(,- s) [çi^..(i"g«r7.
à partir d'un certain indice n. Nous avons démontré que celte limite infé-
rieure de \a„\ est la plus précise quon puisse indiquer tant qu'on ne fait
d'autres hypothèses que (a), ce qui, a priori, n'était nullement évident, vu
les approximations assez grossières qui ont fourni la relation (2).
» Si les zéros de la fonction /(a;) sont assujettis à certaines restrictions,
on pourra au contraire, dans bien des cas, préciser davantage la limite (3).
Ainsi si, en dehors de (a), on admet encore cette autre hypothèse :
l«J<
«(log/z) "J .
pour n suffisamment grand, B étant une constante positive, on trouve à
l'aide de (i) :
1
|a„|>(i -e)[coÇ^«(logn)-]'
(' ) Acta niathematica, t. XXII.
C. R., 1902, 2' Semestre. (T. GXXXV, N» 6.) 4'
3l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
à partir d'un certain indice n, gi désignant la plus petite racine positive de
l'équation
On en conclut en particulier le théorème suivant :
» Pour toute fonction entière satisfaisant à V hypothèse (a), l'inégalité
i««i>(i-o[Ç«(i"g«r]
est vérifiée pour une infinité d'indices n.
» C'est là encore un résultat bien précis. En voici un autre plus parti-
culier, mais com[)ortant cependant des applications intéressantes :
» Si f(^œ^ est une fonction entière de genre o qui vérifie l'hypothèse (^a^
et dont les zéros sont tous situés sur un même rayon issu de V origine, on aura,
à partir d'un certain indice n,
i««i>(i-o[Ç^«(ios«r]
T désignant la racine positive de l'équation
"" r . I
« La quantité -^ — ^ va en croissant de - à i , lorsque p croît de o à i ,
» 2. Supposons maintenant que, rhy|)othèse (a) étant toujours véri-
fiée, on ait en même temps, quelque petit que soit i,
(b) M{r)>é'-'^'''""''->^
pour une infinité de valeurs r indéfiniment croissantes.
» Si p n'est pas entier, il existera alors un nombre positif )^ tel qu'on
ait, quelque petit que soit i.
(4) \an\<(i + '^)[in{\ogn)-^J
pour une infinité d'indices n.
» Nous avons démontré que la plus petite valeur \ telle que l'inégalité (4 )
ait lieu pour toute fonction entière vérifiant les hypothèses (a) et ( b), est
1 = p"-' -^^^ pour o << p < I ,
SÉANCE DU II AOUT 1902. 3lC)
et
2P-* (2 — p p — I
F(i,i,p, — i) /?o«rii les équations de Maxwell.
Comme les déplacements infiniment petits d'un corps parfaitement élas-
tique suivent les mêmes lois, on passe par l'intermédiaire du flux de dépla-
cement uniforme aux vibrations, et l'on peut établir une liaison mécanique
entre le flux électrique et les radiations. »
322 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Phénomènes observés à Zi-Ka-Wei (Chine) lors de
l'éruption de la Martinique. Note de M. de Moidrey, présentée par
M. Mascart.
« L'éruption principale de la Montagne Pelée s'est produite le 8 mai,
quelques minutes avant 8'". Ce jour-là, à 7''58'" (t. m. de la Martinique),
après une longue période de calme magnétique, notre bifilaire indique un
accroissement brusque de la composante horizontale, qui reste agitée
pendant 8 heures environ.
» De i2''35™ à i2i'35™ la courbe de cet élément présente, sans doute possible, les
caractères d'une agitation mécanique. 11 était ici minuit; à cette heure, en pleine
campagne, aucune cause accidentelle ne peut influencer nos aimants. D'ailleurs, pen-
dant le même temps, la courbe du grand baromètre enregistreur, habituellement très
fine, a son épaisseur augmentée d'environ quatre fois; il ne peut être question d'une
onde atmosphérique, mais la colonne de mercure a agi en véritable séismographe ; à
ce phénomène succède immédiatement un second accroissement assez brusque de la
composante horizontale. Une troisième recrudescence, observée de i5''5™ à i5*i5™,
est suivie d'un calme à peu près complet pendant plus de 7 heures. On remarque alors
une faible agitation, puis une nouvelle perturbation qui dure jusqu'au 9 vers 20''.
» Nous avons donc ici des faits de deux ordres distincts : une pertur-
bation magnétique dont le début coïncide, comme à Paris et à Lyon, avec
l'explosion de la Montagne Pelée, et un ébranlement du sol qui aurait mis
4'' 27"" à se propager jusqu'ici, à moins qu'il ne corresponde à un des chocs
postérieurs.
» L'observatoire de Zi-Ra-Wei est situé, à 10' près, sur le méridien
opposé à celui de la Martinique. »
PHYSIOLOGIE GÉNÉRALE. — Nouvelles Contributions à la physiologie des leu-
cocytes. Note de MM. H. ST.issANoetF. Billon, présentée par M. Alfred
Giard.
(t 1. Le phénomène de Sthor, à savoir la diapédèse des leucocytes à
travers les muqueuses, se manifeste d'une façon particulièrement in-
tense le long du tube digestif (Recklingausen). L'un de nous a montré,
par différents procédés expérimentaux, que cette diapédèse constitue un
des principaux mécanismes par lesquels l'économie se débarrasse des prin-
SÉANCE DU II AOUT 1902. 333
cipes qui lui sont nuisibles ou simplement inutiles ('). Le bichlorure de
mercure, indiscutablement, introduit dans la circulation s'élimine en
grande partie au niveau des voies digcstives par l'intermédiaire des leuco-
cytes. On peut s'assurer, par la réaction microchimique du ferrocyanure,
qu'il en est de même pour le fer introduit dans les veines sous forme de
saccharate; et d'autres observations portent à admettre que la diapédèse
leucocytaire intervient dans chaque cas d'élimination intestinale.
M Par la peau et le système pileux s'éliminent aussi nombre de sub-
stances, l'arsenic et l'iode en sont les exemples les mieux étudiés. Cette
élimination est trop lente pour que l'on puisse établir par l'expérience si
les leucocytes y prennent part. Pourtant, l'anatomie comparée et l'expéri-
mentation sur les animaux inférieurs nous autorisent à l'admettre. Le
transport des granules excrétoires par les cellules migratrices a été con-
staté d'une façon certaine dans les groupes animaux les plus variés, des
Échinodermes jusqu'aux Vertébrés. Depuis la démonstration donnée par
M. Hugo Eisig, en 1879, du rôle excrétoire de l'épiderme des Capitellides,
de nombreux travaux sont venus confirmer la théorie de ce savant sur la
nature excrétoire des pigments colorés des animaux.
» Bien des faits entraînent également la conviction que les leucocytes
sont aussi les agents de l'élimination qui se fait par les glandes. Les leu-
cocvtes sont les porteurs exclusifs de l'iode contenu dans le sang normal
(Stassano et Bourcet); cela conduit à penser que l'iode, qui se retrouve
aussi à l'état normal dans le lait (combine aux nucléines, Stassano et
Bourcet), est apporté par les leucocytes aux glandes mammaires. On sait,
aussi, que les glandes en activité sont le siège d'un afflux considérable de
leucocytes et l'un de nous (Stassano) a constaté que le mercure, l'arsenic,
la strychnine et la morphine, substances auxquelles se rapportent ces ob-
servations, se rencontrent dans plusieurs sécrétions, de même que dans
les excréta, à l'état de véritables combinaisons nucléiniques.
» 2. L'intensité décroissante de l'élimination du mercure dans l'intes-
tin, à partir du duodénum jusqu'au gros intestin, montre que l'activité de
la diapédèse leucocytaire varie dans le même rajjport d'une région à
l'autre du tube digestif. Il a été établi que le pouvoir favorisant sur la di-
gestion trypsique, découvert par Pawlow et Schèpowalnikow dans le suc
entérique et qu'ils ont appelé ertie>-oA7«a5e, diminue pareillement à partir
{') Stassano, Sur le rôle des leucocytes dans l'élimination {Comptes rendus,
8 juillet 1901).
3-j4 académie des sciences.
du duodénum, devenant nul au niveau du gros intestin. Ce parallélisme et
le fait, constaté par M. Delezenne, que les macérations de leucocytes con-
tiennent un principe analogue à V entèrokinase , nous ont amenés à recher-
cher si le pouvoir activant de la sécrétion entérique ne provient pas, en
partie du moins, des leucocytes qui affluent sans cesse en grand nombre
dans la muqueuse intestinale.
» Pour éclaircir ce point nous avons exalté expérimentalement cet afflux de leu-
cocvtes, par des injections intra-veineuses soit de bichlorure de mercure, soit de sac-
charate de fer, et nous avons comparé le pouvoir activant ou klnasique des nucléo-
albumines extraites des intestins sièges de ces intenses leucocjtoses, avec celui des
nucléo-albumines préparées, en même temps et de la même manière ('), avec des
intestins normaux. Le résultat de ces comparaisons, plusieurs fois répétées dans les
meilleures conditions, est le suivant : les nucléo-kinases de chien mercurialisé et de
chien traité par le saccharale de fer sont sensiblement plus actives que les nucléo-
kinases de chien normal.
» Déplus, comme il est certain que la stase sanguine qui accompagne la digestion
favorise la diapédèse des leucocytes à travers la muqueuse entérique hyperémiée, nous
avons comparé par le même procédé le pouvoir kinasique des nucléo-albumines de
l'intestin grêle, du duodénum en particulier, au moment de la digestion, avec celui
des nucléo-albumines de muqueuses Intestinales de la même région, retirées d'ani-
maux à jeun. Nous avons trouvé également que les premières nucléo-albumines sont
plus actives que les secondes.
» Ces résultats concordants nous ont fait examiner si l'action leucocy-
taire en question est démontrable par l'addition in vitro des leucocytes à
du suc pancréatique.
» Nous avons constaté, en premier lieu, que la partie liquide des exsudats périto-
néaux riches en leucocytes, provoqués chez le cobaye par l'injection de quelques cen-
timètres cubes démulsion de lécithine dans de la solution physiologique, possède un
pouvoir empêchant vis-à-vis de la digestion trypsique de beaucoup inférieur à celui
du plasma sanguin. Nous avons pu apprécier la valeur de cette action empêchante,
indépendamment de l'action particulière aux leucocytes, en faisant tomber quelques
gouttes de ces exsudats, aussitôt retirés du péritoine du cobaye, dans du suc pancréa-
tique préalablement dilué dans une solution de lluorure de sodium; celte substance,
on le sait, empêche les leucocytes de se détruire et de mettre en liberté les principes
diastasiques tels que le fibrin-ferment qu'ils contiennent. En opérant, au contraire,
l'addition des gouttes d'exsiidat, après y avoir provoqué la désagrégation des leuco-
cytes, par deux ou trois congélations successives, nous avons laissé agir librement sur
(') Stassaxo et Billot, Comptes rendus de la Société de Biologie, 3i mai et
26 juillet 1902.
SÉANCE DU II AOUT 1902. 325
le suc pancréatique les produits apportés par les leucocytes. Dans ce cas, nous avons
constaté sur le suc une action kinasique très nette, quoique bien inférieure à l'action
exercée sur d'autres échantillons du même suc pancréatique par des nucléo-hinases
intestinales de difTérentes provenances.
» Cette diflTérence quantitative est bien naturelle si l'on considère que les leuco-
cytes des exsudais ont subi, depuis leur sortie de la circulation, des modifications
telles qu'ils ne peuvent qu'avoir perdu, ou consommé à leur profit, une grande partie
de la kinase dont ils disposent à l'état normal.
» L'augmentation du potivoir favorisant de la muqueuse entériqiie sur
la digestion trypsique, observée par nous, soit pendant les périodes d'acti-
vité digestive chez l'organisme normal, soit à la suite dinjections de sels
de mercure et de fer, doit être attribuée à l'accrois.sement de la diapé-
dèse leucocvtaire dont l'intestin est le sièee d'une façon continue. La
signification de celte diapédèse est pourtant double : c'est un mécanisme
physiologique d'élimination, en même temps qu'un concours réel aux
actes digestifs.
» On s'accordait à considérer les leucocytes comme offrant, parmi les
nombreuses variétés de cellule des tissus, l'exemple le mieux caractérisé
de la digestion primordiale, intracellulaire. Leur participation aux pro-
cessus digestifs extracellulaires, que les observations de M. Delezenne et
nos expériences ci-dessus viennent de mettre en lumière, constitue, sans
aucun doute, un fait biologique d'une importance toute particulière. »
PATHOGÉNIE. — Eèmoghhinurie (V origine musculaire.
Note de MM. Jean Camus et P. Pagmez, présentée par M. Bouchard.
« De nombreuses contradictions existent parmi les opinions émises sur
la pathogénie de l'hémoglobinurie. Les différentes théories peuvent se
ramener à deux : la première suppose qu'il y a hémoglobinhémie avant
l'hémoglobinurie; la seconde, que la destruction des globules rouges a lieu
au niveau du rein : c'est la théorie rénale. Toutes deux s'accordent sur un
fait qui semble capital : c'est que l'hémoglobine provient toujours des glo-
bules rouges, en quelque endroit et de quelque manière qu'ils soient lésés.
Sans une destruction, et une destruction relativement intense des héma-
ties, il n'y a pas, suivant les auteurs classiques, d'hémoglobinurie.
)) Nous avons cherché si d'autres parties de l'organisme contenant de
l'hémoglobine ne peuvent jouer un rôle dans l'hémoglobinurie. Nous nous
sommes adressés au muscle.
C. R., 1902, 2' Semestre. (T. CXX.W, N» 6.) 4^
320 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Sur un chien chloralosé, on incise la cuisse ou résèque un ou deux muscles
(i5e et moins pour un chien de loits); on essuie ces muscles pour enlever la plus
grande partie du sang, puis on les coupe dans des tubes contenus dans un mélange
réfrigérant. Les muscles sont triturés et lavés à plusieurs reprises à l'eau distillée; on
filtre et l'on ajoute du NaCl pour avoir une solution isotonique au sang. On a ainsi
une solution de suc musculaire rouge ou rose d'environ So"^"' à ôo""»' qu'on injecte
dans la veine saphène du chien toujours endormi. Par une sonde vésicale, on recueille
l'urine de lO minutes en lo minutes. En lo à 3o minutes, on obtient une urine rose
ou rouge foncé, suivant la quantité injectée. Cette urine ne contient pas de globules;
elle donne au spectroscope les deux raies de l'oxyhémoglobine ; il y a hémoglobinurie.
En même temps, on fait une prise de sang dans l'artère fémorale; ce sang oxalalé et
centrifugé fournit un plasma qui, fait très surprenant, n'est pas ou est à peine teinté.
Le résultat est le même si l'on injecte à un animal non endormi une solution prove-
nant des muscles d'un autre ciiien.
)i II y a ici un phénomène tout à fait différent de celui qui se passe
quand on injecte une solution d'hémoglobine provenant de la destruction
de globules rouges. Il faut, en effet, dans ce cas, injecter une quantité
beaucoup plus considérable d'hémoglobine. Ponfick estime à — de la
niasse des hématies la destruction nécessaire pour donner de l'hémoglo-
binurie.
» Nos expériences, pratiquées sur de nombreux chiens et lapins, nous
ont fourni des chiffres assez peu différents de celui de Ponfick.
» Nous avons également dosé au colorimètre l'hémoglobine dans le
sang oxalaté et centrifugé des chiens auxquels nous avons injecté des solu-
tions d'hémoglobine globulaire. Sans nousarrèter à des dosages très précis,
sur lesquels nous reviendrons, retenons seulement cette différence que
l'hcmoglobinurie, causée parla destruction, dans le sang, des hématies, est
nécessairement précédée d'hémoglobinhémie intense et que l'hémoglo-
binurie j)ar injection d'extrait de muscle donne à peine une teinte imper-
ceptible du plasma. Il est évident que, le suc musculaire contenant de
l'hémoglobine, de grandes injections de ce suc coloreraient proportion-
nellement le plasma.
)) Ce phénomène peut-il se produire à la suite de lésions musculaires?
» Chez un chien de g'''', 5 chloralosé, nous injectons en 3o secondes i5o5 d'eau dis-
tillée à -f- 5° dans les muscles des cuisses; à la suite de ces injections un peu brutales,
les muscles se contracturent et du treniblerpent apparaît. Les muscles sont massés et,
3o secondes après l'injection, nous avons de l'Iiémoglobinurie peu marquéq, mais très
nette. Le jilasma est devenu, dans ce cas, de coloration rose; il est probable qu'une
partie de l'eau distillée injectée avait pénétré dans les vaisseaux et occasionné des des-
tructions globulaires; mais la quantité d'hémoglobine contenue dans ce plasma.
SÉANCE DU II AOUT I902. 32M
estimée au colorimétre, était encore bien inférieure à la quantité rainima trouvée dans
les hémoglobinuries par destruction globulaire.
» Y a-t-il dans le suc musculaire des substances qui, agissant sur le rein,
facilitent le passage de petites quantités d'iiémoglobine?
» Si ces substances existent, elles ne sont pas détruites par le chauffage
à 56°. La solution musculaire portée i5 minutes à 56°, filtrée et injectée,
donne encore de l'hémoglobinurie. Bouilli et débarrassé après filtration
de son hémoglobine, le suc musculaire ne donne plus d'hémoglobinurie.
» Si, à de l'extrait de muscle bouilli, on ajôiite une solution d'hémoglo-
bine (correspondant à 5"=^ de sang pour un chien de iS'^s) et qu'on injecte
ce mélange, on n'obtient pas d'hémoglobinurie, bien que le plasma soit
nettement rose. Il faut donc admettre, ou que des substances musculaires
agissant sur le rein facilitent le passage de l'hémoglobine (substances
hypothétiques non détruites à 56° et détruites à 100"), ou que l'hémoglo-
bine du muscle traverse plus facilement le rein que l'hémoglobine des
globules.
M Disons incidemment qu'une solution de foie traité de la même ma-
nière que le muscle ne donne pas, au moins à quantité égale, d'hémoglo-
binurie.
» Ces expériences peuvent-elles avoir une portée clinique ? Nous le
croyons, pour des raisons tirées de la pathologie humaine, et surtout de
la médecine vétérinaire : ces faits exjjhquent les cas où le sérum des
malades a été trouvé normal ou non modifié pendant les crises, sans èlre
en contradiction avec ceux où il était coloré; ils expliquent les cas où les
globules des malades ont résisté in inlroaii froid (expériences de M. Ilayem)
et, à plus forte raison, devaient résister dans l'organisme. Encore faudrait-il
que des lésions musculaires certaines permettant la sortie du suc muscu-
laire vinssent confirmer la pathogénie que nous proposons ; mais les
autopsies en état de crise sont rares chez l'homme. On peut au moins invo-
quer chez lui les douleurs musculaires signalées par beaucouj) d'auteurs,
et le fait que l'hémoglobinurie peut survenir à la suite de fatigues. Une
preuve éclatante nous est offerte par la pathologie animale, et certains
médecins vétérinaires, M. Jobelot (1900) en particulier, affirment que des
lésions de myosite, pouvant aller jusqu'à l'impotence, existent toujours
marquées dans rhémoglobinurie a frigore du cheval. Cet auteur, et déjà
M. Lucet (1892), ont d'ailleurs émis des hypothèses sur le rôle du muscle
dans l'hémoglobinutie. Nous ne croyons pas qu'on ait jusqu'à présent
démontré expérimentalement l'influence du muscle dans l'hémoglobi-
nurie.
328 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Pour évident que nous semble ce rôle dans l'hémoglobinurie causée
par le froid ou la fatigue, nous ne voulons pas nier l'hémoglobinurie pré-
cédée de grande hémoglobinhémie dans des infections et intoxications
globulaires intenses; nous avons décrit d'autre part une hémoglobinurie
d'origine urinaire par action nocive de l'urine sur les globules. »
CHIMIE BIOLOGIQUE. — SuT l'existence d' une kinase dans le venin
des serpents. Note de M. C. Delezenne.
« Dans une précédente Communication ('), j'ai montré que certains
niicroorganismes sécrètent des diastases ayant les mêmes propriétés que
l'entérokinase. Comme le ferment du suc intestinal ou la kinase leuco-
cytaire, ces diastases sont capables, en effet, de conférer aux sucs pancréa-
tiques, totalement inactifs vis-à-vis de l'albumine, un pouvoir protéolytique
des plus manifestes.
» J'ai observé que le venin des serpents qui, à beaucoup d'égards,
mérite d'être rapproché des toxines et des diastases microbiennes, est
doué, lui aussi, de propriétés kinasiques très énergiques. Ce fait peut être
mis facilement en évidence en s'adressant au venin de cobra, au venin de
bothrops ou à celui de la vipère.
» Je me suis servi, pour mes expériences, de venins qui avaient été
desséchés aussitôt que la récolte en avait été faite et qui avaient été con-
servés à l'abri de l'air et de la lumière (-). Ces venins étaient redissous
dans l'eau distillée et filtrés sur bougie Berkefeld, au moment où l'on
voulait en faire usage.
» Je me suis assuré que les solutions ainsi préparées n'exercent par elles-mêmes
aucune action digesti^e sur l'ovalbumine coagulée. Quelle que soit la dose employée
et quelle que soit la durée de l'expérience, les cubes d'albumine introduits asepti-
quement dans la solution de venin restent absolument intacts ('). Ajoutés, à très faible
(') Comptes rendus, 28 juillet 1902.
(-) Ces venins ont été mis obligeamment à ma disposition par M. Calmette et
M. G. Bertrand. Je leur adresse tous mes remercîments.
(^) Nous avons constaté que les solutions de venin complètement dépourvues
d'action protéolytique vis-à-vis de l'albumine étaient cependant capables de liquéfier
la gélatine, même lorsqu'elles étaient ajoutées à cette substance à dose relativement
faible. Ce fait, rapproché de ceux que nous avons signalés précédemment à propos de
l'action de certains filtiats microbiens, montre que l'on n'est pas en droit d'identifier,
comme l'ont fait certains auteurs, les diastases liquéfiant la gélatine avec la trypsine.
J'aurai d'ailleurs l'occasion de revenir en détail sur celte question.
SÉANCE DU II AOUT 1902. 329
dose, à des sucs pancréatiques dépourvus eux-mêmes de toute action protéolytique vis-
à-vis de l'albumine, les venins confèrent à ces derniers un pouvoir digestif exlrême-
menl marqué.
» Avec le venin de bothrops que nous avions à notre disposition^ il suffisait généra-
lement d'ajouter à i<^"' de suc pancréatique o'^'"',5 à i"^"' d'une solution au yo^, soit
o™s,5 à 1 ""S de venin, pour obtenir la digestion d'un cube d'albumine de os, 5o en
l'espace de jo à 12 heures. Des doses beaucoup plus faibles, 4, -j^, et parfois même
■^ de milligramme, donnaient encore le même résultat, avec cette seule différence que
la digestion mettait 24 heures, 4'^ heures et même 72 heures pour être complète.
» Le venin de cobra s'est montré un peu moins actif que le précédent, mais son
action était habituellement encore des plus évidentes lorsqu'on l'employait à la dose
de l ou même de -^0 '^^ milligramme. Quant au venin de vipère, il était souvent néces-
saire de l'employer à dose cinq à dix fois plus forte, pour obtenir le même résultat.
» Je me suis assuré, d'autre part, que ces venins perdent complètement leur pou-
voir kinasique lorsqu'ils sont portés à la température de 100° pendant i5 minutes.
» Le venin des serpents renferme donc une diastase ayant les mêmes
propriétés que l'entérokinase, la kinase leucocytaire ou les kinases micro-
biennes ('). Cette diastase est-elle de quelque utilité dans les processus
digestifs chez l'animal qui la produit? Est-elle distincte, d'autre part, du
principe qui donne aux venins leur toxicité? C'est ce que je ine propose
d'examiner ultérieurement. »
PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Toxine tétanique; observations de la résistance
électrique et de l'indice de réfraction. Note de MM. Dongier et Lesage,
présentée par M. Amagat.
« Nous avons déjà appliqué à l'étude de la fermentation lactique (') la
méthode de mesure de la résistance électrique. Il était naturel d'étendre
ces recherches à d'autres cultures microbiennes; les faits suivants se rap-
portent au bacille du tétanos (').
» I. Si l'on cultive en bouillon le bacille tétanique en se conformant aux règles clas-
siques (8 jours d'étuve et contrôle de la production delà toxine par l'expérimenta-
(') Les toxines végétales, telles que la ricine et l'abrine, qu'on a l'habitude de rap-
procher des produits solubles sécrétés par les microbes ou des venins, ne possèdent
pas de propriétés kinasiques. La sécrétion buccale de la sangsue m'a donné également
des résultats négatifs.
(■") Comptes rendus, 10 mars 1902.
(') Nous remercions vivement M. Momont, de l'Institut Pasteur, qui a bien voulu
fournir une partie de nos matériaux d'étude.
330 ACADÉMIE DES SCIENCES.
lion), oa observe, comme dans le cas de la fermentation lactique, un abaissement de la
résistivité par rapport à celle du bouillon témoin placé dans les mêmes conditions.
Voici quelques exemples :
Résistivité.
( = 25°. 1=13'. t = "iS". ( = 23°. t = l6',r.
Bouillon témoin.... 59",6 68»>,o 68'",5 57'", 8 io3'^,5
Bouillon avec toxine ) ^ ,. f m.. ^ . o - ,, n ,, r
5o"',5 58", 7 62'", 8 oo'",2 80", 5 ....
tétanique ) '^ ' '
» Ce résultat est intéressant, parce qu'il n'en est pas ainsi de tous les microbes. Les
uns ne inodificnt pas la résistivité du bouillon de culture, tandis que les autres
l'élèvent. Cette propriété de ne pas modifier, d'augmenter ou de diminuer la résisti*
vite du milieu, peut servir dérègle pour la difTérenciation des microorganismes.
B II. La valeur de la résistivité du bouillon tétanique est la même avant et après la
filtralion. Le bacille tétanique ne modifie donc point par sa présence la conductibilité
électrique du milieu; il agit en cela à la manière des matlèies albuminoïdes qui, on le
sait, n'influent pas sur l'ionisation des solutions salines.
» IIL On sait que la toxine tétanique portée à l'ébullition perd ses propriétés
pliysiologiques. Dans ce cas, nous avons noté que la résistivité du milieu ne changeait
pas; ainsi, l'augmentation de la conductil)ililé du bouillon de culture sous l'influence
de l'évolution microbienne ne serait pas due à la toxine tétanique.
» IV. On sait d'autre part que, dans l'expérience classique de Wassermann, la
cervelle fraîche mise en présence du bouillon chargé de toxine tétanique s'empare de
cette dernière. L'observation de ce bouillon non dilué nous a montré que sa résistivité
avait augmenté après le contact de la cervelle. Celle-ci, qui retient la toxine tétanique,
paraît donc fixei* également une partie des produits qui, élaborés par le microbe,
avaient abaissé la résistivité du bouillon de culture. Ce résultat est confirmé par le
fait que le passage sur la cervelle ne modifie pas la résistivité du bouillon témoin.
Citons quelques résultats :
Toxine tétanique
avant passage sur cervelle. 60" 60'", 9 5o", 2 5o™,5
après passage » . 64", 7 71", 5 55", 9 Sg",!
_, ... , . i avant passajre sur cervelle. St^-S 5q",6 68'", 5 )> ...
Bouillon témoin , ' * .i_ \ /,' ^„, '
( après passage >> . ab>",d 59", 6 08", 9 » ...
» V. La mesure des indices de réfraction du bouillon témoin, du bouillon avec
toxine tétanique, soumis ou non à l'ébullition, avant et après le passage sur la cervelle,
n'a pas mis en évidence des différences qui fussent caractéristiques. »
ANATOMIE COMPARÉE. — Distribution des corps suprarénaux (les Plagioslotnes>
Noie de M. Ed. Grv.\feltt, pi-ésenlée par M. Alfred Giard.
« Les auteurs qui ont étudié la répartition des corps suprarénaux dans
la cavité abiiominale des Plagiostoaies se sont contentés d'indiquer qu'ils
SÉANCE DU II AOUT 1902. 33l
étaient métamériques. Pour beaucoup d'espèces, cette notion répond assez
bien à la réalité des faits, si l'on se contente d'examiner dans ses grandes
lignes le mode de distribution de ces organes. Mais, si l'on étudie avec
soin certaines espèces, et si l'on compare le nombre des corps supcarénaux
à celui des segments de la région qu'ils occupent, on est frappé de la di-
vergence qui existe entre ces deux nombres. L'explication de cette irrégu-
larité, dans la métamérie des organes en question, m'a été donnée par
l'étude de préparations où le système vasculaire sanguin a été injecté par
les méthodes hislologiques. On peut ainsi obtenir des préparations d'en-
semble, faciles à étudier au microscope : la physionomie toute spéciale des
réseaux vasculaires dans ces corps, dont j'ai donné antérieurement la des-
cription, permet toujours de les reconnaître dans les préparations et de
les dénombrer. Du même coup sont mises en évidence les connexions si
étroites des corps suprarénaux avec le système artériel, connexions qui
ont une importance très grande pour faire comprendre la distribution de
ces corps. En effet, sur de telles préparations, on peut voir que, chez les
Squales, ces corps sont typiquement métamériques, mais que, toutefois,
leur nombre et leur position sont réglés par le nombre des artères segmen-
taires. Là où ces artères se répètent régulièrement dans chaque segment
(^Acanlhias vulgaris, A. Blaim'illei, Mustiilus lœvis, M. vulgaris, Galeus
carus, Squalina angélus, Ilexanchus griscus, Echinorhinus spinosus), lo
nombre des corps suprarénaux est le plus élevé; il y en a presque autant
de paires qu'il y a de segments dans la cavité abdominale. En effet, ainsi
que l'ont montré les auteurs, le corps suprarénal antérieur ou corps axil-
laire résulte toujours de la fusion d'un certain nombre de corps. Par con-
séquent, la faible différence que l'on trouve entre le nombre des segments
et celui des corps, y compris l'axillairc, compté pour un seul, s'explique
par la fusion dont un certain nombre des corps antérieurs ont été l'objet
pour donner naissance à l'axillaire.
» Lorsque les artères de deu\ segments consécutifs naissent d'une seule brnnche
aortique, les corps suprarénnux placés à leur niveau tendent à se fusionner, et se
fusionnent souvent. Ce fait s'observe surtout ciiez le Scyllium catulus et Se. canioula.
Ces fusions se présentent presque exclusivement dans la portion abdominale antérieure
et s'étendent en arrière beaucoup plus loin chez les Scyllium que chez les autres
espèces mentionnées plus haut. Mais, ici encore, le nombre des corps suprarénaux
n'est pas sensiblement inférieur à celui des segments, si l'on tient compte, dans leur
dénombrement, de ce que des masses suprarénales résultent de la juxtaposition de deux
ou trois de ces organes. L'indépendance relative des réseaux vasculaires dans les pièces
injectées et étudiées hislologiquement permet, le plus souvent, d'évaluer exactement
332 ACADÉMIE DES SCIENCES.
le nombre de corps ayant participé à cette fusion. Il en résulte cependant une irrégu-
larité apparente, sur des pièces non injectées, et d'autant plus frappante que la dispo-
sition des artères n'est pas toujours la même à droite et à gauche de la ligne médiane,
et que, par suite, il y a une asymétrie plus ou moins marquée entre des corps de la
même paire. Chez la Centrina vulpecuta. il y a une irrégularité manifeste dans la
métamérie artérielle : parallèlement à la réduction du nombre des artères segmen-
taires, nous assistons à une diminution du nombre des corps suprarénaux, si bien que,
pour 4i segments, on ne compte plus en moyenne que 27 corps. La différence est donc
de i4 entre les deux chifTres. On ne saurait ici considérer le corps axiliaire comme
la compensant; car, d'après sa taille, il n'est guère plus gros relativement que celui des
autres Squales, où il représente tout au plus 4 à 5 corps fusionnés. Par conséquent, la
Centrina offre une discordance marquée entre le nombre des corps suprarénaux et
celui des segments vertébraux. C'est un tjpe servant de transition, à ce point de vue,
entre les Squales à métamérie suprarénale régulière et les Raies, où cette métamérie
est devenue irrégulière au point d'être méconnaissable, s'il n'y avait une série de tran-
sitions.
» Parmi ces Raies, la Torpédo marmorala est une des espèces où le nombre des
corps suprarénaux est le plus élevé par rapport au nombre des segments. On peut en
trouver jusqu'à i4 paires, plus l'axillaire, sur les 25 segments de la cavité abdominale.
Ici encore, la réduction du nombre des corps suprarénaux est concomitante avec celle
du nombre des artères segmentaires. Chez diverses espèces étudiées du genre Raja
(7Î. clavata, R. marginata, R. mosaïca, R. punclala), la disposition est à peu près
la même que chez la Torpille. Chez la Myliobatis aquila, et surtout la Trigon pasti-
naca, la discordance est encore plus marquée, puisque, v compris l'axillaire, on trouve
chez cette dernière espèce tout au plus 20 corps de part et d'autre de la ligne médiane
(l'irrégularité de leur distribution est telle que l'on ne saurait parler ici de paires),
tandis que le nombre des segments s'élève à 64- Chez les Raies^ la numération des
corps suprarénaux est du reste très difficile, car on y rencontre de longues bandes de
substance suprarénale, enveloppant les branches anastomotiques jetées entre deux
intercostales consécutives, souvent séparées l'une de l'autre par la longueur de plu-
sieurs segments, et dans lesquelles il est impossible, ainsi qu'on peut le faire chez la
plupart des Squales, de compter les unités suprarénales ayant pris part à leur consti-
tution.
» Toutefois, en multipliant les observations sur des pièces injectées, on constate
que, chez les Raies, les corps suprarénaux sont, au même titre que chez les Squales,
en rapports étroits avec les branches artérielles émanées de l'aorte; ce fait a été
signalé déjà, et avec raison, par Pettit, contrairement à l'opinion jjrécédemment émise
par Chevrel.
» On trouvera des détails et des renseignements bibliographiques phis
étendus, relatifs à cette question, dans un Mémoire qui sera publié inces-
samment. »
SÉANCE DU I I AOUT I902. 33:
PHYSlOLOGIE VÉGÉTALE. — Oùservti/ions sur la diire'c ij^crminalivc
des graines. Noie de M. Jui.es Pois.so.v, présentée par M. Deliérain.
« Les recherches que M. Maquenne poursuit depuis déjà plusieurs
années sur l'hygrométricité des graines (' ) ont appelé de nouveau l'atten-
tion sur la question de leur durée gcrininative et ont montré notam-
ment que l'humidité est préjudiciable à leur conservation. C'est là un
résultat important; cependant, il semble que l'influence funeste de l'eau
s'exerce sur certaines espèces et devienne moins sensible sur d'autres,
sans doute à la suite d'une adaptation préalable, et c'est cette vitalité
qui m'engage à faire connaître quehjues nouvelles observations qui me
sont pour la plupart personnelles.
» Pour certaines graines, la germination doit s'effectuer hâtivement;
citons celles du Poivrier, du Muscailier, des Hevea, du Cacaoyer et nombre
d'espèces similaires parmi les Palmiers, les Conifères, les Amentacées, etc.
» Pour d'aulres, le pouvoir germinalif'dure de longues années, lorsqu'on
a soin de les soustraire à certaines influences extérieures fâcheuses. Dans
une Note encore récente (-), j'émettais l'opinion que ces influences pré-
judiciables sont : 1" les températures extrêmes; 2" le manque de siccité de
l'air; 3° l'action de l'oxygène; et 4" la lumière,
» On trouve enfin des graines vis-à-vis desquelles la nature semble
n'avoir pris aucune précaution, et qui pourtant possèdent la faculté de
germer après de longues périodes de sommeil. Nous ne parlerons pas des
céréales des sépultures anciennes; les observations de De Candolle (^) et
de Gain (') ont clos définitivement le débat à leur sujet. Les observations
citées par Michalet (°) sont plus instructives : leur auteur a vu surgir un
(') Comptes rendus, t. CXXIX, p. 778; inn. agron., t. XXVI, p. 821; Comptes
rendus, l. CXXXIV, p. la^S, et l. CXXXV, p. 208.
(2) Congrès de l' Association pour V as'ancenient des Sciences, année 1900.
(') Ann. des Se. nat. {Bolanicjue), 'i" série, t. II, p. 878. — Origine des plantes
cultivées, p. 290.
(*) Comptes rendus, t. CXXXIII, p. 12/18.
(') Bull, de la Soc. bot. de France, 1860, p. 334. Voir aussi les oljservalions de
l'abbé Audierne dans la Notice de Cli. Des Moulins {Actes de la Soc. Linn. de Bor-
deaux, t. VII, p. 65) et celles anléiieures de Dureau de la Malle : Sur l'alternance
de la reproduction des espèces végéta/es (Ann. des Se. nat., l" série, l, V, p. 353).
G. K., 1902, 2- Semestre. (T. CX.WV, ^■' 6.) 4-^
33/| ACADÉMIE DES SCIENCES.
Galium ;ibsoliiment inconnu de la région qu'il liabitnit, à la snile (rti'i
dépôt de sable issu d'une sablonnière avoisinante, el il était convaincu
que les semences qui l'ont produit étaient dans le sol depuis de nombreux
siècles. Il mentionne encore d'autres espèces, mais celles qui nous inté-
ressent le plus sont les sortes aquatiques : Cliara, Potamogeton, Nains,
Villarsia, iSuphar, etc., qu'a constatées Michalei.Toulcfois', pour les espèces
sylvicoles, nous citerons un nouvel exemple. Plusieurs observateurs ont
vu surgir, après une coupe de bois, la Digitale, les Campanules, qui
recherchent la lumière, et bien d'autres espèces encore, auxquelles nous
ajouterons la suivante :
, » i" Dans le parc du château de Corabreux, en Seine-et-Marne, appartenant à
M. L. He.nnecart, chaque fois que, dans une portion déterminée de ce parc on fait, la
coupe du bois, apparaît en quantité une Légumineuse annuelle, \e Lathyrits Nissolia.
La plante se ressème durant quelques années, mais, dès que les arbres repoussent et
font ombrage, le Lat/iyriis disparaît. 3o ans après, nouvelle coupe, et la Légumineuse
réapparaît. Le chef de la famille Flennecart, avant vécu 92 ans, a pu, à plusieurs
reprises, constater le fait.
» Les graines des végétaux croissant habituellement près des cours
d'eau méritent une attention spéciale.
» a" Nous avons assisté, dans notre enfance, à la prise de terre faite par le D'' Boisduval
lorsqu'on creusait profondément le sol occupé jusqu'alors par les vieilles maisons de
la Cité, à Paris, en vue d'y établir les édifices qu'on y voit aujourd'hui. Revenu chez
lui, rue de l'Estrapade, Boisduval répandit cette terre sur deux vases pleins de terre
de son jardin et, i mois après, il avait deux superbes potées de Juncus bufonius qui
croît en lieux humides, «conditions analogues à celles qu'offrait le sol sur lequel fut
» l)âtîe Lutèce », dit Duchart^e dans ses Eléments de Botanique (S'édil., p. 838).
■ » 3° Le Coleantlms subtilis, petite Graminée observée il y a !\o ans aux bords des
étangs en Bretagne, inspira au professeur Sirodot un excellent article ('). 11 constata
qu'elle n'apparaissait que les années où les étangs découvraient exceptionnellement
leurs rives. A l'étang de Paimpont, on n'a vu cette plante que lorsque les eaux avaient
baissé comme elles ne l'avaient pas fait depuis 3o et 40 ans. « N'est-ce pas un fait
» intéressant, dit-il, qui prouve que les graines de Coleanthus peuvent se conserver
» sous l'eau pendant une longue série d'années. » Enfin, l'auteur cite d'autres espèces
(telle est YEleocliaris avala) ne se montrant qu'après un retrait notable des eaux.
» /J" Le Carex crperoir/es est bien connu des botanistes par son habitat spécial sur
l'emplacement des étangs asséchés. Ce Careœ foisonnait à l'étang d'Armanvillers
(Seine-et-Marne) quand son possesseur préférait mettre celui-ci en culture. La pro-
priété passant en d'autres mains, l'étang était à nouveau rempli ; alors le Carex
(') Ann. des Se. nal. ( liotaniijue)., 5<' série, t. X, p. 6J,
SÉANCi; DU ri AOLT 1902. 33î
disparaissait. Des périodes de 20 et 3o ans se sont écoulées dans l'une ou l'aulre de
ces conditions, et, chaque l'ois (]ue l'on assé(rlie l'/lang, le Carex reparaît.
» .5" Aux. environs d'Abbevilie, sur des terres ayant pendant près de 2 siècles
appartenu à la famille de Brulelette, le botanist'; de ce nom a fait la remarque suivante:
Des prés trop Immides sont fréquemment drainés au moyeu de fossés, qui seront
comblés ultérieurement après assèchement du sul. La terre mise en ados le long des
fossés se couvre, peu de jours après la fouille, d'une multitude de germinations
d'-\ulnes. Cependant, jamais, autant que le souvenir a pu remonter, les gens du pays
n'ont vu en cet endroit, ni dans le voisinage, les Vnlnes qui ont produit ces graines.
» Si l'on rapproche ces observations de celles des savants précités, on
est frappé de voir que les plantes végétant d'habitude dans des conditions
nécessaires d'humidité ont le privilège de conserver leurs graines plus
longtemps que les autres, mais elles ne doivent pas, semble-t-il, quitter ce
milieu humide. Nous avons la conviction que les graines de maintes autres
espèces d'habitat semblable sont dans le même cas. Que ces graines aient
un albumen farineux entouré d'une couche protéiqiie (' ) comme le /«ncu^,
le Coleanthus ou le Carex, ou saus albumen comme le Lathyrus et VAlnus,
la durée de la conservation est identique.
)i II ressort de ce qui précède que, si l'état d'étouffement et la siccité
du milieu ambiant sont nécessaires potir assurer la conservation de
quantité de graines, ces conditions paraissent indifférentes à d'autres
sortes, parmi lesquelles beaucoup de m;»récageuses qui possèdent ou ont
acquis par accoutumance le pouvoir de résister aux actions destructives
de l'air et de l'eau. A quoi tient cette immunité? Sur ce point, la discussion
reste ouverte et de nouvelles recherches sont nécessaires pour résoudre
d'une manièie définitive la question que nous avons cru devoir soulever
dans la présente Note. »
PHVSl(,)UE DU GLOBE. — La vérification de la loi des hauteurs haroin ■'.tiques.
Note de M.W. i»e Foxviei.i.k. (l'Atrait par l'auteur.)
« Le 1 5 janvier 1872, une Commission de l'Acadénie (-) approuva les
projets d'observations de Pii\ si^S SCIENCES ^^ ^.^
Tomes 1" à 31. - (3 Août t835 à U Décembre .«.o.) Volume m-. , .85.. Pr.x..
Tomes 32 à 61. - d" Janvier i85
Tomes 62 à 91.
Tomes 92 à 121. -(i"Janvieri
a il Décembre i865.) Volume in-4°; 1870- P^ix.
.... „„- pf,j
; „ 1 •„„ .«fifi >, ^i néeembre 1880.) Volume in-4°; 18
Tomes 62 à 91. - ( i" Janvier .866 à 3^' Df-f «mbre^ ^^J^ ^^,,„^^ ^^.^o. ,go„. p^x
3r Décembre 1895.) Volume in-4°
15 fr.
15 fr.
15 fr.
c 27 planches; 1861
A la même Librairie les Mémoires de
l'Académie des Sciences et les Mémoires présentés par
divers Savants à l'Académie des Sciences.
W 6.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du M août 1902.)
MÉMOIRES ET COMMUIVIGATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pg Ofg5
M. J. BousswESQ. - Ré/Iexion et réfraction "
par un corps animé d'une translation ra-
pide : construction des rayons, indépen-
dante de la translation, et rotation, parais-
sant au contraire en dépendre, du plan de
polarisation du rayon réfracté
M E. Vallier. - Sur la loi des pressions
dans les bouches à feu
Pages.
009
CORRESPONDANCE.
M. Ebnst Lindelof. - Sur les fonctions
entières de genre fini
AI. Th. ToMM.isiNA. _ Sur le mode de for^
mation des rayons calhodiques et des
rayons de Rontgen 3
M. DE MoiDREY. _ Phénomènes' obserVés'à
Zi-lva-Wei (Chine) lors de l'éruption de
la Martinique ,,
MM. H. Stassano et F.' BilloV. - 'xouvèl'lès
contributions à la physiologie des leuco-
cytes
3i6
MM. Jean Camus et P. Pagniez. —
Hémo-
globinurie d'origine musculaire.... 3,5
M C. Delezenne. - Sur l'existence d'une
kinase dans le venin des serpents.... 3,8
MM. DoNMEK et Lesage. - Toxine téta-
nique ; observations de la résistance élec-
trique et de l'indice de réfraction.. . 3,^,
M. Ed. Grvnfeltt. - Distribution des corps
suprarénaux des Plagiostomes. ,
M Jules Poisson. - Observations sur la
durée germinative des graines....
M ^y. DE Fox vielle. _ La vérification dé
la loi des hauteurs barométriques
3'So
333
PARIS. - IMPRIMERIE G A U T H I E rTVTllÀ^
Quai des Grands-Augustins, 35.
i« Gérant: Gauthier- ViLLARS.
SEP b4 1902 xt/v--
~x,(i«y^ SECOND SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
TOME CXXXV.
N° 7 (18 Août 1902 .
- PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'AG.DÈVIIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Augustins, 55.
1902
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS
Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l'Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article I*"^. — Impression des travaux de l' Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un associé étranger de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie
ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans
le Compte rendu àe. la semaine que si elle a été remise
le jour même de la séance.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de Sa pages par année.
Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis-
cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca-
démie ; cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont
ils donnent lecture à l'Académie avant de les re-
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap-
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'il
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séanc
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Sava.
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des persi
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de '
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'i
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui -présentent ces Mémoires
tenus de les réduire au nombre de pages requ
Membre qui fait la présentation est toujours no
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cetE
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils 1
pour les articles ordinaires de la correspondanci
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être rei
l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus ta
jeudi à 10 heures du matin; faute d'être remis à t(
le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compte
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vaut et mis à la lin du cahier.
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teurs; il n'y a d'exception que pour les Rappo
les Instructions demandés par le GouvernemenI
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administra ti\
un Rapport sur la situation des Comptes rendus :
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5". Autrement la présentation sera remise à la séance sui
SEP 24 1902
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 18 AOUT 1902.
PRÉSIDENCE DE M. BOUQUF.T DE LA GRYE.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
ORS MEMBRES lîT DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. - Résistance à la traction du béton armé.
Note de M. Considère.
« J'ai rendu compte à l'Académie, les 12 décembre 1898 et 2 janvier 1899,
des résultats d'expériences faites sur de petits prismes de mortier armé,
pour déterminer les lois de la résistance à la traction, et, le 18 sep-
tembre 1899, d'expériences montrant les effets du retrait que le ciment
prend dans l'air et de la dilatation qu'il subit dans l'eau.
» La Commission nommée par M. le Ministre des Travaux publics pour
étudier l'application du béton armé aux travaux publics a fait faire des
expériences destinées à vérifier l'exactitude des conclusions que j'avais
formulées. Elles ont été faites avec une compétence remarquable, sous la
direction de M. Mesnager, par ses habiles collaborateurs MM. Klein et
Mercier. Ou va rendre compte des résultats de celles de ces expériences
qui ont mis directement en lumière les lois de la déformation du béton
tendu.
» Elles ont porté sur des prismes de a" de longueur dont la section
carrée avait o'",io de côté. Ils étaient armés, près des angles, de quatre
fils de fer dont la section totale était de n3°'"''. Le béton employé renfer-
mait 3oo''s de ciment de Portland pour o^'.Soo de gravier passant au crible
de 25'"'" et o'"',4oo de sable passant au tamis de S""".
» Conformément à la Communication du 18 septembre, on a constaté
que le retrait du béton avait imposé aux armatures un raccourcissement
important. Il était de o"""", 21 par mètre et dénotait une compression de
41^^ Go par millimètre carré. En tenant conii)te du rapport des sections du
C. R., .902, 2" Semestre. (T. CXXXV, N- 7.) 44
338 ACADÉMIE DES SCIENCES.
métal et du béton, on constate que le béton avait une tension antagoniste
de f)"'^, 20 par centimètre carré, avant que le prisme fût soumis à un effort
extérieur.
» Expériences de traction. — On voulait déterminer séparément les
efforts que produisaient le métal, d'une part, le béton, de l'autre. On y est
arrivé par le procédé suivant :
» Les variations de l'effort des armatures, pression ou tension, étaient
calculées immédiatement en multipliant les variations mesurées de lon-
gueur du métal par son coefficient d'élasticité préalablement déterminé et
par la section des armatures.
» Pour déduire, des variations ainsi calculées de l'effort produit par les
armatures, les valeurs absolues de cet effort aux divers moments de l'expé-
rience, il suffisait de déterminer l'effort que les armatures produisaient à la
fin du déchargement. On y est arrivé en dégageant avec précaution les
armatures du béton et en mesurant le changement produit dans leur lon-
gueur par cette opération qui leur permettait de revenir à l'état d'équilibre
et à leur longueur naturelle.
» Les résultats des expériences de traction faites sur les prismes en
question ont été graphiques par la machine d'essai elle-même, par suite de
dispositions qui rendaient les déplacements d'un style enregistreur propor-
tionnels aux allongements des prismes dans le sens des abscisses (o",io par
millimétré d'allongement) et aux efforts de traction dans le sens des ordon-
nées (o™,ooi par ioo''s d'effort).
M Le graphique a été réduit dans la proportion de \.
M Sur chacun des graphiques ainsi dessinés par la machine, on a tracé
une ligne FF' dont les ordonnées sont égales aux efforts produits par les
armatures : tensions au-dessus de OO', pressions au-dessous. On a vu plus
haut comment ces efforts ont été calculés.
» Les tensions du béton étant évidemment les différences des efforts
totaux de traction exercés sur les prismes et des tensions des armatures,
sont représentées par les fractions d'ordonnées comprises entre la ligne FF'
et le graphique tracé par la machine.
» Cette remarque permet de lire immédiatement le sens des graphiques.
» La figure 1 est le calque de celui qui a été tracé par la machine dans
une expérience où la tension totale du prisme a été poussée à 38oo''s et a
produit l'allongement considérable de i"'",35 par mètre.
M La tension préalable du béton produite par le retrait est représentée
par OA et est égale à 52o'^«'.
SÉANCE DU l8 AOUT 1902. SSg
» Dans la déformation, on remarque deux phases bien distinctes.
" Dans la première, qui est représentée par OH, le coefficient d'élasti-
cité a la valeur qu'il possède dans le béton non armé et la tension du béton
devient rapidement égale à Bè, résistance à la rupture du béton nou armé.
F.g. ..
38oo'^
» Dans la seconde phase, qui commence à B et s'étend jusqu'à la fin de
l'expérience, la tension reste sensiblement constante, sauf une majoration
momentanée qui se produit au début. Le coefficient d'élasticité est donc à
peu près nul dans cette période.
» Le second graphique est relatif à une expérience dans laquelle le char-
gement a été arrêté au point H lorsque la traction était égale à 1790''^ et
Fis. 2.
l'allongement à o""", 29. La charge a été alors réduite deux fois à 2oo''8 et
le style est revenu au point 2. On a répété vingt-cinq fois le môme charge-
ment suivi de déchargement et, dans chaque opération, le style a décrit
des lignes ayant des courbures opposées, mais sensiblement droites, dont on
ne l'a laissé marquer que les deux dernières, afin de ne pas obtenir une
figure confuse. Des chiffres indiquent les points marqués par le style au
commencement et à la fin de quelques-unes des opérations.
» Pour éviter des longueurs, ou n'indiquera, dans le résumé fait plus
loin, que les caractères des courbes de déformation ainsi obtenues dans
les chargements et déchargements répétés.
» Après avoir soumis un autre prisme à une tension de 2o6o''b qui lui a
fait prendre un allongement de o'"'",6i , on a enlevé ses armatures métal-
34o ACADÉMIE DES SCIENCES.
liques en faisant sauter au burin le béton qui les entourait. On a ainsi
obtenu un prisme désarmé dont la section avait la forme d'une croix irré-
gulière. On a constaté qu'il ne présentait pas de fissures et que, essayé par
flexion, il donnait une résistance de g""» par millimètre carré. Sa résistance
véritable devait être notablement supérieure à ce chiffre, parce que la rup
ture avait dû être hâtée par les lésions qu'avait faites le burin pendant le
descellement des armatures.
)i Des expériences de flexion ont été faites sur des poutres armées de 4™
de longueur ayant 40'" X 20*^™ de section.
1) Sans entrer dans le détail de toutes les expériences, on résumera ainsi
leurs résultats et ceux des expériences antérieures.
.) Lois DE DÉFORMATION DU BÉTON TENDU DANS I,A TRACTION ET LA FLEXION.
— 1° Premier chargement . — Le béton armé soumis à un allongement se
comporte comme s'il n'était pas armé tant que l'allongement et la tension
ne dépassent pas les limites que le béton non armé peut supporter sans
rupture dans la traction simple.
» Quand ces limites sont dépassées, le béton armé se différencie abso-
lument de celui qui ne l'est pas. Il supporte, sans rupture, des allonge-
ments qui, dans du mortier conservé sous l'eau, ont atteint 2™™ par mètre
et qui ont été de o™™,5o à i™'°,2o dans du béton ou du mortier conservé
à l'air.
■» Quand le béton armé prend des allongements supérieurs à l'allonge-
ment élastique du béton non armé, sa tension reste sensiblement constante
et égale à la résistance du béton non armé. Par suite, son coefficient d'élas-
ticité est nul.
» 1° Déchargements et rechargements. — La loi de déformation est toute
différente dans les déchargements et les rechargements qui se succèdent
avec la même charge maximum. La nouvelle courbe de déformation peut
pratiquement être confondue avec une ligne droite dont l'inclinaison sur
l'horizontale diminue quand l'allongement augmente. Cette inclinaison est
le coefficient d'élasticité nouveau qui, par suite, est diminué d'autant plus
que l'allongement a été plus grand.
» Quand on répète indéfiniment l'application à une pièce armée et la
suppression d'une traction déterminée, l'allongement augmente avec une
vitesse décroissante qui tend vers zéro, et la part que le béton prend dans
la résistance totale diminue pendant que celle du métal augmente. Finale-
ment, la tension fournie par le béton tombe aux 0,70 environ de sa valeur
primitive.
» Si, après que la tension du béton a été ainsi réduite par l'effet des
SÉANCE DU l8 AOUT 1902. 34 1
répétitions, on augmente la charge de 3opour 100 an moins, la tension que
produit le béton reprend sa valeur primitive.
» Le coefficient d'élasticité que possède, pour résister à la compression,
, le bélon qui a subi de grantls allongements, est diminue, mais dans une
proportion considérablement moindre que le coefficient d'élasticité de ten-
sion. La diminution a été de moitié pour i\n prisme soumis à des allonge-
ments quatre à six fois plus grands que ceux qui se produisent dans les
constructions.
» Les phénomènes qu'on observe dans la déformation du béton armé
sont donc la conséquence de propriétés moléculaires, et notamment de
l'altération de l'élasticité. La cause de ces i)liénomènes réguliers ne peut,
comme on pourrait le croire en lisant la Communication faite à l'Aca-
démie, le 21 avril, par M. Rabut, résider dans la production des fissures,
fait essentiellement irrégulier et qui, parfois, manque entièrement.
» Il va de soi que, au point de vue des calculs de résistance, il faut
tenir compte des fissures. Je me propose d'indiquer comment, dans une
Communication ultérieure. »
TRAVAUX SCIENTIFIQUES. — Sur les tramu.v de celte année, à i Observatoire
du sommet du mont Blanc. Note de M. J. Janssen.
« Les travaux scientifiques, à l'Observatoire du sommet érigé par notre
Société ('), ont déjà commencé.
» L'Observatoire vient d'être remis en état et M. Vallet, juge de paix à
Chamonix, chargé de l'entretien, m'a informé que cette opération a été
heureusement terminée et qu'elle n'a donné lieu à aucun accident de per-
sonnes.
» Le terrible accident qui vient de se produire, et qui nous a tous émus
à si juste titre, est dû à l'infraction de cette règle constante, dont les
voyageurs ne devraient jamais s'écarter, à savoir : de choisir de bons guides
et d'écouter scrupuleusement leurs avis. Les deux voyageurs qui viennent
de périr si malheureusement se sont, parall-il, laissés emporter par leur
(') On sali que celte Société a été formée, en 1891, sous l'impulsion flu si regretté
M. Léon Say, par MM. J. Janssen, Président; Bischofislieim, Secrétaire; de Rotli-
scliild, Trésorier; Prince Roland Bonaparte, Greflfuhle, Delesseil, qui ont supporté les
frais de l'installation.
342 ACADÉMIE DES SCIENCES.
courage et ont entraîné leurs guides à continuer l'ascension dans des
conditions jugées dangereuses par ceux-ci, et l'événement n'a que trop
montré la sagesse de ces avis.
» Je n'ai jamais cessé de H2(AzO-^)^.4.,CI,CH^[C'=H*Az(CH')2]S
comme le montre l'analyse.
» Pour généraliser ces résultats, j'ai remplacé les dérivés chlorés poljnitrés par les
composés hjdroxylés correspondants : dinitropliénol-i .2.4 et acide picrique, et par un
dérivé amidé, la picramide (trinilraniline).
» 4° Dinilrophénate de télraméthyldiamidodiphénylinélhane
C«H'(AzO^)^,,,,OH,,CH2[G«^H*Az{Cn')^]^
Sous forme de gros cristaux noir brunâtre, fondant à 72°, dont l'analyse donne un poids
de dérivé méthanique correspondant à 56 pour 100 du poids total (théorie : .'iS pour 100).
» 5° Picrate de télraméthyldiamidodiphénylinéthane. — Corps cristallisé en très
belles paillettes jaune-paille, fondant à i85", qu'on peut obtenir soit en solution alcoo-
lique, soit de préférence en solution benzénique, et qui est facilement décomposé par
les alcalis ou les acides en solution aqueuse. Le dosage d'azote dans ce composé donne
i4,7 pour 100 au lieu de i4.49 P'^"'" '""^ correspondant à la formule
C«H'(AzO-^)30H, CIP[CMI'Az{CH^)-]^
» 6" Picrate de trtraéthyldiamidodipliéiiyiiinthane. — Tout à fait analogue au
précédent; petites paillettes jaunes, fondant à 190", et facilement dédoublables.
» 7° Avec U picramide C«H=(AzO-)-^ 4 5OH, j'ai obtenu un seul composé d'addi-
tion avec le dérivé méthanique tétraméthylé; il ne se forme que très difficilement,
par une longue ébullition, en solution alcoolique du mélange des composants. Pail-
lettes noir foncé très brillantes, fondant à 106", correspondant à la formule
C''HMAzO^)t. eAzH^ CH^[CMl'- Az{CH')^]^
» J'ai essayé d'enlever après coup, à ces divers composés, 1"°' .soit
de HCl, soit de H-0, soit de AzU', en les chauffant avec une ainine ter-
tiaire, on avec SO'H" entre 100° et 180", \\.i% petit diamètre, ygol^; celui des Doleropliyllum, Z'ioV-. Tous renferment
un prothalle mâle (fig. 2, 4, 5), dont on voit nettement les cellules à l'intérieur du
grain, soit en coupe {fig. 4), soit par transparence (fig. 2, 5). Le prothalle remplit
l'intérieur du grain; les cloisons qui forment les compartiments sont simples; elles
seraient doubles si elles étaient produites par une membrane, intiric. formant des
replis à l'intérieur du grain.
» Les pollens représentés par les figures 4 et 5 ont été pris dans la chambre polii-
nique delà figure i; ils sont dépourvus d'exine, ils se composent seulement de l'inline
et du prothalle mâle, qui s'est développé à l'intérieur ; leur plus petit diamètre est de
2271'- à 23ol^ ; le diamètre intérieur du canal micropylaire (/ig. i), par où s'est efTectué
leur passage, n'est que de 170!^; il faut admettre, ou bien que les grains ont pris un
certain accroissement dans la chambre poliinique, ou que le prothalle, dépourvu
d'exine, a été suffisamment plastique pour pouvoir glisser dans ce canal dont le dia-
mètre était certainement plus petit que le sien.
» Cette dernière liypothèse semble confirmée par l'observation suivante :
» Les prolhalles des figures 4 et 5 sont dépourvus d'exine; les cloisons présentent des
amincissements qui, devenant des perforations, ont permis aux anthérozoïdes de se ré-
pandre dans la chambre poliinique ; les grains sont dépourvus de tubes. On peut se de-
manderce qu'estdevenue l'exine. L'examen des feuilles poUinifères des Dolerophylhun
peut jeter quelque lumière sur cette question. La figure 6 représente une loge à pollen
cylindrique, dirigée perpendiculairement au limbe d'une feuille de ces plantes aqua-
tiques renfermant des grains. L'exine est épaisse et coriace {fig. 7), mais un oper-
cule o, d ( fig. 6), en se détachant, laissait une ouverture suffisante pour permettre au
prothalle mâle de s'échapper; on en rencontre quelques-uns disséminés au milieu des
grains. Dans cet état, ils pouvaient facilement pénétrer dans la chambre poliinique.
(') Dans la séance du iSjuin 1901 de la Société d'Histoire naturelle d'Autun, nous
avoBS projeté les clichés reproduits par les figures de celte Note en fournissant toutes
les explications nécessaires.
(^) Bassin hnuilk-r d' Aiiliin et d'Épinac, 1896, fig. 53, p. 27.3.
Fig.
Fig. 2.
Chambre pollinique d'Aet/ieotesta. — Gr. : 4^.
Fig. 3.
Pollen de Stephanospermum.
Gr. : '-^.
Fig. 4.
TP, Grain de pullen avec son tube dans la
chambre pollinique d'une graine de Sle-
phanosperinum. — Gr. : ij^.
Pollen A'Aelheotesta en coupe transversale.
Gr. : '-^.
Fiï.
Prothalles vus par l'extérieur. — Gr. ; J-J-".
SÉANCE DU l8 AOUT 1902. 353
Le pollen des Aetheotesta a dû se débarrasser de son exine d'une façon analogue,
mais elle nous est encore inconnue.
Fig. 6,
Fig. 7-
Pollen tU- Dolirnjjhylliim
Gr. : -11.
Gr. :
» Conclusions : i" Beaucoup de grains Je pollen de l'époque houillère
contenaient un prolhalle mâle parfaitement net, dont les compartiments
renfermaient les cellules mères des anlhérozoïdes : 2" ce prolhalle pouvait
émettre un tube pollinique, comme chez les Stephanospermurn, ou laisser
échapper les anthérozoïdes directement dans la chambre pollinique, comme
chez les Aetheotesta; 3" dans le cas où le grain était trop volumineux pour
passera l'intérieur du canal micropylaire de la chambre pollinique, il se
dépouillait de son exine; le prothalle formé de cellules élastiques pénétrait
seul, et les perforations existant dans les parois des cellules {Jig. 5) per-
mettaient aux anthérozoïdes de se répandre dans la chambre pollinique, où
débouchait le col des archégones de l'ovule qui devaient être fécondées. »
G. R., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N' 7.)
46
354 ACADÉMIE DES SCIENCES.
HYGIÈNE PUBLIQUE. — De l' influence de l'écrèmage sur la répartition des
principaux éléments constitutifs du lait. Note de MM. F. Bordas et
SiG. DE Raczkowski, présentée par M. Brouardel.
« Afin (le nous rendre compte de la façon dont se répartissent les divers
éléments du lait, et en particulier les phosphates et la lécithine, dans
l'opération de l'écrèmage, nous avons soumis divers laits à l'action de
l'écrémeuse centrifuge alpha colibri. Le lait écrémé et la crème obtenus
ont été analysés, ainsi que l'échantillon sur lequel avait porté chaque
opération.
» Les résultais fournis par l'une d'elles ont été les suivants :
En grammes pour loo.
Lait type. Lait écrémé. Crème.
Extrait ,5,4, ,0,23 54,20
Cendre o,68 0,72 0,28
Matière grasse 5,86 0,09 5o,88
Lactose 4,96 5,28 2,38
Caséine 2,88 3,24 1,1 5
Acide phosphorique total 0,176 0,i84 0,096
Acide phosphorique organique o,oo44 o,ooi3 0,0262
t en acide phosphogivcérique.. . 0,0124 0,0037 0,0691
) en lécithine (F = 7,27) o,o58 0,018 o,334
» Les divers éléments : extrait, cendre, matière grasse, lactose et caséine, ont été
dosés parles méthodes habituelles. L'acide phosphorique total a été précipité par le
molybdate d'ammoniaque, après incinération en présence de carbonate et d'azotate de
potasse, puis pesé à l'état de pjrophosphate de magnésie. Enfin le dosage de l'acide
phosphorique organique, duquel on déduit la proportion de lécithine, a été effectiié
par la méthode que nous avons décrite dans une Note précédente (').
» Le volume du lait soumis à l'écrèmage était de 3', 200 et ceux de lait écrémé et
de crème obtenus furent resjsectivemçnt de 2', 800 et o', 370.
» L'examen des chiffres analytiques montre que, en écrémant à 98
pour 100, nous avons enlevé, au lait sur lequel a porté notre expérience,
% pour 100 de la lécithine qu'il contenait.
(M Comptes rendus, t. CXXXIV, n" 26, 1902, p. 1592.
SÉANCE DU l8 AOUT 1902. 355
» Si l'on veut bien considérer que les laits consommés sont souvent
écrémés à 3o et même l\o pour 100, on voit que, en même temps que la
matière grasse, on enlève, par celle pratique, de 20 à 3o pour 100 de
lécilhiiie.
» Cette dernière constatation suffit à expliquer les chiffres si élevés de
décès par troubles gastro-intestinaux, que l'on constate dans les villes dont
les municipalités ont toléré la mise en vente de laits écrémés.
» Elle permet, en outre, d'expliquer le mécanisme des accidents si-
gnalés par différents médecins cbcz les enl^nts en bas âge nourris exclusi-
vement avec du laiL s/eri/isé. »
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. — Sur la géographie physique de ta Yaïla occi-
dentale (^Crimée). Note de M. E. Daxiloff, transmise par M. de
Lapparent.
« Les montagnes Tauriques présentent un caractère qui les distingue
des chaînes proprement dites. Dans la |jartie la plus occidentale qui borde
la mer, entre le couvent de Saint-Georges et le ca^i Phoros, on reconnaît
l'existence de deux anticlinaux princi|)aux à large courbure, qui font ap-
paraître les schistes du Jurassique moyen, à Balaclava et à Laspi, sous les
épais calcaires du Jurassique supérieur. Cette disposition se simplifie vers
l'est : sur une ligne tirée de Yalta à Kokkoz, la Yaïla est formée par un
synclinal très évasé. Plus loin, la partie supérieure des montagnes, au nord
de Gourzouf et d'Alouchta, n'est formée que par un régime monoclinal des
couches du Jurassique supérieur, plongeant vers le nord.
» La cause principale tle la naissance tlo la Yaïla occidentale ne doit
donc pas être attribuée à des |)lissements, ainsi cju'ont voulu le voir cer-
tains auteurs ('); mais à la montée lente des couches vers le sud et sur-
tout au fait caractéristique du passage latéral, du nord au sud, des marno-
ciilcaires du Jurassitpie supérieur aux calcaires coralligènes résistants; ces
derniers seuls doiuieut lieu aux crêtes les plus élevées, sortes de plateaux
relatifs, à surface ondulée, taillée obliquement au plongement des couches.
» Le passage latéral est |)articulièremenL visible au nord de la Babougan-
(') LiSTOFK, Les données relatives à la tectonique des montagnes Tauriques.
Commun, prélunln. {Matériaux pour la Géologie de la Russie, t. XllI, p. S-G-SSj.
Saint-Pétersbourg; 1889.) ■
356 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Yaïla, au nord dii monastère de Cosmo-Dainian, etc.; il coïncide toujours
avec l'ajjparition des m;issifs élevés.
» On remarque aussi que la Yaïla est formée par des tronçons calcaires,
séparés par des cols, taillés dans les marno-calcaires. Cette disposition
s'explique par le passage latéral cité ci-dessus, mais qui s'exécute aussi dans
le sens longitudinal de la région montagneuse, soit de l'ouest à l'est. Ainsi
le Tchatir-J)ag, sorte de plateau calcaire isolé, cesse à l'est et à l'ouest,
parce que les couches calcaires qui le forment se fondent dans les couches
caicaréo-vaseuses. Une seule exception nous est apparue, celle du col ou
selle de Gourzouf, qui est déterminé par un vrai synclinal transversal.
» Si les régions calcaires présentent l'aspect typique des pays karstiques
avec leurs nombreuses dolines et leurs petits bassins fermés, la partie
schisteuse est au contraire admirablement ravinée. La disposition mono-
clinale, de concert avec l'effondrement de la partie sud, a déterminé la
dissymétrie très nette de la chaîne, qui s'abaisse lentement du sud vers le
nord, tandis qu'elle présente des parois souvent abruptes du côté de la
mer Noire. Il n'est donc pas surprenant de constater une activité d'érosion
plus grande sur le versant sud que sur le septentrional. Celte activité se
manifeste par des éboulements anciens et modernes de la paroi calcaire
du Jurassique supérieur, qui domine les schistes et les grés du Jurassique
moyen; d'autre part, comme au-dessus du Darsan, sur Yalta, et au Megabi,
on constate de vrais écroulements sur place. De gigantesques éboulements
se préparent en plusieurs localités; l'un d'eux ne lardera |)as à couvrir de
ses débris les territoires cultivés de Piioros.
» Une bonne partie tles caps entre Phoros et Yalta sont formés par ces
écroulements; les dispositions arquées de la cùte ne sont pas dues, ainsi
qu'on pourrait le supposer, à des fosses d'effondrement circulaires, sem-
blables à celles qui découpent les côtes de l'ouest de l'Italie, mais à l'avan-
cement des éboulements dans la mer.
" Il y a donc un recul de la ligne de partage des eaux vers le nord et,
d'autre part, une lutte évidente entre les différents cirques torrentiels.
Des captiues fraîches ne sont pas visibles, mais il en est qui se préparent et
cpii méritent l'attention. Ainsi l'Aima supérieure est sur le point d'être
capturée par le Sofoun-Ouzen, tributaire supérieur de l'OuIou-Ouzen qui
s'écoule dans la mer Noire à Alouchta. Dans le versant nord, l'un des
tributaires supérieurs du Belbek sera un jour un affluent du torrent de
Kokkoz. »
SÉANCE DU 18 AOUT 1902. 357
M. André Poey adresse une Note relative à « l'éleclrolyse des sels mé-
talliques séjournant clans les tissus ».
(Commissaires : MM. Mascart, d'Arsonvai.)
M. Léon Sii-hol adresse un travail portant pour titre : « Déviation âv la
pesanteur sensible a\ec l'altitude seule ».
La séance est levée à 3 heures trois quarts.
G. D.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 28 juin 1902.
Sur le calcul numérique des coefficients dans le développement de la fonction
perturbatrice, par M. O. Callandreau, Membre de l'Inslitut. (Extr. du Journal de
r Ecole Polytechnique, 1" série, Cahier n° 7.) s. 1. n. d.; i fasc. iii-4''. (Hommage de
l'Ail leur.) ^,^^
Étude scientifique sur le Linceul du Clirisl o'e M. Paul Vignon, par M. A.-L.
DoNNADiEU. {L' Université catholique, nouvelle série, t. XL, 11° (j, année 1902, iSjuin,
p. 209.)
Berichl iiber die Untersuchung der Geheine Tyclio Brahe's, erstatlet v. D''
IIeinrich Matiegka, mit 2 Texlfiguren. Prague, Fr. Rivnac, 1901 ; i fasc. in-S".
Berichl iiber die aslrologischen Studien des Beformators der beobachtenden
Astronomie Tyclio Brahe. Weitere Beitrdge zur bevorstehenden Sàcularfeier der
Erinnerung an sein vor 3oo Jahren erfolgtes Ableben, v. Prof. D'' F.-J. Studnicka.
Prague, 1901 ; i fasc. in-S".
Bericht iiber die Sàcularfeier der Erinnerung an dus vor '600 Jahren erfolgle
Ableben des Beformators der beobachtenden Astronomie Tycho Brahe, welchedie
kônigl. bôhmische Gesellschaft der Wissenschaftcn mit tliatkrdfliger Beihilfe des
Prdsidiums tind des Bathes der konigl. Hauplsladl Prag, am i[\ October T901,
veranstaltet hat. I^rague, 1902; i fasc. in-S".
Le rôle morphologique des yeux doubles chez les insectes, par le prof. D' E. Radl.
Prague, 1901 ; i fasc^in-S". (En serbe.)
Becherches morphologiques sur les pièces labiales des ilydrocores, par le D''
N. Léon. Jass3 , 1901 ; i fasc. in-S".
The Institution of mechanical Engineers. List of menibers, mardi 1902; articles
and by-knvs. Londres, 1 vol. in-S".
'IIIS ACADÉMIE DES SCIENCES.
The Thompson Yales Laboratories Reporl, edited l)y Rubert Botce and C.-S.
Sheiirington, with illustrations and plates; vol. IV, part II, 1902. Londres, Longmans,
GreenetC'"; i vol. 111-4°.
Annuaire de V Académie serbe pour igoo, t. XIV. Belgrade, 1901 ; i vol. in-ia.
Académie serbe. Mémoires, fasc. 63-64. Belgrade, 1901-1902; 2 vol. in-S".
Bulletin de la Société impériale des I\aturalistes de Moscou, année 1902, n<" 1 et 2.
Moscou; I fasc. in-8°.
Jahresbericht der kônigl.-hôhmischen Gesellschaft der Wissenscliaften, fiir das
Jahr 1901. Prague, 1902; i fasc. in-8°.
Sitzungsberichte der kônigl.-bôlimischen Gesellschaft der Wissenschaften.
Mathematisch-naturwissenschaflliche Classe, 1901. Prague, 1902; i vol. in-8°.
Publicationendes astrophysikalischen Observatoriums zu Potsdam, herausgeg.
vom Director H.-C. Vouel; Bd. XII. Potsdam, 1902; i vol. in-^".
Publications de V Ohser<.-atoire astronomique et physique de 7 nchkent, n" 3 :
Étude sur la structure de l'Univers, par W. Stratoxoff, 2= Partie ; texte et allas.
Taclikent, 1901 ; i vol. in-4° et 1 fasc. in-^" oblong.
Ouvrages reçus dans la séance du 3o juin 1902.
La face de la Terre (Das Antlitz der Erde), par Ed. Suess, Associé étranger de
l'Institut de France, traduit avec l'autorisation de l'auteur par Emmanuel de M argerie;
t. III, i''^ partie, avec 3 caries en couleur et 94 figures. Paris, Armand Colin, 1902;
I vol. in-S". (Présenté par M. de Lapparenl. Hommage de l'auteur et du traducteur.)
Association française pour l'avancement des Sciences. Compte rendu de la
Z' session, Ajaccio. 1901 : i" puitie : Documents officiels, Procès-verbaux ; Notes et
Mémoires. Paiis, Masson et C'", 1901-1902; 2 vol. in-8°.
Le vingt-cinquième anniversaire de la locomotive Compound, 1877-1902, par A.
Mai.let. Paris, L. Courtier, 1902; i fasc. in-12. (Hommage de l'auteur.)
Le dualisme dans l'infini, par Pierre Juillard. Valentigney, 1902; 1 feuille in-8°.
Le rythmique du combat du Cid contre les Mores : Le Cid de Pierre Corneille,
par Roger de Goeij. Paris, Fisclibacher, s. d.; 1 fasc. in-S".
Bulletin des séances de la Société des Sciences de Nancy et de la Liéunion biolo-
gique de Nancy; série HI, t. III, fasc. 1. Paris, Berger-Levrault et C'*", 1902; 1 fasc.
10-8°.
Bulletin de'la Société industrielle de Rouen: Se année, n" 1, janvier-février 1902.
Rouen, imp. J. Giriend etC"'; 1 fasc. in-4°.
Reports on the results nf dredging unter the supervision of Alexander Agassiz,
in the g u If of Mexico (1877-1878), in the Caribbean sea^iir^-i^-j^), and atong the
Atlantic coast of the United States (1880), by the U. S. coast survey steamer Blake ;
XXXIX. Les Dromiacés et Oxystomes, par Alphonse Milxe-Edwards et E.-L. Bûuyiek,
avec 25 planches. {Memoirs of the Muséum of comparative Zoôlogy, al Harvard
collège, vol. XXVII, n° 1.) Cambridge (Etats-Unis), 1902; 1 vol. in-4°. (Hommage
de M. A. Agassiz.)
SÉANCE DU l8 AOUT 1902. SSg
The canals in the Moon, by William-H. Pickering. (Extr. de The Cenlury Maga-
zine de juin 1902.)
U. S. deparinient of Agriculture. Field opérations of the dii'ision of soils, kjoo;
second Report, by Milton Whitney. Washington, 1901; i vol in-S" et 24 caries dans
un carton in-8°.
Reiclis-Marine-Amt. fiestimmung der Inlensitdl der Schwerkra/t aiif zwnnzig
Stationen an der westafricanischen Kùsle von Rio del Rey {Kanierun-Gebiet) bis
Kapstadt, ausgefiihrt im Auftrage des Reiclis-Marine-Amtes : von M. Lotscn. Berlin,
1902; I fasc. in-4°.
Magnetische und nieteorologische Beobach^ungen an der /,. k. Sternwarte zu
Prag im Jahre 1901, aiif ôffentliche Koslen herausgegeb. v. Prof. D'' L. Weinek;
62. Jahrgang. Prague, 1902; i fasc. in-4".
Laboralorio quimico central de Guatemala. Obseri-aciones meleorologicas
correspondientes al ano de 1901. Guatemala, 1902; 1 fasc. in-S".
American chemical Journal, ediled by Ira Remsen. Vol. XXVI, n°* i-6; vol. XXVII,
11°' 1-3. Baltimore, 1901-1902; 6 fasc. in-S".
Technology quarleriy and proceedings of the Society of Arts. vol. XV, 11° 1.
Boston, 1902; I fasc. in-8°.
American Journal of Mathematics, edited by Frank Morleï; vol. XXIV, number 1.
Baltimore, 1902; 1 fasc. in-4''.
Almanach de l' Académie des Sciences tchèque, t. XII. Prague, 1902; i vol. in-12.
Bulletin de l' Académie des Sciences tchèque; vol. X, n"' 1-9. Prague, 1901-1902;
9 fasc. in-S".
Mémoires de i Académie des Sciences tchèque; Classe II : Mathématiques et Phy-
sique; vol. X, 1901. Prague, 1901; i vol. in-4''-
Académie des Sciences de l'Empereur François-Joseph I"'. Bulletin international.
Résumé des travaux présentés. Médecine. 6" année, 1901. Prague, 1901; i fasc. in-4''.
Ouvrages reçus dans la séance du 7 juillet igoa:
Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences de l'Institut
de France et imprimés par son ordre; t. XXXII, 2'' série. Paris, Imprimerie nationale,
igo2 ; I vol. in-4".
L' Institut, les cinq Académies et l'Académie de Médecine : Législation et Juris-
prudence, par Abel Flourens, Conseiller d'Etat. Paris, Paul Dupont, 1902; i fasc.
iu-S".
Recherches sur l'électricité atmosphérique, i" Mémoire : Introduction historique
et bibliographique à l'étude de l'électricité atmosphérique; 2" Mémoire : Etude de
la variation diurne de l'électricité atmosphérique ; par M. A.-B. Chauveau. Paris
Gauthier-Villars, 1902; 2 fasc. in-4''. (Hommage de l'Auteur.)
L'origine des phosphates de chaux de la Somme, par He.mu Lasxe. Paris, E.
Bernard et C'«, 1900; i fasc. in-4''. (Hommage de l'Auteur.)
La question des fêtes, par C.-C. Caldekon. Paris, L. Wehrel, 1902; i fasc. iM-12.
36o ACADÉMIE DES SCIENCES.
Annales inédico-psyclwlogiques, journal destiné à recueillir lous les docunaenls
relatifs à l'aliénation mentale, aux névroses et à la médecine légale des aliénés, 8' série,
t. LX, n"!. Paris, Masson et C'", 1902; i fasc. in-8°.
Tlie noiwegian North Polar Expédition, 1898-1896 : Scientific resiilts, edited
by FniDTJOF Nansen; Vol. III. Christiania, Londres, Leipzig, 1902; i vol. in-4°.
T/ie Imvs of nature, by S. -P. Langlev. (Extr. de Science, n. s., vol. XV, n° 389,
p. 921-927, i3 juin 1902.) I fasc. in-8''.
Interpretaciun dinàniica de lo dicision celular, por Angel Gallabdo. Buenos-Ayres,
1902; I fasc. 111-4".
El doctor Carlos Berg, apunles biogràficos, por Angel Gallardo. Buenos-Ayres,
1902 ; I fasc. in-8°.
Magnctisino iiniversal, por JosÈ Gallegos. Guatemala, 1902; i fasc. in-8''.
Western Aiisiralia and its resoiirces: printed under instructions fiom Minister of
Lands. Penh, s. d.; i vol. in-12.
The land scleclors guide to the croivn lands 0/ ^Vestern Aiisiralia, issued by
direction of tlie lion. Charles Sommers, Minister for Lands. Perlh, 1901 ; i vol. in-12.
Rechenschafls-Bericht ûber die Thàtigkeil der Gesellschaft ziir Fôrderung
deutscher M issenschaft, Kunsl und Litteratur in Bôlimen ini Jalire 1901, erstattet
in der Vollversammlung am 7. Màrz 1902. Prague; 1 fasc. in-8°.
Western Australia. Department of Lands and Siirveys. Report by ihe uiidcr
Secretary for Lands, for the year 1900; n° 19. Report by Ihe Suri'cyeor gênerai,
for the year 1900; n" 20. Perth. 1901; 2 fasc. in-4°.
Revue météorologique. Travaux du réseau météorologique du sud-ouest de la
Russie, année 1900; 2' série, vol. V, par A. Klossovsky. Odessa, f90i ; i fasc. in-4°.
Annales de l'Observatoire magnétique et météorologique de V Université impé-
riale à Odessa, par.\. Klossovsky, 7" année, 1900. Odessa, 1901 ; i vol. in-4°.
Royal meleorological Inslitule of the Netherlands. Comparison of the instruments
for absolute magnelic measurements at différent observatories, by Van Rijckevorsel.
Amsterdam, 1902; i fasc. in-4''.
El Instructor, publicacion mensual cientifica, literaria y de filologia. Director :
D"' Jésus Diaz de Léon; ano XIX, nùm. 1, 2. Agiiascalientes, 1902; 2 fasc. in-4°.
Censo y division territorial del Estado de Mexico, verificados en 1900. Mexico,
1901 ; I vol. in-4''.
Anuario estadistico de la Republica mexicana. 1900; ano VIII, num. 8. Mexico,
1901 ; 1 vol. in-4''.
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER- VILLARS,
Quai des Grands-Augustins, n° 55.
îpuis i835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Ils forment, à la fin de l'année, deus volumes in-^". Deux i
38, l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel -
art du i" Janvier.
Le prix de l'abonnement est Jîxé ainsi qu'il suit :
Paris : 20 fr. — Départements : 30 fr. — Union postale : 34 fr.
chei Messieurs ;
ï Ferran irèrea.
I Cbaix.
•r < Jourdan.
I Ruff.
ens Gourtio-Hecquet*
1 Germain etGrassin.
ers _ .
( Gastineau.
oiuic Jérôme.
nçon Régnier.
. Feret.
leaii.r Laurens.
' Muller (G.).
•ges Renaud.
, Derrien.
) F. Robert.
' j Oblin.
I Uzel frères.
'( Jouan.
mbrry Perrin.
i Henry.
-bourg
° f Marguerie.
, „ . Juliot.
■mont Ferr... „
( Bouy.
Nourry.
■H Ratel.
' Rey.
; Lauverrat
ai ] ^
' Degez.
, , 1 Drevet.
'loO/e „ ^
( Gratier et G".
Rochelle Foucher.
) Bourdignon.
\ Dombre.
) Thorez.
I Quarré.
cbez Messieurs -
\ Baumal.
Lorient ' „ .
/ M"' lexier.
Bernoux el Cuniin,
Georg.
Lyon < Effanlin.
Savy.
Ville.
Marseille Ruai
I Valat.
Montpellier , coulel el fils.
Moulins Maniai Place.
! Jacques.
Grosjean-Maupin.
Sidol frères.
1 Guisl'liau.
Nantes 1 ,r 1
f Veloppe.
\ Barma.
IS'ice .
( Appy.
Mmes Thibaud.
Orléans Lod;lé.
i Blancbier.
Poitiers !..
( Leviicr.
Rennes Plihon el Hervé.
Rochefort Girard (M"").
i Langlois.
Rouen , ,
( Leslringant.
S'-Étienne Chevalier.
\ Ponleil-Burles.
Toulon I „ .,
/ Humebe.
I Gimet.
Toulouse „ . .
( Privai.
Boisselier.
Tours j Péricat.
' Suppligeon.
1 Giard.
Valenciennes ,
( Lemaitre.
On souscrit, à l'Étranger,
chez Messieurs :
i Feikema Gaarelsen
Amsterdam
' el C".
Athènes Beck.
Barcelone Verdaguer.
, .Vsher el C".
„ ,. I Dames.
Berlin ...
, Friedlander el fils.
I Mayer el Muller.
Berne Schmid Francke.
Bologne Zanichelli.
, Laniertin.
Bruxelles Mayolezel Audiarle.
I Lebégue et G".
, Solchek et C°.
Bucharesl , , , ,
' Alcalay.
Budapest Kilian.
Cambridge Deighlon, BelleiC".
Christiania Cauunermeyer.
Constantinopic. . Olto Keil.
Copenhague Hosl el fils.
Florence Seeber.
Gand Hoste.
Gènes . Beuf.
, Cherbulicz.
Genève Georg.
( Slapelmohr.
La Haye Belinfante frères.
I Benda.
Lausanne . „ , ri.
' Payol et C".
, Barlh.
\ Brockhaus.
Leipzig Kœhicr.
\ Lorentz.
Twielmeyer
( Desoer.
'■'■''S* (Gnuse.
Londres
! Luxembourg .
chez Messieurs :
. Dulau.
Hachette el C'v
'Nuit.
V. BUck.
/ Ruiz et C".
Madrid ) Romo y Fussel
i Capdcville
' F. Fé.
Milan > ^'"='=» ^"'■"
{ Hoepli.
Moscou Tastevin.
.\aples S Marghierl di Giu».
' Pellerano.
, Dyrsen et Pfeiiïer.
\ew-rork Siechert.
Lemckeet Buechi or
Odessa Rousseau.
Oxford Parker el C ".
Palerme Reber.
Porto Magalhaés el Muuii
Prague Rivnac.
Rio-Janeiro Garnier.
Rome .
I Bocca frères.
' Locscheret C '
Rotterdam Kraniers et fils.
Stockholm .NorJUIia Boghanilol.
I Zinserling.
) Wolff.
, Bocca frères.
S' Pctersbourg. ■
Turin
\ Brero.
I Clausen.
' RosenbergeiSellier.
Varsovie Gebelhner et Wolff.
Vcrone Drucker.
Frick.
Vienne .
\ •
Gerold el G'-
ZUrich Meyer et Zeller.
TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENEDS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
Tomes 1" à 31. — (3 Août i835 à 3i Décembre iS5o.) Volume in-4°; i853. Prix .•• 15 'r-
Tomes 32 à 61. — (i''' Janvier i85i à 3i Déccmlire i865.) Volume 111-4°; •Syo- Prix 15 fr.
Tomes 62 à 91. — (i" Janvier i866 à 3i Décemlire i88o.) Volume in-4°; 1889. Prix 15 fr.
Tomes 92 à 121. — (i'^' Janvier 1881 à 3i Décemlire 1893.) Volume in-4"; 1900. Prix 15 Ir.
DPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
orne I : Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par MM. A. Derbés et A.-J.-J. SoLitn. - Mémoire sur le Calcul des Perturbalions
prouvent les Comètes, par M. Hansen. - Mémoire sur le Pancréas et sur ie rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulicrcment^dans
igestion des matières grasses, par M. Claude Bernard. Volume in-4°, uvcc Sa planches; i856 •■ pV'JJ ■ j
)me II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Beneden. - Essai d'une réponse i la question de Prix proposée en 1800 par 1 .Académie aes
nces pour le concours de .853, et puis remise pour celui de .S56, savoir : « Etudier les lois de la dislribuliou des corps organises fossiles dans les amcrenls
;rrains sédimentaires, suivant l'ordre de leur superposition. - Disculcr la question de leur apiariHon ou de leur disparition successne ou simultanée -
echercher la nature des rapports qui existent entre l'état actuel du règne organique et ses états antérieurs », par M. le '^'^°™' ™' ^j";,!
; 27 planches; 18G1
A la même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences el les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences.
f 7.
TA.BLE DES ARTICLES. (Séance du 18 août 1902,
MEMOIRES ET COMMUIVICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pages.
.M. Considère. — Résistance à la Iraclion
fin béton armé 33^
IM. .1. Janssi-n. — Sur les travaux de cette
Pages,
année, à l'Observatoire du sommet du
mont Blanc 341
CORRESPOND AIXCE.
M. le Ministre de l'Instruction publiqui:
invite l'Académie à lui faire connaître son
avis, au sujet d'un vœu émis par la pre-
mière Conférence sismologique internatio-
nale, en faveur de la création d'une Union
internationale sismologique 3:53
M. G. Kœnigs. - Sur l'assemblage de deux
corps 3'|3
M. P. Lemoult. — Sur quelques nouveaux
composés organiques d'addition S^i".
M. Lhotak de Lhota. — Recherches e.\pé-
rimentales sur la conservation du potentiel
musculaire dans une atmosphère d'anhy-
dride carbonique 3:^8
MM. Louis Bruntz et Jean Gautrelet. —
Ktude comparée des liquides organiques
UUI-LETIX BIBLIOGRAPHIQIE
de la sacculine et du crabe
M. 13. Renault. — Sur quelques pollens
fossiles. Prothallcs mâles. Tubes polli-
niques, etc. du terrain houillcr
MM. F. Bordas et SiG. de Raczko'Wski. —
De 1 influence de l'écrémage sur la répar-
tition des principaux éléments constitutifs
du lait
M. E. Daniloff. — Sur la géographie phy-
sique de la Yaïla occidentale (Crimée)...
M. .\ni)Ré Poey adresse une Note relative à
Il l'élcctrolyse des sels métalliques séjour-
nant dans les tissus »
M. LÉON Silhol adresse un travail portant
pour titre : « Déviation de la pesanteur
sensible avci; l'altitude seule >■
^^9
35o
354
355
35,
357
35;
PARIS. — IMPRIMERIE G A UT 11 1 E li - V I L L A R S,
Quai des Grands-Augustins, 55.
l£ Cèrant : Gauthikr-Villars.
SECOND se:«estre.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
ToaiE cxxxv.
N^ 8 (25 Août 1902).
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L^AG.DÉUIB O.S SGIE.GBS.
Quai des Grau Is-Vugustins, 55.
1902
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS
Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autan!
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance pu
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. - Impression des travaux des Savants
étrangers à l'Académie. ]<■
Les Mémoires lus ou présentés par des personnel
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Acà^i
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré^i
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires sonli
tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le
Membre qui fait la présentation est toujours nommé;
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cetExtrai»
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le fonli
pour les articles ordinaires de la correspondance offi-
cielle de l'Académie.
^ Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l'Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article 1". — Impression des travaux de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un associé étranger de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie
ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans
e Compterenduàe la semaine que si elle a été remise
le jour même de la séance.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis
eussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca
demie; cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont
ds donnent lecture à l'Académie avant de les re
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
prejudicie en nen aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap-
déposeraTse^^éS'L^L^s'?a^?î!s^medf^^^^^^^ MM. les Secrétaires perpéu.els sont priés de ies
qui p.êcede la séance, avant 5^ Autrement la présentation sera remise à la séance suivante.
Article 3. ;i
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis é
l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, le -,
jeudi à 10 heures du matin; faute d'être remis à temps,]
le titre seul duMémoire estinsérédansle Compterendul
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui ^
vaut et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part. .
Les Comptes rendus ne contiennent ni planches, ni !
figures.
Dans le cas exceptionnel où des figures seraient
autorisées, l'espace occupé par ces figures comptera
pour l'étendue réglementaire.
Le tirage à part des articles est aux frais des au-
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports et
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les SIX mois, la Commission administrative fait
un Rapport sur la situation des Comptes rendus après
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré-
sent Règlement.
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 2o AOUT 1902.
PRÉSIDENCE DE M. BOUQUET DE LA GRYE.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Président annonce à l'Académie que le Tome CXXXIII des
Comptes rendus (2^ semestre de l'année 1901) est en dislribulion au Secré-
tariat.
PHYSIQUE DU GLOBE. - Variations solaires et météorologiques à courte
nériode. Note de SirNoRJiAx Lockyer et William Lockyeu.
« 1. Poursuivant les recherches dont il a été question dans un précédent
Mémoire, relatives à l'activité solaire en rapport avec la pluie dans l'Inde,
nous nous sommes décidés à examiner principalement les variations de la
pression sur l'aire indienne [Variations de la température el de la pluie
dans les régions qui entourent l'océan Indien (Proc. Roy. Soc., t. LXVII,
p. 409)]- / 1
„ On sait que, dans l'Inde, les basses pressions domment en ete (avnl
k septembre) et les hautes pressions en hiver (octobre a mars). Ces der-
nières présentent des variations très remarquables et bien définies, avec
un maximum qui revient en moyenne tous les 3 ans et demi, maximum
suivi, dans les G mois qui viennent ensuite, par des pressions moms basses
que de coutume. Donc, tous les 3 ans et demi environ, la haute pression
s'élève et la basse pression est moins basse.
» 2. Cette variation à courte période ressort, non seulement de la
moyenne des pressions de l'Inde entière, mais aussi de la moyenne des
observations de chaque station prise individuellement, telle que Calcutta,
Madras, Nagpur, Bombay, etc. (voir ci-après la courbe de cette dermère
station).
G. K., .goi, 2' Semestre. (T. CXXXV, N« 8.) ^7
362 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» 3. L'opinion que la variation de la pression, sur l'Inde et le voisinage,
n'est pas due à des causes locales, mais à une action extra-lerrestre, se
fortifie lorsqu'on examine la courbe de la pression d'une station très
éloignée, telle que Cordoba.
» En comparant les courbes des pressions élevées d'avril en septembre
enregistrées à Cordoba (fig. 2, courbes F et E) et qui représentent les
moyennes de chaque année, avec les courbes qui donnent les 'pressions
pour les mêmes époques obtenues à Bombay et dans l'Inde en général,
nous constatons que ces courbes sont exactement inverses.
» Donc, la même cause qui détermine l'élévation de la valeur moyenne
des mois à basse pression dans l'aire indienne détermine l'abaissement de
la valeur moyenne des mois à pression élevée à Cordoba. Nous sommes
en présence d'une balance.
'1 4. D'autres recherches indiquent non seulement que les différentes
régions indiennes présentent des variations annuelles de pression, très
similaires, mais que d'autres aires très étendues se trouvent dans le
même cas.
» Ainsi, il a été constaté que les pressions moyennes annuelles de
Bruxelles, Brème, Oxford, Valence et Aberdeen, les seules qu'on ait exa-
minées jusqu'à présent, présentent des variations annuelles remarquable-
ment similaires; on se tromperait peu en disant que les variations de la
pression moyenne de toutes ces stations pourraient être représentées
approximativement par une seule courbe.
» L'hypolhèse d'une origine extra-lerrestre de ces variations à courte
périotle nous a induits à examiner attentivement les courbes des phéno-
mènes en rapport avec les taches solaires et les protubérances, afin d'y
découvrir, si possible, des variations analogues de l'activité solaire.
» 5. Nous avons commencé par la réduction des observations des pro-
tubérances du limbe solaii-e, faites en Italie depuis 1871.
» Il ressort de cette recherche préliminaire que, en outre des époques
moyennes des maxima et minima protubérantiels coïncidant, quant au
temps, avec les maxima et minima des époques de taches solaires, il existe
des maxima et minima protubérantiels subsidiaires, qui ont une période
similaire i^fig. i, courbe E).
» 6. Quoique ces poussées subsidiaires protubérantielles ne soient pas
distinctement visibles dans la courbe qui représente l'aire tachetée de la
surface solaire, il est à remarquer que des poussées correspondantes sont
indiquées dans les courbes qui représentent les variations de latitude
SÉANCE DU 25 AOUT 1902. 363
annuelles de l'aire [tachetée; en tout cas, un accroissement de l'activité
protubérantielle correspond à l'abaissement de la latitude de l'aire ta-
chetée {fig. i, courbes C et D).
« 7. En comparant ces données solaires avec celles qui concernent les
pressions terrestres mentionnées ci-dessus, on est conduit à penser que les
éruptions de protubérances, coïncidant avec les variations de latitude Ique
les taches présentent tous les 3 ans et demi environ, sont la cause véritable
TcuJuir solatrew
o .
+ 20.
latitztde, mayemui fw.
tachas solaires ~"^
Zalituda de. L aire-
Nombre' d&T
protubércunce^
Pression, d Sambay
( Ûcê.'JUcLns- }
Pression, à. Bombât/
( Auril-Sept )
Fia
PrGS.noTv mojfcnxi£'
annuelle
à. Sambay
PUiw moyenne/
aJituielle.
à Jfa^nxs.
S6
Pluieà.22statzoTus *8
de-CcyloTL-
(Sept. - Déo. )
B5o\ \ , ,
^
33
Pliûû à,MaIahar
et ftrChat^-.
(Jlizt. • Octobre. )
ItÊO-
120
joo.
z9 rono-
pnssswT-^'- Bombay 200
(Aifi^lSi^ i 1^0
Echelle, Lnîerocrti» soo.
\
Pression à ûirdoba,
(AuriZ'Sept.)
^"^
i^
AA-
4^v^kA^-^
des variations de la pression, et que la variation de l'activité solaire dans
la période solaire de 11 ans agit sur la pression et sur la circulation de
notre atmosphère et nous affecte par conséciuent météorologiquement.
>, 8. Du tait que les époques de ces variations subsidian-es de la pression
correspondent exactement avec celles de la fréquence protubérantielle,
ne doit-on pas conclure, non seulement que les deux phénomènes sont
très connexes, mais aussi que la pression terrestre répond rapidement aux
variations solaires en général, puisqu'il semble résulter déjà des recherches
364 ACADÉMIE DES SCIENCES.
faites jusqu'ici que les chutes de pluie et de neige en sont les effets
subséquents (voir /7^. 2, courbes A, B, C, D).
)) 9. Il est à remarquer que nous avons déjà obtenu des preuves indi-
quant que cette variation à courte période n'est pas seule à agir, mais que
les périodes de 1 1 ans et de 35 ans influencent apparemment les variations
à courte période.
)) Mais ceci même n'explique pas certaines anomalies que nous avons
rencontrées ; si l'origine solaire de ces variations à courte période de la
pression était confirmée, il faudrait néanmoins expliquer les raisons pour
lesquelles certaines de ces variations ne sont pas constantes pour toutes
les localités; nous arriverions peut-être, dans cette voie, à des connais-
sances nouvelles sur la circulation atmosphérique.
» 10. L'époque que ces recherches embrassent commence avecl'établis-
sement des observations régulières de V Indian meteorological Department en
1875 et va jusqu'à 1895, époque où la régularité du ])hénoméne de la ligne
élargie fut interrompue, comme nous l'avons indiqué dans une précédente
Communication.
» En continuant ces recherches, nous avons pointillé le pourcentage de
fréquence des protubérances, déduite des observations italiennes pour
chaque intervalle de 10° de latitude solaire au nord et au sud de l'équateur.
» Nous avons constaté que les époques de la perturbation protubéran-
tielle maxima dans les latitudes élevées diffèrent grandement des époques
près de l'équateur. Ces dernières sont associées de piès aux époques du
maximum de fréquence des taches; les premières, aussi bien au nord qu'au
sud, se produisent à des temps intermédiaires.
» Ainsi, il existe deux séries d'éruptions protubérantielles bien mar-
quées, se produisant à intervalles de 3 à 4 ans. Les deux séries sont exac-
tement représentées dans les courbes de la pression dans l'Inde. »
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — La relation entre les protubérances soMres
et le magnétisme terrestre. Note de Sir Norman Lockyer.
« Nous nous sommes récemment occupés, à l'Observatoire de Physique
solaire, à étudier la belle série d'observations faites, depuis 1871, par les
astronomes italiens Tacchini, Riccô et autres.
» Dernièrement, j'ai fait la comparaison de la fréquence des protubé-
SEANCE DU 25 AOUT 1902. ^^-^
rances visibles dans chaque latitude solaire avec la fréquence de la plus
grande intensité des orages magnétiques et la courbe générale de l'activ.te
magnétique.
,, Le résultat indique : 1° que les époques des orages classes great par
Ellis et (le la plus grande activité chromosphérique près des pôles du Soleil
sont identiques; 2° que la courbe générale d'activité magnétique ter-
restre est à peu près la même que celle des protubérances observées /^re.
de l'équateiir solaire. »
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. - Étude théorique de la résistance à la compression
du béton fretté. Note de M. Considère.
« Les expériences dont il a été rendu compte dans ma Communication
du 18 août ayant prouvé que le béton armé possède, au point de vue de
la tension, des propriétés que l'étude du béton non armé ne pouvait pas
faire soupçonner, il était naturel de rechercher s'il en est de même du
béton soumis à la compression et s'il est possible d'en tirer parti dans les
constructions. ^ 1 .- 1 i^c
„ Le béton comprimé s'écrasant toujours avec gonflement latéral, les
armatures longitudinales ne peuvent qu'ajouter leur résistance a la sienne
sans modifier celle-ci. Dès 1892, MM. Koehnen et Wayss ont exprime
l'avis que des armatures droites ou circulaires, qu'on placerait dans des
plans perpendiculaires à la pression et suffisamment -[^proches le. uns
des autres augmenteraient la résistance propre du béton. Depuis, M. Harel
de la Noë a donné l'explication scientifique du rôle des armatures trans-
versales et rectilignes. ,
,. Les considérations développées plus loin m'ont conduit a penser qu on
obtiendrait le maximum d'effet utile en frettant le béton au moyen de hls
ou de barres d'acier enroulés en spires heUcoïdales dans les membrures
comprm.ées, à la distance de leur surface qui serait nécessaire pour les
protiger contre la rouille. Des expériences préliminaires -/P-^^'^
métal ainsi employé produit un effet utile sensiblement double de celui
".^ donnent lès aîJtures transversales rectilignes. En conséquence, on
ne s'occupera ici que du béton fretté. r.H^^tpc.
» La résistance des corps solides est produite par deux causes distinctes .
la cohésion et le frottement intermoléculaire.
366 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» On admet que le frottement intermoléciilaire est soumis aux mêmes
lois que le frottement à la surface des corps et que son intensité est dans
le même rapport avec la pression normale. Cette hypothèse une fois
admise, il est facile de calculer la résistance que le frettage produit en
augmentant le frottement.
» Il est possible que le frettage, en accroissant la densité, augmente
aussi les effets de la cohésion qui dépendent des variations de distance des
molécules entre elles. Mais ce supplément de résistance est incertain et,
en tout cas, de valeur inconnue, et il semble que la méthode de recherche
la plus sûre est !a suivante : mesurer la résistance réelle de prismes frettés ;
calculer la résistance que le frettage leur donne par son action sur le
frottement intermoléculaire; examiner comment la différence qui est attri-
buée à la résistance propre du béton cadre avec ce qu'on sait par ailleurs
de celle-ci.
» Le supplément de résistance que le frettage d'une pièce de béton pro-
duit en agissant sur le frottement inlermoléculaire est, d'après l'hypothèse
faite plus haut, égal à la résistance totale que le même frettage donnerait
à une pièce de dimensions identiques qui serait formée d'un sable sans
cohésion avant même angle de frottement / et même coefficient de gonfle-
ment latéral g. Or cette résistance est facile à calculer au moyen d'une
formule connue de la théorie de la poussée des terres sans cohésion.
» Si P représente la pression par centimètre carré qu'on exerce sur la
base supérieure d'un cylindre vertical formé d'une matière sans cohésion
dont l'angle de frottement est égal à /, et dont le poids est négligeable en
regard des pressions extérieures, on sait que, pour empêcher l'écrasement,
P
il faut appliquer sur la surface latérale une pression par centimètre carré ^ ,
K étant égal à y
tang^-
» Cette formule permet de calculer facilement l'effet du frettage sur un
tel cylindre. Soit, en effet, s l'aire de chacune des deux sections symé-
triques qu'un plan méridien fait dans le frettage, la pression par unité de
surface de contact, que le frettage exercera sur le sable, sera égale à -^
pour chaque unité de tension du métal, /• et h étant le rayon de base et
la hauteur du cylindre.
» De la formule rappelée plus haut il résulte que la base supérieure
SÉANCE DU 25 AOUT 1902. Sgn
du cylindre pourra porter — p^r unité de surface et ^^-^ pour la surface
xr* de la base.
» Le volume du métal dont les frettes sont formées étant ir.rs, le rap-
port U, de la résistance que le frettage donne au sable, au volume ilu métal
employé est égal à —j-
s
» Il est évident que le rapport correspondant U' a la valeur
dans les armatures longitudinales qui supportent directement la pression,
telles qu'on les emploie couramment dans les constructions armées.
U K
» On a donc ïji — — ^^ l'expérience a donné, pour les bétons expéri-
mentés, R = 4,8. Il en résulte que la résistance communiquée au sable par
les frettes est 2,4 fois plus grande que la résistance propre d'armatures longi-
tudinales de même poids lorsque la tension des premières est égale à la pression
des secondes.
» 2,4 est donc aussi le rapport des résistances à l'écrasement que don-
nent, à poids égal, les deux types d'armatures en question, car l'écrase-
ment se produit dans les pièces frettées comme dans celles qui ont des
armatures longitudinales, lorsqu'est atteinte la limite d'élasticité du fer ou
de l'acier, qui est sensiblement la même dans la tension et dans la com-
pression.
«L'écrasement n'est pas le seul danger dont on doive se préoccuper
pour les pièces comprimées, car elles peuvent aussi périr par flambe-
ment, et leur résistance, à ce point de vue, est proportionnelle à leur
coefficient d'élasticité, c'est-à-dire au quotient de la pression unitaire
qu'elles supportent par le raccourcissement qu'elles éprouvent. Or »• repré-
sentant le rapport du gonflement transversal au raccourcissement longi-
tudinal, les frettes ne s'allongent que de ^t lorsque les armatures longitu-
dinales se raccourcissent de i. Les tensions îles unes et les pressions des
autres sont donc proportionnelles ci ces déformations gi et i et, par suite,
les résistances à la compression données au cylindre par les frettes et par
les armatures longitudinales, pour un même raccourcissement, sont pro-
K K
portionnelles à gi- et i, c'est-à-dire à ^'•— et i.
» Il n'a pas été fait d'expériences exactes pour déterminer la valeur
àti g pour le béton fretté. On a trouvé o,4o pour le béton non fretté, et les
368 ACADÉMIE DES SCIENCES.
chiffres relatifs aux substances les plus comparables varient de o,35 à o,4o.
» On admettra la moyenne 0,370 et l'on trouvera ainsi pour g — la valeur
0,375 X 2,4 = 0,90.
» On peut donc définir ainsi les effets du métal qui frette un cylindre
sans cohésion :
» Pour un raccourcissement du cylindre de valeur donnée, le métal des
Jrettes subit une déformation et, par suite, une fatigue qui ne sont que
les j^ de celles qu éprom'eraient des armatures longitudinales associées au
raccourcissement du cylindre. L'effet utile du travail du métal des freltes étant
multiplié par i,l\ en raison de leur mode d'action, la résistance qu elles
donnent au cylindre est les -^ de celle que produiraient des armatures longi-
tudinales de même poids subissant le même raccourcissement que le prisme
frette.
» Au moment où le dépassement de la limite d'élasticité dans les armatures
longitudinales produirait l'écrasement du cylindre, le métal des fretles ne
travaillerait qu'aux —^ de cette limite et, par suite, l'écrasement du béton
frette serait encore fort loin de se produire.
» Du sable sans cohésion il faut passer au béton et, pour qu'à la résis-
tance donnée au premier par' le frottement on puisse légitimement ajouter
la résistance propre du second, il faut que celle-ci ne soit pas détruite par
les déformations importantes sans lesquelles le métal des freltes ne saurait
se mettre en forte tension. La remarquable ductilité donnée au béton tendu'
par les armatures permettait d'espérer par analogie qu'il en serait ainsi.
L'observation des résultats d'un accident tend à le confirmer et a conduit à
entreprendre les expériences qui en ont fourni la preuve et dont il sera
rendu compte dans une prochaine Communication.
» On avait formé une balise du département du Finistère, celle de Gorlé-
bian, d'un tube métallique de 19*^" de diamètre rempli de pâte de ciment
pur. Les vagues l'avaient ployée suivant un rayon de 55*^™ mesuré sur l'axe.
On en a détaché un tronçon dans la plus grande courbure, et l'on a constaté
que le ciment, qui avait subi de si énormes déformations, n'était traversé,
dans la partie conq^rimée, que de rares fissures et avait conservé une très
grande résistance. Cet échantillon a été présenté à l'Académie. »
SÉANCE DU 2D AOUT 1902.
CORRESPONDAINCE.
369
M le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées .le la
Correspondance, 1' « Atlas bathymétrique et lithologique des cotes de
France, par M. /. Thoulet. »
»
CHIMIE AGRICOLE . - Sur des procédés de concentration de liquides alimentaires,
et particulièrement du vin. Note de M. F. Garrigou.
„ Sollicité, en 1872, dem'occuper de la question de la nourriture et
des boissons concentrées pour l'armée en campagne, j'entrepns, cette
même année, mes premières recherches sur ce sujet; bientôt après, M. le
professeur Forthomme, de Nancy, fit construire dans cette vdle, sur mes
indications, mes petits appareils pour la concentration et la stenhsalioa
des divers liquides (vin, lait, cidre, café, infusions végétales diverses
bouillon, etc.) dans le vide, à chaud. C'est la solution du problème relatif
à la concentration du vin, en particulier, que je soumets aujourd hui a
l'Académie. , , , 77
. Concentration et stérilisation du vin. - i" Méthode par le glaçage.
- L'enlèvement de l'eau du vin par le glaçage a deux obstacles a sur-
monter • d'abord le coût élevé des opérations successives, puis la perte
d'une petite quantité d'alcool et de la couleur rouge Cependant, avec
certaines précautions qu'il serait trop long d'exposer ici, ] ai pu conserver
la couleur rouge et éviter la perte d'alcool, en même temps que 3 enlevé
la quantité d'eau voulue. r ■„
« 2° É^aporatwn à chaud dans le vide. - Cette méthode appliquée
d'une manière rationnelle et scientifique, m'a donné, dès 1875 des résul-
tats absolument inattendus. A plus forte raison me donne-t-elle mainte-
nant, avec des appareils perfectionnés (') et d'un prix relativement pe^^
élevé, des produits remarquables par leur pureté, par leurs qualités
hygiéniques et par le peu de dépense qu.ls exigent (o'.-,4o environ par
hectolitre de vin traité et, bientôt, mieux encore).
n Brevet de mal .889; deuxième brevet, de décembre 1898 ; troisième et quatrième
brlvltfje décembre 190;; ciuquième et sixième brevets, plus récents encore.
C. R., 1902, 2- Semestre. (T. CXXXV, N» 8.)
370 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Avec mes nouveaux moyens de distillation, que je me propose de
décrire prochainement, une équipe de quatre hommes peut mettre en
marche, surveiller, arrêter instantanément si c'est nécessaire, une batterie
de plusieurs appareils fort simples, permettant de traiter plusieurs centaines
d'hectolitres de vin par jour, et d'obtenir de l'alcool éthylique pouvant
être considéré comme pur, avec le bouquet de vin.
» Les résultats obtenus avec les appareils datant de l'année 1900 méri-
tent d'être signalés dans l'ordre dans lequel ils se présentent :
» 1° Départ du bouquet vers So" (dans le vide) avec de l'alcool éthy-
lique; 2" départ de l'alcoql éthylique presque pur, vers 35" environ;
3° arrivée de petites quantités d'alcools supérieurs, avec l'alcool éthylique,
vers4o"; 4" alcools supérieurs, avec mauvais goût; 5" produits nauséeux;
6" eau (elle accompagne en plus ou moins grande quantité les produits
précédents; elle arrive avec un goût légèrement vineux et est acide;
abandonnée à l'air, elle permet le développement de produits organisés
que je me propose de décrire prochainement); y" acide acétique (il en
passe de petites quantités avec tous les produits de la distillation); 8" il
reste dans l'appareil évaporateur une vinasse d'un beau brillant, d'un
rouge vineux remarquablement vif et beau par son intensité, absolument
pasteurisée et complètement dépourvue de goût de cuit, si l'opération a été
bien conduite.
» La concentration à 20 pour 100 est bien suffisante pour le grand
commerce des vins.
» Les vins concenlrés que j'ai produits, et dont je possède des échantillons datant
de 22 ans, dans un état parfait de conservation, ont été dégustés : en 1889, par MM. les
intendants généraux Viguié et Rossignol, qui les ont trouvés irréprochables; en 1890
(au Congrès de Narbonne), par des dégustateurs de cette ville, qui les ont trouvés
<( exquis » (Volume du Congrès, pages 4o3 et 4o4); de 1890 à 1902, par de nom-
breux dégustateurs (ingénieurs, propriétaires, professeurs d'œnologie et d'agriculture,
médecins, pharmaciens, dégustateurs de profession, etc.), qui les ont trouvés
remarquables; en 1902, par plusieurs autres dégustateurs, par plusieurs de mes
collègues de l'Académie des Sciences de Toulouse, par plusieurs médecins mili-
taires (') venus ad hoc dans mon laboratoire, et qui ont donné une approbation
(') M. le D'' Linon, médecin en chef de l'Hôpital militaire de Toulouse, un
Cahursien, a reconnu, sans être prévenu de son origine, un vin de Cahors, concentré
à 25 pour 100, depuis 18 ans, et conservé depuis celte époque dans une bouteille
en vidange, sans la moindre altération.
M. le D'' de Santi, médecin-major de 1'" classe, a assisté à la concentration d'un
SÉANCE DU 25 AOUT 1902. Syi
complète à la finesse et au bon goût de ces produits ; enfin, par M. le D"' Geschwind,
directeur du service de santé du 17" corps d'armée, qui, après avoir vu fonctionner
mes appareils et goûté les produits, n'a pu s'empêcher de dire sa pensée et son
opinion, en prenant le fauteuil de la présidence de la Société de Géographie de
Toulouse, que j'avais l'honneur de lui céder (').
» Je n'ai d'ailleurs jamais hésité à montrer mes procédés, mes appareils,
et à faire déguster les produits de la concentration, à tous ceux qui nie
l'ont demandé.
» J'ai traité dans mes appareils un grand nombre de vins rouges et
blancs, vins analysés comparativement avant et après la concentration.
» Je me propose de donner, dans une Note ultérieure, les analyses
comparatives des vins traités, avec quelques détails sur la concentration
et la pasteurisation des liquides alimentaires.
» Nota. MM. Baudoin et Schribaux. se sont également occupés de la concentration
du vin {Comptes rendus, séance du 28 juillet 1902). »
HYGIÈNE PUBLIQUE. — De la traite mécanique, dans Vindustric laitière.
Note de MM. F. Bordas et Sic de Raczkowski, présentée par
M. Brouardel.
« La traite mécanique des vaches offre une réelle sécurité au point de
vue de l'introduction accidentelle, dans le lait, de germes pathogènes.
« Les expériences que nous avons faites, grâce à l'obligeance de M. V. Hugot, à
Jersey Farm, ont consisté dans l'ensemencement, avec une pipette stérilisée, d'une
goutte de lait (représentant y^J-„- de centimètre cube) dans 10'^"' de gélose lactosée,
versée dans une plaque de Pétri, et dans la numération des colonies qui se sont
développées après 10 jours sur ce milieu solide.
vin qu'il m'avait apporté, puis à sa reconstitution, et il a trouvé le dernier au moins
aussi bon que le vin type.
(') Voici comment s'est exprimé M. le D'' Geschwind {Bulletin de la Société de
Géographie de Toulouse, 1902) : « Notre gratitude doit tout d'abord s'adresser à
notre cher Président, le D- Garrigou. Nous devons lui savoir d'autant plus gré de
son infatigable coopération à la prospérité de la Société, qu'il est déjà absorbé par les
exigences de son enseignement à la Faculté de Médecine... et enfin par la grande
œuvre qu'il poursuit depuis 3o ans : cette concentration du vin, à laquelle restera
attaché son nom, cette œuvre dont la réalisation pratique sera un immense bienfait,
autant pour nos explorateurs, de l'équateur comme du pôle, quo' pour nos soldats en
campagne et nos marins en croisière. »
372 ACADÉMIE DES SCIENCES,
» Les prélèvements ont été efTectués :
» I. Dans le jet au sortir du pis convenablement aseptisé.
» II. Dans la masse du lait trait sans précautions antiseptiques.
a. Traite à la main.
b. Traite à la mécanique.
» III. Dans la masse du lait trait en prenant toutes les précautions convenables
d'asepsie des mains, du pis, et après stérilisation à la vapeur des récipients.
a. Traite à la main.
b. Traite à la mécanique.
» Les ensemencements ont été faits aussitôt après la traite.
» Les numéiations ont donné les résultats suivants :
» I. Dans le jet du pis aseptisé i joo colonies au centimètre cube.
» II. Sans précautions an/iseptigues :
Traite à la main 4600 colonies au centimètre cube.
Traite à la mécanique 402000 » »
» III. Avec précautions antiseptiques :
Traite à la main 49°° colonies au centimètre cube.
Traite à la mécanique 62000 » »
» Nous avons de plus titré l'acidité des deux échantillons de lait traits par les deux
modes différents.
» Cette acidité, exprimée pour 10™° de lait en centimètres cubes de potasse nor-
male décime, était respectivement :
Traite
à la main, à la mécanique.
Au moment de la traite 1,4 1,4
24 lieures après la traite 2,1 6,4
36 heures après la traite 3,9 9,2
» Après 36 heures, le lait trait à la mécanique était caillé, tandis que celui à la main
ne l'était pas.
» Ces constatations nous permettent de conclure qu'il faut que tous les
accessoires (tuyaux, robinets, etc.) composant les appareils puissent se
nettoyer et se stériliser facilement, pour que l'opération de la traite mé-
canique fournisse des résultats satisfaisants,
» Sans cette condition expresse on risque d'obtenir un lait privé, il
est vrai, de germes pathogènes introduits accidentellement soit par les
mains du vacher, soit |)ar toute autre cause, mais par contre abondam-
ment pourvu de ferments lactiques et autres, qui diminuent, dans une
forte proportion, la durée de conservation du lait. »
SÉANCE DU 2 5 AOUT 1902, .^73
HISTOLOGIE. — Structure des corps suprarénaux des Plagiostomes.
Note de M. E. Grtnfeltt, présentée par M. Alfred Giard.
« Les corps suprarénaux des Plagioslomes sont formés par une masse
épithéliale entourée d'une mince capsule et traversée seulement par des
capillaires sanguins et par des fibres nerveuses terminales. Chez vingt-
quatre espèces de Squales ou de Raies que j'ai examinées, j'ai toujours
trouvé la même structure fondamentale.
1) Les dissociations ne permetlenl pas de diviser cette masse cellulaire en cordons
ou en nodules et les résultats fournis par cette méthode d'investigation ont été con-
firmés par l'examen de coupes très exactement sériées. Partout la substance fonda-
mentale est constituée par des cellules particulières, auxquelles Kohn a donné le nom
de chromaffme Sympalhicuszellen, parce qu'il les a considérées comme des cellules
très voisines des cellules du système nerveux grand sympathique. Il vaut mieux les
désigner tout simplement sous le nom de cellules chromaffines pour rappeler la pro-
priété qu'elles ont de se colorer fortement en brun au contact des sels de chrome.
» Ces cellules chromaffines sont, en effet, contrairement à l'opinion de Kohn, des
cellules épilhéliales : elles sont toutes au contact, sans interposition d'aucune sub-
stance fondamentale appréciable, ni d'éléments antres que des capillaires sanguins ou
des terminaisons nerveuses. Souvent polyédriques, ces cellules chromaffines deviennent
dans certains cas assez irrégulières et peuvent alors présenter des prolongements
étendus. La forme géométrique de ces prolongements ne permet pas de les confondre
avec des prolongements d'éléments nerveux, et du reste ils n'en ont aucunement la
structure.
» Le cytoplasme des cellules chromaffines renferme une substance caractérisée par
la coloration brune que lui donnent les sels de chrome. Cette substance chromaffine
se présente sous forme de granulations fines et arrondies répandues d'une manière
régulière dans la presque totalité du corps cellulaire.
» Ces granulations existent dans des cellules n'ayant subi l'action d'aucun réactif,
ainsi que je l'ai vu sur de minces coupes de corps suprarénal, faites sur le frais et
dissociées dans la sérosité périlonéale de l'animal. En faisant arriver sous la lamelle
du bichromate de potasse en solution assez concentrée, on voit la réaction chromaffine
se faire sous les yeux de l'observateur. L'acide osmique colore, lui aussi, assez forte-
ment en noir ces granulations. En employant certains liquides fixateurs, tels que les
liquides de Zenker ou de Tellyesniczky, ceux de Flemming (solution forte) ou de
Laguesse (liquide J) par exemple, on peut obtenir des préparations où les granula-
tions chromaffines sont bien conservées et l'on peut alors les étudier sur des coupes.
» D'une manière générale, on peut diie que ces granulations ont une affinité très
marquée pour certaines matières colorantes, en particulier pour la safranine, le violet
de gentiane, l'hématoxyline ferrique. La safranine les colore en rouge vif; le violet de
gentiane, en violet plus ou moins foncé; l'hématoxyline au fer, tantôt en noir violacé,
tantôt en bistre, suivant le degré de difi'érenciation recherché.
374 - ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Sur ces mêmes coupes on trouve, à côté des cellules absolument bourrées de
grains chromaffines, d'autres éléments où ces grains disparaissent par places; on voit
alors une ou deux grandes vacuoles claires apparaître dans le protoplasma. Quand les
vacuoles sont très développées, le protoplasma se trouve réduit à l'état de minces
lames interposées entre elles. Le tout prend alors l'aspect d'une sorte de matière
claire cloisonnée par de minces iractus. Quand cette vacuolisation se trouve réalisée
sur un grand nombre de cellules voisines, on a de la peine à reconnaître la disposition
épithéliale primitive de l'organe, et il est vraisenjblable que celte disposition a pu
induire en erreur quelques auteurs. De nombreuses formes de transition permettent
de saisir les modifications graduelles qui ont conduit de cette disposition épithéliale
à la disposition vacuolaire irrégulière. Cette vacuolisation et la disparition d'une
partie de la substance chromaffine à laquelle elle succède indiquent une variation
régulière et physiologique dans la quantité de cette substance.
» Les noyaux des cellules chromaffînes présentent des variations très nettes dans
leur volume ainsi que dans la disposition de leur chromatine. Après l'action de colo-
rations multiples (triple coloration de Flemming, coloration de Rabl) on peut mettre
en évidence des variations de chromaticité fort nettes. On voit aussi, sur ces mêmes
préparations, que la chromatine dans ces noyaux subit des variations quantitatives
assez importantes. Néanmoins, il m'a été impossible, jusqu'ici, d'établir une relation
certaine entre les variations de l'appareil chromatique du noyau et celles signalées
ci-dessus dans le cytoplasme.
« J'ai mentionné plus haut la présence de fibres nerveuses terminales
dans la substance propre des corps suprarénaux. J'ai pu les mettre en
évidence, soit par la méthode de Golgi-Cajal, au chromate d'argent, soit
par la méthode d'EhrIich-Bethe, au bleu de méthylène vital. Par conséquent,
les nerfs ne se contentent pas, ainsi que l'a vu Chevrel, d'entourer l'or-
gane d'un riche réseau; ils pénètrent au contraire dans le parenchyme,
entre les cellules chromaffînes, au contact desquelles ils se terminent par
des extrémités libres comme c'est le cas pour les terminaisons glandulaires
ordinaires. »
La séance est levée à 3 heures et demie.
G. D.
SÉANCE DU 25 AOUT 1902. 3j5
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Outrages reçus dans la séance du i5 juillet 1902.
Ministère des Colonies. Office colonial. Ressources végétales des Colonies fran-
çaises représentées dans les collections de TOffice colonial <-:?(/ Ministère des Colonies,
classées par Gcstavo Niederlein. Paris, imp. Paul Dupont, 1902; i fasc. in-4''.
(Hommage de l'Auteur.)
Traité général de Viticulture. Ampélographie, publiée sous la direction de P.
Viala et V. Vermorel; t. III. Paris, Masson et O'-, 1902; 1 vol. in-4''. (Présenté par
M. Guignard. Hommage des auteurs.)
Emploi des fusées contre la grêle, résultats obtenus, par le D"' E. Vidal. (Exlr.
du Rapport présenté au 3= Congrès international de défense contre la grêle à Lyon.)
Hjères, imp. Arène, 1902; i fasc. in-8°. (Hommage de l'Auteur.)
Mémoires de la Société nationale des Sciences naturelles et mathématiques de
Cherbourg; t. XXXII, publié sous la direction de M. L. Corbière. Paris, J.-B.
Baillière et fils, 1901-1902; i vol. in-S".
Six feuilles nouvellement éditées, par le Service géographique de l'Armée, des
Cartes d'Algérie au 200000", de la Tunisie au 5oooo" et au looooo", en couleur.
Zur Vorgeschichte des deutschen Kartells und der internationalen Association
der Akademien. Im Aiiflrage der kôn. sâclis. Gesellschaft der Wissenschaflen zusam-
mengestellt und dem Kartelllage in Gôttingen (i5 mai 1902), vorgelegt von dem 0.
M. Wilhel-h His. (Extr. des Berichte liber die Verhandlungen der kôn. sàchs.
Gesellschaft der Wissenschaften su Leipzig. Malhematisch-physisclie Klasse, Bd. 54.)
Leipzig, B.-G. Teubner, 1902; i fasc. in-8°.
Abel, den store mathematikers slegt, ved S.-II. Finne-Grônn, med 55 portrœler,
silhouetter og facsimiler. Christiania, 1899-1900; 1 vol. in-4°.
Vorlesungen iiber theoretische Physik, von II. von Helmholtz; Bd. II : Dynaniik
continuirlich verbreiteter Massen, herausgegb. v. Otto Krigard-Menzel, mit 9 Figuren
im Texl. Leipzig, Johann Ambrosius Barth, 1902; i vol. in-4''.
Studies in heterogenesis, by H. Cdarlton Basiut*. Londres, "Williams et Norgate,
1901-1902; 2 fasc. in-S".
A rediscussion of Bailey's and Fourcade's sun'eys and their réduction to Ihe
System of the geodetic Survey, by sir David Gill. (Cape of Good Ilope. Geodetic
Survey of South Africa, Vol. IL) Cap-Town, W.-A. Richards et fils, 1901; i vol. in-4''.
Expédition antarctique belge. Résultats du voyage du S. Y. Belgica en 1897-
1898-1899, sous le commandement de A. de Gerlache de Gomery. Rapports scien-
tifiques publiés aux frais du Gouvernement belge, sous la direction de la Commis-
sion de la Belgica : Élude des chronomètres (2 parties). Phénomènes optiques de
l'atmosphère. Aurores australes. Détermination de la densité de l'eau de naer. Rapport
sur la densité de l'eau de mer. Mousses et Hépatiques, Spongiaires. Échinides et
^7^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ophiures. Brachiopodes. Pinnipèdes (seals). Note relative aux Rapports scientifiques.
Anvers, imp. J.-E. Buschmann, 1901-1902; 11 fasc. in-4°.
Atti délia R. Accademia Peloritana, anno XVI, 1901-1902. Messine, 1902; i vol.
in-8°.
Mémoires de l'Université de la Nouvelle-Russie, t. LXXXVI, i^^ et 2' parties.
Odessa, 1902; 2 vol. in-S".
ERRATA.
(Séance du 11 août 1902.)
Note de MM. Jean Camus et P. Pagniez, Hémoglobinurie d'origine
musculaire :
Page 326, ligne S/J, au lieu de 3o secondes, lisez 3o minutes.
Même page, ligne Sy, au lieu de 3o secondes, lisez 3o minutes.
Page 327, ligne 10, au lieu de 5«6, lisez 5™\
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER-VILLARS,
Quai des Grands-Augustins, n° 55.
35 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Ils forment, à la fin de l'année, deux volumes in-i°- Deux
par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre al|ihal)('ij(]iu' do noms d'Auieurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel
" Janvier.
Le prix de labonnemenl est fixé ainsi qu il suit :
Paris : 20 fr. — Départements ; 30 fr.. — Union postale : 34 fr.
On souscrit, dans les Départements,
chez Messieurs :
Ferran Irères.
I Chaix.
( Jourdan.
I Ruff.
Court! D-Hecquet.
< Germain etGrassin.
j Gastineau.
Jérôme.
Régnier.
I Ferel.
! Laurens.
I Muller (G.).
Renaud.
iDerrien.
F. Robert.
Oblin.
Uzel frères.
Jouan.
Perrin.
1 Henry.
( Marguerie.
^ Juliot.
i Bouy.
Nourry.
Ralel.
I Rey.
i Lauverjal
/ Degez.
) Drévet.
i Gralier el C'V
Foucher.
\ Bourdignon.
I Dombre.
1 Thorez.
I Quarré.
chez Messieurs ■
( Baumal.
Lorient ,, _, .
I M"" lexier.
Bernoux et Cumin.
Georg.
Lyon < Efl'antin.
Savy.
Vitle
Marseille Ruât.
( Valat.
UontpeUier i . , ni,
'^ { Coulet el /ils.
Moulins ^.. Martial Place.
[ Jacques.
Aancy ! Grosjean-Maupin.
( Sidol frères.
1 Guist'liau.
'^'""" IVeloppé.
1 Barma.
'^''"^ Uppy.
Mmes Thibaud.
Orléans Lod.lé.
( Blanchier.
Poitiers i ,
( Lévrier.
Rennes Plihon et Hervé.
Rochefort Girard (M"")
l Langlois.
''°"^" (Lestnngant.
S'-Élienne Chevalier.
( Ponleil-Burles.
Toulon , ,, . ,
( Rumebe.
i Gimet.
Toulouse n . ,
( Privât.
, Boisselier.
Tours Péricat.
' Suppligeon.
i Giard.
Valenciennes . ,.
I Lemaitre.
On souscrit, à l'Étranger,
chez Messieurs :
( Feikema Caarelsen
Amsterdam ! ^,
( et C".
Athènes Beck.
Barcelone Verdaguer.
I Asher et C*.
1 Dames.
Berlin ' r- ji j . ki
I Friedlander et tiis.
I Mayer et Millier.
Berne Schmid Francke.
Bologne Zanichelli.
I Lamertin.
Bruxelles ' Mayolezet Audiarte.
! Lebègue et C'".
, Sotchek et C«.
Buc/iarest . , ,
I Alcalay.
Budapest Kilian.
Cambridge Deiglilon, BelleiC".
Christiania Cammermeyer.
Conslantinople. . Otto Keil.
Copenhague Hôst et fils.
Florence Seeber.
Gand Hoste.
Gènes Beuf.
Cherbuliez.
Genève Georg.
( Stapelniohr.
La Baye Belinfanle frères.
J Benda.
Lausanne , „ , , i^,,
I Payot et C".
Barth.
I Brockhaus.
Leipzig Ivœhlcr.
I Lorentz.
. Twietmeyer
J Desoer.
i''"^'a^ ( Gnusé.
chez Messieurs :
i Dulau.
Londres Hachette el C-.
'Nuit.
Luxembourg. .. . V. Buck.
/ Ruiz et C".
Madrid ! '^^'"'> Y F"s«el.
j Capdeville.
' F. Fé.
Milan (Bocca frères.
\ Hœpli.
Moscou » Tastevin.
JVaples (Marghieri d, liiu,
( Pellerano.
; Dyrsen el l'feilTer.
IVeiv-york Stechert.
' Lemckeet Buechncr
Odessa Rousseau.
Oxford Parker et C'".
Palernie Reber.
Porto Magalfaaés el MiiMii.
Prague Rivnac.
Rio-Janeiro Garnier.
) Bocca frères.
( Loescher el C
Rotterdam Kraniers et fils
Stockholm Nordiska BogliaricJol.
i Zinserling.
S^-Petersbourg..]^^^^
■ Bocca frère».
) Brero.
^"'■'" Clausen.
' RosenbergclSellicr.
Varsovie Gebethner et Wolll.
Vérone Drucker.
1 Frick.
^''^""^ ( Gerold el C".
ZUrich Meyer et Zeller.
GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
Tomes 1" à 31. — (3 Août i835 à 3 1 Décembre i85o.) Volume in-4° ; i853. Prix 15 Ir.
Tomes 32 à 61. — ( i" Janvier iS5i à 3i Décembre iSCi. * Volume in-4"'; 1870. Prix 15 li'-
Tomes 62 à 91. — (1" Janvier 1866 à 3i Décembre 1S80. i Volume in-4"; «889. Pri.x 15 I'"-
Tomes 92 à 121. — ( 1" Janvier 1881 à3i Décembre i^^n'.; Volume in-4"; igo"' P'''^ ^^ '''•
lENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES : , ^, ,, p.,.,v..in„s
Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par M.M. V- P-.s el A.-J.-J. Sou.«. ^ f ^-^ -^j^^-J^'^^^^^J^, i^; . ^^^^^
les Comètes, par M. iÛ.skk. - Mcmone sur le Pancréas et sur ie r.-lc .U. suc pancréatique dans les phénomènes digcsl.fs, paifcuhcrement^dans
des matières grasses, par M. Claude Bernard. Volume in-4», avec 3. pl.ui. I.esî 1856..-.. ',[' '' l^' p'i.'ovoooséo'ea' isôo' par l'Académie des
Mémoire sur les .vers intestinaux, par M. P.-J. V..n Beneden. - Fs... d me. réponse à a qucs Uon '^ ' ' ^^ /'"f^^^ ^^^ „, ji.rérenls
r le concours de :853, et puis remise pour celai de .8.50, savoir : « Kt.ul.. les lois de la ^'X^^';;;;^l^^:^^^l^,:\, ,i^,Uanée. -
idimentaires, suivant l'ordre de leur superposition. - Discuter la que.-. .. de leur ap, antion "" <'^ ""' ''';'^;"';"" ,e professeur Bao.... in-^'
r la nature des rapports qu> existent entre l'état actuel du règne ..-.nique et ses états anteneurs », par M. le Profcsseu^^^
iches; i86i
Sme Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences^^^^^^Mémoues présentis par divers Savants à l'Académie des Sciences.
W 8.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 26 août 1902.)
aîE^ïfURES ET COMMUrVÏCATIOIVS
DES MEMBliKS ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pages.
M. le Président annonce à l'Académie que
le Tome CXXXIU des Comptes rendus
(2° semestre 1901) est en distribution au
Secrétariat 361
Sir NoBMAN LocKYER et William Lockyer.
— Variations solaires et météorologiques à
courte période A61
Pages.
Sir Norman Lockyer. — La relation entre
les protubérances solaires et le magné-
tisme terrestre 304
M. Considère. — Étude théorique de la
résistance à la compression du béton
freltc 305
CORRESPOND ArVCE .
M. le Secrétaire perpétuel signale 1' « Atlas
bathymétrique et lithologique des cotes
de France, par M. /. Thoulet >. 369
M. F. Garrigou. — Sur des procédés de
concentration de liquides alimentaires,
et particulièrement du vin 369
Mj\L F. Bordas et Sis. de Raczkow.ski. —
De la traite mécanique, dans l'industrie
laitière 3^,
1\I. E. Grynfeltt. — Structure des corps
suprarénaux des Plagiostomes 3^3
liULLETIN BIBLIOGRAPHIQUK ' 3.^5
lin RATA
376
PARIS. — IMPRIMERIE GAUTHIER
Quai des Grands-Augustins, 55.
VILLARS,
Le Gérant: Gauthier- Villars.
S£P «4 1902
SECOND SE3IESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS,
TOME CXXXV.
N° 9 (1^ Septembre 1902).
i
^PARIS,
GAUÏHIEK-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Augustins, 55.
1902
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS
Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l'Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article ^*^ — Impression des travaux de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un associé étranger de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie
ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans
le Compte rendu à& la semaine que si elle a été remise
le jour même de la séance.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis-
cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca-
démie ; cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'il en soit lait mention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont
ils donnent lecture à l'Académie avant de lés re-
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap-
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'a s
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séancn
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Sava t
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des pers.ni
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d',.
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires
tenus de les réduire au nombre de pages requi
Membre qui fait la présentation est toujours non
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cetE;
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le
pour les arîicles ordinaires de la correspondanct
cielle de l'Académie.
Article 3,
Le bon à tirer de chaque Membre doit être rer
l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plustar
jeudi à 10 heures du matin; faute d'être remis à tei
le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compter
actuel, et l'extraif est renvoyé au Compte rendu
vaut et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus ne contiennent ni planche
figures.
Dans le cas exceptionnel où des figures sera
autorisées, l'espace occupé par ces figures comp
pour l'étendue réglementairer
Le tirage à part des articles est aux frais des
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapport
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative
un Rapport sur la situation des Comptes rendus af
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du {
sent Règlement.
déprsefaTs\^r1S'au\L^rtf,Ïi!s'"" 'h''"'"' !'"'' "''''''''' '''''' ^^'"""^«^ P" ^^'- '^^ Secrétaires perpétuels sont priés d,
ûeposer Secrétanat au plus ta.d le Samedi qui précède la séance, avant 5^ Autrement la présentation sera remise à la séance suivs..
SEP 84 1902
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 1^^ SEPTEMBRE 1902.
PRÉSIDENCE DE M. BOUQUET DE LA GRYE.
CORRESPONDANCE .
PHYSIQUE DU GLOBE. - Sur l'éruption de la Martinique. Note
(le MM. A. Lacroix, Rollet de l'Isle et Giraud, délégués de l'Académie.
« Au moment où nous rentrons en France, nous avons l'honneur de
présenter à l'Académie un aperçu sommaire des résultats de la première
partie de la mission qu'elle a bien voulu nous confier pour l'étude de
l'éruption volcanique de la Martinique :
» Nous avons séjourné à la Martinique du 20 juin au i"-- août, avec une
interruption de trois jours (9 au 11 juillet), consacrés, sur la demande de
M. le Ministre des Colonies, à une rapide visite à la Soufrière de la Gua-
deloupe. , . j ,
„ Nous avons tout d'abord travaillé en commun dans la région de a
Montagne Pelée, puis M. Lacroix a continué exclusivement l'étude du
volcan, pendant que M. RoUet de l'Isle instruisait diverses questions rela-
tives aux ports de la Martinique et que M. Giraud faisait une première
exploration géologique des parties méridionale et orientale de 1 de.
,. Dans les pages qui suivent, nous nous occuperons : 1" des observa-
tions que nous avons faites sur les éruptions de la Montagne Pelée; 2° de
la catastrophe qui a anéanti Samt-Pierre le 8 mai dernier et de la recherche
de ses causes. , ,
« Nous compléterons ces premières données au fur et a mesure de
l'étude des nombreux matériaux (gaz, minéraux, roches, fossiles, objels
divers provenant de Saint-Pierre, etc.) recueillis au cours de notre voyage.
l" Éruptions de la Montagne Pelée.
„ Nous avons réuni les éléments d'un historique chronologique aussi
complet que possible de toutes les manifestations volcaniques antérieures
C. R., 1902, 2« Semestre. (T. CXXXV, N" 9.)
378 ACADÉMIE DES SCIENCES.
à notre arrivée et de celles auxquelles nous avons assisté. Les faits les plus
importants en étant déjà connus de l'Académie, nous en réservons la pu-
blication pour plus tard et nous présenterons seulement ici nos observa-
tions sous une forme synthétique.
» Le cratère. — Il est impossible de donner actuellement des détails
sur la topographie intérieure du cratère; il n'est pas directement abor-
dable, d'une part, et d'une autre, pendant tout notre séjour à la Martinique,
les nuages, enveloppant continuellement le sommet de la montagne, ont
beaucoup gêné nos observations.
» Le cratère est situé sur le revers occidental de la Montagne Pelée et à
une altitude de quelques centaines de mètres au-dessous de l'ancien lac
des Palmistes. Il est bordé par les crêtes du Morne-la-Croix, du Morne-
Martin et du Petit-Bonhomme. Une profonde échancrure en forme de V
s'ouvre vers le Sud-Ouest, au-dessus delà rivière Blanche. Par cette échan-
crure, on distingue un haut talus fort raide, constitué par des blocs de
projection de l'éruption actuelle; grâce à leur incandescence, on les voit
rouler pendant la nuit à sa surface.
» Nous avons, à trois reprises différentes, atteint les falaises qui dominent
le cratère; à l'Est (par l'ancien lac des Palmistes), au Sud-Est (du côté
du Morne-Rouge, par le Morne-Aileron et le Morne-Ponce), et enfin au
Sud (par le Morne-Saint-Martin). Malheureusement, à partir de l'altitude
de 900"", nous avons été enveloppés par le brouillard et, arrivés au terme
de nos ascensions, nous avons dû nous contenter de constater les parois
verticales vers l'intérieur, le dégagement intense d"acide sulfureux et de
vapeur d'eau, et enfin l'extrême abondance des blocs projetés, des bombes
de toutes dimensions, qui, sur ces hauteurs, recouvrent entièrement le sol.
» Lors de l'ascension de l'ancien lac des Palmistes, effectuée le 29 juin,
nous avons trouvé ce lac entièrement comblé par une boue fine et gluante,
de laquelle émergeaient d'énormes bombes d'andésite vitreuse.
M Un violent orage ne nous a pas permis d'atteindre le sommet du
Morne-la-Croix; nous nous sommes arrêtés à une éminence constituée par
une andésite rouge, ayant une altitude de 1270™; nous avons distingué,
dans le brouillard, un sommet un peu j^lus élevé constitué par le Morne-
la-Croix. Quelques jours après (6 juillet), étant mouillés en rade de
Saint-Pierie, à bord du Jouffroy, nous avons vu émerger des nuages, pen-
dant quelques minutes, le point culminant de la Montagne Pelée. Le second
du bâtiment, M. Deville, en a pris la hauteur, qu'il a trouvée de 1353",
c'est-à-dire la hauteur normale du Morae-la-Croix, avec une légère erreur
SÉANCE DU I^"" SEPTEMBRE 1902. 37p
par excès, qui s'explique par les conditions dans lesquelles la mesure a été
faite. Le sommet de la Montagne Pelée n'était donc pas à cette date com-
plètement effondré, comme on l'a affirmé à l'origine do l'éruption. Des
modifications se sont cependant certainement opérées dans le voismage
du cratère au cours de notre séjour. Les photographies de la grande cre-
vasse Sud-Ouest, que nous avons faites à de nombreuses reprises, nous
permettront de préciser la nature et l'importance de ces modifications.
,, Formation de fissures. - L'éruption actuelle n'a été caractérisée par
l'ouverture d'aucune fente béante en dehors du cratère; mais l'existence
de fissures est mise en évidence par les nombreuses fumerolles qui seront
étudiées plus loin. Leur direction générale estî^ord-Est-Sud-Ouest. Le plus
grand nombre d'entre elles sont localisées dans une zone assez étroite,
comprise entre le lit de la rivière Sèche et celui de la rivière Blanche; il est
possible que les fumerolles situées sur le bord de la côte, entre la rivière
Sèche et la rivière de l'habitation Canonville, jalonnent une seconde direc-
tion de cassures secondaires Nord-Nord-Est, coupant la première. Nous
avons constaté que les fumerolles de la rivière Blanche ne sont pas limi-
tées à la terre ferme; elles se prolongent dans la mer. et il n'est pas sans
intérêt à ce point de vue, de faire remarquer que c'est sensiblement
sur leur prolongement que des ruptures di, câble sous-marin ont eu lieu
à 10 milles en;iron de la côte, le 5 et le 3o mai, le 8 juillet Lorsque,
le 1 1 juin, on a relevé le câble rompu le io mai, le goudron de celui-ci
coulait en larmes, bien qu'il fût ramené d'une profondeur de 1200 brasses.
Enfin, le matin du 5 mai, avant la catastrophe de l'usine Guerin (date de
l'apparition des fumerolles dans la vallée de la rivière Blanche) une
.rande quantité de poissons morts a été recueillie à la surface de la mer
dans cette même direction; à la fin de juin, nous y avons nous-mêmes
trouvé, morts sur la côte, de petits poissons plats appartenant a des
espèces qui vivent habituellement vers 200- de fond. .
T Les PRODUITS du vo.c.v.. - D'une façon générale, les éruptions
volcaniques sont caractérisées par deux sortes de phénomènes :
. ^P,.- la sortie explosive de gaz, de vapeurs et de matériaux sihcates
solides ou fondus, plus ou moins volumineux, portés à une très haute tem-
''"'Tpar l'épanchement de ces mêmes silicates fondus sous forme de
^tts::'à';Xit, ce second ordre de phénomènes a n.anqué totalement
.laL Sption actuelle. De nombreux récits publiés parlent de coulées de
38o ACADÉMIE DES SCIENCES.
lave épanchées dans le lit de la rivière Blanche et dans celui de la rivière
Sèche : ce qui a été désigné sous ce nom par des personnes étrangères à la
Géologie n'est pas des coulées de lave, mais des torrents d'eau boueuse
chaude, roulant de gros blocs de roches.
» Comme à l'ordinaire, l'éruption actuelle se signale par des séries
nombreuses d'explosions, parmi lesquelles quelques-unes ont été d'une
très grande violence. Il y a lieu de signaler d'une façon spéciale celle du
8 mai qui a détruit Saint-Pierre et celle du 20 mai qui a parachevé cette
œuvre de destruction, celles du 6 juin et du 9 juillet qui, comme les précé-
dentes, ont donné des manifestations visibles de Fort-de-France. Ces
paroxysmes se sont, comme on le voit, produits à des intervalles inégaux;
ils ont été séparés les uns des autres par des périodes de calme relatif pen-
dant lesquelles les projections de cendre étaient de peu d'importance ou
même nulles.
» Nous allons considérer successivement les produits volatils et les pro-
duits solides rejetés.
» Produits gazeux. — Les poussées de gaz et de vapeur émanées du
cratère ont la forme classique; leur sortie est souvent accompagnée de
grondements ou de détonations. Elles s'élèvent verticalement, souvent à
une grande hauteur, et s'inclinent ensuite dans la direction du vent, qui
venait pendant notre séjour d'une façon presque constante de l'Est-Nord-
E.st. Parfois, elles atteignent la région supérieure des contre-alisés, qui les
entraînent alors vers le Sud. C'est ce qui a eu lieu lors des grandes éruptions
et c'est ce qui a permis aux nuages volcaniques d'arriver jusqu'au-dessus
de Fort-de-France.
» Ces poussées explosives, essentiellement constituées par de la vapeur
d'eau accomjjagnée de gaz, sont, le jour, blanches, rousses ou noires, sui-
vant qu'elles tiennent en suspension une plus ou moins grande quantité de
cendres. On observe par l'ouverture Sud-Ouest du cratère des vapeurs
ayant un aspect un peu différent des précédentes; ce sont des flots d'une
vapeur épaisse, lourde, de couleur sombre, fréquemment cuivrée, qui
roulent sur les talus extérieurs du cratère et jusqu'au fond des crevasses
aboutissant à la rivière Blanche.
» Elles sont probablement constituées par des bouffées de gaz et de
vapeur d'eau très riches en cendre.
» Les vives lueurs qui ont été signalées par les témoins des grandes
éruptions paraissent dues aux matériaux solides {lapillis et blocs) incandes-
cents, projetés avec les gaz et les vapeurs. Nous avons constaté, pendant
SÉANCE DU I*^'" SEPTEMBRE 1902. 38l
les nuits que nous avons passées devant le volcan, des lueurs immobiles
siégeant sur le bord du cratère et provenant sans doute de la réverbéra-
tion des matières incandescentes qui y sont accumulées. Des points lumi-
neux plus brillants et mobiles étaient dus à la chute de blocs projetés,
roulant à la surface des talus du cratère.
M Nous n'avons pas vu personnellement iesy7a/n/?ze5quiont été signalées
par divers observateurs au cours des grandes éruptions.
» Les seules données positives sur les gaz émis par le cratère en même
temps que la vapeur d'eau concernent l'acide sulfureux, dont la grande
abondance est mise en évidence par son odeur suffocante. Il est d'ailleurs
nécessaire d'aborder les crêtes mêmes de la montagne pour les apercevoir
d'une façon absolument évidente.
» Fumerolles. — Par contre, il nous a été possible d'étudier les nom-
breuses fumerolles plus accessibles qui se rencontrent dans la vallée de la
rivière Blanche, depuis son origine jusqu'à la mer, et dans la partie infé-
rieure du cours de la rivière Sèche; elles jalonnent la direction de frac-
tures dirigées Nord-Est-Sud-Ouest dont il a été question plus haut.
» Quelques-unes des fumerolles se rencontrent dans le lit même de ces
deux rivières, et notamment près de leur embouchure. Mais le plus grand
nombre d'entre elles sont disposées, isolées au. par groupes, sans ordre
apparent, dans toutes les parties de la vallée de la rivière Blanche, et plus
au Nord, jusqu'à la rivière située près de l'habitation Canonville. Notons
enfin qu'une fumerolle isolée a fonctionné jusqu'aux premiers jours de
juillet à l'embouchure de la rivière des Pères.
» Toutes ces fumerolles sont, on le voit, distribuées ou localisées sur le
revers Sud-Ouest de la Montagne Pelée; nous parlerons plus loin d'une
fumerolle qui a été observée aux alentours du 20 mai sur son revers Est,
près de l'Ajoupa-Bouillon, mais qui n'a pas fonctionné pendant notre
séjour,
» Les fumerolles que nous avons étudiées se comportent très différem-
ment, suivant qu'elles aboutissent à l'air libre ou qu'elles débouchent dans
le lit des rivières.
» Celles qui se font jour dans les conglomérats volcaniques, au milieu
de la cendre ou dans les fissures du sol ancien, ne donnent relativement
que peu de vapeur d'eau; celle-ci n'est souvent pas apparente au soleil;
mais il suffit d'en intercepter les rayons, en recouvrant l'orifice avec un
morceau d'étoffe, par exemple, pour qu'elle devienne immédiatement per-
ceptible. Ces fumerolles ont, en général, une température oscillant autour
382 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de Too°C. Elles contiennent nne assez grande proportion d'hydrogène
sulfuré, dont la décomposition détermine à l'orifice de sortie des cristalli-
sations de soufre.
)> Des fumerolles plus chaudes accompagnent parfois les précédentes ;
leur température, à o", lo de profondeur à partir de la surface du sol,
est voisine de 4oo° C. Le plomb y fond en effet facilement, alors que le
zinc reste intact; un thermomètre gradué jusqu'à 4io°C. y a été brisé à
bloc. A leur émergence, ces fumerolles donnent d'abondantes cristallisa-
tions de sel ammoniac, accompagné par un peu de soufre et plus rarement
de réalgar.
M Les fumerolles exclusivement sulfurées se rencontrent jusqu'au bord
de la mer; elles sont particulièrement abondantes entre la rivière Blanche
et la rivière Sèche, à environ mi-chemin entre la côte et le cratère. Nous
n'avons observé les fmneroUes à sel ammoniac qu'à partir de 800°* environ
de la côte. Elles deviennent plus abondantes dans la haute A^allée de la
rivière Blanche.
» Les fumerolles dont il vient d'être question, à l'inverse de celles dont
il nous reste à parler, ont nne force ascensionnelle extrêmement faible; on
les voit ramper à la surface du sol sans s'élever; elles fonctionnent sans
interruption.
» Du 22 juin au commencement de juillet, nous avons vu des fumerolles
intermittentes fonctionner avec une grande activité dans le lit de la rivière
Blanche, de la rivière Sèche, et particulièrement à leur embouchure (mais
aussi dans le cours supérieur de la rivière Blanche), ainsi qu'à l'embou-
chure de la rivière des Pères et à celle de la rivière de l'habitation Canon-
ville.
» Ces fumerolles fournissaient une colonne de vapeur d'eau très blanche
qui s'élevait de temps en temps avec une force ascensionnelle assez grande,
donnant de nombreuses volutes qui bientôt redescendaient à la surface de
la mer ou du sol. Le phénomène se compliquait souvent par l'éboulement
des falaises de cendres, de boue et de conglomérats volcaniques encaissant
la rivière, éboulement facilité par l'existence de nombreuses petites fume-
rolles distribuées dans leur masse. La cendre et la boue ayant une tempé-
rature voisine de 100' C. étaient très fluides et facilement entraînées par
les bouffées de vapeur d'eau ; celle-ci constituait alors des volutes plus
denses que les précédentes, teintées de gris ou de rosé.
» Les périodes d'activité de ces fumerolles ne nous ont pas paru liées
d'une façon constante avec les poussées émanées du cratère, car, s'il y avait
SÉANCE DU 1" SEPTEMBRE I902. 383
parfois poussée d'ensemble aux fumerolles et au cratère, dans d'autres
cas leur maximum d'intensité ne coïncidait pas. Dans la semaine qui a
précédé l'éruption du 9 juillet, les fumerolles de la côte avaient beaucoup
diminué d'intensité; elles n'ont presque pas fonctionné jusqu'à la (ïn de
juillet.
» Nous avons pu, à plusieurs reprises, approcher à quelques mètres des
points de sortie des grandes fumerolles des rivières Blanche et Sèche. Ces
rivières coulaient alors étroitement encaissées entre des falaises de con-
glomérat récent, depuis lors à peu près disparues. Nous avons pu voir
la rivière (ou plutôt le petit torrent) s'engouffrer en bouillonnant
dans une cavité de peu d'étentlue située au pied d'une des falaises
qui s'éboulait facilement, rendant ainsi l'eau de plus en plus boueuse. Far
intermittences, une bouffée de vapeur sortait, donnant les volutes décrites
plus haut; elle était parfois accompagnée d'un jet d'eau boueuse. Dans les
fumerolles situées à quelques mètres de la côte, nous avons constaté non
seulement l'engouffrement de l'eau du torrent dans la cavité de sortie de
la fumerolle, mais encore une aspiration de l'eau de mer voisine, aspira-
tion rendue manifeste grâce à la présence, a la surface de la mer, de nom-
breuses épaves de bois qui venaient s'accumuler au point de sortie de la
fumerolle pour en être rejetées ensuite au moment des explosions.
» Emission d'eau boueuse. — : Les crues violentes et subites de la rivière
Blanche et de la rivière Sèche produites au commencement de l'éruption,
sans rapport immédiat avec des pluies, ont fourni une grande quantité
d'eau boueuse noire; elles ont été attribuées à des éruptions boueuses
ayant eu lieu dans les hautes vallées de ces rivières. Nous n'avons pas
assisté à des phénomènes de cette ampleur, mais nous avons pu constater
de faibles irrégularités de débit et, en divers points du cours de la rivière,
des bouillonnements indiquant la réalité d'une arrivée d'eau ascendante
sans dégagement de vapeurs : des fragments de cendre jetés à l'orifice de
ces bouches de sortie en étaient immédiatement rejetés.
» Nous avons pu, en outre, étudier de petites éruptions boueuses au sud
de la rivière de l'habitation Canonville. On voyait encore, dans cette
région, à la fin de juillet, un très grand nombre de petits cônes de boue
grise, parfaitement réguliers, avec une cavité cratériforme tout à fait sché-
matique : leur hauteur atteignait i"". Nous en avons vu sortir, à plusieurs
reprises, des bouffées de vapeur d'eau.
» Enfin, on rencontre aussi en divers points de la région comprise entre
les deux rivières, et notamment au voisinage du groupe de fumerolles
384 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sulfhydriques situé à mi-chemin enlre la mer el le cratère, de larges flaques
de boue grise ou rosée dont la surface est parsemée de petites cavités pro-
duites par la sortie de vapeurs.
» Cause de la variation de température des rivières. — C'est à la présence
de ces fumerolles et de ces sorties d'eau boueuse, distribuées dans leur lit,
qu'il faut attribuer les variations de température de l'eau de ces rivières ;
ces variations sont incessantes : c'est ainsi qu'à quelques heures de dis-
tance nous avons constaté, près de l'embouchure de la rivière Blanche, des
températures de Ç)Çf(Z., puis de 35"C. Un autre jour, à environ 2'"", 5 de
la côte, le thermomètre, plongé au point d'émergence d'une source boueuse,
indiquait 84° C, alors que la température n'était que de 34° C. en amont
et de 65° C. en aval (').
» Cendres. — Les cendres ont été rejetées à chaque éruption, mais la
quantité totale jusqu'au i''' août était en somme assez peu considérable.
Leur dispersion est en grande partie fonction du vent; elles ont été sur-
tout entraînées dans le secteur dévasté compris entre l'îlot de la Perle et
le Carbet; pendant notre séjour, elles étaient surtout rejetées clans la direc-
tion du Prêcheur; il est difficile de déterminer leur épaisseur totale, mais au
Prêcheur, ilans les parties qui n'ont pas été ravinées, il ne semble pas que
celle-ci ait dépassé 25*^'". Lors des fortes éruptions, les cendres ont été
disséminées sur toute l'île. Dans les premiers jours de juillet, on en obser-
vait encore des traces appréciables au nord de la rivière Pilote.
)) Les phénomènes d'érosion ont entraîné très rapiilement ces cendres
dans les bas-fonds ou même à la mer, et l'on peut prévoir le temps très
rapproché oîi il n'en restera plus trace sur les flancs de la Montagne
Pelée, si la poussée éruptive ne se poursuit pas longtemps et ne change
pas de caractère.
» Le grain de ces cendres est assez variable suivant les éruptions et
(') Le 20 mai, on a signalé dans le lit de la rivière Falaise, tout près de l'ancien
camp de Trianon (à quelques kilomètres de l'Ajoupa-Bouillon ), l'apparition d'une
fumerolle qui, à diverses reprises, aurait donné de grandes quantités de boue chaude.
Lors de la crue qui a dévasté (Semai) les usines de Vive, à l'embouchure de la rivière
Capot, dont la Falaise est un affluent, l'eau avait, paraît-il, une température plus élevée
que la normale. Notons en passant que, lors de la dernière crue de la rivière de la
Basse-Pointe, on a indiqué également une élévation de la température de l'eau, phé-
nomène qui peut être dû à la production de fumerolles ou d'émissions boueuses dans la
haute vallée de celte rivière. Pendant tout notre séjour, il ne s'est produit aucune
manifestation de ce genre.
SÉANCE DU l" SEPTEMBRE 1902. 385
nalnrellement suivant la distance au cratère où on les recueille. Tantôt
elles ont été extrêmement fines : tel est le cas de celles du 3 mai, décrites
par l'un de nous; et tantôt elles ont été mélangées de lapillis. La compo-
sition minéralogique et la structure de ces cendres n'ont pas varié
jusqu'au 9 juillet, mais celles qui ont été produites à cette date étaient plus
blanches et plus ponceuses. Ces cendres extrêmement légères, ainsi que
les boues de la partie inférieure de la vallée de la rivière Blanche, étaient,
dans les parties chauffées par les fumerolles, soulevées par lèvent; elles
formaient alors des nuages secs, très épais, courant à la surface du sol;
ceux-ci ont, à plusieurs reprises, beaucoup entravé nos excursions ou même
les ont interrompues.
» Lapillis. — • Tandis que les cendres ont été rejetées fréquemment lors
d'explosions peu importantes, les lapillis n'ont été constatés en dehors du
voisinage immédiat du cratère que dans les grandes explosions. Ils sont
constitués par de petits fragments anguleux d'andésite à hypersthène
(généralement très vitreux, mais riches en phénocristaux), ou par des
fragments de la même roche arrachés à la cheminée du volcan et pro-
venant d'éruptions anciennes.
» Des fragments de i""' ne sont pas rares parmi ceux recueillis au Car-
bet, et exceptionnellement ils y atteignent des dimensions plus grandes.
Des fragments analogues sont tombés jusqu'à Fort-de-France et au Fran-
çois le 8 et le 20 mai.
» Le 9 juillet, le caractère des lapillis a changé; ils sont,devenus moins
compacts, poreux, constitués par de la ponce. Leur aire de distribution
a été beaucoup moins grande que celle des lapillis des grandes éruptions
précédentes. Par contre, les fragments d'assez grande taille sont parvenus
plus loin; des ponces anguleuses de 5*^"' de côté ont été trouvées au Morne-
Rouge. La présence de ces ponces et de cendres blanches a donné, pen-
dant plusieurs jours, un aspect très curieux aux flancs Ouest et Sud-Ouest
de la Montagne Pelée, uniformément couverts d'une couche blanche. Le
peu d'épaisseur de ces cendres et lapillis, joint à leur densité faible,
explique pourquoi, au bout de quelques jours, ces matériaux du 9 juillet
avaient presque entièrement disparu des pentes supérieures de la mon-
tagne (').
(') Ces ponces de l'éruplion actuelle sont très analogues à celles qui constituent le
tuf ponceux. ancien de la Montagne Pelée, mais la couleur de ces dernières est géné-
C. R., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N" 9.) 5o
386 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Bombes. — Des blocs de matière fondue de dimensions variées, mais
pouvant dépasser i"'% ont été projetés par le volcan. On ne les trouve
guère en place qu'à 800™ environ des bords du cratère; ils forment sur
le sol, au voisinage immédiat de celui-ci, une couche continue de blocs
incohérents qui rend parfois l'ascension pénible. Ces blocs ont été souvent
entraînés sur les pentes de la montagne, soit par la simple action de la
pesanteur au moment de leur chute, soit par l'érosion postérieure.
)) Les bombes que nous avons observées le 29 juin dans l'ancien lac des
Palmistes sont constituées par l'andésite à hypersthène vitreuse; elles sont
fragiles et ont souvent un volume énorme; celles, au contraire, que nous
avons recueillies avant le 9 juillet au voisinage du cratère sont d'un gris
noir; leur surface est entamée par de profondes fentes de retrait, indiquant
qu'elles ont été projetées à l'élat pâteux. Elles présentent tous les passages
possibles de l'andésite vitreuse aux blocs de ponce blanche, sans craque-
lures superficielles, qui sont très abondants au milieu d'elles.
)) Conglomérais volcaniques. — Les bombes, les lapillis et les cendres
de l'éruption actuelle entraînés par les eaux dans les dépressions et dans
le lit de la rivière Blanche constituent des conglomérats, les uns essen-
tiellement formés d'andésite vitreuse compacte, les autres de ponce
blanche; nous décrirons ultérieurement les particularités qui les caracté-
risent.
)) Il existe à l'embouchure des rivières Blanche et Sèche un conglomérat
d'une autre nature, raviné par les précédents et (jui s'est produit dans des
conditions différentes. On sait que le 5 mai le barrage de l'étang Sec s'est
rompu, donnant passage à une avalanche de boue et de blocs énormes
qui, renversant tout sur son passage, a détruit l'usine Guérin et les habita-
tions voisines. Les lits inférieurs des deux rivières ont été remblayés par
cet apport de matériaux qui a fait, en outre, avancer le rivage d'environ So™
sur la mer. Des érosions considérables ont depuis lors entamé ce conglo-
mérat et permettent d'en étudier la structure. On le voit reposant sur le
sol ancien raviné; il est constitué ])ar une succession de lits de cendres
grossières, de bancs de gros blocs avec des lits de cendres boueuses, à
stratification torrentielle, puis de gros blocs mélangés sans ordre. La partie
ralement plus ou moins jaunâtre. La partie Sud des mines Saint-Pierre est actuelle-
ment ensevelie par des ponces jaunes anciennes que les pluies torrentielles entraînent
du Moine d'Orange.
SÉANCE DU I" SEPTEMBRE I902. 887
supérieure de la formation, coastituée par les blocs de plus grande taille,
les uns an£;uleiix, les autres roulés, rappelle par son aspect une moraine
glaciaire. Quelques-uns de ces blocs ont une surface polie et sont couverts
de stries ou plutôt de cannelures qui, elles, diffèrent tout à fait des stries
glaciaires et méritent d'être signalées d'une façon toute spéciale. Elles sont
constituées par des surfaces de frottement rcctilignes, dans lesquelles la
roche a été écrasée tout en restant très cohérente. I,a partie extérieure en
est vernissée, plus foncée et couverte de fines stries; elle rappelle les
miroirs de frottement.
» La constitution pétrographique des blocs de ce conglomérat est uni-
forme; tous ceux-ci sont formés par l'andésite poreuse grise ou rouge que
nous connaissons en place dans les parties hautes de la Montagne Pelée.
On n'y trouve aucun bloc de l'éruption actuelle.
» Phénomènes divers consécutifs a l'éruption : Modifications topogra-
phiques. — Nous avons indiqué plus haut que quelques modifications
lojîographiques se sont produites au voisinage du cratère. Nous cherche-
rons à les préciser au cours de notre prochain voyage, qui sera effectué au
cours de la saison sèche.
)) Par contre, on peut affirmer que, en dehors de celles-ci, la topogra-
phie des hautes vallées de la Montagne Pelée n'a pas subi de changements
sensibles. Ces vallées se présentent, il est vrai, avec un aspect totalement
différent de celui qu'elles possédaient avant l'éruption; mais cela tient sur-
tout à la disparition complète de la végétation tropicale qui les couvrait et
masquait en partie leurs ravins profonds. Aujourd'hui, la montagne appa-
raît avec la crudité d'une carte en relief, accentuée encore par des érosions
superficielles. Celles-ci ont fait disparaître sur toutes les hauteurs la terre
végétale et mis à nu le conglomérat ponceux ancien (') qui constitue les
parties superficielles de la Montagne Pelée; il n'est plus que çà et là
recouvert par les cendres de l'éruption actuelle. La zone ainsi dévastée
s'étend sur toute la périphérie du cratère, dans un rayon de 2'''" à 3'"", et
en outre dans un secteur compris entre le cratère, le bourg de Sainte-
Philomène et Saint-Pierre.
» Les parties basses des vallées des rivières Sèche et Blanche, au voisi-
nage de leurs embouchures, ont eu, au contraire, leur topographie entiè-
(') Le conglomérat ponceux, dans ses parties dénudées, présente d'une façon con-
stante de profondes cannelures à surface lisse; elles sont parallèles à la ligne de plus
grande pente et ont été produites par la friction des flots qui ont raboté les pentes.
388 ACADEMIE DES SCIENCES.
rement bouleversée par les avalanches boueuses du 5 mai. Elles ont été
alors entièrement remblayées par le conglomérat décrit plus haut. Depuis
cette date, ces rivières se creusent rapidement un lit dans ce conglomérat
et dans les boues qui l'accompagnent. L'absence d'un thalweg bien défini
dans ces parties comblées empêche l'établissement d'un lit définitif, et nous
avons vu leur embouchure se déplacer fréquemment.
)) Modifications du rivage. — Nous n'avons constaté nulle part d'affaisse-
ment ni d'exhaussement du rivage. A Saint-Pierre, notamment, il ne s'est
produit aucun mouvement appréciable de cette espèce; la topographie et
le tracé de la côte Ouest de l'île, au voisinage du volcan, n'ont subi que
les quelques changements suivants : Le littoral entre la rivière Sèche et
la rivière Blanche, sous l'action des fumerolles, des crues et des change-
ments de lit des rivières dont il vient d'être question, enfin sous l'action de
la vague, subit des variations incessantes qui, d'ailleurs, paraissent surtout
s'exercer aux déjjens des apports datant du 5 mai.
» C'est ainsi que nous avons vu presque complètement disparaître, à la
suite du 9 juillet, les petites falaises formées par le conglomérat de l'usine
Guérin. Nous avons observé depuis lors, à leur place, de petits caps, rem-
placés en quelques jours par de petites baies et vice versa. Des fumerolles
constatées sur le bord du rivage un jour étaient, le lendemain, observées
à la même place, se dégageant sous l'eau de mer (à une profondeur de 6"
à lo"); elles en élevaient localement la température.
» Ces diverses modifications intéressantes à signaler n'ont, du reste,
qu'une minime importance; elles ne s'observent que sur quelques cen-
taines de mètres à peine. Il y a lieu de signaler encore l'élargissement de
l'embouchure de la rivière des Pères et de celle des ruisseaux situés entre
le Prêcheur et la rivière Blanche.
)) Action des rivières lorrcruielles. — Dans toute la région entièrement dé-
vastée, le déboisement est total, toute végétation a disparu ; aussi les pluies
très abondantes, n'étant plus retenues par rien, déterminent la formation
soudaine de torrents violents dont la puissance dynamique est considé-
rable. Ils entraînent tout sur leur passage, d'autant plus que la cendre de
l'éruption actuelle n'offre aucune résistance et que le substratum de la
Montagne Pelée, essentiellement constitué par des tufs et des conglo-
mérats, se prête d'une façon toute spéciale à l'érosion. C'est ainsi qu'à
diverses reprises la rivière du Prêcheur, celle de Basse-Pointe, la rivière
Falaise ont pu rouler des blocs de lo""'.
» Les effets dévastateurs de ces torrents peuvent surtout s'observer à la
SÉANCE DU I*'' SEPTEMBRE 1902. 889
Basse-Pointe, où toutes les maisons des parties basses du bourg ont été
emportées et le lit inférieur de la rivière remblayé par 4".5o de blocs et
de débris de toutes sortes ('). Des phénomènes analogues s'observent au
Prêcheur, dont les maisons sont emportées une à une par des torrents qui
creusent des ravines profondes à travers le bourg.
)) Sur la côte Est, ces torrents ont produit des atterrissements importants
à leur embouchure et ont étendu le delta; de nombreux matériaux ont été
en outre transportés par le courant littoral dans les baies situées au nord
de ces embouchures. C'est ainsi qu'à la Basse-Pointe il s'est formé une
barre de 100" environ, obstruant entièrement la baie, où l'on avait con-
struit récemment un embarcadère et un brise-lames.
» Varialions du fond de la mer. — Des sondages en mer, effectués aux
points où les anciens chiffres portés sur les caries marines permettaient de
contrôler les nouveaux, n'ont mis en évidence aucune modification des
fonds, aussi bien au large que dans le voisinage de la côte. On a vu plus
haut que les ru|)lures du câble semblent indiquer la production de fissures
sous-marines; il est vraisemblable qu'elles se sont produites sans dénivel-
lation sensible, tout comme celles de la terre ferme.
» Ras de marée. — Des mouvements anormaux du niveau de la mer ont
été observés sur les côtes de l'île. Ces mouvements consistaient uniformé-
ment en cinq ou six ondulations successives, séparées par des intervalles
de 5 minutes environ et d'une amplitude décroissante.
» Le plus important paraît s'être produit le 8 mai et a coïncidé, autant
qu'on a pu le constater, avec l'instant de l'éruption. Il a commencé à Fort-
de-France par un retrait de la mer de i"" environ, suivi d'une montée
d'une quarantaine de centimètres au-dessus du niveau moyen. Le phéno-
mène s'est produit également à la Trinité. Il n'a pas été ressenti à la Gua-
deloupe, où des observations sérieuses ont été faites pendant toute cette
période. Il a été plus important à Saint-Pierre, où les bâtiments au moud-
lage ont talonné plusieurs fois et ont été balayés par la lame. Au Carbet,
son amplitude semble n'avoir pas dépassé 2"".
(') Nous avons indiqué plus iiaut que des funieioUes et des sources d'eau boueuse
ont été signalées dans le lit de la Falaise et de la rivière de Basse-Pointe; il est pos-
sible qu'elles aient joué un rôle dans plusieurs de ces inondations subites survenues
avant notre arrivée à la Martinique; mais nous n'avons, à ce sujet, aucune observa-
tion personnelle.
Sgo ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Le 5 mai, il n'a été ressenti qu'à Saint-Pierre et dans les environs
immédiats; il a été plus faible. Des phénomènes analo£[ues ont été con-
statés le 20 et le 26 mai, le 6 juin et le 9 juillet; il faut signaler à part
celui du 7 mai, qui a été observé également à la Guadeloupe et qui ne
correspond pas à une éruption caractérisée : son amplitude n'a pas
dépassé 3o'™.
» Courants. — Du 7 au 10 mai, il a été constaté sur la côte Ouest de l'île
un courant d'une vitesse anormale portant au Nord. Il a été observé au
large par le Poiiyer-Qucnier le 7 et le long de la côte par divers observa-
teurs. Il était assez violent pour causer des remous dans les baies et des
lignes de brisants aux pointes.
M Observations météorologiques, — Baromètre. Chaque éruption a pro-
duit une oscillation instantanée de la colonne barométrique qui, à Fort-
de-France, s'est traduite sur l'enregislreur par un crochet de ("""à 3™"".
Avant et après, la courbe avait sa forme normale ; le trait ainsi tracé est à
cheval sur la courbe, mais la baisse est très supérieure à la montée.
» Celte oscillation n'a été observée que dans les grandes éruptions du
8 mai (baisse de 3""°), du 20 mai (baisse de 2""", 8), du 6 juin (baisse de
i™™,5), et enfin du g juillet (baisse de i™'",3). Le passage des nuages de
cendre au-dessus de Fort-de-France a donné lieu à un abaissement assez
considérable de l'état hygrométrique; l'inverse a eu lieu le 6 juin (obser-
vations de M. Mirville).
» Phénomènes électriques et magnétiques. — En dehors des éruptions
caractérisées, on a constaté dans les environs immédiats du cratère des
phénomènes électriques d'une grande intensité ; ils se manifestaient, comme
cela a lieu d'ordinaire dans des cas semblables, sous forme d'éclairs multi-
pliés. Les poussées de vapeur sortant du cratère au moment des paroxysmes
étaient également à une tension électrique très élevée; il en a été de même
pour les nuages qui sont venus passer sur Fort-de-France (notamment les
6 juin et 9 juillet) et dans lesquels les décharges étaient continues, pré-
sentant toutes les formes connues d'éclairs.
» L'appareil de télégraphie sans fd du Bruix a été impressionné par
chacune des éruptions importantes.
» Tandis que pendant les orages il donne luie série de points isolés,
il a fourni, d'r.près les indications que nous devons à M. le lieutenant
de vaisseau Benoit d'Azy. un trait j)resque continu lors des éruptions
caractérisées.
SÉANCE DU l" SEPTEMBRE 1902. 39 1
» On sait que ries troubles magnétiques ont été constatés dans diffé-
rents observatoires éloignés de la Martinique lors de l'éruption du 8 mai.
» Dans une prochaine Communication, nous nous occuperons spéciale-
ment de cette dernière éruption et de la destruction de Saint-Pierre. »
Cette Note et celles qui suivront seront renvoyées à l'examen de la Com-
mission des Antilles. Cette Commission comprend MM. Janssen, Bassot,
Hatt, Michel Lévy, de Lapparent, Alfred Picard et le Bureau de l'Académie.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les fonctions entières et quasi entières el les
équations différentielles. Note de M. Edmond Maillet, transmise par
M. Jordan.
« M. Borel a introduit ( ') ilans la théorie des fonctions entières d'ordre
fini la notion de fonctions à croissance régulière. Mais il n'a donné aucun
critère pour reconnaître a priori si une fonction entière donnée par son
développement laylorien Chl ou non à croissance régulière. De pareils cri-
tères sont pourlant indispensables au point de vue des applications; nous
avons obtenu les suivants :
» I. Soit
(0 (p(a;)--=J;,r„,r'«
0
une fonction entière d'ordre fini p. On sait (jud y a pour m assez grand une
infinité de coefficients a,„, tels que
m
P
i inférieur à un nombre fini arbitraire aussi prlit qu'on i^eut et positif.
» 5i 0 est un nombre positif qui croît moins nie avec m que /«(log/n)' " — m
(x positif aussi petit qu'on veut, mais fini), el si, sur () coefficients consécutifs à
nartir de a„,, il y en a toujours un tel que ( 2 ), dès que m dépasse une limite
finie, la fonction entière est à croissance régulière.
(') Leçons sur les fondions entières, p. 107.
392 ACADÉMIE DES SCIENCES,
» Sif) croît plus i^'le Oi'ec m que m'^^— 7?? ('Ç ^fini positif aussi petit qu'on
veut) pour une infinité de valeurs de m satisfaisant à (2), dès que m dépasse
une limite finie, la fonction entière est à croissance irrégulière.
» Les dérivées des fonctions entières satisfaisant à l'un de ces deux
critères ont, en même temps que la fonction, leur croissance régulière ou
irrégulière.
» Ceci s'étend aux fonctions quasi entières. Il y a des applications dans
la théorie des équations différentielles :
» II. Les fonctions entières ou quasi entières d'ordre fini, qui satisfont à
une équation différentielle linéaire rationnelle en x, ont leur croissance régu-
lière.
» III. Soit
(3) F(,r,j,/, ...,jW) = o
une équation différentielle dont le premier membre est un polynôme entier en
X, y, y, ..., yf*\ mais qui ne renferme qu'un seul terme en y, y', . . . , ouy^^K
» La fonction P( - ) + ^^ ^a^", oiï l'(x) est un polynôme entier, 'S 0„.r"
une fonction entière de genre fini, ne peut satisfaire à l'équation (3) que
si V 6„a;" est à croissance régulière.
0
» Il en est de même de la fonctionV (x) 4- T' -^ • »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les équations difiérentielles du second ordre
à points critiques fixes. Note de M. R. Liouville.
« En faisant connaître toutes les équations différentielles, à points
critiques fixes, pour lesquelles -r^ est une fonction rationnelle en -^,
algébrique en y et analytique en x, M. Painlevé a signalé, comme dignes
du plus grand intérêt, trois types d'équations dont la solution générale
contient, d'une façon transcendante, les deux arbitraires, de quelque ma-
nière qu'elles soient choisies.
» M. Painlevé ajoutait que ces équations définissent des fonctions
SÉANCE DU ]«■• SEPTEMBRE 1902. SgS
méromorphes, distinctes des transcendantes classiques et ne peuvent être
réduites aux équations différentielles linéaires à coefficients algébriques.
Mais le caractère, en quelque sorte relatif, de cette irréductibilité résulte
des explications détaillées données par M. Painlevé, et la question de
savoir s'il n'existe, au sens absolu des termes, aucun moyen de rattacher
les équations différentielles dont il s'agit aux équations linéaires, ou d'ex-
primer leurs solutions à l'aide des transcendantes classiques, est encore à
résoudre.
» En fail, les équations différentielles à points critiques fixes, de l'es-
pèce indiquée, sont réductibles à des systèmes linéaires et voici comment
la démonstration s'établit pour la plus simple d'entre elles, les deux autres
pouvant être traitées par des procédés tout semblables.
M J'écris ainsi l'équation proposée :
en désignant par \j. un paramètre qui doit demeurer arbitraire, et, posant
-^ = X,, je joins à l'équation (i) celle-ci, qui s'en déduit,
(2) -£^ = 11X^X,-^IJ..
M Le système ainsi composé est un de ceux auxquels convient la forme
générale
( 3 ) dxf,: fd' cc,-"^ /)* dx, dxÀ ^ dx, U' X,' - 2 [^!'l dx, dx,\ ,
déjà rencontrée dans d'autres recherches; les indices peuvent y recevoir
les valeurs i, 2 et 3, et les coefficients /?,'), dépendent à volonté de x^,
07,, ^s- Les équations (3) .sont associées à un système linéaire
( 4 ) ^/^<'' +^P] 'a' ="" ^-^-^ = " ' ^/- - 2 ="' f^-^A = o
et leurs propriétés sont étroitement liées, quel que soit d'ailleurs le choix
des variables.
» Mais, quand l'équation (1), seule, est donnée, le couple d'équa-
tions (3), qu'on lui substitue, n'estpas complètement déterminé. Les rela-
tions identiques
G. 15., I9U2, 2- Semestre. (T. CXXXV, N« 9.) '01
39 'î ACADÉMIE DES SCIENCES.
permettent, en effet, de modifier les éqTialions (i) et (2), sans qu'elles
cessent d'être représentées par des formules semblables à (3) et, par suite,
(l'èlre associées à un système linéaire (/j ) ; il suffit que l'ensemble
(6) ^'■:rJy^p\':^=o,
où z est une fonction de .r,, .t„, x^ ei z"'\ s"'*' représentent -r^ , " — ,
sont .six équations, aux dérivées partielles, ayant quatre solutions com-
munes, dont l'une est une constante.
» Pour qu'il en soit ainsi, les coefficients p''.''i. doivent satisfaire à des
conditions bien connues, qui laissent trois d'entre eux arbitraires. En y
joignant : 1° les deux conditions nécessaires afin que le système (/() soit
associé aux équations déduites de l'équation proposée; 2° une relation
d'api'ès laquelle le jacobien des trois solutions non constantes du sys-
tème (7) est une fonction donnée des variables, par exemple est égal à
l'unité, on définit les coefficients /?J'\' d'une façon complète.
» L'intégration des équations (3) et, par suite, de (i) est ainsi réduite
à celle d'un système liné;:ire.
» En effet, la résolution du syslèuie (7) exige uniquement celle d'une
équation différentielle linéaire du quatrième ordre. Les relations établies
entre x^, x^, x, par le couple associé, qui comprend l'équation pro-
posée, expriment que deux solutions quelconques de (7) s'évanouissent à
la fois.
» La possibilité de rattacher l'étude de l'équation (2) à celle d'une
équation différentielle linéaire est ainsi manifeste; la construction effec-
tive de cette dernière équation e>t uu |)r(>blème assez complexe, auquel
conduit l'analyse précé dente et que j'espère traiter dans une prochaine
Communication.
SÉANCE DU 1*' SEPTEMBRE 1902. SqS
)i Au surplus, l'emploi des coasidérations qui viennent d'être indiquées
n'est pas limité aux équations du second ordre à points critiques fixes;
les cas dans lesquels s'applique une transformation analogue sont
étendus. »
PHYSIQUE. — Éieclrolyse de mélanges de sels. Note de M. Anatole Leduc.
« Je me suis beaucoup préoccupé, au début des expériences sur l'clec-
trolyse de l'azotate d'argent dont j'ai eu l'honneur de communiquer les
résultats à l'Académie ('), des impuretés que pouvaient contenir le bain et
l'anode destinée à le régénérer.
)) M. Férent, directeur du laboratoire d'essais de la maison Lyon-Alle-
mand, a bien voulu préparer spécialement pour moi la quantité d'argent
pur dont j'avais besoin au départ. L'essai a montré que ce lingot renfer-
mait moins d'un dix-millième d'impuretés. Dans les expériences succes-
sives, les anodes étaient formées par le métal recueilli à la cr.thode dans
les opérations précédentes, affiné encore par cela même. Mais, comme on
ne saurait prétendre à la pureté parfiute, j'ai tenu à me rendre compte de
l'influence des métaux étrangers dans le bain.
» Ainsi que j'ai eu l'occasion de le dire ailleurs (-), diverses expériences
sur l'électrolyse de mélanges de sels, et notamment celles de G. Wiedemann
et de M. Bouty, laissaient supposer que les métaux inférieurs à l'argent
dans la classification de Dumas n'auraient qu'une influence très faible ou
négligeable, au moins dans certaines conditions.
» Pour être bien fixé sur ce point, j'ai réalisé deux séries d'expériences,
dans lesquelles j'ai additionné le bain d'azotate d'argent de quantités crois-
sahtes d'azotate de potassium ou de cuivre, de manière que la concentration
totale fût à peu près normale (une valence-gramme par litre).
» Deux voltamètres identiques, placés en série, recevaient : l'un un bain
pur, l'autre le bain impur. S'il se dépose sur la cathode de ce dernier du
potassium ou du cuivre, chaque gramme de ceux-ci prend la place de 3«
environ d'argent : la pesée accusera donc un déficit de 2». D'autre part.
(*) Comptes rendus des 7 el 38 juillet igo'.î.
('■') Rapport présente au Congrès international de Pliysi(|uc réuni à I^aris en iijoo :
Sur L'équivaleiil éleclrochiiniquc de l'argent, etc.
396 ACADÉMIE DES SCIENCES.
chaque gramme de potassium réagissant secondairement sur l'eau donnera
lieu à un déficit de 3^ environ.
» Voici les résultais obtenus avec des cathodes de loo"^"' et des anodes de 18™' :
» 1° Addition d'azotate de potassium. — Que la concentration en azotate de po-
tassium soit o,o5 normale ou demi-normale, avec un courant voisin de i=™p, je n'ai
observé qu'un déficit insignifiant : i dix-millième tout au plus.
» Enfin, avec un bain 0,9 normal en potassium et par suite décinormal en argent,
et un courant de i^^p, le dépôt est spongieux et ne peut être pesé avec précision;
mais si l'on réduit le courant à o»"P,5 le dépôt redevient cristallin et le déficit est
encore inférieur à i dix-millième.
» Il faut en conclure que le potassium libéré par l'électrolyse réagit complètement
et uniquement sur l'azotate d'argent.
» 2° Addition d'azotate de cuivre. — Les résultats sont à peu près les mêmes,
tant que la concentration en cuivre ne dépasse pas la décinorraale. Dans ce dernier
cas, avec un courant de i»™p, la dilTérence des dépôts n'atteint que i™s sur 27?.
» Avec un bain demi-normal en cuivre et en argent, et un courant de o"'°p, 5 seule-
ment, cette différence n'a pas atteint 2 dix-millièmes.
M Conclusion. — On voit qu'il n'y a pas lieu de se préoccuper outre
mesure des quelques millièmes d'imj>Uretés que peut renfermer l'argent
considéré comme pur dans le commerce, lorsqu'elles sont constituées par
les métaux inférieurs à l'argent dans la classification de Dumas. La pré-
sence des métaux supérieurs serait plus fâcheuse. Mais leur proportion
n'est jamais très élevée, et leurs équivalents éiectrochimiques ne diffèrent
généralement pas beaucoup de celui de l'argent; enfin surtout, en raison
de ce qui précède, ces métaux seront éliminés du bain dès les premières
opérations où ils seront employés. »
ACOUSTIQUE. — Classement des accords binaires. Consonances et dissonances
spécifiques. Note de M. A. Gcillemix, transmise par M. Violle.
« Pour tous les auteurs, la dissonance d'un accord binaire apparaît dès
qu'il commence à battre; elle s'accentue quand le nombre des battements
augmente, et alors sa fausseté augmente aussi. En sens inverse, l'accord
devient consonant lorsque les battements tendent à disparaître et de-
viennent assez lents pour qu'on ne les entende plus.
» Dissonance spécifique :
(a) 2AB = aH(m -f- rt).
SÉANCE DU 1*'' SEPTEMBRE 1902. 897
» La formule (a), qui se déduit immédiatement des notions précé-
demment établies, nous montre que, si l'on considère divers accords de
hauteur H et de fausseté a, le nombre des battements B est :
Pour l'unisson i : i, proportionnel à i + 1 = 2,
» l'octave 2:1, » 2+1^3,
» la quinte 8:2, » 3 + 2 = 5,
» la quarte 4^3, » 4 -I- 3 =: 7, elc.
» Il est donc tout indiquéde prendre ces nombres 2, 3, 0,7,.. ., comme
caractérisant les dissonances de l'unisson, de l'octave, de la quinte, de la
quarte, etc., et nous dirons :
» La dissonance spécifique d'un accord — est m-\- n; elle est égale au
, ,1 . , ,, 1 . lrn->r n)^ , (m -\- n)\ , ..
nombre de battements que donne i accord normal ^ . — —^ — ( ;,
quand il est faussé de 2'^.
» En effet, si dans (a) on fait H = A et a = 2, et si nous appelons p la
valeur qui en résulte pour B, il reste
c'est la définition de la dissonance spécifique.
» Consonance spécifique. — Admettons que les battements d'un accord
cessent d'être entendus quand B = ^ par seconde; dans la formule (x)
faisons H = A et B = 5, et appelons c la valeur qui en résultera pour a; il
vient
(y) c = — Η •
» D'où celte définition : La consonance spécifique c d'un accord — est
égale à l'altération que doit subir l'acconl normal pour qu'il fasse demi-
battement par seconde (-).
(1) Dans les Comptes rendus du i5 juillet, pap;e 100, ligne i, au lieu de : « Il y a
d'autres accords dont les centres de gravité ne . . . », lire : « Il y a d'autres accords
normaux dont les M et les N ne ... ».
(2) La consonance et la dissonance spécifiques sont ainsi reliées par la relation ep = i,
comme le sont la conductibilité et la résistance électriques.
SqS académie des sciences.
» Ces définitions permettent de dresser le Tableau suivant
Classement des accords binaires.
Rangs
des Symboles
accords. m:n. Noms.
1 I : o »
II I : 1 unisson
lll . . . . 2:1 octave
IV 3 : I douzième
i 3:?. quinte
(4^1 double octave
V
VI.... -5:1 dixième redoublée . .
!4:3 quarte
5:2 dixième majeure. . . .
6:1 douzième redoublée .
5:3 sixte majeure
9
VIll.
7:'
tierce majeure.
IX 7:2
(8:1 triple octave
X.
Accords
Valeurs
Dissonances
normaux.
en a.
spécifiques.
))
))
I
las-las
0
2
mij-inii
3oi
3
rés-la^
477
4
fa#3-ul#4
.76
1
5
n\.:t.-ul~.
602
\
utj-mij
699
G
sol^-uL.^
125
}
mii-sol^
398
1
!
7
iiti-sol^
77«
fa^-réi
222
l
8
sij-Zaj
845
\
sols-sia
97
1
re2-.«4
544
i
9
Sl,-Sl3
9o3
mi it^-sol'yi
368
si2-ut#3
954
7:3 ?
9: 1 neuvième 2 fois redoublée.
» IV. B. — Les notes en italiques diffèrent un peu des sons qui donneraient l'accord
normal exact.
» Remarques. — I. Pour le moment, nous laissons vide la place qui correspond à
l'accord normal du premier rang. Cela nous permet de représenter par le même
nombre entier et le rang de l'accord et sa dissonance spécifique.
» II. Les musiciens et acousticiens, croyons-nous, eussent classé d'instinct, dans
les rangs II, III et IV, les accords à^inisson, à'octaçe, de douzième; en plus, notre
classement précise leurs dissonances 2, 3 et 4.
» m. Au cinquième rang, nous classons e,r a'quo la double octave 4 ' 1 et la
quinte 3: 2. C'est que, faussés de 2"', ces deux accords donnent 5 battements par
seconde.
» IV. Rien d'extraordinaire dans les rangs VI et VU. Mais le huitième est occupé
par deux accords que l'on sera étonné de trouver réunis. C'est la sixte majeure 5 : 3
et V accord sans nom 7:1. Nous ne les séparons pas, puisque tous les deux donnent
8 battements par seconde quand on les altère de 2"^.
» V. Les surprises continuent dans les rangs suivants. Les accords 7:2, 7:3
viennent se ranger tout naturellement parmi d'autres accords non discutés. Gela prouve
simplement que, au point de vue acoustique, les accords formés avec le nombre 7
ne présentent aucune tare spéciale, et ne se diflerencient en rien des autres accords.
» VI. Il n'est pas nécessaire, pour le moment, de pousser notre classement au delà du
dixième rang. En fuit, les auteurs jiarlent encore, sans insister, des battements de la sixte
SÉANCE DU 1*'" SEPTEMBRE 1902. 899
mnjeurc (\'ni'' rang) et de la tierce majeure (IX» rang); mais ils sont muets sur les
accords de rangs plus élevés. C'est donc qu'ils ne battent pas, ou batlenl trop faible-
ment pour être entendus : alors notre classement, qui est fondé sur la fréquence des
battements, n'a plus aucune raison d'être.
» Comme il y a, malgré cela, dos accords tels que 8 : 5 et 9 : 5, qui occupaient les
rangs XIII et XIV, dont l'oreille apprécie encore la justesse, ce fait devra être expliqué.
» VII. Au point de vue théorique, nous avons éclairci et précisé la loi des nombres
simples, et, au lieu de parler du rapport —, nous disons :
» Sont consoiinnls, c'est-à-dire susccpUbles de halLre quand on les fausse, les accords
pour lesquels on a
m -h /« 1 1 o. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Aciion des fermenls solub'es et de la levure haute sur
le oenliohiose. Remarques sur la curislilution du genlianose. Note de
MM. Ém. Bourquelot et H. Hérissey.
« L'action des fermenls de V AspergUlus, celle de l'invertine et celle de
l'émulsine sur le genlianose (hexotriose) ét;int connues par des recherches
antérieures ('), on pensera peut-être qu'il n'y avait pas lieu d'étudier les
actions de ces agents sur le gentiobiose (hexobiose), celles-ci, semble-t-il,
devant pouvoir se déduire de celles-là. Nous l'avons fait cependant, esti-
mant surtout que nous avions là un moyen de contrôler l'exactitude de nos
précédentes observations. On verra, d'ailleurs, que relativement à l'un
de ces ferments, l'émulsine, toute dédiictitui eût été prématurée.
» 1° Le liquide fermenlaire de /'Aspergillus lirdrolyse complèlemenl le genlio-
biose. — II se fait 2'°°' de glucose, comme en témoignent les pouvoirs rotatoire et
réducteur des mélanges mis en expérience.
» 1° L'invertine n'agit pas sur le gentiohose.
» 3" L'émulsine hydrolyse le genliobose. — L'émulsine a été trouvée sans action sur
le genlianose : a priori, ce ferment devait donc être incapai)!e d'agir sur le gentiobose.
Le contraire a pourtant été constaté.
» Ce fait nous a tout d'abord tellement surpris que nous avons jugé nécessaire de
répéter l'expérience sur le genlianose, en même temps que nous la faisions sur le gen-
tiobiose. Voici les détails de ces essais comparatifs (/ =: 28°) :
Matière sucrée (gentianose ou genlioliiose) i?, 20
Solution ihyraolée d'émulsine (o,5o pour 100) Go"""''
Rotations extrêmes observées au cours de l'ex|)érience (/r=r 2) :
Gciiti.Tnose. Gentiobiose.
Rotation du liquide primitif i"i6' o" 2/I'
Rotation au bout de 94 heures i''22' 104^'
(') Comptes ren,/iis. t. C\X\'I, 21 février 189S, et t. CXXXII, 4 mars 1901.
4oO ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Une action presque insignifiante, mais réelle cependant, car le mélange était
devenu très faiblement réducteur (réduction = os,o3 environ pour la totalité du sucre)
a été observée avec le gentianose. Cette action, qui n'a été manifeste qu'au bout d'un
long temps, n'a pas de rapport avec celle de l'invertine, la rotation droite ayant
augmenté. Elle ne peut s'expliquer que par un dédoublement du gentianose en glu-
cose d'une part, et en sucre de canne ou un sucre analogue d'autre part. Elle est
vraisemblablement produite par un ferment qui se trouve à l'état de trace dans l'émul-
sine des amandes, puisque le genliobiose, au contraire, a été dédoublé rapidement.
» 4° La levure de bière hante ne provoque pas la fermentation du genliobiose.
— L'invertine n'hydrolysant pas le genliobiose, il semble qu'on aurait pu conclure
que la levure haute ne fait pas fermenter ce sucre. Mais nous savons que le maltose,
qui, lui non plus, n'est pas dédoublé par ce ferment, éprouve cependant la fermenta-
tion alcoolique au contact de la levure en question. L'expérience directe était donc
nécessaire.
» On a introduit dans une cloche graduée remplie de mercure et placée sur la cuve
à mercure :
Genliobiose 0,20
Eau distillée 10'"" à n-^"'
Levure haute pressée os, 20
» A titre de comparaison, le même essai a été fait simultanément avec le maltose
et le gentianose ( t = 22° à 23") :
Volume de CO- dégagé avec
Durée ~"^ '-- — ^ —
de la fermentation. genliobiose. maltose. gentianose.
cm' cui^
3 heures 3o minutes o 11, 5 3, 00
28 heures o 37,00 12,75
» Ces résultats montrent nettement, d'une part, que le genliobiose ne fermente pas
au contact de la levure haute, et, d'autre part, que le gentianose ne fermente qu'in-
complètement.
» Ils conduisent, ainsi, à un procédé assez simple d'obtention du genliobiose.
Si, en effet, aux liquides d'hydrolyse incomplète du gentianose, on ajoute de la levure
haute, il y aura destruction du lévulose, et le genliobiose non attaqué n'en sera que
plus facile à isoler.
» Ce procédé appliqué à des solutions résiduelles provenant de diverses opérations
hydrolytiques, solutions riches en lévulose ('), nous a donné très aisément du gen-
tiobiose pur (o(d=:-1- 9°, 56).
» Conclusions : Constitution du gentianose. — Eavisagés au point de
vue de la constitution du gentianose, les faits exposés conduisent à des
conséquences signalées partiellement en 1901, mais qu'il est utile d'exa-
miner dans leur ensemble.
(') Sur le genliobiose, préparation et propriétés du genliobiose cristallisé
{Comptes rendus, l. CXXXV, 1902, p. 290).
SÉANCE DU l" SEPTEMBRE 1902. 4"'
» i" En ce qui concerne l'action de l'invertine. — Jusqu'à l'époque des
recherches que nous venons de rappeler on ne connaissait que deux poly-
saccharides attaqués par l'invertine : saccharose et raffinose. Le gentia-
nose en constituait un troisième et récemment M. Tanret en a signalé un
quatrième : le mannéotétrose. Dans les quatre cas, 1"°' de lévulose est
décrochée. Le phénomène prend ainsi une allure générale, et il semble que
l'on puisse le définir ainsi : Seuls, les polysaccharides renfermant i"""^ de
léndose, reliée à 1™°' de glucose de la même façon que dans le saccharose,
sont attaqués par l'invertine, et cela avec décrochement du lévulose.
» 2° En ce qui concerne l'action de l'émulsine. — Pour hydrolyser
complètement le gentianose, et cette conséquence paraît devoir s'étendre
aux polysaccharides, plusieurs ferments sont nécessaires. Ici, pour un corps
composé de 3""°', il nous en faut deux qui sont : l'invertine et l'émulsine
ou tout au moins un ferment contenu dans l'émulsine des amandes.
» Ce n'est pas tout; nos expériences montrent que les actions fermen-
taires ne sont pas simultanées, celle de l'invertine devant précéder celle
de l'émulsine, puisque celle-ci, qui hydrolyse le biose, est sans action sur
le triose. Emile Fischer a comparé les ferments solubles à des clefs et les
composés sur lesquels ils agissent aux serrures correspondantes. La même
comparaison vaut encore pour donner une idée des phénomènes observés
avec le gentianose. Celui-ci représenterait deux serrures, les deux clefs
étant l'invertine et l'émulsine. De plus, l'une des clefs, l'invertine, enclen-
cherait la deuxième serrure de telle sorte que la seconde clef (émulsine)
ne pourrait agir que quand la première aurait rempli son office. »
PHYSIOLOGIE. — Sur l'action protéoly tique des venins.
Note de M. L. Launoy, présentée par M. Edmond Perrier.
« J'ai eu ces jours-ci connaissance de la Note de M. Delezenne (' ), et à
ce propos je crois devoir rappeler que depuis plusieurs mois je poursuis
des recherches sur l'action zymotique des venins (-).
» 1° Action protéolylique. — En ce qui concerne spécialement le venin des
Ophidiens, j'ai établi que si l'on fait agir, sur une solution de caséine dans l'eau de
(') Delezenne, Sur l'existence d'une kinase dans le venin des serpents {Comptes
rendus, 11 août 1902).
(2) L. Launoy, De l'action aniylo/f tique des glandes salii-aires chez les Ophi-
diens {Bulletin du Muséum, 1902, n- 1, p. 38-4?-). — L. Lal'noy, De l'action pro-
téolylique des glandes salivaires chez les Ophidiens {Bulletin du Muséum, mai 1902,
p. SôS-Syi).
C. R,, 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N° 9.) -^^
4o2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
cliau\ ou sur îles dilutions de sérum de bœuf, une macéralion glycérinée de glandes à
venin de Vipère extirpées asepliquement, le calcul, d'après la méthode de Beckmann,
de la quantité d'azote insolubilisé, montre qu'une légère fraction des albuminoïdes en
digestion est rendue soluble mais rarement peptonisée; j'ai de plus montré que, sur la
fibrine, l'action des venins est semblable, il peut y avoir dissolution partielle mais
jamais peptonisation. Comme l'a fait très justement remarquer M.Delezenne, l'oval-
bumine coagulée ne subit aucune modification sous l'influence du venin des Ophidiens,
pas plus d'ailleurs, comme je l'ai constaté dans des expériences en cours, sous l'in-
fluence des sécrétions venimeuses de Scolopendre et de Scorpion.
» II. Action du venin de Cobra sur les ferments solubles. —J'ai fait connaître
antérieurement les résultats acquis en mettant en présence des solutions de venin de
Cobra, d'émulsine et d'amygdaline ('). Les conclusions auxquelles je suis arrivé sur
le mode d'action du venin de Cobra sur les ferments protéolytiques n'étant pas, dans
les conditions expérimentales où je me suis placé, exactement conformes à celles de
M. Delezenne, je donne ici les résultats obtenus avec la pancréatine.
» Dans cette étude, je me suis servi du procédé indiqué par MM. Bourqueiot et
Hérissey dans leurs recherches des ferments piotéohydrolytiques dans les Champi-
gnons (' ).
» Protocole ex périme niai. — On dispose les essais suivants :
A — A'. — Pancréatine 0,002 -H venin 0,002 + lait dégraissé 20™° + eau saturée
d'éther S"""'.
B — B'. — Pancréatine 0,002 -f- venin 0,002 + lait dégraissé 20="' -f- eau saturée
d'éther 3™'. On porte à 100° et rétablit le volume à 25"'"' avec quantité
suffisante d'eau éthérée.
G — C. — Pancréatine 0,002 -f- lait dégraissé 20*^™' H- eau saturée d'éther 4""'-
D — D'. — Venin 0,002 h- lait dégraissé 10"^' -f- eau saturée d'éther 4°™'.
E — E'. — Lait dégraissé 20""' -t- eau saturée d'éther 5"'"'.
» Toutes ces manipulations ont été faites aseptiquement (^). On a laissé pendant
4 jours à 25° (température du laboratoire fin juin 1902) les essais A, B, C, D et E;
et 8 jours les essais A', B', C, D', E'.
» Les dosages ont été faits sur 12™' du mélange, la caséine non digérée était pré-
cipitée par CfP.COOH; dans les flacons A, B, A', B', D, D' une minime quantité de
globuline provenant du venin s'ajoute au précipité.
» Dans ces conditions, la quantité de caséine digérée pour 100 a été :
^ 76,49 A' 78,70
B o B' o
C 63,67 G' .66,25
T-) 8,65 D' 6,25
E o E' o
(') L. Launoy, Action de quelques venins sur les glucosides. Action du venin de
Cobra sur l'émulsine [Comptes rendus de la Soc. de BioL, 7 juin 1902).
I,-) BouiiQUKi.oT et llÊRissjjv, Sur la présence d'un ferment soluble protéohydro-
lytique dans les Champignons {Bull. Soc. mycol. de France, t. XV, 1899, p. 60-67).
(•') Le venin de Cobra employé m'avait été adressé par iM. le Professeur Calmette,
à qui j'adresse à nouveau mes respectueux reniercimenls.
SÉANCE DU I" SEPTEMBRE 1902. 4o3
» En résumé : i" Si l'on fait agir, à rl(3s températures de 37", V" o» 43",
sur des substances albnminoïdes dissoutes, des solutions de venin de Cobra
ou des extraits de glande venimeuse de Vipère et de parotide de Cou-
leuvre, le venin désintègre la molécule albuminoïde, de telle sorte que
celle-ci reste soluble après addition d'aldéhyde formique (H COH) et des-
siccation à io5° (caséine, albnminoïdes du sérum) ou n'est plus précipi-
table par l'acide acétique (CH-', COOH).
)) 2° Cette désintégration est favorisée par une faible alcalinité du milieu
(neutre à la phénolphtaléine); elle donne lieu à des albumoses à réac-
tion biurétique, précipitées par l'acide nitrique, le chlorure de sodium et
le sulfate d'ammoniaque. L'hydrolyse n'atteint jamais le terme : peptone.
» 3" Si l'on fait agir simultanément, sur une substance albuminoïde en
solution alcaline, une solution de venin de Cobra et une solution de pan-
créatine active, l'action zymotique faible du venin s'additionne à l'action
propre du ferment soluble, sans que celle-ci semble notablement accé-
lérée par la présence du venin.
» 4° I-'CS venins de Vipère (Vipera aspis), de Vive {Trachinus draco),
de Scolopendre (Scolopendra morsitans), et de Guêpe commune ( Vespa
vulgaris) (') en solutions glycérinées thymolées, les venins de Cobra et de
Scorpion (Bt/t/tiis eitropœus) en solutions filtrées à la bougie, se montrent
dépourvus de toute action protéolyticjue sur les substances albuminoïdes
coagulées (ovalbuniine, albuminoïdes du sérum) et sur la fibrine. »
MICROBIOLOGIE. — Sur la difficulté d'isoler le Bacterium coli normal, dans
la dysenterie coloniale. Note de M. Lesage.
« En poursuivant mes études sur la dysenterie coloniale (■) j'ai dû
rechercher le Bacterium coli normal, avec ses caractères bien connus (entre
autres, la coagulation rapide du lait en 24 à 48 heures, l'odeur des cul-
tures, etc.).
(') Je rappelle le travail de Jos. Langeu, Untersuchungen ilber das Bienengift,
2'"' Mitllieilimg (Arch. int. de Pharmacodynaniic, vol. VI, p. 181-194).
(-) Dans celte question si difficile des dysenteries, il est important de préciser les
faits que chaque auteur étudie. La dysenterie coloniale, maladie des pays chauds, est
épidémique ou sporadique; elle présente trois périodes (première période : glaires,
mucus, sang, lavure de chair; deuxième période : boursouflure des matières fécales;
troisième période : diarrhée blanche). L'évolution de la maladie est variable; elle
peut durer quelques jours, quelques semaines, quelques mois; elle est souvent accom-
pagnée d'abcès du foie.
4o4 'ACADÉMIE DES SCIENCES.
» M. Le Dantec a signalé, le premier, la rareté de la présence de ce
microbe dans les matières fécales (ce qui est un fait exceptionnel en Palho-
logie). Cette assertion est vraie dans son sens général; cependant il est bon
de spécifier, dans cette étude, la période de la maladie.
» Ainsi, à la première période, 6 fois sur 26, j'ai constaté la présence du microbe
normal; à la seconde période, 18 fois sur 63. Dans le reste des cas, le microbe était à
l'état de /J«/'«co/« (perte de l'odeur, absence de coagulation du lait, même après un
long temps).
» Dans la troisièoie période, j'ai toujours constaté la présence du B. coli normal.
» J'ai recherché les causes de la transformation du B. coli normal en paracoli. En
voici une, d'après l'étude des 10 paracoli que j'ai rencontrés à la première période de
la maladie. La culture paracolienne paraît absolument pure, mais ce n'est qu'une
apparence. En effet, après une série d'isolements très minutieux et après un ou
plusieurs passages sur les animaux, j'ai remarqué que la culture contenait deux
microbes : une pasteurellose (') et \& paracoli. La culture paracolienne, ayant une
végétabilité très grande par rapport à la première, la recouvre et la masque. En pre-
nant la culture paracolienne ainsi isolée et en lui faisant subir plusieurs passages sur
pomme de terre, j'ai noté que l'odeur colienne réapparaît et que le lait subit la coagu-
lation d'abord lente, puis rapide.
M he paracoli devient £. coli normal. Cette transformation est plus ou moins rapide
suivant la qualité de la pomme de terre.
» Ce B. coli normal ainsi obtenu est mis de nouveau au contact de la pasteurellose,
soit sur gélose, soit dans le péritoine de cobaye : il se transforme en paracoli.
» Moyens d'isolement. — a. Isolement très minutieux et répété plusieurs fois sur
plaque de Pétri (gélose et gélatine). La pasteurellose a des cultures fines et petites
avec ses caractères spéciaux. Les cultures du paracoli sont plus épaisses et plus
grasses et possèdent les caractères connus.
» Il est bon de remarquer que, si la culture de la pasteurellose contient par mégarde
quelques éléments paracoliens, ceux-ci envahissent bientôt le milieu et masquent de
nouveau le cocco-bacille.
» b. Inoculation intra-péritonéale de la culture initiale à plusieurs cobayes. On tue
de deux heures en deux heures. La pasteurellose passe d'abord seule dans le sang de
l'animal, puis le paracoli passe à son tour, si bien qu'après la mort naturelle de
l'animal la culLuie du sang est de nouveau impure, à des degrés variables, suivant la
végétabilité du paracoli.
» c. Inoculation de la culture initiale sous la peau du lapin. Toutes les 6 heures on
fait une prise au point d'inoculation et l'on isole.
» Une culture impure, et il est difficile de reconnaître l'impureté, reprise plusieurs
fois sur pomme de terre aura des caractères différents de ceux que présente la culture
laite de gélose en gélose. Dans le premier cas, le B. coli normal est isolé à la longue;
dans le second cas, la culture contient les deux microbes.
» La connaissance de ces faits m'a permis de ne pas attribuer au B. coli
(') Société de Biologie, 1 4 juin 1902.
SÉANCE DU I" SEPTEMBRE 1902. 4o5
normal, passagèrement paracoli, des caractères que ce microbe ne possède
pas et qui relèvent de la pasteurellose sous-jacente. D'autre part, la
question de l'agglutination pour la pasteurellose est difficile à juger,
d'autant que, déjà dans les cultures, elle a une tendance normale à se
mettre en amas et que le sérum normal humain augmente cette ten-
dance. »
PATHOLOGIE ANIMALE. — Trailemenl préventif de la clavelée.
Sérum anticlaveleux . Note de M. F.-J. lîosc.
« Dans une Note du 26 avril 1902, à la Société de Biologie, j'ai montré
que l'on pouvait obtenir des substances immunisantes capables de permettre
un traitement préventif de la clavelée.
» Duclert avait montré, il y a quelques années, que le sérum de moutons
guéris de la clavelée est doué, à doses élevées, de propriétés préventives;
ses résultats avaient été contestés en particulier par M. Nocard.
» Celte année même, après avoir démontré la virulence du sansf du
mouton claveleux (^Comptes rendus de la Société de Biologie, février 1902),
j'ai pu penser logiquement que le sang renfermait le virus claveleux figuré
et ses produits de sécrétion, et aussi que le sérum des agneaux guéris
devait renfermer des substances immunisantes; enfin, que ces substances
devaient être d'autant plus abondantes que l'infection avait été plus
intense.
» I. J'ai repris les expériences de Duclert, en me servant du sérunx à^agneaux
hyperinfeclés et qui, grâce à une résistance naturelle plus considérable, avaient guéri :
elles m'ont montré que l'action préventive s'exerce toujours, et non seulement avec
des doses considérables, mais avec 3o'^"' et 20'^'"'. L'action de ce sérum était seulement
variable au point de vue de l'intensité de son action : parfois elle entraînait une immu-
nisation totale; le plus souvent, elle empêchait l'éruption généralisée. Et si même,
dans ce dernier cas, on sacrifiait l'animal à la fin de l'éruplion locale, on pouvait con-
stater, alors qu'il n'y avait aucune trace d'éruption à la peau, la présence de plusieurs
ou d'une seule pustule pulmonaire sous-pleurale. On conçoit toute l'importance de
cette constatation, au point de vue pratique.
» Dans cette première série d'expériences, j'ai été amené à abandonner le mouton
comme sujet d'expérience; il ollre en effet une résistance trop grande et trop variable
au virus claveleux, pour qu'on puisse mesurer l'activité d'un sérum préventif. J'ai
pris, et il est indispensable de prendre comme réactif l'agneau né de mère non
cla^'elisée, qui est d'une très grande sensibililc.
» II. Dans une deuxième série d'expériences, j'ai recherché si le sérum des
animaux hyperinfectés, soignés peu de temps avant l'apparition de la période agonique,
ne possède pas de propriétés préventives. J'avais constaté, en eÛet, au cours de
4o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
mes expériences sur la virulence du sang, que certaines injections sous-culanées de
sang incoagulable d'agneau claveleux, qui avaient été insuffisantes pour déterminer
la clavelée, avaient immunisé l'animal contre cette dernière. Une étude systématique
a montré que le sérum d'un animal recueilli à une période avancée d'une clavelée
liypervirulente est préventif à la dose de 20""' pour l'agneau sain.
» Recherchant si les principes vaccinants étaient totalement enfermés dans le sérum,
j'ai vu que, si l'on rend le sang incoagulable et qu'on le filtre à la bougie d'amiante ou
de porcelaine, on obtient un plasma d'un quart ou d'un tiers plus actif que le sérum.
» m. Etant donnée l'action préventive énergique du sérum ou du plasma des agneaux
hyperinfeclés et après avoir vérifié que celte action était d'autant plus énergique que
les lésions claveleuses avaient été plus intenses, j'ai procédé de la façon suivante :
» Un agneau est inoculé avec un claveau hypervirulent, par 20 scarifications sur
chaque flanc et par 4 injections sous-cutanées dans les aines et les aisselles aboutissant
à d'énormes tumeurs, puis à une éruption généralisée intense à la peau et à tous les
organes. A ce moment on recueille 4oo™' de sérum, et on l'inocule à un animal neuf
en même temps qu'on lui injecte, au bout de 24 ou 48 heures, toute la substance des
lésions claveleuses recueillies sur l'agneau hyperinfecté. Il est important de ne pas lui
inoculer seulement la lymphe, mais les produits de raclage, puis de broyage des
lésions (sur toile métallique), /titrés par pression sur un linge stérilisé.
» On obtient ainsi une immunisation partielle ou totale (qui empêche la mort de
l'animal inoculé) et une saturation de celui-ci par la pulpe claveleuse. On recom-
mence à plusieurs reprises les inoculations de sérum et de claveau. Après plusieurs
traitements semblables, l'animal présente un claveau hy per préventif . Mais, même
avec ce sérum, si l'on a soin de se servir de l'agneau comme réactif, on constate que
les résultats peuvent être variables, suivant l'animal préparé ou suivant l'agneau ino-
culé préventivement, et, au lieu d'une immunisation totale, on n'obtient qu'une hémo-
immunisation (la pustule locale évolue le plus souvent très atténuée, mais il n'y a
pas d'éruption généralisée).
» C'est pour ce motif que j'ai commencé par indiquer, dans l'étude de l'action
préventive, la partie certaine dans tous les cas : V hémo-immunisation, me réservant
de revenir sur l'immunisation totale.
» On peut encore augmenter l'activité du sérum préventif en inoculant à un animal
neuf du sérum hyperpréventif et du claveau en abondance, tous les 3 jours.
)) IV. Mais le sérum préventif n'est pas fourni par le mouton avec une assez grande
abondance pour rendre le procédé pratique.
)> Dès janvier 1902, je me suis adressé systématiquement à Vâne, animal réfrac-
taire à la clavelée, et je lui ai inoculé alternativement de hautes doses de sérum
hyperpréventif du mouton et des quantités énormes de pulpe claveleuse, jusqu'à 20""°
par jour pendant 1 5 jours.
» J'ai obtenu un sérum préveiitif suffisant entre lo"""" et 20'"', mais je
suis arrivé, de|juis ma Communication de février 1902, à la Société de
Biologie, à une méthode que je me réserve de faire connaître ultérieure-
ment et qui, appliquée encore à l'àne, donne de meilleurs résultats et
permet d'obtenir un sérum très actif et en grande quantité. »
SÉANCE DU l*"' SEPTEMBRE ig02. [\0-]
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Résullals pliysiques, chimiques el pratiques
de la concentration du vin. Note de M. F. Garrigou. (Exlrait.)
« J'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie, dans sa dernière séance,
divers résultats de mes recherches sur la concentration du vin, commen-
cées en 1872. Je me propose aujourd'hui de faire connaître quelques dé-
tails qui éclairent la question, tant au point de vue scientifique qu'au
point de vue pratique.
» Afin d'obtenir des produits irréprochables, il faut choisir, pour les
concentrer, des vins absolument naturels. Le vinage, l'addition d'acide tar-
trique, de plâtre, d'acide sulfurique, etc., constituent des falsifications qui
peuvent avoir des effets déplorables, hygiéniquement et industriellement.
)) Ces additions se reconnaissent, du reste, avec facilité dans une opéra-
tion préalablement faite sur 10' du vin à concentrer :
» 1° Le village. — Il fournil, lorsqu'il a été fait avec des alcools défec-
tueux, une plus grande quantité d'alcools lourds que le vin parfaitement
pur.
» 2" V addition d'acide tartrique. — Dès que l'on dépasse la concentra-
tion à moitié, l'acide tartrique commence à se déposer lorsque l'on en a
ajouté au vin, et le dépôt devient très abondant lorsque la concentration
est poussée beaucoup plus loin. Cet acide tartrique et les tartrates ne .se
redissolvent plus lorsque, par l'addition de la quantité voulue d'eau et
d'alcool, on cherche à rétablir le vin type (le vin primitif). Dans certains
vins, surtout des vins d'Espagne, il se produit, dans ces conditions, une
véritable boue.
» 'à" Addition de plâtre. — Si cette addition a été considérable, le vin con-
centré devient très fortement acide, et il se dépose en abondance un
mélange de sulfate de chaux et de sulfate de potasse. Le microscope les
décèle nettement. L'acidité causée parla production d'acide sulfurique est
également décelée avec certitude, ainsi que je vais le démontrer.
» 4° Addition directe d'acide sulfurique. — Il m'est arrivé, dans l'opé-
ration préparatoire pour la concentration, de trouver des vins présentant,
au sujet de l'acide sulfurique, des réactions qui n'ont jamais été indiquées
et que je dois signaler ici.
» Je commence par me procurer, ilans le pays d'où vient le vin à
concentrer, du vin absolument naturel. Appelons ce vin : vin A, et nous
donnerons, au vin à concentrer, le nom de vin B.
» Ces deux vins sont mis dans deux capsules de platine ou de porcelaine,
4o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
et évaporés au bain-marie; leur extrait est desséché dans le vide à une
température assez élevée (i5o°), puis on les calcine avec précaution (').
» Eœlraà de A. — Cet extrait est acide. A la calcination il ne présente
pas de vapeurs blanches, et les vapeurs, reçues sur un vase refroidi, sont
légèrement acides.
» Extrait de B. — Cet extrait est très fortement acide.
» 1° A la calcination il dégage des vapeurs blanches qui, en se conden-
sant sur un vase refroidi, donnent un liquide d'une acidité énorme.
» 2° Si l'on concentre ce liquide, après avoir lavé à la pissette les parois
du vase refroidisseur, on obtient sur ce liquide la réaction de l'acide sulfu-
rique.
» Ce n'est qu'après avoir ainsi étudié les vins à concentrer (^) qu'on
peut être sur de leur pureté; et les soumettre à la concentration, alors
seulement, constitue une opération aussi correcte hygiéniquement qu'in-
dustriellement.
» La concentration du vin, opérée avec des vins naturels et choisis,
fournit des produits irréprochables, souvent meilleurs que les vins qui ont
servi à cette concentration.
» Elle peut permettre : i° de sauver des récoltes qui se perdraient par
défaut de matières toniques et d'alcool, en doublant ou en triplant ces ma-
tières; 2° de pasteuriser complètement le vin soumis à la concentration;
3° de produire d'excellents vins de coupage, ainsi que je l'ai dit dans ma
lettre ouverte, aux députés, du 20 décembre rqoi ; 4° de diminuer la vais-
selle vuiau-e; 5° de faciliter les transports de vin, en en réduisant le prix ;
6° d'ahmenter plus facilement les colonies et les pays étrangers qui man-
quent de vin. Elle peut être de première utilité pour les explorateurs, pour
1 armée en campagne, pour la marine, etc. »
La séance est levée à 3 heures et demie.
G. D.
(■) Cette calcination peut s'opérerde diverses manières, pour conserver les produits
qui se volatilisent. ^
C) Les procédés que je viens de donner ne sont pas les seuls à employer. J'en utilise
d autres. ^ ''
On souscrit à Paris, cho/. GAUTHIER-VILLAUS,
Quai des Grands-Augustins, n° 5j.
o,. , rnMPTrc; RENDUS hebdomadaires paraissent réguHeremenl le Dimanche. Us forment, à la fin do l'annco, deux volumes in-4". Deux
Vne par'ofrilpfabSue d'e maSres, Fautr' par ordre a.„.K,bo,i,ue de noms d'Au.c.rs, terminent chaque volume. L'abonnement e. annuel
,U i" Janvier. ^^ ^^.^ ^^^ l'abonnement e fil fixé ainsi qnil suit :
Paris : 20 fr. — Départements : 30 fr. — Union poslalc : 34 fr.
On souscrit, dans les Départements,
Lorient.
Lyon.
Montpellier
moulins . . .
cbei Messieurs :
Ferran frères.
i Chaix.
( Jourdan.
f Ruff.
Courlin-Hecquet.
( Germain etGrassin.
i Gastineau.
Jérôme.
i , . Régnier.
, Feret.
■X i Laurens.
I iMuller (G.).
Renaud.
i Derrien.
\ F. Robert.
" j Oblin.
! Uzel frères.
Jouan.
iry Perrin.
i Henry.
"S j Marguerie.
\ Juliot.
nl-Ferr.. . . _
I Bouy.
Nourry.
Ratel.
'Rey.
\ Lauverjal.
! Degez.
( Drevet.
''*' i Gralier el G".
■helle Foucher.
^ Bourdignon.
'''^ ( Dombre.
Thorez.
Quarré.
BLES GÉNÉRALES DES COMPTES
Tomes 1" à 31
Tomes 32 à 61.
Tomes 62 à 91. —
Tomes 92 à 121. — (i
chez Messieurs ■.
( Baumal.
i M"' Texier.
;' Bernoux el Cumin.
\Georg.
^, Effantin.
I Savy.
I Vilte.
Oc souscrit, à l'Etranger,
Marseille R«al-
( Valal.
I Goulet et fils.
Martial Place.
/ Jacques.
! Grosjean-Maupin.
I Sidol frères.
chez Messieurs :
( Feikema Caareisen
Amsterdam „. gii
Athènes Beck.
Barcelone Verdaguer.
I Asher et C".
1 Dames.
^«'''"' Friediander et fils.
( Mayer el Millier.
Berne Schmid Francke.
Bologne Zanichelli.
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Sotchek et G".
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Budapest Kilian.
Cambridge Deighton, BellelO".
Christiania Gammern.eyer.
Conslantinople. ■ Otto Keil.
Copenhague Host et fils.
Florence Seeber.
Gand Ho^te.
Gènes
chez Messieurs
I Dulau.
Londres Hachette et C"
' Nuit.
V. Biick.
Laxembourt; .
Madrid .
Rui/. et G".
I Roino y Fus
I Gapdeville
F. Fé.
,el
liucharest
'•lilan .
iXaples.
i Bocca frères.
j Hœpli.
Moscou Tastevin.
Margliieri «li Uiu^
Pellerano.
Dyrsen el PfoilTcr.
New- fork , Slechert-.
Lemckeel Bucchncr
Odessa Rousseau.
Oxford Parker et C*.
Palerme Reber.
Porto Magalliaès et M.niii
Prague RIvnac.
Rio-Janeiro Garnier.
) Bocca frères.
^<""« iLocschcretGv
Rotterdam Kramers el fil».
Stockholm Nor(cc,Y,z), Z = y(.r,y,z.)
aux droites de l'espace. Convenons de dire rpie les systèmes (2) qui
répondent à cette condition sont de l'espèce D. Tous les systèmes (2) de
Tespèce D dépendent de trois fonctions arbitraires de .r, y, z; étant donné
un système (2) algébrique, on sait reconnaître algébriquement s'il est de
l'espèce D, et son intégration équivaut alors à celle d'une équation linéaire
(ordinaire) du quatrième ordre, à coefficients algébriques.
» Ceci posé, M. Liouville écrit l'équation (i) sous la forme
et il cherche à déterminer un système (2) de l'espèce (D) qui soit consé-
quence de (3). Pour qu'un système (2) soit conséquence de (3), deux
conditions sont nécessaires : comme les systèmes (2) de l'espèce D dé-
pendent de trois fonctions arbitraires, M. Liouville assujettit ces fonctions
à une relation supplémentaire et arrive à cette conclusion qu'on peut
remphcer a/ge'briqiiement le système (3) j)nr un svstème (2) de l'espèce D ;
autrement dit, l'intégration de (3) équivaut à celle d'une équation linéaire
(ordinaire) du quatrième ordre, à coefficients algébriques.
)) Pour comprendre que cette conclusion ne saurait être exacte, il suffît
de remarquer que le raisonnement siibsiste sans modification quand on
remplace le système (3) par un système quelconque de la forme
(4) '^,=m(ar,y,z), ~ =^(x,y,z), (M, N algébriques en a;, y, :;).
Toute équation différentielle {algébrique) du second ordre serait donc réduc-
tible à une équation linéaire {algébrique) du quatrième ordre : résultat
évidemment inadmissible.
» En réalité, ce que démontre M. Liouvill», c'est que toute congruence
de courbes (gauches ou planes), définie par un svstème (4), est réduc-
tible par une transformation j)onctuelle à une congruence de droites. Mais
celle réduction est j)ossible d'une infinité de façons, et le calcul d'une
transformation de passage équivaut ci l'intégration du système (4).
)) Si l'on effectuait les calculs indiqués par M. Liouville pour déterminer
les systèmes (2) de l'espèce D qui sont conséquences de (3), on trouverait
que les coefficients de ces systèmes dépendent d'un système d'équations
SÉANCE DU 8 SEPTEMBRE 1902. /Jl^
aux dérivées partielles à trois variables indépendantes (r, v. z), dont la
solution générale renferme une fonction arbitraire de x, y, :-, et quatre
fonctions arbitraires de deux variables. L'intégration de ces systèmes
revient à celle de l'équation (i), et réciproquement. La réduction indiquée
par M. Liouville est donc purement illusoire.
» 2. Je voudrais, à cette occasion, insister sur le caractère de Virréduc-
tihilité de l'équation (1) et des transcendantes uniformes y{x) qu'elle en-
gendre. J'ai montré que ces transcendantes sont essenliellernenl nouvelles.
Autrement dit, elles ne sauraient être des combinaisons explicites (si
compliquées soient-elles) des transcendantes uniformes classiques (fonc-
tions elliptiques, abéliennes ou dégénérescences, intégrales d'équations
linéaires à une variable, à coefficients algébriques). Par exemple, ,>'(•»;) ne
saurait être une fonction algébrique de plusieurs solutions d'équations
linéaires (ordinaires) à coefficients algébriques, non plus qu'une combi-
naison algébricpie de fonctions 0, où les arguments seraient rem|)lacés par
des fonctions elliptiques de x, ou par des solutions d'équations différen-
tielles linéaires (algébriques), etc. J'ai été conduit ainsi à une définition
de Virréductibili/é des équations différentielles, définition qui s'impose
dans ce genre de recherches, mais qui est plus restreinte que celle qui
convient dans l'étude de V intégration formelle (^^). J'ai déjà signalé cette
distinction ; mais j'indiquerai ici très explicitement comment se pose le pro-
blème de \a réductibilité formelle pour l'équation (i). Des remarques ana-
logues s'appliquent aux deux autrt^s tvpes (]ue j'ai énumérés.
» 3. La définition la plus générale et la plus rationnelle qu'on ait
donnée de l'irréductibilité d'une équation différentielle est celle de
M. Drach, que je rappelle en me limitant an système (4). Soient u {x, y, =),
v(^x, y, z) deux intégrales premières distinctes de (4); elles vérifient le
système
(S) ^ -f- M , - + N^ = o, ;t- -H My- +N^ = o.
^ '^ ôx dy ôz ax oy Oz
» Le système du deuxième ordre (4) est dit réductible quand on peut
adjoindre au système (S) au moins une érpialion (algébrique) aux dérivées
(') C'est ainsi que les (■([uaLions du troisiénu» ordre, qui définissenl les fonctions
fuclisiennes, engendrent des transcendantes miilVirnies essentiellement nouvelles, bien
qu'elles se ramènent (en permulant le rôle de la fonction et de la variable) à une
équation de Kiccati.
4l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
partielles en w, v, x,y, s qui soit compatible (') avec (S) sans être une consé-
quence de (S). Dans ce cas, il existe, non pas un seul, mais une infinité de
systèmes d'équations (algébriques) aux dérivées partielles en u, v,.x,y\z
telles que chacun d'eux admette des solutions », v de (S) sans les admettre
toutes. Mais, parmi ces systèmes 2, il en est un, soit i,, d'ordre différen-
tiel minimum; toutes les solutions u, v de ce svstème se déduisent d'une
quelconque d'entre elles «,, v^ par les transformations
d'un certain groupe Y (fini ou infini). Ce système 2, et le groupe T cor-
respondant, qui ne sont définis qu'à une transformation ponctuelle près
en u, r, caractérisent la difficulté de l'intégration formelle de (4). C'est ce
groupe r que M. Drach appelle le groupe de rationalité de (4). Étant
donné un système (4), le problème fondamental qui se pose au point de
vue de l'intégration formelle, c'est la détermination du groupe de ratio-
nalité.
» 4. Appliquons ces généralités à une équation de la forme
(^) i^^'' J^^'^i^'^y) (R algébrique en a;, j).
» Une telle équation n'est pas irréductible, au sens de M. Drach, car
elle admet comme dernier multiplicateur l'unité. Ceci revient à dire qu'on
peut substituer au système S le système
du du du
. , , ~ . , R = o,
d.T à y dz
àv du
dv du
dv du
dv du
d.r dz
dz dx —
■*' t
dy dz
dz dy
(2)
. .1 ' dv dv dv -, _ , .. . .
qui entraîne la conséquence -5 — hj^ = -l--r:R = o. Les solutions (», c)
de S se déduisent d'une quelconque d'entre elles (;/,, c, ) parles transfor-
mations du groupe infini //^©(m,, c, ), t' = ij^(?/,, c,), où cp, ij/ sont deux
fonctions quelconques dont le jacohien est égal à i. Ce groupe G est le
groupe de rationalité d'une équation (5) non exceptionnelle (- ).
(') J'entends par là que le système S fornaé par (S) et les relations supplémentaires
admet au moins une solution u, v où u, v sont deux fonctions distinctes de x, y, z.
(-) Il faudrait, en toute rigueur, démontrer que le groupe de rationalité d'une
équation (5) prise au liasard n'est pas un sous-groupe de G. Mais la chose ne paraît
pas douteuse ni difficile à démontrer.
SÉANCE DU 8 SEPTEMBRE 1902. 4» 5
» La question qui se pose pour l'équation (i) est donc de savoir si sou
groupe de rationalité F coïncide avec le groupe G ou avec un sous-groupe
de G. A priori, il n'est pas impossible que ce grouper soit fini, par exemple
soit le groupe linéaire; dans ce dernier cas, deux intégrales premières u, v
de(i) seraient données par un système d'équations aux dérivées partielles
dont l'intégration équivaudrait à celle d'une équation linéaire du deuxième
ordre, suivie de quadratures. Ce qui est certain, dans tous les cas, d'après
ce que j'ai démontré, c'est qu'aucune intégrale première u(x,y,y)
de (i) ne saurait être algébrique, soit enj', soit en j.
M La connaissance du groupe de rationalité de l'équation (1) (si tou-
tefois ce groupe ne coïncide pas avec G) serait très importante pour l'étude
des propriétés des transcendantes y{x). Malheureusement, le problème
qui consiste à trouver le groupe de rationalité d'une équation différen-
tielle donnée (algébrique) est bien loin d'être résolu. Il faudra donc, pour
déterminer le groupe de l'équation (i), ou beaucoup d'invention, ou beau-
coup de bonheur.
» Quel que soit d'ailleurs le résultat auquel on parviendra par la suite,
deux points sont dès maintenant acquis :
» 1° Les intégrales y{x) de l'équation (i) sont des transcendantes
uniformes essentiellement nouvelles;
)) 1° Les propriétés de ces intégrales, leur caractère méromorphe, leur
représentation, etc., ont été établis directement sur l'équation même;
autrement dit, cette équation a été intégrée (au sens moderne du mot)
à l'aide de la théorie des fonctions, sans qu'on sût effectuer d'aucune façon
son intégration formelle. »
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Étude expérimentale de la résistance
à la compression du béton fretté. Note de M. Considère.
« Pour vérifier l'exactitude des considérations développées dans la
Communication précédente, j'ai fait des expériences, à Quimper, en 1901,
«ur de petits prismes de mortier et, à Paris, en 1902, sur de grands prismes
rr
de béton. Toutes ont confirmé qu'il faut multiplier par- = 2,4 le poids
d'un frettage pour déterminer le poids des armatures longitudinales qui
donneraient la même résistance à l'écrasement.
» Comme exemple de la résistance élevée que donne le frettage, on
citera un prisme de mortier dosé à 433'^^' de ciment par mètre cube de sable
4l6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
et armé de spires hélicoïdales dont le volume n'était que les o , o34 de celui
du prisme. Il a porté 740'"^ par cenlimèlre carré de section initiale sans
s'écraser. A poids égal, le fer percé de irons de rivets ne porte pas plus.
» Pour vérifier les conclusions relatives à l'élasticité, on a représenté
graphiquement les résultats des essais des prismes énumérés ci-après qui
avaient iS"™ de diamètre et étaient formés d'un très médiocre béton dosé
à 3oo''S de ciment pour o""', 800 de gravier et o""', 4oo de sable avec un excès
d'eau qui en a empêché le pilonnage énergique :
» A. Prisme témoin non armé qui a porté ^l\^^ par centimètre carré;
» B, C. Prismes armés de spires de 6""", 27, 4""", 27 espacées de 3o""",
1 5°"" ;
» D, E. Prismes armés comme B, C, plus 8 barres longitudinales de
e™", 27;
M F. Prismes armés de 8 barres longitudinales de 9°"", réunies par des
ceintures espacées de 80'°™, conformément à un type très employé.
» Les abscisses sont les pressions pur centimètre carré à l'échelle de
0°"", 4 par kilogramme et les ordonnées sont les raccourcissements par
mètre multipliés par 20.
» En examinant cette épure, on constate d'abord, sur les prismes A et F,
ce fait bien connu que le béton non armé, ou armé de barres longitudinales
réunies par des ceintures métalliques insuffisantes ou trop espacées, se
brise, sans que rien l'annonce, quand il a pris un faible raccourcissement,
qui, pour le prisme F, a été de i'°",o5. Au contraire, le béton fretté pos-
sède, comme les métaux ductiles, une limite d'élasticité qui est bien infé-
rieure à la charge de rupture et dont le dépassement est annoncé par des
fissures dans la mince couche de béton qui recouvre le frettage. Une croix
indique l'apparition des fissures pour chacun des prismes B, D, E. La croix
relative à la courbe C serait en dehors de l'épure avec une abscisse
de 3°"", 55.
» Les raccourcissements supportés par les prismes frettés, avant l'écra-
sement, sortiraient beaucoup du cadre de la figure. Ils ont varié entre iS""""
et 3o""" par mètre.
» On remarquera que les résistances fournies par les divers prismes
pour un même raccourcissement sont loin de varier en proportion du pour-
centage de métal (rapport du volume du métal au volume total) qui est
indiqué à côté de chaque courbe; le premier chiffre est le pourcentage des
barres longitudinales, le deuxième celui des frettes ou, à défaut, celui des
ceintures réunissant ces barres; le troisième est le pourcentage total.
SÉANCE DU 8 SEPTEMBRE 1902. '{ 1 7
n Pour préciser cette apparente anomalie, on se servira de la formule
établie clans la Communication précédente, dont il résulte que la résistance
donnée au béton par le frottement que produit le frottage est égale à la
0
résistance propre d'armatures longitudinales dont le poids serait égal à celui
des freltes multiplié par ^— = 0,90. Elle permet d'établir le Tableau sui-
vant :
Prismes.
Résistance calculée due au froUenient. . . Si'^s
Excès de la résistance constatée sur celle
du prisme témoin
Rapport des deux, chiffres o,!\ô
» L'explication des grandes différences que présentent les valeurs de ce
rapport m'a été fournie par l'observation des circonstances de l'expé-
rience. Pendant le cliargement du prisme B, les fissures ont apparu sous la
G. R., 1902, i- Semestre. (T. CXXXV, N" 10.) -^4
D.
c.
D.
E.
SlI^B
aSkb-
00^^
431^
■ /."s
iSi's
se^s
35''8
5,45
0,60
0,72
0,81
4l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
faible charge de 122'^s et, bientôt après, on a vu le béton s'écailler d'abord
et finalement s'écouler entre les spires formant le frettage dont l'écar-
tement d'axe en axe était de 3o""». L'écrasement du prisme, qui a eu lieu
sous la charge de 36o''e par centimètre carré, a été la conséquence de cet
écoulement et rien n'a indiqué que le métal eût atteint sa limite d'élasticité.
)> Dans le prisme C, dont le frettage était formé par des spires écartées
de i5°"° seulement, les fissures ont apparu sous la charge de 174''^; l'écail-
lement aussi s'est produit tardivement et il n'y a pas eu d'écoulement du
béton sous la pression de 38o''e, maximum qu'a pu produire la presse
hydraulique de l'École des Ponts et Chaussées et qui n'a pas suffi à
écraser le prisme C.
» Les prismes D, E renfermaient, outre des spires espacées de 3o°"",
ij™", huit armatures longitudinales appuyées contre la surface intérieure
des spires et formant avec elles un quadrillage qui opposait un obstacle
efficace au gonflement latéral du béton. L'apparition des fissures ne s'est
produite que sous les charges de 204'^e et 238''s et l'on n'a pas observé de
gonflement sensible et, a fortiori, d'écoulement du béton entre les arma-
tures sous les pressions réalisées qui n'ont pas produit la rupture.
» Du rapprochement de ces faits, il résulte que les spires écartées du
cinquième et même du dixième du diamètre des prismes n'ont pas suffi, à
elles seules, pour donner le maximum de solidité au béton employé dans ces
expériences et qu'elles ont fourni des résultats bien meilleurs et voisins
de ceux de la formule en question lorsqu'on y a ajouté de faibles arma-
tures longitudinales.
» Il importe de remarquer que les tubes continus, qu'on pourrait croire
préférables aux spires, ne donneraient que de très médiocres résultats
parce que, |iarticipant aux raccourcissements du béton, ils se gonfleraient
et se fatigueraient comme lui et ne pourraient, par suite, combatti'e son
gonflement et sa fatigue.
» On doit rappeler aussi que, la tendance au retrait du béton conservé
dans l'air étant gèuée dans les pièces armées, il en résulte une diminution
du coefficient d'elasticilé que j'ai signalée en 1900. Elle réduit la résistance
produite par une déformation déterminée et, si l'on n'en tient pas compte,
ou attribue une valeur trop faible à l'augmentation de résistance que
produit le frettage. Il est donc vraisemblable que la perle de résistance
due à l'écartement des armatures a été bien inférieure, en réalité,
à 1,00 — 0,81 =: o, 19 j)our le prisme E.
» La formule étant vérifiée sous cette réserve, là où elle peut l'être,
SÉANCE DU 8 SEPTEMBRE 1902. 419
c'est-à-dire dans la limite des déformations que le béton non armé peut
supporter sans rupture, il paraît légitime d'admettre qu'elle est exacte
au delà. Si donc, des résistances du prisme E constatées pour un certain
nombre de raccourcissements, on retranche graphiquement les résistances
correspondantes des armatures longitudinales et celles des frettes calculées
par la formule en question, on obtiendra unecourbe OMN dont les ordon-
nées seront égales ou peu inférieures aux valeurs de la résistance propre
que le béton produit dans les pièces frettées lorsqu'il subit des raccourcis-
sements supérieurs à ceux que supporte le béton non armé. On remar-
quera l'analogie de cette courbe de pression du béton fretté avec la courbe
de traction du béton armé.
» De l'étude de la courbe OMN il résulte que, dans le prisme E, la ré-
sistance propre du béton a continué à augmenter au delà de la charge de rupture
du béton non armé, mais de moins en moins rapidement, jusqu'à ce que le
raccourcissement se fût élevé à 2'"'" par mètre environ, et qu elle a atteint alors
une valeur dépassant de prés de 5o pour 100 la résistance à l'écrasement du
prisme témoin.
» On prépare des prismes formés de béton riche qui permettront de
vérifier si les conclusions qui semblent ressortir de ces faits peuvent être
généralisées. En cas de résultat favorable, on aurait le moyen de calculer
la résistance à l'écrasement, ainsi que la limite d'élasticité et les valeurs
successives du coefficient d'élasticité d'un prisme fretté de dosage et de
disposition quelconques, et l'on pourrait déterminer la charge de flambe-
ment.
» Le développement des conséquences pratiques qui découlent de cette
étude scientifique ne seraient pomt à leur place ici. »
CORRESPOIVDAIVCE.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur l' éruption de la Martinique. Note
de MM. A. Lacroix, Rollet de l'Isle et Giraud, délégués de l'Académie.
2° La catastrophe de Sainl-Pierre.
« Le fait qui domine toute l'histoire de l'éruption actuelle de la Mon-
tagne Pelée est la catastrophe du 8 mai qui, en quelques minutes, a détruit
la ville de Saint-I^ierre et ses 3oooo habitants, anéanti de nombreuses
habitations du voisinage, ainsi que les navires qui se trouvaient en rade.
420 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Nous nous sommes donc préoccupés de rechercher les causes de ce
phénomène; pour cette étude, nous nous sommes heurtés à des difficultés
nombreuses. Arrivés en effet à la Martinique un mois et demi après l'évé-
nement, alors qu'une nouvelle éruption, celle du 20 mai, produite dans
des conditions probablement analogues, était venue parachever l'œuvre
de destruction, nous avons dû nous contenter d'étudier les produits volca-
niques tombés sur la ville ou à son voisinage, de rechercher les effets
mécaniques, calorifiques ou physiologiques produits par le phénomène, de
recueillir et de discuter les récits du petit nombre de témoins qui ont
survécu, récits qui, d'ailleurs, sont loin d'avoir été toujours concordants.
» Nous avons montré antérieurement que les alentours du cratère de la
Montagne Pelée, sur un rayon de 2*"" à 3'"", sont entièrement dévastés;
d'autre part, les cendres projetées par le volcan sont surtout abondantes
dans un secteur, situé sur les côtes Ouest et Sud-Ouest de la Montagne
Pelée et compris entre le cratère, l'îlot de la Perle au nord du Prêcheur et
le Carbet. Dans ce large secteur, il en existe un autre plus petit, compris à
peu près entre le bourg de Sainte-Philomène et le sud de la ville de Saint-
Pierre : la dévastation y a atteint son maximum; sauf sur ses bords, toute
végétation, toute habitation ont été plus ou moins totalement détruites,
tous les êtres vivants qui s'y trouvaient le 8- mai au matin ont été tués, à
l'exception de quelques rares blessés.
» Nous ferons remarquer immédiatement la dissyraétrie de cette zone
dévastée par rapport au cratère, dissymétrie qui, jusqu'au i"' août, date de
notre départ de la Martinique, a persisté dans les effets des éruptions qui
ont suivi celle du 8 mai. Nous noterons, en outre, que la direction des
fissures, jalonnée par les fumerolles de la vallée de la rivière Blanche,
sert sensiblement de mé.liane au secteur de la dévastation.
» Ces fumerolles, actives depuis le commencement de l'éruption, sont
localisées sur le côté Sud-Ouest de la Montagne Pelée.
» Produits de projection. — L'étude de la nature et de la distribution des
produits de projection dans la zone dévastée permet immédiatement d'éli-
miner l'hypothèse d'une destruction, produite par un bombardement de
la ville de Saint-Pierre et de ses environs par des blocs de lave incandes-
cente ou par la seule chute d'une très grande quantité de cendres. Nous
avons montré déjà que les bombes de la grosseur du poing, si nombreuses
sur les bords du cratère, ne sont pas parvenues directement au delà de 800'°
de celui-ci. Quant à l'apport de cendres, quoique relativement assez consi-
dérable dans le quartier du Fort, il a été insuffisant, dans la plupart des
SÉANCE DU 8 SEPTEMBRE 1902. 4-1
points considérés, pour déterminer à lui seul l'effondrement des mai-
sons.
» Il est donc, par suite, nécessaire d'admettre que le désastre est dû à
l'existence d'une poussée de gaz et de va|)eur à haute température, ayant
certainement entraîné des cendres et des lapillis, mais qui paraissent tou-
tefois n'avoir joué qu'un rôle accessoire dans le phénomène. L'existence
de cette poussée est mise en évidence à la fois par ses effets mécaniques,
calorifiques et physiologiques, qui ont été ou qui peuvent être constatés,
et par les récits des survivants de la catastrophe.
» Effets mécaniques. — L'étude des flancs de la Montagne Pelée et celle
des ruines de Saint-Pierre permettent de préciser les effets mécaniques
produits dans la zone de dévastation. Entre le cratère, Sainte-Philomène
et Saint-Pierre, il n'existe plus rien ; le sol est nu : villas, usines, bois, cul-
tures, tout a disparu. Dans Saint-Pierre même, l'emplacement du quartier
du Fort, le plus rapproché du volcan, était encore le 22 juin recouvert par
une sorte de dune de cendres à surface ondulée. Depuis lors, l'érosion,
très active pendant celle saison des jjluies, met peu à peu à découvert
ruines et cadavres et montre que beaucoup de maisons de la partie haute
du quartier ont été rasées au niveau du sol; il en est de même pour le
quartier du centre, situé sur la rive gauche de la Roxelane. Quant aux
maisons placées sur la rive droite de cette dernière rivière et adossées au
coteau sur lequel se trouvait le quartier du Fort, elles ont été, en partie,
protégées et n'ont subi que la démolition partielle, si caractéristique dans
le sud de la ville. Lorsque, eu effet, on s'avance dans cette direction, on
constate que la dévastation y a été moins complète : les maisons ne sont
souvent que partiellement renversées et, dans le quartier du Mouillage
notamment, où les rues princijiales ont une orientation oscillant autour du
Nord-Sud ou dans une direction perpendiculaire, on constate que les murs
dont le plan est dirigé Nord-Sud ou dans des directions voisines sont
presque entièrement debout, alors que les autres n'existent plus ou
presque plus.
» Dans toute la ville, les arbres sont brisés ou déracinés; dans ce der-
nier cas, ils sont renversés vers le Sud; c'est dans celle direction qu'est
tombé le phare; la vierge colossale eu fonte qui se trouvait sur le Morne
d'Orange, au-dessus de la batterie Sainte-Marthe, a été renversée dans la
même direction; elle gît non brisée à quelques mètres au delà de son
socle (').
(') Les canons de la batterie Sainte-Marthe, placés à côté de leurs alïùts renversés,
422 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Cette constance de l'orientation de tout ce qui a été renversé est par-
ticulièrement frappante dans le cimetière du Mouillage. Les grilles de fer
ont été arrachées et projetées vers le Sud ; des pierres tombales de marbre
placées à plat sur les caveaux ont elles-mêmes subi un déplacement dans
la même direction. Enfin, de nombreux cadavres ont été retrouvés dans les
rues, également orientés la tête vers le Sud.
» Lorsqu'on s'éloigne de Saint-Pierre dans la direction de l'Est, sur le
Morne d'Orange ou dans le quartier des Trois-Ponts, par exemple, on con-
state l'atténuation progressive des actions mécaniques : les arbres ne sont
plus renversés, mais seulement dépourvus de leurs branches et de leurs
feuilles, les maisons sont moins atteintes, parfois même quelques-unes
d'entre elles subsistent presque intactes, puis on arrive à une zone exté-
rieure où seul le feuillage des arbres a souffert. Des observations du même
genre peuvent être faites du côté du Prêcheur, à la bordure de la zone
dévastée.
» L'existence d'une poussée gazeuse formidable, dont l'origine doit
être recherchée au nord de la ville de Saint-Pierre, est donc évidente; mais,
d'autre part, comme la ville se trouve à l'une des extrémités du secteur
dévasté, il est, en outre, nécessaire d'admettre que cette poussée n'a pas
été rectiligne, mais s'est |iroduite en éventail de façon à couvrir toute la
surface comprise entre Sainte-Philomène et Saint-Pierre; nous discuterons
plus loin quelle est la position probable de son point de sortie.
» Effets calonfiques et physiologiques. — Au point de vue des phéno-
mènes calorifiques et physiologiques, il y a lieu également de distinguer
un secteur central, qui est sensiblement celui dans lequel les effets méca-
niques ont atteint leur maximum, et un autre, plus étroit, extérieur, dans
lequel les effets destructeurs ont été progressivement en s'atténuant. Dans
le secteur central, on n'a plus trouvé trace de vie; les cadavres étaient
entièrement nus, méconnaissables, superficiellement carbonisés; leurs
cheveux et leurs poils étaient brûlés. La position d'un très grand nombre
d'entre eux semble indiquer qu'ils ont été surpris par une mort foudroyante ;
les symptômes d'asphyxie (langue tuméfiée pendante, contracture des
membres, etc.) étaient souvent manifestes. Les maisons ont été incendiées,
mais l'incendie n'a pas été total; on rencontre des débris de maisons
épargnées à côté d'autres partiellement ou entièrement brûlées. Il
semble que la vdle ait été soumise à une température élevée, mais pendant
n'ont pas été jetés à terre par la poussée volcanique, comme on l'a écrit; ils étaient
démontés depuis plusieurs années.
SÉANCE DU 8 SEPTEMBRE 1902. 423
un temps très court, de telle sorte qae les objets peu combustibles ou pré-
servés par des causes locales 011 accidentelles (' ) n'ont souvent pas eu le
temps de s'enflammer, quand ils n'ont pas subi l'influence de foyers d'in-
cendie voisins, particulièrement intenses dans celte ville où les usines
et notamment les rhumeries étaient nombreuses. Il est à remarquer que
la ville de Saint-Pierre était construite en pierre, avec les toitures en tuile
ou en tôle galvanisée.
» La température n'a été suffisante pour fondre aucun des objets métal-
liques (poutres, grilles, balcons de fer, fils de cuivre du téléphone) autre-
fois exposés à l'air et que l'on rencontre en grande abondance dans les
décombres de la ville.
» Dans le secteur extérieur, et notamment dans les faubourgs ou la ban-
lieue de la ville (quartier des Trois-Ponls, Morne d'Orange, etc.), la pro-
portion des maisons non brûlées, des arbres non carbonisés (-) augmente
très rapidement, el l'on trouve des habitations qui, bien que construites en
bois, ne montrent pas trace d'incendie. Dans ces dernières (Carbet), les
habitants ont été rencontrés asphyxiés, conservant des positions naturelles
qui semblent indiquer une mort soudaine; leurs vêtements n'étaient pas
endommagés (').
» Dans le voisinage, les cadavres recueillis en dehors des maisons pré-
sentaient des traces d'asphyxie, en même temps que des brûlures; leurs
vêtements ne sont que partiellement carbonisés. Enfin, à la limite de la
zone que nous étudions, se trouvaient des blessés, dont quelques-uns ont
survécu; ce sont ceux que nous avons interrogés; sur eux, on n'a plus
observé, ou presque plus, de carbonisation; leurs vêtements étaient
intacts, leurs blessures consistaiétit en brûlures superficielles, mais très
étendues, de toutes les parties découvertes; les cheveux et la barbe étaient
intacts. On a constaté aussi des brûlures des lèvres, des premières voies
digeslives, des voies respiratoires, enfin parfois des signes de pneumonie.
Les paupières étaient parfois tuméfiées, brûlées, mais les yeux intacts.
(') C'est ainsi que nous avons trouvé dans le quarliei- ilu FoiL îles cartouches de
revolver et des tuyaux de caoutchouc intacts. Dans le quartier du Mouillage, nous
avons i-encontré, dans la cour d'une maison en partie incendiée, une femme immergée
dans un bassin et ayant ses vêtements non brûlés.
(2) Ceux-ci sont souvent carbonisés ou dépourvus de leur écorce du côlé de la
montagne seulement.
(^) Des chiens et des chats ont été trouvés vivants dans quelques-unes de ces mai-
sons doses, dont les habitants étaient asphyxiés.
424 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Beaucoup de ces blessés ont été certainement brûlés par de la vapeur
d'eau ou par un gaz à liante température, mais d'autres avaient, eu outre,
absorbé une plus ou moins grande quantité de cendres chaudes. Tel a été,
en particulier, le cas de ceux qui ont péri à bord du Roraima, navire qui
était mouillé devant Saint-Pierre. Ce navire, de même que le Rochlam, le
Teresa-Lovico, se trouvait à une plus ou moins grande distance du rivage,
près de la limite d'action de la poussée gazeuse, qui semble avoir eu, au
point de vue calorifique, une action moindre sur mer que sur la terre voisine.
» En résumé, toutes ces observations indiquent l'action rapide et per-
sistante d'une source de calorique à haute température, produisant l'as-
phyxie. Dans une zone centrale, la température a été assez élevée pour
déterminer l'incendie, carboniser superficiellement les cadavres après
avoir brûlé leurs vêtements, mais elle a été insuffisante pour fondre des
fils minces de cuivre (io54°). A l'extérieur de cette zone, les phénomènes
d'asphyxie ont persisté, mais la température s'est abaissée de telle sorte
que des vêtements même ne pouvaient plus être carbonisés; enfin, plus
extérieurement encore, la vie a été généralement possible et les êtres
vivants ont eu à souffrir soit simplement de gène respiratoire, soit de brû-
lures analogues à celles que produit la vapeur d'eau dans des explosions
de machines à vapeur, avec parfois en outre action évidente de cendres
chaudes.
» Ces faits d'observation étant établis, passons aux récits des témoins
que nous avons interrogés ou dont les déclarations ont été publiées.
Ceux-ci sont soit des personnes qui, au moment de l'éruption, ont observé
le volcan de localités situées au dehors de la zone dévastée (^ Morne Rouge,
Parnasse, haut du Morne d'Orange, etc.), soit des personnes se trouvant
sur la limite extérieure de celle-ci (à bord ties navires ou sur la terre ferme) ;
ces récits ne sont malheureusement pas tous concordants, mais les faits
suivants peuvent être définitivement établis. Nous publierons d'ailleurs
plus tard, avec le compte rendu complet de notre mission, tous les témoi-
gnages que nous avons recueilhs, leur longueur ne permettant pas de les
intercaler dans ce rapport préliminaire.
» Après plusieurs jours d'éruptions préliminaires, le 8 mai, un peu avant
8'' du matin, alors que le ciel élait pur et que le volcan lançait verticale-
ment, comme il le faisait depuis quelque temps, un panache de vapeur,
on entendit, venant du cratère, une délonalion formidable, en même temps
qu'un nuage noir, très épais, dévalait de la montagne dans la direction
Nord-Est-Sud-Ouest, vers Saint-Pierre. Ce nuage était sillonné d'éclairs; il
SÉANCE DU 8 SEPTEMBRE I902. 425
était animé d'une grande vitesse, de telle sorte qu'en 2 ou 3 minutes, peut-
être moins, il avait dépassé Saint-Pierre, dont l'extrémité Sud est distante
d'environ 8""" du cratère. Ce nuage était dense, car ses volutes, roulant les
unes sur les autres, se maintenaient à la surface du sol. Sur son passage, il
renverse habitations et monuments, brise ou déracine les arbres, soulève
horizontalement la surface de la mer, démâte les navires au ras du pont et
en coule plusieurs. Enfin, il anéantit tous les êtres vivants. Une obscurité
profonde s'étend immédiatement sur son trajet, mais à son contact tous
les objets combustibles s'enflamment : arbres, champs de cannes, la ville
entière, les navires en ratle flaml)enl en un instant. Presque aussitôt se pro-
duit une chute de petits lapillis et de cendres, bientôt transformées en
boue par une pluie diluvienne qui dure près de 3o minutes. Aussitôt après
le passage de la poussée gazeuse, un vent de retour en sens inverse s'est
produit, sauvant ainsi la vie à plusieurs personnes au sud de Saint-Pierre.
Une heure après le commencement du phénomène, le ciel redevint pur.
M Les contradictions dans les récits portent sur les deux questions que
nous devons discuter comme conclusion à. cette étude : Quelle était la
constitution de la poussée gazeuse qui a détruit Saint-Pierre et d'où est-elle
partie?
» En effet, tandis que la plupart des témoins affirment que le nuage,
vu de front ou de côté, était obscur, un petit nombre disent y avoir vu des
points de feu, et l'un d'eux même a parlé de flammes partant du cratère et
se dirigeant sur Saint-Pierre. D'autre part, tandis que les témoins que
nous avons entendus, sauf un, disent avoir vu le nuage obscur partir du
haut de la montagne pour se diriger sur Saint-Pierre, deux autres, cités
par M. Robert T. Hill, l'un des géologues américains, qui vient de publier
un compte rendu de l'éruption, prétendent l'avoir vu partir d'un nouveau
cratère qui serait situé dans la vallée de la rivière Blanche, à deux milles
de la côte; un des témoins que nous avons entendus dit avoir vu le nuage
obscur occuper tout l'espace compris entre la mer et un point situé à
200" ou 3oo™ au-dessous du cratère.
)) En ce qui concerne la nature du nuage destructeur, il est un certain
nombre de faits qui sont hors de doute. Ce nuage était certainement essen-
tiellement constitué par de la vapeur d'eau et par des cendres. Les cendres
ont été constatées avec évidence d'abord à terre et aussi sur les blessés
survivants : la plupart d'entre eux étaient absolument couverts par de la
boue gluante. C'est à la présence des cendres qu'étaient dues la couleur
et la forte densité du nuage. Nous avons vu, dans les fumerolles du bord
C. R., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N° 10.) 55
426 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de la côte,' comment les bouffées de vapeur d'eau entraînant de la cendre
par éboulement des falaises roulaient lourdement à la surface de la mer,
au lieu de s'élever comme lorsqu'elles eu étaient dépourvues.
« La présence d'une grande quantité de vapeur d'eau n'est pas douteuse;
celle-ci constitue en effet la partie prédominante de toutes les émanations
volcaniques, en générai, et de toutes celles de l'éruption actuelle du Mont
Pelé en particulier. Son existence est encore prouvée par l'abondante
condensation qui s'est produite au cours du phénomène et qui a déterminé
la pluie torrentielle dont il a été question plus haut. Enfin, il faut noter à
ce point de vue toutes les brûlures subies par les blessés de la zone exté-
rieure, et notamment de ceux qui ont été brûlés sans subir aucun phé-
nomène d'asphyxie.
» Tout ce que nous savons sur les émanations volcaniques et ce que
nous avons personnellement constaté sur les fumerolles de l'éruption
actuelle tend à indiquer comme vraisemblable la présence d'acide sulfu-
reux et d'hydrogène sulfuré mélangés à la vapeur d'eau, mais il semble
douteux que tes gaz aient jwué un rôle bien considérable; les témoins ne
sont pas d'accord, en effet, daus leurs observations à cet égard; les uns
parlent d'une odeur de soufre qu'ils auraient sentie, les autres sont très
affirmatifs sur l'ab^Mice d'odeur au moment où ils ont été brûlés. Nous
avons recueilli un très grand nombre d'objets métalliques, dans l'espoir d'y
trouver des traces permanentes de l'action de ces gaz. Nous n'avons guère
obtenu que des résultats négatifs ('). Parmi ces objets, les uns sont intacts
(fils et plaques de cuivre, tuyaux de plomb, chromate de plomb trouvé
dans les ruines d'une maison), ou bien présentent des oxydations banales
dans un climat chaud et humide (objets de fer, de cuivre, de plomb) ; les
autres ont bien subi des transformations, mais celles-ci sont altribuables
à l'action de la chaleur à laquelle ils ont été soumis dans les maisons
incendiées : tel est le cas de beaucoup il'objets d'argent, de pièces d'or,
qui sont recouverts d'un enduit noir d'oxyde de cuivre. Il est possible
que l'étude, que nous n'avons pas achevée, d'autres objets d'argent y
indique l'existence de traces de soufre, mais cela ne nous fournirait pas
une certitude au sujet du nuage du 8 mai, car depuis plusieurs jours on
(') On a parlé de fragments de soufre recueillis dans les ruines de Saint-Pierre; ils
n'ont lien de volcanique. Nous avons nous-mêmes trouvé, dans la zone périphérique,
des fragments de soufre au voisinage de poteaux téléphoniques renversés; ils pro-
venaient du scellement des isolateurs.
SÉANCE DU 8 SEPTEMBRE 1902. 427
avait signalé, dans les maisons, au voisinage des fumerolles la sulfuration
des objets d'argent.
» Les mêmes observations négatives peuvent être faites au sujet de la
présence possible de l'acide chlorhydrique. Il faut noter en outre que les
vêtements des blessés que nous avons pu voir ne portaient aucune trace de
corrosion, ni de décoloration pouvant indiquer la présence de gaz acides.
» Il s'agit d'interpréter les causes de l'incendie. Nous devons tout
d'abord éliminer l'hypothèse qui a été mise en avant et qui l'attribue à des
décharges électriques. La présence d'éclairs sillonnant le nuage noir a été
signalée par tous les observateurs, elle est incontestable. Des coups de
foudre expliqueraient des incendies locaux, mais non l'embrasement
général et simultané de toute la ville, ni celui de la végétation des flancs
de la Montagne Pelée. Aucun phénomène de ce genre n'a été signalé à
bord des navires, et nous n'avons recueilli aucune fulgurite dans les
décombres de la ville ; elles eussent été certainement nombreuses, si
celle-ci avait été foudroyée en grand.
» Les actions calorifiques ont donc été produites par le nuage lui-même,
et la question qui reste à résoudre est de savoir si sa température était ori-
ginellement très élevée, s'il était constitué simplement par de la vapeur
d'eau surchauffée mélangée à d'autres gaz inertes (acide carbonique, par
exemple) et tenant en suspension des cendres et des lapillis à la même
température qu'elle, ou s'il renfermait en outre des gaz combustibles s'en-
flammant au contact de l'oxygène. La présence de ceux-ci n'aurait rien
d'anormal; on connaît en effet dans les émanations volcaniques, en fait de
gaz combustibles, non seulement l'hydrogène sulfuré, mais encore l'iiy-
drogène et des carbures d'hydrogène.
» Il est nécessaire d'admettre cette dernière hypothèse des gaz com-
bustibles, d'une part si les flammes observées sur la ville et la campagne,
à mesure que le nuage les touchait, ne sont pas dues à l'inflammation
instantanée des objets combustibles au contact des produits gazeux et
solides du nuage surchauffé, et d'une autre, s'il a véritablement existé
des flammes dans le nuage (si ce qui a été décrit comme tel par certains
témoins n'est pas constitué par les lapillis incandescents).
» La présence des gaz combustibles pourrait expliquer en partie les
asphyxies, soit par raréfaction de l'oxygène de l'air, soit par action des
résidus de la combustion; pour les asphyxies de la zone centrale, on peut
facilement les expliquer, au moins en partie, par l'absorption des fines
cendres chaudes tenues en suspension dans la vapeur d'eau.
428 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Nous réservons la discussion de celte question de la nature des gaz
pour le moment où nous aurons le résultat de l'analyse de ceux que nous
avons recueillis au cours de l'éruption actuelle et où nous aurons exécuté
quelques expériences sur l'action de l'air et de la vapeur d'eau surchauffes
sur les matières combustibles, expériences que nous nous proposons d'en-
treprendre.
» Il nous reste à rechercher d'où est partie l'explosion. On a vu plus
haut qu'il existe une contradiction à cet égard dans les témoignages des
personnes qui ont assisté au phénomène. M. Hill place la sortie de la
poussée dans un orifice situé à environ looc*" au-dessous du sommet,
dans la haute vallée de la rivière Blanche. Cette opinion est basée sur le
récit d'un officier du Roraima, qui a dit avoir vu le nuage partir de ce point.
Elle est séduisante, car le point considéré est beaucoup plus rapproché de
la ville de Saint-Pierre que le cratère, et il est situé sur la direction des fis-
sures de la rivière Blanche. Mais, d'autre part, nous n'avons jamais vu
sortir de cette région autre chose que les produits normaux des autres fume-
rolles de celte vallée (vapeur d'eau, hydrogène sulfuré), nous n'avons pas
observé de sortie de cendres en ce point, et l'on a vu que le nuage destruc-
teur était riche en ces matières. Il semble dilficiie d'admettre qu'une pro-
jection aussi violente que celle du 8 mai n'ait pas laissé à sa bouche de
sortie d'importantes traces; or nous n'en avons pas observé de décisives.
Il nous semble donc préférable de nous rallier à l'hypothèse faisant partir
le nuage du cratère lui-même, bien que nous ne puissions pas en donner la
démonstration. Celle-ci ne pourrait être faite que par l'étude de l'intérieur
du cratère et par la constatation de l'existence de fissures de direction con-
venable. La plupart des témoins dont nous avons recueilli les récits
n'hésitent pas à dire qu'ils ont vu ce nuage partir du sommet de la mon-
tagne et non pas de sa base.
» Quoiqu'il en soit des incertitudes que nous devons laisser sur ces divers
sujets, il ne semble pas que l'éruption du 8 mai soit exceptionnelle par
essence; elle paraît avoir lire sa puissance destructive de la du-ection
qu'ont prise les produits de projection, qui, au lieu d'être poussés verticale-
ment, comme cela est généralement le cas tians les éruptions volcaniques,
l'ont été obliquement (quelle que soit d'ailleurs l'hypothèse que l'on
admette pour le point de sortie) et précisément dans la direction de cette
malheureuse ville.
SÉANCE DU 8 SEPTEMBRE ig02. 429
3° Conclusions.
» En terminant, nous résumerons rapidement les caractéristiques de
l'éruption actuelle. Jusqu'au 3i juillet, date de notre départ de la Marti-
nique, elle a consisté exclusivement dans une phase explosive, elle n'a
produit aucune coulée de lave.
» On n'a constaté ni fente béante (en dehors du cratère), ni change-
ment de niveau du rivage, ni affaissement ou soulèvement notables dans
l'intérieur des terres, ni modifications appréciables des fonds au voisinage
de la côte; aucune secousse importante de tremblement de terre n'a été
ressentie; les grandes ex|)losions ont été accomi)agnéps d'une dépression
barométrique subite et de petits ras de marée, parfois meurtriers, au Carbet
et se faisant sentir jusqu'à Fort-de-France.
» Les blocs de lave incandescente n'ont été projetés qu'à quelques cen-
taines de mètres du cratère, mais l'aire de distribution des cendres et des
lapillis s'est étendue sur toute la Martinique, lors des grandes explosions.
» L'aire de dévastation complète a été, jusqu'au 3i juillet, limitée à une
zone périphérique de 2''™ à S**™ autour du cratère et à une zone comprenant
toute la côte Ouest, entre l'îlot de la Perle et les premières maisons du
Carbet.
» Une caractéristique importante de cette éruption réside dans la fré-
quence des poussées très denses de gaz et de vapeurs entraînant des cendres,
qui ont coûté la vie à tant d'infortunées victimes. Les émissions boueuses
ont été répétées et importantes, les manifestations électriques tout à fait
remarquables.
» C'est au milieu de la zone dévastée, nettement dissymétrique par rap-
port au volcan, que se trouvent une grande quantité de fumerolles sulfhy-
driques, dans la direction du Sud-Ouest et dans le prolongement de la
large brèche ouverte dans le haut de la Montagne Pelée.
» Ces fumerolles jalonnent, dans la vallée de la rivière Blanche, une
direction de fissures se trouvant vraisemblablement sur la prolongation de
la fente du cratère ; c'est sans doute à la position et à la forme de
celle-ci qu'est due la direction des poussées obliques en éventail aux-
quelles nous avons attribué la destruction de Saint-Pierre. Cette direction
de fissures se prolonge dans la mer et doit èlre la cause de la rupture du
câble sous-marin français.
» Des paroxysmes, séparés par des périodes de calme relatif, ont été
/i3o ACADÉMIE DES SCIENCES.
nombreux an commencement de l'éruption (8 mai, 20 mai, 26 mai, 6 juin),
puis plus éloignés (9 juillet) ('). Nous constatons que l'éruption se pour-
suit, mais il ne saurait être question de faire aucune prédiction sur r avenir.
L'histoire des volcans andésitiques du genre du Mont Pelé montre qu'ils
se comportent dans leurs éruptions de façon différente; les grandes explo-
sions, comme celle du Krakatoa, ou la production de coulées de laves
sont dans tous possibles, mais non nécessaires.
» Il sera particulièrement utile, au point de vue de la sécurité de l'île
(agrandissement possible vers le Nord et vers l'Est de la zone de dévastation),
comme au point de vue scientifique, de suivre attentivement la marche
ultérieure des événements et de voir si les fissures, se manifestant par des
fumerolles, resteront localisées dans leur direction primordiale, ou bien si
elles se continueront sur les flancs nord-est de la montagne, suivant un
diamètre, ou encore se produiront en éventail dans diverses directions.
Nous n'avons recueilli aucune indication à cet égard en dehors de l'exis-
tence de la sortie boueuse de Trianon et peut-être d'une autre dans la
vallée de la Basse-Pointe; mais, comme elles n'ont pas fonctionné pendant
notre séjour, nous n'avons sur elles aucun document personnel.
» Dans le cas où le volcan entrerait prochainement dans une phase de
coulées, il est vraisemblable, d'après la disposition du cratère, que celles-ci
s'épancheraient dans la vallée de la rivière Blanche, c'est-à-dire vers la
mer, dans la région de dévastation maximum.
M Nous avons appelé plus haut l'attention sur les désastres produits par
les torrents dans tout le massif de la Montagne Pelée; ils ont été la consé-
quence des condensations atmosphériques particulièrement intenses sur la
Montagne Pelée pendant l'éruption, ou plus ou moins directement dus à
des émissions d'eau boueuse. Il est certain que les phénomènes torrentiels
survivront à l'éruption actuelle et seront à redouter aussi longtemps que
les flancs du volcan, formés par des matières éminemment entrainables,
seront déboisés. De toute façon, l'évacuation des habitations situées auprès
de leur cours inférieur s'impose.
» Au moment où ce Ra|)port allait être déposé, parvient la nouvelle d'un
nouveau désastre dans la partie est et sud-est de la Montagne Pelée. Les
dépêches ne permettent pas encore de se faire une idée de leur étendue,
de leur nature et de leur origine; mais, dans tous les cas, elles indiquent
(') De nouvelles éruplions graves viennent de se produire ; 25, 26 el 3o août.
SÉANCE DU 8 SEPTEMBRE 1902. l\^l
une augmentation de l'activité du volcan et, ce qui est plus grave, le
déplacement ou l'extension de la région dangereuse.
» La situation est donc aujourd'hui très différente de ce qu'elle était à
la fin de juillet.
» Cet événement rend de plus en plus nécessaire une étude minutieuse
et surtout continue d'une éruption qui s'aggrave d'une façon inquiétante.
» Il n'est pas douteux que l'évacuation du massif entier de la Montagne
Pelée, que nous ne considérions pas comme indispensable il y a i mois,
' doit être aujourd'hui effectuée d'une façon complète et maintenue jusqu'à
cessation des manifestations volcaniques.
)) La surveillance devra désormais être des plus actives sur la limite
méridionale du massif, surtout s'il était démontré, une fois les causes de
cette dernière catastrophé déterminées, que l'éruption a été due à un
nouveau cratère produit sur une fissure latérale.
» Les parties centrale et méridionale do la Martinique sont restées à
l'abri de l'action imii.cdiate du volcan ; mais, comme on l'a vu ])lus haut, le
littoral a eu à subir l'effet de ras de marée, chaque fois que s'est produite
une violente explosion du volcan. Bien qu'une explosion beaucoup plus
violente encore que toutes celles qui ont été constatées jusqu'à ce jour soit
nécessaire pour déterminer par contre-coup des dommages importants à
Fort-de-France, on ne saurait prendre trop de précautions contre un ras
de marée éventuel. Du reste, lorsqu'on arrive pour la première fois à la
Martinique, on est frappé d'étonnement en voyant la plupart des villes et
des villages de la côte construits presque dans la mer ou dans des marais
au niveau de celle-ci, alors que presque toujours, et en particulier à Forl-de-
France, il eût été possible de bâtir sur les collines voisines toutes les con-
structions qui, par destination, ne réclament pas la proximité immédiate du
rivage. Cette observation est une indication des mesures à prendre d'une
f.içon aussi générale que possible, quand la j)ériode troublée actuelle sera
parvenue à son terme.
» Notons, en terminant, que l'accumulation d'une grande quantité de
réfugiés à Fort-de-France constitue à cet égard, ainsi qu'à beaucoup
d'autres, un danger permanent et des plus sérieux. »
432 ACADÉMIE DES SCIENCES.
MÉCANIQUE CÉLESTE. — Sur l'accélérai ion séculaire de la longitude moyenne
de la Lune. Note de M. H. Andoyer.
« Comme application de mes recherches antérieures sur la longitude de
la Lune, j'ai l'honneur de communiquera l'Académie l'expression analy-
tique de la partie du coefficient de l'accélération séculaire de la longitude
moyenne de la Lune, qui ne dépend que du rapportez des moyens mou-
vements du Soleil et de la Lune. En désignant par n le moyen mouvement
de la Lune, par e' l'excentricité de l'orbite du Soleil, par e'^i la perturbation
séculaire de cette excentricité, par |SnZ- le terme en t- dans l'expression
de la longitude moyenne de la Lune, j'ai trouvé, en profitant des beaux
llicoT'èmos do INT. S. \ewcomb e! de ]NL K.-W. Brown, l'expression
8/j ., n ^ryj 4 3 'i 0/17 3o6865 „ 0701247
nee^ 2" 2" :>*.3 2\3
, 11719935961 _^^, , 8797791 455 _^,, ^6r729oi558i3 , „
2'^3^ 2'-. 3- 2'*. 3°. 5
» Celte expression diffère, dans ses deux derniers termes, de celle
qui a été donnée par Delaunay aux Comptes rendus (t. LXXII, 1871);
les termes en in^ et m'° de Delaunay sont, en effet,
_ 1 373 1 23 345675 „ __ 5 379482 245633 , „ .
2".3- 2". 3^
on devait d'ailleurs s'attendre à cette divergence, puisque, comme je l'ai
déjà plusieurs fois fait remarquer, les termes d'ordre élevé donnés par
Delaunay dans sa Théorie de la Lune sont tous affectés de légères inexac-
titudes.
M En adoptant, comme Delaunay, les valeurs numériques 0,07480 et
— 1270" pour m et ne'e'g (l'unitéde temps étant le siècle julien), la formule
que je propose donne ^ B/i = 5", 700, tandis que celle de Delaunay donne
^ S/i = 5", 765. En partant des mêmes valeurs numériques, M. E.-W. Brown
a trouvé, par l'application d'un procédé empirique très ingénieux,
4 ht - ^"
r> ,70.
SÉANCE DU 8 SEPTEMBRE 1902.
433
ASTRONOMIE. — Comcle h 1902, découverte le. i^'" seplcmhre par M. Penne
et le 2 septembre, d'une manière indépendante, par M. Borrelly, à l'Obser-
vatoire de Marseille. Observations faites par MM. Borrelly et L. Farry
(chercheur et équatorial d'Eichens), transmises par M. Stéphan.
Temps moy.
de
Septembre. Marseille.
A en B..
A en T.
2. .
2 .
3.
!^.
5.
Étoiles
3.
5.
9.50.24
1 1 .24. I
11.17.34
10.29.23
II. 1.33
— 1.19,84 —1.53,7
— 1.36,70 — 4-'3,4
— 3.36,99 -1-2.28,5
-+-3.17,93 — 3.i5,4
— o. 2,11 -1-0. 7,8
Nombre
de
compar.
5:5
4:4
4:4
2:2
5:5
Ascension
droite
apparente.
Log. fact.
parall.
Distance
polaire
apparente.
Log. fact.
parall.
■k Obs.
3.i6.38,23 —1,719 54.48.31,4 —0,634
3.16.34,22 —1,711 54.47- 0,6 — o,6i3
3. i5. 35,61 —7,714 54.22.14,5 —0,612
3.14.29,93 —7,726 53.56.58,2 —0,678 4 F.
3.i3.i4,22 —7,725 53.28.50,2 —0,618 5 B.
Étoiles de comparaison.
Grandeur.
9
9
9
8
8,5
Ascension
droite
1902,0.
h m S
3.17.54, 14
3.18. 6,99
3.19. 8,62
3. II. 7,94
3 . 1 3 . I 2 , 23
Réduction
au
jour.
s
+ 3,93
-t-3,93
-1-3,98
-1-4, 06
4-4, 10
Distance
polaire
1902,0.
54 .50.26,0
54.51. i4, 9
54.19-46,8
54. 0.l5,2
53.28.43,8
Réduction
au
jour.
— o',9
—0,9
-0,8
-1,6
->,4
B.
F.
F.
Autorités.
J 4oi3, Paris-hW,, IIIN 3o7-3o8.
3i4-3i5,W2, 111".
335, W2, 111''.
.7o,W„III'-.
6086 Lalande.
» Remarque. — La comète est assez brillante, elle a un noyau allongé et une queue
de 8' à 10'; le 2 vers 14'', le noyau paraît se dédoubler par instants et former deux
petits noyaux arrondis. Le 3, la comète offre sensiblement le même aspect. Le 5, le
noyau est plus diffus et l'éclat de la comète paraît diminuer sensiblement. »
ASTRONOMIlî. — Observations de la comète 19026, faites à l'Observatoire
de Besançon. Note de M. P. Chofardet, transmise par M. Lœwy.
Temps moyen
Dates. de
jçiOî. Étoiles. Besançon. Aa comète.
h m s m »
Septembre 3 a i5. 16.48 -M. 26, 02
4 b 9-29.30 +0.35,60
5 c i2.32.5o — o. 7.5o
6 d 10.33. 2 -+-2.49.87
C. R., i.'î, a" fiemettre (T. CWW, N° 10)
Nombre
de
A^P comète.
compar.
-t- 7'. 26" 8
12:9
— 12. 17,6
12:9
— 1.20,0
9:3
- 4.28,5
9:9
56
Ascension
droite
Réduction
au
Distance polaire
Réduction
au
moyenne.
jour.
moyenne.
jour.
h m s
3.18.53,78
s
-i-4,02
54. 10. 16,4
- i',3
»
3.13.12,29
3. 8.58,65
+4,04
^4,11
4-4,17
»
53.28.47,3
53. 5.45,0
- 1,4
- 1,4
- 1,9
434 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Positions moyennes des étoiles de comparaison pour igo2,o.
Etoile?. Catalogues.
a. . Weissej, 220, III''
b.. Weissej, 223, IIP
c. . rapp. àWeissej, i45
d. . Paris, 3859
Positions apparentes de la comète.
Ascension Distance
Dates. droite Log. fact. polaire Log. fact.
1902. apparente. parallaxe. apparente. parallaxe,
h m s _ . , «
Septembre 3 3.i5.23,82 i,i68„ 54. 17. 4', 9 o,278„
4 3.14.33,42 T,683,j 53.57.57,4 0,781,,
5 3.i3. 8,90 T,6i6,., 53.27.25,9 o.5o4„
6 3.11.52,69 T,69p„ 53. 1.14,6 o,683„
» Le 3 septembre, la chevelure de la comète, mesurant environ 3', a un novaii de
9" grandeur. Une queue, en forme de balai et de direction S.-O., se présente sur une
longueur de 7'.
» L'observation du 5 septembre a été faite dans des interstices de nuages. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les équations différentielles et la théorie des
ensembles. Note de M. Edmoxd Maillet, lransmi.se par M. Jordan.
« Nous avons antérieurement (') défini des catégories de fonctions ne
satisfaisant à aucune équation différentielle rationnelle, de même que
Lioiiville (-) avait défini des catégories de nombres transcendants ne satis-
faisar^t à aucune équation algébrique à coefficients entiers. M. Cantor (')
a obtenu un résultat analogue, mais moins parfait à certains égards, en se
basant sur la théorie des ensembles : L'ensemble des nombres algébriques est
dénombrable, tandis que V ensemble des nombres transcendants a la puissance
du continu.
(') Journal de Mathématiques, 1902, p. 87.
(^) Journal de lilathématiijueS; i85i.
(^) BoREL, Théorie des fonctions, p. 26.
SÉANCE DU 8 SEPTEMBRE 1902. 435
» On peut étendre presque immédiatement aux fonctions et aux équa-
tions difFérenlielIes rationnelles le théorème de M. Cantor. La solution
générale de l'équation différentielle rationnelle géuérale F=o d'ordre ^^-^I
et de degré 51 en x, y, y', . . ., y"" aux environs de x = o dépend d'un
nombre fini de paramètres arbitraires (théorème de Cauchy). L'ensemble
des séries convergentes pour a; ^ o, jouissant même de certaines |)roprié-
tés |)articulières (par exemple, l'ensemble des fonctions entières d'ordre
fini p), dépend d'un nombre infini de paramètres arbitraires.
» Classons dans un même type les solutions ou les séries pour lesquelles
les paramètres nuls ont les mêmes indices (les paramètres des séries étant
conAcnablement choisis). Le nombre des types de solutions est dénom-
brable; le nombre des types de séries a la puissance du continu. Ces séries
comprennent donc une infinité de séries qui ne sont solutions d'aucune
équation F := o.
» Il en sera de même pour l'ensemble des équations différentielles ration-
nelles en X, l, ^/' 7' j' j'^' (/limité), l,, .... 1/ désignant des
fonctions de x, les mêmes quel que soit x : par exemple log^r, log log>r, . . ,
e^. e"' px, ^x
» Il y a des extensions aux séries divergentes sommables. »
ÉLECTRICI lÉ. — Sur les propriétés des enceintes fermées, relatives aux oncles
électriques. Note de M. A. Turpain, transmise par M. Mascart.
« Nous nous sommes proposé d'étudier les effets que l'emploi des
enceintes fermées permet d'obtenir tant au point de vue de la pénétration
des ondes à leur intérieur que de la concentration des ondes produites
dans ces enceintes.
» Un dispositif producteur d'ondes ou transmetleur T peut être enfermé
dans une caisse de bois tapissée d'élain, mesurant 3o"''" de longueur,
22''" de largeur et 20"° de hauteur. Un dispositif récepteur R comprenant
un cohcreur, un relais et une sonnerie, avec les cléments de pile néces-
saires, peut être enfermé dans une enceinte métallique de même dimen-
sion que la précédente. Chaque caisse est percée d'une ouverture circulaire
de 7™'" de ravon par laquelle on peut introduire un conducteur constitué
soit par un fil nu, soit par un tube, soit encore par un câble sous plomb,
de io"',5o de longueur.
\
436 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Les diverses expériences réalisées peuvent être ainsi résumées :
» 1° Chaque fois que T el K sont placés dans une enceinte métallique complète-
ment close, il n'y a aucune action possible de T sur R (fait signalé antérieurement
par M. Branly, Comptes rendus, 4 juillet i8g8).
» 2° Si l'enceinte métallique qui contient K est munie d'une seule petite ouverture
circulaire aux bords de laquelle s'adapte un tube conducteur qui vient déboucher dans
l'enceinte contenant T, par une ouverture circulaire, sans que le tube touche les bords
de l'ouverture de T, on ne constate aucune action deT sur R. Mais il suffit de décou-
vrir l'enceinte contenant R pour que l'action ait lieu. Les ondes, qui ne pouvaient
pénétrer dans l'enceinte munie du tube, se trouvent alors concentrées par le tube
conducteur et peuvent agir sur le récepteur.
» On constate les mêmes phénomènes si, conservant les mêmes dispositions pour
les enceintes et pour le tube qui les réunit, on permute les positions des dispositifs
transmetteur et récepteur, plaçant le transmetteur dans l'enceinte qui contenait pré-
cédemment le récepteur et vice versa.
» 3° Alors que la communication entre les deux, enceintes est impossible lors même
qu'un tube conducteur relie les bords des ouvertures circulaires pratiquées dans
chaque enceinte, l'action de T sur R se manifeste si le tube conducteur pénètre dans
les enceintes sans en toucher le revêtement. Mieux encore, T agit sur R si le tube con-
ducteur est muni suivant son axe d'un conducteur reliant les deux dispositifs.
» 4° Cette action de T sur R au moyen d'un câble à revêtement métallique peut
avoir lieu, alors même que le câble est dénudé de son revêtement métallique sur une
petite longueur, pourvu qu'il n'y ait pas communication entre le tronçon de câble
allant vers le récepteur R et l'âme du câble. T agit sur R alors même que le tronçon
provenant du transmetteur T est en contact avec l'âme du câble.
» Ces expériences indiquent les conditions dans lesquelles devront être
placés les dispositifs producteur et récepteur d'ondes électriques pour être
utilisés dans la télégraphie hertzienne avec fil, alors que le fil conducteur
est constitué par un câble. Le revêtement métallique dont tout câble sous-
marin ou souterrain est muni devra être continué autour du conducteur
axial jusqu'au poste télégraphique. Les disjjositifs de chaque poste devront
être situés dans une enceinte métallique fermée mise en relation par une
ouverture avec le revêtement du câble. Dans ces conditions, une concen-
tration très puissante des ondes électriques sera obtenue, alors qu'elle
serait impossible si les ondes passaient du conducteur axial au revêtement
métallique du câble au point de la ligne oîi commence le câble. A partir de
ce point, les ondes seraient disséininées dans le sol ou dans l'eau.
» Ces expériences peuvent fournir également quelques renseignements
utiles relatifs à l'emploi des enceintes fermées en télégraphie sans fil. Il y
aurait avantage, en particulier, à renfermer les organes transmetteurs.
SÉANCE DU 8 SEPTEMBRE 1902. 437
(l'une part, les organes récepteurs d'autre part, clans des enceintes métal-
liques closes, munies chacune d'une ouverture circulaire à laquelle vien-
drait aboutir un câble sous plomb mellaiit en relation chaque dispositif
avec l'antenne. D'a|)rcs les expériences faites, il ne doit y avoir aucun
inconvénient à relier le revêtement du câble qui vient du transmetteur au
conducteur même de l'antenne. En ce qui concerne le récepteur, la mise
en contact du revêtement du câble avec l'antenne constituera une très
efficace et très commode protection des organes récepteurs contre les
ondes issues du poste. Il suffirait, au moment de la réce|.tion, de supprimer
cette relation, assurée, par exemple, au moyen d'une bague mobile, tout
en maintenant les dispositifs récepteurs dans leur enceinte métallique. »
CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur un nouvel indicateur aculimétrique .
Note de M. L.-J. Simon, jjrésentée par M. H. Moissan.
« Parmi les produits qui se forment accessoirement dans la calcination
de l'acide tartrique en présence debisulf.ite de potassium on peut isoler un
produit nouveau C'H«0% isomère de l'acide pyrotritarique auquel j'ai
donné le nom d'acide isopyrolrilarique. Les solutions ferriques commu-
niquent à sa solution aqueuse une coloration violette intense. Cette colo-
ration est due à l'isopyrotritarate de fer, combinaison cristallisée et bien
définie (C'H'0')'Fe.2H'0 qui peut servir d'indicateur dans les mesures
acidimétriques {Comptes rendus, t. CXXXI, 1900, p. 586 et 618).
» Cet indicateur a une propriété curieuse qui n'a été signalée jusqu'ici
pour aucun autre : Il fournit à lui seul les indications que l'on obtient habi-
tuellement en employant successivement l'hélianthine (orangé III Puiiier) et la
phènolphtaléine .
» Ce sel, très soluble dans l'eau, lui communique une teinte rouge brun
presque noire en solution très concentrée. Par dilution, cette teinte
devient rouge orangé puis jaune orangé.
» Les acides provoquent un virage de cette teinte vers le violet en solu-
tion concentrée, vers le rose violacé en solution étendue. Ce virage corres-
pond à celui de l'hélianthine^ du jaune au rose.
» Les alcalis, à leur tour, jjrovoquent une sorte de décoloration de la
liqueur jaune orangé ou plus exactement un virage de la teinte jaune
orangé vers le \a.une-\rd'dle. Ce virage correspond à celui de la phtaléine du
blanc au rose violacé.
438 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» L'existence de ces deux virages permet à cet indicateur de jouer à lui
seul le rôle des deux autres. Pour préciser jiassons en revue quelques cas
particuliers.
» 1° Acide sulfuiique. — La neutralisation d'une solution sulfurique au moyen d'une
solution de potasse normale exige N'^™' de cette solution avec l'hélianthine comme indi-
cateur et généralement une goutte ou deux de plus sont nécessaires pour amener
la coloration de la phlaléine.
» Avec l'isopyrotritarate ferrique comme indicateur la coloration ro-e violacée due à
l'acide vire au jaune orangé lorsqu'on a ajouté N'''"' de potasse. Une goutte de plus
détermine le virage au jaune-paille.
» 2° Un acide moins énergique, un acide organique par exemple, amène bien la
teinte du sel ferrique au rose violacé, mais, si l'on ]irocède au titrage, il faut utiliser le
second virage, celui qui correspond à la phlaléine, et non le ))remier (|ui manque par-
fois de netteté, comme il arrive avec l'hélianthine.
» 3° L'acff^e /j/io.ç/;/;o/'(Vy'«e peut être titré au moyen d'hélianthine. Le virage se pro-
duit, comme on le sait, après l'addition de la première molécule d'alcali. La phtaléine
est colorée après addition de la seconde molécule. Ce virage est généralement moins
certain que le premier.
» Avec l'indicateur ferrique, le premier virage se produit exactement comme pour
l'hélianthine après l'addition d'une molécule d'alcali et le second comme pour la phta-
léine après l'addition de la seconde molécule d'alcali. Dans l'intervalle, la teinte de
l'indicateur reste invariable et identique à celle qu'il a en solution dans l'eau pure.
» 4° On sait que l'acide borique peut être dosé en présence d'un acide fort en
combinant l'emploi de l'hélianthine et de la phtaléine. On neutralise d'abord l'acide
minéral en présence d'hélianthine; puis, ceci fait, on ajoute une certaine quantité de
glycérine et l'on neutralise en présence de phtaléine l'acide borique, ce qui l'amène à
l'état de borate BOMPM.
» Dans les mêmes conditions l'indicateur ferrique présente son premier virage
lorsque l'acide minéral est neutralisé et son second virage, toujours en présence de
glycérine, lorsque l'acide borique est entièrement passé à l'état de borate monomé-
tallique BOHi-M.
» 5° Enfin, Vacide carbonique et les carbonates alcalins se comportent avec ce
réactif comme avec les deux autres. L'acide carbonique et les bicarbonates ne modi-
fient pas la teinte jaune orangé de neutralité (de même que pour l'hélianthine), mais
le carbonate neutre provoque le virage alcalin (de même qu'avec la phtaléine). La
liqueur alcaline employée aux titrages acidimétriquas ne devra donc pas être carbo-
nalée si l'on ne veut pas se heurter à des incertitudes analogues à celles qui résultent
dans ce cas de l'emploi de la phtaléine.
» Remarque I. — Indépendamment des changements de teinte utilisés dans les
exemples précédents il en existe encore un autre. Si une petite quantité d'un acide
détermine l'apparition de la coloration violette, un léger excès le fait disparaître, ce
qui se comprend d'ailleurs aisément, puisque l'acide isopyrolrilarique lui-même est
incolore. La teinte violette correspond à un équilibre entre cet acide et l'acide fort.
Cet équilibre est rompu à l'avantage de l'acide minéral si celui-ci est en excès ou
SÉANCE DU 8 SEPTEMBRE 1902. 489
même s'il est suffisamment, conrentré. Dans ce dernier cas, une simple dilution fait
reparaître la teinte violette, atténuée bien entendu dans la mesure qu'exige la dilution.
» La disparition de la teinte violette se produit avec un excès d'acide qui varie avec
sa nature; il peut même arriver que cet excès soit assez faible pour empêcher l'obser-
vation de la teinte violette. C'est le cas de Vacide oxalique, qu'on peut cependant
titrer avec cet indicateur comme avec la phtaléine en utilisant son second virage du
jaune orangé au jaune-paille sans percevoir à aucun moment la teinte violette.
» Remarque II. — On est actuellement d'accord pour dire qu'un milieu est neutre
quand ni l'hélianthine, ni la phtaléine n'y rougissent, ces deux conditions étant né-
cessaires. On peut dire qu'un milieu est neutre quand il ne modifie pas la teinte
propre jaune orangé de l'isopyrotritaratede fer, cette condition étant suffisante. A cet
égard encore, l'indicateur ferrique suffit non seulement pour indiquer l'acidité ou l'al-
calinité d'un milieu, mais encore pour préciser sa neutralité, ce qui exige actuelle-
ment l'emploi combiné de deux indicateurs différents.
» En résumé, les observations précédentes, jointes aux justifications
numériques dont le détail ne peut trouver place. ici, nous autorisent à con-
clure que l'isopyrotritarate de fer se comporte comme indicateur titrimé-
trique complexe capable de suppléer à l'emploi combiné de l'hélianthine
et de la phtaléine du phénol. »
ANATOMIE COMPARÉE. — Sur le corps interrénal des Plagioslomes. Note de
M. Ed. Grynfeltt, transmise par M. Alfred Giard.
« Le corps interrénal connu depuis les travaux de Retzius (1819) a
attiré à plusieurs reprises l'attention des anatomistes; Sempcr, Leydig, Bal-
four, Chevrel et, plus récemment, Fettil, Diamare, Swale, Vincent, Kohn
ont contribué à la connaissance de cet organe. Néanmoins il m'a paru néces-
saire de mettre en lumière quelques points qui ont échappé aux auteurs
précédemment cités.
» Presque toujours le corps inlerrénal a été considéré comme un organe impair et
médian formé chez les Squales par un cordon plus ou moins allongé de substance
jaunâtre, renflé par places, rétréci ailleurs, parfois au point de se fragmenter en ilôts
distincts, et cliez les Raies représenté souvent par plusieurs amas de substances dis-
posés le long du bord interne des reins, mais quelquefois par une masse ovoïde unique.
» Des nombreuses dissections que j'ai faites en vue d'étudier la disposition anato-
mique de cet organe, il résulte que le corps interrénal doit être envisagé comme un
organe pair. Cette disposition est évidente chez les Raies, et cela non seulement chez
les diverses espèces du genre Raja que j'ai étudiées {R. niosaïca, R. punctata,
R. inarginata, R. clavala), mais encore chez celles où les auteurs n'ont signalé le
plus souvent qu'une masse unique, telles que Trygon et Torpédo. Dans ces derniers
44r> ACADÉMIE DES SCIENCES.
types, bien que la fragmenlalion ne soit pas dans certains cas aussi évidente que chez
Raja et Torpédo, elle n'en existe pas moins; mais les petits fragments sont parfois
réduits au point d'être à peine visibles à la loupe. Et comme ils existent toujours
irrégulièrement disposés sur le bord interne de l'un et de l'autre rein, il en résulte que
dans presque tous les cas, sinon dans tous, le corps interrénal est une formation paire,
quoique non symétrique.
» Chez les Squales, la disposition paire de l'interrénal est beaucoup moins marquée
et est souvent même méconnaissable. Néanmoins il est des cas où le cordon unique en
apparence est interrompu, et où les deux extrémités voisines chevauchent l'une sur
l'autre, ainsi que je l'ai observé quelquefois et que Diamare l'a représenté dans une de
ses figures, si bien que, sur des coupes transversales passant à ce niveau, ce n'est plus
un seul, mais deux interrénaux que l'on trouve entre les deux reins. Du reste, cette
manière de concevoir l'interrénal comme un organe pair est en parfaite concordance
avec les données de van Wijhe sur le développement de cet organe. 11 a montré qu'à
l'origine, chez les Squales, l'ébauche de l'interrénal est paire, mais que les parties qui
en dérivent se fusionnent rapidement en une masse impaire. La disposition signalée
chez les Raies indique que, dans l'immense majorité des cas, sinon dans tous, la parité
primordiale de l'organe persiste chez elles toute la vie, tandis que chez les Squales
elle se modifie le plus souvent au cours du développement. Mais, de l'examen attentif
de certains cas, il résulte néanmoins que, dans ce groupe, l'interrénal doit aussi être
considéré comme un organe typiquement pair.
» La slructure du corps interrénal est. celle d'une glande vasculaire
sanguine. Ainsi que l'ont signalé les auteurs (Diamare, Swale, Vincent,
Rohn), cet organe est essentiellement constitué par des cordons cellulaires
flexueux, largement anastomosés entre eux de manière à former une sorte
de réseau dans les mailles duquel est intriqué im réseau de capillaires
sanguins volumineux. Un détail de structure de ces cordons n'a pas été
signalé par ces auteurs, à savoir la présence à leur surface d'une mince
membrane d'enveloppe absolument anhisle. Facile à apercevoir chez cer-
taines espèces où elle est plus accusée {Centrinà vulpecula, Myliohatis
aquila), elle se distingue, par des particularités de coloration, de la paroi
des capillaires. Chez Myliobatis, elle forme souvent des cloisons de refend
fort caractéristiques à ce point de vue.
» Dans la plupart des espèces ces cordons sont pleins. Chez Myliobatis,
cependant, on voit parfois au centre de cordons coupés transversalement
des espaces où les cellules ont été écartées les unes des autres par l'action
des réactifs, de sorte qu'il y a là une espèce de lumière, à contours irrégu-
liers. Ce fait est important à constater, car il indique une tendance à la
production d'une cavité au centre des cordons. C'est une transition vers
la structure vésiculeuse de cette glande que Petlit a décrite avec soin dans
SÉANCE DU 8 SEPTEMBRE 1902. 44*
le corps de Stannius de V Anguille, corps que la plupart des auteurs con-
sidèrent comme l'homologue, chez les Téléostéens, de l'organe interrénal
des Élasmobranches (Diamare).
» Les cellules de rinterrénal sonl remarquables par leur teneur en graisse, qui
s'accumule dans le cytoplasme sous forme de boules de grosseur très différente les
unes des autres. La nature graisseuse de ce produit a été mise en doute à plusieurs
reprises (Balfour, Chevrel). Dans le but de trancher la question, j'ai prié M. le pro-
fesseur ^'ille d'examiner chimiquement ces organes. Des analyses faites pan M. Ville
et par M. Derrien, son préparateur, il résulte qu'il s'agit bien là d'une substance
graisseuse, qu'ils sont arrivés à caractériser chimiquement.
» En outre, je dois signaler, chez certaines espèces, notamment chez
Zygaena malleus, la présence dans le protoplasma de boules safranophiles,
parfois assez volumineuses, apparaissant sur des coupes où la graisse
a totalement disparu, après des lavages dans les essences.
» Les noyaux de ces cellules sont typicpiement arrondis, mais ils se
montrent souvent déformés par la présence de dépressions et d'encoches
à leur surface : il s'agit sans doute là, ainsi qu'on l'a établi pour d'autres
cellules sécrétantes, de modifications du noyau, liées au rôle qu'il joue dans
les phénomènes sécrétoires des cellules. La chromatine souvent très abon-
dante, présente dans certains cas des variations très grandes dans sa quan-
tité et aussi dans ses affinités pour les matières colorantes. »
BOTANIQUE COLONL\LE. — Sur quelques plantes à caoutchouc de la côte
occidentale d'Afrique. Note de M. Auc. Chevalier ('), transmise par
M. Guignard.
« Comme résultat des explorations scientifiques que le Gouvernement
nous avait confiées en Afrique occidentale française, de 1898 à 1900
(mission du général de Trentinian au Soudan et mission économique du
Sénégal), nous avons pu établir que tout le caoutchouc de ces régions était
produit par une seule espèce de Landolphia. le Landolphia Eeudelotii k. D. C.
et qu'une espèce de Ficus de la côte sénégalaise, le Ficus Vogelii Miq., n'en
produisait qu'une très faible quantité commerciale de qualité inférieure.
Nous avions, au contraire, attendu de nouvelles observations pour nous
(') Je remercie mes collaborateurs, M.\L Coiutet et Martret, de la participation
qu'ils ont apportée à ce travail.
C. R., 1902, 2' Semestre. (T. CvXXV, N° 10.) 5^
442 ACADÉMIE DES SCIENCES.
prononcer sur les résultats des essais de plantations des essences à caout-
chouc de l'Amérique méridionale.
» La nouvelle expédition scientifique que le Gouvernement et l'Institut
nous ont chargé de diriger pour étudier les productions naturelles du
bassin du Tchad a eu pour premier résultat de nous permettre de combler
cette lacune et de commencer l'étude des espèces caoutchoutifères spé-
ciales au Congo français et à l'Afrique centrale.
» Au Sénégal, les nombreux essais de culture du Céara {Manihot Glaziowii) ont
donné de très médiocres résultats. Sans arrosages, les pieds cultivés aux jardins
d'essais de Saint-Louis (jardin de Soz) et de Richard-ToU sont restés nains et chétifs
après 4 ans d'existence. Dès la première année, la racine se tubérise, mais ne contient
qu'une quantité très minime de latex. Aux jardins de Thiès (mission) et de Sédhiou
(poste), ils ont crû plus rapidement. Des pieds âgés de 4 à 7 ans mesurent de S"» à 5"
de liauteur, mais ils ne contiennent que très peu de latex, et ce dernier ne donne que
peu de caoutchouc de qualité secondaire. 11 est à remarquer que les Céaras de cette
région sénégalaise sont dépourvus de feuilles environ 6 mois, c'est-à-dire pendant une
grande partie de la saison sèche.
' » Aux jardins d'essais de Camayen (Guinée française), de Libreville (Gabon) et de
Brazzaville (Congo), où la quantité annuelle des pluies est beaucoup plus abondante,
les Céaras ne perdent que partiellement leurs feuilles, ou les perdent complètement
durant un mois ou deux. En revanche, leur développement est très rapide. Des Céaras
semés au jardin de Brazzaville il y a 2 ans mesurent déjà 5" de hauteur et ont un dia-
mètre de o'",2o à I" au-dessus du sol. Aussi M. Luc recommande-t-il ce végétal
comme arbuste d'avenue à cause de son développement rapide et de son feuillage épais.
» Malgré leur vigueur extraordinaire, les Céaras de ces stations de la zone forestière
d'Afrique ne renferment, en toutes saisons, qu'une faible quantité de latex très
aqueux qui, par coagulation à l'air, produit du caoutchouc de faible valeur. De plus,
si l'on fait sécher l'écorce fraîche au soleil, on n'y retrouve plus le caoutchouc coa-
gulé s'étirant en fds, comme dans les écorces sèches du Landolphia à caoutchouc.
D'où impossibilité d'extraire du caoutchouc de l'écorce par les procédés Arnaud, etc.
» Il semble donc qu'il faut renoncer à la culture en Afrique du Manihot
Glaziowii comme plante à caoutchouc.
» On a tenté également, à la côte occidentale d'Afrique, la culture de
ÏHevea brasiliensis et du Castilloa elastica. Au Sénégal, les jeunes pieds de
ces deux espèces sont morts très rapidement, le climat étant trop sec ;
mais, aux jardins d'essais de Camayen et de Libreville, ils ont acquis,
après 3 ans de plantation, un beau développement.
» Ces arbres sont toutefois trop jeunes et trop peu nombreux encore
pour qu'on puisse se prononcer sur leur avenir ( ' ).
(') Les jeunes pieds d'arbre à gullst (Palai/aii/m longi/oliiini) inlroduils en 1898
SÉANCE DU 8 SEPTEMBRE 1902. 443
» Le caoutchouc du Ficus Vogelii ]\liq., dont nous avions signalé l'ex-
ploitation en 189g et 1900, n'est plus exporté du Sénégal parle commerce.
De qualité inférieure, il ne pouvait être vendu longtemps dans des condi-
tions rémunératrices.
» Un autre Ficus du Sénégal, que nous avions signalé sous son nom
indigène de Dob Guinée, donne un caoutchouc non commercial analogue à
celui du Ficus Vogelii; M. le Professeur O. Warburg, de Berlin, a distingué
cette espèce du Ficus lauri/olia Bouché, dont elle est voisine, sous le nom
de Ficus laurifolioides O. Warb. Nous l'avons observée cette année au
Sénégal, à Conakry (Guinée française) et à Kotonou (Dahomey), toujours
plantée le long des rues et autour des cases indigènes.
» Nous signalerons enfin une troisième espèce de Ficus qui semble se
substituer, sur les bords de l'estuaire du Gabon, au Ficus Vogelii dont elle
a les principaux caractères. Comme elle n'a pas encore été signalée, du
moins à notre connaissance, nous en donnerons la description suivante :
» Ficus pseudo-Vogelii sjj. iiov., arljie de 8™ à 12"° de haut; extrémité des rameaux
recouverte d'un feutrage épais de poils roux; feuilles coriaces, ovales-lancéolées,
entières, cunéiformes à la base, arrondies, obtuses au sommet, longues de i5'''" à aS''".
larges de G"^" à 7'^". Pétiole épais, long de 5"" à 7™, creusé en dessus d'une fossette
profonde, recouvert sur toute sa surface de petites écailles rousses apprimées et hérissé
en outre, à la base, de poils raides de même couleur.
» Nervure médiane et nervures secondaires (au nombre de cinq à sept paires)
saillantes en dessous, hérissées sur les côtés de poils blancs roussâlres. Fruits scssiles,
serrés à l'extrémité des rameaux, de la taille d'une très grosse cerise, d'un rouge orangé
à maturité, recouverts de longs poils blanchâtres apprîmes. Libreville : assez commun
à travers le village. Juillet 1902.
» Cet arbre n'est pas exploité par les indigènes, mais son latex donne
un produit analogue au caoutchouc du Ficus Vogelii. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur la durée germinative des graines exposées à
la lumière solaire. Note de M. Victor Jouix, présentée par M. Dehérain.
« On attribue généralement à la lumière, surtout à la lumière solaire,
une influence nuisible à la durée germinative des graines. Au cours des
recherches que je poursuis sur la vie latente des graines j'ai fait quelques
expériences pouvant indiquer si les rayons lumineux ont ou n'ont pas une
au jardin d'essais de Libreville ont disparu, à l'exception d'un exemplaire de belle
venue.
444 ACADÉMIE DES SCIENCES.
aclion spécifique de cette nature, en dehors de celle qu'il faut attribuer à
l'élévation de température qui les accompagne ordinairement et dont je me
suis occupé précédemment ('). Ces expériences peuvent être classées en
deux catégories :
» a. Celles où les graines placées en vase ouvert recevaient la lumière
sous des écrans colorés.
» h. Celles où l'on opérait de même en tube scellé.
» Je ne parlerai ici que de ces dernières faites sur le cresson alénois.
» Voici la technique de ces expériences : on remplissait de graines le tiers ou la
moitié de la capacité de tubes jaugeant environ 5™=. Quelques-uns de ces tubes étaient
enduits de vernis noir opaque ou de vernis blanc au sulfure de zinc phosphorescent.
D'autres étaient disposés suivant l'axe de tubes plus larges et l'intervalle annulaire
était rempli de différents liquides. Dans la plupart de ces tubes on faisait un vide plus
ou moins complet sur les graines introduites dans leur état naturel ou préalablement
desséchées. Dans ce dernier cas on assurait cette dessiccation en introduisant une pin-
cée d'anhydride phosphorique dans l'extrémité des tubes façonnée en ampoule, com-
muniquant par un étranglement avec la partie réservée aux graines. Tous ces tubes
furent placés dans une serre, sur une tablette éclairée directement par le soleil plu-
sieurs heures par jour. Des thermomètres convenablement placés permettaient d'ob-
server les températures atteintes par les tubes au cours des expériences. Le maximum
ne dépassa pas 5o° et ne fut atleint qu'exceptionnellement.
» Dans ces conditions, toutes les graines non desséchées perdirent complètement
leur pouvoir germinatif en quelques semaines d'été. De loo il tombe à o au bout
d'un mois ou deux. Que les tubes fussent opaques ou transparents, la résistance des
graines a paru beaucoup plus dépendre de l'action calorifique que de l'action lumi-
neuse.
» Celles qui ont résisté le plus longtemps étaient celles dont le tube les protégeait
le mieux contre la chaleur.
» Il en va autrement avec les graines desséchées. Celles-ci paraissent résister plus
longtemps, sinon indéfiniment.
.. Le 27 mars 1S96, un tube fut préparé avec acide phosphorique et graine sèche
d un pouvoir germinatif, alors, de 92 pour 100. Ce tube resta exposé au soleil jusqu'au
4 août 1902. A ce moment, le pouvoir germinatif était encore de 69 ijour 100, bien que
le vide n'ait pas été fait au moment du scellement.
» Celte circonstance n'a pu que nuire à la conservation du pouvoir germinatif.
. » D'autres tubes préparés en même temps que le précédent pourront permettre de
prolonger l'expérience. »
La séance est levée à 4 heures.
G. D.
(') Comptes vendus, t. CXXIX, p. 898.
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER-VILLARS,
Quai des Grar.ds-Augustins, n° 5j.
s i835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Ils forment, à la fin do l'année, deux volumes in-4". Deux
■une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel
lu I *'^ Janvier »
Le prix de l'abonnement est fixé ninsi qu il suit :
Paris : 20 fr. — Départements : 3J0 fr. — Union postale : 34 fr.
On souscrit, dans les Départements,
ehez Messieurs :
Ferran frères.
I Chaix.
i Jourdan.
( Ruff.
Courlin-Hecquet.
( Germain elGrassin.
( Gaslineau.
Jérôme.
Régnier.
I Feret.
c ; Laurens.
I Muller (G.).
Renaud.
; Derrien.
\ F. Robert.
j Oblin.
' Uzel frères.
Jouan.
y Perrin.
( Henry.
( Marguerie.
( Juliot.
'I Bouy.
. Nourry.
Ratel.
1 Rey.
', Lauverjat.
I Degez.
t, Drevel.
( Gralier et C".
elle Foucher.
( Bourdignon.
( Dombre.
1 Thorez.
( Quarré.
Lorienf.
Lyon .
chez Messieurs ;
( Baurnal.
i M"* Texier.
Bernoux et Cumin.
^ Georg.
, Effanlin.
i Savy.
' Vitie.
Marseille Ruât.
) Valat.
Montpellier
M>ulins.. .
I Coulel el fils.
Maniai Place.
/ Jacques.
1 Grosjean-Maupm.
( Sidot frères.
( Giiisl'hau.
( Veloppé.
( Barma.
! Appy.
rtimes Thibaud.
Orléans Lod:lé.
I Blanchier.
( Lévrier.
Rennes Plihon et Hervé.
liochefort Girard (M"")-
( Langlois.
( Leslringant.
S'-Étienne Chevalier.
( Ponleil-Burles.
( Rumèbe.
\ Gimel.
/ Privât.
, Boisselier.
Tours Péricat.
( Suppligeon.
\ Giard.
) LemaUre.
Nancy .
Nantes
Nice. ..
Nime
Orléc
Poitiers.
Rennes
Hochefi
Houen.
S'-Étie
Toulon...
Toulouse-
Tours
Yaienciennes.
On souscrit, à l'Étranger,
Amsterdam ■
chez Messieurs ;
1 Feikema Caarelsen
i el C".
Athènes Beck.
'Barcelone Verdaguer.
Asher et C*.
Eerlin .
I As:
iDa
âmes.
Friedlander el fils.
( Mayer el Muller.
Berne Schmid Francke.
Bologne Zanichelli.
/ Lamerlin.
Bruxelles Mayolezet Audiarle.
I Lebégue et C'".
( Solchek et C°.
li^clicrcsc (Alcalay.
Budapest Kilian.
Cambridge Deighton, Bell et C".
Christiania Caramermeyer.
Constantinople. . Otto Keil.
Copenhague Hôst et fils.
Florence Seeber.
Gand Hoste.
Gènes Beuf.
/ Cherbuliez.
Genève Georg.
( Stapelmohr.
La Haye Belinfanle frères.
i Benda.
Fayot el C'".
Barth.
Lausanne..
Leipzig
Liège.
Brockhaus.
Kœhlcr.
Lorenlz.
Twielmeyer
^ Desoer.
( Gnusé.
chez Messieurs :
I Dulau.
