tout ou partie de la Cryptogamie ». PRIX MONTAGNE (iSoof). Par testament en date du 11 octobre 1862, M. Jean-Franrois-Camille Montagne, Membre de l'Institut, a légué à l'Académie des Sciences la tota- lité de ses biens, à charge par elle de distribuer chaque année, sur les arrérages de la fondation, un prix de looo'^'' ou deux prix : l'un de igoo*^'', l'autre de ôog*^', au choix de la Section de Botanique, aux auteurs de tra- vaux importants ayant pour objet l'anatomie, la physiologie, le dévelop- pement ou la description des Cryptogames inférieures (Thallophytes et Muscinées). Les concurrents devront être Français ou naturcdisés Français. PRIX THORE (ooof^. Ce prix annuel est attribué alternativement aux travaux sur les Crypto- games cellulaires d'Europe et aux recherches sur les mœurs ou l'ana- tomie d'une espèce d'Insecte d'Europe. (Voir page i255.) Ce prix sera décerné, s'il y a lieu, dans la séance annuelle de igo3, au meilleur travail sur les Cryptogames cellulaires d'Europe. 1254 ACADÉMIE DES SCIENCES. PRIX DE LA FONS-MÉLICOCQ (900^^). Ce prix sera décerné « tous les trois ans au meilleur Ouvrage de Botanique, » manuscrit ou imprimé, sur le nord de la France , c'est-à-dire sur les » départements du Nord, du Pas-de-Calais, des Ardennes, de la Somme, de l'Oise et de l'Aisne ». » Ce prix sera décerné, s'il y a lieu, dans la séance annuelle de 1904. ECONOMIE RURALE. PRIX BIGOT DE MOROGUES (1700'^'). Ce prix décennal sera décerné, dans la séance annuelle de 1903, à l'Ou- vrage qui aura fait faire le plus de progrès à l'Agriculture de France. ANATOMIE ET ZOOLOGIE. PRIX SAVIGNY, FONDÉ PAR M"* LETELLIER (i3oof). « Voulant, dit la testatrice, perpétuer, autant qu'il est en mon pouvoir » de le faire, le souvenir d'un martyr de la science et de l'honneur, je )) lègue à l'Institut de France, Académie des Sciences, Section de Zoologie, vingt mille francs, au nom de Marie-Jules-César Le Lorgne de Savigny, ancien Membre de l'Institut d'Egypte et de l'Institut de France, pour l'intérêt de cette somme de vingt jnille francs être employé à aider les jeunes zoologistes voyageurs qui ne recevront pas de subvention du SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE Tg02. 1255 » Gouvernement et qui s'occuperont plus spécialement des animaux sans M vertèbres de l'Egypte et de la Syrie. » PRIX DA GAMA MACHADO (1200^). L'Académie décernera, tous les trois ans, le prix da Gama Machado aux meilleurs Mémoires qu'elle aura reçus sur les parties colorées du système tégumentaire des animaux ou sur la matière fécondante des êtres animés. Il sera décerné, s'il y a lieu, en igoS. PRIX THORE (ooof--). Voir page i253. Ce prix alternatif sera décerné, s'il y a lieu, dans la séance annuelle de 1904, au meilleur travail sur les mœurs et l'anatoraie d'une espèce d'Insectes d'Europe. MEDECINE ET CHIRURGIE. PRIX MONTYON (Trois prix de 3 000'^'', trois mentions de iSoof''). Conformément au testament de M. Auget de Montyon, il sera décerné, tous les ans, un ou plusieurs prix aux auteurs des Ouvrages ou des décou- vertes qui seront juges les plus utiles à Y art de guérir. L'Académie juge nécessaire de faire remarquer que les prix dont il s'agit ont expressément pour objet des découvertes et inventions propres à perfectionner la Médecine ou la Chirurgie. Les pièces admises au Concours n'auront droit au prix qu'autant qu'elles contiendront une découverte parfaitement déterminée. y 1256 ACADÉMIE DES SCIENCES. Si la pièce a été produite par l'auteur, il devra indiquer la partie de son travail où cette découverte se trouve exprimée; dans tous les cas, la Com- mission chargée de l'examen du concours fera connaître que c'est à la dé- couverte dont il s'agit que le prix est donné. PRIX BARBIER (2000^'). Ce prix annuel est attribué à « l'auteur d'une découverte précieuse dans » \e?, Sciences chirurgicale, médicale, pharmaceutique, et dans la Botanique » ayant rapport à l'art de guérir ». PRIX BRÉANT (100000'^. M. Bréant a léçué à l'Académie des Sciences une somme de cent mille francs pour la fondation d'un prix à décerner « à celui qui aura trouvé » le moven de guérir du choléra asiatique ou qui aura découvert les causes » de ce terrible fléau ». Prévoyant que le prix de cent mille francs ne sera pas décerné tout de suite, le fondateur a voulu, jusqu'à ce que ce prix fût gagné, que l'intérêt du capital fût donné à la personne qui aura fait avancer la Science sur la question du choléra ou de toute autre maladie épidémique, ou enfin que ce prix pût être gagné par celui qui indiquera le moyen de guérir radicale- ment les dartres ou ce qui les occasionne. Les concurrents devront satisfaire aux conditions suivantes : 1° Pour remporter le prix de cent mille francs, il faudra : « Trouver une » médication qui guérisse le choléra asiatique dans V immense majorité des cas » ; Ou : « Indiquer d'une manière incontestable les causes du choléra asiatique, de » façonqu'en amenant la suppression de ces causes on fasse cesser l' épidémie » ; Ou enfin : « Découvrir une prophylaxie certaine et aussi évidente que l'est, » par exemple, celle de la vaccine pour la variole » . 1° Pour obtenir le prix annuel, représenté par l'intérêt du capital, il faudra, par des procédés rigoureux, avoir démontré dans l'atmosphère l'existence de matières pouvant jouer un rôle dans la production ou la propagation des maladies épidémiques. * SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. 1237 Dans le cas où les conditions précédentes n'auraient pas été remplies, le prix annuel pourra, aux termes du testament, être accordé à celui qui aura trouvé le moyen de guérir radicalement les dartres, ou qui aura éclairé leur étiologie. PRIX GODARD (looo^'). Ce prix annuel sera donné au meilleur Mémoire sur l'anatomie, la phy- siologie et la pathologie des organes génito-urinaires. Aucun sujet de prix ne sera proposé. PRIK LALLEMAND (i Soo''''). Ce prix annuel est destiné à « récompenser ou encourager les travaux relatifs au système nerveux, dans la plus large acception des mots », PRIX DU BARON LARREY (7 50^0- Ce prix sera décerné annuellement à un médecin ou à un chirurgien des armées de terre ou de mer pour le meilleur Ouvrage présenté à l'Aca- démie et traitant un sujet de Médecine, de Chirurgie ou d'Hygiène mili- taire. PRIX BELLION, FONDÉ PAR M"" FOEHR (1400^-). Ce pri.r annuel sera décerné aux savants « qui auront écrit des Ombrages » ou fait des découvertes surtout profitables à la santé de l'homme ou à l'am.e- r> lioration de V espèce humaine ». PRIX MÈGE (loooof'). Le D"" Jean-Baptiste Mège a légué à l'Académie « dix mille francs à donner en prix à l'auteur qui aura continué et complété son Essai sur les causes qui ont retardé ou favorisé les progrés de la Médecine, depuis la plus haute anti- quité jusqu à nos jours. » L'Académie des Sciences pourra disposer en encouragements des inté- rêts de cette somme jusqu'à ce qu'elle pense devoir décerner le prix. » G. R., 1903, 2* Semeatre. (T. CXXXV, N» 25.) l64 1258 ACADÉMIE DES SCIENCES. L'Académie des Sciences décernera le prix Mège, s'il y a lieu, dans sa séance publique annuelle de igo3. PRIX CHAUSSIER (loooo'"'). Ce prix sera décerné tous les quatre ans au meilleur Livre ou Mémoire qui aura paru pendant ce temps, et fait avancer, soit la Médecine légale, soit la Médecine pratique. L'Académie décernera ce prix dans la séance annuelle de 1908, au meil- leur Ouvrage paru dans les quatre années qui auront précédé son juge- ment. PRIX SERRES (7Joof'). Ce prix triennal « sur l'Embryologie générale appliquée autant que possible » à la Physiologie et à la Médecine » sera décerné en igoS par l'Académie au meilleur Ouvrage qu'elle aura reçu sur cette importante question. PRIX DUSGATE (2 5oof'). Ce prix quinquennal sem décerné, s'il y a lieu, en iqoj, à l'auteur du meilleur Ouvrage sur les signes diagnostiques de la mort et sur les movens de prévenir les inhumations précipitées. PHYSIOLOGIE. PRIX MONTYOX (750^^. L'Académie décernera annuellement ce prix de Physiologie expérimen- taleà l'Ouvrage, imprimé ou manuscrit, qui lui paraîtra répondre le mieux aux vues du fondateur. SÉANCE DU 11 DÉCKMBRE 1902. " I25() PRIX PHILIPEAUX (900"). Ce prix annuel de Physiologie expérimentale sera décerné dans la pro- chaine séance publique. PRIX !.. LA CAZK (loooof''). Voir page 12/(9. PRIX POURAT (loocf--). L'Académie rappelle qu'elle a mis au concours, pour l'année 1903, la question suivante : Action des courants de haute fréquence sur les phénomènes de la vie. PRIX POURAT (looof). (Question proposée pour l'année 1904.) Les phénomènes physiques et chimiques de la respiration aux grandes alti- tudes. PRIX MARTIN-DAMOURETTE (1/400^'). Ce prix biennal &ern décerne, s'il y a lieu, dans la séance i)ublique an- nuelle de igo'i. HISTOIRE DES SCIENCES. PRIX BINOUX (2000'''). Ce prix alternatif sera décerné, en 1903, à l'auteur de travaux sur 'Histoire des Sciences. Voir page 1248. I26o ACADÉMIE DES SCIENCES. PRIX GENERAUX. MÉDAILLE ARAGO. L'Académie, dans sa séance du i4 novembre 1887, a décidé la fondation d'une médaille d'or à l'effigie d'Arago. Celte médaille sera décernée par l'Académie chaque fois qu'une décou- verte, un- travail ou un service rendu à la Science lui paraîtront dignes de 06 témoignage de haute estime. MEDAILLE LAVOISIER. L'Académie, dans sa séance du 26 novembre 1900, a décidé la fonda- tion d'une médaille d'or à l'effigie de Lavoisier. Cette médaille sera décernée par l'Académie, aux époques que son Bureau jugera opportunes et sur sa proposition, aux savants qui auront rendu à la Chimie des services éminents, sans distinction de nationalité. Dans le cas où les arrérages accumulés dépasseraient le revenu de deux années, le surplus pourrait être attribué, par la Commission administrative, à des recherches ou à des publications originales relatives à la Chimie. MÉDAILLE BERTHELOT. Chaque année, sur la proposition de son Bureau, l'Académie décernera un certain nombre de « Médailles Berthelot » aux savants qui auront obtenu, cette aanée-là, des prix de Chimie ou de Physique; à chaque Médaille sera joint un exemplaire de l'Ouvrage intitulé : La Synthèse chimique. SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. 1261 PRIX MONTYON (ARTS INSALUBRES). (Les prix sont de 2000'^'^ el les mentions de iSoD^''.) Il sera décerné chaque année un ou plusieurs prix aux auteurs qui auront trouvé les moyens de rendre un arl ou un métier moins insalubre. L'Académie juge nécessaire de faire remarquer que les prix dont il s'agit ont expressément pour objet des découvertes et inventions qui dimi- nueraient les dangers des diverses professions ou arts mécaniques. Les pièces admises au concours n'auront droit au prix qu'autant qu'elles contiendront une découverte parfaitement déterminée. Si la pièce a été produite par l'auteur, il devra indiquer la partie de son travail où celte découverte se trouve exprimée; dans tous les cas, la Com- mission chargée de l'examen du concours fera connaître que c'est à la dé- couverte dont il s'agit que le prix est donné. PRIX WILDE (4ooo"'). M. Henry Wilde a fait donation à l'Académie des Sciences d'une somme de cent trente-sept mille cinq cents francs, qui a été convertie en rente 3 pour 100 sur l'Etat français. Les arrérages de ladite rente sont consa- ci'cs à la iondatiou à perpétuité d'nnprix annuel qui porte le nom de Prix Wilde. L'Académie, aux termes de celte donation, a la faculté de décerner au lieu d'un seul prix de quatre mille francs, deux prix de deux mille francs chacun. Ce prix est décerné chaque année par l'Académie des Sciences, sans dislinclion de nalionylilé, à la personne dont la découverte ou l'Ouvrage sur V Astronomie, la Physique, la Chimie, la Minéralogie, la Géologie ou la Mécanique expérimentale aura été jugé par l'Académie le plus digne de récompense, soit que celte découverte ou cet Ouvrage ait été fait dans l'année même, soil qu'il remonte à une autre année antérieure ou posté- rieure à la donation. 1262 ACADÉMIE DES SCIENCES. PRIX TCHIHATCHEF (3 000"). M. Pierre de Tchihatchef a légué à l'Académie des Sciences la somme de cent mille francs. Dans son testament, M. de Tchihatchef stipule ce qui suit : M Les intérêts de cette somme sont destinés à offrir annuellement une » récompense ou un encouragement aux naturalistes de toute nationalité qui » se seront le plus distingués dans l'exploration du continent asiatique » (ou îles limitrophes), notamment des régions les moins connues et, en » conséquence, à l'exclusion des contrées suivantes : Indes britanniques, » Sibérie proprement dite, Asie Mineure et Syrie, contrées déjà plus ou » moins explorées. » Les explorations devront avoir pour objet une branche quelconque » des Sciences naturelles, physiques ou mathématiques. » Seront exclus les travaux ayant rapport aux autres sciences, telles » que : Archéologie, Histoire, Ethnographie, Philologie, etc. » Il est bien entendu que les travaux récompensés ou encouragés » devront être le fruit d'observations faites sur les lieux mêmes et non des » œuvres de simple érudition. » PRIX CUVIER (i5oo"). Ce prix est attribué tous les trois ans à l'Ouvrage le plus remarquable sur l'étude des ossements fossiles, l'Anatomie comparée ou la Zoologie. L'Académie décernera, s'il y a lieu, le prix Cuvier, dans sa séance pu- blique annuelle de igoS, à l'Ouvrage qui remplira les conditions du concours, et qui aura paru depuis le 1" janvier 1901. PRIX PARKIN (34oof^). Caprix me/ma/ est destiné à récompenser des recherches sur les sujets suivants : « 1° Sur les effets curatifs du carbone sous ses diverses formes et plus SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. 1263 » particulièrement sous la forme gazeuse ou gaz acide carbonique, dans » le choléra, les différentes formes de fièvre et autres maladies; » 2" Sur les effets de l'action volcanique dans la production de maladies » épidémiques dans le monde animal et le monde végétal, et dans celle des » ouragans et des perturbations atmosphériques anormales. » Le testateur stipule : « 1° Que les recherches devront être écrites en français, en allemand » ou en italien ; » 2" Que l'auteur du meilleur travail publiera ses recherches à ses pro- » près frais et en présentera un exemplaire à l'Académie dans les trois » mois qui suivront l'attribution du prix; )> 3" Chaque troisième et sixième année le prix sera décerné à un tra- » vail relatif au premier desdits sujets, et chaque neuvième année à un » travail sur le dernier desdits sujets. » Ti' Académie ayant décerné pour la première fois ce prix dans sa séance publique de 1897, attribuera ce prix triennal, en l'année 1908, à un tra- vail sur le dernier desdits sujets, conformément au vœu du testateur. PRIX PETIT D'ORMOY. (Deux prix de loooo'^'".) T/Académie a décidé que, sur les fonds produits par le legs Petit d'Or- moy, elle décernera tous les deux ans un prix de dix mille francs pour les Sciences mathématiques pures ou appliquées, et un pris de dix mille francs pour les Sciences naturelles. L'Académie décernera les prix Petit d'Ormoy, s'il y a lieu, dans sa séance publique annuelle de r9o3. PRIX BOILEAU (rSoof^). Ce prix /nV?/î7îCf/ est destiné à récompenser les recherches sur les mou- vements des fluides, jugées suffisantes pour contribuer au progrès de l'Hydraulique. 126'i ACADÉMIE DES SCIENCES. A défaut, la rente triennale échue sera donnée, à litre d'encouragement, à un savant estimé de l'Académie et choisi parmi ceux qui sont notoire- ment sans fortune. L'Académie décernera le prix Boileaii dans sa séance annuelle de igo3. PRIX ESTRADE-DELCROS (8ooo*"0- M. Estrade-Delcros, par son testament en date du 8 février 1876, a légué toute sa fortune à l'Institut. Conformément à la volonté du testateur ce legs a été partagé, par portions égales, entre les cinq classes de l'Institut, pour servir à décerner, tous les cinq ans. un prix sur le sujet que choisira chaque Académie. Ce prix ne peut être partagé. Il sera décerné par l'Académie des Sciences, dans sa séance publique de 190.3. PRIX CAHOURS (3ooof^). M. Auguste Cahours a légué à l'Académie des Sciences la somme de cent mille francs. Conformément aux vœux du testateur, les intérêts de cette somme se- ront distribués chaque année, à titre d'encouragement, à des jeunes gens qui se seront déjà fait connaître par quelques travaux intéressants et plus particulièrement par des recherches sur la Chimie. PRIX SAINTOUR (3ooof^). Ce prix annuel est décerné par l'Académie dans l'intérêt des Sciences. PRIX TRÉMONT (1100^^). Ce prix annuel est destiné « à aider dans ses travaux coût savant, ingé- nieur, artiste ou mécanicien, auquel une assistance sera nécessaire pour atteindre un but utile et glorieux pour la France ». SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. 126J PRIX GEGNER (3 800"). Ce prix annuel est destiné « à soutenir un savant qui se sera signalé par des travaux sérieux, et qui dès lors pourra continuer plus fructueusement ses recherches en laveur des progrès des Sciences positives ». PRIX FONDE PAR M"" l\ Marquise DE LAPLACE. Ce prix, qui consiste dans la collection complète des Ouvrages de Laplace, est décerné, chaque année, au premier élève sortant de l'École Polytechnique. PRIX FÉLIX RIVOT (2 5oof'). Ce prix annuel sera partagé entre les quatre élèves sortant chaque année de l'École Polytechnique avec les n°* 1 et 2 dans les corps des Mines et des Ponts et Chaussées. PRIX LECONTE ( )oooo"). Ce prix doit être donné, en un seul prix, tous les trois ans, sans préférence de nationalité : 1° Aux auteurs de découvertes nouvelles et capitales en Mathématiques, Physique, Chimie, Histoire naturelle, Sciences médicales; 2° Aux auteurs d'applications nouvelles de ces sciences, applications qui devront donner des résultats de beaucoup supérieurs à ceux obtenus jusque-là. L'Académie décernera le prix Leconte, s'il v a lieu, dans sa séance annuelle de 1904. G. R., 1902, 2- Semestre. (T. CXXXV, N° 25.) 1 65 [206 ACADÉMIE DES SCIENCES. PRIX JEAN-JACQUES BERGER (iSooof--). Le prix Jean-Jacques Berger est décerné successivement par les cinq Académies à l'OEuvre la plus méritante concernant la Ville de Paris; il sera décerné, par l'Académie des Sciences, en igo4. PRIX DELALANDE-GUÉRINEAU (1000^). Ce prix biennal sera décerné en 1904 « au voyageur français ou au savant 1) qui, l'un ou l'autre, aura rendu le plus de services à la France ou à la » Science » . PRIX JEROME PONTI (SSoo'"'-). Ce prix biennal sera accordé à l'auteur d'un travail scientifique dont la continuation ou le développement seront jugés importants pour la Science. L'Académie décernera ce prix, s'il y a lieu, dans sa séance publique de 1904. PRIX HOULT>EVIGUE (5ooof")- Ce prix est décerné à tour de rôle par l'Académie des Sciences et par l'Académie des Beaux-Arts. L'Académie des Sciences décernera ce prix, dans l'intérêt des Sciences, dans la séance publique annuelle de 1904. PRIX JEAN REYNAUD (loooo"). jyjme yve jg^j^ Reyuaud, « voulant honorer la mémoire de son mari et perpétuer son zèle pour tout ce qui touche aux gloires de la France », a fait donation à l'Inslitut de France d'une rente sur l'Etat français, de la somme de dix mille francs, destinée à fonder un prix annuel qui sera suc- cessivement décerné par les cinq Académies « au travail le plus méritant. SÉANCE DU 2 2 DÉCEMBRE 1902. 1267 relevant de chaque classe de l'Institut, qui se sera produit pendant une période de cinq ans » . <( Le prix J. Reynaud, dit la fondatrice, ira toujours à une œuvre origi- » nale, élevée et ayant un caractère d'invention et de nouveauté. » Les Membres de l'Institut ne seront pas écartés du concours. » Le prix sera toujours décerné intégralement; dans le cas où aucun » Ouvrage ne semblerait digne de le mériter entièrement, sa valeur sera » délivréeàquelquegrandeinfortunescientifique, littéraire, ou artistique. » L'Académie des Sciences décernera le prix Jean Reynaud dans sa séance publique de l'année 1906. PRIX DU BARON DE JOEST (2000''). Ce prix, décerné successivement par les cinq Académies, est attribué à celui qui, dans l'année, aura fait la découverte ou écrit l'Ouvrage le plus utile au bien public. Il sera décerné par l'Académie des Sciences dans sa séance publique de 190G. 1268 ACADÉMIE DES SCIENCES. CONDITIONS COMMUNES A TOUS LES CONCOURS. Les pièces manuscrites ou imprimées destinées aux divers concours de l'Académie doivent être directement adressées par les auteurs au Secré- tariat de l'Institut, avec une lettre constatant l'envoi et indiquant le concours pour lequel elles sont présentées. Les Ouvrages imprimés doivent être envoyés au nombre de deux exemplaires. Les concurrents doivent indiquer, par une analyse succincte, la partie de leur travail où se trouve exprimée la découverte sur laquelle ils appellent le jugement de l'Académie. Les concurrents sont prévenus que l'Académie ne rendra aucun des Ouvrages ou Mémoires envoyés aux concours; les auteurs auront la liberté d'en faire prendre des copies au Secrétariat de l'Institut. Par une mesure générale, l'Académie a décidé que la clôture de chaque concours serait fixée au premier juin de l'année dans laquelle doit être jugé ce concours. Le montant des sommes annoncées pour les prix n'est donné qu'à titre d'indication subordonnée aux variations du revenu des fondations. Nul n'est autorisé à prendre le titre de Lauréat de l'Académie, s'il n'a été jugé digne de recevoir un Prix. Les personnes qui ont obtenu des ré- compenses, des encouragements ou des mentions, n'ont pas droit à ce titre. LECTURES. M. Berthelot, Secrétaire perpétuel, lit une Notice historique sur la vie et les travaux de M. Chevriïul, Membre de l'Institut. M. B. et G. D. SEANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. 1269 TABLEAUX DES PRIX DÉCERNÉS ET DES PRIX PROPOSÉS DANS LA SÉANCE DU LUNDI 2i DÉCEMBRE 1902. TABLEAU DES PRIX DECERNES. ANNÉE 1902. géométrie. Grand Prix des Sciences mathématiques. — Le prix est décerné à M. Ernest Vessiot. Une mention très honorable est accordée à M. Jean Le Roux i ij'l Prix Bordin. — Le prix n'est pas décerné. Une mention honorable est accordée à M. de Tannenberg 1 16! Prix Francœur. — Le prix est décerné a M. Emile Lemoine i iG3 Prix Poncelet. — Le prix est décerné à M . Maurice d 'Ocagne • 1 1 63 mécanique. Prix extraordinaire de six mille francs. — Un prix de quatre mille francs est décerné à M. lioniazotti. Un prix de deux mille francs à M . Driencourt i iG3 Prix Montyon. — Le prix est décerné à M. le Commandant Hartmann 116- Prix Pltjmey. — Le prix est décerné à M. le Colonel Renard ii(i8 ASTRONOMIE. Prix Pierre Guzman. — Le prix n'est pas décerné 1 i(is Prix Lalande. — Le prix est décerné à M. Trépied 1 16S Prix Valz. — Le prix est décerné à M. E. Hartwig i i6g Le prix est décerné à Prix Damoiseau. M. Caillot Prix Janssen. — Le prix est décerné à M. le Comte Aymar de La Baume-Plu- i'inel. Un encouragement et une médaille (le vermeil sont accordés à M.Jean Binot.. 1172 GÉOGRAPHIE ET NAVIGATION. Prix Binoux. — Le prix est partagé entre iMM. Claude, Marcel Monnier. Delpeuch. 1 174 PHYSIQUE. Prix Hébert. — Le prix est décerné à M. C.-F. Guilhert. 1177 STATISTIQUE. Prix Montyon. — Le prix est partagé entre M. F. Bordas et M. Duchaussoy. Trois mentions exceptionnellement hono- rables sont accordées à MM. Liélard, Dislère, Peyroux; cinq mentions sont accordées à MM. R. Leroy, Lucien Mayet, l'asserat, Trousseau, et au Manuscrit anonyme ayant pour devise Primo non iiocere ,78 Prix Jecker. — Le prix est décerné à M. Rosenstielil ngS I 270 ACADEMIE DES SCIENCES. MINERALOGIE ET GEOLOGIE. Prix Fontannes. — Le prix est décerné à M. de Grossouvre 1 19- GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. Prix Gay. Colonel Berlhaut . Le prix est décerné à 1\I. le '99 BOTANIQUE. Prix Desmazières. — Le prix est décerné à M. Roland Thaxter 1201 Prix Montagne. — Le prix est décerné à M. Vuillemin i'!o4 ANATOMIE ET ZOOLOGIE. Prix Savigny. — Le prix n'est pas décerné. i2o5 Prix Tiiore. — Le prix est décerné à M. Ji. de Sinéty , 1 300 Prix Vaillant. — Le prix n'est pas décerné. 1208 MÉDECINE ET CHIRURGIE. Prix Montyon. — Les prix sont décernés à MM. Dejerine, Roger, Ravaiit. Les men- tions sont attribuées à SLM. Conimeiige. Coniby, Guilleinonat. Des citations sont accordées à MU. Bodin, Griffon, Four- nier, Guérin, Cassaët 1208 Prix Barbier. — Le prix est partagé entre MAL L. Grimbert, A. Le Dentu i2i3 Prix Bréant. — Les arrérages du prix Bréant sont attribués à U-^Ed. Imbeaujc. 1216 Prix Godard. — Le prix est décerné à M. G. Loisel ,216 Prix Bellion. — Le prix est décerné à M. Pierre Lereboullet , 2 18 Prix Mége. — Les arrérages du prix Mège sont attribués à M. A. Clerc 1218 Prix Lallemand. — Le prix est partagé entre M"« PompUian et M. Hauser 1218 Prix du baro.v Larrey. — Le prix est dé- cerné à M. Triaire. Une mention très ho- norable est attribuée à AL Romary 1220 PHYSIOLOGIE. Prix Montyon (Physiologie expérimentale). — Le prix n'est pas décerné 1221 Prix Philipeaux. — Le prix est décerné à M . Pierre Bonnier 1 2 1 1 Prix Serres. — Le prix est décerné à M. Paul Marchai 1222 Prix Pourat. — Le prix est décerné à M . /. Tissot 1229 Prix Martin-Da.mourette. — Le prix est décerné à M. //. Blondel de Joigny isSi PRIX GÉNÉRAUX. MÉDAILLE Lavoisier. — Cette médaille est décernée à .M. Stanislas Cannizzaro. . . . i233 Médaille Bkrthelot. — Des médailles Ber- thelot sont accordées à Al.M. Rosenstiehl, Minet, Clerc, Inibeaux, Bordas, Dislère, Peyroux, Grimbert, à M"' Curie, à MM. Grignard, Fosse, Marquis i233 Prix Montyon (.\rts insalubres). — Le prix est décerné à M. Claude Boucher 1234 Prix Wilde. — Le prix est décerné à M. Schulhof 12 36 Prix Cauours. — Le prix est partagé entre ALM. Fosse, Grignard, Marquis i23y Prix Tcrihatchef. — Le prix est décerné à AI. Sven Hedin 1239 Prix Delalande-Guerineau. — Le prix est décerné à AI. Gonnessiat 1241 Prix Jérôme Ponti — Le prix est décerné à M. André Tournouër 1241 Prix Houllevigue. — Le prix est décerné à AI. Teisserenc de Bort 1 242 Prix Saintour. — Le prix est partagé entre M. Riquier et M. Adolphe Minet 1242 Prix Gegxer. — Le prix est décerné à Al"» Curie 12^ Prix Tremont. — Le prix est décerné à M. Fremont 1243 Prix Laplace. — Le prix est attribué à AI . Aubrun 1 243 Prix Rivot. — Le prix est partagé entre MAL Aubrun, A'iewengloivski, Barrillon, Bénézit i343 SEANCE DU 22 DECEMBRE 1902. I2'7 1 PRIX PROPOSES pour les années 1903, 1904, iQoS et 1906. geometrie. 1903. Prix Francœur 1244 1903. Prix Poncelet 1344 1904. Grand prix des Sciences mathéma- tiques. — Perfectionner, en quelque point important, l'étude de la convergence des fractions continues algébriques 1244 1904. Prix Bordin. — Développer et, per- fectionner la théorie des surfaces appli- cables sur le paraboloïde de révolution.. 1245 1904. Prix Vaillant. — Déterminer et étu- dier tous les déplacements d'une figure invariable dans lesquels les différents points de la figure décrivent des courbes sphériques i345 mécanique. 1903. Prix extraordinaire de six mille FRANCS. — Destiné à récompenser tout pro- grés de nature à accroître l'efficacité de nos forces navales 1245 1903. Prix Montyon 1245 1903. Prix Plumey 1246 1903. Prix Fourneyron. — Étude théorique ou expérimentale sur les turbines à vapeur. 1246 ASTRONOMIE. 1903. Prix Pierre Guzman 1246 1903. Prix Lalande 1247 1903. Prix Valz 1247 1903. Prix G. de Pontécoulant 1247 190i. Prix Janssen. — Médaille d'or des- tinée à récompenser la découverte ou le Travail faisant faire un progrès important à l'Astronomie physique 1247 1905. Prix Damoiseau. — Il existe une di- zaine de comètes dont l'orbite, pendant la période de visibilité, s'est montrée de nature hyperboli(|ue. Rechercher, en re- montant dans le passé et tenant compte des perturbations des planètes, s'il en était ainsi avant l'arrivée de ces comètes dans le système solaire 1247 GÉOGRAPHIE ET NAVIGATION. 1904. Prix BiNoux 1348 physique. 1903. Prix Hébert 1348 1903. Prix Hughes 345 1903. Prix Gaston Planté 1348 190i. Prix Kastner-Boursault i34() 1905. Prix L. La Gaze 134^ statistique. 1903. Prix Montyon 1350 CHIMIE. 1903. Prix Jecker 1 350 1903. Prix L. La Caze i35i MINÉRALOGIE ET GÉOLOGIE, 1903. Prix Delesse isSi 1905. Prix Fontannes isSi 1905. Prix Alhumbert. — Élude sur l'âge des dernières éruptions volcaniques de la France taS, GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. 1903. Prix Gay. — Le prix sera attribué à l'auteur d'un Travail ayant pour but la détermination, aussi précise que possible, d'une série de positions géographiques dans une des Colonies françaises i252 1904. Prix Gay. — Étudier les variations actuelles du niveau relatif de la terre ferme et de la mer, à l'aide d'observations précises, poursuivies sur une portion dé- terminée des côtes de l'Europe ou de l'Amérique du Nord i252 botanique. 1903. Grand prix des Sciences physiques. — Rechercher et démontrer les divers modes de formation et de développement de l'œuf chez les Ascomycétes et les Basi- diomycètes i253 1903. Prix Bordin. — Démontrer, s'il y a lieu, par l'étude de types nombreux et 1272 variés, la géoéralitc Ju phénomùne de la double fécondation, c'esl-à-dire de la for- mation simultanée d'un œuf et d'un tro- phime, chez les Angiospermes I353 1903. Prix Desmazikres i253 1903. Prix Montagne i253 1903. Prix Thore i253 1904. Prix de la Fons-Melicocq 12Ô4 économie rurale. 1903. Prix Biqot de Morogues 1254 anatomie et zoologie. 1903. Prix Savigxy 1254 1903. Prix da Gama Machado i255 1904. Prix Thore ■2.'i5 MÉDECISE ET CHIRURGIE. 1903. Prix Montyon i255 1903. Prix B.arbier i256 1903. Prix Bréant "56 1903. Prix Godard 1257 1903. Prix Lallem.\nd 1257 1903. Prix du baron Laruey 1 237 1903. Prix Bellion 1267 1903. Prix Mège' 1267 1903. Prix Chaussier 1268 1905. Prix Serres 1228 1905. Prix Dusgate i258 PHYSIOLOGIE. 1903. Prix Montyon isôS 1903. Prix Philipeaux 1259 1903. Prix L: La C.\ze 1239 ACADÉMIE DES SCIENCES. 1903. Prix Pourat. — Action des courants de haute fiéquence sur les phénomènes de la vie lîjg 1904. Prix Pourat. — Les phénomènes phy- siques et chimiques de la respiration aux grandes altitudes 1209 1904. Prix Martin-Damourette 1259 HISTOIRE DES SCIENCES. 1903. Prix Binoux 1269 prix généraux. MÉDAILLE ARAGO 1260 Médaille Lavoisier 1260 1903. Médaille Berthelot 1260 1903. Prix Montyon, Arts insalubres 1261 1903. Prix Wilde 1261 1903. Prix Tchihatchef 1262 1903. Prix Cuvier 1262 1903. Prix Parkin 1262 1903. Prix Petit d'Ormoy 1268 1903. Prix Boileau 1263 1903. Prix Estrade-Delcros 1264 1903. Prix Cahours 1264 1903. Prix Saintour 1264 1903. Prix Tremont 1264 1903. Prix Gegner i265 1903. Prix L.iPLACE i265 1903. Prix Rivot '265 1904. Prix Leoonte 1265 1904. Prix Jean-Jacques Berger 1266 19U4. Prix Delal.vnde-Guérineau 1266 1904. Prix Jérôme Ponti 1266 1904. Prix Houllevigue 1266 1906. Prix Jean Reynaud 1266 1906. Prix du Baron de Joest 1267 Conditions communes à tous les concours '^"^ Avis relatif au titre de Lauréat de l'Académie "68 SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE [902. 1273 TABLEAU PAR ANNÉE DES PRIX PROPOSÉS POUR 1903, 1904, 1905 ET 1906. 1905 GÉOMÉTRIE. Prix Francœur. — Découvertes ou travaux utiles au progrès des Sciences mathématiques pures et appliquées. Prix Ponoelet. — Décerné à l'auteur de l'Ou- vrage le plus utile au progrès des Sciences ma- thématiques pures ou appliquées. mécanique. Prix extraordinaire de six mille francs. — Progrés de nature à accroître l'efficacité de nos forces navales. Prix iMostyon. — Mécanique. Prix Plumey. — Décerné à l'auteur du per- fectionnement des machines à vapeur ou de toute autre invention qui aura le plus contribué aux progrès de la navigation à vapeur. Prix P'ourneyron. — Etude théorique ou expé- rimentale sur les turbines à vapeur. ASTRONOMIE. Prix Pierre Guzman. — Décerné à celui qui aura trouvé le moyen de communiquer avec un astre autre que Mars. A défaut de ce prix, les intérêts cumulés pen- dant cinq ans seront attribués, en igoS, à un sa- vant qui aura fait faire un progrès important à l'Astronomie. Prix Lalanbe. — Astronomie. Prix Valz. — Astronomie. Prix G. de Pontecoulant. — Mécanique cé- leste. PHYSIQUE. Prix Hébert. — Décerné à l'auteur du meil- leur traité ou de la plus utile découverte pour la vulgarisation et l'emploi pratique de l'Elec- tricité. Prix Hdghes. — Décerné à l'auteur d'une dé- G. R., 1902, 2- Semestre. (T. CXXXV, N» 25.) couverte ou de travaux qui auront le plus con- tribué aux progrès de la Physique. Prix Gaston Planté. — Destiné à l'auteur fran- çais d'une découverte, d'une invention ou d'un travail important dans le domaine de l'Électricité. STATISTIQUE. Prix Montyon. — Statistique. Prix Jecker. — Chimie organique. Prix La Caze. — Décerné aux Ouvrages ou Mémoires qui auront le plus contribué aux pro- grès de la Chimie, MINÉRALOGIE ET GÉOLOGIE. Prix Delesse. — Décerné à l'auteur, français ou étranger, d'un travail concernant les Sciences géologiques ou, à défaut, d'un travail concernant les Sciences minéralogiques. GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. Prix Gay. — Le prix sera attribué à l'auteur d'un Travail ayant pour but la détermination, aussi précise ([ue possible, d'une série de posi- tions géographiques dans une des Colonies fran- çaises. BOTANIQUE. Grand prix des Sciences physiques. — Re- chercher et démontrer les divers modes de for- mation et de développement de l'œuf chez les Ascomycètes et les Basidiomycètes. Prix Bordin. — Démontrer, s'il y a lieu, par l'étude de types nombreux et variés, la généra- lité du phénomène de la double fécondation, c'est- à-dire de la formation simultanée d'un œuf et d'un trophime, chez les Angiospermes. 166 1274 Prix Desmazières. —Décerné à l'auteur de l'Ouvrage le plus utile sur tout ou partie de la Cryptogamie. Prix MoNTAaNE. — Décerué aux auteurs de travaux importants ayant pour objet l'Anatomie, la Physiologie, le développement ou la descrip- tion des Cryptogames inférieures. Prix Thore. — Botanique. ÉCONOMIE KURALE. Prix Bigot de Morogues. — Agriculture. ACADEMIE DES SCIENCES. ANATOMIE ET ZOOLOGIE. Dé- Prix Sa-vigny, fondé par M"« Letellier. cerné à de jeunes zoologistes voyageurs. Prix Da Gama Mach.ido. — Décerné aux meil- leurs Mémoires snr les parties colorées du sys- tème tégumentaire des animaux ou sur la matière fécondante des êtres animes. MÉDECINE ET CHIKURGIE. Prix Montyon. — Médecine et Chirurgie. Prix Barbier. — Décerné à celui qui fera une découverte précieuse dans les Sciences chirurgi- cale, médicale, pharmaceutique, et dans la Bo- tanique ayant rapport à 1 art de guérir. Prix Breant. — Décerné à celui qui aura trouvé le moyen de guérir le choléra asiatique. Prix Godard. — Sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie des organes génilo-urinaires. Prix Lallemand. — Destiné à récompenser ou encourager les travaux relatifs au système ner- veux, dans la plus large acception des mots. Prix du baron Larrey. — Sera décerné à un médecin ou à un chirurgien des armées de terre ou de mer pour le meilleur Ouvrage présenté à l'Académie et traitant un sujet de Médecine, de Chirurgie ou d'Hygiène militaire. Prix Bellion, fondé par M"" Foehr. — Dé- cerné à celui qui aura écrit des Ouvrages ou fait des découvertes surtout profitables à la santé de l'homme ou à l'amélioration de l'espèce hu- maine. PrixMège. — Décerné à celui qui aura con- tinué et complété l'essai du D' Mège sur les causes qui ont retardé ou favorisé les progrès de la Médecine. Prix Chaussier. — Décerné à l'auteur du meil- leur Ouvrage, soit sur la Médecine légale, soit sur la Médecine pratique, qui aura paru pendant les quatre années qui auront précédé le jugement de l'Académie. PHYSIOLOGIE. Prix Montyon. — Physiologie expérimentale. Prix Philipeaux. — Physiologie expérimentale. Prix L.4. Caze. — Décerné aux Ouvrages ou Mémoires qui auront le plus contribué aux pro- grès de la Physiologie. Prlx Pourat. — Action des courants de haute fréquence sur les phénomènes do la vie. HISTOIRE DES SCIENCES. Prix Binoux. — Histoire des Sciences. PRIX GÉNÉRAUX. MÉDAILLE Arago. — Cette médaille sera dé- cernée par l'Académie chaque fois qu'une décou- verte, un travail ou un service rendu à la Science lui paraîtront dignes de ce témoignage de haute estime. Médaille Lavoisier. — Cette médaille sera dé- cernée par l'Académie tout entière, aux époques que son Bureau jugera opportunes et sur sa pro- position, aux savants qui auront rendu à la Chi- mie des services éminents, sans distinction de nationalité. Médaille Bbrthelot. — Décernée, sur la pro- position du Bureau de l'Académie, à des lauréats de prix de Chimie et de Physique. Prix Moxtyon. — .\rts insalubres. Prix H. Wilde. Prix Tchihatchef.— Destiné aux naturalistes de toute nationalité qui auront fait, sur le conti- nent asiatique (ou iles limitrophes), des explo- rations ayant pour objet une branche quelconque des Sciences naturelles, physiques ou mathéma- tiques. Prix Cuvier. — Destiné à l'Ouvrage le plus remarquable soit sur le règne animal, soit sur la Géologie. Prix Parkin. — Destiné à récomperfier des re- cherches sur les effets de l'action volcanique dans la production de maladies épidémiques dans le monde animal et le monde végétal et dans celle des ouragans et des perturbations atmosphé- riques anormales. Prix Petit d'Ormoy. — Sciences mathéma- tiques pures ou appliquées et Sciences naturelles. Prix Boileau. — Hydraulique. Prix Estrade-Delcros. Prix Cuiours. — Décerné, à titre d'encoura- gement, à des jeunes gens qui se seront déjà fait connaître par quelques travaux intéressants et plus particulièrement par des recherches sur la Chimie. Prix Saintour. Prix Trémont. — Destiné à tout savant, artiste ou mécanicien auquel une assistance sera néces- saire pour atteindre un but utile et glorieux pour la France. PrixGegner. — Destiné à soutenir un savant qui se sera distingué par des travaux sérieux poursuivis en faveur du progrés des Sciences positives. Prix Laplace. — Décerné au premier élève sortant de l'École Polytechnique. Prix Bivot. — Partagé entre les quatre élèves sortant chaque année de l'École Polytechnique avec les n" 1 et 2 dans les corps des Mines et des Ponts et Chaussées. SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. 1275 1904 Grand prix des Sciences mathématiques. — Perfectionner, en quelque point important, l'étude de la convergence des fractions continues algé- briques. Prix Bordin. — Développer et perfectionner la théorie des surfaces applicables sur le parabo- loïde de révolution. Prix Vaillant. — Déterminer et étudier tous les déplacements d'une figure invariable dans lesquels les différents points de la figure dé- crivent des courbes sphériques. Prix Janssen. — Astronomie physique. Prix Binoux. — Géographie ou Navigation. Prix Kastner-Boursault. — Décerné à l'au- teur du meilleur travail sur les applications diverses de l'Électricité dans les Arts, l'Industrie et le Commerce. Prix Gay. — Étudier les variations actuelles du niveau relatif de la terre ferme et de la mer, à l'aide d'observations précises, poursuivies sur une portion déterminée des c6tes de l'Europe ou de l'Amérique du Nord. Prix de la Fons-Mélicocq. — Décerné au meilleur Ouvrage de Botanique sur le nord de la France, c'est-à-dire sur les départements du Nord, du Pas-de-Calais, des Ardennes, de la Somme, de l'Oise et de l'Aisne. Prix Tuore. — Décerné aux recherches sur les mœurs ou l'anatomie d'une espèce d'Insectes d'Europe. Prix Pourat. — Les phénomènes physiques et chimiques de la respiration aux grandes altitudes. Prix Martin-Damourette. — Physiologie thé- rapeutique. Prix Leconie. — Décerné : 1° aux auteurs de découvertes nouvelles et capitales en Mathéma- tiques, Physique, Chimie, Histoire naturelle, Sciences médicales ; 2" aux auteurs d'applications nouvelles de ces sciences, applications qui devront donner des résultats de beaucoup supérieurs i ceux obtenus jusque-là. Prix J.-J. Berger. — Décerné à l'œuvre la plus méritante concernant la Ville de Paris. Prix Delalande-Guérixeau. Prix Jérôme Ponti. Prix IIûullevigue. 190o Prix Damoiseau. — Il existe une dizaine de comètes dont l'orbite, pendant la période de visibilité, s'est montrée de nature hyperbolique. Rechercher, en remontant dans le passé et tenant compte des perturbations des planètes, s'il en était ainsi avant l'arrivée de ces comètes dans le système solaire. Prix Fontannes. — Ce prix sera décerné à l'auteur de la meilleure publication paléontolo- gique. Prix Alhumbeet. — Étude sur l'âge des der- nières éruptions volcaniques de la France. Prix Dusoate. — Décerné au meilleur Ouvrage sur les signes diagnostiques de la mort et sur les moyens de prévenir les inhumations préci- pitées. Prix Serres. — Décerné au meilleur Ouvrage sur l'Embryologie générale appliquée autant que possible à la Physiologie et à la Médecine. 1906 Prix Jean Reynaud. — Décerné à l'auteur du Travail le plus méritant qui se sera produit pen- dant une période de cinq ans. Prix du Baron de Joest. — Décerné à celui qui, dans l'année, aura fait la découverte ou écrit l'Ouvrage le plus utile au bien public. [■2'jÇ, ACADÉMIE DES SCIETVCES. BULLETIN BIBMOGKAPUIQUE. Ouvrages reçus dans la séance bu i"'' décembre 1902. Faustino Malaguti e le sue opère, di Icilio Guareschi. {Storia délia Chimica, II.) Turin, 1902; i fasc. in-8°. (Hommage de l'auteur.) Metallurgical laboralory notes, bj Henry M. HowB. Boston, Mass., 1902; i vol. in-8°. Observations de l'éclipsé totale du Soleil du 28 mai 1900, à Elche près d'Alicante {Espagne), par M. N. Donitch ; avec 3 figures el 3 phototypies. Saint-Pétersbourg, 1901 ; I fasc. in-Zj". (Hommage de l'auteur.) Rapporta annuale dello I. R. Observatorio astronomico-meteorologico di Trieste, per l'anno 1899, redatto da Edoardo Mazelle ; vol. XVI. Trieste, 1902; i vol. in-4''. Froni the Washington observations for 1891. Meteorological observations results. United States naval observatory, 1891. Washington, 1902; i fasc. in-^". Kaiserliche Akademie der Wissenschaften in Wien. II. Bericht ûber den Stand der Arbeiten der Phonogramm. Archivis-Conimission, erstattet in der Sitzung der Gesammt- Akademie vom 1 1. Juli 1902, von M. Sigm. Exner. Vienne, 1902 ; i fasc. in-8». O prima incercare asupra lu crarilor astronomice din România pana la fmele secolului al A'IA'-I ea, de Stefan C. Hepites. Bucharest, 1902; i fasc. in-4°. (Hom- mage de l'auteur.) Astronomul Capitaneanu, de St. C. Hepites. Bucharest, 1902; i fasc. in-12. (Hommage de l'auteur.) {A suivre.) ERRATA. (Séance du 8 décembre 1902.) Noie de M. Thomas, Sur le chlorure thallique : Page io52, ligne 21, au lieu de 23™", lisez 9™"°, 5. On souscrit à Paris, chez GAUTHIER- VILLARS, Quai dés Grands-Augustins, n° 55. «5 les COMPTES RENDDS hebdomadaires paraisseni~i^é^i^ent le Dimanche. Ils forment à la fin H« r ■ . B par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétiaue de t.ZIT^21Z T \ l ""'"' '''"' ^°^"™«^ '"-^°- D«»^ " Janvier. ^ aipnacetique de noms d Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel Le prix de l'abonnement est fixé ainsi qu'il suit : P"'^ ■ 20 fr. - Départements . 30 fr. — Union postale : 34 fr. On souscrit, dans les Départements, chez Messieurs : .. Ferran irères. ÎChaix. Jourdan. Ruff. .. Courtin-Hecquet. I Germain etGrastia ( Gastineau. . . Jérôme. Régnier. ; Feret. . . j Laurens. ( Muller (G.). Renaud. iDerrien. F. Robert. Oblin. Uzel frères. • Jouan. . Perrin. I Henry. Marguerie. I Juliot. ( Bouy. . Nourry. . Ratel. IRey. j Lauverjat. ' ( Degez. 1 Drevet. I Gralier et C". Foucher. 1 Bourdignon. I Dombre. ÎThorez. Quarré. chez Messieurs Lorient j Baumal. ■ \ M"- Teiier. On souscrit, à l'Étranger, Lyon. I Bernoux et Cumi I Georg. { Effantin. Savy. iSa ( Vi Marseille Ruât. Montpellier \ ^^'"• 1 Coulet et fils. Moulins Martial Place. ! Jacques. Grosjean-Maupin. Sidot frères. ( Guist'liau. ( Veloppé. ( Barma. ! Appy. IVimes Thibaud. Orléans Lod.lé. Blanchier. Lévrier. Bennes Plihon et Hervé. Rochefort Girard (M""). Rouen j Langlois. ( Lestringant. S'-É tienne Chevalier. Toulon j Ponte.l-Burles. ( Rumébe. Nantes Nice. Poitiers. . Toulouse.. Gimet. Privât. iBoisselier. Péricat. Suppligeon. Valenciennes j ^iard. ( Lemaître. chez Messieurs : Amsterdam ( Feikema Caarelsen ■■■■( et Ci'. Athènes Beck. Barcelone...: Verdaguer. I Asher et G". Btrlin ] Dames. , Friedlander et fils. f Mayer et Muller. Berne Schmid Francke. Bologne Zanichelli. iLamertin. MayolezetAudiârte. Lebégue et C'*. Bucharest } Sotchek et C». ( Alcaiay. Budapest Kilian. Cambridge Deighton, BelletC». Christiania Cammermeyer. Constantinople. . Otto Keil. Copenhague..... Host et 61s. Florence Seeber. Gand Hoste. Gènes Beuf. iCherbuliez. Georg. Stapelmohr. La Haye Belinfante frères ( Benda. ( Payot et C". Barth. BrockUaus. Leipzig ^' Kœliler. Lorentz. Twietmeyer. j Desoer. ( Gnusé. Londres Luxembourg , Lausanne- Liège. chez Messieurs : I Dulau. Hachette et C'«. 'Nutt. V. Bûck. ÎRuiz et C*. Rome y FusseL Capdeville. . F. Fé. Milan j Bocca frères. \ Hœpli. '^""""^ Tastevin. Naples j Marghieri di Giu». " ( Peljerano. i Dyrsen et Pfeiffer. ^e>^-rork Stechert. (LemckeetBuechner Odessa Rousseau. Oxford Parker etc. Palerme...., Reber. ^°''^° Magalhaés el Monii. Prague Rivnac. Rio-Janeiro Garnier. Rome j ^°<^" dire». \ Loescheret C" Rotterdam Kramers et fils. Stockholm NordlsHa BoslianJel. I Zinserling. ( Wolff. IBocca frère». Brero. j Clausen. ' RosenbergetSellier. Varsovie Gebethner et Wolff. Vérone Drucker. S'-Pitersbourg. Turin . Vienne \^"''^- ( Gerold et Q'. Ziirich Meyer et Zeller. NÉRALES DES COMPTES RENDDS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE Tomes !«' à 31. — (j AoiU i Tomes 32 à 61. — (i" .Janvier i DES SCIENCES. îi Décembre i85o.) N'olaïae in-j": isyj. Prix ig fi- T -n . „, ; , -Ji à 3i Décembre i8(i).) Volume in-4°: 1870. Prix 4>î fr Tomes 62a91. - ( i"' .Fuavier iS(56 à .3i Décembre .880.. Volume in-i '''^o. mx 15 Ir lomos 92 a 121, — ( i"' J;mvier iSSià 3i Déeeiiibre iNo',.1 Volume iu- 1889- Prix 15 tr. .1900. Prix 15 fr. Miniuiie sur le Calcul des Perturbations qu'cprouvout ' >ii des 15 fr. ENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L ACADÉMIE DES SCIENCES "m «"' 1"«'l"es points de la PUysiofogiedes Algues, par M.Af. A. DEiiBÈs et A.-J.-J. Solifr V^TS.^^'S^^l^^^^J^^tZ?, ^^^^^^ \^^:::]T\ '-"' '- ""^"-^-^^i^ës^fs, particulièrement dans la dige^tion-d?s suivant l'ordre de leur superposition. - Ui culerTa\,u 'st on de Icu an naïki n n '^^^ f- '""'!',• '^'■g»""".'"**'!'^^ ''ans les dillcrents terrains ports qui existent entre ri;atUtuel du rogne or^nl:;,rrré?^^^ . Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences. IV° 25. . . TABLE DES ARTICLES (Séance publique annuelle du 22 décembre 1902). allocution de M. Bouquet de la (j.R\t -r- »- ., Prix décernes ^^ . Prix proposés ';;^ Tableau des prix décernés " ■ Tableau des prix proposés Tableau par année des prix proposés : 1271 I2-j3 Bulletin bibliographiquk Errata 1276 1276 GAUTHIER -VILLARS, Imprimeur-Éditeur, QUAI DES GRANDS-AUGUSTINS, 55, A PARIS (6'). COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, PUBLIÉS PAR LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. Par décision de l'Académie des Sciences, les prix de rabonnement et des collections sont désormais fixés ainsi qu'il suit : PRIX DE L'ABONNEMENT : p^RIS 30 fr. I DEPARTEMENTS 40 fr. | ETRANaER 44 fr. Cliàque année, sauf 1845, 1878 à 1S92, .896 à 1898, se vend séparément 25 fr. Chaque volume, sauf les Tomes 20, 21, 76 à 108, 110, 112, 114, 115, 122 à 127,.e vend sépa- 15 f r . renient TABLES GÉNÉRALES. TABLE GÉNÉRALE des Tomes là 31 (i835-i85o) 25 fr. _ Tomes 32 à 61 (i85i-i865) . .x 25 fr. _ Tomes. 62 à 91 (1866-1880) 25 fr. _ Tomes' 92 à 121 (iSSr-iSgS) 25 fr. Chaque Volume des Tables générales compread une Table par ordre alphabétique d'auteurs et ane Table par matières très détaillée. PARIS. - IMPRIMERIE G AUT HIE R - V ILL ARS, Quai des Grands-Augustins, bb Le Gérant: GaUTHIER-Villabs. 1902 ,o9i^ SECOND SEMESTRE. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. TOME CXXXV. 3 N 26(29 Décembre 1902). I I ^PARIS, GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'AGADÊMIIÎ DES SCIENCES, Quai des Grands-Augustins, 55, 1902 RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDIS Adopté dans les séances des aS juin 1862 et 24 mai 1875 Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie se composent des extraits des travaux de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes présentés par des savants étrangers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro dés Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. 26 numéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. Article i'-' . — Impression des travaux de l'Académie. Les extraits des Mémoires présen tés par un Membre ou par un associé étranger de l'Académie comprennent au plus 6 pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o pages par année. Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans le Compte rendu àe la semaine que si elle a été remise le jour même de la séance. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par les Correspondants de l'Académie comprennent au plus 4 P^ges par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de 32 pages par année. Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis- cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca- démie ; cependant, si les Membres qui y ont pris part désirent qu'il en soit lait mention, ils doivent rédiger, séance tenante, des Noies sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les re- mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion. Les Programmes des prix proposés par l'Académie sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap- ports relatifs aux prix décernés ne le sonqn que l'Académie l'aura décidé. Les Notices ou Discours prononcés en :at blique ne font pas partie des Comptes rend . Article 2. — Impression des travaux dei'm étrangers à l' Académie. Les Mémoires lus ou présentés par deser qui ne sont pas Membres ou Correspondar d» demie peuvent être l'objet d'une analyse 1 d' sumé qui ne dépasse pas 3 pages. Les Membres qui présentent ces Mén rf tenus de les réduire au nombre de pag Membre qui tait la présentation est toujoi m mais les Secrétaires ont le droit de réduire sll autant qu'ils le jugent convenable, commis pour les articles ordinaires de la correspoi m cielle de l'Académie. Article 3. Le bon à tirer de chaque Membre doit f r l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, an jeudi à 10 heures du matin; faute d'être r. le titre seul du Mémoire est inséré dans le actuel, et l'extrait est renvoyé au Com/ vaut et mis à la fin du cahier. Article 4. — Planches et tirage à[ Les Comptes rendus ne contiennent nif figures. Dans le cas exceptionnel où des figui autorisées, l'espace occupé par ces figure pour l'étendue réglementaire. Le tirage à part des articles est aux fi teurs; il n'y a d'exception que pour les! les Instructions demandés par le Gouvern Article 5. Tous les six mois, la Commission admim un Rapport sur la situation des Comptes n l'impression de chaque volume. Les Secrétaires sont chargés de l'exécut sent Règlement. Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter Reposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels so , avant B"-. Autrement la présentation sera remise à la »i ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 29 DÉCEMBRE 1902, PRÉSIDENCE DE M. BOUQUET DE LA GRYE. RENOUVELLEMEÎVT ANNUEL DU BUREAU ET DE LA COMMISSION CENTRALE ADMINISTRATIVE. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Vice- Président pour l'année igoS, lequel doit être choisi dans l'une des Sections des Sciences mathématiques. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 5o, M. Mascart obtient 4^ suffrages. Il y a 2 bulletins blancs. M. Mascart, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est pro- clamé élu. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de deux de ses Membres qui devront faire partie de la Commission centrale admi- nistrative pendant l'année igoS. MM. BoRNET et Maurice Levy sont réélus par l'unanimité des suffrages. C. R., 1902, a- Semestre. (T. CXAXV, N° 26.) 167 i2t8 académie des sciences. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. CHIMIE MINÉRALE. — Sur la présence de l'argon dans les gaz de la source Bordeu à Luchon, et sur la présence du soufre libre dans l'eau sulfureuse de la grotte et dans les vapeurs de humage. Note de M. Hexri Moissan. « Nous rappellerons que les eaux sulfureuses de Luchon ont fait le sujet de nombreux travaux parmi lesquels nous citerons ceux deBayen, d'An- ^lada, de Boullay et Henry, de Fontan, de Filhol, et enfin les recherches du D"" Garrigou, qui a fait remarquer, avec beaucoup de raison, que les sources d'un même groupe d'eaux sulfureuses peuvent élre très diffé- rentes. M M. le D"' de Lavarenne ayant appelé notre attention sur certaines pro- priétés des eaux sulfureuses de Luchon, nous avons visité les galeries où se trouvaient les griffons de ces sources, et nous avons entrepris quelques expériences dont nous donnerons le résumé dans cette Note. » Source Bordeu. — La source Bordeu, n° i, possède un véritable griffon, présentant plusieurs fissures longitudinales par lesquelles on voit arriver l'eau sulfureuse chaude et se dégager quelques bulles de gaz. L'eau sort de la roche à une température de 44" au milieu de couches schisteuses, plus ou moins attaquées. La température de l'eau augmente de un degré lorsque l'on enfonce le thermomètre dans la faille traversée par l'eau. Le griffon se trouvait au fond d'une vasque naturelle, il nous a été facile de disposer sur des entonnoirs retournés des flacons remplis d'eau sulfureuse prise au fond même de cette vasque de façon à éviter l'action et le contact des gaz de l'air. L'eau produite en notable quantité par cette source est conduite par un caniveau dans un grand réservoir réunissant le débit de plusieurs sources. » Les gaz que nous avons recueillis n'étaient pas très abondants et les différentes fissures du griffon en dégageaient des quantités variables, bien que toujours assez faibles. » Lorsque nos flacons de 250*""' étaient remplis de gaz, ce qui deman- dait deux à trois jours, on les fermait au moyen d'un bouchon de verre rodé enduit de paraffine, puis on coulait de la paraffine fondue dans l'espace annulaire du goulot de la bouteille. SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. 1279 » Ce gaz transvasé sur la cme à mercure attaquait très légèrement la surface de ce métal. Il ne renfermait pas trace d'iiydrogène sulfuré, car un papier à l'acétate de plomb n'a pas noirci à son contact. Ce fait semble indiquer que l'eau sulfureuse de la source Bordeu ne renferme pas de sulfliydrate de sulfure au moment de l'émergence, sans quoi, ce composé, par simple dissociation, devrait fournir de l'hydrogène sulfuré. Nous ferons remarquer que cet échantillon de gaz a été recueilli absolument à l'abri de l'air. Dés que l'eau de la source Bordeu est en présence de l'acide carbo- nique de l'air, de l'hydrogène sulfuré se produit et peut être décelé avec facilité. Pour celte source, la formation de l'hydrogène sulfuré est due à l'action secondaire de l'acide carbonique de l'air sur le sulfure de sodium. » Ce gaz ne renfermait pas d'acide carbonique, il ne contenait pas trace d'oxygène, car il ne colorait même pas la solution de pyrogallale de potas- sium. Il était entièrement formé d'une petite quantité de méthane, de beaucoup d'azote et d'un peu d'argon. » Son analyse quantitative nous a fourni les chiffres suivants : Formène 1,22 Argon 2 , 56 Azote 96 , 23 » L'étude spectrale de cet argon ne nous a pas indiqué la présence de l'héUum. » Ce gaz renferme donc une petite quantité d'argon, et l'on sait que la présence de ce corps simple a été déjà indiquée, en 1890, dans l'eau de Balh par lord Rayleigh et sir William Ramsay ('), dans une eau chlorurée par MM. Bedson et Shaw (^), dans les eaux de Cauterets par M. Bou- chard (^), dans les eaux de Maizières par M. Moiireu ('), et dans les eaux de Wildbad, dans la Forêt-Noire, par H. Rayser('). Le dégagement d'azote par les eaux minérales avait été indiqué dès 1784 j)ar le D"' Pearson, et (') Lord Rayleigh et sir William Rw?'X\, Zeitsc/irift fiir p/iysikalische Chemie, t. XVI, 189.5, et t. XIX, 1896, p. 371. (^) Bedson et Shaw, Chem. J\ews, t. LXXII, juin 1896, p. 48. (') BoucHAKD, Sur la présence de l'argon et de i hélium dans certaines eaux minérales {Comptes rendus, t. CXXI, p. 392). — Voir aussi Troost et Olvrard, Comptes rendus, t. CXXI, 1895, p. 392-395. (') MouREU, Sur la présence de l'argon et de l'hélium dans une source d'eau naturelle {Comptes rendus, t. CXXI, 1895, p. 819). (*) H. Kayser, Note sur l'hélium et l'argon {Chem. News, n° 1863, 1895, p. 89). laSo ACADÉMIE DES SCIENCES. Ançlada l'avait mis en évidence en particulier pour les sources thermales des Pyrénées. » Source de. la grotte. — Cette source est une des plus anciennes parmi les eaux sulfureuses de Luchon; sa température prise au griffon est de 39°. Elle présente un intérêt particulier, parce qu'elle est utilisée pour le humage. Au moyen d'appareils installés en 1890 par le D"" Frébault ('), on fait passer sur une surface de cette eau thermale un courant d'air qui monte dans les appareils de humage et qui possède, au point de vue thé- rapeutique, des propriétés particulières. Les médecins ne sont point d'ac- cord sur les causes de cette action. Mais, sans vouloir nous prononcer sur le rôle de la vapeur d'eau chaude ou des composés variés qui peuvent se produire dans ces circonstances, nous avons pensé faire œuvre utile en poursuivant quelques expériences sur ce sujet. » Lorsque l'on hume ce mélange de gaz et de vapeurs d'eau, on ne perçoit nullement l'odeur d'hydrogène sulfuré, odeur si caractéristique même lorsque ce gaz n'existe qu'en très petite quantité. De plus, un hu- mage prolongé, excessif, n'a jamais amené les phénomènes toxiques de l'empoisonnement par l'hydrogène sulfuré. Enfin, nous ferons remarquer que les garçons de salle qui, pendant quatre mois, passent toutes leurs journées dans cette almos|)hère, à odeur spéciale, ne présentent jamais trace d'intoxication par l'hydrogène sulfuré. « Cependant des objets en argent laissés dans les salles de humage se recouvrent, en 24 heures, d'une patine noire de sulfure d'argent. Dans le cas particulier que nous envisageons, cette sulfuration rapide de l'argent doit être attribuée à une autre cause que celle de l'hydrogène sulfuré. » Si nous plaçons, en effet, du papier à l'acétate de plomb devant l'un de ces tubes à humage, il est facile de reconnaître qu'il ne se colore en marron très clair qu'avec une extrême lenteur, et, chose assez curieuse, ce ne sont pas les émanations qui donnent les [colorations les plus intenses au papier à l'acétate de plomb qui sont les plus actives au point de vue thérapeutique. » Pour rechercher les composés qui pouvaient prendre naissance dans ces conditions, nous avons condensé sur un récipient en verre rempli de glace, la vapeur qui sortait des tubes de humage. On obtient ainsi un liquide incolore qui fournit un très léger dépôt. Ce liquide possède une faible (') A. Frébault, Le Humage à Bagnères-de-Luclion. Imprimerie Sarlhe, Luchon ; 1890. SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. 1281 odeur d'aciVle sulfureux, et présente les réactions d'une solution très étendue de ce gaz : décoloration instantanée à froid d'une solution étendue de permanganate de potassium et décoloration d'empois d'amidon bleui par une petite quantité d'eau iodée. Il contient aussi une très petite quantité d'hydrogène sulfuré et des traces d'acide sulfurique. » Les belles recherches de notre confrère M. Armand Gautier sur l'exi- stence de l'arsenic normal pouvaient laisser croire que ce métalloïde inter- venait à l'état de traces dans cet entraînement de vapeurs des eaux sulfu- reuses. » M. Bertrand a bien voulu rechercher si notre liquide de condensation ne renfermait pas une petite quantité d'arsenic par la méthode délicate qu'il vient de publier ( ' ). Il n'a pas rencontré d'arsenic dans ce liquide, et, comme sa méthode peut déceler nettement des traces d'arsenic, on ne peut attribuer à une impureté arsenicale l'action thérapeutique produite dans le huniage des eaux de la grotte. » Le dépôt provenant de la condensation des vapeurs d'un appareil de humage a été étudié au microscope. Il était formé de quelques filaments et poussières provenant de l'air atmosphérique, et, en plus, de fragments irréguliers, faiblement colorés, de couleur jaune, à indice de réfraction différent de celui de l'eau. Nous v avons rencontré aussi quelques petites masses agglomérées ayant l'apparence de l'ambre claire, et quelques fila- ments recouverts par place de très petits cristaux jaunes. Ces poussières sèches, placées entre deux lames de verre et portées à une température de i5o°, laissent voir la fusion d'un grand nombre de ces petites particules en un liquide jaune, et, si l'on chauffe davantage, on reconnaît que les parcelles fondues se vaporisent. Ce sont là les caractères du soufre. » En chauffant ce résidu à 100°, on perçoit nettement l'odeur camphrée de la vapeur de soufre. » Si nous rencontrons une petite quantité de soufre en nature dans les vapeurs qui sortent des appareils de humage, nous devons en trouver une quantité beaucoup plus grande condensée dans les tubes de porcelaine en col de cygne qui terminent ces appareils. En effet, il suffit de recueillir la poussière qui tapisse l'intérieur de ces tubes pour voir qu'elle est entière- ment formée d'une poudre d'un blanc jaunâtre formée de petits octaèdres (') Bertrand, Sur l'existence de l'arsenic dans l'organisme {Bulletin de la So- ciété chimique, 3' série, t. XXVIl, 1902, p. 847). 1282 ACADÉMIE DES SCIENCES. possédant tous les caractères du soufre. Si la vapeur de soufre ne s'oxyde que faiblement dans ces conditions, cela tient à ce qu'elle est noyée dans un grand excès de vapeur d'eau. » Une notable partie de ce soufre peut provenir de l'oxydation par l'oxygène en présence de la vapeur d'eau du gaz hydrogène sulfuré (') dégagé du monosulfure de sodium sous l'action de l'acide carbonique de l'air. Et cette oxydation est assez complète pour qu'il ne se dégage que des traces d'hydrogène sulfuré aux appareils de humage. Mais une autre partie provient de la vaporisation du soufre qui se trouve en solution dans l'eau sulfureuse. » Le soufre, en effet, est légèrement soluble dans ce liquide, il est même un peu soluble dans l'eau distillée à la température de So". » Nous avons été conduit alors à faire quelques expériences synthé- tiques pour bien démontrer cet entraînement d'une petite quantité de soufre soit par de l'eau distillée à 60", soit par une solution étendue de monosulfure de sodium à la même température. » Si l'on place dans un tube scellé un fragment solide de soufre et une petite quantité d'eau, puis si l'on maintient le bas du tube à une tempéra- ture constante de 60° pendant plusieurs jours, on voit se former de petits cristaux blancs de soufre à la partie supérieure, c'est-à-dire dans la partie froide du tube. » De même, si l'on fait passer d'une façon continue un courant d'eau distillée privé d'air, dans un tube horizontal contenant des fragments de soufre solide maintenu à 4- 60°, puis que l'on dirige celte eau dans un récipient refroidi, on voit se condenser dans la partie froide de l'appareil un léger dépôt de soufre de couleur ambrée. » Du reste, il suffit de prendre de l'eau exempte d'oxygène et de la maintenir à l'ébullition en contact avec quelques morceaux de soufre solide, puis de la fdtrer rapidement pour voir se former, par refroidissement, dans un verre conique, un dépôt de petits cristaux microscopiques jaunes qui possèdent les propriétés du soufre. » Bunsen (-) avait déjà mentionné que, en distillant de l'eau contenant (') Dumas, Sur la conversion de l'hydrogène suif nré en acide suif urique (Annales de Ch. et de Phys., 3<^ série, t. XVIII, 1846, p. 5o6). (^) Bunsen, Recherches sur les rapports intrinsèques des phénomènes pseudovol- caniques de l'Islande (Ann. de Ch. et de Phys., 3» série, t. XXXVIII, i853, p. 385). SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE ig02. 1283 de la fleur de soufre, les vapeurs entraînaient toujours une petite quantité de ce corps simple. » Dans toutes nos expériences, nous avons employé du soufre octaé- drique. Nous n'avons pas abordé l'étude de la solubilité des différentes variétés de soufre et, en particulier, du soufre soluble mentionné par M. Engel ('). » Enfin, si l'on répète les expériences précédentes avec une solution aqueuse à i pour 1000 de monosulfure de sodium, la solubilité du soufre devient plus grande. » Ces expériences de synthèse viennent confirmer l'examen microsco- pique du résidu d'un échantillon d'eau de la grotte pris au griffon à l'abri de l'air, examen qui nous a indiqué un faible dépôt de cristaux de soufre produit par le refroidissement de cette eau sulfureuse dans un fla- con plein et bien fermé (- ). » Nos expériences établissent donc que l'eau de la grotte renferme du soufre en solution. Elles démontrent de plus que la vapeur sortant des tubes de humage contient une très petite quantité d'hydrogène sulfuré et d'acide sulfureux, ainsi que de la vapeur de soufre. Cette dernière pro- vient de trois sources différentes : 1° combustion lente de l'hydrogène sulfuré; 2° réaction d'une petite quantité d'acide sulfureux sur l'hydrogène sulfuré; enfin 3" vaporisation du soufre en solution dans l'eau. » Cette vapeur de soufre peut jouer un rôle dans l'action thérapeutique du humage soit comme antiseptique, soit par la facilité de son assimilation. » Nos remarques pourraient faire comprendre pourquoi le humage ne peut se faire qu'à une petite distance du griffon, lorsque la température de l'eau est aussi élevée que possible, c'est-à-dire lorsqu'elle est très chargée de vapeurs de soufre. » (') Engel, Sur deux nouveaux états du soufre (Comptes rendus, t. CXII, 1891, p. 866). (^) L'eau de la grotte prise au griffon, à l'abri de l'acide carbonique de l'air, ne fournil pas la réaction des sulfhydrates de sulfures par le nitroprussiate de sodiuta. 1284 ACADÉMIE DES SCIENCES. CHIMIE MINÉRALE. — Sur une nouvelle préparation de l'hydrure de silicium Si- H'. Noie de M. Henbi Moissan. « Dans un Mémoire (') publié aux Annales de Chimie et de Physique en collaboration avec M. Smiles, nous avons indiqué l'existence d'un nouvel hydrure de silicium Si^H' que nous obtenions par la condensation partielle à — 200° d'un hydrogène silicié impur préparé par l'action de l'acide chlorhydrique sur un siliciure de magnésium non défmi. D'autre part, nous avons indiqué que, par l'action du silicium sur le lithium en fusion, il était facile de préparer un siliciure de lithium (-) répondant à la formule Si-Li'. » Nous avons repris l'étude de quelques propriétés de ce dernier com- posé, et nous avons pu passer du siliciure métallique Si^Li" à l'hydrure de silicium correspondant Si^H''. » Lorsque ce siliciure de lithium est légèrement chauffé dans un cou- rant de gaz acide chlorhydrique sec, on obtient de l'hydrogène et des chlorures de lithium et de silicium. Si, au contraire, on emploie une solu- tion étendue d'acide chlorhydrique dans l'eau, pour attaquer ce siliciure de lithium, il ne se dégage, ainsi que nous l'avons indiqué précédemment, que de l'hydrogène pur. Cela tient à ce que chaque parcelle de siliciure de lithium au contact de la solution étendue d'acide décompose et l'acide chlorhydrique et l'eau. Elle produit, en même temps que du chlorure de lithium, de la lithine qui rend le liquide alcalin et qui détruit l'hydrure de silicium au moment même de sa formation. » Il en est tout autrement, si nous laissons tomber lentement du sili- ciure de lithium dans une solution concentrée d'acide chlorhydrique con- tenant, par suite de la dissociation de l'hydrate HCl-t- 2H-O, de l'acide gazeux en solution dans le liquide, ainsi que l'a démontré M. Berthelot. Dès lors, l'hydrogène silicié Si^ H* se forme en abondance, et il suffit pour le condenser de faire passer le mélange gazeux dans de l'air liquide à — 200°. On utilise, pour celte préparation, l'appareil que nous avons décrit dans nos premières recherches. » (') H. MoissAN et S. Smiles, Ann. de Chim. et de Phys., 7' série, t. XXVII, p. 5; 1902. (') H. MoissAN^ Elude du siliciure de lithium {Comptes rendus, t. CXXXIV, p. io83 ; 1902). SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. BOTANIQUE. — Cultures expérimentales clans la région méditerranéenne : modifications de la structure anatomique. Note de M. Gastox Iîiiwier. « Dans une précédente Communication (') j'ai rendu compte à l'Aca- démie des modifications que présente l'aspect extérieur des mêmes plantes cultivées dans un sol identique, les unes à Fontainebleau, dans la ré- gion parisienne, les autres à La Garde-près-Touion, dans la région médi- terranéenne; je vais résumer dans celte présente Note les résultats relatifs auK modifications de structure qui se produisent dans les organes compa- rables. » Je rappellerai que j'ai établi en i8g8 ces cultures expérimentales qui portent, sur une cinquantaine d'espèces vivaces, de la manière suivante : La terre de La Garde-près-Toulon a été Iransportée à Fontainebleau ; chaque pied initial provenait de Fontainebleau; chaque individu a été divisé en deux parties égales, dont l'une a été plantée à Fontainebleau dans la ferre de La Garde et l'autre à La Garde dans un sol identique. » Les modifications de morphologie extérieure que j'avais signalées dès 1899, après une seule saison de végétation, n'ont fait que s'accentuer; et au bout de trois ans, tous les plants cultivés près de Toulon avaient déjà pris l'aspect que possèdent les individus de même espèce croi>sant natu- rellement dans la région méditerranéenne. » 1° Comparaison des deux climats. — Pour comprendre quelle signifi- cation l'on peut attribuer aux moilifications anatomiques obtenues, il est essentiel de comparer les conditions climatériques des deux régions où ont été établies les cultures. » La moyenne de la température pendant une période de 20 années (1877-1896) dans la région parisienne est de 9°, 3; cette moyenne, à Tou- lon, est égale à i4°»3- » Mais si l'on considère les parties des végétaux qui vivent seulement pendant toute une saison, la comparaison de ces deux nombres n'est pas celle qui nous intéresse. S'il s'agit des feuilles des arbres ou arbustes à feuilles caduques, par exemple, il faut faire mtervenir la durée de la végéta- (') Gaston Bonnikr, Cultures expérimentales sur l'adaptation des plantes au climat méditerranéen (Comptes rendus, t. CXXIX, 189g, p. 1207). G. R., 1902. V Semestre. (T. C\\\V, N» 26. l68 1286 ACADÉMIE DES SCIENCES, tion; or, en moyenne, l'apparition des feuilles se produit vers le i5 mars à Toulon, et la chute des feuilles vers le i" décembre; tandis qu'en moyenne l'apparition des feuilles a lieu à Paris vers le 20 avril, et la chute des feuilles vers le i5 octobre. En fait, pour les espèces ligneuses mises en culture, la durée de la végétation des pousses feuillées a été de 260 jours à Toulon, tandis qu'à Paris elle n'a été que de 178 jours. Il en résulte que la somme des températures pendant la vie d'une feuille est représentée environ par le nombre 4600 pour Toulon et par le nombre a^So pour la région pari- sienne. On peut presque dire que, dans la région méditerranéenne, la feuille a reçu deux fois plus de chaleur et que cette chaleur a été répartie pendant une saison végétative d'un tiers plus longue que celle de Paris. On conçoit que ces conditions soient favorables à une plus grande assimi- lation, à une plus grande transpiration, et aussi à une formation plus con- sidérable des tissus secondaires. » Il faut noter encore que les différences journalières de températures entre le maximum et le minimum sont moins grandes à Toulon qu'à Paris; la différence entre le maximum absolu et le minimum absolu y est aussi moins forte; cette dernière différence est de 64" pour Paris pendant une période de 20 ans, et seulement de 42°, 2 pour Toulon pendant la même période. On voit donc que, d'une manière générale, les tissus ont à subir des variations de température beaucoup plus grandes dans la région parisienne que dans la l'égion méditerranéenne qui est, à cet égard, une région extrêmement tempérée. » Mais les différences climatériques les plus importantes sont celles re- latives à la distribution des pluies. Si l'on ne considérait que la quantité d'eau tombée pendant toute l'année, en moyenne, on pourrait croire que la région de Toulon est beaucoup plus humide que celle de Paris. En effet, cette quantité d'eau est représentée par les nombres 708 pour Toulon et 527 pour Paris; or, ce qui nous importe le plus au point de vue de l'effet produit sur la végétation, ce n'est pas le total de la quantité d'eau tombée pendant l'année, mais la réjiartition des pluies depuis le premier printemps jusqu'à la fin de l'automne. On voit alors que, tandis que la quantité d'eau tombée varie 1res peu dans la région parisienne, la courbe mensuelle qui représente cette quantité d'eau tombée à Toulon s'élève à 65 en mars, avril et mai, s'abaisse brusquement en juin et juillet, tombe à 8 eu août et se relève ensuite pour atteindre des ordonnées beaucoup plus hautes, en octobre (70) et novembre (100). Ainsi, le climat méditer- ranéen présente deux saisons de pluies bien déterminées : l'une au prin- SÉANCE DU 29 DÉCKMBRE 1902. 1287 temps, l'autre à la fin de l'automne, séparées par une assez longue période de sécheresse pendant laquelle la végétation subit une sorte de ralentisse- ment. » Au point de vue de l'action de la lumière, la considération du nombre des jours pluvieux est également intéressante. Pendant les mois de juin, juillet, août et septembre, il n'y a que 3 à 5 jours pluvieux par mois à Toulon, et durant tous les autres jours le ciel est presque complètement découvert. Pendant les mêmes mois à Paris, il y a de i3 à i4 jours |)Iu- vieux par mois, et pendant les autres jours le ciel est tantôt nuageux et tantôt découvert. C'est là encore une nouvelle condition qui favorise les fonctions de la plante dans la région méditerranéenne. » 2" Modifications anatomiques obtenues. — Si l'on considère d'abord les arbres ou arbustes (Hêtre, Marronnier, Robinier, Tilleul, Frêne, Lilas, Fusain, etc.) mis en culture expérimentale dans les deux régions, on constate, dans leurs divers tissus, les ()rincipales différences suivantes: » D'une manière générale, dans la tige, le bois de printemps, formé en mars, avril et mai, est bien développé dans la région méditerranéenne et renferme de nombreux vaisseaux, souvent d'un calibre plus grand que ceux qui leur correspondent dans le plant de la même espèce, cultivé à Fontainebleau. » Cette formation du tissu ligneux semble en rapport avec les pluies du printemps plus abondantes à Toulon qu'à Paris. La partie du bois qui fait suite à ces vaisseaux et qui se développe de juin à septembre renferme beaucoup plus de fibres dans les cultures de Toulon. Souvent même, tout l'anneau ligneux n'est composé que de fibres dans le bois qui correspond à cette période, tandis que le tissu formé à la même époque dans la région parisienne continue à produire de nombreux vaisseaux, çà et là entremêlés de fibres. Ce grand développement du tissu fibreux, dans toutes les esjièces ligneuses cultivées à Toulon, coïncide nettement avec la périoile de séche- resse qui se produit dans la région méditerranéenne. En outre, dans presque tous les cas, chez les plants méditerranéens, on voit réapparaître quelques gros vaisseaux, formés tout à fait à la fin de la saison, en octobre et novembre, et qui paraissent correspondre à la seconde période de pluie. Il ne faut pas confondre cette formation avec la zone de vaisseaux plus gros qui se produit quelquefois en juillet et août, chez les plants cultivés à Fontainebleau, et qui dépend des pousses feuillées supplémentaires (sève d'août). En effet, pendant ces mêmes mois de juillet et d'août, les plants 1288 ACADÉMIE DES SCIENCES. méditerrauéeiis ne produisent presque exclusivement que des fibres. De plus, en général, le tissu parenchymateux qui entoure le bois primaire est lignifié dans les plants de Toulon, tandis qu'il ne l'est pas dans les plants de Fontainebleau. Cette lignification du parenchyme s'effectue pendant la période de sécheresse. » Il faut remarquer, d'autre part, que l'anneau iigneuxde première année ainsi que les suivants sont devenus beaucoup plus épais dans les tiges de la région méditerranéenne; ce caractère correspond surtout à la plus longue période de végétation qui est, comme nous l'avons vu, de 260 jours à Toulon au lieu de 178 dans la région parisienne. » Le plus souvent, le nombre des assises du péricycle est plus grand dans le plant de Toulon, tandis que le nombre des assises de l'écorce est au contraire plus faible; l'épiderme, lorsqu'il existe encore, a des cellules à cuticule plus épaisse et qui sont plus allongées perpendiculaire- ment à l'axe de la tige. » Quant aux feuilles de ces mêmes espèces arborescentes, elles sont devenues à Toulon d'un tiers ou de moitié plus épaisses qu'à Fontaine- bleau; le tissu en palissade y a acquis des cellules beaucoup plus allongées ou dans d'autres cas, il s'est produit deux ou trois assises en palissade au lieu d'une seule ; en outre, les stomates sont plus nombreux et les nervures tertiaires ou même quaternaires sont plus saillantes et ordinairement en- tourées d'un anneau complet de sclérenchyme. Dans les nervures princi- pales et dans le pétiole, on observe des différences analogues à celles que présente la tige. Ces modifications paraissent être évidemment en rapport avec la plus longue durée de la végétation ainsi qu'avec l'éclairement plus intense et surtout plus fréquent. » D'autres adaptations peuvent être rapportées à la résistance qui se produit dans la feuille contre une transpiration trop active pendant la période de sécheresse. C'est, en effet, pendant cette période que l'on voit la cuticule s'épaissir beaucoup plus à Toulon qu'à Fontainebleau; il en résulte que les stomates nombreux, qui ont servi à une transpiration nécessaire pendant la période de pluie au printemps, se trouvent plus enfoncés au-dessous de la surface de la feuille, et souvent même presque complètement fermés. D'ailleurs, les jeunes branches présentent une adaptation analogue, avec un développement plus marqué du coUenchyme sous-épidermique et une réduction du nombre des assises de l'écorce. M Si l'on considère maintenant les nombreuses espèces vivaces herba- cées dont les parties aériennes persistent pendant toute la saison, on SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. 1289 constate qu'il s'y produit toutes les modifications de structure qui ont été signalées par M. W. Russell (') en examinant des échantillons croissant naturellement dans la région méditerranéenne. J'ai donc obtenu expéri- mentalement, en moins de trois années, la production de ces caractères d'adaptation qui se manifestent sur des plantes spontanées végétant depuis un temps très long dans la région considérée. De plus, par la manière dont j'ai opéré, j'ai éliminé toute erreur pouvant provenir d'espèces affines, puisque j'ai toujours comparé deux plants issus d'un même pied initial. » D'ailleurs, j'ai vérifié que toutes les modifications obtenues avaient acquis la même intensité que chez les échantillons des mêmes espèces, croissant spontanément dans la région méditerranéenne. » C'est ainsi qu'aux différences précédentes on peut encore ajouter les suivantes dans toutes ces espèces herbacées, pour les plants cultivés à Toulon : stomates plus nombreux sur la face supérieure des feuilles, cellules épidermiques engrenées entre elles, collenchyme plus abondant, poils plus développés ; autant de caractères qui semblent se rapporter aux différences signalées plus haut dans les conditions climatériques. » Les espèces annuelles ou, d'une manière plus générale, celles dont les tiges aériennes meurent pendant la période de sécheresse, ne pré- sentent pas toutes ces modifications de structure; elles ont seulement des vaisseaux plus grands, des tissus chlorophylliens plus développés et des stomates plus nombreux, offrant ainsi pour leurs organes aériens tous les caractères d'une vie intense et rapide, qui évolue du i5 mars au i*"" juin. » D'autre part, j'ai installé soit dans des armoires vitrées inégalement chaufïées, soit à des éclairements variés, soit dans de l'air plus ou moins sec, des expériences où l'une des conditions seule se trouvait modifiée. Les changements de structure obtenus ainsi, dans chacun des cas, sont venus confirmer les conclusions précédentes. M Or, les plantes appartenant à des espèces exclusivement spéciales à la région méditerranéenne présentent en général, d'une manière exagérée, tous les caractères qui viennent d'être signalés. » Il est très intéressant de remarquer que les modifications obtenues en transportant des plantes dans la région méditerranéenne se produisent toutes dans le même sens et avec les mêmes adaptations. » (') Influence du climat méditerranéen sur la structure des plantes communes en France. {Annales Se. nat.: Hot., 8= série, l. 1, 189.5, p. 323). I390 ACADEMIE DES SCIENCES. MÉCANIQUE. — Des conditions nécessaii es pour qu un Jluide soit en équilibre stable. Note de M. P. Duhem. « Les méthodes imaginées par M. LiapounofT et par M. Hadamard, et appliquées par ces géomètres à des systèmes qui dépendent d'un nombre limité de variables, peuvent s'étendre à certains systèmes fluides et indi- quer que certaines conditions sont indispensables à la stabilité de ces systèmes. » Comme exemple, nous traiterons ici le cas d'un fluide homogène et incompressible, dont les éléments sont soumis à des forces qui dérivent d'une fonction potentielle V et dont la surface terminale S^ est soumise à une pression uniforme et constante. » Soit n la normale à la surface S„, vers l'intérieur du fluide. Si -r- an n'est négatif en aucun point de la surface S„ et est positif en tout point d'une aire d'étendue finie appartenant à cette surface, l'équilibre du fluide ne peut être stable. » Prenons le fluide en équilibre et, sans déranger aucun des points matériels qui le forment, imprimons à ces points des vitesses initiales. A l'instant t, le point matériel dont les coordonnées, eu l'état d'équilibre, étaient x, y, z a pour coordonnées a;-ha(:v,y,z,t), y -\- b(:r,y, :.,t), z + c{œ,y, z, t). » Si l'équilibre du système était stable, on pourrait limiter supérieure- ment les vitesses initiales de telle sorte que l'on ait, quels que soient x, (i) l«|^, jx, V étant trois fonctions à&x, y, z, t dont la valeur absolue ne surpasse SEANCE DU 29 DECEMBRE 1902. 1291 pas une certaine limite F : (3) UI]/ = o; dt^ dn On n 2° En tout point de la paroi immobile 2, on a (5) jj;=o; n 3° En tout point du volume cj, limité par les surfaces S„ et 1, on a (6) A^ = o; » 4° En tout point du volume ct, à l'instant / = o, on a (7) àt- )o o. » De (i), (2) et (3) on tire sans peine la proposition suivante : » Quelle que soit la quantité positive W, on peut toujours limiter supérieu- rement les vitesses initiales de telle sorte que l on ait, quels que soient x,y,z, t. (8) '' qui n'est jamais positive; elle ne peut surpasser ^- fÇ-clS„. Si donc l'équilibre du système est stable, on peut limiter supérieurement les vitesses initiales de telle sorte que l'on ait, quel que soit /, (10) i2' 1 r[f d d^Y (d ô-^'i^Y [à à''lY^^ » Les égalités (4) et (7) montrent que, pour / — o, -p =0; donc, selon les égalités (9) et (1 i), pour / = o, ^ = °' ^ = "- » Selon l'égalité (i3), -j-^ n'est jamais négatif; selon l'égalité (7), le 1 1 . t d-il , second terme de cette expression de -j^ est nul pour t^o; mais nous pouvons prendre -7 — v différent de o, à l'instant / = o, en tous les points r ' On ot ' où -j— est positif; dès lors, pour i = o, -j^ est sûrement positif. » Ces renseignements nous prouvent que £2 croît au delà de toute limite en même temps que /, ce qui est impossible, selon l'inégalité (10), lorsque l'équilibre est stable. Le théorème énoncé est donc démontré. » La même méthode s'applique aux deux cas suivants : » 1° Le fluide est homogène, compressible, de température uniforme et constante ; ses cléments sont soumis à des actions extérieures newtoniennes SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. 129S OU non-iiewtoniennes, qui dérivent d'une fonction potentielle; sa surface terminale est soumise à une pression uniforme et constante; » 2° Le fluide est homogène, compressible, soumis à une pression uni- forme et constante, et soustrait à toute autre action extérieure; à partir de l'état d'équilibre, il se meut de telle sorte que l'entropie spécifique soit une fonction de la température ou une constante, la même en tous les points de la masse fluide . » Ces cas sont précisément ceux où la méthode de Lagrange et de Lejeune-Dirichlet permet de fixer complètement les conditions qui assurent la stabilité de l'équilibre; ces conditions suffisantes ne sont pas les condi- tions reconnwQs nécessaires par la méthode que nous venons d'esquisser. La détermination des conditions à la fois nécessaires et suffisantes est loin d'être achevée. » ÉLECTRICITÉ. — Sur la vitesse avec laquelle les différentes variétés de rayons X se propagent dans l'air et dans différents milieux . Note de M. R. Bloxdlot. « Les rayons X sont, comme on sait, plus ou moins pénétrants, selon qu'ils sont émis par des tubes où le vide est plus ou moins avancé. Je me suis proposé de rechercher si ces différentes variétés de rayons X se pro- pagent dans l'air avec la même vitesse. » Ayant pris d'abord un tube très mou, donnant sur l'écran une ombre de la main où l'on ne pouvait aucunement distinguer les os, je déterminai par la méthode que j'ai décrite précédemment (') le rapport de la vitesse des rayons X émis par ce tube à celle des ondes électriques; l'allongement donné aux fils de transmission étant de 3o'^'", ce rapport fut trouvé égal à -~~ = r,o4. Antérieurement, avec un tube de dureté moyenne, dont les rayons, non seulement faisaient voir les os dans l'ombre de la main, mais même traversaient tant soit peu ces os, j'avais, en donnant aux fils de transmission les mêmes longueurs, obtenu pour le rapport des vitesses le I 3o,6 nombre-^; — — 1,02. 00 » J'interposai ensuite sur le trajet des rayons X une plaque d'aluminium épaisse de 2*=" : à peine pouvait-on alors apercevoir sur l'écran une faible (') Comptes rendus, l. CXXXV, p. 666 el 721. C, R., iyo2, 3* Semestre. (T. GXXXV, N" 26 ) '(>;i 1294 ACADÉMIE DÇS SCIENCES, fluorescence, et, de cette façon, il ne passait que ries rayons extrêmement pénétrants. L'action sur l'étincelle était très faible, mais encore visible, et je parvins à déterminer, sans beaucoup de précision toutef tis, la position du lube correspondant au minimum d'étincelle pour une longueur des fds de transmission égale à 1 10*=™ : la distance du tube à la coufxire était alors environ 23'^'", 7. Sans l'interposition de l'aluminium, elle était de 21'^", 3. » Avec le plus dur de tous les tubes pouvant fonctionner dans mon appareil sans donner d'étincelles latérales, tube dont les rayons traver- saient manifestement les os de la main, j'ai obtenu la distance 22'^"', 3. » Toutes ces observations montrent que, au degré d'approximation des mesures, les vitesses de propagation des rayons émis par tous mes tubes sont les mêmes. » Déjà, d'après mes expériences antérieures, on pouvait s'attendre à cette égalité de vitesse des diflérenles variétés de rayons X: dans ces expé- riences, en effet, j'avais em|)ioyé un lube de dureté moyenne, émettant par conséquent des ravons X de pénétrations diverses; or, il est clair que si ces rayons avqient des vitesses de propagation différentes, il n'y aurait pns eu de maximum de l'étincelle, puisque, chacune des radiations tendant à en faire naîire un à une dislance différente, la superposition n'eût donné qu'un résultat confus. » L'absence de réfraction des rayons X indique que leur vitesse est indépendante des milieux où ils se propagent. Il m'a, néanmoins, paru intéressant de comparer directement ces vitesses. Pour cela, ayant donné aux fds de transmission une longueur arbitraire mais constante, j'ai déter- miné la position du tube correspondant au minimum d'étincelle; puis, après avoir interposé entre le tube et l'étincelle la substance dans laquelle je voidais étudier la propagation, je répétais la détermination. Toujours la position du tube s'est retrouvée la même, aux erreurs d'expérience prés. Yoici quelques valeurs de la distance du tube (de dureté moyenne), cor- respondant au maximum d'étincelle. )) Propagation à travers : L'air ?.l,3 Un bloc de liêtre de 6"" 20 » paraffine de 5"'" ai ,3 Une colonne d'essence de térébentliine 4e 6f",5- • . • ?2)4 » d'huile de vaseline de 6'^", 5 21 ,7 » Avec le plus dur de mes tubes, la dislance correspondant au mi- SÉANCE hV 29 DÉCEMBRE 1902. 1295 nimum 22*"", 3, resta exactement la tlième après l'interposition d'un bloc de parafline épais de 9'^™,5. » L;i conclusion définitive des observations rapportées dans la présente Note est que, dans les limites des conditions et des erreurs des expériences décrites, la vitesse de propagation des diflérentes variétés de rayons X dans les différents milieux est égale à celle de la lumière dans l'air. » , PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur le pouvoir germinalif des graines exposées à la lumière solaire. Note de M. ëmIle: Laurent. « Les rayons solaires, surtout les plus réfrangibles, ont ilne action nuisible, souvent mortelle, sur les cellules vivantes des organismes infé- rieurs : les cellules végétatives des Bactéries et des Levures aihsi que les spores des Bactéries^ des moisissures et du charbon des céréales, exposées au soleil en présence d'oxygèire, sont tuées au bout de quelques heures. M Cette action paraît être en relation avec les phénomènes d'oxydation de diverses substances organiques étudiés par M. Duclaux. » Il y a déjà longtemps que je me suis demandé si les graines des plantes supérieures, à l'état de repos, sont également sensibles aux rayons solaires. Les expériences actuelles remontent à l'année i8g5. Depuis lors M. Tine Tammes (') a fait des essais analogues aux miens, mais qui ont donné des résultats négatifs. Plus récemment encore, M. V. Jodin (-) a repris cette étude et a conclu que, pour les graines non tiesséchées de Cresson alénois, la résistance à la radi;ition ptiraît dépendre beaucoup plus de l'aclion calorifique que de l'aciion lum.nense. » Mes expériences ont été faites pendant une période de vive insolation (fin m;ii à commer)cement de juillet iSgS) sous un ciel presque toujours très clair et |)ar un soleil ardent. » Le 29 m;iide cette année, des graines de diverses es|)èces furent expo- sées en couche mince au soleil dans des tid)es à es>ais soigneusement net- toyés. Ceux-ci sont disposés en plein soleil, presque horizontalement sur une planchette recouverte d'un papier blanc et sont fermés par un tampon de colon. (') Landwirt. Jahrbiicher, Bd. XXIX, 1900, p. 467. (^) Comptes rendus, l. CXXXV, 1902, p. 443. 1296 ACADÉMIE DES SCIENCES. I) Voici les espèces mises en observation : » Triliciun vulgare (Froment Dattel), de 1894. Secale céréale (Seigle de Zélande), de 1894. Brassica nf^ra (Moutarde noire d'Alsace), de 1%%^. Sinapis alba (Moutarde blanche). Lepidiiini salivum (Cresson alénois). Trifoliuni repens (Trèfle blanc). Taraxacum officinale (Pissenlit), de 1894. llicraciuin inuroriim, de 1894. Hiera- cium petrœum, de 1894. Hieracium liidentatuni. de 1894. Sonchus oleraceus, de 1894. Senecio vulgaris, de 1894. » Il y avait quatre tubes de graines de chacune des six premières espèces et un seul des autres. » Les akènes de Taraxacum, Hieracium, Sonchus et Senecio avaient été choisis à cause de leur petitesse et de leur couleur plus ou moins foncée, conditions favorables à la pénétration de la radiation. » Les journées des 29 et 3o mai, i*'', 2, 3 et 4 juin furent favorisées par un soleil ardent; néanmoins la température ne dépassa pas 43°, 5 à l'inté- rieur des tubes. Le 3i mai et le 5 juin, le ciel fut couvert tout le temps. » Le 5 juin, on retira un tube des espèces suivantes : Froment, Seigle, Moutarde blanche et noire, Cresson alénois et Trèfle blanc. Les graines furent mises en germination sur du papier humide au fond de cristallisoirs, compai-ativement avec des graines de même origine, mais non insolées. » Aucune différence n'a été constatée dans la rapidité de la germination ni dans le pouvoir germinatif des semences des deux catégories. » Le temps fut couvert le 6 juin et les tubes ne furent remis au soleil que le 7 au matin. » Les 7, 8, 9, 10, 12, i3, 17 et 18 juin, la radiation fut très vive; mais il n'en fut pas ainsi les G, 1 1 , i4, i5 et 16 juin, jours de temps couvert ou pluvieux. » Le 19 juin au matin, on retira un tube des espèces examinées le 5 du même mois et l'on mit les graines germer à côté des graines témoins non exposées au soleil. » Le 21, après 48 heures, aucune différence ne fut constatée dans les semences de Cresson" alénois, de Seigle et de Froment. Les graines de Moutarde blanche et de Trèfle insolées sont nettement en retard; la plu- part de celles de Moutarde noire ne germent pas, tandis que beaucoup des témoins de cette espèce sont développés. » Les 19 et 20 juin furent pluvieux et les tubes à essais furent gardés au laboratoire; le 21 au matin, ils furent remis en plein soleil. Ce jour-là et le suivant furent bien clairs. SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. 1297 » Le 22, on a mis en germination une partie des akènes insolésde Tara- xacum, des trois espèces (\'Hieracium, de Sonchtis et de Senecio, à côté de semences non insolées de môme origine. Aucune différence ne fut observée chez le Senecio et le Sonchas mais bien chez les Rieracium et le Taraxacum. » Ainsi le 2G juin, les graines insolées iVflieracium Iridenlatum avaient un léger retard. Sur 12 akènes de Taraxacum insolés, un seul germe, et il en est 10 sur 3i parmi ceux qui ne furent pas exposés au soleil qui se déve- loppent. Chez le //. murorum, 2 akènes insolés sur 36 germent et 7 sur 40 dans les témoins. •■> Enfin pour VH. petrœum, i semence sur 4o insolées est en germina- tion et parmi les témoins 6 sur 5o. » I;es expériences ont été continuées jusqu'au 2 juillet. Les 23, 24> sj, 26, 27, 28, 29 et 3o juin et le i*'' juillet le ciel fut très clair et le soleil assez ardent. 1) Les derniers tubes furent retirés le 2 juillet au matin et les graines de toutes les espèces furent mises en germination, en même temps que des graines de même origine conservées à l'obscurité. » Après 24 heures, il y avait un léger retard dans la germination du Cresson et de la Moutarde blanche, mais non chez le Seigle. Cette diffé &" e- rence n'est plus sensible après deux jours. Le retard est plus manifeste chez le Froment, le Trèfle et la Moutarde noire. Cependant la proportion de graines germées chez le Cresson, la Moutarde blanche et le Froment était la même dans les deux catégories. Au contraire, au cinquième jour, sur 100 graines de Moutarde noire insolées, 42 ont germé, tandis que sur 100 graines témoins 67 se sont développées. yj Pour le Trèfle, 36 pour 100 des graines insolées sont restées inertes et 12 pour 100 seulement parmi celles qui n'avaient pas subi l'influence du soleil. » Enfin le 10 juillet, on a mis fin à l'expérience en comptant les akènes des composés qui avaient germé : Akènes Akènes au soleil témoins pour roo. pour 100. Taraxacum officinale o 66 Hieracium pelrœum 12 64 Hieracium Iridenlatum. .\ 8 36 Senecio vulgaris 75 92 » Il n'y avait plus de semences de Sonchus oleraceus ni de Hieracium murorum. i;,/)8 ACADÉMIE DES SCIENCES. b La lumière solaire exerce donc sur les semences des plantes supé- rieure, à l'état de graines nues ou de fruits secs, une action nuisible, qui se manifeste d'abord par un retard dans la germination, puis par la mort des embryons. » En général, les graines assez volumineuses (Seigle, Froment) ou à téguments clairs (Moutarde blanche) sont moins sensibles à la radiation que les plus petites, surtout que celles pourvues d'enveloppes foncées. » Notice SUT' M. Millardet, par M. BorseI-. « La Section de Botanique a perdu, le r5 décembre, un de ses Corres- pondants nationaux dont le nom est attaché, d'une manière indissoluble, à la reconstitution du vignoble français. » Né à Moutmirey-la-VdIe (Jura), le 3 décembre i838, Pierre-Marie- Alexis Millardet fit ses premières études à Dôle et à Besançon. Il vint ensuite à Faris où il fut reçu, en i86t, licencié es sciences naturelles. Désireux de s'initier à d'autres méthodes de recherches et d'enseignement que les nôtres, it alla passer 4 années dans les Universités de Heidetberg et de Fribourg-en-Brisgau, où il eut pour maîtres les savants illustres qui se nommaient Hofmetster, Sachs et de Bary. » Ses preniières publications montrent qu'il était capable d'entreprendre et de mener à bien des études très diverses. En peu d'années il donn;i ses recherches sur l'accroissement du corps lijjneux dans les Yucca et les Dracœna; sur le développement en épaisseur des membranes cellulaires ; des Notes sur divers Crvplog^imes; une étude sur la matière colorante des Algues bleues et des Diatomées; des recherches sur les mouvements des feuilles de la Sensilive. Du Mémoire classique intitulé : « Le profliallium mâle des Cryptogames vasciilaires » résulte que la différence considérable qu'on admettait alors entre ces piaules et les Phanérogames est moins profon le en realité. M. Millardet prouve (|u'il existe entre les deux groupes un plan de structure commun et qu'ils s'enchaînent par une série de gradations. I>es observations ultérieures ont confirmé la justesse de ces conclusions. 1) Après avoir été professeur suppléant à Strasbourg, puis chargé de cours à Nancy, il fut nomme, en 187G, protesseur titulaire de Botanique à la Faculté des Sciences de Bordeaux. Il arrivait en pleine crise phylloxé- rique. Chargé par la Commission du Phylloxéra d'étudier les Vignes sau- SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. 