Londres Hachette et C".
' Nuit.
Luxembourg.... V. Bûck.
/ Ruiz et C".
Madrid f^^""> y P""«'
j Capdeville.
' F. Fé.
,, , ( Bocca frère».
Milan
) Hœpli.
Moscou Tastevin.
Naples (Marghierid, G,«,.
( Pellerano.
; Dyrsen et l'fcilTcr.
Ne„s sédimentaires, suivant l'ordre de leur superposition. - Di.cu.cr la question ''^ ''"^^^'^^^ "^^ f't., m. ,e Professeur Bbo... in-','
ercher la nature des rapports qui existent entre l'état actuel du règne organique et ses elats anteiieurs », par ^^ ^^
; planches; 18G1
la même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences et V. Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences.
• W 10.
T4BLE DES ARTICLES. (Séance du 8 sej^tembre 1902.)
MEMOIRES ET COMMUIVIGATIOIVS
DES MEMBIiES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pages.
M. le Président annonce à l'Académie la
mort de /?. îï/'cAoïr. Associé étranger 409
i\[. Bouchard. — Allocution à l'occasion de
la mort de /}. Virchoa- 409
RI. Paul Painlevé. — Sur l'irréductibilité
des transcendantes uniformes définies par
Pages,
les équations différentielles du second
ordre 4,,
M. Considère. — Étude expérimentale de
la résistance à la compression du béton
fretté
410
CORRESPOND AIVCE.
MM. A.Lacroix.Rolletde L'IsLEet Giraud.
— Sur l'éruption de la Martinique
M. H. Andoyer. — .Sur l'accélération sécu-
laire de la longitude moyenne de la Lune.
MM. BoRRELLY et L. Fabry. — Observations
de la comète b 1902, découverte le i" sep-
tembre par M. Périne et le 2 septembre,
d'une manière indépendante, par M. Bor-
relly, à l'Observatoire de Marseille
M. P. Chofardet. — Observations de la co-
mète 1903 b, faites à l'Observatoire de Be-
sançon
M. Ed.mond Maillet. — Sur les équations
419
432
433
433
différentielles et la théorie des ensembles. 43'|
M. X. Turpain. — Sur les propriétés des en-
ceintes fermées, relatives aux ondes élec-
triques 435
M. L.-J. Simon. — Sur un nouvel indicateur
acidimétriquc 43^
M. Ed. Grynfeltt. — Sur le corps interrénal
des Plagioslomes 439
M. Auc. Chevalier. — Sur quçlques plantes
à caoutchouc de la côte occidentale d'A-
frique 44,
M. Victor JoDiN. — Sur la durée germinative
des graines exposées à la lumière solaire . . 443
PARIS. — IMPRIMERIE G AUT HI li R - V IL L A RS,
Quai des Grands-Augustins, 55.
le Ccrani; G.vLTilli: R-ViuLAns
r~-.
1902
SECOND SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
TOME CXXXV.
W \\ (15 Septembre 1902
^ PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉ..NCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
Quai des Grands-Augustins, 55.
1902
€
REGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDU;
ADOPTÉ DANS LES SÉANCES DES 23 JUIN 1862 ET 24 MAI 1875
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l'Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article i". — Impression des travaux de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un associé étrange) de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie
ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans
le Compte rendu de la semaine que si elle a été remise
le jour même de la séance. .
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis-
cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca-
démie ; cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont
ils donnent lecture à l'Académie avant de les re-
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap-
ports relatifs aux prix décernés ne le sont q
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blique ne font pas partie des Comptes rendus.
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étrangers à l'Académie. ,
Les Mémoires lus ou présentés par des p«
qui ne sont pas Membres ou Correspondants (
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou (
suiné qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoii
tenus de les réduire au nombre de pages rei
Membre qui fait la présentation est toujours r
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cel
autant qu'ils le jugent convenable, comme ilf
pour les articles ordinaires de la correspondai
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être
l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus
jeudi à I o heures du matin ; faute d'être remis à
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actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte ren
vant et mis à la fin du cahier.
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Dans le cas exceptionnel où des figures si
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teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapp.
les Instructions demandés parfe Gouvernemei
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrai
un Rapport sur la situation des Comptes rendus
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution d
sent Règlement.
déîrsefaTs^^rlS'L'rîus'ur?;^^^ f " ^^'"'^''^ '«"" ^^-"-^ P- ^^- 1" Secrétaires perpétuels sont prié,
plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5^ Autrement la présentation sera remise à la séance s.
I
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 15 SEPTEMBRE 1902.
PRÉSIDENCE DE M. BOUQUET DE LA GRYE.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
AGRONOMIE. — Culture du lupin jaune (Lupinus luteus).
Note de MM. P.-P. Dehérain et E. Demoussy.
« Nous avons déjà eu l'honneur, à diverses reprises, d'entretenir l'Aca-
démie des recherches que nous avons entreprises depuis plusieurs années
sur la culture des Légumineuses; nous lui demandons aujourd'hui la per-
mission de lui exposer nos études sur le lupin jaune, qui, dans l'est de
l'Europe, rend de tels services, sur les terres pauvres, qu'on l'a souvent
appelé la plante d'or des sables.
', Le lupin jaune a la réputation d'être essentiellement calcifuge, et, en
effet, nous l'avons vu disparaître rapidement lorsqu'il a été semé dans des
terres très calcaires de l'Yonne, du Puy-de-Dôme et aussi dans notre jardin
du Muséum. Cependant, quand on analyse les cendres des hipms qui ont
crû dans des terres variées, même pauvres en carbonate de chaux, on y
trouve une quantité de chaux notable, de telle sorte qu'il semble que ce
soit seulement une proportion considérable de cette base dans le sol qui
empêche la réussite.
» Quand on a enrichi le sol de phosphate de potasse, le lupin jaune a
en effet vécu dans une terre de Bretagne très pauvre en chaux, mais addi-
tionnée de ^, de ^ et même de ^ de calcaire; il est devenu chétif
quand la proportion de calcaire est montée à ^s; si l'on ne donne pas de
phosphate de potasse, l'influence du calcaire est beaucoup plus fâcheuse,
la récolte beaucoup plus faible, de telle sorte qu'il semble bien que c'est
en retardant l'assimilation de l'acide phosphorique que le calcaire est sur-
tout nuisible.
C. R., .902, 2« Semestre. (T. CX.XXV, N° 11.)
446 ■ ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Le sol du champ d'expériences de Grignon est assez riche en acide
phosphorique pour que les engrais phosphatés n'y exercent habituellement
aucune action, et, bien qu'il renferme ■— de chaux, le lupin jaune y
croît, fleurit et mûrit ses graines, mais il ne porte pas de nodosités sur ses
racines et n'acquiert qu'un médiocre développement.
» Dans ces conditions, le lupin vit comme une Graminée en profitant
des ressources du sol, elles lui fournissent les matières azotées qui lui sont
indispensables ; si, en effet, on le sème dans un sable stérile, en lui donnant
seulement des engrais minéraux, il périt s'il n'apparaît pas de nodosités
sur les racines, mais vit, au contraire, si l'on a donné, en même temps que
les engrais minéraux, de l'humus extrait de la terre de jardin par l'action
successive du carbonate de potasse pour le dissoudre et de l'acide chlor-
hydrique pour le précipiter.
» Les Légumineuses ont donc deux modes d'existence différents : elles
vivent comme les Graminées en s'approvisionnant d'azote dans le sol,
mais elles vivent aussi et atteignent un puissant développement quand
elles portent sur leurs racines des nodosités peuplées de bactéries efficaces,
qui font entrer en combinaison l'azote atmosphérique.
» Celles qui s'accommodent de la symbiose avec les lupins jaunes ne sont
pas banales; c'est en vain qu'en employant la méthode d'inoculation de
M. Bréal nous avons essayé de faire naître les nodosités, sur les racines
du lupin jaune, en les piquant avec des aiguilles trempées dans des nodo-
sités de luzerne, de vesce velue ou d'ajonc. A Grignon, deux parcelles
très voisines portent, depuis plusieurs années, des lupins blancs dont les
racines sont couvertes de nodosités et des lupins jaunes qui n'en ont pas;
les bactéries de l'une des espèces ne conviennent donc pas à l'autre.
» Nous avons vu cependant les nodosités apparaître sur les racines de
lupins jaunes ensemencés dans du sable mélangé à de la terre de bruyère,
à de la terre provenant de Bretagne, à de la terre de la station de Chimie
végétale de Meudon; mais, tandis que sur celle-ci les lupins blancs et
bleus prennent un très beau développement, les bactéries qu'elles ren-
ferment n'exercent qu'une très médiocre action sur le lupin jaune.
» Tandis que les plantes qui ont crû dans la terre de Bretagne, ou dans
le sable additionné de terre de bruyère et d'engrais minéraux, pèsent, après
dessiccation, de 2^ à 3^, il en a été tout autrement des lupins que nous avons
récoltés sur une terre provenant de l'École d'Agriculture de Genouillac
dans la Creuse.
» Cette terre est très forte et paraissait ne pas convenir au lupin jaune,
SÉANCE DU t5 septembre 1902. 44?
la niante des sables ; mais elle était très peu chargée de chaux, aussi l'avons-
nous ensemencée; elle a été très favorable, comme le montre le Tableau
ci-après :
LCPraS JAUXBS RÉCOLTÉS EN JUILLET IQOa.
Poids
Nombre Récolte Nombre d'un
Numéros ^^ ^^^jg Récolte de pied moyen
«1^5 ^ ■ j- , K ^c pieds. totale. sèche. gousses. sec.
vases. Engrais distribues. pieus.
i» Terre de Genouillac (Creuse).
221 5s phosphate de potasse 5 - i avorté 267 45 45 9
~1 ^ ^ „ 5-2 avortés 3io 4o,5 49 «'=>
223 58 phosphate de potasse, 26 sul-
fate de chaux
224 5s phosphate de potasse, 2S sul- ^^ ^^^
fate de chaux ^ ' , , 5
225 i5s scories de déphosphoration.. 8 abo 40,2 44 ^^^
226 » " ■•
227 55 phosphate de potasse, 2? sul- ^^ ^^^
fate de magnésie 7
228 5^ phosphate de potasse, 2S sul-
fate de magnésie « ^'^ '*'*'
229 5s phosphate de potasse, 26 sul-
fate de chaux, 2? carbonate de
n 260 34,6 2» 3
magnésie /
230 5e phosphate de potasse, 26 sul-
fate de chaux, 2? carbonate de
8 33o 45,0 40 3>o
magnésie
2° T-erz-a ^e Bretagne, Sainl-Briac {Ille-et-Vilaine).
56 i58 scories en 1 90 1,1 5e sulfate de ^^^ _^^ ^^ ^g
potasse en 1902 7 ' ^
3° Terre de Grignon {Seine-et-Oise).
, Ti . T 72 10,2 16 1,7
71 JLo. de terre de Bretagne 7 ^
285 -Lî- de terre de la Creuse ," ' ^
>> On voit que nous avons semé les lupms dans trois terres différentes;
dans la terre de Grignon, malgré le mélange avec la terre de B-etagne ou la
terre de la Creuse, les récoltes ont été misérables: un p.ed sec pesé en
moyenne t V ou x^ 7 ; dans la terre de Bretagne, les résultats sont med-
lears : un p.ed s.c pèse 3^ 8 ; cettK qui ont cru sur la terre de la Creuse
atteignent 5^,6^, 8^ et même 9» .
^^i^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
« On jugera des différences que présentent ces récoltes par la photo-
graphie que nous mettons sous les yeux de l'Académie (').
» Au point de vue physique, la terre de GenouiUac est très inférieure à
la terre de Bretagne; elle est moins fdtrante, plus compacte, plus lourde-
nous avons choisi, pour établir la comparaison, les lupins les meilleurs qui
aient crû sur la terre de Bretagne; elle est en expériences depuis plusieurs
années et n a jamais donné de récoltes plus fortes que celles de 1900
«Nous ne voyons d'autre raison à invoquer, pour exphquer la supé-
riorité des lupins de la Creuse, que la nature des bactéries fixées sur la
racine des lupins qui y ont crû. Les nodosités dont elles provoquent l'ap-
pantion sont nombreuses à la partie supérieure de la racine, elles sont
assez fortes et parfois pressées les unes contre les autres; celles oui
naissent sur les racines des lupins de la terre de Breingne sont plus écar-
tées, de dimensions inégales; elles descendent souvent jusqu'à la partie
intérieure de la racine.
» Il importe donc de bien noter les points suivants :
» Non seulement toutes les espèces de bactéries susceptibles de donner
des nodosités sur les racines des Légumineuses ne sont pas capables de
se fixer sur les racines des lupins jaunes, mais en outre celles qui font
apparaître des nodosités sont très inégalement efficaces ; les unes, Genouil-
lac (Creuse), provoquent une végélation luxuriante; d'autres, Saint-
Briac (lUe-et-Vilame), ne soutiennent que médiocrement la véoétation
mais sont encore supérieures à celles qui apparaissent parfois sur les
lupins croissant dans la terre de Grignon inoculée.
» Nous avons déjà observé des faits analogues dans nos expériences sur
Jes lupins blancs, qui portent parfois des nodosités garnies d'espèces
tavorables et parfois d'espèces parasites ( = ).
» ^«/•'^^«'^e'. des longues études que nous avons consacrées aux lupins
jaunes découlent les conclusions suivantes :
" 1° Bien que le lupin jaune soit en général considéré comme une
planta vivant dans le sable, il prospère également dans les terres fortes-
>' 20 II supporte de faibles dos^s de calcaire dans les terres neutres
mais per.t si l'on introduit le calcaire dans une terre acide comme la terre
de bruyère;
(') Elle paraifa avec le détail des sk ans d'expériences, dans le Cahier de
septembre 1902 des Annales agronomiques, t. XXVIII, n° 9
r-) annales agronomiques, l.XWl, p. 5y;Comptes'renc/ùs,i.CXXX p 20 et 465
SÉANCE DU l5 SEPTEMBRE 1902. /t49
» 3° Quelle que soit sa station nous avons toujours trouvé clans ses
cendres une forte proportion de calcaire;
,, 4<>'ll vit, fleurit et mûrit ses graines dans un sol renfermant 4 cen-
tièmes de chaux ; dans ces conditions il n'a pas porté de nodosités sur ses
racines et n'a jamais acquis qu'un médiocre développement;
,, 5° Sa croissance est meilleure dans des terres sans calcaire, parfois
cependant il n'y rencontre que les germes de bactéries produisant des
nodosités, mais peu efficaces et les récoltes sont encore médiocres;
>, 6° Elles ne sont luxuriantes que si les terres renferment des bactéries
d'une espèce tout à fait favorable à la symbiose, comme celles que nous
avons rencontrées dans la terre de Genouillac (Creuse). C'est dans ces
conditions que le lupin jaune rend de grands services, qu'il soit employé
à la nourriture des chevaux ou des moutons ou enfoui comme engrais vert.
« Si l'on veut tenter la culture du lupin jaune, sur des terres sans cal-
caire, il sera bon d'en semer sur de petites surfaces; si la réussite n'est que
médiocre, il n'y a guère de chance de l'améliorer par des apports de terre,
car toutes les tentatives que nous avons faites n'ont donné que de très
médiocres résultats ou même ont échoué complètement. »
ASTRONOMIE. - Sur la surface focak principale de l'objectif de l'équatorial
photographique de l'Observatoire de Toulouse. Note de MM. B. Baillaud
et MONTANGERAND.
« Dans une Note insérée aux Comptes rendus du 2 juin, l'un de nous a
donné les premiers résultats d'une statistique concernant la distribution
des étoiles dans les clichés de la Carte photographique internationale
obtenus par M. Montangerand, à Toulouse. Des circonstances majeures
■lyant retardé l'étude complète que M. Montangerand se propose de faire
de la forme de la surface focale principale de son objectif, d a paru conve-
nable de publier les résultats acquis à ce jour.
>> La statistique a été faite, carré par carré de 5- de côté, de 108 cli-
chés et de 94 Cartes héliogravées correspondant à 94 de ces 108 clichés. La
statistique des 108 Cartes sera donnée dans une étude complète, quand
les 108 Cartes seront toutes tirées. ....ç.
„ En raison de la symétrie, on a superposé les carrés de la moitié inté-
rieure de chaque cliché à ceux de la moitié supérieure, en repliant, en
45o ACADÉMIE DES SCIENCES.
quelque sorte, le cliché autour de l'axe horizontal qui passe par son centre.
On a superposé ensuite la moitié de droite sur celle de gauche, en repliant
autour du cercle horaire passant par le centre. Enfin, on a replié le carré
ainsi obtenu autour de celle de ses diagonales qui passe par le centre.
» Dans ces conditions, le nombre le plus bas du Tableau ci-dessous
indique la moyenne des nombres d'étoiles trouvés dans les carrés voisins
du centre. Les nombres de la colonne verticale de droite donnent les
moyennes concernant les deux rangées horizontales et les deux rangées
verticales qui passent par le centre. Chaque nombre de la ligne horizon-
tale supérieure est la moyenne des nombres d'étoiles de huit carrés placés
symétriquement sur le contour du cliché.
143
161
«79
189
19'
207
227
245
242
248
265
266
270
175
195
206
2l3
225
243
264
256
271
281
287
287
2l3
227
282
263
267
296
298
298
322
32 1
322
249
2.55
265
287
3o5
3o6
319
338
339
332
270
288
3l2
324
33i
349
348
349
332
298
3i8
336
342
359
356
378
362
35 1
357
373
370
377
382
382
367
374
388
376
387
412
390
4o3
387
378
387
392
390
395
370
390
385
394
390
390
» M. Montangerand, conformément aux décisions du Congés astropho-
tographique, s'était toujours efforcé d'obtenir la mise au point à une dis-
tance d'environ 33 minutes d'arc du centre, c'est-à-dire à égale distance
du centre et du bord. Un cercle concentrique au cliché, et ayant ce ravon,
passe à travers les carrés correspondant aux quatre nombres écrits en
chiffres anglais. On voit qu'il passe vers la région où le nombre des étoiles
est maximum. Un cercle ayant 65 minutes d'arc de rayon, et, par suite,
inscrit dans le carré limitant le cliché, s'étend vers les carrés correspon-
dant aux nombres en chiffres gras. A cette limite, la diminution du nombre
des étoiles est sensible; elle correspond à peu près à la perte d'une demi-
grandeur. Dans les angles, la perte est considérable et atteint une grandeur
et demie. Il ne faut pas oublier que l'inconvénient de cette perte est bien
atténué par ce fait que les clichés de la seconde série ont précisément
pour centres les angles de ceux de la première.
SÉANCE DU l5 SEPTEMBRE 1902. , 4^1
» Il y aurait, sans doute, intérêt à faire la mise au point à 45 minutes du
centre. On gagnerait un nombre sensible d'étoiles, sans perdre beaucoup
au centre. Mais on peut penser qu'il y aurait inconvénient, pour l'objectif
de Toulouse, à faire la mise au point tout au bord. On gagnerait beaucoup
d'étoiles, mais des étoiles dont les images seraient moins bonnes, et l'on
perdrait un nombre sensible d'étoiles centrales, celles dont les images sont
les meilleures.
» M. Montangerand a fait, les 3, 4) 5 et i r juin, des clichés spéciaux
pour l'étude de la forme de la surface focale principale. Regardant cette
surface comme sphérique, il lui a trouvé un rayon d'environ i™,2.5. Ce
nombre n'est que provisoire. La question est trop intéressante pour n'être
pas l'objet d'une étude minutieuse. Les résultats de cette étude seront
publiés dès qu'il sera possible à M. Montangerand de la terminer. »
CORRESPOND AA CE .
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, une traduction allemande d'un Ouvi'age de M. Adolphe
Minet, portant pour titre : « Die Gewinnung des Aluminiums und dessen
Bedeutung fur Handel und Industrie ».
PÉTROGRAPHIE. — Sur les roches rejetées par i éruption actuelle
de la Montagne Pelée. Note de M. A. Lacroix.
« Au cours de notre mission à la Martinique, nous avons recueilli une
très grande collection des produits de tout genre, provenant de l'éruption
actuelle; obligé de repartir immédiatement pour suivre de près la marche
de celle-ci, j'ai l'honneur de communiquer à l'Académie un aperçu som-
maire de la constitution minéralogique des roches rejetées par le volcan
depuis les premières explosions jusqu'au 3£ juillet.
M On a vu dans une Communication antérieure que, jusqu'à présent, il
ne s'est produit à la Montagne Pelée aucune coulée de lave, mais que de
nombreux blocs de roches sont projetés du cratère. Pendant la nuit, grâce
à leur incandescence, on les voit rouler à la surface d'un talus qu'elles
édifient par leur accumulation en haut de l'échancrure ouverte au sud-
ouest dans le haut de la Montagne Pelée. Tandis que les cendres ont été
4^2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
abondamment rejetées des côtés ouest et sud-ouest du cratère dans la plu-
part des éruptions et qu'elles ont atteint toute la surface de l'île lors des
grandes explosions, les blocs volumineux, au contraire, sont restés loca-
lisés sur les crêtes et sur les flancs de la Montagne Pelée, dans un rayon
de 800™ environ à partir du cratère. C'est là qu'ont été recueillis les échan-
tillons étudiés. J'ai éliminé pour l'instant tous les matériaux récoltés loin
du cratère, dans la vallée de la rivière Blanche, où ils sont mélangés à des
roches souvent très analogues, provenant des éruptions anciennes qui ont
édifié la Montagne Pelée.
» Les roches produites par l'éruption actuelle (' ) offrent des caractères
extérieurs fort variés; ce sont : 1° des roches compactes, vitreuses, d'un
gris noir, constituant des blocs fragiles parfois énormes; tels sont ceux qui
ont été projetés dans l'ancien lac des Palmistes et sur les pentes est de la
montagne, antérieurement au 29 juin, date de notre première ascension ;
quelques-uns d'entre eux sont de véritables obsidiennes; 2° des bombes
de toute taille, de couleur plus claire que les précédentes; présentant de
profondes et sinueuses fentes de retrait sur toutes leurs faces (observées
par nous après le 9 juillet); 3° des blocs anguleux de ponce blanche, pou-
vant atteindre plus de 1°' (éruption du 9 juillet).
» Un examen sur le terrain permet déjà de voir que ces roches, si dif-
férentes en apparence, ne constituent en réalité que des variations d'un
même type pétrographique.
» En brisant un grand nombre de bombes à fissures de retrait, j'ai
recueilli toute une série d'échantillons dans lesquels on trouve, de la péri-
phérie au centre, tous les passages entre le verre compact qui constitue
leur croûte et la ponce la plus poreuse.
» L'examen microscopique confirme cette première impression. La
composition minéralogique de ces roches est celle que faisait prévoir
l'étude des cendres du 3 mai dont j'ai entretenu antérieurement l'Aca-
démie (-). Ce sont des andésites à hypersthène, riches en phéaocristaux
et devant aux conditions rapides de leur refroidissement une pâte presque
toujours plus ou moins complètement vitreuse.
» Les phénocristaux sont constitués par des plagioclases (série des
andésines aux bytownites) très zones, à formes nettes. Ils prédominent
(') Je ne m'occupe pas daas celte Note des blocs de roches volcaniques anciennes
(enclaves) arrachés aux parois de la cheminée.
(^) Comptes rendus, 2 juin 1902.
SÉANCE DL' l5 SEPTEMBRE I902. 4^3
sur les éléments colorés dont le principal est i'hypersthène, accompagné
de titanomagnétite avec fréquemment, en outre, une petite quantité d'au-
gite, de hornblende (parfois en partie résorbée en un mélange d'hyper-
slhène, de magnétite et de plagioclases) et d'olivine ( ' ).
» La matière vitreuse est le plus souvent incolore et limpide; elle ren-
ferme quelques cristallites aciculaires d'hyperslhène, mais souvent et
particulièrement dans le centre des bombes refroidies moins rapidement
que leur extérieur; celte matière vitreuse est trouble, criblée de cristallites
irréguliers de feldspath et d'hypersthène, ainsi que de ponctuations de
magnetite.
» Les ponces ne se distinguent des types vitreux compacts que par
l'existence de très larges bulles aux parois étirées. La dilatation des gaz
dans cette matière visqueuse a souvent, en outre, déterminé la rupture
d'une partie des phénocristaux de la roche.
» Ces andésites compactes ou ponceuses sont fréquemment hétéro-
gènes; elles présentent alors des lits interrompus, dans lesquels la matière
vitreuse est inégalement colorée et souvent aussi irrégulièrement dévi-
trifiée ; c'est particulièrement le cas pour des ponces rubanées dont tous
les éléments cristallins sont formés par des fragments brisés et anguleux
de phénocristaux réunis par du verre; il me semble probable que ces
roches résultent de l'agglutination par la chaleur de cendres retombées
dans le cratère.
» La forme anguleuse des blocs et des menus fragments des ponces du
9 juillet fait penser qu'ils ont été produits par la rupture d'une croûte
scoriacée solide formée à la surface du magma monté dans le cratère.
» Quant aux bombes à fissures de retrait, elles proviennent probable-
ment de portions plus profondes du magma projetées à une température
plus élevée. La rapidité de leur refroidissement pendant leur trajet aérien
a déterminé la consolidation brusque de leur croûte externe et l'expulsion
des gaz qui y étaient dissous. On s'explique ainsi leur structure vitreuse,
l'absence de quantité notable de bulles gazeuses, enfin la présence des
fissures de retrait creusant toutes les faces des blocs projetés.
M II est arrivé fréquemment que le refroidissement n'a pas été assez
rapide pour permettre la consolidation simultanée de toute la bombe;
(') La proportion du minéral magnétique est très faible; la teneur en oxyde de fer
est en naoyenne de 5 à 6 pour 100, et une portion notable en est absorbée par les miné-
raux ferromagnésiens.
G. R., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N° 11.) ^9
454 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dans ce cas, après la consolidation de l'écorce externe, le centre de la
bombe restant visqueux pendant quelque temps, les gaz, mis en liberté
au cours de son refroidissement, ont pu déterminer en se détendant la
production de nombreuses bulles et donner naissance ainsi à la structure
ponceuse; c'est ainsi que peut être expliqué le mode de formation des
bombes compactes à la périphérie et ponceuses au centre.
» L'étude minéralogique et chimique des roches que nous venons de
décrire conduit à cette conclusion que si le volcan entrait dans une phase
de coulée, il produirait des andésites identiques à celles que l'on trouve
en place dans le massif de la Montagne Pelée et qui ont été formées au
cours des éruptions antérieures à la découverte de la Martinique. »
ÉLECTRICITÉ. — Sur les différences de potentiel au contact. Note
de M. Pierre Bolet, transmise par M. Mascart.
« Voici une classe de piles qui semblent pouvoir fournir la valeur du
contact électrique de deux métaux. Associons les amalgames saturés des
deux métaux considérés avec deux électrolytes convenablement choisis.
Dans la chaîne amalgame M | liquide L| liquide L'| amalgame M', ainsi
constituée, la différence de potentiel totale E en circuit ouvert est la somme
des contacts électriques, ou symboliquement
E = M I L 4- H L' + L'|M'4- M'|M,
d'où, pour le contact des deux amalgames,
M' 1 M = E - [M I L + L 1 1/ -h L'I M'].
On simplifie la mesure en rendant L| L' négligeable par le choix des élec-
trolytes ]j et L', de sorte qu'il reste
(i) M'|M = E-[M|L4-L'|M'].
Pour avoir un contact L | L' négligeable, on forme les liquides L et L' avec
deux solutions identiques du même acide, et, à l'exemple de Rothmund
et de Meycr ('), chacune de ces solutions est additionnée d'une trace du
sel de même anion ilu métal adjacent, pour donner des contacts M|L bien
définis. Ainsi, on prend pour L une solution normale de SO^H^ addition-
(I) Zeilschrift, l. XV, 1894, °et Wied. Ann., l. LVl, 1893.
SÉANCE DU l5 SEPTEMBRE 1902. 455
née de SO*M à la concentration — normale: de même, pour L', une
100 '
solution normale de SO*H- additionnée de SO'M' à la concentration —
100
normale. Au cas où un sulfate est presque insoluble, on en sature la solu-
tion d'acide sulfurique. La formule classique de Planck sur le contact des
mélanges d'électrolytes indique pour les différences de potentiel au contact
des liquides précédents des valeurs inférieures à un millivolt.
» E se mesure à l'électromètre, [)ar la méthode habituelle de compensa-
tion. M I L et L' I M' se déterminent par la méthode du maximum de tension
superficielle, avec un électromètre capillaire, qui, pour les amalgames
saturés, doit être construit avec une pointe peu capillaire. J'obtiens satis-
faction avec un électromètre vertical, dont la pointe a un diamètre mini-
mum de o™™, 25 et se rapproche de la forme hvperboloïdale qui correspond
à l'équilibre indifférent du ménisque, c'est-à-dire à une sensibilité infinie (').
Cet instrument, qui soutient seulement environ a'^"',^ d'amalgame, a une
sensibilité de — = volt avec le mode ordinaire d'emploi et il accuse moins
de — ^ volt avec les divers amalgames, à condition de viser le ménisque
sous un grossissement de 84o. Il est associé à un manomètre à eau, don-
nant — de millimètre.
100
» J'ai étudié provisoirement les piles formées d'amalgames de métaux
usuels associés à l'acide sulfurique; les contacts de ces amalgames entre
eux sont de quelques millivolts, valeurs qui sont de l'ordre des erreurs
d'expérience. Pour le contact argent-mercure, la disposition est plus sim[)le
et la mesure plus nette, car la pile employée n'a qu'un liquide; la chaîne
estamalg. : Ag|SO^H^ normal -f- SO^Hg- en excès | Hg. Ou observe que
E = 4-0™", 002, M|L=-l-o^°",926, L|M' = — o^°'S925,
d'où, d'après (1),
M'|M:=-l-o^"",ooi.
» Cette valeur est inférieure aux erreurs expérimentales possibles ; donc,
si le contact de ces métaux est certainement de l'ordre du millivolt, sa
valeur absolue ne sera connue que par des mesures beaucoup plus pré-
cises que celles qu'on sait faire actuellement. »
(') Bull. Soc. se. et inc
_ 61,3 21,18
_ 4o,6 >7.72
- 24,3 >5.6o
+ .8,9 "'2-
— 181 74-20
3 jours après : + 20,1
1 1 ,23
„ La rùsislivilé de la pyrite est donc .,5,3 ohm-centimètre à la température
de V 200c Elle augmente'toujours notablement à mesure que la température devient
plus basse, mais, dans l'air liquide, la pyrite conduit encore l'electr.c.te.
' " Si r": trace la courbe qui exprime la variation de la résistance électrique avec la
température, on trouve que la quantité ^ est d'autant plus grande que l'on s'approche
davantage du ^éro absolu. Enfin, après avoir été refroidi dans l'air liquide, le sulfure
a repris à peu près sa résistance électrique primitive a +20°,i ( )•
>. Des expériences, relatives aux sulfures de plomb et d'argent fondus ,
et au sulfure de cuivre, sont actuellement en cours d'exécution. »
ÉLECTRICITÉ. - A propos de la Note de M. Th. Tommasina, Sur le mode de
formation des rayons cathodiques et des rayons de Rôntgen {-). Note
de M. Jules Seme.vov.
« Pour vérifier les conclusions que j'ai énoncées dans une de mes Notes
communiquées à l'Académie sur la production des rayons X, M. Tomma-
sina a entrepris une série d'expériences dont les résultats seraient en desac-
cord avec les miçns. .
,. J'avais dit (^) que ranticathode n'émet des rayons X que si elle porte
(1) L'air liquide qui a servi dans mes recherches m a ete oblige mm eut rem,, par
MA. Stiefel, directeur de la Société anonyme des frigonferes d Auvei. Qu il me
soit permis de lui adresser ici mes remercîments, ainsi qu a M. le D' krantz.
(*) Comptes rendus, t. CXXXV, 1902, p. 319.
(3) Comptes rendus, t. CXXXIII, 1901, p. 217.
4^8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
une charge électrique; que, reliée au sol, elle n'engendre presque pas de
ces rayons. J'admets donc que la présence d'une charge électrique sur la
surface exposée aux rayons cathodiques constitue une condition nécessaire
à la production des rayons X. M. Th. Tommasina trouve que la réflexion
dijfuse du flux anodique seule est suffisante pour donner naissance aux rayons
cathodiques et aux rayons de Rôntgen, et que le phénomène a lieu même avec
V anticathode reliée au sol.
» Dans les expériences de M. Th. Tommasina, la cathode d'un tube
bianodique était reliée, par l'intermédiaire d'une décharge sur l'eau, au
pôle positif d'une bobine d'induction, l'anode et l'anticathode se trouvant
en communication avec le sol. Dans ces conditions, le tube fonctionne pour
ainsi dire à l'envers, la cathode faisant office d'anode et l'anticathode étant
transformée en cathode. Bien que cette dernière soit, d'une façon ou d'une
autre, reliée au sol, elle porte toujours une charge électrique suffisante
pour se manifester par une petite étincelle lorqu'on approche le doigt de la
tige émergeant du tube. Cette anticathode se comporte donc comme une
cathode ordinaire dans un tube fonctionnant dans les conditions habi-
tuelles. Aussi, est-il naturel qu'elle émette des rayons cathodiques et des
rayons X.
>' Si, par contre, le tube bianodique fonctionne comme d'habitude, c'est
l'anticathode reliée à l'anode qui émet le plus de rayons X, bien qu'elle se
trouve en dehors de l'action du flux anodique. En revanche, elle reçoit le
flux cathodique qui provoque l'émission des rayons de Rëntgen. Mais, je
le répète, la condition nécessaire à la production de ce phénomène est la
présence d'une charge électrique sur la surface d'émission. En eùt-il été
autrement, MM. J. Perrin et J.-J. Thomson ne se seraient pas trouvés en
mesure de const;.ter le transport d'électricité négative par les rayons
cathodiques. En effet, si, dans leurs expériences, les rayons cathodiques,
en pénétrant à l'intérieur d'un système de cylmdres isolés, avaient déter-
miné dans ce système la production de rayons X, la charge des ravons
cathodiques ne se serait pas accumulée sur le cylindre intérieur; if eut
donc été impossible de l'y déceler. »
PHYSICO-CHIMIE. - Sur la formation des gouttes liquides et les lois de Tate.
Note de MM. Ph.-A. Gcye et F. -Louis Peruot.
« A la suite de leurs recherches sur la cohésion des liquides, MM. Leduc
et Sacerdote ont été amenés à rejeter le raisonnement classique par lequel
SÉANCE DU l5 SEPTEMBRE 1902. 459
on instif.ela loi de Taie relative à l'écoulement des gouttes par un orifice
capillaire ('). Dans une Note plus récente (='), ces auteurs publient les
premiers résultats d'expériences instituées par eux à l'appui de cette
conclusion. , /3\ 1 1
„ Nous étant occupés nous-mêmes depuis plusieurs années ( ) de la
mesure des tensions superficielles au moyen du poids des gouttes, nous avons
été conduits, soit par l'étude des Mémoires antérieurs, soit par nos propres
observations, à admettre que le phénomène de la formation des gouttes
est beaucoup plus complexe qu'on ne le conçoit généralement. On nous
permettra donc de rappeler quelques-unes de nos observations antérieures
et de présenter diverses remarques qui nous conduisent à rejeter aussi les
lois de Taie. , • j 1
« En premier lieu, si l'on se rapporte à la bibliographie de la ques-
tion (M, il est très curieux de constater que les expérimentateurs anté-
rieurs à Tate ont observé le phénomène de la formation des gouttes avec
des caractéristiques qui paraissent avoir été oubliées depuis.
„ C'est ainsi qu'il résuite clairement des observations de Franken-
heim (.835), confirmées plus lard par celles de Hagen (i845), que \epoids
des gouttes d'un même liquide, issues d'un même orifice, est fonction de leur
durée de formation. Nous l'avons nous-mêmes vérifié et nous avons en
outre constaté :
„ ,« Que, dans les conditions habituelles où l'on expérimente, le poids
des gouttes issues d'un même orifice et formées rapidement est plus fort que
celui des gouttes formées lentement [voir aussi les observations de
Guthrie (1867); Forch (1899), etc.] ;
» 2° Que, si la durée de formation croît, le poids de la goutte tend vers
une limite qui ne varie pratiquement plus lorsque cette durée est assez
longue. Avec un tube de 3--, . 7 de diamètre extérieur, le poids de la goutte
ne devient indépendant de sa durée de formation que si celle-ci est de 3o
à 40 secondes, ou, pour certains liquides, déjà de 20 à 25 secondes.
,. Il résulte de là que toute vérification de la- loi de Tate, effectuée sans
(>) Leduc el Sacerdote, Journal de Physique, 4" série, t. I, 1902, p. 36,.
C-) Leduc el Sacerdote, Comptes rendus, t. CXXXV, 1902, p. 95.
(3) GUYE et Perrot, Archi.es des Se. phys. et nat., t. Mil, .899, P- Sgo; t. XI,
,901, p. 225 et 345; t. XllI, .902, P- 80; Comptes rendus, iCXXWl 190., P- io.3.
\') Voir le Résumé bibliographique en tèle de noire Memone (Archives, t. XI,
p. 229)
''i^'^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
avoir spécifié la durée de formation des gouttes, manquera de précision.
Le bon sens indique ensuite que la vérification devra se faire dans les con-
ditions les plus simples et de façon que le poids des gouttes soit rendu
indépendant de leur durée de formation,
» Nous avons effectué celte vérification sur seize liquides organiques diffé-
rents, en composant pour chacun d'eux les poids des gouttes de formation
lente (c'est-à-dire formées assez lentement pour que leur poids soit indépen-
dant de leur durée de formation), issues d'un même orifice, avec leurs ten-
sions superficielles déterminées dans le vide par la méthode des ascensions
capillanes de MM. Ramsay et Shields; la plupart des observations ont été
effectuées, dans les deux cas, sur les mêmes échantillons.
« En ce qui concerne le poids des gouttes, celui-ci a été déterminé de
deux façons : soit en pesant, parla méthode de M. Ostwald, ce que nous
avons appelé la goutte complète {c e^i-a-dira toute la masse de liquide faisant
saillie sous la section droite du tube à écoulement à l'instant où se produit
la chute de la goutte), soit en pesant seulement la goutte tombée (c'est-à-dire
la masse de liquide qui se détache au moment de la chute, abstraction faite du
poids du liquide restantadhérent au tube), désignée sous le nom de me^Ve
et représentant, dans nos expériences, les 17 à 29 pour 100 du poids delà
goutte complète. Dans les deux cas, les poids des'gouttes complètes et des
gouttes tombées de formation lente n'ont pas été trouvés proportionnels
aux tensions superficielles : les écarts maxima se sont élevés à 12 pour 100
dans le premier cas et à 8 pour 100 dans le second. De là résulte que les
lois de Tate, qui sont résumées dans la formule unique
(0 P = 2:tRy
(P poids de la goutte en dynes; y tension superficielle en dynes; R rayon
extérieur du tube capillaire en centimètres), ne sont pas vérifiées expéri-
mentalement (').
» Nous avons constaté ensuite qu'il faut rejeter également la correction
(•) Un des énoncés de la loi Tate est le suivant : « Toutes choses égales d'ailleurs
le poids de la goutte est proportionnel au diamètre du tube dans lequel elle se forme ...'
On pourrait objectera nos expériences délaisser cet énoncé de côté. Nous ne le croyons
pas, car il est évident qu'à mesure que l'on opérera avec des tubes de diamètres crois-
sants, la vitesse d'écoulement se modifiera, et l'on n'aura pas de résultats précis. Tout
au plus pourrait-on se demander si l'énoncé ci-dessus est vérifié lorsque les diamètres
intérieurs (pour les liquides mouillant le tube) des divers tubes considérés seraient
tous identiques et les gouttes toujours de formation lente.
SÉANCE DU l5 SEPTEMBRE ig02. 46 I
d'après laquelle la goutte se détacherait suivant un cercle de gorge de
rayon r peu différent de R, r et R étant proportionnels. Calculant en effet
au moyen de la formule (i) la valeur du rayon du prétendu cercle de
gorge, nous avons trouvé, pour les seize liquides étudiés par nous, que,
avec un tube de diamètre 2R = 3""", 17, le diamètre du cercle de rupture
serait compris entre ar = 2™™, 74 et 2/=: a"™, 47 pour les gouttes complètes
et entre 2™", 18 et i'°'",95 pour les gouttes tombées.
» Ces points établis, nous ne pensons pas que la vérification de la loi
de Tate donnée par MM. Leduc et Sacerdote permette de la considérer
même comme une loi approximative, attendu que : 1° cette vérification ne
tient pas compte de la durée de formation des gouttes et que, dans le cas
particulier du mercure qui s'égoutte beaucoup plus vite que l'eau, on doit
obtenir des valeurs trop fortes de-^(cequi explique le relèvement de la
courbe constaté par ces auteurs, le long de l'axe des y); 2° cette vérifica-
tion a été basée sur l'hypothèse de la proportionnalité entre les tensions
superficielles et le poids des gouttes de deux liquides différents, propor-
tionnalité qui, d'après nos recherches, ne peut être considérée que comme
très approximative. »
BOTANIQUE COLONIALE. — Sur la liane à caoutchouc des forêts du Congo
français. Note de M. Aug. Chevalier (' ), transmise par M. Guignard.
« La flore congolaise s'est enrichie, depuis quelques années, de nom-
breuses Landolphiées nouvelles, la plupart imparfaitement connues, par
suite d'une description faite sur des matériaux d'herbiers très incomplets.
De plus, l'étude de leurs latex n'ayant pas été faite sur place, les spécia-
listes n'ont pu vérifier la provenance botanique des coagulums qui leur
étaient envoyés, de sorte qu'il règne encore la plus grande incertitude sur
la valeur de ces lianes comme plantes à caoutchouc.
» Le botaniste allemand R. Schlechter, envoyé en 1 899-1900 par le
Wirtschafiliches Komitee dans l'Afrique occidentale pour y étudier la pro-
duction, la récolte et la préparation du caoutchouc, a fourni des rensei-
gnements beaucoup plus précis, mais encore très incomplets. La présente
(1) Je remercie mes collaborateurs, MM. Courtet et Marlret, pour la participation
qu'ils ont apportée à ce travail.
C. R., 1902, 3' Semestre. (T. CXXXV, N° 11.) 60
402 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Note a pour but de signaler quelques faits nouveaux observés pendant la
traversée du Congo parla mission Chari-Tchad.
» Comme Schiechter, nous avons constaté que la seule liane du Congo
français qui soit exploitée par les indigènes en grand et qui fournisse du
bon caoutchouc appartient au Landolplna Klainii.
» Nous croyons toutefois que la description de cette plante donnée par
H. Hallier, de Wildeman, etc. se rapporte, non à une seule espèce, mais
à plusieurs espèces confondues sous ce nom. Nous avons observé, jusqu'à
ce jour, trois formes très distinctes, caractérisées surtout par les contours
du fruit toujours subsphérique, très gros (lo*^™ à 20'='" de diamètre).
» Dans la première, il est un peu mamelonné au sommet et présente dans le tiers
supérieur une dizaine de dépressions séparées par des côtes saillantes; la base est
légèrement, mais progressivement atténuée. Les feuilles lancéolées, pointues, ont lo'^"'
de long sur 3"^™, 5. Cette forme croît au jardin de Libreville et provient de graines
recueillies à proximité du Gabon.
» La deuxième a un fruit parfaitement arrondi au sommet et un peu atténué à la
base, ce qui le rend pjriforme. Les feuilles ovales, lancéolées, ordinairement arrondies
à la base, brusquement terminées en pointe obtuse au sommet, ont de 12"^" à i5'='" de
long sur S"-™ de large, soit deux fois et demie ou trois fois plus longues que larges.
Nous l'avons rencontrée à Toumba (Congo belge) sur la ligne du chemin de fer de
Matadi à Léopoldville.
» La troisième forme possède un fruit presque sphérique, à peine atténué à la base.
Ses feuilles longuement lancéolées, cunéiformes à la base, insensiblement atténuées
en pointe au sommet, à bords ondulés-crispés, mesurent de 20"^™ à 22'^™, sur 5'^™ ou
5'", 5 de large, et sont, par conséquent, quatre fois plus longues que larges. Elle croît
aux Stanlej-Fallo sur la rive française.
» Nous avons observé ces trois formes depuis trop peu de temps pour
pouvoir nous prononcer sur leur valeur spécifique. La germination des
graines de toutes les lianes de ce groupe, L. Klainii, s'effectue constam-
ment dans des conditions biologiques très remarquables, qu'aucun obser-
vateur n'a consignées jusqu'ici.
» A maturité, le fruit de celte espèce, comme celui de tous les Eulandolphia, est
constitué par un exocarpe formé de sclériles très résistantes, serrées les unes contre
les autres et enveloppant hermétiquement les parties parenchjmateuses et les graines
au nombre de 20 à 70. Cette carapace indéhiscente est seulement interrompue dans la
partie qui correspond à l'insertion du pédoncule et forme une zone circulaire. Lorsque
le fruit arrive à maturité dans la saison sèche (ordinairement dans le courant de
juillet), il se détache par son propre poids et vient tomber sur le sol de la forêt. Cette
petite zone circulaire est vile attaquée par les insectes. Par cette ouverture, les larves
des termites, qui n'ont pu attaquer le sclérenchyme trop résistant, pénètrent à l'inté-
SÉANCE DU l5 SEPTEMBRE 1902. 463
rieur du fruit et dévorent toutes les parties parenchymateuses, qu'elles remplacent
par de la terre humide. Au contraire, les graines, dont l'albumen corné protège l'em-
bryon, sont épargnées. Elles se trouvent bientôt environnées dans la cavité close de
l'exocarpe d'une masse de terre humide, dans laquelle elles germeront en quelques
jours. Les jeunes plantules, se trouvant enfermées dans une chambre close, s'étiolent
et leurs tigelles, s'allongeant démesurément, se recourbent plusieurs fois à l'intérieur
de la cavité. Parfois, l'extrémité d'une jeune tige parvient à sortir par l'ouverture
correspondant à l'insertion du pédoncule; mais, le plus souvent, les plantules
demeurent enfermées dans la cavité exocarpique jusqu'à ce que les agents atmosphé-
riques ou les animaux aient brisé la carapace scléreuse. Alors seulement les racines
pénètrent en terre, les tigelles se redressent et développent des feuilles, et les termites
vont chercher abri ailleurs.
» Chaque buisson du Landolphia Klainii est ainsi environné de nombreuses jeunes
plantes groupées par paquets; chacun de ces paquets correspond à un fruit dont les
graines ont germé sur place.
» La plupart de ces plantes metirent étouffées sous l'ombrage épais de
la forêt ; seuls, les pieds les plus robustes allongent démesurément leurs
entre-nœuds, accrochent leurs vrilles aux branches qu'elles rencontrent,
et c'est seulement lorsqu'elles sont parvenues à s'étaler à la grande
lumière, sur l'extrémité des rameaux des arbres-supports, qu'elles se
développent normalement. »
M. André Poëy adresse une Note intitulée : « Rapport entre les érup-
tions volcaniques, les tremblements de terre, etc. et les taches solaires ».
La séance est levée à 4 heures.
G. D.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 21 juillet 1902.
Exposition universelle internationale de 1900. IV^ Congrès international de
Chimie appliquée, tenu à Paris du 23 au 1% juillet 1900. Compte rendu in extenso,
par M. Henri Moissan, Président du Congrès, et M. François Dupont, Secrétaire
général. Paris, au siège de l'Association des Chimistes, 1902; 3 vol. in-S". (Présenté
en hommage par M. Moissan.)
Erinnerungs-Blâtler an die Leyden-Feier ini April 1902. Berlin, Otto und Emil
Klett; I vol. in-S". (Hommage du D"' E. von Leyden.)
464 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Die Mechanik des Himmels, Vorlesungen von CARL-LnDWiG Charuer; Bd. I, mit
zahlreichen Figui-en. Leipzig, Veit et C'% 1902; i vol. in-S". (Présenté par M. H,
Poincaré.)
Spezielle algebraische iind transcendente Ebene Curven : Théorie und
Geschichte, von D"^ Gmo Lgria; auiorisierte, nach dem italienischen Manuskript
bearbeitete deutsclie Ausgabe, von Fritz Schutte, mit 17^ Fig. u. 17 lith. Taf.
Leipzig, B.-G. Teubner, 1902; 2 vol. in-S". (Présenté par M. Haton de la Goupillière.
Hommage de l'Auteur.)
International catalogue of scientijîc littérature, fîrst annual issue : Vol. I, Parti.
M. Botany; Vol. IL Part I. D. Chemistry; published for the International Council
by the Royal Society of London. Londres, Harrison et fils, 1902; 2 vol. in-S".
The Danish Ingolf-Expedition; Vol. VI. Porifera, Part. I : Homorrhaphidœ
and Heterorrhaphidœ, by Will. Lundbeyk, wilh 19 plates and i figure in the text.
Translated by Torben Lundbeck. Copenhague, 1902; i fasc. 10-4°.
Notation chimique approuvée par l'Académie des Sciences de Cracovie, 2° édit.
Cracovie, Académie des Sciences, 1902; i fasc. in-12. (En langue tchèque.)
Les doctrines chimiques dans l'étiologie des maladies, par P. Apery. Constanti-
nople, imp. A. Christidis, 1902; i fasc. in-12.
Kansas University science Bulletin; Vol. I, n"' i, 2, 3 and k. Lawrence, Kans.,
1902 ; I fasc. in-8°.
ERRATA.
Notes de MM. A. Lacroix, Rollet de l'Isle et Giraud, Sur l'éruption de la
Martinique :
(Séance du i*"' septembre 1902.)
Page 386, ligne 3 en remontant (note), au lieu de mines Saint-Pierre, lisez ruines
de Saint-Pierre.
Page 887, ligne 1 en remontant (note), au lieu de des flots, lises des eaux et des
roches.
(Séance du 8 septembre 1902.)
Page 43o, ligne 9, au lieu de vers le Nord et vers l'Est, lisez vers le Nord, le Sud
et vers l'Est.
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER-VITXARS,
Quai des Grands-Âugustins, ii" 5!;.
• . ■ rj.-„™„„t la nimnnrhe Ils forment, à la fin de l'année, deux volumes in-4°- Deux
1" Janvier. ^^ ^^,v^ ^/^ rabonncmcnt est fixé ainsi qu'il suit :
Paris : 20 fr. — Déparlemenls i 30 fr. — Union postale : 34 fr.
On souscrit, dans les Départements,
cuei Messieurs :
Ferran frères.
Chaix.
' Jourdan.
! Ruff.
Courtin-Hecquel.
( Germain etGrassin
I Gastineau.
Jérôme.
Régnier.
, Feret.
I Laurens.
I Muller (G.).
Renaud.
IDerrien.
F. Robert.
j Oblin.
' \iie\ frères.
Jouan.
Perrin.
j Henry.
( Marguerie.
Juliot.
i Bouy.
Nourry.
Ratel.
I Rey.
\ Lauverjat.
) Degez.
( Drevel.
t-Ferr
ctiez Messieurs :
Lorieni
Lyon ....
Marseille-
MontpelliC'
Moulins . . ■
A'ancy
Baumal.
i'
Nice.. .
t\imes
> M"* Texier.
' Bernoux el Guinin,
l Georg.
, EiTantin.
Savy.
Vilte.
Ruai.
, Valal.
I Goulet el fils.
Martial Place.
i Jacques.
Grosjean-Maupin.
Sidot frères.
. Guisl'liau.
I Veloppé.
i Barnia.
i Appy.
Thibaud.
On souscrit, à l'Étranger,
A msterdam .
Atiiénes. .
Barcelone..
Berlin. . .
Berne .
Bologne.
chez Messieurs : 1
) Feikema Caarelseii I
I et C". j
Beck. I
. Verdaguer. i
[ Asher el C".
1 Dames.
■ '. Friedlandcr el fils.
I Mayer et Muller.
Sclimid Francke.
. Zanichelli.
; Lamertia.
Londres
Luxembourg.
Madrid
Bruxelles ( MayolezetAudiarle.
Bucliaresc
Orléans Lod;lé.
( Blanchier.
Poitiers.
Lévrier.
I Gratier et C"
elle Foucher.
^ BourdigDoo.
i Dombre.
1 Thorez.
( Quarrè.
Bennes Plihon et Hervé.
Boche/or: Girard (M"").
( Langlois.
Rouen
S'-Ètienne
Toulon . . .
{ Leslringanl.
Ciievalier.
j Ponleil-Burles.
Rumébe.
Gimet.
Privât.
■ Boisselier.
Tours Péricat.
( Suppligeon.
( Giard.
i Lemaltre.
Toulouse
Valenciennei ■
Budapest
Cambridge
1 Christiania
i 1 Constantinople.
Copenhague..
Florence
Gand
Gènes
Genève
La Haye.
Lausanne.
Leipzig.
Liège.
I Lebégue et G'*.
( Solchek et C".
' i Alcalay.
Kilian.
Deighlon, BellelC".
Cainmermeyer.
. Olio Keil.
. Hijsl el fils.
Seeber.
.. Hoste.
Beuf.
Cbcrbuliez.
Georg.
' Stapelmohr.
Belinfanle frères.
) Benda.
■ ) Payol et O'.
Barth.
\ Brockhaua.
. Ivœhler.
i Lorenlz.
Twietmeyer.
^ Desoer.
■ ■ I Gnusé.
Milan.
.Moscou. ■ .
I\'aples . .
y'evi'- fork
Odessa .
Oxford.
Palermc
Porto . . . .
Prague
Rio-Janeiro
Borne
Botterdam
Stockholm
I S'-Petersbourg
Tarin.
Varsovie.
Vérone . .
Vienne .
ZUrich
chez Messicur» ■
. Dulau.
, Hachette et <-'•.
' Nutt.
V. Bùck.
' Ruiz et C".
( Romo y Fussel
1 Capdeville.
' F. Fé.
( Bocca frère».
I Hœpli.
Tastevia.
i Marghien di liiu-.
) Pelleranu.
i Dyrsen et Pfeifîcr.
. 1 Slechert.
' Lemckeet Buechr er
Rousseau.
Parker et C^".
Rfber.
Magalhaè» et M'uu».
Kivnac.
Garnier.
1 Bocca frères
( Luescheret C *
Kramers et liK.
?iuraiska Boghandel.
. Zinserling.
■ I Wolff.
Bocca frères.
) Brero.
j Clausen.
I Rosenbergelïellier.
Gebethiier et Uoiff.
. . Drucker.
) Frick.
" I Gerold et C".
.. Meyer et Zeller.
LES GÉNÉRALES DES COMPTES- RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE «ES SCIENCES
Tomes 1" à 31. - (. Août .835 à 3i Décembre .85o.) Volume .n-4 ; ^^^^.^v^x.^ . . .
K ^^^^.^^ ^^^^ . ^^ p,^^,^,^^3 ,865.) Volume .n-4°; .870. Pr.N- •
1S66 à 3i Décembre 1880.) Volume in-4°; 1889- l r'^- •
»8i à 3i Décembre iSgS.) Volume in-4°; iQoo- P'''^-
Tomes 32 à 61.
Tomes 62 à 91. — (1" Janvier
Tomes 92 à 121. — (i'^ Janvier :
15 fr.
15 fr.
15 fr.
15 fr.
i COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE LACADÉMIE DES SCIENCES :
ou.,... - Mémoire sur le Calcul des Perturbations
dans les phénomènes digestifs, particulièrcment^dan.s
J. SOLIER.
que
nde'prix proposée en .83o par l'Académie des
■ ~ Jitlorcnls
ulianée. —
P..J. V.. BS..O... - Essai d'une réponse à la qt^stiou ^ — -^^^ ,_,,, i,„, „, a,.ércnts
PLÉMENT AUX
e I : Mémoire su
uventles Comètes, par m. r...«=^.>. - .......^..- ---^^^ _^^ .^_,^ ^^ _^ ^^ planches; .856
stion des matières grasses, par M. Claude Bersabo
B II • Mémoire sur les. vers intestinaux, par M
s pour le concours de .853, et puis remise pour celui de ■«^«■P-;;;/ ^ -;;;;;:",-:; rppTHUoV ou de leur disparition successive ou s,m
ain^ sédimen.aires, suivant Tordre de '-. -"f-^f ;- " f,: ' g'ne g:nitue et s'es états antérieurs -, par M. ie Professeu Bno .. ^.n^i
hercher la nature des rapports qui existent entre 1 état actuel c g e M
1-] planches; 1861 ,
la même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences et les Mémoires présentés par
divers Savants à 1 Académie des Sciences.
W H.
T4BLE DES ARTLGLES. (Séance du liî septembre 1902.)
MÉMOIRES ET GOMMUIVIGATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE
Pages.
MM. l'.-P. Dehkrain et E. Demoussy. —
Culture du lupin jaune (Lupiniis luteus). «i^o
Sur
MM. B. Baillaud et Montangerand.
Pag^s.
la surface focale principale de l'objectif de
l'équatorial photographique de l'Observa-
toire de Toulouse //
CORRESPOND AIVCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale une
traduction allemande d'un -Ouvrage de
M. Adolphe Minet, portant pour titre :
« Die Gewinnung des Aluminiums und
dessen Bedeutung fur Handel und Indus-
trie y,
M. A. Lacroix. — Sur les roches rejetées par
l'éruption actuelle de la Montagne Pelée.
M. Pierre Boley. — Sur les différences de
potentiel au contact
M.^ Edmond van Aubel. — Sur la résistance
électrique des corps peu conducteurs aux
très basses températures ,
Bulletin bibliographiquiî
EnRATA
45i
45 1
45-1
456
-M. Jules Semenov. — A propos de la Note
de M. Th. Tommasina, Sur le mode de
formation des rayons cathodiques et des
rayons de Rôntgen
MM. Ph.-A. Guye et F.-Louis Perrot. —
Sur la formation des gouttes liquides et
les lois de Tate
M. AuG. Chevalier. — Sur la liane à
caoutchouc des forêts du Congo français.
M. André Poey adresse une Note intitulée :
« Rapportentre les éruptions volcaniques,
les tremblements de terre, etc. et les taches
solaires >
457
46r
463
463
464
PARIS. - IMPRIMERIE G A UT H I E R - V I L L A R S,
Quai des Grands-Augustins, 55,
Le Gérant: Gauthier-VillARS.
OGT 27 1902
1902
SECOND SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
TOME CXXXV.
N^ 12 (22 Septembre 1902).
""^ PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPIUMEUK-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'AGADÉMIR DES SCIENCES.
Quai des Grands-Angu^^iins, 55.
1902
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS
Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l'Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article i". — Impression des travaux de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un associé étranger de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie
ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans
le Compte rendu de la semaine que si elle a été remise
le jour même de la séance.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les-rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis-
cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca-
démie ; cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont
ils donnent lecture à l'Académie avant de les re-
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap-
I
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'a
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séanci
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Sava
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des pers'
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoi;
tenus de les réduire au nombre de pages req*
Membre qui fait la présentation est toujours noi
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cetE
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils 1
pour les articles ordinaires de la correspondanc
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être re
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus ta
jeudi à I o heures du matin ; faute d'être remis à t<
le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compte
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendt
vaut et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus ne contiennent ni planch
figures.
Dans le cas exceptionnel où des figures sei
autorisées, l'espace occupé par ces figures com
pour l'étendue réglementaire.
Le tirage à part des articles est aux frais d(
teurs ; il n'y a d'exception que pour les Rappo
les Instructions demandés par le GouvernemenI
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administratii»
un Rapport sur la situation des Comptes rendus ;
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du
sent Règlement.
Les Savants étrangers à TAcadémie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM, les Secrétaires perpétuels sont priés
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant h\ Autrement la présentation sera remise à la séance su
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 22 SEPTEMBRE 1902.
PRÉSIDENCE DE M. BOUQUET DE LA GRYE.
«
MÉMOIRES ET COMMUNICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. lePRÉsiDENT, en'annonçant à l'Académie la mort'de M. [Damour,
s'exprime comme il suit :
« Mes ciiers Confrères,
,, J'ai le regret de vous annoncer, une fois encore, un deuil pour
l'Académie; M. Damour, qui faisait partie de notre Compagnie comme
Académicien libre depuis M ans, et qui était notre doyen d'âge, vient de
mourir cette nuit, à l'âge de 94 ans.
» Il était aimé et respecté de nous tous en raison de sa science et de
la dignité de son caractère. Il emporte les regrets universels de tous ses
Confrères. »
La séance sera levée, en signe de deuil, immédiatement après le dé-
pouillement de la Correspondance.
OPTIQUE. - Extension du Principe de Fermât, sur l'économie du temps,
au mouvement relatij de la lumière dans un corps transparent hétérogène
animé d'une translation rapide. Note de M. J. Boiissinesq.
« I. J'ai démontré en octobre 1899 {Comptes rendus , t. CXXIX, p. 794.
809 et 900), par l'intégration des équations du mouvement vibratoire de
l'éther dans un corps transparent hétérogène, composé, par exemple, de
couches parallèles au plan des yz, que le principe de Fermât avait été
légitimement étendu, des rayons brisés par la réflexion ou la réfraction,
0. R., 1902,2» Semestre. (T. CXXXV, N° 12.)
466 ACADÉMIE DKS SCIENCES.
mais composés de fragments reclilignes, aux ravons courbes que suit le
mouvement lumineux dans les corps dont la constitution varie graduelle-
ment d'un point à l'autre. Je me propose aujourd'hui de faire voir que le
môme principe de l'économie du temps s'étend encore au mouvement
relatij àç^ la lumière, dans un tel corps animé d'une vitesse V de transla-
tion un peu comparable à la vitesse même de propagation des ondes dans
l'éther libre.
» -Si nous prenons celle-ci pour unité de longueur, les équations
régissant les déplacements vibratoires ^, -r,, X,, en fonction de coordon-
nées a?, j, z- d'équilibre ou moyennes ralta'^hées au corps, seront, comme
on peut voir par une Note du 28 juillet (Comptes rendus, t. CXXXV,
p. 220),
^^ dl' ^\ '■dx^ ^='df ^ ^^dz) dl
(0
N y désigne l'indice absolu de réfraction du corps, donné en fonction
lentement variable de x, et V^., V^, V,. les trois composantes de la vitesse
transitoire V.
» II. Le milieu s'étendant, par exemple, de ,t = o à .r = ce, le mouve-
ment sera censé communiqué à sa première couche x = o par un système
d'ondes planes, que nous supposerons d'abord latéralement indéfinies et
qui, produites au loin dans la région des x négatifs, couperont la couche
X = o suivant une famille de droites parallèles. Nous appellerons mj -^nz
le temps, proportionnel à la distance de celles-ci à l'origine, employé par
chaque onde à atteindre ces droites, après l'instant où la même onde
aura touché l'origine des coordonnées. Il est clair que chaque couche
X = const. se trouvera dans les mômes conditions sur toute son étendue,
c'est-à-dire en tous les points oîi y aboutissent les diverses parallèles (y, 5)
à l'axe des x, au retard près my -f- nz, s'y produisant par rapport au point
où la perce l'axe même (0,0) des x. Donc ^, yi, "C, ne seront fonctions
que des deux variables t — my — nz et x.
» Or on sait que, sans l'hétérogénéité, c'est-à-dire si N avait partout la
même valeur qu'en (x,y,z'), les ondes seraient planes à l'intérieur du
corps, et que x n'aurait à figurer dans \, ■r\, X, qu'à côté de t, comme y et s,
savoir par une vari.iblc unique de la forme t — Ix — my — nz, et avec
un coefficient / relié à N, eu raison des équations (i), par la formule
(2) l^^rn^^n-~2{Y^l^~\ym + N,n) = ^''.
SÉANCE DU 22 SEPTEMBRE 1902. 4^7
En outre, les vibrations seraient transversales, c'est-à-dire que l'on aurait
G = o, /; -i- /rtTi 4- «C = o, ou que Vélongation \/^' -i- r,'^ -\~ K'^ se réduirait
à une composante S perpendiculaire à la direction (l,m, n).
» Dès que N et, par suite, / deviennent variables, quoique lentement,
avec a;, il ne peut plus en être rigoureusement de même; et ô, /^ -hrn-ri 4- n^
prennent de petites valeurs de l'ordre des dérivées N', /' de N, / en x.
Mais le mouvement peut encore se faire par ondes sensiblement planes,
ou Ç, ri, "C dépendre surtout de la variable principale t —fldx — my — nz-,
tout en variant en outre, d'une manière beaucoup plus lente, avec l'autre
variable de la question, x.
» Et, si les ondes incidentes, au lieu d'être indéfinies, sont latéralement
limitées, ou que les déplacements ^, y,, "( offrent sur la première couche
a; = o, outre leur variation rapide en fonction du trinôme t — my — nz,
des variations lentes, mais arbitraires, avec y et z, W y 3l lieu de voir de
même si ;, r,, 'C ne pourraient pas, dans le milieu, être des fonctions rapi-
dement variables de / —fldx — my — nz et lentement variables de x, y, z,
ou représenter des ondes sensiblement j)lanes limitées latéralement.
Comme le problème de la suite des mouvements résultant, dans le milieu,
du mode donné d'ébranlement de la première couche a? = o est déter-
miné par les équations (i), un tel mouvement, dès qu'on le reconnaîtra
ainsi possible, sera le mouvement ejfcclif.
)) m. Nous désignerons, à la manière de Lagrange, par des accents
les dérivées de $, yi, "C, et même de 0, relatives à la variable principale
t — j'idx — my — nz, mais à la manière de Leibnitz (avec des ô de ronde),
les dérivées relatives aux variables accessoires x, y, z, en observant que
les dérivées secondes de cette dernière espèce seront négligeables, à cause
de la lenteur de variation des dérivées premières (déjà petites), et que,
même pour 6 et /? 4- mr^ ■+- n'(„ de l'ordre de N' ou de /', les dérivées pre-
mières de celte espèce se trouveront insensibles. On aura, par exemple,
Ox dx- Ox
dV
dx~
— i< + -r '
Ox
dx
dfi
dx
- 10', ... ;
et les équations ( 1^ deviendront, vu (2),
[^^ - ^-^ £ + ("' " '''y') l ^- (" - ^^) à -^ f I (^'' ■^'' '') ^ (^' '"' ")T
» Multipliées par di et intégrées 5W/' /'/ace, à partir d'un instant où le
4*^^'^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
repos régnait encore en (x,y, z), elles seront
» On peut, dans les premiers membres où figurent partout soit des déri-
vations en d, soit le petit facteur /', réduire l,ri,l aux projections de l'élon-
gation transversale S, c'est-à-dire négliger les projections de la petite com-
posante longitudinale, proportionnelle au trinôme II ■+- m-r, -+- n'(.
» IV. Multiplions d'abord les équations (3) par le double des trois
projections i, r,, C de S, et ajoutons. Il viendra la relation capitale
(4) (/-v.)^-H(..-v,)^V(.-v.)^ + n^ = o.
qui, en appelant f le produit y// — V^S, peut s'écrire
» Celle-ci exprime que, sur une même onde suivie dans son mouvement, la
quantité 9'-' se conserve le long des chemins ayant leurs cosinus directeurs pro-
portionnels à l — Y^, m—\y, n—N^. Ces chemins sont donc les rayons
lumineux.
» Or, chacun d'eux est contenu dans un plan normal aux couches du
corps, savoir le plan perpendiculaire à la droite dont les cosinus directeurs
sont entre eux comme (zéro, V^ — n, m — Y y); car les produits respectifs
de ceux-ci par / — V^, m — V^, w — V, ont leur somme nulle. De plus, le
carré du sinus de l'angle i de ces chemins avec l'axe des x a évidemment
pour expression
(w-Vy)^ + {n-\._Y
OU, d'après (2),
]v[2 ;
et l'on a
(6) W sin^/ = (m - V,.)= -f- {n - Y, y = const. ;
de sorte que la loi de Descartes sur la proportion des sinus se trouve éga-
lement vérifiée. Le principe de Fermât s'applique donc bien, comme si le
corps était en repos.
» V. Ajoutons maintenant les équations (3), multipliées respective-
SÉANCE DU 22 SEPTEMBRE I902. 469
ment par les cosinus directeurs 1, ;x, v de la droite perpendiculaire tout
à la fois à S et à la normale à l'onde. Le second membre sera nul; et en
appelant d,.^, d^ri, dX 1*^^ accroissements élémentaires des projections \, -n, ^
le long du rayon lumineux, obtenus en suivant une même onde dans sa
propagation, c'est-à-dire sans que la variable principale change, il viendra
(7) \ô,.l-^[j.d,-r^-y-^,()X = 0.
On aura donc, tout à la fois,
>.^ + fj.r, + v(^ =0, 'kil-h à,.l) -h ij.(r, -h d,.-!)) + ^(C, + 0,1) ^ o.
» En d'autres termes, l'élongation transversale 8, sur une même onde
suivie le long d'un même rayon, tourne sans cesse dans le plan qui contient
la normale actuelle à l'onde. Ainsi, tandis que la formule (4) détermi-
nait le changement élémentaire de l'élongation principale S en chaque
point d'une onde, la relation (7) détermine son changement d'orientation,
dont dépend le mode de polarisation du rayon lumineux. La translation V
y influe quelque peu, ou fait tourner le plan de polarisation, comme l'avait
pressenti Fizeau dans une question analogue; car elle disjoint le rayon
d'avec la normale à l'onde et empêche l'élongation S de se mouvoir dans le
jilan du rayon.
)) Lorsqu'il n'y a pas de translation V, l'onde, constamment perpendi-
culaire à un rayon compris dans le plan d'incidence, tourne, pour prendre
sans cesse son orientation, autour de sa droite, passant par le rayon, qui
est normale au plan d'incidence. Or l'azimut a. de l'élongation S est, sur
l'onde même, l'angle de cette droite avec S. Si alors on considère deux
positions consécutives de ot, la première, vu la rectangularité du mouve-
ment élémentaire de S par rapport au plan de l'onde, est la projection de la
deuxième, projection effectuée sous l'angle infiniment petit dont a tourné
l'ondeet, dès lors, comme on sait, en vraie grandeur, sauf erreur du second
ordre. Donc l'azimut de polarisation se conserve.
» VL Pour former une troisième combinaison linéaire simple des équa-
tions (3) et compléter ainsi leur interprétation géométrique, multiplions-
les, enfin, par 2/, 2 m, 2« et ajoutons, en introduisant, aux premiers
membres, les dérivées — -du trinôme /^ -i- /nr, + /*"(, crui s'y trouve
identiquement nul. Il vient
-2{l--V^)il'=(l''-hm' + rr)b,
470 ACADÉMIE DES SCIENCES.
OU bien, par la substitution, k l^ -+- m- + n^ elk{l — V^)/' de leurs valeurs
déduites de (2),
(8) e^-2g(i-2^^-+-;J-^-^-)^.
» Remplaçons-y 6, c'est-à-dire 5;^ + 7-^ +■ ^' par son expression dé-
veloppée
_(.?+„,.+.<;') + § + 0 + i,
dans les trois derniers termes de laquelle l, r,, '(,, figurant par leurs déri-
vées -^— _— , sont réductibles aux projections de S. Alors, cette équation
fera connaître, au point (ic,j, z), le trinôme H' + mr; + nX,' , c'est-à-dire
la petite composante longitudinale de la vitesse vibratoire et, par une inté-
gration sur place, le petit déplacement correspondant, ou ayant la direc-
tion (/, m, n) de la normale aux ondes.
» On voit que les équations du mouvement laissent entièrement arbi-
traire, dans chaque onde, la manière dont varie, d'un point à l'autre, le
déplacement transversal S (seul sensible), pourvu que ce mode de varia-
tion soit bien continu, comme le suppose notre analyse ('). Si cette condi-
tion ne se trouvait pas réalisée, il se produirait des phénomènes de diffrac-
tion que je ne me propose nullement de considérer ici. »
CORRESPOND AIVCE .
PÉTROGRAPHIE. — Les enclaves des andésites de l'éruption actuelle
de la Montagne Pelée. Note de M. A. Lacroix.
« Dans une Note précédente, j'ai fait remarquer que lé verre de cer-
taines des bombes projetées actuellement par la Montagne Pelée présente
des traces d'hétérogénéité, se manifestant par des couleurs extrêmement
différentes (incolore à brun plus ou moins foncé).
(') J'ai exposé, dès i885, cette manière de démontrer la délimitation latérale des
rayons lumineux, sonores, etc., dans les corps ou milieux d'une contexture élastique
quelconque, aux pages 674 à 697 d'un Volume intitulé : Application des potentiels à
l'étude de l'équilibre et du mous'enient des solides élastiques, avec des Notes éten-
dues sur divers points de Physique mathématique et d'Analyse.
SÉANCE DU 22 SEPTEMBRE 1902. 471
» Celte hétérogénéité est mise en évidence encore par l'existence dune
grande quantité d'enclaves homœogènes de toute taille qui se rencontrent
aussi bien dans les blocs ponceux que dans les bombes compactes.
» Le type le plus fréquent de ces enclaves est constitué par une roche
d'un gris verdàtre ou jaunâtre à grains fins; elle présente un aspect raicro-
litique, elle est creusée de nombreuses bulles que tapissent des cristaux
nets d'hypersthène, de plagioclases, de titanomagnétite.
» La composition minéralogique de ces enclaves est toujours qualitati-
vement la même, mais elle varie beaucoup dans la proportion relative des
éléments. Le type le plus complet comprend des plagioclases, de l'hvper-
sthène, de la titanomagnétite, de l'augite, de la hornblende et de l'olivine,
c'est-à-dire les éléments de l'andésite à hvpersthène de l'éruption actuelle,
mais les feldspaths (quelquefois zones) v sont, au moins, aussi basiques
(andésine et labrador) et souvent davantage (bytownite).
» Les feldspaths constituent de gros microlites enchevêtrés, produisant
une structure qui rappelle celle de certaines diabases ; leurs intervalles sont
généralement remplis par un verre incolore, mais il reste toujours des vides
miarolitiques. On rencontre parfois de grands cristaux (labrador et by-
townite) donnant à la roche un aspect porphyrique.
» Les minéraux ferroraagnésiens constituent généralement de grands
cristaux, souvent disposés (sur leurs bords) ophitiquement avec les
feldspaths; ils sont moins nombreux sous forme de microlites.
» Ces enclaves ne sont pas des fragments déroches solides arrachées en
profondeur; leur production en place ne saurait faire de doute. Elles
offrent une grande ressemblance avec certains des nodules de l'andésite à
hvpersthène de la dernière éruption de Santorin (nodules à labrador) ; on
peut les comparer aussi aux enclaves andésitiques à structure diabasique
que j'ai décrites dans les trachytes du Capucin au Mont Dore; elles par-
tagent avec celles-ci la particularité d'être riches en minéraux drusiques.
» Ces enclaves semi-cristallines représentent une étape vers la produc-
tion de roches holocristallines grenues que j'ai recueillies en enclaves,
non seulement dans les andésites de l'éruption actuelle, mais encore dans
les tufs ponceux des éruptions anciennes. Ces dernières enclaves sont de
véritables gabbros à hypersthène, augite, hornblende, olivine dont le
feldspath moyen est un labrador basique; leurs éléments, de même que
ceux des enclaves semi-cristallines, sont riches en inclusions vitreuses.
» Il est à remarquer que bien peu de ces enclaves peuvent être consi-
dérées comme représentant strictement la, composition de l'andésite
472 ACADÉMIE DES SCIENCES.
actuelle, elles sont nettement plus basiques; mais, comme la série des
enclaves des andésites à haûyne du Mont Dore que j'ai antérieurement
décrites, leur réunion nous fournit une vue d'ensemble sur la famille pétro-
graphique à laquelle appartient cette andésite; elles sont notamment à
comparer avec les labradorites à hypersthène, hornblende, etc., qui con-
stituent des coulées anciennes dans la partie sud de l'île.
» Je ferai ressortir plus tard leur importance dans la discussion des
liens qui unissent entre elles toutes les roches volcaniques de la Martinique,
quel que soit leur âge. »
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Recherches spectrales sur la rotation
de la planète Uranus. Note de M. H. Deslaxdues.
« La Note actuelle complète une Note précédente du même Tome,
page 228, intitulée : Méthode spectrale capable de fournif la loi de rotation,
en'core inconnue, des planètes à faible éclat. Vérifications de la méthode. Pre-
miers résultats. Elle donne de nouveaux détails sur la méthode, et expose
son application à la planète Uranus, faite avec la grande lunette photo-
graphique de Meudon (o™,6o), en juin et juillet 1902.
)i Méthodes diverses pour l'étude de la rotation. — Les premières recher-
ches sur la rotation des astres ont été faites en mesurant simplement le
mouvement de points saillants de leur image, brillants ou obscurs, par
rapport au contour apparent; et c'est ainsi que l'on a reconnu depuis
longtemps, avec précision, la rotation du Soleil, des planètes Mars, Jupiter
et Saturne. Si l'image est uniforme, sans détails, la méthode est en défaut;
tel est le cas des planèles Mercure et Vénus, des anneaux de Saturne, et
aussi des planètes Uranus et Neptune qui, de plus, ont un faible éclat et
un faible diamètre apparent.
)> Or, à ces dernières planètes, je me suis proposé d'appliquer les mé-
thodes nouvelles qui, par l'étude du speclre, peuvent déceler les vitesses
radiales différentes des ilifférents points de l'astre. Ces méthodes exigent
seulement que la lumière soit assez intense pour supporter l'étalement par
le prisme.
» La première étude de la rotation par le si)ectre a été faite sur le Soleil,
de 1880 à 1889, d'abord pour vérifier le principe de Doppler-Fizeau,
ensuite pour reconnaître la rotation du Soleil dans les parties dépourvues
de taches (Duner). On juxtapose les spectres de deux points opposés du
SÉANCE DU 22 SEPTEMBRE 1902. 473
bord, et l'on mesure leur déplacement relatif, qui correspond à deux fois
la vitesse au bord.
» J'ai employé les deux spectres du bord en iSç)3 pour mesurer la rota-
tion de la couronne solaire, dans une éclipse totale, au Sénégal.
» J'ai essayé aussi la même disposition, en iSgS, au début de mes
recherches sur Jupiter, entreprises pour vérifier l'application spéciale du
principe de Doppler-Fizeau aux planètes, annoncée par Poincaré : le dépla-
cement des deux spectres doit correspondre à quatre fois la vitesse au
bord. Mais cette disposition ne convient plus avec la petite image de l'astre
et la longue pose du spectre, les bords étant notablement moins intenses,
et deux points voisins deTimage ayant des vitesses radiales très différentes.
» J'ai été conduit alors à la méthode dite de l'inclinaison des raies, qui
fait concourir à la recherche, non les deux extrémités d'un diamètre, mais
le diamètre entier, en s'appuyant sur des propriétés géométriques simples
des corps en rotation (voir la Note de 1895) ('). Elle exige un seul spectre
de l'astre, qui est juxtaposé à un spectre terrestre de comparaison, et l'on
mesure, non plus le déplacement relatif des raies, mais leur inclinaison
relative. La précision est grande.
» La méthode a donné, en 1895, la loi de rotation des anneaux de
Saturne; en 1900, celle de Vénus. Je l'ai appliquée aussi, en 1900, à une
seconde mesure de la rotation de la couronne solaire.
)) Mais les dispositions précédentes ne conviennent plus avec les pla-
nètes Uranus et Neptune, qui sont trop faibles. J'ai montré, dans la der-
nière Note, que la méthode spectrale leur était encore applicable, en faisant
concourir ;i la recherche, non plus seulement un diamètre de l'uiiage,
mais i'miage entière de l'astre; la précision est, il est vrai, bien moindre.
» Application à la planète Uranus. — Pendant l'été de 1901, j'ai vérifié
la nouvelle méthode avec une image de Jupiter plus petite que l'image
d'Uranus de Soo^^ (microns) et l'image de Neptune de 200^^ fournies par la
grande lunette. Les résultats sont encourageants; le spectre de l'image
entière décèle nettement le sens de la rotation, sinon la vitesse elle-même
(voir la dernière Note).
» Cette année, j'ai entrepris la même recherche sur Uranus, malgré des
conditions peu favorables; à la latitude de Meudon, la planète ne s'élève
(^ ' ) Recherches spectrales sur la rotation et les mouvements des planètes ( Comptes
rendus, t. GXX, p. 417) et Recherches spectrales sur les anneaux de Saturne
{Comptes rendus, t. GXX, p. ii/t).
C. K., iç,02, 2° Semestre. (T. GX.X wV, N" 13.) 02
474 ACADÉMIE DES SCIENCES.
pas au-dessus de l'horizon plus que le Soleil en décembre ; elle est obser-
vable pendant 3 mois seulement et, encore, près du méridien.
» Le spectroscope est semblable à celui employé pour Jupiter. Collimateur : o™,27;
chambre : o'>',32; un prisme de 60° en flint dans la position dite diminuante, de
manière que le cercle de l'image est aplati dans le spectre. La fente, large de i5ol^,
recevait les deux tiers seulement de l'image; mais, avec cette diminution de la fente,
les raies et les inclinaisons étaient plus nettes. Enfin le spectroscope entier était mobile
autour de l'axe commun de la grande lunette et du collimateur, de manière que la fente
pouvait prendre une orientation quelconque dans le plan focal. La pose nécessaire à
une bonne épreuve spectrale est longue : i heure et demie à 2 heures même par
temps clair; et, lorsque les épreuves sont faibles ou obtenues avec une atmosphère
agitée, les raies sont irrégulières. Au milieu de la pose, on ajoute le spectre du fer,
au-dessus et au-dessous du spectre planétaire, de telle sorte que les différences d'incli-
naison soient faciles à reconnaître.
» La planète, observée avec la grande lunette, a paru avoir une légère
élongation dans l'angle de position 3o''-4o°. Aussi la fente du spectroscope
a-t-elle élé placée d'abord dans cette direction, puis dans la direction
opposée (angle 2io°-22o''), et enfin dans la direction perpendiculaire
(angle i20°-i3o°) (*). Or, avec la première position, les raies planétaires
sont inclinées dans un sens par rapport aux raies de comparaison, et,
avec la seconde position, dans le sens contraire. Pour la troisième posi-
tion, il n'y a d'inclinaison nette ni dans un sens ni dans l'autre. De plus,
ces inclinaisons sont telles que, dans le cadran nord-est de la planète, le
bord est s'éloigne, alors que, pour les autres planètes plus voisines du
Soleil, le bord est, au contraire, se rapproche. Le sens de la rotation serait
donc inverse, ce qui confirmerait la division des planètes eiT deux groupes
distincts.
» Cependant, les bonnes épreuves ne sont pas nombreuses (seulement
sept) et elles ne donnent pas avec précision la projection de l'axe de rota-
tion; aussi je dirai simplement : d'après ces recherches, il est très pro-
bable que la planète Uranus tourne dans le sens rétrograde, comme ses
satellites, et il est certain que la méthode, appliquée plus longuement on
dans des conditions meilleures, conduira à un résultat définitif.
» Cette étude spéciale est recommandée aux observatoires qui sont situés
[}) D'autres épreuves ont été obtenues dans les positions intermédiaires; mais elles
ont peu de valeur, ayant été faites lorsque la planète était observable seulement près
de son coucher.
SÉANCE DU 22 SEPTEMBRE 1902. 4^5
plus près de l'équaleur, ou qui oat des instruments plus puissants, dans
une atmosphère plus calme.
» D'autre part, la mesure de l'inclinaison des raies, qui donne la vitesse
radiale au bord, sera publiée plus tard. Pour avoir la vitesse réelle au bord,
il faudra poursuivre la recherche pendant une période de 21 ans, égale
au quart de la durée de révolution; et, pour en déduire la durée d'une
rotation entière, il faudra choisir entre les nombreuses valeurs du diamètre
apparent récemment publiées. Mais le point le plus important de cette
étude est la constatation nette du sens de la rotation.
» La même recherche a été poursuivie aussi sur la planète Neptune, et
les résultats sont encourageants. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur tes combinaisons du silicium avec le cobalt et sur
un nouveau siliciure de ce métal. Note de M. P. Lebeau, présentée par
M. Henri Moissan.
« Le premier composé défini de silicium et de cobalt connu a été décrit
par M. Vigouroux (* ). Ce siliciure répond à la formule SiCo?. Il prend
naissance lorsque l'on fond le cobalt avec 10 pour 100 de son poids de
silicium. Ses propriétés et sa préparation le rendent tout à fait comparable
au siliciure de fer SiFe^ cristallisé, préparé et étudié par M. Moissan (^).
Un autre composé cristallisé, ayant pour formule SiCo, se forme dans l'ac-
tion du siliciure de cuivre sur le cobalt à haute température. Nous avons
décrit la préparation de ce corps et nous avons fait connaître ses princi-
pales propriétés ('), qui le rapprochent du siliciure de fer SiFe. Il peut,
comme ce dernier, se dissocier en donnant du silicium libre et du siliciure
SiCo^. Cette dissociation s'observe très facilement dans l'argent en fusion.
» L'analogie existant entre les formules et les propriétés de ces deux
siliciures de cobalt et celles des siliciures de fer permettait de prévoir
l'existence d'un troisième composé, plus riche en silicium, comparable à
Si"Fe. Les essais que nous avons faits dans cette voie ont confirmé nos
prévisions. Un tel composé prend en effet naissance lorsque l'on chauffe
le cobalt en présence d'un excès de silicium fondu, ou quand on soumet
(') ViGOUROUX, Annales de Chimie et de Physique, 7" série, t. XII, 1897, p. i53.
{"^ ) H. Moissan, Comptes rendus, t. CXXI, iSgS, p. 621.
(^) LiîBEAU, Comptes rendus, t. CXXXII, 1901, p. 556.
47^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
à l'action du four électrique un mélange de siliciure de enivre, de cobalt et
de silicium. Dans ce dernier cas, le composé est mieux cristallisé et plus
facile à purifier.
» La préparation doit être efTectuée de la façon suivante: On place dans nn creuset
de cliarbon 2008 de siliciure de cuivre, los de col)alt et 3os de silicium cristallisé. Ce
creuset est ensuite porté dans le four électrique, où on le maintient 5 à 6 minutes, le
courant étant de 900 ampères sous 45 à 5o volts. Le culot métallique ainsi obtenu se
brise facilement, sa cassure est d'un gris bleu foncé. On le pulvérise grossièrement et
on le traite successivement par l'acide azotique et par la lessive de soude, en ayant
soin de laver à l'eau après l'action de chaque réactif. Ces traitements alternés sont
continués jusqu'à ce que l'acide azotique n'enlève plus de métal. Le résidu pulvérulent
et cristallin est alors additionné d'acide chlorhydrique étendu de son volume d'eau à
la température du bain-marie. Ce réactif dissout le siliciure SiCo, qui se forme tou-
jours dans cette préparation en petite quantité. Le siliciure Si^Co est à peu près inat-
taquable dans ces conditions. Le produit est enfin lavé à l'eau et séché à l'étuve.
» Les analyses (') faites sur des échantillons provenant d'opérations
différentes montrent bien que le composé ainsi formé a pour formule Si- Co.
Il renferme parfois, comme impureté, un peu de siliciure de carbone.
)) Le siliciure de cobalt Si^Co se présente sous la forme de petits cristaux de couleur
foncée à reflets bleutés. Il paraît cristalliser dans le système cubique et présentei- le
plus souvent la forme octaédrique. Nous n'avons pu faire cependant une détermination
rigoureuse. Sa densité à 0° est de 5,3. Sa dureté est comprise entre 4 et 5.
» Le fluor ne l'attaque pas à froid; mais, si l'on chauffe légèrement, l'incandescence
se produit et il se dégage du fluorure de silicium, en même temps qu'il se forme du
fluorure de cobalt rouge fondu, semblable au fluorure CoF- décrit par M. C. Pou-
lenc (-).
» Le chlore ne réagit qu'à 3oo°, le brome au rouge sombre et l'iode à peu près à la
même température, mais sans incandescence visible.
» Dans l'oxygène pur, vers' 1200", le siliciure n'est altéré que très superficielle-
ment. Le soufre en vapeur est sans action au point du ramollissement du verre de
Bohême.
» L'acide sulfurique et l'acide azotique étendus ou concentrés n'attaquent pas ce
siliciure.
» L'acide chlorhydrique concentré réagit très lentement à sa température d'ébulli-
(') Les analvses ont été calculées après avoir préalablement retranché du poids de
la prise d'essai le poids du siliciure de carbone.
Théorie pour Si-Co.
Silicium pour 100 48, 3o 48>o5 47j83 48,69
Cobalt » 50,92 5i,6i 5i,77 5i,3o
(^) C. Poulenc, Comptes rendus, t. CXIV, 1892, p. 1426.
SÉANCE DU 22 SEPTEMBRE Tf)02. /177
tion. L'acide (luorliydriqiie, au contraire, donne en quelques instants une dissolution
complète.
)) La potasse ou la soude en solutions étendues sont sans action sur ce composé;
mais, par concentration à chaud, l'attaque se produit peu à peu et devient très vive
avec les hydrates alcalins en fusion. Il se comporte comme le siliciure de fer Si^Fe
vis-à-vis de la plupart de ces réactifs.
» Le cobalt fournit donc avec le silicium trois combinaisons définies
cristallisées, ayant respectivement pour formules SiCo", SiCo et Si^Co;
ces composés forment une série en tous points comparable à celle des
siliciures de fer. Leurs modes de préparation et leurs principales pro-
priétés sont identiques. »
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Sur le pouvoir calorifique de la houille. Note de
M. GouTAL, présentée par M. Ad. Carnot.
« I^a détermination du pouvoir calorifique de la houille se fait, soit à
l'aide de calorimètres perfectionnés, dont le plus répandu dans la pra-
tique industrielle est l'obus Mahler ('), dérivé de la bombe calorimétrique
de M. Berthelot, soit par l'emploi de formules empiriques utilisant les
chiffres fournis par l'analyse élémentaire (^) ou par des essais chimiques
spéciaux C).
» Les mesures calorimétriques faites au moyen de l'obus Mahler nous
ont souvent montré de grands écarts entre les pouvoirs calorifiques réels
et les pouvoirs calorifiques calculés à l'aide des formules proposées jusqu'à
ce jour. Nous avons donc abandonné successivement toutes ces formules
comme inexactes ou basées sur des déterminations délicates et compli-
quées.
» Cependant la fixation, par simple calcul, du pouvoir calorifique d'un
charbon nous paraissant présenter un certain intérêt industriel, nous
avons cherché à établir une relation entre ce pouvoir calorifique et les
résultats fournis par l'essai des combustibles, tel qu'il se pratique habi-
tuellement, c'est-à-dire par caicination, incinération et dessiccation, pour
déterminer le carbone fixe, les matières volatiles, les cendres et l'humidité.
(') Comptes rendus, 3o novembre 1891.
('-) Formules de Dulong, Scheurer-Kestner, Cornut, Ser, Gmelin, etc.
(■') Essai à la litharge de Berthier.
i'jS ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Après avoir étudié plus de six cents échantillons de houilles d'origines diverses,
nous avons pu nous convaincre que les résultats sont représentés d'une manière très
approchée par la formule suivante :
P — 82C-f-«V.
» Dans cette formule, P représente le pouvoir calorifique cherché, C la proportion
en centièmes du carbone fixe, V celle des matières volatiles et a un multiplicateur
variable, fonction de la teneur en matières volatiles V du combustible supposé pur,
c'est-à-dire sans eau ni cendres ( V = loo -p^
C ■+- V
» Pour fixer expérimentalement la valeur du coefficient a dans le cas des diflFérents
combustibles, nous avons tracé une courbe représentative résultant de nos nombreux
essais. Cette courbe est construite en prenant pour abscisses les teneurs en matières
volatiles V et pour ordonnées les valeurs correspondantes de a, déduites des com-
bustions calorimétriques.
740
la
ST -
735
730
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80
— ' — 1 _ J
30
35
iO%
V
5 10 15 20 25
» Pour les teneurs en matières volatiles de
5, 10, i5, 20, 25, 3o, 35, 38 et /jo pour loo,
le coefficient a prend successivement les valeurs
145''''', l3o<^al^ II7"1, 109™', 103'="', 98'»', 94=11, 85cal g^ g^cal,
» Dans le cas des anthracites, a est représenté par une constante égale à 100'="' et
la formule devient P = 82C -H 100 V.
» En calculant ainsi le pouvoir calorifique d'une houille, l'erreur d'appréciation
dépasse rarement i pour 100 de la valeur réelle; elle est exceptionnellement supé-
rieure à 2 pour 100 pour quelques anthracites et quelques houilles ligniteuses dont le
calorimètre seul permet l'étude.
)) La distillatioa de la houille étant représentée par une réaction com-
SÉANCE DU 22 SEPTEMBRE 1902. ^jg
plexe très peu exothermique et n'entraînant, par conséquent, qu'une
faible perte des calories disponibles (*), la courbe ci-dessus, qui donne, à
poids constant, le pouvoir calorifique a des matières volatiles V, permet de
constater que ce pouvoir calorifique décroit régulièrement en allant de
l'anthracite au lignite.
» Observons encore que le pouvoir calorifique des anthracites purs est,
en moyenne, de 8250^^^'; que celui des houilles anthraciteuses (V = 5 à 10
pour 100) est de 855o'^'»' et qu'il atteint un maximum, Byco*^-^', pour.les char-
bons dont V est compris entre 10 et 3o pour 100. Le pouvoir calorifique
des houilles augmente donc à mesure que décroît celui de leurs matières
volatiles, jusqu'à la teneur limite de 3o pour 100, à partir de laquelle le
pouvoir calorifique des combustibles naturels et celui de leurs matières
volatiles dimitiuent concurremment. »
BOTANIQUE . — Sur l'existence de /ormes-levures stables chez quelques moisissures.
Note de G. Odix, présentée par M. Gaston Bonnier.
« Depuis longtemps déjà la question de l'origine des levures préoccupe
le monde scientifique. On s'accorde généralement à considérer les Saccha-
romyces comme des Champignons autonomes; mais, pour les levures non
ascosporées, deux manières de voir sont en présence : certains auteurs les
considèrent comme des formes particulières de végétation de moisissures
d'ordres divers, tandis que d'autres auteurs veulent y voir de véritables
Saccharomyces dont la forme ascosporée n'aurait pas été rencontrée jus-
qu'alors. L'expérimentation seule peut permettre de trancher la question;
aussi crois-je utile de faire connaître les résultats qu'elle m'a fournis sur
ce sujet.
» Les expériences que j'ai poursuivies ont porté sur quatre espèces
différentes de Pénicillium, dont deux se présentent normalement sous la
forme agrégée dite Coremium.
» Dans les cultures des cellules Van Tieghem, hermétiquement closes, où j'ai suivi
le développement de ces moisissures, j'ai observé les phénomènes suivants :
» Les spores, semées sur un milieu nutritif convenable et à une température favo-
rable, germent très rapidement, et au bout de peu de temps, 2 ou 3 jours, les
filaments mycéliens qui en proviennent portent des pinceaux sporifères normaux. Les
spores ainsi formées, que j'appellerai spores iioiinales, présentent une membrane
épaisse q\. forlemenl colorée.
(') Mahler, Comptes rendus, i4 décembre 1891.
48o ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Quelques jours après, on voit apparaître deux, autres sortes de productions :
» 1° Tout d'abord, à l'extrémité àe pinceaux plus ou moins atrophiés, des spores
que je considère comme légèrement anormales; elles sont plus petites que les pre-
mières, plus brillantes, renferment à leur intérieur un globule très réfringent et
présentent une membrane très mince et non colorée;
» 1° A l'extrémité de filaments simples du mycélium, des spores tout à fait anor-
males et atrophiées, plus petites que les précédentes, très brillantes aussi, ayant un
globule très fin en leur centre, et disposées en longue file.
» Si l'on prend soin d'opérer de façon complètement aseptique et de
laisser vieillir les cultures, on constate que les spores normales, ainsi que les
spores légèrement anormales, acquièrent la propriété de bourgeonner en
levure sur place, tandis que les spores tout à fait anormales subissent plus
ou moins rapidement une dégénérescence complète. On a alors, dans la
cellule de culture, de nombreuses colonies Aq formes-levures dont l'origine
est indiscutable et dont on peut suivre le développeaient heure par heure.
» Ce premier résultat obtenu, il est possible d'en obtenir un second, et
c'est surtout sur celui-ci que je désire appeler l'attention. Transportant
dans une nouvelle cellule Van Tieghem, renfermant un jus sucré frais,
un semis de ces formes-levures recueillies et ensemencées aseptiquement,
on constate qu'elles continuent à bourgeonner en levure. Ce bourgeonne-
ment est assez rapide : quelques heures suffisent à une cellule mère pour
donner des cellules fdles. Ces formes-levures sont de forme elliptique
(4*^-5'^ sur 2'*-3'^) et germent par les deux pôles.
» Enfin, et c'est le second point sur lequel je crois devoir insister, si,
après un certain nombre de passages successifs en cellules Van Tieghem,
donnant lieu chaque fois à un nouveau bourgeonnement, on vient à
reporter un peu de ces formes-levures sur un substratum solide tel que
tranches de pomme de terre ou de carotte, on voit persister la forme-levure.
Ainsi donc, sur ces mêmes milieux de culture où les spores normales des
Pénicillium étudiés fournissent uniquement la forme mycélienne et sporifère
bien connue, on t^quX. ohi^mr uniquement la forme-levure bourgeonnante &i
l'on opère comme je l'ai indiqué précédemment. De plus, ces colonies de
formes-levures bourgeonnantes présentent une grande stabilité : plusieurs
reports successifs sur milieu solide n'ont donné lieu qu'à la végétation
bourgeonnante, sans retour à la forme mycélienne normale.
» Il reste à savoir si les formes-levures ainsi obtenues se montreront
indéfiniment stables, et sous quelles conditions. C'est ce que les expé-
riences que j'ai entreprises me montreront plus tard. Mais, dès mainte-
nant, à la suite de nombreuses expériences portant sur quatre espèces
SÉANCE DU 11 SEPTEMBRE 1902. 48 I
différentes, je crois pouvoir conclure qu'il est possible d'obtenir, en
partant de divers Pénicillium, des formes-levures stables, qui se main-
tiennent stables pendant de longues générations et qu'il est d'ailleurs
difficile de distinguer morphologiquement des levures véritables. »
BOTANIQUE. — Sur une modification produite chez le Scopolia carniolica à la
suite de sa greffe sur Tomate. Note de M. Lucien Daxiel, présentée par
M. Gaston Bonnier.
« On sait que l'on peut modifier certaines habitudes des plantes à l'aide
de procédés artificiels, en particulier avancer ou retarder leur floraison
par la chaleur.
)i De même, par semis à contre-saison, on peut faire fleurir une plante
à une époque qui ne lui est pas habituelle. Par la suppression totale des
fleurs au moment de leur apparition, on arrive à rendre bisannuelle une
plante annuelle que l'on protège contre le froid de l'hiver (Réséda).
» D'autre part, quelques plantes vivaces, à tiges aériennes herbacées
annuelles, conservent parfois, l'hiver, une partie de ces tiges qui deviennent
ainsi accidentellement vivaces pour une cause encore inconnue.
» Enfin, par hybridation, on a obtenu dans certains végétaux la pro-
priété de remonter, c'est-à-dire de fleurir et fructifier deux fois dans la
même année (Rosier, Fraisier, etc.).
» Je me suis demandé quel rôle pouvait jouer le greffage au point de
vue des modifications des habitudes des plantes greffées, et j'ai depuis
longtemps entrepris des expériences à ce sujet. J'ai montré, dès 1892, que,
en dehors des avancements ou retards dans la floraison du grefïbn, on
peut, par greffage direct ou par semis consécutif à la greffe, transformer
notablement certaines habitudes du greffon. C'est ainsi que j'ai rendu
plurannuels des exemplaires de Salsifis bisannuels par leur greffe sur
Scorzonère, et des pieds de Tabac annuels sont devenus bisannuels par
leur greffe sur Tomate. Mais dans ce cas, bien entendu, la floraison du
greffon ne s'était pas effectuée dans l'année même du greffage.
)) A la suite du semis des graines du Haricot noir de Belgique greffé
sur Haricot de Soissons gros, j'ai obtenu une race de Haricots remon-
tants ('), aujourd'hui presque complètement fixée.
(•) L. Daniel, Variation des races de Haricots sous l'influence du grejjage
( Comptes rendus, 5 mars 1900).
C. R., 1902, 2» Semestre. (T. CXXXV, N" 12.) 63
482 ACADÉMIE DES SCIENCES.
■» Mais, à ma connaissance du moins, on n'a signalé jusqu'ici aucun
exemple de végétal devenu directement remontant sous l'influence du
greffage, aucun exemple de plante herbacée, en voie de décrépitude
sénile, reprenant vie et vigueur à la suite d'un greffage approprié sur
une plante jeune. Cette année, j'ai observé nettement ces deux catégo-
ries de phénomènes dans la greffe de Scopolia carniolica sur jeunes plants
de Tomates.
» Le Scopolia carniolica, cultivé seulement daas les jardins botaniques, est une
plante herbacée vivace, l'une des plus précoces du printemps. Après sa fructification,
les liges aériennes se maintiennent vertes pendant quelque temps, se fanent progres-
sivement et meurent entièrement desséchées dans le courant de mai. A ce même mo-
ment, la Tomate est au contraire aux débuts de son développement et croît active-
ment. Quoique ces deux plantes appartiennent à la famille des Solanacées, elles font
partie de deux tribus différentes : la première rentre dans la tribu des H^oscyamées ;
la seconde dans celle des Solanées.
» Le i'^"' mai dernier j'ai greffé, sur la Tomate jeune, les pousses aériennes, en
voie de dessiccation, du Scopolia. La greffe a réussi, grâce à de nombreux soins, et,
malgré l'état de sénilité des greffons, malgré leur floraison du printemps, ils ont
repris vie, ont donné de nouveaux bourgeons, puis des rameaux feuilles, aujourd'hui
bien verts et suffisamment vigoureux. Bien plus, l'un des greffons a donné actuelle-
ment une inflorescence qui a porté trois (leurs normales. La fructification s'est faite
comme au printemps.
» Cette expérience periîiet de formuler les conclusions suivantes :
» 1° La similitude des habitudes du sujet et du greffon n'est point une
condition absolue de réussite des greffes;
» 2° On peut rajeunir des tiges aériennes de Scopolia, en voie de décré-
pitude sénile, par leur greffe sur Tomate jeune et vigoureuse ;
» 3° Le greffage modifie quelquefois profondément les habitudes d'une
plante, et, dans le Scopolia, il peut faire apparaître une seconde floraison
annuelle, c'est-à-dire faire acquérir à cette plante la propriété de re-
monter. )>
La séance est levée à 3 heures et demie.
M. B.
SÉANCE DU 22 SEPTEMBRE 1902, 483
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 28 juillet 1902.
Travaux du Laboratoire de Géologie de la Faculté des Sciences de l'Université
de Grenoble, 1901-1902. Tome VI, i" fascicule. Grenoble, Allier frères, 1902;
I vol. in-S".
Les alumines chromées et la constitution du rubis, par A. DuBOiN. Grenoble,
Allier frères, 1902; i broch. in-8°.
Travaux du Laboratoire de recherches scientifiques et industrielles de G.
Jacquemin. Malzéville-Nancy, Edg. Thomas; i broch. in-S".
L'amélioration des vins, des cidres et des hydromels par les levures sélectionnées
de l'Institut La Claire, préparées par le système G. Jacquemin. Malzéville-Nancy,
E. Thomas; i broch. in-8°.
Projet d'organisation du mouvement scientifique universel en anglais, espagnol,
français, allemand, italien, par le D-' E.-M. Cavazzutti. Buenos-Aires, Cooperativa
typografica, 1902; i vol. in-S". (Hommage de l'auteur.)
Bergens muséums Aarbog, 1902 : Afhandlinger og aarsberetning udgivne af
Bergens muséum, ved D-- J. Brunchorst. Bergen, John Griegs Bogtrykkeri, 1902;
I broch. in-8°.
Opère matematiche di Francesco Brioschi, Tomes I et II. Milano, Ulrico Hoepli,
1902; 2 vol. in-4°.
Ouvrages reçus dans l.^ séance du 4 août 1902.
Annales du Ministère de l'Agriculture, n'» ,1 et 2. Paris, Imprimerie nationale,
1902 ; 2 vol. in-S".
Annales de la Faculté des Sciences de Marseille, t. XII. Paris, G. Masson, 1902;
I vol. in-4°.
Cape meridian : Observations, 1877, 1878-79, 1896-97, 1898-99. Edinburgh,
Neill et G'% 1901 ; 2 vol. in-8<' et 2 vol. in-4".
Greenwich : Observations, 1899. Edinburgh, Neill et 0^=, 1901 ; 2 vol. in-4°.
De la fièvre bilieuse hémoglobinurique en Grèce, par le D-- Cardamatis. Syra,
Renieri Brindesi, 1901; i fasc. in-8».
Recueil de l'Institut botanique, publié par L. Errera, t. V. Bruxelles, H. Lamertin,
1902; 1 fasc. in-8°.
Wiadomosci matematyczne, par S. Dickstein, t. VI. Warszawa, Druk Josefa Sikors-
kiego, 1902; I vol. in-8°.
Mittheilungen aus der medicinischen Facultat der kaiserlich-japanischen Uni-
versitàt zu Tokio. Band V, n" h. Tokio, 1902; i vol. in-8<'.
484 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Icônes fungorum ad usiim sylloges saccardianœ adcommodatœ auctore A.-N.
Berlese, vol. IlI.Patavii, typis seminarii, 1902; i vol. in-8°.
Ouvrages reçus dans la séance du ii août 1902.
Geologisk ôfversiktskarta, ôfver Finland. Sektionen C. 2: Saint-Michel. Helsing-
fors, 1902; I broch. in-8° avec Carte.
Industristyrelseii nieddelanden, Finland, n°* 32 et 33. Helsingfors, 1902; 2 broch.
in-S".
Mémoires de l'Université de la Nouvelle-Russie. Odessa, Typographie économique,
1902; I vol. in-8°.
Boletin demografico de la Republica mexicana, 1900. Mexico, 1901; i vol. in-4°.
Censo y distrito territorial del distritp fédéral ver ificados en 1900. Mexico, 1901;
I vol. in-4°.
Ouvrages reçus dans la séance du i8 août 1902.
Quelques notes sur l'exploitation des sources thermales dans le midi de la Gaule,
par Alfred Caraven-Cachin. Paris, Masson et C", J.-B. Baillière et fils, 1902; i fasc.
in-8°.
Recherches géologiques et pétrographiquessur V Oural du Nord, par Louis Duparc
et Francis Pearce; i^<^ Partie. {Mémoires de la Société de Physique et Histoire
naturelle de Genève; vol. XXXIV, fasc. 2.) Genève, Georg et G'^; Paris, G. Fischba-
cher ; i vol. in-4°.
La coltivazione del tabacco indigeno, del Dolloro Leonardo Ricciardi. Naples,
1902 ; I fasc. in-8°.
Royal Society. Report to the malaria Committee; seventh séries. Londres, 1902;
I fasc. in-8".
Bericht ûber die Ergebnisse der Beobachtungen an den Regenstationen der
kaiserlichen livlàndischeti gemeinnûtzigen und ôkonomischen Sozielât, fiir das
Jahr 1900. Dorpat, 1902; i fasc. in-4°.
Informes presentados a la Secretaria de Fomento por el Director del Observa-
torio astronomico nacional sobre las trabajos del establecimento, desde jullio
de 1899 hasta diciembre de 1901. Mexico, 1902; i fasc. in-8°.
Nachrichten von der konigl. Gesellschaft der Wissenschaften zu Gôttingen.
Geschciftliche Mitteilungen ; 1902, Heft 1. Gœttingue, 1902; i fasc. in-S".
Annalsof the Royal Observatory, Edinburgh; vol. I, edited by Ralph Copeland.
Glasgow, 1902; I vol. in-4°.
Memorie délia Reale Accademia délie Scienze di Torino; série seconda, t. LL
Turin, Carlo Clausen, 1902 ; i vol. in-4°.
Commission géologique du Canada. Rapport annuel; nouvelle série, vol. XI,
1898. Ottawa, S.-E. Dawson, 1901 ; i vol. in-8° et 3 cartes h. t.
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER-VILLARS,
Quai des Grands-Augustins, n° 5^>.
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i" Janvier. ^^ ^^..^ ^i^ l'abonnement est fixé ainsi qu'il suit :
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Ratel.
( Rey.
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I Degez.
( Drevet.
' \ Gratier et C".
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i M"* Texier.
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Effanlin.
I Savy.
l^ontpellier .
Moulins.. ..
Nancy.
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Guist'liau.
Veloppé.
i Barma.
i Appy.
Nimes Thibaud.
Orléans LodJé.
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Poitiers (Lévrier.
Rennes Plihon et Hervé.
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Berne Schmid Francke.
Bologne Zanichelli.
iLamerlin.
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Lebégue et G".
( Sotchek et C°.
i Alcalay.
Londres
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Budapest Kilian.
Cambridge Deighton, BellelG».
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Genève Georg.
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iBoisselier.
Péricat.
Suppligeon.
Giard.
Lemattre.
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Barlh.
Brockhaus.
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Lorentz.
, Twietmeyer.
^ Desoer.
( Gnusé.
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' F. Fé.
l Bocca frères.
Milan
( Hœpli.
Moscou Tastevin.
( Marghieri di Glu»
Naples „ ,,
( Pellerano.
i Dyrsen et Pfeiffer.
New-York ! Stechert.
' LemckeetBuechricr
Odessa Rousseau.
Oxford Parker et C".
Palerme Reber.
Porto Magalhaés el Mmiii.
Prague Rivnac.
Rio-Janeiro Garnier.
I Bocca frères.
^°"'« jLoescheretO*.
Rotterdam Kramers et fils.
Stockholm Nordiska Boglianilel.
Zinseriing.
Wollf.
Bocca frères.
Brero.
Turin.
\ RosenbergetSellier.
Varsovie Gebethner el Wolfl.
Vérone Drucker.
Frick.
S'-Pi'tersbourg.
Vienne .
Gerold et G''
\ Zurich MeyeretZeller.
PLÉMENT AUX COMPTES
,1 : Mémoire sur quelques points', de la Physiologie des Algues
— Mémoire s
,ir le Calcul des Perturbations
Tomes 92 à 121. - (■" Janvier i88i à 3i Déceml;
RENDUS DES SÉANCES DE LAC.A.DÉMIE DES SCIENCES :
par MM. A. Derbés et A.-J.-J, boLiLR. • .. ,"" ",.,,, ;{, oarticulièremcnt dan.s
- - „, , ^ ,„, ,, p,„erJ-,. et'ur ie rùle du suc pancréatique dans les phénomènes d.gest.fs, parfcu _^
uventles Comètes, par M. Ha^skn. - Mémoire '-'^^^^^;^'l^, 3, p,,„ches; ^S5G ^ r Z' ^SS^' 'l^' V\c.dirai. de.
.tion des matières grasses, par M. Cl.u.e B.,,..,.o. J"'-- ^^^ ' __ J^^ ,,„,, ,,p„„,e à la question de Pnx P-P^^ ^^^^^ ,7j ,, ' es différents
i II : Mémoire sur les^vers intestinaux par M. P.-J. l'^jjj'^'-^^^^^. . „ étudier les lois de la distribution des corps °^S, " ^^f ;' ^7^,^'";„ ,i„„Uande. -
.s pour le concours de .853, et puis remise pour <=«'" J« '«%;;; ^ , „ ,,„,,Uon de leur apparition ou de leur disparition "«e--; „„„,,, ;„.,,.
,i„ sédimentaires, suivant l'ordre de '-.^"P^^^P ; '^,^,- ctu ,.u règ e organique et ses états antérieurs ., par M- ■« I ofe ^^ ^^
lercher la nature des rapports qui
17 planches; 1861
la même Librairie les Mémoires de VAcadémie des Sciences et Ici
Mémoires présentés par divers Savants a
lAcadémie des Sciences.
W 12.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 22 septembre 1902.)
MÉMOIRES ET COMMUMCATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pages .
M. le Présidext annonce à l'Académie la
mort de iM. Damour, Académicien libre. 465
iM. J. BoussiNESQ. — Extension du Principe
de Fermât, sur l'économie du temps, au
, . Pages,
mouvement relatif delà lumière dans un
corps transparent hétérogène, animé d'une
translation rapide .^gj
CORRESPOND AIVCE.
iM. A. Lacroix. - Les enclaves des andésites
de l'éruption actuelle de la Montaane
Pelée
AL H. Deslandres, — Hecherches spectrales
sur la rotation de la planète Uranus
M. P. Lebeau. — Sur les combinaisons du
silicium avec le cobalt et sur un nouveau
siliciure de ce métal ,„-^
Bulletin- bibliographiqliî
4-0
472
Sur le pouvoir calorilique de
M. GOCTAL. -
la houille.
M. G. Odix. — Sur l'existence de formes-
levures stables chez quelques moisissures.
M. LUGIEX Damel. - Sur une modification
produite chez le ScopoUa carnwlica à la
suite de sa gi-effe sur Tomate
^77
479
/;8i
483
PARIS.
IMPIUMKRIE GAUTHIER-VILLARS,
Quai des Grands-Augustins, 55.
Le Gérant: Gauihier-Villars.
SECOND SEMESTRE.
COMPTES IlENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
TOME CXXXV.
N° 13 (29 Septembre 1902
PARIS,
GAUTHIIÎK-VILLARS, IMPIIIMEUR-LIBRAIRE
DES COMl'TES RENDUS DES SÉANCES DE L'AGA.DÉ\IIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Augustins, 55.
1902
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDU
Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l'Académie se composent des extrails des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article l"^. — Impression des travaux de l'Académie.
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démie ; cependant, si les Membres qui y ont pris
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rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont
ils donnent lecture à l'Académie avant de les re-
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
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lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
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ports relatifs aux prix décernés ne le sont q
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demie peuvent être l'objet d'une analyse ou
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
I^es Membres qui présentent ces Mémoi
tenus de les réduire au nombre de pages re
Membre qui fait la présentation est toujours
mais les Secrétaires ont le droit de réduire ce
autant qu'ils le jugent convenable, comme il
pour les articles ordinaires de la correspond*
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer àe chaque Membre doit être
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus
jeudi à 10 heures du matin; faute d'être remis .
le titre seul duMémoire est insérédans le Comj.
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte re,
vant et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part
Les Comptes rendus ne contiennent ni plan^
fiffures.
Dans le cas exceptionnel où des figures
autorisées, l'espace occupé par ces figures c<<
pour l'étendue réglementaire.
Le tirage à part des articles est aux frais
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapj
les Instructions demandés par le Gouvernem<
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administra
un Rapport sur la situation des Comptes rendu
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont charç;és de l'exécution
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont pri
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant S\ Autrement la présentation sera remise à la séance
OCi
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 29 SEPTEMBRE 1902.
PRÉSIDENCE DE M. BOUQUET DE LA GRYE.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ÉLECTROCHIMIE. - Nouvelles expériences sur la limite d'intensité du courant
d'une mie qui correspond à la manifestation d'un débit électrolytique
extérieur, apparent dans un voltamètre; par M. Beuthelot.
„ J'ai poursuivi l'étude des piles fondées sur des réactions salines, sans
le concours de l'attaque des tnétaux ou des sels métalliques proprement
dits, étude dont les premiers résultats ont été communiques a 1 Académie;
i'aifait un grand nombre d'observations nouvelles et inédites, et j ai réuni
le tout dans les numéros des Anr^ales de Chimie et de Physique (octobre et
novembre), auxquels je prends la liberté de renvoyer les personnes qui
désireraient prendre une connaissance complète de mes recherches sur
ce genre de niles, fort intéressantes pour la connaissance de.s causes
susceptibles de déterminer cer.aines sécrétions dans l'économie des êtres
vivants. Il serait trop long de résumer ici toutes ces nouvelles obser-
vations; mais je crois utile d'en détacher celles qui --Petent la dé-
termination de la limite d'intensité correspondant a la manitestat.on d un
débit électrolytique extérieur, sujet ^'-^-^é dans deux numéros des
Comptes rendus (t. CXXXIV, ^3 jmn 1902, p. i4(>2. et t. CXXXV, 7 ]uu
^''>.' ra'i'd^'tfrminé ces limites avec deux voltamètres différents : l'un ren-
fermant de l'acide suifurique étendu seulement avec électrodes a la
Wollaston, voltamètre dans lequel la production d une réaction continue
visible (dégagement d'hvdrogène et d'oxygène) exige une force electro-
Totrice minima comprise entre 1- 5 et .-1 g; l'autre le même acuh^
étendu additionné de pyrogallol. voltamètre dans lequel 1 hydrogène seul
G. R., 1902, 3" Semestre. (T. CXXXV, N" 13.)
486
ACADÉMIE DES SCIENCES.
se dégage d'une foçon continue, sous l'influence d'une force électromotrice
minima voisine de o™", 8.
» J'ai fait varier successivement les conditions suivantes : pression exté-
rieure; concentration de l'acide; concentration du pyrogallol additionnel •
excès de la force électromotrice de la pile sur la force électromotricè
minima nécessaire pour déterminer une électrolyse continue.
» La résistance extérieure employée pour atteindre la limite vers
laquelle le débit électrolytique cesse d'être manifeste a varié depuis des
valeurs très petites jusqu'à i oooooo d'ohms. Cette résistance étant mesu-
rée, ainsi que la force électromotrice, des formules connues permettent de
calculer l'intensité i et de déduire de celle-ci le poids d-hydrogène h
dégage en i minute. Les déterminations de celte limite sont d'ailleurs
approximatives, comme toute mesure relative aux débuts d'un phénomène
On trouvera des détails plus étendus dans le Mémoire complet- je me
bornerai à reproduire ici des Tableaux qui résument les mesures. '
I- — AciDB SULFURIQUE SEUL DANS LE VOLTAMÈTRE.
» 1. Pression extérieure variable dans le voltamètre. 2 Daniells. Tempé-
rature, 2o°. - J'appellerai force électromotrice déterminante l'excès de la
force électromotrice de la pile sur celle qui détermine la réaction dans
le voltamètre : soit, pour la pile employée, 2™'^24 — i^°'t, 6o=o^°'t 64
R est la résistance extérieure. La liqueur du voltamètre renferme 106^
de SO'H^ par litre.
Électrolyse.
R.
Nette.
m
Pression 0,760. . .
0,200.
o,o5o.
o , oo5 .
ohms, j- ^ o»'^P,OOo3(')
3000. ■ ■< , ^ '
h =z o"8, 000 79
i = o'""P,oooo6 ( » )
k — o"ê, 000087 (1)
i = ©"""PjOoooS
h = o"s, ooooig
{ z= 0^™P, 000021
h ~ o™s, 000014
lOOOO.
20000.
20000 .
3oooo. .
4oooo. . .
» La limite de pression répond à une résistance extérieure d'autant
3oooo
R- Lente.
3ooo:''.'".1 0'°°o2(^)
0,0001 3
o, 000082
0,000019
0,00002
0,00001 5
0,00001 3
0,000010
(')'^Gaz aux deux, pôles (H'^-f- O)
C'fGaz surtout au pôle + (H-').
SÉANCE DU 29 SEPTEMBRE 1902. 4^7
plus grande que la pression est moindre. L'étendue des variations de ré-
sistance a été de I : i5; celle des variations de pression de i : i52, dix
fois plus considérable.
» 2. Acide sulfurique seul. Concentration variable.
o'",76o : / = 31°. 2 Daniells.
Sous la pression
Electrolyse.
Acide renfermant par l nette
litre 3076 I lente
. . , , / nette
Acide renfermant par l ,
\ lente
litre loos 1 . ,. 0
( indices:
Acide renfermant par ( nette
litre is I lente
Résistance
extérieure.
obms
2000 (')
3ooo
2000
3ooo
7000
1000 (')
3ooo (-)
Intensité.
amp
o,ooo32
0,00021
o,ooo3
0,0002
0,0001
0,00064
O , 0002 I
Hydrogène
par
minute.
. . .0,00019
. . . 0 , 000 1 3
. . . o , 000 I 9
. . .0,0001 3
. . .o,oooo5
. . .o,ooo38
. . .o,oooi3
)) On voit que la concentration entre 200^ et loo^ d'acide n'influe guère
sur les limites. Dans une liqueur très étendue cependant, le dégagement
cesse de se produire avec une résistance notablement plus faible. Ceci doit
tenir plutôt à un changement dans la cohésion du hquide que dans la con-
ductibilité. En effet, les résistances spécifiques des dissolutions d'acide
sulfurique, déduites par le calcul des conductibilités mesurées par
M. Bouty, répondraient, vers 18" à 20°, aux valeurs suivantes :
f. —. gohms^^g pour la solulion à il»' par litre
. — o*^^)^
9^6
Elles varient rapidement avec la température. Toutes ces résistances sont
d'ailleurs à jjeu près négligeables vis-à-vis des résistances extérieures mises
en jeu dans les présentes expériences.
» Donnons encore une expérience exécutée en électrolysant une disso-
lution de soude (2o8NaOH = 1') dans le voltamètre, sous la pression
o™,76o. On opère avec 2 Daniells.
Electrolyse
lente. Indices.
1000°'""^ Sooo"'""'
O , 0006
O , ooo4
nette.
Résistance 5oo°i""'
Intensité o"""p,ooi2
Hydrogène par minute . o™e,ooo8
o , 000 I 2
o , 00008
(*) Gaz aux deux pôles (IP-i- 0).
(*) Gaz surtout au pôle + (H").
4^8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» La résistance spécifique d'une solution de soude renfermant 25^ au
litre, d'après les nombres de Rohlrausch, répondrait à 9°'""% 3 à 18". Ici
l'accroissement de résistance spécifique correspond à l'abaissement de la
limite.
» 3. Acide suljunqiie seul. Force électromotrice déterminante variable. —
J'ai fait varier cette force électromotrice déterminante E, depuis celle qui
répond à 6 Daniells (G^^'^SB), jusqu'à 2 Daniells (2^""^, 2); soitE, depuis
S^^i^jusqu'ào^i'.ô.
» Au cours des expériences faites avec des éléments de pile différents
des Daniells, E, a même été réduit jusqu'à une valeur voisine de o^"", i.
» En ce moment je donne seulement les résultats obtenus avec les élé-
ments Daniell, sous deux pressions différentes.
» 1" Sous la pression normale o™, 760 :
Résistance Intensité Hydrogène
Electrolyse. extérieure. limite. par minute.
ohms amp m?
2 Daniells j "'^"'^ ^ooo o,ooo3o 0,00019
Ei^G'o'tjô j lente t 3ooo I 0,00020 1 0,00012
' ( < à 1 '' 1 ^
( 4000 ( 0,0001 5 ( 0,00010
6 Daniells j nette 20000 0,000 25 0,0001 5
El = S'o^SjO j lente 3oooo 0,00017 0,00010
» 2° Sous la pression o"',oo8 :
Résistance Intensité Hydrogène
Electrolyse. extérieure. limite. par minute.
... ohms arap tng
2 Daniells nette 3oooo 0,000020 0,000012
E, = o'"''',6 j lente 5oooo 0,000012 0,000007
6 Daniells l nette 200000 o,oooo25 o,ooooi5
Ei = 5'"'"'',o ( lente Sooooo 0,000010 0,000006
» On peut admettre que la limite d'intensité, sous une pression donnée,
est sensiblement la même; c'est-à-dire indépendante de la force électro-
motrice déterminante. Ce résultat est d'ailleurs conforme à la théorie.
II. — Acide sulfurique étendu avec addition de ptrogallol.
» Voici maintenant des expériences exécutées avec l'acide sulfurique
étendu additionné de pyrogallol, dans le voltamètre. On a opéré avec
I Daniell, la force électromolrice de cet élément étant suffisante pour
olectrolyser l'eau.
SÉANCE DU 29 SEPTEMBRE I902. 489
» 1. Pression variable. — Acide sulfuriqne SO^H^. 106^ par litre, ren-
fermant en outre pyrogalloi (CH'^O' : lo*-'); / = 20°
Résistance
Électrolyse. extérieure,
ulims
i nette 2000
i 4000
lente | à
f 5ooo
( nette 8000
» 0,200 { ,
( lente 10000
( nette loooo
» o,o5o l lente 20000
( indices. . . . 4oooo
1 nette 80000
B o,oo5 \ lente 5oooo
' indices. . . . 80000
» D'après ces nombres, la limite de pression pour laquelle le dégage-
ment gazeux est net répond à une résistance extérieure d'autant plus con-
sidérable que la pression est moindre, de même qu'avec l'acide sulfurique
sans pyrogallol. Les intensités limites avec le pyrogallol sont environ la
moitié de celles que l'on observe sans pyrogallol; conformément à la rela-
tion des forces électromotrices nécessaires, soit 2,2 — 1,6 = 0^°", 6 avec
le voltamètre à acide seul, actionné par 2 Daniells, et i, i — 0,8 = o™", 3
avec le voltamètre à pyrogallol, actionné par un seul Daniell.
» 2. Acide sulfurique et pyrogallol. Concentration variable. — Sous la
pression o", 760 ; i Daniell ; t= 11°.
intensité V.
Hydrogène
par minute.
amp
0,00016
0,00008
Dlg
0,00010
i o,oooo5
f 0,00004
à
0,00006
o,oooo4
0,000082
0,000025
0,000019
0,000082
0,000019
0,000016
0,000010
)}
»
0,00001 1
0 , 0000064
0 , 000006
0,0000088
B
T>
» 1° Acide SO'H= : So;^ par litre.
Pyrogallol
Pyrogallol
5o.
5o.
5o.
10.
10.
10.
Électrolyse.
Résistance
extérieure.
Intensité ('.
Hydrogène
par minute.
nette
olims
4ooo
amp
0,000064
ni g
0,000088
lente
10000
0,000082
0,000019
indices
20000
»
))
nette
5ooo
0,000064
o,oooo38
lente
lOOOO
0,000082
0,000019
indices
20000
»
»
M Les résultats sont à peu près identiques; le pyrogallol n'agissant que
pour absorber l'oxygène, et se trouvant en excès.
49»
ACADEMIE DES SCIENCES.
2° Acide SO'IP : io6s par litre.
lO.
Pyrogallol
j:o.
1 10.
Résistance
Hydrogène
Eleclrolyse.
extérieure.
Intensité V.
par minute.
nette
ohms
2000
amp
O, 00016
mg
0,00010
lente
5ooo
0 , 00006
o,oooo4
indices
8ooo
»
»
La sensibilité paraît moindre avec cette proportion d'acide.
3° Acide SO* H'' : is par litre.
Pyrogallol
Pyrogallol
Résistance
Hydrogène
Électrolyso.
extérieure.
Intensité i'.
par minute.
/ 10
nette
obms
1000
amp
0,00082
mg
0,00049
1 :o
lente
2000
6000
0,00016
0 , 0000.5
o,ooo38
Ko....
indices
0 , ooooS
is j)ar
litre.
Résistance
Hydrogène
Électrolyse.
extérieure.
Intensité i'.
par minute.
/ 100.. . .
. . . nette
ohms
5 00
2000
5ooo
àmp
0 , 0006
0,00016
ï)
mg
0 , 0004
0,00010
100...
lente
100.. . .
indices
»
» L'électrolyse se fait de moins en moins nettement sous une résistance
donnée, lorsque l'excès de pyrogallol devient énorme ; la présence de ce
composé modifie sans doute la cohésion du liquide, et par suite la facilité
du dégagement des bulles.
)) 3. Acide sidfurique et pyrogallol. Force électromotrice déterminante
variable. — J'ai fait varier cette force depuis la valeur répondant à 6 Daniells
jusqu'à I Daniell ; soit E, depuis 5'°"% 8 jusqu'à 0"°'', o3.
» Au cours des expériences, faites avec des éléments de pile différents,
E, a été réduit jusqu'à 0^°'', o3 ; les limites ont été trouvées les mêmes.
» En ce moment, je donne seulement les résultats obtenus avec les élé-
ments Daniell sous deux pressions différentes.
» 1° Sous la pression normale o", 760 :
I Daniell E, ^o'^'^S
6 Daniells E,= 5'°"% 8
Elec-
Résistance
Intensité
Hydrogène
trolyse.
extérieure.
limite.
par minute.
obms
amp
niK
nette. ..
2000
0,00016
0,00010
lente. ..
4000
0,00008
o,oooo5
nette. . .
40000
0,0001 5
0,00009
lente. . .
5oooo
0 , 000 I 2
0,00007
SÉANCE DU 29 SEPTEMBRE 1902. 49Ï
2" Sous la pression 0^,005 :
Élec-
Résistance
Intensité
Hydrogène
Irolyse.
extérieure.
limite.
par minute.
nette. . .
ohDts
3oooo
amp
0,000010
me
0,000006
lente. . .
5oooo
0,000006
0,000004
nette. . .
Sooooo
0 , 0000 1 2
0 , 000007
lente. . .
800000
0 , 000007
0 , 000004
I Daniell E,= o'"'',3
ôDaniellsE.r^S'oi'^S
» L'intensité limite est sensiblement la tnôme avec i et 6 Daniells, sous
une même pression ; ce qui concorde avec le résultat obtenu sans pyro-
gallol dans le voltamètre.
» Tels sont les faits observés. Assurément, il serait fort inexact de pré-
tendre qu'au-dessous de ces limites il n'y ait plus d'électrolyse; mais c'est
le terme au-dessous duquel, dans les conditions où j'ai opéré, les gaz pro-
duits demeurent dissons. Si l'on prolonge la réaction, ils se difîusent sans
manifestation apparente dans les espaces ambiants; ou peut-être s'y recom-
binent-ils peu à peu, par l'effet de la polarisation.
» Observons ici, pour bien définir les résultats présents, que s'il est vrai
qu'un courant électrique, si faible qu'il soit, traverse toujours un liquide
conducteur, il paraît cependant, — comme je l'ai établi par mes recherches
sur la combinaison de l'hydrogène et de l'oxygène avec le platine ('),
métal susceptible d'être employé comme électrode dans les piles; — il
paraît, dis-je, que \ énergie chimique nécessaire est, en réalité, toujours pré-
sente pour commencer l'action, mais non pour l'entretenir, distinction capi-
tale. En eflét, l'énergie voltaïque ne saurait donner lieu à une électrolyse
extérieure continue que si elle est entretenue par une réaction intérieure,
également continue et susceptible de maintenir une force électromotrice
dont la valeur surpasse une certaine limite (-). Autrement le renouvelle-
ment d'énergie, attribuableaux phénomènes de diffusion et analogues, est
trop petit pour donner lieu à un travail électrolytique continu et mani-
feste; tandis que les actions de contact sont au contraire suffisantes pour
établir une différence de potentiel entre les deux piles.
» Si l'on compare les poids d'hydrogène manifestés dans ces expériences
avec les potds d'argent susceptibles d'être précipités par les mêmes inten-
sités, on trouve qu'un millionième de nidligrarame par minute d'hydro-
(') Annales de Chimie et de Physique, 5" s., t. XXX, i883, p. 587.
C) Annales de Chimie et de Physique, 5= série, t. XXVli, 1882, p. 91.
492 ACADÉMIE DES SCIENCES.
gène équivaut à un dix-millième de milligramme d'argent, quantité non
pondérable et presque insensible. Au bout d'une heure, on aurait un cent-
soixantième de milligramme d'argent. Pour un dix-millième de milligramme
d'hydrogène, on n'aurait encore qu'un centième *de milligramme d'argent
par minute; à peine plus de j milligramme par heure. Le dégagement de
l'hydrogène est donc incomparablement plus sensible.
» L'ordre de grandeur (ou de petitesse) des réactions des piles définies
par ces expériences est celui qui est compatible avec les phénomènes
physiologiques normaux, que des réactions d'électrolyse trop énergiques
troubleraient profondément.
» Il correspond également à la faiblesse des poids de matière trans-
formés en acides en 24 heures par le fait des sécrétions, aussi bien qu'avec
les quantités presque infinitésimales produites à chaque seconde pendant
la durée de chaque onde sanguine qui traverse l'organe sécréteur. Ce sont
là des conditions que l'on ne doit pas perdre de vue.
» Pour essayer de préciser cette comparaison, envisageons la formation
de l'acide chiorhydrique contenu dans le suc gastrique. Soit 0^,100 le
poids de cet acide, HCl, renfermé dans le suc sécrété en 24 heures par les
parois de l'estomac; ce poids dérive du liquide de 86000 ondes sanguines
environ, projetées par le cœur pendant cet intervalle de temps, dans l'hypo-
thèse d'une sécrétion uniforme. Chacune de ces ondées aurait fourni à peu
près un millionième de milligramme d'acide chiorhydrique, poids dont la
mise en liberté par électrolyse répondrait à environ trois cent-millionièmes
de milligramme d'hydrogène d'après la loi de Faraday. Or, cette quantité
est produite par l'action de plusieurs millions de ces petits appareils à fonc-
tion diverse, que nous confondons sous le nom de cellules; la visibilité de
la complexité de structure corrélative de ces fonctions échappant à nos
sens. Le poids moyen d'acide, engendré par chacun de ces petits appareils
aux dépens d'une seule ondée sanguine, équivaudrait dès lors à quelques
quadrillionièmesde milligramme d'hydrogène. Cependant l'intégration de
cette production d'acide fournit le poids total qui détermine les effets
diurnes de la digestion stomacale et spécialement de celle des aliments
azotés. On conçoit par là comment la formation des composés contenus
dans les sécrétions animales — : acides, alcalis, produits d'oxydation ou de
réduction , toxines, venins, vaccins, etc. ; — serait susceptible d'être accom-
plie par certaines combinaisons de piles fondées sur des réactions salines;
la faiblesse même de ces réactions étant compatible, comme nature et
comme intensité, avec le fonctionnement normal de nos organes. »
SÉANCE DU 29 SEPTEMBRE 1902. 49^
CHIMIE MINÉRALE. — Préparation et propriélès d'un nouveau sdiciure
de vanadium. Noie de MM. H. Moissan et Holt.
« Dans une Note précédente (') nous avons indiqué l'existence d'un
siliciure de vanadium VSi^ préparé par réduction de l'acide vanadique au
four électrique en présence d'un excès de silicium. Nous avons fait
remarquer à ce propos que l'équilibre qui se produisait à haute tempéra-
ture, entre l'acide vanadique et le silicium, était variable suivant que l'un
des deux corps se trouvait en excès dans le mélange fondu.
)) Nous avons obtenu un autre siliciure de formule V^Si en maintenant
dans la préparation un excès de vanadium; seulement, cette expérience
est assez délicate à cause de la facile vaporisation à celte haute tempéra-
ture, soit de l'acide vanadique, soit de l'oxyde de vanadium V'O'.
» Lorsque l'on chauffe au four électrique un excès de l'oxyde V'O', en
présence de silicium, ou obtient un mélange de plusieurs siliciures ren-
fermant les composés VSi- et V'Si. Mais comine le siliciure le plus riche
en vanadium VSi^ est moins fusible que l'autre, la chauffe doit être pro-
longée. Dès lors, l'excès d'oxyde de vanadium est volatilisé et l'on retombe
dans les conditions de formation du siliciure VSi% stable en présence d'un
excès de silicium.
» Un certain nombre d'expériences ont été poursuivies en réduisant par
le magnésium un excès d'acide vanadique en présence de silicium. Ce
mélange, au contact d'une flamme, devient explosif, mais ne fournit pas
de siliciure de vanadium.
)) Préparation du siliciure V^Si. — 1° Nous avons pu cependant obtenir
ce siliciure en chauffant, dans un creuset, au four électrique un mélange
de V^O^ 120*'', Si 14s, au moyen d'un courant de 1000 ampères sous
5o volts. La quantité d'oxyde de vanadium employée dans ce mélange est
quatre fois supérieure à celle qui serait nécessaire pour donner ce siliciure
d'après l'égalité suivante :
2Y=0' + 5Si = 2V=Si + 3SiO^
« Si l'on répète cette réaction avec l'acide vanadique, il faut employer
(') Moissan et Holt, Préparation et propriétés d'un siliciure de vanadium
{Comptes rendus, l. CXXXV, 1902, p. 78).
C. R., 1902, 2- Semestre. (T. CXXXV, N" 13.) 65
494 ACADÉMIE DES SCIENCES.
un poids dix fois supérieur à celui qui est indiqué par l'égalité suivante :
o.VH)' + 7Si = 2V^Si + 5SiO^
» Pendant cette préparation, la plus grande partie du vanadium est
volatilisée, et il ne reste, si la chauffe n'a pas été trop longue, qu'un petit
lingot de siliciure V^Si. A la partie supérieure de ce lingot on trouve tou-
jours une petite quantité d'une matière noire, amorphe, non attaquable par
les acides et les alcalis, et qui se sépare facilement du siliciure blanc à
aspect métallique. On réduit ce siliciure en petits fragments, puis on le
chauffe avec de l'acide sulfurique concentré pendant 2 heures. Après lévi-
gation à l'eau, on le concasse sous forme d'une poudre grossière qui est
maintenue dans une solution bouillante de potasse à 10 pour 100. Enfin, on
traite par le bromoforme, pour séparer quelques cristaux de graphite.
» 2° Nous avons encore obtenu ce siliciure par l'action du silicium sur
le carbure de vanadium (' ). Ce dernier composé, étant stable et peu volatil
à la température du four électrique, permet de maintenir à l'état liquide
un excès de vanadium en présence du silicium liquide. A cet effet, nous
avons chauffé un mélange d'oxyde de vanadium, de silicium et de carbone
répondant à l'égalité suivante :
2Y = 0= _j_ 2Si + 3C = 2V-"Si + 3C0%
en ayant soin toutefois d'augmenter de ■— le poids de l'oxyde de vanadium.
Ce mélange est chauffé dans un creuset de charbon pendant 4 minutes
avec un courant de 5oo ampères sous 00 volts. Le culot très bien fondu,
retiré du creuset, renfermait un mélange de siliciure V" Si et du carbure de
vanadium VC.
» Pour obtenir le siliciure pur, la niasse concassée est chauffée plusieurs
heures avec de l'acide azotique à 5o pour 100 qui détruit tout le carbure,
puis avec une solution de potasse à 10 pour 100.
» 3° Enfin, nous avons utilisé le siliciure de cuivre, maintenu à son
point d'ébuUition, pour faire réagir un excès de vanadium sur le silicium.
» Nous avons préparé tout d'abord le mélange suivant : oxyde de vana-
dium, V^0% i5 parties; silicium, 7; cuivre, 2. Nous avons chauffé ensuite
ce mélange au four électrique, dans un creuset de charbon, pendant
4 minutes avec un courant de 700 ampères sous 5o volts. Le bain liquide
(') H. MoissAN^ Étude de la fonte et du carbure de vanadiurti {Comptes rendus,
t. CXXII, 1896, p. 1297, e,\.Le Four électrique, p. 241.
SÉANCE DU 29 SEPTEMBRE 1902. 49^
que l'on obtenait ainsi renfermait une solution de siliciure de vanadium
V^Si dans un mélange de siliciure de cuivre et d'un alliage cuivre-vana-
di.im. Le cidot métallique homogène et bien fondu était concassé en
poudre grossière, puis chauffé plusieurs heures au bam-marie avec de
l'acide azotique à 5o pour loo. Le siliciure de cuivre et l'alliage cuivre-
vanadium sont détruits. Le résidu est ensuite traité par une solution bouil-
lante de potasse à 10 pour 100. Enfin, le graphite est séparé par le bromo-
forme. Dans cette préparation, le siliciure est toujours mélangé d'une
certaine quantité de carborundum.
» Propriétés. — Ce nouveau siliciure est cristallisé en prisme et possède
une couleur blanche rappelant celle de l'argent. Les cristaux, très bril-
lants, présentent un aspect métallique; ils sont cassants et rayent le verre
avec facilité. Leur densité est de 5,48 à 17°. Ce siliciure est fusible dans le
four électrique à une température plus élevée que le siliciure VSi^
» Ce nouveau composé est insoluble dans l'eau, l'alcool, l'éther et la
benzine.
» Le fluor n'attaque pas ce siliciure à froid, mais si l'on chauffe légère-
ment, il se produit une incandescence assez faible, avec formation d'un
résidu brun verdàtre. Le chlore l'attaque facilement au rouge, sans incan-
descence, en produisant un liquide qui est un mélange de chlorure de
vanadium, VCl* et de chlorure de silicium SiCl\ Le brome l'attaque faci-
lement au rouge sans incandescence en donnant un sublimé noir amorphe
de bromure de vanadium VBr' et un résidu qui se trouve surtout dans la
nacelle et qui est formé de bromure de silicium Si=Br«. A la même tempé-
rature l'attaque par l'iode n'est que superficielle.
» Vers 1000° la vapeur d'eau ne produit qu'une attaque superficielle;
les cristaux prennent une couleur bleutée, et, après cette expérience,
lorsqu'on les traite par l'acide azotique, ils produisent un liquide bleu
renfermant de l'oxyde V'0\
>, De même, la réaction n'est que superficielle à la température du
rouge, en présence de la vapeur de soufre et de l'hydrogène sulfuré.
» A la même température, le gaz ammoniac ne fournit aucune réaction
avec ce siliciure.
,, Au contraire, le gaz acide chlorhydrique vers 800° l'attaque complè-
tement, sans incandescence, en produisant une masse de petits cristaux
brillants de couleur brun rouge. Ces cristaux sont de suite décomposés
par l'eau, avec formation d'une solution brune qui, par addition d'acide
azotique, devient bleu verdàtre. Ces cristaux sont de même décomposés
49^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
par les acides azotique et chlorhycirique avec dégagement gazeux et pro-
duction d'une solution riche en vanadium. Il se forme, dans cette réaction
de l'acide chlorhvdrique sur le siliciure de vanadium, un chlorure double
de silicium et de vanadium.
» Le siliciure de vanadium, chauffé au four électrique, en présence du
carbone, est partiellement décomposé et donne naissance à un équilibre
entre le carbure et le siliciure, ainsi que nous l'avons expliqué précédem-
ment à propos de la préparation. Ce siliciure, de formule V-Si, est stable
en présence d'un excès de carbure fondu.
» Chauffé au four électrique, au contact d'un excès de silicium liquide
maintenu à son point d'ébullilion, il fond, se dissout, puis se décompose,
ne pouvant pas exister dans ces conditions : il se transforme complètement
en siliciure VSi- qui a élé recueilli et analysé. Cette réaction permet donc
de passer de l'un à l'autre des deux siliciures de vanadium.
» Le siliciure de vanadium V-Si est décomposé au rouge par le sodium
en fusion. De même, en présence d'un grand excès de cuivre fondu au
four électrique, il fournit du siliciure de cuivre et un alliage silicium-vana-
dium. Il est peu attaqué par l'argent à sa température d'ébullition; cepen-
dant, on reconnaît que ce métal, après solidification, abandonne une petite
quantité de silicium amorphe. Il en est de même pour l'étain. Le siliciure
de vanadium est insoluble dans l'aluminium maintenu à son point d'ébul-
lition. Enfin, il est un peu soluble dans le siliciure de cuivre en fusion.
» Les acides chlorhvdrique, azotique et sulfurique sont sans action sur
ce siliciure; il en est de même d'un mélange d'acide azotique et d'acide
chlorhvdrique ou d'acide azotique et d'acide sulfurique.
» Au contraire, une solution même étendue d'acide fluorhydrique l'at-
taque à froid.
» Les solutions alcalines de potasse, de soude et d'ammoniaque n'ont
aucune action sur le siliciure, mais la potasse en fusion l'attaque avec faci-
lité. Un mélange d'azotate de potassium et de carbonate de sodium le
transforme au rouge sombre en vanadate et en silicate.
» Analyse. — Les dosages du vanadium et du silicium dans ce nouveau composé
ont été faits par les méthodes décrites antérieurement à propos du siliciure VSi^.
Nous avons obtenu ainsi les chiffres suivants :
Vanadium 78,52
Silicium 20,90
Théorie
2
c
1.
pour V^Si,
79'
12
77:
,60
78,46
21,
5i
2 1
,83
21,54
SÉANCE DU 29 SEPTEMBRE 1902. 497
1) Le premier échantillon renfermait 1,90 de carborundum, le second 4)22, et le
troisième 2,80.
M Conclusions. — Nous avons obtenu un nouveau siliciure de vana-
dium V-Si, plus difficilement fusible au four électrique que le siliciure VSi^.
Sa composition, sa densité, sa couleur, son attaque plus facile par le fluor,
le chlore, et surtout le brome, l'action de l'acide chlorhydrique, enfin sa
facile décomposition par le silicium en fusion suffisent pour le différen-
cier nettement du siliciure VSi*. Ces expériences établissent de plus que
les lois qui président aux équilibres dans les solutions, à la température
ordinaire, s'appliquent aussi aux réactions du four électrique qui se pro-
duisent entre le silicium, le siliciure de cuivre et le carbure de vanadium
à leur température d'ébullition. »
BOTANIQUE. — Sur la double fécondation chez les Crucifères.
Note de M. L. Guig.vard.
« Les recherches que j'ai publiées dans ces dernières années sur la
double fécondation s'étendent actuellement à une dizaine de familles appar-
tenant aux divers groupes des Angiospermes. Celles qui font l'objet de
cette Note se rapportent aux Crucifères, parmi lesquelles le Capsella Bursa
pastoris et le Lepidium sativum m'ont permis de suivre tous les stades du
phénomène.
» Dans cette famille, l'ovule est, comme on sait, campylotrope et bité-
gumenté. Les bords du tégument interne sont étroitement accolés; ceux
du tôgument externe, au contraire, laissent entre eux un canal assez large.
En se développant, le sac embryonnaire détruit les deux tiers supérieurs
du nucelle ovulaire et vient s'appliquer directement contre le tégument
interne. Avec la partie basilaire non résorbée du nucelle, il forme une
sorte de tube en U, à branches écartées et inégales, dont il occupe la plus
grande ainsi que la courbure.
» L'appareil sexuel présente la structure normale. L'oosphère se dis-
tingue très nettement des synergides par sa plus grande dimension, son
noyau plus gros et son aspect spécial; les antipodes ne sont représentées
que par leurs noyaux assez petits et situés dans la couche protoplasmique
qui repose, à la base du sac, sur la partie persistante du nucelle. Les deux
noyaux polaires ne se fusionnent que peu de temps avant l'époque de la
fécondation. Dans le Capsella, la fusion paraît être un peu plus tardive que
49^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
dans le Lepidium ; souvent même, lorsque le tube pollinique arrive sur
1 ovule les noyaux polaires largement accolés ont encore leurs nucléoles
respectifs distincts l'un de l'autre. Dans tous les cas, le noyau secondaire
volumineux qui résulte de cette fusion, après laquelle il renferma un nu-
cléole unique, se trouve toujours très rapproché de l'oosphère et situé
a une grande distance de la base du sac.
» Le tube pollinique rampe à la surface du funicule ovulaire et son
extrémité, après avoir traversé le large canal de l'exostome, se renfle
parlois d une façon assez marquée avant de pouvoir s'introduire entre les
bords du tégument interne pour arriver jusqu'au sac embryonnaire
« C est pendant le trajet du tube dans l'exostome que l'on a le plus de
chances d apercevoir à son intérieur les deux gamètes mâles. Déjà formés
tout au moins dans le Lepidium, à l'intérieur dn grain de pollen avant sa
germmat.on sur le stigmate, ils ont la forme de petits corps ovoïdes, rap-
proches 1 un de l'autre et constitués presque entièrement par de la sub-
stance nucléaire; c'est à peine si l'on distingue autour d'eux une mince
auréole très peu colorable représentant un cytoplasme propre.
» La double fécondation s'accomplit suivant la règle déjà connue. Dès
que le tube pollinique s'est frayé passage dans l'endostome et a atteint le
sac embryonnaire, les noyaux mâles se portent avec une raoidité extrême
au contact des noyaux femelles avec lesquels ils doivent s'unir. L'une des
synergides est désorganisée par suite de cette pénétration; l'autre, dans
la plupart des cas, conserve encore pendant quelque temps sa structure et
son aspect primitifs avant de se résorber. Au contact du noyau de l'oosphère
et du noyau secondaire du sac qu'ils atteignent presque simultanément,
les deux noyaux mâles grossissent et deviennent granuleux. Ici encore,
c est la fusion de 1 un des éléments mâles avec le noyau secondaire du sac
qui se complète la première, de sorte que la division de la masse commune,
qui prélude a la formation de l'albunen, précède la division de l'œuf
Parfois cette division du noyau secondaire fécondé est terminée alors que
1 autre élément mâle est encore facilement reconnaissable au contact du
noyau de 1 oosphère.
» Dans le Capsella et le Lepidium, le premier cloisonnement de l'œuf
n a lieu qu après la formation de quatre noyaux d'albumen. Ces noyaux
s écartent et se placent à peu près à égale distance les uns des autres dans
le protoplasme; ils continuent à se diviser contre la paroi du sac, qui
s élargit considérablement au niveau de la courbure dont .1 a été question
plus haut; puis leur multiplication devient prédominante autour de l'em-
SÉANCE DU 29 SEPTEMBRE 1902. 499
bryon, sans qu'ils cessent d'abord de rester libres dans le protoplasme qui
l'entoure. Les cloisons cellulaires n'apparaissent entre eux qu'à une période
assez tardive du développement de l'ovule en graine; elles se forment à
partir de la périphérie du sac et à peu près en même temps sur tout son
pourtour.
). Au cours de son développement, l'embryon digère peu à peu ce tissu
d'albumen, dont les assises disparaissent à l'exception de celle qui est
située à la périphérie. Cette assise périphérique de l'albumen, que j'ai dé-
signé jadis sous le nom d'assise protéique et dont la plupart des auteurs
avaient méconnu l'origine, persiste dans la graine mûre chez toutes les
Crucifères, comme dans la presqiie totalité des familles dont la grame est
dite exalbuminée. »
Dates.
1902.
CORRESPONDANCE.
ASTRONOMIE . — Observations de la comète Perrine-Borrelly
à l'équatorial Brûnner de l'Observatoire de Lyon, par M.
Comparaisons et positions de la comète.
»■« — •
Log fact.
parall.
(1902 b), faites
J. Guillaume.
Sept.
Temps
moyen
de Paris.
h m s
It.54.47
i3. 5.14
1 1.22.43
12.26.45
i3.i5.23
11.48.56
12.52. O
10. 3o. I
12.12.29
Aa.
m s
+0.36,27
-t-o.33,o5
+0. 5,08
— o.3o,6o
-o. 1,43
— o. 9,62
— o.i4,68
— o. 7,47
— 0.20,54
Nombre
de comp.
- 0.18,8
-h 0.55,5
— i.i4>o
— to.34,0
+ .. 5,.
— 8.3i,i
— 7- 5,7
+ o. 4,2
— 0.20,2
2.2
2.2
2.2
2.2
2.2
2.2
2.2
2.2
2.2
a app.
i.iCd,2,']& —9,665
3.15.29,54 —9,576
3.11.48,29 -9,686
3.11.44,56 —9,620
3.11.41,78 -9,534
3. 8.29,75 —9,659
3. 8.24,69 —9,565
3. 6.41,12 —9,714
3. 6.32,38 —9,625
6 app.
+35.38.42,8
+35.39.57,1
+37. o. 5,5
1.24,5
2.24,6
2.12,7
3.38,1
38.33.32,7
38.35.58,1
+37.
+37.
+ 38.
+38.
Log. fact.
parall.
+0,56o
+o,43i
+0,573
+o,45o
+0,349
+0,488
+o,35o
+0.620
+o,4i5
(>) Comparée à DM + 35,669 ^'^^'^ "" grossissement de 70 fois, la position de
l'étoile a est plus faible de — oSi7 en a et de — 1",6 en 8 que celle indiquée ici.
a
a
c
d
c
e
e
Positions moyennes des étoiles de comparaison pour 1902,0.
Réduction Réduction
Asc. droite au Déclinaison au
^. Désignation. moyenne. jour. moyenne. jour. Autorités.
hms s o.if ■' '»!.
a(i) Anonyme9%5 3.i4.52,49 +4, 00 +35.39.0,4 +1,2 Rapportée a 6.
b DM+35,680 3.17.51,71 » +35.40.14,6 » AG. Lund, 1747-
c Anonyme lo'' 3. 11.89,04 +4, 17 +37. i.i8,o +i,5 Rapportée à af.
d DM + 37,752 3.12.10,99 +4,17 +37.11.57,1 +1,4 AG. Lund, 1704.
5oo ACADÉMIE DES SCIETiCES.
Réduction Réduction
Asc. droite au Déclinaison au
*• Désignation. moyenne. jour. moyenne. jour. Autorités.
h m s s o , H
e DM + 37,734 3. 8.35,07 +4,3o 4-38.10.42,0 -i-i',8 Rapporléeà/.
/ DM + 37,739 3.9.23,15 » +38.9.12,1 » AG. Lund, 1678.
g DM4- 38, 661 3.6.44,24 +4,35 +38.33.26,5 +2,0 AG. Lund, i653,
h DM + 38,662 3.6.48,67 +4,35 +38.36. 16, 3 +2,0 AG. Lund, i654.
» Ces observations ont été faites au micromètre à fils fins, brillants, avec un gros-
sissement de 100 fois.
» Une comparaison est la moyenne de quatre pointés sur chaque astre.
» Remarques. — Le 3, le noyau de la comète est estimé de 9% 5 environ. Le 6, la
présence de cirrus gêne souvent et cause une interruption dans la première série; à
la deuxième série, le voisinage de l'étoile c gêne les pointés. L'aspect de la comète est
celui d'une nébulosité en éventail de 2' à 3', avec condensation autour d'un noyau
stellaire de lo^-ii' grandeur; queue naissante vers l'angle approché de 223°; l'éclat
total est celui d'une étoile de 9' grandeur. Le 8, des cirrus gênent fréquemment. La
comète mesure une largeur moyenne de 3'; queue divisée en trois, dont l'aigrette
principale, celle du milieu, s'étend sur 5' à 6' vers l'angle de aSg". Vue avec un gros-
sissement de 25o, la nébulosité est très réduite, le noyau est nébuleux, allongé dans
l'axe principal, avec deux cornes en avant qui s'évasent; un point stellaire de 12= au
plus se devine un peu après le milieu et donne à l'ensemble l'aspect d'une petite comète
de i" sur 2", 5 environ, dont la queue est dirigée à 180° de l'autre. Le 9, des cirrus
rendent parfois la comète très faible et les pointés sont difficiles. A la deuxième série,
le voisinage d'une étoile de 9", 5 gêne une partie des mesures. »
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Organisation, à V Observatoire de Meudon, des
spectre graphes automatiques dits des vitesse.s, qui enregistrent les
mouvements radiaux et r épaisseur de la chromosphère solaire. Note de
M. H. Deslandres.
« Dans une Note Aes Comptes rendus de iSgS, t. CXYII, p. 716, inti-
tulée Sur l'enregistrement des éléments variables du Soleil, j'ai réclamé l'en-
registrement continu : 1° de la surface même du Soleil ou photosphère
avec les appareils photographiques ordinaires; 2° de la chromosphère
entière et de ses plages brillantes, avec les spectrographes automatiques
à mouvement continu, dits spectrographes des formes; 3° des vitesses
radiales de la chromosphère entière avec d'autres spectrographes dits des
vitesses, automatiques et à mouvement discontinu, qui donnent en plus
l'épaisseur de la chromosphère au bord.
» Ces deux spectrographes, des formes et des vitesses, sont le résultat
des découvertes qui ont révélé de 1891 à 1898 la chromosphère entière
SÉANCE DU 29 SEPTEMBRE ig02. 5oi
du Soleil d'après les recherches simultanées faites par Haie à Chicago et
par moi-même à Paris. Jusqu'alors la chromosphére et les protubérances
étaient relevées seulement à l'extérieur du bord solaire, d'après la méthode
spectrale de Janssen et Lockyer, et par l'observation oculaire. Les nou-
velles méthodes photographiques la décèlent dans la partie entière qui est
projetée sur le disque, à l'intérieur du bord, et sur une surface cent fois
plus grande qu'auparavant.
)) Mais le manque de ressources n'a pas permis encore de réaliser d'une
manière complète le plan précédent, qui doit fournir le relevé exact des
variations incessantes du Soleil et de son atmosphère, et élucider, en par-
ticulier, les relations supposées avec le magnétisme terrestre.
» Cependant, j'ai organisé à Paris, en iSgS, un spectrographe des
formes (') qui, jusqu'en 1898, a fourni journellement au moins une image
de la chromosphère entière (intérieure et extérieure au bord) avec les
protubérances.
» De même, en 1894, j'ai organisé à Paris un spectrographe des vitesses,
qui a été en service pendant une année au moins (^Bulletin astronomique,
octobre 1894)-
» Puis, en 1898, ayant été nommé astronome à l'Observatoire de Meu-
don, je me suis proposé d'y installer les mêmes appareils et dans des con-
ditions encore meilleures.
» A l'aide d'un crédit spécial accordé par l'Académie, j'ai organisé
d'abord en 1899 un spectrographe automatique des formes, qui donne
une image de la chromosphère solaire deux fois plus grande que l'appareil
de Paris {Comptes rendus, t. CXXIX, p. 1222).
» Or, cette année, j'ai pu organiser un spectrographe automatique des
vitesses dont le besoin s'était fait nettement sentir à l'occasion de la per-
turbation coronale relevée par Perrine dans la dernière éclipse totale du
Soleil. L'épreuve de la couronne faite à Sumatra, le 18 mai 1901, a été
rapprochée utilement des épreuves de la chromosphère entière obtenue le
même jour à Meudon. Le rapprochement evA été complet si l'on avait eu
en même temps les vitesses radiales (Comptes rendus, t. CXXXIV, p. 1283).
» J'ai j)rofité de l'expérience acquise avec l'appareil précédent de 1894,
et j'ai été conduit à organiser deux spectrographes des vitesses distincts;
à savoir : un spectrographe A, à faible dispersion et à pose courte, qui
(') On appelle aussi parfois ces speclrograplies des formes spectrographes enre-
gistreurs à deux fentes ou encore spectrohèliog raphes.
G. R., 1902, 2° Semestre. (T. CXXXV, ^» 13.) 66
502 ACADEMIE DES SCIENCES.
n'est autre que le speclrographe des formes adapté rapidement à ce nou-
vel usage, pour la chromosphère extérieure au bord et les protubérances;
et un speclrographe B, à grande dispersion et à longue pose, pour la cbro-
mosphère intérieure au bord.
» En effet, d'après les résultats de 1894, la vitesse radiale des protubé-
rances est notable, et d'autant plus grande que la protubérance est plus
haute; elle s'accommode d'une faible dispersion; mais avec la chromo-
sphère intérieure, dont l'image est formée surtout par les parties basses,
il faut employer une forte dispersion qui, seule, peut d'ailleurs donner
tous les détails.
» Ces spectrographes des vitesses juxtaposent, comme on sait, les
spectres de nombreuses sections équidistantes faites dans une image fixe
du Soleil, fournie par un objectif astronomique et un héliostat polaire.
Or, la transformation du spectrographe des formes en spectrographe des
vitesses A a été réalisée d'une manière sim|)le et rapide. La fente du col-
limateur n'est pas changée, mais celle de la chambre est élargie jusqu'à
o"™,9, de manière à isoler non plus seulement la raie brillante K, émise
fortement par la chromosphère, mais en plus une petite portion du spectre
continu dû à la phoLusphère. D'autre part, la clepsydre, qui produit le mou-
vement continu du spectrographe des formes, est écartée, et Ion met en
œuvre à sa place une sorte d'horloge, dont la description ici serait trop
longue, mais qui, à des intervalles réguliers de 6 secondes, déplace brus-
quement le speclrographe entier de o™™,33 devant l'image fixe du Soleil;
en même temps, la plaque [)holographique se déplace de i'"'".
» Ces déplacements ont lieu au commencement de l'intervalle, la fenlo
du collimateur étant masquée par un petit écran; puis, vers la troisième
seconde, l'écran s'écarte automatiquement et laisse passer la lumière so-
laire qui agit avec une pose variable de 2 à 4 secondes, suivant l'état de
l'atmosphère; à la fin de l'inlervalle, l'écran masque de nouveau la fente.
Bref, l'image finale comprend 90 petits speclres qui donnent les vitesses
radiales et l'épaisseur en 180 points du bord. De plus, ces points sont
réunis sur un cercle qui a exactement le même diamètre (gS™™ environ)
que l'image continue donnée par l'appareil fonctionnant comme speclro-
graphe des formes; et l'on a crt avantage important d'avoir deux images
des formes et des vitesses très aisément comparables.
» Le second spectrographe B, qui utilise le spectre de quatrième ordre
d'un grand réseau Rowland, est placé sur la même table mobile que le pré-
cédent et est déplacé par la même horloge. Mais la durée des intervalles
SÉANCE DU 29 SEPTEMBRE i()02. 5o3
successifs est portée à 12 secondes, et la fente de la chambre à 2"'" .
L'image finale comprend encore 90 petites sections, réparties non plus sur
un cercle, mais sur une ellipse, ainsi que dans le spectrographe de 1894.
» Telles sont les dispositions générales adoptées pour le relevé quoti-
dien des formes et des vitesses de la chromosphère ; mais l'enregistrement
n'est pas continu, la dépense de temps et d'argent étant trop grande. Pour
le réaliser complètement, d'ailleurs, il faudrait organiser les mêmes appa-
reils en d'autres points du globe.
)> Ces deux spectrographes des formes et des vitesses de Meudon sont
actuellement les seuls en service dans le monde entier; car le spectrographe
des formes, ou spectrohéliographe, réalisé par Haie à Chicago, n'a pas été
remonté lors de son transfert a l'Observatoire Yerkes en 1897. Mais j'ai
appris récemment que les Anglais, sur l'initiative de Sir Normann Lockyer,
ont commandé deux séries d'appareils similaires, qui seront placées en
Angleterre et aux Indes.
» A ce propos, je dois signaler l'initiative prise par la Société astrono-
mique de France, qui se projiose de centraliser les observations du Soleil
faites par tous ses membres répartis sur le globe entier. La Commission
solaire dont je suis le président a réclamé l'adoption d'images ayant les
mêmes dimensions ou des dimensions dans un rapport très simple pour
toutes les observations du Soleil et de son atmosphère. »
GÉOMÉTRIE. — Su?- la déformation continue des sur/aces.
Note de M. G. TzrrzÉicA.
« Si les fonctions x{u, i>), y{u, v), z(ii, i>) satisfont à l'équation
\ / dudv Ou ôv
aelb étant des fonctions de u et v, le point {x,y,z) décrit une surface
sur laquelle les courbes M=:const., c=const. tracent un réseau conjugué.
Supposons, de plus, qu'il y ait une solution R de (i), telle que
x'+Y^+z' - R^
en soit aussi une solulioii; on peut alors déduire un système cyclique et,
par conséquent, une surface sur laquelle on a un réseau conjugué qui reste
invariable dans une déformation (DARBOix, Leçons, t. II et IV).
/
5o4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Je me propose d'indiquer ici dans quel cas le dernier réseau conjugué
reste invariable dans une déformation continue.
» Il faudra d'abord étudier les différents cas qui peuvent se présenter
dans la recherche de la solution R, ce qui conduit à examiner le système
formé par (i) et
(2) j- T- = ^.
^ ^ au âv
dx dx dy dy dz dz ^ 1 i- . 1 • i . i> •
ouc^^i — ^ — l-i^^r — I — ï — r- On est encore obliçe de considérer 1 equa-
ou av au ov au av ° ^
tion
« a(^)Vb(^)=c.
A, B, C étant certaines expressions formées à l'aide de a, b, c et de leurs
dérivées. Voici les résultats qu'on tire des équations (i), (2) et (3) :
» 1° La solution^- n'existe pas; 2° la solution R dépend d'une constante
arbitraire (en dehors de la constante additive) : ce cas correspond à
A = B ^ C = o; 3" il y a une seule solution R; 4° H y « deux solutions R
distinctes; B" ily a deux solutions R confondues : dans ce cas, la solution R
satisfait aussi à l'équation
et réciproquement.
M Cherchons maintenant dans quel cas on a un réseau qui reste inva-
riable dans une déformation continue. Il faudra que
dR dx
dR dx
dRà^ _
dR dy
df\ dz
dR dz
dv du
du dv
dv du
du dv
dv du
du dv
,, ., . , , dR d^ dRd^ . ,^ ^ , ,. ,
ou, Q une manière générale, -^ — -, ^ — r-, b étant une solution quel-
o de du du dv ^
conque de (i), satisfasse à une équation de Laplace à invariants égaux.
Or, cette condition exige que R soit une solution de (4). Par conséquent,
ou bien A ^ B = o et, en vertu de (3), C = o, et alors on se trouve dans
le cas 1° ; ou bien on se trouve dans le cas 5°. Ce sont là les seuls cas qui
conduisent à des réseaux conjugués invariables dans une déformation
continue. Le cas 5" est très difficile à étudier. Je vais donner sur le cas 2°
quelques aperçus généraux.
» J'ai déjà démontré {Bulletin de M. Darboux, 1900) que l'équation (i),
SÉANCE DU 29 SEPTEMBRE I()02. 5o5
si A = B = C ^ o, conduit, à l'aide de la transformation
_ cm ^ _ dR ^
t>c âii du dv
à une équation de Laplace à invariants égaux. A l'aide des résultats que
j'ai communiqués à une autre occasion (^Comptes rendus, septembre igoo),
on démontre que, pour la recherche des réseaux que nous avons en vue,
on peut prendre, à la place de l'équation générale (i) pour laquelle on a
A ^ B ^ C = o, l'équation suivante
2(11 — V)-. — r + 1 r = o-
^ -^ ou at' au av
» Il faudra ensuite déterminer trois solutions x\u, v), y'{ii, v),
z'(u, ^')de cette équation, telles que l'on ait
àx' ôx' dy' dy' d:' àz'
\- ^ -^ + -— -- = const.
ou Ov ou de ou av
» On tirera de la surface décrite par (r', j', s') un réseau jouissant des
propriétés requises. Si l'on prend
x =^ k'sl(^a-\- u){a -\-v),
y = BV(è + w)(^ + 0.
Z' — V,'\J{c ->r- U)(C + V),
on trouve la surface
11 11 Al
X =■ S.{a ^ a)- {a + vy , j = B(6 + M)'(i 4- (')% z = C{c + 11)'' {c + uY ,
sur laquelle les courbes {u, t») tracent uu réseau qui reste invariable dans
une déformation continue (^Comptes rendus, 1901, 1902). »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'acide nitropyromucique et son éther élhy-
lique. Sur le dinitrofurfurane. Note de M. R. Marquis, présentée par
M. H. Moissan.
« L'emploi du mélange nitrant d'acide azotique fumant et d'anhydride
acétique (')s'étant montré avantageux dans le cas du furfurane, je l'ai
(') J'ai inclii[iié, il y a 2 ans environ, ce mélange, que j'ai élé amené à employer à
cause de son caractère spécial de mélange nitrant anhydre. Je me propose de l'appliquera
5o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
étendu à deux composés de la même série, le pvromiicate d'élhyle et
le furfurol.
M Je décrirai ici les résultats obtenus avec le pvromucate d'éthvle.
» La nilration de ce composé s'effectue d'une façon en tout semblable à celle qui a
été décrite pour le furfurane ('); le produit de la réaction est un liquide jaunâtre,
insoluble dans l'eau, réduisant la liqueur de Fehiing, tout à fait analogue à l'acétine
de l'aldéhyde nitrosuccinique qui constitue le produit de la nitralion du furfurane.
» Si l'on additionne ce composé de son volume environ de pyridine, qu'on chauffe
quelques minutes au bain-marie et qu'on verse le tout dans l'eau froide, on observe
la précipitation d'un nouveau produit cristallisé qui, après essorage et lavage, peut
être purifié par cristallisation dans l'alcool.
» Les cristaux obtenus sont des tables d'un blanc jaunâtre et fondent à ioi°. Leur
composition (C : 45 ,48 ! H : 3,91) et leur poids moléculaire ( M = 189) sont ceux, d'un
éther nitropyromucique (C : 45, 4o; H : 8,78; M =; i85).
» Cet élher est altéré profondément par les alcalis caustiques; ceux-ci
le dissolvent en donnant une solution rouge qui contient un azotile alcalin.
» On le saponifie très facilement en le chauffant, en tubes scellés, avec
de l'eau, à 180°.
» Uacide nitropyromucique ainsi formé fond à iSS" (corr.).
» Il est identique à l'acide nitropyromucique déjà obtenu par MM. Hill et Pal mer (-),
Klinkhard (') et Priebs ('•)•
» L'identification a été faite par la comparaison des points de fusion des deux
acides, en vérifiant que, par leur mélange, il n'y avait pas de variation dans le point
de fusion. La même opération a été faite avec les éthers éthyliques.
» Dans un Mémoire paru dans Y American chemical Journal du mois de mars 1902,
et dont je n'ai eu que récemment connaissance, MM. H.-B. Hill et G.-R. White attri-
buent à l'acide nitropyromucique (qu'ils préparent en traitant l'acide sulfopyromucique
par l'acide nitrique) la constitution d'un acide ô nitré :
CH — CH
Il II
AzO^-C C-GO'H
\ /
O
quelques cas particuliers, en dehors de la série du furfurane. Tout récemment,
MM. A. Pictet et Genequand {Bull. Soc. Chim., t. XXVII, p. 863) oiit montré que
l'action de l'acide azotique sur l'anhydride acétique donne naissance à un anhydride
mixte, l'acide diacétylorthonilrique.
(') Comptes rendus, t. CXXXII, p. i4o.
C) American chemical Journal, t. X, p. 38o.
(') Journal fiir praktische Chemie, t. XXV, p. 4i-
(') BericlUe, t. XVIII, p. i363.
SÉANCE DU 29 SEPTEMBRE 1902. 5oj
» Or, étant donnée l'analogie complète du mécanisme des nitrations du furfurane
et du pyromucate d'élhyle, étant démontré d'autre part (') que le nilrofurfurane
possède son groupe AzO* en p, il est nécessaire d'admettre que l'acide nitropyromu-
cique possède le groupe AzO'- en p ou en ■( et de modifier la formule de MM. Hill et
White selon l'une ou l'autre des formes suivantes :
AzO^-C-CH CH-C-AzO^
Il II II II
GH C-CO=H CH G-CO=H
o o
» Dans le même Mémoire, les auteurs mentionnent un dinitrofurfurane jaune pâle,
fusible à toi", qu'ils obtiennent en traitant l'acide nitropyromucique par l'acide
nitrique; ils admettent que, dans ce corps, les deux groupes AzO' sont en a et a,.
» Il n'en saurait être ainsi, puisque nous venons de voir que l'acide nitropyromu-
cique possède le groupe AzO^ en p.
» D'autre part, j'ai obtenu, en traitant le p-nilrofurfurane par l'acide nitrique de
densité 1,2, à cliaud, un composé jaune pâle, possédant la composition d'un dinitro-
furfurane (^), et évidemment identique au produit de MM. Hill et White.
» Ce dérivé dinitré ayant certainement, à cause de son origine, un AzO= en p, la
constitution donnée par les auteurs américains doit être modifiée, sans toutefois que
l'on puisse faire d'hypothèse sur la position du second groupe AzO'.
» Je me propose de continuer l'étude des composés décrits dans cette
Note. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la saponification des éthers nitriques.
Note de MM. Léo Vigxo\ et I. Bay.
« Certains éthers nitriques, traités (i ir la liqueur cupro-potassique,
accusent un pouvoir réducteur considérable ('). C'est le cas de la télra-
nitroérythrite, de l'hexa- et la ()entaiiilromannite, l'hexanitrodulcite, la
rf-aral)ite et la rhamnite pentanitrées. La liqueur cupro-potassique, à la
vérité, n'agit pas sur ces composés, seulement par oxydation; la potasse
qu'elle contient détermine la saponification plus ou moins rapide des
éthers nitriques traités. Le phénomène de réduction est sans doute corré-
(') Comptes rendus, t. CXXXIV, p. 776.
C^) Trouvé : G : 3o,44; H : 1,61; Az : 17,65; M = i63. — Théorie : G: 3o,38;
H : 1,26; Az: 17,72; M = 1 58.
{') Comptes rendus, 7 octobre igor.
5o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
latif de cette saponification (' ). Il était dès lors indiqué d'élndier l'action
des alcalis sur les éthei's nitriques et, pour généraliser la question, la sapo-
nification des élhers nitriques par l'eau, les acides et les alcalis. Nous
avons l'honneur de présenter à l'Académie les résultats de cette élude.
» Avant de procéder aux expériences de saponification, nous avons dû
rechercher un procédé de dosage exact de l'acide nitreux pouvant être
formé par la saponification.
» Dosage de l'acide nitreux. — Trois méthodes nous ont donné des résultats sen-
siblement concordants :
» a. Méthode Tromsdorff, à l'iodure d'amidon;
» b. Méthode par la métaphénylène-diamine ;
» c. Méthode à l'aniline, que nous décrirons seule, les deux premières étant connues.
» 5*^"' de la solution en expérience sont refroidis à — lo"; au moyen d'une burette
graduée, on verse peu à peu dans cette solution, en agitant, une solution aqueuse
de chlorhydrate d'aniline, titrée par diazotation avec AzO-Na normal, contenant un
excès d'acide chlorhjdrique {6HCI pour C''H°,AzH^), jusqu'à ce que des touches
d'épreuve ne donnent plus de coloration bleue sur le papier iodo-amidonné.
t> Saponijication par l'eau. — Ethers nitriques des alcools méthylique, éthylique,
glycérine, érythrite, penlaérythrite, mannite, dulcite.
» On a chaufTé 55 de chaque éther et 3oo'^°'' d'eau distillée, dans un ballon de verre
muni d'un réfrigérant à reflux; au bain-marie, la saponification est nulle après
24 heures. En opérant à l'ébuUition, par chaufTage à feu nu, on ne constate, après
12 heures, la présence de l'acide nitreux dans aucune saponification.
» En tube scellé, par chauffage de isd'éther avec 20? d'eau distillée pendant 1 heure,
à iio°-i20°, les essais ayant porté sur l'érjthrite, la mannite et la dulcite nitrée, on
constate que les élhers se sont dissous complètement, avec formation d'acide nitrique,
d'acide nitreux et d'azote libre.
» Saponification sulfurlque. — 5" de chaque élher ont été traités, à l'ébuUition,
par 3oo'^°'° d'un mélange de g5 pour 100 d'eau et 5 pour 100 d'acide sulfurique; on a
dosé l'acide nitreux formé :
Acide nilreux formé après
Ethers traités. I licurc. 2 licures. 4 heures.
ï e e
Nitrate de mélhyle o o o, ig5
» d'éthyle o o 0,210
Nitroglycérine 0,209 0,220 o,35o
Nitroérylhrile 0,210 » »
Nitropentaèrylhrile o o o
Nitromannite o traces 0,200
Nitrodulcite 0,280 0,282 0,298
(') Comptes rendus, 21 octobre 1901.
SÉANCE DU 29 SEPTEMBRE 1902. 309
» Saponification par la soude. — On a chauffé au bain-marie, à l'ébullilion, dans
un ballon muni d'un réfrigérant ascendant : 56 d'éther, Soo'^'"' d'eau distillée contenant
']','] NaOlI; l'acide nilreux a été dosé à divers intervalles de temps; on a dosé aussi
l'ammoniaque qui se forme dans certaines saponifications :
Acide nitrcux formé après
Éthers traités. 1 heure. 4 licures. 8 heures. Ammoniaque.
e c K B
Nitrate de méthyle o o,o5o o,o25 o
» d'éthyle o o o,o3o o
Nitroglycérine 0,20.5 o,2o5 o,2o5 0,260
Nitroérythrite 0,206 0,481 o,2o5 0,200
Nitropentaérythrile o 0,182 o.oSg o
Nitroinannile o,4i3 o,4i3 0,206 o,25o
Nilrodulcite o,4i2 o,2o5 o,2o5 0,200
Nitrocellulose 0,206 0,206 » o,3io
» On constate également la formation d'une certaine quantité de bioxyde de sodium
dans toutes les saponifications, à l'exception de celles qui correspondent aux nitrates
de méthyle et d'éthyle : c'est l'indice d'une réaction réductrice, exercée par la soude
en excès sur le nitrate de sodium provenant de la saponification.
» En résumé, la saponification des éthers nitriques s'accomplit suivant
(les règles particulières. Ces règles sont complexes : elles sont déterminées,
en effet, autant par la réduction facile de l'acide nitrique, pouvant aller de
l'acide nitreux jusqu'à l'azote libre et l'ammoniaque, que par l'oxydabilité,
variable pour chaque terme, de l'alcool régénéré par la saponification. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur l' Utilisation des principes minéraux par
les plantes greffées. Note de MM. Lucie.v Danul et V. Thomas, présentée
par M. H. Moissan.
« Le rôle du bourrelet dans la nutrition des plantes greffées a été pres-
senti par Jacques Boyceau au xvii* siècle (') et l'on sait, d'ailleurs, que la
plupart des naturalistes physiciens de cette époque considéraient cette
partie comme une sorte de glande végétale, un filtre analogue à ceux qu'ils
supposaient exister dans la queue des fruits et qui avaient pour mission de
rendre douce, dans le fruit, la sève amère fournie par les tiges et les
(') J. Boyceau, Traité du jardinage, année 1639.
G. R., 1902, 3« Semestre. (T. CXXXV, N" 13.) 67
5lO ACADÉMIE DES SCIENCES.
feuilles. Le célèbre Duhamel précisa (ty'^o) la question en étufliant la
structure anatomique du bourrelet. Il montra le premier que, à ce niveau,
les vaisseaux du bois sont moins nombreux, s'enchevêtrent et subissent un
changement de direction. Pour lui, cette espèce de ganglion joint son
action à l'altération que la sève doit subir en passant d'une espèce d'arbre
à l'autre et aux modifications produites par le mélange de sèves. Cepen-
dant, on sait aussi que l'on fait passer facilement les solutions colorées du
sujet au greffon, et Bonnet fit ainsi passer de l'encre qui n'avait pas, dit-il,
subi de modification ( * ).
» Récemment, l'un de nous a montré théoriquement, en se fondant sur
l'Anatomie et sur les lois de la capillarité, que le régime de l'eau dans les
plantes greffées est considérablement modifié par le bourrelet : il a donné
une théorie de greffage, fondée sur la différence des capacités fonctionnelles
entre le sujet et le greffon et sur les variations de nutrition causées par le
bourrelet C); mais, jusqu'ici, il n'existe pas, à notre connaissance tout au
moins, d'expériences précises sur ce sujet.
» Considérant le problème dans toute sa généralité, nous avons entre-
pris une série de recherches expérimentales à l'effet de déterminer la
nature des modifications de la nutrition dans les plantes greffées, modifir-
cations que la théorie permet de prévoir et dont la pratique permet de
constater souvent les résultats. Dans cette première Note, nous donnons
les résultats d'expériences relatives : i°à la transpiration; 2° à l'absorption
des matières minérales fixes.
» Disposition des expériences et résultats. — Les plantes sur lesquelles nous avons
opéré sont les haricots des variétés Noir de Belgique et Soissons gros. Ces plantes ont
été élevées en serre, dans des conditions identiques, dans une même solution nutri-
tive, de composition chimique déterminée qui, seule, pouvait subvenir à leurs
besoins. Les unes ont été conservées comme témoins, les autres ont été greflées par
le procédé de greffage sur germination dont la découverte est due à l'un de nous (').
Le Tableau suivant résume ces premières expériences, dont la durée s'est étendue
depuis le 1'^'' juin jusqu'au 8 juillet.
(') Bonnet, OEuvres d'Histoire naturelle, t. III, année 1762.
(-) L. Daniel, La variation dans la greffe et l'hérédité des caractères acquis,
1899-
(^) L. Daniel, Sur la greffe des plantes en voie de germination {Comptes rendus
de l'Association française pour l'avancement des Sciences, 1892).
SÉANCE DU 29 SEPTEMBRE 1902.
Première série.
Haricols Noir
de Belgique.
Témoin.
Deuxième série.
Haricots
Soissons gros.
Témoin.
Nombre des expériences. . . .
Nombre moyen de feuilles
complètement développées.
Volume de la solution nutri-
tive employée
Volume total de la solution
nutritive employée
Volume total de la solution
nutritive après l'absorption.
Moyenne de l'absorption. . . .
i' de la solution nutritive pri-
mitive laisse après l'absorp-
tion un résidu fixe de ( ' ) • •
65o"
i/jSâo'^"'
laSiS'""'
226'^"'°
os, 916
1 650'-"'
14850""'
1 1 «35'="''
o.'î.'î'^'"''
08,895
Troisième série.
Haricots
Soissons gros
greffés
sur haricots Noir
de Belgique.
4
1 6.50"°"
6800"""'
572/J™'
219
08,972
Quatrième série.
Haricots Noir
de Belgique
greffés
sur haricots
Soissons gros.
4
1 6.50°°"
8250'-'"'
■104
21 3^'
» Nous ferons remarquer, en outre, que les plantes en expérience sont
devenues chlorotiques ; mais, sous ce rapport, nous avons observé de
notables différences suivant les séries considérées.
» Dans la première série, les plantes sont devenues chlorotiques avant la chute des
cotylédons. Les deux feuilles opposées seules ont achevé leur complète végétation. La
troisième feuille a subi un arrêt de développement; déjeunes pousses décolorées ont
apparu à l'aisselle des premières feuilles et l'axe principal, chlorotique lui-même, n'a
donné que des pousses rudimentaires. Les feuilles nouvelles, peu développées, ont
jauni, puis, rongées par places, sont devenues plus velues et finalement recroquevillées.
A la longue, les bourgeons se sont flétris, en laissant adhérent à la tige un moignon
légèrement renflé. Dans la deuxième série, les cotylédons, plus riches en fer, ont per-
sisté plus longtemps. Les feuilles opposées ont acquis une dimension plus forte que
dans le sol et leur verdeur était remarquable. Quelque temps après la chute des coty-
lédons, la chlorose est apparue, mais avec moins d'intensité que dans les haricols de
la première série. Plusieurs feuilles nouvelles ont pu se développer à peu près norma-
lement dans la plupart des échantillons; mais, au bout d'un certain temps, la chlorose
des jeunes pousses a été suivie de dessiccation. Dans la troisième série, les greffons
sont restés verts, quoique de petite taille. Ils ont poussé presque normalement pendant
toute la durée de la végétation, sauf au moment des chaleurs excessives de juillet qui
ont amené une chlorose légère dans plusieurs échantillons. Dans la quatrième série,
les greffons ont acquis à peu près la taille de témoins greffés en terre; la chlorose est
(') Ces déterminations ont été faites sur di- quantités de liquide considérables. La
quantité de résidu pesée à la balance n'a jamais été inférieure à Ce.
5l2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
apparue sur tous les échantillons plus rapidement que dans la troisième série, mais
plus tardivement que dans la deuxième.
)) Conclusions. — De l'ensemble de ces faits nous pouvons conclure que
dans nos expériences : i° la transpiration moyenne est plus grande dans
les témoins que dans les plantes greffées; 2" la quantité totale de matière
minérale absorbée est considérablement modifiée par suite du greffage;
3° le phénomène de la chlorose se trouve aussi, par le seul fait de la greffe,
profondément modifié. »
BOTANIQUE. — Sur les Landolphiées donnant œ caoutchouc des herbes
au Congo français. Note de M. Auguste Chevalier ('), présentée
par M. Giiignard.
« Sur les plateaux déboisés de l'Afrique intérieure, brûlés périodique-
ment par les feux de la brousse, on rencontre des Landolphiées présentant
un genre de vie très différent de celui des lianes des forêts. Leur système
souterrain (racines et rhizomes) acquiert un très grand développement;
au contraire, leur tige aérienne brûlée périodiquement est devenue annuelle
ou bisannuelle; elle reste naine, souvent herbacée et, comme elle n'a pas
besoin de s'accrocher aux arbres, elle est dépourvue de vrilles.
» Ces Landolphiées constituent les lianes des herbes fournissant le caout-
chouc des racines dont on a beaucoup parlé depuis quelque temps sans en
connaître la véritable origine botanique.
» Sur les plateaux avoisinant Brazzaville, nous avons observé trois
espèces de lianes des herbes appartenant à la tribu des Landolphiées.
» La plus répandue est le Carpodinus lanceolatus K. Scbum., dont les liges
herbacées, longues de i5"™ à 40*^™» couvrent tous les plateaux secs avoi-
sinant le Stanley -Pool.
» Cette espèce est mélangée aux Graminées basses appartenant surtout à la tribu
des Andropogonées ; le Sinilax Kraussiana et une grande asperge à tige épineuse
sont fréquents dans ce genre de station; le Plcris aquilina y îoiionne.^ntxn,. on y
trouve, en quantité un peu plus faible, les deux. Landolphia décrits ci-après. Toutes
ces plantes ont des rhizomes vivaces enfoncés profondément en terre. A la fin de la
(') Je remercie mes collaborateurs, MM. Courtet et Martret, pour la participation
qu'ils ont apportée à ce travail. Je remercie aussi M. Luc, directeur du jardin d'essai
de Brazzaville, qui nous a fait récolter les premiers échantillons de Carpodinus.
SÉANCE DU 29 SEPTEMBRE 1902. 5l3
saison sèche, les parties aériennes de toutes ces plantes sont flambées, par les feux de
la brousse; les graines elles-mêmes sont souvent sacrifiées; aussi, la plupart des espèces
végétales (et les Landolpliiées en particulier) portent à l'extrémité d'une tige très
grêle un ou deux gros fruits lourds qui, à maturité, font courber la tige pour venir
toucher le sol. Au moment des incendies, la cendre des herbes et les débris végétaux
les recouvrent et forment un matelas protecLeur qui les empêche de brûler. Les graines
ainsi enterrées se trouvent dans d'excellentes conditions pour germer.
M Le Carpodinus lanceolatus R. Schiim. a été déjà en partie décrit.
» Les jeunes pousses sont d'un beau vert bleuâtre; les fleurs terminales, au nombre
de I à 6 par tige, sont blanches et se développent en juillet; les fruits mûrissent en
août et septembre. Us sont jaunes, de la taille et de la forme d'un gros citron, mame-
lonnés au sommet, parfois presque sphériques. L'exocarpè est parfois lisse, mais plus
souvent verruqueux; les graines, au nombre de 5 à 12, sont entourées d'une pulpe
comestible. Outre le type habituel, nous avons observé les deux variétés suivantes :
» Var. angustifolia var. nov. — Feuilles adultes linéaires, longues de 7'^"" à io=",
larges de 8""" à lo""", longuement décurrentes à la base, pointues au sommet, 8 à 9 fois
plus longues que larges. Mélangé au type, à Brazzaville.
» Var. latifolia var. nov. — Feuilles adultes oblongues-lancéolées, longues de 9"="
à 12'^"", larges de 2''™ à S""", 4 fois plus longues que larges. Mélangé au type, à
Brazzaville.
» C'est par erreur qtie le Carpodinus lanceolatus K.. Schiim. a été regardé
comme plante à caoutchouc. Le latex de ses racines et de ses tiges ne donne
par coagulation que de la résine.
M La liane des herbes du Congo la plus riche en caoutchouc est le Lan-
dolphia Tholloni, décrit par A. Dewèvre en iSgS. Elle a été nommée plus
tard Clitandra gracilis. Nous avons signalé l'an dernier cette espèce connne
plante à caoutchouc (' ).
» Le Landolphia Tholloni est un petit arbuste suffrutescent, à tige aérienne très
rameuse, haute de iS"^™ à So"^", et dépourvue de vrilles.
» Les feuilles pétiolées, petites, sont oblongues-lancéolées, longues de So""" à 65""°,
larges de 8"™ à lô""™, finement velues en dessus, glabres en dessous. Les fleurs sont en
corymbes pauciflores, de i à 10 fleurs blanches, les ovaires jeunes subconiques velus,
surmontés d'un style glabre. Fruit presque sphérique à maturité, de 5'^"' de diamètre,
parfois couvert de petites plaques de liège dues à l'action des feux des incendies.
Graines entourées d'une pulpe sucrée comestible.
» Les rameaux aériens ayant seulement t™™ à 2'"™ de diamètre sont
dépourvus de caoutchouc dans leur latex; au contraire, les parties souter-
(') Cf. Bulletin du I\Iuséum, 1901, p. 426.
5l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
raines âgées contiennent cette substance en abondance. Elles se com-
posent de longs rhizomes atteignant jusqu'à 6" à lo" de long, et courant
horizontalement dans le sol, en émettant de distance en distance des tiges
dressées aériennes. Le diamètre de ces rhizomes varie de 4""™ ii 10°"".
Le latex existe dans l'écorce oîi il se coagule après dessiccation en donnant
d'excellent caoutchouc jusqu'à ce jour inexploité. L'abondance de cette
plante est telle que les rhizomes forment en certains endroits un lacis
inextricable dans le sol. Nous avons recueilli jusqu'à 4''^ de racines fraîches
sur une surface de G"', et une partie se sont brisées et sont restées enter-
rées. Cette plante constitue donc une richesse latente dans toutes les parties
du Congo où elle existe.
» La troisième espèce est aussi caoutchoulifère. M. Schlecliter, qui l'a
signalée le premier, l'a nommée Landolphia humilis R. Schlechter nom.
nud.
» Tige souterraine horizontale, enterrée à i5'='" ou ao™ de profondeur, ayant de
4""" à 20"°" de diamètre, émettant de dislance en dislance des tiges aériennes grêles
et courtes de o™,3o à o™,5o de hauteur, grisâtres, ponctuées de très nombreuses
lenticelles, presque toujours dépourvues de vrilles, tomenteuses au sommet; feuilles
pétiolées, coriaces, ovales-lancéolées, à sommet obtus, longues de 8"^™ à lo''" sur
4°", 5 à 5'=™ de largeur, à pétiole long de 4™" à 6™", toujours brièvement tomenteux,
surtout en dessus. Dessus du limbe luisant complètement glabre, dessous un peu velu,
surtout sur la moitié inférieure de la nervure médiane.
» Inflorescences subcorjmbiformes renfermant de 5 à 3o fleurs; pédoncules, bractées,
calices tomenteux, veloutés, couverts de poils roussâtres. Corolle à tube de 5°™, velu,
d'un blanc jaunâtre clair, renflé vers le milieu; lobes blanc jaunâtre, longs de 5™™,
oblus; intérieur du tube glabre jusqu'à la base des élamines, velu au-dessus, présen-
tant en son milieu cinq dépressions dans lesquelles sont logées les anthères; ovaire
ovoïde, velu, rougeâlre en dessus, surmonté d'un style glabre de 2™" de long. Fruits
mûrs d'un jaune-orange, solitaires ou groupés par deux ou trois, subspliériques, ayant
^cm à 5'^™ de diamètre longitudinal sur 3'™, 5 de diamètre transversal. Le fruit est
atténué à la base et inséré à un pédoncule accrescent, élargi en disque couronné des
cinq lobes persistants du calice. De quatre à six graines par fruit, environnées d'une
pulpe sucrée comestible. Très commun à Brazzaville, plateaux déboisés. Espèce du
groupe Eu landolphia, voisine de L. Heudelotii e.\. L. owaricnsis. C'est indubitable-
ment à cette espèce qu'il faut rapporter la plante indiquée par Hallier au Stanley-Pool
sous le nom de L. Heudelotii.
» On pourrait, au contraire, confondre avec le L. owaricnsis la variété
suivante, qui se relie au type par divers termes de passage :
» L. humilis Schlechter var. umbrosa var. nov. — Tiges s'élevant jusqu'à 3" de
hauteur et présentant des vrilles. Feuilles grandes, ovales-lancéolées, ayant en moyenne
SÉANCE DU 29 SEPTEMBRE 1902. 5l5
i3'="' de long sur 6"" de large (mais pouvant atteindre 17™ sur 7"^™ dans les formes
extrêmes), très coriaces et d'un vert sombre à l'état adulte. Pétiole et limbe complè-
tement glabres dans les formes extrêmes. Inflorescences les unes corymbiformes, les
autres cirriformes. Fruits ressemblant à ceux du L. owariensis, mais plus petits.
Brazzaville ; commun dans les lieux ombragés et sur la lisière des forêts.
» Le Landolphia humilis et ses variétés ne contiennent pas de caoutchouc
dans les parties aériennes; ils en contiennent, au contraire, dans les
parties souterraines, quoique en moins grande quantité que dans le
L. Tholloni.
» Des analyses ultérieures nous fixeront d'ailleurs sur !a valeur indus-
trielle de ces plantes. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Le tremblement de ten-e de Salonique.
Note de M. Christomanos, transmise par M. Fouqué.
« Ayant visité plusieurs fois les contrées métallifères de la presqu'île
Chalcidique, atteintes par le dernier tremblement de terre de Salonique,
je me permets de vous soumettre mes observations sur ce sujet.
» On sait qu'il existe deux sortes de treiublements de terre, les uns en
relation avec les éruptions volcaniques, les autres indépendants de ces
manifestations; les premiers sont désignés par l'épithète de volcaniques;
les autres, dont nous connaissons plusieurs catégories, parcelle de tecto-
niques. Ces derniers sont plus fréquents et plus étendus que ceux de l'autre
type.
)) A cette seconde catégorie appartiennent les tremblements de terre de
Zanle du 3i janvier 1893 et de Samothrace du 9 février de la même année,
celui de Locris du mois d'avril 1894 avec ses paroxysmes du 20 et du
27 avril, et celui du 5 juillet de l'année courante, dont l'épicentre doit être
entre Salonique et Gouvesno.
M Ce dernier tremblement de terre a eu une très grande extension, car
on en a ressenti les effets à Pola et à Laibach en Autriche, à Salonique,
Verria, Vodena, Gevgueli, Velessa, Stroumnilza, Zelahova, Nevrocôpe,
Petrovits, Rascova, Marecostinovo, Sfetibrazzi, Mélénique, Dencir-Hissar,
Serrés, Dramah et Andrinople. Il est probable d'après cela que le foyer
séismique a été situé à une grande profondeur. Non seulement le mou-
vement s'est propagé au loin, mais il a duré, avec interruptions, plusieurs
5l6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
jours. On doit l'altribuer an déplacement des bords de l'une des failles qui
sillonnent les rivages de la mer Egée et aux chutes souterraines qui en ont
été la conséquence. A la suite de tels glissements et de tels effondrements,
il s'établit un certain état d'équilibre qui peut durer plus ou moins
longtemps, mais qui pourtant n'a jamais qu'une durée limitée. L'histoire
géologique du sol hellénique est donc ainsi caractérisée par une succession
indéfinie de périodes tranquilles et de périodes de trouble.
» La constitution du sol aux environs de Salonique explique du reste
la fréquence des tremblements de terre de la région. La presqu'île Chalci-
dique, si curieuse au point de vue purement géographique, n'est pas moins
intéressante sous le rapport tectonique. A 3 heures de marche de la ville
de Salonique commence la haute chaîne du mont Holomonda dont les
prolongements méridionaux croisent jusqu'à Stagyra et Isvoro toute la
presqu'île et aboutissent à ses deux promontoires orientaux, celui du mont
Athos et celui de Longos.
» La chaîne en question est composée presque exclusivement de roches
anciennes très fortement redressées, granité, gneiss et schistes cristallins,
sur le prolongement desquels se trouvent des gîtes riches métallifères (Ma-
démochoria). Quant au troisième promontoire, celui de Cassandra, qui
est le plus occidental, il a une constitution toute différente; il est formé de
roches tertiaires et quaternaires, d'alluvions de date encore plus récente
qui s'étalent presque horizontalement depuis le bourg de Polygeros jus-
qu'aux sources chaudes de Sédès, les Thermes de l'antiquité, d'où le golfe
de Salonique tire son nom ancien de golfe thermaïque.
M II y a là par conséquent l'indication d'une discordance de stratifica-
tion et d'une faille éminemment favorables à la production des mouvements
séismiques. »
M. P. Le Goaziou demande l'ouverture d'un pli cacheté déposé le
22 septembre 1902, et inscrit sous le n° 6537.
Le contenu de ce pli, relatif à un « Anémoscope électrique », est ren-
voyé à l'examen de M. Mascart.
M. Th. Descomps adresse uue Note sur le « Blak Rot atmosphérique ».
(Renvoi à l'examen de M. Prillieux.)
SÉANCE DU 29 SEPTEMBRE 1902. 617
M. Odier adresse un Appendice à son précédent Travail sur les « Conso-
nances et dissonances musicales n.
(Commissaires : MM. Mascart, VioUe.)
M. H. PoDEUK adresse un Mémoire sur la « Direction des ballons ».
(Renvoi à la Commission des Aérostats.)
La séance est levée à 3 heures trois quarts.
G. D.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
OuVRAGIîS RKÇUS DANS LA SÉANCE DU 23 AOUT I9O2.
Comptes rendus hebdomadaires des Séances de V Académie des Sciences, publiés
par MM. les Secrétaires perpétuels. T. CXXXIII, juillet-décembre 1901. Paris,
Gaulhier-Villars, 1901; i vol. in--'i°.
Travaux géographiques autour du massif central de Madagascar, par le P. Colin.
(Extr. des Comptes rendus des Séances de l'Académie des Sciences, t. CXXXIV,
p. 958.) Paris, Gaulhjer-Villars, 1902, i fasc. in-l\°.
Carie lilhologique sous-marine des Côtes de France, par M. Tuoulet. Paris,
A. Challamel ; 22 feuilles grand aigle, en couleurs.
L'Ile de Samolhrace et le tremblement de terre du 2% janvier {^ février) 1898,
par Anast.-K. Christomanos. Athènes, 1899; i fasc. in-S". (Transmis par M. le
Ministre de l'Instruction publique.)
Sulla velocila minima nella trajettoria d'un grave, Nota del tenenle Luciano
Orlando. Messine, 1902; i fasc. in-8°.
Recueil d'études paléontologiques sur la Faune crétacique du Portugal. Vol. I :
Espèces nouvelles ou peu connues, par Choffat, 3= et 4° séries. Lisbonne, jgot-igoa;
I fasc. in-4".
Ergebnisse der Polhôhenbestimmungen in Berlin, ausgefiihrt in den Jahren
1889, 1890 u. 1891, am Universal-Transit der kônigl. Stermvarte, von D' Adolf
Marcuse. Berlin, 1902; i fasc. in-4".
Zur Geschichte der Schutzmittel wider Hagelschlàge. (Publié par le « K. k.
Centralanslall fiir Météorologie u. Erdinagnelismus », à Vienne, à l'occasion du
Congrès réuni à Gratz du 20 au aS juillet 1902.) 1 fasc. in-4°.
Report of the meteorological service of Canada, by R.-F. Stupart,/o/' Ihe year
ended 3i december 1899. Ottawa, 1901; i vol. in-4°.
C. R., 1902, i' Semestre. (T. CXXXV, N" 13.) ^8
5l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Obsen'alions jnade at the Hongkong Obser^alory in Ihe year 1901, Ijj \V.
DoBERCK, Hongkong, 1902; i vol. in-4°.
Studies in the physiological funclions of anlipodals and Ihe phenomena of
ferlilization in Liliaceœ. 1. Tiicyrtis hirla, by T. Ikeda. Tokyo, 1902; i fasc. in-8".
Conférence internationale pour l'unification de la formule des médicaments
héroïques, se réunissant à Bruxelles le i5 septembre 1902. Bruxelles, 1902; i fasc.
in-4°.
Upsala Làkarefôrenings Forhandlingar; ny Foljd. Bd. VII. Supplemenlhiifte.
Upsal, 1902; I fasc. in-8°.
The Chicago Acadeniy of Sciences. The nalural history Suryey. Bulletin n" IV.
Part 1. Chicago, 1900; i fasc. in-8".
Memoirs of the national Academy of Sciences, vol. VIII, sixlh Memoir. Washing-
ton, 1902; j fasc. in-4°.
Ouvrages reçus dans la séance du 1"=' septembre 1902.
Les hypothèses scientifiques émises par Zénobe Gramme en 1900. Paris, imp.
générale Lahure, 1902; i vol. in-S". (4o exemplaires offerts en hommage par M"" A.
Gramme. )
Les deux formes larvaires de Laria oblecta {Say), par Gaston Darboux et Galien
MiGNAUD. (Extr. du Bulletin de la Société d'étude des Sciences naturelles de Nîmes,
1901.) Nîmes, 1901; I fasc. in-S". (Hommage des Auteurs.)
Actualités scientifiques, par IMax de Nansouty. Paris, Félix Juven, s. d.; i vol.
in-i2.
Mémoires de V Académie de Stanislas, 1901-1902; CLII'^ année, 5" série, t. XIX.
Nancy, imp. Berger-Levrault et C'% 1903; i vol. in-S°.
Sulla fotosintesi fuori dell'organismo e sul suo primo prodotlo. Nota preventiva
del Doit. LuiGi Macchiati. Naples, 1902 ; i fasc. in-S". (Hommage de l'Auteur.)
L'assimilazione contemporanea del carbonio, deW idrogeno e dell'ossigeno e una
spéciale fermentazione promossa dall'atti<.ita vitale di una diastasi, segregata
dalle cellule contenenti pigmenti clorofillici. Nota di L. Macchiati. (Extr. du Bull,
délia Societa botanica italiana.) s. 1. n. d.; i fasc. in-S". (Hommage de l'Auteur.)
Archives du Jlhisée Teyler, série II, vol. VIII, i'» Partie. Harlem, 1902 ; i fasc.
in-4°.
Natuurkundig tijdschrift voor JXederlandsch-Indië. Deel LXI. Amsterdam, 1902;
I vol. in-8'>.
Twenty-first annual report of the United States geological Survey to the Secre-
tary of the Interior, 1899-1900, Charles-D. Walcott, Direclor, in seven parts; part V :
Forest réserves; part VII : Texas. Washington, 1900; texte, 2 vol. in-4'', et atlas,
I vol. in-4°.
Reconnaissances in the Cape Nome and Norton Bay régions, Alaska, in 1900.
Washington, 1901 ; i vol. in-4°.
The Geology and minerai resources of a portion of the Copper River district
SÉANCE DU 29 SEPTEMBRE 1902. 5îg
y4/aiAa, by Frank-Charles Schrader and Arthur Coe Spencer. Was}iinglon, 1901;
I vol. in-4°-
Ouvrages reçus dans la séance du 8 septembre 1902.
.Sur l'éruption de la Martinique, par MM. A. Lacroix, Rollet de l'Isle et Gihald,
délégués de l'Académie. (Extr. des Comptes rendus des séances de l'Académie des
Sciences, l. CXXXV, p. 877.) Paris, Gaulhier-Villars, 1902; 1 fasc. in-4''.
Monographie des Pectinidés néogènes de l'Europe et des régions voisines,
par Cb. Depéret el F. Romas; i" Partie : genre Pecten; planches 1 à VIII. {Mémoires
de la Soc. géologique de France : Paléontologie; t. X, fasc. 1.) Paris, 1902; i fasc.
in-4''.
Les manifestations volcaniques et sisniiques dans les Antilles, par F. de Montessus.
{Revue générale des Sciences pures et appliquées, i3^ année, n" 14, 3o juillet 1902,
p. 669.) Paris; i fasc. in-4°. (Hommage de l'Auteur.)
L'Erzgebirge géologico-sismique, par F. de Montessus de Ballore. (Extr. des
Arch. des Sciences phys. et nat., 4" période, t. XIII, avril 1902, p. 370.) Genève,
I fasc. in-S".
Erdbebenstudien des Grafen de Montessus de Ballore, von F. -M. Bernard.
Laibach, 1902; i fasc. in-8°.
Ueber den Einjluss des Hôhenklimas auf die Zusammensetzung des Blutes,
v. Emil Abderhalden. Munich, 1902; i fasc. in-8°.
Assimilation des Eisens, v. E. Abderhalden. {ZeitschriJ't fiir Biologie, Bd. XXXIX,
H. 2, 1900, p. 1940 s. 1.; I fasc. in-S".
Cinq opuscules sur divers sujets de Chimie physiologique, par E. Abderhalden.
Strasbourg, 1899-1902; 5 fasc. in-8°.
Mission scientifique du Katanga; Seizième Mémoire : Observations altimé-
triques, par le capitaine Lemaire Charles. Publications de l'État indépendant du
Congo. Bruxelles, s. d. ; i fasc. in-4°.
Report of the Direclor of the Botanical Survey of Indiafor Ihe year 1901-1902,
s. 1.; I fasc. in-4''.
Over het oogsten van Deli-Tabak op verscliillende Tijden van den dag, door D'^
E.-C.-JuLius MoDR. Batavia, G. Kolf et C'", 1902; 1 fasc. in-8°.
Archives de l'Institut botanique de l'Université de Liège, vol. II et III. Bruxelles,
1900-1901; 2 vol. in-S".
Annales du Musée du Congo : Botanique; série IV : Etudes sur la Flore du
Katanga, par Em. de Wildeman; fasc. 2, p. 26-80, planches VII-XXVIII. Bruxelles,
1902 ; I fasc. in-f".
Observations made at the Royal magnetical and meteorological Observatory at
Batavia; vol. XllI, 1900. Batavia, 1902; i vol. in-f".
Bulletin de la Société physico-mathématique de Kasan ; 1" série : t. XI, n"' l-V;
l. XII, n» 1. Kasan, 1902; 5 fasc. in-S".
Slatistiek van het koninkrijk der Nederlanden. Bescheiden belreffende de gcld-
middelen; XXVI"'' stuk, i'^"' gedeelte ; 1901. La Haye, 1902; 1 fasc. in-4''.
^^'^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
Censo gênerai de la Republica mexicana, verificado el 28 de octubre de 1900
Estado deMorelos; Estado de Durango. Mexico, 1902; 2 vol. in-4».
ERRATA.
(Séance du i5 septembre 1902.)
Note de MM. Ph.-A. Guyeel F.-Louis Perrot, Sur la formation des gouttes
liquides et les lois de Tate :
Page 460, ligne 6, au lieu de composant, lisez comparant.
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER-VTLLARS,
Quai des Grands-Aiignstins, n° 5j.
1 |S3 j les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Ils forment, à la fin de l'année, deux volumes in-^". Deux
i[ii- par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement e&l annuel
} i" Janvier.
Le prix de Vabonnemint est fixé ainsi qu'il suit :
Paris : 20 fr. — Départements ; 30 fr. — Union postale : 34 fr.
On souscrit, dans las Départements,
chez Messieurs :
Ferran Irères.
: Cbaix.
•' JourdaD.
I Ruff.
Courtin-tlccquet.
( Germain elGrassin.
' Gaslineau.
Jérôiïie.
Régnier.
I Ferel.
Laurens.
' Muller (i;.).
Renaud.
' Derrieii.
\ F. Koberl.
Oblin.
' Uzel frères.
Jouan.
- Perrio.
i Henry.
r
' ( Marguerie.
„ l Juliot.
Ferr..
[ Bouy.
, Nourry.
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1, Lauverjal
' Degez.
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I Gralier et G".
Ile Fouclier.
^ Bourdignon.
( Dombre.
I Thorez.
( Quarré.
chez Messieurs ;
i Baumal.
Lorienc
' M"* Texier.
' Bernoux et Cumin.
\ Georg.
, ElTanlin.
I Savy.
Ville.
Kuat.
, Valat.
* Coulel et fils.
Martial l^lace.
. Jacques.
l\aucy ' Grosjean-Maupin.
! Sidot frères.
j Guisl'liau.
' Veloppe.
y Bariiia.
( Appy.
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Orléans . . . • . LodJé.
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/ Lévrier.
Bennes Plibon et Hervé,
Rochefort Girard (M"")
/->-on
Marseille..
yiontr,etlici
.M iulms . . .
yniitei
Nice . . .
Poiriers.
I
! ftouen.
Langlois.
( Leslringant.
S'- É tienne ... .. Chevalier.
( Ponleil-Burles.
/ Piuinèbe.
( Giniet.
/ Privât.
Boisselier.
Tours ) Pèricat.
' Suppligeon.
\ Giard.
( Lemaltre.
Toulon. . .
Toulouse.
Valenciennes.
On souscrit, à l'Étranger,
Amsterdam .
chez Messieurs :
I Feikeiiia Caarelsen
/ et C".
Athènes Beck.
Barcelone Verdaguer.
, -\sher et C".
•Berlin
Berne . .
Bologne. .
Bruxelles..
Bucharesi .
1 Daines.
Friedlander et fils.
' Mayer et Miiller.
Schmid Francke.
Zauiclielli.
Lanierlin.
. Mayi)lezet Audiartc.
! Lcbcgoe et C".
I Sotchek et C°.
■ ' AlcHlay.
Budapest Kilian
Cambridge.. . l'oislU'ui, lielUtC".
Christiania Cdiiiiueriiieyer.
Consfantiiiople. . <'Ulo Keil.
Copenhague H.ist et lils
Florence Seebcr.
Gand Iloste.
Gènes Beuf.
; Cherbuliez.
Genève Georg.
{ Stapelmohr.
La Haye Belinfanle frères.
{ lienda.
^«""«'""^ (Payot elC".
Barth.
\ Brockliaus.
Leipzig , Kœhler.
/ Lorentz.
Twietmeycr.
( Uesoer.
^'«■^« ••(Gnusé.
chez Messieurs :
( Dulau.
Londres Hachette et C'-.
'Nuit.
Luxembourg. .. V. BUck.
. Ruiz et C'v
.Uadrid ' R""»" y l^'ussel.
j Capdeville
' F. Fé.
l Bocca (rére».
' llœpli.
; .Moscou Tastevin.
.Milan.
'Varies .
^ Marghieri di Gius.
( Pellerano.
/Ven'- york
Dyrsen et Pfoiiïer.
Stecheri.
Lemckeet Buechi. er
Kousseau.
Odessa
Ox/ord Parker et c '".
j Falerme Rcber.
i Porto .Magalhaés ei Munii
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i Bocca frères.
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Stockholm. Nordiâka Co^'lianJel.
„ , , à Zinserling.
S'-Petersbourg..^^^,^^^
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t
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Tomes 92 a 121. — (1" Janvier 1881 à 3i Décembre 1893.) Volume in-4°; 1900. Prix... 15 fr.
LÉMENT ADX COMPTES RENDUS DES SEANCES DE L ACADÉMIE DES SCIENCES :
I • Wén.oirc sur quelques points de la Physiologie des Algues. ,...r MM. A. Ulkues et A.-J.-J. Solilr. - .Mémoire sur le Calcul des Perturbations
vent les Comètes, par M. Hansen. - Mémoire sur le Pancréas et >ur .e rôle du suc paDcrcalique dans les phénomènes digestifs, particuliercmcnt^dan^
ion des matières srasses. par .M. Claude Bernard. Volume in-4% avec 32 planches; iS5G ■ ,,''"V. ■ .
II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Benedex. - Essai d'une réponse a lu question de Prix proposée en .800 par 1 Académie des
pour le concours de i853, et puis remise pour celui de .856, savoir : « Etudier les lois de la dislribulioû des corps organises fossiles dans le, diucrenis
,s sédimentaires, suivant Tordre de leur .uperposilion. - Discuur la qucs.ici, de leur ap, ariticn ou de leur disparition successive ou simultanée -
rcher la nature des rapports qu, existent entre l'état actuel dn régne organique et ses étals antérieurs », par M. le 1 rofesscur ijroxn, ^ m-^,
planches; 1861
a même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences et les Mémoires présentés par divers Savants à lAcadémie des Sciences.
W 13. .
TABLE DES ARTfCLES. (Séance du 29 septembre 1902.
MEMOIRES ET COMMUIVIGATIOIVS
DES MEMBliKS ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pages.
M. Berthelot. — Nouvelles expériences sur
la limite d'intensité du courant d'une pile
qui correspond à la manifestation d'un
débit éleclrolytique extérieur, apparent
dans un voltamètre ^§5
Pages.
MM. H. Morss.iN et IIolt. — Préparation et
propriétés d'un nouveau siliciure de va-
nadium ^g3
M. L. GuiGx.vno. — Sur la double féconda-
lion clicz les Crucifères l^q-.
CORU ESPOIVD ANCE .
499
.5 00
AI. .1. GuiLLAiJMF,. — Observations de la
comète Perrine-Borrelly (1902 è), faites
à l'équatorial Briinner de l'Observatoire
de Lj'on
M. H. Deslandres. — Organisation, à
l'Observatoire de Mcudon, des spectrogra-
phes automatiques dits des vitesses, qui
enregistrent les mouvements radiaux et
l'épaisseur de la chromosphère solaire . . .
M. G. TziTZt-iCA. — Sur la déformation con-
tinue des surfaces 5o3
M. R. Marquis. — Sur l'acide nitropyro-
mucique et son éther éthylique. Sur le
dinitrofurfurane 5o5
MM. Léo Vignon et I. Bay. — Sur la saponi-
1 1 fication des éthers nitriques Fx>~
MM. LuciKN Uanikl et V. Thomas. — Sur
Bulletin B[bliographiquk
Errata.
1 utilisation des principes minéraux par
les plantes greffées
M. Auguste Chevalier. — Sur les Landol-
phiées donnant le caoutchouc des herbes
au Congo français
M. Christomanos. — Le tremblementdc terre
de Sa Ionique
M. P. Le Goaziou. — Ouverture d'un pli ca-
cheté, relatif à un « Anémoscope élec-
trique >'
M. Th. Descomps adresse une Note sur le
« Blak Rot atmosphérique »
M. Odier adresse un .\ppendice à son précé-
dent travail sur les « Consonances et dis-
sonances musicales «
M. H. PoDEUR adresse un Mémoire sur la
a Direction des ballons »
-jog
ïy\i
.5i5
■5 16
5i6
5.7
.517
520
P A II I s. — I M P R I M K K I E G V U r 1 1 ( lî K - V I L L A R S ,
Quai des Grands-Augustins, bb.
fe Gérant: CiAUTniER-VlULAns.
OCT
1902
-sb'àj^
SECOND SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
TOME CXXXV.
NM4(6 Octobre 1902).
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Auguslins, 55.
1902"
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDl
Adopté dans les séances des aS juin 1862 et 24 mai 1875
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l'Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article i". — Impression des travaux de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un associé étranger de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie
ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans
le Compte rendu àçi Ja semaine que si elle a été remise
le jour même de la séance.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis-
cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca-
démie ; cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont
ils donnent lecture à l'Académie avant de les re-
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap-
ports relatifs aux prix décernés ne le sont
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en s
blique ne font pas partie des Comptes rendu
Article 2. — Impression des travaux des
étrangers à V Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des
qui ne sont pas Membres ou Correspondant
demie peuvent être l'objet d'une analyse oi
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mém(
tenus de les réduire au nombre de pages r
Membre qui fait la présentation est toujour;
mais les Secrétaires ont le droit de réduire c
autant qu'ils le jugent convenable, comme
pour les articles ordinaires de la correspond
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit êtr.
l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plu
jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis
le titre seul du Mémoire est inséré dans le Corn
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte ri
vaut et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à par.
Les Comptes rendus ne contiennent ni plai
figures.
Dans le cas exceptionnel où des figures
autorisées, l'espace occupé par ces figures c
pour l'étendue réglementaire.
Le tirage à part des articles est aux frais
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rap
les Instructions demandés par le Gouvernera ;
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administra
un Rapport sur la situation des Comptes rendu
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution
sent Règlement.
au Plus tard le Samedi qu, précède la séance, avant 5^ Autrement la présentation sera remise à la séance
OCT
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 6 OCTOBRE 1902.
PRÉSIDENCE DE M. BOUQUET DE LA GRYE.
3IEMOIRES ET COMMUNICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. Appell, en présentant à l'Académie la fin du Tome troisième et der-
nier de son Trai(é de Mécanique rationnelle (fascicules II et III), s'exprime
comme il suit :
« Ces deux fascicules se rapportent à la Cinématique des milieux con-
tinus, à l'Hydrodynamique et à l'Élasticité. Dans l'étude géométrique de la
déformation d'un milieu continu, les six fonctions caractéristiques d'une
déformation sont définies en partant de la considération de l'élément
linéaire de l'espace, d'après la méthode suivie par MM. Cosserat dans leur
Mémoire des Annales de la Faculté de Toulouse, Tome X. La Cinématique des
milieux continus est traitée ensuite avec divers systèmes de variables; le
fait que Cauchy a été le précurseur de Helmholtz et de Kirchhoff dans
leurs belles découvertes sur la théorie des tourbillons se trouve mis en
évidence ('). Un paragraphe est consacré à la théorie de Hugoniot sur les
discontinuités dans les mouvements des fluides et aux recherches de
M. Hadamard sur l'extension des résultats de Hugoniot à des discontinuités
d'ordre quelconque et sur l'interprétation géométrique des conditions de
compatibilité (^).
» En Hydrodynamique sont exposées les théories classiques, entre
(') Maurice Lévy, L'Hydrodynamique moderne et l' hypothèse des actions à dis-
lance (Revue générale des Sciences pures et appliquées, i5 décembre iSgo).
(-) Hauamard, Sur la propagation des ondes {Bulletin de la Société nuilliéma-
tique, 1°'' fascicule 1901).
C. R., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N° 14.) %
522 ACADÉMIE DES SCIENCES.
autres la démonstration donnée par Cauchy du théorème de Lagrange
sur le potentiel des vitesses, la généralisation de ce théorème telle qu'elle
résulte des équations de Cauchy, les équations de Weber et celles de
Helmholtz; vient ensuite l'étude du mouvement permanent et particuliè-
rement du mouvement permanent irrotationnel.
» Un Chapitre est consacré à la théorie des tourbillons en général. L'étude
des mouvements parallèles à un plan fait l'objet d'un Chapitre spécial :
on y étudie d'abord les mouvements irrotationnels d'un liquide et en
particulier les mouvements ondulatoires d'un liquide pesant, puis les
mouvements tourbillonnaires des liquides et comme exemple les ondes
trochoïdales de Gerstner, qui constituent le phénomène de la houle (' ).
» Un court Chapitre renferme les éléments de la théorie de l'élasticité
pour les déformations infniiment petites, avec l'exposé des applications
classiques déjà données par Lamé; ce Chapitre contient en outre des
indications sur quelques recherches récentes, notamment sur les re-
cherches de MM. Cosserat qui, en considérant les valeurs des déplace-
ments dans l'équilibre élastique comme des fonctions du nombre
E = - + I,
et en étudiant les singularités de ces fonctions, ont été conduits à de nou-
veaux cas d'intégration (Comptes rendus, 1898 et 1901). Enfin, le dernier
Chapitre renferme les équations du mouvement des fluides visqueux. »
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de deux
de ses Membres qui devront être désignés à M. le Ministre de la Guerre
pour faire partie du Conseil de perfectionnement de l'Ecole Polytechnique
pendant Tannée 1902-1903.
MM. H. PoiJiCARÉ, Haton de la G0UPIL1.1ÈRE réunissent la majorité des
suffrages.
(') f o//- GuYOU, Théorie du Navire. Berger-Levraull, 1894.
SÉANCE DU 6 OCTOBRE 1902. 523
CORRESPONDANCE .
M. ie Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, les « OEuvres complètes de J.-C. Galissard de Marignac,
Tome I, 1 840-1860 ».
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Observations Ju Soleil faites à V observatoire de
Lyon (^équatorial Brunner de o™, 16), pendant le premier trimestre
de 1902. Note de M. J. Guillaume, présentée par M. Mascart.
« Par suite de la continuation du mauvais temps qui a sévi durant le
précédent trimestre, le nombre des jours d'observation n'est que de /|2.
» Les principaux faits qui en résultent sont les suivants :
» Taches. — Les groupes de taches observés, au nombre de 4, ont une
surface moyenne totale de , J'^u^^^ (les 5 groupes enregistrés dans le der-
nier trimestre de 1901 avaient donné , oùuuuo)' ^^ ^^^^ répartition entre les
deux hémisphères est de 2 de part et d'autre de l'équateur.
)) Le nombre des jours où le Soleil a été vu sans taclies est de s^'j^^d'où
il résulte un nombre pi'oportionnel de 0,60 au lieu de 0,70 obtenu précé-
demment (^Comptes rendus, t. CXXXIV, p. 892).
» La notable augmentation de l'aire tachée est due principalement au
groupe qui a traversé le disque du 3 au i4 mars, à ■+- 24° de latitude; ses
changements de forme et de dimension ont été très rapides, puisque 5 jours
après sa formation il était devenu visible à l'œil nu, le 8, jour de son pas-
sage au méridien central; sa surface réduite était alors de , 000 ooo- ^^ ^^^'
nier groupe observé antérieurement qui lui soit comparable est celui de
mai 1901, à -)- 9° de latitude, qui a atteint nrfïTïïô-
» En janvier, on a eu, à — 8° de latitiule, un groupe assez important
aussi, mais un peu moindre: son étendue superficielle a atteint xYa^Ta-
» Une particularité intéressante s'est présentée le 3 mars, jour où il y
avait trois groupes de taches à la surface du disque solaire. Le fait de la
présence simultanée de trois groupes est, actuellement, assez rare pour
mériter d'être signalé puisqu'il ne s'était pas présenté depuis 18 mois
(7 septembre 1900), mais son importance résulte surtout de la diflérence
de position, aux deux époques, de ces groupes de taches par rapport à
l'équateur du Soleil; en effet, tandis que les premiers étaient à — 4°» — 8°
524
ACADEMIE DES SCIENCES.
et + 8°, les derniers observés étaient aux latitudes plus élevées de — 26",
+ 24° et -I- 24°, or, d'après la loi des zones, on conclut : 1° qu'ils n'appar-
tiennent pas au même cycle d'activité des taches; 2° que le groupe de
janvier, à — 8", a été une des dernières manifestations de l'activité du der-
nier cycle; 3° que l'époque du minimum était alors passée. Nous revien-
drons plus tard sur cette époque et sur le commencement du nouveau cycle.
» Régions d'activité. — Le nombre des groupes de facules notés est
moindre que dans le précédent trimestre, 68 au lieu de 76, mais leur sur-
face totale est un peu supérieure; ou a en effet f^ au lieu de 7—^-
» De même que les taches, les facules sont rares au voisinage de l'équa-
teur, et elles augmentent en nombre dans les hautes latitudes.
» Leur répartition entre les deux hémisphères est de 44 su sud au lieu
de 34, et de 24 au nord au lieu de 42.
Tableau I. — Taches.
Dates
extrêmes
d'observ.
Nombre Pass- Latitudes moyennes Surfaces
d'obser- au mer.
vations. central.
moyennes
réduites.
Dates Nombre Pass. Latitudes moyennes Surtaces
extrêmes d'obser- au mer, - — ^» ■ moyennes
d'oliserv. vations. central. S. N. réduites.
Janvier 1902. — 0
00
Mars j
902. — 0
48
6-
-i5
0 9,7 - 8°
210
3- 7
2- 3
4-14
5
2
9
21 j.
3,5
4,0
8,3
—26°
+24°
+ 24"
29
8
392
2J. — S°,0
Février 1902. — i
00
— 26",0
-1-24",0
9J-
»
Tableau II.
—
Distribution des taches
en latitude.
Sud.
Nord
Surfaces
1902.
90
. 40°. 30". 20°. 10°
. 0°.
Somme. S(
I
mme. 0°. 10
20
'. 30".
40°. 90°.
iitenâuels.
I
réduites.
Janvier.
» » n ï>
1
0 >)
]>
U
» u
210
Février.
» » » »
»
0 0 »
»
»
» »
»
»
Mars.. .
» 1) 1 »
)>
I
2 »
»
•2
» )>
3
429
Totaux..
639
1902.
Janvier.. .
Février.. .
Mars.. . . ,
Tableau IIL — Distribution des facules en latitude.
Totaux.
14
26
40". 30°. 20".
» I 5
» 3 '.
3 2 1
Somme.
5
18
21
44
9
6
9
24
30". 40°. 90°.
4
2
3
Tuiaux
monsuels.
• 4
24
3o
Surfaees
mensue les
réduites.
4,7
5,6
ii.9
22,2
SÉANCE DU 6 OCTOBRE 1902. 525
ASTRONOMIE. — Comparaison des Tables de Vesta avec les observations méri-
diennes faites de 1890 à 1900. Note de M. Gustave Leveau, présentée
par M. I.*ewy.
« Par l'emploi de mes Tables de Vesta, publiées dans le XXIP Volume
des Annales de l'Observatoire de Paris et de la Connaissance des Temps, j'ai
calculé des éphémérides qui, comparées aux observations méridiennes,
m'ont donné pour les différences Observation — Calcul les valeurs suivantes.
J'y ai joint la comparaison des observations avec les éphémérides calculées
par le Nautical Almanac, d'après les éléments de M. Farley.
m. -ai,. P„-P,.
Naut
Observ.
1890. De janv. 8 à jan v. 3 1 11
De févr. i à févr. 19 ig
De févr. 24 à mars 18 20
De mars 25 à avril 5 i5
1891. De juin 11 à juill. 2 i3
De juin. 4 à juill. 27 i5
De août 4 à août 19 6
1892. De déc. 10 à déc. 3o.
10
1894. De mars 8 à mars 22 10
De mars 23 à avril 7 10
De avril 9 à mai i 9
1895. De juill. 19 à juill. 24 4
De août 19 à sept. 4 10
De sept. 9 à oct. 4 8
De oct. 18 à nov. 18 6
1896. De nov. 3o à déc. 12 2
1897. De janv. 23 à janv. 26 2
De févr. 16 à févr. 26 10
De févr. 27 à mars 9... . 10
1898. De avril i5 à mai 18 8
De mai 21 à juin 22 9
1899. De oct. 2 à oct. 16 7
De nov. 6 à nov. 29 4
De déc. 8 à déc. 3o 3
Nautical
Tables
Nautical
Tables
Almanac.
Leveau.
Almanac.
Leveau.
+ i',i8
+o,o3
+
0,9
-+■o\^
4-1,17
-t-o,o3
+
0,5
+0,6
+ 1 ,02
+o,o3
+
0,5
+0,6
+0,89
+0,02
+
0,3
+0,3
+ 2,51
+0,21
+
3,9
—0,4
+2,38
+0,23
+
5,9
0,0
+ 1,95
+o,i4
+
5,4
+0,5
+ 1 ,00
+0,01
—
5,8
+0,5
+ 1,73
+ 0,25
+
8,9
+2,0
+ .,65
+0,25
+
8,2
+ 1,9
+ i,5i
+0,16
+
7.3
-*-'.7
+ 2,l3
+0,07
—
'o,9
-0,9
+ 2,54
+o,o5
—
'0,9
—0.7
+2,34
+0,06
—
9.5
— 1,1
+ 1,65
— o,o3
—
5,9
+0,3
+ 1,71
+0,06
—
2,0
+ .,5
+ r ,65
+0,16
—
4,3
—0,2
+ 1 ,3i
+0, 1 1
—
3,9
0,0
+ 1,18
+0,06
—
3,6
+0,2
+2,91
+0,19
+ i6,3
+ 1,0
+2,55
+0,18
+ i5,3
+ 1 ,2
+2,17
+0,06
—
i5,i
— 1,0
+ 1,92
+0,11
—
11,5
+0,4
+ 1,52
+o,o3
—
9.8
+0,2
SaH ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Les différences Observation — Calcul correspondant à chaque obser-
vation, ainsi que les positions normales conclues des observations, seront
publiées dans le Bulletin astronomique. »
MÉCANIQUE RATIONNELLE. — Remarque sur un problème de Clebsch sur le
mouvement d'un corps solide dans un liquide indéfini et sur le problème de
M. de Brun. Note de M. W. Stekloff, présentée par M. Appell.
« Le problème de M. de Urun s'énonce comme il suit :
» Trouver le mouvement d'un corps solide dont les molécules sont attirées
par un plan fixe proportionnellement à la distance, en supposant que le corps
ait un point fixe dans le plan attirant.
» Dans le problème de Clebsch, il s'agit de trouver le mouvement d'un
corps solide dans un liquide indéfini (^idéal et incompressible), en l'absence de
toute force accélératrice, en supposant que la force vive T du corps ait l'expres-
sion suivante :
■2.1 = a,x] + a.x^l + 03^^; + b,y\ + b.,yl + b^^y;,
a^, 6j (5 =: 1 , 2, 3) étant des constantes positives satisfaisant à la condition
X,, Vi(5= 1 , 2, 3) étant les variables de Clebsch (Mathemat. Annalen, Bd. III).
» Je dis que ces deux problèmes ne constituent au fond qu'un seul et même
problème.
» En eOet, le problème de Clebsch se ramène à l'intégration des équa-
tions suivantes :
( 2 ) ^' = oc.,b,y, - X, l,y., .
(3) -^ :■ • {a^ - a^)x.^x^ -\- (b, — b._)y.,y,„ . . ,
t désignant le temps. Dans ces équations, 6,^,, b.,y.,, b^y.j désignent les
composantes jo, q, rde la rotation instantanée suivant les axes invariable-
ment liés au corps, et x,, Xn, X3 sont égaux à ky^, A"y„, kj-^, k étant une
constante arbitraire et yi, YaiTa représentant les cosinus des angles que
font les axes moljiles avec l'axe fixe des X,, choisi convenablement. Substi-
tuant, dans (2) et (3), p, q, r, y,, y^, y^ au lieu de x,, y, (i = i, 2, 3) et
SÉANCE DU 6 OCTOBRE I902. t^2'J
désignant par A, B, C les inverses de />,, h.-., b.^, on trouve
(4) . 5l^-,V-y„7, ....
('5) A;| = (B-C),(('. — A),
1 étant une constante. Ces relations auront lieu toujours, pourvu que les
constantes a„ b^(s =: i, 2, 3) satisfassent à la condition de Clebsch (i).
» Les équations (3) [on (5)] peuvent donc s'écrire comme il suit :
(6) Af -(B-C)(./r-i-l,i-^y,yO. •■••
» Ces équations, jointes aux équations (4), sont identiques aux équa-
tions différentielles du problème de M. de Brun. On peut donc énoncer la
proposition suivante :
» Le mouvement de rotation autour (/e l'origine des coordonnées, invaria-
blement liées au corps solide, dans le problème considéré de Clebsch, est le
même que le mouvement d'un corps solide autour d'un point fixe dans le pro-
blème de M. de Brun (ou inversement).
» Le problème de Clebsch, connu depuis longtemps, a été déjà étudié
par divers auteurs; il suffit de citer les recherches de Clebsch, de M. H.
Weber et de M. F. KoLter (^Malhem. Annalen, 1871, 1878; Crelle's Journal,
Bd. 109). On sait que les équations du mouvement (5) dans le problème
de Clebsch admettent, outre les trois intégrales de Kirchhoff, une quatrième
intégrale de la forme
A=^-+ B-(/-+ C-/-- + XF(BCy^+ CAy^+ ABy;) = const.,
qui est identique à la quatrième intégrale du problème de M. de Brun.
D'une façon générale, tous les résultats obtenus par les géomètres que
nous venons de citer s'étendent, sans modification, au problème de M. de
Brun. Ainsi, il est connu que les variables jo, q, r, y,, yj, y, dans le pro-
blème de Clebsch s'expriment en fonctions ultra-elliptiques S de deux ar-
guments qui dépendent linéairement du temps : les mêmes variables dans le
problème de M. de Brun ont les mêmes expressions.
» D'autre part, M.G.Kobb a démontré, dans le Tome XXIII du Bulletin
de la Société malhéniatiqac de France, que la solution générale du problème
528 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de M. de Brun peut s'exprimer à l'aide de trois intégrales de différentielles
totales, attachées à une surface algébrique. Il en est de même, d'après ce
qui précède, de la solution générale du problème de Clebsch. Ici nous
avoiîs un autre exemple, où les intégrales, introduites dans la Science par
M. E. Picard, se présentent dans l'étude d'un problème de Mécanique.
» En terminant ma Note je profite de l'occasion pour indiquer une
solution particulière du problème de Clebsch et, par conséquent, de celui
de M. de Brun. La condition (i) peut être remplacée par les suivantes :
"l = '-'• + P ^2 ^3. ^2= U. + p/^s^,, a3=y. + p^,i2,
p, et p étant des constantes arbitraires. Ces conditions étant remplies, on
peut satisfaire aux équations (2) et (3) en posant
1 - Q . 1 - ^ 1 - Q
Q= = (^ + p è, ) (g + p Z;,) (g + p b,),
a étant une constante arbitraire. Le problème se ramène à l'intégration de
trois équations bien connues :
» Les variables x„y^[s = i, 2, 3) ou {p, q, r; y,, yj, yj) s'expriment en
fonctions elliptiques de t. Le mouvement de rotation se réduit à un mouvement
de Poinsot. La solution contient quatre constantes arbitraires. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur un théorème de M. Frobenius.
Note de M. de Séguier, présentée par M. Jordan.
« Dans ma Note du 24 mars dernier les deux propositions suivantes sont
restées sans démonstration :
>) I. Si un gab(') (a premier àb) G a exactement a e(„, tels que a, , aj, ...
(') J'écris g,„ pour groupe d'ordre m, g" pour groupe de degré n, g"„, pour
groupe d'ordre m et de degré n, ej^) pour élément dont l'ordre divise k. Je dis
que Q a un groupe A, si A divise G, que l'ensemble des symboles permutés par un
groupe de substitutions est son champ, enfin que deux groupes de substitutions (comme
SÉANCE DU 6 OCTOBRE 1902. Sag
formant un g, k et b e,,, tels que ^. „%,..., G a un g,. {On sait d'ailleurs que
gj.p^ _ p,^oc,). La proposition étant évidente quel que soit b pour a = i, on
peut l'admettre quel que soit b pour les valeurs de a plus petites que celle
considérée. Soit D le plus grand commun diviseur de j p,, . . ., Pi | = B et
de A. Si D = I , la proposition est démontrée. Si D est un g:„ < A, B conte-
nant 66(4, et a'e^a) qui forment un ^j est d'ordre ba' et a un gj. Soit donc
D = A. Si A (qui est ici abélien) a un g„'A'>i et < A(a = a'a"), A' sera
normal dans G, et l'on peut admettre que G | A' d'ordre ba" , qui contient un
g„//AlA' formé de ses e„«, et è e,^, (les A'p,-, tous distincts puisque leur
nombre est multiple de b),a. un gj auquel répond dans G un gj«, G' = 2A^;
contenant un gj. Soit donc A simple, donc a premier = p. Considérons la
représentation régulière g de G et soit, dans q, \s\=zX [^ = n,*,-,
s^.= (a,, ...a,y,)' ^es ^ik ^^^""^ ^P symboles; le champ de St sera désigné
par 5,] la représentation de A. g divisera \x',è\ en posant .1,'= j^,, ...j^^j,
S = 2i, t = lL''jk, ï;t (formée avec a a. •••>«« comme/, avec a,,, .... a^,)
parcourant le symétrique de champ a, a, ■ . ., «w Soit q = \A.Xç où l'on
peut supposer que x^ est un en solution acétique, possède un certain pouvoir
oxydant. C'est ainsi que ce corps oxyde facilement l'acide iodhydrique,
transforme le diphénopyranol en diphénopyrone.
^ » L'action du dinaphtopyranol sur quelques réactifs, la poudre de zinc,
l'alcool, le pyrogallol, les iodures alcahns, montre nettement que ce corps
en solution acétique ne peut être considéré comme un alcool, un pyranol :
CHOH
()
SÉANCE DU 6 OCTOBRE 1902. 53 l
mais comme un dérivé de l'eau oxygénée, comme un hydrate île per-
CH
\
oxyde :
/■
O -OH
„ AcUon de la poudre de zinc. - Si l'on ajoule quelques centigrammes de ce
réactif à une solution acélique de pyranol, à l'ébullition, on voit en très peu de temps
la liqueur, primitivement rouge, se décolorer et déposer une substance blanche qu,,
purifiée par cristallisation dans le toluène, paraîL identique d'après son mode de for-
mation, son point de fusion élevé et sa solubilité, au bis-dinaphlopyryle (bis-dinapluo-
xanthène) (') déjà obtenu par nous au moyen de la poudre de zinc sur le bromure do
dinaphtopyryloxonium (''). ,.,,., n-.-
» Action de l'alcool. - Si, à une solution acétique rouge de pyranol, a 1 ebull.tion
et au reflux, on ajoute quelques centimètres cubes d'alcool, on voit peu à peu la solu-
tion se décolorer. Les vapeurs échappées du réfrigérant, condensées, fournissent les
réactions caractéristiques de l'aldéhyde éthylique.
, La solution acélique, faiblement teintée en rouge, est traitée par 1 eau.
« Le précipité formé, séché, est dissous dans le benzène chaud, d'où par refroidis-
sement cristallisent des aiguilles groupées, fondant à 201°. La solution benzenique
de ce corps, additionnée d'une solution également benzénique d'acide picrique, donne
un précipité rouge orangé, qui, recristallisé et séché, fond, en tube étroit, vers .7^",
en un liquide rouge foncé.
„ Le corps formé dans l'action de l'alcool sur le dinaphtopyranol n est autre chose
que le dinaphtopyrane.
» L'équation de celte curieuse réaction est la suivante :
GH0 - OH + C^H^O = C^H^O + IPO + CFP, Dans mes recherches j'ai étudié exclusivement l'action du phényl-
bromure de magnésium sur les divers éthers; seul le formiate d'éthyle
m'adonne un alcool secondaire, le benzhydrol (C«H^)^CHOH fondant
à 68°, les éthers des autres acides fournissent des alcools tertiaires de
forme(C''H=)^COH- R.
,) Ces alcools sont pour la plupart cristallisés; ils ne peuvent être distillés même
dans le vide sans perdre de l'eau; la distillation à la pression ordinaire conduit direc-
tement aux carbures éthyléniques correspondants. Ces carbures sont le plus souvent
cristallisés, ils fixent 2 atomes de brome en donnant des dérivés dibromes liquides;
par oxvdatlon ils fournissent de la benzophénone et des acides ayant un carbone de
moins que les acides générateurs. L'hydrogénation par l'alcool et le sodium conduit
aux carbures saturés correspondants comme l'a montré également M. Klages pour
deux de ces carbures.
.. Le diphénylmélhylcarbinol (C^H^)^ = COH.CH' [décrit par M. TilTeneau, But.
5oc.c/iim., (3), t. XXVIl, p. 293] fond à 81°. „,,.,. Q.,,ç.
„ Le diphényléthylène bout à 270^-27 ." et fond vers 6" [Red.ko indique + 8» (7. Soc.
ch. r., t.. XXII, p. 365) et M. Klages le décrit liquide].
» Le diphényléthane bout à i37° sous 12™°.
„ Le diphényléthylcarbinol (C«IP)^ = COH.CPP.CIP fond à 9.0-92".
„ Le diphénylpropylène (C»H^)'= C = CH.CIF fond à 5.", bout à 2800-281".
„ Le diphénylpropane 1.. (C«H^)^ = CH.CIP.CIP bout à i42° sous ,0-.
534 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Le diphénylpropylcaibinol (C''H5)2=: COH.CH^CIP.CHMjout vers iSS» sous i5"
» Le diphénylbutyléne (OH^)*— C r= CH.CII-.CH» bouta 2910-292°.
,. Le diphénylbutane i.i {G«IP)^= CH .CH'^ CPF. CIP bouta iSo" sous 10""".
.. Le diphénylpenlylcaibinol (C'''H»)2 =: COH . (CH'^j'.CIP fond à 46°-47°.
» Le diphénylhexylène (C«H5)'= G = CH.(CIP)'CH3 bouta 314°.
» Le diphénylhexane i.i {C'H'y- CH.(CH')*.CH3 bout à i64° sous lo-"-". ..
CHIMIE. — Sulfates cupro-ammo niques anhydres. Noie de M. Iîouzat.
« J'ai étudié dans une Note précédente (Cow/)/«re«rfM5, t. CXXXV, n°.5)
les chlorures cuproammoniques anhydres. Je me propose d'examiner
maintenant les sulfates, jjour comparer leui-s chaleurs de formation à celles
des chlorures. On sail, en elîet, que les différents sels cuivriqnes dissous
dégagent la même quantité de chaleur en se combinant à l'ammoniaque
et que cette relation permet de conclure à l'existence de radicaux com-
plexes, se transportant sans altération d'un se! cuproammonique dans v\n
autre, par exemple du chlorure dans le sulfate correspondant {Comptes
rendus, t. CXXXIV, n° 21). Il importait de rechercher si \-\ même théorie
peut être appliquée aux sels solides.
» On a déjà signalé plusieurs combinaisons du sulfate cuivrique et
du gaz ammoniac. Rose a fait connaître l'existence de SO'Cu 5AzH' ;
Graham et Rane, celles de SO*Cu 2AzH' et SO'Cu AzH*. J'ai préparé ces
corpsà nouveau et j'ai trouvé qu'il y en a un autre bien défini SOHJn 4 AzIP.
» La préparation de ces différents composés est tout à fait analogue à
celle des chlorures correspondants. Pour avoir SO'Cu 5AzH^ on liquéfie
du gaz ammoniac complètement privé d'eau sur du sulfate cuivrique
anhydre; on laisse ensuite l'ammoniac en excès se dégager pendant que
le tube revient à la température ordinaire; le produit qui reste a pour for-
mule SO*Cu 5 AzH'. C'est encore ce même sel que l'on obtient si l'on main-
tient la température à — So" pendant l'évaporation de l'ammoniac non
combiné. SO^'Cu SAzH' est dissociable en AzH' et SO^Cu 4 AzfP; la tension
de dissociation devient égale à la pression atmosphérique vers 90°.
S0*Cu4AzfP est dissociable à son tour en 2AzfP et S0''Cu2AzFF; la
tension de dissociation devient égale à la pression atmosphérique vers i5o**.
Enfin, SO^Cu 2AzH' est dissociable en AzH' et SO^ CuAzH^ On prépare
SO*CuAzH^ en chauffant SO^Cu 2AzH^ à 260° dans le vide fourni par une
trompe à eau.
» SO'' Cu AzH^. — C'est une poudre verte, qui donne avec l'eau un précipité de
sulfate basique.
SÉANCE DU 6 OCTOBRE 1902. 535
» Chaleur de formation :
i" SO'CuAzH'sol.+ 27AzH'diss.(i8')=;SO^Cu28AzH'diss.(i8M . . . +22"', 08
d'où
SO'Cusol.-t- AzIPgaz. =z:SO'CuAzFI3sol f-23"',47
■)." SO'CuAzH'sol.-t-7AzH^diss.(8') = SO»Cu8AzH^di5s.{8'j 1-21"', 76
d'où
SO*Cusol.+ AzH'gaz= SO'CuAzJPsol , +■ 23<^"',5o
» S0''Cu2Az/P. — C'est, comme SO'CuAzH^, une poudre verte, qui donne avec
l'iMu un précipité de sulfate basique.
» Chaleur de formalion :
î° SO*Cu 2 AzH' sol.-h 26AzH' dis?. (18') = SO'-Cu 28AzH3 diss.(i8i) . . hi i"',o2
li'où
SO*Cusol.+ 2AzH3gaz = SO'CuaAzH'sol -h43"',3o
2° SO*Cu 2AzH' sol. + 6AzH-'' diss. (8') = SO'Cu 8AzH' diss.(8') +io"',92
d'où
SO*Cusol.-+-2AzH-'gaz = SO'Cu2AzH3so] +43"', i4
» SO' Cu liAzH^. — C'est une poudre d'une couleur bleu violet, très diflférente de
la couleur que possèdent les sels cuivriques en solution ammoniacale. Il est soluble
dans une petite quantité d'eau; la solution laisse déposer un précipité de sulfate
basique quand on l'étend.
» Chaleur de formalion :
1° SO*Cu4ÂzH'sol.-H24AzH'diss. (i8i) = SO*Cu28AzH'(i8') — i"',82
d'où
SO*Gusol.+ 4AzH'gaz = SO'Cu4AzH'sol +73"', 74
2° SO»Cu4AzH'sol.+ 4AzH='diss. (8') = SO''Cu8AzH3diss. (8') - 2'^', 10
d'où
SO»Cusol.-+-4AzH=gaz = SO'Cu4AzH»sol +73"', 70
1) SO'' Cu 5 Az/P. — C'est une poudre d'une couleur bleu violet analogue à celle
de S0*Cu4AzFF. Il est soluble dans l'eau; la solution étendue laisse déposer un pré-
cipité de sulfate basique. Il n'est pas soluble dans l'ammoniac liquéfié.
1) Chaleur de form.ation :
» L'emploi de l'ammoniac liquéfié ne permettant de préparer le corps SO'Cu 5 AzH^
536 ACADÉMIE DES SCIENCES.
qu'en petite quantité, on s'est servi pour déterminer sa chaleur de formation du mé-
lange de SO'Gu/jAzIP et de S0*Cu5AzIP qu'on obtient par l'action à froid du gaz
ammoniac sur le sulfate cuivrique anhydre.
SO^Cu4,8AzPPsol.-t- 23,aAzIPdiss. (18') =:SO'Cu aSAzH^diss. {18').. — 6"',35
d'où
SO»Gu sol. + /i,8AzH' gaz = SO*Cu 4,8AzH' sol -t-85<^''i,i
» Comme à partir de SO*Cu 4 AzIP la quantité de chaleur dégagée est proportion-
nelle à la quantité d'ammoniaque fixée :
SO*Cusol. + 5AzH'gaz=:SO''Cu5ÂzH3soI +87'==', gS
» Un autre composé, SO'Cu 4,72 AzH', a conduit au nombre 88"', 3o.
» Si nous comparons les chlorures et les sulfates cupro-ammoniques
anhydres, nous voyons que les chlorures renferment 2, 4 et 6 molé-
cules d'ammoniaque et les sulfates i, 2, 4. 5. Les chlorures et les sulfates
qui se correspondent sont ceux qui contiennent 2 et 4 molécules d'ammo-
niaque. Or CuCPaAzH' et SO*Cu 2AzH' sont formés à partir de l'ammo-
niaque et du sel cuivrique avec des dégagements de chaleur respectifs
de 45"*', 5 et 43'^*', 2; CuCP4AzH'et S0^Cu4AzH', avec des dégagements
de 72*^"', I et 73"', 7. Les chaleurs de formation des deux sulfates à partir du
sel de cuivre et de l'ammoniaque sont sensiblement égales à celles des
deux chlorures. D'après les lois thermochimiques des substitutions, on
doit admettre l'existence dans ces sels de radicaux complexes qui se trans-
portent de l'un à l'autre à la façon d'un corjjs simple.
» De même que les chaleurs de formation sont à peu près égales, les
tensions de dissociation à la même température paraissent être très voi-
sines. Les tensions de dissociation de S0*Cu4AzH' et de CuCP4AzH' at-
teignent la valeur de la pression atmosphérique respectivement vers i5o°
et i4o°; celles de S0*Cu5AzH' et CuCl-6AzH% toutes deux vers 90°. »
CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur la recherche et le dosage de l'extrait de châtai-
gnier en mélange avec l'extrait de chêne. Note de M. Ferdinand Jean,
présentée par M. Amagat.
« J'ai reconnu que si l'on agite à froid une solution d'extrait de bois de
châtaignier avec une solution d'acide iodique, une certaine quantité d'iode
est mise en liberté, tandis qu'avec l'extrait de bois de chêne on n'observe
SÉANCE DU 6 OCTOBRE 1902. 537
rien de semblable. La réaction est également négative avec les solutions
de québracho, palétuvier, mimosa, sumac, canaigre, lentisque, fustel,
épine-vinette; le campêche fait exception et met en liberté une faible
quantité d'iode.
» Les extraits de bois de chêne, destinés à la tannerie, étant fréquem-
ment falsifiés avec de l'extrait de châtaignier, il était intéressant d'arriver
à déceler celte fraude, qui est pratiquée impunément; car on n'a pas de
procédé chimique permettant de la reconnaître.
„ Nous avons appliqué la réaction de l'acide iodique à la recherche et au dosage de
l'extrait de châtaignier en mélange dans l'extrait de chêne. On procède à la recherche
qualitative en mélangeant par retournements successifs dans une boule a robinets la
solution d'extrait suspect avec une solution d'acide iodique et du sulfure de carbone;
si le sulfure de carbone présente une coloration violette, c'est l'indication de la pré-
sence de châtaignier dans l'extrait examiné. Le sulfure de carbone peut être remplace
par le tétrachlorure de carbone, la benzine, le chloroforme, etc.
„ Pour déterminer la teneur d'un extrait tannique en châtaignier on opère sur
2cm3 OL. 3'"" d'extrait dissous dans 5o™' d'eau distillée, que l'on passe dans une boule
à robinets ; on agite avec 5'="" d'une solution d'acide iodique à 5 pour 100 et 4™' à S""'
de sulfure de carbone; après repos, on soutire le sulfure de carbone dans un flacon
bouché à l'émeri et Ton renouvelle l'opération dans la boule, jusqu'à ce que le sulfure
de carbone ne se colore plus. L'iode dissous dans le sulfure est ensuite titrée par agi-
tation dans le flacon avec une solution titrée d'hyposulfite de soude, qu'on ajoute
jusqu'à disparition complète de la coloration rose. On peut aussi faire le titrage en
ajoutant dans le flacon un peu de solution d'iodure de potassium ; le point final est
indiqué par la décoloration complète du sulfure de carbone.
,, Sachant que i d'iode, mis en liberté, correspond en moyenne à 6,20 d'extrait
sec de châtaignier, à 19 d'extrait à ao" Baume et à 16 d'extrait à 25° Baume, il est
facile de calculer très approximativement la teneur d'un extrait tannique en extrait
de châtaignier. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la fermentation pectiqiie.
Note de M. Goyaud. (Extrait.)
« Lorsqu'on ajoute à une solution aqueuse concentrée et neutre de pec-
tine certains sucs végétaux (carottes, trèfles, luzernes, etc.), le mélange
se prend en masse gélatineuse. Ce phénomène est produit par une diastase :
\^pectase. On admet que la pectase n'agit qu'en présence des sels de cal-
cium et en liqueur peu acide. J'ai voulu m'assurer si, en l'absence des sels
de calcium, la pectase n'avait aucune action sur la pectine.
»... J'ai reconnu que la pectase transforme la pectine en acide pectique.
G. R., 1902, 2- Semestre. {T. CXXXV, N» 14.)
V
538 ACADÉMIE DES SCIENCES.
même en Tabsence des sels de calcium. Ceux-ci rendent le phénomène
visible par siiile de la formation de pectate de calcium insoluble. Mais, si
l'on remplace dans le jus de trèfle la chaux par la potasse (ce à quoi l'on
arrive par l'addition d'oxalate de potassium), il se produira du pectate de
potassium soluble dans l'eau.
» Ces expériences ont été reprises avec des jus de trèfle dans lesquels la
chaux a été précipitée par l'oxalate de sodium et d'ammonium. Les résul-
tats ont été de tous points semblables.
» Il existe d'ailleurs un moyen de vérifier la conclusion précédente. Si,
en effet, une molécule neutre de pectine fournit une ou plusieurs molé-
cules acides d'acide pectique, l'acidité du milieu va augmenter. Pour
vérifier cette hypothèse il est bon de n'employer que des proportions
de pectase assez faibles pour que les transformations ne soient pas trop
rapides....
» Les résultats obtenus sont résumés dans les Tableaux suivants; les
acidités sont comptées en o™',i de Hqueur titrée :
y
■oportton
de ^
/us potass
que : 20
pour 100.
Proportion
de
jus potassique : 4"
pour 100.
Date
Acidité
Accroissement
Date
Acidité
Accroissement
des
mesures.
sur 5cm'.
Temps.
d'acidité.
des mesures.
sur 5cm'.
Temps.
d'acidité.
h m
h m
iSjuin, g.iîo
m.
7,5o
0
0
20 juin, 9. 0
m.
12,25
0
0
»
10. 0
m.
8,73
0,5
I ,25
» 9 ■ 3o
m.
14.25
0,5
2
»
10. 3o
m.
10
I
2,5o
» 9.45
m.
1 5 , aS
0,75
3
»
II. o
m.
1 1
1,5
3,5o
» 1 0 . 1 5
m.
17,50
I ,25
5,25
»
1 1 .3o
m.
1 1 , 5o
2
4
» 10. 3o
m.
iS
1 ,5o
5,75
))
I2.3o
m.
I 2 , 2.5
3
4,73
» 1 1 . 0
m.
18,75
2
6,5o
»
2. 0
s. .
i3
4,5
5,5o
» II. 45
m.
19,25
2,65
7
)>
4. o
s. .
13,75
6,5
6,25
» 2.0
s. .
21
5
8,75
»
9- o
s..
l4,25
9'5
6,75
» 4- 0
» 7 • 0
21 juin, 10. 0
s. .
s..
m.
22
23
24
7
10
25
9.75
10,75
11,75
» Si l'on remplace le jus potassique par du jus potassique bouilli on
n'observe aucun changement dans l'acidité du mélange.
» Conclusion : La peclase forme de i acide pectique aux dépens de la pec-
tine. Le phénomène n'est pas influencé qualitativement par la présence ou
l'absence des sels de calcium. »
SÉANCE DU 6 OCTOBRE I902. SSq
PHYSIOLOGIE ANIMALE. ~ L'élaboration du vénogène et du venin dans la
glande parotide de la Vipera Aspis. Note de M. L. Launoy, présentée par
M. Edmond Perrier.
« 1° Structure d'une cellule à venin élaboré. — Dans une cellule venimeuse, sans
inclusions cytoplasmiques, le noyau jamais en contact avec la vitrée contient un nu-
cléole unique, généralement central, bien limité; ailleurs le nucléole offre l'aspect
d'une masse polygonale dont les limites s'estompent dans le caryoplasme ambiant; il
est, en tous les cas, réuni au réseau par.de fins Iractus chromatiques; souvent on trouve
le nucléole entouré d'une zone plus claire, à la périphérie et à l'intérieur même du
territoire nucléolaire, il est constant d'observer la présence de granulations à baso-
pliilie très accentuée; le caroyplasme clair, très finement granuleux, présente assez
fréquemment des vacuoles incolores emprisonnant un grain de chromatine. Le cyto-
plasme granuleux, uniformément coloré en violet sur des coupes fixées au Lindsay
et traitées au Magenta-Benda ou par la safranine-lichtgriin, n'offre rien de particulier.
» 3° Cellule à granulations basophiles : cellules à vénogène. — Le noyau répond
sensiblement à la description précédente, mais le cytoplasme est ici clair, granuleux,
moins dense que dans les cellules à venin élaboré et caractérisé par la présence de
granulations spéciales, très réfringentes que l'on met en évidence par la safranine, le
Magenta, le bleu de Unna, la laque ferrique d'IIeidenhain, le carmin ammoniacal (').
Sur des coupes colorées au Mageuta-Lichtgriin, ces granulations de volume et de
nombre variable dans chaque cellule sont essentiellement définies par leur forme
ronde, parfois cunéiforme, sans habitat spécial; elles peuvent, très petites, cribler le
cytoplasma d'un piqueté rouge vif ou, plus grosses, être réunies en plages; elles ne
sont ordinairement pas libres, mais enrobées dans une vacuole de substance achro-
matique ou faiblement basophile; il est probable que, dans les cellules à grosses
granulations, celles-ci proviennent de la fusion d'un plus grand nombre de petites,
comme semblent l'indiquer les aspects suivants : plusieurs inclusions peuvent
être tangentes par leurs vacuoles ou fusionner celles-ci, les granulations restant libres;
autour d'une grosse granulation centrale peuvent graviter 5, 6, 8 granulations plus
petites; sans doute ce sont là des moments dans le travail physique d'attraction molé-
culaire donnant lieu aux grosses granulations; moins fréquemment les vacuoles seules
fusionnent, les grains basophiles étant rejetés dans le cytoplasma.
(') Meyer, dans Ueber den Giftapparal der Sehlangen (1869), a le premier parlé
de ces granulations réfringentes dans la glande de la Vipera berus. Lindemann,
dans Ueber die SecreLionserseheinungen der Gif Idriise der Kreuzotler {Arc/i. /■
mikr. Anat., 1898), qui a étudié le même animal, semble avoir dédaigné ces forma-
lions, il ne les figure pas. AL le Professeur Ilenneguy, dans les Leçons sur la cellule
(1896), avait pourtant déjà donné une figure (p. 235) qui répond au stade des cellules
à vénogène.
54o ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Si l'on provoque des mouvements de défense chez les animaux en expérience et
fixant les glandes après i, 2, 3, ..., n piqûres, on suit facilement la marche régressive
des inclusions safranophiles dans une glande en sécrétion normale active; alors on
les voit se transformer en produits qui perdent leurs affinités chromatiques, se confon-
dent ou se combinent avec le cytoplasma ambiapt pour donner lieu au produit de
sécrétion, lequel, excrété dans la lumière du tube glandulaire, est une masse granuleuse
homogène à réactions cytoplasmiques. Aux granulations safranophiles je propose de
donner le nom de grains vénogènes. Quelle est leur origine? D'un très grand nombre
d'observations il m'apparaît que leur origine est nucléaire, le grain de vénogène
résultant de l'exode de la chromatine du noyau dans le cytoplasma; le caryoplasme, à
mon avis, participe à l'exode des grains de chromatine. Dans une cellule qui se
recharge de vénogène il faut noter en effet l'existence au pôle antérieur du noyau d'une
zone hjaline, réfringente, à très faible électivité pour les colorants nucléaires; celte
zone hyaline peut être concentrique à la sphère nucléaire. Cette formation n'est pas
un artefact; elle est visible avec le Lindsay, le IlgCl-, le Bouin ; j'ai vu, de cette
zone antépérinucléaire, partir des prolongements dans l'intérieur du cytoplasme, des
granulations basophiles reposaient sur ces travées. Il n'y pas lieu de penser que ce soit
une différenciation cytoplasmique; si, au contraire, nous rapprochons les réactions
histo-chimiques et les aspects physiques de cette formation avec ceux donnés par
le caryoplasme, on conçoit que l'on puisse se trouver ici en présence de l'émission, à
travers la membrane, du caryoplasme ou d'un produit élaboré au sein du caryoplasme.
» En résumé, dans les cellules de la glande parotide de la Vipera Aspis,
l'élaboration du venin est soumise aux phases suivantes : 1° phase nu-
cléaire : la chromatine, le caryoplasme, le nucléole y participent ; ce dernier
ne disparaît jamais totalement; elle donne lieu à l'émission, dans le cyto-
plasme, de granulations safranophiles enLourées d'un halo de substance
hyaline qui paraît être du caryoplasme; ces granulations constituent les
grains de vénogène; 1'^ phase cyloplasmique : les grains de vénogène émigrés
dans le cytoplasme s'y accumulent; au moment de l'activité glandulaire,
les réactions cyto-chimiques transforment le vénogène en venin élaboré.
)i N. B. — U y a lieu de rapprocher ces phénomènes de ceux déjà
décrits dans les cellules à zymogène des glandes gastriques de la Vipera
berus. »
PALÉONTOLOGIE. — Recherches paléonLologiques en Patagonie. Note de
M. André Tournoitëk, présentée par M. Albert Gaudry.
« Au moment de repartir en Patagonie pour achever de remplir la
mission paléontologique que le Ministère de l'Instruction publique et le
SÉANCE DU 6 OCTOBRE 1902. 54 I
Muséum d'Histoire naturelle m'ont confiée, j'ai l'honneur de donner à
l'Académie des indications sur les travaux déjà exécutés.
» Ayant acquis, pendant mon séjour de dix années dans la République
Argentine, quelques connaissances sur l'Amérique du Sud, j'ai pensé que
je pourrais rendre service à la Science française en explorant la Patagonie
où de si curieuses découvertes paléontologiques ont été faites dans ces
dernières années. Depuis les anciens travaux d'Alcide d'Orbigny, Darwin,
Richard Owcn, Flower, Burmcister, de très nombreux ossements de
Mammifères de plusieurs âges géologiques ont été étudiés par MM. Flo-
rentino Ameghino, Moreno, Mercerat, Roth, Lydekker, Smith Woodw^ard.
La France, jusqu'à présent, ne possédait presque aucun reste de ces
animaux qui ont intéressé tout le monde S3"ant et ont été l'objet de vives
discussions. M. Florentino Ameghino, directeur du Musée national de
Buenos-Ayres, a eu la bonté de me donner les plus précieux renseigne-
ments ; je lui en témoigne toute ma reconnaissance.
» Ma première exploration paléontologique en Patagonie a eu lieu de
novembre 1898 à mai 1899. J'ai longé les Cordillères depuis Mendoza (lati-
tude 32) jusqu'au Rio Senguerr (latitude 46)- J'ai fait ensuite des recherches
sur les bords du Coli-Huapi (lac Rouge); c'est là que j'ai rencontré les
plus grandes difficultés, cette région étant absolument déserte et privée
de végétation, à 60"^™ de lieux habités; il a fallu tout emporter avec moi
pour ma nourriture et celle de mes gens. J'ai fait don au Muséum des échan-
tillons recueillis.
» Ij' Astrapotherium estle genre dominnit au Coli-Huapi. Outre l'énorme
Asirapolheriurn magnum, j'ai rencontré un atlas, une portion distale de
fémur, une défense d'une espèce encore plus gigantesque que le Pyrolhe-
rium trouvé plus tard au Rio Deseado.
» Ma seconde expédition a eu lieu de septembre 1899 à juin 1900. J'ai
visite Punta-Arenas, les bords du Rio Gallegos, fouillé au mont Leone,
près du Rio Santa-Cruz, dans les couches terrestres santacruziennes.
Comme M. Carlos Ameghino, j'ai vu ces couches très nettement reposer
sur les dépôts marins du Patagonien. Le Nesodon est le fossile le plus
caractéristique du Santacruzien; il devait vivre en troupeaux : j'en ai rap-
porté au Muséum assez de pièces pour qu'on puisse se rendre compte de la
forme des membres, aussi bien que de la tète de ce type si différent de
nos fossiles européens.
» Mon troisième voyage, fait sous les auspices du Ministère de l'Ins-
truction publique et du Muséum, a commencé en août 190 r. J'ai complété
542 ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'étude du Santacruzien par des recherches au Rio Coylet. J'ai pu ainsi
envoyer au Muséum un ensemble considérable de la faune de cet étage :
des Ongulés, tels qn Astrapotherium, Nesodon, Homalodontheriiim, Theoso-
don, Diadiaphoms, Hegelotherium, Prolypotherium, etc.; des Édentés
comme Nematherium, Hapalops, Eulatus, Peltcphilus, Propalœohoplopliorus ;
des Rongeurs, comme Myopolamus, Eocardia, Acaremys, etc. ; des Car-
nassiers subdidelphes {Borhyœna) et didelphes {Prothylacynus); l'inté-
ressant Abderites, peut-être voisin des Ranguroos-rats et l'énigmatique
Epanorthus, etc.
» Après mes fouilles dans le Santacruzien, je me suis rendu dans la ré-
gion du Rio Deseado oîi j'ai entrepris l'examen des couches à Pyrotherium
que M. Ameghino place plus bas que ce\\eskAslrapotheriumà\iCo\[-Rnai'ç>'\;
j'ai retrouvé Y Astmpotheriimi au Deseado comme au Coli-Huapi et au Rio
Coylet; mais je n'avais pas au Coli-Huapi trouvé le Pyrotherium du Deseado.
» J'ai interrompu mes travaux en 1902 pour rapporter moi-même des
pièces de Pyrotherium qui me paraissent avoir une grande importance.
» En résumé, les fossiles que j'ai recueillis, et que l'on peut voir dans le
laboratoire de Paléontologie du Muséum, appartiennent aux étages sui-
vants de M. Ameghino :
» Étage terrestre à Nesodon (Santacruzien) ;
» Etage marin (Patagonien);
» Étage terrestre du Coli-Huapi à Astrapotherium et à Colpodon (Pata-
gonien terrestre);
» Étage terrestre du Rio Deseado à Pyrotherium.
» De nouvelles observations me semblent nécessaires pour admettre que
l'étage du Coli-Huapi est différent de celui du Rio Deseado, car j'ai rap-
porté des couches du Rio Deseado : des pièces bien conservées de V Astra-
potherium, de grandes mâchoires qui ressemblent à celles du Coli-Huapi,
se rapprochant, selon moi, soit de celles du Leontinia, soit de celles de
V Homalodontherium , de petites mâchoires qui ressemblent à celles du
Colpodon du Coli-Huapi, un morceau de métacarpe de Diadiaphorus, un cal-
canéum qui rappelle le Theosodon et des os d'Édentés, etc., toutes pièces
bien voisines de celles du Coli-Huapi.
» Les faunes tertiaires de Patagonie forment un tel contraste avec celles
de l'hémisphère boréal que l'on se demande s'il n'y aurait pas eu un con-
tinent austral où la marche de la vie aurait été, à certains moments,
différente de celle de l'hémisphère boréal. M. Ameghino croit que le Santa-
cruzien est de l'Éocène; M. Albert Gaudry et moi nous pensons qu'il
SÉANCE DU 6 OCTOBRE 1902. 543
pourrait monter jusqu'à l'Oligocène; mais pour faire celte supposition,
nous sommes obligés d'admettre cjue l'évolution du grand ordre des Rumi-
nants aurait été plus tardive en Patagonie que dans nos contrées. »
PALÉONTOLOGIE. — Sur un Carnassier gigantesque trouvé dans l'argile
plastique de Vaugirard, près de Paris. Note de M. Maucellix Boule,
présentée par M. Albert Gaudry.
« Jusqu'à présent on ne connaissait dans l'Éocènc inférieur que des
Carnassiers de petite taille. La découverte que j'ai l'honneur de communi-
quer à l'Académie nous apprend qu'à l'époque de l'argile plastique il y
avait, dans le bassin de Paris, de puissants Carnassiers.
» En 1897, les ouvriers de la carrière de Vaugirard, près d'Issy, ren-
contrèrent, vers la base de l'argile plastique, au niveau du conglomérat de
Meudon ou très peu au-dessus de ce niveau, quelques dents et de nombreux
fragments d'os. Ces débris furent recueillis par M. Eugène Elleau, rédacteur
au Ministère des Travaux publics, qui voulut bien me les remettre pour les
collections du Muséum. Deux dents intactes me frappèrent d'abord par
leur forme et leur dimension. Elles ne pouvaient avoir appartenu qu'à un
Mammifère carnassier énorme, différent de ce que nous connaissions en
Europe. Avec beaucoup de patience et de temps, j'ai rapproché les frag-
ments et obtenu des portions considérables d'une même mâchoire infé-
rieure; j'ai pu la restaurer dans son entier en complétant avec du plâtre
les parties absentes.
)) M. Munier-Chalmas, à qui j'ai montré cette reconstitution, a bien
voulu me remettre des os des membres recueillis par lui de 1894 à 1896
sur le même point de la carrière. M. Marcel Bertrand a, de son côté,
trouvé quelques fragments. Il n'est pas douteux que tous ces débris se
rapportent à une même espèce et probablement même ils proviennent
d'un même individu.
» La mâchoire inférieure trouvée à Vaugirard mesure 47*^"" de longueur.
Lu mâchoire inférieure du Lion des cavernes, qui était plus grand que le
Lion actuel, ne dépasse guère 28'='°. Celle du grand Ours des cavernes,
beaucoup plus gros que les Ours actuels, atteint exceptionnellement 40"".
» Ij'animal de Vaugirard présente les caractères de ce groupe de Mam-
mifères tertiaires que les paléontologistes américains désignent sous le nom
de Créodontes et que les paléontologistes français appellent volontiers
544 ACADÉMIE DES SCIENCES.
des Subdidelphes. Ce dernier terme est plus expressif, car il rappelle un
certain nombre de caractères rapprochant ces Carnassiers primitifs des
Marsupiaux actuels. On retrouve ces caractères sur notre mâchoire.
Comme dans les Marsupiaux carnivores actuels, par exemple dans le Thv-
lacyne, les molaires ne sont pas différenciées en carnassière et tubercu-
leuse, et l'angulaire présente une forte inversion.
» Nous n'avons pas de renseignements sur les incisives. La canine, à en
juger par l'alvéole, était grande, forte, de section ovale. Immédiatement
après, sans diastème, venait la première prémolaire à une seule racine.
Les six autres molaires avaient deux racines. Elles étaient très semblables
entre elles, toutes formées d'un lobe antérieur, d'un lobe médian plus
élevé et d'un lobe postérieur ou talon à une seule pointe. La première
arrière-molaire, c'est-à-dire la dent qui représente la carnassière des vrais
Carnivores, ne différait guère de la quatrième prémolaire qui la précédait
et des arrière-molaires qui la suivaient. Pourtant, la deuxième arrière-
molaire gauche, qui est bien conservée, offre à son lobe moyen, du côté
interne, un petit tubercule qui paraît représenter, dans un étal de très
grande réduction, le denticule interne des carnassières de certains Carni-
vores tictuels.
)> Ces caractères ne se trouvent chez aucun autre fossile européen.
Mais, en Amérique, on connaît depuis longtemps des animaux tout à fait
semblables. Dans un grand Ouvrage sur les Vertébrés tertiaires, Cope a
figuré la mâchoire d'un Carnassier provenant de la formation de Wasatch,
c'est-à-dire à peu près de même niveau que notre argile plastique et qu'il a
nommé Pachyhyœna ossifraga. Quoique d'une taille considérable, cet
animal était plus petit que celui de Vaugirard. La mâchoire n'avait que
o™,35 de longueur.
M En 1892 MM. Osborn et Wortmann donnèrent le nom de Pachyhyœna
gigantea à quelques molaires isolées provenant également des Wasatch
et dénotant un animal beaucoup plus grand. Tout récemment M. Matthew
a fait connaître une partie de la mâchoire inférieure du Pachyhyœna
gigantea. Autant qu'on puisse en juger par des figures, ce fossile ressemble
bien à celui de Vaugirard.
» Les quelques os du squelette recueillis par M. Munier-Chalmas sont
très curieux. Ils nous ap])rennent d'abord que le Pachyhyœna de Vaugi-
rard, comme ses congénères d'Amérique, avait, proportionnellement, la
tête beaucoup plus grande que le corps. Ils accusent un animal de la
taille d'un Lion ou d'un Ours actuel. Nous avons un tibia, deux morceaux
SÉANCE DU 6 OCTOBRE 1902. 5/(5
de cubitus, des fragments d'un calcanéum, d'un astragale, plusieurs
métacarpiens et phalanges.
» Ces os sont fort différents de ceux des divers groupes des Carnassiers
actuels. Les pattes du Pachyhyœna se rapprochaient plus des pattes des
Ongulés que de celles des Onguiculés ; les surfaces d'articulation des pha-
langes, moins arrondies que chez les Carnassiers actuels, ne se prêtaient pas
à des mouvements aussi étendus. Les jjhalanges unguéales, au lieu d'être
comprimées latéralement, sont élargies et fendues à leur extrémité. Ce
sont plutôt des sabots que des griffes.
n Les rapprochements que l'animal de Vaugirard nous permet de faire
sont intéressants. Si l'on se rappelle que le Coryphodon et le Palœornctis,
décrits d'abord en Europe, ont été trouvés ensuite en Amérique sur le
même niveau géologique, on verra qu'une parenté de plus en plus étroite
s'affirme entre les formes de Mammifères de l'Europe et de l'Amérique du
Nord pendant l'Éocène inférieur. Dépareilles ressemblances sont connues
depuis longtemps pour ce qui concerne l'Oligocène. »
M. P. Le Goaziou demande l'ouverture d'un pli cacheté, déposé le
29 septembre 1902 et inscrit souâ le n° 65G8.
Le contenu île ce pli, relatif à l'expérience du pendule de Foucault, est
renvoyé à l'examen de MM. Appell et Violle.
M. Th. Tommasina adresse une Note « Sur les charges oscillantes des
surfaces radio-actives ».
(Commissaires : MM. Mascart, H. Becquerel.)
MM. Th. Simon et J.-Cu. Roux adressent une Note « Sur un nouvel
ergomètre ».
(Commissaires : MM. Marey, Lannelongue.)
M. Balland adresse une Note « Sur les principales plantes fourragères » .
A 4 heures, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 4 heures et demie.
M. li.
C. K., KJ02, 2- Semestre. (T. CXXXV, N» 14.)
5A6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
OUVHAGES REÇUS DANS LA SÉANCE DD l5 SEPTEMBRE I902.
Sur l'éruption de la Marliniqua, par MM. A. Lacroix, Rollet de l'Isle et Giraud.
(Extrait des Comptes rendus des séances de l' Académie des Sciences, t. CXXXV,
séances des i'"' et 8 septembre 1902.) Paris, Gauthier-Villars ; i fasc. in-4''.
Annales de mon Observatoire, par L. -Lucien Libert; n""* 3, k, 6. Le Havre,
Paris, 1902; 3 fasc. in-S".
Die Gewinnung des Aluminiums und dessen Bedeutung fiir Handel und Indus-
trie, von Adolphe Minet, in deulsche iibertragen von D'' Émil Abel, mit 67 Figuren
und 16 Tabellen im Te\\.. {Mo no graphie n ilber angcvandle EleAtrochemie, Bd. IL)
Halle s. S., Wilhelm Knapp, 1902, i vol. in-S".
Martinique and seine Vulkanismus, von D' E.mil Deckert ; mil Karte. (Extr. de
D' A. Petermanns Georg. Mitteilungen, 1902, fasc. VL ) i fasc. in-4°.
Die westindische V ulkankatastrophe und ihre Schaupldtze, von D' Emil Deckert.
(Extr. de Zeitschr. der Gesellschaft filr Erdkunde zu Berlin, 1902, n° 5.) i fasc. in-S".
Die Erdbebenherde und SchiiCtergebiete von Nord-America in iliren Beziehungen
zu den morphologischen Verhàltnissen, von D'' Emil Deckert, hierzii Tafel 4-7.
(Extr. de Zeilschrift der Gesellschaft fàr Erdkunde zu Berlin, 1902.) i fasc. in-S".
(Hommage de l'Auteur.)
List of members of llie « Brilish asCronomical Association », September 1902.
Londres, 1902; i fasc. in-S".
Anales de la Sociedad cientijîca argentina, julio 1902. enlrega L lomo LIV.
Buenos-Ayres, 1902; i fasc. in-S".
Ouvrages reçus dans la séance du 22 septembre 1902.
Les Bathy nomes, par Alphonse Milne-Edwards et E.-L. Bouvier. {Memoi/s of the
Muséum of comparative Zoôlogy at Harvard collège; Vol. XVH, n" 2 : Reports on
the results of dredging, unter the supervision of Alexander Agassiz, in the gulf
of Mexico (1877-1878), in the Caribbean sea (1878-1879), and along the Atlantic
coast of the United States (1880), by the U. S. coast survey steamer Blake, XL.)
Cambridge (États-Unis), 1902; i fasc. in-4''.
L'esthétique dans les sciences de la nature, par Ch. Janet. Paris, 1900; i fasc.
in-8°.
Les habitations à bon marché dans tes villes de moyenne importance, par Charles
Janet. Limoges, 1900; i fasc. in-S".
Essai sur la constitution morphologique de la ^é^c f/e /'/«5;C.'e, par Charles JA^ET.
Paris, 1899; 1 fasc. in-S".
SÉANCE DU 6 OCTOBRE 1902. 5/47
Dix opuscules sur les fourmis el les guêpes, par Charles Janet; 10 fasc. .. - Essai d'une réponse à la quesUon e ^^^^^^^^J^^^^ Tns ts d fférents
pour le concours de x853, et puis remise pour celui de .856, savo.r : « Etud.er les lo.s de la ^'^'^^'^'^^r^^^^^^'J^^^tZ s mullanée. -
.s sédimenlaires, su.vanl l'ordre de leur superposition. - Discuter la question de leur appanl.on ou de leur '^''11'''!^'' l^'^'^slear Bro.n, in-4»
rcher la nature des rapports qui existent entre l'état actuel du règne organique el ses étals antérieurs », par M. le Professeur , ^^ ^
planches; 186.
a même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences'^s Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences.
N" 14.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 6 octobre 1902.)
MEMOIRES ET COMMUIVICATIOIVS
DES MEMBliPiS ET DES CORRESPONDANTS ,DE L'ACADÉMIE.
Pages.
M. ApPELL. — Présenlalion de la fin de son Traité de Mécanique rationnelle 52i
NOMirVATIONS.
MM. H. PoiNCARÉ, HatON de la GOUPILLIÈUE
sont désignés à M. le Ministre de la Guerre
pour faire partie du Conseil de perfec-
tionnement de l'École Polytechnique pour
l'année 7902-1903 522
CORRESPOIVDAIVCE.
M. le Seorétaihe perpétuel sigaale, parmi
les pièces imprimées de la Correspondance,
les K OEuvres complètes de J.-C. Galis-
sard de Marignac, Tome I, 1840-1860 ». 523
M. J. Guillaume. — Observations du Soleil
faites à l'Observatoire de Lyon pendant le
premier trimestre de 1902 SaS
M. Gustave Leveau. — Comparaison dos
Tables de Vesta avec les observations
méridiennes faites de 1890 à 1900 5.îj
M. W. Stekloff. — Remarque sur un pro-
blème de Clebsch sur le mouvement d'un
corps solide dans un liquide indéfini et
sur le problème de M. de Brun 526
M. DE Seguier. — Sur un tbéorème de
M. Frobenius 5s8
M. R. Fosse. — Sur un dérivé de l'eau
oxygénée 53o
M. H. Masson. — Synthèse de quelques
alcools tertiaires (II). Diphénylcarbinols. 533
M. Bouzat. — Sulfates 'cupro-ammoniques
anhydres 534
Bulletin bibliographiquu:
M. Ferdinand Jean. — Sur la recherche et
le dosage de l'extrait de châtaignier en
mélange avec l'extrait de chêne
M. Go^'.iUD. — Sur la fermentation pectique.
M. L. Launoy. — L'élaboration du vénogène
et du venin dans la glande parotide de la
Vipera Aspis
M. André Tournouiîr. — Recherches palé-
ontologiqucs en Patagonie
M. Marcellin Boule. — Sur un Carnassier
gigantesque trouvé dans l'argile plastique
de Vaugirard, près de Paris
M. P. Le Goaziou. — Ouverture d'un pli
cacheté relatif à l'expérience du pendule
de Foucault
M. Th. Tommasina adresse une Note « Sur
. les charges oscillantes des surfaces radio-
actives »
MM. Tii. Simon et .T.-Ch. Roux adressent une
Note u Sur un nouvel ergomètre »
M. Balland adresse une Note 0 Sur les
principales plantes fourragères »
53G
537
539
540
543
545
545
545
545
546
PARIS.— IMPRIMERIE G A UT III E R - V IL L ARS,
Quai des Grands-Augustins, 55.
Le Gérant: Gauthier-Villars.
NOV lr^ r -'
1902
^dO.^
SECOND SE3IESTRE.
COMPTES RENDUS
I
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
TOME CXXXV.
N 15(13 Octobre 1902).
'' PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Auguslin=, 55.
1902
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES REND
Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1873
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l'Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne,
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article i". — Im.pression des travaux de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un associé étranger de l'Académie comprennen t
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie
ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans
le Compte rendu di& la semaine que si elle a été remise
le jour même de la séance.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires ; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de Sa pages par année.
Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis-
cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca-
démie ; cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont
ils donnent lecture à l'Académie avant de les re-
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap-
ports relatifs aux prix décernés ne le soi
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés e
blique ne font pas partie des Comptes rei
Article 2. — Impression des travaux i
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par d
qui ne sont pas Membres ou Correspond
demie peuvent être l'objet d'une analyse^
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mé
tenus de les réduire au nombre de pagei
Membre qui fait la présentation est toujo
mais les Secrétaires ont le droit de réduir
autant qu'ils le jugent convenable, comn
pour les articles ordinaires de la correspo
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit >
l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au
jeudi à 10 heures du matin; faute d'être rei
le titre seul du Mémoire est inséré dans le C
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compl
vaut et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à^
Les Comptes rendus ne contiennent ni ]
figures.
Dans le cas exceptionnel oîi des figu
autorisées, l'espace occupé par ces figure
pour l'étendue réglementaire.
Le tirage à part des articles est aux f
leurs; il n'y a d'exception que pour les^
les Instructions demandés par le Gouverr
Article 5.
Tous les six mois, la Commission admini
un Rapport sur la situation des Comptes n
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécut
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels soi
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5'. Autrement la présentation sera remise à la 88
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 15 OCTOBRE 1902.
PRÉSIDENCE DE M. BOUQUET DE I.A GRYE.
MEMOIRES ET COMMUiMCATIONS
UES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'AGADÉMJE.
HISTOIRE DES SCIENCES. — Sur les Registres de laboratoire de Lavoisier;
par M. Berthelot.
« Le Journal de laboratoire de Lavoisier a été donné par sa veuve,
M""* de Rumford (morte en i836), à Arago, qui l'avait mis en i843 à la
disposition de la Commission chargée de publier les OEuvres de notre
illustre Confrère, à la suite d'une lettre de M. Villemain, ministre de
ITustruclion publique, qui avait consulté l'Académie sur l'intérêt qu'il y
aurait de faire cette publication aux frais de l'État ('). Voici bientôt
soixante ans que le dépôt fait par Arago est conservé dans les Archives de
l'Académie.
» Ce Journal consistait principalement en quatorze grands Registres,
dont treize seulement se sont retrouvés après la mort d'Arago, survenue
(') On lit dans les Comptes rendus des Séances de V Académie, tome XVII, p.43i,
séance du 28 août i843 : « M. Arago annonce qu'il mettra à la disposition des per-
» sonnes que l'Académie désignera pour diriger cette publication, les papiers de
)i Lavoisier, qui lui ont été donnés par la veuve de cet illustre chimiste, n La table du
Volume reproduit cette indication en la précisant par les mots : « les manuscrits de ce
» savant (Lavoisier) qui sont en sa possession ».
Dans le même Volume, on lit encore à la page 458 : « M. Arago dépose sur le bureau
» le Journal du Laboratoire de Lavoisier, afin que la Commission nommée par l'Aca-
)i demie y puise ce qu'elle trouvera propre à figurer dans l'Edition projetée des
» OEuvres de ce célèbre chimiste. »
On verra d'ailleurs plus loin qu'Arago, se regardant comme possesseur régulier, a
cru pouvoir faire cadeau de l'un de ces Registres.
G. R., i()Oi, 2* Semestre. (T. CXXXV, N» 15.) 73
55o ACADÉMIE DES SCIENCES.
en i853. J'en ai publié en 1890 l'analyse, qui occupe 102 pages, dans mon
Ouvrage intitulé : La Révolution chimique : Lavoisier {').
« J'ai été chargé d'ailleurs, en 1891, par un arrêté du Ministre de l'In-
struction publique, de la publication de ces Registres. Ils n'avaient pas été
compris dans le plan des éditeurs (Dumas, Debray, Grimaux)des OEuvres
de Lavoisier, qui ont exécuté leur travail de 1861 à iSgS, en réunissant
dans six Volumes les Traités et Mémoires imprimés autrefois dans diffé-
rents Recueils et en y ajoutant un certain nombre de documents, tirés des
papiers manuscrits de Lavoisier, mis à leur disposition très libéralement
en 1846 par M. Léon de Chazelles, aussi soucieux que l'Académie de la
mémoire du grand homme, à la famille duquel il était allié {-).
» Aucun examen de ce Journal de Laboratoire ne paraît avoir été publié
avant l'époque où j'ai eu occasion de le consulter dans nos Archives, à
l'occasion de la Notice historique sur notre célèbre Confrère, que j'ai lue à
l'Académie, dans sa séance publique, en décembre 1889, pour accomplir
un devoir traditionnel, qui ne l'avait pas été jusque-là dans l'enceinte de
l'Institut. Les résultats consignés dans ces Registres sont exclusivement
d'ordre scientifique; ils ne renferment d'ailleurs rien d'essentiel, qui soit
demeuré inédit parmi les découvertes de Lavoisier : ce clair et méthodique
génie ayant pris soin de pousser à bout toutes ses recherches de quelque
importance et de les publier de son vivant, dans les Recueils de l'Académie
et dans ses propres Ouvrages. Un Journal de Laboratoire n'en offre pas
moins un intérêt notable pour les personnes curieuses de l'histoire de la
Science et qui désirent connaître l'origine et la progression des idées direc-
trices des génies inventeurs. Je me suis efforcé de les mettre en évidence
dans l'analyse que j'ai publiée du Journal de Lavoisier (' ). Cependant, cette
analyse était demeurée incomplète. En effet, je n'ai eu en maui que 'treize
de ces grands Registres; le second, relatif aux expériences exécutées entre
le 28 août 1773 et le ^3 mars 1774, n'ayant pas été retrouvé après la mort
d'Arago, survenue en i853. J'ai pu reconnaître seulement qu'il devait
renfermer le récit des expériences sur la combustion du diamant et sur la
calcination de l'étain dans des vases fermés.
» Or, au mois d'août dernier, M. Brocard, correspondant du Ministère
(') Alcan, éditeur. La seconde édition a paru récemment.
(^) M-=de Chazelles était la petite-fille de l'un des frères de M-" de Rumford,
veuve de Lavoisier; elle fut sa légataire universelle.
{^) La Révolution chimique : Lavoisier, p. 210 et 249.
SÉANCE DU l3 OCTOBRE 1902. 55 J
de l'Instruction publique, a bien voulu m'annoncer qu'il avait trouvé
mention de ce Registre dans le Catalogue général des Monuments des
BibliolJièqties publiques de France, t. XITI, édité en 1 891. I.a note qu'il
m'a envoyée ces jours-ci sera imprimée plus loin (p. 574) dans le présent
numéro des Comptes rendus.
» Ce Registre appartient aujourd'hui à la Bibliothèque de Perpignan, à
laquelle Arago, qui le possédait, en avait fait don par écrit autographe et
signé, à une époque qu'il n'a pas été possible de préciser. Le Ministre
de l'Instruction publique a bien voulu le faire venir à Paris et je vais donner
brièvement les résultats de mon examen, afin de compléter mes analyses
antérieures.
» Ce Registre, de même que les autres (à l'exception du dernier), est
relié en veau plein, avec fleurons dorés au dos, rappelant la fleur du char-
don. Il porte au verso de la feuille de garde une inscription similaire aux
autres : « Tome second du 9 7''™ 1773 au 5 Mars 1774- " Sur la feuille
suivante on lit, de la main de Lavoisier : « Registre pour les expériences
» chimiques commencé le 9 7*^'" 1773. » Au-dessous de ces deux titres
sont les Notices relatant le don fait par Arago, avec sa grosse et belle écri-
ture et sa signature. Observons seulement que l'indication suivante qui y
est inscrite : « De la feuille 8 à la feuille 29, les notes sont de la main de
» Macquer; il en est de même des feuilles 85, etc. » est erronée. En effet,
l'écriture de ces notes n'est pas celle de Macquer, comme je m'en suis
assuré en les coUationnant avec des lettres authentiques (') de Macquer,
qui existent à la Bibliothèque nationale (Macquer, Correspondance, t. II,
f. 3; ms. nouv. acq. franc. 2761). L'écriture claire et nette de Macquer
n'a aucun raj)port avec l'écriture grosse, lourde, un peu imparfaite, fort
lisible d'ailleurs, du Registre de Lavoisier. En fait, celte écriture est celle
de M'"* Lavoisier, comme on peut le vérifier sur les autres Registres et
notamment sur l'Index alphabétique placé en tête du Registre n° 1. Elle
avait coutume de transcrire les résultats des expériences sur ces Registres,
concurremment avec Lavoisier lui-même, auquel elle servait de secré-
(') J'avais espéré trouver quelque autre certitude à cet égard dans les Rapports
manuscrits, signés de Macquer, qui existent aux Archives de l'Acadéaiie des Sciences.
Mais il ne m'a pas été possible d'en tirer quelque lumière à cet égard, parce qu'ils
ont été écrits, en réalité, par cinq ou six personnes ou secrétaires distincts, dont les
écritures diffèrent entre elles et ne diffèrent pas moins de celle des lettres authen-
tiques de Macquer. 11 faut beaucoup de prudence en pareille matière.
352 ACADEMIE DES SCIENCES.
taire. M"'' Lavoisier a pris soin de se montrer en action dans une sépia,
que j'ai re[)rodnite en tête de ma RévoUtlion chimique. Pour compléter la
certitude à cet égard, j'ià cru utile de prendre comme terme de comparai-
son une lettre authentique de M™* Lavoisier, adressée au Comité de sûreté
générale en novembre 1793 et qui existe aux Archives nationales, F' 4757.
» Ce qui a causé l'erreur d'Arago, c'est l'indication suivante du Re-
gistre (f. 9) : « Rédigé par M. Macquer ». Il est probable que la page dont
il s'agit a été copiée sur les indications d'un Rapport de Macquer, qui
collaborait aux expériences qui y sont relatées. Mais cette copie n'est pas
de son écriture et elle en diffère même beaucoup.
» A la fin du Registre actuel se trouve une table alphabétique des ma-
tières, d'une troisième écriture, fort différente du reste, et qui est l'œuvre
soignée d'un secrétaire calligraphe.
» Venons aux sujets traités dans le Journal de Lavoisier.
» Les feuilles 1, 3, 3 sont blanches.
» Feuille 4. « Du 27 septembre 177^. Effet de l'eau imprégnée d'air
» fixe (') sur les dissolutions métalliques. »
» Ces expériences, pour la plupart négatives, ont été résumées dans les
Opuscules (OEUVRES, t. I, p. 636); les mots « air fixe » y sont remplacés
par « fluide électrique ->.
» 5. I' Dissolutions métalliques combinées avec une dissolution de terre
» calcaire dans l'air fixe. » Même Volume, p. 637, 638.
» 6. « Déterminer la pesanteur spécifique de l'acide nitreux fumant. »
On appelait alors acide nitreux notre acide nitrique. D'après les poids indi-
qués, cette pesanteur était 1 ,26 pour l'échantillon examiné.
» 6, 7. « Acide nitreux sous une cloche, 4 septembre 1773 » (avec
addition d'esprit-de-vin). La cloche était placée sur l'eau. L'action a été
lente. Au bout de 8 jours, on a obtenu un air qui activait la flamme et tuait
sur-le-champ les animaux (^).
» 9 à 15, 57. « Vérification des expériences de M. Lavoisier sur la fixa-
» tion de l'air dans les corps et sur le fluide élastique qui s'en dégage dans
» plusieurs circonstances, en présence de MiVT. Trudaine, Le Roi, deMonti-
)) gny, Macquer et Cadet, le samedi 24 septembre 1773. — Rédigé par
» M. Macquer. » — C'est la reproduction des expériences décrites dans les
(') Noire acide caibonif|ue.
(-) Notre jjroloxyde d'azote, mêlé probablement de bioxyde.
SÉANCE DU l3 OCTOBRr: 1902. 553
Opuscules (OEUVRES, t. I, p. 559 ^^ suivantes), expériences entreprises
pour vérifier les observations et les théories de Black ( ' ), prélude de celles
de Lavoisiei' sur les métaux.
)) 17, 18. Suite : OEuvres, t. I, p. 389.
» 15, 16, 24. « Combustion du phosphore dans un vaisseau clos »
(.sur le mercure). Reproduction de l'expérience des Opuscules (OEuvres,
t. I, p. 641). L'augmentation de poids est estimée par un procédé peu
précis : OEuvres, t. I, p. 65o.
» 19. « Précipitation de l'eau de chaux par la vapeur du charbon »
(après combustion). Vérification d'une expérience de Cavendish :
OEuvres, I. I, p. 4^1 •
» 20, 21, 22, 32, 47, 48. « Dégagement du fluide élastique du
» minium (-) par suite de sa réduction en plomb et effets de ce fluide. »
(OEuvres, t. I, p. 600, 604, Gi3.)
» 23. « Du mercredi 29 septembre 1773. Distillation du charbon dans
» les vaisseaux clos. » (OEuvres, t. I, p. 609.) Le produit trouble l'eau de
chaux (^). « Expérience à revoir », écrit Lavoisier.
» 25. « Expériences faites au Jardin de l'Infante (') le i5 octobre 1773
» avec la lentille de l'Académie. »
« Calcination du marbre au verre ardent. »
» 26. « 16 octobre 1873. Évaporation du diamant sous une cloche
» renversée sur l'eau distillée. Réduction du diamant en charbon. » Ce
litre a été ajouté de l'écriture de Lavoisier. — La rédaction est écrite par
M'°' Lavoisier.
» Les expériences qui suivent, poursuivies en partie avec le concours
de Macquer el de Cadet, sont celles qui figurent dans le Mémoire intitulé :
Destruction du diamant par le feu. (OEuvres, t. L p- 38 à 88, principalement
depuis la page 64-)
» 30. « Calcination delà craye au verre ardent. »
« 31, 45, 46, 47. « Calcination du charbon par le feu des four-
» neaux. »
(') La /{évolution cininique, p. Z'].
(') Mêlé de charbon.
(') Ce qui s'explique par la présence d'une certaine quantité d'air ordinaire dans le
vase.
(*) Devanl le Louvre.
554 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» 33. Suite. — 35, 36, 37. « Évaporation du diamant dans l'air
» fixe. » (OEuvREs, t. II, p. iSo.)
» 34. « Du 28 octobre 1773. Combustion de l'esprit de vin par l'acide
» phosplîorique. »
» 38. « Charbon. Son évaporation dans l'air fixe au verre ardent. »
(OEuVRES, II, 82.)
» 40. « Malachite au verre ardent. » « Lapis lazuli au verre ardent. »
» 41, 42. « Charbon exposé au verre ardent sous une cloche ren-
» versée dans du mercure. » (OEuvres, t. II, p. 84.)
'> 43, 44, 45. « Calcination du plomb sous une cucurbite renversée
» dans du mercure » (avec le verre ardent). (OEuvres, t. I, p. 6r4, 617.)
» Les feuilles suivantes, de 48 à 56, puis 82, 83, 84, 90, 92, 93,
renferment des expériences sur l'acide phosphorique, ses combinaisons,
ainsi que le sel d'Epsum (sulfate de magnésie et les sels magnésiens);
expériences sans grande importance. Celles qui concernent l'acide phos-
phorique sont reproduites : OEuvres, t. II, p. i4i, i52; voir aussi p. 271.
» 57. « Dégagement de l'alkali volatil du sel ammoniac par la chaux
» faite par la voie humide. »
« M. de Trudaine m'ayant fait naître quelqu'inquiétude sur le dégage-
» ment de l'alkali volatil du sel ammoniac par les terres calcaires précipi-
» tées sous forme caustique et non caustique, j'ay répété de nouveau toutes
» les expériences. »
» 59, 60, 64, 65, 69. Expériences sur le « spath phosphorique »
(fluorure de calcium) et sur son acide (appelé spalhique) — peu signifi-
catives.
» 62, 63, 68, 75. « Base du sel d'Epsum, etc. « (Ce n'est pas notre
magnésie caustique qui est désignée par ces mots, mais son carbonate.)
» 65. « Effets de la vapeur d'eau bouillante sur les corps en flammes. »
Elle n'entretient pas la flamme, dont l'air « est un aliment nécessaire ».
C'est une vérification d'une vérité connue.
» 66. C'est la seule feuille qui renferme quelques réflexions générales :
« Projets d'expériences
» sur la pesanteur de la matière du feu. «
« M. de Bufon paraît avoir prouvé par des expériences qu'il regarde
» comme décisives que la matière du feu pèse et qu'un corps parvenu à
» l'état d'incandescence en contient entre jb ^t ^ de sa masse. Cette
SÉANCE DU l3 OCTOBRE I902. 555
» quantité est assez considérable pour pouvoir être appréciée et il est aisé
» de répéter l'expérience de M. de Bufon avec des corps très fixes qui ne
» laissent aucun doute.
» Mais si la matière du feu pèse, voilà un moyen de connaître ce qui se
» fixe de matière du feu dans un mélange, ou ce qui s'en dégage; le poids
» du corps doit être plus ou moins pesant, suivant que la quantité fixée ou
» dégagée est plus ou moins grandi^.
» Une première expérience à faire est la combustion du phosphore dans
» une bouteille vide. On en peut brûler quatre ou cinq grains. Mais il faut
n que la bouteille soit assez forte pour résister dans le premier moment à
» la dilatation intérieure de l'air de la bouteille. »
» Cette question de la pesanteur de la matière du feu a été l'objet d'une
multitude d'expériences au xviii* siècle : la théorie du phlogistiquey con-
tluisait naturellement. Boerhave avait constaté qu'une barre de fer rougie
ne change pas de poids. Ces expériences, en Chimie surtout, étant donné
l'état des connaissances de l'époque, comportaient un grand nombre de
causes d'erreurs. C'est Lavoisier qui l'a résolue d'une façon définitive (').
» Cependant, il n'existe pas, à ma connaissance, dans les OEuvres
imprimées de Lavoisier, aucun endroit où il ait parlé de celte opinion
propre de Bulfon, qui semblait se présenter dans sa discussion relative à la
théorie du phlogistique : ce qui s'explique d'ailleurs par une question de
courtoisie, Buffon ayant vécu jusqu'en 1 788.
» 70 à 74. « Des 25 et 26 décembre 1773. Air dégagé dans la combi-
» naison de l'acide nitreux (-) et de l'esprit de vin. » — L'auteur effectue
l'attaque de l'alcool par un acide nitrique pesant 1,26. — Il décrit assez con-
fusément la formation de l'acide carbonique, accompagné par une certaine
quantité d'un gaz inflammable (notre éther nitreux?) et celle de divers
autres produits. Le problème était trop compliqué pour être abordé à cette
époque.
). 76-77-78, 81, 88, 89, 91. - En blanc.
» 79, 80. « Décomposition du bleu de Prusse par l'eau de chaux. »
— Peu net.
» 85 à 87. '( Du 27 janvier 1774. Acide du citron. Sa préparation. »
Expériences imparfaites.
(') Voir La Révolution cliiniujue : Lavoisier, p. i3, 84, 89, go et passim.
(^) Notre acide nitrique.
556 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» 94. « Dégagement de la vapeur du foye de soufre. Elle est inflam-
mable. » .Sulfure de calcium et acide sulfurique étendu.
» 95 à 115. « La calcination du plomb et de l'étain dans des vaisseaux
» scellés hermétiquement; du 5 février au 5 mars 1774- «
» Ces expériences offrent une importance de premier ordre. Aussi
Lavoisier les a-t-il transcrites à peu près intégralement dans son Mémoire
lu à la rentrée publique de l'Académie, à la Snint-Martin 1774 et publié
en 1777 dans les Mémoires de l'Académie. Ce Mémoire figure dans les
OEuVRES, t. II, ]). io5-i2i (').
» 116 à 117. « Acide nitreux destiné à faire un grand nombre d'expé-
» riences; i5 mars 1774- »
» Il était préparé par l'action de l'argile sur le salpêtre, afin d'éviter la
présence de l'acide vitriolique; il ne précipitait pas la dissolution d'argent,
et sa pesanteur spécifique, mesurée à l'aréomètre, à ii°R., était i,3i6.
» 118 à 122. « Table alphabétique. »
» Tel est le résumé du second Registre de Laboratoire de Lavoisier.
Il renferme moins de réflexions originales que le premier et le troisième.
Il offre cette importance de compléter le Journal de ses travaux, pendant
une période où le détail en faisait défaut. On y voit que cet esj^rit curieux
et pénétrant, encore au début de ses recherches (il avait 3o an.s), a poussé
ses essais dans des directions multiples, ouvertes de son temps; il cher-
chait sa voie, non seulement dans l'étude des phénomènes d'oxydation, mais
aussi dans l'examen des problèmes de saturation soulevés par la multiplicité
des sels que l'acide phosphorique forme avec la chaux; par l'étude des sels
magnésiens dont la nature propre, par rapport aux autres terres, n'était
pas encore complètement définie; par celle du bleu de Prusse, de l'acide
spalhiquc, de l'acide citrique, composés étudiés à la même époque d'une
façon plus profonde par Scheele. Mais bientôt, au lieu de disperser ses
efforts dans des directions aussi variées que difficiles, il eut la sagesse de
les concentrer sur la question fondamentale de l'oxydation et de la conser-
(') Il ne contient pas les essais relatifs au jjlomb qui figurent au Registre. Ces
derniers essais laissent à désirer, comme Lavoisier le déclare; probablement à cause
de l'altération du verre, par l'elTet de la haute température nécessaire pour fondre et
calciner le plomb, jointe à l'attaque du verre par l'oxyde de plomb, lequel ne pouvait
plus être recueilli ensuite séparément.
SÉANCE DU l3 OCTOBRE 1902. 557
vation du poids de la matière, où il a trouvé le nœud du problème pon-
déral, jusque-là insoluble, et la base inébranlable de In Chimie moderne. »
ASTRONOMIE. — Sur quelques parlicularités de la théorie des étoiles fdanles.
Existence de points radiants stationnaires par 45° de latitude. Note de
M. O. Callaxdreau.
« I.a question des points radiants, dils stationnaires, sollicite toujours
l'attention des astronomes. S'il est nécessaire que les observations mettent
les faits en lumière, le besoin d'essais théoriques, pour préciser les points
en discussion, se fait aussi sentir. I.a difficulté tient surtout à l'igno-
rance où l'on est sur la vitesse avec laquelle les météores entrent dans
l'atmosphère. Après les mémorables découvertes de Schiaparelli, les
astronomes furent naturellement conduits à admettre que la vitesse
des météores ne différait guère de la vitesse parabolique, en d'autres
termes, qu'il y avait un lien intime entre les météores et les comètes.
Mais la suite a montré que la dépendance entre les deux espèces de corps
n'était peut-être pas aussi évidente et aussi générale qu'on l'avait d'abord
constaté.
» En fait, il y a des exemples de corps se mouvant avec une vitesse plus
petite ou plus grande que la vitesse parabolique; il convient de distinguer
chaque hypothèse et de reprendre en particulier celle des vitesses faibles,
qui concorde avec les nombres obtenus récemment par le D'' Elkin au
moyen d'appareils photographiques enre2;istreurs offrant sans doute plus
de garanties que les simj>l'>s évnJuations de vitesse.
» Ayant formé, on partant du Catalogue de M. Rleiber, comprenant les
918 points radiants déterminés par M. Denning, le Tableau des centres de
radiation pour chaque degré de longitude entre 4o° et 5o° de latitude, j'ai
constaté une tendance manifeste à la condensation par groupes des points
radiants; il paraît impossible d'attribuer cette répartition entièrement au
hasard et de nier le fait expérimental d'une radiation persistante entre
les latitudes indiquées. On peut prendre, comme latitude moyenne des
radiants considérés, 45°, parce que leur nombre est maximum pour cette
latitude.
» Or il est facile de montrer qu'un faisceau d'orbites ayant une durée de
révolution peu différente de celle de la Terre donne lieu à une radiation
G. R.. 1902, 2« Semestre. (T. CXXW, N" 15.) 74
558 ACADÉMIE DES SCIENCES.
stationnaire en longitude si les directions des périhélies de ces orbites pré-
sentent une conflensatinn (').
» Prenons, en effet, les intégrales du mouvement elliptique appelées
intégrales de Laplace (^Mécanique céleste, t. I, p. 35o) qui s'écrivent
^ k'-.r dr f. dz
/•
' dt ^^'dt
o — / H r- -1- -,
dx
' dt
dz
i posant
dz
dr
-'dï'
dv
d.v
-y^t
= k \p cos;.
» Pour le point de rencontre des météores avec la Terre, :; = o,
dz „ dz
/■ dz''\
k' df- J
' ' dt
r dz-'X
/,- dt' J
dx
les équations ci-dessus deviennent
» Si on les rapproche des équations de la théorie des étoiles filantes qui
servent à déterminer la longitude L et la lalilude B du point radiant d'un
essaim :
— ff cos B cos L = — - -f- X- -^ ,
° dt r
— s; cos B si n L = -f- — k-^
* dt r
* dt
on trouve aisément que, dans l'hypothèse d'une vitesse égale à la vitesse
de translation de la Terre et d'une latitude B = 45°, et en général si
V -''-kdF''
(') Il convient de rappeler que Tisserand (Comptes iundus, t. CIX, p. 344) a
énoncé le résultat que, dans l'hypotliùse de la radiation stationnaire, les plans des
orbites développent un cône du second degré.
SÉANCE DU l3 OCTOBRE 1902. SSg
les équations qui déterminent la longitude du point radiant ne diffèrent
pas des intégrales de Laplace, et tangL = y, ne dépend que de la longitude
de la projection du périhélie de l'orbite sur le plan fixe.
» Le fait d'une condensation des périhélies dans une famille d'orbites
n'a rien d'inadmissible. Le point essentiel serait, il me semble, de faire
des comparaisons de vitesses, afin de voir si celles correspondant aux
radiants stationnaires sont moindres que la vitesse parabolique. »
OPTIQUE. — Démonstration générale de la construction des rayons lumineux
par les surfaces d'onde courbes. Noie de M. J. Bodssinesq.
« I. Huygens et Fresnel ont admis qu'un rayon lumineux, constitué
par des ondes planes limitées latéralement et se propageant dans un milieu
homogène, pouvait se construire en menant, autour d'un quelconque de
ses points, la surface enveloppe d'ondes planes de toute direction passées
simultanément par ce point, et enjoignant celui-ci au point de contact de
cette surface avec l'onde plane qui lui est tangente parmi les proposées.
Ce théorème a été, depuis longtemps, démontré dans le cas ordinaire où
les équations du mouvement expriment l'égalité des trois dérivées secondes,
en t, des déplacements vibratoires c,, ■/■,, i^ suivant les r, y, :;, à trois fonc-
tions linéaires homogènes des dérivées secondes de c„ •/), 'Ç, par rapport aux
coordonnées d'équilibre ou moyennes x, y, z ('). Mais, à l'exemple de Fresnel
dans ses vues sur la double réfraction circulaire, confirmées par ses propres
expériences, les physiciens appliquent le môme théorème à des cas où les
équations du mouvement sont d'ordre supérieur au second. Il y a donc
lieu de le démontrer généralement.
» C'est ce que je me propose de faire ici pour des équations de mouve-
ment linéaires et à coefficients constants, contenant ;, ri, X, avec leurs
dérivées d'ordres quelconques en x,y, z, t, du moins dans le cas d'ondes
planes courantes à vibrations périodiques pendulaires, où l'on sait, depuis
Cauchy, que les déplacements sont les parties réelles de solutions symbo-
liques de la forme
(i) (^, r,,^) = (L,M,N)e*;'-'»'^'^, avec t, = Ix -\- my -h nz.
(') Dans l'hypothèse, toutefois, que leurs coefficients vérifient les relations assu-
rant la conservation des forces vives.
56o ACADÉMIE DES SCIENCES.
» II. Dans ces formules, d'une part, le temps tç, employé par les ondes
à atteindre le point (^x,y,z'), après leur passaije à l'origine, est une fonc-
tion réelle et linéaire de x,y, z, à coefficients /, m, n ayant entre eux des
rapports arbitraires donnés, d'autre part, les coefficients d'amplitude
L, M, N, généralement imaginaires, sont trois constantes, dans un système
d'ondes indéfinies, mais lroi<, fonctions de x\ y, z, à variations très lentes,
quand les ondes se trouvent latéralement limitées. Les dérivées de L, M, N,
que nous écrirons }, ' ' — ~, seront donc petites et, ne variant de fractions
notables de leurs valeurs que sur de longs parcours, auront leurs propres
dérivées négligeables. Dès lors, chaque différentialion en x,y, z, effectuée
sur les expressions (i) de t, t), 'C ou sur leurs dérivées, revient à introduire
devant l'expression différentiée (abstraction faite de l'exponentielle) le
facteur symbolique correspondant — k(l,/n, n^sj— i H — r— — ^^ ou
/»■ ax k Oy k dz
(2) — Â\ — i( /-+- ^— ; — ^-! «i + ^— ; —' n
M Les symboles ^—7 z-, r ajoutés, dans ces formules, à /, m, n,
et que suivra finalement L, M ou N, pourront, dans les combinaisons
d'opérations, êlre assimilés à des accroissements 1res petits de /, m, n, et
désignés par Ol, dm, On, en ce sens que leurs carrés et produits symboliques
se trouveront négligeables, chacun d'eux indiquant une dérivation très
rapetissante à effectuer sur la quantité qui suit.
» III. Cela posé, si 9, /.d*,©,, y,, 'h,, 9^, y.,, ']/., sont, dans le cas d'ondes
planes indéfinies, les polynômes en /, m, n résultant de la substitution des
expressions (i) dans les divers termes, respectivement en \, -n, ^, des équa-
tions proposées du mouvement, les équations obtenues en /, m, n et L,
M, N s'écriront, après suppression de l'exponentielle,
i oL+ -JjSl + ^|;N =0,
(3) o,L + -/,,M+4.,N = o,
( (p.L + x.M + ^-.N = 0;
et elles entraîneront, outre la proportionnalité de L, M, N à trois poly-
nômes \, [h, V en /, TU, n, l'équation entre /, m et n qu'exprime l'annulatio:»
du déterminant de ce système homogène.
» Si, au contraire, les ondes étant latéralement limitées, L, M, N varient
SÉANCE DU l3 OCTOJÎRE 1902. 56 1
lentement d'un point à l'aulre, /, m, n seront accompagnés, dans -p, y,
'-f-o,;/H-cp.v' = o, y?^' -+-'/,! [J-' -^'/y' = 0, '\il' -h'\i,[J.' + 4^...)n],«^...
» Mais, d'après les équations (3), les rapports mutuels deL, M, N sont,
à une première approximation, égaux à ceux de 1, ,u., v; et, dans les petites
dérivées premières de L, M, N, on peut, sauf erreurs négligeables de l'ordre
des dérivées secondes, supposer proportionnelles à L, M, N eux-mêmes
leurs variations simultanées; de telle sorte que, si I désigne un coefficient
quelconque d'amplitude, par exemple, le rapport commun de L, M, N à X,
, ,. . , ô{h, M,i\')
[y., V, les dérivées -^— — _ vaudront les produits respectifs de L, M, N par
I d{x,y,z)'
» Si donc on appelle P, Q, R les trois quantités entre crochets, dans la
seconde équation ( 7), après substitution de \, y., v à L, M, N, ces deux rela-
tions deviendront
/«\ i' à\ , (} (Il R ôl ,. „ - ,
.(^) ï ^ ^ t dy + T dz = "• ' '^^ + ^^ '^'" + ^ '^'' = <^>-
» La première montre que l'amplitude I se conserve, dans chaque onde
plane, suivant la direction (P, Q, R); et la seconde, rapprochée de l'équa-
tion xdl+ydm + zdn — o, fait voir que les coordonnées ^,j, s du point
de contact de cette onde avec son enveloppe sont proportionnelles à P, Q, R,
ou que le rayon vecteur tiré de l'origine au point de contact a bien
cette direction siiwant laquelle le mouvement se transmet, en d'autres termes,
qu'il trace le rayon lumineux.
» V. Il suffit, on le voit, que l'équation en l,m, n soit débarrassée du
symbole y/— 1, et qu'elle admette des racines réelles quand /,w,/i reçoivent
les rapports mutuels soit donnés, soit voisins de ceux-là, pour que des
ondes planes persistantes, ou d'une amplitude I se conservant à toute
àtëlancQ dans le sens des rayons, soient possibles. Elles seront, de plus, déli-
milables latéralement d'une manière arbitraire; car, dès quel sera inva-
riable le long des rayons, ou que la première équation (8) se trouvera
vérifiée, les relations (4) se réduiront à deux distinctes; et l'on y satisfera,
quelles que soient les petites dérivées ^ '^ ' ' -)' P^*" d'imperceptibles
1
o.
o.
SÉANCE DU l3 OCTOBRr: 1902. 563
altérations des rapports mutuels de L, M, N, c'est-à-dire par d'insignifiants
changements des trajectoires de l'éther ou d<'s différences de phase qu'y
offre le mouvement projeté sur les divers axes. »
CHIMIE MINÉRALE. — Étude du pentaftuorure d'iode.
Note de M. Henei 3InissAiv.
« L'étude fie l'action du fluor sur l'iode présentait un certain intérêt
pour établir la valence de l'iode. Gore avait indiqué que l'on pouvait
obtenir un pentafluorure d'iode en chauffant un mélange de fluorure d'ar-
gent et d'iode dans un tube de platine ('). Cette réaction a été étudiée
ensuite par Macivor (^). Mais les constantes physiques du composé ainsi
obtenu sont loin de répondre, comme nous le verrons plus loin, à celle du
pentafluorure d'iode.
» Préparation. — Pour obtenir ce nouveau composé, nous nous sommes
servi d'un tube horizontal en verre, au milieu duquel se trouvait une
nacelle de platine contenant de l'iode pur et sec. Un petit tube de platine
amenait le courant de fluor exempt d'acide fluorhydrique au milieu même
de la nacelle. Le tube de verre était légèrement incliné et son extrémité
étirée, puis courbée à angle droit, se rendait dans un tube en U main-
tenu à 0°. A la suite de ce tube en U se trouvait une série de tubes à
ponce sulfurique pour éviter toute rentrée de l'humidité atmosphérique.
» Aussitôt que le fluor arrivait au contact de l'iode, il se produisait une
flamme peu éclairante, et, pour éviter une trop grande élévation de tem-
pérature qui aurait volatilisé de l'iode, on avait soin d'entourer la partie
du tube de verre dans laquelle se produisait la réaction d'un petit serpen-
tin de plomb traversé par un courant d'eau froide. Tout cet appareil devait
avoir été séché avec le plus grand soin, de façon que le fluor n'agisse
pas sur le verre. Dès que la réaction se produit, on voit des stries liquides
se condenser en abondance sur les parties froides du tube.
» On recueille dans le tube en U un liquide incolore, dense, qui, aux
environs de son point de solidification, présente une consistance légère-
ment sirupeuse et qui ne tarde pas à se solidifier au contact de la paroi de
verre refroidie.
» Le courant de fluor doit être continu, sans cependant avoir une vitesse
(') Gore, Cliem. Navs, t. XXIV, 1871, p. 291.
( = ) Mac IvoR, Chem. Ne) Roscoff. — 6 Syngnathus (sp.?), 1 Ortliagoriscus mola, 3 Gunnellus vulgaris,
(') Notons en outre que sur 9 Anguilla vulgaris capturées au bord de la mer, à
RoscolT, une renfermait le Trypanosome découvert par Sabrazès et Muratet et que
nous avons retrouvé nous-mêmes chez des Anguilles pèchées en eau douce; nous le
décrivons sous le nom de Tryp. granulosum dans notre Mémoire des Archi^' fur
Protisten k un de .
(') Dans notre Note de igoi {^loc. cit.), cette espèce a été désignée, par erreur, sous
le nom de Bl. gaUorugine.
570 ACADÉMIE DES SCIENCES.
2 Lophius piscatorius, 2 Mullus surmuletus, 5 Trigla, 10 Cottus biihalis, i Chry-
sophrys aurata, 5 Labrus, 5 Crenilabrus melops, 7 Ammodiles tobianus, 2 Gat/w^
pollachius, 4 Motella tricirrata, 7 Pleuronectes (5/?. vs/vœ), 3 Lepadogaster Goua-
ini, 4 Conger conger.
» Modes d'infection. — Les Trypanosomes el les Hématozoaires endo-
globulaires se présentent, dans le sang des Poissons, avec des formes
analogues à celles que l'on rencontre chez les Vertébrés à sang chaud. Il y
a donc lieu de supposer que la contagion se fait, chez les premiers comme
chez les derniers, par l'intermédiaire de quelque Invertébré sanguicole.
» Nous avons trouvé sur la peau de toutes les Soles infectées, à Roscoff,
de très nombreuses sangsues {Hemibdella soleœ v. Ben. et Hesse) gorgées
de sang. Nous pensons d'autant plus volontiers que les Ichthyobdellides
jouent un rôle dans la transmission des Hématozoaires, qu'il y a déjà
longtemps que Leydig (< ) a signalé dans le tube digestif de Piscicola el de
Pontohdella (^) des Flagellés à membrane ondulante, probablement des
Trypanosomes.
» Nous n'avons jamais remarqué de parasites sur la peau des nombreuses
Blennies que nous avons examinées. Peut-être la contagion se fait-elle,
chez ces Poissons, par l'intermédiaire des parasites des branchies; nous
n'y avons trouvé que des Trichodina. Maison sait que les Blennies hébergent
temporairement, sur leurs branchies, des Crustacés Isopodes du genre
Praniza; dans les mares à Lilhothamnion de l'anse Saint-Martin, ces Crus-
tacés sont très abondants à côté des Blennies. Il y a là tout un programme
de recherches très intéressantes que nous signalons aux Zoologistes et que
nous comptons nous-mêmes aborder à la première occasion. »
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Vacide carbonique comme agent de
choix de la parthénogenèse expérimentale chez les Astéries. Note de
M. Yves Delagë.
« Dans les expériences de parthénogenèse artificielle exécutées avec les
divers agents proposés par Lœb ou par moi-même, on observe toujours
une grande inconstance dans le résultat. Dans les expériences les mieux
(') Leydig, Lehrbuch der Histologie, 1857, p. 346.
(') Les Pontobdella muricata ne sont pas rares sur la peau des Raies, souvent
parasitées, comme les Soles.
SÉANCE DU l3 OCTOBRE 1902. 5-]!
réussies, il reste toujours un nombre considérable d'œufs qui ne se déve-
loppent pas et qui, pourtant, ne diffèrent en rien, par l'aspect, de ceux qui
obéissent à l'action du réactif. La proportion des œufs qui se développent
est très variable dans les diverses expériences faites avec un matériel en
apparence identique. Le nombre des segmentations que j'ai obtenues
des Astéries varie de o à 5o pour too; la proportion habituelle est de
3o pour 100 dans les expériences satisfaisantes. Lœb et Neilson déclarent
n'avoir obtenu que 20 pour 100. Une seule fois je suis arrivé à gS pour 100.
De ces œufs segmentés, un petit nombre seulement arrivent à l'état de blas-
tule nageante. La proportion habituelle dans les expériences satisfaisantes
est de 10 à 20 pour 100 des œufs segmentés. On arrive parfois à 25 pour 100,
plus souvent on reste à 5 pour 100. El il n'y a pas proportionnalité entre
le nombre des segmentations et celui des blastules. Dans l'expérience où
j'avais obtenu gS pour roo des premières, je n'ai eu finalement que
3 pour 100 des dernières.
» Tout cela indique nettement que l'on est encore bien loin du but qui
serait de remplacer l'intervention du spermatozoïde par un agent physico-
chimique de même valeur; bien loin aussi d'obtenir par ces moyens des
larves en état de vivre assez longtemps pour former l'animal parfait. Il y
avait donc à chercher un agent qui donnât des résultats plus constants et
plus comparables à ceux que donne le spermatozoïde dans la fécondation
normale. C'est ce problème que j'ai cherché à résoudre celte année au
laboratoire de Roscoff.
» Guidé [)ar certaines considérations théoriques, je me suis adressé à
l'acide carbonique, qui s'est trouvé répondre à tout ce que l'on peut
demander à un agent parfait.
» Le mode opératoire est d'une simplicité extrême et l'expérience peut
être refaite par n'importe qui. Elle réussit absolument toujours. On fabrique
de l'eau de Sellz avec de l'eau de mer et l'on dépose dans ce liquide, à la
pression de l'atmosphère, les œufs arrives k ce stade de maturation
commencée que j'ai fait connaître dans un précédent travail sous le nom
de stade critique. Les œufs arrivent d'eux-mêmes à ce stade quand, extraits
des ovaires mûrs, ils sont déposés dans l'eau de mer. Il suffit de les sur-
veiller en en examinant, de temps à autre, quelques-uns sous le microscope.
Le meilleur moment est celui où le premier globule polaire commence à
se montrer.
>) Après I heure de séjour dans l'eau de mer chargée de C0% ce liquide
est remplacé par de l'eau de mer naturelle. Quelques heures après, tous
572 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sont en segmentation ; le lendemain, tous sont transformés en blastules
ciliées qui nagent clans les cuvettes. Ce n'est plus, comme avec les autres
réactifs, 3o à [\o pour 100 de segmentation et 5 à 10 pour loo de blastules
nageantes; c'est 100 pour 100 ou à peu près. Il y a toujours, comme dans
les fécondations normales, quelques rares œufs qui ne se développent
pas : des œufs malades, sans doute, ou trop mûrs, ou ay-int subi quelque
altération. Il y a toujours aussi un certain nombre d'œufs qui ne se sont
pas développés parce qu'ils n'ont pas mûri et ont conservé leur vésicule
germinative. Il faut les défalquer, car, mis en présence du sperme, ils ne
se développent pas davantage. Il est naturel que, dans des œufs pris dans
l'ovaire, avant le moment où ils eussent été normalement pondus, un cer-
tain nombre ne soient pas assez avancés pour parcourir les stades de cette
maturation hâtive, précoce, que détermine le contact de l'eau de mer.
)> Ainsi CO" se montre agent de développement aussi efficace que le
spermatozoïd e .
» A ceux qui seraient tentés de croire qu'il y a dans celte formule
quelque exagération, je répondrai par les remarques suivantes.
» J'ai toujours pris des précautions extrêmes pour écarter les spermato-
zoïdes qui auraient pu s'introduire auprès des œufs en expérience et
faire croire à un développement parthénogénétique là où il v aurait eu
fécondation. Les mains sont lavées à l'eau de pluie et au savon et ne
touchent, pendant l'expérience, ni l'eau de mer naturelle ni les Astéries,
qui sont maniées par un aide; les cuvettes et instruments sont lavés à l'eau
de pluie et flambés; l'eau où sont déposés les œufs a été stérilisée par
chauffage à 60°; les Astéries sont plongées dans un grand baquet iVeau de
pluie; leurs ovaires sont saisis sous cette eau avec des pinces, transportés
dans de l'eau distillée où ils sont lavés de nouveau, puis dans l'eau de mer
stérilisée où ils sont enfin dilacérés. Eh bien, ce spermatozoïde, contre
lequel je prenais ces précautions excessives, est beaucoup moins actif
que mon acide carbonique; car, le jour où j'ai voulu avoir, pour com-
paraison, des œufs fécondés, je n'ai jamais pu en obtenir plus de 3o
à 40 pour 100. Tel est le fait.
» Il ne faudrait pas en conclure que des œufs parfaitement mûrs, nor-
malement pondus par la mère, ne sont pas à peu près tous fécondables et
ne donneraient pas des larves égales, sinon supérieures, à celles que fait
développer l'acide carbonique. Mais, pour les œufs que j'avais à ma dispo-
sition, incomplètement mûrs et fournis par des individus arrivés à l'arrière-
saison sans avoir pondu ou n'ayant émis qu'une partie de leur ponte, le
SÉANCE DU l3 OCTOBRE 1902. !ij3
fait est incontestable : CO" est deux à trois fois plus efficace que le sperma-
tozoïde.
» Ce n'est pas seulement par la quantité mais aussi par la qualité que
ces larves carboniques (qu'on me permette de les appeler ainsi |)our abré-
ger) se distinguent de celles que donnent les autres agents parthénogéné-
tiques. Avec ces derniers je n'ai obtenu le plus souvent que des blastules
un peu rabougries, faibles, à paroi blastodermique épaisse, à cavité peu
développée, d'ordinaire occupée par un résidu granuleux opaque qui
gêne plus ou moins l'invagination et qui est pathologique, car il n'existe
pas chez les blastules provenant de la fécondation. Les blastules carbo-
niques au contraire sont grosses, sphériques, bien turgescentes, à paroi
mince, à cavité de segmentation vaste et parfaitement libre; en somme, ne
diffèrent en rien de celles qui proviennent d'œufs fécondés. Ces blastules
s'invaginent avec la plus grande facilité; au bout de 36 heures elles sont
devenues gastruies. Dès le troisième jour elles ont formé leur mésenchvme
et commencent à développer leurs vésicules entérocœliennes. Le cin-
quième jour la bouche et l'hydropore sont ouverts et la forme caractéris-
tique de V Auricularia se dessine.
» Au moment où. j'ai quitté Roscofî les plus vieilles étaient âgées de
32 jours et étaient des Auricularia typiques, parfaitement agiles, en tout
semblables à celles provenant de la fécondation. J'en ai laissé un bon
nombre que j'ai placées dans des conditions variées et dont je compte
surveiller l'évolution. Je n'ai guère d'espoir cependant de les conduire
jusqu'à la métamorphose, car la phase larvaire est très longue et il est
extrêmement difficile de leur procurer, pendant un temps si prolongé, les
conditions délicates qu'elles réclament. On n'y est pas arrivé non plus
pour les larves provenant d'œufs fécondes. Je n'avais même jamais réussi,
jusqu'ici, à conserver ces dernières au delà de trois semaines, et à cet âge
elles ne montraient aucune irace de la future Astérie. Je compte poursuivre
l'observation des larves en expérience tant que je pourrai les maintenir
vivantes, et, si j'arrive à quelque résultat, j'aurai l'honneur de le soumettre
à l'Académie.
» Dans une prochaine Communication j'étudierai le mode d'action de
l'acide carbonique. »
C. R., 1902, 1' Semestre. (T. CXXXV, N° 15.) 7
6
574 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CORRESPOND AI\ CE .
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, divers Ouvrages de M. A. Korn, portant pour litres :
« Lehrbuch der Potenlialtheorie (2 vol.); Abhandlungen zur Potential-
theorie; Eine mechanische Théorie der Reibung; Eine Théorie der Gravi-
tation und der electrischen Erscheinungen ». (Présentés par M. E. Picard.)
HISTOIRE DES SCIENCES. — Les quatorze grands Registres de laboratoire de
Lavoisier. Le Registre II signalé perdu et nouvellement retrouvé. Note de
M. H. Brocard, présentée par M. Berthelot.
« Je désire appeler la bienveillante attention de l'Académie sur un ré-
sultat inattendu et très important d'une investigation du Catalogue général
des Manuscrits des Bibliothèques publiques de France. En j)arcourant le
Tome XIII, édité en i8gi, où se trouve le Catalogue des Manuscrits de la
Bibliothèque de Perpignan, un heureux hasard de lecture m'a fait ren-
contrer sous le n° 61 (p. 102) l'indication d'un Registre de laboratoire de
Lavoisier. Le souvenir d'une description des Registres de Lavoisier me
donna aussitôt l'idée de me référer à l'Ouvrage de M. Berthelot où je
l'avais remarquée : La Révolution chimique : Lavoisier (Pa.ris, Alcan, 1890).
Deux paragraphes (j). 2(3-2i4 et 249-200) se rapportent au Registre II et
nous apprennent qu'il devait être considéré comme perdu depuis plus de
4o ans.
» Nous pouvons aujourd'hui indiquer la destination qu'il avait reçue.
Voici, en effet, la mention qui en est faite p. 102 du Tome XIII du Ca/a/o^«e
général :
B N°'G1 (anc. 59) « Registre pour les expériences chimiques », Tome second, du
9 septembre 1778 au 5 mars ijji. « Journal d'expériences, tenu au laboratoire de
Lavoisier. »
» Le litre est de la main de Lavoisier, le sous-titre et la note qui suit
ont été écrits par François Arago.
» Ce cahier renferme les célèbres expériences sur la calcination des métaux en vases
clos, et les premières tentatives de Lavoisier sur la combustion du diamant [signé]
F. Arago. »
SÉANCE DU l3 OCrOiîRR l()02. 57$
» En face, de la même main : « Journal manuscrit de Lavoisier offert respectueuse-
ment à la Bibliothèque publique de la ville de Perpignan, par F. Arago. »
» xviii' siècle. Autographe. Papier, 122 feuillets. Si;"™ sur 200"". Rel. veau (6494).
» En attendant un résumé de ce Regi.stre, sa description paraît justifier
les prévisions formulées à son sujet par M. Berthelotet faire admettre qu'il
renferme les expériences sur la calcination du diamant et sur lacalcination
de l'étain dans des vases fermés, dont Lavoisier a exposé les résultats le
22 octobre 1773 et le 11 novembre 1774-
)) Différentes bibliothèques de Paris et des départements possèdent
d'autres manuscrits de Lavoisier. La liste en a sans doute été dressée parla
Commission académique chargée de l'édition des OEuvres complètes de
Lavoisier; aussi me bornerai-je à indiquer très succinctement les références
bibliographiques.
» Paris. A/chàes nationales, n" 818. Rapport de MM. Maquet et Lavoisier, etc. —
On a imprimé Maquet, vraisemblablement pour Macquer.
» Archives nationales , n" 2279.
» Bibliothèque de l'Arsenal. — Voir au Catalogue.
» Bibliothèque nationale. — Ancien Supplément français. N° 32305-6.
» Bibliothèque nationale. — Nouvelles acquisitions françaises. N" 5153.
» Avignon. — Collection Requien.
» Clermont-Ferrand. — Collection de Chazelles.
). Lyon. — Palais des Arts. Collection Delandine. N° 195, f. 219. Résultat de
quelques expériences faites sur le diamant, par MM. Macquer, Cadet et Lavoisier, 1772.
— On a imprimé, sans doute par erreur, MM. Macquer cadet et Lavoisier.
a Nantes. — Une lettre de 1791.
» RoL'EN. — Collection Duputel.
» Rouen. — Collection Girardin. »
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Sur i habillage des surfaces.
Note de M. M. Servant.
» Habiller une surface consiste à ramener son élément linéaire à la
forme
(i) ds^ = d7:- + dfj''-^ icos<ùdct.d^.
» Nous nous proposons d'indiquer un rapport intéressant qui existe entre
ce problème et celui de la déformation des quadriques générales, et nous
en déduirons des éléments linéaires particuliers pour lesquels on peut
résoudre d'une façon complète le problème de l'habillage, c'est-à-dire pour
576 ACADÉMIE DES SCIENCES.
lesquels on peut, de toutes les façons possibles, ramener l'élément linéaire
à la forme (i).
» Soient u et v les paramètres des génératrices rectilignes d'une qua-
driqiie quelconque et a, p les paramètres des asymptotiques d'une surface
applicable sur celte quadrique. Nous avons montré (S. M., i9oi-i902)que
les équations du problème de la déformation des quadriques peuvent se
mettre sous la forme
àa doi - ô? û? ^-H"' '');
ces équations expriment, comme on le voit de suite, que la forme quadra-
tique
/ \ du de
(2) -7^'
rapportée aux variables ce et p, prend la forme (i). Par conséquent la défor-
mation des quadriques et l'habillage de la forme quadratique (2) sont deux
problèmes équivalents.
» Examinons maintenant quelques cas particuliers : si la quadrique est
un paraboloïde, on aura
Q = Eb- F-.
» La forme quadratique (2) deviendra, pour un paraboloïde général
d'élément linéaire
(2')
ds- = (ç^ — i)du- + i{uv -\- b) du dv + (m- — i) dv- ,
dudv
1 — u^ — V- — ibuv — b'-'
or on sait que la déformation du paraboloïde général se ramène à celle de
la sphère; l'habillage de (2') se ramènera donc également à la déformation
ou, ce qui revient au même, à l'habillage de la sphère.
On sait déformer d'une façon complète les paraboloïdes d'éléments
linéaires :
ds- = du^ + IV du dv -\- 111 dv'- ,
ds^ — ç- du- -+- i{uv + h) du dv + u'-dv'- (paraboloïde de révolution),
/ .. > ; 1 , / /ON , , / 2 7.7, /paraboloïde à plan di-
ds-—v-du--h2.(uv-i-/r)dudv-i-(u^ — /r)dv- (' . ^
^ \ recteur isotrope
iu— v"^
du dv
luv ^ h'
du di'
SÉANCE DU l3 OCTOBRE 1902. 577
on saura donc habiller les formes quadratiques
, , ^ du dv
(4)
(5)
Remarquons en particulier que la forme quadratique (5) est l'élément
linéaire d'une surface de révolution dont on déterminerait facilement le
méridien. »
ÉLECTRICITÉ. — La déviation magnétique et électrique des rayons Becquerel
et la masse électromagnétique des électrons. Note de M. VV. Kaofma.nn,
présentée par M. Mascart.
« Dans une publication antérieure (') j'ai montré que le rapport - de
la charité s à la masse a des électrons va en diminuant quand la
vitesse q s'approche de la vitesse c de la lumière. Cela veut dire qu'en
supposant constante la charge t, la masse [;. augmente et devient infinie
pour q = c, résultat prévu par la théorie électromagnétique.
M Les considérations théoriques de M. Max Abraham (-) permettent de
comparer quantitativement les résultats de l'expérience et de la théorie.
Pour la « masse transversale », c'est-à-dire la masse correspondant à
des accélérations qui sont perpendiculaires à la vitesse de l'électron,
M. Abraham donne l'équation suivante :
(i) t^ = p-o^K^).
où [Afl représente la valeur de [j. pour de petites vitesses, ^ = '_ et
» La méthode que j'ai employée pour mesurer simultanément - et ^
peut être nommée méthode des spectres croisés.
(•) Nachrichten d. Ges. der Wissenschaften zu Gôttingen, 1901, n° 2.
(') Ibidem, 1902, n° 1.
5^8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
>i Une légère parcelle de matière radioactive se trouve sur le fond d'une petite
caisse de laiton. Les rayons émanant de cette parcelle passent entre deux lames de
laiton parallèles et isolées. Ils tombent sur un diaphragme de platine pourvu d'un
trou d'un diamètre d'environ o""", 2, qui en laisse passer un faisceau étroit ; ce faisceau
impressionne la plaque photographique, enveloppée dans une feuille mince d'alumi-
nium battu. [Distance de la source radioactive au diaphragme ainsi que celle du
diaphragme à la plaque photographique : environ 2"°; dislance des deux lames :
environ i"",2.]
» Quand tout l'appareil est placé dans un tube à vide on peut charger à 2000-
5ooo volts l'une des lames, l'autre étant à terre. Les rayons ayant traversé le cliamp
électrique sont dispersés en un spectre électrique sur la plaque photographique. En
superposant au champ électrique un champ magnétique provenant d'un électro-
aimant, entre les pôles duquel l'appareil est placé, on obtient un spectre magnétique
perpendiculaire au spectre électrique; l'ensemble des deux spectres forme une
courbe/=/(-), où y signifie la déviation électrique et z la déviation magnétique.
Sauf quelques petites corrections (') on peut poser :
(3)
p = /-, -,
(4)
V- y
ou, à cause de (1) et (2),
(5)
y _
^^ik^)
(A'i, A-, et k étant des constantes).
» L'équation (5) est l'équation de la courbe photographique, qui peut être mesurée
directement; on cherche la valeur de A-, qui rend minimum l'expression
c'est-à-dire la somme des carrés des différences entre les k^ et leur moyenne arithmé-
tique A'j.
» Si ces différences sont petites et qu'elles ne montrent pas de marche
régulière, on peut regarder la théorie comme vérifiée.
» Les épreuves photographiques qui avaient servi pour ma publication
antérieure ne permettaient que des mesures relativement peu précises,
parce que l'activité du radium que j'avais employé était trop faible.
» Je dois ma plus grande reconnaissance à M. et M""= Curie qui ont mis
à ma disposition quelques parcelles de leur chlorure de radium pur,
(') Voir W. KAUFMiNN, Nachrichten d. Ges. der Wissensch. zii Gôtt.. 1902, n" a.
SÉANCE DU l3 OCTOBRE 1902. 579
ainsi qu'à l'Académie des Sciences avec la subvention de laquelle cette
matière si rare a été préparée.
» Les plaques obtenues avec cette substance sont assez bonnes pour
permettre des mesures d'une précision très satisfaisante.
» Les résultats des mesures de plusieurs plaques (') étaient tout à fait
conformes à la théorie de M. Abraham; les écarts moyens ne dépassent
pas I à 1,4 pour 100.
» On doit donc regarder comme prouvé que la masse de l'électron est
entièrement électromagnétique; cela veut dire que V électron n'est autre
chose qu'une charge électrique distribuée sur un volume ou une surface de
dimensions très petites (^environ io~" centimètre).
» Si l'on calcule — on obtient
|-«-o
— = 1,84- 10' (el. magn. un.),
résultat conforme à celui trouvé pour les rayons cathodiques par M. S.
Simon (-) :
— = 1,865. 10'. »
PHYSIQUE. — Sur une conséquence de la théorie cinétique de la diffusion.
Note de M. J. Thovert, présentée par M. J. Vioile.
« Le mouvement de la matière diffusante étant considéré comme pro-
portionnel à la vitesse moyenne de la molécule, l'application de la théorie
cinétique aux substances dissoutes dans un même dissolvant fait prévoir
que, à température constante, le produit MD^ doit être constant, M dési-
gnant la masse de la molécule, D la constante de diffusion.
» Nous avons obtenu, parle procédé d'observation décrit dans une Note
précédente, les constantes de diffusion tl'un certain nombre de substances
non électrolytes, dissoutes dans l'eau.
» Le Tableau suivant rassemble les résultats des expériences, effectuées
à des températures voisines de 18"; les constantes de diffusion ont été
(') Les résultats seront publiés prochainement dans la Physikalische Zeitschrift.
(^) Wiedeniann's Aniialen, 1899, p. 689.
58o ACADÉMIE IJES SCIENCES.
ramenées à celte température par une correction de o, o3 par degré. Dans
toutes ces expériences la concentration moyenne était de 2^,5 par litre.
Substances. M. D X I0^ MD'xio'».
Alcool méthylique 82 1 137 60
» éthylique 46 1,11 5y
» allylique 58 Oi99 ^7
» propyliqiie 60 0,98 58
Urée 60 1,01 61
Alcool butylique 74 0,88 Sy
« amyliquc 88 0,88 68
Uréthane 89 0,87 67
Glycérine 92 0,79 57
Phénol 94 0,80 60
Hydroquinone iio 0,78 Sg
Résorcine 110 0,75 62
Pyrogallol 126 0,66 55
Glucose 170 0,57 55
Mannite 182 o,55 55
Anlipyrine 188 0,57 61
Maliose 342 0,4' 57
Lactose 342 o,4' Sy
Raffinose 5oo o,355 63
» On constate une assez bonne vérification de la loi cinétique
MD- = const.
» Il en résulte alors un procédé commode pour la détermination appro-
chée des masses moléculaires, puisque la méthode d'observation que nous
avons proposée, de pratique très simple, s'applique à des dilutions suffi-
santes pour utiliser les calculs de la théorie cinétiqiie, lorsque le corps
dissous n'est pas un électrolyte.
» Le procédé a ceci de particulier qu'il comporte seulement des me-
sures de longueur et de temps, conformément à l'équation de dimensions
de la constante de diffusion, L-T~'. »
CHIMIE VÉGÉTALE. — Le mêthylanthranilate de méthyle dans l'organisme
végétal. Note de M. Eugène Cuarabot, présentée par M. Haller.
« La présence d'éthers d'acides amidés, l'anthranilate de méthyle et le
mêthylanthranilate de méthyle, a été signalée déjà dans un certain nombre
SÉANCE DU i3 OCTOBRE 1902. 58l
d'huiles essentielles. En particulier, IM. Walbaum [Journ. prakt. Chem., (2),
t. LXII, p. i35] a rencontré un j^en de mcthvlanlhranilatede mélhyle dans
l'essence extraite des zestes de mamiarines. Mais jusqu'ici ces substances
n'avaient été trouvées qu'en très faible pro[)ortion. Mes études sur le chi-
misme végétal m'ont conduit à examiner l'essence élaborée par la feuille du
mandarinier (Ci'^nw madurensis) et à constater qu'il s'agit là d'une véritable
source naturelle de méllivlantliranilate de méthyle.
» Celte essence, obtenue par distillation avec la vapeur d'eau, se présente sous la
forme d'un liquide fluorescent, doué d'une odeur forte, déviant de + &°l\o' le plan de
polarisation de la lumière sous une épaisseur de 100""". Elle a comme coefficient de
saponification 160. Après ébuUilion avec l'anhydride acétique, en présence d'un peu
d'acétate de sodium fondu, le coefficient de saponilicalion s'est trouvé sensiblement
réduit. Cette constatation singulière m'a fait soupçonner la présence d'un éther d'acide
amidé.
» A i'^'"' d'un mélange renfermant 1'°' d'acide sulfurique concentré et 5"°' d'étlier,
j'ai ajouté o'^'jS d'huile essentielle; aussitôt des cristaux, se sont formés et finalement le
produit s'est pris en masse. Les cristaux ont été essorés rapidement, lavés à l'alcool et
à l'éther, puis décomposés par la soude; ils ont donné naissance à une huile qui s'est
concrélée par refroidissement avec de la glace.
» Pour isoler la combinaison aniidée dont la présence se trouvait ainsi démontrée,
j'ai agité 6os d'huile essentielle avec aSoS d'acide sulfurique à 25 pour 100. La partie
insoluble pesait 3ob, ce qui montre que l'essence de feuilles de mandarinier renferme
5o pour 100 environ du composé azoté dont je vais faire connaître la nature. La solu-
tion sulfurique a été filtrée, puis additionnée de soude jusqu'à réaction alcaline, en
ayant soin de refroidir avec de la glace; l'éther d'acide amidé ainsi remis en liberté a
été séparé par agitation avec de l'éther, puis purifié par cristallisation, en refroidis-
sant à — i5° sa solution dans l'éther de pétrole.
1)11 se présente sous la forme d'une masse cristalline nacrée fusible à H- 19°; ses
solutions, même extrêmement diluées, possèdent une superbe fluorescence violacée.
» Soumis à l'analyse, ce corps a fourni les résultats suivants : C,65,88 pour 100;
11,0,91 pour 100. Ces nombres, ainsi que le point de fusion du composé, corres-
pondent au mélhylanthianilate de méthyle (calculé pour C^H"02Az : C, 65,45
pour 100; H, 6,67 pour 100).
» Pour identifier cet éther d'une façon plus rigoureuse, je l'ai saponifié en le chauf-
fant pendant six heures au bain-marie avec un excès de potasse alcoolique ; j'ai ensuite
distillé l'alcool et, par addition d'acide acétique, mis l'acide amidé en liberté. Celui-ci
a été recueilli sur un filtre, essoré à la trompe et soumis à la cristallisation dans
l'alcool bouillant. 11 se présente sous la forme d'aiguilles sublimables, fusibles à 179°,
communiquant aux divers dissolvants une fluorescence violacée.
L'analyse permet do lui assigner la formule C'H"0-Az.
» L'identification de cet acide avec Yacide méthyUtntliraiiilirjiie a été complétée
par la détermination du point de fusion, 186°, de son dérivé acétylé, composé décrit
par M. Fortmann {Jour, prakt. Chem., 1"- série, t. LV, p. laS).
C. U., 1902, 2' Scmesirc. (T. CXXXV, N° 15.) 77
582 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Ces observations permettent de conclure que l'essence de feuilles de
mandarinier renferme environ 5o pour loo de méthylanthranilate de
méthyle
COOCH'
AzH — CH^
\/
» Jusqu'ici, des proportions aussi notables d'étber d'acide amidé
n'avaient jamais été signalées dans les huiles essentielles. L'abondance du
méthylanthranilate de méthyle dans un organe, la feuille, de première
importance physiologique, permet de supposer que ce corps doit jouer,
dans le mUieu assimilateur du mandarinier, un rôle des plus intéressants. »
CHIMIE ORGANIQUE. - Sur l'essence de bois de Cèdre de l'Atlas.
Note de M. Ëmiliem Grimal, présentée par M. A. Hâller.
« L'essence dont je me suis occupé a été retirée, par distillation avec de
l'eau, du bois de Cèdre de l'Atlas, Cednis Allanùca, variété algérienne du
Cèdre du Liban, Cednis Libani, tribu des Abiétinées, famille des Conifères.
» L'échantillon que j'ai soumis à l'analyse présentait les caractères suivants :
» Soluble dans 8,5 parties et plus d'alcool à 90°, dans ii5 parties d'alcool à 70°:
Poids spécifique à 1 5° d =o,g5o8
Indice de réfraction à 20° «j, =1,51191
Pouvoir rotatoire spécifique à 20° [a]£,=z-|- 6o°32'
» Indice d'acide libre : 1,16;
» Indice de saponification : 6,92;
» Indice de saponification après acétylation : 33,84.
» L'essence refroidie à — 16°, avant comme après acétylation, ne se solidifie pas.
» Un premier essai de distillation, à la pression ordinaire, a fourni 80 pour 100 de
dislillatum entre 270° et 296°.
» J'ai soumis alors a''?, 800 d'essence primitive à la distillation fractionnée, sous
pression réduite (16""), entre des limites de température de 50° à 175° et j'ai ainsi
recueilli six fractions.
» La première partie, la plus volatile, a été soumise, à son tour, à une série de frac-
tionnements à la pression ordinaire. Les parties les plus volatiles, passant entre 55°
et 78°, contenaient de l'acétone ordinaire en très faible quantité. De 180° à iib° il a
été recueilli 4o8 d'une huile ayant une odeur très pénétrante qui rappelle exactement
celle de l'essence primitive.
SÉANCE DU l3 OCTOBRE 1902. ,'>83
» Elle contient une cétone C'H"0, qui a été caractérisée par la formation de sa
semicarbazone et de son oxime bromée.
» La semicarbazone fond à i59°-i6o°; les résultats analytiques conduisent à la for-
mule C"'WO\z\
)) L'oxime de cette cétone n'a pu être obtenue à l'état cristallisé; mais,
en la soumettant à l'action successive du chlorhydrate d'hydroxylamine et
du brome, il se forme des cristaux d'oxime bromée, C'H"OAzBr^
laquelle fond à i32°-i33°.
» Le fractionnement de la portion II, passant entre i32° et i36°, à la
pression de iG™", fournit à la distillation, sous pression ordinaire, entre
271° et 276", uniiquide de densité 0,926 à i5°, dont l'indice de réfraction
est i,5i2i et le pouvoir rotatoire +58° 34', et dont l'analyse a donné des
résultats compris entre ceux que donnent un sesquiterpène et un alcool
sesquiterpénique.
» Pour obtenir le sesquiterpène je l'ai isolé à l'état de dichlorhydrate
cristallisé; pour cela, le liquide dextrogyre précédent, dissous dans
deux fois son volume d'élher et refroidi par de la glace, a été saturé
d'acide chlorhydrique pur et sec. Par éva|)oration spontanée de l'éther il
s'est formé de nombreux cristaux qui ont été essorés à la trompe, puis des-
séchés sur des plaques poreuses, lavés à l'alcool froid et redissous dans
l'éther acétique chaud, d'où ils se sont reformés par refroidissement.
» Ces cristaux, constituent le dichlorhydrate de cadinène; ils fondent, en effet,
à Ii7''-ii8°; le poids moléculaire, déterminé par la cryoscopie en solution benzénique,
est 275,6 (calculé 277).
» En chauffant ce dichlorhydrate avec un mélange d'acide acétique glacial et d'acé-
tate de sodium, j'ai régénéré le sesquiterpène, lequel bout à 274°-275" ; il possède
donc un point d'ébuUilion identique à celui du c;idinène isolé, par Wallach, de l'huile
de cade.
)> De cette même portion II j'ai obtenu un dibromhydrate cristallisé en aiguilles
fusibles à i24°-i25° qui est le dibromhydrate de cadinène.
» La cinquième fraction, redistillée à la pression ordinaire, donne, entre 291° et
295", une huile très épaisse, qui paraît contenir un ou plusieurs alcools sesquiler-
péniques dont je poursuis l'étude.
» En résumé, j'ai isolé, de l'essence de Lois de Cèdre de l'Atlas, du
cadinène C'Ml'^', une cétone G" H'^O à huiuelle l'essence doit son odeur
spéciale, et des traces d'acétone ordinaire. »
584 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur une nouvelle réaction du formol, permellant sa
recherche dans les denrées alimentaires. Note de MM. Maxget et Mariox,
présentée par M. A. Haller. (Extrait.)
« L'emploi du formol se généralisant de i)lus en plus jioiir la conserva-
tion des substances alimentaires, les efforts des chimistes se sont portés sur
la recherche de procédés susceptibles de caractériser sa présence. La plu-
part agissent sur le produit de la distillation Le procédé que nous pro-
posons a l'avantage d'agir directement et d'êlrc plus sensible. Il consiste :
» Pour le lait : A saupoudrer légèrement la surface d'amidol ou d'ami-
dophénol; observer après quelques minutes. Le lait normal, carbonate ou
borate, développe une coloration saumon. Le lait formolé, une coloration
jaune-serin, sensible au -~,-^.
» Pour les gelées de viande : Prélever dans un tube un peu de bouillon
liquéfié; ajouter quelques cristaux d'amidol; agiter. Le bouillon formolé
développe une coloration jaune, virant au jaune sale par addition d'une
goutte d'ammoniaque. Le bouillon non formolé, une coloration brtiii rosé,
virant au bleu dans les mêmes conditions. »
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Les excitants et les poisons du nerf.
Note de M. N.-E. Wedensky, transmise par M. Marey.
« Dans mes premières recherches sur la narcose du nerf, j'ai trouvé
que, avant de produire cet état dans le nerf, chaque agent narcotique le
fait passer par trois stades successifs : a. Lé stade de transformation du
rythme des irritations appliquées au nerf; b. Le stade paradoxal, oîi la
conductibilité des excitations fortes est déjà suspendue, celle des excita-
tions faibles étant encore possible; c. Le stade inhibitoire, qui s'exprime
par une action déprimante des ondes d'excilation nées dans des points
normaux du nerf sur la partie narcotisce. Pendant la restitution du nerf,
on voit ces stades se siuvre dans l'ordre inverse (').
» Da^is mes recherches ultérieures, j'ai constaté que tous les excitants
(') Arcliives de Pjliiger, t. lAXXII : Compte rendu du Alli' Congrès l'nlerna-
lional de Médecine à Paris.
SÉANCE DU l3 OCTOBRE 1902. 585
communs, ;ippliqués avec nnc certaine intensité et une certaine durée,
jjroduisent eux aussi, dans le nerf, les mêmes modifications fonctionnelles.
En effet, c'est ce qu'on peut reproduire avec l'irritation chimique usuelle,
avec les températures plus élevées, avec la faradisation intense et dans la
modification électrotonlque produite parle courant constant. Tout récem-
ment, le même fait a été établi par M. Sémcnoff sur le nerf soumis à une
comj)ression mécanique.
» En raison des conditions si différentes qui amènent toutes, dans le
nerf, un état tout à fait analogue à la narcose, je l'ai désigné par une déno-
mination plus générale qui, tout en ne mentionnant pas les causes éven-
tuelles de son origine, ne signale que l'état lui-même : par l'expression de
parabiose. Au point de vue théorique, je me la représente comme un état
d'excitation singulière, locale et stabile, rappelant la contraction idio-
musculaire du muscle (').
» Dès lors, il est naturel de poser la question de savoir si tous les
agents chimiques, les poisons de toute espèce, quelle que soit leur consti-
tution, peuvent tous être ramenés au schéma indiqué par les recherches
précédentes.
1) Pour étendre l'étude au plus grand nombre possible de substances
chimiques, j'ai invité jibisieurs collaborateurs à prendre part à ce travail
(Bourdakoff, Chapote, Solovieff, Soudakoff, Vorembsky).
M Le résultat de nos recherches coopératives donne une réponse tout à
fait affu-malive à la question posée : tous les agents chimiques soumis à
cette étude jjrovoquent, dans le nerf, l'état de la parabiose, en le foisant
préalablement passer par les trois stades Lypiqiics.
» Toutefois, en ce qui concerne le sort ultérieur du nerf, les substances
étudiées doivent être subdivisées en deux grands groupes :
» I. Les substances produisant la parabiose révocable ;
)) II. Les substances produisant la parabiose irrévocable.
» Dans le premier cas, il suffit de faire disparaître l'atmosphère d'un
gaz nuisible, ou bien de laver, avec la solution physiologique, la partie
para!)io3ique, pour que le nerf revienne à l'état fonctionnel normal. Dans
le deuxième cas, la parabiose passe toujours dans la mort du nerf; néan-
moins, en raison de ce que toutes les modifications fonctionnelles qui pré-
cèdent l'installation de l'état parabiosiquc s'observent ici avec les mêmes
(•) ExcUation, inhibition et narcose; Sainl-Péteisboiirg, 1901 {Compte rvnf/ii
du V Congrès international de Physiologie à Turin).
586 ACADÉMIE DES SCIENCES.
caractères que dans le premier cas, il est juste de le désigner aussi comme
la parabiose.
» Quant à la manière dont s'exprime l'action initiale des substances
étudiées, elles peuvent être divisées en trois catégories : a. Les substances
qui excitent le nerf, avant qu'elles commencent à provoquer l'état de la
parabiose; h. Les substances qui n'accusent au début de leur action qu'une
augmentation de l'excitabilité; c. Les substances qui débutent directe-
ment par la diminution de l'excitabilité du nerf.
» Cependant, ces catégories ne peuvent pas être rigoureusement déli-
mitées. Une substance de la catégorie a, appliquée en solution plus faible,
agit comme h\ ou bien, exerçant son action sur une jjartie très courte,
elle agit comme b, tandis que, sur une partie beaucoup plus longue, elle
agit comme a. Pour les substances de la catégorie c, il est toujours pos-
sible d'admettre que, elles aussi, appliquées avec une certaine intensité,
laisseraient observer une phase, ici très courte, de l'excitabilité augmentée.
» Ces trois catégories se retrouvent d'ailleurs dans les deux grands
groupes. Je ne citerai que les exemples les plus caractéristiques :
» I. a. Les alcalis, les sels des alcalis, les sels de Ba, St, Ni, Zn; b. Vératrine,
éther^ chloroforme, azotate de Ca, sulfates de Fe, Cii, acétate neutre de PI; c. Am-
moniaque, acide phénique, hydrate de chloral, cocaïne.
» De tous les poisons étudiés le nerf se montre surtout impression-
nable par la vératrine, qui exerce déjà son action en solutions extrême-
ment faibles; au contraire, la strychnine, si vénéneuse pour les centres
nerveux, n'agit sur le tronc nerveux qu'en concentrations assez considé-
rables et devrait être rangée plutôt dans la catégorie c, c'est-à-dire à côté
de l'ammoniaque et du phénol. Ces deux substances ont été regardées
jusqu'ici comme tuant le nerf sans l'exciter : en réalité, leur action est
analosrue à celle de la cocaïne.
» II. a. Acides organiques et inorganiques, azotate d'argent ; b. Les mêmes sub-
stances dans des solutions faibles; c. Sublimé corrosif.
» Les acides à part, les représentants du groupe II sont beaucoup moins
nombreux que ceux du groupe I.
» Or, à proprement parler, les substances II devraient seules être envi-
sagées comme vrais poi'sons du tronc nerveux; ce sont seulement elles
qui produisent des altérations irréparables (il s'agit toujours du nerf
extrait du corps) de sa constitution chimique et de son intégrité fonction-
SÉANCE DU l3 OCTOBRE 1902. $87
nelle. Tous les autres agents chimiques ne diffèrent en rien, dans leur
action, des excitants physiques en général, et du plus typique d'entre eux,
du courant électrique en particulier. En effet, toute la variabilité de leurs
actions se réduirait à ce que, dans certains cas (a), ils exercent leur action
à la manière du, courant faradique; dans les autres {b et c), à la manière
du courant constant s'insinuant très lentement. C'est là plus qu'une com-
paraison: c'est une formule générale, qui peut nous guider à travers les
manifestations si variées dont le nerf soumis à l'influence des agents chi-
miques est le siège. »
ZOOLOGIE EXPÉRIMEPOTALE. — Sur le centre nerveux qui innerve, la périphérie
du manteau chez le Pecten. Note de M. Louis Boutan, présentée par
M. Yves Delage.
« On ne reconnaissait jusqu'à présent comme centres distincts chez les
Acéphales que les ganglions cérébroïdes ou sus-œsophagiens, les ganglions
pédieux et les ganglions palléo-viscéraux. Les expériences que j'ai faites,
cette année, au laboratoire de Roscoff, m'ont permis de constater l'exis-
tence d'un nouveau centre distinct des trois précédents. Ce centre nerveux
autonome a sous sa dépendance les organes sensoriels, si développés chez
le Pecten, à la périphérie du manteau. Il est en relation, avec les ganglions
cérébroïdes et les ganglions palléo-viscéraux, par des branches nerveuses,
chez les sujets normaux ; mais, si on l'isole de ces centres, il conserve son
intégrité fonctionnelle: on ne peut donc pas l'assimiler à un ganglion de
renforcement.
» Ce centre nerveux, qu'on désignait jusqu'ici sous le nom de nerf péri-
phérique du manteau, est constitué par un manchon de cellules nerveuses
entourant la substance fibrillaire; il représente, à lui seul, une masse au
moins dix fois plus volumineuse que tous les autres centres réunis.
» Il est vraisemblable qu'il existe, plus ou moins développé, chez les
autres Acéphales et qu'il est homologue au cordon nerveux périphérique
que j'ai signalé chez la Fissurelle et que l'on retrouve chez d'autres Gasté-
ropodes archaïques.
» Voici par quelles expériences on peut établir que ce soi-disant
nerf phériphérique du manteau est un centre autonome.
» Le Pecten possédant un manteau ouvert sur toute la face ventrale,
on peut, en écartant les valves avec un coin assez épais, apercevoir à l'œil
nu les centres que j'appellerai classiques.
588 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Première expérience. — Si l'on suppiime avec un fer rouge les ganglions palléo-
viscéraux, ou si l'on se contente de sectionner à droite ou à gauche le tronc commun
que représente l'ensemble des nerfs qui se rendent dans un des lobes du manteau, on
constate, dans l'un et l'autre cas, que les organes sensoriels delà périjjliérie réagissent
à l'excitation comme chez le sujet normal.
» Deuxième expérience. — Si l'on pratique la même opération sur les ganglions
cérébroïdes, le résultat est le même, mais l'animal ne survit que peu de jours à l'opé-
ration.
» Troisième expérience. — Si l'on sectionne d'un côté le tronc commun des nerfs,
se rendant à l'un des lobes du manteau et si l'on isole, en haut et en bas, ce lobe du
manteau par deux larges incisions, les organes sensoriels de la périphérie du manteau
continuent à réagir à l'excitation, et cela plus de trois semaines après que l'opération
a été effectuée.
» On doit noter que cette troisième expérience est la plus concluante, puisque, dans
ce dernier cas, le centre nerveux qui innerve la périphérie du manteau se trouve com-
plètement isolé de toute communication nerveuse avec les autres centres.
» L'étude histologique de ce centre, que l'on peut appeler circum-palléal,
semble confirmer ces résultats, lorsqu'on la pratique sur des animaux
opérés depuis i5 jours ou 3 semaines; tous les nerfs qui partent de ce
centre pour se rendre aux organes périphériques sont conservés en bon
état; ceux, au contraire, qui représentent les branches d'union avec le
centre palléo-viscéral semblent en dégénérescence (' ).
)) Si les expériences rapportées plus haut déinontrent l'existence d'un
centre nerveux autonome, innervant les organes sensoriels du manteau,
on ne doit pas en conclure cependant que les ganglions palléo-viscéraux
n'innervent pas, eux aussi, le manteau. Rien ne serait plus faux, ainsi que
le prouve une dernière ex])érience.
» Si, au lieu de détruire complètement les ganglions palléo-viscéraux,
oii supprime le centre nerveux d'un seul côté, l'animal peut survivre à
l'opération. En l'ouvrant six mois après on constate que le lobe du man-
teau correspondant au ganglion lésé est presque complètement atro[)hié.
Il n'est plus représenté, sur le pourtour du muscle, que par une mem-
brane de quelques millimètres, et la portion correspondant au capuchon
est seule représentée dans son intégrité.
M Cette expérience prouve que le champ d'innervation des ganglions
palléo-viscéraux situés sur le muscle adikic'.eur inférieur ne s'étend pas
(') Je dis semblent en dégénérescence parce que les caractères de la dégénérescence
des nerfs chez les Mollusques sont encore trop mal connus pour permettre une affir-
mation plus catégorique.
SÉANCE DU l3 OCTOBRE 1902. 089
sur toute la surface du manteau, puisque le capuchon céphalique est con-
servé après leur suppression. Cette constatation m'a conduit à étudier, sur
des coupes, la disposition des ganglions ccrébroïdes et m'a permis de con-
stater que, chez le Pecten, chacun de ces ganglions est formé de deux moi-
tiés séparées par un étranglement : la moitié supérieure fournit les nerfs
des lèvres et la commissure sous-œsophagienne, la partie inférieure donne
l'ensemble des nerfs qui innervent le capuchon.
» D'après ce que l'on sait déjà de la disposition des ganglions palléo-
viscéraux chez d'autres Acéphales, tels que Nucula, par exemple, on peut
en conclure que cette moitié inférieure, regardée jusqu'ici comme faisant
partie des ganglions cérébroïdes, représente un ganglion du système
palléo-viscéral très rapproché du ganglion cérébroïde. »
ZOOLOGIE. — L'excrétion chez les Crustacés supérieurs. Note de
M. L. BuuxTz, présentée par M. Yves Delage.
« Rovalevsky (1889), dans ses belles études sur l'excrétion par le pro-
cédé des injections physiologiques, a découvert chez les Crustacés beaucoup
de faits nouveaux et intéressants, mais il a surtout noté les résultats les plus
apparents sans beaucoup approfondir, et il a lui-même fait remarquer que
ce sujet devait être repris. Juscpi'ici le seul groupe étudié complètement
est celui des Décaj)odes, chez lesquels M. Cuénot (189.5) a trouvé trois
types d'organes excréteurs : 1° le rein antcnnaire (saccule et labyrinthe);
1° les reins branchiaux, néphrocytes à carminate accumulés dms les
canaux branchiaux; 3° les cellules vacuolaires du foie.
» Mes recherches, laites au laboratoire de Roscoff, ont porté sur tous
les autres groupes de Crustacés; j'ai utilisé la même méthode des injections
physiologiques de liquides colorés et j'ai pu me convaincre que tous les
Malacostracés étudiés possédaient les divers organes excréteurs indiqués
pour les Décapodes; j'y ajouterai les reins cépiialiques des Edrioplhaluies
et un organe péricardial chez les Amphipodes.
» 1° Rein anlcnnairc et rein tnaaillaire. — A l'état larvaire on sait que les
Crustacés possèdent deux paires de glandes situées : l'une, dans le premier article
de la deuxième paire d'antennes; l'autre, dans le segment du corps correspondant à la
deuxième paire de mâchoires; à l'état adulte on ne retrouve que rarement les deux
glandes (Nébaiie); c'est le plus souvent la première qui persiste, tandis que c'est la
seconde chez les Isopodes. Mes expériences m'ont permis de constaler que, ciiez tous,
l'épithéliurn du saccule de la glande qui a persisté élimine le carminate, ainsi que le
tournesol qui, virant au rouge, indique une réaction acide. Chez la Nébaiie les deux
G. R., 19UJ. 3° Semestre. (T. CXXXV, N« 15.) 78
590 ACADÉMIE DES SCIENCES.
glandes sont fonclionnelles, d'après Clans. Quant au labyrinthe, canal urinaire plus ou
moins contourné dans lequel débouche le saccule et qui lui-même s'ouvre à l'extérieur,
il a bien probablement un rôle dans l'excrétion, mais il n'élimine aucune des couleurs
employées.
» 2° /?em.ç branchiaux. — J'ai de même constaté que leur existence était géné-
rale. Ce sont des organes clos, de forme variable, constitués par de grosses cellules
conjonctives à un ou plusieurs noyaux, à réaction acide et éliminant le carminate.
» Chez les Leptostracés (Nébalie), ils sont situés à la base des lames branchiales et
sont, par conséquent, au nombre de huit paires. Les coupes montrent que ces néphro-
cytes sont localisés dans le sinus sanguin du coxopodite et lui forment un revêtement
incomplet, disposition nécessaire pour que le sang puisse avoir libre accès dans les
lames respiratoires de l'épipodite et de l'exopodite.
» Ces reins sont plus nombreux chez les Amphipodes (Talitre, Gammariis, Pro-
tella); ils ont été signalés par Délia Valle. On les trouve à la base de chaque anneau
du corps; les plus importants sont à la partie antérieure : ils s'avancent dans les lames
épimériennes des pattes thoraciques, tandis que, dans l'abdomen, ils ont une tendance à
s'étendre en hauteur. Les coupes montrent que ces organes sont situés dans les lacunes
qui constituent les vaisseaux péricardiques.
» Les Isopodes possèdent un nombre variable de reins branchio-abdominaux.
Il y en a généralement cinq paires; on n'en rencontre que trois chez le Sphérome et
une chez l'Aselle. Les néphrocytes qui les composent peuvent être groupées, comme le
montrent les coupes, en amas à l'extrémité des lacunes qui constituent les vaisseaux
branchio-péricardiques, ou bien les remplir dans toute leur étendue et même
s'étendre dans le péricarde et le telson comme chez les Bopyres.
» Les Schizopodes (M/sis) possèdent huit paires d'organes analogues; les six der-
niers sont situés dans les articles coxaux des six pattes thoraciques ambulatoires. Les
cellules qui les constituent tapissent seulement le côté interne et un peu les bords des
canaux cruro-péricardiques. A la base des deux paires de pattes-mâchoires l'on ren-
contre deux paires d'amas semblables, plus petits.
» 3° Reins céphaliqties. — Les injections de carminate d'ammoniaque m'ont révélé,
chez les Amphipodes et les Isopodes, un autre organe excréteur clos. Des coupes faites
dans la tête, montrent deux amas symétriques de grosses cellules, placées à la base
des antennes de la deuxième paire; allongés dans le sens de l'antenne chez les pre-
miers, plus arrondis et plus importants chez les seconds, ils reposent sur la calotte de
tissu conjonctif qui forme le sommet de la tête de l'animal. Ils sont bordés latérale-
ment: du côté externe, par l'épithélium articulaire; du côté interne, par le muscle
releveur de l'antenne, sur lequel ils sont à cheval. Les cellules qui les constituent ne
sont pas analogues à celles des organes précédents.
» 4° Cellules cardiaques des Amphipodes. — Chez les Crustacés de ce groupe,
des coupes transversales montrent autour du cœur, intérieurement et extérieurement,
un tissu spécial composé de grosses cellules éliminant le carminate; on en trouve
aussi sur les brides conjonctives qui soutiennent le cœur. Ces cellules excrétrices
possèdent aussi la fonction phagocytaire et capturent l'encre de Chine injectée dans
le cœlome.
» 5" Foj'e. — Kovalevsky a constaté chez la Squille que le foie élimine l'indigo-car-
min. J'ai reconnu la même propriété excrétrice au foie de tous les Malacostracés cités.
SÉANCE DU l3 OCTOBRE 1902. Sqi
L'élimination se fait très rapidement, ce qui montre l'importance du foie en tant
qu'organe excréteur. Les cellules hépatiques excrétrices sont les plus petites, à cyto-
plasme granuleux, renferment quelques vacuoles et correspondent, si l'on peut géné-
raliser, aux Leberzellen, de Frenzel. »
ZOOLOGIE. — Sur un Cérianthaire pélagique adulte .
Note de M. Ch. Gravier, présentée par M. Edmond Perrier.
« Les pêches pélagiques pratiquées de juillet à septembre dans l'Atlan-
tique nord, dans la Manche et dans la mer du Nord, donnent fréquemment
diverses formes jeunes d'Actinies, que l'on désigne sous le nom à'Arach-
nactis et que l'on considère comme des larves de Cérianthes. La grande
expédition scientifique allemande (Plankton-Expédilion) de 1889 re-
cueillit à la surface de l'océan Atlantique de nombreuses formes larvaires
nouvelles de Cérianthaires, mais aucun individu adulte. Il semble donc que
ces animaux abandonnent, à un stade plus ou moins précoce de leur déve-
loppement, la vie à la surface, pour gagner le fond de la mer où on les
drague. Or, en explorant le golfe de Californie, M. Léon Diguet a eu récem-
ment la bonne fortune de capturer des Cérianthes qui nageaient en nombre
considérable dans les couches superficielles. Ces actiniaires, qui présentent
des caractères non signalés chez les espèces actuellement connues, con-
tiennent, pour la plupart, des éléments reproducteurs parvenus à un état
très voisin de la maturité.
» La colonne, éminemment contractile, mesure, chez les exemplaires à l'état de
complète extension, de /^o™" à So™"" ; translucide à l'état vivant, elle est incolore, sauf
à l'extrémité inférieure un peu renflée, terminée en pointe mousse et perforée, où l'on
observe une légère pigmentation de couleur ocre, de même qu'à la face interne des
tentacules labiaux. Les tentacules marginaux, subniés, de même longueur que la
colonne et incolores comme elle, sont sensiblement insérés sur un même cercle; ils ne
forment pas, en tout cas, des cycles nettement distincts, comme chez certains types du
même ordre. Leur nombre varie de 28 à 26 ; le nombre le plus fréquemment réalisé
est 25. Celui d'entre eux qui est situé dans le plan de symétrie et qui correspond au
siphonoglyphe, est toujours de dimensions réduites. Les tentacules labiaux sont dis-
posés en deux cycles, autour de l'orifice buccal allongé dans le sens du plan de symé-
trie. Dans ce plan et du côté du siphonoglyphe, le tentacule labial manque; à l'extré-
mité diamétralement opposée, cet appendice est rudimentaire. Tous les autres
tentacules sont de longueur presque uniforme, cylindriques, alternant régulièrement
d'un cycle à l'autre, beaucoup plus courts que les tentacules marginaux. Le plus sou-
vent il y a, de part et d'autre du plan de symétrie, 12 tentacules d'un côté, 11 de
l'autre, ce qui fait en tout, avec le tentacule médian, 24 tentacules labiaux correspon-
dant à 25 tentacules marginaux.
5()2 ACADEMIE DES SCIENCES.
)) Les cloisons qui s'attachent au siphonoglyphe et que Edouard van Beneden ('),
dans son magistral Mémoire sur Les Anthozoaires de la Plankton-E.vpedidon,
appelle cloisons directrices, s'avancent assez loin vers le pôle aboral. Le premier
couple de cloisons latérales ofTre des caractères spéciaux. A la dilTérence de ce qu'on
observe chez les Cérianlhes les mieux connus (C. rnembranaceus Gmelin, C. Lloydii
Gosse), elles s'approchent beaucoup moins du pôle arborai qu'un certain nombre de
cloisons des couples suivants. Elles se distinguent de toutes les autres par les carac-
tères de leur bord libre. Jusqu'au milieu environ de leur longueur, ce bord présente
deux bourrelets de teinte brun foncé, pourvus d'un grand nombre de nématocystes et
de cellules glandulaires et séparés par une gouttière médiane ; à ce niveau est un court
peloton formé par l'entéroïde; au-dessous de ce dernier, le bord libre est mince et
simple, comme celui des cloisons directrices et des cloisons stériles.
» Les cloisons du second couple, avec leurs gros pelotons entéroïdaux à la partie
supérieure, au-dessous du pharynx, sont plus longues que celles du couple précédent.
A partir des cloisons du second couple, les cloisons fertiles et les cloisons stériles
alternent régulièrement. Les cloisons fertiles du troisième et du cinquième couple
méritent une mention spéciale. Elles sont les plus longues de toutes; elles se distin-
guent de toutes les autres en ce qu'elles portent, un peu au-dessus de leur extrémité
inférieure, un petit renflement dépendant de l'entéroïde et en forme de saucisse. Le
double bourrelet pigmenté en brun du bord libre s'arrête au niveau de l'insertion de ce
peloton de l'entéroïde. Il s'étend sur une moindre longueur dans les autres cloisons
fertiles, qu'il permet de distinguer des stériles à première vue.
» A partir des cloisons du sixième couple, plus longues que celles du quatrième, la
décroissance de longueur se poursuit régulièrement jusqu'aux cloisons de formation
la plus récente. Les cloisons d'un même couple montrent, en général, une inégalité
frappante; cela tient à ce que ces cloisons n'apparaissent pas en même temps, celles
de droite étant toujours en avance sur celles de gauche.
» Aucune cloison ne porte de prolongements ramifiés de l'entéroïde, ni de bothruc-
nides, ni de cnidorages.
» Les caractères des cloisons et en particulier ceux des cloisons direc-
trices et de celles des premier, deuxième, troisième et cinquième couple,
différencient nettement ce Cérianthaire de tous ceux qui sont actuellement
décrits. Les cloisons ne présentent pas, à proprement parler, la disposition
quatroseptale que Faurot(-) a mise en évidence chez le Cerianthus rnembra-
naceus. Elles se laisseraient plutôt grouper en biseptes, simplement.
» De toutes les larves recueillies par le National, dans l'Atlantique, c'est
de celle décrite par Ed. van Beneden sous le nom de Dactylactis que le
Cérianthaire dont il est question ici parait s'tloigner le moins.
(1) Edouard VAN Beneden, Les Anlhozoaires de la Planhton-Expedilion, 1898, avec
16 planches, i carte et 69 figures dans le texte.
(2) L. Faurot, Éludes sur l'analomie, l'histologie et le développement des Acti-
nies {Arch. de Zool. expér. et gén., 3= série, t. III, 1895, p. 43-262, PL 1-A'll).
SÉANCE DU l3 OCTOBRE 1902. 5g\\
» La découverte de cette forme sexuée n;igeante, la première qui ait
été signalée jusqu'ici ('), et dont une élude approfondie sera prochaine-
ment |nibliée, montre que la vie pélagique, qui est la règle dans le jeune
âge chez les Cérianthaires, peut persister ou tout au moins réapparaître à
l'âge adulte chez certains d'entre eux. »
CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur la composition des hydrates de carbone de réserve
de l'albumen de quelques Palmiers. Note de M. E. Liénard, présentée par
M. L. Guignard.
(i Sur les conseils de M. le professeur Bourquelot j'ai étudié la nature
des hydrates de carbone de réserve contenus dans les graines de plusieurs
plantes appartenant à la famille des Palmiers. J'ai choisi à dessein six graines
appartenant à des tribus différentes et les ai traitées par les méthodes d'hy-
drolyse actuellement connues.
» Ces graines proviennent des espèces suivantes :
» Areca calcchu L., Chamœrops excelsa Thiinb., Astrocaryiiin vulgare Mart.,
OEnocarpus bacaba Mart., Erythea edulis S. Wals, et Sagus Rumplni Willd.
» Nous avons d'abord recherché le saccharose par la méthode de
M. Bourquelot (^), et voici comment nous avons opéré sur les graines de
Chamœrops excelsa.
» i25s de poudre de graines ont été épuisés pendant une demi-lieure au bain-marie
par 5oo^°'' d'alcool à 80° bouillant. Après refroidissement le liquide a été ramené à son
volume primitif et filtré à la trompe. On a prélevé un volume déterminé de cette solu-
tion et, après addition de carbonate de chaux, évaporé en consistance d'extrait mou.
Le résidu a été repris à froid par 100''°' d'eau ihymolée saturée, puis on a fait, avec le
liquide filtré, les mélanges suivants :
„ , . . ( Li(inide filtré : 20™'.
Solution A < „, ,
( lliymol en excès.
1 Liquide filtré : 80™'.
Solution B I Levure de bière tuée par l'alcool el desséchée : 0^,25.
f Thymol en excès.
(') Les exemplaires sexués de 40""" de longueur que Cari Vogt trouva à la surface
de la mer, entre l'Ecosse et l'Islande, et qu'il rapporta au genre Arachnactis [Des
genres Arachnactis et Ceriantlius )Arclt. de Biol., t. VIII, 1888, p. i-43, PI. l-lll)'\
sont, en réalité, des Halcanipa, ainsi que l'a montré Th. Boveri [ Veber Entwickelung
und Verwandlschaftsbezlehungen der Aclinicn {Zeitsch. fiir wiss. Zool., Bd. 'i9,
1889, p. 46i-5o2, PI. AAl-Aril/f)].
(-) Bourquelot, Comptes rendus, t. CXXXIil, 1901, p. 690.
594 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Ces deux solutions ont été abandonnées à la température du laboratoire (17°) pen-
dant 4 jours; examinées alors au polarimètre (/=:2) et analysées à la liqueur de
Fehling, elles ont donné les résultats suivants :
Déviation -H 44' à -)- 46'
( Sucre réducteur pour 100 o»
_ ( Déviation — 46' à — 4
( Sucre réducteur pour 100 0^,961
» Il s'est donc formé ofc',g6i de sucre réducteur (sucre interverti) qui représentent
à 17°, pour «!)= — 19°, 5 une déviation gauche de — o°,364 ou — o°2i',8; alors que
les 06,912 de saccharose dont ils proviennent représentent une déviation à droite
de -t- 1°, 2i4 ou -t- 1° 12' pour a£, = -i- 66°, 6.
» Or, s'il y a du sucre de canne dans la solution A, la déviation primitive a dû dimi-
nuer de la somme de ces deux déviations, soit de 98'. Et l'observation nous a donné
une diminution de 92'; nous pouvons donc conclure à la présence du sucre de canne
dans les graines de Chamœrops excclsa. D'autre part, un essai particulier nous a
montré que ces graines ne renfermaient pas de glucoside dédoublable par l'émulsine.
» Pour étudier les autres hydrates de carbone nous avons employé la
méthode d'hydrolyse fractionnée.
» Première hydrolyse. — Dans un des cas, par exemple celui du Chamœrops
excelsa, on a effectué le mélange suivant :
/ Albumen séché à 100° (résidu provenant de la recherche du saccharose). 20S
} Acide sulfurique 6?
( Eau distillée, quantité suffisante pour 200*^"'
» On a porté à l'autoclave à la température de 110° pendant 45 minutes à deux
reprises différentes. On a constaté qu'il s'était formé, en tout, 3s, 74^ de sucre réduc-
teur (exprimé en dextrose), dont 3?, i3 de mannose et o5, 166 de galactose.
» Deuxième hydrolyse. — Le résidu de l'opération précédente, après avoir été lavé
à l'eau distillée, à l'alcool et séché à l'étuve, a été traité de la même façon avec aSo""'
d'acide sulfurique à 4 pour 100 pendant i heure 3o minutes. Dans celte opération on
n'a obtenu que 16,611 de sucre réducteur et celui-ci renfermait is,4oo de mannose et
pas trace de galactose.
B Le résidu de la seconde opération a été mis en contact avec de l'acide sulfurique
à 75 pour 100; on a ensuite étendu d'eau de façon à avoir une liqueur renfermant
2,5 pour 100 d'acide sulfurique, et l'on a fait bouillir pendant 2 heures.
» La liqueur renfermait 76,718 de sucre réducteur, dont 66,871 ont pu être carac-
térisés à l'état de mannose. Elle ne contenait pas trace de galactose.
» On peut donc admettre, de ce qui précède, que le mannose obtenu
provient de mannanes diversement condensées, dont les plus résistantes
ne peuvent être hydrolysées que par le procédé Braconnot-P'lechsig.
■» Si l'on veut obtenir en une seule fois tout le mannose, on peut em-
ployer le procédé de MM. Bourquelot et Hérissey.
SÉANCE DU l3 OCTOBRE T902. ^9^
„ Pour cela, on prépare le mélange suivant :
lOOS
Albumen sec
Acide sulfurique à 70 pour 100 '^°^
„ A„ bout de .2 heures on ajoute une quantité suffisante d'eau pour faire .oooc-
On chauffe ensuite à l'autoclave pendant , heure 3o minutes à . .0" en deuv fo,s. L
liquide obtenu renfermait 54^,^876 de sucres réducteurs dont 48*^,75 de mannose.
» La liqueur ne contenait pas de galactose.
» En résumé loo? de graines ont fourni :
cm 3
e
11,378
Eau -
Matières grasses solubles dans l'éther 2,09^
Sucre réducteur initial
Saccharose
o
0,91c
Totalité des sucres réducteurs
fournis par les trois hydrolyses,
dans trois essais comparatifs. Méthode
_ ,111 deMM. Bourquelot
ji^ B. C. et Hérissey.
Sucres réducteurs (en totalité) ) ^g^^^ 55^85 56'o2 47.85
(exprimés en dextrose) ) , o / /q /o '^o
Sucresréducteursca-( mannose.. 49-74 49,o8 49-48 4^,50
ractérisés comme.. ) galactose . 0,723 0,741 0,7^0
„ J'ai opéré de la même façon sur les attires graines et les réstdtats
fournis, comme le montrent les Tableaux suivants, sont à peu près ana-
logues :
Eau
Matières grasses
Sucre réducteur initial
Saccharose
Sucres réducteurs (totalité fournie j ^^3g
par les hydrolyses successives) 3ie,43 ^^^-o» •'•^ '
(exprimés en dextrose) 1
Sucres réducteursca- ( mannose.. 238,85
ractériséscomme.. | galactose. 06,687
„ Conclusions : L'albumen des Palmiers renferme donc :
„ ," Assez souvent du sucre réducteur en petite quantité ;
„ 2° Du saccharose en faible proportion;
„ 30 Des mannanes diversement condensées et s'hydrolysant success.-
vement ;
» 40 Une galactane. «
Areca.
Aslrocaryum.
CEnocarpus.
Erythea.
Sagus.
6, 3i2
7,65
1,340
i,o38
II, 4o
7,25
59,52
i,3o
10, 3o
0,376
0,263
0
0
0,221
0
0,336
i,6i3
0,683
1,061
I, 102
3i5,97
4i5,77
36
33,7?,
os,758
i?,oo7
1,003
06,646
SgH ACADÉMIE DES SCIENCES.
GÉOLOGIE. — Sur la constitution géologique des environs d' Alexandrie
(^Egypte). Note de MM. R. Fourtau el D.-E. Paciiundaki. présentée
par M. Albert Gaudry.
« Des recherches récentes dans cette région si peu étudiée par les géo-
logues qui se sont occupés de l'Egypte, et les déterminations de nos
récoltes par notre savant confrère M. Paul Pallary nous ont permis de
constater uiï certain nombre de faits nouveaux et intéressants à signaler.
» La côte alexandrine, depuis le Mariout jusqu'à Aboukir, est essentiel-
lement formée par trois couches bien distinctes: le calcaire du Mex, le
tuffeau coquillier et les sables gréseux à Hélix.
» Le calcaire de Mex forme depuis le golfe des Arabes une ligne de hauteurs lon-
geant la côLe à un demi-kilomètre environ du rivage el disparaît sous le tuffeau
coquillier à la hauteur du village de Gabbary, à Touest d'Alexandrie. 11 est exploité
surtout au Mex comme pierre de construction pour la ville d'Alexandrie. Sa position
stratigraphique était incertaine jusqu'à ce jour, car on ne lui connaissait, à part
quelques Foraminifères cités par Ehrenberg, aucun fossile. Nous y avons découvert une
faunule de coquilles microscopiques mêlées à des radioles d'Oursins et à des fragments
de Bryozoaires. L'élat un peu fruste de nos spécimens n'a malheureusement permis, en
généi'al, qu'une attribution générique. Voici l'énuméralion de nos récoltes: Rissoa
similis, Rissoa sp., Bittium rcticulatum, Blttiuin sp., Pleiuotonia sp., Pyrenella sp.,
Nassas\)., Caecum sp., Cardita trapezia, Pectuiiculus sp., Corbula sp., Arca sp-.
» Le tuffeau coquillier, qui forme la côte et, près du Mex, les quelques rochers
connus sous le nom d'(7e5 des Sirènes, est une formation littorale grossièi-e, et gréseuse
par places: il forme la majeure partie du sous-sol d'Alexandrie et du faubourg de
Ramleli jusqu'au cap d'Aboukir et l'île Nelson. Il est en général absolument pétri de
débris de Bivalves qui forment par places une véritable lumachelle d'écaillés, épaisse
de o",i5 à G"', 25. On n'y rencontre que très peu de fossiles en bon état et nous ne
pouvons citer qu'un Arca un peu fruste, très voisin d'^l/crt barbota.
» Les sables gréseux à Hélix surmontent IndilTéremment le calcaire du Mex et le
tuffeau coquillier, mais surtout ce dernier. Cette couclie a été signalée la première
fois par Fraas qui avait attribué les fossiles récoltés par lui à Hélix candidula, d'où
il avait conclu à un changement de climat qui, depuis l'époque quaternaire, avait
obligé cette espèce des pays froids et pluvieux à émigrer vers des régions plus septen-
trionales. AL Max Blanckenhorn a contesté depuis la détermination de Fraas qui serait
pour lui //. vestalis el il aurait récollé en outre dans cette couche H. pisana ex. Hélix sp.
Nous y avons récolté, pour notre part, un bien plus grand nombre de fossiles qui don-
neront une idée exacte de cette curieuse formation littorale, véritable dune fossile dont
les sables agglomérés et formant par places un grès assez résistant contiennent une
faune terrestre, vivant encore aujourd'hui aux environs d'Alexandrie, mélangée aux
espèces marines rejetées sur la côte par la tempête. Nous n'avons pas retrouvé ^. crt«-
didula dont parle Fraas; en revanche, la liste suivante donnera une idée exacte de
SÉANCE DU l3 OCTOBRE 1902. ^97
celte formation que l'on peut admirablement étudier aux environs du casino du Mex.
Avec de très nombreux exemplaires à^IIelLv mexensis Bgt., nous avons récolte //. ves-
talis, H. nucula Parreys, H. Hamyi Bgt., //. Ehrenbergi, H.iAerophda) sp
Rumina decollata, Pupa sp., BuUminus Gaillyi Bgt., r^.U.. Trochocochlea tu,-
biformis V. Sal., Cerithiam sp., Pyrenella conica Blainv., ColumbellarusUca L.,
Nassa Cu.ieri, Pectuncalus pilosas. Oslrea lamellosa, Parmacella alexan-
drina Ehr.
,, Celte formation s'étend aussi à l'intérieur du pays où l'un de nous a
retrouvé sur les collines, au sud-ouest du lac Mariout, des grès très tendres
à Rumina decollala et Hélix sp. La dune ne semble pas avoir pu se main-
tenir sur les collines du Mex, mais on trouve dans la patine siliceuse
qui couvre les parties inexploitées des exemplaires à' Hélix mexensis et de
Rumina decollata.
,, Nous signalerons enfin un faciès particulier de cette formation, que
l'on rencontre au bord de l'ancien rivage du lac Mariout au sud du Rarm
et Sidi Rhrer. La dune est là couverte de cristaux de gypse en fer de lance
et contient une faune où les espèces marines saumâtres et terrestres sont
mélangées, indiquant ainsi les diverses modifications qu'a subies la région;
nous y avons récolté : Donax trunculus. Venus verrucosa, Tellina incarnata,
Cardium edule, Melania tuberculata, Cleopatra bulimoides, Paludina unicolor
et Hélix luberculosa Conrad.
« Pour nous, le calcaire du Mex représente une formation à la limite du
Pliocène supérieur et du Quaternaire inférieur. Malgré leur état un peu
fruste, les fossiles semblent différer des espèces vivant aujourd'hui sur la
côte et nous sommes plus portés à la dater du Pliocène supérieur. Le
Quaternaire inférieur nous paraît être bien suffisamment représenté par le
tuffeau coquillier. Quant à la couche à Hélix, elle appartient sans conteste
au Quaternaire supérieur. Au Gabbary, recouverte par la terre végétale et
souvent par 3" à V" de détritus de carrière solidement agglomérés, elle
paraît, au premier abord, plus ancienne : ce qui peut expliquer l'erreur de
Fraas.
» En résumé, la barre rocheuse qui forme la côte Aiexandrine et pro-
tégea la formation du Delta nilotique contre la haute mer poussée par les
vents du nord-ouest est d'époque quaternaire et s'appuie sur des calcaires
du Pliocène supérieur; de plus, les espèces fossiles et subfossiles que l'on
y rencontre n'indiquent aucunement que le climat à l'époque quaternaire
fût différent du climat actuel. »
G. R., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N« 15.) 79
SgS ACADÉMIE DES SCIENCES,
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur les causes générales d'instabilité sismique dans
l'Inde. Note de F. de Montessus de Ballore, présentée par M. de Lap-
parent.
« Dans les rapides éludes que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie,
en attribuant l'instabilité sismique de certaines régions à tel ou tel accident
géologique d'origine plus ou moins ancienne, faille ou plissement, je ne
prétends pas dire^que ces accidents jouent réellement encore lors d'un
tremblement de terre, bien que cela arrive, pour les failles notamment,
mais seulement que leurs causes antérieures conservent un reste de vitalité
sous la forme atténuée de séismes. C'est qu'ils ne sont pas plus que ceux-ci
des causes, mais des effets. Aussi les épieentres sont-ils souvent placés
latéralement à la faille, c'est-à-dire du côté de l'effor t antérieur de rupture
ou de plissement, suivant les cas. Et encore ne doit-on pas, pour nier
l'influence sismique d'une faille, arguer de l'absence d'augmentation
observable du rejet de ses lèvres, cette modification ne se présentant que
pour les grands séismes.
» Il faut, en résumé, considérer les tremblements de terre comme le
critérium de la survivance ou de la cessation, suivant qu'ils se présentent
ici et non là, des efforts dynamiques qui, en des temps plus ou moins
anciens, ont donné lieu aux traits géologiques auxquels on les rapporte.
» Dans l'Inde, considérée ici à l'ouest du Brahmapoutre et de l'Himalaya
au cap Comoriu, l'instabilité sismique est nettement limitée à un petit
nombre de régions pour lesquelles on va donner ici les causes géologiques
générales, en réservant les détails pour un Mémoire publié par le Geological
Survey of India.
» Les environs de Caboul, de Kandahar et de Jellaliabad sont très instables. Mais,
si la géologie de l'Afghanistan est encore bien imparfaitement connue, on sait cepen-
dant qu'il s'y rencontre une très importante série éruptivede l'époque secondaire, que
les roches porphyriques dont les débris ont formé la plus grande partie du Néocomien
ont largement percé le Jurassique, que le Crétacé a été métamorphosé en grand par des
granités syéniliques jusqu'à l'Éocène, qu'au moins depuis le Garboniférien le rivage
méridional de la mer intermédiaire entre les vieux continents boréal et austral a oscillé
au travers de l'Afghanistan, et qu'enfin les chaînes secondaires occidentales ont subi
un violent rebroussement qui a formé la muraille de l'IIindou-Kouch. On ne manque
donc pas de base pour trouver, au milieu de ces vicissitudes grandioses, l'explication
locale des centres d'instabilité.
» La chaîne béloutche du Khojak est très instable, et eu 1892 une ancienne faille
s'est rouverte près d Old Chaman, à la suite d'un grand séisme.
» La surreclion de l'Himalaya a dû se continuer au moins jusqu'au Pliocène, et ce
mouvement gigantesque de l'écorce terrestre ne semble pas encore avoir dit son der-
SÉANCE DU l3 OCTOBRE 1902. Sqq
nier mot. En tout cas, rinstabilité est considérable sur tout son flanc méridional, du
Cachemire au Népaul, et de Rawal-Pindi à Davjeeling, tandis que son versant septen-
trional est très stable. Plissements, failles, injections plutoniques, actions djnamomé-
tamorpliiques, etc., rien ne manque comme causes locales d'instabilité. On se conten-
tera de dire ici que, si la grande faille Muzafirabad-Murrec-Kohat semble avoir une
influence sismique évidente, cela est moins net pour celle de Konain-Mudhaul ; enfin
le Sait Range est aussi instable que devait le faire prévoir la complexité de ses dislo-
cations tectoniques.
I) Le grand synclinal, maintenant recouvert par les dépôts de l'Indus et du Gange,
et par où a passé pendant de longues périodes le rivage méridional de la mer qui bor-
dait au nord le vieuxconlinent gondwanien, est plutôt stable, sauf en certains points où
quelques séismes décèlent des dislocations cachées sous les alluvions. En tous cas, ceux
de Delhi ne doivent pas être attribués aux plissements présiluriens trop anciens de l'Ara-
vali Range, chaîne absolument stable, ni à la grande faille entre la Chamba et la Jonina.
1) D'une façon générale, le bas Indus est très instable. Le centre sismique secondaire
Shapoor-Jacobaliad doit être attribué aux dislocations des Murri-llills. C'est par le bas
Indus que la mer jurassique a entraîné le continent gondwanien, dont l'alTaissement se
joint ici aux plissements postcrétacés du Sindli, comme phénomènes survivant sous
formes de séismes. C'est là qu'en 1819 s'est formée sismiquemenl la grande faille de
l'AUah-Bund dans le Rann de Catch.
» L'instabilité disparaît dans la presqu'île do Kathyawar, pour renaître de l'autre
côté du golfe de Cambaj, d'Ahmenabad à Bombay et jusque dans le Khandesh. Si de
sérieux indices de soulèvements récents se montrent sur les rivages de ce golfe, comme
ces mouvements superficiels semblent rarement liés directement à l'instabilité sis-
mique, on en est réduit à invoquer très hypolhétiquement les dislocations fort
anciennes à la suite desquelles la mer vindhyenne ayant, dans les basses vallées de la
Tapti et de la Nerbudda, entamé le massif archéen, a ensuite laissé s'efTectuer les dépôts
gondwaniens d'origine terrestre, ou bien les dislocations de ces mêmes couches entre
les inférieures et les supérieures. Une telle suggestion doit d'ailleurs être faite sous
les plus expresses réserves.
» Il semble bien que les immenses coulées de laves du Dekkan nord-est correspondent
à une émission fort tranquille. Cette absence de paroxysmes se continue de nos jours,
par l'extrême rareté des séismes dans toute la pénéplaine archéenne de l'Indoustan, et
concorde aussi avec l'énorme durée depuis laquelle la presqu'île au sud des bouches
de l'Indus et du Gange forme une masse continentale. Cette stabilité sismique est un
fait d ordre très général, commun aux grandes coulées analogues de l'Atlantique boréal
et du nord-ouest de l'Amérique, comme aussi aux fragments du continent gondwa-
nien, Arabie et Afrique.
» Quelques rares séismes de la côte de Malabar et de Ceyian peuvent correspondre
à une survivance atténuée des efforts qui ont elFondré une partie de l'océan Indien,
tandis que ceux, tout aussi rares, du flanc sud-est des Nilgherry et des collines de
Cardamum se rattaclient peut-être à l'invasion de la mer tertiaire supérieure, tant
aux environs de Quillon que dans la basse vallée de la Cauwery.
» Enfin, les ghates de Vellakonda sont assez instables, relativement du moins, sur
leur flanc oriental seulement. Formant un grand croissant de strates vindhyennes,
elles ont été, à l'époque carboniférienne, plissées par un effort venant de l'est et sont
tombées à l'ouest dans une grande faille de l'Archéen, ce qui les a sauvées de la dénu-
6oo ACADÉMIE DES SCIENCES.
dation. Les séismes ne se manifestant guère que sur leur flanc oriental, on peut les
attribuer à une survivance de l'efTort de plissement, mais non de celui de rupture.
» Tant pour l'Himalaya que pour les chaînes afghanes et béloutches, aussi bien
pour les gathes de Vellakonda que pour la pénéplaine indoustanique, la loi de plus
grande instabilité du versant le plus raide se vérifie, car c'est le plus disloqué.
» On notera enfin que ni les volcans éteints découverts par Mac-Mahon dans le
Béloutchistan, ni ceux des environs du grand coude du Gange, ne coïncident avec
des régions instables. «
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Sur lin nouveau procédé destiné à faciliter l'écri-
ture et le calcul aux aveugles ('). Note de M. Dussacd, présentée par
M. Ad. Carnot.
« J'ai l'honneur de présenter les résultats obtenus avec un nouveau
procédé destiné à faciliter l'écriture et le calcul aux aveugles. Ce procédé
consiste dans l'emploi d'une machine à écrire, simple et portative, que je
Anens de réaliser de la manière suivante :
x Une plaque rectangulaire horizontale reçoit la feuille de papier qui y est fixée par
deux pointes.
y> Cette plaque rectangulaire possède en dehors du papier, sur chacun de ses bords
verticaux, 22 trous équidistanls et se correspondant deux par deux.
» Une règle plate, munie aux extrémités de sa partie inférieure de deux pointes
s'ajustant dans les trous des bords verticaux de la plaque rectangulaire, peut être
amenée successivement dans 22 positions horizontales correspondant à 22 lignes d'écri-
ture sur la feuille de papier. Cette règle plate, qui glisse sous le papier en le dépassant
de chaque côté, porte 182 petits cônes; de plus, elle est reliée par une charnière à une
crémaillère qui vient la recouvrir au-dessus du papier.
» Cette crémaillère a 22 dents correspondant aux 22 distances nécessaires à la for-
mation d'une lettre. Sur cette crémaillère glisse un petit chariot portant 6 leviers ter-
minés par des touches. Ces leviers abaissent à volonté 6 clefs de montre sur le papier,
lequel se trouve embouti entre lesdites clefs de montre et les petits cônes qui se
trouvent au-dessous de lui.
» A chaque lettre écrite, le chariot est avancé d'une dent sur la crémaillère.
» L'aveugle peut donc avec 6 doigts, par le choix des leviers nécessaires,
obtenir d'un seul coup et en relief tous les signes de l'écritttre, du
calcul et de la musique, puisqu'ils sont formés de 6 points au plus.
» L'aveugle a toujours devant lui ce qu'il a écrit, il peut se relire et se
corriger à mesure, ainsi que calculer. »
La séance est levée à 4 heures. G. D.
(') Voir Comptes rendus, 10 février 1902, t. CXXXIV, p. 370.
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER-VILLARS.
Quai des Grands-Augustins, n° 5^.
• «,. ,.= rnwPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulicrement le Dimanche. Ils forment, à la fin de l'année, deux volumes in-4». Deux
"iVne par ordr!!lphabïïque d?m^ Faut/e par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annud
,du i" Janvier. le prix de l'abonnement est fixé ainsi qu il suit : ||
Paris : 20 fr. — Départements : 30 fr. — Union postale : 34 fr.
On souscrit, dans les Départements,
chez Messieurs :
Ferran frères.
1 Chaix.
( Jourdan.
f Ruff.
Courtin-Hecquel.
Germain et Grassin.
Gastineau.
ne Jérôme.
on Régnier.
I Feret.
lux Laurens.
( MuUer (G.).
es Renaud.
( Derrien.
F. Robert.
I Oblin.
( Uzel frères.
Jouan.
Perrin.
i Henry.
( Marguerie.
j Juliot.
I Bouy.
Nourry.
Ratel.
(Key.
\ Lauverjat.
I Degez.
l Drevet.
i Gralier et G".
ochelle Foucher.
Bourdignoo.
Dombre.
Thorez.
Quarré.
LorienC.
Lyon .
chez Messieurs :
i Baumal.
( M°" Texier.
[ Bernoux et Cumin.
^ Georg.
( EfTantin.
I Sayy.
\ Vitte.
Marseille Ruai-
j Valat.
j Coulet et fils.
Martial Place.
Montpellier .
Moulins.. ..
bcry..
onl-Ferr.
Nantes
Nice..
Me.
I Jacques.
Kancy | Grosjean-Maupm.
( Sitlot frères.
( Guist'liau.
( Veloppé.
Barma.
Appy.
Nimes....: Thibaud.
Orléans Loddé.
( Blanchier.
Poitiers (Lévrier.
Bennes Plihon et Hervé.
Rochefort Girard (M"").
j Langlois.
^o"«" f Lestringant.
S'-É tienne Chevalier.
1 Ponteil-Burles.
Toulon
Toulouse
On souscrit, à l'Étranger,
Amsterdam .
Berlin.
I A.sh
\ Dar
Bucharest .
Rumébe.
Gimet.
Privât.
/ Boisselier.
Tours Péricat.
' Suppligeon.
\ Giard.
i Lemaître.
Valenciennes.
chez Messieurs :
j Feikema Caarelsen
I et G".
Athènes Beck.
Barcelone Verdaguer.
Asher et G'*.
mes.
Friediander et fils.
Mayer et Muller.
Berne Schmid Francke.
Bologne Zanichelli.
( Lamerlin.
Bruxelles Mayolezet Audiarte.
( Lebégue et C".
j Sotchek et G».
i Alcalay.
Budapest Kilian.
Cambridge Deighton, Bell et G'.
Christiania Cammermeyer.
Constantinople. . Otto Keil.
Copenhague Hôst et fils.
Florence Seeber.
Gand Hoste.
Gênes Beuf.
Cherbuliez.
Genève j Georg.
( Stapelraohr.
La Haye Bel infante frères.
j Benda.
! Payol et C'.
Barth.
Brockhaus.
Leipzig , Kœhlcr.
i Lorentz.
Twietmeyer.
^ Desoer.
( Gnusé.
Lausanne.
Liège.
chez Messieurs :
Dulau.
Londres
Hachette et G".
Nutt.
Luxembourg. . .
V. Buck.
/ Ruiz et G".
Madrid ...
1 Romo y Fussel.
) Capdeville.
' F. Fé.
Milan
( Bocca frères.
I Hœpli.
Moscou
Tastevin.
Naples
( Marghieri di Gius.
( Pellerano.
; Dyrsen et Pfeiffer.
l\'etv-york
. Slechert.
' Lemckeet Buechner
Odessa
Rousseau.
Oxford
Parker et C".
Palerme
. Reber.
Porto
Magalhaès et Mouiz.
Rio-Janeiro . . . .
. Garnier.
( Bocca frères.
) Loescheret G".
Rotterdam
. Kramers et fils.
Stockholm
Nordiàka Bogbandel.
S'-Petersbourg
i Zinserling.
' ( Wolflf.
/ Bocca frères.
) Brero.
\ Glausen.
[ RosenbergeiSellier.
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Tomes i" à 31. - (3 Août .835 à 3i Décembre i85o.) Volume m-4° ; i853. Pnx^
Tomes 32 à 61. - ( ." Janvier .85. à 3. Décembre .865.) Volume in-4°; .870. Pns _ •
Tomes 62 à 91.
Tomes 92 à 121. — (1
UPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
„:ne I : Memo.re sur quelques point, de la ^^^^^J^J^:i Z ^l^^.uZll.^^^^n^ dans les phénomènes digest.fs, part>cu..ereme..^.,
3
Etudier les lo'is de la distribution des corps orga
Mémoire sur le Calcul des Perturbali" ^
digestifs, particulièrement dan-
prouvent les Comètes, par M. Ha^sen. - Mémoire sur le Pancrea, ev »u.- .c .o.. "" ="-- ^" ^-. ■ 15 fr.
ïesUon des matières '/rasses. par M. C.uo. Bb«...... Volume .n-4" avec '^^^^^ ^^^ ': \--,;: ,, P,,. proposée en .85o par l'Académ.e des
;=tr-^= rc;r;i: ^:t::r:::^';^arJ:r: ^
c 27 planches; 1861 •
A la même Librairie
les Mémoires de l'Académie des Sciences et les Mémoires présentés par
divers Savants à l'Académie des Sciences.
W 15.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 13 octobre 1902.)
MEMOIRES ET GOMMUIVICATIOrVS
DES MRMBIIKS ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pages
labo-
3^9
\1. Hertiielot. — Sur les Registres de
ratoire de Lavoisier
M. 0. Callandukau. — Sur quelques parLi-
cularités de la ihéorie des étoiles filantes.
Existence de jjoints radiants stationnaires
par 45" de latitude 557
M. J. BoussiNESQ. - DénionstratKju générale
de la construction des rayons lumineux
Pages.
par les surfaces d'onde courbes SSg
M. Henri Moissan. — Etude du pentalluo-
rure d'iode .563
MM. A. Laveuax et F. Mesml. — Sur les
Hématozoaires des Poissons marins 567
M. Yves Delage. — L'acide carbonique
comme agent de choix de la parlhéno-
. genèse expérimentale chez les Astéries... ô-.o
COllRESPOlVDArVCE.
.\l. le Secrétaire terpétuel signale divers
Ouvrages en allemand de M. A. Kor/i
M. H. BadCARD. — Les quatorze grands
Piegistres de laboratoire de Lavoisier. Le
Registre II signalé perdu et nouvellement
retrouvé
M. M. Servant.— Sur rhabillage des surfaces
M. W. Kaufmann'. — La déviation magné-
tique et électrique des raj'ons Becquerel et
la masse électromagnétique des électrons.
M. J. TiioVERT. — Sur une conséquence de
la théorie cinétique de la diiïusion
j\I. Eugène Charabot. — Le méthylanthra-
nilate de méthyle dans l'organisme végétal.
M. Émilien Grimal. — Sur l'essence de bois
de Cèdre de l'Atlas
MM. Manget et Marion. — Sur une nou-
velle réaction du formol, permettant sa
recherche dans les denrées alimentaires..
M. N.-E. Wedensky. — Les excitants et les
5-9
5So
582
584
poisons du nerf
M. Louis Boutant. — Sur le centre nerveux
qui inuervc la périphérie du manteau chez
le Peclcn
M. L. Bkuntz. — L'excrétion chez les Crus-
tacés supérieurs
M. Cil. Gravier. — Sur un Cérianthaire
pélagique adulte
M. E. LiENARD. — Sur la composition des
hydrates de carbone de réserve de l'albu-
men de quelques Palmiers
MM. R. FouRTAu et D.-E. P.achundaki. — Sur
la constitution géologique des environs
d'Alexandrie ( Egypte )
M. F. DE -M0NTES.SUS DE Ballore. — Sur les
causes générales d'instabilité sismique
dans l'Inde
M. DussAUD. — Sur nn nouveau procédé
destiné à faciliter l'écriture et le calcul
aux aveugles
5S4
.587
58f,
591
59.3
096
538
600
GAUTHIER-VILLARS, Imprimeur-Éditeur,
yiAI Di;S GRANDS-ALGUSTINS, 55, A l'\RIS(6'").
CHANGEMENT DE PRIX
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
PUBLIÉS PAR LES SECRETAIRES PERPÉTUELS.
Par déci.sion de l'Académie des Sciences, les prix de raljonneraent et des collections sont
désormais fixés ainsi qu'il suil :
PRIX DE L'ABONNEMENT :
Paris 30 fr. | Uepartements 40 Ir. j Étranger 44 fr.
Chaque année, saui i845, 1S78 à 1892, 1S96 à J898, se vend séparément 25 fr.
Chaque volume, sauf les Tomes 20, îl, 70 à lOS, 110, 112, Ui, 115, 122 à 127, se vend sépa-
re ment .
15 fr.
TABLES GÉNÉRALES.
TABLE GENER.\LE des Tomes là 31 (iS35-i85o) 25 fr.
Tomes 32 à 61 (i85i-i865)
Tomes 02 à 91 (1866-1880) ,
To.iiES 92 à 121 (1881-1895)
25 fr.
25 fr.
25 fr.
Chaque Volume des Tailles gôni'-r.Tles coiMpreiul iiiU' Table par ordre tilphaictîquc d'auteurs
el inie Table par luatnres ti't'S clôlailloc.
PARIS. — I M P K l M IC lÀ I H li V U 1' 1 1 I li 1; - V I L L A R S ,
Ouai des Grands-Augustins, 55.
Le Gérant: Gautuier-Villars.
^ç>0j^ IS*^^
SECOND SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
TOME CXXXV.
W 16 (20 Octobre 1902
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBKAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉA.?^GES DE L'AGADÉMIl!; DES SCIENCES.
Quai lies Grands-Augustins, 55.
1902
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS
Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l' Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article i". — Impression des travaux de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un associé étranger de l'Académie comprennent
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Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie
ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans
le Compte rendu àe la semaine que si elle a été remise
le jour même de la séance.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 piîges par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de Sa pages par année.
Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis-
cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca-
démie ; cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont
ils donnent lecture à l'Académie avant de les re-
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap-
\
M
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu';
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séanci
blique ne font pas partie des Comptes rendus
Article 2. — Impression des travaux des Sami
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des peil^
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de 1
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'u
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires!
tenus de les réduire au nombre de pages requi
Membre qui fait la présentation est toujours noij
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cetE^
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils li
pour les articles ordinaires de la correspondancj
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être
l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus ta!
jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à te''
le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compte,
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendi\
vaut et mis à la fîn du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus ne contiennent ni planché
figures.
Dans le cas exceptionnel où des figures seP
autorisées, l'espace occupé par ces figures comi
pour l'étendue réglementaire.
Le tirage à part des articles est aux frais de
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rappol
les Instructions demandés par le Gouvernement
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administràtiv
un Rapport sur la situation des Comptes rendus i
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés '
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède !a séance, avant S*". Autrement la présentation sera remise à la séance suii
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 20 OCTOBRE 1902.
PRÉSIDENCE DE M. BOUQUET DE LA GRYE.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DKS CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
CHIMIE AGRICOLE. - Études sur la terre végétale.
Note (le M. Tu. Schlœsing.
« Dans ma Communication du 17 mars de cette année j'ai présenté les
résultats d'une étude sur la répartition de l'oxyde de fer entre les éléments
minéraux de diverses terres végétales, classés en plusieurs lots selon
l'ordre décroissant de leurs dimensions, et j'ai montré que la proportion
de cet oxyde croît rapidement dans la série des lots, à mesure que les
dimensions des éléments diminuent, ce qui m'a conduit à supposer que
l'oxyde de fer se trouve, au moins en partie dans les terres où il abonde,
et même en totalité dans celles qui n'en renferment que quelques cen-
tièmes, à l'état d'enduit revêtant toutes les surfaces apparentes des clé-
ments. ,1.
„ L'idée qu'une même substance peut enrober tous les éléments miné-
raux d'un sol n'est pas nouvelle. Depuis longtemps M. Masure a mis celait
en évidence pour des matières organiques de couleur brune procédant du
terreau; il a montré que ces matières sont si bien fixées sur les surfaces
des éléments qu'elles n'en peuvent être détachées ni par des lavages avec
l'eau ou avec des acides étendus, ni par les frottements produits au cours
des séparations mécaniques.
„ Les démonstrations de M. Masure remontent à une époque ou les
notions sur la constitution des argiles, qui ont permis de perfectionner le
classement des éléments des sols par ordre de grandeur, n'étaient pas
encore acquises; aussi sont-elles très sommaires, comme la méthode de
lévigation employée par l'auteur. Après avoir séparé les cadloux et gra-
C. K., 190Î, 2" Semestre. (T. CXXXV, N" 16.)
6o2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
viers, el détruit le calcaire par un acide étendu, M. Masure divisait ses
terres en deux lots, l'un sableux, l'autre argileux; après les avoir sèches et
pesés, il les calcinait en vase clos d'abord pour prouver l'existence d'une
matière organique par l'apparition d'une couleur variant du gris au noir et
due à du charbon, puis il achevait la calcination à l'air et dosait les ma-
tières organiques par les pertes de poids.
» Me proposant d'étendre à d'autres substances la faculté d'enrober les
éléments des sols, j'ai pensé qu'il serait utile de confirmer d'abord les
observations de M. Masure, par quelques expériences dans lesquelles je
mettrais à profit les progrès de l'analyse des terres. Je vais parler briève-
ment de ces expériences.
» Au cours de mes récentes recherches sur la répartition de l'oxyde de
fer parmi les éléments des sols j'avais toujours observé que, après la disso-
lution de l'oxyde par l'acide chlorhydrique bouillant, mes lots prenaient
des teintes grises d'autant plus foncées que les dimensions des éléments
étaient moindres.
» Ces teintes étaient dues uniquement à la matière organique, car tous
les lots devenaient blancs après leur calcination au contact de l'air. Ainsi,
la proportion de cette matière, à en juger par les colorations, allait en
croissant dans les séries des lots, à mesure que décroissaient les dimensions
des éléments. Mais des observations fondées sur une coloration ne sont
pas assez probantes, parce que les sols contiennent, outre la matière brune
enrobant ses éléments, un grand nombre de parcelles de terreau qui se
distribuent entre les lots et peuvent se trouver en plus grande abondance
dans les éléments les plus fins.
» Je me suis donc attaché à affranchir mes lots de ces parcelles; cela
est facile pour les sables qui se déposent au cours d'une première heure de
repos : agités avec peu d'eau dans une capsule, ils se réunissent au fond
avant le terreau qui peut être dès lors entraîné par des lavages superficiels;
mais le lot qui se dépose de la première à la vingt-quatrième heure ne se
prête pas à cet entraînement, il contient beaucoup de terreau extrêmement
fin que je n'ai pu réussir à séparer du sable. Quant aux éléments qui
demeurent encore en suspension après a/j heures et qui constituent
l'argile dite rurale, ils sont à très peu près dépouillés de terreau; mais il
faut se garder de les précipiter en les coagulant avec un sel de chaux ou un
acide étendu, sous peine d'entraîner avec eux l'humate alcalin qui les
accompagne. On doit recourir au chlorure de potassium (5^ par htre de
liquide) qui coagule l'argile sans précipiter l'humate.
SÉANCE DU 20 OCTOBRE 1902. 6o3
» Il reslc à sécher tous les lois et à y déterminer les proportions de
matière organique, non par les pertes de poids dues à la calcination, mais
par une méthode directe, en brûlant des poids connus de ces lots dans un
tube à oxyde de cuivre, et dosant l'acide carbonique produit. On peut
admettre, sans erreur importante, que la matière organique consumée'
contenait 5o pour 100 de carbone.
» En pratiquant les opérations que je viens de résumer sur des terres
de natures diverses, j'ai eu la satisfaction de confirmer, de la façon la plus
nette, les observations de M. Masure. A titre d'exemple, et pour fixer les
idées sur la progression de la matière organique enrobante en sens inverse
des dimensions des éléments, je citerai les résultats que m'ont fournis les
sous- sols de deux terres, celle de Boulogne-sur-Seine très riche en cal-
caire et celle de Neauphle-le-Château, argilo-sableuse, qui en est presque
dénuée. Ces terres ont été largement fumées depuis longtemps et sont très
riches en terreau ; mais leurs sous-sols en sont beaucoup moins pourvus et,
par conséquent, se prêtaient mieux aux démonstrations que j'avais en vue.
Sous-sol de la terre de Boulogne.
Poids Pour 100 de matière :
employé Acide ""■■ -~ — --"
pour carbonique Matière
l'analyse. trouvé. Carbone. organique.
g mg
Sable grossier déposé en 10 secondes . . 2,917 11 0,2 0,40
Sable fin déposé en 5 minutes 1,718 20,7 o,33 0,66
Sable très fin déposé en I heure i,(J25 71,8 1,20 2,4o
Sable surfin déposé en 24 heures i,G38 235,5 3,92 7,84
Argile resiée 24 heures en suspension. . i,i4' ii4)4 2,73 o,46
Sous-sol de la terre de Neauphle.
Sable grossier déposé en 10 secondes. . 3,096 9,7 0,073 0,10
Sable fin déposé en 5 minutes 3,233 10,6 0,089 0,18
Sable très fin déposé en 1 heure 2,545 32,4 o,35o 0,70
Sable surfin déposé en 24 heures i >^^1 216,8 3,56o 7,12
Argile restée 24 heures en suspension.. 2,2dD 171,0 2,070 4ii4
» Comme je devais m'y attendre les doses de matière organique ont été
considérablement exagérées par la présence du terreau dans les lots de
sable déposé en 24 heures, mais tous les autres chiffres se rangent bien en
deux progressions rapides, dco,/j à 5,4 pour une terre, de o,i5 à 4,i4
pour l'autre.
6o4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Je vais maintenant essayer d'expliquf^r l;i formation sur les surfaces
des éléments des sols et la persistance d'enduits composés des substances
extrêmement peu solubles, telles que la matière organique brune, l'oxyde
de fer, et d'autres encore.
» Il semble évident que le phénomène s'est produit au sein de l'eau et
par son intermédiaire, c'est-à-dire que les matières destinées à former
les enduits ont d'abord été dissoutes, puis déposées sur les éléments des
sols.
» Je commence donc par considérer la dissolution existant dans une
terre végétale. Elle contient des composés franchement solubles, comme
les nitrates, les chlorures, et d'autres très peu solubles ou même réputés
insolubles : la matière brune qui procède du terreau, les carbonates et bi-
carbonates de chaux, de magnésie; des phosphates terreux, de la silice, de
l'alumine, de l'oxyde de fer, de l'oxyde de manganèse. Son volume varie
continuellement, sous les influences contraires de l'évaporalion et des
apports d'eaux de pluie ou d'irrigation. Pendant les variations de son
volume, les composés très solubles, presque toujours en quantités
relativement faibles, demeurent dissous en totalité, sauf le cas de séche-
resse extrême; mais il en est autrement des substances très peu solubles.
» Le sol en possède des réserves qui sont considérables par rapport aux
quantités de ces substances existant à l'état dissous, et ces réserves sont
partout disséminées, en sorte que la dissolution est, pour ainsi dire, en
tout point en contact avec elles, et tend constamment à s'en charger dans
les mêmes mesures. C'est ce qu'a observé et expliqué M. Schlœsing fds, en
ce qui concerne l'acide phosphorique dissous.
» Dans de (elles conditions, la dissolution, toujours à peu près saturée
des substances très peu solubles, doit en laisser déposer ou en dissoudre
davantage, selon qu'elle est en voie de diminution ou d'accroissement de
volume. On conçoit sans peine que, pendant les périodes de diminution,
les substances qu'elle abandonne se déposent sur les surfaces des corps
qu'elle baigne, c'est-à-dire sur les éléments du sol, sous la forme de couches
extrêmement minces. Mais ces couches seraient éphémères et disparaî-
traient pendant les périodes d'accroissement, si quelque cause n'interve-
nait pour les maintenir.
» Cette cause, je la vois dans une certaine attraction exercée jjar les élé-
ments du sol sur les substances déposées à leurs surfaces. Je n'ai pas besoin
de lui prêter l'énergie de celle qui préside aux phénomènes de teinture,
où des matières colorantes solubles perdent absolument toute solubilité
SÉANCE DU 2(> OCTOBRE Iii02. 6o5
en se fixant sur des fibres. Il stifiit qu'elle agisse à la façon de la capilla-
rité, quand celle-ci, attirant les couches très minces d'eau qui enveloppent
les particules d'un corps en poudre humide, diminue leur tension de va-
peur. Que l'attraction supposée diminue, si peu que ce soit, la solubilité
des substances déposées sur les éléments d'un sol, il n'en faut pas plus
pour que l'on comprenne la formation des enduits dont il s'agit.
)> Car du moment que les substances déposées sur les éléments du sol
sont devenues moins solubles, la dissolution s'est trouvée plus que sa-
turée à leur égard, et quand son Aolume est entré en accroissement, c'est
à leurs réserves qu'elle s'est adressée pour compléter son approvision-
nement; et ainsi, par des alternatives d'emprunts faits aux réserves et de
dépôts sur les éléments du sol, un transport s'est établi des unes aux
autres, jusqu'à ce que l'enrobage ait acquis l'épaisseur au delà de laquelle
l'attraction n'a plus agi.
» L'hypothèse sur laquelle reposent ces explications se prête à des véri-
fications expérimentales ; il est, en effet, fort possible d'enrober artificiel-
lement des sables ou les éléments d'une urgile avec des quantités déter-
minées d'alumine, d'oxyde de fer, de silice, de phosphate peu soluble...
et de voir si la solubilité de ces substances dans des dissolvants appropriés
est modifiée par l'état physique qu'on leur a imposé.
» J'ai exécuté dans cette voie quelques essais qui m'encouragent à pour-
suivre ce nouveau genre d'études; j'aurai l'honneur d'en rendre compte à
l'Académie quand ils me paraîtront dignes d'être publiés. »
BIOLOGIE. — Sur le mode d'action de l'acide carbonique dans la parthéno-
genèse expérimentale. Note de M. Yves Delage.
« J'ai montré dans la Note précédente (séance du i'^ octobre 1902) que
l'acide carbonique communiquait à l'eau de mer dans laquelle il est dissous
la propriété de faire développer parthénogénétiquement les œufs vierges
à' Asterias. Il y avait intérêt à déterminer par laquelle de ses propriétés
cet agent intervient pour produire les effets observés.
» CO^ est acide, anesthésique. il n'entretient pas la respiration, il
augmente la pression osmotique de l'eau dans laquelle il est dissous. Exa-
minons-le successivement sous ces divers aspects.
» 1. Acidité. — Parmi les acides, llClscui, employé à dose extrêmement
faible (i pour 5ooo à 10 000), détermine la parthénogenèse chez les Asté-
6o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ries. Mais son action est incomparablement moins efficace que celle
de CO*. Les autres acides que j'ai essayés n'exercent aucune action de ce
genre. L'acidité seule ne suffit donc pas à déterminer la parthénogenèse.
» 2. Aneslhésie. — J'ai essayé les autres anesthésiques : le chloroforme,
le chloral, la morphine, la cocaïne, même l'acide phénique. Aucun ne m'a
donné de résultats.
» Pour être sûr d'employer des doses suffisantes et non exagérées, j'ai fait des
essais gradués jusqu'à ce que j'aie trouvé la solution la plus forte qui n'altère pas les
œufs et la plus faible qui manifeste encore une action. La dose critique est obtenue
quand, dans une même solution, on aune partie des œufs impressionnée par le réactif
et l'autre non modifiée. Or, toujours les œufs non modifiés (en ce qui concerne l'as-
pect microscopique) ont été incapables de se développer parthénogénéliquement, et les
œufs impressionnés ont été tués.
» On pourrait objecter que ce qui est anesthésique pour un animal peut ne pas
l'être pour d'autres et que GO- peut produire, en tant qu'anesthésique, des effets que
les autres anesthésiques ne produiraient pas parce qu'ils ne seraient pas anesthésiques
pour les œufs en expérience. Cette objection ne serait pas fondée, car le chloroforme,
le chloral, la cocaïne sont anesthésiques pour la généralité des Invertébrés à l'état
adulte; et, en ce qui concerne les œufs d'Echinodermes, Hertwig a montré que le
chloroforme les anesthésie effectivement et les met en état d'accepter la polyspermie.
» 3. Asphyxie. — Ce n'est pas simplement en contrariant la respiration
des œufs que CO" agit, car l'eau de mer privée d'air par ébuUition et
ramenée à la concentration normale par addition d'eau distillée bouillie
ne fait point développer les œufs.
» 4. Pression osmotique. — Pour reconnaître si c'est en augmentant la
pression osmotique, comme on l'a dit pour les agents salins, que CO" fait
développer les œufs, j'ai annihilé cette augmentation de pression par addi-
tion d'eau distillée. Il en faut, au plus, i3 pour loo. Or une addition
de i5 pour loo, non seulement n'empêche pas la parthénogenèse, mais la
favorise. Le réactif fournit dans ces conditions des larves plus belles, plus
parfaites que la solution non diluée.
» Détermination de la quantité d'eau distillée nécessaire. — Dans le siphon, où
la pression est, paraît-il, de 5^'™ à 6"™, l'eau doit contenir, par litre, 5' à 6' de GO".
Quand elle est versée dans le vase où sera faite l'expérience, la plus grande partie se
dégage tumultueusement, mais on sait bien qu'il en reste une notable quantité et
qu'un temps fort long est nécessaire pour que la teneur touche à la quantité insigni-
fiante correspondant à la pression de GO- dans l'air quand l'équilibre est établi. Le
calcul ne nous renseigne pas à cet égard : il faut des dosages. Ils ont été faits par mon
fils, M. Marcel Delage, par le procédé à l'eau de baryte.
» Après 3 minutes, le liquide non agité contient, par litre, 3s, 48; après 3o minutes
SÉANCE DU 20 OCTOBRE I902. 607
il en conticnl 12,71 ; nprès i heure, ib,36. L'agitation et la filtration liaient le déga-
gement.
» Admettons que l'eau contienne 3s, 5, cliifTre supérieur au maximum observé. La
solution normale contenant 44°j '^i concentration du liquide qui en contient 3s, 5
3 5
est -^ ^ 0,080; et, comme il n'y a pas d'ionisation, ce chiffre vaut pour la pression
44
osraotique. La pression de l'eau de mer naturelle (tant, d'après les données de Loeb,
0,625, celle de la solution carbonique est o,-o5. Pour la ramener à 0,620 il faut
■ . 1, !• -11. II 70'^ ^'^^ it • o
aiouter une nuantite d eau distillée x telle que ^ ; aouj;=r2i5.
'' ' 1000 4- X looo'
Disons i3o pour tenir compte de ce que CO- en S(; dissolvant passe, peut-être, à l'état
de CO' H- et, pour cela, retire à la solution i8s d'eau distillée pour 44° de CO^, soit
16,44 pour 3e, 5 de C0«.
» On voit qu'en ajoutant iSpour 100 d'eau distillée on rend la pression du liquide
immédiatement inférieure à celle de l'eau de mer normale; et cette infériorité va en
s'accroissant rapidement jusqu'à la fin de l'expérience.
» Augmentant la quantité relative d'eau distillée, j'ai constaté que,
jusqu'à 20 pour 100 (correspondant, par rapport à la pression de l'eau de
mer normale, à un abaissement de pression de plus de 6 pour 100) cette
addition est favorable, en ce sens que les larves mettent moins de temps
à parvenir au stade Auricularia. Pour qu'un effet nocif se fasse sentir
il faut mettre plus de 3o pour 100 d'eau distillée (produisant un abaissement
de pression de plus de i3 pour 100).
» Il est ainsi démontré que ce n'est pas en accroissant la pression osmo-
tique que CO" détermine la parthénogenèse.
» Comment donc agit-il?
» Dire, comme on l'a fait pour les ions métalliques, qu'il intervient par
une action spécifique (slimulante) ou catalytique (accélératrice), c'est
répondre par un mot là où il faudrait une idée. Mieux vaudrait avouer que
nous n'en savons rien.
» Toutes les théories dans lesquelles on explique la parthénogenèse
par une action excitante ou accélératrice de l'agent qui la détermine sont
passibles d'une même objection fondée sur ce fait que l'évolution de l'œuf
ne se produit pas dans le réactif (sauf, dans ciuelques cas^ un petit nombre
de segmentations, comme aussi d'ailleurs, à la longue, dans l'eau de mer
normale), mais seulement après qu'il a été remplacé par l'eau de mer
naturelle. Or ce n'est pas là le mode habituel des excitants ou des agents
quelconques produisant leurs effets par une action directe. Ce n'est pas
après avoir été éliminés de l'organisme que la caféine, l'alcool, la mor-
phine, la cocaïne produisent leurs effets bleu connus. Ce qui se produit,
6o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dans le cas de VAsterias tout au moins, le seul que je veuille examiner ici,
c'est une action inhibitrice, un arrêt de la division commencée.
» C'est, en effet, au moment où les œufs sont en voie de division pour
l'expulsion des globules polaires que je les place dans le réactif, et là, la
division s'arrête, par suite d'une action non excitante, accélératrice, mais,
au contraire, inhibitrice, stupéfiante : il y a suspension de l'activité caryo-
cinélique. Puis, quand l'œuf est replacé dans l'eau naturelle, CO^, qui n'a
produit aucune altération profonde, s'élimine rapidement et l'œuf reprend
son activité. Il avait commencé à se diviser, il continue à le faire; mais,
comme il n'est plus dans l'état très spécial et très précis qui est la condi-
tion des divisions maturatives et de l'expulsion des globules polaires, il fait
une division ordinaire; au lieu d'achever une division très inégale qui four-
nirait un globule polaire, il fait une division égale suivie de toute une
série qui se poursuit et constitue la segmentation.
» En faveur de cette opinion je ferai valoir ce fait que : après traitement
par le réactif, les œufs n'ayant pas commencé à se diviser, ayant leur vési-
cule germinative intacte, ne se développent pas ; ceux qui sont à une phase
quelconque des deux divisions maturatives, évoluent; ceux qui viennent
d'achever leur maturation, qui ont émis leurs deux globules mais dont
le pronucléus ne s'est pas reconstitué à l'état de repos, évoluent aussi;
enfin, ceux qui ont émis leurs deux globules depuis quelques heures, et
dont le noyau est retombé en état d'inertie, ne se développent pas.
» Les agents parthénogénétiques, quels qu'ils soient, agissent comme
des poisons temporaires ; ils sont efficaces dans la mesure où ils jouissent de
cette double qualité. Ceux qui ne sont pas assez nocifs pour arrêter la ma-
turation sont inefficaces, ceux qui sont des poisons trop forts ou dont l'ac-
tion est permanente ou simplement de trop longue durée tuent les œufs.
CO^ est un agent parfait parce qu'il empoisonne complètement les œufs,
mais que son action est absolument passagère, qu'il s'élimine complètement
et ne laisse après son élimination aucune altération du protoplasme.
» C'est une théorie basée sur l'observation des phénomènes, mais ce
n'est qu'une théorie; qu'on la prenne pour ce qu'elle vaut. En tout cas,
elle ne s'applique pas au cas où les œufs qui se développent parthénogéné-
tiquement sont complètement murs et à l'état de repos au moment de leur
immersion dans le réactif, comme c'est le cas pour les Oursins. Mais chez
eux, CO^ ne réussit absolument pas. J'exammerai ultérieurement le mode
d'action des solutions salines et en particulier de celles au chlorure de man-
ganèse sur les œufs de cette catégorie. »
SÉANCE DU 20 OCTOBRE iq02. 609
ZOOLOGIE. — Sur quelques Protozoaires parasites d'une Tortue d' Asie
( Damonia Reevesii). Noie de MM. A. Laveran et F. Mesxii..
» T.a Torliic d'enn qui domine de beaucoup sur le marché de Paris est
Emys lularia; au mois de juillet dernier nous avons acheté, à Paris, des
Tortues d'eau qui difTéraicut l)eaucoup |i;ir leurs caractères extérieurs de
Emys lutaria et qui, au dire du marchand, |)rovenaient de C^eylan. Une (h^
ces Tortues a été remise pour hi détermination au hiboratoire deM. le pro-
fesseur Vaillant au Muséum. D'après M. le [)■■ .T. Pellegrin, il s'agit de
Damonia Reevesii Gri\\ , espèce asiatique mais plutôt originaire de Chine on
du Japon que de Ceylan. Il se |ieut fort bien que le renseignement fourni
par le marchand sur la provenance des Tortues soit inexact.
» Nous avons trouvé chez ces Damonia plusieursProtozoaires parasites :
deux Hémogrégarines, un Trypanosome parasite du sang, une Coccidie du
tube digestif, une Mvxosporidie parasite des reins.
» La Myxosporidie nous a paru être identique à My.ridium Dandeivskyi,
très commun dans les reins de Emys lutaria et décrit |iar Vnr, de nous (');
les autres jiarasites appartiennent à des espèces nouvelles.
» L'une des Hémogrégarines appartient à une espèce très voisine de
//. Stepanowi, parasite commun de Emys lularia; nous lui donnerons le,
nom de H. siepanoniana ; l'autre espèce diffère notablement des Hémogré-
garines ordinaires des Reptiles et des Chéloniens; nous lui donnerons le
nom de H. rara.
» Hœmogregarina xLepanoiviana n. sp. — l>e3 formes jeunes, endoglobulaires,
ont la plus grande ressemlslance avec les formes jeunes de H. Slepanowi. Le parasite
se présente sous l'aspect d'éléments ovalaires ou réniformes {ftg. i); lorsque le para-
site augmente de volume, le no^au de l'hématie est souvent lefoulé {ftg. 2). Sur les
préparations colorées on distingue, à la partie moyenne de chaque élément parasi-
taire, un noyau constitué essentiellement par des granulations de chromaline de
\ûlume variable. Le protoplasme est finement granuleux.
I) En examinant des éléments parasitaires endoglobulaires ou libres, arrivés à leur
développement complet, on arrive facilement à se convaincre que celle llémogrégarine
diffère notablement de //. Stepnno»i.
» //. .Sn
SÉANCE DU 20 OCTOBRE 1902. Gl3
« On ne connaîL jusqu'ici que deux Coccidies des Chélonieus : Cocci-
dium Delagei Labbé (tube digestif A' Emys lutaria), et C. Legeri Simond
(foie de Crvplopus granosiis).
» Nous avons trouvé, dans le tube (bge^Lif de Z). Hee^esic, une Coccidi»;
qui a|)|)arlient comme les deux précédentes au genre Coccidùun, mais q
en difTcre notablement par la forme des kystes et surtout jxir son é^'ulul
exlracellulaire. Nous l'appelous C. inilrariani.
» Coccicliuni milrariam, 11. sp. — Dans le lerluiii de deuK Danionia sacrifiées en
juillel, nous avons Iruiivé de nonibieux kvstes à tous étals de matiu'alion, de forme
1res spéciale, rappelant celle d'une mitre {Jig. rJ-i4)- '^a surface du kvsle présente,
par une evceplioii unique chez les Coccidies, des ornements en relief, coniques, au
nombre de 4 (lareinent 3). L'un d'eu\, toujours isolé, marque un pôle de la Coccidie ;
l'autre pôle est tronqué et la base plane porte les 3 (ou 4) autres ornements à son pour-
tour. Les figures 12 à i4 donnent une idée de la fmme des kystes et de ses variations;
il y a aussi des variations de volume, le diamètre pouvant avoir de 10!^ à \^V-.
» Nous avons suivi, sur les préparations fraiches, les changements qui se jiro-
duisent à l'intérieur de la membrane kystique : rétraction du protoplasme qui aban-
donne d'abord la cavité des ornements {fig. 12), puis devient une sphère n'ayant plus
de contact avec la paroi kystique; division de cette sphère en quatre sporoblasles,
sans reliquat {fig. i3); transformation des sporoblasles en sporocysles ovoïdes, avec
deux sporozoïles et un reliquat {Jig. 14).
» On trouve dans l'intestin grêle : 1° des schizonles dont le diamètre atteint lof
à lal'- et qui donnent une vingtaine de mérozoïtes fusiformes de 3H- à ÔV- de long, avec
un petit noyau central; 2° des microgainéloblasles, de ici'- à iSt'de diamètre, à la
surface desquels se forme un fin chevelu de micro gamètes dont la partie chromatique
a SS'- à G''' de long; 3° des inicrogamèles, à tous les stades de croissance, remplis de
granules à reflet \erdàtre.
» Ce qui fait l'intérêt de cette Coccidie, c'est que l'évolalion de loiilcs ces formes
est exlracellulaire. Sur coupes de l'intestin grêle, on les voit, à tous les étais de
croissance et de différenciation ('), plus ou moins intimement accolées aux cellules
épithéliales dont le plateau paraît alors manquer et qu'elles dépriment; souvent, le
parasite pi'end une forme allongée en s'étalant le long de la surface épitliéliale.
Il 11 est probable que la Coccidie se nourrit aiiv dépens de la cellule épitliéliale par
l'intermédiaire de pseudopodes, elles ornements du kysle en so;il peut-être les repré-
sentants chitinisés.
» La découverte d'une Coccidie à croissance exlracellulaire montre une
( ' ) Nous avons cherché vaiiieiiient des stades intracellulaires ; si ces stades existent,
ils doneiil a\ojr une très cnui le durée.
6r4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
fois de plus qu'il n'y a, au point de vue du mode et du degré de parasi-
tisme, aucune différence essentielle entre Coccidies et Grégarines ('). »
MÉCANIQUE. — Sur le prohlenw des hrachistochrones.
Note de i\1. Haton dk i.a fJotPiLi.ifcuE.
« 1. J'ai montré, {\i\n?< wn MémoWe \x\sérc m\ Recueil des Savants étran-
gers (-), que si un point matériel, présentant l'unité de masse, se meut
dans un plan, en supposant l'existence d'une fonction analytique T des
forces dans l'équation du travail :
(i) ^^-^o=2|>elail une fonction isotherme ('). Mais 011 remarquera avec soin que ce
caraclcrc toiidameiilal appartient à Log U et non pas à LogT, de telle
sorle que c'est spécialement LogU qui constitue \6 paramètre thermo-
métrique, suivant rex|)ression de Lamé. La fonction des forces T est ordi-
nairement incomplètcinenl délenninée, cl l'on peut lui adjoindre une
constante quelconque dans celles de ses applications qui consistent à
faire connaître les composantes de la force par ses dérivées partielles,
ou à fournir les courbes de niveau lorsqu'on l'égale à un paramètre arbi-
traire. Au contraire l'expression U ne renferme rien que de bien déterminé,
et la constante en question a disparu dans la soustraction T — ï„.
» 2. Intégrons l'équation (4) sous la foiiue
(5) LogU = (p(/^) + ^(r/),
en faisant, pour abréger,
p — X -\- iy, (j^x — iy,
et représentant suivant l'usage par i le symljole imaginaire \/ — i .
Nous nous assujettirons d'ailleurs, en vue d'obtenir dans l'application
des expressions essentiellement réelles, à tiesigner pur 0 et (y).
» Cette relation est essentiellement réelle, car la forme (6) des fonc-
tions arbitraires montre que le second membre renferme en factenr i, qui
disparaît ici de part et d'autre.
» 3. La première intégration étant ainsi effectuée une fois pour toutes,
la seconde peut être, dans chaque cas, ramenée aux quadratures.
» On a, en effet,
dy I e-'"' — I I e?(/')-'l'('y)-2'=' — i i ^çf/jJ-''^ — g'{;(7)-i-ia
■^ — 1 a n *'^ to = — = " =^ i '
dx ^ i e-"' -h I ( g9(/))-'l'(7)-2/a _^ , i g-ni>)-i% _ gtj/iïj+ia
On tire de là
dx [e?')-'« — é^'^i'^'"-] = idy^^'-i'-"' + e^''i''^%
c'est-à-dire
(dx - idy) e?'/''-'^ = (dx + idy) s'^-w-^'»,
011, en divisant les deux membres par f=f'/')-'T'''/',
6'" t'-i"/" dp = e-'"" r''î"î' dq,
et enfin, en inté£[rant et désignant par s/fi une nouvelle constante arbi-
traire,
( 8 ) e'* Te-f "'' f//J - e-'"' Te-^f" dq=-2i(^,
équation réelle encore, puisque le premier membre est la différence de
deux expressions imaginaires conjuguées.
» Il convient de remarquer que l'on n'a |)as en réalité deux quadratures
à opérer, mais une seule, jxiisque la seconde n'est que l'expression conju-
s;uée de la première. Il suflit donc d'effectuer l'une quelconque d'entre
elles, de la multi|)lier par le facteur en a qui la concerne, et d'égaler à p le
coefficient de sa partie imaginaire, pour avoir l'équation finie de la bra-
chistochrone.
SÉANCE DU 20 OCTOBRE 1902. 617
» Nous pouvons déckiire de là certaines |M'opriélés des courbes iiinsi
obtenues.
» 4. Nous voyons d'abord que la relation (8) renferme deux para-
mètres arbitraires a. et ^. Ou peut donc envisager distinctement une infinité
de groupes de brachistochrones, pour chacun desquels ce conserve une
valeur fixe, tandis que j3 passe par tous les états de grandeur, île manière
à fournir les diverses lignes qui composent le groupe en question.
» Attachons- nous .par la pensée à l'un de ces groupes en particulier, et
menons à toutes les courbes qui le constituent des tangentes parallèles à
une direction fixe, caractérisée par une certaine valeur déterminée de
l'angle w. Il est facile de trouver l'équation du lieu du point de conlacl.
)) Elle ne sera autre que la formule (7) dans laquelle, au lieu de considé-
rer co comme un angle de contingence variable, ce qui constituait l'équa-
tion différentielle de la brachistochrone d'où p se trouve absent, nous
l'envisagerons au contraire comme une constante absolue relative à la
direction des tangentes considérées. L'équation cherchée est donc
o{p) — '\{q) = const.
» Cherchons actuellement la tangente de cette nouvelle courbe, endif-
férentiant son équation par rapport à x. Il vient ainsi :
{dx + idy) 9'(/>) -{dx- idy) ■^{q) = o,
ce qui donne (5),
dy_ _
dx
.'/(/.) -.y(7)
rfLogU
dv
d\}
dy
dx
_ dy
•^'{p)+'i\
2î(co"+ a") = o(p) — Kî')-
les valeurs de to difïérant seules d'une équation à l'autre pour ce point. On
déduit de là
co 4- a = oj + 0. ,
-w'=a' — oc"
Mais o/- co' est l'angle formé par les tangentes des deux courbes, ce qui
confirme l'énoncé.
» 6. La plus simple des équations (8) correspondra à la valeur spéciale
du paramètre
a ^ o.
Appelons en particulier, pour ce groupe, b le paramètre des diverses lignes
qui le constituent; elles auront pour équation
(9) Te-^f-P' dp - Te-*"" dq = 2 ib .
» Nous citerons en second lieu l'hypothèse
a = -7 e — Il
2
c« .
qui donne pour équation
(10) fe-'^^P^ dp +y e-'>(î> f/7 = 2 B,
en appelant B le paramètre des courbes de ce second groupe.
» Cette nouvelle fiuniUe sera formée, d'après le théorème précédent,
des trajectoires orthogonales de la première (9).
» Tout autre système pourra ensuite être représenté d'une manière fort
simple au moyen des paramètres spéciaux de ces deux groupes fondamen-
taux. Leur équation générale (8) se met en effet sous la forme
(cos* + isinoc)(B -t-i'è) — (cosa - isina)(B — ib)= 2«|3,
ou, en efifectuant toutes les réductions,
Bsin«-I- ècosa = p. »
SÉANCE DU 20 OCTOBRE 1902. (ilf)
M. 1». Zkiller, en préseiiLaiit à l'Acailémie un Iravail qu'il vient de
publier dans la Palœonlologia Indica, sons le titre : « Observations sur
quelques plantes fossiles des Lower Gonlwanas », s'exprime comme il suit :
« Ce travail est consacré à la description d'une série de fossiles végé-
taux des couches à combustible de la portion inférieure du svstème de
Gondwana, que le Geological Survey of liidia m'a fait, en 1897, l'bonneur
de me communiquer en me demandant de les étudier, à titre de complé-
ment aux travaux du regretté D'' Ottokar Feistmantel sur la flore fossile de
l'Inde. Les échantillons que j'ai eus en mains m'ont permis de compléter
la connaissance de quelques types intéressants, notamment, parmi les
Fougères, les G/o^io/j/erà et leurs rhizomes les Verlebraria.'ie signalerai en
outre deux espèces nouvelles d'Equisétinées appartenant aux genres Sc/»;o-
ncura eX. Phyllotheca, un Araucarites rappelant beaucoup certaines formes
vivantes du sous-genre Colymbea, et un très curieux type de feuille orbi-
culaire à bord denté, à long pétiole, dont les affinités me paraissent être
avec les Salisburiées et que j'ai dédié au D"' O. Feistmantel sous le nom
générique d'Oilokaria. »
M. Albert Gaudry fait hommage à l'Académie d'un Opuscule qu'il
vient de publier sous le titre « Recherches paléontologiques de M. André
Tournouër en Patagonie ». [Extrait des PrDcés-verbaux de la Société d'His-
toire naturelle d'Auliin (année 1902).]
MEMOIRES PllESENTES.
M. DE Saintigxox adresse un travail intitulé : « Sur les tremblements de
terre; le mouvement différentiel />.
(Renvoi à la Commission des Antilles.)
iVT. N. Tasibo.v demande l'ouverture d'un pli cacheté, déposé le 5 mai 1902
et inscrit sous le n" 6518. Ce pli contient un Mémoire intitulé : « Nouvelles
méthodes d'atialvse |Kiur reconnaître les falsifications des huiles d'olive
(comestibles et industrielles) et en général des huiles les unes par les
autres ».
(Commissaires : MîM. TroosI, Guignard.)
620 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CORRESPONDANCE
M. le MisisTRË DE l'ïxstritctiox publique Iransmet à l'Académie une
Lettre adressée à M. le Ministre des Affaires étrangères, concernant
l'éruption volcanique qui s'est produite à l'ile Torishima, dans le groupe
des îles japonaises de l'Océan Pacifique (Iles Bonin, etc.):
« M. J3UBAIL, Ministre de France à Tokyo,
à M. Delcassé, Minisire des Affaires étrangères.
» Un paquebot de la Compagnie japonaise, Nippon Yi/sen Kais/ia. qui fait le
service des îles japonaises de l'Océan Pacifique (îles Bonin, elc), apportait l'aulre
jour à Yokohama la nouvelle qu'une éruplion volcanique venait de se produire dans
l'île de Torishima. Le navire n'aurait pu approclior du volcan qui était en pleine
éruplion; au dire des officiers, des phénomènes extraordinaires se produisaient en
même temps dans le voisinage de la mer : des colonnes d'eau auraient été projetées
dans les airs et le paquebot dut continuer sa route sans pouvoir porter aide aux
habitants qui ont sans doute péri.
1) L'île de Torishima est située entre le 3o° 2826 latitude nord et i^o" 1^02 lon-
gitude est. La circonférence de l'île est de 7'"",5oo et la superficie de 3'""', 5. Elle est
séparée de Yokohama par une dislance de 3 12 milles marins.
» La population est de -jo hommes et de 52 femmes se livrant à la chasse aux
oiseaux, à la j)èche, etc., tous employés au service d'un particulier japonais qui a
obtenu la concession et l'exploitation des richesses de l'île.
» La nouvelle de cette catastrophe a produit une grande impression et le Gouver-
nement a envoyé de suile un liàlimcnlde guerre sur les lieux. Peu après, un paquebot
s|)écialemenl afiVèlé pour la circonstance emportait des vivres, des instruments de
toutes sortes et une mission chargée d'étudier ces phénomènes et leurs causes.
» Les résultats de celte expédition ne seront connus que dans quelques jours; je ne
manquerai pas d'en faire part à Votre Excellence.
» Veuillez agréer, etc.
» Signé : Dubajl. »
M. le Secrétaire perpétuel signale une Lettre de M. ^er^e^e// relative
aux résultats obtenus au moyen des ballons-sondes, résultats qui seront
publics à l'aide de crédits accordés par le Gouvernement allemand.
SÉANCE DU 20 OCTOBRE ig02. 62 I
PHYSICO-CHIMIE. — Sur la formai ion des goultes liquides el les lois de Taie.
Note de MM. Ph.-A. Guye et F.-Loms Perrot.
(( Comme suite aux travaux résumés dans une Note récente ('), nous
avons cherché à mettre en évidence les phénomènes complexes qui régis-
sent la formation des gouttes issues cà l'extrémité de tubes cylindriques à
canal capillaire, en étudiant les formes successives par lesquelles elles
passent avant la chute. Dans ce but, après des observations directes, faites
à l'reil, au besoin aidé de la loupe, nous avons adopté un procédé photo-
graphique rendant nos constatations tout à fut indépendantes des illusions
rétiniennes. Des résultats partiels intéressants ont déjà été obtenus par des
procédés analogues, notamment par MM. Lenard ('■'), Th. Lallin (' ),
Ch. Lansiaux (*).
,, Sur nos indicalions, MM. A. et L. Lumière, à Lyon, oalbien voulu nous préparer
des bandes de clichés cinématographiques relatifs à la formation de gouttas à^eau, de
benzène et A' aniline, Issues de tubes cylindriques de diamètre exlér. < 4""". Les clichés
ont été obtenus soit dans les conditions où les gouttes se forment lentement {gouttes
statiques) et où, par conséquent, leur poids est indépendant de leur durée de forma-
tion, soit dans des conditions de formation de plus en plus rapide {gouttes dyna-
miques). Ces documents graphiques ont été étudiés à la loupe; puis, par projection
sur un écran, des épreuves agrandies ont pu être prises des plus caractéristiques
figures. L'étude de ce matériel d'observation fera l'objet d'un Mémoire détaillé, en
préparation. Nous ne reproduisons donc ici que nos conclusions finales relatives aux
gouttes statiques d'abord, puis aux gouttes dynamiques.
» Les figures agrandies i à 8 représentent le processus de formation des gouttes
statiques (benzène; diam. extér. du tube = 3">'",i7).
» La goutte apparaît sous forme d'un ménisque à courbure sphéroïdale, puis ce mé-
nisque s'allonge grâce à l'afllux de nouvelles quantités de liquide. Un étranglement se
dessine lentement entre la goutte proprement dite et le liquide adhérant au tube; on
le retrouve dans les figures de M. Worthington. Ensuite l'allongement de la goutte se
précipite de telle façon que, si la bande présentait plus de.cent clichés entre la figure 1
et la fio-ure 2, les clichés 3 à 7 se succèdent par contre immédiatement. Enfin, l'étran-
glement se résout {fig. 7) en un filament qui, après avoir subi un étirement, se rompt
(') Comptes rendus, t. CXXXV, p. ^Sg.
(2) Pli. Lenard, Wied. Ann., t. XXX, 1887, p. 209.
(') Th. Luixin, Archives de Genève, t. II, 1S96, p. 201.
(') Cii. Lansiaux, Revue suisse de Photographie, 7= année, iSgS, p. 86.
022
ACADÉMIE DES SCIENCES.
en donnant généralement une gouttelette qui succède à la gouHe principale, goutte-
lette déjà observée par Savart, Maguus et Lenard. Au moment où la goutte se détache,
SÉANCE DU 20 OCTOBRE 1902. 628
elle est grossièrement spliérique; mais, comme l'a constaté M. Leiiard, elle est animée,
dans sa chute, d'un mouvement oscillatoire, son -rand axe prenant alternativement
une position verticale puis horizontale, comme si le filament s'était rompu a la façon
d'un ressort.
» Le détachement de la goutte présente donc une grande analogie avec
la rupture des fils métalliques sous les efforts de traction : un allongement
filiforme précède la séparation.
» La rigidité du liquide est, par conséquent, un des éléments du pro-
blème, ainsi que nous l'avions indiqué dans notre Mémoire de 1901
{Archives, t. XL p. 385 et 388). Sur ce point, nous sommes donc d'accord
avec les idées émises par MM. Leduc et Sacerdote.
» Quant aux gouttes dynamiques, leurs formes sont reproduites schématiquement
dans les figures 9 à 18.
» En remontant de la figure i5 à la figure 9, on voit que, à mesure que la durée de
formation décroît, la goutte, primitivement semblable aux gouttes statiques, apparaît
ensuite avec un appendice caudiforme à sa partie inférieure, d'autant plus prononcé
que la durée est plus courte. Le liquidé afiluant paraît exercer, par pression, une
déformation sur la membrane superficielle. L'aflluence devenant encore plus rapide,
la goutte est comme traversée par un jet de liquide; enfin, la succession des gouttes
devient assez rapide pour donner lieu à une veine.
M Nous résumant, nous concluons une fois de plus que les relations
classiques de Tate ne correspondent pas à la réalité et doivent être aban-
données; que la rupture de la goutte ne se fait point suivant un cercle de
gorge d'un diamètre voisin de celui du tube; que la chute de la goutte,
précédée de la formation d'un filament, doit plutôt être comparée aux
phénomènes de rupture de fds métalliques sous les effets de traction, et
que, par conséquent, la rigidité des liquides doit y jouer un rôle qui reste
à étudier. »
ÉLASTICITÉ. — Sur les paramètres élastiques des fils de soie.
Note de M. F. Beaulard, présentée par M. Lippmann.
« Malgré l'emploi fréquent des fds de soie dans les suspensions bifilaires,
les paramètres élastiques de celte substance n'ont jamais été déterminés,
à ma connaissance du moins, et, comme la valeur numérique du module
d'Young est nécessaire pour effectuer la correction de rigidité, j'ai été
b24 ACADEMIE DES SCIENCES.
amené, en vue de celle correclion, à cfTectuer la flélerniiiialion des cocl'fi-
cienls d'élasticilé des fils de soie.
» Soient :
» c le moiuenl du couple de torsion; |;. le coefficient de Coulomb, c'est-à-dire
l'expression numérique d'un couple capable de tordre d'un radian un cylindre de i""
de diamètie et de i'™ de hauteur; a l'allongement de l'utjité de longueur d'un fil de
section unité, sous l'unité de charge; E r= - le module d'élasticité de traction; ç. le
module d'élasticité de torsion, ou coefficient de rigidité ; [î la contraction latérale, c'est-
0
à-dire la diminution de l'unité de longueur dans le sens transversal; a =:z — le coeffi-
=■ ' a
cienl de Poisson.
» Entre ces quanlilcs on a les rclalions suivantes :
cl 32 I ,,
u. = -7, ' ? = — a, i -\- r: = , B = tz.
» L'expérience permet de déterminer c par la méthode des oscillations,
et a parla mesure des allongements sous des charges données; et, par suite,
de calculer [j., rp, a et [i. J'ai opéré avec un fd formé de 20 brins tirés d'un
même écheveau de soie écrue et trouvé c=: 0,164 ^^ 0^=1,288.10'";
mais la détermination de E présente quelques particularités intéressantes,
qui font l'objet de cette Note.
» On constate, en effet, qu'il n'y a pas, à proprement parler, de coeffi-
cient d'élasticité de traction E, diminuant quand la charge augtnente; on
constate également que [3 diminue très rapidement, pour atteindre une
valeur constante dès que la charge atteint quelques grammes; cela résulte
du Tableau suivant, extrait d'un Tableau plus étendu :
4o
V. — 13,17.
10"
a
= 002
?
= 3,81.10
120
7.90
3oi
3,81
200
5,23
•99
3,80
280
3,74
129
3,46
» On vérifie en outre que, par le retour à une charge nulle, le fil ne
reprend pas sa longueur primitive L^, ; il y a un allongement résiduel
L'„ — Lq qui peut atteindre le ^ de la longueur initiale.
» Si l'on répète une deuxième série de mesures, sur le même fil, on
constate que les variations de E sont déjà moins marquées, et que l'allon-
SÉANCE DU 20 OCTOBRE 1902. 625
genient résiduel L", — h'„ est moindre que dans le premier cas; on trouve,
par exemple,
p= 4o
E =
: 2,008.
10"
5 =r 76
P-
= 3,77.10-
80
2,008
76 ■
3,77
120
2,092
79
3,77
160
i,95i
73
3,73
200
i,626
70
3, -fi
» Ce résultat permet déjà de penser que le fil de soie est affecté d'hys-
térésis et susceptible par suite de déformations permanentes, conformé-
ment aux idées développées à ce sujet par M. P. Duhem ('), et vérifiées
par M. E. Lenoble C) pour les fils métalliques. C'est ainsi que j'ai été
amené à soumettre le fil à des variations cycliques, par charges croissantes
et décroissantes, de façon à revenir à une charge nulle, pour recommencer
ensuite un deuxième cycle, etc.
» Si la durée d'action de la charge est courte, il arrive que le fil continue
à s'allonger sous une charge moindre que la charge maxima, mais voisine
de celle-ci; pour éviter cette complication, dans les expériences qui
suivent, la durée d'action a toujours été suffisante pour que l'état perma-
nent correspondant à une charge donnée soit atteint (à ^^ de millimètre
près); si l'on porte en abscisses les charges et en ordonnées les longueurs
du fil, on constate : 1° que la première courbe descendante du premier
cycle coupe en un seul point la courbe ascendante du deuxième cycle;
2° qu'à chaque cycle l'allongement résiduel L^ — Lo diminue et tend vers
une valeur nulle; 3° que, dès le troisième ou quatrième cycle, ascendantes
et descendantes sont linéaires et se superposent; dans ces conditions,
et lorsque le fil a atteint cet état pseudo-limite, E a une valeur constante,
indépendante de la charge ; le calcul donne les résultats suivants :
E= 2,52.10'", -7 = 95, 13 = 3,78.10-».
» Après un long repos (2 mois) le même fil donne, pour le troisième
cycle :
p =
= 4o
E:
=: 2,23.
10'»
T=86
P =
= 3,86.10-'
80
2,23
88
3,87
100
2,06
80
3,86
120
2,o3
78
3,86
(') P. DuiiEM, Société des Se. phys. et. nat. de Bordeaux, 18 mai 1899.
(2) E. LimoBLE, Sur les déformations permanentes des fils métalliques (Thèse).
Bordeaux, 1900.
C. R , 1902, 2- Semestre. (T. CXXXV, N° 16.) 83
626 ACADÉMIE DES SCIENCES.
c'esl-k-dire en moyenne
E=2,i5.io"', c = 83, ^i = 3,8G.Io-^
* » En adoptant la valeur E -= 2,52.io'° et appliquant la formule de cor-
rection de Kohlrausch, pour tenir compte de la raideur du fil, qui agit sur
le bifdaire comme si les fils étaient raccourcis de (5, on trouve S = o'='",443
pour une suspension de longueur égale à 87''°. La correction atteint donc
seulement o, 5 pour 100, à peu près. »
ÉLECTRICITÉ . — Lames minces métalliques obtenues par projection cathodique.
Note de M. L. Hocllevigue, présentée par M. Mascart.
« On sait que, lorsqu'on produit l'effluve dans un gaz raréfié, la sub-
stance de la cathode est projetée en tous sens dans l'espace environnant;
cette propriété a déjà été utilisée en Amérique pour obtenir des miroirs et
des résistances de platine. J'ai constaté qu'elle permet de déposer sur un
support quelconque (verre, fibre, lame métallique, etc.) des couches
minces adhérentes des métaux suivants : platine, palladium, fer, nickel,
cobalt, cuivre, bismuth; les autres métaux, qui n'ont pas encore été
essayés, se prêteraient vraisemblablement à l'application du même pro-
cédé ; seul, le charbon n'a donné, après 7 jours d'essais, aucun dépôt
visible.
» Les pellicules déposées sur verre sont les plus intéressantes à étudier.
» Pour les obtenir, on place la lame de verre à métalliser, de 20'"' environ dans
mes expériences, sur une large anode horizontale en aluminium; à 12'"™ ou i5"""
au-dessus se trouve une lame horizontale du métal à déposer, qui constitue la cathode,
et le tout est placé dans un récipient où le vide est fait à la trompe jusqu'à quelques
centièmes de millimètre. Le flux est fourni par le secondaire d'une bobine liuhmkorfl"
(type Ducretet à interrupteur indépendant); alors l'espace sombre de Hiltorll' qui
entoure la cathode vient à peu près au contact- de la lame de verre à métalliser.
» Le flux électrique commence par purger la cathode des gaz occlus ; cette première
période est particulièrement longue avec le platine et surtout avec le palladium ;
lorsqu'elle est terminée, la substance propre de la cathode est projetée à son tour et
va se fixer, partie sur la lame de verre placée en regard, partie sur l'anodemétallique.
Quand le dépôt est jugé d'épaisseur convenable, on arrête l'opération, on laisse
refroidir l'appareil, on fait rentrer l'air et l'on retire la lame métallisée.
» Les dépôts obtenus peuvent présenter tous les degrés de transpa-
rence ou d'opacité, suivant la durée de l'opération (quelques heures ou
SÉANCE DU 10 OCTOBRE I902. 627
plusieurs journées); leur épaisseiir n'est pas rigoureusement uniforme et,
avec le dispositif employé, s'est montrée plus faible au centre et suivant
les diagonales de la lame. Ils présentent (surtout les dépôts de cuivre) les
irisations des lames minces; leur pouvoir réflecteur est considérable, et
ils sont assez adhérents pour pouvoir être essuyés avec un blaireau ou du
papier de soie.
» J'ai pu faire avec les pellicules ainsi obtenues les essais suivants :
» 1° Une lame de bismuth préparée par ce procédé, et placée normalement dans un
ciiarap magnétique égal à 2260, n'a éprouvé aucune variation dans sa résistance élec-
trique, égale à 26'", 90. M. Leduc avait observé déjà que le bismuth est d'autant plus
sensible au magnétisme, que sa texture cristalline est plus accusée. Or, il semble bien
que le bismuth obtenu par projection cathodique soit complètement amorphe; des
essais pour lui donner le grain cristallin par recui» à 35o" ont échoué, le métal ayant
été altéré par cette opération.
» :i" Les lames transparentes de fer, placées normalement au champ d'un électro-
aimant de liuhmkorff, permettent de constater aisément l'existence du pouvoir rota-
toire magnétique: une variation de champ égale à 12200 unités a produit une rota-
tion positive égale à 1° 18', déduction faite de la rotation due à la lame de verre qui
sert de support.
» En revanche, je n'ai pas encore réussi à observer sur le même métal,
placé parallèlement au champ magnétique, l'existence de la double réfrac-
tion signalée par Righi; le dispositif employé pour cet essai était celui du
polariscope de Bravais à teinte sensible, avec interposition d'une lame
derni-onde sur une des moitiés du champ. »
CHIMIE ORGANIQUE. — AcUon des combinaisons organomagnésieniies tnixtes
sur les èlhers d'acides cètoniques (II). Note de M. V. Grig.vard, présentée
par M. H. Moissan.
« ]'ai montré précédemment (' ) que les éthers ^-cètoniques donnent,
en général, avec les combinaisons organomagnésiennes, des réactions anor-
males dans lesquelles se manifeste surtout la présence de la forme éno-
lique. Il n'en est plus de même avec les autres éthers cètoniques, qui sont
susceptibles de réagir normalement par leurs deux groupements fonc-
tionnels. Mais, comme on pouvait le prévoir, ces deux groupements ne
(') Cnmplfs rendus, l. CXXXIV, p. 8/19.
628 ACADEMIE DES SCIENCES.
présentent pas la même vitesse de réaction, le caibonyle réagit toujours
avant le carboxyle, si bien que la méthode permet d'obtenir des acides
alcools tertiaires ou des glycols bitertiaires, suivant que l'on fait réagir 1"°'
ou 3™°' de composé organomagnésien sur 1"'°' d'éther cétonique.
» Je me suis occupé surtout de la synthèse des acides-alcools, qui pré-
sentait le plus d'intérêt. A ce point de vue, il fallait éviter à chaque instant
la présence d'un excès du composé organométallique, qui n'aurait pas
manqué, sans doute, de réagir sur le carboxalkyle, et, pour cela, il était
nécessaire de faire tomber peu à peu le composé magnésien dans l'éther
cétonique. J'y suis arrivé, sans perte ni altération de la combinaison organo-
métallique, en transvasant sa solution éthérée au moyen d'un siphon de
verre à robinet, amorcé avec de l'éther anhydre.
M Mes expériences ont porté sur le pyruvate d'isoamyle ('), le phényl-
glyoxylale d'éthyle, le lévulate d'éthyle et l'acétylsuccinate d'élhyle.
Voici, brièvement (-), les résultats obtenus :
» I. Éllier pyriivique. — 1° Avec CH'Mgl, l'a-oxyisobulyrate d'isoamyle, liquide
incolore, assez mobile, d'odeur âpre, peu agréable, qui bout à igS^-igS» sous 753°"°.
^17,8 — o,94o5, «i''» = i,4233o.
» 2° Avec «-C^H"MgBr, l'acide méthylisoamylglycolique, insoluble dans la ligroïne
légère et cristallisant, dans l'alcool à 25 pour lôo, en fines aiguilles fusibles à 72°-73''.
» 3" Avec a-C'H'MgBr, l'acide a-naphtylniélhylglycolique, insoluble dans la
ligroïne et dans le benzène, cristallise dans l'alcool à 5o pour 100 en buissons de fines
aiguilles qui contiennent |H^O et fondent à i43".
)) Rendement mojen dans ces trois expériences, 25 pour lOo.
» II. Phénylglyoxylate d'éthyle. — 1° Avec CH'Mgl, l'atrolaclate d'éthyle,
liquide jaune-paille, assez mobile, d'odeur faible, agréable, qui bout à i29°-i3o° sous
i3""" et à 258"-26o" sous 752°"°. c?*, =1,100, «i' = 1,50997. Rendement, 60 pour 100.
» L'acide atrolactique (phénylméthylglycolique), qui en dérive par saponification
barytique, cristallise dans l'eau en lamelles nacrées qui contiennent itPO et fondent
régulièrement à ôyo-ôS" et non à 91°, comme l'ont indiqué Fittig et Wurster (*), puis
Tiemann et Kôhler (*).
» 2» Avec C-IPMgBr, le phénylélhylglycolate d'éthyle, liquide jaune-paille, peu
( ' ) J'ai choisi cet éther pyruvique, d'après les indicalions de Simon ( Thèse de Paris,
1895), comme étant le plus facile à obtenir dans les meilleures conditions de pureté et
de rendement.
{"-) (jBS expériences seront publiées en détail dans les Annales de Chimie et de
Pltysique.
(') Liebig's Ann., 1879, p. i54.
(») Berichte, 1S81, p. 1980.
SÉANCE DU 20 OCTOBRE 1902. 629
mobile, d'odeur forte, peu agréable, qui bout à i42''-i45° sous 18"™. Rendement,
82 pour 100.
» L'acide phényléthylglycolique, insoluble dans la iigroïne, facilement soluble dans
l'alcool et le benzène, cristallise anhydre dans l'eau en aiguilles fusibles à 126°.
» III. Lés'ulate d'élhyle. — Je n'ai pu isoler dans aucun cas l'éllier prévu par la
théorie, mais, directement ou par saponification, la lactonequi en dérive et, en même
temp^, un peu du glycol biterliaire correspondant:
I
» 1" Avec C^H^MgBr, la méthyl-4 hexanolide-i-4, C^H=- C — GIF - CHS
I I
o co
liquide incolore, mobile, d'odeur faiblement élhérée, qui bout à io5°-io6° sous iS"".
c?J^ , =1 i,oo85; /JÛ''''' =11 ,44320. Rendement, 35 pour 100.
). Le glycol ^" )C(OH)G=H'C(OH)( „ , bouta i38°-i4o'' sous i4'>^n' et cris-
tallise dans le benzène en aiguilles fusibles à 61°. Rendement, 63 pour 100, en le pré-
parant spécialement.
» 2° Avec i'-C^ H"MgBr, la diméthyl-4-7 oclanoIide-i-4, liquide incolore, assez
mobile, d'odeur forte, qui bout à i33°-i34° sous iS""". Rendement, 25 pour 100.
^lr,.9 = o>9â66; ni^''-'=: 1,44964.
CH' \ /G' H"
» Le glycol psrii, /C!(OH)G-Il*C(OII)s _ , liquide extrêmement visqueux,
bout à 2o5<'-2o8° sous i5™"; son oxyde G-'H^'O est peu visqueux et bout à i75°-i78"
sous 20™™.
» 3° Avec C'H^MgBr, la phényl-4 pentanolide-i-4, liquide jaunâtre, peu mobile,
qui bout à i68°-i7o° sous i6""". Rendement, 3o pour 100. rf},)— 1,1173;
ni''" — 1,52996.
» On obtient en même temps l'oxyde du glycol correspondant
^"' \g G^H' r ^'"'
liquide très visqueux qui bout à 245°-25o° sous 17™'".
» IV. Acétylsuccinate d'étliyle. — On sait que ce composé ne présente pas les
caractères habituels des éthers p-cétoniques ; on pouvait espérer qu'il en serait de
même ici et que, en présence de GIPMgl, il se comporterait comme un éther Y-céto-
nique et fournirait ainsi un procédé commode de synthèse de l'acide térébique. Mal-
heureusement, il n'en a rien été. Quelque soit le mode opératoire employé, on obtient
un produit cristallisé très abondant qui, par l'action de l'eau, régénère la presque
totalité de l'éther acétylsuccinique employé. Get éther a donc vraisemblablement
réagi sous sa forme énolique. On peut isoler cependant une faible portion supérieure
dont la saponification fournit une minime quantité d'acide térébique.
» Je me piojDOse de montier ultérieurement que la mélliode de syn-
63o ACADÉMIE DES SCIENCES.
thèse d'acides-alcools tertiaires cj«e je viens de décrire peut être complétée
an moyen du chlorure d'éthyloxalvle, qu'il est possible de faire réagir uni-
quement par sa fonction chlorure d'acide. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les dérives de l'ëther pyruvylpyruv'uiuc (II).
Hydrazones sléréo-isorncres. Note de M. L.-J. Simon, présentée par M. H.
Moissan.
« Les actions consécutives de l'aniline et de l'acide sulfurique concentré
sur le pyruvate d'éthyle m'ont conduit à un corps auquel j'ai assigné la
formule
CH' - C CO - CH- - CO - CO-C-IV
II
Az-C«H=
qui en fait un dérivé phényliminé de l'éther pyruvylpyruvique {Comptes
rendus, t. CXXXIV, 1902, p. io63).
» Pour contrôler le caractère cétonique de cette combinaison, je l'ai
soumise à l'action des réactifs caractéristiques de cette fonction, et d'abord
à l'action de la phénylhydrazine.
» I. La phénylhydrazine réagit très facilement sur l'élher cétonique ; il se produit,
en quantités très inégales, deux hydrazones isomériques qui se distinguent par les pro-
priétés suivantes ;
» L'hydrazone a, qui se produit presque exclusivement, fond à igS'-jgô" sans altéra-
lion apparente. Elle cristallise en petites lames hexagonales ou en cristaux massifs,
d'un blanc jaunâtre. Elle renferme 1"°' d'eau de cristallisation qu'elle perd à 110° et
qu'elle reprend par refroidissement à l'air humide.
1) L'autre combinaison, l'hydrazone p, se produit en quantité très minime. Elle fond
à iSS" sans décomposition et cristallise en fines aiguilles jaune d'or toujours anhydres.
» Les deux corps sont insolubles dans l'eau, dans la potasse aqueuse et dans l'acide
chlorhydrique concentré. Dans les solvants organiques, alcool ou acétone, ils sont tous
deux solubles, mais l'hydrazone |3 l'est davantage et elle a été rencontrée dans les eaux
mères de cristallisation de la première.
I) Passage de l'isomère a à l'isomère [i. — Lorsqu'on chaufl'e l'hydrazone a à 1 10°,
elle perd 1"°' d'eau, mais sans se modifier, puisqu'elle la reprend spontanément après
refroidissement. Si on la maintient pendant quelque temps à une température supé-
rieure à sa température de fusion, à 200° par exemple, on n'obtient plus, après refroi-
dissement et cristallisation dans l'alcool, qu'un mélange des deux isomères oit domine
la forme p.
» Cette transformation se produite une température inférieure à la température de
fuhion. Dans une étuve à vapeur d'aniline, l'hydrazone a ne tarde pas à se tluidifier,
ce qui est l'indice d'une transformation que l'on prouve en isolant l'hydrazone p.
SÉANCE DU 20 OCTOBRE tgoa. 63 l
» Cette isomérisation se trahit d'ailleurs déjà par des irrégularités dans la tempéra-
ture de fusion, suivant la rapidité avec laquelle on élève la température pour la déter-
miner. On sait que les osazones des sucres se comportent de même et vraisemblable-
ment pour une cause du même ordre.
)) Passage de l'isomère p « V isomore a. — On peut également passer de la forme p
à la forme a. Il suffit pour cela de la soumettre en solution alcoolique à l'action du gaz
chlorhydrique. Un second procédé consiste à saponifier par la potasse alcoolique la
fonction étlicr de l'hydrazone ^. Elle fournit alors un acide qui paraît identique à celui
que l'on obtient en effectuant sur son isomère la même opération. Ces deux acides
cristallisent en fines aiguilles jaune clair, se décomposant à i5i°-i53° en se boursou-
flant, et, par élhérification, ils régénèrent tous deux l'hydrazone a à point de
fusion élevé. S'il y avait un léger doute, il porterait sur leur teneur respective en
eau de cristallisation.
» La production simultanée des deux hydrazoncs et leur transformation mutuelle
constituent bien les caractères d'une isomérie sléréocldmique. — Cet exemple est à
rapprocher de celui que j'ai déjà signalé antérieurement ( 6'ow/j5, A PARIS (6' ).
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
PUBLIÉS PAU LES SEC U i, T AIRES PERPÉTUELS.
Par décision de l'Académie des Sciences, les (uix de l'abonnement cl des collections sont
désormais fixés ainsi qu'il suit :
PRIX DE L'ABONNEMENT :
Paris 30 fi-. | Hkpautements 40 fr. | Kthangeu Utv.
Cliaque année, sauf i845, 187.S à 1892, 1S96 à iSçiS, se vend séparément 25 (r.
Chaque volume, sauf les Tomes IW. îl, 76 à lOS, I HI. IH, 114, 115, 12Î à 127, «e veiul sépa-
rément 15 fi- .
TABLES GÉNÉRALES.
TABLE GÉNÉRALE (les ToMKS là :il {iSS.'i-is." ' 25 fr.
- Tomes 32 à Cl {i85i-i8(i.'i 1 25 fr.
_ Tomes (32 à (Il (18G6-18S0) 25 fr.
Tomes 92 à 121 (iSSi-iS,,:, , 25 fr.
Clinquo Volume des T.ibles géniM-alc^ compr.n,! imo Table par ordre alphuWli.inc d'anUiirs
et une Table par malirres tl-cs détaillée.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 20 octobre 1902.)
MEMOIRES ET COMMUrVIGATlOIVS
-DES MEMBUKS ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pages.
iM. Th. SiiiiLŒSiNG. — Études sur la terre
végétale 6oï
M. VVES Delagk. — Sur le mode d'action de
l'acide carbonique dans la parthénogenèse
expérimentale 6o5
MM. A. Laveras et F. Mesxil. — Sur
quelques Protozoaires parasites d'une Tor-
tue d'Asie ( Darnonia Beevesii) 609
M. Hatox de la GouPiLLiiiRE. — Sur le
Pages.
problème des brachistochrones 6i4
M. H. Zeiller présente un travail intitulé ;
« Observations sur quelques plantes fos-
siles des Lower Gondwanas » 619
M. Albert Gaudry fait hommage à l'Aca-
démie d'un Opuscule intitulé : « Hecher-
ches paléontologiques de }A. André Toiir-
nouër en Patagonie " 619
MEMOIRES PRESEÎVTES.
.\L DE Sai.ntigno.n adresse un travail inti-
tulé : Il Sur les tremblements de terre; le
mouvement différentiel » fiig
M. N. Tameon demande l'ouverture d'un pli
cacheté contenant un Mémoire intitulé :
« Nouvelles méthodes d'analyse pour re-
connaître les falsilications des huiles
d'olive, et en général des huiles les unes
par les autres « tiig
CORRESPOIVDANCE.
M. le Ministre de l'Instruction publique
transmet à l'Académie une Lettre concer-
nant l'éruption volcanique survenue à
l'Ile Torishima ( Japon ) G20
M. le Secrétaire perpétuel signale une
Lettre de .M. Hergesell relative aux ré-
sultats obtenus au moyen des ballons-
sondes 620
MM. Ph.-A. Guve et F. -Louis Perrot. —
Sur la formation des gouttes liquides et les
lois de Taie f>i>i
iNL F. Beaulard. — Sur les paramètres élas-
tiques des fils de soie 623
.Al. L. H0ULLEVIGUE. — Lames minces mé-
tajliques obtenues par projection catho-
dique 626
.M. V. Grignabd. — .action des combinai-
sons organo-magnésiennes mixtes sur les
éthers d'acides cétoniques ( II ) G27
M. L.-J. S1.MOX. — Sur Jes dérivés de l'éthcr
pyruvylpyruvique (II). Hydrazoncs sté-
réo-isomères
M. Pierre Lesage. — Germination des spores
de Sterigmatocystis nigra dans la tra-
chée de quelques oiseaux
M. Pierre-Paul Richer. — Expériences
sur la germination des grains de pollen
eu présence des stigmates
M. RAPiiAi-:L DuDois adresse une Note « Sur
le mécanisme intime de la fonction pho-
togénique; réponse à M. James Dewar ».
M. Max Wolf adresse une Note relative à
des " photographies stéréoscopiques de la
comète Perrine-Borrelly »
M. Fraiciiet adresse le résumé d'un travail
■( Sur la variation de résistance magné-
tique d'un barreau de traction »
M. Ed. Eldi.v adresse une Note i-elative aux
causes de la catastrophe survenue à l'aé-
roslat " Le Bradsky »
Bulletin bibliographiquis.
Errata
63o
632
63 '(
636
637
637
63;
04 o
PAKIS. — IMPRIMERIE GVUTIUIÎR-VILLARS,
Quai des Grands-Augustins, 56.
Le Gérant: G,\utuier-Villars.
NOV 15 1902 1902
7 ,, 0. SECOXD SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
TOME CXXXV.
W 17 (27 Octobre 1902).
i
^ PARIS,
GAUTHIEK-VILLARS, IMPRIMliUR-LlBRAlRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Auguslins, 55.
1902
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES REND
Adopté dans les séances des 2.3 juin 1862 et 24 mai 1875
I
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l'Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article l"^. — Impression des travaux de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un associé étranger de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie
ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans
le Compte rendu de la semaine que si elle a été remise
le jour même de la séance.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 P^gss par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de Sa pages par année.
Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis-
cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca-
démie ; cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont
ils donnent lecture à l'Académie avant de les re-
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap-
ports relatifs aux prix décernés ne le son
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en
blique ne font pas partie des Comptes rendu
Article 2. — Impression des travaux des
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des j
qui ne sont pas Membres ou Correspondants
demie peuvent être l'objet d'une analyse on
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Même
tenus de les réduire au nombre de pages r
Membre qui fait la présentation est toujour:
mais les Secrétaires ont le droit de réduire (
autant qu'ils le jugent convenable, comme
pour les articles ordinaires de la corresponc
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit ètr
l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au pli
jeudi à 10 heures (lu matin; faute d'être remi
le titre seul duMémoire est iiiséi'érdans le Cor.
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte t
vant et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage àpa.
Les Comptes rendus ne contiennent ni ph
figures.
Dans le cas exceptionnel où des figure;
autorisées, l'espace occupé par ces figures
pour l'étendue réglementaire.
Le tirage à part des articles est aux fra
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rt
les Instructions demandés par le Gouvernei
Article 5.
Tous les six mois, la Commission adminisl
un Rapport sur la situation des Comptes ren
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécutio
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance
leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont
, avant 5\ Autrement la présentation sera remise à la séai
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 27 OCTOBRE 1902.
PRÉSIDENCE DK M. BOUQUET DE LA GRYE.
MEMOIRES ET COMMUIVICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDA.NTS DE L'ACADÉMIE.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Démonstration de l'irréductibilité absolue
de V équation y" = (ly- -+- x. Note de M. Paul Paislevi';.
« l. Je suis parvenu récemment à démontrer V irréductibilité absolue i]e
l'équation
la pins simple des équations différentielles du second ordre qui définissent
dfs transcendanfes uniformes nouvelles.
1) Précisons d'abord le problème qui se pose. Considérons une équation
quelconque de la forme
(2) -j-4^R(^, J') (R rationnel en .r,r),
que nous écrirons ainsi :
(3) £==. £ = ^(--'-)-
1) Soient uÇx,y,z), {>{x,y,z) deux intée;rales premières (distinctes)
de (2); elles vérifient les équations
équations compatibles avec la suivante (qui résulte de la connaissance
C. R., 1902, 2- Semestre. (T. CXXW, N« 17.) H5
642 ACADÉMIE DES SCIENCES,
(l'un dernier mulliplicateur) :
(^) :^-Z^-^z^=i.
du Je (ht 6*1'
dz dv à Y àz
» Il est clair que des systèmes (4), (5) on peut en déduire une infinité
d'autres (algébriques) en efTectuant sur u, v une transformation ponctuelle
telle seulement que le jacobien de la transformation soit algébrique par
rapport aux nouvelles variables u, <^. Plus généralement, on pourra rem-
placer l'équation (5) par la suivante :
D(j,.)-^<"''>
A(h,(') vérifiant un système (compatible) arbitrairement choisi d'équa-
tions algébriques en u. c, -^, —, V^ ' ••■" ^'^''^ - "" quelconque de ces
o i au Ov du' '
systèmes : il est évident que l'intégration d'un système 1 exige, au préa-
lable, celle du système (4) et (5). T.'équation (2) n'esl donc réductible que
,,.,,,. du dv d^ii
s il existe des équations algébriques en r, y, :■, u, c, ^. '"' J^' J^^' •■•'
qui soient compatibles (') avec les équations (4) sans en résulter, et qui
forment avec (4) «n système distinct de tous les systèmes 1. Dans le cas
contraire, l'intégrale générale de l'équation (2) ne peut être définie par aucun
sysléme différentiel plus facile à intégrer que le système (4), (5) ou d'ordre
différentiel moindre; le groupe de rationalité de l'équation (2) est alors le
groupe infini
u, = ,(u,v), .,^K"."). g{î:î^-'- .
)> 2. Ceci posé, je vais montrer que l'équation (r) est irréductible. Si
Ton veut encore, au point de vue de l'intégration /or«2p//p, elle appartient
à la classe d'équations (2) la plus générale. En |)arliculier, il est impossible
qu'une intégrale première u{x, y, s) vérifie une équation algébrique en .t, j,
- n _ , _ , ",'_",..., qm ne soit pas une conséquence de l' équation
' ' dx dy dz d.r'' '
du du , clu,p , ^
_ + Z + -TZ (6,r -t- a-) = o.
dx dv dz ^ '
(') J'entends par là que ces équations ont. avec (4), au moins une solution coni
niune (/, r, où //, c sont deux foiiclions dlsliiiotcs de ;r, y, z.
SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. 6/(3
» La démonstration repose essentiellement sur le théorème de M. Dracli,
sans lequel le problème serait inabordable. Ce théorème (combiné avec
l'énumération des groupes continus à deux variables qu'a donnée S. Lie)
conduit aussitôt à la conclusion suivante :
et Si une équation (2) est réductible :
» 1° Ou bien il existe un système linéaire en u(j:-, y, z) dont l'intégrale
n générale est de la forme u = xu, -h ^u.,-i-v [a, fi, y sont des constantes
» arbitraires; u,, w^ deux intégrales premières distinctes de (2)]. Autrement
» dit, le groupe de rationalité de l'équation (2) est linéaire, et même
» linéaire spécial.
» 2° Ou bien une intégrale première a(x,y, z) vérifie le système
» rationnel
Ou Ou Ou
, , àx Oy dz
Nous allons voir que ces deux hypothèses sont inadmissibles pour l'équa-
tion (1).
3. L'hypothèse 1° peut être écartée par une discussion où intervient le
développement d'une solution quelconque y{x) de (i) autour d'un de ses
pôles Xq, à savoir(') :
( y(^) = - — î — - — ^{x - x,y - Ux - x,y
( -\- h{x — x^y + {x — x^yi. ..), (A constante arbitraire).
» Mais une remarque intuitive, qui m'a été communiquée par M. Drach,
évite toute discussion : si le groupe de rationalité de (i) est linéaire, il en
va de même pour l'équation
"-r^ = 6/^ + V.X + [i (a, fi constantes quelconques)
qui se déduit de l'équation (i) en changeant y en -^^ et x en {eux -H y) >
et en particulier pour l'équation j''^ Gy- + [i. Or, le groupe de cette
dernière équation est connu, et (pour fi j^ o) peut recevoir la forme
W, =: W, Vi — V -\- ac, (u) ■+- bM.,(u) -+- c
(a, b, c paramètres du groupe; oj, et w^ périodes de l'intégrale elliptique
(') Bulletin de la Société mathématique de France, t. XXVIII, 1900, p. 28.
644 ACADÉMIE DES SCIENCES.
lie module u). Comme ce groupe resle IraiiscendanL après n'importe
ipielle Iransformalio!! ponctuelle, il ne saurait être semblable à un groupe
linéaire.
» 4. Éludions l'iiypothèse 2". U est loisible d'admettre que, dans les
égalités (6), Met N sont des polynômes premiers entre eux, L étant donné
par la relation : L + M i: + ^(t>y" -h x i^ o.
» La conilition de com])alibiliLé des équations (6) s'écrit aussitôt
àU ÛM (^iVl ,. , , -,
II./; a y oz ' M
-i h -T- 5 + -^ (6 v2 + j' ^- M
\\
ou encore (la fraction -j^ étant irréductible) :
\'J^^'dy'''^Vz C^y + -^.^ ^- ' 27N = n{x,y, z.)M,
(dl-^ôy^-^ ^(6j-'+a;) + M =H(^,j,z)N, '
H désignant un polynôme ; il sutfit de comparer les degrés des deux
mendjres des deux égalités (8) |)our voir que H est au plus du premier
degré en z, et du second en j.
» Les conditions (8) expriment que M, N. H, quand on y remplace y
par une solution arbitraire y{x) de (1) et - par -.— , deviennent des fonc-
tions M, (>r), N,(a;), H,(jr), qui vérifient les équations
'^ -1- i2y(a-)N, = H, M., '-^ + M, = H.N.,
et, par suite.
dx-
SI donc on pose
(9) l', = N,eJ". '""■',
il vient
('o) ^l=^i-iy{x)\\.
SÉANCE DU 27 OCTOBIUC 1902. 645
» Dans le voisinage d'un pôle a:; = .r„ (]ey(a;), celte équulion (10), 1res
analogue à une équation de Lanié, a son intégrale générale méronior()he
[en vertu de la formule (7)], ce qui exige [d'après (9)] que H,(x-) n'ait
que des pôles simples. Or, H, est de la forinu
et, si l'on remplace j et 7' d'après (7), on voit que les pôles de H, sont au
moins doubles, à moins que H ne se réduise identiquement à a(x). En
définitive, si l'équation (1) est réductible, il existe un polynôme en y, z,
holomorphe en x, — à savoir \^{x,y, z) = N(a;,7, 5 )eJ''" '■'■"'■'■, — qui satisfait
à la condition (10), où P, désigne la fonction de x obtenue en remplaçant
{dans V) y et z par une solution arbitraire y{x) de (i) et sa dérivée. Toute
la difficulté est de montrer qu'une telle expression P n'existe pas.
» 5. A cet effet, je change x en a.x, yen ^„, z eu —^- L'équation (i)
devient
(.1) g=.6j=+[i^ {'^ = o-')>
et l'intégrale générale de (11) se laisse développer sous la forme {loc. cit.,
p. 2.T) :
(12) j J = JH-^ + ^■. o. - -^l^) + U l'<^'^'J'' + ^'''•' + 2a;j3=] + ':.'[...-]+...
f ^p -\-[i-/ + .. . (h, k constantes arbitraires).
D'autre part, le polynôme P( multiplié par une puissance convenable de a)
devient
(i3) P = Q(.r, v,s) + 'y/R(^, V, =) + a^'"'(. • •);
Q, K désignent des polynômes en x, y, z, et Q se reproduit (multiplié
par une puissance convenable de a) si l'on y change x en (/.x, y eu ;^,
z en ^- Quand, dans P, on remplace/ et z par le développement (12) et
le développement dérivé, la fonction P,(x, /«, ^^ a) ainsi obtenue vérifie
identiquement la condition
('^> S = ' - ^'< [P('^" + ''^ "' - -^^ -*- f^x + ■ • •]•
Tout d'abord, il est loisible d'admettre (comme on le voit aisément) que x
Gif) ACADÉMIE DES SCIENCES.
ne figure que par les puissances c'e a* dans l'égaliu^ (i3). De plus, pour
a = o, la fonction Q, (a^)^Q[jr, p(x + i, o, — 2h\ p' (x -t- h, o, — 2 A)]
vérifie l'équaLion
(.5) '^i =^ vip{x -^ k,o, ^ ■^h)q,{x),
équation dont l'intégrale générale (lue. cit., p. 23) s'écrit
C,{xp'-'^-2p)-^C,p'\
il suit (le là aussitôt [en tenant compte de l'homogénéité spéciale de
OÇx, y,z)\ que Q coïncide (à un facteur niJmérique])rès qu'on prend égal
à l'unité) avec une des deux expressions
ou (a-; + 27)^-27
3
Dans le premier cas, on a
P. (o-, h, k, a) = h"'p'{x, o, - -ih) 4- [î(w + p) ^ ^=(. . .),
avec
et Téquation (i4) entraîne la relation
ri- n
(16) ^ -I2pp = I2pn+I2A"'jy/ -W".
Le premier membre de l'équation (16) est un polynôme en ;r, p, p' ; le
second membre (d'après les expressions de / et de ra) est de la forme
iX, + 1^., >. et [j. étant des polynômes en x, p, p' , et le coefficient X n'étant
pas identiquement nul, comme on le vérifie immédiatement. La fonction
'C(a-) de Weierstrass s'exprimerait donc rationnellement en x, p, p', résultat
absurde.
)) Le même raisonnement s'applique sans modification à la seconde
expression possible de Q. La démonstration est terminée.
» 6. L'équation (i) est donc irréductible au sens le plus absolu du terme,
quant à son intégrale générale. Mais,on pourrait penser que certaines solu-
tions exceptionnelles y (^x) échappent à cette conclusion. 11 n'en est rien.
Imaginons, en effet, que l'on connaisse un système différentiel algébrique
(d'ailleurs quelconque) définissant certaines solutions j'(^) de(i), mais
non l'intégrale générale : ou bien ces solutions exceptionnelles seront iso-
lées, et alors elles seront sûrement algébriques (ce que l'on sait impossible) ;
SÉANCE DU 27 OCTOBRE T902. 647
OU bien elles dépendront d'une seule constante arbitraire, et une famille
de ces solutions vérifiera une équation algébrique P(.r,j, y') = o, ce que
l'on sait encore impossible {loc. cit., p. /jo). Aucun procédé d'intégralion
formelle, quel qu'il soit, ne saurait donc simplifier la recherche de l'inté-
grale générale de(i), ni la recherche de solutions particulières. En défini-
tive, l'équation (i) comporte, de par l\ théorie des fonctions, une intégra-
tion aussi parfaite que celle de l'équation de Jacohi par les fonctions elliptiques,
tandis qu'elle n'est attaquable par aucune méthode r/'iNTÉGRATioN formelle.
C'est le premier exemple connu d'équation difrérentielle qui possède cette
remarquable propriété.
» 7. Les mêmes conclusions s'appliquent à l'équation
-^ = 2v' -4- a"V + « (a const. quelconque);
toutefois, pour des valeurs exceptionnelles de a, certaines solutions parti-
culières J'(ir) vérifient une équation de Riccati. Le troisième type
d'équation
qui définit dos transcendantes méromorphes de genre infini, est, lui aussi,
absolument irréductible. »
CHIMIE MINÉRALE. — Synthèse des hydrosulfites alcalins et alcalino-terreux
anhydres. Note de M. Henri Moissax.
« Schœnbein avait remarqué qu'une solution aqueuse d'acide sulfu-
reux produit, au contact du zinc, un liquide qui possède la pro])riété
curieuse de décolorer l'indigo et la teinture de tournesol ('). En 18G9,
SchiUzenberger (^), dans un très intéressant Mémoire, a démontré qu'il
se produisait, dans ces conditions, un sel de zinc d'un nouvel acide du
soufre auquel il donna le nom à'acide hydrosulfureux.
» Schùtzenberger, en étudiant cette réaction, a préparé un sel bien
(') Schœnbein, Journal f tir praktische Chemie. t. LXI, p. 198.
(■-) ScHLTZENBF.RGF.R, S iir lin noilvel acide du soufre {Comptes rendus, l. LXIX,
p. 19O, et Annales de Chim. et de P/iys., 4" série, t. XX, p. 35i).
648 ACADÉMIE DES SCIENCES.
cristallisé, l'hydrosiilfite de sodium, auquel il nssiîjna la formule
SO=NaH + H*0,
formule correspondant à l'acide SO^H-.
» D'après ce savant, cet acide se formait suivant les réactions
S0= + H=0 ^ Zn = SOV.n + H-,
SO= + H-=SO-H^
)) En 1880, M. Bernthsen ('), ayant ropris l'étude de cette question,
émit des doutes sur la formule de rhydrosnlfite de sodium. Schijtzen-
berger répondit par la publication de nouvelles analyses et maintint ses
conclusions (-). Après avoir poursuivi ses expériences, M. Bernthsen (')
donna, comme formule du sel de sodium de ce nouvel acide, NaSO", ou
plutôt, en doublant la formule, Na^S^O".
» A propos de cette discussion , différents auteurs entreprirent des
recherches sur ce sujet. M. Grossmann (*), puis M. Prud'homme (')
admirent la formule de Schiilzenberger.
M MM. Bernthsen et Bazlen reprirent ensuite l'étude de la préparation
de l'hydrosulfite de sodium, et par une heureuse modification (addition
d'une quantité d'acide sulfureux libre égale à la moitié de celle que ren-
ferme le bisulfite) ils obtinrent ce sel en abondance, sous forme de très
beaux cristaux. Après en avoir fait une analyse très exacte, ils ont main-
tenu la formule indiquée précédemment par M. Bernthsen (").
» Récemment, en 1899, M. Arnold Nabi, poursuivant une idée indiquée
par Schûtzenberger dans son Mémoire publié aux Annales de Physique
et de Chimie, a préparé l'hydrosulfite de zinc par l'action de l'anhydride
sulfureux en solution dans l'alcool sur la poussière de zinc. L'analyse de
cet hydrosulfite le conduisit à la formule ZuS-0'.
(') Bernthsen, Berichte, l. XIII, p. 2277, el Ann. der Chemie. t. CCVIII, p. i^a,
et t. CCXI, p. 285.
(■-) ScBiJTZENBERGER, SiiT l' liYdrosulfite de soude {Comptes rendus, t. XCII, 1881,
p. 875).
(^) Bernthsen, Sur la composition de l' hydrosulfite de soude et de l'acide hydro-
sulfureux {Comptes rendus, t. XCIII, 1881, p. 74).
(') Grossmann, Journ. of the Soc. of cheni. indust., 1898, p. 1109, el 1899, p. 452.
(^) Prud'homme, Bul. Soc. de Mulhouse, 1899, p. 216.
(*) Bernthsen et Bazlen, Berichte. t. XXXIII, 1900, p. 126.-
SÉANCE DU 27 ocTor.Ri; 1905. 649
» En résumé, cette discussion portait sur le choix à faire entre deux
formules
Na'^SH)* et XaMFS^O'.
» Ce choix, du reste, est assez difficile à élal)lir au moyen d'une analyse,
par suite du poids peu élevé d'ime molécule d'hydrogène.
» Nous avons pensé que les réactions nouvelles, présentées par les hy-
drures alcalins, pourraient nous aider à résoudre cette queslioii, en nous
appuyant non plus sur le poids de l'hydrogène, mais sur son volume.
Toutes les réactions dans lesquelles l'hydrogène peut être mesuré en vo-
lume prennent de suite une exactitude très grande.
» Nous avons fait voir précédemment que l'aciile carbonique se fixait, à
la température ordinaire, sur les hydrnres alcalins pour donner un for-
miate ( ')
CO- + RH = H COMi.
» Par analogie, nous avons fait réagir l'anhydride sulfureux sur l'iiy-
drure de potassium.
') A la température de — 74°» l'anhydride sulfureux ne réagit pas sur
l'hydrure de potassium ou, du moins, si la réaction commence, elle est très
vite limitée par la formation d'une couche mince de sel insoluble dans
l'acide sulfiu'oux.
» Lorsque l'on condense de l'anhydiide sulfureux liquide dans un tube
renfermant de l'hydrure de potassium à une température de — 4"°. '' se
produit, après quelques instants de contact, nue détonation violente. Cette
explosion est accompagnée d'une flamme.
M Pour modérer la réaction, nous avons fait arriver lentement un courant
de gaz anhydride sulfureux sur l'hvdruie de potassium, dans le tube même
où ce composé avait été préparé. La combinaison se produit à la tempé-
rature ordinaire, l'hydrure s'échauffe beaucoup, souvent même devient
incandescent. Si l'élévation de température n'a pas été tro[) grande, il est
facile d'établir qu'il s'est formé dans ces conditions un mélange d'hydro-
sulfite, de sulfate et de sulfure alcalin. Eu opérant avec lenteur, on peut
éviter la production du sulfate et du sulfure.
» HydrosulfUe de potassium. Préparation. — Pour obtenir cet bydrosuL
fite anhydre, on prend le tube de verre dans lequel l'hydrure de potassium
(') MoiSSAN, Su/- une nouvelle synthèse de l'acide fonniiiue {Comptes rendus.
l. t^XXXlN', 1902, |j. 36r).
C. H., 1902, 2- Semestre. (T. C\.\\V, N° 17 ) 8^>
65o ACADÉMIE DES SCIENCES.
a été préparc par un procédé que nous avons décrit précédemment ( ' ), et
l'on fait arriver dans ce tube l'anhydride sulfureux sous pression réduite
ou à la pression atmosphérique, à la condition de l'avoir dilué dans son
propre volume d'hydrogène. La réaclion se poursuit alors lentement à la
température ordinaire, avec un léger dégagement de chaleur, mais sans
incandescence. La décomposition n'est complète qu'après 5o à 60 heures
environ.
» On obtient ainsi un sel blanc qui, repris par une petite quantité d'eau
exempte d'oxygène, fournit par simple évaporation à l'abri de l'air de fines
aiguilles transparentes ou de petits cristaux aciculaires groupés en étoiles.
» Propriétés. — Le sel formé par l'action de l'anhydride sulfureux sur
l'hydrure de potassium, dissous dans de l'eau bouillie saturée de gaz
azote, puis acidulé par quelques gouttes d'acide chlorhydrique, nous a
donné à l'abri de lair les réactions suivantes :
» 1° Réduction du sulfate de cuivre ammoniacal avec formation de
cuivre et d'hydrure de cuivre à la température de + So".
» 2" Décoloration de l'indigo et de la teinture de tournesol. Ces solu-
tions, par agitation avec l'air, reprennent à froid leur teinte primitive.
» 3" Le chlorure mercurique est ramené à l'état de chlorure mercureux
à froid, avec un faible dépôt gris de mercure métallique.
» 4° L'azotate d'argent, le chlorure d'or et le chlorure de platine sont
réduits à la température ordinaire avec dépôt instantané de métal.
» 5" Avec une solution d'acide chlorhydrique au cinquième, la liqueur
devient jaune sans dépôt de soufre;
» 6° Une solution de ce sel absorbe l'oxygène à froid avec rapidité ;
" 7° Réduction instantanée du permanganate.
» Toutes ces propriétés répondent bien à celles d'un hydi'osulfite
alcalin.
» Synthèse et analyse. — Un tube do verre coiUenanl l'hydrure de potassium et
rempli de gaz hydrogène est^pesé. Puis on fait agir lentement l'acide sulfureux sous
pression réduite pendant] un temps suffisant pour que la réaclion soit complète (').
(') H. MoissAN, Préparation et propriétés de l'hydrure de potassium {Comptes
rendus, t. CXXXIV, 1902, p. 18). — Préparation et propriétés de l'hydrure de so-
dium {Comptes rendus, t. CXXXIV, igoa, p. 71).
(-) Si la réaction n'est pas complète, on peut faire le vide dans le tube en verre
après l'avoir pesé plein d'hydrogène, puis dissoudre lentement le sel dans l'eau. L'hj-
druic non attaqué fournit alors de rhych-ogène Kll 4- IPO = KOll 4- 11-. Au moyen
SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. 65l
Lorsque la réaction est terminée, on fait passer un courant d'hvdrogène et Ton pèse
le tube. L'augmentation de poids donne la f|u:inlilc d'anliydride sulfnreuK fi\c par
rtiydrure en tenant compte de la perte d'hydnij;iMU'.
)) On lave ensuite le tube de verre à l'eau Ijouillie et, après l'avoir bien desséché,
il est pesé de nouveau, plein d'iivdrogènc. On obtient ainsi par dilTérence le poids de
l'hjdrure mis en réaction.
» Après celte synthèse, on procède ii l'analyse de la solution, qui est tout d'abord
oxydée par l'acide azotique. Le soufre est dosé à l'état de sulfate de baryum et le
potassium sous forme de sulfate neutre. Nous avons obtenu ainsi les chiflVes suivants :
Théorie
pour pour
S par synthèse. . .
1
. 3i
.17
0
3i
9
, 10
K par synthèse. .
• 3;,
'77
37:
,93
S par analyse . . .
. 3o.
76
3o,
,8.-.
K par analyse . . .
. 38
,5i
38
/.9
3o,77 3i,o7
37 , 5o 37 , 86
,93
» Ces analyses rapprochent l'iiydrosulfite préparé par synthèse de
l'hydrosulfile de Bernthsen. Mais, pour qu'il ne reste aucun doute sur
l'établissement de celte formule, il éUut indispensable de recueillir
l'hydrogène qui devait se dégager dans la réaction. Pour cela, nous nous
sommes assuré, tout d'abord, qno, par l'action de l'anhydride sulfureux
absolument sec sur l'hvdrure de potassium, il se dégageait bien de l'hydro-
gène et que son volume était d'autant plus grand que le poids d'hydrure
mis en réaction était plus élevé.
» Pour déterminer la réaction d'une façon complète, nous avons fait
circuler, au moyen d'une trompe à mercure, un certain volume d'acide
sidfureux au travers d'un tube de verre contenant un poids déterminé
d'hydrure de potassium. Dans ce circait se trouvait une cloche à robinet
de 80*=™ de haut qui permettait, à un moment donné, d'isoler et de recueillir
les gaz. La durée de l'expérience était comprise entre 36 et 60 heures. Le
volume de gaz variait peu pendant la réaction. A la fin de l'expérience, le
gaz, recucdli à la trompe, était porté sur la cuve à mercure, et l'excès
d'anhydride sulfureux était absorbé par la potasse. Le gaz restant était de
l'hydrogène pur, ainsi que la combustion eucliométrique l'a établi. De cette
première partie de l'expérience nous pouvons conclure que, dans la réac-
tion lente de l'anhydride sulfureux sur l'hydrure do potassium, il se dégage
du volume d'hydrogène dégagé on peulcalculer le poids d'hydrure qui n'est pas entré
en réaction.
G52 ACADÉMIE DES SCIENCES.
un volume d'hvclroscne sensiblement égal au volume d'acide sulfureux
absorbé. La fominlp df M. Bernthsen se trouve ainsi complètement vérifiée.
» Mais cette expéi-ieiioe a été exécutée d'une façon plus précise. Le tube
à liydrure, après fixation de l'acide sulfureux, a été pesé à nouveau et
nous a donné les résultats que nous indiquons ci-dessous :
» Piemiève expérience. — Anhydride sulfureux absorbé, ob,835; hydrogène
dégagé, i^o'^"' à o" et à 760"""; hydrure de potassium mis en réaction, oS,622. D'après
la quantité d'hydrure, l'anhvdride absorbé aurait dû être de 0^,835^ et l'hydrogène
dégagé 146''"'' pour satisfaire à l'égalité
S''0* + 2KH=:K2S^O'-hH^
» Deuxième expérience. — Anhydride sulfureux absorbé, os, 3-G; hydrogène
dégagé, 63"^™' à 0° et à 760™'"; hydrure mis en réaction, 08,2369. D'après la quantité
d'hydrure, l'anhydride absoPbé aurait dû être o", 0789 et l'hydrogène dégagé 66""'.
» Une troisième expérience a donné des résultats identiques : anhydride sulfureux
absorbé, i«, 157; hydrogène dégagé, 199'^"'' à o" el 3760"""; hydrure mis en réac-
tion, oS,7 145. D'après la quantité d'hydrure, l'anhydride absorbé aurait ilù être is,i432
et l'hydrogène dégagé 201'"'", 98.
» Hydrosuljile de sodium. — L'anhvdride sulfureux réagit plus énergi-
quement sur l'hydrure de sodium que sur l'hydrure de potassium. Si l'on
n'a pas soin de diluer l'acide sulfureux dans l'hydrogène, il se produit tou-
jours une quantité notable de sulfure et de sulfate.
» Lorsque l'on reprend par une petite quantité d'eau bouillie l'hydrosul-
fite de sodium anhydre, on obtient tout d'abord des prismes bien cristal-
lisés ou des houppes soveuses assez longues. On rencontre aussi dans la
solution, lorsqu'elle est saturée, de petits ])rismes surmontés de pyramides,
mais le lendemain ces ,5; une autre,
SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. 655
ou 1901, 1 3'i,8; en 1902 nous avons obtenu 23'' de la purcelle 53 et 32'i de
la parcelle 5, l'une el l'autre sans engrais depuis 1875.
» La tormalion des nitrates dans le sol a été telle qu'elle a enlevé toute
efficacité à l'épandage de ces engrais ; les parcelles qui les ont reçus ont
à peine fourni i'' déplus quecelles qui en ont été privées.
» L'abondance de la pluie au printemps n'a pas été favorable seulement
à la nutrition azotée du blé ; elle a, en outre, maintenu longtemps actives
les cellules à chlorophylle ; la racine a fourni aux feuilles assez d'eau pour
qu'elles aient résisté aux radiations solaires, pour que la formation inces-
sante de vapeurs ail empêché leur échauifcmcnt et leur dessiccation ; elles
ont longtemps prolongé leur travail, et la formation de matière végétale
est devenue considérable.
» On en jugera par les nombres suivants, dans lesquels nous avons dis-
tingué non seulement les diverses variétés semées à l'automne de 1901,
mais encore la grosseur des grains employés aux ensemencements, pour
voir l'influence qu'elle exerce sur les rendements.
Rendements du blé à l'hectare au champ d'expériences de Grignon en 1902.
Poids
Grosseur de loo grains Poids Poids Moyenne.
des grains desséchés du grniii de lu - — ■' — „■ ■■ — ^
Variclcs. semés. à iio». obtenu. paille. Grain. Paille.
SIlirell \ Gros ,. 3,990 4o,r> 8S,i ^ ,, ,i6o 40,1 92,0 ) •"
( Gros 3,700 43,5 QQ,4 /
Massy. ,, ., ^'ij , ' ^Z'I 43,1 97,6
/ PetUs o,3oo 42,8 9D,8 i
, , \ Gi'os 4i43o 5i,7 86,0 )
Japliet. i ;. o 30|i 87,9
' ( Petits 2,83o 48)^ 89,0) '^
., \ Gros 4.342 44)2 90,1 / ,., ,
'''°y'""''- I Petits 3,4 42:7 90:2 i ^^'^ y°''
» On voit que, pour toutes les variétés, les semis de gros grains ont
rendu davantage que ceux qui ont été faits avec des petits, mais que c'est
seulement quand la ililTcrence de poids des semences a été notable,
comme pour le Japhet, que les rendements des gros grains ont été nota-
blement plus forts que ceux des petits.
» Le i5 juillet, un violent orage s'est abattu sur les environs de Paris; à
656 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Grignon toute la rccoUe a été couchée, on n'a pu conper le blé à la machine,
et les dépenses de la moisson ont été notables.
)) Nous avons voulu savoir si cette verse tardive aurait une influence
fâcheuse sur la maturation, et nous avons prélevé 4°' du blé droit ou versé
que portait une parcelle de Massy, le lendemain de la verse le i6 juillet;
puis nous avons fait un nouveau prélèvement en quatre autres points le
6 août; les pesées et les analyses ont montré que le blé plié, partielle-
ment couché, mais non aplati par terre avait bien mûri, qu'il présentait
une composition semblable et donnait un rendement égal à celui du blé
droit.
» Cette année, la verse tardive n'a donc causé d'autres dommages que
d'augmenter les frais de la jnoisson ; on cherche toujours cependant à éviter
cet accident, soit parle choix des variétés semées, soit par l'emploi des
engrais. Bien que quelques pailles soient plus rigides que d'autres, il n'existe
pas de blés inversables; tel que l'ont fait des siècles de culture, le blé est
aujourd'hui une plante mal équilibrée; l'épi, trop lourd, est porté par une
tige trop haute et trop grêle, et un vent violent en a toujours raison. La
verse est d'autant plus à craindre que la fumure a été |j1us abondante;
cette année, à Grignon, les pai'celles restées sans engrais depuis plusieurs
années ont résisté; il en a été de même pour celles qui ont reçu comme
engrais des scories de déphosphoratiou ; ces engrais n'ont pas augmenté le
rendement, mais la verse ne s'est pas produite.
» Nous avons trouve, l'an dernier, un léger avantage à concentrer le
fumier sous les poquels de pommes de terre ou sous les lignes de bette-
raves au lieu de le distribuer uniformément sur toute la surface des pièces;
toutefois, avant de recommander ce mode de fumure il fallait connaître
son action sur le blé succédant à la plante sarclée. Le semis sur des champs
ainsi préparés en 1901 eut lieu à l'automne dernier; au cours de la végé-
tation, nous avons eu quelques inquiétudes, car le blé resta quelque temps
inégal, plus fort au-dessus des poquets et des lignes qu'aux autres places;
puis peu à peu ces différences s'effacèrent, et en juillet on ne distinguait
plus les pièces au mode de fumure qu'elles avaient reçu.
» Au battage on a obtenu les chiffres suivants :
Blé Dattel recueilli à l'hectare.
Fumure uniforme Sgôe'^s de grain 75io''5 de paille
Fuiuure sous les lignes de betleraves 4020'^s u ygio*^? »
» I,a fumure concentrée présente donc un très léger avantage.
SÉANCE DU 27 OCïOLîRE 1902. 637
» En résumé, et c'est là le point sur lequel nous voulons insister, le champ
d'expériences de Grignon a fourni cette année une récolte exceptionnelle,
et cela grâce à la pluie du mois de mai. Les cultivateurs qui tiennent des
terres filtrantes et qui sans de grandes dépenses peuvent y amener des
eaux d'arrosage feront bien de les répandre sur le bié au printemps, car
l'expérience de cette année montre à quelle admirable récolte conduit,
dans ces sortes de terre, l'abondance des eaux. »
MÉCANIQUE. — Quelques cas d'intégration de l'équation des brachislochrones.
Note de M. Haton de la (iocpiLuÈRE.
« J'ai donné précédemment (') une méthode pour l'intégration de
l'équation de la brachistochrone, dans un cas spécial d'une assez grande
généralité. J'ai cherché depuis à en éclairer l'esprit, en l'appliquant à des
problèmes déterminés. C'est l'objet de la présente Note, dans laquelle je
conserverai les notations de la première.
» Exemple I. — Supposons, en premier lieu, que la fonction des forces
se présente sous la forme
(11) U = A/-",
avec un exposant quelconque : entier, fractionnaire ou incommensurable,
positif ou négatif.
» On a identiquement, pour l'expression du rayon vecteur.
r = Va^--+-j' = v'(^ + iy) {x - iy) = ^pq.
Nous rentrons donc dans le cas d'intégrabilité (5) en prenant
n n
» Il s'ensuit
Mais comme on a, en coordonnées polaires,
p ^^ X + iy ^^ r(cosô + i sin6) = re'\
(') Comptes rendus, t. GXXXV, p. 6i4.
C. R., 1902, 2- Semestre. (T. CXXXV, N» 17.) 87
658 ACADÉMIE DES SCIENCES
il vient
2 — n ( 2 — n ) * 0
r ' e 2
;t d
et oe même
fe-'^^i^dq
(2 — n) \Jk
„ 1—n 1 2 — n 1 (• (
r ^ e
(2 — n) y/Â
» L'équation (8) devient, d'après cela,
r ^ le l ^ J — eL2 1^^ const. ,
c'est-à-dire enfin
r ' sin ( 9 + a ) = const.
On obtient ainsi, comme brachistochrones, les spirales sinusoïdes d'ordre
» Il est facile d'interpréter la condition que cette formule (i i) impose
aux forces.
» Comme les courbes de niveau représentées par cette équation (ii)
sont des cercles concentriques, les forces F concourent à l'origine.
» L'expression U du travail étant, dès lors, / ¥ dr, on a
dU . .
F = -j- = nkr" ' .
dr
Le cas qui nous occupe est donc relatif aux forces centrales propor-
tionnelles à la puissance n — i de la distance, mais toutefois avec une
restriction spéciale qu'il est bien essentiel de ne pas perdre de vue.
» L'équation des forces vives (i) donne, en effet,
ç-=i\] =^ 2Ar".
Cette relation doit donc avoir lieu en particulier entre la vitesse ini-
tiale i'g et la distance r„ pour laquelle celle-ci se trouve imprimée au
mobile. On a ainsi à la fois :
Fo = nArr, 71 = -^^^
SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. ÔSg
d'où, en éliminant le coefficient A,
F„/-„ n
— )
2
relation nécessaire des trois données F^, v„, r„.
» Si la force est attractive, elle entre négativement dans l'expression U
du travail, et comme r„ et i'I sont positifs, on doit avoir « <^o. La force
attractive devra ilonc être décroissante quand la distance augmente. Si, au
contraire, l'action est répulsive, on se trouve conduit de même à la condi-
tion « ^ o, et l'intensité devra croître avec l'éloignement. La limite n =^0
qui sépare l'un de l'autre ces deux cas correspond à une force nulle et à
une trajectoire rectiligne.
» Exemple II. — Pour envisager une seconde application, désignons
par p et p' les distances du mobile à deux points fixes. Nous pouvons
toujours, pour plus de simplicité, placer ces foyers sur l'axe des abscisses,
à des distances égales de l'origine, que nous prendrons pour unité. Suppo-
sons, comme définition du problème que nous voulons traiter :
U = pp'.
Les courbes de niveau seront alors des lemniscat.es ayant pour foyers les
deux points fixes.
» On a d'ailleurs identiquement :
= {x^ 4- y- -f- !)'■' — 4^^
= (i~r)(i-9V)-
Il vient d'après cela
valeur qui satisfait à la condition d'intégrabilité (5) si l'on prend
Il suit de là, sauf le signe qui reste indifférent,
fe-^^P'>dp = I ^ — arccoso,
J ^ J \/^-p'
q
- — arccos<
2 '
66o ACADÉMIE DES SCIENCES.
» On aura ainsi pour le groupe spécial (lo^ de brachistochrones
arccosjD -f- arccosy := 2B.
Pour en discerner la nature géomélrique, prenons le cosinus des deux
membres ^^^
COS2B —pq— '^{'i — P' ) {'^ — T) ^ ^"^ — ??' 1
d'où
( ;-— cos2B/= p p ,
et, d'après le théorème de Côtes,
r"— 2r-cos2B + cos=2B = r^— 2r^cos2Ô 4- i,
d'où, en réduisant,
2/--(cos20 — C0S2B) = sin°2B,
/•==[(cos'9 — sin='0) - cos2B(cos=6 -h sin=6)] =isin='2B,
/•=cos=6(i — COS2B) -7^sin=e(i + cos2B) = 2sin=Bcos=B,
et enfin
•'- — — I .
co
s^B sin-B
On voit que la somme des dénominateurs est égale à l'unité, c'est-à-dire au
carré de la distance du centre à chacun des deux foyers fixes. Par suite
cette première famille de brachistochrones est formée des hyperboles
homofocales aux lemniscates.
)> La seconde (9) comprendra, d'après le théorème 6, leurs trajectoires
orthogonales, c'est-à-dire les ellipses qui admettent encore les mêmes
foyers. Enfin tous les autres groupes seront formés des trajectoires de ces
coniques homofocales sous un angle constant quelconque.
« Il reste à déterminer la loi qui régit la force dans le cas que nous
venons de traiter.
» Nous connaissons déjà sa direction, qui est normale aux lemniscates,
et par suite tangente aux hyperboles équilalères concentriques qui passent
par les foyers de ces courbes.
)) On a d'autre part pour son intensité
F==-(5ï-) +UJ ==UJ +Uj.
_ /dU _ dvy _ /du _ ^y
~ [d]'? '^ dq) [dp dq )
_ , dU_ dU __ pq ^ r^^
— "* dp dq ~ y/(i — /5^) (i-g-2) Pp''
SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. 661
et en6n
La force varie donc à la fois proportionnellement à la distance au centre
et en raison inverse de la moyenne géométrique des distances aux deux
foj'ers.
» Elle est d'ailleurs dirigée de l'intérieur à l'extérieur des lemniscates,
puisque l'expression du travail est positive.
» Quant à la condition spéciale imposée aux données initiales, elle dérive
de l'équation (i) :
i>^ — 2U = 2pp'.
» On a donc à la fois
F„
d'où, en éliminant popj,,
v/poPo
' n
2pOpo
» Exemptée III. — Prenons enfin, pour fonction des forces, le carré de
celle de l'exemple précédent
U = P^p'^-(/>=-i)(y -I).
/"-'"■*-/;;*T-i'-s(;T^)-
)» La première famille (10) de brachistochrones aura pour équation
2B ^ i \.OoU--) + - \^O.i'i^ ,
d'où
4B ^ (P — ')(?-') ^ fl
(y9-hi)(^ + i) p'='
et enfin
l_ _ ^28
p'"
Elle est donc formée des cercles qui sont les lieux géométriques des
points dont le rapport des distances aux deux foyers fixes reste constant.
» La seconde famille (9), qui est constituée par les trajectoires orthogo-
nales des précédentes, comprend d'après cela les cercles qui passent par
les deux foyers fixes.
662 ACADÉMIE DES SCIENCES.
M Les autres systèmes de brachistochrones seront composés des trajec-
toires sous un angle constant quelconque des lignes précédentes.
» Les courbes de niveau ayant pour équation
pp' =; const.
sont encore des lemniscates homofocales. Les forces seront donc normales
à ces lemniscates comme dans le cas précédent.
M Quant à leur intensité, elle sera fournie par la formule
F' = ^^^ = ^^^yU = i6r=p>p-, F.= 4^PP'.
Elle est en raison composée des trois distances au centre et aux deux
foyers.
» La relation paramétrique des données initiales dérive des formules
t'„'==2u„ = 2p'„p;% F„ = 4/-„p„p„,
qui donnent, en éliminant pop',,,
F. /-
— = 2V2. »
NAVIGATION. — Sur la cavitation dans les navires à hélices.
Note de M. J.-A. Normand.
« L'attention des Ingénieurs maritimes s'est portée récemment sur un
■phénomène qui se manifeste parfois aux vitesses extrêmes dans le fonc-
tionnement de l'hélice propulsive. Son importance, longtemps insoup-
çonnée, parait dépasser celle de toutes les autres causes de pertes d'effi-
cacité : en effet, suivant qu'il se produit, même partiellement, ou qu'il ne
se produit pas, la puissance nécessaire pour imprimer au navire une vitesse
maxima déterminée peut varier de 3 à 2 ou même de 2 à i. S'il se pro-
duisait complètement,aucune augmentation de puissance, si grande fût-elle,
ne pourrait accroître la vitesse.
» Ce phénomène que j'appelais, il y a 9 ans, à la suite d'essais au point
fixe qui le mettaient en évidence : Rupture des cylindres d' eau actionnés, est
connu aujourd'hui sous le nom plus simple de cavitation. Voici en quoi
il consiste :
). La vitesse de l'eau dans le conduit d'aspiration d'une pompe, telle
SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. 663
qu'une pompe centrifuge, ne peut pas dépasser une certaine valeur, qui
dépenri surtout de la hauteur d'aspiration. Quand cette hauteur est nulle,
la vitesse maxima théorique est celle de l'eau qui s'écoule dans le vide
sous la pression génératrice de l'atmosphère, soit i4™ pai" seconde. Ce
chiffre n'est, du reste, jamais atteint, à cause des pertes de charge inévi-
tables. La vitesse de rotation augmente-t-elle au delà de celle pour laquelle
la pression de l'eau à l'entrée de la pompe est égale au vide, la rupture de
la colonne d'aspiration se produit et la piiissance est dépensée en tour-
billons.
» De même, dans un navire, l'eau se précipite vers l'hélice, en vertu de
la pression atmosphérique augmentée de celle qui est due à la hauteur de
la flottaison au-dessus du point de l'hélice considéré.
» Le cylindre d'eau aspiré, d'une section égale à la surface du cercle
circonscrit à l'hélice, reste entier et continu tant que la vitesse absolue avec
laquelle il se dirige vers l'hélice qui l'aspire ne dépasse pas une certaine
valeur : au delà, des cavités se forment et la puissance est gaspillée en
remous et tourbillons.
» Il existe, toutefois, deux différences importantes entre la pompe et
l'hélice : d'abord, le canal d'aspiration de celle-ci n'est pas fermé et,
ensuite, l'accélération que l'hélice imprime à l'eau n'est pas égale pour
toutes les parties du cylindre actionné. Aussi la vitesse moyenne d'aspi-
ration pour laquelle des ruptures se produisent est-elle beaucoup plus
éloignée de la vitesse théorique que dans la pompe.
» Remarquons, incidemment, que les choses se passent tout autrement
dans un ventilateur et dans un propulseur aérien, à cause de la compres-
sibilité de l'air.
» La quantité de mouvement imprimée à l'eau par l'hélice mesure la
résistance du navire. Si la vitesse qui forme l'un des facteurs de cette quan-
tité de mouvement est assez grande pour que la cavitation se produise, on
est conduit à augmenter l'autre facteur : la masse liquide, qui est propor-
tionnelle à la suriace propulsive.
» Les considérations qui précèdent m'ont conduit (') à cette règle fort
simple :
» La surface propulsive doit être proportionnelle au produit de la surface
résistante par ta vitesse, ou plus exactement au quotient de la puissance par le
carré de la vitesse.
(') Règles approximatives pour le calcul de la surface propulsive {Bulletin de
l'Association technique maritime, 1899).
664 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» On a ainsi l'équation suivante, dont le premier membre représente
approximativement la surface propulsive :
^ . F
n, le nombre d'hélices supposées identiques;
A, le diamètre des hélices en mètres;
r, le rapport de la surface totale développée des ailes d'une hélice à celle
du cercle circonscrit;
F, la puissance maxima en chevaux de ■yS'^'";
V, la vitesse correspondante du navire en nœuds.
» L'expérience montre que le coefficient y, qui doit être d'autant plus
grand que l'acuité de la carène relativement à la vitesse est moindre, ne
doit jamais être inférieur à 0,60. Il peut dépasser avec avantage 0,80.
» Depuis plus de 3 ans, cette règle a reçu de nombreuses vérifications.
Elle a permis d'expliquer tantôt des chutes anormales, tantôt des valeurs
exceptionnelles d'utilisation que l'examen des formes de la carène ne jus-
tifiait pas.
» En voici un exemple : Dans une marine étrangère, trois croiseurs
identiques de 14300*^ et de Siooo'^''^ sont essayés avec des hélices sem-
blables, sauf le pas. Ils fournissent des vitesses maxima sensiblement
égales; en même temps, la courbe des utilisations en fonction de la vitesse
accuse une chute anormale à la vitesse maxima et montre qu'une augmen-
tation d'un nœud exigerait une augmentation de puissance de i5ooo'=''^
à 20000'^''''. Sur le dernier de ces bâliments, on remplace les hélices primi-
tives par d'autres, d'une surface propulsive considérablement augmentée.
Un supplément de plus d'un nœud est obtenu sans augmentation de puis-
sance, et sans que la courbe d'utilisation présente de chute anormale.
Évidemment la cavitation se produisait avec les premières hélices. J'ajou-
terai qu'elle pouvait être prévue; le coefficient/ de la formule ci-dessus
ne dépassait pas, en effet, o,43, tandis qu'il atteint 0,60 avec les hélices
agrandies.
» Ainsi, un simple remplacement d'hélices, dont le coût représente à
peine ^ de la valeur totale du bâtiment, a suffi à fournir un résultat qui
eût coûté, au minimum, trente fois davantage s'il avait dû être obtenu par
augmentation de la puissance et des dimensions du navire.
» On peut trouver étrange qu'un phénomène aussi important que la
SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. 665
cavitation soit resté si longtemps inconnu. Les causes de ce t'ait sont les
suivantes :
» 1° Depuis quelques années, les vitesses ont considérablement aug-
menté, et cependant on a souvent cru pouvoir conserver, en vertu d'une
ancienne règle, les valeurs oniinaires, jusqu'alors très suKLantes, du
rapport de la surface propulsive à la surface résistante du navire, tandis
que ce rapport doit varier comme la vitesse maxima.
« Il en est résulté que la vitesse absolue de l'eau dans le canal d'aspi-
ration a augmenté dans les navires très rapides; or, c'est presque invaria-
blement sur ceux-ci que la cavitation s'observe.
» 2° Plusieurs ingénieurs éminents, en se basant sur des considérations
très exactes en apparence, mais en négligeant la question alors inconnue
de la cavitation, ont professé que les reculs habituels étaient trop faibles.
M. W. Fronde, auquel on asse : à chaque courant de rupture de
la bobine d'induction, la différence de potentiel entre H et H' atteint une
valeur suffisante pour que le tube fonctionne; puis, cette différence de
potentiel continuant à croître, l'étincelle éclate à l'excitateur : le tube,
privé subitement d'alimentation, s'éteint, tandis que la décharge oscilla-
toire de l'excitateur se poursuit et s'achève.
» Supposons d'abord que l'on ait disposé le tube tout près de l'excita-
teur, les fils AH et AH' étant aussi courts que possible (o",i t). Portons en
abscisses (Jig. 2) les temps, comptés à partir du moment où l'étin-
Fig. 2.
celle éclate dans l'huile, et en ordonnées les différences de potentiel
entre A et A'; nous avons ainsi, comme on sait, une sinusoïde rapidement
668 ACADÉMIE DES SCIENCES.
amortie MNPQ Une fois l'appareil réglé, le potentiel nécessaire pour
faire fonctionner le tube n'est inférieur que de peu an potentiel explosif
de l'excitateur: il suffit, en effet, de diminuer très peu la distance explosive
de celui-ci pour que la décharge ne traverse plus le tube, mais passe entiè-
rement par l'excitateur. Cette particularité a ici une importance capitale:
il en résulte que le tube s'éteint dès que le potentiel a diminué un peu au
débul de la décharge oscillante, et, par suite, au bout d'un temps inférieur
au quart de la période de l'excitateur; la courbe représentative de l'inten-
sité des rayons X est donc formée d'une portion presque horizontale RS,
antérieure à la décharge de l'excitateur, suivie d'une portion brusquement
descendante SU. La longueur d'onde de l'excitateur ayant été trouvée
égale à i'",i4. sa période est x ^ sec, et, par conséquent, (JU est de
beaucoup inférieur à ;; j^, — y sec.
i 3 X io"'x 4 J
)) Construisons la courbe ayant pour ordonnées la valeur de la force
électrique produite à la coupure du résonateur par la décharge de l'exci-
tateur. L'ordonnée de cette courbe est nulle tant que toute la décharge
passe par le tube focus, par conséquent jusqu'à l'origine des temps sur
le diagramme; elle n'atteint une valeur notable qu'à une époque où
l'excitateur est déjà en partie déchargé, et le maximum de cette force
électrique n'a lieu que lorsque l'excitateur s'est rechargé en sens contraire,
c'est-à-dire au bout d'une demi-pério.le, durée représentée par l'abscisseOZ.
Il suit de là que, quand le résonateur commence à osciller, les rayons X
sont déjà éteints : par conséquent, il ne peut y avoir d'action du tube sur
l'étincelle secondaire ('). C'est ce que l'expérience vérifie, car si l'on inter-
pose une lame de plomb entre le tube et la coupure, de manière à inter-
cepter les rayons X, l'étincelle ne change pas d'aspect.
» Laissant le tube focus à la même place, remplaçons les fils courts AH,
A'H' par des fils de 25'="', repliés sans coudes brusques; cet allongement
des fils, en relardant l'extinction des rayons X du temps que les ondes hert-
ziennes emploient pour parcourir (20 — ii)™= i4'^'", va avoir pour effet
de retarder d'autant la disparition des rayons X à la coupure et de laisser
ainsi à ces rayons le temps d'agir sur l'étincelle : c'est en effet ce que l'on
constate, car l'interposition d'une lame de plomb rend l'étincelle manifes-
tement moins éclatante. Cette action des rayons X augmente si l'on aug-
(') Voir, sur celle aclion, R. Blonolot, Comptes rendus, t. CXXXIV, 1902, p. ibog.
SÉANCE DU 27 OCTOBRE I902. 669
mente la longueur des fils de transmission AH et A' H' : pour des longueurs
de 33*^™, de 80'''", de i3o'™, elle est de pins en plus marquée.
» Ces expériences montrent que, dans mon appareil, les rayons X
s'éteignent dès que !a décharge électrique a cessé dans le tube. En effet,
dans l'expérience avec les fils très couils (ii"°), on n'a constaté aucune
action, tandis qu'il a suffi de les allonger de i^"" pour obtenir une action
visible; si, par conséquent, il existe une prolongation de l'émission des
rayons X, ou encore une prolongation de leur action à la coupure après
leur cessation, leur somme est très petite vis-à-vis de , ^.^ sec. ( ' ).
» Prenons des fils de transmission rejjliés, que nous laisserons d'un-»,
longueur invariable, o™, 5o par exemple, puis éloignons peu à peu le
tube de la coupure; en vertu de cet éloignement, les rayons X éprou-
vent un relard égal au temps qu'ils mettent à franchir la distance du
tube à la coupure; leur disparition à la coupure est retardée d'autant, et,
si leur vitesse est comparable à celle des ondes hertziennes, l'effet de l'éloi-
gnement du tube va être analogue à celui d'un allongement des fils,
c'est-à-dire une amélioration dans la coïncidence de l'époque où la force
électrique existe à la coupure avec l'époque où les rayons X y sont pré-
sents, et, par suite, une augmentation de l'action de ces rayons sur l'étin-
celle. On est ainsi amené à cette prévision paradoxale : le tube devrait
agir plus de loin que de près. A ma grande surprise, cette expérience
réussit complètement : l'éclat de l'étincelle augmente à mesure que l'on
éloigne le tube; c'est un fait certain et constant. L'augmentation est bien
due aux rayons X, car, si l'on place un petit disque de plomb contre la
lame d'aluminium interposée entre la coupure et le tube, l'effet dispa-
raît : l'étincelle devient aussitôt plus faible et demeure invariable, quelle
que soit la distance du tube. Ce fait surprenant est une première vérifica-
tion de notre supposition initiale : la vitesse de propagation des rayons X
est comparable à celle des ondes hertziennes.
(') M. Colardeau avait déjà trouvé que la durée d'émission des rayons X est infé-
rieure à yôoôV ^^ seconde, « et bien moindre que ne le feraient croire las expériences
réalisées de prime abord ». {Bulletin de la Société française de Physirjue, 1901;
7.^ fascicule, p. 117.) Un échange de vues sur ce sujet a eu lieu entre MM. Brunlies et
Colardeau, à la séance de la Société de Physique du i5 mars 1901 : le désaccord entre
les résultats obtenus par ces deux physiciens tient à ce que les conditions de leurs
expériences ne sont pas les mêmes. Les miennes se rapprochent de celles de M. Colar-
deau.
670 ACADÉMIE DES SCIE^XES.
» Prenons maintenant des fils de transmission d'une plus grande lon-
gueur, 80™ par exem|)le. Quand on éloignera le tube, il arrivera, pour
une certaine distance, que les rayons X posséderont à la coupure leur
pleine intensité pendant tout le temps que la force électrique à la coupure
conserve une valeur notable {fig. 3) : l'efficacité des rayons X sera alors
aussi grande que le permet leur intensité.
Fig. 3.
)) Si l'on continue à éloigner le tube, on n'améliorera plus la coïnci-
dence entre la présence des rayons X et celle de la force électrique à I 1
coupure, et l'on perdra de plus en plus comme intensité des rayons X;
par conséquent, leur action aura passé par un maximum. C'est ce que l'on
constate effectivement : l'élincelle passe par un maximum lorsque le tube
est à environ 53*^'" de la coupure. Ce maximum est bien dû aux rayons X,
car il disparaît par l'interposition d'un petit disque de plomb.
» Ainsi, la supposition que la vitesse des rayons X et celle des ondes
hertziennes seraient de même ordre de grandeur nous a conduits à prévoir
l'existence d'un maximum; cette prévision s'est trouvée vérifiée par l'expé-
rience. Comme, d'ailleurs, il paraît impossible d'expliquer autrement ce
phénomène paradoxal, on est amené à conclure que /a w/Ze55e rfe/jro^a^a-
tion des rayons X est bien du même ordre de grandeur que celle des ondes
hertziennes. Je me propose d'expliquer incessamment connnent L'étude de
ce maximum m'a fourni le moyeu de déterminer le rapport des deux
vitesses. »
SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. 67 I
CORRESPONDANCE.
M. le MixisTRE DE i,'IxsTnucrio\ publique et des Beaux-Arts transmet à
l'Académie, au nom de M. le Ministre des Affaires étrangères, un Mémoire
de M. Ryder, capitaine de frégate de la Marine danoise, résumant les études
entreprises sur les courants entre la Norvège, l'Ecosse et le Groenland.
M. le général Bassot présente à l'Académie, au nom du Bureau des
Longitudes, le Volume de la Connaissance des Temps pour Van iqoS,
le 227^ d'une éphéméride qui n'a jamais souffert d'interruption depuis la
publication du premier Volume, en 1(379, P'""" Picard, et dont est chargé
le Bureau des Longitudes depuis sa fondation en 1795.
« Le Volume de 1900 est en tout conforme à ceux qui le précèdent
depuis 1901 (année où l'on a adopté, pour les quatre principales éphémé-
rides astronomiques, un môme système de constantes et un même Cata-
logue d'étoiles fondamentales), sauf en ce qui concerne les dislances
lunaires, qui sont pour la première fois et demeureront désormais sup-
primées. Le Bureau des Longitudes, après un examen approfondi, a, en
effet, reconnu que la publication des distances lunaires ne présentait pis
une utilité suffisante et ne réjKmdait plus aux besoins actuels de la navi-
gation. Par suite, il a été décidé, après avoir pris l'avis de M. le Ministre
de la Marine, de ne plus insérer dans la Connaissance des Temps, à partir
de 1905, l'éphéméride des distances lunaires. >
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1" Un Opuscule de M. Giiio Loria, intitulé : « l'OEuvre mathématique
d'Ernest de Jonquières » (Extrait de Bibliolheca malematica, 1902).
2° Une Brochure intitulée : « Léonard de Vinci, peintre, ingénieur,
hydraulicien; par M. A. Ronna ». (Présenté par M. Haton de la Goupil-
lière.)
3° Un Volume de M. L. Dumas, intitidé : « Recherches sur les aciers au
nickel à haute teneur x^. (Présenté par M. Jl. Moissan.)
4° Un Volume de M. Stanislas Meunier, intitulé : « la Géologie générale ».
(Présenté par M. Albert Gaudry. )
672 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Nouvelles observa/ions sur les éruptions volcaniques
de la Martinique. Extrait d'une Lettre de M. A. Lackois à M. Michel Lévy.
« Le désastre du 3o a été épouvantable à cause du nombre des victimes,
mais la région dévastée est loin d'avoir l'étendue qne l'on disait.
)) Dans cette région dévastée, à part bien entendu les flancs de la Mon-
tagne Pelée, les phénomènes mécaniques correspondent en moyenne à
ceux de la zone intermédiaire de Saint-Pierre. Beaucoup de maisons an
Morne Rouge sont absolument intactes et les habitants qui y étaient
enfermés n'ont pas souffert. L'incendie n'a été que local, beaucoup d'arbres
n'ont pas été renversés; mais il y a eu, d'autre pari, des phénomènes de
transport curieux. Vous verrez dans une de mes photographies ci-jointes
un gros palmiste traversé par des poutres de bois. Sur une autre, nn
fragment de toiture en lôie est accroché à un arbre. Notez d'ailleurs que
la plupart des maisons au Morne Rouge n'avaient qu'un soubassement en
pierre, tout le reste était en bois; c'est le cas notamment de la maison où
nous avions passé quelques jours en juillet et dont il ne reste plus que les
fondations. Nous avons retrouvé, dans les déblais, de petits verres à liqueur
à moitié fondus et qui étaient sur la commode de notre chambre.
» Il n'est pas douteux que la destruction ne soit due à l'action d'un
nuage de vapeur d'eau très riche en cendre chaude. Il n'y a pas à songer à
aucun gaz combustible ; les arbres ne sont pas brûlés et les palmiers dont les
feuilles n'ont pas été arrachées montrent que celles-ci ont été simplement
desséchées.
» Des phénomènes électriques ont, comme toujours, accompagné l'érup-
tion, nuiis n'ont joué qu'uîi rôle accessoire. J'ai examiné avec grand soni
les nombreuses grilles en fer, les ])oteaux téléphoniques en fer, et je n'y ai
vu nulle part la trace de coups de foudre.
)> Quant à la cause de l'agrandissement de la zone dévastée par le volcan,
elle est facile à distinguer. Dans notre Rapport précédent, nous avons
parlé d'im talus, que l'on voyait par l'échancrure sud-ouest du cratère.
Il représentait un des côtés d'un cône qui s'est très rapidement élevé dans
le cratère pendant le mois d'août et qui, actuellement, dépasse le sommet
de la montagne.
» Dès que cela nous sera possible, nous tenterons l'ascension du sommet
de la Montagne Pelée (') et de l'un quelconque des bords du cratère que
(') Un récent câblogramme annonce que M. Lacroix, a pu faire cette ascension.
SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. 673
nous avions gravis en juin et juillet; nous serons extrêmement près du
sommet de ce cône. Il semble que c'est de l'intervalle situé entre les parois
du cratère et la base de ce cône, ainsi que des flancs de celui-ci, que sortent
actuellement les colonnes de gaz et de vapeurs qui, les jours de calme,
montent verticalement à une hauteur prodigieuse.
» Ce cône, vu à la lorgnette, ne me paraît pas entièrement constitué
par des blocs de projection; il est formé de dents très aiguës à parois verti-
cales paraissant s'écrouler continuellement; celles-ci me rappellent le front
des couléesdes andésites de Santorin; il est possible qu'il s'élève là une sorte
de cumulo-volcan, mais je vous donne cela sous toutes réserves, en atten-
dant que je puisse le voir de près. La question passionnante est de savoir
ce qu'il va arriver de ce cône. Quoi qu'il en soit, on comprend maintenant
pourquoi les produits de projection, au lieu de prendre comme jusqu'en
fin juillet la direction de l'ouest et du sud-ouest, retombent en gerbes sur
tous les flancs de la Montagne Pelée. Nous n'avons jusqu'à présent constaté
aucune fissure nouvelle, et, d'après les renseignements que j'ai recueillis,
la fumerolle de Trianon, au voisinage de l'Ajoupa-Bouillon, n'aurait émis
des vapeurs que d'une façon insignifiante et intermittente.
» J'ai choisi la place de l'Observatoire principal (vous la trouverez
facilement sur la Carte de Challamel); c'est sur un morne situe sur la rive
droite de la rivière du Carbet, exactement au nord de la lettre F de Fond-
Saint-Denis écrit en gros caractères. Le village de Fond-Saint-Denis est
inexactement placé sur cette Carte ; la mairie est, en effet, au col situé à
l'ouest du dernier lacet de la route, sur le versant de Saint-Pierre.
)) Ce morne, dont l'altitude est d'environ 5 io'°, domine au nord toute la
région dévastée depuis le Prêcheur, le cratère, le Morne Rouge. Il est à
quelques centaines de mètres en arrière de la zone dévastée par la dernière
éruption. Je fais faire une petite casemate se fermant hermétiquement et
qui nous permettra de nous terrer en cas de grosse éruption. Il n'y aura
qu'une fenêtre du côté du volcan, et les dégagements auront lieu sur la
rivière du Carbet. La difficulté va consister dans le ravitaillement; il faut
en effet faire lô""" dans la direction des pitons du Carbet pour trouver le
camp de Colson, toute la région étant actuellement évacuée.
» Nous allons partir demain à la recherche d'un autre poste, destiné à
surveiller le côté oriental du volcan. Nous le trouverons sans doute aux
alentours du kilomètre 7 sur la route des Deux-Choux au Gros Morne
(sur la Carte de Challamel, vous trouverez le plan des Deux-Choux à la
C R., 1902, 3« Semestre. (T. CXXXV, N» 17.) °9
674 ACADÉMIE DES SCIENCES.
croisée des trois routes, exactement à la place du grand D de Fond-Saint-
Denis).
» En relisant ma lettre, je m'aperçois que j'ai oublié de vous parler du
ras de marée du 3o août. Il a été insignifiant à Fort-de-France (i™ environ),
et si la mer est venue à l'entrée de la rue Victor-Hugo, c'est par le débor-
dement d'un caniveau et non pas par la savane. Des secousses de tremble-
ment de terre très nettes ont été ressenties le 24 août, et désormais nos
appareils nous permettront, s'il s'en produit de nouvelles, de les étudier
avec soin. »
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Observations du Soleil, faites à l'Observatoire de
Lyon (^équatorial Brûnner de o^.iô) pendant le deuxième trimestre
de 1902. Note de M. J. Guillaume, présentée par M. Mascart.
« Il y a eu 67 jours d'observation dans ce trimestre.
» Taches. — Comparativement aux résultats du premier trimestre (pré-
sent Tome des Comptes rendus, p. 523), on a noté un nombre de groupes
plus fort (H au lieu de 4; et une surface totale moyenne moindre (i 12 mil-
lionièmes au lieu de 689).
» La répartition de ces groupes entre les deux hémisphères est de i au
sud et de 5 au nord, au lieu de 2 de part et d'autre, notés précédemment.
» Le nombre des jours sans taches est de 53, soit un nombre propor-
tionnel pour ce trimestre de 0,79 au lieu de 0,60 dans le précédent. A cet
égard, on remarque l'absence de taches durant 49 jours consécutifs, du
1 5 mars au 2 mai ; la période antérieure la plus longue, du minimum actuel,
a été de 89 jours (12 mars-19 avril 1901).
» Le groupe le plus important s'est montré dans sa période de décroissance, à +16°
de latitude, du 28 mai au 4 juin; de ï-ô-ooIfô. son étendue superficielle est allée en
diminuant, et elle était 12 fois moindre à la dernière date qu'à la première. Une parti-
cularité intéressante de ce groupe est qu'il appartient à la même région d'activité
(alors à son quatrième retour) que le grand groupe de taches du mois de mars. A sa
deuxième rotation (29 mars-ii avril), cette région n'a pas montré de tache propre-
ment dite, mais seulement une petite tache voilée à -^27°, 5 de latitude, le 2 avril;
à la rotation suivante, la troisième (26 avril-7 mai), elle n'a présenté que des facules
et quelques pores gris de durée éphémère. Au cinquième retour (20 juin-i" juillet),
la même région n'a montré que des facules. Nous avons déjà remarqué plusieurs fois
des faits semblables, à savoir : des taches reparaissant par intermittences dans une
même région d'activité.
SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. 675
» Régions d'activité. — Le nombre des groupes de facules notés est de 90
avec une surface totale de 29,0 millièmes; le précédent trimestre avait
donné 68 groupes et 22,2 millièmes.
)) Leur répartition entre les deux hémisphères est de 49 groupes au sud
au lieu de 44» et de 4' ^iu nord au lieu de 24.
Tableau L — Taches.
Dates Nombre Pa«8- Latilade» moyenne* Surfacei
extrèmei d'obser- au mér. -» — -^ ^^ moyennes
4'obaerT. Talions, central. S. N. réduitei.
Avril 1902. — 1,00
17J. » »
Mai 1902. — 0,57
5
I
1,5
5
I
6,2
23
I
20,0
H-20,5
-H 27
-16,5
Datea Nombre Pass. Latitudes moyeones Surfaces
extrême» d'obser- au mêr. - — n^ -^ - i moyenne»
d'obserT. vatlons. centraL S. M. réduites.
Mai 1902. —
0,67 (suite)
21
I 23,3
+23,5
12
23-4
II 29,6
-t-26
84
23
22J. —16°, 5 +24°, 2
Juin 1902. — 0,85
I 28,4 +28
27 j. >' 4-28°, o
Tableau II. — Distribution des taches en latitude.
Sud. Nord.
,- 1^ ^^ —, „.— ^ ■■ -, Totaux
1W2. 90'. fcO'. 30". 20'. to*. 0°. Somme. Somme. 0'. to'.- 20°. 30'. Vû°. 90°. mensuels.
Avril » )> » » » O O » » » u u u
Mai » I) » I » I 4 » )j 4 » u 5
Juin » » » » » o I » » I DU 1
Totaux.. » » u I » I 5 » n 5 » » 6
Tableau III. — Distribution des facules en latitude.
Snd. Nord.
,^^ — ^^^ _ — -^ — ~_^ — Totaux
tflCÎ. 90*. 40°. 30°. 20". 10°. 0°. Sommo. Somme. 0°. 10°. 20°. 30°. 40°. 90°. mensuels.
Avril 8 I I I I 12 7 i r 3 » a ig
Mai 7 12 4'^ i6 ig 23635 35
Juin 1 2 I 4 I >^ 21 1 5 21624 36
Totaui... 27 3766 4g 4i 55i55n go
Surfacei
mensuelles
réduites.
108
4
Surfacei
mensuelles
réduites.
5,6
'3)9
9,5
2g, o
6^6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la théorie des fonctions algébriques.
Note de M. Ludwig Schlesixger, présentée par M. Poincaré.
« Le problème de déterminer une fonction algébrique y de la variable
complexe ce, uniforme sur une surface R de Riemann donnée, a été
traité par Riemann lui-même à l'aide du principe deDirichlet et, plus tard,
par MM. Schwarz et Neumann par d'autres méthodes transcendantes. Je
me propose de donner une solution purement algébrique dudit problème,
en poursuivant une méthode que j'avais indiquée autrefois (Journal de Crelle,
t. 105) pour un cas particulier.
» Soit R une surface de Riemann à m feuillets et aux points de ramifica-
tion a,, . . ., a^ que nous supposerons tous simples ; il s'agit de déterminer
les coefficients de l'équation
(i) F(x,y):='^y^Aa^^-y"'~'<=o (Aa=i),
de telle façon que la fonction y de x définie par cette équation soit uni-
forme sur R. Le discriminant Q de l'équation (i) par rapport à y sera un
polynôme de degré ■2(111 — i) des A^^) et de degré 2v(//2 — i) en a;. D'ailleurs,
on doit avoir
(•-i) Q=^{cc-a,)...(x-a,)\\
X étant un polynôme de degré c? ^ (m — 1) (v — i) — yo en x, où le
nombre/?, défini par l'équation a — im = 2/? — 2, désigne le genre de la
surface R. En comparant dans les deux membres de l'équation (2) les
coefficients des mêmes puissances de x, on obtient un système de
2v(m — i) -I- I équations pour les (m 4- i) (v + i) — i coefficients A^ et
les d -\- i coefficients de X; dans ce système, que nous désignerons
par (M =0), le nombre N = 2Wv — p -\- 'i des inconnues surpasse donc
de 2v — /?+ I celui des équations. Suivant le procédé indiqué par Kro-
necker au § 10 de sa Festschrift, décomposons le système (M) = o en fac-
teurs de divers rangs (Stufe). Nous cherchons une fonction y uniforme
sur R, qui reprend m fois chaque valeur; cette fonction doit donc con-
tenir 2v— ^-f- I paramètres arbitraires. Nous n'avons donc besoin de
nous occuper que du facteur de rang N — 2v -\-p — i du système (M) ^^ o,
SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. 677
facteur que nous désignerons désormais par (M') = o. Dans le domaine de
rationalité déterminé par les a a^, considérées comme variables
indéterminées, décomposons (M') = o en facteurs irréductibles (MJ) = o,
(M") = 0, . . .; chacun de ces facteurs définit les N inconnues et en parti-
culier les kk\ comme fonctions algébriques des a,, . . ., «our points de ramifi-
cation simples proviennent l'une de l'autre par monodromie des pointsde
ramification. Il faut donc que la surface II, donnée d'avance, se retrouve
entre les surfaces R,, . . ., R^et, par suite, qu'une des équations F, =0, ...,
Fy= o appartienne à la surface R; le problème proposé est donc résolu.
M Mais il s'ensuit de cette résolution qu'au point de vue algébrique il
soit indispensable de considérer non une surface de Riemann R spéciale,
mais à la fois toutes les surfaces R,, ..., R^ provenant de R par mono-
dromie des points de ramification, c'est-à-dire que, au lieu d'examiner,
comme le fait Riemann, la fonction j appartenant à une surface R donnée,
il faut envisager l'ensemble de toutes les fonctions j,, • . ., J^ appartenant
aux diverses surfaces R,, . . ., R^. Cet ensemble constitue une seule fonc-
tion monogène, si on la regarde comme fonction des a -+- i variables
X, a,, ..., a„, car toutes les j,, . . ., y^ et ces fonctions seules proviennent
de l'une d'entre elles, en faisant varier de toute manière possible ces c -+- 1
678 ACADÉMIE DES SCIENCES.
variables. C'est surtout celte généralisation de la conception classique de
Riemann qui noussemble mériter l'allenlion des géomètres, gcnéralisalion
qui, d'ailleurs, s'approuve aussi dans les autres Chapitres de la théorie des
fonctions algébriques, par exemple dans la théorie des équations différen-
tielles linéaires auxquelles satisfont, selon Fuchs, les modules de pério-
dicité des intégrales abéliennes. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur V équalion de Bessel avec second membre.
Note de M. Alexandre-S. Chessi.v, présentée par M. Appell.
« On est souvent amené, dans les applications de la Physique mathé-
matique, à l'équation
(0 Ê + iS + ('-5)^=/(^)'
qui se ramène à celle de Bessel quand le second membre se réduit à o. On
sait que
(2) j = AJ„(a;) -f- BR„ (a;) (n = entier),
(2') y = K'i„{x) + '&i_„{x) (/i r^^ entier)
donnent la solution générale de l'équation (1) sans second membre. En
appliquant la méthode de la variation des constantes arbitraires, on aura,
pour déterminer A et B, les équations
! dK _ K„(x)f{x)
dx , di„(x) - dK„(.r)
, „ . , dx dx , , . .
(3) { , / (« = entier).
^ ^ ^ ^ ^ -i,{x)f{x) ( ^ ^
^'^^^^-dl-'^-^^'^^ùr'
d^ ^ 3-,.(x)f(x)
dx dJ„(x) dJ_„(x)
( 3 ) / } («^t entier).
^ ^ ^ dn^ -JAx)f(x) ! y -r
dx d}„(x) . , ^^di_„Ax)
^-"^^''^û- ^"^ ' dx
» Or, il est aisé de s'assurer qu'on a les relations suivantes entre les
SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. 679
fonctions de Bessel de première et de seconde espèce :
(4) K„(.)^-J„(.)^^=-i (. = entier).
(4') J-.(-)^-M-)^^-'^4^ (.^entier).
» On aura donc
Ia = A'- fxK„(x)/(x)dx
(5) -^ (« = entier),
iB = B'+ xJ„(x)/(x)dx
( A = A' H :^ — f^J-n( a?) f(x) dx
(5'; \ («7^ entier),
/ B==B' ^ — xJJx)/(x)dx
et il ne reste qu'à substituer ces expressions pour A et B dans les for-
mules (2) et (2') pour obtenir la solution générale de l'équation (i). »
MÉCANIQUE RATIONNELLE. — Sur un exemple de transformation corrélative
en Mécanique. Note de M. Pacl-J. Suchar, présentée par M. Appell.
« M. Painlevé a étudié des transformations générales de mouvement
qui constituent la généralisation de la transformation homographique en
Mécanique, indiquée par M. Appell. Je me propose, dans cette Note, d'in-
diquer un exemple de transformation corrélative.
» Soient r, 0, v les coordonnées polaires et la vitesse d'un point maté-
riel M de masse i, a l'angle de la vitesse avec l'axe polaire et J une force
centrale passant par l'origine des axes, enfin M' le point correspondant
à M sur la courbe hodographe.
» Considérons un second point matériel de même masse que le premier,
sollicité par une force centrale J' passant aussi par l'origine. Je suppose
que la constante des aires due à J' est la même que celle qui est due à J.
Je cherche la relation liant J et J' et la correspondance existant entre les
temps t et t' des deux mouvements, par la condition que la trajectoire du
second mouvement soit la courbe hodographe du premier mouvement;
quant au sens de ce second mouvement, nous disposerons des conditions
initiales de manière qu'il soit le même que celui du point géométrique M'
68o
ACADEMIE DES SCIENCES.
correspondant au point matériel M. On remarque que la vitesse du second
point matériel est égale au rayon vecteur r du point qui lui correspond
sur la première trajectoire, puisque la constante des aires est la même
dans les deux mouvements. De cette remarque et de riiypothèse faite sur
le sens du mouvement, il résulte que l'hodographe correspondant au second
mouvement est une courbe symétrique par rapport au centre attractif de
la trajectoire du premier mouvement, ou cette trajectoire elle-même, sui-
vant que la force J est attractive ou répulsive.
« Si nous désignons par s et *' les arcs des trajectoires dans les deux,
mouvements, on aura, en se reportant à la définition de la courbe hodo-
graphe,
(0
d'où
(2)
ds' __ -.dt _
dl'
J.J':
ds _ ydt' _
rc.
» On obtient ainsi la correspondance existant entre / et /' et la relation
liant J et J'.
)) La formule bien connue de Binet nous donne pour ces deux mouve-
ments, en ayant égard à (2).
(3)
(4)
II résulte encore de la formule
:..: J.
M'
7
cette autre formule
» Enfin de la formule
pv
= c.
(5)
où p est la distance de l'origine à la tangente à la trajectoire, il résulte la
SÉANCE DU 27 OCTOBRE 19O?. 681
formule
(r>) n'r = c,
ayant la même signification que la premièro, et où p' est la distance de l'ori-
gine à la tangente à l'hodographe au point M'.
» Si la loi de la force est en général de la forme
la formule (3) est l'cqnalion différentielle de la trajecioire, on, en avant
égard à (6), on obtiendra aussi l'équation difCérentielie de la courbe hodo-
graphe en coordonnées tangentielles. I.a formule (4) nous montre alors
que, si la loi de la force est de la forme
•T = D'ailleurs, la substance qui compose chaque filament se comporte
comme un corps visqueux, incomplètement solidifié, dénué de toute élas-
ticité proprement dite et très hygroscopique.
1) Suivant les variétés de ver(et elles sont très nombreuses) la section de
chaque filament peut varier du rectangle aplati au carré. Les dimensions
du filament sont de l'ordre du -~ de millimètre.
» Ces particularités bien connues permettent de comprendre la façon
dont le fil de cocon réagit contre la torsion et la traction.
» 1° Filament simple. — On peut, par un lour C(SII) — O
une Note précédente ('), M. Maquenne et moi avons montré que le sulfure de car-
bone attaque les polyoxyamines à chaud, en donnant des combinaisons cycliques à un
seul atome de soufre, qui appartiennent vraisemblablement à la famille des oxazolines.
» La galactamine ainsi traitée par le sulfure de carbone donne une mercapto-bu-
tyltélrol-oxazoline, que je désigne sous le nom de mercapto-galactoxazoline, pour la
distinguer de son isomère dérivé du glucose, lequel doit être désigné sous le nom de
mercapto-glucoxazoline.
» Ce corps cristallise en lamelles ayant la forme d'un rectangle accolé par un côté à
la base d'un triangle; ce qui leur donne l'aspecl d'une enveloppe ouverte. Il est très
soluble dans l'eau et peu soluble dans l'alcool. Il fond à i85°-iS6°, sans décomposition.
C'est un corps très stable, comme son isomère dérivé du glucose, avec lequel il pré-
sente de grandes analogies. Cependant, il ne donne pas comme lui de combinaison
cristallisée avec le nitrate d'argent. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur un nouveau composé du groupe de Vhexamé-
thyléne-télramine. Note de M. Marcel Descudé, présentée par M. A.
Haller.
« Action de l'ammoniac sur le dibenzoate de méthylène. — Le dibenzoate
de méthylène se comporte, vis-à-vis du gaz ammoniac, comme les éthers-
sels; il se forme, d'une part, de la benzamide; d'autre part, le glycol
(•) Comptes rendus, t. CXXXIV, p. iSBg.
694 ACADÉMIE DES SCIENCES.
méthvlénique : CIP.
\0H
CH' - CO - 0\ç,^, ^ 2AzH' = 2(C°H^ - CO AzH=) 4- CH^^^
H
OH
.) Ce glycol instable se dédouble en eau et aldéhyde formique, ce qui
complique la réaction. L'aldchvde formique réagit sur l'ammoniac en excès
pour donner Y hexaméthyléne-tètramine et une nouvelle quantité d'eau :
(CH='0)'' + 4AzH' = 6H=0 + (CH=)''A7/.
1) Enfin, une certaine quantité de dibenzoate est saponifiée :
C"H'-C0-0\ç,jj,^2^^jj3^2H-0 = 2(C«H-C00Azir') + CH^/'^
c"n^-co--o/ \
H
OH
» De sorte que, lorsque la réaction est terminée, on obtient un mélange
do benzamide. de henz-oate d'ammonium eX. d'hexaméthylcne-têtramine.
» J'ai réalisé l'expérience en présence d'un grand e\cès d'alcool absolu et, après
avoir chassé celui-ci, à froid, par distillation dans le vide, j'ai pu séparer, dans le
résidu, les trois produits précédents. Dans le cas du dibenzoate, l'hexaméthylène-
amine ne se forme que dans de faibles proportions; mais en opérant avec le diacétate
de méthylène, il s'en forme une notable quantité; de plus, il est ici possible d'opérer
en présence d'une faible quantité d'alcool, et l'hexaméthylène-amine se dépose,
presque entièrement, sous forme de beaux cristaux, très limpides. C'est même là un
procédé très rapide pour obtenir cette base à l'éîal de pureté.
» Lorsque l'action de l'ammoniac sur le dibenzoate est terminée, on a une solution
alcoolique limpide, qui ne renferme que les corps indiqués plus haut.
Si, au lieu de distiller cette solution dans le vide, on chasse l'alcool par évaporation
au bain-marie, il se produit de nouvelles réactions. Au bout de 12 à i. 5 heures environ,
on obtient un produit à peu près sec qui, épuisé par l'eau bouillante, laisse un résidu
très notable (près d'un tiers), alors que les produits primitifs étaient tous solubles.
On le recueille sur le filtre et on le lave à l'eau himWUnle, j uxq 11' à ce qu'il ne se dis-
solve pins rien. On le sèche et on le reprend par l'alcool bouillant. ]\nr refroidissement,
il se dépose sous forme de paillettes brillantes ron^tiuiées par des octaèdres clino-
rliombiques.
)i Propriétrs. — Ce corps, inodore, est complètement insoluble dans l'eau, même à
chaud. Il est à peu près insoluble dans l'éther, le sulfure de carbone, l'acétone, la
benzine. Il est peu sojuble dans l'alcool : loo? d'alcool absolu en dissolvent os, 53i
à 18°; l'alcool bouillant en dissout environ huit fois plus. L'acétate d'éthyle se com-
porte de même. Le chloroforme et l'acide acétique le dissolvent assez bien.
» Action de la chaleur. — Il fond vers 187°, en un liquide incolore qui brunit
SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. Ôgo
rapidement pour peu qu'on dépasse colle lempéialuie. Par refroidissemeiil, il conserve
sa transparence et. présente alors l'aspect d'un morceau de verre. Sous cet étal, il
est cassant et très léger; Dr= 1,240 maintenu pendant quelque temps dans l'eau, û
devient opaque, par suite d'une transformation qui s'opère de la surface au centre;
et, si l'on casse un morceau ainsi altéré, on constate qu'il n'a perdu sa transparence
que sur les bords. Si l'on cherche à le sublimer, il se décompose; il se forme de légers
llocons vers i25° (probablement de la beui^amide).
» Action des acides étendus. — L'action des acides sur ce composé est particulière-
ment intéressante, car elle va servir à établir sa formule de constitution. Tous les
acides minéraux, en solution aqueuse même très étendue, le transforment en queli|ues
instants, à l'ébullilion, en méthylène-dibenzaniide; à côté de ce produit, très facile à
caractériser, il y a mise en liberté d'aldéhyde formique et d'ammoniac.
') Les analyses el la fryosco!)ie coiuUiiseiit à la formule biiile
qui peut s'écrire, en meltant en relief les divers groupements,
(CIP- COAzH)'(GIl-)^Az,
el la formule de constitution qui paraît la plus vraisemblable est
Cii'-COAzH-CIPX
(,) C'ii^-COAzH-ClP- Az.
(,«H*-COAzH-CHV
). Le mode de formation de ce corps s'accorde, d'ailleuis, avec celte
formule. J'ai pu, en effet, le reproduire en faisant réagir directement la hen-
zamide sur l'hexaméthylène-létrainine ou sur un mélange d'aldéhyde formique
en solution aqueuse et d'ammoniaque. Daus ce dernier cas, le mécanisme
de la réaction peut se concevoir très simplement de la façon suivante :
/HO/
OH H
/HZ+CH- -f-AzH-CO-CH^
^ /CH^^-AzH-COCH^
Az_H +CH^(OH)= + AzH-CO-CMl=-:GH^O + Az-ClF-AzH-COC"H\
\H -t-CH^(OH)^-+-AzH-CO-C''H^ \ GIF - AzH - COC°H^
)- Les acides en solution diluée, agissant comme agents d'hydratation,
produisent la réaction inverse. La moitié de l'aldéhyde réagit sur la
Az-
696 ACADÉMIE DES SCIENCES.
benzamide formée pour donner naissance au méthylène-dibenzamide :
^ ^ \AzH — COC^IP
et l'autre moitié se retrouve à l'état libre.
M D'ailleurs, l'hexamélbylène-tétramiae elle-même peut prendre nais-
sance par un mécanisme semblable :
/ho
OH H
H HO
H
/'
H
H
CH=
-Az,
4-
CH=(OH)-+AzH^
•CH-(OH)=+AzH'
.4 HO
/CH=-Az = CH-
CH-(0H)= = i2H-=0-hAz-CIP— Az = CH2
CH-(OH)^
\CH=-Az = CH=
» On voit donc que ce nouveau composé, que j'appellerai Vazotnmé-
ihylène-lribenzamide , peut être dérivé de l'hexaméthylène-tétramine. Et
comme, d'autre part, il semble difficile, d'après ce qui précède, de lui
attribuer d'autre formule que la formule (i), on doit voir là une preuve
nouvelle à l'appui de la formule de constitution de l'hexaméthylène-
tétramine, constitution qui fut récemment l'objet d'une très longue
discussion. »
CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur l'acide solide de l'huile J'Eheococca vernicia.
Note de M. L. Maquenne, présentée par M. P. -P. Dehérain.
« D'après Cloez, à qui l'on doit la découverte des corps qui nous
occupent, l'huile normale d'Elœococca renferme, à l'état de glycéride, un
acide cristallisable particulier, V nclde élœomargarique C' WO' , qui foud
à 48° et est éminemment siccatif.
» Ce composé ne se rencontre que dans l'huile fluide, préparée par pres-
sion ou par épuisement à l'élher. L'huile concrète, que l'on obtient par le
sulfure de carbone ou qui se forme spontanément par insolation de l'huile
liquide, fournit un autre acide, également cristallisable, qui présente la
même composition que le précédent, mais n'entre en fusion qu'à 71° et se
dissout en moindre quantité dans l'alcool. Cloez a donné à ce second corps
SÉANCE DU 27 octobre; 1902. 697
le nom A' acide élœostéarique et a admis qu'il résulte de la polymérisation
du premier (').
» La présence, dans un corps gras naturel, d'un acide renfermant 17="
de carbone paraissant a priori quelque peu anormale, il nous a semblé
utile de reprendre cette étude.
» Les recl\erclies qui suivent ont porté surun écliantillon d huile authentique, fraî-
chement extraite par pression des graines à'Elœococca, encore parfaitement limpide
et seulement teintée de jaune clair.
» I. IsomérisalLon de l'acide élœomargariqne. — La transformation, au contact
du sulfure de carbone, de l'acide éiœomargarique fusible à 48° en acide élaeostéarique
fusible à 71° ne doit pas, comme le pensait Cloez, être attribuée à la seule influence
de ce dissolvant, mais bien à celle du soufre libre qu'il renferme habituellement en
dissolution. Une trace de ce métalloïde, ajoutée à l'huile normale ou à l'acide élaîo-
margarique fondu, suffit en effet pour la provoquer, et l'on a là un mojen excellent
pour préparer rapidement et à l'état pur l'acide fusible à 71°.
» L'iode agit de même, ce qui montre que la transformation dont il s'agit est en
rapport avec la production passagère de quelque composé d'addition indéterminé.
» L'acide nitreux, ainsi d'ailleurs que le brome, donne lieu à une attaque plus
profonde dont les produits n'ont pu être isolés; néanmoins il nous a paru logique de
rapprocher cette influence du soufre de celle bien connue qu'exercent les produits
nitreux sur l'acide oléique ou l'acide érucique. Si ce rapprochement est légitime, les
acides élœomargarique et éleeostéarique doivent être isomères et non polymères; c'est
ce qui a lieu en effet, ainsi que nous avons pu nous en assurer par ébullioscopie dans
l'éther : les poids moléculaires de ces deux corps ont été trouvés respectivement
égaux à 295 et 394, c'est-à-dire identiques (-).
» IL Composition. — L'analyse de ces produits présente de sérieuses difficultés, à
cause de la rapidité avec laquelle ils s'oxydent, même à froid; il est d'ailleurs impos-
sible d'établir leur véritable composition par voie indirecte, car ils ne fournissent
aucun dérivé défini sous l'action des réactifs usuels : l'acide sulfurique et l'acide
iodhydrique concentrés les charbonnent instantanément; le brome donne par addition
directe un dibromure qui noircit dès qu'on évapore ses dissolutions; enfin, leurs com-
binaisons métalliques et leurs phènylhydrazides, qui sont crislallisables, s'allèrent
aussi rapidement que les acides libres, sans offrir, par conséquent, de plus grandes
garanties de pureté.
» Lorsqu'on analyse un produit simplement séché dans une cloche à vide ou dans
une atmosphère d'acide carbonique, dont il est difficile d'éliminer les dernières traces
d'oxygène, on arrive à des nombres qui concordent sensiblement avec la formule de
{') Cloez, Comptes rendus, t. LXXXI, p. 469; LXXXII, p. Soi elLXXXIIl, p. 943.
(-) Cette valeur dépasse notablement celle du poids moléculaire vrai de l'acide
élseostéarique ; l'écart tient à ce que l'expérience a porté sur des acides préparés sans
précautions spéciales et qui, bien que maintenus dans une atmosphère d'acide carbo-
nique, avaient déjà subi un commencement d'oxydation.
C. R., 1902, 1' Semestre. (T. C.\XXV, N» 17.) 92
6g8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Cloez, mais si l'on a soin d'elTecUier la dessiccation dans le vide de la trompe à mer-
cure, en opérant sur un produit fraîchement cristallisé et assez vite pour qu'il ne
s'écoule pas plus de l\o à 45 minutes entre le début de la dissolution dans l'alcool du
corps brut et la mise en ampoules du corps pur, on trouve régulièrement o,5 pour loo
de carbone en plus et à peu près autant d'hydrogène en moins (').
)> Il en résulte quela véritable formule des acides en question doit s'écrire C* H"0',
el, en conséquence, que ces corps doivent être rangés dans la série stéarique, à côlé
de l'acide linolénique qui, d'après Hazura, présente la même composition.
» III. Oxydation. — L'acide élaeostéarique fusible à 71° est vivement attaqué
par le permanganate de potassium; en opérant comme nous l'avons dit autrefois, à
propos de l'oxydation de l'huile de ricin ( = ), on voit se former à peu près uniquement
de l'acide azélaïque, fusible à io5°-io6°, el de l'acide valérianique normal, qui a été
caractérisé sous forme d'étlier élhylique, bouillant à 145". Le reste de la molécule,
qui comprend encore 4"' cle carbone, est entièrement détruit, ce qui laisse indécise
la question de savoir si l'acide élœostéarique renferme deux ou trois liaisons nuilliples ;
en d'autres termes, s'il est éthylénique et acélylénique ou iriéthylénique.
» Le seul fait certain qui découle des résultats précédents c'est que l'acide élaeo-
stéarique possède deux lacunes dans les positions 5 el 9.
» L'acide fusible à 48° donne, ainsi que nous l'avons expressément vérifié, les
mêmes produits d'oxydation que son isomère.
» Conclusions. — 1° Les deux acitles signalés par Cloez dans son étude
de l'huile à E/œococca sont des stéréoisomères, présentant entre eux les
mêmes rapports qui existent entre l'acide oléique et l'acide élaïdique.
» 2° Us appartiennent à la série stéarique et possèdent la mêiîie formule
QI8JJ30Q2 ^jjg l'ncide linolénique des huiles de lin et de chénevis.
» 3° Le nom d'acide éiœomargariqiie, ne répondant plus à aucun des
caractères du corps qu'il désigne, devra être désormais supprimé. Nous
proposons de le remplacer par celui d'acide élœosléarique a, tout en con-
servant pour son isomère fusible à 71" la dénomination adoptée par Cloez,
à laquelle il suffira, pour éviter toute confusion, d'ajouter le sjmbole p. )i
CHIMIE ANIMALE. — Sur la musculamine, hase dérivée des muscles.
Note de MM. A. Etard et A. Yila, présentée par M. Roux.
« I. Depuis de nombreuses années on s'efforce de connaître la consti-
tution chimique des groupes dont l'ensemble forme pendant la vie les tissus
(') Carbone trouvé : 77,60 el 77,67; calculé : 77,70. Hydrogène trouvé : 10,89
el 10,86; calculé : 10,79. L'analyse a porté seulement sur l'acide fusible à 71°, qui
paraît être un peu moins altérable que son isomère.
(2) Bull. Suc. chim., 3» série, t. XXI, p. 1061.
SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. 699
et les humeurs de l'organisme. De ces études chimiques sortira quelque
jour une connaissance plus complète des mutations cellulaires; aussi un
intérêt particulier s'attache à l'isolement de matières nouvelles dérivées
des protoplasmides. Après avoir hydrolyse du muscle de veau et séparé les
matériaux connus tels que tyrosine , glycocolle , leucine et acide gluta-
mique, il reste un sirop très complexe soluble dans l'alcool raéthylique pur.
L'acide phosphotungstique précipite abondamment ce sirop, mais ce der-
nier peut contenir bien des principes divers. Nous avons pensé que,
parmi les alcaloïdes pouvant exister, une différence de basicité pourrait
se manifester vis-à-vis du chlorure de benzoïle. En milieu anhydre selon
la méthode de Gerhardt, le chlorure benzoïque réagit avec trop d'intensité.
La même réaction en solution potassique (Schotten-Baumann) ne nous a
pas donné de résultats très pratiques.
» Il nous a paru préférable de mélanger une solution de notre matière
avec des cristaux d'hydrate de baryum qui, en se dissolvant en présence de
doses successives de chlorure de benzode, maintient le mélange froid et en
tout cas forme moins vite de l'acide benzoïque.
« Dans ces conditions il se fait rapidement par agitation une masse caséeuse légère
de dérivé benzoïle facile à séparer par filtration des matériaux, organiques en solution
alcaline et de benzoate de baryum très soluble.
» Il est à remarquer qu'on sépare autant de produit benzoïle, sinon plus, que de
leucine. En tout cas la séparation est assurément plus aisée.
« Par Taclion de l'eau bouillante alcaline on amène le dérivé benzoïle à l'état de
fines aiguilles dont la solubilité à froid n'est plus que de o, i5 pour 100.
Calculé
pour
Analyse. I. II. III. IV. C-^WXi'OK
c 73,3 73,6 73,5 73,4 73,8
H 7,1 7,0 7,1 7,6 7,0
Az 8,7 8,8 8,6 8,9
» Le nouveau dérivé benzoïle est soluble dans l'alcool et les échantillons I et II n'ont
été purifiés que par ce moyen. La purification par l'eau a fourni l'analyse IV. Enfin,
propriété remarquable, ce corps bout sans décomposition notable au-dessus de 36o"
alors que le verre déjà mou teinte la flamme en jaune. C'est là un moyen de purification
rapide, car la matière distillée recristallise bientôt et se dissout dans l'eau, elle a servi
à établir l'analyse III.
I) Le dérivé caractérisé par les nomlires ci-dessus soumis à l'hydrolyse a donné une
quantité d'acide benzoïque compatible seulement avec la formule d'un trisubstilué, et
dés lors l'alcaloïde isolé du muscle doit avoir la formule C'H-'Az^. Cette première
partie du travail se suffit à elle-même. Il existe une base en Az'' non oxygénée. Nous
avons eu 400? de son tribenzoïlé.
■700 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» II. Une nouvelle quanlité de benzoïle dérivé a été hydrolysée et la
base libre isolée par l'élher d'une solnfion 1res riche en soude.
» C'est un liquide épais, 1res soluble dans l'eau, d'odeur spermatique, se carbonalant
énergiquemenl à l'air. Son clilorliydrate cristallise fort bien et correspond à la formule
C'IP^Az', 3HC1. Le chlorure de platine en présence d'un excès de chlorhydrate a
donné des cristaux volumineux, couleur de bichromate de potasse; avec un excès de
sel de platine on a obtenu un précipité immédiat d'aiguilles mordorées. Tous deux
ont même composition :
Calculé
Analyse. pour
. C«H='Az3,3HCl.
C 11,3 11,7 12,4
H 2,6 3,0 3,1
Pt 37,6 36,9 37,5
» Par une seconde voie, indépendante, on démontre que la nouvelle
base, qui peut se nommer provisoirement miisculamine, est Iriazotée, les
trois azotes agissant de même que trois (OH)
voisins de A. culicifacies Giles, cependant ils possèdent assez de caractères spéci-
fiques pour mériter une place à p;irt et nous proposons de les appeler Anophèles mul-
ticolor « et p.
» Deuxième espèce. — • Culicide très noir dans son ensemble, o^ S"" de long;
C? inconnu.
» Tète et ses appendices uniformément noirs.
» Palpes un peu plus courts que la trompe, très squameux, avec un léger anneau
blanc à cheval sur la troisième articulation et une tache claire à l'extrémité apicale
du dernier article. Moitié externe de l'aile entièrement sombre, sauf une petite tache
jaune sur le costa, un peu en dehors de son milieu, et une autre qui coupe plus loin
le Costa et les deuxième et troisième nervures.
» Fémur de la première paire de pattes en forme de massue. Extrémités apicales
des tibias et des trois premiers articles du tarse cerclés de blanc; quatrième et cin-
quième articles des tarses des pattes postérieures entièrement blancs. Ongles : 00-00-00.
» Ce Culicide présente plusieurs caractères qui le rapprochent àe Anophèles Theo-
baldi Giles.
1) Troisième espèce. — Il s'agit de A. Pharoensis Theobald. Nous avons pu étudier
cette espèce ab ovo et compléter, sur plusieurs points, les descriptions qui en ont été
déjà données.
» La femelle de A. Pharoensis dépose sur l'eau, en ordre éparpillé, i.5o à 200 œufs
fusiformes, gris clair. Les larves se développent très bien dans un bocal d'eau claire
additionnée de limon du Nil et de végétaux frais. Elles se métamorphosent en nymphes,
après 1 1 jours, à une température minima de 20°, beaucoup plus lentement au-dessous.
Elles atteignent 5"'™ à 6"" de long. Les six anneaux intermédiaires de l'abdomen des
larves sont garnis, de chaque côté de la ligne médiane, d'un bouquet qui bien étalé et
grossi ressemble à une fleur de lotus. Les nymphes évoluent en 2 ou 3 jours, les mâles
d'abord.
» A. Pharoensis ailé est un Culicide à coloration générale grisâtre, plus claire
chez cf. Il a une forme fuselée et ses appendices buccaux redressés lui donnent un air
menaçant, p 8"" de long, cf to'"™.
» Front large, yeux écartés en dessus.
» Palpes de la femelle moins grands que la trompe de la longueur de l'olive; ceux
du mâle de même dimension que la trompe et s'écartant à la manière d'une lyre, à
partir de leur milieu. Leurs bords latéraux sont garnis de squames perpendiculaires à
l'axe qui les font paraître plus larges. ••
» Thorax : gris cendré, avec trois raies longitudinales et deux taches de couleur
brune très caractéristiques.
» Pattes : anneaux clairs aux extrémités distales des trois premiers articles tarsiens
et une large bande blanche couvrant la moitié du quatrième article tarsien et tout le
cinquième, aux pattes postérieures. Ongles Qj 00 — 00 — 00; cf 2 — 00 — 00.
» Ailes grises avec six taches noires sur le bord antérieur.
» Abdomen marron, couvert de squames qui s'accumulent en toufles sur les flancs
des six anneaux médians.
» A. Pharoensis attaque à toute heure, mais de préférence au coucher du soleil; sa
piqûre est très cuisante.
C. R., 1902, 2" Semestre. (T. CXXXV, N» 17.) 9
yo6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Ajjrès des recherches multipliées, nous nous croyons autorisé à
exprimer l'opinion que les A. P/iaroensis peuvent être transportés en
masses, par les grands vents, à des distances de ao'^'" à 3o'"°, lorsque aucun
obstacle ne s'y oppose. Cette proposition hcurle, nous le savons, les convic-
tions les plus autorisées et demanderait à être démontrée, mais cela nous
entraînerait à des développements qui ne peuvent pas prendre place dans
cette Note; nous reviendrons sur cette question dans un travail ultérieur. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. - Conditions physiques de la tubérisaiion chez les
végétaux. Note de M. Noël Bernard, présentée par M. Gaston Bonnier.
« E. Laurent a signalé incidemment, dans ses Recherches expérimentales
sur la formation d'amidon dans les plantes, qu'on pouvait obtenir le déve-
loppement en tubercules des bourgeons d'une tige aérienne de pomme
de terre coupée et plongée par sa base dans une solution de saccharose
suffisamment concentrée. Les boutures ainsi traitées peuvent vivre plus
d'un mois sans développer de racines; elles absorbent directement la
solution dans laquelle elles plongent par l'ouverture de leurs vaisseaux
sectionnés. L'expérience réussit encore quand on assure par des procédés
convenables l'aseptie de la solution et de la partie de la tige qui s'y trouve
plongée.
), La théorie parasitaire des phénomènes de tubérisation chez les végé-
taux, que j'ai antérieurement développée, et qui consiste à admettre que
« le développement des bourgeons en tubercules est le symptôme apparent
» d'une modification générale du milieu intérieur d'une plante par l'action
» de champignons endophytes vivant dans ses organes absorbants », se
trouve en apparence contradictoire avec ce cas. J'ai repris de semblables
expériences et me propose ici de préciser, d'étendre et d'interpréter leur
résultat.
» J'ai expérimenté avec des pommes de terre de la variété précoce dite Victor ;
chacune était plongée par sa base dans un flacon contenant 5o'='"° de la solution em-
ployée, après qu'on avait coupé le bourgeon terminal, et toutes les boutures d'une
même série d'expériences étaient mises ensemble sous une grande cloche, à la lumière
diduse, dans une serre dont la température restait comprise entre 15° et 20°.
» Je me suis borné, pour maintenir la constance des propriétés des solutions
employées, à les renouveler fréquemment et à couper la portion immergée des
boutures pour immerger une portion nouvelle, chaque fois que des moisissures s'y
développaient en quantité appréciable. La durée des expériences est de i5 jours à
un mois.
SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. 707
» I" En employant des solutions aqueuses de saccharose, de glucose, de glycérine
et de chlorure de potassium, j'ai reconnu qu'on pouvait obtenir, ai'ec toutes ces
substances, des tubercules sur les boutures qui y sont plongées. Il existe pour chacune
une concentration critique au-dessous de laquelle on obtient régulièrement le déve-
loppement des bourgeons en rameaux feuilles et au-dessus de la(]uelle on obtient
toujours des tubercules. La concentration minimum nécessaire pour l'oinention des
tubercules varie avec diverses circonstances et uoLamment paraît diminuer (]uand on
prend (pour plusieurs séries d'expériences faites avec les solutions d'une même
substance) des boutures sur des pieds de plus en plus âgés.
» 2° Je me suis proposé de comparer les concentrations critiques pour différentes
solutions en opérant sur des boutures aussi exactement comparables qu'il est possible.
Pour cela j'ai récollé les tiges à mettre en expérience au même moment (2 juillet 1902)
sur des plantes de même âge (^7 jours) provenant de la plantation d'un lot de
tubercules qui avaient été récoltés en igoi sur un même pied. Les substances
employées ont été le glucose et le chlorure de potassium; j'ai fait de chacune une
série de solutions de concentrations graduellement croissantes. J'ai pu ainsi déter-
miner pour chacune une limite inférieure et une limite supérieure de la concentration
critique qui correspondent respectivement à la plus concentrée des solutions où l'on
obtient le développement des bourgeons en rameaux feuilles et à la moins concentrée
de celles où l'on obtient le développement des bourgeons en tubercules. Les données
relatives à ces concentrations critiques, seules utiles à reproduire, sont indiquées dans
le Tableau suivant : ^, , , ■
Glucose. Clilorurc de potassium.
Limite Limite Limite Limite
inférieure, supérieure. inférieure, supérieure.
Poids dissous dans 1000"' de solution.. . i'',8 2K,7 oS,49 os,73
Abaissement du point de congélation de
la solution 06,22 os,33 0^24 os,36
» Les valeurs limites des points de congélation sont assez rapprochées pour qu'on
puisse admettre que le point de congélation de la solution critique est le même
dans les deux cas ; l'incertitude possible de un dixième de degré paraît inévitable
dans de semblables expériences.
.) Ces expériences m'amènent à conclure que l'obtention expérimentale
(le tubercules, sur des boutures plongées dans une solution à partir de
laquelle se con;,titue directement leur milieu intérieur, paraît dépendre
non des propriétés spécifiques de la substance dissoute, mais de la con-
centration de la solution en substances dissoutes quelles qu'elles soient.
Des solutions renfermant le même nombre d'unités physiques (molécules
ou ions), ayant le même point de congélation et, par suite, la même ten-
sion de vapeur et la même pression osmotique, agissent de la même
manière pour des boutures comparables.
.) Il devient, dès lors, vraisemblable que la lubérisation des bourgeons
7o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sur une plante, à un moment déterminé de sa vie, dépend immédiatement
de la réalfsation d'un certain degré de concentration de la sève qui les
nourrit en substances dissoutes quelles qu'elles soient.
M La présence, dans les tissus de la plante, de parasites capables de pro-
voquer par leurs sécrétions diastasiques le dédoublement d'édifices molé-
culaires complexes et d'augmenter ainsi le nombre des unités physiques
du milieu est une des conditions qui peuvent amener cet état. Dans les
conditions naturelles de la vie celte action peut être prépondérante, et
paraît l'être au moins dans certains cas.
)) Mais il devient logique de penser que d'autres conditions, en parti-
culier celles qui règlent la transpiration, puissent intervenir. L'expérience
de E. Laurent n'est pas contradictoire avec la théorie parasitaire que j'ai
proposée; elle amène, au plus, à croire qu'il peut être aussi difficile de
coordonner, par une théorie exclusivement parasitaire, les phénomènes de
prolifération et d'hypertrophie cellulaire qui aboutissent chez les végétaux
à la formation de tubercules qu'il l'a été, jusqu'à présent, d'édifier une
théorie parasitaire générale des tumeurs chez les animaux. »
BOTANIQUE. — Observations sur la germination des spores du Saccharomyces
Ludwigii. Note de M. A. Guilliermond , présentée par M. Gaston
Bonnier.
« Hansen (') a constaté, dans les spores du S. Ludwigii, un mode de
germination très particulier qui diffère de celui de toutes les autres levures;
les spores, au lieu de bourgeonner en des endroits quelconques à la façon
des cellules végétatives, germent en un seul point en produisant un tube
germinatif qu'il désigne sous le nom de promvcélium ; c'est de ce promycé-
lium, lorsqu'il a atteint une certaine longueur, que naissent les nouvelles
cellules par formation de cloisons médianes. En outre, presque constam-
ment les spores se fusionnent deux à deux avant de donner ce promycélium.
L'auteur, n'ayant pas étudié le noyau, n'a pas pu donner une interprétation
certaine sur la signification biologique de ce phénomène. Cependant, cette
fusion servirait, d'après lui, « à mettre les spores en état de développer un
» nombre relativement plus grand de cellules de levures; on ne saurait la
» considérer comme un véritable acte sexuel ».
(') IIansiîn, Sur la germination des spores chez les Saccliaromyces {Comptes
rendus des travaux du laboratoire de Carhberg, 3' Vol., f^Livr.; iSgi).
SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. 709
» Nous avons montré dans une précédente Note (') que cette fusion
n'avait pas le caractère général que lui attribuait Hansen et qu'il existait
des variétés de S . Ludwigii qui m'aient complètement perdu cette singulière pro-
priété. Nous en avons, en effet, étudié une dont les spores produisaient tou-
jours isolément leur promycélium sans jamais subir de fusion. Depuis, M. le
professeur Momsen a eu l'obligeance de nous envoyer une autre variété dans
laquelle nous avons constaté ces phénomènes de fusion. Cette dernière dif-
férait peu de la précédente; ses cellules étaient cependant plus allongées et
de formes plus irrégulières; mais, tandis que la première sporulait très dif-
ficilement, celle-ci ne fournissait que très peu de spores; il n'y avait guère
que 10 pour 100 des cellules qui se transformaient en asques.
)> Nous avons suivi la germination de cette levure. Elle s'effectue suivant le mode
décrit par Hansen; les spores, ordinairement au nombre de quatre dans chaque asque
et disposées par groupe de deux, se gonflent, puis se fusionnent deux à deux : cha-
cune produit un petit bec et les deux becs formés par deux spores d'un même groupe
se soudent; la cloison qui les sépare se résorbe, ce qui détermine ainsi un canal de
communication. Dans la suite, le canal de communication s'allonge et donne naissance
au promycélium. Le plus souvent cette fusion s'établit entre deux spores d'un même
groupe ; exceptionnellement, par suite de dégénérescence de l'une d'elles, la fusion peut
s'accomplir entre des spores non contiguës; parfois même nous avons observé des
fusions entre spores appartenant à des asques différents, voisins l'un de l'autre.
» Ces phénomènes de fusion étaient très généraux et s'effectuaient presque constam-
ment pendant la germination des spores; quelques spores cependant naissaient iso-
lément.
» Nous nous sommes attaché particulièrement à nous rendre compte de la façon
dont se comporte le noyau pendant ce phénomène. Chacune des spores, au moment
de germer, possède un noyau sous forme d'une petite masse sphérique et homogène,
accolée à la membrane, et une vacuole renfermant un certain nombre de grains rouges
de Bulschli : au moment où elles se préparent à la fusion, le noyau se porte ordinai-
rement dans le petit bec, puis l'on trouve des stades avec deux noyaux séparés par la
cloison, et d'autres où, cette cloison étant dissoute, il n'existe plusqu'(//t seul noyau.
Les vacuoles subsistent dans les deux spores et le canal de communication est ordinai-
rement rempli d'un cytoplasme très dense, qui ne se vacuolise que plus tard, lorsque
le promycélium commence à se former. Le noyau unique reste quelque temps au milieu
du canal de communication, et ce n'est que lorsque le promycélium a atteint une cer-
taine longueur qu'il s'y engage et se divise pour donner naissance aux nouvelles
cellules.
(') Guillieumond, Considérations sur la sexualité des levures^ {Comptes rendus,
23 décembre 1901). Recherches cylologiques sur les lei'ures {Thèse de Doctorat de
la Faculté des Sciences de Paris: 1902).
7IO ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Les colorations présentent de sérieuses difficultés, par suite du petit nombre des
spores, de la petitesse des spores et du n03'au ; néanmoins, nous avons obtenu, à l'aide
de rhémaloxyline de Heidenhain, des préparations très nettes, et nous avons pu con-
trôler les résultats ainsi obtenus avec l'hémalun. Ce réactif difTérencie bien le noyau,
qui se colore en bleu mat, des grains rouges qui prennent une teinte rouge vineux.
Il ne paraît donc y avoir aucun doute sur la fusion nucléaire; l'existence de stades à
un seul noyau après la résorption de la cloison séparatrice ne peut sexpliquer autre-
ment, et il semble bien qu'on doive considérer ces phénomènes de fusion, non comme
de simples anastomoses, telles qu'on en rencontre souvent chez certains champignons,
mais comme une véritable conjugaison par isogamie.
» Nous avons signalé antérieurement des phénomènes de conjugaison
précédant la formation de l'asque dans les Schizosacrliaromycètes. Barker,
de son côlé, en a constaté d'analogues dans son Zygosaccharomyces. Le
S. Ludwi gii &\\h\i un acte sexuel qui s'effectue par un procédé très voisin,
mais qui, au lien de s'o])érer avant le développement de l'asque, s'accomplit
à un slade ultérieur entre les spores.
» Quelque étranges que puissent nous paraître ces faits, ils n'ont cepen-
dant rien qui doive nous surprendre outre mesure, car des exemples de
conjugaisons, se produisant dans un même groupe à des stades différents
du développement, ont été déjà observés chez les Protozoaires. »
BOTANIQUE. — Sur le pollen des Asclépiadées. Note de M. Paul Dop,
présentée par M. Gaston Bonnier.
(( J'ai étudié le développement du pollen et la formation des pollinies
dans les Asclépiadées suivantes: Asclepias mexic'ana Cav., Vincetoxicum
nigrum Mœnch, Gomphocarpus /ruticosus R. Br., Marsdenia erecta R. Br.,
Ar auj'ia abbeus h. , Stapelia variegalah. Pour loutes ces plantes, en employant
des méthodes décoloration nouvelles, j'ai obtenu des résultats comparables
à ceux que M. Chauveaud(') a obtenus dans l'étude du Vincetoxicum
officinale.
» Contrairement à l'opinion de Corry ('■'), qui faisait dériver les cellules
(' ) G. Chauveaud, De la reproduction chez les Dompte-Venin {Thèse de Doct. en
médecine de la Faculté de Paris, 1892 ).
(-) GoRiiV, On the mode of developnient of the pollinium in Asclepias Cornuti
( The Transac. of the Linn. Soc. of London, Vol. il, 1 884). — On the structure and
development of the gymnostegiam, and the mode of fertilization in Asclepias
Cornuti {Transac, Vol. II).
SÉANCE DU '.17 OCTOBRE 1902. 7M
mères primordiales du pollen, dans le genre Asclepias, du cloisonnement
d'une cellule unique Vaichesporium, j'ai établi que ces cellules provenaient,
dans tous les cas étudies, du cloisonnement de plusieurs cellules d'une
assise sous-épidermique, comme M. Chauveaud l'a déjà montré dans le
Vinceloxicuni officinale.
n Le nombre des cellules mères primordiales ainsi différenciées est variable; on en
trouve, sur une section transversale, trois ou quatre dans les G. Vinceloxicum, Ascle-
pias, Gomphocarpus et Marsdenia; huit à dix dans les G. Stapelia et Araiijia. Ces
cellules se divisent directement par cloisonnements successifs, comme chez, les Mono-
colylédones, en quatre cellules filles qui deviennent les grains de pollen. Ce cloisonne-
ment se fait suivant deu\ modes : dans les G. Asclepias, Vincelojcicum. Gompho-
carpus et Marsdenia, des cloisons tangenlielles et radiales, par rapport à l'axe de la
fleur, découpent des grains de pollen parallélépipédiques. Dans les G. Stapelia et
Araujia il n'existe jamais de cloisons tangenlielles.
» J'ai observé uniquement des cloisons radiales, les unes passant par les axes de la
fleur, les autres perpendiculaires à cet axe. Il en résulte que les grains de pollen ont
la forme de prismes allongés de la face ventrale à la face dorsale du sac pollinique et
que leurs noyaux sont tous situés dans un plan qui divise le sac pollinique en
deux parties symétriques, une dorsale et une ventrale. Dans les deux cas, les parois
mitoyennes de ces grains ne se dédoublent jamais, de telle sorte que l'ensemble de la
pollinie forme un véritable massif cellulaire dans chacun des deux sacs de Tétamine.
)) La formation des parties annexes de la pollinie se fait de la façon suivante : l'en-
veloppe cireuse est sécrétée par les cellules de l'assise nourricière, qui jouent ainsi un
double rôle. Formée d'une seule couche de cellules dans les genres Vinceloxicum,
Asclepias et Stapelia, celte assise comprend trois ou quatre couches dans le genre
Marsdenia et cinq ou six dans les genres Araujia et Gomphocarpus. Ces cellules,
de forme irrégulière, présentent à l'état jeune un proloplasma épais, qui se colore
vivement par l'hématoxyline, ainsi qu'un noyau volumineux.
)) Quand ces cellules ont acquis leurs dimensions définitives, l'action de certains réac-
tifs, du Sudau III en particulier, permet de reconnaître dans leur protoplasraa la pré-
sence d'une matière cireuse qui n'existe jamais dans le pollen et qui se retrouve plus
tard à l'extérieur de l'assise nourricière intimement accolée contre le pollen. Cette sub-
stance est donc sécrétée par le protoplasma des cellules de l'assise nourricière; elle
traverse leur membrane et vient constituer le revêtement de la pollinie. Ce n'est ni
de la callose, ni de la pectose, car elle nese colore ni par le bleu d'aniline, ni par le
bleu brillant, ni par le rouge de ruthénium. Par contre, la coloration rouge qu'elle
prend sous l'action du Sudau III montre qu'elle est formée par des éthers d'acides
gras, c'est-à-dire qu'elle est analogue à une cire.
B Après cette sécrétion, le contenu de la cellule s'éclaircit; il prend, sous l'action
de l'hématoxyline, une teinte gris clair et son noyau se fragmente eu petits grains
chromatiques épars çà et là. Finalement la cellule se détruit. C'est là d'ailleurs un
phénomène normal dans toutes les assises nourricières.
)> Les caudicules et les rétinacles sont sécrétés par des cellules épidermiques du
']\-l ACADEMIE DES SCIENCES.
stigmate, dont la disposition est en rapport avec la forme des pollinies. C'est ainsi
que dans les genres à pollinies pendantes {Araujia, Gomphocarpits, Asclepias, Vince-
toxicum) les cellules qui sécrètent les rétinacles sont placées soit sur les faces du stig-
mate, soit sur des expansions de ce dernier, mais toujours au-dessus des sacs polli-
niques. Dans les genres à pollinies dressées {Marsdenia, Stapelia) le tissu sécréteur
est placé au-dessous des sacs polliniques. Les cellules qui constituent ce tissu sont des
cellules épidermiques allongées radialement de façon à prendre l'aspect d'un paren-
chyme en palissade. La substance sécrétée parle protoplasma, colorable d'ailleurs à
l'intérieur des cellules par le Sudau III, s'accumule dans la zone externe, reléguant le
noyau à la partie basale. Ce déplacement du noyau est surtout net dans les cellules qui
sécrètent les parties les plus épaisses, c'est-à-dire les rétinacles. Après l'expulsion, au
travers de la membrane, de la matière cireuse qui est analogue à celle qui entoure les
pollinies, les cellules ne meurent pas immédiatement; elles vivent un certain temps,
mais leur noyau finit par se fragmenter. Sécrétés par des bandes de cellules analogues,
les caudicules se développent jusqu'au contact des sacs polliniques. La déliiscence de
l'étamine s'accomplit toujours dans une région où l'assise nourricière n'est séparée du
stigmate que par une ou deux assises cellulaires. Cette déliiscence poricide s'accomplit
parfois par l'intermédiaire d'une assise mécanique {Marsdenia, Vincetoxicum). Dans
tous les cas, après la déhiscence, la pollinie fait saillie à l'extérieur comme si elle
subissait un accroissement et vient se coller au caudicule voisin.
)) En somme, dans toutes les Asclépiadées que j'ai étudiées, j'ai observé
des cellules mères primordiales provenant, comine dans le cas normal, du
cloisonnement de cellules sous-épidermiques. Ces cellules donnent direc-
tement le pollen en se divisant en quatre. Déplus, j'ai montré que la couche
nourricière, formée d'une ou plusieurs assises, sécrète la couche cireuse
qui entoure la pollinie, et que les cauflicules et les rétinacles sont sécrétés
par des cellules épidermiques du stigmate. Enfin, j'ai établi qu'après la
déhiscence du sac pollinique la pollinie faisait saillie à l'extérieur du sac
et venait se souder aux caudicules. »
AÉRONAUTIQUE. — Nouvelles expériences d' Aéronautique maritime.
Note de M. H. Hervé, présentée par M. L. Cailletet,
« M. le comte de La Vaulx, poursuivant ses recherches destinées à
rendre la mer praticable aux aérostats et à obtenir de ceux-ci les services
spéciaux que comportera le développement de celte nouvelle branche de
la locomotion, avait transporté cette année à Palavas, près Montpellier, sa
station d'essais, dont les abords étaient ici complètement dégagés.
» Le cube de l'aérostat, légèrement augmenté, était de 3400"°'. Gonflé au
gaz hydrogène, sa force ascensionnelle totale atteignit S^^o'-s, soit i'-«,ioo
SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. 718
par mètre cube, et cette bonne qualité du gaz permit d'emporter non
seulement tous les appareils à expérimenter (contrairement à ce qui avait
eu lieu dans l'ascension précédente), mais encore une réserve normale
d'environ 8oo''s de lest.
» Le but de ce second voyage du Méditerranéen était la vérification des
qualités aéronautiques des engins employés et des méthodes particulières
usitées dans les expéditions antérieures du National eX. du Méditerranéen,
avant d'aborder l'étude d'un nouveau moyen d'action, que nous avons
appelé la déviation automobile et qui comportera l'emploi d'un moteur et
d'un propulseur. L'addition prématurée de ces derniers appareils à l'ancien
matériel eût jui donner lieu à de réels dangers résultant à la fois d'une
connaissance insuffisante des organes ou de leur manœuvre et de la com-
plexité du système.
» Le départ s'effectua le 22 septembre a 3'' 45" du malin. Après 36 heures
d'expériences en mer, l'aérostat atterrit à Capite, près l'étang de Thau, à
la suite d'une ascension libre exécutée à la fin du voyage par le soulève-
ment général des engins maritimes et avec plusieurs centaines de kilo-
grammes de lest résiduel abord.
» Le déviateur aminima, bien que réduit dans cette expédition à i'"*',6o
et à 23*^8^ fournit encore, cependant, 28° à 3o° de déviation moyenne.
L'emploi du déviateur a maxima permeltaut, d'autre part, d'obtenir
jusqu'à 60° par beau temps, comme il a été constaté lors des essais du
National, en 1886, la supériorité considérable de ces dispositifs sur la
méthode de la voile, notamment (dont l'efficacité, d'ailleurs contestée,
n'aurait pas dépassé 8" dans les expériences de M. Strindberg, en 1896),
demeure établie.
» Le système stabilisateur comprenait simultanément les engins du type
flexible et du type articulé. Leur puissance totale, portée à dessein à près
de Soo'^s^ mit en lumière leurs propriétés respectives, grâce à la compa-
raison de leur mode d'action dans les mêmes circonstances, et procura les
plus utiles indications sur les valeurs à attribuer à leurs principales carac-
téristiques : intensité, flottabilité, flexibilité, etc. La sécurité et la durée
(comprise entre 24 et4i heures) des trois ascensions de ballons à dévia-
teurs leur sont en grande partie attribuables.
M Un certain nombre d'autres organes peuvent être considérés comme
ayant fait aujourd'hui leurs preuves; ce sont : la suspension articulée, la
nacelle à magasin, les treuils, les compensateurs, le cône d'écoulement
G. R., 1902, 2- Semestre. (T. CXXXV, N» 17.) 94
^14 ACADÉMIE DES SCIENCES.
appliqué pour la première fois en 1886 au National, divers appareils de
mesures, etc.
» Nos études sur les rapports éventuels des navires et des aérostats nous
ont conduits à réaliser diverses manœuvres de remorquage du Méditerra-
néen par le contre-torpilleur l'Épée mis gracieusement à notre disposition
par M. le Ministre de la Marine, et qui furent pour nous la source de ren-
seignements précieux, dont nous sommes aussi redevables au concours
dévoué de M. le Commandant MouUé et des officiers de VÉpée.
» I/équipage du Méditerranéen se composait de MM. le comte de
La Vaulx, le comte de Caslillon de Saint-Victor, l'enseigne de vaisseau
Laignier, Henri Hervé, Duhanot, constructeur.
» Qu'il nous soit permis de terminer cette relation par quelques consi-
dérations sur la technique des ascensions aéromaritimes en général et sur
notre programme d'expériences en particulier.
» Les principes de l'équilibre et de la dirigeabilité sont les mêmes pour
les ballons terrestres et pour les ballons maritimes (équilibre stable à toute
altitude requise, vitesse propre horizontale supérieure à la vitesse des vents
ordinaires).
» Mais il est nécessaire d'établir, en ce qui concerne l'aéronautique
maritime, une technique spéciale en raison de la nature liquide de cette
partie du globe qui, dans le cas d'un contact, présente des avantages et
des dangers particuliers, et il est indispensable de recourir à une méthode
également spéciale d'expériences, à cause de la vaste étendue des mers et,
par conséquent, de la durée considérable exigible du voyage, durée inti-
mement liée à la solution des problèmes d'équilibre.
» Ainsi les problèmes de stabilité en altitude prennent ici une impor-
tance prépondérante puisque d'eux dépend la sécurité. Nos premiers
essais furent donc relatifs à des engins stabilisateurs fonctionnant au voisi-
nage de la mer.
» Pour l'étude des problèmes de direction, nous avons éliminé provi-
soirement les difficultés relatives à la stabilité longitudinale et à l'emploi
des moteurs, par l'utilisation des aérostats sphériques et l'application d'ap-
pareils purement passifs appelés déviateurs.
» En attendant les progrès de l'industrie des moteurs légers absolument
insuffisants en 1886, nous nous sommes préoccupés de perfectionner,
depuis cette époque, toutes les parties du matériel maritime actuel,
suspension, nacelle, treuils, forme, organes de prise d'eau, etc.
» Les moteurs à pétrole étant enfin devenus simples et légers, nous
SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. yiS
tenterons, dans de prochains essais, de réaliser, mais encore avec les
ballons sphériques, la déviation aulomohile, en même temps que nous
aborderons les problèmes d'équilibre dans les régions moyennes de
l'atmosphère.
» Ce n'est que plus tard, après une longue pratique des moyens précé-
dents, qu'il conviendrait de s'attaquer aux difficultés inhérentes à l'emploi
de la forme allongée et à l'obtention d'une vitesse propre suffisante pour
procurer la dirigeabilité absolue, les engins primitifs de stabilisation et de
déviation passant alors, sans disparaître, à un rôle purement auxiliaire et
éventuel.
» Alors seulement les traversées maritimes seront significatives, parce
qu'elles pourront être renouvelées dans la plupart des circonstances
atmosphériques habituelles. Mais auparavant, nous l'espérons, bien des
problèmes susceptibles d'utiles et immédiates applications auront pu être
résolus à l'aide de laboratoires aériens tels que le Méditerranéen. »
M. GoYACD adresse une nouvelle Note « Sur la fermentation pectique ».
De nouvelles expériences, effectuées avec des réactifs privés de chaux,
conduisent l'auteur à cette conclusion que « des doses faibles d'acide
chlorhydrique ralentissent l'action de la pectase; une proportion suffisante
peut même empêcher la fermentation de s'établir ».
A 4 heures et demie l'Académie se forme en Comité secret.
COMITE SECRET.
L'Académie décide de compléter la Commission d'Aéronautique, qui se
trouve ainsi composée :
MM. Marey, Mascart, Maurice Levy, Marcel Deprez, Léauté,
Appell et les Membres composant le Bureau.
La séance est levée à 5 heures.
G. D.
^16
ACADEMIE DES SCIENCES.
BULLETIN BIBLIOGUAPHIQUE.
OuVr.AGES REÇUS DANS LA SÉANCE DU 20 OCTOBRE 1902.
(Suite.)
Tycho Brahé, esquisse biographique et compte rendu de la découverte de la
dépouille mortelle de Tycho Brahé, par Jean Hérain et Henri Matiegka, avec
i4 gravures et illuslralions, dont 8 dans le texte et 6 hors texte. Prague, irap. Al.
Wiesner, 1902; i fasc. in-S". (Hommage de la Société des Amis des antiquités
bohèmes.)
Sui fenomini acustici dei condensatori ; Memoria del prof. Augusto Righi. Bologne,
imp. Gamberini et Parraeggiani, 1903; i fasc. in-8".
Sur les réseaux à nœuds hélicotétraédriques, à propos d'études récentes sur la
constitution du quartz; Mémoire préliminaire par François de Memme. Genova
(Italie), imp. Pellas, 1902; i fasc. in-8°.
The action of copper on leaves, with spécial référence to the injurious effects of
fungicides on peach foliage; a physiological investigation, by Samuel-M. Bain.
{Bul. of the agricultural experiment Station of the Vniversity of Tennesse,
vol. XV, n" 2, avril 1902.) (Hommage de l'auteur.)
Note sur des formules d'introduction à l'Énergétique physio- et psycho-socio-
logique, par Ernest Solvay. Bruxelles, Henri Lamertin, 1902; 1 fasc. in-S".
Fog-signal Edem, par Éhile de Meulemeester, contenant 5 planches. Bruxelles,
imp. Ch. Bulens, s. d.; i fasc. in-8".
ERRATA.
(Séance du 20 octobre 1902.)
Note de MM. Laveran et Mesnil, Sur quelques Protozoaires parasites
d'une Tortue d'Asie (Damonia Reevesii) :
Page 6i3, ligne 11 en remontant (sans compter la noie), au lieu de microgamètes,
lisez macrogamètes.
GAUTHIER -VILLARS, Imprimeur-Éditeur,
gUAI DES GRANDS- VIGISTINS, 55, A PARIS ( 6'^).
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
PUBLIÉS PAR LES SECHÉTAIRES PERPÉTUELS.
Par décision de l'Acadéuiic des Sciences, les prix de rabonnejneiU ol dos collections sont
désormais fixés ainsi qu'il snil :
PRIX DE L'ABONNEMENT :
|>,yl„ 30 IV. 1 IJlil-AUTEMENIS 40 fr. I ÉTIÎANGKII 44 IV .
Cliaque année, sauf i8',5, 1.S7S à 1892, 1896 à i8y8, ^e vend séparément 25 iV.
Chaque volume, sauf les Tomes ÎO, 21, 7f. à 108, 110, \\1. Ili, 115. m à m, se vend sépa-
rément *^ ' '' •
TABLES GÉNÉRALES.
TABLE GÉNÉRALE des Tomes là 31(iS3J-i-. 2& .
_ Tomes 3-i à 61 (i85.-i», ) > "^ '
_ Tomes 02 à 91 (i8<)6-i88o) '..
Tomes 92 à 121 (.88i-iS))
Chaque Volume des Tables géaéralos compr.ïiid une Table par ordre alphabétique d'auteurs
et uQe Table par maticres très détaillée.
-m
W 17.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 27 octobre 1902.)
MEMOIRES ET COMMUIVIGATIO.\S
DES MEMBKES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. Paul Painleve. — DéinonsUatioii de
l'irréduclibililé absolue de l'cqualion
_)•" = Gy- + x
M. 11. iSIoissAN. -- Synlhése des byilrosul-
llles alcalins el alcalino-terreux aiiliydies.
MM. P. -P. Dkiiéhain et C. Dui-o.nt. — Cul-
ture du blé au champ d'expériences de
Grignon, en 190.1
Pages.
ii',i
Pages
M. Hato.n de la Goui'iLLiiiRE. — Quelques
cas d'intégration de l'équation des bra-
chistochrones 6J7
M. }.-X. Normand. — Sur la ravitation dans
les navires à hélices 662
M. R. lÎLONDLOT. — Sur la vitesse de propaga-
tion des rayons X 66S
COKRESI'OIVDA^CE.
y
M. Il- MiMsTUE DE l'Instruction ruELiuiE
transmet à l'Académie un Mémoire de
-M. Ryder, résumant les études entre-
prises sur les courants enti-e la Norvège,
i'Iicosse et le Groenland e// et les .Membres composant le Bureau.. . 716
BULLEII.N BlISMOaUAPHIQl 1; _■ 7'*^
t. \TA 7 ' l'
PARIS. — IMPRIMIÎIUE G V UT H l IC R - V I L L AR S,
Quai des Griinds-.\.uguslins, 'ib.
i€ Gérant: GAUTHIER- VlLLAR-S
=0?
^.xs ^ 1902
SECOND SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
TOME CXXXV.
NM8 (3 Novembre 1902).
- PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉA.MGES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Auguslins, 55.
1902
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS
Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l' Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
II y a deux volumes par année.
•
Article ^*^ — Impression des travaux de l'Académie.
Les extraits desMémoires présentés par un Membre
ou par un associé étranger de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie
ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans
le Compte rendu àe la semaine que si elle a été remise
le jour même de la séance.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
|)lus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de Sa pages par année.
Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis-
cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca-
démie ; cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont
ils donnent lecture à l'Académie avant de les re-
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap-
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autant
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance puj
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savants
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des personnes'^
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca-
démie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré-
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires sont
tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le
Membre qui fait la présentation est toujours nommé;
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le font
pour les articles ordinaires de la correspondance offi-
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis à
l'Imprimerie le mercredi aU soir, ou, au plus tard, le
jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à temps,
le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compte rendu
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui-
vant et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus ne contiennent ni planches, ni
figures.
Dans le cas exceptionnel oij des figures seraient
autorisées, l'espace occupé par ces figures comptera
pour l'étendue réglementaire.
Le tirage à part des articles est aux frais des au-
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports et
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative fait
un Rapport sur la situation des Comptes rendus après
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré-
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi cfui précède la séance, avant 5^ Autrement la présentation sera remise à la séance suivante-
1
^(J7
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 5 NOVEMBRE 1902.
PRÉSIDENCE DE M. BOUQUET DE LA GRYE.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ZOOLOGIE. — Au sujet de deux Trypanosomes des Bovidés du Transvaal.
Note de M. A. Laveran.
« Dans une Note communiquée à l'Académie le 3 mars dernier, j'ai
décrit, sous le nom de Tr. Theilen, un Trypanosome découvert par
M. Theiler, vétérinaire à Pretoria, chez des Bovidés provenant de différentes
régions du Transvaal. Depuis le mois de mars M. Theiler m'a envoyé, à
plusieurs reprises, des renseignements complémentaires sur ce Trypano-
some, et il m'a adressé de nouvelles préparations, dans lesquelles les para-
sites étaient plus nombreux que dans les premières. Je suis donc en mesure
de compléter, sur plusieurs points, ma Note antérieure concernant Tr.
Theileri.
» La maladie produite par ce Trypanosome est très répandue dans toute
l'Afrique du Sud, où elle est désignée sous différents noms, sous celui de
Galzieklé (maladie de la bile) notamment.
» La maladie est inoculable de Bovidé à Bovidé; d'après M. Theiler,
les inoculations de sang défibriné faites contre la peste bovine ont dû
faciliter son extension. A la suite de l'inoculation, il se produit une poussée
fébrile; les Trypanosomes apparaissent dans le sang, mais presque toujours
en petit nombre; parfois même l'examen histologique du sang ne suffit pas
à déceler leur présence.
1) Tr. Thcikri a été inoculé sans succès au cheval, au mouton, à la
chèvre, au cobaye, au lapin, au rat, à la souris; il semble donc bien qu'il
soit spécial aux Bovidés. Chez quelques moutons et chez quelques chèvres
inoculés avec le sang contenant le Trypanosome, Theiler a observé une
C. R., iyo3, 2' Semestre. (T. C\XXV, N" 18.) 9^
7l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
réaction fébrile, mais il n'a jamais constaté l'existence de Trypanosomes
dans le sang.
» Le Trypanosome vit de 5 à 7 jours dans le sang défibriné pur ou
mélangé à du sérum de cheval ou à de l'eau physiologique; l'eau ordinaire
le détruit rapidement.
» Dans ma Noie antérieure j'ai donné, comme dimensions du parasite, Sof- de long
sur 3H- à 4^^ de large; je n'avais mesuré qu'un petit nombre d'individus. Depuis lors,
j'ai pu mesurer un grand nombre de parasites et j'ai constaté que la longueur pouvait
varier de Sol'- à 65i^ et la largeur de al'- à 4'^-. Les formes les plus longues et les plus
larges 'sont généralement en voie de division.
» L'extrémité du Trypanosome est effdée {Jiff. i), le centrosome (c) est toujours
assez éloigné du noyau («); la membrane ondulante (/w) est bordée par le flagelle
qui devient libre à la partie antérieure ( /).
Fig. I et 2, Tr. Theileri. La figure 2 représente Te Trypanosome en voie de division. — Fig. 3-5,
Tr. transvaaliense. La figure 4 représente un Trypanosome au dernier stade de la division ; la
figure 5, une petite forme envoie de division. Gr. : 1700 D. environ.
)' La multiplication se fait par bipartition ; le centrosome et le flagelle,
à son extrémité centrosomique, se divisent en général les premiers; !e
noyau se divise ensuite en même temps que le reste du flagelle, enfin a lieu
la division du protoplasme.
» La figure 2 représente un Trypanosome à la première phase de la
bipartition ; le centrosome est divisé ainsi que la base du flagelle.
» Il n'est pas rare de trouver dans le sang des Bovidés du Transvaal,
en même temps que Tr. Theileri, des Hématozoaires de la fièvre du Texas,
Piroplasina higeininuin ; chez l'un des Bovidés dont j'ai examiné le sang il
SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1902. 719
y avait de petits Spirilles de 71^ à 10!^ de long; M. Theiler n'a rencontré
ces Spirilles que dans ce cas.
» Les hématies présentent des altérations déjà décrites dans ma Note
antérieure; la plus caractéristique de ces altérations est l'existence de fines
t;ratiuIations basophiles dans un certain nombre d'hématies; cette altéra-
lion paraît intimement hée à la présence des Trypanosomes (Theiler).
" La manière dont la Gaiziekié se propage est encore douteuse. M. Thei-
ler émet des doutes sur le rôle des tiques; il constate cependant que les
tiques étaient nombreuses sur les animaux malades; il s'agit de Rhipice-
phalus decolorcUus Koch. M. Theiler m'a envoyé des tiques recueillies sur
des animaux atteints de Galziekté; malheureusement ces tiques sont mortes
])endant le voyage et leurs œufs ne sont pas arrivés à éclosion.
« Au mois d'août 1902, M. Theiler m'a envoyé de Pretoria des prépara-
tions de sang d'un bœuf dans lesquelles on voyait des Trypanosomes assez
nombreux appartenant à une autre espèce que Tr. Theilen. Je donne à ce
nouveau Trypanosome le nom de Tr. Uaiisvaaliense.
» Tr. Iransvaaliense a des dimensions assez variables; dans une même
préparation, on peut distinguer de petites formes qui mesurent, en
moyenne, 18^^ de long (flagelle compris); de grandes formes qui
atteignent 40*^ et jusqu'à 5o'' de long sur C' de large; enfin des formes
moyennes, les plus communes, qui ont So'^ de long environ sur 4"^ à S^ de
large.
» L'extrémité postérieure est en général très effilée.
« Le noyau, ovalaire, est situé vers la partie moyenne du corps du Try-
panosome.
» La situation du centrosome par rapport au noyau est caractéristique.
» Dans tous les Trypanosomes connus jusqu'ici, le centrosome était
situé loin du noyau, à peu de distance en général de l'extrémité posté-
rieure; c'est même là une objection qui a été faite à l'interprétation que
nous avons donnée, M. Mesnil et moi ('), du corpuscule cJiromatique
auquel vient aboutir le flagelle chez les Trypanosomes.
)) Chez Tr. Iransvaaliense, le centrosome, relativement volumineux et
par suite facile à voir, est toujours près du noyau, souvent accolé à ce
dernier comme cela est indiqué dans la figure 3. Le centrosome a, d'ordi-
naire, une forme allongée; il se colore plus fortement que le noyau par la
méthode que je préconise pour la coloration des Hématozoaires.
(') Soc. de Biologie, 28 mars 1901, et Comptes rendus, i3 juillet 1901
720 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» L'objection tirée de la situation périphérique du corpuscule chroma-
tique, que nous avons assimilé à un centrosome, tombe dans ce cas; or, il
n'est pas douteux que les corpuscules chromatiques auxquels aboutissent
les flagelles des autres Trypanosomes soient de même nature que le cen-
trosome de Tr. transvaaliense.
n Par suite du rapprochement du noyau et du centrosome, vers la partie
movenne du corps, la membrane ondulante a, chez Tr. transvaaliense,
beaucoup moins de développement que chez les autres Trypanosomes,
Tr. Theileri notamment.
» Le protoplasme, finement granuleux, se colore moins que celui de
Tr. Theileri.
» Tr. transvaaliense se multiplie par bipartition comme Tr. Theileri, mais
les formes de division sont plus variées que dans cette dernière espèce. La
figure 4 représente un Trypanosome de dimensions moyennes à la deriiière
phase de la bipartition. On distingue : deux novaux, deux cenlrosomes,
deux flagelles, deux membranes ondulantes; le protoplasme lui-même a
commencé à se diviser. La figure 5 représente une petite forme au début
de la bipartition ; la division ne porte que sur le centrosome et sur l'extré-
mité attenante du flagelle.
)) Le flagelle se divise dans toute sa longueur.
» Quelques-unes des préparations avaient été faites avec du sang con-
servé depuis 2'i heures. Dans ces préparations, beaucoup de Trypano-
somes étaient agglutinés en rosaces plus ou moins régulières; l'aggluti-
nation se fait par les extrémités postérieures comme chez Tr. Lenisi et
Tr. Brucei. Le protoplasme de ces Trypanosomes, déjà altérés, contenait
de grosses granulations chromatiques.
)) Les hématies ne présentaient pas, dans ce cas, les altérations qu'on
rencontre chez les animaux infectés par Tr. Theileri; on ne voyait pas de
granulations basophiles dans les hématies.
M Beaucoup de Trypanosomes étaient en mauvais état, même dans les
préparations de sang desséché aussitôt après la sortie des vaisseaux, ce
qui semble indiquer que le parasite est très fragile.
» Le Bovidé porteur de ces Trypanosomes était infecté en même temps
de Piroplasmose {P. bigeminum rares dans le sang) et de Peste bovine; on
s'explique donc qu'il ait été impossible de faire la part des différentes
infections dans les accidents observés.
» On devait se demander si les éléments parasitaires que je viens de
décrire ne correspondaient pas simplement à la phase de multiplication de
Tr. Theileri; on sait que, chez Tr. Letvw' par exemple, on observe, pendant
SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1902. 72 1
la i)hase de multiplication, des formes très différentes de celles qui
existent dans le sang, cette phase terminée. J'ai écarté cette interprétation
parce que l'accolement du centrosome au noyau ne s'observe jamais chez
Tr. Theileri, même au moment de la division. 11 serait fucile de citer
d'autres différences entre ces Trypanosomes (dimensions, variabilité des
formes chez Tr. Iransvaaliense, altérations des hématies constantes dans
un cas, faisant défaut dans l'aulre, etc.); le caractère tiré de la situation
des centrosomes par rapport aux noyaux me paraît suffire pour justifier la
création de deux espèces.
» On a vu que Tr. Theileri était spécial aux Bovidés; il y aura lieu d'étu-
dier à ce point de vue Tr. Iransvaaliense et de rechercher s'il est inoculable
à d'autres animaux. »
PHYSIQUE. — Sur l'égalité de la vitesse de propagation des rayons X
et de la vitesse de la lumière dans l'air. Note de M. R. Bloxdlot.
» Reprenons l'appareil décrit dans une Note précédente (' ), les fils de
transmission ayant une longueur de 80*=™; comme nous l'avons vu, l'étin-
celle du résonateur présente un maximum d'éclat lorsque le tube est à SS*^""
de la coupure. Nous laisserons de coté l'analyse théorique du phénomène
|)our ne retenir que le fait observé, admettant seulement, ce qui est indu-
bitable, que le maximum est dû à ce qu'il y a une distance du tube pour
laquelle les rayons X illuminent la coupure pendant l'existence de la force
électrique à cette coupure avec plus d'intensité que pour les autres
distances. Nous désignerons par V- — ^ et V '- les vitesses de propa-
sec. ScC»
gation respectives des ondes hertziennes et des rayons X.
M Après avoir déterminé la position du tube donnant le maximum d'étin-
celle, allongeons les fils de transmission do a centimètres : la cessation
des rayons X à la coupure est ainsi retardée de ^ sec; il faudra donc, pour
rétablir la coïncidence des temps et retrouver le maximum, diminuer la
Sa,,
distance du tube à la coupure d'une longueur p telle que^r, = y- L'expé-
3 ^ Y
rience donne ^, et par cela même, en vertu de l'égalité précédente, -^r
(') Voir \\. I'loxdlot, Comptes rendus, t. (>XXXV, 1902, p. 666.
^22 ACADEMIE DES SCIENCES.
» Des déterminations extrêmement nombreuses, dans lesquelles on a
fait varier oc dans des limites aussi étendues que cela était possible, ont
donné invariablement p = a. ; d'où il résuite que V — V au degré d'approxi-
mation que comporte la détermination de la position du tube qui rend
l'étincelle maximum.
» Le Tableau ci-dessous contient les résultats d'une série d'expériences:
la première colonne donne les valeurs de a; la seconde les valeurs corres-
pondantes de p déterminées par mon aide M. Virtz; la troisième les valeurs
de p déterminées par moi ; la quatrième les moyennes des valeurs précé-
dentes de p. Chacun des nombres de la seconde et de la troisième colonne
est la moyenne de cinq mesures.
a.
Virtz.
Biondiol,
Moyenne.
- 7
- 6,5
— 5,9
- 6,2
+ 9
+ 8,9
-!- 1 0 , 5
+ 9>7
-M 2, 5
+ 1 a , 6
-I-I2
-(-12,3
+ i5
+•4,5
-Hl5,I
+ i4,8
-1-25
-^24,5
-+-25.3
+ 24,9
-l-3o
-+-3o
-l-3i ,0
-l-3o,5
-l-4o
4-89,6
-4-39,3
+39,4
-1-25
-+-23,2
+ 2^,6
4-23,9
» On voit que les nombres de la quatrième colonne différent assez peu
des nombres correspondants de la première pour que les différences
puissent être attribuées à l'impossibililé de déterminer d'une manière très
précise la position du tube qui rend l'étincelle maximum. La série des
expériences, au nombre de 80, résumées dans le Tableau précédent, donne
le résultat définitif suivant : en remplaçant a et [î par les moyennes de
leurs valeurs, on trouve -^ = "fiTV D'autres séries d'expériences ont
donné ^-^> -4t' Ces quotients sont très voisins de l'unité : ios mesures
139 i44 ^
isolées présentent parfois des écarts assez notables, comme on peut le voir
sur le Tableau ci-dessus, mais l'influence de ces écarts a toujours disparu
dans les moyennes d'un grand nombre de déterminations. J'ai vérifié que
les valeurs de fi sont indépendantes de la grandeur et de la forme du réso-
nateur.
» Voici maintenant un autre genre d'expériences : dans celles-ci, on
compense encore le temps que les rayons X enij)!oient pour franchir un
certain espace par le temps que les ondes électromagnétiques emploient
SÉANCE DU 3 NOVEMBRE [902. 728
pour parcourir une certaine longueur de fil; mais ici ce ne sont plus les fils
de transmission que l'on allonge ou raccourcit, c'est le fil du résonateur.
Les extrémités du résonateur étant écartées l'une de l'autre d'envi-
ron o'^™,3, on leur soude respectivement les deux fils d'une petite ligne de
transmission; à l'extrémité de celte ligne est adapté le micromètre à étin-
celles, la nouvelle coupure étant ramenée à la position de l'ancienne en
repliant la petite ligne sur elle-même. L'action de l'excitateur sur le réso-
nateur y produit une onde hertzienne qui doit parcourir une certaine lon-
gueur de fd pour aboutir à la coupure et y produire l'étincelle. Si donc
on a allongé chaque moitié du résonateur de a centimètres, l'étincelle
est retardée de y sec. et, pour obtenir le maximum d'étincelle, il faudra
que la distance du tube à la coupure soit augmentée d'un nombre b de
centimètres, tel que ^7 = y- La valeur observée de - donne celle de y*
On remplace dans ce calcul h ci a par leurs valeurs moyennes dans les
différentes expériences. Celles-ci, très nombreuses et concordantes, dans
y
lesquelles on a fait varier a de 0'='" à 25'='", ont donné Y = 0,93. Cette valeur
s'accorde suffisamment avec les résultats de la première méthode, qui
semble d'ailleurs plus précise, parce que le retard des ondes hertziennes
y est mieux défini.
» L'ensemble des résultats expérimentaux obtenus, tant par l'une que
par l'autre méthode, peut se résumer ainsi : si à la longueur des fils de
transmission on ajoute la distance du tube à la coupure qui donne le maxi-
mum d'étincelle, et que l'on en retranche, s'il y a lieu, la longueur de la
petite ligne ajoutée au résonateur, on obtient la longueur constante i33'='".
» Remarquons que, dans l'une comme dans l'autre des méthodes décrites,
le rapport -rr est obtenu sans que l'on ait besoin de connaître le détail des
phénomènes : ce sont des méthodes de substilulion, analogues à la méthode
de Borda pour les pesées. Il y a toutefois une complication : la position
du tube qui donne le maximum d'étincelle est plus rapprochée de la cou-
pure que si l'intensité des rayons X ne décroissait pas avec la distance; la
décroissance de l'intensité suffit en eirel pour rendre décroissante une
action qui sans cela ne croîtrait que très lentement avec la distance. Ce
rapprochement est plus grand pour les petites distances que pour les
grandes parce que la décroissance de l'intensité est plus rapide pour les
petites distances. L'augmentation de b ou de p produite par celte cause ne
^24 ACADÉMIE DES SCIENCES.
peut être calculée a priori, mais la concordance finale de tous les résultats
indique qu'elle ne surpasse pas les erreurs d'expérience.