1299 vagps (les Etats-Unis au point de vue de lonr résistance à l'insecte, il s'ac- quitta (le sa lâche avec la rigueur scientifique et les qualités d'observateur et d'expérimentateur qu'il avait acquises au laboratoire. » On savait, depuis les travaux d'Eiu. Planchon, (|ue les Vignes amé- ricaines résistent au Phj'lloxéra. Mais on n'avait que des données insuffi- santes sur les degrés de résistance. M. Millardet les détermina avec précision et fit connaître les détails des variations des espèces sauvages et leur valeur comme porte-greffes. >) Un des premiers il préconisa l'hybridation de la Vigne européenne avec les Vignes américaines. Pour sa part, avec l'aide de M. Grasset, il ne créa pas moins de 12000 hybrides. Si aucun d'eux n'a donné, comme les créateurs l'espéraient d abord, un producteur direct capable de remplacer les anciens cépages français, quelques-uns, surtout parmi les hybrides provenant du croisement des Vignes sauvages entre elles, ont fourni des porte-greffes de première valeur. La plantation des espèces ou des lîvbrides résistants fut d'abord essayée un peu à l'aventure parce qu'on ignorait dans quelles conditions croissent chez elles les Vignes améri- canies. Mais lorsque M. Viala eut rapporté de sa mission aux Elati-Uiiis des renseignements précis sur les milieux où elle-: vivent, on sut quelles combiiuiisoiis devaient être réalisées pour que le produit fût à la fois résis- tant aux maladies et adapté aux exigences variables du sol où on le plante. » Les viticulteurs doivent encore à M. Millardet des Etudes sur diverses maladies de la Vigne causées par les Chumpignons et en particulier par le Peronospora du Mildiou, mais, ce qui leur importait davantage, le moyen de les combattre avec efficacité. C'est ce qu'ils (ont depuis i883 grâce à la découverte des bouillies cupriques dont l'emploi et les métliodes d'application leur furent indiqués pour la première fois par MM. Millar- det et Gayon. » En terminant, je rappellerai ses recherches sur les faux-hybrides de fraisiers (pu reproduisent le type du père ou de la mère sans jamais réunir à la fois aucun des caractères distinctifs des deux espèces composantes. Ces curieux résultats, que l'auteur a aussi rencontrés dans les Vignes et dans les Ronces, ont fourni l'explication de faits que les producteurs d'hybrides avaient |)arfois observés et dont ils ne se rendaient pas comjjte. » M. Millardet était Correspondant de l'Académie depuis 1888. Il avait remplacé Edmond Boissier. » [3oo ACADÉMIE DES SCIENCES. RAPPORTS. PHYSIQUE DU GLOBE. — Anomalies du champ magnétique terrestre sur le Puy de Dôme. Mémoire présenté par MM. B. Brunhes et David. Rapport de M. Bouquet de la Guye. n M. Moureauxnousadonnéilya quelques années des Cartes du Magné- tisme en France sous ses trois formes, déclinaison, inclinaison, intensité, en utilisant les résultats obtenus dans 617 stations, et il avait vérifié qu'en divers points de notre territoire il existait des anomalies magnétiques extraordinaires. La région despuys, c'est-à-dire l'Auvergne, avait été soup- çonnée par lui d'en renfermer, mais elle était restée en blanc sur ses Cartes. MM. Brunhes et David ont étudié l'été dernier un point particulier de cette région, le sommet du Puy de Dôme, et ils ont fait pour cela 58 stations dans une zone de iSo"" autour de l'observatoire. Ils ont trouvé que la décli- naison est minimum à l'ouest où elle descend à 12" et maximum à l'est où elle remonte à 19". )) La composante horizontale est minimum au nord de la Tour et maxi- mum au sud et l'écart de deux points distants de 25o" est de o,o32. Le sommet du puy n'agit pas comme un centre de perturbation défini, c'est la montagne entière qui agit comme un pôle boréal. » Une Carte accompagne le Mémoire de MM. Brunhes et David; elle donne les lignes isogones et de même composante horizontale. Nous ne pouvons qu'eng.iger ces messieurs à poursuivre cette étude en l'étendant sur toute la région, ils y trouveront nombre d'anomalies analogues non seulement au voisinage des volcans mais aussi dans la plaine où l'on trouve des affleurements de roches volcaniques, et l'Académie ne peut qu'encourager une pareille recherche. » CORRESPONDANCE. M. le Sechétaire perpétuel signale, paimi les pièces imprimées de la Correspondance : Un Ouvrage de M. Emmanuel de Martonne ayant pour titre : >< La Vala- chie, essai de monographie géographique. (Présenté par M. de Lapparent.) SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. l3oi M. CAX.vrazAHO, M™* Curie, MM. ConMExoE, Driencourt, Gaillot, Gri- Gi\ARD, GrI.MBERT, DE GrOSSOUVRE, GcILBERT, HaRTWIG, ImBEAUX, DE I.A Baume-Puvi-vel, Lemoixe, Le Roux, Loisel, Marquis, M. Mowier, d'Ocagxe, Pevroi'x, Uavaut, Romazotti, Rosexstiehi., Sciiulhof, Svex Hedix, de Taxnenberg, Teisserenc de Bort, ToiRxouER, Trépied, Vessiot, VuiLLEMiN adressent des remercîmeiits à l'Académie pour les distinctions dont leurs travaux ont été l'objet dans la dernière séance publique. Sur la demande de l'auteur du Mémoire intitulé : <( De l'entraînement et de ses effets sur l'artilleur », présenté au concours Montyon de Sta- tistique pour 1902, avec la devise : Primo non nocere, et qui a obtenu une mention honorable, le pli annexé au Mémoire est ouvert en séance par M. le Président. L'auteur du Mémoire est M. Cassedebat, médecin-major au 29* d'artil- lerie, à Toulouse. PHYSIQUE DU GLOBE. — Nouvelles observations sur les éruptions volcaniques de la Martinique. Extraits de Lettres adressées par M. Lacroix à MM. Dar- boux et Michel Lévy. « Fort-de-France, :i3 novembre. )) Le 18, à 9'' précises du matin, nous avons vu subitement sortir de l'échancrure sud-ouest du cratère, dont les bords étaient cachés dans les nuages, une véritable cataracte de volutes de vapeurs très denses, d'un brun roux foncé; elles sont descendues dans le fond de la vallée de la rivière Blanche, puis, lorsqu'elles ont eu louclié celle-ci, elles ont continué leur marche en rampant sur le sol jusqu'à la mer, tout en étant animées en même temps d'un mouvement plus lent d'ascension verticale. Ce nua^e, formant des volutes qui ressemblaient à des balles de coton très serrées, marchait dans la direction horizontale avec la vitesse d'environ jkm ^ jg minute (6 minutes pour aller du cratère à la mer); il s'est élevé à environ 2000 mètres. M Arrivé sur le bord de la mer, il s'est lentement diffusé à la surface de celle-ci, obscurcissant l'horizon pendant près de 2 heures. » Je ne doute pas que nous n'ayons assisté à un phénomène comparable, quoique beaucoup moins intense, à celui qui a détruit Saint-Pierre. » Quoi qu'il en soit, la vue de la sortie et de la marche de ce nuage était C. R., 1902, 2« Semestre. (T. CXXXV, N° 26.) I 70 l3o2 ACADEMIE DES SCIENCES, un spectacle inoubliable, et surtout intéressant pour nous qui avons passé un si grand nouibre de journées entières dans la vallée de la rivière Blanche et qui avons encore tant d'observations à y faire. Il y a là évidem- ment un nouveau et désagréable fadeur, dont nous aurons à tenir compte désormais. Une éruption similaire avait eu lieu le 6, c'esl-à-ilire deux jours auparavant. » Depuis quelques jours, les fumerolles des embouchures des rivières Blanche, Sèche, et des Pères ont repris par intermittence leur activité de la fin du mois de juin. » oler. » Les cendres des éruptions qui nous occupent sont extrêmement SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. 1 807 blanches, les lapillis et les blocs qu'elles contiennent sont tous de même composition, sans aucun mélange avec ces fragments arracliés aux |)arois de la cheminée, qui sont si fréquents dans les grandes explosions précé- dentes. » La lave produite actuellement est une andésite à liy|)erslhène d'un gris clair, rit he en verre, tantôt com|)acte et tantôt âpre au toucher; les types 1res vitreux sont moins abondants (jiie le mois dernier, la ponce est relativement peu fréquente, alors qu'elle a été le principal produit rejeté, darifi cette même région, le 9 juillet et le 3o août, » Je noierai en terminant l'absence complète, dans les nuages denses, de bombes à périphérie vitreuse fendillée, ce qui indique bien nettement que les blocs cju'ds renferment sont partis entièrement solides du cratère, à l'inverse de ce qui s'est passé dans les grandes explosions verticales. » ASTRONOMIE. — Observations de la comète d (ic)02), faites à /'Observatoire d'Alger (^équatonal coudé de o'",3i8 d'ouverture), par MAI, Hamuaiiu et Sy, présentées par M. Lœwy. Comète. — Etoile. Étoiles ~- — ^ Nombre Dates. de Ascension de 190-- coinpar. Grandeur. droite. Déclinaison. compar. Observ. "> s .1, Dec. 3 a 9,2 — i.i5,o3 + 3.1/4,7 i5:io S 3 a 9,2 — 1.15,71 +3.32,8 i.t:io R 6 b 8,1 +0.56,35 — 2.19,7 i5:io S 6 b 8,1 +0.55,89 — 2.10,0 i5;io R Positions apparentes des étoiles de comparaison. Asc. droite Réduction Déclinaison Réduction Dates. moyenne au moyenne au 19UÎ. Étoiles. 19U-2,0. .jour. ll)0'2,0. jour. Autorités, h m s s . . , Dec. 3 a 7. 18.40, f8 +4,23 — 1.05.19,7 — 12'^4 AG. Nicolajew n-aHS 0 b 7.15.37,70 +4,32 — 1.24.49,1 —12,8 AG. Nicoliijew ii'>2132 Positions apparentes de la comète. Temps Ascension Dates. moyen droite Log. fact. Déclinaison Log. fact. 1902. d'Alger. apparente. parallaxe. apparente. parallaxe, h m s h m s Dec. 3 10.46.53 7.17.29,38 1,593, — i!53!i7^4 0,732 3 II. 48. 46 7.17.28,70 î,486„ — 1.51.59,3 0,736 6 9.4'4-26 7.16.38,37 ï,643„ — 1.27.21,6 0,727 6 io.i4.36 7.16.87,91 î,6i6,ï — 1.37.11,9 0,729 j3o8 académie des sciences. ASTRONOMIE. — Observations des Perséides, Léonides el Biélides, faites à Athènes en 1902. Noie de M. D. Égimtis, présentée par M. Lœwy. « Les Perséides ont été observées, cette année, à Athènes pendant 6 jours de suite, du 8 au i3 août, par un ciel très beau. Le maximum de leur chute a eu Heu le 11 août, de i5>' k i&; en général, elles ont été moins nombreuses que dans les cinq dernières années. )) Voici les résultats de nos observations : Nombre Dates. 1902. Heure. t)c météores. horaire. Radiants. Il 111 II m l a =r 4^) 43. Saoùt 8.30-12.45 18 4 18=55,42. « = 48, 40, 44° 40! 9 » '°- «-'^'^^ ^^ ^ 13 =.57, 59, 54, 54,5. l a = 45, 4o. 10 >. 9.30-16.0 68 10 18 = 53,55,5. la = 44, 54, 58. 11 « 9- 0-16. o i5o 21 la =56, 40, 45. 1 a = 42, 4o, 45- 12 » 9- 0-16. o 99 14 |8=:53, 56, 58. K / S a = 4o. i3 ). 9- 0-1^- o '5 ^ I 8 = 55. » Le grand nombre des radiants, que nous donne régulièrement, depuis plusieurs années, le tracé sur les cartes spéciales des météores observés avec précision, el l'impression produite en général chez l'observa- teur par l'ensemble des Perséides relatives, qu'on voit tomber pendant les soirées d'observation, font croire que le radiant de cet essaim, qui est siluè près de n Persée, n'est pas un point, mais toute une aire, ayant une étendue assez grande. » Les météores, appartenant au radiant situé près de a Persée, élaient rouges et brillants, tandis que ceux de -n Persée avaient en général un éclat faible et une couleur jaune rougeàlre. » Pendant les mêmes soirées, on a vu tomber quelques étoiles filantes des constellations du Bélier, de la Girafe, de Cassiopée, du Triangle et d'Andromède. » A cause du mauvais temps on n'a pu observer les Léonides que le i5 novembre, par un ciel beau. On n'a vu que 17 météores, de 12^ à 18''; la lumière de la pleine Lune entravait beaucoup les observations; SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. 1809 on ne voyait que les étoiles jusqu'à la 3"" grandeur. Les radiants observés sont : «= i52° 149", ^ = + 22° 4- 23°. » Les Biélides, par suite du mauvais temps aussi, n'ont été observées que le 24 novembre, par un beau ciel; la Lune était âgée de 24 jours. De 7'' à 17'' on a vu seulement 9 météores, qui ont émané du radiant suivant : a.— 24'', 5 22°, § = +42" +45°. » En outre, on a observé quelques météores, qui sont tombés de Persée et du Triangle. » Ces observations ont été faites avec l'aide de MM. Ferzakis, Maris et Nicolaou. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les fonctions entières. Note de M. Hadamard, présentée par M. Poincaré. « Une fonction entière F(\r) étant donnée, on peut souvent, si elle est de genre fini, reconnaître a priori qu'elle ne se trouve pas dans le cas d'exception réservé par le théorème de M. Picard, c'est-à-dire qu'il ne peut pas exister de constante a [ou même de polynôme />(ir)], tels que l'équation ¥{x) = a ou f{x)=p{x) n'admette qu'un nombre fini de racines. » C'est, en effet, ce qui arrive toutes les fois que le mode de croissance de F(a;) n'est pas celui de e^\ où h est un entier. » Il m'a paru intéressant de rechercher si l'on ne pourrait pas trouver, même pour les fonctions de genre infini, une pareille règle d'exclusion, en se fondant sur une remarque bien connue et qui vient d'être appliquée par M. Fabry (') à la distribution des zéros d'une fonction entière. Cette remarque est la suivante : si l'on a, sur le contour où les fonctions /(a;) et '^{x) sont régulières. n^) = çi. » Nous appliquerons la remarque précédemment rappelée en prenant poury(a7) la quantité a^x'" et pour 9(3;) l'ensemble des autres termes, tant précédents que suivants, de la série (2), On a alors aisément o. SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. 3ll3 » On trouve, en choisissant convenablement le nombre S, n (2) \s'^:\oc) -siroKg^^ke-^" <:,, t>o, » D'autre part, en choisissant n = v assez grand, on aura (4) i/(^)-s;;'(^)l chose au sujet de la quantité dans mon Mémoire : « Sur les séries malmsténiennes » (Académie de Prague, 1891). Cela étant, la formule fondamentale de Dirichlet fournit la relation (3) '^]<^(a,b,c',s)^^A~'W(,,s)'^(^=^^R(^'^,sy ia,b,c) rsl qui subsiste dans tout le plan de la variable complexe s; ici (a, b, c) par- court un système complet des représentants des différentes classes primi- tives et positives du discriminant négatif — A supposé fondamental, puis on a T = 2 à l'exception de A = 3 où t = (3, et de A = 4 où t = 4- » D'après un théorème donné, en 1867, par Ernest Schroeder, on connaît les deux premiers termes dans le développement de Maclaurin (4) R(co,5) = (^-co)+iog r(co) SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. l3l5 puis j'ai trouvé, dans le Mémoire cité plus haut, le développement analogue (5) K(a,b,c) — — i — 2.s\og en désignant par H(w) le produit infini ao JJ(i - - e^™"'). ji"(-^^)"(^)] e » Au nioven de ces préliminaires on trouve aisément les deux premiers coefficients dans les développements par la série de Maclaiirin des deux membres de l'équation (3). En comparant les termes constants, il s'ensuit immédiatement la formule connue (A) cl(-A) = -5L'f(riy, r — 1 le premier membre désignant le nombre des classes. La comparaison des termes en s fournit la relation A-i (B) 2 r = (n.ft.c) j'avais annoncé en 1897 (Bulletin de M. Darboiix) qu'on peut l'obtenir d'une manière directe qui vient d'être exposée. Elle contient, pour A = 3 et A =: 4! les résultats obtenus par M. Bigler au sujet des quantités r( , ) etr 4. » J'ai obtenu des résultats analogues pour les formes de discriminants positifs. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Une application de la théorie des résidus au prolongement analytique des séries de Taylor. Note de M. Ërnst LixDELOF, présentée par M. E. Picard. « 1. Soit F (a:) une fonction analytique holomorphe à l'origine, et cf„ + a, a; -H a^x- -^ . . . H- a„a;" + . . , :-ill6 ACADÉMIE DES SCIENCES. son développement de Taylor en ce point, et désignons d'autre part, avec M. Mittag-Leffler, par A l'étoile principale relative aux constantes a et par FA(iF) la branche correspondante de F(a7). On peut se proposer de trouver une fonction 7(2, a), dépendant d'un paramètre a et vérifiant la 1 condition iim | cp(/î, a)!" = o, telle que, a tendant vers zéro, la fonction entière ( I ) ao?(o> '^) -^ ^1 ?( I' ^)''^ -h. . .-h a„'f(n, a)a;" +. . . tende uniformément vers FA (;r) dans tout domaine intérieur à A. » On sait, d'après une remarque due à M. Borel, qu'il suffit de déter- miner la fonction cp(s, a) de telle sorte que l'égalité (2) limy (f(/?, a)j7"= -^ a = 0-' 0 ait lieu uniformément dans tout domaine fini T n'ayant aucun point commun avec le segment -t- i l-oc de l'axe réel. Or, pour résoudre ce dernier problème, on est conduit tout naturellement à faire usage de la théorie des résidus de Cauchy. » 2. Considérant d'abord un cas particulier, nous montrerons que, a tendant vers zéro par des valeurs positives, on a uniformément, dans tout domaine tel que T, (3) iï:2(,7 Le théorème de Cauchy permet d'écrire le contour Si. étant par exemple un rectangle aux côtés parallèles aux axes des coordonnées, symétrique par rapport à l'axe réel, de hauteur 2A, et dont les côtés verticaux passent respectivement par les points 3 = - et I z = i> -\ 2 » Posons z ^ ^ -\- it et œ = re"''^^'^\ de sorte que cp désigne l'angle formé par le ravon vecteur du point x avec l'axe réel négatif; on trouve V -^ simt5 :«= 1 sinuc | 21' SÉANCE DU 2g DÉCEMBRE 1902. l3ir, » En supposant ? = o, r < i , o < a < i , on en conclut d'abord que les parties de l'intégrale (4) qui se rapportent aux côtés horizontaux du rectangle ^ s'évanouissent pour lira A = x, et d'autre part que l'intégrale J 1 sin Tzz s«^ tend vers zéro lorsque l'entier^ croît indéfiniment. De l'égalité (4) on pourra donc tirer la suivante (en supposant toujours- i. 3. Nous arrivons ainsi au résultat suivant, qui ne laisse rien a désirer en fait de simplicité : » Lorsque a. tend vers zéro, la fonclion entière 2««(5) ^^'"^ u'^ifor- Q mément vers Yk{x) dans tout domaine /(/liinténeur à A. » Si on le préfère, on pourra donner à ce résultat la forme suivante : ,. a tendant vers zéro, le polynôme f,a„[^f tendra uniformément 0 vers FA (a) dans tout domaine fini intérieur à A, si l'on choisit constamment va> e^" '"^ la fonction oJ-) allant en croissant indéfiniment, d'ailleurs aussi lentement qu'on le voudra, lorsque a tend vers zéro. » Le résultat précédent, comme nous l'avons déjà dit, rentre comme eas particulier dans un théorème plus général, dont voici l'énoncé : » Soit o{:;ol) une fanetion analytique de z^-^ + it dépendant d un paramétre positif a, et supposons » I " Que lim | cp («, a) |" = o,pour a > o ; » 2° Que (p(z, a) soit holomorphe dans le demi-plan t zo; « 3^ Que, en tout domaine fini faisant partie de ce demi-plan, o(z, x) tende uniformément vers l'unité lorsque a tend vers zéro; » 4'' Que, en posant z = ,o e'+ , on ait 1 9 (>. , a ) | < e^^""^ pour \^\:il^^a quan- tité K{oi) tendant vers zéro en même temps que ce, >, Dans ces conditions, la fonction entière ( i ) tendra uniformément vers FA r ^ ) dans tout domaine fini intérieur à A , lorsque le paramétre oc tend vers o . 1 r[j(l— a) + l] » On pourra choisir par exemple ç=^Y^^Y)7;). ou encore cp— r(j;_,_,) ' et l'on a alors une solution donnée par M. Le Roy. « GÉOMÉTRIE. - Sur une représentation plane de l'espace et son application à la Statique graphique. Note de M. B. Mayor, présentée par M. Maurice Levy. , Les théories de la Géométrie réglée permettent de résoudre, à l'aide de procédés simples et uniformes, les problèmes relatifs à l'équiUbre des SÉANCE DU 59 DÉCEMBRE l()0>. l3n) solides. Il paraît dès lors nécessaire, si l'on désire étendre, d'une manière quelque peu systématique, les méthodes de la Statique graphique à l'étude des systèmes de trois dimensions, de rechercher un mode de représen- tation plane de l'espace approprié à la nature spéciale des figures réglées et qui, avant toute autre chose, respecte le caractère dualistique que pré- sente la ligne droite dans l'espace. )) A cet effet, remarquons que l'ensemble d'une droite g- et d'un point g', quelconques l'un et l'autre dans le plan II où l'on se propose de représenter l'e-ipace, constitue le plus simple des éléments diialistiques dans la géo métrie du plan et susceptible, en outre, puisqu'il dépend de quatre para- mètres, de représenter une droite quelconque de l'espace. Si donc on convient de désigner par la notation (g, g') un pareil élément et par (g) la droite de l'espace qu'il représente, il suffira, pour atteindre le but pro- posé, de déterminer la plus simple de toutes les correspondances linéaires qu'il est possible d'établir entre les éléments (g, g') et les droites (g-). Les considérations suivantes permettent de résoudre ce problème. » Lorsque la droite g de l'ensemble quelconque (g, g') demeure fixe, le point ^ étant, au contraire, variable, la droite corres|)ondante engendre dans l'espace une congruence dont l'ordre sera désigné par m, etlaclasse, par n; de même, g' élant supposé fixe, et g variable, (g) engendre une deuxième congruence d'ordre m' et de classe n', A tout élément (g, g') correspondent ainsi deux congruences ayant en commun la seule droite (^), puisque la correspondance cherchée est assujettie à la condition d'être linéaire. On aura donc mm' -+- nn' = i , et cette relation ne peut être satisfaite que par l'une ou Tautre des solu- tions (a) n = /i' = I , m.m.' = o ; (b) m==m':r^i, nn':=o. » Considérant tout d'abord la solution (a) et supposant, pour simplifier le mode de représentation et par raison de symétrie, que l'on ait séparé- ment m = m'=o, on démontre immédiatement que la correspondance cherchée s'obtient en établissant deux corrélations homographiques quel- conques, d'une part entre les plans d'une première gerbe de centre quel- conque S et les droites g de n, et, d'autre part, entre les points g' de n et les plans d'une deuxième gerbe dont le centre S', également quelconque, l320 ACADÉMIE DES SCIENCES. doit, cependant, être supposé différent de S. L'élément représentatif d'une droite {g) est alors conslitiié par la droite et le point de n qui correspon- dent aux plans des deux gerbes qui passent par {g)', de cette manière à toute droite de l'espace correspond bien, en général, un élément repré- sentatif unique et réciproquement. )) Le mode de représentation ainsi obtenu est susceptible d'une première simplification fondamentale. On l'obtient en assujettissant les deux corré- lations homographiques à des relations telles que la condition de rencontre de deux droites définies par leurs éléments représentatifs, condition dont on connaît le rôle essentiel en géométrie réglée, se présente sous la forme la plus simple. Sans entrer dans le détail d'une discussion très élémentaire, il suffît d'indiquer ici qu'on obtient ce résultat lorsque la droite et le point de n qui correspondent à un même plan quelconque du faisceau commun aux deux gerbes sont unis. Si l'on désigne alors par O le point commun à toutes les droites qui correspondent aux plans de ce faisceau, par E la droite engendrée par les points qui correspondent à ces mêmes plans ; si l'on convient, de plus, pour faciliter le langage, d'appeler ligne de fuite d'un point de E la droite qui joint ce point à O e\. point de fuite d'une droite de n son point de rencontre avec E, on peut alors énoncer la proposition fondamentale qui suit : » Pour que deux droites définies par leurs éléments représentatifs (g, , g\ ) et (^g.-,, g[^) se coupent, il faut et il suffit que la ligne de fuite du point d'inter- section de g, et de gn passe par le point de fuite de la droite qui joint g\ et g^. )) On démontre encore facilement les propriétés suivantes qui mettent en évidence un nouvel élément géométrique dont le rôle est essentiel : » Lorsque les deux éléments représentatifs d'une même droite sont ums, cette droite appartient à un complexe linéaire que nous appellerons le complexe directeur. Il faut toutefois excepter de cet énoncé le cas où la droite repré- sentative passe par O, le point représentatif étant, en outre, situé sur E. Les droites correspondantes de l'espace, qui sont d'ailleurs incomplètement représentées, forment un complexe linéaire spécial dont le rôle est secon- daire. » Lorsque deux droites de l'espace sont conjuguées par rapport au com- plexe directeur, leurs points représentatifs sont alignés sur O, leurs droites re- présentai ii>es se coupent sur E et, enfin, le point représentatif de l'une quel- conque d'entre elles et la droite représentative de l'autre sont unis. M Considérant, à présent, toutes les droites qui passent par un même point (P) de l'espace, on voit que leurs droites représentatives passent SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. F 321 par la projection P de ce point sur le plan n, tandis que leurs points re- présentatifs sont alignés sur une même droite P'. De plus, la ligne de fuite de P et le point de fuite de P' sont unis et à tout élément de n constitué par la réunion d'un point et d'une droite jouissant de cette propriété, élé- ment que nous désignerons par la notation (P, P'), correspond, en géné- ral, un point (P) de l'espace, et un seul. » En considérant de même un plan quelconque (a) comme formé par l'ensemble des droites qu'il renferme, on est conduit à le représenter par sa trace a et par la projection a' de son foyer sur II, c'est-à-dire par les élé- ments qui définissent son foyer. D'après cela, un point et un plan de l'espace sont représentés de la même manière, ce qui ne peut donner lieu à aucune ambiguïté si l'on réserve, comme nous l'avons fait, les majus- cules latines pour les points et les minuscules grecques pour les plans. » Ajoutons que la solution (h) ci-dessus, que nous n'avons pas dévelop- pée, conduirait à une représentation identique à celle qui précède en rem- plaçant chaque droite par sa conjuguée relativement au complexe direc- teur. » ÉLECTRICITÉ. — Étude de la magnétofriction du faisceau anodique. Note de M. H. Pellat, présentée par M. Lippmann. « Dans plusieurs Notes antérieures ('), j'ai eu l'honneur de signaler à l'Académie une série de phénomènes qui se produisent quand on fait agir un champ magnétique intense sur le Çux cathodique ou sur le flux anodique des tubes à gaz raréfiés et qui sont inexplicables par les lois de l'électromagnétisme. Ils s'expliquent parfaitement par un frottement ani- sotrope que subiraient les particules en mouvement, très grand dans le sens perpendiculaire aux lignes de forces du champ magnétique et beau- coup plus faible ou nul dans le sens des lignes de forces. Pour rappeler cette propriété, je propose de donner à ces phénomènes le nom général de magnétofriction du faisceau cathodique ou anodique. » L'objet de cette Note est de résumer l'étude que j'ai faite de la manière (') Tubes de forces d'un champ magnétique rendus visibles par les rayons cathodiques {Comptes rendus, t. CXXXIV, 1902, p. 352). — Des forces cjui agissent sur le jlux cathodique placé dans un champ magnétique {Jbid., p. 697). Action d'un champ magnétique intense sur le flux anodique (Jbid., p. io46). l332 ACADÉMIE DES SCIENCES. dont varie la magnétotriction d'un faisceau anodiqiie suivant la pression et la nature du gaz. » Les gaz étaient étudiés dans un tube cylindrique ayant environ i"' de lonj^ et l'j™'" de diamètre dont le milieu était placé entre les pièces polaires planes d'un fort électro- aimant Weiss distantes de o^jOa et donnant un champ à peu près uniforme sur une longueur de 0^,07; les trous pratiqués dans Taxe des pièces polaires permettaient d'examiner le tube de côté. De cette façon, le faisceau anodique coupait à angle droit les lignes de forces du cliamp magnétique. Les gaz étudiés ont été l'hydrogène, l'oxy- gène, un mélange d'oxygène et d'hydrogène et enfin l'air sec. L'oxygène et l'hydro- gène étaient préparés par l'éleclrolyse d'une solution de potasse; ils étaient desséchés par un séjour prolongé sur de la potasse en morceau, qui avait longtemps été main- tenue à l'état de fusion. )) D'une façon générale, voici quels sont les phénomènes que l'on observe quel que soit le gaz. » Si l'on augmente progressivement rinlensité du champ magnétique à partir de zéro, le faisceau anodique se resserre de plus en plus le long de la paroi du verre conformément aux lois de l'éleclromagnétisme, el forme en avant ou en arrière, sui- vant le sens du champ ou de la décharge, un filet d'autant plus mince que le champ est plus intense. I^Liis à partir d'une certaine intensité du champ, que je désignerai par H, le faisceau anodique se diffuse autour du filet, d'abord sous forme d'un nuage qui ne s'écarte pas beaucoup du filet, puis la diffusion augmente de plus en plus jusqu'à envahir toute la section du tube, quand le champ augmente d'intensité. Enfin le filet lui-même disparaît dans les champs très intenses et l'efTel des forces électro- magnétiques ne se manifeste plus que par une intensité lumineuse un peu plus grande sur le bord où était le filet, quand on regarde le tube de côté. Cette différence d inten- sité diminue, du reste, et tend à s'effacer lorsque le champ continue à croître. La partie diffusée ne présente jamais de stratifications; le filet ne peut en présenter que lorsqu'il est très large, dans les chatnps très peu intenses, par conséquent. » Mais il y a une très grande différence entre les valeurs du champ qui donnent un des aspects qui viennent d'être indiqués suivant la pression el la nature du gaz. On en jugera par le Tableau suivant, qui indique pour l'hydrogène et pour l'oxygène les valeurs de H suivant la jiression. Valeur du champ à partir de laquelle la diffusion du faisteait due à la magnétofriclion commence à apparaître. Hydrogène. Oiygérte. PresBion('). H. Prossion. H. Piession. H. Dini mm iiiiii ^ Supérieur à 20 1740C.G.S. 1,3 SqoC.G. S. 1.5 \ r^ r^ c i 7000 L..(j. s. 16 i34o 0,97 390 0,7 Id. (') Les pressio'ns inférieures à a"'™ de mercure élaient bien évaluées au moyen de SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902 l323 Hydrogène. H. Oxygène. Pression. H. Pression. Pression. H. mm mm mm 13 logo 0,70 390 0,54 2430 C.G.S. lO 1000 0,38 390 0, i3 i58o 7 920 o,.4 390 o,o3 3oo 4,6 Ho o,o3 390 V » 3 5-0 0,0078 3oo » » 2 3go » » t> » » Ainsi, à mesure que la pression diminue, l'intensité H du champ à partir de laquelle la diffusion commence à apparaître diminue aussi. Mais il y a une énorme différence entre les nombres correspondant à une même pression pour l'hydrogène et pour l'oxygène (si l'on excepte toutefois les pressions très faibles). J'ajouterai, pour mieux montrer la dissemblance des deux gaz, qu'avec une pression de i""", 3 de mercure et un champ de 7000 C.G.S., pour l'hydrogène la diffusion du faisceau anodique est complète, le filet n'étant plus visible, tandis que pour l'oxygène le faisceau est resserré en un mince filet très brillant sansdiffusion appréciable. Pour qu'avec un champ de 7000 C. G. S. l'oxygène donne une diffusion comj)lète, comme celle qui vient d'être indiquée pour l'hydrogène, il faut, au lieu de i™'", 3, descendre jusqu'à une pression voisine de o™", i3. » On voit par là que l'oxygène subit beaucoup plus difficilement les effets de la magnétofriclion que l'hydrogène. » Il était intéres.sant de voir si, dans un mélange, les effets sur les deux gaz se manifesteraient séparément. L'expérience a été faite sur un mélange à volumes grossièrement égaux d'oxygène et d'hydrogène; elles a montré qu'au point de vue de la magnétofriclion un mélange se comportait comme un gaz unique jouissant de propriétés intermédiaires entre celles des com- posants : le speclroscope décelait les raies brillantes de l'hydrogène et les raies ou bandes beaucoup plus pâles de l'oxygène, aussi bien dans le filet que dans la partie diffusée qui l'entourait; pour les pressions totales Q'"'»,94 et 0°"", 46, H fut trouvé respectivement égal à 3ooo et 1 100 C.G.S. L'air s'est comporté d'une façon analogue. la jauge Mao Lead; mais les pcegsionâ égales ou supérieures à a""" n'étaient que gros- sièrement évaluées. Cela n'a aucun inconvénient, puisque le phénomène ne change que lentement avec la pression. D'autre part, le phénomène de l'apparition de la diffusion étant délicat à observer, les valeurs indiquées pour 11 ne sont déterminées qu'à plu- sieurs dizaines d'unités près. l324 ACADÉMIE DES SCIENCES. » Dans cette Note, je n'ai exposé que des faits. Dans une prochaine Communication, j'indiquerai quelques conclusions qu'il me paraît légitime de tirer de ces expériences. » ÉLECTRICITÉ. — Sur l'émanation du phosphore. Note de M. Edgène Bloch, présentée par M. Mascart. « On sait depuis fort longtemps que l'air placé au voisinage d'un bâton de phosphore devient conducteur de l'électricité. Mais ce phénomène n'a commencé à attirer l'attention des physiciens que dans ces dernières années, en même temps que les autres cas de conductibilité des gaz. Barus (^Phil. Mag., 1899-1902, passirn) établit que Y émanation du phosphore est non seulement conductrice, mais^possède la propriété de condenser la vapeur d'eau même non saturante ; ses expériences sembleraient d'ailleurs prou- ver l'indépendance des deux phénomènes; de plus elles laissent sans réponse toutes les questions que l'on peut se poser sur la nature de la conductibilité. G. C. Schmidt {Phys. Zeilschr., t. III, juillet 1902, p. 475) nie que l'on soit en présence d'une véritable ionisation et attribue la con- ductibilité à la convection de l'électricité parles produits d'oxydation du phosphore qui formeraient les nuages observés. Harms (^Phys. Zeitschr., t. IV, p. III, novembre 1902) combat cette opinion par quelques expé- riences presque purement qualitatives. » En présence de ces contradictions sur les points les plus essentiels, il m'a paru utile de faire connaître les premiers résultats des recherches que je poursuis sur ce sujet. » Je me suis efforcé d'abord d'obtenir des phénomènes réguliers et par suite de rendre les mesures possibles. J'y suis parvenu en faisant passer, avec une vitesse constante sur du phosphore desséché et maintenu à la température ordinaire, un cou- rant d'air rigoureusement sec. Cet air devient conducteur sans qu'il soit possible d'apercevoir dans le gaz vivement éclairé aucune poussière ou fumée; une pareille fumée ne se produit qu'à la sortie de l'appareil, au moment où l'émanation arrive au contact de l'air extérieur; il se forme alors un nuage de vapeur d'eau. » En ce qui concerne la conductibilité électrique, j'ai établi d'abord, en envoyant le courant gazeux dans le champ d'un simple condensateur cylindrique, et en utilisant pour les mesures un électromètre à quadrants sensible, que le courant que l'on peut faire passer dans le gaz n'est pas proportionnel à la force électromotrice, mais qu'il tend vers un maximum (courant de saturation) quand la force électromotrice est suffisamment élevée. D'autre part, si l'on envoie l'émanation dans un tube cylin- drique chargé à un potentiel élevé, et suivant l'axe duquel sont placées deux électrodes SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902- l3ïî5 isolées identiques, on constate que l'électromètre ne décèle plus aucun courant à la seconde électrode quand la première est reliée au sol. L'ensemble de ces faits justifie l'hypothèse d'une ionisation du gaz. » La conductibilité, supprimée dans la dernière expérience par l'établissement d'un champ sur la première électrode, est supprimée définitivement, c'est-à-dire qu'elle ne reparaît pas plus loin dans le gaz par suite d'une prolongation possible de l'oxydation. Il est dès lors légitime d'appliquer au cas actuel une méthode telle que celle des courants gazeux (Zeleny) pour mesurer les mobilités des ions. Les mobilités obtenues, à peu près égales pour les deux espèces d'ions, sont extrêmement faibles, de l'ordre flo 3I0 de millimètre par seconde dans un champ de un volt par centimètre. Le^ ions actuels diffèrent donc beaucoup à cet égard des ions que l'on rencontre d'ordinaire dans les gaz; ils sont au contraire à rapprocher de ceux que Townsend a le premier signalés dans les gaz récemment préparés par voie électrolytique et qui possèdent justement des mobilités du même ordre que les précédentes (Townsend, Phil. Mag., t. XLV, 1898, p. 125). » Cette analogie est confirmée par l'étude des phénomènes de condemsation. Comme ceux des gaz électrolytiques, les ions du phosphore condensent la vapeur d'eau même non saturante (contrairement aux ions ordinaires). Le nuage produit disparait presque complètement si l'émanation a passé au préalable dans un long condensateur cylin- drique à l'intérieur duquel on a créé un champ intense. Il est donc extrêmement vrai- semblable que la vapeur d'eau se condense, au moins en grande partie, sur les ions. La même expérience réussit tout aussi bien avec l'hydrogène électrolytique, et ce fait confirme les idées de Townsend sur le rôle joué dans la condensation par les ions con- tenus dans les gaz, rôle qu'il n'avait mis en évidence que d'une manière assez indi- recte, et qui avait été contesté parH.-A. Wilson {Phil. Mag., t. XLV, 1898, p. 454). J'ai pu, dans le cas du phosphore, démontrer rigoureusement qu'une bonne partie du nuage se condense sur les ions, en plaçant, à l'exemple de C.-T.-R. Wilson, trois plateaux parallèles identiques au sein de l'émanation et en créant un champ intense et uniforme entre le plateau central et un latéral : le nuage disparaît seulement du côté où existe le champ. » Signalons encore que les phénomènes de conductibilité électrique sont simple- ment affaiblis sans perdre aucun de leurs caractères par le passage de l'émanation au travers d'un tampon de coton de verre, d'une éprouvette à potasse solide, d'une solu- tion de potasse, d'un barboteur à acide sulfurique pur, d'une solution concentrée d'iodure de potassium. M En résumé, la conductibilité de l'air sec qui a passé sur le phosphore est due à des ions de très faible mobilité qui servent de noyaux de conden- sation à la vapeur d'eau même non saturante. Il faut réserver pour l'insiant la question de savoir par quel mécanisme chimique ces ions sont proihiits, et si leur formation est lice à celle d'un composé défini tel que l'ozone ou un oxyde du phosphore, ou bien s'il s'agit d'une simple modification de l'oxygène. Cette question est évidemment liée à l'étude chimique précise G. K., 1902, V Semestre. (T. CXXXV, N° 26.) l'j'i l326 ACADÉMIE DES SCIENCES. de l'oxytlation du phosphore, sur laquelle nous n'avons actuellement que des données insuffisantes. » ÉLECTRICITÉ. — Sur l'effet Hall et les mobilités des ions cVune vapeur salée. Noie de M. Georges More au, présentée par M. Mascart. « Mobilité des ions. — Dans une Note récente (') j'ai indiqué le méca- nisme de l'ionisation d'une flamme, chargée d'un sel alcalin par vaporisa- tion d'une solution de concentration connue. » On peut se proposer de déterminer les mobilités des ions produits. Une méthode indiquée précédemment (') m'a fourni, pour les ions néga- tifs, une mobilité diminuant quand la concentration croît et uniquement /onction de la nature du métal. Pour les sels de R et de Na, dont la concen- tration est comprise entre i™°' et ~ de molécule par litre de solution vaporisée, elle varie de 660 — à i320 — pour une chute de i^°" par cen- * sec sec '^ '^ timètre. La limite i35o . — est la mobilité des ions négatifs de la flamme sec " pure et chaude d'un bec Bunsen. » La même méthode, appliquée aux ions positifs, donne 80 — -, quelle que soit la nature du sel ou la concentration. Pour la flamme pure, ce cm sera donc aussi 80 -^ • Les ions négatifs sont notablement plus rapides que sec les ions positifs; ils ont donc une masse plus faible qui s'accroît avec la concentration. L'inégalité des mobilités est un fait général déjà observé chez les gaz ionises par d'autres procédés ; elle est seulement plus accentuée pour les vapeurs salines où les mobilités sont aussi plus considérables à cause de la haute température du milieu. » Effet Hall. — Soit, dans une flamme, un champ électrique X paral- lèle à Oa;et, suivant Oy, un champ magnétique H. Parallèlement à Oz, se produit, sous l'action de H, un champ électrique Z qui définit l'eftet Hall. Z . , Le coefficient de rotation R= ^r? a été mesuré par Mars (') pour les flammes chargées de K.C1 à différentes concentrations et pour NaCl. (') Comptes rendus, 24 novembre 1902. (*) Ibid., 3ojuin 1902. (') Marx, Wied. Ann., 1900. SÉAXCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. l327 » Avec la notion des ions, l'interprétation de R esl simple. En admettant que le champ H exerce sur chaque ion chargé qui se déplace suivant Ox une action pondéromotrice électromagnétique, on établit (') la formule (I) R = K3-K,, K„ et K, étant les mobihtés des ions positifs et négatifs. » Cette formule n'est cependant qu'approximative, car on néglige les chutes de pression des ions qui s'établissent suivant Os et qui diminuent légèrement R. » Avec les valeurs que j'ai mesurées pour K, et R,, on peut calculer R d'après (I) et le comparer aux nombres de Marx. Dans le Tableau suivant, R est évalué en C.G.S. : KCl. NaCI. Concenlr. FI. pure. M 64" M 8 ■ 4' M 2 2 M. 2 M. — lo^R cale. . • 12,7 1 1 8,2 7 6,2 5,2 6,4 — io«R obs . . . 10,2 non obs. 8,3 5,4 4,3 3,8 5,1 » Les valeurs calculées sont plus élevées que les valeurs observées, ce qu'on pouvait prévoir. Telle quelle, la formule (I) représente suffisam- ment bien l'allure du phénomène, si l'on tient compte des différences de température dans lesquelles les observations des mobilités et de R ont été faites, puisqu'on expérimente sur des flammes, c'est-à-dire sur des milieux facilement modifiables. » Marx a étudié différents sels alcalins et a trouvé qu'à concentration égale le coefficient R dépend uniquement du métal, d'après la formule (II) Rv/M = const., oîi M est le poids moléculaire du métal. Puisque Ka est notablement plus petit que K,, on peut écrire (III) R, V^ = const. » Cette formule IH est bien vérifiée par mes observations sur les mobi- lités du K et du Na. Elle est d'ailleurs une conséquence de la théorie de la diffusion des gaz, si la masse de l'ion négatif est égale ou supérieure à celle des molécules du milieu enflammé. (') DoNNAN, Pfiil. Mag., 1898. l328 ACADÉMIE DES SCIENCES. Conclusion. — La formule (I) fournit une interprétation cinématique de l'efTet Hall que l'expérience vérifie : c'est la première fois qu'à ma connais- sance cette preuve directe a été faite. La formule (II) ne fait que confirmer ce que mes propres observations ont établi, à savoir que l'ion négatif ne dépend que du métal de la vapeur. Il me paraît constitué d'un noyau pro- venant de la dislocation de l'atome métallique, qui groupe autour de lui d'autres atomes non ionisés, en nombre croissant avec la concentration. L'ion positif sera le reste de l'atome avec des molécules du milieu enflammé. Ainsi s'explique l'influence prépondérante du métal qu'Arrhénius a ob- servée dans la conductibilité des vapeurs salines. » ÉLECTRICITÉ. — Sur un nouvel accumulateur électrique. Note de M. D. Tommasi, présentée par M. H. Moissan. « Les plaques de cet accumulateur se composent d'un cadre en plomb contenant un très grand nombre de lamelles également en plomb, très rapprochées les unes des autres, destinées à retenir la matière active et à y amener le courant dans ses différents points. » Ces lamelles, par groupe de sept, sont disposées alternativement sui- vant deux directions rectangulaires ; les unes sont verticales, les autres horizontales. » Par ces dispositions, la dilalalion de la plaque se fait à la fois dans les deux sen s et, par suite, elle est beaucoup moins sensible. » Chaque plaque renferme 8i cases de i5™"' contenant, ainsi qu'il a été dit, 7 lamelles. » Au centre de chaque case, la lamelle correspondante porte une petite bague de plomb destinée à permettre le passage de l'électrolyte et sa dilTusion dans la matière active. » La plaque est munie sur ses deux faces d'une lame diagonale en plomb, permet- tant au courant de se rendre directement dans tous les points de la plaque, assurant ainsi une répartition uniforme du courant. » La matière active est introduite dans tous les espaces vides que présente la plaque et est retenue par les dilTérenles lamelles qui traversent ces espaces vides. » La matière active qui obstrue les petites bagujs placées au milieu de chaque case est ensuite enlevée de façon que l'électrolyte puisse venir facilement en contact avec tous les points de la matière active. » Cette disposition évite ainsi la formation de courants de concentration , par suite de la diCfusion parfaite de l'électrolyte dans les différentes parties de la masse active. SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. iBag » Les constantes rie cet accumulateur peuvent se résumer ainsi : iVombre de plaques 5 11 positives 2 Longueur des plaques en millimètres i4o Largeur » 1 4o Epaisseur » 3 Poids total en grammes 2000 » de deux positives et de deux, négatives 1600 Durée de la décharge en heures •'} Dififérence de potentiel moyenne utile en volts i ,9 Débit en ampères '> » par kilogramme de plaques utiles (') 3,8 Capacité en ampères-heure 2,8 » par kilogramme de plaques •7>75 Puissance en watts 1 1 )4 » par kilogramme de plaques 7,1 Energie en watts-heure 54 , 1 5 >i par kilogramme de plaques 33,7 » Au régime d'un ampère jiar kilogramme de plaques, on arrive cou- ramment à une capacité de 34 à 38 ampères-heure, soit 22 à 24 ampères- heure utilisables, toujours par kilogramme de plaques. » SPECTROSCOPIE. — Sur les spectres dejlamrnes. Note de M. C. de Watteville, présentée par M. Lippmann. M On peut ranger en deux catégories principales les spectres que nous savons produire: ceux qui sont d'origine purementcalorifique(flanimes, etc.), et ceux qui sont d'origine éleclri |ue en même temps que calorifique (arc, étincelle). L'étude des premiers, seuls connus au début delà spectroscopie, a été, depuis, négligée comparativement à celle des seconds; elle laisse à désirer, en particulier, au point de vue des diOférences que présentent les spectres des parties constitutives de la flamme. On sait, en effet, qu'on trouve dans une flamme deux régions principales, le cône intérieur ou noyau, et la flamme proprement dite, qui, extérieure au précédent, l'enve- loppe et s'y raccorde à l'orifice du brûleur. C'est à M . Gouy qu'est due la découverte de raies spectrales dans le noyau da la flimma produite par la (') Deux positives et deux négatives. l33o ACADÉMIE DES SCIENCES. combustion d'un mélange de gaz d'éclairage et d'air chargé de poussières d'un sel métallique. Ces raies, qui appartiennent au spectre du métal con- sidéré, peuvent ne pas être visibles dans la flamme proprement dite et n'apparaissent pas lorsqu'un sel est simplement introduit dans la flamme depuis l'extérieur. M. Gouy a d'ailleurs borné ses observatrons aux quelques raies existant dans la partie visible du spectre des différents métaux ( '). » D'après les conseils de M. le Professeur Schuster, qui a bien voulu me diriger au cours de ce travail, et m'accorder dans son magnifique labo- ratoire d'Owens Collège (Manchester) une hospitalité dont je lui garde la plus grande reconnaissance, j'ai repris cette étude pour la prolonger dans l'ultra-violet du spectre et, aussi, pour rechercher si certaines raies, trop faibles pour être observées à l'œil nu, seraient enregistrées par la photo- graphie. » Mes résultats, tout en confirmant ceux qui ont été obtenus avant moi par d'éminents expérimentateurs, tels que MM. Eder et Valenta et M. Hartley, les étendent très notablement, puisque, d'après leur mode même d'observation, les données de ces savants ne s'appliquent qu'à la partie externe de la flamme. En effet, un nombre considérable de raies, invisibles même quand on se sert du chalumeau à oxygène et gaz d'éclai- rage, apparaissent par le simple emploi de lait auquel le sel est préalable- ment mêlé. » La méthode employée est essentiellement celle de M. Gouy, avec quelques très légères modifications, inutiles à décrire ici, et qui n'avaient d'autre but que de rendre le fonctionnement de l'appareil suffisamment automatique, pour ne pas exiger une attention trop constante de la part de l'opérateur pendant les 8 heures qui étaient nécessaires à la prise des photographies. » M. Schuster a bien voulu me confier un beau réseau concave de Row- land, comprenant i5ooo traits au pouce anglais et ayant une longueur utile de 3 pouces et demi. Grâce au rayon exceptionnellement court (i™) de cet appareil et malgré sa forte dispersion, les raies ont une intensité lumineuse très notable. Sur les pellicules employées, une longueur de i™™ correspond à une différence de longueur d'onde d'environ i6,8 unités d'Angstrom. » Sans entrer dans les détails particuliers à chacun des 19 spectres des métaux étudiés (Li, Na, K, Cu, Ag, Mg, Ca, Zn, Sr, Cd, Ba, Sn, Pb, Bi, Cr, Mn, Fe, Co, Ni) (*) Gouy, Annales de Chimie et de Physique, o® série, t. XVIII, 1879. SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. l33l détails qui seront publiés prochainement, je nie bornerai à l'énoncé des quelques conclusions suivantes : » 1° Dans les conditions où je rae suis placé, le spectre de flamme peut s'étendre assez loin dans l'ultra-violet. Ainsi, la raie 2269 de l'élain y est encore visible; » 2° Toutes les raies observées dans la flamme sont communes aux spectres de l'étincelle'et de l'arc; les raies caractéristiques de l'étincelle, dans laquelle elles sont parfois très fortes, ne se trouvent pas dans le spectre de la flamme; » 3° Ce sont les raies les plus fortes de l'arc qui existent dans la flamme et il n'y a pas de changement relatif d'intensité entre des raies faisant partie des deux spectres d'arc et de flamme, quand on passe de l'un de ces spectres à l'autre; » 4° Toutes les raies, sans exception, de la flamme sont celles qui subsistent dans l'étincelle rendue oscillante et étudiée par M. Hemsalech. Mais la réciproque n'est pas ex.acte, quoique celles des raies de l'étincelle oscillante qui manquent dans la flamme aient dans la première une intensité très faible et qu'il ne soit pas impossible qu'une prolongation du temps de pose pourrait les faire apparaître dans la photographie du spectre de la flamme; B 5° Enfin, le spectre du noyau de la flamme des métaux du groupe du fer (Fe, Ni, Co, Mn) est identique à celui de l'étincelle oscillante, tant au point de vue de la présence des raies qu'à celui de leurs intensités relatives, si bien que le spectre de comparaison (étincelle oscillante), pris au milieu de chaquespectre de flamme, semble par endroits se confondre avec ce dernier. » La température est-elle le seul facteur qui influe sur la constitution des spectres, ou leur caractère peut-il être modifié par des causes particu- lières, de nature électrique? On sait que la question est très discutée. La seconde hypothèse est la plus généralement adoptée; elle l'est, en parti- culier, par des autorités telles que MM. Kayser, Liveing et Dewar ('). Mes expériences semblent monlrer cependant que c'est la température seule qui joue un rôle actif. » En effet, on peut se demander à quoi est due, dans la flamme, la diffé- rence entre les spectres de ses deux parties, si elle provient d'un écart de la température de ces deux régions, ou si, peut-être, la transfor- mation de la combinaison saline, dans son passage du miUeu réducteur au milieu oxydant, ne libère pas, pendant un instant très court, à la surface du cône, de la vapeur métallique à une température, plus basse que celle à laquelle elle existe ordinairement; mais, quoi qu'il en soit, le phénomène spectral dans la flamme est d'origine calorifique, et, vu la similitude des deux spectres, il en est probablement de même dans l'étincelle oscillante. C'est d'ailleurs à une simple différence de température que M. Hemsalech, (') Kavskr, Handbuch der Spcctroscopie, t. II, p. 235, l332 ACADÉMIE DES SCIENCES. dont l'opinion a été combattue depuis, attribuait la différence des spectres de l'étincelle oscillante et de l'étincelle condensée. » CHIMIE. — Sur la proportion de l'hydrogène dans l'air atmosphérique. Note de M. Anatole Leduc. « M. A. Gautier m'a fait l'honneur de discuter avec détails mes obser- vations relatives à la proportion de l'hydrogène dans l'air atmosphé- rique ('). Je demande la permission d'examiner les deux prémisses sur lesquelles repose son argumentation. )) I. D'après ce savant (p. 1028), j'aurais confondu sous le même signe d' deux densités, savoir : 1° celle de l'azote atmosphérique, c'est- à-dire renfermant tons les gaz non absorbables par la potasse et les dessé- chants, y compris par conséquent l'hydrogène et le forme ne, et 2" celle de ce même azote atmosphérique dépouillé de ces derniers gaz. » Or j'ai insisté à diverses reprises (^) sur ce qu'il fallait avoir soin, dans la préparation de l'azote atmosphérique, au moyen du cuivre au rouge, à' oxyder préalablement ce dernier sur une longueur de lo*^"^ près de la sortie du gaz. De celte manière l'hydrogène et ses caibures, d'où qu'ils viennent, sont entièrement transformés en eau et anhydride carbonique, que l'on absorbe ensuite comme chacun sait. » Ce n'est donc point par inadvertance que j'ai employé le même symbole dans les deux équations reproduites par M. Gautier; d' y repré- sente bien une seule et même chose : la densité de l'azote atmosphérique exempt d'hydrogène et de carbures. » II. M. A. Gautier pense que, contrairement à ce que j'ai affirmé autrefois, le cuivre employé par Dumas et Boussingault dans leur célèbre analyse de l'air ne renfermait pas d'hydrogène. Or, j'ai démontré {lac. cit.) qu'il en contenait nécessairement. » La précaution prise par eux de faire passer d'abord quelques litres d'air dans le tube à cuivre porté au rouge n'avait d'autre but, comme le prouve la citation de M. Gautier, que d'enlever toute humidité, et elle ne pouvait avoir d'autre effet appréciable. » En effet, l'hydrogène forme avec le cuivre, ainsi que je l'ai montré, (') A. Gautier, Comptes rendus, t. CXXXV, p. io25 et A. Leduc, Ibid., p. 860. (-) A. Leduc, Comptes rendus, CXIII, 1891, p. 71. SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. 