» Résumons le contenu de cette Note et de la précédente :
» En supposant «jono/-/ l'égalité des vitesses de propagation des rayons X
et des ondes hertziennes, on a été conduit à prévoir que le renforcement
produit par le tube sur l'étincelle devait passer par un maximum pour une
certaine distance du tube. L'expérience a confirmé cette prévision . La même
supposition a permis de calculer d'avance les déplacements que la position
du tube correspondant à ce maximum devait éprouver, soit par l'allonge-
ment des fils de transmission, soit par l'annexion d'une petite ligne au
détonateur : on devait, en effet, pouvoir compenser le temps que les ondes
électriques emploient pour parcourir une certaine longueur de fil par le
temps que les rayons X emploient pour franchir une distance égale. Cette
compensation s'est produite en réalité : des deux méthodes employées l'une
a donné pour le rapport des vitesses 0,97 ('), l'autre 0,93. — D'autre
part, il paraît impossible de donner une autre explication du maximum
d'éclat de l'étincelle, de ses déplacements et des autres circonstances de ces
phénomènes. L'ensemble de tous ces faits conduit donc à cette conclusion :
La vitesse de propagation des rayons X est égale à celle des ondes hertziennes
ou de la lumière dans l'air.
» Il me reste à indiquer certaines observations faites au cours de ces
recherches, et à décrire quelques expériences qui en confirment les résul-
tats. »
PHYSIQUE DU GLOBE . — Sur les lueurs crépusculaires récentes.
Note de M. Peurotix.
« Les crépuscules rouges de ces jours derniers ont été vus à Nice dès le
commencement de la semaine dernière : l'Observatoire Bischoffsheim les
a notés le 27 octobre, au soir, pour la première fois, en dépit d'un ciel très
nuageux qui ne permettait guère de distinguer le phénomène qu'à la
faveur de rares éclaircies .
» Les 28 et 29 octobre, les conditions ne furent pas plus favorables et
c'est seulement le 3o, par un ciel découvert, qu'il fut possible de l'étudier
dans ses phases successives.
(') Après une correction relative au revêtement isolant des fils de transmission.
SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1902. 7^3
» Ce qui frappa, tout d'abord, c'est la couleur du Soleil au moment de sou coucher;
le disque en était d'un rouge vif très accentué ; sans aucune déformation dans l'image,
d'ailleurs. Il en avait été de même les jours précédents.
» On vit ensuite un crépuscule extraordinairement lumineux, teinlé de bleu et de
rose; suivi, enfin, vers l'ouest, d'un embrasement général de l'horizon, dont l'aspect
rappelait, d'une manière frappante, les lueurs rougeâtres d'un immense incendie qui
prend, dès le début, une extension rapide.
» A l'instant de son plus grand éclat, la nappe lumineuse rouge, de forme à peu près
circulaire (sans rayons, comme pour les aurores boréales), mais semblant plus étendue
dans l'horizon, s'élevait de 20" à 25° au-dessus du Soleil couchant ( '), autant que per-
mettaient d'en juger les limites nécessairement coid'uses et mal définies de l'apparition
lumineuse.
» Le maximum avait lieu 45 minutes, la fin de i'>20" à ii-So"^ après le coucher du
Soleil.
» Ces illuminations singulières nous ont remis en mémoire celles de
novembre et décembre i883, janvier 1884, qui turent observées en divers
points du globe et donnèrent lieu à une polémique d'autant plus intéres-
sante qu'elle était très documentée.
» Les uns, et non des moins autorisés, soutenaient qu'elles avaient
pour cause des conditions météorologiques particulières de l'atmosphère ;
quelques-uns en trouvaient l'origine dans les poussières cosmiques qui
flottent en permanence, parait-il, dans les régions élevées de cette enve-
loppe aérienne; d'autres, plus hardis et plus téméraires, les attribuaient
aux poussières lancées, quelques mois auparavant, dans l'air, par la formi-
dable éruption du Krakaloa.
» Nous-même, invité par M. Dumas, alors à Cannes, à faire une
enquête détaillée sur ce sujet et à prendre parti dans la question, publiâmes,
en collaboration avec le regretté ThoUon, dans les Annales de Chimie et
de Physique de 1884 (voir aussi Tome II des Annales de l'Observatoire de
Nice), le résultat d'un travail qui concluait à un phénomène de diffraction,
produit par les poussières extrêmement ténues projetées, quelques mois
auparavant, par le trop fameux volcan du détroit de la Sonde.
« Il faut convenir que les apparitions actuelles, si elles sont générales,
rapprochées d'événements récents dont tout le monde a conservé le
pénible souvenir, semblent donner raison aux partisans des causes volca-
niques.
» D'un autre côté, il faut reconnaître que les crépuscules rouges de 190a
(') M. Javelle estime cette hauteur un peu plus grande.
C. R., jyo2, i' Semestre. (T. CXXXV, N» 18.) 9"
^26 ACADÉMIE DES SCIENCES,
ont lieu dnns les mêmes mois de l'année que ceux de i883, ce qui vient à
l'appui des causes exclusivement météorologiques.
M Toutefois, il existe, entre les phénomènes des deux époques, un
caractère commun qu'il importe de faire ressortir. Dans les deux cas (la
durée du crépuscule rouge du 3o octobre le montre clairement) le phéno-
mène lumineux semble intéresser des régions de l'atmosphère dont cer-
taines sont à 5o'*™, au moins, au-dessus du sol.
» Est-il possible d'admettre qu'il existe de l'eau à celte altitude, sous
une forme quelconque; à l'état vésiculaire, par exemple, comme il le
faudrait? La chose est peu probable.
» Espérons que les observations de ces jours-ci nous apporteront sur
cette question de précieux renseignements. Les particularités signalées
par les observateurs les moins prévenus ne seront pas les moins utiles;
leur publication immédiate rendra plus facile la discussion des données
qu'elles pourront contenir.
» Malheureusement, les crépuscules rouges paraissent devoir durer
moins longtemps, cette fois, qu'en i883; car, hier au soir déjà, i" no-
vembre, le phénomène était, du moins à Nice, tout à fait sur son déclin
et, chose curieuse, le centre d'illumination semblait notablement reporté
au nord du point de l'horizon où le Soleil s'était couché.
» Quoi qu'il en soit, il nous a paru opportun de rapproclier, dès main-
tenant, les crépuscules étranges de 1902 de ceux de i883 et de rappeler
les circonstances tristement célèbres qui ont précédé les uns et les autres. »
S. A. le Prince de Moxaco fait hommage à l'Académie d'un Volume
portant pour titre : « La carrière d'un navigateur, par Albert I"" , Prince de
Monaco ».
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
CHIMIE ANALYTIQUE. — Analyse de neuf échantillons (fair recueilli
dans les galeries d'une mine de houille, par M. Nestor Gréhaxt.
« En poursuivant les recherches que j'ai entreprises sur la composition
de l'air confiné, j'ai eu l'occasion d'analyser de l'air pris dans les galeries
d'uiie mine de charbon en exploitation.
» Voici le procédé qui a élé employé, suivant mes indications, pour faire les prises
SÉANCE DU J5 NOVEMBRE 1902. 727
de "az ; ringéiiieur de la mine, en divers poinls des galeries, du i j octobre au 23 octobre,
entre 8^ et lo*" du malin, vidait un flacon numéroté plein d'eau, puis introduisait dans
coi la luvère d'un soufflet dont les manœuvres faisaient pénétrer dans le flacon de
l'air ayant exactement la composition de l'atmosphère ambiante; aussitôt des bouchons
de caoutchouc étaient enfoncés et maintenus à l'aide de fds de fer.
» Dans tous les flacons il y avait une pression positive, qui déterminait sous l'eau
l'expulsion de quelques bulles de gaz quand on enlevait le bouchon.
» Dans chaque flacon, immergé dans l'eau, on a introduit un bouchon de caoutchouc,
traversé par un tube de verre uni à une pompe à mercure, et Ton a recueilli, dans une
cloche pleine de mercure et dans une cloche pleine d'eau, deux échantillons de gaz.
» Le premier a été traité sur le mercure par la potasse et par l'acide pjrogallique,
pour doser l'acide carbonique et l'oxygène; le second a été introduit dans mon gri-
soumètre, qui est si sensible que i"^'"' de fomiène donne une réduction de 22 divisions.
» 'Voici le Tableau des résultats ([ue j'ai obtenus :
Flacons. carbonique. Oxygène. l-'ormcne. Azolc.
1 1,3 17,3 3,5 77,9
2 1,1 17,6 6,1 70,2
3 1,1 i7>6 4,6 76,7
i 1,2 16, 1 7,5 75,2
5 1,8 17,1 4,1 77>o
(i 1,0 17,2 6,3 75,5
/ 1,0
i8,o 4,6 76,4
8 1,1 17,7 4,7 76,7
9 1,1 17,8 4,4 76,7
» L'examen Jes chiffres montre, et c'est le résultat le plus important,
que la proportion de formène a varié entre 3,5 et 7,5; or, le chiffre 3,5
pour 100 est déjà le double de cehii 1,87 que M. le Professeur Chesneau
regarde comme une teneur exorbitante pour un puits de retour d'air; le
chiffre 7,0 indique un véritable mélange détonant, puisque l'Inspecteur
général des Mines Mallard a montré qu'il y a inflammation quand la pro-
portion de grisou dans l'air est égale à 6 pour 100.
» L'acide carbonique a varié entre i et 1,8 pour 100 : c'est une quantité
qui diminue sensiblement l'exhalation pulmonaire de l'acide carbonique,
comme l'ont démontré mes recherches sur ce sujet.
» Enfin, la proportion d'oxygène était notablement abaissée, puisqu'elle
était comprise entre 16,1 et 18, c'est-à-dire de 4,7 à -'-i^ an-dessous de la
teneur de l'air pur, 20,8.
» Je conclus qu'il me paraît utile d'établir, dans toute mine de charbon,
un Laboratoire d'analyses eudiométriques et grisoumétriques, qui permet-
nsS ACADÉMIE DES SCIENCES.
trait de régler la venlilation pour que l'atmosphère flans laquelle vivent
et travaillent les ouvriers mineurs soit aussi purifiée que possible. »
CORRESPONDANCE .
ASTRONOMIE. — Sur la résolution nomo graphique du triangle de position
pour une latitude donnée. Note de M. Mairice d'Ocagne, présentée par
M. Callandreau.
« Nous avons fait voir (*) que tous les cas de résolution des triangles
sphériques pouvaient se ramener à un abaque unique qui, par conséquent,
s'il était construit à une échelle suffisante, résumerait à lui seul toute la
Trigonométrie sphérique. Cela ne supprime pas l'intérêt de solutions spé-
ciales applicables à tel ou tel cas particulier. Nous en avons déjcà signalé
quelques-unes dans notre Traité de Homographie (°). En voici une, fort
simple (puisqu'elle repose sur le simple alignement de points à une cote),
qui s'applique à la résolution du triangle de position pour une latitude
donné cp.
» Si, posant, pour simplifier l'écriture.
SI
no = A, coso = k ('),
on appelle, suivant l'usage, "( la dislance zénithale, M l'angle horaire, (D la
déclinaison, on a, entre ces variables, l'équation
(i) coss = Asin(D + AcostO cos.H.
» Cette équation rentre dans un type bien connu auquel s'applique la
méthode des points alignés avec deux échelles rectilignes et une échelle
curviligne (") (dont le support est ici une ellipse).
(') Bulletin astronomique, t. XI, 1894, p. 5, et Traité de Noniographie, p. 829.
(^) Voir notamment p. 56, i'\(), 827.
(') Pour I^aris, on a : /; = 0,75278, /,• =r o, 65822.
(') Traité de Noniographie, p. 182. Un abaque à droites entre-croisées, obtenu par
anamorphose, a été donné pour cette équation par M. Bigourdan dans ses Instructians
sur l usage de l'équatorial (p. 5 et PL III). Sous peine d'offrir à la vue un enchevê-
trement inextricable, cet abaque a dû être fractionné en trois. La méthode des points
alignés écarte, dans tous les cas, la nécessité d'un tel IVactionnement.
SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1902. 729
» L'amplitLKle de l'échelle (/H) étant double de celle de l'échelle ("C)
(puisque Ai varie dans toute la circonférence, tandis que ^ ne varie que
de 0° à 90°), nous prendrons ici pour la seconde un module double de
celui /, d'ailleurs quelconque, de la première; et nous poserons donc
u = — /cos.ll,
if = 2/cOs'(,
ce qui, si l'on se reporte à l'endroit cité ('), montre que l'équation (i)
exprime, en appelant ^ un second module également quelconque, l'ali-
gnement des trois points à une cote :
(Al) x=-^, y= — lcosM,
(^) x = c, r=2/cosC,
_ ^ I — 2 /, cos tO _ ilhsinS)
VV ^ — '^,H-o,/,C0S(0' -■*'— I + 2A-COSC0"
» Les échelles rectilignes (Al) et (K), portées sur deux droites Am et Bf
parallèles à Oj et équidistantes de cet axe, sont celles de \a fonction
cosinus, construites avec deux modules, dont l'un est la moitié de l'autre.
Si l'on appelle A et B les points de rencontre de Aw et Bc avec Ox, on voit
que, ayant construit l'échelle (^) de o" à 90", on aura l'échelle (M) entre
les mêmes limites en projetant la première à partir du point P de Ox, tel
qnePB = — 2PA (-). La seconde partie de l'échelle (Al) est d'ailleurs
symétrique de la première par rapport au point A, les cotes correspon-
dantes étant supplémentaires.
» L'échelle curviligne (ûô) pourra, suivant le procédé déjà employé
pour l'équation de Kepler C), être engendrée au moyen de deux de ses
projections, l'une (lD), faite sur Ox parallèlement à Oj, l'autre ([n(£i,
ainsi qu'on le voit bien aisément en cherchant l'ordonnée à l'origine de la
droite unissant le point ((3S) au point A. Comme on peut écrire
y = - 2/cos(9o° — (O),
on voit que l'échelle (tD)^ s'obtient en projetant l'échelle (C) sur Oy,
a partir du point C de Ox tel que CO = - CB, les cotes étant en même temps
remplacées par leurs compléments.
» Finalement, les échelles (tO), et (10)2 étant obtenues, ainsi qu'on vient
de le montrer, par projection de la seule échelle (C) [qui, déjà, avait donné
l'échelle (-«)], les parallèles à Oj menées par les points de la première et
les divergentes unissant le point A aux points de la seconde donnent, par
leur rencontre, les points (cO) cherchés.
» Nous nous proposons de construire effectivement, pour la latitude de
Paris, le nomogramme dont la théorie précède. »
(') Traité de Nomographie, p. i4. Le centre de projection s'obtiendra au moyen
de deux points particuliers de l'échelle (ÛO), construits directement et joints aux points
de même cote de l'échelle (Ç) : par exemple, ceux qui correspondent à ô) = 0°
et (JD =^ 60°, pour lesquels on a
^ I — ik ^ I — A'
X ^^ rj r «l ^' = 6 , ■
1 -h 3 A 1 + k
SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1902. 73 I
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les transcendantes Uniformes définies
par les équations différentielles du second ordre. Note de M. R. Liorvii-Li: .
« Dans une Noie présentée à l'Acaflémie le 8 septembre dernier et qui,
par suite de circonstances particulières, n'est venue sous mes yeux que
tout récemment, M. Painlevé s'est attaché à démontrer que l'analyse que
j'avais indiquée, pour l'étude de certaines équations différentielles du
second ordre, est illusoire.
» M. Painlevé m'attribue cette conclusion : les équations
pourraient être remplacées algébriquement par un système
(f-Y I d:\ . d-z „/ d:
(-) U = ''{'•' y--' Z-r)' Z^=Q(^-^''^'^
dont les équations intégrales peuvent être mises sous forme linéaire à
l'égard des constantes arbitraires.
» Il suffit de lire ma Note du i*''' septembre pour s'apercevoir que le
mot algébriquement ne s'y trouve pas, en sorte que iM. Painlevé peut, sans
me toucher en rien, regarder comme illusoire une conclusion qui n'est pas la
mienne.
» M. Painlevé insiste sur le nombre des fonctions arbitraires que com-
porte l'intégration générale du système (2), tel que je l'ai voulu construire.
Celle circonstance est tout à fait analogue à celle qu'on rencontre pour les
intégrales d'un système diflérenliel quelconque; elle n'a rien qui s'oppose
à la recherche d'un système (2), algébrique ou dépendant de transcen-
tlantes déjà connues, s'il en existe un.
» Celte recherche, à laquelle faisait allusion la fin de ma Note du i" sep-
tembre dernier, n'est pas encore terminée. J'ajouterai que la question dont
je me suis occupé ne coïncide pasavec celle qui a été traitée dans une Note
récente.
» Pour préciser, il n'est ni démontré, ni vraisemblable, que toute équa-
tion irréductible, au sens de M. Drach, adopté par M. Painlevé, le soit
aussi au point de vue que j'ai voidu étudier.
» Il s'agit, dans le premier cas, de savoir s'il existe entre les variables,
■^32 ACADÉMIE DES SCIENCES.
les deux intégrales de l'équalion proposée et leurs dérivées partielles, une
équation algébrique, outre celle qui se déduit de la connaissance du der-
nier multi})licaleur : c'est une propriété à laquelle les intégrales de l'équa-
tion proposée sont seules intéressées.
» J'introduis, au contraire, un système différentiel, réductible par sa
construction même à la forme linéaire et dans lequel l'équation proposée
se trouve comprise. Si l'on cherche à choisir ce système de telle façon que
ses coefficients soient algébriques ou s'expriment à l'aide de transcen-
dantes déjà connues, cette condition n'intéresse pas seules les intégrales de
l'équation proposée, mais bien unensemhle de trois fondions, liées aux inté-
grales du système différentiel qui contient celte équation.
» Une même condition est donc appliquée, dans les deux cas, à des
éléments de natures différentes. »
PHYSIQUE. — Sur la formation des gouttes liquides et la loi de Tate. Note
de MM. A. Ledcc et P. Sacerdote ('). (Réponse à MM. Pli.-A. Guye
et L. Perrot.)
« MM. Guye et Perrot partagent, comme on peut le voir, nos idées sur
la formation des gouttes. Nous n'avons donc à répondre qu'à deux critiques
relatives à nos expériences :
» 1° Comme ces auteurs, nous avons observé que la masse des gouttes
tombées augmente avec la rapidité de l'écoulement (-).
)> Des usesures faites avec des vitesses d'écoulement quelconques
n'ont aucun sens : aussi, nous sommes-nous bien gardés d'en faire de
semblables. Dans nos expériences les gouttes se formaient toujours len-
tement, aussi bien avec le mercure qu'avec l'eau; il ne faut donc pas
chercher dans l'exagération de la vitesse d'écoulement l'explication du
relèvement de notre courbe le long de l'axe des y.
» 2° Contrairement à ce que l'on pourrait penser d'après une phrase des
auteurs (p. 46i , lignes 8 et suiv. ), nos expériences ne constituent pas une
(') Voir Guye et Perrot, Comptes rendus, t. CXXXV, p. 458 et 621, et Ledlc
et Sacerdote, Comptes rendus, t. CXXXV, p. 96.
(^) Nous n'avons pas signalé celte influence, que nous croyions bien connue. Pour
le même motif, nous n'avons point parlé de l'influence de l'électrisalion, qui est éga-
lement importante.
SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1902. 733
vérification plus ou moins imparfaite de la loi de Tate. Elles montrent, au
contraire, que cette loi ne se vérifie approximativement que dans certaines
limites assez restreintes. On verrait encore, en se re|)ortant à notre Note,
que nous n avons pas admis comme hypothèse la proportionnalité entre les
masses des gouttes tombées et les tensions superficielles : c'est V expérience
qui nous a montré qu'à égalité de diamètre d'orifice le rapport desdites
masses était, pour le mercure et l'eau, 6,3 environ.
» En raison de la variabilité bien connue des propriétés superficielles,
ce nombre G, 3 nous a paru représenter suffisamment bien le rapport des
tensions superficielles du mercure et de l'eau, et nous n'avons, d'ailleurs,
dans tout ce travail, attaché aucune importance à des écarts de quelques
centièmes. «
ÉLECTRICITÉ. — Remarque au sujet d'une Note récente de M. Ponsot,
sur la force électromotrice d'un élément de pile thermo-électrique, par
M. H. Pellat.
« Dans la Note dont il s'agit (^Comptes rendus, 27 octobre 1902) se trouve
le passage suivant :
M La détermination des températures absolues au moyen de la mesure
» dey (4) (Pellat) demanderait la détermination de deux constantes et
)) la connaissance de deux températures absolues, l'une d'elles ayant une
» valeur donnée. »
» Ce passage pourrait faire croire que la méthode que j'ai proposée :
Méthode permettant d'évaluer en valeur absolue les 1res basses températures
(^Comptes rendus, t. CXXXIII, 1901, p. 291) est identique à celle qui repose
sur la relation (4) de la Note de M. Ponsot. Or, ma méthode est différente,
car elle ne nécessite pas l'emploi de deux températures connues en valeur
T
absolue. Elle donne, en effet, directement le rapports^ de deux tempéra-
tures absolues quelconques; par conséquent, il suffit d'avoir à sa disposi-
tion une seule température fixe, connue en valeur absolue, celle de la
glace fondante, par exemple, égale à 273 sur l'échelle centigrade, pour
pouvoir déterminer sur celte échelle n'importe quelle autre température. »
C. R., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N» 18.) 97
7^4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ÉLECTRICITÉ. — Sur la résistance éleclriqne du sulfure de plomb aux
très basses températures. Note de M. Edmoxd vax Aubel, présentée
par M. Lippmann.
« Les expériences ont été faites sur une tige de sulfure de plomb,
obtenue en coulant le produit pur fondu dans une lingotière cylindrique
au préalable fortement chauffée. Cette tige était ensuite limée et usée avec
précaution, de manière à réaliser un cylindre qui avait 5™'", 9 de diamètre.
Cette petite baguette de sulfure de plomb était munie à ses deux extrémités
de pinces en laiton, qui permettaient de mesurer la résistance électrique
de la tige par la méthode de Lord Kelvin. Pour assurer un contact plus
certain encore on avait entouré, d'une étroite bandelette de feuille d'étain,
les deux extrémités de la baguette de sulfure, avant de la fixer dans les
pinces.
« Les diverses températures ont été réalisées et mesurées, comme il a
été indiqué dans ma précédente Note ( ' ).
» Yoici les résultats des mesures, dans l'ordre où ils ont été obtenus :
Températures.
+
23° 3
+
44,4
+
61,55
+
81, 85
( 20 août
1902)
H-
20,2
—
74,9
—
62
—
53,1
—
44,6
—
3i,8
—
29,6
(27 août
1902)
+
20,21
—
.87,2
(28 août
1902)
-+-
20,7
icsistances
électriques
de la tige
en ohms.
I0-»X
4:4
lO-'^X
5i6
10-=* X
55i
10-^ X 588
io-«x
46.
10-° X
278,5
lo-'x
3oi
lO-^X
3i6
10-^ X
33i
I0~^ X
354
10-^ X
358
10-5 X
469
io-° X
107,5
io-»x
47a
» La résistivité du sulfure de plomb pur et coulé est donc 289,88 mi-
cro/i/n.j-centimètre à la température de + 20°, 7 C. Cette résistivité diminue
(') Comptes rendus, i5 septembre 1902. \^. 456.
SÉANCE DU 3 NOVEMBRE igo2. 735
toujours à mesure que la température devient plus basse, en sorte que,
clans l'air liquide, la résistance électrique de la tige étudiée est inférieure
au - de sa valeur à la température de ■+- 20°, 7. Le sulfure de plomb coulé
se comporte donc, entre les limites de température considérées, comme les
métaux purs, et sa résistivité électrique est considérablement plus faible
que celle de la pyrite naturelle FeS^ dont la résistance diminue quand la
température s'élève :
RésistiviLé électrique.
Pyrite naturelle i3i3 x 10' microhms-centimètre à -t-ao" C.
Sulfure de plomb 289,88 microhms-centimètre à -1-20°, 7 C.
)) Si l'on trace la courbe qui exprime la variation de la résistance élec-
trique avec la température, on constate qu'elle ne présente pas une forte
courbure et que la quantité — est d'autant plus grande que l'on s'écarte
davantage du zéro absolu. Enfin, après avoir été refroidi dans l'air liquide,
le sulfure de plomb a repris sensiblement sa résistance électrique à + 20°, 7.
» J. Guinchant (' ) a étudié le sulfure de plomb pur et coulé entre — aS"
et H- 920°. D'après lui la résistivité peut être représentée de — 25°
à -h 100° par la relation
p, =z= 0,000298 (i + o,oo5oi^).
« D'après mes expériences, la constante physique que nous étudions
varie à peu près proportionnellement à la température, entre — 29°, 6
et -I- 81", 85. Toutefois, suivant J. Guinchant :
» L'allure de la courbe entre -h 900° et — 25° fait prévoir une tangente horizontale
et, par conséquent, un minimum de résistivité, mais à une température très basse,
probablement inférieure à — 100".
)) Mes mesures n'ont pas indiqué l'existence d'un tel minimum.
» D'autre part, F. Streintz (-) a réalisé une tige, par compression de la
poudre de galène (PbS). Entre + 3o° et + 200°, la conductibilité pouvait
être obtenue par la formule
R = a X T%
dans laquelle T est la température absolue, a et a deux constantes. La
C) Comptes rendus, séance du 26 mai 1902, p. 1224.
(*) Sitzungsber. der Akad. der Wissens. Vienne, «éance du 6 mars 1902, p. 36i.
736 ACADÉMIE DES SCIENCES.
résislivité diminuerait donc quand la température s'élève, contrairement
aux mesures faites par J. Guincliant et aux nôtres. En outre, la galène ayant
été placée par F. Streiniz dans l'air liquide, la résistance électrique est
devenue considérable. Ainsi une tige vieillie de galène ayant 2'^" de lon-
gueur eto'""',5 de section avait 28 ohms de résistance à +22° et 67 000 ohms
environ dans l'air liquide.
» J'ajouterai que la tige de sulfure de plomb coulé, utilisée pour mes
mesures, était absolument massive et ne présentait aucune soufflure. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur un chlorosulf aie d^ aluminium.
Note de M. A. Recoira.
« Dans une Note précédente (Com/?/« rendus, 21 juillet 1902) j'ai montré
que, lorsqu'on porte à l'ébuUition une solution de sulfate de sesquioxyde
de chrome additionnée d'un grand excès d'acide chlorhydriquc, la molé-
cule de sulfate abandonne une partie de son acide sulfurique, comme elle
le fait dans l'eau pure, et que ceux des hydroxyles de l'hydrate chromique,
ainsi devenus libres par la séparation de l'acide sulfurique, fixent de l'acide
chlorhydriquc, de sorte que l'on obtient un sel polyacide dans lequel les
hydroxyles de la base sont saturés, les uns par de l'acide sulfurique, les
autres par de l'acide chlorhydriquc. La solution abandonne en effet à la cris-
tallisation un chlorosulfale CrSO^CI, 6H^O, dont j'ai décrit les curieuses
propriétés.
» Il était intéressant de savoir si le sulfate d'aluminium se comporterait
de la même façon. J'ai obtenu dans les mêmes conditions, c'est-à-dire par
cristallisation d'une solution de sulfate d'aluminium faite dans l'acide
chlorhydrique bouillant, un composé tout à fait semblable, c'est-à-dire
le chlorosulfate d'aluminium AlSO''Cl, 6H*0 ('). Sa préparation est
calquée sur celle que j'ai décrite pour le chlorosulfate de chrome. On
obtient ainsi un sel très soluble dans l'eau et à peu près insoluble dans
l'alcool. On remarquera que l'on trouve dans ce composé les G"""' d'eau
qui existent dans le chlorure d'aluminium AlCl', 6H-0, de même que l'on
trouve dans le composé correspondant du chrome les 6™°' d'eau du chlo-
rure chromique.
» On peut se demander si le composé ainsi obtenu est bien un sel
(') Trouvé : Al = I ; S0'=; 0,999; *-■' ^^ ' j002; H^O := 5,9.
SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1902. 787
polyacide AlSO'Cl, on bien si c'est un sel double AP3SO'',AlCP pro-
venant de l'union d'une molécule de sulfate d'aluminium avec une molé-
cule de chlorure. Dans le cas du composé chromique, les propriétés du
corps et les mesures cryoscopiques ne laissent aucun doute à cet égard,
ainsi que je l'ai fait voir. Elles montrent que la solution aqueuse de ce
sel renferme bien, au début, le composé CrSO*Cl, mais que ce corps
instable est détruit peu à peu par l'eau, et que, au bout de quelques jours,
elle ne renferme plus qu'un simple mélange Cr-3S0* 4- CrCP.
» Dans le cas du composé aluminique, les mesures cryoscopiques
montrent que sa dissolution dans l'eau n'est, même dès les premières minutes,
qu'un simple mélange de sulfate d'aluminium et de chlorure. En effet,
l'abaissement du point de congélation de la solution aqueuse de ce com-
posé est la somme des abaissements du sulfate et du chlorure qu'il ren-
ferme ('). Ainsi donc, tandis que le chlorosulfate de chrome n'est détruit
que lentement par l'eau, celui d'aluminium est détruit en quelques instants.
Par conséquent, l'étude de la dissolution ne permet pas de résoudre la
question de la constitution du composé solide.
» Mais, étant donné qu'il se produit exactement dans les mômes condi-
tions que le composé chimique, qu'il a exactement la même composition
que lui, on peut considérer comme vraisemblable qu'il a la même consti-
tution, c'est-à-dire que c'est un sel polyacide.
» Cette manière de voir est d'ailleurs confirmée par le fait suivant : si le
composé était un sel double, on l'obtiendrait vraisemblablement en faisant
cristalliser un mélange de sulfate et de chlorure dissous dans l'eau. Or,
dans la cristallisation d'un tel mélange, il ne se forme pas trace de chloro-
sulfate d'aluminium ; les cristaux que l'on obtient sont un mélange en pro-
portions variables de sulfate et de chlorure, mélange qui, traité par l'alcool,
lui abandonne la totalité du chlorure qu'il renferme, tandis que le chloro-
sulfate est iniiécomposable par l'alcool dans les mêmes conditions.
» Pour toutes ces raisons, on peut donc admettre que le chlorosulfate
d'aluminium AlSO'Cl, GH-O a la même constitution que le chlorosul-
fate de chrome CrSO^Cl, 6H-0. Or, j'ai fait voir que ce dernier corps
est un composé complexe, que le chlore y est dissimulé et que, dans le
même composé à 5*""' d'eau, l'acide sulfurique, lui aussi, est dissimulé. Il
(') En ell'el, une solution renfermanl 4» du composé se congèle à — o", 5o. Or les
quanlilés de sulfate et de chlorure qu'ils renfeiiiient produisent, à la même dilution,
des abaissements qui sont respectivement o°,22 et o'',3o et dont la somme est o°,52.
y38 ACADÉMIE DES SCIENCES.
est donc probable qu'il en est de même dans le composé aluminique. Mais,
tandis qu'on peut le constater pour le composé cliromique parce qu'il n'est
décomposé que lentement par l'eau, on ne peut pas le faire pour le com-
posé aluminique, puisqu'il est instantanément détruit par l'eau.
)) Il en est de même pour toute la série des composés complexes du
chrome que j'ai étudiés. On peut mettre en évidence leurs propriétés,
parce que, quoique fragiles, la dissolution ne les détruit pas immédiate-
ment. Il n'est pas improbable que des composés analogues existent pour
l'aluminium, mais il est vraisemblable que ces composés, comme le chloro-
sulfate d'aluminium, sont très rapidement détruits par la dissolution.
» On devait s'attendre à ce que le sulfate ferrique donnât naissance à un
composé analogue. Il n'en est rien. Dans les mêmes conditions, le sulfate
ferrique donne naissance, non pas à un chlorosulfate, mais, d'une part, à
du chlorure ferrique et, d'autre part, à un sulfate acide
Fe*3S0%S0ni-, «H-O
dont je poursuis en ce moment l'étude. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur un procède général de formation des azotures
métalliques. Note de M. Guxtz, présentée par M. A. Haller.
« J'ai mesuré autrefois la chaleur de formation de l'azoture de lithium,
et j'ai trouvé que
Li' sol. -+- Az gaz. = Li^\z sol. -+- 4;^ ^', 5 ( ' ).
» Si l'on fait réagir sur ce composé un chlorure métallique MCI, on a,
pour la réaction,
LiUz + 3MC1 = M'Az -f- 3Li Cl -t- Q calories.
et ce nombre Q est en général très considérable car le chlorure de lithium
est un des chlorures formés avec le plus grand dégagement de chaleur.
Ainsi, pour la réaction suivante, six est la chaleur de formation de l'azo-
ture ferreux, on a
2Li'Az H- 3FeCr- = Fe' Az- -4- 6 Li Cl + 24iC='',8 -h x.
(') GuNTZ, Comptes rendus, t. CXXIII, p. 99J.
SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1902. 739
» Il V a donc un excès considérable de chaleur disponible permettant
la formation de Tazoture ferreux.
» J'ai donc essayé cette réaction à cause de l'intérêt que présentent ces
composés. La combinaison de l'azote avec le fer a été en effet très étudiée,
et l'on a proposé de nombreuses formides pour représenter la composi-
tion des produits obtenus; ainsi, notamment, les recherches récentes de
M. G.-J. FoNvIer (') semblaient donner la formule Fe-'Az.
« On obtient cependant facilement les azotures Fe'Az^,FeAz.
» Pour obtenir razolure ferreux j'ai cliaufFé, en un point, dans une nacelle en
fer, 18 de Li^Az avec los du chlorure double aKClFeCl*. L'incandescence se produit
dans la partie chauffée et se propage dans toute la masse; je n'ai pas employé FeCl'
pur, car la réaction est trop énergique.
» On lave le produit obtenu dans une atmosphère de CO*, car il est très oxydable,
et l'on obtient de l'azoture ferreux pur. C'est une poudre noirâtre, très oxydable à
l'air et par l'eau aérée, soiuble dans H Cl étendu.
» La réaction de Li^\z sur FeCl'KCl s'opère de la même manière,
mais elle est plus énergique encore ; il faut pulvériser séparément les deux
produits et les mélanger doucement dans la nacelle. Si l'on ne prend pas
cette précaution, le mélange prend feu en projetant des étincelles, et le
mortier est souvent brisé par suite du grand dégagement de chaleur.
» Après refroidissement, le contenu de la nacelle est lavé à l'eau bouil-
lante, puis séché à 100"; l'analyse montre que l'on a obtenu de l'azoture
ferrique FeAz pur, composé noir qui, chauffé sur une lame de platine,
devient incandescent en se transformant en oxyde de fer; il est beaucoup
moins oxydable que l'azoture ferreux.
» La réaction de Li'Az sur le chlorure chromique CrCP est également
très énergique; en opérant comme pour FeCP, on obtient l'azoture de
chrome Cr Az pur dont les propriétés sont celles indiquées par M. Ferée ( ^).
» La stabilité de l'azoture de chrome m'a engagé à remplacer Li'Az par
l'azoture de magnésium et l'expérience m'a montré que la double décom-
position se produit de la même manière et est même plus facile à opérer.
» Ce mode de formation des azotures me semble général et je compte le
vérifier pour d'autres composés.
» L'hydrure de lithium semble se comporter comme l'azoture dans ces
doubles décompositions.
(') G.-J. FowLER, Proceedings of the chemical Society, t. CCXVI, p. 309.
(■-) Ferék, BuLlclin de la SociéCé chimique, 1901, p. 618.
74o ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Lorsqu'on cliaufl'e uu chlorure avec de l'hydrure de lithium, il y a, la plupart du
temps, réaction et quelquefois avec explosion.
» En chauflTant, par exemple, Li H -+- MgCl-, il y a réaction ; mais, en même temps,
l'hydrure de magnésium se décompose presque complètement, par suite de la tempé-
rature élevée de la réaction; avec le chlorure de palladium, la réaction se produit et
le mélange prend feu, rien que parle mélange des substances.
» Je m'occupe de détermiiier les conditions assez délicates permettant
d'obtenir les divers hydrures métalliques, notamment en opérant sous de
fortes pressions d'hydrogène. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur le baryum-ammonium et Vamidure de baryum.
Note de M. Mentrel, présentée par M. Haller.
« M. Guntz a montré (') que le baryum et le strontium métalliques se
dissolvent dans l'ammoniac liquide pour donner des composés mordorés
semblables aux autres ammoniums préparés par M. Joannis (-) et par
M. Moissan (').
» Nous avons étudié les conditions de formation du baryum-ammonium
et ses propriétés.
» Lorsqu'on fait passer du gaz ammoniac sur le baryum, on constate que ce métal
ne s'attaque pas au-dessus de M- -iS". Au-dessous de cette température il se forme un
produit solide rouge mordoré se transformant en un liquide bleu lorsque la tempéra-
ture baisse au-dessous de — 23°. Vers — 5o° il se sépare un liquide huileux bleu
foncé, peu soluble dans l'ammoniac liquide qu'il colore en'bleu pâle.
» Au-dessous de — 23» ces composés sont stables; à partir de — iS", ils se trans-
forment en amidure d'autant plus rapidement que la température est plus élevée.
» Voici les tensions de dissociation du baryum-ammonium que nous avons observées
en opérant toujours en présence d'un excès de baryum :
Tensions
en
millimètres
Température.
d(
; mercure.
—63
'9
-3r
38
-19
59
0
108
-I-19
5o7
-1-38
78.5
(') GuiVTz, Bull. Soc. des Sciences de Nancy. 1902.
(■-) J0AN.MS, Comptes rendus, t. CIX, p. 900, 960; t. CXII, p. 392; t. CXllI, p. 790;
t. CXV, p. 820.
(^) Moissan, Comptes rendus, t. CXXVII, p. 685.
SÉANCE DU 3 NOVEMBRE rgoa. 7^1
» Nous avons analysé ce composé par la méthode de M. Jonnnis, en rlierchant à
diserses températures la composition du produit limité qui, en perdant une trace
d'ammoniac, donne du baryum libre. On trouve ainsi : à o", Ba -+- 6, i Az H' ; à — 23°,
Ba+6,3AzH^; à — 5o°, Ba + 6,97 Azll', les lensionsde ces composés étant, à tempé-
rature égale, les mêmes que les tensions de dissociation indiquées précédemment.
» A basse température, le baryum-ammonium renferme donc un léger excès d'am-
moniac provenant de la dissolution de ce gaz dans le composé solide dont la formule
semble être Ba(AzH')^ M. Moissan avait trouvé pour le composé analogue du cal-
cium la formule Ca(AzH^)'.
» Il semble donc que la proportion du gaz ammoniac combiné avec
les métaux de cette famille augmente avec le poids atomique; pour le
vérifier, nous nous proposons de déterminer la formule du strontittm-
ammonium.
» Les propriétés du baryum-ammonium sont semblables à celles des
autres ammoniums; il prend feu au contact de l'air, se décompose très
vivement par l'eau.
« L'oxygène à basse température est absorbé en donnant un mélange de
bioxyde de baryum et de baryte.
» Avec le bioxyde d'azote, nous avons obtenu l'hypoazotite de baryum,
solide blanc Ba (AzO)^.
» L'action de l'oxyde de carbone sur la solution ammoniacale de baryum-
ammonium nous a permis de préparer un composé nouveau, le baryum-
carbonyle Ba (CO)-, corps solide, jaune, se décomposant sans explosion au
contact de l'air et par la chaleur, soluble dans l'eau avec décomposition.
» En faisant passer du gaz ammoniac sur le baryum chauffé dans une nacelle en fer,
on constate que l'attaque a lieu à 280°. 11 se forme un liquide gris devenant vert, puis
rouge lorsque la température augmente. Il se forme de l'amidure de baryum :
Ba -t- 2 Az H'=: Ba ( Az H= )2 H- J1-.
» A 460°, l'amidure fondu bout en dégageant un mélange d'azote et d'hydrogène
dans le rapport -— = 3.
» A 65o°, il se forme un produit solide, jaune orangé, fusible seulement à 1000°. En
abaissant la température et en opérant toujours dans un courant d'ammoniac, les phé-
nomènes inverses se produisent; le composé redevient liquide vers 1400°, puis se soli-
difie à 280°.
» Ces changements curieux sont dus à la transformation, par la cha-
leur, de l'amidure Ba(AzH^)^ en azoture Ba'Az=, et, par refroidissement,
de l'azoture en amidure, comme les analyses nous l'ont montré, ces réac-
C. K., 1902, a' Semestre. (T. CXXXV, N" IS ) 9"
742 ACADÉMIE DES SCIENCES.
lions étant accompagnées d'une décomposition illimitée de l'ammoniac en
ses éléments.
» En opérant dans le vide, nous avons obtenu de l'azotnre de baryum
pur et exempt de fer. Il se produit donc, à chaque température, un équi-
libre entre Ba'Az' et Ba(AzH*)-, d'après la réaction
3Ba(AzH-)-;^Ba^Az- + 4AzH'.
» Nous avons vérifié que l'amidure de lithium donne nettement une
transformation analogue, qui, probablement, se produit aussi pour l'ami-
dure de sodium, mais en très faible proportion, aux températures où l'on
peut opérer dans le vide sans dissocier totalement Na AzH^. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur quelques produits d'oxydation de l'aniline par
l'oxygène de l'air. Note de M. C.-I. Istrati, présentée par M. Arm.
Gautier.
« On sait depuis longtemps que l'aniline brunit à la longue au contact
de l'air et finit même par se résinifier. Quelle que soit la multiplicité des
méthodes qu'on a employées pour essayer d'oxyder l'aniline, les résultats
que nous allons faire connaître semblent prouver que la liste des corps
résultant de l'oxydation de cette substance est bien loin d'être close.
» L'air a une action 1res grande sur l'aniline portée à l'ébullition ; en
même temps qu'elle s'unit à l'oxygène, elle se condense en différents
groupements nouveaux. Pendant la réaction, on observe la production
d'eau en quantité et, chose plus curieuse, d'un peu d'ammoniaque.
» Dans un ballon surmonté d'un appareil réfrigérant, on introduit 25oS d'aniline
pure. L'air préalablement séché y pénètre par un tube en verre; il est aspiré au moyen
d'une trompe, réunie au tube abducteur du réfrigérant à reflux.
» Après lo heures de chauffage, l'aniline se colore déjà en brun. Après lo jours, le
liquide est noir et visqueux. Peu à peu il dépose, pendant la nuit, des cristaux noi-
râtres. La masse est complètement solide à partir du vingt-cinquième jour.
)) Cette masse, confusément cristalline, est jetée sur un filtre et lavée à l'alcool
froid. Il reste sur le filtre une masse rouge brunâtre (A); à travers le filtre passe un
liquide noir qui entraîne aussi l'aniline non oxydée (B).
» On reprend à froid la masse (A) par le chloroforme qui dissout facilement une
substance rouge foncé (C), et laisse sur le filtre une substance grisâtre franchement
cristallisée (D).
» Cette dernière partie est reprise dans un appareil à extraction, à chaud, d'abord
par l'alcool, qui enlève une substance plus ou moins colorée en noir, cristallisable en
SÉANCE DU 3 NOVEMBRE igo2. -J^'i
longues aiguilles. Après plusieurs cristallisations et décolorations par le noir animal,
on l'obtient en belles aiiiuilles incolores longues de plusieurs centimètres et fondant
à 238°-239° :
» L'analyse de ce corps a donné pour too : C =174,43; H = 5,96; Az -=13,23.
A froid
(So^-Sr). Arébullition.
loos d'alcool en dissolvent 06,88 4'» 25
1005 de chloroforme en dissolvent os,o65 o^, i4i
» L'acide azotique attaque ce corps et donne avec lui un mélange de plusieurs
dérivés nitrés.
» La partie facilement soluble dans l'alcool est extraite par le chloroforme. Après
plusieurs cristallisations dans le toluène, on obtient un corps fusible à 25i°, en
petites écailles incolores, luisantes et ressemblant au carbazol.
» Le corps est indifférent, brûle difficilement pendant la combustion et paraît s'ap-
procher de la formule
O
11
//Az — C«1P\^
' \\Az — CMl''
II
o
qui veut pour 100 :
Cr=:-0,53; 11=4,24; Az:=II,7g,
nous avons obtenu à l'anah se, pour 100 : 0=170,57; H=:5,i9; Az^ii,54.
A froid
(3i°-3a»). A l'ébullition.
loos d'alcool en dissolvent ob,oio 06,842
loos de chloroforme en dissolvent os, 187 o?, 5o8
n Le dérivé nitré fusible à 347°, soluble dans l'alcool, contient pour 100 : C = 89,61 ;
11 = 2,98; Az = i9,54.
» La partie soluble dans le chloroforme (G ) avec une forte couleur rouge est extraite
à plusieurs reprises par l'alcool. On obtient aiii>i un corps cristallisé soyeux, de cou-
leur rouge violacé, fusible entre 207° et 208°.
» L'analyse a donné pour 100 : C = 80, 24 ; 11 ^ 6, 87 ; Az =r 1 1 ,45.
» Cô corps paraît répondre à la formule
(C«H5— AzH)»EEE C«H- _ O — CM1'= (Azli — G«H°)%
qui veut pour 100 : 0 = 80,87; H = 5,68; A/. = 11, 75, et qui explique en même
temps le caractère neutre de la substance.
A froid
(3i«-32°). A l'ébullition.
roo*^ d'alcool en dissolvent o*,o57 o',34
loo'* de chloroforme en dissolvent. . o^,3S 8«, 26
744 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Traité par le nilrite de sodium, en solution acétique, ce corps se colore iramédia-
leinent en rouge de sang et se dissout plus facilement. Précipité par l'eau, on isole un
composé cristallisé rouge, plus soiuble dans le chloroforme que dans l'alcool. Ce dérivé
nitroséfond à 190°- 197°; l'analyse a donné pour 100 : 0 = 68,83 ; H = 4, 91 ; Az =1 1,96.
» La partie (B) est distillée d'abord directement pour extraire l'alcool, puis dans
un courant de vapeur d'eau pour chasser l'aniline. Le résidu est traité de la même
manière que le corps (A). Des restes plus solublcs dans l'alcool on peut extraire, par
l'eau, un corps incolore cristallisant en belles lamelles fusibles à iiC-iia".
» L'analyse nous donne pour 100:0 = 69,76; ll = 6,8i;Az = io,2i.
» Cette substance est très instable. Pendant la concentration des eaux mères au
bain-marie, elle s'oxyde et se transforme en une masse rougeâtre, insoluble dans l'eau,
qui paraît être le corps fusible à 207"-2o8°.
» Quant an rendement, le corps rouge violacé se produit en très grande
quantité; les corps fusibles à 25 1° et à i3g° se produisent presque en
même proportion : approximativement 5 pour roo par rapport au composé
rouge. Le corps fusible à iio"-! 12" se produit en très petite quantité.
» Je me propose de présenter la suite de celte étude dans une Commu-
nication ultérieure. »
CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur une matière albuminoïde extraite du grain de maïs.
Note de MM. E. Do\AnD et H. Labbk, présentée par M. A. Ditte.
« Seul, parmi les matières albuminoïdes des céréales, le gluten des
froments a fait, jusqu'à présent, l'objet d'études approfondies. Ritt-
hausen (') a considéré le gluten comme un produit complexe formé de
trois matières protéiques distinctes : la gluten-fibrine ou gluténine, la
gliadine et la mucèdine. Ces matières se différencient surtout les unes des
autres par leurs inégales solubilités dans l'alcool éthylique à diverses
concentrations. M. Fleurent (^) a tiré un heureux parti de ces propriétés
pour réaliser le dosage des proportions relatives de gluténine et de gliadine
dans les diverses farines.
» Par de l'alcool convenablement dilué et à l'aide d'épuisements métho-
diques, on peut aussi, suivant Rilthausen ('), retirer du mais un mélange
de matières albuminoïdes présentant un aspect analogue à celui des consli-
(') Les corps protéiques des céréales. Bonn, 1872.
(^) Comptes rendus, t. CXXIII, p. 827 et 754.
(') Les corps protéiques des céréales, Bonn, 1872, p. ii5-ii-.
SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1902. 745
tuants (lu gluten de blé, mais qui jouissent de propriétés chimiques les
différenciant complètement des glutens de blé.
» Ayant cherché à réaliser une méthode qui permît l'extraction des
matières protéiques du maïs, non plus sous la forme visqueuse et gluante,
plus ou moins facile à dessécher, que leur assigne Ritthausen, mais sous un
aspect physique convenable et dans un état de pureté chimique absolu,
nous avons reconnu la solubilité à chaud dans l'alcool iso-amylique d'une
partie des matières protéiques du grain de maïs, parallèlement avec l'inso-
lubilité absolue du gluten de blé dans le même solvant.
» Du maïs réduit en farine est préalablement desséché et privé de son huile par un
épuisement à la benzine cristallisable; on le souiiiet ensuite à l'épuisement à chaud
par son poids environ d'alcool amylique anhydre. Au bout de 8 heures, la solution
amylique estprécipitée par un excès (environ Uois fois son volume) de benzine cristal-
lisable. La matière albuminoïde, à peu près complètement insoluble dans ce mélange,
forme un précipité floconneux que l'on jette sur un filtre et qu'on lave à la benzine
jusqu'à ce que les liquides de lavage ne contiennent plus trace d'alcool amylique. On
sèche ensuite la matière dans le vide sec à basse température ou on l'étend sur du
papier à filtre. Par évaporation de la benzine qui l'imprègne, il reste finalement une
substance pulvérulente que l'on achève de priver de benzine dans l'étuve à 100°.
» Si l'on extrait, par le procédé de Ritthausen, la masse impure des albuminoïdes
du maïs, et qu'on traite celle-ci par l'alcool amylique, on la sépare en deux parties :
l'une rigoureusement insoluble, l'autre soluble à chaud dans cet alcool. La dernière
s'identifie complètement avec la matière extraite du maïs lui-même par le procédé
décrit ci-dessus. Nous reviendrons ultérieurement sur les conditions de cette analyse
immédiate.
» La matière obtenue par l'une et l'autre méthode, que nous désignons
sous le nom de maïsine parce que nous ne l'avons pas encore rencontrée
dans les autres céréales ou légumineuses (sauf une minime proportion dans
le sorgho), se présente sous l'aspect d'une poudre blanche, extrêmement
fine et légère, ayant la composition centésimale suivante :
C: 54,72; H: 7,63; Az: 16,90; S: 0,80; cendres : 0,06.
» Du poids du soufre on déduit, pour la molécule, un poids minimum
de 4000 qui correspondrait à une composition : C'"*H"'"Az'"0^' S. Cette
formule exige les pourcentages suivants des éléments :
C: 54,80; H : 7,5; Az : 16,00; S: 0,8.
» La maïsine est insoluble dans l'eau à froid comme à chaud, ainsi que dans les
diverses solutions salines. Cependant, par une longue ébuilition avec l'eau, elle s'hydro-
lyse faiblement et donne à l'évaporation un léger résidu soluble.
^46 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Elle est soluble dans les alcools niéthylique et élhylique et dans l'acétone. Sa
solubilité est beaucoup plus grande à chaud et ses solutions dans ces divers solvants
précipitent par refroidissement. La maïsine précipite également de ces solutions par
Féther hydraté ou absolu, la benzine, les hydrocarbures, mais dans un état d'hydra-
tation qui la transforme en une matière gluante se collant aux vases et donnant, par
dessiccation, une matière jaune translucide et cornée. La maïsine est également soluble
dans l'acétate d'amvle bouillant en très petite quantité, et ce dernier la laisse déposer
à froid en poudre blanche.
» Insoluble dans les solutions aqueuses acides (acide acétique à 2 et 5 pour 100),
elle développe une odeur spéciale par ébullition au sein de ces dernières. Elle est
soluble, au contraire, dans les solutions aqueuses de soude ou de potasse à i ou
2 pour 100 ou même plus faibles (vôVô)- Les solutions alcoolo-potassiques extrêmement
étendues la dissolvent aisément.
» Dans les alcools supérieurs, propyliqne, isobutylique, la maïsine est soluble
comme dans l'alcool amylique. Ce dernier ne dissout, à froid, que des traces de
maïsine; à chaud, au contraire, les quantités d'albuminoïde dissoutes atteignent 11 à
11,5 pour 100 du poids de l'alcool employé.
» La teneur des maïs en maïsine est de 4 à 4» 5 pom- 100 environ.
» L'étude des diverses céréales, légumineuses et maïs, relativement à
leur teneur en maïsine, et, d'autre part, l'étude des propriétés chimiques
et biologiques de cette dernière feront l'objet de prochaines Communica-
tions. »
CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur le dosage de l'oxyde de carbone et de V acide
carbonique dans les airs viciés. Note de M. Ferdinand Jean, présentée
par M. Amagat.
« A côté d'intoxications aiguës et mortelles causées par l'oxyde de car-
bone et l'acide carbonique, doat les exemples répétés et récents ont ému
le public, les intoxications lentes, résultant d'un manque de venti-
lation, de foyers de chauffage défectueux, de fissures ou de crevasses dans
le corps des cheminées, ne sont pas moins dangereuses pour la santé; car,
ces gaz n'affectant pas l'odorat, on n'en peut déceler la présence que par
une analyse compliquée de l'air suspect, ou une expérimentation physiolo-
gique très délicate.
» Nous avons pensé que le corps médical ferait bon accueil à un appareil
simple et pratique qui permettrait de faire rapidement, au point de vue de
l'oxyde de carbone et de l'acide carbonique à dose anormale, l'examen
des airs confinés, viciés ou suspects.
SÉANCE DU 3 NOVEMBRE T902. 747
» L'appareil qui fait l'objet de cette Note nous paraît répondre aux con-
ditions que comportait la solution de la question; il permet, en effet, non
seulement de déceler la présence de traces d'oxyde de carbone, mais
encore de déterminer quantitativement la dose d'oxyde de carbone et
d'acide carbonique contenus dans l'air vicié, et cela automatiquement,
sans exiger de l'opérateur des connaissances scientifiques, ni l'habitude
des manipulations.
» Notre appareil est constitué par trois flacons laveurs en verre, A, B, C, conte-
nant chacun un réactif. Ces laveurs sont raccordés par un tube de caoutchouc à un
aspirateur double, à renversement, de 10' de capacité, muni d'un niveau gradué par
demi-litres, et dont le débit est réglé de façon à faire passer lentement l'air dans les
laveurs, à raison de 10' par heure.
» Le laveur C porte un petit tube de verre garni de ouate hydrophile, destinée à
retenir les poussières en suspension dans l'air, sur lequel on fixe le tube de caoutchouc
qui sert à puiser l'air, par aspiration, dans la pièce dont il s'agit d'étudier l'air.
» Le laveur A renferme So"^"'" d'une solution de chlorure de palladium au millième,
aussi neutre que possible. Sous l'action d'une certaine quantité d'oxyde de carbone, il
se forme du palladium reconnaissable au dépôt noirâtre qui se produit d'abord, sur
les parois des tubes, à la partie supérieure du laveur; on observe ensuite, si l'on pousse
l'opération, la formation d'une poudre noire, et la décoloration partielle du réactif.
» Le chlorure de palladium peut être remplacé, dans le laveur A, par une solution
de nitrate d'argent ammoniacal, au centième, que l'on prépare en ajoutant, dans la
solution ammoniacale de nitrate d'argent, du nitrate d'argent jusqu'à formation d'un
commencement de précipité d'oxyde d'argent.
» Nous avons constaté qu'une semblable solution filtrée, employée à froid, possède,
à l'égard de l'oxyde de carbone, exactement le même degré de sensibilité que le chlo-
rure de palladium. Sous l'action de l'air contenant de l'oxyde de carbone, ce réactif
prend une légère coloration violacée, puis forme un précipité noir, si l'on fait passer
un plus grand volume d'air contenant des traces d'oxyde de carbone.
« Nous avons déterminé expérimentalement la sensibilité initiale de ces deux réactifs
en faisant passer, dans le flacon laveur, de l'air mélangé avec des volumes déterminés
d'oxyde de carbone, et nous avons constaté que les réactifs indiquaient la présence de
l'oxyde de carbone lorsque S'"' à lo'"" d'oxyde de carbone dilués dans l'air avaient
traversé le flacon laveur.
)) Le deuxième flacon B contient S"^' de soude ou de potasse demi-normale, dans
45"^""' d'eau, colorée assez fortement avec du bleu d'iB. Expérimentalement, nous avons
reconnu que, pour faire virer au bleu franc la teinte rouge violacé de l'indicateur, il
fallait faire passer dans le laveur SS*^""' d'acide carbonique mélangé dans n'importe
quel volume d'air.
» C'est à dessein que nous avons diminué la sensibilité du réactif, afin de ne pas
avoir à tenir compte de l'acide carboni4ue contenu normalement dans l'air, ou qui
peut s'y trouver à petite dose ; l'air confiné ne devenant impropre à la combustion des
748 ACADÉMIE DES SCIENCES.
bougies qu'à la dose de 4 à 5 pour loo on volume, il élait, en effet, inutile de déter-
miner des doses d'acide carbonique inférieures à i pour loo.
» Le laveur G contient de l'acide sulfurique à 66° Baume ; il est destiné à retenir les
carbures d'hydrogène et autres composés organiques volatils, que l'air vicié par la
respiration ou la combustion renferme souvent en petites quantités; la présence de
ces corps est indiquée par la coloration jaune plus ou moins foncée que prend l'acide
sulfurique au cours du barbotage de l'air dans le laveur.
» L'a])pareil étant monté et mis en communication dune part avec l'aspirateur
d'air et, d'autre part, au moyen d'un tube en caoutchouc, avec la pièce dont on se
propose d'analyser l'air, il suffit d'ouvrir le robinet de l'aspirateur et de noter, d'après
le nombre de litres d'eau écoulés, le volume d'aii- ayant passé dans les laveurs, pour
que le réactif A indique la présence de l'oxyde de carbone et le volume d'air qui a été
nécessaire pour faire virer au bleu le réactif B.
» Sachant que 8™' à lo™' d'oxyde de carbone et SS'"' d'acide carbonique sont
nécessaires pour influencer les réactifs A et B et connaissant les volumes d'air qui ont
traversé le système de laveurs, pour produire ces lésultals, il devient très simple de
calculer la teneur en oxj'de de carbone et en acide carbonique de l'air analysé.
» Si, par exemple, il a fallu, pour influencer le réactif A, faire passer 20' d'air, on
saura que cet air renferme de xôoôô ^ Tôfoô d'oxyde de carbone. Si, pour faire virer le
réactif B, il a fallu 3' d'air, c'est que l'air analysé renferme 2,9 pour 100 d'acide car-
bonique en volume.
» Les essais qui ont permis d'établir la sensibilité initiale des réactifs ayant été faits
avec de l'air à 18° C, on peut ramener les données analytiques fournies par l'appareil
au volume d'air à o°G., ou, par application de la formule de dilatation de l'air, si
l'analyse a porté sur de l'air à une terajjéralure différente de 18° C, au volume d'air
à iSoQ. .
» On voit que cet appareil permet de doser de,s quantités très faibles
d'oxyde de carbone et d'acide carbonique, dans les airs viciés, par simple
mesure du volume d'air ayant traversé l'appareil, résultats qu'on ne peut
obtenir par les méthodes d'analyse gHZométrique les plus compliquées, au
moins en ce qui concerne l'oxyde de carbone. »
ZOOLOGIE. — Recherches sur le bourgeonnement de Rhabdopleura Nor-
manni .1//. Note de MM. C. Vasey et A. Coxte, présentée par M. Alfred
Giard.
« Le bourgeonnement de Rhabdopleura Normanni aboutit soit à l'accrois-
sement normal de la colonie, soil au remplacement d'individus déo;énérés.
Dans les deux cas, l'évolution du bourgeon est identique.
SÉANCE DU 3 NOVEMBRE T902. 749
» Dans le premier cas, le pédoncule d'un individu donne iatéralemenl un bourgeon
plein, qui se développe en dehors de l'enveloppe cliilineuse et ne tarde pas à présenter
deux régions : une région ovoïde, très volumineuse, qui formera l'épistome et, à la
base de celle-ci, une masse pleine en forme de V inséré par la pointe, dont chaque
branche est ie rudiment d'un des bras du lophophore. Plus tard, vers ce point d'inser-
tion, le pédoncule se renfle latéralement, pour donner une masse allongée dans laquelle
le rudiment du tube digestif apparaît sous forme d'une lumière contournée. Sur des
coupes, ce bourgeon présente un épilhélium externe chargé de granulations pigmen-
taires et entourant une masse mésenchymateuse dont les cellules forment la paroi du
tube digestif. Le pédoncule s'allonge et l'animal sécrète son tube.
» Dans le second cas, un individu adulte subit une dégénérescence analogue à une
dégénérescence adipeuse. Il se charge de globules réfringents qui restent groupés plus
ou moins longtemps. Celte dégénérescence commence par le lophophore, dont les ten-
tacules secondaires disparaissent rapidement; puis elle gngne tout l'individu. Elle
peut se limiter au lophophore, l'épistome et la masse viscérale. Alors le pédoncule
régénère à son extrémité un nouvel individu. Le plus souvent, cette dégénérescence
gagne le pédoncule et se continue jusqu'à la base de la loge dans laquelle vivait l'in-
dividu primitif. En ce point, le pédoncule forme un bourgeon plein qui se développe
à l'intérieur du tube et finit par reconstituer un nouvel individu.
» Au cours d'une dégénérescence, il arrive que le tube s'enroule plus ou moins sur
lui-même et que, dans son intérieur, les produits de la dégénérescence restent groupés
en masses sphériques ou ovoïdes. Ces masses ainsi disposées ont été regardées à tort
comme des statoblasles ou des hibernacula ; il est facile de se convaincre de leur carac-
tère résiduel.
» En résumé, une régénération des individus et nti bourgeonnement
latéral de leur pédonoiile concourent à la conservation et à l'accroissement
des colonies de lihabdopleura. Dans aucun cas nos exemplaires n'ont pré-
senté d'individus blastogènes incomplètement développés et donnant sur
leur pédoncule une série de bourgeons, ils diffèrent en cela de ceux
étudiés [>ar Ray-Lankcster.
» En ce qui concerne les affinités de H. Normanni, nous pensons que
celte espèce doit être rapprochée des Bryozoaires endoproctes. La pré-
sence d'une enveloppe tubulaire chitineiise sur le pédoncule est un carac-
tère que l'on retrouve chez les endoproctes marins, tels que ceux du genre
Barensia Hincks. Comme chez ces derniers, l'espace compris entre les vis-
cères et la paroi du corps est comblé par un tissu mésenchymateux. Cer-
tains caractères divergents, tels que ceux tirés de l'absence de néphridies
et de la disposition des organes génitaux, peuvent résulter de ce fait que
R. Norman /li est une espèce entièrement fixée sur un support rigide et
dont la mobilité est limitée au calice qui sort ou rentre dans sou tube.
C. B., 1902, 2' Semestre (T. CXXXV, N' 18.) 99
•joo ACADEMIE DES SCIENCES.
Quanta la présence d'un tube sécrété par l'épistome, c'est là un caractère
acquis secondairement, comme cela se voit dans divers groupes : Annélides,
Rotifères, etc.
)) Dans les phénomènes de reproduction, l'existence d'une régénération
des individus rappelant la régénération périodique signalée chez Pedicelbna
est encore un caractère de rapprochement entre les deux groupes. »
ANATOMIE ANIMALE. — Sur la continuité ftbrUlaire des cellules èpithéliales
et des muscles chez les Nebalia. Note de M. Ai-phoxse Labbé, présentée
par M. Y. Delage.
« On connaît un certain nombre d'exemples de fusions de cellules èpi-
théliales et de fibres musculaires, mais diversement interprétées. Pour
certains histologistes (Rohde, Frenzel, Nicolas, Manille Ide, etc.), il n'y
a que des relations de contiguïté : les fdjrilles musculaires s'épanouissent
entre les cellules èpithéliales pour s'insérer sur la cuticule. Pour d'autres
auteurs (Leydig, Berlkau, Dubosq, etc.), il y a continuité de substance
entre la cellule épilhéliale et la fibre musculaire. Nils Holmgren a trouvé
récemment (1902) des exemples de continuité et de contiguïté chez le
même animal.
» J'ai trouvé chez Nebalia, où, du reste, Claus (') les avait déjà figu-
rées en les interprétant différemment, des cas de continuité directe entre
les fibrilles musculaires et les fibrilles èpithéliales, de sorte que les muscles
semblent s'insérer directement sur la cuticule chitineuse : le fait, qui est
surtout net pour le gros muscle adducteur de la carapace, serait banal en
lui-même si je n'avais pu pousser plus loin celte étude, dont voici les prin-
cipaux résultats :
» Indisculablemenl, chez Nebalia, la fibrille épilhéliale est la conlinualioii directe
de la myofibrille. Chaque fibrille épilhéliale se prolonge jusqu'à la culicule chitineuse
et se termine à la limitante par une partie un peu plus élargie. Dans les cellules èpi-
théliales qui sont en rapport avec de gros muscles, comme le muscle adducteur, les
(') Clacs, Veber dcn Orgaiiismus der Nebaliden luid die systemallsche Stellung
der Leptostraken {Aib. Iiist. Wien. t. VIII, PI. A'I,fig. 7). PourClaus, les fibrilles
musculaires passent entre les cellules èpithéliales, ce qui n'est pas exact.
SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1902. 75 I
fibrilles sont résistantes, presque parallèles et ont la valeur de lono fibrilles. Je ne
crois pas qu'elles soient chitinisées; en tous cas, dans la mue, elles persistent après le
détachement de la cliitine. Dans d'autres cas, les fibrilles sont plus minces, et peuvent
même se dicliotomiser. La cuUule épithéliale reste normale; les noyaux même per-
sistent, quoique souvent atrophiés; ils sont toujours interfilaires. La fibrillalion, ici,
n'est qu'une exagération de la dilTérenciation qu'on observe dans les autres parties de
l'épilhélinm non en rapport avec les muscles.
» L'épithélium cutané est liniité intérieurement par une basale mince, qui n'est
qu'une simple limitante, et n'est nullement chitinisée (comme Glaus l'a observé chez
Brancliipiis et Arternia). Au premier abord, la limitante basale semble se continuer
très nettement au niveau du muscle, et, cependant, on voit très nettement chaque rnyo-
fibrille se continuer directement par une tonofibrille.
i> En examinant celte région de plus près, on voit que c'est au niveau des disques
minces que se trouve la basale ; d'une façon constante, le dernier disque obscur est
à la même distance du dernier disque mince que de la basale ; il est difficile de ne
pas admettre que la basale n'est pas formée à ce niveau par les disques minces. Quel
que soit l'état de contraction du muscle, la relation est la même. La dilférenciation du
complexe histologique se fait donc au niveau du disque mince qui équivaut à la
basale ; c'est là que se fait la séparation entre la tonofibrille épithéliale, non contrac-
tile, et la myofibrille, contractile, et l'épithélium entier fonctionne comme un tendon
non contractile (').
» Nous retrouvons ici un cas de inétamérie protoplasinique, suivant l'expression
de M. Heidenhain (il serait mieux de dire inétamérie Jibfillaire), analogue à celui
que ce dernier auteur vient d'étudier dans les lignes cimentantes d'Eberth ou mem-
branes Z du muscle cardiaque (^). Là, comme chez Nebalia, ce sont les disques minces
qui établissent la inétamérie. Seulement, pour le muscle cardiaque, la séparation se
fait sur le trajet d'une myofibrille, tandis que, dans mon observation, le disque mince
sépare la myofibrille d'une tonofibrille. En tous cas, nous trouvons ici une parenté
nouvelle entre des formations qui semblent aussi différentes que les disques minces
des myofibrilles, c'est-à-dire des microsomes, et les limitantes cellulaires.
» Nous pouvons résumer ainsi les faits précédents :
» a. Chez Nebalia, il y a continuité de substance entre la tonofibrille
épithéliale et la myofibrille ;
(') Je n'ai pas la prétention de donner ces faits comme une règle générale: il y a
peut-être là un cas particulier, car d'autres auteurs, Dubosq par exemple, voient la
striation musculaire commencer à une certaine distance, très variable, de l'épithé-
lium ; mais, dans ce dernier cas, il serait intéressant de voir ce que sont devenus
les derniers disques minces.
(^) M. Heidenhain, Ueber die Slruktur des menschliclien Iferzniuskels (Anat.
An:., t. XX, igoi, p. SS-jS, i3 fig., 2 pi., et lir^ebn. Anat., l. X, igoi,p. ii.5-2i4)
7^'-2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
" /', J^a séparation se fait au niveau des derniers disques minces, ceux-ci
établissant nue vraie limitation fonctionnelle sur le trajet de la fibrille ;
» c. Les derniers disques minces forment une membrane en continuité
avec la hasale de l'épithéliiim qui n'est pas interrompue ;
)> (I. L'épithélium entier fonctionne comme tendon du muscle. »
PHYSIOLOGIE ANIMALE. — Le rythme vital. Note de MM. Vaschide
et Cl.. Vl'RPAS.
(i A la suite de recherches entreprises sur les modalités de l'automa-
tisme soit biologique, soit psychologique, il nous a paru que, lorsque la vie
semblait soustraite à l'action des centres supérieurs, elle se manifestait sui-
vant un rythme périodique de dynamogénie et de repos se succédant régu-
lièrement.
» Nos recherches ont porté d'abord sur le système vaso-moteur. De
courbes plétysniographiques obtenues lorsque l'action du cerveau sem-
blait inactive ou diminuée, il semble résulter que, successivement et ryth-
miquement, se font suite des périodes, caractérisées par des états de con-
striction et de dilatation vasculaires, accompagnées de modifications
concomitantes du pouls capillaire. Nos tracés ont été enregistrés dans
divers états. Les uns ont été recueillis pendant le sommeil physiologique,
d'autres ont été pris chez une hémiplégique du côté paralysé, le surlende-
main de l'ictus; les autres ont été obtenus chez une .alcoolique, quelques
jours après la cessation des accidents toxiques. Nos tracés facilitent l'intel-
ligence du problème, par ce fait de la présence de modifications typiques,
survenant d'une façon exacte et continue. Il s'agit d'une physionomie toute
particulière de l'état des vaso-moteurs qui, indépendamment des modifi-
cations physiologiques et psychologiques, paraissent évoluer selon leur
manière d'être biologique.
» Le type respiratoire de Cheyne-Stokes, lorsque l'action du cerveau est
suspendue, semble définitivement admis aujoin-d'hui. Nous l'avons d'ail-
leurs vérifié plusieurs fois, soit cliniquement à la suite de lésions trauma-
tiques de l'encéphale (écrasement d'un hémisphère par un traumatisme
crânien) et chez lui anencéphale, soit expérimentalement dans des cas de
compression cérébrale provoquée par l'injection de liquide dans la cavité
ventriculaire chez des chats.
SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1902. ^SS
» Dans un c,\s d'anencéphalie, qu'il nous a été donné d'observer chez
un enfant (') qui vécut 2 jours environ, le cœur battait par salves ryth-
miques périodiques.
» L'examen de l'élat moteur chez certains aliénés nous a révélé, dans
les divers groiqjes de la pathologie mentale (paralysie générale, démence,
manie, stupeur, etc.), certains mouvements, gestes ou attitudes, certaines
expressions mimiques, certains mots, certaines phrases, revenant pério-
diquement et rythmiquement, et trailuisant le déséquilibre psychique,
l'absence d'une coordination maîtresse de l'activité mentale. Voici, sous
forme de Tableau, la périodicité observée dans la réapparition rythmique
et successive des divers états psycho-musculaires enregistrés.
» Démente. — Attitude de défense, revenant toutes les 9 minutes.
» Démente. — Claquement des lèvres et de la bouche, revenant toutes
les 3o secondes.
» Paralytique générale. — Répétition d'une même série de chiffres,
revenant toutes les 2 minutes.
» Délirante systématique. — Geste de colère avec plainte, revenant
toutes les 4 minutes.
M Mélancolique anxieuse. — Masque du pleurer, revenant toutes les
2 minutes.
» Maniaque. — Renversement de la paupière en dehors, avec grimace
de la bouche, revenant toutes les 2 minutes.
» Le rythme et la périodicité semblent de la sorte traduire les manife^-
tations rudimentaires-de la vie biologique et mentale, lorsque les éléments
qui la composent évoluent pour leur propre compte et semblent soustraits
à l'action d'un centre coordinateur et régulateur. On peut rap|)r(icher nos
expériences des résultats si intéressants obtenus par MM. A. Broca et
Ch. Richet sur la période réfractaire des centres nerveux (-) et de leur
conception vraiment nouvelle de la vibration nerveuse. Nous avons
d'ailleurs pu confirmer expérimentalement leurs résultats.
(•) Vaschide et Vlhpas, Contribution à l'étude psycho-physiologique des actes
vitaux en l'absence totale du cerveau chez un enfant {Comptes rendus, séance du
lundi II mars 1901, p. 64i)- — ^"^ "'*^ biologique d'un anencéphale {Revue géné-
rale des Sciences, 1901, p. 378-381).
(^) Andkè BiiocA et Ch. Hicuet, Période réfractaire dans les centres nerveux
{Archives de Physiologie, 1897, p. 864-88o).
.^54 ACADEMIE DES SCIENCES.
» Le rythme et la périodicité seraient ainsi la caractéristique propre de
la vie, de cet équilibre toujours instable, et seraient la traduction exté-
rieure de ces deux qualités qui expriment l,i vie, à savoir la dynaiiX.sîénie
et !e repos, se succédant périodiquement et rylhmiquement. Los centres
supérieurs auraient un rôle de coordinateur psycho-dynamique, réglant la
machine vitale selon un équilibre ()ius stable, grâce à cette propriété supé-
rieure et véritablement spécifique, réelle force active, qui est Yinhibition. »
M. H.-L. Malkcot adresse une Note intitulée : « De l'équilibre du ballon
libre et indépendant, réalisé à toute altitude, sans communications avec la
surface terrestre ».
(Renvoi à la Commission de l'Aéronautique.)
M. CiPRiAxi adresse une nouvelle Note relative aux volcans.
A 3 heures trois quarts l'Académie se forme en Comité secret.
COMITÉ SECRET.
T/Aradémie décide d'adjoindre à la Commission de l'Aéronautique
MM. Jaxssex, Bouquet ue la Grye, Violle.
La séance est levée à 4 heures un quart.
M. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 27 octobre 1902.
Connaissance des Temps on des mouvements célestes pour le méridien de Paris,
à l'usage des astronomes et des navigateurs, pour l'an 1903, publiée par le Bureau
des Longitudes. Paris, Gautliier-Villars, 1902; i vol. in-8". (Présenté par M. le
Général Bassol. )
SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1902. ']^5
Annales de l'Observatoire astronomique, magnétique et météorologique de
Toulouse, t. V, publiées sous la direction de M. B. Baillaud, Directeur de l'Observa-
toire. Toulouse, E. Privai; Paris, Gauthier-Villars, 1902; i vol. in-4''. (Présenté par
M. B. Baillaud.)
Léonard de Vinci, peintre-ingénieur hydraulicien, par M. Â. Ronna. Paris, Ph.
Renouard, 1902; i fasc. in-4°. (Présenté par M. Haton de la Goupillière.)
La Géologie générale, par Stanislas iMeunier, avec ta gravures dans le texte. Pans,
Félix Alcan, 1908; i vol. in-8°. (Présenté par M. Mbert Gaudry.)
Recherches sur les aciers au nickel à haute teneur, par L. Dumas. (Présenté par
M. H. Moissan.)
Les archiatres normands, par Louis Duval. Caen, imp. E. Lanier, 1901 ; i fasc.
in-8°.
Annales de la Société d'émulation du département des Vosges, 78' année, 1902.
Épinal, Ch. Hugenin; Paris, Aug. Goin, 1902; i vol. in-8°.
L'œuvre mathématique d'Ernest de Jonquières, par GiNO Loria. (Extrait de
Bibliolheca matematica; Fo\ge 111, Heft 3.) Leipzig, B.-G. Teubner, 1902; i fasc.
in-S". (Hommage de l'auteur.)
Elenco délie pubhlicazioni matematiche di Ernesto de Jonquières. (Extrait du
Bollettino di bibliografia e sloria délie Scienze matematiche, juillet-sept. 1902).
Turin, G. Claussen; i fasc. in-8°.
Some investigations relating to the océan currents in the sea between Norway,
Scotland and Greenland, by G. Ryder. (Extrait de The nautical-meteorological
annual of the Danish meteorological Institute. 1901.) i fasc. in-/»". (Transmis à
l'Académie par M. le Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, au nom
de M. le Ministre des Affaires étrangères.)
Discurso leido en la Universidad central, en la solemne inauguracion del curso
academico de 1902 a igoS, por el Doctor D. Blas Lazaro e Ibiza. Madrid, 1902;
I fasc. in-S".
Yearbook of the United States department of Agriculture, 1901. Washington,
1902; I vol.in-S".
Alm.anaque nautico para el ano 1904, calculado de ordende laSuperioridad, en
el Inslituto y Observatorio de Marina de San Fernando. San Fernando, 1902;
I vol. in-4».
Anales de la Oficina meteorologica argentina, por su Director Gualterio G.
Davis; t. XIV. Buenos-Ayres, 1901 ; i vol. iii-4".
Report of the chief of the Weather Bureau . 1900-1901 (in two volumes), Vol. 1.
Washington, 1901 ; i vol. in-4°.
Annuario publicado pelo Observatorio de Rio de Janeiro, para o anuo de 1902;
anno XVIII. Rio Janeiro, 1902; i vol. in-12.
TvK'cnty-fifth anniver sa ry of the American chemical Society; New-Vork city,
april 1901. Easton, Pa., 1902; i vol. in-8°.
756 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ouvrages ufçus dans la séance bi: 3 novembre 1902.
La carrière d'un navigateur, par Albert I"""", Prince de Monaco. Paris, Plon-
Nourrit et C'", 1902; i vol. in-8". (Hommage de l'auleur.)
La fièvre (juarle; étiologie, (h-olulion, irailemenl. formes dissociées de l'accès
quarte, par le D' Emile Legrain. Paris, Maloine, 1902; 1 fasc. in-S".
Célébration du centenaire de Michel Basilevilch Ostrogradski. Poliava, 1902;
j fasc. in-S".
On some phenomena which suggert a short period of solar and meteorolngical
changes, by Sir Norman Lockyer and William J.-S. Lockyer. (Extr. des Proceedings
of the Royal Somety, Vol. 70.) i fasc. in-8".
Recherches géologiques et pétrographiques sur l'Oural du Nord, dans la
Rastesskaya et Kizelowskaya-Datcha (Gouvernemenl de Perni), par Louis Duparc et
Francis Pearce; I"' Partie, avec 3o figures, i carte, 3 planches et 16 clichés dans le
texte. Genève, W. Kundig et fils, 1902; i fasc. in-4°. (Hommage des auteurs.)
Catalogue of Canadian plants; part VII : Lichen.es and Hepaticœ, by Joun
Macoun. Ottawa, 1902; 1 vol. in-8°.
Die Patina, ihre naliirliche und kïtnstliche Bildung auf Kupfer und dessen
Legierungen, bearbeilet v. L. Danino u. E. Seitter. Vienne, A. llartieben, igoS;
I fasc. in-i2.
Chronographical table for tabacco, by D'' Prof. O. Comes. Naples, 1900; 5 feuilles
in-f°. (Hommage de l'auteur.)
Archives italiennes de Biologie, revues, résumés, reproductions des travaux italiens,
sous la direction de A. Mosso ; t. XXXVIII, fasc. 1. Turin, 1902; i fasc. in-8°.
Quensland geographical journal, 17''' session, 1901-1902; Vol. XVII. Brisbane,
1902 ; I vol. in-8".
Miltheilungen der naturhisv '-' 'len Gesellschaft in Colniar ; neue Folge, Bd. VI,
Jahre 1901 und 1902. Colmar, Decker, 1902; i vol. in-S".
Wiener Luftschiffer-Zeitung, herausgegeb. v. Victor Silberer ; Jahrgang I,
Num. '2, 3, '1, !). Vienne, 1902; 4 fasc. m-ti". {A suivre.)
GAUTHIER-VILLARS, Imprimeur-Éditeur,
QUAI ni;.s GnANns-.VLGusTixs, J">. V pvnis ( fi'').
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
PUBLIÉS PAR LES SliCR É ï AI H i: S PERPÉTUELS.
Par décision do l'Académie des Sciences, les prix iV- l'abonnement et des collections sont
désormais fixés ainsi qu'il suit :
PRIX DE L'ABONNEMENT :
Paris . 30 fr. | Départements 40 fr. | Étranger 44 fr.
Chaque année, sauf i845, 1878 à 189a, 1896 à 1898, se vend si parement 25 fr.
Chaque volume, sauf les Tomes 20, îl, 70 à 108, 110. 112, I 11, 11^, 122 i" S'^l.se vend sépfi-
remeiit , ^
TABLES GÉ
TABLE GÉNÉB\LE des Tomes 1 à :il (iS3J-i8r)
_ Tomes 3'2 à 61 (i85[-i86. -'•
— Tomes 62 à 91 (1 866-1 88^
— Tomes 92 à 121 (1881-189
Chaque Volume iks Tables générales compren
ot une Table par mat
W 18.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 5 novembre 1902.)
MEMOIRES ET COMMUIVIGATIOIVS
OKS MRMRliKS ET DES CORRESPONDANTS DB L'ACADÉMIE.
Pages.
M. A. L.WERAN. — Au sujet de deux Trypa-
nosomes des Bovidés du Transvaal 717
M. R. Bloxdlot. — Sur légalité de la vitesse
de propagation des rayons X et de la
vitesse de la hiniière dans l'air 721
M. Permtik. - Sur les lueurs crépuscu-
Pagcs
lalres récentes 7 '4
S. A. le Prince de Monaco fait hommage à
l'.\cadémie d'un Volume ayant pour titre :
« La carrière d'un navigateur, par Al-
bert /"■. Prince de Monaco >> 726
MÉMOIRES PRESENTES.
M. Nestor Gbéhant. — Analyse de neuf
échantillons d'air recueilli dans les gale-
ries d'une mine de houille 726
CORRESPONDANCE.
M. Maurice d'Ooacke. — Sur la résolution
nomographique du triangle de position
pour une latitude donnée
M. R. LiouviLLE. — Sur les transcendantes
uniformes définies par los équatrons aiffé-
rentiilles d" second ordre
M. ,\. Lciiuc et P. Sacerdote. — Sur la
formation des gouttes liquides et la loi de
Tatc
M. H. Pellat. — Remarque ai: sujet d'une
^'ote de M. Ponsot, sur la force électro-
motrice d'un élément de pile thermo-élec-
trique
M. Edmond van Aubel. — Sur la ré>istance
électrique du sulfure de plomb aux très
basses températures ■ . ■
M. \. RECotrRA. — Sur un chlorosulfate
. d'aluminium
M. GUNTZ. — Sur un procédé général de for-
mation des azolures métalliques
.M. Mentrel. — Sur le baryum-ammonium
et l'amidure de baryum
M. C.-L IsTliATi. — Sur quelques produits
781
732
733
736
73s
740
d'oxydation de l'aniline par l'oxygène de
l'air
MM. E. DoNARD et H. Labbi;. — Sur une ma-
tière albuminoïde extraite du grain de
mais
M. Ferdinand Jean. — Sur le dosage de
l'oxyde de carbone et de l'acide carbo-
nique dans les airs viciés
MM. C. Vaney et A. Conte. — Recherches
sur le bourgeonnement de Rhabdopleura
Nornianni Ail
M. Alphonse Labbé. — Sur la continuité
fibrillaire des cellules épithéliales et des
muscles chez les Nebalia
M.M. Vaschide et Cl. \uri'as. — Le rythme
vital
M. H.-L. Malécot adresse une Kote inti-
tulée : » De l'équilibre du ballon libre el "
indépendant, réalisé à toute altitude, sans
communications avec la surface terrestre.
.M. Cipriani adresse une nouvelle Note rela-
tive aux volcans
742
7^»
7J0
753
75-i
754
COMITE SECRET.
M'-mbrfS adj"ints à la Commission de l'Aéro-
- nautiqi"^ : M-^L Janssen, Bouquet de la
HullC''^' bihliouhapiiioi k
Orye. V'iolle 754
754
P VIUS.
- IMPRIMERIE GA.UrrIIER-VILLARS,
Quai des Grands-Augusiins, 55.
le Cérant: Gautuibr-Villars.
^02
1902
-^oU,^
SECOIVD SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES Séances"
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
TOME CXXXV.
ISM9 (10 Novembre 1902).
^^ PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Augustins, 55.
1902
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS
Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
r Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y à deux volumes par année.
Article ^•^ — Impression des travaux de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un associé étranger de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie
ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans
le Compte rendu àe la semaine que si elle a été remise
le jour même de la séance.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires ; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de Sa pages par année.
Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis-
cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca-
démie ; cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont
ils donnent lecture à l'Académie avant de les re-
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap-
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'au
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance
.blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savan
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des persoi
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de 1'
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires
tenus de les réduire au nombre de pages requis
Membre qui tait la présentation est toujours nom
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Ex
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le
pour les articles ordinaires de la correspondance
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être ren
l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tan
jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à ter
le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compte re
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu
vaut et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus ne contiennent ni planches
figures.
Dans le cas exceptionnel où des figures sera
autorisées, l'espace occupé par ces figures comp
pour l'étendue réglementaire.
Le tirage à part des articles est aux frais des
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapport
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative
un Rapport sur la situation des Comptes rendus aj
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du (
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés d
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5\ Autrement la présentation sera remise à la séance suivi
•02
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 10 NOVEMBRE 1902.
PRÉSIDÉE PAR M. ALBERT GAUDRY.
MÉMOIRES ET COMMUIVICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les transcendantes uniformes définies par
l'équation y" = 6 y- -h x. Note de M. Paul Pai\levé.
« 1. Avant de développer quelques conséquences de V irréductibdité
absolue de l'équation
d' y dz ,, ., (dy \
je voudrais répondre brièvement à la dernière Communication de M. R.
Liouville.
» M. Liouville pense que la question reste ouverte de savoir si l'équa-
tion (i) n'est pas réductible en un certain sens qu'il introduit, et il se pro-
pose de continuer ses recherches h. ce sujet. Mais il se trompe : cette
question, comme toutes les questions analogues, est tranchée définitivement par
ma Note du 27 octobre. M. Liouville peut poursuivre ses calculs dans la
voie qu'il tente ou dans toute autre voie : il ne saurait aboutir qu'à un
résultat négatif.
1) Mais il ne s'agit pas des recherches que M. Liouville compte faire. Il
s'agit de celles qu'il a faites.
» Dans sa Note du i^"" septembre 1902, M. Liouville a prétendu
démontrer que L'équation (1) est réductible à une équation linéaire du qua-
trième ordre, ainsi d'ailleurs que toutes les équations nouvelles, à intégrale
uniforme, que j'ai formées.
» Maintient-il cette affirmation?
» Si oui, qu'entend-il exactement par là?
G. R., 1902, 2- Semestre. (T. CXXXV, N« 19.) lOO
^58 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Quelque forme ([ii'il donae à sa proposition, M. Lioinitle n'a le choix
qu'entre un truisme (évident pour n'importe quelle équation différentielle) ou
une erreur.
» J'arrive maintenant à quelques propriétés de l'équalion (i) qui
découlent de son irréductibilité.
» 2. De l'intégrale de l'équation (i ) considérée comme fonction des con-
stantes. — Soient a^, v^,, ;,, les valeurs initiales qui définissent une solu-
tion y(jc) de ré(]nation (i). J'ai montré (') que j(a) est le quotient de
deux fontions e«^«'e>« H, R dea;, a-„, y,,, r„; ces fonctions sont représen-
tables par des séries de polynômes en a-, r,,, \\, :-^, séries qui convergent
pour toutes les valeurs des variables et dont les coefficients s'obtiennent
par des dérivations successives effectuées sur (i). Une conséquence immé-
diate de madernicre Communication, ceslqxnt la fonction y regardée comme
fonction de y„ seul (ou de :■„) ne vérifie aucune équation différentielle algé-
brique. La même proposition s'applique à :-, ainsi qu'aux fonctions en-
tières H, R. Voici donc, introduites par la théorie même des équations
différentielles, des fonctions méromorphes telles que y = o(j„), ou holo-
morphes, telles que H(j„), qui, de même que la fonction T, sont « trans-
» cendentallv transcendental », j'entends ne satisfont à aucune équation
différentielle algébrique (d'ordre si élevé qu'elle soit). D'une façon plus
précise encore, soit y = ç(a-,a-„, _}■„, ;„ ), z ^ij(x,x^^, y^,z^) l'intégrale
générale de (i), où nous donnerons à x„ une valeur numérique a : les
fonctions jy, z de a-, y„, :;„ vérifient le système
^ ^ dx "" dx -^ ' . dY„ dzt, d:„ djo
^ , , 1 ■ ■ à^' ày ày à: Oz dz à- y
» Toute équation al^ebnque en x, y,z, -t— » -f ' :5~ ' x~' tt' 'â~ ' T7^' ' ' ''
" o / '" Ox oj\ dz„ dx dvo oz„ OJ.-
analytique en y„ , s „ , que vérifient les fonctions
y= o{x,a, y„,z„), z = i(a, a, y^, ;•„),
est une conséquence des équations (2).
« Une conclusion analogue s'applique si l'on remplace y,,, ;„ P»'' ^les
constantes quelconques, liées analytiquemenl àj», =„.
)) 3. De la représentation de y(x) à l'aide de fonctions entières. — Une
intégrale quelconque j(a') de (i) s'exprime (loc. cil.) à l'aide d'une fonc-
(') liidlelia de la Société mathàinalique de France, l. XXVIII, 1900, \). 48.
SÉANCE DU lo XOVEMBRi; 1902. 759
tion entière /-(-î*) sous la forme :
(3) j(.r)A''^I^ = --V.
la fonction v.(.v) vérifiant l'équation du troisième ordre :
//'- — /|r," — ixr,' — 2r, = o, avec r, =
» Le genre, le mode de croissance pour a- = 20 de la fonction /. sont
aujourd'hui connus. Une solution y{x) étant définie par des conditions
initiales données a-,,, r,,, ?„, si l'on se propose de la calculer dans un cercle
donné avec une approximation donnée, on sait limiter le nombre de termes
qu'il faut prendre dans la série entière qui représente /. pour que la for-
mule (3) fasse connaître r{r) avec l'exactitude imposée. L'intégration
de l'équalion (i) est donc ainsi effectuée d'une façon parfaite à l'aide de la
fonction entière ■/,. Mais il est naturel de se demander s'il n'existe pas de
représentation analogue plus simple, j'entends une représentation à l'aide
d' une fonction entière que vérifie une équation différentielle d'ordre moindre
que 3. D'une façon précise, est-il possible d'exprimer 7(3;) algébrique-
ment à l'aide de X, Yi{x), W(x), oîi H(^) désigne une fonction entière
qui vérifie une équation difféicutielle (algébrique) du deuxième ordre
(au plus)? Je vais montrer que la chose est impossible.
» Tout d'abord on voit aisément que, si une telle représentation existe,
l'équation que vérifie H ne peut être d'ordre moindre que 2, et ensuite
qu'une certaine expression algébrique A(.r, j, z) devient une fonction en-
tière A, de X quand on y remplace y par une solution quelconque y{x) de (1)
et z par sa dérivée. Une telle expression A ne peut être d'ailleurs qu'un
polynôme en y, z ; autrement, la relation algébrique ?){x,y, z) = o, qui
définit les singularités (critiques ou polaires) de A, serait une intégrale
première particularisée de (i), ce qu'on sait impossible. Ceci posé, chan-
Y Z
eeons, dans A, v en - et = en -,-; A prend la forme
^[A„(a;, Y,Z) + aA„_.(.ï-. Y,Z)+...j,
A„ désignant un polynôme en Y, Z qui se reproduit multiplié par — quand
on V change Y en -, et Z en , • Je conviens d'appeler n l'ordre de A. Tous
les polynômes en v, z d'ordre « sont des combinaisons linéaires (à coelfi-
760 ACADÉMIE DES SCIENCES.
cients arbitraires en ce) d'un nombre fini q d'entre eux, soit B,, B,, ..., By.
» Si maintenant je tais le nouveau cliangement de variable x — xX-h^,
l'équation (i) devient
et l'expression A prend la forme
^^ I A„(^. Y. Z) + -/(-...)]. '
» Par hypothèse, A„(p, Y, Z) doit être une fonction entière de X quand
on y remplace Y et Z par p(X, o, //) et p'(X, o, h) et, par suite, doit se
réduire à une constante; autrement dit, A„(^, Y, Z) est une intégrale pre-
mière de l'équation (4) pour a = o, et (en vertu de son homogénéité spé-
ciale) coïncide avec une expression de la forme
a(P)(Z=-4Y^)"' {n^6m).
On voit ainsi que A(.r, j, z) peut s'écrire
A = a(a;)(..^ - 4j=r-f- B(.r, r, c),
B étant d'ordre (n — i) au |)lus. Si maintenant on calcule-^; on trouve
aussitôt
-^ = ■2mz.xa{x)(z'-- /iy')""< + a'(x)(z^- ^ liy^y
A' étant un polynôme en y, z d'ordre n au plus. Comme -— est holo-
morphe en même temps que A,, on peut raisonner sur A' comme sur A, et
ainsi de suite q fois. On forme ainsi (y + i) équations dont les premiers
membres sont A,, -j-^. •■■■> -~j—^> et dont les seconds membres sont de la
ciic dxi
forme : a,(,r)B, +. . .+ a^{x)^^+ rt^^,(a-). En éliminant lesB, on obtient
une équation différentielle linéaire que vérifie A, (a-), résultat absurde,
car il entraîne presque immédiatement cette conséquence quej'(a') ren-
fermerait algébriquement ses constantes. -5 C.Q.F.D.
» Le raisonnement, à peine modifié, conduit même à ce théorème plus
général : Il est impossible d' exprimer V intégrale générale y{x) de (i) sous la
x,}\, ~Y OÙ y désigne une fonction algébrique de H, ^i
SÉANCE DU lO NOVR^rBRH 1902. 761
analytique en X, el\{{x) r intégrale d'une équation du second ordre, algé-
brique firt H, H', H", analytique en x, el dont toutes 1rs singularités (polaires
ou autres) sont fixes.
» Parmi toutes les représentations possibles de yix) à l'aide de fonctions
entières, la représentation qu'effectue la formule (\) à Vaide de la fonction /.
est donc lu plus simple. »
MÉCANIQUE. — Sur tes quasi-ondes. Note de M. P. Diiiem.
« On traite ordinairement la propagation des ondes dans un fluide par-
fait en supposant ou bien que le fluide est parfaitement conducteur de la
chaleur, cas auquel le mouvement est isolhermique, ou bien que le fluide
est absolument dénué de conductibilité, cas auquel le mouvement est isen-
tropique. Dans le premier cas, la vitesse de propagation est la vitesse V^
donnée par la formule de Newton; dans le second cas, la vitesse de propa-
gation est la vitesse V,,-» donnée par la formule de Laplace. Dans l'air et
les autres gaz qui, sans être dénués de conductibilité, sont fort peu conduc-
teurs de la chaleur, l'expérience montre que la vitesse de propagation est
C
très voisine de Vp,-; cette conséquence de l'observation semble aisée à
accorder avec la théorie incomplète donnée jusqu'ici.
» Des difficultés se présentent, au contraire, pour accorder les résultats
de l'expérience avec ceux de la théorie complète de la propagation des
ondes dans les fluides parfaits. Cette théorie complète, que nous avons
donnée pour la première fois ('), conduit, en effet, aux propositions que
voici :
» Si le coefficient de conductibilité K est différent de o, quelque petite
QUE SOIT SA VALEUR, tcs ondes se propagent avec la vitesse donnée par la for-
mule de Newton; c'est seulement dans le cas où le coefficient de conductibilité K.
est RIGOUREUSEMENT NUL quc la vitcssc de propagation des ondes est donnée
par la .formule de Laplace.
» Le coefficient de conductibilité de Tair et des autres gaz est très petit,
mais il n'est |)as nul. Les ondes s'y propagent donc avec une vitesse donnée
(') Comptes rendus, t. GXXXII, 3 juin 1901, |>. i3o3. — Recherches sur V Hydro-
dynamique, 2« Partie, Chapitre IV {innalts de la Faculté des Sciences de Toulouse.
2" série, t. IV^; 1903).
762 ACADÉMIE DES SCIENCES.
par la formule (le Newton, tandis que l'expérience semble indiquer qu'elles
s'v propagent avec une vitesse donnée par la formule de Laplace. Il y a là
une apparente contradiction qui doit être levée.
» On peut parvenir à la lever en étudiant la propagation des quasi-
ondes.
» Considérons deux surfaces S,, S, dont la distance s est, partout, très
petite; par un point M, de la surface S, menons à cette surface une nor-
male qui rencontre en Ma la surface S,. Supposons que les valeurs f^, /,,
prises en M,, Mj, par une fonction f(^œ, y, :■) aient une différence de
l'ordre de s; mais qu'en passant du point M, au point M^. l'une au moins
des dérivées -y-> -t-> ^ subisse une variation finie, très grande par rapport
à e; l'ensemble des surfaces S,, So formera, pour la fonction /, vme quasi-
onde du premier ordre.
)) Une telle quasi-onde est soumise à deux lemmes analogues aux lemmes
d'Hugoniot.
» Pour l'expérimentateur, une quasi-onde ne saurait être distinguée
d'une onde. Il n'en est pas de même pour le théoricien.
» Une méthode analogue à celle que nous avons employée pour étudier
les ondes proprement dites conduit, en effet, aux propositions suivantes :
» Au sein d' un Jluide parfait très peu conducteur, on peut observer :
» 1" Des quasi-ondes sensiblement transversales. Elles ne se propagent pas.
» 2" Des quasi-ondes sensiblement longitudinales. Celles-ci sont de deux
sortes :
» A. Les unes ont une épaisseur i du même ordre de grandeur que le coef-
. C
fiaient de conductibilité K ; leur vitesse de propagation est la vitesse Y y — ,
donnée par la formule de Laplace;
» B. Les autres ont une épaisseur i très petite par rapport au coefficient de
conductibilité K ; leur vitesse de propagation est la vitesse Y^^, donnée par ta
formule de Newton. Ces dernières ont pour limites les ondes proprement dites.
» On voit que toute contradiction entre la théorie et l'expérience dis-
paraîtra si l'on admet que l'observateur n'a jamais affaire ni à des ondes
proprement dites, ni à des quasi-ondes d'épaisseur s très faible par rapport
an coefficient de conductibilité K. Mais il reste à expliquer pourquoi il en
est ainsi. On y parvient en tenant compte de la viscosité très faible, mais
non pas rigoureusement nulle, de l'air et des autres gaz.
» Tout d'abord la viscosité, si faible soit-elle, rend absolument impos-
sible la propagation d'ondes proprement dites ; mais en outre, dans un
SÉANCE DU lO NOVEMBRE 1902. 76.3
fluide dont les coefficients de viscosité \ et \j. sont très petits, une quasi-onde
dont l'épaisseur s est très petite par rapport à 1 et u. ne peut se propager; les
seules rjuasi-ondes qui puissent se propager sont celles dont l'épaisseur e est du
même ordre. que 1 et y..
» La considération des quasi-ondes résout donc complètement la con-
tradiction qui semblait exister entre rex|)crience et la théorie.
» Celte considération conduit à une dernière remarque :
» Beaucoup d'esprits sont enclins à croire que toute action physique
qui se propage, se propage nécessairement par ondes, avec une vitesse
déterminée; ils répugnent à admettre que la propagation puisse, dans cer-
tains cas, dépendre de fonctions entièfement analytiques de x, y, z, t,
sans ondes ni vitesse de propagation. Il est curieux de constater que la
propagation du son dans l'air, qui semble l'exemple le plus simple d'une
propagation par ondes, possédant une vitesse déterminée, n'est telle qu'eu
apparence et par approximation; qu'en réalité cette propagation se fait
par fonctions entièrement analytiques, sans ondes et sans vitesse de pro-
pagation. »
PHYSIQUE. — Observations et expériences complémentaires relatives à la
détermination de ta vitesse des rayons X. Sur la nature de ces rayons. Note
de M. U. Blondlot.
« I. Dans les expériences que j'ai décrites récemment ('), d faut, pour
que l'éclat de l'étincelle soit maximum, qu'il s'écoule entre le début de la
décharge de l'excitateur et l'extinction du tube focus un temps égal
,33
à -y- sec. Comme la longueur d'onde de l'excitateur est égale à 1 14"^^'". cet
intervalle de temps correspond à un peu plus de 3 élongations de l'excita-
teur. D'après la théorie que j'ai développée dans une Note antérieure,
cela conduit à admettre que les trois premières élongations ont seules une
amplitude notable. Il est intéressant de constater que cette conséquence
est bien d'accord avec ce que l'on sait de l'amortissement dans les excita-
teurs.
» II. Lorsque l'on rapproche progressivement le tube focus de la coupure,
à partir de la position qui donne le maximum d'étincelle jusqu'au tube lui-
(') H. Blo.nuloi-, Comptes rendus, l. GX.VW , 1902, p. 666 et p. 721.
764 ACADEMIE DES SCIENCES.
même, on voit l'éclat de l'étincelle diminuer, passer par un minimum, puis
augmenter. L'explication paraît être la suivante : quand le tube est très
voisin de la coupure, celle-ci reçoit des rayons X extrêmement intenses,
et alors la diminution de concordance dans le temps est compensée et au delà
par l'intensité des radiations; de là une recrudescence d'action quand le
tube est tout près et la production d'un minimum pour une distance un
peu plus grande. Je me suis assuré que cette explication est mathémati-
quement possible; cet examen se fait aisément en portant en ordonnées
les logarithmes des fonctions à étudier.
» III. Afin d'éviter les aigrettes, les fils de transmission étaient recou-
verts de gutta-percha et engainéi dans des tubes de caoutchouc. Pour
reconnaître si ce revêtement ne diminuait pas notablement la vitesse de
propagation des ondes le long des fils électriques, j'ai comparé par une
méthode d'interférences la vitesse de propagation de ces ondes le long de
fils ainsi revêtus et le long de fils nus. La différence de ces vitesses s'est
trouvée presque inappréciable, et, en tout cas, la perturbation qui en
I 5
résulte ne peut causer une erreur relative de -^ sur les résultats définitifs.
^ 100
» Je vais encore décrire quelques expériences qui, tout en étant seu-
lement qualitatives, ont cependant un certain intérêt comme variantes, et
dont les résultats, prévus grâce à la théorie que j'ai exposée précédem-
ment, en apportent une nouvelle confirmation.
» 1° Les fils de transmission étant engainés dans des tubes de caoutchouc
à vide, on les a rapprochés et liés ensemble sur une longueur de 40"™; la
vitesse de la propagation des ondes devait être diminuée, puisqu'elle avait
lieu principalement dans le caoutchouc : la position du tube donnant le
maximum s'est, en effet, rapprochée de 1 1''™ ou 12'".
» 2° Un condensateur formé de deux plaques de clinquant d'environ
100""' de surface, séparées par une lame d'éhonite de o'^^^jS d'épaisseur, fut
placé en dérivation sur la ligne de transmission; cette fois, le retard devait
être encore plus grand, et, en effet, on constata que le maximum avait
disparu et que l'étincelle diminuait constamment d'éclat à mesure que
l'on éloignait le tube.
» 3° Les fils de transmission, longs primitivement de So*^™, ayant été
allongés de 5-]"^, longueur supérieure de 4*^'" à la distance de la coupure
à la position du tube qui donne le maximum dans le cas de fils de So*^"",
on constata que l'étincelle dmiinuait constamment lorsqu'on éloignait le
tube.
SÉANCE DU lO NOVEMBRE 1902. 765
» 4° L«i longueur totale des fils étant réduite à 64™, l'étincelle augmen-
tait au contraire au fur et à mesure que l'on éloignait le tnbe, à partir de
la position donnant le minimum, jusqu'à ce que les fils fussent tendus.
Même résultat avec des fds plus courts.
)) Toutes ces observations sont bien conformes aux prévisions.
» En terminant l'exposé de ces recherches sur la vitesse de propagation
des rayons X, j'adresse mes remercîments à M. Virtz, mécanicien à la
Faculté des Sciences de Nancy, qui a répété avec le plus grand soin toutes
les expériences, et, en particulier, les déterminations si délicates des dis-
lances du tube qui donnent à l'étincelle le maximum d'éclat (').
» Il résulte immédiatement de l'égalité des vitesses de propagation des
rayons X et de la lumière dans l'air que les rayons X doivent être ra|>pro-
chés des radiations spectrales. Des hypothèses qui ont été émises relati-
vement à leur nature, deux seulement peuvent subsister : 1° celle qui les
considère comme des radiations de très petites longueurs d'onde; 2° la
théorie proposée par E. Wiechert (^) et par Sir George Stokes (') et dont
voici le principe : les rayons Rontgen consistent en une succession de
pulsations indépendantes partant des points où les molécules projetées de
la cathode rencontrent l'anticathode, et commencent à l'instant même de
celle rencontre; ces pulsations sont transversales et se propagent dans
l'éther comme les vibrations de la lumière et avec la même vitesse. Ce qui
distingue les rayons Rontgen des radiations spectrales, c'est qu'ils con-
sistent, non en vibrations continues de l'éther, mais en pulsations isolées
extrêmement brèves. Sir George Stokes a développé cette théorie dans
une Conférence à la «Manchester lilterary and phiiosophical Society (^) ».
De cette Conférence j'extrais le passage suivant : « Supposons qu'une pluie
» de molécules tombe sur l'anticathode et que, après avoir duré quelque
H temps, elle cesse brusquement. Suivant les vues que je viens d'exposer
» sur la nature des rayons Rontgen, ces rayons commencent à prendre
» naissance en même temps que la pluie de molécules, continuent à se
(') Je publierai ailleurs une série d'indications relatives à l'exécution de ces expé-
riences, afin d'épargner aux personnes désireuses de les répéter les longs tâtonne-
ments après lesquels seulement j'ai pu obtenir des résultats bien visibles et certains.
(-) Abk. der phys.-œkon. Geseilschaft zu Konigsberg et Wied. Anii., Bd. 59,
1896.
(') Procecdings of the Cambridge phil. Soc, t. IX, 1896, p. 2i5.
(') Meinoirs and Proceedings of the Manchester Ut. and phiiosophical Society,
t. XLI, 1897.
G. R., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N» 19.) lOI
■^66 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» produire tant que celle-ci dure et cessent en même temps qu'elle ».
Comme, d'autre part, les rayons cathodiques ont la même durée que le
courant qui traverse le tube de Crookes, puisqu'ils forment eux-mêmes un
segment de ce courant, il s'ensuit que les rayons X doivent s'éteindre dès
que la décharge a cessé dans le tube. Or. c'est précisément ce que j'ai
constaté (').
» Dans la même Conférence, Sir George Stokes montre que son hypo-
thèse fournit l'explication des propriétés caractéristiques des rayons X :
absence de réflexion et de réfraction, etc.
» M. A. Sommerfeld a fondé sur cette hypothèse une théorie de la
diffraction des rayons X qui rend compte des curieuses expériences de
MM. Haga etWind relatives à cette diffraction (-).
» Enfin, en partantdes mêmes idées, le professeur J.-J. Thomson a relié
théoriquement les rayons cathodiques et les rayons Rontgen ( ^).
» En résumé, l'hypothèse de E. Wiechert et Sir George Stokes rend
compte de tous les faits connus jusqu'à présent. »
MÉTÉOROLOGIE. — Étude sur le climat de Toulouse de i863 à 1900.
Note de M. B. Baillaud.
« J'ai l'honneur de faire hommage à l'Académie du Tome V des Annales
de l'Observatoire de Toulouse, consacré à une Étude du climat de Toulouse,
que j'ai récemment terminée avec le concours de calculateurs auxihaires, et
qui résume les observations météorologiques faites à l'Observatoire de
Toulouse de i863 à 1900. Je demande la permission de commmuniquer
ici les résultats principaux.
» Je me bornerai aux moyennes générales relatives aux divers mois de
l'année.
Janv. Fév. Mars. Avril. Mai.
747,6 47,0 44>o 43,7 44,4
40,9 6,6 8,5 11,9 i5,5
(') Voir Comptes rendus, t. CXXXV, 1902, p. 669.
(2) Zeitsduift fur Math. u. Physik, Bd. 46, 1901, |i.
{■') Pldl. Mag.. b' série, l. XLV, 1898, p. 172.
Baromètre.
Juin. Juin. Août.
Sept.
Cet.
Nov.
Dec.
Année.
46,1 46,4 46,1
46,4
45,1
45,9
47,0
45,81
Thermomètre.
19,1 21,7 21,5
■8,7
• 3,4
8,7
5,2
12,96
SÉANCE DU lO NOVEMBRli 1902. 767
Hygromètre.
88 82 74 71 69 67 63 63 69 77 85 89 74,6
Hauteur de pluie {en millimètres).
45 4t> 48 72 70 80 4i 46 47 56 5o 45 623
Nombre de jours pluvieux.
10 9 12 i3 12 II 8 8 9 12 II II 120
» Les vents dominants sont : Sud-Esl( vent d'autan), Ouest, Nord-Ouest.
Ces trois directions moyennes sont à peu près d'égale fréquence et chacune
d'elles se présente aussi souvent que l'ensemble des cinq autres directions
de la rose des vents.
)) Il y a, sans doute, intérêt à donner ici quelques renseignements sur
la suite des observations météorologiques faites à l'Observatoire de Tou-
louse.
» Ces observations, commencées en iSSg par Frédéric Petit, correspon-
dant de l'Aciidémie, fondateur et premier directeur de l'Observatoire, ont
été poursuivies par lui jusqu'à sa mort, en 1866. La hauteur de la cuvette
du baromètre au-dessus du niveau de la mer a été, depuis cette époque,
194™. Jusqu'en 1880, l'abri météorologique fut établi à 6™ au nord
du bâtiment principal de l'Observatoire.
» Après i866, les observations furent continuées pendant quelques mois
par Despeyrous, puis jusqu'au 3o novembre 1870 par Daguin. Les obser-
vations faites de i863 à 1870 n'avaient pas jusqu'ici été publiées régu-
lièrement.
» A la suite de la démission de Daguin , l'Observatoire de Toulouse fut sans
directeur du i*' décembre 1870 au l'^juin 1873. L'Académie sait comment,
grâce aux efforts de plusieurs de ses membres les plus illustres et de la
municipalité de Toulouse, cet Observatoire fut reconstitué sous la direction
de Félix Tisserand, auquel j'ai eu l'honneur de succéder le i"octobre 1878.
» Les observations météorologiques réorganisées par Tisserand et
reprises le i*"" juin 1873 ont été, depuis, continuées sans interruption.
Le développement progressif de l'Observatoire a cependant rendu néces-
saires, à diverses dates, des changements dans les heures des observations
et des déplacements de l'abri météorologique. Les études minutieuses aux-
quelles je me suis livré m'ont montré que ces changements ont été sans
768 ACADÉMIE DES SCIENCES.
iiiconvénienls sérieux. Ilsontélé, au reste, inévitables. Notamment l'abri
météorologique a été transporté en 1880 clans la partie nord du jardin,
à 25"" du bâtiment principal, et, en iSgS, à la suite d'un agrandissement
considérable du terrain de l'Observatoire, vers l'est, au milieu d'une pelouse
de 4o°' de côté.
« Depuis 1880, la station météorologique a été pourvue d'instruments
enregistreurs qui ont fonctionné d'une manière à peu près satisfaisante
pendant les dix premières années et de la façon la plus régulière, depuis.
Les graphiques fournis par ces instruments, ont permis de compléter, à
l'occasion, les lacunes qu'ont pu, accidentellement, offrir les observations
trihoraires. Il m'a été impossible, en l'état du personnel et du budget de
l'Observatoire, de les utiliser plus complètement dans mon étude du climat.
» I^es observations, depuis iSyS, ont été faites par les astronomes de
l'Observatoire : MM. Perrotin, Jean, Bigourdan, Saint-Blancat, Fabre, Rey,
Andoyer, Cosserat, Bourget, Montangerand, Rossard, Besson et par divers
auxiliaires. Les astronomes dont je viens de citer les noms ont été trop
absorbés par leurs travaux astronomiques pour qu'il fût possible de leur
demander le relevé des graphiques des instruments enregistreurs. Ce tra-
vail sera fait dès que les ressources de l'Observatoire le permettront.
» Petit a publié, en 1866, un volume d'Annales renfermant, avec divers
travaux astronomiques, une élude du climat, résumant les observations
faites par lui de 1889 à 1862. Cette étude et le travail dont j'ai l'honneur
d'entretenir aujourd'hui l'Académie, conduit d'après le même plan,
forment un ensemble à peu près homogène comprenant une période de
soixante années. Le même travail sera désormais continué d'année en
année, en la même forme, et publié chaque année dans le Bulletin de la
Commission météorologique de la Haute-Garonne, dont M. Mascart m'a fait
1 honneur de présenter, au mois de juin dernier, le premier fascicule à
l'Académie. »
M. Hato\ de la Goupillière, à propos de la Communication faite
par M. Giéhant dans la dernière séance, présente les observations sui-
vantes :
« L'Académie a entendu, dans la séance du 3 novembre dernier, une
lecture de l'un des savants professeurs dont elle apprécie le talent,
M. Gréhant, sur des analyses d'échantillons d'air grisouteux recueillis dans
une mine de houille. Ce travail doit conserver aux yeux de l'Académie
SÉANCE DU lO NOVEMBRE 1902. 769
tout son mérite scientifique; mais nous croyons devoir rassurer l'auteur, en
même temps que nos Confrères, sur la portée administrative qu'il enlre-
voit à roccasion des résultats révélés par ses essais.
» Nous nous garderons bien de lui demander le nom d'une exploitation
qui semble aussi gravement en opposition avec les dispositions réglemen-
taires; carie Règlement type préparé, dès 1895, par une Commission spé-
ciale, adopté après délibération par le Conseil général des Mines, et suc-
cessivement mis en application par des arrêtés préfectoraux dans toutes
les houillères qui paraissent le réclamer, ne tolère au maximum, par son
article gG, que i à i4 pour 100 de grisou dans les traçages, et ^ à i pour
100 dans tous les autres courants d'air.
» En outre son article 98 va au-devant du désir exprimé in fine par l'auteur
de la Communication, car il prescrit des analyses quotidiennes dans les
mines franchement grisouteuses, et hebdomadaires dans les houillères
faiblement contaminées. Il ajoute, pour arriver à ce résultat, que toute
mine à grisou doit avoir au moins deux indicateurs grisoumétriques et un
appareil de dosage.
» Les résultats tout à fait excessifs qui se trouvent cités dans la Note en
question n'incriminent pas du reste d'une manière absolument nécessaire
la houillère qui a été le théâtre des prises d'essai, si celles-ci n'ont pas été
faites avec tous les soins indispensables: car dans une cloche, dans le
remous du chapeau d'un boisage, il peut se trouver accidentellement de
petites poches abusivement contaminées. Mais le devoir étroit de l'exploi-
tant est de s'attacher scrupuleusement à les faire immédiatement dispa-
raître avec les précautions voulues (articles 102 et io5) dès que l'atten-
tion s'y trouve portée. »
M. Zeiller fait hommage à l'Académie, en son nom personnel et au
nom de M. Michel Lévy, directeur du Service des topographies souterraines,
de l'Atlas de la Flore fossile des gîtes de charbon du Tonkin, qu'il vient de
publier dans la série des Études préparées parce Service, et à l'exécution
duquel le Gouvernement de l'Indo-Chine a bien voulu contribuer. 11
espère pouvoir d'ici peu de mois présenter à l'Académie le texte du même
ouvrage, actuellement à l'impression.
Il ajoute qu'il a réuni dans cet Atlas, composé de 5G planches photo-
typiques in-4'', les figures de toutes les espèces recueillies jusqu'ici dans
les gîtes charbonneux du Tonkin, ainsi que dans les gîtes similaires du sud
770 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de la Chine explorés par M. l'Ingénieur en chef des Mines Leclère.
L'étude (le ces espèces lui a permis de classer définitivement dans l'étage
rhétien la formation des dépôts de charbon du bas Tonkin ainsi de la
plupart de ceux du sud de la Chine, notamment du gisement de Taï-Fin-
Tchang, au nord du Yun-Nan, tandis que les charbons de Yen-Baï, sur le
haut fleuve Rouge, doivent être rapportés à la période tertiaire.
M. Zeili.er fait également hommage à l'Académie d'une Note qu'il
vient, sur la demande de M. Vidal, l'éminent géologue de Barcelone,
de faire paraître, en espagnol et en français, dans les Mémoires de l'Aca-
dérnie des Sciences de Barcelone sous le titre : « Sobre algunas impresio-
nes végétales del Kimeridgense de Santa Maria de Meya. — Sur quelques
empreintes végétales du Kimméridien de Santa Maria de Meya, province
de Lérida ».
M. H. PoixcARÉ fait hommage à l'Académie de son Ouvrage intitulé : La
Science et l'Hypothèse, où il a exposé ses idées sur la méthode des Sciences
mathématiques et celle des Sciences physiques.
M. le D"" Zambaco-Pacha, Correspondant, fait hommage à l'Académie,
par l'entremise de M. Lannc longue, d'une brochure intitulée : « Les monu-
ments mégalithiques de l'Armorique et leurs sculptures lapidaires ».
(Extrait de la Revue d' Europe.)
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l'Instruction publique ei' des Beaux- Arts transmet
à l'Académie une Lettre adressée, de Sydney, à M. le Ministre des Affaires
étrangères, et contenant des documents relatifs à un tremblement de terre
d'une certaine violence, qui s'est produit dans l'État de South Australia le
19 septembre dernier.
D'après la presse locale, les oscillations se seraient propagées sur une
étendue considérable; le choc aurait été ressenti dans 24 villes de cet
État. C'est dans la capitale, Adélaïde, et aux environs, que le phénomène
aurait atteint son maximum d'intensité; le phare de la pointe de Trou-
SÉANCE DU lO NOVEMBRE 1902, 77 1
bridge, en face de la ville, s'est écroulé et a dû être remplacé par un
feu provisoire.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur i état actuel du volcan ae la Montagne Pelée,
à la Martinique . Extrait d'une Lettre de M. A. Lacroix à M. Michel
Lévy.
«... Nous avons délimité la zone de dévastation du cc)té du sud-est, de
l'est et du nord. En partant du Morne Rouge, elle va rejoindre la rivière
Capot, ne dépasse que fort peu sa rive droite, avec, cependant, une petite
avancée au Fond-Capot, puis s'incline vers le nord-ouest, passe à environ
200" au sud de l'Ajoupa-BouilIon, en laissant intacte la partie principale
de ce bourg, puis enfin suit de loin la côte, en laissant sur le bord de
celle-ci une zone intacte de 2""" à 3''™. Dans cette zone, la végétation est
restée extrcmemént verte, et seules les habitations situées à l'embouchure
des rivières ont eu à souffrir des débordements. Les atterrissements ont
été assez considérables pour remblayer le long de la Basse-Pointe (bords
de la rivière) jusqu'au toit des maisons, et pour nous permettre de suivre
à cheval sur le bord de la mer, le long des falaises abruptes, la côte entre
Macouba et Grande-Rivière, où l'on ne passait pas jadis, au moins faci-
lement. Quant aux effondrements de la côte près de Basse-Pointe, quant à
la soi-disant crevasse qui se serait ouverte près de ce village et aurait tout
brûlé, quant au cratère de l'Ajoupa-Bouillon dont on a parlé au lendemain
du 3o août, rien de tout cela n'existe. Il y a en haut de la rivière Falaise
de petites fumerolles faiblement actives, et peut-être y en a-t-il eu sur la
montagne à la source de la rivière de la Basse-Pointe ; je vous parlerai de
cela dans une prochaine lettre.
» Nous avons fait l'ascension du sommet du cratère, en partant de
l'habitation Assier (côté nord-est). Pris, comme toujours, par le brouillard
à 100™ du sommet, nous avons trouvé le lac des Palmistes dans le même
état qu'au mois de juin : il est rempli de cendres avec quelques grosses
bombes. De nombreuses rigoles le sillonnent, se déversant vers toutes
les rivières de la côte est; leur coupe montre des lapillis de toute
dimension avec des enduits de soufre et des croûtes d'alunogène. La tem-
pérature n'y dépasse pas 70°C., par places, et ce n'est qu'au moment de la
pluie que l'.on voit s'en échapper un peu de vapeur d'eau.
» Nous sommes arrivés facilement jusqu'au bord du cratère; nous étions
dans un épais brouillard, nous empêchant de rien voir, mais des vapeurs
772 ACADÉMIE DES SCIENCES.
suffocantes d'acide sulfureux parvenaient, par moments, jusqu'à nous, nous
forçant à reculer, et un bruit vraiment infernal se produisait de tous côtés
devant nous; nous distinguions, sans pouvoir préciser, des détonations
accompagnées d'éboulements de pierres, rendant un son comparable à
celui de bris de verre. Nous commencions à nous désespérer, lorsqu'une
pluie torrentielle s'est produite; un éclair éblouissant descendant verti-
calement sur le bord du cratère, accompagné par un coup de tonnerre,
nous a pendant quelques secondes arrêtés ; nous nous demandions si ce
n'était pas une explosion du volcan ; ce n'était heureusement que de l'orage.
Le ciel s'est alors découvert et nous avons eu le spectacle le plus impres-
sionnant que l'on puisse imaginer. Le cratère était entièrement découvert
et devant nous, à loo" à peine et nous dominant de plus de So™, se dressait
un cône, entièrement constitué par des rocJtes solides. Celles-ci sont extra-
ordinairement fendillées, toutes les fissures laissent échapper soit tran-
quillement, soit par explosion, des bouffées de vapeurs blanches ou des
fumées bleuâtres d'acide sulfureux; ce sont ces explosions qui déter-
minent les éboulements dont le bruit nous assourdissait. Les quartiers de
rochers qui dégringolent ainsi vont peu à peu obstruer la rainure que Ton
observe entre ce cône et les parois verticales du cratère. J'estime qu'actuel-
lement cette rainure n'est pas à plus de i5o™du sommet du cratère. Celui-ci
a probablement 600™ à 800™ de grand diamètre.
» Ce cône n'a certainement pas de cheminée centrale; quand il y a peu
de vent, toutes les fumerolles qui sortent de ses flancs s'élèvent verticalement
et donnent l'illusion d'un panache terminal. Quant aux grosses colonnes
de vapeur qui montent parfois à plusieurs kilomètres de hauteur, celles que
nous avons vues partaient surtout de la rainure du cratère; par moments,
elles nous cachaient entièrement cône et cratère qui, de temps en temps,
apparaissaient en tout ou partie donnant à ce paysage un aspect vraiment
fantastique.
» Après 3 heures d'observation, le brouillard est devenu permanent et
nous avons eu quelque peine à retrouver notre route pour descendre;
inutile de vous dire que le nègre que nous avions amené comme porteur
avait énergiquement refusé d'avancer sur le sommet et décampé dès que
nous avons eu le dos tourné. Nous avons pu reconnaître les points où nous
étions arrivés lors des quatre ascensions de notre dernier voyage; nous
étions arrivés au but sans en être sûrs et sans voir grand'chose. Je ne puis
donc savoir quel a été l'accroissement du cône central qui, pendant toute
notre précédente mission, ne s'est jamais montré à nous que couvert au
SÉANCE DU lO NOVEMBRE 1902. 778
sommet; les habitants des revers sud et est de la montagne, que nous
avons interrogés, sont très affirmatifs pour assurer que ce cône n'était pas
visible, au commencement d'août, de la réi,'ion fjii'ds habitaient, alors que
maintenant, comme nous l'avons constaté nous-mêmes, il se distingue net-
tement. Ils assurent qu'ils l'ont vu changer de forme depuis cette époque.
J'ai pris mes dispositions pour entreprendre dès à présent des mesures qui
permettront de suivre toutes les variations de ce cône. Il se présente
actuellement très irrégulier, allongé dans la direction du NNO, terminé
par des aiguilles extrêmement aiguës; et à ce propos je dois faire une recti-
fication à notre premier Rapport. Nous avons dit que nous avions vu un
jour à travers les nuages apparaître un sommet déchiqueté d'une altitude
de iSSS"* que nous avons pris pour un reste du Morne La Croix; cela était
inexact, et ce sommet appartenait certainement au cône en question. En
faisant le tour du cratère, nous avons constaté que, du côté nord-est, le
point le plus élevé est actuellement le petit rocher d'andésite, de 1270"^
d'altitude, dont nous avons parlé dans le même rapport; si donc l'indica-
tion i35o"' portée sur la Carte pour le Morne La Croix était exacte, il s'est
écroulé en partie et n'est plus le point culminant de la montagne; celui-ci
(cône à part) serait formé par une arête dominant Macouba et dont je
déterminerai l'altitude précise à ma prochaine ascension.
» Nous avons fait ensuite une ascension de la montagne par la rivière
Blanche; l'heure du courrier me presse, je vous écrirai à ce sujet par le
courrier français qui part dans quelques jours; je me contente de vous
signaler que l'échancrure qui s'ouvrait au devant du cratère, du côté du
sud-ouest, au-dessus de la rivière Blanche, s'est agrandie d'une façon
extraordinaire le 3o août : elle permet maintenant, au talus d'éboulis qui
se trouve à la base du cône, de descendre librement dans la vallée de la
rivière Blanche. I/énorme quantité de matériaux anciens qui a ainsi sauté,
jointe aux cendres de l'éruption du 3o août et aux débris du cône, a consi-
dérablement modifié la topographie de la vallée de la rivière Blanche, dont
toute la partie inférieure a été remblayée. Presque toutes les traces des
éruptions antérieures y ont maintenant disparu jusqu'à 2""" de la côte; la
petite plage sur laquelle nous débarquions en fin de juillet est aujourd'hui
remplacée par une falaise d'une quinzaine de mètres de hauteur, minée
d'ailleurs par l'action de la mer. Aucune fumerolle ne fonctionnait active-
ment ces jours-ci dans la vallée de la rivière Blanche. »
C. R., 1902, 2» Semestre. (T. CXXXV, N° 19.) 102
774 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIQUE DU GLOBE. — La pesanteur le long du parallèle moyen.
Note de M. J. Collet, présentée par M. Lœwy.
« Depuis près de dix années j'ai entrepris, avec le concours de M™" Collet,
une étude méthodique de la pesanteur le long du parallèle moyen. J'ai
déjà adressé à l'Académie plusieurs Notes sur ce sujet (' ). Je me propose
actuellement de résumer, dans leur ensemble, les résultats obtenus. Cette
publication, qui aurait pu être faite plus tôt, a été retardée, d'abord par
des recherches que j'ai dû faire sur l'évaluation de Vattraction lopogra-
phique, sensible en plusieurs stations; puis par des expériences de contrôle
sur l'invariabilité du pendule; enfin par une revision générale de toutes
les expériences et de tous les calculs. Comme conséquence de ces opéra-
tions multiples, j'ai dû apporter quelques très légères modifications aux
résultats antérieurement publiés.
» Je rappelle que j'ai procédé par déterminations relatives de la pesanteur,
suivant la méthode Defforges, en prenant Paris (Observatoire) comme
station de départ. J'ai ainsi relié mes opérations à celles du Service géo-
graphique de l'Armée. Marseille m'a fourni, d'autre part, une vérification
précieuse, en me permettant de retrouver une valeur de g concordante
avec celle que le commandant Defforges y avait obtenue.
» Le long du parallèle moyen qui, de l'Océan à Turin, traverse les
régions les plus diverses, avec de très grandes altitudes, j'ai choisi dix sta-
tions caractéristiques. On a donc opéré, en somme, en douze stations, et
plusieurs fois dans certaines d'entre elles.
» Je ne m'occuperai aujourd'hui que de la partie des observations qui
concerne la durée des oscillations pendulaires, et de la recherche de leur
degré de précision.
Tableau des observations de la durée d'une oscillation pendulaire (-).
T. T — T'. T,. 6. T...
Paris
1893
0,71
121 12
1688
io4i
1082
0,7113659
3294
17,28
II ,29
0,71 i35i I
3535
Paris
1901
(') Comptes rendus, l. CXIX, p. 634; t. CXXII, p. i265; t. CXXIV, p. 1088;
t. CXXX, p. 642; l. CXXXl, p. 654 et p. 742.
(^) Dans ce Tableau : T désigne la durée moyenne, en secondes sidérales, déduite
des quatre séries d'observations faites, le poids lourd en bas, PLB ; T' la durée ana-
T.
T-T'.
t9-
6.
Tis-
0,7113482
io32
o,7ii5oi7
12,62
0,71 16172
3858
96.5
5290
25,17.5
4629
3374
io54
494'
i5,28
4923
4026
985
5491
19,62
5I9I
365o
1062
5229
i6,8o
5i 12
4172
1067
5759
18, o5
556 1
4'49
1066
5734
17,62
5564
3762
1018
5267
5o,59
4903
3474
1024
4997
14,69
5017
3972
994
5450
22,26
4978
5o64
I032
6599
i7'59
643 1
4718
1097
6349
9.59
6701
3o46
1075
4645
9,3o
5oi55
SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1902. 775
Marseille 1894-
CapFerret 1895
Bordeaux 1894
Aurillac 1895
S'-Pierre-le-Chastel. 1895
Saint-Agrève 1898
Saint-Agrève 1899
Valence 1893
Grenoble 189i
Grenoble 1897
LaBérarde 1893
Le Lautaret 1899
Turin 1896
» En partant de la formule Defforges ï — T'= A — p6, on peut déter-
miner le degré de précision des résultats obtenus. En posant a = 6, 6 =1,
c =: T — ï', x ■= — ■ ^, y = A, on aura i4 équations
(i) ax ■+- by — c — o,
qui, résolues par la méthode des moindres carrés, donneront
^. ^ ^=-^ = -6,70;
(2)
^ ^ ( j = A = ii5o;
et
(3) T-T' = ii5o -6.70e..
\J erreur moyenne des déterminations de T — T' sera e = 24; et, pour les
erreurs moyennes de x et de y, on aura, suivant des notations usuelles,
e^=ey/Q, e^ = fi\/Q'j, où Q = o,oo3497 et Q, =r,oo8; d'où e^ = i,4i6,
fi^= 24,19.
» Enfin l'erreur moyenne e, de T — T' sera
e, = v/«' -^x -+- <• = V^' Q + Q'. > ^•
Pour 6 = 20°, on a e, = e X 1 ,55.
» On voit par là que l'ensemble des valeurs observées pour T — T' est
logue PLH; tq la durée d'oscillation, à 6°, du pendule simple d'une longueur égale à
la distance des couteaux; et 1,5 celle durée réduite à i5°.
■776 ACADÉMIE DES SCIENCES.
neltement préférable à l'ensemble des valeurs calculées. C'est pourquoi,
dans le calcul des valeurs de T9 par la formule
(4) - = T + ^(T-T'),
dans laquelle h et h' sont les distances du centre de gravité du pendule aux
arêtes des couteaux, on a conservé les valeurs de T — T' fournies par
l'observation, au lieu de faire leur nivellement à l'aide de la formule (3).
» Celte formule peut être cependant 1res utile dans certains cas, et nous
l'avons employée, en particulier, pour le calcul de t à f^a Bérarde. Ayant
constaté une anomalie manifeste dans une série PLH, nous n'avons retenu
de l'expérience que la valeur de T, et c'est la valeur de T — T', calculée à
l'aide de la formule (3), qui figure dans notre Tableau.
» Pour T et T', en remarquant que les poids de ces déterminations sont
5
à peu près dans le rapport de 6 à 5, on aura les valeurs probables T H e
et T' e; d'où, pour l'erreur de t,
At = (A + ^^^^)e = 1,94^ = 46,56 (^ = ,,487).
L'erreur correspondante, pour la valeur de g, sera A^ = o,oooi3. »
GÉOMÉTRIE. — Sur les substitutions crémoniennes dans l'espace.
Note de M. Léon Autoxne, présentée par M. Jordan.
« Dans la présente Communication, je me propose de continuer les
rechercbes commencées dans la troisième Partie (Substitutions crémo-
niennes) tie mon travail Sur les formes quaternaires à deux séries de variables.
— Applications à la Géométrie et au Calcul intégral, inséré dans le Recueil
des Mémoires couronnés et Mémoires des savants étrangers publiés (T. LIX,
1901) par l'Académie royale des Sciences de Belgique.
» Ce n'est du leste que l'extension à l'espace des théories données, pour
la Géométrie plane, dans des Mémoires déjà anciens, publiés au Journal de
Mathématiques, savoir :
» 1887. Recherches sur les groupes d'ordre fini contenus dans le groupe
des substitutions linéaires de\contact.
SÉANCE DU lo NOVEMBRE 1902. 777
» 1888. Recherches sur les groupes d'ordre fini contenus dans le groupe
quadratique crémonien :
» Premier Mémoire : Étude d'une substitution crèmonienne isolée.
» Deuxième Mémoire : Multiplication des crémoniennes ; groupes quadra-
tiques; groupe directeur.
» Conservons toutes les définitions et nol;itions de mon Mémoire de
Belgique, notamment ce qui est relatif à Vêlement, à Y élément-image, aux
variétés primordiales, etc.
» Prenons :?, et u:^, ( i = i , 2, 3, 4 ) des coordonnées-points et coordonnées-
plans courantes, avec ids = o, et considérons une crèmonienne
5 =
a =
0;
m
m
'•
i\'
n
«'
z
IV
m m
n u'
P P
<1 '/'
W:
P P
Z II'
q q'
z tv
/' P
'I 1'
m m
n n'
les huit entiers non négatifs m, ..., q' désignant les dimensions auxquelles
figurent les variables z-^ ou (i^, dans les formes biquaternaires 9, 'b, 0 et y).
» Au Mémoire, on a exposé les propriétés générales des crémoniennes.
On passera maintenant à la construction effective des crémoniennes d'un
type
/' /'■
donné.
m m
n n'
'/ '/
» On ne considérera bien entendu pas comme distinctes les crémoniennes obtenues
en multipliant une crèmonienne donnée, devant ou derrière, par des collinéations
quelconques, avec ou sans intervention de la dualité (transformation par polaires réci-
proques, par rapport à une quadrique).
» Reprenant et achevant une discussion entamée aux Chapitres VIII
et IX du Mémoire (troisième Partie), j'ai construit toutes les crémoniennes
qui possèdent la propriété suivante :
» Entre une série de coordonnées .r, ou ii,- de l'élément (x, u) et une série de
coordonnées j,- ou c,- de l'élémenl-image (/,(')• existent deux et seulement deux
relations distinctes, obtenues tn annulant deux formes biquaternaires bilinéaires.
778 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» On trouve la crémonienne unique
Zt
— z,w^
z^
— --^Wi
~-3
z„ w.^ + :;3 w^
^4
z,w..
IV,
ZzW^ + Z,W,
w..
z._w^
w.
z.w.
Théorème.
La crémonienne s est le seul représentant des types
ou
» Une dernière observation n'est pas inopportune, quoique étrangère à
l'objet de la présente Communication. Dans la seconde Partie de mon Mé-
moire de Belgique, consacrée aux connexes dans l'espace, se trouvent
plusieurs résultats, déjà découverts depuis longtemps par M. Fouret. On
les trouvera dans les Notes que ce géomètre a insérées aux Comptes rendus
(t. LXXIX à LXXXV). Je les avais ignorées lors de la rédaction du Mé-
moire. Ils se rapportent à l'équation de Jacobi dans l'espace, au nombre
des éléments fondamentaux d'un connexe (implexe, de M. Fouret) de
classe un, .... Qu'il me soit permis d'ajouter que, le plus souvent, ma so-
lution comporte une discussion plus complète que celle de M. Fouret. »
MÉCANIQUE. — Sur la rupture et le déplacement de l'équilibre. Note de
M. JouGUET, présentée par M. G. Jordan.
« Dans une Note antérieure ('), nous avons insisté sur quelques cas
particuliers des lois de la rupture et du déplacement de l'équilibre.
(') Comptes rendus, t. GXXXIV, 16 juin 1902, p. i^iS. Quelques erreurs d'im-
pression se sont glissées dans cette Note, s désigne l'entropie et non l'énergie. Il faut
lire, à la ligne 17,
du = —- ds l au lieu de dit ;
as
Os
et à la ligne 27
^(«. P,*. V),x(a, p,;ç,/^) au lieu de s(=l, ^,\), •/^{a, o. Au
contraire, At,,V<; o. Une diminution de pression doit donc produire une
condensation si elle est adiabatique, une vaporisation si elle est isother-
mique. C'est là un phénomène classique.
» D'une manière générale, c'est au voisinage de I et du côté convenable
qu'on a le plus de chances d'observer ces effets inverses. MM. Tammann
les a déjà recherchés dans le phénomène de la fusion. Il résulte de ses
expériences qu'on ne pourra réussir à les observer dans ce cas qu'en se
plaçant très près du point T (').
» Application des théorèmes (8) et (9). — L'effet d'une addition de cha-
leur dépend du signe de A^.,,* si elle est faite à pression constante, de A^v*
si elle est faite à volume constant. (Le calcul de At,v* exige, en général,
comme plus haut, celui de A,,/,V, qu'on fasse appel aux phénomènes de
surchauffe, surfusion, etc.) En I, ces quantités sont égales. Mais ailleurs,
notamment au voisinage de II et du côté convenable, il peut arriver que
àfpS . Ax,v*"< o. Dans ce cas, si l'on chauffe le système, on observe un phé-
nomène chimique différent suivant qu'on maintient invariable le volume
ou la pression. Ce fait pourrait sans doute être observé sur certains sys-
tèmes univariants, étudiés par MM. Roozeboom et Smits, et formés de
deux composés (sel et eau) répartis en trois phases : le point II existe pour
ces systèmes.
» Remarque. — On peut présenter un peu autrement les théorèmes de
notre précédente Note. Prenons, par exemple, (8) et (9). Imaginons qu'on
chauffe le corps assez vite pour que, d'abord, d ne se produise aucune
modification chimique; seule la température varie et s'élève. On cesse
ensuite de chauffer et on laisse le corps sans échange de chaleur avec
l'extérieur. (8) et (9) apprennent qu'il se proiluit alors une modification
chimique qui fait baisser la température. Si l'équilibre adiabatique est
stable, nous admettrons que cette modification amène le corps à une nou-
velle position d'équilibre.
» La température a donc d'abord crû, puis décru. On peut se rendre
compte que l'effet final est une augmentation de température si l'équilibre
isothermique est stable (pour les systèmes invariants, si l'on opère à
volume constant ailleurs qu'en I), un retour à la température initiale si
(') Annalen der Physik, vierte Folge, Band I, p. 276.
SÉANCE DU lO NOVEMBRE 1902. 78 I
l'équilibre isothermique est indifférent et l'équilibre atliabatique stable
(pour les systèmes invariants, si l'on opère à pression constante ailleurs
qu'en II ou à volume constant en I). »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur l'équivalence des systèmes différentiels.
Note de M. E. Cautax, présentée par M. E. Picard.
« Le problème qui consiste à trouver les invariants d'un système
d'équations aux dérivées partielles ou d'un système de Pfaff par rapport à
un changement de variables quelconque, ou par rapport à un groupe de
transformations fini ou infini dont on donne les équations de définition, autre-
ment dit le problème de l'équivalence des systèmes différentiels, celui qui
consiste à reconnaître le degré d'indétermination de la transformation qui
transforme entre eux deux systèmes équivalents ou la nature du groupe
fini ou infini qui laisse invariant un système donné, tous ces problèmes
peuvent se ramener au suivant, plus général :
» Étant données n expressions de Pfaff indépendantes
Cl) , , tO 2 , • • . , *-^tl
à n variables
Ou ^ , OC 2 9 • ' ' î ^rt>
étudier les invariants du système (w, , w, o„ ) par rapport au groupe de
transformations (^inconnu) le plus général qui laisse invariantes un certain
nombre de fonctions données y, , . . . , r,„ des x, et, de plus, effectue sur
o) , oj„ une substitution linéaire appartenant à un groupe linéaire donné G
dont les équations ff nies peuvent dépendre (panimétriquement) des y et dont les
constantes arbitraires doivent être regardées comme des fonctions arbitraires
des X.
n Dans tous les problèmes énoncés plus haut, les transformations infini-
tésimales de G sont connues.
» J'ai trouvé une méthode générale permettant de résoudre ce problème
et reposant sur le même principe que la méthode d'intégration que j'ai
exposée récemment dans deux Notes à l'Académie (').
(') Sur l'intégration des sytèmes différentiels complètement intégrables {16 juin
et 3o juin 1902).
C. R., 1901, 2' Semestre. (T. CXXXV, N« 19.) ïo3
782 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Si
1.2,
(i) i>\f^ ^ ^-iA.t-/ jf- (^ = 1 , 2, ^. ., a^)
i,k
sont les r transformations infinitésimales de G, les a désignant des fonc-
tions des j, la méthode consiste à introduire /• expressions de PfafF auxi-
liaires cj, , n.,, . . ., Ur et des coefficients A,^, définis par les covariants bili-
néaires des to,
s = l r
(2) t'V =2 -^,7<","V + "^ 5'-M.oj,(o, (X: = 1 , 2 n).
i.î 1 = 1, ...,n
M Les A,y;i sont alors transformés entre eux par le groupe considéré, ce qui
permet, par la considération des formes réduites, de réduire, dans certains
cas, le groupe G à l'un de ses sous-groupes et peut conduire aussi à de nou-
velles fonctions invariantes àex. Lorsque aucune de ces réductions n'est
plus possible, le problème de l'équivalence est résolu si le groupe G final
satisfait à certaines conditions numériques qui se rattachent à la théorie
des conditions d'involution d'un système de Pfaff à n variables indé-
pendantes.
» Si le groupe G ne satisfait pas à ces conditions, on raisonne sur le
système des n -\~ r expressions de Pfaff
dont on met les covariants bilinéaires sous une forme analogue à (2), le
groupe G étant remplacé par un nouveau groupe à r -h r paramètres qui
introduit r' nouvelles expressions de Pfaffauxiliaires y,, ..., y/, et ainsi de
suite. Ces opérations ont une fin et les formules finales indiquent le degré
d'indétermination de la transformation qui transforme l'un dans l'autre
deux systèmes équivalents.
» Si les équations finies du groupe linéaire primitif G sont connues, le
problème général est obtenu sans intégration.
» Si le groupe final se réduit à la substitution identique et si, pour fixer
les idées, aucun invariant ne s'est présenté, chacun des systèmes étudiés
admet un groupe fini dont la structure est donnée par les constantes A,^^ et les
constantes analogues.
M Si le groupe final ne se réduit pas à la substitution identique, chaque
ivstème admet un i;roupe infini et les formules (2) et analogues />e/7we//e«/
SÉANCE DU to NOVEMBRE U)02. 7^^
aussi de définir la structure de ce groupe infini; c'est un point important sur
lequel je me propose de revenir dans une prochaine Noie.
0 Comme conséquence importante, je signalerai le théorème suivant :
,, Si un système d'équations aux dérivées partielles admet des caractéristiques
dépendant d'un nombre fini de constantes arbitraires, on peut, sans intégra-
tion, ramener la détermination de ces caractéristiques à l'intégration d'un
système d'équations différentielles de Lie associé à un groupe de structure
connue, à supposer toutefois que le système donné n'admette pas de groupe
infini.
» Par exemple, les systèmes en involutiou de deux équations aux déri-
vées partielles du second ordre à une fonction inconnue de deux variables
indépendantes dont les caractéristiques n'admettent aucune intégrale pre-
mière de la forme
¥(x,y, z, p, r/) = const.,
n'admettent jamais de groupe infini de transformations (en x, y, z,p, q).
Le plus grand nombre fini qu'un tel système puisse admettre est le groupe
simple à i4 paramètres qui a été signalé par M. Engel et moi; sinon d
admet au plus un groupe à 7 paramètres, qui est intégrable. Dans ces
deux cas la solution générale dépend de
-, f{^y f'i^h n^'h j\f"\-)^ii"''(-)+"'f'i-)\'^''-'
a désignant une variable auxiliaire,/(a.) une fonction arbitraire de a. Dans
le premier cas, /et m sont nuls; dans le second cas, ce sont des constantes
qui n'interviennent d'une manière essentielle que par la combinaison -• >>
ANALYSE MATHÉMATIQUE. - Sur certaines égalités remarquables.
Note de M. W. Stekloff, présentée par M. E. Picard.
« 1 Au début du Mémoire de M. Hurvvitz, qui vient de paraître dans le
dernier Cahier du .Journal de l'École Normale (septembre 1902), j'ai trouvé
une démonstration nouvelle de la formule suivante :
^i) irf'{x)dx^ibl + ^{al+bly
7^4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
I r^'^
^« = ^ / /(^) cosnx dx,
ayant lieu, quelle que soit la fonction /(a;), bornée et intégrable dans l'in-
tervalle (o, 27t).
» Je me permets de remarquer d'abord que cette formule a été établie
pour la première fois par M. Liapounoff en 1896 (<), comme je l'ai déjà
signalé dans ma Note Sur un problême de la théorie analytique de la cha-
leur {Comptes rendus, 4 avril 1898). Voir aussi mon Mémoire Sur /e^/onc-
tions harmoniques de M. H. Poincaré {Annales de Toulouse, 1901, p. 290).
>> J'indiquerai ensuite que diverses égalités, analogues à celle de M. Lia-
pounoff, résultent immédiatement d'un théorème général que j'ai démontré
dans mon Mémoire : Problème de refroidissement d'une barre hétérogène
{Annales de Toulouse, 1" série, t. III, 1901).
« 2. Soient p &l q deux fonctions de la variable réelle x, continues et
positives dans l'intervalle àe x = a k x = b{b^ a). Supposons que/; ne
s'annule pas dans cet intervalle. Désignons par k„{n = i, 2, 3, . . .) une
suite de constantes déterminées positives ne dépendant que de p, q et de
l'intervalle {a, b); par V„(/i = i, 2, 3, . . .) une suite de fonctions corres-
pondantes vérifiant les équations
V'I + {k„p - y) V„ = o, a < a: < è,
jointes aux conditions
fpYldx = i,
"J a
V'„(«) - hN„{a) = o, VK^-) + HV„(6) = o,
A et H étant des constantes positives.
» Dans le Mémoire cité (p. 3o6), j'ai énoncé la proposition suivante :
Quelle que soit la fonction/, continue dans l' intervalle {a, b), on a toujours
/ pp dx = 21 ^« ' K= f pf\n dx.
(') Communications de la Société malliématique de Kharkow {Extrait des Pr,
verbaux, t. VI, n° 6; séances des i3 décembre 1896, 20 janvier et 7 mai 1897)
oces-
SÉANCE DU lO NOVEMBRE 1902. 780
» Mais la condition de la continuité n'a rien d'essentiel.
» On peut s'affranchir de celte restriction en employant la méthorle que
j'ai exposée dans mon Ouvrage : Les méthodes générales pour résoudre les
problèmes fondamentaux de la Physique mathématique (Kharkow, 1901,
p. 255-257). ^oi'' aussi mon Mémoire Sur les fonctions harmoniques de
M. U. Poincaré (^Annales de Toulouse, t. II, 1900, p. 282-U84).
» Nous obtiendrons ainsi ce théorème général :
» Théorème. — Quelle que soit la fonction f bornée et intégrable dans
l'intervalle donné (a, b), on a toujours
/ Pf dx = 2 K' K -/ fp^„ dx.
' n = l "
» 3. Considérons maintenant deux cas particuliers
(0
A := H = 00,
(=^)
A = H = o.
» En posant
p^i, q=^o,
a = 0, 6 := TC,
on aura respectivement
[pour(i)] V„= y/^sinrtr,
[pour(2)] V„^y/i, V„= y/^cos«a;.
» Posant ensuite
on aura
a = o, ô = 2-,
I . nx
[pour (i)] V„= — siu
nx
[pour(2)J V„=^cos ^
» Appliquons maintenant le théorème général à ces cas particuliers. On
^86 ACADÉMIE DES SCIENCES.
trouve les formules suivantes, analogues à (i),
~ j f-dx = 2 ««) """^ T.J ^^^" " ^ ^^^'
1 rydx =. ç+iè;;, b:=Lffcos'2^dx,
ayant lieu, quelle que soit la fonction /, bornée et intégrahle dans l'intervalle
(O, 277).
» Le théorème énoncé plus haut est susceptible des autres applications
intéressantes que j'indiquerai, si l'Académie me le permet, dans une autre
Communication. »
PHYSIQUE. — Sur le phénomène de Hall et le pouvoir thermo-électrique .
Note de M. Edmond van Aubel, présentée par M. Lippmann.
« Suivant A. von Ettingshausen et W. Nernst ('), le phénomène de
Hall serait lié au pouvoir thermo-électrique des métaux. D'autre part,
Edmond Becquerel (-) a constaté que l'alliage renfermant lo parties de
bismuth pour i partie d'antimoine et le mélange de bismuth et sulfure de
bismuth, fondus ensemble à poids égaux, ont un pouvoir thermo-électrique
bien supérieur à celui du bismuth pur.
» Je me suis proposé de vérifier la conclusion de A. von Ettingshausen
et W. Nernst, en étudiant l'effet Hall successivement dans le bismuth pur,
un alliage de 8s, 35 d'antimoine pour 918,63 de bismuth et un mélange
de bismuth et sulfure de bismuth contenant 4,36 parties en poids de
soufre pour 96,64 de bismuth (').
( ') SUzungsberichteder Akademie der Wissenschaften. Vienne, vol. XCIV, 1886,
p. 56o.
(2) Annales de Chimie et de Physique, 4° série, t. VIII, 1866, p. 4i3-
(3) Ces compositions ont été déterminées, sur l'alliage et le mélange, par des ana-
lyses pour lesquelles je liens à exprimer ici mes remercîments à M. Maurice Duysk.
SÉANCE DU lO NOVEMBRE ig02. 787
» Les électrodes de Hall étaient réunies aux bornes d'un galvanomètre Deprez-
d'Arsonval très sensible, dont les déviations du miroir étaient observées avec une
lunette, lorsque la plaque étudiée était placée normalement aux lignes de force du
champ magnétique. Les deux électrodes de Hall n'étant pas placées exactement sur
deux lignes équipotentielles, le miroir du galvanomètre déviait lorsque le courant
primaire traversait la plaque étudiée. Cette déviation n'a pas été annulée par compen-
sation, suivant le procédé habituel, puisqu'on ne recherchait, provisoirement, que
des comparaisons approximatives.
Résultats.
» 1. Plaque de bismuth pur. Epaisseur : i™"", 25.
» Intensité du courant traversant l'électro-aimanl : 27,8 ampères.
» Intensité du courant primaire dans la plaque : i,44o ampère.
» Lectures des positions du miroir du galvanomètre :
a. Position initiale 10,00
b. Courant primaire dans la plaque 1 1 ,03
_ ,, . , ,,,, . i un sens d'aimantation (A). .. . 10,20
c. Sous 1 action de lelectro-aimant • ,, . . ,' , ..
/ autre sens d aimantation (b). . 12, 35
Effet Hall proportionnel à 12, 35 — 10,20 ^ 2, 1 5.
» 2. Plaque de l'alliage de bismuth et d'antimoine. Epaisseur : i™",55.
» Intensité du courant traversant l'électro-aimant : 20,5 ampères.
» Intensité du courant primaire dans la plaque : i,435 ampère.
)i Lectures des positions du miroir du galvanomètre :
a. Position initiale 10,0
b. Courant primaire dans la plaque 10,82
_ ,, ■ , ,,., . l un sens d'aimantation (A) .. . 7,06
c. aous 1 action de 1 electro-aimant ■ ,, . • ,. ^ ^..
/ autre sens a aimantation (13). i3,85
Effet Hall proportionnel à 1 3 . 85 — 7 , 96 = 5 , 89.
» 3. Plaque du mélange de bismuth et sulfure de bismuth. Epaisseur : i™'°,6o.
» Intensité du courant traversant l'électro-aimant : 28,2 ampères.
)i Intensité du courant primaire dans la plaque : i ,44o ampère,
» Lectures des positions du miroir du galvanomètre :
a. Position initiale 10,0
b. Courant primaire dans la plaque 10, 32
„ 1 ■ 1 ,,., • l un sens d'aimantation (A). . . 7,i5
c. bous I action de 1 electio-airaant \ ,, . ■ ^
\ autre sens daimantation (B). 13,72
Effet Hall proportionnel à 13,72 — 7,15 = 6,57.
» Ces résultats montrent que l'effet Hall est le plus intense dans le
mélange de bismuth et de sulfure de bismuth. Dans cette plaque, le phé-
nomène a une intensité triple de celle que donne la lame de bismuth pur,
788 ACADÉMIE DES SCIENCES.
bien que l'épaisseur soit notablement plus forte. L'alliage de bismuth el
d'antimoine considéré donne également lieu à un effet Hall très intense,
plus que double de celui observé avec le bismuth pur, qui est, de tous les
corps étudiés jusqu'ici, celui dont le coefficient rotatoire de Hall est négatif
et de beaucoup le plus élevé. D'ailleurs ce pouvoir rotatoire a le même
signe dans les trois expériences.
» Ces mesures confirment la conclusion de A. von Ettingshausen et
W. Nernst; elles m'engagent à étudier un mélange de bismuth et sulfure
de bismuth contenant une plus grande quantité de ce dernier, et des
sulfures dont le pouvoir thermo-électrique est très élevé.
» Les expériences dont il a été question jusqu'ici ont été faites en pla-
çant les lames dans l'air, à la température du laboratoire. Je me suis pro-
posé ensuite de comparer les intensités de l'effet Hall, à la température du
laboratoire et dans l'air liquide, pour la plaque formée par le mélange
bismuth et sulfure de bismuth.
» Les pôles de l'électro-aimant ont donc été écartés jusqu'à être distants de 53°"°,
afin qu'il fût possible de placer entre eux une éprouvette en verre à doubles parois
de Dewar, contenant l'air liquide. En opérant comme précédemment, j'ai trouvé que,
si l'on mesurait l'efiTet Hall par la déviation double observée au galvanomètre, on
obtenait 2,35 à la température du laboratoire el 8,76 lorsque la plaque était placée
dans l'air liquide. L'intensité du phénomène de Hall devenait donc, pour le mélange
considéré, plus de trois fois plus grande dans l'air liquide.
» J'ai l'intention de continuer les recherches dont je viens d'indiquer
les premiers résultats, pour prendre date. Des expériences sur la rési.s-
tance électrique dans le champ magnétique et sur les phénomènes thermo-
et galvano-magnétiques, pour ces alliage et mélange, sont actuellement en
cours d'exécution. »
PHYSIQUE. — Sur la conductibilité des dissolutions aux basses températures.
Note de M. J. Kuxz, présentée par M. J. Vioile.
« Jj'affaiblissement considérable de la conductibilité électrolylique aux
basses températures peut provenir de deux causes. Elle peut êtie attribuée
soit à l'abaissement du degré de dissociation, soit à la viscosité croissante
que le milieu oppose aux ions.
» Rohlrausch (') a reconnu que les formules empiriques qui repré-
(') KoHLRAUSCH, Sitzungsbcrichte Akad. d. Wiss. Berlin, t. XLII, 1901
SÉANCE DU lO NOVEMBRE 1902. 789
sentent bien les observations de Desguinc ('), faites au-dessus de zéro,
indiqueraient, si l'extrapolation était permise, une conductibilité tombant
à zéro, pour tous les électroly tes indistinctemerjt, à la température de — 3g°.
S'il en était réellement ainsi, il est clair que la cause devrait en
être cherchée dans l'état du dissolvant commun à tous les électrolytes. On
peut encore trouver un argument à l'appui de cette manière de voir dans
les valeurs numériques assez voisines du coefficient de variation ther-
mique de la conductibilité des dissolutions et de celui de la viscosité de
l'eau, mesuré directement.
» Je me suis proposé de soumettre ces vues de Rohlrausch au contrôle
de l'expérience, par des mesures de conductibilités électrolytiques à des
températures aussi basses que possible. Après bien des essais infructueux
sur les électrolytes surfondus, j'ai àù restreindre mes recherches aux
dissolutions concentrées, à point de congélation très bas, d'acide sulfu-
rique, de soude caustique et de chlorure de calcium. J'ai pu atteindre,
avec les solutions d'acide sulfurique de 45 à ■^o pour 100, des températures
inférieures à — 70°.
)) Les résistances onl été déterminées par la méthode de Kohlrausch, avec un pont à
fil exactement calibré. Les températures, jusqu'à — 35°, ont été mesurées avec un ther-
momètre normal de Pernet, et, au-dessous, au uioyen du couple constantan-fer,
préalablement étalonné. Les trois causes d'erreur de la méthode, la self-induction, la
capacité et la polarisation, ont été éliminées par des procédés connus. Je donne, dans
le Tableau suivant, un extrait des mesures sur l'acide sulfurique : A est la conducti-
bilité en unités C. G. S.
ig, I pour 100.
Température.. 0° — 5°, 7 — 10°, 7 — i5°,2 — 18°, 4
10^ X/. 519 478 370 266 (») 194 (-)
32,66 pour 100.
Température.. o" — 9°, 4 — i4°,2 — 19°, 8 — 34°, 1 — 44°>6
10' X A- 5oo 398 342 .3oi 168 66,0 (')
42, o5 pour 100.
Température. . 0°
lo^X A- 447
10", 9
— 20°, 5
- 28°, 3
— 59°, 5
-74°, 3
335
261
203
28,0
4,7
(') Desguine, Thèse, Strasbourg, iSgS.
(-) La solution était congelée.
{■') La solution se congela aussitôt après la mesure.
C. a., iyo2, 2' Semestre. (T. CXXXV, N" 19.) ' o4
790 ACADÉMIE DES SCIENCES.
5o,86 pour loo.
Tempéralure. . o" — io°,5 — 200,6 — 28", 6 — 49°,' — Gô^-iC)
lo'x/.' 357 270 194 140 39,2 4,6
60,90 pour 100.
Température.. 0° — 10», 5 — 20°, 3 — 33°, 4 — 5i°,9 — 69°, 9
lo'x/. 232 171 124 71,8 19,4 i,3i
63,76 pour 100.
Température.. 0° — 10°, 2 — 20°, 2 — 28", 6 — 56°,! — 65°, 9
lo'xA- 193 143 T02 7', 9 5,87 0,66
» La conductibilité tracée pour les diverses solutions d'acide sulfurique
à la température de 0° concorde bien avec les observations antérieures de
M. Bouty.
» Les courbes représentant la conductibilité en fonction de la tempéra-
ture ne rencontrent pas l'axe des abscisses à — 39", comme l'avait supposé
Kohlrausch, en extrapolant. Elles semblent, au contraire, ne devoir l'at-
teindre qu'au zéro absolu. Mais la similitude d'allure de ces courbes vient
corroborer l'idée qui est à la base de cette hypothèse, à savoir que la cause
principale de la radiation thermique réside dins la viscosité' du milieu pour les
ions.
n Ces expériences montrent aussi bien clairement le contraste des pro-
priétés des électrolytes et des métaux. Tandis que la résistance de ceux-ci
s'annule au zéro absolu, c'est la conductibilité des électrolytes qui semble
y tendre vers une valeur nulle. »
PHYSIQUE APPLIQUÉE. — 'Nouvelles expériences sur la résistance électrique
du sélénium et ses applications à la transmission des images et des impres-
sions lumineuses. Note de M. Dussaud, présentée par M. L. Cailletet.
« Dans sa séance du 27 octobre dernier, M. Coblyn a présenté à l'Aca-
démie une Note sur la vision à distance par l'Electricité. Depuis longtemps
je m'occupe des mêmes expériences et, pour les réaliser, je me sers de
deux postes reliés par un courant électrique.
(' ) La solution se congela aussitôt après la mesure.
SÉANCE DU lO NOVEMBRE 1902. 791
» Le poste transmetteur se compose d'une surface plane, non conduc-
trice, divisée par de légères cloisons en carrés égaux d'environ 5'^'" de
côté, dans chacun d'eux est disposée une bobine, formée d'une lame en
matière isolante, sur laquelle sont enroules deux fds de cuivre de petit
diamètre, noyés dans une couche de sélénium préparée de manière à lui
assurer le maximum de sensibilité, en me basant sur mes expériences
antérieures. Un de ces fils est parcouru par un faible courant électrique
d'ordre téléphonique.
» Lorsqu'on éclaire la couche de sélénium, celle-ci acquiert une conduc-
tibilité d'autant plus grande que l'éclairage est plus intense et laisse passer
une partie du courant dans le second fil.
» Ce dernier est relié à une bobine munie d'un contact, faisant l'office
d'un servo-moteur, destiné à agir sur un courant local d'une énergie suffi-
sante pour allumer des lampes à incandescence au poste récepteur, qui se
compose, ainsi que le poste transmetteur, d'une surface plane divisée aussi
par des cloisons en un même nombre de cellules carrées contenant chacune
une lampe à incandescence.
» Lorsqu'au poste transmetteur on éclaire une ou plusieurs bobines
recouvertes de sélénium, la conductibilité ([ui se développe permet à un
faible courant de traverser le second fil relié au servo-moteur; on voit
alors s'éclairer, au poste d'arrivée, les hunpes correspondantes à celles
frappées par la lumière au poste de départ.
» Je dois conclure, en terminant, que, d'après mes expériences, il sera
possible de transmettre des impressions lumineuses et des images à de
grandes distances. »
CHIMIE MINÉRALE. — Production artificielle du rubis par fusion.
Note de M. A. Verneuil, présentée par M. H. Moissan.
« Malgré ses persévérantes recherches, A. Gaudin n'a pas obtenu l'alu-
mine fondue à l'état transparent.
» La cause de cet insuccès résidait dans l'emploi d'une température trop
élevée, car, si l'on dépasse sensiblement son point de fusion, cet oxyde
cristallise en donnant un produit opaque.
» De là résulte l'impossibilité d'affiner une masse d'alumine sur une
profondeur un peu notable, à l'aide du chalumeau oxhydrique, puisque ce
n'est qu'en surchauffant la couche supérieure que l'on peut liquéfier les
792 ACADÉMIE DES SCIENCES.
parties plus profondes. Si l'on remarque enfin que l'alumine transparente
obtenue est toujours sillonnée d'une multitude de craquelures, dues au
contact de l'enduit fondu avec l'aUimine sous-jacente, il faudra conclure
de ces données que le problème posé ne peut se résoudre qu'en observant
les conditions suivantes :
» i" Maintenir le produit fondu dans une région de la flamme toujours
identique.
» 2° Produire l'accroissement par couches superposées de bas en haut
afin de réaliser l'affinage sur une série de couches minces;
» 3° Obtenir la fusion dans des conditions où le contact du produit
fondu avec le support soit réduit à une surface extrêmement petite.
» La première de ces conditions se trouve réalisée par l'emploi d'un chalumeau oxhy-
drique vertical dont la flamme est dirigée sur un support mobile de haut en bas et
qui peut être abaissé par le jeu d'une vis à pas très serré, permettant ainsi d'éloigner
du chalumeau le produit fondu à mesure qu'il s'élève et de le ramener dans la zone
convenable de fusion, lorsque celle-ci se sera éloignée du bout du chalumeau par
l'augmentation progressive donnée à l'intensité de la flamme.
» J'ai réalisé la formation de la masse fondue constituée par des couches minces
superposées de bas en haut, conformément à la deuxième condition énoncée, à l'aide
d'une méthode que l'on peut appeler procédé de seniage et qui consiste à entraîner
la poudre d'alumine chromée ou le rubis naturel pulvérisé par le courant d'oxygène^
qui alimente le chalumeau. La matière, placée dans un panier en toile métallique
suspendu dans une chambre qui surmonte le tube central du chalumeau, est lancée
dans le courant d'oxygène par l'effet des chocs d'un petit marteau actionné mécani-
quement. Les grains d'alumine (M ou de rubis, ainsi "distribués dans toutes les parties
de la flamme, subiront la fusion dès qu'ils parviendront dans la zone suffisamment
chaude, coïncidant dès l'origine du travail avec le support destiné à recevoir la masse
fondue.
» Ce support, formé d'un petit cylindre d'alumine agglomérée au rouge avec
quelques centièmes de carbonate de potasse, est placé très exactement dans l'axe du
chalumeau, et sa surface est portée, par la flamme convenablement réglée, à une tem-
pérature un peu inférieure à celle de la fusion de l'alumine afin d'agglomérer seule-
mentles grains qui tombent sur cette surface et forment bientôt un cône dont le sommet
parvient peu à peu dans la partie de la flamme suffisamment chaude pour en effectuer
la fusion. A partir de ce moment, tous les grains qui tombent sur la pointe fondue s'y
liquéfient, et le filament obtenu, qui réduit ainsi à une très petite surface le contact
de la matière avec le support, augmente peu à peu de diamètre à mesure qu'il s'élève
et gagne une zone plus chaude et plus large de la flamme, en se transformant à son
sommet en une sphère dont il faut maintenant accroître le diamètre le plus possible,
(') L'alumine précipitée avec 2,5 pour loo d'oxyde de chrome et calcinée est la
meilleure forme sous laquelle on puisse l'employer.
SÉANCE DU lO NOVEMBRE 1902. 798
ce que l'on obtient en augmentant progressivement l'arrivée de l'oxygène dont le
débit est commandé par un robinet à vis d'un pas très serré.
» Le gaz d'éclairage ayant été admis en grand excès dès le début de la fusion,
l'augmentation du débit de l'oxygène entraîne le déplacement de la zone convenable
de fusion qui s'éloigne progressivement du bout du chalumeau; il faut donc, en abais-
sant le support qui porte la masse, ramener dans cette zone la partie supérieure de la
sphère fondue : le bouillonnement caractéristique qui s'opère sous l'influence de la
flamme trop chaude ou trop riche en oxygène est un indice qui permet de ramener
toujours le produit dans la région voulue.
» Pour maintenir la fixité de la flamme et régulariser le rayonnement, l'opération
s'exécute au milieu d'un petit four cylindrique en argile portant un regard permettant
de suivre les phases de la fusion. En emplojant un ciialumeau possédant un bout de
Il de millimètre (dimension au-dessus de laquelle il devient difficile de former à l'ori-
gine une pointe fondue suffisamment fine), il est possible d'obtenir en 2 heures une
masse ovoïde parfaitement affinée et d'une coloration bien homogène pesant 28,600
à 38, c'est-à-dire environ 12 ou i5 carats. Une telle masse présente S"""' à 6™™ de dia-
mètre lorsqu'elle est sphérique.
» Dès que l'on est parvenu à obtenir ces dimensions, vers la fin du travail, on sup-
prime brusquement l'arrivée des deux gaz afin d'obtenir une trempe énergique du
produit. A cette condition seulement et si la masse a été bien centrée et également
chaulTée, elle se fend exactement en deux parties suivant un plan vertical. Chacune de
ces deux demi-sphères, taillées à l'aide des procédés employés par les lapidaires,
donne un rubis semblable à celui que je soumets à l'Académie.
» Ces rubis, qui possèdent une magnifique fluorescence rouge, ont pour
densité 4. oi) et tous les lapidaires auxquels ils ont été soumis ont trouvé
qu'ils présentaient la même dureté que le rubis naturel et pouvaient
prendre son beau poli.
» Lorsqu'ils sont parfaitement réussis, il me paraît impossible de les
distinguer des plus beaux rubis naturels, mais souvent, et surtout dans le
cas des grosses pierres, ils présentent deux défauts qui indiquent leur ori-
gine artificielle et qui tiennent à la réelle difficulté qu'on éprouve à con-
duire correctement une fusion : l'alfinage imparfait en quelques points se
traduit par des groupes de petites bulles que l'on distingue avec une forte
loupe. Leur formation est due soit à un semage exagéré, soit à l'emploi
d'une flamme trop oxygénée.
» Le second défaut, plus caractéristique encore, réside dans la présence
de zones rubannées dues à la décoloration de certaines portions, par la
volatilisation du chrome, lorsque le semage a été trop ralenti. Ces défauts,
qui n'altèrent pas sensiblement, du reste, la beauté de ces pierres lors-
qu'elles sont montées, s'atténuent et peuvent même disparaître lorsque,
794 ACADÉMIE DES SCIENCES.
par un travail convenablement suivi, il est devenu possible de se rendre
tout à fait maître du semage ( ' ). »
CHIMIE. — Sur les alliages de cuivre et de magnésium.
Note de M. O. Boudolard, présentée par M. Troost.
« D'après Parkinson ( - ), en fondant 2oo« de cuivre et So^ de magnésium
pendant 7 minutes, on obtient un alliage rouge jaunâtre ou couleur or,
selon la proportion centésimale de magnésium (la perte est environ 1,7.5
pour 100). Cet alliage s'oxyde lentement; Iors(|u'on le rompt, il a une
apparence vitreuse; il est très cassant : i pour 100 de magnésium rend le
cuivre cassant; le métal à i5 pour 100 de magnésium, dont la densité
est 5,95, peut être pulvérisé au mortier. J'ai repris l'étude des alliages de
cuivre et de magnésium et j'ai l'honneur de présenter à l'Académie les
résultats relatifs à leur fusibilité et à leurs propriétés mécaniques.
» Quoique le point de fusion du cuivre soit assez élevé (io85°), j'ai pu employer le
procédé qui m'avait servi dans les recherches sur les alliages du magnésium avec l'alu-
minium et le cadmium pour déterminer le point de solidification des mélanges conte-
nant jusqu'à 75 pour 100 de cuivre ('); le Tableau ci-dessous monti-e en effet que ces
mélanges fondent au-dessous de 600". Pour les teneurs supérieures à 76 pour 100, j'ai
fondu les métaux sous le sel marin, le tube en verre destiné à protéger le couple thermo-
électrique étant remplacé par un tube semblable en porcelaine. Voici les résultats
obtenus :
Magnésium pour loo Cuivre pour inu
en poids.
100
90
80
70
60
5o
45
4o
(') Je suis heureux de remercier mon élève M. Marc Paquier de l'aide très active
qu'il m'a donnée pendant ce long travail.
{^) Chemical Society, 2" série, t. V, p. i 17.
(3) Comptes rendus, t. CXXXII, p. iSaô.
poids.
Températures.
»
635
fO
610
20
56o
3o
475
4o
53o
.5o
55o
55
55o
60
545
SÉANCE DU lO NOVEMBRE 1902. 795
Magnésium pour 100
Cl
iivre pour 100
en poids.
en poids.
Températures.
3o
70
0
540
27,8
72,2
585
25
75
575
20
80
9,5
10
90
890
»
100
io85
» Si l'on construit la courbe en portant comme abscisses les proportions en poids de
cuivre et en ordonnées les températures, on remarque que cette courbe présente trois
maxima (55o°, 585» et giS") et quatre minima (470°, 54o°, 575° et 890°). On voit
également que le magnésium et le cuivre donnent des alliages extrêmement fusibles :
de o à 75 pour 100 de cuivre, le point de fusion est inférieur à celui du magnésium.
Enfin, les trois points maxima mettent en évidence l'existence de trois combinaisons
définies : CuMg", CuMg et Cu-Mg, dont je poursuis l'étude.
» Les alliages de cuivre et de magnésium conservent leur couleur
blanche, plus ou moins brillante, jusqu'à la teneur de 70 pour 100 de
cuivre, où l'on commence à voir apparaître une légère teinte jaunâtre;
l'alliage à 80 pour 100 est jaunâtre, et celui à 90 pour 100 est franchement
jaune. Le cuivre perd donc sa couleur lorsque sa proportion est inférieure
à 80 pour 100; on peut rapprocher ces faits de ceux qui ont été observés
par Debray avec l'aluminium (') : avec ce métal, la couleur du cuivre
disparaît pour une teneur de 82 pour 100 de cuivre, qui correspond à la
combinaison Cu'-Al; avec le magnésium, elle disparaît pour la teneur cor-
respondant à Cu" Mg.
» Le magnésium contenant 10 pour 100 de cuivre est encore malléable;
au delà de 10 pour 100, il devient cassant, et la fragilité augmente pro-
gressivement jusqu'à la proportion de 70 pour 100 de cuivre : l'alliage peut
alors être brisé entre les doigts. La fragilité diminue ensuite jusqu'au cuivre
pur. L'alliage à 90 pour 100 de cuivre casse sous le marteau ; cette cassure
est d'apparence grenue. Si l'on compare les propriétés mécaniques des
alliages de cuivre et de magnésium à celles des alliages de cuivre et d'alu-
minium, telles qu'elles ont été indiquées par Debray, on est frappé du pa-
rallélisme qu'elles offrent; il n'y a de différence que pour le métal conte-
nant 90 pour 100 de cuivre qui, dans le cas de l'aluminium, a pu recevoir
des applications industrielles à cause de sa malléabilité et de sa dureté
(') Comptes rendus, t. \LI1I, p. 925.
796 ACADÉMIE DES SCIENCES.
(bronze d'aluminium). Au point de vue de la couleur, les alliages du cuivre
avec 10 pour 100 de magnésium ou d'aluminium sont analogues : ils sont
jaunes et susceptibles d'un beau poli. »
CHliMlE ORGANIQUE. — Sur la présence de lavolémite dans quelques Primu-
lacées. Note de MM. J. BouGAULret G. Allard, présentée par M. A. Haller.
« En étudiant les principes immédiats des parties souterraines (racines
et rhizomes) du Primula grandijîora Lam., nous avons isolé un composé
cristallisé, présentant les propriétés d'un alcool polyatomique, auquel
nous avons tout d'abord donné le nom de primulite ; mais que nous avons
pu ensuite identifier avec la volémite, iilcool lieptatomiqne découvert par
M. BourqueloL ( ' ) dans un champignon, le Lactarius volemus Fr.
M Pour isoler ce composé nous suivons le mode opératoire suivant :
» Les rhizomes et les racines desséchés et pulvérisés grossièrement sont traités à
l'ébuUilion pendant 2 heures par 5 parties d'alcool à 85°. Après refroidissement,
on exprime et l'on filtre. On distille pour séparer l'alcool, puis le liquide résiduel est
précipité par le sous-acétate de plomb. La liqueur filtrée est débarrassée de l'excès de
plomb par l'hydrogène sulfuré, filtrée de nouveau et évaporée en consistance siru-
peuse. La primulite cristallise par refroidissement. On purifie par cristallisations dans
l'alcool à 85° bouillant.
» Le produit ainsi obtenu possède les propriétés suivantes :
» Il est très soluble dans l'eau, peu soluble dans l'alcool, insoluble dans l'élher.
Point de fusion i54°-i55° (volémile: i40°-i42°, Bourquelot; i5i°-j53°, E. Fischer).
» Le pouvoir rolatoire est légèrement dextrog\-re et ne varie pas, en solution aqueuse,
avec la concentration ; nous avons trouvé ai)=: -I- 2°, 65 (volémite : + i°,99 et -h 2°,4o,
Bourquelot; -i-i°,92, E. Fischer). L'acide borique ne le modifie pas: is, --j de pri-
mulite et 08,70 d'acide borique dissous dans l'eau, sous un volume de 2-"'', 8, ont
donné ap ^ -H 2°, 59 ( volémile : -H 2°,5o, Bourquelot ). Le borate de soude exalte au
contraire notablement le pouvoir rotatoire : o?, 7955 de primulite et 2? de borate de
soude, dans un volume de 2-"'"', 6, ont donné an =-)- 20'',83 (volémite: -t-22°,i,
Bourquelot).
» L'analyse élémentaire s'accorde avec la formule C'H"^0''.
» La détermination cryoscopique du poids moléculaire a donné le chiffre 209.1
(théorie pour C"H"0'', 212).
» L'acétal éthylique fond à 206° (acétal éthylique de la volémite : 190°, Bourquelot).
II dévie à gauche la lumière polarisée; en solution chloroformique, a,, = — 46°, 4o.
» L'éther acétique fond à 62°.
(') Jourii. de Pharm. et Cliim. [6], t. 11, 1890, p. 385 et 390.
SÉANCE DU lO ÎSOVEMBRE I902. 797
» Si l'on compare les constantes trouvées pour la primulite et son acétal
éthvliqiie, et celles indiquées par M. Bourquelot pour la volémite, on
constate à la vérité quelques différences; mais ces différences ont pu être
expliquées facilement. Elles tiennent à ce que la volémite de M. Bourquelot
n'était pas absolument pur^, et probablement mélangée d'un peu tie man-
nite. Cette explication n'a pas pu être contrôlée par la séparation de la
niannite; elle est cependant assez vraisemblable, car elle rend compte des
différences constatées et elle explique en outre que M. Bourquelot ait
obtenu, en préparant l'éther acétique de lu volémite, une petite quantité
d'un éther acétique possédant le point de fusion et le pouvoir rotaloire de
l'élher acétique de la mannite.
» Quoi qu'il en soit, M. Bourquelot ayant eu l'obligeance de mettre à
notre disposition une quantité suffisante de sa volémite, nous l'avons
purifiée par de nombreuses cristallisations dans l'alcool, et avons pu
obtenir un produit possédant toutes les propriétés de la primulite. Nous
avons également préparé, avec la volémite de même origine, un acétal
éthylique et un éther acétique, et avons constaté leur identité avec les
dérivés correspondants de la primulite.
» Nous en concluons que les parties souterraines du Priniula grandi-
JloraLsVun. contiennent le principe appelé volémite par M. Bourquelot, mais
qu'il y a lieu de modifier légèrement les constantes indiquées tout d'abord
pour ce corps.
» Diverses espèces de Primula voisines de la précédente, entre autres
le Primula elatior Jacq. et le Primula officinalis Jacq., nous ont également
fourni de la volémite, ainsi qu'une variété de Primula à fleurs rouge foncé,
communément cultivée dans les jardins. La proportion contenue dans ces
diverses espèces est sensiblement la même et voisine de ij pour 1000 de la
plante sèche. »
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Essais sur la constitution chimique des copals.
Note de JM. Marcel Guédras. (Extrait.)
« Dans ces essais, j'ai porté mes investigations sur l'huile obtenue lors
de la pyrogénation des copals en vue de les rendre solubles pour la fabri-
cation des vernis. Mes essais ont porté sur trois variétés de gommes : 1° le
copal de Madagascar; 2° le copal de Zanzibar; 3° le copal de Rauri.
C. R., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N- 19.) ïo5
79''^ ACADÉMIE DES SCIE^'CES.
» Madagascar. — Dans une cornue tubulée, j'ai chaufTé loo? de copal. Le réser-
voir à mercure du thermomètre plongeait dans la matrice.
» J'ai constaté : à 5o" C, émission de gaz; à iSo", fusion de la gomme; à 270", com-
mencement de la distillation.
)) La distillation est assez abondante jusqu'à Soc", elle augmente jusqu'à 350°,
puis la température monte lentement à 355°, et à ce chiffre la distillation diQiinue
considérablement.
» Le distillalum est formé de deux couches : la première, aqueuse et pesant iqs, 25o;
la seconde, huileuse, de couleur jaune paille et d'un poids de 1 5s, 700.
» Le chiffre de l'acide de la gomme est i43 ;
» Le chiffre de l'acide de l'huile est de 80.
» Congo. — La distillation a eu lieu dans les mêmes conditions que ci-dessus.
)i A 3o°, émission de gaz; à io5°, commencement de la fusion, etc.
» Le distillatum est formé d'une couche aqueuse pesant 6s,4oo, et lluiile, de cou-
leur jaune paille, pèse 8s, 600.
Il Le chiffre de l'acide est, pour la gomme, 35,55;
» Le chiffre de l'acide est, pour l'huile, "x'j,.
» Kauri. — Le distillatum est en deux couches : la première, aqueuse, pèse 8s, 260 ;
la seconde, huileuse, de couleur jaune pâle, pèse 75,740.
» Le chiffre de l'acide est, pour la gomme, 69,70;
» Le chiffre de l'acide est, pour l'huile, 36.
» Plus un copal est dur, plus la quantité d'acide est élevée.
)) Les huiles sont solubles dans l'alcool, l'éther, le benzène, le sulfure
de carbone; insolubles dans les carbures térébéniques.
» En traitant ces huiles par l'acide nitrique, on obtient une résine jaune,
solubledans les solvants cités ci-dessus, ainsi que dans les huiles végétales.
On n'a réu.ssi à isoler ni les acides cinnamique ou benzoïque, ni leurs
dérivés nitrés.
» L'odeur caractéristique de la terpine dans le dislillatum de l'huile
oxydée par AzO'H, et la présence de gouttelettes huileuses à odeur cam-
phrée, qui sont constituées probablement par du raonochlorhydrate de
térébenthène C'^H'^HCI, me font supposer que les copals sont constitués
en partie par des terpines à certains degrés d'oxydation. »
MINÉRALOGIE. — Sur tes groupements de cristaux d'espèces différentes. Note
de M. Fréd. Wallerant, présentée par M. de Lapparent.
« L'étude de ces groupements tire son intérêt de ce qu'elle étend le
champ de nos connaissances sur les actions que les molécules d'un corps
peuvent exercer sur les molécules d'un autre corps. Celte action réci-
SÉANCE DU lO NOVEMBRE 1902. 799
proque de molécules différentes, et, en particulier, l'action d'orientation,
est bien connue depuis les expériences de M. Gernez sur la cristallisation
de solutions sursaturées sous l'influence de cristaux de corps isomorphes
du corps en dissolution. Elle est encore mise en évidence par la possibilité
d'obtenir des cristaux formés de couches superposées de corps isomorphes:
il en résulte que, dans ce cas, les molécules de l'un des corps agissent sur
les molécules des autres comme elles agissent entre elles. Mais cette
influence, dans le cas de substances isomorphes, ne saurait nous étonner,
puisque la propriété de former des mélanges isomorphes implique déjà cette
action d'orientation.
» Ce qui peut surprendre, c'est de voir des cristaux n'ayant aucun rap-
port, au point de vue chimique, ni, tout au moins en apparence, au point
de vue cristallographique, s'orienter réciproquement : c'est ainsi que, si
l'on fait cristalliser de l'iodure de potassium sur une lame de mica, les
octaèdres d'iodure s'orientent de façon qu'un de leurs axes ternaires soit
parallèle à l'axe quasi-ternaire du mica et qu'un de leurs axes binaires soit
parallèle à l'axe binaire de ce dernier minéral. Les deux cristaux s'orientent
donc parallèlement, et les molécules du mica agissent sur les molécules de
l'iodure comme elles agissent entre elles. Les octaèdres peuvent d'ailleurs
prendre deux positions à 180" l'une de l'autre, comme cela a lieu dans les
groupements autour des axes ternaires. Ce mode d'association peut être
àil parallèle ou symétrique ; c'est lui que l'on retrouve le plus souvent réalisé
dans les cristaux naturels.
)) Mais il est d'autres modes d'associations paraissant plus complexes et
satisfaisant tous à la même loi, facile à énoncer : si nous désignons sous le
nom à' éléments de la forme primitive ses arcles, ses diagonales et les diago-
nales de ses faces, on peut dire que les cristaux s'associent de façon qu'au
moins deux éléments de la forme primitive de l'un coïncident avec deux
éléments de la forme primitive de l'autre. Bien entendu, dans certains cas,
la coïncuience de ces deux éléments peut entraîner la coïncidence d'autres
éléments, comme cela a lieu dans le cas du parallélisme. On voit donc,
d'après les résultats publiés dans une Note précédente, que les minéraux
s'orientent de façon que, au moins suivant deux directions, les actions
exercées par les particules complexes de l'un sur les particules de l'autre
soient des forces centrales. Mais la position des deux minéraux, dans ces
associations, n'est pas rigoureusement déterminée comme celle de deux
cristaux de même espèce dans un groupement : souvent, en effet, les élé-
ments qui tendent à se mettre en coïncidence ne font pas entre eux abso-
8oO ACADÉMIE DES SCIENCES.
lument le même angle dans les deux cristaux, de sorte que la coïncidence
complète n'est pas possible : on constate alors un léger flottement dans la
position relative des deux cristaux.
» Comme exemple, je citerai l'association de l'amphibole et de la cal-
cite : l'amphibole s'oriente de façon que son arête verticale soit parallèle
à ime arête culminante de la calcite et que son axe binaire soit parallèle
à un axe binaire de ce dernier minéral. Or j'ai montré que la forme pri-
mitive de l'amphibole était un parallélépipède voisin d'un rhomboèdre
de 8o°5o'; il est, par suite, facile de constater que l'arête de ce parallé-
lépipède, située dans le plan de symétrie commun, coïncide précisément
avec l'axe ternaire de la calcite; par conséquent, une arête de la forme
primitive de l'un coïncide avec une diagonale de la forme primitive de
l'autre.
)) Dans l'association de calcite et d'aragonite, étudiée par G. Rose, la
microdiagonale de l'aragonite, qui est un axe binaire de sa forme primi-
tive, coïncide avec un axe binaire de la calcite, tandis que la macrodia-
gonale est parallèle à l'arête du scalénoèdre (2 i 3 i). Il en résulte, comme
le montre facdement le calcul, que l'axe vertical de l'aragonite, qui est un
axe quasi-ternaire^ coïncide avec l'arèle du rhomboèdre primitif de la
calcite.
» Un autre exemple, intéressant à signaler, est celui de la pegmalite
graphique. Si les cristaux de quartz, englobés dans l'orthose, ont même
orientation, cela provient simplement de ce que leur position est déter-
minée par rapport au feldspath. Cette relation de position des deux miné-
raux a pu échapper, parce qu'il y a plusieurs orientations possibles, mais
toutes satisfont à la loi énoncée plus haut. Pour ne citer que deux modes
d'association, tantôt un axe binaire du quartz coïncide avec l'axe binaire
de l'orthose et il y a parallélisme entre la diagonale de la face (10 i i) et
l'arête/?^' du feldspath, qui est un axe quasi-quaternaire; tantôt les axes
binaires coïncidant encore, la diagonale de la face (loi 1) du quartz est
parallèle à l'arête A'^' du feldspath, qui a im axe quasi-ternaire. »
BOTANIQUE. — Sur le développement de r ovule des Asclépiadées .
Note de M. Paul Dop, présentée par M. Gaston Bonnier.
« L'ovule des Asclépiadées n'a été jusqu'ici l'objet que d'un nombre
restreint de recherches. Dans son Mémoire sur la reproduction du Dompte-
SÉANCE DU lO XCV1£MBRE I902. 80 r
Venin, Chaiiveaud (') a montré que le sac embryonnaire provenait du
développement d'une cellule sous-épidermique, qui grandissait sans
jamais se cloisonner et dont le noyau, par bipartitions successives, donnait
naissance aux deux tétrades suivant le schéma classique de Strasburger.
» Vesque (^), au contraire, pense, d'après la considération de l'ovule
adulte, que le sac embryonnaire du Ceropegia Sandersoni s« développe
comme celui des Apocynées, c'est-à-dire par fusion des trois cellules qui
proviendraient de la segmentation de la cellule mère primordiale du sac.
)) D'Hubert (^) a récemment décrit le sac embryonnaire adulte du
G. Stapelia, sans étudier son développement. ■
» J'ai continué ces recherches et j'ai vu que le cas signalé par Chauveaud
était exceptionnel et que le sac embryonnaire des Asclépiadées avait un
développement comparable à celui que Vesque a décrit dans les Apocynées.
» J'ai employé la méthode des coupes en séries après inclusion à la paraffine. J"ai
coloré la cellulose par l'hématoxyline de Bôhmer, le protoplasma par l'éosine, et les
noyaux, par l'Iiénialoxyline à l'alun ammoniaco-ferrique. La safranine ne m'a jamais
donné de bons résultats, la fixation au liquide de Flemming étant rendue impossible
par la présence de globules gras dans le sac embryonnaire. Pour préciser je décrirai
le développement de l'ovule du Stapelia variegata.
» L'ovule naît comme une excroissance du placenta sans jamais offrir de tégument;
aussi dans son ensemble est-il comparable au nacelle des ovules normaux. Latérale-
ment une cellule sous-épidermique se différencie, c'est la cellule mère primordiale du
sac. Elle s'allonge et ne tarde pas à s'enfoncer dans l'épaisseur du mamelon ovulaire
grâce au mécanisme suivant : la cellule épidermique placée au-dessus d'elle se divise
par 2 cloisons radiales en 3 cellules. Ces 3 cellules s'allongent en se cloisonnant tan-
genliellement, elles forment ainsi trois bandelettes cellulaires d'origine épidermique,
qui jouent le rôle d'une calotte en séparant la cellule mère primordiale de l'extérieur.
Plus tard la file moyenne de ces cellules disparait. 11 se forme ainsi un canal qui
jouera, dans la pénétration du tube poUinique, le même rôle qu'un micropyle, mais
dont l'origine est toute dilïérenle. Lorsque la cellule mère primordiale s'est ainsi
enfoncée, elle se divise en 4 cellules filles par 3 cloisons perpendiculaires à son grand
axe. La première cloison formée divise la cellule en 2 cellules égales. De ces 2 cel-
lules, celle qui est la plus rapprochée du micropyle se divise à son tour en deux. Enfin
la dernière cloison s'établit de façon à diviser en deux celle des 3 cellules ainsi formées
qui avoisine le micropyle. En résumé les 3 cloisons se forment successivement du
milieu de la cellule mère primordiale du sac, vers son extrémité micropylaire, et la
(') Chauveaud, La reproduction chez les Dompte-Venin ( Thèse de In Faculté de
médecine de Paris, 1S72).
(2) Vesquk, Annales des Sciences naturelles, 6" série, t. Mil, p. 365.
(') D'Hubert, Thèse de la Faculté des Sciences de Paris. 1896, p. 108.
8o2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
cellulose qui les constitue se gélifie immédiatement après leur formation. J'appelle a
la cellule qui est au contact du micropyle; b, c, d les cellules suivantes; o? étant la plus
éloignée de a. Au début ces 4 cellules sont inégales : d est très grande \c,b,a petites.
A partir de ce stade on voit que les dimensions de d et de c ne se modifient pas, tandis
que b el a s'allongent, cet allongement étant très grand pour la cellule a. Au début
ces 4 cellules possèdent chacune un seul noyau, nuiis bientôt le noyau de la cellule a
se divise en deux. J'appelle ces 2 noyaux an^ et a/i^. Ils ne restent pas côte à côte;
l'un, an., par exemple, se place à l'extrémité micropylaire de la cellule; l'autre, ««,,
au contact de la paroi basale de cette même cellule.
» Pendant que ces modifications se produisent dans la cellule a, on voit la cellule d
se diviser en 2 cellules di et d^, par une cloison parallèle au grand axe du sac
embryonnaire. Il en résulte que cette extrémité du sac est formée de 3 petites
cellules f/,, c/., el c qui est restée indivise. Ce sont les 3 cellules antipodes.
» Pendant que ce groupe cellulaire se constitue^ on voit le noyau de la cellule b,
que j'appelle bn, se déplacer de façon à venir s'accoler à la membrane devenue
concave qui sépare celte cellule de la cellule a, et comme nous avons vu que l'un des
noyaux de la cellule a, an^, s'était déjà accolé à cette cloison, il en résulte qu'à la
limite des cellules a el ft on observe 2 noyaux accolés chacun à une des faces de la
membrane séparative. Cette membrane disparaît peu de temps après et une conti-
nuité s'établit entre les protoplasmes des 2 cellules. En même temps, dans la cel-
lule a, les 2 noyaux ««, et an,, se sont divisés chacun en 2 autres. Le noyau ««,,
qui est logé à la partie basale de la cellule, se divise en 2 noyaux an\ et an'[, A ce
stade le contraste entre ces 2 noyaux et le noyau de la cellule b, qui, par suite de la
mise en continuité des protoplasmas des 2 cellules, est arrivé à leur contact, est parti-
culièrement net.
» an\ et an'[ ont un nucléole petit, une masse chromatique peu dense et claire, un
contour sphérique; par contre le noyau de b, bn, a un nucléole volumineux, une
épaisse charpente chromatique et une foime légèrement en croissant. L'un de ces
noyaux, an\ par exemple, devient le noyau de Voosphère, et l'autre, an'[, se logeant
dans la concavité du noyau bn, s'unit à lui pour former un gros noyau à 2 nucléoles,
qui n'est autre chose que le noyau secondaire du sac. En même temps le noyau an,
s'est divisé en 2 noyaux an'^ et an\ qui oui les mêmes caractères que les noyaux an\
el ari\ . Ils deviennent les 2 noyaux des svnergides. Finalement il s'est constitué un
sac embryonnaire normal à 3 cellules antipodes, un noyau secondaire du sac,
I oosphère et 2 svnergides. Mais l'ordre des cloisonnements el des bipartitions n'est
pas le même que celui qui est généralement admis.
» En résumé j'ai éUibli que, dans le genre 5/ayoe/ja, l'ovule est réduit à son
nucelle, que la pénétration du tube jjoUinique est facilitée par l'existence
d'un canal creusé dans un tissu spécial d'origuie épidermique. J'ai montré,
en outre, que la cellule mère primordiale donne d'abord naissance
à 4 cellules filles; que 2 de ces cellules se fusionnent en une cellule où
se forment l'oosphère, les 2 synergides et le noyau secondaire, tandis que
les 2 autres donnent naissance aux antipodes. A quelques détails près,
SÉANCE DU lO XOVEMBKK 1902. So'^
l'étude des sacs embryonnaires d'Araujia, de Marsdenia et de Gompho-
carpus, m'a fourni des résultats analogues. »
GÉOLOGIE. — Sut le Grès niilnen. Note de M. R. Fourtau,
présentée par M. Albert Gaudry.
« La question de la place stratigraphique des grès sans fossiles, connus
généralement sons le nom (\e grès nubiens, est une des plus importantes pour
la géologie de l'Egypte et des régions voisines. Tous les savants qTii, jusqu'à
ce jour, ont traité cette question diffèrent sensiblement d'opinion. On fut
porté d'abord à les considérer comme l'équivalent du new red sandstone des
géologues anglais; puis Lartet démontra qu'en Syrie ils étaient albiens;
M. Ziltel, dans les oasis du désert libyque, y vit du Sénonien; en 1886,
Schweiniurth découvrit dans l'ouady Arabah une bande de grès contenant
des fossiles paléozoïques que Beyrich détermina comme carbonifériens;
plus lard, ,T. Walther, au Sinaï. trouva une faune un peu plus récente
attribuée à l'Artinskien, opinion que semble partager M. deMorgan. Enfin,
tout récemment, M. Blanckenhorn admel, pour la partie inférieure, un
âge paléozoïque, tandis que la partie supérieure de ces grès appartien-
drait, d'après lui, au Cénomanien.
» Cette dernière théorie, la plus récente en date, d'ailleurs, paraît
admettre dans la série sédimentaire de l'Egypte un hiatus considérable
qui ne s'explique pas.
» Mes excursions dans la vallée du Nil et dans le désert arabique, ainsi
que dans la partie occidentale de la presqu'île du Sinaï, m'ont bien sou-
vent mis à même d'étudier ces grès, et, de mes observations dans diffé-
rentes localités, j'ai pu dégager une conclusion intéressante, qui paraîtra
tout d'abord paradoxale : c'est que tous les auteurs précités ont raison
pour la localité qu'ils ont étudiée, mais qu'ils ont eu l'imprudence de géné-
raliser, pour une formation d'une immense étendue, des observations
exactes sur un seul point.
» En réalité, nous devons considérer la formation gréseuse qui couvre
de si vastes espaces de terrain depuis la Palestine jusqu'au Soudan égyptien
et au désert libyque, comme un véritable désert fossile semblable au désert
actuel et dont la limite a avancé ou reculé suivant la transgression ou la
régression des mers primaires et secondaires. Ces grès ne furent au début
que le produit de l'érosion du bombement archéen dont les restes forment
8o'j ACADÉMIE DES SCIENCES.
aujourd'hui le massif central du Sinaï et de l'Etbaye; plus tard, à cette
érosion directe du granit est venue s'ajouter l'érosion des couches de grès
plus anciennes, remaniemenlsqui donnèrent des bandes gréseuses au grain
de plus en plus serré. Les découvertes de Schweinfnrth et de Walther
prouvent que le rivage des mers à la fin de l'époque primaire et au com-
mencement du secondaire se trouvait sous le parallèle de l'ouady Arabah,
en Egypte, et de l'ouady Chellal au Sinaï, tout comme la bande fossdifère
de l'ouady Molir nous fixe définitivement la limite de la transgression
cénomanienne en Egypte. La mer sénonienne a poussé plus au sud,
comme le prouvent les grès fossilifères de l'ouady Haouaschich et des en-
virons d'Esneh, et si Zittel a fait sénoniens les grès des oasis, c'est qu'il les
a vus disparaître sous la craie blanche la plus supérieure. Enfin, la décou-
verte de Lartet en Syrie nous indique la limite nord de ce même désert à
l'époque albienne.
)) De même, aujourd'hui, s'il se produisait une nouvelle transgression
marine dans le plateau libyque, l'immense nier de sables qui arrêta la
marche vers l'ouest de Zittel et de Rholfs donnerait, sans nul doute, nais-
sance à une nouvelle bande de grès que l'on aurait de la peine plus tard à
discerner de celles de l'ouady Reneh et du nord du désert arabique.
» Nous ne devons donc accepter les termes de grès nubien ou de grés du
désert que comme de simples expressions pétrographiques, analogues au
Jlysch des auteurs allemands et sans aucune valeur stratigraphique, car,
pour le géologue qui étudie l'Egypte et les régions voisines, cette formation
gréseuse comble une lacune, mais ne justifie pas un hiatus. »
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — De la nature des courants électriques du
nerf. Note de M. IV. -E. Wedeîïsky, présentée par M. Marey.
« La théorie la plus explicite des phénomènes électriques observés sur
le nerf et le muscle est sans doute celle d'IIermann. Néanmoins elle ne
fournit pas de solution satisfaisante sur quelques points assez importants.
Par exemple, pourquoi le courant idérables, mais qu'elles
étaient intermittentes et sujettes à des variations saisonnières : nous avons,
depuis, vérifié cette loi pour beaucoup d'autres animaux, et avons cherché
à en déterminer la signification phy>iologique.
» Une première hypothèse établit un rapport entre cette fonction et
l'état delà température; c'est, en effet, presque toujours au printemps,
lorsque la température s'élève, que la graisse est particulièrement abon-
dante. Mais, d'une part, certams animaux, tels que iVytilus edulis, Pecten
asper, ont des réserves adipeuses considérables en hiver; d'autre part, les
expériences que nous avons faites relativement à l'influence de la tempé-
rature sur la teneur en graisse du foie ne sont pas favorables à cette ma-
nière de voir : c'est ainsi que des Escargots bien alimentés, mis pendant
10 jours à l'étuve à 89° après y avoir été progressivement habitués, n'ont
plus présenté, après ce laps de temps, aucune trace de graisse hépatique.
La transformation artificielle de ces Mollusques en animaux à sang chaud
a donc suffi pour faire disparaître les réserves graisseuses.
)) Une deuxième hypothèse consiste à établir un rapport entre l'alimen-
tation de l'animal, plus intense au printemps, et les réserves adipeuses. Il
doit y avoir une grande part de vérité dans cette hypothèse ; car, dans nos
expériences, les animaux soumis au jeîine consomment la totalité de leurs
réserves hépatiques; et, inversement, certains animaux, particulièrement
bien nourris, les Mytilus par exemple, accumulent, pendaîit toute l'année,
des réserves adipeuses et glycogéniques.
» Il semble donc bien que la fonction adipogénique du foie ait essen-
tiellement pour but d'accumuler des réserves nutritives, provenant de la
suralimentation, et destinées à des besoins ultérieurs. A ce point de vue,
la fonction adipogénique doit être comparée à la fonction glycogénique,
beaucoup moins développée chez les Invertébrés, et qu'elle supplée en
partie.
8o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Néanmoins la fonction adipogéniqiie nous a paru avoir une autre
signification plus spéciale : en effet, le foie de certains animaux n'est riche
en graisse que pendant un intervalle de temps beaucoup plus court que
celui de la suralimentation ; or, ce temps coïncide avec la période de for-
mation des œufs. C'est ainsi que l'He/ix pomatia ne possède une glande
hépatique riche en graisse que pendant les mois de mai et de juin, c'est-
à-dire au moment de l'ovulation; la graisse disparaît, par contre, au mois
de juillet, alors que la nutrition de l'animal est tout à fait favorable.
» Ces faits semblent démontrer que la fonction adipogénique est inti-
mement liée à la fonction génitale; on peut su|)poser, par exemple, que la
glande hépatique emmagasine d'abord des réserves adipeuses pour en
charger secondairement les œufs au moment de leur développement.
» En faveur de cette hypothèse, nous ferons remarquer l'intrication très intime des
glandes Iiépatiques et génitales chez les Mollusques; sur une même coupe, on observe
fréquemment des ovules à différents étals de dévelo|jpement en plein tissu hépatique;
on voit alors, à certains moments particulièrement favorables, les réserves adipeuses
du foie diminuer au fur et à mesure que la périphérie des ovules se surcharge de
graisse; les lacunes de communication entre les deux organes contiennent d'ailleurs
assez souvent des granulations adipeuses qui démontrent le passage de la graisse de la
glande hépatique à la glande génitale : nous avons constaté particulièrement ce fait
chez Donax trunculiis, Tapes pullaster. Cardium ediile, Chilon tnarginalits; ces
animaux ont été recueillis en septembre, au laboratoire de Wimereux.
» Chez les Astéries, on constate un phénomène du même ordre : les glandes hépa-
tiques et génitales se succèdent à la même place dans le prolongement des bras; au fur
et à mesure que la glande hépatique diminue de volume, les glandes génitales se déve-
loppent; ajoutons que les glandes hépatiques de VAsterias rubens sont particuliè-
rement riches en graisse.
» Chez les Crustacés, et en particulier chez V Aslacus Jliiviatilis, nous avons re-
marqué que le foie était très riche en graisse avant la ponte des œufs et que la graisse
diminuait notablement aussitôt après celle-ci.
)) En résumé, la glande hépatique des Invertébrés est un entrepôt de
réserves nuti'itives, ainsi tl'ailleurs que l'organe similaire des animaux
supérieurs; mais, tandis que chez les animaux à sang froid ces réserves
sont essentiellement constituées par des graisses, chez les animaux supé-
rieurs elles sont plutôt constituées par du glycogène. Ce fait n'en établit
pas moins, malgré leur différence de structure, une analogie fonctionnelle
évidente entre ces organes.
» Les léserves adipogéniques du foie, économisées pendant la saison
SÉANCE DU lO NOVEMBRE 1902. 809
favorable à la suralimentation, servent non seulement à l'individu, mais
aussi à sa descendance; elles se transmettent, en effet, en grande partie,
au moment de l'ovulation, aux produits sexuels qui se constituent, et leur
assurent ainsi les provisions nutritives indispensables aux premiers temps
de leur développement. »
CHIMIE ANIMALE. — Sur T existence de l'arsenic dans la se'ne animale.
Note de M. Gabriel Bertrand, présentée par M. Roux.
« A la suite des expériences que j'ai décrites concernant la recherche
de petites quantités d'arsenic et l'existence de ce métalloïde dans l'orga-
nisme de plusieurs Mammifères ('), il m'a paru nécessaire d'examiner si
l'arsenic se rencontre aussi chez d'autres animaux et même de poursuivre
cette recherche jusque chez les types les moins élevés en organisation.
» Le problème se pose, en effet, de savoir si l'arsenic est un élément
primordial de la cellule vivante, ou bien s'il répond seulement au besoin
d'une fonction particulière, apparue à un certain degré de l'échelle animale.
» Pour résoudre ce problème d'une manière satisfaisante, et pouvoir
tirer des nouvelles recherches tout l'enseignement qu'elles comportent,
il était indis|)ensable d'opérer dans des conditions aussi rigoureuses que
possible, c'est-à-dire sur des animaux vivant dans un milieu normal, éloi-
gnés, par conséquent, de toutes ces causes de contamination qui résultent
du contact plus ou moins direct avec l'industrie moderne.
w Les Cétacés, certains Oiseaux, des Poissons et d'autres animaux qui
fréquentent les abîmes de l'Océan, présentent, à ce point de vue, les meil-
leures garanties. Ce sont eux que j'ai choisis, et, grâce à la générosité de
S. A. S. le prince de Monaco, ce sont eux que j'ai pu étudier.
» Toutes les captures, et même une |)artie des recherches chimiques
(destruction de la matière organique et séparation du métalloïde) ont été
effectuées au cours d'une croisière scientifique entreprise cette année, du
18 juillet au 17 septembre, à bord du yacht Princesse- Alice.
)) A l'exception d'un Mouton, qui provient des pâturages du mont Pico,
et de l'Orque, harponnée par le prince en Méditerranée, les autres maté-
riaux d'études ont été recueillis en plein Atlantique, quelquefois à 1800'"
(') Comptes rendus, t. CXXXIV, 1902, p. tl\'i\-
8io
ACADEMIE DES SCIENCES.
de profondeur, dans une zone comprise entre Gibraltar, les Açores et l'ou-
verture de la Manche (exactement le banc de la Petite-Sole).
■» Tontes les expériences faites pendant la croisière ont été reproduites
au retour dans le laboratoire de l'Institut Pasteur. Aussi avait-on prélevé de
chaque animal, ou partie d'animal, un échantillon de poids connu, qu'on a
conservé dans une quantité à peu près égale d'alcool exempt d'arsenic.
» L'acide nitrique, employé pour la destruction des matières organiques, était
encore plus pur que celui ayant servi dans mes précédentes recherches. Il en fallait
3ooe pour donner, avec 3os d'acide sulfurique et 25f>' de zinc, un anneau d'un demi-
millième de milligramme, c'est-à-dire pour atteindre la limite de sensibilité de la mé-
thode, telle que je l'ai modifiée. Dans aucune expérience, d'ailleurs, on n'a employé
une aussi grande quantité de réactifs pour rechercher l'arsenic.
» Ne pouvant donner ici de détail.de chaque expérience, je résumerai, en un Ta-
bleau, les principaux résultats que j'ai obtenus (') :
Organes
Noms des espèces ('). examinés.
Mouton ( Oi'is aries L.) cornes
r\ , ^ 1 ,■ T ^ \ glande
Orque ( Urca sladiator L. ) ,°
^ ° ' ( thyroïde
» » peau
Pétrelle {Procellaria pelagica L.). plumes
Tortue {Thallassocheljs careltal^.). écaille
Serran {Serranus atricauda Gùni.). peau
» » . muscles
» » . écailles
Grondin {Trigla Plni Bloch) peau
)> » muscles
Germon [Thunnus alalonga Gm.). peau
Roussette (Scylliurn canicula Cuv.). peau
Squale {Centrocynurus cœlolepis 1
oc. ) (
c • u / c • yy • /• T ^ l corpsentier,
Seiche (oepia ojhcinalis L. ) l .
'^ -^ ' moins 1 os
Matière sèche
soumise
à l'expérience.
s
20
5o
à l'état frais
4o,o
34,0
20,0
22,2
17.1
environ 20s
32,7
3o, I
26,0
22,7
12,5
4o,8
Poids des acides
employés
dans l'attaque :
azot. sulfur.
s
5o,5
45
86,5
43,0
4o,5
45,0
33,0
»
36, G
71,0
10,5
19.5
i5,o
9>5
12,0
8,0
»
i4,o
i4,o
Arsenic
obtenu (^)
en
milligrammes.
o,oo4
0,0025
o,oo35
0,0025
o,oo35
0,001
0,001
0,001
o,oo5
o , 00 I 5
180,0 4o,o o,oo35 à o,oo4
45,0 i5,o o,oo2D à o,oo3
16,0 7,0
il ,0 i4iO
o , 00 1 .D
0,002
(') Pour tous les détails, voir le Mémoire publié dans les Annales de Vlnsliiitl Pasteur.
(') Presque toutes ces espèces ont été déterminées par M. le D'' J. Richard. La détermination
de l'éponge est due à M. Topsent.
(') Ces poids d'arsenic se rapporlenl à ceux de matières sèches mis eu expérience.
SÉANCE DU lO NOVEMBRE 1902. 81 I
Poids des acides
employés Arsenic
Matière sèche dans l'attaque: obtenu
Organes soumise - — »_--^ — en
Noms des espèces. examines. à rcxpérience. arot. sulfur. milligrammes.
( corps, moins ) r, ^ ^ , ^ c"
Anaùfe (Lepas anatifera h.) , "^ ... 3i,5 147,0 26,0 0,002
^ '^ -^ /les coquilles )
Hololhurie (StichopiisreffalisCuv.). entière 81,8 72,0 i.5,o o,oo3
Oursin ( Slron^ylocentrotiis drôba- ) . „ . î„ i; 05 e „ /k
\ "/ > entier 00,4 02, o 60, t> 0,0043
chensis Agassiz) )
ÈloWe àe mer (Pedicellaster sexra- ) .. / ;; .„ k
/ entière 29,0 40, .5 19,0 0,002
diatiis Perrier) )
Actinie (?) entière i3,i 18,0 7,0 0,002
Èponse (Desmacidoii frulicosaMon- } ., „. a„ t; ,_ s „ te
r >^ '^ J entière 06,7 07,5 17,» o,oo.5
tagu) \
» Comme on le voit par ces résultats, tous les animaux examinés,
depuis les Vertébrés supérieurs jusqu'aux Spongiaires, renferment de
petites quantités d'arsenic.
» La présence de ce métalloïde n'est donc pas, comme celle d'autres
éléments, en quelque sorte caractéristique de certains groupes d'êtres.
Tandis que l'acte respiratoire, par exemple, s'accomplit avec le concours
du cuivre chez des Crustacés et des Mollusques, avec celui du fer cliez les
Vertébrés, la différenciation morphologique et fonctionnelle s'est poursui-
vie, chez les animaux, sans s'accompagner, en ce qui concerne l'arsenic,
d'aucune différenciation chimique élémentaire.
» Il ressort en outre de mes recherches qu'au lieu d'être localisé dans
certains organes, où il peut toutefois, dans certains cas, exister en plus
grande proportion, l'arsenic se retrouve, au contraire, dans tous les tissus.
Ce métalloïde serait donc, au inême titre que le carbone, l'azote, le soufre
et le phosphore, un élément fondamental du protoplasme.
» Une telle conclusion comporte des conséquences importantes dont
l'une des plus immédiates s'applique à la médecine légale. M. A. Gautier
a montré qu'une petite quantité d'arsenic existe, chez l'homme, dans la
glande thvroïde ; qu'il y en a aussi des traces dans le cerveau, dans la peau
et ses annexes ('). Cette découverte de M. A. Gautier se trouve aujour-
d'hui non seulement appuyée par des faits d'une signification très générale,
mais encore étendue à tous les tissus de l'organisme. On peut dire que des
(') Comptes rendus, t. CXXIX et CXXX.
8l2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
traces d'arsenic isolées du corps de l'homme, même du tube digestif, du
foie ou des muscles, peuvent avoir une origine exclusivement normale. On
devra donc toujours, en cas d'expertise médico-légale, baser ses conclu-
sions sur des dosages et non pas, comme on l'a malheureusement fait
quelquefois, se contenter de simples recherches quahtalives. »
M. Armand Gautier, à propos de la Note de M. G. Bertrand, présente
les observations suivantes :
« Les intéressantes observations de M. G. Bertrand établissent la géné-
ralité de la présence et du rôle de l'arsenic chez les animaux sauvages et
marins, comme je l'avais déjà fait moi-même pour les domestiques et ter-
restres; mais je suis loin de croire que cet élément soit, chez eux, uni-
formément répandu. Je pense avoir démontré, au contraire, par de très
nombreuses expériences, qu'il n'existe pas, ou n'existe qu'en quantités
infinitésimales, dans beaucoup de tissus.
» Guidé par mes premières constatations que l'arsenic se localise surtout
dans les organes ectodermiques , j'ai retrouvé ce métalloïde dans la peau et
ses annexes : cheveux, cornes, barbes de plumes, etc. Je n'ai pu en trouver
dans les muscles, le tissu adipeux, le foie et la plupart des glandes des
Mammifères terrestres.
» D'ailleurs, l'arsenic n'est pas exclusivement propre au règne animal ;
je l'ai rencontré aussi dans toutes les Algues à chlorophylle, terrestres ou
mannes.
» Enfin je me suis assuré que l'eau de mer elle-même est arsenicale.
» Je donnerai une Note à ce sujet dans la prochaine séance. »
TÉRATOLOGIE. — Un nouveau genre de Tératopage, les Hypogastropages
de type opérable. Note de M. Marcel Baudouix, présentée par M. Lanne-
longue.
« Au cours d'un examen récent de la vitrine consacrée aux Monstres
doubles, au Musée d'Analomie pathologique de la Faculté de Médecine de
Paris, nous avons trouvé, dans un bocal portant le n" 114*, un spécimen
de Tératopage, constituant un genre nouveau, non signalé dans les Traités
classiques de Tératologie.
SÉANCE DU lO NOVEMBRE 1902. 8l3
» a. L'étiquette du bocal porte cette seule indication : « Deux fœtus réunis par la
» partie supérieure du corps et confondus inférieurement; le cordon et le foie étaient
» uniques; il y avait deux estomacs », etc. Un procès-verbal donne des détails sur
l'accouchement (Creulher, chirurgien à Luçon, i835). Le registre du Musée (article
Tératologie, 114'^) donne une phrase en plus, après le mot accouchement. La voici :
« et une description sommaire des fœtus ». Mais cette étiquette ne nous a pas paru
correspondre au monstre qu'elle désigne actuellement.
» Nous avons mis tout en œuvre pour retrouver, à Luçon, des documents sur le
monstre correspondant à cette étiquette; mais notre correspondant, M. le docteur
Choyau, n'a rien pu découvrir relativement à la naissance de ce sujet.
» b. En ce qui conc"erne le sujet, il s'agit d'un Page élémentaire et très simple dans
lequel l'union, au lieu de se faire entre l'ombilic et l'appendice xiphoïde, autrement
dit dans la région épigastrique comme dans les Xiphopages (d'où le nom proposé par
nous di'Epigaslropage pour ce genre de monstruosité), se trouve correspondre à
l'hypogastre, c'est-à-dire est étendue de l'ombilic à la région prépubienne. On peut,
par suite, donner à ce genre nouveau le nom A' Hypogasliopage.
» Après avoir relu la description d'un cas publié jadis par Depaul ('),
nous avons conclu, de la comparaison de cette pièce et de ce document,
que le bocal 114'^ devait contenir le sujet décrit il y a 45 ans par l'illustre
maître.
M Nous ne donnerons donc pas ici une description nouvelle de ce type
d'Hypogastropage, renvoyant à la Note de Depaul (-). Nous nous borne-
rons à signaler que les deux fœtus sont bien de même sexe, comme de règle,
et du sexe masculin, et qu'il n'y a qu'un seul testicule descendu dans
chaque scrotum : ce qui n'avait pas été indiqué.
» Le pédicule d'union a environ 4"" de hauteur, et l'on voit, à la partie médiane
de son bord supérieur, une petite cicatrice de la largeur d'une lentille, correspondant
à l'insertion du cordon ombilical, qui était, bien entendu, unique.
» Dans le Mémoire que nous consacrerons ultérieurement à ce monstre, si nous
obtenons la permission de le disséquer, nous insisterons sur la disposition des organes
internes conservés, dont Depaul n'a pas parlé.
» Ce type de Tératopage est viable, puisque le sujet de Depaul a vécu
Il jours, malgré une anomalie anale, très rare, semblant devoir à brève
échéance entraîner la mort, et constituée par une imperforation anale
chez les deux composants (•').
(') Depaul, Bulletin de la Soc. anatoniique de Paris, t. XXXII, 1857, p. 283-285.
(^) Depaul a ouvert les deux sujets; mais les cavités abdominales sont aujourd'hui
refermées.
(') La mort n'a pas eu lieu au moment de l'accouchement, parce que la mère était
C. R., igo2, 2* Semestre. (T. CXXXV, N» 19 ) 'O?
8l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Qui plus est, il est opérable, mênae dans le cas en question, qui ne
doit pas, croyons-nous, représenter l'espèce typique. Il aurait suffi, en
effet, de faire en ces circonstances, après section du pont cutané d'union,
deux anus hypo gastriques, plus ou moins provisoires ( ' ).
» Les Hypogaslropages, dont nous connaissons désormais au moins une
observation C), ne sont en réalité que des Pages unis au-dessous de l'om-
bilic, tandis que les Xipliopages (ou Epigastropages) sont des monstres
soudés au-dessus de l'ombilic. Comme chez ces Pages bien connus, qui
vivent parfaitement et qui sont opérables (■''), la soudure correspond à la
face antérieure du corps; par suite le mode de formation de ce nouveau
type de monstruosité double doit être comparable à celui des autres Téra-
topages abdomino-thoraciques.
» Il n'est pas probable qu'il y ait de l'inversion des viscères {''), mais
c'est à vérifier par l'examen des cœurs (grâce à la radiographie), par
exemple.
» C'est un genre évidemment intermédiaire entre les Xiphopages et les
Ischiopages, d'où dérivent les Ischioxiphopnges, inconnus jadis. La dé-
couverte de ce genre est une preuve de plus de ce fait que, en Tératologie
des monstres doubles, on doit trouver tous les intermédiaires possibles
entre les types éloignés les uns des autres. »
VITICULTURE. — Sur la préparation d^un soufre pulvérulent directement
miscible aux- bouillies cupriques, et sur l'efficacité d'un traitement simul-
tané des visnobles contre l'oïdium et le mildew. Note de MM. M. et A.
Campagne.
« Sans contester ce que peut avoir d'original la Note du 28 juillet 1902,
de M. Guillon, relativement au traitement, par un même liquide, du mil-
diew et de l'oïdium, nous croyons devoir informer l'Académie qu'un bre-
une multipare, et parce que le pédicule d'union est tel, dans ces cas, qu'il gêne peu
le travail, comme dans la xiphopagie.
(') Si les sujets avaient guéii on aurait pu, plus tard, transformer ces anus.
(^) Il est probable que, en cherchant dans la littérature médicale, on trouvera
d'autres faits comparables.
(') M. Baudouin, Les monstres doubles autositaires opérés et opérables. {Revue
de Chirurgie, mai 1902. Tiré à part; Paris, 1902, in-8°.)
(*) Il n'est pas parlé d'inversion dans le fait de Depaul.
SÉANCE DU lO NOVEMBRE 1902. 8rfî
vet, en date du 24 avril 1902, établit pour nous la priorité de fabrication
du soufre /nowj7/ai/e directement par l'ean, base essentielle des essais de
M. Guillon.
» Ce soufre, mélangeable à toute bouillie cuprique, est dans le com-
merce depuis avril 1902 et a, du reste, été communiqué, sur sa demande,
à M. Guillon, en date du 5 mai 1902. »
HYDROLOGIE. — Sur le fonclionnement et V alimenta lion de la fontaine de
Vaucluse. Note de M. E.-A. Martel.
« Il est généralement admis que Vaucluse (voir Comptes rendus, 27 jan-
vier 1902) constitue « le trop plein d'une vaste nappe d'eau souterraine
» (Carte géologique au -^^^, feuille de Forcaiquier, 1892), formant une
» réserve d'au moins looooooo"' d'eau » (Marius Bouvier, Comptes rendus
de l'Assoc. franc, pour l'avancement des Sciences, 1879), etc.
» Or, Vaucluse est simplement le débouché d'un fleuve souterrain, dont
l'écoulement a lieu par de longs et hauts canaux renflés au milieu, où de
considérables variations de niveau se produisent sous la double influence :
1° du jeu irrégulier des précipitations atmosphériques et des infdtrations
qui en résultent; 1° des rétrécissements, siphonnements et éboulements
intérieurs, agissant comme des vannes retaidatrices et transformant ces
canaux en réservoirs temporaires étroits. Ces variations, engendrant de
grandes différences de pression hydrostatique, provoquent une mise en
charge plus ou moins considérable des veines liquides ramifiées sous terre;
et la répercussion de cette pression variable sur le dernier vase communicant
qui forme, dans une faille, l'émergence de Vaucluse amène les écarts de
niveau et de débit de la fontaine.
)) Telles sont l'allure et la disposition du système hydraulique de Vau-
cluse; j'ai essayé de les schématiser sur la planche ci-contre, en y conden-
sant tous les éléments du problème. Seules quelques-unes des coupes
d'avens y correspondent à la réalité des choses matériellement constatées;
mais le surplus des profils ne fait que reproduire des formes expérimenta-
lement relevées ailleurs. Cette synthèse n'est donc théorique que pour
partie. Et, si l'on entreprend jamais le colossal travail de la désobslruction
des avens, pour parvenir aux collecteurs de Vaucluse, on leur rencon-
trera certainement des coupes et profils analogues.
SÉANCE DU lo NOVEMBRE 1902. 81 7
» Mon h\polhé.se d'ailleurs satisfait pleinement aux données recueillies,
depuis 1873, parla Commission météorologique de Vaucluse.
» I " La cavité la plus proche de l' émergence n 'est pas d'une grande capa-
cité, à cause des parlicularilés météorologiques constatées : d'une part, en
effet, la température moyenne annuelle de la fontaine s'est toujours mon-
trée de 2° inférieure (exactement i^.gS) à celle de l'air; d'autre part, la
température de l'eau, chaque année, varie en moyenne de i'',5. Donc,
jusqu'au voisinage immédiat de l'émergence, le courant souterrain se
manifeste, et l'arrivée des esux froides , descendues des hauts plateaux du
Ventoux, de Lure, etc., empêche la fontaine d'équilibrer sa température
avec celle de l'extérieur et d'acquérir la stabilité thermique que devrait
lui communiquer un réservoir vaste et profond. Au surplus, il est établi
que, dans les années les moins pluvieuses (à infiltrations réduites au mi-
nimum), les variations de température de la fontaine sont les plus faibles.
» 2° Les caprices du débit (minimum, 4"' par seconde; maximum, iSo"'
par seconde) sont expliqués par les étranglements et siphonnements (Jîg. 2)
qui j)rovoquentles mises en charge, après les pluies, et ralentissent l'écou-
lement lors des sécheresses pour assurer un étiage rarement inférieur
à 6-"' ou 8"".
» 3" Après les pluies abondantes et longues le débit de la source ne diminue
que très lentement, grâce à ce retard dans la vidange des collecteurs.
» 4° Les pluies des régions voisines de la source se manifestent plus rapide-
ment que celles des localités éloignées, parce que leur trajet souterrain est
moins long et entravé par moins d'obstacles.
» Les figures 3 à 5, donnant, toujours d'après des exemples empiriques,
le profil probable des collecteurs, fournissent la clef des trois dernières
lois établies par la Commission météorologique de Vaucluse, savoir :
» 5° Les pluies influent lentement sur le débit de la fontaine quand elle est
très basse, parce que la partie inférieure et très étroite (a) des collecteurs
est seule remplie à l'étiage, et qu'il faut aux infiltrations le temps de s'élever
dans le renflement {b) delà partie moyenne.
» 6° La fontaine grossit rapidement dés quelle atteint une certaine hauteur,
parce que le remplissage de (b) augmente la mise en charge et accroît
promptement le débit de l'émergence.
» 7° I^es pluies fortes et prolongées font croître la source, également à cause
de l'élévation du niveau et de l'augmentation de pression hydrostatique.
» Ainsi, toutes ces manifestations s'expliquent très facilement, en appli-
8l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
quant au réseau hydrologique souterrain de Vaucluse les configurations de
courants intérieurs, dont les exemples se multiplient chaque année parmi
les régions calcaires, avec une similitude de plus en plus générale.
» Et il convient de conclure à l'abar-aou défiuitif, en matière d'alimen-
tation de sources, du terme incohérent et fautif de nappe vauclusienne ;
l'usage d'une association de mots aussi peu conforme à des lois naturelles
maintenant dûment établies ne peut que conduire les géologues à de
flagrantes erreurs et les hydrologues à de fâcheux mécomptes. »
A 4 heures un quart, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 4 heures trois quarts.
G. D.
BULLETIN BIBUOGRAPHIQLE.
Ouvrages reçus dans la séance du 3 novembre 1902.
(Suite.)
Jahrbuch der kônigl. sàchsischen meteorologischen Inslitutes. 1899; Jahr-
gang XVII, Ablheil. 1, 3. Cliemnitz, 1901-1902; 2 fasc. in-^".
Census of hxdia 1901. Vol. VIII, paris 1-3; Vol. IX, parts 1-3 ; Vol. XIII, parts 1-2.
Bombay et Singapour, 1902; 8 vol. in-4''.
Account of the opérations of the Great Irigonometrical Sur^'ey of India;
Vol. XVI. Dehra-Douii, igoi ; 1 vol. in-zj"-
Publications de l'Institut royal géologique de Suède : série Ka, n"" 115 et 117
sér. Ac, n°^ 1-4, 6; sér. B«, n" 6; sér. B6, n" 9; sér. C, n<" 172, 180, 183-192
sér. C(7, n°' 1, 2. Stockholm, 1901-1902; 18 fasc. in-8°, 3 fasc. 10-4°; i fasc. in-f°
i3 feuilles h. t. in-f".
Memorie del reale Istituto lombardo di Scienze e Letlere. Classe di Scienze math,
e nal.; Vol. XIX, fasc. V-VIII. Milan, 1902; 3 fasc. in-4''.
Reale Istituto lombardo di Scienze e Letlere : Rendiconli ; série II, Vol. XXXIV.
Milan, 1901 ; 1 vol. in-8°.
Memorie del reale Istituto veneto di Scienze, Leltere cd Arti ; vol. XXVI,
n"' 6-8. Venise, 1901-1902; 3 fasc. in-4''.
SÉANCE DU U) NOVEMBRE 1902. 819
Aui del reale Istituto veneto di Scieiize. Lettere ed Arti :
Anno 1899-1900; t. LIX, disp" 3-10. Venise; 7 fasc. in-8°.
Anno 1900-1901 ; t. LX, disp^ I-IO. Venise; 10 fasc. in-S".
Anno 1901-1902; t. LXI, disp^ 1-9. Venise; 9 fasc. in-S".
Pubblicazioni délia Specola vaticana; Vol. VI. Rome, 1902; 1 vol. in-8°.
R. Universita roniana. Scuola d'applicazione per gl'ingeneri. Annuario per
l'anno scolastico 1902-1903. Rome, (902; i vol. in-ia.
Ouvrages reçus dans la séance du 10 novembre 1902.
Ministère des Travaux publics. Étude des gîies minéraux de la France. Colonies
françaises. Flore fossile des gîtes de charbon du Tonkin, par R. Zeiller, Membre
de l'Institut : Atlas. Paris, Imprimerie nationale, 1902; i vol. in-4°. (Hommage de
l'auteur.)
Sur quelques empreintes végétales du Kimniéridien de Santa Maria de Meya,
province de Lérida en Catalogne {Espagne), par R. Zeiller, Membre de l'Institut.
{Memorias de la Real Academia de Ciencias y Artes; 3« série. Vol. IV, n» 26.)
Barcelone, 1902; i fasc. in-/,". (Hommage de l'auteur.)
La Science et l'Hypothèse, par H. Poincaré. Paris, Ernest Flammarion, s. d.; i vol.
in-i2. (Hommage de l'auteur.)
Glossaire médical, gSoo mots, noms ou expressions, 426 figures et 5 cartes, par
L. Landouzy et F. Javle. Paris, C. Naud, 1902 ; 1 vol. in-S". (Présenté par M. Bouchard.
Hommage des auteurs.)
Les monuments mégalithiques de l'Armorique et leurs sculptures lapidaires,
par le D"' Zambaco-Pacha, Correspondant de l'inslilut. Paris, F.-R. de Rudeval et C"=,
s. d.; 1 fasc. in-S". (Présenté par M. Lannelongue, Hommage de l'auteur.)
Ministère de l'Agriculture. Rapport sur la limitation des doses d'acide suif ureux
dans les vins, par M. S. Mathieu. Paris, Imprimerie nationale, 1902; i fasc. in-8°.
(Hommage de l'auteur.)
La tuberculose dans l'Aisne, statistique et étiologie, par Emile Loncq. Laon,
1902 ; I fasc. in-8°.
Rapport sur les travaux : 1° du Conseil central d'hygiène publique et de salu-
brité de la ville de Nantes et du département de la Loire-Inférieure; 2° des
Conseils d 'hygiène des arrondissements; 3" des médecins des épidémies, etc. pendant
l'année 1901. Nantes, 1902; i vol. in-8°.
Rapport sur les travaux du Conseil central de salubrité et des Conseils d'arron-
dissements du département du Nord, pendant l'année 1901 ; n" LX. Lille, 1902;
I vol. in-8°.
Matériaux pour la Carte géologique de la Suisse; nouvelle série, i3= livraison :
Étude géologique de la Côte-aux-Fées et des environs de Sainte-Croix et Baulmes,
avec carte au Yïiôô' profils et croquis, par Tii. Rittener. Berne, 1902; i fasc. in-4''.
Geologische Karte der Schweiz, herausgegeb. v. der geologischen Kommission
der Schweizer. Naturforschenden Gesellschaft, auf Kosten der Eidgenossenschaft :
020 ACADEMIE DES SCIENCES.
Geologische Karle der Làgernkette. Carte tectonique des environs de Moutier
{Jura bernois). Carte tectonique des environs de Bellay {Jura bernois). Winler-
thur, 1901 ; 3 feuilles in-f".
Erlàulerungen zur geologischen Karte der Làgernkette in yîoVô' ^o" ^- Muulberg.
Berne, A. Francke, 1902; i fasc. in-8°.
Tlie niean rigiit ascension and proper motions of 254 stars, by H.-B. Evans.
(A ihesis présentée! to ihe Facully of Philosophy of ihe University of Pennsylvania. )
s. 1. n. d.; I fasc. in-4°.
Quelques recherches sur la couverture de neige, par MM. Jansson et J. Westman.
Upsal, s. cl.; I fasc. in-8°.
Transactions of the clinical Society of London; vol. XXXV. Londres, Longmans,
Green et C'"^, 1902; i vol. in-8°.
VerofTentlichung der kgl. wiirtembergischen Kommission fiir die internationale
Erdmessung. Relative Schwermessungen, aiisgefdhrt im Auftrag der kgl. Minis-
leriums der Kirchen- und Schulwesens; II. Messungen auf \o Stalionen der Pariser
Parallel {]io[>C\ugen, Aalen, etc.), v. K.-R. Koch; mit einem Anhang : Ein Hypso-
meter mit elektrischer Temperalurmessung. Slultgard, 1902; i fasc. in-8°.
Anzeiger der kaiserlichen Akademie der Wissenschaften. Mathemalisch-natur-
wissenschaftliche Classe; Jahrgang XXXVIII, 1901 ; n°' I-XVII. "\"ienne, 1901 ; i fasc.
in-8''.
Department of Marine and Fisheries. Report of the meleorolo gical Service of
Canada, by R.-F. Stupart, Dlveclor, for the year ended december 3i , 1900. Ottawa,
1902 ; I vol. in-4°.
Société industrielle de Mulhouse. Programme des pria; proposés, en assemblée
générale les 28 mai et 25 juin 1902, à décerner en 1903. Mulhouse, 1902; i fasc.
in-8°.
GAUTHIER-VILLARS, Imprimeur-Éditeur,
yUAI DES GIIANDS-AUGIISTINS, 55, A PARIS ((V).
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
PUBLIÉS PAR LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
Par décision de l'Académie des Sciences, les prix de l'aboiiiiemoiU et des collections sont
désormais fixés ainsi qu'il suit :
PRIX DE L'ABONNEMENT :
Paris 30 fr. | Départements 40 fr. | Étrangeh 44 fc.
Cliaqiie année, sauf i8'(.'), 1S78 à i8y >, i8y6 à i8y8, se rend séparément 25 Ir.
Cliaque volume, sauf les Tomes 20, 21, 70 à 108, 110, 1 12, 1 l'i, 115, 122 à 127, se vend sépa-
rément J5 ||.
TABLES GÉNÉRALES.
TABLE (WiMÉRALE dos Tomes 1 à ?,[ (iS3,J-i8:.n , 25 1V.
— Tomes 32 à 61 (i85i-i8fi.'.) 25 fr.
— Tomes 62 à 91 (1866-1880) 25 fr.
Tomes 92 à 121 (18S1-1S9J) 25 fr.
Cliaque Volume des Tables génoralcs compieud iiii.j Table par ordre alphabctùjiic d'auteurs
et uiiu Table par fnatu-r,s très détaillée.
K 19.
TAHLK DES ARTICLES. (Séance du 10 itovembre 1902.)
MEMOIRES ET GOMMUiXICATIOIVS
DKS MRMBHF.S ET DES CORRESPOiNDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pages.
M, Paul Painlevi-;. — Sur les transcen-
ilanles uniformes définies par l'équation
y-6y-+x 707
M. P. DuHKM. — Sur les quasi-ondes 761
M. R. Blondlot. — Observations et expé-
riences complémentaires relatives à la
détermination de la vitesse des rayons X.
Sur la nature de ces rayons 763
i\I. B. Baillaud. — Étude sur le climat de
Toulouse de i863 à igoo 766
iM. Haton de la GoupiLLiiiRE. — P.emarques
au sujet d'une Communication récente de
M. Gréhant 768
iM. Zeiller fait liommage de son Atlas de
"itcs de
Pages,
harbon du
la o Flore fossile des
TonUin »
M. Zeiller fait hommage d'une Note, pu-
bliée en espagnol et en français, « Sur
quelques empreintes végétales du Kinimé-
ridien de Santa .Maria de iMeya, province
de Lérida ( Espagne ) »
M. 11. P01NCARÉ fait hommage de son
Ouvrage inlitulé : « La Science et l'Hy-
potlièse '■
M. Za.mbaco-Pach.^ fail hommage d'une
brochure intitulée : •' Les monuments
mégalithiques de l'.^rmorique et leurs
sculptures lapidaires >'
769
CORRESPONDAIVCE.
1\L le Ministre de l'Instruction tublique
transmet à l'Académie une Lettre relative
à un tremblement de terre survenu dans
l'État de South Auslralia
M. A. Lacroix. — Sur l'état actuel du volcan
de la Montagne Pelée à la Martinique...
M. J. Collet. — La pesanteur le long du
parallèle moyen
M. LÉON Autonne. — Snr les substitutions
crémoniennes dans l'espace
M. JouGUET. — Sur la rupture el le dépla-
cement de l'équilibre
I\r. E. Cartan. — Sur l'équivalence des
sysstèmes différentiels
iM. W. Stekloff. — Sur certaines égalités
remarquables
jM. Edmond van .\ubel. — Sur le phénomène
de Hall et le pouvoir thermo-électrique..
M. J. KuNZ. — Sur Ja conductibilité des disso-
lutions aux basses températures
M. DussAUD, — Nouvelles expériences sur
la résistance électrique du sélénium et
ses applications à la transmission des
images et des impressions lumineuses
M. A. Verneuil. — Production artificielle
du rubis par fusion
M. 0. BouuouARD. — Sur les alliages de
cuivre et de magnésium
MM. J. BoUGAULT et G. .'\llard. — Sur la
Bulletin" bibliosraphiqiiî
776
77S
781
78.3
'M
790
79'
794
présence de la volémite dans quelques
Primulacées
M. Marcel Guédras. — Essais sur la
constitution chimique des copals
^\. Fred. Wallerant.— Sur les groupements
de cristaux d'espèces différentes
M. Paul Dop. — Snr le développement de
l'ovule des Asclépiadées
M. H. Fourtau. — Sur le Grès nubien
AL N.-E. Wedensky. — De la nature des
courants électriques du nerf
M"" C. Deflandre. — Bolc de la fonction
adipogénique du foie chez les Invertébrés..
M. Gabriel Bertrand. — Sur l'existence
de l'arsenic dans la série animale
M. .Vrmand Gautier. — Observations à
propos de la Note de IM. G. Bertrand...
M. Marcel Baudouin. — l!n nouveau genre
de Tératopage, les Hypogastropagcs de
type opérable
MM. M. et .\. Campagne. — Sur la prépa-
ration d'un soufre pulvérulent directement
miscible aux bouillies cupriques, et sur
reflicacitc d'un truitement simultané des
vignobles contre l'oïdium et le mildew...
M. E.-.V. Martel. — Sur le fonctionnement
et l'alimentation de la fontaine de \au-
chfrc
796
797-
798
800
8o3
80^
807
S09
8l2
8i4
8i5
818
PAIUS. - niPRlMlîRIE li VU nm: li- VILLABS,
Quai des Grands-.A.uguslins, 65.
Le Gérant: Gauthier-Villars.
-hm 1902
SECOND SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
T03IE CXXXV.
N^20 (17 Novembre 1902).
^PAIUS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMIÎUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉA.XCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Gramls-Auguslins, 55.
1902
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS
Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l' Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article i". — Impression des travaux de l' Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un associé étranger de, l'Acrdémie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie
ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans
le Compte rendu à& la semaine que si elle a été remise
le jour même de la séance.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Les Comptes rendus ne reproduisent pas les ilis-
■ eussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca-
démie ; cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont
ils donnent lecture à l'Académie avant de les re-
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ci s Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap-
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autan
que TAcadéniie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance pu
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savants
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des personnel
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'ua ré-
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires sont
tenus de les réduire au nombre de pages requis. Lu
Membre qui tait la présentation est toujours nommé»
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait
autant qu'Us le jugent convenable, comme ils le fopi
pour les articles ordinaires de la correspondance ofiHI
cielle (le l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis
rim[)rimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, 1»
jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à tempst
le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compte rende
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sut
vant et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus ne contiennent ni planches, n
figures.
Dans le cas exceptionnel où des figures seraieni
autorisées, l'espace occupé par ces figures compter)
pour l'étendue réglementaire.
Le tirage à part des articles est aux frais des au
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports :e
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative fai
un Rapport sur la situation des Comptes rendus aprè
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré
sent Règlement. ;
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de le
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5*'. Autrement la présentation sera remise à la séance suivant!
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 17 NOVEMBRE 1902,
PRÉSIDÉE PAR M. ALBERT GAODRY.
MEMOIRES ET COMMUIVICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
CHIMIE. — Sur les impuretés de l'oxygène comprimé et sur leur rôle
dans les combustions opérées au moyen de la bombe calorimétrique;
par M. Berthelot.
« 1. J'ai montré comment l'emploi de l'oxygène comprimé et de la
bombe calorimétrique (') constituait une méthode universelle, d'une exé-
cution facile et d'une précision très grande, dans les mesures relatives à
la chaleur de combustion, tant au point de vue de la science théorique que
des applications industrielles. Il en est ainsi à la condition que l'oxygène
soit absolument exempt de toute substance combustible, condition qui
n'est pas toujours réalisée, ainsi que je vais le rappeler. J'indiquerai
d'abord comment on peut vérifier la pureté de l'oxygène à ce point de
vue; puis je dirai comment on doit procéder dans les cas où elle est
suspecte, spécialement avec l'oxygène comprimé vers 1 20 atmosphères que
l'industrie fournit aujourd'hui aux laboratoires.
» 2. Observons que la présence de la vapeur d'eau et de l'acide carbo-
nique (ce dernier en petites quantités) n'offre aucun inconvénient pour
les déterminations calorimétriques des chaleurs de combustion. Il est
même utile, comme je l'ai expliqué, de saturer l'oxygène de vapeur d'eau,
dans la bombe elle-même, avant la combustion; ce qui rend négligeables
les effets calorifiques dus à la réduction en vapeur de l'eau produite par la
combustion elle-même. Si l'on opérait avec de l'oxygène sec, il faudrait,
(') Trailé pratique de Calorirnétrie chimique, p. 127 et suiv.
G. R., 1902, 1' Semestre. (T. CXXXV, N<> 20.) ^°°
822 ACADÉMIE DES SCIENCES.
en effet, tenir compte de la chaleur absorbée par cette vaporisation. On y
obvie en plaçant à l'avance quelques grammes d'eau liquide dans l'inté-
rieur de la bombe.
» 3. Je ne parlerai pas davantage de l'existence, constante d'ailleurs,
d'un peu d'azote dans l'oxygène : ce qui fournit au cours des combustions
une trace d'acide azotique, que l'on dose chaque fois, et dont on fait
entrer la chaleur de formation comme correction dans les calculs (').
» 4. Si l'on employait la combustion dans la bombe comme méthode
de dosage du carbone et de l'hydrogène, ainsi que je l'ai indiqué, dans
ce cas, il faudrait opérer avec de l'oxygène exempt d'acide carbonique et
de vapeur d'eau, ce qui est d'ailleurs facile, et même d'azote, ce qui est
plus délicat. Ces précautions sont inutiles pour les déterminations calori-
métriques.
» 5. Il convient d'envisager spécialement la présence de l'hydrogène et
des gaz ou vapeurs combustibles, résultant de la préparation ou de la com-
pression de l'oxygène : la combustion de ces gaz dégage une certaine
quantité de chaleur, qui devrait être retranchée des nombres observés.
» G. Un tel accident est susceptible d'être observé lorsqu'on comprime
soi-même l'oxygène à l'aide d'une pompe; ainsi que je le faisais il y a 20
à 25 ans, lors de mes déterminations relatives à la chaleur de combustion
des gaz en particulier. En effet, j'ai signalé la formation, pendant cette
compression, de petites quantités de vapeurs combustibles, aux dépens des
matières grasses des soupapes de la pompe.
)) 7. J'ai montré comment cette cause d'erreur pouvait être écartée,
en faisant passer lentement l'oxygène comprimé à travers un tube de
cuivre rouge très épais et maintenu à la température rouge. En opérant
ainsi, l'hydrogène, l'oxyde de carbone, les vapeurs hydrocarbonées, si
faible qu'en soit la proportion, sont brûlés exactement, sous les influences
simultanées de l'oxygène et de l'oxyde de cuivre. Le gaz qui sort du tube
est refroidi en traversant une spirale immergée sous l'eau, puis dirigé
dans la bombe. Ce gaz est exempt de toute matière combustible; je m'en
suis spécialement assuré.
» 8. Pour le succès de cette manipulation, il est indispensable que
toutes les jonctions, depuis la pompe jusqu'à la bombe, soient exécutées
avec des pièces de cuivre vissées, sans le moindre emploi de matières or-
ganiques, luts, etc. Le caoutchouc spécialement doit être évité, à cause de
(') Traité de Caloriinclrie chiniicjue. p. 127.
SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 823
sa perméabilité aux gaz atmosphériques et à l'eau hygrométrique, et de
son altérabilité par l'oxygène, même à la température ordinaire.
» 9. Depuis l'époque où l'oxygène comprimé a été livré couramment
par l'industrie, je m'en suis servi d'ime façon à peu près exclusive. Mais
cet emploi ne va pas sans quelques risques, comme il va être dit, et je ne
sais si les précautions nécessaires ont toujours été prises par les opérateurs;
ce qui m'engage à entrer dans quelques détails à cet égard.
» 10. L'oxygène industriel a été tiré principalement, à ma connais-
sance, de trois sources : deux, le bioxyde de baryum, l'oxyde de manganèse
joint à un hydrate alcalin, permettent de l'extraire d'une façon continue
de l'air atmosphérique par un simple jeu de températures inégales.
Depuis ces dernières années, on a eu recours de préférence à l'électrolvse
de l'eau, dans des appareils munis de diaphragmes, de façon à séparer les
deux gaz composants : oxygène et hydrogène.
» 11. Lorsqu'on opère avec les premiers agents et le concours de la
chaleur, les impuretés peuvent consister dans des doses plus ou moins
notables d'oxyde de carbone et des autres gaz de la combustion, mélangés
après coup au sein des récipients. On en constate l'existence (après éli-
mination préalable de l'acide carbonique et de la vapeur d'eau) par les
moyens connus, c'est-à-dire en pesant l'acide carbonique et l'eau régé-
nérés, au sortir du gros tube de cuivre rouge.
» Le passage lent au travers de ce tu])e élimine les gaz combustibles,
et l'oxygène sortant peut être mis en œuvre dans la bombe calorimétrique
pour déterminer les chaleurs de combustion des corps renfermés dans
celle-ci, par la méthode générale. Mais il f.iul recourir au tube de cuivre
rouge dans chaque expérience ; ce qui la complique et la ralentit beaucoup.
» 12. Reste l'oxygène électrolytique : celui-ci est exj)osé à contenir de
l'hydrogène, en dose variable et qui dépend du fonctionnement plus ou
moins parfait des diaphragmes. Le procédé qui précède demeure évi-
demment applicable. Mais, quand la dose de l'hydrogène est très petite, il
est préférable de la déterminer, une fois pour toutes les expériences de com-
bustion exécutées avec le même tube à oxygène comprimé, et d'en déduire
un coefficient de correction, faible d'ailleurs, applicable à ce groupe
d'expériences.
» 13. Les essais qui suivent préciseront la marche dans les cas de ce
genre.
)) L Vérifications . — 4" d'air, sous la pression normale, séché et privé
de CO" préalablement par le passage à travers les tubes ordinaires, puis
(S24 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dirigé à travers le tube de cuivre chauffé au rouge, pendant 3 heures.
2 expériences :
Tubes à ponce suU'uiique .... Perte : o,oooj Gain
Tube à KOH concentrée Perte : — 0,0124 »
2' lul)e à CaO sodée Gain : +0,0121 »
0,0006 Eau formée nulle.
-0,0118 j conformé nul.
+0,01 10 )
» II. Oxygène comprimé. — Préparé par les anciennes méthodes, 8',
sous la pression o'",76, en 5 heures. Ce volume de 8' représente le poids
d'oxygène comprimé que renfermerait la bombe sous la pression de 20 at-
mosphères.
Eau Gain : +o,ooo5
CO^ Nul.
» III. Oxygène èlectroly tique comprimé. — 8' (sous la pression o™,76)
en 5 heures. Trois essais distincts :
] 2 3. Moyenne.
Eau of,oo4i o5,oo46 o6,oo/i8 o8,oo45
nfv T 1 • i, !■ 0 \ i"' lubeà KOH liq.. — o,o554 ]
L.U-, lubeacnaux sodée.. -t-os,ooo2 +0,0005 ) , ,-. /-v 1 - , ^ „kc„ f bensible-
' I 2= tube a CaO sodée. +o,o5bo \
I ment nul.
+0,0006 )
)) Il résulte de ces chiffres que la quantité d'oxygène, susceptible d être
introduite dans la bombe par une combustion régulière, ne fournit qu'une
dose nulle ou négligeable d'acide carbonique pendant la combustion;
tandis qu'elle renferme o^, ooo5 (un demi-milligramme) d'hydrogène libre.
Ce poids est susceptible de développer i7'^''',2 par sa combustion, soit 2 à
3 millièmes des quantités de chaleur qui s'observent le plus communé-
ment : dose faible, mais non négligeable. Elle doit varier d'ailleurs sui-
vant les échantillons; sa détermination est donc nécessaire. »
ASTRONOMIE. — Sur les récentes publications émanant de V Observatoire de
Paris : Catalogue slellaire (IV* Partie); Catalogue photographique
(I" Volume); Annales, Observations de 1898; Mémoires (Tome XXIII);
Bulletin du Comité international (Tome III). Note de M. Lœwy.
« J'ai l'honneur de faire hommage à l'Académie d'un ensemble de publi-
cations émanant de l'activité de l'Observatoire de Paris et renfermant des
travaux astronomiques d'une nature très variée.
SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 820
» Voici d'abord les deux derniers des huit Volumes d'un vaste Ouvrage
dont l'exécution a été décidée sous la direction de l'amiral Mouchez, il y a
une vingtaine d'années. Pour faire comprendre toute la portée de celte
œuvre, il convient de fournir quelques renseignements sommaires sur les
raisons scientifiques qui ont déterminé son exécution.
» On sait que, sous la direction de Jérôme de Lalande, une exploration
du Ciel boréal par zones fut entreprise il y a plus d'un siècle à l'Observa-
toire de l'Ecole militaire. Munis de faibles ressources, à l'aide d'un objectif
de petite ouverture, Lalande et ses collaborateurs parvinrent, grâce à un
labeur infatigable, à effectuer, de 1791 à 1801, 47390 observations dont
la précision est véritablement remarquable. Elles ont été publiées telles
qu'elles figurent aux carnets-minutes, dans le Tome I de VHistoire céleste,
entachées encore des erreurs physiques et instrumentales qui font pa-
raître les astres dans une situation autre que celle qu'ils occupent réelle-
ment dans le Ciel. Mais les astronomes n'en reconnurent pas moins la très
haute importance de ces documents. Les plus illustres savants de l'Alle-
magne, Bessel, Encke, Schumacher, Hanse», se mirent les premiers à
l'œuvre en préparant des Tables destinées à faciliter les calculs de réduc-
tion à une origine commune. C'est finalement à l'Association britannique
que revînt l'honneur de mener à bien cette entreprise à laquelle fut affectée
une somme d'environ 45ooof'' et dont l'exécution fut confiée à Francis
Baily. Après la mort de ce dernier, plusieurs astronomes anglais conti-
nuèrent les travaux, et le Catalogue définitif, ramené à l'équinoxe moyen
de 1800, parut en 1847.
)) Les anciennes observations, comme celles dont il vient d'être ques-
tion, constituent des témoins irrécusables de l'état du Ciel dans le passé;
leur utilité ne peut qu'augmenter avec le temps. En les comparant avec
d'autres observations obtenues à des époques ultérieures, on aura la faculté
d'aborder quelques-uns des problèmes les plus curieux de la Cosmogonie.
On parviendra à acquérir des notions plus exactes sur les mouvements
particuliers des astres ou sur les déplacements d'ensemble des constella-
tions, sur la marche de notre système planétaire à travers les espaces
célestes. Ces mouvements sidéraux auront d'autant plus d'amplitude, et
leur élude acquerra d'autant plus d'intérêt que l'intervalle écoulé entre
les séries d'observations conjuguées sera plus considérable.
» C'est pour permettre aux savants de faire servir à des investigations
d'un caractère si élevé les matériaux si précieux, légués par Jérôme et
Michel de Lalande, que Le Verrier décida la réobservation des étoiles de
826 ACADÉMIE DES SCIENCES.
V Histoire céleste. Cette recherche, inaugurée en i854, et à laquelle ont par-
ticipé tous les astronomes qui se sont succéflé à l'Observatoire de Paris, a
été définitivement close en 189g. Mais ces nouvelles séries d'observations,
accomplies au prix de tant d'efforts, semblables à celles de VHistoire céleste,
ne se prêtaient que très difficilement aux applications scientifiques et res-
taient à moitié réduites, ensevelies dans les Annales de l'Observatoire.
» Dès son arrivée à la directiou de l'Observatoire, l'amiral Mouchez fut
instruit de ce fâcheux état de choses, et, pour y remédier, conformément
à l'avis des astronomes, la construction d'im grand Catalogue reposant sur
l'ensemble des données recueillies de 1837 à 188 1 fut alors décidée. Cette
entreprise, qui a sollicité durant une vingtaine d'années les efforts inin-
terrompus d'une partie du personnel du Bureau des Calculs, se trouve
aujourd'hui menée à bonne fin par la publication des deux Volumes que
je viens de mettre sous les yeux de l'Académie.
» Le plan de ce travail important est dû à M. Gaillot, sous-directeur de
l'Observatoire, qui, depuis 1882, en a poursuivi sans relâche la réalisa-
tion. Dans cette tâche si complexe, il a été secondé de la manière la plus
efficace par M. Bossert, chef du Service des Calculs.
» Les astronomes ont désormais à leur disposition deux œuvres consi-
dérables, dues à l'activité des astronomes de Paris, et se rapportant à des
séries d'observations séparées les unes des autres par un intervalle de près
d'un siècle. Le Catalogue fournit les résultats de 887 474 observations
effectuées sur 34733 étoiles; 221369 observations ont été obtenues en
ascension droite et 166 io5 en distance polaire.
» Voici maintenant le premier Volume du Catalogue photographique du
Ciel. Il ne convient pas de retracer, en cette circonstance, l'historique des
faits qui ont déterminé l'exéculion de la vaste entreprise internationale
dont cette publication fait partie. Je me bornerai seulement à rappeler que
la tâche imposée à chaque observatoire était double.
» Il s'agissait, en premier lieu, de dresser une Carte du Ciel à l'aide de
clichés à longue pose; on avait ainsi en vue d'obtenir de l'état actuel du
Ciel une représentation fidèle comprenant tous les astres jusqu'à la
i4* grandeur, c'est-à-dire les images d'objets célestes possédant à peine la
millième partie de l'éclat de la plus faible étoile visible à l'œil nu. L'Aca-
démie a déjà reçu, dans le courant de cette année, une nouvelle série de
feuilles de cette Carte. Cet Atlas du Ciel dont on peut, d'une manière cer-
taine, prévoir l'achèvement, se composera de 22o54 feuilles et offrira une
richesse de renseignements précis à laquelle rien ne saurait être comparé
SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 827
dans le passé; il en résultera un nouvel essor pour l'étude des grands pro-
blèmes relatifs à la structure de l'Univers sidéral.
» La seconde section de l'œuvre photographique, dont je mets aujour-
d'hui le commencement sous les yeux de l'Académie, est appelée à rendre
des services non moins importants pour l'étude du Ciel. Il s'agit ici de
fixer les positions d'environ trois millions de repères dans l'espace céleste
et de décupler ainsi en étendue les résultats acquis jusqu'à ce jour dans
cet ordre de recherches. C'est à ces repères qu'on rattachera les coor-
données de tous les astres de notre système solaire. En même temps, à
cause de l'extrême précision que comporte la mesure des images stellaires,
on aura bientôt la faculté de déduire les mouvements propres de ces som-
mets de la triangulation céleste par la comparaison faite avec les travaux
similaires effectués ultérieurement.
» L'exécution du travail dévolu à l'Observatoire de Paris, et relatif à la
zone de l'espace comprise entre -i- 18° et + 24° de déclinaison nord, a été
confiée à M. Prosper Henry, qui a été puissamment secondé dans cette
tâche par son frère, M. Paul Henry. Grâce à leur activité persévérante,
les diverses parties de l'Ouvrage se succéderont désormais très régulière-
ment. Le premier Volume, actuellement édité, renferme les coordonnées
rectilignes de 64264 étoiles comprises dans une zone de deux degrés de
largeur et dont le centre est situé par -t- 24" de déclinaison boréale.
» L'Académie sera sans doute désireuse de connaître le degré de précision
que possèdent les positions de tous ces astres. J'ai entrepris toute une
série de recherches particulières consignées dans plusieurs Mémoires pour
arriver à fixer d'une manière très approchée le véritable degré d'exacti-
tude réalisé dans la construction du Catalogue photographique.
» En étudiant de très près la série des opérations de mesure et des
causes susceptibles de les altérer, nous avons trouvé que l'exactitude avec
laquelle on peut déterminer les coordonnées rectilignes des nuages stel-
laires, par rapport au centre de la plaque, est considérable. L'erreur
probable, en ce cas, est de ±0", 16. D'autre part, nous avons examiné le
degré d'exactitude avec lequel on peut tirer, de l'ensemble de tous les
catalogues stellaires existants, les positions des étoiles de repère photo-
graphiées sur les clichés, positions sur lesquelles on est obligé de s'appuyer
pour calculer celle qui correspond dans l'espace au centre du cliché.
» L'ensemble de ces documents n'est pas homogène; les positions y
sont souvent fondées sur un nombre d'observations variant d'un catalogue
à l'autre; certains d'entre eux ont une supériorité incontestable sur
828 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'autres, et il n'a été que très rarement possible de rencontrer les données
nécessaires dans les meilleurs catalogues. Pour arriver, dans ces condi-
lions, à la connaissance approchée de l'erreur probable d'une position
déduite d'un ensemble de ces documents, on a choisi 100 étoiles symétri-
quement distribuées sur les 24 heures d'ascension droite de la zone consi-
dérée, astres dont les coordonnées se sont trouvées enregistrées dans un
nombre notable de catalogues. En comparant à leur moyenne les diverses
positions relatives à un même astre, on a trouvé, à l'aide de la méthode
des moindres carrés, zto",8o pour l'erreur probable des coordonnées
d'une étoile de repère de grandeur 8* à 9*, empruntées à un catalogue
dont les positions sont basées sur deux ou trois observations méridiennes.
En considérant que les coordonnées de 21 étoiles de repère environ,
tirées de 6 catalogues différents, sont intervenues dans le calcul des
constantes des clichés, il a été facile d'évaluer, grosso modo, la précision
qui en résulte pour les coordonnées équatoriales des centres des clichés.
Dans ce but, le poids à attribuer à la moyenne des positions de « étoiles
de repère tirées d'un même catalogue a été calculé à l'aide de la
formule "" • On a ainsi conclu l'erreur probable dzo",26 affectant la
movenne de 21 coordonnées empruntées à 6 catalogues.
» La confrontation des deux nombres rh o", 16 et ± o", 26 est instruc-
tive. On remarque immédiatement que la précision avec laquelle on
parvient à rattacher les coordonnées rectilignes des images stellaires au
centre des plaques dépasse celle que l'on peut, dans l'état actuel des
choses, réaliser dans la détermination des positions absolues corres-
pondant dans l'espace aux centres choisis des clichés. Il faudrait pouvoir
disposer de 36 positions d'étoiles de repère empruntées à 18 catalogues
pour obtenir une précision équivalente entre les deux catégories d'erreurs
probables. Ce contraste si frappant entre ces deux ordres de grandeurs
s'explique aisément et ne saurait jeter un discrédit sur la valeur des cata-
logues employés. La solution du problème, que l'on réclame aux méthodes
méridiennes, est d'une nature très complexe : il s'agit de fixer les positions
absolues d'astres occupant toute l'étendue de la voûte céleste, cas où l'on
se trouve en présence d'un grand nombre d'inexactitudes redoutables. Il
n'en est pas de même en ce qui concerne la méthode photographique, qui
a pour tâche de reproduire avec fidélité les images d'astres voisins les uns
des autres et dont les situations relatives ne subissent qu'une influence
atténuée des causes d'altération.
SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 829
» Bien que ces difficultés soient inhérentes à la nature des choses, il est
cependant difficile de se contenter des constantes de réduction dont la
précision n'est pas en harmonie avec la perfection du travail photogra-
phique. Pour tirer de l'œuvre entreprise tout le profit qu'elle comporte et
remédier, d'une manière efficace, au défaut d'homogénéité entre les deux
catégories de données dont dépendent les coordonnées astronomiques
tirées des clichés, nous avons décidé d'effectuer de nouvelles observations
méridiennes des étoiles de repère afin d'obtenir avec exactitude leurs posi-
tions, à l'époque moderne : ce qui nous permettra de corriger d'une ma-
nière très efficace les éléments de réduction actuellement employés. L'effet
combiné des deux inexactitudes qui viennent d'être indiquées conduit à
évaluera ±o",3i l'erreur probable totale d'une coordonnée astronomique
tirée du présent Volume. On se rendra compte d'une manière tangible de
la précision ainsi obtenue quand on saura que l'exactitude d'une telle
coordonnée équivaut à celle qu'offre la moyenne d'environ 10 positions
d'étoiles de repère empruntées à 5 catalogues. Il en ressort ainsi avec évi-
dence que la méthode photographique réalise, de la manière la plus satis-
faisante, les espérances qu'on avait fondées sur son efficacité.
» Le Volume suivant renferme les observations accomplies à l'Observa-
toire de Paris dans le courant de l'année 1898; elles sont relatives à hi
revision des étoiles de Lalande, à la détermination de la latitude de notre
établissement et des positions des astres de notre système solaire, effec-
tuées à l'aide des instruments méridiens ou des instruments équatoriaux.
On y rencontre également la suite des recherches de M. Bigourdan sur
les nébuleuses. Ces travaux réguliers, exécutés avec habileté, suivant
un plan mûrement élaboré, et convergeant durant de nombreuses années
vers un même but, finissent par constituer des œuvres d'une portée con-
sidérable, comparables à celles dont je viens d'entretenir l'Académie.
» Le XXIIi* Volume des Mémoires a paru en même temps que le précé-
dent. Il contient uniquement des recherches théoriques relatives en ma-
jeure partie à des questions de Mécanique céleste. Ces études sont dues
à MM. Andoyer, Bigourdan, Callandreau, Lebeuf, J. Mascart.
M Voici, en dernier lieu, le second fascicule du Tome III du Bulletin du
Comité international de la Carte du Ciel, rédigé par l'Observatoire et
publié sous les auspices de l'Académie des Sciences.
» Il renferme tout un ensemble de recherches nouvelles possédant une
importance de premier ordre pour la construction de la Carte et du Cata-
logue photographiques et pour la détermination de la parallaxe solaire
C. R., igoa, 2» Semestre. (T. CXXXV, N» 20.) I «9
83o ACADÉMIE DES SCIENCES.
au moyen de la planète Eros. La seule énuméralion des matières qui y
figurent fait voir que la publication du Bulletin a puissamment contribué
au succès des deux belles entreprises internationales auxquelles colla-
borent 55 observatoires. On y trouve une étude [Jiirticulièrement intéres-
sante : elle met en lumière que la Carte conduit à des applications qu'on
n'aurait jamais osé prévoir. Il est prouvé maintenant que, malgré toutes
les déformations subies par le papier des feuilles, on pourra relever sur
la Carte les positions des astres jusqu'à la i4' grandeur avec une précision
comparable à celle des meilleures observations méridiennes.
» Voici l'objet des divers Mémoires contenus dans le présent fascicule,
et sur lesquels je me permets d'appeler l'attention de l'Académie :
1) 1" Dispositions adoptées dans les Observatoires français pour la pu-
blication de la Carte et du Catalogue photographiques, par M. Lœwy;
» 2° Documents relatifs à l'organisation des travaux d'observation delà
planète Eros {Circulaires n°^ 7, 8 et 9), renfermant en particulier :
» Des études sur l'influence des traînées produites par le mouvement
propre des astres;
» Deux Mémoires de M. Comstock sur la réduction des observations et
la précision des mesures micrométriques d'Éros;
» Une Notice de M. Hermann Stnive sur la précision des mesures micro-
métriques effectuées à l'Observatoire de Kœnigsbi^rg;
» Les recherches de M. Prosper Henry relatives à l'influence présumée
de la dispersion atmosphérique sur la position des astres;
H Un travail de M. Hinks sur les conditions géométriques du problème
de la parallaxe ;
M Une première étude de M. Lœwy concernant la précision que com-
portent les mesures des coordonnées rectilignes et l'évaluation de la dis-
tance des traits imprimés sur les clichés; deux autres Mémoires du même
auteur sur la détermination des coordonnées astronomiques des astres
photographiés et l'exactitude des positions relatives de leurs images;
» 3° Les recherches de M. Trépied sur l'exactitude des coordonnées des
astres, tirées des feuilles de la Carte du Ciel ;
» 4" Une Note de M. André concernant les expériences faites à l'Ob-
servatoire de Lyon, sur la variation d'éclat de la [danète Eros. »
SÉANCE DU 17 NOVEMBUE 1902. 83 I
PHïSIQL'E. — Sur lainsêe d'une surface de mercure éclairée par un faisceau
de lumière horizontal. Note de M. C Lippmax.v.
n On sait qu'il est difficile de pointer une surface de mercure. Cette sur-
face forme Tin miroir si parfaitement poli qu'on ne Je distingue pas : on ne
A'oit que l'image plus ou moins surbaissée des objets placés au delà; le
contour apparent que l'on croit apercevoir n'est que la limite de cette
image réfléchie.
» Quand la surface du mercure est courbe, il ne paraît pas y avoir de
bonne mélhode pour en pointer le contour. Quand une partie de la surf;ice
est plane, on se sert d'un artifice connu : on vise successivement une pointe
voisine de la surface, et son image réfléchie : la moyenne des deux lectures
donne la position du miroir mercuriel.
» Un second artifice, qui fournit également de bons résultats, consiste
à appliquer sur la surface du mercure un fil de verre très fin et très
flexible : il se colle sur la surface, et il peut être pointé sans difficulté.
» Mais il y a des cas où l'on ne peut (') faire usage d'aucune de ces
méthodes : notamment quand on ne peut mettre au point sur les points ni
sur le fil de verre. Il faut alors a\oir recours à un nouvel artifice, que je
vais indiquer.
)i Au lieu de s'éclairer à la lumière diffuse, on éclaire le champ de l'in-
strument d'observation par un faisceau de lumière horizontal, fourni par
un collimateur placé à peu près sur le prolongement de la lunette. On voit
alors le mercure se profiler sur fond clair sous forme d'une masse noire
à contour net. Cette netteté subsiste quand on observe à travers un micro-
scope micrométrique; elle est suffisante pour donner dans ces conditions
des pointés dont les valeurs extrêmes (sur dix pointés successifs) nedif-
(') Ce cas se présente lorsque ion mesure la cnnslanle capillaire d'un liquide par
la métliode de la large goutte, et en faisant usage d'un microscope pour trouver la
distance verticale entre l'équateur et le sommet de la goutte. Avec la lunette d'un
catliéloinètre ordinaire, on peut se mettre assez loin pour être au point à la fois sur
l'équateur et le sommet. Si 1 on vise avec un microscope, la tolérance de mise au
point disparaît. Dans ce cas on met au point seulement sur l'équateur, et l'on éclaire
le soinmel en lumière horizontale, ce qui permet de voir nettement le niveau sans
le mettre au point, comme je le montre plus loin.
832 ACADÉMIE DES SCIENCES.
fèrent au plus que de ^ de millimètre; l'erreur moyenne est donc voisine
de tI- de millimètre.
» Le contour du mercure, comme de tout autre objet visible dans le
champ, est bordé d'une série de franges de diffraction. On pourrait donc
se demander si le contour apparent n'était pas en réalité le bord d'une pre-
mière frange de diffraction, et s'il ne faudrait pas de ce chef faire une cor-
rection aux lectures. ,
» La théorie des franges de diffraction, produites par l'interposition
d'écrans à trois dimensions, n'a pas encore été faite. Il était donc néces-
saire de recourir à l'expérience pour résoudre cette question. Je me suis
assuré que le niveau du mercure, déterminé par la visée en lumière hori-
zontale, est bien le même que celui que l'on obtient par l'une ou l'autre
des méthodes rappelées au commencement de cette Note. La diffraction
n'intervient donc pas pour déplacer d'une manière sensible le profd du
liquide. »
PHYSIQUE. — Pendule de Foucault simplifié. Note de M. d'Arsonval.
« La réinstallation du pendule de Foucault, au Panthéon, par
MM. Berget et Flammarion, a excité l'ingéniosité des constructeurs.
Parmi ces derniers je dois citer M. Cannevel, qui a résolu le problème
d'une façon simple et précise.
» L'appareil que j'ai l'honneur de faire fonctionner devant l'Académie
se compose d'une sphère en plomb, enveloppée de cuivre, pesant laSo^,
pouvant fonctionner pendant 3 heures et s'accrochant au plafond par un
simple clou.
» La partie intéressante est la suspension du fil. Ce fd d'acier a -^ de
millimètre, il est pincé à la partie supérieure dans un bloc métallique
percé d'un trou de fdière à travers lequel passe le fil. Un simple coup de
balancier l'immobilise dans le bloc, que l'on fixe au j^lafond par une vis.
» Tout l'appareil tient dans une petite boîte de bois qu'on peut
presque mettre dans la poche. La boîte sert à contenir le tas de sable sur
lequel le pendule laisse sa trace.
» Le fil peut recevoir une longueur appropriée à la hauteur dont on
dispose.
» Un petit support en bois, mobile autour d'un axe vertical, porte un
petit pendule auxiliaire qui sert à démontrer le principe de l'appareil,
c'est-à-dire l'invariabilité du plan d'oscillation.
SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 833
)) Malgré sa simplicité, l'appareil de M. Cannevel fonctionne avec une
régularité qui a valu à son auteur l'entière approbation de MM. Berget
et Flammarion.
» Un autre grand avantage de ce dispositif est son bas prix (?o'^'' et
au-dessous), qui le met à la portée du public et des écoles, et permet ainsi
de vulgariser la remarquable démonstration de Foucault que tout le
monde ne peut aller voir au Panthéon. A ce titre, j'ai cru intéressant de le
sicyialer à l'Académie. »
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Localisation fie l' arsenic normal dans quelques organes
des animaux et des plantes. Ses origines. iVote de M. Armaxd Gautier.
« Après avoir, en 1899, reconnu que l'arsenic existe normalement chez
les animaux domestiques et chez l'homme, j'essayai, autant que le per-
mettait la méthode déjà très précise et très délicate que j'ai suivie alors,
et que j'ai depuis encore perfectionnée, de déterminer les localisations de
ce métalloïde dans l'économie. J'observai qu'il se rencontre surtout dans
les organes d'origine ectodermique : la peau et ses annexes, la glande thy-
roïde, le thymus, la glande mammaire, le cerveau, ainsi que dans les os,
mais qu'on n'en trouve pas, ou des quantités inférieures au ^^^^^J^^^^^^^^ du
poids de la substance examinée ( ' ), quand on s'adresse aux autres organes :
muscles, rate, foie, pancréas, rein, tissus cellulaire et adipeux, glandes les
plus diverses y compris l'ovaire et le testicule, sang, urines, etc. (voir
Comptes rendus, t. CXXX, p. 286 et 290). En même temps j'établissais que
l'arsenic s'élimine surtout par les poils, les cheveux et les cornes (Ibid.,
p. 285), ainsi que par le sang menstruel chez la femme (Comptes rendus,
t. CXXXI, p. 36 1, et Comptes rendus du Congrès international de Médecine
tenu à Paris en 1900; Section de Physiologie, p. 98).
» Arsenic chez les oiseaux et les poissons. — Je n'ai pas borné mes
recherches aux mammifères. Dès le début, j'examinai divers organes et
tissus des oiseaux et des poissons : œuf de poule, œufs et laitances de
poissons, chair de poissons, sans y trouver d'arsenic. S'il y existe, c'est en
quantité très inférieure à celle des organes moyennement arsenicaux et
inférieure au vingt-millionième du poids de l'organe frais.
» Depuis j'ai cherché l'arsenic dans les plumes de l'oiseau, qui me
{') Soit moins de o™s'",oo5 pour 100 grammes de substance fraîche, limite de sen-
sibilité de la méthode suivie à celte époque.
y
834 ACADÉMIE DES SCIENCES.
semblaient correspondre aux poils et cornes des mammifères. L'arsenic
existe fn effet dans les plumes, mais il y est très particulièrement localisé.
Voici d'abord le résumé de mes expériences à ce sujet :
Poids Arsenic
QuantiK's approximatif en milligrammes
traitées. de l'arsenic pour roo''
(Etat frais.) en milligrammes, de malicre fraiclie.
. Kl- m!;r mgr
Duvel ventral de 1 oie 25o o,o3o o, 12
Canons des plumes de poulet 100 nul nul
Barbes de plumes de poulet 200 nul nul
Plumes de poulet complètes aSo nul nul
Canons des plumes de la queue du paon. 12 nul nu!
Barbes des œils des grandes plumes de
la queue du paon 22 o,o55 o,25
» Il suit de ces constatations que l'arsenic existe bien dans le duvet de
l'oiseau, qui est plus particidièrement en rapport avec le fonctionnement
de la peau et qui semble seul correspondre au poil des mammifères, tandis
qu'il est ordinairement absent des plumes banales des ailes ou de la queue,
simples org'anes de locomotion. Celles au contraire qui servent d'orne-
ment au mâle et font sa parure au prinlemps, telles que les belles plumes
de la queue du paon, contiennent de l'arsenic. Toutefois, même dans ces
plumes, l'arsenic n'existe pas dans le canon; il est entièrement localisé
dans les barbes colorées chatoyantes de l'œil qui les termine. A[)rès la sai-
,son des amours, l'arsenic s'élimine par la chute de ces plumes ornemen-
tales. Celte observation rappelle celle que j'ai déjà faite chez les mammifères
de l'accumulation de l'arsenic dans les poils et les cornes du mâle, et de
son élimination par perte de ces poils, ainsi que par les sécrétions sexuelles
de la femelle au moment du rut.
» Ce fait que l'arsenic est absent des canons de la plume du paon, et
des plumes banales des oiseaux, alors qu'on le retrouve dans les barbes
colorées qui ornent le mâle, ou dans le duvet qui recouvre leur peau,
suffirait à démontrer que ce métalloïde est bien localisé dans certains
organes ou parties d'organes et en corrélation avec leur fonclionne-
ment, et non pas uniformément répandu dans tous. Chez les animaux, il
est en corrélation étroite avec le fonctionnement de la peau, du cerveau
et des organes de la reproduction.
» Arsenic chez les vt'gé taux, particulièrement clicz les algues. — En 1900,
j'avais inutilement cherché l'arsenic dans le pain {Comptes rendus, t. CXXX,
SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 835
p. 16). Ces essais négatifs méritent toutefois d'être repris avec une méthode
encore plus sensible. J'y reviendrai.
» Guidé par diverses considérations théoriques, j'ai pensé que je
retrouverais, sans doute, l'arsenic plus particulièrement localisé chez
les végétaux riches en iode, et particulièrement dans les algues marines et
terrestres ( ' ).
» L'expérience a vérifié cette hypothèse. Voici mes dosages : ils sont
tous rapportés à 100 parties de substance telle qu'elle est après qu'on l'a
laissée quelques jours à l'air vers 1.5° :
l'oids en nigr Hoids d'arsenic
Quantités d'arsenic par loos'
«.— Algues marines. en expérience. obtenu. de substance.
Fucus vesiculosus iSy o,25 0,169
Fucus digitalus 120 o,25 0,208
Fucus serraUis 85 0,07 0,082
b. — Algues d'eau douce.
Spyrogyia 25 0,010 o,o4o
Cladopliora 80 o , 007 o , 008
Id. 35o o,o3o 0,008 C^)
» On voit que l'arsenic, comme l'iode, abonde surtout dans les algues
de mer. Ces deux éléments semblent bien s'accompagner, comme je l'ai
déjà souvent remarqué pour les organes des animaux (thyroïde, peau,
cheveux, etc.)
» M. B. Renault, le savant paléontologiste du Muséum d'Histoire natu-
relle de Paris, a démontré que les boghead (ou charbons de houille à
longue flamme) d'Autun et d'Australie sont uniquement formés de débris,
tout particulièrement, de spores d'algues d'eau douce. J'ai eu la curiosité
de chercher l'arsenic dans ce charbon d'algues fossiles, j'ai trouvé :
Quantités Poids Arseuic
mises d'arsenic pour loos'
en e.\pcriencc. en mgr. de substances,
gr mgr mgr
Boghead de Lorme d'Autun 10 0,20 2,00
» 10 0,26 2,5o
„ 10 o , 20 2 , 00
» d'AusUalie 10 o,o3 o,3o
(') Voir mon Mémoire Sur la présence de l'iode dans toutes les algues à chloro-
phylle et dans les suif uraires {Comptes rendus, t. CXXIX, p. 189).
(2) Cet échantillon contenait, à l'état frais, o"6'-,o66 d'iode pour 100 grammes.
836 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» On voit que l'arsenic se rencontre aussi bien dans les algues géolo-
giques que dans les algues modernes.
» Ce métalloïde peut se trouver aussi dans les algues non chlorophyl-
liennes. On sait que l'on a sigaalé depuis longtemps une trace de cet
élément dans les eaux sulfureuses ('). Dès que j'eus reconnu l'existence
de l'arsenic dans toutes les algues, je pensai que dans les eaux sulfureuses
l'arsenic devait, comme l'iode, se trouver plus particulièrement condensé
dans les éléments figurés de ces eaux : sulfuraires, gkirine et barègine.
En effet, iSot"' de glairine (de Luchon), pesée à l'état humide ('), m'ont
donné o^sr.oiS d'arsenic, soit o^sr^ocya pour loo de matière humide
et o^sr^se pour loo de matière sèche. La majeure partie de cette matière
fixe des sulfuraires étant formée de soufre, on voit combien est riche en
arsenic la substance du protoplasma de ces algues.
» Eau de mer. Roches primitives. — Puisque l'arsenic existe dans toutes
les algues, surtout dans les marines, il doit se rencontrer dans les algues
minuscules ou microscopiques qui, avec quelques autres êtres vivants,
forment la partie principale du plankton des eaux de la mer. Il faut même
que l'arsenic existe dans ces eaux, dissous à l'étal organique ou minéral,
puisque les végétaux et animaux qui y vivent ne sauraient le retirer que
de ce milieu.
» Pour m'en assurer, 1175© cent, cubes d'eau de mer, puisée en no-
vembre 1899 avec toutes les précautions nécessaires aux environs du phare
de Roche-Douvres, à 4o kilomètres des côtes de Bretagne, furent filtrées
sur biscuit à grain serré de porcelaine de Sèvres. A la surface de ce petit
filtre, il se fît un dépôt glaireux brun rougeàlre. Après lavage à l'eau dis-
tillée salée à 25s'' de sel marin au litre, le filtre et son dépôt furent traités
par les acides nitrique et sulfurique, comme pour une recherche ordinaire.
L'arsenic trouvé pesa environ o'"S'',o3, soit o^^',ooiS pour l'arsenic du
plankton de i litre d'eau de pleine mer, quantité énorme relativement au
poids de la matière organisée, très inférieure à 10 milligrammes par
litre (').
)) Quant à l'eau de mer privée de ses éléments figurés par filtration sur
(') Tripier, Ann. de Cliim. et Phys., 3" série, t. I, i84i, p. 349.
(2) Elle contenail, à l'état humide, 98 pour 100 d'eau et o^s^cooS d'iode.
(3) On peut apprécier que cette quantité d'arsenic s'élève à près du 80000' du
poids du plankton, alors qu'on n'en a trouvé que un 5ooooo= environ dans le fucus
digitatus, l'une des algues de mer les plus iodées et les plus arsenicales.
SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. S'ôj
biscuit de porcelaine, je me suis assuré qu'elle conlient aussi de l'arsenic.
» Pour le doser, je concentrai à i litre environ les 11 750 cent, cubes
d'eau de mer fdtrée sur biscuit, et, après avoir refroidi dans la glace et
séparé les cristaux par essorage et lavage, j'introduisis la liqueur dans une
cornue de verre réunie à un récipient rodé, cornue oia l'on avait eu le soin
de faire bouillir au préalable un mélange d'acides suUurique et nitrique.
L'eau y fut distillée et le résidu fut attaqué par les acides nitrique, puis
sulfurique, suivant la méthode ordinaire, pour détruire toute matière orga-
nique. I-es vapeurs et gaz non condensés dans le récipient refroidi traver-
saient unbarboteur muni dépotasse pure, étendue et chaude, pour détruire
et arrêter le chlorure d'arsenic qui pouvait s'échapper. On chercha l'ar-
senic dans l'ensemble des parties mélangées. On obtint un faible anneau
caractéristique qui ne fui pas dosé.
» Ainsi l'arsenic existe dans l'eau de mer soigneusement fdtrée, aussi
bien que dans les algues et autres constituants de son plankton. Il nous a
paru, dissous dans cette eau principalement à l'état organicfue comme
l'iode qui l'accompagne. C'est à cette source que l'empruntent tous les
animaux et végétaux marins qui se développent donc dans un milieu
arsenical.
» Essayant de poursuivre jusques au bout le cycle suivi par l'arsenic
pour arriver aux plantes et aux animaux, j'ai pensé que cet élément ne
pourrait avoir été initialement fourni à la mer et aux terrains de sédiment
que par les roches primitives.
» Il est facile de s'assurer qu'en effet l'arsenic accompagne toujours
l'iode, l'azote et le phosphore dans ces roches, quelquefois abondamment,
et que telle est bien son origine première. Cent grammes de granit
de Vire (Bretagne) pulvérisés sur le granit et l'agate, puis additionnés
de 5o grammes de sel marin, traités par ma méthode en cornue fermée,
fournirent un anneau répondant à o™k'",o6 d'arsenic. D'autres granits
d'Auvergne et des Pyrénées ont donné des résultats semblables. On sait
du reste que toutes ces roches sont ferrugineuses, et que l'arsenic accom-
pagne généralement le fer dans les couches sédimentaires et les eaux.
» L'arsenic parait donc jouer un rôle universel, comme l'azote et le
phosphore. Il existe en petite proportion, mais sans exception, dans les
roches primitives, les terres, la mer, les végétaux, et parliculièremenl les
algues, les animaux terrestres et matins. Chez ceux-ci, il se localise surtout
dans les organes d'origine ectodermique qui président aux sensations et à
C. R., 190a, 2' Semestre. (V. C\.\.\V, N" 20 ) ' lO
838 ACADÉMIE DES SCIENCES.
la reproduction. Il semble jouer dans les cellules où on le trouve un rôle
analogue à celui du phosphore, mais à un degré éminent.
» Il reste maintenant à se demander, d'une part, sous quelle forme
spécifique se font ces localisations de l'arsenic; de l'autre, par quels ali-
ments cet élément s'introduit dans nos organes. Ce sont deux questions
que j'ai mises à l'étude. »
MÉDECINE. — Le h^agana et le Mal de caderas sont deux entités morbides
bien distinctes. Note de MM. A. Laveran et F. Mesml.
« Les plus répandues des épizooties produites par des Trypanosomes
sont : aux Indes, le Surra; en Afrique, le Nagana; dans l'Amérique dn Sud,
le Mal de caderas. Ces maladies ont entre elles de grandes ressemblances
et les Trypanosomes qui les produisent sont évidemment très voisins; on
pouvait donc se demander si les noms de Surra, de Nagana et de Mal de
caderas ne désignaient |)as une même maladie, ou du moins de simples
variétés d'une même maladie.
» Nous avons réussi à nous procurer, .i l'état vivant, des Trypanosomes
du Nagana {Tr. lirucei) et du Caderas (Tr. equinum) ('), ce qui nous a
permis de faire une élude comparée de ces parasites et des accidents qu'ils
produisent. Dans cette Noie, nous nous bornerons à résumer les faits qui
démontrent que le Nagana et le Caderas sont deux maladies bien distinctes.
» Les mêmes espèces animales sont sensibles à Tr. Brucei el à Tr. equi-
num, les mêmes sont réfractaires ; c'est à tort que Vogesa cité des oiseaux
parmi les animaux pouvant être infectés de Caderas.
M L'évolution du Caderas est plus lente que celle du Nagana chez
(') La dénoininalion 7V. equina a été employée par O. Voges {Berliner Thierârztl.
Wochenschr., 3 octobre i<^oi , &V Zeitschr.f. Hygiène, 1902, 89= vol., 3=fasc.). Poslé-
rieuremeiu, M. Lignières a employé, pour le même parasite, la dénomination de
Tr. Elmassiani (Recista de la Sociedad tnedica argentina, 1902, t. X, p. 48i). Cette
dernière dénomination rappelle, très justement, que la découverte du Trypanosorae est
due à Elmassian, mais nous croyons devoir nous conformer aux règles de la nomen-
clature en adoptant le mot le plus ancien; nous transformons seulement equina &n
equinum, Trypanosoma étant du neutre. La dénomination de Caderas nous paraît
pouvoir être substituée à celle, trop longue, de Mal de caderas, et nous proposons de
créer l'adjectif cadéré pour indiquer l'infection produite par Tr. equinum.
SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 889
quelques espères animales, chez le cobaye notamment, et, clans certains
cas, chez le chien.
» La symptomatologie des deux maladies présente quelques différences:
la paralysie du train postérieur est plus marquée d'ordinaire, chez les
Eqiiidés, dans le Caderas que dans le Nagana; l'hémoglobinurie commune
dans la première de ces maladies est très rarement notée dans la deuxième.
» Ces dii'férences dans la durée de l'évolution et dans les manifestations
morbides seraient d'ailleurs tout à fait insuffisantes pour conclure, car,
à côté des différences, on pourrait citer beaucoup d'analogies: celle-ci,
entre autres, que l'acide arsénieuK et le sérum humain exeicent la môme
action sur les deux Trypanosomes.
» Les faits sur lesquels nous nous appuyons pour dire que le Nagana et
le Caderas sont deux entités morbides bien distinctes se résument dans
les trois propositions qui suivent: 1° Il existe des différences morpholo-
giques constantes entre Tr. lirucei et Tr. equinum; 2° les animaux immu-
nisés contre le Nagana sont sensibles au Caderas ; 3° le sérum des ani-
maux immunisés contre le Nagana n'a pas, pour Tr. eqiiinum, l'activité
qu'il possède pour Tr. Brucei; ces derniers faits sont d'ailleurs connexes.
» 1° Différences morphologiques. — Tr. Brucei el Tr. equiiium onl, à 1res peu
près, les mêmes dimensions et la même forme et, lorsqu'on les e\amine dans le sang
frais, il n'est pas possible de les distinguer l'un de l'autre ; sur des préparations de
sang desséché et bien coloré (bleu Borrel-éosine-tannin), la distinction devient au
contraire facile.
» Le protoplasme, le noyau, la membrane ondulante, le flagelle ont, dans les deux
Trypanosomes, la plus grande ressemblance; il n'en est pas de même des centro-
somes.
» Le centrosome de Tr. Brucei se colore facilement et fortement ; il mesure environ
\ |j. de diamètre; le cenlrosome de Tr. equinuni ne mesure que ^ ou i de jx de dia-
mètre; il se colore en rose, comme le llagelle, et non en violet, comme le cenlrosome
de Tr. Brucei ; eniin, on trouve souvent à son voisinage des granulations chromatiques
qui gênent l'examen. On s'explique que quelques observateurs soient arrivés à con-
cluie que le cenlrosome faisait défaut chez Tr. equiiium.
» Dans des préparations colorées du sang de souris infectées simultanément de
Nagana et de Caderas, nous avons réussi à distinguer les deux espèces de Trypano-
somes, grâce à cet aspect si différent des centrosomes.
» Les formes de multiplication sont les mêmes, la bipartition est la règle; on
observe parfois de grandes formes de division en trois ou en quatre qui sont un peu
plus communes pour T r. equinum que pour Tr. Brucei.
» 2° Les animaux immunisés contre le Nagana sont sensibles au Caderas. —
L Une chèvre guérie du Nagana depuis 8 mois environ, et ayant reçu, dans cet inter-
valle, i5inoculations de lo™' à ôo"""' de sang de cliien nagané, sans contracter de nouvelle
84o ACADÉMIE DES SCIENCES.
infeclion, est inoculée sous la peau avec i""' de sang dilué de rat cadéré. Du sang de
la chèvre, retiré 5 jours après celte dernière inoculation, est injecté dans le péritoine
d'un rat et de trois souris.
» Le rai, qui reçoit 3"°' de sang, est pris après une incubalion de [\ jours.
» Une souris, qui reçoit i"^™' de sang, est prise après une incubation de 4 jours.
» Une souris, qui reçoit o'^"', aS de sang, est prise après une incubation de 3 jours.
» Une souris, qui reçoit o™',o5 de sang, est prise après une incubation de 5 jours.
» II. Un mouton, guéri du Nagana depuis i mois environ, et qui a reçu dans ce
mois deux inoculations de io<''"' et 20""' de sang de chien nagané, est inoculé sous la
peau avec o'^"'',5 de sang dilué de souris cadérée.
» Le sang de ce mouton, retiré 5 jours après cette dernière inoculation, et injecté
dans le péritoine d'un rat (à la dose de 3''"'') et de deux souris (à la dose de o'^°'',25),
donne à ces animaux une infection à Trypanosomes du Caderas, avec moins de 4 jours
d'incubation.
» Retiré i5 jours après rinoculation du Caderas et inoculé dans le péritoine d'un
rat à la dose de 3^"'' et d'une souris à la dose de \ de centimètre cube, le sang donne à
ces animaux une infection avec respeclivemenl 4 jours el 6 jours d'incubation.
» Le sang d'un mouton n'ayant jamais reçu d'injection de Trjpanosomes du Nagana,
éprouvé 5 jours et i3 jours après l'inoculation du Caderas à l'animal, a montré sensi-
blement la même virulence que le sang du mouton guéri du Nagana et infecté avec le
Caderas.
» 3° Le sérum des animaux immunisés contre le Nagana, actif sur Tr. Brucei,
est sans action sur Tr. equinum. — I. Le sérum de la chèvre immunisée contre le
Nagana, dont nous venons de parler, mélangé, à la dose de i'^"', à des doses de sang à
Trypanosomes du Caderas, variant de | à jj de centimètre cubf, n'a eu aucune action
sur l'incubation, ni sur la marche de l'infection des souris inoculées avec ce mélange.
» La même quantité de ce sérum, mélangée à des doses correspondantes de sang à
Trypanosomes du Nagana, allongeait de 5 jours en moyenne l'incubation de la ma-
ladie des souris.
» II. Le sérum du mouton guéri du Nagana, dont nous avons déjà parlé, mélangé, à
la dose de 1'"° el même de 1'-'^', à des doses de sang dilué de chien à Trypanosomes du
Caderas, variant de j-^à. j^à& centimètre cube, n'a eu aucune action sur l'incubation,
ni sur la marche de l'infection des souris inoculées avec ce mélange.
» Le même sérum, à la dose de o'''"\5, mélangé à j^j de centimètre cube de sang
dilué de chien (comparable comme nombre de parasites au sang du chien cadéré),
prévenait toute infection chez les souris inoculées avec ce mélange. Il agissait de
même mélangé à la dose de i'^'"' avec o'^°'',5 du même sang dilué.
» Ces constatations expérimentales, jointes aux observations micro-
sco|)iqiies que nous avons consignées au début de cette Note, prouvent
manifestement que le Nagana et le Caderas, malgré leurs très grandes
ressemblances, sont deux maladies spécifiquement distinctes. »
SÉANCE DU l-J NOVEMBRE 1902. 84 1
ZOOLOGIE. — Effets de l'excision du madréporile cJiez les Astéries .
Note de M. Y. Delage.
« L'appareil acpiifère des Astéries, comme celui de la plupart des Échi-
nodermes, communique avec le fleliors par le canal liydrophore et le
madréporile. Il n'y a aucun doute relalivement à l'existence anatomique
de cetle communication. Mais, les pores du madréporite étant microsco-
piques, on peut se demander si cette cominunicalion-ci a des effets physio-
logi(|ues, si elle permet des échanges de liquide entre le système aquifére
et l'eau ambiante. Si ces échanges sont réels, ils sont si lents qu'où n'a pu
déterminer, par une expérience permanente et parfaitement démonstra-
tive, dans quel sens ils ont lieu, et l'on eu est réduit à des déductions bien
incertaines, d'jprès la direction des cils vibratiles dans les conduits.
» J'ai cherché à jeter quelque lumière sur ces points obscurs |)ar une
expérience décisive consistant à exciser le madréporite, seule porte par où
puissent s'opérer les échanges eu question.
» On produit ainsi une large plaie béante au fond de laquelle le canal
hydrophore est librement ouvert. J'espérais que la plaie se cicatriserait par-
dessus le canal et interromprait toute communication entre ce dernier et
le dehors. Dès lors, si les pores du madréporite servent à introduire de
l'eau, le système aqnilère étant privé de cet apport, les ambnlicres doivent
peu à peu tomber eu état de flaccidité complète; si, au contraire, ils servent
à évacuer un excès de liquide, cet excès s'accumulant dans le système, les
ambulacres doivent arriver j)eu à peu à un étal d'éreclion permanente.
» Les choses se sont passées d'une manière toute flifférenle et absolu-
ment inattentluc. Dès le lendemain, on an plus au bout de 2 ou 3 jours,
le processus de cicatrisation est complet : la plaie s'est rétrécie f)rogres-
sivement, puis refermée, mais il est reste en son centre xia orifice de la
grosseur d'une é|ungle, conduisant dans le canal hydrophore ; en sorte que
la communication du système aquifére avec le dehors, non seulement |)er-
siste, mais se rétablit plus large, plus facile qu'auparavant. Dès lors,
aucune modification dans l'habitus des andjnlacres ne peut sa [u-odnire.
» Les connexions du système aquifére avec le dehors chez les animaux
opérés se trouvent ainsi rétablies, non telles qu'elles sont chez l'adulte,
mais telles qu'elles étaient chez les larves de tous les Échinodermes, par
le moyen d'un orifice unique, X'hydropore.
842 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» On pourrait être tenté fie voir là un p.irallélisme de la régénération
avec l'ontogenèse. Mais, tnème si le phénomène pouvait être interprété
ainsi, il faudrait remarquer que ce parallélisme ne serait que partiel,
puisque cet hydropore ne se transforme pas ultérieurement en madréporite.
Mes animaux, opérés depuis plusieurs mois, se portent parfaitement et
ne [)ortent aucune trace de régénération du madréporite,
» On potu-rait être tenté aussi de faire un rapprochement entre les
Astéries transformées expérimentalement en Échinoderiues à hydropore
unique et les Éi hinodermes qui n'ont, normalement, qu'un hydropore
unique, comme les Ophiures ou VEchinocyamus pusillus.
» La chose est, à mon sens, beaucoup plus simple et n'implique l'inter-
vention d'aucune des prétendues forces directrices de l'ontogenèse ou
de la phylogenèse. Il se fait une cicatrisation normale; mais, comme au
voisinage de la plaie cutanée se trouve un canal dont l'extrémité a été
excisée et doit se cicatriser, les deux épithéliums de la peau et du canal se
soudent et empêchent la cicatrisation d'obturer la lumière du canal. Il n'y
a là qu'un processus physiologique comparable à celui qui intervient dans
l'anus contre nature ou dans les fistules.
» Dans de prochaines expériences je chercherai à obturer l'hydropore
ainsi obtenu et à déterminer l'effet de celte obturation sur l'habitus des
ambulacres. »
BALISTIQUE. — Sur la loi des pressions dans les bouches à feu.
Note de M. E. Vallier.
<( Dans la série de recherches que j'ai soumise à l'Académie au cours de
ces trois dernières années, je me suis efforcé de reproduire le régime des
bouches à feu dans le tir par des, formules assez simples pour être utilisées
par les constructeurs et j'ai énoncé, sans autres explications théoriques,
que l'on pouvait pratiquement représenter la pression élémentaire P^,
appliquée au culot du projectile à l'instant /, par la formule
(i) P,=.P,?P(-.),
où P, représente la pression maximum,
P un exposant convenablement choisi
o (s) := ze*"'' et
SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 843
6 étant la durée écoulée depuis la mise en marche jusqu'à l'instant de la
pression maximum.
X De cette formule j'ai déduit tout un système de relations et de fonc-
tions numériques pour la résolution des problèmes de la pratique, et qui
sont réunies aujourd'hui dans une Note insérée au Mémorial des Poudres et
Salpêtres, Tome XI.
» Enfui, du rapprochement des formules ainsi établies avec des résul-
tats de tir, j'ai conclu uiie relation entre l'exposant ^ et le coefficient de
fatigue a qui définit chaque tir, de manière à permettre de déduire de ce
paramètre a la forme la plus probable de la courbe des efforts produits à
chaque instant dans l'âme.
» Cette relation, purement expérimentale, s'écrit
(2) (a.-l)[i = 2.
» L'utilité de ces formules au point de vue des applications me con-
duit aujourd'hui à les rapprocher des indications de la théorie.
» On sait que les courbes des pressions en fonction du temps s'élèvent
très rapidement jusqu'au maximum pour décroître ensuite en prenant une
allure asymptotique à l'axe des temps.
» La forme analytique la plus simple pour représenter ce genre de
courbes m'a semblé être la fonction
» Cela posé, de même qu'il est fait emploi de termes trigonométriques
pour figurer des lois d'allure périodique, de même il m'a semblé opportun
de représenter ces pressions par des fonctions -.
(Commissaires : MM. Maurice Levy, Boussinesq, Sarrau.)
CORRESPONDANCE .
M. le Ministre de l'Instrcctiov publique invite l'Académie à lui pré- •
senter une liste de deux candidats pour une place de Membre titulaire du
Bureau des Longitudes, 'devenue vacante par suite du décès de M. Cornu .
(Renvoi à une Commission composée des Sections d'Astronomie,
de Géographie et Navigation, et de Géométrie.)
M. AsîDOYER, M. P. PuisEux pHcnt l'Académie de vouloir bien les com-
prendre parmi les candidats à la place devenue vacante, dans la Section
d'Astronomie, par le décès de M. Paye.
(Renvoi à la Section d'Astronomie.)
MÉTÉOROLOGIE. — Sur les récentes lueurs crépusculaires observées à Bordeaux .
Note de M. E. Esclaxgo.v.
< Les récentes lueurs crépusculaires ont de nouveau attiré l'attention
sur ce phénomène dont les causes restent obscures et sur lequel des opi-
SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 847
nions diverses ont été émises. Ces lueurs ont été observées régulièrement
à Bordeaux dès leur apparition. Cette apparition n'a pas été soudaine;
elle est passée inaperçue jusqu'au moment où l'intensité du phénomène
est devenue vraiment considérable.
» Dès le 28 octobre, et les jours suivants, j'avais remarqué que le ciel était forte-
ment coloré après le coucher du Soleil ; mais, comme l'horizon se montrait brumeux,
je n'avais attaché au phénomène aucune importance particulière. Le ciel est resté
couvert le 26 et le 27; mais, le 28, le ciel étant redevenu beau, les lueurs ont apparu
avec une intensité extraordinaire qui, ce jour-là, a attiré l'attention générale. Le 29
et le 3o, l'intensité n'avait que peu varié. Les lueurs apparaissaient un peu avant le
coucher du Soleil. Le ciel tout entier se montrait illuminé, teinté de rose ou rouge
clair. Après le coucher du Soleil, la coloration s'accentuait; près de l'horizon, la teinte
d'abord un peu jaunâtre virait au rouge et, en se dégradant, s'étendait jusqu'au zénith.
A mesure que le jour baissait, la limite des régions illuminées s'accentuait et marchait
vers l'ouest, pour disparaître finalement sous l'horizon avec une netteté parfaite. Le 3i,
le ciel était couvert, mais le i"' et le 2 novembre l'illumination était encore considé-
rable, quoique plus faible. Le 3 novembre, // n'y avait plus trace d'illumination, et
pourtant ce jour-là le ciel était d'une remarquable pureté. La disparition du phéno-
mène a donc été brusque, et cette circonstance est particulièrement importante, eu
égard à l'opinion qu'on peut se faire sur la cause de ces lueurs anormales. Mais il y a
plus : les lueurs crépusculaires du soir ont cessé de se montrer après le 2 novembre,
tandis qu'elles continuaient à paraître le matin. Dans les matinées du 5, du 8 et du
II novembre, le ciel s'est montré très vivement et très richement coloré; la teinte
seulement était un peu plus jaune. A partir du 3o octobre, j'ai fait quelques observa-
tions sur la polarisation atmosphérique. Le 3o, au Soleil couchant, dans l'azimut du
Soleil et à 90° de cet astre, j'ai trouvé o,3£3 comme proportion de lumière polarisée.
Le 3 novembre, cette proportion était un peu plus grande : o,46. Ces chiffres n'ont
rien en somme d'anormal. Il eût été intéressant d'étudier les déplacements des points
neutres, mais l'appareil dont je disposais ne permettait pas de faire commodément
ces observations.
» Les circonstances les plus intéressantes du phénomène paraissent être
ici : 1° la cessation brusque des lueurs du soir; 2° leur continuation par
les lueurs du matin.
» Elles paraissent difficilement conciliables avec l'hypothèse des pous-
sières cosmiques d'origine quelconque; le phénomène devrait, dans ce
cas, se montrer indifféremment le soir et le matin. Il semblerait préfé-
rable d'adopter l'opinion d'après laquelle ces lueurs seraient dues à la
suspension, dans les régions élevées de l'atmosphère, d'une poussière de
glace. La disparition subite du phénomène s'expliquerait alors par un
réchauffement subit qui aurait anéanti ou transformé ces nuages de glace,
la température devenant le matin as.sez basse pour reproduire le phéno-
848 ACADÉMIE DES SCIENCES.
mène. Quoiqu'il puisse n'y avoir qu'un rapport éloigné entre les tempé-
ratures des régions élevées et les températures observées au niveau du sol,
voici un Tableau qui semble assez significatif :
Dates.
Températur
moyenne.
29
octobre
8,4
3o
»
5,1
3l
»
6,4
I'"' novembre. . . .
6,3
2
» ....
6,3
3
» ....
11,3
4
» ....
16,6
5
» ....
17. 1
6
» ....
i5,.
7
» ....
10,2
8
» ....
12,2
Intensilé maximum des lueurs.
Dernier jour de visibilité.
» On voit avec quelle netteté le saut brusque des températures coïn-
cide avec la disparition des lueurs -du soir. Quant à la coïncidence des
époques d'observations de lueurs crépusculaires et des chutes d'étoiles
filantes, elle pourrait aussi s'interpréter en disant que les lueurs crépus-
culaires constituent un phénomène météorologique qui, comme les brouil-
lards, par exemple, se manifeste de préférence vers la mi-automne. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la représenlalion approchée des fonctions.
Note de M. W. Stekloff, présentée par M. E. Picard.
(( SoiL <\i une fonction de oc, continue, admettant la dérivée du premier
ordre dans liulervalle donné (a,b) et s'annulant pour a; = a, y =: 0;
soit
<}-c?a;:==
, Théorème. — On peut irouyer une suite finie
^„ = A, V. -+- A, V2 -h . . . -i- A„ V„
SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 85 1
telle que la fonction donnée f, continue dans un intervalle quelconque (a. h).
puisse être représentée dans cet intervalle par
Cela étant, deux groupes G et G, seront dits isomorphes s'il existe,
dans un même nombre de variables, deux groupes G' et G', semblables,
qui résultent respectivement du prolongement holoédrique de G et de G,.
Le groupe G sera dit isomorphe mériédrique du groupe Q^ si G', seul est le
prolongement holoédrique de G, et si, de plus, G et G, ne sont pas iso-
morphes holoédriques.
» Cette définition de l'isomorphisme concorde avec la définition ordi-
naire dans le cas des groupes finis; en particulier, tout groupe fini intransitif
est isomorphe d'un groupe fini transitif.
« Or, d'après la théorie dont il est question au début de cette Note, on
peut toujours prolonger holoédrignement un groupe fini, de manière qu'il
laisse invariantes /expressions de Pfaff, oj,, i.o.,_, . . ., w^, formant un système
complet fermé (' ), et alors les covarianls de ces r expressions sont de la
forme
(i) w^= 2 f^iks^i^/, {s = 1, 2,...,r),
i. *
OÙ les c^f sont des constantes assujetties à certaines relations. On retrouve
la représentation ordinaire de la structure des groupes finis.
» Si le groupe est infini et, pour fixer les idées, transitif, il se passe
quelque chose d'analogue. On peut toujours le prolonger holoédriquement
de manière à le définir comme le plus grand groupe laissant invariantes
r expressions de Pfaff, co, , w^, . . . , lo,., formant encore un système complet, mais
quin' est plus fermé; ces r expressions s'obtiennent très facilement si l'on
connaît les équations de définition du groupe. Les covariants de ces
r expressions sont alors de la forme
X = i p
i, h 1, X
(') Cela sigoifie que le système
lOj = 0)3 =1 . . . rr (1),.= o
est complèlement intégrable et que les covariants bilinéaires des w sont des expres-
sions bilinéaires en u),, . . ., to^ seulement.
SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 853
les CTx désignant p nouvelles expressions de Pfaff. Les Qa^ et- les v-n, sont
encore des constantes. Si le groupe est intransitif, il en est de même, sauf
que les coefficients c et a peuvent être des fonctions des invariants du
groupe.
)) Ces quantités c et a ne sont d'ailleurs pas arbitraires. Je n'énonce pas
les conditions nécessaires auxquelles elles doivent satisfaire ; je me contente
de signaler ce fait important que les p transformations infinitésimales
=>lis^'^i
PL
(>— I. 2, ..., p)
forment un groupe linéaire G que nous disons associé au groupe infini
considéré.
» D'ailleurs le système (w,, ..., o^) n'est pas unique; mais il est très vrai-
semblable, et cela est certain pour les groupes transitifs simples dont il
sera question plus loin, qu'il existe une valeur minima de /• et un système
unique déterminé d'où tous les autres peuvent se déduire par des procédés
simples. Ce nombre minnnum r définit Yordre du groupe.
» Pour les groupes infinis il y a une différence essentielle, au point de
vue de la structure, entre les groupes transitifs et les groupes intransitifs.
Certains groupes inlransitifs ne sont isomorphes à aucun groupe transitif :
par exemple le groupe
x'=x, y' = y-A-f{x).
» D'une manière plus précise, considérons le système
y^a.xis^i=o ().= I, ..., p; 5 = I, 2, ..., r) :
i
Ce système est complètement intègrable; ceux des invariants du groupe qui
sont des intégrales de ce système ne peuventpas être éliminés; les autres
peuvent l'être sans changer la structure.
» Il se produit alors ce fait remarquable que, tandis que la structure des
groupes transitifs ne dépend que de constantes, celle des groupes intransitifs
peut dépendre, en outre, de fonctions ; je citerai les deux groupes suivants :
(3) x' = x, y'=f{y), "=4/'0')]"+?(^'7);
(4) x':=x, y=yf{oc) + '^{x), z'^zy{x)Y+^{x).
» Les applications que l'on peut faire des groupes à la recherche des
c. R., 1902, 2* Semestre. (T. CXXXV, N° 20.) ' I-
854 ACADÉMIE DES SCIENCES.
caractéristiques des systèmes différentiels (lorsqu'elles ne dépendent que
de conslanles arbitraires) montrent une fois de plus l'importance des
groupes simples, définis comme des groupes n admettant aucun groupe qui
leur soit isomorphe mèrièdrique, ce qui n'exclut pas d'ailleurs l'existence
possible de sous-groupes invariants. On est ramené à des problèmes dont
chacun est caractérisé par un groupe transitif simple, et ces différents
groupes simples sont aussi facilement déterminables d'après les for-
mules (2) que dans le cas des groupes finis.
» Comme résultats intéressants je signalerai les suivants :
» Le seul groupe transitif simple dont les équations dépendent d' une fonc-
tion arbitraire d un argument est isomorphe au groupe général à une variable.
Il n'y a pas de groupes transitifs simples dont tes équations dépendent de deux
fonctions arbitraires d'un argument.
» Tous les groupes infinis d'ordre i, 2, 3 se déterminent sans aucune
difficulté; ils ne fournissent aucun groupe transitif simple qui ne soit bien
connu. »
ÉLECTROCHIMIE. — Sur les électrodes bipolaires. Note de
MM. Anork Brochet et C.-L. Bakii.let, présentée par M. Moissan.
« Nous avons été amenés à étudier comment se comporte une électrode
bipolaire lorsqu'elle ne forme pas cloison étanche et, d'une façon géné-
rale, quelle est l'influence d'une masse métallique placée dans un élec-
trolyseur et ne communiquant pas avec les électrodes.
» Dans une première série de recherches nous avons pris comme élec-
trolyte le sulfate de cuivre, en raison de la facilité de sa décomposition et
de l'exactitude avec laquelle on peut se rendre compte qualitativement et
quantitativement de la marche de l'électrolyse.
» L'augmentation de poids de la cathode permet de déterminer la
quantité d'électricité quia traversé l'électrolyseur. Les résultats que nous
publions aujourd'hui ont été obtenus au moyen d'une électrode bipolaire
en platine, l'interélectrodc, le côté de cette lame en regard de l'anode
étant l'intercathode, le côté face à la cathode, l'interanode.
» L'augmentation de poids de la lame de platine correspondant au
cuivre déposé sur l'intercathode permet d'évaluer la quantité d'électricité
ayant traversé cette lame.
» Pour une surface déterminée de 1 interélectrode en rapport avec les
SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 855
conslanles de l'électrolyseur, on remarque qu'il ne se forme, au-dessous
d'une certaine densité de courant, aucun dépôt sur la lame de platine,
celle-ci se comportant comme une lame non conductrice et n'ayant d'autre
résultat que d'augmenter la résistance ohmique du bain et la tension aux
bornes de l'électrolyseur. Mais à partir d'une densité de courant déter-
minée, correspondant dans tous les cas à une différence de potentiel aux
bornes supérieure à la tension de décomposition du sulfate de cuivre, une
certaine quantité d'électricité traverse la lame de platine, ce qui est
démontré par le dépôt de cuivre sur l'interanode et un dégagement gazeux
sur l'intercathode.
» Le dépôt de cuivre affecte des contours variables suivant la déforma-
tion du flux de courant produite par l'électrode bipolaire; dans les condi-
tions des expériences présentes nous avons toujours eu un cercle au centre
de l'intercathode.
» Si nous augmentons le rapport entre la surface de la lame et la sec-
tion de l'électrolyseur, on remarque que pour une même densité de cou-
rant le dépôt sur l'intercathode et la différence de potentiel aux bornes
sont plus considérables.
» Il ne suffit pas que la différence de potentiel aux bornes soit supé-
rieure à la tension de décomposition pour que le courant traverse la bipo-
laire, il faut encore que le rapport des surfaces soit assez élevé; d'ailleurs,
sauf le cas où ces surfaces sont presque de mêmes dimensions, le rapport
entre la quantité d'électricité traversant la bipolaire et la quantité fournie
à l'électrolyseur est toujours très faible, ce qui se conçoit aisément, les
lignes de courant passant de préférence par le conducteur liquide, en
raison de la résistance apparente présentée par l'interélectrode, du fait de
la tension de décomposition et autres phénomènes dus à la polarisation.
» Dans le Tableau ci-dessous nous avons réuni quelques résultats obtenus
pour un écart de 4*^", S*^™ et 12"" entre des électrodes de i3'^'",5 de côté.
» Les valeurs placées dans les colonnes U indiquent les tensions aux
bornes en volts; les valeurs des colonnes D indiquent, en millimètres, le
diamètre du cercle de cuivre. Il y a lieu de remarquer que les dépôts
obtenus avec moins de 2 volts sont insignifiants comme épaisseur.
12-
I.
u.
D.
L.
D.
U.
D.
amp
4,0
vulU
3,4
Dyu
5o'
2,82
UlDl
DO
ÏOllS
1,80
mm
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3,5
»
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a5
856 ACADÉMIE DES SCIENCES.
12=.. go.
I.
u.
D.
U.
D.
U.
D.
amp
3,0
volts
2>7
mni
25
vulls
2,16
mm
iS
volls
1,34
i5
2,5
2,0
»
1,83
»
17
i'79
1,45
jnsi
i;nifiant
»
»
»
1,5
1,38
insi£;n:
m
ant
))
))
»
»
» Quant à la quantité d'électricité qui a traversé l'interélectrode, elle
est toujours très faible. C'est ainsi qu'avec une distance de 12*^"" entre les
électrodes et pour une intensité de 4 ampères, c'est-à-dire dans les meil-
leures conditions du Tableau précédent, le dépôt pendant i heure n'est
que de o^, 1 1 sur l'interélectrode, alors qu'il est de 4^. 46 sur la cathode. Il
n'est donc passé au travers de la bipolaire que 2,5 pour 100 du courant
fourni à l'appareil. Avec un électrode n'ayant que 7*^", 5, le dépôt n'est
que 0^,02, ce qui correspond à moins de o,5o pour 100 du courant total.
» Passons brièvement en revue quelques points intéressants que nous
étudierons plus complètement dans une autre publication, en y joignant le
détail de nos expériences.
» i'^ Si au lieu d'une électrode bipolaire nous en mettons deux, à den-
sité de courant égale la tension est plus élevée et le dépôt plus faible. De
plus, ce dépôt est plus important sur l'interélectrode voisine de l'anode.
» 2° Si l'on déplace un électrode bipolaire soit vers l'anode, soit vers la
cathode, on constate que la tension aux bornes diminue.
)) 3" Si l'on déplace une électrode bipolaire en maintenant l'intensité
constante, on remarque que la surface du dépôt augmente et que son
épaisseur diminue si on la rapproche de l'anode; au contraire, la surface
du dépôt diminue, mais son épaisseur augmente si on la rapproche de la
cathode.
» 4° Si l'on prend comme interélectrode une lame de platine dont le
côté anode a été recouvert préalablement d'une couche de cuivre, l'inter-
anode agissant comme électrode soluble, il se forme sur l'intercathode un
dépôt sensiblement uniforme, puis, lorsque le métal anodique est complè-
tement disparu la tension aux bornes s'élève presque instantanément et le
cuivre déposé sur les bords de l'intercathode se dissout peu à peu ; finale-
ment il reste sur l'intercathode un cercle plus grand que celui obtenu
par dépôt direct. Entre le cercle ainsi rongé et le cercle formé par le dépôt
pendant la marche régulière se trouve un anneau correspondant à une
zone neutre. Ce fait s'explique également d'après ce que nous avons dit
SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 857
précédemment : une ligne de courant, pénétrant par la partie centrale de
la lame de platine par le côté intercathode, sortira plutôt par les bords de
cette face, lorsqu'il s'y trouve encore du cuivre, que par le côté interanode
insoluble.
» 5° Si l'on répète l'essai précédent dans des conditions telles que la
tension aux bornes soit inférieure à la tension de décomposition du sulfate
de cuivre, le même fait se produit, et le cuivre s'accumule au centre de
l'intercathode, puis l'action s'arrête, le poids de la lame restant invariable
pendant la durée de l'expérience.
» Dans une prochaine Note nous étudierons ce qui se passe dans le cas
d'une interanode soluble. »
RADIOACTIVITÉ. — Sur la constante de temps caractéristique de la disparition
de la radioactivité induite par te radium dans une enceinte fermée. Note de
M. P. Curie, présentée par M. A. Potier.
« Dans des recherches antérieures nous avons, M. Debierne et moi,
étudié les conditions dans lesquelles se produisent les phénomènes de la
radioactivité induite ('). Dans cette Note j'examinerai la manière dont
disparait la radioactivité induite quand on a supprimé l'action du radium.
» Une enceinte fermée renferme un sel solide ou une dissolution de sel
de radium. Tous les corps placés dans l'enceinte deviennent radioactifs.
Si l'on retire de l'enceinte un corps solide qui y a été activé, il perd à l'air
libre son activité suivant une loi d'allure exponentielle, l'activité radiante
diminuant de moitié pour des temps de l'ordre de grandeur d'une demi-
heure.
» Une enceinte en verre s'active intérieurement lorsqu'elle est mise en
communication par un tube avec un flacon renfermant un sel de radium.
On peut séparer l'enceinte activée du radium en fermant à la lampe le tube
de communication; l'activité des parois de l'enceinte fermée ainsi séparée
diminue aussi avec le temps, mais suivant une loi exponentielle bien moins
rapide que dans le cas de la désactivation à l'air libre. L'activité décroît
alors de moitié en 4 jours.
» Dans cette deuxième expérience, de l'air radioactif a été enfermé dans
l'enceinte ; c'est lui qui entretient l'activité des parois. On peut se rendre
(') Comptes rendus, t. CXXXIi, 1901, p. 548 et 768; l. CXXXIII, p. 276 et 981.
858 ACADÉMIE DES SCIENCES.
compte qu'il en est bien ainsi : si l'on ouvre l'enceinte activée et que l'on
chasse l'air qu'elle renferme, les parois de l'enceinte se désactivent à partir
de ce moment suivant le mode rapide de désactivation, l'activité baissant
de moitié en un temps de l'ordre de grandeur d'une demi-heure. On
obtient encore la même loi de désactivation avec l'enceinte fermée si l'on
a retiré l'air actif en faisant le vide. Le résultat est encore le même si, après
avoir fait le vide, on laisse rentrer l'air non actif dans l'enceinte maintenue
ensuite fermée. Donc, de toute façon, lorsqu'on a enlevé de l'intérieur du
tube l'air modifié par le radium, on obtient le mode rapide de désactivation
des parois.
» Je ne m'occuperai dans cette Note que de la loi de désactivation dans
le cas d'une enceinte close, renfermant des gaz activés. J'emploie le plus
souvent, comme enceinte close, un tube de verre scellé à la lampe. Ce tube
de verre est placé dans lecylindre intérieur d'un condensateur cylindrique
en aluminium. Les rayons émis par le tube traversent l'aluminium et
rendent conducteur l'air entre les armatures du condensateur. On mesure
le courant limite que l'on obtient entre les deux armatures, lorsqu'on
maintient entre elles une différence de potentiel suifisante (45o volts). Le
rayonnement, ainsi mesuré, est dû exclusivement à la radioactivité des
parois, car, lorsqu'on retire rapidement l'air actif du tube, le rayonnement
mesuré immédiatement après est le même qu'avant.
)) La loi de désactivation d'une enceinte fermée est remarquablement
simple. L'intensité du rayonnement I est exprimée en fonction du temps t
par une loi exponentielle
i = i„fi ^
!„ étant l'intensité initiale, e la base des logarithmes népériens et 6 une
certaine constante qui représente un temps.
» En portant le logarithme de I en ordonnées et t en abscisses, les points
représentatifs des expériences viennent se placer sur une droite, les écarts
n'ayant pas de caractère systématique et ne dépassant pas l'erreur possible
des expériences (i pour loo sur la valeur de I).
» Certaines séries de mesures ont été poursuivies pendant 20 jours;
l'intensité du rayonnement était devenue, au bout de ce temps, vingt-sept
fois plus faible qu'au début, et la loi de désactivation s'appliquait toujours.
» J'ai fait des expériences dans des conditions extrêmement variées, et
cependant elles ont toutes donné la même valeur pour la constante de
temps 6, La valeur moyenne, qui résulte des déterminations concordantes
SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. S5g
obtenues dans 24 séries d'expériences, est : 0 = 4>97oX 10' secondes
(5,752Jonrs).
» D'après celte valeur de 6, l'intensité du rayonnement baisse de moitié
en 3 jours 23 heures 42 minutes, soit sensiblement en 4 jours.
» La constantes reste la même : 1° en employant, pour activer les tubes,
des solutions de sels de radium d'activité très différente; 2° en employant,
pour activer, le chlorure de radium solide; 3° en faisant varier les dimen-
sions des enceintes activées (de 3""' à aoûo™'), ainsi que la forme de ces
enceintes; 4° en faisant varier l'épaisseur du verre; 5° en employant des
enceintes à parois de cuivre ou d'aluminium au lieu d'enceintes en verre;
6" en activant par l'intermédiaire de tubes larges et courts ou longs et
capillaires; 7° en faisant varier le temps de l'activation par le radium entre
i5 minutes et i mois; 8° en activant sous des pressions d'air plus faibles
que la pression atmosphérique jusqu'à une pression de 2"=™ de mercure et
en laissant le tube se désactiver scellé sous cette pression réduite; 9° en
opérant avec de l'hydrogène ou avec de l'acide carbonique au lieu d'air à
l'intérieur des tubes activés.
» Enfin, j'ai opéré dans des conditions bien différentes en prenant
comme mesure de l'activité l'intensité du courant électrique passant entre
deux électrodes situées dans l'intérieur des tubes activés. La loi de désac-
tivation est encore la même; cependant, dans ce cas, la conductibilité que
l'on mesure est due à la fois à la radioactivité des parois et à celle du gaz
de l'enceinte.
» Il résulte de ces nombreuses mesures que la constante de temps qui
caractérise la diminution de l'activité d'une enceinte activée fermée n'est
nullement influencée par les conditions de l'expérience, par la nature du
gaz qui remplit l'enceinte ou de la matière qui en constitue les parois.
» La constante de temps 0 est donc une constante qui ne comporte
aucun caractère spécifique, et, par suite, elle doit avoir une importance
d'ordre général. Les mesures se font dans des conditions telles que j'estime
que cette constante est susceptible d'être déterminée avec une très grande
précision.
» Dans des Notes antérieures nous avons admis, M. Debierne et moi,
que chaque atome de radium fonctionne comme une source d'énergie qui
se dissipe par rayonnement ou par conduction de proche en proche dans
des corps fluides. Les expériences actuelles montrent que dans les gaz
l'énergie est emmagasinée sous une forme spéciale qui se dissipe suivant
une loi exponentielle. On peut admettre que cette énergie s'épuise parce
qu'elle est utilisée à entretenir la radioactivité du gaz et des parois. »
86o ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIQUE. — Sur l'hydrogène atmosphérique. Noie de M. Axatole Leduc,
présentée par M. Lippmnnn.
« La publication récente (rex|)éripnces de lord Rayleigh (') sur la
présence de l'hydrogène dans l'atmosphère m'a incité à présenter une
remarque qui me semble maintenant décisive.
» Je rappellerai d'abord que j'ai déterminé par une méthode directe,
en poids, la masse d'oxygène contenue dans i» d'air atmosphérique préa-
lablement traité par la potasse et les desséchants. J'ai dit comment je me
suis assuré de la fidélité de la méthode et montré que l'erreur qu'elle
comporte ne peut guère dépasser ,-—7^ (■).
» J'ai trouvé que l'air de Paris et des environs contient de o,23i8 à
0,2823 d'oxygène.
» D'autre part, on peut déduire la composition de cet air de la connais-
sance des densités par rapport à lui de l'oxygène et de l'azote atmosphé-
rique.
» On écrit, en désignant par d et d' ces densités, et par x la teneur de
l'air en oxygène, en volume :
(1) œd -\-{\ — x)d' ^ \.
» On en tire aisément la teneur en poids xd. Or, en remplaçant d et d'
par les nombres provenant de mes déterminations, on trouve
xd =^ 0,2322 (par excès),
qui concorde parfaitement avec la moyenne des résultats obtenus par
pesées.
» Mais : 1° Cette équation, dite c?eî ma^^e^, admet implicitement la loi
du mélange des gaz de Dallon ;
» 2° Elle ne tient pas compte des gaz qui, comme l'hydrogène, existent
dans l'air et non dans l'azote atmosphérique préparé au moyen du cuivre,
avec les précautions que j'ai indiquées.
» La première cause d'erreur est ici négligeable; mais il n'en serait pas
(') Lord Ratlkigh, On the question of hydrogen in Ihe atmosphère {Philos.
Magazine, 6' série, t. III, p. 4'6-422).
(') A. Leduc, Comptes rendus, t. CXI, p. 262; t. CXIII, p. 129, et i. CXXIII,
p. 8o5, et Annales de Chimie et de Phys., 7" série, t. XV, p. 91 et suiv.
SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 86 1
de même de la deuxième si l'hydrogène était aussi abondant dans l'atmr -
sphère que l'indiqueraient les expériences de M. A. Gautier (') :
i'"' dans 5".
» En effet, soient s la proportion en volume de ce gaz ttd" sa densité.
L'équation des masses devient
(2) xd -\-(j ~ X — i)d' -h id" = \ ,
d'où l'on tire
j d{i-d') [ d'^d'
» Si l'on admet, avec M. Gautier, ■ = 0,0002, on trouve
a?r/ = o,2336.
» Il faudrait donc supposer, ou bien que mes densités de gaz sont assez
fortement erronées, ainsi d'ailleurs que celles de lord Rayleigh, ou bien
que ma méthode en poids comporte une erreur systématique quinze fois
plus forte que je ne l'ai admis : j^,, en moyenne.
1) Il résulte lùen, cependant, de la discussion de mes déterminations
que la valeur de a;f/ calculée au moyen de l'équation (1) ne peut pas des-
cendre au-dessous de 0,2317, tandis que la valeur moyenne déterminée
directement ne peut dépasser o,2322 i'-^''.
» A supposer qu'il n'y eût point de formène dans l'atmosphère, la for-
mule (3) donnerait, avec ces valeurs extrêmes, 0,00006, au lieu de
0,0002 (').
)) Les expériences de lord Rayleigh tranchent la question. On sait qu'il
arrive, par des moyens variés, à cette conclusion : que la proportion de
l'hydrogène libre dans l'air des campagnes est au moins six à huit fois
plus faible que celle trouvée par M. Gautier.
» Or, si nous reprenons la formule (3) avec ces nouvelles valeurs de £.
nous trouvons que la proportion de l'oxygène est voisine de o,2323. iMes
conclusions relatives à l'accord des deux méthodes restent donc entières. »
(') A. Gautier, Comptes rendus, t. CXXXI, p. i3, 86 et 535.
{^) Avec les nombrei de lord Rayleigh, qui dilïeient à peine des miens, on arrive
à une teneur liés légèrement inférieure. Cela tienl. ainsi que je l'iii montré, à ce que
l'air de Londres est un peu moins riche en oxygène que celui de Paris.
(') On voit aisément qu'un égal volume de formène causeiait une erreur plus de
deux fois moindre.
C. K., 190a, i' Semeslrt. (T. CXXXV, N» 20.) i l3
863 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur les oxalomolyhdiles . Note de M. Bailhache,
présentée par M. Haller.
« Ces oxalates complexes s'obtiennent en partant du sulfate de molyb-
dène Mo^O* 2SO', que j'ai décrit dans une Note antérieure (').
I) Après avoir dissous dans l'eau le composé Mo^O^ aSO^, on y ajoute 2"°°' d'acide
oxalique, pour chaque molécule de sulfate en expérience; on porte à l'ébullition, et
l'on précipite tout l'acide sulfurique par une quantité calculée d'hj'drate de baryum;
la liqueur filtrée est additionnée de 1™°' de carbonate de potassium, qui s'y dissout
avec effervescence, et concentrée dans un courant d'acide carbonique. 11 se dépose par
refroidissement des cristaux rougeâlres d'oxalomolybdite de potassium.
)i Ce sel est recueilli, lavé à l'eau distillée et mis à sécher dans le vide, où il perd
son eau d'hydratation, en même temps que sa couleur passe du rouge au jaune orangé.
>j Ainsi désliydralé, il a donné à l'analyse : 65, 80 pour 100 de dimolybdate de
potassium; 24, 5o pour 100 de C'^'O'; 16,20 pour 100 d'oxyde de potassium K'O
el 12,27 poi^i' loo d'eau.
» L'oxygène nécessaire pour l'ox-ydaliou totale tant de l'acide oxalique que du
molybdène est de 8, 22 pour 100. Cette détermination a été faite en solution sulfu-
rique, à l'aide d'une liqueur titrée de permanganate de potassium. Ces chiffres répon-
dent sensiblement pour le sel jaune à la formule
MoO(OH)'C'=0^(OH)K.
» Les cristaux rouges perdent dans le vide une quantité d'eau variable d'une pré-
paration à l'autre, par suite de la formation de plusieurs hydrates que je n'ai pas
obtenus isolés.
" Pour comprendre la formation de ce sel à partir du sulfate Mo^O'' :2S0',
il me fallut étudier à nouveau les réactions données par les solutions dans
l'eau de ce composé. Non seulement la potasse ou la soude, ou les carbo-
nates correspondants produisent, dans cette solution, un précipité ressem-
blant à l'hydrate ferrique, mais il en est aussi de même avec les sels les
plus divers, tels que le chlorure d'amiuonium, le sulfate ou l'acétate de
sodium. J'avais cru d'abord obtenir ainsi du bioxyde de molybdène hydraté,
mais un examen plus attentif a infirmé cette hypothèse.
» J'ai particulièrement examiné le précipité obtenu par l'acélate de sodium, en
opérant dans un courant d'hydrogène. On le lave avec une solution de ce sel que l'on
(') Comptes rendus, t. CXXXII, février 1901.
SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 863
élimine ensuite par l'alcool. Ce précipité, séché dans le vide, donne, il est vrai, des
proportions de métal et d'oxygène qui varient d'une expérience à l'autre; mais la
quantité d'oxjgène nécessaire pour faire passer tout le molybdène qu'il renferme, à
l'état d'acide molybdique, déterminée par le bichromate de potassium, est toujours
très inférieure à celle qui serait exigée pour l'oxydation du bioxyde.
» Ce fait s'explique aisément en admettant qu'on se trouve en présence
fl'un mélange variable de bioxyde de molybdène hydraté et d'un autre
hydrate Mo-O'^SH^O = 2MoO(OH)% qui n'est autre que l'hydrate de
molybdenvle de M. Peter Klason ('). C'est lui que l'on devrait obtenir
seul, s'il n'était très facilement dissocié, en cours de préparation, en
bioxyde de molybdène el en acide molybdique.
» Les réactions données par la solution aqueuse du sulfate de molyb-
dène confirment cette manière de voir. En effet, additionnée de chlorure
d'ammonium et saturée d'acide chlorhydrique gazeux, elle laisse déposer
des cristaux vert d'herbe du chlorure double de molybdényle et d'am-
monium.
» Cette réaction caractéristique, l'oxalomolybdite de potassium la donne également
en dissolvant à chaud un mélange de ce sel et de chlorure d'ammonium dans l'acide
chlorhydrique concentré :
MoO(OH)'C^O'(OH)K + aAzIi'Cl -h 4HCI
=rMoOCl'2AzH'Cl-hKG) 1 L^O'H' -h SHK).
« Traité par l'acide azotique étendu, roxaloniolybdite de potassium se transforme
en oxalomolybdate appartenant à la série des corps découverts par M. Péchard (^) :
2[MoO(OH)^C=0'(OH)Iv] + 0 = 2[MoO'C^O*HKH=0] + H^O.
» L'oxalomolybdite de potassium ne commence à perdre son eau de
constitution que vers + 1 15", et il faut le porter à -f- 180° pour le déshy-
drater complètement, mais il est déjà altéré, et la décomposition s'accélère,
à mesure que la température s'élève, suivant l'équation
2[MoO(OH)»C2 0'(OH)R]
= MoO^ + MoO^K^ + 2CO + 2C0= + 4H»0.
» C'est en raison de celte union inlime de l'eau dans ces sels, que j'ai
supposé quel'hydrate de molybdényle entrait tout entier dans la molécule.
{') D. ch. G., t. XXXIV, p. 148.
(^) Comptes rendus, t. CVIll, p. 1022.
864 ACADÉMIE DES SCIENCES.
comme M. Wyrouboff a proposé de l'iulmeHre pour les hytlralos de
sesquioxyde ( ' ).
" L'oxalomolybdile d'amiiioiiiuin se prépare par le iiiênie procédé. Ce sel forme un
livdrate rougeàlre qui ne renferme qu'une seule molécule d'eau, qu'il perd dans le
dessiccalenr, en même temps (jue sa nuance passe du rouge au jaune. Ce sel jaune a la
même constitution que le sel correspondant de potassium :
MoO(OHy'(C^O')(OH)AzlP.
» Il donne, d'une façon générale, les mêmes réactions que ce dernier sel; mais,
décomposé par la clialeur, il laisse un résidu de sesquioxvde de molybdène, qui retient
une quantité importante d azote. Cette décomposition est accompagnée d'un phéno-
mène d'incandescence subite, qui se communique de pioche en proche à toute la
masse, avec une légère déflagration.
); Ces deux oxalomolybdiles donnent, avec les sels de baryum, un préci-
])ilé cristallin peu sohible dans l'eau. Cet oxalomol\bdile de baryum
s'obtient d'ailleurs avec la ])lus grande facilité, en suivant la méthode quia
servi pour le sel de potassium, à cette diflérence près que, après avoir éli-
miné l'acide sulfuri |ue, on additionne la liqueur refroidie d'une solution
de chlorure de baryum très diluée, en petit excès et légèrement acidifiée
par l'acide chlorhydrique. En prenant ces précautions il se dépose lentement
de forts beaux cristaux d'une nuance rouge foncé tirant sur le grenat, de
la composition suivante :
MoO(OH)=G-0*H=
MoO(OH)'Cn3'Ba )
IPO.
» Il ne ])erd |)as d'eau dans le vide et il ne conmience à se déshydrater
à l'étuve que vers la température de + i io° à -f- 1 15°. On peut avec l'oxa-
lomolyb lite de baryum obtenir également le chlorure double de molybdé-
nyle et d'ammonium : on le dissoat dans l'acide chlorhydrique, la liqueur
refroidie laisse déposer le chlorure de baryum, ou la décante et l'on y ajoute
du chlorure d'ammonium en chauffant légèrement; par refroidissement, il
se forme des octaèdres vert d'herbe caractéristiques.
» Grâce à 1 insolubilité di l'oxalomolybJita de baryum on peut faire
l'expérience inverse, c'est-à-dire partir du chlorure double de molybdé-
nyle et d'ammonium pour le préparer. Vient-on, en effet, après avoir dis-
sous les octaè.lres verts tlaas de l'eau contenant de l'acide oxalique, à
(') Bulletin de la Société chimique, juillet 1902, p. 666.
SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 865
verser dans la liqueur une solution barytique, l'on obtient à nouveau un
précipité li'oxalomolvbdile de baryum :
2MoOC[^2AzH'C! + 2C=0*H=' + BaCP + -jWO
, = [(CMoO)^(OH)"(C'0*V-H=Ba,n=0] + 4ÂzTrCl-i-8HGl.
« Ce sel se prête très aisément à la double décom|Josilion, et l'on peut,
en faisant réagir sur lui les différents sulfates solubles, obtenir d'autres
oxalomolybdites. Je poursuis l'étude de ces composés. »
CHIMIE ANIMALE. Quelques remarques sur la musculaminc, base dérivée
des muscles. Note de M. S. Posterxak.
« Dans une des dernières séances de l'Académie, MM. Étard et Vila (')
ont décrit, comme étant inconnue jusque-là, une base qu'ils avaient isolée
des produits d'hydrolyse des muscles de veau. Cette base, pour laquelle
ils proposent le nom de rnusculamine, posséderait la composition C*Il-'Az^
et serait le premier exemple d'une Iriamine parmi les produits biologiques.
» Je crois nécessaire de faire remarquer à ce propos que les propriétés
et les nombres d'analyse de la nouvelle base ne laissent aucun doute sur
son identité avec la cadavérine C^H''Az-, découverte par M. Brieger (^)
dans les muscles des cadavres et par son élève Bocklisch ( j dans la chair
des poissons putréfiés. Celte même base fut retrouvée plus tard par
MM. Udransky et Baumann (') dans les urines d'un cystinurique et par
MM. Winteislein et Thonv (^) dans le fromage mûr d'Emmenthal.
» D'après M. Ladenburg ("), la cadavérine présente la constitution
d'une pentamélhylènediamine .
» Nous savons aujourd'hui, grâce aux recherches de M. Ellinger (' j que
le chaînon de la molécule alburainoïde, qui donne naissance à la pentamé-
lhylènediamine, pendant la putréfaction, est le même que celui de l'acide
(') Comptes rendus, l. CXXXV, p. 698.
(*) Weitere U ntersuchungeii iiber Ptoniaùie. Berlin, i885.
(') Ber. d. d. chem. Gesel., l. XVIII, i885, p. 1922.
(') Zeitsch. f. physiol. Client., t. XIII, 1889, p. 502.
(3) Ibidem, t. XXXVI, 1902, p. 28.
(') Ber. d. d. chem. Gesel.. l. XIX, 1886, p. 2585.
(') Zeitsch. f. physiol. Ck., t. XXIX, 1900, p. 334.
866 ACADÉMIE DES SCIENCES.
diaminocaproïque (la lysine fie Drechsel) qui se forme régulièrement lors
de la décomposition des différentes matières albiiminoïdes à l'aide des
acides ou des alcalis.
:> Il semble ressortir, en ontre, des travaux récents de MM. Zawrow (' )
et Langstein (-), que la pentaméthylènediamine remplace la Ivsine égale-
ment dans les produits résultant de la digestion pepsique très prolongée
des albuminoïdes, alors même qu'on opère dans des conditions d'asepsie
parfaite.
» L'observation de MM. Etard et Vila pourrait donc devenir d'une cer-
taine importance, s'ils réussissaient à démontrer que leur mélange des pro-
duits de décomposition des muscles de veau n'avait subi, au cours des
manipulations, aucune modification microbienne profonde. Dans ce cas,
nous aurions eu le premier exemple de la formation directe de la cadavé-
rine par hydrolyse d'un albuminoïde au moyen des acides. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur la variation des réserves hydrocarbonées
dans la tige et la racine des plantes ligneuses. Note de M. Leclerc du
Sablox, présentée par M. Gaston Bonnier.
(I Je me suis proposé d'étudier de quelle façon les sucres et les matières
amylacées variaient, dans le courant de l'année, à l'intérieur des plantes
ligneuses. Pour cela j'ai dosé ces substances à différentes époques de
l'année dans les tiges, les racines et les feuilles de certaines espèces.
» Afin d'avoir des résultats comparables, j'ai opéré sur des plants de même âge et
cultivés les uns à côlé des autres dans les mêmes conditions. Tous les 4o jours
environ, l'un de ces plants était arraché ; les tiges, les racines et, s'il j avait lieu, les
feuilles formaient trois lots distincts qui étaient desséchés à 90°, puis réduits en
poudre. Les dosages étaient efTectués sur environ 3s de la matière. Les substances
grasses, qui n'existent en quantité assez considérable que dans la feuille, étaient
extraites par l'élher; puis les sucres étaient extraits par l'alcool à 90°, ils étaient
dosés après avoir été transformés en glucose. La matière épuisée par l'éther et par
l'alcool était additionnée d'eau, chauffée pendant 2 heures à iiS" dans un autoclave,
puis traitée par l'acide chlorhydrique étendu pour transformer les matières amylacées
en glucose. Après quelques tâtonnements, j'ai reconnu que la quantité de glucose
obtenue était la plus grande lorsque le liquide renfermait 10 pour 100 d'acide du com-
(') Zeitsch.f. physiol. Ch., t. XXXIII, 1901, p. 3i2.
(^) Beitràge zur chem. Physiologie u. Pathologie, t. II. 1902, p. 228.
SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 867
merce et que l'ébullilion était prolongée pendant i heure. Dans ces conditions on
peut admettre «jue toutes les substances hydrocarbonées pouvant jouer le rôle de
réserve sont transformées en glucose.
» En opérant de cette façon j'ai obtenu les résultats suivants, pour la
tige et la racine du Châtaignier; je reviendrai plus tard sur la feuille :
Sucres. Mat. amylacées. Total.
Tige. Racine. Tige. Racine. Tige. Racine.
11 janvier !\,o 1,9 20,7 25,3 24,7 37)2
26 février .^,3 4i7 20,4 2t,o 24,7 26,9
28 mars 2,7 3,3 18,8 21, 4 21, 5 24,7
20 mai 2,3 3,i 17,6 16,7 I9i9 iQiS
22 juin 2,1 3,6 18,3 j8,a 20,4 21,8
27 juillet 2,6 3,6 18,5 20,7 21,1 24,3
12 septembre. .. 2,2 1,8 23,7 28,5 26,9 3o,3
19 octobre 2,2 1,6 24,2 27,5 26,4 29,1
22 novembre.... 3,2 1,1 2r,.5 27,8 24,7 28,9
26 décembre. .. . 3,7 1,9 ig,3 25,4 23, o 27,3
-. Tous les nombres contenus dans le Tableau précédent se rapportent
à 100 parties de matière sèche. Ainsi, le 1 1 janvier, 100^ de matière sèche
de la tige renfermaient 4* ) Inllorescences presque sessiles au-dessus de la dernière paire de feuilles, à élé-
ments serrés, à bractées persistantes, au lieu d'être pédonculées à bractées caduques.
Il ne s'agit pas là de la différence bien connue que peuvent présenter les inflorescences
de Landolphia chez une même espèce suivant le degré d'élongation de leur ave prin-
cipal; les nombreux échantillons que nous avons eus entre les mains nous montrent
la condensation de l'inflorescence comme un caractère habituel, et, d'ailleurs, la
persistance des bractées est à remarquer, alors que le L. owariensis a toujours les
bractées promptemenl caduque?.
SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 869
» Calice à sépales oblongs, moins serrés et ne présentant pas dans leur ensemble
l'aspect subsphériqiie on conrtement ellipsoïdal caractéristique chez le L. Oivariensis.
» Corolle à tube allongé, fusiforme, dont la partie libre au-dessus du calice, fine-
ment pubescente, est deux à trois fois plus longue que les lobes étroits, alors que
ceux-ci, plus larges, égalent la portion libre du tube chez le L. otrai'iensis.
» Étamines à filets velus à la base, insérés au-dessus du milieu du tube, à anthères
émarginées au sommet.
» Ovaire turbiné, glabre inférieurement, poilu sur son toit, qui est plus allongé en
cône chez le L. Pierrei, plus plat chez le L. owariensis.
» Fruit globuleux, légèrement allongé de la base au sommet (6''"' de diamètre lon-
gitudinal sur 5=" de diamètre transversal) : jaune foncé, noircissant par la dessiccation
et prenant une teinte bleuâtre due à la fine couche cireuse blanche qui le revêt. La
surface est uniformément lisse, sauf de très fines lenticelles. Le L. oivariensis, d'après
des échantillons très authentiques du Dahomey, dus à M. Le Testu, a des fruits à peu
près de même taille, mais dont liiémisphère apical est côtelé grossièrement. Nous ne
saurions affirmer absolument, dans l'état de nos connaissances, si ce caractère est
essentiel : il pourrait y avoir des variétés d'une même espèce à fruits lisses ou à fruits
bossus.
» Graines, au nombre d'une quinzaine chez les fruits considérés, irrégulières, angu-
leuses, épaisses. Elles sont plus grosses que celles du L. owariensis ayant 15""" k 20""™
de longueur, sur 10""" à 12""" de largeur, et 7""" à 9""" d'épaisseur, au lieu de 12"""
à 18°"" sur 7""° à 9™"' et 4"™ à 5""".
)) Les parties jeunes sont couvertes de poils assez longs, qui persistent longtemps,
au moins sur les pétioles; néanmoins, les rameaux recueillis à l'époque de la fructifi-
cation en sont ordinairement dépourvus.
» Le Landolphia Pierrei a été trouvé aux environs de Libreville, au
mont Houet (R. P. Rlaine, n. 286! 454! '"^ Herb. mus. Par.; 544' 926!
1357! iSgo! 1934 /•'w! >972! in Herb, L. Pierre) et clans la forêt de Sibang
(BÛTTNER, n. 497 '■ distribué par le musée de Berlin sons le nom de L. owa-
riensis P. de B.).
» La floraison est à son maximum en août; la maturation des fruits se
fait en janvier-février.
» Nous n'avons pas à attirer l'attention sur les différences qui séparent
notre espèce du L. Klainii, avec lequel, faute d'attention suffisante, on
pourrait le confondre à l'état stérile. Les énormes fruits de ce dernier,
l'allongement des ovaires et des stigmates suffisent, entre autres carac-
tères, à empêcher toute confusion.
» Ces distinctions spécifiques n'intéressent pas seulement les botanistes.
Tous ceux qui connaissent l'importance industrielle de la production des
caoutchoucs dans nos colonies peuvent y trouver la clef de certaines
divergences d'appréciation sur la valeur du produit de telle ou tel le espèce.»
C. K., 1902, 2- Semestre.lCV. CXXXV, N» 20 ) ' '4
870 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Influence des matières organiques sur le dévelop-
pement et la structure anatomique de quelques Phanérogames. Note de
M. Jules Laurent, présentée par M. Gaston Bonnier.
« J'ai montré, dans plusieurs Communications antérieures ('), que cer-
taines matières organiques, glucose, saccharose, sucre interverti, consti-
tuent d'excellents aliments pour les plantes vertes; je puis étendre actuel-
lement ces résultats, non seulement à la glycérine, mais à Vacide humique
qui, absorbé sous forme d'humatede potassium, modifie les échanges gazeux
de manière à activer V assimilation du carbone.
» Les solutions étendues de ces diverses substances n'exercent guère
d'action bien appréciable sur les caractères de la plante, mais il n'en est
pas de même pour les solutions concentrées qui agissent à la fois sur la
forme extérieure et sur la structure anatomique de toutes les espèces étu-
diées : Pois, Lentille, Maïs, Blé, Seigle.
)) Afin de mettre en évidence, d'une part, les modifications provoquées
par la concentration du milieu et, d'autre part, celles qui doivent être attri-
buées à l'action spécifique exercée par la matière organique, j'ai cultivé
Pisum sativum sur des solutions contenant par litre, outre les sels minéraux
de la liqueur Detmer, des poids de glucose et de glycérine respectivement
isotoniques de 10, i5, 20, 23, 3o centièmes du poids moléculaire de AzO'K,
et, comme des expériences préliminaires m'avaient montré ime certaine
analogie entre les cultures sur glycérine et les résultats obtenus par Lesage
avec le sel marin , j'ai employé également, en solutions isotoniques des pré-
cédentes, le chlorure de sodium et l'azotate de potassium.
» Je résume ci-dessous les conclusions auxquelles m'ont conduit ces
expériences :
» 1° La plante peut s'adapter à des pressions osmotiques beaucoup
plus élevées avec les substances organiques étudiées qu'avec les sels miné-
raux; alors que les liqueurs isotoniques de o,i5 AzO'K (p. m.) lui sont
déjà nuisibles lorsqu'il s'agit de salpêtre ou de sel marin, elle supporte très
bien les solutions de glucose et de glycérine isotonique de o.aS et même
o,3o AzO'K (p. m.).
M 2° Comme l'avait montré Stauge (-), la croissance en longueur se
trouve ralentie à mesure qu'on augmente la concentration du milieu ; mais
(') Comptes rendus, 29 novembre 1897, i4 novembre 1898 et 19 novembre 1900
(-) Bot. Zeitung, 1892.
SÉANCE DU 17 NOVEMBRE I902. 87 1
on observe en même temps un accroissement de diamètre beaucoup plus
apparent avec le chlorure de sodium et surtout la glycérine qu'avec le glu-
cose et l'azotale de potassium.
» 3° Dans les Imiiles de mes expériences, le poids sec des plantules
croit constamment avec la concentration des solutions de glycérine; avec
le glucose, il passe par un maximum, pour les solutions isotoniques,
de 0,20 AzO'K (p. m.); il est alors deux fois plus élevé que dans la
liqueur Detmer seule. Les résultats sont tout différents avec les sels miné-
raux et même pour des concentrations comprises entre o,o5 et o.ioAzO'K
(p. m.), le poids sec diminue constamment et d'autant plus que la pression
osmotique est plus grande.
)) 4° La proportion pour 100 de matière sèche augmente avec la con-
centration, aussi bien dans les solutions minérales que dans les solutions
organiques.
» 5° Pendant la période de germination, la consommation des réserves
de la graine est d'autant plus lente que la pression osmotique est plus
élevée.
» 6° Van Rysselberghe (') a montré que la cellule réagit aux concen-
tratious élevées en augmentant son pouvoir osmotique normal ; cette élé-
vation du pouvoir osmotique se traduit par une augmentation dans la pro-
portion des acides libres et, en général, des substances dissoutes dans le
suc cellulaire. L'acidité atteint des valeurs plus élevées dans les cultures
sur glucose que dans les cultures sur glycérine.
» 7° Enfin, si les solutions isotoniques de glucose et de glycérine
donnent des plantes très comparables par leur mode de développement
et par leurs caractères extérieurs, la pression osmotique n'intervient pas
seule dans les modifications observées, mais chaque substance exerce une
action spécifique, de nature très différente selon qu'il s'agit de substances
organiques ou de sels minéraux.
» Quant aux différences dans la structure anatomique, elles portent à
la fois sur le diamètre des cellules et sur la différenciation des tissus.
» Quelle que soit la substance étudiée, le diamètre des cellules croît
avec la pression osmotique du milieu de culture ; mais le phénomène est
surtout apparent dans les solutions de glycérine oii les cellules du paren-
chyme cortical se rapprochent progressivement de la forme sphérique,
aussi bien dans la tige que dans la racine. Si l'on remarque que le nombre
(') Vax Rysselberghe, Réaction osmotique des cellules végétales à la concentra-
tion du milieu, Bruxelles, 1899.
872 ACADÉMIE DES SCIENCES.
(les assises cellulaires se maintient à peu près constant pour toutes les sub-
stances expérimentées, on peut conclure que les liqueurs concentrées ne
modifient pas le mode de cloisonnement des initiales de iécorce.
» Les solutions de glucose et de saccharose provoquent, en général, un
épaississement des membranes et une lignification plus intense ; avec le Pois
et la Lentille, les fibres ligneuses sont plus nombreuses dans le bois secon-
daire; elles ont des parois très éjjaisses et leur cavité est réduite; il en est
dé même pour le sclérenchyme libérien de la tige et de la racine. Le glu-
cose n'est pas seulement utilisé pour la croissance en épaisseur des mem-
branes ; mais des réserves d'amidon s'accumulent dans la plupart des tissus
et on les retrouve même dans les cultures à l'obscurité.
» Ces réserves sont plus abondantes dans les cultures sur glycérine ; par
contre, la lignification est moins intense et la différenciation plus tardive;
il semble ainsi que, chez les Légumineuses tout au moins, la plus grande
])artie de la glycérine absorbée soit mise en réserve avant d'être utilisée.
» Il n'en est plus de même chez le Mais, dont la racine et la tige n'accu-
mulent d'amidon que dans leur méristènie terminal, et l'utilisation de la
glycérine y est immédiate; cette substance favorise l'épaississement des
membranes et la lignification, déterminant une sclérose hâtive du péricycle
et de tous les éléments conjonctifs qui avoisinent le bois primaire.
» Les substances organiques étudiées déterminent donc chez les végé-
taux des modifications de structure du même ordre que celles qui ont été
observées par Dassonville (') en faisant varier l'aliment minéral de la
plante. »
GÉOLOGIE. — Analogie entre les Carpathes et les Alpes.
Note de M. Mauuice Lugeo.\, présentée par M. Marcel Bertrand.
« Dans un travail récent (-) j'ai montré que le front nord de la chaîne
des Alpes, à partir de l'Arve vers l'Est, n'était pas formé par un plissement
autochtone de l'écorce terrestre, mais par les plis frontaux de grandes
nappes de recouvrement venues de l'intérieur de la chaîne.
» D'autre part, M. Suess (') a montré que les Carpathes débordaient
(') Ch. Dasso.wille, Action des sels minéraux sur la forme et la structure des
végétaux {Revue générale de Botanique, 1898).
(-) LuGEON, Les grandes nappes de recouvrement des Alpes, du Chablais et de la
Suisse (Bull. Soc. géol. de France, 4" série, t. I, 1901).
(^) SuESS^ La face de la Terre, l. I, p. 286-248.
SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 878
sur la plate-forme russe et les Sudètes. Dans les deux cas, l'avant-pays
s'enfonce sous la région plissée.
» Il y a donc lieu de nous demander si de grands plis couchés super-
posés, dirigés vers l'extérieur de la chaîne, ont aussi contribué à la marche
de la vague carpathique vers le Nord.
» A la suite d'une étude très détaillée et magistrale sur le Haut-Tatra,
M. Uhlig (') est arrivé, antérieurement il est vrai à l'établissement de
notre théorie, à une démonstration inverse de celle que j'ai faite pour les
Alpes. L'auteur conclut que les plis duTatra, au nombre de quatre, sont
dirigés vers l'intérieur de la chaîne, soit vers le Sud.
» Les deux anticlinaux nord forment la zone subtatrique, dont les ter-
rains présentent des faciès différents de ceux de l'anticlinal haut-tatrique
et du quatrième pli constituant la haute chaîne cristalline. Le troisième pli
contenant deux noyaux de gneiss et granit, M. Uhlig conclut que l'inten-
sité du plissement a été croissante du Nord au Sud. Enfin la haute chaîne
semble bordée au Sud par une grande faille qui limite les gneiss, et au delà
de laquelle on trouve dans le Flysch des lambeaux épars de terrains sem-
blables à ceux de la zone subtatrique.
» Ces plis, tournés vers le Sud, contrairement à ce que semblent exiger
les démonstrations de M. Suess, contrairement à l'allure générale arquée
des Carpathes, sont encore en désaccord avec l'ensemble des Alpes.
» Je propose donc aujourd'hui, pour expliquer les chaînes calcaires du
Haut-Tatra, une théorie analogue à celle des Alpes.
» Cette nouvelle interprétation se base sur un certain nombre de faits
péremptoires.
» L'inclinaison des couches vers le Nord n'est pas une preuve en faveur
du plissement vers le Sud, puisque nous connaissions l'existence de plis
plongeants. Or, il est possible de démontrer que les trois anticlinaux de la
chaîne calcaire du Taira sont des têtes anticlinales plongeantes de grands plis
couchés vers le Nord.
» Les charnières frontales, qui devraient se fermer vers le Sud dans
l'hypothèse de M. Uhlig, sont inconnues sur le terrain, aussi bien dans les
régions supérieures que dans les parties profondes des vallées, comme par
exemple le long de la Bialka et de la Jorzebica.
M Au contraire toutes les charnières conservées indiquent régulièrement
des mouvements vers le Nord; ainsi les plissements au Tomanova-Pass qui
laissent voir des charnières anticlinales et synclinales.
(') Uhlig, Die Géologie des Tatragebirges. Wien, 1897-1899.
874 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» La démonstration péremptoire peut être faite par l'analyse de la coupe
que montre le flanc gauche de la haute vallée de la Sucka-Woda, qui
coupe la région haut-tatrique.
» Cette région présente un grand noyau anticlinal de gneiss et de granit
reposant sur des calcaires jurassiques visibles dans les pentes, et qui, avec le
Permien et le Trias, contournent au Nord complètement le noyau de roches
primitives par une charnière anticlinale.
» Ainsi le petit massif granitique de Goryczkowa, de même que celui de
Zamky, forment le noyau anticlinal d'un grand pli venu du Sud et consti-
tuant toute la zone haut-tatrique.
» Les petites masses granitiques et triasiques des environs de Malo-
laczniak doivent être considérées comme de petits lambeaux de recouvrement.
» Comme la région îiaut-talrique est aiusi une zone sans racine et comme
elle s'enfonce sous la bande subtatrique, il s'ensuit que celle-ci forme
les deux replis frontaux, plongeants, d'une deuxième nappe de recouvrement
venue aussi du Sud, supérieure à la précédente.
» Ainsi, grâce aux recherches de M. Uhlig, nous pouvons montrer que
le bord nord du Tatra se comporte comme le bord nord des Alpes. Il est
formé par des nappes empilées dont la plus lointaine au iS^ord vient de la
région la plus méridionale.
» On sait que M. Uhlig a considéré la grande zone archéenne comme un
quatrième anticlinal. Nous pouvons, pour la même raison que celle invo-
quée, nous demander s'il s'agit d'une nappe inférieure aux précédentes.
Cette question ne peut pas être résolue, car la vraie nature de la ligne limite
de la grande zone gneissique au Sud n'a pu, malgré les efforts de M. Uhlig,
être connue. S'il y a charriage de la zone ancienne, les lambeaux méso-
zoïques du Sud devraient être considérés comme des débris restés en
arriére du front égrené de la nappe subtatrique; s'il y a réellement faille,
ces lambeaux nous indiqueraient d'où provient cette nappe puisque les
faciès sont identiques. »
ÉLECTROBIOLOGIE. — L'étCCtrolyse des sels métalliques séjournant
dans les tissus. Note de M. André Poëy. (Extrait.)
« A la séance du 2g janvier i855, M. Dumas présentait à l'Académie,
en mon nom, une Note ayant trait à l'application de l'Electrochimie à l'ex-
traction des métaux introduits et séjournant dans l'organisme, d'après les
expériences faites à New-York, en iBSa, en collaboration avec M. Vergnès.
On se trouvait ainsi en présence d'une vraie électrolyse humaine, et l'or-
SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. - 875
ganisme pouvait être assimilé à une solution éleclrolytique dans ce con-
ducteur hétérogène, dont la capacité électrique est considérable.
» Ce fait était inexplicable tant que la théorie électrochimique de
Grotthuss (i8o5) subsistait, basée sur la décomposition et la recomposition
de proche en proche des molécules électrolysées. Il a fallu arriver au prin-
cipe du transport des ions, d'aprèsles données que je demande la permission
de rappeler à l'appui.
» La première expérience de transport voltaïque au travers des diaphragmes serait
due à R. Potter (1816). Elle fut formulée en lois par Wiedemann (iSSa), puis confir-
mée par Hitlorfr(i853-i858) et reprise de nos jours par Kuschel, Bouty, Chassy,
PavlinofT, Labatut, Leduc, Weiss, Ilermann, Destot, etc.
» D'autre part, Clausius (iSSy) ayant assimilé les mouvements des molécules en
solution aux mouvements des molécules gazeuses, l'action du courant voltaïque ne
serait autre que celle d'imprimer une direction commune aux mouvements irréguliers
des ions préalablement dissociés, composant l'électrolyte, ensuite à les transporter
à l'anode et à la cathode, suivant les lois de Faraday (i833).
» Enfin, Svante Arrhénius (1887) formule la nouvelle théorie de l'ionisation des
solutions chimiques et de la conductibilité des électrolytes, en s'appuyant sur l'analogie
trouvée par M. Van t' HofT entre les lois de la pression des gaz et les lois de la pression
osmotiquë.
» 11 résulte donc qu'un courant voltaïque, traversant le circuit humain, produit une
électrolyse interstitielle sur tout son parcours, accompagnée d'une action endosmo-
tique (Dutrochet, 1828-1878), et d'un transport mécanique [du Bois-Reymond
(1860), Munk (1873)] des ions dissociés, dans le sens du courant, qui se déposent à
la cathode, d'après les lois qui régissent l'électrolyse des solutions salines, en rapport
avec leurs poids équivalents (Faraday, Bouty, Chassy).
» Mais, dès i852, nous étions pratiquemeat arrivés à l'extraction des
sels métalliques de l'organisme, à l'aide du dispositif suivant :
» Une baignoire en fonte éniaillée, de préférence, est isolée du sol par quatre pieds
en verre ; elle contient de l'eau chaude étendue d'acide suifurique pour l'extraction du
plomb, et d'acide azotique pour l'extraction du mercure et autres métaux. Sur un
banc pourvu d'un dossier, également isolé de la baignoire, le patient s'étend dans
toute sa longueur, plongeant dans l'eau jusqu'au cou. Il lient alternativement des
deux mains l'électrode positive terminée par un réophore en fer cylindrique et creux,
enveloppé d'un linge maintenu humide, les bras reposant sur des supports. L'élec-
trode négative est fixée à une large plaque située aux pieds de la baignoire, n'ayant
aucun contact direct avec le corps du patient.
» En vertu de ce dispositif, on force le courant positif à traverser librement l'élec-
trolyte humain dans toute la profondeur de ses tissus, lequel va se fermer sur la
plaque négative où il dépose sa charge d'ions dissociés ramassés sur son parcours,
pendant que les ions d'un plus grand poids coulent au fond de la baignoire.
» On peut, t-n moyenne, employer de i5 à 24 éléments fournissant
876 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de 8 à 20 milliampères npproximativement; car, par le fait de la inélhode
monopolaire et de l'état pathologique de l'intoxiqué, le potentiel élec-
trique éprouve certaines variations de modalités, en désaccord avec les
prévisions théoriques. »
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Appareil pour déterminer la durée des
impressions lumineuses sur la rétine. Note de M. ^Iachice Di'poxt, pré-
sentée par M. Bouchard.
« Au cours des recherches que j'ai entreprises au laboratoire de M. le
Professeur Joffroy, à Sainte-Anne, pour l'étude du réflexe lumineux qui
joue un rôle si important dans le diagnostic des maladies du cerveau, j'ai
été amené à étudier la physiologie normale et pathologique de la rétine
au point de vue de la durée des impressions lumineuses.
» C'est une notion classique, qu'une excitation lumineuse perçue par
les centres nerveux persiste uu certain temps, et que cet ébranlement
moléculaire offre une durée, puis s'amortit, si bien que la cellule peut de
nouveau subir une nouvelle excitation vibratoire.
» Les phénomènes optiques auxquels donne lieu cette propriété des
cellules nerveuses sont trop connus pour qu'il soit nécessaire de les rap-
peler ici, mais étant donnée cette particularité physiologique, il est permis
de supposer que la durée d'une impression lumineuse doit être subor-
donnée à l'état d'intégrité des centres nerveux et que le temps peut varier
en plus ou en moins suivant l'état pathologique de la cellule, si bien que
des variations dans la durée d'une impression lumineuse d'une intensité
donnée peuvent être interprétées comme un signe nouveau et rapporté à
des lésions déterminées.
» La physiologie pathologique de la rétine n'ayant pas été étudiée à ce
point de vue, j'ai été conduit à établir un appareil et une technique que j'ai
l'honneur de présenter à l'Académie pour déterminer : 1° la durée nor-
male des impressions lumineuses sur la rétine; 2° pour rechercher les
variations pathologiques qui peuvent se produire.
» Au lieu d'emploj'er les procédés chronométriques sujets à variations, il m'a paru
plus intéressant d'utiliser un agent physique, le diapason, pour calculer le temps
d'une façon constante. Ce diapason remplaçant le chronomètre, des curseurs con-
stituent le régulateur, et une graduation sur les branches indique le nombre de vibra-
tions par rapport à la place occupée par les curseurs.
» Afin d'obtenir un nombre de vibrations excessivement faible sans exagérer la lon-
gueur des branches, j'ai augmenté progressivement la cArt/'^e jusqu'au poids de 1 1 ''s.
SÉAiNCE DU 17 NOVEMBRr: 1902, 877
» 1° L'appareil se compose d'un diapason dont l'une des branches porte un écran, lin
arrière de l'écran se trouve une lampe électrique enfermée dans une lanterne percée
d'un orifice; en avant de l'écran, un microscope pour observer le point lumineux.
» L'écran porte sur le côté un petit prisme coloré qui, au repos, masque le fover.
Le diapason est mis en activité par un électro-aimant. Il est gradué en deux, octaves-
la note la plus basse correspond à quatre vibiatinns, soit :
iu-^\
so/rr 6
ut= S
.loi = I a
r<- = 4,5
la =^ 6, 6.5
rc= 9
la-^ i3
m i =: 5
i(=7,5
mi= ro
si—. i5
/7 = 5,33
fa— 10,
65
ut— 16
» En plaçant les deux curseurs au niveau de chaque graduation, on obtiendra le
nombre indiqué de vibrations.
» Au repos l'œil aperçoit une image colorée réfractée dans le prisme; le diapason
vient-il à vibrer, le piisme se déplace, et déninsque le foyer d'où émane une ima^e
directe non colorée. Admettons que le nombre de vibrations soit de 4, soit î de seconde.
Pendant la moitié de la vibration le foyer sera découvert; pendant l'autre moitié, caché.
L'image directe sera aperçue pendant J de seconde et l'image réfractée pendant J- de
seconde. De plus une vibration verticale se produit à l'extrémité de la course. Si
l'excitation de la rétine persiste un temps inférieur à | de seconde il va se produire
que l'image réfractée, qui est aperçue encore lorsque l'image directe apparaît, vAsaater
verticalement puis disparaître pendant le temps où l'image directe est vue. On voit
ainsi les imatges jongler, et, si le mouvement se ralentit, une disparaît et l'autre repa-
raît : le temps qui s'écoule entre le passage de chaque image est donc supérieur au
temps pendant lequel chaque image persiste sur la rétine. Mettons les curseurs sur
sol=i 12.
» L'œil aperçoit deux images simultanées et fixes, il n'y a plus de sautillement ;
lorsque la seconde image apparaît réfractée sur le prisme, la première, directe, n'a pas
eu le temps de disparaître sur la rétine, qui les perçoit en même temps; les images ne
jonglent plus; donc le temps qui s'écoule entre chaque vibration est inférieur au
temps pendant lequel une impression persiste sur la rétine.
» 2° L'observation peut être faite avec l'écran seul, qui détermine des variations du
côté du foyer moins faciles à apprécier que les variations obtenues avec le prisme.
De même en employant l'orifice au centre de l'écran qui doit être placé dans l'axe
rayon du visuel.
» 3° Un autre procédé consiste à placer sur le côté de l'écran un contact d'où jaillit
une étincelle d'induction à chaque oscillation de l'écran. Tant que l'étincelle paraît
intermittente, les curseurs indiquent que le temps écoulé entre chaque vibration est
supérieur à celui de l'impression lumineuse sur la rétine. Lorsque l'étincelle paraît
continue, le temps de l'impression rétinienne égale celui de la vibration. Ici il faut noter
le temps d'une vibration entière, puisque l'étincelle n'apparaît qu'à chaque retour de
l'écran.
» 4° La même recherche peut être faite avec les couleurs complémentaires dispo-
sées sur le foyer et sur l'écran.
» Enfin la projection de l'image peut être faite sur un écran avec un fover suffisant.
C. R., 1902, 2- Semestre. (T. CXXXV, N° 20.) 1 I ,î
8^8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» La graduatioD de re diapason ('), non exemple de difficiillés, a été réalisée d'une
façon absolument exacte par la méthode de Lissajous au moyen d'un comparateur
spécial. Vu le chilTre des vibrations obtenu, je ne sache ])as qu'il ait été encore construit
de diapason donnant un nombre aussi faible de vibrations.
» En résumé, j'ai entrepris, au moyen de cet apjiareil nouveau, tine série
de recherches afin de déterminer les variations normales et pathologiques
que peut présenter la durée de la persistance des images sur la rétine
pour les rapporter à des lésions déterminées en passant en revue succes-
sivement les rayons colorés du spectre, pour attacher à chacun d'eux un
coefficient particulier. Le même procédé permet de calculer le temps mi-
nimum nécessaire pour qu'une impression lumineuse soit perçue. »
PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Production du sommeil et. de l'anesthésie générale
par les courants électriques . Note de M. Stéphane Leduc, présentée par
M. d'Arsonvai.
« Dans une Note précédente {Comptes rendus, 2r juillet 1902), nous
avons indiqué coinment, avec 10 à 3o volts, et des courants interrompus
i5o à 200 fois par seconde, on pouvait réaliser, chez les animaux, l'inhibi-
tion des hémis]jhères cérébraux, et produire le sommeil et l'anesthésie
générale. Le procédé avait l'inconvénient d'occasionner, pour la mise en
sommeil, des contractures ou des convulsions cloniques élevant la pres-
sion sanguine, provoquant l'évacuation de la vessie et de l'intestin, et
causant un arrêt momentané de la respiration.
» Ces inconvénients sont atténués par l'emploi, dans le circuit, d'un
rhéostat sans self-indtjction, permettant, par une augntentation graduelle,
d'atteindre en 3 à 5 minutes l'intensité nécessaire. Cette méthode exise la
mise préalable dans le circuit d'une force électromotrice au moins égale à
la force maxima à atteindre, alors que les résultats sont d'autant plus par-
faits que la force électromotrice employée est moindre.
» En employant un réducteur de potentiel sans self-induction, de façon
à élever régulièrement, dans 3 à 5 minutes, la force électromotrice au
chiffre nécessaire, les animaux passent doucement, progressivement, sans
un mouvement de défense ou de fuite, sans un cri, sans changement dans
les mouvements de la respiration et du cœur, de l'état de veille à l'état de
sommeil tranquille, régulier, et d'anesthésie générale absoluf\ Le chien
fléchit d'abord la tête comme assoupi, s'assied, se couche sin- le flanc,
(') Cet appareil a été construit, sur mes indications, par M. Lancelot.
SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. Sji)
s'endort d'un sommeil en apparence reposant, sans avoir donné le moindre
signe de protestation ou de douleur. »
PHYSIQUE. — Reprofluctinn en nombre illiinité des phono grammes en cire,
pour musées phonographiques, par le moulage gahanopknlique . Procédé
par fusion et procédé par compression et chaleur combinées. Note de JM. L.
AzouLAv, présentée par M. Marey.
« Les musées phonographiques, tels que ceux de l'Académie des Sciences
de Vienne et celui de la Société d'anthropologie de Paris fondé sur mon
initiative, ne peuA'cnt exister et se multiplier que si les documents ori-
ginaux restent indélébiles. Par le procédé mécanique du doublage par une
sorte de pantographe, le phonogramme original est tellement altéré par
les copies successives qu'il n'est plus utilisable au bout de quelques cen-
taines de copies. Dans les deux procédés que je vais décrire sommairement,
'le phonogramme original demeure intact; le moulage métallique que l'on
en fait et les copies tirées ne l'allèreiit que fort à la longue.
)) Le phonogramme original (dans l'espèce, un cylindre) est moulé en
cuivre rouge par la galvanoplastie. Débarrassé par fusion du cylindre
enregistré qui l'a fourni, nettoyé et nickelé le cas échéant, le moule métal-
lique, dont l'épaisseur doit atteindre a"*" a i'"", est la base des opérations
des deux procédés.
» Dans le procédé par fusion, le moule métalliciue est centré sur un noyau ou
mandrin tronconique reposant sur sa grande base; mis à l'étuve sinuillanéinent avec
la cire qui doit y être versée, laissé là jusqu'à la température de fusion de cette cire,
environ 120". Alors on y verse la matière en fii?ioM très également et l'on juge, par la
consistance croissante de la cire, du moment où il faut enlever le mandrin, car si on
l'enlève pendant que la cire est encore assez malléable, le mandriji nesortjdus, retenu
par la puissance de rétraction de la matière. On essuie le mandrin et on le remet,
cette fois-ci, le petit bout en bas. On enferme le tout dans une enveloppe mauvaise
conductrice de la chaleur et à condition d'enfoncer de temps en temps le mandrin dans
le cylindre de cire, on retire après refroidissement, et le mandrin enlevé au préalable,
un cylindre bien calibré reproduisant fidèlement le texte original. Il suffit de le
polir sur le phonographe à l'aide d'une peau de chamois pour qu'il soit prêt à être
entendu.
» Second procédé par compression et chaleur combinées. — Le moule métallique
reçoit à l'intérieur, à basse température, un cylindre de cire, parfaitement raboté,
vierge, un peu plus court et plus étroit que le moule (à cause de l'allongement de la
cire sous la chaleur). On introduit ensuite, dans le cylindre de cire, un sac de caout-
chouc dévulcanisé, tronconique ou cylindrique, muni d'une valve et l'on serre le tout
dans un étui de forte tôle d'acier. On introduit l'appareil dans une étuve réglée inva-
88o ACADÉMIE DES SCIENCES.
riablement sur une lempéralure de 5° environ inférieure à celle du début de la désin-
tégration de la cire (le début est à environ la moitié de la température de fusion de
la cire, d'après mon expérience). On attend l'équilibre certain de la température et,
à l'aide d'une pompe munie d'un manomètre, on comprime dans le sac de l'air
chauffé (plutôt que froid) à une pression de S"'" et au delà (en raison de l'épaisseur
du moule). (La pression pourrait être mécanique ou hydraulique avec avantage, pour
les disques surtout.) On attend i heure ou plus, et d'autant moins que la pression a
été plus forte. L'appareil maintenu toujours à la même température, on ouvre la valve,
on sort de l'étui le moule et le cylindre y adhérant; on y introduit, pour maintenir la
cylindricité, un mandrin chauffé dans la même étuve, et on les enferme dans une
enveloppe mauvaise conductrice de la chaleur jusqu'à refroidissement complet. On
opère ensuite exactement comme dans le premier procédé.
)) Ces deux techniques sont applicables aux phonogramrnes sur disques.
T.a Commission des Archives phonograpJwjues de l'Académie des Sciences de
Vienne a pid)lié intégralement, en juillet dernier, le procédé par fusion
qu'elle emploie pour ses disques. Je publie aujourd'hui le procédé pour
les cylindres, car les manipulations sont de dilTiculté différente. Le pro-.
cédé par compression et chaleur combinées est le plus facile et le plus sûr
quand on dispose d'un matériel. »
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Producùun de couleurs fixes sur tous genres de
cuirs, par l'emploi de sels de molybdène combinés à des matières tannantes
ou à des couleurs mordantes végétales. Note de M. Emm. Pozzi-Estor.
(Extrait.)
« En résumé : L'emploi des sels de molybdène permet un nouveau
procédé de tannage, identique au procédé Draeher; la laque molybdène-
tannin est soluble et \)ossè(\e une très grande affinité pour le cuir et les fibres
animales; elle possède par elle-même une couleur jaune foncé très
agréable, que l'on peut nuancer par l'addition d'extraits de bois de tein-
ture, avec lesquels ces molybdales donnent aussi une laque, ce qui permet
d'obtenir une très grande variété de tons. »
A 5 heures l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 heures et demie.
M. B.
■ N^ 20.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 17 novembre 1902.)
»IE»IOIUES ET COWMUNIGA TlOrVS
IlKS MliMIillKS ET DES COKKKSPONOANTS DE L'ACAI-ÈMIE.
Pages. I Pages
M. Bertiielot. — Surlesiriipui-elcsde l'oxy- | l'arsenic iioi'nial dans (juclques organes
gène conipiimé et sur leur rolo dans les | des animaux et des plantes. Ses origines. Soi
combustions oi)t-rées.au moyen di- la bombe . ! MM. A. Laveran et F. Me.sml. — Le Na-
caloriniétrique 821 gana et le Mal de caderas sont deux enli-
M. LœwY. — Sur les récentes publications | tés morbides bien distinctes " S3,s
émanant de l'Observatoire de Paris : Cata- i M. Y. Delage. — Effets de l'excision du
logue stellaire ( IV° Part.); Catalogue plio- ! madréporite chez les Astéries K'ii
toyraphique (I" Vol.); Annales, Observa- | M. E. Vallieb. — Sur la loi des pressions
lions de 1898; Mémoires (T. XXUI); i dans les bouches à feu X\.!
UuUean du Comité International (T. ni). 834 1 M. P. DniEM. — Sur l'analogie entre les
M. G. Lin-MANX. — Sur la visée d'une sur- | rayons X et les oscillations hertziennes.. N'p
face de mercure éclairée par un faisceau : M. Gaston Bonnier fait hommage à l'Aca-
de lumière horizontal 83i . î demie du deuxième fascicule du « Cours
M. D'AnsoNVAL. — Pendule de l'oucaull ' de Hotanique >. publié par lui en collabo-
simplifié 832 ration avec M. Leclerc du Sabloii f< V'
M. Armand Gautier. — Localisation de i
MÉMOIRES PRESENTES.
M. I!. Leuoi'ez adresse un Mémoire « Sur
une extension de la théorie analytique de
la chaleur de Fourier au cas de la cong
lation »
^'.n
CORRESPOrVDAlXCE.
M. le Ministre de l'Instruction i>ublique
invite r.\cadémie à lui présenter une liste
de deux candidats pour la place de Membre
titulaire du Bureau des I..ongitudes, va-
cante par le décès de M. Cornu 84*>
M. Andoyer, m. p. Puiseu.x prient l'Aca-
démie de les comprendre parmi les candi-
dats à la place vacante, dans, la Section
d'.Vslronomie, par le décès de M. Faye.. . 84'i
M. E. EscLANGON. — Sur les récenlcs lueurs
crépusculaires observées à Burdeaux S'iH
M. \V. Steki.oI'I'. — Sur la représentation
approcUce des fonctions 848
.M. E. Cartan. — Sur la structure des
groupes infinis 85i
M.M. Andriî Urochet et C.-L. Barillet. -
Sur les électrodes ijipolaires 854
M. P. Curie. — Sur la constante de temps
caractéristique de la disparition de la ra-
dioactivité iiuluite par le radium dans
une enceinte fermée 807
M. Anatole Leduc. — Sur l'hulrogène
atmos[)hciiqur 8fio
M. nAiLHAi:iiE. - Sur les ■pxalomolybditcs. Nljj
M. S. PosTERNAK. — Quelques remarques
sur la musculamine, base dérivée des
muscles 86j
Al. Leclkrc du Sablon. — Sur la variation
lies réserves hydrocarbonées dans la tige
et la racine des plantes ligneuses 8f)l>
M. Henri Hua. — Le Landolphia Pieirci,
espèce nouvelle du Gabon, considérée
comme pouvant fournir du caoutchouc. 8().S
M. Jules Laurent. — lulluence des matières
j.iganiques sur le di'vcloppement et la
-Iructure anatomique de quelques Phanc-
icj;;ames ^7"
\1. .Maurice Luoeox. — Analogie onlre les
Carpalhes et les VIpes ^Z'-
.M. André Poijy. — L'électrolyse des sels
iiiélalliqucs séjournant dans les tissus. . . . '^7'i
M Maurice Dupont. — .Vppareil pour déter-
miner la durée des impressions lumineuses
>ur la rétine ■ '''7''
.M. StêI'IIANE Leduc. — Production du som-
meil et de l'anesthésie i:énéralc par Ic'i
r 20.
SUITE DE LA TABLE DES ARTICLES.
Pages.
rourants cleclriqucs 87S
iM. L. AzoULAY. — RepiutlucliiiH en nombre
illimilé des plionogiamnies en cire, pour
musées phonographiques, par le moulage
galvanoplaslique. Procédé par fusion ot
procédé par couiprcssiou cl clialeur com-
biaées
Pages
79
M. Emm. Pûzzi-Escot. — Production de cou-
leurs fixes sur tous genres de cuirs, par
l'emploi de sels de molybdène combinés à
des malicres tannantes ou à des couleurs
mordanles vésétales SSo
GAUTHIER-VILLARS, Imprimeur- Editeur,
OlIAI DES GRANDS-AUGUSTINS, 55, A PARIS (6').
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
PUBLIÉS PAU LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
Par décision de l'Académie des Sciences, les prix de l'abonnement et des collections sont
désormais fixés ainsi qu'il snil :
PRIX DE L'ABONNEMENT :
Paris 30 fr. | Départements 40 fr. | Étranger 44 fr.
Chaque année, sauf i845, 1S78 à 1892, 1896 à 1898, se vend séparément 25 fr.
Chaque volume, sauf les Tomes 20, 21, 76 à 108, 110, 11'2, lU, 115, 122 A 127, se vend sépa-
rément ._ ■ 15 fr .
TABLES GÉNÉRALES.
TABLE GÉNÉKALE des TcMES là 31 (iS35-iSJo) 25 fr.
- Tomes 32 à 61 (i85i-.865) 25 fr.
- T0.MES 62 5 91 (1S66-1880) 25 fr.
Tomes 92 à 121 (1881-1895) 25 fr.
l'h;iqur? Volumo d-'s Tiibles générales comprend une Tahte par ordre atphabéti:]iie d'auteurs
el nnn Table par matières très détaillée.
PARIS. - IMPHIMRKIE (î \ UT 11 [ U K - V I L L A R S,
Quai des Grands-Augustins, bb
Le Qérant : Gauthier- Villars.
IjOM
1902
SECOND SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L*ACADÉMIE DES SClExNCES
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
TOME CXXXV.
N'21 (24 Novembre 1902).
^PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Auguslins, 55,
1902
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS
Adopté dans les séances des z3 juin 1862 et 24 mai 1875
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l'Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article l". — Impression des travaux de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un associé étranger de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie
ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans
le Compterenduàe la semaine que si elle a été remise
le jour même de la séance.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans lès 5o pages accordées à chaque Membre.
Les rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de Sa pages par année.
Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis-
cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca-
démie ; cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont
ils donnent lecture à l'Académie avant de les re-
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap-
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'
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blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savû
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des pers
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d't
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires
tenus de les réduire au nombre de pages requ
Membre qui fait la présentation est toujours noj
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet E
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils h
pour les articles ordinaires de la correspondanci
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être re)i
l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tai
jeudi à i o heures du matin ; faute d'être remi-s à te
le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compter
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu\
vaut et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part, m
Les Comptes rendus ne contiennent ni planche!
figures.
Dans le cas exceptionnel où des figures sen
autorisées, l'espace occupé par ces figures comp
pour l'étendue réglementaire.
Le tirage à part des articles est aux frais des
teurs ; il n'y a d'exception que pour les RapporI
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six moisj la Commission administrative
un Rapport sur la situation des Comptes rendus aj
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du |
sent Règlement.
dâî;!L?Jrl'.rlr°^!" * l-Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés d
déposer, au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5^ Autrement la présentation sera remise à la séance suiv.t
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 24 NOVEMBRE 1902,
PRÉSIDÉE PAR M. ALBERT GAUDRY.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES GORRESPONDA.NTS DE L'ACADÉMIE.
ASTRONOMIE. — Vitesse de la lumière; parallaxe solaire.
Note de M. Perrotix.
« L'an dernier, à pareille date, à l'occasion d'une Note traitant d'un
tout autre sujet, j'avais l'honneur d'informer l'Académie que l'Observatoire
de Nice était à la veille d'entreprendre une nouvelle série de mesures de
la vitesse de la lumière, par la méthode de la roue dentée de Fizeau, et que
les stations choisies étaient la grande coupole de l'Observatoire et le mont
Vinaigre, dans l'Estérel, à 46'"" l'une de l'autre, distance qui n'avait" pas
été atteinte jusqu'à ce jour.
» Les opérations que j'annonçais alors sont aujourd'hui terminées, et
c'est le résultat auquel elles conduisent qui se trouve consigné dans la pré-
sente Note.
» Les mesures n'ont pas duré moins d'une année et non moins longues
avaient été les études préliminaires auxquelles elles avaient donné lieu.
)> Celles qui furent faites auparavant, à 12'"°, et dont les Comptes rendus
de la séance du 5 novembre 1900 donnent les conclusions, ne nous
avaient donné que de vagues indications sur les difficultés instrumentales
ou atmosphériques, de réfraction notamment, que l'on rencontre avec une
distance qui est presque quatre fois celle-là et une image fournie par nu
faisceau de rayons lumineux qui, tout en restant à une faible hauteur
au-dessus du sol, traverse une couche d'air dont l'épaisseur, eu comptant
l'aller et le retour, est, en somme, de 92'^"°. Après bien des tâtonnements,
des déceptions de toute nature, nous sommes parvenu à surmonter la plu-
part des obstacles qui nous avaient longtemps lenu en échec, eu mettant
G R., 1902, a» Semestre. (T. CXXXV, N° 31.
Il6
SB-
ACADEMIE DES SCIENCES.
à contribution les instruments les plus puissants de l'Observatoire : l'ob-
jectif de o™, 76 de diamètre comme lunette d'émission, et celui de o", '38
comme collimateur ( ' ).
» Cette heureuse circonstance nous permet de soumettre aujourd'hui à
l'Académie le Tableau résumé de iioo mesures qui, obtenues dans des
conditions très variées de l'état de l'atmosphère et du fonctionnement des
appareils, se trouvent peu affectées, dans leur moyenne défmitive, par les
causes d'erreurs systématiques.
» Les mesures, qui ont porté sur dix-sept ordres différents de phéno-
mènes, sont résumées dans le Tableau ci-après :
Ordres.
XVI. . . .
XVII . . .
XVIII . .
XIX... .
XX . . . .
XXI. . . .
XXII...
XXIII . .
XXIV..
XXV...
XXVI . .
XXVII .
XXVIII.
XXIX . .
XXX . . .
XXXI . .
XXXII..
Vitesse
dans le vide
en milliers
Nombre
de kilomètres.
d'observations.
Poids
3oo,52
3o
288
299,72
35
38i
399,60
32
392
3oo,3i
39
534
3oo,i3
76
1x56
299,55
66
1109
299,88
4i
758
299,58
75
i5i9
299,86
86
1900
3oo,o3
i4i
3385
299,89
80
2081
300,2i4
49
1376
299,72
48
l452
3oo,38
36
1 170
3oo,52
52
iSio
299,73
76
2828
299,50
'47
5834
'otal
II 00 obs.
)> On en déduit, par la moyenne pondérée, pour la vitesse exprimée en
milliers de kilomètres et dans le vide.
299,86 ± 0,08.
{')Ce qui nous donnait une supériorité évidente sur les expériences de 1874
(M. Cornu ).
SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1902. 883
)) Ce nombre diffère pende celui que nous avions obtenu par i5oo me-
sures avec la station de la Gaude :
299,90 ± 0,08.
M Cette élude, qui n'a pas exigé, moins de trois années d'un travail très
attachant, sans doute, mais aussi parfois très pénible, et qui n'a pas été
exempte de mécomptes, n'aurait pas abouti sans les précieux conseils de
M. Cornu, l'éminent physicien dont la Science déplore la perte et dont la
mémoire est particulièrement chère aux astronomes de Nice, ses encou-
ragements répétés, et sans l'appui bienveillant qu'il est superflu de dire que
l'on trouve toujours auprès du fondateur de notre observatoire en pareille
circonstance ( ' ).
» En résumé, l'ensemble des opérations précédentes conduit, pour la
valeur de la vitesse de la lumière, au nombre
299,88.
dont l'incertitude ne dépasse pas So""".
)) Il nous a paru opportun de rapprocher ce résultat de celui que les
observations de la planète Éros viennent de nous fournir pour la valeur de
la parallaxe solaire.
» Le nombre
8",8o5(^)±o",oii
auquel nous conduit la résolution de quarante équations de condition,
basées sur quarante soirées de mesures faites avant et après le passage de
la planète au méridien, combiné avec celui qui précède, donne, par une
(') M. Prim a fait lui-même un certain nombre de mesures, en partie réduites, qui
l'ont conduit au nombre provisoire
299-92;
d'autre part, sur les données fournies par le général Bassot, M. Simonin, assisté de
M. Colomas, a, par deux fois, rattaché l'observatoire au réseau géodésique delà Carte
de France, et M. Javelle nous a, comme toujours, assisté avec un dévouement et un
désintéressement scientifiques que nous ne saurions trop reconnaître.
(^) Ce nombre est fourni par la méthode des moindres carrés; en donnant le même
poids à chaque soirée, on aurait
8", 789.
lequel est également possible.
884 ACADÉMIE DES SCIENCES.
relation bien connue, pour la valeur du coefficient de l'aberration an-
nuelle :
20", 465.
» C'est le nombre adopté par la Conférence astronomique internationale
de 1896 sur la proposition de MM. Lœwy et Newcomb.
» Cette vérification, qui intéresse trois constantes fondamentales de
l'Astronomie ou de la Physique et sur lesquelles deux ont été déterminées
à nouveau par l'Observatoire de Nice, était utile à faire.
» C'est, peut-être, en somme, la confirmation pure et simple de résultats
récemment acquis, tout au moins en ce qui concerne la parallaxe solaire;
mais, dans l'espèce, les preuves ne sauraient être ni trop nombreuses ni
trop indépendantes; celle que nous apportons aujourd'hui repose sur une
opération qui a été longue, laborieuse, souvent pénible, toujours difficile,
il faut le reconnaître; mais exécutée sans idée préconçue, avec le désir de
très bien faire, à une très grande distance et à l'aide d'instruments d'une
puissance optique considérable et dont nous avons eu la rare bonne for-
lune de pouvoir disposer.
» Cette double circonstance justifiera peut-être, à elle seule, la publi-
cation actuelle. »
PALÉONTOLOGIE. — Sur l'origine et la dispersion géographique
(lu La^omvs corsicanus. Note de M. Cii. Depéret.
« La petite famille des Lagomydès ou lièvres à oreilles courtes comprend,
à l'époque actuelle, une quinzaine d'espèces qui habitent les steppes de
l'Asie et de l'Amérique du Nord; l'une d'elles, le Lagomys pusillus, étend
son habitat jusqu'à la Russie orientale.
» Pour bien comprendre l'histoire de ce groupe, il convient de le sub-
diviser en deux petits genres : 1° les vrais Lagomys Cuvier, caractérisés
par leurs deux prémolaires d'en haut de forme transverse, avec un simple
pli d'émail en avant, et par leur première prémolaire d'en bas allongée et
relativement étroite; 2° les Prolagus Pomel ou Myolagus Hensel, dont les
deux prémolaires d'en haut sont en prisme triangulaire avec un double
repli d'émail en dehors, et dont la première prémolaire inférieure est éga-
lement triangulaire, très forte, et détermine une gibbosité sur la face
externe de la mandibule.
» Le genre Lagomys est un groupe essentiellement septentrional, qui ren-
SÉANCE DU 24 NOVEMBRE I902. 885
ferme toutes les espèces actuelles de l'Ancien et du Nouveau Monde; à
l'époque quaternaire, l'une d'elles, le L. piisillus, poussait son habitat
jusqu'en Allemagne, dans le bassin de Paris et en Angleterre.
» Le genre Prolagus ou Myolagus est, au contraire, un groupe méridional
ou méditerranéen, qui possède des racines anciennes dans le Tertiaire de
nos contrées. A l'époque miocène, le P. Meyeri Tschudi était répandu
depuis la Bavière (Gïuisburg) et le Wurtemberg (Steinheim) jusqu'aux
Pyrénées (Sansan), en passant par la Suisse (OEningen, Vermes) et la
vallée du Rhône (La Grive-Saint-Allan, Mont-Ceindre). Il est intéressant
de remarquer que cette zone d'habitat suit assez exactement le bord
septentrional de l'ancienne Méditerranée miocène, dont un bras important
contournait au nord la chaîne des Alpes.
» Le Lagomys corsicanus de Cuvier appartient au même groupe. Signalé
tout d'abord par Cuvier dans les brèches osseuses quaternaires de
Bastia('), il a été ensuite retrouvé dans le quaternaire de Sardaigne par
Hensel qui lui a donné le nom de Lagomys sardus. La présence exclusive
de ce petit rongeur dans ces deux îles de la Méditerranée occidentale
constituait une véritable énigme au point de vue de son origine. Ce pro-
blème zoologique me semble pouvoir maintenant être éclairci par les faits
suivants :
« Dans mon Mémoire sur les Animaux pliocènes du Roussillon, j'ai décrit
dans le Pliocène moyen de ce pays un Ligomydé tellement voisin du type
de Corse, que j'ai dû l'inscrire sous le même nom de Prolagus corsicanus,
malgré la différence assez grande de niveau géologique. Ce fait laissait
pressentir déjà l'origine continentale du Lagomys de Corse et de
Sardaigne.
» Cette hypothèse vient de recevoir une confirmation décisive, grâce à
une découverte faite par M. l'abbé Aimera. Ce savant confrère vient de
m'envoyer une série d'ossements enfouis dans une brèche rougeàtre qui
remplit une petite grotte à Gracia, aux portes de Barcelone. J'ai reconnu,
dans ces débris, de nombreux ossements et des mâchoires du L. corsicanus
parfaitement typique, associé au Rhinocéros Mercki, à une petite race du
Cerf élaphe, et à des Tortues de terre assez spéciales. Cette faune se rap-
porte, sans hésitation, à l'époque du Quaternaire ancien.
(') J'ai même signalé récemment, d'après les documents que m'ont envoyés
MM. Caziot et Ferton, l'existence d'une traînée de poches à Lagomys dans le sud de
l'île de Corse, aux environs de Bonifacio.
886 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» La découverte de M. Aimera ne restera sans doute pas isolée et l'on
retrouvera le Lagomys de Corse sur tl'autres points du littoral méditer-
ranéen; mais il est dès maintenant facile de suivre l'émigration géologique
de ce rongeur depuis le Pliocène de Perpignan, en passant par le Quater-
naire ancien de Barcelone, jusqu'au Quaternaire récent de Corse et de
Sardaigne.
» Quant à l'époque à laquelle il a pu passer dans ces îles, je dois
renvoyer à mon travail sur Quelques Mammifères pléistocènes de l'île de Corse
où j'ai essayé d'établir, par des arguments à la fois géologiques et paléonto-
logiques, que cette île, unie à une partie de la Sardaigne, formait, jusqu'à
la fin des temps pliocènes, une longue péninsule, sorte d'Italie en minia-
ture, rattachée au continent provençal des Maures. C'est par cette voie
qu'a pu passer en Corse un Cerf que j'ai nommé Cervus Cazioti, qui diffère
entièrement du Cerf actuel de Corse et dont j'ai montré les affinités avec
les espèces du Pliocène STipérieur d'Angleterre et d'Italie.
» C'est ce même pont qu'a emprunté le Lagomys corsicanus pour
prendre possession de ces contrées, aujourd'hui insulaires, où son aire de
dispersion a été dissociée, grâce à des effondrements survenus sur la fin du
Pliocène ou au début du Quaternaire. Il est curieux de noter que ce ron-
geur semble, dans l'état de nos connaissances, s'être éteint dans le conti-
nent après la première partie des temps quaternaires, tandis qu'il a pu se
maintenir dans les îles jusqu'à une époque assez récente, contemporaine
de l'homme néolithique. »
MEMOIRES PRESENTES.
M. Cailletet est adjoint à la Commission de l'Aéronautique.
M. L. Fraicuet adresse un Mémoire portant pour titre : « Méthode
d'essai des métaux, basée sur la variation de la réluctance d'un barreau de
traction ».
(Commissaires : MM. Maurice Levy, Sarrau, Potier.)
M. GuEBDER adresse un Mémoire intitulé: « Etude clinique sur une anti-
toxine tuberculeuse. Résultats thérapeutiques dans les tuberculoses
localisées ».
(Renvoi à l'examen de M. Roux.)
SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1902. 887
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
i" Un Volume de M. V. Bjerknes, de Stockholm, portant pour titre :
« Vorlesnngen ûber hydrodynamische Fernkrafte ». (Présenté par M. H.
Poincaré.)
2° La deuxième livraison du « Répertoire graphique des repères du nou-
veau réseau fondamental du Nivellement général de la France », adressée
par M. Ch. Lallemand.
3° Les premiers numéros du a Bulletin mensuel de l'Observatoire de
Belgrade », adressés par M. Milan Nedelkovitch, directeur de l'Observatoire.
(Présenté par M. Mascart.)
4° Un Volume intitulé : « La faune momifiée de l'ancienne Egypte,
i"= série » ; par MM. Lorlet et C. Gaillard. (Présenté par M. Chauveau.)
M. LœwY fait hommage à l'Académie au nom de M. Cruls, Directeur
de l'Observatoire de Rio-de-Janeiro, d'un Rapport sur les travaux accomplis
en 1901 par la Commission brésilienne chargée, sous la direction de
M. Cruls, de procéder à l'exploration des sources principales du Javary et
à la détermination des coordonnées géographiques de divers points de cette
région située aux limites communes du Brésil, du Pérou et de la Bolivie.
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Observations du Soleil, faites à l'Observatoire de
Lyon {èquatorial Briinner de o", 16), pendant le troisième trimestre
de 1902. Note de M. J. Guillaume, présentée par M. Mascart.
« Nous avons, pendant ce trimestre ( ' ), 79 jours d'observation, dont les
principaux résultats sont les suivants :
» Taches. — Le nombre des groupes de taches, de même que leur sur-
face moyenne totale, a augmenté : on a noté 1 1 groupes mesurant ensemble
une aire de 821 millionièmes, contre 6 groupes et 112 millionièmes dans
le trimestre précédent (voir présent Tome des Comptes rendus, p. 674).
(') Les observations de la deuxième quinzaine de septembre, au uombre de 11, ont
été faites par M. Luizet.
888 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» La répartition de ces groupes entre les deux hémisphères est de 3 au
sud au lieu de i, et de 8 au nord au lieu de 5.
)) Le nombre des jours où le Soleil a été vu sans taches est de 62, d'où
il résulte un nombre proportionnel de 0,78, sensiblement le même que
celui du trimestre précédent (0,79).
» Régions d'actwite. — Le nombre des groupes de facules a continué à
augmenter : on a eu i48 groupes au lieu de 90; mais leur surface totale
(27, o millièmes) est un peu moindre que dans le deuxième trimestre (29, o).
On en compte d'ailleurs dans l'hémisphère sud 57 au lieu de 49. et 91 au
lieu de 4i dans l'hémisphère nord.
Tableau I. — Taches.
Dates Nombre Pass. Latitudes moyennes Surfaces
extrêmes d'obser- au mér. -■- — -. — -** — - moyennes
d'obserï. Talions, central. S. N. réduites.
Jtiillet 1903.
1,7
6,6 — ;
0,7
o,g3
+23
+28
27J-
— 3o",o +25",5
Août 1903. — 0,74
2 4)6 — 32
17-18
20,3
21,3
23,0
+ 23
+21 ,5
+17,5
Dates Nombre Pass. Lalilndes moyennes Surtaces
extrêmes d'obser- au mér. - — ^-. ^ ■ moyennes
il'obsery. Tations. central. S. N. réduites.
•^9
Août 1902. — 0,74 (suite)
I 23,5 +23,5
■^•7J-
— 32", 0 +21°, 9
Septembre
1902. — 0,1)8
iS- 22
4 19,9
+22
32
22-1 0'
•3 27,9
— 22
189
22-23
2 28,0
-t->9
65
25j.
-20'',5
Tableau II. — Dislribiilion des lâches en latitude.
Sud
Nord.
Surraccs
1902.
90"
1,0'
n
30'
I
2o^
»
10"
0".
»
Somme.
I
Somme. 0°
2
10"
20"
30\
40"
90°.
nieasaels.
3
réduites.
Juillet
,)
j)
2
n
»
12
Août
»
I
»
))
»
I
4
»
I
3
n
»
5
23
Septembre
»
»
1
»
)>
I
2
))
I
I
))
»
3
286
_
—
—
_
—
—
—
—
—
—
■
Totaux..
»
I
2
»
»
3
8
))
2
6
))
»
ÏI
321
Tableau III. — Distribution des facules en latitude.
Sud.
Nord.
Surlaces
1902.
90". 40
. 30
Û-. 10"
. 0".
Somme.
Somme.
0". 10
'. 20"
30°
40"
. 90".
mensuels.
réduiles.
Juillet....
S
I
8
2
2
21
3o
1
5
5
4
i5
5l
8,4
Aoiii
4
4
/
3
2
20
36
4
2
7
3
20
56
9,8
Septembre
2
3
4
4
3
16
25
3
'2
4
4
12
41
8,8
Totaux..
'4
8
19
9
7
37
91
8
9
16
1 1
47
14s
27,0
SÉANCE DU 24 NOVEMBRE I902. 889
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les fonctions monodromes à point singulier
essentiel isolé . Note de M. Edmond Maillet, présentée par M. Jordan.
« On peut toujours, grâce à un changement de variables, faire en sorte
que ce point critique soit co.
» Soit donc F (s) une fonction monodrome dans une région R compre-
nant tous les points du plan des z à l'extérieur d'une courbe fermée r con-
tenant l'origine ( ' ). On a dans R, d'après la série de Laurent,
ç(M restant fini dans R, ainsi que ses dérivées et tendant même vers o,
avec -) (po(^) étant une fonction entière.
M II est naturel de classer la croissance de F(g) comme celle de 90 (^)-
F et (p seront en même temps d'ordre fini on infini pour ^ := ce. Nous dirons
que F(:;) est une fonction quasi-entière dans Rpour z ^ yz.
» On obtient alors, en appliquant à F (s) des raisonnements semblables
à ceux de la théorie des fonctions entières, les résultats suivants :
» I. On a dans R
F(.-)=.cp(i)+?„(.) = ^'^Q(s)e')'<=)
oîi k est un entier nul ou positif, Q(-) une fonction entière, '|(-) une
fonction monodrome et finie dans R.
» F, tpo, Q sont simultanément d'ordre fini ou infini.
» II. I^a contiilion nécessaire et suKisanle poin- que la croissance
de F(r), supposé d'ordre fini pour s ^ co, soit régulière, pour 5 = co, est
que la distribution de ses zéros soit régulière aux environs de ce point; il
en est alors de même pour 9,, (2).
» III. Supposons que F(s) soit réelle, d'ordre ^2 pour j3 = ce, et n'ait
dans R qu'un nombre limité de racines imaginaires.
» Si F(z) a une infinité de racines réelles, il en est de même de sa
dérivée, et, dès que (:;) dépasse une limite déterminée, entre deux racines
(') On peut également le supposer grâce à un changement de variables.
C. R., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N« 21.) I 17
8qo ACADÉMIE DES SCIENCES.
de r(-) il y a une et une seule racine réelle de F' (s) : de plus F'(-) n'a
qu'un nombre limité de racines imaginaires.
))• Si la fonction F(i;)n'a qu'un nombre limité de racines, la dérivée a un
nombre limité de racines.
» IV. Si F est d'ordre p et donné, parmi toutes les fonctions Fç — ç, où
tp et (p, sont des fonctions quelconques de même nature mais d'ordre < p,
il y en a une au plus d'ordre réel inférieur à p.
» Parmi les équations F — - ~ o il y en a une au plus telle que l'expo-
sant de convergence de la suite de ses racines soit inférieur à p.
» V. Si F est donné et tel que
F < /'■■"
{m constante) pourr= 1:;|, et si (p, cp,, A, i, sont des fonctions d'ordre
fini dans R telles que
çA, — ij/©, ^ o,
les deux fonctions où F est donné et d'ordre infini, il y en a au
plus une telle que la suite de ses racines ait un exposant de convergence
fini.
)) On retrouve ainsi, dans les deux cas particuliers que l'on peut consi-
dérer comme les plus importants, un ihéorèmeremarquable de M. Picard ('),
sur les racines d'une fonction monodrome aux environs d'un poinlessentiel.
» VI. Une fonction quasi-méromorjihe $ dans R pour z = co (c'est-à-dire
qui n'y a que des zéros et des pôles en dehors de 00) est le quotient de
deux fonctions quasi-entières dans R pour z = c^.
» L'ordre de $ sera le plus grand dos ordres de ces deux fonctions.
)) VII. Parmi toutes les fonctions <î> — o d'ordre fini p, © étant une quel-
conque des fondions analogues à 4>, mais d'ordre < l'orilre p de , il
y en a une au plus d'ordres réels tous inférieurs à ceux de $, deux au
plus telles que les exposants de convergence des suites des modules de
leurs racines soient inférieurs à p (^).
(') Traité cT Analyse, t. III, p. 3iJ6.
(-) Comp., pour tout ce qui précèrle, Borel, Leçons sur les fonctions entières
(Paris, 1900) et Annales de l'École Normale, 1901, p. an, et notre Comiiiunicalion
du 17 février 1902.
SÉANCE DU 2/i AOVEMBRE 1902. 891
» En résumé, beaucoup des propriétés des fonctions entières et quasi-
entières s'étendent, souvent avec des démonstrations semblables, aux fonc-
tions monodronies à point singulier essentiel, aux environs de ce poinl,
principalement les propriétés asymptotiques. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une extension de la notion de périodicité.
Note de M. E. Escla\go\, présentée par M. Painlevé.
" On rencontre dans un certain nombre de problèmes des fonctions qui
peuvent se mettre sous la forme de fonctions de fonctions périodiques de
périodes différentes. Il est possible de faire parmi ces fonctions une classi-
fication spéciale, en montr.,al qu'elles appartiennent à une classe plus
générale de fonctions, dont les propriétés tiennent à une extension nou-
velle de la notion de périodicité. Ces fonctions peuvent se rencontrer dans
des problèmes divers où se mêlent en quelque sorte des éléments pério-
diques différents et semblent y jouer un rôle important. Je me bornerai
dans celte Noie au seul cas des fonctions de variables réelles ; et je me ser-
virai de quelques propriétés très simples et faciles à établir.
» Soit F(.T,, a-o, . . ., oc„) une fonction continue des variables a?,, a:.,, ...,
x„. On dit que les nombres réels oc,, v..,, ...,«„ sont les éléments d'une
période w si l'on a identiquement
F(x, + a,,a7, -t-Co, . . .,a3„+ a„) = Y(Xf,x.., . . .,x„),
le nombre sja.', -+- o,^ -h . . . -f- c^, est le module de la période considérée.
» La fonction F(x,, X2, ■ . ■ , x,,) est dite linéairement irréductible si, par
toute substitution linéaire sur ce,, x.^, ..., a;„ d est impossible de la ramener
à une fonction d'un nombre moindre île variables; si elle est réductible,
on peut la ramener à une fonction .^, . . ., "X,, désignent des coefficients rationnels positifs ou
négatifs.
)) Si a^, Oo, . . ., a„ sont des périodes indépendantes, je dirai que la pé-
riode a appartient au corps de ces périodes, quand elle est dépendante
avec a,, «„, ..., a„. L'ensemble des périodes a définit un corps périodique
d'ordre n.
» Si a^, f/o, . . ., «„ sont des périodes dépendantes, on peut toujours les
considérer comme des éléments d'un corps d'ordre/? <| n.
» Soient a,, a,» • • •» <^n» ^^ périodes indépendantes ou non, je dirai que
x^, x^, . . ., Xn définissent un. élément du champ absolu des périodes, s'il
existe un nombre x et des entiers m^, rriç,, . . ., m„ vérifiant
X -h m,a,r= X,, X -h m., a^ = x.,, . . . , x -h 7n„ «„ = .r„.
» Le champ absolu est un ensemble d'éléments dont les éléments
limites constituent le champ total, et j'établis le théorème suivant : Si les
périodes a,, a.,, . . ., a„ sont indépendantes, le champ total se compose de toits
les points de l'espace à n dimensions; en d'autres termes, x^, x^, . ■ ., x„
étant arbitrairement choisis, on peut trouver x et des entiers m^, m„, . . .,
m^, tels que les différences
x + m^a^ — x^, x + m.;^a^— x^, x -h m^an— x^
soient aussi petites que l'on veut. Si a,, «o, . . . , a„ sont dépendantes, ces
différences ne peuvent être rendues infiniment petites que s'il existe entre
X,, x„, ..., x,^ certaines relations linéaires qui se déduisent aisément de
celles existant entre les périodes. Dans tous les cas, le nombre des variables
X,, Xç,, ..., x„ qui peuvent être arbitrairement choisies est égal à l'ordre du
corps des périodes a, , a,. • • • . o„.
» (Jcci posé, soient /(a-) une fonction continue pour toute valeur x ; a,,
a^, ..., a^ des périodes indépendantes ou non ; a;, j o;,, . . . , a;„ un élément
SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1902. 898
quelconque du champ total. Par hypothèse même, les différences
a.- -f- /M, «, — .r, , . . ., oc -h rn,^a„ — x„
peuvent êlre rendues infiniment petites.
» Nous dirons quej (x ) est une fonction quasi-périodique si, étant donné
s aussi petit que l'on veut, on peut trouver S tel que, sous les conditions
I a? -h TO, a, — a;, I < ^, .... |a; + m„rt„— a7„|< ^,
on ait
\/(x)-h(x,,x,, ...,a;„)| L'ouverture additionnelle peut donc être réalisée pratiquement en
disposant sur l'aire de la section z un tiroir se déplaçant proportionnelle-
ment aux valeurs de H.
» Mécaniquement, cette solution est obtenue en faisant mouvoir ce
tiroir par un piston sans frottement soumis à l'action de la pression H d'une
part et à celle d'un ressort convenablement calculé d'autre part.
Fis. I.
0 Hh Hm
» On constate, dans la pratique, que la section additionnelle d'entrée
d'air, telle qu'elle vient d'être déterminée, est insuffisante. Il y a, en effet,
une cause perturbatrice due à ce que l'écoulement du liquide ne se fait
pas exactement comme celui de l'air. Ce dernier est, à chaque instant, pro-
portionnel à la vitesse du pislon, c'est-à-dire possède des variations de
formes sinusoïdales, tandis que l'écoulement du liquide ne suit jias la
même loi lorsque les battements de l'aspiration sont très rapides, ce qui
est le cas pour les moteurs qui nous occupent. Le rapport des quantités
écoulées, qui devrait être — . tend à devenir — -■ On introduira dans
l'équation (i) un terme de correction de la forme ^-
896 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» a est déterminé par la condition que le coefficient soit égal à l'unilé
pour H,„. On a alors
■ — /(
dont la dérivée est
2U\/[i-h\\/H
H /
» Ces deux courbes sont représentées en pointillé.
» Ce terme de correction n'est pas absolu, il n'est qu'approché; car la
pression H n'est pas toujours proportionnelle au nombre de tours. En
outre, tel qu'il est constitué, ce terme de correction ne peut être employé
que pour des moteurs dont la vitesse minima ne tombe pas au-dessous de
i5o tours environ par minute.
» Il serait trop long d'exposer ici les considérations ayant trait à réta-
blissement du terme de correction applicable à des moteurs à allures
lentes. Pour le moment, nous n'avons en vue que des machines dont le
nombre de tours varie de i5o à 1200 et au delà. Dans ce cas, la solution
indiquée est pratiquement exacte, parce que le rapport G, que nous avons
supposé constant, peut varier entre des limites qui permettent un écart
de carburation plus grand que celui résultant de l'erreur commise par le
terme de correction introduit.
» D'après la figure 2, la vitesse du moteur est réglée par la position du
piston F venant obturer plus ou moins la lumière du conduit J. La
chambre C est soumise à nue dépression qui détermine l'écoulement de
l'air par A, et celui du liquide par D. Le piston P supporte cette même
dépression par le conduit L; il appuie donc sur le ressort R et force le
tiroir K à découvrir les orifices M proportionnellement à celle dépression.
L'ouverture additionnelle ainsi créée laisse entrer la quantité d'air néces-
saire pour maintenir constant le rapport des poids d'air et de liquide qui
se rendent aux cylindres par la lumière du conduit J.
)) L'exactitude pratique des considérations qui ont servi de base à celte
étude d'un carburateur automatique a été vérifiée par l'expérience. Un
appareil, construit d'après les formules ci-dessus et appliqué à un mnteur,
a permis immétiialement de faire varier la vitesse de ce moteur dans de très
grandes limites en conservant, au besoin, la même puissance au coup
SÉANCE DU 24 NOVEMBRE (902. 897
moteur. Ce résultat prouve que la constance du mélange g. Z3ux est obte-
nue par notre dispositif. »
Fig. 2.
A, Entrée d'air de section constante.
G, Chambre de pulvérisation.
D, Gicleur pour le liquide; ce dernier est maintenu au moyen d'un vase à niveau constant à 8»"
environ au-dessous de l'orifice supérieur.
Registre d'admission du mélange se rendant aux cyliiidres.
Lumière et conduit allant aux cylindres.
Tiroir d'entrée d'air additionnelle.
L, Cylindre mettant en communication, avec la chambre G. le piston P et les orifices M, lorsqu'ils
sont découverts.
Orifices d'entrée additionnelle d'air.
Piston sans frottement, logé dans le cylindre G.
Membrane élastique formant joint à déroulement.
Ressort équilibrant la dépression d'aspiration et assurant les déplacements du tiroir K propor-
tionnellement à cette dépression.
Orifice de communication avec l'atmosphère de la partie supérieure du piston P, formant, par
sa petite dimension, amortisseur de vibrations.
F,
S,
K,
M,
P,
Q>
K,
C. R., 1902, 2* Semestre. (T. CXXXV, N» 21)
llô
89H ACADÉMIE DES SCIENCES.
ÉLASTICITÉ. — Sur la construction d' électrodiapasons à longues périodes
variables. Note de M. E. Mercadier.
« Dans le numéro du 17 novembre des Comptes rendus, M. Maurice
Diiponl décrit un diapason susceptible de donner, à l'aide de curseurs,
des nombres de variations variant de 4 à 16 par seconde, et il dit à ce sujet
(p. 878) : « ... vu le cbiffre des vibrations obtenu, je ne sache pas qu'ilait
» été encore construit de diapason donnant un nombre aussi faible de
» vibrations ».
)) J'ai fiiit construire, il y a tléjà 25 ans, un diapason de ce genre, pour le
laboratoire de l'École supérieure de Télégraphie. Il a environ So*^™ de
longueur. S*"™ d'épaisseur, et il est en fonte malléable, ce qui facilite
beaucoup la construction. Son mouvement était entretenu électriquement
par le procédé que j'ai indiqué en 1873. A l'aide de deux curseurs pesant
environ 2'*^ chacun, glissant le long des branches, on pouvait faire varier
les nombres de vibrations de 4 à 10 ou 12. La graduation d'un appareil de
cette espèce se fait aisément en enregistrant les oscillations sur un cylindre
recouvert de papier enfumé, en même temps que celles d'un pendule
battant la seconde.
» Je n'ai rien publié à ce sujet, les expériences pour lesquelles cet in-
strument devait être utilisé n'ayant pas été faites. »
PHYSIQUE. — Sur l'ionisation d'une flamme salée.
Note de M. Georges Moreau, pi'ésenlée par M. Mascart.
u A température constante, la conductibilité d'une flamme salée, par
vaporisation d'une solution alcaline, dépend de la force électromotrice E,
de la dislance des électrodes plongées dans la flamme et de la concentration
de la solution. Si E seule varie, la conductibilité, d'abord proportionnelle
à E, tend vers une valeur limite dite de saturation.
» D'après Arrhénius, la conductibilité serait due à l'ionisation des mo-
lécules salines par la chaleur. D'après Wilson (' ), l'ionisation serait loca-
(') WlLSON, Philos. Trans., 1899.
SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1902. 899
Usée avec deux électrodes. Les expériences suivantes m'ont permis de
préciser le mécanisme de la conduction des flammes.
)) I. Deux petits condensateurs plans en platine sont superposés dans une flamme
salée. On charge le condensateur inférieur à une forte difTérence de potentiel, et l'on
observe avec un galvanomètre la conductibilité du second. Elle ne varie pas, que le
premier soit ou non chargé. Donc, la dissociation n'existe pas dans la vapeur saline
avant l'introduction des condensateurs, car le condensateur inférieur chargé absorbe-
rait tous les ions.
» II. De part et d'autre d'une flamme salée B brûlent, en contact avec elle, deux
flammes non salées de mêmes dimensions, A et C L'une des armatures d'un conden-
sateur est fixée dans C, l'autre a est, à la même hauteur, mobile à travers les trois»
flammes. L'armature a étant positive ou négative, on détermine, pour chacune de ses
positions et avec un champ électrique constant, la conductibilité du système. Aussitôt
que a touche la flamme salée, la conductibilité s'accroît brusquement : considérable-
ment si a est négative et faiblement si elle est positive. La conductibilité d'une flamme
salée est donc nettement unipolaire, et l'ionisation surtout active autour de l'armature
négative.
» IIL Pour connaître l'ionisation autour de l'armature négative, on étudiera la
variation de la conductibilité d'une flamme salée avec la distance des armatures d'un
condensateur plongé dans la llanime, la température des deux lames restant constante.
On opérera avec un champ électrique invariable, assez élevé pour produire à peu près
le courant limite. Alors presque tous les ions formés concourent à la décharge et l'on
n'a pas à se préoccuper de ceux qui disparaissent par recombinaison ou entraînement
de la flamme.
» Si j; est la distance des électrodes, on trouve que le courant est très exactement
représenté par la formule
(>) I = I„(i-e-'-),
e base des logarithmes népériens, I,, fonction croissante du champ, de la température
des électrodes et de la nature du métal du sel ; A est indépendant du sel et du champ
et varie lentement avec la température. Enfin I,, et k ne dépendent pas de la nature
des armatures du condensateur.
» La formule (1) donne, pour l'ionisation dans une tranche-unité à la distance x de
l'armature négative,
en
dx
(2) =AI„e-*-.
» L'ionisation décroît donc suivant une exponentielle de la distance x.
» Conclusion. — D'après l'expérience II, la conductibilité unipolaire
d'une vapeur saline est analogue à celle d'une masse d'hydrogène qui
entoure un filament de carbone incandescent ou à celle d'une masse
gazeuse qui touche un métal illuminé par des radiations ultra-violettes.
r)00 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Dans ces deux cas, les expériences de Thomson ont établi la pro-
duction de corpuscules négatifs à la surface de contact du métal et du
gaz. Pour une flamme salée, il semble naturel d'admettre que ces
corpuscules se forment aussi au contact d'une électrode négative incan-
descente. Ils seront détachés des molécules salines probablement grâce
à l'énergie cinétique que celles-ci reçoivent de la surface du métal. Une
charge négative activera leur séparation, une charge positive la retar-
dera. Ces corpuscules lancés dans la flamme ionisent la vapeur du sel
à la façon des radiations uraniques (' ), d'où la formule (2).
» Une des conséquences de cette interprétation a élé observée par
Arrhénius : la conductibilité est proportionnelle à la dissociation corpus-
culaire négative, c'est-à-dire à l'énergie absorbée par la couche gazeuse
superficielle; elle sera donc proportionnelle à l'intensité des radiations
émises par la vapeur saline et, par suite des expériences de M. Gouy (-),
à la racine carrée de la concentration de la solution vaporisée. »
CHIMIE MINÉRALE. — Quelques observations sur l'oxyde uraneux. Note
de M. OEcHsxER de Comnck, présentée par M. H. Moissan.
« Si l'on calcine à l'air le chlorure d'uranyle, il perd son chlore et se
transforme en oxyde vert
U0=Cl- = U0»-l-2Cl
3UO=' + 20 = W0\
» J'ai répété cette expérience avec du bromure d'uranyle et j'ai constaté
que, même en prolongeant la calcination, les choses ne se passaient pas de
la même manière.
» Le bromure d'uranyle perd tout son brome et le radical UO^ restant
se transforme en une masse rouge brique, qui demeure stable à haute tem-
pérature. Pensant que j'avais peut-être affaire à un oxyde nouveau, j'ai
essayé de faire la réduction à chaud, dans un courant d'hydrogène pur et
sec. Dans ces conditions, l'oxyde rouge brique ne perd que des traces
d'eau (0^,0026 et 0^,0023) et se transforme peu à peu en une modification
noire. On voit donc : 1° que l'oxyde uraneux, engagé dans la combinaison
(') RuTHERFORD, P/iilos. Mag., 1899.
(') Gouy, Annales de Chimie et de Physique, 1879.
SÉANCE DU 2^1 NOVEMBRE 1902. goi
avec le brome, se transforme d'abord en une modification rouge brique,
puis en une modification noire; 2° que l'oxyde uraneux, qui existe dans le
chlorure d'uranyle à l'état de radical, est différent en ce qu'il est moins
stable et se transforme en oxyde vert par l'action de la chaleur.
» Dans la calcination (ki bromure d'uranyle, le départ du brome est très
net; cette réaction permet donc de vérifier expérimentalement le poids
moléculaire tie l'oxyde uraneux et le poids atomique du brome :
I. Poids de UO-Br-= o5,QOQ / „ ^
. , , • .• „ c rapport : i ,5i.):
Apres calcination := os, 000 '^'^
UO^Br" _432
UO^ ~ 272
1,588.
II. PoidsdeU02Br2=o5,8i8o i
..... „ J rapport : i ,570.
Apres calcination ^ os,5i79 ] ' '^ ' •'
III. Poids de UO'^Br^ =06,6544 )
UO^Br^-UO^ = os,24.3 i '-apport: 2,7.;
UO'Br^ 433
UO^Br^— UO2 160
^ 2.
70.
IV. Poids de U0^Br5 = 08,8180 I
UO^Br^-UO^=o.,3ooi j ■•^'■'^2,72.
» L'expérience (III) donne, pour Br, 79,6; l'expérience (IV) donne
79,2. Moyenne = 79,4- L'approximation est suffisante. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les combinaisons des cyanures complexes avec
les aminés de la série grasse. Note de M. P. Chrétien, présentée par
M. A. Ditte.
« Quelques-unes de ces combinaisons ont été décrites. M. L. Barth (')
a obtenu le ferrocyanure de tétraméthvlammonium en paillettes jaunes
hexagonales ayant pour composition FeCy*^ [Az(CH')']'' -+- t3H-0. M. Fis-
cher (') a reconnu le pn^mier que les aminés teitiaires donnent des ferro-
cyanures acides peu solubles dont il a préconisé l'emploi pour la séparation
de ces bases. La triéthylamine donne, d'après ce savant, une combinaison
(1) Berichte, t. VIII, p. 1484.
{^) Berichte, t. XXXI, p. 4i4.
902 ACADÉMIE DES SCIENCES.
facilement altérable à l'air, dont la composition, établie à l'aide du
dosage du fer, répond à la formule FeCy"H\ 2 [(G^H ')' Az]. Ce sel ainsi
que quelques autres sont obtenus par la réaction du ferrocyanure de
potassium sur des solutions très acides des sels d'aminés. Le même procédé
a permis à MM. C. Wursterch, L. Roser (')de préparer quelques sels
acides avec les dérivés nitroscs des aminés, sels qui ont une composition
analogue à la précédente; il en est de même des sels préparés par
M. Eisenberg (-).
» La saturation méthodique des acides ferrocyanhydrique et ferricyan-
hydrique par les uoamy lamines primaire, secondaire et tertiaire m'a permis
d'obtenir une série de sels bien cristallisés. L'acide ferrocyanhydrique
préparé par la méthode connue, en passant par la combinaison élhérée,
était employé soit en solution aqueuse, soit en solution alcoolique; l'acide
ferricyanhydrique, préparé par action de l'acide sulfurique sur le sel de
baryum, était employé en solution aqueuse. J'ai fait agir successivement
I, 2, 3 et 4 molécules d'aminés sur i molécule du premier de ces acides;
I, 2 et 3 molécules sur i molécule (FeCy°H') du second.
)) Tous les sels obtenus ont été desséchés sur l'acide sulfurique avant
l'analyse.
» hHsoamylarnine primaire a donné un seul sel acide très bien cristallisé, souvent
en très gros cristaux, à peine teintés de jaune, qui verdissent rapidement au contact
de l'air; leur composition est représentée par la formule FeCy'H*. 2 C»Ii" AzH^, H^O.
Ce sel est soluble dans l'eau et l'alcool.
B Le sel saturé est également très soluble; il s'obtient facilement en lamelles
presque blanches et répond à la formule FeCy^H*, 4C^H"AzH-.
» L'acide ferricyanhydrique donne également deux sels : le premier est un sel
acide de formule FeCy'H% 2CM1" AzHMonnant des cristaux d'une couleur jaune
rougeâlre; le second est le sel saturé, il cristallise également bien, est jaune et a pour
formule FeCyMP, 3C^H" AzH^.
» L'isoamy lamine secondaire donne immédiatement, avec l'acide ferroc^anique,
un précipité blanc cristallin. Ce sel est extrêmement peu soluble dans l'eau et dans
l'alcool; il se dissout uu peu mieux dans l'alcool méthylique où il donne de très beaux
cristaux d apparence cubique, presque incolores, mais se ternissant et prenant rapide-
ment une teinte verle au contact de l'air. C'est un sel acide dont la formule est
FeCy»H',(CMl")-AzH.
L'action de 2 ou 3 molécules de la base sur i molécule de l'acide donne également un
I
(') Berichte, t. XXXIV, p. 896.
(-) Liebig's Annalen, t. CCV.
SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1902. 90'')
précipilô blanc semblable au précédent, moins abondant toutefois, et une liqueur
jaune; cette dernière se produit seule quand on fait agir 4 molécules de base. Elle
constitue probablement une solution du sel saturé; mais, soumise à l'évaporation dans
le vide sur l'acide sulfurique, elle se réduit à une sorte de gomme qui ne cristallise
jamais, quels que soient les moyens employés à cet effet. Toutefois, après plusieurs
dissolutions et évaporations, au cours desquelles on voit apparaître un précipité vert,
indice de décomposition partielle, on finit pnr obtenir de beaux cristaux prismatiques
jaunes qui ne sont plus formés par un ferrocyanure, mais bien par le ferricyanure
saturé.
« Quant au ferrocyanure saturé il paraît être incristallisable.
» La saturation de l'acide ferricyanhydriqiie donne deux sels : l'un est le sel saturé
dont il vient d'être question, il se dépose en très beaux cristaux jaunes qui sont quel-
quefois des aiguilles et souvent d'assez gros prismes répondant à la formule
FeCy^ïP, 3(C^ll")='AzH; ce sel est soluble dans l'eau et l'alcool.
» L'autre ferricyanure, le sel acide FeCyHP, 2(C'>H")2 AzH, se présente sous la
forme de très petites aiguilles jaunes groupées en houppes, solubles également dans
l'eau et l'alcool.
I) La tiiisoamy lamine donne avec l'acide ferrocyanhydrique un précipité blanc
cristallin qui paraît encore plus insoluble que le sel correspondant de la base secon-
daire; l'alcool méihylique n'a pas permis de le faire cristalliser. Ce sel acide, qui
verdit à l'air, a pour formule FeCy«H»(G'^H")' Az.
» Il m'a été impossible d'obtenir d'autres ferrocyanures cristallisés. L'acide ferri-
cyanhydrique a donné deux sels solubles, qui sont jaunes l'un et l'autre. L'un est le
sel saturé FeCy'lP, 3 (C'H'»)^Az, l'autre est un sel acide dont la composition peut
être représentée par la formule FeCy"H% (C^H")' Az, FPO.
» Les ferricyanures acides de ces bases sont peu stables; pendant la cristallisation
ils subissent une décomposition plus ou moins avancée qui se traduit par l'odeur de
l'acide cyanhydrique et la formation d'un dépôt bleu; ils tendent à redonner le sel
saturé.
)) L'existence de ces sels semble montrer une différence bien nette dans l'action des
aminés secondaires et tertiaires sur les acides ferrocyanhydrique et ferricyanhydrique.
Pour le premier, les sels acides, très peu solubles, s'obtiennent facilement; pour
le second c'est, au contraire, le sel saturé qui tend toujours à se produire par suite de
la décomposition des sels acides qui sont solubles.
)) Les lacunes qui existent dans cette série de sels seront comblées, je
l'espère, par l'étude que j'ai entreprise des sels formés par les propyl-
amines. »
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Procédé de dosage de la glycérine dans le mn.
JNote de M. A. Trillat, présentée par M. Arm. Gautier.
« Ce procédé repose sur la propriété que possède l'éther acétique, dé-
barrassé de ses impuretés, de dissoudre la glycérine dans une proportion
904 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'environ 9 pour 100 à la température ordinaire, à l'exclusion des autres
éléments contenus dans l'extrait sec d'un vin.
» Parmi les nombreuses méthodes jjréconisées pour le dosage de la
glycérine, basées les unes sur l'extraction directe du produit par divers
dissolvants, les autres sur l'entraînement de la glycérine et son évaluation
par voie colorimélrique, celle qui donne les résultats les plus constants
consiste dans l'extraction par le mélange élhéro-alcoolique que tous les
chimistes connaissent. Mais la glycérine extraite par ce procédé est très
impure : c'est ainsi qu'un vin, traité avec tous les perfectionnements
apportés à cette méthode, a donné une glycérine qui, à l'analyse, a fourni
les chiffres suivants :
Glycérine extraite. Théorie.
Carbone 4^ Sg, i3
Hydrogène 9,10 8,70
Oxygène (par difl'.).. . . 48,90 52,17
100,00 100,00
» Ce n'est pas tout : la glycérine ainsi extraite laisse un résidu minéral
relativement considérable, qu'on peut évaluer de 5 à 12 pour 100 de son
poids.
» Il est facile de se rendre compte, par expérience, de la cause de ces
résultats. L'alcool, même absolu, dissout, à la faveur d'une très petite
quantité de glycérine, certaines matières extractives et une notable pro-
portion de sels minéraux : la présence de l'éther ne fait qu'amoindrir ces
inconvénients sans les supprimer. Il en résulte que, quelles que soient les
proportions du mélange éthéro-alcoolique, on obtient toujours un produit
impur, d'aspect jaunâtre, à peine édulcoré, et dont la composition est très
éloignée de celle de la glycérine. L'emploi de l'éther acétique dans cer-
taines conditions déterminées supprime ces inconvénients.
» Description de la mélhode. — On mesure So"'' de vin et on les verse dans une
petite capsule en argent placée au bain-marie. On évapore avec précaution, à une tem-
pérature d'environ 70°, les | à peu près du liquide. A ce moment, on ajoute dans la
capsule 5e de noir animal pulvérisé, on mélange intimement avec le résidu et l'on con-
tinue d'évaporer jusqu'à siccilé complète. Le résidu, après refroidissement, est broyé
dans un mortier avec 56 de chaux vive. Le mélange se présente alors sous forme d'une
poudre grise ne s'agglutinant pas et n'adhérant pas aux doigts. Cette poudre est
placée dans un flacon et fortement agitée pendant quelques minutes avec So"'""' d'éther
acétique desséché et débarrassé d'alcool. On filtre en décantant et en ayant soin de
repasser les premières portions du liquide qui entraîne un peu de chaux au début et
l'on recommence une deuxième fois le même traitement. On obtient ainsi un liquide
SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1902. 9o5
absolument clair (') contenant en dissolution la totalité de la glycérine qu'il s'agit
maintenant de séparer. Dans ce but, l'éther acétique est évaporé en plusieurs fois
dans une capsule tarée semblable à celle dont on se sert pour les extraits de vin,
d'abord au bain-marie pour chasser la plus grande partie de l'éther acétique, puis à
l'étuve à 60° jusqu'à poids constant (i''3o™ environ).
» 11 reste à peser la capsule munie de son couvercle et à évaluer par différence le
poids de la glycérine en prenant des précautions que nécessite la grande hygroscopicité
du résidu.
» La glycérine ainsi obtenue est à peine colorée en jaune paille, elle a un goût
franchement sucré : ce résultat n'est donné par aucune autre méthode.
» La combustion d'une glycérine extraite d'un vin traité parla méthode précédente
a donné les chiffres suivants :
Carbone ". 38,86
Hydrogène 8,62
Oxygène (par différence) 52,52
» Le résidu minéral n'atteint pas i pour 100 du poids de la glycérine : on peut le
négliger dans les cas ordinaires.
» L'éther acétique doit être soigneusement deshydraté et débarrassé par distillation
de l'alcool qu'il contient presque toujours comme impureté.
» La chaux en poudre a pour but d'enlever les dernières portions d'humidité et de
neutraliser l'acidité de l'extrait. Dans des essais à part, j'ai constaté que la chaux
vive (^;, dans les conditions où elle est employée, n'avait aucune action cliimique sur
la glycérine. Il est nécessaire d'opérer en l'absence complète d'humidité.
» Si l'on a plusieurs dosages de glycérine à effectuer, on peut récupérer facilement
par distillation les ^ de l'éther acétique employé.
» Je me sers depuis plusieurs années de cette méthode pour évaluer la
glycérine dans les vins et môme dans le cas de vins glucoses à 3os par litre.
Elle présente l'avantage sur les autres procédés d'être d'une exécution
rapide en permettant d'isoler le produit à doser à un degré suffisant de
pureté. »
(') L'addition d'élher ordinaire dans la solution de glycérine la précipite immédia-
tement et complètement. J'ai utilisé pendant quelque temps cette propriété pour
doser volumétriquement la glycérine. Mais, pour le vin, j'ai reconnu que cette méthode
n'offrait aucun avantage sur la méthode pondérale.
(^) Divers autres déshydratants, tels que le chlorure de calcium, le carbonate de
potasse, la baryte, le sulfate de chaux, ont été essayés. Ces produits ont donné de
moins bons résultats que la chaux vive.
C. R., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N» 31.) "9
9o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ANATOMIE COMPARÉE. — Sur la structure des muscles de l'Anomia ephippium.
Note de M. Jobeut, présentée par M. Alfred Giard.
« Une fois fixée par son byssus lamellaire qui, plus tard, deviendra
l'ossicule, l'Anomie paraît condamnée, sauf accident, à l'immobilité; mais,
si elle ne peut exécuter de mouvements de translation, elle s'ouvre cepen-
dant et reste même, le plus souvent, ouverte, comme on peut s'en assurer
quand on l'observe dans une eau tranquille. Les bords du manteau
s'avancent jusqu'au bord de la coquille et le pied si grêle s'allonge, se
meut, dans tous les sens, explorant l'extérieur comme le ferait un organe
tactile volontaire. A la moindre agitation, vite le pied se rétracte et la
valve inférieure plate vient brusquement s'appliquer sur la supérieure;
l'animal se ferme mais ne tarde pas cependant à s'ouvrir de nouveau. Mais,
outre ce mouvement de défense, la valve en exécute d'autres semblables
à des intei'valles presque réguliers, et si, après avoir détaché l'Anomie, on
la place soit dans l'eau, soit même à l'air libre, on constate l'ouverture lente
et la fermeture toujours brusque de la valve plate. Cette manœuvre persiste
pendant longtemps. Nous avons dit que la fermeture était toujours rapide
et brusque; si l'on dégage le muscle adducteur des valves du manteau qui
l'entoure, on peut, en l'excitant, constater sa contraction brusque qui
entraîne la valve plate et opère la fermeture.
» La structure de ce muscle est intéressante à connaître.
» Comme tous les muscles analogues des Acéphales, il est formé d'une partie
franchement musculaire accolée à un faisceau blanc nacré formé de tissu élastique
fibrillaire; la partie musculaire offre à considérer deux ordres d'éléments.
» 1° Des faisceaux de fibres striées formés de fines fibrilles peu adhérentes entre
elles; les disques obscurs et clairs y sont admirablement définis, le disque mince est
fort difficile à voir; cependant il existe. Ces faisceaux de fibrilles, entre lesquelles on
ne voit pas de noyaux, ne paraissent pas avoir de sarcolemme, mais autour d'un
certain nombre d'entre eux se trouve une membrane, et l'on constate à ce niveau la
présence de noyaux qui se colorent vivement par le carmin.
» 2° A côté des faisceaux de fibres striées se trouvent des faisceaux de longues
fibres lisses fusiformes à double contour, offrant sur leur trajet une série de renfle-
ments et d'étranglements, véritables muscles lisses polygastriques composés de fibrilles
parallèles très nettement visibles après l'action du carmin ou du picrocarmin qui
colore vivement les renflements en rouge.
» Le muscle de l'ossicule qui, chez les Anomies adultes, est un vrai digastrique,
possède également une structure particulière. A l'œil nu on voit à sa périphérie des
SÉANCE DU l4 NOVEMBRE I902. 907
bandes blanches nacrées alternant avec des bandes sombres; les premières sont for-
mées de tissu élastique et conjonctif ; les autres, de faisceaux striés à fibrilles comme
dans l'adducteur des valves, et de fibres lisses sans renflements.
» Les grosses fibres conjonctives sont constituées par la réunion de fibrilles extrême-
ment fines; elles sont repliées sur elles-mêmes; les replis sont tellement appliqués les
uns sur les autres qu'au premier abord on les prendrait pour des fibres musculaires
striées : hypothèse qui ne résiste pas à l'examen, car on peut voir ces faisceaux de
fibrilles absolument dépliés dans une partie de leur trajet.
» Telles sont les dispositions anatomiques constatées dans le muscle
adducteur et ceux de l'ossicule. Aux fibres striées paraît dévolue la ferme-
ture brusque de la valve ; au tissu élastique, aux fibres lisses, à contraction
lente, la fermeture permanente. Les malacologistes ne sont pas encore
aujourd'hui bien d'accord sur la place que doit occuper l'Anomie dans le
cadre zoologique. Quelques auteurs l'ont rattachée aux Pectinidés. Or il
est à remarquer que chez les Pectinidés, le fait est depuis longtemps connu,
les muscles adducteurs des valves ont une striation absolument identique
à celle que j'ai rencontrée chez l'Anomie. Le Pecten varias offre à cet égard
un excellent sujet d'étude. »
ZOOLOGIE. — Sur des formes nouvel/es ou peu connues de Rhabditis.
Note de M. Aug. Michel, présentée par M. Alfred Giard.
« En faisant des cultures pures de certains Rhabditis, je fus amené par
un caractère remarquable à distinguer deux types, que j'avais d'abord con-
fondus à l'aspect : l'un ne présentait que des femelles hermaphrodites,
c'est-à-dire des individus, femelles par la forme, mais produisant avant les
ovules des spermatozoïdes destinés à une autogamie; l'autre était dioïque,
les mâles et les femelles étant complètement unisexués, s'accouplant ou,
par isolement, restant stériles, d'ailleurs avec une forte proportion de
mâles (i-3 pour 2 femelles).
» La plupart des caractères de ces deux types sont semblables. La taille
des individus tout à fait adultes varie ordinairement autour de 2""™;
quelques femelles peuvent atteindre S""". Les lobes buccaux sont peu sail-
lants, chacun avec une très petite papille (peut-être avec moins de con-
stance dans le type dioïque) ; la cavité buccale est longue d'environ 20'', et
l'œsophage a en moyenne 25oi^ à 3ooi^; l'intestin, par ses granules et sphé-
rules, apparaît noirâtre à la lumière diaphragmée; ses'cellules sont bien
distinctes grâce à leur limite claire. Le pore excréteur a sa position moyenne
9o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
au niveau du milieu du bulbe postérieur, mais peut se déplacer soit un peu
en avant, soit davantage (notamment par compression) en arrière de ce
bulbe. La queue se rétrécit assez rapidement et se termine par un fdament
plus ou moins court; vers la base de la queue, là où le rétrécissement
s'accentue, on voit de chaque côté un prolongement de la substance gra-
nuleuse du corps s'étendre à travers la cuticule claire jusqu'à la surface
du corps. Les femelles, chargées d'œufs nombreux, sont ovovivipares,
et, à la fin des pontes ou par insuffisance de nourriture, vivipares et matri-
cidées.
)) Cependant, malgré la similitude générale de ces deux types, j'ai
pu découvrir, à côté du caractère important du mode de sexualité, quelques
caractères distinctifs tirés de la forme du hulhe antérieur, de la longueur
relative du rectum, et de la disposition des cellules dans X ovaire. Dans le
type hermaphrodite : le bulbe extérieur est toujours en renflement pro-
noncé, court et assez limité; le rectum est court; l'ovaire est composé de
cellules qui, pendant leur accroissement, restent d'abord en massif et
polyédriques pour ne prendre que vers le coude de cet organe la disposi-
tion en série unique de cellules cubiques, puis allongées. Dans le type
dioïque : le bulbe antérieur est en fuseau allongé et peu accentué; le rec-
tum dépasse notablement en longueur la largeur de l'intestin; les cellules
de l'ovaire, qui, à son extrémité, contournent une sorte de rachis granuleux,
sont déjà, loin du coude et sur le bord externe de l'organe, disposées en
une série de cellules, d'ailleurs plates à noyau élargi, avant de prendre au
coude la forme cubique, puis allongée.
» Enfin, à défaut du mâle de la forme hermaphrodite, encore inconnu,
mais sans doute seulement rarissime, comme chez la plupart des Rhab-
ditis hermaphrodites (Maupas), j'indiquerai pour la forme dioïque les
caractères spéciaux du mâle, si employés pour la spécification. Le type en
est leptodérien ; la bursa assez développée présente ordinairement neuf
papilles de chaque côté, disposées en trois groupes ternaires, parfois dix
par l'existence de quatre papilles en avant; elles sont écartées entre elles
dans le groupe antérieur (la première étant souvent très petite), rappro-
chées entre elles dans les autres groupes situés, le moyen immédiatement
après l'orifice mâle, le postérieur près de la queue. Les spicules ordinaire-
ment de 5ot^ à 6oi^ sont jaunâtres. J'ajoute que j'ai retrouvé dans le sperme
de certains mâles les aiguilles problématiques déjà signalées dans trois
autres espèces par Claus, Bùtschli et Maupas; de taille diverse, elles me
parurent brisées, comme l'avait observé Maupas, caractère qui rend plus
SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1902. gOQ
invraisemblable l'assimilation, faite par les deux premiers auteurs, à des
spermatozoïdes, dont cependant la forme ordinaire chez les Nématodes
est si différente.
» Ainsi, la ressemblance des deux formes est telle que, en dehors de la
présence de nombreux mâles (facilement reconnaissables) dans les cul-
tures du second type, il me paraît difficile de les distinguer au seul aspect;
mais un examen attentif des animaux au repos permet, en outre du mode
de sexualité, de fixer les caractères spécifiques pour chacune de ces deux
formes.
» L'espèce hermaphrodite me paraît identique à celle qui a été bien
figurée par Vernet (Ann. Se. phys. nat. de Genève, 1872) sous le nom de
Rhabditis terricola donné par Dujardin {Suites à Bufjfon : Helminthes, iS/jS);
l'espèce de Vernet étant hermaphrodite, celle de Dujardin dioïque, c'est
avec raison que Maupas a remplacé le nom de R. terricola par celui de
R. Verneti.
» Quant à l'espèce dioïque, il est difficile de dire si elle est le vrai Rh.
terricola de Dujardin, ,1a vieille description de cet auteur étant très insuffi-
sante : certains des caractères donnés par lui conviennent à la plupart des
Rhabditis ; son minimum de taille (5ooi^) est beaucoup trop petit pour un
adulte, et trop grand pour un jeune à l'éclosion ; ses maxima (a"™ pour les
femelles, i°"',o5 pour les mâles) sont notablement trop petits; ses autres
nombres n'ont avec les miens qu'une coïucidence trop vague pour servir
de preuve pour l'identification ; enfin, pour la bursa, Dujardin indique seu-
lement la présence de 7-8 « côtes », au lieu de 9-10. Il est donc difficile
d'identifier avec certitude mon espèce dioïque au Rh. terricola, type pri-
mitif sous lequel on a, d'ailleurs, dû confondre même plus de deux espèces.
Le Rh. dolichara présenterait aussi quelque rapport avec l'espèce en ques-
tion, notamment par son bulbe antérieur presque indistinct et son long
rectum; mais il s'en dislingue nettement surtout par sa taille beaucoup plus
petite (i°"°) et son oviparité.
» L'une des formes rencontrées dans mes cultures me paraît répondre
au Rh. elegans Maupas, trouvé deux fois par Maupas aux environs d'Alger;
or je l'ai souvent rencontré aux environs de Paris en appâtant avec de la
viande des échantillons de terre provenant de diverses localités. Cette
forme est très agile et très envahissante : dans les cultures, elle supplantait
les autres espèces; plus encore, dans la même chambre humide, elle ne
tardait pas par ses migrations à infester d'autres cultures.
» Enfin, vu l'importance du Rh. Schneideri en. tant qu'espèce parthéno-
9IO ACADEMIE DES SCIENCES.
génétique (pas de mâles, et femelles sans spermatozoïdes), je signalerai
l'existence, aux environs de Paris, de celte espèce déjà observée par
Schneider, puis par Bûtschli en Allemagne et par Maupas en Algérie. »
BOTANIQUE. — La théorie des phytnns chez les Gymnospermes.
Note de M. G. Cuauveaud, présentée par M. Van Tieghem.
« Dans ces dernières années, un certain nombre de botanistes ont
essayé de remettre en honneur la vieille théorie des phytons, en prenant
comme point de départ la structure de la feuille pour expliquer la structure
de la tige et celle de la racine.
» En suivant le développement de l'appareil conducteur, nous avons
constaté qu'il s'accomplit précisément en sens inverse, sa première phase
étant caractérisée par l'alternance de ces deux sortes d'éléments, telle
qu'on l'observe dans la racine.
» Depuis, nous avons fait connaître, en détail, la marche de ce déve-
loppement, dans plusieurs exemples particuliers, choisis tous parmi les
Angiospermes ('). Or, c'est surtout aux Gymnospermes que la théorie des
phytons paraît le mieux s'appliquer, d'après l'un de ses partisans, qui
s'exprime ainsi : « La notion du phyton est si évidente chez les Conifères,
» au point de vue morphologique, qu'il serait oiseux d'y insister. ... Au
» point de vue anatomique, notre travail n'est que le développement,
0 sous toutes ses formes, de ce que nous considérons comme la base de
)> l'Anatomie végétale En résumé, la notation anatomique a été établie
I) en considérant d'abord la tige; on a ensuite donné le même nom aux
» parties qui se retrouvaient dans la feuille. Nous pensons que la marche
» inverse seule est rationnelle, . . » (-).
» Dans la présente Note, nous nous proposons de montrer que cette
théorie ne s'applique pas davantage aux Gymnospermes, le développement
de l'appareil conducteur ayant toujours ici son point de départ dans la
racine. Pour cela, nous choisirons comme exemple le Pin maritime ÇPinus
(') G. CHAnvEAUD, Passage de la position alterne à la position superposée de l'ap-
pareil conducteur, avec destruction des vaisseaux centripètes primitifs dans le coty-
lédon de l'Oignon {Allium Cepa) {Bulletin du Muséum d'Hist. nat., 1902, p. 52).
{''■) Dangeard, Recherches sur les planlules des Conifères {Le Botaniste, 3= série,
p. 197 et 199).
SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1902. 91 1
maritima), où la structure de la racine persiste dans la tigelle, ainsi que
cela a été déjà signalé, dans plusieurs espèces voisines, par mon excellent
maître M. Van Tieghera (').
» Dans celle plante, le faisceau ligneux primilif, au lieu de se modifier brusque-
menl, au-dessous des cotylédons, comme on le croyait, se continue directement, ainsi
que son canal sécréteur externe, à l'intérieur du cotylédon, où on le voit en alternance
avec deux faisceaux libériens fournis chacun par l'un des faisceaux libériens voisins
de la radicule. Au début de la plantule, la munie structure alterne se continue donc
dans la radicule, la tigelle et le cotylédon.
)i A mesure qu'on s'élève au-dessus de la radicule, on constate une réduction du
faisceau ligneux primitif, en même temps qu'une apparition plus hâtive des formations
intermédiaires et secondaires. Plus tard, dans sa partie supérieure ainsi réduite, ce
faisceau primitif subit une atrophie progressive, ses vaisseaux sont résorbés peu à peu,
puis disparaissent; les vaisseaux intermédiaires qui leur font suite, de part et d'autre,
disparaissent à leur toui-. Désormais, on ne retrouve plus, à la base du cotylédon, que
les derniers vaisseaux formés, qui, de chaque côté, sont opposés au liber avec lequel
ils forment un faisceau libéro-ligneux. On a donc, à la fin du développement, deux
faisceaux libéro-ligneux séparés, sur la ligne médiane, par le canal sécréteur qui per-
siste après le faisceau primilif. Telle est la manière dont se fait le passage de la dis-
position alterne à la disposition opposée à l'intérieur du cotylédon.
» On s'assure facilement que ce ne sont point les vaisseaux externes, dans la portion
inférieure du faisceau primitif, qui se déplacent vers l'intérieur, à mesure qu'on s'élève,
car on les voit disparaître après résorption sur place. Il s'agit bien là d'une succes-
sion de phases, dont la dernière subsiste seule dans le cotylédon complètement déve-
loppé.
» Quand le nombre des cotylédons est égal à celui des faisceaux de la radicule,
chaque cotylédon reçoit un de ces faisceaux primitifs, comme nous venons de l'indi-
quer, et tous les cotylédons ont même structure. Mais, dans la plupart des cas, le
nombre des cotylédons est supérieur à celui des faisceaux radiculaires ; alors, les coty-
lédons qui ne correspondent pas à ces faisceaux en reçoivent d'autres qui prennent
forcément naissance au-dessus de la radicule. D'après notre manière de voir, les fai-
sceaux nés en dehors de la radicule sont plus récents que les précédents ; ils ne possèdent
pas par conséquent la disposition alterne primitive. Si notre interprétation est exacte,
il doit donc exister une différence de structure entre les cotylédons de la même
plantule.
» Cette différence est, en effet, facile à constater; ces derniers cotylédons présentent
à leur base, dès le début, des éléments conducteurs opposés formant ensemble un
unique faisceau libéro-ligneux dépourvu de canal sécréteur. Cela confirme, d'une
façon remarquable, l'interprétation qui nous conduit à attribuer à ces derniers coty-
lédons une origine plus récente.
(') Ph. Van Tieghem, Sur la structure primaire et les affinités des Pins {Journ.
de Bot., 1891, p. 282).
912 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Nous avons déjà signalé une différence tout à fait comparable entre le cotylédon
et la première feuille de l'Oignon ('). Les cotylédons à double faisceau du Pin cor-
respondent seuls au cotylédon de l'Oignon, les autres à faisceau unique correspondent
à sa première feuille; or, il est évident, pour tous, que la première feuille de l'Oignon
est de formation plus récente que son cotylédon.
)) Le canal sécréteur, qui accompagne le faisceau primitif, a une origine très
ancienne, puisqu'il naît avant les premiers vaisseaux. Cela explique pourquoi on ne le
trouve pas au dos des faisceaux nés au-dessus de la radicule et, en particulier, dans
les nouveaux cotylédons. Ce canal sécréteur dans la tigelle a été regardé par M. Van
Tieghem comme une continuation, vers le haut, du système sécréteur de la radicule (-).
Celle opinion a été critiquée par les partisans de la théorie des phytons, mais nous
voyons, par ce qui précède, combien sa justesse se trouve confirmée.
» Si nous avons choisi pour exemple le Pin maritime, c'est parce que,
dans cette espèce, le développement se fait lentement, ce qui nous a per-
mis de suivre, à l'intérieur du cotylédon, le passage de la disposition alterne
à la disposition opposée. Dans la plupart des autres Gymnospermes, l'ac-
célération du développement est plus rapide, les premières phases sont
supprimées plus ou moins tôt, au-dessus de la radicule, de telle sorte que
les cotylédons, quel que soit leur nombre, ont tous la même structure
opposée.
)) En résumé, chez les Gymnospermes, aussi bien que dans les Angio-
spermes, la théorie des phytons est inexacte et la léuille ne représente que
la dernière phase du développement de l'appareil conducteur, dont le point
de départ se trouve dans la racine. »
BOTANIQUE. — Sur le mode de i^ègétation et de reproduction de /'Amylomyces
Rouxii, champignon de la levure chinoise. Note de M. J. Turquet, pré-
sentée par M. Van Tieghem,
« M Amylomyces Rouxii, Champignon qui saccharifie l'amidon, a été
isolé en 1892 par M. Calmette, de la levure chinoise, préparation complexe
utilisé comme ferment. Il sécrète une diastase identique à celle de l'orge
germé, l'amylase, transformant l'amidon en sucre, et une autre diastase, la
zymase, qui transforme ce dernier en alcool et en acide carbonique.
» Grâce à ces propriétés, la levure chinoise, dont ce Champignon est le
(') Ph. Van Tieghem, Sur la structure primaire et les affinités des Pins [Journ.
de Bot., 1891, p. 282).
(') Loc. cit., p. 281.
SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1902. 9l3
principe le plus actif, sert à la fabrication des vins et alcools de riz dans les
pays d'Extrême-Orient et notamment en Inilo-Chine et en Chine. I.'étude
que M. Calmette (') a faite de VA. Rouxii, en le cnltivant sur des milieux
de culture liquides et solides, peut se résumer de la manière suivante :
» 1° Sur les milieux, liquides et solides, le Champignon forme « un mycélium aérien
» qui ne se termine jamais par des zygosporos, comme chez les Mucorinées, m par
» les capitules chargés d'ascospores, comme chez les Aspergillus ou Euroliuin ».
» 1° Dans les cultures en cellule, sur du moût de bière « au contact de l'air, sur
» les bords de la gouttelette pendante, le tube mycélien se divise en cloisons trans-
» versâtes au niveau desquelles le protoplasma très réfringent s'amasse pour former
» des conidies. Au début, ces conidies ont une forme cubique, puis elles s'arron-
» dissent mais ne s'isolent pas du rameau qui les a fait naître, et qui se prolonge
» au-dessus d'elles pour former un peu plus loin une ou plusieurs conidies sem-
» blables ».
» 3" Quel que soit le substratum sur lequel on cultive la moisissure, on n'observe
aucune sporulation à l'extrémité des filaments mycéliens; c'est toujours dans leur
continuité que se montrent les conidies.
» 4" « Dans les liquides sucrés ou amylacés, la plante ne produit pas de cellules
» ovales ou sphériques en forme de levures ».
» 5° « Le mode de reproduction est exclusivement asexué par spores endogènes ».
» Les idées de M. Calmette sur le mode de végétation et de multiplication du
Champignon sont adoptées plus lard par M. Sanguineti (-), puis par M. Fernbach (').
,) Plus récemment, M. Duclaux (*) accepte et décrit pour V Amyloniyces Rouxii
le seul mode de reproduction asexué par spores d'origine endogène, admis par les
auteurs précités. Plus récemment encore, M. Neuville ( = ) n'attribue à celte espèce
que des spores mycéliennes.
)> Ainsi, d'après les auteurs précédents, dont l'opinion est conforme à
celle de M. Calmette, VAmylomyces ne possède qu'un seul mode de repro-
duction asexuée : la formation de spores endogènes ou coniiies dans la
continuité des fdaments mycéliens.
» Or les recherches que j'ai entreprises m'ont montré que, contraire-
ment à l'interprétation adoptée par ces savants, la reproduction asexuée
s'elfectue, chez celte plante, par des éléments de deux sortes :
» 1° Par des spores nées dans des sporanges, ceux-ci étant portés à
(') Aiin. Inst. Past., 1892.
(-) Anii. Inst. Pasteur, 1897.
(') Ann. de la Brass. et de la Dist., 1898.
(*) Traité de Microbiologie, t. III, 1900.
(^) Bull, de la Soc. d'Acclim. de Fr., 1902.
C. R., 1902, 2" Semestre. (T. CXXXV, N° 21.) ' 20
C)i4 ACADEMIE DES SCIENCES.
l'extrémité de pédicelles issus des filaments mycéliens. C'est là le mode
normal de reproduction asexuée des espèces du genre Muco?\
» 2° Dans la continuité des filaments se forment des chiamydospores,
qui ne sont que des éléments accessoires de reproduction asexuée do
l'espèce et constituent un deuxième mode démultiplication; ce sont là
les conidies ou spores endogènes de M. Calmetîe.
» Sur les milieux de culture solides ou liquides très favorables au déve-
loppement de l'appareil sporangifère des Miicors, carotte, riz cuit, jus
d'orange, macération de crottin, bouillon mannité, etc., V Amylomyces
développe abondamment des pédicelles ramifiés en cymes sympodiques et
terminés par des sporanges. Sur pomme de terre, il forme un fin gazon
qui s'affaisse bientôt et oi\ les sporanges sont très rares ou même peuvent
manquer. Sur moût de bière gélose, la partie aérienne du thalle est encore
moins apparente, et sur ce substratum on n'observe peu ou pas de spo-
ranges, tandis que la formation des chiamydospores y est très active.
» Cultivée sur moût de bière, en goutte pendante, la spore issue du
sporange germe en augmentant de volume et devient sphérique en même
temps quelle émet un ou plusieurs bourgeons qui s'allongent en filaments
ramifiés et forment un thalle où les pédicelles sporangifères sont rares, ce
qui explique qu'ils aient échappé à une observation même très attentive.
Sur les branches du thalle et surtout sur les fins rameaux, il se forme, par
contre, beaucoup de chlamytlospores.
» Sur les autres milieux liquides ou solides ci-dessus indiqués, celles-ci
deviennent plus rares, tandis que l'appareil sporangifère est au contraire
plus développé.
» Sur les milieux les plus favorables, carotte, jus d'orange, macération
de crottin, l'appareil sporangial comprend :
» 1° Des pédicelles incolores ou blanchâtres dressés, fins, ramifiés en
cyme symj)odique à deux ou trois branches, dont chacune est terminée
par un sporange : la hauteur des pédicelles varie de o*^'", t à 3™\
» 2° Des sporanges de forme ordinairement sphérique dont le diamètre
varie de loi^ à do^. Leur membrane, d'abord incolore, devient d'un blanc
pâle, puis brunâtre à surface rugueuse, parfois bosselée par la saillie des
spores, mais on n'y voit point de spicules calcaires; la déhiscence de cette
membrane a lieu par diftliience.
» 3° A l'intérieur du sporange est une columelle claire, à surface lisse,
ordinairement sphérique, parfois ovoïde ou presque hémisphérique. Après
la déhiscence, elle présente à sa base une collerette très peu apparente.
SÉANCE DU 24 NOVEMBRE I902. giS
» 4" I-ies spores, d'ordinaire très nombreuses dans le sporange, sont très
petites, claires, de forme ovale, parfois sphériques. Leurs dimensions
varient de -j.^ à S''' sur '5^ à 4'*-
M Cultivée dans les liquides sucrés ou amylacés, à surface bien aérée,
la plante forme un thalle à filaments très ramifiés, où l'on ne distingue que
de rares rameaux présentant un bourgeonnement en levure.
» Je dois ajouter que, dans mes cultures, je n'ai pas observé la formation
de zygospores.
)) Ainsi, par son mode de végétation et de reproduction asexuée, VAmy-
lomyces Rouxii doit rentrer dans le genre Mucorel prendre place à côté des
Mucor racemosus et circinelloides . Ce sera donc désormais \e Mucor Bouxii .
Ces résultats de mes recherches viennent donc confirmer ceux déjà obtenus
par M. Wehmer ( ' ) en 1 900. »
GÉOLOGIE. -- Production actuelle de soufre natif dans le sous-sol de la place
de la République, à Paris. Note de M. Stanislas Meunier. ( Extrait.)
« Le tunnel du chemin de fer métropolitain, dans sa partie située place
de la République, au droit de la rue Meslay, traverse, à 8"" environ sous le
pavé, une terre noire très argdeuse renfermant des débris de bois et pré-
sentant des veinules, de |)etits amas et des géodes de soufre cristallisé.
» Pour comprendre l'origine de ce soufre cristallisé, il faut considérer
la situation relative des masses constitutives du sol.
» La voie dans le tunnel sera établie sur des couches sableuses et caillouteuses,
recoupées sur 6"' environ d'épaisseur, et renfermant des fossiles roulés du Calcaire
grossier. On doit les regarder comme quaternaires; elles représentent d'anciens
dépôts de la Seine, dont elles ont le niveau (■22'" à 28'").
» Sur ces sables et dans une dépression qui atteint son maximum de |)rofondeur eu
face de la rue Déranger, sont tlisposées les argiles sulfuriléres. Les substructions qu'on
y a rencontrées et spécialement celles qui soutenaient la « Porte du Temple » au
xiv^ siècle, montrent que ces argiles constituaient, au temps de Charles V, un marais
qui a donné son nom au quartier. On rencontre en abondance, dans ces argiles, des
coquilles lacustres, Ijmnées, planorbes, physes et avec elles des coquilles terrestres,
telles que des hélices. A divers niveaux, les débris végétaux à peine altérés sont si
abondants que la masse prend l'aspect tourbeux. Les fouilles ont montré qu'à l'époque
dont il s'agit les terres noires étaient traversées,; en face de la rue du Temple, par
un égout.
» Les ai'giles palustres sont séparées de la surface actuelle du sol par des remblais
(') Centralblalt fiir Bakteriologie, 3o mai 1900.
(.jQ ACADEMIE DES SCIENCES.
dans la composition desquels sont intervenus les matériaux les plus hétérogènes. Les
plâtras y dominent, avec des débris calcaires et des terres plus ou moins sableuses, et
dans le tout sont disséminés des restes d'animaux, comme des cornes et des os de ru-
minants, des fragments de cuir et d'autres résidus.
» On sait qu'en 1670 on a comblé les anciens fossés établis le long des remparts,
qui sont devenus le boulevard Saint-Martin, à l'aide des matériaux de démolition
provenant du voisinage. C'est aux plâtras qu'il faut attribuer l'origine du soufre
mis au jour en ce moment, et à ce sujet, il convient de rappeler que M. Daubrée a
sio-naié en 1881 (') 'a trouvaille de soufre cristallisé au sein des vieux plâtras enfouis
dans la rue Meslay et sur la place de la République.
» Le fait actuel se rattache évidemment à celui-là; mais concernant des roches plus
profondes, il vient y ajouter des particularités nouvelles. En effet, ce n'est plus dans
la substance artificielle des plâtras que le soufre s'est constitué, mais dans des couches
normales déposées au fond d'une pièce d'eau où vivaient toute une faune et toute une
flore. Jusqu'à la fin du xvil° siècle, ces dépôts n'avaient rien qui pût les distinguer des
formations lacustres ordinaires. C'est à partir de cette époque que les eaux d'infiltra-
tion se chargeant de sulfate de chaux dans les régions superficielles du sol, ont
imprégné les vases sous-jacenles d'une matière saline sur laquelle les substances
organiques ont exercé leur influence réductrice. 11 a suffi de deux siècles de cette
action pour que les géodes de soufre aient acquis les dimensions que nous observons.
» C'est un exemple de l'aclivilé avec laquelle des changements peuvent
se déclarer au sein d'une formation déjà constituée et lui donner des
caractères à la production desquels les conditions du milieu générateur
initial ont été étrangères. »
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Théorie générale de l'action de quelques diastases.
Note de M. Victor IIexri, présentée par M. Roux.
« Les actions diastasiques diffèrent par beaucoup de points des actions
produites par les acides; plusieurs auteurs, MM. Duclaux, Tammann,
Brown, etc., en ont déduit que les lois de la Chimie généi'ale et avant tout la
loi de l'action des masses de Berthollet, Guldberg et Waage n'étaient pas
applicables aux réactions diastasiques. J'ai repris l'étude de cette question
pour l'invertine, l'émulsine et l'amylase.
» Voici d'abord les principaux résultats expérimentaux qui doivent
servir de point de départ :
» 1° Lorsque l'on étudie la vitesse d'inversion du saccharose (c'est-à-dire le
nombre de grammes intervertis par minute), produite par une même quantité d'in-
verline dans des solutions de concentrations croissantes en saccharose, on trouve que
(') Comptes rendus, t. XCII, p. ici et i44o.
SÉANCE DU 2.4 NOVEMBRE 1902. 917
cette vitesse augmente d'aljord avec la concentration pour les solutions diluées (au-
dessous de 0,1 normale), mais qu'à partir d'une certaine concentration moyenne
(environ 0,1 normale) la vitesse d'inversion est presque indépendante de la concen-
tration en sucre;
» 2° Le résultat est exactement le même pour l'action de l'émulsine sur la salicine
et pour l'action de l'amylase sur l'amidon ou sur la dexlrine;
» 3° La vitesse de la réaction est, pour l'invertine, l'émulsine et l'amylase, propor-
tionnelle à la quantité de ferment;
» 4° L'addition de sucre interverti à un mélange de saccharose et d'invertine
ralentit la réaction. Pour l'addition d'une même quantité de sucre interverti, le ralen-
tissement est d'autant plus faible que la concentration en saccharose est plus grande.
Ce ralentissement est produit presque uniquement par le lévulose contenu dans le
sucre interverti ; ce résultat est à rapprocher du fait que l'invertine agit sur les sucres
qui donnent par hydrolyse le lévulose.
» 5° Lorsqu'on ajoute une certaine quantité de saligénine -+■ glucose à un mélange
de salicine et d'émulsine, la vitesse de la réaction est diminuée, et celte diminution
est d'autant plus forte que la quantité de salicine est plus faible.
» Le résultat est le même si, à un mélange d'amidon -t-amylase, on ajoute les pro-
duits de l'hydrolyse de l'amidon.
» 6° Si l'on étudie la marche de l'inversion d'une certaine quantité de saccharose
par l'invertine depuis le début jusqu'à la fin, on trouve que la réaction se produit
suivant une loi plus rapide que dans le cas des acides.
» 7° La vitesse d'hydrolyse de la salicine par l'émulsine se produit plus lentement
que d'après la loi des acides.
» 8° La vitesse d'hydroljse de l'amidon par l'amylase du malt et par l'amylase du
suc pancréatique se produit suivant une loi très voisine de la loi logarithmique des
acides.
» En étudiant les résultats de mes expériences sur l'invertine ('), M. Bodenstein,
auquel je dois un grand nombre de conseils précieux, proposa une première interpré-
tation de l'action de l'invertine. D'après lui, l'activité du ferment est influencée par le
saccharose et par le sucre interverti; l'action inhibitrice produite par le saccharose
est plus forte que celle du sucre interverti. Si, à un moment donné, ou a dans la so-
lution a — JT saccharose et a; sucre interverti, l'activité du ferment F est diminuée
dans la proportion m (a — a-) -h nx, où m et «. sont deux constantes.
» La vitesse de la réaction étant proportionnelle à la quantité de saccharose, c'est-
F
à-dire à la valeur a — x, et à l'activité du ferment, laquelle est égale à ,
^ ° m{n — x) + nx
on obtient, pour l'expression de la vitesse,
— 7- = K, — ; (a — j;),
dl m {a — x) -\- nx ^ '
(') V. Henri, Ueber daa Geselz cler Wirkung des Inverlins {Zeit. physik.
C hernie, 1901)-
91 8 ACADÉMIE DES SCIENCES,
d'où l'on déduit pour la constante K, l'expression
, - a [ m — n a '
h-i — 7 X n- ri log
» Dans le cas de l'invertine, en posant m^^i et « = i, on trouve pour Kj des
valeurs qui restent constantes, d'une part, depuis le début jusqu'à la fin d'une réaction
et, d'autre part, lorsque l'on compare les réactions pour des solutions de difTérentes
concentrations en saccharose, qui sont comprises entre o,i normale et o,5 normale.
» Mais, pour les solutions diluées, pour, lesquelles les lois de la Chimie physique
s'appliquent le mieux, la formule de M. Bodenstein fait défaut.
» Théorie. — Supposons que nous ayons un mélange d'une quan-
tité a — X di\ corps à transformer (saccharose ou salicine) et d'une quan-
tité X des produits de l'hydrolyse ; à ce mélange nous ajoutons la quantité 4>
de diastase.
)) Je suppose qu'une partie z de ce ferment se combine avec une partie
du corps à dédoubler; qu'une autre partie y du ferment se combine avec
une partie des produits de l'hydrolyse; et enfin qu'il reste une portion X
du ferment qui reste libre. Je suppose, en plus, que ces combinaisons se
produisent suivant la loi de l'action des masses. On obtient ainsi les trois
équations suivantes :
{a — x)lL = ^z, xlL=^ jj, (î>:=x + vH-G.
» De ces équations on déduit les valeurs de X et de z.
» Deux hypothèses différentes peuvent être faites :
» 1° On peut supposer que c'est la partie du ferment non combiné X
qui agit sur les corps à dédoubler; dans ce cas la vitesse de la réaction est
proportionnelle à X et à a — a;; donc on a
dx K$ [a — x)
(-)
cH i -\-m{a
» 2° On peut supposer, au contraire, que la combinaison z entre le corps
à dédoubler et le ferment est une combinaison intermédiaire instable,
qui se décompose en régénérant une partie du ferment. Dans ce cas la
vitesse de la réaction sera proportionnelle à la quantité de cette combi-
naison z; donc on aura
(2)
dx K*(« — x)
dl 1 4- 7?? ( o — x) -\- nx
Il est remarquable que ces deux hypothèses différentes conduisent à la
même loi.
SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1902. 919
» L'expression (i) contient deux constantes m et n c.iractéristiques du
ferment et des conditions de température et de milieu; une fois les valeurs
de ces constantes choisies on devra obtenir pour R la même valeur
pendant toute la durée d'une réactiou et quelles que soient les concentra-
tions des corps à dédoubler et des produits de l'hydrolyse.
» L'étude des résultats expérimentaux de plusieurs centaines de séries donne des
résultats très satisfaisants pour l'invertine et l'émulsine.
» Exemples :
i" mai iQO!. — fn^'crsion du .'saccharose par l'invertine.
Concentrations de saccharose. 0,01 n. o,025n. o,o5n. o,in. o,25n. o,5n. m.
Valeurs de K, (Bodenstein).. 100 2^3 358 5i3 65o 65o 545
Valeurs de K 802 910 955 1026 1078 ioo4 829
II janvier 1901. — Action de l'invertine sur le saccharose plus sucre interverti.
Concentration?. o,in. 0,1 n.M-o,i n.s.i. o,2n. o,3n. o,2n.-l-o,3n.--.!. o,3n. +o,2n.s.i. o,5n.
Valeurs de K. . , 9^8 992 996 gSi 928 960 gSo
S mai 190"». — Inversion du saccharose par l'invertine.
Concentrations 0,023 n. o,o;jn. 0,1 n. 0,2 n. o,5n.
Valeurs de K 1 07 119 ni i o i gS
10 octobre 1902. — Hydrolyse de la salicine par l'émulsine.
Concentrations de salicine o,i4n. o,io5n. 0,07 n. o,o35 n.
Valeurs de K 23i 245 245 269
M L. GossuiN adresse, par l'entremise de M. Mascart, une Note annon-
çant qu'une secousse de tremblement de terre s'est produite à Busselino
le 21 novembre à 9'' du matin (heure d'Italie), et a duré 4 à 5 secondes.
M. R. Sberra adresse, de Montevideo, une Note écrite en espagnol et
relative à la Navigation aérienne.
(Renvoi à la Commission d'Aéronautique. )
M. A. DuBOiiv adresse une Note « Sur la production du rubis par fusion ».
M. Aufi. ConET adresse deux Notes, sur un mode de suspension du
pendule, et sur un projet de pendule de Foucault « à force vive ».
(Renvoi à l'examen de M. Léauté. )
A 4 heures l'Académie se forme en Comité secret.
920
ACADEMIE DES SCIENCES.
COMITE SECRET.
La Section d'Astronomie présente la liste suivante de candidats, pour
la place laissée vacante par le décès de M. Paye :
En première ligne
En seconde ligne, par ordre alphabétique . .
Les titres de ces candidats sont discutés.
L'élection aura lieu dans la prochaine séance.
La séance est levée à 6 heures un quart.
ERRATA.
M. BlGOlRDAN.
MM. Andoyer,
Deslandres,
Hamy,
p. PUISECX.
G. D.
(séance du 27 octobre 1902.)
Note de M. Blondlot, Sur la vitesse de propagation des rayons X :
Page 667, ligne 1, au lieu de 8'='" de diamètre, Use:. S™'" de diamèlre.
Noie de M. A. Guilliermond, Observations sur la germination des spores
du Saccharomyces Ludwigii :
Page 709, lignes 5 et 6, au lieu de M. le professeur Momsen, lisez M. le professeur
Hansen.
Même page, lignes 9 et 10, au lieu de sporulait très difficilement, lisez sporulait
très facilement.
(Séance du 3 novembre 1902.)
Note de M. Rlondlot, Sur l'égalité de la vitesse de propagation des
rayons X et de la vitesse de la lumière dans l'air :
Page 72/4, ligne 1 1, au lieu de détonateur, lisez résonateur.
W 21.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 24 novembre 1902.)
MEMOIRES ET COMMUIVIGATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pages.
M. Perrotin. — Vitesse de la lumière; pa-
rallaxe solaire 881
M. Cu. Depèret. — Sur l'origine et la dis--
Pages,
persion géographique du Lagoniys corsi-
canus 88'|
MEMOIRES PRESENTES.
M. Cailletet est adjoint à la Commission
de l'Aéronautique 886
M. L. Fraioiiet adresse mi Mémoire portant
pour titre : « MétUode d'essai des métaux,
basée sur la variation de la réiuctance
(l'un barreau de traction >> 886
M. (luERDER adresse un Mémoire intitulé :
« Etude clinique sur une antitoxine tu-
berculeuse. Résultats thérapeutiques dans
les tuberculoses localisées " 886
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale divers
ouvrages et publications adressés par M. V.
Bjerknes. M. Cli- Lallemand, M. Nedel-
kovitch, MM. Lortet et. C. Gaillard 887
M. Lœwy fait hommage à l'Académie, au
nom de M. Cruls, d'un Kapporl sur les
travaux accomplis en 1901 par la Commis-
sion brésilienne chargée de procéder à
l'exploration des sources principales du
Javary 887
M. J. Guillaume. — Observations du Soleil,
faites à l'Observatoire de Lyon ( équato-
rial Brunner de o",i6), pendant le troi-
sième trimestre de 1902 887
M. Edmond Maillet. — ' Sur les fonctions
monodromes à point singulier essentiel
isolé 88g
M. E. E30LANGON. — Sur une extension de
la notion de périodicité 891
M. A. Krebs. — Sur un carburateur auto-
matique pour moteurs à explosions 894
M. E. Mercadier. — Sur la construction
d'électrodiapasons à longues périodes va-
riables 898
M. Georges Moreau. — Sur l'ionisation
d'une flamme salée 89S
M. OEcHSNER DE CoNiNcK. — Quelques
observations sur l'oxyde uraneux 900
M. P. CmiÉiiEN. — Sur les combinaisons
des cyanures complexes avec les aminés
de la série grasse 901
M. A. Thillat. — Procédé de dosage de la
glycérine dans le vin 9o'>
M. Jobert. — Sur la structure des muscles
lie VAnomia ephippium 906
M. AuQ. Michel. — Sur des formes nou-
\elles ou peu connues de Rhabditis 907
M. (i. CiiAUVEAUD. — La théorie des phytons
chez les Gymnospermes 910
M. J. TURQUET. — Sur le mode de végéta-
tion et de reproduction do V Amylomyces
liouxii, champignon de la levure chi-
noise 91 'J
M. Stanislas Meunier. — Production
acluelle de soufre natif dans le sous-sol
de la place delà République, à Paris.... gi-ï
M. \ICT0R Henri. — Théorie générale de
l'action de quelques diastases 916
M. L.. GossuiN adresse une Note sur un
tremblement de terre à Busselino (Italie). 919
M. K. Sberra adresse une Note relative
à la Navigation aérienne 919
M. A. DUBOIN adresse une Note « Sur la
production du rubis par fusion » 919
M. AuG. CoRET adresse deux Notes, sur un
mode de suspension du pendule, et sur
urL projet de pendule de l-'oucault « à force
vive » 9'9
r 21.
SUITE DE LA TABLE DES ARTICLES.
COMITE SECRET.
Pages.
Liste de caiididals pour la plare laissée va-
cante, par le décès de M. Faye. dans la
Section d'Astronomie : i° M. Bigourdan, I
Errata • 9^°
Pages,
a" M.M. Andoy^r, Deslandres, Hainy,
Puiseux . , 920
GAUTHIER-VILLARS, Imprimeur-Éditeur
QllAl DIÎS GRANDS-AUGUSTINS, 55, A PARIS {(>').
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
PUBLIÉS PAR LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
Par décision de l'Académie des Sciences, les prix de l'abonnement et des collections sont
désormais fixés ainsi qu'il siiil :
PRIX DE L'ABONNEMENT :
Paris 30 fr. 1 Départements 40 fr. | Étranger 44 fr.
Chaque année, sauf 1845, 1878 à 1892, 1896 à 1898, se vend séparément 25 fr .
Chaque volume, sauf les Tomes 20, 21, 76 à 108, 110, 112, 114, 115, 122 à 127, se vend sépa-
rément .
15 fr.
TABLES GÉNÉRALES.
TABLE GÉNÉRALE des Tomes là 31 (iS35-i856) 25 fr.
— TOMES 32 à 61 (i83i-i865) 25 fr.
— Tomes 62 à 91 (1866-1880) 25 fr.
— Tomes 92 à 121 (1881-1895) 25 fr.
Chaque Volume des Tables générales comprend une Table par ordre alphabétique d'auteurs
et une Table par matières très détaillée.
PARIS. - IMPRIMERIE GAUTHIER-VILLARS,
(juai des Grands-Augustins, 55.
Le Gérant: Gauthier-Villars.
1902
SECOND SEMESTRE.
COMPTES RE>îDUS
HEBDOMADAIRES
'des séancei
DE L'ACADÉMIE DESi SCIENCES
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
TOME CXXXV.
N' 22 (1" Décembre 1902),
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS. IMPRIMEUR-LKAIRE
,. ,^^.c iiïiMrFS DE l'âgadèr; des sciences,
DES COMPTES RENDUS DES SEA.NCKb vv. |
QuaidesGrands-Auguslins, 55.
1902
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDIS
Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l'Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenner.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article ^•^ — Impression des travaux ce l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés pir un Membre
ou par un associé étranger de l'Académiecomprennen t
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peit donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par ariée.
Toute Note manuscrite d'un Membr-SEX, Méthodes gazométriques. Phénomènes de combustion des gaz.
(^) Joubert, Annales de l'École Normale, t. III, 1874, p. 209.
SÉANCE DU l" DÉCEMBRE 1902. 928
■ Un diamant transparent du Cap, du poids de 162™^, a été chauffé dans
ces conditions. La température s'élevait lentement, et, après i5 minutes
de chauffe à 710", l'eau de baryte ne s'élnit pas troublée. En continuant à
élever la température, on reconnut netlomeut qu'à 720° il se produisait
un très léger louche indiquant la formation d'une peiite quantité d'acide
carbonique. Ce louche continue à augmenter, mais avec lenteur, à ySo",
puisa 740° et 750°, sans que lo diamant ail commencé à brûler. Ce diamant
était de la même couleur que le tube chauffé et n était entouré d'aucune
flamme. En continuant à élever progressivement la température donnée
par la pince thermo-électrique, il est facile d'arriver jusqu'il 790°. dès
lors, le dégagement de l'acide carbonique est assez abondant sans que le
carbone présente le phénomène de l'incandescence. En continuautencorc
à élever la température, on voit tout d'un coup, à 800°, le diamant s'en-
tourer d'une flimme, devenir incandescent, atteindre avec rapidité le blanc
éblouissant, et, dès lors, le dégagement de l'acicle carbonique est beau-
coup plus rapide.
» A partir de ce moment, même si l'on éteint la grille, le dégagement
de chaleur produit j)ar la combustion rapide du diamant dans l'oxygène
est suffisant pour que l'opération se continue jusqu'à la destruction com-
plète du carbone.
» Cette expérience a été répétée un grand nombre de fois, et les résul-
tçits ont été toujours les mêmes. En faisant varier les échantillons, la tem-i
pératqre d'inflammation j.eut s'élever plus ou moins, atteindre 820°
à 850°, indiquant par là l'existence de plusieurs variétés de diamant, mais
la réaction vive est toujours jirécédée d'une réaction lente qui se produit
à lOQ ou lûo*" a\ant la température d'incandescence.
)) Nous avons pu encore démontrer cette réîiclion lente en maintenant,
pendant 4 heures, un diamant du poids de 0^,1096 df(ns un courant d'oxy-:
gène à 780", c'est-à-dire à une température inférieure de 20° à sa tempé-
rature d'inflammation. Dans ces conditions, ce diamant a perdu, sous
forme d'un lent dégagement d'acide carbonique, ^\,i^ pour ï^o de son
poids, sans devenir incandescent.
» Nous avons cherché, de plus, si, dans la réaction lente on dans 1^
reaction vive de l'oxygène sur le diamant, il se formait, au moment delà
combustion, une dépolymérisalion, et si le dianiant présentait des plages
noires d'une autre variété de carbone. Nous n'avons jamais pu saisir la
transformation du diamant en une autre variété de carbone, soit en pro-
duisant une combustion incomplète, soit en laissant tomber brusquement
Ç)2'| ACADEMIE DES SCIENCES.
lin diamant incandescent dans de l'eau froide Du reste, dans les condi-
tions où nous opérions, nous maintenions toujours le diamant en présence
d'un grand excès d'oxygène, et il nous paraît difficile que la production
d'une autre variété de carbone, plus facilement combustible que le dia-
mant, pût être décelée dans cette expérience.
» Combustion du graphite. — Cette combustion a été reproduite dans les
mêmes conditions que la précédente. Le premier échantillon que nous
avons étudié était un graphite de synthèse très bien cristallisé, produit par
l'action du silicium en fragments sur une fonte de fer riche en carbone
maintenue liquide dans notre four électrique (').
)) Par une élévation graduelle de température, ce graphite a com-
mencé à produire un louche très faible dans l'eau de baryte à la tem-
pérature de B-jO". La quantité d'acide carbonique produit est devenue
plus abondante à 600°, et le graphite est devenu subitement incandescent
à 690°. A cette température, l'incandescence est très vive et la combustion
violente.
)) L'expérience a été répétée quatre fois sur cet échantillon, et les résul-
tats sont concordants. Ici encore, combustion lenle s'accusant par un
dégagement 1res faible d'acide carbonique à une température inférieure
de 120° au point d'inflammation.
» Une autre expérience a été faite avec un échantillon de graphite pré-
paré de la façon suivante : Un diamant de 3 10™^ a été chauffé dans un
petit creuset de graphite pur, muni de son couvercle, au moyen d'un cou-
rant de 1000 ampères sous 60 volts. Dans ces contlitions, le diamant se
transforme entièrement en graphite. Ce dernier avait une densité de 2 , 25 ;
par sa combustion dans un courant d'oxygène sec, il a commencé à donner
des traces d'acide carbonique à la température de 5 10°. Sa température
d'incandescence a été trouvée égale à 690°.
» L'incandescence, c'est-à-dire la réaction vive, est donc précédée d'une
réaction lente qui se produit au moins à iSo"' du point d'inflammation.
)) Combustion du carbone amorphe. — Nous avons choisi comme échan-
tillon de carbone amorphe une braise de boulanger obtenue au moyen de
bois de bouleau. Cette variété de carbone est produite par une combustion
aussi complète que possible; de plus, la température à laquelle elle a été
formée n'a pas été trop élevée. Nous évitons ainsi une trop grande poly-
(') H. MoissAN, Déplacement du carbone par le bore et le silicium dans la fonte
en fusion {Comptes rendus, t. CXIX, 1894, p. 1172).
SÉANCE DU l'"'' DÉCEMBRE 1902. 9'i5
mérisation fin carbone mise en évidence clans les importantes recherches
de M. Berthelot sur ce sujet.
)) Si l'on chauffe cette braise, telle quelle, dans un courant d'oxygène sec
ou humide, dès la température de 100° à 110°, on recueille de l'acide car-
bonique. Mais, selon nous, l'expérience n'est pas concluante, parce que
cette variété de carbone est poreuse et retient physiquement un assez
grand volume d'oxyde de carbone et d'acide carbonique.
» Nous avons donc commencé par chauffer cette braise dans une étuve
à huile pendant 12 heures à la température de 160°. On l'a laissée ensuite
refroidir sous une cloche pleine d'air eu présence d'anhydride phospho-
rique. La braise, placée alors dans un tube de verre, a été soumise à
l'action du vide, pendant plusieurs heures, au moyen d'une bonne trompe
deBerlemont à trois chutes. On recueille, dans ces conditions, un mélange
gazeux contenant de l'acide carbonique.
» La braise était portée ensuite à la température de 400" et l'on
obtenait, en faisant le vide, une nouvelle quantité de gaz qui, pour 100,
avait la composition suivante : acide carbonique 62, 5o, oxyde de car-
bone 3i,43, oxygène 2,85, azote 2,90. Nous nous sommes assuré, par
l'analyse eudiométrique, que cet azote ne renfermait que des traces d'hy-
drogène. Cette expérience était poursuivie jusqu'à ce que le charbon ne
dégage plus aucun gaz.
» Ainsi préparée, cette braise était placée dans un tube en U en verre
qui pouvait être chaufTé extérieurement [)ar un bain-marie à température
constante ('). Pour être bien certain que la braise n'avait entraîné
aucun gaz, on faisait le vide dans l'appareil à la température de 200°, puis
on laissait refroidir le carbone dans le vide. Ce tube en U était rempli
d'oxygène pur et sec, et mis ensuite en communication avec un barboteur
renfermant de l'eau de baryte. Nous faisions enfin passer dans l'appareil
un courant d'oxygène sec.
» Si l'on élève lentement la température, l'eau de baryte reste absolu-
ment limpide à 200°, et l'on ne voit se produire un léger trouble que
lorsque la braise est portée à 23o°. Ici encore la réaction lente se manifeste
bien avant l'incandescence. Par des élévations de température lentes et
successives, le dégagement d'acide carbonique augmente et l'inflamma-
tion se produit à 345". L'expérience a été répétée plusieurs fois.
(') Nous avons employé dans ces expériences un bain d'huile et des bains de
niu-ales.
Ç)'2G ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Nous avons aussi, de même que pour le diamant,, brûlé o,oo45, de
braise dans l'oxygène sec à une tempéraliirc tle 330" sans qu'il y eût le
moindre phénomène d'incandescence. Mais la formation d'acide carbo-
nique est, dans ce cas, lrèsf;iible et cetie réaction lente a exigé 44 heures.
« Toutes ces expériences établissent donc que la combinaison des diffé-.
renies variétés de carbone, avec l'oxygène, se produit d'une façon lente
bien avant la température d'inflammatioi!.
» Il était vraisemblable que le temps devait intervenir dans la réaction,
ainsi que MM. Berthelot et Péan de Saint-Gilles Font démontré dans leurs
beaux travaux sur l'éthérification ('). Nous avons donné alors à nos expé-
riences une autre forme.
» Nous avons placé celte braise de boulanger, cbauffée dans le vide avec
les procautions que nous avons indiquées précé lemment, dans un tube
de verre scellé en présence d'oxygène sec ou humide. Nous disposions
deoS,4 à os,5 de braise en présence de aj"""" à 35'"'' d'oxygène. Au
moment où le tube était scellé, on prenait la tension du gaz, de façon à
déterminer approximativement la pression pour la température à laquelle
le tube scellé devait être porté.
» Nous avons ainsi préparé une série de soixante tubes qui ont été main-
tenus à des températures différentes pendant des temps variables. Nous
avions dans ces tubes un système hétérogène formé de gaz et d'un solide
poreux, et nos (expériences ne pouvaient avoir d'autre prétention que de
déterminer la température inférieure à laquelle l'acide carbonique peut se
produire dans ces conditions. Un cerlain nombre de ces lubes ont été
maintenus à la température ordinaire, à l'obscurité, et, en recueillant les.
gaz à la trompe après une année, nous n'avons j>as rencontré d'acide car-
bonique pouvant élre décelé jiar l'eau de baryte.
» Une série de tubes maintenus à la lumière solaire, pendant le mois de
septembre et à la température ordinaire, ne nous a pas donné trace de
réaction lente.
)) Il en a été de même pour les tubes maintenus, pendant 3oo iieures, à
la température de 5o°. Mais, au contraire, les lubes qui contenaient de la
braise en présence d'oxygène, soi! sec, soii humide, maintenus k la tempes
rature de loo" pendant i4o heures, nous ont donné un louche net avec
(') Bertsielot v.L Péan de Saint-Gh-LES, Bec/ierc/ies sur les affinilAs : De la forma-
lion et de la décomposi'.ion des éthers {Ar.n. de Ch. et de Plu, 3= séii-^ l. LX\'.
1862, p. 385, cl t. LXVi, iS63, p. 5).
SÉANCE DU !'■' DÉCEMBRE igo2. 927
Teau tle baryle indiquant la formation d'une petite quantité d'acide carbo-
nique. Et, si nous élevons légèrL' nient la température aii-dessus de 100°,
nous voyons, entre lo/i^ et lio", l'acuic carbonique augmenter lentement,
mais nous fournir déjà, après 200 heures, une proportion de 10 pour 100
diacide carbonique par rapport au volum > total. Cette combustion lente se
poursuit de même à des températures plus élevées, et à 198° après 24beiires
il s'est formé une proportion de 5o pour 100 d'acide carbonicpie.
» Les résultats sont identiques pour la braise de boulanger et l'air
atmosphérique. A une tiempérature de lo'j", après 264 heures, nous avons
trouvé une quantité d'acide carbonique de 4» 44 pour 100.
w Si nous employons une autre variété de carbone tel que le noir d'acé-
tylène que nous avons étudié précédemment tlans nos recherches sur les
carbones amorphes, nous reconnaissons que cette variété, déjà plus poly-
mérisée, ne fournit lentement des traces d'acide carbonique en présence
de l'oxygène humide eu tube scellé qu'à une température de i5o°.
» Ce noir d'acétylène, chauffé dans un courant d'oxygène sec au moyen
de l'appareil décrit précédemment, donnait visiblement des traces d'acide
carbonique à 240° et ne devenait incandescent qu'à 635°.
» L'eau intervient dans nos expériences d'une façon très nette pour
aidera l'oxydation. La surface du charbon intervient aussi, et l'oxydation
est d'autant plus prononcée que le charbon est en poudre plus fine.
» A la température de 100° et à une pression voisine de la pression atmo-
sphérique, la braise Le i6 novembre, les lapins .\ et B sont bien portants, le lapin G également, mais
son urine contient du sucre.
» Le 18 novembre, le lapin A supporte bien l'injection intra-veineuse de o"'s, 2
par kilogramme; après une parésie passagère, il reprend son état normal. Les
lapins B et C, auxquels on a injecté de même o™s,2 par kilogramme sous la peau et
dans le péritoine, ne présentent aucun accident; le lendemain le lapin C a de nou-
veau du sucre. Cette glycosurie n'est plus constatée dans les urines du ig.
» Le 22, nouvelles injections de o'^s^S par kilogramme dans les mêmes condi-
tions aux trois animaux. Mais, le lendemain, B et C ont beaucoup de sucre dans
leurs urines; le 24 le sucre a disparu.
» Le 25 on injecte o'"8,4 au lapin A, qui ofTre une légère parésie et se remet, et à B
etCo"'E,5 par kilogramme. Le lendemain, le lapin B (voie sous-cutanée) présente
seul de la glycosurie.
» Expérience VI. — Le 22 novembre on llxe à la paroi abdominale la vessie d'un
lapin de 2''e, 18. On l'ouvre pour recueillir les urines complètement; puis on injecte
dans le péritoine o"s, 2 par kilogramme; on prélève quelques gouttes d'urine dans la
vessie toutes les 10 minutes. A la troisième prise, c'est-à-dire moins d'une demi-
heure après l'injection, la présence de sucre est constatée dans l'urine. Le glvcose
apparaît donc entre 20 minutes et une demi-heure après l'injection intra-péritonéale.
» Plusieurs faits se dée^agent de ces expériences :
» 1° Dose mortelle pour le lapin de l'adrénaline injectée en solution dans
les veines. — Si l'on se reporte aux cinq expériences dans lesquelles la so-
lution d'adrénaline a été injectée directement dans la veine, on voit que
l'on a déterminé rapidement la mort de l'animal avec o'"ô',5 d'adrénaline
(expér. II) par kilogramme, et même o'"''',2 (expér. I). D'autre part nous
avons vu l'animal survivre après l'injection de 0""^, i par kilogramme
(expér. V). La dose mortelle paraît donc être intermédiaire entre o'^s,!
et 0""^, 2 par kilogramme.
» 2° Causes de la mort dans l'intoxication adrénalique. — La mort paraît
due à deux ordres de causes : troubles nerveux dont l'expression la plus
simple est la parésie des membres poster, eurs qu'on observe pendant
quelques minutes chez les aniniaux qui survivent, et dont l'expression la
plus élevée est représentée par ces convulsions cloniques et toniques avec
opistliolonos et mydriase que nous avons notées dans l'expérience I ; troubles
c. R., 1902, 1' Semestre. (T. CX.WV, i\° 22.) i22
9^0 ACADÉMIE DES SCIENCES.
cardio-pulmonaires caractérisés par une respira lion accélérée lout d'abord,
puis très ralentie aux approches de la mort ; la production d'un œdème pul-
monaire signalé par un peu d'écume et de bave, dans les cas où les symp-
tômes sont seulement ébauchés, par le rejet d'une quantité considérable
d'écume rosée sanguinolente dans les cas rapidement mortels. A l'autopsie,
les poumons sont roses, distendus par cette mousse sanguinolente et cou-
verts d'infarctus; les plèvres contiennent souvent du sang. Le cœur est
dilaté et reste en diastole animé de contractions longtemps persistantes.
)) Les autres lésions de moindre importance sont les ecchjmoses péri-
cardiques, diaphragmatiques et des capsules surrénales; enfin l'état
d'anémie très prononcé des différents viscères (estomac et intestin sur-
tout) et la turgescence des gros vaisseaux veineux.
» 3° Accoutumance au poison. — Il est possible de diminuer la suscepti-
bilité des animaux à l'adrénaline et de ci-éer une accoutumance qui permet
de supporter les doses toxiques. Dans l'expérience IH, l'animal qui reçut
le 29 octobre un peu moins de o™s,io d'adrénaline sous la peau par kilo-
gramme survécut sans présenter de symjjtômes, et huit jours plus tard on
put lui injecter o"'s^5 d'adrénaline par kilogramme dans la veine sans
déterminer la mort immédiate comme dans l'expérience IL II présenta la
paralysie des quatre membres, mais n'eut pas de phénomènes d'œdème
aigu du poumon et ne succomba que dans la nuit.
» L'expérience V est plus concluante. Le lapin A a reçu successivement
à quelques jours d'intervalle o^t-^io, puis o'^^.ao, puis o"'",3o et même
0""^, 4o par kilogrannne sans présenter d'autres accidents qu'une parésie
passagère, alors que la dose mortelle est entre o™s^io et o™s^2o.
» Li° Différences d' action suivant la voie d' introduction du poison. — Si l'on
injecte sous la peau et dans le péritoine les mêmes quantités qui ont déter-
miné les accidents que nous connaissons après injection intra-veineuse,
on n'observe ni troubles nerveux, ni troubles respiratoires, même à la dose
de o™Sj5 par kilogramme. Toutefois l'injection intra-péritonéale e^t suivie
d'une glycosurie des plus manifestes, même après introduction de faibles
doses, o'^s^io par kilogramme. Cette glycosurie semble apparaître, d'après
l'expérience VI, dans laquelle l'urine a été recueillie de 10 minutes en
10 minutes, entre 20 minutes et 3o minutes après l'injection iutra-périto-
néale. La durée est i>lus diliicileà préciser : d'après l'expérience VI, il n'y
aurait plus de sucre 24 heures après, mais dans ce cas l'animal était dans
des conditions pathologiques; d'après l'expérience V, le la'pin C n'aurait
plus eu de sucre dans ses urines que le surlendemain de l'injection.
SÉANCE DU l" DÉCEMBRE 1902. qS I
» Enfin, l'introduction de l'adrénaline sous la peau, qui n'avait pas pro-
duit de glycosurie après l'injection de o'»e, i, o'"e,2, a déterminé une gly-
cosurie manifeste après l'absorption de o"'s,5 par kilogramme. Ajoutons
encore que, dans la région où a été faite l'injection sous-cutanée, on voit
apparaître une escharre sèche.
» L'apparition de la glycosurie après l'injection sous-cutanée d'adréna-
line est favorisée par l'introduction antérieure de l'adrénaline par la voie
]iéritoréale, intervention qui a déterminé une glycosurie transitoire.
» Deux lapinsreçoivent la même quantité d'adrénaline par kilogramme;
chez l'un, l'injection est faite sous le périloine; chez l'autre, elle est prati-
quée sous la peau; on observe pendant 24 heures une glycosurie marquée
chez le premier, rien chez le second. Au bout de 2 jours, il n'y a plus de
glycosurie ni chfz l'un ni chez l'autre. On injecte alors une dose plus
élevée, o"s,25 par kilogramme, par exemple, chez les deux lapins et sous
la peau. Le lapin qui a déjà eu de la glycosurie antérieurement présente
seul du sucre dans ses urines.
» D'autres expériences en cours nous ont montré que les animaux
qui ont eu celte glycosurie après l'injection intra-péritonéale répétée à
doses croissantes pendant quelques jours, n'ont plus de sucre dans les
urines lorsqu'on injecte plusieurs fois de suite la même quantité d'adré-
naline.
» Tels sont les premiers résultats des recherches que nous poursuivons
sur les propriétés de l'adrénaline. »
PHYSIOLOGIE. — Le cœur à Vêlai normal el au cours de la grossesse;
par MM. Ch. Bouchard et Baltiiazard.
« Le procédé de GuilleminoL (') permet d'obtenir sur l'écran fluorescent
un tracé exact de la projection orthogonale du cœur à l'aide des rayons X.
Ce tracé est reporté à l'aide d'un papier calque sur une feuille de papier,
et l'aire est évaluée en centimètres carres à l'aide du planimètre d'Amsler.
» 49 sujets normaux ont été examinés : i3 hommes, 36 femmes dont
9 enceintes. La moyenne de la surface du cœur chez ces sujets est de
8 1 ""', 5 ; le plus petit cœur a une surface de 66™' ; le plus grand, de 104""', 5.
M Réservant les femmes enceintes, la moyenne de la surface du cœur
(') Comples rendus, 28 juin 1903.
gSa ACADÉMIE DES SCIENCES.
chez l'homme est de 89™', 5 avec des écarts de 78'"' à io4""'\5; de 76"""'
chez la femme avec des écarts de 66'"' à 96""'.
» La petitesse du cœur chez la femme pourrait être rapportée à une
influence de sexe; en réalité, elle dépend de la laille plus petite, de la
complexion plus grêle, de la musculature plus faible chez la femme que
chez l'homme.
S S S S
« Pour le démontrer, il suffit d'envisager les rapports vy» =,> pi -r- de
la surface du cœur à la taille, à la surface de section du thorax ('), au
poids et à l'albumine fixe normale. Les moyennes de ces valeurs ont élé
les suivantes :
s
s
s
s
h'
'1-
p
A,
5,34
0;'99
1,53
9-84
4,92
0,2l3
",48
9>49
Chez l'homme 89i5
Chez la femme 76
» Comme on le voit, il est alloué pour chaque décimètre de taille une
surface cardiaque moindre chez la femme que chez l'homme, ^""',^2 au
lieu de 5"'', 34- Mais les femmes examinées étaient, à taille égale, plus grêles
S S
que les hommes, et les différences disparaissent pour les rapports p. -^j
qui sont sensiblement égaux chez l'homme et chez la femme.
S
» L'examen du rapport ^ montre qu'il est plus élevé chez la femme; c'est
que chez elle le développement du thorax est relativement moindre que
celui des organes abdominaux et du bassin. Une femme, comparée à un
homme de même laille et de même poids, doit avoir la même surface
cardiaque, bien que la surface thoracique soit plus faible et que le rap-
port ™ soit plus élevé.
» Quant aux varialions individuelles, elles portent également, et dans
S S S S
les mêmes limites relatives, sur S et sur les coefficients yj, ^, p> j-; elles
peuvent atteindre, pour chacune de ces valeurs, le quart de la valeur
moyenne, et dans des cas exceptionnels la moitié de ces mêmes valeurs.
» La pression artérielle a été mesurée à l'aide de l'appareil de del Riva-
(') La surface de seclloii frontale thoracique est re(3réseiUée par le produit delà
largeur du thorax au niveau de la pointe du cœur, mesurée sur l'écran radioscopique,
par la distance de la fourchette sternaie au diaphragme.
SÉANCE DU l" DÉCE^rBRE 1902. 933
Rocci modifié, qui donne des valeurs un peu inférieures à celles que fournit
le sphygmomanomètre de Potain. Celle jiressiona éléen moyenne de 16*^™, 3
chez l'homme comme chez la femme.
1) Chez les femmes enceintes, les mêmes délerminalions ont fourni les
résultats suivants :
£ s s _s
s. h' t' p' â;'
86°""', 6 5,5o 0,225 i,45 10,00
» Ces nombres doivent être comparés à ceux qui ont été obtenus chez
les femmes normales. La comparaison montre que la surface cardiaque est
accrue en valeur absolue pendant la grossesse, qu'il en de même des rap-
S S S . ,
ports Y7 et 7p- Il n'en est plus de même du rapport p, qui n'a guère changé,
et qui a même un peu diminué; c'est qu'en effet le poids de la femme a
augmenté du poids du fœtus et de ses enveloppes, à peu près dans les
mêmes proportions que la surface cardiaque, et même un peu plus vite.
Par contre, l'albumine fixe correspondant au poids normal, A^^, n'a pas
S
varié, aussi le rapport -j- est-il nettement accru.
» L'examen des tracés chez les femmes enceintes montre au niveau du
ventricule gauche une dépression ou encoche qui se substitue à la saillie
habituellement observée; cette dépression paraît liée au relèvement de la
pointe par l'abdomen distendu; elle est constante [lendant la grossesse et
ne se rencontre qu'exceptionnellement en dehors d'elle.
» La moyenne des pressions artérielles pendant la grossesse est de 16*=",
chiffre inférieur à la valeur trouvée chez les individus normaux.
" En résumé, chez les individus normaux, la surface de projection ortho-
gonale du cœur est indépendante du sexe; elle s'accroît avec la taille, mais
non proportionnellement. Elle dépend surtout du poids de l'albumine fixe
des tissus, ou, ce qui chez les sujets normalement conformés est sensible-
ment la même chose, du poids du corps. Mais ces conclusions ne sont
vraies que pour les valeurs extrêmes, et souffrent de nombreuses excep-
tions pour les valeurs rapprochées. Des sujets normaux de même taille,
de même poids, peuvent présenter des surfaces cardiaques assez diffé-
rentes; ce fait n'est pas indifférent au point de vue des prédispositions
morbides.
» Il faut également tenir compte de la phase de croissance; chez les
q34 académie des sciences.
enfants, le cœur est relativement beaucoup plus développé que chez les
adultes. Cet organe semble avoir atteint son entier développement vers
l'âge de 20 à 22 ans, tandis que le reste de l'organisme continue de
s'accroître jusqu'à 3o ans.
» Chez les femmes enceintes, enfin, se manifeste une hypertrophie que
l'on était en droit de suspecter, puisqu'en dehors de l'investigation clinique,
jusqu'ici imparfaite, elle n'avait pu être étudiée qu'à l'autopsie; c'est seu-
lement, par suite, dans des cas pathologiques qu'elle avait été constatée.
Hommes normaux : i3.
S S S S
ïi' ï" F' v;'
P»M (')•
io4,5 6,0-'i 0,200 1,44 9>73 18
92 6,01 0,189 2,35 i3,23 i5
80,7 4>48 o,i85 1,22 8,10 16
78 5, 0,212 1,75 10,75 i3
84 5,1 5 0,194 1,55 10,62 16
io4 5,58 0,198 1,62 9,28
80 5,63 o,3oo 1,84 1.5,22 i4 Enfant i5 ans.
82 4)66 0,1 56 1,32 7,45 16
82,7 5,07 0,161 i,i4 8,32 18
90,5 5,i5 0,170 1,06 8,72 18 EnfaniiSans.
98 5,43 0,221 1,55 8,10 16,5
99 5,02 o,2o4 1,59 10, o3 17
93 5,4i 0,195 i,5o 8,46 17
fi63,4 69,43 2,585 19,93 128,01 211,5
89,5 5,34 0,199 ''^^ 9>84 16,3
... 1 -^ , I . T S 2,35 — 1,06 _,
» L écart relatif entre les valeurs extrêmes de 7- est — zr^ r=r o,b42,
F 1 ,33
S 5,78
I) -j- » — ^ = o,58o
A 9,84
si l'on néglige la valeur i5,22 relative à un enfant de i5 ans.
,,. ,.r S 6,o4 — 4i48 o
» L écart relatif sur -r^ est ^-jtl = o , 267.
H 0,43
» Taille moyenne : 16,8.
(') PaM) pression artérielle maxima.
SÉANCE DU l" DÉCEMBRE 1902.
935
Femmes normales : 1'].
S.
7'-
96
94
87
87
85,5
83
79
76
75
75
74,5
73
72
72
70,5
70,5
70
69
69
69
67
66
66
86
70
76
2o5o,o
76
s
s s
S
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t'
?'
a/
4,80
0,2l5 I
,53
8,96
6,27
0,2l4 I
,68
11,80
5,98
0,202 I
,44
9,58
5,4o
0,217 I
,45
8,48
5,65
0,243 I
,72
10, 5o
5,37
■0,236 1
,49
9,20
5,42
0,219 1
,38
9,85
5,o3
0,238 1
,79
11,62
5,00
0,2o4
,52
9,32
5,06
0,236
,60
10,80
4,83
0,228 1
,34
8,89
4,90
0,180
,52
9,75
4,42
o,i54
1,29
7,34
4,93
0,226
1 ,62
10, .8
4,68
0,179
,33
9,24
4,73
0,210
,46
10, 3o
4,4r
0,188
■,47
7,80
4,57
0,171
,64
8,32
4,3i
o,i83
1,21
8,3o
4,45
0,243
.,64
9,86
4,48
0, 190
.,44
9,'o
4,53
0,246
.,45
9,38
4,28
0,173
.,37
7,87
4,48
0,252
I ,52 •
9,72
5,58
0,261
.,5i
. . ,5o
4,43
0,248
.,43
9,49
4,8.
0,199
5,755 4
1,29
0, .3
9,20
32,80
256,36
4,92
0,2 13
.,48
9 ,49
Pam.
.8
'7
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.6
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16
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18,5
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16
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442,0
.6,3
I •/■ S , 1,79 — 1,21
)i Lecail lelalif sur tt clonne — ,-,, -
P 1,48
S
Â
S
H
» Taille nuiNenne : i5,5.
0,893.
j I ,80 — 7,34 ,
— ■—- — =0,472.
9,49
6,27 —4 ,28 , r
' '- — J— - =o,4o5.
4,92
936
ACADEMIE DES SCIENCES.
Femmes enceintes non tuberculeuses : 9.
S.
s
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S
S
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P»..
Epoque
de la grossesse,
83,5
5,09
0,188
i,'9
8,95
16
2 mois.
83,5
5,45
0,219
1 ,5o
9,92
16
4 mois.
92,5
5,85
0,245
1,74
1 0 , 1 5
18
4 mois i.
77
5, 10
0,233
1,85
9.45
j5
5 mois J.
92
5,86
0,192
1,48
10,22
16
6 mois.
97.5
6,25
0,286
1,54
II ,3o
i5
8 mois.
81,5
4,9'
0,2l3
1,16
10,19
16
8 mois.
95
5,78
0,243
I ,32
10,04
M
à terme.
77.5
5,20
0,208
I ,25
i3,o3
9,80
i4
.43
à terme.
780,0
49.49
2,027
90,02
86,6
5,5o
0,2
1,45
10,00
16
» Taille moyenne : i5,7.
PHYSIOLOGIE. — Observations à propos des injections physiologiques;
par M. Yves Dei.age.
« Heidenhain, en 1874» a eu le premier l'idée d'injecter dans l'orga-
nisme des substances colorantes et d'observer le lieu où elles sont éliminées
pour localiser avec plus de précision la fonction excrétrice. Cette idée a
été reprise, quelques années plus tard, par Kovalevsky qui l'a appliquée
à beaucoup d'Invertébrés, et, dans tous les pays, un grand nombre de
travailleurs, imitant son exemple, ont soumis à ce genre d'expériences la
plupart des types du règne animal.
« Le procédé consiste à injecter des substances colorantes, généra-
lement le carminate d'ammoniaque et le carmin d'indigo : là où ces sub-
stances se localisent, on déclare qu'il y a excrétion ; là où elles n'appa-
raissent pas, on affirme que la fonction excrétrice fait défaut.
1) Il y a là, à mon sens, un vice de raisonnement qui n'attire pas l'at-
tention parce que, dans la plupart des Mémoires, l'induction fautive reste
implicite, n'est pas formulée, mais qui apparaît nettement dès que l'on va
au fond des choses.
» Le carminate d'ammoniaque, le carmin d'indigo et les autres sub-
SÉANCE DU 1*"' DÉCEMBRE 1902. 937
stances usitées pour ces expériences ne sont pas des -produits de l'excrétion
normale. De ce que l'on a constaté chez bon nombre d'animaux que les
unes ou les autres sont éliminées par des organes de l'excrétion normale,
on n'a pas le droit de conclure qu'il en sera partout de même. Le fait que
divers organes excrètent soit le carminate d'ammoniaque, soit le carmin
d'indigo à l'exclusion l'un de l'autre, montre que tel parenchyme qui
excrète une substance est sans action sur une autre. Dès lors, de quel droit
admet-on a priori que telles cellules, parce qu'elles éliminent telles sub-
stances étrangères à l'organisme, artificiellement introduites, élimineront
aussi des produits normaux très différents des précédents; et, inversement,
que, parce qu'elles n'éliminent pas les premières, elles seront sans
action sur les derniers?
)) On est arrivé à un tel abus que l'on considère aujourd'hui, sans autre
vérification, comme organes excréteurs des parenchymes dépourvus de
canal excréteur et ne faisant pas partie d'une surface libre, c\yi\ fixent sim-
plement les matières colorantes injectées, sans les éliminer, en les compa-
rant à un rein d'accumulation. Or toute la pratique des colorations vitales,
pour ne rien dire des colorations histologiqiies sur tissus morts, prouve que
l'affinité des divers protoplasmes et substances de l'organisme pour les
diverses matières colorantes est surtout spécifique, que tel protoplasme qui
fixe telle matière colorante ne fixe pas telle autre : dès lors, de quel droit
conclure de ce qu'il fixe la première qu'il fixera aussi des substances excré-
mentilielles d'une nature toute différente? A ce compte, il faudrait dire que
le système nerveux est excréteur parce qu'il fixe le bleu de méthylène!
» Ces réflexions m'ont paru utiles, non pour condamner la méthode pré-
cieuse des injections physiologiques, mais pour attirer l'attention sur l'abus
que l'on commet en donnant, sans vérification, à ses résultats une extension
qu'ils ne comportent pas. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur l'intégrale de Laptace-Abel.
Note de M. G. Mittag-Leffler.
, i) = F(coa?), et qu'on obtient en même temps
FA(a;) = lim f e-"F(.r, co, y.) da
Celte égalité a lieu partout à l'intérieur de l'étoile A, qui est encore une
étoile de convergence pour l'intégrale de Laplace-Abel modifiée
lim / e-"'Y{x, «>, 7.)r/(.o.
» Au moment de terminer mon travail, j'ai eu connaissance d'un beau
résultat de M. Le Roy [Sur les séries divergentes et les fondions définies par
un développemement de Taylor {Annales de la Faculté des Sciences de Toulouse,
t. II, année 1900, p. 322-328)], à savoir que l'égalité
¥k{x) = lim^ y^^^'^ c^x" (t positif, réel, plus petit que i)
a lieu partout à l'intérieur de l'étoile principale A. En s'aidant de cette
expression, on peut modifier (d'une autre manière que celle que j'ai em-
ployée dans ma Note 4) l'intégrale de Laplace-Abel, de manière à repré-
senter la totalité de la branche fonctionnelle FA(a;). On obtient en réalité
FA(a;) = lim f e-'^F(m'x) di^,
égalité valable partout à l'intérieur de A.
SÉANCE DU l*""^ DÉCEMBRE 1902. 989
» L'étoile A est-elle encore une étoile de convergence pour les deux
expressions
00
lim y '^j"^^\^ c,x" et lim f" e-'^FU' x) clw ?
0
Cette question me paraît être d'un grand intérêt. Je termine en remar-
quant que les expressions que je viens d'écrire sont évidemment, toutes
les deux, des expressions limites triples. »
MÉCANIQUE. — Sur les conditions nécessaires pour la slabilité de V équilibre
d'un système visqueux. Note de M. P. Dchem.
« Un .système matériel admet une énergie utilisable A toutes les fois que
des modifications réelles du système vérifient l'égalité
rfSe + 5., = d\ + dQ,
où 0 est la force vive, d^^ le travail externe, 5,, le travail des actions de
viscosité. Cette énergie utilisable n'existe identiquement qu'en certains
systèmes particuliers que nous avons nommés systèmes isothermo-adiaba-
tiques; mais elle peut exister en vertu des relations supplémentaires
imposées au système; cela a lieu, notamment, si tous les mouvements du
système sont isothermiques (A est alors identique au potentiel interne) ou
isentropiques (A est alors le produit de Vénergie interne par l'équivalent mé-
canique de la chaleur).
» Supposons qu'il existe une énergie utilisable A et que les actions exté-
rieures admettent un potentiel P; posons P -f- A ^ £2. La démonstration
classique de Lejeune-Dirichlet nous enseigne que, dans un état où Q. a une
valeur minimum, le système est assurément en équdibre stable.
» Dans un état où la variation première de £2 est nulle sans que £2 soit
minimum, l'équilibre du système est-il instable?
» Par un choix convenable des variables E,, ^2- ■ • •- ^« qui définissent
l'état du système, on peut toujours faire :
M 1° Que l'état d'équilibre corresponde à ^, = o H„ = o;
» 2.° Qu'en cet état £2 = o;
» 3° Que l'on ait
6 = ^;-+-^:- + ...+ ^; -H etc., £2 = S,çî-l-S,q+...+ S„ç;-^etc..
94o ACADÉMIE DES SCIENCES.
les etc. désignant des infiniment petits du troisième ordre lorsque l'état
du système est voisin de l'état d'équilibre.
» M. Liapounoff ('), en 1892, et M. Hadamard (^),en 1897, ont prouvé
que, si l'un au moins des coefficients S,, . . ., S„élait négatif, le système
était en équilibre instable; mais leur démonstration suppose l'absence de
viscosité. Or, on peut se demander si la résistance au mouvement opposée
par la viscosité ne pourrait pas rendre stables certains états d'équilibre qui
seraient instables en l'absence de viscosité.
» Lorsque le système est affecté de viscosité, nous n'avons pu démon-
trer dans toute sa généralité le théorème, qui serait analogue à la propo-
sition de M. Liapounoff et de M. Hadamard; nous avons pu seulement
établir le théorème suivant :
» Si l'un au moins des coefficients S,, . . . , S^est négatif, et si aucun d'eux
n est positif , V équilibre es/ instable.
» Avec Sir Stokes et lord Rayleigh, nous admettons l'existence d'une
fonction dissipative
+ {^ni l\ + V,nC +. . , + VnnK,) l'„ -H etc.,
avec
» Les équations du mouvement sont alors du type
2^^+ 2SpEp-h Cp.t', + Vp/C + .. . + (.^„i;^ + etc. = o.
Dans cette égalité, comme dans celles qui vont suivre, etc. désigne un terme
qui, au voisinage de l'état d'équilibre, est infiniment petit par rapport aux
termes explicitement écrits.
» Formons lex pression
où le signe 2 s'étend dep := 1 à/> = «.
» Nous aurons
(') Liapounoff, Journal de Mathématiques, 5^ série, t. III, 1897, p. 8.
(^) Hadamard, Journal de Mathématiques, 5" série, t. III, 1897, p. 33i.
SÉANCE DU l'"'^ DÉCEMBRE tgoa. g^l
OU bien
(2) ^ = -42S,E,E'^-F + etc.
Nous aurons ensuite
-^ = - 42S^;; - 4iSpÇ/,ç^- ^- + etc.
= - 4 2 S^^'; - 2 [ 4 S/;,, + 2 ( r, , r, + . . . + V ^« )] '"'r + ^t^. .
ou bien
(3) ^ = - 42:S,,E^^ - 2(2S^E^+ v^,l\ + . . . + (v„e'„? + etc.
» Aux valeurs absolues des ^, ^', on peut assigner des limites supérieures
1, V telles que —rj ait le signe des termes explicitement écrits en l'éga-
lité (3), c'est-à-dire le signe +.
» D'autre part, on peut prendre les valeurs initiales des E, ^' assez voi-
sines de O pour que le signe initial de -j- soit le signe des termes explici-
tement écrits en l'égalité (2); on peut en outre prendre les valeurs ini-
tiales des rapports - assez voisines de O pour que F soit négligeable par
rapport à iS^lpC,' . Le signe initial de -y- sera alors le signe 4-. Quant à V,
sa définition (i) le montre essentiellement positif.
» Dès lors, l'une au moins des valeurs absolues des E, l' surpassera
celle des limites 1, 1' qui lui correspond.
» En effet, si la valeur absolue d'aucune des quantités ?,, ?,' ne surpas-
sait sa limite, on pourrait assigner à la quantité essentiellement positive V
une limite supérieure; mais, d'autre part, on aurait sans cesse -77?- !> o
et, comme la valeur initiale de -j- est positive, V croîtrait au delà de toute
limite avec le temps /; on aboutirait donc à une contradiction.
» Le théorème énoncé est donc démontré. On remarquera que la
démonstration ne fait aucun usage du signe de la fonction dissipative, que
l'on sait être une forme définie positive. »
9^2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
BALISTIQUE. — Tracé des courbes de pressions. Note de M. E. Vallier.
« Je donne aujourd'hui les éléments nécessaires au tracé de la courbe
des pressions.
» En fonction des temps, la courbe pour p > i est tangente à l'origine
à l'axe des temps, passe par un maximum pour ;; — i, et s'abaisse ensuite
vers l'axe des temps. Elle présente deux points d'inflexion pour les va-
leurs de
=-v4-
» Le calcul des ordonnées se fait immédiatement par la formule
et celui des inclinaisons par
tang6 = p^^P(:;).
» Les tracés en fonction des espaces sont d'un calcul un peu plus com-
pliqué, mais d'une exécution tout aussi facile.
» Il suffit d'indiquer que la courbe, tangente à l'origine à l'axe des
pressions, passe par son maximum en un point donné par
ii, = U*,('x).
et par un point d'inflexion où l'on a
«(l) -^ ^
z., étant donné par l'équation
et
P3=P.P(^,).
Enfin, à la bouche de la pièce, on aura
P3--=P,P(a)
et
SÉANCE DU !*•' DÉCEMBRE 1902.
3P, l — z P(a)
tango, = V X -^ ^^
943
» Ces relations seront utilisées lorsque a, et p auront été déterminés
séparément, et en se reportant aux Tables des fonctions construites avec
l'araiiiment fi.
« Lorsque Ton admettra la relation probable entre les deux caracté-
ristiques
(a-l)[i=2.
on fera usage du Tableau ci-dessous dans lequel on suppose les échelles
des pressions et des espaces choisies de telle sorte que les unités respec-
tives P, et U soient représentées par la même longueur.
» S'il n'en était pas ainsi, les valeurs numériques indiquées pour les
P
tangentes seraient à multiplier par le rapport métrique des unités -g--
Sommet.
Inflexion.
a.
p,. *,. lange,.
P:
*,.
tangBj.
P,. *
3. tange,.
1,3
I 0,200
0
0,798
—0,545
-0,82
0,454 1
— 0,60
1,4
I 0, i65
0
o,8o3
0,453
0,92
o,38o I
0,57
1 ,5
1 0,134
0
0,808
0,375
I ,o3
o,3o8
0,53
,,6
I 0, I i3
0
0,818
0,025
i,i4
0,257 1
0,49
«.7
1 0,097
0
0,837
0,279
I ,25
0,229
0,45
1,8
1 0,084
0
o,835
0,245
1,36
0,189
0,40
1,9
1 0,075
0
0,842
0,218
1,47
0, i63
o,36
2,0
I 0,067
0
o,85o
0,196
1,58
o,i4o
0,33
2,1
! 0 , 06 I
0
o,856
0,174
1,69
0, 123
0,32
2,2
1 o,o55
0
0,863
o,i58
■ ,8i
0, 109
o,3o
2,3
I o,o5o
0
0,867
0,145
■,93
0,097
0,28
2,4
1 0,045
0
0,871
o,i35
3,25
0,086
i 0,27
2,5
1 o,o4i
0
0,874
0, 128
2,18
0,076
0,25
3,0
I 0,026
0
0,880
0,081
2,74
o,o44
I o,i4
944 ACADÉMIE DES SCIENCES.
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la formation d'une liste
de deux candidats qui doit être présentée à M. le Ministre de l'Instruc-
tion publique pour la place laissée vacante au Bureau des Longitudes
par le décès de M. Cornu.
Au premier tour de scrutin, destiné à la désignation du premier can-
didat,
M. Darboux obtient 52 suffrages
M. Hatt » 4
M. Maurice Levy » i »
Il y a 2 bulletins blancs.
Au second tour de scrutin, destiné à la désignation du second candidat,
M. Hatt obtient Bi suffrages
M. Appell » I )i
Il y a 6 bulletins blancs.
En conséquence, la liste présentée par l'Académie à M. le Ministre de
l'Instruction publique comprendra :
En première ligne M. Darboux.
En seconde ligne M. Hatt.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à l'élection d'un Membre
de la Section d'Astronomie, pour remplir la place laissée vacante par le
décès de M. Faye.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant Sg,
M. Deslandres obtient 32 suffrages
M. Bigourdan » 25 »
M. Andoyer >- i «
M. Puiseux » 1 »
SÉANCE DU l" DÉCEMBRE 1902. 945
M. Deslaxdres, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est pro-
clamé élu.
Sa nomination sera soumise à l'approbation du Présideot de la Répu-
blique.
MÉ3IOIRES PRÉSENTÉS.
M. J. Balondrade adresse une Note relative à des « Bombes et fusées
paragrèles ».
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
M. J. Valetos adresse une Note sur « la Locomotion aérienne par les
aéroplanes ».
(Renvoi à la Commission de l'Aéronautique.)
M. BoucAUD adresse une Note relative à l'Aérostation.
(Renvoi à la Commission de l'Aéronautique.)
M. Hexri Villard soumet au jugement de l'Académie les résultats
d'expériences qu'il a effectuées avec de grandes hélices à très petit pas.
(Commissaires : MM. Maurice Lévy, de Bussy.)
CORRESPOIVDAIVCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspon lance, une brochure de M. Icilio Guareschi, aynnt pour litre :
« Fauslino Malaguti e le sue opère ».
M. LiŒwv fait hommage à l'Acadéinie, au nom de M. Hepites, Direc-
teur de l'Institut météorologique de Bucarest, d'un Essai historique
sur les travaux astronomiques exécutés en Roumanie jusqu'à la fin du
XIX* siècle, et fournit quelques renseignements sur le contenu de cette
intéressante Notice. Elle fait connaître que les premières observations
C. R., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N° 21.) 12^
946 ACADÉMIE DES SCIENCES.
astronomiques ont été faites avant 1716 par Christantie Novara, un élève
de Cassini, à qui l'on doit les positions géographiques de Bucarest et de
Targovistea. M. Hepitesy rend compte de toutes les études astronomiques
et géodésiques accomplies dans son pays depuis cette époque lointaine, et
il signale que c'est également un astronome, ancien élève de l'Observa-
toire de Paris, le colonel Capitaneanu, qui, le premier, a introduit en Rou-
manie les méthodes de haute exactitude de l'Astronomie moderne. Il a
joint, à cette esquisse historique très instructive, une biographie de cet
éminent officier auquel ce pays est redevable de la plus belle partie de sa
triangulation.
En terminant, M. Hepites fait ressortir avec raison certains travaux de
théorie pure, effectués en Roumanie dans ces derniers temps par deux
savants de grande valeur sortis de nos hautes Écoles, Gogou et Haretu,
qui ont traité quelques-uns des problèmes les plus intéressants de la Mé-
canique céleste.
Ce tableau de l'activité astronomique en Roumanie met en lumière
d'une manière incontestable que ce pays est, à l'époque actuelle, le théâtre
d'un remarquable essor scientifique.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur quelques conséquences de certains dévelop-
pements en séries analogues aux déi>eloppements trigonométriques . Note
de M. W. Stekloff, présentée par M. Picard.
« 1. Nous allons indiquer, dans cette Note, les applications nouvelles
du théorème général énoncé dans ma Note précédente.
» Désignons par V„ («:=i,2, 3, . . .) les fonctions, assujetties aux
conditions
V,, -H /{•„¥„ = 0, V„(a) = o, V„(è) = o.
On a évidemment
, . , Tc^/i^ -r / 2 . mz(x — a)
(0 ^"-Ib^T^^^ V„=y/^-^sm-A___J.
» Soit /"une fonction continue avec sa dérivée du premier ordre dans
l'intervalle (a, />) et s'annulant pour les limites de cet intervalle. Posons
(2) /=A.V, -^A,V,+...+ A„V„ + R,„ A,= f /\,dx.
SÉANCE DU l'' DÉCEMBRE T902. 94?
On trouve, en tenant compte du théorème de ma Note précédente,
h "
(3) T,^^ f Ridx<-^ — _ = j:;i_<:^i^ — <
"n-rl
M, désignant le maximum de module/'(a;) dans l'intervalle (a, b).
» L'égalité (2) montre que R„ est une fonction de x, continue avec sa
dérivée à l'intérieur de l'intervalle («, h) et s'annulant pour les limites de
cet intervalle. On a donc
d'où, en vertu de (1) et de (3),
R„(a-)< 2 VT„T„ < -z^TTTT)""
» On obtient donc le théorème suivant :
» Théorème. — Toute fonction f, continue, admettant la dérivée du pre-
mier ordre dans l'intervalle donné (a, b) et s'annulant pour les limites de cet
intervalle, se développe en série uniformément convergente de la forme suivante :
/ = > sui — j / / sm — ^ ax.
2-' ^ b — a J ' b — a
* = i
» La valeur absolue du reste de cette série ne surpasse pas la quantité
{b — a)\/2 M|
M, désignant le maximum du module def'{x) dans l'intervalle donné.
» Ce théorème n'est qu'un cas particulier d'un théorème plus général
qui s'énonce comme il suit :
M Théorème. — Toute fonction f, satisfaisant aux conditions du théorème
précédent, se développe en série uniformément convergente de la forme sui/^ante :
(4) f=^y^A,y„ A,^fpfw,dx,
948 ACADÉMIE DES SCIENCES.
OÙ Y^ sont les fonctions définies par les conditions
y"„ + k,pY„ = o, V„(a) = o, Y„(b) = o,
p étant une Jonction positive ne s annulant pas dans l'intervalle (a, è).
M La valeur absolue du reste de la série (li) ne surpasse pas le nombre
\j2(b — a)M,
\/Po V^^«+i
/'„ étant le minimum de p.
» 2. Supposons que / admette les dérivées de deux premiers ordres
dans l'intervalle (a, b). On trouve
r, = -f''KR,,dx,
c'est-à-dire
n.
■p'"
X':
X'
X'
X,
xr.
^ ,., CVfj
^o (modp).
» On en déduit la solution du cas général. Expliquons-le sur un exemple
simple.
» Soit à résoudre le problème dans le cas de deux inconnues x, y,
pour r = 2.
» On fera, dans le déterminant qui précède, m = 5, x^=^ x'-, x.^^^ xy,
x^^ y , x^ = X, x^=^ y.
» On trouve
X
^p' _ x^p' xP'yP" — xPyp" y
2/)'
•/■
2/-'
x^p' — x^P' xPyP' — xP'yP' y^P' — y'^P'
X^P'—X^'P" xPyP'-xPyP' y^P'-y'-P'
x^P — x-P xPyP — xPyP
x^ xPyP — xy
X
•ip
y'"'-
y'"
-y
-f
xP' - xP' yP' - yP'
xP' — xP' yP' — yP'
xP' — xP' yP' — yP'
xP'—xP yP'—yP
xP — X y^ — y
o (mod/>).
» On peut ensuite se projioser de trouver le produit des congruences
irréductibles d'ordre r. Soit P^-^o (modp) la congruence obtenue en
faisant le produit de toutes les congruences dont le degré ne dépasse pasr.
On fera d'abord le quotient de P^ par P, , (mod/>) et l'on n'aura plus
qu'à chercher l'ensemble des facteurs simples du quotient obtenu par les
méthodes connues.
» Ainsi, en divisant le premier membre de la congruence précédente par
xP-
-P
xP
X
y^ -y
x^" — X y'' ^ y
on aura le produit des congruences irréductibles de degré 2 en x, y. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la généralisation des fractions continues.
Note de M. Auric, présentée par M. Jordan.
« Considérons k + i quantités réelles ou complexes
flo, a,, «2, a-i, ..., «A-i > (^ki
SÉANCE DU I*'' DÉCEMBRE 1902. gSl
que nous supposons rangées par ordre décroissant des modules.
» Posons
a
1/, étant l'entier le plus rapproché du quotient
Ct/g
» On aura
aie
sont complexes.
» On posera également
< - si les nombres considérés sont réels et <' - s'ils
S/^ .;i
puis
et ainsi de suite.
» Il est clair que les quantités a^+o ^a+2' '^a+3> • •• diminuent indéfini-
ment en valeur absolue et ont pour limite zéro, limite qui est effectivement
atteinte lorsque les quantités considérées sont réductibles dans le domaine
des nombres entiers.
» On établit aisément la relation
ai = Q'„a„ + Q;,^, a„^, +. . . + Q;,^,_, a„^,_, + (- i)<*Q'„^, a„^,
avec les formules récurrenes
Ql=VAQr*+(-i)*Q;;*^'.
» On peut établir que, lorsque ï étant fixe et n augmentant au delà de
toute limite, les expressions
et
restent finies et comprises entre deux limites fixes | Ka,| et | R'ar, |, en
valeur absolue.
M II en résulte que le vecteur Q", Q", Q", .... QJ^' a une limite bien
déterminée et que ce vecteur limite est normal au vecteur
a„, a,, «2- •••• ^k-
» Le théorème de Lagrange a pour corrélatif le suivant :
» Considérons k formes quadratiques des k -t- i variables a^,a,, a.,, ..., U;^;
Ç)5i ACADEMIE DES SCIENCES.
au moyen des substiuitions étudiées ci-dessus ces formes peuvent s exprimer en
fonction des variables a„, a„+f, a„+o, ..., «„+/j-
» Le théorème fondamental consiste en ce que les coefficients de ces
formes "successives restent tous inférieurs en valeur absolue à des nombres
fixes, de sorte qu'au bout d'un certain nombre d'opérations on retombe
sur les formes dont on est parti ou sur des formes déjà envisagées; en
d'autres termes, la suite des 1 est périodique simple ou mixte suivant le
cas.
M La méthode décrite permet donc de se rendre compte si un vecteur
quelconque donné a„,rt,, «2, ....fl;; est une solution d'un système de formes
quadratiques de k -\- i variables à coefficients entiers.
» Elle permet, en outre, de généraliser la notion d'équivalence de
Dedekind, ainsi que les recherches de Dirichlet. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur ks transcendantes uniformes, définies par
des équations différentielles du second ordre. Note de M. R. Liouville,
présentée par M. Jordan.
H J'ai quelques mots à répondre aux nouvelles observations de M. Pain-
levé : Je n'aurais, paraît-il, que le choix entre une erreur et un truisme.
» L'erreur qui m'a été reprochée n'est pas de moi et ma Note citée ne
laisse ni doute possible, ni choix à faire.
» Quanta la proposition que M. Painlevé semble aujourd'hui regarder
comme un truisme, c'est celle qu'il énonçait, dans sa Note du 8 septembre,
comme étant la seule, en réalité, démontrée par mon analyse. L'énoncé
qu'il en a donné, en croyant me rectifier, ne diffère en aucun point essen-
tiel de celui que j'avais indiqué moi-même.
» Pour l'établir comme je l'ai fait, on ne rencontre aucune difficulté.
S'ensuit-il que ce soit un truisme? Il importe peu que mon raisonnement
puisse être étendu à toutes les équations différentielles du second ordre,
car il n'y a en ceci aucune absurdité, lorsqu'on ne modifie pas mon
énoncé, et ma première Note a d'ailleurs mentionné que je n'avançais
rien encore de spécial aux équations à points critiques fixes.
» [/analyse très brève que j'ai présentée introduit les véritables élé-
ments de la question que j'avais en vue, et l'on n'arriverait guère, en
cherchant à lui substituer une prétendue évidence, qu'à sous-entendre des
restrictions importantes.
SÉANCE DU l" DÉCEMBRE 1902. gSS
» L'appréciation de M. Painlevé sur tous ces points se ressent, je le
crains, de l'erreur qu'il ni'altribuait d'abord.
» Au lieu du couple d'intégrales de l'équation différentielle dont il
s'agit, je considère trois solutions d'un système d'équations aux dérivées
partielles. Ces solutions, dont la connaissance permettrait d'intégrer
l'équation proposée, n'en sont nullement des intégrales, bien qu'elles
jouent nn rôle analogue.
» En disant que la question ainsi posée se trouve résolue par sa Note du
27 octobre, voici en définitive le théorème que M. Painlevé donne indi-
rectement comme démontré :
» Soient
.T , = -; ) X, =
dxi ^ il XI ' ■' dx']
de sorte que a?,, x-^ sont des fonctions do ^,, x.,, a;,, données en vertu de
l'équation diUérentielle qu'd s'agit d'étulior.
» Si l'on désigne par h, h! , h" les indices i, 2, 3 placés dans un ordre
quelconque et que l'on pose
/':^=-ihf4'^r!i (',/t=.,2,3),-
en représ(Mit-Mit |);!r z,,Z2»-3 trois fonctions inconnues de a;,, x.^, x^;
par z^^'\ :"'', ... leurs dérivées partielles des deux premiers ordres, les
équations
2 (*'?/'<■•*— ^2/'S)-^<><'^AM + a:-,, = o,
[i.k\
définissent les z et, comme conséquence, les pfl-
» Quand l'équation différentielle proposée est irréductible, au sens
adopté par M. Painlevé, c'est-à-dire quand il n'existe, entre deux intégrales
distinctes et leurs dérivées partielles d'ordre fini, aucune relation algé-
brique différente de celle qui se déduit de la connaissance du dernier
multiplicateur, il arriverait toujours que, parmi les fonctions pfl, l'une au
moins fût transcendante.
» Cette proposition, supposée exacte, traduirait une propriété des fonc-
tions 3, qui n'étant, pour l'équation proposée, ni des intégrales, ni des
G. R., 1902, 1' Semestre. (T. C\X\V, N" 22.) 125
()54 ACADÉMIE DES SCIENCES.
solutions particulières, éch;ippent entièrement à l'analyse employée par
M. Painlevé dans sa Note du 27 octobre.
» Mais M. Painlevé va plus loin encore : dans cette voie, ni dans aucune
autre, on ne pourrait aboutir à un résultat positif.
» En d'autres termes, on ne saurait concevoir aucun mode de réducti-
bilité qui ne soit compris dans celui dont M. Painlevé a fait l'étude.
» Je n'ai pu découvrir les bases mathématiques de cette opinion, un
peu isolée, de sorte que je me vois obligé d'abandonner là, et d'adleurs
d'une façon définitive, toute cette discussion, devenue sans objet précis. »
THERMODYNAMIQUE. — Méthode pour évaluer les lempéraLures dans
l'échelle thermodynamique centigiade. Note de M. Pon-sot, présentée
par M. Lippmann.
« Dans une Note récente (^Comptes rendus Au 27 octobre 1902) sur la
force électromotrice d'un élément de pile thermo-électrique, j'ai indiqué
les conditions nécessaires pour pouvoir calculer les températures dans une
échelle thermodynamique, soit avec la valeur de cette force électromotrice,
e, mesurée par les procédés ordinaires, soit avecla valeur dey, c'est-à-dire
du phénomène de Peltier, mesurée par le procédé donné par M. Pellat
{Comptes rendus, t. CXXXIII, igot, p. 921).
» M. Pellat {Comptes rendus du 3 novembre 1902) a fait remarquer que
la méthode qu'il a proposée pour évaluer en valeur absolue les basses tem-
pératures n'est pas identique à celle qui repose sur la mesure de q, et no-
tamment qu'elle n'exige pas l'emploi de deux températures connues en
valeur absolue.
» ].a méthode de M. Pellat repose, en effet, sur la mesure simultanée de
trois grandeurs : la force électromotrice, e, d'un élément, le phénomène
de Peltier, q, à l'une de ses soudures, et la température t de cette soudure
dans une échelle thermométrique ordinaire.
» En tenant compte des résultats théoriques que j'ai établis dans ma
Note précédente, je vais décrire succinctement une méthode plus simple et
plus précise que celle de iVI. Pellat, puisqu'elle n'exige que la mesure de
deux grandeurs e et q, et qu'on n'y emploie aucune relation empirique.
» 7^ et 7^ étant constants, on a, pour la force électromotrice d'un élé-
ment,
SÉANCE DU l"' DÉCEMBRE I902. gSS
» Si la température 0 reste fixe, q esL im.iriable.
dK
— B.
» Mode opératoire. — La soudure chaurle sera portée à une température inva-
riable 0, supérieure à la température d'ébullitiou de l'eau. L'autre soudure sera d'abord
portée à la température de ioo° centigrades; on mesurera e' et q', dont la somme S'
correspondra à la température absolue 6'.
« Cette soudure sera ensuite portée à la température du zéro centigrade, on me-
surera e" et q", dont la somme S", correspondra à la température absolue 0".
» L'échelle qu'on a choisie pour les températures absolues étant celle où l'intervalle
fondamental est également de 100°, on a
S" S'
La soudure froide étant portée à une autre température inférieure à 6, si l'on trouve
comme mesures e et q, dont la somme est S, celte température, repérée dans l'échelle
centigrade, sera
S -S"
Cette température, évaluée dans l'échelle thermodynamique dont l'échelle centigrade
fait partie, est t -+- 8".
» Pour déterminer 6", on résoudra par tâtonnements l'équation suivante, en posant
6'=0"+ 100,
|^ + BLogO" = ^+BLogO'.
» A3'ant ainsi simultanément mesuré la force électromotrice de l'élément thermo-
électrique et évalué la température de l'une des soudures dans l'échelle thermodynamique
adoptée, puis répété ces mesures et évaluations dans des limites de température aussi
étendues que possible, on pourra déterminer les constantes de la relation que j'ai
donnée entre la force électromotrice et la température absolue.
» Il suffira alors de mesurer cette force électromotrice pour la déleimination des
températures absolues, dans les limites de température dépendant de la nature des
métaux formant l'élément thermo-électrique. Cet élément servira de thermomètre
étalon.
» On pourrait également, après avoir obtenu dans le calcul de 0" la deuxième con-
stante de la relation enl^e q et la température absolue, utiliser seulement la mesure de q.
» Le critérium de l'exactitude de la méthode sera que les valeurs de e et de ^, utili-
sées séparément, devront donner des indications de température concordantes et
indépendantes de la composition de l'élément thermo-électrique.
*
» M. Pellat a décrit un procédé pour mesurer q, du phénomène de
Peltier : il a calculé et indiqué l'erreur maximum de sa méthode. L'expé-
rience juslifiera sans doule ses prévisions, et il est à espérer que, par la
pratique, ce savant pourra beaucoup diminuer les erreurs méthodiques.
956 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Quelle sera la précision de la mélhode (jue je propose? Quels écarts
présenleronl les résultats de cette méthode et ceux qu'on obtient avec le
thermomètre à gaz? L'expérience seule permettra de répondre à ces
questions.
» C'est pour des considérations de précision que je m'abstiens de déve-
lopper une antre méthode de détermina! ion des températures dans l'échelle
thermodynamique centigrade : cette méthode reposerait sur la mesure de s.
ou de ses variations dans les points d'un conducteur métallique à des tem-
pératures différentes, et dans des conditions phis faciles à concevoir qu'à
réaliser. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — La pesanteur le long du parallèle moyen.
Note de aI. J. Collet, présentée jiarM. Lœwy.
« Après avoir exposé, dans une Note précédente, la partie de mes
observations qui concerne les durées des oscillations du pendule, je vais
maintenant considérer les déterminations corres^onànnles de la pesanteur.
M Le Tableau suivant donne, en mètres, les valeurs de ^, aux diverses
stations, déduites de la valeur déterminée au rez-de-chaussée de l'Obser-
vatoire de Paris, par le commandant Defforges, dans la salle des expé-
riences pendulaires. Pour les valeurs de t,; qui ont servi à ce calcul,
lorsque plusieurs expériences ont eu lieu dans une même station, on a
])ris la moyenne des résultats obtenus. Le Tableau renferme, en outre, les
éléments du calcul de la gravité g^ au niveau de la mer, ainsi que les ano-
malies gg — g, que fait apparaître la comjjaraison de g^ avec la valeur
théorique normale g,.
Tableau des pesanteurs observées et réduites au niveau de la mer.
Paris o,7ii3523 9,81000 9,(Sioi3 9,81080 — 0,00017
Marseille Siya 9,8054:3 9,8o556 9,8o536 +0,00020
Cap Ferrele 4629 9,80695 9,80696 9,80636 +o,ooo4o
Bordeaux 4923 9,80614 9,8o63i 9,80678 —0,00042
Aurillac 5 191 9,80940 9,80664 9,80682 —0,00018
Saint-Pierre-le-Chastel.. • 5ii2 9,8096a 9,80708 9,80752 — o,ooo44
Saint-Agrève 5563 9,80488 9,80648 9,80689 — o,ooo46
Valence " 49o3 9,80619 9,80646 9,80682 — o,ooo36
Grenoble 4998 9180093 9,8o635 9,80705 — 0,00070
La Bérarde 643i 9,80200 9,80537 9,80682 -'0,ooi45
Le Lautarel 6701 9,80124 9,8o524 9,80688 — o, 00164
Turin o,7ii5io55 9,8o588 9,80640 9,80694 — o,ooo54
SÉANCE DU l" DÉCEMBRE 1902. 957
Eléments de la réduction au niseau de la mer.
Paris
Marseille
Cap Ferrel
Bordeaux
AuriJlac
Saint-Pierre-le-Chaslel .
Saint-Agrève
Valence
Grenoble
La Bérardo 1788
Le Lautarel 20j8
Turin
» Pour la réduction au niveau de la mer, on a employé la iormule de
Boueriier
il?
Allilude h.
l.alitude A.
Densité 5
m
60
48.5o.li
2
61
43.18.17
2,6
6
44.38.49
3
74
44.5o.i8
2
640
44.56.46
2.73
753
45.48
2,73
io58
45. 0.36
2,7
125
44.56
'-9
210
45. 11.22
2,6
1788
44-56
2-7
20j8
45. 2.5
2,7
233
45. 4-8
2
t,o
ih f 3 3\"1
H V 4 .
dans laquelle â est la densité moyenne du sous-sol de la station; A, celle
de la Terre, soit 5,5 ; h, l'allitude de la station ; et, enfin, R le rayon de la
Terre.
» Les valeurs de S résultent des indications autorisées des géologues les
plus compétents. Elles sont justifiées par les coupes géologiques qui ren-
ferment mes Notes antérieures insérées dans les Comptes rendus.
)) Le calcul des valeurs normales g, de la gravité a été fait à l'aide de la
formule Defforges
o-, = 9,78124(1 + o, 005243 sin->.).
» En dehors même de tout examen ciitique des diverses formules em-
ployées en Géodésie, pour le calcul de g,, le choix de la formule précé-
dente s'imposait ici, en raison de la coordination de mes observations avec
celles du Service géographique (').
» Les valeurs g„ — g, des anomalies exigent encore, dans certaines sta-
tions,une dernière correction, celle âaY attraction topograp/iic/ue (*). Cette
correction, qui demande de très laborieux calculs, vient diminuer le déficit
(') Voir, sur ce point, le Mémorial du Dépôt de la Guerre, t. XV, p. 16.
(^) Comptes rendus, t. CX^XXI, p. 654 et 742.
pSS ACADÉMIE DES SCIENCES.
appiirent fie la pesanteur. Sa valeur est 0,00018 à la Bérarde, et 0,00006
au Laularet, ce qui réduit le déficit aux valeurs suivantes :
» 0,00127 à la Bérarde, o,ooi58 au Laufaret. Quanta Va flexion du pen-
dule, signalée par M. Helmert, et calculée j)ar lui, elle est sans influence
sur les déterminations relatives de la pesanteur.
» En examinant la suite des valeurs de gg — g,, on voit qu'on n'a
observé des excédents de pesanteur que dans dcix stations, l'une près du
bord de la mer (Observatoire de Marseille), l'autre (Phare du cap Ferret)
dans une situation insulaire, l'excédent, dans ce dernier cas, étant double
du premier. Partout ailleurs on a constaté tin déficil croissant en même
temps que le relief du sol devient plus considérable.
» Ce défaut de pesanteur, au niveau de la mer, sous les massifs monta-
gneux, est l'indice d'une constitution spéciale de la croûte terrestre qui,
sous les masses en relief, doit avoir une densité moyenne plus faible que
sous les plaines, au même niveau, et surtout que sous les mers et les océans.
I
PlanJ) lin Cantal
jSSS
S*Flour
~t2 Courôe^das- anomaii&y
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Clïobertov
'i MonchcioVe TaÉc&rf %.?r« ^ -^^
leMfionc
-'/•Si i laQ:apeIle/ \^
■izS
Ar.cmalies de laPesraiteiir le long du Parallèle mojon.
SJicSs, des Zf-r.//ioairs
ITcaiti^rrj dev^xjùis dca^)lccs.
» La fleure précédente rend sensible aux yeux la corrélation existant
entre le relief du sol et les anomalies de la pesanteur. Elle fait apparaître
SÉANCE DU l" DÉCEMBRE 1902. gSg
quelques particularités remarquables sur lesquelles je me propose de
revenir dans le Mémoire que je compte rédiger sur l'ensemble de mes
expériences pendulaires. »
CHIMIE. — Sur la composition des hydrates de gaz. Note de M. de Forcradn.
« J'ai indiqué (') comment on peut, au moyen de ma relation générale
^ = 3o,
déterminer la composition des hydrates de gaz qu'il est presque toujours
impossible de fixer exactement par l'analyse directe, et j'ai donné deux
méthodes pour obtenir ce résultat. J'ai déjà appliqué ces règles (^) à l'hy-
drate de chlore, qui a pour composition : Cl-+ 7H-O.
M Dans la plupart des autres cas, la première méthode seule est appli-
cable, parce qu'on ne connaît pas la chaleur de solidification totale (L + S)
de la molécule gazeuse. Mais la précision de celte méthode est toujours
suffisante pour savoir si l'hydrate est à 6, 7 ou 8 H^ O.
» J'ai fait les calculs de Q', de T' et de n pour tous les hydrates dont on
a déterminé les courbes de dissociation, en me reportant aux travaux
de M. Villard, M. Roozeboom, MM. Cailletet et Bordet, et à ceux que j'ai
faits moi-même.
« Le Tableau suivant donne les résultats obtenus. Les valeurs de Q'
sont souvent des moyennes de quinze ou vingt résultats donnés par la for-
mule de Clapeyron appliquée aux courbes.
Formule
Formule
T.
r.
Q'-
Q-
calculée.
probable.
Cal
tol
Az. . . .
0
— 187 ou
86°abs.
-43 "s
ou
229,2
i3,3o
6,87
Az + 4,5 H^O
4 OU
SH^O
CH*. .
-i64
109 abs.
—29
244
iô,35
7,32
CH*+6,3iH^O
&W0
CO^ .
- 78,2
194,8
— 21 , 2
25i,8
16,16
7,55
CO-'-h6,o2H^O
&W0
Az'O.
- 88
i85
— 19'3
253,7
16,29
7,61
Az^O + 6,o6H20
6H^0
C^H«.
— 85
188
— 15,8
257,2
i7>7'
7,71
C=H«+6,99H20
7H2O
C^H^.
- 85
188
-i5,4
257,6
'5,92
7,73
C2H^+5,73H20
6H'-0
C^H».
— io4
169
-i3,4
259,6
18,34
7,76
C=H*+7,37H'-0
7H-^0
PH'. .
- 85
188
- 6,4
266,6
.6,^4
8,00
PH'-l-5,9oH^O
6H-0
(>) Comptes rendus, t. CXXXIV, p. 836.
(2) Comptes rendus, t. CXXXIV, p. 991.
960
ACADEMIE DES SCIENCES.
Formule
Formule
T.
T'
Q'.
Q-
calculée.
probable.
ÏPS. .
- 62'
ou
21 1
u
-t- 0,35
OU 273,35
Cal
16,34
Cal
8,20
H'S-h5,69H'-0
6H=0
C'H^F
- 32
241
H- 3,7
276,7
20, 12
8,3o
C^FPF+8,27H'-0
StPO
SO'...
— 10
263
+ 7
280
19,83
8,40
SO=-i-8,o6H2 0
8H^0
CH^Cl
- 23
2.30
4- 7,5
280,5
18, 83
8,4i
CH'Cl+7,28H-^0
7H^0
W'Se .
- 42
23l
+ 8
281
16,82
8,43
H^Se + 5,87H20
GH^O
Cl^ . . .
- 34,
6
238,4
+ 9,6
282,6
18, 36
8,48
CI2+7 H=0
7H^0
Bt\..
+ 09
332
> 9,6
>282,6
9
?
Br2 + ,o H^O
loH^O
» Dans cette liste, le.s divers hydrates étudiés figurent dans l'ordre de
stabilité croissante (T' augmente). On remarquera que cet ordre est à peu
prés le même que celui de la volatilité décroissante des gaz anhydres.
» Pour l'hydrate d'argon, les données sont au nombre de deux seulement
et un peu incertaines, M. Villard, qui l'a décrit, disant (') que la tension
est de loS*'" vers 0°, et de 210''*" à + 8°C.
» Il suffirait d'admettre + o°,5 pour loS""", au lieu de 0°, pour trouver
Az4-5,27H-0.
» Pour l'hydrate de brome, aucun calcul de Q', Q ou T' n'a pu être
fait; le brome étant liquide à la température des expériences, et ordinai-
rement en excès, ne permet plus de raisonner comme pour les autres
hydrates. Le système n'est plus monovariant (^).
» A part ces deux cas extrêmes, les courbes sont assez régulières pour
permettre le calcul. Il arrive cependant que pour plusieurs des ces hydrates
les valeurs données pour les tensions aux deux ou trois températures les
plus élevées doivent être écartées, car elles fourniraient pour Q' des
nombres manifestement trop élevés et qui ne concordent plus du tout avec
les autres.
» On remarquera que, dans la moitié des cas, la formule probable
déduite de ces calculs est :
M + 6H-0.
» M. Villard a précisément vérifié que c'est bien la composition des
hydrates de CO-, de Az-0, de C-H^. Il avait même proposé d'étendre celte
règle à tous les hydrates ('). Mais cette règle n'est pas aussi générale
(') Comptes rendus, t. CXXIII, p. 377.
(*) Aussi la formule que j'ai inscrite dans le Tableau : Br^4- loH^O, est celle qui
a élé obtenue par M. Roozeboom au moyen de l'anahse directe des cristaux.
(') Élude expérimentale des hydrates de gaz. (Thèse de Doctorat es sciences.)
Paris, 1896, p. 96.
SÉANCE DU 1'=' DÉCEMBRE 1902. 961
qu'il le pensait, et, en réalité, dans l'autre moitié des cas, le nombre des
molécules d'eau fixées est ou inférieur (argon?), ou certainement supé-
rieur à 6 H^O (C=H«, C=H\C^H=F, SO-, CH=Cl,Cl%Br=).
» Malgré quelques irrégularités, il semble que les hydrates contiennent
d'autant plus d'eau qu'ils sont plus stables.
» La différence qui existe entre T' et T est toujours du même signe
(T' >■ T), mais varie beaucoup comme valeur absolue, et diminue à mesure
que le gaz devient plus facilement liquéfiable. Elle est de 142°, 6 pour
l'argon, et de 17° seulement pour SO^,de sorte que le point de décomposi-
tion de l'hydrate T' varie peu (de — 43°, 8 pour l'argon à +9°, 6 pour Cl") :
M Ce qui porte à penser que les gaz les plus volatils, tels que l'azote,
l'oxvgène, l'hydrogène, l'hélium, doivent s'hydrater aussi et donner des
hydrates cristallisés d'une stabilité à peine inférieure à celle de l'hydrate
d'argon. En fait M. Villard a signalé des hydrates d'azote et d'oxygène ( ' ).
» Enfin, puisque T' varie peu, et que la composition même des
hydrates est assez voisine, leur chaleur de formation Q' ou Q doit être
presque la même, ainsi qu'on le remarquera sur le Tableau précédent.
Les valeurs de Q' varient seulement de 2*^^' du formène au chlore. »
CHIMIE MINÉRALE. — Transjormation de l'acide pyrophosphorique
en acide orthophosphorique. Note de M. H. Girax.
« J'ai publié, dans une précédente Note (^Comptes rendus , t. CXXXIV,
p. i5oo), les résultats thermiques suivants :
P-0'HMiq.-t-aq. = P20'H*diss -fioC>i,22
P20"H*sol. + aq. =P-0''H*diss + ^cai'yS
» L'acide pyrophosphorique solide employé pour cette dernière déter-
mination était mélangé à une grande quantité de chlorure d'argent, d'où
des corrections et quelque incertitude dans la mesure.
» Depuis lors, j'ai obtenu de l'acide pyrophosphorique pur, cristallisé,
en soumettant, pendant trois mois, de l'acide sirupeux, possédant exacte-
ment la composition théorique P'O'H*, à l'action continue d'une tempé-
rature d'environ — 10°. Dans ces conditions, cet acide cristallise en petits
grains blancs, opaques, d'aspect sphéroïdal, sans forme cristalline déter-
(') Comptes rendus, t. CXXIII, p. 377.
C. R., igoa, a* Seneslre. (T. CXXXV, N» 22.) 120
962 ACADÉMIE DES SCIENCES.
minable. Cependant j'ai pu constater qu'une partie, qui était restée adhé-
rente aux parois du flacon, y avait cristallisé très nettement sous la forme
de fines aiguilles, plus ou moins contournées sur leurs bords, et offrant, en
ces points, l'aspect de très belles bafbes de plume.
» La mesure directe de la chaleur de dissolution de cet acide cristallisé
m'a donné
P^O^H» crist. -+- aq. = P^O'H' diss +7*^"', 93
nombre peu différent de celui que j'ai donné précédemment (7^*', 78).
» Cet acide cristallisé ne fond plus qu'à la température de -+-61". Revenu
à la température ordinaire, il conserve l'état liquide et ne se solidifie de
nouveau qu'au contact d'un cristal. Cette solitlification est très lente; on
la facilite en agitant fréquemment.
» Je me suis proposé de rechercher quelle est la chaleur dégagée dans
la transformation de l'acide pyrophosphorique solide, liquide ou dissous,
en acide orthophosphorique.
» Pour y arriver, je plaçais ud poids connu d'acide pyrophosphorique solide ou
liquide (surfondu) dans un pelit ballon en verre mince avec 10™' d'acide sulfurique
à 71 pour 100 de SO'H^. Une expérience préliminaire m'avait montré que, dans ces
conditions, l'acide pvrophosphorique se transforme, en quelques minutes, en acide
orthophosphorique. Le ballon, bien bouché, était placé dans l'eau du calorimètre.
J'agitais le tout jusqu'à ce qu'il ne se produisît plus de dégagement de chaleur. Je
brisais alors le ballon dans le calorimètre; la température s'élevait aussitôt par suite
de la dissolution de l'acide sulfurique et de l'acide orthophosphorique formé pendant
la première partie de l'expérience. Une expérience supplémentaire, faite avec io'^™'du
même acide sulfurique, m'indiquait quel était le dégagement de chaleur produit par
cet acide seul.
•n J'ai ainsi obtenu les résultats suivants :
P^O'H'liq. + H"-01iq. + aq. = 2P0'HMiss... + i^^'^^J
P^O' H' sol. + H^O liq. + aq. = 2 PO* H' diss. . . +1 2<^^\ 35
La différence de ces deux nombres nous donne la chaleur de fusion de
l'acide pyrophosphorique, soit — 2*^^', 12; on peut aussi l'obtenir en faisant
la différence des chaleurs de dissolution des acides solide et liquide, ce
qui donne — 2^"', 2g. Ces deux valeurs de la chaleur de fusion, obtenues
par deux méthodes différentes, sont sensiblement concordantes.
» On déduit aisément des résultats ci-dessus, en tenant compte de
PO*H'sol. + aq.^PO'HMiss... + 2<:=',69 (Thomsen)
P + 0*+H3=PO*H3sol +3o4«:^',i (Thomsen)
SÉANCE DU l" DÉCEMBRE 1902. 903
les conséquences suivantes :
Cal
P^O'' H' sol. 4- H2 0 liq. = 2P0*H' sol -H 6 ,97
P^ O'H' liq. 4- 11^0 liq. = 2 PO* H' sol +9-09
P* O' H* diss. + H^O liq. = 2P0'H3 diss + 4 , 25
p2+ 0'+H* = P-0'H'crist. : h-532C^',23; liq. : -+ 529C'',94 ; diss.: -h 540^=1,16.
» Pour le calcul de la chaleur de formation de l'acide pyrophospho-
rique à partir de ses élénieiils, j'ai dû faire intervenir celle de l'acide
orthophosphorique, déterminée par Thomsen. Or, comme le fait remar-
quer M. Berthelot dans sa Thermochimie (t. Il, p. ii5), la complication et
l'incertitude des réactions utilisées par le chimiste danois ne permettent
de regarder son résultat que comme approximatif. Il y a donc lieu de faire
les mêmes réserves sur la chaleur de formation de l'acide pyrophospho-
rique. »
CHIMIE MINÉRALE. — Aluminate de manganèse : Al^O^Mn.
Note de M. Em. Dufau, présentée par M. H. Moissan.
« En 1847, Ebelmen réalisait la combinaison de l'alumine et de l'oxyde
de manganèse en chauffant, dans un four à porcelaine, un mélange des
deux oxvdes additionné d'anhydride borique.
» Après plusieurs heures de chauffe, il obtint une matière « brun-noir,
» huileuse, présentant dans les cavités de larges lames brunes triangulaires
» paraissant appartenir au .sy.stème régulier (') ».
» L'analyse de ce produit ne fut pas faite, et c'est sur la seule considé-
ration des proportions d'oxydes mis en présence qu'Ebelmen lui attribua
la formule ( Al- O'.MnO).
» L'emploi du four électrique de M. Moissan nous a permis de repro-
duire facilement cette combinaison et d'en faire une étude détaillée.
» Nous avons chauffé, pendant 3 minutes, avec un arc de 1000 ampères sous
60 volts, un mélange intime de 100 parties d'alumine et 23o parties d'oxyde salin de
manganèse.
» On obtient ainsi une masse boursouflée, d'un brun noir, à reflet métallique. La
cassure, très irrégulière, est d'un beau vert clair et montre de nombreuses géodes
brunes tapissées de cristaux brillants à pointements octaédriques.
» Pour purifier ce produit, on le concasse, puis on le traite par l'acide chlorhy-
(') Ebelmen, Ann. de Phys. et de Chim., 3' série, t. XXII, 18/47, P- ^aS.
964 ACADÉMIE DES SCIENCES.
drique à chaud ; il se dégage des gaz carbures et du chlore en même temps que l'acide
prend une teinte brune. En prolongeant les traitements à l'acide chlorhydrique bouil-
lant, la teinte primitive du composé s'atténue progressivement faisant place à une
teinte définitive yflM/ie c/ff/r. La poudre cristalline ainsi obtenue retient encore des
parcelles de graphite que l'on sépare facilement, grâce à la différence de densité des
deux corps, en projetant la poudre dans l'iodure de méthylène.
» Analyse. — Pour en déterminer la composition, le produit finement pulvérisé
est attaqué, dans un creuset de platine, par un mélange de carbonate de potassium et
de carbonate de sodium en fusion; l'attaque est lente et donne lieu à la formation
d'aluminate et de manganate alcalins.
» En reprenant par l'eau et faisant bouillir quelques instants en présence d'une
petite quantité d'alcool, tout le manganèse se trouve précipité. Après lavages, l'oxjde
dissous dans H Cl est précipité à l'état de carbonate et pesé en oxyde salin.
)) Enfin, l'aluminate alcalin est décomposé par le chlorhvdrate d ammoniaque, l'alu-
mine précipitée, lavée et pesée.
» L'analyse ainsi conduite a donné les chiffres suivants :
Al'O' ,
MnO.
Théorie
I.
II.
m.
pour APO'Mn.
58, t8
58,02
58,73
58,98
»
40,62
4i ,o3
4l,02
» L'aluminate de manganèse se présente sons la forme de petits cris-
taux jaune clair et transparents, ayant l'aspect d'octaèdres, modifiés sur
les arêtes et sur les angles ; sa densité est de 4, 1 2 (20°), il est plus dur que
le quartz, sa poudre est d'un jaune très clair.
» Parfaitement stable dans les conditions normales de température, cet
aluminate s'oxyde avec facdité lorsqu'on le chauffe au contact de l'air;
c'est ainsi qu'au rouge il se colore progressivement en brun foncé, s'éclair-
cissant légèrement par refroidissement, reprenant ainsi l'ajjparence du
produit primitif non encore traité par l'acide chlorhydrique; dans l'oxy-
gène cette oxydation, qui n'est que superficielle, est plus rajjide et se
produit bien au-dessous du rouge. Le soufre n'agit pas sur ce composé à
la température de fusion du verre.
» Le fluor l'attaque^ avec incandescence au rouge, mais le brome et
l'iode sont sans action marquée à la température de fusion du verre.
)) Insoluble dans l'acide chlorhydrique, l'aluminate de manganèse se
laisse attaquer par les acides nitrique et fluorhydrique et plus facilement
par l'acide sulfurique. Enfin, les oxydants : chlorate, nitrates alcalins en
fusion et surtout les oxydes et carbonates alcalins, le désagrègent sans
difficulté. »
SÉANCE DU l"'' DÉCEMBRE 1902. gGS
CHIMIE ANALYTIQUE . — Sur k domge du manganèse. Note de AI . H. Baubigxy,
présentée par M. Troost.
« Hugh Marshall avait indiqué notamment la transformation des sels de
protoxyde de manganèse en peroxyde insoluble, par l'action de ces com-
posés. Ayant eu à opérer dans ces dernières années quelques dosages de
ce métal, j'avais reconnu que la réaclion pouvait être totale, mais je ne
signalai pas le fait, croyant que Hugh Marshall l'avait entendu ainsi en re-
latant ce phénomène d'oxydation. Ce n'est que lors de sa dernière publi-
cation ('), en 1901, que je connus ma mé])rise. En toute équité, la prio-
rité reste cependant acquise à ce savant et les inilications données sur ce
même sujet (^) peu de temps après par G. v. Rnorre n'en demeurent
aussi que la confirmation.
» Seulement, à l'époque de ces publications, j'avais déjà constaté que
l'oxydation des sels de manganèse par les persulfates pouvait se produire
en un milieu même très fortement acide, et je poursuivisquand même mon
étude en comparant ce procédé à ceux déjà connus.
» Mes recherches ne sont pas encore terminées, et, si je donne aujour-
d'hui quelques-uns de mes résultats, c'est par suite de la publication toute
récente d'un premier travail de Dittrich et Hassel (^) qui se rapproche du
mien. Je le fais d'autant plus librement que leurs observations et les
miennes ne marchent pas absolument d'accord.
» On sait que le peroxyde de manganèse se comporte comme un acide
faible (*) et que si, dans la solution où il se forme, il existe des sels
d'autres métaux, on retrouve dans le précipité de manganèse une partie
de ces métaux, en quantité plus ou moins importante, suivant la nature et
les proportions de ces métaux et les conditions de l'expérience.
» C'est là, au point de vue des déterminations gravimélriques, le grave
défaut de ce mode de séparation du manganèse. Les procédés de précipi-
tation en liqueur acide tirent tlonc leur importance de ce qu'on peut
(') Cheni. News, l. LXXXIII, p. 76.
(') Cent!-, bl., t. II, 1902, p. 1278.
(') Ber. deuls. ch. Ges., t. XXXV, p. 3266.
(*) GoRGEU, Sur l'acide manganctix {Rép. Clnni. pure. 1862, p. 4'5).
966 ACADÉMIE DES SCIENCES.
espérer éviter cet écueil et, quand on ne veut que la teneur en manganèse
d'un alliage, s'affranchir de la marche usuelle.
» Pourtant, même en milieu acide, jusqu'à ce jour l'opération n'a pas
encore été couronnée d'un plein succès.
» Vohlard a, en effet, montré (') en 1879 que, dans la réaction décou-
verte par Guyard,
2MnO*R + 3MnSO-=.^iMnO--t- SO^R- -f- aSO'H",
le peroxyde qu'on obtient contient toujours du protoxyde à l'état de com-
posé salin, bien que la quantité d'acide libre (sulfurique, dans l'exemple
choisi) augmente progressivement au fur et à mesure que la réaction s'ac-
centue, et montre qu'il en est encore de même pour tout autre métal en
présence.
» Il n'est pas jusqu'au procédé d'Hannay, où le solvant est de l'acide ni-
trique concentré pur {d= i,4). qui ne donne des mécomptes à ce point de
vue. Très souvent, l'oxyde MnO- qu'il fournit renferme des quantités
appréciables d'autres métaux, notamment du peroxyde de fer, s'il s'agit
d'analyses d'acier ou de fer manganésifère, et d'autant plus que la teneur
de la liqueur en ces métaux étrangers est elle-même plus élevée.
» Il n'était donc pas vraisemblable que le procédé au persulfate, même
en solution acide, fût lui-même plus indemne que les autres. C'est ce que
je me propose de montrer en commençant avec les sels alcalins, dont, au-
jourd'hui encore, la séparation avec le bioxyde de manganèse est consi-
dérée comme presque impossible.
» Je le ferai pour prouver que cet entraînement des alcalis a lieu même
en liqueur acide et aussi pour donner, dès le début, un procédé simple
permettant de purger le peroxvde de manganèse de toute trace d'alcali
fixe ; j'en profiterai pour établir que, même en opérant avec un excès d'acide
libre, sulfurique ou nitrique, ce ne sont pas les sels alcalins, comme le
disent Dittrich et Hassel, mais seulement les alcalis qui sont retenus par le
bioxyde de manganèse.
» Avant toute relation d'expériences appuyant ma critique, je dois en quelques mots
indiquer mon mode opéraloire. Le sel de manganèse dissous, on acidulé, puis on
ajoute la solution de persulfate (-) préalablement filtrée des quelques impuretés inso-
(1) Ann. der Chem. u. Ph., t. CXCVllI, p. 3i8.
(') Celui d'ammonium de préférence à celui de potassium, à cause de sa plus grande
solubilité et de son action plus rapide.
SÉANCE DU l" DÉCEMBRE 1902. 9^7
lubies qui y sont contenues. Quant à la quantité, elle varie, comme nous le verrons,
suivant les conditions. On porte alors à 100" au bain-marie. Le persulfate se décom-
pose et se transforme en bisulfate; la liqueur a donc toujours une réaction acide après
l'oxydation. On cesse de chauffer quand le dégagement d'oxygène (ozonisé) se ralen-
tit, et Ton refroidit en plongeant, si l'on veut, le vase dans l'eau froide. S'il y a trace
de permanganate formé, on ajoute « froid (j'en donnerai plus tard les raisons) 4 à
5 gouttes d'alcool, on agite et l'on abandonne jusqu'à décoloration. On filtre, on lave,
on sèche et l'on calcine, puis on pèse l'oxyde salin IMn'O'*.
» L'oxydation s'effectue dans une fiole conique de Bohème, de capacité double du
volume liquide et fermée par un simple verre de montre pour parer à toute projection.
La chauffe peut ainsi se faire assez rapidement par immersion dans le bain-marie,
condition qui me parait plus simple que l'emploi d'une grande capsule de platine,
selon la pratique de Diltrich et Hassel. En 20 à aS minutes l'oxydation est terminée,
sans qu'il y ait avantage à chauffer 2 heures pour décomposer complètement le reste
du persulfate, comme le recommandent ces auteurs.
» J'ai pu, en opérant ainsi, ajouter préalablement jusqu'à 2'"" d'acide
sulfurique concentré SO*H- {cl— 1,8) par 100""' de liqueur de manganèse,
sans que la précipitation de ce métal cesse d'être totale, du moins à o™^^ i
ou o™K, 2 près, car on en retrouve toujours des traces de cet ordre de gran-
deur dans les eaux mères, même dans le cas de liquides peu acides. Il y a
donc un écart sensible avec les proportions indiquées par Dittrich et Hassel,
qui n'emploient que 5"°' d'une solution d'acide sulfurique au -^ par xdo""'
à 200'''"', soit 6 à 8 fois moins. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Aciion dit chlore cl. du brome sur les vératrols mono-
nilrés. Note de M. H. Cousix, présentée par M. Moissan.
« Dans une Note insérée aux Comptes rendus {*) j'ai décrit un véralrol
mononitré trichloré et un vératrol mononitré tribromé obtenus dans
l'action de l'acide nitrique fumant sur les vératrols tribalogénés corres-
pondants; dans le but de déterminer la formule de constitution de ces
corps, j'ai étudié l'action du brome et du chlore sur les vératrols mono-
nitrés. Ceux-ci sont au nombre de deux : le vératrol mononitré a. ayant
pour formule C«H^ - OCH' — OCH' - AzO^ et le dérivé p
12 3
C H^ - OCH= - OCH' — AzO' ;
1 2 4
j'ai fait réagir le brome et le chlore sur chacun de ces corps.
(') Comptes rendus, t. CXXXIV, 1902, p. 290.
968 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Action du brome sur le vératrol mononitré a. — Dans un travail antérieur (')
j'ai obtenu, dans l'action du brome sur le vératrol nitré a, un dérivé mononitré
dibromé de formule
C/H — OCH'— OCtP— AzO'— Br — Br;
12 3
dans le but d'arriver à un dérivé trisubstitué j'ai traité ce corps par le brome en pré-
sence d'acide sulfurique.
» los de vératrol mononitré dibromé sont mis en contact avec 20""' d'acide sulfu-
rique pur; au bout de 24 heures j'ajoute 5""' de brome et je chauffe 10 heures au
bain-marie, puis le produit de la réaction est versé dans une solution étendue de
bisulfite de soude : il se dépose une masse cristalline qui, après dessiccation, est traitée,
par l'alcool absolu ; le vératrol mononitré dibromé, peu soluble, reste comme résidu, et
l'alcool évaporé laisse un corps qui est purifié par cristallisation dans l'alcool à 90°.
J'obtiens finalement des aigriilles blanches à jieine colorées en jaune, formées de
prismes allongés et aplatis, insolubles dans l'eau, solubles dans l'alcool, l'éther, le
chloroforme. Leur point de fusion est ii6"-i 17°. H résulte des analyses que ce corps
est un vératrol mononitré Iribromé de formule
C« — OCH' — OCH^ — AzO'' — Br — Br — Br.
1 2 3 ; 5 6
)i J'ai comparé ce corps au vératrol iribromé mononitré obtenu dans l'action de
l'acide nitrique fumant sur le vératrol tribromé. L'aspect microscopique, les propriétés
sont exactement les mêmes pour les deux corps, les points de fusion sont identiques;
il en résulte qu'on arrive au même dérivé soit dans l'action du brome sur le vératrol
nitré a, soit dans l'action de l'acide nitrique fumant sur le vératrol tribromé.
» Cette réaction fixe la formule de constitution du vératrol tribromé qui est
OH-OCH' — OGH^- Br — Br — Br.
1 2 I> â 6
» Le gaïacol tribromé qui, traité par l'iodure de méthyle et la potasse, donne le véra-
trol tribromé, possède une des deux formules suivantes :
C^H — OH — OCtP-Br- Br-Br ou G«H - OCH^- OH - Br — Br - Br.
12 456 1 2466
» Action du brome sur le vératrol nitré-l\. — J'ai décrit antérieurement (^) un
dérivé monobromé mononitré obtenu dans l'action du brome à froid sur le vératrol
nitré p. L'action de l'halogène à chaud, soit seul, soit en présence d'acide sulfurique,
m'a donné un mélange de vératrol mononitré monobromé et de vératrol télrabromé :
somme toute peu de résultats intéressants.
» Action du chlore sur le vératrol nitré a. — Le chlore ne réagit pas sur ce
vératrol nitré en solution acétique même à la température de 60°; il n'en est pas de
même en présence d'acide sulfurique. 2§ de vératrol nitré-3 sont mis en contact
(') Annales de Chimie et de Physique, 7' série, t. XIH, p. 5o5.
(') Ibid., 7» série, t. XHI, p. So/l.
SÉANCE DU l"' DÉCEMBRE 1902. 969
avec lo""' d'acide sulfurique et 20'''"' d'acide acétique pur, puis la solution est traitée
par un excès de chlore; le produit de la réaction versé dans du bisulfite de soude
étendu donne une masse cristalline qui est purifiée par cristallisation dans l'alcool.
» Le produit obtenu est un mélange de deux corps qu'il est facile de séparer
au moyen de l'éther de pétrole. Le premier, insoluble dans ce dissolvant et purifié par
cristallisation dans l'alcool, est formé de prismes ou de lames aplaties de couleur
blanc jaunâtre, insolubles dans l'eau, solubles dans l'alcool, l'éther, la benzine, inso-
lubles dans l'éther de pétrole; le point de fusion est i io"-i 1 1°. Les analyses montrent
que ce corps est un vératrol mononitré dichloré ayant par conséquent pour formule
CH — OCH'-OCH=-AzO^-Cl-Cl.
1 2 3
» Le deuxième corps, soluble dans l'éther de pétrole, est en aiguilles blanches,
fusibles à 88°. Il est exempt d'azote et n'est autre chose que du vératrol tétrachloré.
» Action du clilore sur le vératrol nitré-!\. — 20s de vératrol nitré sont triturés
avec 20'^'"' d'acide sulfurique; le mélange coloré en rouge est dissous dans 40"""' d'acide
acétique, et cette dissolution est traitée par un courant de chlore en excès jusqu'à
décoloration ; le produit de la réaction, versé dans du bisulfite de soude étendu, donne
un corps huileux qui se solidifie peu à peu; pour purifier le produit, on le met en
dissolution dans l'alcool à 90°, et cette dissolution, évaporée lentement sur l'acide
sulfurique, laisse une masse cristalline jaune pâle, formée de longues aiguilles
aplaties. Ce corps est insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool, l'éther, d'où il
cristallise difficilement; il en est de même pour le chloroforme, la benzine, etc. Son
point de fusion est [^Q°-t^']°. Les analyses montrent que ce corps est un vératrol mono-
nitré dichloré de formuleC'H — OCH'— OCH' — AzO^-Cl — Cl.
1 2 i>
« L'action du chlore sur les vératrols nitrés ne m'a pas donné de vératrol mononitré
trichloré que j'aurais pu comparer au corps obtenu dans l'action de l'acide nitrique
fumant sur le vératrol trichloré. Etant donné, toutefois, que les vératrols trichloré et
tribromé sont obtenus dans des conditions identiques (méthylation des gaïacols trisub-
stitués préparés par l'action directe des halogènes sur le gaïacol); étant donné,
d'autre part, que les produits chlorés et bromes, obtenus dans deS conditions ana-
logues, possèdent des formules de constitution identiques, il est extrêmement probable
que la formule de constitution du vératrol trichloré est analogue à celle du dérivé
brome, c'est-à-dire C«H — OCH'— OCH'— Cl — Cl — Cl.
1 2 V 5 6
» J'ai décrit une pyrocatéchine trichlorée (') qui, traitée par l'iodure de méthyleet
la potasse, donne le vératrol trichloré. La formule de ce corps est très vraisemblable-
ment C«H — 011 - OH - Cl — Cl — Cl.
1 2 1 s 6
» En résumé, dans ce travail, j'ai déterminé la formule de constitution
d'un certain nombre de dérivés trisubstifués de la pyrocatéchine ou de ses
éthers méthyliques, et j'ai décrit deux corj)s nouveaux : un vératrol
dichloré nitré-3 et un vératrol dichloré nitré-4. "
(') Annales de Chimie et de Physique, 7^ série, t. XIII, p. 483.
C. K., 1903, 2» Semestre. (T. CXXXV, N° 32 ) 127
97°
ACADEMIE DES SCIENCES.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l' hydrogénation de Vacétol.
Noie de M. Amdré Kling, présentée par M. Troost.
« L'acétol, encore appelé alcool pyruvique, découvert par M. Louis
Henry, n'a été longtemps connu qu'à l'état de solution aqueuse. Les solu-
tions d'acétol étaient obtenues par hydratation de l'alcool propargylique,
ou par la saponification des chloracétone, bromacétone, ou acétate
d'acétol.
» Perkin junior, le premier, parvint à l'isoler en nature ; il en donna les
constantes physiques ainsi que quelques propriétés.
» Ultérieurement, M. Louis Henry obtint de nouveau cet alcool en dé-
composant le formiate d'acétol par l'alcool méthylique, alcool fort, qui
déplace l'acétol, ûcooX faible .
» Enfin je l'ai préparé par l'oxydation du propyiglycol (i, 2), à l'aide
des ferments oxydants ou des hypobromites.
» Comme dérivés de l'acétol, on n'a guère décrit que quelques éthers
sels ou oxydes, l'hydrazone, l'osazone, l'oxime, enfin les produits d'oxyda-
tion et de réduction.
» L'oxydation de l'acétol, effectuée à l'aide d'oxydants énergiques, tels
que le mélange chromique, donne les acides carbonique et acétique.
L'oxyde de cuivre, en solution alcaline, conduit à l'acide lactique. Celte
dernière réaction est inexplicable si l'on attribue à l'acétol la formule
CH'COCH^'OH,
ainsi que l'ont fait jusqu'ici tous les auteurs qui se sont occupés de ce com-
posé. La formation d'acide lactique CH'C COOH, en effet, implique
\0H
H
I
dans la molécule d'acétol la préexistence d'un groupement R — C — R' ou
OH
d'un radical susceptible de lui donner naissance et dont on ne voit nulle
part la représentation dans la formule adoptée jusqu'ici pour l'alcool
pyruvique.
» J'ai donc recherché si, tout au moins dans certaines conditions,
l'acétol, qui peut être considéré comme l'un des sucres les plus simples, ne
pouvait [)as exister sous diverses formes tautomériques.
SÉANCE DU l" DÉCEMBRE I902. 97 1
» Je ne m'occuperai ici que de la réduction de l'acétol, me réservant de
compléter ultérieurement l'étude de cet alcool, de ses homologues et de
leurs isomères.
» Perkin junior, en réduisant l'acétate en solution aqueuse (10 pour 100)
par l'amalgame de sodium (2,f) pour 100), montra que, dans cette
hydrogénation, il se fait du propylglycol, CH'CHOH — CH=OH, et pro-
posa, pour rendre compte de cette réaction, la formule
(2) CH'CO — CH=0H4-H= = CH^CH0H — CH-OH.
)) Dans l'itléedecet auteur, le propylglycol devait être le seul produit de
la réaction. Or, si l'acétol existe sous plusieurs formes tautomériques, il
en résulte que la réaction ne doit plus se faire suivant l'équation (2), mais
suivant une autre plus compliquée, dans laquelle interviennent d'autres
termes que le propylglycol.
» J'ai recherché si des produits volatils n'avaient pas échappé à Perkin.
)) J'ai suivi, pour la réduction, les indications données par cet auteur,
mais l'hydrogénation a été effectuée dans une fiole munie d'un réfrigérant
ascendant. Lorsque le liquide à réduire cesse d'agir sur la liqueur de
Fehling, on neutralise, s'il y a lieu, le liquide réduit par HCl, puis on le
distille à la colonne en recueillant à part les diverses fractions.
» J'ai opéré la réduction :
)) 1° k froid, en milieux alcalins, neutres ou acides; 2° à chaud, en
milieu alcalin.
» 1° Hydrogénation par HgNa (à 2,5 pour 100) en milieu alcalin froid. — Opé-
rant comme il a été dit, j'ai obtenu à la distillation :
» a. Produits de tête (environ -pj du produit total);
» b. Produits de cœur (environ yô du produit total);
» c. Produits résiduels (environ ■;% du produit total).
)) La portion b ne contient à peu près que de l'eau. La portion résiduelle c, traitée
par l'alcool et l'éther, abandonne à ces solvants du propylglycol qu'on a isolé par
distillation.
» Quant aux produits de tête «, si on les sursature par CO'K^, ils laissent monter
à leur surface un liquide à odeur alcoolique, représentant environ î à \ du poids de
l'acétol mis en œuvre. Ce liquide, desséché et distillé, bout à 81°; il a été identifié
avec Valcool isopropylique CH'CHOH — CH^ par un dosage de C, de II et par la
réaction de Meyer.
» a" Hydrogénation par HgNa en solution HCl à froid. — Elle est jilus difficile
qu'en milieu alcalin; elle fournit du propylglycol et de V acétone CtP — COCH'.
» 3° Hydrogénation par l'amalgame d'aluminium, en solution neutre, à froid.
972
ACADEMIE DES SCIENCES.
— La réduction terminée, on sépare Al-(OH)* et l'on termine l'opération comme
ci-dessus. Les produits de réduction ont été \e propy/glycol et l'acétone.
» 4° Hydrogénation par Na Jlg en solution alcaline. — A l'ébullition, cette réduc-
tion, opérée dans les conditions de milieu où se trouvaient, ^ourVoxydation, Breuer et
Zincke lorsqu'ils transformèrent l'acétol en acide lactique, devait montrer si l'acétol
subissait une taulomérisation et fournissait d'autres produits de réduction. Il n'en est
rien ; ici encore on a obtenu : propylglycol et alcool isopropylique.
» Tous ces résultais, fournis par l'acétol obtenu par le procédé Henry,
ont été contrôlés par ceux auxquels conduit l'emploi de l'acétol de saponi-
fication.
» Conclusions. — L'acétol libre, en solutions alcaline, neutre ou acide,
froides ou chaudes, existe, au moins parliellement, sous un état qui n'a pas
la constitution représentée par la formule CH'CO CH^ OH, mais plutôt
celle qui en ferait un alcool secondaire éther oxyde interne :
CH'C(OH) CH%
L'hydrogénation de cet alcool éther oxyde ^e ferait alors de la façon
suivante:
CH'C(OH ) - CH'OH propylglycol.
CH'C(OH)- CH-
yf
\
cwc
^H
(OH)
^OH
-GH=
hydrate d'acétone :
» L'hydrate d'acétone conduisant à l'acétone ou à son produit d'hydro-
génation, l'alcool isopropylique. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Aclion des umines grusscs sur le dibenzoate
de méthylène. Note de M. 3Iarcel Desccdé, présentée par M. A. Haller.
« J'ai montré (') que l'ammoniaque réagit sur le dibenzoate de méthy-
lène en donnant de la benz:imide
CH*
C«H=-COo)^"'"^-'^^"'=-^°"'"^^'^'^'"^^"'(^
H
OH
(') Comptes rendus, 26 octobre 1902.
SÉANCE DU l" DÉCEMBRE 1902. 978
» Cette réaction principale est accompagnée de deux réactions secon-
daires du fait de la mise en liberté à' eau et à' aldéhyde formique . Il en ré-
sulte du benzoate d'ammonium et de l'hexamétliylène-tétramine; de sorte
qii'j/ n'y a pas d' aldéhyde formique à l'état libre.
» En substituant à l'ammoniac les aminés grasses, la réaction s'effectue
dans le même sens; les aminés secondaires réagissent beaucoup moins
facilement que les aminés primaires; quant aux aminés tertiaires, elles ne
réagissent plus du tout, ce qui était à prévoir puisqu'elles ne renferment
plus d'hydrogène ammoniacal.
» Les réactions qui se produisent sont les suivantes :
)) Aminés primaires :
» Aminés secondaires :
C« H^ — CO — 0\ „ m2_ A r H ^ — o /^re 1 is_ r.n._\,/^\ _ r.H^/ ^
O
OH
CH-24-2 (R2- AzH) = 2 (^G'il^- CO -Az/^^ ^ CHî
H
OH
» Il se forme en même temps du benzoate de l'aminé employée. Quant
à l'aldéhyde formique, on la retrouve à l'état de liberté.
» On obtient ainsi les dérivés mono et dialkylés de la benzamide. Ceux de
ces corps qui correspondent aux méthylamines et aux élhylamines ont
déjà été préparés, soit par M. Hallmann('), soit par M. Van Romburgh(-),
et il m'a été facile de les identifier avec les produits résultant des réac-
tions précédentes. J'ai ensuite étendu la réaction à d'autres aminés
grasses, pour en montrer la généralité. Je me suis borné, d'ailleurs, au
cas des aminés primaires, qui conduisent à des composés très bien cristal-
lisés, tandis que les dialkylbenzamides sont des liquides à points d'ébuUi-
tion élevés et dont la séparation à l'état de pureté est difficile.
» Propylamine. — On opère en présence d'alcool et l'on met un excès d'aminé :
jmol (ig dibenzoate pour 3"°' d'aminé. A froid et en agitant fréquemment, le diben-
zoate finit par disparaître au bout de 3 ou 4 heures. A chaud, la réaction s'effectue en
quelques minutes, et l'on reconnaît qu'elle est complète à ce que, par refroidissement,
il ne se dépose pas de cristaux. On a alors une solution incolore, limpide, dont une
goutte réduit énergiquement l'azotate d'argent ammoniacal, à chaud. Elle ren-
ferme de l'aldéhyde formique en même temps qu'un excès d'aminé. Cette solution
(') BcriclUe, t. IX, p. 846.
(2) Recueil des Travaux chimiques des Pays-Bas, t. IV, p. 38; et 390.
974 ACADÉMIE DES SCIENCES.
est évaporée à siccité, dans le vide, et le résidu solide est repris par l'eau froide qui
dissout le benzoate de propylamine et laisse la/) royD//èe«3(7»)iWe. Celle-ci est dissoute
dans l'éther anhydre, qui l'abandonne, par évaporation très lente, sous forme de ma-
gnifiques octaèdres quadratiques. La propylbenzamide fond à 83°. Elle est très soluble
dans l'alcool; assez soluble dans les divers dissolvants organiques; presque pas dans la
ligroïne et dans l'eau.
» Isobutylhensamine. — On opère exactement comme dans le cas précédent, et
l'on observe les mêmes particularités. Lorsque la réaction est terminée, on évapore à
une douce chaleur jusqu'à ce que la presque totalité de l'alcool ait été chassée. On
reprend alors par un excès d'eau froide et il se sépare un liquide lourd qu'on décante.
On le place dans le vide sur l'acide sulfurique et, après quelques jours, il se développe
des cristaux très durs constitués par de Yisohutylbenzamide. Ces cristaux sont puri-
fiés par cristallisation dans la ligroïne, qui en dissout beaucoup à chaud et très peu à
froid. L'isobutylbenzaraide se présente sous forme d'aiguilles brillantes fondant à 54".
Il est extrêmement soluble dans l'alcool et l'éther, presque insoluble dans l'eau.
» Benzylamine. — Même mode opératoire; la réaction terminée, on verse la solu-
tion dans l'eau froide. Il se sépare de la hetizylbenzainide qu'on fait cristalliser soit
dans la ligroïne, soit dans l'éther ou dans l'eau. Ces corps la dissolvent un peu à chaud
et presque pas à froid. La benzylbenzamide est en fines aiguilles ou en paillettes, fon-
dant à io4°-io5''. Elle est très soluble dans l'alcool, l'acide acétique, etc.
» Les benzoates cV aminés qui se forment en même temps que les alkyl-
benzamides ne semblent pas avoir été décrits et sont, pour la plupart, des
corps bien cristallisés. Je les ai reproduits directement, et plusieurs d'entre
eux peuvent s'obtenir aisément sous forme de gros prismes limpides appar-
tenant au système monoclinique. Tels sont, en particulier, le benzoate
neutre de dipropyiamine [CH' — COOAzH=(C'H')-] et le benzoate acide
de dibenzylamirie,
C''H^-COOAzH2(CH=-C''H*)= + C°H^-COOH.
» Ces composés, qui présentent certaines particularités intéressantes,
seront décrits ultérieurement. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Action des clhers halogènes sur le thiosulfocarhamate
d'ammonium. Note de M. Marcel Delépine.
» J'ai étudié antérieurement l'action des éthers halogènes sur les com-
binaisons sulfocarboniques des aminés secondaires et primaires ('). J'ar-
(') Comptes rendus, t. CXXXII, p. \!\\Ç>\ t. CXXXIV, p. io8, 714 et 1121.
SÉANCE DU l" DÉCEMBRE 1902. g-j^
rive enfin à l'action de ces mêmes éthers sur la combinaison sulfocarbo-
nique de l'ammoniaque ou thiosulfocarbamate d'ammonium
AzII-.CS.SAzH^
» Une seule molécule de ces éthers conduit aux éthers thiosulfocarba-
miques ou dithio-uréthancs non substitués à l'azote; une deuxième, aux
sels des éthers imidodithiocarboniques également non substitués. Les
réactions sont de tout point parallèles à celles décrites pour les aminés
primaires :
I. AzH=.CS.SAzH" + RX = AzH=.CS.SR+AzH\X; "
II. AzH=.CS.SR +R'X = AzH:C(SR)(SR'),HX.
» Jusqu'ici on n'avait préparé que deux des premières combinaisons en
fixant l'hydrogène sulfuré sur les éthers sulfocyaniques, suivant une réac-
tion effectuée, en i863, par Jeanjean, de Montpellier :
H=S + Az = CS.R=: AzH-.CS.SR.
» Le même auteur avait signalé l'existence ue la deuxième réaction,
mais sans établir la formule des produits, n'ayant émis que l'opinion qu'ils
étaient sans doute de la nature des sulfines (').
» 1° J'ai préparé par mon procédé ]es dilhio-uréllianes :
AzFP.CS.SGH^ fus. à 4o°-42'> AzH=CS.SCH(CH3)^ fus. ù 970
» OH' » 42° » CH^C=H5 „ go»
CH^C-H=. » 58» » CH^C«H»(AzO--')(^,. ,, 135°
» Ce sont des substances bien cristallisées, insolubles dans l'eau, mais très solubles
dans l'élher, l'alcool, le benzène, le chloroforme, moins dans l'élher de pétrole. Elles
ne distillent pas, mais se décomposent en donnant un peu d'hydrogène sulfuré et
d'éther sulfocyanique, davantage de sulfure de carbone et surtout de mercaptan.
» Comme l'a indiqué Jeanjean, les alcalis les dédoublent en mercaptan et sulfocya-
nale; il en est de même des aminés.
» Les anhydrides et les chlorures d'acides les transforment en dérivés acidylés iden-
tiques à ceux que l'on obtient en fixant les acides thioliques sur les éthers sulfocya-
niques d'après une réaction découverte par Chanlaroff ('). Exemple :
AzH=.CS.SCH3-t-(CH5CO)20 = CH='CO.AzH.CS.SCH^-HCH3CO"-H;
Az = CSCH'-i-CH3CO.SH = CH3CO.AzH.CS.SCH^
(') Acad. de Montpellier, t. XII, p. 26.
(-) D. chern. G., t. XV, p. 1987.
976 ACADÉMIE DES SCIENCES.
aH'O.Az:G(SH)(SCH').
» Ces dérivés acidjlés ne s'unissent pas à l'iodure de métbyle.
» 2° Les sels des étliers imidodilliiocarboniques s'obtiennent facilement en opposant
un éther halogène à la dilhio-urélbane dissoute dans un liquide indifTérent. J'ai préparé
lesiodhydratesdeAzH:C(SCH')'-; AzH:C (S C^H-^)^ Az H:C (S CH^) (S CH^C-H^).
Ce sont des sels incolores, jaunissant à l'air, fondant mal, présentant vis-à-vis du tour-
nesol et delà pbtaiéine une acidité égale à celle de tout l'hydracide qu'ils contiennent.
» Les alcalis fixes et l'ammoniaque séparent de ces sels des bases liquides, incolores,
d'une odeur indéfinissable, désagréable, tenant du mercaptan, de l'acide cyanhydrique
et du cbloroforme; ces bases sont insolubles dans l'eau, solubles dansl'éther, l'alcool, le
cliloroforme. Elles sont instables et sous ce rapport dilTérent beaucoup des élhers
imidodithiocarboniques substitués à l'azote.
» Chauffées, elles se scindent en mercaptan et éther sulfocyanique,
AzH:C(SR)(SR') = Az = C(SR)-i-HS.R'.
» Avec le premier terme, l'éther sulfocyanique se trimérise en éther sulfocyanurique;
avec le dérivé mélhylbenzylique, on constate que c'est le sulfocyanate de benzyle qui
se forme et non celui de méthyle.
» Si, lors de la séparation de la base par un alcali fixe, on laisse le contact se pro-
longer avec un excès d'alcali, le sulfocyanure subit la décomposition bien connue en
bisulfure, cyanure, cyanate et mercaptan, de sorte que les dérivés diméthyl- et diélhy-
lique fournissent des liquides exempts d'azote, bouillant à 1 10° et à i54°. Cette réaction
explique pourquoi l'on observe une coloration rouge intense si l'on ajoute un alcali aux
picrates de ces éthers; il y a, en effet, coexistence d'un cyanure et d'acide picrique.
» Les solutions aqueuses des sels, chauffées à 100° et même moins, se troublent rapi-
dement; il y a une décomposition d'une remarquable netteté en iodure d'ammonium
et éther dithiocarbonique ; exemple :
AzH : C(SC^H5)% HI + H^0 = Az H'I -+- CO (SC^H')^
» (Cette réaction, entre parenthèses, se produit avec la même netteté avec les
sels des éthers alkylimidodithiocarboniques ; toutefois, un peu plus lentement.)
» L'anhydride acétique attaque aussi ces sels ; il en chasse l'iodure alcoolique
de poids moléculaire le plus élevé et laisse une acidyldithio-uréthane :
Az H : C (SR) (SR'), HI + (CHMJO)'O = CH'CO. AzH.CS.SR 4- R'I + CH'CO^H.
» Cela explique pourquoi les iodures alcooliques ne réagissent pas sur les acidyl-
dithio-uréthanes ; c'est la réaction inverse qui a lieu.
» Enfin, la nature base secondaire des éthers imidodithiocarboniques dérivés de
l'ammoniaque se révèle facilement en faisant réagir l'azolite de sodium sur une solu-
tion chlorhydrique de ces élhers ; il se forme un dérivé nitrosé de couleur bleue
intense, soluble dans divers véhicules qu'il colore fortement. Ces dérivés nitrosés sont
malheureusement très instables.
SÉANCE DU l" DÉCEMBRE I902. 977
» Tous les faits ci-dessus concordent avec les formules adoptées et
montrent ainsi la généralisation des réactions qui ont été exposées dans les
Notes antérieures rappelées au début. Les détails expérimentaux seront
publics plus longuement au Bulletin de la Société chimique ( ' ). »
ZOOLOGIE. — Sur la faune ichthyologique des eaux douces de Bornéo.
Note de M. Léon Vaillant, présentée par M. Edmond Perrier.
« Les travaux de MM. Max Weber, Boulenger, Steindachner, ont beau-
coup étendu nos connaissances en ce qui concerne les Poissons dulça-
quicoles de Bornéo, depuis l'époque à laquelle je présentais quelques
considérations sur ce sujet à l'Académie (-). C'est toutefois dans ces derniers
temps que les matériaux d'étude ont été accumulés dans des proportions
considérables à la suite des recherches faites par MM. Buttikofer,
Nieuwenhuis et Moret, membres de la Mission envoyée dans la grande île
par la Société pour l'encouragement à l'exploration scientifique des
Colonies néerlandaises, et spécialement chargés de ce qui concernait les
recherches zoologiques.
» Ces voyageurs ont exploré le cours entier du Rapoeas, puis, passant
la ligne de faîte, l'un deux gagna sur le versant opposé le Bloeoe, affluent
du haut Mahakam, fleuve qu'il descendit dans toute son étendue, tra-
versant ainsi Bornéo de l'ouest à l'est.
» Les collections ichthyologiques rapportées au Musée de Leyde et que
j'ai pu étudier grâce à l'obligeance de M. le professeur Jentink, com-
prennent plus de sept cents individus, représentant environ cent-cinquante
espèces. Vingt et une de celles-ci seraient nouvelles, dont quatre types de
genres spéciaux : Pseudolais tetranema, Sosia chamœleon, Gyrinocheilus
pustulosus, Parhomaloptera obscura; les deux premières aj^partiennent à
la famille des Siluridœ, les deux autres à celles des Cyprinidœ.
» Parmi les résultats zoologiques que nous fournissent ces collections.
(') Pendant que j'achevais ces recherclies, M. Braun a publié un article sur les
dilhio-uréthanes dans les Berichte du 20 octobre 1902. Pour ce qui est des divers
types de ditiiio-urélhanes, je rappellerai que j'ai exposé verbalement leur préparation
et leurs propriétés fondamentales dans une Communication à la Société chimique, le
23 février 1902 (Cf. Bull. Soc. chim., 1902, t. XXVII, p. 228).
(2) Comptes rendus, t. GXVIII, 22 janvier 1894, p. 202.
G. B., 1902, 2- Semestre. (T. CXXXV, N" 22.) '20
978 ACADÉMIE DES SCIENCES.
je crois devoir ciler la découverte d'une seconde espèce du genre critiqne
Aperioptus, très imparfaitement décrit en 1848 par Richardson et dont les
rapports, qnoicpie exactement entrevus par M. Gûnther, étaient restés
douteux, l,' Aperioptus megalomycter nous montre que l'orifice buccal
n'est pas entouré de lambeaux cutanés, comme l'indiquait le dessin, seul
document fjui fût resté de l'espèce typique, mais constitue une véritable
trompe protactile en cône tronqué, qu'on peut comparer à celle de
l'Estur-çeon.
» En ayant égard aux espèces découvertes ou décrites depuis iBgS,
comme habitant les eaux douces du Bornéo, et y joignant ce que nous
apportent ces nouvelles collections, aux trois cent vingt-deux espèces
relevées à celte époque dans le Mémoire paru aux Nouvelles Archives du
Muséum, s'en ajoutent soixante-trois réparties eu dix familles. Deux do
celles-ci seulement méritent d'être citées comme importantes : ce sont, on
pouvait s'y attendre, celle des Siluridœ avec vingt et une, celle des Cyprinidœ
avec trente-deux espèces.
» L'intérêt de ces nouvelles acquisitions est surtout de nous faire
connaître la faune dulçaquicole de points sur lesquels les renseignements
étaient très peu complets. Il suffira, pour s'en convaincre, dejeter les yeux
sur le Tableau ci-dessous. Repi'enant la division purement topographique
proposée dans le précédent travail et établie d'après les principaux bassins,
l'île y est partagée en cinq régions; pour chacune, le nombre des espèces
qui nous était connu en 1898 et celui qui nous est connu aujourd'hui sont
les suivants :
Réeions
1893.
1902.
ouest.
sud-est.
est.
nord, nord-ouest.
280
179
2
7 29
263
179
33
18 63
» Les conclusions données précédemment se trouvent d'ailleurs plei-
nement confirmées. La faune dulçaquicole de Bornéo, en premier lieu,
se montre dans son ensemble essentiellement homogène, les recherches
faites par M. Nieuwenhuis dans le haut Mahakam, jusqu'ici complètement
inexploré, justifient cette proposition, aussi bien que les travaux de
M. Boulenger et de M. Steindachner portant sur les parties nord et nord-
ouest. Cette fauiie dulçaquicole d'un autre côté offre les plus grandes ana-
logies avec la faune indo-chinoise. Ces deux points peuvent être regardés
comme définitivement acquis.
SÉANClî DU l" DÉCEMBUE 1902. 97<>
» I^a richesse des collections rapporlétis par l'Expédition néerlandaise, le
soin avec lequel ont été prises les localités m'ont permis de tenter l'étude
de la répartition des espèces de Poissons suivant la hauteur de leur habitat
dans les cours d'eau. Pour ces recherches potamhypsologiques il est rare
en effet de réunir des éléments de telle valeur dans des fleuves aussi
importants que le Kapoeas et le Mahakam, encore voisins de l'état de
nature, au moins dans leurs parties hautes. Dans celui-là des pêches ont
été faites en des points variés sur toute la hauteur du fleuve; pour le
Mahakam, seidement dans les j)arties hautes et le cours moven, ce qui
présentait d'ailleurs le plus d'intérêt, les recherches anciennes de Bleeker
nous fournissant quelques données sur la faune de son embouchure.
» Toutes réserves faites sur ce que des recherches ultérieures pourront
ajouter à nos connaissances évidemment encore très incomplètes, la répar-
tition des es|)èces indique une grande homogénéité, que trouble seulement
dans le bas fleuve la présence de quelques espèces marines, dans le haut
fleuve la prépondérance relative de certains groupes. La famille des
Cyprinidœ, de beaucoup la plus importante, puisqu'elle ne comprend pas
moins de 4o à 5o pour 100 du nombre total des espèces, donne sur ce
dernier point des indications démonstratives. A l'embouchure du Kapoeas
on en rencontre neuf espèces, dont sept Cyprinina et deux Cobiudina. Ces
deux sections sont représentées dans le cours moyen par vingt-deux espèces
pour la première, six pour la seconde. Dans le haut fleuve les chiffres
respectifs sont trente-deux et quatre, mais là s'ajoutent quatre espèces de
la secûod de^ Homaloplerina. L'organisation de ces derniers Cyprinides,
munis de nageoires paires disposées, d'habitude avec la bouche et les
parties inférieures du corps, de manière à constituer un puissant organe
d'adhérence, qui leur permet de se fixer au soi, parfois d'y ramper à la
manière des Limaces (Gaslromyzon), explique leur présence dans ces
parties souvent torrentielles du cours d'eau. Les observations faites sur
le Mahakam concordent avec les précédentes; pour le haut fleuve les trois
sections se trouvent représentées par six Cyprinina, quatre Homalopterina
et quatre Cobilidina; pour le cours moyen la section intermédiaire fait défaut,
les deux autres comptent celle-là six, celle-ci deux espèces, dans les
collections recueillies.
» L'étude de quelques-uns de ces Poissons confirme d'une manière
frappante et dans des conditions spéciales les rapports reconnus avec la
faune indienne. Parmi les espèces indiquées comme nouvelles dans les
collections du Musée de Leyde, trois entre autres : Glyptosternon Nieu-
gSo ACADÉMIE DES SCIENCES.
wenhuisi, Homaloptera orlhogoniata, Nemachilus obesus, nous offrent des
types remarquablement voisins des Glyptosternnn dorsalis Vinciguerra,
Homaloptera hillneala Blyth, Nemachilus Evezardi Day, de l'Inde et de
Birmanie. Trouvées dans les parties élevées des fleuves, on doit les consi-
dérer comme espèces représentatives d'une faune d'altitude alpine ('). »
ZOOLOGIE. — Sur les Poissons du genre Chondrostome dans les eaux douces
de la France. Note de M. Louis Roule, présentée par M. Edmond
Perrier,
« Les Chondrostomes, parmi les Cyprinides de nos pays, sont dignes de
remarque à plusieurs titres. Le caractère principal du genre, qui lui a
valu son nom, lui est donné d'après la nature des lèvres buccales, résis-
tantes et dures au lieu d'êtres molles. On les trouve dans la plupart des
cours d'eau, et les auteurs les signalent souvent, mais ils ne s'entendent
point sur le nombre des espèces qu'ils leur attribuent. Les uns, à l'exemple
de Blancbard (^Les Poissons des eaux douces de France) distinguent en eux
trois et même quatre espèces; d'autres n'en signalent qu'une. Cette
dernière opinion semble prédominer aujourd'hui. Un travail récent
(Belloc, Bulletin de la Société centrale d' Aquiculture et de Pêche, 1898) ne
mentionne qu'une seule espèce, Chondrostoma nasus L. dite Nase ou Hotu.
Pareil avis ne concorde guère, cependant, avec les assertions des pêcheurs
et des anciens auteurs. Les premiers estiment que le Nase est en France
d'importation récente. Venu d'Allemagne, voici un demi-siècle au plus, il
gagne tous les bassins de proche en proche, grâce aux canaux de commu-
nication, et il étend progressivement son aire de distribution géographique
à notre pays entier. D'autre part les seconds, à en juger d'après leurs
descriptions, connaissaient le Chondrostome. Ce Poisson serait donc
indigène, et non pas récemment importé. Du reste, plusieurs des termes
locaux qui servent à le désigner dans le Midi appartiennent à de vieux
patois; à moins d'admettre un changement d'acception, ce fait contribue à
rendre la seconde assertion plus plausible.
» La difficulté de se prononcer d'après les données acquises m'a engagé
à étudier directement la question. Mes observations conduisent à admettre
la coexistence, dans notre pays, de deux types principaux, appartenant à
(') Le travail doit êlie publié dans les Notes from tlie Leyden Muséum.
SÉANCE DU l" DÉCEMBRE 1902. 98 1
ce genre. L'un est indigène, l'autre est importé. Les auteurs se sont basés
souvent, pour distinguer entre les espèces des Chondrostomes, sur des
caractères qui ne sauraient être invoqués désormais, car ils manquent de
précision.
» La forme du corps, et siirlout le nombre des dents pharyngiennes, sont sujets à
trop de variations. Les diiïerences essentielles doivent se déduire, à mon avis, de la
forme de la bouche, et des dimensions de l'espace prébuccal. Dans le type importé, la
bouche est presque rectiligne, ou à peine arquée; si l'on joint les deux commissures
buccales par une ligne droite représentant la corde de l'arc que décrit la bouche, la
flèche de cet arc mesure à peine le septième ou le huitième de la corde; de plus,
l'espace prébuccal compte plus du tiers de l'espace préorbilaire. Dans le type indigène,
la bouche est franchement arquée; la flèche égale plus du tiers et moins de la moitié
de la corde; quant à l'espace prébuccal, plus petit, il mesure le quart en moyenne de
l'espace préorbitaire.
» La forme importée correspond vraiment au Chondrostoma nasus L. des
auteurs allemands. Il a pénétré, en France, par le bassin du Rhin, dans
ceux de la Seine et du Rhône; il commence, depuis plusieurs années, à
entrer dans celui de la Loire; il ne va pas encore plus loin. Tous les indi-
vidus que j'ai eu l'occasion d'étudier, venus de diverses localités, se res-
semblaient et ressemblaient également au type de l'Europe centrale. Tel
n'est point le cas de la forme indigène. Limitée au midi de la France, aux
deux seuls bassins de la Garonne et du Rhône, car elle manque à celui de
l'Adour, elle se différencie en plusieurs variétés, deux au moins, dont
Blanchard {loc. cit.) avait fait des espèces distinctes. Dans la réalité, celte
forme doit être rapportée au Chondrostoma Ge/z« Bonaparte, comme plu-
sieurs naturalistes, Siebold et Gûnther notamment, l'ont déjà reconnu par
l'une de ses variétés, le Ch. rhodanensis de Blanchard.
» L'étude comparative de ces deux espèces m'a permis de faire quelques
observations complémentaires qui intéressent la Biologie générale. L'une
réside dans l'opposition curieuse qui s'établit entre ces deux types au sujet
de leur habitat. Les conditions extérieures étant identiques, le Ch. nasus
progresse sans arrêt, alors que le Ch. Genei demeure dans ses anciennes
limites et ne les franchit point. La première espèce, introduite chez nous
depuis peu de temps, conserve encore son unité, alors que la seconde,
établie depuis une époque plus reculée, s'est subdivisée, suivant les bas-
sins, en variétés que l'on peut considérer comme autant d'espèces
commençantes. Enfin, l'extension progressive du Nasa entraîne des consé-
quences dignes de remarques. Ce Poisson, dès son arrivée dans une rivière.
g82 ACADÉMIE DES SCIENCES.
pullule, souvent de façon telle, en peu d'années, que les autres espèces de
Cyprinidées, ayant les mêmes habitudes que lui, diminuent fortement et
lui laissent prendre la prépondérance. Plus tard, elles regagnent une part
du terrain perdu, le Nase diminuant à son tour; mais elles ne rt-viennent
point à leur ancienne abondance, du moins dans la plupart des cas. En
somme, le nouveau venu s'établit, non pas en supplément, mais au détri-
ment des Poissons indigènes. Comme les qu;ilités de sa chair ne valent
point celle de ces derniers, le rendement des cours d'eau où ce fait se pro-
duit, et ils sont nombreux, subit une dépréciation notable. La chose est à
retenir, car elle n'est point particulière au Nase et se manifeste toutes les
fois qu'une nouvelle espèce, importée naturellement ou acclimatée par
l'homme, s'inslalle dans les eaux douces. L'acclimatation s'accomplit
presque toujours aux dépens des anciennes espèces; aussi faut-il examiner
au préalable, dans chaque cas, si son avantage est supérieur à ses inconvé-
nients. Souvent la réponse sera-t-elle négative. Mieux vaut améliorer les
poissons indigènes et veiller à leur conservation qu'introduire des espèces
exotiques. Les conditions biologiques, propres au milieu des eaux, donnent
à l'acclimatation un caractère spécial, dont le milieu terrestre, plus aisé-
ment surveillé par l'homme, est dépourvu. »
ZOOLOGIE. — Variations morphologiques et. anatomiques présentées par le
gésier chez quelques Coléoptères ('). Note de M. L. Bordas, présentée
par M. Edmond Perrier.
« Le ^e*/er atteint un déveloj)pement considérable chez les Carabides et
les Dyliscldes. La présence de bourrelets triangulaires, de denticules cou-
verts de plaques chitineuses portant de longues soies cornées, indique
qu'il a pour foiiction d'aider à la trituration des substances alimentaires et
aussi de les fdtrer avant leur passage dans l'intestin moyen. Les descrip-
tions relatées dans la présente Note se rapportent à divers Carabes (Cara-
bus purpurescens Fabr., C. auratus]j., C. nemoralisllhg.), au Calosorna syco-
phanta L. et au Procrustes coriaceus \,.
» Le gésier des Carabus auratus et C. nemoralis présente une forme à peu près
cylindrique ou légèrement ovoïde. Il se continue directement en avant avec l'œso-
phage, et se rattache en arrière, par un court pédoncule, à l'intestin moyen.
(') Extrait d'un Iraviiil, actuellement en préjiaralion, intitulé : Recherches anato-
miques et pliysiologiques sur l'appareil digestif des Coléoptères.
SÉANCE OU i"^' DÉCEMBRE ly02. 98^
» La face antérieure de l'organe est à peu près plane et présente, en son milieu, une
ouverture en forme de croix de Malte, très caractéristique. Aux quatre extrémités des
bras de la croix existent de petits bourrelets, à pointe dirigée intérieurement, que nous
avons désignés sous le nom do denticules. Entre ces derniers se trouvent de larges
plaques chitineuses de forme triangulaire se prolongeant dans l'intérieur du gésier et
appelées dents. La musculature du gésier est puissante.
» La face supérieure de chaque dent est légèrement convexe et son bord externe
recourbé. Ce dernier se continue avec la membrane du jabot, après avoir effectué une
petite inflexion en arrière. L'ensemble de ces courbures constitue un petit repli annu-
laire postérieur, entourant l'origine du gésier. Le bord interne des dents et celui des
denticules sont garnis de longues soies cornées, à pointe recourbée en arrière. Ces
soies, s'entrecroisant en tous sens, jouent le rôle de filtre et arrêtent, au passage, les
corps trop volumineux ou incomplètement broyés. De plus, les dents constituent un
appareil broyeur très compliqué, d'où le nom à'organe masticateur sous lequel on
peut encore désigner le gésier. L'éjjaisse couche de muscles circulaires qui l'entoure,
par ses contractions énergiques, rapproche ou écarte les dents et les denticules, de
façon à rétrécir ou élargir ainsi sa cavité.
» Les dents et les denticules ne sont pas uniquement constituées par une masse
compacte de substance chitineuse, mais bien par un petit épaississement lanielleux,
de couleur brunâtre, sur lequel sont implantées d'innombrables soies cornées, de
taille et de forme diverses.
» Les dents, au nombre de quatre, alternent avec les denticules. Elles afTectent la
forme d'une pyramide triangulaire dont la base, légèrement bombée, est tournée vers
la cavité du jabot, et les faces latérales, plus ou moins inclinées, forment un angle
dièdre interne, placé un peu en dehors de l'axe du gésier. Quant à la face externe,
légèrement convexe, elle est directement appliquée contre la puissante musculature
de l'organe. A l'état de repos, les bords internes des dents et des denticules sont paral-
lèles et ont une direction à peu près rectiligne ne laissant enti-e eux qu'une fente,
irrégulière et étroite, en forme de croix. Un peu en arrière, la cavité du gésier s'élargit
et présente un orifice, à bords sinueux, établissant une communication avec l'intestin
moyen.
» Chaque dent est recouverte d'une lamelle chitineuse qui tapisse les deux parois
latérales du prisme, constitue la plaque basilaire et se continue avec l'intima interne
du jabot. C'est sur le bord de cette plaque que sont implantées d'innombrables soies
chitineuses, formant d'abord une couronne supérieure qui se continue, sur les faces
latérales, en une toison compacte. La dent se termine, vers le tiers postérieur du
gésier, par une pointe conique mousse, suivie d'un repli interne, continué par un
bourrelet plissé aboutissant à l'orifice antérieur de l'intestin moyen.
» Toute la masse comprise entre les faces latérales des dents est occupée par un
massif musculaire que nous avons étudié au point de vue histologique.
» Les denticules, au nombre de quatre, sont situées aux extrémités des bras de la
fente cruciale, constituant l'orifice du gésier. Elles sont moins longues et plus aplaties
que les dents et afi'ectent, comme ces dernières, une forme de prisme triangulaire. La
lamelle chitineuse recouvrante présente la même disposition que celle des dents et est
également recouverte dune abondante toufi'e de soies cornées. Ces soies forment, vers
984 ACADÉMIE DES SCIENCES.
le milieu de l'organe, deux bandelettes transversales de teinte noirâtre. En arrière,
sont disposés de puissants faisceaux musculaires longitudinaux.
i> L'orifice postérieur du gésier est muni d'une valvule à bords frangés.
» Observations physiologiques. — Il nous a été donné, maintes fois, au
cours de nombreuses vivisections, faites sur des Procrustes ou de gros
Carabes, d'observer certaines fonctions physiologiques du gésier, fonctions
qui s'exercent concurremment avec celles du jabot.
» Fréquemment l'intestin antérieur est rempli d'une matière noirâtre,
plus ou moins liquide, provenant des substances alimentaires ingérées.
Quand l'animal est récemment ouvert, on voit parfois le gésier animé de
contractions rythmiques, s'efFectuant à intervalles à peu près égaux.
» Les gros muscles circulaires du gésier se contractent, d'arrière en
avant, à partir de l'intestin moyen. Le contenu de l'organe est brassé éner-
giquement et poussé dans le jabot, qui se dilate sous l'afflux du courant
semi-liquide. Le jabot se contracte à son tour par une série d'ondulations
vermiforraes qui se poursuivent fort en avant, jusqu'au milieu de l'œso-
phage. Le contenu intestinal, chassé incomplètement du gésier, y revient
brusquement, par suite de la dilatation de ce dernier, et le retour est même
si rapide que l'organe paraît toujours en partie gonflé.
» Les mêmes contractions réapparaissent et se poursuivent vers l'avant,
rapprochant les dents et les denticuleset soumettant ainsi la bouillie intes-
tinale à une trituration complémentaire. Elles durent parfois plusieurs
heures. Mais, peu à peu, ces contractions deviennent plus lentes, moins
énergiques et, quand les matières sont suffisamment triturées et malaxées,
on voit, de temps à autre, de petites contractions se produire en sens
inverse des premières et certaines portions de la bouillie alimentaire fran-
chir la valvule postérieure du gésier et passer par saccades dans l'intestin
moyen. »
ZOOLOGIE. — Sur les Annélides polychèies d'eau douce.
Note de M. Ch. Gravier, présentée par M. Edmond Perrier.
« C'est dans les mers qui ont couvert autrefois toute la surface de la terre
que se sont développés les premiers êtres vivants. Certains groupes zoolo-
giques sont restés localisés dans leur milieu d'origine, mais la plupart
d'entre eux ont fourni des formes qui se sont accliinatées à l'eau douce ou
à la vie terrestre. Jusqu'à une époque relativement récente, les Annélides
SÉANCE DU l'"' DÉCEMBRE 1902. gSS
polychètes ont été considérées comme faisant partie de la première caté-
gorie, c'est-à-dire comme des animaux essentiellement marins. On con-
naît maintenant un certain nombre de Polychètes adaptés complètement
à l'existence dans l'eau douce; ces Annélides se rapportent à quatre
familles distinctes, celles des Néréidiens, des Euniciens, des Capilelliens
et des Serpuliens.
» Parmi les Néréidiens, c'est le genre Lycastis Aiidouin et M. Edwards qui paraît
le mieux s'accommoder des degrés de salure les plus divers. C'est ainsi qu'une espèce
delà Guyane que j'ai fait connaître récemment ('), le Lycastis ouanaryensis Gravier,
vit à la fois en milieu saumàtre, en compagnie de tarets, dans la mer, sur les côtes
(Guyane française), où l'on peut la recueillir sous les pierres, à marée basse, et dans
l'eau complètement douce, dans les criques du haut Ouanary (petit fleuve qui se jette
dans la baie de l'Oyapok), ou dans les ruisseauv des marais de la région. J'ai pu exa-
miner deux femelles remplies d'ovules voisins de l'état de maturité; elles ne présen-
taient aucune transformation ni dans le prostomium, ni dans les parapodes tout gon-
flés par les éléments sexuels ; il ne paraît donc pas y avoir de phénomènes d'épigamie.
» La présence de ces formes sexuées en eau douce indique d'ailleurs que l'espèce
est parfaitement acclimatée dans ce milieu. On sait, en efl"et, que lorsque des animaux
marins, qui peuvent s'adapter à l'eau douce, sont trop brusquement amenés dans ce
liquide, ils ne forment ni œufs ni spermatozoïdes, et même résorbent ceux qu'ils
possédaient avant l'expérience. Il serait désirable d'observer un grand nombre d'in-
dividus, avec des éléments génitaux à divers degrés de développement, pour voir si
les deux sexes sont absolument séparés. Il y aurait également intérêt à étudier l'in-
fluence du changement de milieu sur le développement de ces animaux. Le passage
de la vie marine à l'existence dans l'eau douce on sur la terre s'accompagne toujours
d'une tachygenèse ou accélération embryogénique plus ou moins intense. En tout cas,
la transformation épigamique paraît ici supprimée.
)- On ne connaît actuellement qu'un Eunicieii d'eau douce : c'est un Liimhri-
conereis (sp.?) qui a été trouvé par J. Kennel dans le fleuve Orloire, à la Trinité.
» Le seul Cnpilellien d'eau douce qui ait été mentionné jusqu'ici est VEisigella
ouanaryensis Gravier, qui a été recueilli dans les ruisseaux d'eau douce des marais
du Ouanary. G. Ferronnière, en plongeant directement dans l'eau douce le Capitella
capitula Fabricius, constata que ces animaux mouraient au bout de quelques minutes.
Or, H. Eisig a réussi à faire vivre la même espèce dans de l'eau de mer de plus en
plus diluée, à les conserver pendant 4 niois, dans un mélange contenant finalement
400''°' d'eau de mer pour iooo*">' d'eau douce, le poids spécifique s'abaissant de i ,o34
à I ,0088.
» Parmi \Qi Serpuliens, la tribu des Sabellides ne compte pas moins de quatre espèces
réparties en trois genres, adaptées à l'eau douce : Manayunkia speciosa Leidy,
(') Ch. Gravier, Sur trois nouveaux Polychètes d'eau douce de la Guyane
française {Bull, de la Soc. d'Êist. natur. d'Autun, t. XIV, 1901, p. 353-372).
C. R., .902, 2« Semestre. (T. CXXXV, N- 22.) 1 29
986 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Caobangia Billeti Giard, Dybowscella Godlewshii et Dybowscella baicalensis
J. Nusbaura.
» Les Polychèles d'eau douce, relativement très rares, présentent un
intérêt excejDtionnel, au point de vue de l'étude du mécanisme du passage
de la vie en milieu salin à la vie dans l'eau douce, et du retentissement de
ce changement d'ambiance sur tout l'organisme (développement avec ou
sans métamorphoses, sexualité, etc.).
» Un grand nombre de naturalistes ont recherché la cause de la mort et
observé les phénomènes qui la précèdent chez les animaux marins que l'on
immerge dans l'eau douce et réciproquement; ils ont montré l'influence,
à ce point de vue, de la température du milieu, de la taille et de l'état phy-
siologique des individus soumis à l'expérience. Les phénomènes osmotiques
auxquels donnent lieu les changements de milieu exercent une action
directe sur le sang, tant sur le plasma que sur les éléments figurés;
lorsque cette action est brusque et violente, la nutrition générale est
arrêtée soudainement et la mort est presque immédiate. Mais si les modifi-
cations sont réalisées peu à peu, les hématies peuvent acquérir une certaine
résistance; il se produit une accoutumance qui permet à l'animal. de vivre
dans un milieu défavorable à l'origine, et l'immunité ainsi acquise n'est
peut-être pas sans analogie avec celles que peuvent conférer des inocula-
tions appropriées contre les toxines microbiennes.
» J. Gogorza y'Gonzàlez observant, comme ses devanciers et notamment
comme Paul Bert, que la résistance d'un animal marin plongé dans l'eau
douce est plus grande quand la température s'abaisse, pense qu'il est vrai-
semblable d'admettre que l'adaptation des animaux marins à l'eau
douce s'est faite de préférence aux époques de refroidissement du globe
terrestre. Cette hypothèse ne paraît guère plausible, d'après ce que nous
voyons se produire actuellement dans l'Amérique tropicale, où la tempéra-
ture est constamment élevée et où une même espèce, le Lycastis ouana-
ryensis Gravier, s'accommode aussi bien de l'eau de mer que de l'eau douce
et de tous les intermédiaires.
» L'histoire de ces Annélides polychètes d'eau douce peut jeter quelque
lumière sur^l'origine des Oligochèles qui se relient probablement aux Poly-
chètes par plusieurs phylums distincts. H. Eisig a d'ailleurs montré que la
séparation des deux groupes de Chétopodes n'est rien moins qu'absolue. »
SÉANCE DU l" DÉCEMBRE I902. 987
ZOOLOGIE. — L'excrétion chez les Cirripèdes.
Note de M. L. Bruntz, présentée par M. Y. Delage.
« La méthode des injections physiologiques m'a donné, sur les organes
excréteurs des Crustacés supérieurs, quelques résultats intéressants rap-
portés dans une Note précédente ('). J'ai a|)pliqué la même méthode au
groupe des Cirripèdes pendant mon séjour au laboratoire de Roscoff, où j'ai
étudié les formes :
» Thoraciques : 1° Pédoncules : Lepas anaiifera L., PoUicipes comucopiœ
Leach; 2° Operculés : Balanus tinlinabulum chenu;
» Bhizocéphales : Saccnlina Carcini Thomps.
» Chez les premiers, j'ai reconnu trois organes excréteurs :
y> 1° Le rein maxillaire;
» 2° Un organe céphalique clos;
» 3" Une des glandes annexes du tube digestif (glande brune de Nus-
baum).
» 1° Rein maxillaire. — Connu déjà par Darwin et Iloeck, c'est seulement Nus-
baum qui lui donne son nom. Les descriptions que nous eu possédons sont de Koehler
et Gruvel. Tous s'accordent à reconnaître dans l'organe rénal un sac clos; les deux
derniers auteurs concluent même à la présence d'un rein d'accumulation. Tous aussi
ont considéré les deux grandes lacunes qui bordent intérieurement le rein comme des
parties de la cavité générale; chacune communiquant, ce qui est vrai, directement avec
l'extérieur par un fin canal débouchant sur la dernière des pièces buccales. Ma méthode
m'a facilité l'étude de cet organe, le carminale d'ammoniaque est éliminé par l'épithé-
lium rénal; de ce fait il a une belle teinte rose qui en délimite nettement les contours
sur les coupes et permet d'en étudier facilement les relations. Ces cellules sécrètent
des boules qui tombent dans la cavité du sac rénal, ce qui prouve quil ne peut être
question de rein d'accumulation.
» Ces boules sont naturellement colorées en rouge par le carmin éliminé. Nous les
retrouvons dans les lacunes que les auteurs appelaient cavité générale et que désor-
mais j'appellerai labyrinthe par analogie avec les reins antennaires et maxillaires des
Crustacés supérieurs. C'était donc la meilleure preuve qu'une communication existait
entre le rein, qui devenait comparable à un saccule, et le labyrinthe. Sur des coupes
rigoureusement sériées, nous avons constaté la présence de cet orifice du côté interne
de la grande corne dorsale. Tout autour, les cellules épithéliales sont plus petites et
n'éliminent plus le carmin. J'ai eu la chance de trouver dans mes préparations une
boule excrétée qui traversait l'orifice.
(',) L. Bruntz, L'excrétion chez les Crustacés supérieurs {Comptes rendus.
i3 octobre 1902).
988 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» 1° Organe céphalique clos. — Cet organe élimine le carminate. Il est composé
de deux amas de cellules situés symétriquement dans la partie céphalique, au-dessus
du niveau des pièces buccales, à l'endroit même où le manteau se rattache au corps.
Ils ont une forme lenticulaire, sont placés dans le tissu conjonctif entre l'épithélium
culiculaire et de gros diverticules de la glande blanche de Nusbaum. Les cellules qui
le constituent sont nombreuses, très grosses, plus ou moins régulières, munies d'une
membrane et possédant toutes de trois à cinq petits noyaux sphériques. Le cytoplasme
granuleux contient lexarmin précipité uniformément dans sa masse. Je n'ai pas trouvé
mention de cet organe dans la littérature.
» 3" Glande hépnlique. — A])rès injection de couleurs d'aniline dans le pédoncule
de Lepas, on retrouve après élimination la matière colorante dans le tube digestif, où
elle colore les matières qu'il contient. La même couleur se retrouve aussi dans beau-
coup de cellules de la glande brune de Nusbaum, glande hépatique de Gruvel, ce qui
semblerait indiquer qu'elles ne sont fonctionnelles que par groupes. Le pigment
qu'elles contiennent est peut-être le produit d'excrétion normal.
» Quant aux Rizocéphales, M. Y. Delage ('), dans sa belle étude anato-
mique et physiologique de la Sacculine, dit qu'il n'existe pas d'organe
excréteur différencié, mais il pense que les parties légèrement différenciées
de l'extrémité des racines, les follicules lagéniformes, peuvent jouir de
cette fonction. Mes expériences ne confirment pas cette supposition. Les
matières colorantes semblent s'éliminer par osmose à travers la surface
entière des racines, car jamais nous n'avons pu constater que les follicules
lagéniformes soient devenus plus colorés que d'autres parties, et cela
même après élimination presque totale, ce qui cependant n'eiit pas manqué
d'avoir lieu si ces parties avaient eu pour rôle de soutirer, pour les éli-
miner, les matières colorantes injectées. J'ai eu l'occasion de montrer que
le produit éliminé était une base analogue à la méthylamine (-). »
BIOLOGIE GÉNÉRALE. — Application d'un caractère d'ordre éthologique à
la classification naturelle. Note de M. L. Matruciiot, présentée par
M. Gaston Bonnier.
« On sait, depuis les recherches de Brefeld et de Van Tieghem, que les
Piplocephalis (qu'on rencontre dans la nature, vivant en parasites sur des
(') Y. Delage, Évolution de la Sacculine {Arcli. de Zoologis expérimentale,
2= série, t. Il, iSgJ).
(^) L. Bruktz et J. Gautrelet, Étude comparée des liquides organiques de la
Sacculine et du Crabe {Comptes rendus, 18 août 1902).
SÉANCE DU 1" DÉCEMBRE 1902. 989
Mucorinées) soni nécessairement parasites ; que, de [)lus, leur parasitisme
ne s'exerce qtrnux dépens de certaines Mucorinées, à savoir les Muco-
racées (Pilobolées et Mucorées); enfin, que toutes les Mucoracées sont
susceptibles d'être parasitées par les Piptocephalis .
» I. S'il était démontré que les Piptocephalis ne peuvent vivre sur
aucune espèce de Champignon hors du groupe des Mucoracées, le fait de
pouvoir servir d'hôte à un Piptocephalis devrait dès lors être considéré
comme mie caractéristique absolue des Mucoracées.
» C'est ce premier point que j'ai cherché d'abord à établir :
» A la vérité, pour faire celte démonstration, il ne saurait être question de tenter
la culture des Piptocephalis successivement sur toutes les espèces de Champignons
connues. Mais j'ai opéré sur un tel nombre d'espèces fongiques, appartenant aux
groupes les plus divers, que la conclusion s'impose avec toute la rigueur désirable.