1,333 une combinaison [rès slable au-dessous du rouge (');/« tension de disso- cialion de cet hydrure ne devient importante qu'au-dessus du rouge sombre qui suffit à l'absorption complète de l'ox^gène par le cuivre. Dans l'expé- rience préliminaire de Dumas et Boussingault, cet hydrogène n'était donc pas sensiblement éliminé, si ce n'est dans la partie oxvdée. J'insiste sur ce que, pour se débarrasser entièrement de ^hvdrogène,^■I faudrait, ou bien oxyder à peu près complètement le cuivre, ou bien faire passer un courant de gaz inerte pendant fort longtemps et à une température très élevée. >. En résumé, je n'ai donc rien à changer à mes précédentes conclu- sions ( ^). » THERMOCHIMIE. - Étude thermique de l'acide métaphosphorique. Note de M. H. Giran. « J'ai mesuré : » 1° La quantité de chaleur dégagée dans la transformation de l'acide métaphosphorique en acide orthophosphorique par une méthode identique a celle qui m'a déjà servi pour étudier la transformation de l'acide pyro- phosphorique en acide orthophosphorique, c'est-à-dire par l'action de ^ acide s\i[iixri(i\xe (^Comptes rendus, t. CXXX.V, p. 961); » 2» La chaleur de dissolution de l'acide métaphosphorique solide pré- pare par calcination de PO* £[=" ; '. y La chaleur de dissolution du mélaphospha te de soude fondu (méta- phosphate soluble de Graham); soudf ^^'' ''^''''''" ''^ "^"tralisation de l'acide métaphosphorique par la (') Divers auteurs ont signalé, après Melsens, la présence d'hydrogène occlus ou condense dans le cuivre réduit (voir Comptes rendus, t. XLVIII p „o3) Ce sont sans doute ces ternies un peu vagues qui ont fait croire qu'on po'urrait déplacer 1 hydrogène aussi facdement que l'humidité condensée dans le cuivre M Gautier écrit ^Meuv, {Annales de Chimie et de Physique, 7» série, t. XXII, note de la pa»e 25) que 1 hydrogène est faiblement combiné, et se dégage totalement au-dessous au rouge. Je crois avoir nettement prouvé le contraire. n J'ai montré qu'il convenait de rapporter les densités des gaz à l'oxygène et non a 1 hydrogène le choix de ce dernier gaz comme terme de comparaison excluant la précision du dix-mihème. Notons que la densité par rapport à l'air de l'azote atmo- sphérique exempt d hydrogène et de carbures est bien 0,97208, et non 0,07.3. Celle du formene est o,5545, et nono,556. Enfin, la densité de l'hydrogène donnée par Regnault est 0,06926, et non 0,06949. " e aonnee par G. R., 1903, 2- Semestre. (T. CXXXV, N» 26.) in[. l3'34 ACADÉMIE DES SCIENCES. » J'ai obtenu les résultats suivants (') : Cal PO' H sol. + H2 0Uq. + aq. = PO'HMiss +12,91 PO=Hsol. + aq = PO'Hdiss + 9,76 PO'Na sol. H- aq. = PO'Na diss -H 2,97 PO'Hdiss. -+-NaOHdiss. = P03Nadiss -Hi4,84 )) Thomsen avait déjà déterminé cette chaleur de neutralisation; il avait trouvé +i4*^^',5i. » Si l'on ajoute à ces résultats ceux que j'ai donnés récemment à propos de l'acide pyrophosphorique ; à savoir : P2 0'HSol.-f-H-2 0Iiq. = 3PO'H2sol +6c=>,97 P^CH'diss. -f- H^O liq. = 2 PO'HMiss -f-4Cai, ^5 et si l'on tient compte de PO''H'sol. + aq.=:PO*H'diss + 2^=1,69 (Thomsen) Nasol. H-aq. = NaOHdiss. + H. -l-42'^»',4o (M. Joannis) on en déduit aisément les résultats thermiques suivants : Cal PO'Hsol. +H=01iq. = PO»?Psol +10,22 PO'Hdiss. H-H20liq. = P0*IP diss. .;....;. -f- 3,i.5 aPO'IIsol. +H201iq. = P20"H'^sol..^... .!. -^-I3,47 aPO'Hdiss.+ H^Oliq. = P2 0'H'dIss.\,!,.'. . + 2,o5 PO'Hsol. + Nasol. =PO'Nasol. + H..... 4-63,o3 (-) » Ce dernier résultat, se rapportant à des corps tous solides, mesure la véritable acidité de l'acide métaphosphorique; il est de l'ordre de ceux qui sont fournis par les acides forts. J'ai trouvé d'autre part (Comptes rendus, t. CXXXIV, p. 1499) que l'acidité moyenne de l'acide pyrophos- (') Vers -(-i5°. (-) Pour calculer ce résultat, j'admets que, quand on neutralise par la soude une dissolution d'acide métajjhosphorique, on obtient la même dissolution qu'en dissol- vant du métaphosphale de soude fondu. Celle hypothèse me paraît seule admissible puisque le sel de soude fondu est le i?eul métaphosphale soluble, et que la neutralisa- lion de l'acide ne donne aucun précipité. Elle est, d'ailleurs, conforme aux idées de Fleilmann qui considère l'acide métaphosphorique provenant de la calcinalion de PO'' H' comme de l'acide licxamétapliospliorique et le sel fondu de Giahain comme de rhexamélaphosphate de soude. De plus, j'ai constaté que, si l'on précipite par l'azotate d'argent une dissolution de métaphosphale fondu, ou bien une dissolution d'acide métaphosphorique neutralisée par la soude, on obtient dans les deui cas le même phénomène thermique. SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE Ï902. l335 phoriqlie était mesurée par le nombre -+- 54<^«', 1 1, et M. de Forcrand a trouvé {Comptes rendus, t. CXV, .p. 610), pour celle de l'acide orthophos- phoriqué, + 490*1^33 Les trois acides phosphoriques sont donc trois acides loris, dont l'acidité décroît régulièrement quand l'hydratation augmente. » Les résultats précédeuts permettent encore de cilculer la chaleur de formation de l'acide métaphosphorique à parUr de ses éléme nts. On trouve : P4-0'+H = PO'Hsol ^224"', 88; diss +284-', 64. Dans ce calcul, j'ai dû faire intervenir L» chaleur de formation de l'acide orthophosphorique mesurée par Thomsen : P + 0*+H^=PO*H3sol +3o4-i. A cause de l'incertitude de ce résultat, il y a lieu de faire, sur la chaleur de formation de l'acide métaphosphorique à partir de ses éléments, les mêmes réserves que j'ai déjà formulées à propos de celle de l'acide pyro- phosphorique. » CHIMIE MINÉRALE. — Sur quelques sources de gaz minérales. Note de M. Ch. Modreu, présentée par M. H. Moissan. « Depuis la brillante découverte de l'argon par lord Rayleigh et Ramsay en 1894, l'attention des physiciens et des chimistes s'est portée, un peu partout, sur les nombreuses sources gazeuses qu'on rencontre dans la nature. Bornons-nous à rappeler, à cet égard, les recherches de M. Bou- chard sur les eaux de Cauterets (1893) ('), nos propres expériences pra- tiquées la même année sur le gaz de Maizières (Côte-d'Or) (-), celles qui furent effectuées en 1896 par MM. Bouchard et Desgrez sur la source dé Bagnoles-de-l'Orne (^') et par M. Schlœsing fils sur^e grisou ('), et les recherches toutes récentes de M. Moissan sur les gaz volcaniques de la Martinique ('). Ces études restaient, à différents points de vue, inté- ressantes à poursuivre. (') Comptes rendus, t. CXXI, p. Sga. (^) IbkL, t. CXXI. {') IbkL, t. CXXIII, p. 969. (*) Ibid., t. CXXIII, p. 233. (") Ibid., Séance du i5 décembre 1902. l336 ACADÉMIE DES SCIENCES. » Nous avons l'honneur de communiquer à l'Académie les analyses de cinq sources de gaz minérales de la région pyrénéenne. Quatre sont du versant français : ce sont les sources Peyré, d'Ogeu (Basses-Pyrénées); Nehe ou Fontaine-Chaude, de Dax (T.andes); Trou des Pauvres, de Dax Landes); et Vieille, d'Eaux-Bonnes (Basses-Pyrénées). La cinquième est la source Saint-Augustin, de la célèbre station de Panticosa, située sur le versant espagnol, en Aragon. » Dans toutes, le gaz est très riche en azote et s'échappe spontanément, au grifTon de la source, par bulles plus ou moins volumineuses. » Les échantillons ayant été recueillis et transportés avec toutes les précautions nécessaires pour éviter leur mélange avec l'air, nous avons étudié les divers gaz, dans le laboratoire de M. Moissan, d'après la marche suivante : » Une analyse ordinaire est d'abord faite sur la cuve à mercure. On absorbe l'acide carbonique par la potasse et l'oxygène par le pyrogallate de potasse. Ces deux gaz sont toujours en faible proportion, et le résidu présente les caractères généraux de l'azote. » L'argon et ses congénères ne peuvent se trouver que dans l'azote résiduel. On com- bine l'azote au calcium, et le nouveau résidu est soumis à l'analyse spectrale. En pra- tique, le gaz naturel brut était d'abord laissé en contact prolongé successivement avec de la potasse hydratée et de la potasse fondue; ainsi débarrassé d'acide carbonique et parfaitement desséché, il élait ensuite chaufl'é au rouge sombre, conformément à la méthode de M. Maquenne, en présence d'un mélange intime de chaux anhydre (5 par ties) et de magnésium bien sec (3 parties), mélange qui fixait à la fois l'azote et l'oxygène. On faisait enfin l'examen spectroscopique dans des tubes de Plucker à élec- trodes d'aluminium, sous une pression de 2™™ à 3™™ de mercure (' ). » Les cinq gaz naturels examinés nous ont tous donné des résidus non absorbables. Pour 100'"' de gaz sec, la source Peyré a laissé o^''',9 de résidu ; la source Nehe, l'^'jô; la source Trou des Pauvres, ]'"'', 2; la source Vieille, i^'°^8;la source Saint-Augustin, i^"',2. Chaque résidu nous a montré, au spectroscope, les raies caractéristiques de l'argon. » M. Deslandres a bien voulu compléter cette étude spectrale. En dehors de l'argon, dont la présence y a été confirmée, les sources Peyré, Nehe, Trou des Pauvres et Saint- Augustin, n'ont rien offert de particulier. Dans la source Vieille, par contre, M. Des- landres a mis en évidence, outre l'argon, une certaine proportion d'hélium. Nous ajouterons, relativement à cette même source, que diverses raies ont été vues qui ne paraissent appartenir ni à l'argon, ni à l'hélium ; elles seront identifiées ultérieure- ment. (') Les détails opératoires jjaraîtront prochainement dans le Bulletin de la Société chimique. Nous avons été habilement secondé, au cours de ces délicates manipulations, par M. Rigaut, préparateur à la Sorbonne, à qui nous adressons nos plus vifs remercî- inents. SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. i337 » On voit, en résumé, que les diverses sources examinées, très riches en azote, renferment de l'argon, et que l;i source d'Eaux-Bounes contient, en outre, de l'hélium. » Il est intéressant de comparer ces analyses avec celles qui ont été déjà faites de divers gaz naturels. Ce rapprochement met immédiatement en relief la source de Maizières (Côte-d'Or), étudiée par nous en 1893 : le gaz qui s'en échappe par grosses bulles au griffon renferme, en effet, une énorme proportion (environ 8 pour 100) d'un mélange d'argon et d'hé- lium; il se trouve être actuellement la source d'hélium la plus riche qui soit connue. » La voie d'introduction de l'argon et de l'hélium dans les eaux miné- rales a déjà été discutée par M. Bouchard et par MM. Troost et Ouvrard ('), qui ont écarté la possibilité d'une origine souterraine. Cette opinion s'im- pose pour l'hélium, qui n'existe pas dans l'air, et que l'on obtient facile- ment par le traitement de la clévéiteet de quelques autres niinéi aux. Quant à l'argon, l'idée de sa provenance souterraine nous semble toute naturelle, après les récentes et belles expériences de M. Armand Gautier sur les roches ignées, d'où il a pu retirer de l'argon par la seule action de l'eau à température peu élevée (-). Il est probable que l'argon et l'hélium existent dans le sous-sol sous forme de composés métalliques peu stables, qui seraient facilement destructibles par l'action combinée de l'eau et de la chaleur. » L'intérêt de ces recherches est loin d'être épuisé. Le crypton, le néon et le xénon, trois nouveaux gaz que M. Ramsay vient de découvrir dans l'air, doivent se rencontrer ailleurs, et, ne fût-ce qu'à ce point de vue. il y aura lieu, à l'avenir, de soumettre tous les gaz naturels au plus minu- tieux examen. » CHIMIE MINÉRALE. — Sur les cryolithes. Note de M. E. Baud. « I. CryoUthe sadique hydratée. — A une s.oluLion neutre de fluorure d'aluminium (i""'i dans 24"') placée dans le calorimètre, j'ai ajouté une dissolution de fluorure de sodium (6NaF dans 2/I'''). Il se produit un précipité gélatineux et translucide, à peine visible. Séché sur plaque poreuse, il a pour composition Al-F", 6NaF, -II-O. (') Comptes rendus, t. CXXI, p. 798. (■-) Bulletin de la Société chimique, 3" série, t. XX'V, p. 4o3. l338 ACADÉMIE DES SCIENCES. » Il est un peu soluble, looS'" d'eau en dissolvent oS'',352 à -t- 16". Sa chaleur de dis- solution vers -t-i6° est de — 25'^''',87. En faisant les corrections nécessaires pour tenir compte de cette solubilité, on trouve pour la chaleur de précipitation : APF« dissous -t- 6 Na F dissous z^Al^ps, 6NaF, yH^O précipité +26^=", 22 » Connaissant les chaleurs de dissolution de APF'^, 7H-O et de 6NaF on trouve ÀPFS 7 H^O solide (soluble) + 6NaF solide = Al-F^, 6NaF, 7H2O solide. +19^»', 29 » II. Cryolithe potassique hydratée. — Avec le fluorure de potassium la réaction est identique. Le précipité est gélatineux, blanc et opaque, mais non translucide comme le précédent. Il est un peu soluble : loo?'' d'eau en dissolvent o?'", 38.5 à -h 16°; sa chaleur de dissolution vers +16° est de — 4o'^°')64- Toutes corrections faites, on trouve pour la précipitation : APF« dissous H- 6KF dissous = Al' F", 6KF, 7H-O précipité -)-37C''i,62 d'où l'on déduit : Al''F%7H-0 solide (soluble) + 6KF solide =A12F«,6KF,7H=0 solide.. +55C'>',89 » III. Fluorure double aminonique. — En opérant comme pour les précédentes précipitations, c'est-à-dire en versant 6 Az H* F dissous dans Al-F^ dissous, on n'ob- tient pas une véritable crjolithe ammonique, mais un fluorure double hydraté Al^FS 4AzH*F, 3H20. » Ce composé provient du remplacement de 4H^0 de l'hydrate Al' F', 7 H'^ O par 4AzH'Cl, ou, ce qui revient au même, de l'union de 4 AzH*Cl avec un hydrate infé- rieur Al- F', 3H^0. Ceci concorde bien avec les résultats que j'ai obtenus dans l'action de la chaleur sur l'hydrate à 7H-O (dégagement de 4H-0 entre 110° et 120°). » La combinaison est assez soluble dans l'eau et, par suite, sa précipitation est in- complète. Il s'en dissout is dans loos d'eau à -1- 16°. » Au moment où l'on fait le mélange, il se produit une élévation de température qui cesse au bout de 2 minutes, puis, 2 ou 3 minutes après, une nouvelle élévation se produit, qui dure i5 minutes environ. » Le précipité, qui était d'abord gélatineux, est devenu plus dense et se rassemble rapidement au fond du calorimètre. » Il y a là un changement d'état, probablement une polymérisation, qui se produit avec un dégagement de chaleur de -t- 3''''',7. » La chaleur de dissolution dans l'eau, vers -1-16°, de ce fluorure double est de — 1701,09. ^ » IV. Cryolithes anhydres. — La cryolithe sodique naturelle est à peu près anhydre. J'ai trouvé dans deux échantillons o, 2 à o,3H'0. Elle est un peu soluble dans l'eau : il s'en dissout os, o34 dans loos d'eau à i5°. » La cryolithe hydratée sodique ne perd complètement son eau qu'à la tempéra- ture de fusion, c'est-à-dire au rouge vif. » Pour déterminer la chaleur d'hydratation, j'ai dissous comparativement dans SEANCE DU 29 DECEMBRE 1902. iBSg l'acide fluorhydrique à 19 pour 100 : i" la cryolilhe naturelle, 2° la cryolithe sodique déshydratée, 3" la cryolithe hydratée. » J'ai trouvé, pour la chaleur de dissolution dans l'acide fluorhydrique, sensible- ment le même nombre pour la cryolithp naturelle et pour la cryolithe anhydre artifi- cielle, soit : -1-58^=', 62; pour la cryolithe hydratée : H-iSc^ijgS. » La différence H-44c='i,54 représente la chaleur de fixation de 7H-O liq. sur Al'F%6NaF. » Avec les données qui précèdent on peut déduire, au moyen des cycles suivants, la chaleur de formation de la cryolithe anhydre : 1° APF" sol. + yH^O liq. = APF«, 7 H-^0 solide (soluble) +64,95 APFS 7 H^ O + 6IVaF = AP FS 6i\aF, 7 H^O +19, 29 a" Al^F" sol. + 6Na F sol. ::= Al^^F^ 6NaFsol + y A12F% 6NaF sol. -1- 7 H'O liq. =: APF^6NaF, 7H2O -1-44,54 d'où 7=39'^'',7d; Al«F«sol. -+- 6NaF sol. = Al'F", 6NaFsoI .-H SgC^', 70. » J'ai opéré de même pour la cryolithe potassique, j'ai trouvé pour chaleur d'hy- dratation -+■ 33'^»',o4 et, au moyen de deux cycles de réactions parallèles aux précédents, on obtient : Al'F^H-eKF = Ar-FS 6KF ^Sf^^So. » De (nême que pour les dérivés chlorés eprrespondants AI' Cl% 6MC1, on voit que la combinaison potassique est beaucoup plus stable que 1^ conibinaison sodique, et la différence des chaleurs de formation est du même ordre. » La connaissance de la chaleur de formation de la cryolithe sodique et de celle d]i fluorure d'aluminium anhydre est indispensable lorsqu'on veut, dans la métallurgie de l'aluminium, calculer la quantité d'énergie électrique nécessaire pour décomposer la cryolithe. » CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur une nouvelle méthode de dosage volume- trique de l'hydroxy lamine. Note de M. M.-L.-J. SiMoy, présentée par M. H. Moissan. » Si l'on se reporte à la littérature scientifique et en particulier à cer- tains Mémoires récents (Maxwell, Adams, Amer. ch. J., t. XX VIII, sept. 1902, p. 198), on en garde l'impression qu'il n'existe pas de méthode satisfaisante propre au dosage de rh\'droxylamine. L'objet de cette Note est d'en indiquer une que je soumets à l'appréciation des chimistes. l3/io ACADÉMIE DES SCIENCES. » Cette méthode est fondée sur l'action particulière exercée par le permanganate de potassium sur l'oxalate d'hydroxylamine, sel bien cris- tallisé et anhydre que l'on peut obtenir très facilement à l'état de pureté, grâce à sa faible solubilité dans l'eau (i4^, 5G par litre à iS"). » I. L'action du permanganate sur l'oxalate d'hydroxylamine s'effectue en deux phases bien distinctes : » 1° Dans la première phase, en l'absence .d'acide sulfurique, l'hydroxy- lamine seule est oxvdée; l'azote qu'elle renferme se dégage, partie, à l'état élémentaire (3^°'), partie à l'état d'oxyde azoteux (i"'"'); l'acide oxalique n'intervient donc que pour salifier la potasse et l'oxyde man- ganeux provenant de la réduction du permanganate. Cependant c'est cette intervention qui, en maintenant la neutralité de la liqueur, donne au titrage toute son exactitude. » La réaction s'exprime par l'équation : 2MnO^K + 4[C'0*H=^ 2(ÂzH^0H)] = 2C-0'Mn-f-2C^0*KH -f-Az-0 + 6Az + i5H«0 » i™"' de permanganate oxjde donc 2™"' d'oxalale d'hjdroxjlanilne ou, si l'on préfère, 4"°' d'hydroxylamine. La décoloration est immédiate et l'apparition de la teinte rose persistante s'enregistre très nettement pour des liqueurs décimoléou laires, sans que l'on soit gêné par la précipitation d'oxalate manganeux. La liqueur est neutre, en ce sens qu'elle laisse à l'hélianthine et à la phtaléine leur teinte propre; mais on peut ajouter 1"°' de potasse pour 1™°' de permanganate employé avant d'atteindre le virage rose à la phtaléine : ceci s'accorde pleinement avec la présence de l'oxalate mùnopotassique que traduit la formule écrite plus haut. » Remarque. — On pourrait très bien utiliser l'oxalate d'hydrovylamlne à fixer le titre du permanganate. Si l'on emploie une solution d'oxalate à io§ par litre, 5o™' d'une telle solution décolorent 16"™' d'une solution décimoléculaire de caméléon. » 2° Dans la seconde phase, en présence d'acide sulfurique, l'acide oxalique est oxydé à la manière habituelle avec dégagement de gaz carbonique. » Comme chacun sait, 2™"' de permanganate oxydent 5™°' d'acide oxalique : pour gmol les 4™°' d'oxalate qui entrent en jeu dans la première phase, il faudra donc ajouter de permanganate ou — ^ par molécule d'hydroxylamine tandis que la première phase ■ mol en exigeait -; — 4 » IL L'oxydation du sulfiite d'hydroxylamine peut être réalisée de la même manière en deux phases distinctes. SÉANCE DU 2f) DÉCEMBRIi: 1902. i;^4l » 1° Dans la première phase, en l'absence d'acide sulfuriqne, l'hy- (Iroxvlamine est oxydée ; l'azote qu'elle renferme se dégage en partie sous forme d'azote libre et d'oxvde azoteux à volumes égaux; une autre partie, le cinquième exactement, passe à l'état d'azotite de potassium qui ne se modifie pas dans ces conditions. » La réaction s'exprime par l'équation 4MnO'Iv -f-5[SO^H='2(AzH=OII)] = 4SO'Mn + SO'K- +2AzO-K + 2AZ-O +4Az + 2OH-O. /mol » 1"°' de sulfate décolore donc — =— de [)ermanganate. La fin de celte réaction est indiquée assez nettement par l'apparition d'une teinte jaune brun due à une trace d'oxvde de manganèse. » 2° Si, à ce moment, on acidulé franchement on peut alors décolorci" une nouvelle quantité de permanganate, le cinquième de la quantité précé- demment employée. Les apparences sont tout à fait celles que l'on observe dans le dosage des azotites par le caméléon. Qualitativement et quantitati- vement le phénomène est donc bien traduit par la formule imiiquée plus haut. Les choses se passent de même lorsqu'on étudie au même point de vue le chlorhydrate d'hydroxylamine. » in. Arrivons maintenant au dosage proposé pour l'hydroxylamine. Pour cela ajoutons à une solution de sulfate, ou de chlorhydrate, d'hydroxy- lamine une quantité d'oxalate disodique quelconque, mais notablement supérieure à x"^"^ pour i"^"^ de sulfate. » Dans les conditions de dilution ou l'on opère rien ne se précipite; mais, quant à l'oxydation, tout se passe comme si, dans la solution, l'hydroxylamine se trouvait tout entière à l'étal d'oxalate. » 1° Dans la phase neutre la quantité de permanganate décolorée est absolument indépendante de l'oxalale ajouté et ne dépend que de l'hy- jmol droxylamine présente, 1'"°' de celle-ci décolorant -^ de permanganate en sorte que le poids d'hydroxylamine qui décolore n'"' d'une solution de caméléon de titre 6""^' est donné par la formule , «0 OT i32n9 p = 4 X 3j = ' 1000 1000 » 2° Dans la phase ««(/e, qui est d'ailleurs secondaire au point de vue qui nous occupe, la quantité de permanganate décoloré est indépendante C. R., 190J, 3« Semestre. (T. CXXXV, N° 26.) I7J j342 ACADÉMIE DES SCIENCES. du sulfate d'hydroxylamine et est rigoureusement proportion nelle_ au poids d'oîftdate ajouté. » Pratiquement, la liqueur à doser élunl neutre, c est-à-dire ne colorant en rose là l'hélianthine, ni la phtaléine, on ajoutera un excès arbitraire, mais suffisant, d'oxalale disodiqne et l'on versera le caméléon jusqu'à coloration rose persistante. Le poids d' hydroxylaminc se déduira du volume de caméléon à l'aide de la formule précédente. » MÉTALLURGIE. — Sur les procédés de fabrication des armes à l'époque du bronze. Note dcIM. F. Osmoxd, présentée par M. Moissan. « M. le D"" Capitan a eu l'obligeance de me donner un fragment d'épée de l'époque du bronze, en vue de rechercher si un exanaen microscopique pourrait fournir dos renseignements sur les procédés primitifs de fabri- cation. « Ce fragmenl était assez profondément oxydé. La teneur en élain, indiquée par la proportion d'eulectique, n'est pas éloignée de lo |)Our loo; le plomb, dosé au labora- toire des Aciéries de Denain^ atteint 3,is pour loo; le zinc n'est présent qu'à l'état de traces. La faible proportion d'alliage dont on disposait ne permettait pas une analyse chimique bien complète. )) Une coupe parallèle au plat de l'épée, polie, i)uis frottée sur un drap saupoudré d'alumine et imbibé d'eau ammoniacale, montre, en brun, les crislallites rectangulaires connus, généralement considérés comme un dépôt de première consolidation, plus riche er. cuivre que la moyenne de l'alliage et restés reconnaissables, bien que l'étain se soit ultérieurement réparti uniformément dans toute la masse de la solution solide. Ces çristallites ont ici leurs axes pratiqueijie.nl reclilignes et réguliers, ce qui ferait penser tout d'abord que le bronze considéré est demeuré brut de coulée; mais sur une coupe transversale, ces axes de çristallites s'incurvent et tendent à devenir parallèles entre eux et aux surfaces à mesure que l'on se l'approche des tranchants. Il résulte de là que les tranchants ont été obtenus par forgeage, le corroyage étant beaucoup plus accentué sur les bords qu'au milieu de la lame. » On sait que le bronze possède, outre le réseau crislallitique primitif, un réseau cristallin révélé, après attaque convenable, par des stries parallèles et reclilignes con- stantes dans le domaine de chaque grain (li. Le Chatelîer, Bulletin de la Société d'Encouragement, aviil 1896). Dans les échantillons industriels que j'ai eu l'occa- sion d'étudier, ces deux réseaux, cristallitique et cristallin, sont concordants. Au con- traire; dans l'épée antique, le réseau cristallin n'est plus défini par les stries ordi- naires ; il est remplacé par des grains non striés, mais recoupés de macles relativement épaisses. Ces grains maclés, qui apparaissent quand on laisse agir pendant quelques minutes une goutte d'ammoniaque déposée sur la coupe, ii'oiH pas plus de ^oh ^^ '"''" SÉANCE DÛ 29 DÉCEMBRE I902. l3.|3 limèVre de iliamèlre, alors que les crislallites sonl déjà visibles à la loupe; il y a discor- dance absolue entre les deux réseaux qui se coupent d'ailleurs au hasard. Ces faits sont caractéristiques d'un recuit après forgeage. Mais comme le recuit comporte deux facteurs indépendants et qu'on ne peut déterminer deux inconnues avec une seule équation, il est difficile de préciser les conditions de temps et de température. On peut dire seulement, en raison de la petitesse extrême du grain, que le recuit a été 1res peu poussé. » Le forgeage a causé quelques criques superficielles qui se sont remplies de scorie. Dans la suite des temps, ces veines de scorie ont été l'un des chemins suivis par l'oxy- dation : elles se montrent actuellomenl entourées de couches parallèles hétérogènes dont certaines, d'une couleur gris verdàtre, correspondent au verl-de-gris. A leur contact, le métal peut avoir subi un commencement d'oxydation et prendre une patine brune pah simple polissage plan. A l'intérieur, on retrouve nombre de petites tachés préselitant eô même aspect; et ces tâches se trouvent être lés points d'intersection des branches de crislallites. C'est donc là) vraisemblablement, un deuxième chemin ouvert à l'oxydation, et le fait peut être utile à noter comme se rattachant à la porosité de certains bronzes. » Les résultats de mort examen (nicrographique étaient imprévus de moi. J'ai donc tenu à reproduire par synthèse, sur des bronzes de même composition préparés au laboratoire, les caractères micrographiques particuliers à l'épée antique. Et j'y ai réussi sans difficultés, sauf pour la grosseur des grains maclés que mon recuit, au rouge cerise pendant une heure, ni'â donnés beaucoup plus gros que ceux de l'original ; mais la différence ne portait que sur les conditions et non sur le principe du traite- ment. Enfin, pour plus de sûreté, ne me trouvant pas suffisamment familier avec l'industrie du bronze, j'ai eu recours à M. Guillemin, qui conduit sa fabrication à l'aide des procédés scientifiques de la micrographie, et mes conclusions ont été plei- nement confirmées par sou avis. » On voit que les métallurgistes de l'anliquité meltaieiit eu œuvre, dans le traitement du bronze, des procédés qui se sont [)erdus ultérieurement, lorsque les arts de la guerre et de la paix eurent trouvé dans le fer ou ses dérivés, de\ enus communs, le métaux les mieux appropriés à leurs besoins. Par le forgeage suivi d'un recuit à température assez basse, on arrivait certainement à diminuer la fragilité du bronze coulé et à conserver aux épées une partie de la rigidité due à l'écrouissage. » On n'a dû. ari*ivei* que lentement à des procédés ailssi savants. Il est donc probable que des études méthodiques dans la voie que je viens d'in- diquer permettraient d'établir des divisions dans l'époque du bronze et de classeï", dans une certaine mesure, les objets qu'elle nous a légués» Le plus petit fragment d'un alliage porte soli histoire écrite dans sa structure et TexacBen microscopique permet de reconstituer cette histoire. >> ï3yi ACADÉMIE DES SCIENCES. CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la composition et la constitution des hydrates suljliydrés. Note de M. de Forcrand. « J'ai fait connaître en 1882 (') toute une série d'hydrates mixtes aux- quels, d'après mes analyses, j'attribuais uniformément la composition M-+^2H-S + 23H-0, M étant un composé organique halogène assez volatil, analogue aux éthers simples de la série grasse. On peut aussi remplacer 2H^S par 2H^Se. » Ces corps, parfaitement cristallisés dans le système cubique, et d'une stabilité plus grande que l'hydrate d'hydiogéne sulfuré, sont certainement analogues à tl'autres hydrates mixtes qui ont été signalés (-). » L'idée la plus naturelle (jui vient à res|jrit est que tous ces composés sont formés par l'union de deux hydrates simples (M + wH-0) + 2(H-S + m'H-0), m' étant probablement égal à G, puisque la formule de l'hydrate simple d'hydrogène sulfuré est H^S + GIl-0 ('). » Je crois que, par un raisonnement analogue à celui qui m'a permis d'établir la composition des hydrates simples, on peut arriver à connaître la formule des hydrates suli'hydrés plus exactement que par l'analyse directe, laquelle laisse toujours quelques doutes^ sur le nombre de molé- cules d'eau fixées. » Dans l'élude que j'en avais faite il y a 20 ans, j'avais déterminé les tensions de dissocialion d'un assez grand nombre de ces hydrates mixtes. On sait aujourd'hui que ces mesures peuvent avoir une signification précise, car il s'agit de véritables systèmes univariants, c'est-à-dire possédant bien une tension fixe à une température déter- minée (') ; on peut donc laisonner ici comme avec les hydrates simples des gaz. (') Ann. de Cliim. et de Pliys., 5" série, t. XXVIII, p. 5. (^) Ann. der Cheni. u. Pliarm., t. XXXIII, p. i25. — JSall. Soc. cliiin., t. XXV, p. i46. — Comptes rendus, t. XCV, p. 61 et t. CXXV, p. 109. (5) Comptes rendus, t. CXXXV, p. 969. (*) Trois constituants et qiiitre phases : cristaux, composé liquide halogène, eau et vapeur. SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902, l345 » J'avais aussi mesuré direclement la chaleur de formation de deux, d'entre eux, et trouvé, en particulier, pour l'hydrate sulfhydré du chloroforme, -+- ^y*^--' pour CHCl' [à partir de GflGP liq., de alPS gaz et de {m -|- im') 11-0 liq.]. » On en déduit pour H'S : Q'=:+^ =+23'--»',oo. 2 » D'autre part, pour le même hydrate sulfhydré, la formule de Glapeyron, appliquée aux nombres que j'ai donnés pour les tensions ('), conduit à Q' = -4-34^=1,27 pour H-^S. La moyenne serait Q' = -+-23c»i,89. » J';ii constaté aussi, il y a 20 ans, que la tension de dissociation de ce même corps est de 760"'"' à -H 17°; donc T'zir 290° absolus; par conséquent on aura 28,89 — 290 X 3o -h« X 1,43 -f-|S , . »« -H 2 m' „ . . 1 , , , . , . „ n étant égal a ^ et S représentant la chaleur de solidification d'une molécule de chloroforme liquide. » Il est vrai que l'on ne connaît pas S, mais on peut le calculer de la manière sui- vante : » La courbe des tensions de vapeurs du chloroforme (d'après Regnaull) fournit vers 60° G. (soit SSSoabs.): L=:7376-'. )) En outre L -I- S = 3o X 333 = 9990"' ; donc S = 9990 — 7376 =z aôao'"'. » On peut alors écrire 23, 89 = 290 X 3o-i-/( X i,43-t-o,5x 2,62, ce qui donne : n =9,70 el 2« = m -t- 2/?t'=r 19,40. » La formule brute est donc : CHGl'-)-2H2S-l-i9 ou 20IPO (2) (') En ayant soin de retrancher de chaque tension observée la tension minima du chloroforme. (') Si l'on part du nombre expérimental Q' = -+-47C»i, on trouve 2/i = 18,86, soit sensiblement J9H-O; si l'on fait le calcul au moyen du nombre déduit de la courbe O' de dissociation : -^ =: 24,27, on obtient : in ^ •9,94, soit à peu près 20H2O. Ki'lG ACADÉMIE DES SCIENCES; et, comme l'iiydrate simple d'hydrogène sulfuré est : H^S-l-GH'O, ou doit admettre là constitution suivante : (CHG1'+ 7H'-0) H- 3(H=S -H 6IP0) ou (CHCl^-t-StP0)H-2(IPS + GH--0). » On peut conclure de là : » 1° Que le chloroforme doit iui-même donner un hydrate simple à 7 ou 8H-0. En fait, MM. Chancel et Parmentier ont décrit un corps de ce i^enre pour lequel ils ont trouvé gtPO; il est i)robable que, comme dans tous les cas analogues, leur hydrate était un peu humide. » 2° Que les analyses que j'ai publiées en 1882 (23H-0) attribuaient aux hydrates sulfliydrés 3""' ou 4""°' d'eau en trop, et toujours pour la même raison (eaux mères retenues par les cristaux), soit pour chaque hy- drate simple, 1"°' d'eau en trop. » 3° Que puisque j'ai trouvé celte composition uniforme : M + 2H=SHh23H='0, pour tous les hydrates sulfliydrés étudiés, il est très probable qu'ils ont tous pour composition : (M + 7 ou 8fPO)-)-2(l[-S + 6H^O). » 4" Que l'on doit prévoir l'existence d'hydrates simples à 7 ou 8 H-O pour les trente dérivés organiques halogènes, dont j'ai décrit les hydrates sulfhydrés. D'ailleurs, j'ai montré précédemment que le chlorure de mé- thyle (qui, précisément, fourtiit un hydrate siilfhydré) donne un hydrate simple de formule CH' Cl + 7 H'-Q. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur le dibromure de rnétho-éthénylbenzène. Noie de M. M. Tiffkneau, présentée par M. Haller. « Ledibromométhoéthénylphène C»H' — GBr(CH») - CH'Br, soumis à l'action de KOH alcoolique, perd un HBr en donnant le composé C^H'Br qui répond à l'une des deuxlormules (I) C"IP-C(CH^Br) = Cir otl (H) C''H«-C.(Cn') = GHBr. SÉANCE pu 29 PÉCEMBRE igo2. l347 Toutefois, comme ce dérivé brome ne fournit à l'oxydation manganiqueque de l'acétophénone et pas de bromacétophénone; comme, d'autre part, il se conduit vis-à-vis de Mg et de Na de la même façon que rco-bromostyroiène, il faut attribuer à ce corps la formule (II) qui en fait un a-mélhyl-w-bromo- styrolène. C'est un liquide (c/„ = i,36G) bouillant vers ioj"-ioG'' sous 9"°', et distillant sans décomposition à la pression ordinaire vers aaS^-aaS". » La potasse fondue vers 180" lui enlève HBr et le transforme en phé- nylallylène bouillant à iSi^-iSo", précipitant HgCl^ aqueux et caractérisé jiar son hydratation en propiophénone C*H' — CO — CH^ — CH'. Celte transformation curieuse d'une chaîne ramifiée en chaîne linéaire s'effectue Irçs probablement par formation intermédiaire de phépyJpyçlQprçjpèfie ; CHP-Cf^^f-. C«H^-cA"-^ CeH^-C^C-CFr. \CH' \CH^ Avant d'aborber l'étude de l'action de Mg sur l'oc-méthyl-w-bromostyrolène, j'ai voulu tout d'abord examiner comment se conduit ce métal vis-à-vis de i'co-bromoslyrolène. I. Action du magnésium sur l'tM-bromosLyrolène dans l'élher absolu. — DansceUe réaclion complexe Mg agit de trois façons clifTiîrentes : » 1° 11 donne un composé magnésien vrai G"Ii' — CH^CHMgBr; 2" il s'empare de aBr et fournit le i . ^-diphénylbuladiène fusible à iilg"; 3"* il élimine HBr sans dé- gagement de H en doiuiiint du phénylacétylène et i\u styrolène d'après réquation 3 O H'— en = CH Br + Mg = C«IP— G = Cil -4- C^P- CU = Cjl=-r -MgB'-',, en outre (') le phénylacétjlène formé réagit sur le dérivé magnésien ci-dessus pour donner naissance à du styrolène et au dérivé magnésien C'H' — G ^ G — Mg Br. » U en résulte que si l'on décompose par Tenu on obtient, outre le f .^-diphényl- butadjèn.e, du phéuyj^çétylène et dM styrolène dans la proppf lion 1:2; inais si, aupa- ravant, on fait agir ÇO*, Ig^ dérivés magnésiens fom-nissefit les ao^des çorrespondaiiti,, c'est-à-dire les acides phénvipropiolique et cinnainique. » Avec le sodium, l'action sur G'^tl' — GII = CHBr est beaucoup plus simple; Nq joue alors, comme l'a montré Nef {Lieb. Ann., t. CCCVIII, p, 2G7), le rùle d'éli- minateur de IlBr, et le phénylacélylène formé passe à l'élat de dérivé sodé. » J'ai observé qua Mg et Na agisienl d'une façon analogue non seulement sur (') JûTSircu (/. Soc. c/i. russe, t. .\XX1V, 1902, p. 100) a en elTet iiiuniié que les carbures acétyléiitques vrais dépl^ceiU MgBr des coin|jinaisons organofnagné^iennes RMgBr en donnant RII et un coinpQSJ iflagnésieu acétylénique. l348 ACADÉMIE DES SCIENCES. C'H'CHBr — CH-Br, mais aussi sur C*H' — CBr == CH^ ; avec le dérivé magnésien de ce dernier, CO^ donne comme produits acides un liquide non encore étudié. » II. Action du magnésitiin sur l'oL-mélhyl-M-bromostyrolène dans V éU\er absolu. ■ — On obtient également : i" un dérivé magnésien vrai Ç/'IV' — C (CH') r^ CHMgBr ; 2° élimination de 2Br et formation du 2.5-diphényl-2.4-lnUadiène fusible à i38° ; 3° élimination de IIBr sans dégagement de II avec formation de carbures C'II' (à odeur forte de phénylallylène et précipitant HgCl') mélangés des carbures CH'" provenant de leur hydrogénation. Il ne m'a pas été possible jusqu'ici de caractériser le phényl- cyclopropène parmi ces carbures [le cyclopropène de Freundler précipite également par HgCl' {DuL Soc. chim., 3" série, t. XVII, p. 6i4). » Ce qu'il importe de remarquer c'est que les carbures C'H' ainsi formés ne con- tiennent pas de carbures acétyléniques vrais, de sorte qu'ils ne peuvent comme en (I), réagir sur le dérivé magnésien primitif, pour former un composé magnésien acétylé- nique. Il s'ensuit que l'action ultérieure de CO^ ne s"e(Tectue que sur G«1I» — C{CH3) — CHMgBr; on obtient alors deux acides non acétyléniques fusibles l'un vers 8o°, l'autre vers iSo"; ce sont probablement les deux acides p-méthylcinnamiques stéréoisomères; j'en pour- suis l'élude. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la synthèse d'un carbure aromatique dérivé du camphre. Noie de M. C. Ciiabrik, présentée par M. H. Moissan. « .l'ai pensé qu'il [toiivait y avoir des faits curieux à observer en faisant réagir le monochlorure de camphre sur le benzène en présence du chlo- "ure d'aluminium. Il fallait, en effet, prévoir que le chlorure de camphre ne donnerait pas simplement un produit de condensation par substitution d'un groupe pliényle à l'atome de chlore, comme cela a lieu ordinaire- ment dans les réactions produites par la méthode de MM. Friedel et Crafts, mais qu'il y aurait, sous l'action déshydratante du chlorure d'aluminium, élimination d'eau dans la molécule de camphre en plus de la substitution du phényle au chlore. On pouvait espérer, par suite, la formation d'un ou de plusieurs composés intéressants. » J'ai chaufTé loos de clilorure de camphre avec 65o» de benzène au réfrigérant à reflux, et j'ai ajouté, par petites portions, du chlorure d'aluminium jusqu'à ce qu'une nouvelle addition de ce composé ne provoquât plus de dégagement de gaz clilorhy- drique. La totalité du chlorure d'aluminium a été de 317s. » 11 est à remarquer qu'à chaque quantité nouvelle de ce composé introduite, il se produisait une très vive effervescence qui n'augmentait pas si l'on continuait à en jeter dans la solution benzénique; seules, les premières portions de chaque dose de chlorure d'aluminium déterminaient une réaction manifeste. SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE tQOa. l349 (( Il est encore à noter que la couleur du benzène, qui n'avait pas beaucoup changé pendant les premières heures, est devenue tout à coup, après .\ heures de chauiïe environ, d'un rouge grenat foncé caractéristique. Ce cliangeinent à la fois tardif et brusque de couleur n'est pas habituel dans ce genre de réaction et il n'était pas fortuit dans l'opération précédente, car il s'est reproduit chaque fois que les mêmes composés ont été mis de nouveau en présence dans les mêmes conditions. » La réaction a exigé 4o heures avec les proportions indiquées, mais sou activité a décru rapidement après la vingt-deuxième heure. » La quantité de gaz chlorhydriqiie dégagé ne correspondait pas au départ cViine molécule de gaz chlorhydriquc comme cela aurait eu lieu s'il y avait eu substitution simple d'un groupe pliényle à l'atome de chlore du chlorure de camphre, mais cette quantité était presque triple, ce qui était nécessaire si, en plus de cette substitution, il y avait eu déport d'une molé- cule d'eau qui, réagissant sur le chlorure d'aluminium, devait donner deux molécules de gaz chlorhydriquc. » Dans le premier cas on aurait eu : C'-H'-'CIO +C»II'' = C'"H'\C''tP.O+ HCl; dans le second, on avait : C-'H' C,lO + C«H'' = C"'H".C"H'+H^O-i-HCl avec : Al^Cl" + 3 (H^O) = APO^ + 3(2HC1). Le résultat de la réaction a été traité par l'eau adilitionnée d'acide clilorhy- drique, le liquide huileux surnageant a été séparé de l'eau, puis séché et distillé. » II a donné, après distillation du benzène en excès : » I. Un liquide prenant rapidement une coloration violet foncé et pas- sant de 160° à 250°. » II. Un liquide jaune clair de 25o"à 3o5". )) III. Un liquide limpide peu coloré en jaune passant de 3o5" à 325°. » IV. Un liquide rougeàtre passant de 325° à 342°. » V. Un liquide limpide, mais fortement coloré en rouge foncé, passant de 342° à 362° et laissant déposer une petite quantité de cristaux jaunes. » VI. Un corps se prenant par refroidissement en cristaux jaunes solubles dans l'alcool et fondant au-dessus de 100°, passant au-dessus de 36o°. Après, il y avait décomposition et le résidu brun rougeàtre resté dans le G. R., 1902, 2- Semestre. (T. CXX.W, N" 26.) 17G l35o ACADÉMIE DES SCIENCES. l);illon élait en partie soliil)le clans l'alcool qui le laissait déposer sous forme de goudron. » Parmi les composés constituant ces liquides, j'ai isolé, par dislillation fractionnée de la partie passant à 3o5°-325"i un liquide à peine coloré pas- sant vers 3 1 5° et dont la composition (')répond à la formule C'® H". C'est lui qui correspond à la réaction cwc] o + c''ii'' = (:"'H".c/n'-i- 11=0 4-11 Cl. » L'élude de ce nouveau carbui*e aromatique dérivé du cafnphrC et des autres |)roduils qui se forment en même temps que lui fàra l'objet de nou- velles publiéations. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur une méthode de Irans/orma/ion des déri\>és mono- chlorés cl monohromés des hydrocarbures en dériçés monoiodés. Note de M. F. BoDRoux, présentée par M. Troost. « Lorsqu'on ajoute par petites portions de l'iode à une solution élhérée d'un chlorure ou d'un bromure d'alcoyimagnésium, l'iode disparaît rapi- demmcnt et la liqueur s'écliaulTe. La réaction se passe entre une molécule du composé oi'gano-niétallique et une molécule d'iode, elle donne nais- sance à im sel double de magnésium et à un dérivé iodé : » Le bromure de propyle et le chlorure d'idoamylé ont fourni aiiisi les iodiires correspondants, aVec un rendement de 8o pour ioo environ. » Il était intéressant devoir si celte même réaction pouvait s'appliquer avec succès à la série aromatique, car les méthodes employées pOiir la préparation |des dérivés iodés, dans le noyau des hydrocarbures, sont pénibles, ou ne donnent que de mauvais rendeitietils. J'ai opéré SiJr les bromures de phénylemagnésium et de phràtolylemàgttésium et j'ai obtenu facilement, avec un rendement de 8o pour loo, l'iodure de phényle et le paraiodotoluènê. (') L'analyse a donné : 6 = 91,87; H = 8,53. Théorie pour G" H'» : C=9r ,43; M = 8,57. SÉANXE DU 29 DPCEMBRli 1902. l35l » Le mode opéiaLoire, dans tous les cas, est le suivant : » La solution du composé organométalliiiue est placée dans un ballon à long col, refroidi par un courant d'eau froide. On y ajoute par petites poi tions l'iode préala- blement pulvérisé et l'oii agite constamment. Tant qu'il y a du composé organoma- gnésien en liberté la lif[ueur reste limpide; l'opération est terminée lorsqu'une petite addition d'iode la colore en brun. 1) Le contenu du ballon est versé dans une solution étendue d'acide chlorydrique et l'étiier qui surna;,'e, décanté, sécbé sur du chlorure de calcium est ensuite agité avec du mercure pour enlever l'iode libre qu'il contient. .-Vprès fdlration, on chasse l'éther et l'on distille le résidu. » A la fin de la distillation il y a un abondant dégagement de vapeurs d'iode, et le liquide obtenu est plus ou moins coloré. Après agitation avec du mercure, on le rectifie et l'on obtient alors à l'état de pureté l'iodure cherché. » La moitié de l'iode employé sert à la préparation de ces composés organiques, le reste se trouve dans les eaux de lavage d'où il est facile de le précipiter. )) La réaction précédente permet d'obtenir, avec clebons rendements et en quelques heures, les dérivés monoiodés des carbures benzéniques à partir des dérivés monoLroinés. Elle est générale, et dans une jjrochaine Communication je ferai connaître quelques nouveaux composes que j'étudie en ce moment. » CHIMIE OtiGANIQUE, — Sur la décomposition de (fiLel<{acs acides organiques di- et tribasiques. Note de MM. OEoii.snek de C<».\i.\ck et Uavimai», i)ré- senlée par M. II. Moissan. « Nos expériences ont porté sur les acides malonique, siiceinique, lar- tii([ue, malique et citrique; nous les avons décomposés méthodiquement eu les chauffant avec du glyco', ou avec de la glycérine, ou avec de l'acide snlfuiique. I) Acide malonique cl glycol. — La réaction du gljcol sur l'acide oxalique signalée par Lourenço et étudiée par Lorin, nous a engagés à remplacer l'acide oxalique par l'acide malonique. Si l'on chaufTe ce dernier acide avec un léger excès de glycol, il se pour 100. lin desséchant l'acide malonique vers 100" et en rectifiant le glycol, nous avons obtenu un acide à 8 pour 100. )> Acide malonique et glyccrino. — Dans d'autres expériences, nous avons chauffe l'acide malonique avec de la glycérine ('), la décomposition se fait régulièrement avec (') L'un de nous a fait cette expérience, eu 1894. Vo^ez Cours de Chimie orga- nique, par OEchsncr de Coninck, iSg^, t. I, P- 4'^9- l352 ACADEMIE DES SCIENCES. dépari de CO- el il distille un acide acétique à 3 pour loo, à G pour loo, i'i 7,5 pour loo et à 9 pour loo, suivant les conditions de l'expérience. » Acide succinique et glycérine. — L'acide, pur et cristallisé, a été chaulTé avec un excès de glycérine officinale; nous avons observé les conditions réalisées dans les expé- riences précédentes. Aucun gaz ne s'est dégagé; par contre, il s'est formé une notable quantité d'acroléine et un peu d'acide acrylique que nous avons caractérisé par son sel de plomb. » Acide tarLrique droit cl glycérine. — Dans les mêmes conditions, l'acide lar- Irique droit, bien cristallisé, a fourni une grande quantité de CO- et, en plus faible proportion, un gaz brûlant avec une flamme peu éclairante et non absorbable par le brome à la température ordinaire. 