» J'ai cherché, en effet, à faire vivre en parasite un Piptocephalis déterminé
(P. Tieghemiana Matr.) sur près de cent espèces, appartenant aux divers ordres de
Champignons, depuis les Myxomycètes jusqu'aux Basidiomycètes les plus élevés en
organisation ('). Tous les essais ont été effectués par la méthode des cultures pures
simultanées, et, comme l'essai de chaque espèce a porté sur quatre à cinq cultures au
moins, tout résultat, même négatif, doit être considéré comme concluant.
(') La liste des espèces sur lesquelles j'ai opéré est trop longue pour pouvoir être
donnée ici. Je ne citerai que les genres ou espèces les plus typiques :
Myxomycètes. — Dictyostelium mucoroides, vivant lui-même en symbiose avec
une Bactérie (culture pure).
OoMYCÊTES. — a. Mucoracées : Pilaira, Mucor, Rhizopus, Absidia, Sporodinia,
Phycomyces, Chœtocladium, Thamnidium, Helicostylum, Chœtostylum.— 6. Autres
Mucorinées : Morlierella (quatre espèces). — c. Entomophthorées : Boudierella
coronata et une Entomophlhorée non déterminée. — d. Péronosporées : Phylo-
phthora infeslans.
AscoMTCÈTES. — a. Discomycètes : Pyronema confluens, Morchella esculenta et
rimosipes, Geoglossum, Bulgaria, Spathularia Jlavida, Nectria, Mollisia, etc. —
b. Pyrénomycètes : Sordaria, Chœlomium, Claviceps purpurea, Hypocrea alu-
tacea, etc. — c. Périsporiacées : Eurotium repens, Gliocladiurti penicillioides, etc.
Basidiomycètes : Lepiota procera, Armillaria mellea, Tricholoma nuduni,
Collybia sp., Psalliota campestris, Pleurotiis oslreatiis, Coprinus conuUus et ephe-
merus, Matruciiotia varians, etc.
FoNGi IMPERFECTI : Amblyosporium urnhellattim, Gliocladium viride; Sterig-
matocystis. Aspergillus, Pénicillium et Coremiuni variés ; Arthrobotrys, Cephato-
thecium; Cladosporium, Alternaria, Macrosporium; Verticilliu/n, Daclylium
Acrostalagmus, Diplocladiuin, Fusarium, VoluCella; Isaria, Cordyceps sp., Spo-
lotrichum globuliferuni; Bolrylis cinerea, Polyactis, Trichopliyton divers, etc.
99° ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Or les résultats de cette série d'expériences sont particulièrement frappants :
1° toutes les cultures de P. Tieghemiana sur Mucoracées ont réussi; 2° toutes les
cultures sur Champignons autres que les Mucoracées ont échoué.
» En conséquence, Piptocephalis Tieghemiana doit êlre considéré
comme pouvant caractériser, d'une façon précise, les Mucoracées par
rapport à tous les autres Champignons. Il constitue, en quelque sorte, un
réactif àe?, Mucoracées, et il permet de les définir éthologiquemenl par cette
propriété qu'elles ont de lui pouvoir servir d'hôte, et qu'elles sont seules
à posséder.
» II. Ayant à ma disposition un instrument de contrôle d'une si rigou-
reuse précision, j'ai cherché à en faire l'application à une moisissure
d'origine africaine, Cunninghamella africana Matr., non encore décrite et
classée. Cette moisissure ne présente aucun des organes de reproduction
(œufs ou sporanges) caractéristiques des Mucoracées; elle possède, au
contraire, d'abondantes spores exogènes, lesquelles sont inconnues chez
les Mucoracées. Mais son appareil végétatif me paraissant offrir d'étroites
affinités avec le mycélium des Mucoracées, j'estimai être en présence
d'une Mucoracée aberrante.
» Cunninghamella africana s'est développée spontanément et en saprophyte sur
du crottin de chameau recueilli à l'état sec dans le Soudan français, expédié à cet
état en France, et placé aseptiquement dans une enceinte humide.
» C'est un Champignon à mycélium non cloisonné, comme les Mucoracées; mais,
pas plus à l'état spontané que dans les conditions de culture les plus variées, il n'a
jamais donné ni sporanges ni œufs, mais bien uniquement des conidies.
» Ces conidies naissent solitaires sur des têtes sphériques terminant les branches
d'un arbuscule assez ramifié. L'aspect général est celui d'une fructification à'OEcloce-
plialum à pied ramifié, et c'est sans nul doute parmi ce genre de Mucédinées qu'on
rangerait C. africana si l'on ne faisait appel qu'à des caractères tirés de la morpho-
logie et du développement.
» Mais (et à mes jeux c'est ici un point capital) C. africana se montre propre à
servir d'hôte à Piptocephalis Tieghemiana.
» En conséquence, malgré l'absence d'œufs et de sporanges, Cunning-
hamella africana doit être classé parmi les Mucorinées, au voisinage ou
dans le groupe des Mucoracées ('). Il constitue le premier type connu de
Mucorinée à végétation uniquement conidienne.
(') Il convient d'ailleurs de remarquer que par son appareil végétatif, son mycélium
à structure continue et à courants protoplasmiques très nets, ses rhizoïdes différen-
ciés, etc., C. africana se rapproche effectivement des Mucoracées.
SÉANCE UU l" DÉCEMBRE 1902. 991
» III. Le caractère d'ordre élhologique dont il vient d'être fait usage
doit être considéré comme un caractère taxonomique de premier ordre. Il
suppose, chez les êtres qui le présentent en commun, les affinités les plus
étroites. Non seulement la structure et les propriétés de la membrane sur
laquelle s'implante le parasite doivent être les mêmes; mais la structure,
les propriétés, la vie même du protoplasma doivent être bien semblables
chez des plantes hospitalières qui fournissent à un être aussi étroitement
exigeant qu'un Piptocephalis les conditions nécessaires à son existence.
» A ma connaissance, il n'a jamais été fait usage, pour la classification
des Végétaux, de caractères éthologiques de cette nature. Il semble que,
dans des cas aussi précis que celui-ci, il y ait toute sécurité à y faire appel.
Peut-être même faudrait-il voir là une méthode assez générale, susceptible
de fournir, dans certains cas, de nouvelles indications utiles à la recherche
de la classification naturelle des êtres vivants. »
BOTANIQUE. — De la répartition des sphérulins dans les familles végétales.
Note de M. Louis Petit, présentée par M. Gaston Bonnier.
« Dans une précédente Communication ( ' ) j'ai montré qu'il existe, dans
les cellules chlorophylliennes de certaines feuilles, un petit globule (rare-
ment deux ou plus) se colorant fortement parla teinture d'alkanna comme
les graisses, les cires, les résines, et auquel j'ai donné le nom de sphérulin.
Mes premières recherches, qui avaient porté sur les Gamopétales et les
Dialypétales, en me montrant la disparition graduelle des sphérulins, au
fur et à mesure que l'on s'abaisse dans l'échelle végétale, m'avaient fait
peuser que ces petits corps devaient être fort rares dans les familles infé-
rieures, c'est-à-dire appartenant aux Apétales et aux Monocotylédones.
L'étude de ces groupes a justifié mes prévisions.
)) Voici la liste des familles examinées et le nom des rares espèces où
j'ai rencontré des sphérulins. Le chiffre entre parenthèses, qui suit chaque
nom, indique le nombre des genres étudiés.
1) Apétales inférovariées. — Cupulifères (7). Juglandées (2).
» Apétales supérovariées. — Gliénopodiacées (7). Poljgonées (5). Urlicacées (6).
Pipéracées (3) : Piper, Peperomia, pas de sphérulins. Saururus cernuus, sphérulins.
Salicinées (2). Plalanées (i). Myricacées (i).
(') Comptes rendus, 23 décembre 1901.
992 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» MONOCOTYLÉDONES, Iridinées. — Orchidées (3). Scitarainées (7). Bromé-
.liacées (2). Héniodoracées (i). Iridées (4) : Gladiolus psittacinus, sphérulins.
Schizoslylis coccinea, petits spliérulins. Dioscoréacées (3). Amanilidées (5).
» LiLiiNÉES. — Liliacées (8) : Aslelia Banksli, sphérulins. Pontédériacées (i). Com-
mélinacées (2). Alismacées (i).
» JoNCiNÉES. — Joncacées (3) : Juncus glaucus, J. ejfiisiis, petits sphérulins. Pal-
miers (3).
» Graminidées. — Pandanées (i). Typhacées (2) : Sparganium raniosum, petits
sphérulins. Aroïdées (6). Naïadacées (i). Cypéracées (3). Graminées (8) : Arundo
Doiiax, Melica pyramidalis, sphérulins.
)) On voit que, d'une manière générale, les sphérulins manquent dans
les Apétales et les Monocotylédones. Parmi les Pipéracées, il est possible
que les Saururées en possèdent et que les Pipérées en soient dépourvues.
Les Iridées en renferment peut-être aussi dans un certain nombre de genres.
Mais, malgré les deux réserves précédentes, je ne crois pas qu'une seule
famille d'Apétales ou de Monocotylédones renferme une majorité de genres
à sphérulins.
» N'étant pas encore bien fixé sur la substance des sphérulins (qui est
peut-être variable), je me bornerai à faire connaître une réaction qu'ils
présentent communément. Si l'on traite successivement les coupes, qui les
renferment, par de l'eau de Javel, de la teinture d'iode et finalement par
de la glycérine, ils se colorent en marron. »
GÉOLOGIE. — Élat actuel du volcan de la Martinique. Note de M. Lacroix,
présentée par M. Fouqué.
« J'ai envoyé déjà à l'Académie quelques renseignements préliminaires
sur le cratère de la Montagne Pelée. A la suite d'une nouvelle ascension,
effectuée le 8 novembre, dans de meilleures conditions que les précédentes,
e me propose aujourd'hui de compléter ces premières données et de pré-
ciser la nature du cône central formé au milieu du cratère; ce n'est pas un
cône de débris, édifié par projections, c'est un cumulo-volcan, constitué par
des roches cohérentes, s'éboulant sans cesse, mais continuant à s'élever
tranquillement, presque à vue d'œil, sous l'influence de la poussée interne.
» Le cratère. — L'éruption actuelle a sensiblement modifié la topogra-
phie du sommet de la Montagne Pelée. Le point culminant de celui-ci était
en effet autrefois constitué par le morne La Croix, dominant au Sud-Est
SÉANCE DU l"' DÉCEMBRE 1902. 998
un petit plaleau, creusé d'une cavité peu profonde (le lac des Palmistes).
Ce lac était, du côté du Nord-Ouest, dominé par un morne (reste d'une
ancienne coulée d'andésite), que l'éruption n'a pas entamé et qui, le cône
mis à part, forme maintenant le point le plus élevé de la montagne.
» Au pied Sud-Ouest du morne La Croix s'ouvrait une large cuvette
de 800" environ de diamètre, au fond rétréci de laquelle (Soo™ environ
de diamètre) se trouvait à 700"" d'altitude environ l'Étang Sec (200" de
diamètre). Les crêtes qui le dominaient étaient constituées parle morne
Paillasse au Nord, le Petit Bonhomme à l'Ouest, la Petite Savane au Sud.
Du côté du Sud-Ouest, entre le Petit Bonhomme et la Petite Savane, s'ou-
vrait une déchirure dominant la haute vallée de la rivière Blanche. C'est
cette cuvette profonde qui constitue le cratère actuel. La déchirure Sud-
Ouest a été en s'agrandissant depuis le 5 mai, date de l'effondrement du
barrage de l'Etang Sec, et forme maintenant la prolongation, sans escarpe-
ment, de la haute vallée de la rivière Blanche.
» J'ai pu faire le tour de près des trois quarts de la crête du cratère;
celle-ci est d'allitude irrégulière; sa partie Norti-Ouest est la moins élevée,
sa partie culminante est constituée par ce qui reste du morne La Croix.
Depuis noire précédente ascension, il semble que celui-ci se soit encore
éboulé; son altitude, mesurée à l'aide d'un baromètre holostérique, est en
efifet (9 novembre) de 1220"" (i 5™ seulement plus élevé que l'emplacement
occupé jadis par le lac des Palmistes). La partie éboulée représente donc
environ iSo™ depuis le commencement des éruptions. Le sommet qui sur-
plombe le bord du cratère est extrêmement fendillé et parcouru par un
courant d'air chaud; le thermomètre, placé dans une fente do ce rocher,
indique + 62° C.
)) Les bords du cratère, sauf ceux du côté Est et dans les parties rocheuses
(morne La Croix, Petit Bonhomme), sont formés par une arête vive dont
la pente extérieure est, |)ar places, suffisamment raide pour cpi'il soit diffi-
cile d'y circuler. Le bord Est, au contraire, est en partie constitué par un
petit plateau, prolongation vers le sud du lac des Palmistes aujourd'hui
remblayé.
» Les parois intérieures sont presque partout absolument verticales :
c'est le cas, notamment du côté Nord, oii cette paroi semble avoir été
taillée dans le tuf, comme avec un couteau. Il résulte de cette disposition
que toutes les eaux qui tombent sur le sommet de la montagne s'écoulent
extérieurement au cratère, à l'exception de celles qui tombent sur le pla-
teau Est et qui sont en partie déversées dans le cratère lui-même, déter-
C. K., 1902, j- Semestre. (T. C.VXXV, N" 22.) l'O
994 ACADÉMIE DES SCIENCES.
minant des érosions assez intenses sur la paroi de celui-ci. Des fissures
nombreuses, disposées parallèlement auK bords du cratère, montrent que
ceux-ci s'élargissent peu à peu par effondrement, mais cet élargissement
me semble avoir été peu important depuis la fin de juin.
» La surface des bords du cratère est uniformément recouverte d'une
couche de cendres très fines; grâce à l'absence de grandes explosions
depuis le commencement de septembre, la surface de celle-ci est rougie par
oxydation, mais il suffit de la gratter pour faire apparaître la couleur gris
verdàtre de la cendre humide. Cette cendre est stratifiée et constituée par
des alternances de lils compacts et d'autres, uniquement formés par de
petits pisoliles de cendres qu'il est facile, par le moindre choc, de détacher
les uns des autres. Cette structure me parait due à l'action combinée de la
pluie et d'une rapide dessiccation sur des cendres fines; je l'ai observée non
seulement sur les cendres du sommet de la montagne, mais encore sur
toute la côte, entre le Prêcheur et Saint-Pierre; elle se produit aussi aux
dépens des parties les plus fines des tufs ponceux anciens, désagrégés par
les eaux, et s'uccumulant dans les anfractuosités du sol.
» La cendre du sommet de la Montagne Pelée, grâce à la finesse de ses
éléments, se délave avec la plus grande facilité et une rapidité non moins
grande. Quelques minutes de pluie suffisent pour transformer en boue le
sol, sur lequel on circule facilement après quelques instants de soleil. On
comprend aisément, lorsqu'on a assisté à quelques-unes de ces averses sur
la montagne, quelle est l'origine des torrents d'eaux boueuses noires ou
jaunes qui sont si caractéristiques des périodes d'éruption (le Prêcheur,
Basse-Pointe, rivière Blanche, etc.).
» Toutes les rigoles creusées par les eaux dans ces cendres mettent à
découvert au-dessous d'elles un cailloulis de petits fragments anguleux de
projection (andésite compacte, vitreuse ou ponceuse), mélangés à des
bombes.
» Quant aux grosses bombes, elles sont relativement peu abondantes
au Nord et à l'Est, elles deviennent plus nombreuses au Sud-Est et au Sud,
et, dans cette partie, les fragments d'andésite ancienne arrachés au sous-
sol ont paru y être en plus grand nombre qu'ailleurs. Cette observation
est conforme d'ailleurs à celles que j'ai faites dans la vallée de la rivière
Blanche et qui montrent que c'est dans le secteur Sud-Ouest que s'est, sans
exception, produit le maximum d'intensité de toutes les éruptions .
» Je n'ai observé, sur les crêtes, aucune fumerolle localisée, mais le sol
est tiède; il suffit de creuser un trou de quelques centimètres pour que le
SÉANCE DU I^' DÉCEMBRE 1902. 995
thermomètre y atteigne jusqu'à 82° C. Les petits fragments de roche y sont
recouverts de cristaux de soufre et de gypse imprégnés de pyrite ou recou-
verts de concrétions d'alunogène.
)) Le fond du cratère est actuellement à i 5o'" environ au pied du sommet
du morne La Croix; il paraît plus bas du côté du Sud, plus élevé du côté
du Nord. La cavité cratériforme est réduite à un étroit couloir circulaire
qni entoure de toutes parts le cône central ; cette sorte de rainure commu-
nique librement avec la vallée de la rivière Blanche par la déchirure
Sud-Ouest du cratère.
» Le cône. — Le cône central est constitué par de la lave compacte, for-
mant des fîdaises à parois verticales, qui, en un point du côté Est, sont
visibles jusqu'au fond même du cratère; partout ailleurs, la base du cône
est formée par un talus d'éboidis qui, par l'échancrure Sud-Ouest du cra-
tère, descend jusqu'à la rivière Blanche, alors que, dans toutes les autres
directions, il va, comblant peu à peu ce qui reste de la cavité cratéri-
forme.
» Toutes les observations que nous avons pu faire sur ce cône montrent
que celui-ci est en voie d'accroissement assez rapide, malgré les éboule-
ments incessants qui s'y produisent. Cet accroissement peut être étudié
facilement du Sud et de l'Est de la montagne ; c'est vers le 1 1 août que, du
Morne-Rouge, on l'a vu pour la première fois émerger du profil de la mon-
tagne. C'est à peu près à la même époque qu'on a pu l'apercevoir d'Assier
on est installé l'un de nos postes, d'où nous l'observons jour et nuit.
)) Le 10 octobre, on le voyait d'Assier sous la forme d'un petit bourrelet,
semblant avoir la même élévation que le morne La Croix auprès duquel il
émergeait. Pendant les jours suivants, il s'est accru rapidement, s'étalant
vers le Nord et le Sud et atteignant 90"" d'élévation environ au-dessus du
bord du cratère; c'est à peu près la dimension qu'il a actuellement
(10 novembre), bien que sa pointe la plus aiguë se soit écroulée il y a
quelques jours.
» Lors de notre ascension du i5 octobre, le sommet, vu des bords du
cratère, se présentait sous la forme d'une crête dentelée, dirigée à peu près
Nord-Sud, son piton notablement plus élevé que les autres ; celle crête
dépassait d'environ 50™ le bord du cratère. Aujourd'hui, au milieu de
celle-ci, se dresse, d'un seul jet, un énorme piton, à paroi verticale, à sur-
face lisse du côté de l'Est par suite du décollement; il a une centaine de
mètres de hauteur, il n'est pas placé au milieu du cône, mais sur sou bord
qq6 ACADEMIE DES SC1E^XES.
Nord-Esl, à inie centaine de mèlres seulement du iiiorne La Croix et
vis-à-vis de celui-ci.
» Ce cône esl fissuré dans tous les sens ; des bouffées de gaz et de vapeurs
s'en échappent sans interru|)lion, soit verticalement, soit horizontalement.
Elles sont accompagnées d'cboulements considérables produisant un très
grand fracas ; les blocs tombant les uns sur les autres rendent généralement
un son comparable à celui de bris de verre, ce qui est du resie conforme
avec la structure très vitreuse des blocs que l'on trouve éboulés dans la
vallée de la rivière Blanche ou projetés sur le sommet de la montagne.
» 11 n'existe pas de cheminée centrale ; il semble parfois, lorsqu'on
examine le volcan de loin, qu'un panache de vapesurs se dégage du piton
le plus élevé, mais l'examen attentif que nous en avons fait depuis 1 5 jours,
du poste d'Assier, permet d'assurer qu'il s'agit là, ou bien de la réunion
des vapeurs des fissures superficielles du cône, ou bien de bouffées partant
de hi rainure, en avant ou en arrière du piton central et montant lente-
ment le long de celui-ci. C'est d'ailleurs principalement de cette rainure
du cratère, et en particulier au voisinage de l'échancrure Sud-Ouest, que
partent les grandes poussées de vapeurs qui, les jours où il y a peu de
vent, montent verticalement à plusieurs kilomètres de hauteur.
)) La structure de ce cône ne laisse aucun doute sur son mode de for-
mation. On ne peut s'arrêter un instant à l'hypothèse d'un cône de débris;
la quantité de blocs projetés sur les bords du cratère, à loo"" seulement du
(ône, est d'ailleurs négligeable, comparée à la masse de celui-ci; il n'en
serait pas de même si l'on avait affîure à un cône de débris. Il n'est pas
douteux, à mon avis, qu'il s'agit là d'un cumulo-volcan, d'un énorme bour-
relet de lave andésitique qui s'édifie à la bouche d'une ouverture souter-
raine. Celui-ci, grâce à la lenteur de la poussée, à sa continuité età la faible
fusibilité du niHgma, se consolidant dès son arrivée à la surface, peut con-
server sa forme actuelle, au lieu de donner naissance à une coulée, comme
cela arriverait vraisemblablement si l'afflux de matière profonde se faisait
beaucoup plus rapidement.
» Les éboulements continuels se produisant dans toutes les parties du
cône me paraissent hors de proportion avec les bouffées gazeuses qui les
accompagnent et dont la sortie ne peut en être seule la cause. J'y vois
plutôt un effet de l'action continue de la matière fondue ascendante, dislo-
quant des roches fendillées par un refroidissement brusque.
M Cette opinion est légitimée par les phénomènes lumineux visibles la
SÉANCE DU l" DECEMBRE 1902. 997
niiil chaque fois que la montagne n'est pas couverte de nuages. Le cône
est alors irrégulièrement éclairé : il ne s';igit pas là de flammes, mais de
lueurs très vives, très bien délimitées, d'un rouge comparable à celui d'un
feu de forge.
» Ellesapparaissent d'abord, très brillantes, puis perdent progressive-
ment leur intensité. Dans la nuit du 9 au 10 novembre, j'ai vu nettement
cette lueur partir de la base du cône (visible d'Assier), n)onter suivant
une \is.ne sinueuse, avec localementdebrusquesaugmentalions d'intensité,
atteindre le sommet et envoyer des branches latérales. Au bout d'une
demi-heure environ, ce phénomène avait ûispar a progressivement. Il ne me
paraît guère possible d'expliquer ce qui vient d'èlre décrit, autrement que
par la montée, puis le refroidissement progressif, du magma andésitique
fondu dans les fentes de retrait de parties déjà consolidées de la même lave.
On peut expliquer également, par la brusque mise à découvert d'une por-
tion incandescente du cône, une vive illumination d'une large surface de
celui-ci, survenue quelques nuits auparavant, peu d'heures avant que je
ne constate, à la même place, la chute d'une des aiguilles terminales du
cône.
» Nos deux postes d'observation, dont le second va incessamment fonc-
tionner d'une fiiçon régulière, vont me permettre de coordonner des obser-
vations faites heure par heure des deux côtés opposés du cône; je ferai
connaître à l'Académie toutes les particularités qui paraîtront dignes de
son attention.
î) Comme conclusion, je ferai remarquer que, bien que, depuis près de
deux mois et demi, il ne se soit produit à la Montagne Pelée aucune grande
explosion, les manifestations de l'activité volcanique ne s'en poursuivent
pas moins silencieusement et d'une façon continue ; aussi ai-je engagé vive-
ment l'administration de la colonie à maintenir intégralement toutes les
mesures d'évacuation préventive du voisinage du volcan, qui me paraissent
toujours indispensables. »
EMBRYOGÉNIE. — Sur révolution de la spc-r/nalide chez le Notonecta glauca.
Note de MM. J. Paxtel et R. de Sisêty, présentée par M. Alfred
Giard .
« Les stades que nous distinguerons ne sont pas définis par une
discontinuité de l'évolution, et beaucoup d'entre eux ont un caractère très
99^^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
artificiel; nous ne les adoptons provisoirement que pour la rapidité de la
description.
» I. État initial de la spermatide {fig. 2). — Le noyau est pelil, la chromatine
peu abondante et en granules isolés. Le corps cytoplasmique, à trame réticulée, est
rendu très hétérogène par la présence de nombreuses enclaves, savoir :
» a. Le matériel nebenkernicn c.mi, déjà observable dans le spermatocvte de
1, spermatocyte de deuxième ordre; 2-11, spermatide; 12, spermatozoïde presque mùr.— A, acrosome;
I, idiozome; N, noyau; tik, A'ebenkern; Q, queue; é, blépharoplaste: ca, calotte; c.chr, cor-
puscules chromatinifères; c.mi, condensations mitochondriennes; es, caryosome; di, différencia-
tions idiozomiques; e.hy, excrescences hyalines; ;'', i", corpuscules idiozomiques principaux et
secondaires; ps, plasmosomes.
premier ordre en prophase sous la forme de condensations qui peuvent constituer une
zone périnucléaire plus ou moins complète; aux télophases des divisions maturatives
cette zone s'ouvre largement du côté du pôle, expulse, pour ainsi parler, le noyau
et se masse derrière lui autour du reste fusoriel;
» b. Les corpuscules idiozomiques secondaires i" : nous désignons ainsi une
catégorie d'enclaves arrondies ou cuboïdes, d'abord très petites, arrivant par croissance
à une taille médiocre uniforme, homogènes, avec une zone membraniforme plus
dense à la jjériphérie ; on peut les suivre au travers des cinèses maturatives jusque dans
les spermatocj'tes de premier ordre en prophase ;
» c. Les corpuscules chromatinifères ccA/., autre sorte d'inclusions de même
SÉANCE DU l'^' DÉCEMBRE 1902. 999
ancienneté, petites, ayant la forme d'écaillés, de lentilles, de masses arrondies: on y
distingue généralement une partie très chromatophile et une autre, non ou à peine
colorable ;
» d. Des plasmosomes érnigics ps, en nombre variable; il s'en trouve d'ailleurs
dans les spermatocyles au cours des divisions raaturatives, soit dans le corps cellu-
laire, soit dans ses expansions pseudopodiques {excrescences hyalines de Platner,
ftg. I, e.hf).
» II. Apparition des corpuscules idiozoniiipies principaux (^fig. 3, i'). — Les élé-
ments qui doivent former la masse fondamentale de l'idiozome ne tardent pas à se
montrer sous la forme de globules hyalins, acliromatophiles, homogènes, d'abord
petits et nombreux, successivement plus rares et plus volumineux, vraisemblablement
par suite de coalescences; ils paraissent exercer sur les corpuscules secondaires men-
tionnés plus haut une sorte d'attraction (chimiotaclique?), par suite de laquelle ils en
sont fréquemment environnés; le Nebenkern, NA', a pris une structure lamellaire; les
petites formations chromatinifères se portent les unes sur les autres et se soudent en
masses d'apparence spongieuse.
» III. Constitution de V idiozome définitif {fig. 4 et 5, I). — La confluence directe
ou indirecte de la substance hyaline précédemment distribuée en sphérules donne un
corps unique, globuleux, qui s'accole au noyau du côté opposé au Nebenkern. Les
corpuscules idiozomiques secondaires demeurent assez longtemps groupés autour de
cette masse en une zone concentrique régulière qui apparaît dans les coupes comme
une guirlande moniliforme, puis se fusionnent graduellement et individuellement
avec elle. Des différenciations ne tardent pas à se montrer à l'intérieur. Outre une
constellation de très petites granules, outre des inclusions vacuoliforraes de substance
sidérophile, de nombre, de grandeur et de rapports variables, il y a une formation
jusqu'ici énigmatique, peut-être en relation avec le développement de Facrosome, en
tout cas remarquable d'allure et de constance. Elle est périphérique. A sa première
apparition l'on voit un petit disque chromatophile, accolé par son plat interne à une
masse ovalaire ou sphérique, bien limitée mais à peine distincte du fond général
comme colorabililé, tandis qu'il s'applique par son plat externe sur la surface de con-
tact de l'idiozome avec le noyau {fig. 5, di). Plus tard une nouvelle masse chromato-
phile, en forme de lentille biconcave (étranglée en biscuit sur les vues de profil),
s'interpose entre les deux corps précédents {fig. 6).
» Les corps chromatinifères, en nombre réduit et de dimensions corrélativement
accrues, sont venus s'appliquer sur le noyau sous la forme de calottes, ca; leur ma-
tière chromatique émigré manifestement de l'extérieur vers l'intérieur et passe dans
le noyau, où l'on ne tarde pas à la retrouver sous la forme d'amas plus ou moins
denses, estompés dans leurs contours. Les calottes disparaîtront un peu plus tard
(par résorption?).
» L'élément nucléinien, devenu successivement plus insensible aux colorants ordi-
naires, tend à se condenser en un volumineux caryosomeci. Les plasmosomes /is émi-
grent dans le cytoplasme, où ils se dissolvent {corps chromatoïde de Benda ) ; il n'est
pas rare de les saisir sur le fait de leur passage au travers de la membrane, laquelle
les retient quelque temps comme enchâssés {fig- 4)-
jOOO ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Le Nebenkern est partagé en deux moitiés accolées el engrenées formant un tout
à contour arrondi.
» IV. Nuiation de la spermadde. — Un premier mouvement, dans lequel tout se
passe comme si le noyau tournait sur lui-même en entraînant l'idiozome qui se trouve
ainsi temporairement rapproché du Nebenkern {fig. 6 et 7), est bientôt suivi du
redressement de la spermalide. Celte sorte d'oscillation mar(|ue un stade très carac-
téristique peut-être en relation avec l'allongement du Mebenkern.
» Le blépharoplaste, assez généralement, se voit déjà à la base du Nebenkern
{fig. 7, b). La surface de contact du Nebenkern et du noyau montre une tendance
marquée à fixer l'hémaloxyline ferrique. »
ANATOMIE. — Sur la présence des corpuscules acidophiles paranucléolaires
dans les cellules du locus niger et du locus cœruleiis. Note de M. G.
Mahinesco, présentée par M. Bouchard.
)> En examinant les cellules du locus niger et du locus cœruleus avec
différents procédés de coloration, tels que la méthode de Romanowski,
les liquides de Blondi, d'Erlich, ou des couleurs combinées, acides et
basiques, j'ai trouvé constamment chez l'adulte, à l'intérieur du noyau des
cellules du locus niger et fréquemment dans celles du locus cœruleus,
des corpuscules en nombre variable, situés au voisinage du nucléole.
Ces corpuscules prennent toujours la couleur acide.
» C'est ainsi que par la méthode de Romanowski ils se colorent habituellement en
rouge brique, quelquefois en rouge vénitien, d'autres fois encore en rouge orange. Si on
emploie une couleur acide simple, non composée, telle que la fuchsine, la francéine
ou l'érythrosine, on constate ce fait remarquable que le nucléole et les corpuscules
paranucléolaires ne se teignent pas de la même manière, la fuchsine colore le nucléole
en rouge pourpre, tandis que les corpuscules paranucléolaires, plus compacts, se
colorent en violet. 11 en est de même pour la francéine ('), laquelle donne une teinte
rouge pourpre au nucléole pendant que les corpuscules sont colorés en rouge brique.
On observe le même phénomène dans les pièces traitées par l'érythrosine. Dans les
pièces traitées par la méthode de Nissl, les corpuscules apparaissent avec une teinte
jaunâtre plus ou moins visible.
» Le nombre de ces corpuscules varie depuis un jusqu'à six et généralement ils
sont un, deux et souvent trois. Lorsqu'ils sont nombreux, nous les retrouvons
ramassés en groupe dans le suc nucléaire et la place qu'ils occupent par rapport au
nucléole est également variable. Tantôt ils sont situés au voisinage de ce dernier;
(•) Cette couleur acide a été découverte, il y a déjà i5 ans, par le professeur Islrati,
de Bucarest, qui a bien voulu en mettre un échantillon à ma disposition.
SÉANCE DU l" DÉCEMBRE 1902. lOOI
tantôt ils s'en écartent et peuvent même siéger aux deux pôles du noyau. En ce qui
concerne leurs dimensions relatives, ils dépassent rarement le volume du nucléole,
parfois ils peuvent avoir des dimensions presque égales, généralement ils sont plus
petits que ce dernier, surtout lorsqu'ils sont nombreux. Le grand diamètre des cor-
puscules paranucléolaires peut atteindre 7^-.
» Le volume de ces corpuscules ne paraît pas être en rapport avec l'âge, car le plus
grand diamètre que nous ayons trouvé a été chez un homme âgé de 3o ans. D'une
manière générale, ils sont plus nombreux chez l'adulte et chez le vieillard que chez
les jeunes personnes. Chez ces dernières, en effet, on les rencontre plus rarement et
ils font défaut chez les enfants. Nous les avons encore retrouvés chez une femme
âgée de 117 ans, tandis qu'ils n'existaient pas chez une jeune fille âgée de i3 ans.
» La méthode de Pal ne colore pas les corpuscules paranucléolaires ; l'acide osmique
simple, ou' bien associé au bichromate de poiasse, n'a pas d'affinité pour ces corpus-
cules. J'ai pu faire la même remarque pour le Sudan. En tenant compte de ces
réactions, on peut éliminer la nature graisseuse et lécithinique de ces corpuscules; de
plus, nous avons vu qu'ils siègent habituellement à l'intérieur du noyau. Cependant,
j'ai rencontré quelquefois des corpuscules acido|)hiles en dehors du noyau, mais
comme ils présentent quelques caractères diflTérenliels, je me suis demandé s'il était
possible de les assimiler aux corpuscules inlranucléaires. C'est ainsi que parfois j'ai
pu voir dans la masse du pigment noir des corpuscules colorés en rouge brique ou en
rouge vénitien par la méthode de Romanowski, corpuscules qui, cependant, sont
plus volumineux que ceux que l'on voit à l'intérieur du noyau. En outre, ils sont
entourés d'une large auréole. Les corpuscules paranucléolaires sont d'aspect homogène,
ils offrent néanmoins parfois des vacuoles ou bien l'apparence d'un autre corpuscule
beaucoup plus petit, coloré d'une façon plus intensive.
» Quelle est. la signification des corpuscules paranucléolaires? — La pre-
mière idée qui s'est présentée à mon esprit a été de les considérer comme
des granulations acidophiles analogues à celles que l'on rencontre en
nombre plus ou moins considérable à l'intérieur du noyau de beaucoup de
cellules. Mais l'aspect morphologique et les réactions chimiques ne parlent
pas en faveur de cette opinion. En effet, je n'ai jamais rencontré d;ms les
autres cellules du système nerveux central des corpuscules si gros, si con-
sidérables, dépassant en grosseur, ainsi que je l'ai dit, le volume du nucléole.
On pourrait supposer, d'autre part, que les corpuscules paranucléolaires
représentent des noyaux accessoires, mais alors leur réaction ne devrait
pas être différente de celle du noyau principal et l'on devrait les retrouver
également chez l'enfant, tandis qu'ils semblent n'apparaîlre qu'à un cer-
tain moment de la vie. Il est vrai qu'un élève de von I.enhossek, M. Tume-
feerr, a constaté, dans les ganglions .«spinaux et sympathiques des oiseaux,
la présence de deux nucléoles dont l'un à réaction basophile et l'autre à
G. R., >903, 2- Semestre. (T. CXXXV, N" 22.) j3l
I002 ACADEMIE DES SCIENCES.
réaction acirlophile. Le nucléole acidophile siège tout près de l'autre et
même le touche. Ils ont tous deux le même volume.
» Au contraire, nos corpuscules paranucléolaires sont nombreux, ils
(liffèreatdu nucléole basophile par leur voliune; ils sont plus éloignés de
ce dernier et ils ne se retrouvent, tout au moins jusqu'à plus ample
informé, que dans des cellules spéciales, pigmentées, c'est-à-dire dans
celles du locus niger et celles du lociis cœruleiis. Étant donné que ces cor-
puscules siègent précisément dans les cellules qui sont [)ré|)osées à la
création du pigment, et, d'autre part, qu'ils présentent certaines propriétés
physico-chimiques analogues à celles du pigment de ces cellules, je serais
tenté d'admettre qu'il existe une relation entre la formation du pigment et
la présence de ces corpuscules paranucléolaires. Si je ne donne cette opi-
nion qu'à titre d hypothèse c'est que le pigment préexiste à ra[)parition
des corpuscules |)aranucléolaires.
» Dans le cytoplasma des cellules pigmentées du locus niger j'ai trouvé,
en dehors du pigment, des granulations colorables analogues à celles qui
ont été décrites par Olmer sous le nom de granulations amphophiles dans
les cellules du locus cœruleus. Olmer les avait vainement chercliées dans le
locus niger. J'ai pu les déceler, non seulement chez l'enfant, mais encore
chez l'adulte et même chez le vieillard. J'ai de même pu colorer ces granu-
lations à l'aide de la méthode de Romanowski, avec Biondi simple, et
Biondi acidifié, avec la fuchsine acide et la trancéine. Cette dernière colore
ces granulations en rouge pourpre. »
PHYSIOLOGIE. — Rapport du poids du foie au poids total de l'animal.
Note de M. E. Mauuel, présentée par M. Bouchard.
» Les recherches utilisées dans ce travail comprennent : des recherches
personnelles f.iites sur \e poulet et le pigeon ('); celles faites en collabora-
tion avec le D'' I^agriffe sur le hérisson (^) el sur le lapin (^); celles du
D'' Baylac sur ce dernier animal (^); celles du D'' Alezais sur \e cobaye {^)\
et enfin celles sur le chien [)ubliées MM. Athanasiu et Carvallo C^).
(') Société d' Histoire naturelle de Toulouse (juillet 1900).
(-) Ibid. (7 mars 1900).
(^) Ibid. (2 mai 1900).
(*) Ibid. (17 mai 1900).
(*) Article cobaye du Dictionnaire de Physiologie de Richet.
(') Article chien » »
SÉANCE DU I*^' DÉCEMBRE 1902. lOoi
» Je résume ces différentes recherches dans le Tableau suivant qui
contient les moyennes de ces diverses pesées.
Rapport du poids du foie au poids total de ranimai.
Animaux.
Poids total
moyen
de l'animal.
Poids
total
du foie.
Poids
du foie
par kil.
d'animal.
Animaux jeunes.
^ , i de 35oe ) . „ ,
Cobayes ... 166, 5o 4i«
•' I a 4306. )
i Au-dessous / »t„ ,, , „ ,
Lapins , , .o58,33 478,14
' ( de i4oos. \
, . l Au-dessous ) „ ^
Hérissons , . i7S,.oo 67s, a^
( de ooos. )
\ Au-dessous ) „ „ „,
Poulets , o 206,62 346
( de 800S. )
„. l Au-dessous ) ., ., _
Pigeons ^ 0- , '08,70 306,90
° de 3oos. \
Poids total
moyen
de l'animal.
Poids
total
du ("nie.
Chiens de petites tailles
de 4''5
à 10''".
de 4'^...
2596,00 406, '17
2H8,00 028,8
de 6oo5 j
à 9006. \
Au-dessus (
de 18006. i
Au-dessus (
de 5oos. (
Au-dessus
lie 1 1006.
.Au-dessus
de 4oos.
.\nimaux adultes.
28s
79'^. 39
396
356, 12
l38, I 1
Poids
du foie
par kil.
d'animal.
376, 3o
386,07
55s
286,80
3l6
Chiens de grosses tailles,
de 4o''S
à 3o''6.
de 4o''5 8368 20s, 90
7736
216,90
» Or, de l'examen Le cobaye adulte a 876,30 de foie par kilogramme, et le jeune en a 45?; le lapin
adulte en a 38», 07, et le jeune 47^; le hérisson adulte en a 555, et le jeune 676,22; le
poulet adulte en a 286,80, et le jeune 346; le pigeon adulte en a 3i-' et le jeune 356,90.
» 1° Pour la même espèce animale, quand elle présente des diffi'rences de
volume dépendant des variétés, comme pour le chien, la quanùlé de foie par
kilogramme d animal est d'autant plus élevée que l'animal est plus petit.
n Les chiens de 4o''6 à 3o''6 n'ont que 218, 18 de foie par kilogramme, tandis que
ceux entre io^b et 4'''', en ont 40^. Comme on le voit aussi sur le Tabkau, pour des
poids dix fois supérieurs, de 4o'''^ à 4''"> 'a proportion de foie peut varier de 2 à 5 :
526,8 pour celui de 4''6 et seulement 20«,go pour celui de 4o''".
IOo4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» 3° La proportion du foie par kilogramme varie avec la nature de l'ali-
mentation. C'est à l'alimentation animale que correspond la plus grande pro-
portion et à l'alimentation par les graines que correspond la proportion la
plus Jaible.
» En nous en tenant à la période adulte de ces divers animaux, nous voyons que le
hérisson, qui a une alimentation presque exclusivement animale, a 55» de foie par
kilogramme, tandis que le cobaye et le lapin n'en ont que 875 et 38s. Enfin le pigeon
et le poulet, qui vivent surtout de graines, n'en ont que Si^ et 288,80.
» Quant aux chiens, qui sont également surtout carnivores, même en descendant à
ceux de 4'^°, leur poids est encore trop supérieur à ceux des autres animaux pour qu'on
puisse les comparer avec eux. La proportion de 52R,8o, déjà élevée, serait encore aug-
mentée pour ceux de 3''8, 2''? et i''s. Celle loi de riufUience de l'alimentation sur le
volume du foie se vérifie donc pour le chien comme pour les animaux précédents.
» 4° L'augmentation de la proportion du foie chez le hérisson et chez le
chien paraît bien tenir à V alimentation animale. — Dans deux séries d'expé-
riences de 10 mois et de 6 mois de durée, les proportions du foie par
kilograinme d'animal ont alteint [\è^,[\o et 34^ chez des lapins nourris
avec du fromage, tandis qu'elles sont restées à 3os et 25''' chez les lapins
témoins ayant été nourris avec de l'herbe ( ').
» 5° La nature animale de l'alimentation me paraît agir plus que la com-
position azotée . — Les deux granivores, le poulet et le pigeon, n'ont que
28^,80 et 3isde foie par kilogramme d'animal, tandis que le lapin et le
cobaye, qui sont herbivores, en ont 38^,07 et 3pe^3g.
» Il se pourrait donc que l'hvgiène et la thérapeutique trouvent un
sérieux avantage à employer l'alimentation par les graines, quand la fonc-
tion hépatique est diminuée.
» 6° Enfin la proportion plus grande du foie chez le hérisson ne me paraît
pas tenir à des dépenses plus considérables.
» A volume égal, le cobaye a sensiblement les mêmes dépenses que le
hérisson. C'est, en effet, ce qui résulte des chiffres suivants que je prends
dans mes recherches sur l'influence des saisons sur les dépenses de l'orga-
nisme (-).
(') Influence d'un régime fortement azoté sur le volume du foie des Herbivores
{Société de Biologie, novembre i884).
( ') Influence des saisons sur les dépenses de l'organisme [Expériences faites sur le
hérisson (Languedoc médico-chirurgical, janvier et lévrier 1900)].
SÉANCE DU l" DÉCEMBRE 1902. 'Oo5
Poids
Températures.
total.
t) 0
,«
16 à 17
7i4
30 a 22
70.5
2.5 à 26
779
lyes.
1
périssons.
Dépenses
par kilogramme
PoiJs
Dépenses
par kilogramme
en calories.
Cal
.39
116
98,. 5
total.
s
787
72D
en calories.
Cal
128
lOI
» Comme on le voit, pour des poids compris entre 700^ et 800^, le kilo-
gramme de cohaye a dépen^é i39^*' et celui de hérisson i44^*' aux tempé-
ratures de iG" à 17°. Aux températures de 20" à 22°, ces dépenses se sont
élevées à iiH^"' pour le premier et à 128^"' pour le second; et enfin, aux
températures de 25° à 26°, le premier a dépensé 98^^', 5 et le secomi loi'^"',
c'est-à-dire toujours des quantités aussi rapprochées l'une de l'autre que
possible. »
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur les variations du phosphore minéral, conjugué et
organique, des lissas animaux. Note de M. A.-L. Percival, présentée
par M. A. Gautier.
« C'est aujourd'hui une notion définitivement acquise que le phosphore
qui existe dans l'organisme animal y est sous trois formes, savoir : phos-
phore complètement oxydé ou phos|)hore minéral, phosphore conjugué
(lécithines, nucleines, etc.) et phosphore organique.
» Je viens de terminer à la Faculté de Médecine de Paris, dans le labo-
ratoire de M. le Professeur A. Gautier et avec ses conseils, une série de
recherches sur les proportions relatives de ces trois combinaisons du
phosphore dans les org.mes des animaux.
» La méthode employée à é.té la suivante :
» L'organe frais, privé autant que possible de sang, était finement broyé. On oxydait
une première portion A (los à 20e) par la méthode de Marie (') et l'on dosait le phos-
phore total. Une deuxième portion (25?-5os) était épuisée à froid par l'eau chlorhy-
drique à o,. 5 pour 1000; après 24 heures on filtrait à la trompe, ou mieux, on centrifu-
geait en ayant soin de bien laver plusieurs fois le résidu : le liquide B ainsi obtenu
contenait le phosphore minéral. La pulpe résiduelle était ensuite attaquée à l'ébullition,
pendant 2 heures, avec une solution d'acide chlorhydrique à 5 pour 100 pour dédou-
bler les lécithines et nucleines, etc. On filtrait, on lavait abondamment et l'on obtenait
ainsi une troisième liqueur C contenant le phosphore conjugué. Les liquides B et C
étaient évaporés, et le résidu, ainsi que celui de la filtration précédente qui contenait
(') Comptes rendus, t. CXXIX, 1899, p. 766.
ioo6
ACADÉMIE DES SCIENCES.
le phosphore organique, était ensuite séparément traités par les oxydants pour faire
passer le phosphore à l'état de P-C*.
» Les liqueurs nitriques, filtrées à froid pour éliuiiner les graisseset l'oxyde de
manganèse, étaient traitées par la solution nitromolybdique et le précipité redissous
dans l'ammoniaque, précipité par la mixture magnésienne.
;s di
)) Les résiillals (|iie i ;ii obtenus sont consignes dans les iableaux sui-
vants: j'v donne les moyennes de jilusieurs déterminations bien concor-
dantes. Les nomlires sont tons rapportés à looo^ de substance fraîche et
sont calculés en P^O'.
P-O' du phosphore
H'O
Organes. pour looo.
e
Muscles (bœuf) 729,7
Cœur (mouton) 77"'i^
Intestin de porc (raclure). »
Rate (bœuf) 700,3
Foie (id.) 689,9
Pancréas ( mouton ) 692 , 1
Thymus
Thyroïde
Poumon
Cerveau
Rein
(id.) 765,6
(id.) 7.6,6
(id-)
(id.) 767>5
(id.) 79'ti
Testicules (veau).
860.
Testicules (taureau ) 863,9
Ovaire (vache) '>
Corps jaunes ( vache) »
Mamelle (id.) 667,8
total
pour 1000.
5,067
10, I I
2,93
5,70
5,61
7,49
12,23
3,69
7,45
6,38
4,58
5,17
4,70
4,29
8,42
4,i4
minéral
pour 1000.
1;
2,17
3,80
1.08
'.-6
2,64
3,66
4.54
2,1 5
3,47
1 ,48
■î . 32
2,08
2.3o
1,38
',99
conjugue
pour 1000.
0,95
3,o5
2,35
3,69
7,33
0,87
3,28
3,70
•,92
2,81
1.59
2,86
1,58
organique
pour 1000.
g
1,93
2,68
0,38
o,56
0,62
o,i3
0,25
0,66
0,70
i,i5
o,3o
0,27
0:79
I . 2
2,82
o,4o
■Jes organes examinés est assez
» La différente richesse en phosphor
grande et ressort bien plus clairement f ncore du Tableau suivant où ces
organes sont inscrits suivant l'augmentation du phosphore :
P'-O^
du phosphore total.
Intestin (raclure). 2,93
Thyroïde 3,69
Mamelle 4 , '4
Ovaire 4,29
Rein 4,54
Testicules (taur.). 4,70
Muscles 5,06
Testicules (veau). 5,17
P=Os
du phosphore minéral.
Intestin (raclure)
Ovaire
Cerveau
Rate
1 ,08
1,38
1,43
1,76
Mamelle i ,99
Foie 3,o3
Testicules (veau). 2,08
Thyroïde 2,1 5
P=0'
du phosphore conjugué.
s
Thyroïde 0,87
Muscles o,g5
Intestin (raclure). i,46
Mamelle i,58
Testicules (taur.). 1,09
Ovaire ' jSg
Rein I 192
Foie 2,35
du phosphore organique.
e
Pancréas o, i3
Thymus o,25
Testicules (veau ). 0,27
Rein o, 29
luiestin (raclure). o,38
Mamelle o,4o
Rate 0,55
Foie 0,62
pîO>
du phosphore total.
Foie 5,6i
R;ae 0,70
Cerveau 6,35
Poumon 7,4'^
Pancréas 7'49
Corps jaunes ... . 8,42
Cœur 10, 1 1
Thymus 1 2 ,23
SÉANCE DU l" DÉCEMBRE 1902.
P=0='
rlu phosphore conjugué.
e
Tesliciiles { veau ). 2.17
Corps jaune 2,86
Cœur 3.o5
Rate 3,0.5
Poumon 3,28
Pancréas 3,6g
Cerveau 3 ,70
Tlivnius 7 > 33
100
piQ'
du phospore minéral.
s
Muscles 2,17
Testicules (taui-.). 2,3o
Rein 2 ,32
Corps jaunes 2,78
Poumon 3,47
Pancréas 3,66
Cœur 3,80
Thvmiis 4)54
du phosphore organique.
Tlivroïde 0,66
Poumon 0,-0
Testicules (taur.). 0,79
Cerveau i , i5
Ovaire i ,32
Muscles I ,ç)3
Cœur 2,68
Corps jaunes 2,82
» Ces nombres montrent qu'on ne peut pas c laliln- de rapports con-
stants entre le phosphore total et les autres combinaisons du phosphore.
» Lais.sant de côté le phosphore minéral qui, étant déjà sons une forme
totalement oxydée, a nne importance moins grande que le |)hosphore orga-
nique, on voit que le phosphore conjugué abonde dans les tissus jeunes en
voie d'évolution (testicules de veau, thymus, ovaire), et dans les tissusqui
ont à accomplir un travail notable (cerveau, poumon, cœur), tandis que
pour la rate, sa richesse en phosphore conjugué pourrait être en rapport
avec sa fonction hémolytique. La pauvreté au contraire de la thyroïde en
phosphore conjugué nous autorise, peut-être, à croire à l'existence de
nucléines combinées à d'autres éléments dont le rôle, tel que celiu de l'ar-
senic, pourrait n'être pas moins itnporlant que celui du phosphore.
» La raclure d'intestin, le pancréas, la mamelle, sans doute à cause de
leurs fonctions physiologiques si importantes, contiennent aussi de
grandes quantités de phosphore conjugué, la moitié presque du poids du
phosphore total.
» Les variations du phosphore organique .sont bien plus fortes que
celles du phosphore conjugué, soit comme quantité absolue, soit relative-
ment au phosphore tot;d.
» Le thymus et les testicules de veau, très riches en phosphore con-
jugué, contiennent respectivement en phosphore organique le ^ et le ^ du
phosphore total.
» Très peu riches aussi sont les organes de la digestion dans lesquels le
phosphore organique est, par rapport au phosphore total, le gy dans le
pancréas et le -pj dans la rate, le foie et l'intestin. Les plus grandes quan-
tités de phosphore organique, soit absolument, soit relativement au phos-
phore total, existent dans les muscles, l'ovaire, le cerveau et le cœur. »
IOo8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Recherches physiologiques sur les effets
de la sympathicectomie cervicale. Note de MAI. 3Eocssu et Charrix,
présentée par M. Bouchard.
« Dans ces dernières années, on s'est beaucoup occupé d'une interven-
tion chirurgicale dirigée soit contre certains accidents de \a mnladie de
Basedow, soit contre l'épilepsie : la sympathicectomie. Les uns lui ont
attribué des effets merveilleux, des résultais inespérés; d'autres, sans tou-
tefois préciser leurs griefs, l'ont accusée des plus grands méfaits.
» 11 nous a semblé, avant de choiMr entre des opinions si différentes,
qu'il y avait là une question de Physiologie pathologique à élucider;
abstraction faite de sa non-efficacité possible, le plus grave reproche
adressé à la sympathicectomie a été de provoquer des troubles trophiques
variés, troubles d'autant plus manifestes qu'ils portaient sur la région
céphalique, la face ou le crâne (*). Pour juger dans quelles mesures ces
reproches étaient fondés, nous avons expérimenté sur des animaux tout
jeunes, en voie de développement ou tie croissance, par conséquent jiar-
faitement aptes, s'il devait s'en produire, à permettre d'enregistrer ces
troubles trophiijues; chez les adultes, dont l'architecture est liéfinitive,
ces désordres se réalisent, en effet, plus difficilement.
» Le i4 octobre 1900, chez des cliiens âgés de 2 mois, nous avons réséqué, à Tun
a''™ du sympathique gauche, à l'autre 2=" du sympathique droit. Le même jour, sur
une chevrette de 5 mois, nous avons également pratiqué des résections de 2™ du sym-
pathique et du pneumogastrique gauches, pendant que, chez une agnelle de 4 mois,
ces résections portaient sur ces mêmes nerfs, mais du côté droit.— Dès le 25 octobre,
les chiens ont présenté des dilTérences dans la physionomie; chez l'un et l'autre, l'œil
correspondant à la section paraissait plus petit et plus enfoncé dans la cavité orbilaire;
la fente palpébrale était moins grande, les paupières moins ouvertes; le myosis était
incontestable.
» Avec des signes aussi nets et des désordres aussi rapides, on aurait pu s'attendre
(') Bien souvent, on a pratiqué des sections du sympathique, mais on a surtout eu
pour but l'élude des modifications vasculaires ou des dégénérescences des fibres; plus
rarement, comme dans les faits publiés par Arloing, Morat et Doyon, etc., on a signalé
quelques troubles trophiques discrets, de préférence oculaires. Un élève de Doyon,
Bevne, tenant compte des âges, du développement, se plaçant au même point de vue
que nous, aboutit, dans des recherches inédites, à des conclusions analogues aux
nôtres.
SÉANCE DU !*■■ DÉCEMBRE 1902. 1009
à des troubles Irophiqnes consécutifs as=;ez maraués, aboutissant à l'asymétrie cépha-
lique. En réalité, ces troubles n'ont jamais acquis d'importance et lorsque, en avril igor,
les rleux cliiens furent sacrifiés, pas plus sur la région crânienne que sur la région
faciale il n'y avait d'Iiéminlroiiliie bien marquée. Les modifications extérieures elles-
mêmes n'avaient pas la valeur que tout d'abord on aurait pu leur allribuer; l'œil, qui
semblait plus petit du côté opéré, avait, en réalité, à quelques niilliniélres près, les
mêmes diamètres que l'œil opposé; sa rétraction au fond de l'orbite était la cause de
son aspect extérieur.
» Chez la chevrette et chez le mouton, nous avons enregistré des changements de
tous points identiques à ceux de nos chiens, mais moins accusés. A l'autopsie, égale-
ment pratiquée en avril 1901, il nous sembla cependant qu'il v avait une légère asy-
métrie céphalique, à la vérité peu appréciable; comme le montre la photographie,
cette asymétrie, pour être aperçue, réclamait un examen attentif; pourtant, chez un
mouton, la moitié droite de la voûte palatine était nettement plus étroite et l'hémi-
sphère cérébral du même côté plus aplati.
» Le 7 janvier 190 1, sur deux lapins âgés de 1 mois, nous avons réséqué, à l'un o'=",5
du sympathique droit, à l'autre o'^'",5 du sjmpathique gauche. Les résultats ont été
identiques à ceux que nous ont offerts les chiens : mêmes modifications de l'aspect
extérieur de l'œil, des paupières, de l'ouverture pupillaire. Cet aspect extérieur per-
mettait facilement de reconnaître le côté de la section ; mais, à l'autopsie, sur le sque-
lette ou le cerveau on n'a relevé aucun trouble trophique de quelque importance.
» Tous ces opérés avaient donc présenté des résidtats absolument com-
parables; cependant, malgré leur jeune âge, à l'époque de ces diverses
interventions leur développement était en partie effectué; aussi nous avons
fait porter nos expériences sur une seconde série d'animaux très voisins
de leur naissance.
» Le 9 juin 1903, nous avons soumis à la même opération un jeune bouc né depuis
i5 jours et une chevrette du même âge, puis, le 18 juin, une chienne et un chien
respectivement âgés de 10 jours. Or, chez deux de ces sujets il est actuellement aisé
de relever toutes les modifications extérieures précédemment signalées : du côté de la
résection, œil plus petit, du moins en apparence, fente palpébrale moins grande,
paupières moins ouveiles, pupille contractée. Peut-être pourrait-on mentionner éga-
lement un semblant d'asymétrie céphalique? iNéanmoins, ces modifications ne sont
certainement pas plus accentuées chez ces animaux tout jeunes que chez les premiers.
» Tout faisait prévoir qu'à l'autopsie de ces sujets, dont à 6 mois la croissance
est déjà avancée, on ne trouverait pas d'asymétrie évidente; c'est ce que cette autopsie
a confirmé.
» Il nous semble donc que, dès aujourd'hui, nous sommes autorisés à
dire :
» 1° Que la sympathicectomie provoque, chez les opérés, une modifi-
cation indéniable, mais uiiiunie, de la physionomie;
C. R., 1902, 2- Semestre. (T. CXXXV, N' 22.) l32
lOIO ACADEMIE DES SCIENCES.
» 2° Que cette inodificalion de l'aspect extérieur ne comporte pas de
troubles trophiques constants et importants.
» Sans vouloir établir un étroit rapprochement entre ce qui a été enre-
gistré chez nos animaux et ce qui peut se passer dans l'espèce humaine, il
est évident que les changements relevés à titre expérimer.tal doivent être
plus sensibles et peut-être plus gênants clu'Z 1 homme, dont la face est
plus complexe. Toutefois, comme les désordres sont relativement de peu
de valeur, nous estimons que, si dans cei lains étais pathologiques la
sympathicectomie devait donner de très grandes améliorations, la crainte
des troubles trophiques ne constituerait peut-ôlre ])as un motif suffisant
d'abstention. »
MÉDECINE. — Hcmoglohinurie musculaire. Note de MM. .Heax Camus
et 8*. Pagmez, présentée par M. Bouchard.
« Dans la séance de l'Académie les Sciences du ii août 1902 nous
avons apporté une noisvelle explication de j'hémoglobinurie appuyée sur
des laits tirés de l'expérimentation, de la njcdecine vétérinaire et de la
pathologie humaine. Nos recherches montraient que des injections de suc
musculaire dans les veines et des lésions musculaires provoquées occasion-
naient de l'hémoglol-inurie sans modifications appréciables de la couleur
du plasma sanguin. On sait que, dans les hémoglobinuries causées jiar la
destruction de globules rouges dans le sang circulant, le plasma est teinté
en rouge.
» Les expériences suivantes nous montrent que c'est bien l'hémoglo-
bine du muscle qui passe sans addition d'hémoi^lobine globulaire :
» )° Le suc de muscles de ctiien, débari-assés de leur sang par le passage de plusieurs
litres d'eau salée dans Faorle abdominale, donne de rhémoglobinurie par injection
intraveineuse de quanlilé minime (l'exU-ait de muscle cardiaque ne se comporle pas
di Itérera ment de celui des autres muscles).
» 3° l^e suc musculaire, débarrabsé de son hémoglobine par l'ébullilion ou par le
noir animal, ne donne plus d'Iiémoglobinurie.
» 3° Ce même suc, décoloré et additionné de quantité notable d'hémoglobine glo-
bulaire, ne donne pas d'hémoglobinurie.
)j 4" On sait que le lapin possède des muscles rouges chargés d'hémoglobine et des
muscles blancs qui n'en contiennent pas :
» a. Le suc de muscles rouges de lapin injecté au chien donne de l'hénioglobinurie ;
» h. Le suc des muscles blancs n'en donne pas ;
SÉANCE DU I" DÉCEMBRE 1902. lor i
» c. Le suc de muscles blancs, additionn.- d'Ii.^moglobine globulaire, n'occasionne
pa^ d'hémoglobJnurie.
» 5° La démonstraiion peut en être faite par dosage :
>. a. On fait une injection inlra-veineuse d'une petite quantité de suc musculaire
pur; ri,é.noglobinurie apparaît, puis après 1 heure environ l'urine est redevenue
normale. On dose au coloriinètre la quantité .riu'moglobine qui a passé dans l'urine
par rapport à la quantité injectée.
.. b. Sachant la quantité d'hémoglobine qui a passé en a, on injecte exactement la
même quantité de suc musculaire que la première fois, mais additionnée d'une forte
proportion d'hémoglobine globulaire ; on dose de nouveau au colorimètre l'bémo-lo-
b.ne totale qn, a traversé le rein, et l'on voit ,,ue celte quantité est à peu près iden-
tique à celle de a.
» L'addition d'hémoglobine globulaire n'a modifié en rien l'intensité de l'hémoglo-
buuirie; c'est donc l'hémoglobine du muscle ,pii a passé seule dans les deux cas.
» Si l'on suppose que le passii-e de l'hémoglobine musculaire est favorisé
p;ir une autre substance, il fa.it a.imettre que celte dernière est spéciale
au muscle et intimement unie à l'Iiémoglobine du muscle.
» Les injections d'extrait de rate, de foie, ne nous ont pas donné d'hémo-
globinurie à des doses beaucoup plus fortes que celles du suc muscul:.ire.
» Les solutions d'hémoglobine globulaire n'ont occasionné d'hémoglo-
binurie qu'à de hautes doses (± du poids du sang environ : chiffre de
Poufi( k). tandis que arce qu'elles
trouvent lein- application dans la préparation des sérums thérapeutiques
antitoxiques et antimicrobieiis. »
A 4 iieures et ihiaiie l'Acailemie se forme en Comité secrel.
f^a séance est levée à 5 he ires.
VI. B.
Brr.LETIN BIUl.lOCKAPtlIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 17 novembre 1902.
M. Lœwy, Directeur de l'Observatoire de Paris, présente en liommage à l'Académie
les publications suivantes :
Catalogue de l'Observatoire de Paris : Etoiles observées aux instruments méri-
diens de 1837 a 1881. Positions observées des étoiles de 1887 à 1881. T. IV (xviii*" à x.vivii).
Paris Gauthier-Villars, 1902-1908; 2 vol. in-4".
Observatoire de Paris. Catalogue photographique du Ciel : Coordonnées recti-
lignes. T. I : Zone -+-28'' à -|-25°. Paris, Gautliior-Viilars, 1902; i vol. in-4<>.
Institut de France. Académie des Sciences. Bulletin du Comité international
lOlfi ACADEMIE DES SCIENCES.
permanent pour l'exécution photographique de la Carte du Ciel. T. III, 2" fasc.
Paris, Gaulhier-Villars, 1902; i vol. in-4°.
Annales de l'Observatoire de Paris, publiées sous la direction de M. Maurice
LœwY, Directeur de l'Observatoire : Mémoires, t. XXIII; Observations, 1898. Paris,
Gaulhier-Villars, 1902; 2 vol. iu-4''.
Institut de France. Science et Poésie, par M. Janssen, délégué de l'Académie des
Sciences : Lu dans la séance publique annuelle des Cinq Académies du 23 octobre 1903.
Paris, Firmin-Didot et G'«, 1902 ; i fasc. in-Zj». (Hommage de l'auteur.)
{A suivre.)
ERRATA.
(Séance du 10 noveml)re 1902.)
Noie de M. E. van Aubel, Sur les phénomènes de Hall et le pouvoir
thermo-électrique :
Page 786, ligne i en remontant [note (')], au lieu de M. Maurice Duysk, lisez
M. Maurice Dujk.
(.Séance ài\ 17 novembre 1902.)
Note de M. Azoulav, Repro lucrion en nombre illimité des phono-
grammes en cire, etc. :
Page 879, lignes 2:5 et 26, au lieu de si on l'enlève, lisez si on ne l'enlève pas.
Page 880, ligne 10, après un mandrin cliaullé dans la même étuve, ajoutez (pas
oujours nécessaire).
K 22.
T/VBLK DES A.ÏITICLKS. (Séance du 1- décembre 1902.)
MESIOIRES ET COMMUNlCATlOrVS
DKS MHMUUKS ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pases.
M. Henri Moissan. — Sur la température
trinlUimmation et sur la conibusticn, dans
l'oxygène, des trois variétés de carbone..
M^l. Cil. Bouchard et Henri Claude. — Re-
(cherches expéiimenlales sur l'adi-énaline.
MM. Cu. Bouchard ol Balthazard. — Le
cœur à l'état normal cl au cours de la
grossesse
M. Yves Delage. — Observations à propos
921
928
93,
des injections physiologiques
-M. G. Mittag-Leffler. — Sur l'intégrale
de Laplace-Abel
M. P. Duhe.m. — Sur les conditions néces-
saires pour la stabilité de l'équilibre d'un
système visqueux
M. E. Vallier. — _Tracé des courbes de
. pressions :
Pages.
9.3(1
94:^
IVOMIIVATIOIVS.
Liste de candidats présentée à M. le .Mi-
nistre de l'Instruction publique pour la
place laissée vacante, au Bureau des
Longitudes, par le décès de M. Cornu :
1° M. Darboux, 2° M. Hatl ,J,\
iM. Deslandre.s est élu Membre de la Sec-
lion d'Astronomie, eu remplacement de
"• ^^^ 94s
MEMOIRES PRÉSENTÉS.
M. J. Balondrade adresse une Note relali\c
à des « Bombes et fusées paragrèles »... ^/(S
M. J. Valeïon adresse une Note sur « la lo-
comotion aérienne par les aéroplanes »... g.'i.')
M. BoucAUD adresse une Note relative à
l'Aérostation
M. Henri Villard soumet au jugement de
l'Académie les résultats d'expériences qu'il
a ellecluées avec de grandes hélices à très
pitit pas
CORRESPONDArVCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale un
brochure de ,M. Icilio Guareschi. ayant
pour titre : .< Faustino Malaguti e le sue
opère .)
M. Lœwy fait hommage à l'Académie, au
nom de AL Hepites, d'nn Essai historique
sur les travaux astronomiques exéculés
en Roumanie jusqu'à la fin du xix° siècle.
M. \V. Stekloi'e. — Sur quelques consé-
quences de certains développements en
séries analogues aux développements tri-
gonomélriques
M. R. Levavasseur. — Sur les congruences
à plusieurs inconnues relativement à un
nombre premier impair
M. AuRic. — Sur la généralisation des frac-
tions continues
M. R. LiouviLLE. — Sur les transcendantes
uniformes, déhnies par des équations
diderentielles du second ordre
M. PoNSOT. — Méthode pour évaluer les
températures dans l'échelle thermodyna-
mique centigrade
M. J. Collet. — La pesanteur le long du
parallèle moyen
M. DE FoRCRAND. — Sur la composition dc^
9 15
94'.)
95u
9J-'
956
hydrates de gaz
M. H. GiRAN. — Transformatio]) de l'acide
pyrophosphorique en acide orthophospho-
rique
M. Km. Dufau. — Aluminate de manganèse :
VI-O'Mn
M. II. Baubiony. — Sur le dosage du man-
ganèse
M. H. Cousin. — Action du chlore et du
brome sur les vérutrols mononitrés
M. André Klino. — Sur l'hydrogénation
de l'acétol
M. Marcel Desoude\ — Action des aminés
grasses sur le dibenzoate de méthylène ..
M. Marcel Delépine. — Action des éthers
halogènes sur le thiosulfocarbamatc d'am-
iMcinium
M. Léon Vaillant.— Sur la faune ichlhyo-
logique des eaux douces de Bornéo
.M. Louis Roule. — Sur les Poissons du
genre Chondrostomc dans les eaux douces
de la France
.M. L. Bordas. — Variations morpholo-
giques et anatoniiques présentées par le
gésier chez ((uelques Coléoptères. . ■ .^
M. i'.». Gravier. — Sur les Annélides p"-
91^
gj'.)
9(ii
96.J
yl,,5
9'J7
97"
97-'
97 1
977
9S,,
98:
N^ 22.
SUITE DE LA TABLE DES ARTICLES.
- Ivchètes d'eau douce y ['"A"
M. L. Brunïz. - L'excrétion chez les C.i-
ripèdes ■" " a, „\
M. L. Matruchot. - Application d un ca-
ractère d'ordre éthologique à la classifica-
tion naturelle : ■. ' ' '
M Louis Petit. - De la répartition des
'sphérulins dans les familles végétales . ..
M. Lacroix. - État actuel du volcan de la
Martinique ^" ",<'■' "
MM. J. Pantel et R. de Sinety. - sur 1 évo-
lution de la spermatide chez le Noto-
necta glauca •■ ; ,• •
M. G. Marinesco. - Sur la présence des
corpuscules acidophiles paranucléolaires
Bulletin biblioqraphiquiî _• ■
Errata . . • •
Pages.
984
987
99»
992
997
5
Pages
dans les cellules du locus niger et du
locus cœridcus .."."V'
M. E. Maurel. - Rapport du poids du foie
au poids total de l'animal ■ • ■ "»
M A.-L. Percival. - Sur les variations du
phosphore minéral, conjugué et orga-
nique, dans les tissus animaux • • •
MM. Moussu et Charrin. - Recherches
physiologiques sur les effets de la sympa-
thicectomie cervicale ■ • ■ '°°
MM. Jean Camus et P. Pagniez. - Hemo-
globinurie musculaire • • '°'°
MM A. Calmette et E. Breton. — Sur la
formation des anticorps dans le sérum
des animaux vaccinés '°'
ioi5
1016
GAUTHIEK-VILLARS, I mpr im e u r - É di t e ur ,
QUAI DES GRANDS-AUGUSTINS, 55, V PARIS (6').
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
PUBLIÉS PAR LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
Par déoisio. de l'Académie des Sciences, les prix de l'abonnement et des collections sont
désormais fixés ainsi qu'il suit :
PRIX DE L'ABONNEMENT :
p,,.3 ...: 30 fr. I DEPARTEMENTS 40 fr. i ETRA.aER 4^ J^
f iii\ ,«-s à iSa-î linià k i^i, se vend séparément
iment
TABLES GÉNÉRALES.
25 fr.
■.•„l E GÉNÉRALE des Tomes là 31 (i835-i83o) ^^ ^5 fr.
_ Tomes 32 à 61 (i85i-i86o) 25 fr.
_ Tomes 62 i» 91 (1866-1880) 25 fr
_ Tomes. 92 à 121 (iSS.-iSgS)
Chaque Volu.10 des Tables générales comprend une T.Heparor.re aipkaléa.ue ,'auUur.
et une raWeiJfl'- ma(îVr« très dctaïUee.
w^>^m<
PARIS. - IMPRIMERIE GAUTH lE R-V IL L A RS,
Quai des Grands-Augustins, 55.
Le Gérant: GaUTHIER-Villars.
'^^'^ SECOND SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
TOME CXXXV.
N° 23 (8 Décembre 1902).
^ PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMKUR-LIBKAIRE
DES COMPTES RENDUS DES ÏÎÉANGES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai lies Grancis-Augustins, 55.
1902
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS
Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875
■ ^ —- — «?^?
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l' Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article i". — Impression des travaux de l'Académie.
Les extraits desMémoiresprésentéspar un Membre
ou par un associé étranger de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages jjar année.
Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie
ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans
le Compte rendu àe, la semaine que si elle a été remise
le jour même de la séance.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de Sa pages par année.
Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis-
cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca-
démie ; cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont
ils donnent lecture à l'Académie avant de les re-
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie.en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap-
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séan
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savi
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des per;
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'i
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoire
tenus de les réduire au nombre de pages reqt
Membre qui fait la présentation est toujours ne
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet!
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils I
pour les articles ordinaires de la correspondam
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être n
l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plust;
jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à t
le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compte
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rend
vant et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus ne contiennent ni plancli
figures.
Dans le cas exceptionnel oîi des figures se
autorisées, l'espace occupé par ces figures con
pour l'étendue réglementaire.
Le tirage à part des articles est aux frais d
teurs ; il n'y a d'exception que pour les Rappc
les Instructions demandés par le Gouvernemen
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administratif
un Rapport sur la situation des Comptes rendus
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution di
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède fa séance, avant 5'. Autrement la présentation sera remise à la séance ««
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 8 DÉCEMBRE 1902,
PRÉSIDENCE DE M. BOUQUlîT DK LA GRYE.
MEMOIRES ET COMMUNICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
En annonçant à l'Académie les pertes doiiioureuses qu'elle vient de faire
dans la personne de M. Dehérain, Membre de la Section d'Économie
rurale, et dans la personne de M. Eaulefeuille, Membre de la Section de
Minéralogie, M. le Président s'exprime en ces termes :
« Mes chers Confrères,
» La mort avait déjà frappé cinq fois cette année à la porte de l'Aca-
démie, et j'espérais bien, à cette date du 8 décembre, que d'autres deuils
nous seraient épargnés, lorsque j'ai appris ce matin la mort de M. Dehérain
et, en entrant en séance, celle de M. Hautefeuille.
» M. Delif-rain passait à juste titre pour une des lumières de la science
agronomique; il était des nôtres depuis l'année 1887, et tout le monde se
souvient de la clarté de ses Communications, du soin avec lequel ses
expériences étaient conçues et exécutées, et des profits qu'en tiraient les
agriculteurs.
» M. Dehérain n'avait ici que des amis et, lorsqu'il tomba malade, il y a
i5 jours, nous faisions tous des vœux ardents pour son rétablissement.
» L'Académie s'associe pleinement au deuil de sa famille.
» M. Hautefeuille a été frappé ce matin en pleine santé; lundi dernier
il était encore des nôtres, et personne ne pouvait penser à une fin aussi
proche*.
» En sortant de l'Ecole Centrale, il était entré dans le laboratoire de
M. Sainte-Claire Deville, dont il était devenu l'un des plus brillants élèves
et l'ami.
G. R., 1902, 1' Semestre. T. CXXXV, N" 23.) I 33
I0l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Ses recherches l'avaient amené à pouvoir reconstituer des cristaux
mesurables des pierres rares, et les minéralogistes, lors de la dernière
Exposition, regardaient avec admiration la belle collection qu'il avait
présentée.
» Notre Confrère meurt jeune, en pleine possession de toutes ses
facultés; l'Académie s'associe à la douleur de sa famille et de ses amis. »
La séance est levée en signe de deuil immédiatement après le dépouille-
ment de la Correspondance.
CHIMIE. — Sur la transformation du diamant en carbone noir (charbon) pen-
dant son oxydation, et sur les changements isomèriques des corps simples
pendant les décompositions et combinaisons ; ])ar M. Bkrtiielot.
« Les très intéressantes expériences publiées par M. Moissan, dans la
dernière séance de l'Académie, sur la combustion du diamant, m'engagent
à rappeler les phénomènes suivants, qu'il ne paraît pas avoir eu l'occasion
de rencontrer.
)) Dans le cours de ses expériences sur la combustion du diamant dans
l'air, provoquée au moyen du verre ardent (lentille concentrant la chaleur
solaire), Lavoisier en a décrit plusieurs, dans lesquelles la combustion du
diamant, avant qu'elle fût complète, avait été accompagnée par la for-
mation d'une substance charbonneuse superficielle, qui subsistait après
refroidissement des fragments non brûlés; d'où il a conclu que le diamant
est susceptible de se réduire en charbon dans quelques circonstances
{OEuvres, t. II, p. 72 (')].
» Au cours de mes propres expériences, faites il y a quelques années
pour déterminer la chaleur de combustion du carbone pris sous dilTérents
états, et notamment celle du diamant, j'ai eu occasion de reproduire ces
observations, en brûlant incomplètement dans l'oxygène sec et pur le dia-
mant déposé dans une nacelle, au sein de tubes de porcelaine et même
de tubes de verre dur. La dose de carbone amorphe ainsi régénéré était
d'ailleurs extrêmement faible; ce qui ne m'a pas permis d'en étudier l'état
isomérique. Cependant il [)araît probible que ce carbone renferme du
(') Dans ma Notice récente Sur le second registre de laboratoire de Lavoisier,
une faute d'in)pres5ion indique à cet égard le Tome I, au lieu du Tome II de ses OEuvres.
SÉANCH nu 8 UÉCKMBRE KjOI. 1019
graphite : le graphite se produit en effet pendant la combustion vive du
carbone amorphe dans l'oxygène, d'après mes observations (').
» Cette transformation résulte-t-elle de l'action seule de la haute tem-
pérature développée pendant les combustions, ou bien d'un changement
d'état isomérique, opéré au moment de la combinaison, par le fait même de
cette combinaison ; tel que je l'ai observé, notamment pour le soufre ordi-
naire attaqué par l'acide azotique bouillant (") et en sens inverse, pour le
soufre insoluble attaqué par les sulfures alcalins (') ou l'hydrogène sulfuré,
ainsi que pour l'argent pur, mis en présence de l'oxygène (') vers doo°?
]^e contact même de certains corps éleclronégatifs, au moment de la
décomposition d'un composé carboné, suffit pour déterminer (au moins
partiellement) l'état du carbone qui se sépare; ainsi que je l'ai constaté
en observant la production du graphite dans la décomposition pyrcgénée,
à la température rouge, du chlorure de carbone (^) et des composés iodés
et spécialement dans la dissociation (") du sulfure de carbone.
» Je rappellerai que les diversités si nettes, reconnues par M. Moissan
dans la combustion par l'oxygène libre des différentes variétés de carbone,
se manifestent également lorsqu'on oxyde par voie humide ces mêmes
variétés ('). Par exemple, en les traitant par l'acide azotique pur, ou associé
au chlorate de potasse : ce qui fournit, suivant les états du carbone, dif-
férents oxydes graphitiques; ou bien certains composés, de l'ordre des
acides humiques, transformables ensuite en carbures d'hydrogène diver-
sement condensés par l'acide iodhydrique ('); tandis que le diamant n'est
nullement attaqué par les mêmes voies humides.
(') Aiinaies de Chimie et. de Pliyaique, 4" série, t. XIX, p. 4i8; 1870.
(-) Le so;ifie oïdinaire fond ainsi cl s'atLit(|ue; si on laisse rel'roidir le tout lente-
ment, le glolndede soufre solidifié se trouve recouverl d'une couche de soiiire inso-
luble que la sinijjle fusion du soufre à celle leuipérature ne produit jamais. — On
observe aussi la transformation de la variété de soufie insoluble, isolée par refroidis-
sement brusque, eu variété plus stable par sou contact prolongé, même à froid, avec
l'acide azotique, ou avec l'acide sulfureux. — Annales de Chimie et de Physique,
3" série, t. XLIX, p. 485; 1857. — Même Recueil, 4" série, t. I, p. 893 et 394; 1864.
(3) Même I^ecueil, 3'= série, t. XLIX, p. 436, 4^9, 443; 1857.
(*) Même Recueil, ']" série, t. XXII, p. 289 et 3io; 1901.
(^) Même Recueil, 4= série, t. XIX, p. 422,4^3; 1870.— Le formène n'en donne pas.
(«) Même Mémoire, p. 423, et t. XVIII, p. 168.
C) Même Mémoire, p. 4oi tl passini.
[^ ) Mèuje Mémoire, p. 4o5 el 4 '5.
I020 ACADEMIE DES SCIENCES.
» De même le carbone amorphe pur, exempt de cendres et d'hydrogène,
tel qu'il est obtenu en traitant le charbon de bois au rouge vif par un cou-
rant prolongé de chlore, ce carbone pur, dis-je, traité ensuite à froid par
une dissolution d'acide chromique, fournit de l'acide carbonique et de
l'acide oxalique ('). »
ANALYSE MATHÉMATIQME. — Sur ï irréduclihililé de V équation :
Note de M. Paul Paixlevé.
V 1. Dans les Comptes rendus du i*'' septembre, M. R. Liouville a
publié, sur l'équation
une Note dont voici la conclusion textuelle :
» L'intégration de l'équation (i) est ainsi réduite ^ à celle d'un système
linéaire (^ du quatrième ordre) (loc.cit., p. 394» lignes 11 et 12 à partir
du bas).
)) Dans une Note du 8 septembre, j'ai répondu que M. Liouville n'avait
rien démontré sur l' équation (i) qui ne fût évident pour toute équation diffé-
rentielle du second ordre.
» Dans ses Notes récentes, M. Liouville déclare (\nil n'a ni énoncé ni
démontré sur r équation {\) aucun résultat qui ne s'applique, en effet, aune
équation quelconque du second ordre.
» Par conséquent, M. Liouville aurait aussi bien pu donner à sa con-
clusion cette forme :
M L'intégration d'une équation différentielle quelconque du second ordre
est ainsi réduite à celle d'un système linéaire du quatrième ordre.
» Ce dernier énoncé suffit, je crois, à décider si j'ai eu raison de quali-
fier d'illusoire la réduction imaginée par M. Liouville. Toutefois, comme il
m'importe beaucoup de ne laisser aucun crédit à l'opinion d'après laquelle
l'équation (i) serait ramenée à une équation linéaire, j'insisterai une der-
nière fois sur l'énoncé précis des résultats de M. Liouville.
(') Annales de Chimie et de Physique, l^' série, t. XXIII, p. 218; 1871.
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1902. I02I
» 2. Ecrivons l'équation (i) sous la forme
et soit ii(x,Y,z) une intégrale première de (2). Appelons, d'autre part,
système 1 tout système d'équations aux dérivées partielles en n'(x,y,z)
dont la solution générale est de la forme
j w(x,y,z) = a,w^-ha.ir.,-ha3iV3-^a,w.,
^ ' i (a,, a.,, «3, «i constantes arbitraires).
Un tel système est linéaire par rapport à w et à ses dérivées premières, et
ses coefficients sont des coefficients analytiques deœ,y, z. Ceci posé, le
résultat démontré par M. Liouville s'énonce ainsi :
)) // existe des systèmes 1 tels que le quotient u=— de deux solutions arbi-
traires «',, w. de 1 soit une intégrale première de (2).
» Cette proposition est évidente pour n'importe quelle équation du second
ordre. Écrivons, en effet, une telle équation sous la forme
(4) ^ = -' ^■^^(^'y'^^ (R algébrique en a;, v, s),
et appelons système S tout système 1 tel que le quotient de deux solutions
quelconques de 1 soit une intégrale première de (4). Pour obtenir un
système S, il suffit de choisir arbitrairement une fonction /(a:, y, s) et
quatre intégrales premières m,, «2» "s» "» *le (4); si l'on pose
w = (a,Uf -h a.Ui-h a^ii.-h a^u.,)J,
la fonction w vérifie lui système différentiel 1 qui est un système S, et
tous les systèmes S peuvent s'obtenir de celte manière.
» Un système S une fois connu, son intégration revient (d'après la mé-
thode de Meyer, par e\emp\e) a celle (Vune équation linéaire ordinaire du
quatrième ordre. Mais, quand l'équation proposée (4) est quelconque, il est
impossible, en général, de construire effectivement un système S. En effet,
les coefficients d'un quelconque de ces systèmes sont des fonctions analy-
tiques de X, y, z qui vérifient certaines équations (algébriques) aux déri-
vées partielles ( ' )', soit T. Or l'intégration de ces équations T revient à celle
(») Ces équations T sont les conditions nécessaires et suffisantes : 1° pour que les
I022 ACADEMIE DES SCIENCES.
d'une certaine équation différentielle ordinaire, du deuxième ordre, qui
est de l'espèce la plus générale en même temps que la proposée. D'une façon
plus précise, cette équation auxiliaire du deuxième ordre est, en général,
exactement équivalente à la proposée (4) : autrement dit, l'intégration
d'une de ces deux équations entraîne celle de l'autre, sans intégrations
nouvelles. Il n'en est autrement que |)our des équations (4) exception-
nelles; par exemple, si l'équation (4) est convenablement choisie, il
existera un système S algébrique en x, y, z.
« 3. Ces remarques faites, je reviens aux propositions de M. Liouville.
Ayant établi pour l'équation (i) l'existence des systèmes S (évidente pour
toute équation du deuxième ordre), M. Liouville en conclut immédiate-
ment :
» L'intégration de l'équadon (i) est ainsi réduite à celle d^unsystème linéaire
du quatrième ordre (système S).
» Qui ne voit que la conclusion exacte est la suivante :
« L'intégration de (i) est ainsi ramenée : \° à la formation effective
» d'un système S ; 2° à l'intégration de ce système linéaire » ?
M Cet énoncé est vrai pour toute équation (4). Mais l'opération i° est
impossible à effectuer si l'équation (4) n'est pas exceptionnelle, et
M. Liouville ne montrait nullement (') que l'équation (i) fût (à ce point
de vue) exceptionnelle.
» C'est là ce que j'ai expliqué en substance dans ma réponse du 8 sep-
tembre. M. Liouville objecte que cette réponse ne lui a rien appris. Par
conséquent, lorsqu'il a rédigé sa Note du i*"' septembre, M. Liouville
savait qu'il ramenait en réalité l'intégration de (i) à deux opérations suc-
cessives: 1° formation effective d'un système S ; 2° intégration de ce sys-
tème linéaire. Il savait que la première de ces opérations dépend d'une équa-
tion différentielle ordinaire du deuxième ordre (équivalente en général à
la proposée) qu'il n'avait aucun moyeu d'intégrer. Et, sachant cela, il a
écrit: « L'intégration de l'équation (i) est ainsi réduite à celle d'un sys-
» tème linéaire du quatrième ordre » (en réservant les calculs pour une
équations S soient compatibles [j'entends: aient une solution générale de la forme (3)];
2° pour que le quotient — ^- de deux solutions arbitraires de S soit une intégrale pre-
mière de (4).
(') Et ne pouvait le montrer, puisque la chose n'est pas exacte (comme je l'ai établi
par la suite).
SÉANCE DU H DÉCEMBRE 1902. I023
Communication prochaine). Cette terminologie me semble inadmissible.
A quels résultats extraordinaires n'arriver;iit-on pas si on l'admettait?
A celui-ci, pnr exemple .• Toute équation du deuxième ordre (ou d'ordre n)
est intégrable par quadratures. En etl'et, soient m, (a-, y, z), u.,(x, y, z)
deux intégrales premières de (4); il existe évidemment des systèmes de la
forme
(5)
du du du
(c, Pj y, fonctions analytiques de .r, y, z), dont la solution générale
est w = M, 4- const., c = r/o + coiist. Un tel système (5) s'intégrant par
quadratures, l'intégration de (4) est réduite aux quadratures. Tel est
exactement le mode de raisonnement de M. Jjouville dans sa Note du
i*"" septembre.
» 4. Il est une chose encore que je m'explique mal. La Note en question
se termine par cette phrase (loc. cit., p. 395) :
« Au surplus, l'emploi des considérations qui viennent d'être indiquées
» n'est pas limité aux équations du second ordre à points critiques fixes :
» les cas dans lesquels s'applique une transformation analogue sont étendus ».
)) Pourquoi M. Liouville n'a-t-il pas écrit (pnisiju'il le savait) que sa
transformation s'a|)plifpiait, sans la moindre modification, à toutes les
équations du second ordre? Autrement dit, qu'il réduisait n'importe quelle
équation du deuxième ordre à une équation linéaire du quatrième ordre?
Tous les lecteurs eussent compris, du coup, le sens inusité tlans lequel
M. J.iouville employait le mot réduction.
n Mais je ne veux pas épiloguer davantage sur ces détails. Ce qui im-
porte, c'est que nous soyons mnintenant d'accord, M. Liouville et moi,
sur les résultats par lui établis. Il est donc bien entendu que tout ce qu'a
démon/ré M. Liouville sur l'équation (i) est i-rai pour n'importe quelle équation
du second ordre, i'ar conséquent, l'assertion d'après laquelle l'intégration
de l'équation (i) serait réduite à celle d'un système linéaire du quatrième
ordre est nulle et non avenue.
)) 5. De l'irréductibilité absolue de l'équalion (i). — Je dirai maintenant
quelques mots d'un sujet qu'a touché M. l^iouviUe dans ses deux der-
nières Notes. J'ai montré, dans ma Communication du 27 octobre, que
l'équation (i) est irréductible au sens de M. Drach, par suite absolument
irréductible. M. Liouville ne pense pas que l'irréductibilité ainsi entendue
1024 ACADÉMIE DES SCIENCES.
soit vraimenl absolue, et il pose la question suivante qui ne lui semble pas
tranchée par ma Note du 27 octobre :
» Parmi les', systèmes linéaires S qui correspondent à l'équation (i), en
existe-t-il un qui soit algébrique en œ, y, z, ou dont les coefficients soient des
fonctions de x, y, z qui s'expriment à l'aide des transcendantes connues?
» Je vais montrer brièvement que cette question se trouve résolue dans
le sens négati/piir les résultats que j'ai publiés. Il est exact, en effet, qu'une
solution (V (07, y, s) d'un système S [attaché à (1)] n'est pas, en général,
une intégrale première de (i), mais le quotient
u = «."■■ + ^."'-2 + «3"'3 + «>»V .^^ ^ constantes arbitraires)
de deux solutions arbitraires de S est une telle intégrale et, d'autre part,
vérifie un certain système différentiel de forme connue, soit S', dont les
coefficients sont des combinaisons algébriques des coefficients de S et de
leurs dérivées. La question posée par M. Liouville équivaut donc à la sui-
vante : « Parmi les systèmes S' correspondant à l'équation (i), en existe-t-il
» dont les coefficients soient des fonctions algébriques ou des transcen-
w dantes connues en a;, jK, -? »
» Admettons, pour un instant, qu'un des systèmes S' attachés à l'équa-
tion (i) soit algébrique. L'équation (i) est alors réductible au sens de
M. Drach, et le théorème de M. Drach conduit, dans ce cas particulier, à ce
résultat singulièrement précis : il existe nécessairement — soit un système
linéaire (algébrique) du troisième ordre, dont la solution générale est de la
forme u{x] y, z) = educ fait intervenir dans son
équation (b). C'est donc par :nadverlance qu'il a identifié ses deux d'.
» Pour refaire le calcul de M. Leduc il faut, dans l'équation (b), rem-
placer d' par la vraie valeur S de ce terme, c'est-à-dire par la densité de
l'azote atmosphérique pur telle que serait c^tle densité si l'on enlevait à
cet azote les gaz combustibles qui peuvent l'accompagner dans l'air. Pour
calculer la valeur de S, rappelons que j'ai trouvé dans l'air de Paris, où
ont été faites les expérierices de Dumas, puis de V. Regnault, environ
19 cent, cubes d'hydrogèns et i3 cent, cubes de gaz méthane CH^ par
100 litres. Dans l'analyse de l'air en poids de Dumas et Boussingault, on
conçoit rpi'en pa'^sant sur le enivre porté au rouge, ces gaz combustibles
ont dû réduire en quelque mesure l'oxvde de cuivre qui se forme, et
envoyer dans l'azote recueilli un peu de vapeur d'eau et d'acide carbo-
nique, accompagnés de l'excès d'hydrogène pur et de gaz formène non
comburés. Dans leiir détermination de la densité de l'azote extraitjde
l'air par le cuivre, J.-B. Dumas ni V. Regn;;ult ne se sont pas préoccupés
de cette cause d'erreur. M. Leduc, dans ses recherches postérieures (' ),
a retenu, il est vrai, la vai)r>?ir d'eau formée, mais non les autres impuretés
gazeuses. De là, dans les expériences de Dumas et Boussingault, mais pour
une raison autre q ic celle invoquée par M. Leduc, un poifis d'oxygène un
(') RecJierches sur les gaz, p. 3o.
SÉANCE DU 8 DÉCKMBRn T()02. IO29
peu faible et d'azole un peu fart, et, pour tous ces expérimentateurs, une
densité de l'azote faussée par la présence d'un ensemble de gaz presque
tous plus légers que lui.
» L'erreur commise est petite, et l'on peut la calculer avec une assez
grande iipproximntion. En effet, il résulte des expériences de J. Boussin-
gault (') rapprochées des miennes (-) que, lorsqu'on fait passer l'air des
villes dans un tube plein de cuivre métallique porté au routée, grâce à
la dilution extrême des gaz combustibles existant dans cet air, le sixième
environ de son hvdrogène total (H et CH') est brûlé, les | échappant à la
combustion. J'ai, d'autre part, établi que pour i cent. cubi> d'hydrogène
ainsi transformé en eau il se fait, dans ces conditions, o""'',57 de CO^
provenant du gaz des marais qui ne brûle que partiellement (').
» L'air contenant à Paris en moyenne 19 cent, cubes d'hydrogène libre
et i3 cent, cubes de gaz CH^ par 100 litres {loc. cit., p. c)/j). après le
passage de ce volume d'air flans un tiib'^ p!'-in fie cuivre au rouge, on
recueillera 79 200 cent, cubes fl'azote impur, composé comme il suit d'après
ce qu'on vient fie dire :
En vapeur.
ce.
Combiislion du sixième de l'Iiydrosène total de looooo cent. culi. H^O=r 6,6
CO- l'orn)C ri'pondnnt au CH' lirûlé CO" =r 8,76
I de I hydrogène lilire de l'air ])riniitif H rrr 16, i5
CH' restant (1 a'-"''— 3-^', 76) CH- = 8,24
Azote atmosphérique Az =: 79 i65.25
Total 79200,00
» C'est la densité de ce mélange que Dumas a trouvé égale à 0,9720.
» Il est facile d'en détluire la vraie densité fie l'azote atmosphérique S;
nous avons, en effet,
§ X 7Q 1 65-+- 0.623 X 0,6 -i- I .fj^o X 3,76-i-o,oo6<)3 Xi6,i5-t-o,o56x8,24
— ^y^ -1 i =: 0,0720,
79200
d'où
s = 0,9723 (densité de l'azote atmosphérique corrigée)
au lieu de 0,9720 et 0,97208 trouvé par Dumas et par M. A. Leduc pour
la A ce stade, l'hématie-hôte a généralement son aspect normal, le noyau est à sa
place ou bien il est légèrement refoulé.
» Le parasite, à une phase plus avancée de sa croissance, s'allonge en forme de
boudin recourbé et arrondi à ses extrémités. L'une des extrémités s'effile ensuite et
se replie, comme cela est indiqué dans les figures 5 et 6.
)) Le parasite replié à l'intérieur d'une hématie mesure, lorsqu'il est arrivé à son
développement complet, 18!^ de long (ce qui représente 26!^ à 26!^ pour le parasite
déplié) sur 4^^ de large environ.
» Le grand axe de l'Hémogrégarine est, en général, parallèle au grand axe de l'hé-
matie, mais le parasite peut se développer aussi dans des positions obliques ou même
perpendiculaires par rapport à cet axe.
» Le noyau de l'Hémogrégarine reste toujours dans la moitié la plus épaisse du
parasite. Le protoplasme ne contient que très peu de granulations chromatiques.
» Les hématies qui contiennent des parasites arrivés à leur développement complet
s'allon'^ent, comme cela est indiqué dans la figure 6; le noyau de l'hématie est refoulé
et assez souvent hypertrophié ; le noyau s'allonge parfois de telle façon qu'il a la même
longueur que le parasite, les noyaux hypertrophiés se colorent plus fortement que les
noyaux des hématies normales.
» L'Hémogrégarine de Crotalus confluenlus est endoglobulaire comme les Hémo-
grégarines décrites ci-dessus, mais elle s'en distingue par plusieurs caractères. Les plug
grandes formes ont i5i^ à i6i^ de long sur 5!^ à 6t^ de large et le parasite ne paraît pas
se replier dans l'hématie. H. crotali est donc à la fois plus courte et plus large que les
Hémo^régarines qui précèdent; de plus elle exerce une action constante sur le noyau
de l'hématie-hôte qni est toujours hypertrophié et souvent dans des proportions consi-
dérables, comme l'indiquent les figures 7, 8 et 9. 11 n'est pas rare de voir des noyaux
d'hématies qui atteignent ou dépassent même la longueur des parasites endoglobu-
laires arrivés à leur développement complet, soit i6l^ à i8l^ de long. Après destruction
des hématies, les noyaux hypertrophiés {fig. 8 et 9 «, «) restent adhérents aux parasites.
Les noyaux des hématies parasitées se colorent plus fortement que les noyaux des
hématies normales.
» Les figures 10 à i3 se rapportent à l'Hémogrégarine du Mocassin d'eau, Ancis-
trodonpiscivorus. Je désignerai cette Hémogrégarine sous le nom de //. mocassini.
Les formes jeunes {fig. 10) sont étroites, non repliées sur elles-mêmes; les formes plus
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE I902. lo3ç)
avancées dans leur développement sont repliées comme l'indiquent les figures n et 12.
Le noyau de l'hématie-hôle est refoulé et aplati, il est rarement hypertrophié; l'hématie
parasitée s'allonge souvent. Il n'est pas rare de trouver deux, parasites dans une hématie.
Les Hémogrégarines repliées dans les hématies mesurent de 12I'' à ijV- de long; libres
et dépliées, elles mesurent de 201^ à 25H-.
» Ces Hémogrégarines ont évidemment de grandes ressemblances entre
elles; faut-il admettre avec Langmann et Lutz qu'elles appartiennent toutes
à une même espèce, Drepanidium serpentium Lulz? Je ne le crois pas. Il
est très probable que H. crotali, par exemple, est d'une autre espèce que
H. najae; ce dernier parasite est plus long et plus grêle que le premier et
il n'agit pas comme lui sur les noyaux des hématies-hôtes (').
» Nous sommes, malheureusement, très peu renseignés sur l'évolution
des Hémogrégarines des Ophidiens, ce qui rend la différenciation des es-
pèces très difficile.
» Dans aucune des préparations de sang d'Ophidiens infectés d'Hémo-
grégarines que j'ai examinées, je n'ai vu de formes démultiplication de ces
parasites. H en est de même pour les Hémogrégarines des Chéloniens. Chez
Emys lutaria, c'est dans les viscères et, en particulier, dans le foie qu'il
faut rechercher les formes de reproduction endogène de H. Stepanowi (^ );
de même pour H. slepanowiana de Damonia Reevesii (').
» Lutz a trouvé dans les poumons de plusieurs Ophidiens ayant des Hé-
mogrégarines et, en particulier, chez Eunectes murinus, des éléments para-
sitaires en voie de multiplication qu'il a décrits sous les noms de kystes à
macrosporozoï les et à microsporozoïtes. Sur des coupes d'un morceau de
poumon à' Eunectes murinus que M. Lutz a bien voulu m'envoyer, j'ai re-
trouvé les formes de multiplication décrites par ce savant confrère; l'exis-
tence de ces formes n'est donc pas douteuse, l'interprétation des faits est
seule discutable.
» Les Hémogrégarines qui vont se multiplier augmentent de volume,
elles deviennent en outre inoins flexibles ; on comprend donc qu'elles
s'arrêtent dans les capillaires : c'est probablement pour cela que les formes
(') J'ai déjà appelé l'attention sur ce fait que certains Protozoaires endoglobu-
laires déterminent l'hypertrophie du noyau de la cellule-hôte, tandis que des parasites
d'espèces voisines sont sans action sur ce noyau. {Soc. de Biologie, 28 avril 1900 et
18 octobre 1902.)
(^) Laveran, Soc. de Biologie, 1" et 8 octobre 1S98.
(') Lavkkan et Mes.ml, Comptes rendus, 20 octobre 1902.
Io4o ACADÉMIE DES SCIENCES.
de multiplication ne se rencontrent pas, en général, dans le sang de la
grande circulation.
)) L'élude des Hémogrégarines ne doit pas être faite seulement dans le
sang, il faut la poursuivre dans les organes internes : dans le foie, dans les
reins et dans les poumons, sur des frottis ou sur des coupes histologiques
de ces viscères.
» Il V aura lieu aussi de rechercher comment se fait l'infection. Lang-
mann, qui constate que les espèces aquatiques d'Ophidiens sont plus souvent
infectées que les autres ( ' ), suppose que ces serpents s'infectent en man-
geant des grenouilles. Cette supposition paraît inadmissible; d'une part,
les Hémogrégarines des Batraciens appartiennent à d'autres espèces que
les Hémogrégarines des Ophidiens; d'autre part, il n'y a pas d'exemple
d'une maladie due à des Protozoaires parasites du sang se transmettant par
les voies digestive'^. Tons les faits connus sont favorables à une transmis-
sion par des ectoparasites se nourrissant de sang. On trouve, chez les
Lézards et les Tortues, des Ixodes qui très probablement servent à la pro-
pagation des Hémogrégarines; il est probable que, chez les Ophidiens, il
existe également des ectoparasites. »
PATHOLOGIE VÉGÉTALE. — De l' action inleme du sulfate de cuivre dans la
résistance de la pomme de terre au Phytophthora infestans. Note de
M. Emile Laurent.
« Tels qu'ils sont employés dans la pratique, les sels de cuivre agissent
soit en tuant les spores des champignons parasites, soit en paralysant leur
développement.
» On peut se demander si les matières antiseptiques ne peuvent pas
être absorbées par les plantes parasitées elles-mêmes et exercer dans les
sucs cellulaires une influence immunisante contre les ennemis crypto-
gamiqnes. Il faut pour cela que ces substances soient utilisées à des doses
qui ne nuisent pas à la végétation et qu'elles puissent diffuser dans les
tissus.
» Par leur sensibilité extrême à l'égard des sels de cuivre, les Péro-
nosporacées étaient tout indiquées pour des essais de cette nature.
(') Billet avait déjà constaté que, au Tonkiii, les Hémogrégarines se rencontrent
principalement chez les Ophidiens qui vivent dans la boue des rizières {Soc. de Bio-
logie, 19 janvier 1895).
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE r902. I04l
» Une expérience commencée en mai 1901 sur la pomme de terre n'a
pas fourni de résultats probants parce que celte année la maladie ne s'est
pas montrée dans nos cultures. Répété en mai 1902, le même essai a donné
lieu à des observations intéressantes.
» A 6o''s de terre de jardin on a mélangé 60^ de sulfate de cuivre dis-
sous dans l'eau. Le tout a été réparti entre douze pots qui n'étaient rem-
plis qu'à moitié afin de permettre de butter plus tard les tiges aériennes.
» Six ont reçu des tubercules de la variété Marjolin; dans les six autres
on a planté la variété blanchard. Toutes les deux sont très sensibles à la
maladie.
» Parmi les tubercules employés, la moitié provenait de cultures faites
en 1901 dans une terre analogue additionnée de la même dose de sulfate
de cuivre. Je me proposais d'examiner si la pomme de terre est susceptible
de s'adapter aux sols cuprifères. Aucune observation ultérieure n'a con-
firmé cette supposition.
» A côté des douze pots contenant du sulfate de cuivre, il y en avait six,
trois pour chaque variété étudiée, dans lesquels se trouvait la même terre,
mais privée de ce sel.
» En juin, on a butté les tiges de pomme en remplissant les pots avec
de la terre qui, sauf pour les témoins, avait été additionnée de i pour 1000
de sulfate de cuivre.
» Le développement des tiges dans les 18 pots n'a point présenté de
différence que l'on puisse attribuer à l'aclion du sel de cuivre ou à l'ori-
gine différente des tubercules.
» Quand, vers la mi-août, la maladie a yévi dans nos environs, elle a
attaqué avec la même intensité les feuillages de toute la série. Le 21 du
même mois, on a récolté les tubercules, dont le développement était assez
avancé chez la variété Marjolin. Plusieurs furent coupés en deux ; sur
chaque moitié on a déposé, la face inférieure tournée vers le bas, une
foliole de pomme de terre atteinte par le Phylophlhora. Les moitiés de
tubercules ainsi traitées provenaient des pots avec cuivre et sans cuivre;
toutes furent maintenues en chambre humide. Après 4 jours, l'infection
n'avait respecté aucun des tubercules mis en expérience, mais elle était
nettement plus accentuée chez ceux qui avaient été récoltés dans les 'pots
privés de sulfate de cuivre.
» Les'tubercules qui n'avaient pas été coupés ont été conservés dans
des bocaux ouverts; il en restait dix de chaque catégorie. Deux seulement
des cultures sans cuivre n'ont pas pourri à la suite de l'infection provoquée
G R., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N" 23.) l36
10'42 ACADÉMIE DES SCIENCES.
par le Phytophthora. Par contre, il y en avait encore huit bien sains à la fin
de novembre parmi les dix récoltés dans les pots avec sulfate de cuivre.
» Ce métal a été recherché par la métliode électrolyti^que dans les
tubercules ainsi conservés. (>eux qui provenaient de la terre additionnée
de cuivre en contenaient -r^, tandis qu'on n'en a pas trouvé de traces
dans les témoins.
» A la suite de ces résultats, on pourrait supposer que l'on puisse immu-
niser des tubercules de pomme de terre en les plongeant pendant un cer-
tain temps dans une solution de sulfate de cuivre. Un essai a été fait avec
des tubercules de Marjolin cultivés en plein jardin, coupés en deux et
immergés pendant 20 heures dans des solutions de ce sel à 2 et 5 pour 1000.
On a ensuite la\é les sections à grande eau, puis on y a déposé des folioles
atteintes de Phytophthoia. l.e parasite s'est développé aussi vigoureu-
sement que sur des tubercules témoins. »
MEMOIRES PRESENTES.
M. AuG. Berthier soumet au jugement de l'Académie une Note inti-
tulée : « Photographie électrolytique; nouveau procédé physique pour
obtenir des images photographiques ».
(Renvoi à l'examen de M. Lippmann.)
Les héritiers de M. Chapoteaut demandent l'ouverture d'un pli cacheté
déposé par M. Chapoteaut le 26 juin 1893, et dont le dépôt a été accepté.
Ce pli, inscrit sous le n" 4924, est ouvert en séance par M. le Secrétaire
perpétuel.
Il contient une Note « Sur la préparation du gaïacol et du créosol
purs au moyen de la créosote de hêtre », par MM. Chapoteaut et Giraud
(Extrait) :
.... Les dérivés sodiques de ces phénols possèdent des solubilités très différentes
dans la lessive de soude concentrée.
Ils sont d'autant moins solubles quela complexilé de leur molécule est plus grande;
ainsi, le phénate de sodium est très soluble, les dérivés sodiques de l'orlho- et du
paracrésol le sont moins, surtout le dérivé para-; enfin, les composés sodiques du
gaïacol et du créosol sont presque entièrement insolubles dans les mêmes condi-
tions. . . .
(Commissaires : MM. Gautier, Haller.)
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1902.
1043
CORRESPONDAI^CE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° Un Ouvrage de MM. Retzius et Fûrst ayant pour titre : « Beilrâge ziir
Antliropologie der Schweden » .
2" Deux brochures de M. Vandeuren intitulées : « La stabilité des murs
de barrage » et « Etude sur la tension du fil téléphonique ». (Présentées
par M. Maurice Lévy. )
ASTRONOMIE. — Observations de la nouvelle comète Giacohini (digo2),
faites à l'Observatoire de Paris à l'èqiiatonal de la tour de l'Ouest, par
MM. G. BiGocRDAx et G. Fayet; et ti F équatorial de la tour de l'Est,
par M. P. Salet. Communiquées par M. Lœwy.
•■c- ^
Nombre
Dates.
Temps sidiiral
—
de
1902. Éloil
es.
de
Paris.
Aai.
A®.
compar.
Observ.
Dec. 4- ■ ■ «
h
3.
m s
46. 8
m s
—0. 6,10
— 2'. 57" 2
4:4
G.B.
4... a
5.
3.27
—0. 7,00
-2.27,9
4:4
G. F.
4... a
5.
26.35
—0. 7,3o
—2.17,2
12:4
P. S.
6... b
4-
26.18
+0. 4,42
-8.45,3
4:4
G.B.
6... b
4.
42.57
Asc
H-o. 4,o4
Positions des étoiles
droite Réduction
-8.38,4
Déclinaison
4:4
Réduction
G. F.
Daics.
moyenne au
moyenne
au
1902.
Étoiles.
Gr.
1902,0. jour.
1902,0.
jour.
Autorités.
Dec. 4-
. ai677BD-
— I
9,2
b
7.17
m s s
.i5,i2 -1-4.27 -
r.4r. 6", 3
— 12,6
2142 Nicolaïew
6.
. 61673 BD-
-•
9.2
7. ,6
.27,8 +4,32 —
-1.17. 42
— '2,9
B.D.
Positions apparentes de la
comète.
Temps
Ascension
Dates.
moyen
droite Log.fart.
Déclinaison
Lo
g. fact.
1902.
de
Paris.
a
pparente. parallaxe.
apparente.
parallaxe.
Dec. 4
1-
10
m s
54.55
h
7-
m s
17.13,29 i,49''-
- t'.44'
16; I
0
,828
4....
12
.12. I
n
/ *
17.12,39 T,33i„
— r. 43. 46, 8
0
,83o
4....
12
.35. 5
n
17.12,09 T,257„
- 1.43
36,1
0
,83i
6....
II
.27. 6
1-
16. 36, 5 T,42i„
— 1 ,26
4i
0
,829
6....
I I
.43.42
7-
i6.36,2 T,384«
— 1 .26
33
0
.829
I044 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Le 6 décembre la comète était une nébulosité de grandeur i3,2, dififuse, vague-
ment arrondie, et de 3o" de diamètre. Au centre se trouve une condensation demi-
slellaire, demi-diffuse, un peu granuleuse et qui ressort légèrement (G. B.). »
ASTRONOMIE. — Éléments provisoires de la comète Giacobini (2 déc. 1902),
calculés par M. G. Fayet. Noie présentée par M. Lœwy.
« Ces élémenls ont été calculés au moyen des observations faites à
Paris, le 8 décembre, par M. Fayet, et à l'aide des observations des
3 et 5 décembre, faites à Nice, et que M. Perrotin a bien voulu nous com-
muniquer.
» Voici les résultats obtenus :
T^rigoS mars 13,98,
tl =: 1 19.52.40
Q 1=117.30.21 '^ écliptique et équinoxe moyens de 1902,0,
j =: 43.53. 9 ]
log^ = 0,45401.
i cos p Sa := o",
Représentation du lieu moyen : O — C ^ _
[ ûp — ~t~ o .
» En outre, une quatrième observation, faite à Paris, le 4 décembre, par
MM. Bi^ourdan et Fayet, a été représentée par les éléments précédents
de la manière suivante :
coi^dl =-1- 7",
*-* ■ " ( f^p = - 6",
» Ces éléments sont naturellement très incertains, étant donné le petit
arc embrassé par les observations.
)) Si l'on excepte la comète 1729, la comète actuelle semble celle pour
laquelle q (o,454o) est le plus grand. »
GÉOMÉTRIE. — Sur les propriétés du plan au point de vue de /'Analysis situs.
Note de M. Combebi.\c, présentée par M. Poincaré.
« M. Rlein a montré, dans ses Vorlesungen ûber die nicht-euklidische
Géométrie, que, dans la Géométrie non euclidienne qui prend pour base
l'expression riemannienne de la distance, deux hypothèses, en particulier,
sont admissibles pour la convexité du plan, savoir :
» 1° Deux lignes droites ne peuvent avoir qu'un point commun, et alors
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1902. lO/jS
le plan esL une surface doublement convexe et, en outre, est une surface
double;
M 2° Deux lignes droites qui ont un point commun en ont toujours un
second, et alors le plan est une siu-face à simple convexité.
1) Mais il est évident que ces propriétés sont projectives et par suite
indépendantes de toute idée de dislance. On doit donc les rencontrer
également, par exemple, dans la conception euclidienne.
» En effet, dans ce cas, si nous faisons mouvoir un point P sur une
droite D, dans un même sens, lorsque ce point franchit le point à l'infini
sur la droite, la droite OP, joignant ce point à un point fixe O extérieur à la
droite, coïncide avec la parallèle MN mené à la droite D parle point O.
» La continuité exige que le segment 01', qui était compris entre le
point O et la droite D, passe de l'autre côté de la parallèle MN, de sorte
que ce segment reste infini, lorsque le point P continue son mouvement
vers sa position verticale.
» Un point de OP passe ainsi d'un côté à l'autre de la droite D sans fran-
chir celte droite, et, comme l'on peut supposer que ce point reste aussi
voisin que l'on voudra de la droite, on doit conclure de là que le plan est
une surface double et à plus juste raison doublement convexe.
» Comme l'idée de l'infini, tout comme l'idée parente de l'infiniment
petit, ne constitue qu'un procédé d'analyse ne correspondant direclement
à aucune réalité géométrique, la conclusion doit être simplement que les
deux conceptions envisagées s'accordent également avec les propriétés
géométriques à distance finie.
)) Dans la seconde de ces conceptions, les points à l'infini de l'espace,
c'est-à-dire les points inaccessibles au moyen d'un déplacement euclidien,
forment non plus un plan, mais une région à trois dimensions, dans
laquelle tout point à distance finie a son correspondant par lequel passent
toutes les droites passant par le premier. Les deux régions sont séparées
par le plan de l'infini euclidien. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une formule sommaloire dans la théorie des
fonctions à deux variables. Note de M. 31arti.\ Kkausk, présentée par
M. Appel! .
« L Soit /(^, y) une fonction entière algébrique
(1) /(o;, v) = ii«,,a7'y% r-^s Lr d:. -^^ dy )
dt.
» Pour simplifier le reste à droite dans l'équation (5), nous introdui-
rons les fonctions
)> Le reste s'écrira alors :
m\ J„ \ dx dy dx dy J
» Le reste de l'équation (7) sera facile à établir par simple addition. »
PHOTOGRAPHIE. — Sur une chambre noire pour la photographie trichrome.
Note de M. Prieur, présentée |)ar M. Lippmaiin.
« Cet appareil est une chambre du type connu sous le nom A' appareil à
main instantané, et par conséquent très facilement transportable. Il est
chargé de douze plaques, c'est-à-dire de quatre trios chromatiques; chaque
plaque doublée de l'écran convenable est amenée au foyer de l'objectif
dans le minimum de temps.
» Le problème à résoudre était celui-ci : Trouver un mécanisme qui, à la
fermeture de l'obturateur, amenât la chute concomitante de la plaque impres-
sionnée et en même temps son remplacement au foyer de l'objectif par la plaque
suivante, et ainsi de suite.
» L'adaptation à la chambre noire d'un mouvement d'horlogerie qui
commande ces diverses opérations a permis de trancher la difficulté. La
pression d'une poire pneumatique déclenche ce mouvement d'horlogerie
qui détermine la chute de chaque plaque et l'avancée de la suivante. Ces
mouvements s'accomplissent sans déplacement de l'appareil. Par une belle
SÉANCE nu 8 DÉCEMBRE IQO'i. lo/iQ
journée de juillef, de ii'' à S"" de l'après-midi, l'exéciilion de chaque trio
chromatique n'a demandé que 2 secondes. »
ÉLECTROCHIMIE. — Sur les éleclroiles bipolaires à anode soluble. Note
de MM. Andké Brochet et C.-L. Sîarillet, présentée par M. IL
Moissan.
« Dans une Note précédente (Co/n/)/ei re/ soit 5j jjour 100 du cuivre déposé sur
la cathode.
» Les résultats que nous avons obtenus, pendant i heure, avec des
électrodes distantes de deux fois 3'=™, sont consignés dans le Tableau ci-
dessous :
Cuivre déposé sur
I!
Intensité corrigée. la calhocle ( A ). rintercathode (B). P" A'
auip g g
0,21 0,248 0,025 10,1 pour loc
0,47 0,555 o,i32 23,8 »
C. K., .902, T.' Semestre. (T. GXXXV, N' 23.) iSy
la cathode (
;a).
l'inti
L-rcathode (B)
I ,322
0,427
1 , 582
o,53o
2,l8l
0,817
3,3o9
i>499
B
Rapport — •
32
.3
pour 100
33
,5
))
37
,4
))
45
,4
»
lODO ACADEMIE DES SCIENCES.
Cuivre déposé sur
Intensité corrigée,
amp
I , 12
1,34
1,85
2,80
» Les électrodes bipolaires de cuivre, comme celles de platine, tendent
donc à s'opposer au passage du courant et déforment le flux dans un élec-
trolyseur à sulfate de cuivre.
» Sans chercher pour le moment la cause exacte du phénomène, nous sommes
naturellement conduits à admettre l'existence d'une résistance apparente due à un
phénomène de polarisation.
» Un autre fait vient d'ailleurs confirmer cette manière de voir. Si l'on examine
l'interéleclrode et l'intercathode, on remarque que le bord des lames n'agit pas du
tout, c'est-à-dire qu'il n'y a pas de dépôt sur l'intercathode et que l'intéranode ne se
dissout pas. On obtient ainsi une marge variable avec l'intensité du courant. Dans les
conditions précédentes, avec une intensité de o^™p, i, cette marge est de i"" environ.
» On est donc en droit d'admettre qu'il y a là une force contre-électromotrice de
polarisation. D'ailleurs lorsque l'on coupe le circuit d'un voltamètre à cuivre, on
constate entre les deux électrodes une légère différence de potentiel due à une force
contre-électromotrice de polarisation, donnant naissance à un courant secondaire,
inverse du courant primaire.
» Récemment, M. Leduc {Comptes rendus, t. CXXXV, p. aS) a établi qu'un fil
d'argent placé dans un voltamètre à argent ne subissait aucune action et attribuait ce
fait à une force contre-électromotrice de o^°'',o3. Dans le cas du voltamètre cuivre-
sulfate de cuivre, cette force électromotrice de polarisation est de l'ordre des milli-
volts.
» Cette force peut suffire pour expliquer qu'il ne passe rien au travers d'une
électrode isolée occupant une portion très minime de l'électrolyseur, elle devient
insuffisante pour expliquer des faits de l'ordre de grandeur de ceux que nous signalons.
» Pour étudier ce phénomène, considérons une électrode bipolaire parfaite, c'est-
à-dire séparant la cuve électrolytique en deux parties, sans aucune communication
par l'électrolyte, et considérons, d'autre part, un système anode-cathode bien fixe.
» Ce système étant placé dans la cuve, nous mesurons la difl'érence de potentiel cor-
respondant à une intensité donnée ; le même système étant placé dans une cuve exac-
tement semblable mais sans électrode bipolaire, donnera pour la même intensité une
nouvelle valeur plus faible. La différence entre les deux correspond à la chute de
potentiel occasionnée par l'électrode bipolaire.
» On obtient ainsi une série de valeurs, variables avec l'intensité.
» Les phénomènes de polarisation qui se produisent au contact d'une électrode
bipolaire parfaite sont évidemment les mêmes que ceux qui se passent pour l'ensemble
des deux électrodes, anode et cathode, placées dans les mêmes conditions. La méthode
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1902. Io5l
que nousavons indiquée précédemment permet donc de mesurer ces phénomènes aussi
bien dans le cas d'anode insoluble que d'anode soluble.
» Poggendorf, Lechner, Lenz, etc., remarquèrent aux électrodes un phénomène ana-
logue et lui donnèrent le nom de résistance de passage. Rappelons également qu'en
1887 M. Bary signala dans les piles une action de même nature, mais agissant alors
comme force pour-électromotrice.
» Ce que nous tenons à faire remarquer, c'est l'importance de ce phénomène dans le
cas d'anodes solubles, puisque les valeurs que nous avons trouvées atteignent, pour les
conditions ordinaires de la pratique, 10 pour loo de la différence de potentiel aux
bornes.
» De l'ensemble de nos recherches sur les électrodes bipolaires, nous
nous avons tiré les conclusions suivantes :
» 1° Les électrodes bi|)olaires à anode soluble, à la question d'intensité
près, déforment le flux de courant de la même façon que celles à anode
soluble, en vertu de pliénomènes importants de polarisation.
» 2° La bonne utilisation des électrodes bipolaires exige que celles-ci
forment cloison étanche, les espaces réservés à la circulation du liquide
devant être aussi restreints que possible pour éviter les pertes par dériva-
tion, considérables même avec les anodes solubles.
>) 3° Si l'appareil nécessite une agitation énergique que l'on ne peut
obtenir qu'en faisant circuler l'électrolvte transversalement entre les élec-
trodes dans tous les compartiments à la fois, les électrodes devront être
enchâssées dans dgs cadres de grandes dimensionspour que leur utilisation
soit rationnelle.
» 4° Dans un électrolyseur on pourra employer des pièces métalliques
ne communiquant pas avec les électrodes, non seulement si le métal agit
comme anode insoluble, mais également s'il agit comme anode insoluble.
Aucune règle précise ne peut être donnée à ce sujet; l'essai seul fixera. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur le chlorure thaUiquc. Note de M. V. Thomas,
présentée par M. Moissan.
« Dans une Note que j'ai publiée dans les Comptes rendus du 3 mars 1902,
j'ai décrit d'une façon générale les composés halogènes du thallium du
type Tl X^ J'ai montré, entre autres, la formation facile des composés cor-
respondant aux formules .
TlCl%4H^O, TlCl=Br,4H=0, TIClBr^4H^0 et TlBr',4H^0,
Io52 ACADÉMIE DES SCIENCES.
composés qui sont tous caractérisés par la facilité avec laquelle ils peuvent
se combiner avec i™"' d'hydracide. Si les deux termes extrêmes de la série
représentent, sans contestation aucune, des individualités chimiques bien
nettes, il n'en est plus de même des composés intermédiaires qu'on pour-
rait envisager, comme des mélanges de chlorure et de bromure :
3TlCPBr, 4H-0 = 2TlCl^4H=0 + TlBr^4H-0,
3TiCl Br=,4H='0 = 2TI Br=, 4H=0 + Tl GP, 4H=0.
» L'étude du trichlorure qui fait l'objet de celte Note m'a permis de
décider entre les deux interprétations.
)) Propriétés du trichlorure TJ Cl', 4H^0. — Le. triclilorure de thallium, tel qu'on
l'obtient en refroidissant ses solutions concentrées, se présente en longues aiguilles
transparentes. Lorsqu'on les écrase, elles donnent une poudre blanche qui fond faci-
lement en la projetant sur le bloc de Maquenne chauffe à 36°-37°. Ce point de fusion
est différent du reste de celui donné par R. Meyer ('). Ce savant a donné successive-
ment comme point de fusion 45° et 43°, comme point de solidification 33°.
» Abandonné au contact de l'air, le chlorure thallique est hygrométrique, d'apiès
R. Meyer, et inaltérable d'après Cushmann (-). En réalité, il se comporte comme un
hydrate facilement dissociable à la façon du phosphate de soude et qui, suivant l'état
hygrométrique de l'air, absorbe ou non de la vapeur d'eau. Il n'est déliquescent, aux
environs de 17°, que lorsque l'état hygrométrique de l'air est supérieur à ~^, ce qui
correspond à une tension de dissociation très voisine de 23""" de mercure.
» A 17°, la solubilité dans l'eau est de 86,2 pour 100, et la solution saturée à cette
même température a une densité de i,85. "
» Si, au lieu de laisser le chlorure thallique au contact de l'air humide, on l'aban-
donne dans une atmosphère desséchée, on observe un phénomène intéressant. Le chlo-
rure subit une sorte de fusion aqueuse, puis peu à peu dans la niasse liquide se séparent
à nouveau de gros cristaux formés d'hexagones réguliers. L'expérience peut être faite
facilement en abandonnant côte à côte dans un tube de verre scellé à la lampe deux
nacelles renfermant, l'une un poids déterminé de soude caustique, l'autue un poids
déterminé de chlorure létrahydraté. Dans de telles conditions, j'ai trouvé qu'après
17 semaines le chlorure thallique a^ait perdu la majeure partie de son eau sans
/ju' il soit possible de déceler la plus petite perte en chlore :
» 08,595 de TICP, 4H^0 ont perdu io4™§, soit 17,47 pour 100 d'eau. La transfor-
mation deTICF, 4H2 0 eu TlCl^ H^O correspond à une perle de 14,09 pour 100; la
transformation en sel anhydre à 18,82 pour 100.
» Que cette transformation en sel anhydre soit possible, cela ne peut être mis en
doute. Si, dans l'evpérience que je viens de mentionner, la perte en eau est trop faible,
(') Zeit. anorg. Ch., t. XXIV, 1900, p. 32i, et t. XXXII, 1902, p. 72.
(") Amer. ch. Journal, t. XXVI, igoi, p. 5o5.
SÉANCE DU 8 DÉCEMBHi: 1902. Io53
la raison en est bien simple : après fusion, Je chlorure comnaence à se solidifier à la
surface, et la croule qui prend naissance forme un véritable écran qui isole plus ou
moins complètement la couche liquide sous-jacente du milieu extérieur desséchant.
» En opérant dans le vide, la déshydratation est rendue plus rapide. On observe
d'ailleurs les mêmes phénomènes, mais la solidification du chlorure liquéfié se fait ici
moins lentement; au lieu de fournir de gros cristaux liexagonaux, la liqueur se prend
en une masse de petites lamelles d'apparence hexagonale qui finit bientôt par se des-
sécher complètement. On peut du reste vérifier facilement que, même dans le vide
fourni par' une trompe à mercure, la déshydratation se fait totalement sans perte
de chlore.
Trouvé : Perte en eau. . . 18,66 pour 100. Calculé : 18,82 pour 100.
» D'autre part l'analyse directe du chlorure ihalliquea fourni :
Cl 34,08 Calculé: 84,29
» Propriétés du chlorure thallique anhydre. — Lamelles hexagonales facilement
solubles dans l'eau et la plupart des solvants usuels. A l'air humide, (/ se liquéfie
rapidement en donnant une solution sursaturée du chlorure hydraté, solution qui,
sous la moindre influence, se prend immédiatement en masse. La transformation en
chlorure hydraté est parfois si rapide qu'il est souvent impossible d'observer la liqué-
faction. Soumis à l'action de la chaleur, le chlorure anhydre fond au voisinage de 25°.
A température plus élevée il se décompose facilement.
» La déshydratation totale du chlorure hydraté à 4H^0 dans une atmosphère des-
séchée aussi bien à pression ordinaire que sous pression réduite ne permet pas de
considérer les deux chlorobromures TlCr^Br,4IP0 et TlClBr2,4 H-O comme des
mélanges, de tels mélanges devant, dans le vide, entre autres, se comporter comme il
suit :
2TlCI^4H«0^-TBr^4H'-0 = 2TlCP + TlBr2^-Br-i- laHUJ,
TlCI'-Br,4ii^O ~^TF(]1^¥I^
3TIBr%4H20 + ïlCP,41I'-0 = 2TlBr'-t-TlCl^-1-2Br-t- \i\VO.
TlClBr-^4H2Ô TP&i'ci^
» Or, j'ai montré précédemment que le chlorobromure TIClBr^,4H-0 perd, dans
le vide, en même temps du brome et du chlore pour donner TfCl-Br*. D'autre part
le chlorobromure TlCl'Br, 4H-0 se comporte d'une façon analogue et conduit à un
autre chlorobromure, TI'Cl*Br-, déjà signalé par Wiegand (').
» Si Ton compare les résultats de cette Note avec les travaux publiés
récemment par M. R. Meyer (^), on en pourra conclure dès maintenant
que deux points paraissent acquis indubitablement à la Science.
(') Inaugural dissertation : Berlin, 1899.
(-) Zeit. anorg. Cliem., 1902, t. XXXII, p. 72.
I054 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» i" L'existence du trichlorure de thallium anhydre;
« 2" L'existence de chlorobromurcs thalliqne.s caractérisés par ce fait
qu'ils perdent dans le vide en même temps du chlore et du brome. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur le mêtaphosphate manganique inolet de Gmelin.
Note de M. Pu. Rarbieu, présentée par M. H. Moissan.
« Gmelin (') étudiant l'action de l'acide phosphorique concentré et for-
tement chauffé, sur.lebioxyde de manganèse, signale la formation de deux
phosphates manganiques : l'un soUible dans l'eau avec une belle coloration
violette, analogue à celle du permanganate de potassium, l'autre insoluble,
couleur fleur de pêcher, sans en donner l'analyse; il considère ce dernier
comme un mêtaphosphate manganique.
» D'après Herrmann (^) la dissolution violette mentionnée ci-dessus
contient un mêtaphosphate manganique hydraté répondant à la formule
M. Laspevre ('), reprenant l'expérience de Gmelin, obtint une masse si-
rupeuse violet foncé, soluble dans l'eau avec une coloration rouge rubis;
la solution se décolore lorsqu'on la chauffe, en laissant déposer une poudre
cristalline gris verdâtre insoluble. Il ne paraît pas avoir observé la formation
du phosphate rose A'iolacé insoluble de Gmelin.
» C'est une nouvelle étude de cette réaction qui fait l'objet de celte Note.
» J'ai réalisé très aisément la prodiiclion du pliospliate de Gmelin en chauiïantdans
une capsule en platine une partie de bioxyde de manganèse précipité avec 4,3 parties
d'une solution d'acide phosphorique de densité 1,70. On agite constamment jusqu'à ce
que la masse devienne presque sèche et prenne la couleur violette; on laisse refroidir
et l'on ajoute deux parties d'acide phosphorique. On continue à chauffer; l'opération
est terminée lorsque la masse pâteuse a pris la couleur fleur de pécher.
» On traite par l'eau froide le produit de la réaction et l'on obtient, comme l'indique
Gmelin, une dissolution violette et une poudre rose violacé insoluble que l'on achève
de purifier par des lavages prolongés à l'eau distillée froide.
» En ce qui concerne la dissolution violelte. j'ai vérifié les observations de H.
Laspejre, c'est-à-dire que j'ai constaté que cette dissolution prend, après quelques
(') Gmelin, Handb. der Chem., 4" édition, t. II, p. 645.
(2) Herrmann, Ann. der Chem. u. Pharm... t. LXXIV, p. 3o3.
(^) Lasi'eyre, Joitrn. prakt. Chem., 1" série, t. XV, p. 020.
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1902. Io55
jours, une coloration rubis et que, sous l'influence de l'ébullition, elle se décolore, en
laissant déposer une poudre gris verdàtre.
» J'ai laissé provisoirement de coté l'examen de cette dernière substance pour
étudier de préférence le corps rose violacé de Gmel.in.
» Le dosage du phosphore et du manganèse dans ce sel m'a donné les résultats
suivants ;
P pour 100 3 1,6
O]
' j
Mn pour 100 i8,9 18,6
Ces chiffres conduisent à la formule (P^O')^Mn' qui exige :
P pour loo 3i ,8
Mn pour 100 18,8
» Cette combinaison est donc bien un métaphosphate ainsi que le prévoyait Gmelin,
mais ce métaphosphate ne saurait être confondu avec le métaphosphate hydraté en
cristaux rouges signalé par Herrmann : on doit le considérer comme un hexaméta-
phosphate manganique.
» Il se présente sous la forme d'une poudre couleur fleur de pêcher, insoluble dans
l'eau, soluble dans l'acide chlorhydrique avec dégagement de chlore; les dissolutions
alcalines le détruisent en mettant en liberté du sesquioxyde de manganèse.
» Chaufl'é au rouge dans un creuset de platine, il perd sa couleur et se transforme
en métaphosphate nianganeux; fondu en présence de phosphate diammonique, il se
dissout entièrement et donne une masse d'une belle couleur violette soluble dans l'eau. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Dérivés d'addition du cyclohexène.lJ{o\.& de M.Léon
Bruxel, présentée par M. A. Haller.
» En partant du cyclohexène, obtenu du monochlorocyclohexane
comme l'a indiqué Markûwnikoff( '), j'ai préparé plusieurs dérivés nou-
veaux: l'éther monoiodhydrique d'un glycol hydroaromatique, l'orthocy-
clohexanediol, les éthers méthylique et éthylique de cette iodhydriue et
l'orthochloroiodocyclohexane.
» I. lodliydrine de l'orthocyclohexanediol : I(,) — C^H'" — OHf^j. — Celui de
ces composés qui m'a servi de point de départ a été obtenu par une méthode employée
par Lippmann ('^) pour fixer les éléments de l'acide hypoiodeux sur l'amylène.
» JvOrsque, à 2"""' de cyclohexène dissous dans l'éther ouïe chloroforme, en présence
de i""' d'eau et de 1™°' d'oxyde jaune de mercure, on ajoute peu à peu et en agitant de
l'iode, celui-ci disparaît aussitôt. Quand on a employé 4"' d'halogène la liqueur ne se
(') Liebig's Annaleii, t. CCCII, p. 27.
(") Comptes rendus, t. LXIII, p. 968.
Io56 ACADÉMIE DES SCIENCES.
décolore plus après une nouvelle addition ; un excès d'oxyde jaune ne modifie pas la réac-
tion. Celle-ci donne naissance à l'iodhydrinede l'or lliocycloliexanediol qu'on prépare dès
lors de la façon suivante : [\o^ de cyclohexène sont dissous dans i 5o'^'"' d'éther exempt
d'alcool, on ajoute 75 à 8e d'eau et 55»' d'oxyde jaune de mercure, puis, par petites por-
tions, 1248 d'iode, en agitant après chaque addition d'halogène. La réaction développe de
la chaleur et il est nécessaire de refroidir. On filtre à la trompe après décoloration de la
liqueur et le biioJure séjDaré est lavé à l'éther. La dissolution élhérée est agitée avec
une solution concentrée d'iodure de potassium contenant une petite quantité de sulfite
acide de sodium pour enlever l'iodure raercurique et les traces d'iode qui restent. Le
liquide est séché sur le sulfate de sodium anhydre; le chlorure de calcium fondu,
décomposant le produit, ne doit pas être employé. T^e dissolvant étant retiré par
distillation, il reste dans le ballon une matière huileuse. Celle-ci cristallise après
refroidissement, par agitation ou amorçage. Les cristaux, séparés par essorage d'une
petite quantité de liquide huileux qui les imprègne, sont purifiés par cristallisation
dans la benzine ou l'éther anhydre.
)i La réaction qui donne naissance à ce corps semble être la suivante :
2CM1">+ HgO 4- P + H=0 = 2(1 - C^H'"- OH) + HgP.
» Les analyses concordent avec la formule OH — C^il'" — I, c'est-à-dire la compo-
sition de l'éther monoiodhydrique d'un orthocyclohexanediol. D'ailleurs, les réactions
de ce corps, sur lesquelles je reviendrai, établissent nettement sa nature.
» Cette iodhydrine cristallise en gros prismes orlhorhombiques, incolores, inalté-
rables à la lumière et très stables à la température ordi:iaire; elle est insoluble dans
l'eau, très soluble dans la plupart des solvants organiques; elle fond à 4'°, 5-42° et se
sublime dans le vide dès la température ordinaire. Elle se décompose lorsqu'on la
chauffe au-dessus de 100° et est entraînée par la vapeur d'eau avec légère décompo-
sition.
» H. Ethers oxydes de l'iodliydrine. — Lorsque, dans la réaction précédente, au
lieu de se servir d'éther comme solvant, on emploie un alcool tel que l'alcool raélhy-
lique ou l'alcool éthylique, le produit obtenu est différent du précédent.
» On opère comme il a été dit ci-dessus, et la liqueur alcoolique résultant de la
réaction est versée dans une solution d'iodure de potassium additionnée d'une trace
de sulfite pour éliminer le biiodure de mercure. Le pioduit réuni au fond du vase est
séparé et desséché sur le sulfate de sodium anhydre.
» Dans ce cas, c'est-à-dire en présence d'un alcool, la réaction se passe comme si
le carbure fixait les éléments de l'éther hypoiodeux de l'alcool eznployé. Par exemple,
avec l'alcool méthylique, la réaction serait la suivante :
2C«H'«-H 2CH30H -)- l'-h HgO = 2[CH'0 — C/H"'— I]-t- Hgl--f- H^O.
» Éther oxyde méthylique : I,,, — C'H'" — OCHf^,. — On obtient ainsi, avec
l'alcool méthylique, l'éther oxyde méthylique de la monoiodhydrine de l'orthocyclo-
hexanediol. Il constitue un liquide huileux, mobile, à peu près incolore, de densité
I ,565 à i4°, très stable à la température ordinaire, ne se colorant pas à la lumière.
II ne peut être distillé à la pression normale sans décomposition ; sous pression
réduite, il bout inaltéré à ii4° sous 49""-
SÉANCE DU 8 DÉCEMliUE 1902. lo57
» Éther oxyde éthylique : I,,) — CH'" — OCMIf^,. — En opéiaiUde même avec une
solulion de cyclohexène dans l"alcool élhjliqiie, on obtient l'éllier oxyde étiiylique
de l'iodliydrine du cjclohexanediol. C'est un li([uide luiileux, incolore, de densité
1,484 à 15°, ne se colorant pas à la lumière, bouillant à 118" sous 47™"' sans décom-
position.
» III. Orthochloroiodocyclohexane : 1(1,0" 1I"'G1|2,. — Toutes les réactions pré-
cédentes ont été effectuées avec l'oxyde jaune de mercure. Si l'on remplace dans la
préparation de l'iodhydrine l'oxyde de mercure par le bichlorure, la réaction s'opère
dans un sens différent et l'on obtient un dérivé chloré et iodé.
» L!™"' de cyclohexène étant dissoutes dans l'éllier, on ajoute 1'"°' de bichlorure de
mercure puis, en agitant et par petites portions, 4"' d'iode, la préparation étant d'ail-
leurs conduite comme celle de l'iodhydrine. Le produit brut reste comme résidu
après séparation de l'élher. On le purifie par distillation sous pression réduite. Le
composé obtenu est rorthochloroiodocyclohexane. Dans la réaction qui lui donne
naissance il y a fixation d'une molécule de protochlorure d'iode sur chaque molécule
de carbure. La réaction peut être formulée :
2Cni"4-HgCl=+P = 2[Cl-C''lli»-I] + HgI-.
» La présence d'une petite quantité d'eau ne change pas le résultat. Le même
corps peut d'ailleurs être obtenu par action directe du protochlorure d'iode sur le
cyclohexène.
» Pour préparer le chloroiodocyclohexane 1.2 par ce procédé, 4i° de cyclo-
hexène sont dissous dans 100""' d'acide acétique cristallisable. On ajoute à cette
solution, par petites portions, 81», 5 de prolochlonire d'iode dissous dans 200'^'"' d'acide
acétique. La réaction se fait avec dégagement de chaleur, et il est nécessaire de
refroidir. La liqueur résultant de la réaction est versée dans un grand excès d'eau
contenant une trace de bisulfite. Le composé réuni au fond du vase est séparé el
desséché.
» Quel que soit son mode d'obtention, le corps obtenu est un liquide huileux,
presque incolore, d'odeur camphrée, soluble dans l'éther et dans l'alcool, de den-
sité 1,7608 à i4°, très rapidement entraîuable à la vapeur d'eau, avec légère décom-
position. Il ne peut être distillé à la pression ordinaire, mais bout sans décomposition
à 117° 118° sous i4°""- »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur un dic/ilorliydrale el un dihromhydralc de
cadinène, et un cadinëne régénéré dcxtrogyres. Noie de M. ëmilien
Gkim.vl, présentée par M. A. Haller.
« Dans une Noie précédente, que j'ai eu l'honneur de conimuniquer à
l'Académie ('), j'ai montré que l'essence de bois de Cèdre de l'Atlas,
(' ) Comptes rendus, séance du i3 octobre 1902.
C. R., 1903, 2» Semestre. (T. CXXXV, N" 23.) l38
Io58 ACADÉMIE DES SCIENCES.
retirée du Cedrus allantica, renfermait du cadinène, fournissant un
dichlorhydrate et un dibronihydrate cristallisés.
» Comme, jusqu'ici, les dérivés halogènes du cadinène, droitou gauche,
ainsi que le cadinène régénéré, n'étaient connus que sous la seule forme
lévo^yre, la orésente Note a pour but de faire connaître nos résultats sur
ce sujet.
» De cette essence de Cèdre, j'ai pu extraire directement par distillation, grâce à
de très nombreux fractionnements, un cadinène dextrogyre dont les caractères sont
les suivants :
Poids spécillque à i.> '/ = 0,9224
Indice de réfraction à 20" /'u = • jSioj
Pouvoir rotatoire spécifique à 20° [o(]j,=-)-48<'7'
» Point d'ébuUilion, 273° à 275°, à la pression ordinaire.
» Poids moléculaire en solution benzénique, 202,8; calculé pour C^'W-', 20^.
» L'analyse donne :
Calculé
pour cnr-K
Carbone 87,9.5 88,24
Hydrogène.... ii,(32 11,76
» Ces caractères et ces résultats analytiques correspondent bien à un cadinène
droit.
» Ce dernier, en solution dans l'éther bien desséché, sous l'inlluence d'un courant
très lent d'acide chlorhydrique pur et sec, donne des cristaux de dichlorhydrate, ainsi
qu'il a été indiqué.
» Ces cristaux, purifiés par plusieurs cristallisations dans l'éther acétique chaud,
présentent les constantes suivantes :
Point de fusion 117"-! 18° Poids moléculaire 276,8
» Ils sont identiques, parla, au dichlorhydrate de cadinène de Wallach. Cependant,
ils en difTèrent par leur pouvoir rotatoire.
» Trois déterminations, en solution chloroformique, ont donné :
I. II. III.
{a]l" +8''54' +8"5i' -+-8"59'
» Ce dichlorhydrate de cadinène, contrairement à tous ceux qui ont été obtenus
jusqu'ici, est donc dexlrogyre.
» Plusieurs déterminations, en solution dans l'éther acétique, ont donné, en
moyenne :
[a]ii''=:+25'',4o'.
» Pour cette raison, j'ai cherché à régénérer le cadinène.
» A cet effet, le rf-dichlorhydrate précédent a été chauffé pendant une demi-heure
avec un mélange d'acétate de sodium fondu et d'acide acétique glacial; après refroi-
SÉANCE DU 8 DÉCE^[BRE 1902. \o5g
dissement, la masse a été additionnée d'eau, sur laquelle est venue surnager une
couche huileuse; celle-ci, décantée, a été alors dissoute dans l'éther. Après addition
de carbonate de soude pour la saturation de l'acide acétique, la solution éthérée a été
desséchée sur du sulfate de soude anhydre. Par évaporation spontanée de l'éther il
reste un liquide qui distille entre 272° et 2-4°, sous la pression ordinaire.
» Par une deuxième distillation, a été obtenu un cadinéne régénéré droit dont les
propriétés suivent :
Poids spécifique à i5" d^=o,g2i2
Indice de réfraction à 20" /ij, = i ,6094
» Point débullition, 2~^''-'î~D'' ( à la pression ordinaire).
» Pouvoir rotatoire spécifique à 20° [a]b° = -H 47°55'.
» Les propriétés de ce corps sont, en général, assez voisines de celles du cadinéne
régénéré gauche de Wallach, sauf en ce qui concerne le pouvoir rotatoire.
» En résume, j'ai isolé le rt'-dichlorhvdrHle de fi^-cadinène, le r/-dibrom-
hydrate de f/-cadinène et le ^-cadinéne régénéré inconnus jusqu'à ce
jour. M
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Sur l' essence fie rètyver.l^ote de MM. P. Gexvresse
et G. Langlois.
« Malgré le travail intéressant et consciencieux de M. Thetilier (liidl.
de la Soc. chim., 3* série, t. XXV, p. 454). on ne connaissait encore rien
sur les constituants de l'essence de vétyver, lorsque nous avons entrepris
ce travail ; nous pensons avoir résolu en partie la question.
» Nous avons opéré sur l'essence de Bourbon qui nous a été fournie par
M. Roure Bertrand fils, et sur une essence distillée à Grasse par MM. Tom-
barel.
» Nous avons rencontré les mêmes substances dans les deux essences,
mais en proportions différentes, l'essence de Bourbon contenant plus de
sesquiterpène que celle de Grasse.
» L'essence de Bourbon avait une densité de o.ggS à 20", et un pouvoir
rotatoire de + 23°43 ^n solution alcoolique; celle de Grasse une densité
de 1,012 à 20", et un pouvoir rotatoire de -t- 27° 9' à la même température.
» LVssence de Bourbon était neutre aux réactifs ; celle de Grasse, acide.
» Voici la marche qui nous a donné les meilleurs résultats : Nous
entraînons l'essence par la vapeur d'eau. L'entraînement est très lent.
I06o ACADÉMIE DES SCIENCES.
Il passe (l'abonl une substance moins dense que l'eau, que nous mêlions à
pari, el une plus dense. Nous entraînons ainsi à peu près le tiers du liquide.
Ce qui reste dans le ballon n'a plus d'odeur; nous y reviendrons.
» ]'élr\ène C'^H-'. — Ce qui est plus léger que l'eau est un mélange de sesquiler-
pène, d'un alcool sesquiterpénique el de son éllier, le sesquiteipène dominant de
beaucoup. Nous isolons ce dernier par la dislillalion fractionnée; il passe d'abord, et
nous le purifions en le distillant trois fois sur du sodium; les résultats de sa combus-
tion concordent avec la formule C'Mi". La détermination de son poids moléculaire
par la méthode de Raoult en solution acétique nous a donné le nombre 197; la théorie
pour C'^ H" exigerait 2o4 ; nous sommes donc en présence d'un sesquilerpène; nous
l'avons nommé vélyi'ène.
« Ce corps est un liquide mobile incolore, n'ayant sensiblement aucune odeur; sa
densité à 20° est de 0,9X2, et son pouvoir rotatoire à i5° de -t-iS^ig'. Il bout à i35°
sous une pression de 1 5"^" et à 262°-263° sous \ine pression de 740""".
» 11 absorbe 4"' de brome, sans dégager d'acide bromhydrique; dès les premières
gouttes de brome, le liquide se colore en bleu.
» Nous avons essayé en vain de l'identifier avec un des sesquiterpènes connus;
l'hydratation nous a donné un liquide plus lourd que l'eau, paraissant ressemblera
l'alcool sesquiterpénique dont nous allons parler.
>> Vélyvénol : O'W-'O. — Ce corps s'obtient en saponifiant par la potasse alcoo-
lique le liquide entraîné plus lourd que l'eau. Nous en avons fait plusieurs analyses
qui correspondent toutes à la formule C'^H^^O.
» Il se présente sous la forme d'un liquide jaune très clair, visqueux, n'ayant au-
cune odeur; sa densité à 20° est 1,011; son pouvoir rotatoire en solution alcoolique et
à la même température est -^ 53" 43'. H bout à i69''-i70° sous une pression de i5™"".
» Ce corps est un alcool; en effet, traité par l'anhydride acétique en présence de
l'acétate de sodium fondu, il nous a donné, quoique un peu impur, un éther acétique.
Sous l'influence des déshydratants, il perd de l'eau et donne un sesquiterpène qui
nous a présenté les caractères du sesquiterpène contenu dans l'essence; il ne faut pas
employer l'anhydride phosphorique qui donne surtout des résines, mais bien l'acide
oxalique desséché à 100°.
» Ce qui reste dans le ballon est un mélange de l'alcool précédent el d'un acide;
il n'a aucune odeur.
» Nous retrouvons ce même acide dans la potasse alcoolique qui nous a servi à sa-
ponifier le vétyver entraîné par l'eau et plus lourd que cette dernière.
»" L'acide n"a pu être obtenu à l'état cristallisé; il est blanc, visqueux, brunissant à
l'air, très peu soluble dans l'eau, à laquelle il communique la réaction acide, très peu
entraînable par l'eau; son sel de potasse est soluble; son sel d'argent l'est peu. L'ana-
lyse du sel d'argent nous a conduits à la formule C'^H^O'Ag^; mais nous ne la
donnons que sous toutes réseri-es, n'ayant point obtenu avec cet acide de composé
cristallisé; nous pourrions aussi avoir affaire à un mélange d'acides.
, » Quant à la substance qui communique à l'essence de vétyver son odeur particu-
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE I902, I061
Hère, il résulte de ce qui prérède que c'est un tllier résultant de la combinaison de
l'acide précédent avec le vétvvénol ; il existe en j)elite quantité dans l'essence, au plus
un dixième, et il se saponifie très facilement, même par l'eau, comme le démontre le
résidu du ballon où a eu lieu l'entraînement.
» Conclusion. — Il résiille de ce travail que l'essence de véLyver contient,
outre l'éther qui lui donne son odeur, un sesquiterpène et un alcool
sesquiterpénique. »
ZOOLOGIE. — Sur la mue, V excrétion et la variation du rein chez des
Poules carnivores de seconde génération. Note de M. Frédéric
HOUSSAY.
« Les Poules dont je viens de terminer l'étude anatomique ont été
exclusivement nourries depuis leur naissance avec des déchets frais de
viande de boucherie (albuminoïdes et graisses crues) et proviennent d'ani-
maux nourris dans les mêmes conditions jiendant une année entière à
partir de l'âge de 4 ou 5 mois. Pour exprimer en poids ou en longueurs
la variation organique de ces derniers, je n'avais publié l'an passé (')
que des valeurs absolues, ce qui suffisait parfaitement, vu que les écarts
étaient très considérables et les poids des animaux observés peu différents.
Sur la seconde génération, que j'étudie celte année, les variations sont
d'importance bien moindre; j'ai dû alors examiner les rapports de chaque-
organe soit au poids total de l'animal auquel il appartient, soit au poids
actif du même animal.
Le poids actif se calcule sans peine à l'aide du poids total, pris le jour de la mort,
diminué du poids, directement obtenu, des plumes, de la graisse et du squelette
minéral. Quant au poids total, si l'on se bornait à prendre celui du jour de la mort,
on s'exposerait à de graves mécomptes en raison dix moment choisi pour la (in de
chaque expérience annuelle : savoir, un mois ou six semaines après la cessation de la
ponte, c'est-à-dire à la fin d'une manifestation complète de l'état adulte.
» Or, après la ponte, les Poules subissent, comme il est bien connu, une mue avec
perte de plumes et amaigrissement; les mâles perdent les plumes de la queue, mais
ne maigrissent pas. La mue est bien plus importante chez les Poules carnivores que
chez les granivores, ainsi qu'en témoigne le tableau suivant :
(•) Voir Comptes rendus des 9 et 24 décembre 1901.
ro62 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Pourccnlage
(lu poids total
Perle à hi mue. des femelles.
Granivores igi.âo 11,71%
Carnivores de première génération 3o4,33 '5j74 »
Carnivores de deuxième génération 876. 33 '9j36 >-
» En outre, les Poules carnivores de deuxième génération se dépouillent presque
entièrement et ne conservent quune partie de leurs grandes plumes aux ailes et à la
queue.
» Ce résultat est en lui-même fort curieux. La santé générale des animaux en expé-
rience semble ne rien laisser à désirer et les poids moyens croissent à chaque généra-
tion de la façon suivante ;
ib', alors que, pour les bénéfices totaux, on peut avoir, en même temps,
bnd, la dépense engagée est complètement récupérée, et l'opération laisse,
en outre, un bénéfice.
» Si a> Il est inlércs'aiit de mollre en parallèle les résultais obtenus et l'analyse chimique
du sol.
1078 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Analyse chimigue du sol de Mazotle.
N« 1. N" 2. N° 3. N° 4. Moyenne.
Pour 1000. Puur 1000. Pour 1000. Pour 1000. Pour loOO.
Potasse 1,930 i,8r2 1,760 1,980 1,876
Acide phosphorique o,64o 0,728 0,600 0,7/ti 0,677
Azote 1)107 i,23i i,3i6 J,i84 1,209
Calcaire total 2i5,7 249,0 222,5 248,0 233,8
» On constate donc que le sol de Mazotte est plutôt riche en potasse, et cependant
les éléments potassiques sont ceux qui ont donné les meilleurs résultats. Il en résulte
que l'analyse chimique n'a fourni aucun renseignement intéressant pour indiquer les
engrais à expérimenter.
I) Si, au lieu de se préoccuper de ce qui manque au sol, 011 étudie ce que la vigne
lui enlève, on trouve des observations qui corroborent parfaitement nos résultats. En
effet, M. Muntz, dans ses Recherches sur les exigences de la vigne, démontre que, si
dans le Midi l'azote est la dominante de la vigne, dans le Sud-Ouest, l'Est et le Nord-
Est c'est la potasse, au contraire, qui est absorbée en plus forte quantité. On sait en
effet que dans le Midi les engrais azotés sont ceux qui réussissent le mieux. Nous
venons de voir que, dans les terrains calcaires du Sud-Ouest, c'était la potasse.
» Nous n'avons encore rien constaté en ce qui concerne la richesse saccharine des
raisins dans les différents carrés. Par contre, le poids des sarments, pris après la chute
des feuilles, est proportionnel à la quantité de récolte pour chacun des lots.
» Conclusions. — De ces observations on peut tirer, pour les terrains
calcaires des Charentes, les conclusions suivantes :
» 1° Les engrais chimiques, appliqués à la culture de la Vigne, ne
produisent pas d'effets immédiats ; on peut donc les répandre à une époque
quelconque ;
)) 1° Les engrais potassiques donnent, dans les terrains calcaires des
Charentes, les meilleurs résultats; les engrais phosphatés viennent ensuite
et, en dernier lieu, les engrais azotés;
» 3° Le fumier de ferme s'y montre comme un engrais de premier
ordre ;
» 4° L'analyse chimique du sol ne donne pas d'indications suffisantes
pour la nature des engrais à appliquer; une expérience poursuivie pendant
plusieurs anuées est seule capable de guider le choix des viticulteurs. »
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1902. IO79
ÉCONOMIE RURALE. — Sur quelques Graminées exotiques employées à
Calunentation (Ekusine, Paspale, Pénicillaire, Sorgho, Tef). Noie de
M. lÎALLAND.
« \-,''E le usine (Eleiisi/ie sliicta) est une Graminée de culture facile dont les graines
servent à l'alimentation des Hindous, qui en font des galettes. Les graines sont rondes,
brunes et très petites (38o dans is). La farine est obtenue à l'aide de petits moulins
primitifs à la main.
» Les graines de Paspale sont également consommées dans les Indes et surtout en
Guinée. On en connaît plusieurs variétés {Paspalum frumentaceuni, P. longi-
florum, P. scrobiculatiiin) qui se rapprochent, par leurs caractères botaniques et
chimiques, des panics et des pénicillaires. Le poids des grains est très variable suivant
les variétés (170 à 2000 dans 16). Les graines dépouillées de leur enveloppe extérieure
et désignées en Guinée sous le nom de fonio ont l'aspect d'une semoule grossière;
on les mange à défaut de riz.
» Le millet à chandelle, petit-mil, Pénicillaire {Penicr'llariaspicata) appatliGnl à la
tribu des Graminées-panicées. Il n'a d'importance que dans certaines régions de
l'Afrique et dans l'Inde où il est employé aux mêmes usages alimentaires que le sorgho.
On en connaît de nombreuses variétés qui portent des noms indigènes particuliers.
Les grains affectent différentes formes ( longue, ovoïde, pyriforme, etc.), avec des
nuances plus ou moins vertes. Leur poids moyen pour 1000 grains oscille entre 8^,20
et ios,8o.
» Les analyses prouvent que la composition des pénicillaires du Congo, de la Guinée,
des Indes, du Sénégal et de la Tunisie ne diffère pas sensiblement de celle des millets
que nous avons examinés antérieurement (Comptes rendus, 1898)
» Le Sofglio {flolcus sorgluiiii) jjaraît originaire de l'Afrique équatoriale avec trans-
mission préhistorique en Egypte, dans l'Inde et finalement en Chine, oii la culture ne
paraît pas très ancienne, car le premier Ouvrage qui en parle date du iv'^ siècle de notre
ère (A. de Candolle). On utilise pour l'alimentation de nombreuses variétés de sorgho
dont aucune n'a été trouvée à létat sauvage [Holcus saccliaratus, H. cernus,
H. bicolor, H. niger, H. rubens, etc.). Toutes ces variétés se retrouvent notamment
dans les plaines chaudes et sablonneuses de l'Afrique où le riz ne peut être cultivé.
On mange les graines de sorgho crues, cuites à l'eau ou grillées; la farine sert à pré-
parer des bouillies, des couscous et des galettes.
» Les analyses effectuées sur 33 échantillons de nos colonies (Algérie et Tunisie,
Congo, Dahomey, Guadeloupe, Guinée, Indes, Madagascar, Nouvelle-Calédonie,
Sénégal et Soudan) montrent que le sorgho, désigné parfois improprement sous le
nom de gros millet, se rapproche beaucoup des millets bien que ses caractères bota-
niques le rattachent à une autre tribu des Graminées. Les écarts pour la cellulose
tiennent à ce que les graines, dans certaines variétés, sont accompagnées de petites
écailles qui se détachent difficilement.
)o8o ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Le Tef paturin d'Abyssinie {Poa abyssinica) donne trois à quatre récoltes par an
et produit à foison de toutes petites graines brunes ou blanches (il y a en après
de 3ooo dans is) que les Abyssins apprécient beaucoup et avec lesquelles ils font
Je tavieta, sorte de galette de luxe. Ils les mangent aussi, non moulues, à la façon
du riz. D'après les analyses rapportées plus loin, le tef et l'éieusine présentent, à peu
près, la même teneur en azote et en graisse que le seigle et, comme lui, ne donnent
pas de gluten à la lévigation.
Analyses de produits provenant de l'Exposition nniierselle de Paris de 1900.
t'cispnliiin
Eau
Matières azotées. . .
Id. gi'asses . . .
Id. amylacées.
Cellulose
Cendres
Poids moyen de 1000 grains.
" —
lem^tjlvriim.
II ,20
Fonio
dccortiqae.
LIcusinc.
i3,5o
1 1 ,3o
10, 5o
i3,4o
12,00
9,20
6,76
6,75
•'>,99
8,99
7,00
8,4o
8,36
1 , i5
2,98
2,65
2,45
1,90
2 ,00
1,85
70.94
66,97
67,76
67,9'
76,60
76,55
75,49
4,35
8,85
9,5o
7, -5
o,4o
0.35
1,90
,3,3o
3,>5
3,60
2,3ô
0,70
100,00
0,70
1 00 , 00
3,20
100,00
100,00
100,00
100,00
100,00
26,64
28,90
56,88
o«,57
»
»
08,34
10,70
14,70
9,'o
12,18
2,25
3,85
62,71
72.77
1,35
6,5o
0,80
2,90
Penicillaria spivnta. /lolctis sorghum,
iïlînimuiB. Maximum. Minimum. Maximum.
Eau 11,00 i4,oo
Matières azotées 8,78 16, 10
Id. grasses 2,35 6,25
Id. amylacées 66,07 7'. '7
Cellulose 1,35 3,85
Cendres 0,80 2,10
Poids moyen de 1000 grains 38,20 106,80 16,21 3e, 96
MÉTÉOROLOGIE. — Sur les crépuscules rouges observés à Athènes dans les
mois cV octobre et de novembre 1902. Noie de M. D. Eginitis, présentée
par M. Lœwy.
» Le 25 octobre au soir, par un beau ciel, nous avons observé, pour la
première fois, à Athènes, quelques minutes après le coucher du soleil,
dans la partie occidentale du ciel, un crépuscule rouge, extraordinaireraent
lumineux; le phénomène a attiré vivement l'attention d'un grand nombre
de personnes.
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1902. 1081
)) La partie éclairée du ciel offrait, en général, une vive lumière rouge, mais elle
était teintée aussi de rose assez intense et de bleu. Cette lumière colorée arrivait
jusqu'à la hauteur de ^o" environ à partir de l'horizon et s'étendait du sud-ouest
au nord-ouest. Elle n'avait pas de scintillation et avait l'éclat d'une magnifique lueur
qui faisait croire à un grand incendie.
» Le phénomène crépusculaire s'est affaibli peu à peu et a complètement cessé
i''45" après le coucher du soleil.
» Depuis, nous l'avons observé un grand nombre de fois, mais beaucoup plus
faible, soit à cause de l'état nuageux du ciel, soit aussi parce qu'il s'est affaibli très
vite. Il a été vu le 26 et le 29 octobre (par un ciel nuageux), le 2 novembre (ciel beau),
le 3, le 5, le 6, le 28, le 24 (ciel beau ), le 26, le 27 et le 29 (ciel beau). Pendant les
autres jours, le mauvais temps ne permettait pas, malheureusement, l'observation.
» Les dernières observations, faites le 29 novembre, avec un beau temps, font croire
que le phénomène se trouve probablement vers sa fin.
» Quant à la cause de ce crépuscule extraordinaire, nous avons à
remarquer que sa coïncidence, trois fois de suite, en i83i, i883 et 1902,
avec les fameuses éruptions de la mer de Sicile, du Krakatoa et de la
Martinique, semble venir à l'appui de l'hypothèse volcanique. »
A 3 heures et demie l'Académie se forme en Comité secret.
COMITE SECRET.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nornination d'un de ses
Membres qui devra faire partie de la Commission de contrôle de la circu-
lation monétaire au Ministère des Finances.
M. TnoosT, qui représentait l'Académie des Sciences dans cette Com-
mission et dont les pouvoirs étaient expirés, est réélu à l'unanimité.
La séance est levée à 4 heures.
G. D.
G. R., 1902, 2" Semestre. (T. CXXXV, l\' 23. l/ll
Io82 ACADÉMIE DES SCIENCES.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 17 novembre 1902.
(Suite.)
Cours de Botanique : Anatomie; Physiologie; Classification; Applications agri-
coles, industrielles, médicales; Morphologie expérimentale; Géographie botanique;
Paléontologie ; Historique ; par MM. Gaston Bonnier, Membre de l'Institut, et Leclerc
DU Sablon; à l'usage des Elèves des Universités, des Ecoles de Médecine et de Phar-
macie, et des Écoles d'Agriculture. T. I, fasc. 2, 1" et 2" partie. Paris, Paul Dupont,
1901-1902; 2 fasc. in-S". (Hommage des auteurs.)
Sur la loi des pressions dans les bouches à feu, par M. E. Valuer, Correspondant
de l'Institut. Paris, Gauthier-Villars, s. d.; i fasc. in-8°. (Hommage de l'auteur.)
Notice sur les Iravauxlscienlifiques de M. H. Andoyer. Paris, C. Naud, 1002-
1 fasc. in-4''. '
Société protectrice de la vie humaine sur la voie publique, pour aider à la
répression de l'abus de la vitesse des automobiles, vélocipèdes et autres véhicules.
(Circulaire.) Paris, Paul Dupont, 1902; 2 feuillets in-8°.
Bas Universuni als Perpetuum Mobile, die Swer- und Wiederstandskraft sind
die Ur- und triebenden Krafte seiner Bewegungen. jWandsbek, C. IBoberz, 1902.
I fasc. in-S". (Transmis par les soins de l'Ambassade d'Allemagne.)
Bericht der Senckenbergischen naturforschenden Gesellschaft in Frankfurt-
am-Main, 1902. Francfort-sur-le-Mein, Knauer frères; i vol. in-S».
Astronomisch-geodâtischen Arbeiten des k. und k. Militâr-geographischen
Institutes in Wien; Bd. XVIII. Vienne, 1902; i vol. in-4='.
Memorie délia Regia Accademia di Scienze, Lettere ed Arti in Modena; ser. 11,
Vol. Xll; ser. III, Vol. III. Modène, 1902; 2 vol. in-4<".
Mémoires de l'Université de la Nouvelle Russie; t. 89. Odessa, 1902; i vol. in-8°.
(En langue russe.)
Ouvrages reçus dans la séance du 2^ novembre 1902.
Oii était l'embouchure du Jourdain à l'époque de Josué? par M. Ch. Clermont-
Ganneau, Membre de l'Institut. {Annuaire de l'École pratique des Hautes Études,
1903, Section des Sciences historiques et philosophiques; p. 5-2 1.) Paris, Imprimerie
nationale, 1902. (Hommage de l'auteur.)
^ La faune momifiée de l'ancienne Egypte, par le D^ Lortet, Correspondant de
l'Institut, et M. C. Gaillard; i'= série. Lyon, Henri Georg, 1908; i vol. in-f". (Pré-
senté par M. Chauveau. Hommage des auteurs.)
Ministère des Travaux publics. Nivellement général de la France. Réseau fonda-
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1902. IoH3
mental. Répertoire graphique : Opérations effectuées pendant les campagnes de
1887, 'S^^ ^^ 1889. Nantes, Imprimerie du Commerce, igot ; i vol. in-4°. (Adressé
par M. Ch. Lallemand.)
Commission française des Glaciers. Rapport sur les variations des glaciers fran-
çais de 1900 « 1901, présenté à la Commission française des Glaciers par M. W.
KiLUN. Revue de Glaciologie, par M. Ch. Rabot. Mùcon, Prêtât frères, 1902; i fasc.
in-8°. (Hommage de la Commission.)
Table alphabétique des publications de l'Académie de Stanislas (1750-1900),
rédigée par les soins de M. I. Favier, précédée de l'Histoire de l'Académie, par
Chr. Pfister. Nancy, Berger-Levrault et C'", 1902; i vol. in-8°.
Acide chlorophyllique. sa grande profusion et son râle dans la création : Réponse
à la question posée par M. le Docteur Wurtz, l'illustre Doyen de la Faculté de Méde-
cine de Paris, Membre de l'Institut. Académie des Sciences, par M. A. Guillemare.
Brive, imp. Roche, 1902; i fasc. in-4°.
Limites entre o Brazil e a Bolivia; relatorio apresentado ao Exm. Sr. Dr.
Olyntho de Magalhaes, Ministro das Relacoes exteriores, pelo Dr. Lliz Cruls.
Rio-Janeiro, 1902; i fasc. in-S". (Présenté par M. Lœwy.)
Vorlesungen ïiber hydrodynamische Fernkràfte nach C.-A. Bjerknes' Théorie,
von V. Bjerknes, Bd. II, mit 60 Figuren im Text und auf Tafeln. Leipzig, Johann
Ambrosius Barth, 1902 ; i vol. in-4''. (Présenté par M. Poincaré. Hommage de l'auteur.)
Unlersuchungen aus dem hygienischen Institut in Groningen. Versuch einer neuen
Bakterienlehre, von D'' A. -P. Fokker. La Haye, H.-L. Sraits, 1902.
Geological Survey of Canada. Geological map of the Dominion of Canada {Western
Sheet, n" 783); Edition of 1901. i feuille grand in-f".
Report on the total Solar éclipse of january 21-22, 1898, as observed at Jeur in
Western India, by Kavasji Dadabhai Naegamvala, Director of the Observatory. (Publi-
cations of the Maharaja Takhtasingji Observatory, Poona; Vol. I.) Bombay, 1902.
(Offert par le Gouvernement de Bombay.)
Bulletin mensuel de l'Observatoire central de Belgrade, Vol. I, année 1902,
janvier-mai, par Milan Nedelkovitch. Belgrade, Imprimerie royale, 1902; 5 fasc.
in-4''. (Présenté par M. Mascart.)
Prace mateniatyczno-fîzyczne, t. XHI. Varsovie, 1902; i vol. in-4''.
Annalen der k. k. Universitàts-Sternwarle in Wien, herausgegeb. v. Edmund
Weiss ; Bd. XIV. XVII. Vienne, igoo, 1902; 2 vol. in-4°.
Annuaire géologique et minéralogique de la Russie, rédigé par N. Krischtafo-
wiTscn; Vol. V, livr. 6, 7. Novo-Alexandria, 1902; i fasc. in-4''.
The S un' s spolted area, 1832-1900 : a statement of the mean daily area in each
synodic rotation of the Sun, based upon data collected at the Solar physics Obser-
vatory, South Kensington, under the direction of sir Norman Lockïer. Londres,
1902; I fasc. 10-4°.
Censo de las estados de Tlaxcala y de Queretaro, del ano 1900. Mexico, 1902;
2 fasc. in-4°.
lo84 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ERRATA.
(Séance du 27 octobre 1902.)
Note de M. Moissan, Synthèse des hydrosulfites alcalins et alcalino-
terreux anhydres :
Page 652, ligne i, au lieu de : un volume d'hydrogène sensiblement égal au
volume d'acide sulfureux, lisez : un volume d'hydrogène sensiblement égal à la
moitié du volume d'acide sulfureux.
(Séance du 17 novembre 1902!)
Note de M. Bailhache, Sur les oxalomolybdites :
Page 865, ligne 4, au lieu de =[{CM.oOY ... , lisez — [{MoOy .. .
(Séance du i" décembre 1902.)
Note de M. H. Baubigny, Sur le dosage du manganèse :
Page 965, ligne 3, au lieu de Hugh Marshall avait indiqué, lisez Hugh Marshall,
à propos de l'emploi des persulfates, avait indiqué —
W 23.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du » décembre 1902.)
MËMOlllËS ET COMMUJVlCATlOrVS
DES MEMBIIES ET DES COKKESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pages.
M. Bouquet de la Grye, Président, annonce
à rXcadémie les décès de MM. Dehérain
et Uautefeuillc 1017
M. Bkrthelot. — Sur la transformation du
diamant en carbone noir (charbon) pen-
dant son oxydation, et sur les change-
ments isomériques des corps simples
pendant les décompositions et combinai-
sons lOiS
M. Paul Painlevk. — Sur l'irréductibilité
de l'équation y"=6y--i-a; lonn
Pages.
M. Armand Gautier. — Sur la quantité
d'hydrogène lijjre de l'air et la densité de
l'azote atmosphérique 1023
M. E.-L. Bouvier. — Sur le développement
des Péripatidés de l'Afrique australe io33
jM. a. Laveran. — Sur quelques Hémogré-
garines des Ophidiens 006
M. EMILE Laurent. — De l'action interne
du sulfate de cuivre dans la résistance de
la pomme de terre au Phytopkthora in-
festans i o.')0
MEMOIRES PRESENTES.
M. Aug. Bertuier soumet au jugeuieut de
rAcadémic une Note intitulée : « Photo-
graphie électrolytique; nouveau procédé
physique pour obtenir des images photo-
graphiques »
0_|i
MM. Chai'oïeaut et Girauu. — Ouverture
d'un pli cacheté renfermant une Note
« Snr la préparation du gaïacol et du
créosol purs au moyen de la créosote de
hêtre » l^l!^■i
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale un
Ouvrage de MM. Retzius et Fur-it, deux
brochures de M. Vandeuren lo.'i-i
.MM. J. BiGOURDAN, G. Fayet et P. Salet.
— Observations de la nouvelle comète
Giacobini {d 1902), faites à l'Observa-
toire de Paris io4 i
M. G. Fayet. — Éléments provisoires de la
comète Giacoi)ini (2 décembre 1902) lo'ii
M. CoMBEBiAC. — Sur les propriétés du plan
au point de vue de l'Ana/j'sis situs loV'i
M. Martin Krause. — Sur une formule
sommatoirc dans la théorie des fonctions
à deux variables i"4 '
M. Pbieub. — Sur une chambre noire pour
la photographie triclirome lo^S
MM. André Brochet et C.-L. Barillet. —
Sur les électrodes bipolaires à anode so-
lublc in',(j
M. V. Thomas. — Sur le chlorure thal-
lique io5i
M. Ph. Barbier. — Sur le métaphosphate
uianganique violet de Ginelin io.'J4
M. Léon Brunel. — Dérivés d'addition du
cyclohexène io55
M. Emilien GniMAL. — Sur un dichlor-
hydi'ate et un dibruuihydiate de cadinèue,
et un cadinéne régénéré dextrogyres . . . . 1037
MM. P. Genvuesse et G. Lanqlois. — Sur
l'essence de vétyver J0J9
M. Frédéric Houssay. — Sur la mue, l'excré-
tion et la variation du rein chez des Poules
carnivores de seconde génération 1061
M. Jean Friedel. — Formation de la chlo-
rophylle, dans l'air raréfié et dans l'oxy-
gène raréfié io63
M. B. Renault. — Sur quelques nouveaux
Infusoires fossiles 1064
M. E. Marchal. — De l'immunisation de la
Laitue contre le Afeunier 1067
.\l. A. Lacroix. — Quelques observations
minéralogiques faites sur les produits de
l'incendie de Saint-Pierre (Martinique).. 106.S
M. E.-F. Gautier. — Sur les terrains paléo-
zo'iques de l'Oued Saoura et du Gourara. 1071
M. E. Rabaté. — Sur l'appréciation écono-
mique des améliorations culturales 1074
MM. i.-M. GuiLLON et G. Gouirand. — Sur
l'application des engrais chimiques à la
culture de la Vigne dans les terrains cal-
caires des Charentes lOyO
M. Balland. — Sur quelques Graminées
N° 23.
SUITE DE LA TABLE DES ARTICLES.
Pages,
exotiques employées à l'ïilimentalioii
(Eleusine, Paspale, Pénicillaire, Sorgho,
Tef) 107;,
Pages.
M. D. EoixiTls. — Sur les crépuscules rouges
observés à .\lhènes dans les mois d'oc-
tobre et de novembre 1905 1080
COMITE SECRET.
M. Troost est réélu membre de la Commis- I taire au Ministère des Finances ... • 1081
sion de contrôle de la circulation moné- I
Bulletin bibliogrvpiiiquiî xd^i
Errata '084
GAUTHIER-VILIiARS, Imprimeur-Éditeur
QUAI DES GRANDS-AUGUSTINS, 55, A PARIS (G").
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
PUBLIÉS PAR LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
Par décision de l'Académie des Sciences, les prix de l'abonneiTient et des collections sont
désormais fixés ainsi qu'il suit :
PRIX DE L'ABONNEMENT :
Paris 30 fr. | Dki-artements 40 l'r. | Étranger.. 44 fr.
Cliaque année, sauf 1845, 1878 à 1892, 1896 à 1898, se vend séparément 25 fr.
Chaque volume, sauf les Tomes 23, 1\, 76 à 108, 110, 11'2, 114, 115, ni à 127, «e vend sépa-
rément 15 fr .
TABLES GÉNÉRALES.
TABLE GÉNÉRALE des Tomes là 31 (iS3J-iS5o) 25 fr.
— Tomes 32 à 61 (i85i-i865) 25 fr.
— Tomes 62 à 91 (1866-.880) 25 fr.
Tomes 92 à 121 (1881-1895) 25 fr.
Ch.iquo Volume dos Tables générales comprend une Table par ordre alphabélique d'auteurs
ot une Table par matières très dc^tailléc.
PARIS. — IMPRIMKRIE GAUTHIE R - V IL L AR S,
Quai des Grands-Augustins, 55.
Le Gérant: Gauthier- Villars.
SECOND SEMESTRE.
l>0^Ol.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
TOME CXXXV.
N^ 24 (15 Décembre 1902).
" PARIS,
GAUÏHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBKAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'AG.^DÈVHR DES SCIENCES,
Quai des Grands-Auguslins, 55,
i902
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS
Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l'Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article ^•^ — Impression des travaux de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un associé étranger de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie
ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans
le Compte rendu àQ la semaine que si elle a été remise
le jour même de la séance.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de Sa pages par année.
Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis-
cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca-
démie ; cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'il, en soit fait mention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont
ils donnent lecture à l'Académie avant de les re-
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap-
•1
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'a
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savants
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des personr
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Ac
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un r
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires so
tenus de les réduire au nombre de pages requis. '
Membre qui fait la présentation est toujours nomm
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cetExtr
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le fo
pour les articles ordinaires de la correspondance of
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis
l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard,
jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à temp
le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compte rem,
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu su .
vaut et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus ne contiennent ni planches,
figures.
Dans le cas exceptionnel on des figures seraier
autorisées, l'espace occupé par ces figures compter
pour l'étendue réglementaire.
Le tirage à part des articles est aux frais des au
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports c
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative fai
un Rapport sur la situation des Comptes rendus aprèi
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré
sent Règlement.
déî"efa^Secma^Ta^L^ht't?^H'"i'^' ^.*""°' "*'' P""^**"''^ >«"" *'''"°'"^ P" """ '«^ Secrétaires perpétuels sont priés de 1.,
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5'. Autrement la présentation sera remise à la séance suivant.
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI io DÉCEMBRE 1902,
PRÉSIDENCE DE M. BOUQUET DE LA GRYE.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le MixisTRE DE l'Instruction publique adresse une ampliation du
Décret par lequel le Président de la République approuve l'élection que
l'Académie a faite de M. Deslandres pour remplir, dans la Section d'Astro-
nomie, la place laissée vacante par le décès de M. Faye.
Il est donné lecture de ce Décret.
Sur l'invitation de M. le Président, M. Deslandres prend place parmi ses
Confrères.
GÉOLOGIE. — Sur la présence de l'argon, de l'oxyde de carbone et des car-
bures d'hydrogène dans les gaz des fumerolles du Mont Pelé à la Marli-
nique. Note de M. Henri Moissan.
« M. Lacroix ayant eu l'obligeance de nous remettre des échantillons
de gaz des fumerolles du Mont Pelé, nous en avons fait une analyse aussi
complète que possible.
» Ces gaz avaient été recueillis avec beaucoup de soin dans une fume-
rolle de la rivière Blanche après la terrible éruption du 8 mai 1902 et
avant l'éruption du 3o août de la même année. Cette fumerolle laissait
échapper d'abondantes émanations à température élevée. M. Lacroix nous
a rapporté que des fragments de plomb placés à l'entrée de cette fumerolle
fondaient avec rapidité, tandis que le zinc restait à l'état solide. Nous pou-
vons donc évaluer à environ 4oo° la température de celte fumerolle à son
C. R., 1902, 2- Semestre. (T. C.WXV, ^° 24.) M-
Io86 ACADÉMIE DES SCIENCES.
point d'émergence dans l'air. Le gaz était recueilli grâce à une aspiration
déterminée par un écoulement d'eau, et au moyen d'un tube de porcelaine
qui plongeait au milieu de la fumerolle. Les gaz étaient noyés dans une
grande quantité de vapeur d'eau, et, sur les bords de l'ouverture de la
fumerolle qui s'était produite au milieu ti'un conglomérat, se trouvaient
en abondance du soufre et du chlorhydrate d'ammoniaque.
» Lorsque les flacons ont été remplis, on les a fermés rapidement au
moyen d'un bouchon de verre très bien rodé enduit de cire blanche,
procédé commode indiqué par M. Berthelot pour la conservation des gaz.
M. Lacroix avait eu soin de couler de la cire liquide dans l'espace annu-
laire du goulot et de recouvrir le tout d'un mastic fondu qui en se solidi-
fiant devenait très résistant.
» Les flacons ont été ouverts sur la cuve à mercure avec facilité et se
sont r( mplis à moitié ou au tiers par suite de la diminution de pression
provenant de la condensation d'un grand excès de vapeur d'eau. Les quatre
échantillons d'un litre que nous avons étudiés se sont conduits de même,
et, par suite de cette forte diminution de pression, nous pouvons être à
peu près certains de la bonne fermeture de ces flacons.
» L'analyse qualitative de ces gaz nous a démontré qu'ils renfermaient
de la vapeur d'eau, des traces de vapeur de soufre, une très petite quantité
d'acide chlorhydrique, des gaz absorbables par la potasse sans hydrogène
sulfuré et formés surtout d'acide carbonique, de l'oxygène, de l'azote, de
l'argon et enfin des gaz combustibles ne contenant pas d'acétylène, mais
riches en oxyde de carbone, en hydrogène et en méthane.
» Les quatre échantillons de gaz nous ont fourni les chiffres suivants :
1. î. •(. 4.
Gaz absorbable par KUl! . . . 16,80
Oxygène 1 1,60
Azote et argon ÔQi^o
Gaz combustibles 1 1 ,60
» Ces quatre échantillons renferment des gaz combustibles en quantité
assez notable. Si l'on fait une étude plus approfondie de ce mélange, après
l'avoir traité par la potasse |)our absorber l'acide carbonique, puis parle
phosphore à froid pour absorber l'oxygène, il est facile de démontrer, au
moyen d'une goutte de sous-chlorure de cuivre ammoniacal, qu'il ne con-
tient pas trace d'acétylène. M. Fouqué a déjà mentionné que, dans les
éruptions des volcans de Santorin, les gaz dégagés ne renfermaient pas
d'acétylène.
i3,58
16,42
i5,38
11,11
12, i4
13,67
64,10
60, 53
55,65
1 1 ,00
lu, 64
i5,3o
SÉANCE DU 1,5 DÉCEMBRE 1902. 1087
» Ces gaz ne contiennent pas non plus de carbures éthyléniques, car,
traités par le brome avec précaution, au moyen du procédé de M. Ber-
thelot, le volume n'a pas diminué. Il en a été de même en présence de
l'acide sulfurique concentré. Enfin, la quantité d'acide carbonique fournie
par la combustion dans l'eudiomètre en jjrésence d'oxygène était, par
exemple, dans une de nos analyses, de 0,2 et l'oxygène brûlé 0,8, ce qui
nous indique que le méthane était accompagné d'hydrogène.
» Ces gaz combustibles renferment aussi de l'oxyde de carbone, dont
nous avons démontré nettement la présence grâce à l'action exercée par ce
composé sur l'hémoglobine.
» Une solution étendue de sang, agitée en effet avec un échantillon de
gaz, a donné des bandes caractéristiques et n'a pas fourni la bande de
Stockes par l'addition, d'une petite quantité de sulfhydrate d'ammoniaque.
L'oxyde de carbone a été dosé au moyen du sous-chlorure de cuivre en
solution chlorhvdrique après séparation des gaz absorbables par la potasse
et après séparation de l'oxygène.
)) Nous avons rencontré dans cet échantillon de gaz une quantité d'ar-
gon de o'"^\'ii pour 100 et, après la séparation de cet argon, qui ne ren-
fermait pas d'hydrogène, d'après son analyse eudiométrique, nous en avons
fait un tube de Plucker, qui nous a donné le spectre caractéristique de ce
corps simple. Celte teneur, élevée par rapport à la quantité d'oxygène ou
d'azote qui se trouve dans ce gaz, éloigne complètement l'idée d'une
absorption accidentelle d'air au moment de la prise d'échantillon. Ce
résidu gazeux ne nous a pas fourni le ; -jectre de l'hélium.
» D'après ces anaivses nous pouvons établir, de la façon suivante, la
composition de l'échantillon de gaz n° 4 :
Enu gaz saturé
Acide cliloriiydrique traces
Vapeur de soufre traces
Hydrogène sulfuré néant
Acide carbonique 1 5 , 38
Oxygène '3,67
Azote 54,94
Argon 0,71
Acétylène ■ • néant
Éthylène néant
Oxyde de carbone i ,6û
Méthane 5,46
Hydrogène 8,12
Io88 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» En résumé, les émanations gazeuses recueillies dans les fumerolles
(lu volcan du Mont Pelé renferment, à côté des gaz que l'on a mentionnés
déjà dans d'autres éruptions volcaniques ('), une quantité notable de gaz
combustibles, hydrogène, oxyde de carbone et méthane, et de plus une
certaine quantité d'argon. La teneur élevée de ces gaz en oxyde de car-
bone les rend très toxiques. Il n'est que trop certain que cet oxyde de
carbone a dû faire un grand nombre de victimes lorsque les éruptions
gazeuses du Mont Pelé ont été entraînées à la surface du sol. »
MÉCANIQUE. — Sur la stabilité de V équilibre et les variables sans inertie .
Note de M. P. Duiiem.
« Dans une précédente Communication (*) nous nous sommesproposé
de démontrer, dans une certaine mesure, la réciproque du théorème de
Lejeune-Dirichlet sur la stabilité de l'équilibre, en admettant que le
système étudié soit affecté de viscosité. Mais notre démonstration suppose
une restriction implicite : nous avons admis que l'expression de la force
vive contenait les dérivées par rapport au temps de toutes les variables
qui déterminent l'état du système et qui figurent dans l'énergie utilisable.
» Il en est sûrement ainsi dans la Mécanique classique, oîi toute
variable sert à fixer la figure ou la position de quelqu'une des masses qui
composent le système. Mais il n'en est plus de même dans le domaine de
la Mécanique générale fondée sur la Thermodynamique; ici, la définition
d'une variable qui sert à fixer l'état du système peut fort bien être indé-
pendante de la position et de la configuration du système; alors, la dérivée
par rapport au temps de cette variable ne figure pas dans l'expression de
la force vive, et il en est de même de la variable; on a affaire à une
variable sans inertie; l'action d'inertie rehtive à cette variable est identi-
quement nulle.
» Par exemple, dans une foule de questions de Mécanique chimique,
on étudie les changements de densité et de composition des divers
éléments de volume qui composent le systèmî en faisant complètement
abstraction de la position de ces divers éléments, soit dans l'espace, soit
(') FouQUÉ, Saiitorin et ses éruptions. Masson. Paris, 1879.
(^) Sur les conditions nécessaires pour la stabilité de l'équilibre d'un système
visqueux {Comptes rendus, t. C\XXV, p. 989, séance du 1" décembre 1902).
SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 1902. 1089
les uns par rapport aux autres; toutes les variables qui définissent le
système sont alors des variables sans inertie.
» Si une variable sans inertie était en môme temps sans viscosité, celle
des équations d'équilibre qui correspond à cette variable serait à chaque
instant vérifiée, ce qui permettrait d'éliminer cette variable des équations
du mouvement; ce cas peut donc êtie omis ; dans ce qui va suivre, nous
supposerons que toute variable sans inertie est affectée de viscosité.
» L'exemple, tiré de la Mécanique chimique, que nous avons mentionné
tout à l'heure conduirait à étudier le mou^'ement d'un système défini par des
variables qui sont toutes sans inertie et affectées de viscosité; ce problème est
ce que nous nommerons le cas de la Mécanique chimique. On peut définir
un problème plus général, qui réunit le cas de la Mécanique chimique et
le cas de la Mécanique classique; dans ce dernier problème, rélal du système
est défini par des variables à inertie dénuées de viscosité et par des variables
sans inertie douées de viscosité; en outre, l'énergie utilisable est la somme
d'une fonction des premières variables et d' une fonction des secondes.
M L'étude du mouvement d'un tel système se scinde en deux autres : les
variations dans le temps des variables à inertie dépendent d'équations dif-
férentielles du second ordre qui sont celles de la Dynamique classique;
les variations des variables sans inertie dépendent d'équations du premier
ordre; pour ce qui va suivre, il n'est pas utile de faire cette scission.
» La force vive est une forme définie positive des vitesses relatives aux
variables à inertie; la fonction dissipative est une forme définie positive
des vitesses relatives aux variables sans inertie.
» On peut choisir les variables à insrtis ?,, l,, . . ., E,„ et les variables
sans inertie r,, , r.^, . . ., r;„ de telle sor te :
)) 1° Que l'état d'équilibre corresponde à;, = 0, . . ., S,„ = g, Oi = 0, . . .,
•»)«= o;
» 2° Que l'on ait (,' ), en cet état, £2 = o ;
» 3° Que l'on ait
Les équations du mouvement sont alors, pour les variables i, de la
(') Nous conservons les notations de notre Note Sur tes con litioni nécessaires
pour ta slabilUé de l'équilibre des systèmes visqueux.
lOQO ■ ACADEMIE DES SCIENCES.
forme
(t) s/,^-f-^; = o -+-...,
et, pour les variables -n, de la forme
(2) 2^^r„_,-|--/;;=0 4-. . ..
» Cela posé, je dis que, pour peu rju un seul des coefficients S^, ...,S„,.
1,, . . ., T,, soil négatif, l'équilibre est instable.
» Considérons l'expression
(3) v=2(v-s.^p-i;-.v
la première N s'étendant à tous les indices^ pour lesquels S^ est négatif,
la seconde à tous les indices q pour lesquels r;,^ est négatif. Nous aurons
ou bien, en vertu de (i) et (2),
(4) S=-42;s,y>42;^^:+----
r 7
Nous aurons ensuite
dt
^T = -42s,(e; + e,;;) + 82-^X+---'
V
ou bien, selon (i) et (2),
(5) y=42(s;^;-M;)— 62-:
%•
» La partie explicitement écrite de —r— est essentiellement positive; la
démonstration du théorème énoncé s'achève comme en notre précédente
Note.
» Ce théorème renferme comme cas particulier la proposition de
M. Liapounoff et de M. Hadamard, dont la démonstration est ainsi rendue
très simple.
» On pourrait chercher par la méthode classique des petits mouvements
SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 1902. I091
les conditions nécessaires pour qu'un système visqueux soit en équilibre
stable; cette méthode, d'ailleurs illégitime en principe, redonnerait préci-
sément les résultats énoncés dans cette Noie et dans la précédente. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Expériences sur la durée du pouvoir germinatif
des graines conservées dans le vide. INole de M. Emile Laurejjt.
« Divers auteurs, M. Muntz ('), MM. Van Tieghem et Bonnier (-),
M. V. Jodin (^) et M. L. Maquenne (') ont étudié la durée du pouvoir
germinatif des graines conservées en vases clos ou dans le vide. Ces deux
derniers auteurs, après M. Muntz, ont insisté avec raison sur la faible
production d'anhydride carbonique par les graines suffisamment dessé-
chées et sur la conservation de la vie chez les semences ainsi traitées.
» L'eau contenue dans les graines est-elle le seul facteur qui agisse sur
leur vitalité? Ne convient-il pas d'attribuer, ce qui a été pressenti depuis
longtemps, un rôle actif à l'oxygène?
» Les expériences dont je présente aujourd'hui les résultats ont été
entreprises en septembre 1894 dans le but de répondre à cette dernière
question. Elles portaient siu- vingt-sept espèces et variétés appartenant à
des familles diverses et dont les graines furent introduites dans des
ampoules de verre, à l'intérieur desquelles on fit le vide avec soin au
moyen de la trompe à mercure.
» Voici les espèces soumises à ces essais avec l'indication de l'année de
la récolte des semences :
» Froment {Trilicum vulgare), 1894. Seigle {Secate céréale), 1894. Orge à six
rangs [Hordeum hexastichon), 1894. Avoine {A^'cna saliva), 1894. Maïs {Zea
Mais), 1893. Poireau (Alliiiin Ampeloprasuin var. Porruin), 1892. Betterave à
sucre {Bêla vttlgaris), 189^. Sarrasin argenté {Fagopyruin esc u le ni 11 m), iSg'i.
Épinard {Spinaeia oleracea), 1893. Spergule (Spergula arvensis), 1898. Pavot
{Papaver soinniferum), 1894. Cameline (C«we/««a ia Un essai sur la conservation du pouvoir germinatif dans le vide a été
fait en août iSgS avec des graines de Coffea arabica, si sensibles à l'action
de l'air. J'en avais reçu 223 de M. Delpino, Directeur du Jardin botanique
de Naples; aS furent aussitôt semées en terre et germèrent sans exception.
De deux lots de 100 graines, l'un fut maintenu dans des tubes à essais bou-
chés avec du coton ; l'autre fut mis dans quatre tubes où l'on fit ensuite le
vide avec soin.
» Après quatre mois de conservation, toutes les graines soustraites à l'air
ont germé, tandis que les autres étaient mortes. »
M. le Général Bassot présente à l'Académie, au nom du Bureau des
\^ong\\.uàes, y Annuaire pour l'an 1908 :
« Dans ce Volume, le Tableau des monnaies étrangères a été complété
par l'introduction de celles en usage au Pérou et dans l'Indo-Chine, les ren-
seignements géographiques et statistiques contiennent les données fournies
par le recensement de 1901, les éléments magnétiques ont été ramenés au
i" janvier 1908.
» Parmi les Notices, il y a lieu de signaler celle de M. Radau sur les
étoiles filantes et les comètes, ainsi que celle de M. Janssen sur les travaux
exécutés à l'observatoire du sommet du mont Blanc.
)) Une réforme importante sera introduite dans la publication de VAn
nuairedu Bureau des Longitudes à partir de 1904. Nous croyons nécessaire
de l'annoncer et de la justifier :
» h' Annuaire a pris un tel développement dansées dernières années par l'introduc-
tion de renseignements nouveaux qu'il ne paraît plus possible d'augmenter l'Ouvrage,
dont le nombre de pages dépasse aujourd'hui le chiffre de 800, sans en rendre le ma-
niement incommode et surtout sans entraîner des frais que le Bureau ne peut sup-
porter.
» D'autre part, on ne peut songera s'interdire de nouveaux progrès. Pourrait-on,
pour faire aux données nouvelles la place qu'elles réclament, pratiquer de larges
suppressions? On l'a tenté, quoiqu'à regret, mais non sans soulever de nombreuses
réclamations, de sorte que, loin de pouvoir songer à des réductions nouvelles, nous
devons plutôt chercher à rétablir ce que nous avions été forcés de supprimer.
» En présence de cette silLialion, le Bureau des Longitudes a dû adopter une
SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE I902. log^
solution qui paraît devoir concilier tous les intérêts. Parmi les renseignements qu'il
publie, les uns ont un caractère variable et doivent nécessairement être réimprimés
chaque année; les autres ont, au contraire, un caractère permanent, et il n'y aurait
aucun inconvénient à ne les insérer que tous les 1 ans.
» Le principe du roulement une fois admis, il restait à en régler l'application : le
Bureau a cherchera s'inspirer de l'intérêt du lecteur et à conserver le plus possible
au recueil son ancien caractère. Il a voulu d'abord que le lecteur fût certain de
trouver le renseignement qu'il cherche, pourvu qu'il eût sous la main deux Annuaires
consécutifs, et ensuite qu'il ne pût jamais hésiter pour savoir quel est celui des deux
Volumes qu'il doit consulter.
» Pour cela, il fallait que le roulement fût régulier et que la loi en fût simple et
facile à énoncer. Toutes les considérations de détail devaient céder devant cette
nécessité.
» La nature des données facilitait d'ailleurs cette répartition.
» L'Annuaire (en laissant toujours de côté les Notices) se divise en trois Parties.
Partie astronomique. Partie physique. Partie géographique et statistique.
» La première est la seule qui contienne des données d'un caractère rapidement
variable; d'un autre côté, c'est la plus importante, et elle doit conserver chaque
année dans l'Annuaire la place qu'elle occupait jusqu'ici. Elle comprendra 212 pages
de renseignements qui seront réimprimés chaque année, soit à cause de leur impor-
tance, soit à cause de leur caractère variable, et 118 pages de Tableaux soumis à un
roulement bisannuel. Ainsi la Partie astronomique sera chaque année de 33o pages
environ comme par le passé, et cependant le lecteur, en consultant deux Annuaires
consécutifs, disposera de 448 pages de renseignements distincts.
» Pour les deux autres Parties, le Bureau a décidé de les faire alterner en impri-
mant la Partie physique (constantes physiques et chimiques) les années paires, et la
Partie statistique (géographie, statistique, poids et mesures, monnaies, amortissement,
mortalité, etc.) les années impaires. Cette loi étant simple et facile à retenir, le lec-
leur saura toujours, sans hésitation, quel est le Volume qu'il doit ouvrir.
» Grâce à ce roulement, ces deux Parties pourront être considérablement dévelop-
pées et portées de i56 ou 172 pages à 280 ou 3oo. Ainsi, sans que le Volume annuel
ait augmenté, le lecteur disposera de 1028 pages de renseignements au lieu de 656.
M En résumé :
» 1° A partir de X Annuaire de 1904 inclusivement, les renseignements
fournis par l' « Annuaire du Bureau des Longitudes » seront publiés, les uns
tous les ans, les autres tous les deux ans, de telle sorte qu'un lecteur possé-
dant deux Volumes consécutifs soit certain d'y trouver le renseignement
qu'il cherche.
» 2° Chaque Annuaire contiendra environ 33o pages de données astro-
nomiques qui seront publiées, les unes tous les ans, les autres tous les deux
ans.
1096 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» 3° Les données physiques seront imprimées dans les Annuaires de millé-
sime pair.
» l\° Les données statistiques et géographiques seront imprimées dans les
Annuaires de millésime impair. »
MEMOIRES PRESENTES.
M. Délai RiER adresse une Note ayant pour titre : « Recherches sur la
navigation aérienne ».
(Renvoi à la Commission d'Aéronautique.)
MM. B. Brumies et P. David soumettent au jugement de l'Académie
un Mémoire intitulé : « Etude des anomalies du champ magaétique ter-
restre sur le Puy de Dôme » .
(Commissaires : MM. Bouquet de la Grye, Mascart.)
M. GiROD adresse un Mémoire «c Sur une méthode de transposition en
musique ».
(Commissaires : MM. Mascart, Lippmann.)
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
i" Un Ouvrage, en trois Volumes, ayant pour titre : « La Mécanique à
l'Exposition de 1900 ». (Présenté par M. Hatoii de la Goupillière.)
2" Les Cahiers 16 et 17 du Service géographique de l'armée intitulés :
« Matériaux d'étude topologique pour l'Algérie et la Tunisie (3® série) et
Rapport sur les travaux exécutés en 1901 ». (Présentés par M. le général
Bassot.)
SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 1902. IO97
MÉCANIQUE CÉLESTE. — Perturbations iiidépendanles de l'excentricité.
Note de M. Jean Mascart, présentée par M. Lœwy.
« Nous avons montré, précédemment ('), sous quelle forme se pré-
sentent les perturbations des petites planètes par Jupiter, lorsqu'on effectue
des approximations successives dans les équations différentielles des coor-
tlonnées elles-mêmes. Alors, si a et r sont le demi-grand axe et la distance
au Soleil de la planète, il est commode d'introduire dans les équations la
quantité p, définie par la relation p = — "— > et d'étudier la quantité p,
définie en fonction de 0, élongation de la planète troublée par rapport à
Jupiter, planète troublante. La quantité p eslde l'ordre de l'excentricité de
l'orbite, et le calcul de p — p- + p', en se bornant aux termes du troisième
degré par rapport à l'excentricité, permet d'obtenir la courbe décrite par
la planète dans un système d'axes mobiles dont l'origine décrit uniformé-
ment un cercle de rayon a.
» La connaissance de ces courbes est du plus baut intérêt pour la nature
des perturbations ; ici nous allons nous borner à indiquer les valeurs
numériques des premiers termes
«=■21
p — p--h ?' = _^ M,;cos/iO,
qui ont été calculés, à 6 chiffres, pour cinquante-trois valeurs réparties tout
le long de l'anneau. Ces perturbations sont celles qui sont indépendantes
de l'excentricité, ou valables principalement pour une très faible valeur de
l'excentricité.
)) Nous n'insisterons pas davantage pour le moment : nous donnons seu-
lement les huit premiers coefficients, et l'on peut voir combien ils varient
peu, près de Jupiter, et d'une façon très rapide sitôt que l'on a dépassé
la grande lacune de commensurabilité 2. Ainsi, pour a = 4,2, on a
M„ = — 0,004 et la valeur de M,» est encore sensible, 0,000 oo5, tandis
que pour a = 2,11 on a M^ = 0,001, mais déjà M5 = 0,000001. Ces coef-
ficients permettent d'indiquer les perturbations par les courbes décrites
(') Comptes rendus, 17 février 190a
logS
ACADEMIE DES SCIENCES.
K.
n.
10» M„.
io«M,.
loOJl,.
iu« Mj.
106 Mi.
loMIs.
!..« Mj.
io« .M,.
lo'M,.
1 1 :
3 = 3,667...
4,206
—3912
— 4ii5
— 8689
13838
17415
2839
2743
2984
— 1057, 6
2 = 3 ,.5oo.. .
4,i56
—4666
—3817
— 8537
15788
12532
'994
1824
2370
— 325,4
lo :
3 = 3,333...
4,100
-4524
— 2910
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'9/59
5896
1266
806,6
:68i
-t- 180,6
i3:
4 =3,230.. .
4,070
—3575
— 2639
- 77<8
23993
48i8
853,7
110,6
.548
+ 25o,i
3
• 3,969
biscoDlinuité.
10' H,.
1 1 ■
4 = 2,-50...
3,845
—47^9
-2iS5
— 7o3o
12220
1496
799,5
32,49
92,20
— 65ii6
8
3 = 2,667...
. 3,802
-4397
—1967
— 7062
8062
'494
125,4
188,61
"2,97
- 29884
i3
5 = 2,600.. .
. 3,763
-4340
— 1690
-7124
5996
997,"
'48,2
212,09
112,09
— .5626
0
2 = 2,500.. .
3,700
— 4i36
— 1612
- 7335
4062
716,4
'46,3
189,69
98,34
— 4308
] 2
5 = 2,400.. .
3,63i
-3872
— 1 129
— 7805
2816
742,9
126,6
165,76
80,35
-h 2069
_
3 = 2,333...
3,58i
—3671
— i3i5
— 8352
2223
424,4
109,6
143, 3i
68,56
+ 4203
9 •
4 = 2,200...
3,5i5
-3339
— 1181
- 95;'!
2166
282,4
71,64
111,47
53,93
+ 5o36
Il :
5 = 2,200.. .
3,4,2
-317S
— iit3
— 10878
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71,86
102,62
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+ 6843
i3:
6 = 2,167...
3,442
— 3oo5
— 1066
— 12222
I23l
1 o5 , 3
61,81
94,56
45,16
+ 7602
i5 :
7 = 2, .42...
3,420
-284l
— io4o
— 13693
,i34
26,1 3
52, >9
89,53
43,12
+ 8392
2
. 3,276
Di:iContinutlé.
10' M«.
10» Ms.
10' M,.
loSM,.
10' '-Mj.
l'j '.
9=1,889...
3,i46
— 2225
— 63i,3
+ 12391
475,7
— ii5o6
'5444
17683
5821
— 3706000
i5 :
8=1,875...
3,129
— 2382
-621,4
-1- 8592
447,0
— i63,2
22290
i58oo
6677
— 2553ooo
i3;
7=1,858...
3, 106
-2394
— 6o3,9
-1- 7004
4'5,'
-+- 2934,2
23759
i5332
6464
— 1970000
I ( '.
6=1,833...
3,075
-2372
— 579,6
-h 563o
376,3
+ 4326,8
238ii
i44i8
6068
— 1452000
9 •
5 = 1,800.. .
3,029
-23r3
- 544,6
-+■ 4273
327.4
+ 5548,3
22542
12768
5359
— 97o5oo
i6:
9 = 1,778...
2>997
—2266
— 5i8,q
+ 3609
297,6
-h 5617,1
21253
11659
4860
— 746800
^ -
4 = 1 ,750.. .
2,956
— 2200
- 492,4
+ 2959
264,0
+ 5424,6
.9398
I06I8
4243
— 535900
19 :
11 = 1,728...
. 2,922
—2143
— 669,1
+ 2520
238,7
-t- 5l20,2
'7759
9070
3762
— 4'5200
12 .
7 = 1,714...
2,901
— 2100
- 455,9
-+- 23i5
225,2
-4- 5[53,5
16889
849'
3987
— 359000
in'
10=1 ,700.. .
• 2,879
2073
- 44', 6
+ 2106
211 ,0
-1- 4698,0
15910
7977
3222
— 303900
5
3 = 1,667...
. 2,823
-1986
- 408,3
+ 1698
180,6
-i- 4i,38,i
i3634
6614
2627
— 205900
■ 8
II = 1 ,637.. .
• 2,771
— 1905
— 379,0
+ i4oi
'65,9
-T- 3627,7
11694
5473
2l54
— i43ïoo
i3
8 = 1,625...
• 2,701
— 1875
— 368,1
+ i3o7
'47,4
-H 3441,8
' '019
5i28
'99'
— i25ooo
ai
i3 = 1 ,6i5.. .
. 2,733
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— 359,0
-1- I23o
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-h 3286,4
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— m 100
8
5= 1 ,600.. .
2,704
— 1807
- 344,4
+ 1118
'29,9
-i- 3o45,i
9600
4352
i665
— 91540
19
12 = 1,583.. .
2,673
—1763
— 329,3
-H 1108
"9,3
-t- 2795,0
8724
3883
1470
— 74560
1 1
7 = 1,571.. .
. 2,65o
-1731
— 3i8,6
-i- 935,7
111,8
+ 2623,1
8099
358 1
1342
— 63ooo
i4
9= 1 ,555.. .
. 2,618
— 1689
- 3o4,4
+ 847,6
102,5
+ 24.4,.
7363
3182
1182
— 52120
17
ji = 1,545.. .
• 2,597
— 1661
- 295,4
+ 795,6
97,08
+ 2269,5
6905
2894
1067
— 45020
20
13 = 1,539...
. 2,583
— 1643
- 289,3
+ 761,5
93,28
+ 2179,0
6601
2799
1099
_ 4'46o
23
i5 = 1 ,533.. .
. 2,572
— 1629
- 285,1
+ 737,1
90,56
+ 2.14,3
638 1
2690
983,1
— 08690
3
2 = i,5oo.. .
. 2,5oo
— 1539
— 256,7
+ 596,8
74,88
+ 1724,2
5o8o
1935
733,1
- 24370
25
: 17 = i,47o-. .
. 2,433
— i46o
- 232,7
-4- 493,1
62, 3o
-t- '421,1
4089
1598
592,2
— i585o
22
: i5 = 1,467.. .
■ 2,424
—449
— 229,6
+ 480,6
60,78
+ i383,6
4162
1543
533,6
— i5ooo
19
:i3 = i,46i...
. 2,411
— 1436
— 225,3
+ 464,6
58,83
+ i335,4
3817
'472
507,2
- i383o
j6
: 11 = 1,454-:..
• 2,395
— 1417
— 220,0
+ 443,5
56,43
+ 1271,8
3717
i382
472,6
— 12430
i3
: 9 = i-444..-
. 2,370
— 1390
— 212,0
+ 4>4,5
52,62
+ ii83,i
333i
1257
445,2
— io65o
23
: 16=1,438...
2,353
— 1371
— 206,7
+ 395,6
5o,25
+ .124,3
3'47
1176
395,6
— 9506
10
: 7 = '>4'''9"-
. 2,33i
-■347
— 199,9
+ 372,2
47,23
H- .o52"6
2920
1078
359,3
— 823i
17
: 12 = i,4i7-- •
. 2 , 3oo
— i3i5
— '91,0
-+- 342,9
43,57
+ 96.,.
2637
956,7
3i5,o
- 6767
: 5 = 1,400...
. 2,206
—1270
- ■78,7
-H 3o5,2
38,17
-1- 842,6
2345
804,1
260,0
- 5098
18
: 53 = 1, 384...
• 2,214
— 1229
— '67,7
+ 273,1
34,53
+ 74., 4
1970
680,7
216,1
- 3889
1 1
: 8=1,375...
. 2,187
— 1203
— 160,9
+ 254,5
32,08
+ 6S4,o
1795
6io,8
192, 1
— 3246
i5
: 1 1 = 1,363. .
. 2,i55
— II72
— i53,o
+ 233,1
29,38
H- 6.9,0
1025
535,5
'65,7
— 2634
'9
:i4 = i,35s...
. 2, 136
— ii55
■- 148,7
■+■ 222,8
27,92
-t- 586,9
i5oi
463,9
l52,ù
— 2319
23
: 17 = 1,302.. .
. 2,123
— ■44
— 145,9
+ 2i5,7
26,97
-1- .562,1
'437
47. ,2
.43.7
2l5l
3i
: 23 = 1,347...
. 2,inS
— i i3o
— 142,3
H- 207,3
25,85
-h 536,2
1287
442,5
'4o,7
- '943
SÉANCE DU 10 DECEMBRE 1902. IO99
autour de l'origine : près de Jupiter on a une courbe à G boucles; bientôt
entre les deux grandes lacunes 3 et 2, une courbe à 4 boucles; bientôt
après la lacune une courbe à 2 boucles, puis, assez loin, une courbe ellip-
tique qui entoure l'origine. Ces transitions et les points d'inflexion possibles
seront ultérieurement indiqués.
)> En se reportant à nos précédentes notations, on reconnaît que
le terme M„, indépendant de p, q et 9, s'introduit comme facteur de
cos^ô + sin^9 et provient des formes suivantes :
Spcos^ô + SysinXO,
o/j-
rjp- — oy"
cos2^-0 -I- %p%q ûvi.ik^.
La forme de %p et ^q indique assez que les termes M, à Mj, proviennent
des mêmes formes et de celles-là seules. Si n et n' sont les moyens mouve-
ments de la planète et de Jupiter, la première colonne de notre Tableau
donne le rapport de commensurabilité — — — -, = k, et sa valeur numérique,
la seconde la valeur correspondante de l'axe a.
» Nous compléterons ailleurs par les termes moins essentiels, et nous
montrerons l'importance relative de ces perturbations dont on peut ainsi
suivre les variations d'un bord à l'autre de l'anneau. »
ASTRONOMIE. — Observations de la comète Giacobini (1902 f/), faites
à l' Observatoire de Besançon avec l'équatorial coudé. Note de M. P.
Chofardet, présentée par m. Lœwy.
Temps moyen Nombre
Dates. de de
1902. Étoiles. Besançon. A en ai- A en ^. compar.
Il m s m s , ,
Décembre 9 a i G. 20.27 — 0.11,89 — 4-47iO 9*6
9 a 16. 51.57 —0.11,87 — 5. 0,0 9:6
10 b 16. 0.12 —I. 8,84 — 0.87,8 12:9
II c 17. 9.21 -f- 1.39,00 - 4-40,9 12:9
Positions moyennes des étoiles de comparaison pour 1902,0.
Ascension Kéduction Réduction
droite au Distance polaire au
Étoiles. Catalogue. moyenne. jour. moyenne. jour.
Il m 9 s 0 . . .
a Munich,, 182 1 7.15.86,89 -h4,4o 91. 1.26,8 -l-i3,5
b Munich,, 2482 7.16.10,62 +4,43 90.47.25,6 +18,8
c Muiiiclij, iSoG 7.12.56,35 -1-4,46 90.40.46,9 4-18,7
IIOO ACADEMIE DES SCIENCES.
Positions apparentes de la comète.
Ascension Dislance
Dates. droite Log. fact. polaire Log. fact.
1902. apparente. parallaxe. apparente. parallaxe.
Il m s o . .,
Décembre 9 7.15.29,40 i,353 90.56.53,3 o,8i6„
9 7.15.28,92 7,429 90.56.40,3 o,8i6„
10 7.i5. 6,21 r,3o4 90-47. '16 o,8i5„
II 7.i4-4o,3i 7,4:8 90.36.19,7 o,8i4„
» La coniéle a l'aspect d'une petite nébuleuse, ronde, de 12'^ grandeur; son dia-
mètre apparent est d'environ 45". »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur l'intégration d'une équation aux JénWes
partielles du second ordre, du type hyperbolique, à plus de deux variables
indépendantes. Note de M. R. d'Adhéhar, présentée par M. Emile
Picard.
« Soit
r
» 1. Il se pose ^fiur problèmes d'intégration suivant que les données,
u et sa dérivée conormale ( ' ), sont portées par une variété à p dimension s
intérieure ou extérieure à un cône
i>
(A„) ^('^-^o)' = (/-'(,)'•
1
M Nous les appellerons Pr. I et Pr. E.
» M. Volterra a donné la solution (-) du Pr. E pour A-'' = F.
» Généralisant la méthode du savant professeur de l'Université de
Rome, M. Tedone a donné la solution ( ^) du Pr. E pour A-"'' = F, mais
rien n'a été fait pour le Pr. E pour A^"^''' = F.
» J'ai obtenu l'intégrale pour le Pr. E pour A'' = F, ou
d'^u d-ii d-u d-ii „/ s
(•) Comptes rendus, 11 février 1901. Note de l'auteur.
C) Acta malhemalica, t. XVIII, iSgî-
(') Annali di Mateniatica, série III, t. I, p. 19. Milan, 1S98.
SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 1902. IIOI
par un procédé assez nettement différent de celui de M. Volterra.
» Je résume ici ma méthode.
)) Pour obtenir uÇxg, jo, z^, /„), je considère le cône A" et le plan T"
» La surface des données S est analogue, au point de vue de l'Analysis
situs, à un cylindre à génératrices parallèles à l'axe O^. S est coupée
par A suivant une courbe supérieure C" (variété à deux dimensions) et
une courbe inférieure C; et par T suivant une courbe C. Soit (T) la por-
tion de T intérieure à C; soient (A") et (A') les portions supérieure et
inférieure de l'aire de A (variété à trois dimensions); soient (S") et (S')
les portions supérieure et inférieure de l'aire de S; soient W" et W les
volumes supérieur et inférieur (variétés à quatre dimensions).
» On a, d'après la formule modifiée de Green ( ' ), ayant posé
y"_ '■ — (< — '0)
(')
r- =y (x — XnY,
V = ) I
/■
\ ^^^: Av; ^,s5) <^^ v/is;, '^^
I -^ 1 i -udxdydz.
>i Dèrivanl deux fois par rapport à /„.
il -F dx dv dz — I - -jivF ■ ,1», .,
/' I /{Pu d-u à''u\ j j j
» Or, a, p, y, 0 étant les cosinus de la normale extérieure à S, puisque
cos(N, t) = — 0, on a, dans la dernière intégrale,
du .^ du du\ 1 du
/■bin(N, 0\ dx ^ dy ^ dz ) rd
(') Pour ceci et la notation -r^, voir ma Note citée.
C. R., 1902, 2- Semestre. (T. CXXXV, N° 24.) I'14
II02 ACADÉMIE DES SCIENCES.
V étant l'intersection avec T de la variété à deux dimensions, normale à C.
Nous avons alors, dans le plan T, c'est-à-dire dans l'espace ordinaire,
à appliquer \a formule classique de Green, et l'on voit que le second membre
de (2) est :
— 87r(x„, ,y„, =0, /o)-
» J'ai supposé que l'on a, sur S, m = o, pour simplifier l'exposition.
1) 2. Il faut bien remarquer que les données qui figurent dans l'expres-
sion de u (a'o, j'o, ^0' '0) ne sont pas toutes indépendantes. Ainsi, revenons
au Problème extérieur pour A"'*; M. Volterra a montré l'existence d'une
condition relative à tous les points du volume d'intégration.
» J'établis l'existence d'une autre condition relative seulement à tous les
points de la surface d'intégration.
n Supposons que S soit un cylindre vertical, et que l'on uit F^o et
M = o sur S et, en plus, que l'on donne, sur S,
a étant l'angle polaire de la section droite T de S.
» La condition de M. Volterra devient
rj\..)d.^o.
» Ma condition devient
«•'0
COS - rt X = o
(quel que soit h entre o et 27r) avec laprécédenle, en plus.
» La présence de ces conditions, qui ont leurs analogues pour A^'',
entraîne les plus grandes difficultés pour la discussion complète du Pro-
blème extérieur.
» J'aurai à y revenir comme sur certaines questions de convergence des
intégrales à la frontière dans le Problème intérieur. On doit exclure cer-
taines formes pour la surface portant les données. »
SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE I902. I Io3
ÉLECTRICITÉ. — Procédé de séparation éleclrique de la partie métallique
d'un minerai de sa gangue. Note de M. D. IVegreano, présentée par
M. Lippmann.
« I. L'expérience suivante m'a conduit à l'étude d'un procédé de sépa-
ration de la partie métallique d'un minerai de sa gangue.
)) On coupe dans une plaque métallique un disque central, et l'on réunit, à l'aide
des fils métalliques, la plaque et le disque aux deux pôles d'une machine VVhimshurst.
Si Ton projette ensuite sur le système, à l'aide d'un soufflet, un mélange pulvérulent
de soufre et minium, de façon que le mélange traverse avec frottement les trous très
fins d'un disque en bois, on constate que, si le soufre, par exemple, se dépose sur la
plaque métallique, le minium sera déposé sur le disque central. Les colorations jaune
du soufre et rouge du minium permettent d'observer facilement cette séparation.
» La cause de cette séparation est l'électrisation différente du soufre et
du minium et le dépôt de ces substances sur les parties métalliques élec-
trisées en sens inverse par la machine.
)) IL Des expériences analogues ont été faites avec des minerais métal-
lifères réduits en poudre. Je donnerai quelques exemples :
» Réduisant en poudre fine une roche siliceuse avec des imprégnations de mala-
chite et d'oxydes de fer et de cuivre, on constate la séparation de la partie métal-
lique de la gangue siliceuse.
» Avec une roche quartzeuse contenant de lu limonite, on observe facilement
d'un côté la gangue, de l'autre côté la limonite reconnaissable à sa couleur jaune brun.
» Opérant sur un minerai de lignite avec riches imprégnations de pyrite, on
peut, de même, séparer la lignite de la partie métallique.
» IIL Ce procédé de séparation serait peut-être applicable à l'extraction
de l'or de sa gangue. Je n'ai pas eu malheureusement à ma disposition des
quantités suffisantes de sable aurifère pour essayer l'expérience. »
THERMOCHIMIE. Sur le fluorure d'aluminium. Note de M. E. Baud.
« T^es dérivés fluorés de l'aluminium ont été assez peu étudiés depuis
Sainte-Claire Deville, ce qui doit être attribué sans doute aux difficultés de
leur analyse.
IIo4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Je me suis proposé d'apporter quelques nouvelles données relatives à
ces corps, et principalement de déterminer la chaleur de formation du
fluorure d'aluminium et de la cryolilhe ordinaire.
» Fluorure d'aluminium hydraté. — En suivant le procédé indiqué par Sainte-
Claire Deville, c'est-à-dire en dissolvant l'alumine dans l'acide fluorhvdrique ou dans
l'acide fluosilicique et évaporant au bain-marie, je n'ai pu obtenir que du fluorure
hydraté insoluble ou très incomplètement soluble.
» Il en a été de même en concentrant la solution à froid, sous cloche, en présence
d'anhydride phosphorique.
» Mais, lorsqu'on ajoute à une solution concentrée et neutre d'alumine dans l'acide
fluorhydrique deux fois son volume d'alcool absolu, il se précipite une masse gom-
meuse d'abord très fluide, puis épaississant rapidement et prenant enfin, au bout de
quelques minutes, une texture cristalline.
» Ce produit séché sur plaque poreuse a pour composition Al'F^ 7H'0, et il est
facilement soluble ( ' ). C'est le meilleur procédé pour avoir ce composé pur et soluble.
Sa chaleur de dissolution dans l'eau vers -(-la" est égale à -f-S*-''.
» La dissolution est acide au tournesol et neutre à l'hélianthine. On peut donc, au
moyen de cet indicateur, doser l'acide fluorhydrique libre en présence du fluorure
d'aluminium. Le fluorure hydraté insoluble dans l'eau a la même composition
Al^'F^ 7H-O. Il est un peu soluble dans l'acide fluorhydrique à 19 pour 100.
» Sa chaleur de dissolution dans cet acide est de -t-gC^'.SS, tandis que le fluorure
soluble en se dissolvant dans le même acide dégage -t- g*^"', 88. La difl'érence -t- 1^21,00
correspond à la transformation du fluorure soluble en fluorure insoluble, due à une
polymérisation ou une modification isomérique.
>i Déshydratation du fluorure hydraté. — La stabilité de cet hydrate, soluble ou
non, est comparable à celle du chlorure Al^Cl^, 12 H'^0.
» Maintenu sous cloche en présence d'anhydride phosphorique, il est resté inaltéré.
Je l'ai alors chaufTé au bain d'huile dans un courant d'hydrogène.
)> Il ne se produit rien avant 100°; il se dégage environ /JH^O entre 110° et 120°,
iIl-O entre i5o° et 170°, iH'O entre 210° et 25o°.
» Ceci montre déjà que ces dilTérentes molécules d'eau ne sont pas fixées avec la
même énergie et qu'il existe, par conséquent, plusieurs hydrates.
» Le produit restant a pour composition Al-F^H^O ; il ne se décompose qu'au
rouge vif.
» Lorsqu'on le chauffe dans un courant d'hydrogène, il se sublime du fluorure
anhydre très bien cristallisé; mais le rendement est très mauvais, car il y a dégage-
ment d'acide fluorhydrique et formation d'un oxyfluorure.
» Ce fluorure anhydre, décrit par Sainte-Claire Deville, est insoluble
dans tous les dissolvants et même dans l'acide fluorhydrique concentré.
(') J'ai dosé l'alumine en chauffant un poids connu de ce corps, dans une capsule
de platine, avec un excès d'acide sulfurique jusqu'à départ complet de l'acide fluorhy-
drique, reprenant par l'eau et précipitant par l'ammoniaque.
SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 1902. «lOJ
» Pour déterminer la chaleur de formation de ce corps avec les données
thermiques connues, il manque un nombre essentiel : la chaleur de disso-
lution du florure anhvdre ou sa chaleur d'hydratation, quantités impos-
sibles à mesurer rigoureusement.
» J'ai pu cependant évaluer d'une façon approchée la clialeur d'hydratation, en par-
tant du composé A1-F%H^0.
» Celui-ci est insoluble dans l'eau, mais un peu soluble dans l'acide fluorhydrique
à 19 pour 100.
» Sa chaleur de dissolution dans ce véhicule est de H-5iC''i,i5 vers i5", tandis que
dans les mêmes conditions l'hydrate insoluble Al^FS 7 H'O dégage seulement -t-8'^''',88,
comme je l'ai dit précédemment.
» Si l'on admet que ces deux corps, insolubles dans l'eau, sont dans un même état
de condensation moléculaire, la dilTérence : 42^°', 2-, représente la chaleur de fixation
de 6H^0 sur Al-F^ H-0, soit -+--]''-'\\5 pour chaque H"0 en moyenne.
APFS H=0-f 6H=01iq.-= APFS 7H2O insoluble + ^yS'^^i-
Ai^FS W-0 ,-6H-01iq. — APF", 7H'0 soluble + /;,r.»i.2-.
» La fixation de la première molécule d'eau est celle qui doit dégager le plus de
chaleur.
» Étant données, d'une part, les analogies thermiques entre les hydrates et les com-
posés ammoniés et particulièrement entre AFCl', i2H'-'0 et A1-C1% laAzH'; d'autre
part, la stabilité de l'hydrate Al-F% ■jWO, comparable à celle de APCl*, I2H20, on
peut admettre, sans risquer de commettre une grosse erreur, que la chaleur de fixation
de la première molécule d'eau gazeuse sur Al-F'^ est la même que celle des premières
molécules d'ammoniac sur Al-Cl^, c'est-à-dire -1-33'^''', 33 :
APP-^sol. -;- H'O gaz. = Al-F^, H'^O sol i-33c»i, 33
Al'F^sol.-HH^OIiq. =A12F%H^Osol -1-23'^"', 68
» Connaissant déjà la chaleur de fixation de 6H-0 liq., qui est de -(-142^"', 27 ou
-f- 4i'^'',27, celle de 7 H-0 liq. sera égale à -h 65'^'', 9 j ou -t- 64'^''', gS :
Al^Fesol.-^7H^01iq.:=APF%7H^'Osol. \ ''""f"^^' ^J'^'S^
' ^ '' ( soluble +04'^'', 93
)> Avec celle donnée nouvelle et la chaleur de dissolution de Al- F", 7 H" O
jointes aux nombres déjà connus, on peut calculer la chaleur de formation
du fluorure d'aluminium anhydre au moyen des deux cycles suivants :
Cal
10 H°-f-0'=3H201iq -1-207,00
AP -h F« = Al^ F« sol X
APF8sol.-H7H201iq. = APFS7H-0 solide (soluble). -+- 64,96
APF%7H20 sol. 4- «H''0=APFS7H'0 dissous — 3,33
2° APh- O'-t- «H^O = APO'rtH-O -1-395,60
F6-t- IP-t- nH^O = 6HF dissous -(-3oi ,80
Al=0»,«H20-^6HFdissous = APFS7H'Odissous... H- 70,20
TTo6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
fl'oii
a; = 498<'''',98.
» C'est le nombre le plus élevé obtenu avec l'aluminium et les halo-
gènes :
Cal
[F' I99-0
M^.J Cl" ^^3,6
^ 1 Br« 265,9
f P i8i,4
H H est vrai qu'il existe une incertitude pour le nombre 23,68 corres-
pondant à la première molécule d'eau fixée sur le fluorure, mais il est cer-
tainement assez approché à quelques unités près et, par suite, il n'y a à
redouter, pour le nombre 499» qu'une incertitude de quelques centièmes. «
CHIMIE MINÉRALE. — Action du chlorure de bore sur le gaz ammoniac.
Note de M. A. Joa\nis.
« L'action du chlorure de bore sur le gaz ammoniac a été l'objet de
diverses recherches : Berzélius indique qu'il se forme le composé
2BoCl%3AzH3;
Martius, en chauffant fortement le produit obtenu, a constaté qu'il se
transforme en azoture de bore; M. Besson, en opérant à 8°, a constaté
que 2™°' de chlorure de bore absorbaient 9™"' d'ammoniac et en a conclu
qu'il se formait le composé 2B0CI', gAzH'.
» Devant ces divergences, j'ai repris la question et constaté que la ma-
tière n'a pas une composition constante, sans doute à cause de la chaleur
dégagée qui altère, plus ou moins, le produit formé d'abord. Pour éviter cette
complication j'ai dirigé, dans de l'ammoniac liquéfié etmainlenu entre — 5o°
et —70°, un courant lent d'hydrogène sec passant sur du chlorure de bore,
maintenu lui-même vers o". Dans ces conditions, l'hydrogène n'entraîne
que peu de vapeurs de chlorure de bore et, grâce à la présence du gaz
ammoniac liquéfié et froid, la température reste très basse. Quand tout le
chlorure de bore a disparu, on met le tube qui contient le produit blanc et
l'excès d'ammoniac liquide dans un bain de chlorure de méthyle à —23",
puis on le relie à un manomètre et à un tube de dégagement fermé par uu
robinet; on laisse alors partir tout l'ammoniac qui peut se dégager sous la
pression atmosphérique à cette température. On se débarrasse ainsi de
SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 1902. II07
l'excès d'ammoniac liquide qu'on a dû employer. A ce moment, i""' de
chlorure de bore a fixé i5™"' d'ammoniac. Quand aucune bulle de gaz ne
se dégage plus à —23°, on place l'appareil dans la glace, à 0°, et on laisse
sortir de l'ammoniac en déterminant, après chaque expulsion de gaz, la
tension fixe qui s'établit après quelques minutes; cette tension est de
1041°"° à 0° et se maintient à celte valeur jusqu'à ce que l'on ait enlevé,
pour !"">' de chlorure de bore, 9'°°' d'ammoniac (trouvé dans une expé-
rience : 8™°', 98.5 au lieu de 9"°'). Celte tension constante est la tension de
dissociation du chlorure d'ammonium ammoniacal AzH^CI, 3AzH', dé-
couvert par M. Troost. Les g""' d'ammoniac qui se dégagent entre —23°
et 0° montrent qu'il s'est formé 3"°' de ce chlorure ammoniacal. Tout le
chlore du chlorure de bore se trouve donc à l'état de chlorure d'ammonium.
» Pendant l'action du chlorure de bore sur l'ammoniac, on constate qu'il ne se
dégage aucun gaz, ni hydrogène, ni azote, en faisant deux expériences, l'une dans un
courant d'air sec pour entraîner les vapeurs de chlorure de bore, l'autre dans un cou-
rant d'hydrogène. Par conséquent, aux trois groupes AzH* qui se sont unis aux 3»'
de chlore correspondent, par compensation, trois groupes amidogènes AzH- qui se
sont unis à l'atome de bore. C'est d'ailleurs ce que confirment : 1° l'augmentation de
poids de la matière; 2» l'action de l'eau sur la matière, qui se transforme lentement,
sans dégagement de gaz, en i"""' d'acide borique et 3™°' d'ammoniaque comme l'in-
dique l'analyse du liquide.
» Il s'est donc formé du chlorure d'ammonium et de l'amidure de bore.
On a à — 23° :
BoCl' 4- 15 AzH» = 3(AzH*Cl, 3AzH') 4- Bo(AzH-)',
et à 0° :
BoCl'-f- 6AzH» := 3 AzH' Cl-! Bo(AzH-)'.
» On n'obtient, d'ailleurs, ce résultat que quand on a évité avec soin toute élévation
de température. Une fois ce but atteint, si on laisse la température s'élever, de l'am-
moniac se dégage lentement sans que l'on ait pu mettre en évidence de tension fixe,
soit qu'il n'y en ait pas, soit que la tension de dissociation soit trop longue à s'établir.
Entre 0° et 440°, il sort i^^^S d'ammoniac pour i""»' d'amidure de bore, de sorte
que l'on peut représenter ainsi la réaction
2Bo(AzH=)='= Bo2(AzH)5-^ 3AzH'.
» Cette décomposition est lente. C'est à la présence de cet imidure de
bore dans les produits de la réaction, lorsqu'on n'a pas évité toute éléva-
tion de température, que sont dus les résultats irréguliers que l'on trouve
II08 ACADÉMIE DES SCIENCES.
pour le poids d'ammoniac absorbé par un poids donné de chlorure de bore,
quand on laisse la température s'élever pendant la réaction.
» Dans ce cas, on peut trouver une quantité d'ammoniac fixé, très
voisine de 9*°°' pour 2™°' de chlorure de bore (M. Besson). On a alors
2BoCl' + 9AzH'=6AzH^Cl + Bo»(AzH)'.
i< D'ailleurs, lorsqu'on ne refroidit pas suffisamment, ou lorsque intentionnellement
on chauffe, le chlorure d'ammonium formé ne réagit pas sur l'amidure ou l'imidure
de bore; je l'ai vérifié ainsi : ayant chauffé vers 350° le produit brut de l'action du
chlorure de bore sur l'ammoniac et l'ayant laissé refroidir, on y a envoyé de nouveau
de l'ammoniaque liquide et l'on a déterminé la quantité de gaz ammoniac sortant
entre — 28° et 0° et représentant, par suite, l'ammoniac combiné au chlorhydrate; on
a trouvé sensiblement le même nombre qu'avant d'avoir chauffé (i 274'°'', 5, par exemple,
au lieu de i295'^°'',o dans une expérience; l'écart observé paraît dû à la vaporisation
d'une petite quantité de chlorure d'ammonium).
» Quel que soit d'ailleurs le produit que l'on obtienne, Bo(AzH^)'
ou Bo^(AzH)' ou un mélange de ces deux corps, on trouve toujours, à
l'aide de la méthode décrite plus haut, que la même quantité de chlorure
d'ammonium a été formée.
)) Ces expériences constituent, comme on le voit, une nouvelle applica-
tion de la méthode que j'ai indiquée autrefois (') pour étudier l'état des
corps qui forment des mélanges complexes dont on ne peut retirer les con-
stituants. Cette méthode, qui a depuis été appliquée par d'autres chimistes
et par moi-même, n'est d'ailleurs qu'une application immédiate des belles
expériences de H. Sainte-Claire Deville et de Debray sur la dissociation.
» Je n'ai pu jusqu'à présent séparer l'amidure de bore du chlorure
d'ammonium formé simultanément qu'en en perdant la majeure partie:
pour cela, on lave le mélange, obtenu comme il a été dit, avec du gaz
ammoniac liquéfié qui dissout le chlorhydrate d'ammoniaque beaucoup
plus que l'amidure de bore.
» Au contraire, l'imidure de bore peut être facilement séparé du chlo-
rure d'ammonium à l'aide de l'ammoniac liquéfié; il est en effet très peu
soluble dans ce dissolvant.
» Cet imidure de bore a d'ailleurs été décrit par MM. Stockes et Blick
{D. ch. G., t. XXXIV, p. SoSq), qui l'ont obtenu en chauffant à t2o° un
sulfure de bore ammoniacal Bo^S', 6AzH'; on obtient ainsi du sulfure
(') Comptes rendus, t. CXII, p. 092.
SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 190-2. l 1 09
d'ammonium et de la borimide. On peut se demander, à la suite de cette
étude, si le sulfure de bore ammoniacal n'est pas un mélange de sulfure
d'ammonium et d'amidure de bore; si, de nième, le bromure de bore et
l'iodure de bore ammoniacaux BBr',4AzIP ou 2BBr^9A^IF etBP,5AzH''
ainsi que Bl'', i;')AzH' ne sont pas aussi des mélanges d'amidure de bore et
de bromure ou d'iodure d'ammonium. C'est ce que je vérifie en ce
moment. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur an phosphate ammoniaco-manganique violet.
Note de M. Ph. Barbier, présentée par M. H. Moissan.
« Dans le cours de mon travail sur le phosphate rose violacé de
Gmelin, j'ai réussi à préparer un nouveau phosphate manganique ^'
, '\Mn-0 — P = 0
PO 0/
0
0
OAm
isomère du précédent.
» Quoi qu'il en soit, la combinaison précédente, que je désignerai sous
le nom de dipyrophosphate ammoniaco-manganique, se présente sous forme
d'une poudre violette insoluble dans l'eau, soluble dans l'acide chlorliy-
drique avec dégagement de chlore. Les alcalis décomposent ce phosphate
en mettant en liberté de l'ammoniaque et du sesquioxyde de manganèse.
» ChaufFé au rouge dans un creuset de platine, il donne un méta-
phosphate manganeux. »
CHIMIE ANALYTIQUE. — Séparation des alcalis et du peroxyde de manganèse.
Note de M. H. Baubigny, présentée par M. Troost.
« Si la présence d'acide sulfurique libre dans le milieu où se forme le
peroxyde de manganèse par l'action des persulfates (') n'empêche pas
l'entraînement des oxydes basiques, du moins il est en partie atténué.
Aussi, lors des essais effectués en présence des sels alcalins, ai-je eu soin
(') Comptes rendus, t. CXXXV, p. 965, et aux errata, loc. cit., p. 1084.
SÉA^XE DU l5 DÉCEMBRE 1902. IIII
d'ajouter de faibles proportions d'acide pour favoriser la surcharge et
mieux faire ressortir la rigueur du procédé qui permet d'enlever au
peroxyde la totalité des alcalis qui y sont combinés.
» Ce point établi, et m'en référant aux indications déjà fournies sur le
mode opératoire, il me suffira, pour l'exposé des expériences, de donner
pour chacun un simple schéma, en résumant seulement les données
variables : la valeur du manganèse étant exprimée en oxyde salin Mn'O^
pour permettre une comparaison rapide avec le résultat. Si, pour la commo-
dité pratique, j'ai employé de l'acide sulfnrique dilué (i 1 10 en volume), il
reste cependant entendu que l'indication expérimentale se rapporte tou-
jours à l'acide SO'H^ (rf = i,84).
» Les essais (a) et (6) montrent de suite le degré d'erreur possible en présence de
sels alcalins, même en lavant Mn O' à l'eau bouillante. Mais si l'on emploie une solution
même moyennement concentrée d'un sel ammoniacal (le nitrate, par exemple) en
terminant avec un peu d'eau, on obtient exactement le poids de manganèse mis en
expérience, comme l'établissent les essais (c) et (d).
Volume SO*H= (AzH«)'S20« (')
initial en richesse: K'SO' Mn'O» Mn'O'
en cm^. volume. 84 pour 100. pur. initial. trouvé.
e e g g
(a) 200 -J pour 100 2 12,5 o,20o3 0,2862
(6) 200 l " 2 'S o,20o3 0,2371
(c) 200 i » 2 12,5 o,20o3 0,2001
{d) 200 -i » 2 i8 o,20o3 0,2000
» Le lavage à chaud avec le sel ammoniacal n'est pas nécessaire, puisque
dans le dernier c;is (d) on a opéré à froid.
» La solution du [problème est donc une simple mise en jeu de la loi des
échanges entre un manganite alcalin et un sel ammoniacal à acide fort,
procédé bien supérieur au lavage avec de l'eau acidulée, qui toujours re-
dissout du manganèse, si l'on prolonge l'action en dehors du persulfate.
» Je dis, en outre, que dans les essais (a) et (è) les excès de poids sont
dus seulement à la présence de l'alcali et non de son sulfate.
» Si l'on dissout, en effet, le produit de (a) dans HCIaq, qu'on évapore presque à
sec pour chasser l'excès d'acide, et qu'on redissolve dans un peu d'eau, on n'obtient
sensiblement rien par l'addition de i à 2 gouttes d'une solution | N. de BaCP, tandis
(' ) Les impuretés solubles de ce persulfate sont du (AzH')^SO* et de petites traces
de K'SOS d'oxyde de fer et de silice ; ces deux dernières, les seules pouvant être pré-
judiciables, n'excédant paso,oo5 pour 100.
II 12 ACADÉMIE DES SCIENCES.
que dans la solulion de l'oxyde de (b) on retrouve une quantité très appréciable de
potassium. Gela se vérifie en précipitant d'abord le manganèse, après addition d'am-
moniaque, par de l'eau oxygénée distillée, filtrant, lavant avec du Az H' Cl ammoniacal
et évaporant les eaux à siccité dans une petite capsule de platine, jusqu'à élimination
complète des sels ammoniacaux. Le résidu (o-jOSg) soluble dans l'eau colore la flamme
en violet; sa solution donne à froid un dépôt cristallin par le perchlorated'ammoniaque,
ainsi qu'un précipité abondant par le cobaltinilrite de sodium, réactif (') par excel-
lence du potassium.
» Ce poids de o^.oSgRCl corresj)Oiidaiit à o''',0246R-0 n'est pas en
rapport avec la surcharge ok,o368 de l'essai (b). Mais il n'y a là aucune
contradiction. On sait, en effet, d'après Rousseau ( = ), que les polymanga-
nites sont stables à haute température et que ce n'est qu'au delà d'environ
i3oo"qu'ils se résolvent enMn'O'' et potasse volatile. Partie de la surcharge
est donc due à de l'oxygène.
» L'aspect du produit est d'ailleurs un renseignement pour l'opérateur.
Tandis que Mu'O^ doit être très poreux et possède une teinte brun clair, le
peroxyde chargé d'alcali donne, après calcination, des grains noirs à
texture compacte comme les jiolymanganites formés au rouge.
» Une seconde série de recherches, portant sur des poids plus forts de manganèse,
m'a conduit aux mêmes conclusions; car de deux lots de MnO^(Mu^O' = os, 46^4)
préparés avec les mêmes solutions, dans des conditions identiques, l'un, qui a servi au
dosage de l'acide sulfurique, m'a donné o^jOoagBaSO*, soil os,ooioSO^ et le second,
par le mode déjà indiqué, 08,0927X0! ne pouvant renfermer comme impuretés que
les minimes traces de fer et de silice apportées par le persulfate. Or, entre ces deux
|)oids, oSjOOioSO* et os,o585K-0, correspondant à 05,0927X0!, il n'existe aucune-
proportionnalité permettant d'attribuer la surcharge au sulfate alcalin.
» Après la calcination de l'oxyde, la. solution du sel ammoniacal n'agit plus
qu'im|)arfiiitement, même en opérant à chaud; la raison en est dans l'état
physique du produit, dont les grains compacts se laissent mal pénétrer par
le liquide, alors qu'avant la dessiccation l'oxyde forme une poudre extrê-
mement fine. Au cas oii l'on suspecterait une surcharge alcaline d'après
l'aspect du produit, il n'y aurait qu'à le redissoiidrc et à recommencer
l'opération.
» J'ajouterai (pie les sels ;dcalins semblent agir surtout au moment de
(') Ce n'est, en somme, que la réversion île la réaction bien connue du cobalt, ap-
pliquée au potassium et sur laquelle de Koninck, le premier, a appelé latlention.
(2) Comptes rendus, t. CIV, 1887, p. 786 et 1796.
SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE Ippz. 1 l l3
la formation du MnO% car, si on les ajoute après la précipitation, la sur-
charge est sensiblement inférieure.
» Dans toutes les recherches ultérieures, après avoir d'abord débarrassé
le peroxyde d(;s eaux mères acides par qiielcpies lavages à l'emi, nous le
traiterons donc toujours |iar un sel ammoni:ic:il (le nitrate de pi-rlérence)
pour le purger de toute trace d'alcali ; d'aulaiit |)lus -benzène-azobenzoïque,
C/H^Az = Az.C''H".CHO.
» Nous avons cherché depuis lors un mode d'obtention de cette aldéhyde
qui permît d'éviter la séparation des deux acétnls mixte et symétrique, et
nous avons essayé de condenser le nitrosohenzène avec l'aldéhyde p-ami-
nobenzoïque, suivant la mélhorle de Mills et de Bamberger (-) :
C«H = .AzO + H-Az.C''H\CHO = C»H^ Az = AzC H'.CHO + H=0.
» L'aldéhyde />-aminobenzoïque étant difficile à manier à cause de sa
facile polymérisation, nous avons cherché à lui substituer un de ses dérivés
immédiats tels que l'oxime ou i'acétal.
» Ce dernier n'a pas encore été décrit; toutes les tentatives que nous
avons faites pour l'obtenir ont échoué jusqu'à présent.
» D'une pari, la réduclion de I'acétal /)-aitrobenzoïque au moyen du sulfure d'am-
monium alcoolique ne nous a fourni que des matières résineuses se décomposant à la
distillation, qui constituent un produit de polymérisation de raldéh3'de aminée. Le
groupement acélal est donc saponifié par le sulfure d'ammonium.
» D'autre part, il ne nous a pas été possible de transformer l'oxime aminée en acétal
au moyen de l'alcool méthylique et de l'acide clilorhydrique, suivant le procédé de
Harriès ('). La presque totalité de l'oxime reste inaltérée.
), Enfin, la réduction de I'acétal /i-nitré par l'amalgame d'aluminium, en solution
éthérée, ne nous a donné qu'un mélange de dérivés hydroxylaminé et azoxyque sur
lesquels nous reviendrons procliainement.
» L'oxime />aminobenzoïque peut au contraire être préparé très faci-
lement par le procédé de M. Gabriel (*). Toutefois, la condensation de
(') Comptes rendus, t. CXXXIV, p. iSog.
C) Miu.s,C/iem.Soc., t. LXVlt, p. 929.— Bamberger, D. c/iem. G., t. XXIX, p. io3.
{')£>. chem. G., t. XXXIV.
(*) D. chem. G., t. XVI, p. .iooi.
SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE ig02. III7
cette oxime et du nitrosobenzène se /ait avec un assez mauvais rende-
ment.
» 36^ de nitrosobenzène et ^5^ d'oxime aminée sont chauffés avec loos d'alcool
à 96 pour 100 et 20S d'acide acétique, pendant 5 à 6 heures, au bain-marie. Après
refroidissement, la benzène-benzaldoxime se dépose sous la forme de paillettes
bronzées qu'on essore et qu'on lave avec un peu d'alcool froid. On obtient ainsi 28e
de produit pur (au lieu de 74°)- Les eaux mères en contiennent une petite quantité
que l'on peut isoler par l'intermédiaire des sels de sodium ou de potassium; ceux-ci
sont en effet très peu solubles dans l'eau froide.
» La p-benzène-benzaldoxime, (;"H'Az = AzC/H" CH = AzOH, fond
à j43°; elle est peu sokible dans l'alcool froid, très soluble dans l'acétone.
Les acides dilués ne la saponifient que très difficilement et incomplète-
ment, même à 100°. Lorsqu'on traite par de l'acide chlorliydrique une
émulsion du sel de sodium dans l'eau, additionnée de la quantité théo-
rique d'azotite de soude, on réussit à détruire partiellement le groupe-
ment oximiné; mais il se forme en même temps des produits secondaires
que nous étudions actuellement et qui rendent très difficile la purification
de l'aldéhvde.
)) Il résulte de là que la préparation de cette dernière s'elfectue plus
commodément par le procédé indiqué antérieurement (^loc. cit.).
» L'aldéhyde p-benzéne-azobenzoïque fournit par oxydation l'acide cor-
respondant, qui fond à 238° et qui a déjà été décrit ('). Chauffée à 180"
au baiu d'huile avec de l'anhydride acélique et de l'acétate de sodium
fondu, elle donne naissance à une petite quantité d'acide p-benzène-azo-
cinnamique CH^. Az = Az.C" H^ .CH = CH .CO'H. Ce dernier acide s'ob-
tient plus aisément en chauffant pendant quelques heures au bain-marie
une solution alcoolique de nitrosobenzène et d'acide j[?-aminocinnamique
additionnée d'acide acétique. Mais, dans ce cas encore, les rendements sont
loin d'être théoriques.
» L'acide benzène-azocinnamique cristallise dans le benzène bouillant en paillettes
rosées, très peu solubles dans l'alcool et dans lacide acétique. Il fond en se décompo-
sant vers 2^5". Traité par le perchlorure de phosphore en solution benzénique, il
fournit un chlorure cristallisé en aiguilles rougeâtres. Ce chlorure a été transformé
en amide (lamelles d'un rouge orangé, fusibles à 228°-229'', solubles dans l'acétone),
en éllier mélhyliijue (aiguilles rouges, fusibles à i^ô", peu solubles dans i'alcool et le
(') Mf.ntha, Heumann, D, chem G., I. Xl\, p. 3o23, — Jkcobsou, Ann. C/œni.,
t. CCCilI, p. 385.
C. R., 190a, 2' Semestre. (T. CXXW, N" 24.) l4t>
IIl8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
benzène) et en rlher rthyliitie (aiguilles prismatiques rouges, fusibles à ioi°-io2°).
II esta remarquer que l'ammoniaque alcoolique n'attaque pas l'élher méthjlique à loo",
en vase clos.
» Nous avons préparé également, à partir de l'acide précédent, le ben-
zène-azostyrolène et Vacide benzène-hydrazocinnamique dont nous complé-
tons actuellement l'étude. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'acide oxybenzylphnsphinique.
Note de !\1. C Marie, |)réseiitce par M. H. Moissan.
« Cet acide a été découvert par Fossek {Mon. f. Ch., t. V, p. 121) qui
le préparait en faisant réagir le trichlorure de phosphore sur l'aldéhyde
benzoïque; eu traitant par l'eau après réaction il obtenait l'acide
PO'H'C^H^CHO
fusible à 173°. Mes recherches sur les acides dérivés de l'acétone et des
acides phosphoreux et hvpophosphoreux m'ont amené à deux nouvelles
méthodes de pré|)aration de cet acide.
» 1° J'ai montré {Coinples rendus, t. CXXXIV, p. 286) que l'acide PO^H=C^H«0
s'oxydait facilement en doimant l'acide oxyphosph inique correspondant PO^ H' C H* O.
Or, Ville {Comptes rendus, t. CX, p. 348) a décrit un acide oxybenz^Uiypophos-
phoreux P0-1I'C°H^CH0 qu'il obtenait en faisant réagir PO' H' en solution aqueuse
concentrée sur l'aldéhyde benzoïque. Cet acide réduisait HgCI^, mais le produit de la
réaction n'a pas été étudié. J'ai pensé que ce produit d'oxydation ne pouvait être que
l'acide PO^H'C'^H'^CIIO et c'est en effet ce qui a lieu. Pour réaliser cette préparation
par ce procédé voici comment il convient d'opérer :
» On prépare d'abord l'acide P0°H^C*H°CHO (je reviendrai d'ailleurs plus tard
sur celte préparation) et l'on traite sa solution aqueuse tiède par le brome (') jusqu'à
ce que celui-ci soit en léger excès. On évapore à sec la solution pour chasser HBr et
l'acide brut obtenu, sensiblement pur d'ailleurs, est recristallisé soit, comme Fossek
l'indique, dans un mélange de benzène et d'acide acétique, soit plus simplement dans
l'acétone.
» 2° Dans la Note citée plus haut, j'ai fait voir que l'acide PO-IPC-'H*0 était sus-
ceptible de fixer une molécule d'aldéhjde benzoïque pour fournir un acide mixte
PO^H^CH^OCHl^CHO. La facilité de celte réaction comparée avec la difficulté de
fixation d'une nouvelle molécule d'acétone m'a amené à penser que l'hvdrogène
(') Le brome leniplace avantageusement HgCI-, l'oxydation est immédiate et
l'extraction du produit simplifiée autant que possible.
SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 1902. II 19
réducteur de l'acide phosphoreux, incapable de fixer l'acétone pourrait être plus actif
vis-à-vis de l'aldéhyde benzoïque et donner directement l'acide PO^'H'C'H'CHO.
C'est en efTet ce qui a lieu, et pour effectuer cette réaction il suffit de chauffer ensemble
l'acide PO'IP et un excès d'aldéhyde à ioo''-iio° pendant une vingtaine d'heures.
Peu à peu la condensation a lieu en même temps que le mélange se colore en rouge.
Si on laisse refroidir au bout du temps indiqué, le produit se prend en masse. On
élimine l'excès d'aldéhyde par le benzène, qui laisse l'acide sensiblement pur.
» L'acide obtenu par ces deux procédés a été comparé et identifié avec
celtii préparé avec PCP. Il a le même point de fusion iqS". La valeur 173"
indiquée par Fossek correspond à un point de décomposition et non à un
point de fusion. Pour avoir celui-ci, il faut opérer au bloc Maquenne, en
prenant comme température celle à laquelle la substance projetée fond
immédiatement. Le chauffage progressif en petit tube donne bien 173°;
mais la fusion est accompagnée d'un départ d'aldéhyde. Cette décompo-
sition n'est d'ailleurs pas complète et la perte de poids, même par un
chauffage prolongé à 3oo°, ne dépasse pas 12 pour 100, alors (jue la réac-
tion totale exigerait 56,38. Il reste une substance résineuse jaunâtre, so-
luble dans l'eau avec une fluorescence bleue. Son étude n'a pas été poussée
plus loin.
» Pour déterminer plus complètement la constitution et les propriétés
de l'acide oxybenzylphosphinique j'ai préparé quelques nouveaux dérivés
de cet acide : son sel d'argent, son éther méthyiique et son dérivé benzoïlé.
» Sel d''argent. — L'acide pur ne réduit plus du tout l'azotate d'argent et le sel
obtenu en mélaugeant la solution légèrement acide du sel de soude avec un excès
d'AzO'Ag est parfaitement blanc et stable. Séclié il correspond à la formule
Ce sel m'a servi à identifier plus complètement l'acide obtenu par les trois procédés
indiqués précédemment.
» Éther méthyiique. — J'ai préparé cet éllier par le sel d'argent et CH'I ou par
l'action de Ag-0 sur l'acide en présence d'un excès d'iodure. Dans les deux cas, par
évaporation de l'iodure en excès, on obtient un sirop qui ne cristallise que partielle-
ment. Par essorage et cristallisation dans l'éther on obtient des cristaux fusibles à 99°.
Ceux-ci, d'après leur analyse et leurs propriétés, constituent l'éther
P0'H(CH')=C*H5CH0.
Ils sont très solubles dans l'eau, l'alcool, l'acétone; peu solubles dans le sulfure de
carbone et l'éther. Leur saponification s'effectue nettement en deux phases : une seule
molécule d'alcool part d'abord puis il faut de longues heures d'ébullition en présence
d'un excès d'alcali pour avoir la saponification complète. Celle-ci est accompagnée
I120 ACADEMIE DES SCIENCES.
d'une décomposition en aldéhyde benzoïque et phosphite facilement caractérisable
dans la liqueur.
» Dérivé beiizoïlé. — • On traite l'acide par un petit excès de chlorure de benzoïle
à 100°. Après départ de l'HCl théorique on reprend par l'eau et l'on élimine l'acide
benzoïque qui se forme toujours en petite quantité par quelques dissolutions et éva-
porations à sec successives.
» Finalement on obtient le dérivé benzoïle qui cristallise à froid de sa solution
aqueuse en aiguilles fusibles à gS" et répondant à la formule
P0^1P(C'5H5CHO)(C«H5CO).
Ce corps est presque insoluble dans l'eau froide; il est soluble dans l'alcool, i'éther,
l'acétone; peu soluble à froid dans le benzène. Comme l'acide PO^H'C^H^CHO mo-
noacide à l'hélianthine, il est nettement biacide à la phtaléine. Par ébullition avec un
excès d'alcali il est facilement saponifié.
» J'espère pouvoir montrer, dans une prochaine Note, que les deux mé-
thodes indiquées s'appliquent également aux aldéhydes grasses et consti-
tuent par suite deux méthodes générales de synthèse des acides oxyphos-
phiniques dérivés des aldéhydes. »
CHIMIE u ORGANIQUE. — Sur une nouvelle méthode de chloruration des
carbures aromatiques. Note de MM. Seyewetz et Biot, présentée par
M. A. Haller.
« Le chlorure plombico-amoniacal se décompose facilement, comme on
le sait, sous l'action de la chaleur ou des composés réducteurs, en donnant
du chlorure de plomb, du chlore et du chlorure d'ammonium.
M Nous avons utilisé le chlore naissant dégagé dans cette réaction à la
chloruration des carbures aromatiques.
» Préparation du chlorure plombico-ammoniacal. — Nous avons préparé ce
corps en faisant passer un courant de chlore dans du chlorure de plomb en suspension
dans l'acide chlorhydrique (') jusqu'à ce que la dissolution soit complète. Le liquide
rouge orangé ainsi obtenu est additionné de la quantité théorique de chlorure d'am-
monium dissous dans di.v fois son poids d'eau (2AzH*Cl pour iPbCl-). Il se forme
aussitôt un précipité jaune cristallin qui est le chlorure plombico-ammoniacal
PbCl*H- 2AzH'Cl; on l'essore et on le sèche vers 70°-iào".
)) Chloruration du benzène. — A la pression ordinaire, le benzène chauffé plu-
sieurs heures à sa température d'ébullition avec le chlorure plombico-ammoniacal ne
(') Friedericu, Bcrichte dur deulsch. cheniisch. Gesellschaft, t. \XVI, p. i434-
SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 1902. II2I
donne lieu à aucune réaction. En tubes scellés le composé plombique réagit sur le
benzène vers iSo". A l'ouverture des tubes on constate, outre la décoloration com-
plète du dérivé plombique, une forte pression avec dégagement d'acide chlorhydrique.
» Le contenu du tube est lavé au benzène pour séparer le chlorure de plomb. La
solution benzénique est rectifiée. La portion principale est recueillie vers i3i°-i32<'.
Ses propriétés et le dosage du chlore permettent de l'identifier avec le chlorobenzène :
Calculé
Trouvé. pour C«H=^CI.
Cl pour 100 3i ,32 Si ,55
)i Chloruralion du toluène. — Le chlorure plombico-ammoniacal réagit facilement
sur le toluène à la température d'ébullition de ce carbure. On maintient au réfrigérant
à reflux le toluène avec ^ seulement de la quantité théorique de composé plombique,
afin que la masse ne soit pas trop pâteuse. Il se dégage peu à peu de l'acide chlor-
hydriqui- et le chlorure plombique se décolore lentement. Au bout de quelques heures,
celte décoloration étant complète, on essore le chlorure de plomb, on le lave avec un
peu de toluène, puis on ajoute la deuxième portion de chlorure plombico-ammoniacal.
La réaction se continue alors comme dans la première phase, bien qu'un peu plus
lentement. Lorsque tout le composé plombique est décoloré, on l'essore et on le lave
comme le premier, puis on rajoute au liquide la dernière portion de composé plom-
bique et l'on arrête l'opération dès qu'on a obtenu la décoloration complète de ce
dernier.
» Le résidu solide est essoré, lavé avec un peu de toluène, et le liquide est rectifié.
On sépare d'abord une petite quantité de toluène non chloré, puis on recueille la
portion principale vers iSô^-tôS". Les propriétés de cette portion et le dosage du
chlore permettent de l'identifier avec l'orlhochlorololuène. Oxydée par le permanganate
de potassium étendu, elle donne l'acide orthochlorobenzoïque fondant à i36°-i37"'.
» Dosage du cidore .
Calculé
pour
es H* ^^^
Trouvé. \CH^ "
Cl pour 100 .27,6 28,06
« Chloruration du paraxylène. — La chloruration du paraxylène a lieu plus rapi-
dement que celle du toluène, probablement parce que sa température d'ébullition,
plus élevée que celle du toluène, favorise la décomposition du composé plombique.
On opère dans des conditions identiques à celles que nous avons indiquées pour le
toluène. Le produit final de la réaction est lavé à l'eau jusqu'à élimination totale de
l'acide chlorhydrique dissous, puis il est séché et rectifié. La fraction principale est
constituée par un liquide bouillant à 186° qui a pu être identifié par ses propriétés et
/CtP(.)
le dosage de son chlore avec le paraxylène orlhochloré C'IP — Cl (2):
\CIP(4)
1122 ACADEMIE DES SCIENCES.
Calculé
pour
/CH-»
C«H^ —Cl .
Trouvé. \CH'
Cl pour loo 24,92 26,26
On a recueilli également une petite quantité d'un mélange des autres isomères mono-
chlorés.
» Chloruration du naphtalène. — On mélange intimement le naphtalène avec le
double de la quantité théorique de chlorure plombico-ammoniacal. Cet excès de chlo-
rurant est nécessaire pour former le dérivé monochloré, car une partie du chlore
échappe à la réaction. Le mélange est chauffé dans un ballon et maintenu au bain de
paraffine vers i4o°-i5o° (température extérieure) : il se produit un abondant dégage-
ment d'acide chlorhydrique dont la cessation indique ici fin de la réaction. Le résidu
solide est épuisé par un mélange à volumes égaux, d'alcool et d'éther qui laisse inso-
luble le chlorure de plomb.
» Le dissolvant est alors distillé, puis on rectifie le résidu. On recueille d'abord une
petite quantité de naphtalène non attaqué, puis, vers 286°, il distille un composé chloré
qui constitue la fraction principale et peut être identifié par ses propriétés et le dosage
de son chlore avec l'a-monochloronaphtalène :
Calculé
Trouvé. pour C'»H'C1.
Chlore pour 100 21,67 21,8
» Chloruration de l'anthracène. — On chauffe vers 200°, au bain de paraffine
(température extérieure), un mélange intime de chlorure plombico-ammoniacal et
d'anthracène employés en quantités équimoléculaires jusqu'à cessation de dégagement
d'acide chlorhydrique. Le résidu est épuisé par le benzène bouillant qui sépare le
chlorure de plomb. En distillant le benzène, il reste un résidu brun qui, soumis à la
sublimation, donne, en chauffant peu, d'abord de l'anthracène en paillettes blanches,
puis, en élevant la température, des aiguilles jaunes fondant à lôS".
» Les propriétés de cette substance et le dosage de son chlore permettent de l'iden-
tifier avec l'a-tétrachloroanthracène C'H'Cl* :
Calculé
Trouvé. pour C'»H«CI*.
Chlore pour 100 44,5 44)9
» Conclusions. — Le chlorure plombico-ammoniacal paraît donc consti-
Luer une source de chlore naissant permettant de substituer cet halogène
d'une façon générale dans les noyaux aromatiques des hydrocarbures
benzéniques. »
SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 1902. I I 23
ZOOLOGIE. — Grégarine cœlomique chez un Coleoptêre.
Noie (le M. L.-F. Rlanciiard, présentée par M. Alfred Gianl.
« Tandis que des Grégarines cœlomiques ont été observées et étudiées
dans certains groupes d'Insectes, tels que les Orthoptères, les Névroptères,
les Hémiptères et les Diptères, ces parasites semblent beaucoup plus rares
chez les Coléoptères. Les seuls cas qui aient été relatés à notre connais-
sance sont ceux que L. Léger nous a fait connaître chez les larves à'Oryctes
nasicornis L. et de Geotrupes stercorarius L. ('), déjà infestés d'ailleurs
par une Grégarine intestinale et montrant îles kystes cœlomiques saillants
à la surface de l'intestin et renfermant de nombreux sporocystes.
» Nous ferons connaître ici un autre cas de Grégarine cœlomique bien
plus caractéristique que les précédents, car les parasites se montrent libres
dans le cœlome non seulement à l'état enkysté, mais même pendant leur
vie végétative.
» Nous avons observé fréquemment cette Grégarine l'été dernier dans
des Carabus auratus L. provenant des environs immédiats de Grenoble.
« C'est sous la forme de Itystes mûrs que le parasite s'observe le plus souvent. Ces
kystes peuvent atteindre des dimensions considérables (jusqu'à i^^jS), au point de
comprimer les organes, lis sont complètement libres dans la cavité générale. Leur
couleur est d'un blanc mat et leur forme est ovoïde ou subsphérique. A l'intérieur de
ces kystes, dont la paroi est constituée par une membrane propre à la surface de
laquelle se voient quelques débris nucléaires aplatis (représentant sans doute des
amibocytes dégénérés), se trouvent les sporocystes en quantité innombrable, avec
quelques amas de granulations résiduelles.
» Les sporocystes sont ovoïdes, biconiques, comme ceux des Actinocéphalides
typiques. Us sont lisses, sans aucun appendice, et montrent une enveloppe interne
épaisse recouverte par une enveloppe externe. I^es dimensions de ces sporocystes sont
iil^X 7^^. Chaque sporocj'ste renferme huit sporozoïtes disposés suivant des méri-
diens et étroitement tassés. Les sporozoïtes sont des vermicules de <^V- à loH- de long,
montrant un noyau allongé suivant le grand axe du sporozoïle et remplissant à peu
près toute la largeur de celui-ci sur une longueur de il^,6.
» Les états végétatifs, qu'on rencontre également dans le cœlome, sont représentés
par des Grégarines monocystidées en forme de toupie, c'est-à-dire avec un pôle un
peu plus pointu que l'autre. Nous n'avons pu orienter la Grégarine, car elle nous a
toujours paru immobile. Ces formes monocystidées, qui existent parfois en très grand
(') Léger, dans Tabl. ZooL. v. 111, p. 106. t. 7.
lia'! ACADÉMIE DES SCIENCES.
nombre dans le même Carabe, sont toujours plus petites que les kystes. Nous en
concluons que ceux-ci résultent, comme chez les autres Grégarines, de l'accolement
de deux individus, mais nous ne pouvons l'affirmer, car nous n'avons pas encore
observé les premiers stades de Tenkystement.
)) En raison de ce que nous savons anjourd'lnii sur le développement
des Grégarines cœlomiques du Grillon domestique, et nous basant sur la
présence de stades végétatifs monocvstidés libres dans le cœlome du
Carabe, il nous paraît probable que la forme que nous venons de décrire
est une, forme cœlomique pure. Mais comme, d'autre part, il existait dans
l'intestin des Carabes infestés par la Grégarine cœlomique une Grégarine
intestinale, Ancyrophora gracilis Léger, nous pensons qu'il est nécessaire
de vérifier celte assertion au moyen d'infections expérimentales que nous
poursuivons en ce moment.
» Par les caractères morpholoe;iques de ses états végétatifs, notre Gré-
garine cœlomique doit rentrer dans le genre Monocystis. Nous la désigne-
rons donc sous le nom de Monocystis Legeri, la dédiant à notre maître et
ami le professeur Louis Léger. »
EMBRYOGÉNIE. — Sur l'évolulion de l acrosome dans la spermatide du
Notonecle. Note de MM. J. Paxtel et R. de Sixéty, présentée par
M. Alfred Giard.
« Développement de l'acrosome. — Après la nutation, quand la presque totalité
du cytoplasme est résorbée, on trouve des cellules où l'idiozome est tout à fait
terminal, homogène, simple ou bilobé (fig. 8) ('). Sur la figure 9, relative à un
stade légèrement plus avancé, on voit qu'il tend à envelopper le noyau par sa base,
tandis qu'il émet par son extrémité apicale un prolongement conique. D'autres
cellules, encore plus avancées et plus favorables pour suivre la marche des phéno-
mènes {Jig. 10), laissent distinguer une masse très chromatophile, de forme irrégulière,
enveloppant le noyau sur une grande étendue et le plus souvent d'une manière asy-
métrique, tandis que le reste de l'idiozome, sous l'action d'une sorte de caryotropisme
négatif, s'allonge et s'atténue. L'ensemble présente durant quelque temps un contraste
de parties plus colorables et de parties moins colorables, puis la substance chroma-
tophile se répartit uniformément et l'acrosome constitué apparaît comme un long
cône homogène, fixant énergiquement les colorants nucléaires (Jig. 11).
» Pendant ces transformations le noyau a subi à son pôle inférieur d'iniporlaïUes
(') Le lecteur est prié de se reporter, pour les figures, à notre Communication sur
la spermatide du iSotonecte {Comptes rendus, \" décembre 1902, p. 997)-
SÉANCE DU l") DÉCEMBRn 1902. II25
modifications. Pour traduire les images on dirait volontiers que, à la suite d'une
dépression survenue autour du point d'insertion tlu filament axile, la région sidéro-
phile de la membrane nucléaire, plane à l'origine {fig. 8), se trouve transformée
en un entonnoir très évasé dont la douille constitue un court manchon autour du
filament {fig. 9). On a là l'ébauche du segment inlerniédiaire.
» Dffiérenciation de la tête du spermatozoïde {fig. 11 et 12). — L'acrosome
formé, le noyau s'allonge rapidement, tandis que l'élément nucléinien, représenté
presque tout entier par un volumineux caryosome, semble subir une sorte de réso-
lution granuleuse. Bientôt après commence la contlensation définitive. Le phénomène
débute de préférence par la région postérieure; il se constitue une sorte de colonne
axiale de chromatine homogène qui demeure quehjue temps isolée de la membrane
par une auréole claire, puis grandit de manière à remplir toute la cavité nucléaire.
Il est tout à fait digne de remarque que l'acrosome perd corrélativement sa chronia-
tophilie en même temps qu'il s'allonge et s'atténue de plus en plus {fig. 12).
» Le segment intermédiaire apparaît dans son ensemble comme une pièce tronc-
conique dont l'enveloppe, épaisse et très chromatophile, représente l'entonnoir
mentionné au stade précédent; dont le contenu, homogène et fort peu colorable,
laisse voir suivant l'axe, à la partie inférieure, le bout proximal du filament axile.
» Jusqu'ici nous avons énoncé les faits sans autre préoccupation que
d'en donner la suite à peu près chronologique; nous croyons devoir isoler
maintenant, pour nous y arrêter quelque peu, un certain nombre de
points qui paraissent avoir plus d'importance ou qui demandent à être
rapproches des résultats publiés dans des tr.ivaiix récents (').
» Origine et manière d'être de l'acrosome. — Les auteurs qui se sont
appliqués à préciser la provenance de l'acrosome se partagent en deux
groupes : ceux dont les recherches ont porté sur les Vertébrés en font un
dérivé idiozomique [Meves (1H97, 1899, Salamandre, Cobaye), Me Gregor
(1899, Amphiuma), Von Rorff(i902, Pha/angista)]; tandis que les entomo-
tomistes le rattachent au Nebenkern [Paulmier (1899, Anasa)\, ou recon-
naissent qu'ils n'ont pu remonter jusqu'à son origine [Baumgartner
(igo2, Gryllus)].
» Nous considérons comme l'un des résultats principaux de notre étude
d'avoir pu constater la nature idiozomique de l'acrosome chez le Notonecta.
Par ce trait, la réduction des processus spermatogéniques des Insectes à
ceux des Vertébrés, observée déjà par l'un de nous(-) pour les cinèse-i
maturatives, se poursuit dans les métamorphoses de la spermatide.
(') Une revision bibliographique générale, même réduite aux publications récentes,
est incompatible avec le caractère de cette Note préliminaire; nous nous bornerons à
mentionner les Mémoires qui intéressent plus directement nos résultats.
(-) H. DK SmÉTY, Reclierchex sur les Phasines {Thèse de la Sorbonne), Lierre, igor.
G. K., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N- 24.) l47
1126 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» L'identification de notre idiozome avec celui de Meves repose sur un
ensemble de caractères dont deux fondamentaux : la structure générale et
la polarité. Il faut y ajouter certaines particularités qui, pour n'avoir pas
une signification jusqu'ici assignable, n'en sont pas moins des indices très
nets d'identité morphologique. Telles sont, par exemple, les minuscules
granulations visibles dans notre figure 4. évidemment identiques à celles
que INiessing et Meves ont rencontrées dans la sphère des Mammifères.
» Ce fond commun ne permet pas de douter que nous n'ayons affaire à
la formation décrite par Meves; nous devons pourtant nous séparer de cet
auteur sur un certain nombre de points.
» Nous concevons autrement que lui la première origine de l'idiozome,
Chez le Nolonecla il se constitue, graduellement et en deux temps, de deux
sortes de corpuscules, dont une peut être suivie jusque dans la cellule
mère {corpuscules iodozomiques secondaires). Rien, dans le processus, n'im-
plique une origine sphérienne du premier matériel, tout semble indiquer
une différenciation graduelle du cytoplasme, comme chez les Vertébrés
supérieurs (Lenhossék).
)) Nous nous séparons encore de Meves dans l'appréciation des rapports
qui s'établissent plus tard entre le noyau et l'acrosome, n'ayant jamais
rencontre dans nos préparations une véritable fusion des deux corps, et la
membrane nucléaire nous ayant paru persistante.
» Enfin, les inclusions chromatophiles très spéciales que nous avons
signalées dans l'idiozome de Nolonecla paraissent constituer un trait d'or-
ganisation jusqu'ici particulier. «
HISTOLOGIE. — La télèomitose chez /'Amœba Gleichenii Dujard.
Note de M. P. -A. Dangeard, présentée par M.L. Guignard.
« Il résulte de certaines observations, pour la plupart incomplètes il
est vrai, que la division nucléaire dans le genre Amœba présente des difïé-
rences marquées chez plusieurs espèces; cette constatation a une grande
importance si l'on considère que les Amibes occupent l'un des derniers
échelons de la série animale.
» Nous avons été conduit à entreprendre une étude d'ensemble de ce
genre et nous indiquerons les résultats obtenus avec V Amœba Gleichenii.
» On sait que la détermination des Amibes a été presque impossible jus-
qu'ici; les études histologiques auront ce premier avantage de permettre
SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 1902. I 1 27
l'établissement de sections dans le genre en s'appuyant sur le mode de di-
vision nucléaire : ainsi, parmi les espèces qui possèdent la téléomitose,
on pourra distinguer un premier groupe caractérisé par la disparition du
nucléole à la prophase; dans un second groupe, le nucléole se sépare en
deux et chaque moitié persiste aux pôles du fuseau jusqu'à l'anaphase.
» UAmœba Gleichenii pourra être choisie comme type du premier groupe; elle se
développe dans diverses infusions; ses dimensions ordinaires sont de Sot"- à 4ol^; le sar-
code est hyalin et la distinction en ectoplasme etendoplasme très visible sur le vivant;
l'endoplasme renferme des granulations nombreuses : il n'existe qu'une vacuole con-
tractile. Cette espèce se présente avec plusieurs aspects; sous la forme arrondie, la
surface est couverte de nombreux pseudopodes courts, épais et obtus à leur extré-
mité : souvent aussi le corps s'aplatit, et il n'existe alors qu'un ou deux larges pseu-
dopodes.
» Le développement comprend une bipartition ordinaire et un enkystement;
contrairement à ce que nous avons observé chez d'autres espèces, il se produit une
division de noyau dans le jeune kyste, si bien que tous les kystes .«ans exception
possèdent finalement des noyaux.
» Nous avons suivi la division nucléaire pendant la bipartition du corps et lors de
l'enkystement; les choses se passent exactement de la même façon dans les deux cas.
» Le noyau au stade de repos est muni d'une membrane nucléaire et d'un gros
nucléole central; l'iutervalle compris entre les deux est rempli par du nucléoplasme
sensiblement homogène.
» Le nucléole, à la prophase, se vacuolise, devient spongieux; le noyau augmente
beaucoup en diamètre; dans le nucléoplasme se différencie un cordon nucléaire
enroulé ou spirème. Après disparition complète du nucléole, il y a segmentation du
spirème en petits rubans entremêlés dans une substance homogène, achromatique,
qui va former le fuseau ; la membrane nucléaire cesse d'être visible à ce moment, il
n'existe pas de centrosomes.
» Les chromosomes, à ce stade de la plaque équatoriale, se groupent sur le plan
médian du fuseau en devenant globuleux; nous en avons compté environ vingt-cinq
sur la plaque vue de face.
» La métaphase représente des modifications eu sens inverse de celles qui viennent
de se produire; les chromosomes se séparent en deux groupes qui s'éloignent l'un de
l'autre; le tonnelet s'allonge beaucoup; dans le kyste, ses deux extrémités viennent
toucher à la paroi cellulaire. Les chromosomes se disposent finalement en une masse
arrondie qui s'entoure d'une membrane; de granuleux, ils deviennent fibrillaires; le
spirème se reforme et le nucléole ne tarde pas a se montrer au centre de chaque
nouveau noyau; ceux-ci ont repris la structure du stade de repos.
)> En résumé, la division du noyau chez V Amœba Gleichenii est une téléo-
mitose ne présentant aucune différence sensible avec celle que nous
observons dans la cellule des organismes supérieurs; cette espèce nous
II 28 ACADÉMIE DES SCIE-NCES.
conduit aux Téléomonadiens; elle est le prototype de la série des Méta-
phvtes et des Métazoaires.
» Les résultats que nous avons obtenus avec d'autres espèces d'Amibes
et de Flagellés nous permettent d'afHrmer qu'il existe d'autres prototypes
se rattachant directement aux Haplomonadiens et Haplozoïdes (' ). »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur la photosynthèse en dehors de l'organisme.
Note de M. Luigi Macchiati, présentée par M. Gaston Bonnier.
(I Plusieurs auteurs, parmi lesquels M. Baranelsky, ont pensé que
l'assimilation chlorophyllienne était produite par un ferment chimique
(enzyme).
» M. Jean Friedel a annoncé (^) qu'il avait obtenu ce phénomène en
dehors de l'organisme, sans l'intervention du protoplasma vivant, par
l'action d'une uiastase qui utilise l'énergie des rayons solaires. J'ai été le
premier à donner une confirmation de cette très importante découverte (').
Peu après jjarurent les Communications de M. Harroy et de M. le D' Her-
zog, mais les résultats furent négatifs comme ceux de quelques nouvelles
expériences faites un peu auparavant par M. Friedel à une époque tardive
de la végétation.
» Mes recherches ultérieures ont donné des résultats très nets que j'ai
communiqués à la Société des Naturalistes de Naples (*), à la séance du
20 juillet 1902, et à la Société botanique italienne à la séance du 9 no-
vembre.
» Je prépare, avec des feuilles lavées à l'eau dislillée, un extrait glycérine contenant
de l'eau et de la glycérine mêlées à volumes égaux. Suivant la plante la couleur de
l'extrait varie du jaune pâle au jaune orange. Avec du benzène on peut retirer de cet
extrait l'agent de lassimilation pliolosjntliétique; par évaporation du benzène le fer-
ment précipite sous forme d'une substance blanche floconneuse et amorphe, finement
réticulée.
(') Cf. P. -A. Dangeard : Recherches sur les Eugléniens {Le Botaniste, 8" série,
juin 1902).
(■") Comptes rendus, t. CXXXII, n° 18 (6 mai 1901).
(^) BuUetino délia Societa bolanica italiana. Séance tenue à Florence le i3 oc-
tobre 1901.
(*) Anne XVI, Vol. XVI (1902, p. i65).
SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 1902. II29
» Avec d'autres feuilles de la même plante, maintenues 3 heures dans une étuve à
sec à 100°, j'ai préparé une poudre verte très fine. Cette poudre contient les pigments
chlorophylliens qui n'ont pas été altérés, et le même ferment que la feuille vivante
(plusieurs diastases supportent longtemps la température de 100°).
» On peut extraire l'enzyme de cette poudre, comme de la feuille fraîche, au moyeu
de glycérine. On peut débarrasser complètement la poudre de son ferment par une
série de lavages successifs, à la glycérine, puis à l'eau distillée.
» L'appareil dont je me sers est très simple; il est constitué par un vase de verre
que je remplis, suivantlescas, d'eau distillée et de poudre de feuille desséchée à 100",
avec ou sans ferment, ou bien d'extrait glycérine seul ou additionné de poudre. J'y
plonge un entonnoir renversé sur lequel je retourne une éprouvette graduée remplie
du même liquide que le vase. J'expose ensuite l'appareil aux rayons solaires.
» L'extrait glycérine seul est incapable d'accomplir la photosynthèse;
la poudre seule, mise dans l'eau distillée, donne toujours un dégagement
d'oxygène avec formation corrélative d'aldéhyde formique. Ce dernier
corps est mis facilement en évidence au moyen de codéine dissoute dans
l'acide sulfurique (coloration rose violet).
» La photosynthèse n'a jamais lieu avec la poudre débarrassée de
ferment, mais elle se manifeste immédiatement si l'on ajoute une petite
quantité de ferment.
» Dans mes expériences, le dégagement gazeux a toujours été propor-
tionnel à l'intensité des rayons lumineux. La photosynthèse n'a lieu que
si la feuille est récoltée en une saison favorable.
» Voici un résultat numérique, au milieu des résultats très nombreux que j'ai
obtenus. Le 3 septembre 1902, à 3''3o™, j'ai employé 2s de poudre d'Acant/ms mollis
dans 1256 d'eau distillée; au bout de 24 heures, j'avais recueilli i^"^""' de gaz dans
l'éprouvette,
» Dans toutes mes expériences, après avoir absorbé l'oxygène récolté dans l'éprou-
velte par de l'acide pyrogallique en solution alcaline, il reste toujours une petite
quantité de gaz qui contient le matin des traces d'anhydride carbonique, et qui n en
contient pas dans la journée, après une courte exposition aux raj'ons solaires.
)) Mes recherches confirment indubitablement que l'agent principal de
l'assimilation chlorophyllienne dans la plante verte, et de la proLosynthèse
en dehors de l'organisme est un ferment soluble (enzyme), et que le
pigment chlorophyllien semble fonctionner comme un sensibilisateur
chimique. »
Il3o ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — La maturation des graines et l'apparition delà
faculté germinative. Note de M. P. Mazê, présenlée par M. Roux.
« La maturation des graines, considérée au point de vue de l'acquisition
du pouvoir germinatif, a fait l'objet d'un grand nombre de travaux. La
science possède sur cette question des renseignements variés. L'impression
qui s'en dégage c'est que la faculté de germer est acquise, le plus souvent,
bien avant que la graine ait atteint son volume définitif.
» J'ai repris l'étude de cette question dans le but de fixer les causes
auxquelles on doit attribuer les particularités observées, en me plaçant
exclusivement sur le terrain de la Physiologie.
» Mes premiers essais ont porté sur le pois et le mais; les graines prises
dans la gousse ou sur l'épi, au moment oîi elles sont encore laiteuses, sont
réparties immédiatement, une à une, dans des tubes à essai munis de deux
tampons de coton, l'un servant de support à la graine à la surface de l'eau
distillée qu'ils renferment, l'autre destiné à intercepter l'accès des germes
de l'air, toutes les précautions ayant été préalablement prises pour éviter
la présence des microbes.
» Dans ces conditions, les graines germent après un séjour plusou moins
long à l'étuve à 3o°. Le maïs donne toujours naissance à des plantules
normales qui se développent vigoureusement; le pois ne fournit, le plus
souvent, que des plantules chélives dont la racine, incapable de rompre
les enveloppes de la graine, pousse entre le testa et les cotylédons. Un
grand nombre de pois ne germent pas.
» Si, au lieu de faire germer immédiatement les graines, on les dessèche
au contact de l'air, sur de l'acide sulfurique concentré, pendant vingt-
quatre ou quarante-huit heures à So", la germination s'accomplit chez le
maïs comme chez les graines parfaitement mûres; les pois germent aussi
en donnant des plantules normales; quelques-uns seulement ne se déve-
loppent pas.
» Je donnerai ici quelques essais effectués avec le maïs :
» On détache de l'épi deux, rangées longitudinales de graines; celles-ci renferment
45,6 pour 100 d'eau, du poids humide; le premier lot, constitué par une rangée,
comprend 20 graines qui sont mises immédiatement à germer, après avoir été débar-
rassées des microbes qu'elles pouvaient porter à leur surface. Le deuxième lot a été
séché sur l'acide sulfurique concentré pendant 4S heures à 3o°; celui-ci comprenait
dix-neuf graines.
SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 1902. Il3l
» Les observations faites sur ces deux lots sont réunies dans le Tableau suivant qui
s'explique de lui-même:
Lot
n"
1.
Tableau
I,
■ai
Lot nȔ.
Nombre
de
;raines germ
ées.
lu
Temps
après lequel
germination a di
•buté. gi
Nombre
de
nés germées.
Temps
après lequel
la germination a débuté.
3
7 jours
16
I jour '/a
4
10
"J
2
6
i4
7
8
1 1
'7
'9
22
1 5
20
18
24
2(i
'9
28
20
3o
» Un deuxième essai a été fait avec les lots suivants :
» Premier lot. — Une rangée longitudinale comprenant 20 graines. Humidité :
53, 1 pour 100 du poids humide.
» Deuxième lot. — Une rangée longitudinale comprenant 20 grain-îs. Humidité :
39,58 pour 100 du poids humide.
» Troisième lot. — Une rangée longitudinale comprenant i5 graines. Humidité :
37,41 pour 100 du poids humide.
» Ces trois lots provenaient du même épi ; le premier avait été réparti dans les tubes
immédiatement après la cueillette; le deuxième avait été conservé pendant 8 jours au
laboratoire et avait perdu, de ce fait, une partie de son eau ; le troisième fut desséché
modérément à l'étuve à So" sur de l'acide sulfurique de faible concentration pendant
8 jours. Les résultats qu'ils ont fournis sont réunis dans le Tableau H.
Tableau
II.
Pre
tnier lot.
Temps
Deux
Nombre
iémc loi.
Tro
Nombre
isiéme lot.
Nombre
Temps
Temps
de
après lequel
de
ap
rès lequel
de
après lequel
graines
la germination
graines 1
;' g
ei-mination
graines
la germination
germées.
a débuté,
jours
germées.
a
débuté,
jours
germées.
a débuté,
jours
I
10
5
2
9
2
2
i4
9
3
i5
3
2
34
12
i5
16
' 7
18
20
4
5
6
10
1 2
i4
II 32 ACADÉMIE DES SCIENCES.
') Les graines, qui germent très mal au moment où elles sont cueillies,
acquièrent rapidement la faculté de germer lorsqu'on les dessèche plus ou
moins rapidement. On voit également que la température de dessiccation
agit, dans une certnine mesure, dans le même sens que la dessiccation;
ceci résulte de l'examen des lots n"* 2 et 3 du Tableau IT. »
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. — Sur le l'Ole des lourhillons dans l'érosion èoUenne.
Note de M. Jean Bru\hes, présentée par M. de Lapparent.
« J'ai montré précédemment (') quel rôle doit être attribué aux tour-
billons dans l'action érosive des eaux courantes. C'est encore par le moyen
des mouvements tourbillonnaires que doivent être expliqués un grand
nombre des faits d'érosion produits par le vent (^érosion coUenne^.
» Les mouvements tourbillonnaires du vent sont encore moins fixes et constants que
ceux des eaux courantes; et leurs effets sont en général plus rares et plus souvent
oblitérés. Aux points où ils rencontrent le sol et les roches, les courants atmosphériques
se heurtent et se déplacent, trouvant dans ce manque de fixité et ces incessantes varia-
tions de direction et d'intensité des causes de faiblesse; d'autre part, ils ont l'avantage
de rencontrer pour ainsi dire partout à leur portée, dans la plupart des régions déser-
tiques, les instruments d'attaque dont ils ont besoin, é'est-à-dire les grains ou la
poussière de sable sec; et leurs moindres petits tourbillons, quoique incessamment
interrompus, peuvent en tous points se mettre instantanément à l'œuvre. Ainsi la
copieuse dispersion et distribution de l'instrument nécessaire compense l'inconstance
de la force qui le manie.
» En outre, il faut le remarquer, une cavité même minuscule, une fois amorcée, est
une poche qui retient et garde les particules de sable; dès que le courant agissant
s'évanouit ou émigré, les grains de sable cessent d'user; mais, immobiles, ils restent
toujours là; et, dès qu'un nouveau courant éphémère survient, le travail reprend.
Bien mieux, la cavité rigide impose souvent aux courants inconstants qui l'abordent
un mouvement de giration analogue à celui des tourbillons antérieurs : en vertu de
leur propre instabilité et variabilité, les courants qui viennent aboutir à la cavité
s'adaptent vite et aisément aux conditions imposées par cet atelier en miniature. En
fin de compte, la succession multipliée de petits courants, se pliant aux exigences du
travail déjà effectué et coopérant ainsi à la poursuite du môme travail, équivaut à
l'action longtemps poursuivie d'un même courant qui serait égal et constant ; et le
total de ces petits effets coordonnés équivaut à un effet beaucoup plus un et beaucoup
(') Voir Comptes rendus, i4 février 1898, 7 août 1899, 20 mai 1902. Voir aussi:
Le travail des eaux courantes : la tactique des tourbillons {Mémoires de la Soc.
fribourgeoise des Se. nat., géol. et géog., t. Il, fasc. 4, 1902, -2 p., i4 fig. et 2 cartons).
SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 1902. Il33
plus continu (|ue la nature même de l'énergie colieniie n'aurait peruiis de le
supposer.
» Ainsi s'expliquent des phénomènes d'érosion tourbillonnaire sem-
blables à ceux que représente un échantillon de calcaire très compact et
très dur, par moi recueilli dans le désert de Nubie, aux environs de la
deuxième cataracte du Nil. Cette roche est traversée de part en part par des
trous allongés semblables à des tuyaux d'orgue, de 12"^" de longueur et d'un
diamètre à peu près constant variant de 1^7'""' à 20""; les parois extérieures
portent des cannelures régulières qui ne sont autre chose que des trous du
même ordre aux parois partiellement usées ou brisées ('), Les uns et les
autres résultent en toute évidence de la perforation exécutée par des tour-
billons de l'air manœuvrant des grains de sable : toutes les parois de ces
divers accidents d'érosion ont, en effet, le poli luisant qui caractérise
l'usure produite par le sable sec. Ces parfaites marmites tourbillonnaires
doivent être portées sans conteste au compte du vent.
» Il est assez rare, comme nous le disions au début, que les actions du
vent se traduisent par des effets aussi caractérisés que ceux de l'échantillon;
mais à voir de pareils spécimens de l'usure par les tourbillons éoliens, on
est en droit d'invoquer leur rôle pour expliquer la plupart des grandes
actions destructives produites par le vent. Comme pour les eaux courantes,
les tourbillons provoquent à titre d'agents exceptionnels beaucoup de
faits dont l'aspect actuel ne révèle même plus leur directe intervention.
Tous les curieux phénomènes que Johannes W allher a groupés sous le nom
de Déflation, et qu'il a décrits dans ses deux Livres, Die Demulation in der
Wiisle et Das Geselz der WHstenbililung ÇP ilzfelsen, Sdulengdnge ou Sàulen-
gallerie, Sleingiller, Verwilterungsglôchern, elc),sont les résultais du travail
du vent qui attaque les roches, soit pour les démolir, soit pour les sculpter ;
mais les effets énormes de ce travail ne sauraient se comprendre que par
l'intervention indéfiniraent renouvelée et multipliée des tourbillons. Parla
même tactique tourbillonnaire, le vent détermine les phénomènes les plus
considérables d'évidement et de creusement : ainsi doit être expliqué par
exemple, de la manière la plus simple et la plus naturelle, le fait qui était
signalé ici même il y a i3 ans par le géologue Contejean, je veux dire : ce
« singulier tunnel », voisin de l'ancienne Corinlhe, et creusé dans le grès
(') Des photographies de cet échantillon seioul publiées prochainement dans les
Acta de la Pontificia Accadeinia dei Niiovi Liacei,
G K., 1902, 2" Semestre. (T. CXXXV, N° 24 ) ^'l^
II 34 ACADÉMIE DES SCIENCES.
au-dessous d'une couche de calcaire très dur, par les souffles répétés et
coutumiers du vent du Nord ( ' ). »
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. — Sur le courant et le littorat des Landes.
Note de M. L.-A- Fabue, présentée par M. de Lapparent.
« Un courant marin, constant et collé à la côte, longe du nord au sud
le littoral landais. On l'attribue à une composante, vers le sud, du courant
superficiel du nord-ouest qui, sous l'action des vents dominants, porte à
la côte : j'attribue sa permanence à une autre cause.
» L'onde des marées atteint simultanément notre littoral océanique, du Socoa à
Audierne. Mais, tandis que les variations d'amplitude de la pleine mer sont sensible-
ment les mêmes au nord et au centre (Lorienl : !\'^,o, Royan : 4'", 7), elles atteignent
leur minimum au sud, vers Bayonne (2", 8).
» La ligne cotidale dessine donc, de Cordouan au fond du golfe, et à l'instant de la
pleine mer, une pente sensible qui explique la constance et l'intensité du courant
observées depuis longtemps pendant le jusant. Aujourd'hui, les sables qu'entraîne ce
courant s'alignent en llèclies, obstruant les passes et boucaux du littoral. Une fois
atterris, ils sont chassés vers l'est par les vents du large qui les dressent en dunes.
» Lors du Pliocène, les torrents fluvio-glaciaires pyrénéens, issus du Plateau de
Ger, évacuaient directement dans l'Océan, par une suite d'estuaires dont certains
étangs côtiers sont les restes, leurs sables argilo-caillouteux étalés sur un subslratum
A' argiles bigarrées e.1 àQ sables fauves \ie\\èû&n?,. On trouve le cailloutis du Dec-
kenschotter à la base du sable des Landes, sur le plafond de divers étangs côtiers,
dans tous les sondages de la région. Les galets so/it mélangés aux sables de plage sur
tout le littoral, à l'ouest duquel les caries lithologiques sous-marines mentionnent
d'importants gisements caillouteux. Les dragages ont fait retrouver des cailloux pyré-
néens très au large du golfe sur la plate-forme préconlinentale.
» Le phénomène du déplacement des thalwegs vers l'est et celui des captures,
étudiés en haute Gascogne, expliquent la formation de la Pénéplaine landaise : les
buttes d'argiles bigarrées, qui surgissent ça et là au milieu des sables pléistocènes,
sont les témoins de cette abrasion. La capture des réseaux fluvio-glaciaires de Ger et
d'Orignac par le Gave de Pau isola la Pénéplaine de toute attache hydrographique
pyrénéenne au fur et à mesure qu'elle s'alluvionnait par le retour éolien des sables
littoraux et que se constituait son réseau hydrographique consé/juent (^).
» Parallèlement à l'érosion continentale, et sous l'influence combinée de
(') Érosions éoliennes {Comptes rendus, t. CVlll, 188g, p. 1208-1209).
(^) L.-A. Fabre, L'Adour et le Plateau landais {Bull, de Géographie hislor. et
descript., n° 2, 1901).
SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE igo-î. II 35
l'érosion marine et du courant des Landes, les indentations du rivage |)lio-
cène tendaient à s'aligner; les sables y édifiaient une première formation
de dunes dites anciennes, orientées suivant les sinuosités de la côte pri-
mitive.
» Peu à peu, les progrès de l'alignement et la réduction des apports aré-
nacés girondins, consécutive à l'atténuation des pluies pléistocènes et à
l'action de la végétation continentale, ralentirent les ensablements et per-
mirent la fixation spontanée des dunes anciennes par le boisement.
» Dans la suite, après le peuplement du bassin, la dénudation culturale
ouvrit une ère nouvelle de charriages arénicés, d'ensablem ents littoraux.
Les Aunes modernes s'édifièrent du nord au sud le long de la côte désormais
rectiligne sur près de 200''™.
» Cet alignement se maintient tel aujourd'hui par deux causes essen-
tielles : le courant permanent du littoral des Landes et l'évacuation solide
croissante de la Gironde.
)i Le triage des troubles du fleuve et leur orientation par les courants littoraux, qui
en atterrissent une grande partie, s'opère sur les hauts fonds voisins de l'estuaire. Au
nord, les vases légères, dites Terre de Rri, vont aligner l'ancien persiliage des côtes
saintongeoise et poitevine. La masse des sables lourds dirigée au sud, vers les Landes,
prolonge les flèches et exhausse les fonds précontinentaux; les travaux de défense et
de boisement littoraux ne permettent plus à ceux qui s'atterrissent de cheminer vers
l'est (').
» Le littoral d'Aquitaine perd actuellement moins par l'érosion marine
qu'il ne gagne par le fait des progrès de l'érosion continentale . «
GÉOLOGIE. — Sur r origine de la coupure transversale de la Kosva {Oural
du Nord). Note de M. Loris Duparc, présentée par M. Michel Lévy.
« La Rosva, en amont du village de Verkh-Rosva, coule sur une
longueur de plusieurs kilomètres dans une vallée transversale, profondé-
ment encaissée, plus ou moins analogue à une cluse du Jura, mais beau-
coup plus étendue. La rivière, si calme d'habitude, présente à cet endroit
des rapides appelés, par les gens du pays, louloum, qui sont disposés selon
deux barres distinctes, distantes l'une de l'autre de 3'"'" à /i""" environ. Le
cours de la rivière, entre ces deux lignes de rapides, est relativement peu
(') L.-A. I<"abre, La rnagaétUe pyrénéenne dans les sables gascons (Bull, de Géo-
graphie hist. et descript.. n" 1, 1902).
,j36 ACADÉMIE DES SCIENCES.
accidenté. Celte coupure transversale de la Kosva est entièrennent com-
prise dans la grande zone des quarlzites et conglomérats qui, sur la Carte
géologique de Russie (feuille Solikamsk-Tscherdyn) a été séparée des
formations du dévonien inférieur. D'après Krotow, cette zone forme une
grande voûte unique, dont le cœur est constitué par des quartzites
compactes et des conglomérats siliceux, et les flancs par des variétés
schisteuses re])résentées par des quartzites schisteuses et micacées, voire
même des schistes chloriteux ou séricitiques d'origine détritique.
» Les travaux que je poursuis depuis 3 années sur le bassin supérieur
de la Rosva ont démontré que cette zone des quartzites et conglomérats
était plus Compliquée que je ne l'avais supposé tout d'abord, et forme, en
réalité, plusieurs anticlinaux distincts, qui sont généralement déjetés vers
l'Ouest, présentent une grande régularité et se poursuivent souvent sur
une assez grande longueur.
» Les anticlinaux sont généralement formés par les quartzites et par les conglo-
mérats compacts, les synclinaux par les liorizons schisteux représentés par des
quartzites micacées et cliloriteuses, des scliistes détritiques, voire même des schistes
argileux noirâtres, qui ne se distinguent en rien de ceux du Dévonien inférieur. Sur la
rive droite de la Ivosva, les quartzites et les conglomérats forment deux anticlinaux
distincts, celui de FOstry vers l'Ouest et celui du Tscherdyn^Ky vers l'Est; ce dernier
se complique d'un petit repli secondaire qui, vers le Nord, prend une importance
plus grande et forme la montagne du Soukhoï qui paraît terminer ladite zone de ce
côté. Ces deux anticlinaux se retrouvent sur la rive gauche de la Kosva avec des
caractères identiques. L'Ostry se continue par l'anticlinal du Diknr, et leTscherdynsky
par celui du Sloudky; Is synclinal, assez resserré entre l'Ostry et le Dikar, s'élargit
considérablement sur la rive gauche de la Kosva, il est occupé par les formations
schisteuses du niveau supérieur aux quartzites et conglomérats, lesquels forment le
cœur des anticlinaux. Les deux lignes de rapides indiquées, formées par des bancs
disloqués de quartzites et conglomérats, s'alignent selon les axes des deux anticlinaux,
la région du cours de la Kosva, comprise entre ces deux lignes, y est peu accidentée
et coïncide avec celle du développement du synclinal dont les formations érodées par
la rivière sont moins résistantes. L'élude de ces plis montre clairement que leurs
axes s'abaissent rapidement aux approches de la Kosva. En effet, sur les éperons
rocheux qui terminent l'Ostry et le Dikar vers le Sud et vers le Nord, on voit que les
plis plongent en profondeur de part et d'autre de la Kosva. Cette disposition explique
pourquoi cette rivière, dont le niveau en cet endroit est à peu prés de 700" au-dessous
du sommet du Tscherdinsky, n'érode cependant pas des formations inférieures à
celles qui forment les anticlinaux de l'Ostry et du Tscherdinsky.
» Il résulte de ces observations que la coupure transversale de la
Kosva n'est autre chose qu'un ancien synclinal plus ou moins orthogonal
SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE ipoa, II 87
sur la direction des plis. Ce phénomène est analogue à celui qui a été
observé dans certaines vallées alpines (vallées de l'Arve, du Borne, etc.)
et il n'est pas impossible que les coupures transversales analogues, ren-
contrées sur d'autres cours d'eau de l'Oural, aient une même origine. »
GÉOLOGIE. — 5m;- des gîtes de phosphate de chaux de la Craie à Rélemnites,
formés avant le soulèvement du Bray. Note de M. IV. de Mercey, présentée
par M. Michel Lévy.
« Des gîtes de phosphate de chaux, qui viennent d'être reconnus dans
la Craie à Bélomnites, sur le bord même de la grande faille du Brav, à la
hauteur d'IIauvoile, près de Songeons (Oise), fournissent une preuve évi-
dente du dépôt de cette craie sur le Bray à une époque antérieure à son
soulèvement.
» Déjà M. de Lapparent (') avait ailrais avec moi que la limile actuelle de la Craie
à Bélemnites, prolongée du Vexin jusqu'aux environs de Péronne, résultait évidem-
ment de rablation d'un dépôt qui s'étendait plus loin vers l'Ouest. La Craie à Bélem-
nites n'avait offert un aspect littoral que sur trois points situés très en dehors de cette
limite, à Hardivillers, près de Breteuil ; à Beauval, près de Doullens et à Dreuil-Hamel,
près d'Abbevilie où j'avais découvert des gisements du même étage dans lesquels la
craie était grise, grenue, et n'avait plus les caractères typiques d'un dépôt de haute
mer. Il était impossible de dire si des dépôts de ce genre s'étaient également formés
en Normandie d'où lérosion les aurait fait ensuite disparaître.
» Cette craie grise, indépendamment de ses caractères littoraux, possédait, comme
je l'avais indiqué, une teneur en phosphate de cliaux susceptible d'amener son exploi-
tation comme matière d'engrais.
» On sait quelle a été, depuis une quinzaine d'années, l'importance des
recherches visant en Picardie la découverte de cette craie phosphatée et
des sables riches qui en dérivent.
» Il semblait })ossible d'établir, au moyen de ces découvertes, deux
lignes de rivages de la mer de la Craie à Bélemnites.
» La />/(?/?u'è/-e, bien jalonnée sur une longueur de /68^">, du Nord-Ouest au Sud-Est,
par de nombreuses exploitations, partait du nord d'Auxy-Chàteau pour passer notam-
ment par les gîtes de Beauval, Ribemont-sur-l'Ancre, Éclusier-Vaux, Hardécourt,
Templeux-la-Fosse, Hargicourt, Étaves, Ribemont-sur-l'Oise, etc., pour aboutir à
Villers-devanl-le-Thour, au nord d'Asfeld, aux confins de la Champagne.
» La seconde ligne, formant le littoral sud-ouest de cette mer de la Craie à Bé-
lemnites sur une longueur de 75''", n'était déterminée que d'une façon incomplète;
(') Le Pays de Bray, 1879, p. i52.
I i38 ACADÉMIE DES SCIENCES.
car, partant de Crécy-en-Poiithieu et Marcheville pour passer par Gorenflos et le
groupe des gîtes de Sorel, Wanel, Hallencourt et Dreuil-Hamel, sa trace, après une
lacune de 4o''", disparaissait complètement au delà des gîtes d'Hardivillcrs.
» Les gisements, qui vienneat d'être reconnus à Hanvoile et aux envi-
rons, constituent donc, à une distance de 27''"', au sud-ouest du dernier
gisement connu, un nouveau jalon qui, en raison de son emplacement sur
le bord même du Bray, vient confirmer les prévisions géologiques anté-
rieurement formulées.
» Il a, de plus, l'avantage, tout en conduisant à compléter les recherches
dans cette partie de la Picardie, d'ouvrir, au delà du Bray, un nouveau
champ d'explorations pénétrant en Normandie.
» Et même il ne semble pas impossible d'espérer que le contour de ce
littoral ne puisse être poursuivi, un jour, à travers la Champagne, pour
venir rejoindre Asfeld, en fermant le tracé de ce golfe de la Craie à Bélem-
nites.
» Il est donc bien démontré que le Bray a été recouvert par la mer de
la Craie à Bélemnites, tout au moins dans sa partie orientale. Il n'est pas
possible de dire s'il existait déjà un dô-ne; mais, ce qui est certain, c'est
que l'épaisseur des couches de Craie à Micrasler Cor-anguinum et à Micrasler
Cor-testudinarium est très faible.
» C'est au voisinage des affleurements de la Craie à Micrasler breviporus
qu'ont été effectuées des recherches ayant fait reconnaître divers gîtes
composés de craie et de sables phosphatés tout à fait analogues à ceux
antérieurement connus. «
HYDROLOGIE. — Sur l'origine des lapiaz et leur rela'ioi a^ec les abîmes et
l'hydrologie souterraine des calcaires. Note de M. E. -A. Martel, présentée
par M. Albert Gaudry.
« Les lapiaz, rascles, karren, schratten, etc., des calcaires, que l'on
rencontre aussi dans les schistes, le gypse, le grès (de Martonne, Comptes
rendus Soc. géologique, 23 janvier i899) et le granité (chérats du mont
Pilât) sont généralement attribués à l'action chimique ou corrosion des
pluies et neiges, chargées d'acide carbonique (V. Heim, Tietze, Neumayr,
Becker, Ratzel, Van den Broeck, Bougert, Chaix, Eckert, Duparc, etc.).
» Sans nier l'importance du facteur chimique, je pense, après avoir,
depuis 1882, examiné les principaux lapiaz des Alpes et de la France, qu'ils
ne doivent pas leur origine entièrement à la corrosion, mais que le rôle
mécanique >^& l'eau courante, même contemporaine, est très influent.
SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 1902. I iSg
» En effet, on n'a jusqu'ici étudié les lapiaz que dans les régions alpestres
élevées.
» Or, il en existe de véritables dans des plaines, plateaux et fonds de
vallées de faible altitude.
» Comme lapiaz de rivières, ou des fonds de vallées, il faut citer ceux du pont
des Ouïes près Bellegarde (Ain), de la sortie des gorges du Fier (Haute-Savoie), des
gorges de l'Ardèche près Saint-Marcel (Ârdèche), des cataractes du Sauladet près
Bagnols (Gard) (voir F. Mazalric, Spelunca, 1900, p. 3i),de Bétharram et d'Orthez
(Basses-Pyrénées), etc., qui montrent clairement comment la Valserine, le Fier, l'Ar-
dèche, la Cèze, le gave de Pau sont, de nos jours encore, activement occupés à creuser
mécaniquement, dans les calcaires du crétacé inférieur, les détails de ciselure des
karren alpestres, avec des gouffres plus ou moins remplis d'eau, atteignant jusqu'à
Se"» et 4o™ de profondeur. Dans le granit, M. J. Brunlies a trouvé des manifestations
analogues, à la première cataracte du Nil, à Assouan (voir Comptes rendus, 7 avril
1899, et Société frihourgeoise des Sciences naturelles, i. II, 4" série, 1902).
» La mer, elle-même, a érodé des reliefs lapiazés dans les schistes ardoisiers de
Kilkee (Irlande); les porphyres de l'Estérel (^ar); les schistes de Saint-Jean-de-Luz
(Basses-Pyrénées); les calcaires miocènes de la côte sud-est de l'île Majorque
(Baléares), etc., etc. Enfin les rascles à''érosion abondent dans toutes les rivières sou-
terraines.
» On ne peut donc pas soutenir que la force vh-e et le frottement des
eaux courantes et des matériaux qu'elles enti'aînent soient moins destruc-
tifs que l'usure lente produite par la morsure des pluies et des ruisselle-
ments acidulés.
» D'ailleurs, les trois grands chaos rocheux de Mourèze (Hérault)
(altitude 200"), du bois de Païolive (Ardèche) (altitude 200"), de Mont-
])ellier-le-Vieux (Aveyron) (altitude 75o™), sont aussi d'immenses lapiaz
exagérément développés.
» Les dolomies jurassiques y ont été rascléesde 3o" à 100™ de profon-
deur par les rivières, jadis beaucoup plus puissantes, de la Dourbie (Mou-
rèze) et du Chassezac (Païolive) et par le grand courant, sans doute
tertiaire qui a jadis traversé le Causse Noir et affouillé Montpellier-le-Vieux.
» Similairement j'ai constaté que les classiques lapiaz de sommets du
Parmelan et du désert de Plate (Haute-Savoie), des Silbern et Karren Alp
(Gliirnisch, Suisse), du Steinernes Meer et du Dachstein (Autriche),
représentent topo graphiquement des parlions nettement dessinées d'anciens
thalwegs desséchés, avec une pente souvent très accentuée vers des vallées
actuelles plus profondes.
» Les mouvements tectoniques tertiaires et même pléistocènes qui ont
provoqué la surreclion des Alpes et, selon les théories de MM. Marcel
Il4o ACADÉMIE DES SCIENCES.
Bertrand, Schardt, Lugeon, les plissements et le charriage des Préalpes
calcaires, permettent de comprendre comment ces tronçons de thalwegs
se trouvent maintenant suspendus sur leur socle à plusieurs centaines de
mètres en l'air, tandis que leurs portions disparues ont été détruites par
les effets des dislocations ou par des dcnudations postérieures.
» Au Parmelan même il y a eu double intersection de la vallée primi-
tive, à looo" environ plus haut que les torrents actuels delà Fillière au
nord et du Fier, au sud, et ce lapiaz occupe aujourd'hui un large berceau
ou gouttière fortement penché vers le nord et représentant la partie
médiane du thalweg, où de puissants courants ont dû circuler avant la
j)résente période géologique.
» Au surplus, j'ai, sans exception aucune, trouvé, parmi tous les lapiaz
suivants, ces puits naturels et points tl'absorption des eaux superficielles,
qui ont progressivement, et dans toutes les formations calcaires, substitué
une circulation souterraine au primitif ruissellement extérieur, et créé les
résurgences, dites à iort fontaines vauclusiennes , savoir :
» Lapiaz de la forêt des Arbailles (Basses-Pyrénées), avec les lesias ( gouffres)
d'Aluisqiiy, etc., el les sources de la Bidouse, d'Aussurucq, etc.; rascles des Gras, avec
les orc/ii. goules et sources de l'Ardèclie, de la Braunliie (Lot) avec les igiies du Causse
deGraniat, et les sources de l'Ouysse; du Venteux avec les avens et la fontaine deVau-
cluse; du Dévoluy (atrophiés par les glaciations quaternaires) avec les chouruns et la
fontaine des Gillardes, etc. ; de Fondurle, de Lente, de Vassieux, etc. (Drônie), avec
les scialets et sources du Vercors ; lapiaz du Parmelan, avec leurs puits à neige qui
refroidissent les sources tout autour de la hase du massif; du désert de Plate, avec les
gouffres des Verts, etc., et les sources de Magland ; burrens de Galway avec leurs
sluggas et turloughs (Irlande) ; rascles de l'île Majorque (Baléares) à Porto-Cristo
(Miocène) avec la Cueva del' Drach et à Valldemosa (Jurassique) avec de profonds
abîmes inexplorés et la Fuente de la Cova, etc. ; Mon(pellier-le-Vieux et Païolive
aussi sont percés d'avens et distill enl des sources, et je viens d'établir l'étroit rapport
entre leskarren fissurés des Glarnisch (Fo iV Hi:iM, Ann. Club alpin suisse, 1877-1878,
p. 421, et Atlas Siegfried, f. Scjg et t\oo) et l'alimentation de la source du Hôll-Loch
ou schleichende Brunnen {Comptes rendus, 4 août 1902); déjà Simony avait reconnu
que le massif du Dachstein a des glaciers (Soliladming et Karls-Eisfeld ) sans émissaire
aérien, et toute une circulation souterraine (caverne de KoppenbriiU) (voir Z>ac/j-
stein-Gcbiet, Vienne, 1891).
» Il est indubitable que l'on constatera les mêmes faits auv karren de l'Ifen
(Bavière) (voir Eckert, Petcrnis Mittheil., 1898, et Der Gottesacker-Plateau, Inns-
bruck, 1902), el du Steinernes Meer [voir II. Grimmer, Pelernis Mittheil., 1897,
p. 42 ; et 1902, p. 9).
» Cette relation absolue el générale entre les abîmes ou points d'absorp-
tion du calcaire et les lapiaz est jdonc une véritable loi géologique et hydro-
logique. Elle ne semble pas avoir encore été formulée et, en tous cas, elle
SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 1902. Il4l
justifierait à elle seule la nouvelle explication que je propose pour la for-
mation originaire sinon de tous, du moins d'une grande partie des lapiaz
ou karren, tant de rivières que de sommets ; sous cette réserve d'ailleurs
qii actuellement ce n'est plus guère que l'action chimique des eaux météo-
riques (pluies et neiges acidulées) qui trouve à s'exercer, avec nn faciès
différent et sur une échelle bien plus faible, parmi les lapiaz de sommets. »
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Influence des agents de catalyse sur le fonctionne-
ment de V organisme : spermine, cèrèbrine et chloradrénal. Note de
M. Alexandre de Poehl, présentée par M. A. Gautier.
« D'après Ostwald les agents catalytiques n'influent que sur la durée des
processus chimiques, non sur leur nature. Il propose de nommer les corps
qui les accélèrent catalyseurs positifs et les corps qui les retardent cataly-
seurs négatifs.
» Les catalyseurs d'oxydation dans l'organisme sont les oxydases. Parmi
elles, la spermine (C'H"'Az', d'après mes recherches), produit de désinté-
gration des leucocytes, joue le principal rôle.
» J'ai démontré son influence sur les processus d'oxydation par diverses
expériences de laboratoire : transformation du magnésium en magnésie,
des aldéhydes benzoïque et salicylique en acides correspondants, etc.
» Physiologiquement, cette influence a été établie par le Prince Tark-
hanoff, les professeurs Senator, Lœwy, Richter, etc., sur des animaux
dont l'énergie d'oxydation était abaissée par section de la moelle, infec-
tions, intoxications avec le chloroforme, l'oxyde de carbone, le gaz d'éclai-
rage, le cyanure de potassium, etc. Ces poisons plasmatiques retardent les
oxydations; ils agissent comme catalyseurs négatifs. Leur effet nuisible est
neutralisé par l'influence des catalyseurs positifs, la spermine en particulier.
» Dans les cas d'intoxications, par suite d'abaissement de la respiration tissulaire,
dans la neurasthénie, le tabès, etc., la spermine possède aussi une action très
favorable.
» D'ailleurs, son influence sur le coefficient d'oxydation azotée qu'elle élève a été
démontrée par de nombreuses analj'ses d'urine.
» La spermine est bien un catalyseur, car déjà une quantité de 05,00026 par kilo-
gramme de poids corporel possède un effet thérapeutique très net.
» Dans la respiration tissulaire, en même temps que la spermine, intervient une
autre série de ferments constituée par,/le groupe des leucomaïnes du tissu nerveux.
Je lui ai donné le nom de cérébrine par suite de la terminologie que j'ai adoptée.
» La cérébrine paraît agir sur l'excrétion des produits de déchets par hydrolyse.
» En effet, l'excrétion des déchets du tissu nerveux, que je mesure avec Zueizer par
G. R., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N« 24.) l49
11^2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
lerapport de l'azote total à l'acide phosphorique, ne dépend pas seulement de l'énergie
des processus d'oxjdalion. Dans certains cas de neurasthénie, d'alcoolisme, certaines
phases de l'épilepsie, il se produit une rétention des leucomaïnes, sans que les pro-
cessus d'oxydation aient sensiblement diminué.
» La cérébriiie, donnée par voie buccale ou sous-cutanée, favorise l'excrétion des
leucomaïnes et augmente le rapport de Zuelzer.
» Krainsky, Stange, Lion, Pantschenko, Tshetshott ont observé cliniquement les
effets favorables de la cérébrine dans l'alcoolisme, la neurasthénie, certaines épi-
lepsies, etc.
» Les observations de Babès, Conslanlin-Paul, Dufournier, Hammond, Robertson,
Romanoff et d'autres, montrent les résultats favorables obtenus en employant opothé-
rapiquement la substance cérébrale dans les maladies nerveuses.
» On peut en dire autant des effets de destruction du poison tétanique qu'ont ob-
servé Wassermann et Takaki.
)> Depuis 1895, je donne à l'ensemble des agents actifs extraits d'un organe le nom
de cet organe suivi du suffixe ine. J'ai isolé des capsules surrénales la suprarénaline,
qui contient, outre Vadrénaline, les autres leucomaïnes de la glande surrénale.
L'adrénaline ne contenant pas l'ensemble des bases actives de la glande et étant inso-
luble, je propose le nom de chloradrénal à ce principe uni à l'acide chlorhydrique.
» Vadrénaline (G'^H'^AzO*) de Takamine, produite en 1901, est la base du cklo-
radrénal (C'H'^AzO'HCl) que j'ai isolé et obtenu très pur.
» D'après mes recherches, le chloradrénal est un catalyseur de réduction par excel-
lence. 11 accélère les processus de réduction, même à la dilution de un millionième.
Cet effet peut se constater in vitro sur les sels ferriques, ceux d'or, d'argent, l'acide
iodique étendu, etc., qui sont tous réduits.
» On sait que l'influence du chloradrénal suv la vasoconstriction est très considé-
rable : elle se fait sentir même en employant des solutions à ..alaa-
» L'action toxique du chloradrénal est une conséquence de ses propriétés réduc-
tives. Chez le lapin, ô^s par voie sous-cutanée produisent une forte glycosurie
(2 pour 100) avec un grand abaissement du coefficient d'oxydation azotée. Le professeur
Prince Tarkhanoff a constaté qu'une dose de os, 02 à oe,o4 de chloradrénal par voie
sous-cutanée provoque la mort du lapin en 20 ou 3o minutes par asphyxie et avec un
rapide abaissement de température. Tous ces faits montrent que le chloradrénal est
bien un catalyseur de réduction. Ce qui le montre encore, c'est que la spermine,
catalyseur d'oxydation, en détruit les effets : on peut prolonger la vie des animaux
intoxiqués par le chloradrénal en leur injectant la spermine par voie sous-cutanée
(Prince Tarkhanoff).