11 s'est produit aussi de l'acroléine. » Acide malique el glycérine. — Il s'est dégagé du gaz carbonique el, dans la distillation, il y a eu production d'acroléine. » Acide citrique cl glycérine. — Cet acide nous a fourni surtout (10°, une très faible proportion de CO et un gaz brûlant a\ec une flamme peu éclairante, que le brome n'absorbait pas à la température ordinaire. Il nous paraît probable que la réac- tion doit s'exprimer ainsi : CIP— CO^II - C<^^^,^j- CIP- CO^H = 3C0^-^ CO + aCH*. » Acide tartrique droit et glycol. — L'acide tartrique se dissout facilement, à chaud, dans un excès de glycol. Si l'on chaude jusqu'à l'ebuUilion, il y a départ dune petite quantité de C0-. » Acide maloniqiie el acide siilfurique. — Vient-on à chauffer l'acide malonique avec un excès de SO'll-, il se dégage tout d'abord CO- et un peu d'acide acétique. Si l'on continue à cliaufl'er, il ne se dégage que du gaz carbonique, jusqu'au moment où l'anliydrique sulfureux apparaît. » Acide succinique. — Cet acide se dissout, à chaud, dans SO*H-, sans décomposi- tion; nous n'avons jias essayé l'action de la surchaufiTe. y Acide malique. — Dégagement de CO- el de l)eaucoup d'oxvde de carbone, puis la masse noircit el l'anliydiide sulfureux apparaît. Si l'on chauflè fortement les acides malique et sulfurique en tubes scellés, il se dégage un peu de forméne, outre CO^ et CO. Ce résultat est conforme à celui de Weilh qui a obtenu de l'aldéhvde en faisant bouillir, sous la pression atmosphérique, une solution d'acide malique dans l'acide sulfurique: CO.OH - Cll^- CIL on - CO.OII = C0^+ CO -^ IL^O+ CH'- CHO. » Le forméne résulte sans doute du dédoublement de l'aldéhyde en CH' -H CO. » Acide tartrique droit. — Dégagement de CO-, CO et d'un gaz brûlant avec une flamme peu éclairante et non absorbable par le brome à la température ordinaire, nous recheichons si la réaction ne corresjjond jias à l'équation suivante : CO.OH — Cil. OU -Cil. on — CO. 011 = 2 CO=-^CO -4- 11-0 + CH'. « SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. )353 CHIMIE AGRICOLE . — Sur la nature des composés azotés qui existent dans le sol à différentes hauteurs. Noie de M. G. André. * « L'étude de la Iransformalion de la matière azotée dans le sol présente le plus grand intérêt : c'est, en effet, par suite du travail incessamment renouvelé des microorganismes que l'azole organique se métamorphose peu à peu (suivant les conditions essentiellement variables d'humidilé, d'aération, de tcm|)éralure, d'alcalinité) en azote ammoniacal d'existence transitoire, puis en azote nitrique. » J'ai continué l'étude de la constitution de la matière azotée (') en cherchant, sur des échantillons de terre, prélevés à différentes hauteurs, comment variait la nature de cet azote. » A cet effet, j'ai découpé des prismes de quelques décimètres carrés de surface, dans des sols qui n'avaient pas reçu de fumure depuis de longues années, jusqu'à une profondeur d'environ 60"^™ à 65''"', comprenant ainsi une partie du sous-sol. On admet souvent que, |ihis on s'enfonce dans le sol, plus les composés azotés se simplifient; l'azote, beaucoup moins abondant dans les profondeurs qu'à la surface, ne pénétrerait peu à peu que parce que les transformations qu'il a subies à la surface lui donneraient une forme plus simple et, conséquemment, plus dllTusible. D'ailleurs, il est à supposer qu'il existe à cet égard des variations notables quand on s'adresse à des terres d'ori- gines différentes et à des moments différents de l'année. » J'ai soumis 200S de terre, rapidement séchée à l'air et tamisée; i" à l'action de l'acide clilorliydrique employé d'une manière uniforme à raison de Sc^™' d'acide chlorhydiique pur (à 36 pour 100 HCl réel) dans SoC^"' d'eau ; 2° à l'action d'une solution de potasse qui, dans Sco'"'"' de liqueur, contenait 20 fois autant de cet alcali (K'O) qu'il y avait d'azote dans l'échantillon considéré. J'ai chauffé pendant i5 heures au bain-inarie à 100°, en faisant passer au travers du ballon, dans le cas de l'emploi de la potasse, un courant d'hydrogène destiné à entraîner l'ammoniaque qui a été recueillie dans un acide étendu, puis dosée. » Dans cet ensemble complexe qui constilue la matière azotée du sol, l'acide chlor- hydrique et la potasse ne portent pas leur action sur les mêmes matières, car les résul- tats que fournissent ces deux agents ne sont pas toujours comparables, principalement quand ce traitement est effectué sur des terres prises à différents moments de l'année. La potasse, dans tous les cas, solubilise toujours une plus grande quantité d'azote. )) I. Le premier échantillon dont je me suis servi a été prélevé le 23 octobre 1901. La teneur en azote total était la suivante dans i"*»' de terre (') Voir Comptes rendus, t. CXXVII, p. 4i4 et 446, t. CXXVIII, p. 5i3. l354 ACADÉMIE DES SCIENCES. supposée séchée à loo" : i° surface =iS,G6i, 2° à 3o'"' de profondeur = os,9Di9, 3<'à65'^'" = oe,/,88o. )) Action de l'acide chlorhydrirjue. — Après 1 5 heures de chaulTage, exécuté comme je l'ai dit plus haut, on a filtré et lavé la masse demeurée insoluble. Le liquide filtré, neutralisé exactement par la pota" =o,34ji. L'action de l'acide chlorhvdrique a fourni, en azote ammoniacal: 14.87, iG,32, 18,29. Ici, l'azote rendu ammoniacal par le traitement acide est d'autant plus abondant que l'on s'adresse à une couche de terre plus éloignée de la surface. Cette différence se traduit mieux encore lorsqu'on prolonge le chauffage de cet échantillon. » Ainsi, après un cliaufTage de 28 heures avec l'acide chlorhydrique, on a divisé en trois parties le liquide filtré. La première, neutralisée immédiatement et additionnée de maf'nésie a fourni, aux trois hauteurs: azote ammoniacal 19,52, 28,77, 28,62. La seconde, chauffée en plus pendant 12 heures au réfrigérant ascendant, adonné: 21,44, 27i97> 34, ''-o; 1^ troisième, chauffée comme la seconde, mais pendant 24 heures, a donné : 22,48, 28,20, 84,20. » Le résidu terreux, demeuré insoluble après 20 heures de chaulTage, une fois lavé, a été repris par l'acide chlorhydrique à la môme concentration qu'au début, puis SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. l335 chauffé encore pendant 28 heures à 100". Le liquide filtré â été divisé en deux portions. La première, neutralisée exactement et additionnée de magnésie, ti donné en azoté ammoniacal: 3, 11, 3,83, il,4i; la seconde, cliaullée au réfrigérant ascendant pendant 12 heures, puis traitée comme la seconde, a donné : 3,67, 4)53, 14,69. » Donc, en cliilHes ronds, les prises d'essai faites à la surface, à So"™, à 6ï>"^ de profondeur ont fourni respectivement, au bout de ce long temps de chauffage, comme azote transformable en azote ammoniacal : 26,82 et 49 pour 100 de l'azote total initial. » La potasse, au contraire, après i5 heures de chauffage à 100", a transformé en azote ammoniacal une quantité de l'azoïe total qui décroît à mesure que l'on s'enfonce dans le sol, soit i5,7i; i4) 18; 10, 56. )) IV. On peut conclure fie l'irispeclioa des cliifï'res qii'a fournis le trai- tement chlorhydrique que, à ce moment de l'année (avril), la matière azotée de la surface du sol (sur laquelle de nombreuses espèces micro- biennes ont exercé leur action, favorisée par la tetnpérature de l'été pré- cédent) est devenue plus diffusible et a pénétré lentement pendant l'hiver dans les couches profondes du sol, où on la retrouve, au début dii printemps, sous une forme ])lus attaquable par l'acide chlorhydrique que celle des couches supéri-eures. A la fin de l'cté, au contraire, il va, ainsi que la chose ressort de l'examen des deux premiers échantillons, sénsi- l)Iement égalité entre les différentes couches de terre au point de Vlië de l'azote rendu ammoniacal par l'action de l'acide ou celle de l'alcali. » J'examinerai prochainement, dans les différentes Couches de tért'e, la répartition de l'azote qui, à la suite des traitements acide et alcalin, demeure sous forme soluble non ammoniacale, ainsi qiié celle dé l'àzôtè qui, indépendamment de tout contact de la terre avec des réactifs pûis- satits tels que ceux que j'ai employés* existe dans le sol sous forme ammo- niacale. )> EMBRYOGÉNIE. — L'hermaphrodisme normal des Poissons. Note (io M. Louss Roule, i)résentée par M. Alfred Giard. « Les aticiens auteurs ont souvent signalé, chez divers Poissoiis, la présence de cas d'hermaphrodisme. Plusieurs ont rerriarquéj en sus, la fréquente différence de taille des mâles et des femelles, les premiers étant plus petits, et les secondes plus grosses. Ces données se sont à la fois précisées et étendues au cours de ces dernières années. Certaines espèces ont vraiment un hermaphrodisme complet et simultané, car leurs glandes sexuelles produisent à la fois des spermatozoïdes et des ovules, mûrs en l356 ACADÉMIE DES SCIENCES. même temps. D'autres ont un hermaphrodisme protandriqiie; les individus encore jeunes commencent par être mâles, puis deviennent femelles en acquérant leurs dimensions définitives. Enfin quelques observations isolées dénotent bien une apparition précoce de h\ sexualité mâle et tardive de la femelle chez des espèces considérées encore comme nnisexuées, mais elles n'indiquent pas davantage. Ces notions sont résumées et augmentées sur nombre de points, dans un excellent travail de Stéphan (De l'herma- ohrodisme chez les Vertébrés; thèse de Montpellier, 190 1). » L'importance d'une telle question m'a conduit à tâcher de l'élucider au complet sur une famille déterminée, et j'ai choisi, à cause de la com- modité des recherches, celles des Cyprinides de nos eaux douces. Mes premières études ont porté sur une statistique préliminaire : établir, à l'époque du frai, la relation entre la nature de la sexualité et les dimensions du corps. Une telle statistique doit porter, pour avoir de la valeur, sur le plus grand nombre possible d'individus, et c'est elle seule que je mentionne en ce moment. Elle se base sur l'examen de plus de i5oo échantillons, péchés en 1901 et 1902. Je ne saurais trop remercier plusieurs de mes élèves, MM. Andigé père et fils, M. de Cardaillac, qui m'ont aidé dans ce travail. » Je ne puis songer à fournir ici tous les résultats. Je me bornerai, comme exemple, à citer le cas d'un lot de Rotengles (Scardinius erytroph- thalmus L.), pris dans un étang que l'on avait vidé. Ce lot comprenait 170 individus, de tailles différentes, en état de maturité sexuelle. Il se décompose de la manière suivante : » 1° 91 échanlillons mesurant 2<^°> à 7'='" de longueur, comptés du bord postérieur de l'œil à la base de la queue : tous sont mâles. » 2° 25 mesurant 8=™ et 9™ de longueur : i3 sont mâles et 12 femelles. )) 3° 54 mesurant 10''™ à 19=" de longueur : tous sont femelles. » Cette liste démontre non seulement que le nombre des mâles, dans un loi pris au hasard, dépasse celui des femelles, et que la sexualité mâle est d'apparition plus précoce, mais encore elle dénote ce fait intéressant que tous les individus de petite taille, ayant une sexualité affirmée, sont des mâles, et que ceux de grandes dimensions sont exclusivement des femelles. Des résultais similaires sont fournis par les autres espèces des Cyprinides de nos eaux douces. Chacune d'elles possède, en chaque loca- lité, une longueur moyenne où les individus des deux sexes sont en nombre égal ou peu différent; au-dessous de cette longueur, tous les individus sont mâles; et au-dessus, tous sont femelles. » On peut, d'après cette seule statistique, proposer deux opinions. L'une consiste à admettre l'unisexualité stricte de ces espèces, avec nanisme SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. ^^^7 des mâles et précocité dans l'apparition de leur sexualité. Seulement, si elle est exacte, on devrait rencontrer, parmi les individus dont la taille se tient au-dessous de la moyenne, et à côté des mâles, de jeunes femelles dont les glandes sexuelles ne seraient point développées encore. La pro- portion numérique de ces dernières devrait concorder avec celle des femelles adultes. Or, cela n'est pas. Aussi la seconde opinion, relative à l'hermaphrodisme protandrique de ces animaux, paraît plus plausible. Du reste, autant que je puis en juger jusqu'ici, elle s'accorde avec l'étude histologique, sur laquelle j'insisterai dans une prochaine Communication. » ZOOLOGIE. — Variations organiques chez des Poules carnivores de seconde génération. Note de M. Fuédéric Houssay. « Les différents organes dont je vais indiquer la variation sont rappor- tés soit au poids actif, soit au poids total de chaque animal en expé- rience ('). Les deux catégories de rapports sont ordinairement concor- dantes, sauf dans les cas de variation faible que je signalerai. Je me borne aujourd'hui à publier les valeurs moyennes des rapports au poids actif dans chaque génération : la première granivore, les deux suivantes carnivores. Pour simplifier, je réunis ces données en un graphique composé en comp- tant sur les abscisses 20™™ pour la durée d'une génération, et sur les ordonnées i™™ par «/zj'Ze d'organe pour i''^ actif d'animal. L'unité est, sui- vant le cas, le gramme, le millimètre ou le centimètre. La figure ci-après est un graphique réduit de un quart. » Les organes se rangent en trois séries : ceux qui ne varient pas, ceux qui décroissent et ceux qui croissent. » I. La quantité de sang (courbe D) est restée sensiblement constante; il en est de même pour le cœur (K) qui, après une légère hausse, a diminué d'autant. Enfin, le foie (F) n'a pas varié. Si notre graphique accuse en grammes une très légère ascen- sion, les rapports au poids total donnent une légère baisse, au résumé, pas de modifi- cation appréciable. Ce résultat ne concorde pas, au moins pour les Oiseaux, avec une des conclusions de Maurel (^). » IL Les organes qui ont décru ou qui décroissent encore sont : » 1° Le jabot, jaugé en centimètres cubes, à l'eau (E) ou au mercure (C) ; ces deux courbes montrent que si la capacité moyenne ne diminue plus, du moins l'extensibilité (') Voir Comptes rendus, 8 décembre 1902. (-) Voir Comptes rendus, i" décembre 1902. C. R., igoi, a« Semestre. (T. CVXXV, N» 36.) I77 l358 ACADÉMIE DES SCIENCES. se réduit encore; 2" rintestin exprimé en centimèlres (A) : le rapport au poids total accuse une légère descente au lieu de l'arrêt marqué ici ; 3° les cœcums exprimés en millimètres (B); 4° l'estomac entier (G); 5° le gésier (H); 6° enfin, le pancréas, qui ne peut être représenté utilement à cette échelle, et dont la décroissance est marquée par les nombres 2,2 1,9 1,8 » m. Les organes qui croissent sont les reins, dont nous avons parlé déjà, le pou- SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. l359 mon et la raie. Tous sont de trop faible poids pour notre échelle; leur variation est représentée dans le Tableau suivant : Rein 6,2 8,8 10,6 Poumon 3,9 5 5,1 Rate 0,9 1,3 1,4 » L'accroissement de la rate ne nous parait que très indirectement dû à l'alimen- lation, et seulement par l'intermédiaire de l'accroissement de la mue. Après l'his- toljse des ovules et des graisses la rate est simplement de plus en plus encombrée par les leucocytes, ce qui indue sur son poids. » En examinant ces données, on voit facilement que toutes les varia- tions croissantes ou décroissantes sont beaucoup moins rapitles en passant de la deuxième génération à la troisième que de la première à la deuxième. On serait assez porté à croire que les animaux %'adaptent à leur nouveau régime et ne varient plus guère sous son influence. Mais l'on pourrait tout aussi bien dire que la première génération Carnivore, brusquement changée de régime, a subi une sorte de révolution organique ou de coup de fouet et qu'elle a varié plus que ne comportait le régime nouveau. Des phénomènes que nous ferons prochainement connaître montrent en tous cas que le problème est complexe, et la solution certaine n'en sera donnée que par la suite de l'expérience. On voit aussi de là que toute variation organique obtenue par un changement de régime de quelques mois ou même d'une année n'est guère, malgré son intérêt physiologique ou médical, immédiatement susceptible d'application précise en Anatomie comparée. » EMBRYOGÉNIE. — Sur l'origine du Nebenkem et les mouvements nucléiniens dans la spermatide de Notonecta glauca. Note de MM. J. Pantel et R. DE SiNÉTY ('), présentée par M. Alfred Giard. « Origine du Nehenkern. — Comme l'idiozome, nous croyons devoir définir le Nebenkern par sa manière d'être une fois qu'il est constitué, c'est- à-dire par sa structure très spéciale et par sa polarité. Ce sont là des carac- tères sûrs et immédiatement saisissables chez les Insectes, où d'ailleurs cette inclusion atteint ses plus grandes dimensions et son plus haut degré (') Comptes rendus, t. CXXXV, p. 997 et 112/). j36o académie des sciences. de complication struclurale. S'ils ne sont pas applicables aux formations de même nom que l'on a décrites dans d'autres groupes, c'est peut-être que leur homologation à celle-ci exigerait de nouvelles études. » Même à ne considérer que le Nebenkern des Insectes, on se trouve en présence de trois opinions, relativement à l'origine de ses constituants : » a. Pour Meves (^), dont les recherches ont porté sur un Lépidoptère {Pygaera), le premier matériel est représenté par des corpuscules mitochondriens, différenciés de très bonne heure au sein du cytoplasme et déjà observables dans les spermalocytes. C'est, au fond, l'opinion formulée un peu auparavant, d'après un Hémiptère {Anasa), par Paulmier (*), bien que cet auteur ait admis l'intervention possible du reste fuso- rial, à titre de constituant secondaire ('). » b. L'opinion d'une origine purement fusoriale, proposée pour la Blatte par La Valette, successivement adoptée, pour les Lépidoptères {Pygaera, Sphinx) par Platner et pour un Acridien (Caloplenus) par Wilcox, vient d'êlre reprise d'après un Grillon par Baumgartner ('). » b. Une opinion mixte a été émise par Henking {^) au sujet d'un Hémiptère {Pyrrhocoris). , » Les figures que nous avons données montrent suffisamment que l'opinion de Meves s'accorde le mieux avec les résultats fournis par notre objet. Le matériel formateur du Nebenkern est le produit d'une différen- ciation très précoce, se laissant poursuivre jusque dans le spermatocyte de premier ordre et ayant toutes les allures du corps mitochondrien. Ce corps, il est vrai, se condense autour du reste fusorial (partie équatoriale) ; de ce chef, on peut dire que la substance de la dernière figure achromatique intervient, mais comme centre d'orientation, non comme constituant matériel, proprement, sa quantité étant minime par rapport à celle des condensations mitochondriennes ; peut-être le Nebenkern lui doit-il sa (') Fr. Meves, Ueber den von La Valette Saint-George entdekten Nebenkern (Mitochondrienkorper) der Savienzellen {Arch. f. Mikr. Anat., 1900). (-) F.-C. Paulmier, The Spermatogenesis of Anasa tristis {Journ. of Morph., 1899), (3) il nous parait que Baumgartner ne tient pas suffisamment compte de celle res- triction de Paulmier quand il le compte simplement parmi les partisans de l'origine mixte. (') W.-J. Baumgartner, Sperniatid transformations in Gryllus assimilis {Aans . Univ. Se. Bull., febr. 1902). (^) H. Henking, Ueber Spermatogenese und deren Beziehung sur Entwicke- lung èei Pyrrhocoris apterus {Zeitschr.f. iviss. Zool., 1891). SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. l36l polarité, il ne lui doit pas en tout cas sa constitution. Quant à dériver les condensations mitochondriennes elles-mêmes des anciennes figures achro- matiques des spermatocytes et des spermatogonies, nous ne le pourrions jusqu'ici sans outrepasser les faits ('). » Echanges de nuclèine ou de facteurs nucléiniens entre le noyau et le corps cellulaire. — L'un des traits les plus frappants duchimisme nucléaire, dans la spermatide, c'est un mouvement à peu près conlinu, alternatif, qui entraîne hors du noyau, pour l'y ramener plus tard, soit la substance chromatique, soitplut«'it quelqu'un de ses constituants plus mobiles. Un tel échange a lieu tout d'abord entre le noyau et le cytoplasme. Du côté du noyau l'appauvrissement chromatique se dénonce par une décroissance très sensible de l'élément nucléinien figuré, tandis que l'enrichissement du cytoplasme est rendu manifeste par l'apparition des corpuscules chromati- nifêres; c'est la phase de sortie. La phase de retour présente cette circon- stance inattendue que le transport est effectué par des corps figures spé- ciaux auxquels nous avons donné le nom de calottes. Nous ferons remarquer, au sujet de ces formations, que Broman (■) en a probablement vu les élé- ments formateurs, sans que son matériel lui ait permis de saisir leur desti- nation. Cet auteur parle en effet de corpuscules strucLuiés, hétérogènes, inégalement colorables dans leurs diverses parties : autant de caractères qui conviennent à nos corpuscules chromatophiles. Il n'a pas observé leur mode de formation et se montre disposé à les rattacher à une fonction sécrétoire. (') L'élude du Nebenkern appellerait celle du corpuscule sldéiûpiiile qui apparaît» à un moment donné, entre celte inclusion et le noyau, et duquel pousse le filament axile. Nous nous bornerons ici à rendre compte du terme de blépharoplaste, par lequel nous l'avons désigné. C'est actuellement une opinion très généralement acceptée que ce corpuscule n'est autre que le centrosome de la précédente cinèse. Quant à nous, nous avons toujours vu le centrosome disparaître avant la régression de l'asler, dans le spermatocyle de deuxième ordre, comme dans celui de premier ordre. Sans nier qu'il puisse passer par une période de non-visibilité, tandis que s'accomplirait sa migration et reparaître ensuite entre le noyau et le Nebenkern, nous ne croyons pas avoir des raisons suffi- santes d'admettre une continuité substantielle entre ces étals. Il nous a paru préférable de faire abstraction de celte hypothèse et d'appliquer au corpuscule formateur du filament axile une désignation empruntée aux botanistes, qui a l'avantage d'en rappeler la fonction actuelle sans préjuger en rien sa genèse. ('■) I. Broua.>', Ueber gesetzmàssige Bewegungs- und Wachstungserscheinungen (Taxis- luid Tropismenformen) der Sperinallden. etc. {Arch.f. mikr. Anat., igoi.) l362 ACADÉMIE DES SCIENCES. )) Échanges entre le noyau et l'acrosome. — Malgré l'apport des calottes, le noyau ne s'enrichit, semble-t-il, que temporairement de substance colo- rabie; le volumineux caryosome qui représente à cette époque la plus grande partie de l'élément niicléinien perd en effet bientôt sa chroniato- philie. Par contre, luie quantité considérable de matière chromatophile apparaît dans l'acrosome, d'abord sous la forme de masses discrètes, plus tard à l'état diffus; sans vouloir lui attribuer une origine exclusivement et immédiatement nucléaire, il nous paraît difficile que le noyau ne con- tribue pas à cette accumulation par une nouvelle migration de facteurs nucléiniens. Enfin, les derniers stades de la transformation de la sperma- tide sont marqués par une condensation et une chromatophilie croissantes de l'élément nucléinien, corrélatives de la diminution graduelle et de la disparition définitive de la colorabilité dans l'acrosome, double phénomène qui pourrait correspondre à une dernière récupération de matière chroma- tique par le noyau. » Pris dans leur ensemble, les mouvements nucléiniens qui s'accom- plissent dans la cellule mâle, au cours de ses métamorphoses, ne peuvent manquer de rappeler ceux de l'ovocyte. Il s'agit, de part et d'autre, d'une des manifestations les plus sensibles de ce travail intime qu'est la différen- ciation sexuelle. Seulement la période la plus active de ce travail semble pouvoir se placer à une époque un peu variable, avant (9) ou après ( (f ) les divisions maturatives. » ZOOLOGIE. — Les otocystes des Annélides Polychètes. Note de M. Pierre Fauvel. « Quelques espèces seulement d'Annélides Polychètes possèdent des otocystes; elles appartiennent presque toutes à la famille des Sabelliens. En dehors de cette famille, ces organes ne se rencontrent que chez quelques Térébelliens, les Arénicoliens, deux ou trois Anciens et quelques Alciopiens. » Laissant de côté les Anciens dont je n'ai pu me procurer de spécimens porteurs d'otocystes et les Alciopiens chez lesquels ces organes diffèrent complètement de ceux des autres Annélides, j'ai étudié à ce point de vue: 6 Sabelliens: Branchiomma vesiculosum Mont., Jasmineira elegans Sainl-J., Oria Armandi Clp., Amphiglena Medilerranea Leyd., Myxicola œst/tetica C\p., M. in/undibuliim Mon\.. ; l^ Aréni- coliens : Arenicola marina L., A. ecaudata Johnst., A. Grubi Clp.,yl. cristata Stimps.; 2 Térébelliens : Lanice concldlega Pall., Ainphitrile Edtvardsi Qli. SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE I902. l363 » Chez l'A. Edwardsi les otocystes décrits sur le cerveau et figurés par M. de Salnl-Josepli n'existent pas, ainsi qu'il est facile de s'en assurer en pratiquant des coupes. On rencontre souvent, enkystés dans les muscles de cette espèce, de petits Distomes. Quand ces kystes se trouvent au voisinage du cerveau ils peuvent induire en erreur, lors d'un examen superficiel, fait par transparence. Le kyste simule une vési- cule auditive et l'aspect granuleux de son contenu rappelle vaguement un amas d'otolithes. Sur des coupes l'erreur n'est plus possible et l'on retrouve très nettement les deux ventouses caractéristiques du Distome. Ces kystes se rencontrent un peu partout dans le tissu musculaire. » Les otocystes de Lanice conchilega n'ont été signalés jusqu'ici, chez l'adulte, que par Meyer qui les a seulement figurés à petite échelle et sans description. Ces deux organes sont situés immédiatement au-dessous de l'épais bourrelet glandulaire; épidermique du premier segment branchial. Leur cavité, tapissée de cils vibratiles renferme de nombreux otolithes de 3l^ à 9!^, réfringents, irréguliers, anguleux, ne se colorant pas par les réactifs et paraissant formés de petits grains de quartz. Chez l'adulte, ils sont relativement moins développés que chez les jeunes et ils présentent les traces d'un canal atrophié, qui, chez la larve, devait faire communiquer leur cavité avec l'extérieur. » Chez le Branchiomma vesiculosum adulte, les deux otocystes communiquent en- core avec l'extérieur par un long canal, très nettement cilié, qui a cependant échappé à Brunotte, ainsi que les cils vibratiles de l'otocyste. Les otolithes nombreux, réfrin- gents, irréguliers, anguleux, insensibles aux réactifs, paraissent être aussi des grains de quartz. M Chez VArenicola marina, nous retrouvons également la même structure; oto- cystes communiquant avec l'extérieur par un canal cilié et renfermant des otolithes constitués par de petits grains de quartz. » Chez toutes les autres Annélides à otocystes clos, nous rencontrons, au contraire, des otocystes sphériques, de nature organique, sécrétés par l'organe. Chez Oria Armandi, Arenicola cristata. Jasmineira elegans. Myscicola infuiidibulum et M. œslhetica, l'otolithe est unique. Chez Amphiglena méditer ranea, Arenicola ecaudala et A. Grubii, les otolithes sont très nombreux. » Sauf chez ces deux dernières espèces, les otolithes sont mis en mouvement par le jeu des cils vibratiles, ainsi qu'il est facile de s'en assurer en examinant par trans- parence, sous le compresseur, des individus de taille convenable. Les mouvements des cils, d'abord très vifs, se ralentissent peu à peu et l'on peut voir nettement et compter leurs battements, ceux-ci durant encore quelque temps après la mort de l'animal en expérience. » CLei l'A. ecaudata et VA. Grubii, les otocystes ne renferment pas trace de cils vibratiles; néanmoins, le mouvement des otolithes est très vif, et il existe toujours chez l'animal vivant, ainsi qu'il est facile de s'en assurer : i" en examinant par trans- parence, dans un verre de montre, les stades post-larvaires nageant librement dans l'eau de mer sans compression aucune; 2° en étalant sur une lame de verre une bande des téguments enlevée à la partie antérieure d'un adulte bien vivant et débarrassée en partie de la couche musculaire interne. Les otocystes sont alors bien visibles par trans- parence. Or, soit qu'on les examine ainsi sans autre préparation, soit qu'on les place l364 ACADÉMIE DES SCIENCES. dans le liquide cœlomique ou dans l'eau de mer et que l'on recouvre, ou non, d'une lamelle on constatera toujours le mouvement des otolilhes, sauf le cas de lésion de Tolocysle ou de pression trop considérable de la lamelle. J'ai répété celle expérience plus de quarante fois. Ces mouvements peuvent parfois continuer pendant plusieurs heures. On les fait cesser rapidement en crevant l'otocyste avec ime aiguille ou en ajoulant des liquides de densité différente ou des réactifs. » Ces mouvements ne sont donc pas dus à des courants de diffusion produits par la dissection sous l'eau de mer, comme le prétendent Gamble et Ashworth. Contrairement à ces auteurs, j'ai toujours observé ce mouvement dans les otocystes, intacts, montés dans le liquide cœlomique. » En réalité, cette trépidation des otolilhes est due au mouvement brownien. » Un otocyste renferme habituellement un ou plusieurs gros otolilhes (de i5i^ à 3ol^), un assez grand nombre de taille moyenne, puis une multitude de plus petits, dont beaucoup ont à peine de iV- à 3V-. n La masse centrale formée des j)lus gros otolilhes est simplement ébranlée et tré- pide lentement, tandis que l'espace qui la sépare des parois de l'otocyste est remplie par une multitude innoni])rable d'otolithes de plus en plus petits, animés d'un mou- vement extrêmement vif, et venant jusqu'au contact de la cuticule, ce qui prouve encore l'absence de cils vibraliles sur celle-ci. » Ce sont ces petits otolilhes, animés d'un mouvement Ijrownien très vif, vu leur petite taille (il^ à 3f), qui ébranlent, par leurs chocs répétés, la masse centrale des otolilhes trop gros pour être sujets au mouvement brownien. » Dans un Mémoire détaillé sur cette question je reviendrai sur la structure el les réactions de ces otolilhes. » Sur les Arenicola marina, A. Griibiî et A. ecaudata, j'ai réussi à colorer par le bleu de méthylène les cellules sensorielles de l'otocyste. Ces cellules bipolaires, fusi- formes, à noyau occupant le centre du renflement, sonl disposées radialement. Leur prolongement périphérique à pointe courte et effilée, ou parfois au contraire presque cylindrique, s'étend jusqu'à la limite interne de l'otocyste, tandis que leur extrémité centrale, mince, filiforme, un peu sinueuse, va se perdre dans le nerf de l'organe. » Les conneclifs œsophagiens donnent naissance à trois paires de nerfs, avant leur réunion ; la paire la plus antérieure innerve l'otocyste. » En résiunè, chez les Polychèles, comme chez les Crustacés et les Mollusques, on rencontre deux sortes d'otocystes : » 1° Les uns restant en communication avec l'extérieur par un canal cilié et renfermant, dans ce cas, des otolilhes formés de corps étrangers (petits grains de quartz); » 2"^ Les autres, complètement clos, à otolilhes sphériques, à couches concentriques, de nature organique et sécrétés par l'organe. )) Les otocystes clos renferment un ou plusieurs otolilhes. Les otolilhes sont mis en mouvement par le jeu des cils vibraliles, sauf chez VA. Grubii el VA. ecaudata où ces cils font complètement défaut. Dans ce dernier cas, SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. l365 le mouvement des otolithes existe néanmoins toujours chez l'animal vivant, mais il est dû au mouvement brownien et non aux courants de diffusion. » V Ampfiitrite Edwardsi ne possède pas d'otocystes : ce sont de petits Distomes enkystés qui ont été pris pour ces organes. » ZOOLOGIE. — Sur des émissions nucléaires observées chez les Protozoaires. Note de MM. A. Coxte et C. Vanev, présentée par M. Alfretl Giarcl. « Nous avons rencontré en abondance, dans l'intestin de Triton tœnialus Schn., des Infusoires que nous rapportons à Opalina intestinalis Ehrbg. Sur des coupes, cette espèce montre à l'intérieur de son cytoplasme de nom- breux granules dont la plupart, tant par leurs formes que par leurs affi- nités pour certains colorants, ressemblent tout à fait aux noyaux multiples décrits chez Opalina ranarum Ehrbg. Il nous a été facile, par un examen plus attentif de déceler l'origine de ces granulations. « Le noyau de cette Opaline est primitivement unique, très volumineux, de forme ovalaire et limité par une membrane nucléaire bieu nette. Ce noyau est très riche en chromatine. Chez quelques individus, il se dédouble et l'on pourrait croire alors qu'il existe un micro et un macronucleus; celte forme a été figurée par Zeiller; elle est en réalité exceptionnelle. » Chez la plupart de ces Protozoaires, on voit la membrane nucléaire disparaître sur une étendue plus ou moins grande et, par cette ouverture, s'échapper de nombreuses granulations chromatiques qui se disséminent dans le cytoplasme. Celte émission se fait irrégulièrement aux. dépens d'une portion plus ou moins importante du noyau et en un point quelconque de ce noyau. » Il est facile de suivre l'évolution de ces granules dans le cytoplasme. Tout d'abord compacts, ils ne tardent pas à se transformer en sphérules où l'on distingue ordinaire- ment un point central. Ces sphérules ont la même chroraaticité que le noyau et elles ont été probablement prises souvent pour de véritables noyaux. La première transfor- mation que montrent ces sphérules est un changement de chromaticité. Par l'héma- téine et le bleu de méthylène, elles prennent une teinte rougeàtre de plus en plus accentuée. En même temps, ces sphérules rouges se gonflent, deviennent très volumi- neuses et prennent une forme discoïdale. Leurs contours s'atténuent et elles finissent par former des membranelles éparses qui paraissent achever de se dissoudre graduel- lement. » La formation de ces grains rouges est Identique à ce que l'on observe dans les cellules sécrétantes de l'intestin du Triton où l'on voit le noyau changer de chroma- ticité et se résoudre en granules rouges qui sont émis dans la cavité intestinale. La présence de ces grains est bien connue de tous les histologistes qui les ont décrits C. R., 190J, -i' Semestre. (T. CXXW, N" 26.) I78 l366 ACADÉMIE DES SCIENCES. dans les cellules sécrétantes où ils constituent les grains de zymogène. L'origine de ces grains est seule contestée; pour certains auteurs ce sont des formations cytoplas- miques, pour d'autres des dérivés nucléairts. Nos observations établissent nettement leur formation aux dépens de la cliromatine. Elles établissent en outre des rapports entre ces grains et les formations ergatoplasmiques des éléments glandulaires. » Les grains rouges ont été déjà signalés chez des Protozoaires; ils ont été depuis homologués aux corpuscules métachromatiques des levures. Ces corpuscules ont été considérés comme des produits de réserve; en étudiant sur coupes des levures de bière, nous avons pu constater que les corps métachromatiques offrent toutes les réactions bien connues comme caractéristiques des grains de zjmogène. » Les faits que nous avotis observés sont importants en ce qu'ils per- mettent d'interpréter la formation des noyaux vitellins dans les œufs d'Insectes, de Myriapodes, de Vertébrés, etc. Ces noyaux sont des pseudo- noyaux, simples émissions nucléaires, comme l'ont constaté beaucoup d'auteurs et en rapport avec la digestion du vitellus par l'embryon. » En résumé, nous concluons, tant de nos recherches que de l'interpré- tation qu'elles permettent de faits bien connus, que le noyau participe directement à la formation des grains de zymogène et des productions ergatoplasmiques et que, par suite, il a un rôle d'une haute importance dans les phénomènes de digestion aussi bien intra-cellulaires qu'extra- cellulaires. » ZOOLOGIE. — L'organisation du Trepomonas agilis Dujardin. Note de M. P. -A. Dangeard, présentée par M. Guignard. « Dans le cours de nos observations sur les Protozoaires et les Proto- phytes, notis avons eu l'occasion d'élucider la structure du Trepomonas agilis déjà étudié j)ar un grand nombre d'auteurs parmi lesquels il faut citer Stein, Butschli et Klebs. » Le Trepomonas agilis, contrairement à la description qui en a été donnée, ne répond pas au schéma ordinaire des Flagellés ; il est constitué par une cellule double ; c'est le premier exemple dûment établi d'une telle organisation dans ce groupe; mais il est à prévoir que cette particularité se retrouvera chez les genres voisins de la famille des Dislomatineœ. » L'espèce se développe dans les infusions; le corps est aplati; son contour est ovale ou elliptique; il existe deux groupes de llagellums opposés l'un à l'autre dans la partie équatoriale; sous chacun d'eux se trouve une ouverture pour l'entrée des ali- ments. » Nous laisserons de côté les détails de nature purement morphologique pour insister sur la disposition de l'appareil nucléaire. SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902, 1367 » Sur les exemplaires fixés et colorés, on remarque à l'avant du corps une forma- tion chromatique recourbée en croissant : les deux extrémités amincies de l'arc se prolongent jusqu'au point d'insertion des flageliums. Celte apparence nous avait forte- ment intrigué au début et nous avons cherché pendant longtemps un noyau en dehors de cet appareil chromatopliile. L'arc se compose de deux parties réunies au contact à l'avant du corps par leur extrémité renflée : chacune a la valeur d'un noyau et com- prend une membrane nucléaire très nette et un nucléoplasrae peu chromatique. » L'étude de la division nucléaire pouvait seule justifier cette interprétation. » Le Trepomonas, au moment où il se prépare à une bipartition, augmente d'épais- seur; chaque noyau forme son fuseau suivant cette direction; les deux tonnelets à la métaphase sont parallèles et très distincts l'un de l'autre quoique se touchant presque. L'échancrure, qui sépare suivant un plan médian vertical les nouveauxindividus, con- serve donc à chaque organisme deux éléments nucléaires d'origine dijjfêrente ; ceux- ci en passant à l'état de repos reprennent leur disposition en croissant. M En résumé, la cellule du Trepomonas renferme deux énergides : elle représente un organisme double comparable aux deux frères siamois, avec cette différence toutefois qu'il s'agit ici d'une organisation normale se transmettant à travers toutes les générations. » Nous proposons de désigner sous le nom de Diplomonadiens les Fia- gellés possédant cette structure et sous le nom plus général de Diplozoides, les animaux ainsi constitués. » Chez le Trepomonas, l'origine de cette anomalie provient soit d'un dédoublement primitif, soit de la fusion incomplète de deux individus; en tout cas, elle s'est transmise à la descendaace; nous retrouvons dans l'Amœba binucleata un phénomène analogue : d'autres Diplozoides pour- raient devoir leur organisation à un dédoublement s'efFectuant à chaque génération. » L'existence des Diplozoides soulève une foule de questions intéres- santes; nous nous proposons d'en développer quelques-unes dans un pro- chain Mémoire. » BOTANIQUE. — Le bois intermédiaire. Note de M. Paui, Vuillemi.v, présentée par M. Guignard. « La distribution des vaisseaux de la racine peut être envisagée à trois points de vue différents, suivant : 1° leur origine, 2° leur position, 3° leur succession. » On admet une concordance entre les trois caractères d'origine, de position et de succession. De cette façon, le bois primaire serait défini par l368 ACADÉMIE DES SCIENCES. sa formation : i" aux dépens du méristème primitif, 2° en bandes rayon- nantes, 3° en direction centripète; le bois secondaire par sa formation : 1° aux dépens du méristème secondaire, 1° dans le péricycle extra- ligneux et le conjonctif intra-libérien, 3" en direction centrifuge. » Si fréquente que soit cette concordance, elle n'est pas nécessaire. Déjà M. Van Tieghem a signalé, sous le nom de métaxylème, des vaisseaux situés entre les rayons ligneux et les îlots libériens, dans le conjonctif non recloisonné. Au point de vue génétique, le métaxylème appartiendrait au bois primaire, tandis qu'il concorde avec le bois secondaire pour la posi- tion et l'ordre de succession. » Dans la racine de Gentiana ciliata, nous avons vu, au voisinage du vaisseau primitif, tles cellules du péricycle encore simples se différencier en vaisseaux en même temps que des cellules du conjonctif intra-libérien. Tous les éléments qui, par leur situation topographique, sont appelés à évoluer en bois secondaire, sont donc susceptibles de s'organiser directe- ment en vaisseaux sans s'être constitués en méristème secondaire. » L'étude des racines de la même plante nous a offert, en outre, des transitions : 1° entre le méristème primitif et le méristème secondaire, 2" entre les vaisseaux disposés en séries rayonnantes et les vaisseaux dis- posés en îlots ou en nappes entre les rayons ligneux et les groupes libé- riens, 3° entre l'ordre centripète et l'ordre centrifuge. » 1° Quand on parle de méristème secondaire, on tient compte uniquement des cloisonnements qui alFeclent simultanément plusieurs cellules contiguës et qui se répètent plusieurs fois en donnant, dans chaque cellule-mère, une série de cloisons parallèles. Ce sont les plus faciles à vérifier, puisque la marche des divisions cellulaires reste inscrite sur le tissu adulte. » On néglige à tort les cloisonnements moins réguliers qui se produisent dans le plérome en voie d'accroissement. Leur intervention dans la production du métaxylème n'est pas exclue par les observations antérieures; en sorte qu'on n'est pas en droit de rattacher ce groupe de vaisseaux au bois primaire plutôt qu'au bois secondaire auquel le rattache sa topographie. » Si nous envisageons, dans les racines de Gentiana ciliata, les vaisseaux péri- cycliques extra-ligneux, nous verrons, tantôt une série répondant au type c!assi(|ue du bois secondaire, tantôt un vaisseau touchant en dedans le vaisseau primitif, en dehors l'endoderme, tantôt enfin un vaisseau formé dans un segment de cellule péri- cyclique taillée en biseau, de telle sorte que sur une coupe, il louche l'endoderme, tandis que, sur la suivante, il en est séparé par la moitié non diflérenciée de la cellule péricyclique. » 2° Dans les plus fortes racines de Gentiana ciliata, deux bandes ligneuses de trois vaisseaux chacune occupent un plan diamétral et restent séparées par une ou deux SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. iSôp cellules parencliymateuses; dans les racines plus grêles, le troisième vaisseau, parfois déjà celui qui suit le vaisseau primitif, est dévié en sens inverse pour chaque bande, en sorte que les bandes vasculaires planes sont remplacées par des surfaces à coupe spiralée chevauchant l'une sur l'autre. » 3° Dans l'exemple précédent, les premiers vaisseaux, ne se succèdent pas en direc- tion centripète, mais s'écartent de plus en plus du rayon. Il est alors impossible d'établir une limite entre le bois centripète et le bois centrifu£;e, puisque tous les vaisseaux organisés avant l'apparition du recloisonnement régulier se succèdent suivant un ordre intermédiaire entre l'ordre centripète et l'ordre centrifuge et con- duisent progressivement du vaisseau primitif aux vaisseaux issus d'un méristème secondaire. » Nous proposons de réunir, sous le nom de bois intermédiaire, une série indéterminée de formations ligneuses qui, comme les précédentes (y compris le métaxylème), s'écartent de la notion classique de bois pri- maire et de bois secondaire, soit par leur origine, soit par leur position, soit par leur ordre de succession. Loin de créer une nouvelle catégorie fermée entre les deux catégories classiques, nous voyons, dans le bois intermédiaire, une manifestation de la loi de continuité qui relie, dans le temps et dans l'espace, les divers éléments du bois de la racine. Des inter- ruptions topographiques et chronologiques, produites secondairement, avaient fait méconnaître cette loi. » PHYSIOLOGIE VÉGÉLALE. — Influence de l'aldéhyde formique sur la végé- tation de quelques Algues d'eau douce. Note de M. Raoul Bocilhac, pré- sentée par M. Duclaux. « J'ai montré que le Nosloc Punctiforine et V Anabœna cultivés ensemble dans un endroit assez obscur pour perdre la propriété de décomposer l'acide carbonique, végétaient encore et donnaient des récoltes abondantes lorsque j'ajoutais du méthylal à leurs solutions nutritives. » Je me suis proposé de rechercher si une plante verte pouvait être alimentée avec de l'aldéhyde formique. La toxicité de cette aldéhyde étant connue depuis longtemps je devais m'assurer en premier lieu qu'il y avait moyen d'obtenir des cultures en sa présence. Des expériences préliminaires m'apprirent bientôt que plusieurs Algues et notamment ['Anabœna et des Nostocs supportaient une trace d'aldéhyde. Ce résultat acquis j'ai disposé plusieurs essais de culture dans les conditions suivantes : » 1° Au mois de juillet igoc, j'ai préparé une solution nutritive dont j'ai déjà donné l370 ACADÉMIE DES SCIENCES. la formule et j'ai versé 2', 5 de cette solution dans deux grands matras de 3' qui furent ensemencés avec un voile mince de Nostoc et d'Anabœna. Ces matras furent placés dans une terre voisine du laboratoire et dans un endroit où la lumière arrive si faible que les plantes ne se développent qu'à la condition d'être alimentées avec une matière organique. En ajoutant des gouttes d'aldéhyde à leurs solutions nutri- tives et en renouvelant plusieurs fois cette addition, les plantes végétèrent normale- ment. » 2° Au cours de cette année, j'ai repris ces essais. Toutefois, j'ai tenu à me servir d'une aldéhyde rigoureusement pure, ne contenant aucune trace de méthylal ou d'al- cool méthylique. Cette aldéhyde a été préparée dans ce but par M Trillal, chef de service à l'Institut Pasteur, que je suis heureux de remercier ici. » Le il[ avril 1902, j'ai placé trois grands matras préparés comme dans l'expérience n° 1 dans l'endroit peu éclairé que j'utilise habituellement. Ces matras furent ense- mencés avec un mélange de Nostoc et d'Anabœna pris dans des cultures antérieures et reçurent en même temps trois gouttes de la solution d'aldéhyde de M. Trillat ; cette solution était à 25 pour 100. Mes matras furent entourés de huit autres matras qui restèrent dépourvus de toute matière organique et constituèrent ainsi des témoins. » Dans mes grands matras contenant de l'aldéhyde formique les plantes avant com- mencé à végéter dès que la température atteignait 20°, je continuais à verser régu- lièrement des gouttes d'aldéhyde, et au 3i juillet, j'étais en possession de récoltes suffisantes. La culture fut poursuivie jusqu'au i'^"' octobre, date à laquelle j'ai mis fin à l'expérience. » Ces résultats sont consignés dans le Tableau suivant : Poids Aldéhyde des récoltes retrouvée Numéros pesés dans Doocm' des à de la malras. l'état sec. solution nutritive. Matras témoins Néant. » Matras n» 1 os, 078 Traces. » n» 2 oS, 335 Traces. » n° 3 16,601 Néant. » Toutefois, dans le matras n° 3, une algue nouvelle non semée s'était développée à côté des deux premières, et cette circonstance m'engagea à soumettre un échan- tillon de cette culture à M. Bornet, qui a bien voulu me transmettre la Note suivante : » La majeure partie du voile que vous m'avez apporté est composée d'un Nostoc qui » n'est pas le punctiforme et qui était en bel état de végétation. La manière dont les » filaments s'agglomèrent, la couleur ardoisée de la chromule indiquent une autre » espèce. Le Nostoc est mélangé A\4nabœna et d'une assez grande quantité de Clilo- » relia vulgaris. » » Des cellules de Chlorella vulgaris se sont introduites dans le matras n" 3 au cours de l'expérience, et je me propose de faire bientôt des cultures de cette Algue en présence de la formaldéliyde. » En répétant ces essais dans un endroit sensiblement moins éclairé que le précé- SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. 1371 dent, je n'ai obtenu que quelques colonies de Nostoc et d' Anabœna qui se sont déve- loppés péniblement à la surface des solutions nutritives. A l'obscurité complète les cultures ont totalement échoué. » Conclusions.— 1° L'aldéhyde formique peut servir d'aliment au Nostoc et à ï Anabœna cultivés dans une solution nutritive assez peu éclairée pour que ces plantes, ne conservant plus la propriété de décomposer l'acide carbonique, soient obligées de vivre aux dépens d'une matière organique. » 2° Une certaine quantité de lumière est nécessaire pour permettre au Nostoc et à V Anabœna de pol ymériser l'aldéhyde formique et le minimum de cette quantité de lumière est très voisin de celui qui est nécessaire à ces plantes pour décomposer l'acide carbonique aérien. » BOTANIQUE. — Sur la végétation du lac Pavin. Note de M. C. Bruyant, présentée par M. Ferrier. « Dans ses Recherches sur la végétation des lacs du Jura, M. le professeur Magnin a déterminé d'une façon précise le mode de distribution des végé- taux dans les lacs de cette région. Les zones s'échelonnent régulièrement sur la grève, la beine, le mont et le talus du lac, jusqu'à une profondeur maximale de 12™ à iS™, au delà de laquelle on ne rencontre plus de végé- tation macrophytique. » Les études poursuivies au lac Pavin montrent que cette stratification y existe d'une façon très nette. Elles amènent en outre à reculer d'une façon sensible la limite inférieure de la zone littorale occupée par la végé- tation macrophytique. » La rive du lac présente une inclinaison considérable; par suite, la beine est très étroite. Les végétaux ne trouvent donc qu'un champ restreint pour se développer; le nombre des espèces est réduit; mais si la flore est pauvre, le tapis végétal n'en est pas moins fourni. 1) Les plantes de la première zone (Phragmitrie) sont très disséminées. Elles appartiennent aux espèces suivantes : Phalaris arundinacea, Equisetum lirnosum, Equisetum palustre. » La zone des Myriophilles s'étend depuis le bord jusqu'à la profondeur maximale de 4™. C'est en réalité la première zone littorale. L'espèce prédominante estle j)/y/-i'o- phyllum spicatum, à laquelle se joignent çà et là les Ranunculus aquatilis, Calli- triche hamulata, Potaniogeton natans. » La Potamogetonaie est très nettement caractérisée. Elle forme une ceinture presque continue entre les courbes isobathes de 4™ et de 7™, empiétant par endroits sur les zones voisines (minimum, a"; maximum, 8""). Elle est exclusivement occupée l372 ACADÉMIE DES SCIENCES. par Potamogcton prœlongus Wulf. Cette forme intéressante, connue des lacs alle- mands et de certains lacs suisses, est nouvelle pour notre région. M. Magnin avait signalé le premier sa présence en France dans les lacs de Val-Dessous (ait., 5i8"), de Saint-Point (ait., S^g"), des Taillères (ait., loS;"), de Bellefontaine (ait., 1088"°) et du Boulu (ait. ii52") (Jura oriental et central). » Enfin, la zone des Chara succède à la précédente jusqu'à la profondeur de 17". Les sondages effectués au lac Chauvet indiquent la même limite inférieure. » D'autre part, le F. Héribaud a signalé la présence, dans la zone de la grève, d'un certain nombre de mousses parmi lesquelles : Amblystegium irriguuni var. hetero- phylla, découverte par Tliériot en septembre 1898, Fontinalis squamosa, F. anlipy- retica et F. arvernica. Cette dernière, décrite par Renaud en 1886, a été trouvée également à Lugano (Italie) et à Pola (Istrie), ainsi que Cardot l'a constaté dans l'herbier de Bottini ('). La Fontinalis arsernica est une forme très voisine de la F. antipyretica dont elle semble une race adaptée, non seulement à la vie lacustre, comme l'ont indiqué déjà certains brjologues (Cardot, Limpricht, Héribaud), mais encore à la vie profonde. Nous l'avons, en effet, rencontrée dans différents sondages et elle atteint au moins la profondeur de 25™, à laquelle elle est encore abondante dans quelques points du lac (^). » Ces faits démontrent que, dans les lacs d'Auvergne ou du moins dans certains d'entre eux, la végétation s'étend jusqu'à une profondeur bien plus considérable que dans les lacs du Jura. Des deux facteurs, radiation et température, qui régissent la répartition des végétaux dans la zone profonde, on ne peut guère retenir que le premier. C'est ce qu'indiquent, en effet, la comparaison des altitudes auxquelles se trouvent situés les différents lacs étudiés et celle des chiffres fournies par les observations faites à l'aide du disque de Secchi. Ces observations accusent une transpa- rence bien plus marquée en faveur de nos lacs, en particulier Pavin et Chauvet (8™ à 10" au lieu de 3™ à 5" en moyenne). » PATHOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur une forme conidienne du Champignon du Black-rot. Note de M. G. Delacroix, présentée par iM. Prillieux. « J'ai signalé en avril 1901 (') une forme conidienne du Champignon du Black-rot [Guignardia B idwellii (EWis) Viala etRavaz], forme déjà vue (') HtMB.iLVD, Les Muscinées d'Auvergne, 1899. (^) Forel a signalé l'existence du Thamnium Leniani Schnetzier par 60" de pro- fondeur, sur la moraine sous-lacustre d'Yvoire, dans le lac de Genève. C'est là « un cas unique et encore inexpliqué ». Forel, Handbuch der Seekunde, p. 188. Stuttgart, igor. (^ ) Comptes rendus, i" avril 1901. SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. iSyS aux États-Unis et figurée par Lamson Scribner en 1887, mais qui n'avait pas été vue en France, où elle ne semble pas d'ailleurs fort répandue. M MM. Viala et Ravaz avaient décrit en r886 une forme toute différente qu'ils considéraient comme se rapportant au Champignon du Black-rot et M. Viala l'a figurée comme forme conidienne du Guignardia Biclwellii, dans son Ouvrage sur les maladies de la Vigne.' Il a décrit dans la Revue de Viticulture (T. VI, p. Sai) les infections de raisins faites par lui avec ces sortes de conidies, qui, telles qu'il les a figurées se rapportent sans doute à un Vcrlwillium ou à un Acrocylindrium. » M. Viala a contesté que la forme conidienne que j'ai décrite appar- tienne au cycle de développement du Guignardia Bidwellii; il y verrait plutôt un saprophyte venu par hasard sur les sclérotes, les pycnides ou les spermogomies de ce Champignon. » J'ai pu faire cette année (190.' ) la preuve des faits que j'avais précé- demment avancés. » J'ai rencontré à Biives, en août dernier, des grains de raisin, cliargés des pustules noires du Black-rot, sur lesquelles je reconnus la forme conidienne que j'avais observée précédemment. Un nouvel envoi que me fit dès mon retour à Paris M. Labounoux, professeur d'agriculture à Brives, me permit de faire toutes les reclierches nécessaires sur le caractère infectant de cette forme conidienne. Plusieurs de ces grains ne por- taient que des sclérotes avec forme conidienne, sans aucune pycnide, ni spermogonie fructifiée. C'est de ces derniers que je me suis servi pour mes essais d'infection. » Cette forme conidienne, telle que je l'ai décrite, présente les caractères d'un Scoleco- trichuni; les conidies sont toujours isolées à l'extrémité d'un filament fructifère dressé, ou paifois d'une courte ramification latérale divariquée et insérée près du sommet. » A la germination faite en chambre humide, dans l'eau distillée, on voit générale- ment un seul filament germinatif hyalin se produire à une extrémité de la conidie. A une certaine distance de son point d'origine, il s'y forme des cloisons; le filament se colore à peine, et je n'ai pu y observer de production de conidies secondaires ou de chiamydospores. Les germinations se comportent à peu près de même dans les milieux nutritifs. » J'ai tenté l'infection de grappes laissées sur le cep, mais placées dans un milieu saturé d'humidité avec des conidies prélevées directement sur des sclérotes. » Parmi les essais effectués, quatre infections ont été faites en déposant ces conidies sur la surface intacte des raisins. J'ai constaté au bout de 12 jours trois infections. Deux d'entre elles ont donné abondamment à la fois des sclérotes et des pycnides, et plusieurs de celles-ci montraient la forme conidienne. » Bien que cette expérience parût très démonstrative, on pouvait craindre cepen- dant que le mycélium de Guignardia contenu dans la portion du grain ayant servi à l'infection ait pu pénétrer dans le raisin et y produire ainsi l'infection. Pour répondre C. R., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N" 36.) 179 l374 ACADEMIE DES SCIENCES. à cette objection, dans une seconde série d'essais d'infection, je me suis servi exclusi- vement de germinations de coiiidies brunes prises sur les grains choisis dépourvus de tout conceptacle fructidi'. Sur cinq grains infectés avec les conidies germées, trois ont montré l'atteinte du Bl;ick-rot au bout de 12 jours, et ils portèrent des sclérotes et des pycnides en voie de sporulation, quelques-uns avec forme conidienne. » Ces expériences me paraissent fournir la preuve incontestable tle l'exactitude des faits que j'ai avancés dans ma première Communication. Les observations sont encore trop peu nombreuses pour déterminer l'importance de cette forme au point de vue de l'extension du Black-rot en France. Mais il semble bien prouvé, en tout cas, comme l'a dit en Amé- rique M. Lamson Scribner, que la persistance de l'humidité est la condi- tion indispensable de son évolution, comme de celle des autres formes de fructification du Guignardia Bidwellii. ». GÉOLOGIE. ~ Sur quelques rapprochements entre la gen-se des Gîtes Métallifères et la Géologie générale. Note de M. L. De Launav, présentée par M. Michel Lévy. « La cristallisation des minerais dans leurs gisements accessibles à nos efforts présente un caractère accidentel, qui, joint à leur valeur indus- trielle toute spéciale, a contribué à faire envisager leur genèse comme un sujet d'études distinct et à l'isoler de la Géologie générale. Cet accident se rattache pourtant, d'une façon très intime, au phénomène d'ensemble, qui constitue la formation de notre globe et je voudrais indiquer sommaire- ment comment il est permis d'étendre aux gîtes métallifères, pour mettre de l'ordre dans leur classification et dans leur histoire, certains résultats récemment acquis par laiscience géologique. » L'idée toute naturelle qui m'a guidé a été de considérer les formations métallifères comme un corollaire des formations de roches cristallines, celles-ci étant elles-mêmes un contre-coup des mouvements tectoniques : ce qui met en évidence le lien intime, par lequel se rattachent l'une a l'autre les trois sciences de la tectonique, de la pétrographie et des gîtes métallifères. » La relation originelle des minerais avec les roches éruplives implique, pour s'accorder avec leur isolement actuel, un processus, où les actions de simple différenciation, de liquation, de ségrégation proprement dite ont pu SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. 1 Sy.^ intervenir (' ), mais où j'ai étéconduità attribuer, presque partout, suivant l'exemple d'Elie de Beaumont, un rôle important aux fumerolles, dont j'ai essayé autrefois de préciser et de ciassifier le rôle (-). » On arrive à un groupement rationnel des gîtes métallifères et, par suite, à ime idée tout à fait générale sur leur mode de formation en consi- dérant : i" ce qui a dû se produire dans une région déterminée, pendant une période de plissement déterminée, en raison des déplacements de magmas éruptifs provoqués par ce plissement et des localisations métalli- fères qui en ont été la conséquence ; 1° en comparant les unes aux autres les diverses régions métallifères situées sur une même chaîne de plissement ou dans des conditions comparables par rapporta cette chaîne et montrant ainsi l'unité fondamentale de ces longues zones métallifères, directement reliées à la disposition tectonique du continent envisagé ; 3° en établis- sant, au contraire, les différences entre les diverses zones métallifères que présente un continent : zones dont l'âge de formation et, par suite, la profondeur initiale (résultant des érosions plus ou moins avancées) sont très dissemblables; ce qui permet, en résumé, de retracer l'histoire métal- lifère du continent, comme on l'a fait pour l'histoire tectonique et l'histoire pétrographique, et de relier les unes aux autres les phases principales de ces ti'ois histoires. « Le résultat général de cette étude est — sans nier la possibilité d'une évolution progressive dans les conditions d'ensemble qu'a présentées notre globe au fur et à mesure de son refroidissement ; en admettant éga- lement l'existence de conditions locales, manifestées par les types chi- miques de groupes rocheux, sur lesquels on a beaucoup insisté dans ces dernières années, — de mettre en relief des récurrences très nettes, qui, à chaque plissement, ont provoqué des successions de phénomènes métalli- fères analogues. » Ainsi, pour le premier point : [i°] dans une région déterminée, la suc- cession ordinaire des fumerolles, d'abord chlorurées, puis sulfurées, puis carburées, que Sainte-Claire Deville et M. Fouqué ont observées dans les phénomènes volcaniques, paraît s'être traduite par des cristallisations successives de minerais, oii ont dominé tour à tour les influences de ces trois réactifs (chlore, soufre, carbone) à des distances différentes du (') Voir : Contribution à l'étude des gites métallifères. I: [Sur l'importance des gites d'' inclusions et de ségrégration ( Annales des Mines, 1897 ). ('-) Formation des gites métallifères, i vol., 1898, p. 3o, 129, etc. I.'^^G ACADEMIE DES SCIENCES. magma értiplil fondamental, ou à des étapes distinctes de sa montée et de son refroidissement. C'e.^t qnelque chose d'analogue à la relation que l'on peut observer, en pétrographie, entre les granités, microgranulites, por- phyrites, etc., d'une même formation. » [2°] Sur toute la longueur d'une même chaîne de plissement, ces phé- nomènes sont comparables et à peu près contemporains. Quand on passe, au contraire, d'une chaîne à une autre, on trouve, pour les minerais comme pour les roches, des récurrences de séries analogues à des âges divers. Sui- vant l'âge de la chaîne, la richesse, l'abondance des types représentés ne sont, il est vrai, pas les mêmes; on rencontrera, par exemple, moins d'étaiu et plus de mercure dans une chaîne tertiaire que dans une chaîne primaire, de même qu'on y observe plus de roches d'épanchement et moins de magmas cristallisés en profondeur, à type granitique ou basique ; mais, comme pour les roches, plus les études se multiplient, plus les séries se complètent, plus aussi on est conduit à s'écarter des idées anciennes, qui attribuaient un ou deux âges uniques à chaque métal comme à chaque roche. « [3°] Les différences que l'on observe en passant d'une zone à l'autre entre les types régionaux (suivis, d'autre part, sur toute la longueur d'une même chaîne) peuvent s'expliquer, ainsi que j'ai essayé de le montrer précédemment ('), par la profondeur plus ou moins grande mise à nu par les érosions sur la chaîne considérée. )) J'ajoute que l'on peut observer encore cette relation générale des ge- nèses métallifères avec la Géologie en passant des minerais d'inclusions etde ségrégation, ou des minerais fdoniens, aux minerais sédimentaires. Ceux-ci également obéissent à des lois, que l'on retrouve toujours les mêmes sur la longueur de certaines zones en rapport direct avec les mouvements oro- géniques; ils sont, en effet, le produit de concentrations, qui se sont effec- tuées, soit dans une série de lagunes isolées et évaporées sur le bord d'une chaîne, comme c'est le fait pour le cuivre et le plomb le long de la chaîne hercynienne en Europe, soit sur un rivage ancien, comme cela arrive pour le fer et le phosphore. » (') Comptes rendus : Sur les types régionaux de giles métallifères {\i mars 1900). Sur la notion de profondeur appliquée aux gisements métallifères africains (23 juin 1902). — Les richesses minérales de l'Afrique ( i vol., 1902). — La répar- tition et les caractères de la richesse minérale en Afrique {Revue générale des Sciences, 3onov. 1902). SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. 1877 GÉOLOGIE. — Sur l'âge c/es formations volcaniques anciennes de la Martinique. Note de M. J. Giraud, présentée par M. Michel T.évy. « Pendant la dernière semaine du séjour que j'ai fait à la Martinique avec la mission désignée par l'Académie des Sciences, j'ai pu parcourir rapidement la partie orientale et méridionale de l'île, c'est-à-dire la région comprise entre Fort-de-France, Bourg-Sainte-Marie et l'extrémité méri- dionale vers Bourg-Sainte-Anne. Bien que mes observations soient encore bien incomplètes, je crois intéressant d'en faire connaître les résultats relatifs à l'àgc des premières éruptions anciennes. » La région que j'ai parcourue est entièrement formée par des tufs volcaniques avec dykes et coulées de labradorites. Ces roches sont profondément altérées aux. affleu- rements, d'ailleurs assez rares, et transformées en une argile brune ou rougeâtre dont l'épaisseur dépasse souvent plusieurs mètres. Dans les tranchées de roules récentes et assez profondes, on peut s'assurer que les tufs qui forment la plus grande partie de la masse sont le plus souvent dépourvus de stratification. Leur épaisseur est considérable et certainement supérieure à 200™. On ne possédait jusqu'ici aucune donnée précise sur leur âge. Un seul fossile : Turritella lornata du Miocène des Antilles y avait été signalé (') sans indication de gisement. Au moment de mon départ, M. Cossmann avait eu l'obligeance de m'indiquer que ce fossile, ainsi que des Olives, des Bivalves et des Foraminifères, provenait d'une terre noire, mélangée de glaise rougeâtre, aux environs de la rivière du Galion, près de la Trinité. Les relations de cette terre noire avec les formations volcaniques de l'île étaient ignorées. » En plusieurs points j'ai observé une stratification nette dans ces tufs volcaniques et, en même temps, le mélange en proportions plus ou moins grandes d'éléments cal- caires. C'est ainsi que près du Marin, dans les tufs stratifiés, il existe des lits marneux et des couches d'un calcaire impur, noduJeux, mélangé de débris volcaniques; sur la route du Vauclin, ces couches supportent des bancs irréguliers d'un calcaire parfois oolilique, d'autres fois marmoréen et très dur, dans lequel l'infiltration de l'eau a creusé des cavités sinueuses (comme dans le calcaire à ravets étudié par Duchassaing à la Guadeloupe). J'ai observé les mêmes intercalatious de calcairs sur la route du Marin au Vauclin, près de l'habitation Puyferrat et, plus au nord, dans la presqu'île de la Caravelle, à l'ouest de l'habitation Spoultourne. Ces calcaires renferment des restes indéterminables et très clairsemés de Gastéropodes avec des Foraminifères. L'examen des coupes minces de ces roches a montré à M. Douvillé qu'elles étaient formées par une agglomération de débris de Lithothamnium associés à des Orbitoïdes (') Douvillé, Sur l'âge des couches traversées par le canal de Panama {Bull. Soc. Géçl. de France, 3° série, t. XXVI, 1898, p. 587). 1378 ACADÉMIE DES SCIENCES. {Lepidocyclina) et à des Amphistegino. Les algues calcaires sont particulièrement abondantes dans les calcaires de la Caravelle, tandis que les débris volcaniques (verre avec labrador et labrador-bytownite) sont si nombreux dans les roches du Marin qu'elles apparaissent parfois comme des tufs calcaires. La présence des Lepidocyclina permet d'affirmer que ces calcaires ainsi que les tufs encaissants appartiennent à l'Aquitanien. » A l'ouest du bourg de la Trinité, près de l'habitation Bassignac, au-dessus des formations calcaires, j'ai découvert un gisement fossilifère dans des tufs labradori- tiques très altérés, paraissant dépourvus de stratification. Ce gisement, d'après les renseignements de M. Bailly, de la Trinité, est à quelques centaines de mètres de celui qui avait fourni les fossiles de M. Cossmann et qui est aujourd'hui oblitéré et couvert de végétation. Je n'ai pu encore dégager et étudier les nombreux, fossiles engagés dans le tuf; parmi les échantillons recueillis à la surface du gisement, j'ai déterminé les espèces suivantes : » Turritella tornata Guppy, excessivement abondante. T. Gatiinensis Conr., Terebra duplicata Lin., Conus granozonatiis Gup., C. marginatus Sow., Coliim- bella ambigua Gup., Phos cf Guadalitpensis Petit, Natica {Stigmaulax) sulcata Born, TV. Milleri Gabb, OUva hispidula Lam., Biilla cf plicatula Grat., Pecten scabrellus Lam., P. oxygonum Sow., Chama {Echinochama) arcinella Lam., Cytherea {Callista) planivieta Gup., Venus Woodwardi Gup., Crassntella c( mac- tropsis Conr., Cardium haitense Sow., Cardita sp.; Clypeaster ellipticus Mich. Scutella, Flabellum ci acutiun M. E. et H., Orbitolites (Amphisorus) (•). » L'âge de cette faune, caractérisée surtout par Turritella tornata, Natica sulcata, Clypeaster ellipticus et les Orbitolites, est bien connu : la plupart des espèces existent dans les couches de Gatun (isthme de Panama) qui appartiennent, comme l'a montré M. Douvillé, au Miocène inférieur. » Il est intéressant de noter les grandes analogies que présentent les formations de la Martinique et celles de l'isthme de Panama : les calcaires inférieurs du Marin et de la Caravelle doivent être rapprochés du système inférieur de Panama (couches de San Juan et de Peila Blanca), tandis que les tufs des environs de la Trinité renferment une faune identique à celle du système supérieur de l'isthme, tel qu'il a été établi par M. Douvillé. Ces analogies se retrouvent d'ailleurs pour les terrains de cette époque compris dans la Mésogée; les ressemblances des faunes néogènes martini- quaises avec celles de l'Aquitaine et du bassin méditerranéen sont nom- breuses. M. Schlumberger a été frappé par la ressemblance des tufs cal- caires à Orbitoïdes du Marin avec ceux du même âge qui existent à l'île Christmas, dans l'océan Indien. (') Ces déterminations ont été faites à l'Ecole des Mines, dans le laboratoire de M. Douvillé, que je tiens à remercier de ses conseils et de ses renseignements. SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE I902. 1379 » De ces observations il résulte donc que les tufs labradoritiques des parties centrale et méridionale de la Martinique, correspondant aux érup- tions qui paraissent les plus anciennes, ont pris naissance pendant l'OIii^o- cène et le Miocène inférieur. Ils ont, ensuite, continué à se former pendant une longue période, si l'on en juge par la masse de ces formations qui surmonte les couches fossilifères. » De nouvelles recherches seront nécessaires pour fixer l'âge des der- nières éruptions labradoritiques ainsi que celui des rhyolites de la partie méridionale (Diamant, les Islets) et occidentale de l'ile (région du Carbet), en même temps que le début des éruptions andésitiques de la Montagne Pelée. Des études plus détaillées permettraient, en outre, de préciser l'âge et la nature des mouvements du sol qui ont affecté l'île jusqu'à une époque relativement récente, comme le montrent la forme particulière des vallées près de la mer et l'existence de calcaires coralligènes à faune récente, émergés sur la côte orientale. Ces calcaires, ceux des anses de Macabou, au sud du Vauclin notamment, sont probablement l'équivalent des for- mations quaternaires signalées à la Guadeloupe et dans quelques autres îles de l'archipel antillien. » GÉOLOGIE. — Sur la découverte d'un nouveau massif granitique dans la vallée de l'Arve, entre Servoz et les Houches. Note de MM. E. Haug, M. Lugeon et P. CoRBiN, présentée par M. Michel Lévy. « La haute vallée de l'Arve, avec les massifs cristallins qui l'entourent, pouvait passer pour une des mieux connues des Alpes françaises, grâce surtoutaux travaux classiques d'Alphonse FavreetdeM. Michel Lévy et à la publication récente de la Carte géologique du Mont-Blanc de MM. Duparc et Mrazec. Sur cette Carte, de même que sur la feuille d'Annecy de la Carte géologique détaillée de la France, figure, dans la coupure transversale de l'Arve, entre Servoz et les Houches, au milieu d'une grande étendue de terrain houiller, un lambeau de Trias inférieur. Les quartzites qui consti- tuent cet étage affleurent en effet, comme nous le verrons plus loin, ea plusieurs endroits, tout eu occupant une surface beaucoup plus restreinte que celle qui leur avait été attribuée. C'est dans cet espace même que des circonstances particulièrement favorables nous ont permis de reconnaître la présence d'un alfleurentient granitique, qui avait jusqu'ici échappé à tous les observateurs, quoiqu'il s'étende sur une longueur de 3'^™ avec une largeur variable. ,38o ACADÉMIE DES SCIENCES. » Les tranchées du nouveau chemin de fer électrique du Fayet à Chamonix ont mis à nu des roches très fraîches et nous ont permis de relever, à travers cet affleurement, une coupe détaillée, en prélevant de nombreux échantillons, dont M. Michel Lévy a bien voulu entreprendre l'étude. » La roche dominante est a un très beau granité du type de Valiorcine, à mica noir » abondant, quelquefois intact, le plus souvent chloritisé, à orlhose moulant tous les » autres éléments excepté le quartz, à quartz écrasé et recristallisé en forme déciment » à grain grossier; enfin, à oligoclase-albite (*) ». » A. l'endroit où l'ancienne route de Chamonix par les Houches coupe la voie ferrée, la masse granitique est traversée par plusieurs superbes dykes de kersantite et de por- phyrite, de 5"" à 2™ d'épaisseur. » Nous avons pu suivre le granité vers le nord jusqu'à la tour Saint-Michel, vers le sud jusqu'au hameau des Chavans, au-dessus de la prise d'eau de l'usine électrique. Il forme, en général, un bande d'une largeur moyenne de 200"", plus ou moins paral- lèle à l'Arve, mais, à partir du Jour d'en Haut, l'affleurement s'élargit considérable- ment vers le sud, car le granité se couche de plus eu plus sur les schistes encaissants, pour les recouvrir, aux Bochards, en nappe horizontale, épaisse de quelques mètres seulement, comme l'avait très bien reconnu M. Michel-Lévy {■), en attribuant, il est vrai, cette allure tectonique à la « bésimaudite ». D'ailleurs, le granité est lui-même recouvert par des quartzites triasiques, qu'un esprit non prévenu ne pourrait pas dis- tinguer des granités soiis-jacents, ici particulièrement chlorileux. » Un second pointement granitique, beaucoup moins étendu, existe à l'ouest de l'affleurement principal, entre le Rozier et Rajis. La roche, fortement écrasée et altérée, est pauvre en mica et peut être qualifiée de protogine. )i Dans toute la coupure transversale de l'Arve, de Servez aux Houches, les Cartes existantes n'indiquaient, outre le Trias inférieur, que du Mouiller. Eu réalité, la masse schisteuse, dans laquelle on voit pointer le granité, est beaucoup plus complexe. Nous y avons reconnu plusieurs bandes très développées de schistes à séricite et de cornes vertes plus ou moins cristallines, qui nous ont paru ideutiques aux roches attrii)uées au Précambrien par M. Michel Lévy, dans les massifs du Mont-Blanc, des Aiguilles Rouges et du Prarion. L'un de nous (P. C.) y a observé, au pied de l'escarpement qui porte la tour Saint-Michel, et sous le granité, un banc de cipoiin gris-perle, bien stratifié. La cristallinité de ces schistes verts est probablement due en grande partie au dynamométamorphisme ; nous avons cependant recueilli, à 100™ au-dessus de l'hôtel des Montées, sur la (') Les mots entre guillemets sont empruntés aux diagnoses que M. Michel Lévy a eu l'amabilité de nous communiquer. (^) Note sur la prolongation vers le Sud de la chaîne des Aiguilles Rouges {Bull. Serv. Carte géol., n" 27, p. i4, fig- 5). SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. l38l route départementale, tout près du granité, une véritable roche de contact que M. Michel Lévv qualifie de « schiste micacé feldspathisé, du type Saint-Léon, avant subi sans conteste l'action flu granité ». » Il est presque toujours extrêmement difficile de séparer d'une manière précise les schistes cristallins et cornes vertes des schistes ardoisiers noirs et des grès, que l'on attribue au Houiller, en raison de la présence de fossiles végétaux dans plusieurs localités voisines. Il semble même exister des passages insensibles entre les schistes cristallins et les roches nette- ment détritiques. Nous avons observé, d'autre part, au-dessus de la chambre de décantation de la prise d'eau du P.-L.-M., des argilolithes rouges et vertes, qui représentent peut-être le Permien. » Si les cornes vertesr et les schistes sériciteux étaient véritablement houillers, comme pourrait le faire supposer leur liaison intime avec les schistes et les grès de cet âge, on serait conduit à les envisager comme du Houiller métamorphisé au contact du granité et l'on devrait considérer le granité lui-même comme postcarbonifère. Mais nous ne pouvons donner cette conclusion qu'à titre purement hypothétique, d'autant plus que les recherches d'Alphonse Favre et de M. Michel Lévy ont démontré l'âge antéhoullier du granité de Vallorcine et de la protogine, et que d'ailleurs la pénétration du Houiller et des schistes sériciteux pourrait être due uniquement à des actions mécaniques. )) Quoi qu'il en soit, le pointement granitique principal que nous avons décrit et les affleurements de houiller franc et de schistes métamorphiques forment des bandes orientées à peu près nord-sud, parallèlement au cours de l'Arve. Les plans de stratification des schistes plongent assez régulière- ment vers l'est, avec des angles variant de 3o° à la verticale. Nous sommes évidemment en présence d'un faisceau très serré de plis isoclinaux déversés vers l'ouest et grossièrement parallèles aux plis des massifs du Prarion et des Aiguilles Rouges, tandis que leur direction est coupée à 45° par celle des plis du Mont-Blanc. » Il convient d'ajouter que, dans toute la région, les surfaces de glisse- ment parallèles aux couches, de même que les nombreuses fissures transver- sales, sont presque partout minéralisées, comme l'attestent les anciennes galeries d'exploitation de pyrite cuivreuse et de galène. » Nous pensons être bientôt à même de publier sur cette partie de la vallée de l'Arve, qui nous a fourni tant de faits nouveaux, un Mémoire détaillé, accompagné de levés au -^^ et d'une étude pétrographique, pour C. R., 1902, 2- Semestre. (T. CXXXV, N- 26.) I ^O l382 ACADÉMIE DES SCIENCES. laquelle nous sommes heureux de pouvoir compter sur le précieux concours de M. Michel Lévy. » THÉRAPEUTIQUE. — La cryogénine dans les fièvres. Note de M. Carrière, présentée par M. Marey. « Il y a quelques mois, MM. Lumière et Chevrotier ont découvert, isolé et préparé une semicarbazide aromatique, la métabenzaminosemicarbazide à laquelle ils ont donné le nom de cryogénine. » Ces auteurs ont établi que ce produit n'était pas toxique, qu'il n'avait aucune action fâcheuse sur ses fonctions, et qu'il possédait une action antithermique des plus nettes. » MM. Lumière ont bien voulu me faire parvenir une certaine quantité de cryogénine pour en étudier l'action thérapeutique. Mes recherches étaient avancées lorsque M. Dumarest publia, dans le Lyon médical, une étude sur l'action de la cryogénine dans la fièvre des tuberculeux. » M; Gelibert a aussi apporté devant la Société des Sciences médicales de Lyon le résultat de ses recherches. )> La publication de ces divers travaux m'a décidé à publier le fruit de mes investigations. __ » I. Chez des sujets, adultes ou enfants, sains, on constate que la cryogénine n'est nullement toxique aux doses de : os, 10 de la naissance à i5 mois o?, i5 à os, aS de i5 mois à 3 ans oi,io à os, 4o de 3 ans à 5 » o«,4o à 0^,75 de 5 » à i5 » 08,75 à is,20 à partir de i5 » » Ces doses peuvent être données en cachets, en solution ou dissoutes extempora- nément dans du lait. » Sous l'influence de ce médicament pris en une ou deux doses par voie buccale, la température s'abaisse de -j-^ à -,% *^^ degré. L'abaissement commence i''3o"' après l'absorption, dure 5 à 6 heures puis revient à la normale. » Le lendemain la tetnpérature évolue suivant le mode ordinaire. » Sous l'influence de la médication immédiate ou prolongée je n'ai noté aucune modification dans la composition des urines, la quantité seule augmente légèrement. 11 n'y a pas (Te sudation, et l'on ne constate aucune modification du sang, sauf une leucocytose légère. Le pouls n'est pas sensiblement modifié, la tension artérielle est légèrement diminuée. SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. 1 383 » II. Examinons maintenant l'action de la cryogénine dans les fièvres. En général, et d'une manière quasi-constante, la température baisse sous l'influence de cette médication. » Je dois me hâter d'ajouter que dans les infections aiguës la chute est générale- ment peu accentuée (^ à /„ de degré). C'est ce que j'ai observé dans les angines, dans la diphtérie, dans les bronchites, les broncho-pneumonies, les pneumonies, les pleurésies. C'est ce que j'ai encore constaté dans la rougeole, la scarlatine, la variole, la varicelle. » Dans tous ces cas, chute de o°,i à o°,8 survenant i ou 2 heures après l'ingestion et persistant 5 à 6 heures, pouvant persister 48 heures à 3 jours après une adminis- tration prolongée. » Dans la fièvre typhoïde, la cryogénine abaisse la température de i°,5 à 2°, les autres symptômes restant les mêmes, de telle sorte que des fièvres typhoïdes traitées dès le 4° ou 5" jour avec la cryogénine peuvent évoluer sans fièvre pendant toute leur durée. J'ai commencé dans ces cas par des doses fortes, continuées i ou 2 jours puis diminuées et enfin espacées. Dans la grippe de toutes formes, bons résultats. Dans le rhumatisme les résultais ont été variables, tantôt peu accusés (0°, 3 à o",8 de chute), tantôt très accusés (i°,6 à 2°, 3 de chute). » Dans la fièvre nerveuse, la chute thermique a été très marquée. Il en fut de même dans \xne fièvre clilorotique. » Dansles fièvres de suppurations (consécutives à des abcès ou des collections puru- lentes ouvertes), la crjogénine absorbée avant le moment où la température monte, abaisse cette dernière et supprime la poussée fébrile. » Dans quelques cas à' impaludisme les résultats ont été satisfaisants et comparables à ceux qu'on obtient à l'aide de la quinine. » Enfin il semble que la cryogénine ait surtout une action élective sur la fièvre des tuberculeux. Chez ces malades la cryogénine n'a qu'une action peu intense lorsqu'il s'agit de formes aiguës (granulie, méningite, péritonites aiguës, bronchopneumonie, pneumonie caséeuse; mais l'action est extrêmement intense dans la fièvre des formes chroniques. A doses moyennes la cryogénine ramène la température à la normale, si élevée qu'elle soit primitivement. Cette chute dure 24 heures en général. Si l'adminis- tration est continuée plusieurs jours on peut voir son action se prolonger pendant longtemps et quelquefois même la température ne s'élève plus. » J'ai en ce moment des tuberculeux qui, en septembre, avaient 39° à Sg", 5 chaque soir et qui, depuis qu'ils ont pris ou qu'ils prennent de la cryogénine, ne montent pas à plus de 37°, 8. » Dans tous ces cas j'ai commencé par donner la dose forte, je la continue pen- dant deux jours, je diminue ensuite de o»,io par jour jusqu'à moitié de la dose primi- tive. Si la fièvre ne reparait pas j'interromps i jour, puis 2, 3, etc. Si elle reparaît, je redonne la cryogénine à une dose de 08,10 plus élevée. » Je n'ai jamais noté d'accidents, de frissons, de diarrhée, de céphalée, d'insomnie, de troubles digestifs, d'anorexie à la suite de l'administration courte ou prolongée de ce médicament. » J'ai souvent noté des sueurs plus ou moins abondantes et, dans un cas de dolhié- nentérie, une éruption miliaire respectant la face et la partie moyenne des membres, l384 ACADÉMIE DES SCIENCES. mais contluenle en tous les autres points. Dans ce cas il y eut en même temps hémo- globinhémie et hémoglobinurie, mais je dois dire que la dose un peu forte de ib, 5o par jour chez un enfant de i4 ans et demi avait été prolongée 5 jours. Il Dans les états fébriles comme chez les sujets sains on note seulement une légère augmentation de la quantité des urines, une leucocytose légère, une légère diminution de la tension artérielle. » Dans tous ces cas la cryogénine était donnée en cachets ou en potions, en une ou deux prises avant que la température ne commençât à monter, c'est-à-dire vers i*" ou a*" de l'après-midi. » En résumé il s'agit là d'un antithermique à action variable, mais dont il convient de retenir la puissance dans la fièvre des tuberculeux et dans celle des dothiénentériques. » M. Mascart, en communiquant à l'Académie des observations qu'il a reçues sur l'abandon, par les oiseaux, des pays atteints par le choléra, s'exprime comme il suit : « Le P. Victor, trappiste au monastère de El Athroun, par GafFa (Pales- tine), me signale dans une longue lettre un grand nontibre d'observations qui semblent démontrer que certains oiseaux, en particulier les hirondelles et les moineaux, disparaissent des localités atteintes par la peste ou par le choléra. On peut se demander si le même phénomène a lieu pour la fièvre jaune, dont la propagation par les moustiques paraît aujourd'hui établie, ou pour d'autres maladies contagieuses. En tous cas, l'observation du P. Victor offre un grand intérêt et il serait utile d'appeler sur ce point l'attention des observateurs dans les pays contaminés. » M. Marcel Gdédras adresse une Note « Sur le lithopone ». A 3 heures trois quarts l'Académie se forme en Comité secret. La séance est levée à 5 heures. G. D. SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Ouvrages reçus dans la séance du i""^ décembre 1902. (Suite.) Buletinul Societatiide Sciinte clin Bucuresci, România; an XI, n°' 1 si 2. Bucharesl, 1902 ; 1 fasc. in-8°. Akademia Umiejetnosci W. Krakowie. Sprawozdanie komisyi Jizyograficznej ; t. XXXVI. Cracovie, 1902; i vol. in-S". Boletin de la Real Sociedad geografica; t. XLIV, primero e segundo trimestres de 1902. Madrid, 1902; i vol. in-8°. Upsala Làkarefôrenings Fôrhandlingar ; B. VIII, Hâft I, 1902-1908. Upsal, 1902 ; i fasc. in-S". The Journal of the British astronomical Association ; vol. XIII, num. 1. Londres, 1902 ; 1 fasc. in-8°. Journal and proceedings of Lhe Royal Society of New South Wales; vol. XXXV, 1901. Sydney, 1902; i vol. in-8°. Mededeelingen uit' s Lands Plantentuin; LVUl. De landbouw der Inlandsche bevolking op Java, door H.-C.-H. De Bie; ged. LVIll. Batavia, G. Kolffet G'°, 1902; I fasc. in-8°. The Universily of Nebraska. Fifteenth annual Report of the agricultural Experiment station of Nebraska. Lincoln, Nebraska, 1902; i fasc. in-8°. Memorias y revista de la Sociedad cientifica « Antonio Alzate»; t. XVII (1902), num. 1, 2, 3. Mexico, 1902; 2 fasc. in-8°. Proceedings of lhe American Academy of Arts and Sciences; vol. XXXVIII, n"" 1-3. Boston, Mass., 1902; 3 fasc. in-8°. Transactions of the Academy of Sciences of Saint-Louis; vol. XI, n°^ 6-8; vol. XII, n*" 1-11. Saint-Louis (Etals-Unis), 1901-1902; i4fasc. in-8°. The Aeronautical World; vol. I, n° k. Glenville, Ohio, 1902; i fasc. in-S". Ouvrages reçus dans la séance du 8 décembre 1902. Anthropoligia Suecica; Beitrdge zur Anthropologie der Schvceden nach den auf Verstaltung der schwedischen Gesellschaft fiïr Anthropologie und Géographie in den Jahren 1897 und 1898, ausgefilhrten Erhebungen, ausgearbeitet und zusam- mengestellt von Gustaf Retzius und Carl-M. Furst; mit i3o Tafeln, i4 Karten und 7 Proportionslafeln in Farbendruck, vielen Kurven und anderen lUustrationen. Stockholm, 1902; I vol. in-f". (Hommage des auteurs.) Petit traité d' Agriculture tropicale, par H. -A. Alford Nicholls; traduit de l'anglais par E. Raoul. Paris, Augustin Challamel, 1901 ; i vol. in-8'\ l386 ACADÉMIE DES SCIENCES. La stabilité des murs de barrage; détermination des profils rationnels dans l'hypothèse de l'intervention des sous-pressions, par Pierre Vandeuren. Bruxelles, 1902; I fasc. in-8°. (Présenté, ainsi que l'Opuscule suivant, par M. Maurice Levy. Hommage de l'auteur.) Étude sur la tension du fil téléphonique: calcul des poteaux métalliques en treillis soutenant les grands faisceaux aériens, par Pierre Vandeuren. Bruxelles, 1902; I fasc. in-S". Bericht Liber die internationale Experten-Conferenz fur Wetterschiessen in Graz. Vienne, 1902; i fasc. in-4°. Die Staatsquellen von Vichy, herausgegeb. v. der Vervvallung des Bades Vichy; mit einem einleilenden Bericht des Geh. Medicinalralhs Prof. D"- Liebreich. Strassburg, 1902; i fasc. in-12, Census ofindia, 1901 ; vol. II, II a, V, \a, XVIIa, XXI, XXIa. Bombay, Lahore,..., 1902; 6 vol. petit in-f°. Odvrages reçds dans la séance du i5 décembre 1902. Annuaire pour l'an 1903, publié par le Bureau des Longitudes, avec Notices scientifiques. Paris, Gaulhier-ViUars; i vol. in-12. (Présenté par M. le général Bassot.) Cahiers du Service géographique de l'Armée : n° 16. Matériaux d'étude topolo- gique pour l'Algérie et la Tunisie (3» série); n" 17. Rapport sur les travaux exécutés en 1901. Paris, Imprimerie du Service géographique de l'Armée, 1902; 2 fasc. in-8». (Présenté par M. le général Bassot.) La Mécanique à l'Exposition de 1900, publié sous la direction de M. Haton de la GouPiLLiÈRB, Membre de l'Institut; t. I-lII. Paris, V- Ch. Dunod, 1902; 3 vol. in^"- (Présenté par M. Haton de la Goupillière.) M. Jean Brunhes, Professeur à l'Université de Fribourg, fait hommage à l'Académie des trois Ouvrages suivants : Étude de Géographie humaine. L'irrigation, ses conditions géographiques, ses modes et son organisation dans la Péninsule ibérique et dans l'Afrique du Nord, par Jean Brunhes. Paris, G. Naud, 1902; 1 vol. in-8°. Le travail des eaux courantes : la lactique des tourbillons; par Jean Brunhes. Fribourg (Suisse), 1902; 1 fasc. in-8°. De vorticum opéra seu quo modo et quatenus aquœ currentes per vorlices circumlatœ ad terrant exedendam operam navent; Jean Brunhes. Fribourg (Suisse), 1902; I fasc. in-S". U. S. Department of Agriculture. Seventeenth annual Report of the Bureau of animal industrie for the year 1900. Washington, 1901 ; i vol. in-8'>. Proceedings and transactions of the Royal Society of Canada; ser. II, vol. VII. Ottawa, 1901 ; i vol. in-8°. Transactions of the American Society of mechanical Engineers; vol. XIII. New- York, 1902; I vol. in-S". Lotabweichungen. Hefi II : Geoddtische Linien siidlich der europàischen Làngen- SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. F 387 gradmessung in Sa Grad breite, von A. Boascn und L. Kruger. Berlin, 1902 ; i fasc. in-4''. Ouvrages reçus dans la séance du 29 décembre 1902. Le cône de la Montagne Pelée le 8 novembre 1902. (Observations de M. Lacroix.) s. 1. n. d. I feuille héliogravure et i feuille tevle, in-8°. (Présenté par M. Michel Lévy.) La Valachie, essaisde Monographie géographique, ç&t^. Emmanuel de Martonne ; avec 5 cartes, 12 planches h. t. et 48 figures. Paris, Armand Colin, 1902; i vol. in-8°. (Présenté par M. de Lapparent.) Noie sur une espèce nouvelle de Fischerella ; par M. Maurice Gomont ; avec i planche h. t. (Extrait du Journal de Botanique, t. XVI, n° 9, 1902.) Paris, impr. J. Mersch ; I fasc. in-S". (Hommage de l'auteur.) Recherche sur l'orbite de la comète périodique de Holmes et sur les perturbations de son mouvement elliptique, par le D'" II. -J. Zwiers ; 2" Mémoire. Leyde, 1902; I fasc. in-4°. (De la part de l'Observatoire de Leyde.) Untersuchungen ûber den Lichtweclisel Algols, von Ant. Pannekoek. Leyde, L. Van Nifterik, 1902; i vol. in-4°. Annalen der Sternwarte in Leiden, herausgeg. von D'' H. -G. Van de Sande Bakhuyzen; Bd. VIII. Leyde, 1902; i vol. in-4°. Catalogus van do boeken aamveizig in de Bibliotheeli der Slerrenwacht te Leiden, uitgegeven door H. -G. v. d. Sande Bakhuîzen. Leyde, 1902; i vol. in-80. A Balaton kovamoszatai vagi bacillariai, D' Pantocsek Jozsef. Budapest, 1901; 1 vol. in-4°. (Hommage de l'auteur.) Regenwaarnemingen in Nederlandsch-Indic, 1901. Batavia, 1902; i vol. in-8°. Statistiek van den liandel, de Scheepvaart en de in- en uitvoerrechteii in Nederlandsch-Indië over hetjaar 190L Batavia, 1902; i vol. in-4°. ERRATA. Table des matières du Tome CXXXIV. Page i653, 3'' colonne, ligne 26, au lieu de Leduc (S.). — Sur la cohésion des liquides. (En commun avec M. Sacerdote.) lire Leduc (A.). — Sur la cohésion des liquides. (En commun avec M. Sacerdote.) l388 ACADÉMIE DES SCIENCES. (Séance du i5 décembre 1902.) Note de M. Garrigoii, La diffusion de l'arsenic dans la nature Page iii3, dernière ligne, au lieu de iridium, lisez indiiim. FIN DU TOME CENT TRENTE-CINQUIEME. N" 26. TABLE DES ARTICLES. (Séance du 2?) décembre 1902.) RENOUVELLEMENT ANNUEL DU BUREAU ET DE LA COMMISSION CENTKALE ADMIMSTRATIVE. Pages. M. Mascart csl élu Vice-Présidenl de l'Aca- démie pour l'année i<|o3 la'j^ MM. BoRNET et Mal'iuce Lkvy sont réélns Pages. Membres de la Commission centrale adml- nihlrative pendant l'année 1903 . . . '. ^''11 .^lEMOlKË^ ET COMMUNICATIONS DRS MRMBRKS ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. Henri Moissax. — Sur la présence de l'argon dans le gaz de la source Bordeii à Ludion, et sur la présence du soufre libre dans l'eau sulfureuse de la grotte et dans les vapeurs de humage 1278 M. Hexri Mûis.san. — Sur une nouvelle pré- paration de l'bydrure de silicium Si'll*.. r2S4 M. Gaston Bonnier. — Cultures expérimen- tales dans la région méditerranéenne, modifications de la structure anatomique. ii85 M. 1>. Ijl'rem. — Des conditions nécessaires pour qu'un fluide soit en étiuilibre stable. M. R. Blondlot. ~ Sur la vitesse avec laquelle les différentes variétés de rayons X se propagent dans l'air et dans dill'érents milieux M. Emile Laurent. — Sur le pouvoir gcr- minatif des graines exposées à la lumière solaire M. linuxET. — Notice sur M. Millardet. . . . 1290 393 1 39S RAPPORTS. M. Bouquet de i.a Orye. — Mapport sur un Jlémoire de iMM. />. Biunlies it Da\id relatif aux « Anomalies du champ magné- tique terrestre sur le l*uy de fjùmc »... i3oo CORRESPONDANCE. M. le Secrétaire I'Ertetuei. signale un Ouvrage de M. Emmanuel de Mailonne intitulé : » La Valachie, essai de mono- graphie géographique ». ; i3oo M. Cannizzaro, M"" Curie, MM. Com.menge, Driencourt, Caillot, Gruinard, Grim- BERT,DE GROSSOUVRIi.GUILBERT, HaUTWIU, Imbeaux, de la Baume-Puvinel, Lemoine, Le- Roux, Loisel, Marûuis, M. Mo.nnier, d'Ocagne, Peyroux, Ravadt, Bomazotti, ROSENSTIEHL, SCHULIIOF, SVEN IIeDIN, DE Tanneneerg, Teisserenc i>e Bort, Tour- NOUEH, Trépied, Vessiot, Vi n.LEMiNadrcs- sent des remerciments à l'Académie pour les distinctions accordées i\ leurs travaux. i3oi M. Cassederat. — Ouverture d'un pli ca- cheté indiquant M. Cassedebat coinuic l'auteur d'un Mémoire qui a obtenu une Mention honorable au concours Montyon de Statistique pour 190J i3oi M. Lacroix. — Nouvelles observations sur les éruptions volcaniques«dc la Martinique. i3oi MM. Rajibaud cl Sy. — Obs(uvalions de la comète d (1902), faites à l'Observatoire d'Alger i3o7 M. D. Eginitis. — Observations des Per- séides,Léonideset Biélides, faites à .Vlhènes j en 1902 "■ >3o8 , M. Had.\mard. — Sur les fonctions entières. iSog I M. W. Stekloff. — Remarque relative :r I sa Note « Sur la représentation approchée | des fonctions » i-'" ' .M. Matiiias Lercii. — Sur la formule fon- damentale de Dirichlel qui sert à déter- miner le nombre des classes de formes quadrali(]ues binaires delinies i3i4 M. Ernst LiNDKLÔF. —Une application de la théorie des résidus au prolongement ana- \\ tique des séries de Tajlor i3i5 M. B. i\lAYOR. — Sur une représentation plane de l'espace et son application à la Statique graphique i3i8 M. H. Pellat. — Étude de la magnétofric- tion du faisceau anodique i32i M. Eugène Bloch. — Sur l'émanatiou du phosphore 1 324 M. Georges Moreau. — Sur l'elTet Hall et les mobilités des ions d'une vapeur salée. i32(î M. D. To.MJiASi. — Sur un nouvel accumu- lateur électrique 1558 M. C. DE Watteville. — Sur les spectres de llainmes 1329 M. Anatole Leduc. — Sur la proportion de l'hytirogène tians l'air atinosi»hérique. .. . i332 M. II. GiRAN. — Éluile Ihirmiquede l'acide mt'taphosphorique i333 M. Cil. .MoUHEU. — Sur quelques sources de gaz minérales i335 M. E. Baud. — Sur les cryolithes i337 AL .M.-L.-,L Simon. — Sur une nouvelle méthode de dosage voluméti ique de l'hy- drt>xylamine ï339 M. OsMOND. — Sur les procédés de fabrica- lioii des armes à l'époque du bronze "342 W 26. .Sf/ITE DE LA TABLE DES ARTICLES. lOil Pages. M M FoncRAND. - Sur U composition el __ la constitution des hydrates sulfhydres.. . M. !M. TiFFEMEAU. — Sur le diliromure de métlio-éthénylbenzène ' M C. Chabrié. — Sur la synthèse d un car- bure aromatique dérivé du camphre. . ... i M F BODROUX. — Sur une n.élhode de transformation des dérivés monorhlores et monobromés des hydrocarbures en dérivés monoiodés ' Al M. OECHS>-ER DE CoMNOiv et Raynaud. - Sur la décomposition de quelques acides organiques di- et tribasiqucs M G. André. — Sur la nature des com- posés azotés qui existent dans le sol à différentes hauteurs M. Louis Roule. - L'hermaphrodisme nor- mal des Poissons M. Fredéiuc Houssa-ï. — Variations orga- niques chez les Poules carni^ores de se- conde génération - ; ■ ■ • MI«. J. Pantel et H. de Sinety. -Sur l ori- gine du Nebenkern el les mouvements nucléiniens dans la spermatide de .Voto- necta glauca ■ • • M. Pierre Fauvel. — Les otocystes des Annélides Polychètes • • • MM. A. Conte et C. Vaney. — Sur des émissions nucléaires observées chez les 346 348 35o i.35i i353 i355 i366 359 363 Pages Protozoaires • • '^'' M. P. -A. Dangeard. — L'organisation du Trepomonas agilis Dujardin ■■ M. Paul Vuillemin. — Le bois intermé- diaire ■",■,' .'i' ' y ' ' M RiOULBouiLUAC—Inlluencedel aldéhyde formique sur la végétation de quelques Algues d'eau douce '^'^à M. C. Bruyant. — Sur la végétation du lac Pavin .• V^'^' M. G. Delacroix. — Sur une forme coni- dienne du Champignon du Black-rot l'^-ji M. L. De Launay. - Sur quelques rappro- chements entre la genèse des Gites Métal- lifères et la Géologie générale M. J. Giraud. - Sur l'âge des formations volcaniques anciennes de la Martinique.. MM. E. Haug, m. Lugeon et P. Corbin. — Sur la découverte d'un nouveau massif granitique dans la vallée de l'Arve, entre Servoz et les Bouches M. CARRiiîRE. - La cryogénine dans les fièvres •' "■' V M MvscART communique à l'Académie des observations qu'il a reçues sur l'abandon, par les oiseaux, des pays atteints par le choléra io7'l '79 38-2 384 M. Marcel Guedras adresse une Note .< Sur ^^^^^ le lithopone » Bulletin bibliographiqui- Errata i384 i385 1388 GAUTHIER-VILLARS, I^P^^"^^^,, . gex OUAl DlîS GRANDS-AUGUSTINS, 5d, A PARIS (0 } ur-Editeur, COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, PUBLIÉS PAU LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. Par décision de l'Académie de.s Sciences, les pnx de l'abonneiBent el des coUecUons sont désormais fixés ainsi qu'il suit : PRIX DE L'ABONNEMENT : p^^,3 30 fr. I DÉPARTEMENTS 40 fr. 1 ETRANGER Chaque année, saut .845, .878 à iSg., 1896 à .898, se vend séparément .^ ■ • • ■ ■ ■ Chaque volume, sauf les Tomes .0, 'H, 76 . 108, UO, 11., lU, 1.5, m à Vn.se .end sepa- ^^ U fr. 25 fr. rénient TABLES GÉNÉRALES. „. , , , ... 25 fr. TABLE GÉNÉRALE des Tomes là 31 (i83d-i8oo) ^5 fr. _ Tomes 32 à 61 {i85i-i865) 25 fr. ^ Tomes 6-2 à 91 (1866-1880) 25 fr' _ Tomes 9î à 121 (1881-1895) Chaque Volume des Tables générale, compreud une TaU. par orire aiphabéli,.e d'auteurs et uuo Table par matih-es très détaillée. PARIS. - IMPKIMIÎKIE GAUTHIER-VILLARS, Ouai des Grands-Augustins, 55. ^ . Le Gérant: GaUTHIER-Villars. TABLES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. DEUXIÈME SEMESTRE 1902. "^TOME CXXXV J 'J I- 14 1903 COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, TABLES ALPHABÉTIQUES JUILLKT — DÉCEMBRE 1902. TAIÎLE DES MATIERES DU TOME CXXXV. Académie. — .\I. le Présiclnt annonce que la séance du lundi r4 juillet sera remise au mardi ij ■i\ — M. Mnscart eA élu Vice-Président de l'Académie pour l'année 1903 1-277 — MM. Boniet et Maurice Lévy sont réélus Membres de la Commission centrale administrative pendant l'an- née 190Î C^^y — Allocution de M. liaiuiuet de la Gne, dans la séance publique annuelle du ■j.i décembre igo>. 1145 Acidimétrie. — Sur un nouvel indicateur acidimétrique; par M. L.-J. Siiiinn. 437 AccuMULATEUBS. — Sur un nouvel accu- mulateur électrique; par M. D. Tom- "if^c i328 Acoustique. — Sur les accords binaires; par M. A. GuiLleniin 98 — Classement des accords binaires. Con- sonances et dissonances spécifiques; par M. J. Guilttmiri 3g6 — Sur la construction d'éiectrodiapasons C. R., 1902, J- Semestre. (T. CXXXV.) Pages. à longues périodes variables; par M. E. Mrnattier 89S — M. Utlifr udreise un 0 Essai d'une théo- rie mathémalique des consonances et des dissonances musicales». 14O, -^'ijet 517 — M. Girntl adresse un .Mémoire u Sur une méthode de transposition en mu- sique » ,09H Adkénaline. — Recherches expérimen- tales sur l'adrénaline; par MM. C/i. Bouchard et He/iri Claude 928 AÉRONAUTIQUE. — Rapport de M. Appell sur un Mémoire de M. Tnrres, con- cernant un avant-projet de ballon di- rigeable , ' I — Ouverture de deux plis cachetés, et Note complémentaire, concernant la stabi- lité des apjiareils aviateurs, plus lourds que l'air; par M. Sciwinaud 146 — Ouverture d'un pli cacheté contenant une Note intitulée : <> Contribution à l'étude de l'aviation » ; par M. J. Cim$- """"> 3o8 i8i ,3qo TABLE DES rai;e9. — M. H. PoA'«r adresse un Mémoire sur la c( Direction des baillons » 5 1 - — M. Ed. Eldin adresse une Noie rela- tive aux causes de la rataslroplie survenue à l'aéroslal « Le Bradskj' ». 63- — Nouvelles expériences d'Aéronautique maritime; par .\L //. Hervé 712 — JiL H.-L. Molccnt adresse une Note inlitidée : « De l'équilibre du ballon libre et indépendant, réalisé à toute altitude, sans communications avec la surface terrestre » 7^'^ — M. R. Sben-n adresse une Note relative à la Navigation aérienne 919 — M. J. Valelon adresse une Note sur i( la locomotion aérienne par les aéro- planes » 945 — M. i^wf^/Hf/ adresse une Note relative à l'Aérostation 9i5 — M. Di'laiiricr adresse une Note ayant pour titre : « Recherches sur la navi- gation aérienne » logfi — Liste des membres de la Commission d'Aéronautique : \UL Marey, Mas- cnrt, Maurice Léfj, Mtirctl Deprez, Léauté, Appell et les Membres com- posant le Bureau 715 — Membres adjoints à la C.ommission de l'Aéronautique : MM. Jtiiissen, Bou- quet de la Gryp, J^iolle 754 — M. Cnill-tet est adjoint à la Commis- sion de l'Aéronautique SHii AïK ATMOspiiÉRiQiE. — Uapport sur des expériences faites ii TObservaloire de Montsouris, relatives ii la composition de l'air atmosphérique; |)ar M. J:l. Cnrnol 8g — Sur une nouvelle vapeur organique de l'air atmospliérique; par ^L H. Hen- riet 101 — Sur le dosage de l'oxyde de carbone et de l'acide carbonique dans les airs viciés; par M. Frrdinniid Jenn 746 — Sur l'hydrogène atmosphérique; par M. Anatole Leduc S60 — Sur la quantité d'hydrogène libre de l'air et la densité de l'azote atmosphé- rique ; par M. Armand Gautier io25 — Sur la proportion de l'hydrogène dans l'air atmosphérique; par M. Anatnle Leduc 1 33i Alcalis. — Préparation des alcalis et du peroxyde de manganèse; par JL H. Baubigny 1 1 1 o MATIERES. Pages. Alcools. — Action des alcools sur les dérives sodés d'autres alcools; par M. Marcel Giierbet 172 — Synthèse de quelques alcools tertiaires (II). Di|ihénylcarbinols; par M. //. AJasson 533 Aldéhvdks. — Condensation du nitromé- Ihane avec les aldéhydes aromati- ques; par MM. L. Bouirault el A . ff'ahl 41 — Sur l'aldéhyde /j-benzène-azobenzo'ique et ses dérivés; par MM. 7'. Freun- dler et de Lnbnrderie 1 1 1 6 Alimentaiues (substancks). — Sur une nouvelle réaction du formol, permet- tant sa recherche dans les denrées alimentaires; par MM. Manuel et Marina 584 — M. Balland adresse ime Note " Sur les principales plantes fourragères « . 545 — Sur quelques Graminées exoticpies employées à l'alimentation (Eleusine, Paspale, Péuicillaire, Sorgho, Tef); par -M. Balland 1079 — M. iV. Tanibon demande l'ouverture d'un pli cacheté contenant de « Nou- velles méthodes d'analyse pour re- connaître les falsifications des huiles d'olive, et en général des huiles les unes par les autres » 6'9 Voir aussi Lait, Vins. Aluminu'.m et ses composés. -- M. le Se- crétaire perpctiud signale une tra- duction allemande d'un Ouvrage de M. Adolphe Minet, portant pour titre ". " Die Gewinnung des Alumi- niums und desson Bedeulung fiir llan- del und Industrie » 45i — Sur un chlorosulfate d'aluminium: par M. A. Recniira 736 — Aluminate de manganèse : Al-O'Mn; par M. Ein. Dufau 9(55 — Sur le fluorure d'aluminium; par M. E. Baud iio3 Aminés. — Sur les combinaisons des cya- nures complexes avec les aminés de la série grasse; par M. P. Claitu'n. 901 — Action des aminés grasses sur le diben- zoate de méthylène ; par M. Marcel Descudc 972 — Sur une nouvelle méthode de dosage volumétriquo de l'hydroxylamine ; par M. M.-L.-J. Sinum i339 Ammomaque. — Action du chlorure de TABLE DES l';i|;es. bore sur le gaz .immoniac; par M. ./. Joannis 1 1 oG Analyse matiiématioie. — Sur le déve- loppement (les roncliiins analytiques en série de polynômes; par M. fnul Piiiiilcvé II — Sur un _^roupe nouveau, d'ordre fini, linéaire à quatre variables; par M. Lénri Aalimiif 'li. — Appliciilioii do la métliodo de la moyenne aritliiiiéliqun aux surfaces de Kieniann ; par .\l. J. Kon: — Sur la présence des corpuscules acido- pliiles paraïuicléolaires dans les cel- lules du lociis niger et du Inciis cœ- riileiu\ par M. G. Mnrinr$cq loon Voir aussi Einbrjnoénic et Zonhgic Anatgmie végétale. — Le hois intermé- diaire; p.ir iL l'di// Viiilleiiiiu iBGj Voir aussi Botdniipte. Anii.in'k. — Sur quelque.s produits d'o.\y- dation de l'aniline par l'oxygèue de l'air; par M. C.-I. Istirui -\> AnsEMC. — Sur l'existence de l'arsenic dans la série animale; par M. Gabriel JicrtnincI Soi) — Observations de M. Armand Gautier, à propos de cette Note 812 — Localisation de l'arsenic normal dans quelques organes ries animaux et des plantes. Ses origines ; par .M. Armnad Gautier S3 3 — La diffusion de l'arsenic dans la nature. par M. F. G'trrignu 1 1 1 ! — Errata se rapportant à cette Commu- nication i38S — Observations au sujet de la Note de M. Garrigou; par M. Annaiid Gau- tier 1 1 j j AsTnoNOMiE. — Méthode spectrale capable de fournir la loi de rotation encore inconnue des planètes à faible éclat. Vérificalionsde la méthode. Premiers résultats; par M. H. Dcslandres. . . . •>.i8 — Recherches spectrales sur la rotation de la planète Uranus; par JL H. Dt:\- MATIERES. Pages. laiidrps 472 — Organisation, à l'Observatoire de Meu- don, des speclrographes automatiques dits (les vite.iie-i, qui enregistrent les mouvements radiaux et l'épaisseur de la chroniosphère solaire; par jM. H. Dc.dnnilrrs 5oo — Sur la surface focale principale de l'objectif de l'équatorial phologra- phique de l'Observatoire de Toulouse ; par Mi\L B. Baillaud et Mnntange- rand 44'.) — Comparaison des Tables de Vesta avec les observations méridieimes faites de 1890 à 1900; par M. Gustw.'e Lc- veaii 525 — Sur la visée d'une surface de mercure éclairée par un faisceau de lumière horizontal; par M. G. Lippinann. . . 