« Dans l'organisme il existe des régulateurs des réactions catalytiques ; c'est ainsi
que les processus d'oxydation de la spermine se trouvent en relation avec l'alcalinité
du sang. Dans tous les états de fatigue il se fait une accumulation de produits orga-
niques acides, tels que l'acide lactique, qui diminuent l'alcalinité du sang et en même
temps, comme je l'ai démontré, les effets catalytiques d'oxydation de la spermine.
Mais l'alcalinité du sang ne peut jamais dépasser une certaine limite, car, par suite
de l'oxydation des acides organiques, la pression de l'acide carbonique dans les tissus
se trouve augmentée et l'alcalinité s'abaisse, ce qui constitue un des mécanismes de
régularisation des processus d'oxydation.
SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 1902. I 143
» Je pense que l'influence téléologique du chloradrénal se manifeste dans la vie
cellulaire surtout par son action dans le noyau. Les remarquables travaux du profes-
seur Armand Gautier ayant montré que les phénomènes de réduction se passent sans
cesse dans le noyau et dans les parties profondes du protoplasme, j'ai cherché le
chloradrénal non seulement dans les glandes surrénales, mais aussi dans les autres
organes, et j y a. trouvé des substances réductrices qui en sont très voisines Presaue
identiques au chloradrénal, ces substances sont évidemment les catalyseurs de ré-
duction. •'
.. Les capsules surrénales sont-elles chargées d'accumuler seulement le chloradré-
nal forme adleurs, comme le veut Battelli? C'est là un point sur lequel mes travaux
ne me permettent pas encore de me prononcer.
» Je pense que la plupart des ^o^m.. sont des catalyseurs négatifs des processus
d oxydation. La cérebnne et la spermine combattent utilement leurs efl-ets. »
MÉDECINE. — Les maladies de la déminéralisation organique. Anémie
plasmatiqiie. Note de M. Albert Robiv, présentée par M. Arm.
Gautier.
« Il existe un groupe d'états morbides qui reconnaissent comme l'une
de leurs conditions, sinon de leurs causes, soit une déminéralisation de
1 organisme, soit une inaptitude des plasmes et des tissus à fixer les prin-
cipes inorganiques de l'alimentation.
). Parmi ces maladies, mes recherches permettent d'individualiser déjà
les types suivants comme premiers termes de la série :
» a. La phtisie pulmonaire;
" b. Le phosphorisme;
» c. Une variété particulière d'hémoglobinurie;
" d. Diverses albuminuries qui, d'abord fonctionnelles, peuvent abou-
tir a la maladie de Bright, comme les albuminuries phosphaturiques et les
albuminuries dyspeptiques;
>' e. Un groupe important d'anémies, parmi lesquelles certaines pré-
sentent toutes les allures cliniques de la chlorose.
» h^ chlorose n'est pas une entité morbide, mais bien un ensemble svmptomatique
qu. relevé de conditions morbides fort dissemblables réclamant des traitements diffé-
rents, puisque ce qu'il faut traiter, ce n'est pas l'expression symptomatique dénom-
mée chlorose ou anémie, m^h bien les procédés morbides qui aboutissent à cette
expression.
» La déminéralisation organique est l'un de ces procédés. Les chloroses et les
anémies qui en relèvent offrent certaines particularités cliniques qui permettent de
les soupçonner et sur lesquelles je reviendrai plus lard. Mais, pour les reconnaître à
coup sur, il faut pratiquer l'analyse comparative de l'urine et du sang. La déminéra-
lisation est prouvée par l'augmentation du résidu minéral de l'urine et du coefficient
j,,/ ACADÉMIE DES SCIENCES.
de déminéralisation el par la diminution corrélative de la minéralisation du sang.
, C'est ainsi que, d'une part, le coefficient de déminéralisation ur.naire s eleve
à 48 pour 100, au lieu de 3o pour loo, avec o«,4.4 de résidu ino.^an,que par kilo-
..amme de poids et par .4 heures, au lieu de o^,.;», tandis que d autre part, le ré-
sidu inorganique du sang s'abaisse à 5.,6 au lieu de la normale de g^.
„ L'analyse démontre que cette déminéralisation porte sur le plasma sanguin dont
l'équilibre salin est ainsi rompu, ce qui comporte, comme résultante immédiate, ou
une altération des globules rouges, ou un retard dans leur renouvellement, ou une
diminution de leur activité. De fait, dans le cas qui m'a servi de type >« nombre des
globules rouges est tombé à 2829000, avec une valeur globulaire de 0,72, la nor-
maie étant l'unité. ,, , . ,
„ Celte variété d'anémie mérite donc le nom d anémie plasmatique.
„ Pour la traiter et la guérir d'une façon pour ainsi dire mathématique, il faut
reconstituer l'équilibre salin du plasma sanguin. On y arrive asse^ rapidement par
l'emploi d'une association de sels minéraux à divers principes organiques dont 1 en-
semble représente une sorte de thériaque minérale. . , . • , -,
„ Cette reconstitution minérale du plasma sanguin demande de iD a 5o jouis sui-
vant les cas. Elle se traduit par une augmentation de la minéralisation du sang et par
une diminution du résidu inorganique de l'urine, malgré l'ingestion journalière des
sels minéraux médicamenteux.
! Après traitement, le résidu inorganique de l'urine s'abaisse à C, 36i par 24 heures
et par kilogramme de poids; le coefficient de déminéralisation unnaire lo^^e a 35 97
et les matières inorganiques du sang reviennent à la normale avec le chiffre de 8.,85.
.En même temp^, la densité du sang monte de io45 à io5o et ses matières orga-
niaues passent de 1916,6 à 2o4" par litre. , • j
Touand l'équilibre salin du plasma sanguin est rétabli, il convient, dans une se-
conde étape thérapeutique, d'instituer la médication ferrugineuse qui agit alors avec
une surprenante rapidité sur les signes extérieurs de la chlorose. Mais on peut évite
aussi ce second traitement en associant directement, et dès l'abord, les ferrugineux a
la médication saline. . j
„ Le diagnostic et le traitement de l'anémie plasmatique fournissent une preuve de
la certitude qu'acquiert la thérapeutique quand elle est fondée sur les procèdes exacts
de la Chimie pathologique. »
M. p. DE Viviàs adresse une Note ayant pour titre : « Théorème du point
symétrique et quelques-unes de ses conséquences ...
A 4 heures et demie l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 heures.
M. B.
N" 24.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du m décembre 1902.)
MÉMOIRES ET COMMUNICATIOIVS
DES M EMBUES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉAIIE.
Pages.
M. le MiNISTRK DE 1,'Insthuction publiquk
adresse une ampliation du Décret par
lequel le Président de la lîépubliquc
approuve réieclion de M. Deslandres dans
la Section d'Astronomie i o8j
M. Henui MoissAN. — Sur la présence de
l'argon^ de l'oxyde de carbone et des car-
bures d'hydrogène dans les gaz des fu-
merolles du Mont Pelé à la Martinique... io85
Pages.
M. P. DuiiEM. - Sur la stabilité de l'équi-
libre et les variables sans inertie loUS
IM. K.MiLB Laurent. — Expériences .sur la
durée du pouvoir gerniinatif des graines
conservées dans le vide logi
M. le Général Bassot présente à l'Aca-
démie, au nom du Bureau des Longitudes,
V Annuaire pour l'an 1903 1094
MEMOIRES PRESEx\TES.
.M. Delauuiek adresse une Note ayant pour
titre : « Recherches sur la navigation
aérienne » 1096
MM. 15. Brunhes et P. David soumettent
au jugement de l'Académie un Mémoire
intitulé ; a Ktude des anomalies dû champ
m.ignétique terrestre sur le Puy de Dôme». :nf|il
M. GiiiOD adresse un Mémoire « Sur une
métiiode de transposition en musique ».. 10Ç4IJ
CORRESPOrVDAIVCE.
M. le Secrétaire PEUfÉTUEL signale un
Ouvrage intitulé : » La Mécanique à
l'Fxposition de 190(1 »; les Cahiers IG et
17 du Service géographique de l'armée... 1096
M. Jean Mascaht. — Perturbations indé-
pendantes de l'excentricilé 1097
M. P. Chofardet. — Observations de la
comète Giacobini (igoa rfj, faites à l'Obser-
vatoire de BesançOH 1099
M. R. d'Adiiemar. — Sur l'intégration d'une
équation aux dérivées pai-tiellcs du second
ordre, du type hyperbolique, à plus de
deux variables indépendantes 1 100
M. D. Negrkano. — Procédé de séparation
électrique de ,1a partie métallique d'un
minerai de sa gangue iioS
M. E. Baud. — Sur le tluorure d'aluminium. iio3
M. A. .ToANNIB. — Action du chlorure de
bore sur le ga?, amnjoniac r 106
M. Ph. Barbier. -. Sur un phosphate animo-
niaco-manga nique violet ' 109
M. H. BaIibigny. — Préparation des alcalis
et du peroxyde de manganèse 1 1 10
M. K. Garrioou. — La diffusion de l'ar-
senift dans la nature 1 1 13
i\L Arm. Gautier. — Observations au sujet
de la Note précédente de M. Garrigou. . iii.5
MM. p. Ereundler et de Laiîouderie. —
Sur I aldéhyde /)-benzène-azobcnzoïque et
ses dérivés 1 1 ili
.M. <:. Marie. — Sur l'acide oxybenzylphos-
pliiriique I 1 rS
,MM. Seyewetz et BlOT. — Sur une nou-
velle méthode de chloruralion des car-
bures aromatiques 1 r'o
M. L.-F. Blanchard. — Grégarine ccelo-
mique chez un Coléoptère ri 23
.M.\I. 1. Pantel et R. de Sinety. — Sur
l'évolution de l'acrosome dans la sper-
matidc du Notonecte 1 124
M. P ,\. Danqeard. - La téléomitosc chez
VAniœba Oteichenii Uajard 1 rifi
M. l.iKii Macciiiati. — Sur la photosynthèse
eu dehors de l'organisme 1 128
M. P. Mazé. — La maturation des graines
et l'apparition de la faculté germinative . ii.io
M. .Ikan Bbunhes. — Sur le rôle des tour-
billons dans l'érosion éolienne 1 132
M. L.-A. Fabre. — Sur le courant et le
littoral des Landes ii34
M. Liiuts DuPARG. — Sur l'origine de la
coupure transversale de la Kosva (Oural
du Nord ) 1 13.')
M. N. DE .Mercey. — Sur des gitcs de phos-
phate de chaux de la Craie à Béleninitcs,
t'orrnés avant le soulèvenu'ut ii^^
GAUTHIER -VILLARS, Imprimeur-Editeur,
QUAI DES GRANI>S-AUGUSTINS, 55, A PARIS {(>').
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
PUBLIÉS PAR LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
Par décision de l'Académie des Sciences, les prix de l'abonnement et des collections sont
désormais lixés ainsi qn'il suit :
PRIX DE L'ABONNEMENT :
PaKIS 30 fr. I DÉPARTEMENTS 40 fr. | ETRANGER 44 fr.
Chaque année, sauf i845, 1878 à 1892, 1896 à 1S98, se vend séparément 25 fr.
Chaque volume, sauf les Tomes 20, 21, 76 à 108, 110, 112, 114, 115, 122 à 127,5e vend sépa-
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TABLES GÉNÉRALES.
TABLE GÈNÉKALE des Tomes là 31 (i83j-i85o) 25 fr.
Tomes 32 à 61 (i85i-i865) 25 fr.
- Tomes 62 à 91 (1866-1880) 25 fr.
- Tomes 92 à 121 (1881-1895) 25 fr.
Chaque Volume dos T^ibles générales conipread une Table par ordre alphabétique d'auteurs
et une Table par matières très détaillée.
PARIS. - IMPIUMEIUE G AUT H t E R - V ILL ARS.
Quai des Grands-Augustins, 55.
I.C Gérant: CtAU l inKK-VlLLAHs.
1902
SECOND SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
T03IE CXXXV.
N^ 25(22 Décembre 1902).
^PAWS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Augustins, 55.
1902
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES REND
Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
V Académie se composent des extraits des travaux (ie
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article i*^. — Impression des travaux de l' Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un associé étranger de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie
ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans
le Compte rendu àe, la semaine que si elle a été remise
le jour même de la séance.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de Sa pages par année.
Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis-
cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca-
démie ; cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont
ils donnent lecture à l'Académie avant de les re-
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Râp-
i"
I
ports relatifs aux prix décernés ne le soiS
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en'ai
blique ne font pas partie des Comptes rem, .
Article 2. — Impression des travaux di^
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par de
qui ne sont pas Membres ou Corresponde
demie peuvent être l'objet d'une analyse
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Ménjn
tenus de les réduire au nombre de page; »j
Membre qui fait la présentation est toujoiin
mais les Secrétaires ont le droit de réduir el
autant qu'ils le jugent convenable, comn
pour les articles ordinaires de la correspo i
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit <
l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au
jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être rei
te titre seul duMémoire est inséré dans le C
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compt
vant et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à^
Les Comptes rendus ne contiennent ni ]
figures. ;
Dans le cas exceptionnel oîi des figu
autorisées, l'espace occupé par ces figun
pour l'étendue réglementaire.
Le tirage à part des articles est aux f
teurs; il n'y a d'exception que pour les
les Instructions demandés par le Gouveri m
Article 5.
Tous les six mois, la Commission admin ri
un Rapport sur la situation des Comptes ri
l'impression de chaque volume. 1
Les Secrétaires sont chargés de l'exéculn
sent Règlement. ■
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels so P
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5^. Autrement la présentation sera remise à la s i'
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE PUBLIQUE ANNUELLE DU LUNDI 22 DÉCEMBRE 1902,
PRÉSIDÉE PAR M. BOUQUET DE LA GRYE.
M. Bouquet de la Grye prononce l'allocution suivante :
« Messieurs,
» Il est dans la vie civile, en dehors de la naissance et de la mort, des
circonslances qui peuvent se répéter, le Code y pourvoit, l'Eglise catho-
lique admet que certains sacrements soient administrés plusieurs fois; on
peut être nommé à deux reprises, nous l'avons vu, membre de la même
Académie, mais jamais, au grand jamais si la coutume avait été observée,
la diL'uité de Président n'aurait été conférée" deux fois à l'un de nos
Confrères.
» Aucune règle ne porte pourtant pareille interdiction, mais elle se base
sur une loi de mortalité qui paraît sérieusement établie, et l'un de nos
savants Confrères pourrait seul supputer la probabilité qu'un dernier élu
arrivât à la présidence, tandis que le plus âgé des Membres, pour le moins
centenaire, deviendrait vice-président.
» Messieurs, cet honneur unique rend très fier son titulaire : il lui est
donné, quelle que soit !^on humilité, de parler au nom de l'Académie
lorsqu'elle applaudit à des succès et aussi hélas lorsqu'elle pleure la mort
de Confrères estimés et aimés.
» Messieurs, lorsqu'on arrive à la fin de cette présidence et pour mieux
dire des deux années que l'on a passées au Bureau, on voit mieux qu'étant
assis au milieu de vous, le rôle important que joue dans notre état social
l'Académie des Sciences. Ou a vite dit, au dehors : les séances n'ont pour
trame qu'une énumération rapide de faits rarement suivis d'une discussion,
mais cette collection ininterrompue de découvertes répandues par les
Comptes rendus esX le plus puissant des stimulants que l'on puisse donner
à la Science. Aussi nos volumes vont-ils en grossissant et la Commission
administrative a-t-elle souvent quelque peine à en solder l'impression.
G. R., 1902, -i' Semestre. (T. C\XXV, N" 25.) l5o
Il46 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» C'est pendant les deux années passées dans cette Commission, où le
pouvoir exécutif est si bien rempli par les deux Secrétaires perpétuels, que
j'ai pu juger du soin avec lequel sont gérés les intérêts de la Science et de
l'Académie.
» Nous pourrons bientôt. Messieurs, saluer le moment où, grâce à deux
grosses donations non affectées à des prix, la gêne actuelle va disparaître
et l'Académie pourra alors, d'une façon plus efficace, venir en aide à des
savants.
» Je dis ceci. Messieurs, parce qu'à regarder l'ensemble des prix que
nous décernons, on peut nous croire très riche. Leur total s'accroît, en
effet, très rapidement: de iioooo'^', en 1874, il a passé, cette année,
à 317000'^''. Mais, à la vérité, dans ce chiffre sont compris deux sommes
de 100000*^^, dont on ne distribue guère que le revenu, le capital devant
être donné, d'une part, à l'astronome qui conversera avec les habitants
d'un astre autre que Mars et à celui qui aura trouvé un remède contre le
choléra. Si les candidats se sont présentés, ils n'ont pas été agréés.
» Messieurs, dans cet ensemble de prix dont on va donner la liste, les
Mémoires couronnés pourraient tous attirer votre attention, mais l'analyse
en a été faite dans de savants rapports et je ne puis qu'y renvoyer.
» Vous m'excuserez pourtant si je vous demande de faire une exception
pour ceux qui touchent à la Section de Géographie et de Navigation, ne
pouvant me détacher de ce qui a été l'objet des occupations d'une bonne
partie de ma vie.
■» La Géographie était assez oubliée au milieu du siècle dernier; le pu-
blic ne s'intéressait que peu aux entreprises coloniales, et les testaments
des personnes amies de la Science contenaient plutôt des legs en faveur
des progrès de la Médecine qu'à des découvertes dans des pays inconnus.
» Aujourd'hui, en revanche, être explorateur est un titre qui conduit
souvent à un emploi; si quelques voyageurs ont payé leurs découvertes de
leur vie, d'autres sont devenus célèbres et, l'an dernier, l'Académie a très
justement décerné le grand prix à la Mission Foureau.
» Cette année-ci, elle est très heureuse de donner une partie du prix
Binoux à M. Marcel Monnier, explorateur en Chine, ayant parcouru
Soooo""", dont 12 000'*™ levés à la boussole. 28 Cartes contiennent ce remar-
quable levé.
» Le prix Gay a été attribué au colonel Berthaut.
)) La France, oublieuse de ses gloires, ne connaissait guère les travaux
des ingénieurs des camps et armées et le rôle rempli, pendant la première
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. Il47
moitié du siècle dernier, par les ingénieurs géographes. M. Berthaut a ré-
haiîilité les uns et les autres et fait surlout connaître que c'est à ces der-
niers que l'on doit la triangulation de la France et la mise en train de la
Carte au jinTrô- ^^ suppression du Corps de géographes en i832 a été un
gros malheur et une lourde faute, et il a fallu 20 ans d'efforts pour les
réparer. Nos officiers mesurent à nouveau, à l'heure actuelle, sous le
patronage de l'Académie, le méridien de Quito.
» Le prix Tchihatchef doit être décerné à des naturalistes qui auront
fait des explorations dans le continent asiatique. M. Sven Hedin a rempli
ces conditions en parcourant pendant 3 années les plateaux neigeux du
Pamir et, pendant 3 autres années, le Turkestan chinois et le Thibet.
A deux reprises différentes, il essaya d'atteindre Lhassa, mais fut arrêté
par des détachements armés. L'itinéraire de M. Sven Hedin s'étend sur
une longueur de loooo'^™ et ses collections forment un ensemble rare de
choses inédites.
» J'ai placé en dernier lieu le prix extraordinaire de la Marine parce
qu'une partie revient seule à la Géographie. Il s'agit du levé de la côte
ouest de Madagascar, fait, avec les méthodes les plus précises, par M. Drien-
court, ingénieur hydrographe. La portion la plus importante du prix est
donnée à M. Romazotti et n'a été l'objet d'aucun rapport. L'Académie
récompense ici un ensemble de travaux qui ont permis à notre pays de
construire des submersibles ayant rempli toutes les conditions imposées
aux ingénieurs.
» Messieurs, après la navigation sous la mer, il en est une autre qui
passionne à l'heure actuelle les inventeurs de tous les pays, et des catas-
trophes successives ne les arrêtent pas. Nombre de Mémoires sur ce sujet
arrivent chaque année à l'Académie, et sont renvoyés à une Commission
spéciale qui, après avoir été réorganisée, vient de commencer ses travaux.
Un Rapport a déjà été publié dans les Comptes rendus, d'autres suivront
montrant l'intérêt que porte l'Académie à une science nouvelle. Elle le
prouve en donnant, cette année, un prix aux frères Renard.
» Vous savez que des initiatives privées ont déjà fourni et promis des
subventions pour certaines réalisations dans la marche des ballons, nous
croyons personnellement que le problème plus général de l'aviation ne
peut manquer d'être bientôt résolu, puisque l'on construit des machines
puissantes extra-légères avec lesquelles on obtient des rotations attei-
gnant 20000 tours par minute. Dans ces conditions l'air peut être un point
d'appui.
Il48 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Messieurs, l'an dernier nous avions assisté dans l'amphithéâtre de la
Sorbonne à une cérémonie où les Savants ilu monde entier étaient venus
ajjporter des médailles, des diplômes et des adresses à notre illustre Secré-
taire perpétuel, M. Berthelot, à l'occasion du cinquantenaire de ses travaux.
)i Cette année une cérémonie plus intime, mais très touchante, a eu
lien au Muséum. Il s'agissait du cinquantenaire du professoral de notre
Vice-Président et ses élèves, ses collègues et ses amis étaient venus lui
dire toute l'estime qu'il leur avait inspirée et combien avait été fructueuse
pour la Science sa vie tout entière.
» Il est encore tl'autres faits qui ne peuvent être passés sous silence
dans nos annales de 1902. Un sinistre effroyable, tel que l'histoire d'aucun
pays n'en contient de semblable, est venu frapper une de nos vieilles
colonies, faisant en quelques minutes 3oooo victimes, puis quelques jours
après de nouvelles hécatombes.
)> L'Académie, sur la demande du Ministre des Colonies, a envoyé à la
Martinique une mission de trois savants; des rapports ont été remis par
eux, expliquant du mieux possible, d'après un ensemble de témoignages,
la marche de ce cyclone de feu. M. Lacroix est retourné depuis dans l'île
pour organiser des stations autour du volcan, afin de suivre, s'il était pos-
sible, la marche du phénomène et de déceler les signes prémonitoires des
éruptions.
» Hélas! à considérer le passé cela semble bien difficile. La terre que
nous foulons est bien peu solide, les géologues nous affirment qu'elle a été
autrefois le siège de cataclysmes effroyables et ne répondent nullement que
la stabilité du sol soit désormais assurée. Les études faites aux obser-
vatoires du Vésuve et de l'Etna n'ont pu donner, jusqu'à présent, de
prévisions à longue échéance; pourra-t-on faire mieux a la Martinique?
Espérons-le; quoi qu'il en soit, un travail interne paraît se faire, puisque
des éruptions sont signalées tout autour du globe, et l'opinion publique
en Allemagne et ailleurs s'en préoccupe.
» Nous avons reçu, en effet, par voie diplomatique, le vœu formé dans
un Congrès, de confier à une institution internationale le soin d'étudier les
mouvements du sol d'ordre séismique , ils fout (i'ailleurs l'objei île
recherches spéciales dans certains pays.
» La Commission de l'Académie qui a été chargée d'examiner cette
question, tout en pensant que de pareilles étutles rentrent dans le cadre
de celles auxquelles se livre l'Association internationale géodésique, a
demandé sur ce sujet l'avis du Bureau international des Académies, organe
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. Il49
dont la création est récente. I^a question avait, en effet, été portée devant
plusieurs Académies; il était naturel que leur Association s'en occupât.
» Je terminerai, Messieurs, l'exposé de nos travaux en rappelant que
M. Donmer, gouverneur général de l'Indo-Chine, nous a proposé d'en-
vover au Tonkin une mission scientifique permanente dont la colonie
ferait tous les frais. Les statuts de cette organisation sont presque copiés
sur ceux d'une institution analogue placée sous le patronage de l'Académie
des Inscriptions et Belles-]>eLtres, et qui fonctionne régulièrement; notre
Compagnie les a discutés, et ils ont été approuvés par le Ministre. Nous
avons, le mois dernier, proposé au nouveau Gouverneur la nomination du
Directeur de la Mission, et, ces jours-ci, celle de ses subordonnés; tout
nous fait espérer que, comme son aînée, cette création aura des résultats
heureux pour la Science française.
» Messieurs, me voici arrivé à un point douloureux de ma tâche, je dois
rappeler ici le souvenir de ceux de nos Confrères qui nous ont été enlevés
celte année, et malheureusement le nombre en est grand. Sept d'entre eux
ont disparu en 1902, et c'est un chiffre bien rarement atteint.
M. Cornu figure le premier sur cette liste nécrologique; il était entré,
en 1860, à l'École Polytechnique et, grâce à son rang de sortie, avait pu
choisir la carrière très disputée des Mines. On sait que nombre d'ingé-
nieurs de cette Administration sont devenus Membres de notre Académie,
la tradition et la nature de leurs travaux les poussent à s'occuper des
recherches scientifiques; Cornu avait une véritable passion pour la Piiy-
sique, il s'v adonna entièrement. La vie de laboratoire était sa vie : doué
d'une habileté manuelle étonnante, il imaginait et construisait constam-
ment (le nouveaux instruments pour déceler tels phénomènes compliqués
de l'Optique.
» Puis ce furent des expériences |)OMr donner un chiffre plus exact de
la densité de la Terre.
» On sait qu'en utilisant un |)rocédé imrginé par M. Fizeau dont il était
l'élève et l'ami, il s'occupa des recherches sur la vitesse de la lumière. Le
chiffre qu'il tionna, à la suite des belles expériences faites entie l'Observa-
toire et la tour de Montlhérv, est aujourd'hui a(lo|)lé par les physiciens;
mais il ne le satisfaisait pas entièrement, il voulait partir de dislances
énormes et rêvait de mesurer les temps employés par la lumière pour
aller du mont Mouuier eu Corse et eu revenir.
» i\iais pour réussir, il fallait opérer par étapes successives, et vous avez
Ix5o ACADÉMIE DES SCIENCES.
entendu, ces jours-ci, l'habile Directeur de l'Observatoire de Nice donner
des premiers résultats qui auraient enchanté M. Cornu.
» Notre Confrère, Membre de l'Institut dès 1878, avait été nommé au
Bureau des Longitudes en 1886. Sa collaboration était jjrécieuse, il lui avait
donné des Notices sur l'électricité et les dynamos, du plus haut intérêt.
» M. Cornu est mort en pleine activité scientifique, sa perte est cruelle
pour l'Académie et pour sa famille qu'il adorait.
)) Après M. Cornu, l'Académie a appris avec un douloureux étonnement
la mort d'Henri Filhol ; il n'était des nôtres que depuis 5 ans, mais il y en
avait 3o que l'Académie le connaissait. En 1876, elle lui avait décerné le
prix Delalande-Guérineau, en 1879 le grand prix des Sciences physiques,
et en i883 le prix Petit d'Hormoy, toutes récompenses justement méritées,
car Filhol sacrifiait tout à la science qu'il cultivait, jusqu'à une partie de
sa fortune.
)) Messieurs, j'ai perdu en Filhol un véritable ami, mais l'éloge que j'en
puis faire, je l'ai trouvé dans toutes les bouches et partout ou il a passé il
n'a trouvé que des sympathies.
» Je n'énumérerai pas ici ses travaux, la nomenclature a été faite par le
savant Directeur du Muséum ; elle seule non seulement sauverait son nom
de l'oubli, mais le placerait à la suite de ceux des Cuvier, des Blainville et
des Geoffroy Saint-Hilaire.
M Le public peu savant pourra, de son côté, mesurer la reconnaissance
que l'on doit à l'organisation de la belle galerie du nouveau bâtiment du
Muséum. Filhol est mort d'un excès de travail, fait qui n'est pas rare
parmi ceux qui se sont assis dans cette enceinte, et il emporte tous nos
regrets.
» Messieurs, après avoir frappé deux jeunes Confrères, la mort est
venue nous enlever nos deux doyens, MNL Faye et Damour.
)) Le premier était Membre de l'Institut depuis 1847 et avait, à deux
générations de savants, présenté des Mémoires sur les parties les plus
élevées de la Science astronomique. En sortant de l'Ecole Polytechnique
où il était entré en j832, il n'avait pns pris une carrière gouvernementale,
mais, son père, ingénieur des Ponts et Chaussées, l'avait attaché à une
société qui lui fit faire des nivellements et des études dans les landes de
Gascogne et dans des terres de même formation en Hollande.
» Ces occupations n'allaient qu'à moitié à la nature de son esprit et il
fuL heureux d'entrer en 1842 à l'Observatoire dirigé alors par Arago.
SÉANCE DU 22 DÉCn:MBRE 1902. Il5l
)) M. Faye voyait l'année suivante son nom déjà entouré d'une auréole
de bon aloi. Il avait eu la chance de découvrir une comète et le talent
d'en calculer tous les éléments. L'année suivante il donnait ceux de la
comète de Vico.
» Après des travaux sur les mouvements propres des étoiles, M. Faye
aborda la détermination de leur parallaxe et trouva pour une étoile de la
Grande Ourse le chiffre le plus grand que l'on ait encore obtenu. Celte
étoile, si voisine de notre Terre, met pourtant 3 années pour lui envoyer sa
lumière.
» C'est à MM. Faye et Laugier qus l'on doit d'avoir inauguré, à l'Obser-
vatoire, l'Astronomie de précision en étudiant chacune des parties des
observations à la lunette méridienne et en réduisant au minimum les
chances des erreurs commises.
» Une autre question devait alors occuper l'esprit de notre Confrère; la
loi de Newton paraissait être en défaut pour certaines comètes à leur
passage au périhélie. M. Faye supposa que la chaleur solaire pourrait être
répulsive, et cette hypothèse paraît se confirmer.
» Nous n'énumérerons pas la longue série des Mémoires qu'il a publiés; .
mais il est impossible de ne pas dire que pendant 2i) ans il a été professeur
à l'École Polytechnique et que ses leçons publiées forment un Ouvrage
classique.
» M. Faye a eu une longue, glorieuse et heureuse existence; devenu le
doyen des astronomes de l'Europe, tous s'étaient unis pour le féliciter lors
du cinquantenaire de sa nomination à l'Institut.
M La plus haute distinction de l'ordre de la Légion d'honneur lui fut
accordée par le Président de la République, au milieu d'un bal de la
Société amicale de l'École Polytechnique.
» A un moment donné, M. Félix Faure, entouré de quatre Ministres,
me pria d'aller chercher M. Faye et lui annonça la distinction qui, le
matin, avait été arrêtée en Conseil des Ministres. Il ajouta qu'il était
heureux de le complimenter au milieu de ceux qui, la plupart, avaient été
ses élèves et lui donner une juste récompense de ses travaux.
» Il dit ensuite les choses les plus aimables à M""" Faye qui, en vérité,
était plus que la doublure de l'âme de son mari. Elle n'a pu, du reste, lui
survivre.
» Messieurs la mort d'un Associé étranger, M. Virchow a suivi de prés
celle (le M. Faye. M. Virchow avait été élu Correspondant de notre Aca-
démie en 1859, et sa réputation allait croissant en Allemagne et en France,
II 52 ACADÉMIE DES SCIENCES.
lorsque arrivèrent les événements de 1870. Son patriotisme ful-il à ce
nnoment trop démonstratif, le fait est qu'on oublia un instant sa grande
valeur scientifique, et ce ne fut qu'en 1897 que l'Académie lui décerna le
plus grand honneur qu'elle pût accorder à un étranger. Virchow a été
chef d'école, il a cherché dans l'altération de la cellule la première cause
de sa maladie, et, en étudiant cette vie cellulaire, il a posé les premières
bases de la Science pathologique.
» Dans un Congrès tenu l'an dernier à Berlin, Virchow avait pu voir avec
quelle unanimité les médecins de tous les pays avaient acclamé son nom.
Il est mort très âgé et son pays lui a fait de pompeuses funérailles. li'Aca-
démie avait envoyé à sa famille et à ses collègues l'expression de son
admiration et de ses regrets.
» Messieurs, nous avons perdu M. Damour le 22 septembre dernier ; il
s'est éteint à l'âge de 98 ans. Il avait été élu Correspondant en 1862 et Aca-
démicien libre en 1878. Cette nomination était une consécration de 5o ans
de travaux, et dans le rapport fait par M. Boussingault sur ses œuvres on
j)eiit voir combien il était digne ^tl'étre notre Confrère. M. Damour s'était
spécialisé dans la recherche et dans l'analyse ) Les premiers travaux qu'il a communiqués à l'Académie datent
de i863, mais il ne fut élu Membre qu'en 1897.
» En sortant de l'École Centrale, il était entré dans le laboratoire de
M. Sainte-Claire Deville et, dans un pareil milieu, sa vocation s'était vite
décelée.
» Il voulait suivre les traces d'Ebelmeu et de Sénarmont, eu recher-
chant la genèse de la production des minéraux, et leur réalisation par des
procédés de laboratoire.
» Les résultats qu'il obtint dépassèrent toute attente; il produisit des
minéraux en cristaux mesurables, et son triomphe fut la |)réseritation, à
l'Exposition de 1900, d'une nombreuse série de pierres rares qu'il avait pu
faire sortir de ses fourneaux.
» M. Hautefeuille est mort jeune; il avait été le collaborateur de
MM. Fremy, Troost et Cailletet, et il laisse le souvenir d'un Confrère de
relations charmantes.
» Sa modestie a demandé qu'on ne fit [)as de discours sur sa tombe,
mais M. Sainte-Claire Deville a écrit autrefois sur ses travaux le Rapport
le plus élogieux et les minéralogistes conserveront sa mémoire.
» Messieurs, en dehors de nos Confrères, l'Académie a perdu un de ses
Correspondants, M. Fuchs; parler d'un analyste avec compétence ne
saurait appartenir qu'à un Membre de la Section de Géométrie, et je me
C. 11., i<)02, j- Semestre. (T. C\X\V, N- 26.) I^'
II 54 ACADÉMIE DES SCIENCES.
couvre du nom el de la science de M. Jordan en disant que sa mémoire
vivra surtout parce qu'il a été le précurseur de M. Poincaré. Notre Confrère
a ap\)e\é fonctions fuchsiennes les transcendantes nouvelles dont la décou-
verte a commencé sa réputation.
» Messieurs, j'ai terminé, l'àme quelque peu assombrie par tant de
deuils, par le départ de tant d'amis dont je ne pourrai plus serrer la main.
Mais, toute proportion gardée, ne devrait-il pas toujours en être ainsi? On
arrive souvent à l'Académie à un âge avancé, portant un bagage scienti-
fique qui donne presque la mesure de nos années. Par suite, nous pou-
vons ne faire ici qu'un stage; mais, ce qui nous rassure, nous qui aimions
l'Académie avant d'en laire partie, et plus encore aujourd'hui, c'est que,
grâce à des choix toujours guidés par de hautes considérations scienti-
fiques, ceux qui partent sont sûrs d'être bien remplacés; aux maîtres qui
s'en vont succéderont des savants devenant m;ùtres à leur tour.
» Ici on n'intrigue point pour avoir un gros traitement, on recherche
seulement l'honneur, et c'est pour cela que l'Institut, après loo ans écou-
lés, est encore toujours jeune, malgré l'âge de ses Membres. L'avenir lui
est assuré par les travaux de ceux qui viendront après nous. »
PRIX DÉCERNÉS.
ANNÉE 1902.
GEOMETRIE.
GRAND PRIX DES SCIENCES MATHÉMATIQUES.
(Commissaires : MM. Jordan; E. Picard, Poincaré, Appell,
Painlevé, rapporteurs.)
L'Académie avait proposé la question suivante: Perfectionner enun point
important V application de la théorie des groupes continus à la théorie des
équations aux dérivées partielles .
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE iy02. 1 1 55
Cinq Mémoires ont été présentés au concours.
L'auteur du Mémoire ii" 1, portant pour devise Araok bepred, aborde
l'étude des systèmes d'équations aux dérivées partielles d'une façon ori-
ginale. Considérons une fonction dépendant de n variables indépendantes
et d'une infinité de paramètres arbitraires. Il ptjurra se faire que cette
fonction satisfasse à un système d'équations aux dérivées partielles indé-
pendantes de ces paramètres et que l'on obtiendra par l'élimination de ces
paramètres. Réciproquement, l'intégrale i,'énérale d'un pareil système se
présentera sous la même forme et dépendra d'une infinité de constantes
arbitraires qui seront, par exemple, les valeurs initiales de certaines des
dérivées dites fondamentales. Soient a, l'une de ces dérivées et Xi^ l'une
des variables indépendantes; prenons pour valeurs initiales xi^=^ x'I et
soit a" la valeur de m, pour Xk=: x^. Alors z et, par conséquent, les m, seront
des fonctions des Xi,, des x^ et des u" :
M, = (,. Le choix des dérivées fonda-
mentales peut d'ailleurs être fait de façon que les m; se répartissent en suites
ascendantes, et que chacune fl'elles soit la dérivée par rapport à x^ de celle
qui vient après elle dans la même suite.
L'auteur cherche ensuite si parmi les intégrales il y en a qui corres-
pondent à un sous-grou[)e du groupe deDarbouxou à un sous-groupe de K.
et dont la présence, par conséquent, puisse faire espérer que le système pro-
posé est réductible. Soit U„ une pareille intégrale s'annulant pour £c ^ x^,
y = jo, ainsi que ses dérivées des n — i premiers ordres.
. , d\]„ ^ d\3„ .• j . . , •
Alors, — — et -^ — appartiendront au même sous-groupe, et, si ce sous-
groupe est de première classe, pour employer la terminologie de l'auteur,
on aura
ou nous supposons
Or, il arrive que le premier coefficient 7^„ est donné par une équation
algébrique tout à fait analogue à Véquation déterminante de Fuchs; cette
équation peut en même temps servir à définir les caractéristiques de
Monge.
Toute racine simple de cette équation nous donnera ainsi un sous-groupe
de première classe; malheureusement, nous avons vu que l'existence d'un
sous-groupe est une condition nécessaire, mais non suffisante de la réduc-
tibilité.
Les intégrales U^ forment alors ce que l'auteur appelle un cycle de
première classe ; a chaque racine simple de l'équation en Àj, ou à chaque
dVn
dfo
^ dV,, dV„+; , .^ dl]„+2
= A„ ~T~ '^i ^ -f- A,
dx„ dXf, - dxa
DUS
TT — ^Up+,
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. I I Sy
caractéristique simple de Monge correspond donc un de ces cycles; aux
racines multiples correspondraient alors des cycles de classe supérieure.
La fm du Mémoire est consacrée à l'étude de ces cycles.
Il faut maintenant porter un jugement d'ensemble sur ce travail. Pas de
résultat complet, quelques incorrections dues aune rédaction hâtive, mais
beaucoup de vues originales; peut-être quelques-uns des faits énoncés
ne sont-ils pas essentiellement nouveaux, mais ils sont rajeunis au point
d'être parfois méconnaissables, ils se groupent d'une façon inattendue et
par là s'éclairent mutuellement. Bien que rien ne puisse encore faire prévoir
si ces vues ingénieuses seront fécondes, la Commission estune qu'il y a lieu
de récompenser les remarquables qualités d'esprit dont l'auteur a fait
preuve en lui accordant une mention très honorable.
Passons au Mémoire n" 2, qui |)orte pour titre : Sur les invariants d'un
système des équations linéaires aux dérivées partielles, par 418727. L'auteur
considère un svstème de deux équations linéaires entre deux fonctions y
et z de deux variables a;, et x^ et leurs dérivées de premier ordre. Ce
système conserve sa forme quand on change de variables indépendantes ou
quand on fait subir à j et s, ou aux deux équations, une substitution
hnéaire. L'auteur forme les invariants correspondant à ces transformations
et en donne une interprétation géométrique ingénieuse. Ces résultats sont
importants, mais ils ne présentent pas cependant le même intérêt général
que ceux qui sont énoncés dans plusieurs autres Mémoires présentés au
Concours.
Le Mémoire inscrit sous le n° .3 a paru à la Commission digne d'être
signalé. L'auteur étudie les équations linéaires aux dérivées partielles du
second ordre avec n variables à deux points de vue principaux : il donne
d'abord une classification de ces équations, puis il cherche des méthodes
permettant de déduire d'une solution connue une aulre solution. Pour
classer les équations, il met leur premier membre sous forme d'une
somme de carrés symboliques lX'-(/) suivie de termes du premier
ordre, X/( / ) étant un opérateur de la forme
il dit alors que l'équation est régularisée. Le nombre des carrés symbo-
liques donne la classe de l'équation. L'exposé de la méthode est simplifié
II 58 ACADÉMIE DES SCIENCES.
par la considération de n vecteurs issus d'un même point dans l'espace
à n dimensions : suivant que ces vecteurs sont contenus dans un espace
à n, n — I, Ai — 2, . . . , 2, I dimensions, l'équation comprend n, n ^ \,
n — 2, . . . , 2, I carrés. Cette décomposition donne un moyeu de trouver
un opérateur qui permute les solutions. Si tous les opérateurs qui régula-
risent l'équation sont des transformations infinitésimales permutables
entre elles, celles-ci définissent un groupe de translation, et l'équation
peut être ramenée à avoir ses coefficients constants. Dans un supplément,
l'auteur s'occupe en particulier des équations à coefficients constants dont
il donne cerlaiues solutions sous forme de séries déduites, par la méthode
de Cauchy, de la formule de Fourier et contenant une fonction arbitraire.
Ce Mémoire trahit de l'inexpérience et un manque d'érudition : mais
il renferme des vues ingénieuses et nouvelles, et la Commission lui aurait
volontiers accordé une mention, s'il ne s'écartait pas par trop du sujet pro-
posé pour le prix.
L'extension des idées de Galois à la théorie des équations aux dérivées
partielles a vivement préoccupé les géomètres dans ces vingt dernières
années. Pour les équations linéaires ordinaires, cette extension résulte,
comme on sait, des travaux de M. Picard et de M. Vessiot. En ce qui con-
cerne les équations différentielles ordinaires quelconques ou, ce qui re-
vient au même, les équations linéaires aux dérivées partielles, des idées
très importantes ont été émises, il y a quelques années, par M. Drach, qui
a montré dans quelle voie devait s'orienter la théorie; toutefois, à cause
de certaines lacunes dans les énoncés et les démonstrations, il était né-
cessaire de reprendre la question. Les deux derniers Mémoires dont il
nous reste à parler ont consacré de nombreuses pages à cet important
problème.
Le Mémoire n° 4 a dû être écarté par la Commission comme inachevé,
bien qu'il fût loin d'être dépourvu d'imagination et de vues nouvelles.
Mais le tem|)sa fait évidemment défaut à l'auteur pour terminer son travail,
et la plupart des démonstrations se réfèrent à une suite du Mémoire qui ne
figure pas dans le manuscrit.
L'objet du Mémoire inscrit sous le n° 5 est la nature des intégrations aux-
quelles conduit l'application de la théorie des groupes aux systèmes diffé-
rentiels quelconques. On reconnaît de suite chez l'auteur une connaissance
approfondie des travaux de Sophus Lie et des géomètres qui se sont occupés
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. IiSq
de la th'^orie des groupes. Une partie étendue du Mémoire est consacrée à
un problème au sujet duquel l'illustre géomètre norvégien avait déjà
développé quelques idées générales. Quelle est la nature des intégrations
auxquelles on sera ramené pour résoudre un système différentiel admettant
un groupe continu G de transformations et qui est le plus général parmi
ceux qui satisfont à cette condition (système non spécial)? L'auteur montre
que le problème peut toujours se décomposer en deux : 1° intégration d'un
système auxiliaire ne présentant, au point de vue de la théorie des groupes,
aucune particularité; 2° intégration d'un système aulomorphe, c'est-à-dire
d'un système liont la solution générale se déduit d'une solution particu-
lière quelconque au moyen de la transformation générale de G. En der-
nière analyse, on doit trouver un représentant de chaque type de groupes
primitifs simples, et discuter l'intégration des systèmes automorphes ayant
pour groupes associés les divers groupes types obtenus. Si maintenant on
passe à des systèmes spéciaux, on doit se demander quelles sont les simpli-
fications que peut présenter l'intégration d'un système automorphe particu-
her. On est alors naturellement conduit à chercher à établir, pour fie tels
systèmes, une théorie analogue à la théorie des équations algébriques dues
à Calois; ici, en effet, le domaine de rationalité dans lequel on veut se
mouvoir joue un rôle essentiel, et c'est un point de vue laissé entièrement
de côté par Sophus Lie.
Avant de s'occuper des équations aux dérivées partielles, l'auteiu' du
Mémoire n° 5 revient d'abord longuement sur la théorie même de Galois
relative aux équations algébriques; la notion de système automor|)he lui
paraît jeter une lumière nouvelle sur la théorie de Galois, en mettant en
évidence le lien qui unit le point de vue de l'invariance formelle et celui
de l'invariance numérique. Étant donnée une équation algébrique
d'ordre n, que l'on regartle comme un système (S) de n équations entre
les racines, quel parti peut-on tirer de la connaissance de certaines autres
relations (A) entre ces racines, en supposant que l'on reste dans. un
domaine déterminé de rationalité? La discussion de cette question amène
à la considération d'un système de même nature que le système (S, A).
mais automorphe. La théorie de Galois se présente alors sous la forme
suivante : il existe un système automorphe rationnel, tel que tout sys-
tème (S, A) également rationnel admet toutes les solutions du premier dès
qu'il en admet une; le groupe de ce système automorphe est le groujie de
Galois.
Ceci va s'étendre aux équations linéaires et homogènes aux dérivées
Il6o ACADÉMIE DES SCIENCES.
partielles à n + i variables indépendantes ^ /, /„. On la considérera
comme un système anlomorphe (S) de n équations entre n fonctions indé-
pendantes x^, X., x,, (le groupe de ce système automorphe étant le
groupe ponctuel i^énéral); pour simplifier, nous supposons que le domaine
de rationalité est le domaine naUirel. La question fondamentale, pour notre
auteur, est de savoir quel parti l'on peut tirer, |)our l'intégration de (S), de
la connaissance de certaines relations (A), entre les fonctions, leurs déri-
vées et les variables indépendantes qui sont satisfaites pour quelque solu-
tion de (S). Il est ainsi conduit à la considération d'une série de systèmes
automorphes dont les groupes associés sont du même type, ces groupes
étant en général infinis. On peut d'ailleurs déterminer un système auto-
morphe de la série précédente, de telle sorte que Cf système admette une
solution donnée de (S), ce qui n'exigera que des opérations rationnelles,
si les valeurs des x, pour une valeur particulière / = t„ de t, se réduisent à
des fonctions rationnelles de t^,t., .... /„ et, en particulier, k 1^,(2, .... fn<
ce que l'auteur appelle la solution principale n^. Après ces préliminaires, il
est possible de discuter et de préciser la théorie esquissée par M. Drach,
pour le cas oîi l'équation donnée est spéciale, c'est-à-dire où il existe
quelque système de relations (A) rationnelles par rapport aux /, aux x et
leurs dérivées, qui soit compatible avec (S). L'auteur montre qu'on peut
se limiter aux systèmes (S, A) admetlant comme solution une même solu-
tion principale a^ de (S) et, parmi ceux-ci, à ceux qui sont aulomorplies.
On établit ensuite que, parmi ces derniers, il y en a un dont tous les autres
admettent les solutions; à ce système est associé un groupe G. qui est le
groupe de rationalité (le l'équation proposée. Le groupe associé à l'un quel-
conque des autres systèmes contient G : c'est un théorème analogue au
théorème célèbre de Galois. Le groupe G est relatif à la solution princi-
pale c;„. Le point qui, pour l'auteur, constitue une différence essentielle
entre la solution principale do (ou celles qui s'en déduisent par transtor-
malions ratiotuielles) et les autres est que, pour une solution résultant d'une
transformation T que nous pouvons appeler Tç„, il n'existe pas, en général,
de système rationnel admettant seulement pour solution Tig et ses trans-
formées parles transformations du groupe T"' GT. L'auteur attache une
grande importance à la considération des solutions principales (ou leurs
transformées rationnelles) et écrit même que la théorie peut se faire seule-
ment avec ces solutions. On peut émettre quelque doute à ce sujet, et la
théorie pourrait probablement être présentée d'une manière plus large ; la
notion de groupe de rationalité de l'équation ne s'en trouverait d'ailleurs
SÉANCE DU 2 2 DÉCEMBRE 1902. Il6r
pas modifiée. Tonte cette partie du Mémoire forme un ensemble très cohé-
rent et très complet; il comble entièrement les lacunes qui subsistaient
dans l'importante question ouverte par M. Drach pour les équations
linéaires aux dérivées partielles.
» Avec une équation linéaire aux dérivées partielles, nous avions
affaire, en définitive, à un système automorphe dont le groupe était le
groupe général. Pour d'autres systèmes automorphes, l'extension de la
théorie de Galois présente certaines difficultés signalées par l'auteur.
Nous n'avons insisté que sur les grandes lignes du Mémoire très étendu
inscrit sous le n" 5. C'est un travail extrêmement soigné, s'attaquant à des
questions d'un caractère général, où l'auteur tire un très heureux parti de
son érudition considérable dans la théorie des groupes et apporte une
importante contribution à cette théorie si fondamentale dans la Science
mathématique à notre époque. La Commission est unanime à lui accorder
le grand prix des Sciences mathématiques.
En résumé, nous proposons d'accorder le grand prix des Sciences
mathématiques à l'auteur du Mémoire inscrit sous le n° 5 et portant pour
devise :
Es liegl in der Naliir der Sache (Sophus Lie),
el une mention très honorable au Mémoire inscrit sous le n° 1 et portant
pour devise :
Araok bepred.
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.
M. le Président ouvre en séance le pli cacheté annexé au Mémoire n° 5
qui porte la devise :
Es liegl in der Natur der Sache (Sophus Lie).
L'auteur du Mémoire couronné est M. Ernest Vessiot, professeur à
l'Université de Lyon.
Sur la demande de l'auteur du Mémoire inscrit sous le n" 1, il est pro-
cédé à l'ouverture du pli cacheté qui s'y trouve annexé.
L'auteur de ce Mémoire, qui a obtenu une mention très honorable, est
M. Jean Le Roux, Chargé de coursa la Faculté des Sciences de Rennes.
C. R., 1902, 2» Semestre, (T. CXXXV, N" 25.) ' -^2
Il62 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PRIX BORDIN.
(Commissaires : MM. Poincaré, Painlevé, Emile Picard, Jordan;
Darboux, rapporteur.)
L'Académie avait mis au concours, pour le prix Bordin de 1902, la
question suivante :
Développer et perfectionner la théorie des surjaces applicables sur le parabo-
loïde de révolution .
Un seul Mémoire a été envoyé au concours. Il porte la devise suivante :
Pour vous parler franchement de la Géométrie, je la trouve le plus haut exercice de
l'esprit.
L'auteur y rattache de la manière la plus ingénieuse et la plus élégante
la détermination des surfaces applicables sur le paraboloïde à la considé-
ration de certains systèmes orthogonaux dans le plan dont l'étude paraît
offrir un réel intérêt. Mais il se contente de déterminer parce procédé nou-
veau l'équation en termes finis des surfaces dont l'Académie proposait
l'étude aux géomètres. Il retrouve en particulier les formules qui ont déjà
été données par l'un de nous; mais il n'aborde la solution d'aucune des
questions dont l'Académie espérait la solution : détermination de celles
des surfaces qui passent par un contour donné, recherche de celles qui
sont algébriques, etc. Pour ces motifs votre Commission ne peut vous
proposer de décerner le prix Bordin. Mais, tenant compte de l'élégance et
de la symétrie de ses calculs, elle vous propose d'accorder à l'auteur une
mention honorable et de maintenir au concours pour 1904 la question qui
avait été proposée cette année.
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées par l'Académie.
Sur la demande de l'auteur, le pli cacheté annexé au Mémoire est ouvert
en séance par M. le Président.
L'auteur du Mémoire est M. de Tannenberg, professeur à la Faculté
des Sciences de Bordeaux.
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. I l63
PRIX FRANCOEUR.
(Commissaires : MM, Poincaré, Emile Picard, Appell, Jordan;
Darboux, rapporteur.)
L'Académie décerne le prix Francœur à M. Emile Lemoine, pour l'en-
semble de ses travaux de Géométrie.
PRIX PONCELET.
(Commissaires : MM. Poincaré, Emile Picard, Jordan, Appell;
Darboux, rapporteur.)
L'Académie décerne le prix Poncelet à M. Maurice d'Ocagne, pour ses
travaux Sur la Nomographie.
MECANIQUE.
PRIX EXTRAORDINAIRE DE SIX MILLE FRANCS.
(Commissaires : MM. Guyou, Maurice Levy, de Bussy, Sebert,
Bouquet de la Grye.)
La Commission propose de donner un prix de quatre mille francs à
M. RoMAzoTTi pour l'ensemble de ses travaux relatifs aux bateaux sous-
marins, et un prix de deux mille francs à M. Driencourt,
Rapport sur les travaux de M. Driencourt, par M. Guvou.
Les travaux hydrographiques les plus importants effectués par
M. Driencourt ont eu pour objet le levé d'une partie de la côte nord-
ouest et de la côte ouest de Madagascar.
Les campagnes de 1891 et 1892 ont été consacrées au levé de la partie
de la côte nord-ouest qui s'étend de Nosy Lava (à l'entrée de la baie de
Il65 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Narendry) jusqu'au cap Tanjona, sur une longueur de i4o milles marins;
en y comprenant les deux grandes baies de Bombétoke et de Mahajamba,
le développement total du rivage exploré n'est pas inférieur à 32o milles.
Le résultat de ce travail a été la publication de 5 Cartes, dont 3 Cartes
d'atterrissage, et d'une Notice hydrognipbique contenant des rensei-
gnements sur la climatologie et la navigation. C'est grâce à ces Cartes que
l'expédition de Madagascar a pu être entreprise par Majunga, dont la rade
n'avait été jusque-là visitée par aucun grand bâtiment.
Tout le levé s'appuie sur une triangulation continue comportant une
mesure de base, et des observations d'azimut, de latitudes et, à litre de
vérification, de longitudes par le transport du temps. Cette triangulation
se rattache, à son extrémité nord, à celle que M. l'uigénieur hydrographe
Favé avait exécutée antérieurement en partant de Diego-Suarez. Les opé-
rations ont présenté des difficultés exceptionnelles résultant de la nature
de la côte, souvent boi'dée de palétuviers, en arrière de laquelle s'élèvent
progressivement des plateaux couverts d'épaisses forêts qui rendent très
laborieuse la recherche des points culminants.
Mais ces difficultés n'étaient rien en comparaison de celles que réservait
l'exploration du plateau des sondes. Madagascar est entourée d'une sorte
de mer intérieure, limitée au large par un récif noyé, en quelques points
duquel il ne reste que 3" d'eau à basse mer, et dont les coupures consti-
tuent des passes dont il était indispensable de déterminer, avec précision,
les limites et la profondeur. En face des baies de Bombétoke et de Maha-
jamba, où débouchent les plus grands fleuves de Madagascar, le récif est
repoussé au large par les eaux douces et s'écarte jusqu'à 22 milles du
rivage. On se rend compte aisément des difficultés que présentait la liaison
trigonométrique de points aussi éloignés avec une côte de faible élévation,
où l'on pouvait à peine discerner un petit nombre de points saillants. Ces
obstacles ont été surmontés avec plein succès; il n'a pas été nécessaire de
recourir aux observations astronomiques à la mer, et les Cartes de
M. Driencourt présentent toute la précision des levés faits en vue de terre
dans les conditions normales. La surface sondée est de 2000 milles carrés;
l'espacement moyen des profils est d'un demi-mille.
La reconnaissance des côtes de Madagascar, interrompue par l'expédi-
tion militaire, fut reprise en 1899 sur la demande du général Galliéni.
En abordant le levé de la côte' ouest, on allait se trouver en présence
de difficultés analogues à celles qu'avait présentées la côte nord-ouest,
mais singulièrement accrues parle plus grand éloignement du récif bar-
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE I902. I l65
rière, qui s'écarte jusqu'à 80 milles du rivage, et par la nature de la côte,
basse et marécageuse, qui avoisine le cap Saint-André. C'est à M. Drien-
court que fut confiée la mission de commencer ce nouveau travail, qui se
présentait dans des conditions si défavorables. Un bâtiment, la Rance,
fut armé spécialement pour celte campagne; M. Driencourt s'occupa acti-
vement de son installation pour en faire un bâtiment hydrographe offrant
tous les moyens de travailles plus perfectionnés. Un matériel considérable
de balises flottantes destinées à former, sur les immenses étendues du banc
dePracel, un véritable réseau permettant de prolonger la triangulation
bien au delà de la vue des terres, avait été construit sur les indications de
M. Hanusse; M. Driencourt étudia avec soin, dans tous ses détails, le fonc-
tionnement de ces fragiles engins, sur lesquels allait reposer la plus grande
partie du travail à la mer.
En attendantl'époque favorable pour attaquer la côte ouest, la nouvelle
mission fit un levé très détaillé de la côte sud deNossi-Bé et de ses abords,
et entreprit la reconnaissance de la grande baie d'Ampasindava, qui fut
achevée aux deux tiers. Ce travail fut relié à la triangulation de M. Favé.
Avant d'entreprendre les sondes au large du cap Saint-André, il fallait
d'abord i)rolonger la triangulation de 1891-1892, qui s'arrêtait à la baie
de Baly. Déjà M. Driencourt avait parcouru toute la région basse et insa-
lubre du cap Saint-André, de Baly à Nosy-Volavo, placé les signaux et fait
les stations provisoires, lorsque, au moment d'entreprendre les observa-
tions définitives, il fut terrassé par un accès pernicieux qui mit ses jours
en danger, et l'obligea à rentrer en France sans avoir recueilli le fruit des
fatigues exceptionnelles qu'il venait de subir.
Dans l'exécution de ces importants travaux, M. Driencourt avait pour
collaborateurs de jeunes officiers de marine animés de la meilleure volonté,
mais manquant d'expérience dans ce genre d'opérations. C'est ainsi qu'il a
été conduit à modifier les méthodes classiques en Hydrographie pour leur
donner le plus d'analogie possible avec les procédés familiers aux naviga-
teurs. L'emploi simultané du calcul et de la construction graphique, que
M. Hatt avait inauguré pour la détermination des coordonnées linéaires, a
été développé par M. Driencourt, et des abaques destinés à simplifier ou
à contrôler les calculs ont été mis en service. D'autre part, la précision
des constructions graphiques a été notablement accrue par le perfection-
nement de l'abatpie en usage pour la construction des segments capables
sur laquelle repose la rédaction de tout le travail à la mer.
Sur le terrain, l'action de M. Driencourt n'a pas été moins heureuse. Il
Il66 ACADEMIE DES SCIENCES.
a perfectionné et systématisé les procédés employés pour l'exploration du
relief sous-marin, notamment pour la recherche des têtes de roche dans
les régions à courants et dans les eaux troubles, et l'étude des chenaux
dans les fonds rocheux.
De ses campagnes à Madagascar M. Drienconrt a rapporté de nom-
breuses observations de m;irée. Le premier, en France, il a appliqué les
méthodes indiquées par M. Darwin pour le calcul des constantes harmo-
niques au moyen de courtes périodes d'observations. Les résultats qu'il a
obtenus ont permis au Service hydrographique d'entreprendre la publica-
tion d'un Annuaire des marées de l'océan Indien.
Outre ses campagnes de Madagascar, M. Driencourt a pris part à un
grand nombre de missions hydrographiques sur toutes les côtes de France,
et en Tunisie. Sur la côte sud de France en particulier, où, pour la pre-
mière fois, s'est posé le problème de plans hydrographiques à très grande
échelle, il a montré comment les méthodes habituelles permettent, moyen-
nant quelques précautions, d'obtenir toute la précision désirable.
Enfin, M. Driencourt, en dehors de ses travaux hydrographiques pro-
prement dits, a pris part à deux importantes missions entreprises sous les
auspices du Bureau des Longitudes. La première, dirigée par M. Bouquet
delà Grye, en i885, avait j)our but la détermination des différences de
longitude de Dakar, Saint-Louis, Santa-Cruz de Ténériffe et Cadix, ainsi
que des latitudes des deux premiers points ; les résultats en ont été insérés
dans les Annales du Bureau des Longitudes. La seconde mission, où
M. Driencourt collaborait avec MM. Hatt et Perrotin, a déterminé les
différences de h ngitude d'Ajaccio, l'Ile-Rousse et Nice. Les résultats ont
été publiés dans les Annales de l'Observatoire de Nice.
Votre Commission estime que, par cet ensemble d'importants travaux
exécutés avec un talent remarquable, M. Driexcourt a rendu de grands
services à la navigation en général et en particulier à la marine militaire.
Elle vous propose, pour cette raison, de lui décerner un prix sur les fonds
mis à la disposition de l'Académie pour récompenser les travaux de nature
à accroître l'efficacité de nos forces navales.
Les propositions de la Commission sont adoptées par l'Académie.
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. I 167
PRIX MONTYON.
(Commissaires : MM. T-éauté, Sarrau, Boussinesq, Sebert;
Maurice Levy, rapporteur.)
La Commission décerne le prix à M. le commandant Hartmann, pour
les expériences à l'aide desquelles il a su faire apparaître à la surface
des corps élastiques les lignes de glissement produites dans leurs défor-
mations.
Les anciennes expériences de Tresca, sur ce qu'il a appelé Vëcoidement
des corps solides, ne fournissaient pas directement ces lignes. La méthode
de Tresca consistait, en effet, à tracer à la surface du corps soumis à
l'épreuve deux réseaux de droites rectangulaires et à observer leurs trans-
formées après déformation. Ce sont donc deux séries de lignes choisies
arbitrairement qu'il observait. Il a cru pouvoir conclure de l'ensemble de
ses observations que les lignes de rupture se produisent lorsque la rési-
stance au cisaillement est atteinte ou légèrement dépassée sur tous les
points du corps.
Cette hypothèse a été développée sous forme mathématique, en 1869,
par M. de Saint-Venant, dans le cas des déformations planes, et par deux
d'entre nous, dans le cas le plus général et, plus particulièrement, dans
celui d'une déformation symétrique autour d'un axe.
En i883, M. le capitaine Duguet, dans un Ouvrage remarquable à plus
d'un titre, exprime la pensée qu'outre le cisaillement intervient un froUe-
ment moléculaire. Mais cette pensée, bien qu'appuyée de considérations
plausibles, restait à l'état d'hypothèse. Ce sont les expériences de M. Hart-
mann qui ont tranché la question par l'affirmative.
En effet, la théorie du cisaillement pur aurait pour conséquence que les
deux systèmes de lignes de rupture seraient partout inclinées à 4^° sur
une force principale supposée unique. Or, il résulte des observations de
M. Hartmann que ces deux systèmes de lignes ont : celles de l'un des sys-
tèmes, une inclinaison un peu supérieure et celles de l'autre, une incli-
naison un peu inférieure à 45°. Et ceci ne peut s'expliquer que par l'inter-
vention du'n frottement intérieur.
Depuis, ce frottement s'est montré dans beaucoup de phénomènes élas-
tiques, et tout récemment il a été invoqué comme un facteur important et
Il68 ACADÉMIE DES SCIENCES.
souvent essentiel dans les belles recherches théoriques et expérimentales
lie notre Correspondant, M. Considère, sur la résistance du ciment armé.
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.
PRIX PLUMEY.
(Commissaires : MM. Guyou, Sarrau, Léauté, Sebert;
Maurice Levy, rapporteur.)
L'Académie décerne le prix Plumey à M. le colonel Rexard, pour
l'ensemble de ses travaux.
ASTRONOMIE.
PRI\ PIERRE GUZMAN.
(Commissaires ; MM. Janssen, Lœwy, Callandreau, Wolf, Radau.)
Le prix n'est pas décerné.
PRIX LALANDE.
(Commissaires : MM. Wolf, Janssen, Callandreau, Radau;
Lœwy, rapporteur.)
L'Académie connaît depuis longtemps les titres scientifiques élevés de
M. Trépied, Directeur de l'Observatoire d'Alger. Elle sait qu'il est, parmi
les Astronomes français, l'un des plus savants et des plus actifs; elle se
souvient d'avoir été à même d'apprécier, en maintes circonstances, la
valeur et la portée de ses travaux concernant diverses branches de
l'Astronomie.
Dans ces dernières années surtout, les services rendus par M. Trépied
à la Science française ont été considérables. Une collaboration directe et
des plus fructueuses à des œuvres de première importance, telles que la
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE I902. I 169
Carte photographique du Ciel et la recherche d'une valeur définitive de la
parallaxe solaire au moyen de la planète Éros, lui a fourni l'occasion
d'études personnelles poursuivies avec une persévérante habileté sur des
questions délicates et difficiles, par exemple sur la détermination des
£;randeurs photographiques des étoiles et les méthodes à employer dans le
but de tirer d'un cliché stellaire tout ce qu'il renferme d'utilisable pour
l'Astronomie.
Nous ne saurions trop insister sur le rôle si important joué par M. Tré-
pied, en qualité de Secrétaire général, dans les Conférences où furent
posées les bases et discutées les conditions d'accomplissement des deux
grandes entreprises que nous venons de rappeler. Par son initiative, par
son action incessante et souvent décisive, il a contribué puissamment à
réaliser l'entente mémorable qui s'est établie, vers la fin du xix' siècle,
entre les savants de toutes les nations, dans le dessein d'étendre el d'enri-
chir, avec le secours de la Photographie, le domaine de l'Astronomie
stellaire.
Enfin, tout récemment encore, M. Trépied a terminé de belles études
qui achèvent de mettre en lumière les services que la science du Ciel doit
recevoir de la Carie photographique, en montrant les applications nou-
velles, inattendues et fécondes, qui en sortiront.
La Commission, désirant honorer par un témoignage de haute estime
l'ensemble de tous les travaux distingués accomplis par M. Tuépied, vous
propose de décerner à cet astronome le prix fondé par Jérôme de Lalande.
L'Académie adopte les conclusions de ce Rapport.
PRIX VALZ.
(Commissaires : MM. Janssen, Callandreau, Wolf, Radau;
Lœwy, rapporteur.)
M. Hartwig, Directeur de l'Observatoire de Bamberg, a clfectué de
nombreux travaux scientifiques d'une grande valeur auxquels il convient
d'ajouter la découverte de deux comètes, découverte qu'il a eu la bonne
fortune de faire au début de sa carrière.
M. Hariwig est l'un des plus habiles observateurs à l'héliomètre, instru-
ment d'une nature complexe, aussi précieux que difficile à employer. A
l'aide de cet appareil, il a obtenu une déteriiîinalion très exacte des dio-
C. K.. 1902, -i- Semestre. (T. CXXXV, N« 25 ) '•'•3
Iiyo ACADEMIE DES SCIENCES.
mètres de Vénus et de Mars. Tout récemment, à l'occasion de l'entreprise
internationale ayant pour but une nouvelle détermination de la parallaxe
solaire, M. Hartwig est parvenu, grâce à la puissance particulière de son
héliomètre et à sa grande expérience, à réaliser une belle série de posi-
tions précises de la planète Éros, alors que, avec les instruments ana-
logues, en raison du faible éclat de la planète, aucune autre tentative n'a
été couronnée de succès.
L'étude des étoiles variables acquiert de jour en jour une plus haute
importance dans la Science astronomique, et M. Hartwig est un des plus
assidus et des plus renommés observateurs de ces objets célestes. Il a
enrichi ce domaine scientifique de longues séries d'observations, accom-
plies dans d'excellentes conditions et qui l'ont conduit à de nombreux
résultats intéressants. Dans cet ordre d'idées, il a fourni un contingent
notable d'estimations soigneuses de la grandeur de la planète Eros, astre
dont l'éclat a présenté des variations très surprenantes.
Ce savant publie annuellement, depuis 1892, dans la revue trimestrielle
de V Astronomische Gesellschaft, les éphémérides des étoiles variables d'après
les éléments basés, en majeure partie, sur ses propres observations, élé-
ments qui ont rendu souvent de sérieux services dans la rédaction du Cha-
pitre consacré aux étoiles variables dans Y Annuaire du Bureau des
Longitudes.
La Commission propose de décerner le prix Valz à M. Hartwig, l'émi-
nent auteur de ces beaux travaux.
L'Académie adopte les conclusions de ce Rapport.
PRIX DAMOISEAU.
(Commissaires : MM. Callandreau, Radau, Wolf, Janssen;
Lœwy, rapporteur, j
Le souvenir des recherches si brillantes et si fécondes de Le Verrier,
dans le domaine de la Mécanique céleste, subsiste encore dans la mémoire
de tous les savants. Les théories planétaires de l'illustre astronome ont été,
pendant de longues années, la base unique des éphémérides astrono-
miques du monde entier. Aujourd'hui encore, les calculs de la Connais-
sance des Temps sont fondés sur ces travaux célèbres qui permettent de
calculer, pour une époque donnée, les lieux occupés dans l'espace par les
grosses planètes du système solaire.
SÉANCE UU 22 DÉCEMBRE 1902. II71
Malheureusement une difficulté sérieuse a surgi, menaçant de détruire
l'unité de l'œuvre qui nous a été léguée. La théorie du mouvement de
Saturne, achevée dans les dernières années de la vie de Le Verrier, accu-
sait certaines imperfections ([ui ont beaucoup préoccupé les astronomes :
les positions calculées différaient sensiblement des positions réelles de
l'astre. On se demandait si ce désaccord devait être attribué à une erreur
théorique ou à une cause physique qu'il fallait découvrir.
Après la mort de Le Verrier, M. Gahlot, actuellement Sous-Directeur
de l'Observatoire de Paris, entreprit de rechercher les causes des ano-
malies constatées. Pour atteindre ce but il fallait non seulement refaire
complètement la théorie de Saturne, mais encore l'aborder par une
méthode plus efficace, dont Le Verrier n'avait fait malheureusement
qu'une application trop sommaire, et qui donne la faculté d'atteindre un
degré d'approximation plus élevé.
Dans le calcul des perturbations périodiques de Saturne par Jupiter,
Le Verrier s'était arrêté aux termes qui sont de second ordre par rapport
aux masses, ce qui était insuffisant dans le cas donné. Il était donc néces-
saire de pousser l'approximation plus loin. L'emploi de la méthode d'inter-
polation a fourni à M. Gaillot le moyen d'arriver à ce résultat.
Par une application rigoureuse et complète de cette méthode, il a obtenu,
sans aucune omission, l'ensemble de tous les termes du premier, du
deuxième et du troisième ordre par rapport aux masses et, en outre, tous
ceux d'ordre supérieur au troisième qui dépendent directement du premier
et du second. Enfin, par une nouvelle approximation, il a fait entrer en
ligne de compte un certain nombre de termes encore sensibles du qua-
trième ordre par rapport aux masses.
Les Tables des perturbations, basées sur l'ensemble des résultats obtenus
par ces deux calculs successifs, lui ont jjermis de représenter le mouve-
ment de Saturne d'une manière complètement satisfaisante : les valeurs
moyennes des écarts entre les positions calculées et les positions observées
de fjSi à 189g ne dépassent guère les limites des erreurs moyennes des
observations.
Actuellement, toute la partie théorique du travail est complètement
terminée et imprimée.
Le sujet mis au concours pour le prix Damoiseau se trouve donc traité
d'une manière magistrale par M. Gaillot, et le progrès scientifique que
l'Académie avait en vue a été réalisé dans des conditions qui fout le plus
grand honneur à l'Astronomie française. Pour couronner des efforts aussi
II 72 ACADEMIE DES SCIENCES.
raùritants !u Commission propose de décerner ii M. Csaillot le prix
Damoiseau.
L'Académie adopte les conclusions de ce Rapport.
PRIX JANSSEN (Médaille d'or).
(Commissaires : MM. Lœwy, Woif, Callandreau, Rad.uj. ;
Janssen, rapporteur.)
Ce prix est accordé à M. le Comte Aymar de la Baume-Pluvinei, pour
ses travaux en Astronomie physique et les importantes missions qu'il a
exécutées à ses frais, à la demande et avec les instructions de M. Janssen.
La carrière scientifique de M. le Comte de la Baume-Pliivinel est déjà
longue.
Dès I 882, nous le voyons attaché à la mission de notre regretté Confrère
d'Abbadie pour l'observation, à l'île de Haïti, du passage de la planète
Vénus de 1882.
D'Abbadie s'est grandement loué de l'assistance précieuse qu'il reçut en
cette circonstance de M. de la Baume-Pluvinel.
En 1887, M. de la Banme-Pluvinel ne craignit pas de faire un long et
coûteux voyage en Russie, à Tver près de Moscou, pour y observer une
éclipse totale. Malheureusement l'état du ciel, au moment du phénomène,
ne favorisa pas le dévoué et zélé observateur.
En 1889, M. de la Baume-Pluvinel recevait du Bureau des Longitudes
la mission d'aller observer aux îles du Salut l'éclipsé totale du 23 dé-
cembre 1889.
M. de la Baume-Pluvinel fit alors l'importante constatation que la struc-
ture de la couronne rappelait celles de 1867 et 1878, ce qui établissait
une relation entre les phénomènes extra-solaires et la fréquence des taches,
relation que j'avais eu l'occasion de signaler à propos de l'éclipsé de 1 87 1 ,
observée aux Indes.
M. de la Baume-Pluvinel signale à cette occasion la forme curviligne des
aigrettes dans la couronne, qu'il considère avec raison comme due à
l'existence d'une force de projection combinée avec la rotation du Soleil.
Pendant l'éclipsé annulaire du 17 juin 1890, M. de la Baume-Pluvinel
nous rapportait un spectre de l'extrême bord du Soleil, lequel, comparé à
celui du centie, ne montrait aucune accentuation des bandes d'absorption
SÉANCE 2U '!•>. DÉCEMBRE 1902. II73
de l'oxygène, ce qui démontre une fois de plus que, si l'oxygène existe dans
le Soleil, il ne s'y trouve pas dans \élal où il existe dans notre atmosphère.
En 1893, le 16 avril, une éclipse totale avait lieu au Sénégal. M. de la
Baume-Pluvinel, empêché par des affaires de famille d'aller lui-même
observer cette éclipse, voulut faire les frais d'une mission que nous con-
fiâmes à M. Pasteur, Chef de la Photographie à l'Observatoire de Meudon.
M. Pasteur rapporta de cette mission des photographies du spectre de la
couronne qui montrent que celle-ci contient incontestablement de la
lumière solaire réfléchie par elle et qu'en conséquence elle est bien un
objet réel.
Le 5 septembre 1898, M. de la Baume-Pluvinel voulait bien, à ma
demande, monter au mont Blanc et y obtenait, vers midi, des spectres
solaires qui, rapprochés de ceux pris dans les mêmes circonstances à Paris,
à Chamonix, montrent incontestablement l'origine tellurique des raies et
bandes de l'oxygène.
Ajoutons qu'en 1900 et 1902 eurent lieu d'importantes éclipses en
Espagne, à Sumatra et en Egypte, qui toutes furent observées par M. de la
Baume-Pluvinel. Celle d'Egypte, notamment, donna un très intéressant
résultat en confirmant ce que nous savi(ms sur l'extrême rareté de l'atmo-
sphère lunaire, s'il en existe une.
A la suite de son observation, M. de la Baume-Pluvinel partit pour la
haute Egypte, où il fit d'importantes observations d'analyse spectrale.
Tous ces travaux, toutes ces missions suffiraient surabondamment pour
mériter la médaille que nous prions l'Académie d'accorder à M. de la
Baume-Plcvinel, mais nous devons ajouter que l'on doit encore à M. delà
Baume-Pluvinel de très intéressants Ouvrages de Photographie théorique
et pratique qui ont été grandement appréciés.
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.
Encouragement et une médaille Janssen accordés au D*" Jean Bixor.
iVI. le D'' Jean Binot, chef de laboratoire à l'Institut Pasteur, a accompli,
dans le massif du mont Blanc et au sommet même de cette montagne, des
travaux très intéressants de Bactériologie.
Des fouilles méthodiques et habilement distribuées dans le massif du
mont Blanc lui ont permis de rec.ieillir des échantillons de colonies en-
tières de microbes appartenant à des espèces variées.
Ces échantillons placés dans des bouillons de culture sont revenus à la
II 74 ACADÉMIE DES SCIENCES.
vie, ce qui démonlre la vitalité extraordinaire de ces êtres. Il sera d'un
haut intérêt de continuer ces études relativement à des colonies existant
dans des parties encore plus anciennes du glacier.
L'année dernière, une grande éclipse totale avait lieu, comme on sait,
en Asie.
A ma demande, M. le D'' Binot, muni d'un bon appareil photographique
et après s'être exercé à l'Observatoire de Meudon, partit, muni d'une
mission gratuite du Ministre de l'Instruction publique, pour l'île de France,
où les chances de beau temps étaient les plus grandes, et nous rapporta
une belle photographie de la couronne qui a été présentée à l'Académie
et figure dans nos Comptes rendus.
Ces travaux et ces services rendus à la Science justifient pleinement
l'encouragement que l'Académie accorde au D"^ Jeax Bixot.
Je demande à l'Académie d'y joindre ma médaille en vermeil.
Ces conclusions sont adoptées.
GEOGRAPHIE ET NAVIGATION.
PRIX BINOUX.
(Commissaires : MM. Guyou, Bouquet de la Grye, Grandidier, de Bussy,
Bassot.)
La Commission partage le prix entre MM. Claude, Marcel Monnier,
Delpeuch.
Rapport sur les travaux de M. Claude, par M. Gcvor.
Les instruments dont disposent les voyageurs et les géographes pour
la détermination des coordonnées du zénith sur la sphère céleste, théodo-
lite et instruments à réflexion, sont loin d'offrir toute la précision dési-
rable. Pour les opérations qui demandent une grande exactitude, on est
forcé de recourir aux instruments, tels que le cercle méridien, qui exigent
la construction d'un petit observatoire, opération souvent impraticable. Il
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. II75
manquait un instrument à la fois portatif et facile à installer comme les
premiers et susceptible, comme les seconds, de donner une grande préci-
sion. L'astrolabe à prisme de M. Claude vient combler cette lacune.
La méthode à laquelle cet instrument est destiné est celle des hauteurs
égales. Cette méthode a été, comme l'on sait, imaginée par Gauss pour
s'affranchir, dans les observations au sextant, des erreurs instrumentales.
Généralisée par Anger et Rnorr, elle constitue encore actuellement le moyeu
théoriquement le plus exact de déterminer à la fois l'heure et la latitude.
Mais il s'en faut que le sextant remplisse toutes les conditions imposées
par elle pour donner les meilleurs résultats.
Le faible grossissement de la lunette et les difficultés que présente l'opc-
ration ne permettent pas d'obtenir des observations suffisamment pré-
cises, ni en assez grand nombre pour atténuer l'influence des erreurs.
Aussi cette méthode a-t-elle été presque complètement abandonnée, malgré
les louables efforts tentés par quelques observateurs et notamment en
France par le commandant Perrin.
L'astrolabe de M. Claude est affranchi de tous ces inconvénients. Il est
aussi transportable et facile à installer que le petit théodolite de campagne.
L'usage en est assez simple pour qu'une séance suffise pour exercer un
observateur.
Enfin le grossissement de la lunette, qui peut aller jusqu'à 65 fois, per-
met de saisir avec une très grande précision le contact des images d'une
même étoile, directe et réfléchie dans un bain de mercure.
T/instrument ne peut mesurer, il est vrai, qu'une hauteur déterminée
(environ 60"); mais, comme on peut y apercevoir par temps clair jus-
qu'aux étoiles de la 'j'^ grandeur, le nombre des étoiles observables dans
une séance de i heure est considérable.
Il résulte de là que, dans une seule séance relativement courte, l'obser-
vateur peut recueillir des observations déjà très précises, individuellement,
et dont le grand nombre permet en outre d'atténuer, dans une grande pro-
portion, les erreurs accidentelles.
Les expériences déjà nombreuses qui ont été faites avec cet instrument,
par différents observateurs, montrent qu'il permet de déterminer la posi-
tion du zénith sur la sphère céleste à moins de i seconde d'arc, abstrac-
tion faite, bien entendu, de l'erreur personnelle.
L'astrolabe de M. Claude consiste en un prisme droit de flint, à base
triangulaire équilatérale, dont deux faces renvoient horizontalement dans
une lunette les rayons émanant d'une étoile et de son image réfléchie dans
11^6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
un bain de mercure. L'observation consiste à noter l'inslant précis où les
deux images passenten coïncidence; grâce au grossissement, le mouvement
relatif des deux images est rendu i3o fois plus rapide que celui de l'étoile.
L'ensemble du prisme avec la lunette pivole autour d'un axe vertical
monté sur un plateau horizontal en aluminium, mobile lui-même autour
d'un axe vertical, et qui peut être orienté dans un azimut quelconque à
l'aide d'un index et d'un cercle divisé.
Le bain de mercure repose sur le plateau horizontal ; cette disposition,
qui a beaucoup facilité l'emploi de l'astrolabe, a été suggérée à l'inventeur
par M. l'Ingénieur hydrographe Driencourt.
L'instrument exige une optique très soignée pour que les images soient
bien nettes. Ce résultat est aujourd'hui atteint couramment par M. Vion.
Les avantages que nous avons énumérés plus haut font, de l'astrolabe à
prisme de M. Claude, l'instrument de voyage par excellence. Les deux [dus
importants Établissements géographiques de France, le Service géogra-
phique de l'Armée et le Service hydrographique delà Marine, l'ont adopté.
Son usage ne peut manquer de se généraliser rapidement à l'étranger.
M. Claude a donc rendu à la Géographie le très grand service de la
doter d'un instrument nouveau qui, tout en étant aussi maniable que ceux
dont disposaient les voyageurs, atteint une précision comparable a celle
des grands instruments astronomiques.
Votre Commission propose de lui donner un prix sur les fonds du prix
Binoux.
Rapport sur les travaux de M. Marcel Monnier, par M. Alfhed Grandidier.
Déjà connu par ses voyages en Amérique et en Afrique, M. Marcel
MoxNiER est parti en novembre 1894 pour l'Asie, où il a successivement
exploré l'Indo-Chine, la province chinoise de Kouang-Si, le Japon et la
Chine, allant de l'est à l'ouest jusqu'au Tonkin, puis du snd-ouist au nord-
est jusqu'en Corée où il a suivi un itinéraire nouveau. Remontant alors le
fleuve Amour et traversant le massif de l'Altaï, la steppe Rirghise, le Fer-
çhanat, la Perse, le Caucase et la Russie, il est rentré en France en
juillet 1898, ayant parcouru sur le continent asiatique plus de 3oooo'''",
dont loooo"^'" à cheval. Il a levé à la boussole iSSSi""" : le Yang-tsé
(d'I-tchang à Tchoung-Ring) et la route jusqu'au fleuve Rouge, soit 270o'>°';
Soo''™ en Corée, de la mer Jaune à la mer du Japon; 8937''" de Ourga à
Babylone, et 1444'^'" du golfe Persique à la mer Caspienne.
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. lf]J
C'est \\ série de levers faits pendant ce lonç et intéressant voyage c|ue
la Commission dn prix Binoux [)ropose à l'Académie de récompenser. Ces
levers ont été publiés sous le patronage de la Société de Géographie, dans
un Atlas qui contient :<8 c;irtes, 7 à — '— , 2 à ^^^ et 19 à y^,. Ce
sont principalement les feuilles 18 et 19. où est reporté l'itinéraire de
M. Marcel Monnier en Corée, et les tciiilles 2.5 à 28 où est tracé son itiné-
raire en Perse, qiù ont le plus (l'intérêt géographique. Cet Atlas est accom-
pagné d'un petit Volume où l'auteur a condensé les notes et renseignements
qu'd a recueillis au cours de ses voyages et a mis une série intéressante
d'images photographiques. Dans un Ouvrage publié antérieurement, il a
raconté en détail ses pérégrinations.
Votre Commission a jugé que ces publications forment un ensemble
d'une valeur géographique réelle et propose à l'Académie d'attribuer à
M. Marcei, Monmer un prix sur les fonds du prix Binoux.
Rapport sur les trmriux de M. Delpeucli, par M. de lîissv.
M. le Lieutenant de vaisseau Dei.peucii a publié, sous le titre de La Navi-
gation sous-marine à travers les Siècles, une histoire très C()m[)lctc de la
navigation sous-marine. Son Ouvrage, fruit de recherches laborieuses,
ne constitue pas seulement un livre d'une lecture attachante, il renferme
un ensemble de documents dont la connaissance est utile à quiconque veut
s'occuper de perfectionner la navigation sous-marine.
Les conclusions de ces Rapports sont ado[)tées par l'Académie.
PHYSIQUE.
PRIX HEBERT.
(Commissaires : MM. Lippmann, Becquerel, Violle, Potier;
Mascart, rapporteur.)
Le prix est décerné à M. C.-F. Guilbeivt, pour son Ouvrage intitulé
« liCs générateurs d'électricité à l'Exposition de 1900. »
C. K., i.,.j2, 2* Semestre. (T. CWXV, N" 25.) iS/j
1178 ACADEMIE DES SCIENCES.
STATISTIQUE.
PRIX MONTYON.
(Commissaires : MM. Alfred Picard, Rouché, de Freycinet, Laussedat,
Rrouardel; Haton de la Goupillière, rapporteur.)
Le concours pour le prix Montyon de Statistique a reçu, en 1902, douze
envois. Deux d'entre eux ont été écartés par votre Commission, l'un
comme insuffisant, l'autre parce qu'il ne rentre pas dans la formule
du prix.
Sur les dix qui ont été retenus, cinq ont immédiatement frappé notre
attention comme des œuvres d'une grande valeur, s'élevant dans la sphère
ordinaire de la récompense supérieure. Toutefois, une discussion appro-
fondie nous a permis d'établir, parmi ces Ouvrages, les distinctions sui-
vantes :
Deux de ces productions ont été mises en première ligne; et la Com-
mission partage entre elles, par égalité, le prix Montyon de Statistique
pour 1902, à savoir :
1° « Étude statistique de la mortalité par gastro-entérite chez les enfants
du premier âge en France m, par le D' F. Bordas;
2° « Observations météorologiques de Victor et Camille Chandon de
Montdidier », parle professeur H. Duchacssoy.
La Commission accorde, en outre, trois mentions exceptionnellement
honorables :
3° Elle a d'abord distingué le travail de M. le D'' Liétard intitulé :
« La population des Vosges ». Elle engage expressément cet auteur, qui
n'a encore publié qu'un premier Volume, à représenter au même concours
l'Ouvrage complet, après l'apparition du Tome second, actuellement en
préparation;
4° M. Pai'l Dislère a présenté un important « Mémoiresur la colonisa-
tion », d'une forme moins directement statistique que les œuvres précé-
dentes, mais rempli de vues élevées et de documents utiles présentés
avec le grand talent de l'auteur ;
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. II79
5° M le D' Peyrocx a soumis à l'Académie une « Étude sur les causes
de la dépopulation d'Elbeuf et sur POEuvre des gouttes de lait » . Ce tra-
vail reçoit, comme les deux précédents, une mention exceptionnellement
honorable.
La Commission décerne enfin cinq mentions aux Ouvrages suivants :
6° « Contribution à l'étude de l'alcoolisme en Normandie >.. par le
D'^R. Leroy; , ,, , ,
70 « Répartition du goitre en France; statistique de 1 alcoolisme », par
leD^L. Mayet;
8° « Coup d'œii sur l'état sanitaire du pays d étangs pendant les vingt-
cinq dernières années, mouvement de la population dans quarante com-
munes de la Bombes pendant le xix" siècle ... par le D' Passerat;
90 « La cécité en France, statistique, répartition géographique », par
le D"^ Trousseau ;
,0° « De l'entraînement et de ses effets sur l'artilleur .., par un Ano-
nyme qui a pris comme devise : Primo non nocere.
Les Rapports spéciaux qui suivent font connaître avec détails les motifs
de ces décisions.
Étude statistique de la mortalité par gastro-entérite chez les enfants
du premier âge en France, par M. le D^ Bordas.
Rapport de M. Brouardel.
M le D- Bordas adresse à l'Académie un Rapport très intéressant sur la
statistique de la mortalité par gastro-etérnite chez les enfants du premier
âge en France. _ , ,
Ce travail comprend deux Parties. Dans la première, accompagnée de
neuf Tableaux graphiques soigneusement tracés, M. Bordas établit que la
tuberculose et l'atrepsie des enfants représente 3o pour 100 de la morta-
lité totale, que chacune d'elles se partage à peu près exactement ce ch.tire,
si bien que, même dans les quelques villes où la natalité dépasse la morta-
lité, comme à Lille, la natalité survivante à la fin de l'année est inférieure
à la mortalité de l'année.
M Bordas montre que les villes de la région du nord de la France ont une
mortalité par gastro-entérite qui dépasse le double de celle des villes
du Midi, que cette gastro-entérite atteint plus de la moitié de la mortalité
ll8o ACADÉMIE DES SCIENCES.
infantile dans le Nord, et à peine un tiers dans la région située an-dessous
de la Loii-e.
Des Tableaux montrent l'influence prédominante des chaleurs pendant
les mois de juin, juillet, août et septembre; ils dénotent la sévérité de cette
affection dans les arrondissements pauvres de Lille, Paris, Le Havre.
Quelle est la cause de cette mortalité prédominante dans le Nord et dans
l'Ouest?
M. Bordas montre par ses statistiques que ce sont les villes placées dans
les régions agricoles qui fournissent les laits les plus renommés qui accusent
une mortalité infantile excessive. Il constate que, à Lille, le lait est écrémé
de telle façon que la moitié des analyses (694) démontre que le lait ne
contient plus 2^ de beurre, que la lécithine passe presque totalement dans
la crème enlevée. H reste un produit dont la valeur alimentaire est bien
diminuée.
M. Bordas a constaté que ces laits écrémés sont des bouillons de cul-
ture parfaits pour tous les microbes; que, à ce point de vue, leur valeur
augmente pendant l'été, de sorte que 4 heures en été équivalent à 24 heures
en hiver.
M. Bordas s'élève donc avec énergie contre cet écrémacents
et d'adultes. Un septième de ces décès pro\ieut d'affections des voies
respiratoires et un autre se|)tième de la tuberculose. L'alcoolisme et la
syphilis préparent un excellent terrain de culture à la tuberculose, que
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. Il 87
provoquent ensuite l'insalubrité des logements ouvriers, l'insuffisance de
la nourriture et la falsification des aliments.
Toutes les déduclions de M. le I)'' Pevronx sont corroborées par des
rapprochements entre les statistiques d'Eibeuf et celles d'autres villes,
judicieusement choisies.
H propose les mesures suivantes :
1° Favoriser et appuyer la ligue antialcoolique locale;
2° Créer une lie^ue antisyphililiqne;
3" Entourer de soins particuliers les ouvrières enceintes; installer des
monte-charges dans les usines qui n'en seraient pas encore pourvues;
arrêter le travail au huitième mois de la grossesse et assurer aux futures
mères un salaire compensateur qui leur permette de rester chez elles pen-
dant le neuvième mois;
4° Provoquer l'institution par l'État d'une nouvelle crèche de cin-
quante lits, avec obligation pour les mères d'y apporter le matin leurs
nouveau-nés, si elles ne justifient d'une garde sérieuse;
5° Remettre, lors des déclarations de naissances, aux déclarants non
ouvriers, des instructions concernant l'allaitement et l'élevage du nou-
veau-né;
6° Poursuivre la répression sévère de l'alcoolisme des parents;
7° Appliquer rigoureusement la loi Roussel;
8° Lutter contre l'encombrement et l'insalubrité des logements ouvriers;
subventionner les comités locaux des habitations à bon marché.
2. L'œuvre des gouttes de lait. Étude du groupe normand. — M. le D"' Pey-
roux, (pii avait effleuré dans sa brochure la question de l'œuvre des gouttes
de lait, y revient spécialement dans son Mémoire manuscrit.
En principe, il reconnaît le but généreux et rationnel de cette œuvre,
basée sur la stérilisation du lait animal et sur la modification de ce lait,
toujours très différent du lait de femme, c'est-à-dire sur des opérations
propres à combattre la cause principale de la diarrhée infantile.
Mais, contrairement aux assertions des médecins qui la dirigent dans
plusieurs villes, il la considère comme inefficace et comme vouée en fait à
l'impuissance.
Des statistiques détaillées et minutieuses l'ont amené aux constatations
que voici, pour Elbeuf, Fécamp et Le Havre :
1° Loin de diminuer depuis la fondation de l'œuvre, le pourcentage des
décès au-dessous d'un an imputables à lafdiarrhée par rapporta l'ensemble
Il88 ACADÉMIE DES SCIEN'CES.
des décès dans la même limite d'âge, celui des mêmes décès par rapport aux
naissances, enfin celui des décès de toute origine au-dessous d'un an par
rapport aux décès à tout âge, se sont accrus, sauf une légère exception à
Fécamp en ce qui concerne le dernier pourcentage;
1° Malgré la diminution des naissances à Elbeuf, le nombre total des
décès d'enfanls au-dessous d'un an et celui des cas mortels de diarrhée
avant frappé ces enfants ont augmenté.
A Fécamp, oii les naissances sont restées à peu près slationnaires, il y a
eu légère diminution du nombre total des décès au-dessous d'un an, mais
augmentation de la part de ces décès dus à la diarrhée.
Au Havre, où les naissances ont progressé, il s'est produit un accroisse-
ment plus rapide des décès au-dessous d'un an et une énorme augmenta-
lion de la part imputable à la gastro-entérite.
L'inefficacité de l'œuvre s'explique sans peine.
C'est le plus souvent un enfant qui vient chercher le lait à l'office de
distribution. Bien des fois, il cède à la tentation d'y goûter en cours de
roule et de combler le vide par de l'eau prise à la borne-fontaine.
Au domicile, le lait subit un transvasement funeste.
Le biberon à simple léterelle, qui seul devrait être employé, mais qu'il
faudrait tenir à la main, est remplacé par un biberon à long tube.
En dépit des recommandations du médecin de la goulle, si le nourrisson
pleure, une bouillie indigeste lui est administrée.
La malpropreté des parents rend, en outre, parfois difficile le nettoyage
des flacons.
A tout cela s'ajoute l'irrégularité avec laquelle les enfants sont présentés
au médecin de l'OEuvre.
Rien n'est malheureusement possible contre de telles pratiques.
L'auteur conclut donc à supprimer les gouttes de lait qui ont été inca-
pables de faire le bien et qui sont susceptibles de faire le mal, en inspirant
une fausse confiance et en détournant les mères de nourrir au sein.
Un seul parti s'impose, favoriser l'allaitement mixte et, a fortiori, l'allai-
tement maternel. C'est l'unique solution du problème, l'unique sauvegarde
du nouveau-né.
Les sommes dépensées pour l'achat et la préparation du lait pourraient
élre consacrées à des bons de viande et à des primes aux mères dont les
bons soins seraient constatés. A cet égard, Rouen vient de donner un
exemple remarquable et d'obtenir des résultats merveilleux.
SÉANCE UV 22 DÉCEMBRE 1902. II 89
Des consultations de nourrissons surveilleraient l'allaitement maternel. Une
fois |)ar semaine, la mère présenterait son enfant au médecin et lui deman-
derait, au besoin, conseil pour mener à bien sa noble tâche.
Les questions traitées par l'auteur sont de celles qui intéressent au plus
haut point l'avenir du pays.
Des causes multiples et diverses ont enrayé l'accroissement de la popu-
lation française. La puissance et la richesse nationales risquent d'en subir
une cruelle atteinte. A défaut d'augmentation de la natalité, il faut au moins
prolonger par tous les moyens possibles la vie moyenne. C'est presque un
devoir sacré, pour quiconque le peut, de lutter contre les causes d'affai-
blissement et de mort prématurée, notamment contre la mortalité infantile,
dont les ravages sont si redoutables dans certaines villes.
M. le D'' Peyroux a fait œuvre de science et de bien, en consacrant son
savoir et son labeur à la cause patriotique qui laisse encore trop d'indiffé-
rents.
Ses iVIémoires sont empreints d'un esprit d'analyse, d'une habileté d'ob-
servation et d'un amour de la vérité, auxquels on ne saurait trop rendre
hommage.
La Commission lui accorde une mention exceptionnellement honorable.
Contribution à l'étude de l'alcoolisme en Normandie ;
par M. le D"" Leroy.
Rapport de M. E. Rouché.
La brochure de M. le D"" Raoul Leroy est relative à l'Étude de l'alcoo-
lisme en Normandie et particulièrement dans le département de l'Eure.
Elle débute par un avant-propos fort intéressant sur l'abus de l'eau-
de-vie et des diverses boissons alcooliques. Contractées d'abord dans les
foires et les marchés, ces habitudes déplorables ont passé du cabaret au
sein même de la famille où elles ont pénétré si profondément qu'on peut
affirmer aujourd'hui que tout Normand, à quelque classe de la Société
qu'il appartienne, s'alcoolise à domicile.
Cette introduction est suivie de plusieurs paragraphes ayant successive-
ment pour titres :
« Le développement de la consommation alcoolique et les débits de
boissons » ;
jIÇ)o ACADEMIE DES SCIENCES.
« L'alcool et le cidre ou le vin » ;
« L'alcool et la population, l'aliénation et la criminalité m ;
« L'alcool et les suicides ou les morts accidentelles ».
Les assertions contenues dans ces divers paragraphes sont confirmées
par de nombreux renseignements numériques et surtout par des Tableaux
graphiques exécutés avec grand soin et remarquables par leur clarté.
Médecin de l'Asile des aliénés d'Évreux, M. le D'' Leroy a été, par sa situa-
tion, à même de voir le péril alcoolique dans toute son étendue. Il a con-
signé dans cet Ouvrage de très nombreux documents permettant d'établir
le bilan de l'alcoolisme dans l'Eure pendant le xix* siècle. Nous croyons,
en terminant l'analyse sommaire de son excelleat travail, devoir citer ses
conclusions : « L'alcoolisme est un mal qui anéantit les forces vives d'une
nation. Il tue l'individu et, avant de le tuer, le déprave et l'avilit. En
accroissant par la voie héréditaire la foule des faibles esprits, des criminels
et des aliénés, le poison contribue, pour une large part, à la déchéance de
la race. Ainsi, perte du capital humain par la multi|)lication des morts
prématurées, perte du capital intellectuel par l'accentuation de la dégéné-
rescence, tel est le bilan de ce fléau. » M. Leroy vient de signaler le danger
qui menace un pays qui lui est cher; mais il espère que la saine raison du
Normand saura conjurer ce péril redoutable.
I^a Commission accorde une mention au travail de M. Raoul Leroy.
Répartition géographique du goitre en France. Statistiques de V alcoolisme ;
par M. le D'' Mayet (^Lucien).
Rapport de M. Brouardel.
M. L. Matet, interne des hôpitaux à Lyon, adresse à l'Académie :
1° Une étude sur la répartition géographique du goitre en France.
De ce travail, dans lequel les recherches de ses prédécesseurs ont servi
de points de comparaison, il résulte que la fréquence du goitre semble
avoir notablement diminué, que l'endémie reste assez intense dans une
série d'îlots situés dans les Alpes, les Pyrénées, le plateau Central, le Jura
et les Vosges.
Malheureusement les causes de cette persistance dans les régions mon-
tagneuses, et de leur disparition dans les autres régions restent encore
inconnues.
2° Des statistiques de l'alcoolisme très étudlé!-.^ dans lesquelles il relève
SÉANCE DL 22 DÉCEMBRE ig02. Iigi
la production et la consommation des alcools en France, la forme sous
laquelle ils sont ingérés, la répartition géographi'iue depuis 1870, le nombre
toujours croissant des débits de boissons, et, dans un second Mémoire, il
compare l'alcoolisme et la dépopulation, l'alcoolisme et la tubercidose,
l'alcoolisme et le suicide.
C'est une œuvre très consciencieuse, donnant des indications précieuses
sur les questions qui passionnent à juste titre les personnes qui s'inté-
ressent à l'avenir de la France.
La Commission décerne une mention à son auteur.
Coup d'œil sur l'état sanitaire du pays d'étangs pendant les 25 dernières
années. — Mouvement de la population dans l\o communes de la Dombes
pendant le xix' siècle, par M. le D'' Passera t.
Rapport de M. A. Picard.
M. le D"' Passerat, de Bourg (Ain), présente, pour le prix Montyon de
Statistique (concours de 1902), deux brochures extraites des « Annales
de la Société d'émulation de l'Ain » et intitulées : l'une, « Coup d'œil sur
l'état sanitaire du pays d'étangs pendant les 10 dernières années » ; l'autre,
« Mouvement de la population dans 4o communes de la Dombes pendant
le xix^ siècle ».
Ces deux opuscules ont trait, l'un et l'autre, à 4o communes rurales de
l'arrondissement de Trévoux, dont le territoire est partiellement recouvert
d'étangs. Le second ne constitue, en quelque sorte, que le développement
du premier.
Les étangs dombistes sont, on le sait, des réservoirs artificiels alterna-
tivement remplis d'eau, puis mis à sec et cidtivés. Des drainages super-
ficiels en assurent l'assainissement pendant les périodes d'a^^ecet iVévo-
lage. Beaucoup d'entre eux ont disparu au cours de la seconde moitié du
xix" siècle.
Après avoir constaté que l'état sanitaire de la Dombes est en progrès
depuis 25 ans, que tout en gardant un caractère endémique le paludisme
a notablement diminué dans la région et que les accès ont pris le plus sou-
vent une allure bénigne, M. le D"' Passerai s'est demandé si ce'le amélio-
ration devait être attribuée à la disparition progressive des étangs. Il a
entrepris une série d'études iMborieuses et intéressantes, non seulement
sur l'évolution et la distribution du paludisme à diverses époques du
1192 ACADEMIE DES SCIENCES.
XIX* siècle, mais aussi sur la démographie de la Dombes : naissances,
décès, immigration, émigration, mouvement de la population.
Les recherches de l'auteur l'ont amené aux conclusions suivantes :
i" La population du pays d'étangs a augmenté d'une façon continue
jusqu'en 1891 ; depuis, elle est en forte décroissance.
Très considérable quand les étangs étaient nombreux, l'accroissement
a diminué dès qu'ont été entreprises les opérations de dessèchement, puis
a fait place à une réduction quand ces opérations se sont étendues.
Durant la première moitié du xix' siècle, l'accroissement de la popu-
lation dombiste était trois fois plus forte dans les communes possédant
beaucoup d'étangs que dans les communes qui en avaient très peu.
La diminution actuelle est plus marquée dans les communes ayant peu
d'étangs.
2° Le nombre des naissances en Dombes a crû du commencement au
milieu du siècle. Depuis, la natalité est en décroissance.
Exception faite de la première décade, le nombre des naissances a tou-
jours dépassé celui des décès. L'excédent est plus accentué dans les com-
munes couvertes d'étangs que dans celles qui n'en ont presque plus.
3° Alors que les étangs occupaient une vaste superficie, la Dombes béné-
ficiait d'une importante immigration. Le fait inverse a succédé au dessè-
chement et, de 1891 à 1901, il s'est produit une énorme émigration.
4° La mortalité dans le pays dombiste s'est graduellement abaissée
depuis le commencement du xix* siècle. De 3,83 par 100 habitants pen-
dant les trente premières années, elle s'est réduite à 2 en 1891, et à i,52
en 1901 .
En même temps, l'âge moyen des décédés suivait une progression con-
tinue. De 25 ans il montait à 34 pour 1892 et à 4o pour l'année 1901.
Ce relèvement est indépendant de la surface desséchée. Il l'est aussi de
la proportion entre la surface en eau et la surface totale du territoire des
diverses communes.
L'auteur considère, en résumé, l'amélioration de l'état sanitaire de la
Dombes comme du aux changements survenus dans la nourriture, le vête-
ment et l'habitation, ainsi qu'à la multiplication des voies de transport et
à la diffusion de l'instruction.
Suivant lui, les résultats de ses recherches répondent victorieusement
aux accusations portées contre la salubrité du pays et (ournissent une
solide défense du système des eaux jadis en faveur.
Au premier abord, la thèse de M. le D'' Passerai peut paraître quelque
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. I 198
peu paradoxale. En eiïet, l'un des objets principaux du dessèchement de
la Dombes a été de combattre le paludisme, et le résultat semble avoir été
atteint.
Ce|)endant une étude plus attentive des faits ne tarde pas à montrer que
la doctrine de l'auteur s'appuie sur des bases solides.
Les fièvres paludéennes se sont atténuées ou ont même entièrement dis-
paru, dans nombre de régions du territoire couvertes d'étangs, sans que
ces étangs aient été desséchés. Il y a là un effet général des modifications
heureuses apportées au régime de la vie : les progrès réalisés en ce qui
concerne l'habitation, la nourriture et le vêtement ont constitué la meil-
leure prophylaxie contre le paludisme.
D'autre part, le dessèchement de la Dombes n'a pas porté les fruits
qu'on en attendait, au |ioint de vue de la fécondation du sol. L'ancien svS-
tème d'évolages et d'assecs périodiques était particulièrement approprié à
la terre, dont les produits ont diminué depuis l'abandon de ce système.
En présence de l'appauvrissement manifeste du pays, plusieurs députés
ont dû proposer et les Chambres ont voté des dispositions tendant à la
remise, au moins partielle, en eau des anciens étangs.
Ainsi, l'amélioration de la santé publique ne saurait être comptée avec
certitude à l'actif flu dessèchement, et l'opération a eu, sans aucun doute,
des conséquences fâcheuses pour le rendement du sol.
Les longues et attentives observations de M. le D' Passecat, le discer-
nement dont il a fait |)reuve, le courage avec lequel \\ a combattu des idées
jadis admises comme un dogme, sont autant de titres à la bienveillance de
l'Académie; votre Commission lui accorde une mention.
La Cécité en France. — Stalisliques. ~ Répartition géographique,
par M. le D' Trousseau.
Rapport de M. BnouAnDFx.
Ce travail est très intéressant. M. Trousseau relève qu'en France il y
a 8 aveugles pour loooo habitants.
Une Carte établit leur répartition. Plus de 20 dans le département de la
Cor.^e, moins de 4 dans la Gironde, le Puy-de-Dôme, etc.
Je ne puis exposer la statistique des causes si nombreuses qui déter-
minent la cécité. M. Trousseau les résume ainsi :
La vue est menacée :
Chez les enfants, par la conjonctivite purulente;
C. R., 1902, 1' Semestre. (T. CXXXV, N° 25.) I 56
IIq4 ACADEMIE DES SCIENCES.
Chez les adultes, par l'atrophie des nerfs optiques;
Chez les vieillards, par le glaucome.
M. Trousseau compare ensuite la cécité binoculaire à la cécité mono-
culaire. Dans cette dernière, les Iraumatismes comptent pour 20 pour 100.
M. Trousseau établit la fréquence des différentes causes dans les diverses
régions de la France, puis arrive aux conclusions, c'est-à-dire à la pré-
vention.
Il estime à 35 pour 100 le chiffre des cécités évitables.
Il signale notamment :
1° L'ophtalmie purulente des nouveau-nés, la méthode de traitement
de Crédé qui, à la Maternité de Leipzig, a fait tomber le chiffre des
ophtalmies purulentes de 10, 8 pour 100 à ^ pour 100 ;
2" La conjonctivite granuleuse ;
3° Les traumatismes, etc.
Pour ces différents groupes, le médecin et l'administration peuvent
intervenir utilement.
La Commission décerne une mention à l'Ouvrage de M. le D' Trousseai'.
De r entraînement et de ses effets chez l'artilleur, par un Anonyme.
Rapport de M. Laussedat.
Le Mémoire manuscrit, présenté sous ce titre au Concours pour le prix
Montyon (Statistique), sans nom d'auteur et avec la devise : Primo non
nocere, doit être considéré comme un excellent Rapport de Médecine
militaire.
L'auteur a procédé à toutes les mensurations de nature à faire connaître
les effets de l'entraînemeut dans l'artillerie, sur un contingent de
479 recrues, d'abord au moment de l'incorporation et 6 mois après
environ, c'est-à-dire à la fin des exercices d'entraînement et avant les fortes
chaleurs qui troublent les résultats.
Il a examiné séparément les trois catégories de recrues, dans l'état actuel
de la loi militaire : dispensés, appelés et ajournés, réparties dans ces trois
autres : peloton d'instruction composé des as|)irants au grade de brigadier
et à l'avancement ultérieur, des conducteurs ou canonniers à cheval et
des servants à pied.
Il a constaté, par la comparaison et la discussion de ses mensurations, que
l'entraînement avait été généralement favorable aux servants à pied et à
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. 1193
cheval, mais beaucoup moins aux aspirants brigadiers soumis à un véri-
table surmenage. Il a aussi donné une explication des didérences révélées
principalement par la balance, avant et après l'entraînement pour les
diverses catégories, et essayé d'en discuter les causes en tenant compte
des origines des recrues, c'est-à-dire de leurs professions et des climats
dillérenls auxquels elles appartenaient. Ces différentes recherches et les
nombreux Tableaux numériques que renferme le Mémoire ont paru à
votre Commission mériter, pour l'auteur, une mention dans le Concours
pour le prix iVIoutyou de Statistique.
Les conclusions de ces divers Rapports ont été adoptées.
CHIMIE.
PRIX JECKER.
(Commissaires : MM. Troost, Armand Gautier, Moissan, Ditte,
Lemoine; Haller, rapporteur.)
L'Académie, sur la proposition qui lui a été faite à l'unanimité par la
Section de Chimie, décerne cette année le prix Jecker à M. Rosenstiehl.
Rapport sur les travaux de M. Rosenstiehl, par M. Haller.
Bien que M. A. Rosenstiehl ait mis son savoir au service de l'Industrie
pendant la période la plus féconde de sa carrière, l'œuvre purement
scientifique qu'il a produite n'en est pas moins remarquable tant par l'ori-
ginalité qu'elle revêt que parla continuité avec laquelle elle a été pour-
suivie.
Il n'est pas de région de ce vaste domaine de la Science chimique où
M. Rosenstiehl n'ait porté ses investigations et oii il n'ait montré ses
brillantes qualités d'esprit ingénieux et d'observateur sngace. Mais c'est
surtout la Chimie organique qui fut l'objet de ses noaibreuses recherches.
Son premier Mémoire date de 18G0 et a trait à la préparation des dérivés
acèlylés et chlorés de l'hexachlorobenzène.
II96 ACADÉMIE DES SCIENCES.
A ce Mémoire succéda un travail sur le noir d'aniline, travail qui fut
continué dans la suite et amena l'auteur à élucider celte question si
complexe et si discutée de la formation de ce noir et du rôle que jouent les
quantités infiniment petites de certains sels métalliques nécessaires à la
production delà couleur.
Des recherches d'un autre ordre, recherches d'une portée plus étendue,
et non moins fécondes en résultats théoriques et pratiques que celles qui
précèdent, n'ont pas tardé à captiver l'attention de M. Rosensliehl et
l'ont conduit à ce bel ensemble de découvertes dans la série des dérivés
du triphénylméthane, découvertes qu'il couronna par une théorie aussi
simple que séduisante de la fonction des colorants basiques dont le diphé-
nylmétliane et le triphénylméthane sont les carbures fondamentaux.
Reprenant l'étude de la loluidine, il commença par démontrer que ce
composé n'était pas un corps unique, mais que, outre la toluidine solide ou
paratoluiditie, elle renfermait un isomère, la pseudo-toluidine ou ortho-
toluidine comme on l'appela depuis. Cette découverte l'amena à préparer
un grand nombre de dérivés de cet isomère et en particulier le pseudo-
ou orlhonitrololuène qu'il isola du nilrotoluène de Deville pour le diffé-
rencier du paranitrotoluène de Jaworsky.
La synthèse de la parafuchsine, celle de quelques rosanilines isomères
ou appartenant à d'autres séries, la préparation de carbures homologues
du diphényltoiylmélhane, terminèrent ses premières éludes sur ce groupe
important de dérivés du triphénylméthane.
Il les reprit quinze ans plus tard dans l'unique but délayer par des
expériences et des synthèses nouvelles les conceptions qu'il se faisait de la
constitution et de la fonction des colorants basiques dont la fuchsine est le
type fondamental, conceptions auxquelles M. de Bœyer, léminent chi-
miste de Munich, vient de se rallier.
Entre temps, M. Rosensliehl avait porté son attention sur les matières
colorantes de la garance et déterminé la part qui revient à chacune dans
le phénomène de la teinture. Ses recherches eurent comme consé(|uence
lelude (les rapports qui existent entre la pseuiio-[)urpuriueel la purpurine,
la synthèse do la jjurpuriue, celle de la nilroalizarine et de divers autres
dérivés qui se rallachenl au groupe de l'anthracène.
Ses nombreuses études sur les composés azoïques n'ont pas été moins
fertiles en résultats. Sa découverte du noir phénylène, celle non moins
importante des multiples dérivés d'azoxyamines, qu'il fit en collaboration
avec M. Nœlting, et qui devait aboutir à la série des couleurs connues
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. II97
SOUS le nom de rouges de Saint-Denis, les généralisations et les déductions
auxquelles ses nouvelles recherches d-junèrent lieu, ont montré que tous
les chapitres de la Chimie organique lui sont familiers et qu'à tous ceux
qu'il a abordés M. Rosenstiehl a réussi à apporter sa contribution person-
nelle.
A cette longue énumération de titres il nous faudrait encore ajouter ses
travaux sur la Chimie minérale et sur la Chimie physique, ses recherches
sur la vision des couleurs, celles plus récentes sur la solubdité de la matière
colorante rouge du raisin, sur la stérilité et les conditions de fermentation
du jus des fruits, et l'ensemble des innovations et des perfectionnements de
toute nature qu'il a introduits dans la pratique si délicate de la teinture et
de l'impression.
Aussi votre Commission a-t-elle jugé à l'unanimité que l'œuvre, utile et
féconde pour la Science, poursuivie pendant plus de quarante ans par
M. RosENSTiEUL, méritait une des plus hautes récompenses dont dispose
l'Académie et elle vous propose en conséquence de lui accorder le prix
Jecker.
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées par l'Académie.
MliVERALOGIE ET GEOLOGIE.
PRIX FONTAOTÏES.
(Commissaires : MM. Albert Gaudry, Marcel Bertrand, Zeiller,
Michel Lévy; cLe Lapparent, rapporteur.)
M. DE Grossouvke, Ingénieur en chef des Mines et l'un des [)lus actifs
collaborateurs du Service de la Carte géologique de France, vient
d'achever la publication d'un magistral Mémoire sur « Les Ammonites
de la Craie supérieure ». Cette formation, qui a couvert, en France, de si
vastes espaces, s'y fait remarquer, en général, par l'uniformité de ses ca-
ractères, qui rend très difficile l'établissement des subdivisions et impose,
plus étroitement qu'ailleurs, le judicieux emploi de l'argument paléonto-
IigS ACADÉMIE DES SCIENCES.
logique. Mais la valeur des conclusions qu'on en tire dépend beaucoup du
genre d'animaux fossiles auquel on l'applique; et l'expérience a prouvé,
d'une part, que la consiar la gravure sur cuivre, notamment en ce qui concerne la
conservation des planches-mères, si bien ménagées aujourd'hui par l'acié-
rage et la reproduction galvanoplastique; le perfectionnement des reports
sur |)ierre; l'heureuse invention de la zincographie, à la foissi économique
et si favorable à la manipulation des planches; enfin les facilités que l'em-
ploi des ])rocédés électriques est venu donner pour la correction des
cartes.
Tout cela est exposé en détail, avec documents à l'appui, dans les
Ouvrages du colonel Berthaut; et ce n'est pas une mince satisfaction d'y
pouvoir constater quelle part, tout à fait prépondérante, revient à la
France dans celte série de conquêtes de l'Art et de la Science. L'auteur met
bien en lumière les services rendus, au milieu de difficultés et de déboires
de toute nature, par les Ingénieurs géographes, dignes successeurs des
Ingénieurs des camps et armées, et si fertiles en ressources devant les
exigences à chaque instant suscitées par les guerres du Consulat et de
l'Empire.
Ajoutons que, par le seul exposé des choses accomplies, cette dernière
partie de l'œuvre du colonel Berthaut est bien faite pour raviver, chez
les hommes de science, le regret de la mesure désastreuse par laquelle, en
i832, la suppression du Corps des Ingénieurs géographes a été décidée. Par
là notre pays a perdu lu gramle avance que, depuis Cassini, il avait prise
sur toutes les autres nations dans cet ordre de travaux.
Du moins il n'en a pas perdu la tradition, et l'on sait que le Service
géographique de l'armée est en mesure de procéder à la rapide exécution
d'une Carte de détail, qui de nouveau ferait honneur à la France. L'Aca-
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. raoi
demie des Sciences a déjà marqué, par son intervention prés des Pouvoirs
publics, l'intérêt qu'elle portait à cette œuvre malheureusement encore
ajournée. Elle jugera bon d'affirmer une fois de plus ses svmpathies, en
décernant le prix Gay au colonel Berthaut, membre distingué du Service
dont elle a prisa tâche de seconder les etïorts.
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.
BOTANIQUE.
PRIX DESMAZIERES.
(Commissaires : MM. Van Tieghem, Guignard, Bonnier, Prillieux;
Bornet, rapporteur.)
M. Roi,A\D Thaxter, professeur de Cryptogamie à l'Université de Har-
vard, à Cambridge, Mass., Etats-Unis d'Amérique, était encore élève au
laboratoire de M. W.-G. Farlow, lorsque, sur le conseil de son maître, il
prit pour sujet d'étude les Champignons parasites des insectes en Amé-
rique. Un premier Mémoire sur les Entomophthorées des Etats-Unis parut
en 1888 et plaça son auteur au rang des meilleurs observateurs. Le second
Mémoire, qui est consacré aux Laboulbéniacées, fait époque dans l'histoire
de la Botanique.
Quand Montagne et Robin, en i855, établirent le genre Laboulbenia
pour une production hétéroclite découverte 5 ans auparavant par Rouget,
sur les antennes et les éiytres de divers Coléoptères, ils ne se doutaient
pas que ce Champignon était le premier représentant d'une famille des
plus extraordinaires qui a pris subitement, entre les mains habiles de
M. Thaxter, une extension imprévue.
Comme les Laboulbéniacées n'infligent aux insectes sur lesquels elles
vivent aucune de ces maladies épidéniiques que déterminent d'autres
Champignons, les Entomophthorées, par exemple; que leur habitat et leur
dimension exiguë n'attiraient pas l'attention des botanistes, leur connais-
sance a progressé lentement. En 1873, 16 ans après la publication faite
par Robm, Peyritsch, dans une revue d'ensemble de la famille, en énu-
C. R., 1902,2- Semestre. (T. CXXW, N» 25.) iSy
I202 ACADEMIE DES SCIENCES.
mère 12 espèces; 16 ans plus tard encore, dans une revision nouvelle,
M. Berlese n'en cite que i3. Deux espèces seulement avaient été ajou-
tées à ce chiffre lorsque, en iSgS, parut la Monographie des Laboulbé-
niacées. Le nombre des espèces qui y sont décrites est devenu dix fois
plus grand et celui des genres a passé de 6 à 28. Depuis lors, M. Thaxter
ayant visité les collections entomologiqiies de plusieurs musées d'Europe,
et notamment celles du Jardin des Plantes de Paris, a commencé l'énu-
mération des espèces nouvelles qu'il a découvertes. Elles se montent à 289,
dont iSg pour le seul genre Laboidbenia . Le chiffre précédemment acquis -
est donc presque doublé. 17 genres nouveaux s'ajoutent aux 28 déjà
connus.
Mais cet énorme accroissement du nombre des espèces n'est pas le seul
ni le principal mérite de l'œuvre de M. Thaxter. Il a utilisé ces riches
matériaux pour étudier, sous tous les aspects, la structure et la biologie
des Laboulbén lacées. En parcourant les figures, dessinées par l'auteur,
qui remplissent les 26 planches de la partie de la Monographie déjà
publiée, on est frappé de la diversité de modifications de détail que pré-
sente le type d'organisation si particulier des Laboulbéniacées. Toutes, en
elTet, se composent d'un réceptacle bicellulaire le plus souvent fixé à
l'enveloppe chitineuse des insectes par une pointe conique, d'appendices
filiformes sur lesquels se développent les anlhéridies, et d'un ou plusieurs
périlhèces contenant des tlièques. Parce dernier caractère, elles se placent
parmi les Champignons Ascomycètes. Mais, ainsi que H. Rarsten l'a
indiqué le premier, et comme le démontre M. Thaxter, ces thèques se
développent dans des conditions qui présentent une étroite analogie avec
les phénomènes observés chez les Algues de l'ordre des Floridées. En effet,
leur appareil femelle, très différencié, est constitué par un procarpe formé
de trois cellules superposées : une inférieure carpogène, une médiane
trichophorique, une supérieure prolongée en trichogyne. Celui-ci peut
être simple ou ramifié, rester indivis ou se cloisonner, suivant les genres
où on l'examine. Les anthérozoïdes, immobiles, se fixent sur ce tricho-
gyne et s'y soudent. Bientôt après, il se flétrit et disparaît. Alors la cellide
carpogène commence à subir une série de divisions ayant |)our résultat de
donner naissance aux cellules ascogènes dont le bourgeonnement produit
les ihèques. La corrélation entre la disparition du trichogyne et les modi-
fications de la cellule carpogène est constante, comme chez les Floridées.
Le mode de développement du périthèce des Laboulbéniacées montre
aussi beaucoup de ressemblance avec celui du péricarpe de ces Algues. On
SÉANCE DU 22 décembrf: 1902. 1 2o3
ne saurait méconnaître la grande importance de la double parenté des
Laboulbéniacées avec les Floridées et les Champignons pour la solution
des problèmes que soulève l'origine des divers groupes des Thallophytes.
Les phénomènes relatifs à la production des anthéridies et des anthéro-
zoïdes, à la fécondation, aux états successifs de la formation du fruil sont
exposés dans le texte avec une grande lucidité. Ils sont en outre repré-
sentés |)ar des figures très claires qui laissent peu de doute sur la réalité
de la reproduction sexuelle chez ces végétaux. Toutefois, la difficulté de
se jjrocurer une quantité suffisante de matériaux favorables, l'imperméa-
bilité presque absolue de la membrane des cellules aux réactifs colorants
n'ont pas permis à l'auteur de suivre les noyaux au moment de la fécon-
dation, d'en observer les modifications et de compléter la démonstration
jusqu'au bout, ainsi qu'on a pu le faire chez les Algues rouges.
La morphologie générale et le développement tles Laboulbéniacées,
depuis la spore jusqu'à l'état parfait, n'ont pas été étudiés par M. Thaxter
avec moins de soin que la reproduction. Les détails qu'il donne sur les
variations normales des espèces et sur les causes qui les déterminent, sur
le temps nécessaire pour que les jeunes individus atteignent leur croissance,
sur les limites de leur existence se lisent avec beaucoup d'intérêt. Des
Chapitres sont consacrés à la distribution géographique des Laboulbé-
niacées, à la statistique des hôtes sur lesquels elles vivent, à l'énumération
des parasites qu'elles hébergent.
Dans la partie systématique de sa Monographie, M. Thaxter discute la
place des Laboulbéniacées dans la classification et fait connaître les raisons
qui l'ont conduit à prendre les organes mâles comme base de l'arrange-
ment qu'il adopte. Suivent la morphologie spéciale et la description des
genres et des espèces. La méthode, l'ordre et la clarté avec lesquels ce
travail a été exécuté font de la Monographie des Laboulbéniacées un
Ouvrage fondamental.
Il faut ajouter que l'on doit à M. Thaxter des recherches non moins
précieuses sur divers Champignons aquatiques nouveaux, mal connus ou
critiques, de la famille des Saprolégniées.
Sous le nom de Myxobactériacées, il a créé une curieuse famille de
Schizomycètes dont les cellules bacillaires ont la projiriété de s'agréger à
la manière des plasmodes des Myxomycètes Acrasiés et de produire des
colonies plus ou moins compliquées, de formes définies, terminées par des
kystes où sont contenus, soit des bâtonnets semblables à ceux qui consti-
tuent la masse végétative, soit des spores. La similitude de formes résul-
I2o4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tant (l'un même processus qui existe chez les colonies de deux groupes de
plantes dont les éléments primaires, myxamibes et bacilles, sont si diffé-
rents, est aussi intéressante qn'instructiAe.
Afm de manifester la haute estime en laquelle elle tient les remarquables
travaux de M. Rolaxd Thaxter, la Commission lui décerne le prix Des-
mazières pour 1902.
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées par l'Académie.
PRIX MONTAGNE.
(Commissaires ; MM. Van Tieghem, Bornet, Guignard, Bonnier, Zeiller;
Prillieux, rapporteur..)
M. VriLLEMiN, professeur à l'Université de Nancy, a présenté à l'Académie
un ensemble considérable de travaux publiés par lui depuis i 5 ans sur la
Morphologie et la Biologie des Champignons des types les plus variés,
depuis les Mucorinées et les Entomophthorées jusqu'aux Pézizes.
L'auteur y a fait preuve des plus remarquables qualités d'observateur;
familiarisé avec les méthodes les plus perfectionnées de la Science moderne,
il a su faire croître en culture pure les petits êtres dont il a suivi le déve-
loppement et utiliser les meilleurs procédés de coloration pour étudier la
structure intime des noyaux dont il a observé, dans les Entomophthorées,
les multiplications et les fusions successives, si remarquables dans la for-
mation des Azygospores. Fort érudit et très au courant des opinions diverses
émises sur les plus hautes questions de Biologie végétale, il profite toujours
de l'étude des faits de détail qu'il observe pour en tirer quelques consé-
quences se rapportant aux grandes questions d'ordre général et particu-
lièrement à celles qui touchent à la sexualité et à la fécondation dans la
classe des Champignons.
Les Mémoires et Notes présentés par M. Vuillemin sont trop nombreux
pour qu'il soit possible d'en donner ici une analyse, même sommaire.
Un nombre important de ces travaux portent sur des Champignons qui
sont causes de maladies de plantes : tumeurs de la Betterave, maladie des
Peupliers, chancres des Conifères, etc. En étudiant les Champignons arbo-
ricoles, M. Vuillemin a découvert beaucoup de faits nouveaux et fait con-
naître des organismes si particuliers qu'il en a pu faire les types d'une
famille nouvelle, celle des Hypostoraacées. Comme k son ordinaire,
SÉAN'CK m: 2 2 Dl^CE.MBRK 1902. 1 2o5
M. Vuillemin a étendu ces études spéciales à des considérations générales
en abordant la discussion des conditions relatives du parasitisme et de la
symbiose.
Toutes ces recherches, très précises, très délicates et éclairées par un
esprit large et généralisaleur, ont paru à votre Section de Botanique justi-
fier l'attribution du prix Montagne à M. Vuillemin.
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées par l'Académie.
ANATOMIE ET ZOOLOGLE.
PRTX SAVIGNY.
(Commissaires : MM. Perrier, Giard, Chatin, Delage, Grandidier.)
Le prix n'est pas décerné.
PRIX THORE.
(Commissaires : MM. Chatin, Delage, Perrier, Ronnier;
Giard, rapporteur.)
Sous le titre : Recherches sur la biologie et Canatomie des Phasmes,
M. R. DE SiNÉTY a présenté au concours, pour le prix Thore, un beau
Mémoire (164 pages, 4 planches doubles et une excellente planche en
photographie d'après des préparations microscopiques de cellules géni-
tales en cinèses maturatives). Ce travail tient plus que son titre ne promet,
car l'auteur y a publié de précieuses données sur la spermatogenèse des
principales familles d'Orthoptères. Il répond aussi d'une façon très large
au programme du prix Thore, puisque, à côté de résultats fort importants
obtenus en France par l'éducation et l'observation en captivité de Phas-
mides exotiques, M. de Sinéty nous apporte une foule de faits intéressants
lelatifs à des Insectes d'Europe : Bacillus Rossti et galUcus, Leptynia atte-
nuata, etc.
I 2o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
La parthénogenèse est connue depuis quelques années déjà chez divers
Orthoptères et particulièrement chez les Bacillus. On avait même observé
que cette parthénogenèse est généralement thélyloke, c'est-à-dire que les
produits nés sans fécondation appartiennent au sexe femelle. M. de Sinéty
est allé plus loin. Par des expériences délicates poursuivies pendant
3 années, il a montré que chez Leptynia attenuata le spermatozoïde est le
déterminant du sexe mâle. C'est là un résultat bien surprenant et tout à fait
opposé à ce que nous connaissons de la parthénogenèse chez les Abeilles.
Chez les Phasmides, où les mâles sont normalement nombreux, la non-
fécondation entraîne comme conséquences secondaires une réduction de
la ponte globale et un abaissement du laux des éclosions.
Dans un autre ordre d'idées, M. de Sinéty nous signale un fait biologique
non moins inattendu : un mélanisme prononcé peut être provoqué chez
Dixippus morosus par le séjour à l'obscurité. On sait que, en général, les
animaux élevés à l'abri de la lumière présentent, au contraire, une ten-
dance plus ou moins grande à la disparition des pigments.
Jusque dans ces dernières années l'anatomie interne des Phasmes était
peu connue; nos espèces indigènes, par leur petite taille, se prêtent mal à
la dissection, et l'étude par coupes d'animaux à revêtement chitineux très
épais est aussi fort difficile. M. de Sinéty ne s'est pas laissé décourager par
ces obstacles : il a d'ailleurs confirmé les résultats qu'il avait obtenus chez
Bacillus et Leptynia par l'examen d'espèces exotiques de plus grandes
dimensions et nous a révélé beaucoup de détails curieux sur l'organisation
de ces animaux.
L'épithélium du jabot, impropre à l'absorption, sert à l'accumulation
de graisse de réserve. Les tubes de Malpighi sont de deux espèces qui se
distinguent l'une de l'autre par des caractères embryogéniques, anato-
miques et physiologiques. Des carbonates calcaires se trouvent parmi les
concrétions d'une espèce de tubes, et chez les femelles seulement.
Les formations massives paires, connues sous le nom de ganglions pha-
ryngiens anlérieurs et décrites par les auteurs comme des centres nerveux,
sont un appareil de soutien et un intermédiaire d'innervation pour l'aorte,
qui se termine, comme chez les Diptères, par une sorte de lame voûtée.
Je passe sur les constatations nouvelles de M. de Sinéty relativement
aux membranes trachéolaires et aux organes génitaux pour signaler plus
spécialement les conclusions tout à fait remarquables que lui a fournies
l'étude de la spermatogenèse des Orthoptères.
Contrairement aux idées admises par la plupart des embryologistes, les
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. 1 207
processus des divisions réductrices se sont montrés de tout point semblables
à ceux que Giilgnard et Strassburger ont décrits pour les végétaux. Il n'y
a pas de division réductionnelle au sens de Weismann, mais les groupes
quaternes doivent leur origine à une double division longitudinale des
chromosomes dans les spermatocytes de |)remier ordre. L'insertion des
groupes quaternes sur le fuseau achromatique peut affecter plusieurs
modalités qui dépendent de leur forme et de leur longueur; les différences
d'interprétation qui séjiarent les auteurs tiennent à ce qu'ils ont négligé ce
fait fondamental. Gallardo a déjà insisté, d'ailleurs, sur les erreurs qui
résultent de la tendance de beaucoup de cytologistes à ne pas chercher à
construire dans l'espace les figures cinétiques que le microscope leur fournit
en projections.
Enfin M. de Sinéty a retrouvé, dans les cellules sexuelles de divers
Orthoptères (Acridiens, Locustiens, Grylloniens, Phasmes), le chromosome
spécial découvert par Wallace (igoo) chez une Araignée et par Montgo-
mery (1901) chez de nombreux Hémiptères. Il a démontré que chez un
Locustien (Orpliania) ce chromosome ne se divise pas à la première cinèse
sexuelle, mais passe intégralement dans un des spermatocytes de second
ordre, de sorte que, sur quatre spermatides formant la descendance d'un
spermatocyte, deux se trouvent privilégiés. Il en résulte que, malgré la
forme extérieure en apparence identique, il y a chez ces animaux des sper-
matozoïdes de deux espèces ddïérentes.
La découverte de M. de Sinéty prend, ce nous semble, une signification
nouvelle, si on la rapproche des belles recherches toutes récentes de Mewes
et si l'on songe au double rôle que le spermatozoïde doit jouer dans la
fécondation : 1° comme agent cinétitjue déterminant la division de l'œuf;
2° comme élément destiné à l'apport des plasmas aucestraux. N'est-il pas
permis de supposer que ce double rôle peut, dans certains cas, par division
du travail, être partagé entre des éléments spermatiques de constitution
différente?
Cette rapide énumération des résultats d'ordres si divers présentés par
M. R. DE Sinéty nous paraît suffisante pour justifier la proposition que
vous fait la Commission d'attribuer le prix Thore à ce jeune zoologiste.
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées par l'Académie.
2o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PRIX VAILLANT.
(Commissaires : MM. Chatin, Perrier, Giard, Delage, Grandidier,
de Lapparent.)
Le prix n'est pas décerné.
MEDECINE ET CHIRURGIE.
PRIX MONTYON.
( Commissaires : MM. Marey, Guvon, d'Arsonval, Lannelongue, Laveran.
Roux, Chauveau, Brouardel; Bouchard, rapporteur.)
La Commission accorde les trois prix Montvon à MM. J. Dejerine.
G. -H. Roger et P. Ravaut.
Sémiologie du système nerveux, par M. J. Dejerine.
La sémiologie du système nerveux que M. Dejerine présente, dans un
fort Volume de 700 pages, est une œuvre essentiellement originale. Un
pareil sujet aurait pu n'être qu'une compilation documentée; il a été traité
par l'auteur avec le souci non seulement d'être complet, mais d'apporter
partout la note personnelle qui fixe les idées au milieu des opinions par-
fois contradictoires. Celte préoccupation était justifiée par la complexité
de certaines questions que l'auteur devait aborder en passant en revue les
diverses manifestations de la pathologie du système nerveux.
Le plan de l'auteur est des plus simples : il étudie successivement les
grands symptômes, expression de la perturbation des grandes fonctions
des organes de la vie de relation. Tout d'abord les troubles de l'intelligence
et du langage, dans lesquels la plus grande place est faite aux diverses formes
d'aphasie, sujet des plus délicats et que l'auteur a rendu particulièrement
clair grâce à un grand nombre d'observations résumées; les troubles de
SÉANCE DU 2 2 DÉCEMBRE 1902. 1209
l'écriture, que Dejerine rend solidnires de l'aphasie, sont l'objet d'une
description spéciale.
Un long Chapitre est consacré aux troubles de la motilité, dont les mani-
festations diverses sont soigneusement analysées et extériorisées par de
nombreuses photographies qui donnent une vie intense aux descriptions
théoriques. C'est d'ailleurs la caractéristique de l'Ouvrage : toutes les fois
que 1 occasion s'en est présentée, l'auteur a joint à son exposé didactique
une photographie, un schéma, un dessin tirés de ses collections person-
nelles (3oo figures) et qui gravent dans l'esprit du lecteur les particularités
des troubles pathologiques relatés, de sorte que ce Traité de sémiolo-ie
nerveuse théorique, qu'on aurait pu croire d'une monotonie et d'une ad-
dite un peu rebutantes, devient, en quelque sorte, une œuvre de clinique
animée. ^
Enfin la sémiologie des troubles de la sensibilité, les topographies ner-
veuses, radicula.res, médullaires, segmentaires, la sémiologie des troubles
visuels sont étudiés, dans des Chapitres spéciaux, avec une clarté remar-
quable et une ongundité de vues justifiée par les travaux personnels de
1 auteur sur ce sujet, ou les recherches entreprises sous sa direction
En somme, livre de vulgarisation remarquable par la clarté de l'expo-
sition et œuvre scientifique en même temps, pleine d'aperçus nouveaux
uUeressant également les psychologues, les neurologues, comme les méde-
cms praticiens.
L'Ouvrage de M. Roger sur les maladies infectieuses ne constitue pas
un Ira.te didactique de ces maladies infectieuses. C'est une étude de Patho
logie générale dans laquelle l'auteur, tout en exposant avec les détails
nécessaires les travaux faits par les autres, a essayé de mettre en évidence
les résultats de ses recherches personnelles.
La première partie AVOISIER.
L'Académie décide d'attribuer la médaille Lavoisier à M. S. Ca.vnizzaro,
professeur de Chimie à Rome, pour l'ensemble des belles recherches qu'il
a publiées depuis un demi-siècle.
MÉDAILLE BERTHELOT (').
(M. Darboux, rapporteur.)
La Médaille Berthelot est décernée à :
M. RosENSTiEHi, (prix Jecker) : Travaux de Chimie organique;
M. Adolphe Mixet (prix Saintour) : Recherches sur l'aluminium;
M. le D'' A. C1.EKC (prix Mège) : Recherches sur les sérums;
M. le D'" Imbeaux (prix Bréant) : Etudes sur les eaux potables;
M. le D'' F. Bordas (prix Montyon) : Étude sur le lait employé dans
l'alimentation des enfants;
M. DiSLËRE (mention Montyon) : Etude sur les produits coloniaux et
la colonisation;
M. le D"' Peyroux (mention Montyon) : Études sur le lait;
M. L. Grimbert (prix Barbier) : Etudes de Chimie biologique;
M™* CvRiE (prix Gegner) : Recherches sur le radium;
M. Grigxard (prix Cahours);
M. Fosse (prix Cahours) ;
M. Marquis (prix Cahours) ;
L'Académie approuve ces propositions.
(') L'Académie, dans sa séance du 3 novenfibre 1902, a décidé la fondation de celle
Médaille.
Chaque année, sur la proposition de son Bureau, l'Académie décernera un certain
nombre de « Médailles Berthelot » aux savants qui auront obtenu cette année-là des
prix de Chimie ou de Physique; à chaque Médaille sera joint un exemplaire de
l'Ouvrage intitulée La synthèse chimique.
C. R., 1902, 2" Semestre. (T. CXXXV, N° 25.) 161
rV3/i ACADÉMIE DES SCIENCES.
PRIX MONTYON (ARTS INSALUBRES).
(Commissaires : MM. Schlœsing, Moissan, Gautier, Haller;
Troost, rapporteur.)
La Commission a attribué le prix à M. Claude Boucher.
Rapport sur les procédés de fabrication mécanique des bouteilles,
de M. Claude Boucher; par M. Troost.
La fabrication des bouteilles était, jusque dans ces dernières années,
considérée comme une des industries les plus meurtrières. Lorsqu'on visi-
tait une verrerie à bouteilles, on était frappé par l'agglomération d'ouvriers
souffleurs, grands garçons et cueilleurs, entassés sur la plate-forme de
travail, à côté du four de fusion, dans une atmosphère suffocante. Ils
avaient à peine l'espace pour se mouvoir.
Les ouvriers chargés île la confection des bouteilles étaient soumis à un
véritable surmenage, dû non seulement à la grande rapidité avec laquelle
les bouteilles doivent être façonnées, à la fatigue du soufflage, et au
poids du verre, auquel s'ajoutait celui de la canne maniée d'une manière
continue, mais aussi aux conditions dans lesquelles ils travaillaient, obligés
de se tenir en permanence à proximité du four contenant le verre en
fusion, dont le rayonnement leur causait à la longue une grave affection
de la vue.
Il en résultait que, dans les fabriques de bouteilles, les ouvriers ne pou-
vaient exercer leur profession que jusqu'à un âge peu avancé.
A 45 a'is, la plupart se trouvaient usés et incapables de continuer le
travail.
Le recrutement de cette catégorie d'ouvriers était de plus en plus
difficile.
Frappés de ces inconvénients, un grand nombre d'inventeurs se sont
ingéniés à trouver des procédés permettant de remédier à ce qu'a d'épui-
sant ce travail de la préparation et du soufflage de la bouteille.
Mais les procédés mécaniques imaginés pour éviter aux ouvriers la
fatigue du .soufflage à la bouche, et les dangers des graves maladies conta-
gieuses auxquelles il expose, ne dispensaient pas d'un long apprentissage,
pouvant durer '7 à 8 ans; ils exigeaient toujours une habileté manuelle
3
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. 123
s'exerçant dans des conditions particnlièrennent pénibles; aussi n'ont-ils
qu'imparfaitement répondu an but qu'on se proposait d'atteindre.
Il en a été de même de nombreuses inventions destinées à sul)stitiier com-
plètement les moyens mécaniques au travail manuel.
I.e problème a été pour la première lois résolu, d'une manière com-
plète, par M. Claude Boucher, maîlre verrier à Cognac (Charente).
Il avait commencé à travailler, à l'âge de 10 ans, dans une verrerie;
mettant à profit les observations journalières qu'il avait pu faire dans sa
longue pratique, il a cherché 1res judicieusement, et c'est là une des causes
de son succès, à se rapprocher le plus possible, par les dispositions méca-
niques qu'il adoptait, de la succession des opérations manuelles par les-
quelles l'ouvrier façonnait jusqu'alors les bouteilles.
A la suite de 5 années d'essais et de tâtonnements, il est parvenu à
créer une machine de construction simple et robuste, avec laquelle les
ouvriers arrivent, au bout de quelques jours, à être capables de fabriquer
les bouteilles, les carafes, les flacons et bocaux les plus divers.
M. Boucher a réalisé ainsi la suppression du long apprentissage, jus-
que-là indispensable.
De plus, les manipulations pénibles et dangereuses ont été supprimées.
L'ouvrier chargé de pmser le verre n'a plus maintenant une lourde canne,
mais une simple tige de fer très légère; il ne demeure plus pendant de
longues heures dans le A'oisinage immédiat du four, il va porter à la
machine le verre qu'il a cueilli, et l'y laisse couler dans un moule mesureur
préalablement porté à une température convenable.
Le mouleur, assis devant sa machine éloignée du four, n'est ni fatigué
par une atmosphère surchauffée, ni exposé à perdre la vue par la réver-
bération du verre en fusion. Après avoir coupé le verre qui dépasse le
moule mesureur, il n'a plus qu'à agir sur des pédales ou des manivelles,
pour la manœuvre des différents moules où passe successivement la matière,
et pour le réglage de l'air comprimé qu'il emploie, sous deux pressions
diflérentes, suivant les phases de la fabrication de la bouteille.
Ij'ouvrier verrier, faisant dorénavant un travail beaucoup noins fatigant
que par le passé, pourra exercer sa profession jusqu'à un âge plus avancé.
Son salaire n'est d'ailleurs pas diminué grâce à ce que dans le même temps
on fabrique un plus grand nombre de bouteilles.
Le patron y trouve, de son côté, une sécurité plus grande pour l'organi-
sation de son travail, et, en particulier, au point de vue des grèves, par
suite de la suppression du long apprentissage.
i2'i6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
La machine inventée par M. Boucher fonctionne déjà industriellement
■ non seuleinent en France, mais en Belgique, en Espagne, en Italie et en
Amérique.
Des licences ont été concédées qui permettront son emploi prochain en
Angleterre, en Russie, en Hongrie et au Japon.
La Société d'encouragement pour l'Industrie nationale a consacré la
valeur de cette invention, au double point de vue de l'industrie et de
l'hygiène des ouvriers, en décernant une médaille d'or à son auteur.
Le Jury international de la Classe ^3 de l'Exposition universelle de 1900,
« reconnaissant à l'unanimité que M. Claude Boucher a, le premier, résolu
le difficile problème de la fabrication mécanique des bouteilles, recon-
naissant également l'immense service rendu par cet inventeur à l'industrie
verrière et à riivgiène des ouvriers verriers, lui a décerné un Grand Prix ».
Votre Commission est assurée d'entrer dans les vues du fondateur du
prix des Arts insalubres, en vous proposant de décerner le prix Montyon
à M. Claude Buuchek.
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées par l'Académie.
PRIX H. WILDE.
(Commissaires : MM. Berthelot, Maurice Levy, Marcel Bertrand, Fouqué;
Lœwy, rapporteur.)
Depuis les mémorables travaux de l'astronome milanais Schiaparelli,
qui a montré la connexion intime qui existe entre les comètes et les étoiles
fdantes, l'étude de tous les phénomènes se rattachant à ces deux caté-
gories d'astres nomades a acquis une importance de premier ordre pour
l'Astronomie moderne. Ces études, de nature très diverse, ont pour objet
de nous fournir des renseignements sur l'origine de ces corps célestes, sur
leur constitution intime, sur le rôle qui leur est assigné dans notre Univers,
sur l'influence qu'ils peuvent exercer sur notre globe terrestre, sur tous les
faits multiples et si curieux qui accompagnent leur marche à travers
l'espace. Ces derniers problèmes relatifs à leur mouvement ont un intérêt
tout spécial pour la philosophie naturelle.
Nous savons déjà que, lorsque à la suite de leurs conditions de genèse
les masses cométaires sont obligées de passer au voisinage du Soleil, les
forces répulsives et de toute autre nature qui émanent de ce foyer gigan-
SÉANCE DU U2 DÉCEMBRE 1902. 1287
tesque désagrègent ces matières, les séparent quelquefois en plusieurs
fragments distincts. On se trouve dès lors en présence de toute une famille
de comètes sorties d'un seul noyau cométaire.
Ces formations nouvelles, au début, circulent à peu près dans des trajec-
toires identiques autour de notre astre central, mais lorsque, dans leurs
révolutions successives, elles passent dans le voisinage d'une grosse pla-
nète, elles s'en trouvent inégalement attirées et déviées de leur trajectoire
primitive.
Les divers membres de la famille sont ainsi amenés à suivre des routes
tellement différentes, qu'il devient très difficile de reconnaître leur com-
munauté d'origine. C'est un problème des plus importants que de recon-
stituer l'histoire de ces corps célestes, d'établir leur parenté et d'assigner
les circonstances réelles de leur séparation.
L'étude de certaines comètes périodiques et des perturbations qu'elles
pourront subir s'impose encore à d'autres points de vue. Elle permet de
prévoir avec certitude les pluies exceptionnelles de météores en vertu de
la corrélation qui existe entre ces essaims et les comètes. Tous ces astres
sont sujets à se rapprocher très notablement de l'une ou de l'autre des
grosses planètes de notre système, et les perturbations intenses qu'ils
éprouvent en pareil cas fournissent un moyen précis pour évaluer la masse
de l'astre troublant; d'autre part, des anomalies que l'expérience révèle
et qui ne s'expliquent pas par l'action d'une grosse planète, fournissent la
démonstration de l'existence soit d'un milieu résistant, soit d'essaims de
corpuscules répandus dans l'espace et trop ténus pour pouvoir être aperçus
dans nos plus puissants instruments.
M. SciicLiioF s'est passionnément attaché à l'étude de ces belles ques-
tions; durant près de 3o années les comètes et les étoiles filantes ont
été l'objet de ses incessantes et fécondes recherches.
Pour reconstituer l'histoire de ces astres, toutes les vicissitudes qu'ils
ont subies durant des siècles, il faut à la fois être un érudit, posséder les
connaissances théoriques les plus élevées, déployer une sagacité particu-
lière et une grande énergie.
Aussi, à cause des immenses labeurs que ces études nécessitent, ne con-
naissons-nous actuellement que trois on quatre comètes périodiques dont
la théorie se trouve dans un état d'avancement satisfaisant.
La Science est redevable, dans ce domaine, à M. Schulhof de nombreux
travaux de théorie et de calculs exécutés avec un très grand esprit de suite
et une puissante logique. Les efforts de M. Schulhof ont été surtout con-
1238 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sacrés aux trois ordres de recherches suivants : reconnaître les comètes
dont les mouvements périodiques étaient ignorés; déterminer, à l'aide
d'une discussion approfondie des observations obtenues lors de la décou-
verte d'une comète, les éléments de son orbite avec une précision suffi-
sante pour permettre de retrouver l'astre dans ses apparitions ultérieures;
calculer, enfin, la masse de Jupiter, une des grandeurs fondamentales du
Système planétaire, au moyen des perturbations qu'il a provoquées dans le
mouvement d'une comète dans l'intervalle de plusieurs révolutions.
En ce qui concerne la première série de problèmes, M. Schulhof a
calculé les éléments définitifs de 7 ou 8 comètes, et il a eu la bonne for-
tune de reconnaître la courte durée de révolution de la comète i858 III.
Il a, de plus, déterminé les orbites de tous les astres nouvellement
découverts qui lui paraissaient, par certains indices, devoir être elliptiques.
Il a mis ainsi hors de doute, d'une manière indépendante des conclu-
sions publiées par d'autres astronomes, le caractère elliptique des éléments
des 7 comètes suivantes : Tempel 1878 II, Denning 1881 V, Barnard
1892V, Holmes 1892 III, Denning 1894 I, E. Swift 1894 IV, et L. Swift
1895 II.
Les efforts relatifs à la seconde catégorie des recherches ont été égale-
ment couronnés de succès. Grâce à ses travaux, on a pu retrouver à leur
retour les comètes Tempel 1878 II, Finley 1886 VII et Pons 1812. I-es
calculs relatifs à ce dernier astre ont été faits en commun avec M. Bossert.
Il convient d'insister particulièrement sur la théorie remarquable de
M. Schulhof, concernant la comète Tempel 1873 II, en cours de publica-
tion; on y trouve à la suite de longs et laborieux travaux, calculées avec
rigueur, les perturbations subies depuis 1873 par la comète de la part de
toutes les autres planètes. Cette étude a pour but d'obtenir une nouvelle
valeur delà masse de Jupiter, astre qui, après le Soleil, joue le plus grand
rôle dans notre monde planétaire.
Dans trois Mémoires, d'une valeur classique, M. Schulhof résume
d'après l'état actuel de la Science l'historique des étoiles filantes et des
comètes périodiques. Dans ces Ouvrages on rencontre les résultats de ses
recherches propres et des conclusions nouvelles sur les groupes de
comètes avant une origine commune.
M. Schulhof a publié en outre une histoire très détaillée et très instruc-
tive de toutes les comètes en général qui ont paru depuis 1800, quelle que
soit la nature de leur mouvement autour du Soleil, ouvrage qui renferme
tout ce que l'on sait à l'heure actuelle de ces corps célestes.
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. 1 2.39
Pour témoigner sa haute estime pour le vaste ensemble de beaux tra-
vaux dont M. SciicLHOF a enrichi l'Astronomie, la Commission propose de
décerner à cet astronome le prix Wilde.
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées par l'Académie.
PRIX CAHOURS.
(Commissaires : MM. Moissan, Troost, Gautier, Haller, Berthelot.)
Le prix Cahours, pour l'année 1902, est partagé entre MM. Fosse,
Grigxard et Marquis.
PRIX TCHIHATCHEF.
(Commissaires : MM. Perrier, Bouquet de la Grye, de Lapparent,
Van Tieghem; Grandidier, rapporteur.)
Le D' SvEN Hedix a fait, dans l'Asie centrale, deux voyages qui comptent
parmi les plus difficiles et les plus dangereux qui aient été exécutés dans
ces régions, théâtre cependant de tant de hardies explorations. Dans le
premier, qui a duré 3 années, du 23 février 1894 au 2 mars 1897, il a
parcouru les plateaux neigeux de Pamir, franchi les monts Alaï, tenté
l'ascension du Mous-tag-ata, le « Père des monts de glace » , dont l'altitude
est de 7800"" et qu'il a gravi jusqu'à une hauteur de près de 6000°; se
lançant ensuite en plein inconnu, il a traversé la partie occidentale du
désert de Takla-Makane, « qui ressemble à une mer gelée, couverte d'im-
menses vagues », où il n'y a nulle part de trace de vie, où il n'y a pas la
moindre eau et où des vents violents soulevaient des montagnes de sable
prêtes à ensevelir les voyageurs. Ce ne fut qu'après aS jours de grandes
souffrances et de fatigues considérables que le D"' Sven Hedin est arrivé au
Rhotan-Darya, où il a enfin trouvé l'eau qui lui faisait complètement défaut
depuis 5 jours. Il avait perdu tous ses bagages, tous ses instruments, tous
ses chameaux et deux de ses compagnons; c'est à son énergie qu'il a dû
d'échapper et de faire échapper son escorte à la plus terrible des morts.
Après quelques mois de repos à Rachgar, il a exploré le sud-est du
Pamir et l'Hindou-Kouch et a suivi la route parcourue 600 ans auparavant
par Marco Polo. En 1896, il a traversé dans sa plus grande largeur le
désert qui s'étend à l'est du Takla-Makane et où il découvrit les ruines de
la'Jo ACADÉMIE DES SCIENCES.
quelques villes que les sables, qui ne cessent de s'avancer vers le Sud-
Ouest sous la poussée continue des vents, ont enfouies dans les premiers
siècles de l'ère chrétienne; ce voyage, dur et pénible, a duré 4 inois et
demi. Ses études, fort importantes au point de vue géographique, ont
porté principalement sur le cours du Rerya-Darya, qui finit par se perdre
dans les sables, sur le bassin du Tarim et sur le Lop-Nor. Il s'est rendu à
Pékin en traversant de l'Ouest à l'Est, dans le Tibet septentrional et dans
la Chine, une contrée en grande partie inconnue.
Le second voyage du D"' Sven Hedin a, comme le premier, duré 3 ans,
du i8 septembre 1899 au 14 mai 1902, et a aussi été exécuté dans le Tibet.
Il a commencé par relever avec beaucoup de soin et en grand détail le
cours du Yarkand-Darya, puis il a traversé l'extrémité orientale du désert
de Takla-Makane, dont il avait, en avril i8g5, exploré la partie orientale
au milieu de souffrances inouïes, et il a étudié à nouveau le bassin du
Tarim, le grand fleuve du Turkestan chinois, et exécuté un nivellement
de précision entre l'ancien Lop-Nor, qui est aujourd'hui desséché, et le
Rara-Rochun. Il a ensuite exploré le nord-est du Tibet, traversant des
régions absolument désertes et inconnues où il a fait d'importantes
découvertes géographiques, et il s'est acheminé vers Lhassa, déguisé en
Mongol; après 9 jours de marche, il a été arrêté par un corps armé de
Tibétains qui l'ont contraint à battre en retraite. Une seconde tentative
ne réussit pas davantage, et il dut se résigner à gagner le Ladak ; le 20 dé-
cembre 1901, à bout de forces et de ressources, ayant perdu presque
toute sa caravane, il a atteint Leh, d'où il est allé à Rachgar, fermant le
polygone de ses itinéraires.
Les levés que le D"" Sven Hedin a exécutés pendant ce second voyage
remplissent ii49 feuilles, représentant un itinéraire de plus de 10000'*'°,
dont les neuf dixièmes en pays inconnu ; ilss'appuient sur 1 1 4 points déter-
minés astronomiquement. Ses études sur le Tarim et les causes des varia-
tions annuelles de son débit, sur les déserts du centre de l'Asie, sur les
déplacements du Lop-Nor, etc., présentent aussi un grand intérêt pour la
Géographie. Ses observations météorologiques embrassent une période
beaucoup plus longue que toutes celles faites précédemment dans ces
régions. Le D'' Sven Hedin a, en outre, rapporté de ses voyages quelques
collections zoologiques et botaniques et surtout une série nombreuse
d'échantillons géologiques précieux pour la connaissance de la constitution
du sol du Tibet.
Ce court et très incomplet résumé des belles et difficiles explorations
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. 1241
du D' Sven Hedin dans l'Asie centrale suffit pour montrer tout l'intérêt
scientifique qui s'y attache, et l'Académie ne peut qu'approuver l'attribution
que la Commission, à l'unanimité, a faite au D"' Svk.v Hedix du prix fondé
par M. de Tchihatchef.
L'Académie adopte les conclusions de ce Rapport.
PRIX DELALANDE-GUERINEAU.
(Commissaires : MM. Grandidier, Gaudi-y, Bouquet de la Grve,
Perrier; Bassot, rapporteur.)
La Commission décerne le prix à M. Goxxessiat, astronome français,
Directeur de l'observatoire de Quito, pour sa collaboration à l'œuvre entre-
prise par la Mission géodésique de l'Equateur, dans les opérations astro-
nomiques relatives à la mesure d'un arc de méridien dont cette Mission
est chargée.
Cette proposition est adoptée par l'Académie.
PRIX JEROME PONTI.
(Commissaires : MM. Berthelot, Darboux, Maurice Levv,
Bouquet de la Grye; Albert Gaudry, rapporteur. )
M. André Tourxouër est actuellement en Patagonie, entreprenant pour
la quatrième fois des explorations paléontologiques. MM. Ameghino,
Moreno et d'autres savants de la République argentine ont découvert dans le
sud et le centre de la Patagonie d'admirables gisements de fossiles tertiaires.
La France n'en possédait jusqu'à présent aucun débris. M. André Tour nouer,
qui a séjourné dans la République argentine, a voulu que notre pays eût
sa part des richesses scientifiques cachées dans les terrains de la Patagonie,
et il s'est livré à ses frais, avec de grandes f^itigues, à des recherches qui
ont eu les plus heureux résultats. Pour ses derniers voyages, il a reçu une
Mission du Ministère de l'Instruction publique et du Muséum d'Histoire
naturelle. Il a tour à tour fouillé à Coli Huapi, au Monte-Leone, sur les
bords du Rio Coyle et enfin au Deseado.
Les bêtes fossiles de Patagonie sont si étonnantes par leur physionomie
C. R., 1902, 7' Semestre. (T. CXXXV, N" 25.) 162
I 2-^(2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
particulière que l'on commence à se demander s'il n'y aurait pas eu un
vaste continent austral sur lequel la marche de la vie aurait été différente
de ce qu'elle a été dans l'hémisphère boréal. Les Mammifères ne rentrent pas
dans nos classifications. Par exemple, les zoologistes avaient rangé les
Mammifères enMarsu|)iaux et en Placentaires; mais nous ne pouvons plus,
avec les Borhycvna et les Prothylacynus de Patagonie, dire où les Marsu-
piaux finissent, où les Placentaires commencent. On avait partagé les Pla-
centaires terrestres en Onguiculés et en Ongulés, eux-mêmes séparés en
Paridigités et Imparidigilés; or Nesodon de Patagonie par ses dents se rat-
tache aux Imparidigités, par ses jambes ressemble aux Paridigités, par ses
avant-bras rappelle les Lions. Parmi les Onguiculés, on avait réuni sous le
nom d'Édentés ceux qui n'ont pas de dents en avant, elyo\c\(\\i(i Peltephilus
de Patagonie a une rangée de dents ininterrompue en avant de sa mâ-
choire supérieure comme de sa mâchoire inférieure. Le fameux Pyro-
therium, d'après ce que nous en connaissons, ne s'intercale pas dans nos
classifications; bien qu'il ait certaines apparences des Proboscidiens, des
Pachydermes, des Marsurpiaiix, nous ne savons dans quel ordre le placer.
Ainsi la paléontologie de la Palagonie soulève de curieuses questions.
M. Toi'RxorËR nous aide à les aborder. Votre Commission, à l'unanimité,
a pensé qu'un si courageux et si désintéressé explorateur mérite de rece-
voir le prix Jérôme Ponti.
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées par l'Académie.
PRIX HOUrXEVIGUE.
Commissaires : MM. Berthelot, Darboux, Bouquet de la Grye, Sarrau;
Mascart, rapporteur.)
Le prix est décerné à M. Teisserexc de Bort, pour ses recherches sur
l'état de l'atmosphère aux grandes altitudes au moyen des cerfs-volants et
des ballons-sondes.
PRIX SAINTOUR.
(Commissaires : MM. Berthelot, Poincaré, Guudry, Lippmann;
Darboux, rapporteur.)
Le prix est partagé entre M. Riquier, pour ses travaux sur l'intégration
des systèmes d'équations aux dérivées partielles, et M. Adolphe 3Iinet,
pour ses recherches sur la préparation électrolytique de l'aluminium.
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. 1213
PRIX GEGNER.
(Commissaires : MM. Berthelot, Bassot, Michel Lévy ;
Mascart, rapporteur.)
La Commission décerne le prix à M*"* Curie, pour la continuation de
ses recherches sur les corps radio-actifs.
L'Académie adopte les conclusions de ce Rapport.
PRIX TRÉMONT.
(Commissaires : MM. Brouardel, Lannelongue, Berthelot, Maurice Levy ;
Mascart, rapporteur.)
Le prix est décerné à M. Frémoxt.
PRIX FONDÉ PAR M™* la Marquise DE LAPLACE.
Une Ordonnance royale a autorisé l'Académie des Sciences à accepter
la donation, qui lui a été faite par M"* la Marquise de Laplace, d'une rente
pour la fondation à perpétuité d'un prix consistant dans la collection com-
plète des Ouvrages de Laplace, qui devra être décerné chaque année au
premier élève sortant de l'Ecole Polytechnique.
Le Président remet les cinq Volumes de Xa Mécanique céleste , {'Exposition
du Système du monde et le Traité des Probabilités à M. Aubrux, entré, en
qualité d'Élève Ingénieur, à l'Ecole nationale des Mines.
PRIX FONDÉ PAR M. FÉLIX RIVOT.
Conformément aux termes de la donation, le prix Félix Rivot est décerné
à iMM. AuBRU\ et JXiewexglowski, entrés les deux premiers en qualité
d'Élèves Ingénieurs à l'Ecole nationale des Mines; et à MM. Barrillon
et Bé\ézit, entrés les deux premiers au même titre à l'École nationale
des Ponts et Chaussées.
1-244 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PROGRAMME DES PRIX PROPOSÉS
l'OUR LES AMÉES 1903, IWt, I^OIÎ ET 1906.
GEOMETRIE.
PRIX FRANCOEUR (looo").
Ce prùv annuel sern décerné à l'auleiir de découvertes ou de travaux
utiles au progrès des Sciences mathématiques pures et appliquées.
PRIX PONCELET (2000").
Ce prix annuel, fondé par M'"* Poncelet, est destiné à récompenser
l'Ouvrage le plus utile aux progrès des Sciences mathématiques pures ou
appliquées, publié dans le cours des dix années qui auront précédé le
jugement de l'Académie.
Une donation spéciale de M"'^ Poncelet permet à l'Académie d'ajouter
au prix qu'elle a primitivement fondé un exemplaire des OEuvres complètes
du Général Poncelet.
GRAND PRIX DES SCIENCES MATHÉMATIQUES.
(Prix du Budget : 3 000'^'.)
L'Académie a mis au concours, pour le grand prix des Sciences mathé-
matiques de 1904, la question suivante :
Perfectionner, en quelque point important, l'étude de la convergence des
fractions continues algébriques.
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. la^p
PRIX BORDIN (3ooof').
L'Académie a mis de nouveau au Concours, pour le prix Bordin de 1904,
la question suivante :
Développer et perfectionner la théorie des surfaces applicables sur le para-
boloide de révolution.
PRIX VAILLANT (4 000").
L'Académie a décidé que le prix fondé par M. le Maréchal Vaillant
serait décerné tous les deuxans. Elle amisau concours, pour l'année 1904,
la question suivante :
Déterminer et étudier tous les déplacements d'une figure invariable dans les-
quels les différents points de la figure décrivent des courbes sphériques.
MECANIQUE.
PRIX EXTRAORDINAIRE DE SIX MILLE FRANCS,
DESTINÉ A RÉCOMPENSER TOUT PROGRÈS DE NATURE A ACCROITRE l'eFFICACITÉ
DE NOS FORCES NAVALES.
L'Académie décernera ce prix, s'il y a lieu, dans la prochaine séance
publique annuelle.
PRIX MONTYON (MÉCANIQUE) ijoo'^-).
Ce prix annuel est fondé en faveur de « celui qui, au juçjement de l'Aca-
» demie des Sciences, s'en sera rendu le plus digne, en inventant ou en
» perfectionnant des instruments utiles aux progrès de l'Agriculture, des
» Arts mécaniques ou des Sciences ->.
1246 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PRIX PLUMEY (2 500'^.
Ce prix annuel est destiné à récompenser « l'auteur du perfectionne-
» ment des machines à vapeur ou de toute autre invention qui aura le
» plus contribué au progrès de la navigation à vapeur ».
PRIX FOURNEYRON (looo").
L'Académie rappelle qu'elle a mis de nouveau au concours pour sujet
du prix Fourneyron, qu'elle décernera, s'il y a lieu, dans sa séance pu-
blique de 1903, la question suivante :
Étude théorique ou expérimentale des turbines à vapeur.
ASTRONOMIE.
PRIX PIERRE GUZMAN Uooooo").
jYjme veuve Guzman a légué à l'Académie des Sciences une somme de
cent mille Jrancs pour la fondation d'un prix qui portera le nom de prix
Pierre Guzman, en souvenir de son fds, et sera décerné à celui qui aura
trouvé le moyen de communiquer avec un astre autre que la planète
Mars.
Prévoyant que le prix de cent mille francs ne serait pas décerné tout de
suite, la fondatrice a voulu, jusqu'à ce que ce prix fût gagné, que les inté-
rêts du capital, cumulés pendant cinq années, formassent un prix, toujours
sous le nom de Pierre Guzman, qui serait décerné à un savant français, ou
étranger, qui aurait fait faire un progrès important à l'Astronomie.
J^e prix quinquennal, représenté parles intérêts du capital, sera décerné,
s'il y a lieu, pour la première fois en igoS.
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. I 247
PRIX LALANDE (54o'"^).
Ce prix doit être attribué annuellement à la personne qui, en France ou
ailleurs, aura fait l'observation la plus intéressante, le Mémoire ou le
travail le plus utile aux progrès de l'Astronomie.
PRIX VALZ ( ',Gof>).
Ce prix annuel est décerné à l'auteur de l'observation astronomique la
plus intéressante qui aura été faite dans le courant de l'année.
PRIX G. DE PONTÉCOULANT (700").
Ce prix biennal, destiné à encourager les recherches de Mécanique
céleste, sera décerné pour la première fois dans la séance publique
annuelle de igoS.
PRIX JANSSEN.
Ce prix biennal, qui consiste en une médaille d'or destinée à récom-
penser la découverte ou le travail faisant faire un progrès important à
l'Astronomie physique, sera décerné en 1904.
M. Janssen, dont la carrière a été presque entièrement consacrée aux
progrès de l'Astronomie physique, considérant que cette science n'a pas
à l'Académie de prix qui lui soit spécialement affecté, a voulu combler
cette lacune.
PRIX DAMOISEAU i^ooo'^).
Ce prix est triennal.
li' Académie a mis au concours, pour l'année iQoS, la question suivante :
// existe une dizaine de comètes dont l 'orbite, pendant la période de visibi-
lité, s'est montrée de nature hyperbolique. Rechercher, en remontant dans le
passé et tenant compte des perturbations des planètes, s'il en était ainsi avant
l'arrivée de ces comètes dans le système solaire.
1248 ACADÉMIE DES SCIENCES.
GÉOGRAPHIE ET IVAVIGATÏOIV.
PRIX BINOUX (2000").
Ce prix annuel est attribué alternativement à des recherches sur la
Géographie ou la Navigation et à des recherches sur V Histoire des Sciences.
Ce prix sera décerné, en igo/j, à l'auteur de travaux sur la Géographie
ou la Navigation.
PHYSIQUE.
PRIX HÉBERT ^oocf').
Ce prix annuel est destiné à récompenser l'auteur du meilleur Traité ou
de la plus utile découverte pour la vulgarisation et l'emploi pratique de
l'Electricité.
PRIX HUGHES (2 300^'^).
Ce prix annuel, dû à la libéralité du physicien Hughes, sera décerné
pour la première fois dans la séance publique de igoS. Il est destiné à
récompenser l'auteur d'une découverte ou de travaux qui auront le plus
contribué au progrès de la Physique.
PRIX GASTON PLANTÉ (Sogo^')-
Ce prix biennal est attribué, d'après le jugement de l'Académie, à
l'auteur français d'une découverte, d'une invention ou d'un travail im-
SÉANCE DU 2 2 DÉCEMBRE 1902. 12 \g
jîortant dans le domaine de l'Electricité. L'Académie décernera ce prix,
s'il y a lieu, dans sa séance annuelle de igoS.
PRIX RASTNER-BOURSAULT (2000^').
Ce prix triennal sera, décerné, s'il y a lieu, en 1904, à l'auteur du
meilleur travail sur les applications diverses de l'Électricité dans les Arts,
l'Industrie et le Commerce.
PRIX L. LA CAZE (locoof^.
M. Louis La Caze a légué à l'Académie des Sciences trois rentes de cinq
mille francs chacune, dont il a réglé l'emploi de la manière suivante :
« Dans l'intime persuasion où je suis que la Médecine n'avancera réel-
lement cpi'autant qu'on saura la Physiologie, je laisse cinq mille francs
de renie perpétuelle à V Académie des Sciences, en priant ce corps savant
de vouloir bien distribuer de deux ans en deux ans, à dater de mon
décès, un prix de dix mille francs (loooo fr.) à l'auteur de l'Ouvrage
qui aura le plus contribué aux progrès de la Physiologie. Les étrangers
pourront concourir
i> Je confirme toutes les dispositions qui précèdent; mais, outre la
somme de cinq mille francs de rente perpétuelle que j'ai laissée à Y Aca-
démie des Sciences de Paris pour fonder un prix de Physiologie, que je
maintiens ainsi qu'il est dit ci-dessus, je laisse encore à la même Acadé-
mie des Sciences deux sommes de cinq mille francs de rente perpétuelle,
libres de tous frais d'enregistrement ou autres, destinées à fonder deux
autres prix, l'un pour le meilleur travail sur la Physique, l'autre pour
le meilleur travail sur la Chimie. Ces deux prix seront, comme celui de
Physiologie, distribués tous les deux ans, à perpétuité, à dater de mon
décès, et seront aussi de dix mille francs chacun. Les étrangers pourront
concourir. Ces sommes ne seront pas partageables et seront données en
totalité aux auteurs qui en auront été jugés dignes. Je provoque ainsi,
par la fondation assez importante de ces trois prix, en Europe et peut-
être ailleurs, une série continue de recherches sur les Sciences naturelles,
qui sont la base la moins équivoque de tout savoir humain ; et, en
même temps, je pense que le jugement et la distribution de ces récom-
C. R, ino3, 5* Semestre. (T. CXXXV, N- 25.) l63
125o ACADÉMIE DES SCIENCES.
» penses par V Académie des Sciences de Paris sera un titre de plus, pour
)) ce corps illustre, au respect et à l'estime dont il jouit dans le monde
» entier. Si ces prix ne sont pas obtenus par des Français, au moins ils
» seront distribués par des Français, et par le premier corps savant de
» France. «
L'Académie décernera, dans sa séance publique de l'année igo3, deux
prix de dix mille francs chacun aux Ouvrages ou Mémoires qui auront le
plus contribué aux progrès de la Physiologie et de la Chimie.
L'Académie décernera le prix relatif à la Physique dans sa séance
publique de l'année igoS.
STATISTIQUE.
PRIX MONTYON (5oo"^).
L'Académie annonce que, parmi les Ouvrages qui auront pour objet une
ou plusieurs questions relatives à la Statistique de la France, celui qui, à son
jugement, contiendra les recherches les plus utiles, sera couronné dans la
prochaine séance publique. Elle considère comme admis à ce concours
annuel les Mémoires envoyés en manuscrit, et ceux qui. ayant été imprimés
et publiés, arrivent à sa connaissance.
CHIMIE.
PRIX JECRER (loooof).
Ce prix annuel est destiné à récompenser les travaux les plus propres
à hâter les progrès de la Chimie organique.
Voir page 1249.
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. I25l
PRIX L. LA GAZE (loooof).
MINERALOGIE ET GEOLOGIE.
PRIX DELESSE (1400^).
jyjme yve DeJesse a fait don à l'Académie d'une somme de vingt mille francs,
destinée par elle à la fondation d'un prix qui sera décerné tous les deux
ans, s'il y a lieu, à l'auteur, français ou étranger, d'un travail concernant
les Sciences géologiques, ou, à défaut, d'un travail concernant les Sciences
minéralogiques.
Le prix Delesse sera décerné dans la séance publique de l'année iqoS.
PRIX FONTANNES (aocof').
Ce prix triennal est attribué à r auteur de la meilleure publication paleon-
tologique. Il sera décerné, s'il y a lieu, dans la séance publique de 1905.
PRIX ALHUMBERT (looo'''').
L'Académie a mis au concours, pour sujet de ce prix quinquennal à
décerner en igoS, la question suivante :
Etude sur l'âge des dernières éruptions volcaniques de la France.
1202 ACADEMIE DES SCIENCES.
GEOGRAPHIE PHYSIQUE.
PRIX GAY (aSoof').
L'Académie rappelle que le prix Gay, qu'elle doit décerner dans sa
séance publique de l'année 1903, sera attribué à l'auteur cVun travail
ayant pour but la détermination, aussi précise que possible, d'une série de
positions géographiques dans une colonie française .
PRIX GAY (i5oof').
L'Académie a mis au concours pour sujet du prix Gay, qu'elle doit
décerner dans sa séance publique de l'année 1904, la question suivante :
Etudier les variations actuelles du niveau relatif de la terre ferme et de la
mer, à l'aide d'observations précises, poursuivies sur une portion déterminée
des côtes de l'Europe ou de l' Amérique du Nord.
BOTANIQUE.
GRAND PRIX DES SCIENCES PHYSIQUES.
(Prix du Budget : Sooo'"'.)
L'Académie rappelle qu'elle a mis au concours, pour l'année 1903, la
question suivante :
Rechercher et démontrer les divers modes de formation et de développement
de V œuf chez les Ascomycétes et les Basidiomjcètes .
SÉANCE DU 22" DÉCEMBRE 1902. 1253
PRIX BORDIN (3ooo'-).
L'Académie rappelle qu'elle a mis au concours, pour l'année igoB, la
question suivante :
Démontrer, s'il y a lieu, par l'élude de types nombreux et variés, la géné-
ralité du phénomène de la double fécondation, ou digamie, c'est-à-dire de
la formation simultanée d'un œuf et d'un truphime, chez les Angiospermes.
PRIX UESMAZIÈRES (iGoo").
Ce prix annuel est attribué « à l'auteur, français ou étranger, du meil-
» leur ou du plus utile écrit, publié dans le courant de l'année précédente,
» sur tout ou partie de la Cryptogamie ».
PRIX MONTAGNE (iSoof).
Par testament en date du 11 octobre 1862, M. Jean-Franrois-Camille
Montagne, Membre de l'Institut, a légué à l'Académie des Sciences la tota-
lité de ses biens, à charge par elle de distribuer chaque année, sur les
arrérages de la fondation, un prix de looo'^'' ou deux prix : l'un de igoo*^'',
l'autre de ôog*^', au choix de la Section de Botanique, aux auteurs de tra-
vaux importants ayant pour objet l'anatomie, la physiologie, le dévelop-
pement ou la description des Cryptogames inférieures (Thallophytes et
Muscinées).
Les concurrents devront être Français ou naturcdisés Français.
PRIX THORE (ooof^.
Ce prix annuel est attribué alternativement aux travaux sur les Crypto-
games cellulaires d'Europe et aux recherches sur les mœurs ou l'ana-
tomie d'une espèce d'Insecte d'Europe. (Voir page i255.)
Ce prix sera décerné, s'il y a lieu, dans la séance annuelle de igo3,
au meilleur travail sur les Cryptogames cellulaires d'Europe.
1254 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PRIX DE LA FONS-MÉLICOCQ (900^^).
Ce prix sera décerné « tous les trois ans au meilleur Ouvrage de Botanique,
» manuscrit ou imprimé, sur le nord de la France , c'est-à-dire sur les
» départements du Nord, du Pas-de-Calais, des Ardennes, de la Somme, de
l'Oise et de l'Aisne ».
»
Ce prix sera décerné, s'il y a lieu, dans la séance annuelle de 1904.
ECONOMIE RURALE.
PRIX BIGOT DE MOROGUES (1700'^').
Ce prix décennal sera décerné, dans la séance annuelle de 1903, à l'Ou-
vrage qui aura fait faire le plus de progrès à l'Agriculture de France.
ANATOMIE ET ZOOLOGIE.
PRIX SAVIGNY, FONDÉ PAR M"* LETELLIER (i3oof).
« Voulant, dit la testatrice, perpétuer, autant qu'il est en mon pouvoir
» de le faire, le souvenir d'un martyr de la science et de l'honneur, je
)) lègue à l'Institut de France, Académie des Sciences, Section de Zoologie,
vingt mille francs, au nom de Marie-Jules-César Le Lorgne de Savigny,
ancien Membre de l'Institut d'Egypte et de l'Institut de France, pour
l'intérêt de cette somme de vingt jnille francs être employé à aider les
jeunes zoologistes voyageurs qui ne recevront pas de subvention du
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE Tg02. 1255
» Gouvernement et qui s'occuperont plus spécialement des animaux sans
M vertèbres de l'Egypte et de la Syrie. »
PRIX DA GAMA MACHADO (1200^).
L'Académie décernera, tous les trois ans, le prix da Gama Machado aux
meilleurs Mémoires qu'elle aura reçus sur les parties colorées du système
tégumentaire des animaux ou sur la matière fécondante des êtres animés.
Il sera décerné, s'il y a lieu, en igoS.
PRIX THORE (ooof--).
Voir page i253.
Ce prix alternatif sera décerné, s'il y a lieu, dans la séance annuelle
de 1904, au meilleur travail sur les mœurs et l'anatoraie d'une espèce
d'Insectes d'Europe.
MEDECINE ET CHIRURGIE.
PRIX MONTYON
(Trois prix de 3 000'^'', trois mentions de iSoof'').
Conformément au testament de M. Auget de Montyon, il sera décerné,
tous les ans, un ou plusieurs prix aux auteurs des Ouvrages ou des décou-
vertes qui seront juges les plus utiles à Y art de guérir.
L'Académie juge nécessaire de faire remarquer que les prix dont il
s'agit ont expressément pour objet des découvertes et inventions propres à
perfectionner la Médecine ou la Chirurgie.
Les pièces admises au Concours n'auront droit au prix qu'autant qu'elles
contiendront une découverte parfaitement déterminée.
y 1256 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Si la pièce a été produite par l'auteur, il devra indiquer la partie de son
travail où cette découverte se trouve exprimée; dans tous les cas, la Com-
mission chargée de l'examen du concours fera connaître que c'est à la dé-
couverte dont il s'agit que le prix est donné.
PRIX BARBIER (2000^').
Ce prix annuel est attribué à « l'auteur d'une découverte précieuse dans
» \e?, Sciences chirurgicale, médicale, pharmaceutique, et dans la Botanique
» ayant rapport à l'art de guérir ».
PRIX BRÉANT (100000'^.
M. Bréant a léçué à l'Académie des Sciences une somme de cent mille
francs pour la fondation d'un prix à décerner « à celui qui aura trouvé
» le moven de guérir du choléra asiatique ou qui aura découvert les causes
» de ce terrible fléau ».
Prévoyant que le prix de cent mille francs ne sera pas décerné tout de
suite, le fondateur a voulu, jusqu'à ce que ce prix fût gagné, que l'intérêt
du capital fût donné à la personne qui aura fait avancer la Science sur la
question du choléra ou de toute autre maladie épidémique, ou enfin que ce
prix pût être gagné par celui qui indiquera le moyen de guérir radicale-
ment les dartres ou ce qui les occasionne.
Les concurrents devront satisfaire aux conditions suivantes :
1° Pour remporter le prix de cent mille francs, il faudra : « Trouver une
» médication qui guérisse le choléra asiatique dans V immense majorité des cas » ;
Ou : « Indiquer d'une manière incontestable les causes du choléra asiatique, de
» façonqu'en amenant la suppression de ces causes on fasse cesser l' épidémie » ;
Ou enfin : « Découvrir une prophylaxie certaine et aussi évidente que l'est,
» par exemple, celle de la vaccine pour la variole » .
1° Pour obtenir le prix annuel, représenté par l'intérêt du capital, il
faudra, par des procédés rigoureux, avoir démontré dans l'atmosphère
l'existence de matières pouvant jouer un rôle dans la production ou la
propagation des maladies épidémiques. *
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. 1237
Dans le cas où les conditions précédentes n'auraient pas été remplies, le
prix annuel pourra, aux termes du testament, être accordé à celui qui aura
trouvé le moyen de guérir radicalement les dartres, ou qui aura éclairé leur
étiologie.
PRIX GODARD (looo^').
Ce prix annuel sera donné au meilleur Mémoire sur l'anatomie, la phy-
siologie et la pathologie des organes génito-urinaires. Aucun sujet de
prix ne sera proposé.
PRIK LALLEMAND (i Soo'''').
Ce prix annuel est destiné à « récompenser ou encourager les travaux
relatifs au système nerveux, dans la plus large acception des mots »,
PRIX DU BARON LARREY (7 50^0-
Ce prix sera décerné annuellement à un médecin ou à un chirurgien
des armées de terre ou de mer pour le meilleur Ouvrage présenté à l'Aca-
démie et traitant un sujet de Médecine, de Chirurgie ou d'Hygiène mili-
taire.
PRIX BELLION, FONDÉ PAR M"" FOEHR (1400^-).
Ce pri.r annuel sera décerné aux savants « qui auront écrit des Ombrages
» ou fait des découvertes surtout profitables à la santé de l'homme ou à l'am.e-
r> lioration de V espèce humaine ».
PRIX MÈGE (loooof').
Le D"" Jean-Baptiste Mège a légué à l'Académie « dix mille francs à donner
en prix à l'auteur qui aura continué et complété son Essai sur les causes qui
ont retardé ou favorisé les progrés de la Médecine, depuis la plus haute anti-
quité jusqu à nos jours.
» L'Académie des Sciences pourra disposer en encouragements des inté-
rêts de cette somme jusqu'à ce qu'elle pense devoir décerner le prix. »
G. R., 1903, 2* Semeatre. (T. CXXXV, N» 25.) l64
1258 ACADÉMIE DES SCIENCES.
L'Académie des Sciences décernera le prix Mège, s'il y a lieu, dans sa
séance publique annuelle de igo3.
PRIX CHAUSSIER (loooo'"').
Ce prix sera décerné tous les quatre ans au meilleur Livre ou Mémoire
qui aura paru pendant ce temps, et fait avancer, soit la Médecine légale,
soit la Médecine pratique.
L'Académie décernera ce prix dans la séance annuelle de 1908, au meil-
leur Ouvrage paru dans les quatre années qui auront précédé son juge-
ment.
PRIX SERRES (7Joof').
Ce prix triennal « sur l'Embryologie générale appliquée autant que possible
» à la Physiologie et à la Médecine » sera décerné en igoS par l'Académie
au meilleur Ouvrage qu'elle aura reçu sur cette importante question.
PRIX DUSGATE (2 5oof').
Ce prix quinquennal sem décerné, s'il y a lieu, en iqoj, à l'auteur du
meilleur Ouvrage sur les signes diagnostiques de la mort et sur les movens
de prévenir les inhumations précipitées.
PHYSIOLOGIE.
PRIX MONTYOX (750^^.
L'Académie décernera annuellement ce prix de Physiologie expérimen-
taleà l'Ouvrage, imprimé ou manuscrit, qui lui paraîtra répondre le mieux
aux vues du fondateur.
SÉANCE DU 11 DÉCKMBRE 1902. " I25()
PRIX PHILIPEAUX (900").
Ce prix annuel de Physiologie expérimentale sera décerné dans la pro-
chaine séance publique.
PRIX !.. LA CAZK (loooof'').
Voir page 12/(9.
PRIX POURAT (loocf--).
L'Académie rappelle qu'elle a mis au concours, pour l'année 1903, la
question suivante :
Action des courants de haute fréquence sur les phénomènes de la vie.
PRIX POURAT (looof).
(Question proposée pour l'année 1904.)
Les phénomènes physiques et chimiques de la respiration aux grandes alti-
tudes.
PRIX MARTIN-DAMOURETTE (1/400^').
Ce prix biennal &ern décerne, s'il y a lieu, dans la séance i)ublique an-
nuelle de igo'i.
HISTOIRE DES SCIENCES.
PRIX BINOUX (2000''').
Ce prix alternatif sera décerné, en 1903, à l'auteur de travaux sur
'Histoire des Sciences.
Voir page 1248.
I26o ACADÉMIE DES SCIENCES.
PRIX GENERAUX.
MÉDAILLE ARAGO.
L'Académie, dans sa séance du i4 novembre 1887, a décidé la fondation
d'une médaille d'or à l'effigie d'Arago.
Celte médaille sera décernée par l'Académie chaque fois qu'une décou-
verte, un- travail ou un service rendu à la Science lui paraîtront dignes de
06 témoignage de haute estime.
MEDAILLE LAVOISIER.
L'Académie, dans sa séance du 26 novembre 1900, a décidé la fonda-
tion d'une médaille d'or à l'effigie de Lavoisier.
Cette médaille sera décernée par l'Académie, aux époques que son
Bureau jugera opportunes et sur sa proposition, aux savants qui auront
rendu à la Chimie des services éminents, sans distinction de nationalité.
Dans le cas où les arrérages accumulés dépasseraient le revenu de deux
années, le surplus pourrait être attribué, par la Commission administrative,
à des recherches ou à des publications originales relatives à la Chimie.
MÉDAILLE BERTHELOT.
Chaque année, sur la proposition de son Bureau, l'Académie décernera
un certain nombre de « Médailles Berthelot » aux savants qui auront
obtenu, cette aanée-là, des prix de Chimie ou de Physique; à chaque
Médaille sera joint un exemplaire de l'Ouvrage intitulé : La Synthèse
chimique.
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. 1261
PRIX MONTYON (ARTS INSALUBRES).
(Les prix sont de 2000'^'^ el les mentions de iSoD^''.)
Il sera décerné chaque année un ou plusieurs prix aux auteurs qui
auront trouvé les moyens de rendre un arl ou un métier moins insalubre.
L'Académie juge nécessaire de faire remarquer que les prix dont il
s'agit ont expressément pour objet des découvertes et inventions qui dimi-
nueraient les dangers des diverses professions ou arts mécaniques.
Les pièces admises au concours n'auront droit au prix qu'autant qu'elles
contiendront une découverte parfaitement déterminée.
Si la pièce a été produite par l'auteur, il devra indiquer la partie de son
travail où celte découverte se trouve exprimée; dans tous les cas, la Com-
mission chargée de l'examen du concours fera connaître que c'est à la dé-
couverte dont il s'agit que le prix est donné.
PRIX WILDE (4ooo"').
M. Henry Wilde a fait donation à l'Académie des Sciences d'une somme
de cent trente-sept mille cinq cents francs, qui a été convertie en rente
3 pour 100 sur l'Etat français. Les arrérages de ladite rente sont consa-
ci'cs à la iondatiou à perpétuité d'nnprix annuel qui porte le nom de
Prix Wilde.
L'Académie, aux termes de celte donation, a la faculté de décerner au
lieu d'un seul prix de quatre mille francs, deux prix de deux mille francs
chacun.
Ce prix est décerné chaque année par l'Académie des Sciences, sans
dislinclion de nalionylilé, à la personne dont la découverte ou l'Ouvrage
sur V Astronomie, la Physique, la Chimie, la Minéralogie, la Géologie ou la
Mécanique expérimentale aura été jugé par l'Académie le plus digne de
récompense, soit que celte découverte ou cet Ouvrage ait été fait dans
l'année même, soil qu'il remonte à une autre année antérieure ou posté-
rieure à la donation.
1262 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PRIX TCHIHATCHEF (3 000").
M. Pierre de Tchihatchef a légué à l'Académie des Sciences la somme
de cent mille francs.
Dans son testament, M. de Tchihatchef stipule ce qui suit :
M Les intérêts de cette somme sont destinés à offrir annuellement une
» récompense ou un encouragement aux naturalistes de toute nationalité qui
» se seront le plus distingués dans l'exploration du continent asiatique
» (ou îles limitrophes), notamment des régions les moins connues et, en
» conséquence, à l'exclusion des contrées suivantes : Indes britanniques,
» Sibérie proprement dite, Asie Mineure et Syrie, contrées déjà plus ou
» moins explorées.
» Les explorations devront avoir pour objet une branche quelconque
» des Sciences naturelles, physiques ou mathématiques.
» Seront exclus les travaux ayant rapport aux autres sciences, telles
» que : Archéologie, Histoire, Ethnographie, Philologie, etc.
» Il est bien entendu que les travaux récompensés ou encouragés
» devront être le fruit d'observations faites sur les lieux mêmes et non des
» œuvres de simple érudition. »
PRIX CUVIER (i5oo").
Ce prix est attribué tous les trois ans à l'Ouvrage le plus remarquable
sur l'étude des ossements fossiles, l'Anatomie comparée ou la Zoologie.
L'Académie décernera, s'il y a lieu, le prix Cuvier, dans sa séance pu-
blique annuelle de igoS, à l'Ouvrage qui remplira les conditions du
concours, et qui aura paru depuis le 1" janvier 1901.
PRIX PARKIN (34oof^).
Caprix me/ma/ est destiné à récompenser des recherches sur les sujets
suivants :
« 1° Sur les effets curatifs du carbone sous ses diverses formes et plus
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. 1263
» particulièrement sous la forme gazeuse ou gaz acide carbonique, dans
» le choléra, les différentes formes de fièvre et autres maladies;
» 2" Sur les effets de l'action volcanique dans la production de maladies
» épidémiques dans le monde animal et le monde végétal, et dans celle des
» ouragans et des perturbations atmosphériques anormales. »
Le testateur stipule :
« 1° Que les recherches devront être écrites en français, en allemand
» ou en italien ;
» 2" Que l'auteur du meilleur travail publiera ses recherches à ses pro-
» près frais et en présentera un exemplaire à l'Académie dans les trois
» mois qui suivront l'attribution du prix;
)> 3" Chaque troisième et sixième année le prix sera décerné à un tra-
» vail relatif au premier desdits sujets, et chaque neuvième année à un
» travail sur le dernier desdits sujets. »
Ti' Académie ayant décerné pour la première fois ce prix dans sa séance
publique de 1897, attribuera ce prix triennal, en l'année 1908, à un tra-
vail sur le dernier desdits sujets, conformément au vœu du testateur.
PRIX PETIT D'ORMOY.
(Deux prix de loooo'^'".)
T/Académie a décidé que, sur les fonds produits par le legs Petit d'Or-
moy, elle décernera tous les deux ans un prix de dix mille francs pour les
Sciences mathématiques pures ou appliquées, et un pris de dix mille francs
pour les Sciences naturelles.
L'Académie décernera les prix Petit d'Ormoy, s'il y a lieu, dans sa
séance publique annuelle de r9o3.
PRIX BOILEAU (rSoof^).
Ce prix /nV?/î7îCf/ est destiné à récompenser les recherches sur les mou-
vements des fluides, jugées suffisantes pour contribuer au progrès de
l'Hydraulique.
126'i ACADÉMIE DES SCIENCES.
A défaut, la rente triennale échue sera donnée, à litre d'encouragement,
à un savant estimé de l'Académie et choisi parmi ceux qui sont notoire-
ment sans fortune.
L'Académie décernera le prix Boileaii dans sa séance annuelle de igo3.
PRIX ESTRADE-DELCROS (8ooo*"0-
M. Estrade-Delcros, par son testament en date du 8 février 1876, a
légué toute sa fortune à l'Institut. Conformément à la volonté du testateur
ce legs a été partagé, par portions égales, entre les cinq classes de l'Institut,
pour servir à décerner, tous les cinq ans. un prix sur le sujet que choisira
chaque Académie.
Ce prix ne peut être partagé. Il sera décerné par l'Académie des
Sciences, dans sa séance publique de 190.3.
PRIX CAHOURS (3ooof^).
M. Auguste Cahours a légué à l'Académie des Sciences la somme de
cent mille francs.
Conformément aux vœux du testateur, les intérêts de cette somme se-
ront distribués chaque année, à titre d'encouragement, à des jeunes gens
qui se seront déjà fait connaître par quelques travaux intéressants et plus
particulièrement par des recherches sur la Chimie.
PRIX SAINTOUR (3ooof^).
Ce prix annuel est décerné par l'Académie dans l'intérêt des Sciences.
PRIX TRÉMONT (1100^^).
Ce prix annuel est destiné « à aider dans ses travaux coût savant, ingé-
nieur, artiste ou mécanicien, auquel une assistance sera nécessaire pour
atteindre un but utile et glorieux pour la France ».
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. 126J
PRIX GEGNER (3 800").
Ce prix annuel est destiné « à soutenir un savant qui se sera signalé par
des travaux sérieux, et qui dès lors pourra continuer plus fructueusement
ses recherches en laveur des progrès des Sciences positives ».
PRIX FONDE PAR M"" l\ Marquise DE LAPLACE.
Ce prix, qui consiste dans la collection complète des Ouvrages de
Laplace, est décerné, chaque année, au premier élève sortant de l'École
Polytechnique.
PRIX FÉLIX RIVOT (2 5oof').
Ce prix annuel sera partagé entre les quatre élèves sortant chaque
année de l'École Polytechnique avec les n°* 1 et 2 dans les corps des
Mines et des Ponts et Chaussées.
PRIX LECONTE ( )oooo").
Ce prix doit être donné, en un seul prix, tous les trois ans, sans préférence
de nationalité :
1° Aux auteurs de découvertes nouvelles et capitales en Mathématiques,
Physique, Chimie, Histoire naturelle, Sciences médicales;
2° Aux auteurs d'applications nouvelles de ces sciences, applications qui
devront donner des résultats de beaucoup supérieurs à ceux obtenus
jusque-là.
L'Académie décernera le prix Leconte, s'il v a lieu, dans sa séance
annuelle de 1904.
G. R., 1902, 2- Semestre. (T. CXXXV, N° 25.) 1 65
[206 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PRIX JEAN-JACQUES BERGER (iSooof--).
Le prix Jean-Jacques Berger est décerné successivement par les cinq
Académies à l'OEuvre la plus méritante concernant la Ville de Paris; il
sera décerné, par l'Académie des Sciences, en igo4.
PRIX DELALANDE-GUÉRINEAU (1000^).
Ce prix biennal sera décerné en 1904 « au voyageur français ou au savant
1) qui, l'un ou l'autre, aura rendu le plus de services à la France ou à la
» Science » .
PRIX JEROME PONTI (SSoo'"'-).
Ce prix biennal sera accordé à l'auteur d'un travail scientifique dont la
continuation ou le développement seront jugés importants pour la Science.
L'Académie décernera ce prix, s'il y a lieu, dans sa séance publique
de 1904.
PRIX HOULT>EVIGUE (5ooof")-
Ce prix est décerné à tour de rôle par l'Académie des Sciences et par
l'Académie des Beaux-Arts.
L'Académie des Sciences décernera ce prix, dans l'intérêt des Sciences,
dans la séance publique annuelle de 1904.
PRIX JEAN REYNAUD (loooo").
jyjme yve jg^j^ Reyuaud, « voulant honorer la mémoire de son mari
et perpétuer son zèle pour tout ce qui touche aux gloires de la France »,
a fait donation à l'Inslitut de France d'une rente sur l'Etat français, de la
somme de dix mille francs, destinée à fonder un prix annuel qui sera suc-
cessivement décerné par les cinq Académies « au travail le plus méritant.
SÉANCE DU 2 2 DÉCEMBRE 1902. 1267
relevant de chaque classe de l'Institut, qui se sera produit pendant une
période de cinq ans » .
<( Le prix J. Reynaud, dit la fondatrice, ira toujours à une œuvre origi-
» nale, élevée et ayant un caractère d'invention et de nouveauté.
» Les Membres de l'Institut ne seront pas écartés du concours.
» Le prix sera toujours décerné intégralement; dans le cas où aucun
» Ouvrage ne semblerait digne de le mériter entièrement, sa valeur sera
» délivréeàquelquegrandeinfortunescientifique, littéraire, ou artistique. »
L'Académie des Sciences décernera le prix Jean Reynaud dans sa séance
publique de l'année 1906.
PRIX DU BARON DE JOEST (2000'').
Ce prix, décerné successivement par les cinq Académies, est attribué
à celui qui, dans l'année, aura fait la découverte ou écrit l'Ouvrage le plus
utile au bien public. Il sera décerné par l'Académie des Sciences dans sa
séance publique de 190G.
1268 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CONDITIONS COMMUNES A TOUS LES CONCOURS.
Les pièces manuscrites ou imprimées destinées aux divers concours de
l'Académie doivent être directement adressées par les auteurs au Secré-
tariat de l'Institut, avec une lettre constatant l'envoi et indiquant le
concours pour lequel elles sont présentées.
Les Ouvrages imprimés doivent être envoyés au nombre de deux
exemplaires.
Les concurrents doivent indiquer, par une analyse succincte, la partie
de leur travail où se trouve exprimée la découverte sur laquelle ils appellent
le jugement de l'Académie.
Les concurrents sont prévenus que l'Académie ne rendra aucun des
Ouvrages ou Mémoires envoyés aux concours; les auteurs auront la liberté
d'en faire prendre des copies au Secrétariat de l'Institut.
Par une mesure générale, l'Académie a décidé que la clôture de chaque
concours serait fixée au premier juin de l'année dans laquelle doit être
jugé ce concours.
Le montant des sommes annoncées pour les prix n'est donné qu'à titre
d'indication subordonnée aux variations du revenu des fondations.
Nul n'est autorisé à prendre le titre de Lauréat de l'Académie, s'il n'a
été jugé digne de recevoir un Prix. Les personnes qui ont obtenu des ré-
compenses, des encouragements ou des mentions, n'ont pas droit à ce titre.
LECTURES.
M. Berthelot, Secrétaire perpétuel, lit une Notice historique sur la vie
et les travaux de M. Chevriïul, Membre de l'Institut.
M. B. et G. D.
SEANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902.
1269
TABLEAUX
DES PRIX DÉCERNÉS ET DES PRIX PROPOSÉS
DANS LA SÉANCE DU LUNDI 2i DÉCEMBRE 1902.
TABLEAU DES PRIX DECERNES.
ANNÉE 1902.
géométrie.
Grand Prix des Sciences mathématiques.
— Le prix est décerné à M. Ernest Vessiot.
Une mention très honorable est accordée
à M. Jean Le Roux i ij'l
Prix Bordin. — Le prix n'est pas décerné.
Une mention honorable est accordée à
M. de Tannenberg 1 16!
Prix Francœur. — Le prix est décerné a
M. Emile Lemoine i iG3
Prix Poncelet. — Le prix est décerné à
M . Maurice d 'Ocagne • 1 1 63
mécanique.
Prix extraordinaire de six mille francs.
— Un prix de quatre mille francs est
décerné à M. lioniazotti. Un prix de deux
mille francs à M . Driencourt i iG3
Prix Montyon. — Le prix est décerné à
M. le Commandant Hartmann 116-
Prix Pltjmey. — Le prix est décerné à
M. le Colonel Renard ii(i8
ASTRONOMIE.
Prix Pierre Guzman. — Le prix n'est pas
décerné 1 i(is
Prix Lalande. — Le prix est décerné à
M. Trépied 1 16S
Prix Valz. — Le prix est décerné à M. E.
Hartwig i i6g
Le prix est décerné à
Prix Damoiseau.
M. Caillot
Prix Janssen. — Le prix est décerné à
M. le Comte Aymar de La Baume-Plu-
i'inel. Un encouragement et une médaille
(le vermeil sont accordés à M.Jean Binot.. 1172
GÉOGRAPHIE ET NAVIGATION.
Prix Binoux. — Le prix est partagé entre
iMM. Claude, Marcel Monnier. Delpeuch. 1 174
PHYSIQUE.
Prix Hébert. — Le prix est décerné à
M. C.-F. Guilhert.
1177
STATISTIQUE.
Prix Montyon. — Le prix est partagé
entre M. F. Bordas et M. Duchaussoy.
Trois mentions exceptionnellement hono-
rables sont accordées à MM. Liélard,
Dislère, Peyroux; cinq mentions sont
accordées à MM. R. Leroy, Lucien Mayet,
l'asserat, Trousseau, et au Manuscrit
anonyme ayant pour devise Primo non
iiocere
,78
Prix Jecker. — Le prix est décerné à
M. Rosenstielil ngS
I 270
ACADEMIE DES SCIENCES.
MINERALOGIE ET GEOLOGIE.
Prix Fontannes. — Le prix est décerné à
M. de Grossouvre 1 19-
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE.
Prix Gay.
Colonel Berlhaut .
Le prix est décerné à 1\I. le
'99
BOTANIQUE.
Prix Desmazières. — Le prix est décerné à
M. Roland Thaxter 1201
Prix Montagne. — Le prix est décerné à
M. Vuillemin i'!o4
ANATOMIE ET ZOOLOGIE.
Prix Savigny. — Le prix n'est pas décerné. i2o5
Prix Tiiore. — Le prix est décerné à
M. Ji. de Sinéty , 1 300
Prix Vaillant. — Le prix n'est pas décerné. 1208
MÉDECINE ET CHIRURGIE.
Prix Montyon. — Les prix sont décernés à
MM. Dejerine, Roger, Ravaiit. Les men-
tions sont attribuées à SLM. Conimeiige.
Coniby, Guilleinonat. Des citations sont
accordées à MU. Bodin, Griffon, Four-
nier, Guérin, Cassaët 1208
Prix Barbier. — Le prix est partagé entre
MAL L. Grimbert, A. Le Dentu i2i3
Prix Bréant. — Les arrérages du prix
Bréant sont attribués à U-^Ed. Imbeaujc. 1216
Prix Godard. — Le prix est décerné à
M. G. Loisel ,216
Prix Bellion. — Le prix est décerné à
M. Pierre Lereboullet , 2 18
Prix Mége. — Les arrérages du prix Mège
sont attribués à M. A. Clerc 1218
Prix Lallemand. — Le prix est partagé
entre M"« PompUian et M. Hauser 1218
Prix du baro.v Larrey. — Le prix est dé-
cerné à M. Triaire. Une mention très ho-
norable est attribuée à AL Romary 1220
PHYSIOLOGIE.
Prix Montyon (Physiologie expérimentale).
— Le prix n'est pas décerné 1221
Prix Philipeaux. — Le prix est décerné
à M . Pierre Bonnier 1 2 1 1
Prix Serres. — Le prix est décerné à
M. Paul Marchai 1222
Prix Pourat. — Le prix est décerné à
M . /. Tissot 1229
Prix Martin-Da.mourette. — Le prix est
décerné à M. //. Blondel de Joigny isSi
PRIX GÉNÉRAUX.
MÉDAILLE Lavoisier. — Cette médaille est
décernée à .M. Stanislas Cannizzaro. . . . i233
Médaille Bkrthelot. — Des médailles Ber-
thelot sont accordées à Al.M. Rosenstiehl,
Minet, Clerc, Inibeaux, Bordas, Dislère,
Peyroux, Grimbert, à M"' Curie, à
MM. Grignard, Fosse, Marquis i233
Prix Montyon (.\rts insalubres). — Le prix
est décerné à M. Claude Boucher 1234
Prix Wilde. — Le prix est décerné à
M. Schulhof 12 36
Prix Cauours. — Le prix est partagé entre
ALM. Fosse, Grignard, Marquis i23y
Prix Tcrihatchef. — Le prix est décerné
à AI. Sven Hedin 1239
Prix Delalande-Guerineau. — Le prix est
décerné à AI. Gonnessiat 1241
Prix Jérôme Ponti — Le prix est décerné
à M. André Tournouër 1241
Prix Houllevigue. — Le prix est décerné
à AI. Teisserenc de Bort 1 242
Prix Saintour. — Le prix est partagé entre
M. Riquier et M. Adolphe Minet 1242
Prix Gegxer. — Le prix est décerné à
Al"» Curie 12^
Prix Tremont. — Le prix est décerné à
M. Fremont 1243
Prix Laplace. — Le prix est attribué à
AI . Aubrun 1 243
Prix Rivot. — Le prix est partagé entre
MAL Aubrun, A'iewengloivski, Barrillon,
Bénézit i343
SEANCE DU 22 DECEMBRE 1902.
I2'7 1
PRIX PROPOSES
pour les années 1903, 1904, iQoS et 1906.
geometrie.
1903. Prix Francœur 1244
1903. Prix Poncelet 1344
1904. Grand prix des Sciences mathéma-
tiques. — Perfectionner, en quelque point
important, l'étude de la convergence des
fractions continues algébriques 1244
1904. Prix Bordin. — Développer et, per-
fectionner la théorie des surfaces appli-
cables sur le paraboloïde de révolution.. 1245
1904. Prix Vaillant. — Déterminer et étu-
dier tous les déplacements d'une figure
invariable dans lesquels les différents
points de la figure décrivent des courbes
sphériques i345
mécanique.
1903. Prix extraordinaire de six mille
FRANCS. — Destiné à récompenser tout pro-
grés de nature à accroître l'efficacité de
nos forces navales 1245
1903. Prix Montyon 1245
1903. Prix Plumey 1246
1903. Prix Fourneyron. — Étude théorique
ou expérimentale sur les turbines à vapeur. 1246
ASTRONOMIE.
1903. Prix Pierre Guzman 1246
1903. Prix Lalande 1247
1903. Prix Valz 1247
1903. Prix G. de Pontécoulant 1247
190i. Prix Janssen. — Médaille d'or des-
tinée à récompenser la découverte ou le
Travail faisant faire un progrès important
à l'Astronomie physique 1247
1905. Prix Damoiseau. — Il existe une di-
zaine de comètes dont l'orbite, pendant
la période de visibilité, s'est montrée de
nature hyperboli(|ue. Rechercher, en re-
montant dans le passé et tenant compte
des perturbations des planètes, s'il en
était ainsi avant l'arrivée de ces comètes
dans le système solaire 1247
GÉOGRAPHIE ET NAVIGATION.
1904. Prix BiNoux 1348
physique.
1903. Prix Hébert 1348
1903. Prix Hughes 345
1903. Prix Gaston Planté 1348
190i. Prix Kastner-Boursault i34()
1905. Prix L. La Gaze 134^
statistique.
1903. Prix Montyon 1350
CHIMIE.
1903. Prix Jecker 1 350
1903. Prix L. La Caze i35i
MINÉRALOGIE ET GÉOLOGIE,
1903. Prix Delesse isSi
1905. Prix Fontannes isSi
1905. Prix Alhumbert. — Élude sur l'âge
des dernières éruptions volcaniques de la
France taS,
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE.
1903. Prix Gay. — Le prix sera attribué à
l'auteur d'un Travail ayant pour but la
détermination, aussi précise que possible,
d'une série de positions géographiques
dans une des Colonies françaises i252
1904. Prix Gay. — Étudier les variations
actuelles du niveau relatif de la terre
ferme et de la mer, à l'aide d'observations
précises, poursuivies sur une portion dé-
terminée des côtes de l'Europe ou de
l'Amérique du Nord i252
botanique.
1903. Grand prix des Sciences physiques.
— Rechercher et démontrer les divers
modes de formation et de développement
de l'œuf chez les Ascomycétes et les Basi-
diomycètes i253
1903. Prix Bordin. — Démontrer, s'il y a
lieu, par l'étude de types nombreux et
1272
variés, la géoéralitc Ju phénomùne de la
double fécondation, c'esl-à-dire de la for-
mation simultanée d'un œuf et d'un tro-
phime, chez les Angiospermes I353
1903. Prix Desmazikres i253
1903. Prix Montagne i253
1903. Prix Thore i253
1904. Prix de la Fons-Melicocq 12Ô4
économie rurale.
1903. Prix Biqot de Morogues 1254
anatomie et zoologie.
1903. Prix Savigxy 1254
1903. Prix da Gama Machado i255
1904. Prix Thore ■2.'i5
MÉDECISE ET CHIRURGIE.
1903. Prix Montyon i255
1903. Prix B.arbier i256
1903. Prix Bréant "56
1903. Prix Godard 1257
1903. Prix Lallem.\nd 1257
1903. Prix du baron Laruey 1 237
1903. Prix Bellion 1267
1903. Prix Mège' 1267
1903. Prix Chaussier 1268
1905. Prix Serres 1228
1905. Prix Dusgate i258
PHYSIOLOGIE.
1903. Prix Montyon isôS
1903. Prix Philipeaux 1259
1903. Prix L: La C.\ze 1239
ACADÉMIE DES SCIENCES.
1903. Prix Pourat. — Action des courants
de haute fiéquence sur les phénomènes de
la vie lîjg
1904. Prix Pourat. — Les phénomènes phy-
siques et chimiques de la respiration aux
grandes altitudes 1209
1904. Prix Martin-Damourette 1259
HISTOIRE DES SCIENCES.
1903. Prix Binoux 1269
prix généraux.
MÉDAILLE ARAGO 1260
Médaille Lavoisier 1260
1903. Médaille Berthelot 1260
1903. Prix Montyon, Arts insalubres 1261
1903. Prix Wilde 1261
1903. Prix Tchihatchef 1262
1903. Prix Cuvier 1262
1903. Prix Parkin 1262
1903. Prix Petit d'Ormoy 1268
1903. Prix Boileau 1263
1903. Prix Estrade-Delcros 1264
1903. Prix Cahours 1264
1903. Prix Saintour 1264
1903. Prix Tremont 1264
1903. Prix Gegner i265
1903. Prix L.iPLACE i265
1903. Prix Rivot '265
1904. Prix Leoonte 1265
1904. Prix Jean-Jacques Berger 1266
19U4. Prix Delal.vnde-Guérineau 1266
1904. Prix Jérôme Ponti 1266
1904. Prix Houllevigue 1266
1906. Prix Jean Reynaud 1266
1906. Prix du Baron de Joest 1267
Conditions communes à tous les concours '^"^
Avis relatif au titre de Lauréat de l'Académie "68
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE [902.
1273
TABLEAU PAR ANNÉE
DES PRIX PROPOSÉS POUR 1903, 1904, 1905 ET 1906.
1905
GÉOMÉTRIE.
Prix Francœur. — Découvertes ou travaux
utiles au progrès des Sciences mathématiques
pures et appliquées.
Prix Ponoelet. — Décerné à l'auteur de l'Ou-
vrage le plus utile au progrès des Sciences ma-
thématiques pures ou appliquées.
mécanique.
Prix extraordinaire de six mille francs. —
Progrés de nature à accroître l'efficacité de nos
forces navales.
Prix iMostyon. — Mécanique.
Prix Plumey. — Décerné à l'auteur du per-
fectionnement des machines à vapeur ou de toute
autre invention qui aura le plus contribué aux
progrès de la navigation à vapeur.
Prix P'ourneyron. — Etude théorique ou expé-
rimentale sur les turbines à vapeur.
ASTRONOMIE.
Prix Pierre Guzman. — Décerné à celui qui
aura trouvé le moyen de communiquer avec un
astre autre que Mars.
A défaut de ce prix, les intérêts cumulés pen-
dant cinq ans seront attribués, en igoS, à un sa-
vant qui aura fait faire un progrès important à
l'Astronomie.
Prix Lalanbe. — Astronomie.
Prix Valz. — Astronomie.
Prix G. de Pontecoulant. — Mécanique cé-
leste.
PHYSIQUE.
Prix Hébert. — Décerné à l'auteur du meil-
leur traité ou de la plus utile découverte pour
la vulgarisation et l'emploi pratique de l'Elec-
tricité.
Prix Hdghes. — Décerné à l'auteur d'une dé-
G. R., 1902, 2- Semestre. (T. CXXXV, N» 25.)
couverte ou de travaux qui auront le plus con-
tribué aux progrès de la Physique.
Prix Gaston Planté. — Destiné à l'auteur fran-
çais d'une découverte, d'une invention ou d'un
travail important dans le domaine de l'Électricité.
STATISTIQUE.
Prix Montyon. — Statistique.
Prix Jecker. — Chimie organique.
Prix La Caze. — Décerné aux Ouvrages ou
Mémoires qui auront le plus contribué aux pro-
grès de la Chimie,
MINÉRALOGIE ET GÉOLOGIE.
Prix Delesse. — Décerné à l'auteur, français
ou étranger, d'un travail concernant les Sciences
géologiques ou, à défaut, d'un travail concernant
les Sciences minéralogiques.
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE.
Prix Gay. — Le prix sera attribué à l'auteur
d'un Travail ayant pour but la détermination,
aussi précise ([ue possible, d'une série de posi-
tions géographiques dans une des Colonies fran-
çaises.
BOTANIQUE.
Grand prix des Sciences physiques. — Re-
chercher et démontrer les divers modes de for-
mation et de développement de l'œuf chez les
Ascomycètes et les Basidiomycètes.
Prix Bordin. — Démontrer, s'il y a lieu, par
l'étude de types nombreux et variés, la généra-
lité du phénomène de la double fécondation, c'est-
à-dire de la formation simultanée d'un œuf et
d'un trophime, chez les Angiospermes.
166
1274
Prix Desmazières. —Décerné à l'auteur de
l'Ouvrage le plus utile sur tout ou partie de la
Cryptogamie.
Prix MoNTAaNE. — Décerué aux auteurs de
travaux importants ayant pour objet l'Anatomie,
la Physiologie, le développement ou la descrip-
tion des Cryptogames inférieures.
Prix Thore. — Botanique.
ÉCONOMIE KURALE.
Prix Bigot de Morogues. — Agriculture.
ACADEMIE DES SCIENCES.
ANATOMIE ET ZOOLOGIE.
Dé-
Prix Sa-vigny, fondé par M"« Letellier.
cerné à de jeunes zoologistes voyageurs.
Prix Da Gama Mach.ido. — Décerné aux meil-
leurs Mémoires snr les parties colorées du sys-
tème tégumentaire des animaux ou sur la matière
fécondante des êtres animes.
MÉDECINE ET CHIKURGIE.
Prix Montyon. — Médecine et Chirurgie.
Prix Barbier. — Décerné à celui qui fera une
découverte précieuse dans les Sciences chirurgi-
cale, médicale, pharmaceutique, et dans la Bo-
tanique ayant rapport à 1 art de guérir.
Prix Breant. — Décerné à celui qui aura
trouvé le moyen de guérir le choléra asiatique.
Prix Godard. — Sur l'anatomie, la physiologie
et la pathologie des organes génilo-urinaires.
Prix Lallemand. — Destiné à récompenser ou
encourager les travaux relatifs au système ner-
veux, dans la plus large acception des mots.
Prix du baron Larrey. — Sera décerné à un
médecin ou à un chirurgien des armées de terre
ou de mer pour le meilleur Ouvrage présenté à
l'Académie et traitant un sujet de Médecine, de
Chirurgie ou d'Hygiène militaire.
Prix Bellion, fondé par M"" Foehr. — Dé-
cerné à celui qui aura écrit des Ouvrages ou fait
des découvertes surtout profitables à la santé
de l'homme ou à l'amélioration de l'espèce hu-
maine.
PrixMège. — Décerné à celui qui aura con-
tinué et complété l'essai du D' Mège sur les
causes qui ont retardé ou favorisé les progrès de
la Médecine.
Prix Chaussier. — Décerné à l'auteur du meil-
leur Ouvrage, soit sur la Médecine légale, soit sur
la Médecine pratique, qui aura paru pendant les
quatre années qui auront précédé le jugement de
l'Académie.
PHYSIOLOGIE.
Prix Montyon. — Physiologie expérimentale.
Prix Philipeaux. — Physiologie expérimentale.
Prix L.4. Caze. — Décerné aux Ouvrages ou
Mémoires qui auront le plus contribué aux pro-
grès de la Physiologie.
Prlx Pourat. — Action des courants de haute
fréquence sur les phénomènes do la vie.
HISTOIRE DES SCIENCES.
Prix Binoux. — Histoire des Sciences.
PRIX GÉNÉRAUX.
MÉDAILLE Arago. — Cette médaille sera dé-
cernée par l'Académie chaque fois qu'une décou-
verte, un travail ou un service rendu à la Science
lui paraîtront dignes de ce témoignage de haute
estime.
Médaille Lavoisier. — Cette médaille sera dé-
cernée par l'Académie tout entière, aux époques
que son Bureau jugera opportunes et sur sa pro-
position, aux savants qui auront rendu à la Chi-
mie des services éminents, sans distinction de
nationalité.
Médaille Bbrthelot. — Décernée, sur la pro-
position du Bureau de l'Académie, à des lauréats
de prix de Chimie et de Physique.
Prix Moxtyon. — .\rts insalubres.
Prix H. Wilde.
Prix Tchihatchef.— Destiné aux naturalistes
de toute nationalité qui auront fait, sur le conti-
nent asiatique (ou iles limitrophes), des explo-
rations ayant pour objet une branche quelconque
des Sciences naturelles, physiques ou mathéma-
tiques.
Prix Cuvier. — Destiné à l'Ouvrage le plus
remarquable soit sur le règne animal, soit sur la
Géologie.
Prix Parkin. — Destiné à récomperfier des re-
cherches sur les effets de l'action volcanique dans
la production de maladies épidémiques dans le
monde animal et le monde végétal et dans celle
des ouragans et des perturbations atmosphé-
riques anormales.
Prix Petit d'Ormoy. — Sciences mathéma-
tiques pures ou appliquées et Sciences naturelles.
Prix Boileau. — Hydraulique.
Prix Estrade-Delcros.
Prix Cuiours. — Décerné, à titre d'encoura-
gement, à des jeunes gens qui se seront déjà fait
connaître par quelques travaux intéressants et
plus particulièrement par des recherches sur la
Chimie.
Prix Saintour.
Prix Trémont. — Destiné à tout savant, artiste
ou mécanicien auquel une assistance sera néces-
saire pour atteindre un but utile et glorieux pour
la France.
PrixGegner. — Destiné à soutenir un savant
qui se sera distingué par des travaux sérieux
poursuivis en faveur du progrés des Sciences
positives.
Prix Laplace. — Décerné au premier élève
sortant de l'École Polytechnique.
Prix Bivot. — Partagé entre les quatre élèves
sortant chaque année de l'École Polytechnique
avec les n" 1 et 2 dans les corps des Mines et
des Ponts et Chaussées.
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902.
1275
1904
Grand prix des Sciences mathématiques. —
Perfectionner, en quelque point important, l'étude
de la convergence des fractions continues algé-
briques.
Prix Bordin. — Développer et perfectionner
la théorie des surfaces applicables sur le parabo-
loïde de révolution.
Prix Vaillant. — Déterminer et étudier tous
les déplacements d'une figure invariable dans
lesquels les différents points de la figure dé-
crivent des courbes sphériques.
Prix Janssen. — Astronomie physique.
Prix Binoux. — Géographie ou Navigation.
Prix Kastner-Boursault. — Décerné à l'au-
teur du meilleur travail sur les applications
diverses de l'Électricité dans les Arts, l'Industrie
et le Commerce.
Prix Gay. — Étudier les variations actuelles
du niveau relatif de la terre ferme et de la mer,
à l'aide d'observations précises, poursuivies sur
une portion déterminée des c6tes de l'Europe ou
de l'Amérique du Nord.
Prix de la Fons-Mélicocq. — Décerné au
meilleur Ouvrage de Botanique sur le nord de
la France, c'est-à-dire sur les départements du
Nord, du Pas-de-Calais, des Ardennes, de la
Somme, de l'Oise et de l'Aisne.
Prix Tuore. — Décerné aux recherches sur
les mœurs ou l'anatomie d'une espèce d'Insectes
d'Europe.
Prix Pourat. — Les phénomènes physiques et
chimiques de la respiration aux grandes altitudes.
Prix Martin-Damourette. — Physiologie thé-
rapeutique.
Prix Leconie. — Décerné : 1° aux auteurs de
découvertes nouvelles et capitales en Mathéma-
tiques, Physique, Chimie, Histoire naturelle,
Sciences médicales ; 2" aux auteurs d'applications
nouvelles de ces sciences, applications qui devront
donner des résultats de beaucoup supérieurs i
ceux obtenus jusque-là.
Prix J.-J. Berger. — Décerné à l'œuvre la plus
méritante concernant la Ville de Paris.
Prix Delalande-Guérixeau.
Prix Jérôme Ponti.
Prix IIûullevigue.
190o
Prix Damoiseau. — Il existe une dizaine de
comètes dont l'orbite, pendant la période de
visibilité, s'est montrée de nature hyperbolique.
Rechercher, en remontant dans le passé et tenant
compte des perturbations des planètes, s'il en
était ainsi avant l'arrivée de ces comètes dans le
système solaire.
Prix Fontannes. — Ce prix sera décerné à
l'auteur de la meilleure publication paléontolo-
gique.
Prix Alhumbeet. — Étude sur l'âge des der-
nières éruptions volcaniques de la France.
Prix Dusoate. — Décerné au meilleur Ouvrage
sur les signes diagnostiques de la mort et sur
les moyens de prévenir les inhumations préci-
pitées.
Prix Serres. — Décerné au meilleur Ouvrage
sur l'Embryologie générale appliquée autant que
possible à la Physiologie et à la Médecine.
1906
Prix Jean Reynaud. — Décerné à l'auteur du
Travail le plus méritant qui se sera produit pen-
dant une période de cinq ans.
Prix du Baron de Joest. — Décerné à celui
qui, dans l'année, aura fait la découverte ou écrit
l'Ouvrage le plus utile au bien public.
[■2'jÇ, ACADÉMIE DES SCIETVCES.
BULLETIN BIBMOGKAPUIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance bu i"'' décembre 1902.
Faustino Malaguti e le sue opère, di Icilio Guareschi. {Storia délia Chimica, II.)
Turin, 1902; i fasc. in-8°. (Hommage de l'auteur.)
Metallurgical laboralory notes, bj Henry M. HowB. Boston, Mass., 1902; i vol.
in-8°.
Observations de l'éclipsé totale du Soleil du 28 mai 1900, à Elche près d'Alicante
{Espagne), par M. N. Donitch ; avec 3 figures el 3 phototypies. Saint-Pétersbourg,
1901 ; I fasc. in-Zj". (Hommage de l'auteur.)
Rapporta annuale dello I. R. Observatorio astronomico-meteorologico di Trieste,
per l'anno 1899, redatto da Edoardo Mazelle ; vol. XVI. Trieste, 1902; i vol.
in-4''.
Froni the Washington observations for 1891. Meteorological observations results.
United States naval observatory, 1891. Washington, 1902; i fasc. in-^".
Kaiserliche Akademie der Wissenschaften in Wien. II. Bericht ûber den Stand
der Arbeiten der Phonogramm. Archivis-Conimission, erstattet in der Sitzung
der Gesammt- Akademie vom 1 1. Juli 1902, von M. Sigm. Exner. Vienne, 1902 ; i fasc.
in-8».
O prima incercare asupra lu crarilor astronomice din România pana la fmele
secolului al A'IA'-I ea, de Stefan C. Hepites. Bucharest, 1902; i fasc. in-4°. (Hom-
mage de l'auteur.)
Astronomul Capitaneanu, de St. C. Hepites. Bucharest, 1902; i fasc. in-12.
(Hommage de l'auteur.)
{A suivre.)
ERRATA.
(Séance du 8 décembre 1902.)
Noie de M. Thomas, Sur le chlorure thallique :
Page io52, ligne 21, au lieu de 23™", lisez 9™"°, 5.
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER- VILLARS,
Quai dés Grands-Augustins, n° 55.
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. . Jérôme.
Régnier.
; Feret.
. . j Laurens.
( Muller (G.).
Renaud.
iDerrien.
F. Robert.
Oblin.
Uzel frères.
• Jouan.
. Perrin.
I Henry.
Marguerie.
I Juliot.
( Bouy.
. Nourry.
. Ratel.
IRey.
j Lauverjat.
' ( Degez.
1 Drevet.
I Gralier et C".
Foucher.
1 Bourdignon.
I Dombre.
ÎThorez.
Quarré.
chez Messieurs
Lorient j Baumal.
■ \ M"- Teiier.
On souscrit, à l'Étranger,
Lyon.
I Bernoux et Cumi
I Georg.
{ Effantin.
Savy.
iSa
( Vi
Marseille Ruât.
Montpellier \ ^^'"•
1 Coulet et fils.
Moulins Martial Place.
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Grosjean-Maupin.
Sidot frères.
( Guist'liau.
( Veloppé.
( Barma.
! Appy.
IVimes Thibaud.
Orléans Lod.lé.
Blanchier.
Lévrier.
Bennes Plihon et Hervé.
Rochefort Girard (M"").
Rouen j Langlois.
( Lestringant.
S'-É tienne Chevalier.
Toulon j Ponte.l-Burles.
( Rumébe.
Nantes
Nice.
Poitiers. .
Toulouse..
Gimet.
Privât.
iBoisselier.
Péricat.
Suppligeon.
Valenciennes j ^iard.
( Lemaître.
chez Messieurs :
Amsterdam ( Feikema Caarelsen
■■■■( et Ci'.
Athènes Beck.
Barcelone...: Verdaguer.
I Asher et G".
Btrlin ] Dames.
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f Mayer et Muller.
Berne Schmid Francke.
Bologne Zanichelli.
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Bucharest } Sotchek et C».
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Lorentz.
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Luxembourg ,
Lausanne-
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I Dulau.
Hachette et C'«.
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V. Bûck.
ÎRuiz et C*.
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ports qui existent entre ri;atUtuel du rogne or^nl:;,rrré?^^^
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IV° 25. . .
TABLE DES ARTICLES
(Séance publique annuelle du 22 décembre 1902).
allocution de M. Bouquet de la (j.R\t -r- »- .,
Prix décernes ^^ .
Prix proposés ';;^
Tableau des prix décernés " ■
Tableau des prix proposés
Tableau par année des prix proposés :
1271
I2-j3
Bulletin bibliographiquk
Errata
1276
1276
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Le Gérant: GaUTHIER-Villabs.
1902
,o9i^
SECOND SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
TOME CXXXV.
3
N 26(29 Décembre 1902).
I
I
^PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'AGADÊMIIÎ DES SCIENCES,
Quai des Grands-Augustins, 55,
1902
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDIS
Adopté dans les séances des aS juin 1862 et 24 mai 1875
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l'Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro dés Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article i'-' . — Impression des travaux de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présen tés par un Membre
ou par un associé étranger de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie
ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans
le Compte rendu àe la semaine que si elle a été remise
le jour même de la séance.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 P^ges par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis-
cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca-
démie ; cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'il en soit lait mention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des Noies sommaires, dont
ils donnent lecture à l'Académie avant de les re-
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap-
ports relatifs aux prix décernés ne le sonqn
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en :at
blique ne font pas partie des Comptes rend .
Article 2. — Impression des travaux dei'm
étrangers à l' Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par deser
qui ne sont pas Membres ou Correspondar d»
demie peuvent être l'objet d'une analyse 1 d'
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mén rf
tenus de les réduire au nombre de pag
Membre qui tait la présentation est toujoi m
mais les Secrétaires ont le droit de réduire sll
autant qu'ils le jugent convenable, commis
pour les articles ordinaires de la correspoi m
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit f r
l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, an
jeudi à 10 heures du matin; faute d'être r.
le titre seul du Mémoire est inséré dans le
actuel, et l'extrait est renvoyé au Com/
vaut et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à[
Les Comptes rendus ne contiennent nif
figures.
Dans le cas exceptionnel où des figui
autorisées, l'espace occupé par ces figure
pour l'étendue réglementaire.
Le tirage à part des articles est aux fi
teurs; il n'y a d'exception que pour les!
les Instructions demandés par le Gouvern
Article 5.
Tous les six mois, la Commission admim
un Rapport sur la situation des Comptes n
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécut
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter
Reposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance
leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels so
, avant B"-. Autrement la présentation sera remise à la »i
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 29 DÉCEMBRE 1902,
PRÉSIDENCE DE M. BOUQUET DE LA GRYE.
RENOUVELLEMEÎVT ANNUEL
DU BUREAU ET DE LA COMMISSION CENTRALE ADMINISTRATIVE.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Vice-
Président pour l'année igoS, lequel doit être choisi dans l'une des Sections
des Sciences mathématiques.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 5o,
M. Mascart obtient 4^ suffrages.
Il y a 2 bulletins blancs.
M. Mascart, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est pro-
clamé élu.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de deux de
ses Membres qui devront faire partie de la Commission centrale admi-
nistrative pendant l'année igoS.
MM. BoRNET et Maurice Levy sont réélus par l'unanimité des suffrages.
C. R., 1902, a- Semestre. (T. CXAXV, N° 26.) 167
i2t8 académie des sciences.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur la présence de l'argon dans les gaz de la source
Bordeu à Luchon, et sur la présence du soufre libre dans l'eau sulfureuse de
la grotte et dans les vapeurs de humage. Note de M. Hexri Moissan.
« Nous rappellerons que les eaux sulfureuses de Luchon ont fait le sujet
de nombreux travaux parmi lesquels nous citerons ceux deBayen, d'An-
^lada, de Boullay et Henry, de Fontan, de Filhol, et enfin les recherches
du D"" Garrigou, qui a fait remarquer, avec beaucoup de raison, que les
sources d'un même groupe d'eaux sulfureuses peuvent élre très diffé-
rentes.
M M. le D"' de Lavarenne ayant appelé notre attention sur certaines pro-
priétés des eaux sulfureuses de Luchon, nous avons visité les galeries où
se trouvaient les griffons de ces sources, et nous avons entrepris quelques
expériences dont nous donnerons le résumé dans cette Note.
» Source Bordeu. — La source Bordeu, n° i, possède un véritable
griffon, présentant plusieurs fissures longitudinales par lesquelles on voit
arriver l'eau sulfureuse chaude et se dégager quelques bulles de gaz. L'eau
sort de la roche à une température de 44" au milieu de couches schisteuses,
plus ou moins attaquées. La température de l'eau augmente de un degré
lorsque l'on enfonce le thermomètre dans la faille traversée par l'eau.
Le griffon se trouvait au fond d'une vasque naturelle, il nous a été
facile de disposer sur des entonnoirs retournés des flacons remplis d'eau
sulfureuse prise au fond même de cette vasque de façon à éviter l'action et
le contact des gaz de l'air. L'eau produite en notable quantité par cette
source est conduite par un caniveau dans un grand réservoir réunissant
le débit de plusieurs sources.
» Les gaz que nous avons recueillis n'étaient pas très abondants et les
différentes fissures du griffon en dégageaient des quantités variables, bien
que toujours assez faibles.
» Lorsque nos flacons de 250*""' étaient remplis de gaz, ce qui deman-
dait deux à trois jours, on les fermait au moyen d'un bouchon de verre
rodé enduit de paraffine, puis on coulait de la paraffine fondue dans
l'espace annulaire du goulot de la bouteille.
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. 1279
» Ce gaz transvasé sur la cme à mercure attaquait très légèrement la
surface de ce métal. Il ne renfermait pas trace d'iiydrogène sulfuré, car un
papier à l'acétate de plomb n'a pas noirci à son contact. Ce fait semble
indiquer que l'eau sulfureuse de la source Bordeu ne renferme pas de
sulfliydrate de sulfure au moment de l'émergence, sans quoi, ce composé,
par simple dissociation, devrait fournir de l'hydrogène sulfuré. Nous ferons
remarquer que cet échantillon de gaz a été recueilli absolument à l'abri de
l'air. Dés que l'eau de la source Bordeu est en présence de l'acide carbo-
nique de l'air, de l'hydrogène sulfuré se produit et peut être décelé avec
facilité. Pour celte source, la formation de l'hydrogène sulfuré est due à
l'action secondaire de l'acide carbonique de l'air sur le sulfure de sodium.
» Ce gaz ne renfermait pas d'acide carbonique, il ne contenait pas trace
d'oxygène, car il ne colorait même pas la solution de pyrogallale de potas-
sium. Il était entièrement formé d'une petite quantité de méthane, de
beaucoup d'azote et d'un peu d'argon.
» Son analyse quantitative nous a fourni les chiffres suivants :
Formène 1,22
Argon 2 , 56
Azote 96 , 23
» L'étude spectrale de cet argon ne nous a pas indiqué la présence de
l'héUum.
» Ce gaz renferme donc une petite quantité d'argon, et l'on sait que la
présence de ce corps simple a été déjà indiquée, en 1890, dans l'eau de
Balh par lord Rayleigh et sir William Ramsay ('), dans une eau chlorurée
par MM. Bedson et Shaw (^), dans les eaux de Cauterets par M. Bou-
chard (^), dans les eaux de Maizières par M. Moiireu ('), et dans les eaux
de Wildbad, dans la Forêt-Noire, par H. Rayser('). Le dégagement d'azote
par les eaux minérales avait été indiqué dès 1784 j)ar le D"' Pearson, et
(') Lord Rayleigh et sir William Rw?'X\, Zeitsc/irift fiir p/iysikalische Chemie,
t. XVI, 189.5, et t. XIX, 1896, p. 371.
(^) Bedson et Shaw, Chem. J\ews, t. LXXII, juin 1896, p. 48.
(') BoucHAKD, Sur la présence de l'argon et de i hélium dans certaines eaux
minérales {Comptes rendus, t. CXXI, p. 392). — Voir aussi Troost et Olvrard,
Comptes rendus, t. CXXI, 1895, p. 392-395.
(') MouREU, Sur la présence de l'argon et de l'hélium dans une source d'eau
naturelle {Comptes rendus, t. CXXI, 1895, p. 819).
(*) H. Kayser, Note sur l'hélium et l'argon {Chem. News, n° 1863, 1895, p. 89).
laSo ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ançlada l'avait mis en évidence en particulier pour les sources thermales
des Pyrénées.
» Source de. la grotte. — Cette source est une des plus anciennes parmi
les eaux sulfureuses de Luchon; sa température prise au griffon est de 39°.
Elle présente un intérêt particulier, parce qu'elle est utilisée pour le
humage. Au moyen d'appareils installés en 1890 par le D"" Frébault ('),
on fait passer sur une surface de cette eau thermale un courant d'air qui
monte dans les appareils de humage et qui possède, au point de vue thé-
rapeutique, des propriétés particulières. Les médecins ne sont point d'ac-
cord sur les causes de cette action. Mais, sans vouloir nous prononcer sur
le rôle de la vapeur d'eau chaude ou des composés variés qui peuvent se
produire dans ces circonstances, nous avons pensé faire œuvre utile en
poursuivant quelques expériences sur ce sujet.
» Lorsque l'on hume ce mélange de gaz et de vapeurs d'eau, on ne
perçoit nullement l'odeur d'hydrogène sulfuré, odeur si caractéristique
même lorsque ce gaz n'existe qu'en très petite quantité. De plus, un hu-
mage prolongé, excessif, n'a jamais amené les phénomènes toxiques de
l'empoisonnement par l'hydrogène sulfuré. Enfin, nous ferons remarquer
que les garçons de salle qui, pendant quatre mois, passent toutes leurs
journées dans cette almos|)hère, à odeur spéciale, ne présentent jamais
trace d'intoxication par l'hydrogène sulfuré.
« Cependant des objets en argent laissés dans les salles de humage se
recouvrent, en 24 heures, d'une patine noire de sulfure d'argent. Dans le
cas particulier que nous envisageons, cette sulfuration rapide de l'argent
doit être attribuée à une autre cause que celle de l'hydrogène sulfuré.
» Si nous plaçons, en effet, du papier à l'acétate de plomb devant l'un
de ces tubes à humage, il est facile de reconnaître qu'il ne se colore en
marron très clair qu'avec une extrême lenteur, et, chose assez curieuse, ce
ne sont pas les émanations qui donnent les [colorations les plus intenses
au papier à l'acétate de plomb qui sont les plus actives au point de vue
thérapeutique.
» Pour rechercher les composés qui pouvaient prendre naissance dans
ces conditions, nous avons condensé sur un récipient en verre rempli de
glace, la vapeur qui sortait des tubes de humage. On obtient ainsi un
liquide incolore qui fournit un très léger dépôt. Ce liquide possède une faible
(') A. Frébault, Le Humage à Bagnères-de-Luclion. Imprimerie Sarlhe, Luchon ;
1890.
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. 1281
odeur d'aciVle sulfureux, et présente les réactions d'une solution très
étendue de ce gaz : décoloration instantanée à froid d'une solution étendue
de permanganate de potassium et décoloration d'empois d'amidon bleui par
une petite quantité d'eau iodée. Il contient aussi une très petite quantité
d'hydrogène sulfuré et des traces d'acide sulfurique.
» Les belles recherches de notre confrère M. Armand Gautier sur l'exi-
stence de l'arsenic normal pouvaient laisser croire que ce métalloïde inter-
venait à l'état de traces dans cet entraînement de vapeurs des eaux sulfu-
reuses.
» M. Bertrand a bien voulu rechercher si notre liquide de condensation
ne renfermait pas une petite quantité d'arsenic par la méthode délicate
qu'il vient de publier ( ' ). Il n'a pas rencontré d'arsenic dans ce liquide, et,
comme sa méthode peut déceler nettement des traces d'arsenic, on ne peut
attribuer à une impureté arsenicale l'action thérapeutique produite dans
le huniage des eaux de la grotte.
» Le dépôt provenant de la condensation des vapeurs d'un appareil de
humage a été étudié au microscope. Il était formé de quelques filaments
et poussières provenant de l'air atmosphérique, et, en plus, de fragments
irréguliers, faiblement colorés, de couleur jaune, à indice de réfraction
différent de celui de l'eau. Nous v avons rencontré aussi quelques petites
masses agglomérées ayant l'apparence de l'ambre claire, et quelques fila-
ments recouverts par place de très petits cristaux jaunes. Ces poussières
sèches, placées entre deux lames de verre et portées à une température
de i5o°, laissent voir la fusion d'un grand nombre de ces petites particules
en un liquide jaune, et, si l'on chauffe davantage, on reconnaît que les
parcelles fondues se vaporisent. Ce sont là les caractères du soufre.
» En chauffant ce résidu à 100°, on perçoit nettement l'odeur camphrée
de la vapeur de soufre.
» Si nous rencontrons une petite quantité de soufre en nature dans les
vapeurs qui sortent des appareils de humage, nous devons en trouver une
quantité beaucoup plus grande condensée dans les tubes de porcelaine en
col de cygne qui terminent ces appareils. En effet, il suffit de recueillir la
poussière qui tapisse l'intérieur de ces tubes pour voir qu'elle est entière-
ment formée d'une poudre d'un blanc jaunâtre formée de petits octaèdres
(') Bertrand, Sur l'existence de l'arsenic dans l'organisme {Bulletin de la So-
ciété chimique, 3' série, t. XXVIl, 1902, p. 847).
1282 ACADÉMIE DES SCIENCES.
possédant tous les caractères du soufre. Si la vapeur de soufre ne s'oxyde
que faiblement dans ces conditions, cela tient à ce qu'elle est noyée dans
un grand excès de vapeur d'eau.
» Une notable partie de ce soufre peut provenir de l'oxydation par
l'oxygène en présence de la vapeur d'eau du gaz hydrogène sulfuré (')
dégagé du monosulfure de sodium sous l'action de l'acide carbonique de
l'air. Et cette oxydation est assez complète pour qu'il ne se dégage que des
traces d'hydrogène sulfuré aux appareils de humage. Mais une autre partie
provient de la vaporisation du soufre qui se trouve en solution dans l'eau
sulfureuse.
» Le soufre, en effet, est légèrement soluble dans ce liquide, il est même
un peu soluble dans l'eau distillée à la température de So".
» Nous avons été conduit alors à faire quelques expériences synthé-
tiques pour bien démontrer cet entraînement d'une petite quantité de
soufre soit par de l'eau distillée à 60", soit par une solution étendue de
monosulfure de sodium à la même température.
» Si l'on place dans un tube scellé un fragment solide de soufre et une
petite quantité d'eau, puis si l'on maintient le bas du tube à une tempéra-
ture constante de 60° pendant plusieurs jours, on voit se former de petits
cristaux blancs de soufre à la partie supérieure, c'est-à-dire dans la partie
froide du tube.
» De même, si l'on fait passer d'une façon continue un courant d'eau
distillée privé d'air, dans un tube horizontal contenant des fragments de
soufre solide maintenu à 4- 60°, puis que l'on dirige celte eau dans un
récipient refroidi, on voit se condenser dans la partie froide de l'appareil
un léger dépôt de soufre de couleur ambrée.
» Du reste, il suffit de prendre de l'eau exempte d'oxygène et de la
maintenir à l'ébullition en contact avec quelques morceaux de soufre solide,
puis de la fdtrer rapidement pour voir se former, par refroidissement,
dans un verre conique, un dépôt de petits cristaux microscopiques jaunes
qui possèdent les propriétés du soufre.
» Bunsen (-) avait déjà mentionné que, en distillant de l'eau contenant
(') Dumas, Sur la conversion de l'hydrogène suif nré en acide suif urique (Annales
de Ch. et de Phys., 3<^ série, t. XVIII, 1846, p. 5o6).
(^) Bunsen, Recherches sur les rapports intrinsèques des phénomènes pseudovol-
caniques de l'Islande (Ann. de Ch. et de Phys., 3» série, t. XXXVIII, i853, p. 385).
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE ig02. 1283
de la fleur de soufre, les vapeurs entraînaient toujours une petite quantité
de ce corps simple.
» Dans toutes nos expériences, nous avons employé du soufre octaé-
drique. Nous n'avons pas abordé l'étude de la solubilité des différentes
variétés de soufre et, en particulier, du soufre soluble mentionné par
M. Engel (').
» Enfin, si l'on répète les expériences précédentes avec une solution
aqueuse à i pour 1000 de monosulfure de sodium, la solubilité du soufre
devient plus grande.
» Ces expériences de synthèse viennent confirmer l'examen microsco-
pique du résidu d'un échantillon d'eau de la grotte pris au griffon à
l'abri de l'air, examen qui nous a indiqué un faible dépôt de cristaux de
soufre produit par le refroidissement de cette eau sulfureuse dans un fla-
con plein et bien fermé (- ).
» Nos expériences établissent donc que l'eau de la grotte renferme du
soufre en solution. Elles démontrent de plus que la vapeur sortant des
tubes de humage contient une très petite quantité d'hydrogène sulfuré et
d'acide sulfureux, ainsi que de la vapeur de soufre. Cette dernière pro-
vient de trois sources différentes : 1° combustion lente de l'hydrogène
sulfuré; 2° réaction d'une petite quantité d'acide sulfureux sur l'hydrogène
sulfuré; enfin 3" vaporisation du soufre en solution dans l'eau.
» Cette vapeur de soufre peut jouer un rôle dans l'action thérapeutique
du humage soit comme antiseptique, soit par la facilité de son assimilation.
» Nos remarques pourraient faire comprendre pourquoi le humage ne
peut se faire qu'à une petite distance du griffon, lorsque la température
de l'eau est aussi élevée que possible, c'est-à-dire lorsqu'elle est très
chargée de vapeurs de soufre. »
(') Engel, Sur deux nouveaux états du soufre (Comptes rendus, t. CXII, 1891,
p. 866).
(^) L'eau de la grotte prise au griffon, à l'abri de l'acide carbonique de l'air, ne
fournil pas la réaction des sulfhydrates de sulfures par le nitroprussiate de sodiuta.
1284 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur une nouvelle préparation de l'hydrure
de silicium Si- H'. Noie de M. Henbi Moissan.
« Dans un Mémoire (') publié aux Annales de Chimie et de Physique
en collaboration avec M. Smiles, nous avons indiqué l'existence d'un
nouvel hydrure de silicium Si^H' que nous obtenions par la condensation
partielle à — 200° d'un hydrogène silicié impur préparé par l'action de
l'acide chlorhydrique sur un siliciure de magnésium non défmi. D'autre
part, nous avons indiqué que, par l'action du silicium sur le lithium en
fusion, il était facile de préparer un siliciure de lithium (-) répondant à la
formule Si-Li'.
» Nous avons repris l'étude de quelques propriétés de ce dernier com-
posé, et nous avons pu passer du siliciure métallique Si^Li" à l'hydrure de
silicium correspondant Si^H''.
» Lorsque ce siliciure de lithium est légèrement chauffé dans un cou-
rant de gaz acide chlorhydrique sec, on obtient de l'hydrogène et des
chlorures de lithium et de silicium. Si, au contraire, on emploie une solu-
tion étendue d'acide chlorhydrique dans l'eau, pour attaquer ce siliciure
de lithium, il ne se dégage, ainsi que nous l'avons indiqué précédemment,
que de l'hydrogène pur. Cela tient à ce que chaque parcelle de siliciure de
lithium au contact de la solution étendue d'acide décompose et l'acide
chlorhydrique et l'eau. Elle produit, en même temps que du chlorure de
lithium, de la lithine qui rend le liquide alcalin et qui détruit l'hydrure de
silicium au moment même de sa formation.
» Il en est tout autrement, si nous laissons tomber lentement du sili-
ciure de lithium dans une solution concentrée d'acide chlorhydrique con-
tenant, par suite de la dissociation de l'hydrate HCl-t- 2H-O, de l'acide
gazeux en solution dans le liquide, ainsi que l'a démontré M. Berthelot.
Dès lors, l'hydrogène silicié Si^ H* se forme en abondance, et il suffit pour le
condenser de faire passer le mélange gazeux dans de l'air liquide à — 200°.
On utilise, pour celte préparation, l'appareil que nous avons décrit dans
nos premières recherches. »
(') H. MoissAN et S. Smiles, Ann. de Chim. et de Phys., 7' série, t. XXVII, p. 5;
1902.
(') H. MoissAN^ Elude du siliciure de lithium {Comptes rendus, t. CXXXIV,
p. io83 ; 1902).
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902.
BOTANIQUE. — Cultures expérimentales clans la région méditerranéenne :
modifications de la structure anatomique. Note de M. Gastox Iîiiwier.
« Dans une précédente Communication (') j'ai rendu compte à l'Aca-
démie des modifications que présente l'aspect extérieur des mêmes plantes
cultivées dans un sol identique, les unes à Fontainebleau, dans la ré-
gion parisienne, les autres à La Garde-près-Touion, dans la région médi-
terranéenne; je vais résumer dans celte présente Note les résultats relatifs
auK modifications de structure qui se produisent dans les organes compa-
rables.
» Je rappellerai que j'ai établi en i8g8 ces cultures expérimentales qui
portent, sur une cinquantaine d'espèces vivaces, de la manière suivante :
La terre de La Garde-près-Toulon a été Iransportée à Fontainebleau ; chaque
pied initial provenait de Fontainebleau; chaque individu a été divisé en
deux parties égales, dont l'une a été plantée à Fontainebleau dans la ferre
de La Garde et l'autre à La Garde dans un sol identique.
» Les modifications de morphologie extérieure que j'avais signalées
dès 1899, après une seule saison de végétation, n'ont fait que s'accentuer;
et au bout de trois ans, tous les plants cultivés près de Toulon avaient déjà
pris l'aspect que possèdent les individus de même espèce croi>sant natu-
rellement dans la région méditerranéenne.
» 1° Comparaison des deux climats. — Pour comprendre quelle signifi-
cation l'on peut attribuer aux moilifications anatomiques obtenues, il est
essentiel de comparer les conditions climatériques des deux régions où ont
été établies les cultures.
» La moyenne de la température pendant une période de 20 années
(1877-1896) dans la région parisienne est de 9°, 3; cette moyenne, à Tou-
lon, est égale à i4°»3-
» Mais si l'on considère les parties des végétaux qui vivent seulement
pendant toute une saison, la comparaison de ces deux nombres n'est pas
celle qui nous intéresse. S'il s'agit des feuilles des arbres ou arbustes à
feuilles caduques, par exemple, il faut faire mtervenir la durée de la végéta-
(') Gaston Bonnikr, Cultures expérimentales sur l'adaptation des plantes au
climat méditerranéen (Comptes rendus, t. CXXIX, 189g, p. 1207).
G. R., 1902. V Semestre. (T. C\\\V, N» 26. l68
1286 ACADÉMIE DES SCIENCES,
tion; or, en moyenne, l'apparition des feuilles se produit vers le i5 mars à
Toulon, et la chute des feuilles vers le i" décembre; tandis qu'en moyenne
l'apparition des feuilles a lieu à Paris vers le 20 avril, et la chute des feuilles
vers le i5 octobre. En fait, pour les espèces ligneuses mises en culture, la
durée de la végétation des pousses feuillées a été de 260 jours à Toulon,
tandis qu'à Paris elle n'a été que de 178 jours. Il en résulte que la somme
des températures pendant la vie d'une feuille est représentée environ par
le nombre 4600 pour Toulon et par le nombre a^So pour la région pari-
sienne. On peut presque dire que, dans la région méditerranéenne, la
feuille a reçu deux fois plus de chaleur et que cette chaleur a été répartie
pendant une saison végétative d'un tiers plus longue que celle de Paris.
On conçoit que ces conditions soient favorables à une plus grande assimi-
lation, à une plus grande transpiration, et aussi à une formation plus con-
sidérable des tissus secondaires.
» Il faut noter encore que les différences journalières de températures
entre le maximum et le minimum sont moins grandes à Toulon qu'à Paris;
la différence entre le maximum absolu et le minimum absolu y est aussi
moins forte; cette dernière différence est de 64" pour Paris pendant une
période de 20 ans, et seulement de 42°, 2 pour Toulon pendant la même
période. On voit donc que, d'une manière générale, les tissus ont à subir
des variations de température beaucoup plus grandes dans la région
parisienne que dans la l'égion méditerranéenne qui est, à cet égard,
une région extrêmement tempérée.
» Mais les différences climatériques les plus importantes sont celles re-
latives à la distribution des pluies. Si l'on ne considérait que la quantité
d'eau tombée pendant toute l'année, en moyenne, on pourrait croire que
la région de Toulon est beaucoup plus humide que celle de Paris. En
effet, cette quantité d'eau est représentée par les nombres 708 pour Toulon
et 527 pour Paris; or, ce qui nous importe le plus au point de vue de
l'effet produit sur la végétation, ce n'est pas le total de la quantité d'eau
tombée pendant l'année, mais la réjiartition des pluies depuis le premier
printemps jusqu'à la fin de l'automne. On voit alors que, tandis que la
quantité d'eau tombée varie 1res peu dans la région parisienne, la courbe
mensuelle qui représente cette quantité d'eau tombée à Toulon s'élève
à 65 en mars, avril et mai, s'abaisse brusquement en juin et juillet, tombe
à 8 eu août et se relève ensuite pour atteindre des ordonnées beaucoup
plus hautes, en octobre (70) et novembre (100). Ainsi, le climat méditer-
ranéen présente deux saisons de pluies bien déterminées : l'une au prin-
SÉANCE DU 29 DÉCKMBRE 1902. 1287
temps, l'autre à la fin de l'automne, séparées par une assez longue période
de sécheresse pendant laquelle la végétation subit une sorte de ralentisse-
ment.
» Au point de vue de l'action de la lumière, la considération du nombre
des jours pluvieux est également intéressante. Pendant les mois de juin,
juillet, août et septembre, il n'y a que 3 à 5 jours pluvieux par mois
à Toulon, et durant tous les autres jours le ciel est presque complètement
découvert. Pendant les mêmes mois à Paris, il y a de i3 à i4 jours |)Iu-
vieux par mois, et pendant les autres jours le ciel est tantôt nuageux et
tantôt découvert. C'est là encore une nouvelle condition qui favorise les
fonctions de la plante dans la région méditerranéenne.
» 2" Modifications anatomiques obtenues. — Si l'on considère d'abord
les arbres ou arbustes (Hêtre, Marronnier, Robinier, Tilleul, Frêne, Lilas,
Fusain, etc.) mis en culture expérimentale dans les deux régions, on
constate, dans leurs divers tissus, les ()rincipales différences suivantes:
» D'une manière générale, dans la tige, le bois de printemps, formé en
mars, avril et mai, est bien développé dans la région méditerranéenne et
renferme de nombreux vaisseaux, souvent d'un calibre plus grand que
ceux qui leur correspondent dans le plant de la même espèce, cultivé à
Fontainebleau.
» Cette formation du tissu ligneux semble en rapport avec les pluies du
printemps plus abondantes à Toulon qu'à Paris. La partie du bois qui fait
suite à ces vaisseaux et qui se développe de juin à septembre renferme
beaucoup plus de fibres dans les cultures de Toulon. Souvent même, tout
l'anneau ligneux n'est composé que de fibres dans le bois qui correspond
à cette période, tandis que le tissu formé à la même époque dans la région
parisienne continue à produire de nombreux vaisseaux, çà et là entremêlés
de fibres. Ce grand développement du tissu fibreux, dans toutes les esjièces
ligneuses cultivées à Toulon, coïncide nettement avec la périoile de séche-
resse qui se produit dans la région méditerranéenne. En outre, dans
presque tous les cas, chez les plants méditerranéens, on voit réapparaître
quelques gros vaisseaux, formés tout à fait à la fin de la saison, en octobre
et novembre, et qui paraissent correspondre à la seconde période de pluie.
Il ne faut pas confondre cette formation avec la zone de vaisseaux plus
gros qui se produit quelquefois en juillet et août, chez les plants cultivés à
Fontainebleau, et qui dépend des pousses feuillées supplémentaires (sève
d'août). En effet, pendant ces mêmes mois de juillet et d'août, les plants
1288 ACADÉMIE DES SCIENCES.
méditerrauéeiis ne produisent presque exclusivement que des fibres. De
plus, en général, le tissu parenchymateux qui entoure le bois primaire est
lignifié dans les plants de Toulon, tandis qu'il ne l'est pas dans les plants
de Fontainebleau. Cette lignification du parenchyme s'effectue pendant
la période de sécheresse.
» Il faut remarquer, d'autre part, que l'anneau iigneuxde première année
ainsi que les suivants sont devenus beaucoup plus épais dans les tiges de
la région méditerranéenne; ce caractère correspond surtout à la plus
longue période de végétation qui est, comme nous l'avons vu, de 260 jours
à Toulon au lieu de 178 dans la région parisienne.
» Le plus souvent, le nombre des assises du péricycle est plus grand
dans le plant de Toulon, tandis que le nombre des assises de l'écorce
est au contraire plus faible; l'épiderme, lorsqu'il existe encore, a des
cellules à cuticule plus épaisse et qui sont plus allongées perpendiculaire-
ment à l'axe de la tige.
» Quant aux feuilles de ces mêmes espèces arborescentes, elles sont
devenues à Toulon d'un tiers ou de moitié plus épaisses qu'à Fontaine-
bleau; le tissu en palissade y a acquis des cellules beaucoup plus allongées
ou dans d'autres cas, il s'est produit deux ou trois assises en palissade au
lieu d'une seule ; en outre, les stomates sont plus nombreux et les nervures
tertiaires ou même quaternaires sont plus saillantes et ordinairement en-
tourées d'un anneau complet de sclérenchyme. Dans les nervures princi-
pales et dans le pétiole, on observe des différences analogues à celles que
présente la tige. Ces modifications paraissent être évidemment en rapport
avec la plus longue durée de la végétation ainsi qu'avec l'éclairement plus
intense et surtout plus fréquent.
» D'autres adaptations peuvent être rapportées à la résistance qui se
produit dans la feuille contre une transpiration trop active pendant la
période de sécheresse. C'est, en effet, pendant cette période que l'on voit
la cuticule s'épaissir beaucoup plus à Toulon qu'à Fontainebleau; il en
résulte que les stomates nombreux, qui ont servi à une transpiration
nécessaire pendant la période de pluie au printemps, se trouvent plus
enfoncés au-dessous de la surface de la feuille, et souvent même presque
complètement fermés. D'ailleurs, les jeunes branches présentent une
adaptation analogue, avec un développement plus marqué du coUenchyme
sous-épidermique et une réduction du nombre des assises de l'écorce.
M Si l'on considère maintenant les nombreuses espèces vivaces herba-
cées dont les parties aériennes persistent pendant toute la saison, on
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. 1289
constate qu'il s'y produit toutes les modifications de structure qui ont été
signalées par M. W. Russell (') en examinant des échantillons croissant
naturellement dans la région méditerranéenne. J'ai donc obtenu expéri-
mentalement, en moins de trois années, la production de ces caractères
d'adaptation qui se manifestent sur des plantes spontanées végétant depuis
un temps très long dans la région considérée. De plus, par la manière
dont j'ai opéré, j'ai éliminé toute erreur pouvant provenir d'espèces affines,
puisque j'ai toujours comparé deux plants issus d'un même pied initial.
» D'ailleurs, j'ai vérifié que toutes les modifications obtenues avaient
acquis la même intensité que chez les échantillons des mêmes espèces,
croissant spontanément dans la région méditerranéenne.
» C'est ainsi qu'aux différences précédentes on peut encore ajouter les
suivantes dans toutes ces espèces herbacées, pour les plants cultivés à
Toulon : stomates plus nombreux sur la face supérieure des feuilles,
cellules épidermiques engrenées entre elles, collenchyme plus abondant,
poils plus développés ; autant de caractères qui semblent se rapporter aux
différences signalées plus haut dans les conditions climatériques.
» Les espèces annuelles ou, d'une manière plus générale, celles dont
les tiges aériennes meurent pendant la période de sécheresse, ne pré-
sentent pas toutes ces modifications de structure; elles ont seulement des
vaisseaux plus grands, des tissus chlorophylliens plus développés et des
stomates plus nombreux, offrant ainsi pour leurs organes aériens tous les
caractères d'une vie intense et rapide, qui évolue du i5 mars au i*"" juin.
» D'autre part, j'ai installé soit dans des armoires vitrées inégalement
chaufïées, soit à des éclairements variés, soit dans de l'air plus ou moins
sec, des expériences où l'une des conditions seule se trouvait modifiée.
Les changements de structure obtenus ainsi, dans chacun des cas, sont
venus confirmer les conclusions précédentes.
M Or, les plantes appartenant à des espèces exclusivement spéciales à la
région méditerranéenne présentent en général, d'une manière exagérée,
tous les caractères qui viennent d'être signalés.
» Il est très intéressant de remarquer que les modifications obtenues en
transportant des plantes dans la région méditerranéenne se produisent
toutes dans le même sens et avec les mêmes adaptations. »
(') Influence du climat méditerranéen sur la structure des plantes communes en
France. {Annales Se. nat.: Hot., 8= série, l. 1, 189.5, p. 323).
I390 ACADEMIE DES SCIENCES.
MÉCANIQUE. — Des conditions nécessaii es pour qu un Jluide soit en équilibre
stable. Note de M. P. Duhem.
« Les méthodes imaginées par M. LiapounofT et par M. Hadamard, et
appliquées par ces géomètres à des systèmes qui dépendent d'un nombre
limité de variables, peuvent s'étendre à certains systèmes fluides et indi-
quer que certaines conditions sont indispensables à la stabilité de ces
systèmes.
» Comme exemple, nous traiterons ici le cas d'un fluide homogène et
incompressible, dont les éléments sont soumis à des forces qui dérivent
d'une fonction potentielle V et dont la surface terminale S^ est soumise à
une pression uniforme et constante.
» Soit n la normale à la surface S„, vers l'intérieur du fluide. Si -r-
an
n'est négatif en aucun point de la surface S„ et est positif en tout point d'une
aire d'étendue finie appartenant à cette surface, l'équilibre du fluide ne peut
être stable.
» Prenons le fluide en équilibre et, sans déranger aucun des points
matériels qui le forment, imprimons à ces points des vitesses initiales.
A l'instant t, le point matériel dont les coordonnées, eu l'état d'équilibre,
étaient x, y, z a pour coordonnées
a;-ha(:v,y,z,t), y -\- b(:r,y, :.,t), z + c{œ,y, z, t).
» Si l'équilibre du système était stable, on pourrait limiter supérieure-
ment les vitesses initiales de telle sorte que l'on ait, quels que soient x,
(i) l«|^, jx, V étant trois fonctions à&x, y, z, t dont la valeur absolue ne surpasse
SEANCE DU 29 DECEMBRE 1902. 1291
pas une certaine limite F :
(3) UI]/
= o;
dt^ dn On
n 2° En tout point de la paroi immobile 2, on a
(5) jj;=o;
n 3° En tout point du volume cj, limité par les surfaces S„ et 1, on a
(6) A^ = o;
» 4° En tout point du volume ct, à l'instant / = o, on a
(7)
àt- )o
o.
» De (i), (2) et (3) on tire sans peine la proposition suivante :
» Quelle que soit la quantité positive W, on peut toujours limiter supérieu-
rement les vitesses initiales de telle sorte que l on ait, quels que soient x,y,z, t.
(8)
''
qui n'est jamais positive; elle ne peut surpasser ^- fÇ-clS„. Si donc
l'équilibre du système est stable, on peut limiter supérieurement les
vitesses initiales de telle sorte que l'on ait, quel que soit /,
(10) i2' 1 r[f d d^Y (d ô-^'i^Y [à à''lY^^
» Les égalités (4) et (7) montrent que, pour / — o, -p =0; donc, selon
les égalités (9) et (1 i), pour / = o,
^ = °' ^ = "-
» Selon l'égalité (i3), -j-^ n'est jamais négatif; selon l'égalité (7), le
1 1 . t d-il ,
second terme de cette expression de -j^ est nul pour t^o; mais nous
pouvons prendre -7 — v différent de o, à l'instant / = o, en tous les points
r ' On ot '
où -j— est positif; dès lors, pour i = o, -j^ est sûrement positif.
» Ces renseignements nous prouvent que £2 croît au delà de toute limite
en même temps que /, ce qui est impossible, selon l'inégalité (10), lorsque
l'équilibre est stable. Le théorème énoncé est donc démontré.
» La même méthode s'applique aux deux cas suivants :
» 1° Le fluide est homogène, compressible, de température uniforme et
constante ; ses cléments sont soumis à des actions extérieures newtoniennes
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. 129S
OU non-iiewtoniennes, qui dérivent d'une fonction potentielle; sa surface
terminale est soumise à une pression uniforme et constante;
» 2° Le fluide est homogène, compressible, soumis à une pression uni-
forme et constante, et soustrait à toute autre action extérieure; à partir de
l'état d'équilibre, il se meut de telle sorte que l'entropie spécifique soit une
fonction de la température ou une constante, la même en tous les points de
la masse fluide .
» Ces cas sont précisément ceux où la méthode de Lagrange et de
Lejeune-Dirichlet permet de fixer complètement les conditions qui assurent
la stabilité de l'équilibre; ces conditions suffisantes ne sont pas les condi-
tions reconnwQs nécessaires par la méthode que nous venons d'esquisser. La
détermination des conditions à la fois nécessaires et suffisantes est loin d'être
achevée. »
ÉLECTRICITÉ. — Sur la vitesse avec laquelle les différentes variétés de rayons X
se propagent dans l'air et dans différents milieux . Note de M. R. Bloxdlot.
« Les rayons X sont, comme on sait, plus ou moins pénétrants, selon
qu'ils sont émis par des tubes où le vide est plus ou moins avancé. Je me
suis proposé de rechercher si ces différentes variétés de rayons X se pro-
pagent dans l'air avec la même vitesse.
» Ayant pris d'abord un tube très mou, donnant sur l'écran une ombre
de la main où l'on ne pouvait aucunement distinguer les os, je déterminai
par la méthode que j'ai décrite précédemment (') le rapport de la vitesse
des rayons X émis par ce tube à celle des ondes électriques; l'allongement
donné aux fils de transmission étant de 3o'^'", ce rapport fut trouvé égal
à -~~ = r,o4. Antérieurement, avec un tube de dureté moyenne, dont
les rayons, non seulement faisaient voir les os dans l'ombre de la main, mais
même traversaient tant soit peu ces os, j'avais, en donnant aux fils de
transmission les mêmes longueurs, obtenu pour le rapport des vitesses le
I 3o,6
nombre-^; — — 1,02.
00
» J'interposai ensuite sur le trajet des rayons X une plaque d'aluminium
épaisse de 2*=" : à peine pouvait-on alors apercevoir sur l'écran une faible
(') Comptes rendus, l. CXXXV, p. 666 el 721.
C, R., iyo2, 3* Semestre. (T. GXXXV, N" 26 ) '(>;i
1294 ACADÉMIE DÇS SCIENCES,
fluorescence, et, de cette façon, il ne passait que ries rayons extrêmement
pénétrants. L'action sur l'étincelle était très faible, mais encore visible, et
je parvins à déterminer, sans beaucoup de précision toutef tis, la position
du lube correspondant au minimum d'étincelle pour une longueur des fds
de transmission égale à 1 10*=™ : la distance du tube à la coufxire était alors
environ 23'^'", 7. Sans l'interposition de l'aluminium, elle était de 21'^", 3.
» Avec le plus dur de tous les tubes pouvant fonctionner dans mon
appareil sans donner d'étincelles latérales, tube dont les rayons traver-
saient manifestement les os de la main, j'ai obtenu la distance 22'^"', 3.
» Toutes ces observations montrent que, au degré d'approximation des
mesures, les vitesses de propagation des rayons émis par tous mes tubes
sont les mêmes.
» Déjà, d'après mes expériences antérieures, on pouvait s'attendre à
cette égalité de vitesse des diflérenles variétés de rayons X: dans ces expé-
riences, en effet, j'avais em|)ioyé un lube de dureté moyenne, émettant par
conséquent des ravons X de pénétrations diverses; or, il est clair que si
ces rayons avqient des vitesses de propagation différentes, il n'y aurait pns
eu de maximum de l'étincelle, puisque, chacune des radiations tendant à
en faire naîire un à une dislance différente, la superposition n'eût donné
qu'un résultat confus.
» L'absence de réfraction des rayons X indique que leur vitesse est
indépendante des milieux où ils se propagent. Il m'a, néanmoins, paru
intéressant de comparer directement ces vitesses. Pour cela, ayant donné
aux fds de transmission une longueur arbitraire mais constante, j'ai déter-
miné la position du tube correspondant au minimum d'étincelle; puis,
après avoir interposé entre le tube et l'étincelle la substance dans laquelle
je voidais étudier la propagation, je répétais la détermination. Toujours la
position du tube s'est retrouvée la même, aux erreurs d'expérience prés.
Yoici quelques valeurs de la distance du tube (de dureté moyenne), cor-
respondant au maximum d'étincelle.
)) Propagation à travers :
L'air ?.l,3
Un bloc de liêtre de 6"" 20
» paraffine de 5"'" ai ,3
Une colonne d'essence de térébentliine 4e 6f",5- • . • ?2)4
» d'huile de vaseline de 6'^", 5 21 ,7
» Avec le plus dur de mes tubes, la dislance correspondant au mi-
SÉANCE hV 29 DÉCEMBRE 1902. 1295
nimum 22*"", 3, resta exactement la tlième après l'interposition d'un bloc
de parafline épais de 9'^™,5.
» L;i conclusion définitive des observations rapportées dans la présente
Note est que, dans les limites des conditions et des erreurs des expériences
décrites, la vitesse de propagation des diflérentes variétés de rayons X
dans les différents milieux est égale à celle de la lumière dans l'air. » ,
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur le pouvoir germinalif des graines exposées
à la lumière solaire. Note de M. ëmIle: Laurent.
« Les rayons solaires, surtout les plus réfrangibles, ont ilne action
nuisible, souvent mortelle, sur les cellules vivantes des organismes infé-
rieurs : les cellules végétatives des Bactéries et des Levures aihsi que les
spores des Bactéries^ des moisissures et du charbon des céréales, exposées
au soleil en présence d'oxygèire, sont tuées au bout de quelques heures.
M Cette action paraît être en relation avec les phénomènes d'oxydation
de diverses substances organiques étudiés par M. Duclaux.
» Il y a déjà longtemps que je me suis demandé si les graines des
plantes supérieures, à l'état de repos, sont également sensibles aux rayons
solaires. Les expériences actuelles remontent à l'année i8g5. Depuis lors
M. Tine Tammes (') a fait des essais analogues aux miens, mais qui ont
donné des résultats négatifs. Plus récemment encore, M. V. Jodin (-) a
repris cette étude et a conclu que, pour les graines non tiesséchées de
Cresson alénois, la résistance à la radi;ition ptiraît dépendre beaucoup plus
de l'aclion calorifique que de l'aciion lum.nense.
» Mes expériences ont été faites pendant une période de vive insolation
(fin m;ii à commer)cement de juillet iSgS) sous un ciel presque toujours
très clair et |)ar un soleil ardent.
» Le 29 m;iide cette année, des graines de diverses es|)èces furent expo-
sées en couche mince au soleil dans des tid)es à es>ais soigneusement net-
toyés. Ceux-ci sont disposés en plein soleil, presque horizontalement sur
une planchette recouverte d'un papier blanc et sont fermés par un tampon
de colon.
(') Landwirt. Jahrbiicher, Bd. XXIX, 1900, p. 467.
(^) Comptes rendus, l. CXXXV, 1902, p. 443.
1296 ACADÉMIE DES SCIENCES.
I) Voici les espèces mises en observation :
» Triliciun vulgare (Froment Dattel), de 1894. Secale céréale (Seigle de Zélande),
de 1894. Brassica nf^ra (Moutarde noire d'Alsace), de 1%%^. Sinapis alba (Moutarde
blanche). Lepidiiini salivum (Cresson alénois). Trifoliuni repens (Trèfle blanc).
Taraxacum officinale (Pissenlit), de 1894. llicraciuin inuroriim, de 1894. Hiera-
cium petrœum, de 1894. Hieracium liidentatuni. de 1894. Sonchus oleraceus, de
1894. Senecio vulgaris, de 1894.
» Il y avait quatre tubes de graines de chacune des six premières espèces
et un seul des autres.
» Les akènes de Taraxacum, Hieracium, Sonchus et Senecio avaient été
choisis à cause de leur petitesse et de leur couleur plus ou moins foncée,
conditions favorables à la pénétration de la radiation.
» Les journées des 29 et 3o mai, i*'', 2, 3 et 4 juin furent favorisées par
un soleil ardent; néanmoins la température ne dépassa pas 43°, 5 à l'inté-
rieur des tubes. Le 3i mai et le 5 juin, le ciel fut couvert tout le temps.
» Le 5 juin, on retira un tube des espèces suivantes : Froment, Seigle,
Moutarde blanche et noire, Cresson alénois et Trèfle blanc. Les graines
furent mises en germination sur du papier humide au fond de cristallisoirs,
compai-ativement avec des graines de même origine, mais non insolées.
» Aucune différence n'a été constatée dans la rapidité de la germination
ni dans le pouvoir germinatif des semences des deux catégories.
» Le temps fut couvert le 6 juin et les tubes ne furent remis au soleil que
le 7 au matin.
» Les 7, 8, 9, 10, 12, i3, 17 et 18 juin, la radiation fut très vive; mais il
n'en fut pas ainsi les G, 1 1 , i4, i5 et 16 juin, jours de temps couvert ou
pluvieux.
» Le 19 juin au matin, on retira un tube des espèces examinées le 5 du
même mois et l'on mit les graines germer à côté des graines témoins non
exposées au soleil.
» Le 21, après 48 heures, aucune différence ne fut constatée dans les
semences de Cresson" alénois, de Seigle et de Froment. Les graines de
Moutarde blanche et de Trèfle insolées sont nettement en retard; la plu-
part de celles de Moutarde noire ne germent pas, tandis que beaucoup des
témoins de cette espèce sont développés.
» Les 19 et 20 juin furent pluvieux et les tubes à essais furent gardés au
laboratoire; le 21 au matin, ils furent remis en plein soleil. Ce jour-là et le
suivant furent bien clairs.
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. 1297
» Le 22, on a mis en germination une partie des akènes insolésde Tara-
xacum, des trois espèces (\'Hieracium, de Sonchtis et de Senecio, à côté de
semences non insolées de môme origine. Aucune différence ne fut observée
chez le Senecio et le Sonchas mais bien chez les Rieracium et le Taraxacum.
» Ainsi le 2G juin, les graines insolées iVflieracium Iridenlatum avaient un
léger retard. Sur 12 akènes de Taraxacum insolés, un seul germe, et il en
est 10 sur 3i parmi ceux qui ne furent pas exposés au soleil qui se déve-
loppent. Chez le //. murorum, 2 akènes insolés sur 36 germent et 7 sur 40
dans les témoins.
•■> Enfin pour VH. petrœum, i semence sur 4o insolées est en germina-
tion et parmi les témoins 6 sur 5o.
» I;es expériences ont été continuées jusqu'au 2 juillet. Les 23, 24> sj,
26, 27, 28, 29 et 3o juin et le i*'' juillet le ciel fut très clair et le soleil
assez ardent.
1) Les derniers tubes furent retirés le 2 juillet au matin et les graines de
toutes les espèces furent mises en germination, en même temps que des
graines de même origine conservées à l'obscurité.
» Après 24 heures, il y avait un léger retard dans la germination du
Cresson et de la Moutarde blanche, mais non chez le Seigle. Cette diffé
&"
e-
rence n'est plus sensible après deux jours. Le retard est plus manifeste
chez le Froment, le Trèfle et la Moutarde noire. Cependant la proportion
de graines germées chez le Cresson, la Moutarde blanche et le Froment
était la même dans les deux catégories. Au contraire, au cinquième jour,
sur 100 graines de Moutarde noire insolées, 42 ont germé, tandis que sur
100 graines témoins 67 se sont développées.
yj Pour le Trèfle, 36 pour 100 des graines insolées sont restées inertes
et 12 pour 100 seulement parmi celles qui n'avaient pas subi l'influence
du soleil.
» Enfin le 10 juillet, on a mis fin à l'expérience en comptant les akènes
des composés qui avaient germé :
Akènes Akènes
au soleil témoins
pour roo. pour 100.
Taraxacum officinale o 66
Hieracium pelrœum 12 64
Hieracium Iridenlatum. .\ 8 36
Senecio vulgaris 75 92
» Il n'y avait plus de semences de Sonchus oleraceus ni de Hieracium
murorum.
i;,/)8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
b La lumière solaire exerce donc sur les semences des plantes supé-
rieure, à l'état de graines nues ou de fruits secs, une action nuisible, qui
se manifeste d'abord par un retard dans la germination, puis par la mort
des embryons.
» En général, les graines assez volumineuses (Seigle, Froment) ou
à téguments clairs (Moutarde blanche) sont moins sensibles à la radiation
que les plus petites, surtout que celles pourvues d'enveloppes foncées. »
Notice SUT' M. Millardet, par M. BorseI-.
« La Section de Botanique a perdu, le r5 décembre, un de ses Corres-
pondants nationaux dont le nom est attaché, d'une manière indissoluble,
à la reconstitution du vignoble français.
» Né à Moutmirey-la-VdIe (Jura), le 3 décembre i838, Pierre-Marie-
Alexis Millardet fit ses premières études à Dôle et à Besançon. Il vint
ensuite à Faris où il fut reçu, en i86t, licencié es sciences naturelles.
Désireux de s'initier à d'autres méthodes de recherches et d'enseignement
que les nôtres, it alla passer 4 années dans les Universités de Heidetberg
et de Fribourg-en-Brisgau, où il eut pour maîtres les savants illustres qui
se nommaient Hofmetster, Sachs et de Bary.
» Ses preniières publications montrent qu'il était capable d'entreprendre
et de mener à bien des études très diverses. En peu d'années il donn;i ses
recherches sur l'accroissement du corps lijjneux dans les Yucca et les
Dracœna; sur le développement en épaisseur des membranes cellulaires ;
des Notes sur divers Crvplog^imes; une étude sur la matière colorante des
Algues bleues et des Diatomées; des recherches sur les mouvements des
feuilles de la Sensilive. Du Mémoire classique intitulé : « Le profliallium
mâle des Cryptogames vasciilaires » résulte que la différence considérable
qu'on admettait alors entre ces piaules et les Phanérogames est moins
profon le en realité. M. Millardet prouve (|u'il existe entre les deux
groupes un plan de structure commun et qu'ils s'enchaînent par une série
de gradations. I>es observations ultérieures ont confirmé la justesse de
ces conclusions.
1) Après avoir été professeur suppléant à Strasbourg, puis chargé de
cours à Nancy, il fut nomme, en 187G, protesseur titulaire de Botanique à
la Faculté des Sciences de Bordeaux. Il arrivait en pleine crise phylloxé-
rique. Chargé par la Commission du Phylloxéra d'étudier les Vignes sau-
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. 1299
vagps (les Etats-Unis au point de vue de lonr résistance à l'insecte, il s'ac-
quitta (le sa lâche avec la rigueur scientifique et les qualités d'observateur
et d'expérimentateur qu'il avait acquises au laboratoire.
» On savait, depuis les travaux d'Eiu. Planchon, (|ue les Vignes amé-
ricaines résistent au Phj'lloxéra. Mais on n'avait que des données insuffi-
santes sur les degrés de résistance. M. Millardet les détermina avec
précision et fit connaître les détails des variations des espèces sauvages et
leur valeur comme porte-greffes.
>) Un des premiers il préconisa l'hybridation de la Vigne européenne
avec les Vignes américaines. Pour sa part, avec l'aide de M. Grasset, il ne
créa pas moins de 12000 hybrides. Si aucun d'eux n'a donné, comme les
créateurs l'espéraient d abord, un producteur direct capable de remplacer
les anciens cépages français, quelques-uns, surtout parmi les hybrides
provenant du croisement des Vignes sauvages entre elles, ont fourni des
porte-greffes de première valeur. La plantation des espèces ou des
lîvbrides résistants fut d'abord essayée un peu à l'aventure parce qu'on
ignorait dans quelles conditions croissent chez elles les Vignes améri-
canies. Mais lorsque M. Viala eut rapporté de sa mission aux Elati-Uiiis
des renseignements précis sur les milieux où elle-: vivent, on sut quelles
combiiuiisoiis devaient être réalisées pour que le produit fût à la fois résis-
tant aux maladies et adapté aux exigences variables du sol où on le plante.
» Les viticulteurs doivent encore à M. Millardet des Etudes sur diverses
maladies de la Vigne causées par les Chumpignons et en particulier par
le Peronospora du Mildiou, mais, ce qui leur importait davantage, le
moyen de les combattre avec efficacité. C'est ce qu'ils (ont depuis i883
grâce à la découverte des bouillies cupriques dont l'emploi et les métliodes
d'application leur furent indiqués pour la première fois par MM. Millar-
det et Gayon.
» En terminant, je rappellerai ses recherches sur les faux-hybrides de
fraisiers (pu reproduisent le type du père ou de la mère sans jamais réunir
à la fois aucun des caractères distinctifs des deux espèces composantes.
Ces curieux résultats, que l'auteur a aussi rencontrés dans les Vignes et
dans les Ronces, ont fourni l'explication de faits que les producteurs
d'hybrides avaient |)arfois observés et dont ils ne se rendaient pas comjjte.
» M. Millardet était Correspondant de l'Académie depuis 1888. Il avait
remplacé Edmond Boissier. »
[3oo ACADÉMIE DES SCIENCES.
RAPPORTS.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Anomalies du champ magnétique terrestre sur
le Puy de Dôme. Mémoire présenté par MM. B. Brunhes et David.
Rapport de M. Bouquet de la Guye.
n M. Moureauxnousadonnéilya quelques années des Cartes du Magné-
tisme en France sous ses trois formes, déclinaison, inclinaison, intensité,
en utilisant les résultats obtenus dans 617 stations, et il avait vérifié qu'en
divers points de notre territoire il existait des anomalies magnétiques
extraordinaires. La région despuys, c'est-à-dire l'Auvergne, avait été soup-
çonnée par lui d'en renfermer, mais elle était restée en blanc sur ses Cartes.
MM. Brunhes et David ont étudié l'été dernier un point particulier de cette
région, le sommet du Puy de Dôme, et ils ont fait pour cela 58 stations dans
une zone de iSo"" autour de l'observatoire. Ils ont trouvé que la décli-
naison est minimum à l'ouest où elle descend à 12" et maximum à l'est où
elle remonte à 19".
)) La composante horizontale est minimum au nord de la Tour et maxi-
mum au sud et l'écart de deux points distants de 25o" est de o,o32. Le
sommet du puy n'agit pas comme un centre de perturbation défini, c'est
la montagne entière qui agit comme un pôle boréal.
» Une Carte accompagne le Mémoire de MM. Brunhes et David; elle
donne les lignes isogones et de même composante horizontale. Nous ne
pouvons qu'eng.iger ces messieurs à poursuivre cette étude en l'étendant
sur toute la région, ils y trouveront nombre d'anomalies analogues non
seulement au voisinage des volcans mais aussi dans la plaine où l'on
trouve des affleurements de roches volcaniques, et l'Académie ne peut
qu'encourager une pareille recherche. »
CORRESPONDANCE.
M. le Sechétaire perpétuel signale, paimi les pièces imprimées de la
Correspondance :
Un Ouvrage de M. Emmanuel de Martonne ayant pour titre : >< La Vala-
chie, essai de monographie géographique. (Présenté par M. de Lapparent.)
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. l3oi
M. CAX.vrazAHO, M™* Curie, MM. ConMExoE, Driencourt, Gaillot, Gri-
Gi\ARD, GrI.MBERT, DE GrOSSOUVRE, GcILBERT, HaRTWIG, ImBEAUX, DE I.A
Baume-Puvi-vel, Lemoixe, Le Roux, Loisel, Marquis, M. Mowier,
d'Ocagxe, Pevroi'x, Uavaut, Romazotti, Rosexstiehi., Sciiulhof, Svex
Hedix, de Taxnenberg, Teisserenc de Bort, ToiRxouER, Trépied, Vessiot,
VuiLLEMiN adressent des remercîmeiits à l'Académie pour les distinctions
dont leurs travaux ont été l'objet dans la dernière séance publique.
Sur la demande de l'auteur du Mémoire intitulé : <( De l'entraînement
et de ses effets sur l'artilleur », présenté au concours Montyon de Sta-
tistique pour 1902, avec la devise : Primo non nocere, et qui a obtenu une
mention honorable, le pli annexé au Mémoire est ouvert en séance par
M. le Président.
L'auteur du Mémoire est M. Cassedebat, médecin-major au 29* d'artil-
lerie, à Toulouse.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Nouvelles observations sur les éruptions volcaniques de
la Martinique. Extraits de Lettres adressées par M. Lacroix à MM. Dar-
boux et Michel Lévy.
« Fort-de-France, :i3 novembre.
)) Le 18, à 9'' précises du matin, nous avons vu subitement sortir de
l'échancrure sud-ouest du cratère, dont les bords étaient cachés dans les
nuages, une véritable cataracte de volutes de vapeurs très denses, d'un
brun roux foncé; elles sont descendues dans le fond de la vallée de la
rivière Blanche, puis, lorsqu'elles ont eu louclié celle-ci, elles ont continué
leur marche en rampant sur le sol jusqu'à la mer, tout en étant animées
en même temps d'un mouvement plus lent d'ascension verticale. Ce
nua^e, formant des volutes qui ressemblaient à des balles de coton très
serrées, marchait dans la direction horizontale avec la vitesse d'environ
jkm ^ jg minute (6 minutes pour aller du cratère à la mer); il s'est élevé
à environ 2000 mètres.
M Arrivé sur le bord de la mer, il s'est lentement diffusé à la surface de
celle-ci, obscurcissant l'horizon pendant près de 2 heures.
» Je ne doute pas que nous n'ayons assisté à un phénomène comparable,
quoique beaucoup moins intense, à celui qui a détruit Saint-Pierre.
» Quoi qu'il en soit, la vue de la sortie et de la marche de ce nuage était
C. R., 1902, 2« Semestre. (T. CXXXV, N° 26.) I 70
l3o2 ACADEMIE DES SCIENCES,
un spectacle inoubliable, et surtout intéressant pour nous qui avons passé
un si grand nouibre de journées entières dans la vallée de la rivière
Blanche et qui avons encore tant d'observations à y faire. Il y a là évidem-
ment un nouveau et désagréable fadeur, dont nous aurons à tenir compte
désormais. Une éruption similaire avait eu lieu le 6, c'esl-à-ilire deux
jours auparavant.
» Depuis quelques jours, les fumerolles des embouchures des rivières
Blanche, Sèche, et des Pères ont repris par intermittence leur activité de
la fin du mois de juin. »
oler.
» Les cendres des éruptions qui nous occupent sont extrêmement
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. 1 807
blanches, les lapillis et les blocs qu'elles contiennent sont tous de même
composition, sans aucun mélange avec ces fragments arracliés aux |)arois
de la cheminée, qui sont si fréquents dans les grandes explosions précé-
dentes.
» La lave produite actuellement est une andésite à liy|)erslhène d'un
gris clair, rit he en verre, tantôt com|)acte et tantôt âpre au toucher; les
types 1res vitreux sont moins abondants (jiie le mois dernier, la ponce est
relativement peu fréquente, alors qu'elle a été le principal produit rejeté,
darifi cette même région, le 9 juillet et le 3o août,
» Je noierai en terminant l'absence complète, dans les nuages denses,
de bombes à périphérie vitreuse fendillée, ce qui indique bien nettement
que les blocs cju'ds renferment sont partis entièrement solides du cratère,
à l'inverse de ce qui s'est passé dans les grandes explosions verticales. »
ASTRONOMIE. — Observations de la comète d (ic)02), faites à /'Observatoire
d'Alger (^équatonal coudé de o'",3i8 d'ouverture), par MAI, Hamuaiiu et
Sy, présentées par M. Lœwy.
Comète. — Etoile.
Étoiles ~- — ^ Nombre
Dates. de Ascension de
190-- coinpar. Grandeur. droite. Déclinaison. compar. Observ.
"> s .1,
Dec. 3 a 9,2 — i.i5,o3 + 3.1/4,7 i5:io S
3 a 9,2 — 1.15,71 +3.32,8 i.t:io R
6 b 8,1 +0.56,35 — 2.19,7 i5:io S
6 b 8,1 +0.55,89 — 2.10,0 i5;io R
Positions apparentes des étoiles de comparaison.
Asc. droite Réduction Déclinaison Réduction
Dates. moyenne au moyenne au
19UÎ. Étoiles. 19U-2,0. .jour. ll)0'2,0. jour. Autorités,
h m s s . . ,
Dec. 3 a 7. 18.40, f8 +4,23 — 1.05.19,7 — 12'^4 AG. Nicolajew n-aHS
0 b 7.15.37,70 +4,32 — 1.24.49,1 —12,8 AG. Nicoliijew ii'>2132
Positions apparentes de la comète.
Temps Ascension
Dates. moyen droite Log. fact. Déclinaison Log. fact.
1902. d'Alger. apparente. parallaxe. apparente. parallaxe,
h m s h m s
Dec. 3 10.46.53 7.17.29,38 1,593, — i!53!i7^4 0,732
3 II. 48. 46 7.17.28,70 î,486„ — 1.51.59,3 0,736
6 9.4'4-26 7.16.38,37 ï,643„ — 1.27.21,6 0,727
6 io.i4.36 7.16.87,91 î,6i6,ï — 1.37.11,9 0,729
j3o8 académie des sciences.
ASTRONOMIE. — Observations des Perséides, Léonides el Biélides, faites à
Athènes en 1902. Noie de M. D. Égimtis, présentée par M. Lœwy.
« Les Perséides ont été observées, cette année, à Athènes pendant
6 jours de suite, du 8 au i3 août, par un ciel très beau. Le maximum de
leur chute a eu Heu le 11 août, de i5>' k i&; en général, elles ont été
moins nombreuses que dans les cinq dernières années.
)) Voici les résultats de nos observations :
Nombre
Dates. 1902. Heure. t)c météores. horaire. Radiants.
Il 111 II m l a =r 4^) 43.
Saoùt 8.30-12.45 18 4 18=55,42.
« = 48, 40, 44° 40!
9 » '°- «-'^'^^ ^^ ^ 13 =.57, 59, 54, 54,5.
l a = 45, 4o.
10 >. 9.30-16.0 68 10 18 = 53,55,5.
la = 44, 54, 58.
11 « 9- 0-16. o i5o 21 la =56, 40, 45.
1 a = 42, 4o, 45-
12 » 9- 0-16. o 99 14 |8=:53, 56, 58.
K / S a = 4o.
i3 ). 9- 0-1^- o '5 ^ I 8 = 55.
» Le grand nombre des radiants, que nous donne régulièrement,
depuis plusieurs années, le tracé sur les cartes spéciales des météores
observés avec précision, el l'impression produite en général chez l'observa-
teur par l'ensemble des Perséides relatives, qu'on voit tomber pendant les
soirées d'observation, font croire que le radiant de cet essaim, qui est
siluè près de n Persée, n'est pas un point, mais toute une aire, ayant une
étendue assez grande.
» Les météores, appartenant au radiant situé près de a Persée,
élaient rouges et brillants, tandis que ceux de -n Persée avaient en général
un éclat faible et une couleur jaune rougeàlre.
» Pendant les mêmes soirées, on a vu tomber quelques étoiles filantes
des constellations du Bélier, de la Girafe, de Cassiopée, du Triangle et
d'Andromède.
» A cause du mauvais temps on n'a pu observer les Léonides que le
i5 novembre, par un ciel beau. On n'a vu que 17 météores, de 12^
à 18''; la lumière de la pleine Lune entravait beaucoup les observations;
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. 1809
on ne voyait que les étoiles jusqu'à la 3"" grandeur. Les radiants observés
sont :
«= i52° 149",
^ = + 22° 4- 23°.
» Les Biélides, par suite du mauvais temps aussi, n'ont été observées
que le 24 novembre, par un beau ciel; la Lune était âgée de 24 jours.
De 7'' à 17'' on a vu seulement 9 météores, qui ont émané du radiant
suivant :
a.— 24'', 5 22°,
§ = +42" +45°.
» En outre, on a observé quelques météores, qui sont tombés de Persée
et du Triangle.
» Ces observations ont été faites avec l'aide de MM. Ferzakis, Maris et
Nicolaou. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les fonctions entières.
Note de M. Hadamard, présentée par M. Poincaré.
« Une fonction entière F(\r) étant donnée, on peut souvent, si elle
est de genre fini, reconnaître a priori qu'elle ne se trouve pas dans le cas
d'exception réservé par le théorème de M. Picard, c'est-à-dire qu'il ne
peut pas exister de constante a [ou même de polynôme />(ir)], tels que
l'équation
¥{x) = a ou f{x)=p{x)
n'admette qu'un nombre fini de racines.
» C'est, en effet, ce qui arrive toutes les fois que le mode de croissance
de F(a;) n'est pas celui de e^\ où h est un entier.
» Il m'a paru intéressant de rechercher si l'on ne pourrait pas trouver,
même pour les fonctions de genre infini, une pareille règle d'exclusion, en
se fondant sur une remarque bien connue et qui vient d'être appliquée par
M. Fabry (') à la distribution des zéros d'une fonction entière. Cette
remarque est la suivante : si l'on a, sur le contour où les fonctions /(a;)
et '^{x) sont régulières.
n^)
= çi.
» Nous appliquerons la remarque précédemment rappelée en prenant
poury(a7) la quantité a^x'" et pour 9(3;) l'ensemble des autres termes,
tant précédents que suivants, de la série (2), On a alors aisément
o.
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. 3ll3
» On trouve, en choisissant convenablement le nombre S,
n
(2) \s'^:\oc) -siroKg^^ke-^" <:,, t>o,
» D'autre part, en choisissant n = v assez grand, on aura
(4) i/(^)-s;;'(^)l
chose au sujet de la quantité
dans mon Mémoire : « Sur les séries malmsténiennes » (Académie de
Prague, 1891). Cela étant, la formule fondamentale de Dirichlet fournit la
relation
(3) '^]<^(a,b,c',s)^^A~'W(,,s)'^(^=^^R(^'^,sy
ia,b,c) rsl
qui subsiste dans tout le plan de la variable complexe s; ici (a, b, c) par-
court un système complet des représentants des différentes classes primi-
tives et positives du discriminant négatif — A supposé fondamental, puis
on a T = 2 à l'exception de A = 3 où t = (3, et de A = 4 où t = 4-
» D'après un théorème donné, en 1867, par Ernest Schroeder, on
connaît les deux premiers termes dans le développement de Maclaurin
(4) R(co,5) = (^-co)+iog
r(co)
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. l3l5
puis j'ai trouvé, dans le Mémoire cité plus haut, le développement analogue
(5) K(a,b,c) — — i — 2.s\og
en désignant par H(w) le produit infini
ao
JJ(i - - e^™"').
ji"(-^^)"(^)]
e
» Au nioven de ces préliminaires on trouve aisément les deux premiers
coefficients dans les développements par la série de Maclaiirin des deux
membres de l'équation (3). En comparant les termes constants, il s'ensuit
immédiatement la formule connue
(A) cl(-A) = -5L'f(riy,
r — 1
le premier membre désignant le nombre des classes. La comparaison des
termes en s fournit la relation
A-i
(B)
2
r =
(n.ft.c)
j'avais annoncé en 1897 (Bulletin de M. Darboiix) qu'on peut l'obtenir
d'une manière directe qui vient d'être exposée. Elle contient, pour A = 3
et A =: 4! les résultats obtenus par M. Bigler au sujet des quantités r( , )
etr
4.
» J'ai obtenu des résultats analogues pour les formes de discriminants
positifs. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Une application de la théorie des résidus au
prolongement analytique des séries de Taylor. Note de M. Ërnst
LixDELOF, présentée par M. E. Picard.
« 1. Soit F (a:) une fonction analytique holomorphe à l'origine, et
cf„ + a, a; -H a^x- -^ . . . H- a„a;" + . . ,
:-ill6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
son développement de Taylor en ce point, et désignons d'autre part, avec
M. Mittag-Leffler, par A l'étoile principale relative aux constantes a et
par FA(iF) la branche correspondante de F(a7). On peut se proposer de
trouver une fonction 7(2, a), dépendant d'un paramètre a et vérifiant la
1
condition iim | cp(/î, a)!" = o, telle que, a tendant vers zéro, la fonction entière
( I ) ao?(o> '^) -^ ^1 ?( I' ^)''^ -h. . .-h a„'f(n, a)a;" +. . .
tende uniformément vers FA (;r) dans tout domaine intérieur à A.
» On sait, d'après une remarque due à M. Borel, qu'il suffit de déter-
miner la fonction cp(s, a) de telle sorte que l'égalité
(2) limy (f(/?, a)j7"= -^
a = 0-'
0
ait lieu uniformément dans tout domaine fini T n'ayant aucun point
commun avec le segment -t- i l-oc de l'axe réel. Or, pour résoudre
ce dernier problème, on est conduit tout naturellement à faire usage de la
théorie des résidus de Cauchy.
» 2. Considérant d'abord un cas particulier, nous montrerons que,
a tendant vers zéro par des valeurs positives, on a uniformément, dans
tout domaine tel que T,
(3) iï:2(,7
Le théorème de Cauchy permet d'écrire
le contour Si. étant par exemple un rectangle aux côtés parallèles aux axes
des coordonnées, symétrique par rapport à l'axe réel, de hauteur 2A, et
dont les côtés verticaux passent respectivement par les points 3 = - et
I
z = i> -\
2
» Posons z ^ ^ -\- it et œ = re"''^^'^\ de sorte que cp désigne l'angle formé
par le ravon vecteur du point x avec l'axe réel négatif; on trouve
V -^ simt5 :«= 1 sinuc | 21'
SÉANCE DU 2g DÉCEMBRE 1902. l3ir,
» En supposant ? = o, r < i , o < a < i , on en conclut d'abord que les
parties de l'intégrale (4) qui se rapportent aux côtés horizontaux du
rectangle ^ s'évanouissent pour lira A = x, et d'autre part que l'intégrale
J 1 sin Tzz s«^
tend vers zéro lorsque l'entier^ croît indéfiniment. De l'égalité (4) on pourra
donc tirer la suivante (en supposant toujours- i. 3. Nous arrivons ainsi au résultat suivant, qui ne laisse rien a désirer
en fait de simplicité :
» Lorsque a. tend vers zéro, la fonclion entière 2««(5) ^^'"^ u'^ifor-
Q
mément vers Yk{x) dans tout domaine /(/liinténeur à A.
» Si on le préfère, on pourra donner à ce résultat la forme suivante :
,. a tendant vers zéro, le polynôme f,a„[^f tendra uniformément
0
vers FA (a) dans tout domaine fini intérieur à A, si l'on choisit constamment
va> e^" '"^ la fonction oJ-) allant en croissant indéfiniment, d'ailleurs aussi
lentement qu'on le voudra, lorsque a tend vers zéro.
» Le résultat précédent, comme nous l'avons déjà dit, rentre comme
eas particulier dans un théorème plus général, dont voici l'énoncé :
» Soit o{:;ol) une fanetion analytique de z^-^ + it dépendant d un
paramétre positif a, et supposons
» I " Que lim | cp («, a) |" = o,pour a > o ;
» 2° Que (p(z, a) soit holomorphe dans le demi-plan t zo;
« 3^ Que, en tout domaine fini faisant partie de ce demi-plan, o(z, x)
tende uniformément vers l'unité lorsque a tend vers zéro;
» 4'' Que, en posant z = ,o e'+ , on ait 1 9 (>. , a ) | < e^^""^ pour \^\:il^^a quan-
tité K{oi) tendant vers zéro en même temps que ce,
>, Dans ces conditions, la fonction entière ( i ) tendra uniformément vers
FA r ^ ) dans tout domaine fini intérieur à A , lorsque le paramétre oc tend vers o .
1 r[j(l— a) + l]
» On pourra choisir par exemple ç=^Y^^Y)7;). ou encore cp— r(j;_,_,) '
et l'on a alors une solution donnée par M. Le Roy. «
GÉOMÉTRIE. - Sur une représentation plane de l'espace et son application à
la Statique graphique. Note de M. B. Mayor, présentée par M. Maurice
Levy.
, Les théories de la Géométrie réglée permettent de résoudre, à l'aide
de procédés simples et uniformes, les problèmes relatifs à l'équiUbre des
SÉANCE DU 59 DÉCEMBRE l()0>. l3n)
solides. Il paraît dès lors nécessaire, si l'on désire étendre, d'une manière
quelque peu systématique, les méthodes de la Statique graphique à l'étude
des systèmes de trois dimensions, de rechercher un mode de représen-
tation plane de l'espace approprié à la nature spéciale des figures réglées
et qui, avant toute autre chose, respecte le caractère dualistique que pré-
sente la ligne droite dans l'espace.
)) A cet effet, remarquons que l'ensemble d'une droite g- et d'un point g',
quelconques l'un et l'autre dans le plan II où l'on se propose de représenter
l'e-ipace, constitue le plus simple des éléments diialistiques dans la géo
métrie du plan et susceptible, en outre, puisqu'il dépend de quatre para-
mètres, de représenter une droite quelconque de l'espace. Si donc on
convient de désigner par la notation (g, g') un pareil élément et par (g)
la droite de l'espace qu'il représente, il suffira, pour atteindre le but pro-
posé, de déterminer la plus simple de toutes les correspondances linéaires
qu'il est possible d'établir entre les éléments (g, g') et les droites (g-). Les
considérations suivantes permettent de résoudre ce problème.
» Lorsque la droite g de l'ensemble quelconque (g, g') demeure fixe,
le point ^ étant, au contraire, variable, la droite corres|)ondante engendre
dans l'espace une congruence dont l'ordre sera désigné par m, etlaclasse,
par n; de même, g' élant supposé fixe, et g variable, (g) engendre une
deuxième congruence d'ordre m' et de classe n', A tout élément (g, g')
correspondent ainsi deux congruences ayant en commun la seule droite (^),
puisque la correspondance cherchée est assujettie à la condition d'être
linéaire. On aura donc
mm' -+- nn' = i ,
et cette relation ne peut être satisfaite que par l'une ou Tautre des solu-
tions
(a) n = /i' = I , m.m.' = o ;
(b) m==m':r^i, nn':=o.
» Considérant tout d'abord la solution (a) et supposant, pour simplifier
le mode de représentation et par raison de symétrie, que l'on ait séparé-
ment m = m'=o, on démontre immédiatement que la correspondance
cherchée s'obtient en établissant deux corrélations homographiques quel-
conques, d'une part entre les plans d'une première gerbe de centre quel-
conque S et les droites g de n, et, d'autre part, entre les points g' de n et
les plans d'une deuxième gerbe dont le centre S', également quelconque,
l320 ACADÉMIE DES SCIENCES.
doit, cependant, être supposé différent de S. L'élément représentatif d'une
droite {g) est alors conslitiié par la droite et le point de n qui correspon-
dent aux plans des deux gerbes qui passent par {g)', de cette manière à
toute droite de l'espace correspond bien, en général, un élément repré-
sentatif unique et réciproquement.
)) Le mode de représentation ainsi obtenu est susceptible d'une première
simplification fondamentale. On l'obtient en assujettissant les deux corré-
lations homographiques à des relations telles que la condition de rencontre
de deux droites définies par leurs éléments représentatifs, condition dont
on connaît le rôle essentiel en géométrie réglée, se présente sous la forme
la plus simple. Sans entrer dans le détail d'une discussion très élémentaire,
il suffît d'indiquer ici qu'on obtient ce résultat lorsque la droite et le point
de n qui correspondent à un même plan quelconque du faisceau commun
aux deux gerbes sont unis. Si l'on désigne alors par O le point commun
à toutes les droites qui correspondent aux plans de ce faisceau, par E la
droite engendrée par les points qui correspondent à ces mêmes plans ; si
l'on convient, de plus, pour faciliter le langage, d'appeler ligne de fuite
d'un point de E la droite qui joint ce point à O e\. point de fuite d'une droite
de n son point de rencontre avec E, on peut alors énoncer la proposition
fondamentale qui suit :
» Pour que deux droites définies par leurs éléments représentatifs (g, , g\ )
et (^g.-,, g[^) se coupent, il faut et il suffit que la ligne de fuite du point d'inter-
section de g, et de gn passe par le point de fuite de la droite qui joint g\ et g^.
)) On démontre encore facilement les propriétés suivantes qui mettent
en évidence un nouvel élément géométrique dont le rôle est essentiel :
» Lorsque les deux éléments représentatifs d'une même droite sont ums,
cette droite appartient à un complexe linéaire que nous appellerons le complexe
directeur. Il faut toutefois excepter de cet énoncé le cas où la droite repré-
sentative passe par O, le point représentatif étant, en outre, situé sur E.
Les droites correspondantes de l'espace, qui sont d'ailleurs incomplètement
représentées, forment un complexe linéaire spécial dont le rôle est secon-
daire.
» Lorsque deux droites de l'espace sont conjuguées par rapport au com-
plexe directeur, leurs points représentatifs sont alignés sur O, leurs droites re-
présentai ii>es se coupent sur E et, enfin, le point représentatif de l'une quel-
conque d'entre elles et la droite représentative de l'autre sont unis.
M Considérant, à présent, toutes les droites qui passent par un même
point (P) de l'espace, on voit que leurs droites représentatives passent
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. F 321
par la projection P de ce point sur le plan n, tandis que leurs points re-
présentatifs sont alignés sur une même droite P'. De plus, la ligne de fuite
de P et le point de fuite de P' sont unis et à tout élément de n constitué
par la réunion d'un point et d'une droite jouissant de cette propriété, élé-
ment que nous désignerons par la notation (P, P'), correspond, en géné-
ral, un point (P) de l'espace, et un seul.
» En considérant de même un plan quelconque (a) comme formé par
l'ensemble des droites qu'il renferme, on est conduit à le représenter par
sa trace a et par la projection a' de son foyer sur II, c'est-à-dire par les élé-
ments qui définissent son foyer. D'après cela, un point et un plan de
l'espace sont représentés de la même manière, ce qui ne peut donner lieu
à aucune ambiguïté si l'on réserve, comme nous l'avons fait, les majus-
cules latines pour les points et les minuscules grecques pour les plans.
» Ajoutons que la solution (h) ci-dessus, que nous n'avons pas dévelop-
pée, conduirait à une représentation identique à celle qui précède en rem-
plaçant chaque droite par sa conjuguée relativement au complexe direc-
teur. »
ÉLECTRICITÉ. — Étude de la magnétofriction du faisceau anodique. Note de
M. H. Pellat, présentée par M. Lippmann.
« Dans plusieurs Notes antérieures ('), j'ai eu l'honneur de signaler
à l'Académie une série de phénomènes qui se produisent quand on fait
agir un champ magnétique intense sur le Çux cathodique ou sur le flux
anodique des tubes à gaz raréfiés et qui sont inexplicables par les lois de
l'électromagnétisme. Ils s'expliquent parfaitement par un frottement ani-
sotrope que subiraient les particules en mouvement, très grand dans le
sens perpendiculaire aux lignes de forces du champ magnétique et beau-
coup plus faible ou nul dans le sens des lignes de forces. Pour rappeler
cette propriété, je propose de donner à ces phénomènes le nom général de
magnétofriction du faisceau cathodique ou anodique.
» L'objet de cette Note est de résumer l'étude que j'ai faite de la manière
(') Tubes de forces d'un champ magnétique rendus visibles par les rayons
cathodiques {Comptes rendus, t. CXXXIV, 1902, p. 352). — Des forces cjui agissent
sur le jlux cathodique placé dans un champ magnétique {Jbid., p. 697). Action
d'un champ magnétique intense sur le flux anodique (Jbid., p. io46).
l332 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dont varie la magnétotriction d'un faisceau anodiqiie suivant la pression et
la nature du gaz.
» Les gaz étaient étudiés dans un tube cylindrique ayant environ i"' de lonj^ et l'j™'"
de diamètre dont le milieu était placé entre les pièces polaires planes d'un fort électro-
aimant Weiss distantes de o^jOa et donnant un champ à peu près uniforme sur une
longueur de 0^,07; les trous pratiqués dans Taxe des pièces polaires permettaient
d'examiner le tube de côté. De cette façon, le faisceau anodique coupait à angle droit
les lignes de forces du cliamp magnétique. Les gaz étudiés ont été l'hydrogène, l'oxy-
gène, un mélange d'oxygène et d'hydrogène et enfin l'air sec. L'oxygène et l'hydro-
gène étaient préparés par l'éleclrolyse d'une solution de potasse; ils étaient desséchés
par un séjour prolongé sur de la potasse en morceau, qui avait longtemps été main-
tenue à l'état de fusion.
)) D'une façon générale, voici quels sont les phénomènes que l'on observe
quel que soit le gaz.
» Si l'on augmente progressivement rinlensité du champ magnétique à partir de
zéro, le faisceau anodique se resserre de plus en plus le long de la paroi du verre
conformément aux lois de l'éleclromagnétisme, el forme en avant ou en arrière, sui-
vant le sens du champ ou de la décharge, un filet d'autant plus mince que le champ
est plus intense. I^Liis à partir d'une certaine intensité du champ, que je désignerai
par H, le faisceau anodique se diffuse autour du filet, d'abord sous forme d'un nuage
qui ne s'écarte pas beaucoup du filet, puis la diffusion augmente de plus en plus
jusqu'à envahir toute la section du tube, quand le champ augmente d'intensité. Enfin
le filet lui-même disparaît dans les champs très intenses et l'efTel des forces électro-
magnétiques ne se manifeste plus que par une intensité lumineuse un peu plus grande
sur le bord où était le filet, quand on regarde le tube de côté. Cette différence d inten-
sité diminue, du reste, et tend à s'effacer lorsque le champ continue à croître. La
partie diffusée ne présente jamais de stratifications; le filet ne peut en présenter que
lorsqu'il est très large, dans les chatnps très peu intenses, par conséquent.
» Mais il y a une très grande différence entre les valeurs du champ qui donnent un
des aspects qui viennent d'être indiqués suivant la pression el la nature du gaz. On
en jugera par le Tableau suivant, qui indique pour l'hydrogène et pour l'oxygène les
valeurs de H suivant la jiression.
Valeur du champ à partir de laquelle la diffusion du faisteait
due à la magnétofriclion commence à apparaître.
Hydrogène. Oiygérte.
PresBion('). H. Prossion. H. Piession. H.
Dini mm iiiiii ^ Supérieur à
20 1740C.G.S. 1,3 SqoC.G. S. 1.5 \ r^ r^ c
i 7000 L..(j. s.
16 i34o 0,97 390 0,7 Id.
(') Les pressio'ns inférieures à a"'™ de mercure élaient bien évaluées au moyen de
SÉANCE DU
29
DÉCEMBRE
1902
l323
Hydrogène.
H.
Oxygène.
Pression.
H.
Pression.
Pression.
H.
mm
mm
mm
13
logo
0,70
390
0,54
2430 C.G.S.
lO
1000
0,38
390
0, i3
i58o
7
920
o,.4
390
o,o3
3oo
4,6
Ho
o,o3
390
V
»
3
5-0
0,0078
3oo
»
»
2
3go
»
»
t>
»
» Ainsi, à mesure que la pression diminue, l'intensité H du champ à
partir de laquelle la diffusion commence à apparaître diminue aussi. Mais
il y a une énorme différence entre les nombres correspondant à une même
pression pour l'hydrogène et pour l'oxygène (si l'on excepte toutefois les
pressions très faibles). J'ajouterai, pour mieux montrer la dissemblance
des deux gaz, qu'avec une pression de i""", 3 de mercure et un champ
de 7000 C.G.S., pour l'hydrogène la diffusion du faisceau anodique
est complète, le filet n'étant plus visible, tandis que pour l'oxygène le
faisceau est resserré en un mince filet très brillant sansdiffusion appréciable.
Pour qu'avec un champ de 7000 C. G. S. l'oxygène donne une diffusion
comj)lète, comme celle qui vient d'être indiquée pour l'hydrogène, il faut,
au lieu de i™'", 3, descendre jusqu'à une pression voisine de o™", i3.
» On voit par là que l'oxygène subit beaucoup plus difficilement les effets
de la magnétofriclion que l'hydrogène.
» Il était intéres.sant de voir si, dans un mélange, les effets sur les deux
gaz se manifesteraient séparément. L'expérience a été faite sur un mélange
à volumes grossièrement égaux d'oxygène et d'hydrogène; elles a montré
qu'au point de vue de la magnétofriclion un mélange se comportait comme
un gaz unique jouissant de propriétés intermédiaires entre celles des com-
posants : le speclroscope décelait les raies brillantes de l'hydrogène et les
raies ou bandes beaucoup plus pâles de l'oxygène, aussi bien dans le filet
que dans la partie diffusée qui l'entourait; pour les pressions totales
Q'"'»,94 et 0°"", 46, H fut trouvé respectivement égal à 3ooo et 1 100 C.G.S.
L'air s'est comporté d'une façon analogue.
la jauge Mao Lead; mais les pcegsionâ égales ou supérieures à a""" n'étaient que gros-
sièrement évaluées. Cela n'a aucun inconvénient, puisque le phénomène ne change que
lentement avec la pression. D'autre part, le phénomène de l'apparition de la diffusion
étant délicat à observer, les valeurs indiquées pour 11 ne sont déterminées qu'à plu-
sieurs dizaines d'unités près.
l324 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Dans cette Note, je n'ai exposé que des faits. Dans une prochaine
Communication, j'indiquerai quelques conclusions qu'il me paraît légitime
de tirer de ces expériences. »
ÉLECTRICITÉ. — Sur l'émanation du phosphore. Note de
M. Edgène Bloch, présentée par M. Mascart.
« On sait depuis fort longtemps que l'air placé au voisinage d'un bâton
de phosphore devient conducteur de l'électricité. Mais ce phénomène n'a
commencé à attirer l'attention des physiciens que dans ces dernières années,
en même temps que les autres cas de conductibilité des gaz. Barus (^Phil.
Mag., 1899-1902, passirn) établit que Y émanation du phosphore est non
seulement conductrice, mais^possède la propriété de condenser la vapeur
d'eau même non saturante ; ses expériences sembleraient d'ailleurs prou-
ver l'indépendance des deux phénomènes; de plus elles laissent sans
réponse toutes les questions que l'on peut se poser sur la nature de la
conductibilité. G. C. Schmidt {Phys. Zeilschr., t. III, juillet 1902, p. 475)
nie que l'on soit en présence d'une véritable ionisation et attribue la con-
ductibilité à la convection de l'électricité parles produits d'oxydation du
phosphore qui formeraient les nuages observés. Harms (^Phys. Zeitschr.,
t. IV, p. III, novembre 1902) combat cette opinion par quelques expé-
riences presque purement qualitatives.
» En présence de ces contradictions sur les points les plus essentiels, il
m'a paru utile de faire connaître les premiers résultats des recherches que
je poursuis sur ce sujet.
» Je me suis efforcé d'abord d'obtenir des phénomènes réguliers et par suite de
rendre les mesures possibles. J'y suis parvenu en faisant passer, avec une vitesse
constante sur du phosphore desséché et maintenu à la température ordinaire, un cou-
rant d'air rigoureusement sec. Cet air devient conducteur sans qu'il soit possible
d'apercevoir dans le gaz vivement éclairé aucune poussière ou fumée; une pareille
fumée ne se produit qu'à la sortie de l'appareil, au moment où l'émanation arrive au
contact de l'air extérieur; il se forme alors un nuage de vapeur d'eau.