83 1 — Vitesse de la lumière; parallaxe so- laire ; par M. Permtin 881 — M, Conrad de Lirbhaher adresse une Note « Sur le phénomène de la nuit et des étoiles changeantes » 3o8 — Rapport de M. Lœwy. concluant à dé- cerner le prix Lalande pour 1903 à M. Trépied nOS — Rapport de M. Lœwy, concluant à dé- cerner le prix Valz pour 1902 à M. Hartwlg I 169 — Rapport de M. Lœivy, concluant à dé- cerner le prix Damoiseau pour 190-2 à M. Gaillot 117" — Rapport de M. Jimsu-ii, sur le con- cours du prix Janssen en 190-2 \\~ i — Rapport de M. Lœwy. concluant à dé- cerner le prix H. Wdde pour 190-? à M. Schldllnf 1236 — Rapport de M. Bus.mr, concluant à dé- cerner le prix Delalande-Guérineau pour 1902 à M. Gnne.islDt 124' Voir aussi Comètes, EloUrs filantes. Lune. Planètes, Snleil. Aveugles. — Sur un nouveau procédé destiné à faciliter l'écriture et le cal- cul aux aveugles ; par M. Dussand. . . Coo AzoTUBES. — Sur un procédé général de formation des a/.otures mélalli(pies; par M. Guiitz 738 TABLE DES MATIEKES i3u:^ n Page». Balistique. — Sur la loi des iiressinns dans les boiiclie? à feu, par M. Ji. ynlUer 3i 4 et 8 iï — Tracé des courbes di' pre.ssinns : par M. E. Valiter 9 i i BvBYi M. — Sur le baryiim-amnidnium pI. l'iiniidiire de b.iryum; par M. .l/rv?. — Vpplicalion d'un caractère d'ordre éthologique à la cla.-sification natu- relle ; par Z . Matrucliot <)88 Voir aussi Chimie l>''n!ns;iiiue. Bore. — Action du chlorure de bore .sur le gaz ammoniac; par }\\. A. Jnnnnis. 1 mCi BoT.4NlQt'E. — Sur quelques plantes à caoutcliouc delà côte occidentale d'.\- l'rique; par .M. Am^. Chevalier 4 i 1 — Sur la liane à caoulcliouc des forêts du Congo français; par .\I. Au^. Clte- Vfdier 4'' 1 — Sur les Latuiolpliiées donnant le caout- chouc des herbes au Congo français; par M. Au^. Chcimlier j i ■.>. — l.e Landolphiii Pierre! , espèce nouvelle du Gabon, considérée i-omme pouvant fournir du caoutchouc; par M. Henri HiKi 8i;s l'agcs. — Sur l'existence déformes levures stables chez quelques moisissures; par .M. G. Odin 479 — Sur une modification produile chez \e Srnpolin r/ir/iin/ic/i à la suile de sa greffe sur Tomate; par M. Lneie/i Daniel 4!^l — Sur le pollen des Asclépiadées: par M . Pa/d Dnp 710 — Sur le iléveloppement de l'ovule des Asclépiadées; par .M. Paul Di>i> 800 — Uerliprehes sur le bourgeonnement de lUinhdoideiirii Nornianin .\ll; par MM. C. l'nney et A. Cnnie 748 — La Ihéoriedes phylons chez les G>m- nospermes; par M. G. Chninu-nud.. . y 10 — Sur le mode de \égélalion et de repro- duction de V Aiiirl'iiiirces lintixii, champignin âP,\A levure ehiaoïse: par M. ./. Tiin/iiet 91^ — De la reparution des sphéruhns dans les familles végétales; par M. Laiiix Priil 99 1 — Cultures expérimentales dans la région méditerranéenne, modifications de la structure anatouii(pie ; par M. Gaston lioiinier 1285 — Sur la végétation du lac l'avin; par M . C. Brin aiit 1 3; I — M. Gaston Jt'iiinier fait hommage à l'Académie du deuxième fascicule du » Cours de Botanique » publié par lui en collaboration a\ec M. Leelerr dit Srildon 84G — llapport de M. J}orn<-t. ccHieluanlà dë- cernei' le prix Desma/.ieies pour igo? à M. K' lia ni Tha.rler 1201 — Iia|i|)orl, de M. Pnllieii.r, eoui-luanl à décerner le prix Monlagiie pour 1907, à .M. /'. Viiilleiniri 1 ■f.r,^ Voir aussi Physiidogie végétale. Ana- tomie végétale. Pathidoi^ie véj^étitle. Biologie . lliiTAMQi'E FOSSILE. — Sur (pielqiics pol- lens fossiles. Prothalles mâles. Tubes polliniques, etc. du terrain houiller; par M. B. Renault 3Jo — M. R. Zeiller présente un travail : . — Sur le sérum antiparaniécique; par M. Lrildtix-Lfb/inl i()8 — Action de la fermentation alcoolique sur le bacille typhiquo et sur le Bar- tcriuin coli cnniiiiuiic ; pai' JIM. E. Ba- din et F. Paillierct 299 — Etude comparée des liquides organi- ques de la Sticculine et du crabe; par MM. Louis Bnin'.z ci Jean Griiilrelel. 349 — Influence des agents de catalyse sur le fonctionnement de l'organisme : sper- mine, cérébrine et cliloradrénal; par M. Alexanilre de Poehl 1 1 4 1 Voir aussi Ar.-ienic. Chimie indistrikli.e. — Sur une nou- velle preuve de la résistance cellu- laire des saccliaromyces, et sur une nouvelleapplication de celte propriété à l'industrie de la distillerie; par .M. Henri Alliot 4 'i — Sur le pouvoir calorifique de la houille; par M . (icminl \-- — Sur la reclierclie et le dosage de l'ex- trait de châtaignier en mélange avec l'extrait de cliène; par M. Ferdinnnd Jean J3G — Essais sur la constitution chimique.des copals; par M. Marcel Giwdras.... 797 — Production de couleurs fixes sur tous genres de cuirs, par l'emploi de sels de molybdène combinés à des matiè- res taniianles ou à des couleurs inor- duntes végolales; par M. Emni. Puzzi- Escot S80 — Ouverture d'un |ili cacheté renfermant une Note «Sur la préparation du ga'ia- col et du créosol purs au moyen de la créosote de hêtre »: parM.M. C/uij/n- leiiiit et Ciraud 10(2 — M. le Secrétaire perpeiuel signale les trois Volumes du Compte rendu du quatrième Congios international de MATIÈRES. 1395 Pages. Chimie appliquée, tenu en 1900 146 Voir aussi Alimeniaires iSidtslances), fins, Carburaleiirs. Chimie MiNÉnALE. — Action de l'acide chlorhydrique sur les sulfates de ses- (juioxyde d'aluminium, de chrome et de fer; par M. A. liccoiira i63 — Sur les mixtes formes par le soufre et le phosphore au-dessous de 100"; par M. K. Boidoiirli ifiS — Sur la précipitation des chlorures et bromures de cadmium, de mercure et d'étain par l'acide sulfurique; par M. Georges Viard 24^ — Sur quelques sources de gaz minérales; par iM. Ch. Moiirea 1 335 — Sur les cryolithes : par M. E. Bmid.. 1337 Voir aussi les Articles spéciaux : Alu- minium, Aznlurcs, Baryum, Cnrbnne, Cfhiiim, Cubait, Cuivre, Fluor, Ma- gnésium, Phosplialrs, Radium, Sili- cium, Tludlium, Uranium, Vanadium, Zinr, et Thermocliimie. Chimie oiig.\xiohe. ■- Propriétés oxydan- tes d'un pyranol ; par M. /{. Fosse. . . ig — De l'action des sels diazoïques sur la desmotroposantonine et l'acide des- mntroposantoneux; par MM. E. fFe- dekind et O^car .Schniidl 43 — Hydrogénation directe de carbures acé- tyli-niques par la méthode de contact; par MM. Paul Sabalier et J .-B. Sen- dcrens 87 — Uéduction des dérivés nitrés par la mé- thode d'Iiydrogônalion directe au con- tact de métaux divisés; par MM. Patd S(dialier et J .-B. Senderens 225 — Hydrogénation directe des oxydes de l'azote par la méthode de contact; par MM. Paul Sabalier et J.-B. Sen- derens 278 — Sur l'acide oxyiso|iropyl(ihosphinique; par M. C. Marie 106 — Propriétés pharmacûdynamiques de certaines semicarbazides aromati- ques; par MM. Auguste Lumière, Ijiuis Lumière et J . Chevrnttier 187 — Sur quel(pies nouveaux composés orga- nii]ues d'addition ; par M. /'. Lemoull. 346 — Sur l'acide nitropyromucique et son éther éthylique. Sur le diuitrolurfu- rane; par M. A'. Mnn/uis 5o5 — Sur un nouveau composé du groupe de rhexaméthylènetélraniine; par I :•}()(; TADF-E DES M. Marcel Df.sciiilé (ig'J — Action ilu chlore et (lu brome sur l(-s vérnlrols mononilrcs: par M. H.Cnu- siii 9G7 — Sur rhyihoi;éiialioii do l'acélol ; l'ar M. André Klin;^ i);o — Action des élliers halugiuiés ^ln■ le thiosulfocarbamate d'ainnuminiii ; par M. Miirci'l Drlépiiii- 97 i — Dérivés d'addition du cyclohcxeiic : par M. Léiiii Briinrl io5"> — Sur un dichlorhydrale et un dibroin- hydrale de cadinène et un cadinéne réi^énéré dextroijyres; par M. Emile Grimai 1 067 —■ Sur l'acide oxybenzyiphospliuiKpie ; par M. C. Marie 1 1 18 — Sur le dibromure de métlio-étheiiyl- benzène; par M. ;)/. Tilleneau rîiO — Sur la synthèse d'un carbure aroma- tique dérivé du camphre; par M. C. Chabrié 1 34>> — Sur une méthode de transformation des dérivés monochlorés et nionobro- més des hydrocarbures en dérivés monoiodés; par M. F. Bodnmx 1 >io — Sur la décomposition do quelques aci- des organiques di- et tribasiques; par iMM. CEch.sner de Coidnck et Haytiinid 1 55 1 — Itapporl de M. Hidler. concluant à dé- cerner le prix .lecker |)uur 190.4 ii M. Ro.sen.itichl 119) Voir aussi Aleidis, Aldéhydes, Jlcnntx, Aminés, Aidline, Jienzèrie.s, Cyanu- res, Etiiers, Fermentations, l'hénols, Sia'rcs. Chimie viiGkrAi.E. — Sur la présence de la Iccilhine dans les véijélaux; par MM. Si/d(ii;ili idiaiij/iii et fiecù •M^■j — Le méthylanthranilate de inélhyle dans l'ori^anisme végétal; par M. Eiitièiie CItariibot 58(1 — Sur l'essence de bois de Cèdre de l'Atlas; par M. Èmdien Grimai iSa — Sur la composition des hydrates rie carbone de réserve de l'albumen de quelipies Palmiers; par M. Ë. Lié- imrd igJ — Méthode de dosage volumétrique du tannin et analyse des bois et extraits lanniques; \\&vW. Albert TtionijisDn . 689 — Sur l'acide solide de l'huile A'Elœo- coecaveraicia ; par M. L. Ma/jnea/M". (iytj MATIERES. Pages. — Sur une matière albuminoïde extraite du .srain de maïs: par MM. /,'. Dn- nard et H. Lalibé 744 — Sur la présence do la voléndle dans quelques l'iimulacée;;; par MM. /. Boiii^ault et G. Allard 79(1 — Sur l'essence de vélwer; [lar MM. P. Genvresse et G. Langlnis loSg C-iiLORURES. — Action du chlorure de bore sur le gaz ammoniac; par M. A. Jonnnis r 1 06 — Sur une nouvelle méthode de chlorura- lion des carbures aromatiques; par M.M. Seyeivelz et Biat 1 120 Choléra. — M. Masrart communique à l'Académie des observaiions qu'il a rec;uessur l'abandon, par les oiseaux, des pays atlemts piir le choléra ri84 t'.i.AVEr.ÉE. — Traitement préventif de la clavelée. Sérum anticlaveleux; par M. F.-J. Base 4o5 CoDVLT. — Sur les condjinaisons du sili- cium avec le cobalt et sur un nouveau siliciure de ce métal: |ar M. P. Le- beau 47^ CoHÉRELRS. ^- Sur la nature du cohéreur: par M. J . Feiiyi 3o Co.MËTES. — Observations de la comète b 1902, découverle le 1'' septembre par M. Perrine et le '.septembre, d'une manière indépendante, par M. Bnr- relly, à l'Observatoire de Alarseille ; par MM. Borelly et L. Fabry 433 — Observaiions de la comète 190! //, à rObservaloiie de Besançon ; par .\l. /'. Cliofardet 433 — Observations de la comète Herrine- Bonelly (igoa b). à l'Observatoire de Lyon ; par M. J. Gudlauine 499 — M. Max (Ko// adresse une Note rela- tive à des a photographies stéréo- scopiques de la comète Perrine- Borelly " tiSj — Observations de la nouvelle comète Giacobini ( (/ 1902), faites à l'Obser- loirede Paris; par MM. /. Bi^onrtlan. G. Fayet et P. Salet io43 — Éléments provisoires de la comète Gia- cobini (2 décembre 1902); par M. G. F'ayet 1 o44 — Observations de la comète Giacobini (190-). d), faites à l'Ob.-ervatoire de Besançon; par M. P. Chojardet loyg — Observations de la comète d (igu-i), TABLE DES MATIERES. Pages. fnites à l'Observatoire d'Alger; par -MM. Mnnibtiud et Sy 1 307 Cristallograi'Hik. — Sur les iiroupements de cristaux d'espèces dlIFérentes; par M. Fréd. If^dUerant 798 CUIVRB ET SES COMPOSÉS. — Sur 1h préi I- pitation du clilorure et du bromure cuivriqiies par l'acide sulfuri(piH; |iar M. Georges l'iard iGii '^97 Page». — Chlorures cuivriques ammoniacaux anhydres. Radicau.x cupro-ammo- niques par M. Bmtzni 292 — Sulfates cupro-ammoniques anhydres; par M. Bouzat 534 Cyanures. — Sur les combinaisons des cyanures complexes avec les aminés de la série grasse; par .M. P. C/iretien. . yoi I) DÉCÈS DE Me.mbri;s et Correspondants de l'Académie. — M. le Président rap- pelle à l'Académie la perte qu'elle vient de faire dans la personne de M. Faye, Membre de la Section d'Astronomie (j — M. le Prc.siilciit annonce à l'-Vcadémie la mort de M. H. Virclimv, Associé étranger .jotj — Allocution à roccasi()n de la mort de R. VircliDw ; par M. Buuc/inrd 409 — M. le Présiilent annonce à l'Académie la mort de M. Daniniir, AcadéÊnicien libre 4tj;i — M. le Présiilent. annonce à l'Académie les décès de MM. Deliéraiii et Haute- feuillf 1017 — Molice sur M. Millurdct; par M. Bor- lll-t I ■2(J,S DÉCRETS. — Décret approuvant l'élection de M. Scliuipiirelli, comme Associé étranger ; ; — Décret approuvant l'élection de M. Bou- vier^ dans la Section d'Anatomie et Zoologie ~% — Décret approuvant l'élection de .M. Des- luridres, dans lii Section d'Astrono- mie io85 DiASTASES. — La zyniase de VEnrolinpsis Ginorii ; par M. Miizé i r > — .\L Eiiiiii. Pozzi-Esirit adresse des a Re- cherches sur les ferments diaslasiques de Y Eurotiuni Orizœ » .il fi — Les kinases microbiennes. Leur action sur le pouvoir digestif du suc pan- créatique vis-à-vis de l'albumine; par M. C. Deleztnne i^n — Théorie générale de l'action de quelques diastases; par M. Victur Heiiti 916 Diffusion. — Sur une conséciuence de la théorie cinétique de la diliusion ; par M. J . Tlwi'ert 579 Distillation. — Étude sur la distillation simultanée de deux substances misci- bles; par MM. Eugène Cluirabut ^l J . Roclierolles 1 75 E Eau oxygénée. — Sur un dérivé de l'eau oxygénée; par U. H. Eusse 53o ÉCOLE POLYTECHNIQUE. — l\IM. H. Puill- ciiré et Hilton de Lu GmijiHlièrc sont désignés à .M. le Ministre de la Guerre pour faire partie du Conseil de perfec- tionnement de l'École Polytechnique pendant l'année 1902-1903 yii ÉC0N0.MIE RURALE. — Culture du lupin jaune (Lupi/ius tuteus) ; par MM. P.-P Deliérain et E. Deiiioiissj 445 — Culture du blé au clidinp d'expériences de Grignon, en 1902; par MM. P. P. Deliérain et C. Dajnnn 654 C. i;.. iy..j i- \i:i,., ■,-, . Cf. cxxxv — Sur l'appréciation économique des amé- liorations culturales; par M. E. Ra- hatd 1074 Voir aussi filieulture, Chimie ni^ricole. Élasticité. — Mesure de la limite élastique des métaux; par M. Cli. Piémont... xii — Sur les paramètres élastiques des fils de soie; par M. F. Beaidard 6-23 — Précautions à prendre pour l'emploi des (ils de cocon comme lils de torsion ; p.ir M. V. Ciémieii 682 ÉLtCiiciTÉ. — Nouvelles recherches sur li-s courants ouverts; par M. /'. Cic- iiiicH 27 l«2 l3()8 TABLE DES Pages. — Anomalies présentées par la charge de conducteurs isolés surdesdiéleclriqiies solides. Phénomènes magnétiques particuliers constatés au voisinage tlo nœuds d'oscillations électriques; par M. V. Crémieu i53 — La lumière noire et les phénomènes actino-électriques; par M. GiisMve Le Bon 35 — Sur les phénomènes mécaniques de la décharge disruptive; par M. Jules Semenov '55 — Phologra|ihie d'un éclair multiple; par M. Pillschikoff. i58 — Moyen de régler les résonateurs de haute fréquence, en vue de leur eni- l)loi médical; par M. H. Guillcmiiiol. 288 — Sur les différences de potentiel au con- tact; par M. Pierre Boley 454 — Sur la résistance électrique des corps peu conducteurs aux très basses tem- pératures; par M. Edmond van Au- tel 4^0 — Errata se rapportant à cette Commu- nication 64" — Sur la résistance électrique du sulfure de plomb aux très basses températu- res; par M. Edmond vnn Aiibel. . . . 734 — Sur la condiictibililé des dissolutions aux basses températures; par JL J- Kum 788 — Lames minces métalliques obtenues par projection cathodique; par M. L. Houllei'igue 626 — La vision à distance par l'électricité; par M. J.-H. Coblyn 084 — Nouvelles expériences sur la résistance électrique du sélénium et ses applica- tions à la transmission des images et des impressions lumineuses; par M. Dussaud 790 — Étude de la magnétofriction du faisceau anodique; par M. H. PclUit i32i — Sur l'émanation du phosphore; par M. Eugène Bloch ï324 Voir aussi Électrocldmie, Hcrlzicnnes {Oniles), Coliéreurs^ Accumulateurs, hayons X, Tliermo-électricité. Electrochimie. — Sur la relation entre Tmlensité du courant volta'ique et la manifestation du débit électrolylique ; parM. Berlliclot C — Actions éleclrolytiques manifestes, développées par les piles constituées MATIERES. Pages. par la réaction de deux liquides ren- fermant l'un un acide, l'autre un alcali ; par M. Berthelot 129 — Nouvelles expériences sur la limite d'in- tensité du courant, d'une pile qui cor- respond à la manifestation d'un débit électrolylique extérieur, apjjarent dans un voltamètre; p;ir M. Berthelot ... 485 — Sur l'électrolyse de l'azotate d'argent; par M. Anatole Leduc 23 — Sur l'équivalent électro-chimique de l'argent; par M. Anatole Leduc 237 — Éleclrolyse de mélanges de sels; par M. Anatole Leduc jgS — Sur les électrodes bipolaires; par M^L André limchet et C.-L. Barillet. 854 — L'électrolyse des sels métalliques séjournant dans les tissus; pai M. An- ilré Poëf 874 — Sur l'ioni^ation d'une flamme Sidée ; par M. Georges Mnreau Sg8 — Sur les électrodes bipolaires à anode soluble; par MM. André Brochet et C.-L. Barillet lo49 — Procédé de séparation électrique de la partie métallique d'un minerai et de sa gangue; par M. D. Ncgreano i io3 — Sur l'effet Hall et les mobilités des ions d'une vapeur salée; par M. Georges Moreau ' 320 — M. André Poé/ adresse une Note rela- tive à « l'électrolyse des sels métalli- ques séjournant dans les tissus ».. . . 357 E.MBRYOGÉNiE. — Sur l'évolution de la spermatide chez le Noionccta glauca; p,ir MM. y. Fantel el n. deSinéy. 997 — L.'herma|ihrodisme normal des Pois- sons; par SL Louis Roule i355 — Sur l'origine du Nebenkern et les mou- vements nucléiniens dans la sperma- tide de Notonecta glauca : par MM. J. Pantel et R. de Sinéty 1 SSg Errata, 128, 216, 268!^ 876, 4f>4, âao. 640, 716, 920, 1016, 1084, 1276, i388. Éthers. — Nouvelle méthode de prépa- ration des éthers ji-cétoniques a'sub^ stilués; par M. René Locquin 108 — Action de l'acide nitreux, en solution acide, sur les éiliers B-céluniqucs a substitués; synthèse des homo- logues de l'acide pyruvique; par MM. L. Bouveault et R. Locqiiin ... 179 — Action ds l'acide nitreux, en solution TABLE DES MATIERES. Pages. alcaline, sur les éthers p-cétoniqiies a substitués; par MM. BouveaiiU et Renc Lncqnin agS — Sur la saponification des éihcrs nitri- ques; parlIM. Léo V/gnonclT. Baj. 307 — Action dt s combinaisons organo-magné- siennes mixtes sur les ctliers d'acides céloniqiies (II); par M. f^. Gri^nanl. 67.7 — Sur les dérivés de i'élhor pyriivylt'y- ruvique (II). Ilydrazones sléréo-iso- méres ; par iM. L.-J. Simon 63o Étoiles filantes. — Sur quelques parti- 1399 Pages. cularités de la théorie des étoiles filantes. Existence de points radiants slalionnaires par 45" de latitude; par M. O. Catlandrenu 557 — Observations des Perséides, Léonides et Biélides, faites à Athènes en 1902; par M. D. Ej^miiis 1 3o8 EïPÉDITIONS SCIENTIFlyUES. — M. le &- crétuire perppiui'l signale un Volume intilulé : « The norwegian norlli po- lar Expédition, 1893-1896. Scienlific results. Volume IIl » aa Fërmrntations. — Sur la fermentation peclique ; par M. Gnyaiid — M. Gnyaud adresse une nouvelle Note « Sur la fermentation pectique » . . . . 537 ■i5 Fluor et ses composés. — Étude du pen- lalluorure d'iode, par M. Henri Mois- siin 563 Géographie. — Sur la géographie physi- que de la Yaïla occidentale (Crimée); par M. E. Daniloff. 355 — M. le Secrétaire perpétuel signale les cahiers 16 et 17 du Service géogra- lihiqiic de l'armée 109G — M. le Secrétaire perpétuel s\^W:\\c. un Ouvrage de M. Emmanuel de Mar- ianne intitulé : « La Valachie, essai de monographie géogr iphique » . . . . i3oo — Rapports sur le concours du |)rix Binoux en KJ02 1 1 74 — Rapport de M. de Lapparcnt, con- cluante décerner le prix Gay pour 1902 à M. le colonel Bcrttuuit 1 199 — Rapport de iM. Graudidier, concluant à décerner le prix Tchihatclief pour 1902 à M. le D' S^•en Hcdin 1239 GÉOLOGIE. — Sur la présence de l'étage aplien dans le sud-est de rAfriijue; par M. W. Kilian 08 — Errata se rapportant à cette Commu- nication 21C — Sur le Gothlandien inférieur du massif armoricain; par .M. F. Kerforne.... \ïi — Faits nouveaux ou peu cunnus, relatifs à la période glaciaire; par M. David Martin 124 — Sur la caverne du Hbll-Loch (Trou d'Enfer) et la Schleichende Brunuen (source rampante) (Suisse); par M. E.-A. Mwlel 3o5 Sur la constitution géologique des en- virons d'Alexandrie (Egypte); par MM. K. Fourtaa et D.-È. Pachun- dald 59O Sur le Grès nubien; par M. R. Four- tau 8o3 Analogie entre les Car|)aihes et les Alpes; par M. Maurice Lugeon 872 Production actuelle de soufre natif dans le sous-sol de la place de la République à Paris; par M. Stanislas Meunier.. gi5 Sur les terrains paiéozo'iques de l'Oued Saoura et du Gourara, par M. E.~F. Gautier 107 1 Sur l'origine de la coupure transver- sale de la Kosva (Oural du Nord); [lar M. Louis Duparc 1 1 35 Sur des gîtes de phosphate de chau.^ de la Craie à Bélemnites, formés avant le soulèvement du Bray; par il. A'. de Mercey 1 1 37 Sur quelques rapprochements entre la genèse des Gîtes Métallifères et la Géologie générale; |)ar M. L. de Lau- ""y 1374 Sur la découverte d'un nouveau massif granitique dans la vallée de l'Arve, entre Servez et les Mouches; par l/|00 TABLE DES MATIERES. MM. E. Hmig, M. Lugeon el P. Corh'in '379 — Rapport de M. de Lnppnrenl, con- cluanl. ;'i décerner le prix Fontanes pour 1902 à M. Grussniirre • '97 Voir aussi Bnt/i/iir/iie furs/lr, Pnléonto- /ogip, Pétrogriip/iie, Hyi/rologie, PliY- sii/iie (lu gliibp. GÉOMÉTRIE. — Sur une propriété curieuse d'une classe de surfaces algébriques; par M . Emile Picard 217 — Sur le problème de Dirichlet pour des domaines limités par plusieurs con- tours (ou surfaces): par M. A. Koni. aSi — Sur la déformation continue des sur- faces; par M. G. Tzitzéica 5o3 — Sur l'habillage des surfaces ; par M. M. Servant Î75 Pages. — Sur la résolution nomographique du triangle de position pour une latitude donnée ; par M. Maurice d'Ocngne . . 738 — Sur les subslitulions crémoniennes dans l'espace; par M. Léon Julanne. 776 — Sur les propriétés du plan au point de vue de \' ArKdysis silits ; par M. Cnni- bebiac 1044 — Sur une représenlalion plane de l'es- pace et son application à la Statique graphique; par M. B. Maynr i3iX — M. P. de yhiès adresse une Note inii- tulée : (I Théorème du point symé- trique et quelques-unes de ses consé- quences » 1144 — Ra(ipoi't sur le concours du prix Bor- din en 1902 ; par M. Darimux 1 16>. Voir aussi Analyse mathématique. H Hertziennes (Ondes). — Sur les proprié- tés des enceintes fermées, relatives aux ondes électriques; pjr M. A. Turpain 435 — Sur l'analogie entre les rayons X et les oscillations hert/.iennes; par M. P. Dultem 845 Histoire des sciences. — M. le Secré- taire perjtétuel annonce que le To- me XXXII (2' série) des « .Mémoires présentés par divers savants à l'Aca- démie des Sciences » est en distri- bution au Secrétariat 22 — M. le Secrétaire perpe'luel signale un Volume de M. S.-H. Finne-Gronn, intitulé : n Abel, den store mathe- matikers siegt, Christiania, 1899- 1 900 » 93 — M. le Secrétaire perj/élwl piésenle deux Volumes de 1' « International Catalogue of scientilic literature, first annualissue; D, Chemistry, Part 1, et M, Botany, Part I » i4fi — M. le Secrétaire perpétuel signale le Tome I des « Opère matematiche di Eugenio Bellrami » 228 — M. le Secrétaire perpétuel signale le Tome I des 0 Œuvres complètes de J.-C. Galissard de Marignnc, 1840- I 860 » 323 — Sur les registres de laboratoire de Lavoisier; par M. Berthelnt 54g — Les quatorze grands Registres de labo- ratoire de Lavoisier. Le Registre II, signalé perdu, et nouvellement re- trouvé; par M. //. Brocard 523 — M. le Secrétaire perpétuel signale une brochure de M. Icilio Guaresclii, ayant pour titre : « Faustino Mala- guti e le sue' opère » 945 — M. Lœivy fait hommage à l'Académie, au nom de M. Hepites, d'un « Essai historique sur les travaux astronomi- ques exécutés en Roumanie jusqu'à la fin du XIX' siècle » 943 — M. //. Pnincaré fait hommage de son Ouvrage intitulé : « La Science et l'Hypotliése » 770 — Sur les procédés de fabrication des armes à l'époque du bronze; par M . Osmond l342 Hydrates. — Sur la composition des hy- drates de gaz; par M. de Forcrand. 959 — Sur la composition et la constitution des hydrates sulfhydrés; par M. de Forcrand • 1 344 Hydrographie. — Sur le régime hydro- graphique du Tidikelt (archipel Touatien), Sahara central; par M. G.- B.M. Flamand 212 — Rapport sur les travaux de M. Drien- court (concours du prix extraordi- naire de six mille francs); par M" Guyou 1 163 TABLE DES MATIERES. i4or J I i3« Pages Hydrologie. — Sur le fonctionnpment el l'alimentation de la fontaine de V;ui- cluse: piir M. E.-A. Marirl 8i5 — Sur rori;;ine ries lapiiiz f*l leur relatimi avec les abîmes et l'hydrooi^ie sou- terraine des calcaires; par M. E.-J. Martel — Sur la présence de l'argnn dans le f;az de la source Bnrdeu à Ludion, et sur la présence du soufre lil)re dans l'eau sulfureuse de la grotte et dan.s les vapeurs de liumage; par .^L Hmii Moissnn i i-S — Sur quelques sources de gaz minérales; par M . Cil. Moiireu i ^3 ") — M. LœivfhW, hommage à l'Académie. au nom de M. Cmls, d'un Rap[iort sur les travaux accomplis en îqoi par la Commission brésilienne char- gée de procéder à l'exploration des sources principales du Javary S87 Hydrostatiole. — Sur la formation des gouttes liquides et la loi de Taie: par MM. ^. Leduc et Sncerdnte 91 Pa — Sur la formation des gouttes liquides et les lois de Tate; par MM. Pli.-J. Giirrl et F.-Ijouis Perrni — Eirntn se rapportant à celle Commu- nication — Sur la formation des gouttes liquides et les lois de Tate; par .MM. Pli. -A. Giiye et F. -Louis Perrnt — Sur la formation des gouttes liquides et la loi de Tate; par MM. A. Leduc et P. Sncerdotc Hvnnosi'LFiTES. - Synlhése de> hydrosul- liles alcalins et iilcâlino-terreux anhy- dres; par M. H. Mniss/m — Errata se rapportant à celte Coinmu- niration HvniKNE PUBLIQLE. — Sur le dosage de l'oxyde de carbone et l'acide carbo- nique dans les airs viciés: |iar JL Fer- dinand Jean — Rapport de M. Tmosi, concluant à dé- cerner le prix .Montyon (Arts insalu- bles) pour 190?. à .M. Claude Bou- cher ges. 5/0 %i\ 'm; io8i 746 17.3 1 T Infectieuses (maladies). — Recherches sur les Culicides de l'Algérie; par M. H. .Sdulié 118 — Les moustiques et la fièvre jauiu^ a la Havane; par M. Andé Pnry 193 — Traitement iiréventif de la clavolée: sérum anticlaveleux : p;ir M. F.-S. Pose - Contribution à l'étude des Ann/ilieles de l'isthme de Suez: [lar M. Cam- hnidin Vou' aussi Toxines. J'cidns. An') :"l I. Lait. — Variation de l'acide phosplmrique suivant l'âge du lait ; par M.M. /•'. Jlor- das et Sii(. de Rae^kowski 3o ' — De l'iiifluenre de l'écrémage sur la ré- partition des principaux élénieuls constitutifs du lait; par MM. /''. Bor- das et .V/u-. de liaczkna-slii 35'i — De la traite mécanique, dans l'in.lu.s- trie laitière; par MM. F. F.nnii'i et Si^. de Raczkowski 371 Lécithine. — Sur la présence de la lécilhine dans les végétaux: iiar .MM. Si lilagdenliaiijl'rn et llceh -ioS I.iNK. — Sur la structure et l'Iiisloire de l'écorce lunaire : observations suggé- rées par le cinquième et le sixième fascicule de l'Allas filiotographique de la Lune, publié par l'Observatoire de Paris; par MM. Lœwy et P. Pui- seitx 73 — Sur l'accélération séculaire de la lon- gitude moyenne de la Lune; par -M. H. Andoyer 4^2 l402 TABLE DES MATIERES, M Pages. MAGMÉsitM. — Sur les alliages fie cuivre et de magnésium; par M. O. Bi>it- ilounrd , ^gî Magnétisjie. — La dévialion ma^nélique et élecirique des rayons Becquerel et la masse électroma.;rni'tique des élec- trons; par AL IF. Kaufiniinn 377 — M. Fraichet adresse le résumé d'un travail « Sur la variation de résis- tance magnétique d'un barreau de traction » 637 — Variation de la résistance magnétique d'un barreau de tracliou ; jiar.NL Frai- chet 685 Magnétisme tebrestke. — La relation entre les protubérances solaires et le magnétisme terrestre; par Sir Nor- man Lorkyer 364 — MM. B. Briinlws et P. David soumet- tent au jugement de l'Académie un Mémoire intitulé : « Élude des ano- malies du champ magnétique terres- tre sur le Puy de Dôme » 1096 — Rapport sur ce Mémoire de MM. B. Brun lies et David \ par AL Bouquet de la Grye 1 3oo Manganèsb et ses composés. — Alumi- nate de manganèse AI^O'Mn; par M. Dufau 963 — Sur le dosage du manganèse; par M. H. Baubiguy f)65 — Errata se rapportant à cette Commu- nication 1084 — Préparation des alcalis et du peroxyde de manganèse; par W. H. Baubigny. iiio — Sur le métaphosphate manganique vio- let de Gmelin; par M. Pli. Barbier.. 1054 — Sur un pliuspliale ainmoniaco-mary- conigraphe violet; par AL Ph. Bar- bier 1 1 09 MÉCANIQUE. — Présentation d'un « Traité de Mécanique rationnelle »; par M. P. Appell 521 — ' Sur l'assemblage de deux corps; j'ar M. G. Kœnigs 343 — Remarque sur un problème de Clebsch sur le mouvement d'un corps solide dans un liquide indéfini et sur le pro- blème de M. de Brun; par AL fV. Steldolf. 526 Paffes. — Sur le problème des brachislocbroncs; par AL Halim de la Goii])ilUère 61 4 — Quelquescas d'intégration de l'équation des brachistochroiies; par ^L Haton de In GnupiWère 657 — Sur un exemple de transformalion cor- rélative en Alécanique; par AL Paul- J. Suehar 679 — Sur la rupture et le déplacement de l'équilibre ; par M. Jouguet 778 — Sur l'équivalence des systèmes diffé- rentiels; par AL E. Cartan 781 — Sur les quasi-oudes; par AL P. Du- hein 761 — Sur les conditions nécessaires pour la stabilité de l'équilibre d'un système visqueux; par M. P. Dnhem gSg — Sur la stabilité de l'équilibre et les variables sans inertie; par AL P. Duiirm 1088 — Des conditions nécessaires pour qu'un fluide soit en équilibre stable; par AL P. Didiein 1290 Voir aussi Balislique. Hydroslaliijue, Ph ysiijue nuiihcnialiquc. MÉCANIQUE APPLIQV ËE. — AL L. Fraichet adresse un Mémoire portant pour titre: « Méthode d'essai des métaux, basée sur la variation de la réiuctanre d'un barreau de traction » 886 — M. Henri J'illard soumet au jugement de l'Académie les résultats d'expé- riences qu'il a eiïectuées avec de grandes hélices à très petits pas giS — AL le Secrétaire perpétuel signale un Ouvrage intitulé : « La Mécanique à l'Exposition de 1900 » 109'' — Rapport sur les tiavaux de AL Hurt- rtiann (concours du prix Alonlyon, Mécanique, en 1902); par M. Mau- rice Lévy 1 1 67 Voir aussi Carburateurs, Chaudières, Élasticité, Bétons. MÉCANIQUE CÉLESTE. — Propriélés d'une certaine anomalie pouvant remplacer les anomalies déjà connues dans le calcul des perturbations des petites planètes; par M. O. Callnndreaa . . . S — Perturbations indépendantes de l'ex- centricité; par M. Jean Mascart 1097 TABLE DES Page». MÉDECINE. — Rapport de M. Bourhnrd sur le concours des prix Montyou (Médecine et Chirurgie) en 1902. . . . 120S — Rapports de M. Marey e\. de M. Gujon sur le concours du prix Barbier en 1 902 1 i 1 3 — Rapport de M. Buiic/iard sur le con- cours du pri.\ Bréant en 1902 i-ii3 Voir aujsi Physiotogic pathnln^iijnc. 'riierapcatiijiie. MÉTÉOBOLOGiE. — Variations solaires et météorologiques à cour te période; par Sir Norman Lochrr et IViUiain L'ickyer 36 1 — Étude sur le climat de Toulouse, de i863 à 1900; par M. B. BnlUaud... 766 — Ouverture d'un pli caciieté, relatif à un (1 Anémoscope électrique » ; par M. P. Le Gouzinii 5 1 6 Mi.NÉRALOGiB. — Pfoduction artificielle du rubis par fusion; par .M A.ycrneml. 791 — M. A. Dnbnin adresse une Note 1 Sur MATIÈRES. l4o3 Pages, la production du rubis par fusion». 919 — Quelques observations minéralogiques, faites sur les produits de l'incendie de Saint-Pierre (Martinique) ; par M. A. Lacroix 1 06S Voir aussi Pétrographie, Cristallo- graphie. Mines. — Analyse de neuf échantillons d'air recueilli dans les galeries d'une mine de houille; par M. Nestor Gréhant 726 — Remarques au sujet de celte Communi- cation de M. Gréhant; par M. Halon de la Gnupillière 7CS Molybdène et ses co.mposés. — Sur les oxalomolybdites; par M. Bailhache.. 86 >. — Erratai& rapportant à Cette Communi- cation 1084 Monnaies. — M. Tmnst est réélu membre de la Commission de contrôle de la circulation monétaire au Ministère dos Finances 1081 N Navigation. — Sur la caviuuion dans les navires à hélices; par M. /.-,-/. Nor- man . 662 — S. A. le Prince de Mviiicn fait hom- mage à l'Académie d'un Volume ayant pour titre : « La carrière d'un navi- gateur, par Albert I", Prince de Mo- naco » 726 — Rapport sur leconcouis du prix extra- ordinaire de six mille francs; par M. Bouquet de la Gryc 1 163 o Observatoires. — Sur les travaux de cette année, à l'Observatoire du som- met du mont Blanc; par M. ■/• Jans- sen 34 1 — Sur les récentes publications émanant de l'Observatoire de Paris : Catalogue stcllaire (IV Pari.); Catalogue pho- lographi(]ue (!"' Vol.); Annales, Ob- servations de 1898; Mémoires (T. XXIII); Bullelindu Comité inter- national (T. 111): par .M. Lœwj...,, 824 Optioue. — La lumière noire et les phé- nomènes actino-électrjques ; par M. G. — lîappoits sur le <'oncours du pris lii- noux 1 174 Navigation aérienne. — Voir Aéroixou- tvjne. Nominations. — \\. Boino l'j: Ib — Ërratu se rap|>ortant à cette Commu- nication — Sur la difficulté d'isoler le P>/icteriuiii mil normal dans la dysenterie colo- niale; par AL Lesngc — Le Nagana et le Mal de caderas sont deux entités morbides bien distinctes; par MM. A. Lweian et F. Mesnil . . Voir aussi Plir^iolugie patlinlogiqiœ. Toxines, l'ifeetieuses {nududies). P.vrnoLOGiE VÉGÉTALE. — Les périthèces du Hoselliniit meiilrix; par AL Ed. Prillieux — De l'immunisation de la Laitue contre le Meunier; par M. E. Mnrelial 1 — Sur une forme conidienne du ("champi- gnon du Black-rot; par M. G. Debi- cioLV 1 Voir aussi Viticulture. Pendule. — Ouverture d'un pli cacheté relatif à l'expérience du pendule de Foucault; par M. P. Le Gouzioii.. . . — Pendule de Foucault simplifié; Note de AL d'Arsoiii'rd — M. Jug. Coict adresse deux Notes, sur un mode de suspension du pen- dule, et sur un projet de pendule de Foucault « à force vive » Pesanteur. — La pesanteur le long du parallèle moyen: par AI. J. Collet.. . et — AL l.e'on Sdliol adresse un travail por- tant pour litre : « Déviation de la pe- santeursensibleavec l'allilude seule ». Phénols. — Sur un nouveau phénol diiodé; par AI. P. Brenans Phonographes. — Reproduction, en nom- bre illimité, de phonograinmes en cire, pour musées phonographiques, par le moulage galvanoplaslique. Pro- cédé par fusion et procédé par com- pression et chaleur combinées ; par AL Z. .-) zoidtiy 076 40 ) 8'à8 8.32 9'9 774 936 357 177 8:9 TABLE DES MATIERES. i4o5 Pages. — Errata se i'a|)poitaiil à celte Cunimu- nicatinn 1016 PiiospHATKS. — Sur le méliipliosph.ite man- ganiqiie violel de Gmelin ; par M. Ph. Barbier i o54 — Sur un phos[ihate ammoiiiaco-manga- iiirpie violet ; par M. Ph. Barbier. . . 1109 PiiospiioRR. — Sur rémanation du phos- phore ; par M. Eugène Biorli 1 Zi^ Piiospiionioiiics (ACIDES). — Transforma- tion de l'acide pyrophosphorique en acide ortho|)hosphoriipie ; par M. H. Giran ij(i I — Étude thermique de l'aride métaphos- phorique ; par M. H. Giran r533 PiiOTOGnAPiiii:. — Argenture du verre et daguerréotype ; par M. Jzarn ■>J\o — M. jiiig. Bcrtliier adresse une Note intitulée : « Photographie élertroly- tique; nouveau procédé physique pour obtenir des images photogra- phiques l> IOJ2 — Sur une chambre noire pour la photo- graphie trirhiome ; par M. Prieur... 104S Physiologie am.male. — Sur la cause des colorations changeantes des tégu- ments ; par M. H. Mandoul 65 — L'élabor.-ition du zymogène dans les glandes gastriques de la vipère^it'n/.f; par M. L. Lminrn ig5 — La spermalogenèse chez le Cybisier Rnsellii ; par M. D.-N. Voïnov «oi — La sécrétion interne du testicule chez l'embryon et chez l'adulte; par M. Gustave Loi.vel 25o — Sur une nouvelle forme de \a sensibi- lité tactile : la trichesthésie; par MM. N. Vascliide et P. limtsseaa . . . aSg — Nouvelles contributions à la physiolo- gie des leucocytes; par M\L H. Sins- sann et F. Billnn 'in-i — Sur le rentre nerveux qui innerve la périphérie du manteau chez \e Pccti/i ; par M. Louis Bmuan 587 — L'excrétion chez les crustacés supé- rieurs ; par M. L. Bniniz 589 — De la nature des courants ôlectrirpies du nerf; par M. N.-E. IVedcn^ky.. . 804 — Uôle de la fonction adipogénique du foie chez les Invertébrés; par .M"" C. Dejlandre 807 • — Le cœur à l'état normal et au cours de la grossesse; par MM. Cli. Hoiicliard et Balthazard 93 1 C. K., 1902, 2« Semestre. ( T. CXXXV.) Pages. — L'excrétion chez les Cirripèdes; par M. L. Bruntz 987 — Rapport du poids du foie au poids total de l'animal; par AL E. Maurel iooï — Sur l'évolution de l'acrosomo dans la spermatide du Notonecle; par MM./. Pantel et R. de Sinely 1 124 — La léléomitose chez VAniœba Gleiclie- nii Dujard ; par M. P.- A. Dangeard. 1 1>.0 — IL Raijlu'èl Duliois adresse une Note « Sur le mécanisme intime de la fonc- tion photogénique; ré|)onse à M. Ja- mes Dcwar » 630 — Rapport de M. Giard, concluant à dé- cerner le prix Godard pour 1902 à M. G. Lnisel 1216 — Rapport de M. Marer sur le concours du prix Lallemand en 1902 1216 — Rapport de M. E. Perrier, concluant à décerner le prix Philipeanx|)our 1902 à M. Pierre Rnnnier 1221 — Rapport de M. E. Perrier, concluant à décerner le prix Serres pour igoa à M. Paul Mairlial 1222 — Rapport de M. Clnnweau, concluant à décerner le prix Pouiat pour 1902 à M. /. Tissol 1 2 i 1 — Rapport de M. Marey, concluant à dé- cerner le prix Martin-Damouretle pour 1902 à M. //. Blnndel de Joi- gny 1 23 1 Voir aussi Biologie, l'arlliénugenèse. Sang, P'ision . Physiologie expérimentale. — De l'in- fluence de la choline sur les sécrétions glandulaires; par M. .-/. Desgrez.... '^i — Sur l'évolution de la rondelle crânienne détachée par le trépan et immédiate- ment réimplantée; par MM. P^. Cor- nil et Pnul Coudray 191 — Production du sommeil et de l'anes- thésie générale et locale par les cou- rants électriques; par M. Sléj/harte Leduc 1 99 — Sur le rôle de la rate dans la fonction hématolytique ; par M. Louis Lapic- qiie 2o3 -- Sur la ligature de l'extrémité appendi- culaire du cœcum chez le Cercopiihc- cus ceplius Lrxl; par M. Jean Mau- mtts 2:18 — Recherches expérimentales sur la con- servation du (lOtentiel musculaire dans une atmosphère d'anhydride carbo- l83 j4o6 TABLE DES MATIERES. nique; par M. LItnUih y rHESiRLEMENTS DE TERRE. — M. le Minis- tre lie l'Instruction pidilirini- invite l'Académie à lui faire connaître son avis, au sujet de la création d'une Union internationale sismologique. . 343 — Le treniblenient de terre de Sah nique; par M. Cliristiimiinns 5i 5 — Hur les causes générales dinslalulilé sismique dans l'Inde; par .M. F. de Montrssus de Bidlore 698 — M. ANDOYER (H ). — Sur l'accélération sécu- laire de la longiludo moyenne de la' Lune i'i-t — Prie l'Académie de le comprendre parmi les candidats à la place vacanie, dans la Section d'Astronomii', p.ir le décès de M. Fnye 8 jG — Est porté sur la liste des candidats pré- sentés par la Section 920 ANDRÉ (G.). — Sur la nature des com- posés azotés qui existent dans le sol à différentes hauteurs i35> APPELE (P.)- — Rapport sur un Mémoire de M. Torrcs, concernant un avant- projet de ballon dirigeable 141 — Présentation de la lin de son Traité itc Mécanique ralinnnclli: '>>A — Est élu membre de la Commission d'aéronautique 715 I M\l. Paijes. ' ARCHAMBAULT adre?se une Note sur un I projet rl'appaieil de sûreté contre les tamponnements des trains de chemins I de fer ?.68 I ARSONVAL (d'). — Pendule de Foucault simplifié 832 AUliEL ( Edmom) van ). — Surla résistance électrique des corps peu conducteurs, aux très basses températures 4'^^ — Errata se rapportant à cette Commu- nication *J4o — Sur la résistance électrique du sulfure de plomb aux très basses températures. 734 — Sur le |)héiiomène de Hall et le pouvoir thermo-électrique 786 — Errata se rapportant à cette Commu- nication 1016 AUBRUN. — Un prix Laplace lui est attribué 1243 — Un prix Rivot lui est attribué r?.43 AUKIC. — Sur la généralisation des frac- tions continues 9^0 AUTONNE (LÉON). — Sur un groupe nouveau, d'ordre fini, linéaireà quatre variables 2^ — Sur les substitutions crémoniennes dans l'espace 776 AZOULAY i;L.). — lieproduction en nombre illimité des phonogrammes en cire, pour musées phonograpliiques, par le moulage galvanoplastique. Pro- cédé par fusion et procédé [lar com- pression et chaleur combinées 879 — A'/rn/n se rappoitant à cette Commu- nication 1016 C. K., i'jo.i, i' Semestre. ('ï. CNiXXV.) 1«, i4i/( TABLE DES AUTEURS. B MM. Pa{tos. BAILHACHE. — Sur les oxalomolybdites. 86î — Errata se rapportant à cette Conimu- cation 1084 BAILLAUD (B.). — Sur la surface focale principale de l'objeclif de l'équatorial pliologra|)hique de l'Observaloire de Toidouse. (En commun avec M. Mon- tanacriind. ) 44',) — Étude sur le climat de Toulouse, de i8C3 à 1900 766 BALLAND adresse une Note « Sur les prin- cipales plantes fourragères » 545 — Sur quelques Graminées exoliques employées à l'alimentation (Eleimine paspale, Pénicilliairr, Snrghn, Tfj).. 1079 BALONDRADE (J.) adresse une Note rela- tive à des « Bombes et fusées para- ijrèles » 945 BALTUAZAIiD. — Le cœur à l'élat normal et au cours de la grossesse. (En com- mun avec M. Cli. Bouchard.). ..... g3i BARBIER (Pli.). — Sur le métaphosphale manganique violet de Gmelin 1054 — Sur un phosphate ammoniaco-manga- nique violet 1 109 B.\RBIERI (N. -Alberto). — Essai d'ana- lyse immédiate du tissu nerveux. . . . '240 BABILLÉ (A.). — E'rata se rapportant à une Communication du 23 juin igon, sur l'analyse du poivre de Kissi l'^.S BARILLET (C.-L.). — Sur les électrodes bipolaires. (En commun avec M. ^. Brochet.) Sjj — Sur les électrodes bipolaires à anode soluble. (En commun avec AI. André Bnichct.) 1049 BARRILLON. — Un prix Rivot lui est attribué vi-k'i BASSOT présente à l'Académie le Volume de la « Connaissance des Temps, pour l'année 1 goS » O7 1 — Présente à l'Académie, au nom du Bu- reau des Longitudes, V Annuaire pour l'an igoS 1094 BAUBIGNÏ(I1.). — Sur ledosagedumanga- nèse 96 j — Errata se rapportant à cette Commu- nication 1084 — Préparation des alcalis et du peroxyde de manganèse 1 1 1 o ^ni. Pages. BAUD (E.). — Sur le fluorure d'cduminiuai. i io3 BAUDOIN. — Sur un procédé de concen- Iration des vins. (En commun avec M. .Scliribaux. ) '.463 BAUDOIN (.Maucbl). — Un nouveau genre de Térolopage. les Hypogastrnpages (ie l\ |)o opérable S 12 BAUME-Ï'LUVINEL (dei.a). - Le prix Janssen lui est décerné 1172 — Adressedes remercîmenlsàl'Aca Jéinie. i3oi DAY (L). — Sur la saponification desétliers nitriques. (En commun avec M. Léon Vi^iinn .) 307 BEAULARD (F.). - Sur les paramètres élastiques des (ils de soie (i^B BÉXÉZIT. — Un prix Rivot lui estaltribué. 1243 BERNARD(NoEL). — Conditions physiques (le la tubérisalion chez les végétaux. 70G BERTHAUT. — Le prix Gay (Géographie physique) lui est décerné i9,o4 BERTIIELOT. — Sur ia relation de l'inten- sité du courant volla'ique et la mani- festation du débit électrolylique. ... fiirmation des dérivés mono- chlorés et monobromés des hydrocar- bures en dérivés monoiodés i35o BOLEY (Pierre). — Sur lesdilférencesdo potentiel au contact 451 BONNIER (Gastom) fait hommage à l'Aca- démie du deuxième fascicule du « Cours de Botanupie » publié par lui en collaboration avec M. Lccicrc du Sablon 840 — Cultures expérimentales dans la région méditerranéenne; modilications de la siructure anatomique r285 BONNIER (Pierre). — Le prix Philippeaux lui est décerné i?. 1 1 BORDAS (F.). — Variation de l'acide phosphorique suivant l'âge du lait. (En commun avec i\L Sig. de Rmz- knwski.) 302 — De l'induence de l'écrémage sur la répartition des principaux éléments constilulifsdu lait. (En commun avec !\L .S'/)f. de Raczkoivshi.) 354 — De la traite mécanique, dans l'industrie laitière. (En commun avec M. Sig. de HarzliiM\\/ii.) 3- ( — Un prix iMontyon (Statistique) lui est décerné i [78 — UncmédailleBerthelot lui est accordée. 1233 BORDAS (L.). — Variations morpholo- giques et anatomiques présentées par le gésier chez quelques Coléoptères. . 9S2 BORLL (Émii.k). — Sur la généralisation du prolongement analytique i5o BORNET. — Rapport sur le concours du prix Desmazières (Botanique.) 1201 — Est réélu membre de la Commission centrale administrative pendant l'an- >i«e igo3 li-yy — Notice sur M. Millaidcl 1-298 BORHRLLY. - Observations de la comèle h 190V., découverte le i" septembre i4i6 TABLE DES MM, Pa(;es. yiarM. Périncel le?, spplembre, d'une manière indépendante, par M. Bnr- rr/lf 433 BOSC (F.-J.). — Traitement préventif de la claveiée. Sérum anticlaveleux .... 4o5 BOUCAUD adresse une Note relative à l'.Aéroslation Ç)45 BOUCHARD (Ch.). — Traitement local des localisations du rhumalisme iC — Allocution à l'occasion de la mort de R. Kirrlintv (09 — Recherches expérimentales sur l'adré- naline. (En commun avec M. Henri Claude. ) 028 — Le cœur à l'état normal et au cours delà grossesse. (En commun avec M. Bnlthaznril.) 1)3 1 — Rapport sur le concours du prix Mon- tyon (Médecine et Chirurgie.) l'jmS BOUCHER (Claude). — Le prix Montyon (Arts insalubres) lui est décerné. . . . 1234 BOUDOUARl) (0.). - Sur les alliages de cuivre et de magnésium 794 BOUGAULT (J.j. — Sur la présence de la volémile dans quelques Primulacées. (En commun avec NL G. Atlnrd.). . . 796 BOUILHAC(Raoi-l). —Inlluence de l'aldé- hyde formique snr la végétation de quelques Algues d'eau douce i36 BOULE (Mabcellin). — Sur un Carnassier gigatitesque trouvé dans l'argile plas- tique de Vaugirard, près de Paris. . . 343 BOULOUCH (R.). — Sur les mixtes formés par le soufre et le phosphore au- dessous de 100° iCiS BOULUD. — Sur l'acide glycurunique dans le sang du chien. (En commun a\ec 1\L J<. l^épine.) 1 3g BOUQUET DE LA GRYE, Président, rap- pellpà l'Académie la perte douloureuse qu'elle vient de faire dans la personne de M. Fii)e, Membre de la Section d'Astronomie 0 — Annonce à l'Académie la mort de H. Vvclunv, Associé étranger 409 — Annonce à l'Académie la mort de M. Dainour, Académicien libre.... 465 — Annonce à l'Académie les décès de M.\L Delie'nnn et Hniitefeuille 1017 — Allocution de M. le Président à la séance publique annuelle du 11 dé- cembre igo? 1 1 54 — Rapport sur un Mémoire de MM. B. Briwliex et lim'id, relatif aux « Anu- AUTEURS. MM. Papes, malles du champ magnétique sur le Puy de I trime » 1 3oo — Est élu membre adjoint de la Commis- sion de l'Aéronautique 7^4 BOURCKT. — Variations de l'iode du sang. (En commun avec M. E. Glrf.) . 1 S5 BOURQÙELOT (Em.). — Sur le gentio- biose : préparation et propriétés du gentiobiose cristallisé. (En commun avec M . H. Hcrissey . ) '90 — Action des fermenis solubles et de la levure haute sur le gentiobiose. Re- marques sur la conslilulinn du gen- tianosp. (En commun avec M. H. Hcr/sser. ) 399 BOUSSINESQ. — Réilexion et réfraction par un corps transparent animé d'une translation rapide : équaiions du mouvement et conséquences géné- rales '.i20 — Réflexion et réfraction par un corps transparent animé d'une translation rapide ; ondes réfléchies et réfraclées; amplitude des vibrations 269 — Réflexion et réfraction par un corps animé d'une translation rapide : cons- truction des rayons, indépendante de la translation, et rotation, paraissant au contraire en dépendre, du plan de polarisation du rayon réfracté 009 — Extension du Principe de Fermât, sur l'économie du temps, au mouvement relatif de la lumière dans un corps transparent hétérogène, animé d'une translation rapide 465 — Démonstration générale de la construc- tion des layons lumineux par les sur- faces d'onde courbes 55g BOUTAN (Louis). — Sur le centre ner- veux qui énerve la périphérie du manteau chez le Prc/eri 587 BOUVEAULT (L.). — Condensation du nitrométhane avec les aldéhydes aro- matiques. (En commun avec M. A. FFnhl.) 41 — Action de l'acide nitreux, en solution acide, sur les élhers p-cétoniques a substitués; synthèse des homolo- gues de l'acide |iyruvi(|ue. (En com- mun avec M. Renc L'i-i/ain.) 179 — Action de l'aride nitreux, en solution alcaline, sur les élhers [S-cétoniques a-substitués. (En commun avec M. René Lorrjiiin.) -igS TABLE DES MM. BOUVIER ost élu \fembre de la Section d'Analomie et Zoologie, en rem|)la- cement de M . Filhnl — Sur le d6velo|ipement des Péri()iUidés de l'Afriqije australe BOUZAT. — Chlorures cuivriques ammo- niacaux anhydres. Radir.iiix cu|iro- ammoniques — Sulfates cu|)ro-aminonique.s anlndres. BKÉCHARD adresse un Travail reUiilà île (I nouveaux panlOL'raphes » BREN.\NS (P.). — Sur un nouveaii phé- nol diiodé BRETON (E.). — Sur la formation des (iHlicnriJ.s dans le sérum des animaux vaccines. ( Kn commun avec M. .-/. Ctilmetlc. ) BROCARD (H,). — Les quatorze L-rands Registres de laboratoire de Lavoisier. Le Registre II signalé perdu et nou- vellement retrouvé BROCHE!' (André). — Sur les électrodes bipolaires.^EneommunavecM. C.-L. BnriUft.) — Sur les électrodes bipolaires à anode soluble. (En commun avec .M. C.-l.. lUiriUrt.) Pajies. lo33 7.92 ")34 'J74 854 '0-19 AUTEURS. 14 r 7 MM. Pnges. BRUNEL (LÉON). — Dérivés d'addition du cyclohexène 1 o j j RRUNHES (B.) adresse un Mémoire inti- tulé : « Étude des anomalies du champ magnétique terrestre sur le Puy de Dôme 1). (En commun avec M. P. David. ) 1 ur)6 — Ra|)por t sur ce .Mémoire par .\1. liou- fjuei lie la Grye 1 3oo BRUNHES i.Ik\n). — Sur Je rôle dns tourbillons dans l'érosion éolienne. . ii32 BliUiNTZ (Louis). — Étude comparée dos liquides organiijues de la sacculine et du crabe. (En commun avec M. Jeun Gniilrclel .) 349 — L'excrétion chez les Crustacés supé- rieurs 589 — L'excrétion chez les Cii 1 ipèdes i)>i7 BRUVANT(C.j. - Sur la végétation du lac Pavin 1371 BUISSON (IL). — Sur une nouvelle mé- thode de mesure optique des épais- seurs. ^ En commun avec M. Macé de Lépiiiay .) •>.83 BUSSV (de). — Rapport sur la part prise par M. Delpei.ch dans le concours du prix Binniix 1174 CAILLETET est adjoint à la Commission de l'Aéronautique SSO CALLANDREAU (0.;. — Propiiétés d'une certaine anomalie pouvant remplacer les anomalies déjà connues dans le calcul des perturljations des petites planètes 8 — Sur quelques pailiculaiilés de ia théo- rie des étoiles lilantes. Existence do points radiants staiioiinaires par 4'J" de latitude ^37 CAL.MËTTE (A.). — Sur l.i formation des anticorps dans le senim des animaux vaccines. (En commun avec .M. t.. Breton . ) 1 o 1 3 CA.MBOULIO. — Contribution à l'étude des Artophcles de l'isthme de Suez. . 704 CAM.MAN (P.). — Réflexion de la lumière sur un miroir de fer aimanté perpen- diculairement au plan d'incidence. . . ^Hli CAMPAGNE (A.). — Sur la préparation d'un soufre pulvérulent directement miscible aux bouillies cupriques, et sur l'efficacité d'un traitement simul- tané des vignobles contre l'oïdium et le luildew. (En commun avec .M. M. Ciimpri^iie . ) 814 CAMPAGiNE (M.). — Sur la préparation d'un soufre pulvérulent directement miscible aux bouillies cupriques, et sur l'efficacité d'un traitement simul- tané des vignobles contre l'e'i'dium et le inildevv. 1 En commun avec .M. .-I. Ctiiiipaj^iiv .) S 1 4 CAMUS (Jeais). — Hémoglobinurie d ori- gine musculaire. (En commun avec AI. F. Pognirz.) 325 — Erram se rapportant à cette commu- nication 37(1 — Hémoglobinurie musculaire. (En com- mun avec SI. P. Piigniez.) 1010 CANNIZ.VRO (Sta^iislas). — La médaille Lavoisier lui est décernée iv,33 — Adresse des nmercîmenls à l'Acadé- mie i3oi CARNuT (Ad.). — Rapport sur des expé- t/{i8 TABLE DES MM. •'"EP'- riences faites à l'Observaloire deMonl- soiiris, relatives à la composition do l'air atmosphérique 89 CARRIÈRE. — La cryogénine dans les fièvres ' 38'2 CARTAN (E.). — Sur ré(iiiiviilrnce des systèmes différentiels 7*^ ' — Sur la structure des groupes infinis... 85i CASSAET. — Une Citation lui est accor- dée dans le Concours du prix Montyon (Médecine et Chirurgie) 1208 CASSEDEBAT. — Ouverture d'un pli ca- cheté indiquant M. Casxf débat comme l'autecr d'un Mémoire qui a obtenu une Mention honorable au concours Montyon de Statisti(]ne pour i.noî... i3oi CHARRIÉ (C). — Sur la synthèse d'un carbure aromatique dérivé du cam- phre ' '■'i*' CHArOTEAUT. — Ouverture d'un pli cacheté renfermant une Note « Sur la préparation du gaïacol et du créosol purs au moyen de la créosote de liêtre ». (En commun avec M. Gi- r/i/id.) i"!-* CHARAROT (Elgène). — Élude sur la disldlalion simultanée de deux subs- tances miscibles. (En commun avec U. J. R'ichcrollrs.) 175 — Le mélhylanthranilale demélhyle dans l'organisme végétal <8o CHARPENTIER (AiG.). —Inhibition pro- duite par voie d'interférence sur la rétine 56 CHARR1N(A. ). — Transmission expéri- mentale aux descendants des lésions développées chez les ascendants. (En commun avec MM . G. Driamare et Moussu.) 1 8y — Nature parisilaire {Onsprirn) de cer- taines dégénérescences calcaires, de quelques tumeurs inflammatoires et de lésions spéciales du squelette. (En commun avec M. G. Delamnre.) 255 — Recherches physiologiques sur les elïets de la synipathicectoniie cervicale. ( En commun avec M. Moussa.) looS CHAUVEAU (A.). — Rapport sur le con- cours du prixPoural (Physiologie).. . \iu) CHAUVEAUD (G.). — La 'théorie dos [ihytons chez les Gymnospermes. . . . 9-20 CHESSIN (Alexandre-S.). — Sur l'équa- tion de Bessel avec second membre. ()78 CHEVALIER (Aie). — Sur quelques AUTEURS. MM. Paires. plantes à caoutchouc de la côte occi- dentale d'Afrique 4-'i' — Sur les Lnndolpliiées donnant le caout- chouc des herbes au Congo français. 5t2 CHEVPvOTTIER (.1.). - Propriétés phar- maco-dynamiques de certaines femi- carbazides aromatiques. (En commun avec MM. Jut^uste Lumière et Louis Lumière . ) '87 CHOFARDET (P.). — Observations de la comète 1902 /;, faites à l'Observatoire de Hesançon 433 — Observations de la comète Giacobini (igo'2 (l), faites à l'Observatoire de Besançon 1099 CHRÉTIEN (P.). — Sur les combinaisons des cyanures complexes avec les aminés de la série grasse 901 CHRISTOMANOS. — Le tremblement de terre de Salonique 5i5 CIPRIAM adresse une nouvelle Note rela- tive aux volcans 7^4 CLAUDE. — Une part lui est attribuée dans le concours du |irix Binoux (Géographie et Navigation.) 1 174 CLAUDE (llENnij. — Recherches expé- rimentales sur l'adrénaline. ( En com- mun avec M. Ch. Bouilmrd. ) 9-28 CLERC (A.). — Les arrérages du prix Mège lui sont attribués 1218 — Une médaille Berthelot lui est accor- dée l'-j'' GOBLVN (J.-H. I. — La vision à ilistance par l'électricité 684 COLLET (J.). — La pesanteur le long du parallèle moyen 774 et 9 36 COMBEBIAC. — Sur les propriétés du plan au point de vue de XAnnlysls sUus. . io4j COMBY. — Une mention lui est attribuée dans le concours du prix .Moiit\on (Médecine et Chirurgie) 1208 COMMENCE. —Une mention lui est attri- buée dans le concours du prix Mon- tyon (.Médecine et Chirurgie) 1208 — Adresse ses remercîmenls à r.\cadé- mie i3oi CONSIDÈRE. — Résistance à la traction du béton armé 33; — Étude théorique de la résistance à la compression du béton fretlé 365 — Étude expérimentale de la résistance à la compression du béton fretté 4 ' 5 CONSTANTIN (J.). — Ouverture d'un pli cacheté contenant une Note intitulée : TABLE DES MM. Pages. « Conlribulion à l'étude de l'avia- tion > joS CONTE (A.). — Contributions à l'étude analomique du Hlinhdoplcuni ISnr- mnni Allni. (En commun avec Al. C. Vaney.) 63 — Sur l'origine de la coloration naïu- relle des soies de Lépiiloplères. (En commun avec M. C. y/tncy.) 700 — Uecherclies sur le bourgeonnement de Rhnbdnjjlcura ISormiuini Ail. (En commun avec M. C. Vancy.) 748 — Sur des émissions nucléaires observées chez les pjotuzoairps. ( En commun avec M. C. Vaney .) i365 CORBIN (P.). — Sur la découverte d'un nouveau massif granitique dans la vallée de l'Arve, entre Servoz et les Houches. ( En commun avec iM.\I. E. H'in^ et M. Liigeon. ) 1 379 COIIET { AuG. ) adresse deux Notes, sur un mode de suspension du pendule, et sur un projet de pendule do Fou- cault « à force vive » 919 t;OUML (V.). — Sur l'évolution de la rondelle crânienne détachée |iar le tré- pan et immédiatement réimplantée. (En commmun avec M. P. Coudniy.). 191 AUTEURS. 1419 i\lM. Pages. COUDUAY (Paul). —Sur l'évolution de la rondelle crânienne détachée par le trépan et immédiatement réimplan- tée. (En commun avec M. V. Cor/dl.). 191 COUSIN ( H- ). — Action du chlore el du brome sur les vératrols monoiiitrés.. 967 CIŒMIEU ( V.). — Nouvelles recherches sur les courants ouverts 27 — Anomalies présentées par la charge do conducteurs isolés sur ries diélectri- ques solides. Phénomènes magnéti- ques particuliers constatés au voisi- nage de nœuds d'oscillations élec- triques 1 53 — Précautions à prendre pour l'emploi des CIs de cocon comme lils de tor- sion 682 CURIE (P.). — Sur la constante (le temps caractéristique de la disparition de la radioactivité iniuile par le railiuru dans une enceinte fermée 837 CURIE ( M'""';. — Sur le poids atomique du radium 161 — Le piix Gegner lui est décerné iiî-jS — Une métiaille Berlhelot lui est accor- dée 1233 — Adre^^e des remerciments à l'Acadé- mie 1 3oi D DAMOUR. — Sa mort est annoncée à l'Académie 4'J^ DANGEARD (P. -A.). — La téléomitose chez V Aniœbn Gleiclienn Duj:ird. ... i lid — L'organisation du Trcp:>nmnas ni^ilis Dujardin 1 366 DAMiiL (Lucien). — Sur une modification produite chez le Scnpolia caminiicii à la suite de sa greffe sur Tomate 4Si — Sur l'utilisation des principes minéraux par les plantes greffées. 1 En commun avec M. V . Thnnins. ) 5o'.) DANILOFF (E.).— Sur la géographie phy- sique de la Vaïla occidentale (Crimée). 35i DARBOUX (G.) e.-l désigné par l'.Acadé- mie pour la représenter aux fêtes du centenaire du grand mathématicien N.-H. Abri 146 — E^t présenté à M. le llmi^tre de l'ins- truction publique pour la place laissée vacante, au Bureau des longitudes, par le décès de .M. Cornu 944 Rapport sur le concours du prix Fran- cœur (Géométrie) 1 163 Rapport sur le concours du prix Pon- celet (Géométrie) 1 163 Rapport sur le concours du prix Sain- tour 1242 M. le Secrétaire perpétuel, signale un Volume intitulé : 0 The norwegian north polar Expedilion, 1893-1896. SciiîntiDc results. Volume 111 », 22. — Les trois Volumes du Compte rendu du quatrième Congrès international de Chimie appliquée, tenu en 1900, et divers Ouvrages de M. Gino Lnriti et et de M.Ciiri-LiiJivi^' CluirtU-r, i46. — L' « Atlas bathymélriqne et litho- logique ries côtes de France, par M. J. Tlinidet », 369. — Une traduc- tion allemande d'un Ouvrage de M. Adolplie Minet, portant [lour litre : a Die Gexvinnung des Alumi- niums und dessen licdeulung fiir Ilan- 1^20 TABLE DES MM. l'ages. rfel und Industrie », ai'- — Divers Ouvrages en allemand, de M. J. Korri. 574. — Divers Ouvrages de M. Gino Loria, de M. A. honiia, de M. L. Dumas et de M. Siariislas Meunier, 671. — Un Ouvrage de MM. Rctzius et Funt, deux brochures de M. Vandcaren, 104 3. — Un Ou- vrage de M. Emmanuel de Marlonne intitulé : « La Valachie, essai de monographie géographique », i3oo. — Deux Volumes portant pour titres : « International Catalogue of scicnti- fic literature, first annual issue; D, Chemistry, Part I, et M, Bolany, Part I », 146. — Divers Ouvrages adressés par V. Bjerhnes, iM. Cli. LoUemaitd, M. Nedclkovi icli , MVL Lortet et C. Gadlard ^^- — Annonce que le Tome XXXII {■!" série) des 11 Mémoires présentés par divers savants à l'Académie des Sciences » est en distribution au Secrétariat.. . . 22 D.WID (P.) soumet au jugement df- l'A- cadémie un Mémoire intitulé: « Etude des anomalies du champ magnétique terrestre sur le Puy de Dôme. ( En c.iuimun avec .\l. B. Brulim-s.) 109(1 — Rapport sur ce Mémoire par M. Bou- quet de In Grj e 1 jdo DEFLANDKE (C. ). — Itôle de la fonction adipogénique du loie clicz les Inver- tébrés S/«».v/«^f7/.v'). (En commun avec M. P. -P. Delié- riiin. ) 445 DEPÉRET ( Ch. ). — Sur l'origine et la dis- persion géographique du L(><^om)s corsicaniis 884 DHSCO.MP.S (Tu.) adresse une Note sur le « Black-rot atmosphérique » 5i6 DESCUUÉ (Maucki.). — Sur un nouveau composé du groupe de riiexaméthy- lenelétramine 693 — Action desamines grasses sur le diben- zoale de méthylène 972 DESGUEZ(A.). — De l'influence de la chollne sur les sécrétions glandu- laires 02 DESLANDRES ( 11.). — Méthode spectrale TABLE DES AUTEURS. 1A21 MM. I capable de fournir la loi de rotation encore inconnue des planètes à faible éclat. Vérifications de la niéiliode. Premiers résultais — Recherches spectrales sur la rotation de la planète Urauus — Organisation, à l'Observatoire de i\Icu- don, des spectrographes automatiques dits fies vitesses, qui enregistrent les mouvements radiaux et l'épaisseur de la chromosphére solaire — Est porté sur la liste des candidats présentés par la Section d'Astronomie pour remplacer M. Fuye — Est élu Membre de la Section d'Astro- nomie, en remplacement de M. Fii)r. niSLÈRE. —Une médaille Berthelot' lui est accordée DOMBROVVSKY (S.). - Méthode per- mettant de séparer, des liquides ani- maux et végétaux complexes, la plu- part de leurs matières ternaires et plusieurs des bases qui peuvent les accompagner — Sur la niannite, les azotates et les alcaliades des urines normales DONARD (E.). — Sur une matière albu- mino'ide extraite du grain de maïs. (En commun avec M. //. Lnbhé.). . . DONGIER. — Résistivités électriques de sérums sanguins patliologiques et d'épanchements séreux chez l'homme. (En commun avec M. Lesaf^e.) — Toxine tétanique; observations de la résistance électrique et de l'indice de réfraction. (En commun avec M . Lesnge .) DOP (Paul). — Sur le pollen des Asclé- piadées — Sur le développement de l'ovule des Asriépiadées DOYON (Maurice). — Disparition des éthers dans le sang in vitro. (En commun avec M. Albert Marel. ). . . . DRIENCOURT. — Un prix de deux mille af-es. 29.8 920 9i'J 182 744 ■i29 Soo MM. Hages. francs sur le prix extraordinaire de six mille francs (Mécanique) lui est attribué 1 163 — Adresse des remercîments à l'Acadé- mie i5oi DUBOIN(A.) adresse une Note « Sur la production du rubis par fusion ». . . . 919 DUBOIS (Raphaël). — Sur l'autorégula- tion, par l'acide carbonique, du fonc- tionnement énergétique des organis- mes 5S — Adresse une Note « Sur le mécanisme intime de la fonction photogénique; réponse à M. James Deivnr » 636 DUCHAUSSOY. — Un prix Montyon (Statis- tique) lui est décerné 1 178 DUFAU(Em.). — Aluminate de manga- nèse : AI^O'Mn 963 DUHEM (P.). — Sur les quasi-ondes 761 — Sur l'analogie entre les rayons X et les oscillations hertziennes 845 — Sur les conditions nécessaires pour la stabilité de l'équilibre d'un système visqueux 909 — Sur la stabilité de l'équilibre et les variables sans inertie 1088 — Des conditions nécessaires pour qu'un fluide soit en équilibre stable 1290 DUPARC (Louis). — Sur l'origine de la coupure ' transversale de la Kosva (Oural du Nord) ii35 DUPONT (C. ). — Culture du blé au champ d'expériences de Grignon, en 1909,. (En commun avec M. P. -P. Délie- rai n) 654 DUPONT ( Maurice K — Appareil pour déterminer la durée des impressions lumineuses sur la rétine 876 DUSSAUD. — Sur un nouveau procédé destiné à faciliter l'écriture et le cal- cul aux aveugles 600 — Nouvelles expériences sur la résistance électrique du sélénium et ses appli- cations à la transmission des images et des impressions lumineuses 790 EGLNITIS (M.-D.). — Sur les crépuscules rouges observés à Athènes dans les mois d'octobre et de novembre 1902. — Observations des Perséides, Léonides et Biélides, faites à Athènes en 1902. . . 1080 i3o8 C. R., 1902. a' Semestre. (T. CXXW. ) ELDIN (Ed.) adresse une Note relative aux causes de la catastrophe survenue à l'aérostat « Le Brailsky » 637 ESCL.A.NGON (E.). — Sur les récentes lueurs crépusculaires observées à l422 MiM. TABLE DES AL'TEURS. l'apes. 846 Bordeaux Sur une extension de la notion de périodicité 89 MM. Pages. ETARD (A.). — Sur la musrulamine, base dérivée des muscles. (En com- mun avec M. ^. P'ilti .) 698 FABRE (L.-A.). — Sur le courant et le littoral des Landes 1 134 FABRY(L.). — Observations de la co- mète h ig"2, découverte le i"^' sep- tembre [)ar .M. Pcrifie, et le a sep- tembre, d'une manière indépendante, par M. BnrrfUj, à l'Observatoire de Marseille 433 FAUVEL (Pierre). — Les otocystes des Annélides Polychètes i362 FAYET (G.). — Observations de la nou- velle comète Giacobini (d 190-2), faites à l'Observatoire de Paris io43 — Éléments provisoires de la comète Gia- cobini (2 décembre 1902) 1044 FENYI (J. ). — Sur la nature du cohéreur. 3o FER.\B.\CH(A.). — InHuenre de l'acide sulfocyanique sur la végétation de YAspergilliis /li^i'r 5 1 FLAMAND (G.-B.-M.). — Sur le régime hydrograpliique du TidilcL'It (archipel Touatien ), Sahara central 2 1 2 FONVIELLE (W. de). — La vérification de la loi des hauteurs barométriques. 335 FORCRAND (de). — Sur l'hydratation de l'oxyde de zinc 3G — Sur les propi iétés et la constitution des peroxydes de zinc io3 — Sur la composition des hydrates de gaz. 959 — Sur la composition et la constitution des hydrates sulfhydrés 1344 FOSSE (K.). — Propriétés oxydantes d'un pyranol 39 — Sur un dérivé de l'eau oxygénée 53o — Une médaille Berlhelot lui est accor- dée 1233 — Un prix Cahours Ini est attribué 1239 FOURNIER. — Une citation lui est accordée dans le concours du prix Montyon (Médecine et Chirurgie) 1208 FOUHi\IER(J.). — Sur une des causes d'explosion des chaudières à vapeur et sur le moyen de la prévenir 282 FOURTAU (R.)- — Sur la constitution géologique des environs d'Alexandrie (Egypte). (En commun avec M. D.-E. Facltuiictiiki. ) 596 — Sur le Grès nubien 8o3 FOVEAU DE COUR.MELLES adresse une Note portant pour tiire : « Des éner- gies photocbimiques comparées de diverses sources lumineuses » 216 FRAICHE! adresse le résumé d'un travail Cl Sur la variation de résistance ma- gnétique d'un barreau de traction ». 687 — Variation de la résistance magnétique d un barreau de traction 68 j — Adresse un Mémoire portant pour titre : « Méthode d'essai des métaux, b;isée sur la vaiiation de réiurtance d'un barreau de traction » 886 FREMONT (,Cu.). — Mesure de la limite élastique des métaux 281 — Un prix Trémont lui est décerné 1243 FREUNDLER(P,). — Surl'aldéhyde/^-ben- zène-azobenzo'ique et ses dérivés. ( En commun avec M. de Liibonlerie .). . . 1116 FRIEDEL (Jean). — Formation de la chlorophylle, dans l'air raréfié et dans l'oxygène raréfié io63 GAILLOT. — Le prix Damoiseau lui est décerné 11-0 — Adresse des remercîments à l'Acadé- mie i3oi GARRIGOU (F.). — Sur des procédés de concentration de liquides alimen- taires, et particulièrement du vin. . . . 369 — Résultats physiques, chimiques et pratiques de la concentration du vin. 407 — La diffusion de l'arsenic dans la na- ture 1 ii3 — Errata se rapportant à celte Commu- nication r38S GASTLNE. — Sur un nouveau procédé pour la destruction de la pyrale et d'autres insectes nuisibles. (En corn- TABLE DES AUTEURS. 1423 i33 ■268 Si», 833 MM. Pages, niun avec M. Vermorcl.) 66 GAUDRY (Albert) fait hommage à l'Aca- démie d'un Opuscule intitulé : 0 Re- cherches palcontolopiques de M- An- dré Tnurnniiër en Palagonie »,,... 619 — Rapport sur le concours du prix Jérôme Ponti \y.\i GAUTIER (Armand). — Existence, dans l'albumen de l'œnf d'oiseau, d'une substance fibrinogène, pouvant se transformer, in vitro, en membranes pseuflo - organisées — Errata se rapportant à cette Commu- nication , , , . — Observations à propos d'une Note de M. G. Bertrand, sur l'existence de l'arsenic dans la série animale — Localisation de l'arsenic normal dans quelques organes des animaux et des plantes. Ses origines — Sur la quantité d'hydrogène libre de l'air et la densité de l'azote atmosphé- rique — Observations au snjet d'une Note de M, Carrignu, sur la dilTusion de l'ar- senic dans la nature ri i5 GAUTIER (E,-F.), — Sur les terrains pa- léozoïques de l'Oued Saoura et du Goura ra 1 07 1 GAUTRELET (Jea\). — Élude comparée des liquides organiques de la saccuiine et du crabe, (En commun avec M, Lmiis Bruntz .) , 349 GENVRESSE (P,). — Sur l'essence de vétyver. (Eu commun 11, G. Lan- ^tois.)... : loâij GIARD. — Rapport sur le concours du prix Thore (Anatomic el Zoologie). , l'.oî — Rapport sur le concours du prix Godard ( iMédecine et Chirurgie) iai6 GIRAN (H,). — Transformation de l'acide pyrophosphorique en acide ortliophos- phorique 961 — Étude thermique de l'acide nu'laphos- phorique i333 GIRAUD, — Ouverture d'un pli cacheté renfermant une Note « Sur la prépa- ration du ga'i'acol et du créosol purs au moyen de la créosote de hcHro i>. (En commun avec M, Cluiimteiuit.). i<),|-.>. GIRAUD (J.), — Surréruplion de la Marti- nique, (En commun avec iilM, A. La- croix et IXdllct de Vlsli: .) . . 377 et 4'9 — Errata se rapportant à ces deux Com- MM, Pages. munications 464 — Sur l'âge des formations volcaniques anciennes de la Martinique i377 GIROD adresse un Mémoire « Sur une méthode de transposition en musi- que » 1096 GLE'i' (E. ), —Variations de l'iode du sang. (En commun a\ec M. P. Bmircft). . . i85 GONNESSIAT. — Le prix Delalande-Guéri- neau lui est décorné. 124 1 G0S5UIN (L. ) adresse une Note sur un tromblemenlde terre à Busselino (Ita- lie) 9'9 GOUTAL. — Sur le pouvoir calorifiqiiede la houille 477 GOYAUD. — Sur la fermentation pectique, 537 — Adresse une nouvelle Note « Sur la fermentation pcclique » 7>5 GR.AXDIDIER. — Rapport sur la part prise par M. Marcel Monnier dans le con- cours du prix Binoux 1 174 — Rapport sur le concours du prix Tchi- hatchef , 239 GRAVIER (Cil.). — Sur un Cérianlhaire pélagique adulte Sgi — Sur les Annélides polychètes d'eau douce 984 GRÉHANT (Nestor). — Analyse de neuf échantillons d'air recueilli dans les galeries d'une mine de houille 726 GRIFFON (Ed). — Recherches sur l'assi- milation cidoropliyllienne des feuilles dont on éclaire soit la face supérieure, soit la face inférieure ■ 3o3 GltlFFON (V.), — Une citation lui est accordée dans le concoure du prix Montyun (Médecine el Chirurgie) . . . 120S GRIGNARD (V.). — Action des combi- naisons organo-magnésicnnes mixtes sur les éthcrs d'aeides cétouiques (II) 627 — Une médaille Berlhelot lui est accor- dée 1233 — Un prix Cahours lui est attribué 1239 — Adresse des remerciments à à l'Acadé- mie ,. i3pr GRI.MAL (Émii.ie.\). — Sur l'essence de hois de Cèdre de l'Atlas ^82 — Sur un dichlorhydrate et un dibrom- hydratc de cadinène, et un cadinène régénéré dexirogyrcs 1037 GRIMBERT (L.). — Un prix Darbier lui est décerne i2i3 — Une médaille Berthclot lui est accordée. i233 l424 TABLE DES MM. , Pages. — Adresse des remerciments à l'Académie. 1 5oi GROSSOUVRE (de). -^ Le prix Fon- tanes lui est décerné 1 197 — Adresse des remerciments à l'Acadé- mie i5oi GRYNFELTT (Ed.). — Distribution des corps suprarénaux Plagiostomes. . . . 33o — Structure des corps suprarénaux des Plagiostomes Syi — Sur le corps inlerrcnal des Plagios- tomes 439 GUÉDRAS (Marcel). — Essai sur la conb.titulion chimique des copals. . . . 797 — Adresse une Noie « Sur le lilliuiione v. i384 GUERBET (Marcel). — Action des alcools sur les dérivés sodés d'auties alcools. 172 GUEUDEll adresse une " Etude clinique sur une antitoxine luberculcuse. Résultats tliéra(ieuliques dans les tuberculoses localisées » 88C GUÉl'ilN. - Une cilation lui est accordée dans le concours du prix Monljon (Médecine et Chirurgie) rioH GUIGNARD (L.). — Sur la double fécon- dation chez les Crucifères 497 GUILLAUME (J.). — Observations de la comète Perrine-Borrelly {1902 //), à l'Observatoire de Lyon '199 — Observations du Soleil, faites à l'Obser- vatoire de Lyon pendant le premier trimestre de 1902 oaS — Observations du Soleil, faites à l'Obser- vatoire de Lyon pendant le deuxième trimestre de 1902 O74 — Oservations du Soleil, faites à l'Obser- vatoire de Lyon pendant le troisième trimestre de 1 902 «87 GUILBERT (C.-F.). - Le prix Hébert lui est décerné (Physique) 1 177 — Adresse des remerciments à l'Acadé- mie i3oi H HAD.4MARD. — Sur les fonctions entières. iSog HALLER. — Rapport sur le concours du prix Jecker (Chimie) 1293 HÂMY. — Est porté sur la liste des candidats présentés par la Section d'Astronomie pour remplacerM. Faye. 920 HARTMANN. — Le prix Montyon (Méca- nique) lui est décerné 1 1O7 HARTWIG (E.).— Le prix Walz (.\stro- AUTEURS. MM. Pages. GUILLEMLN (A.). — Sur les accords binaires 98 — Classement des accords binaires. Con- sonances et dissonances spécifiques. . 396 GUILLEMLNOT (H.). — Moyen de régler les résonateurs de haute fréquence, en vue de leur emploi médical -îSS GUILLEMONAT. — Une mention lui est accordée dans le concours du prix Montyon ( Médecine et Chirurgie). . . 1208 GUILLIER.MOND (A.). — UbseiA-ations sur la germination des siioies du Sac- cliaromyces Liir/iv/gii 708 — ErriiKi se rapportant à cette Commu- nication 920 GUILLON (J.-M.). — Sur la possibilité de combattre par un môme traitement liquide le mildew et l'oïdium de la Vigne 2G1 — Sur l'application des engrais chimiques à la culture de la Vigne dans les ter- rains ralcaires des Charentes. (En commun avec M. G. Gwtiran .) 107G GUXIZ. — Sur un procédé général de formation desazotures métalliques... 738 GAILLOT. — Le prix Damoiseau lui est décerné ( Astronomie ) 1170 GUYE. — Sur la formation des gouttes liquides et les lois de Taie. (En com- mun avec M. Louis Pcirot.) 4^9 — Errata se rapportant à celle Commu- nication Î20 — Sur la formation des gouttes liquides et les lois de Taie. (En commun avec M. Louis Perrnt.) 621 GUYOU. — Rapport sur le concours du prix extraordinaire de six mille francs (Mécanique) 1166 — Rafiport sur la part attribuée à M. Cltntdc dans le concours du prix Binoux 1 174 nomie) lui est décerné 1 1IJ9 — Adresse des remerciments à l'Acadé- mie i3oi UATON DE LA GOUPILLIÈRE est désigné à M. le Ministre de la Guerre pour faire partie du Conseil de perfection- nement de l'École Polytechnique pen- dant l'année I9O2-I903 322 — Sur le problème des brachistochrones. 614 TABLE DES MM. Payes. — Quelques cas d'intégration de l'équa- tion des bracliistochrones 637 — Remarques au sujet d'une Commuid- cationde M. Gréli/mt sur l'air recueilli dans les galeries d'une nnne de houille. 7G8 — Rapport sur le concours du prix Mon- tyon (Statistique) 1 178 HATT est. présenté à M. le Ministre de l'Instruction publique pour la place laissée vacante, au Bureau des Longi- tudes, par le décès de M. Cornu. . . . 944 HAUG (E.j. — Sur la découverte d'un nouveau massif granitique dans la vallée de l'Arve, enire Servez et les Houches. (En commun aveciMM. Lu- geon et P. Citrbin .) 1 379 HAUSER. — Un prix Lallemand lui est attribué 1218 HAUTEFEUILLE. — Sa mort est annoncée à l'Académie... 1017 HENRI (V'icroii). — Théorie générale de l'action de quelques diastases 916 HENRIET. — Sur une nouvelle vapeur oiganique de l'air atmosphérique. . . . ici HÉRISSEY (H.). — Sur le gentiobiose : préparation et propriétés du gentio- biose cristallisé. (En commun avec AUTEURS. 1425 IMM. P.i(jt"8. M. Eni. Boiin/uclol.) 290 — Action des ferments .-olubles et de la levure haute sur le gentiobiose. Re- marques sur la con.-liiulion du gen- tiobiose. (En commun avec M. Ein. Bourrjuelut . ) 399 HERVÉ (H.). — Nouvelles expériences d'iVéronau tique maritime ■;if. HOLT. — Préparation et propriétés d'un siliciure de vanadium. (En commun avec M. Moissnn .) 78 — Pi éparation et propriétés d'un nouveau siliciure de vanadium. (En commun avec M. Moissan .) 493 HOULLEVIGDE (L.). — Lames minces niétalliques obtenues par projection cathodique 6v.G HOUSS.VY (Fi\ÉDi-;iuc). — Sur la mue, l'excrétion et la variation du rein, chez des Poules carnivores de seconde génération loGi — Variations organiques chez les Poules carnivores de seconde yéiiéralion. . . 1357 IIU.V (Uknri). — Le Lmidnlpliia Vicrni, espèce nouvelle du Gabon, considérée comme pouvant fournir du caoul- chouc 808 IMBEAUX (Ed.). — Les arrérages du prix Bréant lui sont attribués 1216 — Une médadie Berthelot lui est accordée. i233 — Adresse ses remerciments à l'Acadé- mie i5oi ISTRATl (C.-I.). — Sur quelques firoduiis d'oxydation de l'aniline par l'oxygène de l'air 742 IZARN. — Argenture du verre et daguer- réoly[)e 240 JANSSEN (J.). — Sur les travaux de cette année, à l'Observatoire du sommet du mont Blanc 341 — Est élu membre adjoint de la Commis- sion de l'Aéronautique 734 — Rapport sur le concours du prix Jans- scn, décerné à M. Aymar de la Baumc-Pluvinel ( Astronomie ) 1 1 72 — Rapport sur les travaux du Xi' Jcnn Bi- nât, auquel un encouragement et une médaille Janssen sont accordés 1 172 JEAN (Ferdinand). — Sur la recherche et le dosage de l'extrait de châtaignier en mélange avec l'extrait de chêne. . 536 — Sur le dosage de l'oxyde de carbone et de l'acide carbonique dans les airs viciés 74G JOANMS (A.). — Action du chlorure de bore sur le gaz ammoniac i loG JOBERT. — Sur la structure des muscles de V Anoinia efjldjipiuni goG JODIN (Victor). — Sur la durée germi- nativedesgrainesexposéesà la lumière solaire i43 JOUGUET. — Sur la rupture et le dépla- cement de l'équilibre 778 1426 TABLE DES AUTEURS. K MM. Pa(;es. KAUFMÂNN (W.). — La dévialion ma- gnétique et électriqae des rayons; Bec- querel, et la masse éleclromagnéli(]uc des électrons 577 KERFOUNE (F.). - Snr le Gothlandieii inférieur du massif armoricain i>.'i KILIAN (W.). — Sur la présence do l'étage aptien dans le sud-est de l'Afrique C8 — ErriUa se rapportant à cette Commu- nication 216 KLING (André). — Sur l'iiydroaénalion de l'acélol 970 KŒNIGS (G.). — Sur l'assemblage de MM. l'agcs. deux corps 343 KORN (A.). — Application de la méthode de la moyenne arillmiétique aux surfaces de Hiemann g/i — Sur le problème de Dirichlet pour des domaines limités par plusieurs con- tours (ou surfaces) 23i KR.4USE (.Martin). — Sur une formule sommatoire dans la théorie des fonc- tions à deux variables [0(5 KfiEBS (A.). — Sur un carburateur auto- matique pour moteurs à explosions. . Sg4 KUNZ (J.). — Sur la conductibilité des dissolutions aux basses températures. 788 LABBÈ (Alpiionsiî). ^ Sur la continuité fibrillaire des cellules épithéliales et de.> muscles chez les Nchnlui: 7J0 LABBÉ (H.). — Sur une matière albumi- noïde extraite du grain de maïs. (En commun avec M. E. Dntinrd.) 744 LABORDE a.). — Sur la guérison de la casse des vins par l'addition d'acide sulfureux 116 LACUOI.X. (A.). — Extrait d'une lettre rela- tive à la Mission de la .Martinique. . . i47 — Sur l'éruption de la Martinique. (En commim avec iMM. Rntlct de flstc et Giraud. ) 377 et 4 '9 — Errntii se rapportant à ces deux Com- munications 4G'i — Sur les roches rejetces par réru].)tion actuelle de la Montagne Pelée 45 1 — Les enclaves des andésites de l'éruption actuelle de la Montagne Pelée 4;o — Nouvelles observations sur les éru[)lions volcaniques de la Martinique 67-'. — Sur l'étal actuel du volcan de la Mon- tagne Pelée à la Martinique 771 — État actuel du volcan de la Martini- que 992 — Out-lques observations minéralogiques faites sur les produits de l'incendie de Saint-Pierre (Martinique) 1068 — Nouvelles observations sur les érup- tions volcaniques de la Martinique.. i3oi LANGLOIS(G.). — Sur l'essence de véiy- ver. (En commun avec M. P. Gcn- i-res.ic.] 1039 LAPICQUE (Loi'is). — Sur le rùle do la rate dans la fonction hématolytique. . 2o3 LAPPARENT (de). — Rapport sur ie con- cours du prix Fontannes (Minéralogie et Géologie) 1 197 — Rapport sur le concours du prix Gay (Géographie physique) 1 199 LAUNAY (L. DR). — Sur quelques rap- prochements entre la genèce des Gîtes Métallifères et la Géologie géné- rale |374 LAUNOY (L. ). — L'élaboration du zymo- gène dans les glandes gastriques de la vipère Beni^ igj — Sur l'action (irotéulytique des venins. 4"' — L'élaboration du vénogène et du venin dans la glande parotide de la Vipcra Jspis 539 LAURENT (Emile). — De l'action interne du sulfate de cuivre dans la résistance de la pomme de terre au l'hyto- phtlinrii irifcstans !o4o — Expériences sur la durée du pouvoir germinatif des graines conservées dans le vide 1091 — Sur le pouvoir germinatif des graines exposées à la lumière solaire i^g") LAURENT (Jules). — Influence des ma- tières organiques sur le développe- ment et la structure anatomique de MM. P quelques Phanérogames . LAVERAN (A.)- — Sur la roccùiiB trou- vée dans les reins de la Rdim cxcu- lenta et sur l'infection générale qu'elle produit. (En commun avec M. F. Mesnil.) — • Sur les Hématozoaires des Poissons marins. (En commun avec M. F. Mes- nil.) — Sur quelques Protozoaires parasites d'une Tortue d'Asie [DdiiiniUi Rp/vc- sii). (En commun avec M. F. Mes- nil.) — Rrrat/i se rapportant à cette Commu- nication — .\u sujet de deux Irypanosomes des Bovidés du Transvaal — Le Nagana et le Mal de caderas sont deux entités morbides bien distinctes. (En commun avec JI. F. Mesnil.). . . — Sur quelques Hémogrégarinesdes Ophi- diens LÉAUrÉ. — Est élu membre de la Com- mission d'Aéronauiique LEBE.\U(P. ). —Sur les conlbiuai^;Ol;s du silicium avec le cobalt et sur un nou- veau siliciure de ce métal LE BON (Gustave). — Action dissociante des diverses régions du speclre sur la matière — La lumière noire et les plicnomènes actino-électriques LECLERC DU SABLÛN. — Sur la variation des réserves hydrocarbonées dans la tige et la racine des plantes ligneuses. LEDENTU(A.). - Un prix Barbier lui est décerné LEDOUX-LEBARD. — Sur le sérum anli- paramécique LEDUC (.\natole). — Sur l'électrolyse de l'azutale d'argent — Sur l'équivalent électrochimi(|ue de l'argent — Électrolyse de mélanges de sels — Sur l'hydrogène atmosphérique — Sur la proportion de l'hydrogène dans l'air aimospliérique — Sur la formation des gouttes liquides et la loi de Tate. (En commun avec M. Siicerdoti! .) gj et LEDUC (Stéphane). — Production du sommeil et de l'anesthésie générale et locale par les courants électriques. . . — Production du sommeil et de l'anesthé- TABLE DES .-AUTEURS. 1427 âges. MM. Pages. 870 sie générale par les courants électri- ques 878 .E GOAZIOU (P.). — Ouverture d'un pli cacheté, relatif à un « Anémoscope électrique » 5 16 Sa — Ouverture d'un pli caclielé, relatif à l'expérience du pendule de Foucault. 545 LEGOUEZ (R.) adresse un Mémoire « Sur 5C7 une extension de la théorie analytique de la chaleur de l'ourier au ras de la congélalion « 846 LEMOINE (Ernest). — Le |)mx Frantœur 60g lui est décerné 1 1()3 - Adresse des remercîments à l'Acadé- 71'J mie i3oi LEMOULT (P.). — Sur quelques nouveaux composés organiipies d'addilion 34O LfilPlNE (R.). — Sur l'acide glycuronique dans le sang du chien. ( En commun 8jS avec M. Buitlmt . ) i Sg LERi;H (MvTurvs). — Sur la formule io36 fondamentale de Dirichlet, qui sert à déterminer le nombre des classes de :ij formes quadratiques binaires définies. i3i4 LEREBOULLET (PiEnni;). — Le prix Bel- lion lui est décerné 1218 LE ROUX (Jean). — Une mention très honorable lui est accordée dans le concours du grand prix des Sciences mathématiques 11 54 — Adresse des remercîments à l'Acadé- mie i3oi LEROV (K.). — Une mention lui Cît accordée dans le concours du prix 8G6 Monlyon (Statistique) 1178 LIiS.iGE. — Résistivités électriques de sérums sanguins pathologiques et d'é- pancliements séreux chez l'homme. ■igS (En commun avec .M. Do//f;irr.). ... m - Toxine tétanique; observations de la 23 résistance électrique et de l'indice de réfraction. (En commun avec M. Le- ■l'i- saf;c . ) 329 3gj — Sur la difficulté d'isoler le Bacifriuin 8G0 cdli normal dans la dysenterie colo- niale 4o3 332 — Germination des spores de Slerignint'i- cfsiis nigrti dans la trachée de quel- ques oiseaux 632 732 LEVA VASSEUR (R.). —Sur les congruen- ces à plusieurs inconnues relative- ment à un nombre premier impair... g (g igg ! L!^VE.\U (Gustave ). — Comparaison des I Tables de Vesta avec les observations ,428 TABLE DES MM. P^S"»; méridiennes failes de 1890 à 1900.. 59,5 LEVRAT (D. )■ — Si-ir l'orii^iiie de la colo- ration nalurelle des soies de Lépidop- tèies.(En commun avec M. A. Cnnir.) 700 LÉVY (Mauiuce). — Rapport sur le con- cours du prix Montyon (Mécanique). 1 168 — Est élu membre do la Commission d'aéronautique "^^. — Rapport sur le concours du prix PIu- mey (Mécanique) ' i6î^ — Est réélu Membre de la Commission Centrale administrative pendant l'an- née 1903 ''^77 LHOTAK DE LHOTA. — Recliorches expé- rimentales sur la conservation du po- tentiel musculaire dans une atmo- sphère d'anhydride carbonique 348 LIEBHABER (Conrad de) adresse une Note II Sur le phénomène de la nuit et des étoiles changeantes » 3o8 LIÉNARD (E. ). — Sur la composition des o*^ hydrates de carbone de réserve de l'albumen de quelques Palmiers 693 LIÉTARD. — Une mention exceptionnel- lement honorable lui est accordée dans le concours du prix Monlyon (Statis- tique) "78 LINDELOF (Ernst). — Sur les fonctions entières de genre fini 3iG — Une application de la théorie des rési- dus au prolongement analytique des séries de Taylor i-îi^ LIOUVILLE (R.)- — Sur les équations différentielles du second ordre à points ciiliques fixes 3g?, Sur les transcendantes unifnrmes défi- nies par les équations dilTérentit'Iles du second ordre "^^ ^^ LIPPMANN (G.)- — Sur la visée d'une surface de mercure éclairée par un faisceau de lumière horizontal LOCKYER (Norman). — Variations so- laires et météorologiques à courte période. (En commun avec M. Wil- liaiii Lnckyrr. ) — La relation en Ire les protubérances solai- res et le magnétisme terrestre 364 LOCKYER (William). — Variations solai- res et météorologiques à courte pé- riode. (En commun avec M. Nnrmnn Lnrkrrr.) 3Cl LOCQUIN (René). — Nouvelle méthode de préparation des élhersfj-cétoniques a-substitués 108 959. 83 1 3f>i AUTEURS. MM. Papes. — Action de l'acide nitreux, en solution acide, sur les éthers p-cétoniques ot-substilués; synthèse des homologues de l'acide pyruvique. (En commun avec M. L. B(im236 LOISEL (Gi'STAVE). — La sécrétion interne du teslicule chez l'embryon et chez l'adulte 25o — Le prix Godard lui est décerné 1216 — Adresse des remercîments à l'Acadé- mie i3oi LUGEON (Maurice). — Analogie entre les Carpathes et les Alpes 87-2 — Sur la découverte d'un nouveau mas- sif granitiquedans la vallée de l'Arve. entre Servez et les Houches. ( En com- mun avec MM. E. Hau^eX P. Corhin.) 1379 LU.MIÈRE (Auguste). — Propriétés phar- TABLE DES AUTEURS. IM M . Pages. inaco-dynamiqnes rie certaines senii- carbaziiles aromaliques. (En commun avec MM. Louis Lumière et G. Clic- vroltier . ) I 87 I.DMIKHE (Louis I. — Proprirtés pliar- VI M. 1429 Pages. maco-dynamiqiies de certaines semi- carbazides aromaliques. (En commun avec MM. Auguxte Lunùèrr et, J. ChevTotlier.) 1 87 M MACCIILVTI (LuiGi). — Sur la pliolosyn- tlièsp en dehors de l'organisme 1 1-2>> MACÉ DE LÉPIXAY. — Sur une nouvelle méthode de mesure optique des épais- seurs. (En commun avec M. Buis- son.) îi^j MAILLET (Edmond). — Sur les fonctions entières et quasi entières et les équa- tions ditrérentielles 3oi — Sur les foiicliuns monodromos à point singulier essentiel isolé 889 M.\JOR.ANA(Ouin[xo). — Sur la biréfrin- gence magn Hique l'xj — Sur le dirhroïsme magnétique 233 MALÉCOT (IL-L.) adresse une Note inti- tulée : « De l'équilibre du ballon libre et indépendant, réalisé à toute alti- tude, sans communications avec la surface terrestre » 73 ( MANDOUL (H.). — Sur la causeries colo- rations changeantes des téguments.. 63 MANGET. — Sur une nouvelle réaction du formol, permettant sa recherche dans les denrées alimentaires. (En com- mun avec .M. Mnrion.) 58.j MAQUENNE (L.). — Sur l'acide solide de l'huile à'£/osncoccn veniicia 69G — Sur la conservation du pouvoir germi- natif des graines 208 MARCHAL (É.M.). — De la spécialisation du parasitisme chez VErysiplie gni- ininis -210 — De l'immunisation de la Laitue contre le Meunier 1067 MARCHAL (Pail). — Le prix Serres lui est décerné 1 222 MAREY'. — Est élu membre de la Com- mission d'aéronautique 715 — Rapport sur le concours du prix Bar- bier (Médecine el Chirurgie) i2i3 — Rapport sur le concours du prix Martin Damourelte i-23i MARIE (C). — Sur l'acide oxyiso[)ropvl- phosphinique 106 — Sur l'acide oxybenzylphosphinique. . . iii8 C. R., 1902, 2- Semestre. (T. CWW.) MAIUNESCO (G. ). - Sur la présence des corpuscules acidopliiles paranucléo- laires dans les cellules du locus niger et du Incus cœruleux 1000 MAIUON. — Sur une nouvelle réaction du formol, permettant sa recherche dans les denrées alimentaires. (En commun avec M. Mnntirl.) 584 M.iR(JUIS (R.). - Sur l'aciile nitropyro- mucique et son éther éthylique. Sur le dinitrofiirfiirane 5o5 — Un prix Cahours lui est attribué 1289 — Une médaille Berthelolluiest accordée. i233 — Adresse des remerciments à l'Acadé- mie ,3oi .MAUTEL (E.-A.). — Sur la caverne du Hbll-Loch (Trou d'Enfer) et la Schlei- cliende Brunnen (source rampante) (Suisse) -joS — Sur le fonctionnement et l'alimentation de la fontaine de Vaiicluse 8i5 — Sur l'origine ries lapias et leur relation avec les abîmes el l'hydrologie sou- terraine des calcaires 1 138 .MARTIN (David). — F.iits nouveaux ou peu connus, relatifs à la période gla- ciaire ,-24 MASCART. - E>t élu Vice-Président de l'Académie pour l'année 1903 1277 — Communique à l'Académie des obser- vations qu'il a reçues sur l'abandon, par les oiseaux, des pays atteints par le choléra 1 384 — Est élu membre de la Commission d'Aéronautique -15 — Rapport sur le concours du prix Hé- bert 1 1 — — Uapport sur le concours du prix Houlle- vigue riii — Rapport sur le concours du [jrix Gegner 1243 MASCART (Jean). - Perturbations indé- pendantes de l'excentricité 1097 MASSON (H.). — Synthèse de quelques alcools tertiaires (II). Dipliénylcarbi- 186 l4'3o TABLE DES MM. Pages. nols 533 MATRUCHOT (L. ). — Application d un caractère d'ordre éihologiqiie à la classification naturelle gSS MAU.MUS (Jean). — Sur la ligature de l'extréEnité ap|)endiculaire du ceecum chez le Cercopitheciis rrpliiis ErxI... i^S MAUREL(E.). — Rapport du poids du foie au poids total de l'animal 1002 MAYET (Lucien). - Une menlioa lui est accordée dans le concours du prix Montyon (Stalisti(iue) 17^^ MAYOR (B.). — Sur une représentation plane de l'espace et son application à la Statique graphique i3i8 MAZÉ. — La zymase de Y Eiirotiupsis Ga) oui 1 3 — La maturation des graines et l'appari- tion de la faculté gerniinativc i i3o MENTREL. — Sur le liaryum-ainmonium et l'amidure de baryum 740 MERCADIER (E.). —Sur la construction d'électrodiapasons à longues périodes variables 898 MERCEY (N. Di;). — Sur des gîtes de phosphate de chaux de la Craie à Bélemnites, formés avant le soulève- ment du Bray 11 37 MESNIL (F.). — Sur la coiridie trouvée dans les reins de la Jlaria csculcnta et sur l'infection générale qu'elle pro- duit. ( En commun avec M. Levcran). 82 — Sur les Hématozoaires des Poissons marins. (En commun avec M. Lu^'c- ran . ) j(">7 — Sur quelijues Protozoaires parasites d'une tortue d'Asie (Uaaiunia Reevesii) (En commun avec ^L Lava an.) .... G09 — Errata se rapportant à cette Commu- cation 7 1 0 — Le Nagana et le Mal de caderas sont deux entités morbides bien distinctes. (En commun avec M. A. Lnveran.). 838 MEUNIER (Stanisl\s). — Production actuelle do soufre natif dans le sous- sol de la place de la République, à Paris 91 j MICHEL (AuG. ). — Sur des formes nou- velles ou peu connues de R/iahdiics. . go; MLNET. — Une médaille Berthelol lui est accordée 1233 — Un prix Saintuur lui est décerné 124 '• MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLI- QUE (M. le) adresse l'amplialion AUTEURS. Mil. Pages. du Décret approuvant l'élection de M. Sc/iiapai-e/li, comme Associé étran- ger 7' — Adresse l'amplialion du Décret approu- vant l'élection de M. Boiwier 73 — Invite l'Académie à lui faire connaître son avis, au sujet d'un vœu émis par la première Conférence sismologique internationale, en faveur de la créa- tion d'une Union internationale sismo- logique 3-i5 — Transmeta l'Académie une Lettre con- cernant l'éruption volcanique surve- nue à l'île Torishima (.lapon) C20 — Transmet à l'Académie une Lettre relative à un tremblement de terre dans l'État de South Australia 770 — Invite r.Académie à lui présenter une liste de deux candidats pour la place de Membre titulaire du Bureau des Longitudes, vacante par le décès de M. Cornu 846 — Adresse une ampliation du Décret ap- prouvant l'élection de Jl. Dcslamlres . io85 .MITTAG-LEFH.ER (G.). — Sui l'intégrale de Laplace-Abel 9-^7 MOIDREY (de). — Phénomènes observés à Zi-Ka-Wei (Chine) lors de l'érup- tion de la Martinique 3a2 MOISSAN (H.). — Préparation et proprié- tés d'un siliciure de vanadium. (En commun avea .M. H. Huit.) 78 — Préparation et propriétés d'un nouveau siliciure de vanadium. (En commun avec M. Holt .) 493 — Élude du pentalluorure d'iode 563 — Errrita se rap|iortantà cette Commu- nication '"84 — Synthèse des hydrosulfites alcalins et alcalino-tei reux anhydres 647 — Sur la température d'inflammation et sur la combustion, dans l'oxygène, des trois variétés de carbone 921 — Sur la présence de l'argon, de l'oxyde de carbone et des carbures d'hydro^ gène, dans les gaz des fum.erolles du Mont Pelé à la Martinique io85 — Sur la présence de l'argon dans le gaz delà source Bordeu à Luchon, et sur la présence du soufre libie dans l'eau sulfureuse de la grotte et dans les vapeurs de h image ''278 — Sur une nouvelle préparation de l'Iiy- drure de silicium Si-H' ii84 TAEftE DES AUTEURS. l43l MM. P MONNIER (Marcel). — Un prix lui est aliribiié dyns le concours (lu prix Bilieux (Géographie et Navigation). . — Adresse des remercimenls à l'Aradé- mie MONTANGERAND. — Sur la surface focale principale de l'objectif de l'équatorial piiutograpliique de l'Observatoire de Toulouse. (En commun avec M. B. BailliiuA.) MONTESSUS DE BALLOKE (F. de). - Sur les causes fjénérales d'instabilité sismique dans l'Inde MOUEAU (GiîoriGES). — Sur l'ionisation d'une llamme salée — Surl'etïet Hall et les mobilités des ions âges. 1174 [3oi 449 5 98 8ç)S MM. l'agns. d'une vapeur salée i3'26 iMOIUîL (ALBEiiTj. — Disparition des élliers dans le sang in vitro. (En commun avec M. Maurice Doron.). .14 MOUUEU (Ch.). — Sur quelques sources de gaz minérales 1 335 .MOUSSU. — Transmission expérimen- tale aux descendants, des lésions dé- velop[)ées chez les a.^cendants. (En commun avec MM. A. Clil décerné (Médecine etCliirurgie) .... 1208 RECOURA (A.). — Action de l'Acide clilorliydrique sur les sulfates de sesquioxydc d'aluminium, de chrome et de fer i63 — Sur un chlorosulfate d'aluminium. .. . -'liS REEB. — Sur la présence de la lériihine dans les végétaux. (En commun avec M. Sclilii};clrrilifiiiffrii.) ao5 RENARD. — Le prix Plumey lui est dé- cerné (Mécanique) 1 1G8 RENAULT (Bernard). — Sur quelques pollens fossiles. Prothalles mâles. Tubes polliniques, etc. du terrain houiller 35() — Sur quelques nouveaux Infusoires fos- siles 1064 RICHEK (Pirrre-Paui,). — Expériences sur la germination des grains de pol- len en présence des stigmates ()34 RIQUIEK. — Un prix Saiiitour lui est ac- AUTEURS. 1433 MM. P.nijea. Black-rol 1 20 PUISEUX. — Sur la structure et l'histoire de l'écorce lunaire : observations sug- gérées parle cin(piièine et le dixième fascicule de l'Allas plio(ngraphi(](ie de la Lune, publié par l'OlK^crvaloire de Pans. (En commun avec M. L- ROGHR (C.-H.). — Un prix Monlyon lid est décerné (Médecine cl t^liirurgie). 1208 ROLLET DE L'ISLE. — Sur l'éruption de la Martinique. (En commun avec MM. A. %Lncrnix et Giriiiiil.). 377, 4 '9 — Erriiia se rapportant à cette (Commu- nication iG4 IiO.^L\RY. — Une mention très honorable lui est attribuée 1220 [(OMAZOTTL — Un prix de quatre mille francs lui est accordé sur le prix extra- ordinaire de six mille francs (Méca- nique) I iC3 — Adresse des remerctments à l'Acadé- mie rioi lîOSENSTIElIL. — Le prix Jccker lui est décorné i lyj — Une médaille Berthelot lui est accor- dée 1233 — Adresse des remercîments à l'Acadé- mie 1 3o 1 ROULE (Louis). — Sur les Poissons du genre Chondroslome dans les eaux douces de la France qSq — L'hermaphrodisme normal des Pois- sons 1 355 i434 TABLE DES AUTEURS. Pajies. MM. ROUSSEAU (P.). — Sur une nouvelle forme de In sensibililé taclile : la Iri- cheslliésie. (En coMinmii avec M. t'as- chiile.) ■i'jg ROUX (E.). — Sur une nouvelle base dé- . MM. Pages, rivée du galaclnse 691 ROUX (J.-Cii.). — Adii'fsi- une Nule « Sur un nouvel ergomèlrc ». (Eu commun avec M. 77;. Siinnn.) 545 SAB.-^TIER (Paul). - Hydrogénation di- recte de carbures acétyléniques p;ir la méthode de contact. (En commun avec J.-B. Scndcrcns.) 87 — Réduclion des dérivés nitrés par la méthode d'hydrogénation directe au contact de métaux divisés. (En com- mun avec M. J.-B. Sciiderens.). . . . i'>.'> — Hydrogénation directe des oxydes do l'azole par la méthode de contact. (En commun avec M. J.-B. Sende- rens.) 278 SACERDOTE. — Sur la formation des gouttes liquides et la loi deTate. (En commun avec M. A. Leduc). gS et 732 SAINTIGNON (de) adresse un travail intitulé : « Sur les tremblements de terre, le mouvement différentiel i>.. 619 SAINT-RÉMY. — Sur l'évolution des for- mations branchiales chez le lézard et l'orvet. (En commun avec ^i. Pre- nant.) 62 SALET. — Observations de la nouvelle comète Giacobini (r/ igoî), .faites à l'Observatoire de Paris io45 SBERRA (R.) adresse une Note relative à la Navigation aérienne 911) SCHIAPARELLI, nommé .\ssocié étranger, adresse ses remercîmenis à l'Acadé- mie. 227 SCHLAGDENHAUFEN. — Sur la pré- sence de la lécilhine dans les végé- taux. (En commun avec M. Rrcb.). . 2o5 SCHLESINGEK (Ludwig). — Sur la Ihéo- rie des fonctions algébriques 67(1 SCHLŒSING (Tu. ). —Études sur la terre végétale Goi SCHMIDT (Oscar). — De l'action des sels diazo'i'ques sur la desmolroposanlo- nine et l'acide desmotro|)(isanloneux. (En commun avec M. /?. Wedriiind). 6,'i SCHR1B\UX. — Sur un procédé de con- centration des vins. (En commun avec M. Baudoin.) 263 SCHULHOF. - Le prix Wilde lui est dé- ci'i né 1 236 — .\ilrcsse dus remercîmenis à l'Acadé- mie i3oi SÈGUiER (DE). — Sur un théorème do M. Frobeniiis 52 SE.MENOV (Jui.KS). — Sur les phéno- mènes mécaniques de la décharge disruplive i55 — A propos de la Note de JL Th. Tom^ ma.nnn, sur le mode de formation des rayons cathodiques et des rayons de Roiitgen 457 SENDEliENS (J.-B.). — Hydrogénation directe de carbures acétyléni(|iios p:ir la méthode de contact. (En commun avec M. P VALLIER (E.). — Sur la loi des [iressiens dans les bouches à feu 3i,'l et S;?. — Tracé des courbes de pressions 9 i>. VANEY (C). — Contributions à l'élude anatoniique du Rhabrlopleura Norma- rii Allm. (Eu commun avec M. A. Coule.) 63 — Recherches sur le bourgeonnement do Hliabilopleitni Nornifinni AH. (En commun avec M. J . Conte.) 718 VASCHIDE (N.). — Sur une nouvelle forme de la sensibilité tactile : la trichesthéàie. (En commun avec M. Rousseau .) aSg — Le rythme vital. (En commun avec M. Ci. Vurpas.) 732 VERMOREL. — Sur un nouveau procédé pour la destruction de la pyrale et d'autres insectes nuisibles. (En com- mun avec M. Gdstiric.) 66 VERNEUIL(A.). — Production artilicielle du rubis par fusion 791 VESSIOT (Ernest). — Le grnnd prix des Sciences matliématiques lui est dé- cerné 1 1 54 — Adresse des remerciments à 1 Acadé- mie i3oi VLVliD (Georges). — Sur la précipitation du chlorure et du bromure cuivriques par l'acide sulfuriqne 168 — Sur la précipitation des chlorures et bromures de cadmium, de mercure et d'étain par l'acide sulfurique -i^i VIDAL (E.). — Le tir des fusées païa- giêle 92 VIGNON(LÉo). — Sur la saponification des éthers nilri|ues. (En commun avec JL I. /'m:), 607 VIGUIER (C). -'innuence de la tempé- rature sur le dévelo|)pement parlho- génélique tio — Sur la parthénogenèse artifu-ielle 197 ViLA (A.). — Sur la musculaniine, ba.--e dérivée des muscles. (En commun avec M. J. Elanl.) 6y8 VILLAKD ( He.mii) soumet au jugement de l'Académie les ré.-ullats d'expériences qu'il a effectuées avec de grandes hélices à très petits pas 945 VIOLLE. — Est élu membre adjoint de la Commission de l'Aéronautique 764 VIRCIIOW (R. ). — Sa mort est annoncée à l'Académie 4o9 VIVIÈS (P. DE) adresse une Note intitu- lée : « Théorème du point symétrique et quelques-unes de ses conséquen- ces » 1 144 VOÏNOV (D.-N.). — La spermatogene^e chez le Cybister Rorsclii 201 VUILLEMIN (Paul). — Le bois intermé- diaire 1367 — Le piix Montagne lui est décerné (Bo- tanique) I io4 — Adresse des remerciments à l'Acadé- mie 1 3oi VURPAS — Le rythme vital. (En commun avec i^L Fnscidilc. ) 732 VVAHL(A.) — Cnndensation du nitromé- Ihane avec les aldéhydes aromatiques. (En commun avec M. L. BoiwcnuU.). VVALLERAiNT (Fréd.). —Sur les groupe- w 4- ments de cristaux d'espèces diffé- rentes 798 WATTEVILLEtC. dk). — Sur les spectres de flammes 1 329 TABLE DES AUTEURS. MM. Pages. WEDEKIND (E.,1. — De l'action des sels diazoïques sur la desmotroposantonine et l'acide desmotroposantoneux. (En commun avec M. Oscnr Schmidl. !.. 43 \VEDENSKY(N.-E.). — Les excitants et les poisons du nerf 584 MM. Pages. — De la nature dos courants électriques du nerf 804 WOLF (Max) adre.«se une Note relative à des «photographies stéréoscopiques de la comète Perrine-Borrelly » 687 Z ZAMBACO-PACHA fait hommage d'une brochure intitulée ; « Les monuments mégalithiques de l'Armorique et leurs sculptures lapidaires » 770 ZEILLER (U.) présente un travail intitulé; « Observations sur quelques plantes fossiles des Lower Gondwanns »... (iig — Fait hommage de son Atlas do la « Flore fossile des gîtes de charbon du Tonkin » 769 Fait hommage d'une Note, publiée en espagnol et en français, » Sur quelques empreintes végétales du Kimméridien de Santa Maria de Meya, province de Lérida ( Espagne )•! : 770 GAUTIIIER-VILLAUS, IMPHlMIiUR-LIBRAIRE DES COMPTES TENDUS DES SÉA^•CE3 DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 32146 Paris. — Quai des Grands-Auguslins, 55. 187 C. R., 1903, v Semestre. (T. CX.XXV.) 3 2044 093 254 373 Date Due MOV '' ? \V^ ^6 '^ ^'^^l