» En ce qui concerne la conductibilité électrique, j'ai établi d'abord, en envoyant
le courant gazeux dans le champ d'un simple condensateur cylindrique, et en utilisant
pour les mesures un électromètre à quadrants sensible, que le courant que l'on peut
faire passer dans le gaz n'est pas proportionnel à la force électromotrice, mais qu'il
tend vers un maximum (courant de saturation) quand la force électromotrice est
suffisamment élevée. D'autre part, si l'on envoie l'émanation dans un tube cylin-
drique chargé à un potentiel élevé, et suivant l'axe duquel sont placées deux électrodes
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902- l3ïî5
isolées identiques, on constate que l'électromètre ne décèle plus aucun courant à la
seconde électrode quand la première est reliée au sol. L'ensemble de ces faits justifie
l'hypothèse d'une ionisation du gaz.
» La conductibilité, supprimée dans la dernière expérience par l'établissement d'un
champ sur la première électrode, est supprimée définitivement, c'est-à-dire qu'elle ne
reparaît pas plus loin dans le gaz par suite d'une prolongation possible de l'oxydation.
Il est dès lors légitime d'appliquer au cas actuel une méthode telle que celle des
courants gazeux (Zeleny) pour mesurer les mobilités des ions. Les mobilités obtenues,
à peu près égales pour les deux espèces d'ions, sont extrêmement faibles, de l'ordre
flo 3I0 de millimètre par seconde dans un champ de un volt par centimètre. Le^ ions
actuels diffèrent donc beaucoup à cet égard des ions que l'on rencontre d'ordinaire
dans les gaz; ils sont au contraire à rapprocher de ceux que Townsend a le premier
signalés dans les gaz récemment préparés par voie électrolytique et qui possèdent
justement des mobilités du même ordre que les précédentes (Townsend, Phil. Mag.,
t. XLV, 1898, p. 125).
» Cette analogie est confirmée par l'étude des phénomènes de condemsation. Comme
ceux des gaz électrolytiques, les ions du phosphore condensent la vapeur d'eau même
non saturante (contrairement aux ions ordinaires). Le nuage produit disparait presque
complètement si l'émanation a passé au préalable dans un long condensateur cylin-
drique à l'intérieur duquel on a créé un champ intense. Il est donc extrêmement vrai-
semblable que la vapeur d'eau se condense, au moins en grande partie, sur les ions.
La même expérience réussit tout aussi bien avec l'hydrogène électrolytique, et ce fait
confirme les idées de Townsend sur le rôle joué dans la condensation par les ions con-
tenus dans les gaz, rôle qu'il n'avait mis en évidence que d'une manière assez indi-
recte, et qui avait été contesté parH.-A. Wilson {Phil. Mag., t. XLV, 1898, p. 454).
J'ai pu, dans le cas du phosphore, démontrer rigoureusement qu'une bonne partie du
nuage se condense sur les ions, en plaçant, à l'exemple de C.-T.-R. Wilson, trois
plateaux parallèles identiques au sein de l'émanation et en créant un champ intense
et uniforme entre le plateau central et un latéral : le nuage disparaît seulement du
côté où existe le champ.
» Signalons encore que les phénomènes de conductibilité électrique sont simple-
ment affaiblis sans perdre aucun de leurs caractères par le passage de l'émanation au
travers d'un tampon de coton de verre, d'une éprouvette à potasse solide, d'une solu-
tion de potasse, d'un barboteur à acide sulfurique pur, d'une solution concentrée
d'iodure de potassium.
M En résumé, la conductibilité de l'air sec qui a passé sur le phosphore
est due à des ions de très faible mobilité qui servent de noyaux de conden-
sation à la vapeur d'eau même non saturante. Il faut réserver pour l'insiant
la question de savoir par quel mécanisme chimique ces ions sont proihiits,
et si leur formation est lice à celle d'un composé défini tel que l'ozone ou
un oxyde du phosphore, ou bien s'il s'agit d'une simple modification de
l'oxygène. Cette question est évidemment liée à l'étude chimique précise
G. K., 1902, V Semestre. (T. CXXXV, N° 26.) l'j'i
l326 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de l'oxytlation du phosphore, sur laquelle nous n'avons actuellement que
des données insuffisantes. »
ÉLECTRICITÉ. — Sur l'effet Hall et les mobilités des ions cVune vapeur salée.
Noie de M. Georges More au, présentée par M. Mascart.
« Mobilité des ions. — Dans une Note récente (') j'ai indiqué le méca-
nisme de l'ionisation d'une flamme, chargée d'un sel alcalin par vaporisa-
tion d'une solution de concentration connue.
» On peut se proposer de déterminer les mobilités des ions produits.
Une méthode indiquée précédemment (') m'a fourni, pour les ions néga-
tifs, une mobilité diminuant quand la concentration croît et uniquement
/onction de la nature du métal. Pour les sels de R et de Na, dont la concen-
tration est comprise entre i™°' et ~ de molécule par litre de solution
vaporisée, elle varie de 660 — à i320 — pour une chute de i^°" par cen-
* sec sec '^ '^
timètre. La limite i35o . — est la mobilité des ions négatifs de la flamme
sec "
pure et chaude d'un bec Bunsen.
» La même méthode, appliquée aux ions positifs, donne 80 — -, quelle
que soit la nature du sel ou la concentration. Pour la flamme pure, ce
cm
sera donc aussi 80 -^ • Les ions négatifs sont notablement plus rapides que
sec
les ions positifs; ils ont donc une masse plus faible qui s'accroît avec la
concentration. L'inégalité des mobilités est un fait général déjà observé
chez les gaz ionises par d'autres procédés ; elle est seulement plus accentuée
pour les vapeurs salines où les mobilités sont aussi plus considérables à
cause de la haute température du milieu.
» Effet Hall. — Soit, dans une flamme, un champ électrique X paral-
lèle à Oa;et, suivant Oy, un champ magnétique H. Parallèlement à Oz, se
produit, sous l'action de H, un champ électrique Z qui définit l'eftet Hall.
Z . ,
Le coefficient de rotation R= ^r? a été mesuré par Mars (') pour les
flammes chargées de K.C1 à différentes concentrations et pour NaCl.
(') Comptes rendus, 24 novembre 1902.
(*) Ibid., 3ojuin 1902.
(') Marx, Wied. Ann., 1900.
SÉAXCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. l327
» Avec la notion des ions, l'interprétation de R esl simple. En admettant
que le champ H exerce sur chaque ion chargé qui se déplace suivant Ox
une action pondéromotrice électromagnétique, on établit (') la formule
(I) R = K3-K,,
K„ et K, étant les mobihtés des ions positifs et négatifs.
» Cette formule n'est cependant qu'approximative, car on néglige les
chutes de pression des ions qui s'établissent suivant Os et qui diminuent
légèrement R.
» Avec les valeurs que j'ai mesurées pour K, et R,, on peut calculer R
d'après (I) et le comparer aux nombres de Marx. Dans le Tableau suivant,
R est évalué en C.G.S. :
KCl. NaCI.
Concenlr.
FI. pure.
M
64"
M
8 ■
4'
M
2
2 M.
2 M.
— lo^R cale. .
• 12,7
1 1
8,2
7
6,2
5,2
6,4
— io«R obs . . .
10,2
non obs.
8,3
5,4
4,3
3,8
5,1
» Les valeurs calculées sont plus élevées que les valeurs observées, ce
qu'on pouvait prévoir. Telle quelle, la formule (I) représente suffisam-
ment bien l'allure du phénomène, si l'on tient compte des différences de
température dans lesquelles les observations des mobilités et de R ont été
faites, puisqu'on expérimente sur des flammes, c'est-à-dire sur des milieux
facilement modifiables.
» Marx a étudié différents sels alcalins et a trouvé qu'à concentration
égale le coefficient R dépend uniquement du métal, d'après la formule
(II) Rv/M = const.,
oîi M est le poids moléculaire du métal. Puisque Ka est notablement plus
petit que K,, on peut écrire
(III) R, V^ = const.
» Cette formule IH est bien vérifiée par mes observations sur les mobi-
lités du K et du Na. Elle est d'ailleurs une conséquence de la théorie de la
diffusion des gaz, si la masse de l'ion négatif est égale ou supérieure à
celle des molécules du milieu enflammé.
(') DoNNAN, Pfiil. Mag., 1898.
l328 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Conclusion. — La formule (I) fournit une interprétation cinématique de
l'efTet Hall que l'expérience vérifie : c'est la première fois qu'à ma connais-
sance cette preuve directe a été faite. La formule (II) ne fait que confirmer
ce que mes propres observations ont établi, à savoir que l'ion négatif ne
dépend que du métal de la vapeur. Il me paraît constitué d'un noyau pro-
venant de la dislocation de l'atome métallique, qui groupe autour de lui
d'autres atomes non ionisés, en nombre croissant avec la concentration.
L'ion positif sera le reste de l'atome avec des molécules du milieu enflammé.
Ainsi s'explique l'influence prépondérante du métal qu'Arrhénius a ob-
servée dans la conductibilité des vapeurs salines. »
ÉLECTRICITÉ. — Sur un nouvel accumulateur électrique.
Note de M. D. Tommasi, présentée par M. H. Moissan.
« Les plaques de cet accumulateur se composent d'un cadre en plomb
contenant un très grand nombre de lamelles également en plomb, très
rapprochées les unes des autres, destinées à retenir la matière active et
à y amener le courant dans ses différents points.
» Ces lamelles, par groupe de sept, sont disposées alternativement sui-
vant deux directions rectangulaires ; les unes sont verticales, les autres
horizontales.
» Par ces dispositions, la dilalalion de la plaque se fait à la fois dans les deux sen s
et, par suite, elle est beaucoup moins sensible.
» Chaque plaque renferme 8i cases de i5™"' contenant, ainsi qu'il a été dit,
7 lamelles.
» Au centre de chaque case, la lamelle correspondante porte une petite bague de
plomb destinée à permettre le passage de l'électrolyte et sa dilTusion dans la matière
active.
» La plaque est munie sur ses deux faces d'une lame diagonale en plomb, permet-
tant au courant de se rendre directement dans tous les points de la plaque, assurant
ainsi une répartition uniforme du courant.
» La matière active est introduite dans tous les espaces vides que présente la plaque
et est retenue par les dilTérenles lamelles qui traversent ces espaces vides.
» La matière active qui obstrue les petites bagujs placées au milieu de chaque case
est ensuite enlevée de façon que l'électrolyte puisse venir facilement en contact avec
tous les points de la matière active.
» Cette disposition évite ainsi la formation de courants de concentration , par suite
de la diCfusion parfaite de l'électrolyte dans les différentes parties de la masse active.
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. iBag
» Les constantes rie cet accumulateur peuvent se résumer ainsi :
iVombre de plaques 5
11 positives 2
Longueur des plaques en millimètres i4o
Largeur » 1 4o
Epaisseur » 3
Poids total en grammes 2000
» de deux positives et de deux, négatives 1600
Durée de la décharge en heures •'}
Dififérence de potentiel moyenne utile en volts i ,9
Débit en ampères '>
» par kilogramme de plaques utiles (') 3,8
Capacité en ampères-heure 2,8
» par kilogramme de plaques •7>75
Puissance en watts 1 1 )4
» par kilogramme de plaques 7,1
Energie en watts-heure 54 , 1 5
>i par kilogramme de plaques 33,7
» Au régime d'un ampère jiar kilogramme de plaques, on arrive cou-
ramment à une capacité de 34 à 38 ampères-heure, soit 22 à 24 ampères-
heure utilisables, toujours par kilogramme de plaques. »
SPECTROSCOPIE. — Sur les spectres dejlamrnes.
Note de M. C. de Watteville, présentée par M. Lippmann.
M On peut ranger en deux catégories principales les spectres que nous
savons produire: ceux qui sont d'origine purementcalorifique(flanimes, etc.),
et ceux qui sont d'origine éleclri |ue en même temps que calorifique (arc,
étincelle). L'étude des premiers, seuls connus au début delà spectroscopie,
a été, depuis, négligée comparativement à celle des seconds; elle laisse à
désirer, en particulier, au point de vue des diOférences que présentent les
spectres des parties constitutives de la flamme. On sait, en effet, qu'on
trouve dans une flamme deux régions principales, le cône intérieur ou
noyau, et la flamme proprement dite, qui, extérieure au précédent, l'enve-
loppe et s'y raccorde à l'orifice du brûleur. C'est à M . Gouy qu'est due la
découverte de raies spectrales dans le noyau da la flimma produite par la
(') Deux positives et deux négatives.
l33o ACADÉMIE DES SCIENCES.
combustion d'un mélange de gaz d'éclairage et d'air chargé de poussières
d'un sel métallique. Ces raies, qui appartiennent au spectre du métal con-
sidéré, peuvent ne pas être visibles dans la flamme proprement dite et
n'apparaissent pas lorsqu'un sel est simplement introduit dans la flamme
depuis l'extérieur. M. Gouy a d'ailleurs borné ses observatrons aux quelques
raies existant dans la partie visible du spectre des différents métaux ( ').
» D'après les conseils de M. le Professeur Schuster, qui a bien voulu
me diriger au cours de ce travail, et m'accorder dans son magnifique labo-
ratoire d'Owens Collège (Manchester) une hospitalité dont je lui garde la
plus grande reconnaissance, j'ai repris cette étude pour la prolonger dans
l'ultra-violet du spectre et, aussi, pour rechercher si certaines raies, trop
faibles pour être observées à l'œil nu, seraient enregistrées par la photo-
graphie.
» Mes résultats, tout en confirmant ceux qui ont été obtenus avant moi
par d'éminents expérimentateurs, tels que MM. Eder et Valenta et
M. Hartley, les étendent très notablement, puisque, d'après leur mode
même d'observation, les données de ces savants ne s'appliquent qu'à la
partie externe de la flamme. En effet, un nombre considérable de raies,
invisibles même quand on se sert du chalumeau à oxygène et gaz d'éclai-
rage, apparaissent par le simple emploi de lait auquel le sel est préalable-
ment mêlé.
» La méthode employée est essentiellement celle de M. Gouy, avec
quelques très légères modifications, inutiles à décrire ici, et qui n'avaient
d'autre but que de rendre le fonctionnement de l'appareil suffisamment
automatique, pour ne pas exiger une attention trop constante de la part
de l'opérateur pendant les 8 heures qui étaient nécessaires à la prise des
photographies.
» M. Schuster a bien voulu me confier un beau réseau concave de Row-
land, comprenant i5ooo traits au pouce anglais et ayant une longueur
utile de 3 pouces et demi. Grâce au rayon exceptionnellement court (i™)
de cet appareil et malgré sa forte dispersion, les raies ont une intensité
lumineuse très notable. Sur les pellicules employées, une longueur de i™™
correspond à une différence de longueur d'onde d'environ i6,8 unités
d'Angstrom.
» Sans entrer dans les détails particuliers à chacun des 19 spectres des métaux
étudiés (Li, Na, K, Cu, Ag, Mg, Ca, Zn, Sr, Cd, Ba, Sn, Pb, Bi, Cr, Mn, Fe, Co, Ni)
(*) Gouy, Annales de Chimie et de Physique, o® série, t. XVIII, 1879.
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. l33l
détails qui seront publiés prochainement, je nie bornerai à l'énoncé des quelques
conclusions suivantes :
» 1° Dans les conditions où je rae suis placé, le spectre de flamme peut s'étendre
assez loin dans l'ultra-violet. Ainsi, la raie 2269 de l'élain y est encore visible;
» 2° Toutes les raies observées dans la flamme sont communes aux spectres de
l'étincelle'et de l'arc; les raies caractéristiques de l'étincelle, dans laquelle elles sont
parfois très fortes, ne se trouvent pas dans le spectre de la flamme;
» 3° Ce sont les raies les plus fortes de l'arc qui existent dans la flamme et il n'y a
pas de changement relatif d'intensité entre des raies faisant partie des deux spectres
d'arc et de flamme, quand on passe de l'un de ces spectres à l'autre;
» 4° Toutes les raies, sans exception, de la flamme sont celles qui subsistent dans
l'étincelle rendue oscillante et étudiée par M. Hemsalech. Mais la réciproque n'est pas
ex.acte, quoique celles des raies de l'étincelle oscillante qui manquent dans la flamme
aient dans la première une intensité très faible et qu'il ne soit pas impossible qu'une
prolongation du temps de pose pourrait les faire apparaître dans la photographie du
spectre de la flamme;
B 5° Enfin, le spectre du noyau de la flamme des métaux du groupe du fer
(Fe, Ni, Co, Mn) est identique à celui de l'étincelle oscillante, tant au point de vue de
la présence des raies qu'à celui de leurs intensités relatives, si bien que le spectre de
comparaison (étincelle oscillante), pris au milieu de chaquespectre de flamme, semble
par endroits se confondre avec ce dernier.
» La température est-elle le seul facteur qui influe sur la constitution
des spectres, ou leur caractère peut-il être modifié par des causes particu-
lières, de nature électrique? On sait que la question est très discutée. La
seconde hypothèse est la plus généralement adoptée; elle l'est, en parti-
culier, par des autorités telles que MM. Kayser, Liveing et Dewar (').
Mes expériences semblent monlrer cependant que c'est la température seule
qui joue un rôle actif.
» En effet, on peut se demander à quoi est due, dans la flamme, la diffé-
rence entre les spectres de ses deux parties, si elle provient d'un
écart de la température de ces deux régions, ou si, peut-être, la transfor-
mation de la combinaison saline, dans son passage du miUeu réducteur au
milieu oxydant, ne libère pas, pendant un instant très court, à la surface
du cône, de la vapeur métallique à une température, plus basse que celle à
laquelle elle existe ordinairement; mais, quoi qu'il en soit, le phénomène
spectral dans la flamme est d'origine calorifique, et, vu la similitude des
deux spectres, il en est probablement de même dans l'étincelle oscillante.
C'est d'ailleurs à une simple différence de température que M. Hemsalech,
(') Kavskr, Handbuch der Spcctroscopie, t. II, p. 235,
l332 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dont l'opinion a été combattue depuis, attribuait la différence des spectres
de l'étincelle oscillante et de l'étincelle condensée. »
CHIMIE. — Sur la proportion de l'hydrogène dans l'air atmosphérique.
Note de M. Anatole Leduc.
« M. A. Gautier m'a fait l'honneur de discuter avec détails mes obser-
vations relatives à la proportion de l'hydrogène dans l'air atmosphé-
rique ('). Je demande la permission d'examiner les deux prémisses sur
lesquelles repose son argumentation.
)) I. D'après ce savant (p. 1028), j'aurais confondu sous le même
signe d' deux densités, savoir : 1° celle de l'azote atmosphérique, c'est-
à-dire renfermant tons les gaz non absorbables par la potasse et les dessé-
chants, y compris par conséquent l'hydrogène et le forme ne, et 2" celle de
ce même azote atmosphérique dépouillé de ces derniers gaz.
» Or j'ai insisté à diverses reprises (^) sur ce qu'il fallait avoir soin,
dans la préparation de l'azote atmosphérique, au moyen du cuivre au
rouge, à' oxyder préalablement ce dernier sur une longueur de lo*^"^ près de
la sortie du gaz. De celte manière l'hydrogène et ses caibures, d'où qu'ils
viennent, sont entièrement transformés en eau et anhydride carbonique,
que l'on absorbe ensuite comme chacun sait.
» Ce n'est donc point par inadvertance que j'ai employé le même
symbole dans les deux équations reproduites par M. Gautier; d' y repré-
sente bien une seule et même chose : la densité de l'azote atmosphérique
exempt d'hydrogène et de carbures.
» II. M. A. Gautier pense que, contrairement à ce que j'ai affirmé
autrefois, le cuivre employé par Dumas et Boussingault dans leur célèbre
analyse de l'air ne renfermait pas d'hydrogène. Or, j'ai démontré {lac.
cit.) qu'il en contenait nécessairement.
» La précaution prise par eux de faire passer d'abord quelques litres
d'air dans le tube à cuivre porté au rouge n'avait d'autre but, comme le
prouve la citation de M. Gautier, que d'enlever toute humidité, et elle
ne pouvait avoir d'autre effet appréciable.
» En effet, l'hydrogène forme avec le cuivre, ainsi que je l'ai montré,
(') A. Gautier, Comptes rendus, t. CXXXV, p. io25 et A. Leduc, Ibid., p. 860.
(-) A. Leduc, Comptes rendus, CXIII, 1891, p. 71.
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. 1,333
une combinaison [rès slable au-dessous du rouge (');/« tension de disso-
cialion de cet hydrure ne devient importante qu'au-dessus du rouge sombre
qui suffit à l'absorption complète de l'ox^gène par le cuivre. Dans l'expé-
rience préliminaire de Dumas et Boussingault, cet hydrogène n'était donc
pas sensiblement éliminé, si ce n'est dans la partie oxvdée. J'insiste sur ce
que, pour se débarrasser entièrement de ^hvdrogène,^■I faudrait, ou bien
oxyder à peu près complètement le cuivre, ou bien faire passer un courant
de gaz inerte pendant fort longtemps et à une température très élevée.
>. En résumé, je n'ai donc rien à changer à mes précédentes conclu-
sions ( ^). »
THERMOCHIMIE. - Étude thermique de l'acide métaphosphorique.
Note de M. H. Giran.
« J'ai mesuré :
» 1° La quantité de chaleur dégagée dans la transformation de l'acide
métaphosphorique en acide orthophosphorique par une méthode identique
a celle qui m'a déjà servi pour étudier la transformation de l'acide pyro-
phosphorique en acide orthophosphorique, c'est-à-dire par l'action de
^ acide s\i[iixri(i\xe (^Comptes rendus, t. CXXX.V, p. 961);
» 2» La chaleur de dissolution de l'acide métaphosphorique solide pré-
pare par calcination de PO* £[=" ;
'. y La chaleur de dissolution du mélaphospha te de soude fondu (méta-
phosphate soluble de Graham);
soudf ^^'' ''^''''''" ''^ "^"tralisation de l'acide métaphosphorique par la
(') Divers auteurs ont signalé, après Melsens, la présence d'hydrogène occlus ou
condense dans le cuivre réduit (voir Comptes rendus, t. XLVIII p „o3) Ce
sont sans doute ces ternies un peu vagues qui ont fait croire qu'on po'urrait déplacer
1 hydrogène aussi facdement que l'humidité condensée dans le cuivre M Gautier
écrit ^Meuv, {Annales de Chimie et de Physique, 7» série, t. XXII, note de la
pa»e 25) que 1 hydrogène est faiblement combiné, et se dégage totalement au-dessous
au rouge. Je crois avoir nettement prouvé le contraire.
n J'ai montré qu'il convenait de rapporter les densités des gaz à l'oxygène et non
a 1 hydrogène le choix de ce dernier gaz comme terme de comparaison excluant la
précision du dix-mihème. Notons que la densité par rapport à l'air de l'azote atmo-
sphérique exempt d hydrogène et de carbures est bien 0,97208, et non 0,07.3. Celle
du formene est o,5545, et nono,556. Enfin, la densité de l'hydrogène donnée par
Regnault est 0,06926, et non 0,06949. " e aonnee par
G. R., 1903, 2- Semestre. (T. CXXXV, N» 26.) in[.
l3'34 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» J'ai obtenu les résultats suivants (') :
Cal
PO' H sol. + H2 0Uq. + aq. = PO'HMiss +12,91
PO=Hsol. + aq = PO'Hdiss + 9,76
PO'Na sol. H- aq. = PO'Na diss -H 2,97
PO'Hdiss. -+-NaOHdiss. = P03Nadiss -Hi4,84
)) Thomsen avait déjà déterminé cette chaleur de neutralisation; il avait
trouvé +i4*^^',5i.
» Si l'on ajoute à ces résultats ceux que j'ai donnés récemment à propos
de l'acide pyrophosphorique ; à savoir :
P2 0'HSol.-f-H-2 0Iiq. = 3PO'H2sol +6c=>,97
P^CH'diss. -f- H^O liq. = 2 PO'HMiss -f-4Cai, ^5
et si l'on tient compte de
PO''H'sol. + aq.=:PO*H'diss + 2^=1,69 (Thomsen)
Nasol. H-aq. = NaOHdiss. + H. -l-42'^»',4o (M. Joannis)
on en déduit aisément les résultats thermiques suivants :
Cal
PO'Hsol. +H=01iq. = PO»?Psol +10,22
PO'Hdiss. H-H20liq. = P0*IP diss. .;....;. -f- 3,i.5
aPO'IIsol. +H201iq. = P20"H'^sol..^... .!. -^-I3,47
aPO'Hdiss.+ H^Oliq. = P2 0'H'dIss.\,!,.'. . + 2,o5
PO'Hsol. + Nasol. =PO'Nasol. + H..... 4-63,o3 (-)
» Ce dernier résultat, se rapportant à des corps tous solides, mesure la
véritable acidité de l'acide métaphosphorique; il est de l'ordre de ceux
qui sont fournis par les acides forts. J'ai trouvé d'autre part (Comptes
rendus, t. CXXXIV, p. 1499) que l'acidité moyenne de l'acide pyrophos-
(') Vers -(-i5°.
(-) Pour calculer ce résultat, j'admets que, quand on neutralise par la soude une
dissolution d'acide métajjhosphorique, on obtient la même dissolution qu'en dissol-
vant du métaphosphale de soude fondu. Celle hypothèse me paraît seule admissible
puisque le sel de soude fondu est le i?eul métaphosphale soluble, et que la neutralisa-
lion de l'acide ne donne aucun précipité. Elle est, d'ailleurs, conforme aux idées de
Fleilmann qui considère l'acide métaphosphorique provenant de la calcinalion
de PO'' H' comme de l'acide licxamétapliospliorique et le sel fondu de Giahain comme
de rhexamélaphosphate de soude. De plus, j'ai constaté que, si l'on précipite par
l'azotate d'argent une dissolution de métaphosphale fondu, ou bien une dissolution
d'acide métaphosphorique neutralisée par la soude, on obtient dans les deui cas le
même phénomène thermique.
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE Ï902. l335
phoriqlie était mesurée par le nombre -+- 54<^«', 1 1, et M. de Forcrand a
trouvé {Comptes rendus, t. CXV, .p. 610), pour celle de l'acide orthophos-
phoriqué, + 490*1^33 Les trois acides phosphoriques sont donc trois acides
loris, dont l'acidité décroît régulièrement quand l'hydratation augmente.
» Les résultats précédeuts permettent encore de cilculer la chaleur de
formation de l'acide métaphosphorique à parUr de ses éléme nts. On trouve :
P4-0'+H = PO'Hsol ^224"', 88; diss +284-', 64.
Dans ce calcul, j'ai dû faire intervenir L» chaleur de formation de l'acide
orthophosphorique mesurée par Thomsen :
P + 0*+H^=PO*H3sol +3o4-i.
A cause de l'incertitude de ce résultat, il y a lieu de faire, sur la chaleur
de formation de l'acide métaphosphorique à partir de ses éléments, les
mêmes réserves que j'ai déjà formulées à propos de celle de l'acide pyro-
phosphorique. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur quelques sources de gaz minérales.
Note de M. Ch. Modreu, présentée par M. H. Moissan.
« Depuis la brillante découverte de l'argon par lord Rayleigh et Ramsay
en 1894, l'attention des physiciens et des chimistes s'est portée, un peu
partout, sur les nombreuses sources gazeuses qu'on rencontre dans la
nature. Bornons-nous à rappeler, à cet égard, les recherches de M. Bou-
chard sur les eaux de Cauterets (1893) ('), nos propres expériences pra-
tiquées la même année sur le gaz de Maizières (Côte-d'Or) (-), celles qui
furent effectuées en 1896 par MM. Bouchard et Desgrez sur la source dé
Bagnoles-de-l'Orne (^') et par M. Schlœsing fils sur^e grisou ('), et les
recherches toutes récentes de M. Moissan sur les gaz volcaniques de la
Martinique ('). Ces études restaient, à différents points de vue, inté-
ressantes à poursuivre.
(') Comptes rendus, t. CXXI, p. Sga.
(^) IbkL, t. CXXI.
{') IbkL, t. CXXIII, p. 969.
(*) Ibid., t. CXXIII, p. 233.
(") Ibid., Séance du i5 décembre 1902.
l336 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Nous avons l'honneur de communiquer à l'Académie les analyses de
cinq sources de gaz minérales de la région pyrénéenne. Quatre sont du
versant français : ce sont les sources Peyré, d'Ogeu (Basses-Pyrénées);
Nehe ou Fontaine-Chaude, de Dax (T.andes); Trou des Pauvres, de Dax
Landes); et Vieille, d'Eaux-Bonnes (Basses-Pyrénées). La cinquième est
la source Saint-Augustin, de la célèbre station de Panticosa, située sur le
versant espagnol, en Aragon.
» Dans toutes, le gaz est très riche en azote et s'échappe spontanément, au grifTon
de la source, par bulles plus ou moins volumineuses.
» Les échantillons ayant été recueillis et transportés avec toutes les précautions
nécessaires pour éviter leur mélange avec l'air, nous avons étudié les divers gaz, dans
le laboratoire de M. Moissan, d'après la marche suivante :
» Une analyse ordinaire est d'abord faite sur la cuve à mercure. On absorbe l'acide
carbonique par la potasse et l'oxygène par le pyrogallate de potasse. Ces deux gaz
sont toujours en faible proportion, et le résidu présente les caractères généraux de
l'azote.
» L'argon et ses congénères ne peuvent se trouver que dans l'azote résiduel. On com-
bine l'azote au calcium, et le nouveau résidu est soumis à l'analyse spectrale. En pra-
tique, le gaz naturel brut était d'abord laissé en contact prolongé successivement avec
de la potasse hydratée et de la potasse fondue; ainsi débarrassé d'acide carbonique et
parfaitement desséché, il élait ensuite chaufl'é au rouge sombre, conformément à la
méthode de M. Maquenne, en présence d'un mélange intime de chaux anhydre (5 par
ties) et de magnésium bien sec (3 parties), mélange qui fixait à la fois l'azote et
l'oxygène. On faisait enfin l'examen spectroscopique dans des tubes de Plucker à élec-
trodes d'aluminium, sous une pression de 2™™ à 3™™ de mercure (' ).
» Les cinq gaz naturels examinés nous ont tous donné des résidus non absorbables.
Pour 100'"' de gaz sec, la source Peyré a laissé o^''',9 de résidu ; la source Nehe, l'^'jô;
la source Trou des Pauvres, ]'"'', 2; la source Vieille, i^'°^8;la source Saint-Augustin,
i^"',2. Chaque résidu nous a montré, au spectroscope, les raies caractéristiques de
l'argon.
» M. Deslandres a bien voulu compléter cette étude spectrale. En dehors de l'argon,
dont la présence y a été confirmée, les sources Peyré, Nehe, Trou des Pauvres et Saint-
Augustin, n'ont rien offert de particulier. Dans la source Vieille, par contre, M. Des-
landres a mis en évidence, outre l'argon, une certaine proportion d'hélium. Nous
ajouterons, relativement à cette même source, que diverses raies ont été vues qui ne
paraissent appartenir ni à l'argon, ni à l'hélium ; elles seront identifiées ultérieure-
ment.
(') Les détails opératoires jjaraîtront prochainement dans le Bulletin de la Société
chimique.
Nous avons été habilement secondé, au cours de ces délicates manipulations, par
M. Rigaut, préparateur à la Sorbonne, à qui nous adressons nos plus vifs remercî-
inents.
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. i337
» On voit, en résumé, que les diverses sources examinées, très riches en
azote, renferment de l'argon, et que l;i source d'Eaux-Bounes contient, en
outre, de l'hélium.
» Il est intéressant de comparer ces analyses avec celles qui ont été déjà
faites de divers gaz naturels. Ce rapprochement met immédiatement en
relief la source de Maizières (Côte-d'Or), étudiée par nous en 1893 : le gaz
qui s'en échappe par grosses bulles au griffon renferme, en effet, une
énorme proportion (environ 8 pour 100) d'un mélange d'argon et d'hé-
lium; il se trouve être actuellement la source d'hélium la plus riche qui
soit connue.
» La voie d'introduction de l'argon et de l'hélium dans les eaux miné-
rales a déjà été discutée par M. Bouchard et par MM. Troost et Ouvrard ('),
qui ont écarté la possibilité d'une origine souterraine. Cette opinion s'im-
pose pour l'hélium, qui n'existe pas dans l'air, et que l'on obtient facile-
ment par le traitement de la clévéiteet de quelques autres niinéi aux. Quant
à l'argon, l'idée de sa provenance souterraine nous semble toute naturelle,
après les récentes et belles expériences de M. Armand Gautier sur les
roches ignées, d'où il a pu retirer de l'argon par la seule action de l'eau
à température peu élevée (-). Il est probable que l'argon et l'hélium
existent dans le sous-sol sous forme de composés métalliques peu stables,
qui seraient facilement destructibles par l'action combinée de l'eau et de
la chaleur.
» L'intérêt de ces recherches est loin d'être épuisé. Le crypton, le néon
et le xénon, trois nouveaux gaz que M. Ramsay vient de découvrir dans
l'air, doivent se rencontrer ailleurs, et, ne fût-ce qu'à ce point de vue.
il y aura lieu, à l'avenir, de soumettre tous les gaz naturels au plus minu-
tieux examen. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur les cryolithes.
Note de M. E. Baud.
« I. CryoUthe sadique hydratée. — A une s.oluLion neutre de fluorure d'aluminium
(i""'i dans 24"') placée dans le calorimètre, j'ai ajouté une dissolution de fluorure de
sodium (6NaF dans 2/I'''). Il se produit un précipité gélatineux et translucide, à peine
visible. Séché sur plaque poreuse, il a pour composition Al-F", 6NaF, -II-O.
(') Comptes rendus, t. CXXI, p. 798.
(■-) Bulletin de la Société chimique, 3" série, t. XX'V, p. 4o3.
l338 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Il est un peu soluble, looS'" d'eau en dissolvent oS'',352 à -t- 16". Sa chaleur de dis-
solution vers -t-i6° est de — 25'^''',87. En faisant les corrections nécessaires pour tenir
compte de cette solubilité, on trouve pour la chaleur de précipitation :
APF« dissous -t- 6 Na F dissous z^Al^ps, 6NaF, yH^O précipité +26^=", 22
» Connaissant les chaleurs de dissolution de APF'^, 7H-O et de 6NaF on trouve
ÀPFS 7 H^O solide (soluble) + 6NaF solide = Al-F^, 6NaF, 7H2O solide. +19^»', 29
» II. Cryolithe potassique hydratée. — Avec le fluorure de potassium la réaction
est identique. Le précipité est gélatineux, blanc et opaque, mais non translucide
comme le précédent. Il est un peu soluble : loo?'' d'eau en dissolvent o?'", 38.5 à -h 16°;
sa chaleur de dissolution vers +16° est de — 4o'^°')64- Toutes corrections faites, on
trouve pour la précipitation :
APF« dissous H- 6KF dissous = Al' F", 6KF, 7H-O précipité -)-37C''i,62
d'où l'on déduit :
Al''F%7H-0 solide (soluble) + 6KF solide =A12F«,6KF,7H=0 solide.. +55C'>',89
» III. Fluorure double aminonique. — En opérant comme pour les précédentes
précipitations, c'est-à-dire en versant 6 Az H* F dissous dans Al-F^ dissous, on n'ob-
tient pas une véritable crjolithe ammonique, mais un fluorure double hydraté
Al^FS 4AzH*F, 3H20.
» Ce composé provient du remplacement de 4H^0 de l'hydrate Al' F', 7 H'^ O par
4AzH'Cl, ou, ce qui revient au même, de l'union de 4 AzH*Cl avec un hydrate infé-
rieur Al- F', 3H^0. Ceci concorde bien avec les résultats que j'ai obtenus dans l'action
de la chaleur sur l'hydrate à 7H-O (dégagement de 4H-0 entre 110° et 120°).
» La combinaison est assez soluble dans l'eau et, par suite, sa précipitation est in-
complète. Il s'en dissout is dans loos d'eau à -1- 16°.
» Au moment où l'on fait le mélange, il se produit une élévation de température
qui cesse au bout de 2 minutes, puis, 2 ou 3 minutes après, une nouvelle élévation se
produit, qui dure i5 minutes environ.
» Le précipité, qui était d'abord gélatineux, est devenu plus dense et se rassemble
rapidement au fond du calorimètre.
» Il y a là un changement d'état, probablement une polymérisation, qui se produit
avec un dégagement de chaleur de -t- 3''''',7.
» La chaleur de dissolution dans l'eau, vers -1-16°, de ce fluorure double est de
— 1701,09. ^
» IV. Cryolithes anhydres. — La cryolithe sodique naturelle est à peu près
anhydre. J'ai trouvé dans deux échantillons o, 2 à o,3H'0. Elle est un peu soluble
dans l'eau : il s'en dissout os, o34 dans loos d'eau à i5°.
» La cryolithe hydratée sodique ne perd complètement son eau qu'à la tempéra-
ture de fusion, c'est-à-dire au rouge vif.
» Pour déterminer la chaleur d'hydratation, j'ai dissous comparativement dans
SEANCE DU 29 DECEMBRE 1902. iBSg
l'acide fluorhydrique à 19 pour 100 : i" la cryolilhe naturelle, 2° la cryolithe sodique
déshydratée, 3" la cryolithe hydratée.
» J'ai trouvé, pour la chaleur de dissolution dans l'acide fluorhydrique, sensible-
ment le même nombre pour la cryolithp naturelle et pour la cryolithe anhydre artifi-
cielle, soit : -1-58^=', 62; pour la cryolithe hydratée : H-iSc^ijgS.
» La différence H-44c='i,54 représente la chaleur de fixation de 7H-O liq. sur
Al'F%6NaF.
» Avec les données qui précèdent on peut déduire, au moyen des cycles suivants,
la chaleur de formation de la cryolithe anhydre :
1° APF" sol. + yH^O liq. = APF«, 7 H-^0 solide (soluble) +64,95
APFS 7 H^ O + 6IVaF = AP FS 6i\aF, 7 H^O +19, 29
a" Al^F" sol. + 6Na F sol. ::= Al^^F^ 6NaFsol + y
A12F% 6NaF sol. -1- 7 H'O liq. =: APF^6NaF, 7H2O -1-44,54
d'où
7=39'^'',7d;
Al«F«sol. -+- 6NaF sol. = Al'F", 6NaFsoI .-H SgC^', 70.
» J'ai opéré de même pour la cryolithe potassique, j'ai trouvé pour chaleur d'hy-
dratation -+■ 33'^»',o4 et, au moyen de deux cycles de réactions parallèles aux précédents,
on obtient :
Al'F^H-eKF = Ar-FS 6KF ^Sf^^So.
» De (nême que pour les dérivés chlorés eprrespondants AI' Cl% 6MC1, on voit que
la combinaison potassique est beaucoup plus stable que 1^ conibinaison sodique, et la
différence des chaleurs de formation est du même ordre.
» La connaissance de la chaleur de formation de la cryolithe sodique et
de celle d]i fluorure d'aluminium anhydre est indispensable lorsqu'on
veut, dans la métallurgie de l'aluminium, calculer la quantité d'énergie
électrique nécessaire pour décomposer la cryolithe. »
CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur une nouvelle méthode de dosage volume-
trique de l'hydroxy lamine. Note de M. M.-L.-J. SiMoy, présentée
par M. H. Moissan.
» Si l'on se reporte à la littérature scientifique et en particulier à cer-
tains Mémoires récents (Maxwell, Adams, Amer. ch. J., t. XX VIII,
sept. 1902, p. 198), on en garde l'impression qu'il n'existe pas de
méthode satisfaisante propre au dosage de rh\'droxylamine. L'objet de
cette Note est d'en indiquer une que je soumets à l'appréciation des
chimistes.
l3/io ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Cette méthode est fondée sur l'action particulière exercée par le
permanganate de potassium sur l'oxalate d'hydroxylamine, sel bien cris-
tallisé et anhydre que l'on peut obtenir très facilement à l'état de pureté,
grâce à sa faible solubilité dans l'eau (i4^, 5G par litre à iS").
» I. L'action du permanganate sur l'oxalate d'hydroxylamine s'effectue
en deux phases bien distinctes :
» 1° Dans la première phase, en l'absence .d'acide sulfurique, l'hydroxy-
lamine seule est oxvdée; l'azote qu'elle renferme se dégage, partie, à
l'état élémentaire (3^°'), partie à l'état d'oxyde azoteux (i"'"'); l'acide
oxalique n'intervient donc que pour salifier la potasse et l'oxyde man-
ganeux provenant de la réduction du permanganate. Cependant c'est cette
intervention qui, en maintenant la neutralité de la liqueur, donne au
titrage toute son exactitude.
» La réaction s'exprime par l'équation :
2MnO^K + 4[C'0*H=^ 2(ÂzH^0H)]
= 2C-0'Mn-f-2C^0*KH -f-Az-0 + 6Az + i5H«0
» i™"' de permanganate oxjde donc 2™"' d'oxalale d'hjdroxjlanilne ou, si l'on
préfère, 4"°' d'hydroxylamine. La décoloration est immédiate et l'apparition de la
teinte rose persistante s'enregistre très nettement pour des liqueurs décimoléou laires,
sans que l'on soit gêné par la précipitation d'oxalate manganeux. La liqueur est
neutre, en ce sens qu'elle laisse à l'hélianthine et à la phtaléine leur teinte propre;
mais on peut ajouter 1"°' de potasse pour 1™°' de permanganate employé avant
d'atteindre le virage rose à la phtaléine : ceci s'accorde pleinement avec la présence
de l'oxalate mùnopotassique que traduit la formule écrite plus haut.
» Remarque. — On pourrait très bien utiliser l'oxalate d'hydrovylamlne à fixer le
titre du permanganate. Si l'on emploie une solution d'oxalate à io§ par litre, 5o™' d'une
telle solution décolorent 16"™' d'une solution décimoléculaire de caméléon.
» 2° Dans la seconde phase, en présence d'acide sulfurique, l'acide
oxalique est oxydé à la manière habituelle avec dégagement de gaz
carbonique.
» Comme chacun sait, 2™"' de permanganate oxydent 5™°' d'acide oxalique : pour
gmol
les 4™°' d'oxalate qui entrent en jeu dans la première phase, il faudra donc ajouter
de permanganate ou — ^ par molécule d'hydroxylamine tandis que la première phase
■ mol
en exigeait -; —
4
» IL L'oxydation du sulfiite d'hydroxylamine peut être réalisée de la
même manière en deux phases distinctes.
SÉANCE DU 2f) DÉCEMBRIi: 1902. i;^4l
» 1° Dans la première phase, en l'absence d'acide sulfuriqne, l'hy-
(Iroxvlamine est oxydée ; l'azote qu'elle renferme se dégage en partie sous
forme d'azote libre et d'oxvde azoteux à volumes égaux; une autre partie,
le cinquième exactement, passe à l'état d'azotite de potassium qui ne se
modifie pas dans ces conditions.
» La réaction s'exprime par l'équation
4MnO'Iv -f-5[SO^H='2(AzH=OII)]
= 4SO'Mn + SO'K- +2AzO-K + 2AZ-O +4Az + 2OH-O.
/mol
» 1"°' de sulfate décolore donc — =— de [)ermanganate. La fin de celte
réaction est indiquée assez nettement par l'apparition d'une teinte jaune
brun due à une trace d'oxvde de manganèse.
» 2° Si, à ce moment, on acidulé franchement on peut alors décolorci"
une nouvelle quantité de permanganate, le cinquième de la quantité précé-
demment employée. Les apparences sont tout à fait celles que l'on observe
dans le dosage des azotites par le caméléon. Qualitativement et quantitati-
vement le phénomène est donc bien traduit par la formule imiiquée plus
haut. Les choses se passent de même lorsqu'on étudie au même point de
vue le chlorhydrate d'hydroxylamine.
» in. Arrivons maintenant au dosage proposé pour l'hydroxylamine.
Pour cela ajoutons à une solution de sulfate, ou de chlorhydrate, d'hydroxy-
lamine une quantité d'oxalate disodique quelconque, mais notablement
supérieure à x"^"^ pour i"^"^ de sulfate.
» Dans les conditions de dilution ou l'on opère rien ne se précipite;
mais, quant à l'oxydation, tout se passe comme si, dans la solution,
l'hydroxylamine se trouvait tout entière à l'étal d'oxalate.
» 1° Dans la phase neutre la quantité de permanganate décolorée est
absolument indépendante de l'oxalale ajouté et ne dépend que de l'hy-
jmol
droxylamine présente, 1'"°' de celle-ci décolorant -^ de permanganate en
sorte que le poids d'hydroxylamine qui décolore n'"' d'une solution de
caméléon de titre 6""^' est donné par la formule
, «0 OT i32n9
p = 4 X 3j =
' 1000 1000
» 2° Dans la phase ««(/e, qui est d'ailleurs secondaire au point de vue
qui nous occupe, la quantité de permanganate décoloré est indépendante
C. R., 190J, 3« Semestre. (T. CXXXV, N° 26.) I7J
j342 ACADÉMIE DES SCIENCES.
du sulfate d'hydroxylamine et est rigoureusement proportion nelle_ au
poids d'oîftdate ajouté.
» Pratiquement, la liqueur à doser élunl neutre, c est-à-dire ne colorant
en rose là l'hélianthine, ni la phtaléine, on ajoutera un excès arbitraire, mais
suffisant, d'oxalale disodiqne et l'on versera le caméléon jusqu'à coloration
rose persistante. Le poids d' hydroxylaminc se déduira du volume de caméléon
à l'aide de la formule précédente. »
MÉTALLURGIE. — Sur les procédés de fabrication des armes à l'époque
du bronze. Note dcIM. F. Osmoxd, présentée par M. Moissan.
« M. le D"" Capitan a eu l'obligeance de me donner un fragment d'épée
de l'époque du bronze, en vue de rechercher si un exanaen microscopique
pourrait fournir dos renseignements sur les procédés primitifs de fabri-
cation.
« Ce fragmenl était assez profondément oxydé. La teneur en élain, indiquée par la
proportion d'eulectique, n'est pas éloignée de lo |)Our loo; le plomb, dosé au labora-
toire des Aciéries de Denain^ atteint 3,is pour loo; le zinc n'est présent qu'à l'état de
traces. La faible proportion d'alliage dont on disposait ne permettait pas une analyse
chimique bien complète.
)) Une coupe parallèle au plat de l'épée, polie, i)uis frottée sur un drap saupoudré
d'alumine et imbibé d'eau ammoniacale, montre, en brun, les crislallites rectangulaires
connus, généralement considérés comme un dépôt de première consolidation, plus riche
er. cuivre que la moyenne de l'alliage et restés reconnaissables, bien que l'étain se soit
ultérieurement réparti uniformément dans toute la masse de la solution solide. Ces
çristallites ont ici leurs axes pratiqueijie.nl reclilignes et réguliers, ce qui ferait penser
tout d'abord que le bronze considéré est demeuré brut de coulée; mais sur une coupe
transversale, ces axes de çristallites s'incurvent et tendent à devenir parallèles entre
eux et aux surfaces à mesure que l'on se l'approche des tranchants. Il résulte de là que
les tranchants ont été obtenus par forgeage, le corroyage étant beaucoup plus accentué
sur les bords qu'au milieu de la lame.
» On sait que le bronze possède, outre le réseau crislallitique primitif, un réseau
cristallin révélé, après attaque convenable, par des stries parallèles et reclilignes con-
stantes dans le domaine de chaque grain (li. Le Chatelîer, Bulletin de la Société
d'Encouragement, aviil 1896). Dans les échantillons industriels que j'ai eu l'occa-
sion d'étudier, ces deux réseaux, cristallitique et cristallin, sont concordants. Au con-
traire; dans l'épée antique, le réseau cristallin n'est plus défini par les stries ordi-
naires ; il est remplacé par des grains non striés, mais recoupés de macles relativement
épaisses. Ces grains maclés, qui apparaissent quand on laisse agir pendant quelques
minutes une goutte d'ammoniaque déposée sur la coupe, ii'oiH pas plus de ^oh ^^ '"''"
SÉANCE DÛ 29 DÉCEMBRE I902. l3.|3
limèVre de iliamèlre, alors que les crislallites sonl déjà visibles à la loupe; il y a discor-
dance absolue entre les deux réseaux qui se coupent d'ailleurs au hasard. Ces faits
sont caractéristiques d'un recuit après forgeage. Mais comme le recuit comporte deux
facteurs indépendants et qu'on ne peut déterminer deux inconnues avec une seule
équation, il est difficile de préciser les conditions de temps et de température. On
peut dire seulement, en raison de la petitesse extrême du grain, que le recuit a été
1res peu poussé.
» Le forgeage a causé quelques criques superficielles qui se sont remplies de scorie.
Dans la suite des temps, ces veines de scorie ont été l'un des chemins suivis par l'oxy-
dation : elles se montrent actuellomenl entourées de couches parallèles hétérogènes
dont certaines, d'une couleur gris verdàtre, correspondent au verl-de-gris. A leur
contact, le métal peut avoir subi un commencement d'oxydation et prendre une patine
brune pah simple polissage plan. A l'intérieur, on retrouve nombre de petites tachés
préselitant eô même aspect; et ces tâches se trouvent être lés points d'intersection des
branches de crislallites. C'est donc là) vraisemblablement, un deuxième chemin ouvert
à l'oxydation, et le fait peut être utile à noter comme se rattachant à la porosité de
certains bronzes.
» Les résultats de mort examen (nicrographique étaient imprévus de moi. J'ai donc
tenu à reproduire par synthèse, sur des bronzes de même composition préparés au
laboratoire, les caractères micrographiques particuliers à l'épée antique. Et j'y ai
réussi sans difficultés, sauf pour la grosseur des grains maclés que mon recuit, au
rouge cerise pendant une heure, ni'â donnés beaucoup plus gros que ceux de l'original ;
mais la différence ne portait que sur les conditions et non sur le principe du traite-
ment. Enfin, pour plus de sûreté, ne me trouvant pas suffisamment familier avec
l'industrie du bronze, j'ai eu recours à M. Guillemin, qui conduit sa fabrication à
l'aide des procédés scientifiques de la micrographie, et mes conclusions ont été plei-
nement confirmées par sou avis.
» On voit que les métallurgistes de l'anliquité meltaieiit eu œuvre, dans
le traitement du bronze, des procédés qui se sont [)erdus ultérieurement,
lorsque les arts de la guerre et de la paix eurent trouvé dans le fer ou ses
dérivés, de\ enus communs, le métaux les mieux appropriés à leurs besoins.
Par le forgeage suivi d'un recuit à température assez basse, on arrivait
certainement à diminuer la fragilité du bronze coulé et à conserver aux
épées une partie de la rigidité due à l'écrouissage.
» On n'a dû. ari*ivei* que lentement à des procédés ailssi savants. Il est
donc probable que des études méthodiques dans la voie que je viens d'in-
diquer permettraient d'établir des divisions dans l'époque du bronze et de
classeï", dans une certaine mesure, les objets qu'elle nous a légués» Le plus
petit fragment d'un alliage porte soli histoire écrite dans sa structure et
TexacBen microscopique permet de reconstituer cette histoire. >>
ï3yi ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la composition et la constitution
des hydrates suljliydrés. Note de M. de Forcrand.
« J'ai fait connaître en 1882 (') toute une série d'hydrates mixtes aux-
quels, d'après mes analyses, j'attribuais uniformément la composition
M-+^2H-S + 23H-0,
M étant un composé organique halogène assez volatil, analogue aux éthers
simples de la série grasse. On peut aussi remplacer 2H^S par 2H^Se.
» Ces corps, parfaitement cristallisés dans le système cubique, et d'une
stabilité plus grande que l'hydrate d'hydiogéne sulfuré, sont certainement
analogues à tl'autres hydrates mixtes qui ont été signalés (-).
» L'idée la plus naturelle (jui vient à res|jrit est que tous ces composés
sont formés par l'union de deux hydrates simples
(M + wH-0) + 2(H-S + m'H-0),
m' étant probablement égal à G, puisque la formule de l'hydrate simple
d'hydrogène sulfuré est
H^S + GIl-0 (').
» Je crois que, par un raisonnement analogue à celui qui m'a permis
d'établir la composition des hydrates simples, on peut arriver à connaître
la formule des hydrates suli'hydrés plus exactement que par l'analyse
directe, laquelle laisse toujours quelques doutes^ sur le nombre de molé-
cules d'eau fixées.
» Dans l'élude que j'en avais faite il y a 20 ans, j'avais déterminé les tensions de
dissocialion d'un assez grand nombre de ces hydrates mixtes. On sait aujourd'hui que
ces mesures peuvent avoir une signification précise, car il s'agit de véritables systèmes
univariants, c'est-à-dire possédant bien une tension fixe à une température déter-
minée (') ; on peut donc laisonner ici comme avec les hydrates simples des gaz.
(') Ann. de Cliim. et de Pliys., 5" série, t. XXVIII, p. 5.
(^) Ann. der Cheni. u. Pliarm., t. XXXIII, p. i25. — JSall. Soc. cliiin., t. XXV,
p. i46. — Comptes rendus, t. XCV, p. 61 et t. CXXV, p. 109.
(5) Comptes rendus, t. CXXXV, p. 969.
(*) Trois constituants et qiiitre phases : cristaux, composé liquide halogène, eau
et vapeur.
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902, l345
» J'avais aussi mesuré direclement la chaleur de formation de deux, d'entre eux, et
trouvé, en particulier, pour l'hydrate sulfhydré du chloroforme, -+- ^y*^--' pour CHCl'
[à partir de GflGP liq., de alPS gaz et de {m -|- im') 11-0 liq.].
» On en déduit pour H'S :
Q'=:+^ =+23'--»',oo.
2
» D'autre part, pour le même hydrate sulfhydré, la formule de Glapeyron, appliquée
aux nombres que j'ai donnés pour les tensions ('), conduit à
Q' = -4-34^=1,27 pour H-^S.
La moyenne serait
Q' = -+-23c»i,89.
» J';ii constaté aussi, il y a 20 ans, que la tension de dissociation de ce même
corps est de 760"'"' à -H 17°; donc
T'zir 290° absolus;
par conséquent on aura
28,89 — 290 X 3o -h« X 1,43 -f-|S
, . »« -H 2 m' „ . . 1 , , , . , . „
n étant égal a ^ et S représentant la chaleur de solidification d'une molécule
de chloroforme liquide.
» Il est vrai que l'on ne connaît pas S, mais on peut le calculer de la manière sui-
vante :
» La courbe des tensions de vapeurs du chloroforme (d'après Regnaull) fournit vers
60° G. (soit SSSoabs.): L=:7376-'.
)) En outre
L -I- S = 3o X 333 = 9990"' ;
donc
S = 9990 — 7376 =z aôao'"'.
» On peut alors écrire
23, 89 = 290 X 3o-i-/( X i,43-t-o,5x 2,62,
ce qui donne :
n =9,70
el
2« = m -t- 2/?t'=r 19,40.
» La formule brute est donc :
CHGl'-)-2H2S-l-i9 ou 20IPO (2)
(') En ayant soin de retrancher de chaque tension observée la tension minima du
chloroforme.
(') Si l'on part du nombre expérimental Q' = -+-47C»i, on trouve 2/i = 18,86, soit
sensiblement J9H-O; si l'on fait le calcul au moyen du nombre déduit de la courbe
O'
de dissociation : -^ =: 24,27, on obtient : in ^ •9,94, soit à peu près 20H2O.
Ki'lG ACADÉMIE DES SCIENCES;
et, comme l'iiydrate simple d'hydrogène sulfuré est : H^S-l-GH'O, ou doit admettre
là constitution suivante :
(CHG1'+ 7H'-0) H- 3(H=S -H 6IP0)
ou
(CHCl^-t-StP0)H-2(IPS + GH--0).
» On peut conclure de là :
» 1° Que le chloroforme doit iui-même donner un hydrate simple à 7
ou 8H-0. En fait, MM. Chancel et Parmentier ont décrit un corps de ce
i^enre pour lequel ils ont trouvé gtPO; il est i)robable que, comme dans
tous les cas analogues, leur hydrate était un peu humide.
» 2° Que les analyses que j'ai publiées en 1882 (23H-0) attribuaient
aux hydrates sulfliydrés 3""' ou 4""°' d'eau en trop, et toujours pour la
même raison (eaux mères retenues par les cristaux), soit pour chaque hy-
drate simple, 1"°' d'eau en trop.
» 3° Que puisque j'ai trouvé celte composition uniforme :
M + 2H=SHh23H='0,
pour tous les hydrates sulfliydrés étudiés, il est très probable qu'ils ont
tous pour composition :
(M + 7 ou 8fPO)-)-2(l[-S + 6H^O).
» 4" Que l'on doit prévoir l'existence d'hydrates simples à 7 ou 8 H-O
pour les trente dérivés organiques halogènes, dont j'ai décrit les hydrates
sulfhydrés. D'ailleurs, j'ai montré précédemment que le chlorure de mé-
thyle (qui, précisément, fourtiit un hydrate siilfhydré) donne un hydrate
simple de formule CH' Cl + 7 H'-Q. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur le dibromure de rnétho-éthénylbenzène.
Noie de M. M. Tiffkneau, présentée par M. Haller.
« Ledibromométhoéthénylphène C»H' — GBr(CH») - CH'Br, soumis à
l'action de KOH alcoolique, perd un HBr en donnant le composé C^H'Br
qui répond à l'une des deuxlormules
(I) C"IP-C(CH^Br) = Cir
otl
(H) C''H«-C.(Cn') = GHBr.
SÉANCE pu 29 PÉCEMBRE igo2. l347
Toutefois, comme ce dérivé brome ne fournit à l'oxydation manganiqueque
de l'acétophénone et pas de bromacétophénone; comme, d'autre part, il se
conduit vis-à-vis de Mg et de Na de la même façon que rco-bromostyroiène,
il faut attribuer à ce corps la formule (II) qui en fait un a-mélhyl-w-bromo-
styrolène. C'est un liquide (c/„ = i,36G) bouillant vers ioj"-ioG'' sous 9"°',
et distillant sans décomposition à la pression ordinaire vers aaS^-aaS".
» La potasse fondue vers 180" lui enlève HBr et le transforme en phé-
nylallylène bouillant à iSi^-iSo", précipitant HgCl^ aqueux et caractérisé
jiar son hydratation en propiophénone C*H' — CO — CH^ — CH'. Celte
transformation curieuse d'une chaîne ramifiée en chaîne linéaire s'effectue
Irçs probablement par formation intermédiaire de phépyJpyçlQprçjpèfie ;
CHP-Cf^^f-. C«H^-cA"-^ CeH^-C^C-CFr.
\CH' \CH^
Avant d'aborber l'étude de l'action de Mg sur l'oc-méthyl-w-bromostyrolène,
j'ai voulu tout d'abord examiner comment se conduit ce métal vis-à-vis de
i'co-bromoslyrolène.
I. Action du magnésium sur l'tM-bromosLyrolène dans l'élher absolu. — DansceUe
réaclion complexe Mg agit de trois façons clifTiîrentes :
» 1° 11 donne un composé magnésien vrai G"Ii' — CH^CHMgBr; 2" il s'empare
de aBr et fournit le i . ^-diphénylbuladiène fusible à iilg"; 3"* il élimine HBr sans dé-
gagement de H en doiuiiint du phénylacétylène et i\u styrolène d'après réquation
3 O H'— en = CH Br + Mg = C«IP— G = Cil -4- C^P- CU = Cjl=-r -MgB'-',,
en outre (') le phénylacétjlène formé réagit sur le dérivé magnésien ci-dessus pour
donner naissance à du styrolène et au dérivé magnésien C'H' — G ^ G — Mg Br.
» U en résulte que si l'on décompose par Tenu on obtient, outre le f .^-diphényl-
butadjèn.e, du phéuyj^çétylène et dM styrolène dans la proppf lion 1:2; inais si, aupa-
ravant, on fait agir ÇO*, Ig^ dérivés magnésiens fom-nissefit les ao^des çorrespondaiiti,,
c'est-à-dire les acides phénvipropiolique et cinnainique.
» Avec le sodium, l'action sur G'^tl' — GII = CHBr est beaucoup plus simple;
Nq joue alors, comme l'a montré Nef {Lieb. Ann., t. CCCVIII, p, 2G7), le rùle d'éli-
minateur de IlBr, et le phénylacélylène formé passe à l'élat de dérivé sodé.
» J'ai observé qua Mg et Na agisienl d'une façon analogue non seulement sur
(') JûTSircu (/. Soc. c/i. russe, t. .\XX1V, 1902, p. 100) a en elTet iiiuniié que les
carbures acétyléiitques vrais dépl^ceiU MgBr des coin|jinaisons organofnagné^iennes
RMgBr en donnant RII et un coinpQSJ iflagnésieu acétylénique.
l348 ACADÉMIE DES SCIENCES.
C'H'CHBr — CH-Br, mais aussi sur C*H' — CBr == CH^ ; avec le dérivé magnésien
de ce dernier, CO^ donne comme produits acides un liquide non encore étudié.
» II. Action du magnésitiin sur l'oL-mélhyl-M-bromostyrolène dans V éU\er absolu.
■ — On obtient également : i" un dérivé magnésien vrai Ç/'IV' — C (CH') r^ CHMgBr ;
2° élimination de 2Br et formation du 2.5-diphényl-2.4-lnUadiène fusible à i38° ;
3° élimination de IIBr sans dégagement de II avec formation de carbures C'II' (à odeur
forte de phénylallylène et précipitant HgCl') mélangés des carbures CH'" provenant
de leur hydrogénation. Il ne m'a pas été possible jusqu'ici de caractériser le phényl-
cyclopropène parmi ces carbures [le cyclopropène de Freundler précipite également
par HgCl' {DuL Soc. chim., 3" série, t. XVII, p. 6i4).
» Ce qu'il importe de remarquer c'est que les carbures C'H' ainsi formés ne con-
tiennent pas de carbures acétyléniques vrais, de sorte qu'ils ne peuvent comme en (I),
réagir sur le dérivé magnésien primitif, pour former un composé magnésien acétylé-
nique. Il s'ensuit que l'action ultérieure de CO^ ne s"e(Tectue que sur
G«1I» — C{CH3) — CHMgBr;
on obtient alors deux acides non acétyléniques fusibles l'un vers 8o°, l'autre vers iSo";
ce sont probablement les deux acides p-méthylcinnamiques stéréoisomères; j'en pour-
suis l'élude. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la synthèse d'un carbure aromatique dérivé
du camphre. Noie de M. C. Ciiabrik, présentée par M. H. Moissan.
« .l'ai pensé qu'il [toiivait y avoir des faits curieux à observer en faisant
réagir le monochlorure de camphre sur le benzène en présence du chlo-
"ure d'aluminium. Il fallait, en effet, prévoir que le chlorure de camphre
ne donnerait pas simplement un produit de condensation par substitution
d'un groupe pliényle à l'atome de chlore, comme cela a lieu ordinaire-
ment dans les réactions produites par la méthode de MM. Friedel et Crafts,
mais qu'il y aurait, sous l'action déshydratante du chlorure d'aluminium,
élimination d'eau dans la molécule de camphre en plus de la substitution
du phényle au chlore. On pouvait espérer, par suite, la formation d'un ou
de plusieurs composés intéressants.
» J'ai chaufTé loos de clilorure de camphre avec 65o» de benzène au réfrigérant à
reflux, et j'ai ajouté, par petites portions, du chlorure d'aluminium jusqu'à ce qu'une
nouvelle addition de ce composé ne provoquât plus de dégagement de gaz clilorhy-
drique. La totalité du chlorure d'aluminium a été de 317s.
» 11 est à remarquer qu'à chaque quantité nouvelle de ce composé introduite, il se
produisait une très vive effervescence qui n'augmentait pas si l'on continuait à en
jeter dans la solution benzénique; seules, les premières portions de chaque dose de
chlorure d'aluminium déterminaient une réaction manifeste.
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE tQOa. l349
(( Il est encore à noter que la couleur du benzène, qui n'avait pas beaucoup changé
pendant les premières heures, est devenue tout à coup, après .\ heures de chauiïe
environ, d'un rouge grenat foncé caractéristique. Ce cliangeinent à la fois tardif et
brusque de couleur n'est pas habituel dans ce genre de réaction et il n'était pas fortuit
dans l'opération précédente, car il s'est reproduit chaque fois que les mêmes composés
ont été mis de nouveau en présence dans les mêmes conditions.
» La réaction a exigé 4o heures avec les proportions indiquées, mais sou activité
a décru rapidement après la vingt-deuxième heure.
» La quantité de gaz chlorhydriqiie dégagé ne correspondait pas au
départ cViine molécule de gaz chlorhydriquc comme cela aurait eu lieu s'il y
avait eu substitution simple d'un groupe pliényle à l'atome de chlore du
chlorure de camphre, mais cette quantité était presque triple, ce qui était
nécessaire si, en plus de cette substitution, il y avait eu déport d'une molé-
cule d'eau qui, réagissant sur le chlorure d'aluminium, devait donner deux
molécules de gaz chlorhydriquc.
» Dans le premier cas on aurait eu :
C'-H'-'CIO +C»II'' = C'"H'\C''tP.O+ HCl;
dans le second, on avait :
C-'H' C,lO + C«H'' = C"'H".C"H'+H^O-i-HCl
avec :
Al^Cl" + 3 (H^O) = APO^ + 3(2HC1).
Le résultat de la réaction a été traité par l'eau adilitionnée d'acide clilorhy-
drique, le liquide huileux surnageant a été séparé de l'eau, puis séché et
distillé.
» II a donné, après distillation du benzène en excès :
» I. Un liquide prenant rapidement une coloration violet foncé et pas-
sant de 160° à 250°.
» II. Un liquide jaune clair de 25o"à 3o5".
)) III. Un liquide limpide peu coloré en jaune passant de 3o5" à 325°.
» IV. Un liquide rougeàtre passant de 325° à 342°.
» V. Un liquide limpide, mais fortement coloré en rouge foncé, passant
de 342° à 362° et laissant déposer une petite quantité de cristaux jaunes.
» VI. Un corps se prenant par refroidissement en cristaux jaunes
solubles dans l'alcool et fondant au-dessus de 100°, passant au-dessus
de 36o°.
Après, il y avait décomposition et le résidu brun rougeàtre resté dans le
G. R., 1902, 2- Semestre. (T. CXX.W, N" 26.) 17G
l35o ACADÉMIE DES SCIENCES.
l);illon élait en partie soliil)le clans l'alcool qui le laissait déposer sous
forme de goudron.
» Parmi les composés constituant ces liquides, j'ai isolé, par dislillation
fractionnée de la partie passant à 3o5°-325"i un liquide à peine coloré pas-
sant vers 3 1 5° et dont la composition (')répond à la formule C'® H". C'est
lui qui correspond à la réaction
cwc] o + c''ii'' = (:"'H".c/n'-i- 11=0 4-11 Cl.
» L'élude de ce nouveau carbui*e aromatique dérivé du cafnphrC et des
autres |)roduils qui se forment en même temps que lui fàra l'objet de nou-
velles publiéations. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur une méthode de Irans/orma/ion des déri\>és mono-
chlorés cl monohromés des hydrocarbures en dériçés monoiodés. Note de
M. F. BoDRoux, présentée par M. Troost.
« Lorsqu'on ajoute par petites portions de l'iode à une solution élhérée
d'un chlorure ou d'un bromure d'alcoyimagnésium, l'iode disparaît rapi-
demmcnt et la liqueur s'écliaulTe. La réaction se passe entre une molécule
du composé oi'gano-niétallique et une molécule d'iode, elle donne nais-
sance à im sel double de magnésium et à un dérivé iodé :
» Le bromure de propyle et le chlorure d'idoamylé ont fourni aiiisi les
iodiires correspondants, aVec un rendement de 8o pour ioo environ.
» Il était intéressant devoir si celte même réaction pouvait s'appliquer
avec succès à la série aromatique, car les méthodes employées pOiir la
préparation |des dérivés iodés, dans le noyau des hydrocarbures, sont
pénibles, ou ne donnent que de mauvais rendeitietils. J'ai opéré SiJr les
bromures de phénylemagnésium et de phràtolylemàgttésium et j'ai obtenu
facilement, avec un rendement de 8o pour loo, l'iodure de phényle et le
paraiodotoluènê.
(') L'analyse a donné : 6 = 91,87; H = 8,53. Théorie pour G" H'» : C=9r ,43;
M = 8,57.
SÉANXE DU 29 DPCEMBRli 1902. l35l
» Le mode opéiaLoire, dans tous les cas, est le suivant :
» La solution du composé organométalliiiue est placée dans un ballon à long col,
refroidi par un courant d'eau froide. On y ajoute par petites poi tions l'iode préala-
blement pulvérisé et l'oii agite constamment. Tant qu'il y a du composé organoma-
gnésien en liberté la lif[ueur reste limpide; l'opération est terminée lorsqu'une petite
addition d'iode la colore en brun.
1) Le contenu du ballon est versé dans une solution étendue d'acide chlorydrique et
l'étiier qui surna;,'e, décanté, sécbé sur du chlorure de calcium est ensuite agité avec
du mercure pour enlever l'iode libre qu'il contient. .-Vprès fdlration, on chasse l'éther
et l'on distille le résidu.
» A la fin de la distillation il y a un abondant dégagement de vapeurs d'iode, et le
liquide obtenu est plus ou moins coloré. Après agitation avec du mercure, on le rectifie
et l'on obtient alors à l'état de pureté l'iodure cherché.
» La moitié de l'iode employé sert à la préparation de ces composés organiques, le
reste se trouve dans les eaux de lavage d'où il est facile de le précipiter.
)) La réaction précédente permet d'obtenir, avec clebons rendements et
en quelques heures, les dérivés monoiodés des carbures benzéniques à
partir des dérivés monoLroinés. Elle est générale, et dans une jjrochaine
Communication je ferai connaître quelques nouveaux composes que j'étudie
en ce moment. »
CHIMIE OtiGANIQUE, — Sur la décomposition de (fiLel<{acs acides organiques
di- et tribasiques. Note de MM. OEoii.snek de C<».\i.\ck et Uavimai», i)ré-
senlée par M. II. Moissan.
« Nos expériences ont porté sur les acides malonique, siiceinique, lar-
tii([ue, malique et citrique; nous les avons décomposés méthodiquement
eu les chauffant avec du glyco', ou avec de la glycérine, ou avec de l'acide
snlfuiique.
I) Acide malonique cl glycol. — La réaction du gljcol sur l'acide oxalique signalée
par Lourenço et étudiée par Lorin, nous a engagés à remplacer l'acide oxalique par
l'acide malonique. Si l'on chaufTe ce dernier acide avec un léger excès de glycol, il se
pour 100. lin desséchant l'acide malonique vers 100" et en
rectifiant le glycol, nous avons obtenu un acide à 8 pour 100.
)> Acide malonique et glyccrino. — Dans d'autres expériences, nous avons chauffe
l'acide malonique avec de la glycérine ('), la décomposition se fait régulièrement avec
(') L'un de nous a fait cette expérience, eu 1894. Vo^ez Cours de Chimie orga-
nique, par OEchsncr de Coninck, iSg^, t. I, P- 4'^9-
l352 ACADEMIE DES SCIENCES.
dépari de CO- el il distille un acide acétique à 3 pour loo, à G pour loo, i'i 7,5 pour loo
et à 9 pour loo, suivant les conditions de l'expérience.
» Acide succinique et glycérine. — L'acide, pur et cristallisé, a été chaulTé avec un
excès de glycérine officinale; nous avons observé les conditions réalisées dans les expé-
riences précédentes. Aucun gaz ne s'est dégagé; par contre, il s'est formé une notable
quantité d'acroléine et un peu d'acide acrylique que nous avons caractérisé par son sel
de plomb.
» Acide tarLrique droit cl glycérine. — Dans les mêmes conditions, l'acide lar-
Irique droit, bien cristallisé, a fourni une grande quantité de CO- et, en plus faible
proportion, un gaz brûlant avec une flamme peu éclairante et non absorbable par le
brome à la température ordinaire. 11 s'est produit aussi de l'acroléine.
» Acide malique el glycérine. — Il s'est dégagé du gaz carbonique el, dans la
distillation, il y a eu production d'acroléine.
» Acide citrique cl glycérine. — Cet acide nous a fourni surtout (10°, une très
faible proportion de CO et un gaz brûlant a\ec une flamme peu éclairante, que le
brome n'absorbait pas à la température ordinaire. Il nous paraît probable que la réac-
tion doit s'exprimer ainsi :
CIP— CO^II - C<^^^,^j- CIP- CO^H = 3C0^-^ CO + aCH*.
» Acide tartrique droit et glycol. — L'acide tartrique se dissout facilement, à
chaud, dans un excès de glycol. Si l'on chaude jusqu'à l'ebuUilion, il y a départ dune
petite quantité de C0-.
» Acide maloniqiie el acide siilfurique. — Vient-on à chauffer l'acide malonique
avec un excès de SO'll-, il se dégage tout d'abord CO- et un peu d'acide acétique. Si
l'on continue à cliaufl'er, il ne se dégage que du gaz carbonique, jusqu'au moment où
l'anliydrique sulfureux apparaît.
» Acide succinique. — Cet acide se dissout, à chaud, dans SO*H-, sans décomposi-
tion; nous n'avons jias essayé l'action de la surchaufiTe.
y Acide malique. — Dégagement de CO- el de l)eaucoup d'oxvde de carbone, puis
la masse noircit el l'anliydiide sulfureux apparaît. Si l'on chauflè fortement les acides
malique et sulfurique en tubes scellés, il se dégage un peu de forméne, outre CO^ et
CO. Ce résultat est conforme à celui de Weilh qui a obtenu de l'aldéhvde en faisant
bouillir, sous la pression atmosphérique, une solution d'acide malique dans l'acide
sulfurique:
CO.OH - Cll^- CIL on - CO.OII = C0^+ CO -^ IL^O+ CH'- CHO.
» Le forméne résulte sans doute du dédoublement de l'aldéhyde en CH' -H CO.
» Acide tartrique droit. — Dégagement de CO-, CO et d'un gaz brûlant avec une
flamme peu éclairante et non absorbable par le brome à la température ordinaire, nous
recheichons si la réaction ne corresjjond jias à l'équation suivante :
CO.OH — Cil. OU -Cil. on — CO. 011 = 2 CO=-^CO -4- 11-0 + CH'. «
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. )353
CHIMIE AGRICOLE . — Sur la nature des composés azotés qui existent dans le sol
à différentes hauteurs. Noie de M. G. André.
*
« L'étude de la Iransformalion de la matière azotée dans le sol présente
le plus grand intérêt : c'est, en effet, par suite du travail incessamment
renouvelé des microorganismes que l'azole organique se métamorphose
peu à peu (suivant les conditions essentiellement variables d'humidilé,
d'aération, de tcm|)éralure, d'alcalinité) en azote ammoniacal d'existence
transitoire, puis en azote nitrique.
» J'ai continué l'étude de la constitution de la matière azotée (') en
cherchant, sur des échantillons de terre, prélevés à différentes hauteurs,
comment variait la nature de cet azote.
» A cet effet, j'ai découpé des prismes de quelques décimètres carrés de surface,
dans des sols qui n'avaient pas reçu de fumure depuis de longues années, jusqu'à une
profondeur d'environ 60"^™ à 65''"', comprenant ainsi une partie du sous-sol. On admet
souvent que, |ihis on s'enfonce dans le sol, plus les composés azotés se simplifient;
l'azote, beaucoup moins abondant dans les profondeurs qu'à la surface, ne pénétrerait
peu à peu que parce que les transformations qu'il a subies à la surface lui donneraient
une forme plus simple et, conséquemment, plus dllTusible. D'ailleurs, il est à supposer
qu'il existe à cet égard des variations notables quand on s'adresse à des terres d'ori-
gines différentes et à des moments différents de l'année.
» J'ai soumis 200S de terre, rapidement séchée à l'air et tamisée; i" à l'action de
l'acide clilorliydrique employé d'une manière uniforme à raison de Sc^™' d'acide
chlorhydiique pur (à 36 pour 100 HCl réel) dans SoC^"' d'eau ; 2° à l'action d'une
solution de potasse qui, dans Sco'"'"' de liqueur, contenait 20 fois autant de cet
alcali (K'O) qu'il y avait d'azote dans l'échantillon considéré. J'ai chauffé pendant
i5 heures au bain-inarie à 100°, en faisant passer au travers du ballon, dans le cas
de l'emploi de la potasse, un courant d'hydrogène destiné à entraîner l'ammoniaque
qui a été recueillie dans un acide étendu, puis dosée.
» Dans cet ensemble complexe qui constilue la matière azotée du sol, l'acide chlor-
hydrique et la potasse ne portent pas leur action sur les mêmes matières, car les résul-
tats que fournissent ces deux agents ne sont pas toujours comparables, principalement
quand ce traitement est effectué sur des terres prises à différents moments de l'année.
La potasse, dans tous les cas, solubilise toujours une plus grande quantité d'azote.
)) I. Le premier échantillon dont je me suis servi a été prélevé le
23 octobre 1901. La teneur en azote total était la suivante dans i"*»' de terre
(') Voir Comptes rendus, t. CXXVII, p. 4i4 et 446, t. CXXVIII, p. 5i3.
l354 ACADÉMIE DES SCIENCES.
supposée séchée à loo" : i° surface =iS,G6i, 2° à 3o'"' de profondeur
= os,9Di9, 3<'à65'^'" = oe,/,88o.
)) Action de l'acide chlorhydrirjue. — Après 1 5 heures de chaulTage, exécuté
comme je l'ai dit plus haut, on a filtré et lavé la masse demeurée insoluble.
Le liquide filtré, neutralisé exactement par la pota" =o,34ji. L'action de l'acide
chlorhvdrique a fourni, en azote ammoniacal: 14.87, iG,32, 18,29. Ici,
l'azote rendu ammoniacal par le traitement acide est d'autant plus abondant
que l'on s'adresse à une couche de terre plus éloignée de la surface. Cette
différence se traduit mieux encore lorsqu'on prolonge le chauffage de
cet échantillon.
» Ainsi, après un cliaufTage de 28 heures avec l'acide chlorhydrique, on a divisé en
trois parties le liquide filtré. La première, neutralisée immédiatement et additionnée
de maf'nésie a fourni, aux trois hauteurs: azote ammoniacal 19,52, 28,77, 28,62. La
seconde, chauffée en plus pendant 12 heures au réfrigérant ascendant, adonné: 21,44,
27i97> 34, ''-o; 1^ troisième, chauffée comme la seconde, mais pendant 24 heures, a
donné : 22,48, 28,20, 84,20.
» Le résidu terreux, demeuré insoluble après 20 heures de chaulTage, une fois lavé,
a été repris par l'acide chlorhydrique à la môme concentration qu'au début, puis
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. l335
chauffé encore pendant 28 heures à 100". Le liquide filtré â été divisé en deux portions.
La première, neutralisée exactement et additionnée de magnésie, ti donné en azoté
ammoniacal: 3, 11, 3,83, il,4i; la seconde, cliaullée au réfrigérant ascendant pendant
12 heures, puis traitée comme la seconde, a donné : 3,67, 4)53, 14,69.
» Donc, en cliilHes ronds, les prises d'essai faites à la surface, à So"™, à 6ï>"^ de
profondeur ont fourni respectivement, au bout de ce long temps de chauffage, comme
azote transformable en azote ammoniacal : 26,82 et 49 pour 100 de l'azote total initial.
» La potasse, au contraire, après i5 heures de chauffage à 100", a transformé en
azote ammoniacal une quantité de l'azoïe total qui décroît à mesure que l'on s'enfonce
dans le sol, soit i5,7i; i4) 18; 10, 56.
)) IV. On peut conclure fie l'irispeclioa des cliifï'res qii'a fournis le trai-
tement chlorhydrique que, à ce moment de l'année (avril), la matière
azotée de la surface du sol (sur laquelle de nombreuses espèces micro-
biennes ont exercé leur action, favorisée par la tetnpérature de l'été pré-
cédent) est devenue plus diffusible et a pénétré lentement pendant l'hiver
dans les couches profondes du sol, où on la retrouve, au début dii
printemps, sous une forme ])lus attaquable par l'acide chlorhydrique que
celle des couches supéri-eures. A la fin de l'cté, au contraire, il va, ainsi
que la chose ressort de l'examen des deux premiers échantillons, sénsi-
l)Iement égalité entre les différentes couches de terre au point de Vlië de
l'azote rendu ammoniacal par l'action de l'acide ou celle de l'alcali.
» J'examinerai prochainement, dans les différentes Couches de tért'e,
la répartition de l'azote qui, à la suite des traitements acide et alcalin,
demeure sous forme soluble non ammoniacale, ainsi qiié celle dé l'àzôtè
qui, indépendamment de tout contact de la terre avec des réactifs pûis-
satits tels que ceux que j'ai employés* existe dans le sol sous forme ammo-
niacale. )>
EMBRYOGÉNIE. — L'hermaphrodisme normal des Poissons.
Note (io M. Louss Roule, i)résentée par M. Alfred Giard.
« Les aticiens auteurs ont souvent signalé, chez divers Poissoiis, la
présence de cas d'hermaphrodisme. Plusieurs ont rerriarquéj en sus, la
fréquente différence de taille des mâles et des femelles, les premiers étant
plus petits, et les secondes plus grosses. Ces données se sont à la fois
précisées et étendues au cours de ces dernières années. Certaines espèces
ont vraiment un hermaphrodisme complet et simultané, car leurs glandes
sexuelles produisent à la fois des spermatozoïdes et des ovules, mûrs en
l356 ACADÉMIE DES SCIENCES.
même temps. D'autres ont un hermaphrodisme protandriqiie; les individus
encore jeunes commencent par être mâles, puis deviennent femelles en
acquérant leurs dimensions définitives. Enfin quelques observations isolées
dénotent bien une apparition précoce de h\ sexualité mâle et tardive de la
femelle chez des espèces considérées encore comme nnisexuées, mais elles
n'indiquent pas davantage. Ces notions sont résumées et augmentées sur
nombre de points, dans un excellent travail de Stéphan (De l'herma-
ohrodisme chez les Vertébrés; thèse de Montpellier, 190 1).
» L'importance d'une telle question m'a conduit à tâcher de l'élucider
au complet sur une famille déterminée, et j'ai choisi, à cause de la com-
modité des recherches, celles des Cyprinides de nos eaux douces. Mes
premières études ont porté sur une statistique préliminaire : établir, à
l'époque du frai, la relation entre la nature de la sexualité et les dimensions
du corps. Une telle statistique doit porter, pour avoir de la valeur, sur le
plus grand nombre possible d'individus, et c'est elle seule que je mentionne
en ce moment. Elle se base sur l'examen de plus de i5oo échantillons,
péchés en 1901 et 1902. Je ne saurais trop remercier plusieurs de mes
élèves, MM. Andigé père et fils, M. de Cardaillac, qui m'ont aidé dans ce
travail.
» Je ne puis songer à fournir ici tous les résultats. Je me bornerai,
comme exemple, à citer le cas d'un lot de Rotengles (Scardinius erytroph-
thalmus L.), pris dans un étang que l'on avait vidé. Ce lot comprenait
170 individus, de tailles différentes, en état de maturité sexuelle. Il se
décompose de la manière suivante :
» 1° 91 échanlillons mesurant 2<^°> à 7'='" de longueur, comptés du bord postérieur
de l'œil à la base de la queue : tous sont mâles.
» 2° 25 mesurant 8=™ et 9™ de longueur : i3 sont mâles et 12 femelles.
)) 3° 54 mesurant 10''™ à 19=" de longueur : tous sont femelles.
» Cette liste démontre non seulement que le nombre des mâles, dans un loi pris au
hasard, dépasse celui des femelles, et que la sexualité mâle est d'apparition plus
précoce, mais encore elle dénote ce fait intéressant que tous les individus de petite
taille, ayant une sexualité affirmée, sont des mâles, et que ceux de grandes dimensions
sont exclusivement des femelles. Des résultais similaires sont fournis par les autres
espèces des Cyprinides de nos eaux douces. Chacune d'elles possède, en chaque loca-
lité, une longueur moyenne où les individus des deux sexes sont en nombre égal ou
peu différent; au-dessous de cette longueur, tous les individus sont mâles; et au-dessus,
tous sont femelles.
» On peut, d'après cette seule statistique, proposer deux opinions.
L'une consiste à admettre l'unisexualité stricte de ces espèces, avec nanisme
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. ^^^7
des mâles et précocité dans l'apparition de leur sexualité. Seulement, si
elle est exacte, on devrait rencontrer, parmi les individus dont la taille
se tient au-dessous de la moyenne, et à côté des mâles, de jeunes femelles
dont les glandes sexuelles ne seraient point développées encore. La pro-
portion numérique de ces dernières devrait concorder avec celle des
femelles adultes. Or, cela n'est pas. Aussi la seconde opinion, relative à
l'hermaphrodisme protandrique de ces animaux, paraît plus plausible.
Du reste, autant que je puis en juger jusqu'ici, elle s'accorde avec l'étude
histologique, sur laquelle j'insisterai dans une prochaine Communication. »
ZOOLOGIE. — Variations organiques chez des Poules carnivores
de seconde génération. Note de M. Fuédéric Houssay.
« Les différents organes dont je vais indiquer la variation sont rappor-
tés soit au poids actif, soit au poids total de chaque animal en expé-
rience ('). Les deux catégories de rapports sont ordinairement concor-
dantes, sauf dans les cas de variation faible que je signalerai. Je me borne
aujourd'hui à publier les valeurs moyennes des rapports au poids actif dans
chaque génération : la première granivore, les deux suivantes carnivores.
Pour simplifier, je réunis ces données en un graphique composé en comp-
tant sur les abscisses 20™™ pour la durée d'une génération, et sur les
ordonnées i™™ par «/zj'Ze d'organe pour i''^ actif d'animal. L'unité est, sui-
vant le cas, le gramme, le millimètre ou le centimètre. La figure ci-après
est un graphique réduit de un quart.
» Les organes se rangent en trois séries : ceux qui ne varient pas, ceux
qui décroissent et ceux qui croissent.
» I. La quantité de sang (courbe D) est restée sensiblement constante; il en est de
même pour le cœur (K) qui, après une légère hausse, a diminué d'autant. Enfin, le
foie (F) n'a pas varié. Si notre graphique accuse en grammes une très légère ascen-
sion, les rapports au poids total donnent une légère baisse, au résumé, pas de modifi-
cation appréciable. Ce résultat ne concorde pas, au moins pour les Oiseaux, avec une
des conclusions de Maurel (^).
» IL Les organes qui ont décru ou qui décroissent encore sont :
» 1° Le jabot, jaugé en centimètres cubes, à l'eau (E) ou au mercure (C) ; ces deux
courbes montrent que si la capacité moyenne ne diminue plus, du moins l'extensibilité
(') Voir Comptes rendus, 8 décembre 1902.
(-) Voir Comptes rendus, i" décembre 1902.
C. R., igoi, a« Semestre. (T. CVXXV, N» 36.) I77
l358 ACADÉMIE DES SCIENCES.
se réduit encore; 2" rintestin exprimé en centimèlres (A) : le rapport au poids total
accuse une légère descente au lieu de l'arrêt marqué ici ; 3° les cœcums exprimés en
millimètres (B); 4° l'estomac entier (G); 5° le gésier (H); 6° enfin, le pancréas, qui
ne peut être représenté utilement à cette échelle, et dont la décroissance est marquée
par les nombres
2,2 1,9 1,8
» m. Les organes qui croissent sont les reins, dont nous avons parlé déjà, le pou-
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. l359
mon et la raie. Tous sont de trop faible poids pour notre échelle; leur variation est
représentée dans le Tableau suivant :
Rein 6,2 8,8 10,6
Poumon 3,9 5 5,1
Rate 0,9 1,3 1,4
» L'accroissement de la rate ne nous parait que très indirectement dû à l'alimen-
lation, et seulement par l'intermédiaire de l'accroissement de la mue. Après l'his-
toljse des ovules et des graisses la rate est simplement de plus en plus encombrée par
les leucocytes, ce qui indue sur son poids.
» En examinant ces données, on voit facilement que toutes les varia-
tions croissantes ou décroissantes sont beaucoup moins rapitles en passant
de la deuxième génération à la troisième que de la première à la deuxième.
On serait assez porté à croire que les animaux %'adaptent à leur nouveau
régime et ne varient plus guère sous son influence. Mais l'on pourrait
tout aussi bien dire que la première génération Carnivore, brusquement
changée de régime, a subi une sorte de révolution organique ou de coup de
fouet et qu'elle a varié plus que ne comportait le régime nouveau. Des
phénomènes que nous ferons prochainement connaître montrent en tous
cas que le problème est complexe, et la solution certaine n'en sera donnée
que par la suite de l'expérience. On voit aussi de là que toute variation
organique obtenue par un changement de régime de quelques mois ou
même d'une année n'est guère, malgré son intérêt physiologique ou
médical, immédiatement susceptible d'application précise en Anatomie
comparée. »
EMBRYOGÉNIE. — Sur l'origine du Nebenkem et les mouvements nucléiniens
dans la spermatide de Notonecta glauca. Note de MM. J. Pantel et R.
DE SiNÉTY ('), présentée par M. Alfred Giard.
« Origine du Nehenkern. — Comme l'idiozome, nous croyons devoir
définir le Nebenkern par sa manière d'être une fois qu'il est constitué, c'est-
à-dire par sa structure très spéciale et par sa polarité. Ce sont là des carac-
tères sûrs et immédiatement saisissables chez les Insectes, où d'ailleurs
cette inclusion atteint ses plus grandes dimensions et son plus haut degré
(') Comptes rendus, t. CXXXV, p. 997 et 112/).
j36o académie des sciences.
de complication struclurale. S'ils ne sont pas applicables aux formations
de même nom que l'on a décrites dans d'autres groupes, c'est peut-être
que leur homologation à celle-ci exigerait de nouvelles études.
» Même à ne considérer que le Nebenkern des Insectes, on se trouve en
présence de trois opinions, relativement à l'origine de ses constituants :
» a. Pour Meves (^), dont les recherches ont porté sur un Lépidoptère {Pygaera),
le premier matériel est représenté par des corpuscules mitochondriens, différenciés
de très bonne heure au sein du cytoplasme et déjà observables dans les spermalocytes.
C'est, au fond, l'opinion formulée un peu auparavant, d'après un Hémiptère {Anasa),
par Paulmier (*), bien que cet auteur ait admis l'intervention possible du reste fuso-
rial, à titre de constituant secondaire (').
» b. L'opinion d'une origine purement fusoriale, proposée pour la Blatte par
La Valette, successivement adoptée, pour les Lépidoptères {Pygaera, Sphinx) par
Platner et pour un Acridien (Caloplenus) par Wilcox, vient d'êlre reprise d'après un
Grillon par Baumgartner (').
» b. Une opinion mixte a été émise par Henking {^) au sujet d'un Hémiptère
{Pyrrhocoris). ,
» Les figures que nous avons données montrent suffisamment que
l'opinion de Meves s'accorde le mieux avec les résultats fournis par notre
objet. Le matériel formateur du Nebenkern est le produit d'une différen-
ciation très précoce, se laissant poursuivre jusque dans le spermatocyte de
premier ordre et ayant toutes les allures du corps mitochondrien. Ce corps,
il est vrai, se condense autour du reste fusorial (partie équatoriale) ; de ce
chef, on peut dire que la substance de la dernière figure achromatique
intervient, mais comme centre d'orientation, non comme constituant
matériel, proprement, sa quantité étant minime par rapport à celle des
condensations mitochondriennes ; peut-être le Nebenkern lui doit-il sa
(') Fr. Meves, Ueber den von La Valette Saint-George entdekten Nebenkern
(Mitochondrienkorper) der Savienzellen {Arch. f. Mikr. Anat., 1900).
(-) F.-C. Paulmier, The Spermatogenesis of Anasa tristis {Journ. of Morph.,
1899),
(3) il nous parait que Baumgartner ne tient pas suffisamment compte de celle res-
triction de Paulmier quand il le compte simplement parmi les partisans de l'origine
mixte.
(') W.-J. Baumgartner, Sperniatid transformations in Gryllus assimilis {Aans .
Univ. Se. Bull., febr. 1902).
(^) H. Henking, Ueber Spermatogenese und deren Beziehung sur Entwicke-
lung èei Pyrrhocoris apterus {Zeitschr.f. iviss. Zool., 1891).
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. l36l
polarité, il ne lui doit pas en tout cas sa constitution. Quant à dériver les
condensations mitochondriennes elles-mêmes des anciennes figures achro-
matiques des spermatocytes et des spermatogonies, nous ne le pourrions
jusqu'ici sans outrepasser les faits (').
» Echanges de nuclèine ou de facteurs nucléiniens entre le noyau et le corps
cellulaire. — L'un des traits les plus frappants duchimisme nucléaire, dans
la spermatide, c'est un mouvement à peu près conlinu, alternatif, qui
entraîne hors du noyau, pour l'y ramener plus tard, soit la substance
chromatique, soitplut«'it quelqu'un de ses constituants plus mobiles. Un tel
échange a lieu tout d'abord entre le noyau et le cytoplasme. Du côté du
noyau l'appauvrissement chromatique se dénonce par une décroissance
très sensible de l'élément nucléinien figuré, tandis que l'enrichissement du
cytoplasme est rendu manifeste par l'apparition des corpuscules chromati-
nifêres; c'est la phase de sortie. La phase de retour présente cette circon-
stance inattendue que le transport est effectué par des corps figures spé-
ciaux auxquels nous avons donné le nom de calottes. Nous ferons remarquer,
au sujet de ces formations, que Broman (■) en a probablement vu les élé-
ments formateurs, sans que son matériel lui ait permis de saisir leur desti-
nation. Cet auteur parle en effet de corpuscules strucLuiés, hétérogènes,
inégalement colorables dans leurs diverses parties : autant de caractères
qui conviennent à nos corpuscules chromatophiles. Il n'a pas observé leur
mode de formation et se montre disposé à les rattacher à une fonction
sécrétoire.
(') L'élude du Nebenkern appellerait celle du corpuscule sldéiûpiiile qui apparaît»
à un moment donné, entre celte inclusion et le noyau, et duquel pousse le filament
axile. Nous nous bornerons ici à rendre compte du terme de blépharoplaste, par
lequel nous l'avons désigné.
C'est actuellement une opinion très généralement acceptée que ce corpuscule n'est
autre que le centrosome de la précédente cinèse. Quant à nous, nous avons toujours
vu le centrosome disparaître avant la régression de l'asler, dans le spermatocyle de
deuxième ordre, comme dans celui de premier ordre. Sans nier qu'il puisse passer
par une période de non-visibilité, tandis que s'accomplirait sa migration et reparaître
ensuite entre le noyau et le Nebenkern, nous ne croyons pas avoir des raisons suffi-
santes d'admettre une continuité substantielle entre ces étals. Il nous a paru préférable
de faire abstraction de celte hypothèse et d'appliquer au corpuscule formateur du
filament axile une désignation empruntée aux botanistes, qui a l'avantage d'en rappeler
la fonction actuelle sans préjuger en rien sa genèse.
('■) I. Broua.>', Ueber gesetzmàssige Bewegungs- und Wachstungserscheinungen
(Taxis- luid Tropismenformen) der Sperinallden. etc. {Arch.f. mikr. Anat., igoi.)
l362 ACADÉMIE DES SCIENCES.
)) Échanges entre le noyau et l'acrosome. — Malgré l'apport des calottes,
le noyau ne s'enrichit, semble-t-il, que temporairement de substance colo-
rabie; le volumineux caryosome qui représente à cette époque la plus
grande partie de l'élément niicléinien perd en effet bientôt sa chroniato-
philie. Par contre, luie quantité considérable de matière chromatophile
apparaît dans l'acrosome, d'abord sous la forme de masses discrètes, plus
tard à l'état diffus; sans vouloir lui attribuer une origine exclusivement
et immédiatement nucléaire, il nous paraît difficile que le noyau ne con-
tribue pas à cette accumulation par une nouvelle migration de facteurs
nucléiniens. Enfin, les derniers stades de la transformation de la sperma-
tide sont marqués par une condensation et une chromatophilie croissantes
de l'élément nucléinien, corrélatives de la diminution graduelle et de la
disparition définitive de la colorabilité dans l'acrosome, double phénomène
qui pourrait correspondre à une dernière récupération de matière chroma-
tique par le noyau.
» Pris dans leur ensemble, les mouvements nucléiniens qui s'accom-
plissent dans la cellule mâle, au cours de ses métamorphoses, ne peuvent
manquer de rappeler ceux de l'ovocyte. Il s'agit, de part et d'autre, d'une
des manifestations les plus sensibles de ce travail intime qu'est la différen-
ciation sexuelle. Seulement la période la plus active de ce travail semble
pouvoir se placer à une époque un peu variable, avant (9) ou après ( (f )
les divisions maturatives. »
ZOOLOGIE. — Les otocystes des Annélides Polychètes.
Note de M. Pierre Fauvel.
« Quelques espèces seulement d'Annélides Polychètes possèdent des
otocystes; elles appartiennent presque toutes à la famille des Sabelliens.
En dehors de cette famille, ces organes ne se rencontrent que chez
quelques Térébelliens, les Arénicoliens, deux ou trois Anciens et quelques
Alciopiens.
» Laissant de côté les Anciens dont je n'ai pu me procurer de spécimens porteurs
d'otocystes et les Alciopiens chez lesquels ces organes diffèrent complètement de ceux
des autres Annélides, j'ai étudié à ce point de vue: 6 Sabelliens: Branchiomma
vesiculosum Mont., Jasmineira elegans Sainl-J., Oria Armandi Clp., Amphiglena
Medilerranea Leyd., Myxicola œst/tetica C\p., M. in/undibuliim Mon\.. ; l^ Aréni-
coliens : Arenicola marina L., A. ecaudata Johnst., A. Grubi Clp.,yl. cristata
Stimps.; 2 Térébelliens : Lanice concldlega Pall., Ainphitrile Edtvardsi Qli.
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE I902. l363
» Chez l'A. Edwardsi les otocystes décrits sur le cerveau et figurés par M. de
Salnl-Josepli n'existent pas, ainsi qu'il est facile de s'en assurer en pratiquant des
coupes. On rencontre souvent, enkystés dans les muscles de cette espèce, de petits
Distomes. Quand ces kystes se trouvent au voisinage du cerveau ils peuvent induire en
erreur, lors d'un examen superficiel, fait par transparence. Le kyste simule une vési-
cule auditive et l'aspect granuleux de son contenu rappelle vaguement un amas
d'otolithes. Sur des coupes l'erreur n'est plus possible et l'on retrouve très nettement
les deux ventouses caractéristiques du Distome. Ces kystes se rencontrent un peu
partout dans le tissu musculaire.
» Les otocystes de Lanice conchilega n'ont été signalés jusqu'ici, chez l'adulte,
que par Meyer qui les a seulement figurés à petite échelle et sans description. Ces
deux organes sont situés immédiatement au-dessous de l'épais bourrelet glandulaire;
épidermique du premier segment branchial. Leur cavité, tapissée de cils vibratiles
renferme de nombreux otolithes de 3l^ à 9!^, réfringents, irréguliers, anguleux, ne se
colorant pas par les réactifs et paraissant formés de petits grains de quartz. Chez
l'adulte, ils sont relativement moins développés que chez les jeunes et ils présentent
les traces d'un canal atrophié, qui, chez la larve, devait faire communiquer leur cavité
avec l'extérieur.
» Chez le Branchiomma vesiculosum adulte, les deux otocystes communiquent en-
core avec l'extérieur par un long canal, très nettement cilié, qui a cependant échappé
à Brunotte, ainsi que les cils vibratiles de l'otocyste. Les otolithes nombreux, réfrin-
gents, irréguliers, anguleux, insensibles aux réactifs, paraissent être aussi des grains
de quartz.
M Chez VArenicola marina, nous retrouvons également la même structure; oto-
cystes communiquant avec l'extérieur par un canal cilié et renfermant des otolithes
constitués par de petits grains de quartz.
» Chez toutes les autres Annélides à otocystes clos, nous rencontrons, au contraire,
des otocystes sphériques, de nature organique, sécrétés par l'organe. Chez Oria
Armandi, Arenicola cristata. Jasmineira elegans. Myscicola infuiidibulum et
M. œslhetica, l'otolithe est unique. Chez Amphiglena méditer ranea, Arenicola
ecaudala et A. Grubii, les otolithes sont très nombreux.
» Sauf chez ces deux dernières espèces, les otolithes sont mis en mouvement par
le jeu des cils vibratiles, ainsi qu'il est facile de s'en assurer en examinant par trans-
parence, sous le compresseur, des individus de taille convenable. Les mouvements des
cils, d'abord très vifs, se ralentissent peu à peu et l'on peut voir nettement et compter
leurs battements, ceux-ci durant encore quelque temps après la mort de l'animal en
expérience.
» CLei l'A. ecaudata et VA. Grubii, les otocystes ne renferment pas trace de cils
vibratiles; néanmoins, le mouvement des otolithes est très vif, et il existe toujours
chez l'animal vivant, ainsi qu'il est facile de s'en assurer : i" en examinant par trans-
parence, dans un verre de montre, les stades post-larvaires nageant librement dans
l'eau de mer sans compression aucune; 2° en étalant sur une lame de verre une bande
des téguments enlevée à la partie antérieure d'un adulte bien vivant et débarrassée en
partie de la couche musculaire interne. Les otocystes sont alors bien visibles par trans-
parence. Or, soit qu'on les examine ainsi sans autre préparation, soit qu'on les place
l364 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dans le liquide cœlomique ou dans l'eau de mer et que l'on recouvre, ou non, d'une
lamelle on constatera toujours le mouvement des otolilhes, sauf le cas de lésion de
Tolocysle ou de pression trop considérable de la lamelle. J'ai répété celle expérience
plus de quarante fois. Ces mouvements peuvent parfois continuer pendant plusieurs
heures. On les fait cesser rapidement en crevant l'otocyste avec ime aiguille ou en
ajoulant des liquides de densité différente ou des réactifs.
» Ces mouvements ne sont donc pas dus à des courants de diffusion produits par la
dissection sous l'eau de mer, comme le prétendent Gamble et Ashworth. Contrairement
à ces auteurs, j'ai toujours observé ce mouvement dans les otocystes, intacts, montés
dans le liquide cœlomique.
» En réalité, cette trépidation des otolilhes est due au mouvement brownien.
» Un otocyste renferme habituellement un ou plusieurs gros otolilhes (de i5i^ à 3ol^),
un assez grand nombre de taille moyenne, puis une multitude de plus petits, dont
beaucoup ont à peine de iV- à 3V-.
n La masse centrale formée des j)lus gros otolilhes est simplement ébranlée et tré-
pide lentement, tandis que l'espace qui la sépare des parois de l'otocyste est remplie
par une multitude innoni])rable d'otolithes de plus en plus petits, animés d'un mou-
vement extrêmement vif, et venant jusqu'au contact de la cuticule, ce qui prouve
encore l'absence de cils vibraliles sur celle-ci.
» Ce sont ces petits otolilhes, animés d'un mouvement Ijrownien très vif, vu leur
petite taille (il^ à 3f), qui ébranlent, par leurs chocs répétés, la masse centrale des
otolilhes trop gros pour être sujets au mouvement brownien.
» Dans un Mémoire détaillé sur cette question je reviendrai sur la structure el les
réactions de ces otolilhes.
» Sur les Arenicola marina, A. Griibiî et A. ecaudata, j'ai réussi à colorer par le
bleu de méthylène les cellules sensorielles de l'otocyste. Ces cellules bipolaires, fusi-
formes, à noyau occupant le centre du renflement, sonl disposées radialement. Leur
prolongement périphérique à pointe courte et effilée, ou parfois au contraire presque
cylindrique, s'étend jusqu'à la limite interne de l'otocyste, tandis que leur extrémité
centrale, mince, filiforme, un peu sinueuse, va se perdre dans le nerf de l'organe.
» Les conneclifs œsophagiens donnent naissance à trois paires de nerfs, avant leur
réunion ; la paire la plus antérieure innerve l'otocyste.
» En résiunè, chez les Polychèles, comme chez les Crustacés et les
Mollusques, on rencontre deux sortes d'otocystes :
» 1° Les uns restant en communication avec l'extérieur par un canal
cilié et renfermant, dans ce cas, des otolilhes formés de corps étrangers
(petits grains de quartz);
» 2"^ Les autres, complètement clos, à otolilhes sphériques, à couches
concentriques, de nature organique et sécrétés par l'organe.
)) Les otocystes clos renferment un ou plusieurs otolilhes. Les otolilhes
sont mis en mouvement par le jeu des cils vibraliles, sauf chez VA. Grubii
el VA. ecaudata où ces cils font complètement défaut. Dans ce dernier cas,
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. l365
le mouvement des otolithes existe néanmoins toujours chez l'animal
vivant, mais il est dû au mouvement brownien et non aux courants de
diffusion.
» V Ampfiitrite Edwardsi ne possède pas d'otocystes : ce sont de petits
Distomes enkystés qui ont été pris pour ces organes. »
ZOOLOGIE. — Sur des émissions nucléaires observées chez les Protozoaires.
Note de MM. A. Coxte et C. Vanev, présentée par M. Alfretl Giarcl.
« Nous avons rencontré en abondance, dans l'intestin de Triton tœnialus
Schn., des Infusoires que nous rapportons à Opalina intestinalis Ehrbg. Sur
des coupes, cette espèce montre à l'intérieur de son cytoplasme de nom-
breux granules dont la plupart, tant par leurs formes que par leurs affi-
nités pour certains colorants, ressemblent tout à fait aux noyaux multiples
décrits chez Opalina ranarum Ehrbg. Il nous a été facile, par un examen
plus attentif de déceler l'origine de ces granulations.
« Le noyau de cette Opaline est primitivement unique, très volumineux, de forme
ovalaire et limité par une membrane nucléaire bieu nette. Ce noyau est très riche en
chromatine. Chez quelques individus, il se dédouble et l'on pourrait croire alors qu'il
existe un micro et un macronucleus; celte forme a été figurée par Zeiller; elle est en
réalité exceptionnelle.
» Chez la plupart de ces Protozoaires, on voit la membrane nucléaire disparaître sur
une étendue plus ou moins grande et, par cette ouverture, s'échapper de nombreuses
granulations chromatiques qui se disséminent dans le cytoplasme. Celte émission se
fait irrégulièrement aux. dépens d'une portion plus ou moins importante du noyau et
en un point quelconque de ce noyau.
» Il est facile de suivre l'évolution de ces granules dans le cytoplasme. Tout d'abord
compacts, ils ne tardent pas à se transformer en sphérules où l'on distingue ordinaire-
ment un point central. Ces sphérules ont la même chroraaticité que le noyau et elles
ont été probablement prises souvent pour de véritables noyaux. La première transfor-
mation que montrent ces sphérules est un changement de chromaticité. Par l'héma-
téine et le bleu de méthylène, elles prennent une teinte rougeàtre de plus en plus
accentuée. En même temps, ces sphérules rouges se gonflent, deviennent très volumi-
neuses et prennent une forme discoïdale. Leurs contours s'atténuent et elles finissent
par former des membranelles éparses qui paraissent achever de se dissoudre graduel-
lement.
» La formation de ces grains rouges est Identique à ce que l'on observe dans les
cellules sécrétantes de l'intestin du Triton où l'on voit le noyau changer de chroma-
ticité et se résoudre en granules rouges qui sont émis dans la cavité intestinale. La
présence de ces grains est bien connue de tous les histologistes qui les ont décrits
C. R., 190J, -i' Semestre. (T. CXXW, N" 26.) I78
l366 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dans les cellules sécrétantes où ils constituent les grains de zymogène. L'origine de
ces grains est seule contestée; pour certains auteurs ce sont des formations cytoplas-
miques, pour d'autres des dérivés nucléairts. Nos observations établissent nettement
leur formation aux dépens de la cliromatine. Elles établissent en outre des rapports
entre ces grains et les formations ergatoplasmiques des éléments glandulaires.
» Les grains rouges ont été déjà signalés chez des Protozoaires; ils ont été depuis
homologués aux corpuscules métachromatiques des levures. Ces corpuscules ont été
considérés comme des produits de réserve; en étudiant sur coupes des levures de
bière, nous avons pu constater que les corps métachromatiques offrent toutes les
réactions bien connues comme caractéristiques des grains de zjmogène.
» Les faits que nous avotis observés sont importants en ce qu'ils per-
mettent d'interpréter la formation des noyaux vitellins dans les œufs
d'Insectes, de Myriapodes, de Vertébrés, etc. Ces noyaux sont des pseudo-
noyaux, simples émissions nucléaires, comme l'ont constaté beaucoup
d'auteurs et en rapport avec la digestion du vitellus par l'embryon.
» En résumé, nous concluons, tant de nos recherches que de l'interpré-
tation qu'elles permettent de faits bien connus, que le noyau participe
directement à la formation des grains de zymogène et des productions
ergatoplasmiques et que, par suite, il a un rôle d'une haute importance
dans les phénomènes de digestion aussi bien intra-cellulaires qu'extra-
cellulaires. »
ZOOLOGIE. — L'organisation du Trepomonas agilis Dujardin.
Note de M. P. -A. Dangeard, présentée par M. Guignard.
« Dans le cours de nos observations sur les Protozoaires et les Proto-
phytes, notis avons eu l'occasion d'élucider la structure du Trepomonas
agilis déjà étudié j)ar un grand nombre d'auteurs parmi lesquels il faut
citer Stein, Butschli et Klebs.
» Le Trepomonas agilis, contrairement à la description qui en a été donnée, ne
répond pas au schéma ordinaire des Flagellés ; il est constitué par une cellule double ;
c'est le premier exemple dûment établi d'une telle organisation dans ce groupe; mais
il est à prévoir que cette particularité se retrouvera chez les genres voisins de la
famille des Dislomatineœ.
» L'espèce se développe dans les infusions; le corps est aplati; son contour est
ovale ou elliptique; il existe deux groupes de llagellums opposés l'un à l'autre dans la
partie équatoriale; sous chacun d'eux se trouve une ouverture pour l'entrée des ali-
ments.
» Nous laisserons de côté les détails de nature purement morphologique pour
insister sur la disposition de l'appareil nucléaire.
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902, 1367
» Sur les exemplaires fixés et colorés, on remarque à l'avant du corps une forma-
tion chromatique recourbée en croissant : les deux extrémités amincies de l'arc se
prolongent jusqu'au point d'insertion des flageliums. Celte apparence nous avait forte-
ment intrigué au début et nous avons cherché pendant longtemps un noyau en dehors
de cet appareil chromatopliile. L'arc se compose de deux parties réunies au contact à
l'avant du corps par leur extrémité renflée : chacune a la valeur d'un noyau et com-
prend une membrane nucléaire très nette et un nucléoplasrae peu chromatique.
» L'étude de la division nucléaire pouvait seule justifier cette interprétation.
» Le Trepomonas, au moment où il se prépare à une bipartition, augmente d'épais-
seur; chaque noyau forme son fuseau suivant cette direction; les deux tonnelets à la
métaphase sont parallèles et très distincts l'un de l'autre quoique se touchant presque.
L'échancrure, qui sépare suivant un plan médian vertical les nouveauxindividus, con-
serve donc à chaque organisme deux éléments nucléaires d'origine dijjfêrente ; ceux-
ci en passant à l'état de repos reprennent leur disposition en croissant.
M En résumé, la cellule du Trepomonas renferme deux énergides : elle
représente un organisme double comparable aux deux frères siamois,
avec cette différence toutefois qu'il s'agit ici d'une organisation normale
se transmettant à travers toutes les générations.
» Nous proposons de désigner sous le nom de Diplomonadiens les Fia-
gellés possédant cette structure et sous le nom plus général de Diplozoides,
les animaux ainsi constitués.
» Chez le Trepomonas, l'origine de cette anomalie provient soit d'un
dédoublement primitif, soit de la fusion incomplète de deux individus; en
tout cas, elle s'est transmise à la descendaace; nous retrouvons dans
l'Amœba binucleata un phénomène analogue : d'autres Diplozoides pour-
raient devoir leur organisation à un dédoublement s'efFectuant à chaque
génération.
» L'existence des Diplozoides soulève une foule de questions intéres-
santes; nous nous proposons d'en développer quelques-unes dans un pro-
chain Mémoire. »
BOTANIQUE. — Le bois intermédiaire. Note de M. Paui, Vuillemi.v,
présentée par M. Guignard.
« La distribution des vaisseaux de la racine peut être envisagée à trois
points de vue différents, suivant : 1° leur origine, 2° leur position, 3° leur
succession.
» On admet une concordance entre les trois caractères d'origine, de
position et de succession. De cette façon, le bois primaire serait défini par
l368 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sa formation : i" aux dépens du méristème primitif, 2° en bandes rayon-
nantes, 3° en direction centripète; le bois secondaire par sa formation :
1° aux dépens du méristème secondaire, 1° dans le péricycle extra-
ligneux et le conjonctif intra-libérien, 3" en direction centrifuge.
» Si fréquente que soit cette concordance, elle n'est pas nécessaire.
Déjà M. Van Tieghem a signalé, sous le nom de métaxylème, des vaisseaux
situés entre les rayons ligneux et les îlots libériens, dans le conjonctif non
recloisonné. Au point de vue génétique, le métaxylème appartiendrait au
bois primaire, tandis qu'il concorde avec le bois secondaire pour la posi-
tion et l'ordre de succession.
» Dans la racine de Gentiana ciliata, nous avons vu, au voisinage du
vaisseau primitif, tles cellules du péricycle encore simples se différencier
en vaisseaux en même temps que des cellules du conjonctif intra-libérien.
Tous les éléments qui, par leur situation topographique, sont appelés à
évoluer en bois secondaire, sont donc susceptibles de s'organiser directe-
ment en vaisseaux sans s'être constitués en méristème secondaire.
» L'étude des racines de la même plante nous a offert, en outre, des
transitions : 1° entre le méristème primitif et le méristème secondaire,
2" entre les vaisseaux disposés en séries rayonnantes et les vaisseaux dis-
posés en îlots ou en nappes entre les rayons ligneux et les groupes libé-
riens, 3° entre l'ordre centripète et l'ordre centrifuge.
» 1° Quand on parle de méristème secondaire, on tient compte uniquement des
cloisonnements qui alFeclent simultanément plusieurs cellules contiguës et qui se
répètent plusieurs fois en donnant, dans chaque cellule-mère, une série de cloisons
parallèles. Ce sont les plus faciles à vérifier, puisque la marche des divisions cellulaires
reste inscrite sur le tissu adulte.
» On néglige à tort les cloisonnements moins réguliers qui se produisent dans le
plérome en voie d'accroissement. Leur intervention dans la production du métaxylème
n'est pas exclue par les observations antérieures; en sorte qu'on n'est pas en droit de
rattacher ce groupe de vaisseaux au bois primaire plutôt qu'au bois secondaire auquel
le rattache sa topographie.
» Si nous envisageons, dans les racines de Gentiana ciliata, les vaisseaux péri-
cycliques extra-ligneux, nous verrons, tantôt une série répondant au type c!assi(|ue
du bois secondaire, tantôt un vaisseau touchant en dedans le vaisseau primitif, en
dehors l'endoderme, tantôt enfin un vaisseau formé dans un segment de cellule péri-
cyclique taillée en biseau, de telle sorte que sur une coupe, il louche l'endoderme,
tandis que, sur la suivante, il en est séparé par la moitié non diflérenciée de la cellule
péricyclique.
» 2° Dans les plus fortes racines de Gentiana ciliata, deux bandes ligneuses de trois
vaisseaux chacune occupent un plan diamétral et restent séparées par une ou deux
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. iSôp
cellules parencliymateuses; dans les racines plus grêles, le troisième vaisseau, parfois
déjà celui qui suit le vaisseau primitif, est dévié en sens inverse pour chaque bande,
en sorte que les bandes vasculaires planes sont remplacées par des surfaces à coupe
spiralée chevauchant l'une sur l'autre.
» 3° Dans l'exemple précédent, les premiers vaisseaux, ne se succèdent pas en direc-
tion centripète, mais s'écartent de plus en plus du rayon. Il est alors impossible
d'établir une limite entre le bois centripète et le bois centrifu£;e, puisque tous les
vaisseaux organisés avant l'apparition du recloisonnement régulier se succèdent
suivant un ordre intermédiaire entre l'ordre centripète et l'ordre centrifuge et con-
duisent progressivement du vaisseau primitif aux vaisseaux issus d'un méristème
secondaire.
» Nous proposons de réunir, sous le nom de bois intermédiaire, une
série indéterminée de formations ligneuses qui, comme les précédentes
(y compris le métaxylème), s'écartent de la notion classique de bois pri-
maire et de bois secondaire, soit par leur origine, soit par leur position,
soit par leur ordre de succession. Loin de créer une nouvelle catégorie
fermée entre les deux catégories classiques, nous voyons, dans le bois
intermédiaire, une manifestation de la loi de continuité qui relie, dans le
temps et dans l'espace, les divers éléments du bois de la racine. Des inter-
ruptions topographiques et chronologiques, produites secondairement,
avaient fait méconnaître cette loi. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉLALE. — Influence de l'aldéhyde formique sur la végé-
tation de quelques Algues d'eau douce. Note de M. Raoul Bocilhac, pré-
sentée par M. Duclaux.
« J'ai montré que le Nosloc Punctiforine et V Anabœna cultivés ensemble
dans un endroit assez obscur pour perdre la propriété de décomposer
l'acide carbonique, végétaient encore et donnaient des récoltes abondantes
lorsque j'ajoutais du méthylal à leurs solutions nutritives.
» Je me suis proposé de rechercher si une plante verte pouvait être
alimentée avec de l'aldéhyde formique. La toxicité de cette aldéhyde étant
connue depuis longtemps je devais m'assurer en premier lieu qu'il y avait
moyen d'obtenir des cultures en sa présence. Des expériences préliminaires
m'apprirent bientôt que plusieurs Algues et notamment ['Anabœna et des
Nostocs supportaient une trace d'aldéhyde. Ce résultat acquis j'ai disposé
plusieurs essais de culture dans les conditions suivantes :
» 1° Au mois de juillet igoc, j'ai préparé une solution nutritive dont j'ai déjà donné
l370 ACADÉMIE DES SCIENCES.
la formule et j'ai versé 2', 5 de cette solution dans deux grands matras de 3' qui
furent ensemencés avec un voile mince de Nostoc et d'Anabœna. Ces matras furent
placés dans une terre voisine du laboratoire et dans un endroit où la lumière arrive
si faible que les plantes ne se développent qu'à la condition d'être alimentées avec
une matière organique. En ajoutant des gouttes d'aldéhyde à leurs solutions nutri-
tives et en renouvelant plusieurs fois cette addition, les plantes végétèrent normale-
ment.
» 2° Au cours de cette année, j'ai repris ces essais. Toutefois, j'ai tenu à me servir
d'une aldéhyde rigoureusement pure, ne contenant aucune trace de méthylal ou d'al-
cool méthylique. Cette aldéhyde a été préparée dans ce but par M Trillal, chef de
service à l'Institut Pasteur, que je suis heureux de remercier ici.
» Le il[ avril 1902, j'ai placé trois grands matras préparés comme dans l'expérience
n° 1 dans l'endroit peu éclairé que j'utilise habituellement. Ces matras furent ense-
mencés avec un mélange de Nostoc et d'Anabœna pris dans des cultures antérieures et
reçurent en même temps trois gouttes de la solution d'aldéhyde de M. Trillat ; cette
solution était à 25 pour 100. Mes matras furent entourés de huit autres matras qui
restèrent dépourvus de toute matière organique et constituèrent ainsi des témoins.
» Dans mes grands matras contenant de l'aldéhyde formique les plantes avant com-
mencé à végéter dès que la température atteignait 20°, je continuais à verser régu-
lièrement des gouttes d'aldéhyde, et au 3i juillet, j'étais en possession de récoltes
suffisantes. La culture fut poursuivie jusqu'au i'^"' octobre, date à laquelle j'ai mis fin
à l'expérience.
» Ces résultats sont consignés dans le Tableau suivant :
Poids Aldéhyde
des récoltes retrouvée
Numéros pesés dans Doocm'
des à de la
malras. l'état sec. solution nutritive.
Matras témoins Néant. »
Matras n» 1 os, 078 Traces.
» n» 2 oS, 335 Traces.
» n° 3 16,601 Néant.
» Toutefois, dans le matras n° 3, une algue nouvelle non semée s'était développée
à côté des deux premières, et cette circonstance m'engagea à soumettre un échan-
tillon de cette culture à M. Bornet, qui a bien voulu me transmettre la Note suivante :
» La majeure partie du voile que vous m'avez apporté est composée d'un Nostoc qui
» n'est pas le punctiforme et qui était en bel état de végétation. La manière dont les
» filaments s'agglomèrent, la couleur ardoisée de la chromule indiquent une autre
» espèce. Le Nostoc est mélangé A\4nabœna et d'une assez grande quantité de Clilo-
» relia vulgaris. »
» Des cellules de Chlorella vulgaris se sont introduites dans le matras n" 3 au
cours de l'expérience, et je me propose de faire bientôt des cultures de cette Algue en
présence de la formaldéliyde.
» En répétant ces essais dans un endroit sensiblement moins éclairé que le précé-
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. 1371
dent, je n'ai obtenu que quelques colonies de Nostoc et d' Anabœna qui se sont déve-
loppés péniblement à la surface des solutions nutritives. A l'obscurité complète les
cultures ont totalement échoué.
» Conclusions.— 1° L'aldéhyde formique peut servir d'aliment au Nostoc
et à ï Anabœna cultivés dans une solution nutritive assez peu éclairée pour
que ces plantes, ne conservant plus la propriété de décomposer l'acide
carbonique, soient obligées de vivre aux dépens d'une matière organique.
» 2° Une certaine quantité de lumière est nécessaire pour permettre
au Nostoc et à V Anabœna de pol ymériser l'aldéhyde formique et le minimum
de cette quantité de lumière est très voisin de celui qui est nécessaire à ces
plantes pour décomposer l'acide carbonique aérien. »
BOTANIQUE. — Sur la végétation du lac Pavin. Note de M. C. Bruyant,
présentée par M. Ferrier.
« Dans ses Recherches sur la végétation des lacs du Jura, M. le professeur
Magnin a déterminé d'une façon précise le mode de distribution des végé-
taux dans les lacs de cette région. Les zones s'échelonnent régulièrement
sur la grève, la beine, le mont et le talus du lac, jusqu'à une profondeur
maximale de 12™ à iS™, au delà de laquelle on ne rencontre plus de végé-
tation macrophytique.
» Les études poursuivies au lac Pavin montrent que cette stratification
y existe d'une façon très nette. Elles amènent en outre à reculer d'une
façon sensible la limite inférieure de la zone littorale occupée par la végé-
tation macrophytique.
» La rive du lac présente une inclinaison considérable; par suite, la beine est très
étroite. Les végétaux ne trouvent donc qu'un champ restreint pour se développer; le
nombre des espèces est réduit; mais si la flore est pauvre, le tapis végétal n'en est pas
moins fourni.
1) Les plantes de la première zone (Phragmitrie) sont très disséminées. Elles
appartiennent aux espèces suivantes : Phalaris arundinacea, Equisetum lirnosum,
Equisetum palustre.
» La zone des Myriophilles s'étend depuis le bord jusqu'à la profondeur maximale
de 4™. C'est en réalité la première zone littorale. L'espèce prédominante estle j)/y/-i'o-
phyllum spicatum, à laquelle se joignent çà et là les Ranunculus aquatilis, Calli-
triche hamulata, Potaniogeton natans.
» La Potamogetonaie est très nettement caractérisée. Elle forme une ceinture
presque continue entre les courbes isobathes de 4™ et de 7™, empiétant par endroits
sur les zones voisines (minimum, a"; maximum, 8""). Elle est exclusivement occupée
l372 ACADÉMIE DES SCIENCES.
par Potamogcton prœlongus Wulf. Cette forme intéressante, connue des lacs alle-
mands et de certains lacs suisses, est nouvelle pour notre région. M. Magnin avait
signalé le premier sa présence en France dans les lacs de Val-Dessous (ait., 5i8"), de
Saint-Point (ait., S^g"), des Taillères (ait., loS;"), de Bellefontaine (ait., 1088"°) et
du Boulu (ait. ii52") (Jura oriental et central).
» Enfin, la zone des Chara succède à la précédente jusqu'à la profondeur de 17".
Les sondages effectués au lac Chauvet indiquent la même limite inférieure.
» D'autre part, le F. Héribaud a signalé la présence, dans la zone de la grève, d'un
certain nombre de mousses parmi lesquelles : Amblystegium irriguuni var. hetero-
phylla, découverte par Tliériot en septembre 1898, Fontinalis squamosa, F. anlipy-
retica et F. arvernica. Cette dernière, décrite par Renaud en 1886, a été trouvée
également à Lugano (Italie) et à Pola (Istrie), ainsi que Cardot l'a constaté dans
l'herbier de Bottini ('). La Fontinalis arsernica est une forme très voisine de la
F. antipyretica dont elle semble une race adaptée, non seulement à la vie lacustre,
comme l'ont indiqué déjà certains brjologues (Cardot, Limpricht, Héribaud), mais
encore à la vie profonde. Nous l'avons, en effet, rencontrée dans différents sondages
et elle atteint au moins la profondeur de 25™, à laquelle elle est encore abondante
dans quelques points du lac (^).
» Ces faits démontrent que, dans les lacs d'Auvergne ou du moins dans
certains d'entre eux, la végétation s'étend jusqu'à une profondeur bien
plus considérable que dans les lacs du Jura. Des deux facteurs, radiation
et température, qui régissent la répartition des végétaux dans la zone
profonde, on ne peut guère retenir que le premier. C'est ce qu'indiquent,
en effet, la comparaison des altitudes auxquelles se trouvent situés les
différents lacs étudiés et celle des chiffres fournies par les observations
faites à l'aide du disque de Secchi. Ces observations accusent une transpa-
rence bien plus marquée en faveur de nos lacs, en particulier Pavin et
Chauvet (8™ à 10" au lieu de 3™ à 5" en moyenne). »
PATHOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur une forme conidienne du Champignon
du Black-rot. Note de M. G. Delacroix, présentée par iM. Prillieux.
« J'ai signalé en avril 1901 (') une forme conidienne du Champignon
du Black-rot [Guignardia B idwellii (EWis) Viala etRavaz], forme déjà vue
(') HtMB.iLVD, Les Muscinées d'Auvergne, 1899.
(^) Forel a signalé l'existence du Thamnium Leniani Schnetzier par 60" de pro-
fondeur, sur la moraine sous-lacustre d'Yvoire, dans le lac de Genève. C'est là « un
cas unique et encore inexpliqué ». Forel, Handbuch der Seekunde, p. 188.
Stuttgart, igor.
(^ ) Comptes rendus, i" avril 1901.
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. iSyS
aux États-Unis et figurée par Lamson Scribner en 1887, mais qui n'avait
pas été vue en France, où elle ne semble pas d'ailleurs fort répandue.
M MM. Viala et Ravaz avaient décrit en r886 une forme toute différente
qu'ils considéraient comme se rapportant au Champignon du Black-rot et
M. Viala l'a figurée comme forme conidienne du Guignardia Biclwellii,
dans son Ouvrage sur les maladies de la Vigne.' Il a décrit dans la Revue de
Viticulture (T. VI, p. Sai) les infections de raisins faites par lui avec
ces sortes de conidies, qui, telles qu'il les a figurées se rapportent sans
doute à un Vcrlwillium ou à un Acrocylindrium.
» M. Viala a contesté que la forme conidienne que j'ai décrite appar-
tienne au cycle de développement du Guignardia Bidwellii; il y verrait
plutôt un saprophyte venu par hasard sur les sclérotes, les pycnides ou les
spermogomies de ce Champignon.
» J'ai pu faire cette année (190.' ) la preuve des faits que j'avais précé-
demment avancés.
» J'ai rencontré à Biives, en août dernier, des grains de raisin, cliargés des pustules
noires du Black-rot, sur lesquelles je reconnus la forme conidienne que j'avais observée
précédemment. Un nouvel envoi que me fit dès mon retour à Paris M. Labounoux,
professeur d'agriculture à Brives, me permit de faire toutes les reclierches nécessaires
sur le caractère infectant de cette forme conidienne. Plusieurs de ces grains ne por-
taient que des sclérotes avec forme conidienne, sans aucune pycnide, ni spermogonie
fructifiée. C'est de ces derniers que je me suis servi pour mes essais d'infection.
» Cette forme conidienne, telle que je l'ai décrite, présente les caractères d'un Scoleco-
trichuni; les conidies sont toujours isolées à l'extrémité d'un filament fructifère dressé,
ou paifois d'une courte ramification latérale divariquée et insérée près du sommet.
» A la germination faite en chambre humide, dans l'eau distillée, on voit générale-
ment un seul filament germinatif hyalin se produire à une extrémité de la conidie.
A une certaine distance de son point d'origine, il s'y forme des cloisons; le filament
se colore à peine, et je n'ai pu y observer de production de conidies secondaires ou de
chiamydospores. Les germinations se comportent à peu près de même dans les milieux
nutritifs.
» J'ai tenté l'infection de grappes laissées sur le cep, mais placées dans un milieu
saturé d'humidité avec des conidies prélevées directement sur des sclérotes.
» Parmi les essais effectués, quatre infections ont été faites en déposant ces conidies
sur la surface intacte des raisins. J'ai constaté au bout de 12 jours trois infections.
Deux d'entre elles ont donné abondamment à la fois des sclérotes et des pycnides, et
plusieurs de celles-ci montraient la forme conidienne.
» Bien que cette expérience parût très démonstrative, on pouvait craindre cepen-
dant que le mycélium de Guignardia contenu dans la portion du grain ayant servi à
l'infection ait pu pénétrer dans le raisin et y produire ainsi l'infection. Pour répondre
C. R., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N" 36.) 179
l374 ACADEMIE DES SCIENCES.
à cette objection, dans une seconde série d'essais d'infection, je me suis servi exclusi-
vement de germinations de coiiidies brunes prises sur les grains choisis dépourvus de
tout conceptacle fructidi'. Sur cinq grains infectés avec les conidies germées, trois ont
montré l'atteinte du Bl;ick-rot au bout de 12 jours, et ils portèrent des sclérotes et des
pycnides en voie de sporulation, quelques-uns avec forme conidienne.
» Ces expériences me paraissent fournir la preuve incontestable tle
l'exactitude des faits que j'ai avancés dans ma première Communication.
Les observations sont encore trop peu nombreuses pour déterminer
l'importance de cette forme au point de vue de l'extension du Black-rot
en France. Mais il semble bien prouvé, en tout cas, comme l'a dit en Amé-
rique M. Lamson Scribner, que la persistance de l'humidité est la condi-
tion indispensable de son évolution, comme de celle des autres formes de
fructification du Guignardia Bidwellii. ».
GÉOLOGIE. ~ Sur quelques rapprochements entre la gen-se des Gîtes Métallifères
et la Géologie générale. Note de M. L. De Launav, présentée par
M. Michel Lévy.
« La cristallisation des minerais dans leurs gisements accessibles à
nos efforts présente un caractère accidentel, qui, joint à leur valeur indus-
trielle toute spéciale, a contribué à faire envisager leur genèse comme un
sujet d'études distinct et à l'isoler de la Géologie générale. Cet accident se
rattache pourtant, d'une façon très intime, au phénomène d'ensemble, qui
constitue la formation de notre globe et je voudrais indiquer sommaire-
ment comment il est permis d'étendre aux gîtes métallifères, pour mettre
de l'ordre dans leur classification et dans leur histoire, certains résultats
récemment acquis par laiscience géologique.
» L'idée toute naturelle qui m'a guidé a été de considérer les formations
métallifères comme un corollaire des formations de roches cristallines,
celles-ci étant elles-mêmes un contre-coup des mouvements tectoniques :
ce qui met en évidence le lien intime, par lequel se rattachent l'une a
l'autre les trois sciences de la tectonique, de la pétrographie et des gîtes
métallifères.
» La relation originelle des minerais avec les roches éruplives implique,
pour s'accorder avec leur isolement actuel, un processus, où les actions de
simple différenciation, de liquation, de ségrégation proprement dite ont pu
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. 1 Sy.^
intervenir (' ), mais où j'ai étéconduità attribuer, presque partout, suivant
l'exemple d'Elie de Beaumont, un rôle important aux fumerolles, dont j'ai
essayé autrefois de préciser et de ciassifier le rôle (-).
» On arrive à un groupement rationnel des gîtes métallifères et, par
suite, à ime idée tout à fait générale sur leur mode de formation en consi-
dérant : i" ce qui a dû se produire dans une région déterminée, pendant
une période de plissement déterminée, en raison des déplacements de
magmas éruptifs provoqués par ce plissement et des localisations métalli-
fères qui en ont été la conséquence ; 1° en comparant les unes aux autres
les diverses régions métallifères situées sur une même chaîne de plissement
ou dans des conditions comparables par rapporta cette chaîne et montrant
ainsi l'unité fondamentale de ces longues zones métallifères, directement
reliées à la disposition tectonique du continent envisagé ; 3° en établis-
sant, au contraire, les différences entre les diverses zones métallifères que
présente un continent : zones dont l'âge de formation et, par suite, la
profondeur initiale (résultant des érosions plus ou moins avancées) sont
très dissemblables; ce qui permet, en résumé, de retracer l'histoire métal-
lifère du continent, comme on l'a fait pour l'histoire tectonique et l'histoire
pétrographique, et de relier les unes aux autres les phases principales
de ces ti'ois histoires.
« Le résultat général de cette étude est — sans nier la possibilité d'une
évolution progressive dans les conditions d'ensemble qu'a présentées
notre globe au fur et à mesure de son refroidissement ; en admettant éga-
lement l'existence de conditions locales, manifestées par les types chi-
miques de groupes rocheux, sur lesquels on a beaucoup insisté dans ces
dernières années, — de mettre en relief des récurrences très nettes, qui,
à chaque plissement, ont provoqué des successions de phénomènes métalli-
fères analogues.
» Ainsi, pour le premier point : [i°] dans une région déterminée, la suc-
cession ordinaire des fumerolles, d'abord chlorurées, puis sulfurées, puis
carburées, que Sainte-Claire Deville et M. Fouqué ont observées dans les
phénomènes volcaniques, paraît s'être traduite par des cristallisations
successives de minerais, oii ont dominé tour à tour les influences de ces
trois réactifs (chlore, soufre, carbone) à des distances différentes du
(') Voir : Contribution à l'étude des gites métallifères. I: [Sur l'importance des
gites d'' inclusions et de ségrégration ( Annales des Mines, 1897 ).
('-) Formation des gites métallifères, i vol., 1898, p. 3o, 129, etc.
I.'^^G ACADEMIE DES SCIENCES.
magma értiplil fondamental, ou à des étapes distinctes de sa montée et de
son refroidissement. C'e.^t qnelque chose d'analogue à la relation que l'on
peut observer, en pétrographie, entre les granités, microgranulites, por-
phyrites, etc., d'une même formation.
» [2°] Sur toute la longueur d'une même chaîne de plissement, ces phé-
nomènes sont comparables et à peu près contemporains. Quand on passe, au
contraire, d'une chaîne à une autre, on trouve, pour les minerais comme
pour les roches, des récurrences de séries analogues à des âges divers. Sui-
vant l'âge de la chaîne, la richesse, l'abondance des types représentés ne
sont, il est vrai, pas les mêmes; on rencontrera, par exemple, moins
d'étaiu et plus de mercure dans une chaîne tertiaire que dans une chaîne
primaire, de même qu'on y observe plus de roches d'épanchement et
moins de magmas cristallisés en profondeur, à type granitique ou basique ;
mais, comme pour les roches, plus les études se multiplient, plus les séries
se complètent, plus aussi on est conduit à s'écarter des idées anciennes,
qui attribuaient un ou deux âges uniques à chaque métal comme à chaque
roche.
« [3°] Les différences que l'on observe en passant d'une zone à l'autre
entre les types régionaux (suivis, d'autre part, sur toute la longueur d'une
même chaîne) peuvent s'expliquer, ainsi que j'ai essayé de le montrer
précédemment ('), par la profondeur plus ou moins grande mise à nu
par les érosions sur la chaîne considérée.
)) J'ajoute que l'on peut observer encore cette relation générale des ge-
nèses métallifères avec la Géologie en passant des minerais d'inclusions etde
ségrégation, ou des minerais fdoniens, aux minerais sédimentaires. Ceux-ci
également obéissent à des lois, que l'on retrouve toujours les mêmes sur
la longueur de certaines zones en rapport direct avec les mouvements oro-
géniques; ils sont, en effet, le produit de concentrations, qui se sont effec-
tuées, soit dans une série de lagunes isolées et évaporées sur le bord d'une
chaîne, comme c'est le fait pour le cuivre et le plomb le long de la chaîne
hercynienne en Europe, soit sur un rivage ancien, comme cela arrive pour
le fer et le phosphore. »
(') Comptes rendus : Sur les types régionaux de giles métallifères {\i mars 1900).
Sur la notion de profondeur appliquée aux gisements métallifères africains
(23 juin 1902). — Les richesses minérales de l'Afrique ( i vol., 1902). — La répar-
tition et les caractères de la richesse minérale en Afrique {Revue générale des
Sciences, 3onov. 1902).
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. 1877
GÉOLOGIE. — Sur l'âge c/es formations volcaniques anciennes de la Martinique.
Note de M. J. Giraud, présentée par M. Michel T.évy.
« Pendant la dernière semaine du séjour que j'ai fait à la Martinique
avec la mission désignée par l'Académie des Sciences, j'ai pu parcourir
rapidement la partie orientale et méridionale de l'île, c'est-à-dire la région
comprise entre Fort-de-France, Bourg-Sainte-Marie et l'extrémité méri-
dionale vers Bourg-Sainte-Anne. Bien que mes observations soient encore
bien incomplètes, je crois intéressant d'en faire connaître les résultats
relatifs à l'àgc des premières éruptions anciennes.
» La région que j'ai parcourue est entièrement formée par des tufs volcaniques avec
dykes et coulées de labradorites. Ces roches sont profondément altérées aux. affleu-
rements, d'ailleurs assez rares, et transformées en une argile brune ou rougeâtre dont
l'épaisseur dépasse souvent plusieurs mètres. Dans les tranchées de roules récentes et
assez profondes, on peut s'assurer que les tufs qui forment la plus grande partie de la
masse sont le plus souvent dépourvus de stratification. Leur épaisseur est considérable
et certainement supérieure à 200™. On ne possédait jusqu'ici aucune donnée précise
sur leur âge. Un seul fossile : Turritella lornata du Miocène des Antilles y avait été
signalé (') sans indication de gisement. Au moment de mon départ, M. Cossmann avait
eu l'obligeance de m'indiquer que ce fossile, ainsi que des Olives, des Bivalves et des
Foraminifères, provenait d'une terre noire, mélangée de glaise rougeâtre, aux environs
de la rivière du Galion, près de la Trinité. Les relations de cette terre noire avec les
formations volcaniques de l'île étaient ignorées.
» En plusieurs points j'ai observé une stratification nette dans ces tufs volcaniques
et, en même temps, le mélange en proportions plus ou moins grandes d'éléments cal-
caires. C'est ainsi que près du Marin, dans les tufs stratifiés, il existe des lits marneux
et des couches d'un calcaire impur, noduJeux, mélangé de débris volcaniques; sur la
route du Vauclin, ces couches supportent des bancs irréguliers d'un calcaire parfois
oolilique, d'autres fois marmoréen et très dur, dans lequel l'infiltration de l'eau a
creusé des cavités sinueuses (comme dans le calcaire à ravets étudié par Duchassaing
à la Guadeloupe). J'ai observé les mêmes intercalatious de calcairs sur la route du
Marin au Vauclin, près de l'habitation Puyferrat et, plus au nord, dans la presqu'île
de la Caravelle, à l'ouest de l'habitation Spoultourne. Ces calcaires renferment des
restes indéterminables et très clairsemés de Gastéropodes avec des Foraminifères.
L'examen des coupes minces de ces roches a montré à M. Douvillé qu'elles étaient
formées par une agglomération de débris de Lithothamnium associés à des Orbitoïdes
(') Douvillé, Sur l'âge des couches traversées par le canal de Panama {Bull.
Soc. Géçl. de France, 3° série, t. XXVI, 1898, p. 587).
1378 ACADÉMIE DES SCIENCES.
{Lepidocyclina) et à des Amphistegino. Les algues calcaires sont particulièrement
abondantes dans les calcaires de la Caravelle, tandis que les débris volcaniques (verre
avec labrador et labrador-bytownite) sont si nombreux dans les roches du Marin
qu'elles apparaissent parfois comme des tufs calcaires. La présence des Lepidocyclina
permet d'affirmer que ces calcaires ainsi que les tufs encaissants appartiennent à
l'Aquitanien.
» A l'ouest du bourg de la Trinité, près de l'habitation Bassignac, au-dessus des
formations calcaires, j'ai découvert un gisement fossilifère dans des tufs labradori-
tiques très altérés, paraissant dépourvus de stratification. Ce gisement, d'après les
renseignements de M. Bailly, de la Trinité, est à quelques centaines de mètres de celui
qui avait fourni les fossiles de M. Cossmann et qui est aujourd'hui oblitéré et couvert
de végétation. Je n'ai pu encore dégager et étudier les nombreux, fossiles engagés
dans le tuf; parmi les échantillons recueillis à la surface du gisement, j'ai déterminé
les espèces suivantes :
» Turritella tornata Guppy, excessivement abondante. T. Gatiinensis Conr.,
Terebra duplicata Lin., Conus granozonatiis Gup., C. marginatus Sow., Coliim-
bella ambigua Gup., Phos cf Guadalitpensis Petit, Natica {Stigmaulax) sulcata
Born, TV. Milleri Gabb, OUva hispidula Lam., Biilla cf plicatula Grat., Pecten
scabrellus Lam., P. oxygonum Sow., Chama {Echinochama) arcinella Lam.,
Cytherea {Callista) planivieta Gup., Venus Woodwardi Gup., Crassntella c( mac-
tropsis Conr., Cardium haitense Sow., Cardita sp.; Clypeaster ellipticus Mich.
Scutella, Flabellum ci acutiun M. E. et H., Orbitolites (Amphisorus) (•).
» L'âge de cette faune, caractérisée surtout par Turritella tornata, Natica sulcata,
Clypeaster ellipticus et les Orbitolites, est bien connu : la plupart des espèces
existent dans les couches de Gatun (isthme de Panama) qui appartiennent, comme l'a
montré M. Douvillé, au Miocène inférieur.
» Il est intéressant de noter les grandes analogies que présentent les
formations de la Martinique et celles de l'isthme de Panama : les calcaires
inférieurs du Marin et de la Caravelle doivent être rapprochés du système
inférieur de Panama (couches de San Juan et de Peila Blanca), tandis que
les tufs des environs de la Trinité renferment une faune identique à celle
du système supérieur de l'isthme, tel qu'il a été établi par M. Douvillé.
Ces analogies se retrouvent d'ailleurs pour les terrains de cette époque
compris dans la Mésogée; les ressemblances des faunes néogènes martini-
quaises avec celles de l'Aquitaine et du bassin méditerranéen sont nom-
breuses. M. Schlumberger a été frappé par la ressemblance des tufs cal-
caires à Orbitoïdes du Marin avec ceux du même âge qui existent à l'île
Christmas, dans l'océan Indien.
(') Ces déterminations ont été faites à l'Ecole des Mines, dans le laboratoire de
M. Douvillé, que je tiens à remercier de ses conseils et de ses renseignements.
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE I902. 1379
» De ces observations il résulte donc que les tufs labradoritiques des
parties centrale et méridionale de la Martinique, correspondant aux érup-
tions qui paraissent les plus anciennes, ont pris naissance pendant l'OIii^o-
cène et le Miocène inférieur. Ils ont, ensuite, continué à se former pendant
une longue période, si l'on en juge par la masse de ces formations qui
surmonte les couches fossilifères.
» De nouvelles recherches seront nécessaires pour fixer l'âge des der-
nières éruptions labradoritiques ainsi que celui des rhyolites de la partie
méridionale (Diamant, les Islets) et occidentale de l'ile (région du Carbet),
en même temps que le début des éruptions andésitiques de la Montagne
Pelée. Des études plus détaillées permettraient, en outre, de préciser l'âge
et la nature des mouvements du sol qui ont affecté l'île jusqu'à une époque
relativement récente, comme le montrent la forme particulière des vallées
près de la mer et l'existence de calcaires coralligènes à faune récente,
émergés sur la côte orientale. Ces calcaires, ceux des anses de Macabou,
au sud du Vauclin notamment, sont probablement l'équivalent des for-
mations quaternaires signalées à la Guadeloupe et dans quelques autres
îles de l'archipel antillien. »
GÉOLOGIE. — Sur la découverte d'un nouveau massif granitique dans la vallée
de l'Arve, entre Servoz et les Houches. Note de MM. E. Haug, M. Lugeon
et P. CoRBiN, présentée par M. Michel Lévy.
« La haute vallée de l'Arve, avec les massifs cristallins qui l'entourent,
pouvait passer pour une des mieux connues des Alpes françaises, grâce
surtoutaux travaux classiques d'Alphonse FavreetdeM. Michel Lévy et à la
publication récente de la Carte géologique du Mont-Blanc de MM. Duparc
et Mrazec. Sur cette Carte, de même que sur la feuille d'Annecy de la Carte
géologique détaillée de la France, figure, dans la coupure transversale de
l'Arve, entre Servoz et les Houches, au milieu d'une grande étendue de
terrain houiller, un lambeau de Trias inférieur. Les quartzites qui consti-
tuent cet étage affleurent en effet, comme nous le verrons plus loin, ea
plusieurs endroits, tout eu occupant une surface beaucoup plus restreinte
que celle qui leur avait été attribuée. C'est dans cet espace même que des
circonstances particulièrement favorables nous ont permis de reconnaître
la présence d'un alfleurentient granitique, qui avait jusqu'ici échappé à tous
les observateurs, quoiqu'il s'étende sur une longueur de 3'^™ avec une
largeur variable.
,38o ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Les tranchées du nouveau chemin de fer électrique du Fayet à Chamonix ont mis
à nu des roches très fraîches et nous ont permis de relever, à travers cet affleurement,
une coupe détaillée, en prélevant de nombreux échantillons, dont M. Michel Lévy a
bien voulu entreprendre l'étude.
» La roche dominante est a un très beau granité du type de Valiorcine, à mica noir
» abondant, quelquefois intact, le plus souvent chloritisé, à orlhose moulant tous les
» autres éléments excepté le quartz, à quartz écrasé et recristallisé en forme déciment
» à grain grossier; enfin, à oligoclase-albite (*) ».
» A. l'endroit où l'ancienne route de Chamonix par les Houches coupe la voie ferrée,
la masse granitique est traversée par plusieurs superbes dykes de kersantite et de por-
phyrite, de 5"" à 2™ d'épaisseur.
» Nous avons pu suivre le granité vers le nord jusqu'à la tour Saint-Michel, vers le
sud jusqu'au hameau des Chavans, au-dessus de la prise d'eau de l'usine électrique.
Il forme, en général, un bande d'une largeur moyenne de 200"", plus ou moins paral-
lèle à l'Arve, mais, à partir du Jour d'en Haut, l'affleurement s'élargit considérable-
ment vers le sud, car le granité se couche de plus eu plus sur les schistes encaissants,
pour les recouvrir, aux Bochards, en nappe horizontale, épaisse de quelques mètres
seulement, comme l'avait très bien reconnu M. Michel-Lévy {■), en attribuant, il est
vrai, cette allure tectonique à la « bésimaudite ». D'ailleurs, le granité est lui-même
recouvert par des quartzites triasiques, qu'un esprit non prévenu ne pourrait pas dis-
tinguer des granités soiis-jacents, ici particulièrement chlorileux.
» Un second pointement granitique, beaucoup moins étendu, existe à l'ouest de
l'affleurement principal, entre le Rozier et Rajis. La roche, fortement écrasée et
altérée, est pauvre en mica et peut être qualifiée de protogine.
)i Dans toute la coupure transversale de l'Arve, de Servez aux Houches,
les Cartes existantes n'indiquaient, outre le Trias inférieur, que du
Mouiller. Eu réalité, la masse schisteuse, dans laquelle on voit pointer le
granité, est beaucoup plus complexe. Nous y avons reconnu plusieurs
bandes très développées de schistes à séricite et de cornes vertes plus ou
moins cristallines, qui nous ont paru ideutiques aux roches attrii)uées au
Précambrien par M. Michel Lévy, dans les massifs du Mont-Blanc, des
Aiguilles Rouges et du Prarion. L'un de nous (P. C.) y a observé, au pied
de l'escarpement qui porte la tour Saint-Michel, et sous le granité, un banc
de cipoiin gris-perle, bien stratifié. La cristallinité de ces schistes verts est
probablement due en grande partie au dynamométamorphisme ; nous
avons cependant recueilli, à 100™ au-dessus de l'hôtel des Montées, sur la
(') Les mots entre guillemets sont empruntés aux diagnoses que M. Michel Lévy a
eu l'amabilité de nous communiquer.
(^) Note sur la prolongation vers le Sud de la chaîne des Aiguilles Rouges
{Bull. Serv. Carte géol., n" 27, p. i4, fig- 5).
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. l38l
route départementale, tout près du granité, une véritable roche de
contact que M. Michel Lévv qualifie de « schiste micacé feldspathisé, du
type Saint-Léon, avant subi sans conteste l'action flu granité ».
» Il est presque toujours extrêmement difficile de séparer d'une manière
précise les schistes cristallins et cornes vertes des schistes ardoisiers noirs
et des grès, que l'on attribue au Houiller, en raison de la présence de
fossiles végétaux dans plusieurs localités voisines. Il semble même exister
des passages insensibles entre les schistes cristallins et les roches nette-
ment détritiques. Nous avons observé, d'autre part, au-dessus de la
chambre de décantation de la prise d'eau du P.-L.-M., des argilolithes
rouges et vertes, qui représentent peut-être le Permien.
» Si les cornes vertesr et les schistes sériciteux étaient véritablement
houillers, comme pourrait le faire supposer leur liaison intime avec les
schistes et les grès de cet âge, on serait conduit à les envisager comme du
Houiller métamorphisé au contact du granité et l'on devrait considérer le
granité lui-même comme postcarbonifère. Mais nous ne pouvons donner
cette conclusion qu'à titre purement hypothétique, d'autant plus que les
recherches d'Alphonse Favre et de M. Michel Lévy ont démontré l'âge
antéhoullier du granité de Vallorcine et de la protogine, et que d'ailleurs
la pénétration du Houiller et des schistes sériciteux pourrait être due
uniquement à des actions mécaniques.
)) Quoi qu'il en soit, le pointement granitique principal que nous avons
décrit et les affleurements de houiller franc et de schistes métamorphiques
forment des bandes orientées à peu près nord-sud, parallèlement au cours
de l'Arve. Les plans de stratification des schistes plongent assez régulière-
ment vers l'est, avec des angles variant de 3o° à la verticale. Nous sommes
évidemment en présence d'un faisceau très serré de plis isoclinaux déversés
vers l'ouest et grossièrement parallèles aux plis des massifs du Prarion et
des Aiguilles Rouges, tandis que leur direction est coupée à 45° par celle
des plis du Mont-Blanc.
» Il convient d'ajouter que, dans toute la région, les surfaces de glisse-
ment parallèles aux couches, de même que les nombreuses fissures transver-
sales, sont presque partout minéralisées, comme l'attestent les anciennes
galeries d'exploitation de pyrite cuivreuse et de galène.
» Nous pensons être bientôt à même de publier sur cette partie de la
vallée de l'Arve, qui nous a fourni tant de faits nouveaux, un Mémoire
détaillé, accompagné de levés au -^^ et d'une étude pétrographique, pour
C. R., 1902, 2- Semestre. (T. CXXXV, N- 26.) I ^O
l382 ACADÉMIE DES SCIENCES.
laquelle nous sommes heureux de pouvoir compter sur le précieux concours
de M. Michel Lévy. »
THÉRAPEUTIQUE. — La cryogénine dans les fièvres. Note de M. Carrière,
présentée par M. Marey.
« Il y a quelques mois, MM. Lumière et Chevrotier ont découvert, isolé
et préparé une semicarbazide aromatique, la métabenzaminosemicarbazide
à laquelle ils ont donné le nom de cryogénine.
» Ces auteurs ont établi que ce produit n'était pas toxique, qu'il n'avait
aucune action fâcheuse sur ses fonctions, et qu'il possédait une action
antithermique des plus nettes.
» MM. Lumière ont bien voulu me faire parvenir une certaine quantité de
cryogénine pour en étudier l'action thérapeutique. Mes recherches étaient
avancées lorsque M. Dumarest publia, dans le Lyon médical, une étude
sur l'action de la cryogénine dans la fièvre des tuberculeux.
» M; Gelibert a aussi apporté devant la Société des Sciences médicales
de Lyon le résultat de ses recherches.
)> La publication de ces divers travaux m'a décidé à publier le fruit de
mes investigations. __
» I. Chez des sujets, adultes ou enfants, sains, on constate que la cryogénine n'est
nullement toxique aux doses de :
os, 10 de la naissance à i5 mois
o?, i5 à os, aS de i5 mois à 3 ans
oi,io à os, 4o de 3 ans à 5 »
o«,4o à 0^,75 de 5 » à i5 »
08,75 à is,20 à partir de i5 »
» Ces doses peuvent être données en cachets, en solution ou dissoutes extempora-
nément dans du lait.
» Sous l'influence de ce médicament pris en une ou deux doses par voie buccale, la
température s'abaisse de -j-^ à -,% *^^ degré. L'abaissement commence i''3o"' après
l'absorption, dure 5 à 6 heures puis revient à la normale.
» Le lendemain la tetnpérature évolue suivant le mode ordinaire.
» Sous l'influence de la médication immédiate ou prolongée je n'ai noté aucune
modification dans la composition des urines, la quantité seule augmente légèrement.
11 n'y a pas (Te sudation, et l'on ne constate aucune modification du sang, sauf une
leucocytose légère. Le pouls n'est pas sensiblement modifié, la tension artérielle est
légèrement diminuée.
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. 1 383
» II. Examinons maintenant l'action de la cryogénine dans les fièvres. En général,
et d'une manière quasi-constante, la température baisse sous l'influence de cette
médication.
» Je dois me hâter d'ajouter que dans les infections aiguës la chute est générale-
ment peu accentuée (^ à /„ de degré). C'est ce que j'ai observé dans les angines,
dans la diphtérie, dans les bronchites, les broncho-pneumonies, les pneumonies, les
pleurésies. C'est ce que j'ai encore constaté dans la rougeole, la scarlatine, la variole,
la varicelle.
» Dans tous ces cas, chute de o°,i à o°,8 survenant i ou 2 heures après l'ingestion
et persistant 5 à 6 heures, pouvant persister 48 heures à 3 jours après une adminis-
tration prolongée.
» Dans la fièvre typhoïde, la cryogénine abaisse la température de i°,5 à 2°, les
autres symptômes restant les mêmes, de telle sorte que des fièvres typhoïdes traitées
dès le 4° ou 5" jour avec la cryogénine peuvent évoluer sans fièvre pendant toute leur
durée. J'ai commencé dans ces cas par des doses fortes, continuées i ou 2 jours puis
diminuées et enfin espacées. Dans la grippe de toutes formes, bons résultats. Dans le
rhumatisme les résultais ont été variables, tantôt peu accusés (0°, 3 à o",8 de chute),
tantôt très accusés (i°,6 à 2°, 3 de chute).
» Dans la fièvre nerveuse, la chute thermique a été très marquée. Il en fut de
même dans \xne fièvre clilorotique.
» Dansles fièvres de suppurations (consécutives à des abcès ou des collections puru-
lentes ouvertes), la crjogénine absorbée avant le moment où la température monte,
abaisse cette dernière et supprime la poussée fébrile.
» Dans quelques cas à' impaludisme les résultats ont été satisfaisants et comparables
à ceux qu'on obtient à l'aide de la quinine.
» Enfin il semble que la cryogénine ait surtout une action élective sur la fièvre des
tuberculeux. Chez ces malades la cryogénine n'a qu'une action peu intense lorsqu'il
s'agit de formes aiguës (granulie, méningite, péritonites aiguës, bronchopneumonie,
pneumonie caséeuse; mais l'action est extrêmement intense dans la fièvre des formes
chroniques. A doses moyennes la cryogénine ramène la température à la normale, si
élevée qu'elle soit primitivement. Cette chute dure 24 heures en général. Si l'adminis-
tration est continuée plusieurs jours on peut voir son action se prolonger pendant
longtemps et quelquefois même la température ne s'élève plus.
» J'ai en ce moment des tuberculeux qui, en septembre, avaient 39° à Sg", 5 chaque
soir et qui, depuis qu'ils ont pris ou qu'ils prennent de la cryogénine, ne montent pas
à plus de 37°, 8.
» Dans tous ces cas j'ai commencé par donner la dose forte, je la continue pen-
dant deux jours, je diminue ensuite de o»,io par jour jusqu'à moitié de la dose primi-
tive. Si la fièvre ne reparait pas j'interromps i jour, puis 2, 3, etc. Si elle reparaît,
je redonne la cryogénine à une dose de 08,10 plus élevée.
» Je n'ai jamais noté d'accidents, de frissons, de diarrhée, de céphalée, d'insomnie,
de troubles digestifs, d'anorexie à la suite de l'administration courte ou prolongée de
ce médicament.
» J'ai souvent noté des sueurs plus ou moins abondantes et, dans un cas de dolhié-
nentérie, une éruption miliaire respectant la face et la partie moyenne des membres,
l384 ACADÉMIE DES SCIENCES.
mais contluenle en tous les autres points. Dans ce cas il y eut en même temps hémo-
globinhémie et hémoglobinurie, mais je dois dire que la dose un peu forte de ib, 5o
par jour chez un enfant de i4 ans et demi avait été prolongée 5 jours.
Il Dans les états fébriles comme chez les sujets sains on note seulement une légère
augmentation de la quantité des urines, une leucocytose légère, une légère diminution
de la tension artérielle.
» Dans tous ces cas la cryogénine était donnée en cachets ou en potions, en une ou
deux prises avant que la température ne commençât à monter, c'est-à-dire vers i*" ou
a*" de l'après-midi.
» En résumé il s'agit là d'un antithermique à action variable, mais dont
il convient de retenir la puissance dans la fièvre des tuberculeux et dans
celle des dothiénentériques. »
M. Mascart, en communiquant à l'Académie des observations qu'il a
reçues sur l'abandon, par les oiseaux, des pays atteints par le choléra,
s'exprime comme il suit :
« Le P. Victor, trappiste au monastère de El Athroun, par GafFa (Pales-
tine), me signale dans une longue lettre un grand nontibre d'observations
qui semblent démontrer que certains oiseaux, en particulier les hirondelles
et les moineaux, disparaissent des localités atteintes par la peste ou par le
choléra. On peut se demander si le même phénomène a lieu pour la fièvre
jaune, dont la propagation par les moustiques paraît aujourd'hui établie,
ou pour d'autres maladies contagieuses. En tous cas, l'observation du
P. Victor offre un grand intérêt et il serait utile d'appeler sur ce point
l'attention des observateurs dans les pays contaminés. »
M. Marcel Gdédras adresse une Note « Sur le lithopone ».
A 3 heures trois quarts l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 heures.
G. D.
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du i""^ décembre 1902.
(Suite.)
Buletinul Societatiide Sciinte clin Bucuresci, România; an XI, n°' 1 si 2. Bucharesl,
1902 ; 1 fasc. in-8°.
Akademia Umiejetnosci W. Krakowie. Sprawozdanie komisyi Jizyograficznej ;
t. XXXVI. Cracovie, 1902; i vol. in-S".
Boletin de la Real Sociedad geografica; t. XLIV, primero e segundo trimestres
de 1902. Madrid, 1902; i vol. in-8°.
Upsala Làkarefôrenings Fôrhandlingar ; B. VIII, Hâft I, 1902-1908. Upsal,
1902 ; i fasc. in-S".
The Journal of the British astronomical Association ; vol. XIII, num. 1. Londres,
1902 ; 1 fasc. in-8°.
Journal and proceedings of Lhe Royal Society of New South Wales; vol. XXXV,
1901. Sydney, 1902; i vol. in-8°.
Mededeelingen uit' s Lands Plantentuin; LVUl. De landbouw der Inlandsche
bevolking op Java, door H.-C.-H. De Bie; ged. LVIll. Batavia, G. Kolffet G'°, 1902;
I fasc. in-8°.
The Universily of Nebraska. Fifteenth annual Report of the agricultural
Experiment station of Nebraska. Lincoln, Nebraska, 1902; i fasc. in-8°.
Memorias y revista de la Sociedad cientifica « Antonio Alzate»; t. XVII (1902),
num. 1, 2, 3. Mexico, 1902; 2 fasc. in-8°.
Proceedings of lhe American Academy of Arts and Sciences; vol. XXXVIII,
n"" 1-3. Boston, Mass., 1902; 3 fasc. in-8°.
Transactions of the Academy of Sciences of Saint-Louis; vol. XI, n°^ 6-8;
vol. XII, n*" 1-11. Saint-Louis (Etals-Unis), 1901-1902; i4fasc. in-8°.
The Aeronautical World; vol. I, n° k. Glenville, Ohio, 1902; i fasc. in-S".
Ouvrages reçus dans la séance du 8 décembre 1902.
Anthropoligia Suecica; Beitrdge zur Anthropologie der Schvceden nach den auf
Verstaltung der schwedischen Gesellschaft fiïr Anthropologie und Géographie in
den Jahren 1897 und 1898, ausgefilhrten Erhebungen, ausgearbeitet und zusam-
mengestellt von Gustaf Retzius und Carl-M. Furst; mit i3o Tafeln, i4 Karten und
7 Proportionslafeln in Farbendruck, vielen Kurven und anderen lUustrationen.
Stockholm, 1902; I vol. in-f". (Hommage des auteurs.)
Petit traité d' Agriculture tropicale, par H. -A. Alford Nicholls; traduit de
l'anglais par E. Raoul. Paris, Augustin Challamel, 1901 ; i vol. in-8'\
l386 ACADÉMIE DES SCIENCES.
La stabilité des murs de barrage; détermination des profils rationnels dans
l'hypothèse de l'intervention des sous-pressions, par Pierre Vandeuren. Bruxelles,
1902; I fasc. in-8°. (Présenté, ainsi que l'Opuscule suivant, par M. Maurice Levy.
Hommage de l'auteur.)
Étude sur la tension du fil téléphonique: calcul des poteaux métalliques en
treillis soutenant les grands faisceaux aériens, par Pierre Vandeuren. Bruxelles,
1902; I fasc. in-S".
Bericht Liber die internationale Experten-Conferenz fur Wetterschiessen in
Graz. Vienne, 1902; i fasc. in-4°.
Die Staatsquellen von Vichy, herausgegeb. v. der Vervvallung des Bades Vichy;
mit einem einleilenden Bericht des Geh. Medicinalralhs Prof. D"- Liebreich.
Strassburg, 1902; i fasc. in-12,
Census ofindia, 1901 ; vol. II, II a, V, \a, XVIIa, XXI, XXIa. Bombay, Lahore,...,
1902; 6 vol. petit in-f°.
Odvrages reçds dans la séance du i5 décembre 1902.
Annuaire pour l'an 1903, publié par le Bureau des Longitudes, avec Notices
scientifiques. Paris, Gaulhier-ViUars; i vol. in-12. (Présenté par M. le général Bassot.)
Cahiers du Service géographique de l'Armée : n° 16. Matériaux d'étude topolo-
gique pour l'Algérie et la Tunisie (3» série); n" 17. Rapport sur les travaux
exécutés en 1901. Paris, Imprimerie du Service géographique de l'Armée, 1902;
2 fasc. in-8». (Présenté par M. le général Bassot.)
La Mécanique à l'Exposition de 1900, publié sous la direction de M. Haton de la
GouPiLLiÈRB, Membre de l'Institut; t. I-lII. Paris, V- Ch. Dunod, 1902; 3 vol. in^"-
(Présenté par M. Haton de la Goupillière.)
M. Jean Brunhes, Professeur à l'Université de Fribourg, fait hommage à l'Académie
des trois Ouvrages suivants :
Étude de Géographie humaine. L'irrigation, ses conditions géographiques, ses
modes et son organisation dans la Péninsule ibérique et dans l'Afrique du Nord,
par Jean Brunhes. Paris, G. Naud, 1902; 1 vol. in-8°.
Le travail des eaux courantes : la lactique des tourbillons; par Jean Brunhes.
Fribourg (Suisse), 1902; 1 fasc. in-8°.
De vorticum opéra seu quo modo et quatenus aquœ currentes per vorlices
circumlatœ ad terrant exedendam operam navent; Jean Brunhes. Fribourg (Suisse),
1902; I fasc. in-S".
U. S. Department of Agriculture. Seventeenth annual Report of the Bureau of
animal industrie for the year 1900. Washington, 1901 ; i vol. in-8'>.
Proceedings and transactions of the Royal Society of Canada; ser. II, vol. VII.
Ottawa, 1901 ; i vol. in-8°.
Transactions of the American Society of mechanical Engineers; vol. XIII. New-
York, 1902; I vol. in-S".
Lotabweichungen. Hefi II : Geoddtische Linien siidlich der europàischen Làngen-
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. F 387
gradmessung in Sa Grad breite, von A. Boascn und L. Kruger. Berlin, 1902 ; i fasc.
in-4''.
Ouvrages reçus dans la séance du 29 décembre 1902.
Le cône de la Montagne Pelée le 8 novembre 1902. (Observations de M. Lacroix.)
s. 1. n. d. I feuille héliogravure et i feuille tevle, in-8°. (Présenté par M. Michel
Lévy.)
La Valachie, essaisde Monographie géographique, ç&t^. Emmanuel de Martonne ;
avec 5 cartes, 12 planches h. t. et 48 figures. Paris, Armand Colin, 1902; i vol. in-8°.
(Présenté par M. de Lapparent.)
Noie sur une espèce nouvelle de Fischerella ; par M. Maurice Gomont ; avec i planche
h. t. (Extrait du Journal de Botanique, t. XVI, n° 9, 1902.) Paris, impr. J. Mersch ;
I fasc. in-S". (Hommage de l'auteur.)
Recherche sur l'orbite de la comète périodique de Holmes et sur les perturbations
de son mouvement elliptique, par le D'" II. -J. Zwiers ; 2" Mémoire. Leyde, 1902;
I fasc. in-4°. (De la part de l'Observatoire de Leyde.)
Untersuchungen ûber den Lichtweclisel Algols, von Ant. Pannekoek. Leyde,
L. Van Nifterik, 1902; i vol. in-4°.
Annalen der Sternwarte in Leiden, herausgeg. von D'' H. -G. Van de Sande
Bakhuyzen; Bd. VIII. Leyde, 1902; i vol. in-4°.
Catalogus van do boeken aamveizig in de Bibliotheeli der Slerrenwacht te Leiden,
uitgegeven door H. -G. v. d. Sande Bakhuîzen. Leyde, 1902; i vol. in-80.
A Balaton kovamoszatai vagi bacillariai, D' Pantocsek Jozsef. Budapest, 1901;
1 vol. in-4°. (Hommage de l'auteur.)
Regenwaarnemingen in Nederlandsch-Indic, 1901. Batavia, 1902; i vol. in-8°.
Statistiek van den liandel, de Scheepvaart en de in- en uitvoerrechteii in
Nederlandsch-Indië over hetjaar 190L Batavia, 1902; i vol. in-4°.
ERRATA.
Table des matières du Tome CXXXIV.
Page i653, 3'' colonne, ligne 26, au lieu de Leduc (S.). — Sur la cohésion des
liquides. (En commun avec M. Sacerdote.) lire Leduc (A.). — Sur la cohésion des
liquides. (En commun avec M. Sacerdote.)
l388 ACADÉMIE DES SCIENCES.
(Séance du i5 décembre 1902.)
Note de M. Garrigoii, La diffusion de l'arsenic dans la nature
Page iii3, dernière ligne, au lieu de iridium, lisez indiiim.
FIN DU TOME CENT TRENTE-CINQUIEME.
N" 26.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 2?) décembre 1902.)
RENOUVELLEMENT ANNUEL
DU BUREAU ET DE LA COMMISSION CENTKALE ADMIMSTRATIVE.
Pages.
M. Mascart csl élu Vice-Présidenl de l'Aca-
démie pour l'année i<|o3 la'j^
MM. BoRNET et Mal'iuce Lkvy sont réélns
Pages.
Membres de la Commission centrale adml-
nihlrative pendant l'année 1903 . . . '. ^''11
.^lEMOlKË^ ET COMMUNICATIONS
DRS MRMBRKS ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. Henri Moissax. — Sur la présence de
l'argon dans le gaz de la source Bordeii à
Ludion, et sur la présence du soufre libre
dans l'eau sulfureuse de la grotte et dans
les vapeurs de humage 1278
M. Hexri Mûis.san. — Sur une nouvelle pré-
paration de l'bydrure de silicium Si'll*.. r2S4
M. Gaston Bonnier. — Cultures expérimen-
tales dans la région méditerranéenne,
modifications de la structure anatomique. ii85
M. 1>. Ijl'rem. — Des conditions nécessaires
pour qu'un fluide soit en étiuilibre stable.
M. R. Blondlot. ~ Sur la vitesse avec
laquelle les différentes variétés de rayons X
se propagent dans l'air et dans dill'érents
milieux
M. Emile Laurent. — Sur le pouvoir gcr-
minatif des graines exposées à la lumière
solaire
M. linuxET. — Notice sur M. Millardet. . . .
1290
393
1 39S
RAPPORTS.
M. Bouquet de i.a Orye. — Mapport sur un
Jlémoire de iMM. />. Biunlies it Da\id
relatif aux « Anomalies du champ magné-
tique terrestre sur le l*uy de fjùmc »... i3oo
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire I'Ertetuei. signale un
Ouvrage de M. Emmanuel de Mailonne
intitulé : » La Valachie, essai de mono-
graphie géographique ». ; i3oo
M. Cannizzaro, M"" Curie, MM. Com.menge,
Driencourt, Caillot, Gruinard, Grim-
BERT,DE GROSSOUVRIi.GUILBERT, HaUTWIU,
Imbeaux, de la Baume-Puvinel, Lemoine,
Le- Roux, Loisel, Marûuis, M. Mo.nnier,
d'Ocagne, Peyroux, Ravadt, Bomazotti,
ROSENSTIEHL, SCHULIIOF, SVEN IIeDIN, DE
Tanneneerg, Teisserenc i>e Bort, Tour-
NOUEH, Trépied, Vessiot, Vi n.LEMiNadrcs-
sent des remerciments à l'Académie pour
les distinctions accordées i\ leurs travaux. i3oi
M. Cassederat. — Ouverture d'un pli ca-
cheté indiquant M. Cassedebat coinuic
l'auteur d'un Mémoire qui a obtenu une
Mention honorable au concours Montyon
de Statistique pour 190J i3oi
M. Lacroix. — Nouvelles observations sur
les éruptions volcaniques«dc la Martinique. i3oi
MM. Rajibaud cl Sy. — Obs(uvalions de la
comète d (1902), faites à l'Observatoire
d'Alger i3o7
M. D. Eginitis. — Observations des Per-
séides,Léonideset Biélides, faites à .Vlhènes j
en 1902 "■ >3o8 ,
M. Had.\mard. — Sur les fonctions entières. iSog I
M. W. Stekloff. — Remarque relative :r I
sa Note « Sur la représentation approchée |
des fonctions » i-'" '
.M. Matiiias Lercii. — Sur la formule fon-
damentale de Dirichlel qui sert à déter-
miner le nombre des classes de formes
quadrali(]ues binaires delinies i3i4
M. Ernst LiNDKLÔF. —Une application de la
théorie des résidus au prolongement ana-
\\ tique des séries de Tajlor i3i5
M. B. i\lAYOR. — Sur une représentation
plane de l'espace et son application à la
Statique graphique i3i8
M. H. Pellat. — Étude de la magnétofric-
tion du faisceau anodique i32i
M. Eugène Bloch. — Sur l'émanatiou du
phosphore 1 324
M. Georges Moreau. — Sur l'elTet Hall et
les mobilités des ions d'une vapeur salée. i32(î
M. D. To.MJiASi. — Sur un nouvel accumu-
lateur électrique 1558
M. C. DE Watteville. — Sur les spectres
de llainmes 1329
M. Anatole Leduc. — Sur la proportion de
l'hytirogène tians l'air atinosi»hérique. .. . i332
M. II. GiRAN. — Éluile Ihirmiquede l'acide
mt'taphosphorique i333
M. Cil. .MoUHEU. — Sur quelques sources de
gaz minérales i335
M. E. Baud. — Sur les cryolithes i337
AL .M.-L.-,L Simon. — Sur une nouvelle
méthode de dosage voluméti ique de l'hy-
drt>xylamine ï339
M. OsMOND. — Sur les procédés de fabrica-
lioii des armes à l'époque du bronze "342
W 26.
.Sf/ITE DE LA TABLE DES ARTICLES.
lOil
Pages.
M M FoncRAND. - Sur U composition el __
la constitution des hydrates sulfhydres.. .
M. !M. TiFFEMEAU. — Sur le diliromure de
métlio-éthénylbenzène '
M C. Chabrié. — Sur la synthèse d un car-
bure aromatique dérivé du camphre. . ... i
M F BODROUX. — Sur une n.élhode de
transformation des dérivés monorhlores
et monobromés des hydrocarbures en
dérivés monoiodés '
Al M. OECHS>-ER DE CoMNOiv et Raynaud. -
Sur la décomposition de quelques acides
organiques di- et tribasiqucs
M G. André. — Sur la nature des com-
posés azotés qui existent dans le sol à
différentes hauteurs
M. Louis Roule. - L'hermaphrodisme nor-
mal des Poissons
M. Fredéiuc Houssa-ï. — Variations orga-
niques chez les Poules carni^ores de se-
conde génération - ; ■ ■ •
MI«. J. Pantel et H. de Sinety. -Sur l ori-
gine du Nebenkern el les mouvements
nucléiniens dans la spermatide de .Voto-
necta glauca ■ • •
M. Pierre Fauvel. — Les otocystes des
Annélides Polychètes • • •
MM. A. Conte et C. Vaney. — Sur des
émissions nucléaires observées chez les
346
348
35o
i.35i
i353
i355
i366
359
363
Pages
Protozoaires • • '^''
M. P. -A. Dangeard. — L'organisation du
Trepomonas agilis Dujardin ■■
M. Paul Vuillemin. — Le bois intermé-
diaire ■",■,' .'i' ' y ' '
M RiOULBouiLUAC—Inlluencedel aldéhyde
formique sur la végétation de quelques
Algues d'eau douce '^'^à
M. C. Bruyant. — Sur la végétation du lac
Pavin .• V^'^'
M. G. Delacroix. — Sur une forme coni-
dienne du Champignon du Black-rot l'^-ji
M. L. De Launay. - Sur quelques rappro-
chements entre la genèse des Gites Métal-
lifères et la Géologie générale
M. J. Giraud. - Sur l'âge des formations
volcaniques anciennes de la Martinique..
MM. E. Haug, m. Lugeon et P. Corbin. —
Sur la découverte d'un nouveau massif
granitique dans la vallée de l'Arve, entre
Servoz et les Bouches
M. CARRiiîRE. - La cryogénine dans les
fièvres •' "■' V
M MvscART communique à l'Académie des
observations qu'il a reçues sur l'abandon,
par les oiseaux, des pays atteints par le
choléra
io7'l
'79
38-2
384
M. Marcel Guedras adresse une Note .< Sur ^^^^^
le lithopone »
Bulletin bibliographiqui-
Errata
i384
i385
1388
GAUTHIER-VILLARS, I^P^^"^^^,, . gex
OUAl DlîS GRANDS-AUGUSTINS, 5d, A PARIS (0 }
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COMPTES RENDUS
DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
PUBLIÉS PAU LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
Par décision de l'Académie de.s Sciences, les pnx de l'abonneiBent el des coUecUons sont
désormais fixés ainsi qu'il suit :
PRIX DE L'ABONNEMENT :
p^^,3 30 fr. I DÉPARTEMENTS 40 fr. 1 ETRANGER
Chaque année, saut .845, .878 à iSg., 1896 à .898, se vend séparément .^ ■ • • ■ ■ ■
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^ . Le Gérant: GaUTHIER-Villars.
TABLES
DES COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE
L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
DEUXIÈME SEMESTRE 1902.
"^TOME CXXXV
J 'J I- 14 1903
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
TABLES ALPHABÉTIQUES
JUILLKT — DÉCEMBRE 1902.
TAIÎLE DES MATIERES DU TOME CXXXV.
Académie. — .\I. le Présiclnt annonce
que la séance du lundi r4 juillet sera
remise au mardi ij ■i\
— M. Mnscart eA élu Vice-Président de
l'Académie pour l'année 1903 1-277
— MM. Boniet et Maurice Lévy sont
réélus Membres de la Commission
centrale administrative pendant l'an-
née 190Î C^^y
— Allocution de M. liaiuiuet de la Gne,
dans la séance publique annuelle du
■j.i décembre igo>. 1145
Acidimétrie. — Sur un nouvel indicateur
acidimétrique; par M. L.-J. Siiiinn. 437
AccuMULATEUBS. — Sur un nouvel accu-
mulateur électrique; par M. D. Tom-
"if^c i328
Acoustique. — Sur les accords binaires;
par M. A. GuiLleniin 98
— Classement des accords binaires. Con-
sonances et dissonances spécifiques;
par M. J. Guilttmiri 3g6
— Sur la construction d'éiectrodiapasons
C. R., 1902, J- Semestre. (T. CXXXV.)
Pages.
à longues périodes variables; par
M. E. Mrnattier 89S
— M. Utlifr udreise un 0 Essai d'une théo-
rie mathémalique des consonances et
des dissonances musicales». 14O, -^'ijet 517
— M. Girntl adresse un .Mémoire u Sur
une méthode de transposition en mu-
sique » ,09H
Adkénaline. — Recherches expérimen-
tales sur l'adrénaline; par MM. C/i.
Bouchard et He/iri Claude 928
AÉRONAUTIQUE. — Rapport de M. Appell
sur un Mémoire de M. Tnrres, con-
cernant un avant-projet de ballon di-
rigeable , ' I
— Ouverture de deux plis cachetés, et Note
complémentaire, concernant la stabi-
lité des apjiareils aviateurs, plus lourds
que l'air; par M. Sciwinaud 146
— Ouverture d'un pli cacheté contenant
une Note intitulée : <> Contribution à
l'étude de l'aviation » ; par M. J. Cim$-
""""> 3o8
i8i
,3qo TABLE DES
rai;e9.
— M. H. PoA'«r adresse un Mémoire sur
la c( Direction des baillons » 5 1 -
— M. Ed. Eldin adresse une Noie rela-
tive aux causes de la rataslroplie
survenue à l'aéroslal « Le Bradskj' ». 63-
— Nouvelles expériences d'Aéronautique
maritime; par .\L //. Hervé 712
— JiL H.-L. Molccnt adresse une Note
inlitidée : « De l'équilibre du ballon
libre et indépendant, réalisé à toute
altitude, sans communications avec la
surface terrestre » 7^'^
— M. R. Sben-n adresse une Note relative
à la Navigation aérienne 919
— M. J. Valelon adresse une Note sur
i( la locomotion aérienne par les aéro-
planes » 945
— M. i^wf^/Hf/ adresse une Note relative
à l'Aérostation 9i5
— M. Di'laiiricr adresse une Note ayant
pour titre : « Recherches sur la navi-
gation aérienne » logfi
— Liste des membres de la Commission
d'Aéronautique : \UL Marey, Mas-
cnrt, Maurice Léfj, Mtirctl Deprez,
Léauté, Appell et les Membres com-
posant le Bureau 715
— Membres adjoints à la C.ommission de
l'Aéronautique : MM. Jtiiissen, Bou-
quet de la Gryp, J^iolle 754
— M. Cnill-tet est adjoint à la Commis-
sion de l'Aéronautique SHii
AïK ATMOspiiÉRiQiE. — Uapport sur des
expériences faites ii TObservaloire de
Montsouris, relatives ii la composition
de l'air atmosphérique; |)ar M. J:l.
Cnrnol 8g
— Sur une nouvelle vapeur organique de
l'air atmospliérique; par ^L H. Hen-
riet 101
— Sur le dosage de l'oxyde de carbone et
de l'acide carbonique dans les airs
viciés; par M. Frrdinniid Jenn 746
— Sur l'hydrogène atmosphérique; par
M. Anatole Leduc S60
— Sur la quantité d'hydrogène libre de
l'air et la densité de l'azote atmosphé-
rique ; par M. Armand Gautier io25
— Sur la proportion de l'hydrogène dans
l'air atmosphérique; par M. Anatnle
Leduc 1 33i
Alcalis. — Préparation des alcalis et du
peroxyde de manganèse; par JL H.
Baubigny 1 1 1 o
MATIERES.
Pages.
Alcools. — Action des alcools sur les
dérives sodés d'autres alcools; par
M. Marcel Giierbet 172
— Synthèse de quelques alcools tertiaires
(II). Di|ihénylcarbinols; par M. //.
AJasson 533
Aldéhvdks. — Condensation du nitromé-
Ihane avec les aldéhydes aromati-
ques; par MM. L. Bouirault el A .
ff'ahl 41
— Sur l'aldéhyde /j-benzène-azobenzo'ique
et ses dérivés; par MM. 7'. Freun-
dler et de Lnbnrderie 1 1 1 6
Alimentaiues (substancks). — Sur une
nouvelle réaction du formol, permet-
tant sa recherche dans les denrées
alimentaires; par MM. Manuel et
Marina 584
— M. Balland adresse ime Note " Sur
les principales plantes fourragères « . 545
— Sur quelques Graminées exoticpies
employées à l'alimentation (Eleusine,
Paspale, Péuicillaire, Sorgho, Tef);
par -M. Balland 1079
— M. iV. Tanibon demande l'ouverture
d'un pli cacheté contenant de « Nou-
velles méthodes d'analyse pour re-
connaître les falsifications des huiles
d'olive, et en général des huiles les
unes par les autres » 6'9
Voir aussi Lait, Vins.
Aluminu'.m et ses composés. -- M. le Se-
crétaire perpctiud signale une tra-
duction allemande d'un Ouvrage de
M. Adolphe Minet, portant pour
titre ". " Die Gewinnung des Alumi-
niums und desson Bedeulung fiir llan-
del und Industrie » 45i
— Sur un chlorosulfate d'aluminium: par
M. A. Recniira 736
— Aluminate de manganèse : Al-O'Mn;
par M. Ein. Dufau 9(55
— Sur le fluorure d'aluminium; par
M. E. Baud iio3
Aminés. — Sur les combinaisons des cya-
nures complexes avec les aminés de
la série grasse; par M. P. Claitu'n. 901
— Action des aminés grasses sur le diben-
zoate de méthylène ; par M. Marcel
Descudc 972
— Sur une nouvelle méthode de dosage
volumétriquo de l'hydroxylamine ; par
M. M.-L.-J. Sinum i339
Ammomaque. — Action du chlorure de
TABLE DES
l';i|;es.
bore sur le gaz .immoniac; par M. ./.
Joannis 1 1 oG
Analyse matiiématioie. — Sur le déve-
loppement (les roncliiins analytiques
en série de polynômes; par M. fnul
Piiiiilcvé II
— Sur un _^roupe nouveau, d'ordre fini,
linéaire à quatre variables; par M.
Lénri Aalimiif 'li.
— Appliciilioii do la métliodo de la
moyenne aritliiiiéliqun aux surfaces
de Kieniann ; par .\l. J. Kon:
— Sur la présence des corpuscules acido-
pliiles paraïuicléolaires dans les cel-
lules du lociis niger et du Inciis cœ-
riileiu\ par M. G. Mnrinr$cq loon
Voir aussi Einbrjnoénic et Zonhgic
Anatgmie végétale. — Le hois intermé-
diaire; p.ir iL l'di// Viiilleiiiiu iBGj
Voir aussi Botdniipte.
Anii.in'k. — Sur quelque.s produits d'o.\y-
dation de l'aniline par l'oxygèue de
l'air; par M. C.-I. Istirui -\>
AnsEMC. — Sur l'existence de l'arsenic
dans la série animale; par M. Gabriel
JicrtnincI Soi)
— Observations de M. Armand Gautier,
à propos de cette Note 812
— Localisation de l'arsenic normal dans
quelques organes ries animaux et des
plantes. Ses origines ; par .M. Armnad
Gautier S3 3
— La diffusion de l'arsenic dans la nature.
par M. F. G'trrignu 1 1 1 !
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication i38S
— Observations au sujet de la Note de
M. Garrigou; par M. Annaiid Gau-
tier 1 1 j j
AsTnoNOMiE. — Méthode spectrale capable
de fournir la loi de rotation encore
inconnue des planètes à faible éclat.
Vérificalionsde la méthode. Premiers
résultats; par M. H. Dcslandres. . . . •>.i8
— Recherches spectrales sur la rotation
de la planète Uranus; par JL H. Dt:\-
MATIERES.
Pages.
laiidrps 472
— Organisation, à l'Observatoire de Meu-
don, des speclrographes automatiques
dits (les vite.iie-i, qui enregistrent les
mouvements radiaux et l'épaisseur de
la chroniosphère solaire; par jM. H.
Dc.dnnilrrs 5oo
— Sur la surface focale principale de
l'objectif de l'équatorial phologra-
phique de l'Observatoire de Toulouse ;
par Mi\L B. Baillaud et Mnntange-
rand 44'.)
— Comparaison des Tables de Vesta avec
les observations méridieimes faites
de 1890 à 1900; par M. Gustw.'e Lc-
veaii 525
— Sur la visée d'une surface de mercure
éclairée par un faisceau de lumière
horizontal; par M. G. Lippinann. . . 83 1
— Vitesse de la lumière; parallaxe so-
laire ; par M. Permtin 881
— M, Conrad de Lirbhaher adresse une
Note « Sur le phénomène de la nuit
et des étoiles changeantes » 3o8
— Rapport de M. Lœwy. concluant à dé-
cerner le prix Lalande pour 1903 à
M. Trépied nOS
— Rapport de M. Lœwy, concluant à dé-
cerner le prix Valz pour 1902 à
M. Hartwlg I 169
— Rapport de M. Lœivy, concluant à dé-
cerner le prix Damoiseau pour 190-2
à M. Gaillot 117"
— Rapport de M. Jimsu-ii, sur le con-
cours du prix Janssen en 190-2 \\~ i
— Rapport de M. Lœwy. concluant à dé-
cerner le prix H. Wdde pour 190-? à
M. Schldllnf 1236
— Rapport de M. Bus.mr, concluant à dé-
cerner le prix Delalande-Guérineau
pour 1902 à M. Gnne.islDt 124'
Voir aussi Comètes, EloUrs filantes.
Lune. Planètes, Snleil.
Aveugles. — Sur un nouveau procédé
destiné à faciliter l'écriture et le cal-
cul aux aveugles ; par M. Dussand. . . Coo
AzoTUBES. — Sur un procédé général de
formation des a/.otures mélalli(pies;
par M. Guiitz 738
TABLE DES MATIEKES
i3u:^
n
Page».
Balistique. — Sur la loi des iiressinns
dans les boiiclie? à feu, par M. Ji.
ynlUer 3i 4 et 8 iï
— Tracé des courbes di' pre.ssinns : par
M. E. Valiter 9 i i
BvBYi M. — Sur le baryiim-amnidnium pI.
l'iiniidiire de b.iryum; par M. .l/rv?.
— Vpplicalion d'un caractère d'ordre
éthologique à la cla.-sification natu-
relle ; par Z . Matrucliot <)88
Voir aussi Chimie l>''n!ns;iiiue.
Bore. — Action du chlorure de bore .sur
le gaz ammoniac; par }\\. A. Jnnnnis. 1 mCi
BoT.4NlQt'E. — Sur quelques plantes à
caoutcliouc delà côte occidentale d'.\-
l'rique; par .M. Am^. Chevalier 4 i 1
— Sur la liane à caoulcliouc des forêts du
Congo français; par .\I. Au^. Clte-
Vfdier 4'' 1
— Sur les Latuiolpliiées donnant le caout-
chouc des herbes au Congo français;
par M. Au^. Chcimlier j i ■.>.
— l.e Landolphiii Pierre! , espèce nouvelle
du Gabon, considérée i-omme pouvant
fournir du caoutchouc; par M. Henri
HiKi 8i;s
l'agcs.
— Sur l'existence déformes levures stables
chez quelques moisissures; par .M.
G. Odin 479
— Sur une modification produile chez
\e Srnpolin r/ir/iin/ic/i à la suile de sa
greffe sur Tomate; par M. Lneie/i
Daniel 4!^l
— Sur le pollen des Asclépiadées: par
M . Pa/d Dnp 710
— Sur le iléveloppement de l'ovule des
Asclépiadées; par .M. Paul Di>i> 800
— Uerliprehes sur le bourgeonnement de
lUinhdoideiirii Nornianin .\ll; par
MM. C. l'nney et A. Cnnie 748
— La Ihéoriedes phylons chez les G>m-
nospermes; par M. G. Chninu-nud.. . y 10
— Sur le mode de \égélalion et de repro-
duction de V Aiiirl'iiiirces lintixii,
champignin âP,\A levure ehiaoïse: par
M. ./. Tiin/iiet 91^
— De la reparution des sphéruhns dans
les familles végétales; par M. Laiiix
Priil 99 1
— Cultures expérimentales dans la région
méditerranéenne, modifications de la
structure anatouii(pie ; par M. Gaston
lioiinier 1285
— Sur la végétation du lac l'avin; par
M . C. Brin aiit 1 3; I
— M. Gaston Jt'iiinier fait hommage à
l'Académie du deuxième fascicule du
» Cours de Botanique » publié par lui
en collaboration a\ec M. Leelerr dit
Srildon 84G
— llapport de M. J}orn<-t. ccHieluanlà dë-
cernei' le prix Desma/.ieies pour igo?
à M. K' lia ni Tha.rler 1201
— Iia|i|)orl, de M. Pnllieii.r, eoui-luanl à
décerner le prix Monlagiie pour 1907,
à .M. /'. Viiilleiniri 1 ■f.r,^
Voir aussi Physiidogie végétale. Ana-
tomie végétale. Pathidoi^ie véj^étitle.
Biologie .
lliiTAMQi'E FOSSILE. — Sur (pielqiics pol-
lens fossiles. Prothalles mâles. Tubes
polliniques, etc. du terrain houiller;
par M. B. Renault 3Jo
— M. R. Zeiller présente un travail :
.
— Sur le sérum antiparaniécique; par
M. Lrildtix-Lfb/inl i()8
— Action de la fermentation alcoolique
sur le bacille typhiquo et sur le Bar-
tcriuin coli cnniiiiuiic ; pai' JIM. E. Ba-
din et F. Paillierct 299
— Etude comparée des liquides organi-
ques de la Sticculine et du crabe; par
MM. Louis Bnin'.z ci Jean Griiilrelel. 349
— Influence des agents de catalyse sur le
fonctionnement de l'organisme : sper-
mine, cérébrine et cliloradrénal; par
M. Alexanilre de Poehl 1 1 4 1
Voir aussi Ar.-ienic.
Chimie indistrikli.e. — Sur une nou-
velle preuve de la résistance cellu-
laire des saccliaromyces, et sur une
nouvelleapplication de celte propriété
à l'industrie de la distillerie; par
.M. Henri Alliot 4 'i
— Sur le pouvoir calorifique de la houille;
par M . (icminl \--
— Sur la reclierclie et le dosage de l'ex-
trait de châtaignier en mélange avec
l'extrait de cliène; par M. Ferdinnnd
Jean J3G
— Essais sur la constitution chimique.des
copals; par M. Marcel Giwdras.... 797
— Production de couleurs fixes sur tous
genres de cuirs, par l'emploi de sels
de molybdène combinés à des matiè-
res taniianles ou à des couleurs inor-
duntes végolales; par M. Emni. Puzzi-
Escot S80
— Ouverture d'un |ili cacheté renfermant
une Note «Sur la préparation du ga'ia-
col et du créosol purs au moyen de la
créosote de hêtre »: parM.M. C/uij/n-
leiiiit et Ciraud 10(2
— M. le Secrétaire perpeiuel signale les
trois Volumes du Compte rendu du
quatrième Congios international de
MATIÈRES. 1395
Pages.
Chimie appliquée, tenu en 1900 146
Voir aussi Alimeniaires iSidtslances),
fins, Carburaleiirs.
Chimie MiNÉnALE. — Action de l'acide
chlorhydrique sur les sulfates de ses-
(juioxyde d'aluminium, de chrome et
de fer; par M. A. liccoiira i63
— Sur les mixtes formes par le soufre et
le phosphore au-dessous de 100"; par
M. K. Boidoiirli ifiS
— Sur la précipitation des chlorures et
bromures de cadmium, de mercure et
d'étain par l'acide sulfurique; par
M. Georges Viard 24^
— Sur quelques sources de gaz minérales;
par iM. Ch. Moiirea 1 335
— Sur les cryolithes : par M. E. Bmid.. 1337
Voir aussi les Articles spéciaux : Alu-
minium, Aznlurcs, Baryum, Cnrbnne,
Cfhiiim, Cubait, Cuivre, Fluor, Ma-
gnésium, Phosplialrs, Radium, Sili-
cium, Tludlium, Uranium, Vanadium,
Zinr, et Thermocliimie.
Chimie oiig.\xiohe. ■- Propriétés oxydan-
tes d'un pyranol ; par M. /{. Fosse. . . ig
— De l'action des sels diazoïques sur la
desmotroposantonine et l'acide des-
mntroposantoneux; par MM. E. fFe-
dekind et O^car .Schniidl 43
— Hydrogénation directe de carbures acé-
tyli-niques par la méthode de contact;
par MM. Paul Sabalier et J .-B. Sen-
dcrens 87
— Uéduction des dérivés nitrés par la mé-
thode d'Iiydrogônalion directe au con-
tact de métaux divisés; par MM. Patd
S(dialier et J .-B. Senderens 225
— Hydrogénation directe des oxydes de
l'azote par la méthode de contact;
par MM. Paul Sabalier et J.-B. Sen-
derens 278
— Sur l'acide oxyiso|iropyl(ihosphinique;
par M. C. Marie 106
— Propriétés pharmacûdynamiques de
certaines semicarbazides aromati-
ques; par MM. Auguste Lumière,
Ijiuis Lumière et J . Chevrnttier 187
— Sur quel(pies nouveaux composés orga-
nii]ues d'addition ; par M. /'. Lemoull. 346
— Sur l'acide nitropyromucique et son
éther éthylique. Sur le diuitrolurfu-
rane; par M. A'. Mnn/uis 5o5
— Sur un nouveau composé du groupe
de rhexaméthylènetélraniine; par
I :•}()(;
TADF-E DES
M. Marcel Df.sciiilé (ig'J
— Action ilu chlore et (lu brome sur l(-s
vérnlrols mononilrcs: par M. H.Cnu-
siii 9G7
— Sur rhyihoi;éiialioii do l'acélol ; l'ar
M. André Klin;^ i);o
— Action des élliers halugiuiés ^ln■ le
thiosulfocarbamate d'ainnuminiii ; par
M. Miirci'l Drlépiiii- 97 i
— Dérivés d'addition du cyclohcxeiic : par
M. Léiiii Briinrl io5">
— Sur un dichlorhydrale et un dibroin-
hydrale de cadinène et un cadinéne
réi^énéré dextroijyres; par M. Emile
Grimai 1 067
—■ Sur l'acide oxybenzyiphospliuiKpie ;
par M. C. Marie 1 1 18
— Sur le dibromure de métlio-étheiiyl-
benzène; par M. ;)/. Tilleneau rîiO
— Sur la synthèse d'un carbure aroma-
tique dérivé du camphre; par M. C.
Chabrié 1 34>>
— Sur une méthode de transformation
des dérivés monochlorés et nionobro-
més des hydrocarbures en dérivés
monoiodés; par M. F. Bodnmx 1 >io
— Sur la décomposition do quelques aci-
des organiques di- et tribasiques;
par iMM. CEch.sner de Coidnck et
Haytiinid 1 55 1
— Itapporl de M. Hidler. concluant à dé-
cerner le prix .lecker |)uur 190.4 ii
M. Ro.sen.itichl 119)
Voir aussi Aleidis, Aldéhydes, Jlcnntx,
Aminés, Aidline, Jienzèrie.s, Cyanu-
res, Etiiers, Fermentations, l'hénols,
Sia'rcs.
Chimie viiGkrAi.E. — Sur la présence de
la Iccilhine dans les véijélaux; par
MM. Si/d(ii;ili idiaiij/iii et fiecù •M^■j
— Le méthylanthranilate de inélhyle dans
l'ori^anisme végétal; par M. Eiitièiie
CItariibot 58(1
— Sur l'essence de bois de Cèdre de
l'Atlas; par M. Èmdien Grimai iSa
— Sur la composition des hydrates rie
carbone de réserve de l'albumen de
quelipies Palmiers; par M. Ë. Lié-
imrd igJ
— Méthode de dosage volumétrique du
tannin et analyse des bois et extraits
lanniques; \\&vW. Albert TtionijisDn . 689
— Sur l'acide solide de l'huile A'Elœo-
coecaveraicia ; par M. L. Ma/jnea/M". (iytj
MATIERES.
Pages.
— Sur une matière albuminoïde extraite
du .srain de maïs: par MM. /,'. Dn-
nard et H. Lalibé 744
— Sur la présence do la voléndle dans
quelques l'iimulacée;;; par MM. /.
Boiii^ault et G. Allard 79(1
— Sur l'essence de vélwer; [lar MM. P.
Genvresse et G. Langlnis loSg
C-iiLORURES. — Action du chlorure de
bore sur le gaz ammoniac; par M. A.
Jonnnis r 1 06
— Sur une nouvelle méthode de chlorura-
lion des carbures aromatiques; par
M.M. Seyeivelz et Biat 1 120
Choléra. — M. Masrart communique à
l'Académie des observaiions qu'il a
rec;uessur l'abandon, par les oiseaux,
des pays atlemts piir le choléra ri84
t'.i.AVEr.ÉE. — Traitement préventif de la
clavelée. Sérum anticlaveleux; par
M. F.-J. Base 4o5
CoDVLT. — Sur les condjinaisons du sili-
cium avec le cobalt et sur un nouveau
siliciure de ce métal: |ar M. P. Le-
beau 47^
CoHÉRELRS. ^- Sur la nature du cohéreur:
par M. J . Feiiyi 3o
Co.MËTES. — Observations de la comète b
1902, découverle le 1'' septembre par
M. Perrine et le '.septembre, d'une
manière indépendante, par M. Bnr-
relly, à l'Observatoire de Alarseille ;
par MM. Borelly et L. Fabry 433
— Observaiions de la comète 190! //, à
rObservaloiie de Besançon ; par .\l. /'.
Cliofardet 433
— Observations de la comète Herrine-
Bonelly (igoa b). à l'Observatoire de
Lyon ; par M. J. Gudlauine 499
— M. Max (Ko// adresse une Note rela-
tive à des a photographies stéréo-
scopiques de la comète Perrine-
Borelly " tiSj
— Observations de la nouvelle comète
Giacobini ( (/ 1902), faites à l'Obser-
loirede Paris; par MM. /. Bi^onrtlan.
G. Fayet et P. Salet io43
— Éléments provisoires de la comète Gia-
cobini (2 décembre 1902); par M. G.
F'ayet 1 o44
— Observations de la comète Giacobini
(190-). d), faites à l'Ob.-ervatoire de
Besançon; par M. P. Chojardet loyg
— Observations de la comète d (igu-i),
TABLE DES MATIERES.
Pages.
fnites à l'Observatoire d'Alger; par
-MM. Mnnibtiud et Sy 1 307
Cristallograi'Hik. — Sur les iiroupements
de cristaux d'espèces dlIFérentes; par
M. Fréd. If^dUerant 798
CUIVRB ET SES COMPOSÉS. — Sur 1h préi I-
pitation du clilorure et du bromure
cuivriqiies par l'acide sulfuri(piH; |iar
M. Georges l'iard iGii
'^97
Page».
— Chlorures cuivriques ammoniacaux
anhydres. Radicau.x cupro-ammo-
niques par M. Bmtzni 292
— Sulfates cupro-ammoniques anhydres;
par M. Bouzat 534
Cyanures. — Sur les combinaisons des
cyanures complexes avec les aminés de
la série grasse; par .M. P. C/iretien. . yoi
I)
DÉCÈS DE Me.mbri;s et Correspondants de
l'Académie. — M. le Président rap-
pelle à l'Académie la perte qu'elle
vient de faire dans la personne de
M. Faye, Membre de la Section
d'Astronomie (j
— M. le Prc.siilciit annonce à l'-Vcadémie
la mort de M. H. Virclimv, Associé
étranger .jotj
— Allocution à roccasi()n de la mort de
R. VircliDw ; par M. Buuc/inrd 409
— M. le Présiilent annonce à l'Académie
la mort de M. Daniniir, AcadéÊnicien
libre 4tj;i
— M. le Présiilent. annonce à l'Académie
les décès de MM. Deliéraiii et Haute-
feuillf 1017
— Molice sur M. Millurdct; par M. Bor-
lll-t I ■2(J,S
DÉCRETS. — Décret approuvant l'élection
de M. Scliuipiirelli, comme Associé
étranger ; ;
— Décret approuvant l'élection de M. Bou-
vier^ dans la Section d'Anatomie et
Zoologie ~%
— Décret approuvant l'élection de .M. Des-
luridres, dans lii Section d'Astrono-
mie io85
DiASTASES. — La zyniase de VEnrolinpsis
Ginorii ; par M. Miizé i r >
— .\L Eiiiiii. Pozzi-Esirit adresse des a Re-
cherches sur les ferments diaslasiques
de Y Eurotiuni Orizœ » .il fi
— Les kinases microbiennes. Leur action
sur le pouvoir digestif du suc pan-
créatique vis-à-vis de l'albumine;
par M. C. Deleztnne i^n
— Théorie générale de l'action de quelques
diastases; par M. Victur Heiiti 916
Diffusion. — Sur une conséciuence de la
théorie cinétique de la diliusion ; par
M. J . Tlwi'ert 579
Distillation. — Étude sur la distillation
simultanée de deux substances misci-
bles; par MM. Eugène Cluirabut ^l
J . Roclierolles 1 75
E
Eau oxygénée. — Sur un dérivé de l'eau
oxygénée; par U. H. Eusse 53o
ÉCOLE POLYTECHNIQUE. — l\IM. H. Puill-
ciiré et Hilton de Lu GmijiHlièrc sont
désignés à .M. le Ministre de la Guerre
pour faire partie du Conseil de perfec-
tionnement de l'École Polytechnique
pendant l'année 1902-1903 yii
ÉC0N0.MIE RURALE. — Culture du lupin
jaune (Lupi/ius tuteus) ; par MM. P.-P
Deliérain et E. Deiiioiissj 445
— Culture du blé au clidinp d'expériences
de Grignon, en 1902; par MM. P. P.
Deliérain et C. Dajnnn 654
C. i;.. iy..j i- \i:i,., ■,-, . Cf. cxxxv
— Sur l'appréciation économique des amé-
liorations culturales; par M. E. Ra-
hatd 1074
Voir aussi filieulture, Chimie ni^ricole.
Élasticité. — Mesure de la limite élastique
des métaux; par M. Cli. Piémont... xii
— Sur les paramètres élastiques des fils
de soie; par M. F. Beaidard 6-23
— Précautions à prendre pour l'emploi
des (ils de cocon comme lils de torsion ;
p.ir M. V. Ciémieii 682
ÉLtCiiciTÉ. — Nouvelles recherches sur
li-s courants ouverts; par M. /'. Cic-
iiiicH 27
l«2
l3()8 TABLE DES
Pages.
— Anomalies présentées par la charge de
conducteurs isolés surdesdiéleclriqiies
solides. Phénomènes magnétiques
particuliers constatés au voisinage tlo
nœuds d'oscillations électriques; par
M. V. Crémieu i53
— La lumière noire et les phénomènes
actino-électriques; par M. GiisMve Le
Bon 35
— Sur les phénomènes mécaniques de la
décharge disruptive; par M. Jules
Semenov '55
— Phologra|ihie d'un éclair multiple; par
M. Pillschikoff. i58
— Moyen de régler les résonateurs de
haute fréquence, en vue de leur eni-
l)loi médical; par M. H. Guillcmiiiol. 288
— Sur les différences de potentiel au con-
tact; par M. Pierre Boley 454
— Sur la résistance électrique des corps
peu conducteurs aux très basses tem-
pératures; par M. Edmond van Au-
tel 4^0
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication 64"
— Sur la résistance électrique du sulfure
de plomb aux très basses températu-
res; par M. Edmond vnn Aiibel. . . . 734
— Sur la condiictibililé des dissolutions
aux basses températures; par JL J-
Kum 788
— Lames minces métalliques obtenues par
projection cathodique; par M. L.
Houllei'igue 626
— La vision à distance par l'électricité;
par M. J.-H. Coblyn 084
— Nouvelles expériences sur la résistance
électrique du sélénium et ses applica-
tions à la transmission des images
et des impressions lumineuses; par
M. Dussaud 790
— Étude de la magnétofriction du faisceau
anodique; par M. H. PclUit i32i
— Sur l'émanation du phosphore; par
M. Eugène Bloch ï324
Voir aussi Électrocldmie, Hcrlzicnnes
{Oniles), Coliéreurs^ Accumulateurs,
hayons X, Tliermo-électricité.
Electrochimie. — Sur la relation entre
Tmlensité du courant volta'ique et la
manifestation du débit électrolylique ;
parM. Berlliclot C
— Actions éleclrolytiques manifestes,
développées par les piles constituées
MATIERES.
Pages.
par la réaction de deux liquides ren-
fermant l'un un acide, l'autre un
alcali ; par M. Berthelot 129
— Nouvelles expériences sur la limite d'in-
tensité du courant, d'une pile qui cor-
respond à la manifestation d'un débit
électrolylique extérieur, apjjarent dans
un voltamètre; p;ir M. Berthelot ... 485
— Sur l'électrolyse de l'azotate d'argent;
par M. Anatole Leduc 23
— Sur l'équivalent électro-chimique de
l'argent; par M. Anatole Leduc 237
— Éleclrolyse de mélanges de sels; par
M. Anatole Leduc jgS
— Sur les électrodes bipolaires; par
M^L André limchet et C.-L. Barillet. 854
— L'électrolyse des sels métalliques
séjournant dans les tissus; pai M. An-
ilré Poëf 874
— Sur l'ioni^ation d'une flamme Sidée ;
par M. Georges Mnreau Sg8
— Sur les électrodes bipolaires à anode
soluble; par MM. André Brochet et
C.-L. Barillet lo49
— Procédé de séparation électrique de la
partie métallique d'un minerai et de sa
gangue; par M. D. Ncgreano i io3
— Sur l'effet Hall et les mobilités des ions
d'une vapeur salée; par M. Georges
Moreau ' 320
— M. André Poé/ adresse une Note rela-
tive à « l'électrolyse des sels métalli-
ques séjournant dans les tissus ».. . . 357
E.MBRYOGÉNiE. — Sur l'évolution de la
spermatide chez le Noionccta glauca;
p,ir MM. y. Fantel el n. deSinéy. 997
— L.'herma|ihrodisme normal des Pois-
sons; par SL Louis Roule i355
— Sur l'origine du Nebenkern et les mou-
vements nucléiniens dans la sperma-
tide de Notonecta glauca : par MM. J.
Pantel et R. de Sinéty 1 SSg
Errata, 128, 216, 268!^ 876, 4f>4, âao.
640, 716, 920, 1016, 1084, 1276,
i388.
Éthers. — Nouvelle méthode de prépa-
ration des éthers ji-cétoniques a'sub^
stilués; par M. René Locquin 108
— Action de l'acide nitreux, en solution
acide, sur les éiliers B-céluniqucs
a substitués; synthèse des homo-
logues de l'acide pyruvique; par
MM. L. Bouveault et R. Locqiiin ... 179
— Action ds l'acide nitreux, en solution
TABLE DES MATIERES.
Pages.
alcaline, sur les éthers p-cétoniqiies
a substitués; par MM. BouveaiiU et
Renc Lncqnin agS
— Sur la saponification des éihcrs nitri-
ques; parlIM. Léo V/gnonclT. Baj. 307
— Action dt s combinaisons organo-magné-
siennes mixtes sur les ctliers d'acides
céloniqiies (II); par M. f^. Gri^nanl. 67.7
— Sur les dérivés de i'élhor pyriivylt'y-
ruvique (II). Ilydrazones sléréo-iso-
méres ; par iM. L.-J. Simon 63o
Étoiles filantes. — Sur quelques parti-
1399
Pages.
cularités de la théorie des étoiles
filantes. Existence de points radiants
slalionnaires par 45" de latitude; par
M. O. Catlandrenu 557
— Observations des Perséides, Léonides
et Biélides, faites à Athènes en 1902;
par M. D. Ej^miiis 1 3o8
EïPÉDITIONS SCIENTIFlyUES. — M. le &-
crétuire perppiui'l signale un Volume
intilulé : « The norwegian norlli po-
lar Expédition, 1893-1896. Scienlific
results. Volume IIl » aa
Fërmrntations. — Sur la fermentation
peclique ; par M. Gnyaiid
— M. Gnyaud adresse une nouvelle Note
« Sur la fermentation pectique » . . . .
537
■i5
Fluor et ses composés. — Étude du pen-
lalluorure d'iode, par M. Henri Mois-
siin 563
Géographie. — Sur la géographie physi-
que de la Yaïla occidentale (Crimée);
par M. E. Daniloff. 355
— M. le Secrétaire perpétuel signale les
cahiers 16 et 17 du Service géogra-
lihiqiic de l'armée 109G
— M. le Secrétaire perpétuel s\^W:\\c. un
Ouvrage de M. Emmanuel de Mar-
ianne intitulé : « La Valachie, essai
de monographie géogr iphique » . . . . i3oo
— Rapports sur le concours du |)rix Binoux
en KJ02 1 1 74
— Rapport de M. de Lapparcnt, con-
cluante décerner le prix Gay pour 1902
à M. le colonel Bcrttuuit 1 199
— Rapport de iM. Graudidier, concluant
à décerner le prix Tchihatclief pour
1902 à M. le D' S^•en Hcdin 1239
GÉOLOGIE. — Sur la présence de l'étage
aplien dans le sud-est de rAfriijue;
par M. W. Kilian 08
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication 21C
— Sur le Gothlandien inférieur du massif
armoricain; par .M. F. Kerforne.... \ïi
— Faits nouveaux ou peu cunnus, relatifs
à la période glaciaire; par M. David
Martin 124
— Sur la caverne du Hbll-Loch (Trou
d'Enfer) et la Schleichende Brunuen
(source rampante) (Suisse); par
M. E.-A. Mwlel 3o5
Sur la constitution géologique des en-
virons d'Alexandrie (Egypte); par
MM. K. Fourtaa et D.-È. Pachun-
dald 59O
Sur le Grès nubien; par M. R. Four-
tau 8o3
Analogie entre les Car|)aihes et les
Alpes; par M. Maurice Lugeon 872
Production actuelle de soufre natif dans
le sous-sol de la place de la République
à Paris; par M. Stanislas Meunier.. gi5
Sur les terrains paiéozo'iques de l'Oued
Saoura et du Gourara, par M. E.~F.
Gautier 107 1
Sur l'origine de la coupure transver-
sale de la Kosva (Oural du Nord);
[lar M. Louis Duparc 1 1 35
Sur des gîtes de phosphate de chau.^
de la Craie à Bélemnites, formés avant
le soulèvement du Bray; par il. A'.
de Mercey 1 1 37
Sur quelques rapprochements entre la
genèse des Gîtes Métallifères et la
Géologie générale; |)ar M. L. de Lau-
""y 1374
Sur la découverte d'un nouveau massif
granitique dans la vallée de l'Arve,
entre Servez et les Mouches; par
l/|00
TABLE DES MATIERES.
MM. E. Hmig, M. Lugeon el P.
Corh'in '379
— Rapport de M. de Lnppnrenl, con-
cluanl. ;'i décerner le prix Fontanes
pour 1902 à M. Grussniirre • '97
Voir aussi Bnt/i/iir/iie furs/lr, Pnléonto-
/ogip, Pétrogriip/iie, Hyi/rologie, PliY-
sii/iie (lu gliibp.
GÉOMÉTRIE. — Sur une propriété curieuse
d'une classe de surfaces algébriques;
par M . Emile Picard 217
— Sur le problème de Dirichlet pour des
domaines limités par plusieurs con-
tours (ou surfaces): par M. A. Koni. aSi
— Sur la déformation continue des sur-
faces; par M. G. Tzitzéica 5o3
— Sur l'habillage des surfaces ; par M. M.
Servant Î75
Pages.
— Sur la résolution nomographique du
triangle de position pour une latitude
donnée ; par M. Maurice d'Ocngne . . 738
— Sur les subslitulions crémoniennes
dans l'espace; par M. Léon Julanne. 776
— Sur les propriétés du plan au point de
vue de \' ArKdysis silits ; par M. Cnni-
bebiac 1044
— Sur une représenlalion plane de l'es-
pace et son application à la Statique
graphique; par M. B. Maynr i3iX
— M. P. de yhiès adresse une Note inii-
tulée : (I Théorème du point symé-
trique et quelques-unes de ses consé-
quences » 1144
— Ra(ipoi't sur le concours du prix Bor-
din en 1902 ; par M. Darimux 1 16>.
Voir aussi Analyse mathématique.
H
Hertziennes (Ondes). — Sur les proprié-
tés des enceintes fermées, relatives
aux ondes électriques; pjr M. A.
Turpain 435
— Sur l'analogie entre les rayons X et
les oscillations hert/.iennes; par M. P.
Dultem 845
Histoire des sciences. — M. le Secré-
taire perjtétuel annonce que le To-
me XXXII (2' série) des « .Mémoires
présentés par divers savants à l'Aca-
démie des Sciences » est en distri-
bution au Secrétariat 22
— M. le Secrétaire perpe'luel signale un
Volume de M. S.-H. Finne-Gronn,
intitulé : n Abel, den store mathe-
matikers siegt, Christiania, 1899-
1 900 » 93
— M. le Secrétaire perj/élwl piésenle
deux Volumes de 1' « International
Catalogue of scientilic literature, first
annualissue; D, Chemistry, Part 1, et
M, Botany, Part I » i4fi
— M. le Secrétaire perpétuel signale le
Tome I des « Opère matematiche di
Eugenio Bellrami » 228
— M. le Secrétaire perpétuel signale le
Tome I des 0 Œuvres complètes de
J.-C. Galissard de Marignnc, 1840-
I 860 » 323
— Sur les registres de laboratoire de
Lavoisier; par M. Berthelnt 54g
— Les quatorze grands Registres de labo-
ratoire de Lavoisier. Le Registre II,
signalé perdu, et nouvellement re-
trouvé; par M. //. Brocard 523
— M. le Secrétaire perpétuel signale une
brochure de M. Icilio Guaresclii,
ayant pour titre : « Faustino Mala-
guti e le sue' opère » 945
— M. Lœivy fait hommage à l'Académie,
au nom de M. Hepites, d'un « Essai
historique sur les travaux astronomi-
ques exécutés en Roumanie jusqu'à
la fin du XIX' siècle » 943
— M. //. Pnincaré fait hommage de son
Ouvrage intitulé : « La Science et
l'Hypotliése » 770
— Sur les procédés de fabrication des
armes à l'époque du bronze; par
M . Osmond l342
Hydrates. — Sur la composition des hy-
drates de gaz; par M. de Forcrand. 959
— Sur la composition et la constitution
des hydrates sulfhydrés; par M. de
Forcrand • 1 344
Hydrographie. — Sur le régime hydro-
graphique du Tidikelt (archipel
Touatien), Sahara central; par M. G.-
B.M. Flamand 212
— Rapport sur les travaux de M. Drien-
court (concours du prix extraordi-
naire de six mille francs); par
M" Guyou 1 163
TABLE DES MATIERES.
i4or
J
I i3«
Pages
Hydrologie. — Sur le fonctionnpment el
l'alimentation de la fontaine de V;ui-
cluse: piir M. E.-A. Marirl 8i5
— Sur rori;;ine ries lapiiiz f*l leur relatimi
avec les abîmes et l'hydrooi^ie sou-
terraine des calcaires; par M. E.-J.
Martel
— Sur la présence de l'argnn dans le f;az
de la source Bnrdeu à Ludion, et sur
la présence du soufre lil)re dans l'eau
sulfureuse de la grotte et dan.s les
vapeurs de liumage; par .^L Hmii
Moissnn i i-S
— Sur quelques sources de gaz minérales;
par M . Cil. Moiireu i ^3 ")
— M. LœivfhW, hommage à l'Académie.
au nom de M. Cmls, d'un Rap[iort
sur les travaux accomplis en îqoi
par la Commission brésilienne char-
gée de procéder à l'exploration des
sources principales du Javary S87
Hydrostatiole. — Sur la formation des
gouttes liquides et la loi de Taie: par
MM. ^. Leduc et Sncerdnte 91
Pa
— Sur la formation des gouttes liquides et
les lois de Tate; par MM. Pli.-J.
Giirrl et F.-Ijouis Perrni
— Eirntn se rapportant à celle Commu-
nication
— Sur la formation des gouttes liquides
et les lois de Tate; par .MM. Pli. -A.
Giiye et F. -Louis Perrnt
— Sur la formation des gouttes liquides
et la loi de Tate; par MM. A. Leduc
et P. Sncerdotc
Hvnnosi'LFiTES. - Synlhése de> hydrosul-
liles alcalins et iilcâlino-terreux anhy-
dres; par M. H. Mniss/m
— Errata se rapportant à celte Coinmu-
niration
HvniKNE PUBLIQLE. — Sur le dosage de
l'oxyde de carbone et l'acide carbo-
nique dans les airs viciés: |iar JL Fer-
dinand Jean
— Rapport de M. Tmosi, concluant à dé-
cerner le prix .Montyon (Arts insalu-
bles) pour 190?. à .M. Claude Bou-
cher
ges.
5/0
%i\
'm;
io8i
746
17.3 1
T
Infectieuses (maladies). — Recherches
sur les Culicides de l'Algérie; par
M. H. .Sdulié 118
— Les moustiques et la fièvre jauiu^ a la
Havane; par M. Andé Pnry 193
— Traitement iiréventif de la clavolée:
sérum anticlaveleux : p;ir M. F.-S.
Pose
- Contribution à l'étude des Ann/ilieles
de l'isthme de Suez: [lar M. Cam-
hnidin
Vou' aussi Toxines. J'cidns.
An')
:"l
I.
Lait. — Variation de l'acide phosplmrique
suivant l'âge du lait ; par M.M. /•'. Jlor-
das et Sii(. de Rae^kowski 3o '
— De l'iiifluenre de l'écrémage sur la ré-
partition des principaux élénieuls
constitutifs du lait; par MM. /''. Bor-
das et .V/u-. de liaczkna-slii 35'i
— De la traite mécanique, dans l'in.lu.s-
trie laitière; par MM. F. F.nnii'i et
Si^. de Raczkowski 371
Lécithine. — Sur la présence de la
lécilhine dans les végétaux: iiar
.MM. Si lilagdenliaiijl'rn et llceh -ioS
I.iNK. — Sur la structure et l'Iiisloire de
l'écorce lunaire : observations suggé-
rées par le cinquième et le sixième
fascicule de l'Allas filiotographique de
la Lune, publié par l'Observatoire de
Paris; par MM. Lœwy et P. Pui-
seitx 73
— Sur l'accélération séculaire de la lon-
gitude moyenne de la Lune; par
-M. H. Andoyer 4^2
l402
TABLE DES MATIERES,
M
Pages.
MAGMÉsitM. — Sur les alliages fie cuivre
et de magnésium; par M. O. Bi>it-
ilounrd , ^gî
Magnétisjie. — La dévialion ma^nélique
et élecirique des rayons Becquerel et
la masse électroma.;rni'tique des élec-
trons; par AL IF. Kaufiniinn 377
— M. Fraichet adresse le résumé d'un
travail « Sur la variation de résis-
tance magnétique d'un barreau de
traction » 637
— Variation de la résistance magnétique
d'un barreau de tracliou ; jiar.NL Frai-
chet 685
Magnétisme tebrestke. — La relation
entre les protubérances solaires et le
magnétisme terrestre; par Sir Nor-
man Lorkyer 364
— MM. B. Briinlws et P. David soumet-
tent au jugement de l'Académie un
Mémoire intitulé : « Élude des ano-
malies du champ magnétique terres-
tre sur le Puy de Dôme » 1096
— Rapport sur ce Mémoire de MM. B.
Brun lies et David \ par AL Bouquet
de la Grye 1 3oo
Manganèsb et ses composés. — Alumi-
nate de manganèse AI^O'Mn; par
M. Dufau 963
— Sur le dosage du manganèse; par
M. H. Baubiguy f)65
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication 1084
— Préparation des alcalis et du peroxyde
de manganèse; par W. H. Baubigny. iiio
— Sur le métaphosphate manganique vio-
let de Gmelin; par M. Pli. Barbier.. 1054
— Sur un pliuspliale ainmoniaco-mary-
conigraphe violet; par AL Ph. Bar-
bier 1 1 09
MÉCANIQUE. — Présentation d'un « Traité
de Mécanique rationnelle »; par M. P.
Appell 521
— ' Sur l'assemblage de deux corps; j'ar
M. G. Kœnigs 343
— Remarque sur un problème de Clebsch
sur le mouvement d'un corps solide
dans un liquide indéfini et sur le pro-
blème de M. de Brun; par AL fV.
Steldolf. 526
Paffes.
— Sur le problème des brachislocbroncs;
par AL Halim de la Goii])ilUère 61 4
— Quelquescas d'intégration de l'équation
des brachistochroiies; par ^L Haton
de In GnupiWère 657
— Sur un exemple de transformalion cor-
rélative en Alécanique; par AL Paul-
J. Suehar 679
— Sur la rupture et le déplacement de
l'équilibre ; par M. Jouguet 778
— Sur l'équivalence des systèmes diffé-
rentiels; par AL E. Cartan 781
— Sur les quasi-oudes; par AL P. Du-
hein 761
— Sur les conditions nécessaires pour la
stabilité de l'équilibre d'un système
visqueux; par M. P. Dnhem gSg
— Sur la stabilité de l'équilibre et les
variables sans inertie; par AL P.
Duiirm 1088
— Des conditions nécessaires pour qu'un
fluide soit en équilibre stable; par
AL P. Didiein 1290
Voir aussi Balislique. Hydroslaliijue,
Ph ysiijue nuiihcnialiquc.
MÉCANIQUE APPLIQV ËE. — AL L. Fraichet
adresse un Mémoire portant pour titre:
« Méthode d'essai des métaux, basée
sur la variation de la réiuctanre d'un
barreau de traction » 886
— M. Henri J'illard soumet au jugement
de l'Académie les résultats d'expé-
riences qu'il a eiïectuées avec de
grandes hélices à très petits pas giS
— AL le Secrétaire perpétuel signale un
Ouvrage intitulé : « La Mécanique à
l'Exposition de 1900 » 109''
— Rapport sur les tiavaux de AL Hurt-
rtiann (concours du prix Alonlyon,
Mécanique, en 1902); par M. Mau-
rice Lévy 1 1 67
Voir aussi Carburateurs, Chaudières,
Élasticité, Bétons.
MÉCANIQUE CÉLESTE. — Propriélés d'une
certaine anomalie pouvant remplacer
les anomalies déjà connues dans le
calcul des perturbations des petites
planètes; par M. O. Callnndreaa . . . S
— Perturbations indépendantes de l'ex-
centricité; par M. Jean Mascart 1097
TABLE DES
Page».
MÉDECINE. — Rapport de M. Bourhnrd
sur le concours des prix Montyou
(Médecine et Chirurgie) en 1902. . . . 120S
— Rapports de M. Marey e\. de M. Gujon
sur le concours du prix Barbier en
1 902 1 i 1 3
— Rapport de M. Buiic/iard sur le con-
cours du pri.\ Bréant en 1902 i-ii3
Voir aujsi Physiotogic pathnln^iijnc.
'riierapcatiijiie.
MÉTÉOBOLOGiE. — Variations solaires et
météorologiques à cour te période; par
Sir Norman Lochrr et IViUiain
L'ickyer 36 1
— Étude sur le climat de Toulouse, de
i863 à 1900; par M. B. BnlUaud... 766
— Ouverture d'un pli caciieté, relatif à un
(1 Anémoscope électrique » ; par M. P.
Le Gouzinii 5 1 6
Mi.NÉRALOGiB. — Pfoduction artificielle du
rubis par fusion; par .M A.ycrneml. 791
— M. A. Dnbnin adresse une Note 1 Sur
MATIÈRES. l4o3
Pages,
la production du rubis par fusion». 919
— Quelques observations minéralogiques,
faites sur les produits de l'incendie de
Saint-Pierre (Martinique) ; par M. A.
Lacroix 1 06S
Voir aussi Pétrographie, Cristallo-
graphie.
Mines. — Analyse de neuf échantillons
d'air recueilli dans les galeries d'une
mine de houille; par M. Nestor
Gréhant 726
— Remarques au sujet de celte Communi-
cation de M. Gréhant; par M. Halon
de la Gnupillière 7CS
Molybdène et ses co.mposés. — Sur les
oxalomolybdites; par M. Bailhache.. 86 >.
— Erratai& rapportant à Cette Communi-
cation 1084
Monnaies. — M. Tmnst est réélu membre
de la Commission de contrôle de la
circulation monétaire au Ministère
dos Finances 1081
N
Navigation. — Sur la caviuuion dans les
navires à hélices; par M. /.-,-/. Nor-
man . 662
— S. A. le Prince de Mviiicn fait hom-
mage à l'Académie d'un Volume ayant
pour titre : « La carrière d'un navi-
gateur, par Albert I", Prince de Mo-
naco » 726
— Rapport sur leconcouis du prix extra-
ordinaire de six mille francs; par M.
Bouquet de la Gryc 1 163
o
Observatoires. — Sur les travaux de
cette année, à l'Observatoire du som-
met du mont Blanc; par M. ■/• Jans-
sen 34 1
— Sur les récentes publications émanant
de l'Observatoire de Paris : Catalogue
stcllaire (IV Pari.); Catalogue pho-
lographi(]ue (!"' Vol.); Annales, Ob-
servations de 1898; Mémoires
(T. XXIII); Bullelindu Comité inter-
national (T. 111): par .M. Lœwj...,, 824
Optioue. — La lumière noire et les phé-
nomènes actino-électrjques ; par M. G.
— lîappoits sur le <'oncours du pris lii-
noux 1 174
Navigation aérienne. — Voir Aéroixou-
tvjne.
Nominations. — \\. Boino
l'j:
Ib
— Ërratu se rap|>ortant à cette Commu-
nication
— Sur la difficulté d'isoler le P>/icteriuiii
mil normal dans la dysenterie colo-
niale; par AL Lesngc
— Le Nagana et le Mal de caderas sont
deux entités morbides bien distinctes;
par MM. A. Lweian et F. Mesnil . .
Voir aussi Plir^iolugie patlinlogiqiœ.
Toxines, l'ifeetieuses {nududies).
P.vrnoLOGiE VÉGÉTALE. — Les périthèces
du Hoselliniit meiilrix; par AL Ed.
Prillieux
— De l'immunisation de la Laitue contre
le Meunier; par M. E. Mnrelial 1
— Sur une forme conidienne du ("champi-
gnon du Black-rot; par M. G. Debi-
cioLV 1
Voir aussi Viticulture.
Pendule. — Ouverture d'un pli cacheté
relatif à l'expérience du pendule de
Foucault; par M. P. Le Gouzioii.. . .
— Pendule de Foucault simplifié; Note de
AL d'Arsoiii'rd
— M. Jug. Coict adresse deux Notes,
sur un mode de suspension du pen-
dule, et sur un projet de pendule de
Foucault « à force vive »
Pesanteur. — La pesanteur le long du
parallèle moyen: par AI. J. Collet.. .
et
— AL l.e'on Sdliol adresse un travail por-
tant pour litre : « Déviation de la pe-
santeursensibleavec l'allilude seule ».
Phénols. — Sur un nouveau phénol
diiodé; par AI. P. Brenans
Phonographes. — Reproduction, en nom-
bre illimité, de phonograinmes en
cire, pour musées phonographiques,
par le moulage galvanoplaslique. Pro-
cédé par fusion et procédé par com-
pression et chaleur combinées ; par
AL Z. .-) zoidtiy
076
40 )
8'à8
8.32
9'9
774
936
357
177
8:9
TABLE DES MATIERES.
i4o5
Pages.
— Errata se i'a|)poitaiil à celte Cunimu-
nicatinn 1016
PiiospHATKS. — Sur le méliipliosph.ite man-
ganiqiie violel de Gmelin ; par M. Ph.
Barbier i o54
— Sur un phos[ihate ammoiiiaco-manga-
iiirpie violet ; par M. Ph. Barbier. . . 1109
PiiospiioRR. — Sur rémanation du phos-
phore ; par M. Eugène Biorli 1 Zi^
Piiospiionioiiics (ACIDES). — Transforma-
tion de l'acide pyrophosphorique en
acide ortho|)hosphoriipie ; par M. H.
Giran ij(i I
— Étude thermique de l'aride métaphos-
phorique ; par M. H. Giran r533
PiiOTOGnAPiiii:. — Argenture du verre et
daguerréotype ; par M. Jzarn ■>J\o
— M. jiiig. Bcrtliier adresse une Note
intitulée : « Photographie élertroly-
tique; nouveau procédé physique
pour obtenir des images photogra-
phiques l> IOJ2
— Sur une chambre noire pour la photo-
graphie trirhiome ; par M. Prieur... 104S
Physiologie am.male. — Sur la cause des
colorations changeantes des tégu-
ments ; par M. H. Mandoul 65
— L'élabor.-ition du zymogène dans les
glandes gastriques de la vipère^it'n/.f;
par M. L. Lminrn ig5
— La spermalogenèse chez le Cybisier
Rnsellii ; par M. D.-N. Voïnov «oi
— La sécrétion interne du testicule chez
l'embryon et chez l'adulte; par
M. Gustave Loi.vel 25o
— Sur une nouvelle forme de \a sensibi-
lité tactile : la trichesthésie; par
MM. N. Vascliide et P. limtsseaa . . . aSg
— Nouvelles contributions à la physiolo-
gie des leucocytes; par M\L H. Sins-
sann et F. Billnn 'in-i
— Sur le rentre nerveux qui innerve la
périphérie du manteau chez \e Pccti/i ;
par M. Louis Bmuan 587
— L'excrétion chez les crustacés supé-
rieurs ; par M. L. Bniniz 589
— De la nature des courants ôlectrirpies
du nerf; par M. N.-E. IVedcn^ky.. . 804
— Uôle de la fonction adipogénique du
foie chez les Invertébrés; par .M"" C.
Dejlandre 807
• — Le cœur à l'état normal et au cours de
la grossesse; par MM. Cli. Hoiicliard
et Balthazard 93 1
C. K., 1902, 2« Semestre. ( T. CXXXV.)
Pages.
— L'excrétion chez les Cirripèdes; par
M. L. Bruntz 987
— Rapport du poids du foie au poids total
de l'animal; par AL E. Maurel iooï
— Sur l'évolution de l'acrosomo dans la
spermatide du Notonecle; par MM./.
Pantel et R. de Sinely 1 124
— La léléomitose chez VAniœba Gleiclie-
nii Dujard ; par M. P.- A. Dangeard. 1 1>.0
— IL Raijlu'èl Duliois adresse une Note
« Sur le mécanisme intime de la fonc-
tion photogénique; ré|)onse à M. Ja-
mes Dcwar » 630
— Rapport de M. Giard, concluant à dé-
cerner le prix Godard pour 1902 à
M. G. Lnisel 1216
— Rapport de M. Marer sur le concours
du prix Lallemand en 1902 1216
— Rapport de M. E. Perrier, concluant
à décerner le prix Philipeanx|)our 1902
à M. Pierre Rnnnier 1221
— Rapport de M. E. Perrier, concluant
à décerner le prix Serres pour igoa
à M. Paul Mairlial 1222
— Rapport de M. Clnnweau, concluant à
décerner le prix Pouiat pour 1902 à
M. /. Tissol 1 2 i 1
— Rapport de M. Marey, concluant à dé-
cerner le prix Martin-Damouretle
pour 1902 à M. //. Blnndel de Joi-
gny 1 23 1
Voir aussi Biologie, l'arlliénugenèse.
Sang, P'ision .
Physiologie expérimentale. — De l'in-
fluence de la choline sur les sécrétions
glandulaires; par M. .-/. Desgrez.... '^i
— Sur l'évolution de la rondelle crânienne
détachée par le trépan et immédiate-
ment réimplantée; par MM. P^. Cor-
nil et Pnul Coudray 191
— Production du sommeil et de l'anes-
thésie générale et locale par les cou-
rants électriques; par M. Sléj/harte
Leduc 1 99
— Sur le rôle de la rate dans la fonction
hématolytique ; par M. Louis Lapic-
qiie 2o3
-- Sur la ligature de l'extrémité appendi-
culaire du cœcum chez le Cercopiihc-
cus ceplius Lrxl; par M. Jean Mau-
mtts 2:18
— Recherches expérimentales sur la con-
servation du (lOtentiel musculaire dans
une atmosphère d'anhydride carbo-
l83
j4o6
TABLE DES MATIERES.
nique; par M. LItnUih y
rHESiRLEMENTS DE TERRE. — M. le Minis-
tre lie l'Instruction pidilirini- invite
l'Académie à lui faire connaître son
avis, au sujet de la création d'une
Union internationale sismologique. . 343
— Le treniblenient de terre de Sah nique;
par M. Cliristiimiinns 5i 5
— Hur les causes générales dinslalulilé
sismique dans l'Inde; par .M. F. de
Montrssus de Bidlore 698
— M.
ANDOYER (H ). — Sur l'accélération sécu-
laire de la longiludo moyenne de la'
Lune i'i-t
— Prie l'Académie de le comprendre
parmi les candidats à la place vacanie,
dans la Section d'Astronomii', p.ir le
décès de M. Fnye 8 jG
— Est porté sur la liste des candidats pré-
sentés par la Section 920
ANDRÉ (G.). — Sur la nature des com-
posés azotés qui existent dans le sol
à différentes hauteurs i35>
APPELE (P.)- — Rapport sur un Mémoire
de M. Torrcs, concernant un avant-
projet de ballon dirigeable 141
— Présentation de la lin de son Traité itc
Mécanique ralinnnclli: '>>A
— Est élu membre de la Commission
d'aéronautique 715
I M\l. Paijes.
' ARCHAMBAULT adre?se une Note sur un
I projet rl'appaieil de sûreté contre les
tamponnements des trains de chemins
I de fer ?.68
I ARSONVAL (d'). — Pendule de Foucault
simplifié 832
AUliEL ( Edmom) van ). — Surla résistance
électrique des corps peu conducteurs,
aux très basses températures 4'^^
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication *J4o
— Sur la résistance électrique du sulfure
de plomb aux très basses températures. 734
— Sur le |)héiiomène de Hall et le pouvoir
thermo-électrique 786
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication 1016
AUBRUN. — Un prix Laplace lui est
attribué 1243
— Un prix Rivot lui est attribué r?.43
AUKIC. — Sur la généralisation des frac-
tions continues 9^0
AUTONNE (LÉON). — Sur un groupe
nouveau, d'ordre fini, linéaireà quatre
variables 2^
— Sur les substitutions crémoniennes
dans l'espace 776
AZOULAY i;L.). — lieproduction en
nombre illimité des phonogrammes en
cire, pour musées phonograpliiques,
par le moulage galvanoplastique. Pro-
cédé par fusion et procédé [lar com-
pression et chaleur combinées 879
— A'/rn/n se rappoitant à cette Commu-
nication 1016
C. K., i'jo.i, i' Semestre. ('ï. CNiXXV.)
1«,
i4i/(
TABLE DES AUTEURS.
B
MM. Pa{tos.
BAILHACHE. — Sur les oxalomolybdites. 86î
— Errata se rapportant à cette Conimu-
cation 1084
BAILLAUD (B.). — Sur la surface focale
principale de l'objeclif de l'équatorial
pliologra|)hique de l'Observaloire de
Toidouse. (En commun avec M. Mon-
tanacriind. ) 44',)
— Étude sur le climat de Toulouse, de
i8C3 à 1900 766
BALLAND adresse une Note « Sur les prin-
cipales plantes fourragères » 545
— Sur quelques Graminées exoliques
employées à l'alimentation (Eleimine
paspale, Pénicilliairr, Snrghn, Tfj).. 1079
BALONDRADE (J.) adresse une Note rela-
tive à des « Bombes et fusées para-
ijrèles » 945
BALTUAZAIiD. — Le cœur à l'élat normal
et au cours de la grossesse. (En com-
mun avec M. Cli. Bouchard.). ..... g3i
BARBIER (Pli.). — Sur le métaphosphale
manganique violet de Gmelin 1054
— Sur un phosphate ammoniaco-manga-
nique violet 1 109
B.\RBIERI (N. -Alberto). — Essai d'ana-
lyse immédiate du tissu nerveux. . . . '240
BABILLÉ (A.). — E'rata se rapportant à
une Communication du 23 juin igon,
sur l'analyse du poivre de Kissi l'^.S
BARILLET (C.-L.). — Sur les électrodes
bipolaires. (En commun avec M. ^.
Brochet.) Sjj
— Sur les électrodes bipolaires à anode
soluble. (En commun avec AI. André
Bnichct.) 1049
BARRILLON. — Un prix Rivot lui est
attribué vi-k'i
BASSOT présente à l'Académie le Volume
de la « Connaissance des Temps, pour
l'année 1 goS » O7 1
— Présente à l'Académie, au nom du Bu-
reau des Longitudes, V Annuaire pour
l'an igoS 1094
BAUBIGNÏ(I1.). — Sur ledosagedumanga-
nèse 96 j
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication 1084
— Préparation des alcalis et du peroxyde
de manganèse 1 1 1 o
^ni. Pages.
BAUD (E.). — Sur le fluorure d'cduminiuai. i io3
BAUDOIN. — Sur un procédé de concen-
Iration des vins. (En commun avec M.
.Scliribaux. ) '.463
BAUDOIN (.Maucbl). — Un nouveau genre
de Térolopage. les Hypogastrnpages
(ie l\ |)o opérable S 12
BAUME-Ï'LUVINEL (dei.a). - Le prix
Janssen lui est décerné 1172
— Adressedes remercîmenlsàl'Aca Jéinie. i3oi
DAY (L). — Sur la saponification desétliers
nitriques. (En commun avec M. Léon
Vi^iinn .) 307
BEAULARD (F.). - Sur les paramètres
élastiques des (ils de soie (i^B
BÉXÉZIT. — Un prix Rivot lui estaltribué. 1243
BERNARD(NoEL). — Conditions physiques
(le la tubérisalion chez les végétaux. 70G
BERTHAUT. — Le prix Gay (Géographie
physique) lui est décerné i9,o4
BERTIIELOT. — Sur ia relation de l'inten-
sité du courant volla'ique et la mani-
festation du débit électrolylique. ... fiirmation des dérivés mono-
chlorés et monobromés des hydrocar-
bures en dérivés monoiodés i35o
BOLEY (Pierre). — Sur lesdilférencesdo
potentiel au contact 451
BONNIER (Gastom) fait hommage à l'Aca-
démie du deuxième fascicule du
« Cours de Botanupie » publié par
lui en collaboration avec M. Lccicrc
du Sablon 840
— Cultures expérimentales dans la région
méditerranéenne; modilications de la
siructure anatomique r285
BONNIER (Pierre). — Le prix Philippeaux
lui est décerné i?. 1 1
BORDAS (F.). — Variation de l'acide
phosphorique suivant l'âge du lait.
(En commun avec i\L Sig. de Rmz-
knwski.) 302
— De l'induence de l'écrémage sur la
répartition des principaux éléments
constilulifsdu lait. (En commun avec
!\L .S'/)f. de Raczkoivshi.) 354
— De la traite mécanique, dans l'industrie
laitière. (En commun avec M. Sig. de
HarzliiM\\/ii.) 3- (
— Un prix iMontyon (Statistique) lui est
décerné i [78
— UncmédailleBerthelot lui est accordée. 1233
BORDAS (L.). — Variations morpholo-
giques et anatomiques présentées par
le gésier chez quelques Coléoptères. . 9S2
BORLL (Émii.k). — Sur la généralisation
du prolongement analytique i5o
BORNET. — Rapport sur le concours du
prix Desmazières (Botanique.) 1201
— Est réélu membre de la Commission
centrale administrative pendant l'an-
>i«e igo3 li-yy
— Notice sur M. Millaidcl 1-298
BORHRLLY. - Observations de la comèle
h 190V., découverte le i" septembre
i4i6
TABLE DES
MM, Pa(;es.
yiarM. Périncel le?, spplembre, d'une
manière indépendante, par M. Bnr-
rr/lf 433
BOSC (F.-J.). — Traitement préventif de
la claveiée. Sérum anticlaveleux .... 4o5
BOUCAUD adresse une Note relative à
l'.Aéroslation Ç)45
BOUCHARD (Ch.). — Traitement local des
localisations du rhumalisme iC
— Allocution à l'occasion de la mort de
R. Kirrlintv (09
— Recherches expérimentales sur l'adré-
naline. (En commun avec M. Henri
Claude. ) 028
— Le cœur à l'état normal et au cours
delà grossesse. (En commun avec
M. Bnlthaznril.) 1)3 1
— Rapport sur le concours du prix Mon-
tyon (Médecine et Chirurgie.) l'jmS
BOUCHER (Claude). — Le prix Montyon
(Arts insalubres) lui est décerné. . . . 1234
BOUDOUARl) (0.). - Sur les alliages de
cuivre et de magnésium 794
BOUGAULT (J.j. — Sur la présence de la
volémile dans quelques Primulacées.
(En commun avec NL G. Atlnrd.). . . 796
BOUILHAC(Raoi-l). —Inlluence de l'aldé-
hyde formique snr la végétation de
quelques Algues d'eau douce i36
BOULE (Mabcellin). — Sur un Carnassier
gigatitesque trouvé dans l'argile plas-
tique de Vaugirard, près de Paris. . . 343
BOULOUCH (R.). — Sur les mixtes formés
par le soufre et le phosphore au-
dessous de 100° iCiS
BOULUD. — Sur l'acide glycurunique dans
le sang du chien. (En commun a\ec
1\L J<. l^épine.) 1 3g
BOUQUET DE LA GRYE, Président, rap-
pellpà l'Académie la perte douloureuse
qu'elle vient de faire dans la personne
de M. Fii)e, Membre de la Section
d'Astronomie 0
— Annonce à l'Académie la mort de H.
Vvclunv, Associé étranger 409
— Annonce à l'Académie la mort de
M. Dainour, Académicien libre.... 465
— Annonce à l'Académie les décès de
M.\L Delie'nnn et Hniitefeuille 1017
— Allocution de M. le Président à la
séance publique annuelle du 11 dé-
cembre igo? 1 1 54
— Rapport sur un Mémoire de MM. B.
Briwliex et lim'id, relatif aux « Anu-
AUTEURS.
MM. Papes,
malles du champ magnétique sur le
Puy de I trime » 1 3oo
— Est élu membre adjoint de la Commis-
sion de l'Aéronautique 7^4
BOURCKT. — Variations de l'iode du
sang. (En commun avec M. E. Glrf.) . 1 S5
BOURQÙELOT (Em.). — Sur le gentio-
biose : préparation et propriétés du
gentiobiose cristallisé. (En commun
avec M . H. Hcrissey . ) '90
— Action des fermenis solubles et de la
levure haute sur le gentiobiose. Re-
marques sur la conslilulinn du gen-
tianosp. (En commun avec M. H.
Hcr/sser. ) 399
BOUSSINESQ. — Réilexion et réfraction
par un corps transparent animé d'une
translation rapide : équaiions du
mouvement et conséquences géné-
rales '.i20
— Réflexion et réfraction par un corps
transparent animé d'une translation
rapide ; ondes réfléchies et réfraclées;
amplitude des vibrations 269
— Réflexion et réfraction par un corps
animé d'une translation rapide : cons-
truction des rayons, indépendante de
la translation, et rotation, paraissant
au contraire en dépendre, du plan de
polarisation du rayon réfracté 009
— Extension du Principe de Fermât, sur
l'économie du temps, au mouvement
relatif de la lumière dans un corps
transparent hétérogène, animé d'une
translation rapide 465
— Démonstration générale de la construc-
tion des layons lumineux par les sur-
faces d'onde courbes 55g
BOUTAN (Louis). — Sur le centre ner-
veux qui énerve la périphérie du
manteau chez le Prc/eri 587
BOUVEAULT (L.). — Condensation du
nitrométhane avec les aldéhydes aro-
matiques. (En commun avec M. A.
FFnhl.) 41
— Action de l'acide nitreux, en solution
acide, sur les élhers p-cétoniques
a substitués; synthèse des homolo-
gues de l'acide |iyruvi(|ue. (En com-
mun avec M. Renc L'i-i/ain.) 179
— Action de l'aride nitreux, en solution
alcaline, sur les élhers [S-cétoniques
a-substitués. (En commun avec
M. René Lorrjiiin.) -igS
TABLE DES
MM.
BOUVIER ost élu \fembre de la Section
d'Analomie et Zoologie, en rem|)la-
cement de M . Filhnl
— Sur le d6velo|ipement des Péri()iUidés
de l'Afriqije australe
BOUZAT. — Chlorures cuivriques ammo-
niacaux anhydres. Radir.iiix cu|iro-
ammoniques
— Sulfates cu|)ro-aminonique.s anlndres.
BKÉCHARD adresse un Travail reUiilà île
(I nouveaux panlOL'raphes »
BREN.\NS (P.). — Sur un nouveaii phé-
nol diiodé
BRETON (E.). — Sur la formation des
(iHlicnriJ.s dans le sérum des animaux
vaccines. ( Kn commun avec M. .-/.
Ctilmetlc. )
BROCARD (H,). — Les quatorze L-rands
Registres de laboratoire de Lavoisier.
Le Registre II signalé perdu et nou-
vellement retrouvé
BROCHE!' (André). — Sur les électrodes
bipolaires.^EneommunavecM. C.-L.
BnriUft.)
— Sur les électrodes bipolaires à anode
soluble. (En commun avec .M. C.-l..
lUiriUrt.)
Pajies.
lo33
7.92
")34
'J74
854
'0-19
AUTEURS. 14 r 7
MM. Pnges.
BRUNEL (LÉON). — Dérivés d'addition du
cyclohexène 1 o j j
RRUNHES (B.) adresse un Mémoire inti-
tulé : « Étude des anomalies du champ
magnétique terrestre sur le Puy de
Dôme 1). (En commun avec M. P.
David. ) 1 ur)6
— Ra|)por t sur ce .Mémoire par .\1. liou-
fjuei lie la Grye 1 3oo
BRUNHES i.Ik\n). — Sur Je rôle dns
tourbillons dans l'érosion éolienne. . ii32
BliUiNTZ (Louis). — Étude comparée dos
liquides organiijues de la sacculine et
du crabe. (En commun avec M. Jeun
Gniilrclel .) 349
— L'excrétion chez les Crustacés supé-
rieurs 589
— L'excrétion chez les Cii 1 ipèdes i)>i7
BRUVANT(C.j. - Sur la végétation du
lac Pavin 1371
BUISSON (IL). — Sur une nouvelle mé-
thode de mesure optique des épais-
seurs. ^ En commun avec M. Macé de
Lépiiiay .) •>.83
BUSSV (de). — Rapport sur la part prise
par M. Delpei.ch dans le concours du
prix Binniix 1174
CAILLETET est adjoint à la Commission
de l'Aéronautique SSO
CALLANDREAU (0.;. — Propiiétés d'une
certaine anomalie pouvant remplacer
les anomalies déjà connues dans le
calcul des perturljations des petites
planètes 8
— Sur quelques pailiculaiilés de ia théo-
rie des étoiles lilantes. Existence do
points radiants staiioiinaires par 4'J"
de latitude ^37
CAL.MËTTE (A.). — Sur l.i formation des
anticorps dans le senim des animaux
vaccines. (En commun avec .M. t..
Breton . ) 1 o 1 3
CA.MBOULIO. — Contribution à l'étude
des Artophcles de l'isthme de Suez. . 704
CAM.MAN (P.). — Réflexion de la lumière
sur un miroir de fer aimanté perpen-
diculairement au plan d'incidence. . . ^Hli
CAMPAGNE (A.). — Sur la préparation
d'un soufre pulvérulent directement
miscible aux bouillies cupriques, et
sur l'efficacité d'un traitement simul-
tané des vignobles contre l'oïdium et
le luildew. (En commun avec .M. M.
Ciimpri^iie . ) 814
CAMPAGiNE (M.). — Sur la préparation
d'un soufre pulvérulent directement
miscible aux bouillies cupriques, et
sur l'efficacité d'un traitement simul-
tané des vignobles contre l'e'i'dium et
le inildevv. 1 En commun avec .M. .-I.
Ctiiiipaj^iiv .) S 1 4
CAMUS (Jeais). — Hémoglobinurie d ori-
gine musculaire. (En commun avec
AI. F. Pognirz.) 325
— Erram se rapportant à cette commu-
nication 37(1
— Hémoglobinurie musculaire. (En com-
mun avec SI. P. Piigniez.) 1010
CANNIZ.VRO (Sta^iislas). — La médaille
Lavoisier lui est décernée iv,33
— Adresse des nmercîmenls à l'Acadé-
mie i3oi
CARNuT (Ad.). — Rapport sur des expé-
t/{i8 TABLE DES
MM. •'"EP'-
riences faites à l'Observaloire deMonl-
soiiris, relatives à la composition do
l'air atmosphérique 89
CARRIÈRE. — La cryogénine dans les
fièvres ' 38'2
CARTAN (E.). — Sur ré(iiiiviilrnce des
systèmes différentiels 7*^ '
— Sur la structure des groupes infinis... 85i
CASSAET. — Une Citation lui est accor-
dée dans le Concours du prix Montyon
(Médecine et Chirurgie) 1208
CASSEDEBAT. — Ouverture d'un pli ca-
cheté indiquant M. Casxf débat comme
l'autecr d'un Mémoire qui a obtenu
une Mention honorable au concours
Montyon de Statisti(]ne pour i.noî... i3oi
CHARRIÉ (C). — Sur la synthèse d'un
carbure aromatique dérivé du cam-
phre ' '■'i*'
CHArOTEAUT. — Ouverture d'un pli
cacheté renfermant une Note « Sur la
préparation du gaïacol et du créosol
purs au moyen de la créosote de
liêtre ». (En commun avec M. Gi-
r/i/id.) i"!-*
CHARAROT (Elgène). — Élude sur la
disldlalion simultanée de deux subs-
tances miscibles. (En commun avec
U. J. R'ichcrollrs.) 175
— Le mélhylanthranilale demélhyle dans
l'organisme végétal <8o
CHARPENTIER (AiG.). —Inhibition pro-
duite par voie d'interférence sur la
rétine 56
CHARR1N(A. ). — Transmission expéri-
mentale aux descendants des lésions
développées chez les ascendants. (En
commun avec MM . G. Driamare et
Moussu.) 1 8y
— Nature parisilaire {Onsprirn) de cer-
taines dégénérescences calcaires, de
quelques tumeurs inflammatoires et
de lésions spéciales du squelette. (En
commun avec M. G. Delamnre.) 255
— Recherches physiologiques sur les elïets
de la synipathicectoniie cervicale. ( En
commun avec M. Moussa.) looS
CHAUVEAU (A.). — Rapport sur le con-
cours du prixPoural (Physiologie).. . \iu)
CHAUVEAUD (G.). — La 'théorie dos
[ihytons chez les Gymnospermes. . . . 9-20
CHESSIN (Alexandre-S.). — Sur l'équa-
tion de Bessel avec second membre. ()78
CHEVALIER (Aie). — Sur quelques
AUTEURS.
MM. Paires.
plantes à caoutchouc de la côte occi-
dentale d'Afrique 4-'i'
— Sur les Lnndolpliiées donnant le caout-
chouc des herbes au Congo français. 5t2
CHEVPvOTTIER (.1.). - Propriétés phar-
maco-dynamiques de certaines femi-
carbazides aromatiques. (En commun
avec MM. Jut^uste Lumière et Louis
Lumière . ) '87
CHOFARDET (P.). — Observations de la
comète 1902 /;, faites à l'Observatoire
de Hesançon 433
— Observations de la comète Giacobini
(igo'2 (l), faites à l'Observatoire de
Besançon 1099
CHRÉTIEN (P.). — Sur les combinaisons
des cyanures complexes avec les
aminés de la série grasse 901
CHRISTOMANOS. — Le tremblement de
terre de Salonique 5i5
CIPRIAM adresse une nouvelle Note rela-
tive aux volcans 7^4
CLAUDE. — Une part lui est attribuée
dans le concours du |irix Binoux
(Géographie et Navigation.) 1 174
CLAUDE (llENnij. — Recherches expé-
rimentales sur l'adrénaline. ( En com-
mun avec M. Ch. Bouilmrd. ) 9-28
CLERC (A.). — Les arrérages du prix
Mège lui sont attribués 1218
— Une médaille Berthelot lui est accor-
dée l'-j''
GOBLVN (J.-H. I. — La vision à ilistance
par l'électricité 684
COLLET (J.). — La pesanteur le long du
parallèle moyen 774 et 9 36
COMBEBIAC. — Sur les propriétés du plan
au point de vue de XAnnlysls sUus. . io4j
COMBY. — Une mention lui est attribuée
dans le concours du prix .Moiit\on
(Médecine et Chirurgie) 1208
COMMENCE. —Une mention lui est attri-
buée dans le concours du prix Mon-
tyon (.Médecine et Chirurgie) 1208
— Adresse ses remercîmenls à r.\cadé-
mie i3oi
CONSIDÈRE. — Résistance à la traction
du béton armé 33;
— Étude théorique de la résistance à la
compression du béton fretlé 365
— Étude expérimentale de la résistance à
la compression du béton fretté 4 ' 5
CONSTANTIN (J.). — Ouverture d'un pli
cacheté contenant une Note intitulée :
TABLE DES
MM. Pages.
« Conlribulion à l'étude de l'avia-
tion > joS
CONTE (A.). — Contributions à l'étude
analomique du Hlinhdoplcuni ISnr-
mnni Allni. (En commun avec Al. C.
Vaney.) 63
— Sur l'origine de la coloration naïu-
relle des soies de Lépiiloplères. (En
commun avec M. C. y/tncy.) 700
— Uecherclies sur le bourgeonnement de
Rhnbdnjjlcura ISormiuini Ail. (En
commun avec M. C. Vancy.) 748
— Sur des émissions nucléaires observées
chez les pjotuzoairps. ( En commun
avec M. C. Vaney .) i365
CORBIN (P.). — Sur la découverte d'un
nouveau massif granitique dans la
vallée de l'Arve, entre Servoz et les
Houches. ( En commun avec iM.\I. E.
H'in^ et M. Liigeon. ) 1 379
COIIET { AuG. ) adresse deux Notes, sur
un mode de suspension du pendule,
et sur un projet de pendule do Fou-
cault « à force vive » 919
t;OUML (V.). — Sur l'évolution de la
rondelle crânienne détachée |iar le tré-
pan et immédiatement réimplantée.
(En commmun avec M. P. Coudniy.). 191
AUTEURS. 1419
i\lM. Pages.
COUDUAY (Paul). —Sur l'évolution de
la rondelle crânienne détachée par
le trépan et immédiatement réimplan-
tée. (En commun avec M. V. Cor/dl.). 191
COUSIN ( H- ). — Action du chlore el du
brome sur les vératrols monoiiitrés.. 967
CIŒMIEU ( V.). — Nouvelles recherches
sur les courants ouverts 27
— Anomalies présentées par la charge do
conducteurs isolés sur ries diélectri-
ques solides. Phénomènes magnéti-
ques particuliers constatés au voisi-
nage de nœuds d'oscillations élec-
triques 1 53
— Précautions à prendre pour l'emploi
des CIs de cocon comme lils de tor-
sion 682
CURIE (P.). — Sur la constante (le temps
caractéristique de la disparition de la
radioactivité iniuile par le railiuru
dans une enceinte fermée 837
CURIE ( M'""';. — Sur le poids atomique du
radium 161
— Le piix Gegner lui est décerné iiî-jS
— Une métiaille Berlhelot lui est accor-
dée 1233
— Adre^^e des remerciments à l'Acadé-
mie 1 3oi
D
DAMOUR. — Sa mort est annoncée à
l'Académie 4'J^
DANGEARD (P. -A.). — La téléomitose
chez V Aniœbn Gleiclienn Duj:ird. ... i lid
— L'organisation du Trcp:>nmnas ni^ilis
Dujardin 1 366
DAMiiL (Lucien). — Sur une modification
produite chez le Scnpolia caminiicii à
la suite de sa greffe sur Tomate 4Si
— Sur l'utilisation des principes minéraux
par les plantes greffées. 1 En commun
avec M. V . Thnnins. ) 5o'.)
DANILOFF (E.).— Sur la géographie phy-
sique de la Vaïla occidentale (Crimée). 35i
DARBOUX (G.) e.-l désigné par l'.Acadé-
mie pour la représenter aux fêtes du
centenaire du grand mathématicien
N.-H. Abri 146
— E^t présenté à M. le llmi^tre de l'ins-
truction publique pour la place laissée
vacante, au Bureau des longitudes,
par le décès de .M. Cornu 944
Rapport sur le concours du prix Fran-
cœur (Géométrie) 1 163
Rapport sur le concours du prix Pon-
celet (Géométrie) 1 163
Rapport sur le concours du prix Sain-
tour 1242
M. le Secrétaire perpétuel, signale un
Volume intitulé : 0 The norwegian
north polar Expedilion, 1893-1896.
SciiîntiDc results. Volume 111 », 22. —
Les trois Volumes du Compte rendu
du quatrième Congrès international de
Chimie appliquée, tenu en 1900, et
divers Ouvrages de M. Gino Lnriti et
et de M.Ciiri-LiiJivi^' CluirtU-r, i46.
— L' « Atlas bathymélriqne et litho-
logique ries côtes de France, par
M. J. Tlinidet », 369. — Une traduc-
tion allemande d'un Ouvrage de
M. Adolplie Minet, portant [lour
litre : a Die Gexvinnung des Alumi-
niums und dessen licdeulung fiir Ilan-
1^20 TABLE DES
MM. l'ages.
rfel und Industrie », ai'- — Divers
Ouvrages en allemand, de M. J.
Korri. 574. — Divers Ouvrages de
M. Gino Loria, de M. A. honiia, de
M. L. Dumas et de M. Siariislas
Meunier, 671. — Un Ouvrage de
MM. Rctzius et Funt, deux brochures
de M. Vandcaren, 104 3. — Un Ou-
vrage de M. Emmanuel de Marlonne
intitulé : « La Valachie, essai de
monographie géographique », i3oo.
— Deux Volumes portant pour titres :
« International Catalogue of scicnti-
fic literature, first annual issue; D,
Chemistry, Part I, et M, Bolany,
Part I », 146. — Divers Ouvrages
adressés par V. Bjerhnes, iM. Cli.
LoUemaitd, M. Nedclkovi icli ,
MVL Lortet et C. Gadlard ^^-
— Annonce que le Tome XXXII {■!" série)
des 11 Mémoires présentés par divers
savants à l'Académie des Sciences »
est en distribution au Secrétariat.. . . 22
D.WID (P.) soumet au jugement df- l'A-
cadémie un Mémoire intitulé: « Etude
des anomalies du champ magnétique
terrestre sur le Puy de Dôme. ( En
c.iuimun avec .\l. B. Brulim-s.) 109(1
— Rapport sur ce Mémoire par M. Bou-
quet de In Grj e 1 jdo
DEFLANDKE (C. ). — Itôle de la fonction
adipogénique du loie clicz les Inver-
tébrés S/«».v/«^f7/.v').
(En commun avec M. P. -P. Delié-
riiin. ) 445
DEPÉRET ( Ch. ). — Sur l'origine et la dis-
persion géographique du L(><^om)s
corsicaniis 884
DHSCO.MP.S (Tu.) adresse une Note sur le
« Black-rot atmosphérique » 5i6
DESCUUÉ (Maucki.). — Sur un nouveau
composé du groupe de riiexaméthy-
lenelétramine 693
— Action desamines grasses sur le diben-
zoale de méthylène 972
DESGUEZ(A.). — De l'influence de la
chollne sur les sécrétions glandu-
laires 02
DESLANDRES ( 11.). — Méthode spectrale
TABLE DES AUTEURS.
1A21
MM. I
capable de fournir la loi de rotation
encore inconnue des planètes à faible
éclat. Vérifications de la niéiliode.
Premiers résultais
— Recherches spectrales sur la rotation
de la planète Urauus
— Organisation, à l'Observatoire de i\Icu-
don, des spectrographes automatiques
dits fies vitesses, qui enregistrent les
mouvements radiaux et l'épaisseur de
la chromosphére solaire
— Est porté sur la liste des candidats
présentés par la Section d'Astronomie
pour remplacer M. Fuye
— Est élu Membre de la Section d'Astro-
nomie, en remplacement de M. Fii)r.
niSLÈRE. —Une médaille Berthelot' lui
est accordée
DOMBROVVSKY (S.). - Méthode per-
mettant de séparer, des liquides ani-
maux et végétaux complexes, la plu-
part de leurs matières ternaires et
plusieurs des bases qui peuvent les
accompagner
— Sur la niannite, les azotates et les
alcaliades des urines normales
DONARD (E.). — Sur une matière albu-
mino'ide extraite du grain de maïs.
(En commun avec M. //. Lnbhé.). . .
DONGIER. — Résistivités électriques de
sérums sanguins patliologiques et
d'épanchements séreux chez l'homme.
(En commun avec M. Lesaf^e.)
— Toxine tétanique; observations de la
résistance électrique et de l'indice
de réfraction. (En commun avec
M . Lesnge .)
DOP (Paul). — Sur le pollen des Asclé-
piadées
— Sur le développement de l'ovule des
Asriépiadées
DOYON (Maurice). — Disparition des
éthers dans le sang in vitro. (En
commun avec M. Albert Marel. ). . . .
DRIENCOURT. — Un prix de deux mille
af-es.
29.8
920
9i'J
182
744
■i29
Soo
MM. Hages.
francs sur le prix extraordinaire de
six mille francs (Mécanique) lui est
attribué 1 163
— Adresse des remercîments à l'Acadé-
mie i5oi
DUBOIN(A.) adresse une Note « Sur la
production du rubis par fusion ». . . . 919
DUBOIS (Raphaël). — Sur l'autorégula-
tion, par l'acide carbonique, du fonc-
tionnement énergétique des organis-
mes 5S
— Adresse une Note « Sur le mécanisme
intime de la fonction photogénique;
réponse à M. James Deivnr » 636
DUCHAUSSOY. — Un prix Montyon (Statis-
tique) lui est décerné 1 178
DUFAU(Em.). — Aluminate de manga-
nèse : AI^O'Mn 963
DUHEM (P.). — Sur les quasi-ondes 761
— Sur l'analogie entre les rayons X et
les oscillations hertziennes 845
— Sur les conditions nécessaires pour la
stabilité de l'équilibre d'un système
visqueux 909
— Sur la stabilité de l'équilibre et les
variables sans inertie 1088
— Des conditions nécessaires pour qu'un
fluide soit en équilibre stable 1290
DUPARC (Louis). — Sur l'origine de la
coupure ' transversale de la Kosva
(Oural du Nord) ii35
DUPONT (C. ). — Culture du blé au champ
d'expériences de Grignon, en 1909,.
(En commun avec M. P. -P. Délie-
rai n) 654
DUPONT ( Maurice K — Appareil pour
déterminer la durée des impressions
lumineuses sur la rétine 876
DUSSAUD. — Sur un nouveau procédé
destiné à faciliter l'écriture et le cal-
cul aux aveugles 600
— Nouvelles expériences sur la résistance
électrique du sélénium et ses appli-
cations à la transmission des images
et des impressions lumineuses 790
EGLNITIS (M.-D.). — Sur les crépuscules
rouges observés à Athènes dans les
mois d'octobre et de novembre 1902.
— Observations des Perséides, Léonides et
Biélides, faites à Athènes en 1902. . .
1080
i3o8
C. R., 1902. a' Semestre. (T. CXXW. )
ELDIN (Ed.) adresse une Note relative
aux causes de la catastrophe survenue
à l'aérostat « Le Brailsky » 637
ESCL.A.NGON (E.). — Sur les récentes
lueurs crépusculaires observées à
l422
MiM.
TABLE DES AL'TEURS.
l'apes.
846
Bordeaux
Sur une extension de la notion de
périodicité 89
MM. Pages.
ETARD (A.). — Sur la musrulamine,
base dérivée des muscles. (En com-
mun avec M. ^. P'ilti .) 698
FABRE (L.-A.). — Sur le courant et le
littoral des Landes 1 134
FABRY(L.). — Observations de la co-
mète h ig"2, découverte le i"^' sep-
tembre [)ar .M. Pcrifie, et le a sep-
tembre, d'une manière indépendante,
par M. BnrrfUj, à l'Observatoire de
Marseille 433
FAUVEL (Pierre). — Les otocystes des
Annélides Polychètes i362
FAYET (G.). — Observations de la nou-
velle comète Giacobini (d 190-2),
faites à l'Observatoire de Paris io43
— Éléments provisoires de la comète Gia-
cobini (2 décembre 1902) 1044
FENYI (J. ). — Sur la nature du cohéreur. 3o
FER.\B.\CH(A.). — InHuenre de l'acide
sulfocyanique sur la végétation de
YAspergilliis /li^i'r 5 1
FLAMAND (G.-B.-M.). — Sur le régime
hydrograpliique du TidilcL'It (archipel
Touatien ), Sahara central 2 1 2
FONVIELLE (W. de). — La vérification
de la loi des hauteurs barométriques. 335
FORCRAND (de). — Sur l'hydratation de
l'oxyde de zinc 3G
— Sur les propi iétés et la constitution des
peroxydes de zinc io3
— Sur la composition des hydrates de gaz. 959
— Sur la composition et la constitution
des hydrates sulfhydrés 1344
FOSSE (K.). — Propriétés oxydantes d'un
pyranol 39
— Sur un dérivé de l'eau oxygénée 53o
— Une médaille Berlhelot lui est accor-
dée 1233
— Un prix Cahours Ini est attribué 1239
FOURNIER. — Une citation lui est accordée
dans le concours du prix Montyon
(Médecine et Chirurgie) 1208
FOUHi\IER(J.). — Sur une des causes
d'explosion des chaudières à vapeur et
sur le moyen de la prévenir 282
FOURTAU (R.)- — Sur la constitution
géologique des environs d'Alexandrie
(Egypte). (En commun avec M. D.-E.
Facltuiictiiki. ) 596
— Sur le Grès nubien 8o3
FOVEAU DE COUR.MELLES adresse une
Note portant pour tiire : « Des éner-
gies photocbimiques comparées de
diverses sources lumineuses » 216
FRAICHE! adresse le résumé d'un travail
Cl Sur la variation de résistance ma-
gnétique d'un barreau de traction ». 687
— Variation de la résistance magnétique
d un barreau de traction 68 j
— Adresse un Mémoire portant pour
titre : « Méthode d'essai des métaux,
b;isée sur la vaiiation de réiurtance
d'un barreau de traction » 886
FREMONT (,Cu.). — Mesure de la limite
élastique des métaux 281
— Un prix Trémont lui est décerné 1243
FREUNDLER(P,). — Surl'aldéhyde/^-ben-
zène-azobenzo'ique et ses dérivés. ( En
commun avec M. de Liibonlerie .). . . 1116
FRIEDEL (Jean). — Formation de la
chlorophylle, dans l'air raréfié et dans
l'oxygène raréfié io63
GAILLOT. — Le prix Damoiseau lui est
décerné 11-0
— Adresse des remercîments à l'Acadé-
mie i3oi
GARRIGOU (F.). — Sur des procédés de
concentration de liquides alimen-
taires, et particulièrement du vin. . . . 369
— Résultats physiques, chimiques et
pratiques de la concentration du vin. 407
— La diffusion de l'arsenic dans la na-
ture 1 ii3
— Errata se rapportant à celte Commu-
nication r38S
GASTLNE. — Sur un nouveau procédé
pour la destruction de la pyrale et
d'autres insectes nuisibles. (En corn-
TABLE DES AUTEURS.
1423
i33
■268
Si»,
833
MM. Pages,
niun avec M. Vermorcl.) 66
GAUDRY (Albert) fait hommage à l'Aca-
démie d'un Opuscule intitulé : 0 Re-
cherches palcontolopiques de M- An-
dré Tnurnniiër en Palagonie »,,... 619
— Rapport sur le concours du prix Jérôme
Ponti \y.\i
GAUTIER (Armand). — Existence, dans
l'albumen de l'œnf d'oiseau, d'une
substance fibrinogène, pouvant se
transformer, in vitro, en membranes
pseuflo - organisées
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication , , , .
— Observations à propos d'une Note de
M. G. Bertrand, sur l'existence de
l'arsenic dans la série animale
— Localisation de l'arsenic normal dans
quelques organes des animaux et des
plantes. Ses origines
— Sur la quantité d'hydrogène libre de
l'air et la densité de l'azote atmosphé-
rique
— Observations au snjet d'une Note de
M, Carrignu, sur la dilTusion de l'ar-
senic dans la nature ri i5
GAUTIER (E,-F.), — Sur les terrains pa-
léozoïques de l'Oued Saoura et du
Goura ra 1 07 1
GAUTRELET (Jea\). — Élude comparée
des liquides organiques de la saccuiine
et du crabe, (En commun avec M, Lmiis
Bruntz .) , 349
GENVRESSE (P,). — Sur l'essence de
vétyver. (Eu commun 11, G. Lan-
^tois.)... : loâij
GIARD. — Rapport sur le concours du
prix Thore (Anatomic el Zoologie). , l'.oî
— Rapport sur le concours du prix Godard
( iMédecine et Chirurgie) iai6
GIRAN (H,). — Transformation de l'acide
pyrophosphorique en acide ortliophos-
phorique 961
— Étude thermique de l'acide nu'laphos-
phorique i333
GIRAUD, — Ouverture d'un pli cacheté
renfermant une Note « Sur la prépa-
ration du ga'i'acol et du créosol purs
au moyen de la créosote de hcHro i>.
(En commun avec M, Cluiimteiuit.). i<),|-.>.
GIRAUD (J.), — Surréruplion de la Marti-
nique, (En commun avec iilM, A. La-
croix et IXdllct de Vlsli: .) . . 377 et 4'9
— Errata se rapportant à ces deux Com-
MM, Pages.
munications 464
— Sur l'âge des formations volcaniques
anciennes de la Martinique i377
GIROD adresse un Mémoire « Sur une
méthode de transposition en musi-
que » 1096
GLE'i' (E. ), —Variations de l'iode du sang.
(En commun a\ec M. P. Bmircft). . . i85
GONNESSIAT. — Le prix Delalande-Guéri-
neau lui est décorné. 124 1
G0S5UIN (L. ) adresse une Note sur un
tromblemenlde terre à Busselino (Ita-
lie) 9'9
GOUTAL. — Sur le pouvoir calorifiqiiede
la houille 477
GOYAUD. — Sur la fermentation pectique, 537
— Adresse une nouvelle Note « Sur la
fermentation pcclique » 7>5
GR.AXDIDIER. — Rapport sur la part prise
par M. Marcel Monnier dans le con-
cours du prix Binoux 1 174
— Rapport sur le concours du prix Tchi-
hatchef , 239
GRAVIER (Cil.). — Sur un Cérianlhaire
pélagique adulte Sgi
— Sur les Annélides polychètes d'eau
douce 984
GRÉHANT (Nestor). — Analyse de neuf
échantillons d'air recueilli dans les
galeries d'une mine de houille 726
GRIFFON (Ed). — Recherches sur l'assi-
milation cidoropliyllienne des feuilles
dont on éclaire soit la face supérieure,
soit la face inférieure ■ 3o3
GltlFFON (V.), — Une citation lui est
accordée dans le concoure du prix
Montyun (Médecine el Chirurgie) . . . 120S
GRIGNARD (V.). — Action des combi-
naisons organo-magnésicnnes mixtes
sur les éthcrs d'aeides cétouiques
(II) 627
— Une médaille Berlhelot lui est accor-
dée 1233
— Un prix Cahours lui est attribué 1239
— Adresse des remerciments à à l'Acadé-
mie ,. i3pr
GRI.MAL (Émii.ie.\). — Sur l'essence de
hois de Cèdre de l'Atlas ^82
— Sur un dichlorhydrate et un dibrom-
hydratc de cadinène, et un cadinène
régénéré dexirogyrcs 1037
GRIMBERT (L.). — Un prix Darbier lui
est décerne i2i3
— Une médaille Berthclot lui est accordée. i233
l424 TABLE DES
MM. , Pages.
— Adresse des remerciments à l'Académie. 1 5oi
GROSSOUVRE (de). -^ Le prix Fon-
tanes lui est décerné 1 197
— Adresse des remerciments à l'Acadé-
mie i5oi
GRYNFELTT (Ed.). — Distribution des
corps suprarénaux Plagiostomes. . . . 33o
— Structure des corps suprarénaux des
Plagiostomes Syi
— Sur le corps inlerrcnal des Plagios-
tomes 439
GUÉDRAS (Marcel). — Essai sur la
conb.titulion chimique des copals. . . . 797
— Adresse une Noie « Sur le lilliuiione v. i384
GUERBET (Marcel). — Action des alcools
sur les dérivés sodés d'auties alcools. 172
GUEUDEll adresse une " Etude clinique sur
une antitoxine luberculcuse. Résultats
tliéra(ieuliques dans les tuberculoses
localisées » 88C
GUÉl'ilN. - Une cilation lui est accordée
dans le concours du prix Monljon
(Médecine et Chirurgie) rioH
GUIGNARD (L.). — Sur la double fécon-
dation chez les Crucifères 497
GUILLAUME (J.). — Observations de la
comète Perrine-Borrelly {1902 //),
à l'Observatoire de Lyon '199
— Observations du Soleil, faites à l'Obser-
vatoire de Lyon pendant le premier
trimestre de 1902 oaS
— Observations du Soleil, faites à l'Obser-
vatoire de Lyon pendant le deuxième
trimestre de 1902 O74
— Oservations du Soleil, faites à l'Obser-
vatoire de Lyon pendant le troisième
trimestre de 1 902 «87
GUILBERT (C.-F.). - Le prix Hébert
lui est décerné (Physique) 1 177
— Adresse des remerciments à l'Acadé-
mie i3oi
H
HAD.4MARD. — Sur les fonctions entières. iSog
HALLER. — Rapport sur le concours du
prix Jecker (Chimie) 1293
HÂMY. — Est porté sur la liste des
candidats présentés par la Section
d'Astronomie pour remplacerM. Faye. 920
HARTMANN. — Le prix Montyon (Méca-
nique) lui est décerné 1 1O7
HARTWIG (E.).— Le prix Walz (.\stro-
AUTEURS.
MM. Pages.
GUILLEMLN (A.). — Sur les accords
binaires 98
— Classement des accords binaires. Con-
sonances et dissonances spécifiques. . 396
GUILLEMLNOT (H.). — Moyen de régler
les résonateurs de haute fréquence, en
vue de leur emploi médical -îSS
GUILLEMONAT. — Une mention lui est
accordée dans le concours du prix
Montyon ( Médecine et Chirurgie). . . 1208
GUILLIER.MOND (A.). — UbseiA-ations
sur la germination des siioies du Sac-
cliaromyces Liir/iv/gii 708
— ErriiKi se rapportant à cette Commu-
nication 920
GUILLON (J.-M.). — Sur la possibilité
de combattre par un môme traitement
liquide le mildew et l'oïdium de la
Vigne 2G1
— Sur l'application des engrais chimiques
à la culture de la Vigne dans les ter-
rains ralcaires des Charentes. (En
commun avec M. G. Gwtiran .) 107G
GUXIZ. — Sur un procédé général de
formation desazotures métalliques... 738
GAILLOT. — Le prix Damoiseau lui est
décerné ( Astronomie ) 1170
GUYE. — Sur la formation des gouttes
liquides et les lois de Taie. (En com-
mun avec M. Louis Pcirot.) 4^9
— Errata se rapportant à celle Commu-
nication Î20
— Sur la formation des gouttes liquides
et les lois de Taie. (En commun avec
M. Louis Perrnt.) 621
GUYOU. — Rapport sur le concours du
prix extraordinaire de six mille francs
(Mécanique) 1166
— Rafiport sur la part attribuée à
M. Cltntdc dans le concours du prix
Binoux 1 174
nomie) lui est décerné 1 1IJ9
— Adresse des remerciments à l'Acadé-
mie i3oi
UATON DE LA GOUPILLIÈRE est désigné
à M. le Ministre de la Guerre pour
faire partie du Conseil de perfection-
nement de l'École Polytechnique pen-
dant l'année I9O2-I903 322
— Sur le problème des brachistochrones. 614
TABLE DES
MM. Payes.
— Quelques cas d'intégration de l'équa-
tion des bracliistochrones 637
— Remarques au sujet d'une Commuid-
cationde M. Gréli/mt sur l'air recueilli
dans les galeries d'une nnne de houille. 7G8
— Rapport sur le concours du prix Mon-
tyon (Statistique) 1 178
HATT est. présenté à M. le Ministre de
l'Instruction publique pour la place
laissée vacante, au Bureau des Longi-
tudes, par le décès de M. Cornu. . . . 944
HAUG (E.j. — Sur la découverte d'un
nouveau massif granitique dans la
vallée de l'Arve, enire Servez et les
Houches. (En commun aveciMM. Lu-
geon et P. Citrbin .) 1 379
HAUSER. — Un prix Lallemand lui est
attribué 1218
HAUTEFEUILLE. — Sa mort est annoncée
à l'Académie... 1017
HENRI (V'icroii). — Théorie générale de
l'action de quelques diastases 916
HENRIET. — Sur une nouvelle vapeur
oiganique de l'air atmosphérique. . . . ici
HÉRISSEY (H.). — Sur le gentiobiose :
préparation et propriétés du gentio-
biose cristallisé. (En commun avec
AUTEURS. 1425
IMM. P.i(jt"8.
M. Eni. Boiin/uclol.) 290
— Action des ferments .-olubles et de la
levure haute sur le gentiobiose. Re-
marques sur la con.-liiulion du gen-
tiobiose. (En commun avec M. Ein.
Bourrjuelut . ) 399
HERVÉ (H.). — Nouvelles expériences
d'iVéronau tique maritime ■;if.
HOLT. — Préparation et propriétés d'un
siliciure de vanadium. (En commun
avec M. Moissnn .) 78
— Pi éparation et propriétés d'un nouveau
siliciure de vanadium. (En commun
avec M. Moissan .) 493
HOULLEVIGDE (L.). — Lames minces
niétalliques obtenues par projection
cathodique 6v.G
HOUSS.VY (Fi\ÉDi-;iuc). — Sur la mue,
l'excrétion et la variation du rein, chez
des Poules carnivores de seconde
génération loGi
— Variations organiques chez les Poules
carnivores de seconde yéiiéralion. . . 1357
IIU.V (Uknri). — Le Lmidnlpliia Vicrni,
espèce nouvelle du Gabon, considérée
comme pouvant fournir du caoul-
chouc 808
IMBEAUX (Ed.). — Les arrérages du prix
Bréant lui sont attribués 1216
— Une médadie Berthelot lui est accordée. i233
— Adresse ses remerciments à l'Acadé-
mie i5oi
ISTRATl (C.-I.). — Sur quelques firoduiis
d'oxydation de l'aniline par l'oxygène
de l'air 742
IZARN. — Argenture du verre et daguer-
réoly[)e 240
JANSSEN (J.). — Sur les travaux de cette
année, à l'Observatoire du sommet du
mont Blanc 341
— Est élu membre adjoint de la Commis-
sion de l'Aéronautique 734
— Rapport sur le concours du prix Jans-
scn, décerné à M. Aymar de la
Baumc-Pluvinel ( Astronomie ) 1 1 72
— Rapport sur les travaux du Xi' Jcnn Bi-
nât, auquel un encouragement et une
médaille Janssen sont accordés 1 172
JEAN (Ferdinand). — Sur la recherche
et le dosage de l'extrait de châtaignier
en mélange avec l'extrait de chêne. . 536
— Sur le dosage de l'oxyde de carbone et
de l'acide carbonique dans les airs
viciés 74G
JOANMS (A.). — Action du chlorure de
bore sur le gaz ammoniac i loG
JOBERT. — Sur la structure des muscles
de V Anoinia efjldjipiuni goG
JODIN (Victor). — Sur la durée germi-
nativedesgrainesexposéesà la lumière
solaire i43
JOUGUET. — Sur la rupture et le dépla-
cement de l'équilibre 778
1426
TABLE DES AUTEURS.
K
MM. Pa(;es.
KAUFMÂNN (W.). — La dévialion ma-
gnétique et électriqae des rayons; Bec-
querel, et la masse éleclromagnéli(]uc
des électrons 577
KERFOUNE (F.). - Snr le Gothlandieii
inférieur du massif armoricain i>.'i
KILIAN (W.). — Sur la présence do
l'étage aptien dans le sud-est de
l'Afrique C8
— ErriUa se rapportant à cette Commu-
nication 216
KLING (André). — Sur l'iiydroaénalion
de l'acélol 970
KŒNIGS (G.). — Sur l'assemblage de
MM. l'agcs.
deux corps 343
KORN (A.). — Application de la méthode
de la moyenne arillmiétique aux
surfaces de Hiemann g/i
— Sur le problème de Dirichlet pour des
domaines limités par plusieurs con-
tours (ou surfaces) 23i
KR.4USE (.Martin). — Sur une formule
sommatoire dans la théorie des fonc-
tions à deux variables [0(5
KfiEBS (A.). — Sur un carburateur auto-
matique pour moteurs à explosions. . Sg4
KUNZ (J.). — Sur la conductibilité des
dissolutions aux basses températures. 788
LABBÈ (Alpiionsiî). ^ Sur la continuité
fibrillaire des cellules épithéliales et
de.> muscles chez les Nchnlui: 7J0
LABBÉ (H.). — Sur une matière albumi-
noïde extraite du grain de maïs. (En
commun avec M. E. Dntinrd.) 744
LABORDE a.). — Sur la guérison de la
casse des vins par l'addition d'acide
sulfureux 116
LACUOI.X. (A.). — Extrait d'une lettre rela-
tive à la Mission de la .Martinique. . . i47
— Sur l'éruption de la Martinique. (En
commim avec iMM. Rntlct de flstc et
Giraud. ) 377 et 4 '9
— Errntii se rapportant à ces deux Com-
munications 4G'i
— Sur les roches rejetces par réru].)tion
actuelle de la Montagne Pelée 45 1
— Les enclaves des andésites de l'éruption
actuelle de la Montagne Pelée 4;o
— Nouvelles observations sur les éru[)lions
volcaniques de la Martinique 67-'.
— Sur l'étal actuel du volcan de la Mon-
tagne Pelée à la Martinique 771
— État actuel du volcan de la Martini-
que 992
— Out-lques observations minéralogiques
faites sur les produits de l'incendie de
Saint-Pierre (Martinique) 1068
— Nouvelles observations sur les érup-
tions volcaniques de la Martinique.. i3oi
LANGLOIS(G.). — Sur l'essence de véiy-
ver. (En commun avec M. P. Gcn-
i-res.ic.] 1039
LAPICQUE (Loi'is). — Sur le rùle do la
rate dans la fonction hématolytique. . 2o3
LAPPARENT (de). — Rapport sur ie con-
cours du prix Fontannes (Minéralogie
et Géologie) 1 197
— Rapport sur le concours du prix Gay
(Géographie physique) 1 199
LAUNAY (L. DR). — Sur quelques rap-
prochements entre la genèce des
Gîtes Métallifères et la Géologie géné-
rale |374
LAUNOY (L. ). — L'élaboration du zymo-
gène dans les glandes gastriques de la
vipère Beni^ igj
— Sur l'action (irotéulytique des venins. 4"'
— L'élaboration du vénogène et du venin
dans la glande parotide de la Vipcra
Jspis 539
LAURENT (Emile). — De l'action interne
du sulfate de cuivre dans la résistance
de la pomme de terre au l'hyto-
phtlinrii irifcstans !o4o
— Expériences sur la durée du pouvoir
germinatif des graines conservées dans
le vide 1091
— Sur le pouvoir germinatif des graines
exposées à la lumière solaire i^g")
LAURENT (Jules). — Influence des ma-
tières organiques sur le développe-
ment et la structure anatomique de
MM. P
quelques Phanérogames .
LAVERAN (A.)- — Sur la roccùiiB trou-
vée dans les reins de la Rdim cxcu-
lenta et sur l'infection générale qu'elle
produit. (En commun avec M. F.
Mesnil.)
— • Sur les Hématozoaires des Poissons
marins. (En commun avec M. F. Mes-
nil.)
— Sur quelques Protozoaires parasites
d'une Tortue d'Asie [DdiiiniUi Rp/vc-
sii). (En commun avec M. F. Mes-
nil.)
— Rrrat/i se rapportant à cette Commu-
nication
— .\u sujet de deux Irypanosomes des
Bovidés du Transvaal
— Le Nagana et le Mal de caderas sont
deux entités morbides bien distinctes.
(En commun avec JI. F. Mesnil.). . .
— Sur quelques Hémogrégarinesdes Ophi-
diens
LÉAUrÉ. — Est élu membre de la Com-
mission d'Aéronauiique
LEBE.\U(P. ). —Sur les conlbiuai^;Ol;s du
silicium avec le cobalt et sur un nou-
veau siliciure de ce métal
LE BON (Gustave). — Action dissociante
des diverses régions du speclre sur
la matière
— La lumière noire et les plicnomènes
actino-électriques
LECLERC DU SABLÛN. — Sur la variation
des réserves hydrocarbonées dans la
tige et la racine des plantes ligneuses.
LEDENTU(A.). - Un prix Barbier lui
est décerné
LEDOUX-LEBARD. — Sur le sérum anli-
paramécique
LEDUC (.\natole). — Sur l'électrolyse de
l'azutale d'argent
— Sur l'équivalent électrochimi(|ue de
l'argent
— Électrolyse de mélanges de sels
— Sur l'hydrogène atmosphérique
— Sur la proportion de l'hydrogène dans
l'air aimospliérique
— Sur la formation des gouttes liquides
et la loi de Tate. (En commun avec
M. Siicerdoti! .) gj et
LEDUC (Stéphane). — Production du
sommeil et de l'anesthésie générale et
locale par les courants électriques. . .
— Production du sommeil et de l'anesthé-
TABLE DES .-AUTEURS. 1427
âges. MM. Pages.
870 sie générale par les courants électri-
ques 878
.E GOAZIOU (P.). — Ouverture d'un pli
cacheté, relatif à un « Anémoscope
électrique » 5 16
Sa — Ouverture d'un pli caclielé, relatif à
l'expérience du pendule de Foucault. 545
LEGOUEZ (R.) adresse un Mémoire « Sur
5C7 une extension de la théorie analytique
de la chaleur de l'ourier au ras de la
congélalion « 846
LEMOINE (Ernest). — Le |)mx Frantœur
60g lui est décerné 1 1()3
- Adresse des remercîments à l'Acadé-
71'J mie i3oi
LEMOULT (P.). — Sur quelques nouveaux
composés organiipies d'addilion 34O
LfilPlNE (R.). — Sur l'acide glycuronique
dans le sang du chien. ( En commun
8jS avec M. Buitlmt . ) i Sg
LERi;H (MvTurvs). — Sur la formule
io36 fondamentale de Dirichlet, qui sert à
déterminer le nombre des classes de
:ij formes quadratiques binaires définies. i3i4
LEREBOULLET (PiEnni;). — Le prix Bel-
lion lui est décerné 1218
LE ROUX (Jean). — Une mention très
honorable lui est accordée dans le
concours du grand prix des Sciences
mathématiques 11 54
— Adresse des remercîments à l'Acadé-
mie i3oi
LEROV (K.). — Une mention lui Cît
accordée dans le concours du prix
8G6 Monlyon (Statistique) 1178
LIiS.iGE. — Résistivités électriques de
sérums sanguins pathologiques et d'é-
pancliements séreux chez l'homme.
■igS (En commun avec .M. Do//f;irr.). ... m
- Toxine tétanique; observations de la
23 résistance électrique et de l'indice de
réfraction. (En commun avec M. Le-
■l'i- saf;c . ) 329
3gj — Sur la difficulté d'isoler le Bacifriuin
8G0 cdli normal dans la dysenterie colo-
niale 4o3
332 — Germination des spores de Slerignint'i-
cfsiis nigrti dans la trachée de quel-
ques oiseaux 632
732 LEVA VASSEUR (R.). —Sur les congruen-
ces à plusieurs inconnues relative-
ment à un nombre premier impair... g (g
igg ! L!^VE.\U (Gustave ). — Comparaison des
I Tables de Vesta avec les observations
,428 TABLE DES
MM. P^S"»;
méridiennes failes de 1890 à 1900.. 59,5
LEVRAT (D. )■ — Si-ir l'orii^iiie de la colo-
ration nalurelle des soies de Lépidop-
tèies.(En commun avec M. A. Cnnir.) 700
LÉVY (Mauiuce). — Rapport sur le con-
cours du prix Montyon (Mécanique). 1 168
— Est élu membre do la Commission
d'aéronautique "^^.
— Rapport sur le concours du prix PIu-
mey (Mécanique) ' i6î^
— Est réélu Membre de la Commission
Centrale administrative pendant l'an-
née 1903 ''^77
LHOTAK DE LHOTA. — Recliorches expé-
rimentales sur la conservation du po-
tentiel musculaire dans une atmo-
sphère d'anhydride carbonique 348
LIEBHABER (Conrad de) adresse une
Note II Sur le phénomène de la nuit
et des étoiles changeantes » 3o8
LIÉNARD (E. ). — Sur la composition des o*^
hydrates de carbone de réserve de
l'albumen de quelques Palmiers 693
LIÉTARD. — Une mention exceptionnel-
lement honorable lui est accordée dans
le concours du prix Monlyon (Statis-
tique) "78
LINDELOF (Ernst). — Sur les fonctions
entières de genre fini 3iG
— Une application de la théorie des rési-
dus au prolongement analytique des
séries de Taylor i-îi^
LIOUVILLE (R.)- — Sur les équations
différentielles du second ordre à points
ciiliques fixes 3g?,
Sur les transcendantes unifnrmes défi-
nies par les équations dilTérentit'Iles
du second ordre "^^ ^^
LIPPMANN (G.)- — Sur la visée d'une
surface de mercure éclairée par un
faisceau de lumière horizontal
LOCKYER (Norman). — Variations so-
laires et météorologiques à courte
période. (En commun avec M. Wil-
liaiii Lnckyrr. )
— La relation en Ire les protubérances solai-
res et le magnétisme terrestre 364
LOCKYER (William). — Variations solai-
res et météorologiques à courte pé-
riode. (En commun avec M. Nnrmnn
Lnrkrrr.) 3Cl
LOCQUIN (René). — Nouvelle méthode
de préparation des élhersfj-cétoniques
a-substitués 108
959.
83 1
3f>i
AUTEURS.
MM. Papes.
— Action de l'acide nitreux, en solution
acide, sur les éthers p-cétoniques
ot-substilués; synthèse des homologues
de l'acide pyruvique. (En commun
avec M. L. B(im236
LOISEL (Gi'STAVE). — La sécrétion
interne du teslicule chez l'embryon et
chez l'adulte 25o
— Le prix Godard lui est décerné 1216
— Adresse des remercîments à l'Acadé-
mie i3oi
LUGEON (Maurice). — Analogie entre les
Carpathes et les Alpes 87-2
— Sur la découverte d'un nouveau mas-
sif granitiquedans la vallée de l'Arve.
entre Servez et les Houches. ( En com-
mun avec MM. E. Hau^eX P. Corhin.) 1379
LU.MIÈRE (Auguste). — Propriétés phar-
TABLE DES AUTEURS.
IM M .
Pages.
inaco-dynamiqnes rie certaines senii-
carbaziiles aromaliques. (En commun
avec MM. Louis Lumière et G. Clic-
vroltier . ) I 87
I.DMIKHE (Louis I. — Proprirtés pliar-
VI M.
1429
Pages.
maco-dynamiqiies de certaines semi-
carbazides aromaliques. (En commun
avec MM. Auguxte Lunùèrr et, J.
ChevTotlier.) 1 87
M
MACCIILVTI (LuiGi). — Sur la pliolosyn-
tlièsp en dehors de l'organisme 1 1-2>>
MACÉ DE LÉPIXAY. — Sur une nouvelle
méthode de mesure optique des épais-
seurs. (En commun avec M. Buis-
son.) îi^j
MAILLET (Edmond). — Sur les fonctions
entières et quasi entières et les équa-
tions ditrérentielles 3oi
— Sur les foiicliuns monodromos à point
singulier essentiel isolé 889
M.\JOR.ANA(Ouin[xo). — Sur la biréfrin-
gence magn Hique l'xj
— Sur le dirhroïsme magnétique 233
MALÉCOT (IL-L.) adresse une Note inti-
tulée : « De l'équilibre du ballon libre
et indépendant, réalisé à toute alti-
tude, sans communications avec la
surface terrestre » 73 (
MANDOUL (H.). — Sur la causeries colo-
rations changeantes des téguments.. 63
MANGET. — Sur une nouvelle réaction du
formol, permettant sa recherche dans
les denrées alimentaires. (En com-
mun avec .M. Mnrion.) 58.j
MAQUENNE (L.). — Sur l'acide solide de
l'huile à'£/osncoccn veniicia 69G
— Sur la conservation du pouvoir germi-
natif des graines 208
MARCHAL (É.M.). — De la spécialisation
du parasitisme chez VErysiplie gni-
ininis -210
— De l'immunisation de la Laitue contre
le Meunier 1067
MARCHAL (Pail). — Le prix Serres lui
est décerné 1 222
MAREY'. — Est élu membre de la Com-
mission d'aéronautique 715
— Rapport sur le concours du prix Bar-
bier (Médecine el Chirurgie) i2i3
— Rapport sur le concours du prix Martin
Damourelte i-23i
MARIE (C). — Sur l'acide oxyiso[)ropvl-
phosphinique 106
— Sur l'acide oxybenzylphosphinique. . . iii8
C. R., 1902, 2- Semestre. (T. CWW.)
MAIUNESCO (G. ). - Sur la présence des
corpuscules acidopliiles paranucléo-
laires dans les cellules du locus niger
et du Incus cœruleux 1000
MAIUON. — Sur une nouvelle réaction
du formol, permettant sa recherche
dans les denrées alimentaires. (En
commun avec M. Mnntirl.) 584
M.iR(JUIS (R.). - Sur l'aciile nitropyro-
mucique et son éther éthylique. Sur
le dinitrofiirfiirane 5o5
— Un prix Cahours lui est attribué 1289
— Une médaille Berthelolluiest accordée. i233
— Adresse des remerciments à l'Acadé-
mie ,3oi
.MAUTEL (E.-A.). — Sur la caverne du
Hbll-Loch (Trou d'Enfer) et la Schlei-
cliende Brunnen (source rampante)
(Suisse) -joS
— Sur le fonctionnement et l'alimentation
de la fontaine de Vaiicluse 8i5
— Sur l'origine ries lapias et leur relation
avec les abîmes el l'hydrologie sou-
terraine des calcaires 1 138
.MARTIN (David). — F.iits nouveaux ou
peu connus, relatifs à la période gla-
ciaire ,-24
MASCART. - E>t élu Vice-Président de
l'Académie pour l'année 1903 1277
— Communique à l'Académie des obser-
vations qu'il a reçues sur l'abandon,
par les oiseaux, des pays atteints par
le choléra 1 384
— Est élu membre de la Commission
d'Aéronautique -15
— Rapport sur le concours du prix Hé-
bert 1 1 —
— Uapport sur le concours du prix Houlle-
vigue riii
— Rapport sur le concours du [jrix
Gegner 1243
MASCART (Jean). - Perturbations indé-
pendantes de l'excentricité 1097
MASSON (H.). — Synthèse de quelques
alcools tertiaires (II). Dipliénylcarbi-
186
l4'3o TABLE DES
MM. Pages.
nols 533
MATRUCHOT (L. ). — Application d un
caractère d'ordre éihologiqiie à la
classification naturelle gSS
MAU.MUS (Jean). — Sur la ligature de
l'extréEnité ap|)endiculaire du ceecum
chez le Cercopitheciis rrpliiis ErxI... i^S
MAUREL(E.). — Rapport du poids du
foie au poids total de l'animal 1002
MAYET (Lucien). - Une menlioa lui est
accordée dans le concours du prix
Montyon (Stalisti(iue) 17^^
MAYOR (B.). — Sur une représentation
plane de l'espace et son application à
la Statique graphique i3i8
MAZÉ. — La zymase de Y Eiirotiupsis
Ga) oui 1 3
— La maturation des graines et l'appari-
tion de la faculté gerniinativc i i3o
MENTREL. — Sur le liaryum-ainmonium
et l'amidure de baryum 740
MERCADIER (E.). —Sur la construction
d'électrodiapasons à longues périodes
variables 898
MERCEY (N. Di;). — Sur des gîtes de
phosphate de chaux de la Craie à
Bélemnites, formés avant le soulève-
ment du Bray 11 37
MESNIL (F.). — Sur la coiridie trouvée
dans les reins de la Jlaria csculcnta et
sur l'infection générale qu'elle pro-
duit. ( En commun avec M. Levcran). 82
— Sur les Hématozoaires des Poissons
marins. (En commun avec M. Lu^'c-
ran . ) j(">7
— Sur quelijues Protozoaires parasites
d'une tortue d'Asie (Uaaiunia Reevesii)
(En commun avec ^L Lava an.) .... G09
— Errata se rapportant à cette Commu-
cation 7 1 0
— Le Nagana et le Mal de caderas sont
deux entités morbides bien distinctes.
(En commun avec M. A. Lnveran.). 838
MEUNIER (Stanisl\s). — Production
actuelle do soufre natif dans le sous-
sol de la place de la République, à
Paris 91 j
MICHEL (AuG. ). — Sur des formes nou-
velles ou peu connues de R/iahdiics. . go;
MLNET. — Une médaille Berthelol lui est
accordée 1233
— Un prix Saintuur lui est décerné 124 '•
MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLI-
QUE (M. le) adresse l'amplialion
AUTEURS.
Mil. Pages.
du Décret approuvant l'élection de
M. Sc/iiapai-e/li, comme Associé étran-
ger 7'
— Adresse l'amplialion du Décret approu-
vant l'élection de M. Boiwier 73
— Invite l'Académie à lui faire connaître
son avis, au sujet d'un vœu émis par
la première Conférence sismologique
internationale, en faveur de la créa-
tion d'une Union internationale sismo-
logique 3-i5
— Transmeta l'Académie une Lettre con-
cernant l'éruption volcanique surve-
nue à l'île Torishima (.lapon) C20
— Transmet à l'Académie une Lettre
relative à un tremblement de terre
dans l'État de South Australia 770
— Invite r.Académie à lui présenter une
liste de deux candidats pour la place
de Membre titulaire du Bureau des
Longitudes, vacante par le décès de
M. Cornu 846
— Adresse une ampliation du Décret ap-
prouvant l'élection de Jl. Dcslamlres . io85
.MITTAG-LEFH.ER (G.). — Sui l'intégrale
de Laplace-Abel 9-^7
MOIDREY (de). — Phénomènes observés
à Zi-Ka-Wei (Chine) lors de l'érup-
tion de la Martinique 3a2
MOISSAN (H.). — Préparation et proprié-
tés d'un siliciure de vanadium. (En
commun avea .M. H. Huit.) 78
— Préparation et propriétés d'un nouveau
siliciure de vanadium. (En commun
avec M. Holt .) 493
— Élude du pentalluorure d'iode 563
— Errrita se rap|iortantà cette Commu-
nication '"84
— Synthèse des hydrosulfites alcalins et
alcalino-tei reux anhydres 647
— Sur la température d'inflammation et
sur la combustion, dans l'oxygène,
des trois variétés de carbone 921
— Sur la présence de l'argon, de l'oxyde
de carbone et des carbures d'hydro^
gène, dans les gaz des fum.erolles du
Mont Pelé à la Martinique io85
— Sur la présence de l'argon dans le gaz
delà source Bordeu à Luchon, et sur
la présence du soufre libie dans l'eau
sulfureuse de la grotte et dans les
vapeurs de h image ''278
— Sur une nouvelle préparation de l'Iiy-
drure de silicium Si-H' ii84
TAEftE DES AUTEURS.
l43l
MM. P
MONNIER (Marcel). — Un prix lui est
aliribiié dyns le concours (lu prix
Bilieux (Géographie et Navigation). .
— Adresse des remercimenls à l'Aradé-
mie
MONTANGERAND. — Sur la surface focale
principale de l'objectif de l'équatorial
piiutograpliique de l'Observatoire de
Toulouse. (En commun avec M. B.
BailliiuA.)
MONTESSUS DE BALLOKE (F. de). -
Sur les causes fjénérales d'instabilité
sismique dans l'Inde
MOUEAU (GiîoriGES). — Sur l'ionisation
d'une llamme salée
— Surl'etïet Hall et les mobilités des ions
âges.
1174
[3oi
449
5 98
8ç)S
MM. l'agns.
d'une vapeur salée i3'26
iMOIUîL (ALBEiiTj. — Disparition des
élliers dans le sang in vitro. (En
commun avec M. Maurice Doron.). .14
MOUUEU (Ch.). — Sur quelques sources
de gaz minérales 1 335
.MOUSSU. — Transmission expérimen-
tale aux descendants, des lésions dé-
velop[)ées chez les a.^cendants. (En
commun avec MM. A. Clil
décerné (Médecine etCliirurgie) .... 1208
RECOURA (A.). — Action de l'Acide
clilorliydrique sur les sulfates de
sesquioxydc d'aluminium, de chrome
et de fer i63
— Sur un chlorosulfate d'aluminium. .. . -'liS
REEB. — Sur la présence de la lériihine
dans les végétaux. (En commun avec
M. Sclilii};clrrilifiiiffrii.) ao5
RENARD. — Le prix Plumey lui est dé-
cerné (Mécanique) 1 1G8
RENAULT (Bernard). — Sur quelques
pollens fossiles. Prothalles mâles.
Tubes polliniques, etc. du terrain
houiller 35()
— Sur quelques nouveaux Infusoires fos-
siles 1064
RICHEK (Pirrre-Paui,). — Expériences
sur la germination des grains de pol-
len en présence des stigmates ()34
RIQUIEK. — Un prix Saiiitour lui est ac-
AUTEURS. 1433
MM. P.nijea.
Black-rol 1 20
PUISEUX. — Sur la structure et l'histoire
de l'écorce lunaire : observations sug-
gérées parle cin(piièine et le dixième
fascicule de l'Allas plio(ngraphi(](ie de
la Lune, publié par l'OlK^crvaloire de
Pans. (En commun avec M. L-
ROGHR (C.-H.). — Un prix Monlyon lid
est décerné (Médecine cl t^liirurgie). 1208
ROLLET DE L'ISLE. — Sur l'éruption de
la Martinique. (En commun avec
MM. A. %Lncrnix et Giriiiiil.). 377, 4 '9
— Erriiia se rapportant à cette (Commu-
nication iG4
IiO.^L\RY. — Une mention très honorable
lui est attribuée 1220
[(OMAZOTTL — Un prix de quatre mille
francs lui est accordé sur le prix extra-
ordinaire de six mille francs (Méca-
nique) I iC3
— Adresse des remerctments à l'Acadé-
mie rioi
lîOSENSTIElIL. — Le prix Jccker lui est
décorné i lyj
— Une médaille Berthelot lui est accor-
dée 1233
— Adresse des remercîments à l'Acadé-
mie 1 3o 1
ROULE (Louis). — Sur les Poissons du
genre Chondroslome dans les eaux
douces de la France qSq
— L'hermaphrodisme normal des Pois-
sons 1 355
i434
TABLE DES AUTEURS.
Pajies.
MM.
ROUSSEAU (P.). — Sur une nouvelle
forme de In sensibililé taclile : la Iri-
cheslliésie. (En coMinmii avec M. t'as-
chiile.) ■i'jg
ROUX (E.). — Sur une nouvelle base dé- .
MM. Pages,
rivée du galaclnse 691
ROUX (J.-Cii.). — Adii'fsi- une Nule
« Sur un nouvel ergomèlrc ». (Eu
commun avec M. 77;. Siinnn.) 545
SAB.-^TIER (Paul). - Hydrogénation di-
recte de carbures acétyléniques p;ir
la méthode de contact. (En commun
avec J.-B. Scndcrcns.) 87
— Réduclion des dérivés nitrés par la
méthode d'hydrogénation directe au
contact de métaux divisés. (En com-
mun avec M. J.-B. Sciiderens.). . . . i'>.'>
— Hydrogénation directe des oxydes do
l'azole par la méthode de contact.
(En commun avec M. J.-B. Sende-
rens.) 278
SACERDOTE. — Sur la formation des
gouttes liquides et la loi deTate. (En
commun avec M. A. Leduc). gS et 732
SAINTIGNON (de) adresse un travail
intitulé : « Sur les tremblements de
terre, le mouvement différentiel i>.. 619
SAINT-RÉMY. — Sur l'évolution des for-
mations branchiales chez le lézard et
l'orvet. (En commun avec ^i. Pre-
nant.) 62
SALET. — Observations de la nouvelle
comète Giacobini (r/ igoî), .faites à
l'Observatoire de Paris io45
SBERRA (R.) adresse une Note relative à
la Navigation aérienne 911)
SCHIAPARELLI, nommé .\ssocié étranger,
adresse ses remercîmenis à l'Acadé-
mie. 227
SCHLAGDENHAUFEN. — Sur la pré-
sence de la lécilhine dans les végé-
taux. (En commun avec M. Rrcb.). . 2o5
SCHLESINGEK (Ludwig). — Sur la Ihéo-
rie des fonctions algébriques 67(1
SCHLŒSING (Tu. ). —Études sur la terre
végétale Goi
SCHMIDT (Oscar). — De l'action des sels
diazo'i'ques sur la desmolroposanlo-
nine et l'acide desmotro|)(isanloneux.
(En commun avec M. /?. Wedriiind). 6,'i
SCHR1B\UX. — Sur un procédé de con-
centration des vins. (En commun avec
M. Baudoin.) 263
SCHULHOF. - Le prix Wilde lui est dé-
ci'i né 1 236
— .\ilrcsse dus remercîmenis à l'Acadé-
mie i3oi
SÈGUiER (DE). — Sur un théorème do
M. Frobeniiis 52
SE.MENOV (Jui.KS). — Sur les phéno-
mènes mécaniques de la décharge
disruplive i55
— A propos de la Note de JL Th. Tom^
ma.nnn, sur le mode de formation des
rayons cathodiques et des rayons de
Roiitgen 457
SENDEliENS (J.-B.). — Hydrogénation
directe de carbures acétyléni(|iios p:ir
la méthode de contact. (En commun
avec M. P
VALLIER (E.). — Sur la loi des [iressiens
dans les bouches à feu 3i,'l et S;?.
— Tracé des courbes de pressions 9 i>.
VANEY (C). — Contributions à l'élude
anatoniique du Rhabrlopleura Norma-
rii Allm. (Eu commun avec M. A.
Coule.) 63
— Recherches sur le bourgeonnement do
Hliabilopleitni Nornifinni AH. (En
commun avec M. J . Conte.) 718
VASCHIDE (N.). — Sur une nouvelle
forme de la sensibilité tactile : la
trichesthéàie. (En commun avec
M. Rousseau .) aSg
— Le rythme vital. (En commun avec
M. Ci. Vurpas.) 732
VERMOREL. — Sur un nouveau procédé
pour la destruction de la pyrale et
d'autres insectes nuisibles. (En com-
mun avec M. Gdstiric.) 66
VERNEUIL(A.). — Production artilicielle
du rubis par fusion 791
VESSIOT (Ernest). — Le grnnd prix des
Sciences matliématiques lui est dé-
cerné 1 1 54
— Adresse des remerciments à 1 Acadé-
mie i3oi
VLVliD (Georges). — Sur la précipitation
du chlorure et du bromure cuivriques
par l'acide sulfuriqne 168
— Sur la précipitation des chlorures et
bromures de cadmium, de mercure et
d'étain par l'acide sulfurique -i^i
VIDAL (E.). — Le tir des fusées païa-
giêle 92
VIGNON(LÉo). — Sur la saponification
des éthers nilri|ues. (En commun
avec JL I. /'m:), 607
VIGUIER (C). -'innuence de la tempé-
rature sur le dévelo|)pement parlho-
génélique tio
— Sur la parthénogenèse artifu-ielle 197
ViLA (A.). — Sur la musculaniine, ba.--e
dérivée des muscles. (En commun
avec M. J. Elanl.) 6y8
VILLAKD ( He.mii) soumet au jugement de
l'Académie les ré.-ullats d'expériences
qu'il a effectuées avec de grandes
hélices à très petits pas 945
VIOLLE. — Est élu membre adjoint de la
Commission de l'Aéronautique 764
VIRCIIOW (R. ). — Sa mort est annoncée
à l'Académie 4o9
VIVIÈS (P. DE) adresse une Note intitu-
lée : « Théorème du point symétrique
et quelques-unes de ses conséquen-
ces » 1 144
VOÏNOV (D.-N.). — La spermatogene^e
chez le Cybister Rorsclii 201
VUILLEMIN (Paul). — Le bois intermé-
diaire 1367
— Le piix Montagne lui est décerné (Bo-
tanique) I io4
— Adresse des remerciments à l'Acadé-
mie 1 3oi
VURPAS — Le rythme vital. (En commun
avec i^L Fnscidilc. ) 732
VVAHL(A.) — Cnndensation du nitromé-
Ihane avec les aldéhydes aromatiques.
(En commun avec M. L. BoiwcnuU.).
VVALLERAiNT (Fréd.). —Sur les groupe-
w
4-
ments de cristaux d'espèces diffé-
rentes 798
WATTEVILLEtC. dk). — Sur les spectres
de flammes 1 329
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pages.
WEDEKIND (E.,1. — De l'action des sels
diazoïques sur la desmotroposantonine
et l'acide desmotroposantoneux. (En
commun avec M. Oscnr Schmidl. !.. 43
\VEDENSKY(N.-E.). — Les excitants et
les poisons du nerf 584
MM. Pages.
— De la nature dos courants électriques
du nerf 804
WOLF (Max) adre.«se une Note relative à
des «photographies stéréoscopiques de
la comète Perrine-Borrelly » 687
Z
ZAMBACO-PACHA fait hommage d'une
brochure intitulée ; « Les monuments
mégalithiques de l'Armorique et leurs
sculptures lapidaires » 770
ZEILLER (U.) présente un travail intitulé;
« Observations sur quelques plantes
fossiles des Lower Gondwanns »... (iig
— Fait hommage de son Atlas do la « Flore
fossile des gîtes de charbon du
Tonkin » 769
Fait hommage d'une Note, publiée en
espagnol et en français, » Sur quelques
empreintes végétales du Kimméridien
de Santa Maria de Meya, province de
Lérida ( Espagne )•! : 770
GAUTIIIER-VILLAUS, IMPHlMIiUR-LIBRAIRE DES COMPTES TENDUS DES SÉA^•CE3 DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
32146 Paris. — Quai des Grands-Auguslins, 55.
187
C. R., 1903, v Semestre. (T. CX.XXV.)
3 2044 093 254 373
Date Due
MOV '' ? \V^
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